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Full text of "Lettres de Gui Patin : nouvelle édition augmentée de lettres inédites, précédée d'une notice biographique, accompagnée de remarques scientifiques, historiques, philosophiques et littéraires"

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LETTRES 


DK 


GUI  PAT  IN. 


TOME    TROISIEME. 


—  ImpriiiKTH'  <i"  !,.  MAHTI.MJT,  rue  Jacob,  3 


LETTRES 


DE 


GUI     ATIN 


t     " 
SOIYEI.LE  EDITION  AIMENTEE  DE  LETTRES  1KEDITES, 


D'UNE  NOTICE  BIOGRAPHIQUE, 

ACCO^IPAG^F.E 

DK    REMARQUKS   SCIENTIFIQUES  ,    HISTORIQUES  ,    PHILOSOPHIQUES 
ET    LITTERAIRES, 


4.-II.  RFYEILI  F.-PARISE, 

,  Doclcur  en  nirderinc  , 

r.licviilicr  do  hi  Li'gioil-d'Monncnr,  nicmlirc  de  1'Arndc'niic  royalc  dc  nicdcrinc,  etc. 

AVEC  US  PORTRAIT 

ET   LE   FAC-SIM1LK    DK   L'ECUITt:ilK   DE   GUI    PATIS. 


TOME  TROISlfiME. 


A   PARIS, 


CHEZ  J.-B.  BAILLIERE, 

I.IBRAIRE  DE  I/ACAD^MIE  ROTAI.E   HE  MEDECINE, 
llfK  DE  I/KCOI.K-nE-MFDK.riNK,    17; 

A   LONDRKS,   CIIKZ    H.  RAILI.IKRI-:,  219,  RKGENT-STREFT, 


LETT RES 

DE    GUI   PATIN. 


LKTTRK  CCCCIV.  —  .t  .{mlrf  /•'<•/>;„„'/. 

C'esl  pour  vous  remercierde  votre  belle  Icllredu  commen- 
cement df  ce  mois.  Je  vous  manderois  volontiers  quelque 
bonne  nouvelle;  mais  il  n\  a  ici  rien  d'assure  :  j'ai  pourtant 
ecril  a  M.  Spon  la  pltipart  de  re  qni  se  (lit  ici.  Le  Ma/arin  a 
passe  toutes  les  rivieres,  il  n'a  plus  quo  le,  Rubicon  a  I'ran- 
cliir,  et  apres  il  pourradire  :  Jnctn  <'*t  /i/m.  Si  ({iiclque  torrent 
de  ('edron  le  ponvoit  enidoutir,  ee  nous  scroll  un  grand  bon- 
henr.  el  a  toute  la  France. 

El  fit-  linma  pi  ril  ,  rt'i/nfifx'l  ffiitguinc  mull''  . 
Ad  ri'flnuw  quiff/nits  ri-itil  <il>  c.rili<>. 


li'ois  regiments  allemands  de  <-avalerie  ont  pris  le  parti  du 
due  d'Orleans;  on  les  envoie  a  Montrond,  avec  les  regiments 
du  meme  prince  qui  etoient  (levers  Montargis,  pour  en  clias- 
ser  le  comte  de  Paluau  (jui  y  tient  le  bloctis  pour  le  Ma/arin. 
On  vend  toujours  ici  la  bibliolhe(]uc<]c  ce  rouge  tyran;  seize 
mille  volumes  en  sontdejasortis;  il  n'en  resle  plus  que  vingt- 
quatre  mille.  Tout  Paris  y  va  conmie  a  la  procession  ;  j'ai  si 
pen  de  loisir  que  je.n'y  puis  aller;  joint  (pie  le  bibliolbecaiiv 
(pii  1'avoil  dressee,  <pii  est  M.  .N'aude,  mon  ami  de  trente- 
(•in<i  ans,  m'est  si  cher  que  je  ne  puis  voir  cette  di.-solulion  et 
destruction  ;  joint  encore  (pie,  x/r  />/«/•////  x/^/o'/x.  tj/'n>/-i  /•<•  />/nrn 
in'[iix\  'lj.  M.  le  due  de  Nemoui's  est  parti  bier  d'iei*,  t^t  est  alle 

1    1'ar  Tarret  «li-  proscription  du  cardiiuil  M.-i/arin  du  l(i  IrNrirr  iiii'.l, 
It-   parlcnicnt   avail  onlomio  la  \CM!C  <!<••>  meuMr-   tin  cardinal   a   I  ex 
ccption  tic-;  'ivri1-  :  par  un  ui.uvr!  arrr1   t-u    lli.il  •  il  till  ortlonin''  ipir  !.i 
III  t 


LKTTIIES    !>!•    t,l  I    I'ATI.N 

vers  Stenay,  y  I'aire  signer  I  accord  dcs  princes  an  due  de  Lor 
rainc.  Si   bien  ipic  si  Dion  ify  met  la  main,  le  moisd'avril 
procliam,   lii'lln .  Imrritlii  hi'lln!  (Juoi  (|u"d  en  arrive,  je  serai 
toute  ina  vie,  monsieur,  votiv.  etc. 
Do  ParU ,  lo  :5 )  Janvier  1<>.">2. 


LKTTRE  CCCCV.  —  .\i. 

Je  suisobligtMlo  vousdetrompnr  d'nne  fanssctt''  ijin  csi  dan> 
inn  deriiim:  letlre.  Montauron,  roi  dcs  partisans,  nVst  point 
mort  (l),  mais  l)ion  im  iit/mmc  Montorin  ,  <|ni  iivoit  antrt'tois 
»''t('  mailre. des  ro(pietes,  aulremont  dit  Hochor-Portail ,  ItoiniiK; 
t'ort  riclie  de  Bretagne. 

On  continue  toujours  de  vendn;  la  bibliotlnVjue  ina/iii'iiit'. 
oil  Ton  dit  <|u'il  y  avoit  (marante  inillc  volumes.  M.  N'aude, 
i|iii  est  fort  en  oole.iv  oontre  le  pai'lciiKUil  de  voir  vcndre  (U 
dissiper  une  si  belle  bibliotbetpio ,  a  pris  tons  les  livres  de 
medecine  [)onr  ,'),5()0  livres.  II  ya  nn  niattre  des  retjuetes , 
nomrne  M.  Caumin,  savant  bonmie,  mais  eimemi  dn  jtarle- 
inent,  griind  ma/arin  el  I'orl  incommode  en  sesallaiivs,  (|iii  . 
jKMisanl  Hatter  le  cardinal  qu'il  voit  rtivenu  a  la  com',  a  lait 
dcs  vers  sur  Ics  debris  de  celte  bibliothecjue,  donl  voici  la 
copie  <pie  je  vons  envoie,  alin  ipie  vous  en  pnissie/  jnjjer  : 

JllHadi'S  lull)  lihl'OX  tlttlll  l'nllil/il  n)'h>'  . 

l-'.l  rural  Aoiiiiis  (ill  xna  tccta  Ih'ti*  . 
'1'i'cld  .  Deo*  .  libroa  in/'auti  Curia  Ici/r 
Vi  ndiilil  in  inp<li«  prosit  I  inn/up  for<». 

hibliollu'qut' serait  vcuduc.el  (jnc  -in  Ic  [>i\\  il  xfni't.  />ti>  •/  ri'fcretiii' 
/iris  In  st»>nni',  (/c  <'<>>il  cinquantc  incite  fnmrx  .  lui/n/'lli'  si>rfi,l  <l<»i>i<'<' 
n  t'flni  mi  n  ccu.r  (jiii  t'l'/n'cacnlci'ii  cut  Icilil  cardinal  n  jitsl'ri' ,  inort  mi 
df.  I'.n  \aiii  (,.  Naiidc  (irc^cula  roqmMi' .  Ic  |iarlrnuMit  jussa  diilrc.  ct 
crllc  \cnlc  in-  (••»;!  quc  !()r>(|iic  It-  i  <ti  inli-rviiit  par  urn-  lettrc  an  pi  nru 
ft'iir  i/'iifial  1  oiiqucl  ,  par  laqucllc  il  ordoiuiail  a  i'c  inn^istral  dc  fiiirr 
cc--ri  !,i  \i'iilc,  dc  rclircr  I  >  li\rr>  sciidi.:  •  (  I  d'cn  ri-- lilut-r  Ic  \>ii\. 


A    FALCONET.  3 

Hoc  sccleris  prelium  ,  s(evi  co»ttne>  ciu  pucti , 
Diraqne  promiasas  aui'lio  niunstral  opes. 

Nee  mirere  nefas,  emptns  probal  cmpta  senalux . 
Vendtdil  hie  libra*  ,  rendi're  jura  tolct. 

On  (lit  que  le  roi  revient  avec  son  armee  contre  les  gens  dc 
M.  de  Nemours  etde  M.  do  Beaufort,  el  puis  qu'il  viendra  an- 
tour  (le  Paris  jusqu'a  eeque  le  Mazarin  soil  hieu  rrtabli.  I.es 
princes  soulevrs  coutre  ce  bonnet  rouge  out  inainlenant  a 
aviser  a  leurs  moyens  d'opposition  pour  enipecher  ce  n'Ma- 
blissement.  M.  le  Prince,  (jui  est  en  (iiiyenne,  ne  dmieuivra 
pas  les  bras  eroises.  4e  suis  tout  it  vous ,  etc. 

Do  Paris,  le  5  mars 


LKTTRK  CCCCVI.         \> 

Depuis  ma  dernit-re  eoiitenaut  quatre  pages  dc  galimatias  , 
je  vous  dirai  (jue  Ton  parle  toujours  de  la  paix  sans  I'avoir. 
Les  gens  de  bieu  respcrent  et  la  souhaitent,  mais  les  me- 
chants  ue  s'y  accordent  }>as.  Dieu  nous  1'enverra  quand  il 
plaira  a  sa  sainte  bonte  ;  mais  elle  est  necessaire  a  bien  du 
monde.  On  nous  appreud  ici  que  TarclievtVlie  dc  Toulouse  a 
ete  confere  a  M.  de  Marca  ,  eveijue  de  (lonseraus  ,  moyennant 
cinquantemilleecus  (ju'il  adonnes  au  cardinal  Ma/.arin.Yoila 
une  grande  fortune  pour  cet  bomme  ambilieux.  11  ctoit deltas 
lieu  :  apres  avoir  etudie,  il  devint  ministre  du  parti  des  iv- 
t'ormes  dont  il  ctoit.  S'elant  cbange,  il  devint  jt'-suitc  ;  pnis, 
ayant  quitte  la  socicte,  ilsc  maria  ct  devint  consciller  au  par- 
ItMiient  dc  Pan  ,  puis  president;  ensuilc  il  vint  a  Paris,  ct  par 
la  t'avcur  deM.  le  clianeelierSeguier  il  I'nt  fait  consciller  d'Kt at 
ordinaire,  apres  intendant  de  justice  en  C.atalogne,  puis  cvc- 
(|ue  de  Conscrans,  apres  avoir  longtemjts  atlendu  ses  Indies 
qu'il  ne  pouvoit  avoir  de  Koine  a  cause  de  la  querelle  qu'il 
avoit  avec  les  jcsuitcs  depuis  (|u'il  les  avoit  quittes,  el  ([u'cn- 
lin  il  n'a  (Mies  ([iiVn  sc  raccommodant  avec  cu\.  \'  la  tin  [,• 
voilii  arclievc<jue  dc  Tdulmisc.  ^Miand  il  aura  pave  ses  drlies 


•i  I.KITHF.S    DE   (MM    I'4TI.\ 

M  tin  bonnet  rouge  so  pivsonloil  a  vendre,  il  cst  siir  (|ii'il 
raoheteroit  ans-;i.  Jo  no  saurois  inioux  comparer  M.  do  .Maroa 
tjii'a  dol'unl  M.  Ic  Jai,  qui,  do  trcs  pen  do  chose,  etoit  devomi 
premier  president  au  parlement  de  Paris,  on  a  eelni  qui  osi 
aujounl'hui  premier  medecin  du  roi  ,  apres  avoir  ete  antro- 
fois  valet  de  Begum  le  chimiste,  lui  avoir  fait  bonillir  son 
pot  et  souffle  ses  cliarbons  ,  qui  n'a  ni  i'einine  ni  enfants,  o( 
qui  est  le  plus  avaricieux  homme  du  inonde. 

Voici  le  temps  do  nos  licences,  auquel,  dt:  deux  on  deux 
ans  ,  on  fait  des  jetons  pour  donner  a  nos  docteurs.  La  eou- 
tnme  otoit  d'y  inettre  les  armes  du  doyen  d'un  cote  ol  do 
1'autre  eelles  de  la  faculte.  J'ai  retenu  les  dernieres  ;  mais  an 
lieu  d'y  inettre  eelles  de  ma  I'amille,  qui  sont  de  gueules  au 
chevron  d'or,  aceompagne  do  deux  otoiles  d'argent  en  chef  ot 
d'une  main  de  ineme  en  poinle,  j'y  ai  fait  mettre  mon  por- 
trait (1\  Le  sculptenr,  tout  habile  qn'il  est,  ji'y  a  pas  fort 
bien  rencontre  pour  la  ressemblanee  ,  principalement  a  I'u'il  , 
mais  il  n'y  a  point  de  remodo.  Jo  vous  en  envoi*;  un  echan- 
tillon  que  jo  vous  prie  de  garder  it  cause  de  moi.  Nous  avons 
trois  armees  a  1 'en tour  de  nous,  des  princes,  du  Mazarin  et  du 
due  de  Lorraine.  Mais  tout  cola  n'est  rien  au  prix  de  la  devo- 
tion qu'on  a  par  deea  pour  sainte  Genevieve  :  on  porta  sa 
chasse  lo  10  de  ce  inois  en  procession  par  les  rues.  Si  la  paix 
se  fait  ensuite ,  la  bonne  sainte  no  manqnera  pas  d'on  avoir 
I'lionneur  ;  mais  la  puissions-nous  tenir  ii  cola  pros,  tant  j'ai 
pour  qu'elle  no  vienne  point!  Je  ne  vis  jamais  tant  d'aff) nonce 
de  peuple  par  les  rues  qu'a  cette  procession.  Je  ne  sais  s'il 
s'y  ost  fait  quelque  miracle;  mais  je  tiens  <|tie  e'en  est  un  ,  s'il 
n'y  a  euplusieurs  personnes  d'etouffees.  Tons  nos  Parisiens, 

(1)  O  vanite  des  \anitos!  qui  so  serait  doulc  quo  dui  Patin  ,  le  ficr 
bourgeois  de  Paris,  le  rude  ennemi  de  Mazarin,  ee,  comiidicn  <i  rony 
bonnet ,  ce  lilou  teint  en  ecdrlnlc.  ,  avail  des  armes  dans  sa  lamille  , 
qif  il  en  ferait  la  description  .  et  qne  probablement  il  tonail  beaueniip 
a  eetle  distinclinn  lieraldique  :'  Cependant  ,  par  exces  de  modcstie.  il 
L-on.-enl  a  faire  niellre  -IHI  portrait  Mir  les  jetons  de  la  Facullg  ! 

u.  r. 


.\    FALCONET.  •') 

qui  sent  gens  de  beaucoup  de  ibi ,  soul  fort  contents  d'une  si 
belle  ceremonie,  et  moi  qui  ne  suis  point  Parisien,  j'en  snis 
pareillement  content;  mais  plut  a  Dieu  et  a  sa  sainte  Melv  , 
par  I'intercession  de  sainte  (ienevieve,  que  nous  eussions  la 
paix !  l"n  Remain,  voyant  un  jour  tout  le  pen  pie  de  Rome 
assemble  pour  voir  un  triompbe,  appela  Home  1'abreg'';  du 
monde.  Si  vous  aviez  vu  tout  rela,  vous  auric/  appele  noire 
ville  de  Paris  1'abrege  de  la  devotion.  Puisque  tout  le  monde 
en  est  bien  content,  je  le  suis  aussi,  quand  meme  la  paix  ne 
viendroit  point,  a  laquelle  il  n'y  a  pas  grande  apparence, 
puisque  la  reine  ne  veut  point  chasser  le  Mazarin.  Je  suis  de 
tout  mon  cceur  votre ,  etc. 
De  Paris,  le  28  juin  1652. 


LETTRE  CCCCV1I.  —  AH  met,*. 

Nous  avons  bien  eu  des  desordres  dans  cette  ville  le  mois 
passe.  Le  mardi  25  juin,  toutes  les  compagnies  out  etc  en 
armes  par  1'ordre  du  prevot  des  marchands,  les  cbaines  ten- 
dues  et  le  palais  garde  de  tous  cotes,  tandis  quc  les  peres 
conscrits  deliberoient  dans  la  grand'chambre  ,  oil  ils  out  re- 
sol  u  que  les  deputes  retourneroient  vers  le  roi ,  lui  dire  de  la 
part  de  la  cour  et  des  princes  (jue  ,  pourvu  que  le  cardinal 
Mazarin  soil  envoye  bors  du  royaume ,  lesdits  princes  soul 
prets  de  mettre  les  armes  bas ,  et  de  signer  tout  ce  qu'il  plaira 
a  sa  majeste.  Tandis  que  tout  Paris  etoit  ici  en  armes  ,  il  y  eut 
di verses  querelles  en  plusieurs  endroils,  oil  quelques  mis 
furent  tues  et  d'autres  blesses.  Cela  ne  se  pent  guere  fa  ire  au- 
tremenl  :  tandis. que  les  fous  out  les  armes  a  la  main,  il  Cant 
(jue  les  sages  soient  caches.  Les  princes  rieanmoins  ,  apres 
avoir  ete  troinpt's  par  le  due  de  Lorraine,  se  trouvent  bien 
('tonnes,  et  je  ne  sais  point  a  quel  saint  ils  se  voueront. 

Hier,  i  juillet ,  est  ici  mort  dans  son  litd'tinc  lievre  conii- 


fi  I.KTIKKS    DK    lil'l    I'MIN 

ink'  maliyne,  le  sieur  Vautier  (I),  qui  etoit  premier  medecin 
du  roi ,  ct  le  dernier  du  royaume'eii  capacite;  et  aliuque  vous 
sacliiex  <in'il  n'ost  pas  mort  sans  raisou  ,  il  a  pris  de  I'anti- 
moine  par  truis  I'ois,  pour  mourir  dans  sa  methode ,  par  lo 
oonseiitemeiit  et  le  oonseil  do  Guenaut.  S'il  fut  mort  il  y  a 
sopl  ans,  il  auroit  opar^uo  la  vie  a  plusieurs  honneles  pens 
qu'il  a  tuespar  son  antiinoine.  Knlin,  il  est  mort  lui-ineme  aye 
d'environ  soixante-trois  ans.  (jomine  il  etoit  ivputo  i'ort  igno- 
rant, et  meme  a  la  oour,  il  voidoit  a\oir  la  reputation  d'avoir 
des  secrets  de  cliiinie,  et  d'exeeller  dans  la  preparation  do 
I'antiinoine.  Queltiues  eourtisans  lui  applaud issoient  on  on 
faisoient  sembiant.  L'aulorite  de  sa  charge  rniitreteuoii  on 
credit.  II  disoit  enti'e  autresque  les  inotlecins  de  Paris  avoionl 
raison  de  dire  rjue  I'antimoine  etoit  un  poison;  niuisqu'apres 
sa  [treparation  il  ne  1'eloit  plus  ;  iK'aninoins  eotte  bonne  pre- 
paration Ini  a  manque,  ('/est  line  place  vaeante  pour  laquollo 
le  cardinal  Mazarin  cliorche  trois  mille  pistoles.  Voila  un  do 
mes  ('oii)|)aiiiions  <)iii  dit  qu'ou  1'a  oil'erte  a  (luonaut  a  co  j»rix- 
iii,  (jui  I'a  rot'nsee,  et  (pi'il  croit  <|ue  Valot  les  donnera.  Ainsi 
tout  est  a  vendre  ,  jusqu'a  la  saiit<:  du  roi ,  co  qui  cst  d'un  Iros 
mauvais  exempli?.  -Ic1  sins,  etc. 

Do  I'aris,  lo  ,'i  jiiillel  KurJ. 


Jo  ci'ois  quo  voiis  a uro/.  recu  mos  deux  dornicros  lotlros. 
Maintonaiit  jo  NOUS  dirai  quo  Ton  nous  [iroinot  ici  un  jubilo 
p(»ii!'  li'  commencement  du  oaivmo.  (l'(st  inn1  consolation  spi- 
rituelle  <|iio  lo  pape  nous  \Tiit  donnor  on  recompense  dos  mal- 

( 1  !''r;mnii-  \  fiulicr.  in'1  ;i  Arlr.->  en  liisjl .  nun  'I  a  1'iiri-;  CM  H>'.f2 .  rrni 
docloiir  on  iin-dcriiio  <!o  Montpcllior  en  \(>\2.  »lo\inl  prnnirr  mo<lrriii 
do  .M;iri<-  do  Modioi-;.  ;ipres  avoir  dc  oafornic  a  I;:  Haslillo  ;  puis  on  Ki'id 
promior  inoilooin  do  Loui-  XIV:  culm  il  fat  promn  on  Ki't'.l  a  1  alibay 
do  Sainl  I  aurin  d 'KSroux.  l»-  '"/ 


A    FALCONET 

lieurs  que  le  cardinal  Ma/arin  nous  fait  soufj'rir.  Si  pom-tan! 
Ton  nc  1'cnvoie  pas,  on  tachera  le  mieux  qu'oii  pourra  de 
s'en  passer;  inais  les  medecins  y  perdroient  le  plus  ,  car  il 
leur  vient  toujours  en  partage  quelque  inalade  qui  s'est  mor- 
ibndu  courant  d'eglise  en  eglise. 

A  proposde maladies,  M.  Talon,  a vocat -general,  est  en  .si 
inauva'is  etat,  qu'apres  (juelques  mois  cle  laiigueur  il  devient 
hydropique.  VTous  savez  bien  qu'il  ne  peut  pas  mariquer  de 
bons  et  lideles  medecins ;  et  neanmoins,  dans  1'inquietude  quo 
sa  maladie  lui  donne ,  il  s'est  souvenu  de  moi,  et  m'a  fait 
1'honneur  de  m'inviter  a  Taller  voir  :  ce  que  j'ai  fait  inconti- 
nent tres  volontiers.  Mais  ayant  reconnu  son  mauvais  etat ,  jo 
vous  avoue  que  les  larmes  m'en  sont  venues  aux  yeux,  ce  que 
je  ne  pus  si  bien  caclier  (ju'il  ne  le  reconnut  lui-meme,  rt  in- 
m'en  fit  compliment.  Neanmoins,  je  vous  dirai  que  mes  lar- 
mes  n'ont  pas  ete  a  cause  de  lui  tout  seul ,  quelque  liomnie 
de  merite  qu'il  soil,  mais  pour  le  malheur  cominun  de  tout 
le  nioiule  qui  perd  beaucoup  a  sa  mort.  M.  Talon  cst  1111  fort 
liomme  de  bien,  de  grand  jugement  et  d'un  esprit  fort  pene- 
trant ;  le  plus  beau  sens  commun  qui  ail  jamais  etc  dans  le 
palais  (I) ,  qiii  a  le  mieu\  pris  line  cause  et  (jui  y  a  le  jdiis 
lieureusement  rencontre,  aux  conclusions  qu'il  y  a  donmVx 
(Miacun  a  admire  dans  Paris  la  Force  et  la  solidite  de  son 
es})rit ,  et  neanmoins  il  faut  qu'il  men  re  aussi  bien  cjiie  lanl 
d'honnetes  gens  tjui  nous  out  (He  malheureuscment  ravis  dc- 
|)uis  mi  an,  tandis  (jut1  tant  dc  brouillons  et  de  tyrans  vivent 
sur  la  torr«;. 

L'eveque  d'Amiens  cst  mort  di'puis  ([uclfjucs  jour.,;  il  ctoil 
Ills  de  M.  de  Caumarlin ,  <pii  mourut  garde  des  sc(\iux  1'an 
K)2'2;  autrelois  fort  debauclie  ,  mais  r«H'ormt''  dcpuis  (|iicl- 
(jues  annces.  On  lui  donne  pour  compagnon  div  \nyai;('  en 
I'autro  monde  tin  aulre  prelat .  (|iii  cst  M  de  Kenouillct  ,  cve- 


i  I    Kxpri'Sfion   ploiiic  <lc   lorcc  .   dc  -m- 
l>lus  cl'nii  oxoniplr  dans  co  IfUro. 


<|iie  (Ic  Montpellier.  11  ctoit  le  plus  aneieu  eveque  tic  Krance. 
Taut  d'eveqws  qui  se  laisseront  mourir  seront  autant  de 
bonnes  chape -chutes  pour  le  cardinal  Ma/arin  .  qui  I'era  de 
nouvelles  creatures  dc  ceux  (ju'il  y  (era  succeder.  En  voiei 
mi  autre  Iroisieme  qui  I'ei'a  le  nombre  impair,  c'est  1'eveqtie 
de  Carcassonne,  et  un  quatrieme,  (jui  est  cekii  de  Kivjiis  en 
Provence. Quelque  niineipu:  I'on  1'asseet  <pieU|ne  degufseiiient 
(jiie  les  homines  apj)orlent  dans  leur  vie,  ils  ne  sauroient  pa- 
rer  ce  dernier  coup.  La  niort  leve  le  masque  et  fait  connoitre 
que,  la  vanile  dt;  la  vie  n'est  qu'une  coinedie  assez  chetive  , 
qu'une  farce  assez  courte,  (ju'iine  ombre,  ou  le  sonjje  meme 
d'une  ombre.  Juvenal  n'a-t-il  pas  bien  (lit  dans  sa  dixieme 
sntirt1 .  qui  est  tin  ouvrage  admirable  : 

Mors  tula  j'ahlar 
Quunlulu  aint  hoininum  corpuscuta. 

M.  Moreau  le  pere  se  porle  un  pen  mieux  ,  inais  j'avoue 
qu'd  ne  taut  pas  grand'chosc  pour  1'abattre;  et  puis  1'lnver, 
auqucl  nous  touchons  du  bout  du  doiyt,  est  I'orl  a  craindre 
aux  vieillards. 

J.e  1-2  decemois  mourutieile  i»ere  Petau  (1),  le  plus  savant 
de  la  societe.  II  avoil  dans  la  lete  divers  desseins  de  livres, 
(ju'il  avoil  meme  commences.  On  m'a  (lit  <pi'il  avoil  laisx- 
tous  ses  papiers  et  ses  desseins  a  un  de  ses  disciples,  nomine 
le  pere  (lossard,  <|ui  aura  soin  de  cimtinuei'  le  ^rand  travail 
de  son  maitre,  de  hitheologic  des  |)tires,  doiit  il  y  a  (h'-jacinq 
volumes  imprimes;  c'esl  lejilus  savant  jesuite  d 'aujourd'hui. 
Je  suis  de  loiite  mon  ame  votre.  etc. 

Do  PiirK  lo  -20  (loroinlin-  Hi.rJ. 

I  I), MII-  1'rljiii.  en  lalin  IVtUNiii-  .-aviinl  jc-intc,  tie  a  OrK1aii>  en 
1'iS:?,  ]iiolf->('!ir  dc  llioolo.'/K1  ii  Paris,  on  il  cs(  moil  Ic  lii  ili'crmlirr 
IC'.'jJ  ,  il  a  lai-c  ,1--  oii\: •;!••.•-.  (s'iinc>.  |{.  I'. 


LKTTKK  CCCCIX.  -     .\amnnc. 

Je  nesuis  pas  encore  declmrge  loul-a-fail  tie  mon  decanal ; 
je  travaille  tous  les  jours  a  mes  comptes  et  a  mes  registres , 
mais,  Dieu  aidant,  j'en  sortirai  bientot.  Je  vous  remercie  de 
votre  belle  lettre,  et  M.  Giraut  pareilleuient  de  ses  bonnes 
graces;  il  est  fort  bon  operateur,  et  reussit  en  la  taille  fort 
heureusement.  Vous  n'avez  pas  besoin  que  je  vous  averlisse 
que  le  rossolis  n'est  guere  bon  aux  nepbretiques;  mais  trouvc/ 
bon  seulement  que  je  vous  en  f-.isse  souvenir,  de  peur  que 
vous-meme  vous  ne  vous  en  souveniez  que  trop  ci-apres  ,  in 
inediis  doloribus.  Cette  liqueur,  nominee  lios  soils,  niliil  h<i- 
b<>t  .W«/v  ,  .SYY/  if/iicuin  quid  pofentissimuni,  Ininboruin  WHUIH- 
(//«•  doloribus  adcet'sissimtim  ,  dont  Dieu  vous  gardera  et  pro- 
servera  s'il  veutpar  sa  bonte.  Le  pape  a  dit  a  noire  ambassa- 
deur  (jui  est  a  Rome  qu'il  vent  que  Ton  remelte  en  liberte 
le  cardinal  de  Retz  ,  et  qu'il  ne  s'en  prendra  qu'an  cardinal 
iMa/.arin,  ce  qu'il  a  repete  par  Unit  Ibis.  Celte  repetition  a  fort 
deplu  a  la  reine.  .1  'attends  encore  quelque  chose  pour  mettiv 
dans  noire  paquet,  lequel  ne  pent  partir  que  le  mois  pro- 
chain  pour  Lyon.  Le  mannscril  que.AI.  Spon  a  en  Ire  ses  mains 
n'est  pas  si  petit;  j'espere  (jue  ce  sera  un  in-quarto  de  j)lus  de 
soixante  feuilles  :  c'est  le  papier  qui  a  maiKjue  a  cause  de  la 
bassesse  des  eaux  (jui  a  empeche  AF.  Rigaul  de  commencer 
jusiju'a  [)resent. 

Je  vous  envoie  ma  medaille ,  (jue  j'ai  toujonrs  en  dessein 
de  vous  presenter;  elle  est  plus  belle  que  celle  (jue  vous  avtv. 
vue  enlre  les  mains  de  M.  Gontier,  ii  (jui  mon  Ills  aine  en  a 
envoye  line.  Le  coin  de  la  Kacultr,  qui  t'loit  us«',  a  ete  ref'ait, 
et  au  lieu  de  IbiS  j!y  ai  fait  mettre  l().'>-2.  Si  vous  en  desire/ 
decuivre,  je  vous  en  enverrai  cetju  il  vousplaira. 

II  se  pourra(juelque  jour  rencontrerqueltjue  bonne  occasion 
r|iii  me  fern  idler  (levers  Lyon,  mais  il  faudroit  (jiu?  la  jiaix  lut 
en  France;  en  ce  cas-lii  jeserois  ravi  de  vous  aller  embrasser. 


10  I.lilTUKS   1)K    (,l  I    I'ATIN 

On  ditque  le  pape  a  depute  dix  eardinaux  pour  examiner  le 
fait  du  cardinal  do  Ketx  ,  ot  pour  tvouver  les  nioycus  do  lo 
lairo  remettre  on  liberle.  On  dit  quo  Bordeaux  est  en  si  mau- 
vais  otat  ,  qu'il  scroit  do  bosom  quo  lo  roi  y  fit  un  voyage  pour 
empeclicr  quo  les  Kspagnols  no  s'on  emparent ;  niais,  d'un 
autro  cote,  il  cst  besoin  qu'il  soil  aussi  do  deoa ,  a  cause  du 
prince  do  Coude ,  (jui  ost  le  plus  fort  sin1  la  frontiere  do  Pi- 
cardie  ot  do  Champagne,  et  qui  pourroit  venir  jusqu'ici ,  oil  il 
a  encore  qnelques  amis  et  on  il  y  a  plusieurs  onnoinis  du 
Ma/arin;  il  feroit  bien  du  inal ,  etant  sccouru  do  1'Espagnol , 
com  me  apparoninient  il  lo  sera.  On  parle  ici  do  la  inort  du 
papo  :  c'ost  peut-otrc  d'autant  qu'il  ost  fort  vioux.  On  nous 
proniet  le  grand  jubile  pour  la  fin  du  careme;  jo  voudroLs 
qu'il  fut  deja  passe  ct  le  careme  paroillement.  Los  partisans 
du  Mazarin  disont  qu'il  viondra  bientot ;  les  plus  fins  discnt 
(jue  lion,  et  qu'il  no  pout  ni  nt;  doit  vonir.  Le  prince  do 
Condo  a  pris  Vervins;  on  y  fait  passer  nos  troupes,  alin  d  y 
remeltrc  lo  siege  ot  do  le  reprondro.  On  s'en  va  ici  iniprimer 
un  traitedo  Balzac  ,  intitule  Y.\rix(ij>/>'',  on  <!>•  In  ('»///•;  jo  me 
persuade  quo  co  sera  uno  paraphrase  do  co  vers  du  Imn 
Horace  : 

Omnis  .irisl  ippum  decuil  color  c(  slut  it*  ct  n-K. 

.le  mo  rocommande  a  vos  bonnes  graces,  et  suis  do  toute 
inon  ame  ,  monsieur,  votro ,  etc. 
l)e  I'aris.  le  dernier  Janvier  1653. 


LKTTKK  CCCCX.  —  .1 


II     lltf'lHf, 


iN'i'iiirllc/.-moi  do  voiis  reconiinandei1  un  jenne  Iminine 
1\  nniiois,  aspirant  a  la  mail  rise  doc.hirurgio,  nomirio  (lai'don. 
I!  avoit  un  frere  aim'1  a  Paris,  I  an  I(r2(i,  qui  ('toil  |IOIIIK''|C 


\  i  \LCOM-T  11 

hoiiime  ct  (It1  ines  amis ,  ses  parents  vieiinent  de  notre  pays 
tie  Beauvais  ;  j'ai  meme  connu  celui-ci,  que  je  vous  reeom- 
niande,  a  Paris,  pour  un  gentil  garcon.  Fac  fyitur,  nisi  tilii 
molestunt  f'uerif,  ut  sentiat  mcam  commendationeintibi  f/rfiftnn  , 
sibi  uti/cm  /'trisse.  Je  vous  ai  deja  tant  d'obligations  que  j'en 
suis  tout  honteux. 

Je  pense  que  vous  aurez  bientot  deux  livrets  nouveaux  du 
pere  Theophile  Kaynaud  ,  Mala  e  bonis  ecclesifc,  etc.,  Disscr- 
tatio  dc  Kobrid  niter  ins  sexits  freqnentatione  per  sacros  i't  reify, 
hmnines,  que  vos  libraires  impriment  a  Lyon.  On  no  i'ait  rien 
ici  a  cause  de  la  guerre ,  et  fautc  de  papier. 

Le  prince  de  Conti  est  le  plus  fort  dans  Bordeaux;  il  on 
chasse  qui  bon  lui  semble.  F^es  Hollandois  ont  traite  avec  le 
Ma/.arin  ,  qui  letir  a  proinis  du  support,  dont  les  Anglois  sont 
indigries,  et  inenacent  de  ravager  nos  cotes. 

LG  prince  de  Conde  a  mis  le  siege  devant  Jamets. 

Le  Mazarin  a  ete  traite  superbement  a  Soissons  par  M.  le 
inarechal  d'Estrees,  qui  encst  le  gouverneur,  et  en  revenant 
beaucoup  de  personnes  sont  allees  au-devant  de  lui,  cntre 
autrcs  M.  le  chancolier;  le  roi  memo  y  a  e'te  jusqu'a  trois 
lieues  d'ici ,  et  1'a  amene  dans  son  carrosse.  Us  sont  enlivs 
dans  Paris  lundi ,  3  levrier,  a  deux  heures  apres  midi ;  le  roi 
lui  a  donnece  niemesoir  a  souper  en  grand  et  superbe  lestin. 
Dieu  sail  si  ce  n'ont  point  ete  des  viandes  bien  succulentcs  , 
pour  reparer  et  restaurer  les  forces  de  ce  (/mud  cajritatne, 
i[iii  revient  de  la  guerre  si  harasse,  et(|ui  rentre  an  cabinet  . 
on  il  y  a  <le  reste  tant  de  coixjuetes  a  faire. 

Le  roi  a  ete  au-devant  du  Mazarin  ,  et  le  Ma/.arin  ,  a  ce  qm: 
disent  les  courtisans,  ira  au-devant  de  la  reine.  \/r  riritm 
ficxx/mls  faffs  tcnt/Hirf/itix,  <i<l  </""'  /"'•"•  ri'scrranf  /Jontiuus.  Je  me 
I'ecoinmande  a  vos  bonnes  graces,  et  suis  de  tout  rnoii  cu-ur 
volre  ,  etc. 
DC  1'aris.  ce  't  dc  fcuicr  1(),');5.  ' 


12  u-;miK>  DK  (.11 


LKTTKK  CCCCXI.  -      Au 


J'ai  ree.u  la  \6tre  ties  mains  de  M.  Paquet  .  pour  laquelle 
je  vous  remercie  ;  ledit  sieur  se  j>orte  assez  bien  ,  Dieu  inerei  : 
nous  parlous  tres  souvent  de  vous,  et  il  vous  aime  cordia- 
lement. 

Je  suis  bien  aise  que  vous  aye/,  recu  le  pelit  present  que  je 
vous  avois  destine  il  y  a  longtemps,  el  (jui  a  demeuiv  ceans 
beaucoup  plus  que  je  ne  pensois  ;  niais  la  guerre  est  cause  de 
ee  retardement.  Je  vous  enverrai  quelque  chose  de  meilleur 
ci-apres,  si  1'occasion  se  presente.  Je  rne  souviens  tort  bien 
de  toutes  les  obligations  que  je  vous  ai  ;  inais  avec  ee  regret 
que  je  ne  m'en  puis  acquitter  sitot  que  je  voudrois  bien.  On 
dit  iei  que  quelqu'un  a  taille  sa  plume  pour  refuter  M.  ('A. 
Germain  en  son  Orf/iodoj:c  ,  nn  de  I'  Abu*  d<-  r<mfiinoin<'  ,  mais 
je  pense  (pie  ce  ne  sera  qu'uu  galimatias  de  ga/ette  :  con- 
atuf  I'uitn  *f//jit(nt  csv  veni'iiiitinn  ;  les  fourbes  qui  se  vanlent 
de  sa  bonle  ne  sont  point  si  traitres  <jue  d'eu  prendre  lors- 
<|u'ils  sont  malatles.  Vautier  en  prit  Tan  passe,  mais  il  en 
trepassa  aussi.  Sterne  /j<'/}  slilxinn  stt/ymnt  trmttiun'it  fi'i'tmn  , 
</ni  jii'i'  diubulicitin  intn(1  rcut'iimn  (  s/r  nominal  n/'  «  Mcrcuriuli 

tot  liiyiniff'if  itt'f'di'P/'tif. 

Je  vous  ai  mantle  touchant  le  Quiqueran,  <!<'  Lund  thus  pro- 
rinfiir  ,  ce  que  j'en  savois.  Je  m'enquerrai  tie  celui  (|ui  la 
imprime  autretbis  a  Lyon  el  en  quelle  annee  ;  mais.  je  vous 
pi'ie  ,  ntti'i'Cd  tloi'ini  scrn/'r, 

M.  de  Liergues  est  un  Ibil  honnete  homme,  et  a  (iui  j'ai 
l)eauct)iip  tl  obligation  ;  mais  il  vous  a  tlit  trop  de  bien  de  moi 
d.ins  sa  lettfe;  r'esl  une  manjue  tie  son  alleetion,  et  il  n'ose 
vous  dedire  tit;  taut  tie  bien  que  vous  Iui  avex  ecrit  de  moi  ;  il 
m  a  rendu  mes  metlailles.  Le  roi  ,  la  reine,  leMazarinet  toute 
la  t'oiir  sont  a  Saint-Oermain  encore  pour  tmeltjues  jours.  Ke 
.Ma/ariu  Iraite  avec  le  chevalier  deCliaulnes,  j'lour  avoir  le 
gouvernement  tl'Amiens  :  ties  tju'il  en  sera  le  maitre  .  il  a 


A    FU.CONFT.  |.'i 

dpssein  d'y  pnvoypr  If  cardinal  de  Bel/  dans  la  citadel  It1,  sons 
la  garde  do  M.  de  Bar,  qui  a  garde  IPS  princes  dans  IP  Havre- 
de-(iraep;  ct  cpla  (ait,  on  dit  qup,  IP  roi  ira  dempiiror  pour 
quelque  temps  dans  IP  hois  deVincennes.  LP  prince  de  Condi- 
ot  pncorpa  Hi'uxplles.  CPIIX  de  Bordeaux  esperent  du  spcours 
rt  dps  Anglois  pt  dps  Espagnols  :  aussi  PU  ont-ils  grand  be- 
soin.  Les  Anglois  out  PU  derpclief  un  grand  avanlage  sur  IPS 
Hollandois,  qui  y  out  fait  pprtP  dp  plus  dp  quatrp  millions 
•  Tor.  Notre  grande  armee  est  PII  Champagne;  on  dit  qu'elle 
S'PII  va  a  Kethel.  ('iPtera  fa/ tut  qua'  circumferuntvr,  itcr  tnurnr, 
it'"c  xcribn  ,  quill  f'ulm  sunf.  II  est  seulempnt  vrai  qne  jp  snis  pt 
sprai  toute  ma  vie,  monsieur,  votre,  etc. 
Do  Paris,  U> -27  jiiin 


LETTRECGCCXII.  -     .\>i  ////-////•. 

Jp  suis  bipn  aise  que  M.  Huguetan  I'avocat  soil  arrive  cluv 
vous  en  bonne  sante.  C'est  moi  qui  lui  avois  donne  \'Edyi>- 
thnn  dp  M.  P.  Petit,  pour  vous  IP  remettrp.  Cet  autenr  est  un 
pptit  jpune  homme  parisien,  de  vingt-quatre  ans,  que  jp  IIP 
connois  que  depuis  qu'il  me  fit  present  de  son  livre.  II  est  fils 
du  greftier  de  Saint- Victor.  II  etudie  en  medecine;  je  lui 
donuai  conseil  sur  SPS  etudes  ,  tlont  on  m'a  rapportp  (ju'il 
t'loit  tort  content ,  et  qu'il  vouloit  fa  ire  ties  vers  pour  moi. 
J'aime  mieux  qu'il  les  fasse  pendant  ma  vie  qu'apres  ma  mort , 
alin  que  je  les  puisse  lire  et  en  juger  ;  car  dps  que  je  serai  mort , 
jp  ne  verrai  plus  gouttp.  Lo  soleil  se  couclie  et  se  ivlevp  IP  IPII- 
demain  ;  mais  dps  cpie  notrp  lumierp  SP  couclie,  c'pst  une 
unit  ptprnelle;  et  sans  rpspt'rancp  que  nous  avons  par  la  toi , 
nous  serious  bien  mallieureux.  Knfin,  je  suis  tout  resolu  , 
quolipip  chose  qui  me  puisse  arriver. 

M.  IVIlisson,  tout  habile  homme  qu'il  PS!  ,  s'est  bien  I'ait 
des  ennemis  par  son  ///>•/«/,•<•  <!»•  /'A/-, i/ffh/i/f.  M.  ("orneillp  , 


1-1  I.I-TTKES    I)K   i.lll    I'.VTIN 

illustre  t'aiscur  de  comedies,  ecrit  eontre  lui ,  de  memo  que 
M.  Charles  Sorel  (I).  Je  n'y  ai  encore  gtiere  hi  de  choses;  mais 
il  s'est  trompe  en  de  certains  eloges ,  entre  autres  ceux  dc 
M.  de  Bourbon  etde  M.de  Me/.iriac,  que  j'ai  counus  particu- 
lierement. 

M.  Perrot  d'Ahlancourt  est  un  habile  hoinme.  On  le 
blame  pourtant  de  s'etre  trop  donne  de  licence  a  son  Tacite  : 
et  de  fait  je  lie  1'entends  pas  si  bien  quo  !<•  latin.  Je  ne  suis 
point  de  votreavis  touchant  ces  traductions  :  pas  une  ne  me 
plait.  II  n'y  en  a  point  qui  vadle  le  tiers  de  son  original ,  si  ce 
n'est  peut-etre  les  Mi'tmimrphosi't  (i<tci<l<' ,  traduites  par  lie- 
nouard  ,  et  encore  tout  cela  n'est  bon  qu'a  ceux  qui  n'enten- 
dent  pas  le  latin.  Pour  M.  I'abbe  de  Marolles,  c'est  un  furl 
lionnete  homrne  ,  qui  est  mon  ami  depuis  1'an  1620.  Ses  tra- 
ductions ne  lui  font  pas  honneur  ;  ses  meilleurs  amis  s'eii 
plaignent  aussi  bien  ([lie  nioi.Je  voudrois  qu'il  n'y  out  jamais 
pense,  car  c'est  d'ailleurs  un  excellent  hoinme. 

On  a  eu  nouvelle  de  la  inort  du  grand  et  incomparable 
M.  Saumaise  (-2).  II  est  mort  aux  eatix  de  Spa,  qu'il  etoil  alle 
prendre.  Quelle  perte  pour  la  republique  des  lettres  !  II  avoit 
soixante-cinq  ans  passes,  etant  neau  moisde  maidel'an  r>SS. 

II  y  a  ici  un  avocal  nomme  M.  Lescornai ,  hoinme  d'<'tudc 
et  de  travail,  qui  a  fait  une  histoire  enticre  ile  la  maison  de 
Longueville  ,  depuis  Jean  ,  comte  de  Dunois,  batard  du  due 
d'Oi'leans,  tue  a  Paris,  rue  ISarbette  ,  en  1  107  et  qni  a  etc  le 

(I..  II  esl  etonnant  que  (jui  I'alin  nc  parle  pas  plus  souvont  ot  avoo 
admiration  de  eel  illuslre  fuiseur  dc  roineiliex.  Pourlanl  lo  ('id  avail 
paru  en  HYMi,  Cinnti  en  1039,  He.  I 'outei'ois  il  i'aul  reniarqncr  <|u'a  colic 
opoqur  Ics  inii'iirs  inedicales  avaienl  (juelquo  cliose  »lc  la  sc\(vritf 
ecdesiastique  et  parleinenlairo.  Pa>cal  dit  •  «  Qui  pourrait  avuir  con- 
liance  dans  un  medecin  qui  nc  porlc  |)a.>>  dc  rahat?  »  Mais  si  Ic  lan;;ac;e 
H  le  coslunic  avaicnt  alors  (jiielqur  rlioso  d'auslcrc  cl  dc  pcdanl  .  il  laut 
aNoucr  qiic  Molierc  a  bien  jjueri  Ic^  med(>rin^  dc  cc  leavers;  peul-etrc 
onl-ils  outrcpasse  la  liinile.  |{.  I' 

•2    Voyez  tome   I     payc  t'.l'.t 


A    FAU.ONKT.  15 

premier  chef  et  le  fondateur  de  cette  maison.  II  la  presentee 
manuscrite  a  M  de  Longueville,  qui  1'a  trouvee  si  belle,  qu'il 
est  resolu  de  la  f'aire  imprimer  a  ses  depens  ,  et  d'y  ajouler 
tous  les  portraits  de  ses  ancetres  que  Ton  fait  graver  expres. 

Le  cardinal  de  Hetz  est  malade  d'une  fievre  lente  pour  la- 
quelle  il  ne  bouge  gueredulit.  II  a  son  medecin  enferme  avec 
lui  (|iii  ne  le  sauroit  si  bien  guerir,  eomme  feroit  le  cardinal 
Ma/.arin  s'il  le  mettoit  en  liberte. 

On  a  execute  ici  plusieurs  faux  monnoyeurs,  voleurs  <•! 
assassins,  et  il  y  en  a  encore  d'autres  quo  Ton  cherclie  avec 
beaucoup  de  diligence.  Aussi  est-il  vrai  que  cette  grande  villc 
est  une  vraie  retraite  de  larrons  ,  d'imposteurs  et  de  coupeurs 
de  bourse,  sans  f'aire  mention  de  ceux  <|ui  donnent  de  1'anti- 
iiuiine  au\  malades  et  de  taut  de  preclitMirs  et  faux  proplieles 
i|iii  s'asseinblent  ici.  Je  suis,  etc. 

l»c  I'.-iris.  lc-21  ortolire  Ki'iH. 


LKTTKK  CCCCXIII.  --  An  UIMIH-. 

Depuiscelle  (jue  je  vous  ecrivis  le  21  octobre  ,  nous  avons 
recu  la  nouvelle  de  la  mort  d'un  de  nos  collegues,  iiomnu'' 
.M.  Prevot ,  ([ui  est  alle  de  vie  a  trepas,  chez  son  pere,  a  Vire 
en  Normandie,  d'un  abces  ulceredans  le  pylore  qui  lui  cau- 
soit  un  vomissement  perpt'tiicl. 

.le  rencontrai  dernierement  M.  Ogier  I'avocat,  qui  m'adit 
(ju'll  ne  voyoit  autre  chose  par  tons  les  carrefours  <jue  TaHiclie 
dii  livre  nouveau  du  tils  du  ga/etier,  en  grande  page  ct  en 
grosses  lettres  ,  avec  ces  mots  :  I'Anfimninc  fi'fnw/i/nnif  >•>  jua- 
ti/i''  ,  etc.  Je  lui  repondis  <|u'il  n'y  avoit  pas  de  quoi  s'etoimer 
du  triomphe;  que.ce  poison  en  avoit  taut  et  taut  tue  depuis 
sept  ans  par  I'eritremise  de  Vautier  ,  Ciiienaut,  Valot ,  Hnins- 
sant ,  et  fjuelques  autres  cjui  se  jouent  impunement  de  la  peau 
des  homines,  qu'il  avoit  bien  raison  de  triompher  ;  qu'autre- 
fois  a  luiiiif  Ton  DI>  pt'rmcttnit  |»>  triomphe  qu'ii  ccliii  i|iii 


l()  1  KTTHKS    I>K    (il  I    P.vTIN 

avoil  gagne  tint'  grande  bataillo  ,  on  lout  an  nmins  lussenl 
demeures  sur  la  plaee  cinq  on  six  millo  homines,  ii  co  quo  dit 
Tito-Live.  Aussilot  il  me  dit  :  Yoila  do  quoi  Cairo  line  belle 
epigramme  ,  (|iio  peut-etre  ferai-je  dos  la  unit  procliaine.  ('e 
(|u'il  fit  et  nio  I'envoya  le  lendemain  matin  des  les  cin<|  henrcs. 
Kn  voici  unecopie  que  je  vousenvoie,  parce  (jn'on  dit  (ju'elle 
est  bien  taite.  Vous  qni  etes  savant  en  tout,  jii^ex  en  : 

\itnc  licet  anr<ilo  <t*ce»<l<it  ('(ipit/tiia  ctrrrii  , 
!\~nii''  albix  ulybiumjure  Irintuplut  c<]tiis  : 

I'lmidilt',  fitmoxi  bdldtrom'*  ,  plan/lite,  tn/i/rlic; 
Infer  t/ni  cudul  ,  credile  ,  tnillus  <r/t  : 

Virtu)  IK  lanti  mrr  it  is  obsiare  Iriiunplii*  , 
Tot  ctt'xis  horn  inn  in  inillilnif,  inritli'i  est. 


II  ajouta  a  ces  vers  :  Hide,  (laido  jfctiiir  ,  <ui/i</tt<i>  tncd/cimf 
rindcj:  ncewitne,  stibium  trhnnphnns  :  wd  flifti!  nnn  ///><•/  t<>f,nn 
ridci'c  :  tikxfiilif  cnim  toj'fr/n//  taticl  fcffilc  roinifinn  At'in/./'/tnn  , 

iiH'llnl  imCIHIjliI'  'fiflfl'OnUHl  ,  c.rlll  hillli'  .  \lnxhu'i'  ,  ijiii'in  niinii-*  , 
iH'Si'Kt  ))iii/ori'  mint  ,  un  tynm'tii  ,  t-.i^rrmt/n/'  ft  /nit  i  nnu'  .  Je  sin*-  , 
monsieur,  vnfre  ,  etc. 

l)c  I'arix,  Ic  lOnuvembre  1(i.')-<. 


LKTTKK  CCCCXIV.         .-I//  uttnn>. 

Je  vons  conlirme  la  nonvelle  de  la  inoi't  de  M.  Saninaise 
dans  le  mois  do  soptombre,  an\  eanx  de  Spa.  On  me  dit  i|iie 
la  veuve  est  en  chemin  pour  revenir  a  Paris  ;  je  la  vorrai  alors 
et  vous  on  manderai  les  particularitesqu'elle  ni'apprendra.  J'ai 
soulement  sn  (|iio  ee  grand  horos  des  belles-lettres  mourul  en 
deux  jours.  Jo  sais  bien  le  passage  de  Plino  divs  eanx  dt>  Sp;i. 
Je  le  montrai  a  Ion  M.  Pietre  Tan  Iti.'M  ,  lors(|u'il  tit  sa  these 
conti'i'  I'abus  des  eaux  minerales  (I.  !.<•*  ndodi'ii.i  •.  dit  Pliin1, 

'1)  \ Oyt'/-,  sur  op-it-aii\,  Dictionnaii'fi  nine.  <lt'  unit  i-re  mi>(l/c:ile.  \>.ir 
MM.  MIT;.!  ft  IMfii-.  I'aris.  1S3'».  I.  \  I  p.  4S7. 


V    IVU.CONKT.  17 

(loh'i'nt  s'ttlmtmtir  <l<-x  ('(in./-  nit'itill itfiii'a.  IMine  s'est  [roinpr  la 
aussi  bieu  qu'ailleurs  ,  quaiid  il  s'est  mele  du  metier  d'autrui. 
Los  oaux  do  Spa  soul  lego.rement  diurotiques;  mais  ellos  no 
sont  guere  ordonnees  quo  c<»ntro  los  clialours  d'entrailles , 
qui  est  fort  souvoiit  la  vraio  ot  premiere  cause  do  la  piorro  Si 
bien  que  ces  oaux  metalliques  peuventetre  bonnes  ii  la  cause 
d'.nnal ,  mais  non  pas  au  mal  qu'elle  a  produit.  Je  suis  pour- 
taut  d'acoord  aver,  Pline,  quiesl  un  auteur que  j'honore forl, 
lorsc|u'il  dit  qu'elles  chassent  la  liovre  tierre  :  vu  quo,  sur  la 
tin  de  lolles  maladies ,  cos  oaux  pouvent  sorvir  apros  que  It: 
malado  ost  tros  biou  purge  ot  vide.  On  s'en  pout  neanmoins 
passer  tros  aisemeut  :  aussi  arrive-t-il  souvont  que  co  remede 
n'ost  qu'uno  amusotto  pour  occuper  los  convalescents  ipii  so 
plaisenl  a  ia  nouveaute  ct  divorsite  dos  remedes.  IMine  1'a 
fort  biondil,  lorsqu'il  parle  des  medecins  qui  charlatanent 
lours  malados  :  qui  divert  {cult's  <tqncirmn  fnllnnt(cgt'oton(  I ''.  Dos 
t-aux  mal  prisos  ,  It^s  consequences  on  sont  fort  mauvaisos. 
(lo  sont  do  fortes  lessives  <|ui  ecliauffent  ot  dossoolicnt  los  on- 
traillos  a>i  lion  do  los  nottoyer  simplomont  ot  doucement. 

J'ai  rocn  nouvelles  <|uo  notre  ancien  ami,  M.  Sorbiere, 
dirocteur  du  college  d'Orange,  a  tourno  sa  jycquette,  en  so 
f'aisaut  catholiquo  romain  a  la  sollicitation  de  1'eveque  de 
Vaisou  ,  dos  oardinaux  de  Biohi  ct  Barberin,  qui  bit  on  a  lui- 
meme  ecrit  do  Homo.  C/ost  lui-mome  qui  me  1'a  mamle,  et 
qu'il  s'eu  alloita  Home  tout  oxpros,d'ou  il  m'ocriroit.  Voila 
di^s  miracles  d*1  DOS  jours,  mai*  qui  sont  plutot  politicjues  et 
oconomiques  (jiio  metaphysiques.  II  ost  veuf  ot  bien  adroit  ; 
mais  ,  tout  I'm  qu'il  est ,  jo  no  sais  si  ,  avoc  sa  nouvello  ohe- 
iniso.  il  pourra  roussir  a  fa  ire  fortune  ii  Rome,  qui  est  un  lien 
plein  d'alteres  et  d  atfamtis  :  au  moins  snis-je  biou  assiirtMpi'il 
n' v  doviendra  jamais  j>apo. 

Jo  puis  bien  vous  dire  dos  nouvollos  do  M.  Sorel .  puisqu  il 

1  On  veil  qtic  la  roulunic  dc  charlatanei  los  niahulrs  au  IHOMMI  do- 
caux  miueralcs  nY»t  p;is  nouvello  :  au^-i  pouvons-nous  repi'-tor,  «/'<• 
ollm  nniic  li^ilii'.  \\.  I', 

in  •) 


IS  i.i.TTiU'S  ni:  ; 

v  a  Irente-cii.q  ans  qn  il  e>t  mon  bon  ami.  C'e>t  un  petit 
liomine  grasset ,  avee  uii  grand  ut  z  aign,  qni  regarde  de 
pres ,  aye  do  einquanle-quatre  ans,  qui  paroit  Toil  melaueo- 
iique  et  ue  Test  point.  !1  est  tils  d'un  proenrenren  parlenieiil, 
Sa  mere  cst  movie  bydropique  ,  et  son  pere  d'nne  fievre 
(juarte  continue,  qui  est  la  plupart  dn  temps  fatale  anx  vieil- 
lards.  II  if  est  point  marie,  etdemeure  avec  nut;  sienne  SOMIT, 
lemine  dc  M.  Pannentiei1,  avoeat  en  parlement,  substitnt  dc 
M.  le  procureur  general.  Ce  M.  Ch.  Sorel  a  fait  beaneoup  de 
livres  trancois ,  et  entre  autivs  Fra.ncion,  i<;  /Ar//(r  t'.iti-nr/i- 
(j/n/t ,  YOpltii'c  <li'  C/t>'ys<int/ie  ,  YJ/iato/i'r  di-  l''r<nn-i'  <>t  line  /'///- 
tosojt/tii'  nnh'ci'xi'lli'.  11  a  encore  phis  de  vinyl  volumes  a  faire, 
et  vondroil  bieu  qne  lout  cela  t'nt  I'ait  avanl  (|iie  de  mourir; 
mais  il  ne  [tent  venir  a  bout  des  impriinpurs.  II  est  fort  dcli- 
cat,  et  je  1'ai  souvent  vu  malade ;  iK'anmoins  i!  vit  commo- 
(lenient,  [»ai'ce  ([n'il  esl  fort  sobre.  II  est  lioimne  de  I'orl  bon 
sens  el  lacitunie,  point  biyol  ni  ma/.arin.  Si  vons  en  viudiv 
ilavautage,  ex[)lique/  votre  demande  pins  particulieroinont. 
['our  le  livre  de  M.  de  la  CJiambre ,  Trtiitt-  <lt>  In  <t,i,,n>ix- 
a/i/irr  (l<-x  inihiKiit.i: ,  c\'st  un  ouvrage  on  je  ne  me  connois 
yiiere:  on  n Vn  fait  pas  ici  yrand  cas.  [/auteui-  parle  foil 
bien  fran^ois;  mai* ,  outre  la  pureh'1  dn  style,  il  n'y  a  ynere 
i[ue  dii  babil.  I  '<>.i-,  [ini'lfi-fti  nUiil ;  la  voix  et  rien  autre,  c'est 
le  cai'actei'e  dn  lussignol  ;  mais  noire  .siecle  ne  laisse  pas 
d'admirer  ees  bagatelles.  Je  snis,  et<-. 

Ik-  Paris,  le  •!•'•>  iiovombro  1(>oM. 


LETTHK  CCCCXY.         An  „«'„,<: 

La  secle  antimomaie  est  ici  loi'l  eloiniee  dn  libelle  intilnle 
///  l.i  i/i'inii' ,  qne  je  vons  ai  envoyee.  Cenx  qui  soul  le.i  pln> 
ineelianls  el  les  [tins  ettVoilles  disenl  (|ile  eelte  jiiece  Dienle 
des  ci.nps  de  baton  ,  mais  lanleni1  n'en  e>l  pa>  deeoiaerl  i  : 


A    KM.CONKT.  l'.» 

les  LIDS  s'altaquenl  a  celni-ci,  les  aulivs  a  celui-la.  liuenaiil 
dit  quo  j'y  ai  travaille,  ce  qui  esl  tres  laux:  inais  si  les  tuuis 
Notre-Dame  tomboient.  eel  homme  diroit  que  ce  seroil  nmi 
qui  en  aurois  procure  la  chute ,  alin  do  me  charger  d'envie  et 
me  t'aire  des  ennemis. 

1'our  le  livre  dt;M.  Chif'tlet,  jo  vous  en  emerrai  un  a  la  pre- 
miere occasion.  Cetle  poudre  de  <iLiiii(|uiiia  n'a  par  deca  au- 
ctin  credit  Les  t'ous  y  ontcouru,  parce  qu'on  la  vondoit  bien 
<',lier;  mais  1'eil'et  ayant  maiujue,  on  s'en  moque  anjdiir- 
d'hui  (l).  J'avois  tra'ite  line  lille  de  la  lievre  <|iiarte  si  lieiireu- 
sement,  ([tie  I'accrs  (Hoit  reduit  a  deux  lieures  seulrment.  Sa 
mere,  impatiente  ,  ayant  entendu  le  bruit  (jue  I'aisoit  eelle 
poudre  des  jesuiles,  en  acheta  une  prise  y//.'/v////v  j'i-an<-s  , 
dont  ellt:  avoit  f-rande  esperance  a  cause  eiu  jirand  jirix.  Lt- 
[)ivmier  acces,  apres  celte  prise.  Cut  de  dix-sept  lieures,  el 
beaucoup  plus  violent  qu'aucun  autre  (ju  elle  eut  en  aupara- 
vant.  Aujourd'bui ,  cette  mei'e  a  pour  de  la  fievre  de  sa  lille, 
eta  grand  regret  de  son  ardent.  Voilii  comment  va  lemonde, 
qui  n'est  qu'un  sot  el  vent  etre  trompt-.  (lette  poudre  esl  I'orl 
cbaude  el  ne  purge  en  aucnne  I'acon.  11s  disent  qu'elle  est 
diaphoretique ;  ce  soul  des  fictions,  aussi  bion  (pie  luiit  ee 
qifon  dit  de  la  chair  des  vijiei'es,  dunl  pen  de  nos  gens  se 
servent,  si  ce  n'est  les  suppots  des  apothicaires  ;  neamnDiiis 
je  pense  <pie  pour  la  garder,  a  lelles  lius  (pie  de  raison  ,  1'es- 
prit  de  sel  y  esl  tort  bon  .  on  nieine  rint'usiou  en  eau-de-vie, 
et  la  seclier  a  I'ombi'e. 

.1  ai  vu  ces  jours  passes  deux  pelits  livrets  d'  \rn<>l<lin<  Il<»'- 
//'^.s,  ((ui  sitnt  des  observations  de  medecino  de  rnaladie> 
uinises  par  les  anciens.  II  y  esl  <pialilie  ci-devant  inede«-in 

J;  La  mcdt'ciiic  do  IKIS  jonr>  nc  >aiir;ut  an  coniiaiio  >c  pasM-r  de 
cello  salulairo  subslanco;  c'osl  \etilabloincnl  mi  inodicauieiit  lioroitjuo. 
Mais  que  do  tails  .  do  lomjis  ,  do  rocliorolios  il  a  lallu  pour  l)icn  oon- 
nailre  los  pilots  dn  i|iiiinpiiiia  ol  »on  modo  d'adniinistratioii !  La  doemi- 
Nerlo  dos  sols  de  quinine  osl  e^aloinoiil  pii'oi«n>o  dan-,  nne 
do  oas  palhologiques.  H.  \>.  i 


•20  i.K'mtKs  I>K  i.ri  I-VIIN 

dii  vicc-roi  lies  Ktuts  d'lrlandc,  ct  pi'osentomeiit  modemi  tiv.s 
lamenx  do  l>ari>,  /•'w/s/o/v/w  nifcfifo  c/fii'issfnto.  Sin1  <|u<>i  ji« 
vons  donne  avis  quo  co  r/nn'ssiiitp  no  vit  janiais  ignore  Hair, 
('/('•toil  inii-raiid  Hollandois,  (|iii  avoillos  yeux  fort  enf'onors  et 
Ic  no/.  aii>n,qni,  t'antede  pratiques,  apros  avoir  tueiri  safVniint'. 
spsdenxenfantset  avecl'antinioine,  s'on  o^t  i-otfuinn'cn  Anglo- 
tcrro,  ii'ayant  I'ion  [in  troiivei1,  ni  dans  Paris,  ni  an  faultonrg 
St-GtM'inaii),  (|ni  le  put  arviHor.  J'ai  vuplnsieursnialadesqu'il 
avoit  sei'vis,  niais  il  no  pronoit  point  lo  clicniin  do  Ics  ,viu''i'ir. 
\\  o<[  ini'docin  conime  jo  snis  capitaino  :  voilii  coininonl  il  a 
('It'1  ici  r/firixtiiiH.' ;  niais  lo  papier  sonfTro  tout,  anssi  liion  (jiic 
la  ftiwlfr  nnfimoHi'iifc  dc  .M''  JMisoho  Monaudot.  Mo  voici  par- 
venu a  la  fin  do  ma  Icttro,  aussi  l)ion  quo  do  cotto  ainx'-o.  .Ic 
vmis  domando  tecs  uistaiiimoul  la  continuation  dc  votiv 
amilic  cl  dc  \ns  lionnos  ai'accs,  ct  vons  supplie  de  me  oroiri; 
votrc  etc. 

l»o  1'aris.  Ic  :\0  (l.'cc  inhr.'  lOo'.i. 


LKTTKK  CCCCAVI.        AuuiPim: 

\oici  dcs  voi's  oxtiaits  d  uuc  lettiv  (jui  vicnt  do  Flandre, 
Mir  la  iiKul  dc  .AI.  Sanmaiso  : 


I  )!<!<•  us  I'.rimi'i  ja>  d  l\d:-  mi  l>  iiiuli-  n 

\xs<  rim'  I'l'i.ni'ii  .  )ui)ii>nix  nil/in1  /nn/il. 

l<"niirii  S/>fitlfi'  riliini  Sdlinufius  liostpcx  , 
Tr'ijci'lni/i  ciin'i'i:<  otism/iii'  Iriati'  titn-l  ; 

(Ju/iil  ninrln'c  full  vcriil  :  purs  fill-ra  cu'lis 
Hi'iUlilti  ,  //'/  tiiti/ui'.  iioi-(i<ir  I'SKr  in  (/  nil. 

La  /.fi/cndc  mil  innniiiilr  a  vcritabloinonl  IHCII  lonclic  nos 
doeloni's  antinionianx  .  ijiii  mcnacont  dc  i;ros>es  pcincs  «  elm 
(|ui  on  sora  dcoonvcrl  I  autciir.  Pour  oonx  dont  il  cst  p.n-lc  . 
ct  quo  vons  souliailc/.  dc  coimoitrc  phis  particulicrcmcnl  .  jc 


.    KU.CO.M.  I.  '1 1 

vous  dirai  que  It1  sieur  de  (iorris  a  toute  sa  vie  etc  dn  inau- 
vais  parti  des  chimistes,  des  charlatans,  du  gazetier,  des 
et  rangers,  yens  de  secrets  coiilre  la  goutte,  lepilepsie  el 
la  lievre  quarte;  tres  malhenreux  praticien,  qui  en  a  bien 
tue  avec  les  experiences  qu'il  a  voulu  t'aire;  (jiiisait  veritable- 
inent  bien  du  grec  et  du  latin,  inais  qui  1'applique  fort  nial  : 
qui  n'a  jamaiseu  le  courage  de  resister  a  la  tentation  de  Tor. 
pourquelque  coionnerie  on  ci^rruption  du  inetiei1  l/an  1 0-17. 
un  niarchand  d'orvietan  ,  pour  init-ux  dt'biter  sa  drogue,  s'a- 
dressa  a  un  honinie  d'honneui',  alors  doyen  de  notre  Faeulte, 
iiomme  JM.  Perreau ,  pour  obtenir  de  lui,  nioyennant  unc 
bonne  summed'argentqu'il  ofl'roit ,  approbation  de  la  Facultc 
pour  son  opiat.  11  en  i'ut  re  fust'1  de  belle  hauteur.  Ce  charlatan 
>'adressa  ensuiteaile  (iorris,  tjui  reciit  de  lui  un  present  con 
siderable,  et  lui  proinit  de  t'aire  signer  a  plusieurs  docteurs 
I  approbation  de  ce  medicament  (ju'il  vend  sur  lo  Pont-Neuf: 
ce  qu'il  tit  fa  ire  par  tine  douzaine  d  aulres  a  Maine's  d  argent . 
qui  i'urent  les  deux  Chartier ,  C.uenaut,  le  Soubs,  Hainssant. 
Heaurains,  Pijart,  du  Cledat,  des  Fougerais,  Henaudot  et  Mau- 
villain  (I).  Get  imposteur  itaiien,  non  content  de  telles  si- 
gnatures ,  tacha  d'avoir  1'approbation  entiere  de  la  Faeullc  , 
et  j)i'essa  le  nouveau  doyen, (juietoitM.Pietre,  monpivdeces- 
seur,  de  laluif'aire  donner,  nioyennant  -itH)  ecus(pi'il  ott'roit, 
sur  1'espei'auce  qu'il  avoit  de  mieux  debiler  sad  rogue,  s'il  ptiu- 
\oil  obtenir  ce  qu'il  desiroit.  (]<'  nouveau  doyen  ayant  appi'is 
ile  la  propre  bouche  du  ciiaiialan  tout  ce  que  de  (lorris  lui 
avoil  fait,  lui  demanda  eette  approbation ;  et  des  <pi'il  I'eui. 
il  tit  assembler  toute  la  Faculli1,  on  il  se  rendii  di'-lateiir  con- 
tr<!  ces  iloii/.e  messieurs,  qui,  ayant  avmie  lenr  foiJilesse  el 
letir  mauvaise  action  .  fui'enl  chasses  deja  conqtagnie  par  un 
decret  solennel.  (MI  les  a  p'ourtant  nHablis  avec  de  certaines 
conditions,  el  i.olamment  ceile  de  ili-inmnliT  jitirtlnn  a  la  com- 

1    C.c  Mauvillain  rlail  ami  <le  Molicrc;  i'V>l  lui  (jui ,  .lil-on  .  a  Com  ui 
Ions  It"-  tennos  dc  1'nrt  dont  1'immorlel  comiiiuo  i\*»l  s<-rvi  pimr  baCouor 


•2'1  I.KTTHKS    ])|-    i,|  |    I'vn.V 

paguie  en  pleino  assemblee.  (Juolquo  eboso  qit  ils  aiont  pu 
Cairo  depuis  ,  la  taobo  lour  en  est  domouree.  Voila  la  prouessc 
dt'  .1.  do  (iorris  avee  cc  vt'tuieur  d'orvietan;  mais  ee  n'est  pas 
sa  faute,  oo  n'ost  que  sa  continue,  f/est  1111  liominc  aflame 
d 'argent  et  de  secrets;  e'ost  un  pauvre  bomme  qui  n'a  tantot 
plus  d'esprit  qu'une  bole,  quoiqu'il  aitrepublie  un  gros  livrc 
/fa/inilioHum  medirarmn.  Pour  M.  J.  Bonrgrois,  c'csf  un 
buiteuxqui  met  son  nex  partout  ct  un  esprit  foible,  qui ,  pour 
couvrir  sa  foiblesse,  a  tachede  se  t'aii'e  passer  pour  janseniste, 
dont  il  se  treinousse  toil,  poui1  s'attirer  de  la  pratique  aver  ses 
iiouveaux  (Veres,  l/hoinnie  est  un  miserable  animal  et  le  veri- 
table jouet  de  la  fortune,  auquel  un  pen  d'interet  fait  changer 
de  parti  quand  il  vent. 

M.  di!  Valois.  //t'itricns  \  <i/t'sit/s .  vint  encore  bier  me  visi- 
ter  II  est  lilsd'un  secretaire  du  roi.  II  est  rousseati,  age  d'en- 
viron  <pjarant»»-sept  ans,  (holier  de  feu  pere  Petau.  II  ti'a- 
vaille  anjourd'hui  a  la  traduction  de  (|Ufi(iues  peresgrecs, 
par  ordre  du  clergt;  do  Franco,  auquel  il  a  pension.  II  a  un 
aulre  IVere  appel«!  /f(n/ri<niiis  \  ti/i's/t/x ,  qui  est  encore  fort  sa- 
vant, et  (|iii  travaille  a  I  bistoire  de  France  en  latin,  .le  vous 
bai.se  tres  liumblement  les  mains,  et  suis,  etc. 

Do  I'.iris,  le  (5  Janvier  Kioi. 


LKTTHK  CCCCXVII.        An  wf-mc. 

.le  vous  remercie  de  votre  belle  leltre  du  ^>  de  IV-vrier.  .le 
snis  ravi  d(!  ce  <|iie  vous  etes  en  bonne  sand'1 ,  et  Itien  content 
dc  ce  quo  TaiVaire  do  M.  .1.  Lombard  a  roussi.  Jo  n'y  ai  pas  fait 
grand'cbose.  mais  pourtant  ce  <pie  j'y  ai  pu  ;  peut-iMro  <jii  il 
se  pi'i'scnlcr;!  (pit'iipie  jo;jr  ((iieiipie  al'tairc  on  j'aurai  plus  dc 
creiiit,  ol  on  jo  m  emploiorai  |?lns  <pic  tres  volonliers  jiour 
votre  service.  Lo  dou\  polils  livros  (juojt  vous  ai  lait  tonir, 
do  la  poudro  coiitro  la  liovre  (|uarle  ,  et  colui  de  .M .  I5iolan  . 
no  valent  pas  1  intorcl  do  co  quo  jo  VMUS  dois  :  anssi  n  (sl-co 


V    FAI.CONKT. 

quo  |)our  vous  fairr  connoltro  que  vons  a  vex.  en  inoi  un  dohi- 
tfur  reconnoissant  rl  do  bonne  volonto  ;  je  ferai  oe  que  jc 
pourrai  pour  m'acquitter  quelque  jour  de  tant  do  bienfaits 
pour  lesquels  je  vuussuis  redevable.  J'ai  recu  ri  dovant  lolivro 
du  pore  Theophile  Raynaud,  Tractatus  d<'  i>riin<>  ini^n  ,  et 
vous  on  reniercie  derechef ,  aussi  bien  que  do  tuus  eeux  quo 
vous  in'offrez  du  meineauteur,  lesquels  j'ai  eeans.  La  licence 
rourantt!  est  fort  petite  ,  t-t  par  consequenl  pen  do  theses  :  la 
procliaine  sera  nieilleure;  j'aurai  soiu  de  vons  garder  toutes 
les  bonnes  qui  en  proviendront.  I^e  bonhomme,  M.  Riolan  , 
n'a  fait  que  trainer  depuis  tantot  trois  inuis ,  a  cause  du  grand 
froid .  qui  est  son  enneini  jure  et  It-  nn'en  aussi ;  il  se  tient  le 
plus  qu  il  pent  clos  et  convert  dans  son  etude,  avcc  un 
poele  qui  le  rechauffe  it  la  mode  d'Allemagne,  oil  il  travaille 
contre  1'antimoine,  lequel  adedecasimalencontreusementliU! 
tant  de  inonde ,  (jue  coux  (jui  se  sont  voulu  imMor  d'en  don 
ner  ci-devant  en  sont  aujourd'hui  lout  lionteux  et  dans  line 
oxtreme  confusion;  et  je  vous  puis  jui-cr  que  jainais  cm  n'en 
a  doniK'  si  pen  <pie  Ton  fait  aujourd'hui.  On  n'en  vent  plus 
entendre  parler  dans  les  families ,  tant  ce  t'uneste  poison  est  si 
heureusement  decrie;  la  resistance;  forte  et  generense  des  gens 
de  bien  n'y  a  pas  dt;  pen  servi.  Vautier  en  nioiirut  lui-nieine, 
1'an  1652.  GtuMiaut  1'a  voulu  maintenir,  mais  il  y  a  perdu  son 
escrime ,  et  s'est  charge  de  la  haine  de  plusdesoixante-dix  de 
sescompagnons,  qui  nele  veulent  voir  ni  rec-evoir  nullepart  en 
consultation.  On  (lit  iei  en  raillant  cjue  les  medecins  ne  s'en 
server,!  plus  ipie  pour  Icurs  fernmes  lorsqu'ils  s'en  veulent 
defaire.  Les  uns  appellenl  ce  vin  slihial,  vin  enieti(]nt',  <>!>  ci><~- 
ftnuln  ,  oti  lit'i't'tiijiie  ,  pour  It1  schisine  (ju'il  a  canst'1  dans  la 
niedecine.  II  y  a  encore  trois  ant  res  de  nos  docteursqui  tra- 
vaillent  sur  le  menie  sujet  .  aussi  bien  quo  M.  Iliolan  ;  jt1  vous 
en  lerai  part  en  temps  el  lieu.  Ouam!  est-ce  quo  volre  Kspa- 
gnol .,  (!.  IJravo.  lli'toliiilniH'*  ini'ilii-:!' ,  in-lolio,  sera  acheve? 
On  ne  fail  iei  Heinle  nouvoau  quo  des  romans  (%t  des  livresca- 
lards,  do  devotion  a  la  mode,  ct  (juolipios  traductions  assex 


'1  1  I.I/I TH1..-I    l»h    til  I    l'\  UN 

ebetives:  cost  It:  inaiivais  temps  (jui  en  esl  cau.se  :  />/////.'- 
fitifii!  En  attendant .  oroye/  <|ue  je  serai  tonto  ina  vie.  mon- 
sieur, votro ,  etc. 

Do  I'aris,  le  1(5  fevrior  1054. 

I l.-;,i  T.-J  ivj/.iTfjpa:-..- ,  nt/ttl  /tufjcu  cerfi  ,  itaque  niltil  sct'ib'i 
L'Em'meiilissiine  est  vraiment  tel ,  et  uussi  puissant  que  Dion 
le  pore  an  commencement  (In  mondt:  :  nmniti  t/(Hrr/t/>t(/itf>  >•<> 
lull  fffit.  Le  prince  <lu  sang  sei-a  bien  lieureux  si  on  lui 
tlonne  une,  niec.e  :  bref  il  est  do,  lui  comnie  d'Augusto,  >^> 
>'!•>  iitisfr'i  ii/nijii/'x  fxf .  Le  prince  do  ('onti  est  arrive,  et  a  vu 
It:  memo  jour  la  niece  nia/arine,  dite  M«'rfiu.<>-.i ,  savoir,  le 
'1(\  dc  fevrier.  On  dit  aussi  (\\\?  M.  do  Candale  on  epoiisera  une 
autre  avant  la  (in  du  caromo.  Le  prince  deConti  sera  deinain 
tianct'1,  el  marit'  dinianclie  pi'ocliain.  M.  do  P.al/ac  esl  niorf  ;t 

AngOlllonie  le  S  (le  CO  mois.  I'lnrn  mni  .-•/•/ -ilium  ,  ijiiia  rcftnif  /•/ 
f/filfi/'  ct  hi/fill/'  accull 


LK'ITKK  CCCOXV 


Vous  satire/.  <|iie  le  "23  (In  mois  passe,  comnie  j't'tois  dans 
moil  (Hutle,  jo  vis  entrer  tin  yros  liomme  tout  r^'Cormt'1 .  <jui 
me  salua  de  Ires  yrande  ali'ection.  .Vens  d'abord  do  la  poino  a 
!e  i:oniioiti't',  mais  je  lui  dis  aj:res  :  Mnn^"'/'/',  n'f'fcs-nms  jtfix 
ntniisii'iir  tic  Snrhii-iT  (\  j?  et  o'otoit  lui-nieme.  Aussitt'il  il  me 

1  Samuel  Sorbiere ,  no  a  Sainl-Atnbroist*,  arroiulisstMiionl  'l'Al;ii- 
dard  ,  le  17  fi'\ri(>r  KilO,  cludia  la  nmlir inr  a  Pai  i<,  a  l.c\  <ir  .  pui^  rc- 
\inteii  Franco;  tut  profossour  do  ri'iii\orsilo  d'Oran;;o  ell  Ki.'iO.  ]i;i-.s.-i 
on  Anglt't'-'rrc  on  iGtitt.  dovint  niombro  dt'  la  Sooicto  i  o\alo  do  I, out  Ires. 
Ayanl  dojilu  an  voi  d'Anjileterrc  par  sa  Hi'lulioit  d'nn  rnyt'm'  <'n  Anulv- 
terrc .  I'aris,  l(i(i()  .  in-12.  on  !o  (urea  do  quilloi  la  (irando-l'rota^no ; 
il  rcvinl  on  Franco  ol  nimmil  a  Nanlo-  lo  !•  a\ril  Ki7<>.  II  a  public  plu- 
siours  ouvrajjcs  complelcmcnl  oublio«.  \\.  I'. 


\     K  A  I. COM.  I.  2.'» 

lit  mi  noiueau  compliment  tout  pit-in  decbarite,  de  I'oi .  et 
d'esperanee  cbretieiiiie.  II  me  dit  (ju'il  s'etoil  fait  catbolique; 
qu'ii  avoit  des  lettresdu  cardinal  llarberin  ,  lesquelles  il  me 
vouloit  niontrcr;  ([ii'il  avoit  pense  allera  Home,  maisqu'une 
all'aire  I'avoit  amene  it  Paris;  (ju'il  y  venoit  r.liercher  de  1'em- 
|iloi;  <|ii  il  y  etoit  assure  d'une  pension  de  la  liberalile  de 
MM.  dii  clerge ;  qu'il  eul  I)ien  voidu  avoir  quelque.  emploi  a 
la  cour  pmir  obtenir  quelque  benelice.  Kntin,  apres  plusieurs 
diseoms,  etaut  presse  de  sorlir,  nous  nous  separanies.  Je  vois 
bien  qu'il  y  a  du  chan^einent  a  son  a  Ha  ire,  mais  neaninoiiis 
je  doute  s'd  a  bien  londi'-  sa  cuisine;  ear,  quoique  le  leu  du 
purgatoire  soil  bien  eliaud  ct  bien  j-rand.  tout  saint  et  sacre 
qu'il  est,  neaninoiiis  tons  ceux  (jui  s'y  eliautl'ent  n'en  rnangeiil 
pas  Ics  cliapons.  Quiii/.e  jours  apres  je  le  rencontrai  par  la 
ville.  gr<»s  etgras,  avee  tin  petit  eollet.  II  me  (lit  qu'il  avoit  eu 
le  bonlieur  de  saluer  son  Kmineiice,  ijui  lui  avoit  proinis  un 
benefice,  el  en  attendant  qu'il  setoit  obligt'1  a  une  pension  de 
100  ecus  de  rente,  .le  lui  dis  quec'etoit  bien  pen.  11  me  repli 
ijiia  (ju'il  avoit  d'une  aut'v  part  400  livres  de  MM.  du  elerge  . 
laijuelle  somme  il  esperoit  de  fain-  augmenter  raimee  pn>- 
ehaine ,  <pie  res  messieurs  t'eront  leur  grandfi  assemblee,  en 
attendant  quelque.  bon  el  gras  morceau  (jui  puisse  sortir  de  l.i 
inaiinite  du  purgatoire.  II  y  a  environ  quin/e  ans  qu'und*' 
nos  medecins,  nomine  L.  Renouard  .  se  lit  pivlre  el  (juitta  hi 
iiK'ileeine,  pensant  atlraper  un  bou  beiu-lice  (jui  lie  lui  \in' 
pas.  Sur  ee  cliangement  inopim'1 ,  je  lis  les  vei's  suivants  : 

I. it  HI/HI  ntt:x  niuinii' ,  I/IKIS  i>nr<)(iti»  'in.*  ttj/us 
l:..i  fix/nit .  (ili/iic  *n<>  cai'i'tic  lintii*  littlxl  , 

}'iil})ix  him  ctiutd'  trittcn)  fidtlr  /iqitrdin  . 
Ulisfi/icuit  iiuiii'  rxt ,  ffiii  iiu'ilicaitlci'  >'i'nl 

Le  mot  de  I  //////.- i'.-,  t  line,  allusion  a  son  nom  de  /{I'linnnfl , 
qui  approrlie  turl  de  AV//"/v/. 

On  parle  fort  des  noces  de>  mrecs  de  1  Eminence  avee 
.MM.  de  Candale  et  de  la  Meillerave  lils.  et  de  crlles  des  deuv 


2fi  I.ETTKhS    1)K    Ml    I'ATIN 

sopursde  rEmhienre  avec  d'autres  grands  seigneurs,  qui  veu- 
lent  entrer  dans  le  temple  de  la  fortune  ct  avoir  leur  part  du 
pain  benit  de  cette  conf'rerie ;  mais  pour  vous  dire  la  verite 
de  tou tes  ces  nouvelles,  il  faut<itie  je  vous  dise  cornme  mi 
ancieti  historieu  ,  jc  runs  en  trn'sphta  <]ur-  jf  n'oi  rroix. 

Des  Fougerais  donna  depuis  pen  ,  dans  le  faubourg  Saint 
(iei'maiii  ,  de  I'antiinoino  a  un  prelat  italien,  qti'on  nommr 
arelieveqne  de  Sniyrne.  Le  pauvre  hotnme  en  inourut  le  leu- 
deinain.  Cette  niort  a  encore  fait  crier  haro  a  bien  du  inondr 
contre  ce  inandit  jioison.  Voiia  de  (pioi  aniiinenter  nion  mar 
fyrologe  de  Tant'iinoine.  Tn  lionnne  de  bien  apres  taut  de 
inalheurs  s'en  abstiendroit  ;i  bou  escieut.  Mais  e'est  1111  article 
fundamental  (lu  ehefde  leursecle,  (jn'il  faut  pluiner  1'oison 
tandis  qu'on  le  tient;  et  ijuand  on  tient  son  argent,  qne  le 
fliable  1'empoi'te  s'il  vent  :  "ees  gens-la  ont-ils  de  la  con- 
science? 

On  dit  (ju'il  y  a  line  des  nieces  du  cardinal  d'une  beautc 
singuliere ,  que  Ton  espere  faire  inonter  sur  le  trone  de  la 
Fortune,  bien  qu'elle  nesoitque  nie'-od'nn  Jupiter  cramoisi. 
ou,  pour  parler  avec  Scaliger,  d'un  champignon  du  Vatican. 
Je  me  recommande  a  vof  bonnes  graces,  et  je  suis  de  tout 
inon  eu'iir  votre,  ?\(\. 
DC  Paris,  ce  20  mars  IG.'ii. 


I.KTTHK  CCCrAlX,  --  .\n  >»et»f. 

CA>  n'est  point  d'iHijonrd'hiii  que  je  vous  suis  oblige;  mai> 
le  livre  qne  je  recus  des  la  semaine  passec  par  votre  librralitc 
m'oblige  d(>  nouveau  de  vous  eerire  ce  mot,  pour  vous  re - 
mercicr  d'un  si  beau  present  cl  de  la  diligence  avec  laqnellc 
vous  me  1  avc/  envoyi'1.  ,1'ai  graixl  regrc!  de  u'ayoir  rien 
de  dccii  pour  vou>  envoyer  et  opposer  a  taut  do  presents  (pie 
vous  me  t'aites  de  temps  eu  temps.  ( )u  commence  ici  (jnehjues 


\  FU 

ouvrafjes  eontre  \  .\nfiiinniii'  trtiint/1/iini'  du  gazetier ;  nous 
avons  quatre  de  nos  collepues  qui  le  veulent  rclancer  d'une 
belle  sorte,  en  quoi  its  out  boau  jeu  ,  savoir,  MM.  Perreau  ol 
Merlet  .  des  livres  dcsquels  on  commence  I' impression  ,  el 
MM.  Riolanet Germain,  qui  travaillent  serieusement  pour  re- 
luler  ce  poison  (jui  esl  iei  fort  deerie,  et  pour  dernontrer  I'im- 
pudence  ,  1'effronterie  et  les  impostures  de  ce  maraud  de  ga- 
zetier.  M.  Hiolan  ,  tout  vieux  (ju'il  est,  par  la  vivacite  de  son 
esprit  ,  eut  paru  le  premier  des  qualre;  mais  le  grand  froid  . 
qui  est  fort  contraire  ii  son  poumon  ,  1'a  empecbe  tout  cet 
liiver  de  travailler;  il  ne  laissera  pas  de  venir  en  son  teni[)s. 
Nous  aurons  aussi  bieutot  un  docte  commentaire  pratique  : 
///  t'/iirli'/itirns  A/s/o/vV/.s-  //ij»f>i/rr/if/^ ,  d'nii  habile  homme  ,  el 
qui  a  ete  un  des  plus  employes  de  Paris  depuis  I  an  16H  ,  et 
d'un  autre  un  commenluire  ,  in  Ju&jurnndum  Hippocratis,  quc 
je  tat'lierai  de  vous  faii'e  voir  des  premiers,  alin  tjue  vous  sa- 
cln'e/  (jue  ,  liahes  in  me  debitoretn  arm  hnwenmrcin  tot  at'cc/ttn- 

nnii  beilP ficwrilfll.  rieos  roO  Tro^crtOaTcro-,  nt lilt  liuliru  {fund  di - 
rani;  rt't/m/f  cf  trimnplifit ,  ov  TO  y'  tv.  Je  me  recommande  tres 
fort  a  vos  bonnes  graces ,  et  suis  de  toute  mon  aine  ,  monsieur, 
votre,  etc 

Dt-  Paris,  co  10  avril  Ki.'Ji. 


I.ETTHK  CCCCXX.   —    \//  nn-mc. 

Je  vous  ai  tant  d'oblijiatious  de  toutes  sortes  (pie  je  ne  sau 
rois  les  partieulariser  :  vous  m'envoyex.  des  livres,  vous  me 
doiine/  des  eomioissnnees  et  des  pratiques  d'liomietes  jjens,  de 
si  bonne  iirace,  (jiie  je  ne  saisijuc  fa  ire,  ///•"  i'i'fftlinfi<i)ip.yn\ouo 
la  dette ,  mais  je  ne  sais  (jiiand  je  la  paierai ;  pent-eti'e  <|iie  je 
n'aurai  jamais  moyeii  de  m'en  acqnitter  :  mais  ;ui  nie.'ms  je 
ne  inoiirrai  |»;is  iiii^i'at,  puis(|tie  j'ai  bonne  envied  y  satistaire 
d'une  t'acon  on  d'auti'e.  M.  Cboulier  a  ete  nn  pen  malade  de 
<piel(jueaccesde  fievre  tierce.  (|iii  avoit  i'te  precedeed'nn  de^-oni 


28  I.KTTItLS    l)K    (,L'I    i'ATIN 

et  entresuivie  d'une  eolique;  mais,  Dieu  merci ,  il  esl  en  bon 
e'tat  Pen  de  remedies  1'ont  soul  age :  je  pense  que  tout  cola  ne 
lut  etoit  venu  que  pour  avoir  change''  d'air,  et  que  son  esto- 
mac  n'est  pas  encore  bien  accoulume  a  nos  eaux,  (/HHS jam 
pridem  vatcrcs  nostri  observnrunt  procincinUbun  //cm;  sinyi.dis 
t'ffvifatem  intestinorwn  inferre.  Mais,  Dien  merci,  tout  ccla 
est  passe  :  il  t'ut  hier  heureusement  purge  par  nioii  conseil  . 
et  le  sera  encore  demain  ,  Dieu  aidant,  pour  la  seconded 
derniere  f'ois;  ce  que  j'ai  fail  expres,  atin  de  le  garantir  d'une 
recidive ,  etje  liens  qu'il  sera  entierement  gueri  avant  quc  1 1 
presente  vous  soil  rendue,  d'autant  que  je  fais  e'tal  de  lui  dire 
demain  adieu  Vous  en  pouve/.  assurer  MM.  ses  parents.  Le 
changemenl d'air  est  bien  souvent  cause  de  maladie  ,  princi- 
palement  a  tons  ceuxqui  sontdelicals,  ct  rune  tc.rturu> ;  c'est 
ce  qui  a  fait  ecrire  a  uotre  Hippocrate  son  beau  livre  do  Awe, 
A q u>s  et  Locis  ;  l),  que  vous  trnuverez  encore  plus  beau  si  vous 
y  joignez  le  eommentaire  de  feu  M.  .1.  Martin,  que  je  m'olfre  de 
vous  envoyer  si  vous  ne  1'avez.  On  ditquele  roi  s'en  va  a  Fon- 
tainebleau  dans  quelques  jours,  et  de  la  a  Reims,  et  le  prince 
de  Conti  en  Catalogue  avec  le  marquis  de  Hocquincourt,  qui 
sera  son  lieutenant-general.  Xotre  bonhomine,  M.  Riolan  , 
cherche  avidernent  le  beau  temps,  pour  achever  son  beau  re- 
cueil  contra  stibium.  Oe  I'lieun1  (|ue  je  vous  parle,  la  plupart  du 
monde  rit-ici,  bourgeois  de  bdutiijue  chicaneiirs.  partisans  et 
barj(|ueroutiers.rien(juedejoied'allerau  ballet  qui  se  dansc  au 
Louvre  a  ce  soir  :  [xn'.<  nmjnt'  lucruiinx  ridct,  '•'  mfi/s  Imi-i't  :  /•/ 
di'intt  Hfitur,  yi(iiii(/(i(/iit(}t'itt  i/in/d  s/«i  itini  i  aid  1 1 /jiint .  Messieurs 
du  parlement  y  sont  invitt's,  et  ceux  des  autres  cours  souve- 
raines  :  "/  tandem  writni  s/f  illiul  I'elrnnit  ,  iinnidiis  omnis  ci/it 
/tisf/'inniam.  On  (lit  (|iie  de  Heinis  le  roi  ira  a  Clialous-sur- 
Marne  :  (|ue  le  prince  de  (>onde<i  eu  tin  e'chec  dans  le  l.uxein- 
bonrg.  Mais  il  n'y  a  rien  de  si  certain,  siuon  que  fnfus  sum 

\     NOye/,   (Win-res   cotiijtii'les  rl  II i/iji'tdnli' .   lra<l.   par  E.   Lilln' , 
Pjiri-.  1S'«0,  I.  II.  pa!;.  112  rt  suiv  H-  I'- 


A    KU.CONET.  •>'» 

/Him  d>rc.  ef  libra.  .le  me  reeoimnando  a  vos  bonnes  graces ,  i-l 
suis,  de  toute  moname,  monsieur,  votre,  etc. 
De  Paris,  le  -28  avril  1<>.Vi. 


LK'JTKK  CCCCXM.  —  .!//  „«'•„„•. 

Le  28  (In  passe,  (lharles  ,  mon  second  tils,  ci-devant  avo- 
cat,  I'nt  fait  haohelier  en  medocine.  Si  hien  quo,  Dieu  merei, 
voila  noire  t'ainille  delis  roe  do  la  chicane  dn  palais  el  de  I'ini- 
(|iiit('1  dn  sioele.  An  lien  de  plaider  (levant  des  juges  tels  qu'il 
plait  a  Dion  ,  il  ju^ora  lui-nierne  des  proees  touchant  les  ma- 
ladies el  la  moil  des  homines,  el  j'espere  qu'il  y  reussira  avec 
les  bans  fondenionts  (|n"d  a  a  son  a^e  do  viiii-t  nn  ans  et  nn 
mois. 

On  parle  I'ort  ici  do  la  reine  tit;  Snede,  cjiii  se  demol  de  la 
royante,  on  se  resorvant  uno  pension  notable.  Kile  met  en  sa 
place  un  prince  de  Snede  son  cousin,  de  la  maison  palatine. 
On  no  sail  point  la  veritable  cause  do  cette  abdication.  Les 
hisloriens  if  en  out  jamais  dit  tine  bonne  pour  Dioeletien  .  <|:ii 
en  lit  do  memo.  On  dit  qu'un  des  Andronics  en  lit  antanl, 
epouvante  d'un  spectre  <pf  il  vit  dans  son  cabinet  et  qui  Ini 
commanda  de  lo  Cairo.  Charles-Quint  etoit  vieux  el  casse,  et 
avoit  beaucoup  do  peches  sur  le  dos.  Lt;s  moinos  disent  qu'il 
\onloit  lain;  penitence.  Tout  cola  est  bonadire;  mais  beau- 
coup  do  yens  croiont  ({if  il  lit  UIK;  t'olie  de  se  deponiller  avant 
que  de  secoucher :  aussi  no  tarda-t-il  miero  a  s'en  roponlir. 
La  curiosite  de  noire  sioide  aura  hien  do  la  peine  a  deconvrir 
la  vraio  cause  do  cello  ci  .  et  qnand  on  la  sanroil  .  pen  de 
^ens  la  diroient.  Le  resident  do  France  a  Stockholm,  nonime 
Picqnes  ,  a  prosde  soi  un  jesuito  ,  nomine  le  pere  Lan^lois  . 
i|iii  est  nn  honnne  d'osprit  ,  qni  en  e.crit  ici  a  un  de  ses  coin- 
s  asse/  particnlioreinent .  II  e>t  do  la  travosti  el  habill.- 


.!()  I.KTTHKS    DK    (.I'l    I'ATIX 

en  cavalier,  else  I'ait  nommor  M.  de  Saint-Hubert.  On  ditque  la 
reines'est  mise  entreles  mains  d'un  ambassadeur  du  roid'Ks- 
pagne,  nomine  Pimentel,qui  I'emm&ne  en  Italic  pour  lui  faire 
voir  le  pays;  qu'elle  so  vetit  faire  catholique;  qu'elle  vent 
idler  voir  la  dreee  ,  la  Thrace,  1'Euphrate  et  le  Pont-Kuxin  . 
co  ([ue  jo  no  crois  poinl.  Neaiimoins  nous  somnies  dans  mi 
siecle  plein  de  prodiges. 

Voici  des  nouvelles  de  Paris.  Le  cure  de  Saint-Paul  a  reeii 
ordre  du  roi  de  se  retirer  en  samaison  des  champs  pour  avoir 
trouble  le  sermon  du  P.  Lingendes,  qui  pre'choit  dans  Saint- 
I'aui.  Les  cures  de  Paris  commeneenl  a  s'assembler  pour  pro- 
curer la  liberte  tie  lour  confrere,  re  qui  pourroit  enlin  arriver 
apres  (jiielques  jours  de  penitence.  Voila  le  commencement 
d'une  guerre  de  gens  desarmes  ,  et  (|iii  n'ont  pour  tout  canon 
quo  celui  de  la  messe ,  et  pour  epee  quo  le  baton  el  la  croix. 
(Alette  controverse  ne  tuera  personne  .  mais  engendrei'a  senle- 
ment  <juelques  livres  a  Tavenir,  dont  nous  nous  diverlirons. 
Si  jV'tois  arbitre  de  ce  ditlerend  ,  j<^  sais  bien  ce  quo  j'ordon- 
iK^rois  la-dessus.  J'ai  un  secret  intaillible  pour  les  accorder , 
mais  je  ue  le  revelerai  point,  si  on  ne  tn'appellea  1'assemblee 
oil  il  se  doit  juger. 

M.  Moi'eau  m'a  dit  qu'il  travailloit  it  la  vie  de  M.  ?sande.  Je 
suis  ravi  qu'il  s'en  veuille  donner  la  poine.  II  se  porte  mieux 
(lii'il  n'a  pas  fait;  mais  vous  save/,  bien  <pie  lout  osl  a  crain 
dre  a  un  vieillard.  et  vous  n  ignore/,  jias  non  jtlus  le  vieiix  pro- 
verbe  hebreu  ;  !.<'*  /'.'tines  jiijt<wnt  mimi'ir.  >:t  /'•>'  I'K-H.I:  in-  [ifn- 
ri  nl  i>ds  rirri'  /ittif/tniijis.  Je  viens  d  apprendre  quo  la  biblio- 
theque  dudit  M.  Naude  a  ele  vemlue  pour  dix  mille  francs  an 
cardinal  Ma/arin.  Kile  valoil  deux  t'ois  pins,  et  il  y  avoit 
quanlite  de.  livres  qui  ne  se  sanroienl  plus  trotiver.  A  propos 
de  livres,  von  le/  vous  hicn  me  faire  la  grace  dc  m'acheler  a 
Loii  les  livres  dont  je  vous  envuie  la  uoie?  Ma  bibliomanie(  I 


\    I'AI.LONKT.  ill 

vous  fait   bouvent  de   la  peiue;  prut elro  quo  je  r-erai  plus 
sage  el  plus  supportable  1  annee  qui  vienl    Je  suis  do  toule 
inon  ame  votre,  etc. 
l)e  Paris,  le  1"  ami  1054. 


LETTKE  CCCCXXI1.     -  .!« /mW. 

J»;  dots  repouse  ii  deux,  ties  votres,  pour  iesquelles  jo  vous 
rends  tres  humbles  graces,  Le  livre  de  M.  Merlot  est  sous  la 
presse ,  aussi  bieu  quo  celui  do  M.  IVm'Uu  :  uiais  cela  no  va 
j^uere  vito,  (ante  d'ouvi'i(:rs ,  ct  luruio  do  pap'u-r  qui  iiiaii(|iio 
ici.  IK.'S  (ju  il  y  aura  quolquo  chose  do  fait,  jo  vous  on  on- 
verrai.  J'ai  plusieurs  f'ois  ici  vu  sortir  dcs  vors  do.s  voinos  pur 
la  saigiK-o  du  bras;  niais  quand  its  out  ot«'  Brands  ot  niorts, 
je  n'ai  vu  porsoiiue  (jui  on  soil  o"chappo.  Votre  malado  t»st 
bieu  lieureux  dofotro.  M.  le  cardinal  do  Het/  ost  a  Nantes,  oil 
sos  amis  le  vont  voir  ot  rentretieiment.  (Jn  lie  sail  pas  encore 
qui  sera  sou  succossour  en  I'archeveche  do  l)aris.  Le  Mazariu 
u'a  point  la  pierre ,  niais  il  a  inartel  en  tele  du  [>riuce  de 
Coude  et  de  plusieurs  autres  choses  qui  regardent  sa  fortune. 
On  parh;  du  voyage  de  Keiins  pour  le  sacro  aver  boaucoup 
(t'incertitude.  LesAnglois  nous  inenaeent  toujotirs.  (^'ost  une 
chose  certaine  (pie  la  reino  de  Suede  quitle  la  royauto  ; 
elle y  est  uu  peu  poussoe  piir  losKtalsdu  pays,  qui  n'approu- 
vont  pas  sos  profusions,  inais  olio  no  parh1  [»as  do  so  Cairo ca- 
lholi(|tie,  ni  de  venir  on  France.  Los  princes  IK;  ohangent  ja- 
inais  do  religion  quo  lorsqu'il  y  a  du  gain.  J'ai  vu  sa  lellre 
a  .M.  Clianul  ,  loquol  jo  connois  fort  bien  ,  et  i|iii  ost  di1  pre- 
sonl  en  Hollando.  Le  mois  prochain  nous  en  apprendra  da- 
vantage.  Jo  suis  ici  medeeiu  do  M.  Ilidal,  riche  niarcliand  de 
M>ie,  qui  esl  caissiei'  do  la  reine  de  Suede,  et  qui  en  rocnit 
toutes  les  semaines  des  uouvellos. 

.M.  C.houlier  esl  ,    l)iou   merci  .   guori  :   il    n'a   |»lu>  qua   SLJ 


:J2  i.KiriU'S  DK  <;n  PATIN 

eonserver;  il  est  deTicat  ct  tluet.  Dans  lo  premier  paquet  que 
j'onvo.rrai  a  Lyon  j'y  meltrai  pom1  vous  1'rn'li'Hitnn'x  in  lilirimi 
fft'pfjor/'tititi  <h'  \t-rt',  .U////.N  ft  A'/'VN,  auct.  .1.  Martinus.  J'ai  fait 
vos  recommamlations  ii  M.  Choulier,  qui  vous  on  roinorcie : 
mais  jo  no  sanrois  Irouver  1'ad rosso  do  la  lottro  a  M.  votre 
I'rere,  quo  j'ai  aujourd'hui  I'ort  eherohee.  -I*1  no  sais  ooininont 
jo  f'orai  poor  hi  trouvor. 

Depuis  peu  a  ioi  parti  un  livre  I'ort  impertinent  ct  Ires  sa- 

til'iqiie,   intitule  :    Xcmuili'  .\/>i>/i,f/i/'  /><:i/r   In  I'aculli''    tic  in/'f/i'- 

riitc  df  Minif/ic//u'f.  (>to,.;  il  cst  t((iit  ploin  d  iiijuros  oontn; 
.M.  Hiolan  ,  0,011  tro  nioi  .  oontro  M.  (iitilloinoau  ,  .MM.  Morean 
cl  do  la  Viifiio  doi'iint.  Le  livroi  a  ot*'1  iinpriint'  in-ijinirlo,  ot 
nionio  pout- ('tro  fail  a  Paris.  Fn  do  nos  charlatans  antimo- 
niaux  on  ost  fort  soupcoinie.On  parloit  do  t'airc  saisir  lo  livro 
t'l  d'on  onipochcr  la  vonte  j>ar  aiitorito"  d(>  jtistioo.  Jo  1110  suis 
oppose  a  col  avis;  il  lo  I'atil  laissor  tliMiitcr  en  touto  libcrtt'-: 
c'ost  pi'ocuror  1  inl'aniio  ;i  cos  oorivain*; ,  di1  Cairo  (jiio  lout 
It-  iiiondo  voio  lours  sottisos  cl  lour  ignorance.  I'u  lionniif 
do  l»ion  ,  iiift'ijft'  ritii1  .^•/•/i'/-i^t//'^  ^///'//.s,  no  doit  point  s'onioti- 
voir  ptuil'  (Ic^  DijUl'OS,  ctmt'/fiti .  .</  //V/.SYV//V  ,  utjnifu  t'ldi'tifttr. 
xjii-i'lti  i>.i;i>l<'x<-tntt ,  joint  ([no  lout  ooqu'ils  nous  roprochcnl  o>l 
taux  ol  inc|)tc.  11  rc|)roclio  Tancrio  a  M.  Hiolan,  qui  ost  un 
dos  savants  homines  du  inondo  :  il  appollo  ^f.  (iiiillomoaii 
s(;olorat  roussoau,  ijiii  no  If  Cut  jamais.  otf.,  ol  no  ropond 
rion  aux  raisons  et  aux  ohjoctions  dc  31.  liiolan.  II  mo  voul 
t'airo  passer  la-dodans  [tour  I  autour  do  la  It'^oudo.  ;i  laquollo 
j'ai  contriltuc  commo  vous.  II  y  a  la-derlaiis  sept  on  liuit  ma- 
rauds do  charlatans  quo  j'ousso  bicn  aiitromont  trait('vs  qu'ils 
n'y  sont  :  ji1  les  oonnois  trop  l)if n  ,  o!  suis  Irop  l»icii  in!'onnf 
do  lours  IViponnorios.  Urd',  toul  co  livre  n'csl  compo.M-  (juc 
dc  laiissotfs  ,  injures  ol  sollises  :  1  'ignorance  do  1  auteur  y  esl 
louto  visihlc .  c!  il  n  y  a  auoun  fruit  pour  lo  loctciir  (]iii  s'y 
amusora  :  mais  mi  n'oii  connoil  |»a>  lo  veritable  autour.  "/""•/'// 
iijiioi'iitiir.  C.f  n'ost  jioiiit  M.  i'.oiirtaud  do  Montpollicr  qui  la 
faile  .  an  nioius  nc  I'a-t-il  pas  fail"  font  sent  .  "///  /"'////- 


A    FALCONET.  33 

lows  iiiulnds  (i/)(')'<m  contulet'unt  ml  coafectitinHin  taut  horrid i  //- 
bi'lli.  Le  seigneur  Pietro,  pere  du  Maxarin  ,  est  inort  a  Koine. 
Le  eomte  <ie  Hareourt  est  enfin  rentre  on  son  devoir  et  a  I'ait 
sa  pai\  avec  le  roi ,  noriobstant  les  olfres  des  Espagnols  ;  el 
taut  inieux  pour  vous ,  d'autant  que  la  Botirgogne  etoit 
menacee  de  cette  guerre.  Le  roi  s'en  va  a  Reims  pour  le  sanv 
dans  huit  jours.  Je  me  reconunande  a  vos  bonnes  graces ,  el 
suis  de  toute  nion  affection  ,  monsieur,  volre,  etc. 
He  Paris,  le  19  mai  1<>:»'i. 


LETTRE  CCCCXX1IL   -     Au  memr. 

.Ne  vous  inettez  pas  en  peine  de  M.  Clioulier;  il  est,  Dieti 
inerci,  en  bonne  sante  ;  vous  en  pouvex  assurer  MM.  ses  pa- 
rents. II  est  vrai  <|u'il  a  eu  nne  rechute,  de  laquelle  I'ayant 
traile,  apresqn'il  a  ete  bien  purge,  jelui  aiconseille  unec.liose 
qu'il  a  bien  envie  de  fa  ire,  qui  etoit  de  changerd'air ;  et  connne 
il  etoil  en  peine  du  lieu,  je  lui  ai  donne  ma  maison,  <jui  est  a 
trois  lieues  d'ici,  savoir,  a  (lormeille  en  Parisis  (l),  une  petite 
lieue  par-dela  Argenteuil ,  oil  il  pent  respirer  un  air  tres  pur, 
rl  oil  il  a  une  vue  de  plus  de  cinquante  lieues  a  la  ronde;  le 
jardin  et  les  allees  y  sont  belles,  qui  vontj usque sur  la  nion- 
l;igne.  Nous  y  avons  aussi  force  cerisiers,  desquels  il  pent 
cueillir  les  cerises  a  mesure  (ju'elles  miiriront,  et  les  ('raises 
pareillement.  II  y  a  beaucoup  d'aulres  fruits-,  mais  la  saison 
n'en  esl  pas  encore  venue.  Sa  rechute  ne  lui  esl  arriveecpie 
p;ir  sa  foiblesse  naturelle  (car  il  n'est  pas  si  fort  que  la  plu- 
pail  de  vos  autres  Lyonnoisqui  viennent  ici  tons  les  ans'  ,  el 
de  plus,  SY///.V  nniti'  sibi  non prosjwit.  Vous  save/,  comment 
les  jeunes  gens  se  laissentemporterfatite  de  prudence,  et  n'ob- 

(1)  Commune d'Argeiileui I,  arroiulisseiiienl  «le  Versailles,  ('clto  jiio- 
prieSe  de  (iui  I'a'.in  a  t'-le  ,  tlcpuis  son  ep<u|iie  ,  <li\iM1e  en  plu>ienrs  p«ir- 
lions;  il  ne  resle  rien  iinjourd'hui  de  la  mai-on  du  celcltre  anteur  dece.s 
leltn>.  'M.  P. 

III.  3 


34  I.ETTHES   DE   (IU1    PAT1N 

servent  pas  exactement  I'aphorisme  d'Hippocrate ,  clu  6'ilcs 
Epid. :  Lobw,  cibus,potu8,somnn$,elc.i  KM-CO.  •  ET&!«.  Mr-is  quid 
I't'litit  :  supprimit  oratm'  qua1  rusticus  edit  inejrfe.  Mais  je  vous 
assure  qu'il  est  de  present  fortbien ;  je  1'y  ai  ete  voir  moi-meine 
nne  fois  ,  aliii  de  leconfirmer,  bien  que  je  n'aie  point  le  loisir 
de  m'echapper  d'ici ,  et  je  Tie  fus  que  demi-heure  avec  lui ;  je 
lui  ai  envoye  des  livres  tels  qu'il  a  desire  pour  se  divertir ,  et , 
depuis  quatre  jours,  ina  t'emme  y  est  allee  avec  deux  de  ines 
Ills,  (|ui  lui  i'eront  en  quelque  ('.iron  compagnie,  avec  un 
mien  beau-IVere.  lirel',  n'en  soye/  pas  en  peine,  il  est  fort 
bien  ;  inais  il  taut  (pi'il  soil  sage  a  1'avenir,  de  peur  de  retoin- 
ber  nialade.  Le  roi  va  a  Chalons- sui'-Marne.  On  fait  un  jiar- 
lement  nouveau  a  Limoges.  L'Espagnol  et  le  prince  de  Comic 
ne  font  rien.  On  dit  aussi  ([ue  le  roi  va  assieger  Clennont.  Je 
me  recommande  a  vos  l>onnes  graces,  etsuis,  monsieur, 
votre,  etc. 

De  l*aris ,  le  1<»  join  Hio'i. 


LETTHE  CCCCXX1V.  — 

11  y  a  ici  grosse  guerre  entre  lesjesuites  et  le  curt;  de  Saint- 
Paul,  contre  lequt;!  ils  out  fait  un  libelle  diffamatoire  (pii 
court  ici  en  cacbelte  ,  et  que  je  n'ai  encore  pu  voir,  on  ce 
pauvre  curt:  est  rudement  accommode.  ,l'ap[)rends  que  sa  vie 
y  est  bien  eplue4iee  et  lui  fort  maltraite.  II  fait  le  petit  prelat, 
il  a  carrosse,  niaison  aux  champs,  on  il  traite  les  dames  a 
quatre  services;  il  a  une  alcove,  tapisserie  de  haute  lice;  il 
revolt  des  dames  dans  sa  clmmbre  ii  on/e  heures  du  soir, 
lors(|u'il  t;st  couche.  Vos  ministres  n'en  sauroient  taut  fa  ire, 
car  le  plus  riclie  d'entre  enx  n'a  pas  15,000  livres  de  rente 
comme  ce  cure.  Aussi  n'avex-vous  point  de  purgatoire  <pii 
brule  toujours,  et  voila  le  malheur  de  vos  ministres,  <jui  out 
abandonnt':  le  nombre  d'or  pour  la  letlre  doininicale. 

Le  hvrede  M.  Mcrlet  contre  le  ga/etier  s'acheve :  on  com- 
nit'iice  celui  dt>  M.  Perreau,  l/aiilimiiiiic  c<(  dr  dccit  tellement 


A  FALCONET.  35 

morfomlu  ct  decrie,  quo  Ton  n'en  parle  plus  qu'avec  execra- 
tion ,  ct  nos  antimoniaux  sont  fort  etourdis  du  bateau,  el 
voudroient  Lien  que  ce  tut  ii  recominencer. 
.  M.  Hiolan  n'a  fait  que  trainer  depuis  trois  mois.  11  est  inain- 
tonant  au  lit,  d'une  mechante  ophthalmic  (jni  I'empeche  de 
lire  et  d'ecrire.  II  a  neanmoins  grande  esperaucedeguerir,  et 
dit  qu'il  auroit  grand  regret  de  mourir  qu'il  n'ait  auparavant 
repondu  a  1'apologie  de  Montpellier,  ou  il  traitera  le  doyen 
en  chien  courtaud.  Get  hoinine  a  reveille  une  querelle  qu'il 
devoit  laisser  assoupir,  et  par  sa  medisanee  il  a  irrite  des  gens 
qui  ne  lui  pardonneront  pas.  II  1'alloitse  taire  ou  mieuxfaire. 
Au  lieu  de  raisons ,  il  n'a  dit  que  des  injures  fort  imperti- 
nentes.  Je  pense  pourtant  qu'il  n'y  a  pas  travaille  tout  seul , 
et  qu'il  a  etc:  aide  par  quelques  uns  de  decii  de  la  secte  meur- 
Iriere ,  j'entends  de  1'antimoniale,  enrages  de  ce  que  leur 
brigue  est  decousue,  et  qu'ils  n'osent  plus  etaler  ce  diable  de 
poison  pour  les  nieurtres  qu'ils  out  conimis. 

Mais  de  grace,  quand  vous  ecrirez  a  ce  M.  Courtaud,  de- 
niandez-lui,  je  vous  prie,  pourquoi  il  ni'en  veut  tant;  pour- 
quoi  il  en  a  tant  dit  contre  moi;  pourquoi  nienie  quelquefois 
il  s'est  retenu  et  n'en  a  pas  dit  davantage,  puisqu'il  etoit  si  en 
train,  et  que  les  injures  content  si  pen  a  tels  gens  que  lui, 
j'entends  a  des  ignorants  qui,  faute  de  raisons,  ne  peuvent  rien 
diredebon.  Pourinoi,  je  ne  me  sens  nullement  louche  de  ses 
injures,  parce  ([tie  je  n'y  reconnois  rien  (pii  in'appartienne. 
Vous  savez  bien  (-e  beau  [»assagede  Tacite.  que  Courtaud  n'a 
janiaislu  :  Concilia,  si  irtisrur/1,  d<jnit<i  ri<lvn/t<r,  sjii-cla  c.rolr*- 
t-ioit .  Pour  les  autresprolesseurs  de  Montpellier,  je  ne  les  soup- 
conne  point  d'y  avoir  conlribue.  M.  \\.  de  lielleval  n'a  garde 
de  1'enti'eprendre;  Iliviere  aiine  inieux  aller  piper  quelquc 
pistole  en  Dauphiue  ou  en  1'rovence,  el  nit'-ine  ce  n'est  point 
>on  (ait  d'ecrire  de  cette  maniere,  nun  plus  (jue  Soliniac. 

J'ai  ce  matin  enlrelenu  nn  hoinine  de  cour  qui  sail  bien 
des  choses.  II  in'a  dit  qu'a  la  verite  Mazarin  a  en  des  don- 
leurs  nephretiques,  avec  vomisseniciiLs  et  naust'cs,  el  qn'u  la 
tin  il  a  vide  une  pierrc,  inais  ipir  d('pni<  il  iif^'cn  est  point 


30'  I.KTTRI-S    I)K    (,n    PATIN 

senti;  dc  sorle  qu'il  est  aujourd'hui  on  parfaile  sanle  el  qu'il 
n'a  point  de  pierre,  si  ce  n'est  la  pierre  philosophale,  par  le 
inoyt'ii  de  laqnelle  il  amasse  merveilleusement  de  Brands  tre- 
sors.  On  dit  qu'ilne  se  soucie  plus  guere  de  marier  ses  deux' 
nieces  a  MM.  deCandaleet  le  grand-niaitre  de  I'artillerie,  vu 
(jue  pour  de  1'argent,  dont  il  a  grande  provision,  ilespered'en 
donner  une  au  due  deSavoie,  et  1'autre  a  quelque  prince 
d'ltalie.  Voila  comment  la  fortune  triomphe  quand  elle  est 
aecompagnee  de  plusieurs  sacs  de  pistoles.  Bon  temps  pour 
lui,  pouvu  (ju'il  dure.  Vnfc. 
De  Paris,  lc  1<J  juin  Kioi. 


LKTTHK  CCCCXXV.  —  Autnemf. 

Je  vous  envoyai  deniierement  une  grande  lettre  avec  le  dis- 
cours  de  M.  (iassendi ,  louchant  I't'clipse  cjui  alarnioil  bcau- 
coup  dt!  gens(l).  Elleest  neanmoins  passeesans  tner  personne. 
liormis  (|ue  le  meme  jour,  12  aout ,  sur  les  six  heures  du  soir, 
mi  gentilhonnne  nonnand  ,  voleur  de  coclies  et  de  grands 
chemins,  I'ut  rompu  endreve;  mais  ce  n'est  point  I'eclipse 
(jiii  1'a  fail  moiirir.  ce  son  t  ses  crimes  et  ses  cruautes  exercees 
sur  de  pauvros  passants  <pji  no  pensoient  point  a  lui.  Le  jour 
precedent  etoit  moil  ici  un  savant  avocal,  nomine  M.  Ogier, 
frere  du  prieur,  (jui  lit  I'annee  passee  une  epigramme  sur 
1'antimoine,  ((ueje  vous  ai  envoyee.  II  etoit  extremement  sa- 
vant en  grec  et  en  latin,  en  droit  ,  en  humanitcs,  en  his- 
toire,  en  geographic,  es^peres  de  1'Kglise,  et  surtout  bon 
po<;te  latin.  II  avoit  (pielque  chose  de  trop  qui  me  serviroit 
bien;  mais  il  s'en  faut  passer.  Dieu  n'a  pas  fail  aux  homines 
ses  presents  par  line  distribution  arithmelique. 

1)  Personne  .  aiijourd'luii  ,  u'esl  alannc  d'uuo  ooli|>sc,  pnrcc  qu'on 
salt  qiic  co  plienoinciH1  if  a  rirn  ilc  suntaturel ;  mais  il  a  (allu  bicn  du 
Icmps  pour  iniiisor  ccllc  vcrite  dans  les  masses,  vcrite  coiiiiuedans  lou» 
les  temps  |>ar  ee  poll!  nombrr  d'honinies  tonjoiirs  en  n\anl  du  siecle  nu 
its  vi\cul.  H-  I'- 


A    KAU.O.Nbl.  •>/ 

M.  Beiioit,deSautnur(l),  m'a visile ce matin;  apirs  los  com- 
pliments d'uno  premiere  cntrevue,  je  lui  ai  demands  comment 
so  nommoit  cet  ancien  conseillcr  du  parlemeut  qui  avoil 
p  red  it  qu'en  1664  toute  1'Europe  seroit  reformee  et  1'Italie 
detruite  par  le  fer  et  par  le  feu.  II  m'a  repondu  qu'il  s'appe- 
loit  Juliers  de  Chalandeau  ;  que  sa  i'amillc  etoit  de  Paris ,  et 
sa  seigueurie  en  Poitou  ;  qu'il  avoit  ete  averti  en  songe  de 
changer  de  religion  et  d'embrasser  la  nouvelle,  ce  qu'il  fit. 
II  ajouta  qu'il  savoit  bien  qu'il  n'y  auroit  plus  de  pape,  qu< 
la  messe  seroit  abolie  ,  qu'il  n'y  auroit  plus  de  pretres  ni  de 
moines  en  France.  C'etoient  des  songesde  vieillard  a  qui  1 'es- 
prit n'etoit  pas  bien  rassis.  Je  n'ai  jamais  pu  trouverce  noni 
de  Chalandeau  dans  les  listes  des  coriseillers ,  ce  qui  me  fail 
soupconner  que  ce  soil  un  nom  de  terre.  Je  suis ,  ete . 

De  I'aris,  le  15  d'aoul  1051. 

LETTRK  GCCCXXV1.  ~Au  wemc. 

Je  viens  d'apprendre  quedeptiis  huit  jours  M.  Kigault(2), 
doyen  des  coriseillers  du  parlement  de  Metz,  est  inort  a  Tout, 
fort  vieux  et  fort  casse.  II  a  par  ci-devant  ete  bibliotliecaire  du 
roi.  C'est  lui  qui  nous  a  donne  le  Tertullien,  le  Saint  Cyprien, 
la  vie  de  M.  Dupuy  et  plusieurs  autres  bons  livres.  C'etoit  un 
des  savants  de  la  grande  bande  dont  rinconiparable  M.  Sau- 
maise  tient  le  premier  rang  et  M.  lleinsius  le  pere  le  second  ; 
a  pros  lesquels  il  n'y  en  a  guere  de  leur  force.  Les  gens  de 
bien  s'en  vont,et  bien  des  fripons  reslent  pour  lemalheur  du 
genre  humain.  Les  lettres  de  Turin  portent  que  Ton  y  a  vu  en 
1'air,  par  plusieurs  Ibis,  des  chariots,  des  homines  a  cheval  , 
et  des  armees.  II  y  en  a  ici  qui  en  ont  peur ;  pour  moi ,  je  HIP 
tiensacelui  qui  a  (lit  que  nous  n'eussions  point  peur  des  si- 
gnes  du  ciel.  On  dit  qu'en  Hollande  le  nombredes  maladesest 

,T  Voycz  tome  1 1 .  pages  i88  el  W9. 

,^•2]  Nicola-*  Hi^aul^en  latin   Rigaltiu* .   pliilologuc,   ne  a  I'ari*  (  n 
1577.  inorlen  Itto'i.  K    P. 


3S  I.KTTHKs    I)li    (il'l    PATIN 

efl'royable.  Us  mcurcnt  tons  nonobstant  le  frequent  usage  des 
sudorifiques.  On  est-eequo  ces  gens-la  out  appris  la  medeoine? 
Saigner  tres  pen,  on  point  du  tout;  purger  peu  et  avec  dcs 
poudres  ,  dos  pilules  on  de  I'antimoine,  et  puis  faire  sner  des 
nmlades  qui  ont  les  vaisseaux,  le  ventre  et  1'habitude  du  corps 
pleins  d'ord tires  et  de  beaucoup  d'impuretes  !  N'est-cc  pas  la 
etre  des  bourreaux  plutot  quo  des  medecins  ?  Je  suis ,  etc . 
DC  Paris  ,  le  26  aout  1634. 


LETTKE  CCCCXXVII.  --  Au  menu: 

Lc  roi  arriva  a  Paris  lejourqneje  vous  envoyai  ma  der- 
niere  lettre ,  et  le  lendemain  matin  monrut  M.  liroussel  .  pour 
(|ui  en  partie  on  fit  les  barricades  1'an  1648.  II  etoit  ago  do 
quatre-vingt-trois  ans.  Son  Ills,  <[ui  est  I'un  des  plus  savants 
de  Paris  ,  est  conseiller  de  lacour.  11  etoit  reou  en  survivance. 

On  (lit  quo  l.o  niarochal  do  Turenne  ost  d'avis  do  no  point 
fa  ire  do  siege,  si  on  no  Inidonne  de  1'argont,  qui  ost  un  mo- 
tier  quo  notre  cardinal  Maxarin  n'entond  point.  II  court  ici  un 
bruit  (jue  1'empereur  est  mort,  et  le  vioux  duo  do  Saxo  aussi, 
et  que  le  jeune  duo  de  Saxe  so  vent  Cairo  calholiquo  romain  , 
alia  do  parvenir  a  1'empiro.  !l  ost  a  craindro  quo  cot  aiglo  , 
qui  a  mange  d'autres  oisoaux,  no  vicnno  onlin  on  proio 
a  plusieurs  autros,  Lo  roi  doit  aller  vors  la  I'rontioro  ,  oil  sa 
presence  est  reqniso,  avoc  lo  Maxarin,  el  niomo  on  oroit  qu'ils 
iront  jusqu'a  Mot/..  II  y  a  apparonco,  oommo  celui-ci  on  a 
I'oYoclK' ,  (ju'il  on  vent  aussi  avoir  le  gouvernement.  II  aura 
enfm  tout ;  oar  on  le  fait  ici  lo  dieu  do  la  terre  ,  ot  tout  Ini 
reussit. 

.Nous  nons  assemblerons  deinain  pour  iiolro  pauvre  collo- 
gue M.  \acJici'ot  ,  (jiii  ost  jirisounior  a  llonnos  ,  pour  avoir 
aide  a  sauvt-i  son  iii;;itre  lo  cardinal  de  Kotx.  M.  lo  man'v  lial 
do  la  Moilloi'aic  !c  [loursuit  oriniinollcnionl.  On  a  doja  pondu 
di-nx  dt1  sos  gardes;  mais  il  n'y  a  point  d'apparence  qu'on  en 


\    1ALCONKT.  30 

veuille  Cairo  autant  ii  son  medecin  (l).  On  doit  pourtant  tout 
craindre  de  la  colere  des  grands.  Pour  moi  ,  je  no  voudrois 
point  etre  a  leur  service,  s'il  faut  mourir  pour  eux  dans  les 
relrancbements  d'une  ville  assiegee,  oomme  a  fait  dopuis 
pen  notre  autre  collogue  M.  Dupre  a  Arras,  ii  qui  M.  le 
Prince  ne  voulut  point  donner  conge ;  ou  etre  en  danger  d'etre 
pendu  ,  pour  aider  a  sauver  son  maitre,  comme  M.  Vacherot. 
Je  suis,  etc. 

De  Paris  ,  le  8  scptembre  1654. 


LKTTKK  CCCCXXVI11.  —  Au  //«W. 

On  vient  de  me  dire  quo  le  feu  a  pris  a  cinq  lieues  d'ici,  a 
Marnou  pros  de  Lagny,  par  la  faute  do  la  prieure,  laquello 
chorchoitdes  souris  dans  la  pail  lasso,  quirempeclioientdedoi1- 
mir.Tout  y  a  presqueete  brule  horrnis  lour  eglise.On  dit  quo 
la  perte  est  de  pros  de  cent  mille  livres.  Trois  religieusos  y 
out  ete  brulees  toutos  vives  ,  dont  il  y  en  avoit  line  folio,  pour 
qui  los  parents  payoient  pension  :  ainsi  c'ost  du  profit  pour 
quelqu'un ,  tandis  quo  los  autres  y  perdent. 

J'ai  1'histoire  de  M.  B.  Gramond,  president  de  Toulouse, 
dontvous  me  parlez(2).  Jel'ai  sou  vent  entretenu  pendant  qu'il 
etoit  en  cotte  ville.  C'etoit  un  bon  vioillard  ,  inais  d'une  ame 
foible  et  bigote.  II  so  faisoit  do  fete  pour  obtonir  dos  ine- 
nioires  ,  et  pousser  son  bistoire  jusqu'a  la  mort  du  feu  roi  ; 
inais  le  cardinal  Mazarin  no  lui  a  pas  voulu  donnor  col  em- 
ploi.  II  ost  mort  dopuis  pen  a  Toulouse.  Son  livro  ost  pen  de 

(1)  II  y  plusieurs  exemples  dans  I'liisloirc  (Pun  pareil  devoucmenl  do 
la  pail  dos  inedocins.  Aujotird'hui  IIH'MHO  ,  an  moment  ou  j'ecris  cctto 
note  (15  juin  18iON ,  lo  doclcur  Conncau  c-t  detenu  a  I'cronnc,  poiir- 
suivi  par  le  procurcur  du  roi  pour  avoir  lavorise  Tevasion  du  prince 
Louis  Bonaparte,   prisonnier  au  chateau  de  Ham   dcpui*    plu>ieurs 
annccs.  II.  P.) 

(2)  IJ.  (Iraniondi  historiarum  (lalliit'  <il>  excessn  llrnr'n'i  IV,  liliri 
XV 111 ,  Tolosir  ,  16-W ,  in-fol.  II.  IV 


•'0  i  I;TIIU;^  DK  i.i  i  I'.M  i.\ 

chose  ,  et  inliniment  au-dessous  cle  1'histoire  <lu  president  de 
Thou.  II  est  reinpli  do  faussetes  et  de  flatteries  indices  d'uu 
homino  d'honneur.  Quand  il  f'ut  acheve  d'imprinier,  et  pret 
d'etre  mis  en  vente  ,  M.  de  Graniond  fit  refaire  quinze  deini- 
teuilles  pour  \  Hatter  })lus  fbrtement  le  cardinal  de  Riche- 
lieu ,  qui  etoit  alors  au  plus  haul  point  de  sa  laveur.  Ce 
bonhomme  crut  qu'il  n'y  avoit  point  de  termes  assez  forts 
pour  le  louer  ;  mais  il  n'y  gagna  rien,  car  le  cardinal  vint  ii 
mourir. 

On  dit  que  Cromwell  a  ete  bien  etonne  de  la  levee  du  siege 
d'Arras,  etquecela  1'obligera  de  changer  dedessein.  La  reine 
de  Suede ,  qu'on  (lit  etre  toute  espagnolisee ,  en  ayant  recu 
la  premiere  nouvelle,  fit  cesser  la  comedie  qu'on  represen- 
toit  devant  elle,  et  la  fit  recommence)'  aussitot  qu'elle  eul 
appris  que  1'archiduc  et  le  prince  de  Condo  s'en  etoienl  sau- 
ves  ,  et  (jue  toute  la  perte  etoit  reduite  a  ijueltpies  prisonniers, 
environ  mille  hommes  tues  ,  cinquaiite-quatre  canons  et  quel- 
<jues  bagages  pris.  .le  suis  votre  ,  etc. 

DC  I'aris ,  le  15  seplembre  1634. 


LKTTIIK  CCCCXXIX.  —  .\»  tnenn-. 

II  I'aut  (jueje  vous  f'asse  pail  d'une  bonne  nouvelle  dont 
vous  ne  serez  pas  marri,  si  ce  n'est  (jue  vous  n'ayez  pilie  de 
moi,  coinme  Ton  a  quclquefois  de  ccux  (pie  Ton  aime,  voyant 
(pie  ce  que  je  m'en  vais  vous  dire  me  fera  bien  de  la  peinc. 
("est  que  M.  Hiolan  le  bonhoinme,  se  sentant  fort  vieux ,  el 
presque  accable  d'un  fardeau  aussi  pesant  que  le  mont  Etna, 
m'a  considere  par-dessus  tons  les  aulrcs  pour  me  1'aire  avoir 
sa  charge  de  pro  lessen  r  royal,  ce  qui  est  lieureusement  ac- 
compli. M.  Amory,  eveque  de  Coutances  et  grand-vieaire  de 
M.  It!  cardinal  Antoine  ,  grand-aumonier  de  France,  a  recu  et 
agree  la  nomination  que  M.  Hiolan  lui  a  1'aite  de  moi.  Do  la 
nous  avons  ete  a  M.  de  la  Yrilliero,  secretaire  d'Etat ,  (pii  a 
signe  nos  lettres  :  ensuite  nous  les  avons  portees  chez  le  garde 


.V    KALCO.Ntt.  4  I 

des  sceaux  M  Kiolan  lui  a  allegueses  raisou.s  ,  a  quoi  il  a  re- 
pundu  qu'il  connoissoit  forl  bien  M.  Kiolan  et  son  merite  ,  et 
(|ue  pour  nioi,  il  me  connoissoit  aussi ,  que  lundi  prochain  il 
y  auroit  sceati ,  et  que  nous  y  fussions,  qu'il  nous  expedieroit 
de  bon  C(«ur.  Ainsi,  il  ne  reste  plus  que  quelques  ceremonies 
ft  de  fa  ire  le  serment  de  fidelite  eritre  les  mains  de  M.  I'eve- 
que  de  Coutances.  MOD  emploi  sera  pour  la  botanique,  la  phar- 
maceutique  et  1'anatomie.  J'en  cboisirai  divers  traites,  tanlAt 
de  1'une,  tantot  do  1'autre,  et  apporterai  tous  mes  soins  a  fa  ire 
de  bons  ecoliers ,  qui  soient  eloignes  de  la  forfanteriedes  Ara- 
bes  et  des  impostures  des  chimistes  ,  qui  sont  les  venins  or- 
dinaires  dont  les  jeunes  medecins  sont  aujourd'hui  empoison- 
nes.  J'ai  dessein  de  donner  un  traite  des  medicaments  purgatit's 
simples  el  composes,  oil  je  I'erai  une  belle  ralle  de  tant  de 
sortes  et  inuliles  compositions  qui  se  trouvent  dans  les  grande.s 
pliarmacopees  ;  puis  apres,  j'ai  en  vie  de  donner  un  traite  des 
alteratifs  simples  ,  des(|uels  je  choisirai  les  principaux  pour 
en  dire  (|iiel<|ue  chose  de  gentil  et  de  particulier.  Apres  cela 
je  pourrai  venir  a  un  traite  fort  curieux  des  poisons,  oil  je 
n'oublierai  pas  I'antimoine,  et  le  traiterai  comme  il  nuirite  , 
t't  meme  ceux  (jui  en  donnent ,  comme  autant  d'imposteui> 
et  d'empoisonneurs  (l).  Je  suis,  etc. 

De  Paris,  le  «J  octobre  1654. 


LKTTHK  CCGCXXX.  —  An  int>m<>. 

M.  Courlaud,  de  Montpellier,  cherclie  quelqu'un  pour  Ic 
laire  ecrire  centre  M.  (iuillemeau;  mais  il  a  alia  ire  a  forte 
parlie.  Je  ne  sais  pourquoi  ce  Courlaud  m'a  tant  fourre  dans 
son  livre,  rnoi  quine  1'ai  jamais  vu  ni  offense,  et  qni  ne  sa- 
vois  pas  meme  s'il  etoit  ne.  Si  le  livre  de  M.  Merlel  contre 

;l)Gui  Palin  n'a  Icnti  ancniie  <lc  ses  promcsses,  ct ,  h  dire  vrai ,  poul 
elro  faul-il  sVn  felicilcr.  Ses  lellro.s  sciilos  out  liait  vi\re  son  noni  ;  c>-( 
lihoii  inunuiiu'iil  «TC  perennitis.  Voyoz  l;i  Molicc  biographique,  VK.  I'. 


42  I,ETTI<ES    DK    GTl    PAT1N 

Eusebe  Renaudot  ne  vous  a  pas  satisf'ait,  il  en  viendra  bien- 
tot  un  autre  meilleur,  savoir,  de  M.  Perreau ,  qui  n'a  pu  etre 
acheve  plus  tot,  par  la  disette  des  ouvriers,  qui  est  ici  fort 
grande.  Eusebe  Renaudot  est  ici  fort  malade  d'un  abces  a  la 
tete,  qui  a  ete  suivi  d'une  grande  douleur  ;  il  avoit  en  des 
convulsions  ot  des  vomissemcnts  jusqu'au  sang,  par  unecer- 
taine  rencontre  bien  etrangc,  de  cause  externe,  quo  M.  Spon 
vous  contera.  Depuis  trente  ans  je  n'ai  point  vu  si  pen  de  ma- 
lades  quedepuis  troismois;  Uormis  quelqnes  dysenteries  don t 
Ics  malades  sont  rechappes,  avcc  de  petits  lavements  deter- 
sifs,  la  saignee  reiteree,  et  quelques  legeres  purgations  avec 
casse  et  sene,  ou  catholicon  double,  etc.  Je  vous  prie  d'as- 
surer  M.  Huber  que  je  suis  son  tres  humble  serviteur.  Je  ne 
vois  point  ici  de  Lyonnoisque  je  ne  leur  parle  de  vous. 

Enfin  M.  Riolan  m'a  donne  sa  charge  de  prolesseur  du  roi , 
en  survivance.  M.  1'evtVjuo  deCoutances,grand-vicairedeM.  le 
cardinal  Antoine,  grand-aiimonier,  nous  en  a  donne  son  con- 
sentement ,  et  ensuite  j'ai  obtenu  du  roi  et  de  M.  le  garde 
des  sceaux  toutes  les  autres  provisions  necessaires,  et  j'en  ;ii 
prete  le  serment,  en  vertu  de  quoi  j'esperede  commence!1  mes 
lecons  apres  Paques  ou  environ,  s'il  plait  a  Dieu;  car  le  bon- 
homme  souhaite  de  in'en  voir  tout-a-fait  en  possession  avant 
(pie  de  mourir;  je  souhaiterois  pour  tan  t  tres  volontiers  qu'il 
ne  monrut  jamais  :  ex/). a  TOUTO  .G-I-J  i^jvarov  :  HIV  ilntur  in  hw 
inisr/'ti  morfalitatc ;  \\  cst  m&mc  si  vieux  (pi'il  me  fait  regret 
et  pitie.  Ke  pape  n'est  plus  mort ;  on  (lit  (jti'il  est  revenu  de 
maladieen  sante,  mais  (pie  ce  n'est  point  pour  longtemps  ,  a 
cause  de  sa  decrepite  vieillessc.  Ilicr,  a  deux  heures  apres 
midi ,  le,  bonhomme  R.  Chartier,  age  de  quatre-vingt-deux 
ans(l),  tomba  de  son  cheval ,  et  mourut  apoplectiijue.  On 
s'en  va  rompre  deux  grands  voleurs  a  la  (ireve,  dont  I'lin  ;i 
ete  valet  de  pied  du  cardinal  Ma/ariu.  \'«l<\ 

DC  \\\\\*.  cv  :5()  oclobrc  163 '». 

(1)  Voy<v.  la  note  I.  I.  p.  21  -'t. 


LKTTliK  CCCCAXXI.  —  An  mi-tin-. 

II  t'st  ici  arrive  des  nouvclles  quele  sipnor  Pietro  Mazarin, 
pore  du  cardinal ,  est  mort  a  Home  fort  age.  Kn  meme  temps, 
on  nous  apprend  (pic  le  pore  de  Gondy,  pretre  do  1'Oratoirc 
et  pore  de  M.  le.  cardinal  de  Retz,  est  mort  a  Clerniont  en  Au- 
vergne,  oil  il  avoit  (He  envoy*':  en  exil.  Je  ne  sais  dequel  com- 
pliment s'y  serviront  Tun  et  1'antre  de  ces  pores  en  I'autre 
monde,  s'ils  se  rencontrent,  a  cause  des  inimities  entre  leui's 
deux  ent'ants,  et  tons  deux  cardinaux  de  saintc  mere  Eglise. 

Le  10  de  ec  mois ,  mon  second  ills  ,  Charles,  a  repondu  a 
sa  premiere  question  quodlibctuire  ,  dans  nos  ecoles  ,  fort 
bien  ,  et  au  grand  contentement  de  tons  ses  aiuliteurs ,  dont 
jo  suis  fort  rejoui. 

Je  vous  renvoie  la  lettre  du  sicur  Courtaud;  c'est  un  boil 
garcon.  II  fait  le  prud'homme  dans  ses  lettres,  ct  le  fou  dans 
ses  livres.  11  ressemble  aux  pliarisiens  du  temps  du  Messie , 
qui  I'lionoroient  des  levres,  mais  leur  cceur  etoit  eloigne  de 
lui,  on  a  eeux  qui  caclient  leur  bras  apres  avoir  jetr  la 
pierre.  11  dit  qu'il  veut  etre  mon  ami,  apres  avoir  taut  dit 
de  mal  de  moi.  11  m'accuse  d'avoir  tail  la  /.f'-yoiflc ,  a  quot 
j'ai  aussi  pen  contribueque  vous.  O'est  M.  Merlet  qui  en  est 
auteur.  II  me  blame  du  livre  du  Mi-(lwi»  cliurihihh' ,  je  n'y  ai 
rien  mis  du  mien,  ("est  un  libraire  liolhmdois,  nomine  Vlac, 
(|iii  1'a  fait  fa  ire  ,  et  qui  en  a  pave  la  faeon  a  M.  Sauvageon. 
II  Cant  bien  que  Com  laud  ait  la  tele  mal  I'aite;  il  veut  diredu 
mal  de  notre  bonliommt1,  M.  lliolan,  (jui  est  cstime  par 
toute  TKuropi^  et  au-dessus  de  toutes  ses  atteintes.  Je  trouvc 
encore  (ju'il  est  bien  plaisant  de  eifer  .M.  Hiolan  commc  mi 
liomme  qui  auroil  dit  du  mal  do  moi  dans  ses  lifclierrhe*  (\'\, 
lui  (jui  est  mon  meilleur  ami.  Me  lui  en  deplaise.  cola  e--i 

r  Cttricitses  rcchcrclii's  siir  /c.s  cschult'S  f/c  incilcdnc  (If  Paris  >'l  di' 
Munli>ellier,  Paris,  Kijl,  in-,S'.  \\.  I1.' 


44  i. HI  ruts  UK  (,ii  mix 

Ires  faux.  Pour  oe  <|ifil  (lit  de  ma  raillerie,  il  a  tort  Helas ! 
qu;  pouiToit  s'empecher  de  rire  panni  tant  de  t'oliesdu  siecle 
et  de  si  meclianls  livres  que  ceux  tie  Courtaud?  II  feroit  I'ort 
bien  de  so  taire  et  de  ne  plus  rien  ecrire,  mais  ce  n'est  pas  ii 
moi  a  lui  donuerconseil.  J'ai  memo  peur  qu'il  ne  soit  pas  ca- 
pable d'en  reeevoir.  Je  vous  prie  d'assurer  tons  DOS  bons  amis 
de  Lyon  que  je  suis  leur  tres  humble  serviteur.  IV//V. 
F)e  Paris,  le  13  dccembrc  1654. 


LKTTKE  CCCCXXXll.    -  \u  mrine. 

Je  vous  rends  graces  de  votre  derniere.  Quaud  j'aurai  fait  ma 
harangue,  j'en  croirai  nies  amis,  et  peut-etre  que  je  la  terai 
imprimer,  et ,  en  cecas-la,  je  vous  en  enverrai  des  copies 
en  tel  nombre  qu'il  vous  plaira.  C'est  bien  mon  intention 
d'avoir  quelquejour  pour  auditeur  M.  votre  tils,  pour  leqnel 
je  ferai  tout  mon  possible,  e'est-a-dire  tout  ce  qui  se  doit  an 
Ills  de  son  meilleur  ami.  Je  vous  remercie  de  la  bonne  opi- 
nion que  vous  avez  de  mes  deux  grands  garoons  ;  je  souliaile 
I'ort  qu'ils  soient  quelquejour  dignes  de  votre  amitie.  Je  ferai 
tout  ce  qu'il  me  sera  possible  afin  qu'ils  la  meritent. 

Pour  M.  Courtaud  ,  il  paroit  par  ses  ceuvres  qu'il  n'est  pas 
bien  sage:  aussi  n'ena-t-ilquedudeshonneur;  lui  etM.  (iuil- 
lemeau  ne  sont  pas  pres  de  se  taire  ,  et  je  crois  (jue  cette  con- 
troverse  ne  s'apaisera  (jue  par  la  mort.  II  mecbante  des  in- 
jures de  fripier,  indignes  d'un  liomme  de  lettres,  et  qui  auroit 
le  moindre  grain  de  sagesse.  M.  Guillemeau  ne  1'a  point  vu 
depuis  quarante  ans ,  ne  I'a  jamais  desservi ,  et  recoit  de 
lui  des  injures  atroces  et  criminelles  :  <-t  lure  *nnt  (Ic/irix  .-•''- 
full  ntorientis. 

J'ai  delivre  un  petit  paquet  pour  .M.  Spoil,  dans  lequel  il 
n'y  a  pour  ce  coup  que  la  these  de,  mon  lils  Charles,  et  le 
Jtdlxit-Jtiii-  <lc  I'. \ntiinoi in:  t i-ii)injili<in( ,  de  M.  J.  Pei reau.  Si  par 
ri-apresil  nous  vicnt  quel(|ueaiilrecliose.  jc  vousen  terai  part. 


A  FALCONET.  4f> 

M.  (iuillemeau  est  un  excellent  homme,  personnage  <le  credit 
»'t  d'aulorile,  el  antant  homme  d'honneirrque  j'en  connoisse; 
fort  habile  homme ,  grand  sens,  grand  esprit,  grand  juge- 
ment ;  beanconp  de  biens ,  beaucoup  d'amis.  Regardez  si 
M.Courlaud  n'est  pas  fort  mal  conseilledes'y  prendrecomme 
il  fait. 

M.  Gassendi  est,  Dieu  merci ,  en  bon  etat ;  il  n'a  plus  qu'u 
se  conserver;  vous  savez  comme  il  est  delieat.  M.  Hiolan  cst 
aussi  tout  autrement  inieux,  et  n'etoitque  le  (Void  qui  le  i'uit 
aslhmatique,  il  n'y  paroitroit  point ;  il  a  pres  de  quatre-vingts 
ans.  Je  les  ai  tons  deux  traites  en  meme  temps  fort  malades; 
ils  ne  le  seront  jamais  davantage  sans  mourir ,  mais  I'hiver 
leur  est  bien  contraire  a  tons  deux.  Je  serai  toute  ma  vie, 
monsieur,  volre,  etc. 

De  Paris,  le  13  Janvier  1653. 


LETTKE  CCCCXXXIIf.  —  An  tnune. 

Je  viens  de  recevoir  votre  lettre  ,  de  laquelle  je  vous  re-- 
mercie  et  de  tout  ce  que  j'y  ai  trouve  ,  qui  sont  les  cahiers  de 
M.  Coustnot.  Je  vous  en  ai  bien  de  {'obligation,  et  meme  de 
ce  que  vous  aimez  la  mernoire  d'un  si  honnete  homme.  J'at- 
tendrai  patiemment  le  reste.  Pour  I'alFaire  de  mademoiselle 
votre  belle-sceur,  je  ferai  pour  elle  tout  ce  qui  me  sera  possi- 
ble et  y  emploierai  tons  mes  amis.  Je  m'etonne  de  la  prrlidie 
de  sa  partie.  Je  ponse  <jue  le  compagnon  perdi'a  son  proct^s 
tout  dii  long.  Je  suis  surpris  do  voir  taut  de  hardis  chicaneurs 
;iu  monde.  C'est  I'inicjuite  et  Timpudence  du  siecle  (|iii  can- 
sent  tons  ces  desordres.  J'ai  acheve  ma  harangue  de  prot'es- 
seur  du  roi ,  et  suis  pret  de  la  reciter  des  demain  dans  le 
college  de  C.ambrai,  pourvu  (jue  M.  I'eveque  de  Coutances  . 
<|ui  est  le  grand-vicaire  de  M.  le  cardinal  Antoine  ,  y  puisse 
assisler. 


4'i  I.KTTRES    m   CHI    I'ATIN 

On  nous  apprcnd  ici  quo  lc  cardinal  de  Hoi/  est  tort  ma  lade 
a  Home,  on,  s'd  mouroit,  la  collation  de  I'archeveehe  appar- 
tiendroit  au  pape,  entantqu'il  mourroit  snr  sesterres. 

Un  jeune  gentilhomme  ,  eapitaine  aux  gardes ,  nomme 
M.  do  Tilladet,  qni  a  encore  son  pore  vivant,  et  qui  a  ete  au- 
tret'ois  gouverneur  de  Bapaume  ,  et  depuis  do  Brissac  ,  neveu 
de  M.le  Tellier,  secretaire  d'Etat,  a  ete  ici  tue  miserablement 
par  les  pages  et  laquaisde  M.  d'Espernon.  Les  deux  carrosses 
de  ces  deux  maitres  s'etoient  rencontres  el  enlre-heurtes.  Cos 
laquais  vouloient  tuer  le  cocher  de  M.  de  Tilladot.  Le  inaitre 
voulut  sortir  du  carrosse  pour  1'empecher ,  et  Cut  aussitot  ac- 
eable  do  ces  coquins,  qui  ]o  tuerent  brutalement.  Lo  roi  vent 
<[ue  justice  en  soit  f'aite  ,  et  a  donne  uno  declaration  contro 
los  laquais  pour  empecher  a  1'avenir  do  tols  abus  ;  savoir, 
qu'ils  ne  porteront  plus  d'epoes  ni  ancuno  anno  a  feu,  sur 
peine  do  la  vie;  qu'ils  seront  dorenavant  liabillos  de  cini- 
lour  diverse  ot  non  do  gris,  aliu  qu'ils  soient  reconnus.Cetto 
declaration  a  eto  envoyee  au  parlement  pour  etre  vcrilico  et 
jtublit'o.  (Hela  a  ete  fait.  Kile  est  at'iicht'O  par  tons  It's  carre- 
t'ours  t;t  idiblioe  par  la  ville  ;  mais  jo  ne  sais  pas  coinbion  do 
toin[)S  olio  sera  obsorvoo.  Les  jesuitos  (Hit  quelquefois  tiit  <|iir 
los  docrets  do  Sorboune  no  passent  [»as  la  si-inaine.  (los  oydon- 
nauces  en  seront  peul-etro  de  memo  ;  ear  los  Francois  font  do 
tros  beaux  regleinents,  mais  los  obsorvont  tro.s  mal. 

Ilier  mourut  ici  mi  lioinmo  tros  vieux  et  considerable  en 
sa  qnalite  :  c'est  M.  lc  ]>rot,  doyen  dt\s  coiisoillers  d'Ktat,  a-t'- 
deqtiatre-vingt-quatorze  ans.ll  a  autrelois  tHt-  avocat-^r-iH'ral 
au  parlement  de  Paris,  et  etoit  uu  dosjiiges  du  marechal  dc 
Marillae,.  (le  f'ut  lui  (jui  donna  le  coup  do  mort  ;  car,  tpioi  qu'd 
out  promis  aux  parents  de  ce  pauvrt;  et  iniortuni'1  mareclial , 
il  so  laissa  ensuite  gagner  de  I'autre  cote  par  lo  cardinal  dc 
Kichelieu  ,  (mi  lui  donna  lo  brevet  do  premier  president 
du  pai lenient  de  Mot/;  a  (jiioi  il  no  gagna  rion ,  car  tiH  iipres 
on  lo  lui  ota,  el  il  fut  vondu  a  un  auln1 ,  tpii  dopuis  esl  morl 
onraye. 


A    FALCONKT.  47 

II  y  a  ici  unc  plaisante  querelle  entre  Ic  prevot  des  mar- 
chunds  et  eclievins  contreles  cordeliers,  pourune  porte  (jiie 
ceux-ci  out  f'aite  au  derriere  de  leur  maison  ,  laquelle  repond 
dans  le  fosse  du  faubourg  Saint-Germain.  Cela  fera  un  proces 
qui  ira  en  la  grand'diambre.  Quand  je  vais  au  palais,  j'y 
vois  autant  de  moines  que  de  sortes  de  gens.  Leur  avarice  et 
leur  ambition  y  en  conduiront  peut-etre  a  1'avenir  encore 
davantage. 

II  est  tombe  une  tour  dans  le  bois  de  Vincennes  qui  a  ac- 
cable  un  des  concierges  avec  sa  I'emme  et  trois  enfants.  La 
servante,  qui  entendit  du  bruit,  so  sauva  a  la  bonne  heure. 
Le  roi  a  voulu  voir  ce  desastre  de  ses  propres  yeux.  Adieu  , 
je  suis  volre,  etc. 

Do  I'aris  ,  le  2<>  jamier 


LETTKK  CCCCXXXIV.  —  An  im-mr. 

Je  vous  envoyai  ma  derniere  le  23  du  passe,  avec  desvers 
contre  un  desnotres,  ([lie  Ton  nomine  le  beau  medecin,  (jui 
t-.st  le  plus  laid  homme  de  Paris  et  le  plus  camus.  Scaliger 
a  autrel'ois  (lit  (jue  le  nez  etoit  I'drnement  du  visage  ;  en  ce 
cas-Iii,  il  faut  <|ue  ci-lui-ci  suit  bien  l.iid,  car  il  en  a  moins 
(ju'une  noisette. 

Avez-vousoui  dire  quele  I'aracelse  s'imprime  a  Geneve  en 
quatre  volumes  in-1'olio?  Quelle  honte  qu'un  si  mt'-cbant  livre 
trouve  des  presses  et  des  ouvriers,  <|iii  DC  sc  pcuvcnt  Iruuvcr 
pour  qurlqiir  chcise  (le  tort  boil  !  J'ainici'ois  inicux  (jn'oii  cut 
imprime  1'Alcuran  ,  <|iii  n'est  pas  si  dangereux  ,  et  qui  au 
moins  ne  tromperoit  pas  lanl  de  inonde,.  /."  diiinlf  <•.*;/  /</ 
1'finsai'  ntiiiinun'  <!(.-  no!/'*'  iin'/icr  (i).  Je  voudl'ois  <me  pour  le  bien 

(1}  l.o  mo  esl  diir;  niais  «i  Pon  rollccliit  ii  Petal  do  la  cliiinio  an 
sioolo  do  (iui  I'alin ,  science  tjui  ue  consistait  «ju'a  cherchor  la  pierro 
philosoplialo  .  ii  Ironvor  dos  soorois  .  des  coinposilions  pour  ;',norir 


•48  LETTUES    DE    (Jilt    PATIN 

public  elle  fut  aussi  bien  defendue  que  les  faux  quarts  d'ectis, 
pour  lesquels  on  a  autrefois  pendu  taut  de  faux  monnoyeurs, 
Enlin  ,  j'ai  fait  une  harangue  le  premier  de  ce  mois.  Kile  a 
dure  une  heure  entiere;  mais  elle  n'a  pas  ete  ennnyeuse,  a 
cause  quec'etoit  un  fil  perpetuel  de  1'histoire  du  college  royal 
depuis  1'an  1529,  parson  premier  instituteur  Francois  li-r, 
laquelle  institution  a  ete  entretenue  par  ses  successeurs  et 
gouvernee  par  les  grands  aumoniers  de  France.  Apres  cela,  j'ai 
parle  des  anciens  professeurs  qui  out  illustre  ce  college,  tels 
qu'ont  etc  Danesius,  Turnebus,  (,arpentarius,  les  deux  Uuret, 
le  grand  Simon  Pietre,  et  ceux  qui  vivent  encore,  comme 
M.  Hiolan,  a  qui  je  temoignai  ma  gratitude  de  m'avoir  choisi 
pour  son  successeur.  J'y  vis  (juelques  inoiues  blancs  et  meme 
quatre  enfants  du  bienheureux  pere  Ignace;  je  ne  sais  com- 
ment ils  y  sont  venus  sans  y  elre  invites.  I'u  de  nos  mede- 
cins  me  vient  de  dire  (ju'hier  il  revint  du  college  de  Camhrai 
avec  un  de  nos  compagnons  antimoniaux  ,  ati(|uel  ayant  de- 
mande  son  avis  de  ma  harangue,  le  docleur  repondit  (jue  le 
latin  en  etoit  bon  ,  mais  qu'il  y  avoit  trop  de  falras;  (jue  je 
1'avois  trompe,  qu'il  s'attendoit  que  je  parlerois  contre  I'anti- 
moine,  mais  que  je  n'en  avois  rien  dit. 

Un  conseiller  de  la  grand'chambre  ,  fort  vieux  et  pres- 
que  au  bord  de  la  fosse,  se  va  remarier  a  une  jeuue  et 
belle  lille  d'un  autre  conseiller.  Je  crois  (jue  le  bonhomme 
vent  rnourir  d'une  belle  epee.  Mais  voyez  si  ees  bonnes  gens 
sont  capables  de  bien  jnger  nos  proces ,  eux  qui  font  telles 
I'olies-. 

M.  (luillemeau  a  fait  dislribuer  son  second  livre  contre 
M.  Courtaud  ,  neveu  de  feu  M.  Heroard,  medecin  du  roi  , 
dont  il  veut  decrire  la  vie.  II  (era  voir  que  c'etoit  un  hoinme 
tres  indigne  de  la  place  qu'il  tenoit ,  a  laquelle  il  etoit  par- 
venu }>ar  des  artilices  semblables  a  ceux  de  Vautier  et  de 

loiilc  f.-jH-of  »le  inuladii's  ,  «>l  lavori^or  ain«i   It*  plii^  \il  charlatanisme , 
on  comprendra  la  lit'-rt-  indi)>iiation  tie  lanlt'iir.  K.  I', 


A.    FA.Lf.ONKT.  -i»J 

Valot ,  qui ,  quoique  des  derniers  du  royaume,  out  eh:  cloves 
sur  1'autel  com  me  des  chandeliers  bien  Inisauts.  M.Conrtaiid 
a  fail  tort  a  son  parti ,  a  sa  cause  ct  a  la  momoire  do  son 
onclo,  en  disant  taut  d'injures  a  des  gens  qui  ne  pensoient 
point  a  lui  et  qui  ne  I'avoieutjamais  offense.  Kn  traitant  si 
inditrnement  M.  Riolari,  qui  est  vrairnent  honime  d'lionneur 
et  grand  perspnuage  ,  et  en  proterant  taut  de  inensonges 
con  t  re  les  autres  et  eontre  moi,  partout  oil  il  m'a  nomine,  el 
entre  autres  oil  il  me  fait  I'auteurde  la  /.('•f/eiide  .  ceque  tout 
le  inonde  de  dec.  a  sail  die  Ires  faux  ,  et  memo  ceiix  qui  y  out 
le  plus  d'interet.  Je  vous  baise  les  mains,  et  ^uis  dc  tout  mou 
ca-ur  votre,  etc. 

De  Paris,  le  -2  mar-.  Hi.HM. 


Ll'VI'THK  CCCCXXXV.  --   An  mewr. 

Jc  viens  d'apprendre  par  M.  Moreau  <|\i"d  y  a  un  livre  nou 
vellement  imprime  contre  MM.  liiolan.  Bartholin  ,  Pecquet 
et  autres,  oil  1'auteur  uiaintient  que  la  sanguitication  ne  so 
fait  ni  au  foie,  ni  a  la  rate,  ni  au  canir.  Nous  somincs  dans 
le  regne  des  nouveaules  et  des  clioses  incroyables;  je  ne  sais 
meine  si  nos  descendants  pourront  eroire  Unites  nos  tblie^  et 
les  soutl'rances  des  gens  de  bieu  (i). 

Aujourd'hui  -29  mai,  a  etc  rompu  en  (ire\c  un  in-i-nc  vo 
lour  de  grands  cbeniins,  nomine  Ueaut'ort.  Don  Dii-u  ,  (juc 
nous  serious  beureux  si  c'etoit  le  dernier  larrcm  ! 

,1;  Eterncllcs  recriiniiiatiuiih  tailcs  dun.*  toiis  !<.'>  icinp-,  ct  heiiri-usc- 
ineiit  lies  inutile*.  Loi>qiie  Jeiincr  hit  son  iiieinoire  stir  la  vaccine  a 
la  Societe  royale  de  Lonclres  ,  on  sourit  de  pitie  .  el  Ton  relusn  ,  dit-oii 
il'insercr  son  lra\ail  dans  les  meiiioiic.-  de  celle  ii!u>lie  Sociele..  . 
Coinme  si  nous  n'avions  pins  rien  a  apprcndrc  .  coiunie  M  le>  sciences 
avaienl  dil  leur  dernier  mot !  (juand  Phoiunic  \  ivraii  atilanl  *|ne  le  suleil, 
il  irait  loujoni>  appreiuint  quelquc  \ento  iiouvelle,  eiicore  ino'.irrail-il 
aiTame  de  sa\oii  H.  I*. 

111.  * 


50  LKITUKS    I)K    GUI    1'AIIN 

On  dit  que  si  le  pape  chicane  le  cardinal  Ala/.arin ,  il  lui 
renverra  son  bonnet  rou^e,  et  qu'd  se  fora  eonuelable  do 
France  on  qnelque  pen  davanla^e;  j'entends  qu'il  preridra  la 
qualite  de  general issiine  des  eonseiis  et  des  armees  du  roi,  et 
qn'ainsi  il  demeurera  assure  centre  les  loudres  de  Rome,  dans 
le  li(.tn  poste  (ju'il  tienl. 

Lc  mois  passe,  esl  nioi't  a  Met/  un  i^rand  medecin  nomine 
M.  Foes,  qui  t'toii  Ills  de  Francois  Foes.  (ilsd'Anuce  Foes, 
<|ui  a  ti'availle  si  utilement  sur  Hippocrate. 

Un  prevot  que  nous  avons  en  ce  ijiiai -tier ,  nornme  la  Foret, 
grand  prencurde  laifons  ,  en  Mirprit  !iii-r  un  ,  letpiel,  poui  se 
depelrer  des  archers,  lit  mevveille  de  se  delendre.  11  i'nt  eniin 
accable  par  la  multitude  et  par  les  coujis,  donl  il  cut  1'epaule 
casseo.  Dans  pen  de  jours  on  lui  cassera  le  reste  des  os.  Je 
snis ,  fte. 

Uc  Paris,  !e8juin  Hioo. 


LETTHF  CCCCXXXVI.          \><  weme. 

Je  VOLIS  rernercie  de  votre  derniere.  et  de  la  continuation 
ilt-  votre  amltie,  I.e  livre  de  M.  Kiolan  rontre  Pecquet  sera 
bieutot  aclnsve.  On  dit  que  Pecquet  menace  de  dire  bien  des 
injures  a  M.  Rioian  ,  c'e^t  signe  qu'il  n'aura  gut-re  de  raison 
de  reste.  .le  mont.rerai  votre  Irttreii  M.  Guillemean.  M.  Rioian 
s  en  ^a  taire  line  nouvelle  edition  de  son  Knchii'idiuni  unntumi- 
cinri  t>t  jjaf/infof/icidti  ,  in-octavo,  au^mentee  dune  (luatrieme 
partie,  et  metnedi-  pins  si  sa  saute  li_'  lui  permet,  elcelasera 
;<>rt  lion.  La  peste  continue  d'etre  bien  torte  a  Leyde. 

C'.iinment  se  poi le  M.  ('lioulier  le  jeune?  (pie  vousa-t-il 
dit  de  inoi.1  /'ul<itn(' pu'ren'iti'in/i  ml  ln'i«nn  fmgt-m ,  (fun  ino/  - 

/('///,   ('(/'.'.;  ill'tjilill(li'ii!i-IH   il'/'i/i  Sri'i/fi'l/l    ' 

.In  vuiis  rcmercie  du  luiatraiu  de  Nostradamus,  que  plusieurs 
-na\(i;t'iit  ici  inonlre  :  ce  i\v>\  pas  il'aujourd'liui  que  lesions 
?UH)plii'tiseiit ,  sans  ce  qu'ils  leront  ci-aj»res.  Tout  ce  (ju'a  1'ait 
re  Nostradamus  ne  soul  que  des  levenes  et  des  rebus  de 
Provence.  Je  trouve  fort  bon  ce  di^tique  que  NOUS  m'avez 


A    FALCONE  I.  Jl 

t:ite  contre  lui ;  inais  il  est  un  peu  autrement  dans  le  remeil 
des  vers  du  propre  auleur,  et  meillenr  ee  mesemble. 

\nxlrti  damn*,  cum  rerlia  damns,  ir-in  fnllrr*'  m>*lrnm  m'  ; 
Et  i/i«nii  rcrlni  damns,  nil  ni*i  unstrd  il'inni*. 

Qui  pensez-x'ousetreruuU'm1  ilece  quatrain?  Les  huguenots, 
et  outre  autres  Fred.  Spanlu'im,  in  <////iiis  /;"/v/>//'//V-/.s,  ijiii  est 
un  Ires  bon  et  cnrieux  livre,  I 'attrilnu-nt  a  Theodore  de  BI-ZC; 
jnais  ce!a  n'cst  |)as  :  lo  vi'ai  anteui1  est  tin  ('<t,-i,(m>  /  t<n(n:ius, 
des  poemes  dufjuel  on  trinivt'  un  \n-\\i  rcriicil  (|ii»\j'ai  ceans ; 
c'est  le  meine  noni  de  eelui  a  <jui  le  i^raiid  Buchanan  a  duiliti 
son  Fi'Qiictsc'jini.s ,  cf  fi'ufi'as  fi'tito'i'iun. 

Nous  attendons  ici  des  nuuvelles  dc  [*avie;  niais  on  dit 
(jii'elles  lie  seruiit  \r~\-  a  notrf  avunta^e.  D.-s  An^lnis  et  dt;  la 
tlottt;  d'Espa^ne  dans  lAnici'ltiut'  septt-ntrictnah! ,  il  n'y  a  en- 
core rien  de  cei'tain.  On  dit  <pie  le  r»>i  d<>;t  aujunrd'hui  aller 
a  la  Forte,  y  revoir  la  rein,-,  jmnr  si;  n^jtiuir  de  M-S  nou- 
velles  eonqueles  avec  elle,  ct  entrr  autres  des  prises  de 
Co'.ide  et  de  Sainl-Gnilain  ;  que  dc  la  il  ira  a  C.onipie^ne  ,  on 
le  ducde  Mantone  se  rejidra,  et  ou  Ton  (era  de  belles  come 
dies.  Ledesordre  est  grand  en  PoSoiine,  oit  tiois  piovinces  .-e 
sont  revoltees  ,  et  le  roi  do  Snt-de  y  esl  eiHre  avec  .");), GOO  lioni- 
nics  :  /oto  a 't'L' it  Mart  //;/////(s  iii-lii.'.  Je  von>  baise  inillo  loi; 
les  mains,  et  suis  de  tonte  mon  aine  ,  monsienr,  votrc,  etc 

De  Paris,  lo  :JO  :ioul  ltio;>. 


\.  KIT  UK  CCCCXXXVII.  - 

Je  vons  ai  ecrit  dn  .'><>  d'aont  ,  avee  trois  Icttns  pour 

MM,  I1 ......  d  —  et  h Nous  avons  ici  nn  de  noseolleune-s 

inalade,  savoir,  .M.  Allain.  I'/ot  rc.spii!  lfp!u>  doux  qui  s-iit 
a  Paris  dan.s  le  corps  ie  piii>  atrabdaiie.  II  ;e»emble  a  So- 
crate;  c-ar  d  s'est  si  utileinent  appLque  a  la  ph.losophie  mo- 
rale, (|ue  de  tout  mauvais  qn'i!  .-toil  nalnrelleincn!  .  ellc- 1  a 
i'ait  tout  bon. 

Je  viens  de  voir  une  dame  qui  ctoit  en  travail  d'enlant .  que 


5-2  LET  I'll  ES    L»K   oil    I'ATIN 

j  ai  fiiit  saignci  du  bras  droil  ,  et  laquelle.  un  quart  d'beiiti: 
apres,  en  in<i  presence,  ost  heureusement  accoucheo. 

La  sage  femine,  que  je  conriois  il  y  a  longtemps ,  m'a  ra- 
conlequo.  dans  la  rue  Montorgueil ,  elle  avoit  aeooucbe  de- 
puis  irois  jours  la  fern  me  d'un  boulangerde  petits  pains,  d'un 
onfantqui  ii  avoit  nulle  marquo  desexeet  quietoitloutuni;ce 
quo  jo  no  comprendspas  .  puisque,  selou  M.  Kiolan,  le  firtus 
fait  son  pan  par  IP  canal  dp  la  vessio.  Los  ypnx  ptoiont  Ir>r- 
ines  et  converts  d'unft  pean  :  il  n'avoil  point  dp  IIP/,,  mais 
seiileinent  un  petit  trou  au  milieu  du  visage,  pt  nne  conn: 
au  front,  t; rosso  ot  longue  conime  !e  ponco.  II  novprnt  que 
deux  hoiires  (I  .  Si  cola  so  communique  dans  Paris,  voila  dc 
(jiiot  I  a  ire  parlor  ceux  ipii  SP  molont  do  pronostiqiier  sur  I't-s 
prodiges. 

Lebonhomnie  Gassendi  traino  son  inal  ot  sa  vie  tout  en 
senible:  mais,  a  vous  dire  vrai ,  oV-st  uno  vie  misorablp.  II 
ralo  ipiehjuofois,  il  no  crache  guoro  bion  .  il  a  toujours  la 
tiovreet  un  niochant  llux  de  venire,  fort  onnonii  des  maladies 
du  pounion.  11  e>l  visile  do  quantitc  d'honnotos  gens  ,  et 
v nti'o  autros  do  plusieurs  medecins.  Comniej'en  sortois,  j'ai 
ti'ouve  }\.  1'ablx''  liuiirdelot  (-2),  qni  marelie  en  tros  rf'voron- 
dissimo  pi'flat ,  Brands  et  longs  liabits  a  longue  queue,  dans 
tin  bon  carrosse ,  suivi  do  trois  estaftiers  qui  out  bonne  mine. 
La  satire  de.>  mille  \ersdo  Tan  Hi.'W,  on  parlant  du  pero  Jo- 
seph, capueiu  .  disoit  outre  autros  clm^os  de  ee  nioine  : 


l\t.'piiesentt'/-vons  la  memo  cliose  dos  laquais  el  aulres  olii- 
ciers  de  la  basse-cour  de  \l.  1  abbe  liourdolot. 

\  I  n  ;',r;iiiil  noiiil-i c  i!(  in()iislnu»*ile>  aualojvtii'.-  d  de*  t-i'ail-  !<•» 
|,lus  l)i/.arit'- di' l;i  unltnc  osil  (•!<•  i  ;i-<1'nil>K'>s  d;in-<  1111  oiivr;i»p  iinporlaiit 
dr  M.  Isid  (u-ollroy  Siiin'-llil.'urc  .  av.-inl  pour  lilrr  :  II into  re  ij em-rale 
('/  parlictilierc  '/es  a^oinnl'i'.a  de  {'organisation  rlicz  I'linmnif  <•!  lex  an  - 
,n(i>, . i- .  l'ari>,  is:!i  ISiti!.  ;]  \..l.  in-S"  ct  alia-.  It.  I  . 

2    \<jjc/.   la  iioi-    'iii   i  ••  in.  <l>  cm  alil'c     I.  I.  pa^e  ">1)5. 


\    FALCONET.  53 

J'ai  appris  la  querelle  que  Meyssonier  fail  a  votre  college. 
Je  m'etonne  tort  tie  qnoi  il  s'est  avise,  de  faire  parler  de  inc.i 
par  son  avoeat;  ]e  n'ai  nulle  intelligence  aver  lui .  et  menu-, 
no  souhaitant  pas  son  commerce,  je  n'ai  point  repondu  ii  SPS 
deux  dernieres  lettres,  vu  qn'il  me  demandoit  nne  chose  qm 
n'etoit  ni  raisonnable  ni  possible,  qui  est  tout  le  eonlrairede 
ce  (ju'on  doit  demander  a  un  ami .  an  dire  d'Arislnte.  Je  me 
suis  toute  ma  vie  tenu  au  parti  oil  j'ai  vu  la  justice,  la  verite 
et  la  raison.  II  me  semble  que  le  votre  est  tie  cette  nature. 

M.  Cbit'flet,  medecinde  1'arcliidnc,  qui  ecrivit  il  y  a  deux 
ans  contre  la  poudre  febrifuge  ou  quinquina  des  jesuites  . 
ayant  appris  qu'a  Home  on  avoit  faitun  petit  livret  pour  cette 
poudre  contre  son  livre,  il  y  a  fait  une  reponse  que  Ton  im 
prime  de  deca  (1). 

>I.  le  nonce  me  demanda ,  ces  jours  passes,  sije  vondrois 
aller  a  Bologne  pour  y  etre  professeur  in  jirimo  loco,  aver 
deux  milleecus  de  gages,  et  apparence  d'en  gagner  autant  en 
prat'u|ue.  Je  1'ai  hnmblement  rernerciede  1'honneur  qn'il  jne 
faisoit;  mais  ni  1'ambition  ni  1'envie  de  devenir  riclie  ne  me 
feront  pas  quitter  Paris.  II  y  a  cinq  ans  que  je  refusal  d'aller 
en  Suede  a  de  beaucoup  meiileures  conditions.  Je  suis  gueri 
de  la  pereyrinonianie  et  de  la  philfirgyric  .  ou  pkit»')t  je  n'en  .11 
jamais  ete  malade.  Je  suis  .  etc. 

He  Paris,  le  21  septembrc  Ki.'i.'i. 

LKTTKK  CCCCXXXVHI.  -     .\n  inhnf. 

Je  vous  remercie  de  vos  deux  dernieres.  d  contesse  vous 
avoir  de  tres  etroites  obligations.  Vous  eti-s  un  ami  admirable 
et  tres  obligeant.  Mes  ent'anls  ineme  snnl  ti'rs  obligt's  de  \<MIS 
honorer  par  le  soinque  vous  a  vex  d  ftix.  J'espt-reijueCanjlus. 
in  on  second,  ira  lui-meme  vous  renit-rcit-r  pour  lui  et  s^n 
frere  aine. 

•'I;  L'OII\I;I;;I'  dr  .Ir.m  ('Jiilllft  ;i  pom  li'ic  I'tilf's  }'el>ri'ft"j'is  nrljis 
ninericani,  ouvrayo  tic  pen  do  vnlcur  ;  in-i  .  J.cum..  l(».'n.  \"oyr7  l.i 
note  I.  II,  p.  112.  It.  P: 


54  LETTi'E.s  DE  r,n  PATIM 

Dans  le  convent  de  la  Visitation ,  h  Lyon ,  il  y  a  une  demoi- 
selle, fille  do  31.  de  Riant,  awseiller  d'Etat.  Sa  more  est 
niece  de  M.  do  Narbonne ,  et  s'appelle  Marie  dcs  Prez.  Cette 
belle  roligienst:,  <|ni  nest  pas  encore  professe,  est  conside- 
rable pour  sa  naissance,  entre  autres  belles  qualites  qu'elle 
possede ,  elant  descendue  dc  notre  grand  Fernel,  <jiii  a  ete 
vraiment  nn  incomparable  im-decm.  11  laissa  deux  filles, 
dont  Fainee  Cut  mariee  a  M.  Ijarjot,  ])rf\sident  an  grand  eon- 
ceil  i-t  niaiti'f!  dfs  requetes.  diupiel  est  deseendu  anjourd'hui 
M.  (rAiin'Hiil .  inaili1!'  d  hotel  de  chr/  le  roi.  Auiien.il  est  une 
te>  re  de  12,  (MO  livres  de  rente  en  notre  pays  de  Picardie , 
pi'es  de  Reaiivais,  a  deux  lictics  de  inon  pays  natal.  L'anlre 
fill'.'  fie  Fcrnel  t'ul  nuM'ii'e  a  M.  (lilies  de  Hianl  ,  president  an 
movtiei,  ijiii  inourut  Tan  I5i';7.  Kile  s'appeloit  Madeleine 
Fern  el ,  et  inuiirut  Ian  I(j'c2,  au  tnois  de  mars,  agee  do 
quatre-vini't-(juatoi'zo  ans ,  >•?  (/."nrm/to  /•ir/n/'t/ni  bencdicelvr. 
J'ai  ui'ai d  regret  quo  jc  n'ai  clt'1  auirefois  lout  expres  a  Ville- 
rai ,  an  IVirhr .  oil  olle  esl  inorte,  pour  avoir  I'lionneur  de  la 
voir  et  (if  lui  i>ai>cr  l«'s  mains.  On  nous  fait  bien  baiser  des 
I'olitjues  qui  nc  vaieiil  \-.\\-  ce! K'-la.  Si  inen  que  volre  belle  reli- 
^ieuse  "  piMit  Viinler  d  eire  di.'sf'endue  du  |»lus  grand  bomnie 
en1  i'Yte  d,ii:.-;  notre  ])i'i)!'e^sioil  ilepnis  liaiien  ,  puistjuo  le 
•  ;  .  id  ir,'i'i;e|  r  -t  -oil  h'i^a'lell !  ,le  Slli.S  ,  elf:. 

Dr  iv.ii*.  !••  •!•':  -« •.;>  hi'-  iv  ID.  :>. 


La  i!i;.J;i!iie  iji;e  \  ;H:--  a  vt1/.  pri-.  ia  peine  de  nit1  dd Tire  I  lent 

,'HKlqnt1  c'no.-e  f'e   !a  gun!!".  ,ie  eominis   ee  m.ilade.   rpii  e>t 

•  ro;np!exi"U  driirale     S  >n  pere  .  qui    avoit  les  eheveux, 

i ion's  .  muiirnt  dun  c.il.ii'i  lie  M:T  le  poiimtii: .  et  >.!  mere  (I  line 

i::ll;i!ii  ;   iti<  '    !:••  pi-miKni-  ('.Y'ldit  i.i  ieiniiie  l.i   plio  chagrin.1 

•  i ,  ,1    I,;  liuie  ,  it  ile  pills  eiie  ctu'.l  ii  «:1   l  uiiN.-e  . 

(I;  ,  \\  (  ~.\  cuii>l,!i,i  que  i  iiiii  iniitiaticii  de  ptiumnii  csi  toujuur  - 

ni'trt'-lie  ai;x  \n\^^  tu\    l-'eii  .''I.  de  I  t  \  igm'.  uu  de  IK»>  \\\-' 

rleeins  de  la  Fa-'uih''.  .-loit  I'ort  roii^sean  :  je  le  lis  u,i  jour  a[»- 


A    FALCONET.  .Vi 

peler  en  consulte  die/.  1111  secretaire  du  roi  ,  nomine  Collier. 
qui  avoit  soixante-quinze  ans,  et  qni  eloit  aussi  roussean.  et 
maladed'une  inllaminatioii  de  pounion;  ce  qui  fit  <pie  je  pre 
dis  qu'elle  lui  seroit  mortelle.  M.  <le  la  Yigne  medemanda  on 
j'avois  appris  de  pronosliquer  des  rousseaux.  Je  lui  ivpondis 
<pie  je  1'avois  remarque  loujours  tres  vrai  ,  outre  <|ue  je  1'avois 
oni  dire  a  M.  Nicolas  Pie.tre,  <|ui  1'avoit  appris  de  son  l'ivie  . 
Ie  grand  Simon  Pietre,  elque  la  raison  de  cela  etoit  que  les 
ruusseanx  abondent  en  serosite  acre  et  mali^ne.  II  meditqu  il 
1'avoit  toujours  remarque  de  ineine.  Je  1'ai  deptiis  In  dans  les 
Efihemerides  de  Baillou  (  I  j. 

Nous  avons  iei  un  ile  nosconipaynonsltien  maiade.  <pii  f>l 
M.  Allain,  savant  et  habile  Iminnie.  el  un  aiitre  nunnn'1 
M.  Chasles.  Celni-ci  a  totijoni's  aiine  ie  li:»n  vin  et  en  bolt  en 
qnanlite',  ce  <|ui  retardera  sa  convalescence;  1'uuhv  <  ^t  I'urt 
sobre,  niais  bien  plus  vieux,et  vons  save/  ijiie  la  vieilles^ecsi 
une  nialadie  inciirable.  Us  smit  tons  denx  I'nrl  savanl>.  !.  '. 
saisou  ou  nous  siiinines  ine  fait  jn'iir  pour  n:\  I.  antoinne  est 
aj'i])t;le  par  Teriullieii  ie  f'/nftifc/'r  <i<-  In  ?.•////,•. 

II  est  inort  un  dorteur  en  tlieoioyie,  nonnne  Coquerav,  en 
prande  reputation.  II  i.-toit  principal  <!'.:  college  des  Grassins, 
directeur  ile  carinelites  par  totite  la  France,  ^rand  conl'es- 
seur  des  ivliyieusi.-s  ,  et  de  tou>  les  ilt'-iiaiK'b.'.s  de  Par:-,  et  de  la 
eonr.  On  (lit  ipi'il  est  niprt  a  Marseille  ,  on  i!  /•(  .it  alle  dans 
une  belle  litiere  aux  depous  des  cannelitesel  dn  pnr^atoiiv. 
roiifesser  qnclquc  inoine>se  et  refornuM'  quelque  eiuiveut  C,e( 
bomme  di'Voit  avoir  IMialeine  Ires  puante:  e;ir  liicii  dc>  ji.'-- 
rbc<  secrets  lui  eloit  -i  it  etonHes  cl  ponrris  dans  sun  oli'inae  • 
iM'lnes  tins  I'aeloient  nil  j-'^jiifi-  niiiiui'v  Je  siii>  .  ric 


\     I.,:  iTin.ti  ••;•!.•  |i-  .ili.j'.-.  <!(•  I  ,!M   Palin  rif  lii.iiiijiic   \>  i-  <io  jn»lf-"»-  . 
il  nVn   «-i   ,,;,-  ,].<   HUM  .....  1,^  la  raii-o.  i...  u-riliiMr  .«•><!   qur  !<•-  |>,-r 
-<»inn'S    rt>u--i'«    Hi.;    ic-    n:f  jiii'i'.'i;,!  •    niiiij,i:  i>^  -    in'-.    ioi;?f-.    (luiu'c. 
'Vniic  ;',i;ititif  \it.iiilr.   f'  par  ••(i;i-i'-t|!ifiil  -;ij.-lit--    .1    ,l<*  \;<',\  nmi;.v,  inr-i 
ire',  inlcii'-c-.  1\.  I1 


LETTKK  (XCCXL          I//  mnm. 

Co  mot  iTest  quo  pour  votis  remercier  de  votre  deruie.re, 
ot  do  la  belle  connoissance  quo  vous  m'avez  donuee  de  M.  le 
comte  do  Rein'1,  qui  a  pris  la  peine  de  ra'apporter  lui-memc 
vofro  letlre.  et  de  la  m'emmena  chez  lui ,  oil  je  diuai  aver 
M.   I'archeveque  de  Narbonne ,  M.   (iodeau,  eveqiie  do  Ya 
lence,  31  do  Lingeiulv,  evrque  do  Miicon  ,  M.  I'evequo  d'Aire  , 
et  quelques  abbes;  im'is  y  a\ons  bu  a  votro  santo,  et  y  boi 
runs  eucofo  .  Dion  a.daiH.  Voyo/combien  je  vous  ai  d'olili.^;;- 
tion.  II  faut  quo  je  vous  t'asse  le  oornplinioiit  do  Virgile  : 

7  it  I h nra  joi'i  Uigur 


•I*1  comioissois  bion  cos  deux  premiers  evoques  .  ol  lo  bou 
vin  do  Condri(-u.  do  M.  do  .\arboune.  no  sorvit  qu'a  HOIK. 
ivmettre  "ii  train. 

.1  ospere  quo  vous  Irouvere/  buau  le  livre  tie  M.  Hiolan  ,  on 
attendant  qu  il  en  vienne  d'antres  quo  je  vous  puisse  euvoyci1. 
Si  M.  Harbier  n  entrepreml  I'edilioii  do  la  philosophic  d'1 
I\i.  Gasseudi,  jc  tacherai  tie  iahe  en  MM  le  que.  M  cost  quelque 
(ibi-aire  ne  l,\o!i  .  ii  en  iuij-riiiic  pour  sa  par!  queiques  (Mini"- 
k'iiisfjiir  I  'on  ooi!i!i"';ice  I  V'dii  mil  du  li\  re  do  M  .  l\i\'ioro.  laites 
on  ^orte  qu'elle  MM!  bien  corroc'o.  N'oiis  avo/  maiiitonant  a 
I, yon  M .  Sauvagooii ,  qui  est  bion  propro  a  oela.  On  no  parle 
ici  (jue  dn  diie  dc  Modono  et  do  la  HCOSM'  guerre  tpio  nous 
lo.i'ous  l;-!i'  procbaiii  en  Ilalie;  inais  le  roi  do  Sued*;  >o  i'ait 
bieu  oraitidie  en  Pologno,  et  me!  tonic  I  Aileina^ne  en  line 
etrangi1  apprebeii^ion  pour  lo  prmieiiq^  piodiain. 

Appreiti  /-inoi  qui  est  It1  uiodt'cin  du  convent  ties  lilies  de  la 
^  isita'ion  a  !.\cn  ,  el  apres  je  vous  mandorai  pounpioi  c  est. 

Faites-nioj   I;.    ^i;'fO    d 'a>sill'f'i'    ^i.  Colin    quo  je    MIIS   soil    tve.s 
hu it') bio  -cr\  liciir :  M  j'enssc  ^u  son  depart  d'ioi  .  je  voiis  eiisso 


\    K.M».0.\K1. 

T'Tlt  alol'S.     I  ii'f  .  I'uli  ,  li'tiui    >'.!    mtnim  in/itni/crti    r<'tt<iiini . 
tuflioribus  titffi'  fat  is.  Jesuis.  etc. 
Po  I'ari- .  !'•  24  decembre  HKiiS. 


LKTTHKCCCOXIJ 

Je  viens  df  coiisidler  aver  M.  Moreau  pour  une  da  mo 
lorraine  <|iii  a  eu  trois  t'ois  la  peste.  el  qui  ressent  des  douletirs 
;i  tons  k-s  cliangeincnts  de  temps  aux  endroits  oil  elle  a  eu 
df.s  chai'bons  el  des  abces  peslilents.  Nous  l'a\t)ns  renvoyee 
a  la  saijjnei:  ,  a  la  IVequonte  purgation,  an  petit-lait,  an  bain 
dean  tH'iie.  an  lait  d'ane>M>,  el  a  un  exact  regime  de  vivre 
(jni  la  rat'raicliisse  «'l  riininecte  ,  ear  elle  est  toute  de  sou f re. 
tort  seelie  el  preMjiie  lieciiijiie.  A  propos  de  reniedes  ,  j  ui  vu 
mi  capitaine  ijni  a  ele  en  Alleinagiie  .  qui  m'a  furl  Unie  les 
pilules  de  Franelort.  Je  lui  ai  dil  (|iie  je  les  eonnoissois  eunjine 
nri  reinede  tort  usile  en  Alleinagne  .  mais  <|iie  nous  ne  IHU!> 
en  M-r\ions  gnere  a  Paris  ,  pa  ire  <|nYtant  laites  d'aloes.  files 
donnent  le>  lieniorrlioides  .  auxtjtielles  nos  bourgeois  ne  soul 
ijne  trop  siijels  par  lenr  iuteuiperie  l>ilieiise  et  leurs  de- 
bauelies  Obligez-nioi  de  m  indiquer  ipielque  autenr  qni  1»^ 
ail  bien  decrites  (l);  ju  ne  les  trouve  point  dans  ines  livres  . 
p.ts  ineme  dans  le  Scliroderus,  qui  en  a  lait  le  (in,  et  ne  lesosc 
deerire  de  |ieur  de  les  rendre  e(iniiniines.  1','est  line  elio.-e 
pitovable.  de  \oir  coininent  le  peiiple  abu>edes  reniedes.  l.e^ 
prnpiieles  speeili(|iles  .  coinine  e«'lle  d'.i  liarelig  eontie  la 
g'Hitte.  .-out  (ies  brides  a  veanx  el  ties  illn^idiis  d'einpiriqneN. 

M.  Uiolan  »^t  I'oit  vieux.  i\I.  K.  Moi'ean  se  porte  mieux,  tout 
ea>se  ijii  il  (•>,(.  I. cnr  inort  et  noire  vie  Mint  entre  les  mains  <l:i 
grand  Maitre.  (|ni  en  disposer;!  eomnie  il  vondi'a. 

1  \oyc/  Jutirdan  .  Pfmrmacuiiee  uti  rri-selii  .  on  <'<nt*i>ec.tiix  d- 
touii-s  lenpi'ttnnai-o]),'-?*  ,  l'ari> ,  1810.  t.  I .  p.  i:i7.  1{.  |'.;, 


?>A  I.ETTRES    DE    liUI    1'ATIN 

II  n'y  a  pas  longfemps  qu'on  mo  fit  voir  ici  1111  Auvergnat 
mahulc,  lequel  (Hoit  soupconne  de  ladrerie  ;  peut-etre  que 
sa  farnille  en  avoit  quelqne  renom  ,  car  pour  sa  personne  il 
n'y  CM)  avoit  anemic  marque.  (A;! a  me  fit  souvenir  de  quelques 
families  de  Paris  qui  en  sont  sonpcoiinees  :  mais  actuelle- 
inent  nous  ne  voyons  iei  ancuii  lad  re,  si  ce  n'est  a  regard  de 
1' esprit  on  lie  la  bourse.  Autrelois  il  y  avoit  nn  iiopital  dedie 
pour  les  recevoir  an  faubourg  Saint-Denis.  On  n'en  voit  an 
rim  ni  en  Norman-lie  ,  ni  »'ii  Picardie  ,  ni  en  Champagne  . 
quoique  dans  toutes  ct's  provinces  il  y  ait  des  maisons  <]ui 
lent1  I'toient  destinees.  et  qui  sont  converties  en  hopitaux  de 
pe?t''s.  Autrpf'ois  on  prenoit  pour  ladres  d/vs  veroles  ,  que 
rifrinM-ance  des  rn<''decins  et  la  barbarie  du  sit-ele  faisoienl 
prendre  pour  (els.  Neanrnoins  il  y  a  encoi-edes  ladresen  Pro 
v riirt',  en  Languodoceien  I'oitou. 

M.  le  Gagneur,  notre  meilecin  .  e.st  bicn  laclie  d  avoir  >uivi 
le  princi1  de  ("onli,  aup:  c>  duipicl  K.  I5rlli'\  a!  lui  rend  de  m;m- 
vnis  olfiees.  L;:  cour  r>t  mu'  belie  putain  ipii  doime  bi( n  sou •- 
»''iit  •!  >.es  amoui'i  u\  dr>  ca>sades  ct  de  b;'ile->  espi'-rancev 
I'oiir  moi ,  j'aiine  mieux  mes  livrt-s,  <pii  I'onl  ma  tranquillity 
plus  sure,  etqui  I'eronl  pcut-etre  cell*1  de  mes  enfants.  II  e-» 
vrai  que  je  n'en  serai  pas  plusriebe;  mais  asnsi  j  en  aurai 
rnoins  d'in(|iiietude.  Pibrac  tinit  ses  (juatrains  avec  ce  vcrs  <pn 
finira  anssi  nia  lettre  : 


Jc  sui1-.  ,   etc. 

Do  I'iin-..  li-  -2-2  f.Mi-i.-r  !<Ml). 


I.KTTI'iK  CCCCXIJI.          I//  :»<'»"• 

P  lii:  !-•;>. iiidiv  a  \oli'e  drniiei'i1,  iiuc  M.  l-ancin-nu  m'a  ron 


par  son  propre  un-rite  et  p;ir  Irs  obligations  i|ue  je  vous  ai  en 
tres  grand  nonibre,  dont  jo  me  ressouviens  tres  bien,  II  ne 
fera  iei  guero  de  remede> ,  faille  de  loisir;  j'espere  que  si  pen 
quo  nous  lui  en  ferons,  le  Hisposera  fort  a  rorevoir,  par  v<>-. 
bons  eonseils,  la  perfection  de  .si  guorison.  II  so  purge  qnel- 
(jiictois  et  use  (hi  dciui- hain  ,  niais  raivrneiil ,  f'autr.  dr  loisir  ; 
d  a  iri  d'anti't's  aliairt-s  ijui  It-  pivssent.  Je  suis  tout  ravi  (pie 
vous  aimiex  taut  notre  Feme!  ;  cet  lionnne  est  tin  di-  ines 
saints  avec  (ialirn  el  feu  ^1.  Pirlre.  ,1'ai  (lit  ;i  niadaine  de 
Kiant  ,  la  mere  de  vofre  belle  reiigieuse  .  <|iie  je  tiendrois  a 
plus  grande  gloire  d't'-tre  deseeudu  de  Fernel  tpie  d'etre  roi 
d'Kros^e,  on  paivnt  d"  1'empereur  de  Constantinople.  Kernel 
a  ele  lion  ,  sago  et  vavant  ,  ct-ft'in>/iii'  imsfrinn  />''m;  sejitillfim  in 
luri'in  ,  nc  flictiui  ml  ci//nn  i-'-rnrnrlt.  .lainais  prince  ne  fit  taut 
de  bien  an  monde  ((lie  Kernel  en  a  fait.  ObligPZ-moi  de  dire 
a  votre  belle  religiense  quo  je  me  recomniande  a  ses  bonnes 
prieres.  Si  jarnais  inon  tils  va  a  Lyon .  il  ne  manquera  pas  de 
vous  aller  saluer  font  le  premier,  et  el|i>  an<si. 

N'y  a-t-il  pas  inoyen  di1  reeouvrer  mi  livre  dn  pere  Theo- 
phile  Kayuaud  ,  on  an  nioins  savoir  oil  ii  a  eti'1  imprime.  in- 
titule :  Jud(p  [Hit/i-i'i  ,  >•//•/'  niiii<fntti>  n  /-I'/ir/xi-iis  fiffffnibiia?  Ce 
livre  est  nn  de  ines  souiiaits  ,  et  je  n'en  >aurois  venir  a  bout. 

La  fabrique  des  lis  d'or  et  d'argtMit  est  aeenueli.'-e  .  on  n'en 
fait  plus;  ee  qui  me  fait  eroire  que  I'edit  en  sera  revoqin'v 
Je  vous  rends  graces  dn  quatrain  de  Nostradamus  ,  je  I'avois 
vu.  II  taut  prendre  re  qui  vient  ,  et  se  tt-nir  ;i  ee  que  I'on  lien!; 
ct  pour  n'elro  pom!  tronipe  ,  il  ne  fan  I  fa  ire  aiicim  etat  drs 
visions,  dr>  proiilit'-ties  .  des  mira<'les  c(  des  mysteres  nou - 
veaux.  Nous  en  avuiis  as^e/  dn  temps  pas\e  :  /•'•//./•  ////>  ///- 
("if  .  etc.  Je  vous  baise  mille  t'ois  les  main>  .  ft  >uis,  UKIII- 
sienr.  etc. 

Do  Paris,  Ic  -J'.)  mars  H\IW. 


60  I  M  M«l->    I)K    1. 11    PAT  IN 

LETTKK  CCCCXUII.  —  Au  /mw». 

II  me,  semble  qnc  c'est  un  sunge,  quaiul  je  me  souviens  dn 
voyage  (jue  vous  avez  fait  a  Paris;  mais  puisqu'il  n'y  a  point 
fie  remede,  il  taut  I'oublier.  J'espere  que  cette  bonne  Ibrtnne 
me  reviendra  quelquejour. 

La  reine  de  Suede  if  a  pas  etc  it  Paris  autant  qu'ellc  ent  de- 
sire. Elle  n'y  a  pres<pie  rien  vu.  Neamnoins  elle  a  eu  de  dcea 
1'approbatioi)  deceux  qni  out  en  riionneur  d'approcher  d'elle. 
Elle  a  1'esprit  tort  pen-ant  el  tori  present.  Elle  n'est  ni  bete 
iii  bigote.  Elle  n'aiine  ni  lennm's  ni  lillrs.  Elleentend  bien  !•' 
latin,  et  en  sail  pins  quo  beaucoup  de  yens  qni  en  font  pro- 
fession. Je  sais  de  bonne  part  qu'a  vingt-trois  ans  elle  savoit 
tout  le  Martial  par  co'iir.  On  dit  qu'elle  fail  grand  elat  d- 
Catnlle,  de  St'iie(|ne  le  tragiip.ie,  mais  encore  plus  de  Ln  • 
rain,  .le  serois  Ibri  de  son  avis.  Fen  M.  (irotius  ctoit  extreme- 
ment  passiomie  pom1  c,ci  autenr.  II  en  avoit  toujours  nn  dans 
sa  poclie,  qu'il  baisoit  plnsienrs  Ibis  le  jour.  Pour  Seneqne  U* 
tragique,  c'r^l  nn  admirable  eciivain.  II  esl  beau  partont 
pour  bien  du  moiide.  II  y  a  in  //•</>"/>'  nn  ciiirur  (jiii  euin- 
mence  :  1  crum  cxI ,  mi  tiinidus  j<ii»/l<i  ilct'cfii1 ,  I  iitbrut  co/'/m- 
/v'A//,s  riri'i-c  con'lif/s.  Si  N'ous  le  lise/.,  vons  tronvere/  cpiecC-t 
la  religion  de  plusienrs  persoimes  d'aujourd  htii ,  entre  anti'*-. 
des  princes ,  des  grands  ,  des  magistrals,  do  superieurs  di1 
religion,  meme  de  ipieltplt'S  niedccins  el  iiliilosopbes.  II  cs| 
probable,  dit  Ciceron  ,  qnect-nx  <|tii  s';ippliipienl  a  la  philo- 
soplne  ne  eroient  pas  <pf  d  \  ail  des  dienx.  II  y  en  a  encore 
[(Insieui'N  anti'e-  .  mais  il  n'est  pas  neeessaire  d  en  I'aire  la 
lisle  Les  esprits  t'-veillt'S  ,  It-Is  ipie  celui  de  la  reine  de  Sut'di' , 
ail  lien  I  de  telles  poinleset  de  ces  snbtilite's  ijiii  passent  le  coin- 
m"ii.  Poursa  conversion  proc'iirce  par  les  jesuites,  y  ne  sais 
<|U  t'li  dire.  Ken  moil  pt-re  in  a  appris  qne  le  gros  M.  du  Maim1, 
ciiff  di1  la  Ligne  ,  <li>oit  qne  Ics  priiici'^  n'avoient  point  dc  iv- 


FALCONET. 


ligion  ,  i|u  'up  res  avuir  pa^e  I  age  de  ipiarante  ans  ,  quaiitl  ils 
deviennent  vien\  : 


.....     CUHl   ntlllllHI    IKlb 

.)/n/>  iiitlaii*  uiiijnra  f'tial  ; 

loisipi'ils  deviennent  sages  ,  on  ilu  nioins  |orsi|u'ils  le  de- 
\ioient  el  iv.  Qnand  je  considere  le  chemin  i|iie  eette  reine  a 
lait  depnis  deux  iins.  sans  celui  <ju  Vile  lera  ,  jf  me  souviens 
ilu  conte  d'uii  rt'Tla'm  Italit-n  (|iii  T-loil  inaladc  sic  In  in'n-- 
i/t'iiiimiiiiiic,  on  inalit'lie  ile  voya^ci1.  I'ainiliere  aux  Allcmands. 
II  \int  a  (ifiit've,  el  ayant  vu  coiiinifiit  vivoient  U-s  ininistre.s, 
intfiToj;*'  (I  c  ux  cf  tju'il  pensoii  df  Icnr  religion  .  il  lour  re.  - 
pondit  '.  /://'  n  i'sf  /my  nitnn'iiisc  ,  nun*  In  nofri'  pat  jj/ns  cunt- 
,/Kit/i  i»,iir  ul/i-r  /in/-  li-n  i»ii^  Ainsi  ,  dans  le  dessein  (ju  elle  a 
cii  dc  voyager  en  diH'erents  pays,  elle  a  pu  prendre  1  avis  dc 
ret  Italien,  et  sans  doute  elle  ne  (xnivoit  pas  aisement  voir 
Koine,  le  pape  el  tant  de  papillons  <|ii'il  y  a,  sans  se  travestir 
fomme  file  a  tail,  soil  ipi'elle  I'ait  tail  seriensernent  ,  on 
non  1). 

Pour  .M.  Honrdelot  ,  son  medecin  il  s'appt'lle.  Miclion  en 
MIII  sni'iioin,  et  1'a  change  par  ordic  lestamentaire  d'nn  sien 
nude  (|iii  Ini  laissa  line  hflle  hihliotheipie  qni  valoit  hien 
linil  inille  t'ranes.  II  vent  qn'on  It;  eroie  savant  ,  dn  nioins 
est-il  adroit  et  propre  a  la  conr.  II  est  tilsd'un  rliirnrgien  de 
Sens  et  a  ete  garron  apothicairo.  II  a  untrefois  voyage  rn 
Italie,  pnis  s'esl  fait  medeein.  IVit  aj)res  il  s  aecosta  de  (iue- 
nant  .  ((ni  le  init  aii|>res  dn  prince  de  (londe.  Knlin  ,  apres  «nie 
j'ens  refuse  ,  il  y  a  pins  de  six  ans  ,  d'aller  en  Snede  ,  leu 
.M.Saninaise  voyant  qne  j'avois  trop  dt>  penr  dn  IVoid  de  i'e 
pays  la  .  y  iiomma  Hourdelot  .  ipu  a  garni  >es  mains 

<  In  tient  ie  i  ijue  le  cardinal  de  Hot/  esl  en  la  Kranohe  (Joint-- 

,1  (<o  jti{',i'in«Mi(  *ui  (JirUlim-  ji.ii  nn  ronleiuporain  au>-i  spirilm-l 
«juf  (jui  I'atin  proiMe  t|iu-  cctlf  reiuc  .  lidelt-  a  sa  <l«'vi»f.  fntn  riain  ,n- 

•        •:     f-lll         II    ,  IX,  III    I  |i    II    ill*    llXC   III   (lilll-    I'l'split.     hi    «1ailS     II'-     .lllli    lllMI-          III 


t>;2  LKT1KKS    DK    (.11    1'ATIV 

•til  <|u'i!  vent  meltre  son  arelieveche  de  Paris  a  I'iriterdit  et 
exeoinnnmier  bien  dn  monde.  I!  nons  a  dcja  Tail  manger  de 
la  viande  tout  1111  rareme  sans  oUt-nscr  Dim  ;  pent-etro  ([lit: 
par  ci-apres  il  nous  exemptera  d'aller  a  la  messe.  Pour  ['ex- 
communication ,  c'esf  nne  commodite  |)oni'  (juelqncs  mis  ; 
car  (in  dit  qif  un  hoinmr  cxrouiinunii'  IK-  pent  pas  (Hro  novi'1, 
paicc  qu'il  nc  va  jainais  a  fond.  Laisson>  Ics  railleries  et 
'm'aimez  toujours  seriensernenl  cointnc  jt.-  von-»  ainn'.  Adieu. 
Do  l'ari««,  !«•  0  (ictolnv  !<>.'»< i. 


LKTTRK  CCCCXLIV.  —   U  »//«»..•. 

Jc  vous  ecris  ce  mot,  i)ien  afllig<' :  la  nnut,  cctte  rnuille 
deessc  dn  rnonde,  IHHH  a  ravi  oetlesemaine  denx  de  DOS  doc- 
dans  la  conduite.  II  y  avail  tin  i:ira<jo  dan.-«  cello  loniiuo  orgiioiHeii'-e, 
\ioicnto  \o>oz  t.  II,  p.  :!-')o  ,  et  bt-aucoup  Iroji  \aiitec. 

A   v;i  j'i|ic  I'oiirtc   (I    Ic^rtc  . 
A  MID  |ioiii  jiniiit  ,  ;i   -iini  (-i)lk-:  . 

\u  rli:i])onn  y.irtii  d  i n  ii'ini.i'i 
An  rnlian  jxiin  rni.1  <ji;i  ppnilai! 
1  r  pnr  ilr-.  ;\nl  <-t  p;\i   ilrnii-n-  ; 
A  sa  mine  •.•alanfo  ct  firrc . 
D'amazoni!  <•(  d'avculnrii-re; 
A  CT  uc'7.  ilc  ciMisnl  rom.iiii. 

A  cc  front  a!li<'r  il'lici  IM:I;-  . 

A   re  f^ranil  ceil  tcixlic  cl  liaiitiiin  , 

M'i:ns  l)r:in  tjnc  lc  v Til  re  c-l  inoins  (in  , 

Soiulain  je  reeonnns  (.lirisliup.  l-/c.     Voltain.-.  ; 

Madame  de  Molteville  nous  point  ainsi  Yumuzone  sucdo/S:'  aimant  a 
Conipiegne  «  avec  sa  pcrnnpie  dofrisi'e,  sa  chemise  (Dionum- ,  sa  iaillo 
un  pen  bossne  ,  ses  mains  assez  Lion  failes.  mais  si  crasseibes  (jif  il  clail 
impossible  d\\  apercexoir  gin'mu-  beaule.  »  !l  l.uil  a\oner  tpio  ]0 
portrait  n'osl  pas  flalte.  [»  |> 


A    FU.OONKl.  03. 

teui's ,  qui  out  etc  d'oxcellonts  lionunes,  dont  I  an  est  le  lion 
M.  K.  Moroau  le  |  ere,  liomme  d'honneur  et  de  grand  merite, 
(|ui  est  mort  do  vie  illfsse  ct  do  troj)  de  travail,  aye  desoixante- 
dou/.f  ans ,  lc  1?  dc  cf  mois;  son  immoderation  ii  lY'tiide  la 
la  it  [laroitiv  vicux  avant  If  temps  :  iiitnmilii-ix  />/VT/N  i-sf  ii'tu* 
rf  r/H-a  seiu'cttts.  L'autro  est  .M.  (iiiillfinoau,  qui  est  mort  ajje 
lie  soixantf  -huit  ans ,  If  -21  d'octobro,  mm-ron-  /ii-nr  i.-nnfn- 
tns  (l).  II  y  a  deux  mois  <|ifil  s»-  mil  an  lit;  il  y  a  cinqnaiite 
jours  qu'il  ne  dormoit  prfsfjiif  point .  ft  vingt  jours  (ju'il  ne 
buvoit  point,  par  nne  elrange  aversion  (ju'il  a  true  (-outre 
toute  matiere  iiotuti-nff ,  ft  mt-me  il  avoil  tie  1'ljorreur  pour 
toute  sorte  d'aliment ,  n'ayant  j»r:s  ipif  dcs  bouillons  ,  ft  en- 
core rarement ,  ce  <jui  etoil  trop  pen  pour  If  i'aire  subsister  , 
si  bien  <pie  je  pourrois  voiis  dire  dn  cotf  dcs  aliments  ([u'il 
n'u  pas  pi'is ,  i\\\u  ftm'abnlm'jt  minimm  sumn.  11  avoit  ,  dfpnis 
Tan  l(')3'2  ipic  j  avois  riionneur  de  le  connoitr.-  ft  <jue  nous 
avions  ele  compaiinons  de  licence,  jele  souvent  du  pus  du 
nifsentfre,  el  je  ne  doute  pas  <[ifil  n'y  cut  la  quclquc  chose 
conire  nature;  de  plus,  il  avoit  de  grandes  douleurs  hemor- 
rlioidales  et  des  douleurs  a  la  vessitr. ,  ee  <|iii  nous  avoit  la  it 
souvent  sotipvonner  qu'il  n'eut  la  pierre.  Avee  loutcela,  il  a 
1'ait  lui-meme  de  sa  tele  et  sans  not  re  participation  un  qin  pro 
quo  ,  il  y  a  fii\ii'on  dix-huit  jours,  qni  la  tail  inourir.  (>es 
deux  liomnif>  soul  morts  a  (juatnr  jours  pivs  1  1111  dc  1'auirL-, 
ft  ils  sont  t.'ntf rn'-s  Ions  deux  dan>  Saint-Jean  ,  asx-/  prcs 
I'un  de  I'autre  ,  atipres  du  grand  Simon  I'ieti'f,  <pn  inourut 
ici  1'au  1(')IS.  Voila  nion  aflliclion  .  vous  voyr/,  bien  qu'flle 
u'est  pas  sans  causje ;  j'y  pertls  deux  bons  amis,  notrc  liu-ulh! 
v  pei'd  deux  boiis  et  excellenls  s/'/y/'i/x.  .Me  voila  done  attriste 
pour  deux  diflerentes  raisons  ;  je  s.iis  bien  qu'il  faudra  .M; 
cuiisoler  ,  ct  qne  If  temps  yiifril  tout  :  mais je  ne  desire  point 
ill.  meilleure  consolation  (|iie  vos  bonnes  Braces,  et  de  savoir 


64  i.ETiKKs  DK  ta;i 

(jut1  vous  me  t'aites  Ibomieiir  de  m'aimer:  sove/  aussi  assure 
que  je  suis  de  lout  inon  eteiir,  votre.  etc. 
!)<•  Paris  .  It*  -2i  nc'nhrr  Ki.'Sfi. 


LKTTKK  CaTAIA.  \»  mhnt?. 

J'ai  recu  avec  prande  join  votre  lettre  ,  i|ui  in 'appreii •!  <pie 
le  jenne,  Lemaitre  est  <,Mieri  ;  il  vous  a  bien  de  rohli^aliou.  il 
lui  taut  (In  temps  pour  son  retablissemfinl .  car  il  est  natnrel- 
lement  foible  et  dt'licat  ,  m-  raxr  l",i:fttr<t'  .  .-t  prinnpaloment 
(>n  cetle  saisou.  Vous  lu'avex.  t'ifc  fort  a  propos  un  l»eau  disti- 
i|iie  :  ijui  rii'i'!  in  fnlilx .  clc.  ;  mais.  de^race.  save/-vous  qui 
en  est  lc  vrai  auteur?  I.ouis  Duret  Irs  a  cites  sur  l.i  pratiipii: 
de  Hollier.  .le  suis  de  voti'e.  avis  a  I'eiiard  des  roiisscaux  ;  jc 
n'eu  ai  janiais  coiinu  dout  ]c,  u  aie  eu  enviede  me  deliei'.  On 
dit  (|ue  Judas  1'etoit  ;  pour  moi ,  jc  crois  ipi'il  ctoit  pis  tjue 
rousseau  ;  puisipi'il  veudit  son  maitre  <|iii  i-tuit  si  him.  il  I'alloil 
(ju'il  eut  li!  (liable  an  corps.  }\.  Spoil  vous  potirra  dire  (|iit'l 
(jue  chose  des  scribes  ct  des  pharisieus,  ipie  j  ai  mis  (lal)^  s;t 
lettre;  il  y  a  dc  <pioi  en  rire,  <'t  xi  In  nc  (<•  nnri ,  vous  en  rirex  1  i. 
II  vous  (lira  aussi  ce  ipii  en  est  de  .M.  liasscii<li.  1'our  votrc 
Consultation,  je  peuse  avec  VOIIN  i)ue  c  est  un  anevrysme; 
mais  pounjuoi  me  souhaiter  la  pour  \  r-trc  president  ?  .le  me 
tiendrois  beureux  d  y  etre  ;i  vos  coti^:  priit-(Mre  ipu^  ipielqiie 
jour  nous  nous  rencontrerous. 

Nolr»!  jjauvre  dorliMir.  M.  (-basics,  sen  va  .  il  u'en  pern 
[)lus:  il  a  trop  etc  an  cabaret;  il  n'a  ipje  o'mmumtfi-sept  an- 
M.  Allain  est  un  paralytiipie  coulisi|ue.  ijiii  nc  sauroit  jiasser 
1'biver, //'  (lii-x  iimrci'vit ;  il  mourra  tout  (abide  et  bectimie;  il 
a  environ  soi\aiitc-cini|  ans  ,  ct  paroit  en  avoir  plus  de 
soixante-dix.  Le  roi  a  etc  malade;  mais,  ^race  ;i  Dieu,  il  >>c 
porte  niieiix.  Valol  avoit  encoiiru  la  disgrace  p'lierale  tie 

i    \ '(»>.-/.  tunic  II ,  p.  I>I:L 


\    I-1  \ir.0  NET.  <>,') 

la  rour,  et  meme  ilu  roi  el  de  la  rein*1;  inais  it-  Ma/.arin 
I'a  mainlenu  par  raison  d'Klat  et  la  sienne  particulierp.  I. a 
reine  avoit  mande  notre  (iuenaul  ( <(ui  est  tine  mechanle 
peste  antimonialt\  ;  inais  des  le  lendemain  qm-  le  Ma/ariii 
Cut  arrive  do  la  fete  a  Fontainebleau  ,  on  le  renvoya  de  deca. 
II  n'est  pas  bien  a  la  cour,  tant  ii  raison  du  prince  deConde, 
dii(|iiel  et  de  feu  son  pere  il  est creature ,  qu'a  raison  de  1'an- 
liinoine;  joint  que  c'est  tin  dangereux  homme.  auquel  on  au- 
I'oit  peine  de  se  Her.  II  n'y  a  qne  trop  de  medecins  a  la  cour. 
Valot  el  la  Chamhre ,  Sequin  el  Ksprit .  Vvelin  et  Hodineau 
L'usa^e  des  eanx  minerales  etoit  fonde  snr  la  polil'ujne  de  la 
cour  et  du  temps.  I'ersonne  no  sail  iei  fort  bien  la  qualite  du 
nial  du  roi;  (iuenaut  iiKMne  n'en  Cut  pas  d'a.-coi'd  aver  Valol. 

tiitli'  / /'it'  ct  I iifi'i/iiui'. 

Le  pauvre  roi  de  Cologne  est  mine,  et  presque  depouillc  : 
Ir  roi  de  Suede  en  est  le  inaitre,  il  tient  Varsovie  el  (Iraeovie. 
Le  pape  a  envoye  an  roi  de  Pologne  400,000  ecus ;  inais  on 
dil  <|ue  la  France  est  ({'intelligence  aver  le  roi  de  Suede  ,  et 
qu'il  n'est  point  sorti  de  Stockholm  <pi'apres  en  avoir  louche 
I  CO. 0(K)  ecus:  voila  des  cartes  bien  bronillees  pour  1'ete  j>ro 
chain.  Le  pape  demande  la  ]>aix  des  deux  coiironues,  et  dit 
ipie  le  roi  d'Kspagne,  lui  en  laisse  plein  pouvoir.  Le  nonce 
presse  qu'on  lui  fasse  repoiise;  inais  quelque  chose  qu'ou  lui 
reponde,  je  pense  (pie  reux  de  deca  ne  veulent  point  la  paix, 
el  iju'ils  diseiit  coninie  ce  vieux  liqueur,  /mr  In  </n/-/'/-i-  nuns 
r it'iif  /c  ir/'ilil  <•/  /i' /i/i'/i. 

Notre  bonhomine,  M.  (lassendi,  t'st  moil  lediiiianche -2-i  oc- 
tohre,  a  trois  heures  apres  tnidi ,  a^t'de  soixante-cinq  ans  (I 
N'oila  une  ^rande  peile  pour  la  ivpubliquodes  boiines  leltres; 
j'aimerois  inieux  (pie  dix  cardinaux  de  Home  fussent  morls. 
il  n'y  auroit  point  tant  de  perte  jiour  le  public:  au  contraire, 
le  pape  y  tjagneroit  ,  car  il  I'cveudroil  leurs  honnets  vacauls 
a  d'autres,  <|ui  out  bien  envie  de  fa  ire  fortune  a  rejrii-la. 


0(j  I.ETTKF.S    I)K    M'l    PATIN 

Jo  verrai  M.   le  oomte  de  Kebe ,  puisque  voiis  le  sonhaite/. 
Je  suis,  etc. 

DC  Paris.  l(>  1"  iiovombrt1  1<>,H(>. 


mTKK  CCCCXLVl. 

Notre  comnmn  ami,  M.  U.  Moreau,  inourut  ici  le  17  oelo- 
bre  (i).  Nous  apprimes  celte  mauvaise  nouvelle  le  lendemain 
a  la  messe  solennelle  que  nous  faisons  eelebrer  en  nos  eeoles 
le  jour  de  Saint-Luc,  oil  nous  etions  qualre-vingt-six  mede- 
c.ins.  II  Cut  enterro  dans  Saint-Jean-en-Greve  en  belle  coin- 
pagnie.  Nous  etions  plus  de  trente  robes  rouges  pour  lionorer 
sa  pomj)e  Cunebi'e.  II  Cut  mis  proche  du  lieu  ou  a  ete  enterre. 
Tan  Hi! 8,un  de  nos  grands  hommes  (jui  aient  jamais  ete,  de- 
puis  (Jalien,  en  notre  profession,  savoir,  M.  Simon  Pietre, 
(jui  avoit  ete  le  Mecenas  de  3J.  Moreau  ledet'unt.  11  est  t'ort  re- 
grette  de  tons  les  honnetes  gens  de  sa  coimoissance ,  et  parti- 
eulierement  de  notre  Kaculte.  Je  eroisbien  qu'il  y  a  quelques 
grimaudsde  la  nation  antimoniale  qui  ifont  ni  humanite  ni 
charite  pour  personne,  qui  ne  sont  point  inarris  de  sa  mort, 
esperant  par  ce  moyen  tie  Caire  leur  moisson  un  pen  plus  do- 
ree;  mais  tels  gens  ne  sont  point  eapables  de  Caire  lionneui1  a 
quelqu'un  ,  ni  meine  du  deshonneur. 

M.  (iuillemeau ,  un  autre  de  nos  i  I  lustres ,  apres  avoir 
longtemps  combattu  avec  la  mort,  lui  a  en  fin  cede.  11  est  mort 
trois  jours  apres  M.  Moreau.  Notre  Faculte  perd  l)eaii('oup, 
lant  a  1'un  qu'a  1'autre.  Helas !  les  mediants,  les  Courbes  ct 
les  imposteurs  publics  ne  meurent  point,  et  ces  honnetes 
gens-la  meurent!  Neanmoins  je  n'v  sais  point  de  rernede  ,  le 
temps  des  autres  viendra.  Kn  attendant  ,  taehonsde  vivre,  el 
dt!  ne  laisser  pas  inourir  notre  commerce  de  letti'(;s,  non  j)lns 
(jiii1  notre  amilie.  La  mort  est  bien  aHainn1  el  semble  nepou- 

I    \\iyc/.  I ;i  note  loine  II.  p.'ij',t'->  -2W>  el  -271. 


A    FALCONET.  i;- 

voir  serassasier  de  medeeins  (l).N'tHaiitpasconleiite  de  deux 
excellenls  homines,  die  en  a  pris  un  troisieme,  (|ni  etoit  hou 
ninlecin  et  bel  esprit,  inais  grand  ivrogne  :  c'est  M.  Charles 
le  Clerc,  age  de  soixante-trei/e  ans.  (Vest  beaucoup  vivre 
pour  un  liomme  deregle.  Si  bien  que  voila  trois  de  nos  me- 
dec'ins  morts  en  moins  de  six  jours.  Voici  encore  une  inort 
(|ue  j'ai    a  vous    annoncer  :  c'est   celle    dn     sienr    Morin  , 
professeur  du  roi  en  mathematiques.  Si  bien  que   le  voila 
inort  an  bout  d  un  an,  aussi  bien  <|iie  M.  (iassendi;  niais  ils 
n'ont  garde  de  se  inordre  1'un  I'autre,  car  1'ini  est  a  Saint- 
Nicolas-des-Champs  ,  el  I'autre  ii    Saint-Etienne-du-Mont. 
L'nn  etoit  bien   sage,  et  1'antre  etoit  fou  et   demi-enrage; 
inais,  (juoi  qu'il   en  soil,  c'est  chose  certaine  qu'en  I'anlre 
nionde  ils   auront  le  ne/  fait  1'un   conune   I'autre,   inalgre 
toutes  les  mathematiques  et  toute   la  pretendue  judiciaire 
dt>s  astrologues  ,  dont  Morin  etoit  coiffe.  Pour  M.  (iassendi , 
il  etoit  liomme  sage,    savant   et    bon,    ternpere  et  habile 
liomme,  en  un  inot  un  vrai  epicurien  mitige.  Comme  je  lui 
dis  en  sa  derniere  maladie  qii'il  n'en  echapperoit  point  el 
qu'il  tlonnat  ordre  ii  ses  affaires,  il  leva  gaiement  la  tete  ,  ct 
me  dit  ii  1'oreille  ce  beau  vers  d'nn  poete  qui  valoit  mieux 
(jue  Morin,  et  qui  savoit  mieux  que  lui  de  meilleures  inathe- 
maliijues  : 

Omnia  prtfrepi ,  ulque  animo  menim  ante  inr<-yi. 
Je  suis  toujours  entierement  a  vous. 

Dt-  Paris,  le  7  novrnilue  Ki.'io. 


LKTTIIK  < m'AI.YI I. 


LKTTI5K  CCCCXI.MI.         ,!//  w/W. 

J'ai  parle  a  M.   le  cnmle  de  Hebe  de  la  rt'ponse  que  j'avois 
I'aite  pour  votre  religieuse  inenacee  d'hydropisie ;   il  dit  (ju'il 

,1    (/clait  s;ins  tloutr  pour  so  \«Mi(jor.  I.e  oelebro  liurtlou  Itil  lr;i])pf 
d'apoplexie  dan*  la  unit   du   -2,}   no\cml>rc   1770.  .Madanu-  Dudrl'taul  . 


(>S  l.r.TTKES    DK    (.i'l    I'M  IN 

la  envovee  a  IAOII  par  I  ordinaire.  Pour  ina  dese.npiioii  de  la 
roine  dc  Suede,  je  snis  bien  aist:  qn'elle  vims  ail  pin.  On  ilit 
qn'el'e  a  passe  Turin  et  Casal ,  etqu'elle  s'eu  va  a  Yeniso  . 
si  rile  n\  est  doja.  Je  ne  eonnois  rien  au  dessein  dc  celte 
prinecs.-e,  ni  quelle  tin  auront  toutes  ses  aventures:  inais  je 
pense  qu'elle  voyage  d'esprit  aussi  bien  que  de  corps.  J'ap- 
[irends  <|ue  Bonrdelot  est  a  Paris,  et  qu'il  fait  Iliomme  d'K- 
lat;  inais  ce  n'est  qu'un  fourbe  qui  n'en  tronipera  pas  taut 
qifil  voiidroit;  il  v  a  id  bcaucoup  <le  gt'ns  qui  leconnoissonl 
Jtien  ,  et  plusieurs  autres  (|tii  ne  le  coiinoissent  pas  pour  ce 
qu'il  est.  ( Votrc  bun  ami  Lucain  a  dit  quelque  part  :  fit-oil^ 
ui:i:<>(lc  (letsyue ,  /;'/  c.oli'  felicf.'fi,  nuxcnix  /'"!/(.',  c'esl  on  1'on 
delibere  do  la  inort  de  Pom  pee  au  liv.  8.)  M.  Bourdelot  en 
fait  otat;  c'est  peut-etre  a  cause  qu'il  a  fait  fortune,  et  qn'il 
est  aujourd'hui  abbe  en  recompense.  11  y  a  aussi  bien  des 
gens  qui  ne  voudroient  passe  tier  a  lui  ;  il  a  trait)'1  M.  Ihipny, 
garde  de  la  bibliotheque  du  roi ,  qui  fnt  hier  enterre. 

J'ai  recu  les  deux  exemplaires  du  livre  nouveau  du  jesuito: 
c.'est  le  pere  Theophile  Rayriaud  (non  pas  Haimond),  qui  a 
merveilleusement  ecrit.  Mais  je  u'ai  pas  tout  ce  qa'il  a  fait ;  il 
esl  1'ami  intime  do  M.  (iuillemin,  votre  collogue.  Je  trouve 
bien  cber  le  7'Jteuti'tnn  ri/t,"  ltnin<in>r,  j>ar  L.  Heyerlinck,  i|iic 
.M.  lluguetan  vient  de  pnblier;  je  ne  saissi  avec  le  temps  il  ne 
rabaissera  point.  Obligez-moi  seulement  de  lui  dirt-  qifil 
ni'en  lasso  choisir  im  beau  et  bien  conditionne ,  et  (jii'il  me 
I'adresse;  je  lo  paierai  do  deed  dipii  il  voudra,  on  bien  jt;  Ini 
enverrai  1'argent  aLyon.  Jo  vous  remercie  des  Institutions  de 
M.  L.  Hiviere,  que  vous  voulez  envoyer  a  mon  filsaino:  von^ 
nous  faites  trop  de  bien  ,  et  plus  que  je  ne  merite. 

M.  Moroau  est  mort  le  mardi  !?  d'octobre,  a  (piatre  heures 
du  suir,  el  age  do  soi  xante-i  lou/e  a  us  I  .  M.  ('.  tiillemeaii.  le  sa- 

ildiii  il  oloil  lo  niedccin  ,  dil  iiiisHlot  :  «  I, a  inort  lo  rodoulnit  Iclloinoni 
tiu'ollo  la  >aisi  pciulanl  <|n'il  donnail.  »  H.  I'. 

'.     \  ()>«•/.  la  iHHo  I.   II.  paj'.os  -1(\\\  ol  -271. 


modi  21  d'octobiv ,  a  qnalro  liouros  trois  quarts  du  matin  ,  age 
do  soixanle-buit  ans  (1;.  Kt  le  londemain  dimanolie  -2-2  d'<>  •- 
tobre,  a  quatre  lieuresdu  soir,  monrnl  d'tino  apoplexie  M.  liv 
Glen:,  (jui  ('toil  anssi  des  not  res  ,  et  age  do  soixante-qualorze 
ans:  e'etoit  bien  vivre  ot  bien  longtemps  pour  un  ivro^no, 
mais  qui  avoit  bien  de  I'csprit.  Tout  Paris  rc^iolto  Ics  deux 
premiers,  (jui  etoient  excel lents  on  lour  jjonro:  I  un  no  son- 
geoit  qu'a  fairedn  bien  an  public,  1'aulre  aimoit  ses  jjlaisirs 
ut  ne  voyoit  point  de  nialades.  (irande  chore  et  beau  jcu  ;  il  so 
plaisoit  en  bonnes  compaynies ,  et  il  avoit  des  plus  belles  do 
Paris.  II  vouloit  que  jo  1'al lasso  voir  deux  fois  par  soinaino. 
ot  quej'y  menasse  un  de  mes  Brands  fils :  mais  il  souliaitoit 
bien  plus  Cumin* ,  avec  qui  il  prenoit  plaisir  do  s'entretonir. 
(Votoit  toujours  le  soir,  ot  il  nousenvoyoit  qu«'iriren  OUITOSSO; 
il  no  soupoit  point,  un  bouillon  de  restaurant  lui  sul'lisoit ; 
mais  il  nous  faisoit  toujours  festin,  et  nous  renvoyoit  oharp'-s 
de  conlitures  et  de  fruits  raros;  il  otoit  niaynifi(juo  on  prince. 
Beaucoup  de  gens  croient  <pic  le  cardinal  de  Hoi/,  ost  ici  au- 
tour  de  Paris;  mais  cola  osl  fort  incertain  .  joint  ([ii'il  y  soroit 
on  grand  danger. 

Le  quinquina  des  jesuites  de  Home  11  a  guori  jiersonno  ici. 
ol  il  n'on  est  plus  mention  nullo  part,  lim •/>/>, -t/s  <-rt •<•  jm-i-i  , 
arc  <Tit  film  nomine  i>ulri*.  Jo  vous  baiso  los  mains,  ft  MIIS  dc 
tout  mon  ciiHir  votro ,  (!to 

)>e  Paris,  le  li)  no\embi*o  l(w(». 


LKTIKK  CCCCXLV1I1.  -     .\«  ,m'w 


La  mort  ,  cotte  impitoyable  deesse,  //"if  fu 
hnlaf  (ii'bcin   fc/'/'tir/ii/t  ,  ct  U'qnu  pwk'  /ii/lutf  ji;tt/j»'/'/t>/i  tuln'rnn 
reyttnu/nc  turret,  a  passe  1'eau  et  no  songo  plus  aux  niotle 

(1)  C.liarlos  (juillemoau  .  nr  a  Paris  on  loSS,  olail  lils  du  c.'lolnr  rlii 
rurgien  Jacques  (iuillcmeau  'ne  a  Orlean-  en  l.'J.'iO.  el  niurl  a  l';nis  !,•  \\ 
mars  1613  .  diseipleclconleinporain  d'Anilnoi.-e  1'are.  \\.  P. 


TO  l.hlTKKS    DK    (,'11    I'ATIN 

eins  de  noire  Faculte;  die  va  en  egoryer  d'autres  qu'elle 
poiirra  rencontrer,  inais  elle  n'en  surprendra  guere  de  plus 
savants  queM.  Moreau .  dont  la  belle  bibliotheque  a  ete  ven- 
dne  a  (jiiatre  de  DOS  libra  ires,  a  ce  <]ue  je  viens  d'apprendre  , 
20  ou  24,000  livres,  on  n'en  salt  pas  encore  le  prix  certain. 
M.  Ph.  Colot,  ce  yrand  et  excellent  lilltnlotna  1),  est  mort  a 
LUC.OII  en  Poitou  depuis  quin/e  jours;  il  etoit  alle  tailler  nn 
huguenot  pres  de  la  Hochelle;  il  vest  inortd'une  dysenteric; 
nous avons aussi  perdu  ici  le  sieur  Morin,  prot'esseur  du  roi  en 
mathematiques,  qui  etoit  nalif  de  Villefranche  en  Beaujolois. 

llier  rnourut  ici  nn  niaitre  des  eomples,  noinme  (riierin  de 
Warcusson  ,  non  pas.  coinnx;  dit  Horace,  italo ijwfusus  wto  , 
rnais  milieu  percussiis  <'(  iitl(>j:i<:iitns  xtibio.  Alii  //lu/'cs  ^cratmi 
t\c  grauittite  temjjcstdtis ,  ct  acci'bituh: ,  nc  dictuit  atrocitate  nori 
friyuris,  quod  Yiryilius  ^•t'lcrntmn  ii/>/>cl/<iri/ .  M.  Guilleineau 
incidit  in  quandam  at<k'  dcsfjci'dfione/n  c.i:  dolnnbus  ol>  tibsccssit 
inter  jjf.nift'ciift  ct  ventt'it'ulinn  lotciite ,  nt  ct.  <i  di/suria,  <>,L'  .<??/.</>/'- 
ffonr  rfif.rn/i  in.  vest  en  posit  i.  Se  sentant  presse  de  fortes  don- 
leurs  en  pleine  nuit ,  il  envoya  qinjrir  die/  un  apothicaireqni 
lui  etoit  affide  1-2  grains  d'opiuin,  dont  il  prit  plusde  la  moi- 
tie.  Xous  le  tronvames  le  lendemain  fort  nud,  et  il  a  toujours 
empire  depuis  ce  jour-la  jus(|u'a  la  mort.  II  perdit  des  lors 
1'envie.  de  boire  (et  j)resqne  meme  de  manger),  hormis  de 
(|uelque  pen  de  bouillon;  enlin  inltnit ,  el  il  est  mort  faulede 
boire,  tandis  (jiie  taut  d'aulres  meurent  de  trop  boire  de  vin 
nouveau,  qui  leur  semble  si  lion. 

J'ai  reeu  les  deux  livres  de  M.  Itarbier,  et  voiis  ai  eci'it  Ion- 
chant  If  Tin'ii! finii  rihr  liinmnni' ,  que  je  serai  l>ien  aise  d  avoir 
bicii  conditioniM'.  J'ai  vu  .M.  le  comtt^  de  Uebc,  auqiiel  j'ai 
prcNcnli''  vos  recommaiidations;  il  dit  (ju'il  n  a  point  nvu  de 
\-os  lettres  ,  et  se  fit  ///•"  ninrc.  On  dit  (jiie  le  roi  de  Suede  s'cn 
v«i  (''Ire  plus  for!  (pie  jamais,  a  cause  tpie  le  Moscovite  et  Ic 
jiflit  Tarlaiv  >e  meltent  avec  Ini  contre  le  roi  do  I'oloyne : 

I     1'our  Htlnilinnixte .  (••oiiinir  on  (III  auj()iir«riiui. 


\    KM.r.O.NKT. 
sii-rif  fntn  .)/«/•>•  iin/>i>i*  urljf .   Je  VOUS  CHlbraSSC   (If  toilte   MI'Hl 

affection ,  et  je  serai  toute  ma  vie  votre ,  etc. 

/'.  .V.  Xuus  avuns  aujourd'hui  fail  1'acte  dc  la  vesperie  de 
nion  second  Ills  Carutux;  il  passera  docteur  dans  ee  meme 
inois.  Nous  avons  ici  festine  avec  environ  trente  de  nirs 
meilleurs  amis,  et  nous  n'y  avons  bu  <]iie  du  viu  de  Beau  no 
et  d'Ai ,  (|iie  le  bon  dom  Baudius  disoit  a  feu  M.  le  president 
de  Thou  ,  qu'il  falloit  nomnier  n'mnn  Dei.  J'ai  bu  a  votre, 
saute  et  a  celle  de  M.  Spon ,  qui  vous  rendra  la  presente  Je 
souhaite  que  mes  deux  ills  aient  I'lionneur  de  vos  bonnes 
graces,  et  1'amour  des  gens  de  bien  comme  vous  :  en  leyr  <•«- 
(file  formula  qua  Octavius  ('(twtr  witatui  nmunin  itcjtotes  s>t»* 
rnmmendarc  solcbat ,  s/  iiicrurrrnt . 

M.  le  president  de  Thou  d'aujourd'hui  est  designe  ambas- 
sadeur  en  llollande.  II  y  a  grand  bruit  en  Saxe  pour  le  nou- 
veau  duc-electeur,  qni  cit>/>  imtc  line  fticril  lutheranus,  liodii',  "h 
c.rcesxu  jiarcnfis,  t't(/f  fieri  catholicns  run/an//*.  Taut  pis  pour 
les  protestants,  qui  n'auront  plus  <p.ie  1'eleeteur  de  Brande- 
bourg  et  le  palatin  dc  leur  c6t<;.  Vnli'  <-i  me  <nnu.. 

De  Paris,  Ic  decembre  Ifi5(5. 


KKTTRK  CCCCXLIX.  --  .\n  memr. 

Xous  avons  ici  perdu  le.  bonhomine  >F.  Hiolan  ,  agV-  de 
soixante-dix-sept  ans  moms  cinq  heures  (l\  II  ne  fut  (jue  trois 
jours  maladc  de  la  suppression  d'urinequi  I'cmporta.  II  rtoit 
trop  deregle  en  son  boire  ;  il  ne  pouvoit  tremper  son  vin 
comme  il  falloil.  Tout  est  scelh*  en  sa  maison  ;  ses  (Milaiits 
plaident  les  uns  contre  les  autres  ,  a  cause  de  sou  si^cond  lils, 
qu'il  a  deshtM'ite  pour  ses  debauches.  II  \  avoit  sept  ans  ipi'il 
plaidoit  contre  son  pauvre  pere.  qui  a  gagne  partoul;  mais 
il  ne  1'a  jamais  pu  I'ameuer  ii  son  devoir. 

J  I 

La  coqueluchc,  avec  lluxion  sur  la  gorge,  a  cie  ici  foil  ';oin- 
1    VoM1/.  la  note  I.  II.  pap.c  2S1. 


i.i.  i  i  iii.^  in.  i. M   r  \  i  IN 

niune;  mais  pen  dc  gens  en  sont  murts,  ii  caiKse  qu'ils  out  ele 
saignes  do  bonne  lieu  re.  II  n'y  en  a  plus  tantot  ici  ,  ni  pres- 
que  d'antres  malades. 

.M.  clt1  liellievre ,  premier  president,  est  niort  par  sa  I'anle 
lonte  pure  et  par  ['ignorance  de  ses  modecins.  C'etoil  un 
liomme  voluptueux ,  sangnin,  plethoriqne,  qui  liaissoit  la 
saignee  et  (|tii  ne  croyoit  guere  anx  regies  de  noire  profes- 
sion. Trois  mois  avant  quo  de  inourir,  il  I'nl  attaqne  de  la 
goutte  a  laquelle  il  etoit  sujet ,  et  no  1'ut  point  saigne  a  cause 
qn'il  faisoit  I'roid.  Voycz  la  belle  raison  do  Valot  qni  le  llattoil ! 
La  saignee  Ini  etoit  necessaii'e,  et  encore  phis  en  liiver.  qne  la 
transpiration  des  liumeurs  est  arivtee.  Ktanl  echappe  de  sa 
politic  sans  saignee  ,  il  Ini  vint  des  erysijteles  par  le  corps  . 
(jiii  ('-toil  une  marque  qne  le  sang  lui  bonilloil  dans  Irs 
\(Mnes.  C.ela  s'ell'aca  avec  quelques  lopiques.  Six  jours  apres, 
nn  grand  rininie  le  saisit  dans  eel  etat  plethoi'Kp.ie  on  il 
eloil,  et  il  ne  Cut  point  saigne.  II  dit  seulement  qn'a  la  lin 
dt!  son  rliiune  il  se  feroit  purger  :  ce  (jii'il  tit  a  Ires  nian- 
vaises  enseignes,  car  ce  pnrgatiC  tronbla  el  bouleversa  tout. 
Dans  ce  desordre  de  sa  sante,  la  tievre  continue  le  saisit  avec 
une  fluxion  snr  la  poitrine  tpii  le  inircnt  an  lit.  II  avoit  en 
sa  niaison  nn  noinini''  Tlievenin  ,  neveii  de  rocnliste  ,  <|iii  se 
clil  inedecin  ;  je  pense  (jiie  c'est  in  i</'rtihnx  hi/ifff/it/in.  II 
adlieroit  a  son  lieresie  de  ne  j»as  saigner.  parce  (|u'il  Cai.Mtil 
trop  t'roid.  Valot  y  vint  incontinent  avec  den\  anlres.  lis  I'ont 
fail  enlin  saigner  plnsicnrs  lois  ,  inais  il  n't'-toit  plus  lein|is. 
Les  pauvres  gens  dos  li(>pilan\  sont  mieux  traites.  Le  Imi- 
tien)(!  jonr,  ils  Ini  donnerent  (piehpie  purgatif,  dont  il  I'nl  plus 
mal.  II  t'allnl  le  resaigner  :  et  parce  qn'il  se  plaignoil  de 
grandos  donlenrs  dans  l(^  corps,  ils  Ini  donnerent  dn  lauda- 
num .  (|iii  n'est  <pie  d(^  1'opium  on  pluliM  un  poison  degnise  ; 
et  apres  enlin  qu'il  cut  tons  ses  sacrements  ,  ils  lui  firent 
prendre  dn  vinoii  venin  emetiipie.  Use  fioit  en  son  bun  esprit 
et  en  sa  lionne  Corlnne  .  et  meprisoit  tout  :  inais  cela  ne  I  a 
P.IS  einpc''!)''1  dc  inourir.  cl  n'en  cmpedia  j.nii.iis  pei>,onne. 


\    V  \linM.  I 

II  eloil  excellent  lioinmc  pour  sa  charge;  et  tout  le  public  a 
raison  do  le  regret ter;  inais  le  cardinal  Ma/.arin  y  gagnc,  car 
i!  remplira  cette  place  d'un  antre  dont  il  pretend ra  sans 
doute  de  I'argent.  On  lui  a  trouve  le  puuinon  gauche  pourri  et 
un  abees  dans  le  t'oie,  dont  ancun  des  medecins  n'avoit  parle. 

Le  cardinal  Mazarin  est  fort  pale  ,  il  blanchit  fort,  il  est 
fort  sujet  a  la  goulte  et  a  la  gravelle  ;  neanmoins  il  est  encore 
jeune ,  il  no  passe  guere  ciiiquante-ciii<|  ans.  Le  cardinal  de 
Ilichelieu  n'en  avoit  (pie  cinquanle-sepl,  et  n'a  vecu  que 
trente  ans  plus  qu'il  n'etoil  besom  pour  le  bien  de  la  France, 
et  ineine  de  toute  I 'Europe. 

Volre  religieuse  a  encore  besoin  d'etre  saignee  et  purgee  , 
el  de  lotion  des  pieds  trois  Ibis  la  scma'me  ,  et  nieme  dt'  Y<n-- 
trrioiinn'u'  a  la  teinpe,  si  cette  cruel  le  douleur  de  tele  Ini 
dure.  Kile  a  aussi  hcsoin  de  frequentos  purgations  avec  le 
sene,  la  rliuharbe  et  le  sirop  de  roses  pales  dans  line  de- 
coction rafraichistantc  pour  prevenir  I'liydropisie.  Pour  la 
inanne,  ell(>  in'est  tort  suspecte  en  cette  rencontre,  et  prcsquc 
loujours  :  car  nous  n'en  avons  point  de  veritable  ,  el  celle 
<pie  nous  avons  qu'on  nous  apporle  d'ltalie  n'esl  aulrecbose 
tpie  du  sucre  el  du  iniel  nieles  ensemble  avec  un  pen  de 
scannnonee.  Hans  la  inanne  de  Hriancou  ,  il  y  a  du  sue  de 
litbyinale  et  d'epurge.  il  y  a  de  la  fourber^e  partout.  Les 
jansenistes  disent  (pie  c'est  <pie  nous  venous  de  la  mnm- 
iir  '•nrr/if/ffn/i.  J'espere  pourtant  (pi'il  n'y  en  aura  point  en 
noire  ainilie  (it  qu'elle  sera  aussi  sincere  que  I'ul  j;idis  la 
inanne  des  enl'ants  d'lsrael.  Vnlf. 

He  Paii* .  lo  %2(»  mars  KioT. 


LKT1I5K  CCCCL.  —   .I//  im-me. 

Je  n'ai  pas  encoi'e  recu  eelletpie  vous  in  ave/.  tail  I  lionneiir 
de  mV'crire  pour  le  proces  de  niadiiine  \olre  bellc-su'lir. 
pour  laquelle  je  I'erai  lout  mon  possible,  vents  u'cn  iloiite/  pas. 


Pour  lo  liviv  de  \l.  <le  Fontaines,  jo  vous  on  rends  graces; 
il  est  lonable  do  son  travail ,  parce  c|u'il  ost  tort  bien  inten- 
tionne  ;  il  a  tacbe  do  servir  la  poster!  tt;  en  defendant  la  vo- 
rite,  coiwf'us  crif  in  Imule  ,  (.'renfux  in  /ininun,  qui  est  eelle(iui 
gouverne  aujourd'bni  le  monde;  je  lui  sais  bon  gre  d'avoir 
attaque  Van-Hehnont ,  bien  que  co  n'ait  ete  qu'un  coquin  el 
mi  imposteur  fort  ignorant. 

Defnnt  M.  le  premier  president  est  fort  regrette  iei ;  loute  la 
France  avoit  encore  besoin  do  sa  generosite  et  de  son  adresse 
conlro  I'avidite  des  ministres  :  voila  ce  (|ue  c'est  que  d'etre 
bon  et  sage.  Nous  pouvons  dire  de  lui  ee  qu'Horace  disoit 
d'Auguste,  encore  vivant  :  Kxtinctus  iinmliittir  iilcm.  TIK, 
dame  qui  avoit  beaucoup  de  credit  sur  son  esprit  m'a  dit 
qn'ello  lui  demanda  pounjuoi  il  so  servoit  de  Valot,  et  <|u'il 
lui  repondit  qn'il  avoit  all'aire  de  lui  a  cause  tin  Louvre,  sir 
iiii'/it iiint  homines,  ct  mui-nnitm1.  11  est  vrai  <pie  tout  le  monde 
fail  le  medecin  et  s'en  melo  mal  ;i  propos  ,  mais  c'est  le  mal- 
lieur  de  ceux  <|ui  les  croient :  I  n>  rift  is!  r/r  //tisc/'is .' 

.le  considtois  bier  uvec  M.  Blondel  dans  les  Filles-Uieu  ;  il 
me  dit  que  son  traite,  dePleuritide,  no  ponvoit  etre  acbevi'1  (|iK( 
dans  trois  mois  ,  tjn'il  en  etoit  au  cliapitre  dc  l^n-ijatinin' ,  <|iii 
seroit  long;  <[ue  son  livre  seroit  nne  metbode  generate,  el 
qu'il  diroit  de  belles  cboses  non  communes,  deOn/aMim  ////>/>. 
et  snr  I'explication  do  I'apborismo  -2-2,  sect.  I  I  .  Je  vondrois 
avoir  bien  pave  ee  livre  et  le  tenir  deja. 

N'otre  Basset  a  I  esprit  bien  bas.  et  merile  d'avoir  du  des- 
sous .  taut  pour  son  latin  que  pour  ses  injures.  Je  m'etonne 
de  rextravagance  des  liomm^s  et  <le  1'impudence  du  sieclc  au- 
(|iit'l  Dieu  nous  a  reserves,  (let  bomme  a  manvaise  grace  de 
rhaiiter  (les  injures  a  d'lionnetes  gens  dont  il  a  besoin,  el  des- 
quds  il  brigue  d'T-lre  collegue.  S'il  e>l  bien  sage,  il  terminera 
xiii  ;ill;iin>  a  Lyon  ,  eii  vous  demandant  pardon  ,  et  lacbant  de 
regagner  vos  bonnes  graces  ;  ear  aiitivinent  nn  proees  lui 

I  N  oyc/.  (H'.urri's  com/ilclcs  d' llil>pocrult'  lr;id.  par  I'.,  f.illrr. 
r;iri*.  1  Vi'r,  t.  IN  .  |>.  'tW. 


V    FVI«>.\KT.  ?."» 

contera  beaucoup,  et  menu:  a  la  liri  le  pourra  perdre.  Qtiand 
il  anroit  le  credit  de  faireceque  lit  votre  chirufgien  Lorn  hard, 
et  de  se  fa  ire  examiner  iei .  il  n'est  pas  assure  de  s'y  fa  ire  re- 
Devoir,  a  inoins  que  d'avoir  des  medecins  deputes  pour  ju^es  , 
pour  ses  amis  ,  ce  qui  u'arrive  gnere. 

M.  le  comte  de  Hebe  a  recu  votre  lettre,  et  dit  quo  vous  ne 
lui  ave/  point  ecrit  qu'il  ne  vous  ait  fait  reponse.  Mes  deux  tils 
vous  sal uent  et  soul  vos  tres  humbles  serviteurs.  11s  out  tons 
deux  preside  cet  hiver  avee  honneur.  et  ils  sont  a  Paris  en  fort 
bonne  reputation. 

On  dit  ici  que  la  duchesse  de  Savoie  se  porle  mieux  ,  et  quo 
M.  (lUillemin  yestalle.  La  reine  d'Angleterre  est  malade  ici. 
Le  due  d'Orleans  a  ete  ici  environ  dix  jours,  et  en  est  parti 
aujourd'hui  iunidi,  pour  aller  coucher  a  Limours,  et  detnain 
a  Orleans.  On  dit  que  dans  deux  jours  M.  le  prince  de  Conti 
partira  d'ici',  et  (|u'il  ira  jusqu'a  Turin  ,  et  qne  M.  de  1'Kstrade 
sera  son  lieutenant-general  en  Italie.  M.  le  marechal  de  Tu- 
renne  partira  dans  trois  jours,  et  le  roi  six  jours  apres.  II  a 
couru  un  bruit  de  la  mort  de  Tempereur,  <pie  Ton  dit  avoir 
ete  confirmee  par  nn  second  courrier,  et  neanmoins  tons 
en  doutent  ici  ,  et  disenl  que  c'est  nne  des  ruses  du  Ma/arin  , 
alin  de  fa  ire  passer  les  edits  que  Ton  a  envoyes  au  parlement. 
dont  les  deux  principaux  ont  deja  echoue  et  ne  penvent  |>as- 
ser.  Notre  querelle  avec  les  llollandois  continue,  et  Ton  dit 
<m'il  faudra  (ju'ils  s'accordent  avec  nous  d'autant  cpi'ils  ne 
s'en  penvent  passer ,  Paris  etant  un  goull're  qui  absorbe  et  dr- 
\ore  plus  <le  la  inoitie  de  leurs  denrees. 

:>l.  le  due  d'Orleans  a  ^agne  anjourd'hui  son  pi-oces  contrc 
madamed'Eguillon  et  M.  leduc.  de  Richelieu,  [)our  la  terre«le 
(^hampigny,  qu,e  madeinoiselfre  d'Oi-leans,  sa  tilloainee,  vent 
retirer.  M.  Talon,  avocat-general,  y  a  fait  miracle  ;  il  a  parle 
sohrernent ,  mais  fort  apropos,  de  la  tyrannic,  du  cardinal  de 
Piichelieii ;  tout  le  monde  est  l»ien  aise  de  1'arret  qui  y  est  in- 
tervenu.  Si  rempereur  est  mort .  on  dil  que  le  roi  ira  iiiM|u'a 
.Met/.,  pouretre  pres  de  rAllcinafjnc. 


"Ti  i  1:1  iiu  >  Dt  i.i  i  i'\i  IN 

Nous  lie  savons  re  quo  deviendront  Ics  livrcs  el  papiers  dc 
y\.  Kiolan.  n'ayant  I'ait  ni  testament  ni  aucune  autrc  dispo- 
sition pare;ril.  II  m'avoit  dit  quelquetbis  qu'il  me  feroit  exe- 
euteur  do  son  testament,  et  qu'il  vouloit  (jue  la  posteritesut 
quo  j'avois  ete  son  meilleur  ami :  mais  il  est  niort  sans  I'avoii1 
provu  et  sans  avoir  donne  ordre  a  ses  affaires.  Les  vieilles 
gens  sont  d'ordinaire  oublieux  et  negligents.  M.  (Judleineau 
en  a  fait  de  meme,  et  M.  Moreau  aussi. 

M.  Cli.  Bouvard,  premier  medecin  dn  roi  Louis  Xlll,  est  ma- 
lade  d'une  tievre  continue,  d'une  fluxion  sin1  la  poitrine,  et  de 
(juatre-vingl-trois  ans.  La  douceur  de  la  vie  (ju'on  mene  it  la 
eour  I'a  I'ait  vivre  si  longtemps  ,  ayant  d'ailleurs  la  poilrine 
tori  delicate.  11  avoit  un  tils  eonseillerde  la  cour,  et  lui  avoit 
fait  donner  tine  bonne  abbaye,  qui  est  celle  deSaint-Florenl 
deSatimur,  mais  il  est  mort,  et  a  cequ'on  dit  de  trop  de  de- 
votion. II  en  a  encore  unantrequi  est  aussieonseiller ,  otqui 
plus  est  marie  fort  ricliement. 

Le  mardi  -17  mars  l(v>7.  M.  de  (Ulienailles,  eonseiller  de  la 
(•our,  a  eu  la  vie  sauve,  et  n'a  ete  (jtie  banni  par  1'anvt  qui 
en  a  ete  donne.  Je  vous  baise  les  mains,  et  suis  de  tout  mon 
co'iir  volre ,  t,'te. 

l>i'  I'jiris  .  le  ~2'i  avril  1()I}7,  join  <lc  I'anniversairt'  il'.i  m.nrdial  d'An 
rir.  <|ni  ii  <-u  ilNMraii^cs  -ucccsstMirs  depui  1(517. 


LKTTKK  CCCCLI.         \«  HH-HH: 

II  e>t  moii  ici  1111  honnete  liomme  de.  volre  ville  de  Lyon  , 
noinmi'1  M.  du  (iue.  de  iiagnols,  jadis  maitre  des  retpieles.  II 
(''toil  un  des  chefs  du  parti  des  jansenistes;  homme fort  sage, 
fort  devot  et  fort  regie.  II  a  tant  jeune,  taut  fait  d'austerites, 
(ju'il  en  est  mort ;  et  de  peur  (pi'il  n'en  ecliappat,  (iuenaut  et 
mi  des  ga/.etiers  lui  out  donne  du  vin  emetique,  donl  il  e.st 
mort  dans  1'operation  (Juelle  sollise  de  prendre  ce  poison 
dan>  nne  intlammalion  du  pouinon  .  et  de  jet'mer  si  rudement 


v  F  AI  CON  F.I. 

qu'il  en  faille  mourir!  C/esl  HIM-  espe.ee  de  folie  de  so  trailer 
si  eruellemont  pour  mourir  jeune.  Tuntmn  /v/ /<//«>  jn>/uit  .\///i- 
/•/^r  >/m/o/'/////,dit  Luereee.  Mais  DOS  plaintos  ne  servent  de  rien 
centre  la  inert ;  il  nous  1'aut  tons  passer  par  la.  Les  bounetes 
gens  meurent  tons  les  jours,  et  il  soluble  qu'il  n'y  ait  que 
lours  Itourreaux  (|iii  ue  meurent  jamais :  du  meins  il  en  reste 
ton  jours  assey,  pour  maintenir  leur  credit  dans  I'esprit  des 
peupleset  des  princes.  Pour  cequi  est  de  M.  le  (iagneur,  Dion 
le  console.  Vous  voyez  bien  que  c'est  uu  mallioniiele  lioiiune 
et  pen  reconnoissarit  des  obligations  qu'il  vons  a;  si  jamais  il 
reviont  a  vous,  ne  vous  fiez  pns  a  Ini.  II  a  la  mine  d'un 
ladre  ;  I'ingratitiule  est  toujours  une  marque  ou  un  sympl«nne 
de  ladrerie. 

Je  suis  bien  aise  que  M.  Guillemin,  votre  collegue,  ait 
reussi  a  Turin,  (iargantua  (c'est  Valet  qu'on  appelle  ainsi  a  la 
cour,  depuis  qu'il  tua  Garganl,  intendant  des  finances,  avec 
son  antimoine)  ne  peut  entrer  en  cemparaisen  avec  un  si 
honnete  homme,  qui  est  sage  eteolaire.  S'il  parloit  a  vous.  il 
vous  diroitque  Van-Helmont  etoit  un  liennne  qui  avoit  de 
grands  desseins  et  de  beaux  secrets  (T.  Tout  cela  est  bon  ii  la 
cour,  parmi  les  courtisanset  les  f'emmes,  commedisoit  Joseph 
Scaliger  du  cardinal  du  Perron,  qui,  pour  y  paroitre  savant  , 
entretenoit  les  dames  du  flux  et  dn  reflux  de  la  mer,  de  1'etre 
metapbysique,  et  du  principede  1'individuation. 

II  y  a  ici  un  bonnete  bemme ,  nomrne  M.  liigot,  Ills  d'un 
president  du  parlement  de  Houen  ,  fort  savant  en  give  ,  ijiii 
travaille  sur  Fl.  Josepbe,  ecrivain  bebreu  des  AntuinitPsjtidfi'f- 
</iict.  Josepb  Scaliger  dit,  avant  cjue  de  mourir,  (|ue  si  Dieu  lui 
eut  prolonge  la  vie  de  trois  ans ,  il  nous  eut  donnt-  ce  bel 
auteur  illustre  et  enricbi  de  belles  remarcpies.  II  1'appeloit  par 
excellence  yt/.aXryOt'^TaTov ,  trh  uniatcni-  (//•  la  ri'riti'- ,  et  disoil 
(|u'il  etoit  fort  curieux  et  plus  croyable  cpie  les  bistoriens  ro- 
mains  meme  dans  les  affaires  de  rempire  romain  •>  .  Depuis  la 

I)  Voyez  les  notes  t.  I  ,  p.  3.'>.'>:  t.  II.  |>.  Vil. 
•2     \  <>\e/.  l.;i  iiolc  Ionic  I  I  ,  |».  'i(»T. 


78  I.ETTHRS    f»K    (If!    PAT  IN 

mort  de  Seal  iger,  celte  affaire  ay  ant  manque,  M.  Petit,  mi- 
nistre  fort  savant  a  Nimes  ,  onele  et  parrain  de  M.  Sorbiere  , 
avoit  eu  le  rneme  dessein  ,  mais  la  inorl  le  prevint.  Je  souliaite 
que  la  meme  chose  n'arrive  pas  a  eelui-ei ,  el  (ju'il  le  puisse 
aehever,  tant  pour  son  honneur  (jue  pour  le  bien  public. 

.M.  Brusius,  Kcossois,  me  vint  voir  dernierement ;  nous 
sorlimes  ensemble  par  les  rues,  on  nous  virnes  quantite  de 
processions  pour  solemn'ser  la  fete  du  Saint-Sacrement.  La 
pompe  en  est  grande.  Cela  n'iroit  que  bien  si  le  dedans  y  re- 
|)ondoit,  et  si  nous  etions  aussi  gens  de  bien  que  nous  nous 
rludions  d'en  avoir  la  mine. 

On  tit  ici ,  il  y  a  uuequinzainc  de  jours,  un  service solennel 
a  Nolre-Dame  pour  le  reposde  I'ame  du  feu  roi  de  Portugal ; 
cela  etoit  somptueux  et  magnitique  ,  et  je  crois  que  vous  pen- 
se/  bien  que  cela  lui  fera  grand  bien.  Le  cardinal  de  Kiche- 
lieu  ,  qui  airnoit  asse/  a  rire  lorsqu'il  n'etoit  point  tourmente 
de  sa  bile  noire,  dernanda  un  jour  an  docteur  Mulot,  son 
eont'esseur,  combien  il  falloitde  messes  pour  tirer  uneamedn 
purgatoire.  Le  docteur  lui  reponditque  1  on  nesavoit  pas  cela, 
et  <[ue  1'Kglise  ne  1'avoit  pas  detini.  Le  cardinal  lui  repliqua: 
uC'est  (}ue  tu  n'es  qu'un  ignorant,  je  le  sais  bien  moi.  /(en 
fdiit  initant  ([iiil  f(iudroif  d<.'  ix'lutcx  tic  ,i  :•/(/('  [tour  clinii./j't')-  mi 
four.  »  Ne  voilii-t-il  pas  de  bonnes  gens  qui  se  moquent  ainsi 
de  ce  saint  et  sacre  feu  qui  fait  si  beureusement  bouillir  leur 
marmite  (1)!  Je  vous  baise  tres  humblement  les  mains,  avec 
protestation  queje  serai  toute  ma  vie  votre,  etc. 
De  Paris,  Ie2juiii  1057. 


LETTHK  CCCCLII.        .I//  WPHH-. 

J  apprends  qne  ceux    de  Hotterdam ,   par  lionneut1  i|ii  ils 
portent  a  la  mthnoire  de  celui  <jui  a  etc  I'lioimeur  de  leur  pays, 

'I    diii  Patin  a  cli'jii  raconlr  relto  |>laisanlerie  a  son  ami  Spun     \<>\. 
t.  11  ,  p.  -JU7   .  .\Dti«i  en  .-non-,  <ht  noire  opinion  :  tout  est  boa  ;i  l'c<|)rit 


A     I' A  I. CONK  I.  ~'.l 

tout  la  ire  a  leurs  depens  tine  nouvelle  impression  (it1  Ionics  le* 
<rv:vres  d'Krasme.  Voila  line  nouvelle  qui  me  rejonit  foi  I.  II 
y  a  encore  de  la  vertu  au  rnonde  et  d'honneles  gens  qni  out 
dn  courage.  Je  prie  l)ien  qu'il  soil  vrai.  .M.  van  der  Linden, 
prol'essenr  a  Lcyclen,  m'a  mande  depuis  pen  ([n'il  y  a  quin/e 
t'enilles  de  faites  a  son  Celse;  (ju'il  est  a  la  tin  dn  sixieme 
livre;  qu'il  pourra  y  avoir  environ  vingt  et  line  fen i lies,  rl 
((ii'il  m'a  grande  obligation  dn  secoursqueje  Ini  aidonne  par 
le  moyen  de  divers  Celses  que  j'avois  ici  et  que  jo  Ini  ai  fait 
lenir,  oil  il  y  avoit  plusieurs corrections  de  la  main  de  Kernel, 
Chapelain,  Carpentarius,  Scaliger  et  Nancelius.  On  dit  que 
M.  Khodius  en  fait  imprimer  un  a  1'adone  (1),  et  nous  avons 
ici  M.  Mentel  (jui  en  proniet  un  |)areillement ,  en  vertu  de 
plusienrs  nianuscrits  et  revisions  qn'il  a  devers  soi.  Pour  ce 
dernier,  quoiqu'il  dise  et  promette  beaucoup  ,  il  ne  tail  jainais 
Hen  et  <lit  ton  jours  qu'il  fera  merveille. 

On  vint  ceans  le  f>  de  ce  inois,  a  six  lieuresdu  matin,  de  la 
part  de  M.  1'ambassadeur  de  Venise,  me  demander  si  je  vou- 
lois  aller  a  Venise  y  exercerla  medecine;  quej'aurois  0,000  fr. 
d'appointement  dn  senat,  sans  l'em])loi ,  qui  est  de  grand 
gain.  C'est  un  medecin  de  notre  compagnie  qui  m'y  nomma 
In'er,  at  <>r«t  i^c  siniuiritanns ,  c'est-ii  dire  antimonial,  niais 
il  n'en  donne  guere.  C'(;st  le  bonhomme  M.  de  (iorris, 
(jui  n'a  ]>as  grand  emploi.  .1  ai  remei'cie  ce  monsieur  de  la 

de  sectc  et  de  j>arli,  pour  lequel  il  n'y  a  point  de  verites  ,  il  n'y  a  quc 
des  interels.  II  ne  faut  done  accepter  cebon  mot  de  noire  auleur  qtfavec 
beaucoup  <le  reserve.  Notre  conviction  e>l  que  1'anecdole  ilont  il  '•"aj',!! 
est  iausse  :  (jui  sail  [tonrlant ,  commc  nous  I'avons  dil  ?  A  la  venle  ,  i<' 
cardinal  de  Richelieu  ne  rccounaissait  que  le  droit  du  plus  lorl  .  le  droil 
<lu  loup  ou  du  tyran  :  c'elaienl  le.s  ina'urs  du  temps.  II  a  lache  de  .sang 
sa  gloire  el  son  [jenie  ;  pendant  son  ministere,  qui  dura  di\-huil  ans 
il  v  eut  M  romlamnalions  capitales;  sur  ce  noinbre.  'M*  turenl  porlees 
par  conluinace;  mais  lliclielieu  n^ad'ecla  januii-  une  impiete  declaree  ; 
sa  inert  iiieiue  (ul  celled'un  lioinine  |)rotondeiiieiil  penelre  des  j'.raml.'s 
\erites  du  elirislianisiue.  K.  I'. 

I    \'(ivo7.  la  note  1.  1  .  p.  'I'M. 


SO  I.KTTItKS    I)K    (.11    I'VI'IN 

peine  qn'il  a  prise  (It!  me  venir  la  ire  eette  proposition,  el  je 
me  stiis  excuse  surma  saute,  sur  les  habitudes  que  j'avois 
a  Paris,  et  queje  no  pouvoishonnetementquitter.  Lii-dessuson 
m'a  propose  de  donner  inon  fils  aine,  a  (pioi  j'ai  repondu 
(|u'i!  n'etoit  pas  capable  d'uu  tel  einploi ,  et  qu'il  falloil  encore 
qu'il  etudiat  anpresde  inoi  cinq  ou  six  ans.  J'aipriele  porteur 
de  faire  cette  reponse  a  M.  I'ambassudenr,  et  qu'apres  cela, 
s'il  etoit  besoin  ,  j'irois  moi-meme  le  saltier;  mais  (jnoi  (|iie 
1'on  m'olfre,  je  n'irai  jamais  en  ce  pays-la,  ("est  le  pays  de 
Merlin  doccaie, patriadiabulorwn.  L'ltalie  est  un  pays  de  ve- 
role,  d'empoisonnements  et  d'atheisme,  de  jnil's,  de  renewals 
et  des  plus  grands  fourbes  de  la  chretiente;  tout  y  est  plein 
de  moinerieet  dhypocriste.  Tout  cela  fait  que  jamais  je  n'irai. 

Je  viens  de  recevoir  un  petit  paquet  de  Meyssonier.  Bon 
Dieu  ,  quel  homme  !  II  est  aussi  Con  (pie  notre  Tardy.  J'ai  pitie 
de  1'nn  el  de  1'autre.  II  m'a  envoye  sa  Mf-ilfduc  sph'ttHvllp  , 
oil  je  n'entends  rien  :  ce  n'est  qu'un  petit  livi'el ,  et  neanmoins 
il  n'esl  que  trop  long.  Tout  cela  n'esl  <|ue  du  I'atras  d'un 
esprit  malade  on  inqniet.  Puisjpi'il  est  si  devot  et  (ju'il  a  taut 
soin  du  salut  de  son  ame,  il  devroit  s'abstenir  de  fa  ire  de  si 
mediants  livres,  et  an  lieu  de  cela  prier  Dieu  lorsqu'il  n'a 
point  de  pratique  qui  le  presse.  Tout  ce  qn'il  ecrit  ne  vaul 
pas  le  port  de  sa  lettre. 

I.es  charges  de  in  ait  re  des  reqnetes  sont  ici  lellement  ren- 
clu'i'ies,  <|ue  Ton  (lit  qu'avant-hier  il  y  en  eut  un  (|ui  en  olfril 
cent  don/e  mille  ecus.  Quelle  manie!  Je  ne  sais  [this  on  Ton 
trouvera  des  sages.  L'amour,  I'avarice  el  1'amhition  galent 
tout  ce  (|ui  reste  de  beau  an  inonde  :  taut  il  est  vrai  ce  qu'im 
ancien  disoit  dans  nne  anlre  rencontre,  <pie  si  tons  les  Ions 
prenoient  les  armes .  la  sagesse  ne  tronveroit  point  de  |iro- 
tecteurs. 

M.  de  Brieune  a  fait  donner  nne  commission  a  un  de  nos 
com|)agnons,  j'entends  a  un  prol'essenr  du  roi  en  matlH'ina- 
liqiies,  nomine  Blondel.  II  passe  en  Hollande  ,  puis  ;i   llam 
boui'g:  'Ir  la  il  doil  dierdii-r  le  mi  de  Sui'dc  .  pnis  apres  alter 


A    FALCONET.  Kl 

vers  le  marquis  de  Brandebourg,  fit  apres  vers  le  due  tie  Sa\e, 
fit  de  la  se  rendre  a  Franclbrl ,  ou  se  doivent  trouver  tous  les 
deputes.  Ou  dit  qu'apres  tous  ces  voyages  on  lui  fendra  la  lete, 
c'est-a-dire  qu'on  le  f'era  eveque  avec  une  belle  mitre.  Je  me 
recommandea  vos  bonnes  graces,  etsuis  votre,  etc. 


LETTRK  CCCCLIII.  —  An  »wW. 

Je  vous  remercie  tlu  livre  nouveau  du  pere  Theopliile 
Haynaud.  Cela  sera  bon  a  voir.  Je  n'en  dis  pas  lant  tie  votre 
Meyssonier,  qui  est  bien  folatre.  Je  voudrois  (ju'il  s'epargnat 
la  peine  de  me  Hen  envoyer,  car  ses  livres  n'en  valent  pas  le 
port;  joint  (pie  je  n'ai  pas  le  loisir  de  rien  lire  de  telles  baga- 
telles. Get  homme  s'imagine  que  c'est  pour  lui  que  Salomon 
a  parle  lorsqu'il  a  dit  qu'il  n'y  avoit  point  tie  I'm  tie  faire 
plusieurs  livres. 

Votre  M.  Robert  est  parti  il  y  a  plus  de  hull  jours,  el  a 
fort  bien  fait  de  s'en  aller;  car  le  debordement  de  la  riviere  a 
bien  emporte  de  grosses  betes,  et  il  cut  peut-etre  cprouve  la 
me  me  fortune  s'il  n'eul  hate  son  retour.  II  n'est  rien  tie  lout 
ce  qu'il  vous  a  mantle  touchant  notre  faculte.  J'en  ai  mantle 
la  vcritetoute  pure  a  M.  S  ,  et  M.  Pietre  en  a  pareillemenl 
ecrit  a  MM.Guillemin  et  Gamier  ;  ce  qu'ils  vous  d  iron  I  si  vuiis 
leur  en  demandez  leur  avis. 

On  a  ici  park:  de  la  mort  de  M.  de  Gandale  avec  tjiielijiH* 
regret  pour  sa  personne  ,  mais  11011  pas  pour  sa  inaisoii ;  car 
son  pere  est  aujourd'hni  fort  liai,  comme  I'heritier  d'un  la- 
vori  de  Henri  III ,  qui  se  ruina  lui-meme  <H  cbranla  toute  la 
France  pour  enrichir  son  migiion,  qui  a  ete  un  terrible  co;n- 
pag lion.  Tout  Paris  n'a  parle  de  cettemortqu'avec  admiration, 
et  Ton  n'a  dit  tjuetlu  bien  ties  medecins  qui  Tout  traile.  M.  le 
comte  de  Rebt'-  m'a  ilit  <|u'il  avoil  une  vitMlle  lionoi-rlu-e  dniit 
ill.  ('. 


S-2  I.KITUKS  DK  i;r:  I'VTIN 

on  I'avdit  trouve  lunt  pourri  aprcs  sa  inort.  Pour  le  poison 
qui  en  ('-toil  soupo/miio ,  je  n  en  stiis  pas  surpris  :  on  en  (lit 
loujoiirs  anfant  a  la  morl  des  princes,  dont  on  fait  souvent 
mystere  et  finesse.  Les  taches  livides  du  cu'iir  peuvont  vcnir 
do  la  pourriture  (In  sang  dans  le  eu'iir  ct  anx  environs. 

Pour  le  cardinal  de  la  Valette,  son  IVere ,  j'ai  toujours  cm 
qu'il  lilt  empoisonne  en  Italic  par  on! re  dn  cardinal  de  Ki- 
cbelieu.qui  vouloit  miner  cette  inaison.  I'n  liu  el  ruse  courti- 
san  me  le  dit  de  ce  temps-la,  (le  cardinal  doit  mi  Jupiter 
inassacreur,  qui  t'aisoit  |)ei'ir  ses  eniieinis  par  le  fer  et  st-s  amis 
par  le  poison.  II  avoit  de  Ires  ^randes  obligations  an  cardi- 
nal dt;  la  Valette,  inais  sa  grande  fortune  I'aveugloit.  Kaissons 
ces  yens-la  ,  j'entends  ces  grands,  ces  I'avoris ,  cos  maiiiienrs 
dc  chnHions  et  veritables  (mthrupophayes 

Votre  observation  d<;  cinq  rates  distinctes  trouvees  dans  nn 
corps  (|iio  vons  avox  i'ait  ouvrir  est  fort  belle  et  bien  siiii-'n- 
Here,  .le  lui  donnerai  place  en  bon  lien,  taut  a  cause  de  vous 
quo  pour  sa  rarete. 

La  unit  passee,  vingt-deux  maisons  sontchutoes  surleponl 
Marie  dans  la  Seine,  a  minnit  precisoment ,  avec  porte.  d'en- 
\iron  trente  porsonnos  et  dc  betiuc.oup  de  bien  ;  nt'-amnoiiLs 
la  riviere  a  diminue  de[mis  bier  au  soir  do  trois  pieds.  Voila 
des  malbours  publics  (jui  nous  menac'onl  ,  disent  lt\s  bonnes 
pMis ,  a'msi  (jue  d'antres  ca  la  mites.  (  MI  ne  laisse  pas  de  I'aire  ici 
des  bals,  dos  ballets  et  do  belles  collations.  La  reinedo  Suede 
admire  tout,  et  les  autres  prennent  tout.  On  dil  <[ue  Houon 
osl  a  moitie  dans  I'ean  ,  et  qu'il  \  a  de  grandes  portosdo  mar- 
ciiandises  ;i  cause  (|u'olle  ost  entroo  dans  les  magasins.On  dil 
aussi  que  I't^au  a  emporlo  line  par  lie  dc  la  eitadello  d'A  miens  : 
j,int  '':-!  en  dcsoi'd  re.  L  bomme  e>i  tin  niis('ral>lo  animal  a  qui 
i,iu-  les  el/'inents  lout  la  liiit'rri'.  IMmr  me  toiirnit  lii-dossus 
dc  bclli'>  pensT'es  ,  liv.  7,  inais  elle.s  sont  trop  loii^ue.-.  pour 
line  lettre.  .l«%  me-  rocoininando  a  vos  bonnes  Braces,  rl  viii^ 
Volre.  etc. 

I )r  l';iri«.  I-'  \r'  ni.-ii-  Ki.'is. 


A  K \I.CH\K r  s:; 

LKTTKK  (XlCdUV.         ,\H  „„'„„•. 

Yous  saurez  pour  nouvelle  que,  depuis  nenf  ou  dix  jours . 
les  exempts  s'etant  transporter  au  convent  des  Cannes  a  den\ 
lieu  res  apres  minuit  ,  a  la  requete  du  snperienr,  ils  en  cnle- 
verent  douze  qn'ils  amenerent  en  carrosse  an  For-l'Kveque- 
C'etoientdes  compagnons  qui  se moquoient de  lenr  reflect  de 
leur  superienr  ,  qni  laisoient  grande  chore  la-dedans  en  di'-pit 
du  careme.  On  a  trouve  dans  nne  de  lenis  chainbres  \  int;t- 
denx  bonnes  perdrix  ,  des  pates,  des  jambons  et  lorre  I.KHI- 
teilles  de  vin.  Voila  comment  ces  mailn-s  moines  jeunenl  Ic 
careme,  tandis  que  les  gens  de  bien  man^ent  du  ri/  ft  dcs 
|»rnneaux.  Je  penseqne  de  tout  temps  on  a  tmmpr  It-  mondr 
sous  pretexte  de  religion.  C'est  mi  grand  mantran  qni  all'nble 
bien  des  pauvres  et  sots  animanx.  II  y  en  a  un  qni  regrette 
plus  son  or  et  son  argent  (ju'il  nesesoncie<le  sa  prison.  II  se 
vante  qu'il  a  de  bons  amis  qui  Ten  tireront  ,  et  sedit  parent 
de  madame  de  Beauvais  ,  premiere  dame  de  chambre  de  hi 
reine. 

II  y  avoit  ici  des  conseillers  de  Houen  qni  etoient  venns 
pour  I'aire  des  remontrances  sur  ce  qne  lenr  parlement  n'a- 
voit  point  voulu  verifier  des  edits  qni  etoient  trop  :i  la  charge 
de  la  province.  Le  roi  ne  les  a  pas  vonln  enlendre  .  et  les  a 
renvoyes,  et  en  a  relegne  six  dndit  parlement.  Si  Men  qne 
nous  ne  sommes  pas  an  temps  (|n'il  etoit  permis  dt^  dii-e  libre- 
ment  son  avis  pour  le  soulagement  dn  public.  An.^si  Tacile  . 
le  roi  des  liistoriens ,  a  dit  :  lluru  tnii/tnrini)  fi'lintf* ,  m  >/"i- 
bits  acnlii'i'  ijnu'  tvV/.v  ,  cf  i/i»''  si')if//is  ilici'i'f  /A'/-/,  (le  temps  eloil 
avanl  (jue  Herthe  lilat;  depuis  <|u'elle  a  lile,  le  monde  s'esi 
bi(;n  cori'ompn.  Les  moines,  les  ministres,  les  parti>ans  et 
antres  pesles  de  la  republi(|ue  sont  venus  ipii  out  bien 
change  les  alia  ires. 

1/autour  dn  livre  des /V';wA/////V''.< ,  nomine  Isaac  de  hi 
1'evrei'e.  (ia^con  .  est  ici  de  relmir  de  '{dine  II  ;)  I. lit  illlprilliei 


8-i  I.KTTKES    HE   'H'l    PATIN 

un  pelil  livre  in-qnarlo  ,  dans  lequel  il  rend  raison  de  son 
ehangement  do  religion  (on  appelle  cela  en  lernios  d'eeole  : 
abjurer  son  heresie  ,  et  il  a  desavoue  son  livre  dos  I'rt'iiiln- 
niiti's  (l).  J'ai  vu  ce  dernier  livre,  mais  il  ne  se  vend  pas  bien. 
On  dit  que  lepape  lui  a  donne  une  petite  abbaye ,  et  que  leMa- 
/.arin  lui  a  encore  promis  quelque  nouvelle  faveur  du  ciel  on  du 
purgatoire.  II  est  ici  attendant  oette  grace,  aussi  avidenient 
que  vouspouvez  I'lmaginer  d'un  Gascon  qui  a  peurde  mourir 
de  t'aim ,  et  qui  n'a  change  de  religion  que  pour  fa  ire  fortune 
et  meilleure  chore  aux  depens  de  qui  il  appartiendra.  II  se 
produit  ici  conune  s'il  e.toit  grand  faiseur  de  miracles  on  de- 
biteur  de  pardons.  Notre  grande  ville  de  Paris  est  un  theatre 
fort  propre  a  cela;  car  il  s'y  rencontre  beaucoup  de  sols  el 
de  eurieux  ,  et  pareillement  d'ignorants,  qui  s'etonnent  aise- 
inent  de  ce  qu'ils  ne  connoissent  point ;  et  de  plus  un  Gascon, 
savant ,  courtisan  ,  huguenot  convert!  qui  vient  de  Rome  . 
est  fort  propre  a  ce  badinage  et  a  jouer  une  telle  corned ie. 

Puisqu'on  iinprime  che/.  vous  le  Kernel  ,  je  veux  vous  prier 
d'une  chose,  qui  est  d'y  fa  ire  cori'iger  une  faute  que  ceux 
d'Utrecht  ont  faite  a  leur  impression,  lorsqu'ils  disent  dans  sa 
vie  qu'il  avoit  soixante-douze  ans  quand  il  mourut,  ce  qui  est 
tres  faux;  car  je  vous  assure  qu'il  n'en  avoit  que  cinquante- 
deux  ,  ce  (\ue  j'ai  oui  dire  a  feu  M.  de  Villerai,  maitre  des 
requetes,  ills  d'une  h'lle  tie  Kernel,  laquelle  n'est  morle  (ju'en 
164-2.  Je  1'ai  aussi  oui  dire  a  d'autres  de  ses  parents  ,  et  c'est 
une  tradition  toute  claire  dans  sa  famille.  Mais  sans  la  tradi- 
tion ,  qui  n'est  pas  toujours  assuree ,  j'en  ai  deux  preuves 
tres  certaines :  1'une  est  tiree  des  registres  de  notre  faculte, 
(jue  j'ai  eus  entre  mes  mains  land  is  que  j'ai  ete  doyen,  on  il  t>st 
expressement  remanjue  que  Kernel  mourut  le  26  avril  l.:if)JS , 
nxtto  ft'ffifi*  52  ;  1'aulre  preuve  est  dans  son  epitaphe  a  Saint- 
Jac.ques  de  la  Boucherie,  ijue  j  ai  fait  voir  a  unr  mlinilc  dr 
j)ersonnes,  oil  il  esl  encore  marque  qu  il  mourut  a  Ta^e  dc 

1    \  ove/.  la  nolo  sur  la  I'cyreiv  ,  tome  II  ,  pac;o2fi;{. 


\     KAI.IONKI'  *.') 

ciiiquante-deux  ans.  L'auteurde  cette  epitaphe  y  est  nonim*- 
I'hilippus  hiir Julius,  /''ernclii  (ji-ncr ,  qui  etoit  un  maitre  des 
requetes  et  president  an  grand  conseil ,  son  premier  gendre  ; 
le  second  fut  M.  Gilles  de  Kiant,  president  au  mortier ,  qui 
est  mort  1'an  1567,  sa  veuve  lui  ayant  survecu  qnarante-cinq 
ans. 

Nous  commeneames  hier  nos  examens  rigoureux.  IK-  on/e 
presentes,  il  y  en  eut  un  qui  (it  assez  mal ,  quoique  Ills  de 
maitre  On  lui  conseilla  de  se  retirer,  ce  qu'il  lit.  Son  prre 
etoit  un  nomine  Ferrand  ,  grand  I'endeur  de  naseaux  ,  fort 
debauche,  qui  eut  ete  pendu  pour  la  i'ausse  inonnoie  s'il  nit 
encore  ete  en  vie  un  mois  on  deux.  Les  autrcs  pretendants  out 
fort  bien  fait.  Je  suis,  etc. 

De  Paris.  U-9avril  163S. 


l.KTTKK  CCCCLV.    -  .ill  meme. 

Le  roi  est  tombe  inalade  it  Mardick  ,  d'oii  il  a  ete  inene  ii 
Calais.  Ses  medecins  sont  (iuenaut,  Valot  et  Daquin.  On  dit 
(jue  le  jour  que  Guenautarriva,  Valot  avoit  purge  le  roi.  dont 
il  s'esttrouve  plus  mal :  aussi  n'y  a-t-il  rien  deplus  dangereux 
({u'une  medecine  prise  trop  t6t  et  (ju'nn  medecin  ignorant. 
Des  le  commencement  du  mal.  le  roi  n'ayant  encore  cle  sai- 
gnc  qu'une  fois,  il  y  eut  dispute  entre  Valot  et  un  autre  in*'1-- 
decin  de  la  cour  toucliant  la  saignee.  Valot  disoit  qu'il  ne  fal- 
loit  point  saigner,  I'autre  pressoit  de  le  Cairo.  On  appela  pour 
arbitre  un  tiers,  qui  est  un  medecin  d'Abbeville  on  on  1'alla 
querir,  nomine  M.  du  Sausoy,  <jni  fut  d'avis  ipie  le  roi 
devoit  etre  saigne.  Valot  trouva  mauvais  cette  oppo>iti<»n,  d 
lui  (lit  (|n'il  etoit  bien  hardi.  M.  du  Sausoy  lui  repondit  :  Mon- 
sieur, je  vous  connois  bien;  le  roi  a  besoin  d'etre  saign*'*  et  !»• 
doit  etre;  si  vous  ne  trouvex  pas  bon  mon  avis,  je  ne  in'en 
soucie  pas,  non  jtlus  que  je  ne  vous  liens  point  capable  de 
juger  de  ce  ditterend.  Le  roi  fut  saigne.  et  sur  cette  di\ei>ite 


S(>  I.KITUI.^  in:  (, i  i  I-ATIV 

d'avis,   la  rein<-  dit  qu'il   falloit  cnvoyer  querir  Guenaut  a 
Paris.  Quelques  jours  apres,  le  roi  demanda  lui-meme  le  me- 
decin  d'Abbeville;  on  le  retounia  querir,  il  continua  de  traitor 
le  roi  avec  les  autres.  On  1'a  saigne  nouf  fois  en  tout.  II  cut 
une  niauvaise  nuit  le  13  et  le  14  de  juillet.  On  tient  pourtant 
qu'il  sortira  de  Calais  lundi  prochain  2-2  juillet.  II  y  en  a  qui 
disent  ici  que  le  roi  n'est  pas  encore  bien  et  qu'il  n'est  pas 
exempt  de  fievre;  mais,  soit  qu'il  1'ait  ou  non,  j'ai  toujours  cru 
qu'il  c.:  gueriroit  et  1'ai  voulu  gager  centre  plusieurs  per- 
sonnes.  Le  roi  est  un  prince  bien  fait ,  grand  et  fort,  qui  n';» 
pas  encore  vingt  ans ,  qui  ne  boit  presque  pas  de  vin ,  qui  n'est 
point  debauche,  qui  n'a  nulle  partie  gatee  ni  interessee  dans 
le  corps.  Sa  maladie  n'a  ete  (jii'un  exces  de  chaleur  d'avoir 
monte  a  cheval  et  d'avoir  eu  longtemps  le  soleil  sur  lalete, 
qui  est,  selon  le  temoignage  dc  (ialien  ,  une  des  plus  puis- 
sanles  causes  externes  des  maladies  ;  joint  qu'il  y  a  du  mau- 
vais  air  et  de  la  puanteur  en  ces  quartiers  maritimes  ou  est 
1'arniee.  C'a  etc  une  fievre  continue  putride  ([ui  avoitbesoin 
seulement  de  la  saignee  et  d'une  diete  rafraichissante  ,  avec 
de   legers  purgatifs,   sans    aucun  besoin  de  vin  emetiqtie  . 
comme  its  publient  qu'on  lui  a  donne.  S'il  en  a  pris  ,  appa- 
remnient  its  ne  lui  en   auront  [>as  donne  plus  d'une  once 
dissoute  dans  queUjue    infusion  de  sene.   Kt  ce  <|uc  notre 
niaitre  Guenaut  a  fait  niettre  dans  la  gazette  par  son  bon  ami 
Henaudot   n'a  ett'1  (|iie,  pour  tacher  de  canoniser  ce  poison  , 
(|ue  les  charlatans  appellent  un  remede  prt'-cieux  ,  et  (ju'on 
pourroil  plus  veri tablemen t  nommer  pernicieux.On  ditque  le 
roi  souhaite  fort  qu'on  le  porte  a  Compiegne,  puis([ue  I'airdr 
Calais  n'est  j)oint  bon.  On  continue  ici  les  prieres  et.  les  pro- 
cessions pour  sa  saute  ,  et  je  suis  ravi  de  voir  la  devotion  du 
peuplr   pour   sa  (Convalescence  ;   ear  enlin   il   ne  m'importe 
gui'-re  de  (|iu;ls  remedes  on  st!  sera  servi ,  corporels  ou  spiri- 
tuels ,  poiirvu   iju  il   guerisse.   C  est  un   prince  digue  d'etre 
ainii'  de  crux  nicincs  a  ijui  il  n'a  jainais  fait  de  bien,   qui  a 
de  grandt's  parties  et  sur  les  inclinations  duquel   la  France 


\    KU.i.ii.M.  I  . 


louder  mi  repo>  que  lc>  deux.  canlinaiix  ilr  Uicbelim  rt 
i  luiontote.  Je  me  sens  |>our  hit  inir  incliiialiuti  \iu- 
lente,  au-dela  dece  que  les  Kranvois  out  d'ordinaiiv  pour  Irur 
prince.  Je  vous  baise  les  mains,  et  linisen  YOIIS  asstirant  que 
jc  suis  toujours  votro,  ete. 
DC  Paris,  Ie20juillct  1658. 


LKTTKK  CCCCLVI.         .I/ 

11  est  mort  uii  eonseiller  de  la  grand  chambi'e ,  no 
president  Chaniprond.  II  avoit  autreluis  ele  (H'csidcnt  an\ 
eiujuetes.  11  avoit  (juatre-vinyts  ans  .  et  n'etoil  ii'inain'  ijiie 
depuis  deux  ans  a  une  jeune  (einine.  II  avoit  exlivnu'infiil 
envie  de  laisser  de  sa  lignce  et  n'en  a  pn  \rnii1  a  honl.  II  a 
ressemble  a  Manard,  ducjuel  a  [)arle  Paid  Jove  en  scs  Klo},res  : 

In  forca  qiti  te  morilunnn  di.ril  (irii^n.i  . 
Non  mentitus  crat ,  conjugis  ilia  /nil. 

Un  conseiller  de  la  cour,  noinnie  M.  Dalesso ,  ^jendre  de 
M.  Tiba'ul'de  liouville,  qui  est  conseiller  de  lagrand'clianibre, 
a  (juitte  sa  tern  me,  qui  est  jeune  et  belle,  et  s'est  rendu  prre 
de  I'Oratoire  ;  mais,  avant  <me  de  se  retirer  la-dedans,  il  a 
ete  trouver  son  beau-perc,  lui  a  rendn  ce  qiril  avoit  toticln- 
de  son  mariaye ,  ct  I'a  prii-  de  fa  ire  ainender  >a  lille  s'il  jioii- 
voit .  que  pour  lui  il  n'en  avoit  pu  venira  bout  ,  et  ouliv  crla 
lui  a  mis  entre  les  mains  une  cassette  qu'il  a  lineiiK'nl  pris(-  ,i 
sa  temme,  dans  laqmlle  etoicnt  contenues  les  ItMtres  dr  divi  IN 
personnages  qui  entretenoient  eette  bonne  (lanic:  ct  ,nii>i  lr 
desespoir  a  fait  son  mari  moine.  .\<»tre  sainte  I'^ltsc  embrasx- 
tout  dans  son  ^ii'on  :  tout  lui  est  bon,  poiirvu  <|u'on  ait  ilc 
I' argent. 

Mon  rt-lieur  me  rendil  dei'iiierement  mo  I /<;-•"/' N  ilc  (im- 
tius.  ,1'ai  commtuice  a  le  pai'courir.  II  r>l  en  beaux  lei'me>  el 


8S  I.K'I  Tlth>    DK    i,t  I    I'M  IN 

tout  plein  de  tort  bonnes  c hoses.  Si  ce  livre-la  vient  janiais  a 
etre  traduit  en  t'rancois ,  comine  il  est  fort  curieux  ,  je  pense 
qu'il  sc  vendra  bien.  II  est  fort  bien  fait ;  il  n'est  pas  si  parti - 
culier  que  le  Fainianus  Stratla,  niais  il  est  plus  savant  et  ap- 
proclie  bien  plus  de  Corneille  Tacite. 

.Nous  avons  deux  nouveaux  marechaux  de  France,  savoir. 
31  de  Mondejeu  ,  gouverneur  d'Arras  ,  et  M.  Fabert,  gouver- 
neur  de  Sedan,  sans  compter  M.  de  Castelnau ,  qui  moun.it 
six  heures  apres  en  avoir  reeu  le  baton  ,  et  qui  dit  en  le  rece- 
vant  que  oela  etoit  beau  en  ce  monde,  niais  (ju'il  s'en  alloit 
dans  un  pays  ou  cola  ne  lui  scrviroit  guere. 

Oil  offre  a  la  veuvc.de  defunt  M.  de  Fontaines  Boer,  secre- 
taire du  conseil  des  finances,  qui  mourut  subitement  la  se- 
maine  passee,  la  somme  de  douze  cent  mille  livres  pour  la 
charge  de  son  mari.  II  faut  bien  derober  pour  taut  gagner. 

Ces  carmes  noyes  dont  vous  avez  entendu  parler  me  font 
souvenir  qu'il  y  a  toujours  des  moines  dans  les  bateaux  et 
qu'ilsvont  toujours  au  fond  de  I'eau.  S'ils  n'alloient  que  par 
terre,  ils  ne  seroient  pas  sitot  noyes  ,  an  reste ,  je  voudrois 
(jue  le  malheur  ne  tombat  janiais  que  sur  ces  capuclions.  Le 
roi  a  entre  dans  Paris  en  carrosse  le  lundi  12  aout,  a  six  heures 
du  soir,  par  la  porte  Saint-Denis;  je  1'ai  vu  moi-nieme,  et  j';»i 
erie  vive  lo  roi  conime  les  autres.  II  a  assez  bun  visage.  IV///-, 

DC  Paris,  lo  12aoiAiH6o8. 


LKTTRK  CCCCLVll.  —  AH 

Nous  avons  appris  ici  de  ceux  qui  y  (^toient  I'histoiredu 
vin  (Miieti'jiie  de  Calais  :  le  roi  ayant  a  etre  purgi' ,  on  lui 
prepara  trois  doses  d'apozernes  jnirgatil's ,  (jui  I'toient  chacun 
dt1  cinq  onces  d'eau  de  casse  ,  et  rinftision  de  deux  dragmes 
de  si'in'1.  Le  cardinal  deinanda  si  Ton  n'y  melloit  rien  d'ex- 
traordinaii'e.  Esprit,  inedecin  de  M.  le  due  d'Anjou  ,  dit  que 
Ton  y  pouvoit  ajouter  quel(|ue  one*.1  de  vin  emetique  (  voye/ 


A    IAI.I.OM-.  1  S'.i 

la  belle  polilique  de  notre  siecle ! )  :  Ic  medecin  du  pnx-hain 
heritier  de  la  couronne  ,  et  suecesseur  immediat,  ntlhihcitir  in 
(•onsiliuin  pro  rcge ,  ct  renenatum  stibium  audft  prtescriluwe . 
S'il  en  eut  etc  cru ,  et  que  le  roi  fut  inort,  son  mnitre  eut  ete 
roi,  et  lui  premier  medecin  du  roi.  .Yo/<  sir  t-i;,t  /'»  y>/-/?uV/>/o .- 
autretbis  on  n'appeloit  janmis  chez  le  roi  inalade  les  medecins 
des  princes  du  sang,  pour  des  raisons  poliliques  tres  fortes 
mais  aujourd'hui  tout  est  ren verse)  (1).  r.uenaut  dit  (ju'il  n'y 
en  falloit  done  guere  mettre  :  Yvelin  proposa  deux  dragmes  d<> 
tablettes  e?<?  citt-o  ,  alleguant  qu'elles  n'avoientpas  tant  de  cha- 
leur  que  le  vin  emetique.  Guenaut  repondit  (jue  lachaleur  du 
vin  emetique  n'etoit  point  a  eraindre,  vu  que  Ton  en  melloit 
pen;  la-dessus  Mazarin  dit  (ju'il  falloit  done  prendre  du  vin 
«3ni6;ti(]ue  ,  dont  on  mil  une  once  dans  les  trois  prises  ;  le  roi  en 
prit  une,  sauf  a  lui  donner  les  autres  quand  il  seroit  temps  : 
an  bout  de  deux  heures  le  remede  passa,  et  le  roi  fut  ce  jour- 
la  a  la  selle  vingt-deux  fois  ,  dont  il  fut  fort  las.  Le  soir,  hi 
lievre  redoubla  plus  fort ;  la  nuitsuivante  fut  fort  mauvaise  : 
il  fallut  le  saigner  de  grand  matin,  non  sans  regret  d'avoir 
donne  du  vin  emetique;  car  s'il  en  fut  arrive  pis,  ilsn'eussenl 
pas  manque  d'en  etie  maltraites.  Le  roi  fut  encore  saigne  deux 
autres  fois,  et  puis  il  fallut  le  repurger,  ce  ([tie  Ton  lit  av«v 
deux  dragmes  de  sene  et  de  casse  delayee,  et  une  once  <!»• 
strop  de  chicoree  compose  de  rhubarbe,  et  il  se  porta  mieux 
ensuite.  Si  bien  que  ce  n'est  pas  la  peine  de  dire  que  le  vin 
emetique  a  sauve  le  roi,  vu  (ju'il  en  a  pris  si  pen  qu'il  ne  sc 
peut  moins ;  et  meme  le  roi  ne  voulut  point  prendre  1'autre 
remede  qu'ils  ne  lui  jurassent. qu'il  n'y  avoit  point  de  vin 
emetique,  tant  il  le  haissoit  encore.  Ce  <|iii  a  sauve  le  mi  a  <•('• 

(1)  A  oila  des  raisons  politiqucs  hien  injuricuses  pour  les  priiu'odn 
.sail;;  ct  lours  mcdccins.  Lr  cardinal  do  Hot/,  dit  (incltiiK-  part  dan* 
so  iiu-moires  que  les  Brands  el  les  courtisans  payaient  ceitain-*  me 
cins  pour  leur  siuiialer  en  secret  les  ^vns  en  place  allfinl>  de  <',r;ne~ 
maladies  et  qni  poiirraienl  y  succomber.  KM  uMite.  non-  n'en  MHiime* 
pas  encore  h  oes  rai'liiiements  d'inlrijjiics  d  de  corrupliun.  ;H.  IV 


<)0  I.K11KKS    Uh    i.l  I    I'AIIN 

son  innocence,  son  age  fort  et  robuste  ,  neuf  bonnes  saignees 
et  les  prieres  r/es  {/e>ts(lc  bicn  contmc  nrms,  etsurtoutdescour- 
tisans  et  oftieiers ,  (|ui  eussent  ete  ibrt  affliges  de  sa  niort , 
particulierement  le  cardinal  Mazarin  (1).  Le  roi  d'une  part , 
et  la  reine  de  1'autre,  vouloient  fa  ire  clmsser  Valot,  et  I'eussent 
fait,  uiais  le  Mazarin  I'a  niaintenu.  Guenaut  est  ici  assex.  nial 
content  de  ce  pea  qu'cm  lui  a  envoy*;  pour  le  voyage  qn'il  a 
fait  a  Calais,  en  la  maladie  du  roi,  et  a  (lit  que  si  nne  antre 
Ibis  on  le  mandoit  pour  aller  si  loin  ,  qu'il  le  refuseroit.  I.e 
tiers  d'une  once  tie  vin  emetique  n'a  done  servi  qu'a  fa  ire 
babiller  le  gazetier,  suivant  sa  coutuine. 

J'appreuds  que  M.  le  comte  de  Rebe  se  porte  mieux  ,  inais 
je  n'y  vais  point.  11  a  demande  pourquoi  je  ne  le  vais  point 
voir,  je  vous  vais  dire  la  raison  :  on  m'a  rapporte  qu'il  disoit 
(jue  dans  le  faubourg  Saint-Germain  on  lui  avoit  proinis  de 
lui  fa  ire  voir  un  medecin  etranger  (|iii  savoil  guerir  de  l<i 
goutte  et  de  plusieurs  autres  maladies;  j'attends  (|ue  cehii-la 
I'ait  gueri,  et  auparavant  ji;  n'irai  point,  s'il  ne  me  mande, 
et,  lui  me  viendra  voir  s'il  vent. 

Pour  M.  votre  fils,  je  vous  averlis  <|n'il  est  mieux  a  Lyon 
qu'a  Paris,  on  la  jeunesse  est  merveilleusement  debauclK'e. 
Vous  en  voule/  faire  un  medecin?  II  pent  fa  ire  sa  philosophic 
a  Lyon,  et  apres  vous  nous  1'enverrez  ici  ]>our  la  nxklecine, 
mi  an  on  deux  ans.  Si  M.  votre  fils  den  curt!  pres  dc  vous, 
vous  en  ser*1/.  mieux  le  maitre,  sa  saute  sc  fortiliera  ,  t;t  d 
sera  plus  capable  de  me  croire  dans  deux  ans,  si  j'y  siiis  en- 
core. Quand  il  aura  ici  etudie  (juehpie  temps  ,  il  faudra  !<• 
faii-e  passer  doctcur  en  peu  de  temps,  et  apres  le  retirer  prcs 
de  vous ,  on  il  vous  suivra  che/  les  malades ,  et  on  il  appren- 
dra  plus  cu  trois  mois  f|u'en  quatre  ans  a  Montpellier,  on 
j'apprends  aussi  (pie  les  jeunes  gens  sont  fort  d('vbauches.  J'eu 
ai  plusieurs  exemples.  mais  j'y  prends  moins  d'iutt''ret  Ktant 

1  J'ai  parle  <lo  colic  maladie  dii  jciine  roi  cl  dc  l.i  \i\c  conlrariclr 
(|iio  le  Irailcincnt  par  I'anlimoiiie  causa  ;i  (ini  Patin.  \o\c7,  la  notice 
biorraliiriic.  pa^c  \MX.  H.I'. 


\      I  . M.I. DM;  I  l.M 

a  Lyon  ,  pivs  dc  vous,  il  pourra  vou>  rcndiv  bon  romplr  i|, 
son  loisir,  et  a  son  aisr  et  ii  son  grand  prolit ;   il  lira  Hippo- 
crate,  (ialien,  Kernel  et  Duret.  Voila  ce  quej'en  pense;  si 
vous  desirez  que  I'alFaire  aille  autremenl ,  vous  en  etes  Ic 
juaitre,  et  jesuivrai  entierement  votre  avis. 

Si  vous  retenez  M.  votre  Ills  a  Lyon  pour  Cairo  sa  pliiloso- 
phie,  tachez  de  Cairo  en  sorte  qu'il  apprenne  le  grec  si  lieu 
reusement  qu'il  sache  bien  sa  grammaire,  le  IVouveau-Testa- 
nicnt,  Lucien,  (ialien  et  Aristote  Dans  deux  ans  il  sera  plus 
robuste  et  plus  propre  a  su|)porter  son  premier  hiver  a  Paris, 
qui  y  est  extraordinairement  rude  aux  nouveaux  venuset  aux 
jeunes  gens;  et  me'me  alors  il  Caudra  1'envoyer  des  le  mois 
d'aout,  alin  qu'il  y  j)asse  rautoinneet  qu'il  y  soil  arcoutume 
avant  (jue  1'hiver  vienne  :  Imlii's  quill  yiiiium  ;  ti'ifui  ln>ni<{w 
(•(ntsult's ,  diversum  for^ni  scu/ivs  Lugdtini,  fn  si  hie  s/.s,  n/itcr 
stud'as.  Je  vous  baise  les  mains ,  et  suis  de  tout  inon  cirur 
votre ,  etc. 

/'.  6'.  On  (lit  ici  quo  le  milord  Lockart,  ^ouverneur  dc 
Dunkerque,  demande  a  parlementer  avec  M.  le  cardinal 
Ma/arin  j>our  la  peur  qu'il  a  que  les  all'aires  d'Angleterre  nc 
cliangent,  a  cause  de  (juoi  il  veut  s'assurer  dc  la  protection 
de:  la  France  pour  ganler  sa  place.  Le  roi  d'Angletorre  est  en 
Flandre;  il  n'a  pas  enlreprisdo  passer  en  Kcosse,  connne  1'on 
disoit,  car  il  n'a  ni  homines  ni  ardent,  et  le  roi  d'Kspapne 
n'a  ni  Fun  ni  1'autre  pour  1'en  assister. 

On  dit  que  M.  le  marechal  de  (irammont ,  (jui  est  ici  de  re- 
l.)ur  depuis  j)eu  de  Francfort,  s'en  va  en  Angleterre  en  <|ualit(; 
d'ambassadeur  extraordinaire.  On  dit  que  le  nonet!  du  papc 
demande  avec  beaucoup  d'cmpressement  une  audience  pour 
se  plaindre  du  gazetier,  qui  a  fort  maltraite  notre  Saint-Pere 
le  pape  en  sa  penultieme  gazette  :  on  dit  que  cet  ondroit  vicpi 
de  iM.  Servien,  surintendant  des  finances,  el  qu'il  n'a  p;^ 
ell'-  mis  la  sans  (|uel<|ue  dessein  ,  <pie  la  morl  de  Cromwell. 
laquelle  survint  en  ce  mcmc  temps-la  .  aura  iHoiiliV. 

Do  Paris.  IP  2'i  scplrinlirc  1(>iiS. 


92  l.hlTHtS   DK    (,ll    I'AICN 

LKTTRK  CCCCLMIl.  —  Aumrmr. 

Nous  avonscnlin  un  premier  president  an  parlement,  savoir. 
M.  cie  Lamoiguon,  maitre  des  requetes,  fort  habile,  fort  sa- 
vant et  de  grande  reputation.  II  est  de  bonne  faraille,  fils  d'un 
president  an  mortier.  et  n'a  que  quarante-deux  ans.  On  dit 
que  cette  charge  ne  lui  coute  rien  ,  et  que  le  cardinal  Ma/ariii 
lui  a  dit  lui-meme  que  le  president  de  Novion  lui  en  avoit  of- 
t'ert  six-vingt  mille  pistoles  (ju'il  a  refusees.  N'est-ce  pas  une 
nierveille  qu'un  ministre  d'Ktat  conime  lui,  qui  a  pristrente 
milleecus,  en  plusieurs  articles  ,  d'un  charlatan  inconnu  et 
ignorant,  pour  le  faire  premier  medeciu  du  roi,  ait  refuse 
une  si  belle  somme  pour  faire  un  premier  president?  S'il  est 
vrai,  c'est  a  cause  du  grand  merite  de  celui  a  (jui  il  donne  cette 
charge,  de  meme  que  pour  sa  naissance  et  pour  sa  capacite 
dans  les  affaires.  Les  homines  ne  sontpas  tou jours  mediants, 
ils  s'amendent  et  reconnoissent  la  vertu  tot  ou  tard  ;  car  elle 
n'est  pas  en  tout  temps  ce  <jue  disoit  Brutus,  1'ombre  de  la 
fortune  :  meme  les  mediants  se  lassent  de  mal  faire.  Nous 
avons  etc  ce  matin  en  corps  saluer  le  premier  president  an 
nom  de  notre  Faculte.  Le  doyen  lui  a  porte  la  parole,  et  lui 
a  fait  une  petite  harangue  en  latin  ,  de  dou/e  lignes  ou  envi- 
ron ,  a  laquelle  il  a  repondu  sur-le-champ  en  meme  langue.  II 
nous  a  promis  merveilles  ,  plus  que  nous  lui  demandions  et 
plus  (ju'il  ne  nous  tiendra  ,  si  du  moins  il  fait  comme  les  au- 
tres  grands ,  qui  ne  veulent  pas  el  re  esclaves  de  leur  parole 
Tout  le  monde  est  1'ort  content  de  sa  promotion  ;  il  y  a  sen  le- 
nient quelques  gens  de  longue  robe  qui  souhaiteroient  qu'il 
I'ul  un  pen  plus  vicux,  puisqu'il  sera  chef  et  le  plus  jeunr  dc 
la  grand'chambre.  J'en  vois  d'autres  (|iii  se  rejouissent  de  ce 
qu'il  est  dans  son  anie  janseniste,  et  ((u'il  n'a  point  1'ame 
moutonniere .  servile  el  tyrannique.  II  sail  les  portes  gives 
par  co-ur,  Plutarque,  C.iceron  et  Tacile  ,  qui  ne  sont  pas  dcs 
mauvais  origiuaux  :  il  sail  aus.;i  j»ar  cinir  la  pathologic  de 


A    FAI.CONKT.  «).{ 

noire  Kernel ,  qu'il  a  autrefois  lue  par  mon  coiiseil.  M.  I,.-  car- 
dinal Mazurin  lui  a  rendu  visile.  Comine  M.  de  Lamoignon  lui 
disoil  qu'il  lui  avoit  beaucoup  d'obligalions,  on  dil  que  .Ma- 
/.arin  lui  repondil  :  Mviisit'iir,  >•/  If  roi  cnt  />u  froi/rcr  tf«n*  sun 
rut/aunt?  un  i>lus  homme  de  l>i/;n  yw  rout ,  //  lie  ronx  <  fif  i,<ia 
donnf'  cette  charge.  Tous  ses  amis  disenl  qu'il  n'a  rien  promis 
ni  donne;  mais  d'aulres  parlent  auirenient ,  el  noinment 
memedeuxgrandessommes ;  savoir,  sa  charge  de  inailre  des 
requeles  el  six-vingl  mille  ecus  d'une  aulre  part,  ce  quo  je 
ne  puis  croire.  Outre  (ju'il  esl  fort  regie,  il  n'est  pas  assex. 
riclie  pour  donner  de  telles  soinmes ;  car  il  n'a  jamais  en 
;U),00()  livresde  renle.  On  ditque  la  reine,  on  parlanl  de  lui , 
a  dit  :  Yollij  /"  /ircni/f'rr  join  <jw  M.  If  cardinal  u  ef<:  //c;///;/r//.r. 
11  y  cut  dernierement  un  docleur  deSorbonne,  janseniste  des 
plusechautfes,  (jui  me  vinl  voir.  11  me  dit  (jue  M  le  chancelier 
lenr  esl  fort  contraire  ,  el  letir  fail  plus  de  inal  que  les  jesuiles 
memes;  (jti'ils  out  trois  Hvres  a  I'aire  iniprimer,  el  qu'ils  n'o- 
senl  neanmoins  1'enlreprendre.  L'un  est  un  journal  de  lenr 
voyage  a  Home  ,  en  1052,  donl  ils  n'eurenl  pas  grand  con- 
tenlement ;  car  1'annee  suivante  il  vinl  line  bnlle  qui  con- 
damna  les  cinq  propositions  pretend ues  etre  de  Jansenins , 
(juoique  ceux  de  deca  nient  for  lenient  qu'elles  se  puissent 
trouver  dans  son  livre.  Ce  ful  dans  ce  voyage  qn'un  cardinal 
de  leurs  amis  lenr  dit  qu'un  jour  le  pape  Innocent  X  elant 
en  colere  contre  un  moine  qui  n'avoit  pas  assex.  hardiment 
parle  de  sa  toute- puissance  papeline  dans  un  livre  (jtiil 
avoit  fait,  dit  plaisammenl  en  italien  :  •/'•  m'':t<nuit.'  fm-t  i-om- 
iin'iif  t'd  i/Htiiii'  t'ftf  s/  fUt  </c  IK'  jttis  ri'li'i'i'T  um  tuufc-jiim^inn'i'  , 
fjiiifit/n  il  dolt  Mirolr  </i«'  tuns  lt\*  ntntnt'*  vnsuniblc  in-  .•mn,'  </'"' 
nit1*  snldfits ,  I/IK-  je  x///.v  It'iu'  i>r<>nn/'r  nifi/funn'  <•/  </cnf'/'tii 
tl'onin'C.  Feu  M.  Servin,  avocat-general ,  <|iii  mourutdans  la 
grand Chambre  d'une  apoplexie,  en  taisant  des  rcmontrancf> 
an  roi  ('outre  des  edils  (|it'il  alloil  I'aire  vt'rilier,  disoit  qnel- 
quefois  en  raillanl  (|ue  les  j(''sui1e>  t'toienl  les  janissaiies  dn 
|>ape,  et  les  aulros  innines  ses  arguulrts.  I.e  b<m  mot  dn  pape 


<M  I.KTTHRS    ])K    Ci:i    I'ATIN 

Innocent  n'a  pas  ele  oublie,  et  a  ele  enchasse  en  bon  endroit. 
a  ee  (juc  me  (lit  le  doclenr  de  Sorbonne,  qui  en  sail  bien 
quaiitite  d'autres.  II  m'a  dit  qu'ils  ont  1111  aulre  journal  pret  a 
elre  mis  sous  presse ,  tonchant  les  assemblies  (jui  furenl 
laites  en  Sorbonne  pour  examiner  le  livrede  M.  A.  Arnault, 
il  y  a  deux  ans ,  oil  trente-lmit  moines  de  diverses  couleurs 
enrent  seance  el  voix,  ee  qui  fit  trebucher  la  balance  contre 
M.  Arnault.  Plusieurs  bons  mots  y  f'urent  dits.  Kn  voici  un 
<|iii  m'a  toujours  plu.  Un  jansenisle  disoitbai'diment  son  avis; 
mi  eveque  du  parti  contraire  le  voiilnt  interrompre :  c'etoit 
l'eve(|iie  de  Rodez  ,  precepteur  du  roi.  Le  docteur  lui  dit 
qu'il  n'avoit  mil  droit  de  I'interrompre,  et  qu'en  cas  qu'il 
parlal  mal,  cela  n'appartenoit  qn'a  M.  le  chancelier  on  a 
M.  le  doyen  qui  etoient  presents.  C.ela  irrita  encore  davanlage 
Af.  1'eveque,  qui  lui  dit :  f'cst  qw  r<»<s  nri-z  ninniiK'  Jnnspniits. 
Le  docteur  lui  repondit :  f'f(«i  na  roxs  dnif  ////.s  di'plfiii'c ,  ninn- 
xipnr;  il  i-toit  t'veque  coininc  roiis  cf  HUMI'  hicn  fjttc  vans.  L'eve- 
querepliqua  :  ("f'-tolt  un  bcl  i>w'qw>!  il  nc  I'd  i>t<>  t//tf  di.r-hnit 
inoix.  Le  docteur  lui  repartit  sur-le-champ  :  Monsieur,  jieiitez- 
roux  a  f-c  qiK'  COKS  (Utex  ?  II  cxf  iitnrt  Ics  <irnt<>x  a  In  main  t/nns 
fin/) .  ewr/if'  ;  et  s'il  cut  mart  ji'inii' ,  sniiccnov<mx  f/"f  CITO  K.\i'- 

TITS  EST  NE  MALITI.V  MITAHET  INTI- I.I.ECTl'M .    A   (jllo'l    1'eveque    Sp 

tut,  et  tons  se  mirent  a  1'ire,  mt3me  AF.  le  chancelier  ne  s'en 
put  pas  retenir.  Je  suis  tout  a  vons. 
De  Paris,  lo  \\  octobrc  K558. 


LKTTRK  CCCCL1X.    -  \n  ,.,<•>»(>. 

On  vient  de  me  dire  qu'il  court  ici  un  livre  en  caclicllc. 
intitule  l)c  rinfaillibiliti'  (In  i>«i>c.  On  croit  qne  c'est  qneltjiie 
onvrage  des|jansenistes  irrites contre  lui,  'pom1  la  bulle  dr 
I()i")3,  et  meme  qne  le  cardinal  Ma/arin  est  malcontent  de 
Rome,  a  cause  (ine'lelpaiie  c^t  porl*'1  noiir  Ic  rai'diiuil  dc  l»rl/, 

I          kt       <JI        I 


A    K  \I.CO\K  I.  <».', 

el  qu'il  n  f'ait'demander  ici  par  .son  nonee  poiinpioi  on  lein- 
peche  (It;  jouii1  de  sou  temporal.  Je  ne  pense  pas  iieamnoins 
que  le  papo  nous  I'asse  jamais  grand  inal ,  tandis  (pic  le  car- 
diual  Mazarin  sera  dans  le  plus  liaut  credit  qu'un  ministre 
d'Elat  puisse  jamais  etre,  si  ce  n'est  iju'il  nous  vonlut  oter  le 
careme;  en  quoi  il  f'eroit  grand  depit  aux  poissonniers  ct  ven- 
deurs  de  maree,  ou  bien  ipi'il  nous  excommuniat;  car  on  dit 
(jue  lorsqu'un  liommeest  exeommunie,  il  devient  noircomme 
poivre.  Cela  me  viendroit  done  bien  a  propos ,  ear  je  com- 
mence a blanchir ;  et  si  j(;  devenois  noir,  je  eroirois  rajeunir. 
M.Amyraut,  ministre  de  Saumur,  est  ici  depuis  qwlqiif 
temps.  11  prechadimanche  dernier  a  Charenton  ,  avec  applau- 
dissemeutset  satisfaction  de  ceux  ipii  rouirent.  Vous  save/, 
qnc  c'est  un  i'orl  savant  lionune  et  (pii  a  beaucoujj  tVrii.  II 
Tail  une  Murnlc  <:/</•<'•( ieimc  dont  nous  avons  ileja  qualre  pai  tic.s. 
sans  ce  (jui  viendra  ci-apres,  earj  apprends  (|u'il  a  unesanlr 
fort  robuste.  II  me  semble  qu'il  y  a  peu  d'auteurs  (pii  ecri- 
vent  inieux  (jue  lui,  ni  plus  facilement.  Tout  ce  qu'a  fail 
M.  de  la  Mothe-le-Vayer  cst  beau  et  bien  agreable  ;  mais  il 
est  vieux,  et  je  pense  qu'il  ne  nous  donnera  plus  rien. 

On  imprime  un  second  tome  des  leltres  de  M.  de  Coslar. 
M.  I'aul  Thomas,  sieur  deGirac,  conseiller  an  presidial  d'An- 
gouleme,et  intime  ami  de  M.  de  Bal/.ac  ,  avoit  en  (pierelle 
eontre  ce  M.  (-ostar  en  defendant  lial/.ac  con t re  Voilure.  II  y 
en  a  (piehjue  chose  d'imprime.  M.  de  Girac  y  a  repondu  et  a 
•Mivoye  ici  sa  copie.  M.  (lostar,  qui  en  a  eu  le  vent,  a  prc- 
sente  rctjuete  eontre  I'impression  de  ce  livre  ,  et  a  obtenu  ipi'il 
in;  s'imprimeroit  point ;  intMiie  ce  qui  a  ete  commence  en  a  ele 
saisi  ,  et  neanmoins  Bal/ac  vaul  mieux  que  Voiture. 

():i  nedoute  plus  ici  du  voyage  du  roi;  lout  le  mondes'y  ap- 
pivlt;  serieusement.  Les  gardes  et  les  Suisses  sont  partis  il  y  a 
<leu\  jours.  Us  vont  premieremenl  a  Dijon  ,  ou  M.  le  clian- 
eelier  s'arrelera  et  puis  reviendra  ici.  He  la  le  rm  ira  a  I, yon  , 
et  de  la  peiil-etre  en  I'mvence  et  en  Languedoc  .  pour  \  Iroii- 
ver  des  nioveiix  de  lain1  dt;  I 'ai'uent. 


9()  I.KTTUKS   DE   iitll    P.UIN 

M.  Bouvard  ,  notre  collogue,  est  morl  le  25  octobre  ,  age 
de  qualre  vingt-six  ans  (l).  II  esl  moil  tout  exleiiue  ,  i'x 
titarcorc  id  scitio.  II  a  etc  enlerre  dans  Saint-Sevei'in  sans  au- 
cune  ceremonie.  La  Faculte  n'y  a  pasete  appelee.  II  laisse  un 
Ills  conseiller  de  la  cour,  fort  riclie  ,  et  deux  lilies  veuves, 
dont  1'une  est  madame  Cousinot ,  et  1'autre  est  veuve  de 
M.  Kibier ,  eonseiller  des  requetes  du  palais  ,  His  de  la  niece 
tie  M.  du  Vair,  eveque  de  Lisieux  et  garde  des  sceatix. 

M.  Gaumin ,  maitre  des  requetes ,  irrite  contre  1'arret  du 
parlement  qui  tit  cnlevcr  du  For-l'Kveque  un  prisonnier 
auquel  les  maitres  des  requetes  pretendoient  fa  ire  le  proces 
pour  des  faux  sceaux  ,  fit,  il  y  a.  quelques  jours,  les  (jnatre 
vers  suivants  : 

Curia  cons i Hum  pellit,  rcgem  e.xpiilit  oiim  ; 

Prcnxulibus  pulsit ,  pellit  ab  urbe  Dcuni. 
()  nine  consilio,  sine  rege  Deoquc  sen  a  turn  .' 

O  sine  lege  rirov ,  o  sine  menle  ncncs! 

M.  de  Broussel  ,  conseiller  de  la  premiere  des  enquetes ,  Ills 
de  celui  pour  qui  on  fit  les  barricades,  1'an  KViS,  y  a  re- 
pondu ,  pour  la  defense  du  parlement,  de  la  maniere  (jui 
suit  : 

Curia  consiiiumfrenal ,  regcmque  retluxit . 

Pro'iuilUnis  misxix,  pineal  ubique  Deum. 
Dum  sine  conaitio  hanc  ,  sine  rege  Deoque  nolayli . 

Tn  sine  fnmle  vir  e*  .  lu  sine  menle  sene.r. 

Le  roi  part  demain  pour  Dijon.  Un  dit  que  dans  ce  voyage 
il  y  aura  cent  dix  carrosses  a  six  chevaux  ,  sans  les  clievaux 
de  selle  et  de  bagage.  Voila  la  cour  qui  s'en  va  en  vosquar- 
tiers  ;  les  nouvelles  nous  manqueronl  dorenavant,  ce  sera 
vous  qui  les  aurez;  mais  il  n'imporle  pourvu  «|iie  j'aie  vo^ 
bonnes  graces. 

!)«•  Paris,  le  :LV>  oclol)ro  KiikS. 

J;  N'()\0/.  If*  MdlfS  1.    II  ,  p.  '2W  f'l   '2Sj. 


A    KU.CONKT.  <t  7 

LETTRE  CCGCLX.  --  A,,  ,///W. 

Je  ferai  a  M.  votre  fils  tout  ce  que  je  pourrai  a  cause  de 
vous  et  de  lui;  ct  afin  que  nous  n'ayons  point  de  querelle  en- 
semble ,  recommandez-lui  bien  son  devoir  :  il  me  sera  ins 
recommande ,  n'en  doutez  point,  c'est  assez  qu'il  porle  votre 
nom.  Jen'ai  jamais  voulu  prendre  personne  en  pension,  bien 
que  j'en  aie  etc  plusieurs  fois  prie  ;  mais  je  ne  puis  vous  rien 
refuser.  Vous  me  parlez  du  prix  d'une  pension  ;  je  ne  suis  ce 
(jue  c'est,  je  ne  vous  demande  rien;  dites-moi  seulement  si 
vous  voulez  qu'il  fasse  son  cours  en  philosophic,  et  quel  vin 
vous  voulez  qu'il  boive;  du  reste,  il  sera  nourri  a  noire  ordi- 
naire, qui  suftira  a  un  etudiant.  Pour  son  etude,  j'en  aurai 
soin  et  vous  en  avertirai  de  temps  en  temps  ;  a  la  tin  je  vous 
en  rendrai  bon  compte. 

Le  roi  est  parti  d'ici  le  26  pour  Dijon  ;  M.  le  chancelier  est 
parti  le  28.  On  dit  ici  que  ce  voyage  du  roi  est  lout  politique 
ct  mystique  :  tarn  ymnde  arcanum  dcteyet  ipsa  dies.  Le  parle- 
ment  de  Dijon  a  charge  de  s'assembler  de  lundi  en  huit  jours, 
on  le  roi  se  rendra.  On  dit  que  c'est  pour  erecr  tine  chambre 
de  1'edit  et  une  cour  des  aides. 

Je  me  recommande  a  vos  bonnes  graces  et  a  mademoi- 
selle Falconet,  s'il  vous  plait,  a  laquelle  je  donne  assurance 
que  nous  aurons  grand  soin  de  son  cher  Ills,  |>otirvu  (jue 
j'aie  sur  lui  cet  avantage  qu'ii  me  veuille  croire.  Ma  i'emme 
est  encore  en  vendanges,  et  ne  reviendra  ici  (lu'environ  le 
15  noveinbre,  parce  qu'il  y  a  des  arbres  a  couper  et  du  bois 
a  planter.  Nous  y  1'aisons  mettre  cette  annee  cent  pieds  de 
bons  poiriers ,  dont  plus  de  la  moitie  sera  de  bon  chrelien 
d'hiver  ;  il  y  en  a  deja  plus  de  cinq  cents,  .lu  vous  baise  les 
mains  ,  et  suis  de  tout  mon  cti'iir  votro,  etc. 

Do  I'aris,  le  -29  octobrc  10o8. 


III. 


9S  i  I:ITHK<  in-:  i.i  i  i'\Ti\ 

LKTTKK  CCCCLXI.  —  An  ////W. 

Le  matin  -2  novemhre,  nous  avons  fait uu  doyen  nouveau  : 
c'est  M.  Blondel ,  dont  le  troupeau  antimonial  est  fort  etonne 
et  fort  marri.  On  croit  quo  c'ost  lui  qui  est  1'auteur  de 
YAlelhophnnen,  piece  eurieuse,  comme  vous  savez,  conlre  1'an- 
timoine  et  les  principaux  anlimoniaux ,  et  principalement 
(iiienaut,des  Fougerais,  Kainssant,  Mauvillain  ,  Ilanlouin  , 
Saint-Jacques  et  Thevart.  II  est  fort  savant  et  fort  zele  pour 
le  bon  parti ,  c  est-a-dire  bon  Israelite  ;  inais  nous  ne  inan- 
(jiions  pas  ici  d'Egvptiens  qui  nc  cherchent  qu'a  le  traverser. 

Je  viens  de  recevoir  un  petit  livrc  tout  nouveau  fait  parun 
medecin  de  Narbonne,  nomme  (Iraindorge,  centre  31.  Kes- 
taurand,  medecin  du  pout  Saiut-Esprit ,  sur  lesprincipes  du 
ftTL'tus  (1).  Co  M.  (Iraindorge  est  un  Normand ,  medecin  de 
M.  I'archeveque  de  Xarbonne.  II  est  homme  curieuxet  spiri- 
luel :  aussi  est-il  du  /KII/S  (if  x<ij>i<'nfi'. 

La  republique  des  iettres  a  fait  une  grande  perte  par  la 
inortde  M.  Lemaistre,  fameux  avocat  ,  dunt  on  avoit  publie 
in-quarto  et  in-folio  les  beaux  plaidoyers  (2) .  II  est  ici  regrette 
de  tons  les  honnetes  gens,  car  c'etoit  un  homme  incompara- 
ble en  veilu  ,  en  science  ,  en  piete  chretienne  el  en  eloquence, 
tt  s'etoit  retire  expres  dans  le  I'ort-Koyal  pour  y  passer  le 
reste  de  sa  vie  dans  la  pratique  des  maximes  chretiennes  ,  qui 
sont  si  dit'ticiles  dans  le  commerce  du  monde,  comme  on  vit 
aujourd'bui.  On  (lit  qu'il  n'y  a  que  les  loyolites  qui  ne  sont 
pas  laches  de  sa  mort.  Scaliger  les  appeloit  les  llatteurs  et  les 
ennemis  de  tout  le  monde  ('.}}. 

'[]  Fiyuhm  cxercitalio  tnedicmde principiis  ftclus  ;  auot.  H.  Reslau- 
rand  -  AniU!-iano  ,  10o7.  in-S°.  —  And.  Graindor^e ,  Animath-.  in 
fiijitli  c.n'.ri'itat.  deprlncipibus  fofltis;  >"arboii;o,  IfioS,  in -S".  R.  P. 

2  Anloinc  Lemaistre,  in-  a  Paris  en  1008,  IVcrc  dc  L.  Isaac  Lc- 
mair-tro  do  Saoy  ,  (ra<lu(M<M!V  dc  la  ISihlo  pt  parent  jiar  sa  mere  du  ;',rand 
A.  A  maul.!.  15.  I'. 

';!  i  ,iii  I'aiin  oiililic-l-i!  t!onc  (jiTil  atlrihuc  re  mot  .  et  a\cc  rai^on  . 
a  1'alil'o  de  S;iinl  C.\  run  .  iiiil^ur  aiioinim-  du  I'l'trus  (urclins  \o>. 
la  not.-  I.  F.  p.  117  .  \\.  !' 


A    FALCONET.  M9 

Yoiile/  voiis  beaucoupde  petites  nouvelles  en  p«-u  de  mots, 
en  voici  :  le  inarechal  de  Turenne  doit  passer  sou  quartier 
d'hivercn  Flandros  ,  et  a  pille  et  brrile  unc  petite  ville  a  cinq 
lieues  de  Bruxelles,  nominee  Ninove  ,  paysdu  fameux  pnun- 
mairien  Jean  Despautere,  dont  voici  I'epitaphe  : 

(iammaticam  scicit ,  inultos  docuitqiie  per  a /in  ox. 
Dcclinare  lumen  nonpotuil  hiunilmn. 

Le  president  de  Thou ,  ambassadeuv  en  ilollande ,  a  de- 
clare de  la  part  du  roi  a  MM.  les  Etats ,  que  s'ils  donnoient 
Maestricht  aux  Espagnols  en  ecbange  de  Dunkerquc  et  de 
Nieuport ,  il  lour  declaroit  la  guerre  La  reine  de  Surde  vit 
comme  une  sainte  a  Koine.  Elle  fait  an  rebours  du  vieux 
.  dicton  :  Vti'tw  qid  cu/jftis  sanrte ,  discedite  /{OHM.  Le  barhu 
d'Alep  s'est  revolte  contre  le  grand  Turc.  Cela  fera  grand 
bien  aux  Yeniliens  et  aux  Alleinands,  qui  auront  ainsi  inoins 
de  forces  a  soutenir. 

J'ai  recu  les  livres  de  Guernerus  Roliingius,  que  vous  in'a- 
vez  envoyes.  Si  cet  lionnne  ne  sail  de  pratique  que  ce  qui  pu- 
roit  en  ses  ecrits,  il  fera  bien  de  ne  pas  venir  a  Paris.  ,!;•  di- 
rois  volonliers  de  lui  ce  que  M.  Sauniaise  a  dit  de  uotiv 
M.  de  G orris,  dans  ses  Exercitalions  sin-  IMiiu-  !  :  >'/  m 
curandis  cey)'is  ni/iil  [tins  viflef ,  >'<:•  ////>v/v'x. 

(1)  II  est  evident  que  Saumaise  et  (iiii  1'alin  HP  parleiil  puinl  ici  dc 
Jean  de  (jorris,  le  savant  auleur  de  I'ouvrafje,  Definilionum  mediva- 
rum  ,  /i'6rj  XXIV ;  acccsserunt  I\'icandri  t/icri(ica  et  ale.riplmnnaca  . 
Uippocrdtis .  de  ijcnitura  ;  de  nalura  pueri ;  iusjuranditm  ,  dc  nrtc  .  de 
prisca  incdicintt,  dc  medico,  formula'  reniedioruin ;  and.  )'.  (iorraru 
palre,  Parisiis,  1564,  in-4";  medecin  qui  tut  evclu^df  .-a  coiiipa^iiie 
comme  i>roteslant ,  et  pensa  etrc  massacre  pendant  la  Saint- Harlhelemi  , 
dont  il  conserva  toule  sa  vie  un  eflioyablc  souvenir,  uiai^  de  son  petit- 
fils,  Jean  de  Gorris,  un  des  medecins  de  Louis  MIL  (.<•  dernier  » 
iravaille  pendant  viugt  ans  a  complett  r  I'uuvrai'.e  de  MHI  aietil,  <|u "il  a 
augmentc  a  pen  pres  dc  !a  moitie  de  Le/in  (:<ws  <lt  widerine,  dans  I'.  - 
dilion  cpi'il  a  puMiee.  Pari-,  It  2^,  in-iol.  \\.  I'. 


100  LETTKES   DE    CU1    PATIN 

La  posterite  se  passcra  aisement  do  mes  eerits  :  aussi  n'ai-je 
pas  beaucoup  d'envie  d'en  laisser.  II  n'y  a  que  deux  series  de 
gens  (jui  ecrivent ,  Ics  sagos  et  les  fous ,  et  jo  me  coimois  pour 
n'etre  ni  I'un  ni  1'autre.  Do  plus,  la  vie  que  nous  menons  a 
Paris  est  trop  agitee  ;  1'excrcice  de  notre  profession  nous  6te 
cette  tranquillite  qu'il  faut  avoir  (inand  on  vetit  eerire  pour 
I'eternite.  J'ai  toujours  dans  1 'esprit  le  passage  de  1'histoire  du 
president  de  Thou  oil  il  est  parle  d'Antoiitc  de  liichdicu  , 
appele  vulgairement  le  Mo/itc ,  qui  a  route  la  vie  a  son  petil- 
lils.  II  cut  bien  mieux  valu  no  pas  eerire.  Quo  sait-on  si  dans 
quelques  siecles  il  no  se  trouveroit  pas  quelque  tyran  qui  lan- 
ceroit  son  tbudre  sur  ina  famille,  de  chagrin  que  j'aurois 
ecrit  quelque  verite  de  scs  ancetres  (!}?  On  n'eut  pas  coupe  la 
tete  a  M.  de  Thou  ,  si  le  cardinal  de  Richelieu  n'eut  chorohe 
1'occasion  de  se  venger  sur  le  petit-lils  de  ce  qu'avoit  ecrit  le 
grand-pore.  Je  passe  tranquillement  les  apres-soupers  avee 
mes  deux  illustrcs  voisins  ,  M.  Miron  ,  president  aux  enqueues, 
el  M.  Charpentier,  conseiller  aux  requetes,  qui  out  grand 
soin  chaque  soir  de  m'envoyer  querir  On  nous  appelle  les 
trois  docteurs  du  quartier.  Notre  conversation  est  toujours 
gaie.  Si  nous  parlous  de  la  religion  ou  de  1'Ktat ,  ce  n'est 
qu'historiqueraent,  sans  songer  a  reformation  ou  a  sedition. 
Nous  nous  disons  les  uns  aux  autres  les  clioses  a  pen  jires 
eomnie  elles  son t.  Notre  principal  entretien  regarde  les  leltres, 
ce  qui  s'y  passe  de  nouveau  ,  de  considerable  et  d'utile.  L'es- 
jtrit  ainsi  delasse,  je  retourne  a  ma  maison  ,  ou  apres  (|iiel- 
que  entretien  avec  mes  livres,  ou  quelque  consultation  pres- 
sri; ,  j(!  vais  chercher  le  sommeil  dans  in  on  lit,  qui  est,  sans 
month1,  comme  a  dit  notre  grand  Kernel  apres_Seneque  le  ti-a- 
gi(jue,  /idi'ft  /tunmnct'  tnt'linr  ri/d>.  -U:  soupe  pen  de  fois  hors  dt1 

1)  II  esl  certain  que  si  \\m  cut  ooiiiui  <lc  hoiuic  licurc  les  led  res  de 
diii  1'aliii  ,  sa  verve  de  mcdisance  ,  de  sarcasino  ,  d'ironio  ,  el .  il  i'aul  le 
dire,  de  verite.  sur  certains  points  ,  sa  laniille  annul  pti  en  sotiflrir.  Ml 
qui  sail  si  Texil  de  son  lils  C.harles  ne  veuail  pa-  de  (juclciue  iudiserc- 
lion  ii  eel  ej'.ard  .'  15.  P. 


A    FAl.CONKl.  101 

la  maison  ,  encore  n'est-ce  guere  qu'avec  M.  de  Lamoignon , 
premier  president.  II  m'affectionne  il  y  a  longtemps;  etcomme 
je  1'estime  pour  Ic  plus  sage  et  le  plus  savant  magistral  (In 
royaume,  j'ai  pour  lui  une  veneration  particuliere,  sans  cn- 
visager  sa  grandeur. 

Je  ferai  venir  de  Holiande  le  livre  de  Maresius  ,  touchant  la 
papesse  Jeanne.  Les  habiles  gens  croient  ici  qu'il  n'y  ajamais 
eu  de  papesse.  David  Blondel ,  Scaliger,  Calvin  ,  Chamier, 
Dumoulin  et  plusieurs  autres  grands  personnages  ,  out  etede 
cetavis,  qui  fait  plutdt  une  controverse  en  histoire  qu'en  re- 
ligion. Ce  Maresius  est  un  Pi  card  bilieux  ,  fort  echaulfe  contre 
Voetius  et  M.  de  Courcelles. 

On  imprime  la  censure  de  Sorbonne  contre  les  jesuites,  et 
leur  Apologie  pour  les  casuist  es  contre  les  calomnies  desjanse- 
nistcs  (1).  Je  suis  bien  beureux  d'etre  medecin,  et  ainsi  de 
n'etre  point  engage  dans  aucun  de  ces  partis.  Les  moines  out 
trop  d'ambition  et  trompent  trop  souvent  le  monde  par  des 
grimaces.  11  y  en  a  pourtant  de  bons  parmieux,  mais  nous 
n'en  voyons  que  trop  de  rn.au vais.  Je  suis,  etc. 

Do  Paris ,  le  8  novcmbre  16o8. 


LETTRK  OCCCXLXII.  --Ait  urine. 

Je  vous  dirai  que  depuis  ma  derniere ,  qui  fut  du  vendredi 
8  de  novcmbre,  un  de  rios  jeunes  docteurs,  nomine  Doutc, 
a  fait  imprimer  un  petit  traitc  in-i°  de  50  pages  (\uSilji/n>nnt 
on  sue  cyrenai'que  de  (ialien  ,  contre  un  docteur  de  la  nation 
antimoniale,  qui  n'est  ni  savant  ni  honnete  homme,  mais 
Manceau.  Pour  la  censure  de  Sorbonne,  elle  vaut  toujours 
micux  que  rien.  II  est  vrai  qu'elle  est  foible,  et  que 

La  noire  ol  forte  machine 

<vHii  tend  ses  bras  jusqn'a  la  C.liinc    L') 

(1}   I'ar  lo  I'.  Pirot;  Tails,  10o7.  in-'«. 

('2}  \>r«  dc  Sainl-Amand.  '••  ''^ 


10'2  I.KTTHKS    UK    »,l  1    J'ATI.N 

a  merveilleusement  du  credit  a  la  cour ;  ni;iis  neanmoius  ces 
bons  peres  ont  anssi  beaiicoup  d'ennemis ,  et  quelque  malice 
qu'il  y  ait  dans  le  siecle,  il  taut  pouriant  avouer  qu'il  reste 
encore  d'hounetes  gens.  On  dit  ici  que  cinq  eveques  de  Lan- 
guedoc  ont  tout  nouvellement  censure  cette  A/tot oyie  des  ;>'- 
si/ifes  pour  les  casuistcs,  faite  par  leperePirot,  Hreton.  Les je- 
suites  sont  en  grosse  colere  de  toutes  ces  censures ,  et  jettent 
feu  etflamme  contre  M.  Masure,  docteur  de  Sorbonne  et  cure 
de  Saint-Paul,  qui  est  leur  grand  et  puissant  adversaire,  qui 
a  presse  la  censure  de  Sorbonne.  11s  disent  qu'il  vent  etre 
eve'que,  mais  qu'ils  s'y  opposeront  et  qu'ils  empecheront  ses 
bulles  a  Home.  Voyez  comment  voila  de  bons  Chretiens,  bien 
fournis  de  cliarite  apostolique,  et  comment  ces  gens-la  par- 
donnent  bien  a  leurs  erinemis,  selon  le  precepte  de  1'Evangile. 

Le  Grand-Seigneur  a  fait  emprisonner  et  etranglcr  son 
grand-vizir,  et  a  fait  arreler  la  sultane  sa  mere.  On  dit  que 
ce  jeune  prince  a  de  grands  desseins,  et  que  ce  sera  un  second 
Soliman  s'il  vit.  M.  de  la  Have,  notre  ambassadeur,  y  a  des 
gardes,  et  son  fds  ,  qui  lui  devoit  succeder  dans  1'ambassade 
de  Constantinople;,  y  est  prisonnier. 

M.  le  president  de  Mesme  a  perdu  son  second  (ils ,  age  de 
vingt-qualre  ans,  qui  avoit  deux  abbayes  de  cinq  mille  ecus 
de  rente,  d'une  iievre  continue,  dans  laquelle  Guenaut  lui 
avoit  fait  preudre  trois  fois  du  vin  emetique,  (|iii  lui  a  donne 
un  rude  assoupissement  qui  1'a  conduit  au  tombeau.  Voila  les 
benedictions  antimoniales,  en  suite  de  ce  que  la  Ciazcffc  a  pre- 
die  de  1'excellence  du  vin  emetique;  et  voila  le  president  de 
Mesme  recompense  de  la  fourbe  qu'il  me  fit,  1'an  1G53,  au 
proces  de  Jean  Cbartier,  a  la  recommandation  de  Guenaut, 
qui  avoit .  peur  pour  son  antimoine,  si  Chartier  eut  perdu  son 
proces,  comme  il  It;  devoit  perdre.  11  n'a  j)as  pourtant  laisse 
deleperdre;  car  son  malheureux  libelle  a  ete  desavoue  et 
condamne  de  tout  le  monde ,  et  lui  fort  blame  et  meprise  d'un 
si  chetif  ouvrage,  ducjuel  meme  on  dit  qu'il  n'est  pas  1'au- 
triir.  mais  qu'il  a  srulrmenl  prtMr  son  noni  a  Havisson  .  qni 


A   KA!.III\I. i.  ID; 

etoit  uu  inalheureux  chiniiste  ecossois  et  cocu,  qui  a  quitlr 
Paris  de  peur  cl'y  mourir  do  faim ,  et  e>t  alle  eii  Pologne , 
pensant  y  faire  fortune,  ou  il  cst  inert  gueux. 

Enseignez-moi  dansquelslivres  je  pourrois  trouver  la  des- 
criptionde  ces  pilules  si  fameuses  qu'un  appellede  Francfort, 
pilules  que  je  crois  n'etre  autre  chose  que  de  1'aloes  nourri 
et  lave  dans  1'eau  de  violette  par  plusieurs  fois.  Je  sais  bic-n 
que  les  Allemands  en  font  tin  grand  secret,  mais  je  ne  suis  pas 
deleur  avis;  car,  atoutprendrcet  iibien  conipter,  1'aloes  est  un 
chetif  et  mediant  remede  qui  dessecho  le  foie,  rechauffe  et  le 
dispose  a  I'hydropisie,  outre  qu'il  ouvre  les  veines  du  siege  et 
fait  venir  les  hemorrhoi'des  (1).  J'aimemieux  le  seneet  le  sirop 
de  roses  pales.  Je  suis ,  etc. 

De  Paris,  le  3  decembre  1658. 


LETTRE  CCCCLXI11.        .\nnrinf. 

J'aice  matin  consulte  avec  M.  Pietre  ,  (jui  in'a  fait  vuir  HDP 
lettre  que  M.  Gamier  lui  a  ecrite,  on,  entre  autres ,  il  dit  qnc 
\Q  comes  archinh'on  (2)  a  vu  mademoiselle  Falconnet  et  son  ge- 
nou  malade,  ou  il  a  fort  parlede  tarlre  coagule  :  w.nt  rorlni 
ctvoccs  quibus incnbui site  viilctur,  itf  iiirw/fns  decipcrct.  (le  gali- 
matias ,  qui  lui  est  commun  et  usite  ,  est  propre  an  pays  de  la 
cour,  ou  il  a  a  vivre  :  nbi  csf  msimi*  inter  tfntfns  ,  comme  Jo- 
seph Scaliger  disoit  de  M.  du  Perron,  qui  entretenoit  aver 
grande  admiration  les  dames  de  la  cour  du  temps  de  Henri  III, 
dix  ans  avant  qu'il  fut  cardinal,  pour  paroitre  suv;mt  di-vant 
eiles,  dc  Icvi  ct  graci ,  de  etife  mctai'ih >jxi< •«  ,  etc.  Mais,  a  cela 
pres,  je  voudrois  qu'avec  son  babil  il  vous  eut  mis  liters  de 
peine,  et  que  mademoiselle  Falconnet  fut  hien  guerie.  Scali- 

(1)  Remarque  parfaitcnienl  juste.  Ce  qui  nYmpeclie  IPUS  les  charla- 
tan1* de  nos  jours  de  vendre  en  toute  Hlx-rlr  do*  jiilules  purgatives  en 
grande  partie  compo«ees  d'aloes  dc  mauvais  ohoix. 

'•2)  II  *'agit  d»>  Valol  .  medecin  du  rci.  *-t  «|ui  etail  -i  I. yon. 


104  I.MTIUS    DK    i.l  I    I'AII.N 

ger  le  pore  en  vent  fort  a  un  certain  medecin  dc  son  temps 
qui  prenoit  cette  quulite  do  comes  fire/natron,  qui  etoit  un 
nomme  Simph.  Champier,  medecin  de  Lyon ,  du  temps  do 
Charles  VIII  et  du  bon  roi  Louis  XII,  et  qui,  du  temps  du 
grand  roi  Francois  Pr,  quitta  Lyon  pour  s'en  aller  a  Nancy,  y 
6tre  medecin  du  due  de  Lorraine.  Ce  Champier  a  beau- 
coup  ecrit  (quoi  qu'en  disc  Scaliger  avec  son  ambition), 
et  pourroit  dire  de  soi-meme  ce  que  le  poete  Ausoue  a  fait 
dire  a  son  pere  : 

Et  mca  si  nosscs  tcmpora,  primus  cram. 

Mais  c'est  que  Scaliger  lui  en  vouloit ,  comme  depuis  il  en 
a  voulu  a  Erasme  et  a  Cardan,  qui  etoient  d'excellents  hom- 
ines en  leur  sorte;  voici  done  ce  que  Scaliger  (lit  de  ('.ham- 
pier  :  Camper  ins  ,  quis  ille  sit  si  petit  quisqucnn  ,  respondco  ,  sed 
Scwvolce  inodo,  panels :  Ardeliomirus,  insolens,  timicns,  f urgent, 
titulo  orchinlri ,  quod  Dem  sit  fitrornm  ,  nam  Candida'  illtr 
mentis  hand  tenet  micam,  scd  fidsarius  invidusquc ,  ineptm- 
que ,  etc.  Ne  voila  pas  un  homme  bien  decrit?  et  neaiiHioins 
ce  Champier  valoit  cent  tbis  inieux  que  ce  come*  arcliintron 
d'aujourd'hui,  qui  ni/til  estfdind  qwnn  iynarus  ft  inept  us ,  ne- 
bula, mitynus  vyyi'ta ,  qui  fait  1'entendu  par  1'autorite  que  lui 
donnc  sa  charge,  et  dans  laquelle  il  n'est  entre  que  par  une 
grande  porte  doree.  ,Ie  n'en  dirai  point  davantage  pour  le 
present,  in  patient ia possidebo  animam  mcam ,  donee  transeat 
jittquittis  et  imniutatio  veniat.  Unicuique  suum  non  in  grata 
rcpcndcf  jmsfcritaft.  11  importe  inieux  aux  gens  de  bien  que  Ton 
sache  (juels  out  ete  ces  trois  liommes ,  Heroard ,  Vaulier  et 
celui-ci,  et  comment  on  choisit  des  medecins  a  la  cour. 

II  y  en  a  ici  qui  disent  que  le  roi  passera  les  fetes  ii  Lyon  , 
et  (jut:  le  due  de  Savoie  n'aete  (jue  peu  de  jours  a  la  cour,  et 
qu'il  s'en  est  retourne  bientot  a  Turin.  Je  vous  envoie  deux 
autres  lettres  avec  celles-ci ,  lesquelles  vous  auroient  pu  etro 
cnvoyecs  drs  1'ordinairc  passe,  mais  jo  les  retins  sur  I'ospi'-- 


A    F.MXdM.r.  !(•;> 

ranee  que  j'avois  d'avoir  h'u-r  de  vos  nouvellcs;  nruimioins  je 
vous  averlis  que  nous  n'en  avons  point  d'impatience,  ce  sera 
tout  a  votre  commodite.  Notre  ecolier  (i),  volre  Ills,  est  ni 
bonne santeet  va  gaieFnent  enclasse,  oiitous  les  jours  il  dis- 
pute, et  est  toujours  interroge  de  son  regent,  qui  ni'a  bien  pro- 
mis  de  lui  donner  de  1'exercice  et  ne  le  point  laisser  en  repos. 

Nous  ne  vous  ecrirons  plus  dorenavant  que  quand  nous  se- 
rons  presses;  faites-en  de  meme,  s'il  vous  })lait,  et  ne  vous 
mettez  point  en  peine  de  nous.  II  fait  bien  (Void,  inais  nous 
avons  du  bois  pour  nous  chauffer,  joint  qu'il  fait  cbaud  dans 
mon  etude,  et  nous  etudions  toute  la  soiree  tete  a  tete  jusqu'a 
1'lieure  du  souper,  et  par  apres  nous  causons  aupres  du  feu 
de  quelque  matiere  agreable ,  physique,  historique  ou  poli- 
tique.  Notre  Carolus  nous  conte  toujours  quelque  chose  de 
curieux;  il  aime  1'antiquite,  et  nous  en  entretient  gaiement , 
si  bien  que  nous  allons  souvent  nous  coucher  line  heure  j)lus 
tard  que  nous  n'avions  resolu.  Je  vous  baise  les  mains,  et 
suis  de  tout  mon  coeur  votre ,  ete. 

De  Paris,  ce  10  decembre  1658. 


LETTHE  CCGCLXIV.  —  AM  mttnc. 

Votre  lettre  du  19  decembre  m'a  ravi :  je  vous  en  remercie 
de  tout  mon  cieur;  je  n'ai  pas  moins  de  joie  quand  je  rerois 
les  votres  que  vous  avex  pour  les  miennes,  et  jt^  vous  trrirois 
plus  souvent  si  j'avois  quehjue  chose  digne  de  vous  etre 
mande.  Dieu  sauve  le  cnmns  (ircliiatro/i .  s'il  a  de  quoi;  nous 
le  connaissons  bien  de  deca ,  et  savons  bien ,  f/nm/t  >•/>  //// 
no'ta  supellex  pra'fcr  yarnditdtnii  nutirn/n  i-t  m-fr*  tiulifis 
quorum  cop  in  ct  robore  pallet .  Je  sais  bien  le  merite  de  Sym- 
pborien  Cliampier,  et  1'ai  souvcnt  loiu'.  ineine  publiquement, 

(I)  Noel  Falconet. 


106  I  KITHES    DK    (,i  I    I' MIX 

et  en  nies  explications  et  en  nies  lemons;  mais  je  voudrois  bien 
savoir  en  quel  an  il  esl  mort  et  en  quel  lieu,  ear  je  crois 
qu'il  quitta  I. yon  pour  s'en  aller  en  Lorraine,  oil  il  t'ut  tirchia.- 
fros ,  et  me  semble  avoir  hi  quolque  part  qu'il  mourut 
I 'an  1035(1)  C'etoitdu  temps  de  Tagault,  de  Sylvius,  tie  Mar- 
tin Akakia  :  Brissot  etoit  murt  en  Pan  1522,  et  Kernel  etoit 
encore  en herbe,  au  moins.  comme  on  (lit,  fendoit-il  dubois, 
se  preparant  pour  tA-tre  le  premier  medecin  de  son  temps,  et 
peut-etre  le  plus  grand  qui  sera  jamais;  il  enseignoit  alors 
dans  nos  ecoles.  Sa  Physiologic  ne  fut  imprimee  que  trois  ans 
apres,  savoir,  Tan  1538;  mais  ses  Mathe'matiques  1'avoient 
ete  des  1'an  1528.  N'y  a-t-il  pas  moyen  de  faire  un  beau  pa- 
rallele  entre  Feme  I  et  le  nnncs  arc/natron  d'aujourd'hui , 
que  vous  n'aurez  plus  guere  a  Lyon  ,  ou,  au  lieu  de  Fernel , 
meltons-y  eeux  qui  ontsuivi,  savoir,  Joannes  Capellanus, 
Varacle,  Marc  Miron ,  Nicolas-le-Crand,  Andre  duLaurens, 
M.  Bouvard,  M.  Cousinot,  son  gendre,  M.  Seguin,  et  autres  : 
mais  no)>  cadcrn  eat  (t'ftis ,  intervrncrHiit.  Entro[ni  ct  linffini  : 
il  faut  ceder  au  temps,  qui  est  le  grand  maitre  des  bonnes 
choses.  des  elites  de  grands  homines  ne  sont  plus  de  saison  ; 
il  ne  faut  plus  que  de  1'argent.  1»ien  (me  ce  siecle  soil  de  I'er, 
on  ne  vent  quo  do  Tor:  nnrco  mine  vcrc  tunf  tit-co/a ,  (ilurniiKH 
fwo  venif  lionos.  (\e\\\\  d'aujourd'hui  en  sail  bien  des  nou- 
velles  ;  on  lui  en  a  bien  fait  trouver  malgre  lui ,  et  peut-etre 
a  son  dam,  quelque  mine  qu'il  fasse.  Ce  temps-la  est  passe 
de  Fernel ,  de  Burgensis ,  Bouvard  ,  Seguin  ,  Cousinot  et 
autres.  Jfa>c  fKcranf  nub  rcyr  .\nnift,  .<ub  consulc  /Jrufo.  II  y 
avoit  encore  en  ce  temps-la  parmi  les  hommes  quehjue  res- 

(1)  Sympliorien  Champicr  naquil  en  1472  a  Saint  -  Saphorin-le- 
Chaleau  ,  i>re.s  dc  Lyon.  II  acquit  do  la  reputation  par  de  nombreux 
ccrils  sur  des  sujels  tres  varies;  tontcfois  il  tut  amerement  critique  par 
des  hommes  de  mcrile.  TIaller  en  portc  re  jugement  aussi  precis  que 
vrai  :  Xon  indoctus  Imino  .  polyyraphus  ct  collector ,  scinibarbarus  ta- 
men.  On  n'cst  pas  d'accord  sur  1'epoque  do  sa  mort  ;  les  nn>  di.'ent  >\nr 
^e  fut  en  1o3o  .  d'autr^  ^n  1330  on  lo'tO.  R.  |». 


A    FAI.COMKT.  10? 

peet  d'equite  et  de  vertu  :  nundum  harhnncu  ]><>ltutns  nf-mitic 
mnyui's  ennsjmrcarerat  (ialliani  nostrum  ,  etc.  Je  viens  d'ap- 
prendre  qu'il  y  a  du  bruit  en  Normandie  et  aulres  provinces , 
et  que  les  portes  de  Rouen  sont  fermees.  Je  vous  baise  les 
mains  de  toute  mon  affection  et  a  mademoiselle  Falconet. 
Natalis  valet ,  studet ,  anibulat  diebus  festis ;  il  apprend  Paris, 
et  autres  choses  pareillement.  Je  suis,  de  tout  mon  coeur, 
votre,  etc. 
De  Paris,  le  27  decembre  1658. 


LETTRE  CCCCLXV.  —  Au  meme. 

Je  vous  donne  le  bon  jour  a  ce  commencement  d'annee,  et 
je  vous  dirai  que  (ce  2  Janvier  1659)  ce  matin,  j'ai  rencontre 
dans  nos  ecoles  un  homme  qui  m'a  fait  vosrecommandalions; 
il  s'appelle  M.  Jerome  Colot.  f.ithotnmus  cxpcrtus  ct  peri/us, 
sed  nondurn  tantce  ftimce  quantum  voltu'sset.  II  m'a  (lit  que  vous 
lui  aviez  fait  tailler  plusieurs  malades,  et  m'a  temoigne  qu'il 
vous  avoit  bien  de  1'obligation ,  que  vous  ave/  bu  a  ma  sante, 
et  que  vous  lui  aviez  fait  voir,  en  presence  de  M.  Guillem'm  (:t 
de  quelqnes  autres  medecins,  la  leltre  que  je  vous  avois  ecrite 
sur  le  vin  emetique  et  sur  la  guerison  du  roi ,  le  mois  d'aout 
dernier.  II  m'a  dit  qu'il  demeuroit  dans  la  rue  Saint-Honore, 
chez  M.  Maurice  ,  parfumeur,  vis-a-vis  1'luJtel  de  Schomberg. 
S'il  se  presente  occasion,  je  le  servirai  tres  volontiers  a  cause 
de  vous.  Guenaut,  avee  deux  autres  mtklecins  et  troiscliirur- 
giens,  sont  enfermes  a  Saint-Maur,  a  deux  lieues  d'ici  (c'est 
ou  Rabelais  etoit  inoine  vers  1'an  153-2,  et  oil  il  a  fait  les  deux 
premiers  livres  de  son  Pantagruelisme).  A'.mw::  crtt<>  i>ar<>n- 
(hesc;  je  ne  I'y  ai  mist1  que  ]jour  I'amuar  (In  iirrsotuuiye .  <j«i 
valoit  lien  tout  xcul  truis  douzaitics  dc  Htoiiiea.  Ces  Esculapes 
et  ces  Chirons  sont  a  I'entour  du  prince  de  Conti,  qui  y  est 
fort  malade  :  c'est  un  homme  qui  est  bien  incommode  en  s« 


108  1.K1111KS    I)E    (.11    PA  UN 

posture ,  et  qui  est  int'ailliblement  en  danger  de  sa  personne , 
si  labont  all  qua  ticulo  inorbo. 

On  dit  ici  que  personne  ne  salt  quand  le  roi  sortira  de 
Lyon ,  et  que  plusieurs  affaires  qui  ne  sont  pas  conclues , 
coininc  relies  de  Dijon  ,  de  Marseille,  des  Etats  dn  Langue- 
doe,  empechent  (|uc  Ton  ne  saclie  le  jour  de  son  depart  : 
outre  les  alia  ires  d'ltalie,  et  meme  peut-etre  quelque  secret 
traite  en  Kspagne,  il  reviendra  de  (leva  quand  il  voudra ,  il 
est  le  grand  maitre  a  notre  egard ,  mais  il  en  a  encore  un  plus 
grand  quo  lui  :  Jfrynnt.  timandorum  inproprios  (/wyes,  Heyc* 
in  ///sox  impcriio'it  r*t  ,/om ,  Clrn'i  giganteo  triump/io,  rnnrin 
fiHjit'/'filiu  in.owni.is ,  a  ce  (jue  (lit  le  bonhomme  Horace. 

11  est  ici  force  malades  de  fievres  continues,  d'inflamma- 
tions  de  poumon,  rhumatisines  sur  la  poitrine,  avec  mal  de 
c6te  et  crachement  de  sang.  La  frequente  saignee  les  soulage 
fort,  mais  ce  n'cst  point  du  sang  qu'on  leur  tire ,  ce  n'est  que 
do  la  bone,  et  encore  quelque  chose  de  pis  :  ntiwr/u//.  tolmrn  , 
qui  est  capable  de  tout  miner  ct  de  tout  perdre  par  la  gan- 
grene qu'il  pent  mettre  dans  le  poumon  et  meme  dans  le 
co?ur.  Iticitiir  f/uoquc  Eminent iss.  pwpwntu$  podagra  labornrc, 
ci.un  fcbre.  II  n'est  point  temps  pour  nous  qu'il  meure,  car 
je  pense  que  nos  affaires  sont  bien  brouillees.  Quelques  uns 
discnt  ici  que  les  Espagnols  traitent  d'un  accord  avec  les 
Anglois,  qui  est  ce  que  je  n'entends  point. 

.\atdlix  rnr>.^sim>(ft  (nits  /ilins  cafcf.  ac  sfudi't ;  il  trouve  fort 
belles  les  eglises  de  Paris,  ct  entre  autres  Saint-tiermain- 
I'Auxerrois ,  Saint-Paul  et  les  Minimes  ile  la  place  Hoyale , 
oit  il  fut  a  vepres  le  premier  jour  de  Janvier.  Les  fetes  qu'il 
est  ici  avec  moi ,  il  met  toujours  quelque  chose  dans  le  ca- 
hier.  Je  lui  ai  parle  de  certains  ecrits  que  j'ai  ceans,  <lc  f/ui- 
bnx  nittt'i  Mi/ic(nn  ,  et  lui  ai  fait  esperer  (pie  je  les  lui  prrterois 
quelque  jour;  des  le  lendemain  (ju'il  etoit  fete,  il  m'en  parla 
(?t  UK;  les  demanda,  sur  quoi  je  lui  repondis  ce  (jue  le  Messie 
dit  a  ses  apotres,  <mi  le  pressoient  de  la  fin  du  monde  et  de 
ce  grand  jugement  universcl  qui  les  etonnoit  ,  et  11011  sans 


A    F.Ur.ONF.T.  109 

cause ,  car  cela  sera  Lien  terrible,  ll<ilj<>i,  adltm-  m/iltn  r<,hi* 
dicere,  sed  non  potestis  portfire  :  il  no  so  facha  |)oiiit  de  inon 
refus.  Je  les  lui  preterai  quelque  jour  quand  il  sera  plus 
avance  et  quand  il  en  sera  plus  capable  :  ce  soul  des  cabiers 
historiques  et  politiquos  dans  lesquels  il  y  a  bieu  des  partieu- 
larites  dont  il  ne  pourroit  encore  fa  ire  son  profit.  Je  lui  ai 
prom  is  de  lui  faire  apprendre  1'histoire,  et  que  mori  second 
ills  ,  qui  est  Carolus,  lui  apprendra  la  geographic.  II  le  va 
quelquefois  voir  en  sa  maison  rue  Saint-Antoiue ,  et  n'en 
revient  qu'avec  joie;  il  (lit  qu'il  y  voit  toujours  quelque  chose 
de  beau;  il  y  a  un  cabinet  fort  curieux  ou  il  y  a  quelques 
tableaux  et  force  medailles.  Je  1'ai  quelquefois  entretenn  des 
evenements  tragiques  de  notre  bistoire,  de  la  mort  des  rois 
Henri  II ,  Henri  III ,  Henri  IV  ;  de  la  mort  des  deux  Guisars, 
a  Blois,  en  1588;  du  marechal  de  Biron.du  marquis  d'Ancre, 
que  je  lui  ai  fait  lire  pros  de  moi  dans  nos  liistoriens.  II  (lit 
que  ce  Jacques  Clement  et  Kavaillac  ,  qui  tuerent  Henri  111  et 
Henri  IV  (que  je  lui  dis  avoir  ete  de  fort  bons  rois),  eloient 
de  mediants  coquins,  et  tout  cela  se  fait  sans  prejudice  de 
ses  etudes  ;  c'est  souvent  apres  sotiper  aupres  du  feu  en  nous 
cbauffant.  II  abien  envic  des'aller  promenor  en  notre  maison 
de  Gormeille,  mais  il  ne  fait  pas  beau  ;  il  ira  a  Paquesavec 
ma  femme  ,  et  y  verra  tons  nos  arbres  lleuris;  nous  y  avons 
ciiuj  cents  petits  poiriers,  sans  les  pruniers  ,  pechers,  abrioo- 
tiers,  muriers  et  figuiers,  et  y  retournera  a  la  Saint-Jean,  on 
il  verra  deux  cents  cerisiers  charges  de  bonnes  cerises  bien 
mures.  J'avois  bien  envie  de  vous  y  mener  il  y  a  tantot  trois 
ans  ,  mais  vous  elites  ici  trop  d'affaires  :  il  on  fera  la  revue  a 
votre  place.  Notre  maison  est  tout  joignant  la  montagne,  snr 
laquelle  nous  avons  un  moulin  a  vent  du  bant  diiquel  on  voit 
le  grand  clocber  de  notre  ville  de  Heauvais.  Nous  lui  inoii- 
trerons  lout  cela,  et  lui  ferons  apprendre  loute  la  tnpaiji'iipliH1 
des  environs  el  de  la  banlieue  de  Paris.  Mais  j'ai  peur  de  vous 
einiuyer  ;  je  vous  baise  les  mains  et  a  madame  sa  mere,  a 
MM.  Gerard  et  Michel.  Xous  savons  bien  (jiieM.  le  |nvini.'r 


110  I.EITRES   DE   (il'I    I'ATIN 

president  de  Dijon  n'est  qu'a  Vientie.  Si  quid  pia  vota  vote 
rent,  je  prierois  Dicu  pour  ce  brave  magistral,  qui  combat  si 
genereusement  pour  son  pays  ,  et  qui  en  defend  les  droits  el 
les  privileges  avec  tant  de  Constance.  11  y  en  a  ici  qui  diserit 
que  le  roi  sera  dans  Paris  avant  le  25  de  ce  mois,  sed  hoc  in 
•mambus  Deorum  est  rcposituni ,  il  n'y  a  que  Dieu  qui  sache 
1'avenir  ;  neanmoins  1'opinion  commune  est  que  ceux  du  con- 
seil  du  roi  out  bien  fait  de  ne  point  pousser  avant  1'aff'aire  de 
Dijon  ,  de  peur  d'en  exciter  de  mauvaises  suites ,  tant  en  cette 
province  qu'en  d'autres  qui  auroient  pu  remuer,  et  p rend  re 
de  la  occasion  de  troubler  la  bonace  qui  est  aujourd'hui  dans 
le  royaume. 

II  y  a  ici  un  conseiller  de  la  grand'chambre  ,  nomine 
M.  Quelin  ,  qui  est  fort  malade  d'une  (wife ,  ce  qui  lui  sera 
un  merit  us  inn  r  bus ,  car  toute  sa  vie  il  a  etc  debauehe  ,  et  pes- 
sime  audit  in  mayna  ilia  camera ,  ebrietatis  ,  commessationum , 
compotationum  et  imdtorum  scclerwn  nomine,  juris  swnmi  jirce- 
texfu  fucatorum.  Yirgiie  dit  de  la  bonne  femme  Didon  ,  sur  hi 
fin  du  quatrieme  de  1'Eneide  : 

Nam  qnia  nee  falo,  mcrila  ncc  mnrle  peribat , 
Scd  mifcra  anlc  (lion. 

Si  celui-ci  passe  au  royaume  des  morls  avec  son  hydrr)- 
pisie,  tous  lestroislui  aideront  bien,  car  il  est  asse/  age,  et  n'a 
gueremoins  de  soixante-six  ans. Toute  sa  vie  il  a  ete  debauehe 
et  merite  bien  le  mal  qu'il  a;  mais  il  n'est  pas  riclie,  avant 
pour  ses  malversations  ete  toujours  suspect  a  messieurs  les 
presidents  ,  qui  ne  lui  out  jamais  guere  distribue  tie  proces  , 
qu'il  n'y  ait  ete  forteclaire,  de  peur  qn'il  n'y  fit  quelque 
fourberie.  Dem  te  street ,  fuaiuqnc  fami'limn.  Je  vous  baise  les 
mains,  et  suis  de  tout  mon  c<rur  votre  ,  etc. 

DC  Paris .  le  3  Janvier  1659. 


LETTKE  COXLXYl.  --  An  ,«,'•>,»•. 

M.  le  surinteudant  est  arrive,  mais  on  ue  dit  rien  encore de 
la  paix  ;  on  attend  M.  le  Prince  a  Coulommiers,  en  Brie ,  die/. 
M.  de  Longueville.  Les  deputes  des  deux  ruis  tin  Nord  sont 
assembles  pour  fa  ire  un  accord  entreeux;  encore  dit-on  que 
le  roi  de  Suede  n'en  vent  point,  tant  il  est  Her.  Les  troubles 
continuent  en  Angleterre  ,  et  dureront  encore  pour  la  diver- 
site  des  partis  qui  ne  veulent  point  ceder  les  uns  aux  autres  : 
ceux  d'Ecosse  out  fait  un  parlement  poureux.  Dan*  Londres, 
il  y  a  un  parti  centre  Lambert,  et  ils  ne  veulent  plus  de  par- 
lement en  Angleterre ;  quelques  uns  disent  qu'il  y  a  intelli- 
gence la-dedans  pour  le  roi ,  mais  celu  est  bien  suspect  ,  il  y 
a  grande  apparence  que  non  (l).  Plusieurs  oiliciers  de  M.  le 
Prince  sont  partis d'iciaujourd'hui,ce  5 Janvier,  pourse  rewire 
a  Coulommiers  etpourl'y  saiuer,  d'autant  qu'il  estaltendu. 
C'etoit  bier  que  Ton  devoit  remettre  Hesdin  au  service  du  roi. 

Le  marquis  de  Hostain  mourut  bier  ici  age  de  quatre-vingt- 
sept  ans;  il  est  pere  du  comte  de  Bury,  et  gendre  du  cban- 
celier  de  Cbiverny,  qui  mourut  il  y  a  soixante-deux  ans. 

Je  parlerai  derecbef  a  31.  le  premier  president  de  vos  sta- 
tuts,  des  qu'il  m'enverra  inviter  a  souper,  en  attendant  que 
vous  pressiez  I'art'aire,  et  que  volre  procureur  parlea  nmi ;  et 
je  vous  promets  que  je  le  presserai  tant  qu'il  me  sera  possible, 
en  gardant  toujours  la  bienseance  due  <t  une  majeste  presi- 
deritale.  Je  lui  t'erai  entendre  des  raisons  pour  les  colleges 
particuliers  des  bonnes  villes,  conlre  Tabus  des  uni\vi>itr-, 
qucruiii  nx/ln  cat  tfi/tf  non  jx-t-fvt  t/rurif'-/' ;  de  la  notn1  aus>i  , 
hie  et  alibi  L'cndifw  jnper,  /tumim1*  >•<////'/>• ,  il  if  est  point  de  ta- 
rine  qui  ifait  du  son.  Messieurs  de  la  cbambre  en  leront  <•»• 

(1)  II  ne  faut  point  oublicr  que  Cromwell  etait  morl  (li>|>iiis  «|iialn- 
inois  ;i  peine .  et  que  son  lils  Hiclinrd  elait  incapaMe  delui  Micccilcr 
tout  se  prcpnrait  done  pour  la  n^lanralion  lies  Stuart-*.         U.  I'. 


112  I.F.TTHF.S   HE    C.UI    PATIN 

(ju'ils  voiuh'ont ,  niais  il  y  a  bien  des  raisons  qui  les  y  de- 
vroient  induire. 

Noel  Falconet  a  cherche  son  oncle  pour  lui  rend  re  votre 
lettre,  il  ne  1'a  pu  trouver.  Ce  frere  votre,  de  I'lmmeur  qu'il 
est,devroit  etre  1'aumonier  du  cornte  de  Rcbe;  ces  deux 
homines  fricasseroient  bien  ensemble  le  chausse-pied  ,et  man- 
geroient  bien  sans  scrupule  le  petit  cochon  qui  auroit  cuit 
dans  le  lait  de  sa  mere. 

Notre  Falconet,  votre  fils,  n'etudie  pas  tant  que  je  voti- 
drois ;  niais  je  le  voudrois  peut-etre  trop.  De  plus  nous  avons 
un  froid  epou  van  table ,  fort  ennemi  des  muses  et  de  notre 
philosophie,  car  il  nous  fait  perdre  patience.  Je  parlerai  pour- 
tant  a  M.  le  Sanier  de  1'acte  public  ,  et  je  vous  manderai  ce 
que  nous  en  aurons  resolu.  Si  moi  et  mes  enfants  1'excitons  a 
etudier  par  bon  exemple  ,  je  vous  assure  que  ma  femme 
1'excite  aussi  souvent  par  de  bons  preceptes.  J'ai  bonne  opi- 
nion  de  ses  etudes. 

Quand  ceux  de  deeii  demandent  des  nouvelles  de  la  publi- 
cation de  la  paix ,  on  leur  repond  qu'il  faut  attendre  que  la  ra- 
tification vienne  d'Espagne. 

,le  n'ai  encore  rien  vu  qui  vaille  surlapaix,  pour  endonner 
avis  a  M.  Uarbier.  Toutes  ces  etrennes  ne  nous  out  produit  au- 
cun  livre  nouveau  ;  je  pense  que  les  arts  sont  aussi  morfoixlus 
que  la  saison.  FeuM.  Bignon,  avocat-general,  parlant  dans  la 
grand'cliambre  sur  un  proces  que  les  cordeliers  avoient  entre 
eux  ,  dit  que  ces  bons  pores  avoient  bien  froid  aux  pieds  , 
mais  qu'en  recompense  ils  avoient  la  tetc  bien  ecliaufiee  ,  de 
s'entre-d ire  de  grosses  injures  et  de  s'entre- manger  coinine 
ils  faisoient. 

Aujourd'bui  au  matin,  ce  27  de  Janvier ,  nos  avocats  out 
continue  de  plaider  contre  nos  cliiruryiens-barbiers.  Le  notre, 
nomme  Chenuot,  a  lout-a-fait  achevt'1,  par  une  fort  belle  re- 
capitulation de  tons  nos  droits  et  nos  griefs  contre  cette  mi- 
serable engeance.  L'avocat  de  1'universite,  nommeM.  Mares- 
cliaux  ,  intervenant  [lour  nous,  a  aussi  parli'1  et  aclieve.  D'au- 


v  i  M.I  t AM.  i  c; 

juiml'lmi  en  hull  joins;  I'ueelle  parlera  pour  !•••>  i  -Iri-uc-i.  n- 
barbiers  ;   il  s'osl  vanle  <|u  il  dir.i  ,ju  aulivlo^  ;i  home,  i!  n  \ 
avoit  point  de  inedecins.  II  est  vrai  ipio  I  <m  en  eliu^a  iiu  rer- 
tain  (ircc  Arcliagutus  ,  a  ee  (|U<-  dil  I'line  .   ///•'////'•/•  >vr//^///, 
iiff'itdi  ft  SIT/UK!/  ;  mais  en  cecas-la  il  ressenibloit  bion  inien\ 
a  un  cliimrgicii  ipi'a  1111  nu'd:1  'in.  .Xt'-aniiKiins  il  a  dil  a  (jiicl- 
([ucs  nnsde  ces  chirurgiens  (ju'ils  perdroient  lonr  pruccs.  Tout 
c<:  <|iie  nous  dc-mandons  n'csl  (|ii'un  iv^lonit  nt  dc  police  pour 
eontenir  cesglorifMix  officinrs  do  la  inodcciuf.  ct  (pi'ils  sooii- 
vionneut  (pi'ils  sont  /////</.•»•.'/•/  m-tix .   obli^i's  a  I't'coniioilrc  mu1 
superiorite  do  la  part  do  noire  laddie  ,  <pii  lo>  aolovos ,  IMI- 
soignos   el    conserves.  Mais  la  hvijuento   saiii'iiee  el    la  ilir<- 
.s'//y>///7/x  de  Kracasloi1  les  out  rendus  ^lorionx  ,  in.solents  el  in- 
supportables. 

Madame  Kompiel  esl  encore  ina'ade  a  co  <[ii  on  dil;  M  son 
inari  nont  fail  ce  voyage  a  la  conr,  il  etoit  dosarcoiino  . 
_M.  llervart  I'avoit  snpplante  L'eveqne  do  (lahors  e<t  nioit. 
M.  Sevin ,  son  coadjntenr,  esl  dorenavant  eve(pie.  li  fail  ici 
nn  IVoid  horrible  el  percanl  ,  le<piel  Ine  crnellenient  ION 
vieilles  gens  el  les  puhnoniques,  tabiqnes,  hecli(pies,  fUmm!-- 
I'upente  iiitwnni ,  ils  menrent  en  cachette ;  c'est  coinnie  fen 
M.  Pietre  expliquoit  ces  mots  d  Hippocrate,  /-/j^uj:  :j-^-r.- 
owj^i ,  quod  it's  ut  plwhmim  f-oittinyit ,  f/uf  lnhuran/  ///-urn  ////'- 
ijiiu  (liathesi,  nla  r<',  rnntiw,  ant  fn*if/nt  obstruct lunt1  lu'rn/m  nr- 
tt'i'Kinnii  pnlinonis, 

M.  le  Sanier  exerce  ses  ecoliers  lanl  (ju'il  pen! ,  en  leeons . 
disputes  el  repetitions;  inais  on  Ire.  cola  il  I'ant  encore  nn  10- 
pelitetii'  parlicnlier  a  Noel  Falconet,  s'il  vent  lepondre  j>n- 
blicpiemenl  de  tonl»>  la  jiliilosoplne.  M.  le  Sanier  dil  <pi  il 
taut  qnatre  pistoles  pour  ce  repelil(Mir,  ipii  prendra  le  soin. 
avec  (pie.l(jues  a  litres  ecoliei's,  pour  les  exercer  ensemble.  Jo 
sais  bien  que  ce  n'est  pas  grand'chose,  inais  neainnoins  j  ,-n 
i  rn  (pi  il  YOUS  en  lalloit  avertir;  ri/lr  <•<  /uilir,/. 

Una  ici  decouvci  I  line  inai.Min  .  pre>  de  la   placi'  .Mani-cit 


1  14  l.KTTIU.S    I)K    (.1  !    PA  I  IN 

oil  Ton  laisoit  de  la  t'ausM1  iiioiinoit1;  le  mailre  s'est  sauve, 
les  a u Ires  y  sosilpris,  on  en  pendra  domain  quelques  uns. 
Tonte  la  riviere  est  iri  fort  gelee;  il  y  a  do  cerlains  eiidj'oils 
oil  quelques  uns  Tout  passee  a  pied. 

Obligez-moi  do  dire  it  aotre  clier  et  veritable  ami ,  M.  Spon, 
(jiie  je  lui  souhaite  bon  jour  et  bon  an,  que  je  suis  son  Ires 
humble  et  obeissanl  servitenr,  t;t  a  madaine  Falconet  pareil- 
lernent. 

Le  prince de(>onde  est  parti  tie  matin  tie  Coulommiers  pom 
s'en  aller  en  poste  a  Lyon ,  si  bien  qu'i!  y  ponrra  arriver  en 
memo  temps  qne  la  presente.  Je  v»us  baise  Ics  mains,  et 
tie  tout  mon  co'ur  \otve,  etc. 

DC  Paris.  Ic  <>  Janvier  1<io9. 


LKTTliK  GCCCLXVH.  -      1 

Je  vous  dirai  premierement  (jiie,  revenant  hier  de  nos  eco- 
les,  oil  j'avois  dispute  en  mon  rnn^  ,  qui  ne  vient  pins  quede 
deux  eu  deux  ans,  ii  cause  (jue  je  suis  des  anc,iens  ( il  en  taut 
laisser  lo  metier  aux  autres,  <]iii  out  de  meilleures  tlenls),  et 
oil  j'avois  secoue  I'opinion  de  Yesale  et  tie  notre  bon  ami  (ia.s- 
pard  Hofmann,  qui  out  tenu  que,  /ian  i^rui  CIMHS  /icKinato/xn  n- 
cuiH,  -2'  j'envoyai  (juerir  a  la  douane  It:  ballot  que  vous  m'a\  itv. 
adresse  des  !e  mois  passe,  dans  lequel  nous  avons  trouvi-  troi.s 
douzaiues  de  t'romages ,  dont  nous  en  avons  euvoye  line  a 
M.  le  SanitM1;  des  deux  autres  je  vous  en  remercie,  comnn: 
aussi  du  paquet  tie  marroiis  que  nous  avons  trouvr.  Je  me 
tiendi'ois  assez  heureux  tl'tHre  en  vos  bon i us  graces  .  s;m-.  au- 
ciin  autiv  present. 

On  dit  ici  (pie  la  reine  d'Espagne  est  aeeoueiieed'un  second 
tils,  el  qne  cette  nouvelle  est  I'ort  lioniie  pour  lotite  la  France, 
par  lesperance  qu'elle  nous  domic  (!••  la  jiaix  ,  >i  |t-  im 


\  KAU.ONKT  1 1.', 

epouse  rinfanle  d'Espagne ,  a  qnoi  !••  mi  et  hi  remc  <>m  A 
cequ'ondit,  grande  inclination,  /•<•/"/'•///<•  tn,m-n  Wo  /,//>•//<,- 
rota  podngrico  >•!  chirngrlrn. 

Sed  in!  patrono  porrigit)  Inn-  chirugra  <«/ 

La  mer s'est  debordee  en  Hollande,  vers  Dordrecht,  on  die 
a  submerge  trente-trois  villages  et  25,000  arpents  de  Imv; 
ee  pays-la  est  fort  sujet  a  de  telles  inondations,  ii  can.se  que 
la  Mier  y  est  pins  haute  (jne  la  terre;  die  y  a  fait  auln-fois  d,- 
pareils  ravages,  et  meme  de  bien  pins  grands,  entre  antr,^ 
environ  Tan  1533,  oil  il  y  eut  quelques  villestont  entieres  do 
submergees,  dout  on  voit  encore  les  bouts  des  clochers  snr  la 
mer,  oil  il  fait  dangereux  passer.  Le  roi  de  1'ologne  a  repns 
'I'liorn  ,  en  laPrusse,  dn  2-i  decembre.  que  it-  rot  de  Siii-de  hn 
avoit  prise  il  y  a  trots  ans. 

Le  parlement  a  ete  aujourd'hui  assemble  tonchant  les  tiU 
et  les  gendres  des  partisans,  savoir,  s'ils  y  seront  reeus  con- 
seillers.  M.  Tavocat-general  Talon  a  fortement  opine  pour  la 
declaration  de  Tan  IGlcS,  parlaquelle  ils  sont  exclns  de  <v.s 
(lignites  :  il  etoit  deja  une  heure  sonnee,  e'est  pourquoi  on  a 
remis  la  deliberation  a  mardiprochain.  On  ditqn'il  y  a  neulra 
lite  accordee entre  I'Espagneet  I'Angleterre;  <jiie  le  ]>at -lemenl 
de  Dijon  est  inlerdit ;  que  Ton  envoie  des  gens  <Ie  guerre  en 
Bourgogne  pour  punir  ce  panvre  pays;  <|iic  les  dt'-jniti-.^  de 
Marseille  sont  de  retour  a  Lyon  ,  mats  1  on  ne  (lit  point  qnand 
le  roi  parlira  de  Lyon;  pout1  revenir  de  deca,  ce  sera  ijiianJ 
il  plaira  a  Dieu.  .le  vous  baise  les  mains  de  tout  moii  netir.  ct 
a  nmdaine  Falconet ,  et  vous  prie  dc  ci'oire  (jue  je  >crai  loute 
ma  vie  votre  ,  etc. 

Do  1'aris  ,  !••  IS  jamirr  15;iy. 


I  Ilj  i  KITHFS    M     (.11    I'v  I  IN 

U.TTUK  (.CC.CIAVIII      -    I/ 

On  nous  pn-sage  ici  beaucoup  de  mallienrs.  snr  mi  fan\ 
bruit  quo  la  grosse  cloche  d'Aragon  a  sonne  tonto  soale;  .w-/ 

'•us,    IrnKjuain  fic^tfui  nc  s/tini/i'i/ii  i'/tii-'i//,  nii[i/if  H i fifxicriiti'^ 

lib.    (/<•    tli'i'i'itti    ni'natii  ;    voici    COS    boailX    mots    :     i^i/.a'.yj:''/;  . 

/TTEU770/.//'7lJ  ,     aOttfffJoUUOVtV/  .    0(C.    ,    IlltjIH'    illllll      lllf'flK'li    till  I/I    I'ltll- 


Til  liounete  hoiiitiie  (co  11  dc  jauvier  vicnt  dc  in'assiii.M 
qne  M.  Marsin  arriva  hier  au  soira  Samt-Dfiiis.  On  a  anjoiir- 
il'liui  vtM'ifit!  on  pai'lenit'iit  Uj  don  dn  roi  an  cardinal  Ma/a- 
rin,  du  domainc  dfs  donx  Alsaccs  jKiur  Ini  ct  sos  ht'-ritic-rs.  On 
dit  qne  ie  pape  a  ctMebre  la  mc-ssc  pontificalement  ct  avcc 
beaucoup  tie  ceivmouie,  pour  la  paix  outre  losdonx  conron 
lies.  11  y  a  encore  donx  audiences  pour  lo  faitdes  chirnrgiens; 
tout  lo  monde  dit  ijn'ils  pordront ,  IIKMHO  ionr  avocat  !e  !oi:c;t 
pvophetise.  Us  disent  que  nous  nedeiiiandons  qii'im  ro^louwnl 
snr  certains  dosordres,  et  qu'ils  no  doinandont  qne  la  memo 
chose,  si  bien  qneceux  (jiii  auront  perdu  an  rout  pareillement 
i^agne  ;  ils  1'eront  enlin  coinme  !es  jesnites,  l»i(^n  ipi'ils  in- 
solent points!  ruses,  hmdem  atquv  minima  «  i-riiin'in-  *Hiifn/. 

Toutes  les  fernies  dn  roi  soiit  ici  a  rencliere,  et  dt-ja  ivhaus- 
sees  de  beaucoup,  et  neanmoins  no  sont  encore  adjugees  a 
personne  :  ce  sera  dans  huit  jours.  Le  pr('sident  N'iole  no  piMit 
etre  arrive,  pour  la  gouttt1  cpii  lo  rolienl  a  Hrnx(.'lles  ;  des  ipie 
je  verrai  M.  le  premier  president ,  jo  Ini  retoueherai  1'alr'airo  do 
vos  slatuts  ,  selon  votro  intention  ,  i»'c  me  labor  isfr  (/nimbi*  ; 
j'y  serai  de  bon  ccenr  votrc  sollicitenr  ,  el  a  tout  votro,  college. 
Je  ne  sais  ce  qn'est  devenn  Af.  <iras:  jc  IK-  pen. so  ponrtant  ji,-is 
qu'il  s'en  soil  relonrnc  ii  L\un,  car  il  y  a  lr<»p  dc  ncigi-  j,.if 
los  chemins. 

On  dit  ici  (jne  ie  roi  esl  on  I'rmenee  ot  qn  il   ira  a  Alontpel 
lior ;  qne  la  ratification  dc  la  paiv  cst  vcnnr  d'Kspn^ni-    rl  .jiir 


V     I    \l-<  ".Mil.  I  I  * 

hientot  ellesera  publiee  ;  inais  qu'il  ne  taut  dmiter  in  de  Inn 
ni  de  1'aulre .  j'entends  <ln  manage  <|iii  viendra  dans  son 
temps  ,  quoiqu'il  puisse  arriver  de  la  vie  on  de  la  moil  do 
rinfant  d'Espagne,  (|ui  ,  a  ce  <|ifon  dit,  na  que  vingt-lmit 
mois  et  trois  cauteres  ,  et  ne  pent  vivre  longtemps. 

Quelques  uns  disenl  que  noire  Saint-Pere  le  pape  esl  bydm- 
pique ,  de  sorte  (ju'il  a  done  deux  mauvaises  pieces  dai  s  M>U 
sac,  savoir,  son  t'oie  et  sa  tete.  car  on  dit  (ju'il  perd  I'ei-prit  . 
et  en  ce  cas-la  !e  Saint-Esprit  est  mal  l^o^' ;  inais  les  cano- 
nisles  d'ltalie  et  les  reverends  peres  de  la  societe  y  pourront 
trouver  quelque  echappatoire.  Nous  avons  ici  not  re  hon- 
liomme  Guerin  ,  I'ancien  de  noire  ecole  ,  a^e  de(juatre-vingl- 
nenfans,  t'orl  ma  lade  ;  il  cut  hier  I'extreine-onctioii.  On  lit 
bien  de  lui  graisser  les  genoux  pour  les  lui  rend  re  plus 
souples  ,  il  s'en  va  fa  ire  un  grand  voyage. 

J'ai  donnea  Noel  Faleonet  un  des  livres  de  M.  dt'  (iorris, 
pour  vous  etre  delivre  par  un  honnete  liomme  de  sa  coiniois- 
sance  qui  s'en  va  a  Lyon:  je  vous  prie  de  le  prendre  en  Ixtnne 
part,  hien  que  ce  soil  pt-:i.i  de  chose  :  >•/  fivfuru  i/rc//rii/  >•>//>- 
plcct'i'it,  (D/rctix  csln.  Prene/  pour  vous  ce  passage  de  la  Sainte- 
Kcriture,  Iji'ntiu*  fst  i1ur<'  '/"/n/i  («•<•> ^erf.  Si  vous  voule/.  vous 
contenter  de  ce  passage,  je  passerai  en  votre  endroit  |iourun 
liomme  <jui  paii;  ses  defies  bien  aist'inenl,  et  en  attendant 
mieux  je  vous  souhaite  longue  >•(  heiireu>e  vie. 

La  rigueui'  de  la  saison,  et  le  grand  fro  id  tpi'il  fait,  etoulfe 
ici  quantile  de  pauvres  malades  vieillards,  catarrlieux  et  ptd 
moniques. 

Madame  la  princes.^e  de  (bolide  .s'en  \a  a  Trie,  pres  de 
(iisors,  maison  qui  appartient  a  M.  de  Longue\  ille.  ]^  presi- 
dent Viole  est  encore  a  liruxelles,  01:  il  <isl  dfineure  malade: 
on  dit  (pTii  reviendra  dans  pen  de  jours.  On  dit  (pie  dans  le 
traite  du  prince  de  Comb'1,  il  doit  ne  retoiirner  jamais  an 
parleineiil;  inais  on  dit  (pie  par  un  article  secret  il  doit  yehv 

retalil  i. 

On  croit   ici  le  roi  it  Nim<^  ou  a  Monlpeiiier.   .-i  .pir  ,|e  l> 


11*  I  !•: THU.S    1)K    (,i  I    I'Vll.V 

il  ira  a  Aries  el  a  Marseille.  Les  Hollandois  veulent  acmm- 
moder  le  mi  de  Suede  avec  celui  de  Danernark.  M.  Merlel 
m'a  dit  aujourd'hui  que  le  eareme  procbain  il  fera  metlre 
«;ous  la  presse  son  commeiitaire  hi  historian  Epidemicns  ////>//"- 
crtitis.  in-quarto.  Je  vous  baise  los  mains,  et  stiis  do  tout 
nion  ctvur  votre ,  etc. 
De  Paris,  le  13  Janvier  1659. 


LKTTHK  CCCCIAIX.  —  .\n  WKIHP. 

Je  n'etois  pas  en  peine  de  vous,  et  u'attendois  de  vos  noti- 
velles(pie  lorstpi'il  plairoit  ;i  Dieu  vous  inspirer  de  in'eci'ive 
Je  u'ai  point  coutume  de  me  mottre  en  peine  de  mes  amis , 
si  je  n'en  ai  quchjue  occasion  ;  neaiimoins,  votre  belle  lettre 
du  21  Janvier  m'a  fort  rejoni.  J'ai  ele  bien  aise  d'apprendre 
i|iie  la  ^rande  tt<ibi/loi«!  (\  vous  ait  (piitto,  et  (pie  vous  soyex 
dec,harge  de  tellecaravaue  de  taut  d<!  bonnes  gens  qui  ne  font 
(|iie  de  I'orduro  ,  de  la  pauvrete,  des  deltes  et  des  cocus  par- 
tout  oil  ils  vout.  Tout  est  ici  revenu  en  bonne  sante,  pour  le 
maitre  et  ce  qui  lui  appartient,  I>ieu  merci ;  pour  lereste. 
'mini main,  cxf  quint  wire  luboro  ;  <lc  Jure  ilmitnriit  <•///"»//  </<'/'n  . 
il/p  niilii  no/its  cst  onnii/i ,  j  entends  It;  bon  roi  noire  maitrt'. 
que  Dieu  conserve!  avec  son  tres  clier  1'rere  ;  je  ne  me  soucie 
guere  du  reste.  Je  ressemble  an  dieu  des  epicuriens.  qui.  au 
riire  de  Lucrece.  ipii  a  ett^  le  plus  savant  de  tons  les  jiorles 
latins, 

.Y'T  l/i'nr  proHicritifi  r/ipilur .  m-c  tunt/iliu  ira. 

( '.el  ui  qui  a  en  la  goutte  en  a  ele  qui  tie  a  bou  ma  relit-.  Male 
postc  de  la  gotilte !  (Jue  n'a-t-il  cii  la  peste ,  puistpril  la  nierid' 
bien.  Mais  qu'y  I'erions  nous?  f/m-  i-rnt  ///  fntis  :  s/r  jilni-iiif 
.•<ti/>rrix ,  ijiiirri'Ti:  filnrii  i"'/'ns.  (x)in'li|iie  jour  viendra  ijiie  >?" 
fiiii'ni  ri'i><'i'irt  ,  !•/  frimtftn  (l/'xnif!  mnuii/it*  >///•  Jiiniti'r,  if  tl i  - 


\    FUA.ONET.  I  I  9 

raw  nuirtnfui' ,  >•!  hiiiiiinn  ypiirris  turtor  ct  c/ini  ifr.i  .  w/  </"•><' 
sut.  Vous  etes  <|itittt:  ii  bon  niarcbe  de  n'avoir  point  donne 
d'argent ,  jo  m'eu  rejouis,  non  equidnn  inridrn,  ntirar  t/tfifji*  . 
inaisje  plains  bien  tort  ceux  de  Dijon  qui  sont  si  nialtraites: 
peut-etre  (ju'ils  Tout  merite  ou  (ju'ils  le  inerilent,  eu\  on 
leurs  parents.  On  croit  bien  ici  que  In  roi  epousera  ('infante 
d'Espagne,  et  tons,  taut  que  nous  soinmes  de  buns  Francois, 
le  desirous  bien  fort  .  cela  fera  tinir  la  guerre  ,  et  elle  nous 
sera  une  reine  de  paix  :  ainsi  soit-il.  Si  le  cardinal  desire  OP 
manage,  j'en  suis  ravi ;  son  nonsentement  servira  fort  i»  If 
fa  ire  avancer. 

On  dit  ici  (jue  le  prince  de  Conti  et  sa  femnie  sont  tjiieri^ : 
il  y  a  en  quelques  medecins  et  chirurgiens  enfermes  nvec  eux 
a  Saint-Maur.  Personne  ne  doute  que  la  s;//>/ti/i*  n'ait  de  rv 
qui  les  a  occupes.  A  la  bonne  heure  qti  ils  soient  bien  ^ueris 
il  faut  aimer  le  maitre  et  les  parents  du  niaitre. 

On  dit  qu'un  des  ndtres,  nomine  le  (AH>(\  ,  en  parlant  (!»• 
FrariQois  Ier,  pour  qui  il  etoit  consuite,  voyaiit  qu'il  avoit 
cette  syphilis ,  dit  ii  Kernel  ,  <jui  proposoit  son  opial  :  (1'e^t  un 
vilain  (|iii  a  ^ai;iie  la  verole ,  fr<>ft<t>i.r  comme  mi  aiitre  et 
com  me  le  dernier  de  son  royaume  :  cela  f'ut  rapporte  a  ce 
bon  roi  ,  <jui  n'en  lit  que  rue  et  lui  en  sul  bon  ure  1  .  Vous 
save/  bien  pour  qui  je  parle.  (  L.  P.  et  L  I*.  H.  ('.. 

Pour  les  malades  qui  sont  niorts  ,  entre  ('.rest  et  \  alence  . 
de  la  vapenr  malijiiie  d'un  collVe ,  il  y  a  d'aiiciennes  bistoires 
qui  en  disentde  memed'un  cotlVe  qui  Cut  ouveri  en  Ktliiopie. 
d'oii  sortit  uue  vapeur  si  malijiue  (ju'elle  iulecla  et  einpest;i 
toute  1'Egypte ,  toute  la  (irece  e(  une  purlie  de  I'Asie.  Nous 
avouseu  ici  des  fievres  continues  avec  cracliement  de  sanjj  et 
des  inflammations  de  pouinon  ,  mais  cela  est  jias-^e  et  il  n'y 

,1  Qucltjiio  lii-tui  icii-  as^iircnl  <|in'  cdlc  in.il,i(lu' .  trc-  rciloiilnblf  .i 
O'-tlr  cpotjiic.  Oil  ciuumuniquce  ii  Franri'i*  I"  p-'ir  l;i  j.ilon-i'1  d'un  in.ni 
qui  .  <!o  (Ir^rin  pi  (•iiu'dite.  la  l!-;iii-iiiit  a  i-.i  frininc  .  a!or-  nciitn  -->•  dii 
mi  Ouaiil  an  mot  fin  ehiriir.;',irii  !••  Cocij .  il  csl  xMilcnn'nt  (rndilioiitirl 
p|  iinlleineiit  lii>lori(n'.  K.  '' 


I  1. 1  1 1; I..*   I>K   i.l  I   l-\  UN 


ii  presqne  point  de  maladi  s  ici  ;  pour  tics  lie\  res  ipiai  te>  ,  il  \ 
en  a  Ibi'l  pen. 

.\otre  eeolier  est  toujoursgai  et  eveille  :  il  va  voir  mes  deu\ 
doctenrs,  tantot  1'iin.  tan  tot  I'antre:  il  me  disoit  hit'i1  <pie  le 
second,  (jui  est  Carolus,  luia  promisde  le  mener  aCormeille 
et  delni  apprendre  bien  des  choses  dans  ce  voyage.  Notre  UK 
en  est  ravi  ,  car  il  aime  a  apprendre,  el  il  prend  grand  plaisir 
dans  la  cunversation  dti  mien.  Ce  sera  [tuiir  It;  can'-iiK;  pro- 
chain,  an  moins  ira-l-il  a  Paqucs  y  voir  les  arbres  ih'iiris, 
»>t ,  coninjo  IK»US  avons  souvcnt  dcs  teles  en  etc,  il  ponrr;i 
quehinetois  y  aller  pour  y  elre  deux  on  trois  jours;  mais  il 
n'y  tail  pas  bon  tlevant  la  Saint-Jean  ,  carc'est  alors  <pie  Ton 
y  pent  manger  ties  cerises  ,  dunt  il  y  a  pins  tie  tleux  cenls 
arbres  :  si  bien  <|iie  tlepuis  ee  temps  jusqu'a  la  Toussaint  il 
y  a  tonjours  dn  fruit.  ,!e  voudrois  t[ue  madame  Falconet  t'nt 
en  asse/  bonne  sante  pour  y  venir  prendre  1'air  et  y  passer 
nn  mois  on  tlenx  dn  bean  temps  d'ete  ;  la  vne  en  est  tort 
belle.  1'air  fort  bon  ,  et  1'ean  pareillement.  Le  jenne  M.  Clion- 
lier  y  a  passe  queltjues  jours,  il  pent  vons  en  parler.  II  y  an- 
voit  plaisir  tie  t'aire  ce  voyage  en  venant  de  Koanne  par  can 
jnsqu'a  Orleans,  tandis  tpie  le  roi  iroit  a  Bayonne  (pierir 
notre  reine,  fitif,  /inf. 

Pour  M.  dn  linisson  ,  ii  es!  mort  bien  vite  :  anssi  n'y  a-l-il 
rien  (jiii  aille  si  vite  (jiie  le  ,<i/n/-o/></'  <-nrfl!<tcn> ,  h<  f/ttn  st/rt//tin- 
ttiol''  fit'  x/fifnn  suffiicdfm*  y//vr  tt/ni/ti  smit/i/tit/fi  fiifitti ,  nl  ccri'- 
hrinn  in  ri-rii  i'l  i>i'«nrii'  dirhi  iij)i>i>lc.riii.  Ii  y  t>n  a  nn  cbapitre 
dans  les  Institutions  de  medecine  de  Gaspard  Mofmann  . 
|iage  it \.  (ialien  a  fort  bien  connn  ce  mal ;  mais  en  ce  M.  dn 
Hnisson  il  y  avoil  dt-nx  antres  clioses.  savoir,  nleere  et  (M'o- 
sion  de  la  inniqne  de  I  ai'lcre  ,  <pii  sont  deux  sympttnncs 
incurables ,  y.vi'xroc. 

Pulir  celni  qnc  vons  dites  t'lre  a  ,M.  I'abbe  de  l''oi'co;d  .  je 
lie  le  CHmiois  point.  Pour  eel  abbe,  je.  I  ai  antrefois  traile 
f:ii'!,  maladt;  de  plusienrs  maladies;  son  pere  me  fit  dire  <pi'd 
\o,iioit  me  |einoi"ner  coimne  il  t'ai^oii  etat  tie  moi .  et  ou'il 


v   t  M.I  i  >M.  i .  I  -i  | 

tut1  dulinerbit  cent  ecus  par  an  pour  rlrc  lour  medei  in  :  <vh 
I'ul  fait,  et  j'en  ai  recu  trois  denii-annees.  (let  abbe  i|iii  m- 
I'etoit  pas  encore,  nmis  senlement  atimonier  tin  rni  tut 
horriblementet  grievement  nialude:  it  en  echappu  heureiiM'- 
jnent,  et  on  disoit  force  louanges  de  moi.  Hcancniip  de  temps 
se  passa  que  1'on  ne  me  vint  plus  querir  de  la-dedans :  j'ap- 
pris  que  Valot  y  alloit,  qui  lour  donnoit  des  pondre«» .  de- 
eaux  et  des  pilules,  etque  pour  moi  on  ne  in'avoit  qnilte  qn'a 
cause  que  j'ordonnois  t  cop  pen  de  drogues;' si  les  nialade- 
<|ue  j'y  ai  traites  pendant  trois  ans  y  I'ussent  mods.  regard*-/ 
ce  qu'ils  eussent  dit,  car  il  n'en  inourut  aucun).  Quand  j'ai 
rencontre  le  pere  par  la  ville ,  il  m'a  tonjours  dit  qu'il  m'en- 
verroit  voir,  mais  il  n'en  a  rien  fait,  aussi  j'en  suis  demeure 
la.  Leur  pere  etoit  un  miserable  cevenot  et  huguenot  (|ui  vint 
a  Paris  chercher  condition  et  fa  ire  fortune  s'il  pouvoit.  II  fut 
luquais  clie/.  un  secretaire  du  roi  nom me  M.  Addee  ;  de  la- 
(juais  il  devint  commis  chez  ce  nieme  maifre,  qui  etoit  pareil- 
lement  huguenot,  et  enfin  cet  homme,  (|iii  n'etoit  rien,//" 
)>er  in  hunc  vrbon  pcdibus  (/HI  rencrut  n/f/ix .  devint  grn-* 
partisan,  et  se  fourra  dans  beaucoup  d'affaires,  anx  aidex , 
aux  gabelies  et  ailleurs,  oil  il  vouloit  gagner.  Depni>il  chan- 
gea  de  religion  pour  devenir  secretairt;  dn  conseil  .  et  devint 
encore  plus  grand  partisan;  puis  il  rnaria  sa  Mile  uniijue. 
<|ui  etoit  fort  belle,  ii  M.  Addee,  Mis  de  son  aiicien  inaitre  , 
qui  est  borgne  et  huguenot  ;  mais  elleest  catlioliijiie.  II  a\uii 
plusieurs  tils  ,  dont  il  a  fait  I'aine  capitaine  :  le  deuxieme  e>t 
maitre  des  retpietes,  le  troisieme  aumonier  dn  r«>i,  <|iii  esi 
aujourd'hui  abbe,  Dieu  sail  a  (juel  litre.  Leproces  pour  cctte 
abbaye  a  duredouze  ans,  contre  M.  de  Moric.  conseiller  d'K- 
tat  ,  qui  avoitele  un  deceux  qui  avoient  condainnf  le  pauviv 
inarechal  de  Marillac,  et  avoit  en  le  don  de  cette  abbaye  jmnr 
recompense,  outre  de  1'argent  comptant ,  cunnne  tuii>,  lc> 
a  litres  en  eurent  qui  avuienl  conclu  a  la  limit.  II  \  a  nn  Ml- 
tlieftlogien  qni  est  devenu  Ion  .  «•(  (pie|(pie-  ,m!ivs  prdu 
Irerf s  ;  enliii  le  perr  Forcoal  e>t  moil  cndclle  tie  cinq  mi  M\ 


I  22  I  KITHKS    DK    ,.|1    PATIN 

millions,  avec  trois  cents  procos  de  ceux  a  qui  il  doit  Le 
inaitre  des  requeles  est  persecute  de  tons  cdtes ,  pour  avoir 
repondu  pour  sou  pere  ;  le  secretaire  du  coriseil ,  (jui  est  un 
troisieme  tils  bien  t'ait  qui  a  eu  la  charge  de  son  pere  ,  est  on 
prison  il  yi  plus  de quatre  mois  dans  la  chambre des  coraptes: 
ret  aumonier  qne  vous  a  vex.  vu  est  un  assex.  bon  garoon  ; 
rnais  tout  leur  fait  n'est  que  banqueroute ,  rapine  du  bien 
d'autrui  ,  partisanerie  et  larcin  ,  bonne  chore  071  attendant 
Lo  pere  possedoit  de  grands  biens  (|ui  etoient  tons  saisis  plus 
de,  neuf  aus  avaut  qu'il  inourut.  II  avoit  une  terre  a  deux 
lienes  d'ici  oil  il  liisoit,  encore  tout  vieux  qu'il  etoit.  de 
grandes  debauches  et  beaucoup  tie  lolles  depenses  :  c-'etoit  a 
Pantiu,  (jui  a  autret'ois  appartenu  a  Kernel,  et  dont  il  est  parle 
en  sa  vie.  Tout  le  secret  de  ces  gens-la  est  (pie,  tandis  (ju'ils 
out  bonne  main  ,  de  prendre  de  tons  cotes  force  argent  .  et 
entindefaire  banqueroute,  non  pas  seulement  a  leurs  crean- 
eiers,  inais  aussi  a  Dieu  .  a  leur  conscience  et  a  leur  honneur. 

M:ii.^,  ce  2-'  Janvier,  je  viens  de  retire  votre  lettre  dont  j';ii 
<MI  grande  joie  ,  on  je  pense  avoir  devine  le  uoni  de  celui  <]ne 
\-ons  ave/  vu  avec  M.  1'abbe  Forcoal  ;  c'est  un  jeune  homme 
qui  est  bean  garcon  ,  uonune  M.  de  Courcelles ,  qui  etoit 
le  commis  de  feu  M.  de  Forcoal  ;  c'est  lui  <|iir'  j'ai  le  premier 
trait*'1  en  cette  inaison  ;  il  est  Ills  d'un  procurenr  de  la  rour  . 
dont  j'ai  ete  le  inediM'in  depuis  1'an  K5-2S,  jnsqn'a  sa  inort  , 
environ  I'an  Ki'i-2.  La  mere  est  encore  vivante.  (jui  est  bonne 
femme,  />l»rn  conna.  Elle  est  tille  tie  feu  M.  Kournier,  et  d'uri«% 
bonne  lemnie,  <[iie  j'ai  traites  jusqn'a  leur  inort  :  ces  bonnes 
gens  i'f'rc  fruit/  rcl if/iii ir  nnrci  AW////. 

Le  roi  est  arrive  a  ce  soir  dans  le  Louvre  .  le  cardinal  e- 1 
an  hois  de  Yincemies.  Don  .liian  d'Autriche  esl  encore  duns 
I >n i \elles :  on  dit  (|ti  il  passera  par  ici ,  inais  je  ne  le  crois  |»;is. 
On  s'apprete  en  Angletei'i'C  pour  la  seance  du  parlement  ,  et 
iiK'-me  on  (lit  (jii'il  sei'a  hesf»in  quo  le  roi  fas.M1  un  tour  jusqu'a 
Ronen  on  a  C.alais.  pour  rt'iionvrler  noire  ;dli;iuee  de  guerre 
avee  les  Vnglois  contre  I'Kspagne ;  inais  peut-etre  qu'iino 


\  r  \iro\i-.  i  121 

trove  iutmitMidra  ijui  fora  pondro  les  arines  an  croc  aii\  mis 
ct  aux  autres.  Avant  (jn'il  soil  Irois  inois ,  nous  verrons  qtiel 
preparatif  on  fora  po;ir  le  niariage  du  roi  avee  I'infante  d'Ks- 

pagne  ,  <|iii  cst  la  chose  dn  mondo  quo  jo  souhaite  le  plus  fort 
pour  If  bien  public  do  toulo  I'Kurope  ohrotienne. 

On  fait  courir  le  bruit  quo  releeteur  do  Haviere  cs(  on  tort 
inauvais  menage  avec  niadamo  I'electrice  sur  ce  qu'on  lui  im- 
pute de  I 'avoir  vonlu  fa  ire  tuer  par  quatre  Italiens;  cola  soul 
lo  roman ,  ct  je  no  le  crois  point.  Marie  Stuart,  reine  d'E- 
cosse  ,  avoit  un  secretaire  italien,  nomine  David  Kiz/.io  ;  lo 
roi  son  mari ,  Jacques  V,  on  devint  jalutix  ,  ot  lo  lit  poignar- 
der  en  sa  presence  ot  dovant  sa  femme  ,  d'oii  provint  lour 
inauvais  menage  ot  leur  malheur  a  tons  deux.  Buchanan  , 
dc  Rebus  Scufin-iiiit ,  en  a  eerit  louto  1'histoire  doctement  et 
el  ogam  merit.  Les  princes  sont  malheureux  on  lours  families, 
aussi  bien  quo  les  particuliers ,  ot  aussi  le  meriteiit-ils  coinmo 
les  autres,  car  ils  font  quelquefois  bion  des  fautes. 

On  dit  ici  quo  la  reine  s'ost  fort  plainte  a  Lyon  du  voyage 
qu'on  lui  avoit  fait  fa  ire  durant  une  si  mauvaise  saison  ;  (jn'olU1 
n'y  avoit  point  tant  oto  ameneo  que  trainee  ;  (ju'ollo  en  avoit 
su  inauvais  gre  a  son  Eminence;  qu  ils  avoiont  oto  dix  join's 
sans  se  voir,  inais  qu'enfiu  le  roi  los  avoit  accordos.  Jo  vous 
supplie  d'assuror  mademoiselle  Falconet  domostres  humbles 
services.  Notre  ecolier  est  gaillard  et  sain  :  il  etudie  diligem- 
ment,  ot  apj>reud  bion  1'histoire  de  Paris.  Jo  lui  ai  promis  (pie 
dimanche  prochain  il  verra  le  roi  ot  lareinc  aSainMiermain- 
r.Vuxorrois,  <pii  ost  Icur  [)aroisso  et  la  n<)tre,  oil  ils  no  nian- 
quoront  [nis  de  venir  a  la  procession. 

f.os  plus  fraichi's  nouvellos  (|iii  couront  soul  (jiio  Ton  al 
tend  repouse  d'un  eourrior  <|ui  a  oto  envoye  on  Mspa^nc.  One 
I'empereur  memo  fait  dos  oilVes  jtour  la  |»aix  goneralo;  ni'-an- 
inoins  le  roi  do  Suede  continue  toujours  ses  oH'orts  contre  'n- 
roi  de  Danemark ;  los  Hollandois  font  <lo  grands  Hl'oris  puur 
secourir  celui-ci  ,  ot  los  Anglois  rn  font  anlant  do  leur  ci'ilf 
poiii'  Tautro.  Le  milord  protecloiir  a  doeoiiverl  (pieltpie  li';-i!.' 
clande>tin  fait  jiar  des  princesses  parontes  iln  roi  i!  \n-|r 


12  i  i  I  I  I  Kl.s    |i|;    (.1  I    I'M  IN 

terre  .  et  \  a  dnnne  ordre.  Jo  \oiis  baise  les  mains,  et  suis  d" 
tout  moil  Cd.'iir  V(.'li'c ,  etc. 

l)c  l';iri>,  !<•  dernier  Janvier  KiiiU. 

LKTTKK  CCCCIAX.          i//  ///™/r. 

Je  voiis  remercie  de  volre  belle  letlre.  Vous  saure?  que 
M.  de  Servien ,  sui'inteiidant  des  finances,  mourut  bier  dans 
sa  belle  maison  de Meudon  I  .  II  ii'e.^1  regrettede  pci'Miiiiii1,  pas 
ineme  de  ses  valets,  aiixquds  il  n'a  I'ien  donne  en  mom-ant , 
ni  rieii  laisse  <|ue  h;  ^rand  chemin  de  Saint-Denis.  J'ai  om 
dire  auti'efois  a  mi  president  ([ue  les  courtisans  etoient.  les 
phis  ruses  et  les  pins  dajjyerenx  homines  du  n.onde;  apres 
enx  ,  que  c'etoienl  les  superieurs  de  religion,  tels  (|iie  sont  le 
|)aj-.e  .  le  general  des  jesuites  et  antres  moines,  ()ui  sont  d'an- 
tant  pins  dangereux  qu'ils  font  tout  hi  nm/ihi''  Domini ,  (jiii 
e.st  le  \(jile  dont  ils  se  couvrent.  Apres  enx  ee  sont  les  tinan- 
ciers  et  les  partisans. 

M  le  premier  president  m'envoie  (jueltjuetbis  (juerir  pour 
aller  sonper  a\cc  lui.  II  me  fail  grande  ehei'e  .  mais  son  bon 
accneil  vaut  mieux  que  tout  le  reste  -1  .  .le  lui  ai  promis 
d'aller  souper  avee  lui  tons  les  dimanches  d"  ee  eareine  ,  et 
apres  nous  prendrons  d'autres  mesnres  selon  la  saison.  II  y  a 
dn  plaisir  avec  lui  ,  paree  (ju'il  est  le  phis  savant  de  longue 
robe  <pii  soil  en  Kranee.  II  est  fort  sage  et  fort  civil  ,  et  (lit  en 
Siuiriutit  (ju'il  ne  taut  point  dire  de  in.il  des  je>uites  et  de> 
moines  ;  mais  pom-taut  il  est  ravi  (juaud  il  m'eehappe  ipiel- 
qne  bon  mot  eontreeux.  .It.'  suis,  ete. 

DI^  l';ni>  ,  Ic  19  IcM-ifi    1  ().')',). 

1  Alicl  Sei\ii.'ii,  IK''  a  <irciiol)lo  en  \'.i\W.  II  M-  (li-tiii{',ua  <l;m-  pln- 
-i''iii'-  jiflairi--  (li|iloin;ilii|uc-  miporlanlcs  ;  roiiiine  il  clail  \iulontcl 
hauliiiii.  !>'  nonce  r,hi;;i  I'apprlait  \\itigee.rterminaleur  <><'  hi  i>/ii.r. 

\\.  r. 

•1   (>n  a  crnl  <M  rcjit-le  'pi'nn  ini'ii.iil  rliaijnr  l"i-<  nti  loui^  v«!i«  la  --n 
>  i<'ltf  (!r  (tin  I '.i  1 1  ii  ;  1 1  ifc  \i-ir  ;ni<"iiiic  pi  CUM'  <!•    (|iK*|i]iir  \  .'ii<  ni  (!••  ''  ' 
Uii.  K.  I1 


(    KVl.toNKl  I -J.'i 

I.KTTKK  ClXCIA.M.         \«  <>„'-„„•. 

.le  Hi1  vons  |iivnils  pas  pour  nn  lionnne  ijui  ail  besoin  de 
inon  eonseil  ;  mais  M.  Troisdames  m'a  trop  presse,  et  adesiiv 
qne  je  vons  ecrivisse  pour  nn  maladf.  (le  inalade  a  grievement 
pechf  de  se  mettre  entre  IPS  mains  ties  charlatans  (|iii  sont 
une  peste  du  genre  linmain.  (les  eoquins-la  n'anroient  pas  si 
boil  temps  qu'ils  out ,  s'il  y  avoit  dc  la  justice  au  nionde  :  il 
n'y  a  (|tift  trop  do  ^iins  de  judiralnre  ,  ft  trop  puu  de  justice  : 
liiilln  iiiitfifiil'  IIII'IHI  jitisif/i  csf  ,  /•/  tilj'l>itf'l'  <thl(t Ulitlii'  isti  ni'ltu- 

ttiltl'S    iniljKlllltl'  ,   tll/jlKHI/tlfl'   l-f    lllll>ll<ll'i<tlll.  St'Cltfl. 

L'in!'nsion  dc  tabac  et  la  gomim1  gutle  ne  sont  point  iv- 
rneilfs  propres  a  dc  tels  malades,  ct  nicmc  il  nc  I  a  ul  point 
t-tiT,  rliarlalan  pom1  se  servir  bien  a  propos  de  ccs  remcdcs  .- 
t|ui  sont  naturellement  bien  dangereux  ,  et  menu.'  peniii-icnx. 
(>Vst  un  corps  bruit-  (ju'il  fan  I  nn  pen  suignotler,  «<l  ^mlinHn- 
in-ill,  ct  pour  einpfchcr  quo  f'ante  d'air  la  gangrem?  ne  se  nitMlf 
la-dedans,  funnot'  c/i/nt  HOH  dif/latns  puti'cwtf ,  nitt'/njif.'/'/?}/! 
<i<tfii(</{'f,  eisrei'ibuit  I  fibrin  it)i/i/'i/»if,  imllo  />/•(/*  nostrti'  fn'n'aiilin 
ili-lf'ltilf'ui  ,  initlc  nfrojiliin .  ,  t'liclii'.rin  ,  febrix  h'iitu  ?  hi/di'ii/m  , 
firrltitx  ,  tfinftcnKJIlf  nltint'i  I'l-rini)  [men  ,  i/iut's. 

I'our  einpecher  taut  dc  manvaises  consequences,  il  aura  In  - 
soin  d'etre  purge  souvenl,  inais  de  remedes  doux  et  b''inins . 
iiciHjK''  medulla  siliquiK  /KyijptifK ,  fn//ts  (Jnenf.  tnin<iriittli* 
[nlistt  Iwcfituni  ct  jncutinn  iiii'iHcnnu-ntntit  quad  nninnn  mnir\i.<ni- 
////•,  f.L'  i/ic//c  jilli'iitu,  sncchfii'it  c(  scuHDtttnno,  vc[  succn  titln/nin/- 
I'H'Hni  ,  lnf.lujril.lis  nut  i-Kiilir  niliilfi'i'iitinn  }  ;  m(  i>/n/ln  ml  ill  ins 
lini'ijiiniliini  I nti'i'tl Km  nrni'tnr  tliittix  />'•/'  mid itinni'in  si/i'///ii  ilini'- 
r/todnn  ,  r<'l  ilf  flui'lltHX  mull  /V/wVw.  Ih-  iicrinrihx*  niiiil  ilir,: 
(1'cst  ;i  vons  d'cn  juger,  (jui  t-tcs  sur  Ics  lieux  ;  vons  rtcs  boji 
ct  sage,  ct  n'ave/  pas  besoin  dc  nion  avis.  Oiiand  le  corps 
sera  bicii  desempli  et  suflisainnicnt  dechargt'1  dc  (ant  d 'or- 
dures, vons  ordtninere/  du  lait  d'anessi! ,  ou  du  de mi-bain  ,  et 
pent-fire  tie  ions  les  deux  et  votre  [>nulence  prfferera  de> 
tlcnx  celui  qiif  vousjugere/  le  plus  a  propos:  peiil-etre  in.'-nit' 


I2«j  i.h.mU'N  Dt  (.11  I'\TIN 

(|n  il  v  aura  1  it'll  de  penser  a  quelqnes  t-anx  inmerales  ralrai- 
chissantes,  telles  (jtic  tin'  sernblent  el  re  celled*1  Saiiit-.Myon  ;  I  , 
DU  autres  de  meme  nature,  que  vous  pouve/  connoitre  mieux 
que  inoi  :  aussi  aurois-je  tort  de  in'amuser  a  deer  ire  touteeci, 
n'etoit  que  je  ne  veux  point  deplaire  a  M.  Troisdames,  (|ui 
est  un  fort  hoiinete  liomine',  el  ii  la  bonte  diu|uel  j'ai  de  tres 
etroites  obligations. 

On  fait  ici  1'anatoinie  publique ,  dans  jios  ecoles  ,  d'nn 
prieur  de  Dauphine  qui  so  f'aisoit  noininer  M.  rabbt'-.  II  avoit 
des  fourneaux,  se  disoit  ehiiniste,  et  I'aisoit  de  la  fansse 
nionnoie,  pour  Uujnelli1  il  fut  pendu  vendredi  a  la  (ireve. 

Le  ineine  jour  niuurut  ici  le  pauvro  pere  Morin  ,  pere  dc 
I'Oi'aloire,  age  de  soixante-dou/e  ans(2) .  le  troisieiuejour  de. 
sa  inaladie,  a  (jui  Gut'iiaut  (it  avaler  impitoyableinent ,  le  se- 
cond jour  de  son  mat,  quatre  onces  de  vin  i'mi-htjiu' .  l<i'/'<>ti- 
(jue  on  enetique.  C'etoit  l(;  plus  savant  iiumme  de  I'Europe  . 
principaleinent  dans  les  langues orientales,  II  a  fail  iinpriiner 
plusieiirs  volumes,  el  en  avoit  encore  un  sous  la  presse,  iu- 
t'olio,  dans  lecjuel  il  y  aura  un  traile  fort  curieux  ,  ilr  /{n/if/i- 
His,  ce  (ju'ils  (jnt  fait  ou  ecrit,  quand  ils  out  \ecu  .  el  en  t|tiel 
pays.  ,le  crois  <|uo  sa  niort  ne  relarde  pas  ce  beau  dessein, 
ear  on  dit  que  Unite  sa  copie  est  sous  la  presse,  et  qu'il  y  en 
a  deja  cinquante  feuilles  d'imprimties. 

Sainedi  dernier  fut  ici  pendu,  a  ladreve,  un  aulre  pauviv 
bonnne  pour  fausse  inonnoie,  age  <le  soixanle-trei/e  ans;  il 
etoit  inaitre  annurier  a  Paris ,  et  il  a  encore  deux  Ills  inailr»> 
du  ineine  metier.  Je  vous  reinercie  de  votre  relation  d'Aix 
j'en  avois  deja  vu  autant  a  Paris. 

M.  le  president  de  Thou,  qui  u  [\\'il  c<-/ / />  bi>ll<-  A/,</(///v,  di.M»it 

1;  \  over  Mir  oos  oaux  ,  Dictionnaire  itnivcrsel  de  matiere  medirnli1 . 
\MIT  Meral  et  Uelens,  Paris,  183-2,  t.  IV,  p.  o30.  Ii  I'. 

V2    Jean  Morin,  ne  a  Hlois  en  1591  ,  profondement  \er-<-  dan*  la 
connoissancc  des  lan^nes  liehraique  i'l  saniaritaine.  II  a  puldic  |>ln 
sieur>  ousra^cs  sur  l.i  discipline  dc*  premiers  lemp*  de  I'Kijli-e ,  i|iu 
-iiiil  i  iirm c  cuiisiilu-s,  li.  I'. 


A    K  U.CO.Nt:  I.  1-2? 

qu'entre  ioules  sorles  de  gens  lellres  ,  il  n  y  en  ;i\<»il  point  d.- 
plus  Ions  ,  de  plus  ignorants  et  de  plus  mediants  que  Irs  rah- 
l)ins,  I'un  iJesquels  avoit  dit  i|iie  Mahomet  le  faux  prophet.- 
avoit  ete  cardinal,  etque,  par  depit  de  n'avoir  tile  pape .  il 
.s'tHoit  fait  lieresiarque.  Je  vous  baise  les  mains ,  et  suis  de  tout 
inun  eueur  votre,  etc. 
l)e  Paris,  le  4  mars  1059. 


LETTRK  CCCCLXXI1.  —  ,l//  ,/<>W. 

C'est  pour  vous  reiuercier  du  livre  de  Siinphorien  Chain 
pier,  quej'ai  recu  par  votre  rnessager.  Mademoiselle  de  Label 
esl  pareillement  arrivee,  laijiielle  in'a  rendu  visite  :  je  les  irai 
vuir  ci-apres.  Beaucoup  de  gens  attendent  ici  la  paix,  d'au- 
tant  (^ue  la  reine  a  dit  qu'elle  etoit  prescjue  I'aile,  et  qu'il  n'\ 
avoit  plus  que  Dieu  (jui  la  [)ut  empecliev.  Bon  Dieu  ,  que  jt; 
voudrois  bien  voircela!  Mais  je  ne  sais  (|uel  Dieu  elle  entend, 
car  il  y  en  a  plusieurs  ct  fort  divers  en  ce  monde;  le  conseil 
d'Espagne  en  cst  un,  I*1  )»ape  un  aiitre,  Mazarin  un  autre ,  et 
le  roi  de  France,  not  re  tres  bon  maitre  (liormis  qu'il  foule  un 
peu  trop  ses  sujets)  mi  hi  snj>rcm>.tx  cat  denrwn  ejusmodi  in  fir - 
inoriiin.  II  n'y  a  que  le  Dieu  du  del  qui  pent  fa  ire  la  paix  et 
I'empecher ;  c'est  celui-la  (jui  est  le  grand  Dieu,  qui  laissc 
agir  aujourd'hui  les  potentats  un  peu  trop  rudement  sur  leurs 
sujets,  (|uelrpiefois  avec  trop  de  patience  pour  notiv  prolit: 
inais  il  n'appartient  qu'a  lui  de  gouverner  le  monde  a  sa  mode 
et  comme  il  I'entend,  t-x  se  ct  in  AC  principatum  hnln-t ,  n<>l>is 
uliMynii  (jlnfin  rctirtu  csi .  Pour  les  petits  dieux  de  la  terre,  ils 
n'ont  de  pouvoir  (jue  re  qu'il  leur  en  laisse,  s;ms  quo!  a  peine 
pourroient-ils  (jrcler  le  persil ,  et  noiiol)Ntaiit  tout  cela  il>.  ne 
laissent  pas  de  fa  ire  bien  du  mal. 

J'ai  ici  vu  M.  de  Rhodes  It1  Ills,  qui  m'a  apporte  une  lettiv 
fort  honnete  de  M.  son  pere ,  de  laquelle  je  le  remerrierai ;  je 
vous  prie  en  attendant  de  lui  faire.  s'il  vous  plait,  mes  tre> 
humbles  rerommai illations 


I 'IX  i  KITKKS    hi     i.l  i    l'\  I  I  \ 

.It1  si»tij>;ii  Inor  .in  -Miii'  I'lii'/  _M .  lo  premier  pi'i'Mili-nt  .  fii 
Lii'lli!  eonipa^iiio .  el  itii  fmviil  dites  (If  belles  el  boiino>  clinso  : 
I  en  ;ii  ies  bonnes  Braces,  ot  jo  pretends  do  mo  Ies  him  con- 
server.  Jo  vions  d'apprendre  par  AI.  Troisdames  quo  von> 
etes  on  bonne  sante,  quo  vons  me  faites  vos  recoinmairla- 
tions,  >H  quo  VPUS  me  t'aitos  cspcrer  tic  vos  leltrcs  i-t  dcs 
^raines.  Jo  vous  renun'cie  du  tout. 

\A>  princtMle  ('ondc  ost  a  Kocroi  .  (jui  Iraitodi-  sa  pai\  avcc 
M.  le  maivehal  do  Falx.-rt ,  ct  ce  matin  ,  M.  lo  Tcllioi1,  SPCIV- 
tairt'  d'Ktat,  ost  parti  pour  y  allor,  ot ,  dit-oii,  j)0iir  raclu-- 
vor.  Jo  vous  baiso  tros  liumbli'inoiit  lo>  mains  ,  ot  a  mado- 
moisolle  Falconet ,  et  a  notre  bon  ami ,  M.  Spon.ct  siiis  do 
tout  moil  o(rur  votre,  etc. 

/'.  V  Dopuis  oo  quo  dossus  ecrit  ,  j'ai  rooti  vulro  lotlic  on 
presence  de  Noel  Falconet ,  et  jo  lui  ai  diHiviv  la  siemio,  qui 
t';toit  ouvorto.  Jo  lui  ai  dil  :  Voila  uno  lottro  pour  vous  qui  n'osl 
point  cachetee,  et  quo  jo  voulois  bion  no  la  point  voir ;  i!  la 
lue,  ot  aussitot  mo  1'a  apportec;  11.1  It-  n/wn'uri  lutinn  i'i  //n/'- 
(('.chitu  t'l'rho.  Jo  no  I'ais  quo  d'arrivor  acausodo  trois  assigna- 
tions quo  j'ai  ouos  a  quatre,  it  ciiuj  ot  a  six  bouros;  it  m'a  dil 
qui!  vousrepoiulru.au  premiet' ordinaire,  el  moi  je  torai  t-n 
attendant  tout  oo  quo  jo  pourrai  pour  lo  mioux. 

De  Paris,  lc  IS  mars  HiiiU. 


LKTTI5K  CCCCLXXHI. -- 

Jo  vous ooris  ,  si  ce  n'ost  pour  vous,  o'ost  pour  moi.  Apre* 
avoir  bion  cherche  M.  votre  froro  pour  lui  donnor  votre  petit 
paquet,  ontin  il  ost  venu  coans,  ot  la  roou.  II  a  dossein  do  sc 
mellro  a  enseiyner  la  philosopliio  ot  la  tlieologie  on  oliambro, 
t-t  pour  col  oll'ot  .  il  m'a  dit  qu'il  vous  priera  do  lui  doimor 
quelqne  quin/aine  do  pislolos  pour  moiiblor  sa  cliambro.  Je 
lui  ai  dit  qu'il  y  [)eiisat  bion  auparavant  :  quo  oo  dessoin  n'a 


v  FALCON KT.  1-2'.) 

voil  pas  reussi  a  plusieurs  aiitres  qui  I'avoient  ei-devant  en- 
trepris.  II  y  pensera,  el  apres  it  vous  en  ecrira.  II  ne  rri'a 
poinl  donne  charge  de  vouseorire,  mais  neanmoins  j'ai  cru 
qn'il  vous  en  f'alloit  avert ir. 

J'ai  ete  voir  M.  le  Sanier,  qui  tail  tout  ee  (ju'il  pent  pour 
votre  tils  et  pour  le  fa  ire  etudier  dili^emment.  Aujourd'hui  , 
avant  niidi,  il  est  venu  etudier  avec  moi ;  je  lui  ai  fait  lire 
dans  les  lettres  de  Plassar  ,  qui  etoient  snr  rna  table  par  ha- 
sard  ,  nn  beau  chapitre  de  cette  bonne  femine  ,  dont  le  conte 
est  si  plaisant  dans  Petrone:  J/////V/1  t/HMhuii  /:)>//*'.«/  taut  nntir 
t-rat  pudicititf,  et  apres  (ju'il  I'a  vn  en  franeois,  je  le  lui  a  fait 
lire  en  latin  dans  Petrone  menie;  apres,  je  lui  ai  dit  <pii 
•Moil  Petrone,  ee  que  c'etoit  que  son  livre ,  qui  nous  reste, 
t-.rcnift/u  ihniitn.rut  i-.i:  iiiftyno  o/K'i'c ,  et  sa  niort,  que  je  lui  ai 
fait  lire  dans  ies  Aimales  de  Tacite  ,  dont  il  in'a  promis  de 
lire  le  quin/.ieme  et  le  seizieme  livre des  Annales.ou  il  verra 
••ette  grande  conspiration  centre  Neron  ,  laquelle  I'ut  inallieu- 
reusement  decouverte,  la  mort  de  Seneque,  et  entin  celle  de 
Neroiune"me.  II  a  ecrit  ilc  Pi'h-onio  dans  son  eahier,  et  in'a  dit 
ipi'il  etoit  bien  aise  de  savoir  celte  histoire,  <!v  nmtromi  tlln 
Klthrsinn.  Je  1'ai  averti  qu'il  ne  la  taut  jainais  reciter  en  eoni- 
pagniede  femmes  ,  in-  uliqun  c.i;  i/lis  ,  animnl  untara  tun  SH- 
pprbiim ,  serto  indignetw.  Voila  oil  nous  en  somines  (1  . 

Pont  le  nionde  parle  ici  de  la  paix  et  la  croit  laite.  4e  vous 
baise  les  mains  ,  et  suis  de  tout  inon  ca-ur  votre ,  etc. 

/'.  .V.  Je  salue  mademoiselle  Falconet  de  tout  n«on  cueur  , 
••I  M.  Spon  pareillement.  J'ai  ceans  deux  livrets  pour  lui  et 
pour  vous,  lestjuels  je  vous  enverrai  par  la  premiere  orea- 
>idii  :  c'esl  tie  M.  Vineau,  medeein  de  Poitiers,  eontre  la  cir- 

(1,  Hien  n'esl  inoins  demontre  que  lo  I'olroiu-  donl  parlo  Tacile,  oi-t 
«/  biter  elegant iarnrn,  suit  le  memo  ljetrone  ,  spirit uel  ft  Jangercui 
iiuleur  du  Satyricon.  Les  savants  les  plus  soriipii'oux.  les  plus  diKiciles. 
ne  soul  point  d'accord  snr  ce  point.  II  laut  ;i\ouer  aussiqiic- maltiv  (lui 
Putin  avail  fait  la  1111  ^ingulier  i'hoiv  d'nne  lecon  donnee  a  un  jeuiu- 
liomme.  R.  I*. 

ill  «J 


I'M  I.KTTUKS   DP.   (il'l    PATIV 

eulalum  du  SH^  de  Jlarveus.  On  dit  que  1'aceord  <lu  prince 
<l<:  Con i It;  est  fait  el  celni  i!u  due  de  Lorraine  ,  et  que  l<>  AJa- 
zarin  doit  assembler  dt'vant  le  roi  dans  peu  de  jours  mes- 
sieurs dn  parleinenl,  messieurs  lesducs  et  pairs,  et  les  mare- 
ebaux  tie  France,  pour  leur  fa  ire  voir  1'etat  ties  affaires  pre- 
sentes  et  en  prendre  leur  avis.  M.  Klie  Ueda  des  Fougerais . 
notre  collegue,  mais  grand  cliarlatan  ,  est  all<!  anx  eaux  de 
Bourboniie  avec  nu  partisan,  noinme  Monerot  ,  taut  pour  soi 
que  [>our  celui  qu'il  mene  ;  il  a  ete  iei  trois  nutis  inalade  dun 
abces  pres  des  reins  ,  qui  s'est  vide  par  I'ouverture  (pi'oii  en 
a  faite,  wide  xt.qterest  ulcus  sitmimiwi  ,  fix/n/i>.tn>it  <-i  i-tincurmn . 
dont  on  presage  malheur  ii  ce  mederin. 
l)e  Paris  ,  le  2o  avril  Ifio9. 


LETTKE  GCGCLXXIV.  —  ,i//  memt 

Je  voudrois  bien  avoir  quelque  bonne  nouvelle  digne  d»- 
vousetre  mantlee ;  on  dit  seulement  que  dans  liuit  jours  on  pu- 
bliera  une  surseance  d'armes.  On  fait  marcher  quelques  ti-ou- 
pes  vers  la  frontiere  pour  1'execution  de  la  paix.  Le  due  d'Or- 
leans  et  le  cardinal  Mazarin  out  tons  deux  la  goutte.  On  dit 
(|iie  leroi  sortira  de  Paris  vers  lt^  -28  tie  ce  mois  ;  on  parle  de 
Fontainebleau  ,  de  Compiegne.  d'Amiens  ,  mais  tout  cela  e.si 
incerlain. 

M.  Troisdanies  m'a  parle  de  M.  Glianlate  ,  et  in'a  prie  de 
vous  uiander  (ju'il  voudroit  bien  tju'il  prit  des  eaux  de  Saint- 
Myon  ,  (jue  Ton  pourroit  faire  apporter  tl'Auvergne  a  I. yon  , 
oil  il  les  prendroit  sans  sortir  tie  sa  maison  ;  je  lui  ai  promis 
tl(i  vous  le  inander,  et  tie  vous  prier  tl'y  peuser.  II  dit  que  le 
voyage  de  Bourbonneest  trop  long  ;  mais  ce  n'est  [joint  asse/, 
il  en  parle comine ('.alien  dit  <[ue  Thucydide  a  decrit  la  pe-ste 
d'Atlienes,  t(ni<[>«i>ii  fftiotd ,  serf  nun  tuni/iinni  urtif'i;i:  /ilnni-nx 

i't  jK'rit'.is  ntedicits. 

Voila  Noel  Falconet  qui  eludie  aupres  de  nitji ,  comine  lai- 
snjt  Seipion  aupres  d'Knniiis  :  (/>//  .  /cxfi-  r/,///,//,,,,,, 


\    FAI.C.ONET. 

H(ereb(tt  dorlus  lateri,  castrisque  solebat 
Omnibus  in  median  Ennius  ire  lubaf. 

Itttt  hummus  indiora  ,  <'t  quod  t'st  ft/>nd  Snllustiwn  ,  ei 
facvrv  i'.c  consuetudine  in  nntiirurn  rcrtat.  Je  vous  prie  de  fa  ire 
iries  recommandations  a  mademoiselle  Falconet.  Je  vous  baise 
les  mains  ,  et  suis  de  tout  mon  coeur  votre,  etc 

De  Paris,  le 2  mail 659. 


LETTRE  CCCCLXXV.  —An  w.ne. 

Son  Eminence  a  eteassezmal  depuishuit  jours,  p// 
fj)'UJL'tt/ic  /'fi't'rsii  cal  tic  qnuxi  hitinediate ,  cm  xlutim  suci'i'stie/'uitt 
dolores  nephritici  (wudssum  «'i  utroctssnnt,  jj/'u  quibus  mitigundis 
fttit  tilt  ai.'j:fi(-'it  si't-tii  I'l.'iia,  fan'/ fat  {.-(i/cu/its,  cf  ille  <jr<tndi(ir,  nun 
tnitltis  critciutibtts ,  tn  cextrtii/t  descend! f,  i1  qua  iiundum  cyressus 
i'st  :  fcbrifiUib'it ,  sitlebal ,  HUH  dorntii'bdf.Ae  voudroisqu'il  IVit 
Lien  gueri  et  que  nous  eussioiis  la  paix  ;  mais  il  y  en  a  qui 
disent  <|u'elle  estrompue,  et  cpi'il  Cant  tout  de  bun  en  recom- 
mencer  le  traite.  Un  liomnie  me  disoit  liier  (jue  les  Franeois  , 
Ics  Hollandois  et  les  Auglois  avoient  fait  un  accord  entre  les 
rois  de  Suede  et  tie  Danemark  ,  par  I'enlreimse  de  AI.  le  pre- 
sident de  Thou  ,  notre  ambassadeur  en  Hollande  ,  a  la  charge 
<pie  celui  des  deux  qui  ue  voudra  pas  suivre  la  paix  (pi 'on  lui 
propose  y  sera  contraint  par  la  force  des  trois  anlres.  Sun 
Kminence  a  envoy*';  son  neveii  ,  M.  Mancini,  prisonnier  a 
lirissac  ,  sons  la  yarde  d<!  six  ai'chers,  pour  quelques  im[iie- 
lesetdes  libertinages  (ju'il  a  proft:res  la  semaine  sainte  conlre 
la  religion,  avec  le  comte  de  Vivonne,  nn  amnoniei1  dn  roi  , 
nommele Camus,  ([ui  en  a  ete  cbasse  aussi,  el  nn  aiilrecour- 
lisan,  tpii  esl  prisonnier.  Quelques  uns  sunpconnent  (juec'esl 
tine  t'ausse  polil'upie,  afin  qu'il  soil  la,  el  qu'il  yarde  Urissac 


132  !,KTT!U:S    I»K    (,t  I    I'ATIN 

pour  son  oiicle,  <|ui  a  de  tiouvcan  trois  cents  panics  a  pied  , 
avec  une  petite  niantille  rouge  el  ses  annes  en  broderie  sur 
1'epaule,  <|iie  j'ai  vu  passer  ce  matin  dans  la  rue  Saint-Denis. 

I'n  pel ntre-  de  Beaune  in'a  si  tbvt  prie  de  me  laisser  peiu- 
dre  pour  tin  medecin  de  sa  ville  qui  veut  avoir  mon  ta- 
bleau ,  qu'hier  je  lui  donnai  line  heure  de  mon  temps.  Noel 
Falconet  etoit  aupres  de  moi ,  a  <|ui  je  dictois  qnelques  gen- 
tillesses  qu'il  eerivit  dans  son  eahier ;  il  y  en  pourra  melliv 
tons  les  jours,  et  je  1'y  exhorterai. 

Les  deux  prisonniers  qni  out  lue  le  marquis  de  Cliarlnn  , 
en  soi'tanl  de  la  messe  des  Augustins  ,  out  etc  ju^es  an  C.lia 
lelet ,  1'un  a  etre  rompu  ,  et  Taiitre  a  avoir  la  tele  eoupre  1U 
out  eh1  aujourd'hui  trans leres  k  la  Conciergerie.  Mare  pour 
en\  la  tin  de  la  sernaine.  I'wjturdftta  nristfr  non  ln-m1  Itnln't  Je 
vous  baise  tres  hurnblement  les  mains  ,  et  snis  de  tout  mon 
cii-'iir  votre ,  etc. 

\)c  Paris  .  Ic  (i  m;ii  IfiSH. 


KETTHK  CCCCLXXV1.         An  .»<•„,<>. 

La  paix  ri'est  pas  I'aite,  mais  i'on  en  traite;  il  y  a  plusieius 
articles  dont  on  fist  d  accord,  et  d'autres  sont  encore  en  dis- 
pute. La  reine  veut  quo  la  paix  se  i'asse  et  avoir  ('infante 
d'Espagne  pour  sa  bra  ,  et  le  roi  d'Espagne  consenl  a  1'nn  el 
a  1'autre;  mais  il  y  a  deck  nn  rouge  Italien  (jui  n'a  hate  ni  dt: 
Tun  ni  de  Tautre  ,  et  qui  voudroil  bien  n'y  etre  point  presse , 
de  sorte  ([lie  nous  pouvonsdire  (ju'i!  n'y  a  encore  rien  de  fait, 
puisque  tout  pent  faillir. 

Pour  les  eaux  minerales  ,  je  snis  d'iivis  que  vous  prenie/ 
celles  que  vous  jugerex  It^s  plus  proprcs;  vous  ete>  snr  lo 
lieux  ,  je  soumets  mon  avis  aa  volre,  et  (jiii  plnsest,  \ou> 
ave/  le  malade  »'ntre  vos  mains;  vous  en  deve/  eti'e  crn  en 
tout,  puisque  vous  ave/.  (tondnit  la  barque  si  prndenimenl  et 


\  Kii.t.oNin.  i.. 3 

si  henrcusement  jusqu'a  present ;  je  !«•  dirai  a  M.  Troisdnmes. 

DCS  deux  li\  ITS  ,  jin  s'iiii|iniin'iit  en  Allriiin^nr  v  1'ini  se  (ait 
a  Allembourg,  en  Saxe.  savoir,  O/.sy/.  tfofinanniet  T/i.  Heine- 
ail  /-.'{tinfolir.  Ce  livre  doit  etre  un  morceau  curieux  et  IViaiul. 
car  ees  deux  hommes  etoient  tort  savants.  Keinesius  vit  encore 
dans  Altembourg,  oil  il  le  tail  impriiner;  il  doit  y  avoir  la- 
dedans  de  bonne  critique  etde  bonne  philosophic.  Hotmanruis 
savoit  bien  son  Galien ,  mais  il  n'a  jamuis  vu  ^uere  .le  nia- 
lades;  Keinesius  est  un  grand  critique,  grammaiiien  et  anti- 
quaire.  J'ai  ceans  un  livre  de  lui,  intitule  :  Vnriw  lectiones , 
in-quarto,  qui  inerite  veiitablement  ce  litre,  car  il  est  d'nnn 
inerveilleuse  lecture. 

On  (lit  ici  que  le  milord  Uichard,  tils  de  Cromwell  ,  vent 
it'inonter  sur  sa  bete;  qu'il  a  divise  et  renvoye  le  parlemenl  . 
qui  le  vouloit  abaisserjqu'ilafaitentrerl'armeedans  Londres. 
et  qu'il  est  encore  le  maitre  absolu  dans  le  pays.  II  n'a  plusqu'a 
trouver  de  1'argent  pour  payer  1'armee,  et  ainsi  il  sera  ton- 
jours  le  plus  fort:  aussi  est-ce  la  meme  chose  que  Severus, 
empereur  romain,  mourant  a  York  en  Angleterre,  rec«»in- 
inanda  a  ses  ent'ants :  Qui  a  ravgent  a  les  homines,  et  par 
consequent  est  maitre  de  tout. 

J'ai  dit  a  Noel  Falconet  que  je  voulois  bien  qu'il  repondil 
d'une  sabbathirie,  puisque  vous  en  a  vie/  remis  le  jugemenl 
a  ce  (jue  j'en  trouverois  bon,  mais  qu'il  t'alloit  bien  repondre 
et  bien  etudier  pour  cet  ett'et  :  c'est  ii  (juoi  je  I'exhorte  et  ;i 
<|iioi  il  travaille. 

On  dit  ici  (|u'il  y  a  du  bruit  en  Anglelerre  entre  (lrom\\-ell. 
ses  parents,  et  entre  autres  un  sicu beau-frere,  et  le  parlement 
assemble.  II  y  a  bien  de  la  division  entre  quelques  particuliers 
a  qui  potirra  avoir  sa  part  du  gouvernenicnl,  et  conimc  dit 
Ciceron  ,  mul.ti  ro/tn/f  fi'ijnarc  ,  qui  soiit  presque  tons  parents 
on  allies  de  la  famille  de  Cromwell.  Tibere,  avant  <le  mourir. 
predit  a  (ialba  c|u  il  seroit  quelque  jour  empereur  :  /'// 
ijiioqiic  ,  {iitlli(i  .  ttliyiunido  dwjustnbis  inii><.'rniiii.  Cc  soul 
Ics  propres  mots  de  Tacite.  Cctte  pr<'diction  Cut  accomplie . 


134  I.KTTUKS    [)K   HI  I    I'ATIN 

(ialba  devmt  empereur;  inais  il  en  l'ut  inaiivais  inarcliand 
avec  Pison  ,  qu'il  avoit  adopte.  II  y  a  grande  apparence 
qu'il  arrivera  quelque  chose  de  pareil  a  Londres  ;  le  souverain 
commandernent  est  an  pillage  ,  quelqu'un  1'attrapera  par 
force  et  par  finesse:  summits  ncmpc  locns,  mala  nun  nrfc/ietilits; 
un  autre  viendra  qui  lui  insultera  ,  et  enfin  le  plus  mediant 
de  tous  sera  celui  qui  demeurera.  Les  Anglois  sont  crurtelcs  cf 
feroces.  Theodore  Macille  disoit  qu'ils  etoient  une  espece 
d'hommes,  dc,  ijencrc  l/tj>ino  ,  com  mo  les  Espagnols  et  les  Ita- 
liens  etoient  du  naturel  des  renards ,  nillidi ,  wrs/jit'ltc*  <'f 
astufi.  Les  loyolites  sont  hermaphrodites;  ils  out  les  deux  na- 
tures, mediants  commeles Anglois,  et  ruses  comme  lesltaliens. 
II  taut  pourtant  en  excepter  les  honnetes  gens,  dont  il  y 
a  partout,  et  particulierement  la  noblesse  angloise,  (jui  est 
civile,  et  <jui  ne  tient  point  des  mauvaises  qualites  flu  vulgaire, 
et  meme  j'en  ai  connu  qui  avoient  de  parfaitement  bons  sen- 
timents de  morale. 

Notre  M.  Elie  Bed  a  des  Kougerais  estalle  a  Bourbon  ,  et  je 
crois  qu'il  est  presentement  avec  un  partisan  nomine  Mone- 
rot.  Je  ne  sais  pas  comment  il  s'y  porte ,  ni  ce  que  lui  feront 
leseaux,  mais  il  est  malaise  qu'il  en  recoive  grand  soulagi1- 
ment.  II  a  ete  homme  fort  deregle  toute  sa  vie;  il  buvoit 
beaucoup,  et  du  vin  tout  pur  :  son  mal  a  ete  un  abces  in- 
terne entre  le  foie  ,  les  reins  et  le  mesentere  ,  duquel  est  sorti 
beaucoup  de  pus  bien  puant  ,  et  (|iii  venoit  de  quelque  lieu 
fort  pro  fond  :  st'iie/vst  nlai*  h<iu<l  dulnc  tar/////,  sinumwin  <'f 
fistnfosum  ,  a  qua  imminef  fabcu.  Ce  seroit  grand  dommage  dc 
lui,  a  ce  qu'il  (lit,  d'autant  plus  (ju'il  salt  beaucoup  de  se- 
crets. Neron ,  ce  monstre  incarne,  disoit  en  se  lamentaiit  : 
c/if'tt,  f/mmfits  tirf //c.r  fK-rco!  C/est  (|ue  ce  tyran  savoit  bien  jouer 
du  violon  etdu  rebec,  mais  il  avoit  fait  tuer  son  bon  maitre 
Seri«!(iue  :  I'ut'rot  /n'sfriit,  nnritjii ,  //ii-i'/n/ini'tiis ,  uintrtciiln,  etc. 
II  n'<'st  que  trop  deces  gens-la  .  /•'//•/  ijnijiiii'  Innu  :  furtlisjnr- 
/>n;i  mnlnriuii.  Notre  siecle  est  plein  de  charlatans  ///  iitrni/iif 
medic"  <>/  />i>/>/ "'"  :  force  tyranset  partisans  regnent 


\    KVU.ONKT.  F3.S 

impuneniciit ,  coniuie  les  charlatans  et  chimistes  tuent  im- 
punement  le  monde.  Dieu  nous  a  reserves  pour  voir  tons  ces 
desordres,  (/win  d<ns  fhion,  wx'i/mynp,  Ittborttiri?  into  dolm'wn'f 
Je  ne  sais  si  les  grands  auront  le  courage  de  mettre  la  main  a 
tant  de  malheurs ,  quand  la  paix  sera  venue ,  qui  est  atfendue 
de  tous  les  gens  de  bien  ;  neanrnoins  il  y  en  a  ici  quelques  mis 
qui  dontent  de  1'evenement.  Pmtdcm  fiitnri  fcinjutrif  t-.ri  ft/in. 
rnlfginosn  nocfc  premit  Ileus, 

Toutes  les  troupes  qui  etoient  en  garnison  en  Champagne, 
Picardie,  Nurmandie,  sont  allees  vers  la  frontiere.  Ellesont 
leur  rendez-vous  vers  Hesdin,  soil  qu'il  le  faille  assieger  on 
non  ,  si  le  major  qui  est  iei  n'en  a  fait  Faccord. 

f/eve(|iie  deMeanx  se  rneurt  ,  et  il  est  frere  d<»  M  le  clian- 
celier:  il  a  (|iiel(|ue  chose  dans  la  vessie  qui  n'est  pas  line 
j)ierre.  Janot,  chirurgien  de  laCharite,  a  iei  tailledepuis  peu 
I'abbe  du  Chatelet .  qui  en  est  mort  huit  jours  apres  ;  troisau- 
tres  lui  sont  niorts  apres  la  nieine  operation,  si  bien  qu'il  est. 
ici  malheureux  en  reputation.  Le  petit  Colot  en  a  taille  d 'a litres' 
qui  en  sont  rechappes;  j'espere  qu'il  deviendra  aussi  bon  et 
aussi  heurenx  operateur  <|iie  son  pere  'I)  :  //////  Je  vous  baise 
les  mains  i;t  a  niadame  votre  fetnine.  et  suis  de  tout  nion 
ciBur  votre ,  etc. 

De  Paris,  le  13  mai  l«:>9. 


LKITKK  CCCCLXXV1I.  --  .1, 

Je.  voys  prie  de  dire  a  .M.  Spoil  quej'ai  recu  sa  cais.se  de 
plantes  de  (irenoble  pour  M.  Joii'-qiiet,  et  sa  leltre  pareille- 
inent.  Votre  collegiie,  M.  (iias,  c>t  ici,  logi'-ehe/.  M.  le  mare 

1  l.'lii-loire  de  la  lainille  de>  lilh()t()ini-te»  C.olol  e-t  rapportee  dan* 
l'()ii\ra;',e  de  I  .  C.olot  =  Trdite  de  I'uperntinn  d?  In  l<i:llv.  1'aris  .  1727. 
in-12,  el  dan-  le  Traite  historique  el  tloymatiqne  de  la  taillr.  par  F.  J. 
Moehamp-.  I'aii-,  IS-2t)  1.  Ill,  \).\\\.  iOt-l  sun.  H.  1'. 


1.  0  i  KT;IU;»  in;  MI  ruix 

dial  de  Turenne.  Je  sotipai  satnedi  dernier  ehez  .M.  le  premier 
president,  ou  il  me  lit  grand'chere.  On  mange  vile  en  ce  pays- 
la,  et  Ton  y  parlepeu  pendant  le  repas;  il  voulut  ponrtant  qu,* 
j'y  busse  deux  Ibis,  a  sa  sante,  dn  vin  d'Espagnequi  etoitex  - 
traordinairement  bun.  Apres  souper,  je  Tentretins  une  grosse 
lieure  et  demie  sur  di verses  choses, a  quui  il  prit grand  gout.  II 
m'adit  qu'il  etoit  en  peine  comment  nous  pourrions  fa  ire  1'ele 
procliain  ;  qn'il  ent  bien  vuuln  avoir  le  loisir  de  m'entretenir 
nne  fois  la  semaine ,  une  apres-dinee  tout  entiere,  et  cju'il 
avoit  peur,  fantede  loisir,  d'oublier  le  peu  qu'il  savoit.  Deux 
maitres  des  refjuetes,  qui  y  etuient  venus  sonper  a  cause  de 
rnoi ,  me  ramenerent  dans  leui  earrosse  :  il  me  dit  en  sur 
tant  (|u'il  avoit  dessein  de  fa  ire  ehez  lui  une  petite  academie. 
une  Ibis  la  semaine  tout  au  moins,  mais  <[u'il  ne  vouloit  point 
qne  nous  fussions  plusde  six;c'estsigne  que  j'en  serai  I'lin,  ef 
je  crois  (jue  mon  tils  Cantlu*  en  sera  aussi ,  car  M.  lo  [ii'emier 
president  lui  vent  autant  de  bien  cpi'a  moi.  Poui'  M.  Chan 
late,  c'est  a  vous  den  ordonner.  II  y  a  autant  de  dlH'erence 
entre  un  medecin  <jui  eerit  de  loin  pour  le  saint  d'un  malade 
ntceluiqui  1'a  entre  ses  mains,  comme  d'Alexandre-le-Grand 
(jui  force  les  Perses  au  passage  du  Granique  ,  et  un  monarque 
qui  ne  fait  la  guerre  que  par  ses  lieutenants.  Les  premiers  NO 
peuvent  heureusement  servir  deconjonctures.  .Medici na  »*<  in  - 
rent  in  orrasionis  in  innrl/n.  Je  vous  baise  les  mains,  el  suisdo 
tout  mon  e.O'ur  volre,  etc. 
PC  1'aris.  !e-20inai  16o{>. 


LKTTKK  CCCCLXXN  III.         .\»  >„/•„„ 

M.  le  due  d'Orleans  a  fait  composer  par  un  savant  courti 
san,  nomine  Varillas,  un  livrede  line  pulitiipie,  <pii  st'r;i  in 
titnle  :  /'<>/ if  it/in.-  //<  ft/  uiniann  f/'.\i>f, •/<•//<> .  (|ue  I'on  imprint' 
presenternent  en  Hollande. 


II  \  ,1  en  ic.i  grandeceremonie  aux  Augustms ,  pour  un<ei 
tain  saint  espagnol  de  leur  ordre ,  nomine  IVere  Thomas  de 

Villenenve,  que  It:  pape  eanonisa  1'liiver  passe.  Leur  general 
est  ici  avee  plnsieurs  Italiens ,  qui  en  out  celebie  la  fete  fort 
aiith('ii(i(|uenient.  Et  ne  quid  drewt  '/ft  rn/i/fifad  ///  jjubliratH  . 
hno  ad  inmnicun  seculf }  ils  en  out  fait  nn  ten  de  rejouissance. 
an  bout  (In  Pont-Neuf ,  oil  ce  nonveaii  saint  etoit  represent 
eomme  un  faquin  de  quintaine,  et  oil  counit  une  I'uule  de 
monde  qui  ne  se  pent  nombrer  ,  et  c'est  la  oil  le  pen  pie 
disoit  que  e'etoit  un  saint  espagnol ,  qui  n'eut  pas  ete  reen  en 
France  si  la  paix  n'eut  ete  faite ;  ueanmoins  il  y  en  a  bean- 
coup  qui  en  doutent,  etsurtoutqui  tiennent  que  le  traite  du 
prince  de  Conde  n'est  pas  accorde.  Xutre  bon  M.  Baralis  a  eir 
saigne  onze  fois  depuis  six  jours  ,  eel  a  a  einpeche  la  suH'oea 
tion;  sitjH'i'nf ,  nee nd hue  crudvlibus  nccubat  tnnlirit ,  mais«  il  esl 
en  yrand  danger  de  n'en  pouvoir  ecliapper;  une  lievre 
continue,  un  inechant  poumon  assiege  d'une  inflammation , 
quatre-vingts  ans  (l)  sont  tons  signes  (jui  in'en  lai.-senl  un 
soupcon  fort  funeste.  01)!  que  c'est  dommage!  II  sail  Men  son 
Hippocrate  el  son  (ialien ,  et  a  fait  la  medecine  en  homme 
d'liunneur  toute  sa  vie  :  pint  a  Dieu  (ine  je  susse  I'llippocratc 
et  leGaliengreccoinineill'asu!  Lesgensde  bien  vivent  trop 
pen  :  e'est  une  fort  ancienne  plainte,  <•:  in/i»c  wrxntnr  ((<-,, I'mn 
niK/mtny ,  (jiuxl  oj)timum  <JWHHJKC  infer  tins  (liunnirc  nun  simmf . 
inquit  fjiindriyarius ujuid  .{(/elli/»it.  {  n  lionnete  hoinine  in  a 
appris  aujourd'liui  que  Ton  imprime  a  Heidelberg,  <|iii  est 
II  niversile  de  I'electeur  palatin  ,  !<•  swax/  tntm-  <l<'*  /.<///•>* 
latincs  ft  frannns^s  dv  feu  M.  Snttinafsc ;  \  ai  ce"ans  le  preniier, 
plusieurs  a ut res  le  suivronl. 

Le  roi  est  avec  son  Eminence  an  bois  de  N  iucennes.  M.  le 
commandenr  de  Souvre  (omba  hier  de  son  ebeval .  et  s Vvst 
roinpu  un  bras.  II  y  a  un  grand  bruit  en  Angleterre  contrc  le 
Ills  de  Cromwell :  fttiniot"  fft  in  ntufu;  totit  y  tend  ;i  line  >•»•- 

•v'1)  Kt  on/.c  saij'iiors  laik-s  en  >i\  jour*.  \  o\.  I.    I.  |><i|',.  (53.  Mui ,  3o:?. 

»T:>.  15.  iv 


1 38  I.F.TTHKS    I>F    <.l'l    PATIN 

difion  dans  Londres  et  a  line  guerre  civile  dans  lc  rovaume, 
///  (JHO  rotn  jiltnit'  siiH/itlin'mii  fnncnri'init  (id  const  itucnddin  ri'in- 
jmbtit'inn  ct  rcijniiin  fibolenduni. 

11  esl  ici  mort  ,  dcpuis  trois  join's  ,  mi  vieux  eonseiller 
d'Etat,  nomme  M.  Turgot,  qui  avoit  40,000  ecus  de  rente  ct 
700,000  livres  ri'argent  eomptant  dans  sescofl'res,  et  un  co- 
inedien  nornmo  Bojart  (i ),  (|ui  avoit  24.000  ecus  en  or  : 

Jampridem  Synis  in  Tiberim  de/lii.ril  Ornntes. 

Ne  diriez-voiis  pas  <|ue  lo  Perou  n'est  plus  en  Ameri(jue . 
nuiis  a  Paris,  chez  les  eminences  et  leurs  parents,  che/  les  fi- 
nanciers et  les  moines,  qui  sont  les  partisans  duparadis,  /«//// 
unrn  ) mm i no  wculi.  ,le  pense  qu'entre  moinerie  et  mornerie  il 
n'y  a  guerede  difference. 

On  reimprime  ici  les  oeuvres  de  Jo.  Duns  Scotus,  cordelier:  il 
y  aura  dix-sept  volumes  in-f'olio  :  c/est  ee  moine  qui  tut  en- 
leri't'1  sans  etre  niort ,  et  qui  se  mangea  le  bras.  Je  vons  haise 
In'-s  liinnbleinent  les  mains,  et  suis  de  tout  mon  co'iir 
\olre,  etc. 

!)<•  Paris,  lc-27  inai  H5U. 


LKTTKK  CCCCLXXIX.  -     .I//  uitwr. 

J'ai  si  [)cu  de  chose  a  vous  ecrire .  quej'ai  de  la  peine  a 
m'y  n'-souilre  ;  neanmoins,  j)uis(jue  M.  Troisdames  desire que 
j'entretienne  eel  innocent  commerce  de  letlres  avec  vons  par 

1  Jo  no  sal-  (|iiel  ct;iit  oc  Uejart  donl  parlc  ici  dm  I'alui.  Lo  celohrc 
riiMK'dicn  tlr  re  nom  vinl  a  Paris  aveo  Moliere,  dont  il  etait  lc  cauia- 
rjulc.cn  KioS.  Korl  aiinc  dti  public.,  il  .•*<•  rctira  <lu  llic.ilre  en  Hi7(),  ct 
inounil  le  'J(.(  sei»leinbrc  K>78.  11  etait  f'rere  d'KIisabeth-Annandc- 
C.i  <i/.in<lc-('.lairc  llcjarl,  rindigiic  cpuusf  dc  notre  illuslrecuniiqne  jellc 
c|ioii^a  rn  >ce<mdo-  noc.1-  .  le.1l  inai  1077.  le  coinedien  (iiicrin  d'l'l^- 
li  i<'lic .  H.I'. 


V     K  UK  INK  I  HO 

son  nioveu.  jc  MHIS  dii'iii  qne  le  roi  passera  dans  Paris  les 
deux  semaiues  (It;  la  Fete-Dieu  je  pense  quo  la  reine-mere  Ic 
voudra  la  ire  voir  a  la  procession,  tant  pour  sa  beaute  (jue 
pour  sa  devotion  ,  et  des  le  lendemain  de  la  petite  Fete-Dieu, 
le  roi  sortira  de  Paris,  s'en  ira  au  bois  de  Vincennes,  de  lit  it 
Fontainebleau  sans  plus  revenir  ii  Paris ,  inais  pour  partir 
vers  le  commencement  du  mo  is  d'aout ,  et  s'en  aller  a  Bor- 
deanx  ,  et  de  la  a  Bayoime  ,  au-devant  de  1'infante  d'Espagne ; 
et .  pour  assurer  toutes  les  conditions  du  mariage,  on  tientque 
le  cardinal  Maxarin  partira  d'ici  des  le  2-2  de  ce  present  rnois 
pour  se  rencontrer  a  Bayoime,  ou  don  Louis  de  Haro  se  doit 
pareillement  rencontrer,  '/w  iitdr  *p</>ii'/tf>i/',  in  ilcnnnn  t/f-nn- 
?nts  i't'i>nfitii  xiinf  ,  t'Cni'-t  I'Kius  i/ni  rfri'ltihil . 

On  dit  <|ue  rette  infante  d'Espagne  est  une  bonne  princ^e 
fort  accomplie,  et  qui  a  beaucoup  d'esprit.  Fn  eveque ,  tils 
d'nn  marechal  de  France,  m'a  dit  ce  matin  que ,  lorsque  le 
roi  son  pere  t'ut  extremement  mnlade,  il  y  adeuxans,  ellc 
avoit  fait  une  brigue  avec  les  grands  d'Espagne  et  le  conseil 
(Hernel  de  ce  pays-la,  pour  obtenir  la  regence  de  ce  royaume 
durant  le  bas  age  de  son  petit  frere  au  lieu  de  sa  belle-mere. 
Si  elle  a  de  tels  degres  d'ambition  d'esprit ,  etant  en  France  . 
die  pourrabien  faire  changer  la  scene  et  renverser  le  theatre 
cjiii  subsiste  il  n'y  a  (jue  trop  longtemps.  Xuhliint'*  illi  .</;////"> 
ft  (icnci'osu  ejuninodt  indoles  iHinjumii  (jutf/  i><>lti<'<'itlnr  ,  <-f  ///- 
tirrlinn  aliquid  eyrr-yiitm  ]»-<fsfn.n( ;  mais  I'evenement  n'en  est 
pas  toujours  heureux ,  /f/nfn  ill«  i»f/>'i//'/  nawnidis  at  iiincwiftix 

I't'liH*  (jiiinn  COin/HHii'itdis  >'  tiijU'f  <i/>ftti/'/i  sn//f  >/<'/ir<'///'i/sti.  Dicu 
en  disposera  pour  sa  gloire  et  pour  le  soulagement  du  j)auvre 
peuple. 

On  attend  ici  un  courrier  <pii  est  alle  en  Espagne  pour  achc- 
ver  lii  la  conclusion  du  traite  du  prince  de  Cofide.  l.cs  An- 
glois  out  abattu  la  statue,  aboli  la  nicnioire  et  le  gouvernc- 
ment  de  la  famille  de  (^'onnvell ,  et  sc  sont  m's  en  repiiblique. 
hujuelle  nc  dm'era  j;imais  tant  qne  ccllc  dc  Koine;  il  vicndra 
<|iiel(|uc  (;iitilina  qui  rcmuera  les  c(>uleaux.  ct  c'cst  a  qi'.oi 


140  IF.  IIIU>    IT    Li  I 

nous  tle\on&  noils,  altendre.  Je  YOU-*  baise  les  mains,  el  sni> 
de  lout  moil  co'iir  votre ,  etc. 

IV  I'aris  ,  \c  ('»  juin 


LETTRK   CCCCLXXX.  An  in^nr 

Apres  vous  avoir  souhaite  line  bonne  annee,  je  vou>dirai 
que  j'ai  aequis  un  livre  nonveau  :  c'est  un  recueil  de  leltres 
latines  do  Tannequilliis  It!  Kc\ri;,  (jni  roncernent  particulie- 
ruiiicnt  dcs  corrections  de  (juelijues  eci'ivains  anciens.  (';<>( 
auleur  e^t  un  savant  liointne  en  grec  et  en  latin  ,  qui  a  par 
ci-devant  fait  quelque  c  I  lose  sur  le  IMiedre  et  snr  deux  li\  ITS 
de  Lucien  ,  el  un  a  litre  petit  traite  ou  il  pronve  <|iie  le  pas- 
sajjK1  de  Josephe  touchairt  Jt'sus-Clirisl  est  infailliblemenl 
snp[jos('.  C.u  Tannequillus  le  Fevre  est,  a  ce  (jne  j'appi-ends  . 
un  regent  qui  enseigne  a  la  troisieine  classe  de  Sanniur,  <|iii 
n'csl  pas  fort  accoinniode  des  biens  de  la  lurtune,  inais  qni 
n  en  vant  pas  nioins  pour  eela.  Liieien  adit  quelqne  jiait  <pie 
c.enx  que  les  (lieux  liaissoient ,  its  les  faisoient  niaitres  d'e- 
eole,  et  Melancliton  a  fait  une  harangue,  >/>'  Mix<'rii*ini'<l<i- 
yot/onii/i. 

II  esl  ici  inort  depuis  quelques  jours  deux  honnno  con>i- 
derahles  .  savuir,  .M.  I'errochel  .  doyen  dil  la  chainbre  de> 
coinptes,  age  de  qnatre-vingt-cinq  ans  ,  el  mi  vieux  coliseiller 
de  la  cour  des  aides  nonnne  lirieonnet. 

.M .  Petitpied  .  avocal  tres  celebre  ,  a  ele  lurl  nialade  d  line 
intlainniation  dn  pounion  ,  pour  latpielle  il  a  etc  saignedis 
.sept  ftiis  ;  mais  il  se  |»orle  niieux.  S'il  avoit  etc  traite  jiar 
qijflque  charlatan  ,  on  Ini  auroit  (''[targne /'•  In'-tar  i/r  In  rir , 
on  hi!  ani'iiil  doiine  des  petits  grains  nil  dn  laudanum,  el  il 
srroit  niort.  Nuns  avon.s  iei  (|iianlite  de  lie\rcs  continues. 
aM-e  doulenrs  de  c(')te  .  ci'aclieinent  de  sang  |)leuresie  el  in 


A    I'M.CONKT  HI 

Marnmation  ilu  pounioii.  Us  in-  sont  soulages  quo  par  la  sai- 
giu'-e  ;  car  ee  n'ost  poinl  dn  sang  qn'on  lour  tire,  eo  n'ost  quo 
de  la  hone. 

Je  soupai  dernierement  oho/ M.  le  premier  president ,  qui 
m'erivoya  inviter  des  le  matin.  II  mo  fit  direqu'il  m'enverroit 
sou  carrosse  a  six  heuros  du  soir,  oe  qn'il  fit.  et  me  renvoya 
aver,  bonne  eseorfe  sur  les  dix  heuros.  II  so  plaignoit  a  moi 
quo  je  no  1'allois  point  voir  ,  quej'etois  oblige  do  I'allorqnol- 
(|iiel'ois  ontrotonir  ot  quo  jo  devois  avoir  pitie  do  Ini  pour  la 
poino  qu  il  avoit  dans  1'exercico  do  sa  charge.  Jc  Ini  ivpondis 
qnc  jt;  n'avois  oso  I  iinportnnor,  et  (juo  je  le  viendrois  voir 
tontos  I os  t'ois  (ju'il  me  t'oroit  I  lionnenr  do  mo  le  commander. 
Je  vons  prio.  mo  ivpliqua-t-il,  dy  vonir  an  moins  nno  I'ois  la 
somaine  si  vons  n'y  vonlex  vonir  tons  les  jours.  Lorsque  je  no 
pourrai  pas  sonpor  avec  vous,  vons  soupere/  avec  ma  t'omme. 
II  nit!  traita  avoc  cette  tamiliarito  do  me  fa  ire  asseoir  onlro  Ini 
ot  madamo  la  premiere  presidente,  et  jo  no  pus  le  roluscr. 
A  pros  souper,  nous  nous  ontretinmes  aupres  dn  Ion  ;  ontro  an- 
tres  disconrs  il  me  dit  quo  j'otois  bion  heuronx,  pnisqu'ayant 
tin!  la  visile  de  mes  malades,  je  n'avois  (jii'a  pastor  mon  temps 
avec  mes  livros  ;  quo  pour  lui  sa  charge  le  tnoit,  <-t  (ju'il  so  to- 
noit  bien  plus raalheureux  (|ue  M.  Putin.  Kn  otl'et,  lesgrandos 
(lignites  sont  des  charges,  des  menottes  et  des  entraves  (|tii 
nous  otent  notro  liberto  ft  nous  rondent  osclavos  do  tout  le 
nionde.  (lotto  charge  publiqno  1'obligo  do  donnor  andinico  :i 
chacnn  ,  lui  oto  le  moyen  ot  le  loisir  de  so  divortir  dans  I f 
hide  (ju'il  aimo  naturellomont ,  ot  le  fait  lover.  Inns  losjour* 
de  palais,  it  (piatro  beuros  du  matin  ;  ot  neannioins  apres  ton! . 
ft  nonobstant  tontos  ses  plain!os,  c'»>st  uii'1  tres  hello  ot  liv-, 
iinportanto  dignit'.'1,  plus  Considerable  quo  cello  dn  chancellor 
nioine,  ii  <|ui  lt>  roi  fait  oter  los  scoanx  (juand  il  vent:  mais  lo-, 
(•romiors  presidents  meurent  on  lour  charge  .  ot  on  no  la  loin 
(it-lit  olei1  qn'avoe  la  toto.  |)cpni:i  plus  de  cent  \ingl  ans,  lo> 
favoris  n'ont  pas  inanqiio  do  iiiiuor  les  chancoliers  <|iii  I.MIC 
ullt  deplu  et  (jlii  out  rofust-  do  fa  ire  ce  qu'ils  vollloionl  Tonlir 


1-H  I.KTTKK*    I)K    i.l  I    I'Afl.N 

notre  histoire  en  est  pleine  d'exemples.  Yoye/.  M.  lechancelier 

d»!  I'Hospital ,  <jui  a  ete.  un  des  grands  homines  qui  tut  jamais 
enmerite,  en  science  et  en  probite.  Voyez  ce  (jti'il  dit  Ini- 
meme  de  ses  predecesseurs  dans  1'epitre  dn  sixieme  livre.  11 
parle  eiisuite  de  deux  chanceliers,dont  le  premier  i'nt  lechan- 
celier  Poyet  et  1'autre  Olivier.  Tons  ceux  qui  out  ete  depuisce 
temps-la  en  charge  n'en  out  pas  eu  meillenr  marche  ,  et  entre 
autres  lui-meme,  MM.  de  Sillery,  dn  Yair,  de  Chateauneuf  et 
Mole  ,  qui  ont  tons  ete  de  grands  liornmes,  et  (jui  n'ont  pas 
laisse  d'eprouver  nne  Ibrtuue  contra  ire  a  lenr  vertn.  Je  vons 
liaise  les  mains,  et  suis  votre  ,  etc. 
\)c  Paris,  le  14  juin  16o9. 


LETTHK  CCCCLXXXI.  —  An  »"•»«•. 

Je  vons  dii'ai  cjne  votre  jeune  honinie  s'ainende  Ibrl.  Jc  Ini 
ai  tail  beaiicoup  de  remoutrances ,  dont  je  ne  me  lasserai 
point  :  je  prendrai  grand  plaisir  de  le  voir  devenir  plus  sage, 
et  je  veux  croire  qu'il  m'en  saura  gn-  (juel(|iie  jour;  mais  je 
n'y  serai  plus,  toutefois  il  n'irnporte.  Desqueje  serai  horsde 
ce  pays  ici ,  je  serai  dans  un  autre  on  malaisement  sc  trou- 
vera-t-il  plus  de  fonrberie  et  de  lilonterie  (pu'ii  celni-ci. 
Socrate  et  un  autre  [iliilosoplie  dans  Klien  se  ciiiisoloient  en 
monrant,  (ju'ils  verroient  en  I'autre  inonde  d'lionnetes  gens  . 
ties  philosophes ,  des  podtes  et  des  medecins.  Je  suisdu  inrinc 
sentiment.  Si  j'y  puis  renconti'er  (liceron  ,  Virgiie,  Arislole  . 
Platon  ,  Juvenal,  Hoi-ace,  Oalien,  Kernel,  Simon  et  .Nicolas 
I'ietre,  MM.  K.  Moreauet  Kiolan,  jene  serai  point  en  mauvaise. 
compagnie.  11  y  aura  la  de  (jnoi  me  consoler.  Je  crois  ipi  il  y 
a  I'orct;  bonnetes  gens  en  ce  pays-la  en  recompense  de  erlui- 
ci ,  oil  ils  sont  fort  rares.  Je  ne  vois  |»lus  ici  <|ue  de  la  cabale  , 
tyrannie  ,  fourl)ei1e,  singerie,  hypocrisie,  et  lout  cela  conlit 
fit  beaucinip  di-  rfi-rmuuies  .  el  nu'-mr  le<  pins  lins  y  trmii- 


A     I'Al.CONFT.  li'* 

prut  ///  nomine  Ihniiini .  Mais  jt;  suis  d'avis  de  in  anvter  l.t 
t:t  de  ne  rien  dire  davanlage  .  pour  iu;  pus  in'attirer  (juplque 
excommunication  majeiire 

Yotre  Ills  cst  alledi'ier  die/  Carolus  ,  oil  se  doivent  rend  re 
ma  I'enune  ,  ma  bru  et  mes  deux  belles-suws  ,  qui  sont  allees 
gagner  les  pardons  a  un  certain  petit  sermon  ilont  jo  uesais 
pas  settlement  le  iioni.  Mais  ce  ne  sont  pas  loujours  les  par- 
dons qui  font  aller  les  tern  mes,  c'est  1'envie  de  trotter.  Voila 
pourquoi  Ton  dit  ici  plaisamment  que  saint  Trotter ,  sainle 
llaquea  et  saint  Babil ,  sont  les  plus  grands  patrons  de  ce  sexe 
ilevot  (1).  Vale. 

De  Paris,  le  17  juin  1639. 


KETTRK  CCCCLXXXII.      .\><  mi-nn-.. 

Je  ressemble  aux  lemmes  grosses  (|tii  s'ennuient  d'impa- 
ti  ence  d'arriver  au  temps  de  leur  accouchement  et  de  leur 
(lelivrance;  ainsi  je  desire  fort  ce  beau  temps  qui  nous  don- 
nera  permission  de  dire  les  bonnes  nouvelles  que  le  roi  et  la 
paix  nous  promettent  et  notis  font  esperer.  II  y  a  ici  un  grand 
bruit  qui  rfest  pas  sans  scandale  :  un  cordelier,  natifde  Tours. 
uomnieCottereau  ,  pret  de  passer  docteur  en  Sorbonne,  s'esl 
fait,  huguenot.  On  la  clierche  t;t  on  ne  la  point  pu  tronver. 

(1)  Ce  trait  satirique  est  le  seul  que  (iui  I'alin  lance  conlre  les  ieinmc*, 
lui  dont  la  verve  de  medisance  epar^ne  si  pen  de  [;cns.  II  est  ttonuant 
qu'a  cede  occasion ,  il  ne  cite  pas  I'epigranime  siiivanle.  Ires  COIHIUC 
do  son  temps. 

S  il  iall.iit  ru  rla^rrc". 

1 11  illrois,  iaflu'/.-le  Ineti, 

I'iiiinc  .  ;iu.  M'ut,  Icuiiiif  et  pirn  ncii. 

O/w<7,-v  •livril^siiiit*  .  |iar  le  MI-III    \  uNuii  ill-  l.i  (  (ilomliitic  ,   I  ti.Vj ' 

•'It.    I'. 


1-i-l  i.miiKS  ni-  (.(  i  I- MIX 

On  a  defend  n  aux  huguenots  de  le  recevoir.  Ils  lacheront  de 
ne  point  perdre  un  proselyte  de  re  plumage;  ils  renverront  a 
Sedan  <.u  a  Geneve.  II  y  a  bien  des  Tourangeaux  qui  n'ont 
1 'esprit  qu'a  tleur  de  tete.  M.  Naudedisoit  qu'il  fant  demeurer 
commc  Ton  cst.  Ces  moines  ont  de  mauvaises  heures;  ils  sont 
souveut  tort  empeches  du  marche  fju'ils  out  fait.  Ils  sont  ob- 
sedesHe  plusieurs  demons  quo  lean  lienite  nechassepas  tou- 
jours.  II  y  a  quelquefois  de  rambition,  de  la  inelanrolie ,  de 
I'amoui1.  Je  crois  qne  le  demon  do  pere  tlottereau  n'est  <jue 
de  eliair.  II  se  rencontrera  qnel(|iie  belle  huguenote  qui  se- 
couera  le  cordelier  fit  chassera  son  dial»le,  comme  la  bonne 
t'emmeAlibec,  de  Boc('a('e,cliassasubtilemeiileljagreablement 
le  (liable  de  Termite.  Ne  montre/.  pas  tout  ceci  ii  inadame  vo- 
tre  I'emme,  de  peur  (jn'elle  n'ait  mauvais.e  opinion  de  moi.  ,le 
t'onsidere  le  mat  qni  se  fait  dans  le  monde  el  tout  ee  qui  ar- 
rive cbaque  jour  sans  in'en  guere  embarrasspr.  (1'est  ailaire 
aux  sages  de  baisser  la  tete  et  de  proud  re  du  bon  biaistant  de 
bi/arres  evenoments.Je  me  rerommande  a  vos  bonnes  iiraet^ 
et  suis  de  loute  mou  ame  votre  .  eic. 

De  Paris,  le  27  juin  1«r>«». 


LKTTRE  CCCCLXXXIIF.—  .1"  m-it'C. 

Je  suis  tort  content  de  noire  ecolier:  il  est  doux  comme  u/i 
agneau.  Je  le  menai  lundi  matin  a  la  ville  avee  moi  ,  et  lui 
disqu'a  cause  de  lui  je  voulois  aller  a  pied,  a  la  charge  qu'il 
apprendroit  quelque  chose  de  moi.  Quand  nous  fumes  a 
I'horloge  du  Palais,  je  lui  demandai  s'il  savoit  bien  les  deux 
vers  latins  qui  sont  au-dessus  decette  horloge  ;  il  inedit  qu'ii 
\  voyoit  bien  de  reciMtnre,  mais  qu'il  ne  la  potivoit  lire;  je 
le  lui  dis,  a  la  charge  qiie  des  qu'il  scroll  au  logis.  il  le  met 
troit  dans  son  cahier. 

Machina  qmr  hm  xf.r  luni  juste  /iicitlii  hn>  a~  . 
Juiitiliiim  srn'dre  iit»nel.,  Irijisin   ttt<>< 


Kvlui\Kf. 


.!•'  Im  ills  qiTan-dessus  do  Li  pnrto  do  I  'Arsenal  .  il  \  .i\.nt 
deux  antics  vorsqn'il  t'iilloit  paroillomonl  savoir: 

'Klhini  lite*-  Ili'tirico  \'n!c(Diiti  li''n  witii*lr<il  . 
Ti'ln  fjifjftiittt-i-iii  ill  I'i'llalnrn  furor  .-•. 

Joan  I'assorat.  prolessftur  dn  roi  ,  qui  inoiirut  Tan  ino-2 
fort  vienx  ot  avon<>lo,  est  an  tour  do  cos  doux  distiquos.  Jo  lui 
ilis  onroro  quo  dans  IPS  jo.suitos  an  roi  lope  do  Clonuont  .  il  y 
avoit  mi  autro  boaii  vcrs  suns  lour  cad  ran.  <|ii'il  I'allnit  retonir 
ci  nit'ditov  : 


C-c  iiionit:  jour  jo  lo  nionai  ;i  (lomioillo  .;  jc  It1  lis  j>arlii'  nnc 
licuro  avant  inoi  ,  avoc  iin  <'<-olior  on  niodocino:  jo  los  attoi- 
liiiis  pros  d'Afgontouil,  011  nous  gontanies,  ot  Innios  snn|ior  a 
(liinnoillo  ,  o  ost-a-diro  nno  liono  pai'-dola  .  dans  noire  hollo 
inaison  ;  lo  londomain  inardi  nous  rovininos  a  l^iris  :  lo  nior- 
orodi,  jo  lo  nionai  (juand  ot.  moi  a  la  port*1  doPari^,  y  voir  nno 
oxocution  oriniinollo  d'un  volonr  <pii  y  tut  rono;  on  nous 
donna  uno  ohainbro,  do  la  t'onotro  dolaqnollo  il  vit  (onto  la 
oi'i-ornonio  do  co  inystoro  dc  diTairo  los  hoinnios  pour  lours 
ci'iinos.  Co  no  f'nt  pas  sans  lui  oxagoror  lo  inallionr  dos  int'- 
olianls  ,  (jui  so  rosolvont  ii  volovot  tuor  pour  avoir  iio  I'ariront, 
it  Cairo  dosdobauolios  ot  a  jouor. 

Lo  roi  ost  onooro  ii  Poitiors.  l/onti'ovno  no  s'ost  point  onooiv 
I'.iito  dos  doux  iniuislros;  M.  do  IJoniio  no  fait  qn'allor  rt  vo- 
nir  pour  la  bion  disposer  ;  noaiunoins  on  oroil  <pfollo  so  (era 
bionliM.  11  y  a  du  bruit  on  Aniilotorro  ;  doux  villos  so  son!  iv- 
volloos  oontro  l(>s  ordnN  du  p:irloinonl  .  dnnt  1'iino  s'appollc 
liristol.  Les  Francois,  llollandois  ol  Au^lois  trailout  d'un  grand 
accord  entro  los  Suodois  ot  hanois,  ot  lo-.  vouloul  obligor  (!>• 
>'on  tonir  lit. 

1    .I'iii  rlirrclie  inulili  inciil  rmilfiir  dc  cc  iiiaj'.niiiqiie  \<T>.  ijiii  |)eiut 
l<-  emirs  <lc  l.s  \  ic  Ii.  mi.  IL.    ;i\cc  liini  il'cnci  I'.ii1  <-l  <!••  \crilo.        It.  IV 
III  11* 


I  ((I  I.KTTKKS    DK    Li  1    f'\m 

Les  carahins  dii  peiv  Ignaee  soiit  ici  maltraites  [tar  lescnre> 
ile  Paris,  lesqnels  nut  fait  imprinter  iei  plusienrs  ecrits,  >•{ 
entre  aulres  It1  8  et  le  '*  ,  qui  sont  forts  ,  <'(  i/mi1  dcdncunt  is/us 
at  ic  ft  m  ml  iiK'tain  win  Inqui  :  aussi  feroienl-ils  mienx  de  se  taire  , 
ear  tout  eequ'ils  out  prod  nit  pour  la  defense  de  leur  .\i/<t/nt/if 
/tfi'tr  /fs  rtifitiisf''*  ne  vaut  pas  le  papier  qu'ilsyont  brouille:  il 
ii'y  a  point  d'honnenrde  se  meler  dedefendrennesi  mauvaise 
cause,  tant  d'ordures,  tant  de  fourberies,  taut  d'impiefes.  .le 
m'etonne  comment  cesbons  peres  n'ont  point  phis  de  liontr, 
vn  qn'ils  sont  si  fins  et  si  ruses,  (pie  l'eve(pie  de  I>elle\,qnietoit 
nn  esprit  incomparable,  disoit  qn'ils  etoient  loaf's  ;m  cap  <!•' 
fine  term1  .  c'est-a-diro  les  fins  de  terre. 

On  ]);irle  ici  d'nn  nouveau  casuisle  loyoliticiue,  nomine 
Tambnrin  ,  imprime  ,  a  ce  qu'on  (lit  ,  en  Italic  ,  en  Allemayne 
et  a  Lyon,  cbez  3IM.  Hugnetan  et  Ravaud  :  je  voudrois  bien 
en  avoir  nn  de  cenx-la  en  blanc;  je  vous  prie  de  leur  dire 
que  c'esi  pour  moi  .  et  que  je  le  veux  acheter. 

.le  me  souviens  toujours  de  ce  que  vous  m'avez  ecrit  ton 
chant  M.  Barbier.  inaison  n'a  encore  rien  fait  qui  vaille  sur 
le  sujet  de  la  paix  ;  il  n'y  a  encore  qu'im  moine  minime  , 
nomme  le  pere  d'Ormesson  ,  (pii  a  fait  nn  livret  sur  la  paix  a 
venir  ;  mais  ce  ne  sont  que  des  cadeaux  de  moinerie.  On  dit 
que  M.  le  marechal  de  Grammont  ira  en  Espagne  querir  la 
nouvelle  reine.  11  y  a  ici  quantite  de  prisonniers,  voleurs  el 
assassins,  desquels  le  proces  criminel  est  sur  le  bureau.  Ja- 
rnais  les  beritiers  de  Jean-Guillaume  n'ont  en  nioyen  de  tant 
gagner  :  on  ne  fait  que  pendre  et  rompre.  M.  Chanlate,  apres 
s'etre  repose  envii'on  trois  semaines,  m'a  envoye  (pierir  ; 
il  me  semblc  fort  rnal  :  /fihurnf  ,sv'//  incxlnni^n  tiiHir/'.rin  ,  <-/ 


ud  iitridiujiH1  ItijiiocJidndrioruin  .  Vous  hii  ave/  dit  tant  de  bien 
de  moi,  qn'il  croit  que  je  le  gni'rirai  on  <pie  je  suis  oblige  de  If 
guerir,  ai/'f/m'  tnt'idcntlix  (t//*  litwlilmn  nft/in'  jint-ro/i/is  ,  mr  m>:, 
(inn  ii/'iwxfi  ,  (jiinni  dnci'ttnh  i't  (jTnvnsti  ;  car  c!e  It1  guerir,  lii<*  In 
(>IM\  /tnr  ii/ms  i*sf  .  cela  est  bien  di  I  fici  le  :  i!  cst  presque  arcabl.1 


de  facheux  symptomes  qui  !<•  menacent  pour  laulomne  pm- 

cllilill ,  ncr  fjldf  iiii'tnn  Hi-  fiat  tiliitimr  tfiiicsl'HX  nrwlnt' ;  /nt/ir/n//.* 
me  terrrnt  nit/ois  il/n  affix  >'t  siirnnnnn  ffisfifhmn  ,  i/ito/'nm  rnt/.</r 
tsunt  pntflntissimfp  <>'•  whentissinup  m  rnr/>nr<'  f/f/i'/n ,  fnm  nsri>- 
rilnis  intatniwdtis ,  male  moral  is,  H  «  inaraxinn  //"?/  ft>'f>rnf  /'<'- 
Hintlx  :  ({nihiiK  shifjHlaris  grndihusilur  "'/  /'''i/in>'in  spiiipitci'imm. 
II  y  a  ici  un  libraire  allernaiul  <|ni  a  plusionrs  livros.  II  y  rn 
a  meiTiP  de  Sebizius.  mais  ils  DC  sont  pas  nouveaux  ;  il  in'a 
(lit  qu'il  y  >>n  a  mi  in-quarto,  mais  cjni  n'etoit  point  aclicvc 
lorsqu'il  partit  dc  Francfort ;  jo  ponsc  (juo  c'est  cc  Mammlf 
mcdico-praticwn ,  (jui  peat  bleu  rnaintcnant  rtro  aclicvt- ,  vu 
(ju'il  y  a  j)lus  do  six  inois  (jn'il  ost  sous  la  [ircsso,  a  ce  (jue 
m'en  a  mande  1'anteur  memo.  Si  M.  Fourmi  on  a  ('crit  de 
Strasbourg,  il  vous  <MI  pourra  dire  plus  do  noiivelles  (pit- 
pas  un 

L'entrevue  des  deux  ministres  de  Franco  t-t  d'Kspa^ne  DC 
se  t'era  ni  en  France  ni  en  Espagne,  mais  dans  une  ile  de  la 
riviere  de  Bidassua  ,  qui  est  entre  deux  ;  cepondaiit  dun  Louis 
de  Haro  a  fait  de  grands  honneurs  a  M.  de  Lionne.  Je  voiis 
baise  les  mains,  et  suis  de  mnl  inon  Crt'iir  volre,  etc. 

De  Paris,  le  lo  aoul  Ifi  «. 


LKTTKK  CCCCIAXXIV.   -     .\,t    wtme. 

I  it  do  DOS  aiiciens  docteurs ,  (inillanmo  hnval  .  disoit  tint- 
pour  aller  en  paradis.  i!  falloit  devenir  Xormaiid  et  <»•  di'dif,- 
de  ses  poclies  :  aiissi  faiit-il  (pic  jo  mo  dedise .  ear  madanif  de 
Beauvais  n'ost  pas  morle  commo  jt1  vous  1'avois  t-erit,  cllr  a 
souleinent  etehien  maladea  Xaintes.  Le  roi  est  encore  a  Bor- 
deaux. On  tient  la  paix  et  le  maria-e  conclu>  .  ft  «pic  Centre - 
vuo  dos  deux  ministres  d 'Eta t  de>  eoiiromifs  ue  continue  iiuc 
pour  Its  inteivts  des  allies.  M.  le  iiiarechal  de  Graminont  c^i 
parti  jioiir  aller  on  Kspagne.  II  eiilrera  a  petit  bruil  dans  Ma- 


drill  ,  mais  il  en  sor!ira  fort  leste  et  aver  ^rand  (rain  quand 
il  einmeiifTa  la  I'oine. 

.M.iiras  -.lira  tout  re,  qu'il  voudra  ,  inais  je  n'ai  oui  parlor  do 
liii  a  personne.  Jepense  (ju'il  n»:  reformera  11011  plus  noire 
i.iodeeino  quo  1'etatpolitique  do  I'Europe. 

No  vous  1'nv.  a  rien  do  ce  qu'on  dit  d'An^leterre  ,  tout  e>t 
faux.  Le  roi  d'Angleterre  n'y  ost  point;  il  ost  encore  en  l>ra- 
hant.  On  no  mitre  pas  sitot  dans  1111  royaunie  lorsfjn'on  en  a 
ilc  chassi'',  principaleinent  (jiiaiid  il  t^sl  environne'  de  la  iner. 
Us  out  eoupe  la  t(Me  au  |)ere ;  s'ils  peuvent  atti'fipei'  le  Ills,  i!s 
le  peiidront  a  un  arbre.  Cette  nation  estcrnelle,  et  puis  ds 
doivent  Cairo  leur  ]>rolit  d'nn  iineien  pi'overhe  qui  dit  qMt- 
c'l-st  ('•!)•('  Ion  de  laisser  vivre  les  eni'ants  apres  avoir  lno  le 
pere.  Je  suis  ,  t-tc. 


t  n  coiii'rii'i'  extraordinaire  vient  d  ai'i'iver  ,  il  a  apjtorte 
I  entiei'e  conclusion  de  lapaix;  tout  esl  arrele  pour  li.1  ina- 
riaue,  et  la  reine  nouvelle  sera  en  France  le  -21  d'octohre  pro- 
chain.  On  aeli<''vo  en  llollande  nno  belle  edition  d(!  notre  au- 
teiir  Francois  Habelais.  C'etoit  un  lionnne  qui  se  nioqnoit  de 
lout  ;  en  verite,  il  \  a  bien  des  choses  donl  on  doit  raisonna- 
blement  se.  moquer.  Si  Ton  v  prend  garde  de  bien  pres,  elles 
sont  pivsqne  toutes  remplios  de  vanite,  d'inipostnre  et  d'ifino- 
rance  :  ceux  (|ni  sont  un  pen  pbilosophes  nedoivent-ils  pass'i'ii 


haltue  par  Laniln'rl  ,   ipioique  celui-ci    n'eu!    (jiii1  six    iniile 
homines  et   le  roi  quator/e  inillc.  II   y  a  deux  cent  soixanli-- 
dou/e   ot'llciers  [irisnnniei's.   Notre    ambassadeur   en    An^lc 
tevre,  M.  <le  Hordeaiix  ,  a  eu  charge  du  roi  d'aller  saluer  la  re- 


\   r  xi.ficu  i  III) 

pu  bin  pic  a  LondiVN  .  <•<•  1  1  ii  il  a   fait  ;  ceux  dn    \>  irli  de  Oom  - 
well  t'll  out  rlr  Curt  rejoins. 

Lcs  partisans  dise'it  ici  que  messieurs  dn  parlemciil  Mint 
bieii  IViclh'-s  dt:  hi  paix  .  <|if<m  n'anra  plus  be.-oin  d'enx  ,  •  t 
qu'on  ne  leur  donnera  plus  de  pension  ;  d'antres  disent  ip.c 
cr  sont  les  partisans  <]iii  en  soiit  I)ien  niarris.  a  cause  <pi'ils 
ne  seront  plus  admis  a  oll'rir  de  I'arijent  pour  avoir  des  anvts 
du  conseil  qui  ecorchent  le  peuple.  Voici  des  ver>  qui  con 
rent  contre  messieurs  du  parlement  ,  desquels  on  fail  antecr 
M.  Gaumin  ,  doyen  des  maitres  des  requetes,  <jui  t'ut  jai!^ 
lieutenant  criminel  a  Moulins,  ct  est  cousin  de  .M.  dr 
Lornie  (I),  le  grand  medecin  des  bains  de  Hourbonne.  O 
M.  (iauinin  est  fort  savant  en  yrec  et  en  latin  et  dans  Irs  lan- 
liiies  orientates,  et  enneim  du  parlement.  Voici  Irs  \crs: 

Curia  fu/1  pactin  jiopuli-;  cu/iii-nliliug  Imrret  , 

Kcynantique  toga1  curntotuendaquii-s? 
An  fracli  riolusge  ptidi-l  c  mtui'lia  rcfjni  . 

Juliada.'  paclum  me  mcminia.^:  citput'.' 
(hut!  bcllo  Mtruer<  ,  liinuil  in  i>arc  ftituri 


Madanit:  la  inarecliale  de  Guebrian  e>l  niorte  a  i'eriiiiiruv  ; 
elle  n'a  ete  nialade  (jue  trei/.e  heures  ,  et  e>t  morte  sans  con- 
fession :  elle  etoit  le  parti.san  de  ce  pays-la,  elle  y  est  fort 
maudite.  II  court  ici  en  cachelfe  un  inanifeste  pour  le  Portu- 
gal, par  lequel  on  prouveque  la  France  no  doit  point  aban- 
donnerceroyauine  al'Kspa-iU'i,  \u  I'accordtpi'ils  out  fail  avn- 
nous  ,  si^ne  de  la  main  du  cardinal  de  llichelieu.  On  attend  un 
courrier  d'Hspagne  qui  doit  \enir  pi'endre  le  in'itrt?.  pom1  al- 
ler  ensemble  it  Home  deinandei1  dispen>e.  pour  le  roi  .  d'e- 
pouser  Finfante,  d'Kspa^ue,  >.i  cousine. 

Je  vous  baise  Ires  Immblemenl  les  main>.  et  >uis  de  (<>\\[ 
uion  ctiMir  volre  ,  etc. 

Dr  Paris.  If  !)  srptembrr  KioU. 
1}  N  oyi  •-/.  la  nolc  Ionic  II  .  p.  i;','1  '.W~>. 


LKTTKK  CCCCLXXXYI.         An  WHIP. 

Le  parlement  d'Angleterre  fait  le  proces  aux  prisomuers 
(jin  tenoienl  le  parti  du  roi ,  et  entre  autresa  deuxqui  etoient 
les  principaux  dans  ce  remuement. 

M.  Bitaut  do  ('liLse,  jadis  conseiller  de  la  oour  et  grand 
frondeur,  est  mort  en  Anjou  ,  et  M.  Brachet,  qui  etoit  une 
des  creatures  du  cardinal  Ma/arin,  est  niort  aCazal. 

La  unit  passee ,  le  feu  a  ete  pres  des  Augustins,  cbez  1111 
conseiller  de  la  »  our,  nomine  Colombel ;  son  etude  y  a  ete 
brulee,  tons  ses  livres  el  ses  papiers.  II  a  autrefois  etedocteur 
en  droit;  il  dit  qu'il  a  ete  lui  seul  dans  son  etude,  et  ne  s'en 
prend  (ju'a  lui-ineme ,  mais  qu'il  ne  sail  comment  cela  s'est 
fait.  On  dit  que  les  entrevues  ne  sont  point  encore  iinies  ,  et 
meine  qu'elles  ne  finiront  pas  sitot ;  <m'il  y  a  d'autres  all'aires 
aquoi  on  ne  pense  point;  quelquesunsdisent  quec'estqueles 
Kspagnols  ne  veulent  point  abandonner  le  prince  de  ("ondi'', 
et  qu'ils  desirent  pour  lui  bien  des  avantages  qu'on  ne  lui 
vent  pas  accorder;  d'autres  disent  que  c'est  pour  les  affaires 
d'Angleterre,  et  meme  que  le  roi  d'Angleterre  s'est  travesti 
pour  se  rendre  an  lieu  de  I'entrevue.  On  en  dit  encore  nn 
plus  (in,  c'est  que  les  deux  rois  veulent  agir,  raiiJHtirtis  riri/ixs, 
eontre  les  Hollandois,  et  qu'ils  veulent  reconquerir  la  Hoi 
lande  et  etouirtu'  la  liberte  de  cette  republique  naissante  (cela 
pourroit  bien  (Hre) ;  d'autres  croicnt  que  c'est  pour  aider  aux 
Venitiens  eontre  le  Grand-Turc,  pour  faire  (pieique  memo- 
rable expedition  sur  lamer  Mediterranee,  prendre  les  Dar- 
danelles (it  le  cliasser  de  Constantinople;  il  n'y  a  pas  d'ap- 
parence  a  ce  dernier.  Nous  ne  sornmes  pas  assex  gens  de  bien 
pour  avoir  de  si  nobles  pensees,  '•/  lull*  ^ijnati m  /ij/t/t/  nn*  m>n 
lifihiiiit  D'autres  disent  que  c'est  jiour  miner  les  Imguennls. 
et  fjue  le  paj>e  y  pmisse  fnrt.  .le  ne  doute  mdlemenl  de  lui  ni 
de  sa  bonne  voloiite  :  <-»:-it  '•//////  Ju^iti'r  iiti-  ('riftitnlinvx  nin- 
nifiitx  <•!  in  rnmn'bux  iltniinniri.  D'autres  pretendent  que  c'e>t 


pour  abatlre  les  jansenistes,  /'-/roc/  flunnmi  :  les  carabins  du 
pert-  Ignac.e  n'y  oublieront  pas  le  police  Qu'en  dites-vous , 
monsieur?  ne  voila  pas  <le  belles  speculations  politiques  sur 
les  affaires  de  1'etat  <lu  temps  present?  Cliacuu  y  veut  avoir 
sa  part 

.le  viens  de  rencontrer  un  conseiller  de  la  cour  (jui  m'a  dit 
(jne  le  mariage  du  roi  est  recule,  que  Ton  ditqu'il  ne  se  Cera 
qu'au  mois  de  mai  pruchain,  et  que  la  cour  ne  reviendra  point 
a  Paris  devant  c.e  temps-la.  Quelques  uns,  dit-il ,  out  mau- 
vaise  opinion  du  tout  ,  vti  queM.  le  inaiecbal  de  Grammont . 
(jui  devoitpartir  le  11  de  ce  mois  pour  aller  en  Espagne  y  de 
niander  1'ini'ante  et  I'ameneren  France,  est  contremande  '! ;. 

Je  vous  remercie  de  la  peipe  que  voiis  ave/  prise  de 
m'acheter  Tnmburinus  in  Ih'cofntjinu  ,  chez  MM.  Huguetan  »•! 
Ravaud  ;  je  vous  tiendrai  coinpte  des  cent  sous  qu'en  ave/. 
donnes  pour  moi,  et  je  remeroierai  M.  Huguetan  de  son  And. 
Argolus.  Je  pense  qu'upres  la  tbire  de  Franct'ort ,  laijuelle 
tient  a  present,  nous  aurons  des  nouvelles  du  .s//'vv///////  mt>- 
dk-o-pructicum  de  M.  Sebizius. 

On  dit  que  les  conferences  des  deux  ministres  dureront 
jiis<ju'a  la  fni  du  mois,  et  (jue  le  roi  passera  I'liiver  en  Lan- 
guedoc  ou  en  (iuyenne;  que  Ton  apprete  ici  des  habits  pour 
envoyera  la  cour,  et  que  le  roi  ne  veut  point  revenirque  tout 
ne  soil  conclu. 

La  paix  entre  les  deux  rois  du  Nord  nest  pas  t'aite.  Le  roi 
de  Suede  ne  veut  entendre  ni  raisons  ni  propositions,  pas  inenie 
relies  (jui  lui  sont  pi'oposees  par  ceux  dt1  son  parti;  il  a  me- 
nace les  Anglois  de  les  aller  attatjuer,  el  de  retablir  leur  i'<ii 
malgre  eux  ;  il  a  inenie  querelle  les  Hollandois  ,  ijiii  s'oll'roient 
de  trailer  avec  lui  de  la  pai\  avee  le  roi  de  Daneinark,  et  les 

•I)  On  voit  a\cc  quol  cnij)rt'ssoiuent  ,  qiu'l  \if  inlorel  dait  accucilli 
lo  grand  i'ail  du  niariugc  de  Louis  XI N  avcc  rinfanlc  d'Ksjiajjne.  Col 
evenciiicnl  .  (.u:!rc  le  relablis^nu'iit  <Jc  la  i>ai\  ,  I'lvparoit  ,  en  rllcl  . 
Punion  do  la  i  ranci-cl  do  I'Ks-paync  .  '.ini  (.Mil  dans  In  Miilo  sine  si  Brandt' 
influence  sur  In  poliliqui*  (U*  I'Eurnpe.  R.  I'. 


(iru^iic  |iai'  Inn'  navigation  atix  Indts  orientals  ils  n'»nt 
piiis  ijnr  fair.-  .iiiv  Indtv.  orridrntalt'.- .  car  !r>  Portugal--  lr- 
"lit  rliav-i'>  . 

l.i-  ten  n>i  <!•'  Surdr .  ft  rcini-ri  mrmr  .  mil  Miuvrnt  dit 
'|ti  d-  avou'iit  t'livii'  dt;  nimiT  re-  yloririix  Hollandui*.,  <  •••- 
iiMtivraiiv  i f|iiil.liraii)>,  Of>  inai'cliaiids  (|ui  faisoimt  lc?>  rui-; 
rl  i!  y  a  loii^tiMiips  ijiie  !••>  mi>  (\c  Sun!*1  ^ont  fiinrtnis  d«-«> 
Mo!!a:id»)is.  I 'our  It-  [n>ivi>- .  i]  y  a  loii^teinps  ({ue  lu  Hudiaiiiiii 

>  '^t  llliuMl.'  (Ill  rui  lie  Political  .  tfiii-m  ri.mt  I'nhjimi, i, "in  .  >< '/ 
/•.-.(  I'-i'  tiif  i;'"i:l in/in*  ni<niiii<  >/  f/C.of  iitnl'flti'ltl  ftl/jrfitH  ,  n,-.n- 

nil ii  l'.:i  i,  t  ,   )•'•/  '  .-'/i  ii  I .  Jc  VMM-  !)<!;»'  !«•-  iii.iin^  .  rt  ^Ui>  dr  ti-';  t 

lili'i,    CM  111'    \ dtl'r  .    t'tc. 

1 1.    1  .in-.  It-  iy  -otrinbre  Kioli. 


I.KI  ii;i:  (.(.('.(. i. \\.\\  11.  —   i,/  ,///./».. 

.If  viju>  ccri\i-  If  ,rt  septiMnhi't' ;  iuai>  ]••  \'MU>  dii'at  iju*1  dr- 
iiiii-  ct-  tfiii|i>-la  en  dt-l»it»'  a  Pari>  la  conclii>iuii  dc  la  |.ai\  ••( 

It  1 

du  n,:in;!u>'  du  !•;';.  .-t  ijU:-  iiMlic  IMIIN  clir  [•»  in.1  .-ci'a  liifiihit 
en  France.  !.<•  I'i'i  a  cnviiyt'  i  :;  K.-pa^n--  lln  ]•  uiif  -fiiiiif,:!-  !'«.,  \ 
1'  •  !i  !;i!f  .  q'ii  i  -t  !••  !iiari|ui>  (]••  \  avd'-N  .  cajiitain-1  d<  -  (>••!:! 
Sui>-e;-.  IIMIIT  y  --.liiii-r  dr.-  -a  j/.u-t  la  CMUvrlir  rrinc.  (lr  111,11- 

ijiii-  c~[  tiU  dr  1,1  Irllf  Culll!.-  — r  dr  Mnlct  ,  Iljri'r  (hi  Cnllltr  (If 
>fMlvt  .  Lat.il'd  '!"  Hrnii  IV.  rjui  t'tit  til.'-  [tni'-hr  dr  Ca.-trlnall- 
d,i;i  .  !'i|'>'|llr  M.  dr  Moiltllioiviiry  fill  pns  rii  LaMyilfdnr  rn 

)!i:',-:.    !'..-tir    CMlMtrv-r    t--t    Crirl.lr    dal)>    1    l'."l'l>n,,n>»>>    dr    Ilii   - 
-    i   I-     ir    Ii   till     dr   /  (/>-///'/.    C.'.-t  a    I'rlliil'nit   nil   i  i!r   tut    lli.i- 

,,.•••  an  ruiMif  dr  (.. -.-i-  Saiic\ .  ijiii  drjitii-  fill  fiivtivr  auilni--.t- 
driir  a    (.Miistailli!ii»|)iij  .     ••[    la    >r    \Mit     la    di'-criptioll    d  nn 
'"iiti.it    ili1    i:::i!.ij''    d'nii  ii'  mil!-1  ijiii    \--i.t    hii-n  i-tn1  CMCM 
•  JIM  I.TIMC,  !  ,-t  >'u|>!i-c  a  !••  -.iiHVir.    Kinirmi   I'an   Jd!>>.  ••!!'' 
-••  ri'iii  iria  a>i  HI  ii-iiii-  dr  \  ai  (K--  .  lil>  dsi  ItMnliMiinn1'  ^"ii\r! 


\    I  VI  I'i'NKI  .  |.').', 

neur do  laCJiaprllf,  el  peredecolui-ci.  qui  «•.>!  alk  en  Kspa-nr. 
II  o>t  YOIIII  (Ics  nouvolles  quo  la  inarecbale  do  (iucbrian  r>! 
morte  a  la  suit*1  do  la  four.  Kilo  doit  lanto  du  marqni>  dr 
Vardes  ot  n'a  jainais  eu  d'enfants.  Jo  |)enso  <|tio  la  succession 
en  est  hoiiiio.  Klloost  inoi'te  on  qualre  jours  ot  sans  confe.s- 
sion.  ( Mi  pout  diro  d'ollo  ce  (|iie  (lit  Erasnio,  on  raillant ,  d'un 
cordelier  qui  moiirut  subiteinoni :  nhlit  star  rrn<-r  ,  m'm'/iit-r  , 
Ktnc  /A'o.On  dit  qu'elle  devoit  boaucoup,  niais  on  recompense 
la  roino  lui  doit  40, 000 pistoles  qn'ellelui  pivtadurant  le.siep- 
do  Paris. 

Jo  viens  d'apprendre  (ju'un  Anylois  a  ooi'it  contre  la  politi- 
quode  M.  Hobbos,  ot  qu'il  y  a  ici  un  livro  nouveau  do  la  ('»  - 
M>:i-«ti(ii(  tic*  //(tin//'*  d'un  auteur  anylois.  Notro  siocU;  ost  t'ortilf 
on  mediants,  on  (bus  ot  on  esprits  remnants.  Xous  avoiis  ici 
un  do  nos  jounos  dooteurs,  nomine  Nio.  Lionard.  nn  [ion 
plus  savant  quo  son  pore,  qni  n'a  januiis  (Ho  bion  sa^o.  (',»• 
Lionard  fait  inipiiinor  un  petit  livro  on  t'ranoois  :  />/»•/  Hut  inn 
>•///•  In  rtiHSf  ilf  In  i>((r<j(iritiii ,  oil,  rojotanl  lontes  los  opinions 
dos  auctions  ot  dos  modornos,  il  taclie  do  nous  on  persuader 
line  nouvello ,  <[u'il  lire  ,  a  ce  (ju'on  dil ,  des  speculations  ph\  - 
siquos  do  \\.  Descartes.  Jo  nesais  pas  co  <pio  ct;  jeiine  lioimnc 
obtiondra  par  son  livre;  niais  jo  sais  (ju'il  est  bion  i;lorioiix  . 
cl  (ju'il  a  biou  plus  do  vanitc  quo  do  science.  La  terro  ost  !<• 
Ihoatre  dos  Tons,  aussi  bion  (|uo  dos  sa^os  ot  do  cenx  qui  lo 
oi'oiont  etre.  Nous  avons  ii  la  cour  deux  moilecins  I'ort  superbes. 
Valot  est  lo  premier,  (jui  fait  tout  ce  tpi'il  pent  pour  attraprr 
d(!  rargent ,  et  so  roinpluniei'  do  la  yrosso  sommo  (jn'il  a  don- 
nro  |>oiir  otro  premier  incdocin.  L'antro  o>t  .M.  Sequin  .  piv> 
do  la  I'oine,  qui  ereve  d  avarice  aussi  bicn  ipic  do  riclicsso  ;  il 
ost  neaninoins  veuf  et  n'a  qu'iiu  lils.  II  a  attrapeuneabbaye  :  il 
cliorche  un  (''veolio,  ot  court  apn'-s  un  marcliand  (|iii  veuilii' 
acliotei  do  lui  sa  cliai'ue  do  medecin  do  la  roino  I. 


rillM'  I'I'O  jii-ir-iino  tnnl''i 

K.  I'. 


I.')i  I  KIIHK.s    HI     i,!  I    I'UIN 

Nous  ave/.  toutes  UK'S  theses,  puisque  vous ave/  les  Inn.-, 
que  vous  m'avez  nominees  II  n'y  a  que  deux  quodlibetaires 
et  uno  cardinale.  L'an  Hv27,  je  presidai  a  M.  G.  Joudouyn  ,  (!•• 
Furor/'  ntcrino  ,  a  cause  que  vers  ce  temps-la  j'en  avois  Ira  it*'1 
une  belle  lille,  avec  laijuelle  sa  mere  eutbien  voulu  me  ma- 
rier;  niais  je  ne  songoois  alors  qu'a  etudier.  Je  m'occupois 
tel  lenient  avcc  mes  livres.  dont  j'en  acbetois  pres<jue  tons  les 
jours  quelque  nouveau,  que  j'y  j>assois  le  jour  et  la  unit, 
niais  ces  veillt^s  inconnnoderent  si  fort  ma  sante,  (|iie,  pour 
la  retablir,  il  me  fallut  presque  ((nitter  entierement  I't'tudc. 
C'est  une  des  obligations  (|ue  j'ai  a  ia  medecine ,  sans  le  s»'- 
eours  de  laquelle  je  me  si-rois  int'aillibleinent  lue  pour  iMrt1 
frop  sage,  inais  trop  deivgle  dans  1'euvie  que  j'avois  d'appren- 
dre  (I  .  Je  suis  ,  etc. 

l>«-  I'aris,  le  19  septembre  1(559. 


LKTTKK  CCCCLXXXVlll.  -      \//  »//«///>. 

•Ic  vous  remereie  de  la  votredn  29 septembre,  <jueM.  Trois- 
dames  me  vient  d'envoyer  (ce  4  octobre).  Je  n'ai  pas  encoiv 
vu  1'Hygiene  de  M.  (iontier.  Jepeuse  que  M.  Ksprit  Andre  «•>< 
gueri;  on  n'en  (lit  rien  ici  Pour  des  Fougerais,  il  commence 
a  se  lever  et  a  regard er  a  sa  lenetre;  je  1'y  vis  hier  eommeje 
passois;  son  abces  vide  toujours.  11  porte  une  canne  :  ////w/ 
Inti'i'i  li'thali*  tiruiiilo.  La  continue  1'emportera  ,  rf  tinnb-nt  f-nti- 
1'ilji'W.t ,  il  vous  sera  permis  alors  tie  dire  :  /fr/tf  nmc  dfrm/l 
IhfH ,  *'(/  if  rrni/oit  (•)).  Je  sais  bien  les  vers  de  Buchanan,  il 
y  a  long  temps  :  .\<>nc(ji>  l{<>ii<nlt><i ,  etc. ,  et  mnne  il  y  a  plus 
de  dix  mois  <pie  Nor  I  Falconet  les  a  mis  dans  son  caliier.  J'ai 

1  I  flic  ctail  la  vie  <Ie  la  plnpart  di-s  savants  do  ccllc  f  poqur  ;  il  >  a\,nl 
loin  (Ic  !a  h  ccs  lascltesd'csludes.  foninif  <lil  Iv-liftin.  i  a-ijuiir,  (jui  n.- 
font  (jnc  rainasMM,  luilincr  a  Icin  aisc  <•!  -ans  i  jcn  fii;-/  ndrfr  'M.  I'. 

•2    \  oyez  la  note  Ininr  I  .  pa;;f  -2'.W. 


\    I  \l  t.uM,  I  |.V, 

.'iiitrelois  su  par  ciriir  Juntos  ses  opigramnios,  son  /•'/•////r/.v/v/- 
uns  ,  d  frtif/'f's  fi-dti-rrlmi  ;  inais  doniiez-vous  lo  plaisir  do  voir 
cello  in  Uniitinii  ,  (|ui  commence  ainsi  :  ///'  rnllrs  ,  ///;/  /<></"•  /•/- 
'/'•.$  i'mnn*  ,  c(  t/infiuii  rr/ry/s  cnilwet'  itrltt*,  etc.,  et  <jui  iinit 
ainsi:  .\iltil  coni/tern.'*  ,  ///>•/  lupercos  ,  lufti'i'cale  ,  lufinx,  ///- 
)>us  ,  lujntnw.  Et  I'autre  (|iii  est  intituloe  :  /mayo  nd  fid'eyrc 
ITU  /  filter  ,  rclif/ionin  crf/u  ,  (jui  commenco  : 

f'«/v,  </</f,  </«/  terras  lutli'ax,  ray  us  huKfii's  .  <7  nnda*  . 
i><lis  kinc?  lutif/w  qua1  libi  causa  rue?  fir. 


Virgilo  no  fit  jumais  inieux  ,    inais  il  a  t'allu 
pour  fairo  tin  pot'te  coinine  Viryilo. 

Mon  iils  aim's  traite  la  Cennne  do  rcc.uvt.'i1  dn  cardinal  Ma- 
zarin  ,  an  hois  do  Vincennes,  la<iucllo  a  ('-to  fort  nialadc,  ft 
oil  j'ai  ('to  deux  Ibis  en  consultation;  olio  otoit  gross*1  ot  avoit 
nno  (iovrc  maligne;  enfin  olio  ost  yuorio  ot  ost  accouchee  hou- 
re  u  semen  t.  Coninio  il  s'y  on  alloit  on  carrosso  hior.  il  vint 
proud  re  sa  mere  pour  lui  fairo  voir  Icoliatoan  do  Vinconnos  . 
laquelle  meria  quand  et  soi  Noo'l  Falconet:  il  n'avoit  jainais 
vn  cotto  grande  niaison  royale.  Co  matin  il  ost  allo  on  classo 
com  mencer  sa  physique,  il  nous  proniot  inoi-voillos  :  Dion 
lui  1'asso  la  graco  do  bion  t'airo. 

Nous  avons  ici  un  doctour  on  llioologio,  nonmio  M.  J.  dc 
fjaunoy  (I),  fort  habile  lionnno,  et  extroniement  savant  dans 
I'liistoire  ecclesiastique  :  on  disoit  autrofbis  do  lui  (ju'il 
<\toit  tons  It's  ans  un  saint  du  paradis  ,  ot  (|u'il  falloit  (pit^  Diou 
so  gavdat  ijironlin  il  no  Ton  otat  lui-  memo;  qui  a  ccrit  contrc 
los  cliartroux  ,  touchant  cotto  fablo  d'un  olianoino  do  .Ndtrc- 
Dame  qui  rovint  do  I'autro  inmido,  el  (|ui  dil  :  .lti*tn  l>-i  j"- 
dtcio  condcumnfuft  anni  ,  co  (jiii  till  causo  do  la  convorsion  do 
lour  pore  Kruno.  >.Vy/  iaf/urt:  sitnf  <n<  illlm*  j'ulmlif  >•/////'//.•'/////  ; 
il  on  a  encore;  bion  ocrit  d'autros.  Knlin  co  galant  huninir 
sen  \a  Cairo  inipriincr  un  livro  '/'•  \nn/fiitiix  .  i|iii  -i-r.i  mi 

1     \  ovr/.  Li  nolf  tunic  I  .  pii(>  i!(ii. 


1  ,Vi  I  i:i  Tlil.s    in;    1. 1|    I1  ,  I  IN 

trailc  bien  curieiix  ct  bon;  car  c'esl  un  excellent  lioimuc,  ipii 
ccrit  bicn  el  qni  prouve  bien  son  fait. 

On  me  vient  de  doimer des  vcrs  latins  snr  la  paix  el  Ic  ma- 
riap1  dti  roi,  dont  1'aulcur  est  un  be  I  esprit,  nomine  M.  }\>*  - 
Ma^c,  nalif  d'Angers.  Les  voici  adresses  a  la  rcine  : 

Rcspondei'e  I  nig  tandem  />ia  .\it>ninu  col  is. 

Anna  put'cns  patriif ,  prin t  i/nx  anna  parent  : 
lllc,  tuux  Lndoi^r,  Itoininurn  Divumque  colupla*. 

Oni  tenet  inricld  (irtllicn  xeepira  inanu  , 
I'jcort'Di  dnril  Mar i am  ,  t/nam  ri'ijihnu  urlum  . 

Htyperiig ,  fliii'i  xnispicit  <'ti<l(i  Tu</i. 
At  In  .  la'la  ,  face  tponti*  .  <>  pronulxi  jun<> . 

.\tiin  ini'i'ii?!'?  :  lio^li'ft  cincil  ulcrqiii-  litu.<  . 
Kli  *n<i ,  tit  cumin,  vine-it  libi  Cyprida  forma  , 

Viribus  Alcidcin  cinctt  ct  tile  ,s'«/x. 

Lc  traitc  du  |)rincc  dc  Conde  est,  tout-a-i'ait  conclu.  .M.  Ic 
Tdlitic  a  etc  a  Bordeaux  en  conterer  avec  M.  le  jtrincc  dc 
C.onti.  On  dit  que  par  ce  traitc  dc  j>aix,  trois  provinces  ct 
(rente  villes  reviennent  an  i'oi.  Le  roi  s'en  va  ii  Toulouse;,  oil 
Ici'ardinal  Ma/arin  le  viendra  trouvcr  des  que  Ics  cont'ei'enco 
sci'ont  achcvi'cs.  II  y  en  a  qui  disenl  que ,  sclijn  ipie  M.  le  ma- 
I'cclial  de  (irammont  cnverra  des  nouvellcs  a  la  cour,  le  roi 
poiirra  bien  revenir  a  Paris ,  said' a  retourncr  an  prinlcnips 
oil  il  I'audra.  On  dit  que  ['infante,  sortant  d'K>pa^nc  ,  vien- 
dra par  la  Catalogue,  a  cause  des  grandes  neip's  qui  pour- 
roient  etre  cet  hiver  aux  Pyrenees  Le  roi  dc  Sui'.'de  est  I'nit 
mat  en  scs  alia  ires.  Jc  voii>  baise  Ics  mains  ct  sins  de  tout 
nion  cii-ur  volrc  ,  etc. 

Mo  I'arN  .  !c  7  oolobrr  I<i.')'.'. 


LKTTI;K  CCCCLXXXIX 


A     I-  \I.CO.\K  I  .  l.'l" 

/iers,  qui  mournl  a  Toulouse  it  la  poiirsnilo  d'un  proces ,  par 
lr<|iifl  il  etoit  accuse  d'avoir  empoisonno  tin  malade  ;  ils  out 
retenu  co  inol  il  Ksprit,  qui  esl  capable  de  fa  ire  venir  dc  t-i 
pratique  et  de  I'ar^ent.  Ton  to.  cello  famille  vionl  dn  pa\s  d.' 
David. 

M.  Gras,  votre  collogue,  a  dine  aujourd  hui  !,">  octol)re 
(•(•ans;  nous  y  avons  bu  a  votre  sante,  el  de  madame  Falco- 
net. M.  'IVoisdaines  le  jeune  est  arrivt'1,  Dieu  merri ;  il  ni'a 
fait  vos  reeomrnandations ;  je  !ui  ai  fait  vos  excuses  de  ce  que 
vous  n'avie/  pu  le  voir  lorsqu'il  partit  de  f^yon.  .M.  (ii-is  dit 
que  DOS  chirui'^iens  lirent  trop  de  sanii'  a  la  Inis,  et  dit  toii- 
j<iui-s  qif  il  s'en  ira  l)ieiit(H. 

I  ii  cunseiller  me  vient  de  dirt.1  que  des  lettres  soul  venues, 
par  lesquelies  on  reconnoit  que  le  roi  ne  \  iendra  point  a  Pa- 
ris devant  la  Saint-Jean,  a  cause  que  son  maria^e  e^  dilli'rc, 
bieii  que  Ton  if  on  saclie  pas  la  cause;  inais  on  parle  de  -ueric 
en  Allemagne,  oil  1'on  fait  niarc.lier  des  troupes. 

Je.  lis  liier  saiguer  M.  de  Hreteuil .  conti'oleui'-^eneral  lies 
linances,  on  j  appi'is  que  M.  Kouquet ,  proctireur-geiu'ral  et 
snrintendant  des  linances,  etuit  allt' de  liordeaux  a  Tuulmise 
avecleroi,  et  cpie  de  lii  il  iroitvoirlecanlinal  Ma/arin,  siir  la 
tVtinliere  oil  il  est,  et  (ju'il  retourneroit  de  deca  vers  la  Tons- 
saint.  On  dit  que  1  eveque  de  Nantes,  M.  de  Hoauvau  ,  an- 
trefois  maitre  de  cliambre  dn  cardinal  do  Kiclioliou,  est  tort 
inala<lo.  en  Anjou  .  son  j>ays.  Voila  liien  des  eve(:lies  pour 
ri'iix  (|iii  s'en  veulent  fournir,  el  nioyennant  le.s  coiKlilioiis 
seculieres  et  politiipies  qui  soul  reqiiises  en  ce  tenips-ci.  II  \ 
en  a  ijiii  disont  que  le  roi  ne  sera  pas  longteinps  a  Toulouse  . 
inais  (|ii  il  viendi'a  passer  I  liiver  a  Lyon,  ce  <pieje  no  eroi* 
pas.  Je  me  rocoinmande  a  vos  bonnes  Braces .  rl  SHIN  de  loiitc 
nion  allection  votre,  etc. 

He  I'iii'i-i.  Ic  IT  (trtdlirf  Ki.'iO. 


I.KTTUK  CCCCXC.         .1 


.1  MI  parle  do  la  bonne  sorteavotre  hommo.  II  a  promis  toul 
re  quo  j'ai  voulu  ot  a  on  pour  do  votre  oolero  :  ainsi  olio  a  etc 
bonne aquelque chose.  N&inmoins,  unancien  a  dit  quo  com- 
passion n'etoit  bonno  qu  a  tout  ^ater,  ot  (|u'un  jour  iMinorvr, 
quoiqu'elle  tut  la  reino  dossrionoos  ot  la  doosso  du  bicn-divo, 
sY-laiit  miseon  eolcro,  lit  nu  solceismo.  Pour  ret  antroliomme 
ilont  vous  me  parlez ,  r'ost  nn  stoi'que  rof'roirne,  un  lionnno 
lout  parti''iilior  ot  tout  mystcre  :  t»tns  sui  juris  ,  f  fit  us  f^vcrp:- 
-•:.  .1.'  n<'  I'ai  point  vu  dopuis,  mais  jo  no  orois  ]>as  (pi'il  soil 
cncoi'c  parti  do  Paris.  Pour  la  t'roquento  saignee  qui  s<>  fait 
ioi .  il  n'a  quo  fairo  do  s'on  jirondre  a  nous;  nous  no  sommos 
pas  la  cause  dos  niaux  qui  so  font  dans  le  mondo;  nous  nc 
sanrions  fairo  autremont.  C/ost  la  dobancln1  qui  ost  univor- 
sollo,  ot  la  Iron  bonno  ohoro  qu'on  fait  qui  nous  y  oblip-o. 
.Nous  no  sai^nons  point  par  oontiimo,  mais  par  nooossiti'- , 
par  roglo  ot  par  indication.  Los  protondns  reformatenrs  ot 
h'^islatours  so  plaignont  loujours.  ot  n'avaneeiit  ricn  pour 
cola.  (<e  n'ost  pas  grand'chose  de  dire  a  un  bommeqn'il  n'osi 
pas  dans  le  bon  chernin ;  il  taut  lui  monln1!1  quol  rliomin  il 
doit  lonir.  Ouoltjuos  I'tranpt'i's  blamont  no."  froquontos  ^ai- 
gnoes  ,  (pii  n'on  savont  ni  la  oausoui  lo  fruit ,  nou  pas  nirifc 
la  necessitfi.  Si  nous  sai^nons  trop,  <pi  ils  nous  donnont  !r 
moyon  do  nous  abstonir.  ot  nous  disont  quol  atitro  rom/'dc 
pout  otro  mis  on  usago  au  lion  do  lasaignoo.  Tons  auroz  bicn- 
t»Ait  le  livre  de  M,  do  (iorris^pii  vous  on  entreliendra,ot  on  at- 
tendant laissons  parlor  les  malcontents.  TMOU  laissebion  vi\rc 
los  tyrans,  los  usuriors  ot  los  jnrours  do  son  saint  noni. 

Jo  baiso  tros  liuinbloinont  los  niainsa  notrocbcr  ami  M.  S" 
trrs  Itoii  j)t'i'sonnat;o ,  oto/  el  exoopto/  los  intonMs  do  la  potilc 
paroissc  ,  a  laquollc  jo   no  laisso  pas  dc  mo  rooommandcr 
Kilt;  vicnt  d'rlro  nouvellemont  aiigmontt't:  d'un  I'l'M'i'ond  pciv 
cordolior,   iioinint'  lo   pt'i'o  P>ollotilli' .    unfit'  dc   Proviiis.   IJIM 


v    I  M.i.oshr  l.r' 

.i\oil  sept  ;ins  (tlintlll  fii-fi^iii'  la  tlifolo^ic  \oda  dr  im- 
predioateiirs  ft  do  nos  prophetes.  II  ilit  que  si  [)ieu  I'a  in>piiv 
e.e  ii'cst  que  pour  Ic  saint  de  son  ame,  t-t  pour  In  rotiror  <!<• 
I'Kyypte  tics  monies  ft  Ic  dclivror  (If  la  tyrannic  tin  cloihv  : 
c'cst  pent-efre  encore  quelqne  anlre  chose  qn'il  n'oseroit  dire 
[tour  son  Iionneur.  II  cst  maintcnant  en  llollande.  Jo  ponsc 
i|Uf  cliez  eux  ,  aussi  bien  (|ue  elie/.  nous,  on  nt>  fait  iiiicre 
d  estiine  des  inoines  defroques.  (lonune  iis  sont  souvent  cn- 
trcs  dans  Ic  cloitre  par  des  considerations  luimaines,  ils  i-n 
sortent  anssi  quelquefbis  deincme:  niais  les  dcrnieres  sont 
souvent  bien  pires  quc  Ics  premieres.  Jc  vons  baise  Us  main-, 
ft  suis  ,  etc. 

DC  I'aris.  le  28  oolohiv  l(>5!». 


LE'ITKK  CCCCXCI.         .I//  mi-mc. 

L'on  parlc  fort  ici  tin  decri  des  monnaies,  el  principale- 
inent  de  colics  d'or.  Le  due  de  Lorraine  est  altendn  a  Blois  , 
die/.  M.  le  due  d'Orleans;  en  pen  de  jours  il  a  mandt-  de 
decii  le  prince  Irancois.  Son  pays  lui  est  rendu  sans  rien  ex- 
copter,  inais  on  abat  toutes  les  fortifications  de  Nancy.  Le 
milord  Lambert  a  casse  le  parlement  d'Angletcrre  ;  mais  il 
vient  une  armee  d'Kcossc  condnife  |iai'  If  colonel  Monck. 
contre  Lambert ,  j)our  ledit  parlemeut. 

Knlin,  notro  saint  pore  le  papoapromis  aux  religieuses  de 
la  Visitation  de  canoniser  lour  fondatem1.  If  bionheuroux 
Francois  de  Sales,  evetjue  de  (ifiifvc;  mais  il  Icui  en  eou- 
lei'a  de  bonnes  nippos  :  Jujii//  /  /.-/'•  ('<i/>tfi>liin'x,  /<nt</<  «•/////(//,,/• 
(-,sV  fir  iiftfi/ftiii'  .}  Hum  /'n>ii////i/i  ,  i~ a.  i  fiinii'ii  'in*!  iniilfn  si-ftila 
successi f  nee  fiifi'ti'ftfms.  Tons biens sont  communs,  il  n  y  a  plus 
rien  quo  les  moyens  de  les  avoir.  Onelle  vilenie  dans  la  clnv- 
tiente!  les  Turcs  n'ont-ils  pas  do  quoi  se  mo(|uer  de  nous'' 
Taut  deponsor  d'arsont  pour  uiie  ha^atellf  politiipie'  Telles 


r.i!iu:>  UK  (.11  I'\TI\ 


suinines  hi  on  employees  SH'VII'OK'IM  ;i  conqueni'  mi  roya 
sill'  JOS  inlideles.    /•.'.rc/tn/in/  Mi'liccrlo  jit'i-nxst'  fnnili'in  (If  i'*  /,ns. 

Mais  le  masque  en  esl  love,  il  n'y  a  plus  do  ver<^o<;ne  an 
inondo,  I'impudpnce  est  permise;  co  sont  les  impudents  qui 
gouvernent le  monde,  et  cola  n'ost  point  d'aujourd'liui,  quol- 
qu'un  1'a  (lit  dans  Ilerodote. 

On  dit  (|uc  les  deux  rois  soul  d'uocord  do  siynor  la  paix 
tons  deux  on  1111  nionio  jour.  II  y  a  coinniission  doiiiK-o  it  la 
cour  pour  Cairo  oxocntor  lo  Iraito  de  paix  on  Italic,  savoir,  do 
I'ondro  aux  Kspai-nols  Mortaro  t^t  Valence,  ot  Veivoil  a  la  dn- 
cliosso  doSavoio;  INgnorol  nous  dcinonro.  (Vest  nn  noinnit' 
!c  (ianinont  <[ui  doi!  allor  on  It, dit;,  c'ost  nn  lioinnio  sans  lit- 
toral u  re  ,  inais  (jui  a  I  ton  sens  et  nne  i  ton  no  politique  II  a  dii 
llegint!  asso/.  pour  i'airo  oura^or  les  Italions;  il  est  IVere  dii  ce- 
lehro  avocat  <pii  a  soin  des  aliaires  particnlioros  dc  Va/arin. 
I'n  antre  a  It1  nieine  ordre  pour  la  Flandre. 

I'lusioni's  soiynours  font  Cairo  do  hoaux  carrossos  pom-  venh 
ici  voir  la  ceremonio  do  ronlrei1  du  roi  ,  quand  il  anienera  sa 
leninio,  rinfanlo  d'!;.s|)ai'-i!0.  On  dit  quo  le  prince  do  Guide 
sera  bientot  ici.  On  a  imprimo  on  llollando  nn  livret  intitule: 

7'i'(iifP  pollfifjW  t  ct<\  ,  ijtU'   ti('T    nn    tiji'/ni    ii'i's!  //<!*  nn   nii'Hi'l i'i\ 

On  dit  qu'il  ost  Iraduit  do  1'anylois;  inais  lo  livro  a  pi'oinie- 
remont  oto  fait  on  Francois,  par  un  ^ontillionnni1  do  Novors, 
iionnno  M  do  Margin  (\] ,  qui  (>st  un  hoi  esprit.  Cello  doctrine 
ost  bion  dangerous*!,  et  il  seroit  ]>lus  a  projios  do  n'on  rion 
<'criro  Je  n'nimo point  (pi'on  I'asso  taut  do  livres,'/?  n'ticiifs.  par 
la  Jiioino  raison  :  j'ai  toujours  on  vuo  lo  hion  public  ,  jo  n'aiine 
point  conx  <jiii  y  coiitrex  ienurnt.  Nous  avons  fait  liior  une 

>1/  A.  A.  liarhier  \Dictionnnire  ih>x  onvraijex  mwnij)ii"s  ct  i>xt'\i- 
tlonymcs  ,1.111,  p.  IW.]  )  dcmonlro  <|IK>  (iui  P.-ilin  «-sl  dnn-  renoui. 
i-t  (|iio  Marij'.ni  csl  loiil  ;iu  |»Ins  Ic  tniduclciir.  l/ou\ra5;c  original  c-1 
(]iri;',('-  ronlri'  ()!i\icr  ('roin\\cl!  .  cl  t--i  inlilulo  :  l\'IHii<i  no  Mnr- 
!/'•'',  I'll-.  .  li\  Will.  AIN-n.  Ki.'JT  ,  in-'».  Kt  il  iM  roconiiii  aujoiird'hui 
tjiic  Ic  iidiii  (I  A  i  r.i  N  c-l  nn  p<cud(HiM!ic  ilonl  T  coiniil  !c  colonel 
Sn.vs  I'm  s.  I!  i'. 


A    FU.Ul.XKT.  |(J| 

consultation  pour  un  Lyonuois,  .M.  Uainssant  d  nidi  :  c'ts( 
pour  mi  procureur  do  Lyon  ,  nomine  Tevenel  :  M.  de 
Kliodes  nous  en  a  fail  le  recit  sur  1'ecrit  do  M.  son  pciv ,  et 
nous  avons  conelu  que  c'etoit  nne  hydropisie,  menu:  mor- 
telle,  etant  jointe  a  un  astlnne  et  a  quaranle-neuf  ans,  oil  d 
n'y  a  plus  d 'effort  a  esperer  do  la  chaleur  naturelle.  Cello 
sorle  d'hydropisio  asoito  n'a  plus  d'esperanee  quand  elle  viont 
d'avoir  bu  son  vin  tout  |)ur,  ol  los  (lives  disoient  en  eo  cas- 

la,     TV>TO     -771V    XV  t'/.-!  70V    X7f    CXV^aTOV.     Ct'St    II    VdllS     (Toil      (IccilltM'. 

Jo  snis  do  tout  mon  ro-nr  volro,  elo. 
l>«>  I'aris,  !•>  21  nnvombro  1  «."!>. 


J.KTTliK    CCCCXCII.    —   .\uim-mc. 

,lt>  vous  puis  donnei'  pinir  la  pivsonle  unc  lidelo  disposition 
de  noire  Constance  dans  le  clioinin  de  la  vertu  ;  Dion  veuille 
quo  ce  soil  pour  loujours.  M.  votre  I'rere  vint  liier  ceans  y 
voir  son  neveu  ,  qni  lui  (lit  qu'il  attendoit  reponse  de  vous. 

On  i'ait  iei  lo  proces  a  un  dos  chefs  dos  Sabotiers,  nomine 
M.  de  Bonnesson,  gentilliomme  du  pays  de  Beauco;  il  a  etc 
conduit  de  la  Bastille  an  grand  conseil ,  qui  a  char^o  do  lui 
fa  ire  son  proces,  niais  ils  it'cn  peuvent  venir  a  bout.  II  ne 
parle  point ,  il  demande  son  renvoi  a  la  clianibre  do  I't'-dit , 
parce  qu'il  ost  huguenot ,  et  n'a  rien  \oulu  repondre  aux  dc- 
mandi^s  ot  questions  (|u'on  lui  a  failes.  ("ouinic  il  avoit  elt- 
conduit  avoc  uno  eseorto  do  .'}(()  homines  do  la  llastillo  an 
grand  conseil  ,  il  y  a  do  memo  etc  rami'iic;  il  a  prcsonte  re 
(|iuAM(?  an  parlement  pour  oblouir  son  ronvoi  Hicr  furent 
I'aitos  an  parlement  les  haraniiuos  d'cntivc,  par  .MM.  le  pre- 
mier president  et  ravocat-gonoral ,  savoir,  MM.  de  Lamoi- 
gnon  et  Talon:  on  dil  quo  tons  deux  out  bion  I'ait  sur  la  pai\, 
d  en  louanl  hautemcnt  ccn\  qui  y  out  Iravaillc.  masque 
.M.  Talon  a  i;tc  trop  loiig. 

m  II 


IG-2  I.KTTHKS  I>K  .:i;i  PATI.X 

l,e  cardinal  Ma/arin  doil  arriver  aujoiird'hui  a  Toulouse; 
il  a  pass*'1  parDax  I'eu'che  du  pere  le  Bouts),  on  il  s'estbai- 
gne  dans  les  eaux  chaudes  qui  soul  en  ce  pays-la.  Cela  peul- 
il  guerir  la  pierre,  la  goutte  et  les  hemorrhoides?  Je  ne  sais 
comment  on  peut  vivre,  ni  re  (ju'il  faut  fa  ire  en  ce  s'uVIc 
pervers,  extravagant  et  fantasque,  je  ne  vois  plus  do  n'gle 
iiu lie  part. 

Je  traite  ici  un  Normaml  qui  vient  d'An^leterre,  fort  hu- 
guenot et  fort  royaliste,  qui  deplore  les  mallieursde  re  pays- 
la  ,  et  la  mauvaise  fortune  de  ce  roi  pretendu  et  pretend  a  nf. 
On  imprime  en  Hollande  un  beau  livi'e  iort  savant  et  fort  eu- 
rieux  ,  de  M.  Samuel  P.ochart ,  ministre  de  Caen,  (jui  a  ci- 
devant  fait  le  I'lifilcij  et  IK  ('li<ni<i<ni ,-  ci't  autre  sera,  <lc  .\ni- 
iiwrttibii*  Sucni'  So ifttnni' ,  il  y  aura  deux  volumes  in-folio. 
Joseph  Scaliger  disoit  qu'il  y  avoit bien  des choses en  la  Saiute 
Kcriture  que  personne  ne  savoit ,  et  eutre  aulres  de  certains 
bois,  oiseaux  et  poissons  :  c'est  pourquoi  il  avoit  ecrit  nil 
certain  livre,  <!<'  litx<>li(bilib>ix  S«cr<i>  .SVr////>/m' ,  qu'il  aima 
mieux  bruler  (|iie  le  dormer  a  M.  le  president  de  Thou ,  c,e 
(ju'il  fit  en  depit  des  jesuites,  (juil  aimoit  autant  (|iie  les  juil's 
font  Jesus-Christ.  11  avoit  aussi  ecrit  une  jfeoyraphie  de  la 
Sainte-Ecriture,  laquelle  fut  pareillement  brulee.  Je  voiis 
baise  les  mains,  etsuisdetout  mon  cu'iir  votre,  etc. 

De  Paris,  le  2S  novembre  10ii9. 

V(>us  sere/  l>ien  aise  d'apprendre  que  M.  v<jtre  Ills  a  heau- 
coup  profile  de  vos  lettres ,  car  il  se  leve  matin  et  enmloie 
bien  son  temps;  celui  meme  (ju'd  pourroit  donner  a  son  di- 
vertissement est  souvent  employe  a  lire  des  BORBOXIANA,  (iuo- 
TIANA  et  \Al "DKAN\.  II  rit  sous  cajje  quand  il  trouve  (|iiel(|uc 
chose  ii  son  gre ,  et  cela  lui  arrive  souvent.  Aussi  ces  maiiiiN- 
crits  jirennent  les  gens  par  le  ne/,  et  les  empechent  de  deve- 
nir  de  "rands  sots  :  cela  me  re 


A    FALCONET.  103 

LKTTKK  CCCCXCIll.  --  An  nn-nn-. 

Nous  savon's  bien  do  doc-a  quo  le  .Ma/.arin  osl  arrive  ii  Tou- 
louse, ot  quo  lo  pape  a  fait  une  nouvelle  creation  do  doux 
canlinaux,  dont  1'unost  son  confesseur,  josuito,  Sforza  Pala- 
vicin ,  que  ses  confreres  prechent  conimo  tres  habile  et  Ires 
savant  personnage ;  noanmoins  c'ost  lui  qui  a  entrepris  (par 
mi  livro  imprime  on  Italie,  qn'ini  a ut re  pore  do  la  sooieto 
mot  en  latin)  de  re  tutor  le  plus  beau  livre  d'bistoire  qui  ait  eto 
tail  depuis  plus  de  mille  ans ,  (|iii  est  VHistoin'  (In  cuncilc  <t<- 
Trend',  par  t'ra  Paolo  Sarpi,  premierement  fait  on  italien,  puis 
tourne  en  anglois,  on  allemand  ,  en  latin  et  en  Irancois.  La 
cortitudo  otla  vcrito  do  eelni-ri  sont  appuyees  sur  los  relations 
dos  ambassadeurs  quo  la  sc'i't-nissinio  republique  do  Veniso 
ontretenoit  en  co  ooncilo.  II  taut  «Hre  loyolito  pour  cntro- 
prendre  un  tel  ouvrage ;  car  il  faut  meiilir  liardiinont  et  el  re 
impudent  jusqn'au  bout.  J'ai  envio  do  rire,  lors(jue  jo  vois 
un  papo  donner  un  bonnet  do  cardinal  ;i  un  jrsuite,  son  con- 
fesseur,  dafufini  Itidunf ,  ct  nijnnt  e.r  nii/i/)tn:fi>.  (Vest  oe  (|ui  mo 
fait  souvenir  de  ce  qu'a  dit  (|iiel(|iio  part  lo  bon  Augorius 
(iislerius  Busbequius  in  /j'//n//<iii/s  Tnrcinr  /-J/iisfo/ti'  I  \  ,  (juo 
lo  grand  Turc  envoie  quelquefois  prier  son  muphli,  (|ii!  ost  lo 
pape  de  la  Turquie,  d'allor  souper  aveo  lui  pour  s'onivn'r 
fiisomble,  disant  (pi'il  no  fait  rion  contro  la  loi  do  son  pn»- 
pbolo  Mahomet  do  boire  du  vin,  ni  de  s'enivror,  pourvu  quc 
cot  animal  do  mupliti  y  soil  (car  autromont  co  scroit  im 
grand  jtoclio  a  lui),  com  me  los  canonistes  d'ltidic  discnt  ijiic 
/n't/'scnfi'  JtnniDHi /in/in  intii  fit  ,sv ////into.  Kiiiii)  co  soul  los  rusos 
o,t  los  impudonts  <|ui  goiivoi'iionl  lo  mondo,  los  gons  do  bion 
sont  monos  par  le  no/  ,  rleri/tiuHttti'  s/n-ric  m-ii  :  liouroux  (iui 
mot  on  Diou  son  osporanco ,  ot  qui  no  voit  rion  do  tout  lo 
desordrequi  est  en  la  nature,  mais  noire  mat  ost  plus  cer- 
tain quo  n'ost  la  goutto  dans  ropinioii  do  Kornol.  1  <  n/iiti- ////// 
n/inn.  Au  nioins  si  los  princes  s'ainondoiont !  s'ils  so 


104  I.KTTRKS    OF.    CCI    l',\TI\ 

voulo'u'iit  retenir,  ft  se  souvenir  que  leurs  pauvres  sujcls  son! 
chrelicns!  niais  ils  n'ont  garde,  cela  leur  eouteroit  trop.  On 
(lit  que  ce  jesuite,  Palavicin,  no  s'est  autrefois  fail  jesuite 
que  par  <lepit,  regret  de  ne  pouvoir  devenir  cardinal;  enlin 
ii  1'est  devenn  ,  imayinatio  tandem  ///'unit  cutton.  C'est  que 
pen;  Ignace  a  plus  do  credit  a  Home  que  1'argent  memo,  qui 
gouverne  pourtant  tout  le  resle  du  monde.  Le  pape,  qui  fail 
son  conf'esseur  cardinal ,  ressemble  a  de  certaines  bigotes 
qni  sont  ici ;  eiles  font  aller  leur  inari  a  pied  pour  mener  avec 
elles  aux  champs  leur  confesseur  en  earrosse;  et  si  les  pieds 
font  inal  ii  ce  pauvre  inari,  il  eslquilte  pour  dire  : 

Tanlitm  r<'li(/i<>  potnil  xnadcre  main)  tan. 

Mais  que  lerions-nous  a  tout  eela?  (imumlin  //<i/i////rs  ,-/•///// , 
tamdin  r/vo/v\s  vidabiiutttr. 

N'avez-vous  point denouvelles  du  livre  nonveau  dt1  M.  Se- 
l)i/ius,  Spemlmn  inedico-j'iracticum'f  II  y  a  ici  unjeune  incde- 
cin  allemand,  nomine  3F.  AVepfer  (Ij,  qui  a  ete  son  ecolier, 
qui  dit  qu'il  est  aclieve  el  I'a  vu.  On  va  fa  ire  mourir  en  (ireve 
nil  grand  garcon  d'Anjou,  la<piais,  <pii  a  blesse  son  maitreen 
le  voulant  tuer,  parci;  <|u'il  lui  avoit  donix'  un  soufllet.  C.e 
maitreestM.  liallard  de  Poinville,  maitre  des  I'eqiirtes,  frere 
d'un  president  de  la  ehambre  des  comptes,  et  frere  de  madame 
la  presidente  de  Novion.  Le  laquais  sera  romitu. 

M.  Fouquet ,  sur'mlendant  des  finances,  a  ete  appele  a  la 
('our  pour  quelque  chose  (jue  M.  llervarl  avoit  (lit  contn;  lui , 
et  eut  ete  en  danger  de  perdre  sa  surinlendance,  s'il  nVul 
pare  It;  coup;  et,  dit-on,  en  donnant  ,'>(), ()()0  ecus  au  cardi- 
nal,  comme  un  present  de  bagatelle,  il  revient  bien  ('tabli. 
On  chercbe  de  noincanx  moyens  de  t'aire  de  I  argent;  le  roi 
revoipie  toulesses  I'ermes,  el  il  se  Cera  de  nouvelles  eudiens 
pour  le  commencement  du  priiilemps  prochain. 

I     N'oyry.  tonu-  II  ,  pac,!-.*  'tMS  cl  isit. 


A   K\I.«:«»\KI.  Hi") 

On  dil  que  Ic  Ills  dii  roi  d'Kspagne  a  vingt  six.  inois,  mais 
<|u'il  est  fort  malsain  ,  qu'il  ne  pout  vivre  longtemps  ;  qu'il  a 
di'ja  deux  cauleres,  et  que  s'il  niouroit  ,  eel  a  pourroit  eiu- 
peeber  le  manage  du  roi,  joint  a  cela  quo  la  reine  d'lispagne 
u'est  point  grosse. 

On  a  fait  ici  une  epigramme  francoise  sur  le  manage  et  la 
paix  ,  qui  a  bien  couru  le  monde  :  outre  qu'elle  n'est  pas  trop 
bien  faitc,  e'est  qu'elle  est  remplie  d'obscenites  qui  font  peur 
uix  bonnetes  gens  ;  ainsi  dispensez-moi  de  vous  1'envoyer.  Je 
consens  neanmoins  de  vous  envoyer  ce  disti(jue  latin  qui  a  >a 
gentillesse. 


hie  vcnicv  ,  vindiclic  nescitm  isle; 
Hie  pacem  nobis  abstulii  ,  illc  dctlit. 

II  y  a  apparencc  qu'on  ydecrit  lesdenx  cardiuaux  Iliclielieu 
rt  Maxarin.  Je  vous  baise  les  mains  ,  et  suis  de  tout  moil  ca'iu1 
votre,  etc. 
De  Paris  ,  le  2  decembre 


LKTTHE  CCCCXC1V.  —  .1 

Jt;  vous  remercie  de  I'attestation  de  messieurs  de  Monlpel- 
lier,  touchant  le  sene  de  Seide  ,  qui  ,  a  la  verile ,  n'est  |>as  si 
bon  que  celui  d'Alexandrie,  full  is  ncud's  ;  ce  dernier  doit  etre 
appele»St'/*«  Arubicu,  fjud.'collt'ctiK/efa'dt/'Alt'.Mtndt'iam .  hyyjrfi , 
in/deque  «  curii*  inei'catot'ibus  aumnnptu,  dcveltitw /fyzantiunt,  \  <•- 
net ias,  Mdtsilidin  ct  diins  nrbi's  (if<jn>'  />/'iir/itr:ins  ;  idtfni  ex/  svnd 
Sidonid  cd  Sijriacd  (*(•((  cff  I'ori'Hjituin  vornlniltiut ) .  foliis  )•<>- 
tumliS)  obtnsis,  non  ttcumiim'ix ;  ce  dernier  n'est  pas  si  bon, 
mais  neamnoins  la  teinture  en  est  plus  bell*;.  Le  bon  sene  est 
aujourd'liui  bien  cher,  et  les  Tuirs  nous  obligeront  d'eu  I'aire 
se.mer  dans  les  regions  les  plus  chaudes  de  rAmeri(|iie.  Pour 
\otre  pancarte  de  Montpellier,  je  vous  la  garderai  bien  ,  on  j" 
vous  la  renverrai  <[iiaii(l  il  vous  plaira. 


106  I.KT1HKS    I)K    (,ri    I'ATIN 

Je  IK;  vois  ni  n'entends  parler  de  M.  Gras;  s'll  a  taut  d'em- 
ploi,  je  pense  que  c'est  a  son  quartier  ou  chez  des  gens  de  sa 
religion  ;  mais  prenez  garde  (iiiancl  vous  parlez  de  lui  a 
M.  Spon  :  n'est-il  pas  son  bon  et  intime  ami?  Pour  vos  sta- 
tuts,  j'en  parlerai  quand  il  vous  plaira  a  M.  le  premier  presi- 
dent, f'aites-moi  delivrer  par  votre  procureur  un  placet  pour 
lui ,  tel  que  vous  le  voudrez;  mais  je  voudrois  bien  que  cela 
se  put  fa  ire  quand  j'y  vais  souper ,  car  alors  je  rentretiens  a 
mon  aise.  II  me  dit  la  semainepassee,  des  qu'il  me  vit :  .SW- 
yneitr  Dicu!  on  no  pent  rous  avoir  quit  grand' peine  ,  monsieur 
Patin;  j'ai  don  IIP  ordrc  (jne  nous  serons  aujoiird'hui  tout  scnls  ; 
M.  Putin  vaut  bien  une  audience  part iculi ere ,  il  ij  «  ji/'f's  de 
qucf/'i'  i/tit/s  que  nous  nc  nous  sonunes  vus;  c'etoit  a  cause  des 
vacances.  En  cet  entretien  particulier,  <jue  je  le  tiens  tout 
seul,  je  lui  dis  tout  ce  que  je  veux,  mais  il  ne  m'accorde 
point  toujourstout  ee  que  je  demande;  car  on  m'a  quelque 
fois  bailie  a  lui  dernander  des  choses  injustes  ou  impossibles . 
qui  sont  deux,  cboses  qu'Aristote  a  dit  qu'il  ne  1'aut  jamais 
(lemander  a  son  ami.  Quoi  (ju'il  en  soil,  il  ne  tiendra  pas  a 
moi  que  vous  n'obteniez  pour  votre  college  tout  ce  que  vous 
desirez ,  et  je  le  ferai  de  grand  cosur  a  cause  de  vous ,  et  meme 
pour  le  public,  aiin  qu'on  n'adrnette  point  dans  les  bonnes 
villes  a  faire  la  medecine,  illotis  iimnibus,  tant  de  jeunes  gens 
qui  viennent,  des  nniversites  plus  legers  qu'ils  n'y  eloient 
alles,  vu  qu'ils  y  ontlaisse  leur  argent,  et  n'yontrien  ac<|uis 
le  plus  sou  vent  desolide. 

Basset  est  bien  heureux  de  n'avoir  point  ete  pendu  ;  gaiv 
que  ce  ne  soil  pour  une  autre  fois;  le  premier  p«'iche  dc 
I'liomme  est  \A  stq>crhc .  Je  vous  prie  de  m'envoyer  YAIiii(tim<-lt 
de  Meyssonier.  Vous  aurez  I'arret  contre  les  chirurgiens  avec 
le  livre  de  M.  de  Gorris.  Je  pense  que  la  semaine  prochaine 
on  commencera  a  plaider  contre  les  chirurgiens.  Pour  le 
fond  de  1'afTuire,  ils  sont  entre  eux  en  grand  desordre,  ne  sa- 
chant  comment  sortir  de,  leur  mechanic  all'aire,  puis(|u'ih 
voient  bien  qu'ils  perdront.  0  les  ingrats!  nous  en  vieiidrons 


A    FALCONET.  16? 

a  bout  d'une  tacon  on  d'aulre.  Je  vous  baise  les  mains  ,  et  suis 
de  tout  niuii  cu'ur  votre,  etc. 
De  Paris,  le  5  decembrc  1659. 


LETTRE  CCCCXCV.  -     An  mrnn>. 

Le  procureur  de  Lyon  s'est  ma  I  trouve  d'avoir  neglige  la 
saignee  lorsque  vous  la  lui  ordonnates.  (ialieu  memo  1'a  or- 
donnee  en  ce  cas-la  ,  de  peur  de  suffocation.  11  lit  mal  de  so 
lier  au  via  d'absinthe,  qui  n'est  pas  un  remede,  du  inoins  qui 
n'a  point  grand  effet.  Get  homme  avoit  le  tbie  et  les  pou- 
mons  ruines  d'avoir  bu  du  vin  pur.  L'hydropisie  qui  vient 
d'unetelle  cause  est  incurable,  et  1'evenement  en  est  inlailli- 
ble,  a  cause  de  la  ruinedu  temperament,  que  produisent  xitw- 
Zrjr/in  xott  oivotpXuyir,.  Ce  sont  les  deux  mots  d'Hippocrate ,  dont  le 
dernier  signified  trup  bnirv.  11  est  moit  de  trois  maladies, 
hydropisiedu  Ibie,  hydropisie  du  poumon  et  astlime,  a  <juoi 
on  pent  aussi  ajouter  une  corruption  et  diaphthore  de  la  sub- 
stance du  poumon. 

Le  jeune  de  Sordes  est  un  bon  garcon  (jui  ne  brouillei'a  ja- 
rnais  guere  1'Etat  par  sa  malice.  II  est  simple  et  rougeaud,  de 
la  nature  de  ceux  <|iii  sont  appelesdans  Galien  tii^^i ,  aux- 
(|itt!ls  It;  sang  desseche  clans  le  cerveau  ,  cause  une  obstruc- 
tion, et  produit  une  ]>esanleur  et  grossierete  d'esprit ,  les 
esprits  n'ayant  [)as  bien  leur  chemin  libre.  (lalien  remari|uc 
que  tels  gens,  sur  ledeclin  de  ieur  age,  tombent  en  une  I'olie 
melancolique,  et  <pi'ils  deviennent  tous  ou  innocents  apres 
I'age  de  quaraute-cinq  ans.  L'on  appelle  cela  ici  tomber  en 
demence,  ce  que  j'ai  asse/,  souvent  remanjtu''.  Les  bilieux  nc 
soul  point  sujels  a  ce  mal-la,  [>arce  (pie  la  bilt;  estcomme  le 
correclit'  du  sang.  Les  sauces  ne  sont  pas  bonnes  si  ellcs  n'ont 
quclquu  c/liost;  (pii  releve  le  gout.  Je  viens  de  voir  une 
gi'ande  ordonnance  de  Valot,  oil  il  y  a  du  sel  prunelle  ,  de  la 


HiS  I  |-;rr !;!•;•>    I»K   M  I    !' \  I'l.N 

eieme  de  tarlre  vilriole  ,  du  sel  do  verveine  et  dr  tamarisc  dr  • 
laves  dans  1  'esprit  de  vin.  lion  Dieu  !  quel  inonstn;  et  quelle 
medecine  larde'e!  Je  snis,  etc. 
Uc  Paris,  Ic  10  drcembiv  Itio'.l. 


LKTTKK  CCCCXCVI.- 

On  dit  que  M.  Fouqtiet,  snrintendant des  finances,  sera  iei 
le  21  Aecembve,Hi/iil  prtuterea  nf'/tnucfi'i:  Hier  ful  penduo  a  la 
Greve  une  tille  do  vingt  et  un  ans ,  laquelle  a  bien  lile,  mais 
elle  a  lile  sa  corde.  Elle  etoit  grande  larronnesse  et  Brando 
receleuse;  elle  avoit  eu  Tan  passe  le  fouet  et  la  Hour  do  lis 
sur  le  dos,  etnearimoins  quelque  metier  qu'elle  fit,  elle1  etoil 
fort  devote;  elle  etoit  de  la  conf'rerie  de  Notre-Daine-aux- 
Millettes,  etetant  dans  la  ebapelle,  entre  les  mains  du  botir- 
reau  ,  elledemanda  un  certain  carme  mitiye ,  des  Hillettes  . 
pour  so  confessor  a  lui.  Le  doeteur  de  Sorbonne  qui  etoit  la 
1'einpeeha ,  disantqu'il  avoit  soul  co  droit-l.a  c'est  un  droit 
(pii  est  attribue  a  la  seule  Sorbonne).  Le  moine  n'en  voulut 
point  demeurer  la  ;  il  voulut  user  de  force,  et  fa  ire  a  coups  de 
poing,  mais  il  en  fut  ompeebe  par  les  otlieiers  de  ce  lieu,  et 
le  moine  fut  econduit  et  mis  debors. 

Tun  I  KM  religio  potuit  suadere  nmluim/i. 

Hien  d'autres  suivront  la  memo  cordelle,  et  memo  dit-on 
qu'une  autre  femme  y  passera  la  semaine  procliaine. 

On  dit  que  les  Portugais  et  les  Hollandois  s'aecordent en- 
semble eontre  le  roi  d'Kspagne  ,  et  que  les  Portugais  lour  don- 
nent  plusieurs  millions.  On  dit  que  les  ti'ois  rois  du  Mord . 
siivoir,  1'olo^iie,  Daueinark  et  Suede,  avec  I'elecleurde  l>rau- 
deboiir^  el  I'enqn.'ieur,  soul  d'accoi'd  de  trailer  ensemble,  et 
dc  fa  ire  une  bonne  pai\  entre  eu\:  (ju'ils  on!  deju  coinenn 


des  deputes;  <|u  il  n  \  a  plus  qua  s accorder  <lu  lieu  on  sr 
poniTont  traitor  los  interols.  MM.  du  grand  couseil  continueni 
a  faire  lo  proems  a  ce  M.  de  Bonnesson,  huguenot  ot  petit-Ids 
do  du  Plessis-Mornay,  gentilhommede  Beaucc,  <|ui  etoit  chcl 
dos  Sabotiors.  Quelques  uns  croient  que  ce  pourra  bien  etre 
pour  domain ,  car  ils  en  sont  aux  avis:  les  uns  disent  qu'il 
aura  la  tote  tranchee,  les  autres  parlent  do  la  roue.  M.  do  Po- 
inoreau,  inaitre  des  requetes,  est  alle  en  Normandio,  y  Cairo 
raser  les  chateaux  ot  les  bois  do  quelqnes  seigneurs  qui  out 
ole  condamnes  par  contumace  pour  lo  memo  crime;  j'en  ai 
outre  autres  entendu  nommerdeux,  savoir,  Dameri  et  Crequi 
do  Berniore.  On  n'altend  pins  ici  lo  roi ,  niais  settlement  la 
publication  de  la  paix,  la  diminution  des  impots  ot  lo  sou- 
lagement  du  pauvrc  peuple,  <[ui  sera  lo  conronnement  do 
taut  do  conlorences.  Jo  vous  baiso  trosliumblement  los  mains  . 
el  suis  de  tout  mon  c<i'ur  votro  ,  etc. 

/>.  S.  Je  suis  bion  oblige  a  la  bonto  do  M.  Falconet  ,  qui 
me  tail  taut  de  bion,  et  ;i  mon  Ills  Charles.  II  fait  co  qu'il 
pout  pour  la  meriter ;  il  est  professeur  en  nos  ecoles,  et  s  y 
proud  Cort  bien;  il  a  beancoup  d'audilours,  qui  raiment  tons 
a  cause  de  sa  douceur  et  de  ses  autres  bonnes  qualitos.  11  n'a 
<iu'a  bien  otudier,  et  rien  ne  lui  manquera;  jamais  peut-etic 
il  n'y  a  ou  professeur  (pue  lui  en  matiere  si  diliicile,  car  d 
ensoigne  la  i)athologie,  (|ui  est,  comme  vous  save/.,  la  plus 
noble  partie  do  la  medecino. 

On  m'a  parlo  d'unlivro  intitule,  liiitlittthwu&'bi'.niuna,  donl 
rautour  est  le  savant  M.  do  (iuichenon.  Mandez-in'on ,  s'd 
vous  plait,  ce  que  vous  en  save/.. 

L'evoque  de  Noyon  est  mort,  il  s'appeloit  de  Haradas,  et 
t'toit  IVore  d'un  petit  mignon  do  Louis  Mil  ,  <|ue  le  cardinal 
do  liichelieu  til  chasser  par  une  suporcherio. 

On  va  rompre  an  bout  du  Pont-Neul'deux  insignes  volom>  , 
doiit  I'un  s'appello  (irand-Maison.  C'esl  grand'j>iti('  quo  la 
debauche!  olio  so  tormino  toujours  mallieureusenicnl. 


170  LETTHKS    DE    (,UI    CAT  IN 

LETTKK  CCCGXCVH.  —  Aumeme. 

Samedi  dernier ,  13  de  ce  mo  is ,  le  marquis  de  Bonnessou  a 
eu  la  tele  tranchee  a  la  Croix  du  Trahoir  (1);  il  est  mort  hu- 
guenot, etn'a  jamais  voulu  entendre  ledocteur  de  Sorbonne  , 
qui  a  voulu  le  convertir,  aiin  qu'il  mourut  a  la  romaine.  II 
n'a  point  voulu  etre  bande  ;  je  pense  qu'il  a  etc  vu  de  tout 
Paris  ,  car  on  1'a  amene  de  la  Bastille  dans  une  charrette  tort 
elevee,  jusqu'au  lieu  du  supplice;  il  avoit  un  livre  en  ses 
mains  ,  dans  lequel  il  lisoit ;  il  etoit  un  des  chefs  de  la  eonspi- 
ration  des  Sabotiers.  II  y  en  a  encore  deux  dans  la  Bastille, 
an  proces  desquels  le  grand  conseil  a  charge  de  travailler  in- 
cessamment.  11  etoit  conduit  au  supplice  par  800  archers  a 
pied  et  a  cheval.  Si  la  conspiration  du  marquis  de  Bonnessou 
eut  reussi ,  on  dit  que  c'eut  ete  une  horrible  chose,  qu'il  y 
avoit  plusieurs  grands  du  royaume  qui  s'y  etoient  engages 
par  promesse,  et  memo  il  y  en  a  qui  disent  que  Cromwell 
avoit  promis  de  s'y  joindre,  et  qu'il  devoit  envoyer  une  ar- 
mee  a  leur  secours ,  qui  eut  aborde  du  cote  de  la  Boclielle. 
Bon  Dieu  quelle  desolation  il  y  eut  eu  en  France! 

On  fera  un  beau  leu  de  joie  a  la  Creve  pour  la  paix ,  on 
parle  de  sa  publication  a  Notre-Dame,  d'un  7'c  DCWH  celebre, 
aiKiuel  assisteront  MM.  du  parlement ,  de  la  chambre  des 
comptes,  de  la  cour  ties  aides  etde  I'lIotel-de-Ville. 

Le  roi  ne  veut  point  sortir  de  Toulouse  queles  Etats  n<;  lui 
aient  donne  3,500,000  livres.  On  dit  (jue  M.  le  procureur- 
gcneral  s'est  arrete  a  Carcassonne  pour  une  fausse  couche  de 
madame  sa  femmo. 

La  premiere  Ibis  i|ue  j'entretiendrai  M.  le  premier  presi- 
dent ,  je  lui  parlerai  de  vos  statuts  ;  j'entends  bien  votre  fait , 
etjelui  alleguerai  vos  raisons ,  (|ui  me  semblent  fort  bonnes. 
Nous  aurions  raison  d'en  I'aire  de  meinc  ici,  vu  le  desordre  qui 

1    An  bout  di'  la  rur  do  I'Arhro-Scc, 


A    I  A  I. CONK T.  !?l 

en  suit,  quoi  qu'en  veuille  dire,  au  conlraire,  Courtaud  de 
Montpellier  en  sa  smrnde  Ai>oli><ji<' ,  puisque  cette  facilite 
d'etre  admis  en  notre  compagnie  1'affoiblit  manifestement,  et 
la  gatera  si  nous  n'y  meltons  du  remede  ;  niais  nous  avons  ici 
un  homme  (}ui  empeche  qu'on  ne  i'asse  le  bien  necessaire  ; 
patience!  etc.  Vous  avezen  attendant  le  pouvoir  de  les  examiner 
rigoureusement ,  comirie  toutes  les  autres  Families  des  pro- 
vinces devroient  faire.  En  verite ,  j'ai  honte  de  voir  tant  de 
jeunes  docteurs  qui  reviennent  des  universites  avec  des  bulles 
apostoliques,  et  qui  ne  savent  presque  rien.  C'est  ce  qui  fait 
que  je  ne  m'etonne  point  du  mepris  qu'on  fait  de  notre  pro- 
fession en  beaucoup  d'endroits.  Le  parcbemin  qu'ils  rappor- 
tent  des  universites  est  uue  marque  certaine  de  1'argent  qu'ils 
y  out  laisse ;  niais  la  science  requise  a  leur  art ,  ou  est-ee 
qu'elle  se  trouve  a  vendre? 

J'ai  declare  votre  volonte  a  Noel  Falconet,  qui  dit  qu'il  va 
etudier  pour  soutenir  un  acte  de  toute  la  philosophic  1'ele 
prochain.  Dieului  en  fasse  la  grace. 

JJn  jeune  medecin  qui  est  ici,  et  qui  demeuroit  a  Stras- 
bourg il  y  a  trois  inois,  ni'a  (lit  ([lie  le  nouveau  livre  de 
M.  Sebizius  etoit  acheve.  J'ai  bien  envie  de  le  voir  pour  cette 
nouvelle  niethotle  dans  laquelle  il  est  ecrit ,  selon  que  1'au- 
teur  mt3ine  me  1'a  mantle  il  y  a  plus  de  neut'mois.  La  com- 
mune facon  d'ecrire  est  bonne;  une  methodc  particulierc;  est 
pourtant  la  meilleure  ,  telle  que  celle  de  M.  lliolan  le  pere  . 
et  celle  de  Hollier,  pourvu  qu'on  se  garde  de  I'aire  souvent  des 
/itHfo/ut/ies;  elle  est  bien  plus  commode  pour  les  jeunes  etu- 
diants.  J'ai  quelciue  pareil  dessein,  nous  verrons  (puille  lu- 
miere  m'en  viendra  pout1  achevtn'  mes  jours  en  celtt1  sorle 
d'etude,  dont  je  pourrois  dieter  quelque  chose  a  mesuic 
que  j'en  aurois  quel(|iie  traite  de  fait,  dans  notre  college 
royal  de  Cambray.Mon  tils  (Charles  explique,  1'anatomie  dans 
nos  ('coles  sur  un  cadavre  de  femme.  11  y  a  une  si  grandr 
quantite  d'auditeurs,  (jn'outre  le  theatre,  la  cour  en  est  en- 
core toute  pleine.  II  commence.1  bien  ,  a  vingt-six  ans :  je  sou 


r-2  i.Kiriti>  UK  i.i  i 

hailc  qii  it  lii  i  is  se  encore  mieiix.  II  a  bien  des  amis  <|iii  rai- 
ment; ses  etudes  lui  on  out  ac([iiis  un  bon  nombro,  et  sa 
prentillosse  encore  autant  et  plus.  Michel  do  Montaigne  a  dil 
quelque  part  quo  jeunesse  et  adrcw  out  un  merveilleux  credit 
en  ce  monde;  quo!  qn'il  en  soil,  j'espere  quo  son  fruit  mu- 
rira  ,  et  qu'il  sera  quelquo  jour  Ires  bon ,  intct'rn  rontitus  n-if  in 
/fiifde,  evi'nfus  hi  fut'tuna,  coinmea  dit  Apulee,  en  ses  /''////vVA-.v. 

.le  vieus  do  consultation  chex  uno  bonne  femme  do  pros  do 
quatre-vingts  ans,  laquelle  inourra  domain,  ex  f//n/i////t<u'n  />n/- 
//io/i/.s,  ou  le  cure  (ubi cadaver,  ihi  cf  afjuilw)  nous  a  dit  quo 
llcsdin  etoit  reudu  au  roi. 

Domain  se  plaide  ia  cause  do  notro  V'aculto,  confri'  nos  chi  - 
rurgiens  ,  ijui  sont  fort  otourdis  du  bateau.  Je  vous  baiso  los 
mains,  et  suis  do  tout  mon  co-ur  votro ,  etc. 

IJc  Paris,  le  10  decembre  1059. 


LETTRK  CCCCXCMI1.  —  Auntcntf. 

.I'ai  rocu  votro  caisse  do  presents,  et  aussilot  (ju'ello  a  ct(> 
ouvorto  j'eu  ai  fait  la  distribution  comme  vous  1'avoz  ordonno  : 
jo  ne  douto  pas  (JUG  Ton  no  vous  donne  avis  do  la  reception  . 
et  qu'on  no  vous  en  remercio  ,  comme  je  fais  pareillement  d<i 
ma  part  ,  avec  toute  rall'ection  possible. 

L'ancien  de  notre  ocolo  .  M.  (luerin,  tros  savant  liommo  . 
ago  de  quatre-vingt-neuf  ans,  est  tombo  de  son  choval  dans 
le  faubourg  de  Saint-Germain  ,  i^t  s'est  blesse  a  la  tote,  a 
I'u'il  et  a  la  main,  et  noaiimoins  il  a  bon  appotit,  mala  nn'i:i\ 
//HI/"  trtiix  l. 


;T  Kcs  inedt'ciii^  de  Paris  linsaienl  alors  leuis  \isiles  sur  unenuileou 
a  choa!  ;  on  cotmail  ce  vcrs  d»'  Hoilcau  : 


K   J'. 


\    FALCONET.  I?'; 

J'ai  oiilrotenu  M.  It1  premier  president  de  votre  allaire;  je 
lui  dis  quo  Unites  It's  cominunautes  de  Paris  ct  de  tonics  It's 
villos  do  France  obligeoient  celui  qui  y  entroit  de  methe 
quelqtie  chose  dans  la  )>oitc  ;  quc  c'etoit  anx  uns  pour  la  con- 
I'rerie ,  aux  autres  pour  Cairo  dire  des  messes  en  lour  chapelle, 
mais  tons  ensemble  poi;r  snbvenir  aux  frais  de  la  eommu- 
naule,  pour  se  defendre  de  plnsienrs  attaques  ,  et  les  mede- 
cins  pour  sontenir  les  droits  ot  la  justice  de  noire  profession  , 
et  It;  bien  public  contre  les  apolliicaires  et  les  cliirnrgiensqui 
brouillent  les  cartes ,  et  enlreprennent  mcrveilleusement con- 
tre les  medecins ,  (jui  sont  gens  tie  paix  et  d'etude,  et  qui  lie 
sont  nnllenient  chicaneurs ,  et  memo  contre  les  charlatans 
tjiii  gatent  tout.  La-dessus,  il  me  dit  quo  la  cour  so  scandali- 
soit  surcet  argent,  et  qu'on  ne  pouvuit  soufl'rir  cola.  Je  lui  ro- 
pliquai  <jue  tout  le  monde  prenoit  de  rargont ,  le  roi ,  le 
pape,  les  presidents  et  conseillers;  sur  quoi  il  se  mil  a  rire  , 
el  tout  de  suite  mo  dit :  l-'lt  ftfai  !  HOU*  /r/v///.v ,  mi  //  clicn-ln-ni 
f/ndgHr  moderation  de  la  sointne.  Je  lui  repliquai  :  /:'/'  i'<>tt<  /•/'- 
iii(-i'(:tnnf ,  indittn'iir,  niutu  la  snniina  dc  100  ^V'j/.v  cxt  \/  //r///i'  , 
f/it'il  n'y  a  gnh'e  u  rubattre.  Voyez  la-dessus  votre  conseil,  et 
ine  donne/,  avis  si  vous  voulez  poursuivre;  je  lui  en  reparle- 
ra'i  quand  vous  voudre/, ,  jt!  le  vois  en  elat  de  vous  accorder 
la  plus  grande  part  de  votre  article,  et  moi  je  vous  promets 
quo  j'y  ferai  ce  (|iie  je  pourrai.  J'oubliais  a  vous  dire  (ju'il 
in'allt'gua  que  ces  colleges  feroienl  tort  aux  untversiles.  Je  lui 
replifjuai  cliautlement  que  c'etoit  bien  fait  de  les  punir  de  lour 
trop  grande  indulgence,  et  qu'il  eloit  a  jiropos  de  remedier 
aux  desordres  (ju'ils  causeroient  j>ar  tonte  la  France. 

Le  cointo  de  Guitant,  (|iii  vient  de  la  cour,  partira  demain 
de  grand  matin  pour  aller  dire  a  M.  le  prince  do  ("onde  qu'il 
\ienne,  en  lui  portant  dos  lettres  du  roi,  du  cardinal,  etc.  Je 
vous  baiso  les  mains,  el  suis  de  tout  mon  cieur  votre,  etc. 


I'ATIN 


LKTTRE  CCCCXCIX.  -     .\n  ninnr. 

Ce  matin  ?  I'evrier,  i\I.  Talon,  avocat-general  ,  a  parlodans 
!:»  cbumbre,  oil  il  a  loiil  a-l'ait  conrlu  ponr  nous  contro  les 
rhirnrgiens;  ensuite  de  son  plaidoyer,  Messieurs  out  ete  aux 
avis,  ot  aussitot  s'est  ensuivi  arret,  par  lequel  nous  avons  ob- 
lonu  tout  ce  qne  nous  domandioris.  Tons  les  cliirurgiens  bar- 
biers  iront  a  Saint-Come,  et  seront  meles  avec  les  autres;  de- 
fense  a  eux  d'appeler  lour  maison  collide,  ordonne  que 
I'iiiscription  qui  est  sur  Saint-Come,  oil  il  y  a  f'olle//////n  r/n'~ 
I'ift/r/rtiin  ,  etc.,  sera  billee;  i'union  des  deux  eomniunautes 
de  cliirurgiens  confirmee  :  tuus  reduits  sous  Cuutoriti-  ct  jnri- 
</  iff  ion  <li>s  mt'dccins  dfi  la  Faculto  ,  sp.loit  les  cont  rats  mick'ns  , 

H,  etc.  Sur 


(1)  Cel  arrel  ,  du  7  fpvrier  1()(5(),  ordonna  «  (jue  les  deux  commu- 
nautcs  dos  chirurgiens  et  des  barbiers  unies  ,  demcureraient  sonmises 
a  la  facultc  de  mcdecine,  suivant  les  contra!.'  des  annees  1oT7  ct  Kiii.  - 
I'uis  un  arret  de  la  cour,  du  "20  avril  I(i7(i  ,  ordonna  «  que  les  1'revols 
el  Maitres,  reprcsentanl  la  communaule  ,  seraieul  leiius  de  eonipa- 
roir  (ous  les  aus  ,  le  lendemain  de  la  Saint-Luc  ,  ,m\  Ecoles  de  mcde- 
cine pour  y  preier  le  sermon!  accoutiiine  ,  payer  un  ecu  d'or.  el  pre- 
senter un  catalogue  de  leurs  mailres  aux  doyens  de  la  iaculte.  » 

Les  apotliicaires  etaienl  obliges  aux  niemes  horumages,  mass  mes- 
sieurs de  la  Facultc  ne  le.s  ajipelaienl  iju'apres  ipie  les  chirnrgiens 
etaieut  sortis. 

Le  senuent  (pie  prelaienl  les  chirurgiens  leur  elail  propose  par  le 
doyen  sous  cellc  formule  : 

1U  \ous  jure/,  tpie  von-  obi'-ire/  an  Doyeu  de  la  Iaculte  dans  lonle- 
les  cboses  honnelcs  et  pennies  ;  que  vous  porlerex  honneur  el  rcf-jucl 
aux  docleurs  de  la  iaculte,  ainsi  que  les  ccoliers  le  doivenl  a  lenrs 
mail  res  ; 

2°  Que  vous  ne  divulguerez  point  les  affaires  secretes  de  la  faculie.  . 
suppose  (jue  vous  les  sachiez  ,  et  que  vous  lui  revelere/.  an  conlraire 
ce  (|iie  vous  apprendrez  que  Ton  liamera  contre  ses  interels  ; 

3"  ()\\c  vous  |)rocederez  iorleinenl  contre  cenx  qui  exercent  illin!<' 
nient  la  mederine  ,  c'esl-  it-dire  ceux  i|ui  iie-ont  point  approuxes  par 


quo!  ils  on  tail  de  grandes  clamours.  Anssilol  M.  le  premii'i 
president  a  retonrne  aux  avis,  ct  />nis  a  tiff  :  et  neanmoins 
perm  is  a  cenx  qui  par  ci-devant  out  ete  rev  us  a  Saint-Come  , 
en  robe  et  en  bonnet  ,  d'en  porter  le  reste  de  leur  vie. 
s'ils  sont  mailres  es-arts  de  ITniversite  de  Paris  ,  sans 
tirer  a  consequence.  Cette  clause  ne  nous  deplatt  point  : 
oar,  outre  qu'ils  sont  en  petit  nombre,  et  qu'ils  mourronl 
bientot,  elle  donne  exclusion  de  robes  et  de  bonnets  a  tons 
les  autres  qui  y  pourroient  pretendre  a  I'avenir.  Voila  done 
les  chirurgiens  de  Saint- Come  abattus  ,  et  leur  maison 
livree  a  nos  chirurgiens barbiers ,  qni  nous  sont  tous  soumis. 
L'arret  sera  imprime.  Ceux  de  Saint-Crtme  nous  menacent 
dejj'i  d'une  requete  civile,  que  nous  ne  eraignons  point.  Le 
lendemain  ,  8  de  terrier,  nous  fumes  remercier  M.  le  premier 
president,  M.  Talon,  avocat-general ,  et  M.  de  Nesmond  ; 
nous  etions  environ  soixante-dix  ,  deux  a  deux  ;  tout  I*1 
monde  se  rejouissoit  du  gain  de  notre  cause,  et  il  ne  seren- 
contra  ])as  un  de  ces  chirurgiens  de  Saint-Come  par  les  rues. 
On  ordonna  hier  dans  1'assemblee  de  notre  Faculte  <|ne 
Ton  iroit  remercier  les  autres  juges,  que  Ton  feroit  im- 

la  (aculte  ,  et  que  \ous  Taiderez  de  loiites  vos  forces  dans  les  poursuites 
qu'elle  fera  conlre  eux  ; 

4°  Que  vous  n'excculerez  point  dans  Paris  ni  dans  les  faubourgs 
Irs  ordonnances  d'aucun  medecin  ,  a  moins  qu'il  ne  soil  docteur  on 
licencic  dans  laditc  faculte,  ou  ai^prouve  d'icelle  ; 

o"  Que  vous  n'adminislrerez  point  dans  Paris  ni  dans  les  faubourgs 
niicun  medicament  purgatif  ni  alterant  ,  ni  cordial  ;  niais  que  vous  vous 
inelere/,  seuleinent  dc  ce  qui  conrerne  les  operations  inanuelles  dc  la 
chirurgie. 

I, a  creation  de  I'Academie  royale  <lc  cliirur^ie,  qui  a  taut  contribue 
aux  projjres  de  cetle  partie  de  la  science  ,  le  decret  du  18  aout  1792 
qui  a  suppriine  les  laculles  et  les  corporations,  la  loi  du  19  venlose 
an  xi  qui  consacre  la  reunion  de  la  niedecine  «•!  de  la  chirur^ie  , 
ainsi  que  la  reorganisation  des  ecoles  .  out  delruit  pour  jnniais  et  avec 
raison  ces  absurdes  distinctions.  Malj'.re  cela  il  nous  a  paru  interessant 
derappeler  ces  documents  d'un  aulre  temps.  (R.  P. 


J?G  IF.TTKF.S    I)K    (il'l    i'ATIV 

primer  cot  anvt  aullienlique  oonlro  Sainl-Comfi  ;ivci'  la  ha- 
rangue dt;  M.  le  reeteur,  It;  plaidoyer  do  1'avoeat  de  ITnivor- 
sito ,  eelui  do  M.  Talon,  avoeat-general ,  les  deux  contrats 
de  ci-dossus  ,  uno  sentence  du  lieutenant  civil ,  etc. ;  do  plus 
quo  Tun  t'eroit  une  impression  des  statuts  do  notre  Faculte  ; 
(pie  le  doyen,  accompagne  de  quatre  docteurs,  doutjo  suis 
un,  iroit  remercier  noire  avocat,  M.  (Ihenuot,  en  lui  por- 
lantcinquante  louisd'or/wo//«wwwv'o.Tout  cela  so  fora  avec 
lo  temps.  Jo  vous  baiso  les  mains,  ef  suis  do  tout  mon  co-m 
vol.  re,  etc. 

DC  I'aris.  lo  10  fV-vrior  1000. 


LKTTKK  I).   -  .I/ 

Le  due  do  Lorraine  esl  alle  ;i  la  cour  pour  ses  all'aires  1 1 
erlles  de,  la  duchesse  d'Orloans,  sa  sirur.  Oudil  <piele  primv 
de  (londo  arrivera  ici  mercredi  jirocliaiu  ,  ct  <|ue  cctle  pai\ 
(pie  nous  avons  nouvellemeiit  I'ailo  avec  le  roi  d  Kspa^nr  . 
nous  est  fort  avantageuse  par  plusieurs  bonnes  villes  qni  nous 
demeurent.  l^a  paix  a  elo  aujourd'hui  ;' I  4  fevrior'  piddiee  au 
jtarlemeut ,  al'Holel-fle-Villo  ot  devant  le  Louvre. 

Gomme  j'attendois  i'co  15  levrier  )  quo  Ton  me  vinl  quorir 
a  rordmaii'O  ,  pour  aller  souper  avec  M.  le  premier  president, 
j'ai  ete  contremaudt'1  a  cause  de  la  solennite  du  jour  do  de- 
main  ,  et  ce  souper  a  ('•(('•  reinis  dans  liuit  jours.  Dion  soil  loin- 
de  tout,  jo  u'en  ai  regret  quo  pour  1'audienco  de  M.  le  conile 
de  VtM'dun,  (lout  j'avois  promis  do  rondrt;  complo  domain  a 
M.  Duclief.  Tout  le  monde  so  plaint  (ju'oii  n'en  pent  avoir  : 
toujours  y  fora i- jo  ce  (pie  jo  pourrai ,  et  jt1  verrai  ce  (|n'il  me 
diia. 

. \ujourd  liui  'ce  !(>  IV'vrior;  le  Tc  /^'///// a  eto  ohante  solen- 
nellemeut  pour  la  paix  dans  Notre  Dame. ,  on  tres  Brando  et 
Ires  belle  ctimpaiinio.  La  rejouissance  est  pnbliipie,  lo  Ten  dc 
j'oie  so  doit  I'aire  ce  suir  dans  la  (ii'cve.  eomme  anssj  daii^ 
tiiiites  It's  I'ues. 


A  KAU.ONKI.  177 

Madame  la  duchesse  d'<  >rleans  doit  ce  soir  arri  ver  an  Luxem- 
bourg. On  dit  que  M.  It;  due  d'Orleaus,  voyant  sa  femme  et 
sesenfants,  dit  en  mourant  :  liunmx  ///w,  flnmus  dcsulutlonis 
rocultit'tr.  M.  de  Choisi  de  Cham  ,  sun  chancelier,  est  inort  it 
Blois,  do  regret  de  la  niort  de  son  inailre.  On  dit  que  M.  de 
Yendome  el  M.  de  Beaufort  auronl  le  gouvernement  de  Lan- 
guedoe,  pourvu  (jn'ils  venillent  ceder  I'amiraute;  cela  esl 
fort  dans  labienseanccdii  neveu  Mancini.  M.  le  Prince  sera  ici 
clief'tlu  conseil  ;  MM  de  la  Vill«>  out  ordre  de  I'aller  saluer  ,  el 
tons  les  ordres  ne  laisseront  pas  d'y  aller,  el  meinc  1  t Diver- 
silt;  ii'a.  Je  me  souviens  (jue  nous  y  fumes  1'an  iGol ,  lors<jii'd 
fill  reyeiiu  tie  prison  du  Ha vre-de- Grace;  j'etois  alors  doyen. 

Le  due  de  Lorraine  est  ici.  Le  corps  de  M.  le  due  d'Orleaus 
sera  jemli  a  Limours,  et  apres  on  I'emporlera  par  Saint-Cloud 
it  Saint-Denis,  sans  passer  [»ar  ici. 

On  ditque  les  jesuitcs  out  fait  imprimcr  une  .\nnr<'//t>  .\/#>- 
iaijic  jiuu/'  les  a/.N-<«/.v/fx,  en  latin,  it  1'alerme  en  Sicile;c'est  une 
piece  de  meme  nature  (pie  It1  Tamburin  de  M.  lluguelan  ;  il 
en  devroit  avoir  une  copie  ot  I'imprinier  encore;  vous  m'(»- 
bligerez  de  le  lui  dire.  Je  vous  liaise  les  mains,  el  suis  de 
lout  mon  ca'ur  votre,  etc. 

DC  I'aris.  le  17  foricr  16(J(). 


LKTTKK  Dl.  —    I/'  inline. 

Je  vieus  de  recevoir  votre  lettre  du  13  Janvier,  dr  laquelle 
je  vous  remercie.  Si  vous  nvtv.  eudu  I'roid  cite/  vous,  nous  en 
avons  aussi  noire  part  a  I'aris.  On  m'adil  tpie  votre  M.  Anis- 
son  imptimoitC.  Baronius,  .\itiuiles ccnli'ifitiiif in' ;  feu  M.  Naude, 
i|ui  n'eloit  point  menteur,  m'a  dit  <pie  Lucas  Holstenius,  de 
Hand)ourg ,  qui  est  ii  Home  chanoine  de  Saint-Jean-de-Latran , 
lui  avoit  dit  qu'il  poiivoit  montrer  huit  mille  faiissete's  dans 
Baronius,  et  les  prouver  par  les  manuscrits  de  la  bibliotlie(|Ue 
valicane,  (|ii'il  a  aujourd'liui  en  garde. 

11  se  pliiida  Ic'JI  de  cc  niois  une  caii^'e  a  la  grand Cliambl'e 
ill  1-2 


178  I.KTTKKS    I>K    <U  I    I' MIX 

entreles  medecins  et  leschirurgiensde  celle  ville.  L'avocat  des 
chirurgiens  (lit  bien  des  clioses  qui  ne  servoient  do  rien  a  sun 
fait,  commeeiitre  autres,  que  Home  avoit  ete  trois  cents  ans 
sans  medecins,  et  que  les  Romains  avoient  ehasse  Archaga- 
thus;  inais  il  n'ajouta  pas  ee  qu'en  dit  Pline,  que  c'eloit  a 
cause  de  sa  eruaute  a  bruler  et  a  couper,  car  les  juges  eus- 
sentreconnu  par  la  que  c'etoit  un  chirurgien.  II  conclutenlii), 
et  pria  la  coin1  de  permellre  aux  ohii'urgions  de  porter  la  robe 
et  It;  bonnet,  pour  marque  de  I'hoimeur  qu'ils  meritent  par 
leur  doctrine  en  ehirurgie,  quoiqu'ils  n'aienl  j)oiut  de  lillera- 
ture.  Ne  voila-t-il  pas  une  demande  Men  ridicule  ct  une  con- 
clusion bien  cxtravagante  ?  Ave/.-vou.s  jamais  vu  doctrine 
sans  litterature  ?  Mais  lout  est  bon  dans  la  bouclie  d'un  avo- 
cat ,  qui  I  ache  tie  rend  re  bonne  une  cause  qui  ne  vaut  ricn. 
Aussi  u'tst-ce  pas  sans  raison  qu'Aristote  a  appele  cette  pro- 
Cession  I' ni't  <lc  incntir  ([},  Des  (ju'il  cut  fini ,  M.  Langlet,  rec- 
teurde  I'l  niversite,  prol'esseuren  rhetoriquedans  le college  du 
IMessis  ,  natit'de  notre  ville  de  J»eauvais  ,  agi>  de  v'mgt-six  ans, 
a  harangue  pour  rAcad«>mie  de  Paris  contre  les  chirurgiens, 
les  a  traites  comme  ils  meritent,  et  a  conclu  qu'ils  n'eussent 
in  robe,  ni  bonnet,  ni  aucune  autre  (jualite  que  de  in(m<i>inTi>x 
cliirurgiens,  sous  la  direction  el  intendance  des  medecins,  pour 
lesquels  il  parloit  et  intervenoit.  Tout  ce  ([ii'ii  a  (lit  a  ete 
fort  bien  recu  ,  bien  prononce  et  fort  ecoule.  Comnie  il  aclie- 
voil,  les  dix  heures  out  sonne  et  la  cour  s'est  levee,  il  n'y 
avoit  plus  (jueM.  Tavocat  general  Talon  a  parler  et  a  donner 
ses  conclusions,  ce  qui  lui  t'ut  remis  a  la  (pu'n/aine.  Si  on  leur 
pernietloil  des  robes  el  des  bonnets  pour  leur  prelemlue  doc- 
trine en  ehirurgie,  il  faudroit  en  accorder  autant  aux  apothi- 
cairespour  leur  doctrine  en  pliarmaeie,  et  ceux-ci  n'anroient- 
ils  pas  bonne  grace,  quand  il  faudroit  donner  des  lavements  on 

^1)  Cello  accusation  est  ancieniie ,  en  c-ftet ;  inais  les  jiij'.es  sonl-ils 
loujdiirs  conscioncieux  ,  loujonrs  les  fideles  iiilcrpretes  de  la  loi  ?  On 
sail  (|u'iin  consi  iller  «HI  parlcineiil  reprocha  1111  jour  a  un  avocal  «!»• 
v'elrt-  clii'.ri'.e  d'nne  niau\aise  eau.-e.  Monsieur,  reiiliiin.i  celui-ci,  j'«-ii  .ii 
I, ml  pi-rilii  ile  li'HUH'-  .  ipii1  je  in1  I-'-  i'lioi>-i-  (ilii^. 


*    FM.CONRT.  (*;• 

faire  1'onguent  rosat  el  diapalme,  d'etre1  aiiiM  equipes?  Knlin 
saint  Luc  a  eto  pins  fort  quo  saint  Come.  M.  Talon  a  fait 
rnerveille  pour  obtenir  de  la  conr  quo  cos  £ons  fussent  ran^o> 
a  lour  devoir.  II  leur  a  eto.  defendti  <1  user  d  aucuu  titro  do 
bacholier,  lieencio,  clocteur  ou  profossour  on  ebirurgie.  Los 
chirurgiens  en  sont  fort  etourdis  ;  ils  nous  monacont  d'uno 
requite  civile.  Tol  menace  qui  a  grand'peur.  Les  apotliicairos 
vont  pareillemont  plaider  contre  eux  pour  los  ompeelier  do 
fa  ire  lapharmacic  ot  vendro  lesniedecinos.  Cette  affaire  qn'ils 
ont  perdue  contre  nous  los  rangora  pout-etro  a  lour  devoir.  II 
y  en  adeja  six  do  malades,  et  ilssorontas.se/  gle»rieiix  pour  on 
inourir  do  depit ;  ils  disent  (]iio  voila  un  jirand  affront  pour 
saint  Come.  I'eut-etre  sont-ils  assox,  sots  pour  prelendre  (|iio 
ce  saint  i'asse  encore  quelque  miracle.  Quoi  (jiTils  fVissont .  il 
laudra  pourlant  obeir  a  1'anvt.  ,!<>  snis.  etc. 
De  Pari*  .  \c  -2.H  fevrier  1060. 

LKTTHK  1)11.         An  ,<«'«,<>. 

Uuand  M.  1'avocat-general  aura  fait  son  plaidoynr.  Ton 
fera  imprimor  lo  tout,  et  alors  vous  on  aui'o/.  On  inipi-imoioi 
line  vie  deGalien,  qui  sera  une  piece  curieuse  el  critique';  die 
pourra  paraitre  en  memo  temps  quo  1'arrol. 

N'otro  abbe,  liydropique  est  on  ^t'aiid  danger,  o!  voii>  lui 
lore/  un  plaisir  (^xtivme  do  rempecher  do  inourir  ;.usr-i  iiicii 
quo  do  no  lui  pas  donnei1  du  vin  d'absinllie ,  ooiiniio  lit  M.  do 
ii.  1  an  passo  :  Su-cilux  <•!  ni<ir<-t>r  cw''/v///,-  nu/ln  ///•/.••  i  nn.-n'l'iinr, 
mien  Hiiujiit  ml  cititin  '•>/  ii.tmii'iiti  fist'/'ftt  i:<itt  <-j.stfi ' '/•/,  tn/f- 
/•('//  i'i. -I'll  (idiitndinii  [.rohn  <jtni<  u  /<•  s//:,f  j.i  i.^i^ilu .  On  ovpnv  ioj 
que  ceux  do  Marseille  radioteront  lour  citadollo.  Nous  sa- 
vons  bien  que  M.  le  prince  de  C/mti  a  !«•  Lan^uodoc  .  <|uo 
M.  le  due  d'Anjou  a  leducbe  d  'Orleans  ,  roscrvoo  la  baronio 
d'Amboise,  el  le  comtt'1  do  i»iois  :  mais  on  lui  donno  ;ui>si  lo 
dueho  de  \alois.  On  dil  <juo  inadamo  la  ducliosso  d'Orlt'.in.s 
doit  arrivor  ici  domain,  ot  (|uo  lo  roi  lui  donno  la  j(niiss;nic«i 
tin  bien  du  dolnnt  soil  mari  pour  don\  an>. 


ISO  I.KTTRKS    !>!•.    (.I'l    PvTIN 

J  entretins  Iner  M.  It:  premier  president  lout  sen  I  mi  quail 
(1  beure;  il  me  dil  qu'il  avoil  envoye  a  M  Pillion,  eonseiller  <!»• 
la  four  exile  ,  la  lottre  du  roi  pour  revenir  an  palais;  j'en 
snis  bit'ii  aise,  car  ce  M.  Pillion  est  nion  bon  ami,  el  un  pen 
mon  parent  .   aussi  me  fait-il  riionneur  de  m'appeler  ainsi. 
On  dit  <juti  les  antres  exiles  reviendront  an.ssi  les  uns  apres 
k'santres.  Notre  boiihomme  Guerin  mourut  liier,  age  de  qua- 
tre-vingt-neut'  ans.  Tout  le  monde  va  ici  saluer  M.  le  Prince. 
I.e  president  Viole   est   ici.  .Madame   la  prineesse  esl  encore 
en   Normandie.  On  nt)iis  menace  tie  guerre   en  Allemagne. 
Les  ofliciers  du  due  d'Orleans  maudissent  ici  liorriblement 
liuenaut  el  son  vin  emetique,  avec  lequel  il  a  tut-  M.  le  due 
d'Orleans.  On  parle  ici  de  lui  laire  nn  beau  service  a  Notre- 
Dame,  oil  messieurs  des  eours  souveraines  assisteront,  le  par- 
lemenl,  la  ehambre  des  comptes  ,  la  cour  des  aides  .  riiolel- 
de-ville,  comme  aussi  I'lmiversite.  Je  ius  ledt'pute  de  noire 
eompagnie ,   Tan    IG-io,  a  Saint-Denis  aux  obseques  du  ten 
roi.  Nos  chirurgiens  de  Paris  nous  demandent  pardon  ;  mais 
c'est  comme  les  chiens  qu'on  ibuette  bien  fort,   malyre  eu\. 
(Jnaiitl  les  soldals  terrasst's  par  frere  .lean,  avec  son  baton  tie 
la  croix,  crioient :  /-'/v/v  ,/,-///// ,  jt>  UK-  rfinlx }  il  letir  repondoit : 
/•'o/v:/'  /V'.s'/1,  et  aussitol  leur  tloiinoil  <lr<nHi* :  il  en  taut  faire  tie 
meme  a  ces  matins.  (|iii  nous  auroient  accabies  s'ils  avoient 
pu  ,  et  It:  i'eronl  a  1'avenir  s'ils  petivent  ( I),  .le  vous  baise  It's 
mains,  et  suis  tie  tout  mon  cti'ur  votre  ,  etc. 
Do  I'iiris,  Ic  -27  IV-vricr  HiW. 

1)  On  voil  ici  1'esprit  dc  corps  dans  sa  mo.sciuincrio,  sa  pctitesM-. 
•-;i  vanite.  Mais  coninio  lt>  roinarquo  Louis  ,  Ic  secretaire  <le  t'ancienn.' 
.Acadeniu1  de  chirur^ie  :  «()n  de^rada  la  clururi;ie  en  l(i(i()  ,  el  tors- 
ijn Cn  l()()(>  on  elablit  1'Acadcmic  d«'s  sciences  ,  les  cliinir^iens  >  soul 
adinis  el  N  liennent  un  ran^  disliiit;ue  panni  les  liomnies  iiln-lres  (jiie 
le  <r()ii\erneinent  ])rc-;<inle  a  la  nahon  eoinine  I'elile  de*  sa\anls.  >• 
II  st.  <1<-  l'Ac<i<l.  coi/.  du  r .';.>.,  p.  -2'.\.  \-\n  1S2I  ,  V.\.  (ieoflroy  Sainl- 
Ililaire  oinil  1  'opinion  de  Mipprmier  la  serlion  de  nu'deeine  el  de  elii- 
rur;',ie  dan-  I'Academie  royalo  de-  science-,  (.elle  proposition  •'•(:  it 
-ui'toul  dni;;ee  conlro  la  chirnr^ie  .  el  -on  aulenr  pretendail  que  /  • 
c, .irnt'iiii'ti  nlidntlnnin'  l<><.  rn.V.v  si-ifnlifii/iii's  .  ltir*i/u' : I  Irtinsf'nnii/'  tent 


v  KM. 1 1 INK i 

LETTKK  hill.  -      \n  Hiemr. 

Comme  vous  etes  plus  pros  de  la  cour  que  nous  ,  aussi  no 
\uiis  puis-je  rien  apprendre  do  nonvean.  On  no  dit  rion  ici 
sinon  que  le.>  Anglois  out  casse  lour  ancien  parlomont ,  qni  osl 
celui  qni  fit  mourn1  lo  feu  roi  Tan  1049,  et  qu'ils  on  venlont 
otablir  un  autre  qui  aura  ,  ee  disonl-ils  ,  plus  do  liborto  rt 
moins  d'autorite  do  mal  fairo.  Toulos  los  nouvollcs  institu- 
tions ne  manquont  jamais  do  promcttro  f'orro  soulngemeiit  an 
ponplo  ,  mais  cola  no  renssit  pas ,  at  tit  hoc  wmiim-  flrm-tnn 
hiif/»if<is.  Ceux  do  Londres  so  sont  accordes  avoo  lo  ^rnt'Tu! 
Monck  pour  tonir  la  main  a  oo  nouveau  parlomont  reform*'1. 

Lo  prince  do  Conde  ost  ici  avor  lo  due,  d'Englnen  son  lil> 
ot  sa  to  mine,  qui  font  force  visiles,  ot  (jui  sont  tort  visitrs  drs 
oompaguies  de  Paris,  do  lours  amis  particuliors,  ot  dc  c.oux 
mome  <jui  ne  font  quo  somhlanl  do  retro.  On  fait  lilor  do  I'in- 
fantorio  devers  Calais  ;  on  croit  (pu;  c'ost  pour  ;iss'n''i;fr  iHin 
kenjue,  conjointoment  avec  los  forces  d'Espagno;  et  apres, 
(|iiand  nous  1'aurons  6to  aux  Anglois  .  nous  la  rondrnns  au\ 
Espagnols,  (jui  nous  donneront  on  oehange  (lamhrai  .  los  aii- 
tres  disent  Saint-Omer : c'est  mi  article  secret  dn  nomhro  do 
plusieurs  autres. 

On  parle  ici  tin  sioge  d'Orango  ,  on  tonics  Ics  troii[»os  qui 
sont  revenues  d'ltalieet  de  Catalogue  out  ordiv  do  >o  rtMidic. 
La  pa u v re  Provence  so  sentira  longtemps  do  re  vuyago  dn  i-oi . 

scalpel  at  bistouri.  L'n  incinbic  (li~liii(',uo  <lc  I'Ao.idoinir  rovalc  dc 
inedccinc  ,  au-c  «.1<.>Uc  supcriorilc  tic  jus;onicnt  iiu'on  Ini  coiinait  . 
M.  Be^in.  doinoiilra  loulc  I'injiisLico  tl'unc  seml>lal>le  |)ropo>iiioii 
coinine  ('onliairo  au.v  lois  ct  ordonnanccs  i|ui  onl  londc  cl  m  ;;.uii»c 
Plnstilut  (Reflexions  snr  I'ojiin^on  de  M.  (icnffrmj  S  ,  'nt-ll/ln  re  .  don* 
la  question  de  rand  dalnrc  jioiir  la  jtlare  meant/',  dniis  I' Acudcinic  dcs 
sciences,  i/(tr  /<-  di'-ces  de  M.  l)esrli<uni:s :  par  M.  Mil...  v  L.  ,1.  l!c,','m  . 
ducleur  en  mcdccmc  ,  l'ari»  1S-2I  .  in-S"  <ic  30  paj'/'s  \  l/opiiiion  dc 
M.  Geotlroy  Sainl-Ililaire  no  pnhalut  jias.  I. a  rliirur^io  c.-',  rcprc- 
senlcc  aiijuind  iiui  ,  dans  PAcadeinic  ro>alc  dos  .^cioiirc.- ,  par 
MM.  Hon\,  >'t-ipcau  cl  l.alicmand.  K  I'. 


1*2  I.I'M  i  ;!•;.•>    |)L    i,l  I    r\  UN 

'|'ii  n'eloil  londe  ((tic  sur  la  paix  el  sur  lomariajje,  </<7/o  /v~ 
nsst  i,i/:i/>  ill  ml  ii, ii'iir  : 

Quidquid  dclirant  rajr*,  tili-clinilur  .(chhi. 

Jo  souperai  dimanche  proehaiu  chez  M.  le  premier  prosi- 
sulent ,  oil  jo  m'informerai  do  la  saute  de  M.  le  oomto  d'AI- 
lion.  Je  I'cconimencerai  mardi  procliain ,  <)  do  mars,  mes 
legons  publiijues  auColleyo  royal.  Aubcrl  n'ot  j>lus  1'apotlii- 
cairc  du  comte  de  Hebe ;  Dufi'tv-snc  lui  donne  des  poudrcs  et 
des  pilules;  neaniiioiiis  Helaitrti  Ic  voil  oiuxire  ([uehjuelois. 
.lo  vous  baisc  trcs  liumbleinent  1<'S  mains,  ol  a  inatleinoiscllo 
Falconet ,  et  suis  ch1  tout  nton  co'iu1  votre  ,  etc. 

Do  1'aris,  lo  .'5  mars  KUiO. 


LKTTKK  DIV.  —  .1 

Sained! ,  -2o  de  mars,  nous  avoiis  reeu  dix  baclielitM'S,  (|iii 
vont  coniinencer  lours  cours  do  deux  ans;  on  en  a  renvoye 
deux  aliu  (|ii'ils  s'amendent  et  t'tudient  niioux  a  1'avenir.  Dt- 
(  es  di\  !•(•(.- us  ,  il  y  en  a  liuit  de  fort  hons  ,  et  deux  autres  plus 
todtles .  inais  ([iii  soul  capables  d'amendement.  11s  sont  jeune^ 
et  on  en  pout  lout  esperer  : 

S-:  lliOi'n  Cltlllll'd'  plllit'lllcHl  an', iHiniiet  unrein. 

\  II  ex-Tciro  de  disputes  perpetudles  deux  ans  durant  los 
rendra  iudubitnbloinpnt  incilltHirs.  outre  ['emulation  ipii  les 
y  dbligera  puissammeiit  :  outre  <jne  si  dans  cet  espac.e  de 
temps  ils  inanquoient  a  lour  devoir,  on  les  eliasseroit  de  DOS 
ecoles  ,  eoinine  inliabiles  et  indii;nes  do  nos  privileges. 

Le  memo  jour  oil  a  fait  un  lest  in  aux  ecolt's,  auipiel  sont 
invite.-,  los  doyens  et  ceiiseurs ,  les  anciens  doyens ,  les  ipiatre 
exaiin'nateurs  ,  leurs  eiii(|  electeurs  ,  les  ipiatre  aneiens  des 
ecoles.  les  jjnjtVssours  ordiiiaires ,  <pieli[iu\s  amis  du  doyen, 
tjiii  son!  dt's  forts  de  1'ecole  et  les  |ili!S  considerables  de  la 
l-'aculte.  Nous  faisions  trois  (aides  iiii;diocres  .  et  nous  elions 
d'Hi/e  on  trei/.e  a  cliacune.  .le  n'ai  jamais  vu  telle  n'jouissaiice 


V    K A 1X0 :\h  I'.  IX  ' 

de  |iarl  et  (I  auhv  ;  on  n  y  a  parle  que  «!«•  rire  ct  d<-  bonnr 
chore  en  poisson  IJ.  I  n  de  DOS  docleurs  s'esl  mis  aupres  de 
nioi  ,  (jui  in'a  donne  en  cachelle  mi  petit  in-octavo  ,  (jue  le 
pere  Labbe ,  jesuile,  lui  a  dedie,  (|iii  a  pour  litre  :  f'iiniHH 
(inlani  c/tronoloyictan  elix/tinn.  Ce  pete  Labbe  est  natil'  de 
Itourges;  ce  n'est  pas  votre  pere  Labbe  de  Lyou  ,  qui  altrapa 
dix  mille  livres  sous  ombre  de  1'execution  dn  testament  de 
Yantier  en  1652.  Je  fais  ceans  un  petit  paquet  dans  leqnel 
cela  se  trouvera  pom1  vous  avec  autre  chos;1; ,  et  snrtout  le 
livre  de  M.  deGorris ,  qui  cst  in-jpiarto  et  fort  bon. 

On  dit  ici  que  le  mariage  du  roi  est  recuki  d'tm  mois  :  je 
prie  Dieu  (jue  les  Espagnols  ne  nous  trompent  point.  Nous 
sommes  plus  forts  qu'eux  ,  mais  ils  sont  plus  tins  que  nous  , 
et  je  serois  bien  Cache  que  ce  mariage  vint  a  nianquer  :  Irs 
Espagnols  pen  vent  trouver  leur  comple  de  marier  leur  lille  a 
I'empercui',  j'ai  petir  cjue  ('occasion  ne  fasse  le  larron.  On  dit 
pour  certain  (jue  le  roi  de  Suede  est  mort.  Voila  nos  affaires 
du  Nord  en  un  autre  etal. 

Le  roi  d'Espagne  a  mamle  ([ii'il  ne  pouvoit  venir  sitol  <pi'il 
avoit  projete.  M'y  a-t-il  point  la-dessous  (juelque  embuche , 
apres  (jue  nous  avons  perdu  deux  belles  campagnes  (|iii  nous 
auroient  rendusapeu  pres  les  maitres  de  la  Flandre?  Si  cela 
arrivoit ,  je  crois  que  la  reine  seroit  bien  lachee  de  ce  chan- 
gement. 

I'D  jeune  iiK'dcciii  de  Lyon  .  noinnieM.  L.  de  Serres  .  in'a 
visile  aujourd'hui ;  il  n'aime  guere  Hassel .  et  non  sans  raison. 
Faites-moi  la  grace  de  vous  informer  lacitement  a  Lyon  dc 
M.  La nchen u  ,  t>u  de  quclqu'autrc  de  vos  amis,  s'il  n'y  a  point 

,1}  A  chaqac  reception  <!>'  licoucics,  c'^uv-i'i  liMilaicnt  lai'i;cnicii( 
loui>  cxamiiialcurs  ,  ain^i  ijuo  l>on  iionibic  dc  ini'iubrc!*  di-  l.i  I  ,:c;i!ic  . 
rl  i!  f.ui I  a \oiiH'  quc  K%  decorum  niedic.il  if\  chill  pas  toujuiirs  obxTM*. 
l.e  dillifilr  cl;iil  dc  I'niro  cniilriliiicr  f.'iix  <|iii  n';na'n'nl  ]>;i^  t;U;  adini-  . 
niais  la  oo:iluiiic  roinporlait.  (Vest  tv  ijiii  arm  a  an  ('('lebrr  1'iiid.  (|!ii  . 
i|ii(»iii:io  rocu  medcnn  a  .Moitlpollicr.  ajaul  t'lc  rolnst'  a  Paris  ,  n'rn 
tut  pas  moin»  oblige  dc  piyrr  nnc  parlio  «ln  ftv-lin  <|iii  avail  cle  coin- 
mandc  an  Punier  l-'lcuri,  rue  dc.-<  (irands-.Anp.usliiis.  II.  1'. 


1S1  II;III;H>   Di:  t.i  i   r\\\\ 

a  Lyon  mi  nomine  M.  do  liannol  e'ost  tin  nom  de  guerre  et 
einprnnte;  inais  il  so  fait  appeler  uinsi  pour  so  degnisoret  so 
eacher  a  ses  creair;iers;  son  vrai  nom  ost  Augustin  Bude , 
Parisien  ).  Celui  qui  m'a  prie  de  in'on  informer  do  voiis  ost 
un  brave  horn  me  qui.vous  honore  ;  il  m'a  dit  (|iu:  co  M.  do 
Barmol  ost  oecupe  a  quelqne  rocotto  do  Lyon  ;  inais  co  n'ost 
point  un  grand  homme  ,  ago  d'environ  soixante-quatro  ans , 
nomine  M.  Bagneaux ,  (jui  avoit  la  siour  do  MM.  do  Groin ,  dos 
Hordes  et  Marchand  pour  fern  me  ;  jo  sais  bion  ([ni  est  oelni-la. 
ot  jo  crois  qu'il  a  antrefois  deniouro  a  Lyon.  II  otoit  bon  ami 
rlo  feu  M.  Guillemeau  ;  il  avoit  ot<'  lo  secn-taire  do  I'ambas- 
sado  do  M.  do  Sennelerre  lo  bonliomme,  on  Angleterro;  il  otoit 
bol  liommo  et  parloit  de  bonne  grace.  Je  eonnois  fort  eel ui- 
la  ,  co  n'ost  point  celui  (juo  jo  ohorclie.  Je  vous  prio  d'y  pon- 
sor  h  votre  commodite. 

Jo  mo  recommando  a  vos  bonnes  graces  otdo  mademoiselle 
Falconet ,  connne  aussi  a  notro  bon  ami  M.  Spoil  .  ot  snis  do 
font  mon  cunir,  votro  ,  etc. 
l>e  I'aris.  lc-23  mars  l(j(>0. 


I.KTTUK  DV.  -      \«  ,m>m<>, 

I'liisquo  voiiis  no  voulox  pastjueM.  votre  lils  ailloa  Lyon  cos 
vacances  ,  j'on  suis  tros  content;  il  ira  manger  de  nos  bollos 
cerises  et  des  inures  a  Cormeilles  ;  ensuite  il  reviondra  ici 
pour  apprendre  le  Coi/ijtfuditini  fiio/ani  jHtti't's,  ot  k'tidih-i- 
(linni  lilulinii  /////.  Apros  oela  1'lnver  viendra  ,  nos  aclos  pu- 
blics ot  los  dissertations  frequentes  1'occupt  ront :  voussavox 
(jne  oo  sont  los  Ibndements  do  la  profession.  Knsuito  il  otu- 
diora  la  pathologic  et  la  mothode  gonoi'alo  do  Kernel  ,  aver 
los  Aphorismes  d'Hippoorate  ot  los  coinmoiitairos  d'llollioi1. 
Ji>  lui  forai  ocriro  dans  imo  main  de  papier  do  bonnes  oliosos 
ot  do  bonnes  pialiqnes;  jo  lo  moiiorai  aussi  voir  quelques  ma- 
lados,  <jii  il  approndra  le  iu<i<hi> •  nt/cnt/i .  Tout  cola  pourraotro 
fait  on  troi/.o  on  qtiator/o  inois  .  ot  apros  il  pourra  s'on  rotuur- 


nor  a  I,  yon  pour  vous  voir  et  vous  rendre  co-npte  de  ses 
etudes  ;  sin1  (jnoi  vous  trouverez  bon  (jue  je  vous  demande  >i 
vous  avez  desseinde  le  faire  passer  docteur  a  Montpellier;  ear 
en  ce  cas-la  il  faudroit  (jii'il  y  tlemeurat  environ  quinze  mois, 
qui  est  bien  du  temps  ,  en  line  ville  on  il  y  a  bien  de  la  de- 
banclie  ,  et  je  craindrois  fort  ce'a  pour  Ini,  qui  est  encore 
extremement  ,  comme  1'a  dit  Horace, 

I'creus  in  citiuni  flecti  ,  inoniloi'ibux  uspt'r, 
I1!  ilium  itirdim  provisor,  prodigus  <iri*  , 

is,  rtipiduxqiie.ct  amata  Telinquere  periiix. 


Kt  je  sais  bien  qu'en  ce  lieu-la  les  jeunes  ^ens  n'y  apprenncnl 
j^nere  et  y  font  bien  de  la  depense,  ineme  par  emulation.  Le 

jeune  de  Rhodes  m'a  dit  (ju'il  a  pris  ses  degrt-s  a  Avignon. 
C.ar  si  vous  n'etes  pas  determine  pour  Montpellier,  j(>  le  ferois 
passer  aisement  ii  AngiM's  ,  (!t  tie  la  il  s'en  iroit  a  Lyon,  on. 
s'etant  un  peu  rafraichi  aupres  de  vous,  vous  le  i'erie/  agrt'ger 
a  Volre  college,  et  puis,  ayant  ainsi  sa  place  retenue  ,  vous  le 
leriez  etudier  aupres  de  vous  et  le  menerie/  voir  des  malades. 
J'ai  grand'peur  qu'il  nc  se  debauclie  a  Montpellier,  ///  //'•./// 
illo  (ftotis  ttdinoduin  lubi'ico  ,  ct  in  urlji-  incuittinenfHtaiiiHi.  ir 
1'enverrois  par  la  Loire  a  Nantes,  on  il  verroit  la  Hretayne  , 
et  tie  la  a  la  Kochelle  et  a  Bordeaux  ,  puis  il  s'en  ira  j>ar  !a 
(iaronne  a  Ton  louse,  et  tie  la  en  I'rtivence,  oil  il  verra  la  nier 
Medilerranee;  de  Marseille,  il  reviendroit  a  Lyoii.  Vous  me 
pourre/  diie  ijue  voila  un  grand  voyage  pour  un  jeune  homme 
qui  u'est  peut-etre  pas  assez  sage. 

M.  du  Tillet  est  aux  champs;  des  <|ii  il  .sera  tie  return1. 
M.  de  lUiodes  et  M.  l\i(juier  I'iront  saluer  el  lui  pre>entfr  la 
leltre  de  M.  Michel  .  au<[uel  je  vous  jirie  de  pres»'iiter  ines 
ties  humbles  baise-mains.  Si  M.  du  Tillet  est  revenu  diman- 
che  prochain  .  je  (tarlerai  de  votre  atl'aire  a  M.  le  premier  pre- 
sident. 

.It1  me  suiiviens  bien  de  M.  Housselet  ct  de  M.  Savaroii  .  il> 
tint  tons  deux  passe  pa-r  ines  mains  ,  c'est-a-dire  (|iie  je  le> 
,11  Iraites  tons  deux  bien  malades  Pour  le  troisieme.  je  nc  ni'1 


JiS">  I.KI  llll'>    HI-    i.l  I    1'All.N 

sotniens  quo  do  son  noni  ;  ce  sont  do  bons  compaginms :  im- 
Ix'i'bis  juvenif  cnstodc  ra/mfu,  yaudet  equis  et  (i(tri(:i   ijrinnim' 
ctitnjii ,  etc.  Vogue  la  galore!  le  bun  temps  n'ost  que  pour  con  x 
"  (|ni  lo  peuvent  prendre  on  attraper. 

A  la  table  du  festin  ou  j'etois  la  veille  do  Paques  ilonri,;i 
la  reception  do  nos  dix  bacheliors,  j'avois  vis-a-vis  do  moi 
MM.  Charpentier,  Leeomle ,  Pietrc,  Perreau  ot  Uainssant;  co 
n'etoit  point  la  unc  mauvaise  perspective  ,  ot  j'avois  a  mcs 
denx  cotes  MM.  Petit,  Puilon  ,  Cotirtois,  Matliiou ,  Morean  . 
Mentel  ot  Moi'senne.  11  y  en  a  huit  entre  ceux-la  qiii  sont  iu- 
comparables. 

M. Talon  nous  fait  esperer  dc  jour  a  autrc  son  plaidoyer ;  dos 
<|no  nous  I'anrons,  on  1'imprimera  en  tonte diligence;  jo  crois 
quo  cela  sera  beau;  vous  en  auroz  tant  do  copies  qu'il  vous 
plaira.  (^es  messieurs  les  barbiers  grondont  coninie  dos  cliiens 
(jni  out  etc  battus,  mais  ils  lie  peuvent  mordre ;  tout  lemonde 
so  iiuxjue  ici  d'eux.  M.  le  premier  president  m'a  dit  (|iie  tons 
IPS  jugos  f'urent  contre  eux  ot  contre  lour  andaco,  oxceplc 
mi,  (iH'ldsms  ntctiior  nliyitunflu  tircc/jf/  ultcujus  l>rn< /H-II  a/i  illn 
ijaiff.  Tous  los  auditeurs  otoient  contre  IMIX  ,  ot  avoiont  pitic 
do  M.  Pucelle  leur  avocat,  lequel  proslilnoit  misorablemenl 
son  oloquoiico  pour  une  si  mochanto  causi1.  .It;  los  drapr 
({iielquefois  en  mes  lecons  ,  ot  los  propose  a  nu\s  auditeurs  . 
aussi  ridicules  quo  les  apolhicairos.  Jo  IK;  sais  qui  soul  It's 
meilloiirs,  mais  je  sais  bien  (pi'ils  sont  tons  tort  glorieux  ot 
fort  ignoranfs. 

Jo  vous  romeroio  do  la  recherche  que  vous  a  vox,  failo  pour 
Augustin  liudo  do  Haiinol  ( c'ost  M.  do  la  Vigno,  noire  com- 
pagnon  ot  lils  d'uu  grand  personnago,  qui  nfon  avoit  prie ). 
Jo  baise  les  mains  a  votre  M.  do  Hagneaux.  )('  lo  vois  d'ici ; 
est-il  toujours  aussi  propre  qu'il  otoit?  .lo  pense  qu'il  a  fait 
autrefois  do  bons  lours  avec  M.  Charles  (iuillemouu  ,  ot  crois 
memo  qu'i!  otoit  plus  fin  ot  ])lus  sage.  M.  (iuillemoau  etoit 
un  hommo  altior  ,  glorioux  ot  coloro  ,  mais  M.  do  Bagneaux 
ne  t'aisoil  point  do  bruit,  ot  c'est  ainsi  (|iie,  font  los  sages.  Jo 
liaise  paroillomont  les  uiaiii-  a  M.  do  Lancliemi  et  a  notre 


\  I-M.I.' >>K i .  is? 

lion  el  I'fiil  ami  M.  Spo:i  ,  connne  atissi  a  mademoiselle  Kal- 
conet. 

On  dil  ici  quo  le  roi  s'en  va  avoir  Avignon  ,  par  tin  eehango 
de  denx  places  (jn'il  fait  avec  le  roi  d'Espagnequi  en  doit  re- 
compenser  le  papo;  niais  je  no  le  crois  pas.  Pense/-vous  quo 
le  due  deSavoic  fasse  assieger  Geneve  ?  Si  eel  a  n'arrive  point, 
I os  pauvres  huguenots  1'echapperont  belle.  Quelques  uns  di- 
sent  que  le  cardinal  Ma/arin  ne  reviendra  point  a  Paris  qu'il 
n'ait  Fait  un  voyage  a  Dome;  je  voudrois  qu'il  y  fut  pape  et 
<|iie  nous  eussions  de  deca  son  argent.  L'on  dit  que  I'lii- 
ver  prochain  Ton  va  reformer  la  chicane  des  proces ,  et  que 
ccla  ira  fortement  contre  le  parlement  memo  ;  il  le  merite 
bieii  ,  car  il  est  plein  d'ahus.  Nos  chirurgiens ,  <iui  ne  sont 
(jue  des  ehiens  grondants,  nous  menacent  (ju'ils  feront  oasser 
notre  arrel  di;  la  cour  pai1  un  anvt  d'en  hant .  jo  crois  iju'ils 
n'auront  j>as  plus  de  credit  en  haul  qifeu  has.  Hicr  une 
charge  de  inaitre  des  reipietes  fut  vendue  trois  cent  cin- 
((iianle  mille  livres;  voila  hien  de  I  argent  pour  du  vent  el  de 
la  fumee.  On  ntejiace  ici  de  reformation  la  chand>re  d("> 
comples  et  les  tresoriors  de  France. 

Les  Anglois  qui  sont  ici  attendent  dejour  a  aulre  clesnou- 
velles  de  quelque  changement  en  leur  p.iys,  unndmn  (/i/m</t 
rif/fij  rc(jf)n  istiini  /Ji'UJL'cllis  ttf/oifein  tion  nfn  life  tain  facile 
in  xftlinni  nri/uni  rcKtftiii  jtusse  :  tlit/tcn  fj/t/,  orr/xo  j/ntri',  snuf 
r  ire  re  /ibcrtm.  Cromwell  n'en  salt  que  trop  la  niaxinie  ,  mais 
on  lui  en  apprendra  (piehpie  autre  si  on  pent,  car  il  est  hien 
lin  et  hien  Iburbo.  L'Angleterre  est  fort  divisce;  plusieurs  re- 
ligions et  dkers  inlT'ivts  y  Torment  el  fomontonl  plusieurs 
partis,  (|iii  ne  s'acconleront  |)as  aisemont  ;i  ivprendre  nn  roi. 
an  pere  (lii(|iiel  ils  out  tranche  la  tete  ,  et  n^mmoins  je  ne 
doute  point  qu'il  n'y  ait  m-iininnn  '^I'finnlntlnnn  m  few-brut  , 
ijiie  le  pape,  le  general  des  jesuitosot  le  roi  d'l-lspagne  IK;  chei1- 
chent  a  y  parvenir  par  (pielque  ruse  digno  d'eux  ,  qui  soul 
maitrcs  passe-lins  en  diahlerie  politiipie:  /lo/ifim  (*(  nr*  tnm 
finn  ri'i/c/nl/.  ifi/inn  full  end  i  lioiniin  s.  Sou  vcne/.-voiis  de  la 
coiispiration  des  poudres  en  1()()5,  fimdiftu  /mlrcrnrin ,  la 


ISS  I  1. 1  IHK>    l)h    i.l  I    I'M  I.N 

loiieade  d'Angleterre,  du  /JpiHPtriHsMoiscwifirinnle.V'AH  IH(M>. 
re  soul  :  n/Km  mnmmm  /•/  coHsiliorum  ejusmodi  nebulonttin /H>- 
liticui-mn.  S'il  n'arrive  quelque  chose  de  pareil ,  toujours  est- 
il  a  craindre  on  it  soupeonner,  inais  je  ne  puis  encore  me 
persuader  que  le  roi  d'Angleterre  soil  shot  ni  si  facileineut 
re  mis  sue  le  trone  de  son  pere. 

C.Q  matin  est  mort  nil  nomine  M.  Picard ,  tresorier  de> 
parties  casuelles,  Ills  du  Picard  It;  cordonnier,  a  qui  Ic  mar- 
quis d'Ancre  lit  donner  des  coups  de  baton  1'an  1G17.  ('.ciui-ci 
etoit  un  f'ameux  partisan  a  qui  (iuenaut  a  doime  (|ualre  fbi-- 
de  I'antimoine  in  ti/jt>/i(<>.rin ;  n'est-ce  pas  bien  debuter,  /// 
riiti/nan  interceptions,  d 'y  donner  des  emetiques  el  purgatil's? 
Sic pci'cant  onmcs  fui'cs  jHiblici ,  impostures,  ]>"/>/ /c<nti ',  <•!  dim 
wircinomatu  yvuen's  lunnani.  Je  vous  baisc  tivs  liumblement 
N's  mains,  et  suis  de  tout  mon  ciriir  votre,  etc. 

DC  Paris  ,  le  tf  avril  1000. 


LtTTUK  DM.  - 

Je  vis  hier,  ce  7  avril ,  a  ma  leron  ,  M.  dt;  Rhodes.  <|iii  me 
rendit  votre  letlre;  M.  1-.  de Serres, son collegue, etoit avec  lui. 
je  parlai  encore  a  eux  apres  ma  leron.  ^1.  dc  Serres  me  li'-moi- 
gua  beaucoup  de  satisfaction  d'y  avoir  assisd'1,  me  demanda 
quand  j'en  ferois  d'autres  ,  et  me  dit  cpi'il  n'en  vonloil  per- 
<lre  aucune,  landis  (jii'il  seroit  it  Paris.  M.  de  Rhodes,  qni  a 
l)ien  meilleure  mine,  el  est  plus  grand  seigneur,  plus  beau  , 
plus  releve  ,  plus  savant,  au  inoins  qui  le  peiise  bien  elre, 
ne  tail  pas  de  tels  compliments .  aussi  n'eu  ai-je  pas  besoin  : 

Son  ('(/itidcin  hue  tttuleo,  btiiltittx  til  milti  nugi* 
I'vgin  >  lui<J' 'ti'dl ,  dare  ptnulux  idoncn  fin/to. 

Poui'vn  (pie  mes  jiauvres  ecoliers  en  prolitent ,  et  que  jil  lour 
puis>e  decharlatanei'  lamedeciiie  (I),  je  serai  content.  M.  de 

^1  Decharlntanei'  l;i  iiirdrciiir  !  (.«'!m  <|iii  rcsouclra  1111  (H  probleun' 
pourra  assuroinriit  olrc  complc  parini  Ic^  l)icnlni!fMir>  <!•'  rhurnnnlii*. 
,lc  tlirni  roininr  (mi  I'jiiin  .  fiul  .  /><>l  '  15.  I'. 


\    F.U.C.ONKT.  189 

Khodes  va  par  tin  autre  chemin  ({tie  moi ,  aussi  :ie  m'eton- 
nai-je  point  si  nous  ne  n<»ns  rencontrons  pas  de  meme  avis  : 
il  est  dans  la  polypharmacie,  //w  ;//•<*///•/»  i-xt  d<-  tl<nno,  ?m- 
/n'ricf)fnin,  im/iiii  Hoi.  •> ,  Mi-tli.  Le  grand  chancelier  d*.\ngle- 
terre  ,  Frangois  Bacon  do  Verulam  ,  a  dit  fort  a  propos,  que 
mull  itmlii  ppjnediot'ttni  rat  film  if/noi'finfifi' (\ )  ;  aussi  avoit-il 
plus  d'esprit  (jue  tous  les  empiriques.  Lc  due  d'Albe  (2;  disoit 
qu'une  tiHe  de  sauinon  valoit  plus  que  cent  kHes  de  gre- 
nouilles  :  ainsi  (ialien  vant  mieux  (pie  dix  inille  charlatans 
et  paracelsites,  soul'tlenrs,  cliiinistes ,  arabistes,  seini-dogina- 
ti(jues,  el  autres  pestes  de  notre  metier.  Af.  de  Hliodes  le  Ills 
verra  (|uel(iue  jour  si  tant  de  reniedes,  taut  de  sortes  de  pou- 
dres  et  d'eaux  ,  yuerissent  une  inaladie,  une  lievre  continue, 
une  dysenlerie  ,  etc.  ;  il  1'aut  bien  autre  chose  <|iie  du  vin 
d'ahsinthe  pour  guerir  1  hydropisie ,  etc.  Alais  il  dil  qifil  s'en 
retournera  bientdt  a  Lyon;  vous  verrez  les  miracles  qu'il  y 
t't-ra  ;  peut-etre  <|u'il  a  une  science  infuse  et  inspin'-e  ,  que  le 
Saint-Esprit  vent  nous  etrecachee:  nm/ii  ml  s/i/t/t'>/t/<in/  /icrrc- 
iii rf  /n>/itt,wnf ,  'inm  si'  j'1/n  jivm-msse  putf.i&scnt .  Dieu  soil  lone 
de  tout ;  qui  bien  f'era,  bien  trouvera.  Je  dis  tous  les  jours  du 
bien  de  Al.  Pietre ,  qui  m':i  appris  de  bonnes  choses  ,  <-t  wrin 
/It'  (unto  p)'(prepto/'c  gloi'io)' ,  «<•  ''jtt*  numibus  bcne  ju'ecoi'. 

Je  vous  prie  ,  ce  8  avril  ,  de  faire  ines  recommandations  a 
M.  Leroi  ,  le  marchand  ;  j'ai  autrel'ois  ete'  le  inedecin  de 
ses  pere  et  mere,  bonnes  gens  et  du  vieux  temps,  /v//V////> 
'////•/•/  scf-n/i.  Noel  Falconet  est  gueri  ,  il  est  alle  en  classe;  1111 
de  res  jours  de  fete  on  dimanche,  je  le  purgerai.  J'aurai  soin 
de  sa  saute ,  taut  du  corps  que  de  Tame  ,  et  je  ferai  ce  que  je 
pourrai  pour  en  venir  a  bout.  Oblige/-moi  de  me  mander  ce 
que  c'est  (|u'un  livre  latin  d'arithmetique,  nouvellenienl  im- 

I  Lc  relel)ro  (ircj'.ory  disiil  :  Ouaiul  j'otais  joiuie  iiiedtvln  .  il  n'j 
,t\aii  pas  ilo  in.iladic  pour  !.ii|iiolli>  jo  no  cimmisse  an  inoins  \ni\r,(.  ro- 
iiii'dt^  ;  a  prosoul  quo  jo  sni.-  \ioii\  iiiodocin  .  il  osl  un  i',rnnd  immbrc 
do  in.'daJirs  pour  liis<|iielles  jr  n<-  oonnais  jia-  un  ronu-ilc.  |{.  I'. 

•2    \"oyo/   I.  I  .  p.  :»-J|. 


J!)0  I.KTTHKS    I)K    MM    I'AIIN 

prime  die/  M.  Barbier,  d'un  certain  jesuile  nomine  le  per*1 
Liolaud  ,  el  menie  do  m'en  acheter  1111. 

La  paix  est  t'aite  entrc  le  roi  de  Danemark  ct  les  Suedois  , 
inais  elle  n'est  pas  encore  ratiliee.  La  paix  entre  les  Polonois 
<;l  les  Suedois  est  bien  avancee.  Quaireprelats,dont  M.Tarche- 
veque  de  Lyon  est  le  premier,  out  le  brevet  d'etre  comman- 
tleurs  du  Saint-Esprit  en  la  creation  de  I'an  proc-bain  :  les 
autres  sont  MM.  d'Embrun,  de  (lastres  etdn  Mans.  Le  jeune 
M.  de  Rhodes  etoit  encon;  bier  a  rna  lecon,  bujnelle  Cut  fort 
bonne  :  ii  m'y  proposa  lui-memc,  <m  in  yonorr/i<P(i  rirnli'iitu , 
</n<>iito<{t>  <•!  quondo  cnniix-fnt  ri'mt;  xfcfid':'  il  s'y  rencontra  plu- 
sieurs  medecins  etrangers  el  de  diverses  villes  <|iii  sont  ici 
pour  des  afl'aires  qu'ils  ont  au  conseil.  ,Ie  \ons  liaise  les  mains, 
vl  suis  de  tout  mon  ccpnr  votre,  etc. 
Do  Paris,  !<•  y  ,-ivr 


LETTHK  I>VII. 

Je  vous  t'-crivis  veudredi  dernier  qnatre  ^randes  pa^'es  de 
marcbandises  assez  nuMees :  c'est  ainsi  (|ne  je  me  diverlisavec 
vous,  persuade  que  je.  suis  cpie  vous  ne  It;  Irouvere/.  pas  man- 
vais ;  vons  les  annv.  recucs  de  M.  Laiifilois,  seer(''taire  de 
Mgr.  rarcheviNjue  de  Lyon.  J'ai  rencontre  deux  i'ois  ,  depnis 
Imit  jours,  votre  M.  (iras  par  les  rues ,  AV////W  ///'•  i-n/  minx  ct 
itl/'iii  . 

On  (lit  ici  que  le  roi  pourra  el  re  marie  environ  le  1(5  mai. 
•et  que  tot  apres  il  reprendra  son  cliemin  pour  revenir  ;i  |;on  - 
tainebleau.  On  batit  an  f.ouvre  ,  et  Ton  (lit  que  I'hiver  pro- 
chain  il  n'y  pourra  pas  denieurer ,  /;/v//-'/''/-  iiii/n'/-/<-/-///iH  <>-//i- 
IK  nun  ,  mais  (|u  il  sera  an  chateau  de  Vincennes  ,  ijiie  i  on  a 
loi  t  a^randi ,  et  c[u'il  y  passera  tout  I'liiver. 

.le  soupai  ,  le  I  -2  avril  ,  hier  an  .soir  cluv.  .\! .  le  pivniier  pri'1- 
videnl  ,  aiupiel  jc  recoiinnandai  I'ori  I'iiH'aii'e  de  volre  eolli-^e. 


A    rU.t.ONET.  101 

et  meme  je  1ft  lui  iviterai  plusieurs  fois.  Je  hit  dis  qu'autre- 
I'ois  le  nouveau  consul  avaucoit  <le  grandes  sommes  pour  les 
necessites  do  la  republique  romaine  ,  et  quo  la  moindre 
somme  etoit  decentmille  ecus.  II  me  demandaoii  j'avois  ap- 
pris  eela  ;  je  lui  repondis  que  cola  s'appelloit  nunnn  uhlnti- 
tiniii,  et  que  j'avois  un  bon  auteur  quo  je  lui  produirois  ft  que 
je  lui  nomrnai  ;  il  se  mil  it  me  parler  de  cet  auteur  et  de  sou 
merite,  et  apres  me  dit  :  «.  Mais  comment  faisoient  les  con- 
suls remains  qui  etoient  pauvres?  »  Je  lui  repondis  (ju'appa- 
remment  ils  avoieut  des  amis  qui  ,  connoissant  leur  probiti-  , 
avaucoieut  pour  eux  lameme  somme,  puisque  c'etoit  une  lot 
on  tout  au  moins  line  coutume,  (jui  etoit  fondee  sur  quelque 
necessite,  comme  I'etoit  uotre  altaire,  de  mainteuir,  en  plai- 
diint  ,  les  droits  de  la  bonne  medecine  contre  les  chirurgiens 
eL  les  apothicaires,  Itaininmn  (/runs  sujjerbmn  ,  /•i.rtisni/t  ,  mn~ 
1'iiMini  ,  (it'tirmn  ,  contfusiusion,  litii/io.onn  ,  fiy'iistum  ,  sans  plu- 
sieurs autres  mauvaises  qualites  (ju'ii  n'etoit  pasbesoin  de  de- 
signer. II  se  mil  encore  a  rire;  je  continual  aussi  de  lui  dire 
(|u"d  n'y  avoit  a  Paris  aucune  compagnie  on  celui  qui  etoit 
recu  ne  donnat  quelque  argent:  les  muitres  des  requetes  en 
prenant  seance  donnent  mille  ecus  ;   les  conseillers  des  en- 
(juetes  et  des  requetes  donnent,  <in>n  i>r<i'*cnt<in<.'0,  quiu/e  cents 
livres;  les  chirurgiens  et  les  apothicaires  en  donnoient  ;  les 
serruriers  ,  les  menuisiers  ,   les  chapeliers  ,  les  cordonnierset 
les  savetiers  mettoient  dans  la  hoite  ;  que  sans  cet  examen  ri- 
goureux,  Lyon,  qui  etoit  une  bonne  et  riche  ville,  et  la  pre- 
miere de  France  apres  Paris  ,  s'empliroit  incontinent  de  char- 
latans  qni   viendroient    sy  habttuer   ch's    pays   (Yudidittns, 
(luyenne,  Languedoc  ,  Provence,  Imininnm  </cnns  ii/n/inuii  , 
urui'ttm  ,  liifi'/  a])petentissi}nit>n  ,  (jui  ne  chercheroient  ce  posle 
que  pour  s'y  habituer,  sans  avoir  envie  d'y  bien  faire. 


(ieneve,  laSuisseet  I'Allemaune  .  el  mT-me  I'lh 


1U2  I.ETTHF.S    DE   (,n    I'.vTlN 

pague,  ne  manqueroient  pas  de  gens  alteres  qni  viendroient, 
bien  qu'inconnus,  a  Lyon  ,  planter  le  piquet  pour  y  debiter 
lews  denrees,  ></  renderent  suunt  /torcnm;  que  les  lois  et  la  dis- 
cipline de  votre  college  et  la  sommo  de  cent  ecus  serviroient 
de  barro  a  reprimer  et  a  eiupeeher  nue  parlie  de  lets  abus; 
que  deux  provinces  au-dela  de  Lyon  etoient  pleines  de  j nil's  , 
qnurnm  sin/imiati  eruf  rottti/i  decipcre  gentein  ,  </ito  nomine  ehris- 
liuno*  hit'tUii/mit.  11  me  proniit  <jn'il  se  souviendroit  de  tonles 
Dies  raisons;  il  ni'a  prie  de  retourner  souper  avec  lui  di- 
manche  prochain  ,  et  c  est  pour  niui  un  conmiandement.  Si 
votre  affaire  nCst  pas  faite,  je  In!  en  reparlerai.  J'ai  averli 
Af.  lii(|uier  (|u'apres  qne  M.  du  Tillet  lui  aura  parle  de  ('ex- 
pedition, je  retournerai  ,  s'il  en  est  besoin ,  en  parler  a  AI.  It! 
premier  president  devant  dinianche.  Voila  ce  <|ue  j'avois  a 
vous  dire  sur  ce  point  pour  vous  rendre  coinpte  de  ina  coin 
mission 

Le  jeune  de  lUiodes  ni'a  dil  ce  inatiii  (|iit;  M.  son  pere  lui 
pcrmet  de  demeiirer  a  Paris  jusqu'au  retour  du  roi ,  et  qu  en 
attendant  ce  retour,  il  s'en  va  f;iire  un  voyage  en  AniilettM'ie , 
llollande  et  en  Flandre  pour  y  voir  les  uhiversites.  Je  lui  at 
promis  des  lettres  pour  Londres ,  1'trecht,  Leyde,  Douai, 
Louvain  et  Bruxelles;  j'ai  lii  partout  de  bous  amis.  II  pourra 
etre  avert!,  en  quelque  pays  (ju'il  soil .  du  retour  du  roi ,  el  il 
se  pourra  reudre  ici  pour  cette  solennelle  entree;  mais  quo! 
(|u"d  en  pense ,  je  crois  qu'i!  feroit  mieux  de  s'arreter  ici ,  et 
de  tacher  d  y  apprendre  plusieurs  bonnes  clioses  de  la  pi'a- 
ti(jne  <|u'il  ne  sail  pas  encore  :  peut-etre  <|u'il  croit  les  savoir ; 
neanmoins  en  tout  ce  voyage  il  pourra  voir  plusieurs  clochers 
dout  il  u'aura  jamais  I'otfraude.  ()nid  i>st  /x.'/rf/r/n'/f /,,.''  /•.>•/ 

ln(jHH'ln  Cni'jHiriS  I't  lilUllll  SHU'  l'//0  jl'lietll  /ucfutni. 

J'avois  oublie  de  vous  dire  que  AI.  le  premier  president  me 
lit  hier  boire  a  sa  ?ante  du  vin  blanc  de  ('.ondrieu  (|iie  lui 
avoit  iloiiiie  M.  Amat,  letjiiel  est,  comme  je,  crois,  un  cele- 
bre  partisan;  je  ne  sais  s'il  esl  dt'  Lyon.  Alais  que  direx-vous 
de  moi  ?  Ne  vous  suis-je  |»;IN  ennuyeux  et  trop  iinporlun ,  avec 


A    r.Vl.f.ONKT.  !<).'{ 

mes  letlros  trop  longues?  l-'m-lt  lu,<-  ////////•  ///  un-  fn/s:  d  me 
semble  que  je  vous  liens  ci-ans  et  quo  nous  devisons  en- 
semble (P. 

On  (lit  que  le  roi ,  etant  marie,  s'en  ira  du  C('ite  do  la  lliv- 
tagnc ,  puis  en  Nonnandie,  et  qu'il  en  tirera  quelque  nou- 
velle  somme  d'argent ,  qu'il  espere  de  trouver  pluUH  en  ce 
pays-la  qu'ailleurs,  et  apres  (|ii'il  se  rapprochera  de  Paris ; 
que  tout  le  pays  par  lequel  il  est  passe  est  aflame  et  mine.  Je 
le  erois,  mais j'ai  de  la  lionte  (jii'il  soil  vrai. 

L'atl'aire  de  M.  dedorris  est  encore  la;  jo  ne  sais  <piand  elle 
sera  jn^ee.  II  vouloit  etre  retenu  a  la  ehambrede  1'edit,  oil  il 
y  a  nn  ou  deux  conseillers  huguenots;  mais  il  a  ete  ronvoye  ii 
la  grand'cliainbre,  laquelle  est  |)leine  de  conseillers  clercs  (|iii 
Ini  feront  prrdre  son  proces.  11  m'est  venn  visiter,  el  m'a 
j)i'ie  de  Ini  signer  son  papier,  ce  que  j'ai  refuse,  Ini  disant 
quo  c'eloient  des  suffrages  mendies;  (ju'il  falloit  (|iie  cela  se 
lit  in  loco  mojunun  ,  e'est-a-dire  en  nos  ecoles  ,  si  le  parle- 
ment,  <|ni  en  est,  saisi ,  le  renvoie  a  la  pluralite  de  nos  voix 

Je  viens  d'appreiulre  de  M.  Hiquier  <|iie  vos  statnts  som 
verifies  en  parlement,  entierementet  sans  ancnne  restriction, 
j'en  suis  tout  rejoui ;  je  ne  manqnerai  j)as  (Ten  remeivier 
M.  le  premier  president  dimanclie  prochain.  M.  Iliqnier  en 
ecrit  a  M.  Michel ;  je  vous  prie  de  Ini  faire  mes  recommanda- 
tions.  II  mourut  bier  a  Saint-Louis,  rue  Saint-Antoine,  nn 
fiuneux  et  savant  jesuite,  nomine  le  pere  de  Lingendes  ^-2} , 
age  de  soixante-onze  ans.  Je  vous  l.taise  les  mains,  el  suis  de 
tout  mon  co-ur  volre ,  etc. 

De  Paris,  cc  1IJ  avril  16(i(). 

J)  Tel  ost  en  ellet  le  caraclcre  de  cos  leUres  ;  ee  nV-t  (m'line  con- 
versation spiriluelle  .  savanle  et  \ariee.  Heiireux  lo  lioniiucs  doues  <le 
ce  rare  talent,  et  qui  .  apres  dcn\  siecles  ,  «-a>enl  cm  on  inlcros^cr  la 
posterite  a  leurs  idees  el  a  lenrs  affections  !  |{.  P. 

.2)  (-laude  de  Lingendos,  ne  a  Moulins  en  15ill  .  Ini  rectenr  dn  cul- 
legc  (!(•>•  jesuites  ;  il  >e  dis(iti{;un  cinnnie  preilicatriir.  Ses  Sfi'mon*  out 
etc  publics  a  Paris  en  UK  ill  ,  :!  Mil.  in  S". 

1!!.  |'{ 


M  I.KTTIIKS  UK  i;ri  PUIN 

LETTRE  Will.  --  An  nithnf. 

.le  ei'ois  quo  vos  jeunes  gens  do  Lyon  sont  arrives,  car  on 
m'a  dilqu'un  jeuno  liomine  bien  t'ait,  nomine  31.  Housselet , 
ce  I/  avril ,  m'est  vcnu  visitor  pendant  quo  j'etois  on  villo. 
31.  1'avocat-general  Talon  n'a  point  encore  donne  son  plai- 
doyer  centre  Ics  chirnrgiens,  lesquels  conimoncent  a  so  ron- 
dro,  ct  (untiiin  tandem  tnunn  j'aruckun  (I ('[1011  tint.  On  leur  a  dif 
quo  s'ils  plaidcnt  sur  nne  reqnrte  civile  cotiliv  nous,  ils  en 
paieront  I'ainende  do  400  livres  ,  et  qn'ilsdeclierroienl  encore 
do  tons  droits,  vu  quo  ce  seroiont  les  monies  juges,  les  monies 
raisons,  les  monies  causes;  viuju'ils  n'avoient  aticune  prouvo 
do  lems  pretentious,  et  mds  privileges,  dont  jnsqn'ici  ils  se 
sont  vantes,  sans  en  avoir  t'ait  aiicune demonstration.  (;////y//\ 
/n,sifis,  ils  perdent  1'envie  do  plaider,  pom-vu  (jne  nous  vou- 
lions  bien  lour  faire  quelqne  ^race,  et  surloiil  do  lour  laisser 
leuriwmde  coll(:ye ,  Icvr  rub<' ,  leur  honnel ,  (les  gens-la  n'ont- 
ils  pas  bonne  grace;?  N'est-il  pas  vrai  quo  wijicrb/a  cumm  nun 
imn'itui'?  rrnn/s  nt>n  c.r(/n//t(i///r.'' 

Jo  donnai  liier  nne   lettre  pour  vonsii3l.  do  Kliodes,  le- 
(inel  s'en  va  bientiH  en  An<>-leierre ;  c'est  un  iiavs  oil  il  n'v  a 

1  I*/. 

point  do  loups.  En  recompense,  il  y  a  iei  tres  grand  noinbre 
do  gens  qui  devorent  coinine  les  loups  la  substance  du  genre 
hnmain  ;  il  y  a  force  partisans  do  toule  sorte,  il  y  a  [)iiissain- 
meiii  (It;  la  chicane,  dont  tons  les  gens  do  bien  se  plaignoni 
fort,  et  inenie  31.  le  premier  president,  ipii  s'en  plaint  extra- 
ordinairement.  11  y  a  dans  ce  siecle  nne  certaino  initpiitc,  tine 
injustice  generate, une  impuniti-  do  la(|iielle  tons  Ics  mediants 
abiiscnt.  tics  niechamment.  L'on  met  ici  tons  les  jours  do  imu- 
v-iui\  iiiqnMs  sur  les  denrees ,  sur  Ics  marchandises,  nt'c  cxi 
<{///  ni'i-iif(i(.  Le  mal  est  si  grand  qn'il  va  jusiprau  saiictuairi' : 
les  inoiucs  n'onl  point  les  mains  gourdes  ii  acNjuerir  du  bien 
des  families  par  donations ,  le.-lamoKl>,  (-1  prenneiil  I'ar- 
;.,  nt  i-iiiiij'taiit  i|ii'il'-  jii'iiven!  atlraper  |i,ir  lems  belles  et 


A    FAI.CONEI.  H'f) 

douccs  promesses  :  ils  promettent  boauconp  ,  mais  ils  in; 
livrcnt  rien.  I'li'unn  smmlinl><-t  mi't'ot  w*  ••  nosfrn  ;  CO  n'est  plus 
tantdt  quc  1'oiblcssc,  laeliete,  fourberie,  ignorance,  cabale  , 
trahison  ,  syncretismits  cnm  phnnnucnjuuis^  <•(  tur/ic  cuntn/i  r- 
ciumper  jntlveres,  parcti  <jrnn<i.  narco/tcti,  stiltiunidiHjjhureti- 
cnm  ('Hin  pnlt't'1'c  mnrf/at'iffii'uni  ml  roborniuliiiu  centi'iculum. 
L'uii  vend  dcs  tablotles,  1'autre  ile  la  guiiiinc  ^iittc  purgative  , 
1'autre  a  des  secrets  poui'  la  rate;  de  sorte  (jue  jo  mo  sens 
oblige  de  dire  avec  ce  pocte  gonereusement  ,  quoi<|iio  DOII 
sans  plainte  : 


()  pndor!  <>  atolidi  pra>ccps  ci- 
Qiianliila  pars  remm  csl  ,  in  qua  .«p  glorin  Inllil  ? 
Ira  f  remit  ,  riu'tus  cranium!,  dolor  tiril,  njc^laf 
(  Ogit  o/)..*,  fcn'o  ,  timid  i  i*  ,  fl'innixi  (ilt/iic  micno 
Ccntiliir,  cl  tit'jiido  frrnnl  IUUIHIIHI  (ninnHit. 

No  vovi'/.-vous  point  la  nne  (idolo  description  de  nos  caba- 
listes,  bourreaux  publics,  //<•/•  snu  vcncnu  rm-tnlllcn  ^  i<t  i>r<r- 
tt'.i.'/u  itnrtfii/tx  iHi'iiiitus  ilffi  jiitmt  ,  rl  n'n/itit(/y  ti/'rtjttiiitt  .'  ()  ran 
*\i:<!<T(il>  //<'n/!  O  ft/emu*  Ixii'i'i'iulinn  !  Si'tl  j'l'iintrn  fjut'i'liiint'  :  il 
n'y  a  plus  de  jiisticc. 

On  parlo  iei  du  retablisseinent  du  rui  d'Aniileterre,  rl  (|iic 
trois  milords  de  Londres  le  sont  allies  trouveraBi'iixelU's  poiir 
trailer  avec  Ini  ;  ma  is  son  parti  n'est  point  encore  le  plus  furl, 
il  n'y  doit  point  aller  qn'il  n'y  voie  plus  d'apparence.  (A-  \>rc- 
lendu  retablissemei't  ex/  n'-i/of/tm/  fjcrtintbiiluim  /n  /'•//'///•/>•,  ijui 
ne  reiissira  qne  par  unc  i^randc  iurco  bicn  ccialantc  on  par  dcs 
linesses  dun  cabinet  aiupiel  prcsidtTOJil  jtent-tHn.1  le  |>apt'  ,  le 
general  dcs  jcsuitcs,  le  roi  d'Kspa^ne  ,  (piclques  cardinaux  , 
ct  pent-etre  lila/.arin. 

On  m'a  dit  ee  matin  die/,  tin  marcliand  (|u'un  mcdcein  do 
Lyon  ,  jadis  huguenot,  mais  venf,  s'etoit  fait  cliartreux  ;  si 
cela  cst,  ce  pourroit  ctre  votrc  .Meyssonier:  jc  crois  qn'il  ot 
a>st-x.  ion  pour  ci  la  ;  mais  les  moincs  voudroicnl-ils  bicn  dc 
Ini  ?  Sonl-ils  asse/  ^tin>  dc  bicn  pour  ^c  cliar^t1!  d'un  tcl  Ion  ? 


Aviv  do  Ids  i{C!i>  il  I'M nt  do  la  patience.  .Noel  Falcone!  .  ce 
I"  avril  ,  eiudie  bien,  et  assisle  sou  vent  a  mes  lecons  an  C,ol- 
leije  royal;  il  a  etc  bien  satisl'ait  dece  quej'aidil  aujonrd'hui 
<lf  nlt'iiitinl  in/'  fjl  nu'iiilin  :  quod  stniiiiii.ini  in  ill  is  ///v/'x/V///////  \// 
ri'itu'  sec/ in ,  qnando  <•(  I/HO  modulo  wlcbrundu .  Vous  save/  qne 
de  jennes  medecins  doivent  savoir  cela,  et  neaumoins  il  yen 
a  encore  plusieurs  qui  en  doiilent ,  <vV  </"/  mm  intclliijnni . 

Voila  M.  Dnchef,  ce  18  avnl,  (jni  vie.nt  de  me  jirier  de 
parlor  a  M.  le  |)remier  president  pour  raudienee  <pi'ii  ma 
promise  pour  M.  et  madaine  de  Vordun  .  qui  sont  arrivt;s  ici 
de|)uis  trois  jours,  .le  mesuis  cliarut':  de  voiis  Cairo  ses  recom- 
mandations  ;  j  IMI  [tarlerai  co  soil1  ii  M.le  premier  president. 
J'onlretins  liier  an  soir,  ce  1'.)  avril,  M.  le  premier  pre- 
sident .  lo<]iiel  je  remerciai  i'ori  de  I'lirrel  <|u'il  avoit 
rendn  pour  les  medecins  do  Lyon  :  il  me,  [trit  par  la  main,  et 

1110  (lit  :  I  <>HX  t'Ci/c-  if  (Tf'lllt  '/'(I'  i'l/lt:-  nri'Z  u  I u  <j rii/tiT <'ln/i/ilirt'  , 
units  ii  i/  >ic* nis  rn-n  rabattn .  Je  lui  dis  OllSUltO  (JUO  M.  le  com  to  de 
Verdun  et  madair.e  la  comtosso  etoient  arrives,  et  (jii'il  lour 
avoit  promis  une  audience;  (ju'ils  n'eloient  veims  quo  snr  la 
parole  quo  je  leur  avois  donnee.  II  me  repondit  :  ('<_•  snnt  dcs 

I'I'I'(U>I'U.')'S  II    111!  I    /''    </<!!S  ftCK  Hl'lil'  IH'I  N  ,'  Jf    Hi    I'll  (ll'-IIH  l(t  I'l'tll   Illllllltl 

/c  /lOtti'/'H/ .  11  in'a  Cait  promettre  que  j'y  retournerai  dans  Imit 
jours,  et  jerenouvellorai  mes  instances  i  .  II  in'invita  I'ort  a 
boire  a  sa  santo ,  et  j'y  bus  deux  1'ois  du  viu  de  (loudrieu,  le 
moil  leu  i1  quo  je  bus  janiais;  on  m'a  (lit  (juc  c'ost  d'un  present 
rpie  lui  out  fait  3!M.  les  comtes  de  Lyon. 

On  viont  de  mettre  dans  lo  Chatelet  do  Paris  un  iusiyne-  vo- 
lour  prisoimier.  (jut  so  Caisoit  appolor  le  Solitaire;  il  avoit 
I  audace  d'arretei1,  lui  lout  st'id  ,  uu  c.arrosso,  et  de  so  fair.1 
doimer  de  I  ardent  ,  on  do  proildro  les  ba^ues  et  les  perlesdes 
dames  qui  sy  roiicoiitroit'lit.  (Juand  on  a  commence  a  I'in- 


1  On  \oit  hi  jjrandc1  ('onsuleralion  donl  jouissnil  (iiii  1'alin  chc/.  los 
magistrals  lo>  ]>!u~  i'lc\(;s  en  di^nilo.  il  nr-  sc  \anle  pas.  il  nc  so  flallc 
pas :  il  racoulo  .siniplcuionl  c<' riifil  a  \n  .  ce  (jn'il  a  tail,  oo  ipi'on  lui 
adit.  'It.  1'. 


terroger,  il  aditmi'il  etoit  homme  de  bicu,  <pt On  lc  prenoit 
pour  un  autre  :  ainsi  discnt  tous  les  larrons  la  veilleqti'on  les 
pend  ;  c'est  ainsi  que  |)arloient  a  Naples  les  galeriens  du  due 
d'Ossone.  I'n  eouseillcr  du  (lliatelet  me  viciit  de  dire  que  e'est 
un  gros  gareon ,  Ibrt,  qni  n'a  ([lie  vingt-deux  ans.  Si  Ton 
etouifoit  tons  les  louveteaux ,  les  loups  ne  mangeroient  plus 
les  agneaux. 

Hier  an  matin  nionrut  ici  d'apoplexie  un  iiounete  liomme, 
nomine  M.  Voisin,  preti'e  ,  jadis  eonseiller  au  i^rand  roused  , 
t'rere  du  l>eau-frere  de  M.  Talon,  avocat-general ,  et  Ills  de 
Voisin  ,  grol'iier  criminel  de  la  cour,  donl  il  est  parle  it  la  m<jrt 
du  marechal  de  Birun ;  il  a  fait  beaucoup  de  leys,  et  cntic 
mitres  il  a  laisse  prrsde  1(K),0(!0  <'ctis  a  I'lu^pital  general. 

M.  lc  Prince  est  en  Bourgogne;  on  lui  impute  des  lettrcs 
<|ui  sont  venues  de  la  cour,  par  les(juelles  M.Millotet,  avocat- 
gei)('iral  de  Dijon  ,  est  interdit  de  sa  charge. 

On  a  public  en  llollande  une  reponse  a  la  harangue  (pie 
M.  le  president  deThou  ,  not  re  ambassadeur,  leuravnit  faitc. 
etqu'il  avoitenvoyeededee.a  tmprimee,  <jue  lega/etier  mcme 
a  dereehef  imprimee.  Je  vons  jtaise  les  mains  et  a  mademoi- 
selle Falconet ,  et  snis  de  tout  mon  C(eur  voire ,  etc. 

Do  Paris,  lo  2((  avril  1  <>(>(). 


Lc  samcdi  2i  avril  aimivc'/sairc  du  m;ii'(|iiis  d'Aucrc  an 
bout  de  quarante-trois  ans  ,  la  cause  de  .M.  de  (iorrJN  Cut 
appelee  a  la  grand'chambre  :  mais  son  avocat  n'\  Cdinparul 
j)oint;  la  cause  Cut  remise  it  la  huitaiuc.  et  en  atlcndanl  de- 
fense ;i  lui  de  se  poum.ir  ailleurs.  Je  crois  ijii'il  |»erdra  sou 
proces ,  el  neamnoins  (juenatit  a  fait  lout  ce  ijiiil  a|)tipour 
lui  ,  el  UK'' me  M .  le  j  ires  K  leu  I  de  \esiuoud  a  vou  lu  el  re  son  in- 
tercesseui1  vei's  M .  U1  premier  president, ."  il  // -nsi ,-n .  I,a  gr;md  - 
'•liambre  e.st  pleiue  de  eonseillers  -eli'rc>  ijiii  seroiit  eontrr 
les  hllgliciiols  :  e{  de  plu>.  .M  .  le  premier  president  les  |i;iit 


M)s  i  KI  TKL>  m;  ..I  i   i'Aii\ 

tort,  bieii  qu'il  no  soit  encore  qu'ohsede,  et  non  pas  possede, 
tjiirihi  ttit/olitico  \  ! ;. 

Lo  diniancho  -2^  avril  ,  j'ai  rccu  votro  belle  leitre;  je  par- 
ticipe  a  la  joioque  vous  avo/  do  la  verification  devos  statnts, 
et  suis  lortrejoui  quo  vous  soyoz  content  do  ines  raisons  et  de 
mes  diligonces  envoi's  M.  lo  premier  president.  Je  vous  priu 
d'assurer  tous3IM.  vos  collogues  do  nios  services.  J'ai  avanco 
a  M.  l\i(|uier  GO  livrcs  10  sous  pour  lover  votre  arret  (ju'il  a 
1'allu  reformer;  mais  apres  qu'il  a  appris  quo  cela  couteroit 
bieji  davantage,  i!  m'a  domando  autros  (H)  livros  (pie  jc  Ini  ai 
bailloos,  pour  lesquelles  deux  soinmos  j'ai  son  rccepisse :  jo 
crois  qu'il  s'attend  do  Cairo  partir  le  tout  dans  votre  boite  pour 
le  memo  jour  quo  celle-ci  partira,  et  quo  M.  do  Hliodos  y  fora 
ses  diligences  vers  le  mesSager. 

Los  affaires  du  roi  d'Angloterro  s'avancont ;  mais  on  m'a 
(lit  qu'onlui  a  prescnto  ties  conditions  bien  (Hranges  ,  et  entiv 
autres  ipie  la  reine  sa  mere,  ni  MM.  sos  treres,  no  rolournoront 
jamais  on  Angleterre ;  qu'il  ii'epousera  point  do  foniino  ipii 
no  soil  protostante  ;  (jiTil  no  donnora  aucune  libertt'1  aux  cu- 
tholirpies  romains  ot  autres. 

On  dit  ici  (|ue  la  paix  ost  fort  avaneoo  outre  lo  roi  do  I'o- 
logno  et  les  Suedois,  et  do  plus  encore  onlre  la  l-Vanco  o( 
I'Einpiro,  et  qu'il  y  a  grando  a]i]iarcnco  (pie  nous  n'aurons 
point  do  guerre  cctte  anniH'. 

.M.  d'llervart,  ci-devant  inlondant,  ot  aujourd'hui  contn'*- 
leur  gcni'ral  dcs  linanccjs,  fait  ici  do  grandes  brigues  pour 
Cairo  recevoir  son  Ids  consoillor  do  la  four;  on  y  lait  do  la 
diflioulto,  non  point  pour  hi  religion,  car  il  doit  y  avoir  six 
huguenots  dans  lo  parloment  do  Paris,  mais  paree  qu'il  est 
(ils  d'un  jtartisan.  Voila  co  (pi'en  disont  coux  qui  It1  vtMdtMit 
refuser,  disant  <pio  co  jx'-ro  a  trop  do  biou  pour  n'avoii1  pas  fait 
co  ni(''tior  la.  Lo  pore  rcpond  <jue  non,  >•/  ni'ijni  fur/tfn',  sou- 
tenant  qu'on  in1  pent  montroron  aucune  facon  ipi'il  ait  jamais 

(I)  Distin. '(mi  subfile  ct  pari',ii(eiiicnl  jn--l<'.  ('.cpoadjuil  !NI  <l^ 
L;;iiioi;;iioii  nc  ful  jniuai*  eulit-reiiionl  ]>o'r(''(te  (.]<•  rcl  csprii  si  abhorrc 
<lc  noire  auteiir.  '»•  '*• 


\    I'AU.O.Ntl  .  I'.'.' 

Irompc  dans  aurnn  part:  :  o'ost  quo  Irs  partisans  n'\  nioltent 
plus  lour  propn;  110111 ,  inais  its  on  snpposont  un.  Snrsos  pro- 
tend ues  finesses  ,  lo  parleinont  est  tort  en  division,  ot  ils  no 
s'ficcorderontjamais  sans  bruit,  ft  (ihsqu:-  muluu  odiu.  Yous 
no  (loutex.  pas  quo  la  corruption  ne  soil  grande  ot  qnVlle 
n'aille  bien  loin  ;  e'estce  diou  imtmmomi,  dots  iniquitatis,  qui 
fait  tout  cela. 

II  y  a,  co  -26avril,  aujourtl'liui  cent  ot  deux  ansqneJ.  Ker- 
nol  mourut,  belle  ame  ot  bien  illustre,  dont  la  niomoire  du- 
rera  antant  quo  lo  monde,  tint  snllt.'in  qwnndiu  /tunus  /mbebitur 
/Hint's  lifcris;  il  ost  enterredans  Saint-Jac(jues-de-la-Boucherie, 
ici  pros.  J'y  mono  souvont  ines  deux  Ills,  los  exbortant  <lo 
dovonir  commelui  (lV  Jo  soupai  bier  an  soir  cbez  M.  lo  pre- 
mier president,  oil  plusieurs  snrvinrent  (|iie  Ton  n'attendoit 
point ;  on  y  parla  fort  do  M.  do  Tbore ,  president  dos  enquotos, 
lils  do  ton  M.  l^irtioelli  (rKinory,  surinteiulant  jo  dis  dos  li- 
nancos,  qui  otoit  un  jjrand  larron  (-2,.  (^o  lils  president  a  etc 
Ibudeja  plusieurs  t'ois;  mais  tlepuis six  inois  il  1'osl  plus  Corto- 
mont  quo  janiais,  (>t  6to  tonteesporanco  d'ainendenient ,  t/u/n 
fid  inrliurrm  iiirntait  nun  /v/v/7/^//',  nt'r  nllu  ij/>tin<'t  (lilucidn 
intervalla,  tjutf  spr-in  ri'lhiqimt  Tc,o  ia'^ctv  in  tali  ilt^iiiimtiu1  </e- 
iterc.  On  parle  de  vendre  les  charges  ot  do  lo  soparer  d'avoc  sa 
f'einmo  ,  hupiello  no  lo  vout  point  (piilter  ni  so  si'paror  dt1  Ini. 

r\]  On  nc  s.-iurait  croiro  lo  de^iv  do  ro^poot  qn'on  avait  pour  !o^  an- 
torilos  modicalos  dans  los  ancioinios  facultcs  :  eY-lait  unc  o«peoo  do 
rullo.  I'oiit-elr**  y  avail-il  do  Palms  ;  mais  aussi  coiubion  d'avantai;os 
<lans  colto  solidarilo  ,  dans  ootlo  lorco  collective  ,  dans  co  prmoipo 
(Peinulalioii  ropandu  panui  los  nicinbros  do  la  inomo  corporalion  !  I'oi- 
sonno  no  hi  pin-,  aujottrd'hui  los  IIMOS  do  l-oniol .  donl  plusiours  ol  IHI- 
tanuiionl  son  (railo  de  Abditisrcrum  cnnsis,  -out  rciii|)lis  d'orrour.1* ;  ol 
cepeiidant  T'oniol  pas-i',  a\oc  raison  >  pour  rn  illu-li'o  inodocin.  II 
out  IIDM  .M'liloinoiil  lioaucoun  do  -avoir,  inais  nil  lalont  \rannonl  di-- 
lin^iio  .  UM  oii'iir  loyal  ol  liaul  place  :  son  niorito  ,  sa  oonduito,  son  in- 
lluonoo,  lironl  voir  quo  la  lionno,  la  vraio  inodoc'ino  ost  souvonl  lYspril 
dol'luiinanito.  H.  1'.^ 

2^  \  cno/,  'a  note  sur  d'Kinory,  I.  II  .  p.  IV>. 


:"(  0  I.K1TUK>    I)K    (, I  !    I'M  l\ 

All  oontraire,  sa  more  lo  demande ,  ot  qu'il  soil  remis  on  ses 
mains  et  en  sa  garde;  et  coinme  il  n'y  a  point  d'enfants,  on 
vent  <pie  la  femme  se retire,  ayant  pris  son  bien  etses  droits. 
ce  qu'elle  ne  vent  point  faire,  et  c'est  le  proces  dont  il  sera 
demain  parleenlagrand'-chambre.  Eton  attendant,  Ies  sages 
remarquent  la  malediction  qui  toinbe  tons  ies  jours  sur  le* 
families  de  ceux  qui  out  gouverne  Ies  finances  depuis  qua- 
rante  ans  ,  tomoin  oelles  du  marechal  d'Kffiat,  de  Bullion  , 
Bouthilier,  Fieubet ,  Bossuet,  du  president  de  Maisons,  de 
feu  M.  Semen,  d'Emery  et  autres,  ^mirnm  'mnniim  nun  tn<-f- 
hunhir tninix i>r<i.riiin'  SHCfcsxiit'is,  qui  out  ete  Ies  bourroaux  ct 
Ies  sangsues  de  ec  royaume  depuis  taut  d'annees.  .le  n'y  veux 
point  oublier  le  cardinal  de  Kichelien,  dont  Ies  deux  neveux 
so  sont  fort  indignement  marios,  bien  qu'il  ait  vole  plus  do 
60  millionsa  la  France  pour  tacher  d'enriohir  samaison,,/»s^' 
recompense  ft,  /i>/nifio/>  divine,  (lit  Homenas  dans  I'Anfi.'i/i- 
fr-'oicoisdu  pnntagrwltsnie.  In  poete  ancien  a  dit  :  Ccrtc  latitu 
c*f.  d/'iD'Hiu  iru,  ftcrn  tmnpntacitis  pcdibax  n-nit.  Qui  bien  fora, 
bien  trouvera,  on  1'Ecriture  mentira. 

Le  pape  a  fait  huit  cardinaux  nouveaux  ,  dont  il  y  a  un 
Mancini,  neveu  de  son  Eminence ,  <pii  a  la  nomination  do 
France  ;  un  pour  Espagne,  qui  est  un  evequo  d'Aragon  ;  nn 
pour  Vionne,  parent  do  romporour  ;  le  quatriome  pour  le  roi 
de  Pologne;  le  cinquieme  esl  Vi'iiitien  ;  lessixieme.  septiomo 
et  hnitieme  son  I  Italiens. 

On  (lit  aussi  <pi'il  y  a  une  trove  do  six  semaines  ontre  le 
roi  .  la  Sut'-de  ot  1'empereur:  ot  l'eto  prochain  nous  n'aurons 
guerre  nulle  part. 

M.  l\i(piier  me  vient  de  dire  (ju'il  a  aujourd'hui  apros  midi 
di'-livre  a  M.de  Bhodes  votre  petit  colfro  avoc  Ies  pieces  ro- 
quises,  et  <pi'il  vous  a  maiido  <pi'il  avoit  rerii  do  mes  main^ 
six  \ingt  livres  dix  sous ,  <pid  (Mi  a  |>aye  Ies  expeditions  an 
grell'o  du  Palais  el  ailleurs,  qu'il  on  est  content  ,  et  qu'il  no 
desire  rien  da\  anlago.  .It:  vous  prie  do  dire  a  M.  Michel  quo  jo 
suisson  Ires  Imml.do  sor\'itour,  ot  do  menie  iiM.M.  de  Blmde- 


\    F  \l.eo\K  I  .  -20! 

Spoil  et  (iiinni'f,  cunnnc  aussi  a  M.  llarbier  rimprimiiur. 
Quaild  sera  fail  son  S/mc/ns  (it'ijf<jinn  (  H/I/XK/O.I  ?  Je  serois 
d'avis  qu'il  on  envoyat  un  en  blanc  a  M.  le  premier  president, 
(jiii  aime  ces  nouveautes,  et  (jiii  recoil  do  bonne  grace  eespe- 
lites  euriosites  en  present.  L'auteur  est  nn  bomme  rare  ,  sin- 
gulier  et  Ires  savant,  excepte  (ju'il  se  fait  poissonnier  la  veille 
de  Paques,  et  <|ii'il  affecte  d'ecrire  d'une  manicre  qui  n'est 
|)lus  en  usage;  et  neanmoins  tons  ses  li\res  sont  bons  ;  rst 
culm  rfr  nmlfijnti'i'  cruditinnis  <«•  infniitii'  Icftinnut  ,  coinnir 
disoit  M.  (irotius  de  feu  M.  Saumaisc.  Le  style  dn  pere  Theo- 
pliile  Kaynaud  rwlolrt  /.//>s/<nt/ti// ,  tfint  ttnucn  <'*!  i/ntlfn  ffi'f"- 
fini-.  II  n'y  a  aujourd'lini  auenn  autenr  <|iii  t'crive  de  nieine  , 
si  ee  n'est  pcut-etre  M.  Blondel,  notre  doyen,  <|ui.  bien  <|ii  i! 
soil  un  des  plus  savants  liommes  du  nionde  ,  atteete  cette  es- 
pece  de  barbarie,  ct  ccdi'in  sctibif  luhnrat  cwn  Tcrtiilliimo , 
Lijisiutni.v  sen  LijixituniniiiK  rcl  Lij>$i<>  minus  ^  <//tn//.<  (ilitjiirnitfii 
juil  Knjcnis  /'tn'i'tniifs  ,  I'ctrns  (ii'iittn'us  ,  7'/i('»ji/it/m<  //"'/- 
lunulitS)  cf  jiinii-i  alii  ijin  .s1  funtd  ulwvrii  rcrondit. 

Noel  Falconet  a  fait  relier  sa  morale  et  ses  mathematique.s; 
il  continue diligomment ses  repetitions;  il  me  promet  de  liien 
etudier  en  medecine,  et  d'aller  vile,  atin  d'etre  bientiM  fait 
doctetir,  et  agrege  de  bonne  lieure  a  votre  college  de  Lynn 
II  aura  cet  avantage  d'etre  aupres  de  vous,  qui  lui  sei'ex.  'in 
bon  ct  grand  livre,  et  aupres  tie  madame  sa  mere,  (/Km//  >//" 
Hjti'i'dt  xti(it'ts?intt(ii/i  cf  fdW'Hfiam'mfi'iit  ftifiu'(i>n. 

Deux  des  lilies  de  !M.  le  due  d'Orlt'-ans  parlent  demain  par 
on! re  et  at'x  tlt-ptMis  du  roi  ,  pom-  assister  a  son  manage  ct 
purler  la  queue  a  la  rcinc  aver  .Mademoiselle,  leiir  su-ur 
ainee.  Je  vous  baise  les  mains  .  et  suis  de  tout  m<m  cn-ui 
voli'e  ,  etc. 

Do  Parts,  lc  -J7  a\nl  IliliO. 


202  ii;inth> 

LKTTKK  DX,  --  Aumt'tnv. 

11  n'y  a  quo  deux  beures  quo  j'ai  delivre  uiic,  lettre  pour 
vous  a  31.  Troisdaracs,  (jui  ost  lo  plus  bomiele  ct  le  plus 
obligeant  do  tons  les  bommes  ;  jo  n'on  couuois  point  qui 

10  vaitlo;  il  I 'nut  quo  jo  lui  donno  1'eloge  (jui  ost  dans  (\n- 
lulo  ,  ol  <[uo  jo  lo  noniino  oj>/hu/.'x  bonor/titi.  Nuns  avons  fait 
ensemble  parlic  d'aller  lete  prochaiu  on  sa  belle  maison  tie 
Kontenai-les-Koses  ,  pri.'s  du  J>ourg-la  Heine,  oil  Ton  eidlive 
les  roses  pales  ,  dont  nos  apothicaires  so  sei'vent  tuns  les  ans, 
ot  la  nuns  y  buiruns  a  votre  saute,  ot  o'ost  la  qne  nuns  dirons 
los  ineilloiii's  mots  (pio  nuns  saurons. 

Aujourd'liui ,  ce  memo  jonr  a  iiikli  ,  nous  avons  cnterre  110- 
tro  bonliomiue  Gueriu  ,  a^e  do  quatre-vingt-iiouf  aus  ;  nous 
etioiis  (juaranto  doctoui's  on  robe  rouge,  ot  auparavant  nous 
avions  assiste  a  la  procession  du  reelcuir  en  Surbonno,  ///•'/ 
/itif-i-.  C'esl  rUuiversite  <p.ii  a  la  it  ccillo-la,  tout  extraordinaire, 
pour  la  rejouissance  (jn'on  a  do  la  paix.  Madame  la  ducbosse 
d'Orleansost  ici  arrivet;,  hujuollo  failpitio,  taut  olleost  trislo: 
olio  inspire  do  la  tristosso  a  tuns  coux  (jui  lui  I'enclent  visile 
On  parle  ioi  d'un  grand  siirvice,  pour  d(''i'nnl  son  inari  ,  dans 
Xotre-Dame,  coinmo  e'est  la  continue  d'eii  lain,1  [lour  les 
princos  du  sang. 

]\ous  avons  aujourd  bui  .  co  29  avril  ,  a|)res  dinei1,  ele  sa- 
lucr  M.  Talou  ,  avoeat  giMii'-ral ;  nous  otioiis  dou/.t1,  i/»t  />/</'- 
licbnntns  cniiiit<itHi:t  dcffimi  imtlrn,  ot  nous  lui  avons  prosoillo 
(•//>//  l/rrri  nrnt/i/iini!//  nil  deeret  qui  avoil  ('-io  fait  a  son  iion- 
nour  sur  line  graudo  louille  do  vi'lin  ,  avee  le  grand  sot'au  do 
la  Faoulte,  enlernit''  dans  line  polite  buite  d'argent  tort  mince. 

11  nous  a  for!  bien  roeus  el  I'ort  remercies  de  noire  gratitude. 
Nous  an rions  pu  lui  !'('•[ ilii pier  cos  beaux  mots  d'Ausouo,  m  sn// 

ijTiil inrnni  '/r,' in/l/'  :  IliX'  (li'l/--,i  (jiinil    xnlrn  ,    i  I  ijiiml   >'//ro  itlllnn 

f'fhfii.  .Nos  cliirurgiens  soul  tort  etourdis  de  leur  arret,  <  I   ne 
savout  ce  qn'ils  doivcnt  ('iitreproiulro  par  provision  :  ils  nous 


baissent  fort  et  nous  eiix  ,  commodes  miserable*;  nous  no  le> 
craignons  point  et  n'en  avonsque  faire.  Pour  losapotbicaires, 
ils  sont  souples  comme  un  gant ,  et  voudroient  bien  avoir  nos 
bonnes  graces,  (luenaut  lour  avoit  fait  esperer  de  les  relablir 
dans  les  families  par  le  moyen  de  ranlimoine  ,  mais  la  corde 
est  rompiie,  cola  n'a  pas  reussi;  nous  sommes  plus  do 
quatro-vingts  qui  I'avons  empe'cbe ,  ainsi  ceux  d'aujourd'bui 
paieut  I'ainende  do  la  faute  de  lours  pores  et  aieuls.  Taut  quo 
nou*  aurons  de  la  casse  ,  du  sene ,  du  sirop  de  roses  pales  , 
nous  pourrons  toujours  continuer  a  delivrer  Paris  do  la  tyran- 
nic et  do  la  trop  grande  cliorle  des  parlies  d'apotbicaire.  Le 
mondo  est  aiijoui'd'bui  Irop  pauvre ;  cos  depenses  ,  lors- 
qu'elles  n'etoient  (Hie  mediocres  ,  auroient  pu  etre  tolorablcs 
sur  la  tin  du  bon  roi  Henri  IV,  jiisqu'environ  1(525. 

AM /if  alia  est  a-tas ,  alitcr  nuttc  vh-'tnr  itlltic , 
JIicc  fwia.nl  tub  rcgc  AM»;<«  ,  nub  consult'  lirnlo  .  *•{>•. 

Jo  soupai  bier,  le  1"  mai ,  cliex.  31.  le  premier  president  , 
qui  me  (lit  qu'avant  un  mois  Londres  (''toil  en  danger  d'un 
grand  c,bangement.  31.  le  Prince  le  fut  voir  avant  bier  ,  et 
M.  de  Longueville  bier.  11  esl  fort  enrbume,  et  IK;  pout  rien 
faire  faute  do  loisir  ;  la  grandeur  do  sa  cbarge  le  lue  ,  mm  /•/- 
debit  uiiHtis  /'i-f/'i.  II  m'a  encore  imile  pour  dimanclic  pro- 
cbain  et  de  suite,  jusqu'a  la  lin  du  parlement  ,  loutes  Its  se- 
maincs;  mais  les  grands  jours  d'ete  viendi'ont  ,  qui  trouble- 
rout  eel  ordre  I  . 

I "l  (iiii  Patiu  (Mail  aiino  el  osliino  do  M.  do  I.amoij'.noii  ,  el  o"e:<l  lo 
placer  haul.  (<o  ina-yi.slral  jouissail,  on  oflol  ,  d'unc  Brando  ro|tulaliou 
d'honneiir  ol  do  prolulc  ;  laltorieiiv  ,  do  unrin>  au-!ere- ,  il  avoit  oelto 
I'.ravilo  (>l ,  i!  Caul  lo  dire  ,  cello  doeoura.;1, ..-anle  inipassibilile  quo 
doiiiio  riiabitudo  d'uno  liaulo  po-ilioi!.  !!  jiM|;nail  a  oo>  qualite-;  un 
savoir  (Mcndu  ,  el  dan-  Pocoa^ioji  tine  Hour  do  pnlilcs-e  .  uiichaiiiio 
do  sa\oir-vivrc  lout  parliculicr:  aussi  (iui  Paliu  MO  oosso-l-il  de  le 
\aulcr,  do  lo  vcnoror,  do  sYslimer  houroux  d'etre  adiuis  dans  sa  inai- 
soii.  II.  P. 


20-1  IK1TIU>    1)K    (.1  !     I'M  1> 

,le  viens  ,  ee  I'1  tnai ,  de  che/ M.  lo  premier  president  pour 
lui  recominander  nue  all'aire  dn  tils  do  leu  M.  Miolan  ;  je  n'ai 
point  voulu  lui  refuser  re  petit  ot'lice,  <jui  a  reussi  de  la  bonne 
sorte  :  la  j'ai  appris  <jue  M  le  eomte  d'Albon  etoit  inalade  ,  et 
qu'il  avoil  deja  ete  saigne  trois  Ibis  ;  h<t'<-  mini  iiwiu*  n<-  I".WN. 
Je  vous  baise  Ires  humblemeiit  les  mains,  et  suisde  tout  nion 
cu'iir  votre ,  etc. 

Do  I'ari>,  lo  2  ami  KifiO. 


LKITI5K   h\l.  —    \K 

Je  vous  dirai  (jut;  M.  deGorris  veut  poiirsuivre  sun  all'aii-e  , 
et  qu'il  a  presente  reqiuHe  an  parletuent,  laijiu.'lle  esl  si^iii'T  dc 
quaraiite-deux  docteurs  <|ui  sont  utrittsyw  >y./.-/^>-,  anlinioniaux, 
et  contre  ,  niais  tons  ,  ou  la  plupart ,  ennemis  de  M.  Bloiidel, 
uotre  doyen,  qui  est  un  excellent  hoiiime,  taut  a  l)ien  I'aire 
sa  charge  qu  a  raison  de  son  erudition.  De  (iorris  a  pen  d'a 
mis,  (Juenaullui  en  adonue([uel(pies  uns;  niais  la  plupart  y 
vont  eontre  !eur  conscience  et  en  do-pit  de  M.  lilondel.  (iut'1- 
naut  prioit  un  de  ses  amis  de  signer  eette  reipiete  en  faveui 
de  (iorris:  cet  iimi  le  rel'usa  .  et  lui  (lit  :  >Y  /••///>•  difrtjtri'iicz  /" 
i-iiii^f  <lf  (ifirris  ,  ti//  il I i'n  (/nf-  rut's  >''fi'*  fiifti/'c  //in/Hf'iitif  .  t  I'liiini 
r<n<x  l_  </rij~.  i'li''  / imijii'ii  i'n/j"  ili'  I r<'ii!i' -i'i nij  mix.  (illCliaut  repoii- 
dit  que  les  niedecins  IK'  doiveut  pas  regarder  de  si  pi'es  a  re 
point-la,  niais  (pi'il  I'alloit  seidenieut  so!;ger  a  f'aire  venir  Ic 
cpiarl  d'ecu  d'une  I'licou  ou  d'aulre:  eel  lionnne  ut;  Sdii^c  i|u'a 
de  rargent.  I'n  ((''cliiMir  dans  Tiicocrite  disoit  : 


Ouand    eel  lioinnie  dort ,    le  (liable   le  fierce,    et  quaint    il 
MIII:;!',  ee  n'esl   qu'a  (les  ems  hlancs  et  a  des  (;cu.s  d'nr,  '•/  /// 

Inn-  .SM/O  rii/'il  I  in'  ri'i'lilnr  /'////>•  /s/r  in-lmln  .  rnjn.<  I'n/iin  in  (//is  iin 
ni  i  //a// 1/1    a iiu/  IIIIIKI?-, 


^    KAI.CONF.I.  20.") 

Lesdeux  niesdemoiselles  d'Urleans  son!  parties  Ic  l'r  inai , 
eo  matin,  en  can'osst'  a  six  cliovaux,  pour  aller  a  la  coin1  ct 
assisler  an  manage  du  roi  ,  pour  |)ortcr  la  queue  de  la  reine 
avoo  Mademoiselle,  Icur  suniralnee,  ot  la  princesso  du  Cari- 
gnan,  t-t  par  co  inoyeii  il  n'y  aura  quo  des  princesses  dusang 
royal  a  cette  Brandt;  cerenionie.  Dion  soil  lour  do  tout,  et 
<|ii'il  lui  plaise  par  sa  bonte  (|iu:  le  pauvre  peuple  dc  France 
soil  bientot  son  luge  pai1  la  diuiinutioii  de  la  taille,  impots  ct 
subsides ,  que  les  partisans,  avcc  Icur  avarice,  out  rendus 
iusupporlables  coiuuie  cnncinis  du  yc.nre  liuniain  :  />///>//- 
'•iiiixfi  miilii  best  in,  lijrdnnus  nCijiiddi'iiin  ft  rtynin'iini.  (lc  bour- 
rcau  fait  dans  mi  royaume  cc  quo  fait  tin  broclii't  dans  tin 
flaii^:  inuninl  c.s1/  varnicwwH  d  sonc/uisurbnni.  \  isr<-/-i/ju)i  ?///.sv- 
/•nriini  <•!  Mwguhii'  fin^i'itiir  tift'n. 

(loininc  je  sortois  ce  ineme  jour,  aujourd  liui  aprcs  inidi, 
d'tine  consultation  sur  le  pout  Notre-Dame ,  avec  M.  I'ic.lrc  .  ' 
nous  avons  rencontre  votrc  M.  Grasrw;/?  sun scheumte t-t  Imliitu 
l>lii/*it:<>.  J'ai  ditaM.  I'ictrc  <jui  il  ctoit ;  nous  I'avons  anvtr.  II 
(lit  qu'il  y  a  plus  d'nn  an  qu'il  cst  a  Paris  ,  ct  (|u'il  no  sail 
quand  il  en  sortira;  (juc  son  proccs  n'cst  point  encore  jugo. 
Knlin,  apres  plusieurs  discours ,  nous  I'avons  (jtiitte.  M.  I'it'Mrc 
tn'a  dit  aprcs  que  cot  liomnie  avoit  tine  ctrango  mine;  que  cc 
soroit  doiniiiagc  (jue  lui  ct  M.  de  Rhodes  quittassont  Paris  ct 
rctoiirnassent  a  Lyon  avant  que  noire  nicdccine  tut  refonnce, 
puisqu'ils  out  fait  concevoir  rcsperancc  d'un  si  grand  bien 
lant  ii  l^you  (]ti'a  Paris.  II  m'a  dit  encore  que  M.  de  Ubodcs 
poui'i'oit  etre  quoUpie  jour  tin  liabile  lionnnc,  niais  qu'il   lui 
falloit  encore  bien  etudior  auparavant ,  etc.  Sc<^,iii:c  <-t  ironic,-. 
Vous  voye/  eommo  Ton  connoit  cos  messieurs  on  ce  pays. 
M.   Pie.tro  recoil  (piehjuolois  des  Ictlrcs  dc  M.M.  C.uillcinin   ct 
(larnior.  Le  joune  dc  Rhodes  nc  refonncra  porsonno  do  long- 
temps,  iitsi  /lilitiii  mulct  «<•  nii'iili-ni :  il  n'cst  pas  encore  en  elat 
<lc  cola;  il  nc  fera  pas  pen  pour  soi-meine,  s'il  pout  .so  per - 
-nadci'  qu  il  ait  bcsoiu  lui  uit'-ine  d'uu  si  notable  cliangenient  . 


I.l'.TTHES    DE    (in    I'AlIN 

dcwwn  iniyuitus ,  qmxl  nttfr  hm/mirx  />nn 


l~t  nemo  in  sew  lentat  descendere,  nemo, 
Scd  prtccedenti  apectatur  mantica  teryo. 

Mais  il  I'aut  qtic  jc  vous  (loniie  avis  cc  :i  inai ,  qu'aujour- 
d'hui,  snr  los  quatrc  hcurcs  du  soir,  tandis  quo  jY'tois  on 
villc,  M.  (Iras  cst  vcnu  eeans,  (|iii  ni  a  rapporte  inon  I  in-an- 
f/ft/s  in-folio  (l) ,  qu'il  m'emprimtadesqu'il  t'ut  ai-rivt'1 ;  il  m'a 
loiijours  dit  qu'il  no  parliroit  point  sans  mo  l(>  1'ondre,  ost-co 
qn'il  s'on  va  biontot?Si  oela  ost,  prenez  garde  a  vous,  ot  tout 
votro  oolh'^e,  ot  vous  yank1/  do  sa  reformation;  inais  s'il  en 
aquol(|uo  bonne,  il  no  pout  pas  1'avoir  apprise  du  livi'0([u'il 
in'a  rondii ,  car  olio  n'y  ful  janiais. 

M.  I'ovoquo  do  Coutauoos,  grand- vicairo  do  M.  It1  ^rand- 
aunnMiior,  nous  a  lous  assembles  olio/,  lui  (j'onloiids  los  ]»'o- 
I'ossours  du  roi ) ;  il  dit  qu'ii  vout  refoi'mei' noire  colh'go,  nous 
obligor  do  faire  diligemment  tics  lorons  ( o'osl  t|n'il  sail 
bien  tju'il  y  on  a  la  moititMjui  s'en  acqnittenl  fortnial) , 
inais  aussi  (ju'il  nous  fora  payer.  II  a  dit  qu'il  nous  monera 
olio/  M.  lo  snrintondant  ties  finances  pour  uou>,  faire  jv.iyor;  il 
on  a  ohoisi  qualred'entre  nous  pour  1'y  aocompapnor,  donl  jo 
suis  I'un,  ot  vout  (jut:  deux  fois  1  an  nous  fassions  un  jit'o- 
gramino  dos  dix-sopt  professeurs,  dans  loquol  cliacun  pu- 
bliora  co  tpi'il  vout  onsoignor  los  six  inois  suivanls.  Tout  lo 
inontlt!  parlo  do  rolbrino,  aussi  osl-ollo  foitnooossaire. 

lltiri  (juippe  boni,  ntitncro  vi.t:  el  Inliflnn  I/I/P/ 
Thcbarnm  porlic  ,  rcl  dicilis  osliit  Ml/. 

Fou  M.  lY'vetjiu;  do  llellay  roproclioil  autrolbis([tit;lquo  chose 
au\  inoinos,  tpii  eloil  vt'-ritablo:  eiix  no  pouvaiil  le  nier  'mmli 

,1  .loan  Narnndc,  colebrr  prol'rsscnr  rl  doyen  <ic  .MoiilpcliicrMir 
l;i  fin  du  \vir  vici'lc.  K  I'. 


A  FALI:OM:T.  ±  c 

enim  eos  ease  jmpstantiasiinos  artifice*,  ft  habwe  npiul  $P  <>//ifi- 
iiftni  fruudwn  et  menduciorum } ,  disoient  bien  qu'autrefois  cola 
avoit  ete,  niais  qu'il  n'etoit  pins,  d'<intdnt  t/n/'  dorenavnnt  it* 
f'-toient )'(:  formes.  L eveque  leur  repondit  :  ("cut  sif/ne  qm-  cox* 
lit-  ciilii'Z  (ji(f')'t' ,  puisquil  «.  fullu  cons  /•f'/oniii-r :  i-ncnrr  rn  <!<• 
t>ur  Dieusi  uuusl'i'les,  au  nnxiis  vuus  la  ditt.'S. 

Hier  nu  matin,  dans  le  Lois  qu'on  appellc  do  Saint-(ier- 
main-en-Laye ,  tut  tue  de  deux  coups  do  pistolct ,  par  deux 
homines  qui  1'attaquerent,  le  comic  do  Beaumont,  autrement 
nomme  le  Dragon  ,  gouverneur  dudit  bois.  Ces  deux  assassins 
ontfaitsi  belle  diligence,  qu'ils  n'ont  pu  etre  altrapes.  On  at- 
tribuecette  mort  a  plusieursenuemis qu'il  avoit,  vtnju'il  avoit 
maltraite  la  plupart  des  genlilshommes  de  re  pays-la  ,  et<ju'il 
eloit  en  querelle  (?t  })roces  avec  des  gens  tivs  pnissants,  et  de 
grand  credit.  Knlin  le  jiretre  assas.>in  deSaint-Eustache  a  ete 
execute  aujourd'hui  a  six  lieures  du  soil',  devant  Saint  Kusta- 
clie ;  ilaeu  le  poing  eoupt'-,  et  a  ele  pendu  (,'t  bride.  II  a  I'ort 
[ireche  a  la  potenee,  et  fait  de  belli^  remontrances  it  la  jeu- 
nesse  ;  niais  c'est  la  un  mediant  lieu,  il  vaut  mieux  Ijien 
Caire.  Je  vous  baise  t.res  humblenient  les  mains,  et  suis  de 
tout  mon  eu'ur  votre ,  etc. 

DC  1'aris,  le  4  mai  1()(!0. 


LKTTKK  DM  I.         An 

Le  pi'oces  de  ^1.  dedorris  n'est  point  encore  jllgt'1,  a  cause 
ijue  samedi  dernier  il  etoit  ItHe  ;  mais  ii(»lre  doyen,  M.  llliui- 
del,  poursuil  chaudement  conlre  le  huguenot  ,  el  espcce  (pu1 
ce  sera  samedi  prochain  :  de  (iorris  a  prt'-xMiti-  reipietc  a 
MM.  du  [larlement ,  laquelle  est  sigin'-e  de  ipiarante-dcux  de 
llos  docteill'S  ,  /nt/iifn  ///"//.•/ fi/n  /Hl'i'iiifiiK,  cil  ndi/  in  cirum  //*;- 
n/ti/t  (It'C(intt)tt  innifriim.  loiis  les  ainU  de  .M.  de  dorris,  toule 
la  cabale  de  duenaul,  el  loiis  Irs  emiemis  de  M.  itlondel  . 
u'onl  su  I'.iire  que  quaranli'-deuv  vnix.  On  a  repruclh'  ;t 


•JOS  I.ETTRES    I)K    (.n    PATIN 

.M.  Pietre  d'y  avoir  signe,  ft  memo  d'y  avoir  fait  signer  qnel- 
ques  uns  do  ses  amis,  a  quo!  il  a  repondu  (jue  ce  uVst  qu'en 
dcpit  tit:  lilondel  :  ii  y  a  longtemps  qu'ils  ne  soul  pas  amis. 
Knlin  il  taut  que  nos  liaines  ,  nos  coleres  el  nos  depits  nous 
empeelient  d'etre  gens  do  bion,  taut  nous  sommes  sujets  a 
nos  passions. 

Impedil  ira  aninnon,  i\c  pots'it  cerncre  rcnini. 

M.  Hlondel  espere  d'avoir  arrot  samedi  procliain,  ct  il  me 

soniblc  (jn'il  s'on  tiont  tout  assmv,  niltiltunimts  t<mten  <dil>i<i 

xi'i/ift/'r  fn if  ct  tiiii-c/ts  u/i'ii  jtiflicnii'iini .  (V(>st  pourquoi  lii'idoyo, 

gi'and  maiti'o  on  1'art  do  chicano,  a  co  quo  dit  rmiti'iir  //•////- 

ro/.v,  jugooit  lesproces  a  trois  d(-is  on  a  I'tHujiiotto  du  sac.  II  y 

a   ici  mi  protre,    a  Saint-Ktionno-du-Mont ,  <|iii  a  dcbaiiclio 

uno  bollo  lillo  on  confession,  I'a  onlrelonne  tpiohpu!  tonips  , 

puis  olio  I'a  quitte  et  derechef  rechorcho ,  ct  oiilin  ils  sont 

prisonnioi's.   1'onr  lui,  oo  n'ost  (pi'mi  t'ripon;   pom1  olio,   sa 

proinioro  simplicite  soi'oit  on  qnelque  1'aoon  oxi'iisablo ,  nun's 

die  s'oxcuso    do   oo  qu'ollo   I'a   rotonnic  ohorchoi1,  snr   co 

([u'ollo  avoit   un  oliapolot  do  sontour  (jne  co  protro  lui  avoit 

donno,  ot  qn'ollo  croit  qu'en  co  chapolot  il  y  avoit  (piohjue 

sortiloge.  Votis  savo/  bion  oo  qu'a  dit  cot  ancion,  jo  oi'ois  ([tie 

o'est  Quinte-Curce ,  mat/m  uiliU  /•>•/  nliitd  </i/<ni/  ////w////  n/;//  n/i 

hniiiinii  ludibriinn .  Kilo  dit  qifolant  retournoo  avoo  lui,  il  la 

inona  an  sabbat  nno  sombre  unit,  ct  qu'elle  y  vit  dos  oboses 

(•trances,  dotto  pativro  lillo,  <pii  s't=st  laisse  debaucher,  n'ose 

s'acousor  soi-nioino  ,   ot  sa   trop  grando  ci'(''dulii('';  olle  s'en 

jirond  ii  la  pretendue  magie  do  co  jirotri1  luxnrieux  ,  ot   an 

(liable  cjni  ost  uno  antre  int'obanto  bete.   .\<m  .-•'///'  '•'/"  f«i<tn 

iiiiildi'iini  ,  .In inter  fftf  (ll. 

1     A  I'epoque  dcdui  Palm  on  crovail 
Icmp*  nu'-nif  .  >|iii  sc  \an!c  <lc  sc»  liuni 
tic  ci'llf  soltisi1.  //  >)  a  encore  bicn  tics  ii 
(•lictnin  <lttii-<  ion*  Ics  ('</(•//<. 


A  FAI.CONKT.  •_><)<) 

On  (lit  ici  quo  It:  roi  veul  etabiir  en  Provence  qui'lques 
nouveaux  impols  ;  cola  I'ait  naitre  dos  plaintos  et  dn  bruit  on 
ce  pauvro  pays  la '.it  desole.  Hon  l)ieu  !  n'y  a-t-il  pas  moyen 
de  vivre  doucemeiit,  et  no  plus  ontondre  parlor  d'impots 
nouveaux,  de  subsides,  dc  gabelles!  O  miscrum  (iallimn,  in 
<inn  miseroiiim  MinyHinc  i't  fjopiiloritm  sudur1-  /jnncfjjwn  ct 
manistrutuwn  ventresmiserrnnc  furviuitlur,  m.-r  (mnt'ti  saticmtur. 
(J  abdomen  insaturnlrile !  [\) 

11  y  a  longtonips,  cc  ,r)  inai ,  (jut:  je  u'ai  ap|»ris  do  vos  nou- 
velles  et  quo  jo  n'ai  point  roru  do  vos  loltros  :  noaninoins, 
il  no  m'on  iinporto,  pourvu  <|iio  vous  soyo/  on  bonne  santf  ; 
c'ost  pout  otro  qu<?  vous  otos  aux  champs.  Jecrois  noaninoins 
quo  vous  aure/  rocu  ,  par  lo  messager  do  Lyon  ,  lo  pel  it  cotlVo 
do  vos  dopochos  t;t  do  vos  statuts. 

Voila  trois  onlants  do  Lyon  qui  vionnont  do  sortir  do  c(''aiis, 
savoir  :  MM.  Ronssolet ,  do  Silvooanno  ot  Savaron.  Lo<pia 
trieme  n'y  etoit  point,  nomino  M.  Cochardet.  Us  ni'mit  indi- 
cjuo  lour  demoure,  jo  los  y  visitorai.  Us  m'ont  tons  trois  parlo 
de  vous  ,  ot  m'ont  dit  quo  vons  olio/,  lour  nu-dooiii :  ils  m'ont 
dit  aussi  quo  M.  (luillomin  n'on  [)ouvoit  plus,  ot  (pi'il  parti- 
roil  bientol  pour  I'autro  inondo;  ils  attondenl  drs  nonxollos 
du  manage  ot  du  rotour  du  roi  pour  y  voir  son  entire;  inais 
jo  crois  qu'en  attendant  ils  loront  bion  de  la  doponso  ol  do  la 
debauolie  ;  ils  no  voudroient  pas  s'on  passer.  IMou  ost  trop 
bon  pour  no  pardonnor  pas  a  dos  gens  si  innoconts  .  et  ineino 

1  (!.i's  contiuuclles  recriminations  ronlre  los  j'.r.'iiiil-  cl  !c<  |)iii--iiiii-« 
nil!  \L'rilablcinfiil  ilo  (juoi  surprendrc  de  la  ]);ir(  de  (itii  1'alni  ,  lui  M 
iustruit  daiH  1'lii-toire,  dans  la  comiaissanco  dn  en-ur  lunnain.  I;;uo- 
rait-il  done  tjue  1'arl  dc  ^omenier  e>l  de  lun>  ie  |)!u-  ditliede  et  le  plu- 
compli<ine?  l/esjiril  de  pro.jres  et  eelui  de  slabilile,  mi,- a.lininistralii'ii 
ferine  et  douce,  de.-  vues  nelles  el  ele\ees,  If  dioil  et  la  ju-tiee  poiii 
tons,  voila  ee  qifon  oxij',e  de>  eliels  ct  de-  |)a-t('iii>  d'lioinim'-.  Ktonne/ 
\ousmainteiianl  -i  le- 1  on<  101- e!  les  bon-  niinistres.  si  les  bons  herder- 
et  leshou-  eliieii-  -«>nt  rare-.  Ire-  iai<-  el  -i  le  comple  en  e»l  hii'iilut 
(ail.  It-  I' 

ill  l-i 


•HO  in  ri;v:>  \  v.  n  i  i'\nv 

pen  s'en  laulqn'd  nrlnirrii  doivodr  role  :  cos  ^ens-ia  n  out 
jainais  tort. 

On  dit  qu'il  ;i  passe  mi  eonrrier  par  iei  depnis  tleux  jours. 
i|iii  fait  osperer  quo  la  paix  va  etro  uoneralo,  et  quo  cello 
d'ontre  nous  ,  rempereur  ot  le  roi  do  Suede,  va  olre  t'aiU> : 
i|iio  les  Aiigiois  traitont  avoo  It1  roi  d  Anglotorro  pour  son 
retouravoi'  divtM'ses  conditions.  Toujonrs  ost-co  un  bon  signe 
pour  lui,  et  iirando  ajiparoiu'c  t|u'il  si>ra  t%nlin  rt'tabli.  Lcs 
Anjilois  teront  -sa^emont  dt1  traitor  avrv  lui  .  ot  do  proiulro  dc 
bonnes  assuranoos  (•</,-'•;',.•  m.<i<lm$  [> ..••///*•/.•/ •/.'?/.< ,  do  j)(Mir  qu 'on 
ne  dise  d'oux  oo  qui  est  dans  Suotono  dans  la  vie  do  Tibnv  . 
a  la  tin  d'uno  bollo  opiiiranuno  oontio  oo  tyran  : 

Et  fie  /iV'»ij  ^)(/''/  :  i~( gr<ti!'it  *ti>i<inin,'  rn///,< 
.4(/  fiijnntn  </'.  /x ,/»/>•  .'•,.•!//  <//>  /  r/' '/'•>. 

(hi  tiont  ioi  pour  certain  tjuo  le  roi  sera  marie  (levant  le 
If)  ilo  mai :  jo  prie  Dieu  quo  oo  soil  pom-  le  saint  do  son  ame 
t-t  'e  soulagement  do  son  pauvre  pouplo .  viMromoino  pour  la 
punition  do  taut  do  volenrs  partisans  ([ui  out  riiino  la  l-'ranci1 
dopnis  trente-cinq  ans.  On  a  fait  !a  paix  .  ot  porsonne  n'en  ost 
sciilage. 

Je  vous  prie  do  lain'  mos  reoonunandations  a  M.  Spoil .  do 
lui  dire  quo  j'ai  iveu  le  petit  paquet  do  lottres  qu'il  m'a  en- 
voye  par  un  Allomand  :  quo  jo  lui  rendrai  bon  compte  do  co 
(|u'il  mo  roeommande  la-dedans. 

Je  vous  baiso  tres  liuinblement  los  mains,  ct  a  maih'inoi- 
st'lle  Falconet  .  ot  suis  do  tout  nion  cteur  votre  .  etc. 


LtTTHK  l»\IH. 

Avaut-inor  apros  mid'  mournt  ici  M.  Purello,  avocal  la- 
iiifux  ol  olocji'.ont  ,  di^no  do  reputation.  11  so  chur^ooit  volon- 
tit-i's  do  mauvaises  causes  pour  gagner  davaulajie  :  cost  nn 
vice  as>«v  froquonl  an  palais  d'aujoui'd'hiii.  (Vest  colni  t|iu 


V    KM.CONF.T.  -21  I 

ptaida  pour  les  chirur^iens  enntre  nous,  il  y  a  environ  trois 
iriois.  II  a  sonvent  (lit  que  les  chirurgiens  eloient  des  morals  , 
i|iii  1'avoient  rednit  an  piteux  etat  auquel  il  •'•toil  pendant  sa 
inaladie.  II  avoit  eu  depuis  trois  niois  plusieiirs  medecins; 
mais,  voyant  que  son  mal  augmentoit ,  il  se  mil  (Mitre  les 
mains  d'un  inoine  niigustin,  garcon  apothicaire  ,  nomine 
F.  Valerien.  Comine  on  lui  disoit  qu'il  avoit  tort  de  quitter 
ses  medecins,  avec  lesquels  ilserendoit  f'acheux  et  insuppor- 
table, etqu'il  nedevoit point commettre  sa  sante  ii  un  inoine, 
(jui  tout  an  plus  n'est  qu'un  t'rere  lai,  (jui  n'a  janiais  etudieen 
medecine,  il  repondit  f'ortement  et  en  homnie  (|iii  n'avoit 
jjuere  de  sens  commun  :  «  Les  medecins  n'ont  quo  leur  jjjrand 
elicmin  ,  leur  routine  et  leur  methode  Ce  moine-ci  prouiet 
de  me  guerir  par  des  secrets  qu'il  a  et  (jue  les  medecins  i»no- 
rent.  w  Surquoi  je  me  souviensd'avoir  oui  dire  a  M.  J)uret,  en 
parlant  de  certains  conseillers  (jui  s'amusoient  aux  charla- 
tans :  «  11  Taut  avouer,  disoit  ce  bonhomme,  (jue  MM.  du  parle 
ment  n'ont  pas  I'usage  de  la  raison  dans  les  clioses  de  notre 
profession.  »  Et  tout  cela  est  aussi  vrai  aujourd'lmi  qu'il  fut 
jamais.  N'est-ce  pas  (juel(|iie  secret  du  paradis  que  possede- 
roient  ces  monies,  ees  teles  encapuchonnees  qui  ne  voient  le 
monde  (ju'a  travers  une  fenelre  de  drap?  vSaini  Jt'rome  a  (lit 
dans  ses  epitres  (jue  les  arts  seroient  bien  mieux  traites  s  il  n'y 
avoit  que  ceux  du  metier  (jui  eu  jugeassent.  Sidonius  Apulli- 
n, iris  a  (lit  aussi  que  ceu\<|ui  n'enteiident  pas  un  metier  n'en 
admirent  pas  les  ouvriers. 

11  y  a  (|iiel((ue  temps  que  je  vous  parlois  de  cerlaines  per- 
stnmes  accusees  de  sorcellerie  ,  (|ui  apparemment  seront  ren- 
vt»yees  liors  de  eonr  et  de  proces.  II  y  ;i  lonytemps  que  beau- 
coup  de  juges  |>eclient  ^rievemeiit  sur  le  1'ait  de  ees  pauvres 
mallu'iireux  pretendus  sorciers,  principalement  les  subal- 
ternes.  Le  parlement  de  Paris  n'en  rt^connoit  plus  ,  aussi  n'y 
en  a-t-il  point.  Ken  M.  Maude,  (|in  t'loit  tin  liomme  d'esprit 
el  un  terrible  puritain  du  peripatelisme ,  n'en  pouvoit  en- 
tendre parler ,  et  appeloit  les  di&qnisiti<m*  />/<ii/i</it/'s  de  l)elrio 


212  I.ETTHES    DE    (;('!    I'ATIN 

des  fables  loyolitiques.  Le  (liable  est  line  vilaine  brie  noire, 
ijiii  n'a  point  (In  blanc  enl'u'il  ,  do  la  laideur  duquel  se  MT- 
vent  les  inoiiu's  a  fa  ire  peur  au  monde.  On  disoil  aulrefoix  aux 
petits  enfants ,  quand  on  vouloitles  intimider,  <|ii'il  revenoit 
une bete  (jui  erioit:  ttendez-moi  nm  Jamba;  mais  les  inoinesont 
invente  nn  autre  jargon,  avec  lequel ils disent  anx  sots  :  /tcn- 
<lc:-ni()i  inn  bourse.  La  notre  en  pourra  dire  trop  de  nouvelles. 
Lisez  quelquejour  a  votre  loisirle/Vanmcammle  Buchanan, 
et  voye/.  I'Apologie  de  M.  Nando  pour  lea  (jni.iuh  iicrsoitmnjus 
accuses  de  magic.  Seneque  avoit  iinement  tlit  que  pour  brider 
1'esprit  des  ignorants,  les  sages  avoient  cru  qu'il  n'y  avoit  rien 
de  tel  (jue  la  crainte,  et  qu'il  etoit  utile  que  dans  un  si  grand 
penchant  au  crime  chacun  se  format  quelqu'un  au-dessus  de 
soi ,  auquel  on  ne  pouvoit  pasresister,  et  dont  la  main  ven- 
geresse  menacoit  leur  tele.  Ces  gens-la,  qu'il  appelle  sages, 
sont,  a  mon  avis,  les  legislateurs  du  paganisme,  (jui  ontbien 
t'ourbe  le  monde.  Le  christianisme  est  venu  apres,  qui  a  bien 
abatlu  heaucoiip  de  ces  abus;  mais  les  mauvais  Chretiens  y 
en  out  mis  d'autres  ;  car  le  monde  est  plein  de  charlatans , 
aussi  bien  en  matiere  de  religion  quede  medecine.  Jesuis,  etc. 

De  Taris.  le  1 1  niai  1IU10. 


LKTTUK  DXIV.  —  An 

.I'ai  appris  (jiic  M.  (Iras  est  bien  [»ai'ti  d'iei,  et  qu'il  s'en  est 
retourne  it  Lvon  ,  mais  que  sou  prncrs  est  tMicure  au  ineme 
t'-tat,  uon  juge,  pour  lequel  il  pretend  revenir  a  la  Saint-Jean 
Sa  parlie  ,  (jui  est  son  propre  frere,  est  ici  en  sollicitatioii,  II 
a  dit  qu'il  ne  seroit  (iii'iin  mois  dehors .  cl  ipi'il  alloit  a  Lymi 
ijuerir  <juel(|ues  papiers  donl  il  avoit  besom  :  il  n'en  sera  (|tie 
oe  qu'il  voudra;  car,  eoiumt-  tout  S<HI  fait  est  mysterieux  .  il 
n'eu  faut  attendre  (jue  ee  qu'il  voudra  (pi'on  en  ^;i<'lii\ 

Ouel(|iies  uns  disenl  (ju'il  y  a  encore  quelque  clio-^c  a  n'-gler 
tourliant  les  limilcs  de  la  <'ataloune  .  mais  (iue  la  eonret  It1-- 


\  KM. i  ONKI  . 

olliciers  sont  fort  incommodes,  mulfn/'um  /•>•/•/////  /»-n>tfin  i/urr 
/•('tjttirunttii:  La  reine  d'Angleterre  est  fort  rejouie  de  ce  q IIP 
le  roi  son  tils  a  mandeque  le  colonel  Monck  a  fait  manifeste- 
ineut  sa  declaration  pour  leur  parti.  Lambert  s'e'toit  sar.ve  de 
prison  ,  mais  il  a  ete  repris  et  y  a  ete  remis.  Le  dernier  am- 
bassadeur  que  le  roi  d'Angleterre  a  recu  de  Londress  appelle 
Barclay;  c'est  une  grande  famille  (jui  est  etendue  par  toute 
I'Angleterre  et  1'Ecosse,  de  laquelle  etoit  issu  Jean  Barclay  ( i ), 
(jui  a  fait  Y  Euphoria  ion  sive  sutyricon  ,  et  {'Aryan*,  t/iii  Hicttis 
est  a.  Germanis  rir  excitatissinit  int/f-iiii . 

On  dit  (jue  le  prince  deConti  est  malade  a  Dax,  qne  le  roi 
y  a  envoye  son  medecin  ;  sa  femme  n'y  est  point ,  elle  est  aux 
eaux.  Le  parlement  d'Angleterre  tient  ses  seances  tons  les 
jours  ;  on  y  traite  du  retour  du  roi  sous  certaines  conditions  . 
mais  la  tete  de  Lambert  y  est  aussi  en  grand  danger  :  //-/"/// 
pro  iitultis  dabitur  caput ,  a  ce  que  m'a  dit  aujourd'hui  un  An- 
glois  (jui  semble  en  avoir  grande  apprehension. 

Noel  Falconet  etudie  fortement ;  il  se  leve  matin,  il  dispulc, 
il  ne  perd  point  de  temps  avec  son  repetiteur.  II  dit  qu'd  r«'- 
pondra  le  mois  de  juillet  prochain,  soil  (jue  Al.  I'archeveque 
de  Lyon  soil  ici,  ou  non.  II  est  fort  aise  d'un  habit  neul  (ju'il 
aura  ;  il  en  a  de'ja  des  galons  qu'il  montre  a  tout  le  nionde  , 
c'est  etrange  chose  (jue  jeunesse.  Je  vous  liaise  les  mains ,  et 
suis  de  tout  mon  co'iir  votre  ,  etc. 
De  Paris,  cc  14  mai  16KO. 


LKTTliK   I>\V.    - 

Les  chirurgiens  ce  -2(5  mai  }  dt;  Saint-Crtme  out  olitenu 
des  lettres  de  rescision  ,  pour  einpecher  (\u^  les  chirurgieiu: 
barbiers  n'entrent  ilans  Saint-Come  et  <|ii  ils  ne  preuiicnt  |»<^- 
session  de  leur  maison  ;  bn;!',  ils  veulent  casser  I'miion  <|iii 

(1)  Ne  a  roi:l-a-.Moii-son  en  1b82  .  morl  ii  Koini1  lo  12  aoul  1(1^1. 

'It.  r. 


•21  i  i  KITH  us  DK  (,n   i-\  1 1> 

a  ele  laite  entrc.  eux.  Ce  proee.s  va  a  les  voir  plaider  Ics  mis 
(•outre  les  autres;  nous  serous  les  spectateurs.  L'arret  que 
nous  avons  obtenu  ne  laissera  point  de  demeurer  en  son  en- 
tier  :  robes  cou pees  et  abattues,  bonnets  ecorues  et  ren ver- 
ses. Us  ?e  inangeront  les  mis  les  autres,  et  il  n'y  aura  jainais 
grande  perte;  neanmoins  je  erois  (pie  1'union  subsistera,  et 
queceux  de  Saint-Come  perdront encore  nne  ibis.  II  nem'iin- 
porte  point  du  tout  qui  perdra  ou  gagnera  ;  ear  les  uns  et  les 
autres  ne  valent  rien  ,  et  nous  haissent  egalement ,  coiuine 
des  laquais  bottes  ,  tort  ignoranls  ,  qui  ne  savent  ce  qu'ils 
doivent  aimer,  et  qui  ne  savent  ce  que  c'est  que  pbilosopbie. 
hifjcnni  nil  Imliel  of/icnm  :  1'interet  les  gouverne,  sans  aucun 
egard  a  la  vertu  et  a  riionneur,  (|u'ils  ne  eonnoissent  que  de 
noin. 

Ce  jeudi  27,  nous  avons  ete  ee  matin  en  divers  endroits 
pour  plusieurs  rnalades.  J'avois  Noel  Falconet  avec  moi  ,  qui 
a  vu  plusieurs  jtrocessions  tres  belles  eonime  de  Saint- 
Mederie  ,  Saint-Jacques  ,  Saint-Ct-nnain  ,  Saint-Jean  ,  oil  il  y 
avoit  une  troupe  de  eajtucins,  Saint-Paul  et  Saint -Louis-de- 
I'lle.  Le  luxe  de  Paris  n'a  j)oint  iiiancjue  de  paroitre  ,  taut  en 
I'enricbissement  des  rejiosoirs  (|u'aux  belles  tapisseries  dont 
toutes  les  rues  etoient  tendues  ,  j)rineipalement  celles  par  oil 
passent  les  processions. 

J,(>  pere  IMi.  Labbe ,  jesuite  ,  natit'de  Bourges,  a  I'ait  ,  en 
petit  volume  ,  la  vie  de  notre  Gallon  ,  toate  extraite  de  ses 
o'tivres.  II  me  1'a  donnee  et  di'diee  toute  manuscrite  :  je  m'en 
vais  la  fa  ire  imprimer  in-octavo  ,  et  puis  nous  en  enverrons 
a  tons  nos  amis.  On  parle  ici  du  mariage  du  roi  avec  foute 
sorte  d'incertitude  ;  on  (lit  (pu1  ce  sera  pour  le  .'V  de  juin. 
Voila  tin  conseiller  du  (Miatelet  <pii  vient  de  sortir  de  eeans 
avec  sa  femme,  et  (jui  venoit  se  rejouir  avec,  moi  du  mariage 
de  inon  fils  a'ine.  11  m'a  (lit  (pie  demain  sera  execute  en  (ireve 
mi  grand  voleur  nomine  le  Solitain1,  ag(i  de  vingt-deux  ans  . 
(]ui  sera  rompu,  et  aura  (piatre  eouj'ts  vil's;  (ju'il  I'ut  juge  bier 
prevotalement ,  demain  matin  qu'il  sera  misitla  question  .  et 


rapres-dinee  incur  en  (ireve.  II  in'a  anssi  parle  dn  manage 
(In  rui  eomme  aussi  de  chose  tort  inoertaine;  niais  que  nean 
moinson  s'apprete  a  I'hdtel-de-ville  pour  lui  fa  ire  unc  belle 
entrt'o   M.  Talon,  avocat -general  ,  voudroit  bien  accommo- 
der  I'affaire  do  M.  de  Gorris  a  causo  do  (iuenaut  qui  s'en  mole  ; 
inais  }\.  Blondol  a  dit  a  .AI.  le  prcniior  president  qu'il  m-  vent 
point  d'antre  accord  (ju'nn  arret  definitif  ;  on  ce  cas-la  ,   lo 
huguenot  perdra.  Jo  vous  baise  tres  humbleinent  les  mains 
et  snis  de  tout  rnon  cunir  votre ,  etc 

/'.  .V.  M.  Blondel  nievient  de  dire<jn'il  a  re(;u  le  plaidoyer 
de  M.  Talon  ,  a  quoi  il  n'y  aqu'un  inol  a  corridor,  et  les  con- 
clusions a  inettre  de  sa  propre  main,  ensuite  il  le  niettra  an 
•rrefle,  et  tot  apres  le  fera  imprimer.  II  in'a  (lit  aussi  (|ue  IT'ni- 
versite  de  Paris  a  fait  opposition  et  intervention  centre  M  do 
(iorris;  lour  avocat  se  prepare  pour  plaider  apres  le  notredc 
dernain  en  huit  jours.  Voila  plnsienrs  moyenset  arcs-boutants 
pour  gaguer  ce  proces  con t re  les  huguenots.  Je  vous  prie  de 
fairc!  mes  reconnnandations  a  madaine  Falconet  el  a 
bon  ami  M.  Spoil. 

DC  Paris,  le  28  mai  HMin. 


LKTTKK  DXVI.   —    I 

.le  vous  ecrivis  hier  I"  jiiin  ,  par  la  voie  de  .)!.  Langloi*  . 
avec  line  do  .Noel  Falconet.  Aujourd'lmi  j'ai  recii  tine  lettre 
de  votre  collogue  .M.  Meyssouier,  avec  la  /V/'//-//mr/y//r  ,i<-- 
riinijilit' ;  il  me  romercie  dans  s,i  lellre  dn  service  que  j'ai 
rondii  a  votre  collt'go  .  ce  sont  ses  mots,  pour  la  \'erilieation 
(!<>  vos  slatnts  Hieu  soil  loin-  de  lout  :  il  \  ,1  M-rjuid  plai»ir 
de  bien  Cairo  ,  rt  |irincij)aloment  a  d'homn'tes  gens.  .1  •  lui  IV 
rai  repoiiM!  a  inon  premier  loisir.  1!  dit  la-dedans  quo  voiis 
etes  son  hon  et  vc'-ritable  ami.  Ouelquos  mis  di>ont  (|iit>  non> 
allons  avoir  la  guerre  avec  les  Anglois  .  a  cause  de  Pmi- 
kertjue. 


:'|()  i  K  mu>  DI:  M  i  ivvnv 

Jo  vien.s  tic  loueontrer  mi  huguenot  ,  lequol  m'a  (lit  quo  le 
roi  d'Angleterre  dovoit  hier  partir  de  la  Have  pour  s'en  alter 
en  Angleterre;  tout  I'aocord  est  fait;  qu'il  y  a  (juarante  ot  une 
totes  exceptoes  du  pardon  et  do  ramnistio  ,  desquelles  il  y  en 
aura  sept  d'executees  ,  les  autresseront  punios  de  la  perte  de 
lours  bions  ,  d'exil  ou  de  galores. 

.M.  Kousselet  esf  bion  gueri  do  la  tiovre  tierce,  rnais  nun 
pas  de  son  humour  melancolique;  il  parlo  do  s'en  retournor. 
II  m'a  aujourd'hui  fort  loue  le  inedecin  do  sa  famille,  qu'il 
m'a  nomine  M.  (iuillemin  :  a  quo!  je  ne  Ini  ai  ropondu  quo 
oui.  M.  Cocluirdet  avoil  eu  quelque  petite  chose  qu'il  m'a 
contee;  puis  une  dame,  lui  donna  un  autro  inedecin  ;  puis  il 
ri  pris  M.  Merlet ;  il  1'a  quitto  pour  un  apothieaire  quo  lui  a 
bailie  !U.  Kainssant,  (]u'il  a  encore  quitte  pour  me  reprendre: 
jnais  je  no  sais  comment  il  mo  gardera  ,  hundhi .  iji>i/niflin. 
O  itttM'i'f.nii ,  nicinitinn  ,  ct  ntconsultuin  jiivcntntaiii!  .\IT  mf/i/it 
tjncci'i  ,  iii-i-  i/oxxiuil ,  HIT  nicrcni.ur !  <>  lubi'icatn  irt.ufcni ,  el  in 
tli't.o'ius  pi'oi'ln'i'iit!  nitilftf!  ulinndiif  /'if/is,  cirtlttibus  inhnicn  , 
Milujitfittltuii  (led ifa  ,  intcinpcrQii*  .  (itjL'ui'iosti ,  libidinosn.  Kt 
voihi  comment  el  ;i  (juoi  s'emploio  I'ar^cut  quo  Its  pores 
prennt.'nt  soin  d'amassor  par  taut  do  veillos  ot  do  suours. 

Noel  Falconet  continue  ses  lecons  ot  sos  repetitions  ,  ot  dit 
(]ii'ii  sail  lantt)t  tout  co  (jii'il  I'aut  repoiidro  publi(jiiement  : 
mais  il  me  temoigne  d'etre  on  poino  do  savoir  si  M.  I'ar- 
cheveque  de  Lyon  sera  alorsii  Paris  ,  <lc  (//in  niliil  uiitim  d//i/'~ 
mure ;  joint  quo  nous  no  savous  quand  le  roi  y  arrivora  ,  n'y 
ayant  encore  rion  do  certain  touchant  le  niariage.  Voila  (|ue 
j'ocris  a  M.  ^ieyssonier,  qui  vous  aimo  bion,  ot  fait  grand  etat 
do  vous  :  obligox.-moi  dt;  lui  fa  ire  rendro  ma  lettro  an  |)lus  ti'it 
el  on  assurance.  MM.  (lochardol  ,  Savaron  ot  lloussolrt  NOUS 
remercient  de  votre  souvenir;  ils  vous  baisonl  los  mains;  j'en 
Cais  autant  a  vous  ot  a  madame  Falconet,  a  notre  bon  ami 
M.  Spon  ot  a  M.  (iurnnr.  Jo  serai  loute  ma  vie  votre.  etc. 

I)c  Paris.  Ic  i  jiiin  KiOO. 


\    I  AIM  INK  I.  -2T 

LKTTKK  DXV1I.   -       !>/  menu: 

.le  vous  renvis  vendredi  dernier,  4  do  juin,  par  la  vole  de 
M.  Langlois ,  avocdeux  lettres ,  dont  1'uno  etoit  pour  M.  Meys- 
sonier  et  1'autre  pour  M.  Barbier.  J'ai  aujourd  hui  rencontre 
uotre  avocat,  M.  Clieuuot,  lequel  m'a  clit  que  les  chirurgiens 
do  Saint-Crime  n'etoient  que  des  sots,  et  quo  la  rescision 
ijii'ils  avoient  obtenue  ne  serviroit  qu'a  leur  fa  ire  couter  de 
I'argent  et  a  augmenter  leur  honte.  II  dit  qu'il  est  tout  prot 
de  pi  aider  centre  deGorris,  mais  qu'il  y  a  encore  d'autres 
avocats  (jui  s'appr<Hent  fee  sont  ceux  de  1'Universite),  et  que 
jamais  les  huguenots  ne  gagueront  cette  cause. 

Pour  reponse  a  la  votre ,  (jue  je  viens  de  reeevoii1  ce  H  juin  . 
je  vous  dirai  (jue  je  me  souvieus  tort  bien  de  votre  )\.  de  Luc- 
ijues  :  il  a  ete  a  M.  de  Guise  et  a  etc  a  Naples  aver  lui  :  c'est 
un  grand,  maigre,  un  pen  rougeaud,  delicat,  >•(  rtfi-ar  ra/cfH- 
f/inis.  (]e  gareon  est  pulmonique ;  il  a  ete  quelquefbis  mon 
auditeur,  je  1'ai  traite  iei  malade  ;  il  avoit  quelque  proces  ;i  la 
grand'cliambre ,  an  rapport,  de  M.  Musnier.  On  imprime  la 
ViedeGalieu,  du  ])ere  Ph.  Labbe ,  qui  est  dc  liourgos  (l\ 
G'est  Labbe  et  non  I.abbe  ,  qui  differe  en  tout  du  pere  Labbi'1, 
de  Lyon,  (jui  fait  du  latin  par  pointes,  et  de  pain  d'epice> 
('cite  Vic1  partira  avee  qiielques  autres  pieces  curieuses  <pie  je 
NOUS  destine. 

On  dit  ici  <|ue  le  roi  doitetre  marie  aujourd'hui ,  6  juin,  el 
qnodemain  It1  roi  d'Augleterre  fera  son  entree  dans  Londres. 

.le  vous  remcrcie  tres  humblement ,   et  vous  et  madame 

;'1)  \  oici  Ic  litre  :  Cl.  Galeni  riln,  ex  in-o/iriis  ojieribus  collecta.  at- 
t/ue  intcrvallis  quutuor  distincta,  H5!iO.  in-S".('/t\"t  (itii  I'iilin  ijni  In  lit 
imprimer.  L'auteur,  n'ctaul  pas  sati>fail  dc  .-on  prcinior  lr;«\ail.  en 
puhlia  la  nu'iiie  aniuH*  unc  sccondc  edition  aver  dos  chaiigcrncnls  ct 
additions ;  le  tilro  meine  fut  change  :  Cl.  (ialeni '  d-ronoloi/icum  cl<>- 
(jiutn  ,  cum  Jncobi  Mentclli ,  doctor  incd'cus  .  ci>islola.  ("otto  Vio  c!  • 
Galien  csl  forl  savantc.  la  «cnle  complete,  ct  beancoup  d'autcurs  y  t  n! 
pnise  sans  indiquer  la  source.  (U.  P.^ 


218  l.KTTHKS    !)K    (.11    I'A1I> 

Kalcoiic't  ,  de  la  pail  que  vous  prene/,  an  manage  que  nou> 
avons  fait  de  ruon  aim'1.  Nous  n'avons  fait  aucune  assembler  ; 
il  u'y  a  eu  do  notre  cote  que  le  frere  du  marie,  ( 'aroint  incus . 
/ili//s  (/ulciiisiinus,  pathologic?  professor ,  ot  le  frere  et  la  sccur 
de  ma  femnie.  Tout  le  nionde  se  loue  de  eette  moderation;  les 
grandes  assemblies  soul  tort  importunes  et  incommodes. 
Notre  profession  nous  empeclie  de  fa  ire  tant  de  ceremonies  , 
joint  qu'elles  content  trop.  Faites-moi  la  grace  de  fa  ire  mes 
recommandations  a  noire  clier  et  leal  ami  M.  Spoil,  qui  re- 
eevra  dans  huit  jours  line  autre  graude  lettredequatre  pages, 
j'en  suis  a  ia  troisieme.  Je  lui  ecris  volontiers,  el  a  vous  en- 
core davantage.  J'ai  de  la  joie  quand  je  vous  puis  mauder 
(juel(|ue  cbose  que  j'espere  vous  pouvoir  etre  agreable:  aussi 
je  lis  etrelis  vos  lettres  avec  rejouissanoe,  et  j'ai  sonvent  regret 
que  je  n'aie  deces bonnes  nouvelles  a  vous  niander  telles  qu<> 
je  desirerois  bien  ;  mais  (jtiitl  ffirc/'cm  '? 

Je  vis  liter  chez  M.  Housselet  un  reverend  pere  augustin  . 
honinie  sage,  savant  et  bon  compagnon  ,  nomine  le  pi'i'e  Car- 
pentier,  qui  fait  grand  «'itat  de  vous.  Nous causames ensembli1 
de  plusieurs  cboses.  .le  le  trouve  bonnne  d'esprit  et  de  belle 
conversation  :  je  lui  ai  promis  de  YDIIS  fa  ire  ses  recommainl;!- 
tions.  t)"C  fait  votre  Uasset  ?  M.  iiouge  est-il  recu.'  Paiera  t-il  Ic.s 
100  ecus  de  la  verification  de  vos  statrts?  (le!a  causiM'a  (|iicl- 
que  trancbee  dans  la  tete  on  dans  le  venire  d'un  Provencal  , 
qui  esl  natif  d'Antibes.  11  y  a  ici  des  lettres  qui  portent,  ce 
7  juin,  (pie  le  roi  d'Angleterre  i'era  son  entree  dans  Londres 
le  OdcMie  inois,  <[iii  sera  mercredi  procbain.  Pour  le  mariage 
rluroi.  nous  n'en  avons  enc.ore  rieu  de  certain :  les  Kspa- 
gnols  opposent  toujours  par  de  nouvelles  finesstis  leurs  IVoi- 
deurs  accoutumees  a  noscbaleurs  ordinaires:  neanmoins  I'on 
dit  ipie  ce  doit  etre  pour  le  S  dejuin. 

Je  I'us  bier  souper  cbez  31.  le  premier  president,  que  j'en- 
tretins  asse/.  bien  devant  le  souper;  mais,  conime  nous  aclit  - 
vions  ile  souper,  survint  M.  le  comic  d'Albon,  qui  dit  qu'il 
avoil  soupe:  ti'it  apres  survint  inadame  sa  fern  me,  et  pui.s 


\    I'M  MINK  I.  510 

d'autre  monde,  cequi  (ill  cau.se  que  je  m'en  vins,  toul  doii- 
eeinenl  sans  dire  adieu  a  personne,  comme  on  fail  chez  les 
grands.  J'appris  la  que  ce  dernier  rompu  de  la  (Jreve  etoit  le 
vrai  Solilaire  ;  qu'il  avoil ,  avant  l'age  de  vingt-deux  ans  . 
tue  cinquante  personnes;  qu'il  s'appeloit  de  la  Noue ;  que  son 
pere  est  a  seize  lieues  d'ici  inoine  de  1'ordre  de  la  Merci ;  <|u'il 
avoit  ete  complice  du  vol  de  M.  du  Plessis-Believre  ,  ce  qu'e- 
tant  reconim ,  il  satisiit  a  parlie  else  rendit  moine;  qu'alors 
il  etoit  ecuyer  de  M.  de  la  Vieville;  qu'il  avoua  ;i  la  question 
que  lui  etoit  le  veritable  Solitaire,  et  que  toul  ce  qu'il  avoil 
ditdurant  son  proces  d'un  autre  etoit  faux.  Hier  an  matin, 
rue  Barbette,  il  y  eut  un  grand  carnage  de  plusieurs  laquais 
qui  s'y  battirent  en  duel ;  il  y  en  a  eu  plusieurs  de  blesses  et 
sept  de  tues  sur  la  place.  Les  macons  et  tels  ouvriers  de  ba- 
tinient  out  tache  de  Cairo  ici  sedition  (l),  laquelle  eut  ete  a 
craindi'e,  taut  elle  etoit  grande,  niais  on  en  a  pris  prison- 
niers  par  arret  de  la  cour;  on  croit  (jue  le  danger  en  est  passe. 
Je  vous  prie  de  fa  ire  nies  humbles  recommandatioiis  a  ma- 
dame  Falconet,  a  tons  nosamis,  ii  M.  Spoil  et  a  M.  (larn'uM1. 
et  d'etre  persuade  que  je  suis  de  tout  mon  cirur  votre,  etc. 
Quand  nous  viendra  le  Saint-George  du  pere  Theophile  Ray- 
naud  ? 

I'.  -V.  Le  roi  d'Anglelerre  a  mandg  a  la  reine ,  sa  mere . 
qui  est  ici,  (ju'il  est  arrive  en  Angleterre,  et  (ju'il  ne  vit  jamais 
lant  d'acclamations.  On  attend  dernain  le  courrier  (jtii  appor- 
tera  la  nouvelle  comme  il  est  enln''  et  a  ele  recu  en  Angle- 
terre. La  paix  est  faile  enlre  le  Danemark  et  la  Suede:  celle 
tie  lal'ologne  est  faite  aussi.  Les  lettres  tit;  llamboiirg  portent 
qti  il  y  esl  ai'rive  deux  vaisseaux  tie  croinwcllistcs  qui  se  sont 
exiles  de  Londres ,  et  qu'ils  n'y  out  point  atteudu  le  retourdu 
roi  d'Angleterre. 

De  Paris,  le  S  juin  KiO  ). 

I  On  \oil  quo  la  (jreve  <\c*  oinriers  en  bnliment  et  memo  (r.mtre-, 
corps  de  rnelier  n'esl  pas  ehosc  nouvelle.  car  cede  sedition  n'elait  pa* 
;iutre  chose.  H.  I'.' 


•1-10  '  l.hiniKS    Dh    i,l  I    1'UIN 

LETTKE  DXVII1.   -     Au  menw. 

J  :  NOUS  ai  eerit  quo  le  roi  d'Angleterre  a  fait  son  entree 
dans  Londres  le  8  juin.  Ce  merae  jour,  il  a  fait  le  general 
Monck  chevalier  de  la  Jarretiere.  Le  milord  Lambert  s'etoit 
encore  une  fois  sauve  de  prison ,  mais  il  a  encore  ete  repris. 
On  a  fait  commandement  a  tous  ceux  qui  sont  de  la  famille 
de  Cromwell  et  de  son  gendre  de  sortir  d'Angleterre  et  des 
deux  autres  royaumes  :  certes  dujittts  !><>i  /tic  eft.  Voila  un 
sucees  tout-a-fait  extraordinaire  de  la  puissance  de  Dieu  sur 
le  gouvernement  des  Etats,  tot  ou  tard  il  se  fait  paroitre.  Si 
le  roi  d'Angleterre  d'aujourd'hui  vouloit,  se  voyant  retabli , 
fa  ire  comparaisori  avec  une  certaine  galerie  dont  a  park- 
.Mai'tial ,  il  pourroit  dire  : 

Sunc,  et  danmajucant.  sunt  ipsa  pericu 'a  lunli. 
Slanlia  non  poterant  lecla  probare  Deo .;. 

iMais  en  voici  d'une  autre.  I'orn  a.wni,  ct  Itnbcbi*  f abut  am. 
Hier,  a  sixheuresdu  soir,  furent  roinpus  cintj  grands  laquais 
en  la  rue  Saint-Antoine  ;  il  y  en  a  encore  deux  autres  prison- 
niers  de  la  memo  troupe,  les  autres  out  j>ris  la  fuite  an  nombre 
de  neuf.  Seize  coquins  surent  (ju'une  veuve  qui  n'avoit  (jit'une 
servante  avoit  nouvellement  reyu  quelque  argent;  ils  s'en  alle- 
rent  effrontement  la-dedans,  lierent  et  garrotlerent  ces  deux 
pauvres  creatures,  (ju'ils  volerentetemporte'rent  tout  cequ'ils 
purent.  (Juid  f'nccrcnf  /ujstcx  <:«i>1.«  crude  tins  nrb<?  /  Je  suis  bien 
fache  (jue  Ton  ne  tient  les  neuf  autres,  aiin  qu'ils  subissent 
la  ineme  peine  qu'ils  merilent  fort.  Le  (liable  n'est-H  pas 
bien  dechaine  sur  la  cliretiente,  <[ue  tels  crimes  se  coinmet- 
tent  par  de  telles  gens,  et  an  milieu  de  Paris?  En  fait-on  de 
plusinfamesen  Tuniuie,  oil  Ton  ne  preclie  point  I'Evangiledu 
Messie  et  oil  il  n'y  a  point  de  moines?  Pour  moi ,  je  crois 
(pie  la  I'm  du  monde  viendra  bientot.  (juand  je  vois  taut 
d'iniijuites. 


A    FALCONET.  '221 

Nous  avons  ceans  votre  planche,  quc  Noel  Falconet  a  ete 
rccevoir  ce  matin  ;  nous  la  conserverons  et  en  ferons  ce  qu'il 
f'audra.  Je  lui  ai  fait  voir  votre  lettre ,  nt  1'ai  avert i  qu  il 
redouble  son  etude,  d'autant  (|ue  M.  I'archeveque  de  Lyon 
sera  bientot  ici. 

On  dit  que  le  cardinal  Mazarin  arrivera  aujourd'hui  a  In 
Hochelle,  d'oii  des  denial n  il  partira  pour  venir  de  deca  en 
diligence,  afin  de  donner  ordre  a  plusieurs  clioses,  et  entre 
autres  a  quelques  siennes  nieces,  et  ii  I'entree  que  Ton  pre- 
pare pour  le  i'oi. 

On  dit  que  le  marquis  de  Richelieu  est  fort  en  faveur  au- 
pres  du  roi ;  c'est  lui  qui  est  le  gendre  de  madame  de  Beau- 
vais ,  qui  est  chez  la  reine. 

On  tient  ici  le  roi  marie  du  6  juin,  et  quelques  uns  disent 
deja  (ju'il  est  en  chemin  pour  revenir  a  Fonlainebleau .  Nous 
avons  perdu  un  de  nos  compagnons,  nomine  M.  Mandar,  age 
de  soixante-dix  ans  ;  ils'etoit  fait  huguenot  pour  epouser  une 
fern  me  laideet  riche.  et  est  niort  tel  en  Touraine,  on  il  s'etoil 
retire  dans  une  maison  qui  lui  appartient,  oil  il  a  eletroisans 
paralytique.  11  y  en  a  encore  vingt-un  devant  moi ,  entre  les- 
quels  il  y  en  a  quelques  uns  de  bien  uses  et  fort  arides  <'.c  s/'r. 
fit  ate  s<>)iilf. 

On  dit  que  le  roi  sera  ici  le  15  juillet  procliain  ,  et  que 
nous  allons  voir  beaucoup  de  princes  souverains  ligues  en  - 
semble  pour  fa  ire  la  guerre  au  lure,  savoir,  le  IVrsan, 
Ternpereur,  le  prince  de  Transylvaiiie,  le  roi  d'Kspagne,  les 
Venitiens,  etc.  Les  Anglois  et  les  Hollandois  se  son!  dt'iclan;s 
pour  le  roi  de  Danemark  coutre  les  Suedois,  (|iii  out  encore 
taclie  depuis  pen  de  les  surprendre  On  parle  aussi  des  Mos- 
covites  contre  les  l^lonois. 

Je  vous  remercie  de  votre  Arithmetique  latine,  (|ue  je  re- 
i;us  hier  par  iM.  Troisdames :  je  delivrai  aussitot  ii  K;ilconel 
son  cahier  pour  la  langue  italienne:  il  esl  fort  diligent  ,  et  il 
ne  manque  aucune  dt.'  mes  lecons.  Je  vous  prie  de  dire  ;i 
M.  Hai'bier  que  je  viens  de  rei-evoir  sa  Ictlre  el  les  beaux  veix 


2'2'2  I.KTTKES   DE    I.I  I    I'ATfN 

de  M.  Boissal,  qui  est  un  gcntihonime  do  merito  ,  ot  quo  j'bo- 
nore  il  y  a  plus  do  trente-doux  aus.  Tout  notre  arret  est  en- 
core an  grefi'e ,  a  cause  do,  1'absence  du  greffier,  M.  Boileau  ( I J. 
l/att'aire  do  31.  de  Gorris  ost  toujours  la,  il  no  jouit  point; 
e'est  a  lui  a  poursuivro  1'audienco,  laquelle  no  so  pourra 
avoir  que  tros  difficilement.  J'ai  recommande  I'affaire  des 
manuisiers  de  Lyou  ,  que  M.  Barbier  m'avoit  reoommandee  ,  a 
(|uatre  consoillors  de  laquatri^medesenquetes,  I'undcsquels 
ost  M.  Bouvard,  tils  du  feu  premier  medecin  ,  qui  tons  qua- 
tro  sont  des  plus  forts  de  la  cliambro.  L'un  des  quatro  rnedit 
it  Toroillo  :  ,/<•  .sv/j's  birn  cr  fjiic  ri'st;  /<•  »e  xnis  .</'  rex  //tt'tminirrs 
iHiHi-rimt  f/"</i<c>'  lew  r<i>i<n.:  A  (|uoi  jo  puis  vous  dire  ee  (jue 
iVt'i'oi)  disoit  sur  le  theatre  aux  juges  des  prix  destines  pour 
eeux  qui  avoient  le  mieux  cliante  :  Farii-nda  /(>r/ ,  craiftis  c.st 
in  iiiinin  forf/nx.i> ,  eomme  (lit  Suotone  ;  ou  comnie  a  dit  Apu- 
lee  en  ses  Florides  :  Omnibus  bom's  in  rebus  coiKt/i/n  fait  si'Diin-/- 
m  Inndi' ,  ('coitus  in  fort/tnu.  Ji>  vous  baise  les  mains,  et  vous 
prie  de  faire  mes  recommandations  ii  inadamo  Faleonef,  ii 
tons  nos  amis,  et  principalernenl  ii  M.  Spon,  et  suis  do  lout 
mon  ('(L'ur  votre,  ete. 
D<-  P.iris,  le  10  juin  1<i<iO. 


KKTTMK  l)\l\.     -   A 

(lomme  jo  me  sens  fort  honoro  de  1'bonneur  do  votre  ami- 
tie,  aussi  dirai-je  (|iie  je  suis  ravi  de  vous  ocriro  et  di^  vous 
lomoignor  ma  diligence  dans  les  occasions.  Je  vous  onvuyai 
liier  un  paquet  de  lottros  ]>ar  la  voie  do  M.  Langlois  (eo  samedi 
l!>juin!  dans  loquel  etoiont  deux  loltros  jjour  vous,  do  Irois 
pa»os ;  unr  pour  noire  bun  ami ,  M.  Spon  ,  el  uno  autre  pour 

I     l.f  pt-rc  do  I'illustrf  ;iiitcur  ilr-  ttitira,  .1  il«-  1' .-!/•/  juti'liqiti'  .   cl.  . 

M.  I'. 


V    FM.CONKI.  -2-2.1 

M.  Barbier,  qui  in  a  envoye  \' Aritlnnetiqw  tin  pere  Lioluud  , 
iniparfaile  d'une  feuille.  Noel  Falconet  n'est  pas  aujourd'Uui 
venti  a  ma  leeon  ,  car  il  a  assist*''  a  1'acte  d'un  Lyoimnis. 
nomine  Manis,  au  college  de  Lisieux,  oil  memo  il  (lit  avoir 
dispute. 

.le  viens  de  recevoir  votre  paquot  de  lettres .  ee  dimanehe 
•20  juin.  4'ai  donne  h  Noel  Falconet  sa  part ,  aver,  le  meinoire 
de  la  lettre  pour  M  le  Sanier  ;  j'y  ai  trouve  la  letlre  de 
M.  Meyssonier,  clout  je  vous  remercie,  et  aiujuel ,  ponrtoute 
reponse,  je  vous  prie  de  dire  queje  lui  rends  graces  de  la 
sieinie;  que  je  n'ai  jamais  vu  son  Hvre  dont  il  m'eerit,  inti- 
tule V/fis/ain1  dc  /'{ 'n/i'r/-si/(:  dr  Li/mi ;  niais  je  vous  prie  de 
me  1'arheler  et  de  me  I'envoyer,  avec  le  Sinirttix  Grcgiirinx 
<'ni>l><nl>.i:  du  pere  Theophile  Raynaud  ,  (|tiand  il  scn'a  acheve, 
si  ce  n'est  (pie  I'auteur  meme  vous  eu  donne  tin  pour  moi ; 
j'ai  grand  regret  de  n'avoir  vu  ce  livre  ci  devant.  Vous  pour- 
rex  aussi  lui  dire  <|ue  Fr.  Kabelais  est  mort  ;i  Paris  Tan  l .">;">.'$, 
dans  la  ruedes  Jardins,  paroisse  de  Saint-Paul  ,  et  qu'il  y  est 
enterre  dans  le  cimetiere ,  au  pied  d'tin  grand  arbre,  irlif/inn/- 
pnti'Kin  inultos  M/-c(if<i  i»:r <uino*.  II  dit  en  mourant  :  Tirez  le 
rideau,  la  farce  est  jouee ,  comme  rapporte  Freigius  ,  lorn.  1 , 
('nimncHtnt'.  inwationes  Ciceroni's  ;  ei}  (juoi  il  imita  Auguste  , 
qui ,  au  rapport  deSuetone,  en  mourant  dtMnanda  a  ses  amis  : 
.^iwquid  1'it/i'  minium  coniiiiofh' jtfi'cyiwt? Qlc, 

^f.  Simonet  est  adroit  et  rust'1  comme  tin  iin  vendeur  de 
perles  et  un  joaillier  ratline.  .It;  1  ai  (piitti?  cc.  matin  ;  il  est 
fort  content  de  moi:  je  lai  fait  saigner  liardiment  ciiuj  fois  . 
Iain  in  in'jiliri-1  irn  ditloi'c  ,  t//i(ini  in  (n'f/ii'ifico ,  i/ui  ,  nt  mnrix  i-xl  , 
Iti'int'cin  subswutiis  t'xt .  11  ii  a  point  avale  d'huile  d'amandes 
donees,  et  n'a  use  d'aucun  secret,  car  je  n'en  ai  point;  je 
n  en  demande  qii'un  ii  Dieu,  //'/"//''  IH-IK-  nirfli'tifli  uii't/ntfluin  . 

ijiur   I'Sf    ll/'ctfi/l/lil   ll/'f/S     lllll.i:i  Illll III  ,     'V     Xi'i-i'i'filni     Si'l'l't'lui'llHI     Si'- 

>•>•<.'/ /Minn/in  ,  c/n'u  inim:is  iiiitiiin  !  Ouand  on  va  par  ci'  chemin 

/  nt'  I 

la,  <»n  ne  se  lotirvoie  jamais,   c.'est  le  chemin  des  gens  de 

lilt'll  ,  Sf'fl  fjni  (jini't'Hiit  I i/i'/'iii/i  ,   JUT  friimlca    i't  niifiiiftfiti'tis.  JUT 


•2-24  I.ETTRES    DE    (ilM    I'ATIN 

vias  nbliquas  grndiuntur ,  tels  que  sont  (iuenaut ,  ties  Foilge- 

rais,  Bodineau ,  et  les  deux  gazetiers  ,  ft  <ili<t'  jicuft-s  affix 
•ndstni'  (I). 

On  parle  ici  du  re  tour  du  cardinal  Ma/ariii  ,  et  (ju'il  arrivera 
ici  quinze  jours  avant  le  roi,  alin  d'envoyer  ses  nieces  quelque 
part  loin  de  Paris,  d  ou  elles  ne  puissant  jainais  voir  le  roi  ni 
tA'trevuesdelui ;  on  flit  que  notre  nouvelle  reine  a  bon  appetit, 
et  qu'elle  mange  comme  sa  belle-mere,  11  ne  faut  pas  tant 
manger  si  on  veutvivre  longtemps  ,  nfitwa  panels  contenta.  En 
passant  de  la  medecine  a  la  politique  .  il  y  a  longtemps  qu'on 
nous  mange ;  la  Franco  potirroit  dire  a  bon  droit  aver  Plauli  , 

l\ Hi*  il  otsa  suw  ,  miseramacriludine. 

Me  pardoimerez-vous,  monsieur,  si  je  vous  ecris  la  debau- 
che  (jue  je  (is  bier?  (le  mardi  -22  juin,  je  me  laissai  entrainer 
avec  ma  fern  me  et  nos  nouveaux  maries  a  Saint-Denis  .  oti  jt' 
vis  la  t'oire,  ()ui  est  une  cbetivc  cbose.  L'eglise  est  belle,  mais 
nn  j)eu  obscure;  le  tresor,  ou  il  y  a  bien  du  galimatias  et  de 

(I)  Noire  auteur  so  laisse  loujoiirs  emi)orler  a  sa  ^ivacite  passionncc 
r.nnlre  ce«  stibiales  tortores ,  on  cos  medicaslres  (|iii  onl  hraucoup 
plus  d'habilele  accessoire  ,  do  vulgaire  savoir-iaircqiie  de  nicriic  reel. 
Sans  doute,  oe  sccreltim  sccretorum  secratissiinnni  <le  l>ien  ^uerir 
ronsifto  dans  un  sa\oir  proibnd  ,  reel,  et  dans  !;i  bonne  niellioJe 
d'apprectation.  Mais  laut-il  pour  cela  rosier  slationnaire  ,  n'ailorer  (|ue 
le  dieu  IVrnie  ,  repousser  loul  projjres  ,  toule  idee  qui  germo  ,  ionic 
luniiere  oonuneiicaiit  a  poindru  >ur  I'liori/.on  scienlilique  ?  C.e  sr rait 
im  sacrilege.  Je  1'ai  deja  dil.  (|uand  riionime  durerail  aulant  (nie  le 
soleil  ,  il  irail  loujours  apprenanl  quehjue  verile  noinelle  .  il  niourrail 
encore  altaine  de  savoir  (h\  comment  (lui  I'atin  puuvait-il  croire  (|ii'a\er 
tiippocrale  et  (jalien  on  avail  le  dernier  mot  de  la  inedeeine  .'  (/<  st  la 
precisemenl  le  reprochc  que  lui  firent.  sesadversaires  serieux  .  el  non 
••ans  quelquc  londernenl.  .Mais  rien  de  ]>lus  \rai .  on  lombe  loujours  du 
cole  ou  1'on  penche  ,  les  plus  {>, rands  homines  ne  furent  jtoint  e\eni|il- 
de  pareille  ehule;  tons  se  soul  (ait  illusion  sur  le  mieiix  .  MM  le  vrai  . 
inn-  onl  pii  dire  re  mol  d'un  ancieii  .  re|>eli-  »ou>enl  pin  (iiii  I'alin  lui- 
nieme  :  Deci/ii'mur  x/.prip  recti.  \\.  I' 


A  FALCONET.  -2-2') 

In  badinerie  ,  />ro  more  yi'iitis,  et  les  tombeaux  dcs  rois  ,  0(1  je 
no  pus  m'emp6cherde  pleurer,  voyant  tantde  monuments  de 
la  vanite  do  la  vio  hurnaine;  quelques  lannos  m'echapperent 
aussi  an  inoiiumont  du  grand  et  Imn  roi  Francois  I"",  qui  a 
t'onde  notre  college  dos  professeurs  dn  roi.  II  faul  (jiio  je  vous 
avoue  ma  foiblesso  ,  jo  lo  baisai  memo,  ot  son  beau-pere 
Louis  XII,  qui  a  etc  le  pore  du  peupleet  le  nieillcur  roi  que 
nous  ayons  jamais  eu  en  Franco.  II  n'y  a  point  encore  do 
tombeaux  eriges  pour  les  Bourbons,  quorum  cad  aver  a  servant  ur 
in  quad  (»n  cello,  dans  le  chu'ur  au-dessous  du  grand  autel,  a 
main  droite ,  ou  on  a  mis  encore  depuis  pen  le  due  d'Orleans, 
qni  mourut  a  Blois  le  •>  tevrier,  et  le  septieme  jour  d'une 
fievre  continue  ,  avoc  tine  fluxion  stir  la  poilrine  et  qualre 
prises  devin  emetique  ,  dont  Guenaut  ordonna  les  trois  der- 
nieres  ,  disant  que  c'etoit  le  vrai  moyen  do  le  guerir.  Si<-  mo- 
riuHfttr  princijjcs>sic  iturad  nttra,  finite  d'nn  bon  medecin  (jiii 
saclie  le  secret  do  Gallon ,  citn  et  frequenter  mittendo  snnguine)nt 
pour  empecher  ([Lie  le  feune  so  motto  dans  le  poumon  et  dans 
le  coeur.  Ma  femme  etoit  ravie  do  cos  bagatelles,  et  prenoit 
pour  autant  de  verites  les  potits  conies  (jii'un  moine  lui  debi- 
toit,  on  les  autorisant  avoc  sa  baguette.  J'otois  doja  infbrmo 
de  ces  sottises,  lorsquejo  t'us  a  Saint-Denis  aux  funerailles  du 
roi  Louis  XIII,  avec  notre  doyen  31.  do  la  Vigue ,  en  1(5-1-2. 

Le  prince  de  Gonde  ost  arrive  la  nuit  passeo  a  Paris,  n'ayant 
oto  (|ue  quatre  jours  a  venir  ici  do  Poitiers.  ()udit<|ue  rempe- 
j'our  envoie  ses  troupes  en  Hongrie  y  laire  la  guerre  an  Tun' 
pour  obtenir  des  reparations  do  certains  pillages  que  les  Turcs 
y  out  la  its. 

Nos  nou voiles  de  Lomlros  portent  (jue  les  deux  (Yores  du 
roi  ,  les  dues  d'York  et  do  Glocester,  out  ete  j)reudre  lour 
place  dans  la  cbambre  de  la  noblesse,  au-dessus  des  gentils- 
bommes  du  pays;  inais  on  n'y  a  encore  fait  rnourir  p«;r- 
sonne. 

On  fait  ici  grand  bruit  de  la  morl  do  mademoiselle  do 
(iuerchi.  On  avoil  mis  prisonniero  dans  lo  Ghatelet  la  sag»'- 
m.  I  ;"> 


•2'2G  I.KTTIIF.S    I)!-    lii'l    1'ATIN 

fern  me;  elle  a  etc  traduilodans  la  Conciergerie  par  arretde  la 
com1,  Leeure  de  Saint-Eusjtache  a  refuse  la  sepulture  an  corps 
do  cette  dame.  On  dit  qu'on  I'a  porte  dans  1'liotel  de  Conde, 
et  qu'il  y  a  ete  mis  dans  la  chaux,  afin  do  le  consumer  plus  tut, 
otqu'on  n'y  puisserion  reconnoitre  si  on  venoit  a  la  visite.  La 
sago-fommo  s'ost  assez  bion  defendue  jusqu'a  present ;  mais 
(did1  ndmovcbitntu)' nwchintv ,  <//ni'  <ifti-s  (idhttwlnmtur  <\d  cruun- 
f/iii/i  I'crum.ie  crois  qu'ellesera  mise  a  la  question  ;  les  vicaires 
generau x  et  les  plenipotentiaires  se  sont  alles  plaindro  a  M.  le 
premier  president  que  dopuis  un  an  six  cents  f'einmes,  do 
compte  fait,  se  sont  confessees  d'avoir  lue  et  etonlle  leur  i'rnit , 
et  qu'ils  y  out  particnlierement  pris  garde  snr  1'avis  qu'on 
leur  avoit  donne  (j). 

Hier  deux  voleurs  furent  pendus  a  la  (Ireve,  Ions  deux 
jeunes,  qui  voloient  ici  alentour  :  I'mi  des  deux  avoit  etc 

(1)  Colic  demoiselle  do  (iiiorclii,  sc-duilo  par  le  duo  do  Vilry,  se  lit 
a\orl(.'r  el  mourul  des  accidenls  c|ui  survinrenl.  Oil  croit,  mais  sans 
1>  ouvos,  quo  celle  avonlurc  donna  lieu  au  famouv  sonnet  do  i.ivorton. 
par  le  poete  liesnault.  el  dont  voioi  les  derniors  vors  : 


On  pout  consulter  Haylo.  article  (iui  Patin,  ftictionnaire  histoi'ique, 
«(ur  rintainc  coutunio  de«  dames  romainos  do  so  faiiv  avorler  ,  sad  nun 
i>ttl>nnc  ,  coniine  dil  Ovido. 

\1.  do  Chateaubriand  a  cile  ce  passage  de  (lui  Patin  ,  purlanl  do  ces 
si\  cenls  i'ciimies  qui ,  depuis  un  an  .  se  soul  confessees  d  avoir  lue  el 
olouH'o  leur  fruit.  Ouollos  nuriirs!  ijuelle  corruption  !  Ce  qui  n'oinpeVhe 
pas  que  1'epoque  dc  (iui  Patin  n'ait  cle  re^ardoc,  loueo  et  citeo  comme 
la  boil  temps  par  la  generation  suivaiite.  I, a  plupart  des  sieclos  out  olo 
calomnies  dolour  vivanl:  it  no  lant  done  pas  allriliuer  au  noire  line 
dc[iravation  i»lus  profondo  quo  dans  los  temps  qui  onl  precede.  IVail- 
leiirs  aujourd'hui,  ainsi  qu'on  on  a  fail  la  rcinarquo  ,  lout  est  conuu  . 
tout  e>l  public.  Ouand  un  crime  e>(  cominis  dans  le  dernier  village  do 
|-'rance  .  il  pas.^e  aussittM  «lu  petit  journal  do  la  localile  dans  lou.s  le» 
i":!niau\  «lo  ro,aume.  I'tii1-  \  onneiil  les  lunijtlis-ri'ii/hisde  Injustice. 


\    lAl.C.oNKT.  -1-1"; 

tambour  du  roi.  II  est  des  larroiis  de  tout  melior ;  (inenaiit 
memeen  a  Tail  etredu  ndlre.  Un  m'adit  aujourd'lmi  qiienotre 
des  Fougerais  se  plaint  do  son  meme  mal  ijue  I'an  passe, 
cereri  debet  ne  sit  illi  autumnus  libitimequipstus  <tr<'i-h<i'. 

La  paix  est  iaite  tout-a-lait  entre  les  Danois,  Suedois  et 
1'olonois :  la  voila  tantot  par  toute  1'Europe.  Je  vous  baise  les 
mains,  et  suis  de  tout  mon  cuw  votre,  etc. 

P.  S.  Le  greftier  travaille  a  noire  arret;  je  suis  depute  pour 
Iravailler  la  semaine  qui  vient,  avec  quelques  an t res  colle- 
gues,  a  1'examen  des  comptes  de  notre  farulte. 

De  Paris ,  le  22  juin  1660. 


LETTRE  DXX.  --An 

Je  vous  envuyai  ma  derniere  venilredi  dernier,  25  jniji,  par 
la  voie  de  31.  Troisdames ;  MM.  du  parlement  ont  ordonne 
quo  le  lendemain  samedi  seroit  fete,  et  le  lundi  suivanl  ,  a 
cause  que  le  Ja  Ik'iun  f'ut  cliante  daus  Motre-Dume  jwur  l<-  >nn- 
i'iayedu  rut,  et  les  boutiques  furenl  t'ermees  le  samedi  2(>juin. 
31.  de  Vendome  etoit  malade  d'une  tievre  tierce,  laquclle  est 
devenue  continue.  S'il  meurt,  il  t'audradire:  Jii-lli-  am/- <!<>- 
rant  Dieu,s'il  //  c/'oyuif.'  An  moins  n'en  i'aut  ii  point  jurer 
qu'on  ne  soil  assure;  car  ce  sont  d'etranges  gens  (jut;  les 
princes  d'aujourd'hui,  et  peut-etre  (jue  tels  ont  t-le  pareille- 
inent  ceux  du  temps  passe. 

Je  ne  vois  |)lus  ce  pretre  qui  est  taut  deregle;  il  nc  |)aroit 
j)lus  dans  les  rfies ,  Inh-i  </,W ////>•  /////•"  »•/'/  <nit/tt/<>  ///•///>•.  J'ai 

rspecc  do  grand-livrc  crimincl,  anssi  rc^iilieri'inrnl  iciai  i|iif  n-lui  de 
la  dolte  publiquc.  DC  pan-ils  documcnls  n'cxtslaiciit  pas  aiilrclois. 
Horace  annoncail  deja  proi,enicn>  vit.'osiorem  :  la  noire  e>t-elle  done 
iiilerieure  a  la  generation  corroiupu.*  de  la  Home  de>  (.esars  '.-*  (lonve- 
nous  iiu1!!  y  a  toujonrs  des  \ices  et  des  .'rimes  au  loud  de  tonics  les 
-oricles.  coniine  il  >  :i  du  limon  .111  loud  de  lon<  lr~  tlrn\,-~  |{  \> 


2-2S  i.KTTtlKS    OK    (iCl    PATIN 

pour  (|u'il  lie  so  melle,  faille  d'argent  ,  a  fai>'o  <|ti<'li|iit'  vilaid 
metier,  dent  il  so  roponliroit  a  loisir.  Paris  est  plein  do 
fripons  ,  ilc  volours  ,  do  faux  nionnoyeurs;  on  a  beau  en 
pendre,  on  n'en  sauroit  fa  ire  larir  la  source.  Dion  vouillc 
i|u"d  s'amende  ,  et  quo,  non  nhmt  in  comiliwn  impiorwn  ,  //>/- 
ilif/Kf  iifinffftyftnn  innnnict . 

Le  roi  dovoit  arriver  a  liordeaux  la  voilie  do  la  Saint-Jean  , 
M.  d'Ksponior,  I'y  a  ])ivc(''de  ;  niais  en  ce  temps-la  tonic  la 
villo.  a  olo  fort  otoniioo  d'nn  ^rand  trembloment  do  torro,  <|iii 
a  on  d'horril'les  circonstances.  Los  grosses  cloches  on  out 
sonno  d'ollos-nnMiies,  dos  piorros,  dos  rochors  on  sontloiubos: 
href,  tout  lo  pa\>  on  ost  fort  scandalise;  ils  n'on  aitend.'iit 
rien  inoins  (pie  la  posle  ol  dos  impols.  (>ela  osl  arrive  lo  -1 1 
juiii  ,  qui  est  Ic  nionie  jour  ipio  M.  d'Espenion  y  arriva.  .1 
sifjiiin  cirli  n/i/ifr  incf/tcrr1  :  jo  suis  do  1'avis  dn  Saint-Esprit. 

M.  lo  cointo  do  la  FoAiillade  ost  disgraciu  pour  avoir  dit 
(|iiol(]iio  clioso  inal  a  propos  du  marin^t1  du  r<ji ,  niais  cola  so 
raccom modern.  On  a  ronvoyo  on  Espa^iu:  quolques  dames 
espagnoles  (pii  otoient  a  la  cour  au  service  do  la  roino;  on 
'our  a  fait  do  beaux  presents;  olios  s'en  sonf  retournoes  con- 
tent os,  disant  MOU  i  n  noil  is  qu 'olios  no  si1  ponvoien!  accent  inner 
en  Franco,  ot  quo  Ton  n'y  buvoit  point  asscv.  frais.  I. a  j'eine 
nonvollo  no  parle  point  (Miooro  (ranoois  :  olio  dit  seiiloinont 
cos  mots :  Al/ons  u  /'"/'is.  On  dit  <pi  ils  soront  ii  Fontainebleau 
le  13  do  juillet  ,  (pii  si-roit  uno  urande  halo,  co  !iio  semble. 
Noel  Falconet  acquiert  rhaquo  jour  (pielque  degre  do  sa- 
{^osso ,  (?t  dit  qifil  ropondra  biiMi.  1!  ainio  fort  a  <%>tre  jires  do 
nioi  ot  a  in'ocoutor  parlor.  Avant-hior  apres  diner  ,  coinmo 
nous  nous  entretonions  lui  ot  n:oi  ,  i!  snrvint  tin  hoimete 
lion  in  10  ,  avoc  qni  jo  parlai  environ  'ienii-li(!iire .  el  jinis  je  le 
inenai  dans  moil  elude  pour  lui  faire  tine  ordoiinance.  C.el 
ot'iicierdn  roi  lo  regard  a  fort,  el  apres  il  me  dit  lotMpie  nou.-i 
fumes  seuls  :  «  (,e  polil  jeiine  lioinme-la  vous  eooitle  atten- 


»  jo  fero^  bieii  moil  pl'olil  de  voice  [icescin'e  !  >,  Je  hii  dis  tpn 


A    FAI.CO.NKT.  '-20 

vous  etie/ ,  et  il  me  promit  de  vous  aller  saluer  quami  il  ira 
a  Lyon. 

On  dit  quo  le  roi  n'ira  ni  a  la  Koelielle  ni  a  Tours ,  maU 
quo  de  Bordeaux  il  viendra  a  Poitiers ,  et  puis  a  Chanibord  et 
a  Blois,  et  de  la  a  Fontainebleau.  Le  roi  d'Angleterre  a  desire 
<]iie  Ton  cbangeat  M.  de  Bordeaux,  notre  ambassadeur  qui 
est  a  Londres,  (in'uu  autre  Cut  envoye  eu  sa  place.  On  dit  <|ue 
ce  uouveau  roi  se  plaint  fort  du  cardinal  Ma/.arin  On  dit  aussi 
que  leroi  d'Angleterre,  les  Hollandois,  et  le  roi  de  Danemark, 
vont  Cairo  un  grand  accord  ensemble,  dans  lequel  ils  Ceront 
ee  qu'ils  pourront  pour  nous  y  Cairo  entror ,  aux  depeus  des 
autres  qui  ne  voudront  point  etre  de  nos  amis  ou  allies. 

II  court  ici  un  libelle  de  liuit  pages  in-quarto  ,  par  lequel 
il  est  prouve  «  que  le  crime  dont  la  dame  ('imttuntin  ,  sage- 
»  Cemine ,  est  depuis  pen  aecusee,  n'est  qu'une  suite  de  la 
»  doctrine  des  jesuites ,  et  aussi  pour  detromper  les  dame.-, 
»  qui  se  laissent  abuser  par  cette  erreur,  sous  pretexte  qui- 
w  ces  pores  1'enseignent  dans  lours  livres.  » 

On  dit  (pie  la  sago-Cemme  se  defend  fort  bien  ;  elle  avoue 
(pie  mademoiselle  do  (Juerclii  est  murte  cbex.  elle,  mais  (pi'elle 
ne  lui  a  donne  aucun  breuvago ;  (pi'elle  vint  chex.  elle  Curt 
malade  ,  on  ello  inourut  en  criant  cruellement ;  (pi'elle  a  0111 
parlor  d'un  certain  breuvage  queladito  dame  nvoit  pris.  mai> 
tpi'elle  ne  savoit  ce  (pie  c'etoit  ni  (pii  1'avoit  fait. 

M.  de  Maunouri ,  abbe  de  (iaillac  ,  maitre  des  requelo  , 
n'est  pas  bon  marcband  de  son  insulte  conlre  .M.  le  j»reniiei' 
president ;  les  maitres  des  requele.--.  rabandonnent  ,  au»i  bien 
ipie  M.  le  cliancelier.  On  lui  a  envoye  un  ajounienient  per- 
sonnel,  signe  de  M.  le  procureur-geiieral  ,  au<piel  s  il  ne  de- 
Cere  ,  il  sera  change'  en  prise  de  corps.  ( Mi  dit  qu'il  est  nlle  a  la 
conr  cbercber  de  la  protection. 

On  dit  (pie  le  cardinal  Ma/arin   arrivera  ici  avant   \^  mi  , 
mais  (pi'il  e>t  mal  en  sa  sante  ,  r.r  f/'r^m nff  duln/  /•  ///y////vy/Vo 
ft.  (trcrr/iiri  pixfayt'ti;  morn  etiuni  tn.i-i*  nitirntin'ilni»qnc  '•/•>  ////. 
On  dit  (pie  le  roi  o>t  presentement  a  Poitiers  ,  qu'd  sera  I" 


•J.'iO  i.r.ri!tt>  DI:  i;i  i  I-MIN 

!)  de  ce  mois  a  Amboise  .  ptiis  qu'il  viendra  a  Cliambonl .  on 
jl  sejournera  quatro  on  ehiq  jours  ;  de  la  ;i  Hlois  ,  aprosoola 
it  Fontainebleau  ,  de  la  a  Corripiegne,  avarit  quo  de  Cairo  son 
entree  dans  Paris,  pour  laqnello,  on  continuo  do  travailler  on 
divers  ondroits  .  ot  surtout  dans  la  rue  Saint-Antonio  ,  dans 
lo  memo  faubourg,  a  la  Grove,  sur  lo  pont Notre-Dame ,  an 
Marehe-Neuf  el  ailleurs. 

Los  nouvollos  do  )l.  do  Vondonio  no  sont  pas  bonnes,  il  ost 
encore  on  danger  do  sa  porsonno.  Lo  treriiblement  de  torro 
n'a  pas  etc  seulement  vors  Bordeaux  ,  mais  aussi  en  Auvoi1- 
gne  ot  ailleurs.  Lo  roi  passei'a  a  liiehelieu,  ot  on  eroit  qu'il  y 
sojonrncra  [>lnsieurs  jours.  On  (lit  quo  la  reine  a  eu  des  manx 
de  eoeur,  d'ou  1'on  soupeonno  qn'ello  est  doja  grosse.  Cela 
seroit  agreable  aux  gens  de  bieu,  pourvu  que  le  peuple  soil 
soulage  ,  lequel  langnit  il  y  a  longtemps  de  tropdepauvreto. 

On  rompit  hier  un  volour  a  la  (iivve;  aujoiml'hui  seront 
pendns  trois  autros  mallioureux  an  faubourg  Saint-(iermaiii. 
.It,1  vous  baise  les  mains,  et  suis  tie  tout  nion  cauir  votro ,  etc. 

De  Paris,  Ie2juillct  1(500. 


LKTTKK  OXXI. 


Jo  vous  onvoyai  hier,  ce  '.}  juillet,  line  lottre  do(|uatre  pages 
par  la  voie  de  M.  Langlois.  On  dit  qiicM.l'abbedeGaillaccst 
alle  en  four  pour  obtenir  un  anvt  d'en-baut  toucliant  I'in- 
sultecju'il  a  faite  a  M.  le  premier  president;  cet  abbi'1  no  trou- 
vant  point  ici  d'appui  suffisaiit ,  ni  panni  los  maitres  des  re- 
(pietos,  ni  dans  lo  ])arlein»Mit :  sos  amis  monies  avouent  qu'il  en 
sera  mauvais  marcliand.  \.c  parloinent  I'ut  encore  bier  assem- 
ble pour  cello  all'airo. 

Votre  jeuiie  int'-decin  ,  M.  L.  de  Serros .  est  ici,  qui  vienl 
soigneusement  a  mes  lecons  ;  il  m'a  dit  qu'il  avoit  laisst-  son 


\  i  \ i.i ONI  i  .:ii 

eompagiion  (It-  voyage  ,  M.  do  Khodes,  a  Luiidres,  neanmoins 
incertain  s'il  passeroit  en  Hollands  ou  en  Klandre. 

Co  jonrd'hui  5  juillet ,  nous  avons  fait  la  licence  do  nos 
vienx  bacheliers  ;  ils  sont  sept  en  nombre  ,  donl  celui  qui  est 
le  deuxieme,  nomme  Dodart,  age  de  vingt-cinq  arts,  est  un  des 
plus  sages  et  des  plus  savants  homines  de  ce  siecle.  Ce  jeune 
homme  est  un  prodige  de  sagesse'  et  de  science,  n/uiisti-unt  sine 
vi(io,vomme  disoit  Adr.  Turnebus  dc  JosephoScaliyero  (1).  Hier 
leur  paranVmphe  fut  fait  en  nos  ecoles;  mon  rang  vient  de 
donner  le  bonnet  a  celui  qui  a  eu  le  trois.  II  faut  achever 
mes  lecons,  et  apres je  travaillerai  a  en  falre  le  latin  ;  il  ne 
me  coiitera  que  du  temps,  mais  j'en  ai  si  pen  que  c'est  pilie 

J'ai  vu  aujourd'hui  M.  le  premier  president  cbez  lui;  comme 
je  le  quittois,  j'ai  trouve  M.  le  lieutenant  criminel  qui  alloit 
parler  a  lui ;  ils  m'ont  arrete  tons  deux  et  m'ont  propose  di- 
verses  questions  .s«y//v«/>w/«(->),  et  comment  les  sages-fenjmes 
et  les  cbirurgiens  se  gouvernent  en  tel  cas.  Je  leur  ai  dit  qu'il 
y  a  en  France  des  juifs  degtiises  f/tti  facinttsjidlntriritint  /•<•/, //fn/if 
occldcrc  ijciitt'ni;  cesont  les  Chretiens  qu'ils  enteiulent  je  faisois 
allusion  a  un  cei'tain).  Je  vois  bien  que  Ton  travaille  au  proces 
de  la  sa'ge-femme  de  juademoiselle  deGuerchi,  et  qu'elle  n'est 
pas,  cornme  on  dit,  liors  de  danger,  joint  (|iie  le  lieutenant  cri- 
minel est  un  etrange  compagnon,  (|iii  fait  rudement  justice. 

(1)  Foiitcnrllp  n'a  pas  manque,  dans  son  clo[;o  dc  Denis  Dodarl  , 
dc>  rapportcr  cos  paroles  de  Cini  Patin.  Puis  il  njoule  :  «  Toules  les  oir- 
constances  du  Icmoignage  de  M.  1'aliu  soul  asse/.  di^ne.s  d'atlention  : 
il  elait  medeein,  (ort  sa\anl,  passionne  pour  la  ^loire  de  la  medeeiiip: 
il  ecrivail  a  un  de  ses  amis  avec  line  lilierte  non  seulemenl  enliere,  mais 
«pielqiiefois  excessive.  Les  elopes  ne  soul  pas  fort  comiiiuns  dans  ses 
letlrcs,  el  ee  qui  y  domine,  c  e-I  line  bile  de  phifosophe  Ires  indepen- 
danl.  »  On  lie  pent  qm'acquiesrrr  a  un  pareil  jii/.pmpnt  plein  de  sens 
el  de  M;rile.  (\\  I*. 

'2  M.  le  prelel  de  la  Seine  vienl  «!<•  saisir  1'Academic  royalp  de  me- 
deeine  d'une  question  analogue,  a  sivoir  :  (Incite  jieiit  clre  I'inflnence 
du  xeiijlc  enjole  stir  la  vie  des  en  fan  Is  et  stir  la  sanle  des  mi-res?  Hul- 
lelin  de  1 . \cadeniie  roxale  dc  incdecine,  Paris,  ISio.  1.  \  .  p.  od.'i.  ) 

K.  I'. 


V.32  I.KTTIll'>    UK    <;i  I    1'ATI.N 

On  s'en  va  lain1  publier  des  nionitoires  par  toutes  les  pa- 
roisses  ,  tonchant  I'aflaire  dc  la  dame  Constaiitin  ,  sago- 
lemme;  elle  a  etc  resserree;  il  y  a  mi  chirurgien  prisonnior 
pour  le  meme  fait. 

L'ajournement  personnel  eon t  re  M.  1'abbe  de  (iaillac  a  ete 
change  en  deeret  de  prise;  de  corps,  s'il  ne  se  presente  dans 
ti'ois  jours;  sinon  il  sera  trompette  par  les  rues  et  carrefburs 
de  Paris. 

Le  tremblement  de  teri'c  a  ete  fort  grand  aux  bains  de  Ha 
reges ,  pros  des  Pyrenees.  11  y  a  eu  vingt-six  homines  tues  et 
(|uehjues  blesses.  11  y  a  dure  trcnte  six  lieures,  et  a  ete  senti 
en  plusieurs  autres  endroits. 

Les  deux  filles  de  madame  la  duchessed'Orleans,  qui  etoient 
alleesalacour  pour  lemariagedu  roi,sont  ici  deretour  diner 
au  soir.  Mademoiselle,  leur  su'iir  ainee,  y  arrivera  de-main  ; 
si  bien  quo  voila  la  cour  qui  s'approche  de  nous.  (luenaut  :i 
ici  recu  un  terrible  scandale  pour  son  vin  emetique,  dont 
plusieurs  se  plaignent  fbrtde  lui.Undesnbtres,  nommeM..Mo- 
risset,  traitoit  un  riclie  beneficier,  age  dt.>  vinyt-liuit  ans ;  (iue- 
naut  y  f'ut  appcile  a  1'insu  de  31.  Morisset ;  il  (lit  qu'il  le  gue- 
riroit  avec  deux  verres  de  tisane  laxative.  Jl  ordonna  done, 
deux  apozenies  die/  I'apotliicaire;  le  malade  n'en  prit  (ju'iui, 
a  tfnu  ninifii  f/cjrc/f.  Guenaut,  <[ui  \it  oette  grande  operation  , 
dit  (|ii'il  etoit  gueri  et  (ju'il  f'alloit  qu'il  prit  encore  le  Icnde- 
main  matin  1'autre  verre,  et  dit  aux  parents  qu'il  leur  avoit 
parle  de  tisane  laxative,  mais  que  c'etoit  du  vin  emetique, 
qu'il  le  leur  avoit  cache  de  pour  qu'on  no  I'empechat  tU1  si 
bien  Cairo,  ot  sYn  alia.  Une  demi-h(Hire  apros,  le  malade  se 
trouva  mal ;  on  courut  rofjuerir  (•uiMiaut ,  ipii  ne  domeure 
(|u'a  (|uatro  cents  pas  du  malade;  il  y  vint  et  le  trouva  niort. 
Los  benefices  sont  perdus ,  tout*1  la  f'amille  crie  et  so  plaint 
fort  do  lui. 

Je  salue  mademoiselle  Falconet,  .Al.  Sjxm  .  et  suis  de  tout 
mon  coMir  votre,  etc. 

J)c  Paris,  le  (i  juillet  1(JOO. 


A    KAI.CO.NKT.  23v< 

LETTISH  DXX1I.  -  -  Au  inSim: 

M.  le  ebanoelier  a  ete  fort  inalade  d'unc  nepliretique;  il  a 
vide  une  pierre  et  so  portc  mieux. 

On  dit  que  1'abbe  de  Gaillac  est  mal ,  et  ([u'on  le  poussera 
bien  loin.  Jo  ne  vois  ici  personne  qui  no  1'aecuse  do  grande 
imprudence.  Ce  malbcur  confirmera  dans  lo  parloinont  1'au- 
torite  de  M.  le  premier  president. 

On  dit  quo  le  roi  est  tonjours  rejoui  d'amenor  la  roinc  sa 
t'emme  a  Paris",  ot  d'entendro  parler  des  beaux  preparatifs 
i|ii'oi)  lui  fait;  mais  neanrnoins  plusienrs  croient  qne  co  ne 
sera  qu'au  mois  de  seplembre. 

On  dit  (jue  M.  do  Vendome  est  hors  de  danger ,  niais 
M.  Kainssant  n'est  point  encore  de  retour.  M.  le  Prince  et 
niadame  de  Longueville  sont  alles  a  Amboise  au-devant  du 
roi.  Le  surintendant  des  finances  et  autros  parlent  d'aller  au- 
devant  de  son  Eminence  jusqu'a  Orleans.  On  redouble  la  de- 
pense  pour  avancer  les  apprets  de  I'entree  du  ro'f. 

Jo  vous  prie  de  dire  a  niadame  Falconet  quo  je  lui  demando 
pardon  de  la  debauclie  <|uo  j'ai  faite  d'aller  voir  1'eglNo  ,  les 
tombeaux  et  le  tresor  do  Saint-Denis,  avec  ma  t'emme  et  DOS 
nonveaux  maries.  Ellopeut  bien  me  pardonner,  ce  n'est  point 
ma  coutume  ;  jo  n'en  iis  jamais  taut ,  el  peul-etre  (juo  jamais 
je  n'y  relournerai.  Je  no  fais  guere  de  debauche  quo  dans  mon 
(Hiide  avec  mos  livrt^s,  an  moins  n'en  l'ais-jo point  tant  comiiio 
je  voudrois  bien.  Feu  M.  Pietro,  qni  a  do  un  bomme  incom- 
parable, taut  en  bonto  qu'on  science,  disoit  (jiTil  faisoit  la 
debancbe  lorsqu'il  lisoit  C/iccron  et  Scnoqno  ;  mais  (jii'il  si- 
reduisoiL  aisoment  a  son  devoir  avec  (ialien  et  Fernel  .  ru/iis 
IHitlm/iKfi/nit  iiiij/riiM'  ndmnnlmt  :  ainsi  je  me  suis  reduit  dans 
mon  etude  depuis  ce  temps-la;  mais  on  IK'  m'y  laissi1  guoiv 
dans  1'etat  paisiblo  '[u'il  f'audroit  pour  bien  etudier  ,  i-ni'n,in" 
sti'cfxunin  sa'tfjcntits  cf  oh/i  tjt'it'i'itnt  ([;. 

\     Fairo  In  debauche  on  lisaiit  CiccM'ou  cl  Sciict|iio  !  c'e>l   la   unc 


•2.'5i  1.1:1  IHK>  UK  (, i  i  r.vn.N 

Nous  avons  en  (ce  dimanehe  II  juillet,  du  ten  ,  la 
passee,  dans  cc  quarfier,  clioz  un  do  nos  voisins  nomine 
(iuillaume  Man-band  :  on  y  a  apporte  beaucoup  de  secours  , 
et  en  trois  heures  il  a  etc  eteint  et  arrete.  La  perte  est  sur  le 
dos  de  celui  chex  qui  il  s'est  allume  entre  minnit  et  HIM: 
lieure;  les  deux  maisons  voisines  s'en  sont  un  pen  senlies. 
Bon  Dieu  !  quel  desordre  fait  cet  element !  cola  est  eflVoyable. 
Aristote  a  dit  dans  le  \t:  des  Meteores :  Omni/i  t'/cmcufn  /n>- 
trescunt  prcetcr  ignetn  ,  <ini<i  nmnia  smtf.  mntcrm  njm  ;  il  devore 
tout  cruellenient  et  impitoyablement.  .!e  vous  ai  ci-devant 
mande  (pie  j'avois  reeu  la  t'euille  d'arithmetique ,  meme  elle 
est  reliee,  je  vous  en  remercie;  ce  livre  est  bon  a  prouver 

prouve  de  la  severite  des  eludes  en  medecine  a  celle  epociue  et  de  I'aus- 
terite  do  coiiduitc  des  praticiens  d'autrefois;  ils  auraient  crainl  en  cer- 
tain sens  Ic  reproche  de  Menage  :  R'avez-vous  }>as  luxite  d'etre  si  sa- 
vants ?  aucun  d'eux  n'aurait  pu  conccvoir  la  vie  mondaine.  dissipcc  de 
certains  docteurs  de  nos  jours  .  inais  doul  on  pent  dire  :  Negiiidem 
musas  e  liminejalularunt.  Toutefois  ,  beaucoup  de  medecins  onl  sou- 
lenu  et  conserve  les  habitudes  severes  de  lours  aiicelres  ,  memo  dan-- 
lours  etudes,  hien  (juo  plusieurs  se  soienl  disliugues  par  line  profbndr 
eriidilion.  Qnand  on  demandait  a  Morgagni  son  avi<  sur  qiieliitte  c»n- 
troverse  d'arehoologie  ou  de  littoraturo,  il  repondait  |>ar  cos  \er>  di^ 
Marlial  (lib.  IX,  ep.  12  : 


|)an>  le  vviil'sieclc  el  au  comincnceinonl  du  noire,  plnsieiirs  inede- 
eins  >e  soul  (ait  reinanjiier ,  au  conliaire.  par  des  gofits  iuliles  el 
indignes  de  lour  profession  ,  iiolammcnl  ]>ar  la  gourmandi.se  ;  ils  so 
firenl  proselytes  do  Cirimod  do  la  Reyniero  ,  «  eo  Zoi'le  des  (onniors- 
generaux  el  flalteur  du  cochon.  »  Tl  en  est  qui  out  ecril  «les  \ors  sur 
la  beaute  ,  sur  les  modes ,  sur  les  graces  el  les  flour*  ,  mai*  sans  succes 
romarquable.  Aussi  un  salirique  a-l-il  dit,  en  parlant  des  oeuvres  do 
res  medecins  inlideles  el  inauvais  poelcs  : 


que  It's  jesuites  Mivciit  lout,  jus(|ii'aux  finesses  It:  plus  caehees 
tie  cette  science  des  supputations.  Dieu  garde  ceux  qui  n'en 
out  que  fa  ire ! 

.I'ai  ici  deux  feuilles  rl'impression  in-quarto  du  prre  Vavas- 
sor,  jesuite,  'fc  I'ucc  w  rcyalibus  nujtfifs  rpigrmnmata.  Get 
liomme  est  en  reputation  d'habile  homme,  mais  il  est  ame 
moutonniere,  atissi  bien  que  totitle  troupc-audont  il  fait  partie. 
Les  vers  en  sont  beaux  ,  mais  ils  sont  pleins  de  vilaines  et 
puantes  llalterics ,  />/'<>  more  yaiitis  loyoliticce. 

J'ai  vu  mi  inalade,  depuis  trois  jours,  que  IMcote  Belaitre 
avoit  entrepris  de  guerir,  et  d'oii  il  a  ete  chasse  i^iiominieu- 
seinent.  Je  vous  le  di.s,  en  v«:rite,  ee  n'est  qu'un  nialhetirenx 
coquin  ,  fort  etourdi ,  bien  ignorant,  nrf/uifffi/i  iiH-fltcna,  .wi 
liluin;  ntendicus.  II  est  si  guenx  qu'il  en  feroit  pitie,  n'etoit  qu'il 
est  foil  et  que  la  tele  lui  tourne  de  vanite:  aussi  est-il  natif 
d'Orleans,  etd'unefaniille  dans  laquelle  il  n'est  pasle  premier 
Ibu.  II  clierclie  des  amis  qui  lui  donnerit  aide  e(  secours 
pour  envoyer  ses  enfants  en'  Anierique,  ii'ayant  point  moyen 
de  les  nourrir:  c'est  signe  qu'il  ne  gagne  pas  taut;  et  errtes, 
s'il  y  gagnoit  beaucoup,  il  seroit  bien  lieureux  ,  il  vivroit 
d'un  metier  ou  il  ne  connoit  rien.  J'apprends  que  ses  affaires 
sont  en  fort  mauvais  etal,  si  M.  le  comle  ne  le  soulage  deses 
liberalites.  Voye/.  et  juge/  s'il  n'est  pas  bien  appuye.  Cette 
attente  est  vraiment,  comme  dit  Sealiger,  ficiditi'inu  tuu:i- 
Iliini  i't  .sw'yy/o  iiiiininiitttx.  II  empruute  de  1'argent  pour 
subsister  a  des  chirurgiens  et  a  des  apotliicaires;  mais  c'e>t 
mauvais  signe,  et  un  support  <pii  n'ira  guere  loin,  voire  (|iii 
le  detruira. 

Je  \  iens  de  voir  31.  le  Sanier,  (iui  ma  dit  ([in1  Noel  Falconet 
est  capable  de  bien  repondre,  tt  (|iie  I'epitre  sera  bient('>t 
pi'iMe  ;  il  attend  M.  I'arclieyeque  pour  soiilenir  sa  tlie.se  en  sa 
pn'sence,  (jii  il  dit  qu'il  (era  des  merveilles,  t't  (ju'ensuite  il 
s'apj)li(|uera  tout  a-fail  a  la  medi'ciiie. 

.M.    Hlondel  m'a  dit   aujoiird'lmi  qu'il  a  leve  et  pave  notre 


2,'iG  I.EirilKS    1>L    '.II    PA  I  IN 

arret  contrt1  les  cbirnrgiens,  et  que  demain  il  lc  baillera  a 
I'impt'imeur  pour  le  mettre  sous  presse. 

La  dame  Constantin  ,  la  sage-femme  ,  est  encore  dans  le 
Cbatelet  en  prison;  elle  doit  etre  domain  interrogee.  N.  et  lc 
Large  ont  recu  assignation  pour  y  venir  repondre  de  leurs 
fails  et  de  la  deposition  qu'ils  ont  donnee.  An  est  ubi  fat  is  ee- 
tlat  jtudore  careen's  et  niet/t  Icthalis  sujijtlicii  confccta.  '{  On  dit 
qu'elle  se  defend  bien  ,  et  qu'il  n'y  a  point  asse/  de  preuves 
centre  elle  pour  la  condamner  a  mort  ;  mais  on  attend  des 
monitoires  que  Ton  va  fa  ire  publicr  par  tontes  les  paroi^ses 
de  la  ville  et  faubourgs  de  Paris.  D'autres  disent  que  I'on  la 
vent  sauver,  et  qu'elle  est  trop  bien  recommandee  par  les 
plus  grands;  neanmoins  on  croit  bien  (ju'elle  merite  la 
•mort  et  au-dela  ,  et  que  si  on  la  pendoit  elle  ne  mourroit 
pas  innocente.  On  dit  (jue  sa  maison  etoit  un  bordel  public, 
et  que  quantite  de  garces  alloient  accoucber  dedans,  ret  «l>- 
orftdit  passimi!.  Quoi  qu'il  en  soil,  je  crois  cjiu;  les  juges  font 
ce  (ju'ils  peuvent  pour  decouvrir  la  verite  du  fait;  mais 
la  v(-rite  est  souvent  cachee  ,  et  ne  se  pent  decouvrir  pour 
etre  trop  avantdans  le  puits  de  Democrite:  aussi  n'est-ce  pas 
d'aujourd'hui  que  les  gens  de  bien  sont  tourmentes  et  que 
Ton  pardoimeaux  mediants. 


Dal  veniam  corrix.  vc.ral  Centura 


Le  roi  est  a  Orleans  aujourd'hui  ,  et  dans  deux  jours  sera  a 
Foutainebleau.  II  n'a  jioint  passe  ;i  Tours.  Madame  est  mat 
contenti!  :  on  dit  (ju'elle  s'en  va  aux  eaux  de  Forges.  }\.  lc 
cbancelier,  le  prcviH  dcs  marebands,  ct  les  ecbevins.  et 
plusiciirs  antres  s'en  vont  a  Foutainebleau  ,  y  saluer  le  roi, 
ct  y  jtarler  de  son  entrt'e. 

Noiivelles  sojit  venues  d'Kspagne  (|iic  le  grand-maitre  dc 
Malte,  Francois  de  nation,  est  encore  mort  ,  et  qu'il  y  en  a 
mi  antre  nonvean  qui  est  Ks|>ai;nol  ,  nomine  C.otonnier;  que 


\  FALCONET.  9.1? 

le  l)ailli  «lft  Valence  y  avoit  osporance  do  I'tMre,  mais  qu'il  a 
perdu  sa  brigue. 

Cejeune  marchand  ,  nomme  Guillaurne,  duqiicl  In  maison 
Cut  hior  bruleo,  ost  fort  inalado  cho/  sa  mere;  il  y  a  de  la 
pcrte  pour  plus  de  100,000  liv.  par  ce  malheureux  accident. 
M.  1'eveque  d'Antun  a  fait  [' /fistuira  rfrs  cnrdinuiu:  i/lus- 
fr/'S  vn  i>ii-tc ,  en  trois  volumes  iu-folio,  en  latin;  il  a  dit  la- 
dedans  plusienrs  clioses  assex  hardies  contre  le  cardinal  de 
Hichelieu  ;  il  a  parle  mal  de  sa  famille  et  de  son  pore,  de  sa 
tyrannic,  do  son  ingratitude  contre  la  reine-mere,  et  en  tout 
cola  n'a  dit  que  vrai.  L'abbe  de  Richelieu  ,  pousse  par  sa  pa- 
rente,  madame  de  Combalet,  <///>«,  madfimc  d'Egiiillon  ,  que 
quelques   uns   disent  etre    sa    tante,    est   alle  a  Pontoise  , 
oil  se  tient  I'assembloe  du  clerg*'1 ,  et  s'y  plaint  de  ces  injures. 
On    ifen  a  pas  fait  grand  etat ,  pen  s'en  taut  quo  Ton  ne 
s'en  soil  nioque ,  ot  j'en  suis  bien  aise;  je  loue  la  ^enerosite 
et  la  Constance  de  ces  bo  us  prelats.  Co  bon  evequo  est  louable 
de  son  y.ele  et  de  son  ouvrage  ;  il  a  ete  ci-devant  minime,  puis 
eVtVpie  de  Rie/  en  Provence,  et  enlin  eveque  d'Autun.  II  est 
ueveu  do  MM.  de  Marillac,  j'entends  du  garde  des  sceaux  et 
du  niai-ecbal ,  qui  jnoururent  tons  deux  1'an  1632 ,  martyrs  du 
credit  trop  grand  et  de  la  tyrannie  du  cardinal  de  Hichelieu. 
On  dit  que  M.  le  cardinal  Ma/arin  sera  dans  Paris  sur  la  tin 
do  la  semaine,  et  que  !e  roi  a  passe  et  couehe  a  Orlt'-ans ,  et 
qu'il  sera  domain    a   Kontainebleau.    On   poursuit  loujours 
M.  1'abbo  do  (laillac,  et  s'il  ne  comparoit  bientot,   il  sera 
trompctte  par  la  ville.  Los  inaitros  des  reipietes  Tout  aban- 
donne,  disant  qu'il  est  foil  el  tro[>  I'-loiirdi.  On  (lit  pmirlanl 
t|u'il  y  a  bien  plus  d'imprudence  que  de  crime  en  son  fail 

On  dit  quo  la  princesso  palaline  a  charge  de  se  lelircr  do  la 
i -our;  M.  le  chancellor  est  parti  ce  matin  pour  i-tre  drmain 
matin  a  Foiilainebleau  an  lever  du  roi ;  !<'  cardinal  Ma/arin 
et  la  reine- mere,  seront  ici  vendrcdi.  Le  tremblement  de  toriv 
coiilinue  encore ;  il  a  ele  vu  a  Uagneres,  dix-huit  liouos  par  drla 
Toulouse,  dans  les  Pyi't'iit'es.  Oil  dit  ici  <|iie  le  chevalier  I'ul 


•238  I.F.TTRES    I)F.    CHI    PATIN 

est  alle  avec  des  vaisseaux  a  Alger  pour  demander  des  esclaves 
Crancois ,  comme  titCronnvell  il  y  a  quatre  ans  pour  ties  es- 
claves  anglois  qu'on  luirendit.  On  attend  ici  un  arabassadeur 
espagnol  et  un  autre  anglois  qui  entreront  ici  en  grande 
pompe. 

VoilaM.  dela  Mothe-le-Vayer  (jui  vientde  sortir  de  ceans, 
et  qui  m'y  a  apporte  un  de  ses  livres  nouvellement  fait, 
lequel  m'a  dit  que  le  livre  de  Milton  contre  le  feu  roid'An- 
gleterre  (1)  a  ete  brule  par  la  main  du  bourreau  ;  que  Milton 
est  prisonnier  ;  qu'il  pourra  bien  etre  pendu  ,  que  Milton  n'a- 
voit  fait  ce  livre  qu'en  anglois,  el  ([U'LIII  nomme  Pierre  du 
Moulin ,  iils  de  Pierre  ,  ministre  de  Sedan,  qui  I'avoit  mis  en 
beau  latin ,  en  est  en  danger  de  la  vie. 

On  a  pris  aujourd'hui  trois  voleurs ,  qu'on  a  decouvert 
avoir  vole  dimanche  matin  dans  la  inaison  qui  bruloit  en  ee 
quartier.  Un  crocheteur  et  sa  tern  me  sont  dece  nombre;  on  a 
trouve  chez  eux  25,000  fr.  d'argent  eomptant.  Vous  save/ 
qu'il  y  a  trois  sortes  de  gens  qui  courent  au  feu ,  les  sots  (jui 
vont  regarder,  les  larrons  pour  derober,  et  les  gens  de  bien 
pour  aider  a  eteindre  le  i'eu. 

Je  vous  baise  les  mains,  et  a  mademoiselle  Falconet  et  a 
M.  Spon,  notre  bonami,et  suisde  tout  mon  cantr  votre,  etc. 

DC  Paris,  le  do  juillel  KUiO. 


LETTRE  DXXII1.  —  An  mnw. 

Le  roi  est  a  Fontainebleau  avec  les  reines;  inais  la  reine- 
ui ere  est  ici  attendue  demain  et  son  Eminence  au  bois  de 
Vincennes. 

I^e  mercredi  1-1  juillet,  la  dame  (.lonstanlin  ,  sagti-l'iMnme. 
a  (He  condamnee  au  Cliatelt-l  a  rtre  pendue  t-t  ('tranglef  apres 

.  1}  Vojey.  la  note  I.  I  .  p.  'i(>0. 


A    KAI.I.ONKT.  1>39 

avoir  etc  mise  a  la  question,  d'oii  rile  a  apprle,  rl  a  ete 
transferee  en  la  Conciorgerie.  On  croil  que  la  semaiiie  pr<>- 
cliaine  la  sentence  sera  confirmee  ii  la  Tournelle.  M.  If  lieu- 

tenant-criminel  mecontoit  hierqueN etoit  bien  ignorant, 

et  qu'il  avoit  fait  un  rapport  plein  de  faussetes ;  J.  le  Large, 
chirurgien,  s'y  est  excuse  <ln  inienx  qu'il  a  pu.M.  le  elianeelicr 
revinthier  de  Fontainebleau  ;  les  nieces  y  sont  aujourd'hui 
parlies  pour  y  filler  saluer  le  roi  et  la  reine.  On  (lit  que  les 
Ktats  de  Pologne  veulent  el  ire  un  successeur  a  leur  roi,  et 
(jue  Ton  songe  au  prince  de  Conde,  qui  a  ete  jusqu'a  Aiuboi.se 
aii-devant  du  roi,  de  quiil  a  ete  fort  bien  reeu. 

M.  le  lieutenant  criniinel  me  lit  hier  grand  etat  d'un  passage 
(|iie  je  lui  ai  fourui  de  1'Apologetique  de  Tertullien  cojUre  la 
sage-femme :  .\<>bis  vero  lunuicidio  scimd  interdicfu,  ctiam  ron- 
rt'/tfttni  uti'/'ii  duin  adkuc  muiyms  in  /lutnuteiu  dcli/mtm',  tlisanl- 
cere  nan  licet,  //(tiiticidit  fi'Stinutioesl fji'u/ribvi'e  misa^  nee  ppfivt 
iinlinn  fju/s  i'/'ijjtfit  (innnmn  ,  un  nimrrnltmn  distui'bi't.  llmnn  f.s/ 
>'l  I/HI  cxf  /tt(ttrt/s;  <-t  fructun  /umiinin  jmn  in  sonini'  cut.  Je  lui 
en  avois  aussi  I'ourni  des  commentaires.  Jc  vous  baise  les 
mains  ,  et  suis  de  tout  mon  crrur  votre,  etc. 

I*.  S.  M.  1'abbe  de  (iaillac  a  mis  de  1'eau  en  son  vin  ,  et  a 
reconnu  (pie  les  plus  courtes  folies  etoient  les  ineilleures  ;  il 
a  presente  requete ce matin  au  parlement,  etdemande  la  paix, 
pour  laquellc  avancer  on  aatissit(M  leve  la  prise  de  corps  (|iii 
avoit  ete  ordonnee  con  I  re  lui. 

I.e  I'oi  el  la  reine  seront  lundiau  bois  de  Yineennes ;  M.  le 
due  d'Aiijpu  sera  a  Paris;  c'est  M.  di;  la  Mothe-le-Vayer,  sou 
preceptetir,  qui  m'en  vient  dassiirer.  Je  salue  madeinni- 
selle  Falconet  et  M.  Spoil. 

DC  Paris.  It-  IGjuilloMGM). 


240  I.F.TTRES    DE    (MM    P.VTIN 

LETTKE  DXXIV.  --,!«  ^W. 

J'ai  out  parlor  ici  d'unenouvelle  Jlixtoirc  fl/t  /)(t///i//in'''  en 
2  vol.  in- folio,  et  d'une  iionvelle  //iafoh-c  <h  I.I/OH  ,  in--1  , 
I'aite  par  un  jesuite.  Prone/,  s'il  vous  plait,  l:i  poino  a  votro 
loisir  d'on  parlor  a  M.  Barbier,  ot  d'on  savoir  dos  nonvelles, 
ot  memo  de  me  los  aohotor  on  blane.  ,lt>  ponse  (|u'il  vant 
mieux  faire  ainsi  que  de  s'attendrc  a  nos  lihrairos,  (|iii  nVn 
roQoivont  (|ue  tard,  ot  <]in  no  los  voulout  vondro  quo  beau- 
coup  trop  chor  a  cause  do  la  iiouvoaute. 

Quand  vous  los  auro/  ehez  vous  ,  il  no  los  faut  pas  onvoyor 
par  M.  Troi.ulamos ,  ils  sont  trop  gros ;  il  vautmioux  on  fain1 
nn  paquet  ot  lo  delivror  a  M.  Spnn,  notro  bun  ami,  <jni  pren- 
dra  lo  soin  do  me  los  faire  tonir  dans  qnolque  hallo  di1  M.  Mo- 
venet  on  do  M.  Hnguetan  ;  on  ponrroit  y  ajonter  paroillomont 
le  .S'.  Gfloi'fjinx  Ciijipmloj:  du  A.  Tlif'iijtliUc  llm/nnml ,  si  alors 
il  est  aolievo. 

II  est  arrive  a  Paris  taut  do  niondede  tons  cot('S  ,  et  memo 
des  provinces  otrangores,  pour  voir  rentroe  du  roi  ,  <pio  los 
rues  no  sont  pas  assox  largos  jionr  tout  oontenir  ;  on  n'v  |»enl 
passer,  outre  quo  Ton  hat  it  on  plusieiirs  cmlroits. 

M.  Troisdamos  ,  lieiilenant  do  la  colonclle  do  M.  do  Lainoi- 
gnon  ,  oomme  il  ost  noire  hon  ami,  m'a  pi  it- do  lui  donner 
u IK;  dovisc  pour  1'airo  meltre  sur  un  drapoau  nonl'qn'ils  font 
faire,  et  a  desire  ipie  re  frit  sur  la  paix  t?t  sur  le  jnariago  du 
roi.  Voila  oe  que  nion  Ills  (larolus  lui  a  fourni  sun  co  sujet  : 
Cot'imf  jinn  ftflcrt1  mio  /tt/.u  cf  tinmr.  Ktos-vons  do  1'avis  dos 
approbateurs?  II  n'y  a  mot  <pii  nerevienne  bien  an  sons  do  la 
saison  presento  et  do  I'etat  de  DOS  affaires  :  le  manage  du  roi 
eloint  une  guerre  grande  et  longue ,  qui  dure  il  y  a  vingl-cinq 
ans  ;  la  paix  semhle  bien  asMiree  |>ar  la  bonne  intelligence  qm 
est  (Mitre  los  deux  royaumes,  anssi  bien  qn'enlrc  los  diMix  rois 
connne  aussi  outre  le  roi  et  la  roino.  Son  Kminoiioe  M'  norle 


\    I'Vl.CONH.  'Ill 

miciix;   mais  <m  (lit  que   ses  jamb.-s  s'extcnueiit  foil,  '///'/'• 
mcntufiidn  ridi'tnr  ajtwics  riijfixdnin /ti/di'iyiin. 

L'imprimc  (jiu!  je  vous  ai  envoye  loucliant  leiaitde  la  dame 
Constant  in  a  etc  bride  par  la  main  du  bourreau  a  la  Croix  <lu 
Tralioir  par  oidonnance  du  lieutenant  civil  ;  inais  il  y  en  a 
grand  bruit  au  Chatelet  conlre  eelui  <|iii  1'a  fait  sans  ordre, 
sansaucini  consentement ,  sans  en  avoir  parle  a  personne  et 
sans  sentence;  meme  ceux  qui  s'y  sont  declares  eontre  lui 
sont  amis  des  reverends  peres  :  un  dil  que  I' a  Ha  ire  en  ira  jus- 
(|u'au  parlement.  Les  magistrals  out  bien  do  la  lacliele  et  de 
la  bassesse  de  soull'rir  que  ces  peres  passelins  aient  tant  de 
credit  pour  les  opinions  extravagantes  et  dangereuses  <|iii 
,sonl  dans  leurs  livres  et  leurs  apologies  :  voila  ce  (ju'a  pro- 
iluil  la  panlelte. 

Le  roi  a  depute  un  eveque  et  deux  abbes  pour  se  transporter 
aux  prisons  du  Chatelet  et  dela  Conciergerie  pour  voir  a  com- 
bien  se  monteroit  lasommedue  j)ar  les  prisonniprs  que  le  roi 
V(Mitinettre  en  liberte;  elle  va  bien  a  100, 000 ecus;  on  taclie 
de  diminuer  la  soiinne,  alin  de  les  dt'-livrer  ii  I'entree  du  roi. 
Un  dit  (pie  si  son  Kminence  etoit  en  etat,  on  I'eiiverroit  aux 
eaux  de  Hombon;  elles  ne  lui  valent  rien.   Klles  sont  Irop 
i-liaudes,  joint <pie  Ton  dit  qu'il  a  [tissedu  sang,  ce  qui  seroit 
un  signe  Irop  certain  <:nl<-ull  in  cesi  en  delitescent  is.  II  se  plaint 
fort  de  Valot,  (jui  lui  a  promis  de  lui  adoucir  ses  douleurs,  ct 
ijiii   ifen  fait  rien.  Le  pauvre  Air/ii/ifcr  est  en  danger  d'etre 
cliasse  de  la  cour,  >''  f/int/  ltu.innnilnscimtin(jnt  in  rirn i»irnnriitn  : 
car  il  n'y  ;i  (pie  cvlui-la  <pii  le  maintienne,  tons  |»N  aiilres  soul 
contre  lui  ,  nicme  le  roi  et  la  reine. 

La  sage-ffirnme  est  toujours  prisonniere;  on  dit  quecene 
sera  que  pour  la  semaine  prochaine,  el  <pic  .\l.  le  procureur- 
pMit'ral  en  appelle  contre  elle  de  sa  sentence  n  //////////./;  cjn'il 
\  cut  doiiner  de  r  IK  les  ('(inclusions  contre  elle  :  qu'cllr  devroil 
/•Ire  brulee  loule  vive  ,  si  elle  nc  iioiuine  scs  complices.  Mais 
puisquc  vous  avc/  trouve  si  beau  It1  passage  de  I  ertullicn  con  - 
trc  elle  ,  je  vous  en  venx  indiqiier  un  a ul re  du  mcine  anlcnr, 
in.  Mi 


•li'l  I  KTTllf-S   Hi-    i,l  I    I'M  IX 

au  livro  lie  .\ntniti,  c/ifi.  '!'•>,  <><lil.  /{iijnlfff,  mini  I  f)  i  1 ,  p.  '.\'l^. 
.\f  (/>///<  i'/  in  ijixu  (i/Uini-  ill  f  rn  in  funs  1 1  iirjtluf/ir  ni'contnriii  crii- 
dclitnte  ,  (/won  in  I'.ntii  »l>l  itjnnf  u*  clencf/nt  \inrtnni  .  uinl  ririiln  , 
///  tnnriturns.  Itnquc  cf  inter  timin  me/l  icnrmn  ft  n/'f/fitin  est  i/un 
/>/'>//*  jHiteKccre  secret  1 1  royiintnr  fort /It  tcntjiprnmanto  ,  emu  un- 
niiln  cult  I'uto  .  ijini  mtns  membra  civdnntnr  un.rin  arbitrin ,  cunt 
hi'licti'  tiiKTi  ffllO  tftlttm  pcrfllS  <  .i't rulnl nr,  1'ial ento  iiin'i'iicrin.  A'.s1/ 
/•tinni  (riiL'nrn  spiculwn,  f/uo  jugnlntin  i/>v>  ilii  iijitnr  r/i-ra  hiirn- 

ctiiin,  Ho-joiwffxr^v  (i/>jie//u/if  flf  iiijnntiriilii  <>j [ii'in^  ill iijiii'  riri'n- 

//.s  infantist jtcrenijttornoii,  etc.  ()ptimu.  <n~  1  frfnll mnn  dii/nu  ( |  '. 

.le  suis  bien  aise  ipie  vous  soye/.  satist'ait  de  .M.  !e  Manpiis  . 
jo  It;  comiois  ,  jo  1  ai  vu  en  cello  ville  :  e'e>i  un  esprit  cliaiid  et 
bilieux  ,  qui  a  bien  ('tudie  ;  outre  cola,  il  est  ^onlil  et  eveille. 
I'aifM'a-t-il  les  cent  ecus?  One  sont  dt^venus  vos  deux  autres, 
de  I.uques  et  Houi^e? 

Notre  licencie,  (jui  est  si  savant ,  s  appelle  Dodart ;  il  esl 
lils  d'un  bourgeois  de  Paris  tort  bonntMe  liomme  :  c'est  mi 
^rand  garcon  tort  sage  ,  fort  modesto,  qui  sail  llippncrato  . 
(ialien  ,  Aristoto  ,  (liei'ron  .  Sene(pie  et  Feme!  par  cd'ui1;  c'est 
un  i^areon  incomparable,  ipii  na  pas  encoi'o  vingt-six  ans; 
car  la  Faeulte  lui  fit  {••race  au  premier  examen  de  (|iiel(|iies 
mois  (jui  lui  manquaienl  pour  son  aye  sur  la  bonne  opinion 
qu'on  avoit  do  luides  auparavant  ~l  . 

Noel  Falconet  a  I'ecu  vos  letlres  ;  il  a  deli\  re  a  M.  Morangos 
la  sieime  ;  mais  M.  rHrchevequo  n'est  pas  a  Paris;  il  est  au 
bois  de  Vineennes  ;  s'il  no  vient  bieulot  ici,  il  I'ira  cheiclier 
la.  Quand  il  sera  do  retour,  nous  prendrons  temps  de  1'aller 
saltier  par  I'entremise  do  M.  Morangos.  Jo  vous  prie  d'assurer 
mademoiselle  Falconet  de  mes  tres  bumbles  services ;  jo  lorai 
lout  ce  qui  me  sera  possible  pour  celui  qn'elle  aime  taut  ,  qui 

1,  (-(•  passage  rcmartjuablo  <lc  L'orliiHion  pnnnr  (pic  Ic-.  aiu'icns 
rlaitMit  plus  a\ances  qiu1  nous  iu>  Ic  CIONOII-  dan>.  Tail  (lc>  accoiicht- 
inriils.  \  o\c/.  Kssais  historiques,  I'.ttvraires  ct  i-rilii/ui's  sur  I  <irl  //<•> 
,,rr»:icl,rmL>nts.  ]»ar  1'.  Sue-  Paris.  I77!».  I.  I.  \(.  I'. 

•l   N  DM /.  In  noir  prc'ci'-dcnle ,  p.  D\ 


V 

seroit  bien  amiable  s'il  vouloil  ;  mais  jVspere  qu  il  le  sera 
quelquejour.Unhominc  dequalite  m'a  aujourd'hui  demande  : 
Les  eaux  de  Bourbon  sont-elles  bonnes  a  son  Eminence?  Je 
lui  ai  re  pond  u  sur-le- champ  :  Conime  le  vin  emelique  an  leu 
ducd'Orleans.  V  auroit-il  apparencequecelte  pense'e  entral 
dans  le  ca'ur  des  medecins  de  la  cow ,  <|iie  les  eaux  de  Bour- 
bon i'ussent  bonnes  a  taut  de  maladies  et  desvmptomes  (jui 
ne  proviennent  que  de  chaleur,  c.c  tanto  fcrruw  c(  aicri/ufc 
ciswrum,  cumjuyibus  vigil-its,  qnin  i>rnr<iiii  diat/wsim  />/////'iiinnit 
ftingtilis  parti  bits  fi/rnnr  rci/innis. 

Je  viens  d'apprendre  qu'il  est  bien  inalade  ,  et  encore  pis 
qu'liier,  lant  pour  sa  gravel  le  quo  pour  ses  liemorrhoides  et 
son  extenuation,  taut  des  jainbes  que  des  cuisses  .  t/un-^f  rin 
ml  hi/(/ I'Hjji'iit,  sur  quoi  je  brise. 

Do  Paris,  le  27  jtiillet  1<il>0. 


LETTHK  DXXV.  —  .1 «»/«/»-. 

Je  vous  ai  envoye  bier,  ce  samedi  31  juillet,  ma  lellre  avec 
eelle  do  Noel  Falconet,  par  la  voiedeM.  Lan^lois.  Je  ne  vmis 
j)iiis  rien  dire  de  nouveau  ,  sinon  (ju'un  de  DOS  capilaines 
vient  de  me  dire  quo  Ton  vent  remellre  1'entree  dn  roi  au 
•2  septembro,  parco  (ju'il  fail  trop  cbaud.  Si  cela  esl  ,  n-rn 

(•until  ttmtii  ililiitKi'HX  L'sf  il iilitti*  i't  tnicf/ift  win-linn  itiir/iiirnt  i  : 
I'/i/sn  (juodflllt  >'/(inu/'t'  s/jtii'f/tnifltt'  juniii  <•!  t'ti'/iifi'X  iiijiiiii  inn  Jim  - 
litnK'iixi  inn  ml  I'J'/K  i/K>i'ht  jit  <ijl  ujut  tniK'in  ,  rnjiis  rural  inn  i  mil  In 

modo  ciii/i/ii'/init.  Mais  loule  la  cour  est  mysli(|iie,  him  i/isn  unlit 

I'.if    HII/Sfl't'tHIII,   it  (Illlll'l  OIIIII/X   *>ll//    IH//Sttr/,    I'f   Illl/Sfll'   Xll'i1   /Xlfl/lt' 

<l h'-r  Jin'! mill'  ,  i/ini'  tn  t'f'blts  ninrtnl mm  ,  tnm  in  rnlm/ii'  nrrt-/>// 
1/11111/1  i',i'fn'/is/  nt I'lniiijid'  fin-it  ^niji mini .  II  y  a  encoi'e  d'autre* 
di'-esses  (|iii  se  nuMont  dps  affaires  do  <  es  trens-la  ,  mais  qni  ne 
sont  <|iie  des  suivanfes  el  des  cmirlieres  de  cetle  premiere. 
1'utii  rt'tjioil  tn'/n'tii,  t'd'fti  sdnif  IIIIIHIII  /'','/''• 

Ij1  cardinal  )la/arin  a  ele  siiiuin'1   ce  dimanelie  I"  auui  .  en 


•j-M  i  i-iTitis  DK  (in  I'vriv 

tout  sept  I'nis:  i!  a  pi-is  aujourd'liui  inatin  niedecii'.e.  el  -e 
porte  mieiiN  I'll  marquis  rspagnol  I'ul  noye  pres  de  ('.baren 
Ion,  ciisc  baignanl  il  y  a  trois  jours.  Los  meublfis  de  la  <on- 
rouiie,  qui  etoient  a  Bordeaux,  out  ete  removes  |>ar  iner 
pour  en  epargner  le  poi't  :  on  n'a  point  su  quehpie  temps  cc 
(]u'i!.s  etoient  devenus.  Knlin  ils  sont  arrives  an  Havre,  et  sc- 
roiil  ici  bioutoi :  c:etoil  une  des  raisons  du  I'ctai'dt'UH'iil  de 
I'entive;  la  seconde  etoit  la  maladio  du  cardinal  :  il  u  y  en  a 
point  d'uutres,  car  tout  est  pres  de  dcc;i:  on  n'atlend  plus 
(|ue  Tordre  du  roi. 

l.cs  chinir^it'iis  out  fail  dresser  une  cliaire  a  prcsidcr  dans 
Saint-(joine  ciilenr  grande  salle.  .Notre  doyen  s'y  est  oppose, 
et  a  preseiite  lYupiete  contre  eux  ;  il  a  les  conclusions  du  pro- 
enreur-iii'iieral  ,  les(|iielles  portent  (pie  la  cliaire  sera  olee.  il 
taut  |)our  eela  mi  noiivel  arret  (jiii  sera  mis  ensnile  de  I'autre : 
cela  f'era  conuoitre  a  la  |toslerito  I'obstination  et  la  malice  de 
fi-fi  tiK/nitig  hath-*,  (\\\\  briguent  j:our  etre  noinmes  cbiriirgiens 
dt1  longue  robe,  on  medecins  de  i-nm-ir  rnl>'\  aussi  bien  ipie  de 

rial  I'll'  y/(?//r/'  (  lj. 

Le  cardinal  .Ma/arin  se  li'onva  fort  mat  bier  an  soir,  litndi 
I  '1  aout ;  ct1  matin  mi  pen  mieiix  :  consultation  a  ete  faite  |iar 
oi'dre  du  roi. 

Le  proees  de  la  dame  (lonstaiitin  a  ele  ce  matin  mis  snr  le 
bureau  ;  on  It!  continuera  demain  matin  ,  n/xi  /'/>•  major  ///'<',- 
r/'nuit.  Klleesl  en  grand  danger  de  passer  par  les  mains  d'nn 
terrible,  menelrier  ,  ///// '  <>/hti  Jinimv  ('mlmim  rn<-itl><ilui'. 

Le,  mal  de  son  Kininenci1  u'est  ni  goutte  ni  gravelle,  c'est 
plutot  nn>rl>nx  risi'i'i'inii  ,  <i>iin"itni  iniiii! mi  flififi/if/in)'fi  in /n'Ofti'in 
Nit/tsfanfift  nli  nii/iijiin  /•/  jnrti  iiif/'nijifru'  .  <i>//i>  t/t'nnt/  /n'nriim 
'I ini lii'm in  .  iii/l/u  tii'tix  iiu.tf i'ff  ni'ii'^nl in  i/i'l i'lul fin . 


\  i  \i  i  O\K i  -2 ;.") 

rut'is  till' imslci    nnili'  li(ili''f  ,  (Jlioi   epic    loll  ru  di.sr, 

(iitiiuni't  innt'i'ui'  ttiiiri-i'M  <:<>ru»i'tt  .  iiitiiuni'f  f/iin'/i/''  Hntti.iniiut  , 

»  j      i 

/1'nfndtr  t'fili'tiidiniiiii  ,  tiKfiut  'Icrtnllutnus. 

II  me  semble<|ue  vous  ne  pouve/.  donner  inoins  de  six-vinyls 
francs  a  M.  le  Sanier,  ;'i  cause  de  I'aclede  dimanche  prochain; 
j'en  domiai  autant  pour  moil  Carolus,  tpii  soutintsrs  Iheses 
de  philosophic  en  ijrrc  et  en  latin.  Tan  KM".  J't  u  tri-.ii  lout 
ee  (ju'il  vous  plaira  Je  vous  baise  Ires  Immblemrnt  Irs  mains, 
et  suis  de  tout. mon  cu'iir  votre,  etc. 

/'.  .V.  Je  \oisici  des  Hollandois  (jui  sont  fort  en  peine  ipie 
deviendra  Dunkerque,  et  comment  s'en  pourronl  accordcr  l<'s 
lr>.is  rois  inli'-resses,  dc  France,  d'Kspagne  et  d'Anylrtrrrr. 

Demain  tontes  Irs  chambres  seront  assrmblrcs  an  paile- 
mriit  pour  deliberei1  stir  1'entree  dn  roi  rt  lion  inrr  do  de. 
putt's  decha(|iie  chambre. 

Do  Paris.  It-  3  aoiU  KitK). 


LKTTUK  I>\\VI.    -  -  .I// 

Je  vous  eiivoyai  Iner  de  nos  nouvelles  par  la  voie  de 
M.  Troisdames.  Nor  I  Falconet  a  ete  aujourd  hui,  ce  samnli 
?  aout,  i>ar  tout  Paris  y  porter  de  M-S  theses,  rt  j'oprrr  ipie 
demain  il  aura  mi  bel  auditoiri!.  I!  a  iiii'-me  ete  a  \  iiiceinie> , 
oil  il  a  presente  ses  theses  a  MM.  I  art'heve<p.ie,  lc  marechitl 
et  h^  manpiis  de  N'iilrroi.  M  rarclievei|ue  lui  a  promis  de  lc 
venir  entendre  demain. 

Le  cardinal  Ma/.arin  se  porle  mieiix  ;  on  dil  (|ii'd  n'ira  point 
aux  eaux,  mais  (ju'on  le  meltra  <iu  lait  d'anesse.  On  le  bai- 
<;ne  maintenant.  .M.  Ksprit  lui  a  (lit  en  particulirr  <|iie  le 
bain  ne  lui  etoit  point  bon,  et  (ju'il  s'en  tronveroit  mal  s'il  le 
continuoil;  iju'd  s  inscrivoit  en  lau\  ronlre  ce  b.iin.  birii 
(in  i  I  lui  rut  rlr  on  I  oil  I  le  par  \  a  lot  i  i  ( in  en  a  lit .  Je  ne  MI  is  re 
iiu'il  I'rra  la-drssus ,  ma  is  ji'  suis  birii  a  vrrii  <pie  drpui>  ipirl  • 
ipir  temps  Valol  |e  vrillr  el  y  roiirlic  torlr>  Irs  nilils.  Scroll  c, 


.'  i  >  i  1. 1  i •!!!•>   or  i,i  i   I'M  IN 

quo  les  units  seroient  plus  mauvaisos  a  oe  inalade.Mi  biou  i|in< 
Yalol  If  Hallo  cl  fail  lochien  eouehant  dc  pour  d'etre  eliasse  ? 
IJuoi  (|n'il  CM  soit ,  j'ai  pour  quo  I'hivor  proehain  no  fasso  dos 
places  vacantcs  ,  taut  on  ministros  d'Ktat  (ju'ou  plusionrs 
abbayes. 

Le  jour  do  ('entree  n'est  point  encore  determine ;  niais 
neaninoins  on  croit  (jii'ii  ost  arreto,  ot  quo  re  sera  le  2-1, 
lo  -25  ot  lo  26  doco  mois ,  car  la  loir  duroru  ti'oi.s  jours,  o( 
memo  on  ost  convouu  quo  lo  parlein:Mit  ira  jusqu'au  hois  do 
Yineennes,  tons  a  ohoval ,  on  robes  rouges,  avoc  dos  houssos 
do  velours  noir  sur  lours  ehevaux  ;  los  niaitros  dos  roqueles 
iront  avec  M.  lo  chancelier  en  robes  do  velours  noir;  la  cliain- 
bro  dos  coinptos ,  la  com1  dos  aides  .  los  nionnoies,  la  villo,  le 
rbatelet  et  autres  coinpaguios  iront  plus  matin ,  alin  quo  lo 
parlonioiit  aillo  lo  dernier  do  tons. 

Le  niodoein  do  la  nouvollo  roino,  (jui  ost  Kspagnol ,  in  a 
envoyo  uu  billot  ot  1111  compliment  .  pour  savoir  do  nioi  ,  !ou- 
cbant  doux  (|iioslions  do  incdcoino,  (jiii  t'-toiout  los  autours 
(|iii  on  avoiont  traito. ,  savoir,  de  <•<inxti.eh.ulim' vltli' fi'ii/idti  jnitn 
in  ntn/;'iis  ;  jo  lui  ;ii  Tail  rcpon.-.o  ot  lui  ai  oll'ort  soi'vico.  II  s'ap- 
pelle Thomas  Puelle/,.  C/ost  1111  petit  bommo  bion  savant,  (jiii 
a  oto  profossour  it  Salamanquo. 

Knlin  octant  souliaito  dimanche  esl  vonu  :  .Noel  Kaloonot  a 
ropondu  fort  bion  :  holio  eonmaynie :  .AIM.  los  pi'olais  y  out  etc 
fort  lionorabloniont  rooiis.  S'il  vout  aussi  bion  ('tudicr  on  mo- 
decine  (|n''l  a  fait  en  philosophic,  il  pourra  dans  uu  an  otro 
i'0(;u  dans  votro  college  do  I.yon.  II  estjounc,  cliauil  ot  bouil- 
lant ,  on  otat  d'apprendre  ol  do  comprondro  bcaiicoup  do 
ohoses;  il  faut  qu'i!  charge  sa  inciiioirc,  ot  remplisse  son  es- 
prit doronavant  do  tout  co  ijiii  lui  |iout  sorvir  pour  otro  dans 
pen  d'annoes  un  bon  medecin  ,  savant ,  jndicioux  ot  bion  rai- 
soiinaiit. 

Vons  save/  bien  quo  Ton  caclio  les  maladies  dos  grands 
taut  quo  Ton  pent,  encore  quo  bien  soiivent  on  n  on  puisse 
vonir  a  bout.  On  dit  iiuc  la  maladio  du  cardinal  Ma/arin  cst 


dull  louse,  ilnlni  i'i  ni:<-i/>i/i.-<  fn-iitiift  ,  ft  jc  >ai>  de  bonne  part 
que  (iuenaut  a  (lit  qu'il  aimeroit  mieux  elre  \ien.x  el  pauvre 
medecin  ,  conime  it  dit  qu'il  e*t  ,  car  il  se  plaint  toujours], 
•pie  d'etre  cardinal  Mazarin  et  avoir  taut  d'eeus.  La  reine- 
mere  est  fort  centre  Valot;  on  a  parle  de  Ini  oter  sa  charge  , 
et  de  le  red  u  ire  a  une  pension  viagere,  en  donnant  sa  plan1 
a  nn  antre,qni  n'en  sera  pas  fache.  Taeite  a  dit  qnelque  part, 
fort  a  ce  propos  :  Hcrum  liwndncmuii  mini  t-*t  t<mt  imsttibilc  , 

/fnj'tim  c(.  CttduCUin  ,  qn<nn  j/otciifttt'  /n/itn  sttfi  ri  nun  ni.ra.  ("est 
ce  quo  je  repondis  a  M.  Guillemeau  ,  lorscju'il  me  vinl  1111 
jour  annoncer,  de  grand  matin,  (pie  M.  le  garde  des  sceaux 
de  Chateau  neut'  etoit  disgracie,  dont  il  ctoit  tort  ctonne,  /"•'• 
iiniitrritn  ;  niais  il  tnmva  mon  passage  fort  a  propos.  Ce  tut  le 
ineinejour  que  ,  Tan  \M'.\  ,  me  naquit  mon  second  tils,  Cum- 
in* ^afiiiuSfjH'o/i'Mor  jxit/mlot/ictia,  >-t  tunniliuf  Imnni'ihns  (tiynis- 


II  y  a  grande  amitie  a  la  com1  entre  le  prince  de  (londe  et  la 
reine-tnere  ;  tout  It1  moiide  s  en  etonne  et  s'en  I'ejouil  conniie 
nn  grand  augiire  d'nn  bon  tt.'inps  ;  ce  sont  les  diets  de  la  paix. 
et  comme  a  dit  Virgile  : 

Jungenturjfim  </>'  !/!><'*  *•'/'('>',  tinmniitc  tH/uvnli 
dun  cnnibtif  liinidi  i  enicnl  ad  imcu'a  daunt'. 

l>ieii  letir  t'asst;  la  grace  de  nons  laisser  vivre  en  paix  phi 
sieiirs  annees,   alin  que  la  [»anvre  France  ,    t''puisee  |>ar  letir.s 
disconles  et  mesintelligences  ,   pnis>e  entin  ri-spirer. 

La  sage-lennne  I'ut  liier  meiice  ;i  la  Tonrnel'e  ,  et  I'ut  inlei  - 
rogi't;  Les  juges  out  commence  a  opiner.  Li1  bruit  court  ipi'il 
n'y  a  point  as.-e/  de  jirenves  pour  la  mort  ,  et  neaimioins  elle 
a  etc  condamiiee  an  (Jlialelet  d  etre  peiidue  ,  par  le  lieutenant 
criminel  et  par  des  conseillers,  qni  soul  d'habiles  gens. 

On  dit  ipie  des  (pie.  le  cardinal  Ma/arin  se  portera  mieiix 
il  ira  an  boisde  Vincennes  y  prendre  1'air  et  dn  lait  d'anes.so. 


:-lS  i  1.1  i  in  ^  in.  i,i  i  i'\ji\ 

/(/cu  mjuuruni  tni'tullicu/'um  t  qui  avoienl  etc  proposecs  par  \a- 
lot ,  mais  impronvoes  par  les  quatre  aulres  modoeins.  Pour  lo 
jour  do  I'l'iitree,  im/i<linu  musfttf  HCC  (iffirtuutur. 

Le  temps  est  vemi  tie  romercierM.  le  Sanier;  mantlo/.-moi 
eo  (|iic  vous  voulex  tpie  jo  lui  porle.  II  m'a  dit  tju'il  m'ou- 
verra  rimprimeur  pour  payer  los  (hoses,  le  papier,  la  taille- 
douoo,  etc  Nous  retiendrons  la  planehe  ot  vous  la  rouvcr- 
rons  (juand  vt>us  rordonriero/. ,  on  bion  nous  la  rondrons  a 
M.  Morange  ,  si  vous  lo  voule/. 

Jo  m'en  vais  domain  Cairo  etutlier  Noel  Falconet  on  modo- 
oineet  lui  1'aire  approndre  par  cu'ur  les  premiers  chapitres  dit 
/'(HitjtrndttoH  do  M.  Riolan  le  pore,  et  a  pros  los  commentaires 
du  memc  sur  la  physiologic  tie  Kernel .  avoe  !'/:'/"•// //•/>/////„ 
fiitnlomicuni  du  ills:  c'cst  leohoinin  (jne  j'ai  fail  prendi'o  a  mos 
deux  ills,  f{  tpii  y  out  bien  ronssi.  A  mosiirc  qn'il  avanoora 
dans  cos  premieres  institutions,  jo  Ini  forai  metlre  lo  no/ dans 
ipiolipies  autros  livres,  qui  ci  sterncitf  clam  «d  In-fumcm  (i/i- 
leu!  c(  llij>i>i>ri-(itlfi;  et  s'il  mo  vent  croiro,  il  sera  capable  dans 
mi  an  do  passer  docteur  ot  d'etre  agrego  a  volro  eollo'^o  do 
Lyon.  .It;  vons  prie  d'y  jx.'iisor  ot  do  m'en  mandor  volro  in- 
tention. 

Jo  vous  rointM'o.'o  dos  beaux  vors  (pio  vous  m'avox  onvovo> 
sur  lo  mot  tie  Mtizarhinx  ,  Mnrs  mi  jit*'.11  Si  M.  Talon  fait  im- 
pi'imor  sa  harangue  sur  la  paix  ,  jo  vons  la  prom-'l's  ;  niais 
j'on  doutt1  ,  oar  il  n'ainio  point  I'improssion.  ("osl  un  grand 
porsonnago  et  tros  illustre;  jo  no  sais  s'il  a  son  paroil  an 
mondo  ;i  tol  ago  pour  sa  science  ,  son  experience  ,  so:i  jugo- 
mont. 

One  faitM.  (luillcmiu  a  Lyon  ?  II  y  a  longtemps  ipie  jo  n'ai 
oui  parlor  do  lui.  Xe  lui  dittos  rien  do  nioi.  Onol  ago  a-f-il  ? 
One  fait  volro  Basset  ?  Bongo  est-il  i^'ou  ?  A-l-il  payo  los  cent 
oons?Onainl  ost-ceque  votre  tic  LiKpies  pouri'a  olro  roru?J'ai 
pour  <|iio  son  pouinon  no  lo  (no  a\anl  <pi'il  on  puisso  aniMT 
jnsipio  la.  C/ost  grando  pilio  do  maii(|uor  do  sanlo  ot  do  foror 


\  i  u.t  <>N  i. r.  -j.-;«i 

d'espril.  ('.(.-I  hotline  a  deux  mauvaiM'S  picoc>  t!;;ns  son  sne 
Jo  baise  Irs  mains  a  notre  din1  et  leal  ami  M.  Spun.  Toilullien 
no  plaint  tie  cequ'on  reproclioit  anx  gens  do  bien  do  son  lomps. 
(,'niu$  i'ii'  bunm ,  tnntuin  quod  chnntiutnts. 

II  y  a  vingt-quatre  heures  qu'il  plt-iil  it  Paris  rndomoiil  apivs 
mi  oH'royable  tonnerre  ;  si  ootto  plnio  no  Int  voiino  ,  on  dit 
(ju'il  n'y  out  en  non  plus  do  vin  quo  1'an  passe.  A  qnolqno 
ohosfi  mallionr  ost  bon. 

Jo  vons  baise  millt^  I'ois  los  mains  ot   a  mademoiselle  Fal- 
oonet,  ii  la  joie  dt?  laquelle  jo  prends  part,  sur  oo  (pio  son  liU 
Noel  a  si  bion  rtipontlu  ,  t'f  n/itmni  ulim  nnn  jiit'itli'i'nr  frwtnnt 
xiniiii !  Jo  snis  do  tout  mon  caw  votro     ott%. 
DC  I'nris.  't-  10  noiit  100(1. 


L  KIT  UK   DX\MI.    --  An  //«W. 

Jo  vons  ai  mando  par  ci-devant  continent  Noel  falconet  a 
fort  bion  ropondu  ,  ct  comment  M.  I'arcliovoijue  ot  M.  l'e\eqne 
do  Cliartres  y  onlassiste;  il  a  temoi^ne  boaucoup  d'osprit  et 
beaucoup  do  ju^ement,  cola  me  fait  esperer  qu'il  SIMM  un 
jour  Ires  bon  medecin  ot  diiiite  lils  do  son  di^ne  pore  :  /;//•///>• 

[lilt    Ijl/i/'lll  l>(l/l'tX. 

Ihtiniiiifti  jnit  1/iijiK'ii  t/t'i'/t.r  ulislt't rt.i' i.'t  *it//<n'/i/a .  en  belle 
comita^nio  a  la  Croix  dn  Tralioir. 

On  dit  quo  ['entree  dn  roi  st>  fora  lo  jendi  -2(>  aout. 

On  nous  a  reiidu  la  planchedo  la  thesi-,  jo  I'ai  eeans  ;  pour 
I  impression ,  lo  papier,  pour  lo  tirenr  en  taille-donee.  pour 
lo  doroiir,  pour  rallielieur,  pour  les  droits  du  portier  ,  pour 
lo  tapissior,  (Me.,  j  ai  dolivi'e  a  limprimour,  nomine  Julicn  . 
on  presence  et  dn  oonstMitointMit  do  .M.  Ie  Saltier,  la  sommc 
do  six-vinyls  livros  deux  sous,  dont  j  ai  eeans  ICN  parlies 
si^tK'os  dndit  Jnlien  (M  do  .M.  loSmier.  losipiels  je  sins  prr! 


2.V)  !.KITIi|->    l>K    i.l  I    I'A  I  l\ 

(le  vons  envovei .  I'm  OIO^XTCW/  doiiiini  ///v/vry//o/vN  ,  je  snis  d'a- 
vis  de  1  aller  voir  deinain  avec  iVoel  Falconet,  et  lui  donner 
do  votre  part  dix  lonis  d'or.  Jo  crois  (pi'on  doit  encore  quel- 
ipie  chose  au  repetileur:  je  verrai  ce  (pie  M.  le  Sanier  in'en 
(lira  ,  ct ,  n:  cnijuitn.  Hit  liomini  fiuritu/t  s/i/is. 

Le  cardinal  Ma/.arin  se  trouva  bier  mat  ;  il  f'allut  le  recon- 
ciler, ct  il  ful  saigne  ,  C./HX  cst  riili'rc  m-  /iru.L-i/i/tt*  <i/////t//n/<s 
infinnum  ct  pcrtiimcinn  valctiidtnvin  I'm-tilcr  triitct,  ((<•  /inn  rnl<-- 
/'in/  tiniti  ct  tot  .  fc\<ri/lti/>/i . 

Lundi  prochain  ,  \oel  Falconet  eommencera  d'eludier  en 
modecine.  II  m'a  promis  d'avoir  nn  cahier  de  medecine  dans 
leqnel  il  ecrira  tons  les  jours  quelqne  chose  ;  el  moi  jc;  Ini  ai 
promis  de  bonne  ibi  de  Ini  Ibni'iiir  ce  (jue  j(;  sais  de  meillenr. 
S'ii  me  vent  croire,  il  sera  bien  savant  dans  nn  an. 

I'n  lionnete  bomme,  des  premiers  de  sa  robe,  m'a  (lit  au- 
jourd'hui  ( ce  mardi  J7  aout)  <pio  dans  pen  do  temps  nous 
anrons  de  bonnes  nonvelles;  quelques  uns  croient  ipie  c'esl 
(pi'on  parle  dn  cardinal  de  ISetx.  Bien  que  le  cardinal  Ma/arin 
si;  porte,  mieiix,  on  IK;  laisse  pas  de  souger  (jiii  seroit  celui 
(|iii  ponrra  attraper  sa  plac(>.  On  jtarle  fort  de  qnatro,  .savoir: 
.M.  le  marechal  do  Villeroi,  M.  leTellier,  .AI.  Fonqnet,  snrin- 
tendant  des  tinaiices,  <H  le  seii:neiii'  Ondedcy,  eveqne  de  I  -'re- 
jus.  .Kaimerois  mienx  le  cardinal  de  Met/,  quo  lout  cola,  mais 
je  n'en  serois  [»as  cru  ,  ni'ijui'  res  IS/HT  ma  /n/'/ra  rst  urlxti-ii. 
Aussi  les  jesuiles  s'opposenl-ils  a  ce  dernier  plus  qu'a  pas  nn  , 
el  s'il  n'a  nn  tres  fort  el  tn's  [luissant  archange  cpii  puisse 
renverser  toule  cetle  noii'(!  li'^ion  ,  je  no  pen-e  point  qu'il  \ 
puisse  parvenir;  neanmoins  hieu  est  sur  tout,  qni  se  sert  dr 
telles  gens  qu'il  vent  pour  le  ^ouvernement  des  Ktals.  Job  a 
(lit  en  quolquo  endroit  :  I'ro/rfcr /iccrddi  //(iiiti/i>/'/<in  /Jens  aim'/ 
rcijimrc  h/i'/imnii  ,  ct  je  me  souviens  d'avoir  vu  mi  llollandois 
<pii  disoit  ///  xcinti  nun  ml i/idil /mi  di^jKi/i,  et  meiiie  poi'lail 
pour  sa  devise  :  Sn/iii'idm  Itci  *'t  s/////////i  /niin/niun  f/n/ic/'//'/ii/ 
iiiiiiidinii.  (]c  qui  esl  de  boll  ,  c>t  <pie  nous  avons  nn  tres  bon 


\    I  U.i.o.M.l  .  -J.')l 

roi  ,  <jiii  a  d  exeellentes  inclinations;  plaise  a  iMen  <|ii  on  in 
les  lui  corronipe  pas. 

J'ai  donne  dix-lmit  francs  an  rcpelitenr,  snivanl  le  eonsed 
de  M.  Ic  Sanier.  Jc  vous  baise  Ires  liuinblement  les  mains  ,  a 
mademoiselle  Falconet ,  et  a  noire  bon  ami  M.  Spun  ,  etsuis 
do  tout  inon  arm1  volre  ,  elc. 

Do  Paris,  le  26  aout  1660. 


LKTTKK  DXXVIII.  —  An  infim*. 

Jc  vous  ecrivis  liier  ,  cc  mercredi  IS  aont  par  la  voie  de 
M.  Lan^lois.  On  (lit  quc  don  Louis  dc  Maio  cst  mort  en  Ks- 
pa<;ne  d'nno  lievre  maliirne,  et  plnsieurs  aiitres  seiyneurs  dc 
la  meme  ronr.  Le  cardinal  Ma/arin  se  porle  mieux  ,  il  com- 
mence a  se  lever,  et  ncanmoins  on  dit  qu'il  a  de  lor  I  mau- 
vaises  units  ,  et  que  Valol  continue  d'y  veiller. 

No<il  Falconet  Cut  liier,  e<!  jeudi  19  aout,  a    m;i  lee  >n    an 
College  royal,  el  me  ri-pota  liier  au  soir  nne  |)arli(Mle  ec  <|nc 
j'y  avois  dit  ,  <!<'  wn'inibus,  <'<n  am  nut  urn  cf  /'t'tiii'fltis  ;  /if  di-  ////- 
ji/irf  crisi  n[t'ni'i'fi'/iti,  /''•/•  rcinr  si'rttoitfiii  <:f  (HUifdtltiii'sini,  ijiin- 
rnni   ill  a.   I  nil  it  i-iinsnin   un(C('i'il''iifcn  ,  A"'''  t'frn  r»u/  iin'-fnm  .  S'il 

vent  continue!1  de  memo  ,  il  en  saura  dans  deux  ans  plus  <pic 
le  jeune  dti  \\.  n'cn  saura  de  sa  vie  ,  j'eiiteiids  de  la  bonne  et 
de  la  pure  medecino  (f'/nitiixfifinit  }  ni/i/rfii'ni//  rf  i-i/ijn'ririnn, 
i/iiir  (inii/iiinn  jiiHi/itt-s  n/cctr  t/ti'/fn.-i  n/t/nf  rtfit/n*  ,  tnfnl  ninrnr.^ 
II  fautetre  liommc  de  bien  et  savant  pour  y  exeellei-.  .Mnlinis 
<'*i  r/r  Ixiiiiix  ,  iiicrfi'iirl/  [i<'rltnx.  l"n  habile  hoiuine  doit  tMre 
au-dcssus  du  eonimun  ,  qui  est  faineant  et  pares^eux  : 


\on  l 
I/A  polypliarinacie  nc   lit   jainais  uu  bon  mcdccin;  ml  ln-n- 


i(i:i  ,   jutni-n,  si'f    tti'i'f-lu   i'      nillJ 

l'l'lll(:llltl  ,    It'llljini'  '   I'f   /(/CO   (Iftlliltitll    ([]. 

II  y  a  dans  Tours  uiic  grando  bauqueruute  de  deux  inar- 
chands,  \\n\\\mc&\£&Hourrcaux  tVeres;  elleest  de  16  cent  millr 
livres:  niais  on  dit  que  dans  pen  de  jours  il  y  en  aura  enco:<> 
nno  aulre  I'ort  Brandt-.  Les  Tourangeaux  entin  perdronl  lent 
credit,  taut  a  Pans,  a  Kouen  ,  a  Lyon  quailleurs. 

Nous  n'entendons  ici  que  tambours  et  soldats.  <|m  n'ont 
fait  que  marcher  aujourd'lmi  pour  fa  ire  la  revue  gt'uierali!  dt> 
toutes  les  coloiiellfs  dans  la  campanile ,  ontre  N'auyii'ai'd  cl 
Saint-Cloud;  on  dit  loujoucs  qne  1'entroo  sera  U?  '2(\  de  ce 
luois.  /'tir/>t//-</t//s  ii'is/cf  /ffcti>i(jt/t'  nii'liiix  //"/>('/'!'  fltct/Hi',  >''W 
iiiintliiin  iijitinii- .  inin  iicf/iiiilciit  hi1 1 1 c;  neanmoins,  a\\  dil  (jii  it 
vei'ra  renti'ee  et  <|u'il  sera  dans  la  cue  Saint-Anloino. 

Xous  avons  ici  uii  bt'ni'licier,  natit'  d'Angers .  Jionnnc 
.Mt'nage  ,2\  iiui  esl  hoinine  d'esprit  et  de  grande.  erudition  ;  il 
a  fait  des  vcrs  fort  adulatit's  an  cardinal  3la/arin  ,  dans  les- 

J  Drojjuour.«<  i-crvilcs  c(  incoi^idoro>  .  Itmrnioiilciii'.-  <ic  uialaiicM  ct 
<!<-•  la  nature,  ruiniyciix  paraphrascurs  dc  lianalllrs  i^cientiliquo  ,  nic- 
«li((v,  liicn  cos  parole.-  dc  (iiii  1'aliii  .  e'ol  ral)rc;',o  df  tonic  bonne  me 
dcrino  praliquo.  Cel  hominc  met  .-onvcnt  l'on.;;le  (in  lion  an  has  tie  <•<• 
qn'il  ccrit.  Rcmarquons  (jn'il  no  s'a;;it  pas  de  ricn  lairc  .  dc>'arrc!cr 
le^  hras  croises  sons  son  inantean  d;;n»  Id  meditation  r/c  In  iit/irl  .  in;u> 
d'emploNcr  des  remedes  ,  paiica  et  seleclu  ,  point  di'heal  ,  choiv  d.lii- 
cilc  ,  d'on  dependent  ncaninoins  Ic  saint  dn  inaladc  et  la  j;lo:re  de 
Tar!.  M.I'. 

;2;  Ce  bcneficier  d'A liters  est.  en  eliel.  le  eelehre  (iilles  .Menai',1',  igni 
a\ait  beaucoup  inoiiis  d'espril  el  dMina^inaliop  (|ue  de  .snoiret  d'eiu- 
dition.  On  eroit  (jue  .Mtilieie,  i|iii  a\ait  a  >Yn  plaindre ,  Pa  de-ij;ne 
dans  le  Yuilius  des  Famines  sur tittles.  Son  on\ia;',e  principal  c»t  le 
Dictionnnire  etymoloyque  <lc  Iti  !tin'/iic  franca  sc  ,  dont  la  derniere 
e.li  i(  n  .  avec  des  additions  par  II net  et  Lednehat  a  etc  pnhliee  par 
.la nl I  :  Paris  .  IT.'iO ,  2  \ol  in  lol.  .Men a^o  n'(-lail  pas  sans  nierile  ,  inai-  il 
en!  driix  lra\ei>  c|ni  le  rendirenl  ridicule:  le  premier,  de  se  enure  IIM 
p'T-onii,i",e  nnporlanl  cl;m-  la  ivpn!  !;i|iie  des  Irtli  c«  ;  |e  second  .  (Tc-'M 
aimer  mndam."  de  SeMi',ne.  ipii  -e  moipia  de  lui.  li  etait  n<;  ;i  An;1/'!'. 


\    lAl.MiNM.  2."»J 

(jiu'ls  .MM.  <l'.i  parleiiu'iil  prclcndciit  clre  ollciisrs.  II  y  ;i  tin 
bruit  eontre  lui ;  j'ai  rrgnil  (jii'il  ait  laitce  pas»lerl«Tr,  (ante 
de  jugement ,  car  il  est  lionucle  liomme  ct  de  men  If.  .\<-///o 

ju.slt'Hlit  nun  ni'rfiif  ,   /IGIHIIICX  snin/is  ,  nun  <l 1 1. 

Nous  n'avoiis  ici  (|iic  du  bruit  des  latnbours  et  do  la  miliee, 
el  jc  crois  (JUG  (levant  <pie  la  fete  soil  tout-ii-i'ait  passee,  nous 
n  aurons  pas  meillour  temps.  J'ai  du  latin  :i  fa  ire,  ipii  est 
rommtMKV  ,  mais  jt>  ue  puts  acbevcr  clurant  co  bruit.  Je  vou- 
drois  (Mro  a  Lyon  avec  vous  pour  line  liuitaiik-;  nous  nous 
entendrions ,  inter  /ir/rn/ox  />a/-/et<'x  ,  de  plusiciirs  choses  y""' 
/////•/•/,s-  iiini  cunsKjninitni' ;  et  apri's  le  bruit  apaise  dc  dcca  , 
jc  in'cu  rcvieudrois  dcpuis  Koaniic  jus([u'a  Orleans  ,  par  la 
Loire,  si'd  //'ns'/'ii  riii'i'ii  ft1/  <>i>f<>  ,  nun  ,v//^/i  ///'•/  y/'/v.v.  \olr<! 
profession  nous  fait  eselaves;  jn  u'aurai  jainais  de  repos  <|uc 
lo:s|!icjc  serai  enlerre  ,  ctalorsou  me  pourra  I'aire  I'l'pilaphe 
pa; cil  le  a  ee  mareclial  de  Fi'auce  ,  noiiiinc  I Vi\  ulee  ,  MiLtuois . 
<|iii  <st  cnterre  dans  1'eylise  de  Saiut-Na/.airc ,  ;i  .Milan  :  lie 
tjiiifuni  i{ni  iiHituuain  ijiiii-cit .  ,1  t'li  ai  aussi  menace  moil  liU 
C.arolus,  qui  etudie  toujourset  ne  se  repose  presque  jainais. 
,M.  Huguetan  ,  ipiand  aura-t-il  acheve  ees  deux  tonics  dc 

1'nn/ns  /iii-rliin^  ,  fjm-xt ioni'H  iitC'flicu-(«'(/ftlt'S?  M.  Uavaild  ,  chilli 

ici  ,  m'a  promis  de  nit-  les  envover  des  <[ue  cettc  eiiK|uieuic 
edition  stira  aclievee ,  (|uidoit  I'ctre  bientot. 

.M.  Monerot ,  le  tresorier  des  parlies  rasuelles,  avoil  eiilre- 
pris  mi  parti  coiitre  les  partisans  ,  et  avoit  fait  son  niarclie 
iiioyeiinant  1 7  millions.  (Juelques  partisans,  1  ayant  dccoiivcrl , 

I,-  i;j  iioul  H»i:l.  ft  il  mom  ul  a  Paris  lo  i:\  j  nil  lot  \M~2.  Tout  If  nioiiil<- 
•  •nini.'iit  ci'ltc  epigrarnnic  ilc  l.aiiuinuoyc  : 


K.  I'. 


•2M  I.KTTIIKS    !>K    t.l'l     I'ATIN 

out  em-heri  par  dessus ,  out  fait  easser  son  Iraile,  et  oflronl 
:U)  millions  avoc  bonne  envie  do  hien  reinuor  le  monerot.  Ainsi 
les  lotips  so  mangent  I'lin  1'autre.  Krasme  done,  tout  bon 
homnie  qu'il  etoit,  s'est  trompo  lorsqu'il  adit  :  Homo  liomini 
//t>ns,  rf  lupus  lit/tiimni  nun  c*f ;  inais  en  recompense  il  a  dit 
vrai  quand  il  a  eerit :  //nmu  hotnini  fit/ws.  JOYOUS  baise  les 
mains,  a  mademoiselle  Falconet  et  iuiotro  bon  ami  M.  Spon, 
ot  stiis  do  tout  moncauir  Yotro,  etc. 

P.  .S'.  Mardi  prochaiu  so  fora  la  revue  ^enerale  do  toute 
noire  milice  devant.  le  roi ,  an  bois  do  Vincennes  ;  joudi  sera 
renlree  fort  poinpeuse  et  solennolle.  All !  «|uo  no  suis-je  jxuir 
liuil  jours  avoc  vous  a  l^yon  ! 

Del'aris,  le  20  aout .1(500. 


LETTllE  DXXIX.  —  An  iwhuc. 

Jo  vous  envoyai  bier  tine  lettre  do  deux  pages  par  la  vote 
do  M.  Lariglois.  C'est  done  domain  quo  so  doit  fairocetto  belle 
entree  du  roi  dans  Paris,  tin  -21)  aout,  paroil  jour  quo  Ton  tit 
I os  barricades,  I'an  1(1  IS  ,  alin  de  Cairo  rondro  les  don\  jiri- 
sonniers  quo  lo  Maxarin  avoit  tail  arrotor,  savoir  :  .M  do 
Broussel ,  conseiller  de  la  grand'chambre ,  01  M.  do  lilanc- 
mesnil  ,  [(resident  on  la  premiert;  dos  enquotos.  Ponso/.-vous 
<[uo  Ton  tie  s'on  souvionne  ]»oint  encore  au  cabinet  et  an  ('(Mi- 
soil  d'on  liaut  ,  ot  (jtie  la  domarclio  (juo  t'oront  doinain  M.M.  du 
parlement  a  cetto  belle  entree  no  soil  pour  eux  tine  ospect1 
d'oxniation  ot  d'amoude  honorable*?  C.ar  lo  roi  vent  ipi'ils  y 
aillont  avoc  los  robes  rouges  et  lour  bonnet  carre  ,  sur  dos 
chevaux  ,  avcc  dos  houssos  do  velours  noir,  par  tin  cbemin 
parliculior,  aussi  bien  quo  .MM.  do  I'l 'niversite,  et  11011  point 
par  la  grande  rue  Saint-Anloino  ,  sous  ombre  ipt'elle  soroit 
ln>|>  ombarrassee  si  lout  le  mondo  y  |iassoil.  I'otir  moi ,  je 
crois  (in'ils  s  cn  soiivionnenl  foil  bion  ;  car  (lorn.  Tacilo  .  iiui 


V     KAl.l.oM  I  .  -J.Vl 

est  tin  breviaire  d'Ktat  et  le  premier  on  le  grand  mailrc  dr.*, 
secrets  <lu  cabinet,  et  meme  que  .M.  de  IVd/ac  a  qnelque  part 
appele  Y.\in:icn  uriyinnl  dot  fim'ssr*  intxl<  ri«-*  ,  a  clit  en  parlant 
de  Tibere  a  un  certain  courtisan  de  ce  temps-la,  nm-liia  run- 
ntiis  i  rr  id  ere  solittlit,  i/uurmn  n^ml  y//v/'//o/> ///rs  iii  (nin/t/i/i  I/a-, 
iniiriu  rsf.  Le  cardinal  de  Richelieu  lisuit  et  prati<pioil  furt 
Tacile  :  aussi  etoit-il  un  terrible  liomme.  Muchiavel  est  un 
antre  pedagogue  de  tels  ministres d'Ktat,  inais  il  n'esi  <|n Un 
diniinntiC  de  Tacite. 

Toule  notre  villeesten  inouvenienl,  et  toutle  inoiide court 
a  la  rue  Saint-Antoine  coninie  si  le  leu  yetoit ;  X(jel  Falconet 
est  deja  parti.  Chacun  va  cbercher,  retenirou  prendre  place, 
.le  in  en  vais  aux  Matburins ,  (|iii  est  h»  lien  oil  se  lont  les 
^ramies  asseinble.es  de  ITniversile;  nous  y  avons  notre  ren- 
de/.-vons  a  cinq  beures  du  matin  avt-c  les  autres  facultes  pour 
aller  avec  M.  le  recteui'  juscju'au  trone,  ou  il  doit  laire  la 
harangue  pour  toutes  les  f'acultt's  de  11  niversite.  Jt;  ne  sais 
pas  neanmoins  si  je  m'engagerai  d'aller  jusijue  la  avec  nos 
autres  conipagnons. 

Enlin  notre  arret  est  distrilme  :  j'en  ai  ceans  un  pour  moi 
<]iie  notre  doyen  m'a  envoye ;  j'en  ai  achete  six  autres,  dont 
j'en  ai  mis  deux  dans  votre  paiiuet  <pu:  je  I'erai  jiartir  bienti'it  : 
Inn  sera  pour  vous  et  I'atitre  pourelre  mis  dans  lesarclnves 
de  votre  cullc^f ;  j'en  envoie  aussi  un  «vx»'mplaii'e  a  notre  l»nii 
ami  .M.  Spoil. 

Je  i  lies  u  is  laisse  persuader  par  mes  deux  en  fan  Is  d  'aller  a\ec 
M.  le  reeleur de  rrniversite  jusqn  au  In'n'.e.  dans  Ic  t'aubour^ 
Sainl  -Antoiue,  salucr  le  roi.  C.ccoi'psde  I'l  niversite  etoil  tori 
grand  et  occupoit  bcaucoup  plus  de  place  ;  le>  moincs  ri  Ic 
clerge  seculier  y  out  etc  l«\s  premiers,  I'l  niversite  ajirc.s ,  la- 
quelle  a  etc  I'oi  t  regarded  pour  la  divcrsite  des  liabit>de  taut 
desuppots.  Nous  y  etions  38  docteurs  en  habit  I'oii^i1.  san^  I«N 
doclctii's  en  droit  canon  .  et  ceu\  di'  Sorhonne  .  ijiii  eluu'iit  en 
tort  grand  nombre.  Nous  avons  etc  bien  regard i's  :  au  v>i  avoiis- 
noiis  \u  bien  du  iiionde.  i/i-nfrm  //ni,/i/<>in  (////mi  ilum,, 


:>'>(!  u:mus  DM  1.1  i  i- \ri.v 

iH'iini  i>n!t:i'nt .  Noel  l'';il('oii<'t  y  etoit  aussi,  qni  a  vu  le  roi  et 
la  reine  des  le  matin  sortir  dn  hois  do  Viiieeimcs  pour  venir 
an  trone.  Nous  avons  etc  de  retour  a  midi  ct  avons  dine  en- 
semble; ct  ])iiis  nous  sommes  alles  voir  (onto  la  pompe  <|iii 
arrivoitaupros  dn  palais  ;  il  n'a  lionet'  d'anpres  de  moi  ,  ct 
M.  do  Label  le  pore  avcc  sos  deux  Ills :  nous  avions  bonne 
place;  enlin  ,  outre  la  braverie ,  nous  avons  vu  fort  a  notro 
aise  le  roi,  la  reine,  ^f.  le  marecbal  de  Villeroi  el  plnsienrs 
auti'es,  1/nni'iiin  iti/iiiffitx  rst  mimi'i  us.  .Ir  vicns  de  recevoir 
votre  pafpiel  de  la  part  de  M.  AForanges  ;  nous  en  etions  en 
peine,  et  principalement  Noe!  Kalconet. 

Son  Kinineiice  s'etoit  mal  tronvt'C  dn  iait  d'anosse;  il  I'a 
rpiitte  avec  grand  regret  d'en  avoir  pris.  On  dit  qu'il  se  porte 
mieux;  niais  je  ne  sais  s'il  atteindra  le  mois  d'avril  prorhain  , 
car  nous  avons  ici  ordinaireinent  un  iiK'chant  hiver,  qni  est 
fort  contraire  aux  convalescents. 

Le,  j ('suite  qui  nous  fait  esperer  nne  ///X/O//Y-  <!<•  /•'/•/ntcc  en 
latin,  on  trois  tomes  in-S,  n'est-ct!  point  le  pei'e  di1 .1.  liussicres  ? 
.le  vous  remercie  des  anlres  livres  quo  vous  me  promoltex. 

Le  meilleur  oporatonr  <pie  nous  avons  pour  ['extraction  dr 
la  [)ierre  est  le  jeuneColot,  ntc  Quiuc-ampoix,  Ills  dn  der- 
nier mort ;  les  deux  antres  dn  memo  nom  .  mm  /'///  //.••//'•  un- 
'liiinl ,  et  principalement  le  j^etit  de  cinqnante  ans  ,  quo  Ton 
nomine  ici  (lolot  do  Bordeaux  i\]. 

\  olre  Luques  ne  iardera  i;iiere  a  mourn1:  je  1  ai  autrefois 
ici  traite  do  cracbemenl  dc  sang  et  dMnflammation  (!•'  poi- 
trino.  [,e  lieutenant  criminel  ost  ici  fort  malado;  sa  femme  . 
qni  est  line  megere  ,  I'a  battn  et  enferiiK'  dans  sa  cave  :  c'osl 
nne  diablesse  pire  (pie  la  femme  do  Pilate.  Kilt;  est  Mile  do 
.lorcmie  Kernel1,  jadis  ministre  do  Mines,  revolt*'-. 

N'attendftz  jtoint  les  theses  (|ue  vous  a  vex.  domandees  a 
Noel  Falconet .  jo  los  donnorai  a  M.  C.ani  a\ec  la  planclie.  Le 


A  KAI.CONKT.  -2,'j7 

paquel  qu'il  en  a  fail  est  trop  grox  j)OII|.  ,-.(,.,,  t.,IVo\v  par  \A 
poste,  il  vaut  mieux  attendee  un  pen  de  temps.  Je  voiis 
baise  tres  bnmblement  les  mains,  rt  suis  de  tout  mon  coenr 
votre.  etc. 

!)••  Paris,  le  2:}  aoul  UMJO. 


LKTTKK  DXXX.          \><  mf-me. 

Le  TO!  el  la  reine  sont  arrives  an  hois  de  Vineennes.  Le  car- 
dinal Mazarin  y  est  rnalade  d'une  douleur  nepbretiqne.  II  a 
ileja  I'ti'1  saigne  cinq  I'ois.  Valot  y  est  bien  empeclie  ,  car  il 
tient  la  queue  de  la  poele.  II  a  en  de  grandes  prises  a\«.-<t 
M.  Ksprit,  en  presence  de  la  reine  et  de  Gnenaut  ,  qni  sen 
moqiioit.  Le  cardinal  a  ete  pnrge,  inais  on  ne  (lit  rien  de 
sa  convalescence.  Valot  n'est  pas  bien  en  cour.  S'il  perd  une 
tois  son  patron  ,  ii  est  mal  en  ses  a  Ha  ires  et  sera  renvoyt- 
connne  un  ignorant.  Les  degres  du  Louvre  sont  fort  filis- 
sants;  il  fant  avoir  le  pied  bien  f'erme  pour  s'y  tenir  long- 
temps  (1  . 

IVtnr  nos  medecins  tpii  d«k'lament  centre  la  saiiiiiee  et  la 
purgation,  je  tiens  pour  certain  qu'ils  n'iront  pas  loin  avecr 
dc  si  m<Vliants  souliers.  J'ai  souvent  dit  a  mes  ecoliers  (ju'ils 
IK^  doivent  point  avoir  penr  de  telles  gens.  Les  charlatans  ne 
I'oiit  point  de  miracles  ,  si  ce  n'esl  en  la  pn'sence  des  igno- 
rants.Guenaut,  qui  s«'  rendoit  volontiers  chef  de  quelque  nou 
vcllesecte,  pourvu  (ju'il  y  eut  a  gagner  ,  adit  quelqiief'ois 
cliez  des  malades  <|u"d  n'y  avoit  en  tout  notre  nit'tier  (jut- 
ti'ois  bons  remedes,  la  saignee  ,  les  pelils  grains,  cc  sont  des 
pilules  pour  faire  donnir  (ju'il  porte  en  sa  poclii'tlr  .  et  le  \  in 
emetique.  Mais  son  vin  emetique  n'a  pas  If  mot  pom  rhv.  On 


1    llv  u'onl  jainai-  C^-M'  ilc  1  ctiv    meiiif  pour 
ii  fail  toi. 


•2nS  1.1  ITKI:>  w.  t.n  i'v  t  ix 

y  a  ete  si  sotivent  attrape  ,  (ju'il  est  ici  en  liorronr  dans  1'es- 
prit  de  la  plupart.  IMusieurs  le  haissoient  deja  ,  niais  la  mort 
(In  due  d'Orleans  I'a  mis  en  detestation  par  taut  d'ol'liciers 
i|iii  en  out  <'to  mint's.  Pour  la  sai^neo,  on  no  s'en  pent  passer 
a  cause  des  debauches  et  de  la  lioniie  chore  oil  Ton  s'aban- 
donne  dans  les  grandes  villes  coinme  Paris  ct  Lyon.  On  dil 
quo  le  cardinal  Ma/.arin  so  porie  nn  pen  mienx  ;  s'il  <jnorit, 
nY'st-e\>  p<»int  une  marque  quo  Dim  raiim-?  ,1  'ai  autroi'ois  oin 
dire,  au  sermon,  a  nn  certain  jiei'e  Uinel,  <jiie  la  portc  du  [ia- 
radis  etait  doreo  et  (]i:e  les  riches  no  devoien!  point  desespi'i'i'i1 
de  lour  saint,  .le  le  ci'ois  ainsi  .  pard1  ijn'ils  ont  de  Tar^onl. 
Tout  leui-  est  promis  on  permis;  du  iiioiiis  bien  ties  ^ens  ijuo 
vons  connoisse/  se  sei'vent  de  re  It-nrre  pour  tii'ei1  linement 
de  I'argentde  ceux  qui  h.'scroient.  el  no  son!  point  ehiches  de 
])romettre  le  paradis  ,  dont  ils  iTont  pu^  la  clet. 

,le  vous  rends  graces  do  co  (jnc  vous  in'avex.  mando  ton- 
chant  le  sene.  En  attendant  quo  vous  m'on  nianjuiox  davan- 
tayo ,  je  vous  dirai  co  (jnc  nous  on  savons  ici.  l.es  Marseillots 
nous  en  onvoicnt  do  deux  sorties;  1'un  viont  d'Ali'xandrto 
iju'ils  appellent  sene  do  la  1'nllf-.  N'est-ce  point  mi  noin  cor- 
I'Oinpu  de  lilpnllii  (1  ,  qni  e->t  une  lie  pros  d'Alexandi-io,  ofi 
pourroit  croitro  ce  bon  seno,  <jui  est  petit  ot  pointn  coinme  lo 
ter  d'une  piqiio  ,  ot  qui  est  excellentissinie  (piaiid  il  est  vert? 
L'antro  ost  nomme  seno  do  »'//'/'' ;  (1IU  (1-st  I'ancionno  villo  do 
Sidon  ,  dont  il  ost  parle  dans  la  Bible.  Colui-ci  ost  Drossier  . 
impur,  a  foudlos  [ilates  et  plus  Brandos.  (1'ost  nn  sene  bat  an  I 
ot  une  espece  do  rolutoa  ;  il  n'ost  pas  si  bon  d(.>  la  inoitif-  ijiu> 
l'ai;tro, ,  ((uo'upio  la  tointuro  on  soil  plus  belli1.  (Jnehpi'nn  in  a 
dit  anssi  <in"d  y  a  nne  antro  ospece  do  si'iii'1  on  1'ei'se  c[  aiix 
hides  ,  mais  jo  n'en  sais  rien  do  certain,  l/an  KM  i  jVn  \ ^  ici 
dn  bean,  iirand.a  ten  i  lies  plates,  (jiic  Ton  vcndit  pour  >a 

I     Mais  mis  inarclianJs  disiMil  i|iii'  l;i  /i<iit/t  u<-  scul  tlire  aulivrlio^c 
i|iic  la  iiialtute,  <MI  lo  |iarli  >|iii  c-t  >m  lo  «oni'  (iiTmi  noii>  onvoie  d'A 
lc\aiic!rio.  N'oyo/.  Moral    ot  Holon-.   l).'i-tnnin<i  r,-   un:vi-rs<'l  it/'  innl  <•/•..' 
nt'-ilicdli' .  I.  VI  .  i. ,(;•,.  :!!(>  cl  -.ui\ .  1 1.   I'. 


A  KAI.CO.VHT.  2.'>1J 

beaute  cent  sous  la  livre  ,  lanilis  qu  on  doiinoit  !«•  jwtit 
d'Alexandrie  pour  trente  deux  sous.  Nous  I  eprouvames  ft 
trouvames  qu'il  purgeoit  veritableineiit ,  mais  tnoins  <|iir 
I'autre  petit. 

Nos  apothicaires  sont  ici  fort  sees  et  ne  tout  presque  rien. 
Ces  bonnes  gens  sont  a  rouer.  Us  voudroient  bien  que  les 
chirurgiens  fussent  aussi  abattus,  alin  d'avoir  (ies  compa- 
gnons  de  leur  inisere.  Us  haissent  fort  ces  estaliers  de  Saint- 
C6me,  parce  qu'ils  font  les  pbarmaciens  et  leur  otent  la  pra- 
tique :  ils  ne  savent  a  quel  saint  se  vouer.  V  en  auroit-il  quei- 
(ju'un  en  Paradis  qui  voulut  aider  a  des  gens  qui  font  cbaque 
jour  tant  de  fourberies  aux  pativres  malades?  Adieu,  je  suis 
votre,  etc. 

Ue  Paris,  Ie31  aoftt  KSfiO. 


LETTKK  HXXXI.          ,!//  ,m>inc. 

M.  de  Bordeaux  ,  rnaitre  des  requeles  et  ohancelier  de  la 
reine,  mourut  Ie7  dece  mois.  Guenaut  lui  avoit  fait  prendre 
cinq  fois  de  son  vin  emetique  ,  et  lui  promeltoit  de  le  guerir. 
(M  M.  de  Bordeaux  est  mort  a  trente-liuit  ans  et  ne  laisse  point 
d'enfanls.  11  est  gendre  d'un  banqueroutier;  son  p«»re  nieine 
a  fait  banqueroute  trois  Ibis.  II  perd  sa  charge  de  cliancelicr 
de  la  reine;  on  lui  doit  <"ent  mille  ecus  de  son  ambassade 
d  Angleterre.  Son  pere  est  un  nieehant  et  dangereux  |>arti- 
>an.  Voila  un  echantiilon  de  la  benediction  que  Dieu  envoie 
i  ct'tte  espeoe  de  ^'CIIN  niaudits  .  a  «'»'s  iiDtlirtifntjilnu/i'ii  de  la 
France 

J'ai  vu  les  vers  de  M.  Menagt- ,  niais  ils  Mint  si  I'ares  que  j« 
n Cii  ai  pu  avoir  11  t'aut  attendre  qm>  I'all'aire  soil  acrom- 
inodt'-e  on  iHouiler;  car  bitMi  (|iie  lc  parlenient  ait  lini  bier. 
neaiimoins  cette  attaire  ne  lest  point  mo'ir.  II  y  llatle  fort  le 
cardinal  Ma/ariu  t-n  un  ciidroit  «-t  in'aiimoin*,  LVIIX  i|m  lu 


t>(>i>  i  I-.TIKK.S  I>K  <.ri  r\ TIN 

veulenl  excuse.' discnt  (jiie  lecardinal  a  plus  do  raisou  do  s'en 
plaindrc  quo  le  parleinent.  Pour  tons  los  livres  qui  s'aclietml 
a  Lyon  ,  nous  prendrons  patience.  On  (lit  quo  lo  parleinent  et 
les  mailres  des  requetos  s'on  vont  avoir  g rosso  querello  en- 
semble ,  et  qu'ello  est  faite  ex  pros  pour  mater  le  parlomcnl. 
On  dit  aussi  quo  le  roi  est  fort  en  eolereeontre  lo  cardinal  do 
liet/ ,  a  cause  des  lettres  qu'il  a  fait  iioiivellomenl  eoiirir:  il  y 
a  memo  quelquos  tonnes  quo  Ton  pretend  elre  fort  offonsifs  . 
couune  celui  de  tyrannie.  et  Dieu  le  sail.  On  dit  quo  le  cardi- 
nal Ma/.arin  est  fort  attrisle  do  ce  qu'oii  iui  a  predil  pai1  son 
horoscope  qu'il  n'a  plus  <pio  cinq  inois  a  vi\re.  Jo  no  crois  ni 
I  'nn  ni  I  atitre.  ions  les  astrologies  judieiaires  no  sont(|uede> 
bavards  et  des  mouleurs;  il  n'y  a  <|uo  Dieu  qui  sache  le  I'utur, 

till    full    riiiHjui  1 1  XHiiiiiio  S//(;  jiii'i-  l<i;ihiitl  n/'i  (tiliiin  ,   *fi<:n/ i*i  I u- 

liirai'iiti! ;  maisc'ost  quo  la  eoiirosl  pleinede  charlatans  //'/•///.•.•- 
ijin'  fii'.i.-ttfi.  Le  cardinal  do  Mel/,  a  fail  siuiiilier  a  ses  Brands  vi- 
caires  qu'il  lour  defendroit  les  ordres  colic  somaino  dans  I'ar- 
cbovocht'1  de  Paris  :  ils  y  obi'iront.,  mais  cola  fora  du  bruit,  et 
^are  memo  quo  cola  no  nous  mene  a  linterdit.  Paris  s  en  va 
elre  aussi  desempli  qu'il  a  etc  dopuis  trois  mois  plein  jus(|u'a 
present.  Tons  les  provinciaux  s'eu  retoiirnent  ;  li1  parloiuent 
est  fiui .  co  qui  cbasse  los  plaideurs  et  permot  aux  conseillers 
do  s'alior  pi'oinonor  aux  vacances  jusqu'a  l.t  Saint-Martin  :  le 
bourgeois  memo  s'on  va  fa  ire  vondani<es. 

La  charge  do  M.  de  Bordeaux  .  lo  olianeelier  de  la  reine.  a 
cto  donnce  a  M.  de  Lionne.  On  croit  <|ue  1' alia  ire  de  M.  le  car- 
dinal de  Hot/  s'aeeoimnode  pour  ['inquietude  (pi'elle  cause  an 
cardinal  Ma/.arin.  ot  <|u  an  mttins  il  aura  la  jouissanoo  do  sou 
reveuu  tomporol. 

M.  le  premier  president  .;  onire-pns  d  accordor  I  avoeal 
blosse ,  qui  ost  M.  Laurancber.  avcc  M.  do  (lonrsolles ,  qui  a 
diume  le  souttlol ,  el  a  depute  .M .  le|-oro!l,  president  do  la 
jiTondo,  oil  e^l  colisoillor  M.  lo  C,lere  de  ('oni'sollos  ,  et  le 
ilovon  dt^s  avoeals  ,  potir  ;i\'i^er  aux  nioyen-<  d  accordor  c>  lie 
controvorso, 


\  r\i.i:o\K  r 


Nos  cliirurgieiis  >ont  la  plnparl  do  Brands  eoquins  ,  /.////(•//••- 
find  nebulous  ,  hiiyuissinti  nrdedwwif.  Par  It1  inoyen  du  prr.  - 
mier  barbier  du  roi  ,  qu'ils  aimeroient  inieux  avoir  pour  cliff 
tic  leur  compagnie,(jiie  d'etre  soumis  a  noire  Faeulte,  q»'i  les 
a  cloves  ,  conserves  et  entreleiius  jusqu'a  present,  ils  out  ob- 
tenu  un  arret  d'en  liaut  portant  defense  d'executer  noire  arrel 
contreeux.  Desle  lendemain  ils  out  commence,  a  nous  mor- 
guer  et  a  t'aire  remellre  >ur  leur  porle  le  mot  <!e  <-<illi'(jhn:> 
qu'ils  avoient  efface.  Trois  jours  apres,  notre  doyen  ;t  I'ait 
casser  cet  arret  par  un  autie  qui  leur  commando  de  le  retirer 
et  ne  plus  pavler  de  eette  affaire  ,  et  d'obeir  a  1'arivl  du  par- 
loment.  Lo  roi  nieine  a  dit  qu'il  ii{>  s'en  vouloit  pas  ineler. 
\Oila  line  race  de  viperes  ipii  continuelleinent  st;  rebellecon- 
tre  la  justice  c(  riionnetete. 

Les  voila  pourtanl  sanyles  el  red  u  its  au  de\oii',  il  n'y  a  (|iie 
la  fbret;  (jui  les  puisso  doniiner,  et  n'attende/  d'eux  ni  raisoii 
ni  humilite  :  ce  n'e.st  pas  [tour  rien  (ju'on  (lit  (jlm-iou-  lxu'l>i>  r. 
Nous  avons  ete  |)ei'se.cules  par  !es  apotbicaires  nous  le  venous 
d'etre  par  les  chirurgiens;  niais  grace  ii  Dieu  nous  en  soninies 
venus  ii  bout.  II  y  a  encore  d  honnetes  pens  en  Krance.  qni 
savent  combien  un  inedecin  est  ineompavablemeut  au-dessu»; 
de  ces  iniserables  ignorants  .  et  j(  ne  me  ^lorilie  |»as  pen  d'a- 
voir  (jontribue  ;i  leur  abaissemenl  i'l;. 

Le  inariap«;  est  accord*'  entre  M.  le  due  d'Anjoii  et  la  sn-nr 

I]  Qiiand  on  pcn-c,  apres  a\oir  In  fdlc  \irulrnic  <li;itnl>c  .  c(iiii- 
hien  la  chinir:',io  avail  rcndu  dc  -fr\iocs  a  I'litnnnnite,  (jnc  !;••<  imuiui 
Iris  ecril-  d'AinUroi-c  1'arc  ("\i-laicnl  dc'-jii  .  on  nc  pcnl  ijuc  dc|)lor,T 
or  I  insupportable  oi'U'iicil  d'1  001  poralion.  I  n  dc.-  pin--  ;;r;iiid-  inclaii-  dc 
In  I'aculto  df  medociiif  tl<'  ccllc  f  pinjuf  ,  e>l  d'a\  oir  rmiiciidd  ,i\  <•('  dr>  - 
s'-in  el  prciiiedittitioii  .  l<v-  c!i  i  ii:;',iciis  dc  rnl,f  li.ni/"''  i<\<.  in«irnii  -  dim, 
les  colleges  ,  aver  !<•-•  barbii'rs  ,  barbiliiiimii'i's  .  >\\i\  n'ciaicut  ijuc  Ics 
valets  dcs  doclfiirs  a  |icrriii|iif>  e1  a  ral'at.  M.'i-  a  rclti-  cpoijuc  .  dcpuj.. 
If  tailf  jiiMiu'.inx  de  rnieres  as->i»fs  dc  la  soi'ii-li'1  .  cliacnii  avail  -ini  pri- 
>ilc[;o  :  or  If  privilege  ost  implaoal'lo  .  car  il  a  -o  rafiiif<  dan*  I'IM/.M'^! 
••!  la  fiipidito.  15.  1'. 


2<v2  r.KTTHK*  I»F  u  i  PXTIN 

(In  roi  d'Angleterre,  laquellc  e>l  i';i;  on  *  en  va  la-dossils  en- 
voyer  im  ambassadeur  en  Angleterre  :  ce  sera  le  con  Me  (It1 
Soissons.  On  a  offert  cette  commission  a  M.  il'Espernon  ,  a  la 
chargequ'il  iroit  a  set,  depens,  ce  (|u'il  a  refuse.  On  donne 
4()0,0()[)  livresau  comte  de  Soissons.  Le  due  de  Lorraine  s'en 
va  retourner  en  son  pays,  fort  ma  I  content;  on  envoie  en 
meme  temps  des  garnisons  dans  Nancy,  Metz  et  autresvilles 
voisines. 

JOYOUS  envoie  les  vers  de  M  Menage;  je  vous  prie  d'en 
fa  ire  part  a  notre  bon  ami .  M.  Spon,  avec  nos  recommanda- 
tions.  Je  vous  baise  les  mains,  et  suis  df  tout  mon  cneur 
votre,  etc. 

l*e  Paris,  IP  10  septemhre 


LETTUK  OXXX11.  —  ,!»/ 

II  est  arrive  ici  un<;  disgrace  au  cardinal  Mazarin.  L'abbr 
de  Saint- Vaast  d'Arras  vest  niori  :  e'est  une  abbaye decent 
mille  ('cus  de  rente.  On  (lit  (|ue  son  Kininence  la  vent  donner 
au  cardinal  AJancini.  (jui  «-st  a  Home,  (jui  est  t'rere  de  sou 
beau-i'rere,  inaistjiie  les  moines  s'y  opposent ,  alieguant  qne 
cette  abba\(!  a  loujonrs  (He  K'gulicre,  i|u'il  t'aut  (Mrc  moine 
pour  en  etreabbe.  et  nitMiif  (pie  ce  dernier  etoit  encore  regn- 
lier.  Tout  cela  est  beau  ct  bon.  mais  la  force  I'emportera :  r/.s 
tnnjor  ontniii  (loiiinf .  Si  le  cardinal  Mancini  est  bien  avec  le 
pape.  il  I'aura  sansdoute  :  cui'dimi/ix  eaf.  flracu  furiosus ,  f<«i- 
mol  i'li/ji'nm  ,  I'lijuij  ct  rui'i'.i'  ti/inini/ii  hi-tipficini'inn  (I  . 

Lrs  jcsuitcs  out  pci'du  un  de  leurs  supp(Ms  a  lioine.  savoir. 
1<>  cardinal  de  Lugo,  <pii  etoit  fort  vieiix.  Le  inarecbal  de 
(iraminont  e-l  for!  nialadc  a  IJayonne:  c'est  dominate,  car 

1  Definilion  snnvpnt  ciipc  t;inti'>t  .-nrc  liorimr  IsinlAl  avec  assenti- 
menl  ;  rcla  doit  £!rr.  K.  I'. 


\  i  \uo\i; i.  2(>3 

e  est  mi  excellent  seigneur,  /•//•  nnti({i/i  swiili  ,  mil  unltfin  n/f- 
linff;  (liyiixx. 

On  parle  a  laeour  d'un  voyage  do  Notre-Dame  do  Liesso 
ml  iiitpetrandtuit  foecunditateiu ;  jo  1'esporo  sans  miracle  do  In 
honno  constitution  de  lours  majestes ,  et  jo  la  souhaitede  tout 
inon  occur.  La  tillo  du  prince  do  Conde,  mademoiselle  do 
Bourbon  ,  agee  do  quatre  ans,  est  ici  ibrt  inalado;  on  dil  quo 
liiionaut  y  perd  son  latin  ,  cola  lui  arrive  souvonl. 

On  dit  (ju'ici  luudi  prochain  (18  septembre),  lo  roi  partira 
avoc  son  Eminence,  pour  alter  a  Compiegne,  a  la  Fere  et  a 
\otre-Danio  do  Liesso,  et  quo  la  reine  demoiirera  a  Saint- 
Uermain.  11  court  ici  un  bruit  assez  etrange ,  (jui  est  que  It* 
Cardinal  Mazarin  traito  avoc  loroi  d'Anyleterre  pour  lui  don- 
nor  on  maria^o  sa  uioco  Hortonse ,  et  qu'il  y  aura  libortc  do 
conscience  dans  les  trois  royaumes.  Christine,  reine  do  Suodo. 
osl  encore  a  Ilaniliouri;.  On  dit  ([ii'ello  veut  rotournor  on 
Suodo,  mais  iju'on  s'y  oppose  lorteinent,  et  qu'on  lui  a  df- 
puto  deux  sonateurs  pour  la  prior  do  u'y  point  allor.  II  y  a 
lii-dossous  du  niysloro  (|uo  nous  n'entendons  [,-a^ ;  lo  fonips 
It-  docouvrira  ,  el  los^ramU,  pour  grands  qu'ils  soiont,  in-  l«- 
sauroient  eiupoclior. 

M.  1>.  Prioloau  ,  <pii  a  autretois  olo  secretaire  do  feu  .M.  df 
Rohan,  a  fait  rhistoire  do  Franco  on  latin,  dopnis  la  inort 
du  t'eu  roi ,///  (ji'iitiiini  Mii-.<iriiii.  Sun  livre  ost  intitule  1>.  Prioli. 
fl<-  ri'lni*  ijnllif 't!<  //fsfij)'/'i ,  ufi  P.WSSU /titdouici  \lll.  II  \  aura 
biou  la-dedans  de  la  Datterio,  mais  cola  ost  do  I 'essence  du 
sioeJe  aiupiol  Dion  nous  a  reserves. 

On  dit  que  I'eiDpereur  voutallora  \otre-l )ame  do  l.orelto. 
pour  so  consoler  du  regret  qu'il  a  do  n'avoir  pu  avoir  pour  sa 
fern  mo  noire  jeune  reine  :  ot  in'-anmoins,  tandi^  qu'il  l.iil  des 
vuMix  on  Italic,  Irs  Tni'c-  soul  on  Ilongrie,  ipii  a^sic^cnt  Vaia- 
din  .  ot  qui  lo  prendront  s'll  i.'i'st  puissainmont  sooourn.  On 
disoit  anti't'lois  nn  [irovorbei  liwnd>'liln'rn.nt  lioniain,  SiHjvtitim 
cdliitur;  il  t'aiidra  inainlonaiit  dirt1 :  h>nn  /»rrn,'t/>-  f'rrs,/>\  H>/)>- 


:  (i  i  I.I.  I  I  i:i>    l>r.  LI  I    I'M  IN 

J'ai  ce  iiiiitin  etc  an  bureau  de  MM.  les  goiiverneurs  de 
rilotel-IHeu  ,  oil  j'avois  ete  nommo  par  31.  le  premier  presi- 
dent et  a utres  j)oui'  y  examiner  des  sages-t'enmu'S ,  et  en 
choisir  cello  i|iie  Ton  trouvera  la  plus  capable  pour  la  Cairo 
sagc-fernme  de  I'Hotel-Dieu  ,  taut  pour  accoucher  les  f'ommes 
grosses  que  pour  enseigner  celles  (|iii  veulent  apprendre  ce 
metier.  M.  notre  doyen  et  inoi  en  avons  examine  deux  qui  no 
soul  (jue  mediocrement  capables  ;  la  semaine  prochaine  noii> 
y  retournerons  pour  en  examiner  d'autres  (|ui  s'y  presonte- 
ront.  Je  vous  baiso  les  mains  ,  et  ,-uis  de  tout  mon  CH'IIV 
\otre ,  etc. 

PC  Paris,  lo  1i  >epteinl)re  1<>ii(). 


LETTKK  DXXMII.          i 

J'ai  enlin  reeu  la  votre,  (jiii  in  apprend  de  vos  nouvi'lle>  , 
mais  (jiii  ne  sont  pas  si  bonnes  quo  je  voudroisbieu.  Vous  sa- 
vt:/  aussi  bien  (|ue  moi  les  remedcs  de  voti-«!  mal  ,  >ii-i//fti'  <'n<-- 

ninto  ,  I't'iid'    fi.'i'ltiiiifiii  ,    li'ii/idii'  jinlnin  .    (•(  fiijtirti    tiniidi/ini  ;    jr 

veux  pourtanl  eroii-e  qne  \ciu.s  sere/  ^ii(;ri  avant  (jue  celle-ei 
vous  soil  rendue.  No<'l  1'aleonet  etudie,  et  me  demande  sou 
vent  de  bonnes  questions.  Je  lui  pretois  (|uelqnes  livres  pi>ur 
etndi'M',  mais  il  a  desire  en  avoir  a  tin  :  sm1  quoi  je  1'ai  meiic 
ii  la  rue  Saint-Jacques,  el  lui  ai  aeliele  en  sa  presence  les 
(riivros  de  liiolan  pere,  en  deux  tomes  in-octavo,  t-t  !'/:'//'•///- 
I'lilinni  iiiiiitiniiii'iiiii  i'1  finthdlnyH'ilin  (111  tils.  Jo  Illl  ai  promts 
encore  un  I't-i'tlnlcis;  ^  in;  ai  bailie  tin  Kei'nel  in  I'ol'm.  <>u  il 
prciid  gout.  II  veul  avoir  I  .! ///A/-u//u/r//vy////V  dc  M.  liiolan,  H 
I  Hollier  in  \fi/iui'liiiii'i!>  //ifi/iin.'i'iifis,  ijiuu  /•/, nr>/ inn/  florlriinini 
ri'ir/ti/ii  ••//in  i,n*/r<i  >in'//Kif//i  i/ti/'ntti'iisi  ,  ifiii  est  meilleure 
(jiic  eel ir  des  llaliens.  l.i'  roi  ct  la  rcinc  soul  do  colour  <!<• 
S.tinl -lii-rmaiii  ;  mi  dit  qn  ils  parlii'onl  jmdi  pour  (>oiii[MOgiit' 
c!  la  l;iTi' :  sun  Kinini'iM '•  e>t  ii'i  cu  meillcui'o  santo.  <Mi  dif 


\   i  MI  I'M. i .  •_>(•,;, 

(pie  lo>  lures  en  voulont  a  \aradin,  ol  qu  apros  il>  \  icndrout 
a  Vioiine  ;  ils  la  pourront  bion  prendre  I'auto  do  grand  secours 
ot  puis  apresgarerAllemagne  ot  I'ltalio.  Los  huguenots  disont 
qu'il  y  a  une  prophetic  qui  menace  quo  I'an  HU56,  il  n'y  aura 
[)lus  do  pape  ii  Home;  c'est  peut-elre  ipi'il  viendraa  Avigi.on 
ou  <iu'il  sera  ii  Castel-Gandolt'e.  C'est  Krasme  qui  a  ilit  dau> 
ses  Kpilres  :  Cnlculus  nn-us  cnniiffj:  (1;.  Jo  voudrnis  bion  ap- 
|)rendro  do  certaines  nouvelles  do  votre  guerison. 

M.  Bordier,  intendant  des  finances  et  grand  partisan,  sc 
meurt:  co  sera  une  belle  ame  devant  Dieu.  Jo  t'orai  Cairo  dc- 
rnaiii  1'operalion  do  la  piqure  du  wro/to/i  ii  un  jouno  enfant: 
j'y  menerai  Noel  Falconet.  Nous  avons  examine  et  roou  une 
sage-lemme  pour  rilolel-I>ieu  ,  M.  lilondel  et  moi;  biontot 
nous  examinerons  des  chirurgiens,  pour  avoir  la  commission 
ot  permission  do  tailler  la  pierre  au  memo  Hotel-Dieu .  ot  to 
Cerons  travailler  devanl  nous.  Jo  n'irai  point  quo  je  no  l'\ 
mono,  car  il  tomoigno  boaucoup  do  curiosite  pour  cos  opera- 
tions, et  c'est  un  bon  signe  pour  un  jeuno  medecin.  II  a  In 
aujourd  hui  dans  le  Uiolan  lout  le  traile  dc  .\iiimu,  ol  \  ,t 
pris  un  grand  plaisir;  j'ospere  ()uo  tout  ira  bion  >i  vous  a\c/ 
soin  d'etre  bientot  gueri.  Jo  vous  baisc  los  mains,  et  suis  do 
tout  mon  ciour  votre,  etc. 

PC  I'ari-,  !•'  21  septoiiibro  HiliO. 


LKTTKK  DXXXIV.         .\n  // 

Nouvelles  sont  vonuosipie  loTurc  a  pris  Varadin.  J'ai  peiu 
qu'uno  autre  t'ois  il  no  pronno  Vienne  ot  touto  rAllemagnr. 
Los  mauvais chretiens  niorilont  cola  ~1  .  Qui  ICinpoi'liora  aloe- 

,  1 )  Hciimise  expression  ijne  j'ai  citeo  d.in-  m;i  I'hysiulo  //c  .•/  li>/<i  >'/,>• 
'lea  homtnes  livres  (tux  tnirati.v  dc  resjiril .  elc.  .  'r  cdiiion  ,  •!•'  piiili'-. 

11.  I1. 

•2)  Qiiiiiul  <iui  I'iilin  c'cri\ail  ces  li^ues  ,  ' 

iislrs>c  (.!«•  si1^    u  o  i-ion*.  ('o  hit  \  in', I  lici- 


•2<j6  ii:rnu>  UK  en  I-YIIN 

d'entrer  en  Italic,  si  lc  pape  lie  fail  <|ue!<pi<'  miracle?  Mais  il 
y  a  loiiiitemps  qn'ils  n'en  font  pins.  Je  viens  de  recevoir  volre 
letlre  (In  24  seplembre.  Si  vos  douleurs  sont  encore  fort 

armce  de  Irois  cent  inille  Tares  penelra  dans  la  Honjjric,  dans  I'Ati 
trie-be  ct  \int  assieger  Yiennc.  11  n'esl  pas  d'homme  inslniit  qui  nr 
saclie  que  le  vainqueur  des  Ollomans  a  cetle  epoque  ,  fill  rillustre  So 
bieski  ,  alors  roi  de  Pologne  ,  sous  le  nom  de  Jean  III.  Ccs  fails  sont 
Irop  connus  pour  que  nous  eu  parlions  ici.  On  peul  dYilleurs  consuller 
los  auteurs  qui  en  out  ccrit  ,  el  notamment  1'excellenle  Hisloire  du  roi 
Jean  Sobies/,-1  et  de  la  I'oloyne  .  par  M.  de  Salvandj  ,  ministrc  de 
Pinslruclion  publique  .  mcmbrc  de  TAcadeniio  franeaise.  Rappelon* 
seiilcment  que  Sobieski  a\ait  servi  en  France,  qu'il  epousa  une  Fran 
caise  ,  Marie-Casimire  de  la  (Irano-e  d'Arquien.  lille  du  marquis  dece 
nom  ,  el  a  laquelle  il  f'ul  tendrenicnt  attache  tonic  sa  vie.  On  siit  quo 
i'empereur  Leopold  Icr,  faible  et  lacho  ,  abandonna  presque  scs  siijtils. 
et  vint  implorer  Sobieski.  qu'il  ifavail  jainais  voulu  roconnailre 
comme  roi.  Le  heros  polonais  n^en  inarcha  pas  moins  au  secours  de 
Vienne.  II  delil  les  Tares  le  12  septerabre  KiH:5  .  enlia  dans  Vienne 
par  une  large  breclic  que  le  canon  de  1'cnncmi  avail  fiiiie  aux  murs  de 
la  ville  ,  puis  il  marcha  droil  a  la  cathedrale,  ou  il  enlonna  lui-meme 
le  Te  Denm.  L'empercur  Leopold  ne  le  remercia  (piVn  tcnnes  v.i^ue^ 
et  insigniliants  ;  jamais  le  mot  de  reconnaissance  no  vint  effleurer  se> 
levrcs.  Sobieski  le  lui  fit  sentir  d'une  maniere  aussi  picjuante  quc  --pi 
rituelle  :  «  Mon  frere  ,  lui  dit-il  en  inontanl  a  clieval.  je  suis  charine  de 
\ous  avoir  rendu  ce  petit  sersiee.  »  Aiu-i  le  sanj',  de  la  !'olo;',ne  iul  \ei>'' 
pour  delivrer  PKnrope  ,  pour  sauver  la  relii'/ion  ehretieane  ,  aienaei'-e-. 
d'etre  envahies,  detniitt'spar  1'empire  du("^rois-anl.  Comine  leremarque 
M.  de  Salvandy,  avec  une  ;;rande  ju^te-st1  de  raison  :  «l.ii  PolonaU 
de  moins,  et  Vienne  tombail  devant  le^ Ottomans  :  l'Allem;i!',nc  fh'-clii-- 
sait  sous  leur  debordcment  ;  !t%  lorrenl  pouvait  arrivcr  par  le  Milanais 
au  pied  du  N'alican  ;  c'esl  la  (]u'un  vixir  ambilicux  prelendait  se  j>or- 
ler  ,  etc.  »  Sobieski  et  la  I'olojjne  .  voila  ipiels  1'urent  les  sauveurs  de 
1'Kurope  ,  de  la  religion,  el  peul-eire  de  la  civilisation.  Ouellc  a  de 
depuis  la  recompen>e  de  ce  petit  .se/'c  re  .'  l.e  parla;1,!1  .  I'oppre.-sion  . 
la  servilnde,  des  fers  et  des  supplices.  Toutefois.  la  Providence  esl 
yrande  .  la  fortune  mobile  ,  lc  temps  fi'-coiid  en  evenemenls  ;  et  jamais 
I'usurpation  iTa  ete  la  sanction  dn  droit  .  l)ien  miin^  encore  la  !>r;m- 
nie.  La  justice  divine  peut-elle  condamner  i;n  peuple  a  une  torlup' 
pterne'le?  \\.  P. 


v  K.M.rr.NKr.  -JH" 

grandes .  voiis  devriez  on  empecher  la  suite,  prevenir  hi 
fluxion  el  adoueir  son  aerimonie  par  la  saignee  reiteree.  Le 
demi-baiu  est  un  remede  bien  foible  pour  tant  de  maux,  <•( 
no  pent  servir  quo  le  corps  no  soil  dosernpli.  Le  cardinal 
Mazarina  la  goutte  en  sixondroits,  auxdeux  piods,  aux  deux 
genoux  ,  an  coude  et  au  poignet.  On  lui  a  onseigne  un  horlo- 
ger  (jui  (lit  qu'il  guerit  la  goutto.  II  y  en  a  d'aiilres  a  Paris 
qni  feroient  mieux  si  on  les  employoit;  inais  tous  les  grands 
sont  sujets  d'etre  maltraites,  n'ayant  pros  d'eux  quedes  igno- 
rants  et  (les  charlatans  dont  la  cour  est  souvent  pleine.  Si  feu 
M.  Pietre  avoit  vn  line  ordonnance  (jue  je  vis  In'er  chez  un 
apothicaire,  mon  Dieu  !  qu'auroit-il  dil?  II  y  avoit  (juatre 
grains  de  creme  de  tartre,  des  perles  preparees ,  du  tart  re 
vitriole  et  de  I'antimoine  diaphoretique  autant ,  delayes  dans 
I'eau  de  chelidoine  (I).  A  quoi  cela  peut-il  etre  bon  qu'a  fa  ire. 
gagner  I'apothicaire ,  en  temoignant  du  nu'-pris  des  reinedes 
coniuis  bons  et  I'ainiliers?  \(k'<>  /if  iinjuintiu-a  fjuUicn  «l>  />•//.<•• 
/lominifjus  in  in'tmin  {iinminii  mnttri.nl nun  iiwaltuifinstinfi, 
coninie  a  (lit  Scaliger.  Je  suis  votre  ,  t-lc. 

DP  Paris,  lo  1" oclohrc  1«)«0. 


I.KTI  I5K  DXXXV.  - 

Le  cardinal  Maxarin  se  porte  niieux  ;  «•  -2  octobre.  il  ira 
itujourd'hui  (Mmcher  au  bois  de  Vincciiiics  pnur  y  prei.dre 
I'air  et  s'y  reposer,  sans  y  etre  vu  ni  importune.  I.  a  coin 
d'Angleterre  est  en  deuil  pour  la  niorl  du  jt-uiie  IVei'e  du  roi 
d'Angleterre,  Ic  due  de  (ilocestcr,  qui  <--t  nmi-t.  a^c  de  vingt 
aiis  ,  de  la  petite  verole.  MM.  le  cuinle  de  (iuidie  et  le  marquis 
de  Kicbelieu  soul  horsde  laliastille:  le  n>m!e  de  Soissons  n'a 
plus  ijiie  t'aire  de  tonics  les  hniderics  ipic  Ton  preparoit  pour 


I  On  v»>it  (|iu>  Giii  I'alin  ira\;iil  |>.i-  liii't  <!<'  Mfimor  l> 
"•rui  tcinjis  .  rt  <jn'a  tout  prcruliv  .  -:i  m-'liioilp  cnrati\r  (Mail 
siipcricure  i  cello  des  empiriqucs  a  «.rrr«M>i.  K.  IV 


:!('»  |  1.1  iui->  i'i.  '.i  I  I'.vi  IN 

son  anibassade  d'Anglelerre  ,  puisque  eelte  conrot  rn  dcud 
»'t  <]u  'il  n'y  (tent  etre  babille  (|ue  de  noir. 

Aujoui'd'hui  au  matin.  cedimancheS  octobre,  estmortdans 
les  Jacobins  reformes,  iM.  de  Bordeaux ,  pere  de  1'ambassadcur 
d'Angleterre,  qui  monrnt  I'antre  jour.  Ce  vieux  larron ,  li- 
nancier,  partisan,  bauqueroutiei1,  s'etoit  retire  die/  ces bons 
peres ,  qui  lui  promettoient  do  si  bien  boii'e  et  manner  scs 
pecbes  ,  qu'il  n'on  demeureroil  goutte  ;  ilsprieronl  Mien  pour 
Ini ,  afin  que  son  anie  no  soil  luinv  longteinps  en  pur^atoii't1: 
maisen  avoit-il  nno?  Kt  en  ce  cus-lu  y  cst-ellc  alli;e?  Kt  par 
leurs  belles  promesses,  nc  lui  ont-ils  point  coiipr  la  bourse.' 
('ertes  je  n'en  doute  point. 

Le  cardinal  n'a  point  etti  an  bois  dt.1  \  inct'init-s  ;  il  ot  en- 
core dans  son  lit,  detenu  de  la  tionlte.  mais  not)  pas  si  crnel- 
leinent  que  ci-devant ;  neanmoins,  il  est  fort  decolore  ,  toil 
abattu  et  amaigri,  idvoffnc  rtoiinulli ftiitan*  "inn  «'l  fin* m  /ii/cntia 
HUH  i>t'ri'cnfiirnjn  ,  (iddc  quod  in/ilti/in  ill  i  x/ij/cr  i-xt  //'/>7  l-mi 
('(intiiniact'ui  nffectuin  fortitcr  nictuciidttm  »  ctdritlu ,  v<7  nc^lii'd- 
ticis  dolonbns,  //"/  podiujrii',  r///r<i(//'t>' c/  (/(i)tn(/nt?  ut  f>l>i/'inmiii 

tiicri'd  nut . 

M.  le  lieutenant  civil  a  un  tils  conseillcr  de  la  cDiir.  aiiqnrl 
i!  a  aclielt'-  la  charge  de  niaitre  des  reqnetes  .  vacante  p;ir  la 
niort  d(^  M.  de  l>ordeaux.  qui  niournt  il  y  a  qnin/.e  jours;  il 
en  a  donne  333.000  livn^s,  et  a  revendu  sa  cliarj.;!1  de  ei  >n>ei  I  ler 
des enquetes  70.000 ecus  :  voda  bien  dt;  I  ardent  pour  nn  pen 
de  t'unif'e. 

I^t^s  diinirgiens  de  Saint-(-oiiie  ne  \etilt-nl  poinl  obeir  a 
larret ;  ils  venlcnl  eontinner  dans  Icnr  feionie,  disant  (pie  le 
premier  barb!er  est  Icnr  ciiel  ,  et  ipi'oii  n  a  point  en  d'e^ard  a 
ses  droits .  ipiand  le  parlenienl  a  ju^e  et  prononce  pour  MOU^ 
contrc  enx  ,  et  discnl  encore  *pi  ils  out  de  noiiveiles  pieces  a 
prod  i  n  re.  et  inenie  <pi  ils  v  (Ml  it'll  I  pi  endi  c  a  pai'tic  M.  l'a\  oral- 
^enci'al  laloii.  Nc  vod;t  pas  de  mechanics  pesles:  il-  M>M| 
Ions,  en  rani's,  et  ne  savcnl  a  qnel  saint  >e  vom.'r.  de  pcnrdc 
peidrc  leurs  miles  el  leiii;-.  bonnc|>i  corini>.  ^  <iuiii\iiini  i:si  //> 


V   4  VI  (.((NET.  '20^ 

I'rbii?  hidiH'l  J'ai  peur  (jii'a  la  tin  ils  DC  nous  obiigent  de  les 
trailer  comme  nous  avons  autretois  traile  les  apotliicaires, 
qne  nous  avons  presqne  rednits  a  la  gueuserie,  n'ayant  pas 
trouve  d'autres  inoyens  de  cliasser  leiir  insolence,  f/mnc  mfi- 
(/iiin/i  t'.i'eniplttiii  liiihct  illiquid  i'.r  hiiqun,  ijufid  ntllitntr  pvblicu 
niinjtt'iinfitiir.  Ils  n'ont  plus  de  credit ,  parce  qu'ils  en  avoient 
trop. 

Noel  Falconet  etndie  bien  ;  il  a  etc  die/  un  cbirurgien  de 
nos  amis  y  voir  la  demonstration  du  sqnelelte  qu'il  rontinuera 
de  lui  inontrer  deux  fois  la  semaine  ;  puis  il  lui  montrera  les 
Mandates  et  quelque  anatomie  I'hiver  prodiain,  <jiii  strra  f'aile 
la-dedans  en  particulier.  J'espere  qu'il  passera  tout  le  temps 
<l'iriau  careme  a  la  theorie,  et  principalement  a  1'anatomie. 
«'t  le  reste  du  temps,  jusqu'au  mois  d'aout  ou  environ  ,  sera 
employe  a  la  pathologie  particuliere  des  maladies  et  a  la 
melliode  de  lenr  guerison  ,  et  aussitot  vous  le  pourriex.  retirer 
pres  de  vous  en  letaisant  passer  docteur,  pour  an  plnslTit  apivs 
le  fa  ire  agreger  a  Lyon.  Mais  com  me  iMontpellier  est  mi  lieu 
de  debauclie,  je  crainsfort  pour  lui,  s  il  n  a  (pielqn'un  ipii  le 
retienne  et  le  veille  de  pres;  c'est  pourquoi  j'aimerois  mieux 
qu  il  allat  ailleurs  prendie  ses  degres ,  011  il  iu;  tardat  point  . 
comme  Helms,  (lacn  ,  Anders,  Valence  on  Avignon. 

On  parle  ici  d'tin  grand  inceudie  dans  Constantinople  :  on 
di(  que,  le  vent  portant  le  fen  hien  loin,  il  y  cut  10, (too  maisoiis 
hridees ,  ;')0()  mos([uees ,  10,000  personnes.  .Mais  je  ne  suis  pas 
d'avis  d'en  plenrer;  it  n'esl  pent-etre  pas  vrai  :  re  <|iii  vient 
de  si  loin  n  est  point  tort  assure. 

M.  des  Bordes - (Iroiii ,  jadis  garcon  caliarelier,  tils  du 
maitre  de  la  I'omme-de-Pin  ,  aujourd'lmi  grand  partisan,  et 
meme  un  des  gabelles,  tail  batir  une  mai.son  a  trois  lieties 
d'iei.  Comme  il  etoit  sur  son  batimenl  hier.  il  en  clml  d'assex 
haul ,  et  se  blessa  a  la  tele ;  on  y  a  mene  met  lee  ins  et  cliirnr- 
glens.  M.  de  Lancbenn  connnil  bien  ces  .M.M.  (.roin. 

Le  cardinal  se  porle  mit'iix  .  el  ne  mourra  |ia>  >it(')l  qiir 
semblenl  le  dei^irer  ses  cnnemis.  (hi  irve  it'i  lies  soldals  pom 


t>7()  i  i:nuts  DM  (,ci  \<\i\\ 

ritvoyer  en  Portugal,  et  on  continue  de  trailer  pour  M.  le 
prince  de  Conde,  alin  do  le  Cairo  devonir  roi  dePologno;  c'est 
la  roine  de  l)ologrie  qui  entreprend  do  faire  reussir  1'aiTaire, 
pourvu  que  le  due  d'Enghien  epouse  sa  niece,  quiest  fille  do 
la  Palatine,  sa  sceur,  qui  eslici. 

On  attend  des  nouvelles  do  Londres,  oil  Ton  croit  que  la 
paix  csl  f'aite  avee  1'Espagne,  a  la  charge  qifils  abandonne- 
ront  le  Portugal ,  aussi  bien  que  nous  :  ainsi  voila  les  pauvres 
Lusitains  tantot  delaisses  de  tout  le  monde.  ,le  vous  baise  tres 
liumblement  les  mains,  et.  suis  de  tout  mon  cu-ur  votre,  etc. 

I'.  S.  Comme  le  cardinal  Mazarin  so  porte  mieux ,  made- 
moiselle deVilleroi  sera  mariee  jeudi  prochain,  7  d'octobre  , 
;i  M.  le  comte  d'Armagnac,  lils  aine  du  cointe  de  Harcourt. 
La  veuve  tie  31.  tie  Bordeaux,  niaitre  des  reqnetes,  qui  n'a 
jamais  eu  d'enfants,  so  trouve  g rosso;  c'est  c.e  qui  etonne 
fort  les  heritiers. 

l>e  Paris.  IP  .1  octobre  1<>I>0. 


LETTHE  DXXXVI.  —  \x  tiitine. 

Je  \iens  de  recevoir  de  M.  Saiunaise  le  lils  le  livre  pos- 
thuino  qu'il  a  fait  imprimer  a  hijon.de  feu  31.  sonpere,  pour 
rt;[)onse  a  3Iilton  ;  c'esl  un  in-<|uai'to  de  .'?(>9  pugcs  (ju'il  a 
dedie  an  roi  d'Angleterre  notivellement  retabli  (l). 

Le  cardinal  Ma/arin  a  en  cette  unit,  du  jeudi  7  octobre, 
la  coliquo;  gare  la  i]<'>plin'iti<|iie.  Ou  (lit  ici  quo  3F.  (iuillemin 
n'en  pent  jdiis  el  (iu'il  a  perdu  la  meinoiro.  Le  roi  devient 
fort  gras,  el  memo  grossit,  mais  la  reine  u'est  point  encort- 
grosse.  Le  cardinal  se  porle  mieux.  O;i  dit  <|iie  romperour  a 
tout-a-fait  abandomn''  le  drssein  d'allcr  en  Italic  et  a  Loi'ette: 
il  s'en  retourne  ii  Yienne  jiour  taclier  de  remedier  anx  des- 
(trdres  dont  le  'I  ure  menace  rAlleinagne,  d'aulanl  qu'apres 
Varadin,  il  puiirrnit  al'.aquer  mie  niilre  place,  el  de  la  venir 


\    rvU'.oNKT  •>"  i 

dans  la  Croalio,  et  peul-etre  dans  la  iMImatie  et  le  I'Yioul. 

On  parle  ici  d'uue  edition  nouvelle  do  Rabelais,  qu'ou  tail 
en  Hollande,  plus  bello  quo  cellos  <|iii  out  parn  jusqu'a 
present. 

Lo  cardinal  viont  de  partif  on  son  carrosso  pour  s'en  aller 
au  bois  de  Vincennes  ;  eelui  (|ui  1'a  vn  monter  rn'a  dit  qu'il 
n'a  jamais  vu  un  visage  si  detail:  le  roi  s'en  va  aussi  et  les 
deux  reines  pareillement.  La  priucesse  do  Conti  est  grosse  d« 
(|iialre  mois ;  son  mari  sen  va  dans  nn  niois  aux  Ktats  do 
Languedoc ,  d'oit  il  ospero  d'etre  de  retonr  pour  les  couches 
de  sa  femme.  On  conliiiue  a  parlor  de  la  uegociation  pour 
la  ire  le  prince  de  Gonde  roi  de  Pologne.  Le  roi  deniande  de 
I'argent  a  MM.  du  elei'iiV-;  ils  out  deniande  du  temps  a  y  iv- 
pondre.  On  parle  ici  d'uiie  suppression  de  jilnsic'iirs  otliciers 
de  yabellos,  el  (JIH:  Ton  y  va  la  ire  de  grands  change-merits.  La 
uouvelle  reine  a  aujourd'hui  o.te  a  la  Madeleine ,  so  Cairo  enro- 
ler  sur  le  regislre  de  la  grando  confrerie.  Ala  bonne  lionre  , 
pourvu  que  nos  allaires  on  aillenl  mieux  el  quo  le  penple  soil 
un  pen  plus  a  son  aise.  Je  voiis  baise  Ires  hiiinblenient  los 
mains,  a  mademoiselle  Falconet  et  it  M.  Spun,  noire  l><>n 
ami ,  et  suis  de  tout  inon  o(onr  \ofro,  etc. 

l)t-  I'aris.  Ic  8  oclobrc  HifiO. 


LKTTIU-;  nxxxvn. 

II  y  a  ici,  oo  sainedi  <>  octobre,  beancoiio  do  malados,  <pioi- 
qno  pen  de  mondo  so  tronve  a  Paris :  car  pendant  les  vacances 
dn  palais  boaneonp  do  iieus  vont  a  vendanues.  ( In  travaillo 
l<irt  an  Louvre,  el  memo,  on  dit  que  pour  en  accomplir  le  tirand 
(les.seiii ,  on  aba  I  ti  a  la  bello  e;;ii;-e  de  Saint-dermaill-l'Auxor- 
rois  ,  el  (|ii 'on  la  nieltra  oil  e-!  anjotird'hni  !a  Moimoio  I  : 

\lj  (.c  ipic  (lit  ici  noire  aulcur  |irou\i'  i|iii'  If  [nojct  dc  tletruiri*  on 
(}<•  deplacer  rt-tlc  ('vjiso  ,  projcl  rc|>ri-  cl  ahandoiinc  iiR-nit'  a  nolri1 
i'|M>i|ii.'  nV-t  |i.i-  noiiM-an.  |{.  I'. 


•272  I.KTTKKS    })V    (.{  I    PATIN 

i'ai  dt1  la  peine  a  It:  rroire  ,  (juand  ce  ne  seroil  qu'a  cause  de 
la  religion.,  qui  peut-etre  auroit  ses  ri'dariHitcitrt.  Notre  roi 
est  bien  plus  sage  que  1'liomme  d'Horace. 

Destruit,  irdificat ,  mutal  quanrala  rotund  t*. 

Comme  j'litois  a  table,  ce  dimanclie  10  octobre,  a  deux 
heures  apres  midi,  le  premier  inedecin  de  la  reine  m'est  venu 
voir;  il  a  voulu  (pie  j'aelievasse  de  diner,  et  s'est  entreteiiu 
dans  inon  etude  avec  nies  livres  dans  ce  temps-la,  ensuite  de 
quoi  nous  avons  fait  line  grande  conversation.  II  s  appelle 
Thomas  Pueliex:  c'esl  un  Ires  petit homme,  mais  fort  savant; 
il  m'a  dit  <|ii  on  saigno  IPS  malades  en  Espagne  autanl  fju'a 
Paris  (I). 

Notre  licencie,  si  sage  et  si  savant  ,  passera  doclenr  inrr- 
credi  proeliain.  13  de  ee  mois  :  c'l^sl  M.  Dodart;  il  a  eu  le 
deuxieme  lieu  d<^  sa  licence,  /u'//////-'  rcclnnioni.c.  (> 'est  a  inoi 
de  donner  en  nion  rang  le  bonnet  a  celui  <|ui  le  suit  iinnie- 
diatement,  t;t  <pii  a  eu  le  troisieme  lieu,  nomine  de  Laval, 
frere  de  la  I'ennne  d'un  des  no  I  res  ,  nomine  M.  le  Vigiion,  et 
tils  d'un  cliirurgien  fameux  i|ui  a  (;tc  toujoui's  sage  et  dii 
parti  de  la  Facultc:  il  etoit  autrelbis  cliirurgien  de  la  reine- 
111  ere  ,  Marie  de  Medieis.  .le  pourrai  I'airesa  vesperie  la  semaine 
d'apres,  si  lesautres  sont  pivls  :  pour  inoi,  je  lesuis  toujours. 
.I'ai  nne  exhortation  un  pen  severe  a  lui  I  a  ire,  laquelle  durera 
trois  quarts  d'hiMire;  plusieurs  des  notres  s'y  trouveront  de- 
penils,  (ft/em  mffltcinfint.  /'i-tjnit'if  t>itf/><if<is  iinxlrorioii  /!'////><>- 
nun  ;  j'y  jjarlerai  fort  liardiment  de  la  Iburberie  (|ui  s'exiM'ce 
aujourd'lmi  a  INiris  ini'iliciini'  firc'lt'.i'tti  ,  el  certes,  apres  taut 
d'abus,  il  est  malaist?  aux  gens  de  bien  de  setaire. 

1     l/iil>ns  do  la  ^iiij'.iHH1  ol  ciicoro  pou>-r  ;i  i'cxlrcino  d;iii>  Of  pa>i 
palrio  (In  docliMir  Sun'jrinlo.  II  \  a  iiit'-nu1  (Vincroyaltlc^  preju >>,<•*  a  cct 
ejjard  :   j'ai  \u  des  |ia\-an-  coiiduisaiil  lnu>  mules   passer  dcvaul   uiic 
boutique   de  harhicr,  se   faire  iaire   un?  siiifini'i'.  Ire-  aboiidanle  pour 
I'asemr  el  par  Dimple  precaulioii.  ;  H.  I'. 


A  F  \i.r.o\RT. 

DifprJie  est  salyram  non  scrihere  .  nfim  Qti 
Tain  palitns  forti*,  tarn  /Vrrew*,  nt  tcneal  .<<•/* 

Personne  ne  s'en  pourra  olfenser,  car  je  ne  nomme  per- 
sonne  ,  et  puis  ils  soul  trop  gens  do  bien  pour  prendre  des  re- 
montrances  pour  eux  ;  tout  an  pis  aller,  jp  puis  alleguer  oe 
qu'adit  saint  Jerome  rontre  un  pretre  qui  se  plaignoit  de  co 
qu'il  avoitecrit  contre  los  pretresqui  achetoient  d«\s  honeficos, 
roluf/'fif  in  nwnmarios  inn-lil  snccrdofes  Ce  sont  scs  proprcs 
mots,  ot  dit  a  ce  complaignant  :  IHsiiosni  fipttnitnn  xcrnrc  im- 
xiini  ,  thni.'iit  qui  sfriniifuwx  c$f  ;  qui  se  sent  morveux  se  mou- 
clic,  et<iui  est  galenx  se  gratte.  Ma  harangue  tient  vingt-huit 
pages  de  latin;  il  y  en  a  pour  trois  (juarts  d'lieure,  dixi  ml 
cl<'l>xi/<lrn)ii  ,  comnie  taisoient  autrelbis  les  avocats.  Je  n'y  ai 
pas  oulilie  le  crime  de  la  Constantin,  (jui  fut  pendne  le  mois 
d'aout  passe  a  laCroix  du  Tralioir,  et  y  ai  applique  fort  a  pro- 
pos  le  beau  passage  do  Tertnllien  :  ffiniiicidii  fi-stimifio  e*/ 
pro/liber?  natci  ,  etc.  J'y  ai  aussi  parle"  de  medecins  du  temps 
passe  de  qui  Ton  s'etoit  servi  pour  tuer  leur  maitre;  mais  je 
n'ai  pris  pour  exemple  que  des  gensde  la  vieille  liistoire,  car 
ceux  d'aujourd'hui  sont  trop  gens  de  bien.  Le  plus  mo- 
derne  est  un  certain  Lopez,  medecin,  traitre,  empoisonneur 
et  Portugais,  (jui  fut  penduet  etrangle  a  Londres,  1'an  l,")0-i, 
];our  avoir  voulu  empoisonner  la  reine  Elisabeth,  a  la  per- 
suasion des  Mspagnols,  moyennaut  beaucoup  d'argent  qu'ils 
lui  prometloient,  et  <|u'ils  ne  Ini  foiirnirent  jioint;  mais  aussi 
le  bourreau  d'Angleterre  ne  lui  manqua  j)as.  liramli>s 
withorcs  ,  i'f  unnii  exception?  mnjnres  ,  (ini'lfc/wiim  C 
in  rife  EUzabethw  Anglorum  rcf/infr  ,  ft  Hvgnnan  Grotium,  in 
.\n)Hilibus  f/t'l(/iris.  Mais  je  ne  vois  pas  que  je  vous  eimuie  en 
vous  faisant  part  des  fuliesde  noire  siecle,  ti>tl<>  itnqitr  mamim 


\ii  vous  meltex  ]ias  en   pcine  du  livre  du  pere  J.  de  Rus- 

SU'l't'S.    Hlsltrt'KI   ]'  r<niflil'  ii^i   inilin  IIHHUII't'llUt'  ml   iinll>//il  ,   t'li'     . 
III.  IS 


*27  I.FTTHKS    DK    (ill    PATIN 

(juc  M.  de  Wrnet  imprimoit  lorsqu'il  tomba  malade,  cela 
viendra  en  son  temps. 

li  y  a  longtemps  que  jo  n'ai  vu  ni  rencontre  votre.M.  Gras. 

Quand  le  jour  de  ma  vesperie  sera  pris  et  arrete,  je  le  t'crai 
avortir  alin  (ju'il  y  vienne  s'il  veut;  et  j'en  t'crai  antant  pour 
le  dortorat,  qui  sera  environ  <|iiinxe  jours  apres.  Mais  quo  di- 
rex-vous  de  raoi?  i\'est-il  pas  vrai  quejene  vous  saurois  quit- 
ter? Excuse/,  done,  puisqu'un  sage  ancien  a  dit :  liurrnln  res 
niniii'  cst.  (}eu\  qui  out  vu  le  cardinal  Ma/.arin  (juand  on  le  mil 
dans  son  carrosse  pour  s'en  aller  a  Vincennes  disent  qu'on 
n'a  janiais  vu  un  hounne  si  pale  et  si  detail ;  il  eloit  hifi/irnfn 
pallid i or  stotna.  Le  tartre  vitriole  et  la  freqnente  inanne  de 
Valot  ne  gueriront  jamais  celte  vieille  intemperie  de  ses  eu- 
trailles,  laquelle  cause  la  goutte ,  et  <|ui  lot  apres  etre  siq)- 
])rimee  causera  la  moil  a  ce  million  de  t'ortuno  :  St>//f<i ,  hue 
'noc.tt  rcftctcnt  am/nani  turnii;  ct  i/tui'  pttrasti ,  cujus  crunt'f  ,la- 
mais  inonartjue  ni  t'avori  n'eu  eut  taut  durant  sa  vi<>,  et  nean- 
moins  tout  son  fait  ne  sera  pas  grand'chose  apres  sa  mort ,  il 
y  Viendra  comme  les  autres  sans  aucune  exception  de  merite, 
de  t'aveur  ni  de  fortune : 

Sub  tua  pur  pure  i  coiicnt  vcsliyia  rcgex  * 
Drpoxiln  liuru  turbd  cum  pcmperc  tni.ctt. 

Ilelas!  qu'un  pauvre  liomme  i^t  heureux .  s'il  pent  etre 
content  dans  une  petite  inediocrite  !  Salomon  eloit  hien  ])lus 
sage  (jue  tous  les  homines  qui  suivenl  la  cour  par  avarice  et 
j»ar  ambition  ,  quand  il  disoit  :  lk(o  roi/nvi  fc ,  1)<m<i)i<'  hen* , 
ne.  denf-Cjd  nulii  fn/fef/vtn//  nn/rifir.  I  (m/faffm  ft  ri'i'hn  mcndnrh 
limy*'  !<«'  <i  me ;  dii'ififis  ft  panpcrtnteni  ne  df'det'is  ///•>///  ,  /)»- 
tii/nc  ,  tie  fo/'/f'  sdfitifntf  til i i<'i<ii'  ml  iii'ijniiil nin  ,  /7  <l t<'/mi  ,  /////x  t'ftf 
DdHiiWix?  mil  I'iji'.shili;  CQnipul$UK  jnt'cr  <•/  jici'/n/'n/i  iiiiini'it  Iti'i 
nicf :  h'ihiif  tiiiitniii  r  i  tin  i  uii'n  iii'i'i'UMD'iii ,  etc. 

Voila  Noel  Falconet  (]iii  vient  (ce dimanche  10  oclohre  a 
(  iiHi  heiires  du  s(»ir  darriver  de  sa  IIM/OM  d'osteolopie  :  d  a 


k    K\l.(.ONKl.  %*?* 

vu  revenir  le  roi  ft  la  reinedu  boisdeVmeewies,  qui  avoient 
avec  eux  le  cardinal  Ma/arin  ;   n'esl-cc-  pas  un  signe  (ju'il  se 
porte  inieux?  II  y  a  oncovedeux  lecons  d'osteologie,  et  apre.s 
on  f'era  les  bandages  et  les  operations,  oil  il  aura  loujours 
bonne  place  et  y  proiilera  s'il  vent.   II  a  les  Aphorisines  de 
Hollier,  les  onvrages  des  deux  Kiolan  pen-  et  Ills  ,  et  un  bon 
/V/Y/M/C/X  ,  des(]uels  il  temoigne  d'etre  tort  ainonreux.  Tout 
I'liiver  procliain  nous  aurons  plusieurs  actes  publics  au  noin- 
bre  de  quinze ,  plusieurs  dissections  anatomiques ;  et  je  re- 
rommencerai,  Hien  aidant,  ines  leeons  a  la  tin  de  fevrier  , 
ou  bientot  apres,  des  que  les  jours  seront  nn  pen  plus  grands; 
et  ainsi  je  fais  etat  que  des  le  inois  d'aout  procliain  il  pourra 
rtre  docteur,   ct  aussitot  vous  le  prendre/  die/  vous  pour  le 
fa  ire  agreger  a  Lyon. 

Nous  avoirs  ici  perdu  Scarron  .  le  pocte  luu  it  sijiir,  1  ,  qui 
ne  vivoit  presijiie  (|iie  des  liboraliles  dc  la  rcine  cl  du  cardi- 
nal Ma/arin,  taut  qu'il  IMI  pouvoil  llrer,  et  de  (psehjues  dames 
liberates  (jtii  lui  faisoient  pr*vsent  de  ijueUpies  bijoux  et  d 'ar- 
gent coinptant. 

(lejourd'bui ,  It  d't'ictobre,  in  est  \vnu  voir,  l(H  apres 
diner,  votre  M.  Gras ;  ma's  il  ne  in  a  rien  (lit  de  nouvcan  : 
aussi  n'avons-nous  pas  etc  tout  senls:  pkisieurs  anlrcs  sont 
\enus,  ft  enlre  autres  un  savant  hoinnje  ilt1  ITni vcrsiic  , 
noninn'1  M.  du  lloulay  ,'-2  ,  qni  s'en  va  I'airc  iinprinii'r  nn 

K1)  Paul  Scarron  ,  ne  ;i  1'ari-;  en  Kiln,  innrt  en  ll!(i().  l.n  rc[iulation 
<!(•  cot  rcrivain  osl  trop.birn  etablio  potir  quo  nous  (Innuinn^  in  <incl- 
(|uos  details.  (Jui  nc  sail  que  mal;jrc  scs  liilininlc- .  1(111  l'a\aicnt  icndu 
perclu^,  Conlrelait  el  coinuie  un  rucrmim  des  misercs  fiinnaines  il  t'-loit 
d'une  humour  joviali-  el  jjarda  -a  ^aiclc  ju>c|ii"a  la  inorl  .'  II  a\ail  «'|'on-c , 
en  1(i.'l2  .  l-'rancn'ise  d'Atibi{',ne ,  a  laquelle  il  rccooimt  pour  dot  .  (L'u.r 
Hi'tnuh  i/ru.r  furl  matins  .  nn  It'is  ln'im  fors'inr  .  </•'  lu'llrs  in/iiiis  ft  ln'tni- 
coi//*  d'csjiril.  C'esl  la  celobre  inadanie  <Ie  Maiuleiioii  nee  dan.-  la  pri- 
-.on  de  Niovl  en  H!.'?o .  niorle  ;i  Sain!  (".%rcn  1719  .  S«',-trrtin  csl  print'i- 
paloiisenl  connn  parson  Human  C'HH,-I>IP  cl  \'l-'.m'  <lc  li'iii'i'sl'c  rn  ccrs 
linrlfS'iiies ,  le^  ineilleiirs  dt>  <es  oinra;',e-  J{.  I'. 

•2    I''..  I'uluMis  .    II  intor-d  1rn'i'rrs!tnlis  /'(//•'' .«•'('»< '.«  .  -'nt'im  fm;ilnii«- 


1276  l.ETTRES   DE    Ci'l    PATIN 

itrand  ouvrago,  snvoir,  Vf/istni'/'ede  I'  I  niwyil<''  <!<•  /'«/•/>•  ,  on 
six  tomes  in-folio  ,  eommen<;ant  avant  sa  premiere  fondalion 
par  I'empereur  Charlemagne,  el  la  prouvant.  Us  se  sont  en- 
tretenus  do  ce  beau  dessein  ,  tandis  que  j'en  entretenois  d'au- 
tres  ,  ou  que  je  repondois  a  quelques  malades.  Enfin  ,  nous 
sommes  sortis  ensemble  ,  d'aitfant  que  j'etois  presse  de  quol- 
(jues  visiles. 

On  dit  que  ie  roi  d'Angleterre  demaride  quo  la  reine  sa 
mere  retourne  a  Londres  et  qu'elle  s'y  prepare.  Le  due  de 
Lorraine  est  ici  fort  mal  content  de  ce  qu'on  ne  Ini  pent  pas 
rendre  Nancy  et  d'autres  places  fortifiecs  ,  et  sans  garnison  , 
comme  il  lesdemande.  On  dit  qu'il  est  fort  triste  de  ce  qn'il 
nepeutrien  oblenir  de  son  Eminence.  Le  Mazarin  est  revenu 
dii  bois  de  Vincennes  ;  il  est  loge  dans  le  Louvre  ,  et  est  fort 
maigre.  On  fit  hier  une  consultation  pour  Ini  ;  on  s'etonnede 
sa  maigreur,  apres  tant  de  remedes  fa  its  ci-devant.  L'on  dit 
que  son  foie  ne  fait  plus  rien  qui  vaille  ;  gare  qu'il  ne  s'en 
aille  par  can  en  1'autre  monde  ,  dcbct  m/m  xlbi  mctticri'  «l> 
Injdi'ope  ,  ct'l  a  cachcxia,  I/IKH  duo  syinptoniufH  ,  eJH&don  caust/', 
mm  i  rum  fortis  et  confwnacis  intempcriei  wholes,  /xu'inn  inter  sc 
differunf,  »ec  mull  urn  tibsioif  a  mcta  rita1  fitful  f.  On  (lit  qu'il  est 
fort  triste  et  fort  abattu  ;  n'est-ce  point  de  regret  qu'il  faille 
quitter  tant  d'ecus  ,  quos  tmito  labore  *ihi  collet/if  '  Et  puis  peut- 
(Hre  qu'il  n'est  point  assure  de  ce  qu'il  deviendra  en  1'autre 
inonde.  Vous  savez  ce  que  c'est  que  d'etre  cardinal. 

M.  Hadix  ,  procureur  de  la  cour,  s'etanl  i-encontr*;  ceans,  a 
bien  voulu  se  charger  de  la  presentc,  ce  sera  Ini  qui  vous  la 
rendra.  Je  vous  baise  les  mains,  et  suis  de  tout  nion  conir 
votre  ,  etc. 

Do  Paris,  IcIO  octobre 


neni  natlones,  facilitates,  m  rt  iff  strata  S,  dccrela,  ccnanra^  d  jiidicia  in 
tiei/ollis  fidei  ,  prlviley'a,  coinitla  ,  dr.  Cum  instritmentis  publicis  <•/ 
(ititlmnti'n's  a  Caroln  maytio  ,  (id  nostra  tenijinra  1(10(1  ;  Varisi.'s.  Kiliij- 
1(17:5.  Uvol.  in  (ol.  |{.  IV 


LETTKK  DXXXVlil.  -     ,\« 


11  est  aujourd'hui  arrive  dans  nos  ecoles  nne  chose  extraor- 
dinaire. C'est  que  notre  savant  licencie,  M.  Dodart  (I)  ,  y  a 
passe  docteur.  Com  me  tout  le  monde  etoit  assemble  pour 
voir  commencer  1'acte,  il  y  manqtioit  uri  desacteurs,  lesieur 
Bodineau,  Manceau  recuit.qui  faitriiommed'importance,  a 
cause  qu'il  est  un  des  couteaux  pendants  de  Ciuenaut.  On  a 
envoye  chez  lui  le  bedeau,  qui  1'a  trouve  an  lit,  par  lequel 
il  a  mande  qu'il  ne  pouvoit  venir,  qu'il  est  malade  depuis  sa- 
inedi,  sans  en  avertir  le  doyen  iii  aucun  autre.  Cela  pouvoit 
empecher  1'acte,  d'autant  que  sa  presence  y  etoit  necessaire  , 
et  n'y  ayant  personne  pour  repondre  en  sa  place  a  la  ques- 
tion que  le  president  devoit  l'aire:.l«  urthriticis  luctis  ntu.*'.' 
Ayant  peur  que  1'acte  ne  lut  diftere  a  cause  de  cette  absence, 
je  me  suis  oflert  de  repondre  a  ladite  question  sur-le-champ  , 
a  la  place  dudit  Bodineau.  Ku  meme  temps  M.  Blondel  ,  notre 
doyen,  m'a  dit  que  si  je  ne  me  f'usse  trouve  la  ,  (ju'il  I'auroit 
entrepris  ;  je  lui  ai  repondu  que  je  lui  cedois  la  place,  et  qu'il 
valoit  bien  mieux  (jue  ce  fut  lui  que  moi,  ditjiliri  m.-minc; 
1°  qu'il  etoit  fort  habile  homme  et  (]u':l  s'en  acquitteroit 
mieux  que  moi;  2°  que,  comme  il  etoit  doyen  ,  cela  lui  ap- 
partenoit  mieux  qu'a  j)as  un  autre.  I'l-ncinchmt  i(<,"i//<>  .sv/sryy///1 
)ion  incif/ts.  Tout  1'acte  s'est  done  fait,  et  M.  IMondel  a  !•('•- 
pondu  two  oi'dhtc  a  la  question  :  An  m  {///•>?/<•/*  ludit  Htns  '  ou 
comme  le  programme  portoit  ,  y-A-j-/.-^^^'.^^  C/etoit  mon  Ills 
aine  (jui  repondoit  a  1'autre  question:  .!//  arf/irificiaaf/mr  />'«/•- 
bonieitsi's?  (jui  a  assezbien  fait,  inais  il  ('-toil  prepare.  M.  Hlon- 
del,  sans  autre  preparation,  a  fait  merveille  sur-le-champ,  in 
jji'om/jtn  ,  et  a  parle  jii'i's  d'une  heui'e  enliere  en  fort  bons 
termes  ,  et  a  dit  tout  ce  que  les  anciens  out  jamais  dit  et  rap- 

1)  \  oyo/.  la  note  ci-dosus,  p<i[;o231. 


pOl'te    (/<.'   /arfis    'Kiln    in    ftti'ti/ /iii:i'   t'cf  jirii'i'iinl  iniii'  iniii'liiirtnii. 

Enlin  ,  i!  a  conelu  do  toil  bonne  grace  sa  reponse ,  an  eonten- 
tement  ft  a  1'adiniratiuii  de  loittc  la  eonipagnie  (jui  eloit  dr 
plus  dc  trois  cents  personues.  Mon  In'enlqu'il  n'est  »uere  dr 
trls  savants,  an  prix  de  taut  d'ignorants  qui ,  eomme  unr 
numvaise  berbe,  so  rencontrent  parlont  ! 

Dion  soil  lour  de  la  bonne  nouvelle  quo  vous  me  mantle/, 
et  ([uo  votro  saute  est  on  meillourrtat .  cr  <|iii  1110  rejonit  foil. 
Coux  (jui  sont  dii  parti  tie  Gurnaul  ,  n'osant  pas  souvent  or- 
donnor  tlu  vin  emetique,  qui  n'est  pas  sans  tlaiiger,  ordonnriit 
dans  los  occasions  du  stibium  ''//i/>/t<i/->'fff>'n/ ,  et  disent  qu'il 
ne  sauroit  Cairo  do  mal ;  mais  co  n'est  quo  pour  lo  flatter,  et 
tout  cela  n'est  quo  forfanlerie  aux  di'pons  ties  pauvres  ma- 
lades  ,  f/i'ftfsi  ))nn  iiraat  nrton  i/oxfrtun  /'xcrc.frc  si m1  fucn  ,  sine 
f'raudc ,  s/jic  ini/tosfnra.  (1'est  (lUenaut  (jiii  est  un  vieux  singe, 
(jui  lour  a  appris  tout.es  cos  malices  et  fburborios.  Pour  Con 
M.  Moreau  ,  il  ost  vrai  qu'etant  devonu  vieux,  fuel  us  fat  /><>/'/- 
It/tnrmnrns,  soil  par  complaisance  Olivers  Guenaut  ou  par  flat- 
toi'ie  envrrs  los  a[)othicaires,  et  peut-etre  [xmi1  i-agner  davan- 
tage.  11  avoit  beaucoup  d'eni'ants,  ce  st>nt  des  fbiblesses  atta- 
chers  a  I  bumanito;  tout  lo  moiidt1  nest  pas  Nicolas  Pietre. 
Jean  Hitilan  ou  Michel  dr  la  \  igno  ,  qui  so  moquoient  do 
bonne  p-aee  do  eoux  qui  so  laisstiiont  ainsj  enqtortor  an  til  do 
1'eau  et  an  0.0 u rant  (los  apothicaires.  .\nri  st/mi  fmni's  .  (/nit/ 
'iiti/i  mnrtnlifl  rc'j/s  iii'dorii  '? 

La  saison  ost  fort  inauvaiso  et  tlangereuse  pour  votre 
^1.  (iuilleinin ;  mais  los  yens  tie  bien  nuMirent  en  tout  temps. 
<Jiiod  milii  dixisti.  liijiidi  di.risff.  Jo  baiso  los  mains  it  )I.  Bar- 
biei',  et  soubaito  fort  <iu'il  ^iKM-isse  bitMiliM  drson  liydrocrlr. 
Proiiox  done  1'air  [>our  vous  fortiiiei1,  et  jo  no  laisserai  j>as  do 
M»US  »' crire  tout  co  (|u'il  y  aura  ici  do  nouveau  ,  jiour  vous 
drsomiuyrr,  et  piMit-(Mre  aus.-i  pour  vous  recroer. 

On  dit  aujourd'liui  <pie  lo  Ma/.ariu  esl  an  lit  ,  quo  si  politic 
1'a  mi  pen  ropris  .  et  qn  il  ost  plus  mal  qn'bier.  Tous  res 


\   FM.CO.NKI.  -279 

symptdiiies  ai'Uii'iliques,  pneumatiques,  eoliques ,  nephre- 
liqueset  hemorrhoidaux  ne  soul  autre  chose  (juep/./sTriuLata 
TWV  xaxo>;  t^dvTcov  ^«f£  /?<//</  (iliufj  mintintnr,  tjutun  tnridon  c/f'f- 
tinwil  vtxw^fv  TT;:  cpwuTou  9cpftoeataj. 

On  parle  ici,  cejeudi  14  octobre  ,  de  grands  jours  en  Au- 
vergne,  et  que  la  commission  est  scellt'-e  pour  M.  le  president 
de  Bailleul ,  a  cause  de  certains  nobles  de  ce  pays-la  ,  qui 
font  les  mediants.  La  Riviere,  gentilhomme  d'ici  pres  qui 
s'etoit  rendu  maitre  dans  Hesdin ,  a  ete  mis  dans  la  Bastille 
pour  un  duel  qu'il  a  vonlu  fa  ire  :  cela  ne  touclie  point  1'am- 
nistie  ,  el  1'abolition  qu'il  a  ene  pour  le  fait  de  Hesdin.  Le  car- 
dinal Mazarinest  an  lit,  pis  que  ci-devant;  il  a  fait  mettreun 
nouvel  impot  sur  le  vin  de  cinq  sols  sur  chaque  muid  :  voila 
des  fruits  de  la  paix  qu'a  faite  cet  homme,  qui  ne  songe  qu'a 
de  1'argent,  vt  yui  hue  ununti/tetlitatur,  ne  quis  quid  kabeal , 
comme  faisoit  cet  empereur  romain  ,  qui  etoit  le  mediant  Ills 
d'Agrippine.  On  ditque  le  cointe  de  Soissons  est  tantot  pret 
pour  son  ambassade  d'Angleterre,  et  qu'il  partira  lundi  pro- 
chain.  Mais  partira-t-il ,  si  son  oncle  est  si  fort  malade? 

Lundi  prochain  sera  notre  fete,  M.  saint  Luc;  nous  avons 
ce  jour-la  une  grande  assemblee  dans  nos  ecoles  ,  a  la  lin 
d'une  grande  messe  ,  oil  on  lit  publiquement  nos  statuts,  et 
le  lendemain  s'y  (lit  encore  iineautre  messe  pour  les  morts,  a 
laquelle  nous  soinmes  tous  obliges  d'assister  i»ar  sermcnt;  ct 
;i  la  lin  d'icelle  les  apolhicaires  et  les  cliirurgiens  viennent 
fa  ire  hommage  a  la  taculte  ,  etjurerentre  les  mains  du  doyen 
qu'ils  nous  reconnoissent  pour  leurs  maitres,  t-lc.  1  . 

Mais  je  ne  sais  s'ils  y  viendront  cette  annec,  puisqu'ils  n'ont 
pas  encore  obei  a  1'arret,  et  <(u  ils  veulent  a  1'encontre  d'icelui 
so  servir  d'une  reijuete  civile.  Nous  avons  (jiifl(|iu's  tins  dc 
nos  compagnons  malades  ;  noire  maitre  Beda  des  Fougerais  a 
fort  mauvaise  mine  ;  je  ne  cruis  pas  qu  il  puis>e  passer  I'liivt-r 
sans  (|iiel(|ue  rude  atteinte  ;  il  est  ici  fort  pen  de  malades.  Je 

1)  Voyor  pajje  17'i  el  la  iiolo  ci-apres  ,  pa^e  280. 


•3SO  i.Kniti>  in.  1,1  i  rvri\ 

u»us  bai.sc  ires  liuiiiblemuiit  les  mains,  a  mademoiselle  Fal- 
conet et  a  notre  bon  ami  M.  Spoil,  et  suis  do  tout  moii 
eamv  votre ,  etc. 

P.  S.  Je  ne  veux  pas  oublier  de  vous  dire  qu'apres  les  sou- 
missions  que  les  chirurgiens  ont  coutume  de  f'aire  a  la  Facultr, 
ils  paient  au  doyen  100  sous  tournois  de  redevance  annuelle, 
qui  est  urie  marque  de  leur  sujetion  a  la  Faculte  depuis  long- 
temps;  outre  que  chaque  maitre,  du  jour  qu'il  est  re<;u  ,  paie 
encore  par  reconnoissance  qu'il  ade  sa  bonne  mere  la  Faeulte 
an  doyen  d'icelle.  pour  sa  reception  ,  \  livres  12  ;ous,  qu'on 
ne  manque  pas  de  leur  fa  ire  payer,  si  eux-memes  oublioient 
de  prendre  quittance  (•). 

DC  Paris ,  Ie  1(5  oelobre  1600. 


LETTKE  DXXX1X.—  1 

Le  cardinal  Mazarin  a  ete  purge  fort  heureusement,  <•!  il  >r 
porte  mieux.  On  cherche  de  nouveaux  moyeus  d'amasst.-r  dc 
1'argent;  on  casse  dix  eompagnies  du  regiment  des  gardes , 
et  on  va  oter  les  gages  des  ol'liciers,  ne  leur  en  laissant  qu'un 
(juartier,  excepte  aux  officiers  des  cours  souveraines.  On  met 
aussi  un  imjiot  nouveau  sur  le  vin  et  sur  tons  les  bateaux  qui 
arrivent  au  port,  charges  de  diverses  niarchandises;  et  de  tout 
cela  grandes  plaintes.  On  dit(juece  sont  les  fruits  de  la  paix 
et  du  manage  ,  et  qu'il  n'en  1'aut  rien  esperer  davantiige 
tandis  que  nos  affaires  sont  entre  les  mains  du  Mazarin.  La 
Sainte-Ecriture  nous  menace  de  trois  choses,  si  nous  meltons 

(1)  Cette  bonne  mere  ,  la  Faculte  !  amero  ot  sanglanle  ironic  :  bonne 
mere  !  qui  les  Icnait  dans  ravilissement ,  dans  I'ignorance  ol  dans  K-s 
dernieres  classes  de  la  societe,  pour  salisfairc  cello  insaliablo  puissance 
de  vanile  sociale  qui  s'appello  riionneur  du  corps.  (Jue  les  choses  out 
change  de  lace  !  Le  tlroit,  le  temps,  la  Providence  ( les  homines  if  y  onl 
janiai-  rompU'-  en  vain  ),  out  donne  a  la  cliinirj'.ie  le  ran  ;  qni  lui  CIMI- 
\\f\\\  ;  ils  onl  relabli  le  ijrand  principe  de  \" unite  de  1'arl  dans  t>e- 
inovcns .  d.in-  «=es  pro;;res  el  dans  son  bill.  H.  IV 


.    KM  i  ov.. I.  :>S| 

hieu  en  colere  ,  savoir,  de  nous  laire  lumber  cntre  le.s  mains 
J'un  enfant,  d'une  fenmie  et  cl'un  etranger.  Dion  soil  loue , 
nuus  u'eu  soinines  pas  loin,  sansce  quipeutaiTiver(t).Tacite 
a  (lit  quelque  part :  .\on  essc  bits  euro1  secnritntcnt  nntti-dnt ,  ease 
ultionem.  Mais  enlin  le  mauvais  temps  linira,  on  par  notre 
niort  ou  par  celle  de  ceux  qui  en  sont  cause.  Mais  voila  (|ue 
je  recois  la  votre,  par  laquelle  j'upprends  que  vous  etes  an\ 
champs  en  meilleure  sante,  utiiuun  in  dies  adnuyeatur !  Nod 
Falconet  prend  plaisir  a  1'etude ;  il  a  anjourd'liui  assist*'-  a  la 
derniere  lecon  d'osteologie  cliex.  M.  Emmere/. ,  qui  lui  mon- 
trera  aussi  les  bandages,  et  1'anatoniie  sur  le  premier  corps 
i|u'il  pourra  avoir.  J'ai  ici  Iraiteun  epicier  de  Lyon,  noniiiK' 
M.  Claret,  oncle  du  jeune  Tisseur ;  j'en  ai  donne  la  pratique  a 
M.  Ernmerez,  (jui  1'a  saigne,  et  dont  il  se  lone  fort.  Led  it 
Claret  n'a  guere  ete  malade;  il  m'a  (lit  que  M.  Gamier  est  son 
medecin  et  son  allie  a  cause  de  feu  M.  de  Lamoniere  ,  duquel 
il  est  gendre.  11  n'y  a  point  de  lieu  plus  propre  pour  passer 
docteur  Noc1!  Falconet (ju'Angers  ,  oil  j'ai  lout  credit ;  de  la, 
il  passera  en  Berry ,  a  Nevers  ,  a  Hoanne  ,  a  Lyon  ,  oil  vous  Ic 
fere/  encore  un  peu  etudier  aupres  de  vous  et  le  ferez  agtvger; 
et  je  pense  (ju'il  nous  convient  faire  ainsi  ,  puisqu'il  n'ini- 
porte  d'ou  Ton  soil  docteur  pour  etre  agrege  en  votre  college  ; 
mais  il  f'audni  avoir  I'a'il  sur  le  jeune  hoinine,  de  peur  qu'il 
ne  s'echappe,  utsolentadolescentuli.  Vous  savcz(|iie  1'occasion 
fait  le  larron  ,  et  qu'elle  guerit  plus  de  malades  (|ue  toute  la 
science  du  monde.  /m/scrbia  jucent!*,  citslode  rriitutu ,  fjimrlrt 
i'fjttis,  etc.,  pour  n'en  pas  soupconner  d'aulres. 

M.  Barliier  ne  manquera  pas  d'obtenir  le  privilege  (ju'il 
deinande  contre  les  jansenisles  pour  le  livre  nouveau  dn 
1*.  Theoplnle  Haynaud;  carles  carabins  qui  sttnt  sortis  de  la 

(T  II  falloit  quo  (iui  Palin  fill  bion  s*ur  dc  In  discnHion  do  so-.  ami>  , 
pour  ecrirc  do  tcllcs  cliosos.  Dans  ocs  Icinj)^  dc  despolisiuc  ol  d'arbi- 
Irairc  ,  il  s'exposail  bcauconp  avcc  line  tcllc  liberlc  do  plume  ,  niai-  If 
naliirel  Pcinpurlail ;  Juvenal ,  cniimie  il  lo  dil  ,  elail  un  de  >o-  ^ainl-. 

u  r. 


2S2  I.!-.  I  llih>    Hi:    (,\  I    I'M  IN 

brayette  du  I',  l^nace,  ees  maitres  passelins  ^ouvernenl 
tout-a-lait  .M.  le  chaiicelier,  et  font  de  lui  tout  ce  qu'ils  veu  - 
lent,  taut  il  a  peur  d'etre  degrade  et  desselle  avant  que  de 
niourir. 

Xons  avons  aujotird'hui  celebre  la  tele  de  M.  saint  Luc.  (l  , 
et  assiste  a  la  inesse;  la  plnpart  de  DOS  anciens  n'y  etoient 
point,  car  j'ai  ete  le  quatrieme  a  I'oHVande.  Guenaut  est  alle 
a  cimj  lieues  d'ici ,  a  Noisieres,  pros  de  Lagny,  y  voir 
M.  Groin  des  Hordes,  qui  esl  demenre  malade  de  sa  chute  d 
de  s.i  tele.  Ne  seroit-ce  point  grand  douunagt;  s'il  inouroit  ! 
Mais  en  eas  (|ue  cela  iirrivat  et  (jue  le  (liable  1'emporta.t ,  tau- 
droit-il  crier  an  lan-on?  II  se  porte  inieux  ;  ee  JOoctobre); 
Guenaut  en  esl  revenu  ,  on  dit  (|ii'il  n'en  inonrra  pas.  NVst-ce 
pas  (jiie  Dien  I'atteiKl  a  penitence?  Mais  seroil-elle  bonne 
sans  restitution?  Nenni  da.  Si  Dien  attend  (JIK;  ees  ^ens-la 
rendent  toutce  (jirils  out  derobe'1,  il  a  beau  alt<'i)dre. 

M.  le  cointede  Soissons  esl  parti  aujourd'hui  pour  I'An^le- 
It'rre,  et  la  reine  d'Angleterre  pai'tira  jeudi  prochaiu  avec  sa 
lille  pourLondres.  Le  cardinal  Mazarin  n'est  pas  bien  ;  on  a 
encore  eonsulte  pour  Itii.  et  il  de\oit  etre  saigne  ce  matin  :  c'esl 
si^ne  (ju'il  y  a  encore  quelque  chose.  On  lit  avant-hier  rele- 
ver  pour  Ini  deux  asclepiades ,  savoir.  Valot  et  Yxelin;  \oila 
les  Pietre  et  les  Duret  de  ee  teni|)s,  aiiipiel  !)ieu  nous  a  re- 
serves. On  dit  qn'il  aloujours  (Void,  et  <|u'il  lui  faut  rechaiil'- 
fer  les  pieds  el  les  cuisses  a  toute  lieure:  c'est  la  un  inauvai> 
simile;  de  plus  on  dit  (ju'il  ainaigrit  fort  ,  ///>•  t/fti(fi////a  iinr  ml 
I'l'i/Kii'in.  x<'iii[>ili'rii<un .  .M.  (loll)ert  ,  ititendaiit  de  sa  inaison  . 
avoit  la  charge  de  secretaire!  de  la  reine,  il  I'a  vendue  a 
M.  Housset,  ti'esoi'ier  des  parties  castielles ,  .ViO, ()(•()  livics.  ,le 
vous  baise  les  mains  ,  a  mademoiselle  Falconet  et  anotrebon 
ami  M.  Spon  ,  et  suis  de  tout  mon  ciriir  votre,  ete. 

Do  Puris,  Ic  !'.»  orlol)i-c  KiOO. 

'1  <*"  rcinai(jticr;i  crtlo  oxprosMoii  <jui  -ciil  son  iiioyon  -  aye , 
.M.  -iiint  Luc.  fK.  P. 


\  i  A i. CON 1 1  •28:> 

LKTTKK  DXL.  --    I//  >„>•„,.'. 

Je  voiis  dirai  pour  nouvelles  qne  I'evequede  Monde  inuurut, 
•  •I  It1  memo  join-,  madame  la  douairiere  de  Kohan.jadis  mere 
ile  Tancrede.  Kile  eloit  lille  do  Ion  M.  do  Sully,  surintendaiit 
dos  finances  dii  temps  du  bon  roi  Henri  IV. 

l.o  cardinal  Mazarin  n'est  pas  bien;  il  a  des  syncopes  et  nn 
refroidissement  ties  extremites.  II  gronde  ses  inedecins,  ol 
lour  reproche  qu'ils  n'ont  point  de  secrets  pour  I'empeeliei1  de 
mourir.  Yoila  encore  un  cveche  a  distribuer,  a  donner  on  a 
cluinger  contre  le  prieure  de  Sainte-Croix,  taut  il  y  a  <jne  le 
cardinal  Mazarin  so  inaintient  fort  dans  lo  beau  et  IVuctiieux 
litre  d'/i€)'itid'  uniccrscl  da  ijcnrc  huntain,  (3  lo  bun  temps, 
s'il  diire!  Qiielt|iies  uns  disent  ici  <|uc,  si  le  cardinal  niouroit, 
la  place  seroit  occnpee  par  M.  le  Tellier,  secretaire  d'Etat ,  on 
par  lo  milord  Montaiyu,  Anylois,  jadis  linyuenot,  aujour- 
(I'liLii  abbe  de  Saint-Martin  de  Pontoiso,  pour  le  grand  credit 
(|u'il  a  die/  la  reine-mere,  ce  quo  je  no  puiscioire  de  ce  der- 
ntei',  quand  ce  no  seroit  (ju'a  cause  qu'il  est  etrangei1.  Onello 
pitio  seroit-co,  apres  un  Italien,  <pi'ii  nous  viut  nn  Aiiiilois  , 
commo  si  la  France  etoit  depourvuede  grands  homines  ca[>a- 
bles  d'etre  premiers  ministres !  Pour  M.  le  Tellier,  je  1'aime- 
rois  mioiix  (pi'iin  autro,  car  il  est  bon  Francois  et  a  Tamo 
bonne.  II  n'est  pas  de  cos  courtisans  enrages  et  athees.  II  croit 
en  Dieu  de  bonne  sorlo,  je  lo  sais  do  bonne  part.  II  e.st  hoinnie 
fort  sage  et  fort  regie,  bon  monagor,  et  fort  entondu  dans  les 
grandos  a  Ha  ires. 

II  est  mort  ce,  matin  tin  de  nos  medecins,  nomine  Jouvin  , 
age  do  soixanto-cinq  ans.  11  n'eloit  pas  de  ces  grands  arbalo- 
triers  tpii  en  tnent  tant,  car  il  no  voyoil  guere  de  malades.  II 
etoit  riche  ,  tils  d'nn  marchand  et  recevcnr  provincial  des  de- 
cimes  en  la  generalile  de  Lyon.  II  m'avance  d'nn  point,  il 
n'yen  a  pins  <pu^  vingt  avanl  moi.  Aye/,  soin  de  volro  sante, 
et  ne  nous  ecrive/.  i[ne  pour  nous  en  donner  des  assurances. 
Jo  suis,  <>tc. 

Do  Tails,  lo  ±2  Dctoliro  1ii(iU. 


•2S  }  I.KI  IUE>    l'i:    (.1  I    I'UIN 

LE1TKK  DXL1.  -     An  ///<:/w. 

On  dit  ici  quo  hi  reine  d'Angleterre  partira  de-main  pour 
s'on  aller  a  Londres  avec  la  reine,  sa  h'lle;  on  dit  qu'elle  est 
fort  affligee  de  ce  que  le  due  d'York ,  son  ills ,  a  en  un  enfant , 
ft  qu'il  a  epouse  la  lille  du  chancelier  d'Angleterre.  Cette 
douleur  est  survenue  par-dessus  les  regrets  qu'elle  avoit  de  la 
mort  de  son  troisieme  lils,  leduc  de  (ilocester. 

La  reine-mere  a  ete  saignee,  le  cardinal  Ma/ariii  a  elo 
purge,  et  commence  d' user  des  eaux  de  Saint-Myon;  dans 
quelques  jours  il  les  quittera  faute  de  soulagement ,  et  en 
prendra  d'aulres,  ndoitctn  fulu- ;  on  le  mettra  an  lait  d'anesse 
ou  de  clievre,  et  puis  enlin  an  lait  de  vaohe ,  «  *jnn  forum  >v//- 
fwabitur ;  et  voila  comment  traitent  ici  leurs  malades  ceux 
(jui  disent  qu'il  faut  attraper  lenr  argent,  caricfafv,  nwitiitc , 
multiplicitate  n'nicdiortti//.  Ma/arin  a  einpli  la  cour  de  char- 
latans ,  il  y  en  aura  assex  pour  abreger  ses  jours.  Les  grands 
sont  malheureux  en  medecins;  ils  n'ont  (jue  des  fonrbes  de 
cour,  des  charlatans  et  des  flatteurs  etoiles  d'ignorance. 

Gaudeo piuriinunt  quod  nnttutio  loci  fibi  //rofticn'f  :  vons 
trouverez  quel(|ue  chose  de  bon  in  o/ittsrti/is  (i<,rrci ,  dans  !»• 
connnentaire  des  deux  theses.  Sur  les  plaintt-s  dn  nvtenr  dc 
1'uiiiversitede Reims  en  (Champagne,  quo  j>as  uno  des  Factil- 
tes  n'y  laisoitson  devoir,  la  emir  a  donne  arrot  par  lotpiol  olio 
ordonno  une  entiere  reformation  d'icelle,  et  a  nonnno  divers 
deputes  pour  cot  eiVot,  desquels  je  suis  nn.  l.v  cardinal  Ma- 
zarin  a  fort  gourmande  Yalot ,  1'a  ohasso  do  sa  chambro,  et 
lui  a  defendu  d'y  rentrer;  il  dit  qn'il  a  romis  tonte  son  ospe- 
I'ance  sur  Guenant  et  Ksprit;  il  lour  en  dira  autant  qu'a  Yalot 
dans  quinze  jours,  car  ttnis  deux  ne  valent  pas  niioux.  On  dit 
quo  M.  Colbert,  son  intondant,  n'ost  all/'  a  Koine  quo  pour 
traitor  avec  lepapedn  retablissement  dn  cardinal  dc,  Hot/..  Jo 
vous  onvoie  1'arrot  dn  recteur  de  Ueiins;  je  [lonso  (|tio  colic 
rofonnation  on  atlirera  d'autics.  d'Angors,  dc  Valence,  etc. 
!.o  cardinal  a  ipiitto  ses  oaux,  /•/  /"'/">  Imh/'i.  >I.  de  Verlii- 
i.'.'oiit  .  niaitre  de>  i-t'qiioti-s .  est  mort :  c'ost  oi'lui  qui  avoi! 


A    FALCONET.  :>K'> 

iloune  raiTtU  (It1  snrseanee  pour  les  chirurgions.  Cos  gens-la 
portent  inallieur  a  tout  le  monde  ;  leur  avocat,  M.  I'ueelle,  est 
inort  aussi;  le  chirurgien  Oesse  inourut  hier.  Je  vous  baisetres 
Immblement  les  mains,  et  suis  de  tout  mon  coeur  votre,  etc. 
i)e  Paris,  le  29octobre  1(560. 


LETT  HE  DXLII.  —  Au  ninne. 

.le  vous  remercie  du  catalogue  des  livres  du  pere  Theopln'le 
Raynaud,  cela  me  t'era  connoitre  ce  qui  me  manque  de  ses 
ti'iivres.  J'aime  tout  ce  qni  vient  de  lui;  c'est  un  homme  d'un 
savoir  prodigieux ;  il  salt  tout.  Je  n'ouvre  jamais  aucun  de  ses 
livres  que  je  n'y  apprenne  quelque  chose  ,  ou  que  je  ne  recon- 
noisse  sa  belle,  riclieet  feconde  polymathie.  Plut  a  Dieu  qu'il 
n'eut  que  trente-cinq  ans,  et  qu'il  fit  bientdt  imprimer  tout 
C(,1  (ju'il  a  de  reste  de  manuscrits  et  de  livres  compost's,  pour 
pouvoir  jouir  de  son  travail !  J'ai  achete  tout  ce  (jue  j'ai  pu 
trouver  de  ce  qu'il  a  mis  au  jour.  J'ai  autrefois  appris  (piel- 
que cliose dans  sa  Morale;  mais  surtout  j'ai  profile  avec  grand 
plaisir,  et  une  recreation  d'esprit  extraordinaire  dans  sa  Tlieo- 
logie  naturelle.  Tous  ces  petits  traites  qu'il  a  fails  sont  beaux 
et  admirables. 

Je  me  prepare  a  ma  harangue  pour  1'acte  de  M.  de  Laval. 
J'y  chapitrerai  conime  il  faut  MM.  les  pharmaciens  t>t  fai- 
seurs  de  qni  }>i'o  quo ,  les  glorieux  barbiers  et  estafiers  de 
Sainl-O'ime,  les  chimisles,  paracelsistes ,  van  helmontisteset 
anlres  ennemis  du  genre  humain.  M.  Hacine,  conseiller  de  la 
ronr,  voyant  (jue  les  charges  sont  bien  cheres,  a  vendu  la 
sienne  09,000  ecus.  II  a  beaucoup  dVnfants;  il  esl  lils  d'un 
confitiirier.  On  parle  de  deux  parleinents  nouveaux  ,  1'un  a 
IVrpignan ,  1'autre  a  Arras  :  c'est  penl-rtre  pour  fairt,-  peur 
iiux  antres. 

Les  executions  criminelles  d'Angletern1  out  rle  faites  en 
Irois  jours  dillerenls.  Le  ministre  passa  le  pas  foul  seul  et  ile 


•286  I.KTTHES   I)K  (id    I'xTIN 

sens  fort  rassis.  II  deelama  liauternent  et  rndement  oonlre  le 
t'eu  roi  Charles  I1'1  et  coutro  toule  su  I'amille.  particulieroment 
contre  le  roi  Charles  II ,  disant  (ju'il  en  moritoit  autunt  quo 
feu  son  pore;  quo  tous  no  valoient  rion  ;  quo  la  famille  dcs 
Stuarts  meritoit  d'etre  extenninee.  II  inonrut  ensuite  coura- 
"•eusement.  Le  colonel  Harrison  en  lit  antanl  a  son  lour,  .le 

D 

suis,  etc. 

Do  Paris,  \c  5  novombre  1(500. 


LETTRE    DXLIII.  —  .t//  mtn,<>. 

Je  vous  ai  ecrit  par  la  voie  do  M.  Lani>lois;  vous  y  tiouverez 
deux  chapitres  do  ma  vosporio,  do  la  main  do  .Noel  Falconet  , 
qui  assiste  soigncusement  a  l<i  dissection  d'un  corps  tue  dans 
les  marais  du  Temple.  On  dil  (pie  c'ost  d'un  do  ceuv  (jui 
tuorent  le  pauvre  chevalier  de  Mayronnes  il  y  a  trois  ans  ,  et 
<jui  etoit  tin  des  domestiques  de  feu  M.  do  Candalo,  qui  mou- 
rn t  a  Lyon. 

Enlin,  }\.  Blondel  est  encore  doyen ,  non  seulement  malgre 
lui  et  ses  ennemis,  rnais  ses  amis  aussi.  Nous  avons  i'te  as- 
sembles ce  matin  ;  il  a  remerrie  la  compagnio ,  et  a  demando 
(pi'on  lui  donnat  tin  succosseur.  C'UKJ  electeui's  out  »'ilt'  nom- 
mes,  <|ui ,  a  pros  avoir  preto  serment ,  se  sonl  assembles  ,  el 
out  convenu  qu'il  f'alloit,  jiour  le  Ition  do  nos  affaires,  le  eon- 
tinuer.  Lour  rapport  t'-tant  (ait,  la  plupart,  voire  menu1  louti1 
la  compagnie  a  ele  do  cot  avis  ;  nous  etions  environ  (|uatro- 
vingts.  Xeanmoins  ii  s'en  est  ti'ouve  (jiiatre  ijiii  s'y  sont  oppo- 
ses ,  qni  sont  des  jjlus  chetifs  do  la  troupe;,  savoir,  Hardouin 
Saint-Jacques,  Mauvillain  et  h\s  deux  Denyan.  Cola  a  mis  la 
division  dans  touto  1'afl'airo,  d  re  hi[<;<-l<i  r//xcvsx////^x.  Ainsi  i! 
demeurera  doyen  [)uis<|u'il  a  les  mains  Cannes,  justpi  a  eeque 
le  parloment  on  ait  aulromont  oi'domn'. 

La  reine  d'Angletorro  iinive  aujourd  liui  a  Calais ,  uii  s<iii 
ills  le  duo  d^ork  vienf  an  devanf  d'ello.  La  jx'iideric  ennii- 


A  FALCONET.  :>8? 

nue  a  Londreg ,  il  y  en  a  deja  en  dix  d'executes;  les  deux 
derniers  out  etc  les  deux  colonels  qni  avoient  eu  charge  du 
parlement  de  t'aire  fa  ire  ('execution  du  feu  roi.  Tous  ces  cri- 
minels  sont  d'et ranges  gens,  f/itos  iwii  fuenitct  qnldqmnn  we 
fncti  ttec  mortis.  Ge  sont  des  martyrs  d'Ktat  et  du  temps  ;  il 
me  semble  qu'il  i'aut  etre  bien  int'alue.  Je  pense  quecelan'ap- 
partient  qu'a  cette  nation,  qui  a  quelque  chose  de  particulier 
plus  (jiie  les  autres  ,  x/ut/  wvi. ,  //-/wr.s  H  fcriui ,  idi'»qne  fn-ne 
fat  id. 

31.  Menage  m'a  dit  aujourd'hui  (me  le  cardinal  Ma/arin  se 
porte  mieux.  Le  roi  a  ete  saigne  trois  I'ois  cette  semaine  pour 
une  diarrhee  bilieuse.  On  dit  que  le  roi  d'Angleterre  veut  bien 
doimer  sa  stem1  en  manage  a  31.  le  due  d'Anjou,  mais  qu'il  y 
a  dcjii  bien  de  la  jalousie. 

Le  cardinal  Mazarin  se  poite  mieux,  et  le  roi  pareillement. 
Sa  majeste  a  fait  defense  que  personne  n'ait  a  t'aire  aucun  ba- 
timentd'ici  a  dix  lieues  a  la  ronde.  On  dit  <|iie  c'est  pour  faire 
quatre  grands  ateliers  d'ouvriers  aux  maisons  royales  qu'il 
veut  faire  rebatir  ou  achever  ,  telles  que  sont  le  Louvre  , 
Saint-dermain-en-Laye,  le  bois  de  Vincermes,  etc.  La  reine 
Christine  deSuede  estenfin  entree  dans  Stockholm,  la  capitale 
du  royaume  ,  et  y  a  ete  bien  recue.  On  dit  qu'elle  y  brigue 
la  qualite  de  tutrice  du  j)etit  roi,  (|iii  n'est  <pie  fils  de  son 
petit-cousin. 

Je  ne  sais  rien  des  nouvelles  de  noire  doyen  ,  sinon  qu'il 
n'y  a  rien  d'avance  ni  pour  ni  conlre,  a  canst1  de  1'absence 
de  MM.  le  premier  president  el  I'avocat-general  Talon.  J'ap- 
prends  seulement  (jue  vers  la  tin  de  la  semaine  il  y  aura  une 
assemblee  de  noire  Faculle  pour  cette  allaire  ,  stir  ee  <|iie 
31.  lilondel  mcme  ne  veut  point  el  re  continue,  appreliendant 
d'avoir  encore  une  fois  autant  de  peine  (ju'il  a  eu  depuis  deux 
ans.  Et  en  attendant,  voila  ma  vesperie  recult'e  pour  quelques 
semaines.  Voila  It;  scandalc  (jiie,  font  les  ions  dans  les  com- 
pagnies. 

Je  viens  d  emprmiler  le  livre  des  miracles  du  Danphine.  de 


088  I.KTTHES    DF.    (il'l    I'ATIN 

M.  Menlel ,  noire  eollegue,  a  qui  rauteiir  mrine  1'a  envoye  ; 
fin  void  le  vrai  titre  :  Scptnn  mironila  Dplplrinalm,  ut(  Clir'm- 
tinum  Mexandrani ,  serenissimam  Suet-arum,  etc.  (iratimnt- 
poli  upnd  Philippum  Charvys  bibliopolam  et  typographum  r<-- 
gitim  in  foru  mult  Chnxilii  1G5C.  Co  n'est  qu'un  petit  livre 
in-octavo.  Je  vous  supplie  de  in'en  I'aire  avoir  qnatre  exem- 
plaires.  Aimez-moi  toujours  ,  s'il  vous  plait  ,  et  croyez  que 
je  suis  toute  ma  vie  votre ,  etc. 

Ue  Paris ,  le  9  novembre  IfiGO ,  In  vcillc  ct  surveille  dcs  pitlnfyia  i'e- 
terum paganorum  (P. 


LETTRE  DXLIV.  —  A><  w'tue. 

Par  la  letlre  que  je  vous  ecrivis  hier,  co  10  novcnibre ,  jc 
vous  priois  de  m'aclieter  un  livre  de  (Ivenohle.  Scf/fcut  niirn- 
i.-ulu  Delphinahis ,  fait  parM.  S.  Hoissieu  ,  premier  president 
de  la  c.liamhre  des  comptes.  II  est  gendre  de  M.  Uageaut  (•>)  . 
qui  I'ut  le  premier  auteur  de  la  mine  du  marquis  d'Anere , 
qui  le  rendit  odieux  an  roi,  cl  apro.s  le  lit  tner,  aiin  d'obtenir 
sa  confiscation  et  devenir  riche  tout  d'nn  coup  :  h<i>  aunt  j/urtft 
nulictt',  quibus,  lunt/uinu  rhuj  su/ivissnnu,  inebrinnfto'  homincx. 

J;  Fetes  qui  se  celebraicnt  en  Phonm-nr  de  Hacchus,  aprcs  les  ven- 
danges.  ; l\.  P.} 

(2)  (>e  nom,  ecril  ainsi  dans  tonics  les  editions  de  <ini  Palin  ,  ne 
pent  £lre  que  cclui  de  Charles-Albert  de  Lnynes,  favori  dc  Louis  XIII. 
Ce  trislc  el  tail)le  roi ,  toujours  destine  a  etre  {jouvcrne  et  a  detesler  se.s 
lyrans ,  ne  pouvant  plus  sui>porter  Coni'ino  Concini  (  le  marechal 
d'Anere),  le  fit  luer,  an  mois  d'avril  1(517,  jiar  ^  itr>.  capitainc  de  se.s 
gardes,  Duhallier  et  l'arra>.  Aussitot  qifon  appril  au  roi  la  inorl  de 
son  ministre  ,  il  se  montra  aux  fenetres  de  son  palais  el  cria  aux  conju- 
res :  «  .Messieurs,  j^rand  uierri  a  vous,  a  celle  heure  je  suis  roi.  » 
iNeaninoius  ,  il  n'osa  jainais  employer  re  uioyen  conlre  le  cardinal  de 
Richelieu  .  qn  il  abhnrrail  el  craignall  pin-  t-neorc  <|ii<'  le  marechal 
d'Auere.  Kl  eYlail  la  le  Ills  <lo  Henri  \\  '.  IV  I'. 


A    FAl.CONKT.  '-'S'l 

Mais  lellps  finesses  IIP  se  tronvpnt  point  dans  I'Kvangile,  aussi 
sont-ce  des  coups  extraordinairesqui  sont  tout-a-l'ait  des  coups 
<le  maitre.  Je  vous  pried'oxeuser  les  pcinps  qne  vous  domipnt 
ines  petites  curiositps. 

Le  cardinal  Mazarin  a  dit  an  roi  qne  IPS  medecins  DP  sout 
(jue  des  charlatans.  Le  roi  s'est  depite  contre  Valot ,  et  au  lieu 
de  prendro  sa  medecine,  la  jetee  par  terre. 

Les  six  corps  des  marchands  soul,  ici  fort  PII  pinenlp  pour 
mi  epicier  nomine  Niceron,  que  1  on  a  mis  dans  la  Bastille. 
Ces  messieurs ne  veulent  point  laisser  passer  tin  monopolequc 
messieurs  du  conseil  veulent  t'aire  snr  IPS  hniles  de  balpine.  Ce 
n'est  que  de  l'argent  (ju'on  cherche  pour  f'airp  dps  ballpts,  ct 
en  envoyer  en  Italie.  On  en  appivte  tin  eel  liivercjni  cofifera, 
a  ce  qu'on  dit,  un  million.  Ces  gens-la  ne  venlent  (|iic  noire 
(n'e)i ,  et  nous  ne  le  pouvons  souflVir.  Le  roi  ainie  a^sp/  a 
jouer,  mais  il  ne  joue  pas  tropbien,  et  perd  beauconp:  passe 
pour  lui ,  il  est  le  maitre  ,  il  a  de  (juoi  jouer ,  dp  (jiioi  pprdiv 
i:t  de  qnoi  enricliir.  II  y  a  deux  1'emmes  a  la  cour  avpp  Ics- 
quelles  il  n'a  pas  regret  de  s'entivtenir  et  de  jonpr:  PP  son)  In 
(;omtesse  de  Soissons,  nipct;  d(^  son  Eminence,  et  madanip 
Fouquet ,  feinine  de  M.  le  procureur-general  et  snrintendant 
des  tinances. 

On  parle  ici  de  la  ire  UUP  nouvelle  creation  de  cc;:t  procn- 
reurs  an  parlement,  ou  il  y  en  a  drja  presdeciiKj  ci-nts,  dout 
il  n'y  PII  a  pas  deux  c'pnls  <|iii  gagiipnl  Ipnr  vie.  Us  S'PII 
vont  t'aire  une  rude  batferie  ct  bipn  du  bruit  au  Palais  coutrt' 
le  partisan  qui  a  enlrepris  dp  luiir  valoir  cc  parii.  On  dit  (pu- 
le cardinal  s'est  vanlp  (ju'avani  cpi  il  soil  pen  de  temps  il  vent 
rendre  le  roi  le  plus  absolu  dp  I'lMiropp;  il  I'pst ,  <v  tin1  scin 
blc  dpja  assez :  ji/cnifii'in  jKi/i-ftfti/ix.  iiltniilifdnfenijH'atntia. 

C,p  matin  a  ('IP  dilp  la  IIIPSSP  PII  mu-iipip  dans  It^  Palais,  mi 
h»  parlenienl  a  cte  PII  robes  roiiiips  a  1'oflrande.  On  apppllc 
ccla  la  »/.-»•''  <li-s  /•':rri'i'Di;>>  .  qtielqucs  mis  I'appi'llent  It-  Ixillit 
t(/'S  <'V/v/'/N>v,s-.  II  y  avoit  pen  dp  inoiidp,  pas  me  me  tin  presidriit 
ati  morlier,  et  n'y  avoit  i-neiv  qne  vmgt  coiiseillprs.  On  dit 
in.  I(-» 


'200  LK'miKS    I)F.    (.1  I    I'M  IN 

que  cela  st;  fait  pai1  mepris  tin  premier  president ,  <|in  n'esl  pas 
aime,  (Unit  je  suis  bien  marri,  car  c'esl  un  excellent  person - 
naye.  .le  ne  sais  quelie  pent  etre  la  cause  de  cetle  hainc  .  si 
ce  n  est  qu'ii  est  trop  bon  :  lu'ijuidfin  Jt/jj/ter  omnibus  unif/tam 
/jl'tcuit.  Les  gensde  hien  sont  toujours  en  grand  danger  de  de- 
plaire  et  d'avoir  beaucoup  d'enneinis  ,  '<(um  iniqui  dominan- 
lur.  J'entends  tandis  qu'il  est  grand  nombre  de  mechants , 
cornrne  il  est  aujourd'hui :  his  nostris  teutporibits  uiyet  i>n/>ie- 
(ti.i<,  unjet  iniquttits  ,  miscc.nf ,  turbmi!  niot'cs  mcdi.  Neannioiiis, 
j'avoue  qu'il  y  a  encore  bien  du  nioiide  aux  champs ,  (jue  peu 
de  conseillers  en  sont  revenus  ,  a  cause  que  le  (Void  ne  les  en  a 
point  encore  chasses. 

Le  cardinal  Mazarin  se  poi'te  niieux;  Valot  a  dit  a  ma- 
demoiselle, la  dncliesse  d'Orleans  que  les  eaux  miiuirales 
d'Encaussc  (l)  lui  avoient  tin  JXMI  t'ortiiie  et  raccommode  1'es- 
toinac,  inais  qu'il  ne  savoit  pas  cornbien  dnrera  ce  soulage- 
ment. 

On  dit  que  le  pape  est  en  eolere  contre  les  dues  de  Panne 
et  de  Modene ,  qu'il  ne  veut  pas  tenir  1'accord  (]ui  est  dans  le 
traite  de  paix,  et  qu'il  veut  que  ees  princes  lui  fassent  raison, 
et  ineme  a  donne  d(js  commissions  jiour  lever  des  soldats: 
plura  nun  liahfo  qmxl  scrib<nn.  Je  vous  baise  Ires  bumblemeut 
les  mains,  a  mademoiselle  Falconet  et  a  notre  bon  ami 
M.  Spon  ,  et  suis  de  tout  mon  cu-ur  votre  ,  etc;. 

L)c  I'aris,  le  \'l  novembro  1G(iO. 


LKT'IKK  DXLV.        I//  menu: 

A'tvv  ttfritin  f  t'/s/jt ni/s ,  /•/  f.s7  unln  >v/y/''  f<ir<//n/t/s  <H(  jinrti^, 
c'est-a-dire  que  je  vous  ccris  dcrecliet  ,  sans  comptrr  ee  que 
je  I'erai  a  I'avenii1,  si  la  matiere  ne  me  manque  pas.  Martial  a 

I  Yoye/.  .  Mir  ces  eaux.  Dlctionnaire  n>i  v^rsfl  (If  inutimt  nn'Ji • 
(/(...  \  arMM.  Moral  ft  Helens ;  1'jiri.s  .  1,s:?1  I.  111.  \>.  IIS 


A  FAU.ONKT.  '2UI 

ditquelque  purl  (|ii  il  auroit  de  la  peine  a  >  einpecher  de  I  a  ire 
des  vers  ot  a  brouiller  du  papier  :  ainsi  anrois-je  de  la  perne 
a  me  retenir  de  vous  ecrire,  car  j  y  ai  double  satisfaction  : 
I'une  (.'ii  vons  eerivanl,  ell'autre  de  ce  que  jecrois  que  vous 
n'eles  point  niarri  d'apprendre  nospetites  nouvelles.  Kt  pour 
commence!1,  en  voici  un  (jui  a  perdu  plus  que  vous  et  nioi. 
C'estM.  Chatelain  ,  docteur  de  Sorboime  et  vieux  clianoine 
de  Notre  Dame  ,  qui  mourul  hier  dans  un  age  fort  deeivpit.  11 
etoit  bien  temps  qu'il  mourut.  II  avoit  autret'ois  bien  tlierclie 
la  pierre  philosophale  sans  la  trouver.  Enlin  il  1'a  trouvee 
sans  la  cliercher  dans  line  biere  de  plomb  oil  il  est  jjisant. 
Croiriez-vous  bien  iju'il  y  eut  encore  de  ces  Ions-la?  Oui, 
certes,  pour  en  jurer  a  la  huyueiKjte:  il  n'y  CM  a  que  trop 
qui  n'ont  point  fait  leur  profit  du  colloque  d  Erasme  centre 
lesalcliimistes  ,  et  (jui  n'ont  point  In  le  chapitre  de  la  pierre 
philosophale  dans  les  diseours  politiques  et  militaires  du 
sieur  de  la  None,  .le  ne  vous  dis  pas  <jue  lui  et  ses  soultleurs 
out  fait  de  la  fausse  numnoie  ,  car  ce  seroit  medisance,  et 
neanmoins  on  fait  (juelqu«jfois  I'lin  sous  ornbre  d<;  fa  ire 
I'autre. 

Je  vieiisderecevoir  votrelettre.Acequejevois  voliv  M.Guil- 
leinin  resiste  a  la  mort  (jui  le  chicane.  Dieii  veuille  que  les 
eaux  de  Saint-Myon  lui  proiitent ,  mais  j'eii  doule.  11  y  a  tiois 
remedesdont  le  succes  se  coniioit  par  la  preuve  (|u'on  en  fait, 
It;  lait,  le  bain  et  les  eaux  ininei'ales.  Nuns  avons  aus.si  i:n  de 
nos  medeeins  malades,  c'est  le  bonhomme  31.  Perreau  ,  le 
c«)nlretenant  de  de  (.iorris  el  yrand  anli-anlimoiiial ,  tlont 
ineine  il  a  ecrit;  il  a  soixante  et  sei/.e  ans  ,  ce  (jui  est  line 
inauvaise  inarchandise.  Je  suis  ttmjours  votre  ,  etc. 

be  I'aris,  le  215  novouibrc 


•>Q-2  I.KTTKKS   UK    (UM    PA  I  IS 

LKTTKK  DXLVI   -      Autneme. 

Le  jr.'.ir  do  ina  vesperie  est  vonu  ;  j'ai  recite  ma  harangue, 
(|iii  a  duro  une  houre  tout  entiere  ,  non  sans  1'impatience  de 
quelques  part iculiers  qui  avoient  regret  de  s'y  voir  maltraites, 
tels  quo  nos  vendeurs  do  remodes  specifiques ,  poudros  hy- 
dragogues  ,  pilules  et  autres  secrets  ,  lesquels  pouvoient 
pourtant  s'en  aller,  puisque  les  portes  etoienl  ouvcrtes  :  c'est 
la  coutumedes  niechants  do  n'ecoutercju'impatiemmentqu'on 
lour  t'asso  leur  proces;  uiais  inou  exhortation  a  plu  ii  tout  l<; 
roste  de  la  eompagnie. 

M.   Hloudol  continue  a  fa  ire  le  doyen  ;  je  crois  (|iie  ses  op 
posants  n'osent  poursnivre ,  quoiqueGuenaut  en  soil  un,  (jiii 
s'est  declare  des  premiers  contre  lui ,  el  a  fait  ensuite  signer 
quelques  autres  de  sa  cabale.  M.  Blondel  me  (lit  hier  qu'il 
avoit  en  main  une  piece  pour  fa  ire  perdre  le  proces  a  de 
(iorris,  et  qu'il  tie  jouiroit  jamais  du  revenu,  et  ne  tieudroit 
jamais  la  place;  d'ancicn  maitre.   C/est  qu'autrel'ois  il  passa 
maitre  es-arls  en  1'Universite  de  Paris ,  et  tit  serment  d'etre 
ealholique,  et  n'eut  point  autrement  ele  recu.  Or,  est-il  qu'il 
tit;  Cut  jamais  (|IK;  huguenot,  t'tant  nc  a   Clittteaudun  de  pa- 
rents huguenots,  et  MM.  do  la  grand Yhambre  scronl   hien 
aiscs  d'avoir  co  prt'toxte  pour  le  condamner. 

MM.  tie  I'Universite  de  Paris  out  fait  travailler  nn  hahile 
homme,  nomine  M.  du  Boulay,  Angevin,  ()iii  a  fait,  par  plu- 
sieurs  annce:-,  la  premiere  dans  le  college  tie  Navarre,  a 
1'histoire  tie  leur  corps,  Sf/ulii  /^//•/.sv>//x/>>  (i). 

K.ntin  le  bonhomme   M.   I'errean  esl  onterre   dans  Saint- 
Paul  ,    sa  paroisse  ;  je  n'ai  pu  y  assistei1,   d'aulant  ipi  il   in'a 
tallu  aller  :i  qtiatre  grandes    lienes  d'ici.    ,lc    voiis  baisc    k-i 
mains  .  et  suis  de  ton  I  i  non  c<  cur  votre  ,  etc. 
l)c-  Paris,  It-  '20  iiovoinbiv  lli.'it). 


LETTKE  DXLV11.  -    ,l//////W. 

l,e  cardinal  Mazarin  ,  ce  l'r  decembre ,  est  an  lit,  tort 
tourmente  de  la  goutte ;  on  dit  qu'il  deviendroit  pape ,  s'il 
avoit  bien  de  la  sante.  Apres  la  goutte,  la  pierre  viendra.  of 
puis  enlin  (dirjuid  Immunitus  rontinyt't ,  qui  I'empechera  de 
devenir  pape:  sir  homines  moriuntur. 

Nous  avons  eu  aujourd'hui,  -2  decembre.  un  acte  dans  nos 
ecoles,  auquel  le  premier  medecin  de  la  reine  a  assiste  pres 
de  trois  heures.  Apres  (ju'un  de  nos  doeteurs  a  eu  aeheve  de 
disputer,  il  s'est  leve,  le  chapeau  au  poing,  et  a  prie  la  Ta- 
cultequ'on  le  laissat  disputer,  et  a  dispute  fort  bien  ,  mais  il 
a  cte  nn  pen  long;  il  est  bon  philosophe.  II  vonloit  prouver 
line  faculttis  ritalm  nun  i-st  mtfuralis,  '•/  uutoritdte  diri  Ilin- 
nttr  Aquinutis,  ffc.  1).  Vous  save/,  que  tons  les  Kspagnols 
parlent  mal  latin,  neanmoins  ils  aiment  a  ergotiser.  Notre 
savant  jeurie  dorteur,  M.  Dodart ,  presidera  jeudi  prochain  . 
c'est-a-dii'e  qn'il  paiera  sabienvenne  (cariious  y  aurons  tons 
ehacun  quatre  livres  pour  noire  assistance;  autret'ois  il  \  a\oit 
nn  diner  pour  tons,  qni  t'ut  couverti  en  argent  Fan  1(533,  pour 
un  petit  desordre  qui  arriva  et  qui  f'ut  cause  d'un  pins  grand 
bien),  et  a  pres  il  jouira  de.s  droitsde  I  ecole  comnie  Ics  antres 
doeteurs. 

Hier,  par  arivt  de  la  grand'c.hambre,  M.  de  Tliore,  |n'e>i- 
dent  ci-devant  en  la  troisieine  des  enqnetes,  et  Ills  de  ten 
.M.  d'Emery  '-21,  suriiitendant  des  finances  ;  il  t'-toit  de.  Ly«»n  . 
et  se  nonnnoit  en  son  noni  1'articelli  ,  lut  d/'elai'e  ton  et  toiit- 

(t  On  sulililisait  olran^oiMcnt  a  rt'llc  epotjin1  dans  !••>  ccolo,  ct  lo 
•iiijot  de  celte  these  on  e<l  mi  rvmpN'.  I.;i  srola-iitiitt"  ilu  iiiti\rn-;ijr(» 
a^iit  encore  do  ^influence.  (Vctait  le  leni|»  des  hypolhe-r*  aiilhroiio- 
Io^i(|iios  !es  plus  bizarre-  :  ;ui--i ,  a\rc  un  |HMI  dY-pril  .  de  Mil>lilile  . 
d'obscurile,  les  hableurs  de  philosophie  act|iieraient-il-  unc  reputalion 
bienlot  di-.-ipee  an  sonllle  de  la  \erile.  l».  IV 

•2    Voy/.  les  noto-s  (oine  I  ,  pa^e  V.t.'i ,  tome  II  ,  pn;',e  I'.t. 


*2(.M  I.F.TTRF.S    HE    (.11    PVTI\ 

a-l'ait  ruine  et  perdu  d'esprit.  et  ensuite  Cut  approuvee  la 
rente  que  ses  parents  avoient  faite  de  son  office  de  president 
au  prolit  de  M.  de  Fourci ,  qui  etoit  1'aeheteur  et  gendre  de 
M.  de  Boucherat ,  maitre  des  requetes. 

Les  politiques  speculatifs  parlent  ici  de  plusieurs  manages, 
entre  autres  de  celui  ou  de  ceux  d'Angleterre,  pour  le  roi  et 
son  frere  le  due  d'York.  On  dit  que  le  roi  d'Espagne  fait  tout 
ce  qu'il  pent  atin  de  retirer  Dunkerque  des  mains  des  Anglois, 
et  de  garantir  la  Flandre  de  leur  invasion:  et  comme  nous 
en  sommes  en  quelque  faeon  les  mediateurs,  ils  nf>us  offrent 
Saint-Omer,  Aire  et  Cambrai,  si  nous  voulons  leur  rendre 
Gravelines  et  Dunkerque.  Tout  cela  n'est  peut-elre  pas  vrai. 
mais  on  en  parle  fort  ici:  il  n'en  sera  que  ce  qu'il  plaira  a 
Dieu. 

II  y  aura  demain  dix-huit  ans  que  le  diablc,  a  ce  qu'on 
dit,  emporta  le  cardinal  de  Richelieu.  KJHS  reliquiae  mine  no* 
exercent ,  comme  Ciceron  disoit  d'Antoine  apres  la  rnort  de 
Jules-Cesar. 

On  dit  qu'il  y  a  un  grand  ravage  d'eaux  a  Rome,  bien  dn 
peuple  noye ,  avec  perte  de  plus  d'un  million  de  biens.  Dieu 
soil  loue  que  le  pape  et  le  general  des  jesuiles  n'ont  pas  i'ite 
noyes!  On  dit  (pie  M.  le  cardinal  Mazariri  vent  devenir  pape, 
et  que  pour  cet  effet  il  va  se  faire  pretre.  Cehi  me  fait  souve- 
nir par  antithese  d'nn  distiqne  assez  grossier,  (pie  je  sais  il 
y  a  pins  de  quarante-cinq  ans  : 

Daemon  languebat .  monrtchns  tune  essc  rolebnt . 
A. it  ubi  coni'filnit ,  man  sit  nl  ante  fuit. 

Dieu  nons  euvoie  sa  paix  et  dn  pain,  <pii  est  ici  bien  cher, 
et  (jiii  fait  liien  crier  les  pauvresgens,  *<'<!  //»//"  <•///•//  llij>- 

II  y  a,  ce  3  decembre,  an  ]>ar«piet  dn  parlement,  un  edit 
dn  roi  pour  la  reformation  des  habits.  II  y  a  ici  trois  inorts de 
rcmanim1 .  savoir  :  nuulttme  de  Ventndour,  la  bonjie  femme. 


\    KM.CONET.  205 

ageede  plus  dequatre-vingts  ans;  elleetoit  tame  du  prince  HP 
(-oiide,  et  lilledu  conuetable  Henri  de  Moulmorency,  qui  mou- 
rutl'an  1614.  La  secondemortestdu  chevalier  de  Roquelaure  . 
qui  etait  un  bon  compagnon.  La  troisieme  cst  de  M.  d'Hozier, 
grand  et  savant  genealogiste  de  France  (1) ,  que  M.  Barbier, 
votre  imprimeur,  connoissoit  et  qui  eloit  de  ses  amis.  On  at- 
tend ici  dans  peu  de  jours  le  comte  de  Soissons  ,  qui  revient 
d'Angleterre;  oncroitque,  bientdt  apres,  la  reine  d'Angleterre 
le  suivra  et  viendra  ici  pour  trailer  du  mariage  qui  est  sur  le 
bureau.  Je  vous  baise  tres  humblement  les  mains,  et  suis  de 
tout  mon  coeur  votre,  etc. 
De  Paris,  le  3  decembre  ItifiO. 


LETTRE  UXLV11I.  —  An 

M.  Moreau  e>t  lils  de  feu  M.  Rene  Moreau,  et  a  sa  charge 
de  professeur  du  roi  :  c'etoit  un  grand  personnage.  II  fera  a 
quatre  heures,  et  moi  a  cin<i ;  il  dictera  dc  inor/n's  innlicrum, 
dc  quibm  torn  innlti  scrijwrunt ,  Mercurialis ,  Mercatus ,  Rod.  a 
Castro,  Primerose,  et  le  VarandadeM.  Graset  tant  d'autres. 
Cui  no»  cliff  us  Hi/ fas?  Toutes  ces  lecons  des  e'ooles  ne  sont 
que  des  rapsodies  tirees  des  bons  auteurs,  par  des  gens  (jui 
n'en  savent  pas  tant  (ju'eux.  Kabr.  de  Hilden  n'etoit  qu'un 
chinirgien  fiftic  inu'ntafuft ,  ard  /inrtnn  dnrfus;  mais  il  est 
facile,  et  bun  pour  quelques  observations  -2  .  Sa  meilleurr 

1)  I'.  d'Ho/.ier ,  no  ii  Mar-cillc  CM  Ui'.*2.  liidepcndaninionlde  plu- 
sieurs  genealogies  parliculieros  imprimccs  .  il  ;i  ci)iii|)o.»c  VHitloire  ;ie- 
ncalogiqnc  de.s  principales  ina  son*  de  France;  ouvra(;c  considerable 
on  150  volumes  in-i'olio ,  rcste  manusrrit  et  conserve  a  !;i  luliliollicijiH1 
roxalr.  Vovr/,  In  note  t.  I.  p.  '201.  H.  1'. 

•2}  (inilliituno  Fabrice,  dit  de  Ilildcn.  dn  noin  d'nn  village  voisin  d«* 
r,olo;/,m>.  ou  il  naquit  le  ti.'ijuiu  l.'idO.  Int.  ;ui  rontrnire.  un  des  chiriir- 
jjiens  les  plus  remarqiiablcs  de  sou  leinps.  II.  I*. 


'X  f>  I  KITIU>    1)K    (.1  1    I'AIIV 

edition  esl  in-lolio  de  Franc-fort,  depuis  ('edition  in-quarto  do 
M.  Huguetan  .  qui  n'est  pas  si  ample  ni  si  bonne.  Votiv 
M.  (iuillemin  ne  vivra  plus  longtemps,  les  archers  de  la  rnorl 
le  tieiinent,  tamlis  qu'on  lui  fait  son  proces,  arror-iria  ft.  *///.>• 
inexplicabilfn,  ret  inextinguibilis :  br<>vi  wHtiirus  i^t  in  rutiit- 

HI'lll    liltititKI'. 

.le  viens  de  voirM.  le  premier  president,  qui  m'a  fait  grand 
accueil ;  il  y  avoit  longtemps  que  je  ne  1'avois  vu;  il  m'a  fail 
promettrc  quo  dimanche  prochain  j'irois  souper  avec  lui,  a 
quoi  je  ne  manqueru  pas,  Dieu  aidant.  On  parle  fort  ici  dc 
I  edit  de  ivformation  de^  rul.ians  et  des  dentelles,  (|iie  Ton  dil 
qiii  sera  publie  lundi  prochain  ,  snr  ([iioi  les  marchands  crient 
bien  fort;  mais  on  m'a  dit  de  bonne  part  que  le  roi  ne  (era 
aueun  autre  edit  pour  impot  ni  vexation  quelcoiKjue,  ni  (!•• 
nouveaux  procureurs,  ni  aucune  autre  creation  d'officiers, 
On  dit  ((lie  M.  le  inarechal  de  Fabert  va  etre  fait  surinten- 
dant  avec  M.  Fouquet  ;  d'autres  disent  quecelui-ci  est  lia'i. 
et  (ju'il  sera  disgracie  et  depouille  (l). 

Tit  conseilK-r  de  la  cour,  nomine  de  iVrrigni,  futhier  I'ecu 
second  president  en  la  troisieme  des  eiKjueles  a  la  place  dc 
M.  (Juenegaud ,  frere  de  MM.  les  tresoriers  de  1'epargne  el  le 
secretaire  d'Ktat,  de  ([uoi  plusifiurs  de  la  cour  sont  laches  ,  ;i 
canst;  (ju'il  est  gendre  d'un  partisan  nomme  Margonne.  On 
dit  (|u'ils  out  changti  leur  nom  en  cello  famille;  que  son 
gi'and-pere  etoit  un  tailleur,  nomme  Peau  de  Lonp,  et  celin- 
ci  a  une  belle  charge  dans  le  parlcment  de^l2,0()0  livres  ,  et 
porte  le  nom  d'une  ancienne  famille  de  l^iris,  qui  est  lort 
honorable,  savoii4,  de  MM.  de  Perigni-Picard.  O  ///(/</»///// 
fdiiumi'  inunc'il ! 

f,e  cardinal  Ma/arin  esl  an  lit  de  la  goutte  et  d'un  mal  dc 
t'ote;  il  se  plaint  fort  de  Valot  ,  Ksprit  et  (luenaul  ;  il  dil  que 
les  medecins  n'ont  (|iie  des  paroles,  point  d'ofl'el:  qu'il  esl 

I  On  \(\\[  <|iie  Poni|',f  ronlic  lo  fa^lucux  surintendant  etait  dejn 
ire^-enli  K.  I'. 


bien  miserable,  de  ce  qu'on  lui  a  tutijours  promis  d'apaiser 
ses  douleurs,  el  <|u'il  en  a  tuujours  qui  le  persecutent.  Voila 
tin  temps  qui  lui  est  encore  fort  contraire,  savoir,  fort  hu- 
mide,  et  apres  sa  goutte,  la  nepliretique  viendra.  On  dit  que 
Ton  a  seine  dans  son  antichambre  des  billets ,  et  chez  la  reine, 
qui  disent :  Qui  nous  delivrera  d<:  la  jjaiju  mazarine  ? 

MM.  du  clerge  out  ici  lout  nouvellement censure  la  traduc- 
tion  du  Missel  romain,  faite  par  M.  Voisin ,  pretre ,  jadis 
eonseiller  au  parlement  de  Bordeaux  ,  qu'il  avoit  dediee  an 
prince  de  Conti ,  qui  est  dans  une  grande  devotion  ,  jusque  la 
qu'il  en  deplait  au  cardinal  Mazarin,  oncle  de  sa  femnie.  La 
reine-mere  a  ditau  cercle  que  la  reine  d'Angleterre  ne  vien- 
dra point  sitot;  elle  veut  encore  quelque  temps  demeurer  en 
Angleterre  pour  y  t'aire  regler  tons  ses  droits  et  pretentious  par 
le  parlement,  apres  elle  viendra  a  Paris  pour  y  achever  ses 
jours,  sans  avoir  aucun  dessein  de  relourner  jamais  en  An- 
gleterre. 

On  a  aujourd'liui  reeu  conseiller  de  la  cour  M.  de  Cocq, 
jeune  homme  ,  par  survivance,  a  la  place  de  M.  Magdelainc, 
son  grand-pere.  On  prepare  ici  un  grand  ballet,  <jui  ne  pent 
etre  pret  que  pour  Paques. 

M.  du  Troncliet,  conseiller  de  la  grand'cliambre ,  a  vendu 
sa  charge  72,a()0  ecus  au  fds  de  M.  de  Pontchartrain  ,  presi- 
dent des  comptes.  Des  deux  grands  vicaires  du  cardinal  de 
Ket/,  1'nn  vouloit  que  Ton  ronlerat  ici  les  ordres  de  pretrise 
la  semaine  prochaine  ,  1'autre  n'en  etoit  point  d'avis.  Le  car- 
dinal  de  Uetx,  paroit  en  avoir  ete  averli;  mais  il  leur  a 
mande  qu'il  leur  del'endoit  expressement.  11  yen  a  qui  croienl 
(ju'il  n'est  point  loin  d'ici,  et  au  guet  de  ce  qui  pent  arriver. 
,sv  quid  /iwnnnif  us  continent  illi  /lonniii,  y//v  <yw//<  $(<!(  iftto/itinnf 
/tic  friidtur  et  tnniina  diyiiitute  et  inti'f/i'u  Itbi'i'tufe.  On  dit  (ju'il 
y  a  un  Ills  d'nn  maitre  des  comptes  (|ui  oll're  73,000  ecus 
d'une  charge  de  conseiller  a  la  C(»ur,  mais  qu'il  n'eu  troiue 
point  :  voila  bieu  di-  1'argent  pour  de  la  funu-e  t-t  400  livnvs 
de  rente.  -I'ai  ici  un  beau  livrc  que  j'ai  depuis  pen  recu  di^ 


298  il,llUK>    DK    i.ll    I'YllN 

Fraiiclort :  Tltnmn'  /teineaii ,  Cusp,  f/ofmanni  <•>  Aflnnu  Hupi-rti 
ffpisfol(e:ceio[enl  trois  savants  liommes  (le  premier  des  trois 
est  encore  vivant '  (jui  s'entr'eerivoient  des  lettres  les  uns  aux 
autres  avec  beaucoupde  bonte  ,  d'bumanite  et  de  litterature. 
I-.es  carabius  du  P.  Ignace  ne  font  pas  des  livres  de  idle 
Irempe.  .le  vous  baise  tres  bmnblement  les  mains,  et  suis  dp 
tout  mon  cot'iir  votre  ,  etc. 

De  Paris,  le  10  decembre  1660. 


U'TfKK  DXLIX.  --    \xnitmp 

Kn  quel(|ue  etat  que  soit  le  Mazarin  ,  on  ne  laisse  point  dr 
cliercher  de  1'argent ;  car  on  envoie  des  billets  portarit  taxes 
de  cer taines  sommes  a  tous  ceux  qui  out  tenu  des  i'ermes  du 
roi,  taut  grandes  que  petites.  II  a  la  goutte  a  la  main  et  ne 
pent  signer;  mais  il  fait  jouer  devant  lui  pour  se  reereer  et  se 
divertir  a  gagner.  II  y  en  a  bion  d'autres  (]iie  lui  qui  i'eroient 
volontiers  de  ineme.  On  (lit  ici  que  M.  le  marcchal  Fabert  va 
etre  surintondant  des  tinances  ,  ee  qui  fait  trembler  beaucoup 
de  partisans;  (j'est  mi  lort  bomme  de  bien  et  fort  entendn  : 
mais  neanmoins  pent-etre  (pi'il  feracomme  les  autres  quand  il 
y  sera  parvenu. 

.le  soupai  bier,  re  lundi  ]'.}  deeembre  an  soir,  aver  M.  U1 
premiei1  president.  Com  me  je  Tentretenois  seul  dans  son  ca- 
binet, Tecuyerde  mademoiselle  la  durliesse  d'Orleans  y  vint, 
et  diMMiis  nous  fumes  souper  ;  et  eonnne  nous  commeneions  a 
parler  apres  soupei1,  il  vint  uu  eveqne  de  Vannes  ,  qui  nous 
empecba  si  bien  que  je  nelui  dis  j)resrpie  rien  de  ct>  (pic  j'avoi-? 
a  lui  dire.  Je  viens  d'appreudre  que  M.  Fonqnet,  intendant 
des  tinances,  a  reeu  ordre  dene  trailer  avec  qu'i  qtii^  ee  soit. 
ni  dc  fain1  aucuii  ('-tat  pour  Tan  lO(V2  :  cela  angmente  le  sonp- 
eou  de  ceux  qui  desirent  ou  (pii  cspcrcnt  (ju'il  y  aura  du  chan- 
gement  en  cette  grantle  cbai'ge. 

\otre  M.  Hlondel  se  vent  demeltredc  sa  rliarye  ,  ct  m'a  dit 


\     (AICONKI  2'.»9 

que  samedi  prochain  nous  aurons  une  asscmblce  pour  lui 
fa  ire  nn  suoeesseur ;  oe  <|ifil  fait  de  son  pleiu  pv,  saris  y  etre 
fore,/1  par  ses  ennemis  ,  qui  n'ont  rien  pu  obtenir  oontre  lui 
par  les  requetes  qu'ils  out  presentees  an  parlement.  Samedi 
dernier,  on  donna  des  arrets  an  eonseil  d'cu  haul.:  I'lin  pour 
oter  la  solidite  de  la  taille,  et  1'autre  pour  ernpcoher  quautite 
do  petits  droits  qui  se  levoient  sur  le  vin  en  divers  pouts  ft 
passages  dcpuis  quelque  temps. 

.le  vous  sais  hon  pred'avoir  eu  pitie  de  ce  pauvre  M.Bouge. 
puis(]u'il  a  fern  me  et  enfaiits.  Vous  avez  hien  fait  de  lui  de- 
fend re  de  t'a ire  de  la  medecine;  il  u'en  tuera  pas  tant  et  en 
apprendra  davanta^e  :  il  est  de  Provence  ,  (jui  est  la  petite 
Barharie.  Us  soul  en  ee  pays-la  ,  a  ee  (jue  dit  iM.  H.  d'l'rfe 
dans  son  Astree  .  rifln's  d''/»'>f  fit'  liirns  ,  f/loricu.i' ftp  pet/  tl'hnri- 
tn-iir  ff  xtirtni/a  (ft- /ir>>t  df  sriwtrr ;  et  dans  notre  metier,  ils  sont 
volontiers  charlatans,  pourvu  qu'il  y  ait  a  i^aijuer. 

l/anrien  niaitre  de  la  compa<,rnie  et  le  doyen  de  la  Karulte 
out  chaeun  double  de  tout;  si  bien  (jue  lorscjiK1  nous  reeevons 
de  chaeun  ,  en  partieulier,  60  livres  par  an  ,  ils  en  out  chaeun 
six-vinjrts:  niais  le  doyen  de  charge  n  de  plus,  par  pure 
jirace  de  la  Faeulte,  environ  GDO  francs  pour  les  peines  ex- 
traordinaires  qu'on  a  pendant  les  annees  du  deeanat .  et  en- 
core davanta^e  s'il  vent  derober,  eomnie  (»n  dit  qne  que|(|iu-s 
uns  ont  fait  autrefois,  entre  autres  le  Vignon  et  le  petit  Har- 
douin  Saint-Jacques,  qni  tons  deux  sont  niorts.  (le  dernier 
etoit  foil  et  tenoit  de  race,  »t/f/n  cnininlti  f*t  ;  il  avoit  autre- 
fois represented  (iiiillot  (iorju  a  I'liotelde  liouruo^mv 

Puisque  M.  (»uillemin  est  parti,  il  nous  taut  ivsondre  d'al- 
l«'r  apres.  ()ii  nie  vient  de  dire  <pie  Ic  canlinal  Mn/nrin  nc 
jirend  point  de  lait  de  vache  ,  ct  qu'il  en  a  eli'-  dt'-tourni'1  \Y-\V 
mi  vieiix  nit'deciu  (ju  un  eveque  lui  a  ineiit'-.  .!(>  erois  que  le 
MH'decin  est  M.  Merlet ,  et  (|tie  M.  Ifveque  <^st  <'elui  de  (Imi- 
tances;  r-ar  cet  eveque  est  ami  de  tons  les  dtMix,  et  meme 
dodicstiipie  du  cardinal,  (luqucl  il  a  efe  maftre  de  ehamlire. 
c!  a  (jui  il  doit  son  episcopal.  Ouoi  (|u'il  en  <oit  le  cardinal 


3<;0  i  1:1  riiKs  M.  1-1 1  rvn> 

Mazurin  est  runt'  ti',Liuni>  c(  t't't/'ftj'  Vtilctudinis;  il  est  accable 
d'affaires,  et  a  le  corps  bien  delicat. 

On  mit  liier  dans  la  Bastille  un  greffier  du  conseil ,  nomine 
Massa  ,  qui  avoit  fait  des  remoi  it  ranees  au  surintendant  des 
finances,  afin  qu'ils  ne  payassent  rien  des  600  mil  le  livres 
qu'on  leur  demandoit  sur  leurs  offices  a  quatre  qu'ils  soul. 

L'intendant  de  justice,  qui  est  a  Sens  ,  deniande  aux  bour- 
geois de  cette  ville,  pour  leur  don  gratuit,  12  mille  livres 
(autrement  on  1'appelle  don  force),  et  pour  la  snbsisfaiier 
de  la  gendarmerie  32  mille  livres.  Ils  lui  out  repondu  que. 
pour  de  1'argent,  ils  n'en  avoient  point,  mais  <|iie  s'il  vouloit 
leur  donner  (juittance  ,  ils  hit  livreroient  inille  innids  de  bou 
vin.Vous  pouvez  juger de  leur  abundance,  et  en  ineine  temps 
de  leur  pauvrete.  Le  cardinal  Mazarin  a  dit  au  roi  (jue  tons 
les  medeeins  n'etoient  que  des  charlatans,  qu'il  ne  vouloit 
plus  s'en  servir,  et  (ju'il  ne  se  vouloit  red u ire  <|u'a  de  petits 
remedes.  Neanmoins  on  m'a  dit  qii'nn  certain  chirurgieii  de 
la  eour  lui  avoit  conseille  de  jtrendre  du  lait  de  vache,  et 
<|u'il  y  etoit  resolu,  et  en  ce  cas-la  il  faut  dire  :  at  cn'f  HOCIS- 
X//////.S-  error  pejur  prior?.  Le  lait  de  vaclie  ne  vaut  rien  ,  et  Jie 
lera  (|ue  de  1'ordure  dans  un  coi-ps  echauffe  t-f  atrabilaire, 
tel  que  celui  du  cardinal  Mazarin.  Mais(|iioi(ju'il  fassc-,  jc  n«- 
pense  point  qu'il  guerisse  parfaitement  avant  le  mois  dc  tnai  . 
ft  fioc  postfo ,  (/ttod  tandem  coiif/iK/af. 

On  (lit  <pie  M.  le  comte  dt;  Soissons  a  vu  en  Angleterre  le 
cardinal  de  Ketx. .  ou  il  est  fort  aime  du  roi.  ilais  t  da  cst-il 
vrai?  Aussi  bien  que  ce  qu'on  (lit  (|ue  le  roi  d'Angleterre  n't1- 
pousera  point  la  demoiselle  Hortensia,  niece  de  son  Kminence. 
et  qu'il  n'en  vent  point ,  Mir  les  remonl ranees  qnelui  en  out 
faites  les  deputes  du  parlement.  Je  vous  baise  les  mains,  et  a 
madame  Falconet,  et  a  notre  bon  ami,  M.  Spoil,  et  snis  de 
(nut  rnon  cieur  voti'e  ,  etc. 

/'.  >.  Le  roi  a  casse  dix  compagnies  du  r«'giment  des  gar- 
des,  et  va  c.asser  toils  ses  petits  moiisquetaii'es  ,  qui  etoient 
^eu\  du  cardinal  Ma/arin  ,  lorsqu'il  lit  la  paix.  Hier  Cut  ven- 


A    FALCONET.  .'101 

due  une  charge  <le  conseiller  de  la  com1,  74  mille  ecus.  Cela 
fail  parler  tout  le  nionde,  et  dire  qne  tous  les  tbus  ne  sont 
pas  anx  petites-maisons.   Eh!  (jue  feroient  ces  gens-la,  si  'e 
inonde  etoit  sage  et  n'etoit  pas  chicaneiir  ? 
l)e  I'aris .  le  19  dewmbre  1660. 


LKTTKK  DL.  --  An  urine. 

Nous  avons  eu  aujourd'hui ,  ce  22  decembre ,  le  plus  court 
jour  de  1'annee,  hrninn  wtrrum.  ,  lejour  du  solstice  d'hiver, 
bruiiid  quasi. 

Aujourd'hui  a  ete  vespt'rise  en  nos  ecoles  un  nouveau  li- 
eencie  ,  nomme  Decaen,  par  M.  A.  Hubnut ,  nion  proche  voi  - 
sin  et  imniediat  successeur;  in  on  rang  etoit  d'y  fa  ire  du  latin, 
comme  j'y  en  ai  fait  i»'(>  Imtdabili  scholoe  r<>t>sucfu(lin<> ,  et  la 
question  etoit  :  A)i  rino  mtirliflix  decoctnm  repanmi?  de  la 
soupe  a  1'ognnn  aux  ivrognes ,  que  j'ai  proposee  audit  sieur 
Decaen,  <|ui  ya  satisfait  (l).  J'ai  encore  a  fa  ire  du  latin  deux 
fois,  1'une  pour  la  pastillaire  de  M.  Ch.de  Laval,  et  I'autre  pour 
le  doctoral  de  M.  Decaen  ,  et  apres  je  serai  quitte  de  toutes 
ces  c,orvees,  et  je  travaillerni  un  pen  plus  a  mon  aise  a  nies 
lemons,  depurgantiwn  niedicamottorum  viri/tus  (-t natnra. 

On  iinprirne  a  Leyden  un  be  I  ouvrage  :  ilc  \  itis  illiixtriiun 
wflico)'iont  Jo.  llcnr.  Mcilxnnii.  ('et  auteur  est  un  niedecin  de 

:1;  J'ai  deja  rcmarque  quc  la  docte  et  jjrave  (aciilte  de  int-decine 
de  Paris,  cjui  avail  pris  Porgueillcuse  devise  urbi  el  orbi  sains  , 
u'elait  pas  tnujours  (res  diflicile  sur  le  choix  des  theses.  S'il  y  en 
eut  d'importantes ,  il  y  en  avail  anssi  de  irivoles,  de  ridicules  el 
ineme  d'absurdes.  On  a  cite  avec  raison  les  suivantes  :  .in  e.r  heroibus 
heroes  :'  An  per  incantationes  fit  curalia  ?  —  An  (jui  niel  et  bulyntm 
comedit  i  srinl  reprobare  itinlum  el  eliyere  boninn  .'  1670.  An 
rolii(f  ex  piscis  felle,  ctiratio  nalurnlis  :'  1668.  -  E.r  </i/a  parte  tna- 
HHverit  aqua  quip  i>ro(luit  e  inortui  ('liristi  latere  ,  perforalo  lancea; 
(iculo  nuicrone  ?  169^,  etc.  I. a  science  elail  deja  assez  vasle ,  asse/. 
cnllivee  pour  choisir  deo  questions  j>lns  di^nes  d'interel.  Voyez  la  note 
I.I,  p.  133.  \\.\\ 


'M)'2  LklTKKS    I)K    i.l'l    t'ATi.N 

Lubeck,  toil  savant  Jiomme  ,  qui  esl  morl  depuis  Irois  ans  ; 
c/estde  kii  que  nous  avons  un  eomment;iiiv  tort  exact,  injus- 
iui'unduin  //////>.  PI ul  a  Dieu  que  personne  ne  t'il  pis  dans  un 
si  <;Tand  noinbro  d'ecrivains  qui  barbouillent  le  papier.  II  a 
('•ci1  it  sayeinent,  poliment  el  doclemeiit. 

Le  cardinal  se  porte  un  pen  inieux.  II  avoil  chasse  ses  me- 
decins  avec  indignite,  inais  31.  It;  Tellier  Irs  a  un  pen  ivcon- 
cilies,  sur  ce  qui,1  GutMiant  lui  a  dit,  lui  lii'onu'ttant  IV'h''  pro- 
chain  d'aller  ii  Bourbon  lui-imhue,  do  1'y  ineiicr  et  do  If 
yuei'ir.  Sunt  cciha  /•(  I'uccs  :  nun  air  i-ccllitnr  itc/jin-  (tbo/ftut' 
'•ontunuu'  /itfciiijii't'U'x  lul  t.i//'cc(uuin  jiodiifji'iciii'nut  n.ittsfi  :  a/>u: 
urtcx  /imnn  Guciifildicif  i'wjtu'i'untui',  ot  il  taul  a  cela  d'autres 
roniedes  quo  des  eaux  minorales.  L'n  yrand  cl  exact  regime 
de  vivre  ;  line  grande  tranquillite  d'espnt ,  (jue  le  3Iazarin  n'a 
point  et  n  aura  jauiais  ,  /'ri'fjix.nx  l/if/is  usinini  jiotus ,  postquum 
I'ticril  i:o/'fjuf(  Mpurgutisshnuin  ,  me  semblent  les  remedes  mate- 
riels  qui  iui  seroient  ies  nieilleurs  :  nl.in.  formalin  rt'ijnirtut- 
ttir,  etc.  Mais  eomine  disent  les  t'aiseurs  d'almanachs ,  Dieu 
par-dessus  tout  (l). 

Puisque  les  livres  ne  s'acheveiit  jjas  a  l^yon  ,  non  [ilus  qu  a 
Paris,  patience,  je  ne  vous  en  dis  mot ;  j  attendrai  ceux-la  et 
les  autres  ,  taut  qu'il  plaii'a  a  Dim  :  in.  ^utk'ntia ijn^id'-hnuiti- 
IIKIIH  inatUH  ,  ct  t'Ji'fJCclnfju  d<nu<-  < ntiiiiilnl in  rain/I . 

M.  Uavaud  m'a  proinis  un  1*.  /accliias,  ce  sera  pour  inoi ; 
il  in Cn  taut  un  autre  pour  31.  van  der  Linden  ,  de  Leyde , 
en  Hollande,  nion  boil  ami ,  qui  me  le  demande,  et  a  qui  j  en 
veux  t'aire  present  a  (jiielque  prix  que  ce  soil,  .le  vous  prie  de 
m'en  achete)'  un  et  de  me  1'adresser. 

^l)  Quo  dirions-nous,  »juo  i'erious-nou»  de  plus  aujourd'lmi  que  la 
^cieiu'e  a,  ttil-on,  tail  d'iinmenses  jn'ogres  ?  -Ne  recomiail-on  pas  da»» 
ces  .sages  con>eils  le  sa\anl  pruiuiul.  le  pralicieu  t-xerce,  cc  bon  ien* 
lit.-  c<»'ur  el  d'in^liilCl  <|ui  resi>te  a  luuU*!>  le>  ,--iiblilite>  tie  I  e»pi  il  dt-  sjs- 
leiue,  tjui  ,  loin  de  s'en  tenir  a  la  medicusserie  des  pralieieiis  \uljiaires, 
rouliniers  et  dro^ueui>  .  voil  el  sai>it  I'en**  mlile  de-  ineilieurs  niojeii- 
de  [^uerir  on  du  uit)ins  d'allejjer  la  iiialadic  .'  H.  I'. 


\    FALCONET.  -'SO,'} 

Je  crois  en  verile  que  peu  de  gens  savent  la  verite  tin  inal 
<lu  cardinal  Ma/.arin,  inais  neamnoins  |)lusieurs  en  parlent , 
et  tons  disent  qu'il  ne  pent  pas  vivre  longlemps  ;  de  la  vient 
qu'a  la  coin1  on  (lit  qn'il  y  a  plusieurs  partis  pour  Ini  succe- 
der  en  la  f'aveur  qn'il  a  aupresdu  roi  et  en  sa  place,  savoir, 
de  M.  le  mareclial  de  Villeroi,  de  M.  le  Tellier  et  I'abbe  Foti- 
quet,  de  M.  deGuenant,  secretaire  d'Ktat,  et  antres,  sans 
que  Ton  ose  parler  dn  cardinal  de  Hot/.,  qur  quelques  tins 
veulent  qn'il  soil  en  Angleterre  ,  ce  que  je  ne  crois  pas; 
d'autres  disent  qu'il  est  a  Paris  ,  on  qn'an  inoins  il  y  a  ele:  il 
y  seroit  sans  doute  en  grand  danger. 

On  imprime  ici  Yllhfoirc  il<-  Jlcnri  IV,  t'aite  par  M.  11.  de 
Perelixe,  evequede  Uhodes,  preceptenr  dn  roi,  inpii  elle  sera 
dediee,  et  cpie  Ton  (lit  n 'avoir  ete  eerite  (pie  pour  son  in- 
struction ;  elle  sera  in-quarto  de  belle  lettre. 

On  parle  ici  de  quelques  bateaux  de  inarcbandises  <pii  out 
ete  perdns  snr  la  riviere  en-deca  de  Honen  ,  entre  antres  on 
dit  qn'il  y  a  beaucoup  tlti  sucre.  Je  soubaiterois  tort  qu'un 
gros  paijnet  de  livres,  que  M.  van  der  Linden  m'envoie ,  ne 
tut  point  perdu.  11  y  a  cinq  inois  qu'il  les  a  delivres  pour 
rnoi ;  mats  la  riviere  est  tres  grosse ,  et  par  consequent  point 
marchande,  11  n'y  a  pas  ici  beaucoup  de  inalades,  inais  il  y  a 
bien  des  ivrogncs ;  ce  vin  nouvean  donne  dans  la  tele  rnde- 
inent ,  et  I'ait  la  goutte,  h^  rlunnatisnie  et  des  llnxions  sur  la 
poitrine  ,  avec  tonx  et  diriicultt'  de  respirer. 

Je  viens  d'un  endroit  oil  j'ai  appris  <jue  la  reine  d'Angle- 
tcrre  partira  le  to  de  Janvier  procbain  pour  revenir  •'!! 
France  ;  que  le  cardinal  Ma/arin  u't'-loit  pas  bicu,  ct  (|u  il  a 
eu  une  lort  inanvaist;  unit;  c  est  [tourquoi  le  i'oi  nn'-ine  y  est 
alle  de  yrand  matin,  et  (pie  des  >ept  lioinnies  <pii  laisoieiit  la 
gazette  nianuscrite ,  il  y  en  a  eu  mi  qni  a  en  le  I'onet  par  le> 
carrelours.  On  a  dit  aussi  qm>  les  dix  coinpagnies  du  regi- 
ment des  gardes  lie  sei'ont  [loinl  cassi'-es ,  el  que  le  eointe  de 
Scboinberg  s'en  va  avec  (pielqnes  troiijies  en  Portugal.  Mais 
il  la nt  <|iie  votis  saclii*  /  (|iic  ces  sept  laiseurs  d<^  ga/ette  a  la 


:HM  S.KITKES  DE  i;n  PATIN 

main  etoient  prisonniers  dans  la  Bastille,  et  que  Kenaudot 
I  es  a  fort  poursuivis  ,  atin  do  los  fa  ire  pendre  ,  d'autant  qn'ils 
sont  causo  qu'il  ne  vend  guere  de  sa  (i<izct/e  irnprimee,  do  la- 
quelle  on  se  moque  ici. 

Les  courtisans  disent  quo  notre  joune  reine  devient  grasse  , 
inais  non  pas  grosse  ,  quoiqu'elle  mange  bien.  Si  M.  le  chan- 
cel ier  mouroit  demain  ,  M.  le  Tellier  soroit  en  un  instant  son 
successeur,  et  chancelier  de  France  :  c'ost  nn  seigneur  tres 
habile  et  tres  digne  de  1'etre. 

I*.  S.  ,le  viens  d'un  lieu  d'honneur  oil  i'on  tient  pour  cer- 
tain (jiie  le  cardinal  Ma/arin  est  mal  ,  qu'il  aura  bien  do  la 
peine  a  passer  le  mois  de  mars.  II  y  a  nn  honnete  hommequi 
u  dit  que  le  Mazarin  etoit  dur  et  cruel ,  qu'il  n'avoit  pitie  do 
personnc,  qu'il  ne  rabattoit  ni  tallies  ni  impots  depuis  la 
paix  f'aite ,  inais  que  la  inort  n'auroit  point  pitie  de  lui.  On 
dit  que  le  roi  d'Angleterre  n'a  pas  trop  rejete  la  proposition 
qu  on  lui  a  f'aite  d'eponser  la  niece  du  cardinal  Ma/arin  ,  ni 
memo,  ceux  de  son  conseil  quo  Ton  croit  etre  gagncs  ;  inais 
(|uo  le  penple  d'Angleterre  est  cause  de  co  refus  ,  qui  no  vent 
point  de  cello  alliance  ,  vn  (in'olle  n'est  point  de  bonne  mai- 
son,  qu'elle  est  Italienne  et  do  diilereuto  religion.  Kile  a  un 
uncle  puissant  veritablement ,  inais  apparemment  il  no  pout 
plus  guere  vivre.  On  dit  que  le  chancelier  et  lo  parlemenl 
d'Angleterre ontote  de  co  memo  avis;  rnais  (pie  lo  roi  no  Tout 
point  refusoe  .  se  sentant  obloui  de  la  somine  immense  d 'ar- 
gent (ju'on  lui  proposoit  s'il  y  vonloit  consentir. 

Anica  nunc  vere  aunt  secula  :  plnriniux  anr>' 
Vcnil  /uino.«,  auro  conrilialur  amor. 

Jo  vous  baise  tros  humblement  los  mains,  ;i  mademoiselle 
Falconet ,  et  a  notre  bon  ami  M.  Spoil,  el  snis  de  tuiit  mon 
cionr  votro,  etc. 

l)o  Paris,  lo  -211  <lcmnlm> 


V    FVl.l.oNKi. 


tlomme  Its  oatix  do  la  riviere  s'eeoulent  par-dessous  Irs 
pouts,  ainsi  s'fcoule  pareillemont  tout  If  latin  que  j'avois  a 
f'aiiv,  e.r  ojficio  c(  XP/IO/IP  rnnanffiiffiiic.  Jen  ai  fait  eoimnoje 
voiis  I'avois  dit. 

Quelques  tins  disont  (pit1  le  cardinal  Ma/.arin  n'est  point  .si 
nialade  <p:t'  Ton  pen so,  ft  qu'il  lo  fait  ex  pros  ;  je  no  If  ciois 
point  ,  inais  pi u tot  qu'il  a  quolques  hoiis  intcrvallcs  ;  sa  poi- 
trinf  a  fie  plusie  urs  f'ois  attaquee  d'une  tluxion  ,  /•>•/  i/.<t//utu /»•- 
i  'Hit  lii-niii  ,  i^iiiid  I'i.rfifur  (ij)li(l  Si'iifrii/n  in  f?jiisln/m  mi'il  itnt  tn 
iiitH'tis.  (jtintt  ijinili'm  si/)iij>loiiiii  .•>'/  iiiluiiijriitiir,  si  I't'Ci'l/tlwiif  , 
si  I r< (jiiciit ins  rt'ciirrnf  ,  i'f  jjtif/tifjrn  (fcsiiiftt  ,  tuiitli'in  crnili-l 
c,/jOo:v;.  On  dit  qiif  M.  de  la  Hivifre,  t'-vfqiif  dc  K;uij,rres  , 
jadis  clifl'du  consfil  du  leu  due  d'Orleans,  court  apres  le. 
iinnistcre  vacant,  si  tflle  niort  arrive:  d'autras  parlent  du 
milord  Montai^u  .  Auglois,  (pii  potirroit  elrf  pn'-Ci'-rt'1  parce 
qu'il  cst  etranger ;  d'autivs  parient  df  M.  Lctellior,  dc  M.  If 
inarcclial  <U;  Villcroi ,  ft  memo  du  prince  de  Conde,  ce.  (pic 
j»!  nt!  crois  pas  qui  puisse  arrivcr.  Quoiqu'ii  en  soil,  on  tient 
encore  que  la  reine-mere  y  motlra  celui  en  (jui  die  se  liera  If 
|)lns,  ft  qu'olle  ])rendra  pluttH  un  t-lranger  t|u'tiii  autrc. 
Mais  c'cst  st1  dcbattre,  do  la  pcau  du  renard  qui  n't-sl  point 
enc.oi'f  pris  ;  ft  qui  fait  tout  cela  ?  c'cst  un  vcrs  de  Juvenal  : 

Stttniini*  nenipe  locus  inilla  tmii  arle  pi-Hlitf. 

N'otre  M.  (iras  m'a  adrcsst-  un  marchand  dc  Lyon ,  ndiiinn1 
(iuy  dc  llampaiyni ,  alin  <pio  jf  rocomu.aude  son  proces  a 
.Si.  If  premier  president  ct  a  M.  lionoisc  son  rapporteur,  cc 
tpie  j'ai  tail,  ll-est  depuis  vcnu  ct'-aus  m'cn  reinercier.  II  a  ^a- 
.iiie  son  proces  tout  du  lonji- 

Les  courlisans  se  plai^iient  de  cc  tpit1  nen  no  s  expodie  a  la 
•  •our,  ft  tpie.M.  Ic  cardinal  nc  si^n:1  rien  a  cause  de  sa  ma- 
ladic.  II  est  vrai  tpi  d  e>l  plus  mal  ;  il  a  la  yontle  hien  fort  ,  c| 
in.  -20 


.''.CO  !.KITKI-:S    1>K    i.J'l    I- \Ti.N 

.si's  forces  diminuont.  On  ,lil  liardiment  a  la  cour  qn  il  up 
passe ra  point  lo  inois  do  mars,  el  memo  on  dit  quit  a  toil 
rntretemi  lo  voi  sur  lo  gouvornenienl  do  I  Ktat ,  el  lui  a  doime 
pour  inaxiiue  do  no  so  tier  a  aiionii  parlieiilior  pour  sos  ^i-an- 
des  affaires  ;  <|ii'il  fasse  plulot  un  consoil  dernel  comme  on 
Espa^ne  ,  do  dix  on  dou/.o  hons  homines  oonsoillors  d'Ktat. 
On  di(  quo  la  reine-mere  on  ost  foil  enmo  :  il  y  a  |)onr!ant  dos 
yens  (|iii  n'on  soront  ignore  fVn-ht's  ,  ot  (jiii  osporent  (jnolijiic 
i  lioso  do  laionx  dans  lo  cliangfiinent. 

Hior  Cut  vondno  nne  oliai^o  do  consoillor  dc  la  com 
7,"),(H'0  oons.  C'est  nn  avoca!  .  tils  d'un  |)iioc;nniur  do  la 
cour  ,  qui  on  ost  rachotcnr.  II  fant  avoir  hion  volo  pour  avoir 
tant  d'argent  a  mettre  en  fninoo.  Jo  vous  i>aiso  los  mains,  et 
snis  do  tout  nion  cd'Hi1  votiv,  olo. 
Do  Paris,  CP  31  «lccembre  KKiO. 


I'n  oonnnis  an  i^rolio  dn  Palais  iiioiu  ul  hior  cc  sainodi  S  dr 
Janvier)  do  la  rage,  don!  il  no  fill  malado  tpio  vin^l-(|iiatrtj 
lienres,  ponr  avoir  ett'1  mordu  (run  dial  enrage,  .pii  a  flc  pa- 
reilleincnt  tuo. 

M.  Riohoi'  do  Uolloval,  <|iii  t^sl  ioi  pros  do  inadame  l-'oiKpiot 
la  suvintendanto ,  el  <pii  so  pivparo  pour  s'en  rolournor ,  m'a 
fait  sos  rec'ommandalions ,  avoo   assurance  ipi'il  mo  \iondra 
voir  avanl  <pie  do  parlii1,  s'il  pent  on  [nvndro  lo  lom|.>:  il  n'a 
eto  guore  dt;  temps  a  Paris  dopuis  ipi'il  ost  arrive  ,   mais  pros 
<pio  toujonrs  a  Saint-Mando ,  aupres  do  ladito  dame.    (If  <pii 
1'a  ioi  !e  pins  rotonu  est   ['opposition  quo  detix  jcimcs  nii'-dc- 
oins ,  tpii  sont  'KM  pour  plaider  an  const1!!  .  out  lormt'-o  a  Monl- 
pcllior,  nomivios  Uonoit  oi  Sdiarp;1,   conlro  los  deux  prolos- 
seurs  t  pi  i  out  eli!  reons,  savoir,  r.hycoincaii  ci  lo  jouno  Sanoho. 
II  a  lemoiyiie  u'raiid  regret  do  n  avoir  poiii!  sn  ipio  jo  dr\oi> 
haraiiii'iier  lo  jour  do  I;1,  vesper  ie  do  .M .  do  I  .aval  .  el  a  dil  qu'il 
v  lul  veim  s'il  Tent  su.  C.dui  <pii  nir  I'a  r,ippi;ili'  lui   a  dit  la 


\    KM  M>NK  I.  ;!(l7 

plus  grand*1  purl  do  eo  qn  die  eolileiioil  :  il  \tmdroit  Im-n 
qu'ello,  fut  imprimec  el  en  emportcr  quelques  exemplaires  a 
Montpellior.  Los  irons  du  pays  d'Adiousiiis  so  vanlont  I'm!  ct 
monlent  liardimont ,  cl  nous  prennent  pour  des  Franeliiinan 
ipii  doivont  so  laisser  duper  ct  (romper. 

Lo  cardinal  Ma/.arin'a  dit  a  tin  dc  srs  amis  <pi'il  so  porie 
niicux  depnis  (ju'il  DC  sc  sort  plusdn  council  dcs  medceins . 
tju'il  vent  dorenavant  s'en  passer,  ct  no  pins  Cairo  Iciirs  rc- 
jncdcs ;  no  tora-1-il  pas  bicn,  s'il  pent?  No  pcnsox-voiis  jia^ 
iju'Ovide  ait  en  raisnn,  lorsiju'il  adil: 

I'inna  ralenl  pei'  xr.  itullumque  Murhrtona  i/uifTiinl  . 
.\il  nntlii'i  tinliiux  mnfiii/il  irgi'i'  <']t<.n>. 

La  c.Iiortt'1  dcs  charges  no  diminno  |H»int ,  ct  no  sail-on  (jiiand 
die  pourra  diminnor  :  la  rharyo  do  niailre  dcs  conijttcs  cst  a 
90,000  ecus.  On  parlo  fort  an  Louvre  dc  bals,  dc  ballots  ct  dc 
rejouissances  ;  mais  on  no  dit  rien  <lt%  soula^cr  Ic  peuplc.  qni 
mourt  do  misere,  ct  sans  oxcinplc,  oprcs  nnc  si  Brando  ot  si 
solennolle  jiaix  irencralo.  0  jii/dtir!  o  mnrcx!  <>  /'-////;'//v/.'  Lc 
soulagement  du  peuplc  dcvoil  ctrc  lo  premier  desscin  dc  cctte 
paix,  ct  a  tiro  it  etc  execute,  si  nous  ctions  tombos  cntro  Jos 
mains  d'un  lion  Francois  qui  aitnat  .^a  patrio.  3fais,  do  mal- 
neur,  nous  somnies  tomlx'-s  entre  les  mains  d'nn  t'lran^er, 
d'un  Italien  .  qni  no  son  ire  <pi'a  sou  pvitfit  :  aussi  loutt's  nos 
iill'aircs  vont  bion  mal.  \mli  Jiixtinii  /,/'//>/"///.  et  juge/s'il  parlc 
do  nous  :  /  /  ///  fjmnn  flomnm  i'<'.<jnll<Dit'X  r/',/>///if ,  X/I/HH,/I  <',<f  /'// 

,   "t'tS       >'/''    /'i'/iiit/if/rt/'  fii/ii'ii/ /.<  ,     ml    ti'iiiui    I  III  i'tt'il<!:lin  UtHllIlt  III  III 

li'-rc<irini.  La  I'i'ine  -  ni^re  a  fail  supprimer  cerlain.-'  droit.-, 
qui  so  levoient  sur  la  riviere  dc  Seine  pai'  (juelques  parlicu-- 
liers,  an  [)assa^r(^  di's  pouts .  sans  aiic'in  di'.'it  ni  vcrilication  . 
on  dit  ([lie  ccla  sc  laisoit  par  rautoritt'1  dc  ^vLM.  Ic  eliancc'liei 
et  Ic  surinleiidant ,  el  la  connivence  du  pn-vi'il  dcs  mar- 
cliands,  qui  butinoionl  cola  enx  inble  Ouellc  lionlc!  ce  pca^»: 
alloit  jus([U  a  cinqiiaiile  sous  pour  loiiiican.  Pint  it  Dicu  qiie 
cctte  memo  I'cinc  prit  tin  pareil  soin  pour  diminner  la  laille. 

.A'/,/,/       ,,/,,•/,/,•///.•«.  n,n 


'M»  I  KI'llll-S    liK    i.ll    I'vn.V 

le.piel  !«'  pauvre   |)fiij)li'  i'st  plus  malti'aite   par   i;>s   partisan-. 

ipte  IK;  !(!  sont  ies  1'orrats  el  los  i>aleriens  stir  iner  (i ;  ! 

Domain,  ce  lundi  10  Janvier,  jo  f'ais  tin  latin  a  .M.  Dec  icn 
poiii'  son  doctoral,  ol  apres  diner  oil  viugt  docteurs  sont  imi 
Ics,  jo  mo  dois  rendre  it  deux  henres  dans  le  college  do  lion- 
court,  oil  tons  los  deputes  nommes  du  parlonient  so  doivcnl 
i'(?n<lro,  pour  !a  reformation  de  I 'miivorsito  do  l»':iins,  av»>c  It- 
I'i'clonr  do  ladite  univorsito  ot  (juol(|iios  avocals.  Jc  rooom- 
iiMMicorai  Itit^iit*^  mt^s  lorons  an  (-olh'i;!'  royal. 

La  I'oine  d'Aiiffleterre  cst  arrivt-*1.  an  llavro  avcc  la  prin 

C  I 

ot'sso  sa  lillo,  (jn'ollo  ranione  pour  otro  niavi(''o  avo<-  M  Ic  due 
u  Anjon.  Lndilo  roinc  vont  doni'Mircr  ici  jiisrpi'a  la  inort  ol  in- 
jainais  rolournor  en  Angleterro,  no  so  vonlant  jamais  licr  a 
I  lininour  t'avouclie  et  cruolle  dcs  An^lois. 

Sa  lillc  aini'o,  vouvo  da  (on  prince  d'Oran^'o,  ost  nioilc  a 
la  Have  do  la  petito-vorole,  ooinino  son  inari  on  nionrnt  il  \ 
a  ipielqno  toin]>s.  Cetto  nialadie-la  ost  bion  line  poiirdosSop- 
tenli'ionaux ,  t|iti  n'aiinont  point  lasaignoe,  el  nonobstant  la- 
ipiollo  piiisionrs  fiWMvent  jjer  qiifiuH/inii  fiiPinc'iK/obi/on  <i  !<•- 

limit-in  i/iU'l  I  Hi:/  I  ii'i'i'iiiii'liiii  il  nijilil  linrmi/  ,  iii'it'Xi'rl  i  in  /ill/ intuit*  , 
ri't'f/i/'i  nc  i nl <•*/ iiini'H HI . 

La  [ilnio  ost  ici  cessee  dopnis  den\  jours:  inai-  Ic  (Void  <-s| 
Venn  ,  (|tii  rosserre  los  corps  ot  la  rivioro  an>si ,  ee  i|iu  doit  I'orl 
noocssairo  d'autant  ([u'elle,  etoit  prete  a  d/'bordor,  ol  i|n'il 
n  on  venoit  point  de  inarobandisos  a  Paris,  join!  ([lie  la  trop 
Brando  luunidite  dt^  la  saison  oosnnionooit  a  Cairo  bion  dea 
maladies. 

Qnand  lo  Tmv  a  sn  i|iie  nous  avions  envoy*'  dn  sooonrs  on 

I .  A  louU-«  Itv-  opoqii' .-  en  ."'<'.*l  pl;;in!  -  a  tori  on  M  nn>o;i ,  du  jtoitU 
<l''s  inijxMs.  nuns  ,'Kinti  i/>x<i  tirdi'iii* ,  •.'oiiMiic  li1  <li!  --i  rniTftiqumicnl 
dui  I'iilin.  l)u  ICIDJ^  dc  l;i  aioiiari'liic  al»?-()!iic  on  >'<'ii  jiri-  ait  a  ccllc 
loirnc  ilc  ;>ou\cracinonl ;  mais  la  llopnbliquo  n'y  a  rirn  fail,  liicn 
inoiii-.  encore  le  ^onverneincnt  re])re-cnlatil  inalj'.rt'-  se>  a\iMil:i;;e*-. 
(.cit'v-,  ec  drinier,  MI  i'eiiormile  do  iinpol.s.  jtent  elre  dellni  \':n> 
J'cxli.iirc  le  pin*  possible  Par^cnl  de>  culraillt's  dn  pouple.  A  Ci-l 
r-.ard  .  le-  pri'iivc-  'nnilinnden!.  15.  I'. 


V     lAllOVKI  ."O'.l 

(''.audio.  ,  ii  a  tail  empi  isouner  noire  ambassadeur,  M.  de  la 
Have,  el  la  fait  meltre  dans  les  Sept  Tours;  il  est  aujourd'hui 
question  de  le  retirer  do  la  par  le  credit  dii  roi .  ee  (|iii  no  M"> 
prut  faire,  a  ce  <|ii'on  dit,  sans  y  envoyei1  tin  lioinuie  oxpres. 
Le  Ills  diitlit  M.  de  la  Have,  qui  en  est  deretour  depuispeu. 
n'y  veut  pas  aller ,  et  dit  <pi'il  vaut  nn'eux  qu'il  soil  ici  ,  pour 
sollicker  aupres  dn  roi  la  liberte  de  son  pore.  Us  sont  hvs 
habiles  tons  deux ,  et  ont  tros  bion  servi  1'Klat  et  la  clm'-tienl--. 
On  soupconnc  ici  <|iu:  le  Turc  n'ait  decouve.rt  une  inlelligenct' 
secrete  qu'ils  avoient  avec  les  Veniliens,  en  leur  doiinant  .ivi-> 
•Je  tout  ce  (jui  se  passoil  a  leur  «>i;ard. 

Hier  au  soir  mourut  dans  lile  Notre-Dame  un  ^rand  par- 
tisan nomine  M.  Dastri :  il  inourtit  subitement,  a.^'1  de 
soixaute-douze  ans.  On  dit  (ju'il  venoil  de  la  dehauclie  :  (''IN 
\  ie,  telle  tin.  Nous  avons  ebauclit'1  Tatlaire  de  Reims;  niais  il  y 
a  des  pieces  de  manque,  <|u'il  t'audra,  laire  veiiir  de  Keiin^. 
el  apres  nous  nous  rassemblerons.  L'avocat  de  la  coin-  p»nr 
le  recteur  de  Helms  y  etoil ,  <iui  dit  que  M.  Talon .  avocat  -g<-- 
itf'ral ,  en  I'era  ci-apres  faire  autant  a  toutes  les  uiiivcrsiii^ 
par  un  edit  du  roi.  qui  s'etendra  par  tousles  parlements. 
Si  cela  arrive  janiais,  Montpellier  doit  avoir  pour;  car  il  y  a 
la  bien  do  Tabus  aussi  bien  (ju'ailleurs ,  vu  que  les  proles - 
se urs  n'y  font  ^uere  de  lerons,  et  presque  point.  On  dit  qui- 
te Mazarin  porto  reinperour  a  declarer  la  guerre  au  Turc.  et 
<pie  le  roi  d'Angleterre  s'en  va  prt'iidre  la  protection  du  Por- 
tugal contre  I'Kspagnol.  Je  vmis  liaise  tres  liuiubleinent  N-. 
mains,  el  sni<  do,  tout  moil  cuMir  votre.  etc 


M.  ('olbcrt  a  vendu  sa  c!iari:e  ile  secretaire  de  la  ic 
'\oo.rtiiO  li\  ITS  it  M.  lirisacier .  inaitro  des  cnmple.s,  rl  lui 
fait  president  des  comptes 


•Mfl  i  i:rnir;>  M  (,i  i  r\n\ 

On  dit  quo  le  lure  envoie  a  1'empertMir  un  clnaoux  qui  lid 
apporle  une  epee  en  lui  declarant  la  guerre,  a  cause  des  pre- 
lentions  qu'il  a  sur  la  Hongrie  et  sur  la  Transylvanie  depui> 
la  mort  Je  Ragotzi. 

Lecomte  de  Fuensaldague  presse  fort  iei  le  3la/arin  ,  afin 
qu'il  congedie  ses  troupes,  puisque  le  manage  est  fait  et  la 
paix  exeeutee,  et  que  Ton  ne  nous  a  rieu  promis  qu'on  ne 
nous  ait  tenu.  Le  due  de  Lorraine  poursuit  fort  son  traite  el 
n'en  pent  venir  a  bout. 

Le  cardinal  3Iazariu  a  promis  i'ambassade  de  Venise  a 
.M.  de  la  Have,  Mis  de  celui  qui  est  prisonnier  dans  les  Sept 
Tours;  c'cst  un  excellent  homme.  savant ,  homme.  de  bien  .  et 
qui  connoit  bien  lesmoines  et  la  malice  du  sieele. 

Le  pere  Annat ,  confessenr  du  roi  ,  n'est  point  encore 
change.  II  y  en  a  ([iii  disent  que  le  pere  Brisacicr  ne  sera 
point  son  successeur.  Un  impi'ime  ici  un  in-folio,  (jui  sera  une 
belle  bistoire,  touchant  les  derniers  troubles  d'Angleterre. 

\oel  Falconet  eludie;  il  a  pris  aujourd'hui  trois  leeous  en 
nos  /''coles  de  physiologic  etde  botanique  etdes  operations  de 
ehirurgie,  sous  M3L  itaralis,  I'reaux  e!  Mcrlet  le  Ills,  <jui  a 
ci-devant  ('•[(•  doyen  dt'  la  Faculti'-. 

Les  deputes  de  Keims  sont  arrives  :  j'cn'i-l  iii'/jn/i/n/i  rcfor- 
>nii{tt.nii!<  /M'/.'/S  Acini t in ni'  /it-it, nisis,  (.  csl  bien  malgre  eux  s  ils 
lesonlfrent  ;  tons  tanlqu'ils  sont.  voudroient  bien  1'empecliKr; 
ils  ressemblent  aux.  moines  (jni  out  penr  d'eti'e  relormes,  et 
(jui  out  apprehension  qn'on  ne  lenr  diminue  leur  j)itance. 
leur  (li'iiH'i'^nin .  Ils  out  t-nvie  de  presenter  requele  au  cMiiseil 
pour  fa  ire  caster  1'arret  de  lacoiir,  par  letjuel  nous  sonnnes 
deputes ;  mais  je  crois  qu'ils  n'en  viendront  pas  a  bout.  Ils  tin- 
sont  ici  venus  voir  en  ceremonie,  mais  ils  son!  bien  en  colere 
coi i ( re  ce  recteur  (jui  les  a  fail  venir  ici .  11  faut  que  je  vous  ;lise 
avec  Pelrone:  Kltt'ii!  (fintm  iiu.tlrrtl  i-.rlrit li'yt-iu  i'iri'iitilnns;qiinl- 
iiiuil  /in  rui'i'itnl ;  >•/•/////'/'  I'.rji1  i'l tin! , 

Le  ^la/arin  a  de  maiivaises  nui!  >  el  des  doulcurs  i)i(juant«'> 
el  de^  c|i:i  je!i''<  i'uis;).ntes  dans  les  deu\  ci'*1,!'1.^  :  ee  '-on I  les  den >; 


I    I  Al.l.O.Ntl. 


llVpOcllOlldl'OS  ,  '/'   ijiKiiciit  iiirttnti'  luft'l  Hti'liiiHjur  i  i*tus  /ntti- 

ffjis.  fstis  purtibus  xii[>i'<i  iimdnui  udi'c/'sutui'  mcctlutt^  ft  iniiiiiin'f . 
iii  fallur,  ntfii'cui' vtsccnuii  ffjttsinudf  /ii//njfhunili'i(tf:vi'ttm  ,  fuiwn 
ft  fcinun  tubes  uvulculusu  dhithc&i  t  etc.  Les  oaux  minerales, 
purticuliercment  cellos  de  Bourbon  ,  ne  valciit  rien  la.  Snl 
populus  c/i/f  ilncijK  ,  I'ttnin  uulunt  iitii'fitutt'.i,  i'1  /•(•(•'•/•'/  inin  iff  i 
fjltftin  tuiticdtux {tumulus,  rcrijuiiitttir  lib  nultnts  *''  it/mins  nii'tli- 
fiiftli'iK.  Xtd  wilcitti  ct  patient t  nun  /it  injnrm. 

I'ourvu  ([ue  vous  soye/  en  bonne  .saute,  je  in:  >nis  nulle- 
nienl  eii  peine  de  vous ,  et  n<:  vous  incommode/  point  de  in'e' - 
ci'ire  :  line  nnu/n  uulu  .s«'//.s  ci'il ,  s/  jnrlili'r  hlii  ii<'rsim*nin  ////- 
hucrif  nulliuit.  o'>v  in  in'bi'  ft'i'/'nrinit  vnn'i'rto  me  filn  (iPi'iilf'tin- 
ni'iii  Je  vous  baise  tn'-s  liuuibleinent  K\>  mains,  a  mademoi- 
selle Falconet  et  a  notiv  bon  ami  M.  Spoil .  d  suis  de  tout 
ni'ur  votre ,  etc. 

DL-  1'ari*  .  It-  1  't  janvior  1(i(>l . 


LKTTKK  DLIV.  —    \»  mew. 

II  y  a  quin/e  jours  passes  (jue  nous  n  avons  point  eu  tie  vos 
nouvelles,  ce  ijui  me  fait  croire  (pie  vous  etes  an\  clumips 
plut6t  (pie  malade;  car  si  vous  elie/.  au  lit  ,  an  moins  poiir- 
rio/-vous  nous  t'aire  eerii'e  quelque  petit  mot.  Metle/.-nous 
done  liors  de  peine,  et  tout  au  moins  appreni'/. -nous  si  voii^ 
'Mesen  saute,  vousct  toute  votre  I'aiMille. 

f.a  priueesse  d  ( h'an^e,  qui  e>t  mortr  dcpuis  piMi  ;i  LoudiT>. 
on  elle  etoit  allee  voir  le  roi  son  t'rere  el  la  reiue  sa  nn'-re.  u'a- 
\oit  (pie  dix-lmit  aus.  Kile  n'esl  point  moj'le  de  la  petite-ve- 

I'ole  ,  mais  d'uii  rcmede  I'ort  violent  (iu'elle  avoit  nris  pdiir  mi 

i  i        i 

soupcon  (pi'elle  avoit  de  quelque  mal  cache  i|iii  ei'it  dun-  plus 
de  six  innis.  C,c  mal  apparlienl  au  pas>aj.'e  de  r.Vpologeliipir 
de Tertullien  :  \fi: nnicnn  n-fi-i-t  tj///*' i->/i/"t  H/I/IHHU/.  '.•//  ////>•',-?»- 
tt'iit  (/ixfin'hf'f.  C,e  soiit  des  desordres  des  princes,  la  plupart 


desquel.s  font  ('(-mine  Da\  id  ,  qu'ils  iniitcnlbien  en  >es  peehes, 
mais  non  pas  en  sa  penitence. 

II  y  a  du  bruit  au  palais  pour  un  voleur  age  de  quatre- 
vingt-ti'ois  ans  ,  qui  Tut  pris  sur  le  I'ait  samedi  dernier  dans 
('('•lection.  II  fut  aussitot  condamne  a  etre  pomlu.  Appel  sur- 
le  ebamp  a  iaconrdos  Aides,  qui  conlinna  la  sentence.  Aus 
sifot  le  baillidu  palais  s'y  opposa,  disant  (juo  cela  etoit  dc  SM 
juridiction  ,  ei  il  fil  fennei'toutes  les  portt\s  du  palais  pour  en 
('•Ire  le  maifre.  La  eour  des  Aides  eut  recours  aM.  le  cliane'1- 
lier,  (|iii  envoya  deniander  le  pvisonnier  par  un  huissierdt.1  l;» 
chaine  et  qnatrc  lioquetons.  Le  bailli  du  palais  gagna  en  al - 
lendant  31.  it1  premier  president ,  qui  i^'-pondit  a  I'huissier  qur 
.M.  h^  ehaneelier  etoit  inal  int'onix'1  de  la  verite  du  I'ait ;  ([lie  k 
pi'isonnier  ('-hiit  dans  la  Conciergeric,  on  il  demeureroil  jus- 
qn'a  ee  (|ue  ce  dillerend  fut  re'yle.  Kes  quatre  hoquetons  n'o- 
serent  pai'oitre  ni  avancer,  paree  qi;e  It;  bailli  avoit  deja  I'ait 
entrer  dans  la  eour  du  palais  qualre  coinpagnios  d'arcliei^. 
MM.de  la  'I'ournelle  disenf  aussi  que  ce  [iroees  leur  appartient. 
Ainsi  ,  pour  Irop  de  juges,  le  larrou  n'est  point  p(?ndu  .  ma^ 
jeei'ois  qn'il  h;  sera  bientt'it.  II  si-  dit  le  roi  des  voleurs  et  dc> 
coupeui's  de  bourse,  et  (lit  qu'il  a  appris  ce  metier  dc  son 
pere.  (jiii  etoit  un  des  [ireniiers  coii[)eurs  de  lK)!irsesdu  temp-> 
d'Uenri  IV.  N'est ce  pas  la  une  beile  li'iMK'itlo^ie  !  .le  M.ii- 
votre ,  etc. 

IV  I'.-iris,  |p  IS  Janvier  l('>(ii. 


Le  cardinal  Mazarin  continue  d'etre  nnd  ,  et  celte  longuein 
oblige  bien  du  niondea  penser  a  1'avenir  :  r.i:  ijnilmx  /•////  //- 
////"///,  a/if  njici'imt.  Karement  arrive-t-il  qu'une  maison  tombe. 
(ju  il  n'y  ail  quelqirun  qui  en  soil  acconnnodt'. 

Le  Ma/arin  a  eu  une  fort  mauvaise  unit  :  la  reine-mere.  \ 
f  -t  alli'e  aujourd'hui  matin  '  2,'i  Janvier  i :  il  a  eudegraiidr. 


framliees,  et  ii  , i  (in  dormir  ,  bien  qn  il  oil  hier  an  soir  pHs 
do  rt.»|)iuin  (<jui  est  ce  qui  tua  leu  M.  le  president  do  Bollie- 
vre  quo  Uii  donnerent  Valot,  (luenaut,  et  autres  medocins  et 
eourlisans,  pour  apaiser  les  douleurs  qu'il  sentoit  d'nne  sup 
pnration  qui  se  faisoit  dans  son  cote.  Si  le  Ma/arin  est  redml 
a  Topium  on  an  laudanum,  ot  les  medicastres  no  ponvanl 
mieux  Cairo,  quo  deviendra  cet  hoinme?  .?/"/'•  <-nm  <•<>  nt/ltur  . 
si  ad  talcs  i'ltcitax  /'educti/s  sit.  11  se  plaint  fort  do  la  maladie. 
ef  dit  (ju'il  voudroit  bien  otre  an  bois  do  Vinronnos;  niais  il 
n'v  jiontoti'C  transports. 

Ilior  (ce  lundi  '24  Janvier)  lilt  t'aitc  uric  Brando  consultation 
pour  hi  cardinal  Mazarin  ,  ou  ii  fnt  n'-solu  (ju'il  soroit  saiyin1 
an  pied,  ce  qni  Cut  sur-le-cliamp  execute ,  ot  (ju'il  scroll 
pur^o  inardi ,  (jui  sera  deinain;  inais  comnio  la  unit  a  (':!<• 
nianvaise,  il  a  lallu  presscr  le  rcniodo,  et  il  1'a  etc  co  matin. 
II  y  a  bien  ici  du  monde  an  guet  et  aux  econtos  pour  ce  qui 
arrivora  apros  le  decos  do  cet  honnne,  (//tri/i  /m/n  i<l<'<>  nhitn- 
I'Uin  ail  iilurcs ,  quid.  un,rbi  mugnitudo  nrt/ct ,  /"//'  <•( imn  </></>< 
mcdicis  utitttr  poruni  u<:uloti$T  scd  en  fd/n  n<n:(:mttnr,  rirnul  <t 
iiiorutntur  aulici  :  cojiiunt  i>t  cnphndnr  ,  dccijjimil  ct  dccijmm 
tar.  Des  neuf  consultants,  il  y  en  avoit  six  des  notros,  (ine- 
naut,  des  Fougerais:  o  les  bonnes  betes  !  Sequin,  Hrayei1. 
Kainssant  et  Maurin  ;  les  trois  autres  etoient  Valot,  Esprit  1 1 
Vozou ,  amide  Valot,  an  lien  do  Datpn'n  ,  qni  osl  on  Anulc- 
tori'o  avoc  la  reino.  Quand  on  fait  cos  pvundes  consultations  . 
e'est  signe  rpie  le  inal  est  grand,  et  neanmoins  jo  n  ai  point 
encore  oui  dire  (ju'il  ait  pense  a  sa  conscience  et  an  saint  dr 
>on  aino.  No  seroit-ce  point  (|iie  les  cardinaux  on  M-roien! 
exempts?  Knlin  pent-elre  arrivera  bient*1*!  I'occa^ion  do  dire  : 
>•/ nl If  ,  //a/-  iiiicfa  i'<'i>ctt'iil  tm i />/'i/i/  fn/iui  ;  >'l  tjim'  /xifiisti  .  i  "/>  - 
i  runt  '? 

Jo  vions  d'appreudre  (|no  lo  cardinal  .Ma/aria  est  loi  t  loiblf  , 
el   <|iio,  (It's  qn'il  a   mango,   la  lievre  Ini  redouble,  hectic* 
ft'bns  (ii'ijiiiiiciitnui  ci'i'tissiinuni ;  is/r  itinrn,/-  ri.<' /  / m/t  rsf  /-I  '•  , 
tiniK.i.i    ct  li'tltnlia ;  il    no    fait   pins   rien    loucbanl    les   allain  ^ 
pnbli(jues.   el  tout  est   abandonnt'  on  attendant  la  env  ,  oi 


3  I  4  IKITUKS    1)1-    (.11    r.VIl.N 

MM.  deYilleroi,  ie  Tellier  et  Fouquet  courent  apres  la  for- 
tune,  el  jouent  tons  trois  a  qui  L'attrapera.  Uuelques  mis  di- 
sent  qu'il  n'y  aura  plus  de  ininistre  d'Etat ,  et  que  le  roi  gou- 
vernera  lui-meme.  Dicu  lui  en  fasse  la  grace  (1) ! 

.le  viens  de  consultation  avec  M.  du  Cledat,  qui  m'a  dit 
<iue  le  cardinal  Mazarin  avoit  les  pieds  entles  ,  et  les  janibes  , 
avec  tout  le  reste  du  corps  en  grande  extenuation  ,  QavarrlxK:. 
Je  vous  baise  tres  humblemeiit  les  mains,  a  mademoiselle 
Falconet  et  a  notre  bon  ami  M.  Spoil,  et  suis  de  tout  moii 
co'iir  votre  ,  etc. 

De  I'aris,  le  -25  Janvier  Kiiil . 


,  LETTKE  DLV1.  —  .\u  mr-mr. 

En  continuant  mes  petits  ol'lices,  je  vous  dirai  ce  (jue  me  vient 
de  dire,  ce  mercredi  -26  Janvier,  un  homme  de  qualite:  c'est 
qu'entin  le  cardinal  Mazarin  so  resout  a  niourir,  qu'il  croyoit 
bien  (ju'il  est  perdu,  et  qu'il  no  pcut  guerir  de  ce  mal.  On  parle 
des  eaux  et  du  lait  ,  mais  je  vous  laisse  a  penser  de  la  grandeur 
de  ces  remedes.  J'ai  fort  mauvaise  opinion  de  I'cveiiGmcnt  de 
son  mal  et  du  succesde  taut  de  remedes.  Kesiius  disent  qu'il 
a  ('{('  Irop  saigne;  les  autres,  (jii'il  a  ete  trop  purge,  et  jiriu- 
cipalement  avec  la  niaiine  ,  qui  est  un  mauvais  reined  fi  en  un 
tel  co!  ps  :  iiicil  i<-<iini'/i/  i/nt  infidwn  ,  tucco  tithynialurton  ,  fam- 
iiitniiti  ,  iHi'lli'  ct  xnrclmru  fi/ct/hti/i  c.t  fifhdter'itutn.  Le  grand  et 
incomparable  Simon  Pietrc  1'appeloit  /n-artnn  medicantcnhtni  , 
t'l  nli  i'o  hi  biliotix  nutufif  abltori'cbut  .  Mais  le  Mazarin  est 
tout  atrabilaire:  aussi  ce  remede  ne  lui  vaut  rien.  Valot  I'a 
purge  soixante  fois  avec  deux  gros  de  si'-ne  et  deux  onces 
de  manne:  je  Ten  voudrois  ('»ter  tout-a-fait  ,  el  y  metlre  jiln- 
t»')t  de  la  cas.se,  des  tamarins  et  (pielijues  siro[)s  de  trois  pur- 


•  \]  </csl  prcciseinenl  cc  (]iii  arri\a  pour  riioiincur  cl  la  Hoirt-  <!<•  !-i 
l-'ranc*-  ;  m;ii-  !,•  c;trdiiial  .Ma/ariu  lui  rn  ilmina  t  i!  lr  «'oii-.ci!  .  romnv 
!<•  disoiil  rn  lain-  lii-ioricn.-  .  \oi!;t  <•<•  <|<ii  n'c>l  pa-  -nili<aiiiiin'nl  r;cl:ii?ri 

K.  I'. 


A    lAI.U'.Nhl.  ;j|5 

gatifs,  dmrrliodun  ,  jtc/'xtco/niu  mil  (//•  itrlmrio  ,  et  men;ti.'«'i 
cela  avec  la  miserable  constitution  tie  ses  entrailles,  qui  in: 
peuvent  etre  (jue  desolees  \  I).  Mais  ils  out  beau  i'aire,  tous  les 
purgatifs  du  monde ,  meme  les  nieilleurs,  ne  le  garantiront 
point,  et  ne  peuvent  elfacer  la  male  tache,  jn-ui-mn  labem 
it  et  ultius  tiiii>ressiini  visceribus  nutritiis ,  neqw  enim 
cst  artis  nostrw  dignitas,  neque  jwmlct  <i  jHT/)i;(na  c<i- 
,  comme  j'ai  plusieurs  fois  ouii  dire  ii  Feu  M.  Nicolas 
I'ietre,  qui  etoit  1'Hippocrate  de  ce  siecle.  S'il  y  avoit  quel- 
que  apparence  qu'il  put  guerir  ,  isti  mciliciistri  ubtnliascni. 
/am  iili  cencinii/i  xtttuti  emeticiun;  mais  ils  n'osent,  de  peur 
de  decrier  leur  chere  nuircliandise,  ncr  mulrnt  /'wr/> /ymVv/- 
In/it  in  tuni  illustri  persona.  II  voudroit  bien  qu'on  le  menat 
an  bois  de  Vincennes ,  mais  les  forces  commencent  a  lui 
maiKjuer,  etne  lui  en  peimettent  pas  la  Fatigue.  ()e  (jui  au^  - 
inente  le  sou  peon  di;  I'eveiiemeiit  f'uneste  de  son  mal ,  c'c-.st 
<[ue  les  deux  pretendus  archiaties  ont  tlemande  du  conseil , 
et  Ton  leur  en  a  donne  sept,  si  bien  <|u'ils  sont  nenf.  S'ils 
I'avoient  cru  pouyoir  i-'iu'ji'ir,  ils  n'auroient  appele  personne. 
•^ej/feii/  tllux  tidjun.i'i'ruitf  af  centum'  in  />K/'tf'i/r  ntttjiffi/.  (hi 
parle  ici  de  Faire  un  beau  service  du  bout  de  Tan  du  Feu  due 
d'Ol'leans,  <:l  IKIC  milti  (Hlttltfjft  snsiJtC in/ion  fiiiu'ad  iimrhi ,  rt 
j'en  tire  plus  mauvais  angure  pour  le  cardinal  Ma/.arin,  vu 
(jue  1'an  passe,  apres  sa  inert,  on  ne  lui  lit  aucun  service, 
combien  qu'il  Fut  oncle  du  roi.  (>e  sera  dans  Notre -Dame,  mi 
toutes  les  compagnies  assisteront;  j'entends  les  souveraines 
el  rUniversite  pareillement.  Quehjues  mois  apres  ce  service. 
II  en  viendra  tin  autre. 

Pour  le  livre  du  bon  pi'-re  Tbeopliile.  je  suis  bien  Facbe 
i|ii'il  soil  supprime;  mais  jo  vous  prie  de  dire  a  M.  Harbier 
que  cela  ne  pent  pas  venir  de  moi .  ni  menu1  ties  adversaires. 

,1^  .M;us  qnc  pouviiil  (;i'u\-  -tir  ccs  oiilraillos </eso/eVs.  Ir-irojxlc  Uni- 
imrgaliFs  eoiir-fillo  p.'ir  Jio'n1  nnlcur?  el  liii-iiicnn1  m  romicul.  l.c  ('ail 
i--l  (|iir  lo  cardin.'il  dc  .M;i/.;;rin  t'-l;iit  i  -c  p,,i  !c  lrii\;-.il.  par  la  y.iuilli-  •  I 
la  (lcl>aiiclio.  La  im'xlocinr  ol  Men  iinpni^saiilo  conlrc  »!<•  lels  oniiciiii- 

'R.IV 


3l()  I  I.  II  !!!•>    PL    lil'l    I'M  IN 

t:ar  les  jaiKsenisirs  n'ont  mil  credit  aupr&sde  -M.  le  chancelier. 
II  y  a  quelque  autre  cause que  cela  dans  la  nature;  mais  j«- 
ne  le  sais  pas ;  vous  sivez  bieu  que  ?/;?<//"  mint  (ki'mnnin  in  rrn: 

On  dil  que  la  reine-mere  s'entretient  souvent  des  alfahvs 
avec  31.  Letellier,  qui  a  beaucoup  do  disposition  pour  la  pre- 
miere place;  neanmoins  il  y  en  a  qui  croient  (|tie  le  curdi'ial 
de  Ketz  reviendra  ,  et  (ju'elle  s'en  servii'a  par  neeessite ,  uf 
habcMt  in  illo,  (juem  opponnl  Con(((f'u  ,  (|u'elle  craiut  etqu'ellf- 
liait.  La  sante  du  prince  n'est  pas  trop  bonne  ;  il  e*t  maigiv. 
defait ,  extenue  et  decolore ;  il  promt  du  lait  d'anesseet  a  son- 
vent  la  goutte.  Le  prince  de  Conti  son  frere  est  en  Lauiiiirduc 
aux.  Ktats  pour  avoir  de,  I'ar^ent. 

On  a  promis  an  cardinal  JMaxarin  de  ne  lui  parler  d'nn  m<*i> 
d'aucune  affaire.  La  reine  tient  le  coiiseil  avec  )I.M.  de  Vilk 
rui ,  Letellier  et  M.  Fouquet ,  le  surintendaut  :  niais  depui^ 
quatre  jours  il  lui  est  arrive  un  grand  mallieur.  ('online  il  i-toit 
dans  1'antichambre  du  cardinal  Mazarin  ,  son  frere  .  1'alihi' 
FoiKjuet  y  survint  (ils  sont  inal  ensemble  il  y  a  deux  ans  •  • 
ils  coinmeucei'ent  a  se  querellev  I'un  laufre  en  prt^seuce  de 
beaijcoupde  monde,  ct  sedirent  de  rudes  injures.  L'abbe  T'on- 
quet  dit  an  surintendaiit  (|u'il  etoil  un  voleur.  <pi'il  eachoil 
en  terre  1'argent  de  la  France,  <pi  il  avoit  consomme  dix-Iiuit 
millions  en  bailments,  qiril  depensoit  a  sa  table  atilanl  ijiic 
le  roi  ,  ipTil  entretenoit  force  femmes  qu'il  lui  iioinma  par 
leur  propre  nom  ,  et  il  lui  dil  beaucoup  d'autrt's  iuiui'rs. 
L  autre  lui  dit  aussi  tout  ce,  <pi'il  ]>ut  ,  el  entre  auli'eslui  re- 
proclia  ses  amours  avec  madarnede  ('hatillon.  On  les  emit  ir- 
rt'conciliables:  mais  1'abbe  Foiiquet  a  vn  !e  cardinal  Ma/aiin 
et  y  a  si  fort  charge  son  frere  le  surintendant  ,  qu'on  le  limt 
en  (''lal  d'eti'e  pendu.  Oil  s'est  di*  tout  temps  moquede  la  I'or- 
luiie  sans  vei  tns  ,  on  se  moipie  d(''ja  de  celui-ci  ,  <pii  est  hai  dr 
bit'ii  du  monde  .  hormis  dcs  partisans  el  des  jcsuites  ,  gt.-i^  dc 
bieu  el  d'liomieiir  :  ce  soul  les  publicaius  el  les  pharisiens  ipi.1 
M'vtrc  Se'mncnr  ,lesus-('hrisl  vouhul  convert!!1 . 1  . 


<  i  \I.CO.\KI  ;{p 

La  unit  pa>sce  mi  a  vole  dans  nil  cabinet  dos  liains  dc  la 
irine  (>,<<)()  pistoles  ijiii  cloiciit  dans  nne  cassette  .  la. |iiellr 
apparticnl  a  M.  le  due  d'Anjon. 

L»  Portugal  s'apprcte  1'ort  a  sc  b!en  dd'endre  conlre  Ic  mi 
d'Ks|>a»ne;  el  si  Ic  mi  d'Anylctem:  eponso  rinfantc  de  1'nr- 
Injjal ,  coimne  on  emit  quo  c'ost  tine  all'airc  aiTctce  ,  jumais  Ic 
roi  d'Kspagne  n'y  ivntrera.  La  reine  d'Anyle.terre  esl  a  IMv- 
inontli,  ou  die  attend  le  bon  vent  pour  rcpasser  en  France 

Domain,  ii  onze  licures  dn  matin  je  lerai  tn'-paner  nn  ycn- 
tilliomme  d'Aviiiunn  ,  ponr  nn  coup  dc  pistulct  qn'il  a  en  dans 
la  tele;  j'y  nicnerai  \(sel  Falconet,  ponr  ncliii  laisser  aiicnn 
temps  de  rcslc  ,  ct  Ini  donner  toujonrs  dc  I'excrcicc  .  il  s'\ 
prend  bicn,  ct  j'cn  pr<''V(»is  ponr  vons  bcanconp  de  citnten- 
Icnienl.  -le  me  recomniande  a  vos  lionnes  graces .  ft  sni-< 
N'olre  ,  clc. 

!><•  I'.iris,  Ic  -2S  Janvier  l(i<il. 

l.i  I' ranee  elail  alors  jylongee  j  Ic  haul  clcrgo  >urlotil  en  iliniii.-i  dc 
tri-los  cl  fr^qui'iils  exomplcs.  On  salt  Ics  rapports  du  cnnliiul  dc  I5i 
chfiicn  avoc  .Ninon  dc  Lenclos  .  ascc  .Marion  IMormr  .  «pii  i'ln-l 
nn  )»ut  mains  quime  prostiluee  .  dit  !e  cardinal  dc  Kctx  ,  ct  avcc  l,:ii( 
d'antrcs.  Le  cardinal  de  Mazariu  liil  egalement  loin  <Tavoir  de->  ino-nr-' 
uu.-tercs  ,  on  admeltant  nicine  (jnc  se-*  onncmis  aient  exajjtM'e  sc-  lantc- 
el  so  \iccs.  Quant  an  cardinal  dc  lletx  .  Ini-nieinc  a\ouc  a\ic  line  lian- 
clii^c  c\nii|ue  sa  conduilc  dissolnc.  encore  n'a-l-il  pa>  tout  declare.  I'ar- 
lanlde  niadainc  de  (ineinenec.  nne  de  so  mailrosscs:  »  Je  tnsassezsol, 
tiit  il.  ponr  la  prendre  a  la  gorjje  ,  >ur  re  qnVlle  in'a\ait  lacheinenl 
al»andonne  ;  olio  Cut  assc/.  lollc  ponr  me  jelcr  nn  rhandclier  a  la  tele  . 
-nr  ec  quo  jo  nc  liu  avals  pas  j'.ardo  lidclite  a  1  c;',ard  do  mademoiselle 
de  C.heu-eiise.  -  ^Mcinoifcs.^  Tello  etail  la  condnile  pen  edilianle  do  d- 
qu'on  appclait  alors  los  princes  dc  ric'.;;li*c  ,  Ics  Inlours  du  pcuple. 
llciirciiscincnt  qu'il  so  tronxail  d.in-  Ic  cleric  inlciicnr  des  lioinino 
d'uiie  \cri(al)lc  piole,  riijulos  olisci  \alcurs  do  principo  dc  la  relij'.ion  . 
i''ol  nicine  a  cclte  epoque  quo  Inilla  par  -cs  \erliis  cniinenlcs  -ain! 
\  inccnl  de  I'anl  .  cc  hcros  dc  !a  eliaiile  clirelicnne  .  >|iii  ne  \ecul  ipic 
puiir  t'a ire  ct  enseii'.nor  Ic  liicn.  It.  I'. 


318  I.F.TTUKS  m  <;n  I'vrix 

LKTTKK  DLVII.         .U  wW. 

Samedi ,  29  du  passe,  nous  eumes  un  jeunc  docteur  qui 
nous  lit  festin.Nous  etions  vingt-quatre  a  tal)lo ,  et  marchan- 
disc  fort  melee  de  gens  do  bleu  et  charlatans,  he  cos  derniers 
otoient  des  Fougerais ,  Kaiussant ,  les  deux  Denyau  et  les 
deux  Henaudot;  car  dorenavant  les  charlatans  vout ,  comme 
les  inoines,  deux  a  deux.  II  y  avoit  encore  LcVignon,  II.  Suinl- 
Jaequos  ,  Lope/,  do  Bordeaux,  ctautres  yens  qui  seroient  hion 
laches  do  mieux  valoir.  !>e  I'autro  cote  otoiont  Morissot,  notiv 
doyen,  Mentel ,  censeur,  Pietre,  P»rayor,  Puylon.  et  au!ro> 
gens  do  bien  qui  out  de  la  pudour  do  reste,  el  (jui  no  veulont 
point  etre  reputes  charlatans. 

On  a  on  nonvolles  (jue  M.  do  la  Have,  notre  ainbassadeur  a 
Constantinople,  y  est  inort  dt4  maladie  et  do.  douleur  qu'on 
Ini  a  fait  de  lui  arracher  les  polls  do  la  barbe  1'un  apres  I'au- 
li'o  ,  et  ensuite  les  dents,  par  le  eommandement  du  grand 
vi/ir,  do  depit  qn'ils  out  en  quo  nous  avions  donne  du  se- 
oiiurs  aux  Veniliens  dans  la  Candle.  On  (lit  quo  I'empereiir 
s'on  va  declarer  la  guerre  an  Grand-Seigneur,  et  quo  pour 
rot  oH'ct  nous  lui  donnerons  (|uinxe  mille  hoinnies.  qu'on  s'on 
va  faii'o  partir  pour  I'aire  rojoindre  sos  troupes. 

Nous  avons  ici  un  nouvoau  livre  latin,  fait  j);u'  un  jt'-suito  : 
i-'i-st  la  vie  du  pore  C.otton  do  la  oompagnie  do  Ji'-sus.  ,1'ainn 
fort  cos  sortes  de  livros  (|ui  contiennont  la  vit^  des  homines 
illustres.  Joseph  Scaliger,  ipii  haissoit  for!  les  josuites,  disoil 
ijiie  lour  socioto  devoit  plus  an  pore  Cotton  qn'a-u  jtere  Ignaco, 
pai'co  (juo  celui-ci  avoit  a  la  vtVite  Condi''  la  socich'1 ,  niai^  quc 
lo  pore  Cotton  lavoit  I'essusciti'o  ,  ijiii  csl  un  plus  grand  mi- 
racle (pie  de  1  avoir  faito  (1  .  Jo  voudrois  (ju'ils  oussonl  au<si 
Tail  la  viedu  pore Sirmond  .  du  porePetau,  du  pero  Fi'onton. 

I  I;iorrt¥  Cotton.  n<>  it  Ncrondt1  l.oirr  en  l.'i(»'»  On  «;iil  ifn'il 
»'•; nil  It-  oonlcssoiir  di'  llotirt  IN  ,  <!••  lii  If  rrliMirc  juron  du  •;rnu«l 
r-.'i  Jarnicoltoii.  !{.  I'. 


\    IM.CONKf.  'M\t 

du  port'  Due  ,  (In  pere  Caussin,  ft  aulresgeus  insignes  de  eel 
oi'dre. 

II  iiiourul  id ,  il  y  a  Irois  jours,  uu  president  des  mnmioits. 
nomine  M.  le  Taunour,  d'une  apoplexie,  oil  uu  apotbicaire 
lui  donna  du  vin  emetique.  Lcs  apotbicaires  sVn  indent  en- 
core, et  les  medecins  ri'osontplus  en  dormer  de  peurde  se  de- 
crier  davantage.  Si  le  vin  emelique  est  bou  quelque  part ,  ee 
n'est  point  dans  1'apoplcxie  sanguine,  dans  laquelle  le  cer- 
veau  est  suffoque  d'une  abondance  de  sang.  Deux  saignees 
1'auroient  pu  enipeclier  de  monrir.  Je  vous  salue,  el  snis 
votre ,  etc. 

De  T'aris,  le  1"  (evrier  161)1. 


On  dit,  ce  2  de  t'evrier,  (pie  le  cardinal  est  un  pen  nneiix  , 
d'autant  qu'il  dort ;  nouseroyons  pourtant  qif  il  inouiia  d'bs 
dropisie  de  poumon.  11  a  le  pouls  intermittent,  palpitations 
decuiur,  et,  en  un  mot,  il  est  ortbopnoiquc ;  (out  le  corps 
est  extenue,  et  il  if  a  de  gros  que  les  pieds.  On  dit  que  la  pin- 
part  de  ses  units  sont  mauvaises,  ce  qu'il  Cant  entendre  de 
eelles  oil  il  ne  dort  pas  trois  benres :  ci>  n'est  pas  beatieoup  . 
ni  le  moyen  d'aller  bien  loin.  II  if  y  a  pas  encore  un  mois  en- 
tier  d'ici  en  mars,  qui  est  un  mauvais  mois  pour  les  diques 
et  (abides  :  cependant  les  sols  veulent  <pfil  se  porle  niieiix, 
e!  il  y  en  a  un  nomine  inlini. 

Jo  vions  de  reeevoir ,  ee  .'•  levrier,  vos  lellres  du  -2?  Jan- 
vier, pour  lesquelles  je  \oiis  remercie.  \e  vous  metle/  pas  en 
peine  de  ufecrire,  si  vous  n'ave/.  de  la  matiere;  il  ne  nfim- 
porte,  pourvu  que  vous  soye/ ,  vous  et  les  votres,  en  bonne 
saute.  Je  sais  bien  (pie  les  grandes  nouvdles  ne  sont  pas  die/ 
vous,  et  moi  je  vous  en  ecris  Idles  ipie  je  les  appreuds,  entre 
lesfjiielles  meine  il  y  en  a  de  tansies  :  <•  •//  ///////  fn,  ,•,•>,,,  ' 


;l-20  ii:iTUKs  DK  i.n  i-\ri\ 

(>///>•  iDHjititin  alt  /itstnficu  fiil"in  I'.ri'ijit .'  IMine  a  dil  ([iiri(|in'  pai  ( 
en  sos  Kpitros  :  Coi'inhnnn  c./  /</un  /•*/  i//'<i//u ,  111*1  sinf  u/i/in/n  : 
/ttstoi'tn  ijiiiiijitu  tiioflo  wri/itu  dalectot. 

On  (lit  ici  que  lo  cardinal  Ma/ai'in  ,  outre  son  inai  ordinaire, 
a  nne  graude  al'lliclion  d'esprit  pour  quelque  mechanic  uou- 
velle  qu'il  a  reeue  de  Home,  oil  il  avoit  envove  M.  le  presi- 
dent Colbert  pourobtenir  quelque  grace  du  pape,  dont  il  n'a 
[)ii  ven'n  a  bout,  qui  etoil  pour  le  due  de  ModtMii;,  son  ne- 
veu,  el  une  autre  jirace  (ju'il  deniandoil  rontre  le  cardinal 
de  Het/,  (ju'il  (Taint  apres  sa  inort. 

II  court  ici  un  bruil  <pie  Ton  a  seine  (piehpies  billels  d.ins 
la  chainbre  du  ciirdinal  .Max.arin  ,  qui  contiennenl  ces  paroles  : 
I  ////,v  t'/i'x  jii'tf'S  '.rnxfitsfPi'  HII.I;  coitriii ,  .syv'/'/'v  (•/  i-ii/cri'i'iii'-ii1  <!<• 
I'fii  ntoiixci (jiii 'iii'  I'l'iniucntissnne  cftrdinul  M<i*tirm .  diir  >•!  /tti/r 
'/!•  /''/'nitre ,  (//<>•(/<'  ,"\  frc/'tit'iix  cl  lii'tln'toix ,  fine  flf;  Mm/cure^  c/r., 
(//•/nif/  miillSf/'C  U  Kto.f.  f  '.'/'',,  li1  -J 1  nifi/'x  (i)'(>r/tfi/ii,  in/  II/H!  an 
jiliix  liinl  I:'  -2!  t/r  xf'jili'iiihri' .  i't< .  II  me  seinble  (piec.es  ^'ens-la 
sont  bien  liardis;  je  IH^  voudrois  point  iu'expoMM1  a  un  !>•! 
hasard  :  il  n'en  jieut  arriver  que  dn  nial. 

II  f'lit  ici  chaud  ct  huinide;  j'ai  en  ma  part  du  mauvai*. 
temps .  savoir :  une  fluxion  douloureuse  sur  la  ham-lie  droitc. 
sans  tumeur  (H  sans  lievie.  Je  me  suis  fait  tirer  ce  matin  trois 
palettes  de  mauvais  sanij,,  I'dcochyin'm'  rcm/xii1  ili'lu-titr  /•'•////'.•«',•- 
I'm;  j'en  suissoula^e;  il  ne  I'aut  plnsqu'une  bonne  unit  jiour 
UK;  refaire.  J'ai  re(;u  trois  livres  in-quarto  d'rtrechl,  en  liol- 
\A\U\G' JucwnliKxfuifi.  nnlii  I'uit  is/ii  (ircr/ifm,  iftnf  //n/;//i/i///iii  inn- 
muni  i't  lilirriu/i' mi'i  tili'i/i  r.rlnhii'ui'i I .  Je  voiis  baisfi  les  mains, 
et  suis  de  tout  moil  cieiir  votre,  etc. 
De  1'aris  .  Ir  i  ie\ru'i  Kitil . 


\    KU.I.ONKI.  .J-JI 

LKTTIIK  IlLIX.  - 


Le  roi  vieiidra  an  parlemrnt  le  S  de  Crvrier,  rt  ce  pour  la 
paulette,  et  sur  la  tin  dn  ineme  mois  il  partira  d'ici  pour  tin 
voyage  en  Provence. 

On  dit  qu'il  nous  vient  ici  de  la  part  du  grand  seigneur  un 
chiaoux.  Je  vous  envoie  avec  la  prrsente  une  these  nouvelle 
cjui  n'est  point  inal  I'aite,  et  j'espere  qu'elle  vous  agivera. 

Nous  avons  ici  perdu  depuis  pen  un  honnrte  homiiie, 
nomine  M.  Granioisi ,  agr  de  quatre-yingt-qualre  ans,  qui 
•'•toil  le  roi  des  libraires.  (loinine  il  a  t'allu  quin/.e  cents  an.s 
j)our  Cairo  un  porte  qui  resscmblat  a  Virgilo,  c'eloit  Bucha- 
nan, il  en  Caudra  peul-otre  autant  pour  Caire  un  honnete 
lionune  de  libraire,  qui  le  soil  autant  (jm;  ce  vieux  IMUI- 
homuie Cramoisi ;  il  avoit  pourtaut  Tanie  toute  loyoliti<|ue,  ct 
il  ('toil  un  des  directeurs  de  I'Hotol-nieu. 

L'on  parle  fort  ici  des  anioureltes  de  la  coiir  et  des  courti- 
sans.  Jadis  un  savant  Anglois,  nomme  Joannes  Sarisheriensis, 
evequede Chartres  (I),  lit  un  livre,  denvgisciirinlhnn;^"\\  vi- 
voit  aujourd'hui,  il  auroitassez  de  niatiere  pour  en  Caire  deux 
a  litres  (2).  On  dit  enlin  ici  que  nous  perdrons  Candie  :  t<mtn 
jUit  socofdia  eorn.ni  </>«>/  am  interest.  Les  Turcs  se  nioqucront 
ile  nous  et  nous  pilleronl,  et  puis  sera  vrai  ce  qu'a  dit  Clau- 
diau  ///  //«/'.,  lib.  '!•  (Mais  n'ont-ils  j>as  raison,  ptiis(|n'on  Irs 
laisse  f'aire? ) :  (ictiris  h't<n>/xi  rnd-iris  l>idil/ri»  jir/rrh/  i/nt'  flnitir 
Knlin  ,  le  roi  accorde  la  paulette  a  MM.  du  parlenient  et  a  j)lu- 
sieurs  an t res"  ot'liciers,  hors  a  MM.  Irs  tresoriers  de  France  el 
aux  deux  parlenients  de.  Bretagne  et  de  Met/  ;  inais  rile  n'r-,1 
accordee  qu'avec  beauconp  de  restrictions,  et  pour  trois  ans 
>eulement,  apres  lesquels  le  roi  nr  vent  plus  qu'il  y  ait  de 

vt]Jean  de  Salisbury,  inoiiu-  anglais,  no  a  Sali>burj  cu  llli>.lnt 
i.oiiiiiH1  evequc  tie  (Ihartros  en  11T<>;  il  niounit  CM  1180. 

.'!]  Qu'aurail  done'  prn-i1  (iiii  Palin  s'iloul  \eru  jtisqu'a  la  hn  <lc  M»II 
•  ict'le  ,  ol  surto  it  s  i!  out  \u  If  {;r;nul  roi  U'jjilinier  ««*s  bdlards  rt  Iriir 
Joiincr  dt>  droit>  iju'iU  nr  |»urrnl  I'onsri  vcr 

III  -'I 


.'i-22  UTTIIKS  DK  un  ivvnx 

paulelte.  .It;  VOMS  baise  tn\s  liiimhit'inciit  les  mains  rl  suis  de 
lout  iniii)  ni'iir  votre ,  etc. 

l>t>  hsiis,  le  (> 


LKTTKE  l)L\.-.\//  Hi<W. 

On  va  laire  la  dissection  puhliquc  d'un  [)anvre  laquais  de 
dix-huit  ans,  i|iii  a  ete  pendu  en  (ireve,  pour  avoir  volt-  son 
maitre,  (|iii  est  un  mailre  des  ivqnolrs.  I  is  otoicn!  diMix  <|iii 
avoient  fait  le  vol:  colui  (|iii  avoit  I'ar^ont .  s'ost  same;  crlui- 
ei ,  (jui  n'avoit  rion  ,  a  t'ti'1  pris  ct  priidn.  \Oilii  la  chance  de  la 
vie  des  inecliants,  <jui  sont  loiijours  en  danger. 

///<  cruccm  pnliitm  scdcri*  lulil.  hie  diailimci. 

Peut-iMi'e  (jiie  ci-apres  1'autre  sera  attrape  (|iii  ne  inan- 
quera  [jas  d'etre  pendu.  (^'est  M.  liaralis,  brave  et  sage  doc- 
tour,  (jui  fait  ranatoinie. 

Le  cardinal  Maxarinest  toujours  dans  le  hois  de  V'mcennes, 
ou  il  [H'end  du  lait ;  il  t'ut  purge  vendi'cdi  dernier,  dont  il  sc 
trouva  Ires  nial  lesamedi.  Diinanc.he  on  croyoil  (|ii"d  inoiiroil, 
Inndi  il  t'ut  mi  pen  soulage  ;  mais  il  est  maigre  ,  sec.  decolor.', 
lixteime,  hydrop'uiiK1  du  pouinon  .  orthopnoi'que ,  rt  il  a  de 
dangereuses  sull'ocations  nocturnes ,  (///////'/  •  /i/'i, .chm-  /•<'//////•//.•)• 
///  I'di'tnncni  lih/liii'i'.  On  dit  <|iie  sa  rate  ne  vaut  rien  :  cela 
arrive  souvent  aceuxqui  out  le  pouinon  gale,  niti(/nu  cx(  fiijiti- 
[ntlltin  uti'iliaquc  /iHi'fix,  //>'<'/  iHi/i  linn  0//I''//,  i/nuiii  richiiii1  t-t 
fdxornni  r<i'iui!:'.  ,1  '  soupai  samedi  et  dimanche die/  .M.  le  pre- 
mier president ,  on  nous  rimes  bicn.  LV'Vt'ipie  deN'aunes,  rn 
Uasse-Brelagne,  lui  a  doniK'  d'cxcellenl  viu  d'Kspagne,  dont 
il  voulul  que  je  busse  ;  il  cu  a  bu  aussi  deux  prtites  fois,  Ini 
(|iii  d'aillrui's  est  le  plus  sobre  hoinme  du  rnoude.  II  in  a  dit 
que  le  paj>e  (?st  hydropique  continue  ,  rl  qn  il  ne  pcul  jilu.s 
gurre  vi\  re.  II  me  trmoigne  autant  d'amitie  (jue  I'on  pcul  , 


V    K  \I.«>\K  I.  .''•2.'{ 

et  voudroil  quo  je  I'iillii.sM'  \oir  trois  I'ois  l,i  semame,  e'rst-..- 
dtre  quo  je  me  trouvasse  aupros  de  lui  ijiiand  it  a  1111  pen  de 
loisir  pour  so  desonnuyer. 

Leroi  a  envoye  quantile  d'ol'liciers  sur  los  villes  I'mntieres  de 
Picardio,  Champagne,  Flandre,  comme  aussi  a  Sedan,  Nancy, 
lirissac,  Philisbourg,  et  on  Alsace,  apparemment  pour  donner 
ordre  aux  gouvernemeiils  do  ces  places  de  pour  de  quelque 
changement  en  cas  <pie  noire  premier  mini.stre  IIUHM'O,  penl- 
etre  pour  s'assurer  de  quel<|ue  gotiveiueui1  cpTon  sonpconni' 
d'inlidelite. 

I, a  feinine  de  M.  le  inarechal  de  Fabert  moui'iil  ici  diinan- 
che  dernier,  el  neanmoins  il  recul  ordro  de  parlii1  liit-r  au 
matin  ,  et  de  s'on  aller  a  Sedan  ,  ee  i|ii  il  lit  lonl-a-l  lieiire. 
Memo  on  a  vu  sortir  des  coiupagnies  snisses  (;t  IVajieoises  »jiii 
preiinent  leur  cliemin  de  ee  cole- lit;  on  (lit  <|iie  ce  sont  des 
troupes  que  Ma/arin  ne  vouloit  point  con^editM1,  et  qu  enlin 
I'arabassadeur  d'Espagne  a  obtenu  <|n'on  les  <>nverroit.  (hi 
dit  tju'elles  vont  it  Vienne  en  Antriche,  et  ipie  ees  troupes  sont 
destinees  pour  1'aire  la  guerre  an  Turc,  en  llongrie,  le  mois 
de  mai  prochain. 

II  y  en  a  qui  disenl  quo  le  pa[»e  est  inorl ;  ce  bruit  vient  de 
quelques  moines  (jui  out  rendu  des  leltres  de  sa  nialadie. 
Kniin  le  temps  viendra  que  le  pape,  s  il  n'est  moil,  monrra 
comme  les  antres,  et  enlin  tout  le  mondo  mourra.  f  "'linn  ct 
ti-ri'n  fi'inisikiful ,  In  aufi.'iit  jici'imnif/jfit,  llmaim' . 

Je  vous  baist;  les  mains,  it  mademoiselle  Falconet  el  ;i 
M.  Spoil  ,  et  suis  de  tout  inon  eieiir  volre  .  e!r. 

DC  I'ari^.  Ic  i:?  t.-\ri«-r  KiC.J. 


J'ai  vu  des  homines  (jui  touoiont  pour  certain  que  le  car- 
dinal .Mazarin  c.st  bien  malade;  mai>  que  Ton  celoil  cetle 
grandeur  de  sa  nialadie  taut  que  Ton  pouvoit  :  qn'il  n'en  l;illint 


3'24  I.KTTRKS    I)K    (,CI    PATIN 

croire  IIL  mederins  do  coin1  qui  tons  n'on  disonl  rien  d'as- 
sure ,  on  II'IMI  parlenl  (ju  on  biaisant,  selon  1'ordre  <|ii'ils  en 
(nit  re^ii),  ni  aucun  liommo  do  die/  Ic  roi.  Vous  save/,  him 
quo  les  grands  font  mystere  de  toules  leurs  affaires  ;  inais  la 
niort  viendra  qui  levera  le  voile  et  decouvrira  tout :  et  memo 
w.llc.  mort  est  1111  mystere  ,  a  ce  qne  dit  Marc  Antonin  en  son 
livre  quatrieme  :  DC  rebus  wi* ,  rcl  dc  >r  ipto  ,  ad  m>  ip^mn. 
Voici  ces  beaux  mots  : 

]  fdc  quid  dam  nio/'s  t'xt ,  <]Hul<>  nnticitan  :  iiiitnr<i'  ntrtun<j>u- 
im/ufcritnn  ex/  ,  yy<7£w?  wn-rsjiw. 

Lo  roi  a  vopote  son  ballet  par  deux  (bis  pour  ie  dansor  do- 
v.int  la  reine  d'Angleterre  quand  elle  sera  arrivoe.  J'apprends 
(|u'.l.s7/-o/oy/V/  i/n(/if(i  du  sieur  Jean  Morin ,  natil'  do  Villc- 
Krancho,  en  liaujolois  ,  jadis  doeteur  en  medecine  do  Valence, 
])rol'esseur  du  roi  es-malhematiquesdans  notre  college  royal, 
ost  entin  aclievee  ;i  la  Have,  on  Hollande.  L'on  m'a  dit  qu'il  y  a 
bien  la-dedans  dos  injures  co litre  les  medeeins  de  Paris  ,  et 
lesautirs  aussi  ,  qui  no  veulent  adinettre  ni  I'astrologie  judi- 
ciairo  ni  la  chimio:  et  je  ne  m'en  etonne  pas,  car  cot  honime 
etoit  foil.  Co  sont  deux  volumes  in-iblio,  j)our  1'edition  des- 
quels  la  reine  de  Pologne  a  donne  2,000  ecus ,  ;i  la  reconj- 
mandation  d'un  sien  secretaire  (jtii  ainie  I'astrologie.  Voila 
comment  les  princes  sonl  trompes;  si  c'etoit  un  bon  livre  (jui 
put  etre  utileau  public,  on  lie  trouvoroit  point  d  iinprimeur 
ni  personne  (jui  s'en  voulut  charger. 

La  riviere  est  ici  fort  basse,  et  ily  fait  aussi  doux  quedans  la 
lin  du  mois  d'avril  (l).Etgrassnntiu'  ntorbf.  vcnn,  rheumatism!, 
inidtturici  ncjihi'ttU'Hjtic  (Jolui'cn  ^  sed pfinctK  fi'hres  ussiducp. 

Je  commencerai,  Mien  aidant,  mes  locons  inardi  j>rocliain. 
L'anatomio  du  laquais  voleur  s'en  va  etre  achevi'-e,  a  hujuelle 
Noel  Falcone!  a  soigneuseiiient  assisle,  et  il  in'ondil  tons  le> 
jiiurs  des  nonvelles  :  vous  save/,  ipie  c'esl  I  ieil  de  la  medecine 

I  II  faul  reniiirqiu-r  I'elU-  leinperalurc.  Dans  d'aulres  lellres,  (iui 
I'alin  si-  plain)  .  an  conlrairc  ,  tlt>  la  rij;u«Mir  dn  Iniiil  <lans  unc  s;ii>-(>i! 
;. \aiici-f.  l.c  climat  d<>  I'ari-  n'a  pa<  rlian;1,!'-.  \\  I* 


\    KM.C.ONKT.  .12.) 

On  dit  id  que  Ic  cardinal  va  fa  ire  trois  dillerents  manages, 
de  sa  premiere  niece  avec  le  prince  Colonne  ,  de  la  seconde 
avec  le  grand-niaitre  de  I'artillerie,  et  de  son  neveu  avec  une 
des  lilies  du  palatin  ,  et  quo  ce  neveu  sera  nomme  due  de 
Xevers;  mais  peut-etre  que  cela  ne  sera  pas  vrai.  Voussavez 
que  les  politiques  specula  tits  ne  laissent  point  leur  esprit  en 
repos  pour  fa  ire  parler  les  autres.  On  dit  aussi  qu'il  a  proinis 
a  Guenaut  une  abbaye  de  4,000  livres  de  rente  pour  mi  de.s 
Mis  de  sa  fille.  Dieti  lui  fasse  la  grace  de  bien  la  ire  a  bien  du 
monde  avant  que  de  inourir  ;  il  a  longtemps  vecu  en  faisant 
bien  souffrir  plusieurs. 

Je  vous  ecrivis  hier  un  billet  a  la  priere  de  M.  Aubert 
eontre  un  garcon  apothicaire  de  Bruxelles  qui  1'a  fort  mal 
servi  et  qui  etoit  un  grand  fripon.  .le  vous  supplie  d'avoir 
ereance  audit  billet ,  et  ne  vous  point  meler  des  affaires  de  ce 
garcon.  Je  vous  baise  tres  liumblement  les  mains,  au  K  P. 
Theophile  Hay/mud  ,  a  mademoiselle  Falconet ,  et  a  notrebon 
ami  .M.  Spoil,  et  suis  de  tout  moncii-ur  votre  ,  etc. 

De  Paris,  le  18  fevrier  16(51. 


KKTTKK  WAII.- 

Je  ne  vous  ecris  jamais  qu'avee  joie:  mais  comment  vous 
ecrirai-je.  quand  je  n'ai  ])oint  de  matiere?  On  ne  dit  |>lus 
rien  ici  depuis  que  le  cardinal  se  porle  mieux.  On  parle  seu- 
lement  de  danser  un  ballet  pour  la  rejouissance  de  la  cour  et 
de  la  reine  d'Anglelerre  ,  qui  revient  et  rameiic  sa  belle-lille. 
la  princesse  d'Angleterre,  pour  etre,  a  ce  qu  on  dit  ,  niariee 
a  M.  le  due  d'Orleans.  Je  soupai  bier  die/  .M.  It'  premier  pre- 
sident, oil  j'appris  que  le  cardinal  ne  se  porte  point  eneoiv 
trop  bien.  On  aiigure  qu'il  inourra  bienlot,  de  ce  qu'il  tail 
de  si  gramles  aumones,  et  qu'il  envoie  de  I'argenl  t  n  dil- 
ferents  endroits  pour  fa  ire  prier  Dieu  j>our  lui  ;  mai>  )•' 


•'-2(>  1.1:1  rur.s  DK  1,1  i  v \\-\\ 

crois  qu'il  vaudroit  inieux  fa  ire  restitution  qu'aumone.  IHeu 
ne  vouioit  point  autrefbis  des  sacrifices  fails  avee  du  inicl . 
a  cause  qu'il  est  fait  de  la  roseu  quo  les  abeilles  out  pi  1  lee 
sin1  les  lleurs.  (Vest  dans  le  Levitique,  cliap.  u  :  Ontnisuh/nf/d, 
(jiur  off'erfui'  Domino,  ahst/uc  fcrmanto  fu't ,  nee  quidquam  fcr- 
tt/i'tifi  »<•  mcllis  ndolebitur  in  sucrificio  Domino. 

Je  viens  de  recevoir  la  votre  du  lo  fevrier,  de  laquelle  je 
vous  rcinercie,  et  aussi  du  soin  (jiie  vous  ave/.  de  ina  saute . 
<|ui  est  bonne,  Dieu  nierci.  Je  crois  bien  (jue  je  suis  jjtueri  par 
les  prieres  de  madamc  votrc  feinine;  inais  je  ne  in'en  dou- 
tois  jias  ,  et  je  I'attribuois  a  la  sai^nee.  II  IH>  taut  point  dou-- 
ter  (jue  les  prieres  d'une  si  bonne  lemnic  ne  soient  d'une 
grande  ellieace.  Vous  save/  (jue  1'Kylise  cbante  pour  le  devot 
sexe  feininii! ,  pro  dori.lo  fcntiiini  tc.ro.  Je  lui  en  rends  grace 
de  toute  men  affection. 

On  me  vient  de  dire  (jue  le  cardinal  est  foil  enlle  ,  et  quil 
ne  dort  [loint:  neannioins  on  dit  par  la  ville  qu'il  se  jmrte 
niieux  ,  cl  (ju'il  s  atti^nd  fort  an  beau  temps  jumr  s'en  aller 
au\  caux,  oil  il  esperc  de  gucrir.  On  lui  enveloppe  ses  jtieds 
(r(/f:ittn/fii,i-  avec  de  la  liente  decbeval ,  inaiscela  nepeul  <Mer 
la  cau^e  dc  son  ma  I.  Pour  inoi,  je  n'en  ai  point  bonne  opinion; 
car  si  son  ma)  eloit  Iciicr,  il  ne  fcroit  poml  fa  ire  taut  df 
consultations,  qui  lui  content  de  1'argent,  lui  qui  raiinetant. 
II  <c  dt'-goute  fort  de  ses  medecins  et  d»A  leurs  medecijies  : 
cela  est  ordinaire  dans  les  longues  maladies.  Je  snis  ,  etc. 

DC  I'jirisJe  -22  foM-i.-r  1  <)(>!. 


J'at  dispute  e,'  matin  i'2  fV-vriei1,  en  nos  t'coles,  pour  un  de 
mes  amis,  oil  j'ai  proiivt'1  qu'i!  n'y  a  point  d'bcrmapliro- 
,|,t,. s  |  ,-n  la  nature,  et  que  tout  ce  que  les  auteurs  ancien> 

I     Sn:  i.vtlc  <••  poet-  clc  iiionstruosilr  on  con-ullcra  avec  uiiivraiid  m- 


\    KM.OiNKl  .  .127 

PII  ont  dit  ue  sont que  des  chansons,  non  plus  qtie  ceqne 
quelques  saints  out  dit  dans  leursecrils  des  nereides  ,  des  si- 
reneset  des  tritons,  c.omme  saint  Jerome  ,  on  de  ceque  Flaton 
a  dit,  f/f  tertiv /ni)ninuin  yeiwre  t  nt'iit/ir ,  <lf  Andrut/i/ni*  in  xun 
Si/)/i)iu!ii<>.  Le  president  et  le  bachelier  on  sont  denieuresd'ar- 
cord ,  si  bien  que  leur  these  est  absolurueut  t'ausse.  ft  nest 
pas  plus  vraie  qu'uue  metamorphose  d'Ovide. 

Les  units  dn  cardinal  Mazarin  eontinnent  d'etre  lachensos  , 
ijnaniin  maliyiiitus  netjuid&n  n  (//'tnnx  njittitis  minfnr,  ft 
m'-anmoins  le  bruit  court  (|u'il  a  envie  de  parlir  pour  allev  ii 
Bourbon  le  "20  mars,  qn  »l  HW  fm-ffl  pi-in  mniwnririuin  hnlf- 
ciLlitnlc  ,  into  itiiit'jt"int  fact n rii in  jji/fn.  I'eu  de  ^'t'lis  le  voient 
liormis  ses  ol'liciers;  il  n'y  a  ^uere  cpie  le  roi  et  la  reine- 
mere  qui  entrent  en  sa  cbambre ;  inais  on  dit  <pi'il  est  fort 
deeolore  ,  et  (ju'il  a  le  visage  tout  defait ,  dont  jo  ue  in'etoune 
point,  vu  la  grandeur  et  la  longueur  de  sa  maladie:  nt  .<•> !»,. 
bi'id  oculi,  if/I  rs(  tntnm  cnri>u*.  II  y  en  a  qui  le  font  fort  ma- 
lade,  et  qui  disent  (pi'il  u'ii'a  pas  jusqu'au  !.*>  <le  inai-s  : 
rumurux  iliihii  in-  iii'-crti .  Y\\  maitrc  des  reipietes  me  vient  de 
dire  que  les  uiedeeins  out  ete  «'ousultt'?s  pour  savoir  si  on  le 
niettroit  an  lait  de  t'emme.  Les  avis  out  ete  dill'ereuls :  enlin 
il  est  resolu  d'eu  prendre,  on  lui  clierehe  des  uourrices.  II 
taut  que  cet  liomme,  (|ui  a  ett'-  1<^  llcau  du  genre  Immain  ,  el 
qui  a  inangi'-  taut  d'hommes  .  soil  rednit  a  vivre  de  la  ma- 
melle  des  lemines  (I),  e'est-a-dire  ;i  sneer  partont.  F.n  vons 
ecrivant  ceei ,  voila  le  gareon  de  M.  Hastonneau  qui  ni"  rend 
le  j>etit  paquct,  diiijiiel  je  vous  remei'cie.  .le  u'altends  plus 
que  le  pe.ro  de  liussieres,  et  de  (leneve,  Tlifws  Si'dinu'iiiu's: 
ear  j'ai  reeu  tout  ce  (jue  j  attendois  dt1  Hollandc.  en  trois  pa- 
(piets  (|ui  sont  venus  par  dillerents  cliemius.  I  hi  a  impriun'1 
depuis  pen.  a  .Nurembei'g  (i/'t'f/nrii  /Inrsfit  n./i  TO  nu/nin ,  in^ 

If'-ifl   K-  roniari|iia!)lp  oinr;i;',c  (!<•  .M.  !~i(!.  (ionilroy-Sainl-llilairc ,  in 
lilult'1  ;   Hislo  >•'•  des  onm/inl  Vs  il     rur.jiiitiiiiilnin  die:  ilminiitfi  <•(  /c.> 
anniKi ".'• ;  1'nris.  is:i(i.  'I'.  II,  p;i|r.  ;;o  ,-i  v(ii\ . 
il    \Oyc7.  la  note  lome  I.  jiai;*1  .'vJl. 


;V2S  i  i  i  nsi'.N  in.  LI  i   r  \  i  is 

fol.,  (jue  I'un  m'envoie  par  Lyon  ,  ii  M.  Spun  ;  quand  il  I'aura 
recu  ,  il  se  rencontrera  autre  cliose  a  m'envoyer  en  ce  temps- 
la;  car  il  y  a  d'autres  livres  qui  s'appretent  a  Strasbourg  et  a 
Geneve ,  et  alors  on  cherchera  quelque  voie  commode. 

La  dame  Hortense,  niece  de  son  Eminence,  fut  hier  ac- 
cord ee  a  M.  le  grand-maitre  de  I'artillerie,  anquel  il  donnc 
If  diiclie  de  Mayenne  et  beaucoup  d'argent  comptant.  Le 
cardinal  a  donne  ses  pierreries  au  roi  pour  la  couronne.  ct  il 
en  a  obtenu  le  ponvoir  de  resigner  ses  benefices  a  qui  il  voii- 
dra;  il  en  a  pour  sept  millions.  OK  (lit  qu'il  est  fort  empire 
dcpuis  trois  jours  .  et  qu'il  ne  dort  point ,  ni  ne  pent  soutenir 
sa  tele;  il  empire  tons  les  jours,  (let  homme  if  a  quo  t'aire  de 
rien  ordoimer  pour  i'aire  qu'on  se  souvienue  de  lui ;  on  s'en 
souviendra  longternps  pour  lant  de  maux  qu'il  nous  a  causes. 

Les  articles  dti  manage  de  31.  le  due  d'Anjou  avec  la  prin- 
ct'sse  d'Augleterre  sont  d nesses  et  aeeordes.  On  ditque  Ic car- 
dinal Mazarin  ne  craint  rien,et  qn'il  menrt  intrepide,  comme 
disent  les  Italiens.  II  n'est.  pas  le  premier  de  son  pays  ,  rjui 
ft.r/s  nr:>/!i,->  innrti'in  u>lnf'tni\  nt'c  qitidqiHuii  fi/>/ff ;  ainsi  mcurent 
la  plupart  des  cardinaux  a  Rome  ,  et  les  pape.s  aussi .  et  entr^ 
auli'es  I'rbain  V1I1  et  Innocent  X  ,  et  neanmoins  iiiiwri/ni  csf 
inridt't'c  in  muni!*  !)<•!  cirt'/ifis.  Toute  la  conr  est  au  bois  dc 
Vincennes.  On  (lit  (pie  It1  Maxarin  se  plaint  1'ort  des  medecins. 
ipii  ne  peuvent  empecher  nn  homme  de  inourir,  et  que  .Al  l<i 
marechal  de  Villeroi  sera  celuiqni  aura  la  meilleure  part  au 
gonvernement  1'utur.  11  y  en  a  (pii  disent  tpie  1<;  Ma/arin  a 
perdu  IVsprit,  <pi  il  reve  ,  (ju'il  ne  coimoit  personne ;  il  y  a 
eu  mi  mt'd^cin  (pii  a  dil  qu'il  le  t'audroit  mener  ii  Sainte- 
liciue  :  c/e.st  en  Bourgogne  .  pres  de  Flavigny  et  d'Alise. 
\li-.rni  in  .]/tiii(li//ti is  ,  in  ( '(iiiniit'iiliirnx  f'fCMn'is. 

Lundi  prochaiii  le  grand -maitre  eponsera  la  niece  Hortense, 
hupielle  lui  appoi'te  1  ,-.()().(<(!()  ecus  d'argent  coin[)tant  ,  It- 
gonvcnifiiieut  de  la  r'ere  et  du  bois  de  \  incennes,  les  duclii's 
de  I'niitliirii  d  dc  ^lavi'iine ,  it  la  charge  qu'il  changeradar- 
ineN  ct  dc  limn  ,  el  qu'il  sera  appeie  Jean  Armand  de  la  Port*- 


\    I  \!.«>\K  f.  320 

MilZfll'ill.  .*>'''/  fit'ttit  in/'  Inh-s  /ii/f/ns  j>ri  srfftu  ,  it  .</w//i/.<  Inliiif  fsf 

fne/itiarum  (l  .  Je  vous  baise  les  mains  .  et  suis  do  tout  nion 
rrvur  votre ,  etc. 

DC  Paris,  le '2o  fevrier  IGlil. 


LETTHK  DIAIY.  --  Au  mi-mi:. 

Je  vous  ai  P.  or  it  liier,  samedi  -26  levrier,  dps  nouvpll 
pays,  maisdesquel  les  je  nesuispoint  garant:  (Juisna>/i  /tm/n"/// 
nl>  hisfnricn  flflent  r.iiyit?  ce  dit  Seiioque.  On  (lit  quo  lo  Mazarin 
depficlie  d'achever  ses  affaires,  etque  les  six  eveches  (jiii  va- 
quent  ilepnis  un  an  sent  donnos.  S'il  les  a  donnes,  il  f'aitcon- 
tre  sa  eoutuine,  ear  il  a  celle  de  les  vemlre,  et  il  en  tenoit 
banque  en  sa  inaison.  II  a  fait  de  beaux  presents  aux  deux 
reines,  en  leur  donnanl  a  chacune  une  grosse  poigneededia- 
mants  ;  et  il  a  fait  present  au  roi  de  la  somme  de  (|uator/c 
millions,  dont  il  lui  fait  la  remise,  pretendant  ipi'elle  lui  est 
due  (2).  Xe  seroit-ce  point  qu'il  les  auroit  apportes  d'ltalie 

v.1)  Le  lecleur  remarquera  cornbien  cctle  dcrniere  rcdcvioii  dediii 
Patin  cst  emprcinlc  d'amcrlumc  et  dc  profonde  indignation.  «  1 1  me 
deplait,  ecrit-il  a  son  ami,  de  vous  enttelenir  de  pareillcs  bayulclles,  re 
n'cst  qx'itn  sot  travail  d'ine]>t  es.  »  I'uis  il  s'arrctc.  On  concoil  >a  don 
l«Mir  lorsqifil  \oit  le  Maxarin,  qui  n'est ,  srlon  lui,  qii'un  etran^cr  in- 
lri(;.inl.  ('oiirl)e,  astucienx ,  rapace  ct  dilapidatour ;  un  pretre  tyran  , 
dissolu,  simoniaquc,  n'a^ant  qifun  talent desallimbanquc,  donncr  a  sa 
niece,  liree  naguere  dc  la  mediocrile,  une  dot  enorme  ,  landis  quc 
la  France  est  epuisec  par  une  lungue  guerre,  que  le  pcuplc  est  dc- 
vore  par  la  soldalesque  ct  les  grand.-*  seigneurs  ,  aooal>lc-  d'iui|t6ls  . 
d'exaclions ,  de  corvees  ,  de  inisere.  (/'c>l  la  oe  ijui  le  l»le.-sait  dans  le 
fond  de  sa  haule  et  ferine  conviction  .  en  M  parlail  accord  a\cc  la  male 
vigueur  dc  son  caractere.  VH.  I'. 

/2'  llestitution  qui  cut  lieu  par  le  mo)cn  du  conlesseur  ,  in.iis  an 
bout  de  trois  jours,  Colbert  remit  de  la  part  du  roi  l.i  donation  pntiere 
de  ces  bicns  a  Mazarin,  qui  deja  sc  desolail ,  criant  sans  co^sc  :  »m  s 
pauvres  parents  mourront  df.  fnnn.  \\.  I'. 


330  I.I;TTHK>  DK  <,n  ivvm 

pour  les  preter  an  roi  ?  Ad  pojjulum  pkalerax.  Le  inonde  est 
him  fou. 

l/abbe  de  Richelieu  ,  qni  a  100,000  livres  de  rente,  a  re- 
pondu  en  Sorbonne  de  sa  tentative,  oil  j'ai  vu  beaueoup 
d'eveques ,  dont  la  plupart  sont  ici  a  1'assemblee  du  clerge. 
J'y  ai  cte  ,  d'autant  quo  ledit  abbe  m'aime  un  pen  ,  et  ni'avoit 
envoye  sa  these  ,  dediee  an  cardinal  Ma/arin,  diKjuel  il  seroit 
))ien  aise  de  reeevoir  li!  teintnre  de  son  bonnet ,  eomme 
son  oncle  tit  donner  an  Mazarin  Tan  Hil-2. 

Je  me  suis  cache  dans  nion  etude  anjourd  Inii  (' ce  dinian- 
rhe  -27  tevrier  •  de  bonne  heure  ,  t:t  me  snis  retire  des  rues 
pour  les  profanations  qni  s'y  font ,  ou  plutot  pour  vous  dire1 
avee  Barclay  :  «.  de  peur  que  je  ne  seniblasse  autoristu'  par 
ma  presence  les  folies  de  tant  de  gens  qui  courent  les  rues.  » 
Les  anciens  ont  appele  autrefois  ces  jours  gras  :  ^caiinn 
ffitiMtnnn.  On  pourroit  encore  dire  pire  aujourd'hui.  Des 
que  j'ai  ete  en  train  ,  j'ai  ecrit  nne  grande  lettre  latine  a 
M.  B;iuliinus,  medecin  de  Bale.  Com  me  je  1'achevois  ,  j'ai 
recu  votre  lettre  du  2-2  levrier,  par  laquelle  j'apprends  votre 
affliction,  laquelle  mo  louche  sensiblement ;  j'espere  ni'vin- 
moins  que  M.  votre  lils  en  echappera,  tanl  parce  (|u'il  est  en 
bonnes  mains  et  en  bon  lieu  que  parce  que  vous  ave/  bien 
commence. 

Je  ne  crois  pas  <[U(;  son  Kminence  ait  pris  du  vin  ('ineliipn.1. 
tant  parce  (|ii'ils  ne  s'en  sont  point  vantes  que  parce  que 
M.  le  premier  president  m'a  dit  epic  non  ;  et  c'est  un  mauvais 
signe  ])our  lui.  .\mi  ausi  ttmt  fttccri'  jtcfiru/t/.i/t  in  tum  t/i/cii- 
il'idu  itci'y.onn  )ic  i/ni'l  hlliiMnitUS  ill  I  rnii/itn/at  ,  fil/t  xi/n  /inf 
1-nntiuiicl ia^mn .  Voulex-vous  me  permettre  (|iie  j'emploie  ici 
fort  a  propos  ,  sw/  /'/-fin iff  at  arejitfrc ,  deux  beaux  vcrs  de 
.Martial  ,  d>nii  lundurct  Ki-ynlunt ,  IUHI/IUIUI  rn-nm  funu/tn  ,  t/ti/'m 
Imiii'ii  /'///////s  ///  l-*i>itft>l ix  viicnnl  In in'ilt'in  iH'ijiiis^ii/tni/i  : 


ainsi  (jiio  poiirroienl  ivpondrc  a  nos  reproclies  MM.  Valot  , 
Ciuenaut  el  autres  arcliiatres  auliques  .  s'ils  avoient  tue  avec 
leur  poison  cliimiquo  ce  grand  minislre  d'Ktat,  quiest  si  n»'»- 
eessaire  an  genre  liumain!  0  sic  /mntanu ,  sir  sajns  prudent  ia ! 

Nous  laisserons  passer  cette  semaine  les  jours  gras  ,  et  je 
fiommencerai ,  Dieu  aidant ,  mes  lecons  le  mardi  8  de  mars. 
Ce  sera  la  oil  Noel  Falconet  emplira  bientot  son  cahter,  s'il 
vent,  sinon  cenesera  jamaisailleursavec  pins  de  eommodite. 

M.  1'avocat-general  Talon  a  desire  que  je  1'allasse  voir  ,  ce 
qne  j'ai  fait  tres  volontiers.  II  in'a  fait  tres  grand  accneil ,  et 
apres  avoir  nn  pen  parle  de  la  reformation  des  statuts  de  la 
faculte  de  m«?decine  de  Heims,  il  me  tit  entendre  qn'il  s'en 
alloit  avoir  nne  dticlaration  du  roi  pour  faire  reformer  toute 
les  imiversites  de  France  et  en  oter  tant  d'ahus  (jni  s'y  pa>- 
>ent  tons  les  jours.  Soutenez-vous  bien  en  vofre  colleiie  ,  ob- 
servant exaotement  vos  statuts,  alln  qn'en  rloiunant  !<•> 
plaintes  et  les  proces,  le  soin  de  ce  cen sen r  public  n'aille 
point  jusqn'u  Lyon. 

Le  cardinal  Maxarin  a  eh;  fort  mal  e»ls  deux  dernieres  niiit^; 
on  ouvre  les  1'enetres  de  sa  cbambre  en  pleiu  ininuit,  pour  Ini 
aider  a  respirer  et  de  peur  (ju'il  n'etouiVe.  I  if<r  *>niiini.i.  f/rm's 
a/ion  /iox  vt't<it  (iic/iijti/'c  I  on  yum.  Le  vin  emetiqne  et  les  eaux  nn- 
uerales  ne  peuvent  rien  la  :  contra  vim  muffin  nun  csf  •nu-/hfn- 
in>'ii  in  Ito'rfis. 

On  dit  i|u'il  e.st  cnllc,  .ittctuit'',  ran  ourci.  llclas!  reboii  sri- 
;;neur  a  bien  raccoiirci  les  j(ues  de  la  France  !  Mai>s  je  ne  s:tis 
>i  celui  (jiii  lui  sncc/'di-ra  vaiidra  inienx;  nous  somnies  si  sii- 
jets  a  ni'il  avoir,  <pie  j'en  ai  deja  penr.  11  « -ton He  la  unit  de  la 
poitrine,  et  le  jour  du  venire  :  i<-li-<n/uc  dtifdifi hjidrtifn'  ln/>n/->i/ . 

/'f  ('•;(  .>;/••//'/'//»>'   til   In'iiiitl'. 

Le  roi  d'Aniilele:  i'c  fait  i'orlilifi'  l>iinker<ine  .  rl  Ton  croit 
iju'il  t'|)onsera  la  in'iiicesM1  de  Portugal.  Si  cela  arrive,  h-  nn 
d'Kspa^nt!  lie  pourra  [KIS  situl  rentrer  dans  Lisbonne  ,  m  se 
rendre  inaitre  dc  ce  p<'lit  royainut'. 

La  niece  llorteiise  a  etc  aujonrd  liui  inariee  a  M.le  ^rand- 


3;i2  I.KIIKKS    I)K    I.I  I    I'ATIN 

maitre.  On  avoit  en  dessein  de  remettre  adimanche  procliam 
mais  la  grandeur  de  la  maladie  a  fait  presser  la  conclusion  du 
marche  ,  et  a  fait  craindre  nc  f/nitl  Inonanitns  rontinycrct  //?//•- 
I m rat n.  II  ne  dort  les  nuits  quo  quand  il  prend  do  I'opinni  : 
s'il  en  prend  sou  vent,  je  crois  qu'il  n'ira  pas  loin. 

Je  viens  d'achever  mes  visiles  do  divers  endroits  ;  je  suis 
Jioriteux  de  voir  taut  de  sortes  de  fous  par  les  rues  ;  certes,  il 
est  bien  vrai  ce  qu'a  dit  Lucien  ,  TTO/X^  uoswa:  ri.v  vr-r/^-^,. 
Ce  que  je  vous  ai  mande  ci-devant  do  M.  do  la  Have  ,  notre 
ambassadeur  a  Constantinople  ,  est  faux  ;  il  n'est  pas  nmrt ,  il 
est  en  bonne  sante.  II  est  vrai  qu'il  a  ete  prisonnier  et  inal 
traite  par  les  Turcs  ,  niais  il  est  presentement  en  liberte.  Je 
vous  baise  les  mains  ,  et  snis  de  tout  mon  cdnir  votro  ,  etc. 

De  Paris,  le  1"  mars  16(51. 


LETTRK  DLXV.  —  .1 

Entin  ,  le  mardi  gras  est  passe,  mais  la  folie  des  liommes 
JH:  Test  pas.  Le  cardinal  Maxarin  prit  dernierement  nne  pilule 
de  la  main  d'un  gentilhomme,  nomine  d<;  l-Mainville  .  avec 
laquelle  il  a  dormi  trois  heures.  Itest  fort  ilegoute  des  mt'de- 
cins:  mais  il  a  autour  de  soi  en  recompense  six  docteurs  dc 
Sorbonno  qui  lui  font  connoitre  les  voies  du  del  et  <pii  lui 
parlenl  de  paradis.  II  ne  prend  plus  de  lait  ni  de  bouillon  ,  m 
do  gelee  ,  mais  seulement  des  consommes  fails  d'nno  dou/aine 
de  perdrix  a  la  I'ois,  <|ui  content  qualre  francs  la  piece,  car 
elles  sont  fort  rarcs  id.  On  dit  quo  le  roi  a  envoye  demander  a 
Home  un  cliapeau  d<^  cardinal  jiour  I'ahbo  de  3loiitaigu  ,  <pii 
t\st  nn  Anglois  fort  dans  les  boiun's  graces  de  la  roino-mero; 
c'est  lui  (|u'oiicroit  <|iii  gouveniera  apres  le  Ma/ai'in.  No  sera-cc 
pas  un  grand  bonheur  it  la  France  quo  nous  trouvions  un  An- 
^lois  ijiii  vcnille  bien  prendre  la  jidne  de  nous  gouverner, 
aprrs  ipic  nous  auroiis  p:'rdu  1111  Italien  si  honnote  homnie  ? 
A  propos  do  eel  liomine  de  bien.  en  void  do  fraiches  nou- 


\  FALCONE r.  :l'W 

velles.  II  a  en  rexlreme-onelion  et  a  demande  tons  ses  pa- 
rents ,  qni  sont  alles  au  bois  de  Vineennes.  L«  mnrt  /'/•'//</"''' 
sa  portf  >'f  tli'iitan'tr  son  inn!'.  On  a  envoye  en  diverses  maisons 
de  nioines,  atin  qu'on  y  priat  Dieu  pour  lui,  et  qu'en  ehaque 
jnoinerie  Ton  y  (lit  dix  messes  pour  dix  francs  ,  (jui  y  out  eli- 
de! ivres.  Vous  voyez  qu'ils  les  prennent  a  vingt  sous  piece. 
Vest-pas  une  marque  certaine  qu'il  croit  bien  ferinement 
en  Dieu ,  puisqu'il  a  recours  aux  gens  de  bien  tels  que  sont 
les  moines?  Mais  a  propos  d'ame  ,  cet  homme  en  a-t-il  une? 
II  est  Italien,  el  de  ce  pays-la  il  y  a  bien  des  gensqui  font  de 
bonne  heure  provision  d'atheisrne  ,  all.;  que  les  scrupides 
de  conscience  ne  les  empechenl  jamais  de  fa  ire  fortune  ;  car, 
aprestout,  le  inal  qu'ils  font  ne  leur  parait  que  des  peccadilles. 
On  dit  que  par  le  conimandement  du  roi  les  prieres  de  qua- 
ranle  lieures  se  disent  pour  le  Ma/arin ;  niais  parce  que  c'est 
pour  lui,  le  pcuple  ne  se  hate  point ,  et  il  n'y  a  pas  grande 
presse  dans  les  eglises.  Uuoi<|ii'il  en  soil,  il  est  fort  inal  et 
nousaussi,  si  Dieu  ne  nous  en  envoie  un  meillenr,  plus  Im- 
main  ,  moins  avare  et  moins  larron;  mais  surtout  qiji  soil 
Francois  et  laisse  respirer  le  peuple  plus  a  son  aise  I).  Jesuis 
voti'e ,  etc. 

Do  Paris,  le  4  mars  16(51. 


LKTTRK  1)1  AVI.  -      .I//  mthne. 

.le  viens  de  recevoir  le  petit  paquet  <|iit'  vous  a  vex.  recu  de 
lialt;  pour  inoi. 

Lc  cardinal  Ma/arin  continue  tonjours  d'etre  nialade  et  va 
ile  inal  en  pis.  11  etuufie  join1  et  unit;  il  est  entlt-  et  asthma- 

1)  Qiiclle  oraison  tunebre!  Jamais  ixMit-dlrc  rt'llc  iunc  qn'oii  nouiin*1 
f>(iril  de  parti,  ue  s'esl  exprimec  avt-c  |ilus  do  \irulewo.  II  laul  avouer 
pourtant  que  si  Ma/;iriii  t'ul  1111  i-.rand  conpalilo  ,  <*a  memoirea  elejiisle 
nient  inaudito  par  ses  coiitempurains ,  el  la  poslorilo  no  1'a  pas  ein'orr 
ybsmii.  'K.  I'. 


:\\4  I.KTTUKS  DK  t;n  I-ATIN 

tique.  Vous  save/  que  ce  mal  est  appele  dans  Seneque,  la  me- 
ditation de  la  niort.  Tout  cola  no  vant  rien  pour  nn  ministry 
d'Etat,  encore  moins  pour  nn  autre;  c'est  le  chemin  <ln  repos 
eternel.  Puisqu'il  faut  qu'il  s'en  aille  par  la  violence  de  son 
inal,  prionsDieu  qu'au moins  il  nous  endonneun  meilleurqni 
ne  soil  pas  si  grand  larrou,  <jui  ait  plus  d'humanitt;  el  pins  do 
pitiedu  peuple.  11  y  avoit  jadis  en  Grece  nn  paysan  qui  disoit 
apres  la  niort  d'nn  tyran  :  Ifefodio  Anf/f/nni/i//.  Je  pri'e  Dieti 
(|u'il  nous  donne  un  bon  successeur,  que  nous  IK;  soyon^  ja- 
mais  obliges  de  dire  :  licfmlin  Mn-ji-itami. 

(hi  dit  ([ue  le  pape  est  hyuropiqne  conlinne,  et  qu'on  voit 
uue  comele  vers  le  septenlrion  qui  a  deux  conies.  Nos  hu- 
guenols  malcontents  disent  cpie  ce  sout  le  paj>e  et  le  Ma/arin 
(|iii  partiront  bientdt  pour  1'autre  inonde.  Mais  je  ne  sais, 
<[uand  ils  auront  passe  le  gnieliet ,  s'lls  iront  a  droite  on  a 
gauche.  Ce  n'est  j>as  chose  aisee  a  savoir,  quoi  (ju'on  en  dise. 
.le  n'ai  encore  rien  oui  dire  des  religieuses  d'Auxonne;  mais 
il  y  a  environ  deux  mois  qne  je  donnai  des  meinoires  pour  1111 
mi'decin  de  Dijon  centre  quelque  pretendue  possession  de- 
moniaque  de  ce  pays-la.  Je  hais  fort  1'impostnre  en  quelque 
rencontre  <nie  ce  soit ,  mais  surtout  celle  <pii  se  fait  en  ma- 
ture de  religion.  Le  (liable  n'est  pas  plus  a  Auxonne  qu'ail- 
leurs.  ('eux  (jni  se  plaignent  ici  du  cardinal  Ma/arin  disent 
(jue  le  (liable  est  an  bo  is  de  Yincennes,  mais  qu'il  se  meurl. 
Je  ne  sais  ce  qne  vent  dire  Spondaiius ,  lorsqu'il  parle  de 
('ardan  snr  Homere  ;  ce  sera  apparemment  dans  quelqne  cha- 
pitre  de  se>>>  livresAV  In  subttlilf' ;  car  cet  auleur  brouilloit 
I'ni'i  les  matieres  .  et  mettoit  otmiln  in  o//////////\.  Je  siiis  ,  etc. 

DC  Paris,  lo  '(  mars  l(i(M. 


LKTTRE  DIAVll.  — 

II  cou  r  I  mi  bruit,  que  je  liens  faux,  que  I  On  a  deeouverl  qiir 
le  i'a  rd  inal  .Ma/;trin  i'<t  empoison ne.  Otex  les  jtctils  gi  ain^.  d'o- 


A    KAU.OXKT.  3.T> 

.  cl  un  pen  ill-  \  in  einctiqucque  Ton  pent  lui  avoir  domic. 
principalement  dans  la  nicdeeineqni  hii  Cut  donneo,  connne  il 
etoit  presse  d'un  etonft'ement  signalo,  quand  on  lui  fit  quitter 
It:  lait,  je  crois  qu'il  n'y  en  a  pas  d'autrc  ,  ri-tns  tHlcmjta'ii'x , 
pnivn  diathesis  ittnniitnt  viscprum  ,  hyrirops  pitlmcan't ,  fnbes  cf 
intircor  n'srennn ;  /tfccsmit  rciie/irin,  Qitirifcs!  Je  n'on  veux  point 
rxcepter  sa  loux  ,  ses  veilles  perpelueltes  ,  sa  tumour  <t>dnn«- 
//-fw,  ses  Ibiblesses  inopinees,  ses  suffocations  nocturnes,  son 
degout  universel  etsa  perte  d'appetit ,  en  voiln  plus(|u'il  n'en 
taut  pour  mourir  sans  poison :  niais  c'est  (|ue  Ton  ne  pout 
cinpecher  les  sots  de  parlor.  II  y  a  des  railleurs  qui  disenl 
l»ien  autrement.  On  (lit  ici  (/"'il  //  a  jtl/ix  de  qu<tti-<>  jours  que  Ir 
ilinlih'  oiit'iiit  ('iiij>fi)'f''  lc  Mnziirin  ,  IIHHS  tjii  il  >/>'  snt/  [iirr  <>i<  If 
jil'i'iit/t'f  ,  ffitif  tl  I>>K'.  cf  (/Hi-  I'nnl "(•  a  jit't/r  (/>">  fr  \/nZ"/'/ii  if 

I ni  (fount'  In  pcstc  j»i/'  lo  pnnntf'iir  (lc  tun  <-nri:n.  s't/  />•  ftincln'. 
(le  seroit  bien  pis,  s  il  ('-toil  infbrnn''  de  la  puanteur  de  NOII 
ame  (I),  l^e  Mazarin  s'est  moque  de  totite  la  nature  durant  sa 
fortune;  aujourd'hui  ,  avant  (]n'il  soil  niort ,  on  se  nioqui1  de 
sa  vie,  de  sa  mort ,  de  son  corps  et  de  son  anie,  de  sa  for- 
tune, qui  lui  a  tant  promis  et  tant  donne,  sir  r-af /nn/Kniinn 
yenus ,  procax  et  i>i'<numt  nd  contiimelicm.  II  y  en  a  (jui  rient 
en  mourant,  il  y  en  a  d'autres  «jui  se  inofjuent  de  eeux  i|iii 
ineurent,  et  principalement  quand  ce  sont  des  gens  coiniin' 
lc  Mazarin,  et  desquels  on  pent  dire  ce  passage  d'Horace  . 

,1)  (ie  furcut  sans  tloule  ITS  limits,  cc>~  niiiicurs  populaircs  qui  pro- 
iluisironl  re  delude  d'opi^raminos  ,  <!<•  satires  ,  d'epilaplies  injui  it-uses , 
qui  nil  lien  apres  la  niort  de  Mazarin.  De  lant  <lo  vcrs  qui  exUlemit  . 

tin  lie  fniiiialt  {juere  <|iie  les  suivants  : 

Jnlc-'.   vivy.iut  Sat.-ni  lout  niT|iic<  ile  >a  rouclir 
l.|i:cr  ?a  ]>ati\re  Anil1  ;in  ><)ilir  dc  NI  huiiche  . 
(loncut  IIHIH  Pat tra per  un  caiiti'lcnx  ilcxsein  : 
I'lu^  tin  (jii'iin  fli.iMc  inriiic,   il   >ori  IICIM,    ilcrnirrc  . 
I.r  ni-c'-  cuidiiial  tleinanda  lc  IIIS-MM  , 
It  rcudit  ilrxlrouiciil  s<ifi  ;IIIH>  par  ilcnii-rc. 

K.  I'. 


336  i.KintKs  DK  i;n  I>\TI\ 

l\'os  numerus  aunt  us  cl  /rnges  consumere  nali , 
Sponsi  Penelopes,  nebnlones,  Aln'noiqne  ; 

ou  bion  ce  passage  d'Homere,  crw^iov  «/Oo;  «poufr;; :  tc/lun's 
inutile  pondus.  On  (lit  qu'il  a  ecrit  en  faveur  dii  pape,  et  qu'il 
lui  fait  present  de  -200,000  ecus ,  a  la  charge  qu'ils  seront  ap- 
pliques ou  employes  a  la  premiere  guerre  que  le  pape  I'era 
aux  intideles.  Voila  de  grands  presents  qui  ne  lui  out  guere 
coute.  On  dit  qu'il demande  ibrt  arevenir  a  Paris,  mais  qu'il 
est  si  foible  et  si  abattu,  que  Ton  ne  suit  comment  1'y  ramener. 
Pen  de  gens  le  voient ;  il  n'y  a  guere  que  le  roi ,  et  pen  de  ses 
ofticiers  ;  le  prince  de  Conde  ne  le  voit  point.  11  a  ivlranclie 
beaucoup  du  nombre  de  ses  medecins;  il  ne  laisse  point  de 
songer  a  1'argent  ;  il  s'en  fait  apporter  d'ou  il  peut;  il  a  en- 
voy*! demander  a  MM.  des  gabelles  trois  millions,  dont  ils  se 
sont  excuses.  On  dit  qu'il  a  eonfesse  au  roi  qu'il  avoit  beau- 
coup  d'argent  dans  lirissac  et  dans  Sedan  ,  et  pour  cet  ellel 
on  y  a  envoye  (juerir  M.  le  mareehal  de  Fabert,  (jui  en  est 
gouverneur.  On  dit  que  le  roi  ira  la  semaine  procbaine  au 
parlement,  pour  y  fa  ire  passer  quelque  chose  (ju'il  a  promis 
au  Mazarin,  et  entre  autres  y  changer  le  duche  de  Mavenne  en 
duche  de  Ma/arin.  On  dit  <[ii'il  a  donne  I'eveche  de  Mende  ;i 
un  Italien  jacobin ,  qui  etoit  eveque  d'Orange,  et  100,000  ecus 
auxlheatins  pour  batir  leureglise.dans  lacjuelle  il  veutetreen- 
terre  ;  et  en  attendant  qu'elle  soil  batie,  il  vent  que  son  corps 
soil  conserve  dans  le  bois  de  Yincennes.  On  lui  a  parle  d'un 
grand  medecin  juif  qui  demeure  a  Hambourg,  maisje  pense 
que  I'on  n'ira  pas  le  querir. 

Le  roi  d'Angleterre  ne  veut  point  que  Ton  marie  la  prin- 
cesse  sa  so'iir  sitot;  c'est  pourquoi  on  dit  que  cela  est  i-cmis 
au  mois  d'avril.  On  dit  aussi  qu'enfin  le  due  de  Lorraine  a 
ol)lenu  ce  (jiril  demandoit,  et  quc  son  traite  a  ele  arret*-  <•( 
sigiii''.  On  dit  que  ce  moiiie  ,  a  (|iii  on  a  donne  1  Cvcclic  dr 
MtMidc.  est  mi  lioniicle  homine  .  «'t  (|ii  il  rtoil  compagnon  di 


V    FALCONET.  :',  '" 

I  fire  Michel ,  j'enlends  Michel   Ma/arin  ,  cardinal  de  Saint. '- 
decile,  arcliev&jue  d'Aix,  frere  de  celui-ci. 

Le  inareehal  de  la  Meilleraye  (l)  est  ici  loll  nialade  d'uiie 
goulte  supprimee.  On  dit  qu'il  inourra  dc  la  joie  de  re  que 
son  tils  uni<|tie  ,  le  grand-mattre  ,  est  marie,  et  (ju'il  a  ren- 
contre un  si  puissant  et  si  riche  parti. 

Le  cardinal  Ma/arm  deinande  fort  ii  revenir  a  Paris.  On  a 
travaille  a  aplanir  les  chemins;   s'il  est  deinain  asse/  1'ort , 
on   tachera  d<:  I  y  apporter;   on  (lit  <|ii  il   vent  nionrir  dans 
Paris.  II  est  raison  qu'il  y  nieure,  puisqu'il  y  a  taut  el  si  bien 
vecu,  et  (|n'il  y  a  fait  une  si  belle  fortune-.  On  dit  <|iie  M.  le 
Tellier,  secretaire  d'Ktat ,  est  celui  <jui  esl  en  pins  belle  pa.SM- 
pour suceeder an  cardinal  Ma/arin.  Je  Ten  liens  anssi  le  pln.s 
capable  et  le  plus  sage.  Le  cardinal  a  etc  Ires  mal  la  unit  pas- 
see,  t;t  on  aenvoyedes  le  matin  a  quelques  tiglises  le  recom- 
iiiander  aux  prieres  des  gens  de  bien,  et  entre  antres  a  M.  Joly, 
cure  de  Saint-Nicolas-des-Champs,  (pii  est  nn  des  theoloyiens 
qu'il  a  consultes  qiiehiuelois  durant  sa  maladie.  La  rocoin- 
inandation  a  ete  en  ces  |>ropres  ternies  :   l'ri<'z  IHcn  />/»</• 
M.  ti't ,  cur  il  t'xf  f'i  I'm/anil'.  \^  roi   ne  boiige  dn  hois  de  Vin- 
rennes,  et  on  croit  qu'il   n'eii    reviendra  point   que  le  car- 
dinal ne  soit  inort.  Hier  an  soir  on  en  soupeonna  <pielque 
e.hose,  a   cause   que  la  reine-inere  en    revint ,    mais    le  roi 
n'en    bougea.   Le   cardinal  "a   fait    de    grands    reproches    a 
\.tlot  de  IK-  I'avoir  pu  guerir   et   d'etre  cause  de  sa  inort  ; 
laulre,  pour  paroitre  lacln'1  de  tels  reproches,  s Vst  mis  an 
lit  et  s'est  fait  saigner  trois  I'ois.  La  jeune  reine  e>t  an  lit  , 
el  nonobstant  la  chute  qu'elle  a  faite  sur  les  deux  genoux  , 
on  soupconne  encore  qu'elle  est  grosse.    IMut  a  Dieu  qu'elle 
nous  donne  un   prince  qui  retablisse  la  France  et  (|iii  aiine 
les  gens  de   bien  !  On  dit.   (pie  le  cardinal    Ma/arin   donne 
la    plupart   de  ses   bt'-nelices   an   ds;c    de   Mercn'iir,    venf  de 
si  niece,   el   qtn  sera  cardinal.  1,'eveche  de  Hoi ,   en  Hreta- 

I     (jh;irl<>s  «li>  l.i   1'iirlc  .   due  <lt*  la  Mt'illn.'m1.  pair  rl  niari'i.vial   id' 
franco.   IK'"  on  II»0-J,   inorl  on   KUii  II.  I'. 

111.  -2-1 


.'US  I.K1TUKS    I>K    (il  I    I'ATI.N 

;j,m',  osl  donno  it  M.  1'abbt-  'roiviiin  ,  <U:  I'oitiers  ;  rosto  I'evo- 
die  do  Lorn  be/  qui vaque,  niiiis  on  no  sail  qui  l';iiira.  l/o- 
voque  d  I'Ai'eux  e^t  ici  fort  inalade,  scptuagenaire ,  d'un 
asllnne  I'urioiix. 

Lo  cardinal  .Ma/arin  a  dit  quo  landis  qu'il  ;i  etc  dans  les 
aH'airos,  il  a  tout  fait  lui  lout  soul ,  mais  qu'aprtYs  lui  ce  ne 
SIMM  pas  d<;  memo;  (|ii  il  y  aura  nn  ('(iiiscil  do  six  liommesqui 
^ouvernoi'a  lout;  le  roi  memo  (Mi  a  dit  autant  a  qiielqu'nn ,  si 
bieu  quo  Ton  (Toil  que  cela  ira  ainsi  :  v«ius  no  doiito/,  pas  quo 
M.  do  VilltM'oy  n'on  soil  un  dos  principaux.  Lo  Ma/arin  a  dit  a 
un  iioinuio  do  Tonnos  ,  qui  appai'tiont  ii  M.  lo  marorhal  dc 
Fflberl  '.  Ihtcs  «  rntr<'  in<dti"a  I/IK'  /<'  ///  t'n  /v//s  trimri'i'  sti  j<  unit'' , 
c!  ijiii-  In!  l/loifnt  (if>/-('x  iiiiiix  I'tendi'fi  troiircr.  N'ost  co  |);is  niou- 
I'ii1  inhvpido  (|iio  do  jiarlor  ainsi,  quaud  la  nuirt  nous  tiont  a 
lagorgo? 

Jo  soupai  hior  avoc  M.  lo  prouiior  pn'sidonl.  oil  nous  ('lions 
fort  pou,  ot  y  rimes  bion  ;  mais  il  \int  du  niondo  on  jjraiid 
nombiv  a  pros  soupoi',  taut  do  la  part  do  M.  le  chancellor  que 
du  surintoudant  dos  linanoos,  ii  qui  nous  quittamos  la  place; 
un  consoilloi' do  la  cour  nio  ramona  dans  son  caiiross(> ,  j'en- 
tonds  nioi  ot  inon  Ills  Carolus  ,  pour  lotpiol  son  tdles^e  |»rosi- 
(lei)tule  ;i  dos  amities  surpiviianlos  :  anssi  lo  lail-il  bion  riro 
ipiand  il  lui  pai'lo  dos  anf 'upiitos  ot  do  cos  Brands  boninios  du 
lomps  passe.  Nous  parlous  aussi  dos  modernes ,  ot  il  on  dil 
do  bons  mots. 

(>o  matin  lo  Ma/arin  a  roou  roxlromo-onction ,  ol  do  la  ost 
tombo  dans  uno  Brando  loiblosso;  il  a  reproclio  a  \idol  qu'il 
ost  cause  do  sa  mort.  Ilior  ii  deux  lioui'es  d;ins  le  bois  do  Vin- 
<'ennes ,  quatre  do  sos  nit'docins  .  savoir  :  (iiienanl,  \alot. 
lirayoi'  ot  Heda  dos  Fouyerais,  n//<>)'t/><nir)t/  I  onsomblo  ol  no 

,' I  C.f  mol  .  soiiliiyiu'1  p;ir  Pautcur.  inrritorail  «l'(Mro  fr.-incais.  On  rn- 
MKuqurra  on  onlro  la  [)i(jiianlo  \ivacilc  du  nioiroau  <ui\anl.  I!  osl  pro- 
bable .  si  Moliere  Pa  roniiii  .  qn'il  y  a  IHII-C  Pidi'-o  do  Li  scene  dixieim1 
dn  ilernici  ado  du  Malailc  inui'inxuri" ,  lorsijiio  loinolto  ,  do^uisoo  on 
uiodooiii  ,  dit  a  .\r;',aii  :  '.)iiol  o-|  \olro  inodociu  '  olo.  |{.  I'. 


v  K\i.t.oM.:i.  :i:w 

s'accordoient  |>as dc  I'espece  <li-  la  maladie dont  !<•  malade  mou- 
roit  :  Braver  (lit  que  la  rate  est  ^atee,  (iucnaut  (lit  que  e  est 
le  Ibie,  Valot  (lit  que  c'est  le  poumon  et  qu'il  y  a  de  I'eau 
dans  la  poitrine,  des  Koiifrerais  (lit  que  c esl  un  a  bees  dn  ine- 
sentere,  et  qu'il  a  vide  du  pus,  qu'il  en  a  vti  dans  les  selles,  et 
en  ce  cas-la  il  a  vu  ce  <|ne  pas  nn  des  autres  n'a  vu.  No  voila 
pas  d'habiles  fjens  !  Ce  sont  les  fourberies  ordinaire*  desem- 
piriques  et  des  medeeins  de  eour,  qu'on  tail  supplrer  a  I 'igno- 
rance. Cependant,  voila  oil  sont  rednits  la  plupart  des  prin- 
ces, sic  merifo  filprfimfui:  Je  vous  haise  les  mains,  ct  suis  di.- 
toute  nion  aine  volre,  t^tc. 
!)»•  I'aris.  le  7  mars  HUM. 


LKTTRE  DIAVIII.  —  .A//  mw. 

Je  vous  envoyai  hier  plusienrs  nouvelles  du  Mazarin  ; 
depuis  (jue  ma  lettre  I'ut  envoyee  a  la  poste,  je  vis  un  liomnic 
(jui  m'apprit  quo  lundi  dernier  ?  mars,  le  roi  avoit  tenucon- 
seil  dans  le  bois  de  Vineennes  aver  trois  homines  seulement , 
savoir  :  MM.  rnnquff ,  If  '/'<'/ /i>r  et  <1<-  /.innm',  MM.  les  mare- 
chaux  de  Villeroy  et  de  Turenne  etaut  demeures  dans  I'anti- 
ehambre,  dont  ils  n'etoiiMit  giu're  contents. 

Entin  tout  le  monde  avoue  que  le  Ma/.arin  est  morl  ce  matin 
a  deux  heures  et  un  (piail  ;  mais  ce  sont  des  perro(piets  qui 
ne  disent  (]ue  ce  qu  ils  out  mil  et  ce  (pi 'on  leur  fail  dire  :  il 
inourut  lundi  dernier,  7  mars,  entre  deux  et  trois  de  I'apres- 
diner.  Cet  lioinme  a  etc  si  ^rand  four  be  durant  s.i  vie,  qu'il 
I'uurbe  encore  apres  sa  mort.  et  t'iiit  rudement  mentir  les  tou>> 
qui  ne  savent  ce  <pi'ils  disent. 

Jt;  viens  de  reeevoir  volre  di'rmere.  donl  je  vuii.s  remercie; 
je  n'y  ai  rien  tionvede  la  saute  de  M.  volre  fits  aine,  queje 
crois  etre  yueri.  .!///'•//.  Kntin  le  l^mlu*  /urchiux  est-il  done 
aclieve?  ^uand  vous  I'aure/  recu,  je  vous  prie  d'en  dire  un 
petit  mot  a  M.  Spoil  ,•  noire  bon  ;imi :  ear  je  croj>  qu'il  a  nr  i 


;i40  I.ETTKKS    DK    (.ri    I'ATIN 

pour  moi  mi  petit  paquel  de  Nuremberg,  que  1'ou  ponrra 
mettre  ensemble  ,  el  apres  il  vuns  plaira  de  me  I  envoyer  par 
le  messager  de  Lyon.  \otre  Mistoire  <!<•  l<>  cillc  df  J.i/<>n  est-elle 
sous  la  presse,  iii-i'olio?  On  ditquedeux  jesuitesensontlesau- 
teurs,  savoir  :  le  I*,  du  Lieu  et  le  P.  Saint-Aubin,  qui  sout  Ions 
deux  morts.  II  me  seinble  avoir  oui  dire  qu'un  jeune  medt-cin 
de  Lyon,  nomine  M.  Kara,  s'eii  alloit  (a  ire  iiiiprimer  tontes 
IPS  ceuvres  de  ("•.  Kondelet.  On  dit  que  de  tons  les  conseillers 
d'Etat  (jui  approchent  du  roi  ,  eeSui  <pii  tient  It;  liant  du  pave 
presentenient  est  M.  le  Tellier,  et  (ju'il  esl  le  plus  jtres  de  la 
premiere  place.  Dieu  le  veuille,  ear  il  est  le  plus  sa^e  et  le 
pins  ('(lain:  de  tons.  On  continue  de  parlor  d'un  voyage  de 
Fontainebleau;  depuis  le  matin  force  chariots  charges  de  ba- 
gage  n'ont  fait  (|ii'arriver  du  bois  de  Vineennes,  til  menu? 
voilale  roi,  (|ui  n'en  abouge  de  longlemps,  qui  vient  d'ari'iver 
it  Paris  et  au  Louvrt1. 

On  ne  parle  plus  de  la  mort  du  Ma/arin;  il  est  passt'-,  il  a 
[jlit:  baya^o  :  il  est  en  plomb,  Temineut  pcrsonna^e;  mais  on 
parle  dt:  son  testament,  de  sea  ecus,  rl  on  est  en  peint1  de 
celui  qui  lui  succe'dera  en  sa  toute-puissance  po]iti<]ueot  linan- 
ciere.  On  dit  qu'ii  a  ieyue  tieux  millions  pour  i'aire  balii  nn 
grand  college  ,  dans  lequcl  seront  instruits  de  pauvres  gentils- 
liomni(!s  dcs  (juatre  nations  .je  j)rnsc  tpie  c  est  connne  II  ni- 
versite)  it  Paris  ou  it  Severs;  qu  il  sera  enterredans  1  Cglise  de 
ce  college,  comme  un  illuslre  fondateur;  d'autres  disent(|u'il 
sera  enlerre  dans  Si-Denis,  en  France,  comme  en  etanl  I'ablx'. 
Mais  il  imporle  pen  oil  on  1'enterre,  [)oui'vu  tju'il  ne  di'robe  plus 
elqu'ilne  tyrannise  plus  h;  monde  comme  il  a  lait  trop  long- 
teiiips.  lion  Dieu.  que  votre  patience  a  et<;  grande  sur  ce  tyran  !  • 
On  dit  ipie  ce  college  sera  bati  vis-a-vis  les  galerics  du  l.ouvre, 
sur  le  bord  (\(^.  la  Seine  'l}.  On  dit  aussi  que  la  reine  mere  n'ot 
joint  lachee  de  la  mort  du  .Ma/arin  ,  ni  le  due  d  Anjou  ,  el  t  pie 


1     A  iijoiinl'lmi  If  i);il;us  dc  I'liislitut  d(>  1'ranco.  cl   l;i 
M;i7.nri»c  .  i|in  porlc  -nr  If  (ronlisincr  ,  Ilililiotl  err/  a  finnlalore  Mn:n- 

i-ini'ii.  \\.  r.  . 


A  KM. CONK  i.  .'Ml 

Fe  roi  les  (Mi  a  querelles.  Le  Ma/.arin  a  prie  le  roi  de  nc  mettrc 
j:imais  en  son  eouseil  auctm  homnie  d'epee;  on  (lit  quo  M.  It1 
Tellier  sera  le  premier,  el  quo  biontot  il  sera  parde  dos  sceanx, 
<|iie  Ton  otera  a  M.  lo  chancellor.  Les  quatro  nations  donl  jo 
YOUS  ai  parle  ci-dosstis  sonl  dos  Kspaynols,  dos  Italiens,  des 
Allemands  et  des  Ani>lois.  II  oinploir  lo  bicMi  ipi'M  a  dt'-iolx'' 
en  France  pour  des  (''trangers.  non  pour  drs  Kranrois.  II 
donne  120,000  ecus  aux  lln-atins  pour  Icnr  la  ire  ui.e  lit-lli- 
ej^liseou  il  sera  enterre.  On  a  defendu  a  tous  liljrairesct  ini- 
prirneui's  de  rien  iniprimer  sur  sa  niort  ui  sur  sa  vit\  On  dit 
qu'on  lui  i'era  un  beauet  solenni'l  service  dans  Xotre-DaiiH-,  la 
semaine  jirocbaine,  oiiM.  I'archev^quGd'Embrunltji  (era  urn1 
harai)i>ue  f'nnebre,  de\:int  MM.  dn  Parleincnf ,  de  la  I'liainbre 
des  eomptes,  la  (lour  des  aides,  1'lIotel-de-VilJe .  rfniYersite 
et  autres  compa^nies  soiiYeraines.  Le  cardinal  de  llel/.  est  ni 
Anfjletei're,  niais  fort  mal  dans  1'esprit  du  roi  l.oiiisXIV,  par 
la  suggestion  du  cardinal  Ma/.arin  .  qui  a  eu  peur  de  lui  jus- 
(ju'apres  sa  mort.  Is  roi  d'Anjtleterrc  a  tail  prier  It1  roi  qu'il 
pennelte  au  cardinal  de  Ket/  d(!  se  d»k'larer  dans  Lmidivs, 
on  il  est  cache  il  y  a  lonpteinps.  C/est  la  reine  d'An^lrteriT 
qui  en  a  porle  la  parole  au  roi  et  a  la  reine-mere,  ipii  <>nt  fli- 
tort  etonnes  de  cette  deniiuide ,  et  <|iii  out  pris  tei'ine  pour  \ 
repondre.  Ke  i'oi  d'An^leterre  a  fait  dire  qu'il  avoit  dc  I'dljli- 
gation  ;i  ce  cardinal  de  Het/.  le  cojiseil  diitpirl  lui  avoit  liicn 
servi  j'iour  se  fa  ire  retablir  dans  I.dinlrcs.  I'our  M.  Irclianci1- 
li<'r,  on  It1  tient  ptM'du,  et  <pie  M.  le  Tellier  sera  son  Miccessenr. 

C(^  matin  dans  la  eliambre  du  roi ,  oil  plusieurs  atteinloiciil 
(pi'il  fut  h^ve .  M.  IV'Yeque  de  lihode/ ,  ci-de\ant  prcceplcnc 
du  roi ,  a  reeii  nominandenienl  di1  soriir  rt  dr  M'  retii'er  en 
sa  inaison.  On  croil  (piec'est  ipi'il  avoit  dit  quelque  chose  en 
faveur  du  cardinal  de  IvM/.  Le  roi  a  moiitre  les  cassettes  dn 
cardinal  .Ma/.arin  ,  et  a  dit  que  c'etoient  pour  v  niettre  It's 
requete.s  (pi'on  lui  presenteroit  doreiiavant. 

J  ai  fail  ma  leeon  ailjoill'd  Inn  .  on  Xoel  I'alcoiiet  r^\  \eiiu 
en  retoiirnant  (III  Jard ill  du  Hoi  au  faubourg  Sainl-\  iclor ,  on 


i  1:1  runs  I>K  1,1  i 


tin  de  ses  compagnons  1'avoit  mene  pour  lui  fa  ire  voir  ce 
qu'il  n'avoit  point  encore  vu.  Je  leur  ai  parle,  d?  hi/(//'u/>c  tl><>- 
i-iiriro  .  de  la  paracentese  du  thorax  ,  ft  <dii*  nffectihti*  /»'/- 


KI'ITAI'IIK    1)1      M\/,\i;i\. 


Ci-git  1'Einiiieiice 

nous  piiido  dc  la  (roisii'mc  ! 


Jp  \ous  baisc  It's  mains,  ft  snis  (it;  tout  mon  cteiir  votre.  etc 
Dr  Paris,  IP  Omars  10(51. 


LKTTKK  DLXIX.         l«/  ////'////•. 

4e  suis  revenu  des  champs,  Dieu  inerei  ,  apres  y  avoir  en 
bien  du  trial,  el  n'y  avoir  pas>e  qu'une  unit,  inais  sans  df- 
l>ouiller,  par  un  malheur  tpii  nous  ari'iva  d'une  roue  tpii 
romj)it  a  notre  carrosse.  C'e'toient  deux  gentilshommes  nor- 
niands  t|iii  me  nienoient  voir  leur  beau-f'rere  qui  avoit  une 
firvre  continue,  avee  un  mal  de  gorge  et  un  erysiprle  an  vi- 
sage Synesius,  inal  content  d'un  certain  voyage  qu  il  avoit 
fait  sur  mer  avee  quelques  juii's  <|ui  ,  intMiie  en  danger  dV'tn1 
noyes .  voulureut  garder  le  sahbat  et  ne  jamais  aider  a  la 
rhiournie  ,  la  it  protestation  de  ne  voyager  jamais  avee  telles 
gens  :  pour  nioi,  j'en  dis  d<;  nirine  avee  des  gentilshonmies 
noi'inands.  J'en  ai  pourtant  rapporte  ines  oreilies.  Cieeron 
parle  d'un  certain  Caninius  t]ui-  dans  tout  son  consulat ,  Jif 
dormit  point;  a  cause,  de  (juoi  il  1'appelle  tres  vigilant  :  c't\st 
qu'il  mourut  le  mtMiie  jour  tpi'il  i'ut  elu  consul.  Ainsi,  je  puis 
passer  pour  un  niedecin  tres  vigilant ,  ear  en  lout  mon  voyage 
jt>  n'ai  point  dormi.  Jt>  partis  d'ici  lundi  a  midi,  je  n'arrivai 
die/,  mon  malade  que  mardi  ;i  Imit  heures  :  j'en  partis  a 
dix  licuivs  du  matin,  et  j'arrivai  ici  hier  apres  neuf  heurts 
dn  soir.  Difii  me  garde  dt!  Id  voyage!  j'en  ai  encore  mal  a  la 
(etc  el  aux  picds  ,  ear  le  malheur  nous  arriva  au  milieu  de  la 


\    K\  I. CONK  I.  .Vi.1 

rampagne.  Mais  c  Vst  assez  et  meme  hop  de  \ou>  enlreleiiir 
fie  noire  petit  mallieur.  Conservez-nioi  votre  umilie  el  JH  ir,o 
tiendrai  assez  beureux.  Je  suis,  etc. 
DC  1'ari*.  le  10  mars  llittl. 


LKTTKK  DLXX.        .!«  ///'///' 

L'eveque  d'Evreux  est  inort  ici  asllimatiqtie .  avee  It-  viu 
emetiquedeGuenautet  dos  Fougerais.  Le  jouravanlsa  inort. 
rommeon  lo  saignoil  dc  pcur  (pi'il  n't'-toullat,  il  s<jrlit  avcc  !•• 
san^  un  ver  gros  comino  line  plume  et  lon^i  d'uu  (juarticr. 
Le  cardinal  Jla/arin  a  tonche  avant  (jue  de  monrir  .">() '\V,(}() 
livrcs  d'ar^enl  comptanl,  pour  la  charge  de  chancelier  de  la 
reinejjn'il  a  vendne  a  M.  de  Fieubert,  maitre  des  r«i(pietes.  !)•• 
plus,  il  s'est  fait  payer  deses  gages  pour  1'an  lo'OI  ,  des  places 
et  gouvernemeiits  (ju'il  avoit ,  et  a  demande  a  M.  Tubenf  unc 
somme  de  20  francs,  qu'il  lui  devoit  de  reste  d'un  ct-rtaiu 
jour  cpi'ils  avoient  joue  ensemble.  N'etoit-ce  pas  t'-lre  bon 
menager?  On  (lit  (ju'il  n'a  rien  fait  Tin  mourant  (pie  ce  qu'il 
avoit  fait  durant  sa  vie.  11  pria  M.  Joly,  cmv  dc  Sainl-Xiculas, 
de  lui  parler  de  Hieu  justpi'au  dernier  soupir  de  sa  vie  ,  et  (pie 
pour  lui  temoigner  qu'il  I'entendoit,  ilpromitdr  lui  serrerla 
main.  (Vest  un  metier  qu'il  a  toujmirs  fait  et  ipi'il  a  t'oi  t  cxerci'1 
a  son  profit.  Le  roi  a  delendu  dans  le  Louvre  qiie  per>onne 
n  i'ii!  a  dire  du  mal  du  Ma/ariii.  II  n Cu  faut  done  point  parlrr 
ni  en  mal,  de  peur  de  deplaire  an  roi,  ni  en  bien.  de  pninle 
mentir  j  .  On  commence  a  debiter  ici  des  epitaphes  contre 

1  N  dila  (jui  e>l  Ires  loj^Hiiu1  ;  on  u>il  poiirliinl  <iuc  I'jiiilcur  c-l  pen 
lidclo  a  ^()n  principc.  Mais  la  generation  sui > ante  (nl- die  plus  lie ti reuse  i" 
Los  Irnilanls.  les  linancins  .  les  lioinnir-  tl'ar^enl  ccsM-icnt-ils  ile  >Yn- 
C.raissei  i)  I'aiij'.e  «loree  du  tn;-or  public.'  (/esl  I'liisloire  <|iii  doit  rcpou- 
<l rr.  I  MiiiiMir-  r-i  il  (|uc  In  C'IN  ilisalion  niaterielle  innrclie  inliniinent  plu> 
vite  quo  la  civilisation  morale  .  dc  notre  leinp*  coiiuiie  dans  celui  de 
inn  I'atin.  It.  I'.) 


.'!-1i  I.KITHKS    I)K    (,l  I    I'M  IN 

lui ;  qnand  il  \  en  aura  quelques  bonnes,  nous  vous  en  foronv 
part.  Klles  ne  se  distant  encore  qn'a  I'oreille.  Jesuis,  etc. 

l>e  Tails,  le  15  mars  l(i(il. 


LETTKE  WAX  I.  —  AH  menu-. 

M.  d'Krval  ,  cnntrdleur  general  des  linances,  est  en  niau- 
vaise  posture,  et  on  (lit  quo  M.  Konquet  ,  snrintendant  des 
linances,  I'a  mis  inal  dans  1'esuritdu  r>i  pour  le  miner,  on  an 
moins  le  cliasser  do  la. 

On  dit  ici  en  riant  qne  les  jesnite*  se  plaignent  fort  dn 
Ma/arin ,  (|ni  a  donne  <i()(),()00  livres  anx  theatins  pour  le 
mollre  en  paradis,  et  qn'ils  I'y  anroienl  mis  pour  la  moitie. 
N'efoit-ce  jtas  line  bonne  eparyne  ,  et  particnlioremenl  pour 
nn  boil  menaj;er  commelui?  Ee  Ma/arin  avant  ipiede  mourir 
a  donne  a  M.  le  Maitre  ,  docteur  et  proi'essenr  dn  roi  en  Sor- 
bonne,  I'eveche  de  Lombes,  snr  leipiel  ponrtant  il  \  a  mir 
grosse  pension. 

Li1  roi  fait  ici  esperer  (pi'il  sen  va  la  ire  merveillt!  de  justice 
et  de  soulagement  du  penph;;  il  a  mandc  uux  eglises  <pi  il 
vent  (pie  samedi  procliain  19  mars  il  soil  fete;  (jue  noire  reine 
pn'tendiie  grosse  I'a  fort  desire  pour  I'lionneur  de  saint 
Joseph,  an  nom  dnquel  elle  a  nut!  parlicnliere  devotion  .  et 
meme  on  ditqneson  inariagt^  avec  leroi  fnt  arrete  et  concln 
en  pareil  jonr,  et  (pi'elle  espere  (|n<!  par  ['intercession  de  ee 
bon  saint,  elle  accouchera  lienrensement  dans  sept  mois  on 
environ. 

Lt;  roi  a  dit  an  seigneur  Ondedei ,  evtv>qiu!  de  KIH-JUS,  qn'il 
no  vent  point  qn'il  s'en  aille  a  son  eveclie  ,  <pi'il  vent  fa  ire 
approt'lier  son  eveche  de  I'aris,  alin  de  prendre  sun  conseil 
(juand  il  en  aura  besoin  ;  et  jtonr  eel  efl'et ,  il  a  donnt'1 1'l'-vecln'1 
de  Frejns  il  I'abbf!  Ondedoi ,  neven  de  eelni-ci ,  et  celui  d'K- 
vreux  a  <iet  oncle  ,  cc  <pii  rend  les  Italiens  tout  glorienx  ,  et 
;IIIIM  Ton  ponrra  dire  dn  .Ma/arin  ce  qne  Ion  disoit  ;mtreloi'« 


\     I  All  (INK  I.  :14.'> 

il Alexandre-leMirand  :  I'timn  nini'tnH*,  mllim  imfH'i-ni.  On  (lit 
que  la  reiiic-niere  est  mat  contr-nte  de  cc  qu'elle  n'est  point 
appelee  an  conseil ;  on  (lit  ineme  (jne  MM.  Fouquet  et  dc? 
Liunne  sont  fort  bicn  ensemble  aux  depensdeM.  leTellier; 
inaisje  ne  le  crois  point  du  tout,  an  contraire. 

M.  Colbert  a  prete  sennent  pour  sa  charge  d'intendant  dcs 
linances.  Le  gouvernement  ile  Saint-Germain  «.•!!  I, aye  a  etc 
donne  an  marquis  de  Richelieu,  gendre  de rnadame  de  Reau- 
vais.  Mardi  dernier,  M.  Talon,  avocat-general ,  entretint  le 
roi  dans  sun  cabinet ,  seid  a  seul ,  trois  heurcs  entieres,  qui 
est  une  nouvelle  qui  n'-jouit  ici  tout  le  monde,  sur  ce  que 
M.  Talon  est  nn  excellent  [tersonnage  <jni  ne  donnera  jainais 
que  de  tres  bons  conseils  an  roi,  <|iii  prend  plaisir  ii  rcjcevoir 
desrequetes  des  nns  et  ties  antres ,  et  ii  dire  qu'il  vent  gonver- 
ner  Ini-ineme,  dont  tout  le  inonde  conceit  ici  fort  bonne  es- 
perance.  M.  le  premier  president  1'a  pareillement  entrelenu  ; 
le  roi  Ini  a  dit  (ju'il  vouloit  gouverner  Ini-ineme ,  et  il  lui 
repondit  (jiie  jainais  les  snjets  n'avoient  mieux  ni  plus  vo- 
lontiers  obei  que  lors<ju'il  n'y  avoit  cpie  leur  maitre  (|iii  lenr 
comrnandoit.Un  honnele  liomme  inevient  de  dire  que  bient«4)t 
nous  verrons  grand  changement  dans  les  all'aires,  ce  ne  pent 
etre  que  du  cote  des  sceaux  et  des  finances ;  car  il  me  >emble 
que  le  cardinal  de  Ret/,  est  bien  c'jloigin''  et  bien  avant  dans 
I'eau. 

.^nninilli  x>'ttf  (im  nidi/'  utiitlitliitur  iini I'iniii'i'lin  r>'xti'<>  I  illn- 
1'i'ijKi ,  Y""iS'  IIIIIIK*  n[iu<l  /'c/ji'i/i  jiiit/'iili  ri'l  i/fiit/ntu  i  ./•  rnl ill" 
i'l  cnntuiiiiiff  niiiiiiit'udut nin<'  isli/tx  />»/'/i/t>'>it/  iii'lin/niiix ,  1^111 
mijicr  uhnt  in  rft/nnifi/i  innltoruin  :  scfl  jifitu.'nti'r  fi'reiuli  finuf 
is//  I'Hiiiiiri'x  .  ilitin  iiiiinin  si/nf  su&iiiriuiiilttis  jilnni. 

Je  recus  hier  de  Nuremberg  une  lettre  par  laquelle  on  in*1 
matide  (\\M*  \?  Turc  a  declare-  la  guerre  a  I'empcreur,  et  (jut' 
dans  six  semaines  il  vent  attacjucM1  la  Transylvanie  et  la  llon- 
grie  ;  e'est  pounjuoi  l'cMn[)ereui"  a  envoyi;  a  tons  les  i-lectcuis 
et  autres  princes  d'Allemagne  ,  (|n'ils  aient  a  s'appivtrr  pour 
lui  Homier  proinpteinent  du  seconrs.  On  a  vu  la  comete  nou 


:H<i  i  K i  runs  DK  (,i  i  i'\n\ 

velle  par  toute  I'Allemagne;  on  I'atait  graver,  etj'en  ai  reru 
une  copiedausma  lettre.  Jebaise  les  mains  a  M.  Spoil,  auquel 
jo  vous  prie  de  direque  je  n'attends  rien  de  Nuremberg,  vu 
que  ies  livres  que  M.  Voleamer  m'avoit  destines  par  Lyon 
viennent  par  Hambourg,  et  de  la  a  Rouen  :  ce  sont  quelqut  s 
f/if'ses  cf  disputes  de  medecine  da  Rolfingius  :  (jti'eyorii  Horstii , 
Ofjcrfi  omnin  in-lbl.,  etc.  Je  vous  baise  tres  humblement  les 
mains,  et  suisde  tout  mon  cu'ur  votre  ,  etc. 
Do  Paris.  Ic  18  mars  Kifil. 


LKTTKfc  DLXXI1.  —  .\u  mrm. 

Vous  elites  liieV  de  mes  nouvelles,  ce  s.unedi  ID  I'evner ; 
nujoui'd'hui  nous  solennisons  la  Saint-Joseph  pour  le  roi  et 
lu  reine,  et  le  tout  tort  denotement,  en  attendant  le  soulage- 
ment  necessaire  a  toute  la  France,  que  la  mort  du  Mazar'm 
nous  semble  promettre. 

II  court  ici  un  bruit  plaisant ,  et  <|ue  j'ai  deja  oui  dire  il  y 
;i  six.  jours  ,  savoir.  <jue  la  dame  Horlensese  plaint  du  grand- 
maitre,  due,  de  Ma/arin,  son  mari,  pour  etre  accuse  d'impuis- 
sance.  Si  cela  est ,  voila  une  grande  marque  tie  malediction 
sur  la  I'amille  de  ce  cardinal  pour  renricmissement  de  laquelle 
il  a  tout  ruine  :  c'est  une  medisance  it  mon  avis;  mais  des 
gens  qui  venlent  rire  ,  rient  aux  depens  de  lout  le  monde  'i  . 

I  Ou  sail  que  la  niece  du  cardinal  de  Maznrin  ,  la  belle  Ilorton^c 
Mnncini  ,  t'pousa  on  \C>(\\  le  due  do  la  Meilleraye ,  (jui  ful  obli(;r 
par  Ir  conlrat  do  prondre  lo  noni  ot  los  armos  de  due  do  Mazarin.  Hioii 
n'oiail  plus  oppose  tpio  los  caraclere*  do  cos  doux  e'poux  :  aussi  lo  uia- 
riaj;o  no  lul-il  j:as  houroux.  La  duchesse  do  Mazarin  ,  donl  la  do)  olail 
do  Ironto  millions  ,  s"oloi;';na  do  son  oponx  ,  parcourul  uno  parlie  do 
ri'luropi'  .  puis  olio  luil  nne  ospeeo  do  eonr  a  Londro>,  mi  olio  uiouiul 
lo  2juillcl  KiS'.i .  a  PaVe  de  r.inquanle-lrois  atis.  Sainl-Mvreinonl  lut  un 
do  sos  oourtisans  los  plus  assidus.  l,o  due  do  Mazarin  .  d'un  oaraetero 
jiilou\  .  d'liu  ospril  home  .  avaro.  tanlasfpio  ,  lond)a  rl.ius  lon>  les  Ira 
\ors  d'uno  dovolioii  superslitiouse  :  il  til  miililor  do  ina{>,nili>pie-  ^la 


v  i  \ir< INI  r.  :vp 

Le  prince  de  Conti  revienl  de  Languedoe  .  niiil  content  du 
testament  tie  Mazarin,  aussi  bien  que  It;  sont  >IM.  do  Mercosur 
ol  de  Soissons,  et  rela  ne  pent  manquer  d'engendrer  despro- 
ees  :  jttsfHH  in  hiteritu  ftntniin  riili'liit ,  <-l  rc/iffi/itr  htijiinrnin  ln- 
ii'i-ihitnt.  La  bonne  fortune  ne  pent  pas  toujours  durer ;  elle 
fait  enthi  conime  le  singe,  elle  fait  voir  son  derriere.  Cela 
paroit  visiblement  en  sa  famille  et  aux  heritiers  du  feu  car- 
dinal de  Richelieu  et  dans  les  belles  alliances  qu'ils  out  faites. 
Le  vulgaire croit  que  ceux  <|iii  font  grande  fortune  sont  les 
plus  heureux  ,  je  ne  le  erois  point ,  et  n'ai  jarnais  ete  de  leur 
avis  ;  il  me  semble  qu'il  n'y  a  point  de'gens  plus  sots  et  plus 
malheureux.  J'ai  vu  la  fortune  touteniiero  des  deux  derniers 
cardinaux.  laquelle  ne  m'a  jamais  faitenvie  ,  inais  bien  pitie. 
II  me  semble,  au  contraire,  qu  il  n'y  arien  deplus  malheureux 
(|iie  eesgens-la;  ils  font  fortune  aux  depens  du  public  par 
mi  lie  fourberies;  il  vaut  mieux  etre  pativrc  et  content.  II  est 
df  la  fortune  commed  nn  soulierou  d  une  robe,  ni  trop  grand 
in  trop  petit,  mais  bien  scant.  A  rjuoi  sert  d'avoir  taut  d'am- 
bilion  et  d'etre  charge  dn  bien  d'autrui?  .\in-i'<nn  i/i/isi/xix  nir- 
iliDcritdton  /liliyif ,  lull'*  cui't'i  ubsiilt'tt  mu'diltus  toil ,  aif't  in- 
cidt'iuln  Hibriiitinild,  etc.  Dieu  nous  donne  sa  paixet  sa  grace  ! 

II  n'y  a  rien  ici  de  certain  touchant  U;  mariage  tlu  roi  d'An- 
gleterre  ;  on  ne  sail  s'il  se  tiendra  ii  sa  chanoinesse  de  Mons, 
on  s'il  prendra  la  lille  de  Portugal,  on  bien  si  on  ne  le  ma- 
riera  |»as  it  mademoiselle  d'Orleans  la  grande  et  la  ricbe. 
j'entends  celle  (jiii  e.st  du  premier  lit  .  et  (jni  a  .">  on  (iOO.OOO 
livres  <!(>  renle  et  Irente-trois  ans. 

Je  souj»ai  hier  ,'luii(li  ~1\  mars)  die/  ,M.  le  premier  presi- 
dent, oil  j'appris  (p.ie  deux  Ibis  la  semaine  on  doit  s'assembler 
die/  Ini  pour  I'execntion  du  le>tamt'iit  du  feu  Ma/.arin  ,  dans 

(;!(>>  pour  en  cachcr  la  nu<lilt;.  I'.nliii  .  ;n;inl  dctnanclc  nno  audionci' 
ii  Louis  XIV  ,  il  TiisMiia  t|iic  rani',11  (jalnicl  lui  avail  aj»paru  pour 
(|u'il  \iiil  supplier  !«•  roi  dc  rcnoin'ci'  a  inadrnioi^i'llr  tic  la  ^  allierc. 
Kl  a  inoi  au>ki  rt-poiidil  Ic  roi ,  I'anrc  Gabriel  nTa  apj>;ir»  .  rt  il  ni'a  dil 

1(110  VOII>  olit'7.   lltl   foil  H.  I'.! 


3    S  I.KITKKS    |)K    (,l  I    I'M  IN 

lequei  il  y  a  taut  de  conditions  et  tant  d'apuarencus ({'oppo- 
sition ,  (|ii'il  f'audra  bien  du  temps  avant  que  {'execution  en 
puisse  etre  paisible,  pour  les  divers  procesqui  en  naitront.  II 
y  eul  mi  eveque  qui  (lit  (|ue  ceux  qui  vivront  d'ici  a  cent  aiis 
n'en  verront  point  la  lin.  Deinain  se  fait  ici  la  procession  ^e- 
nerale  pour  la  reddition  de  la  ville  de  Paris  au  roi  Henri  IV, 
I  an  159-i.  M.  le  premier  president  m'a  dit  qu'il  n'y  iroit  point. 

On  dit  (pie  le  feu  Ma/arin  a  laisse  cent  einquante  millions 
de  biens.  II  I'aut  (ju'il  ait  bien  vole.  Le  roi  devroit  prendre 
lout  cela ,  et  soulager  son  panvrc  people  qui  soufl're  depuis 
si  longtemps.  Jo  ne  sais  rien  de  nonveau  touchant  le  i>onver- 
nemenl;  je  vous  ai  inande  ci-devant  tout  ce  qne  j'en  savois 
et  je  n'ai  point  manque  de  vous  ecrire  deux  t'ois  la  semaine  , 
atin  (jue  vous  sussiex  tout  ce  qui  se  passe  de  deea. 

11  court  ici  des  epitaphes  assez  communes  stir  It;  cardinal 
Ma/arin  ;  mais  j'en  voudrois  bien  avoir  quelques  bonnes  et 
bien  salees  ,  comme  ce  personna^e  meritoit. 

V'oici  deux  vers  a  pen  pros  tels  que  je  vous  ai  mandes  ci- 
devant  : 

Julius  nct'ubtiit  l(tnd(i»;  JTX  mini  lot  inter 
('(irnifici'S  /ttrem  ria:  fxitnistn  nmri. 

Le  ten  Mazarin  s'est  mocpie  ,  en  mouranl  .  de  (iiu-iiaut  ;  ii 
avoit  proinis  de  lui  donner  nue  abbaye  pres  de  Snissons  ,  de 
4,1/00  livres  de  rente,  nominee  Val-Chretien  ;  deux  jours  avant 
que  de  mourir,  il  la  donna  a  M.  1'abbe  de  Tallemant  en  pre- 
sence de  (iuenant,  <}ui  est  bien  en  colere  d'avoir  refuse  les 
deux  pistoles  (jue  1'on  donnoit  aux  auti'es  par  eonsulte  , 
puisqu'il  n'a  pas  cui  1'abbaye  qu'on  lui  I'aisoit  esj»ei't:r;  il  dit 
pour  se  consoler  (ju'il  espere  ipie  l(^  roi  ini  en  domiera  quel- 
<|iie  autre. 

M.  Hlondel  rendit  hier  ses  comptesen  nos  «r,oles  ;l);  j  y  I'us 
expres  pour  le  servir  contre  ceux  qui  I'avoient  menae.e;  nous 

vl)  Friuicois  liloiulfl,  nc  ii  l';ui>,  rccu  duclcnr  en  uu'decino  en  I(»1(J, 
dojon  de  la  l-'.-icidte  rn  llioS  el  conlinuc  en  Jdo'.K  Ii  avail  Pospril  dr 


V    K.U.CoNKT.  34(1 

elions  him  soixanlo  pour  liii    J'y  appris  les  deux  vers  sm- 
vauts  : 

Orcidit  mint-rum  slibii  repeliln  minislruin 
I'otio;  qiiam  ftli.r  IKPC  tnedirina  fail  ! 

Je  sim  bien  aise  quo  M.  votre  fils  aine  soil  gueri.  Ne  vous 
incite/,  pas  en  peine  <le  m'eorire  si  souvent,  co  nous  sera  asse/. 
de  savoir  que  vous  soyez  en  bonne  saute  ,  vous  et  les  volres. 
II  n'y  a  rien  ici  <le  nouveau  ;  on  attend  <le  voir  (juelque  clian- 
gement  de  la  part  du  eonseil  du  roi ,  pour  le  soulagement  du 
pauvre  peuple.  L'opiniou  de  la  grossesse  de  la  reine  (.•ontiniie. 
Je  viens  do  ma  lei^on ,  oil  il  y  avoit  pros  de  doux  cents  audi- 
toni's.  Jc  vous  baise  les  mains,  el  suis  de  tout  inon  i-u-ur 
votre  ,  etc. 

De  I'aris,  lo  22  mars  1661. 


LKTTRE  DLXXIII.  —  ,l«  w>,m>. 

Jc  vous  ai  ccrit,  et  a  M.  Meyssonier,  le  if)  de  ce  niois;  j'y 
avois  joint  une  lettre  do  Noel  Falconet,  qui  augmentc  cliaquc 
jour  .sa  curiosite  d'apprendre  ([iiehpie  chose  de  cc  qu'il  doit 
savoir.  (hums  litnuu  nutiiralitct'  m-ii'c  <lt'xi<h'rut  ,  et  celui-ci  s'y 

chicane  ,  el  mil  souvenl  le  trouble  et  la  division  dans  *a  compagnie. 
Manvillain  ,  pendanl  son  decanal  en  l(>()(i ,  cut  tin  proces  avec  Blnndcl ; 
ce  dernier  le  perdit  avec  depens. 

Pendant  son  decanal ,  comme  on  lesait,  chaquc doyen  laisait  (rapper 
nn  jelon  contenant  son  portrait ,  it  an  revers  tin  einbleine  ou  de\ise 
a  son  choix  ;  -Mainillain  .  (aisanl  allusion  ii  Kraiu;ois  Blonde) ,  qui  etait 
boij'.no.  lil  ineltre  snr  le  re>ers  dc  son  portrait  tin  c\clope  remerse 
donl  lUsse  creve  Pu'il  avec  nn  pieu  ,  et  pour  inscription: 

/  eio  luinine  <•/<  c.i! . 

I'lancois  Hlondel  fnl  le  continnatenr  de  la  belle  edition  <les  OKnvres 
il'll-pjittrftitf  ft  'If  (inlii'n  .  par  \'\  ('.hailici.  \  oye /.  la  note  Ionic  I". 
par,-' -I'..  "-I1- 


.V>0  I.  KIT  It  KS    I)K    (.11    I'AilN 

prend  for  I  bien.  M.  d'Argouges,  maitre  des  requetes,  c;st 
premier  president  cle  Hennes  en  Bretagne;  la  reine-mero  vou- 
loit  lui  en  fa  ire  donner  la  commission  pour  rien  ,  il  y  a  deux 
inois;  le  Mazarin  1'empecha ,  et  vouloit  avoir  sa  charge  de 
inaitre  des  requetes  ;  celui-ci  ne  la  voulant  point  donner,  on 
en  derneura  la.  Le  Ma/arin  olant  inort,  la  rei  no-mere  la  lui  a 
fait  dormer  pour  rien  ,  et  ensuite  il  a  vendu  sa  charge  de  mai- 
tre  des  requetes  X>0,oOO  livres  au  tils  de  31.  Tnbeuf ,  gem  Ire 
du  president  de  Novion. 

Jo  viens  de  recevoir  ,  ce  28  mars ,  la  volre  [tar  les  mains  de 
31.  Duchof;  il  poursuit  son  proces.  3F.  le  premier  president  lui 
a  promis  audience  el  lui  a  signe  des  placets.  31.  Ducliof  sail 
par  cieur  quantite  d'epitaphes  sur  le  Ma/arin  ,  ([ii'il  ma  pro- 
mis  de  vous  envoyer. 

>I.  le  premier  president  me  (lit  hier  (ju'il  ne  croit  pas  (jue  It- 
prince  de  Conti  revienno  it  Paris  que  les  Etats  du  Languedoc 
ne  soient  linis,  et  que  le  pape  se  portemieux. 

Aujourd'hui  a  ete  porte  le  coeur  du  Mazarin,  en  fort  grande 
(-(''remonii1,  a  neul'heures  du  soir,  du  bois  de  Vincennes  a  la 
chapelle  desTheatins,  (|ui  est  au  faubourg  Saint-Germain 
pres  du  pout  Uouge.  Quoique  cet  avare  cardinal  soil  mort ,  il 
soluble  qu'il  regne  encore.  Les  partisans  out  fait  exilor  trois 
conseillers  de  la  cour  des  aides  pour  avoir  ivsisteaun  nou- 
vel  impot  sur  le  vin  el  avoir  parle  de  souiager  le  pouple  : 
cos  trois  digues  hommes  ineritent  d'etre  nommes  ,  ce  soul 
MM.  Quatrehommo  ,  Pussort  et  liouvot.  On  les  a  envoyos  a 
Perpigiian  ,  a  Pignerol  et  a  Quitnper-Corentiu,  en  Basse  Hre- 
tagne  ,  oil  jadis  t'ut  envoye  le  pore  (laussin,  confesseur  du  roi 
Louis  Xlll,  pour  avoir  parle  contre  le  gouvornemenl  dn  car- 
dinal de  Hichelieu.  Xoanmoins  j'apj>rends  (ju'd  faul  esporor 
leur  liborlo,  puisquo  le  roi  <i  promis  de  donner  audience 
la  dessus  a  messieurs  de  la  cour  des  aides. 

Jo  viens  d  apprendre  quo  les  troi.s  conseillers  do  la  courdes 
aides  out  recu  (|UrlijUi'  giace.  el  ((nils  n  ii'onl  pas  phis  loin 
ijiir  Iciirs  niaisons  ilc->  champs.  J'.n  aujoiird  Imi  rccu  nut- 


A    KX  I.  CONK  I.  .'{51 

irltiv  d'Alleina^ne  dans  laqnelle  j'ai  tronve  line  li^nre  d<-  la 
roniete  qui  y  a  ete  vne  ,  et  <pii  est  bien  plus  ^rande  qnecette 
•nitre,  laquelle  me  fut  envoyee  il  y  a  un  mois.  N'eanrnoins 
j'appre,nds  que  Ton  y  parle  de  la  paix  aver  le  Turc  ;  niais  on 
s'y  plaint  toil  des  jesuites  (|iii  y  jionvernent  trop  remperenr. 
l.o  roi  a  entendu  les  plaintes  dc  MM.  de  la  ronr  des  aides, 
qui  out  e.te  re.duites  en  trois  cboses  :  sur  la  faeon  (|tie  Ton  fait 
payer  la  taillc  avec  des  t'nsiliei's  et  par  solidite  (1) ;  la  seconde, 
(jue  Ton  vent  t'aire  autant  payer  pour  rentree  dn  vin  aux 
honr^eois  (pi'aux  cabnretiers;  et  la  Iroisiemo.  «pie  les  direc- 
teurs  des  gabelles  les  veulent  obligerde  t'aire  la  punitioii  ct  la 
justice  des  t'aux-sauniers,  a  lenr  mode.  I.e  roi  lenr  a  repondu 
i|ii  il  savoit  |)i(>n  <pie  dans  eette  cour  il  y  avoit  Men  des  j,reiis 
mat  aiteetionnes  a  son  service,  qn'il  |<>s  t'eroit  pnnir  ;  qne  du 
reste,  il  lenr  leroit  savoir  sa  volonte  par  >on  eliancelier,  elr. 
Le  inariage  du  due  d  Orleans  aver  la  prineessc*  d'Aiifjlelonv 
esl  encore  ditl'ere.  On  a  reinis  snr  le  bureau  le  maria^e  dn  r<»i 
d'Angleterre  avec  la  princesse  dePorlugnl  ,  dont  le  roi  d'Ks- 
pagne  est  t'aclie:  ausst  il  lache  de  1'empeclier. 

J'ai  fait  anjonrd  hni  line  tres  bonne  leeon,  '/'•  n-nii'  stT/inni- 
in  I'f'hrilms  intwmittentiliM  ,  on  j'ai  explitpit-  Kernel  .  et  ai 
inontre  (ju'il  fan  I  saipner  preinierenient .  )//•/•  m>i/>tnni /turi/mi- 
tlinii  ,  ///>•/  ufifHU'Cntiinis  sit/n/s  mri/n/its ,  '•/  Hiidvnfili)  suit  fi'tn'iir/n 
ill/i  SIIJHII  ,  ijtioi'ti  ni  uiif i  niiini  <-xl  /  mini  tint  in  ninrljl  <'l  nuni  i  mil 
M/iii[it<ini<il uni  :  iirtiiui  <f»nif,/r  j'liif  ///•  jii i-iint uli'  rt  ruli-nln  ,  dr. 

Xoel  I''alcone!  a  i'ort  bion  ecoilte  :  Ivs  bonnes  opinions  Ini 
enlrent  dans  la  tT'te  d  Hue  nianiere  onVlles  n'en  sorlironl  ja- 
inais  ,  el  c'.-st  ce  (jni  inaiupie  a  tanl  de  };ens  <pii  ne  se  I'onl 
nicdecins  <|ue  pour  gagnerdo  I  aruenl.  ct  troinper  le  inonde. 
.le  vous  baisi;  les  mains ,  a  niademoiselle  Falconet  et  a  .M.  Spun 
noli'e  bon  ami  .  et  snis  de  lout  moil  cirur  votre .  etc. 

l>o  Pari-..  lt'-2<)  mars  Kilil. 

1;  Solidan rinriil  .  ruinuio  on  (lit  aujourd'lim. 


:kr>  i.rmiEs  DK  ui  i>\rcv 

I.KTTKK  DIAXIV.  -     .\u  >„£„„•. 

Jo  vous  envoyai  iiier,  ce  samedi  2  avril ,  do  DOS  nou  voiles, 
tellesqu  elles,  car  on  nedit  plus  rien  <[iii  vaille.  Le  roi  roc-oil 
force  requetes,  et  promet  do  f'aire  justice,  et  on  I'attendant  on 
s'amusG  a  des  badineries  ;  on  parlo  do  la  Ioterie,du  jubile,du 
,  voyage  do  Fontaineble.au  ,  do  la  oomeie  et  antres  signes  qui 
out  paru  an  ciel.  Los  trosoriers  do  France  so  sont  plaints  an 
roi ,  inais  ils  n'ont  pas  obtonn  co  (|u'ils  demandoient;  on  les 
a  renvoyes  a  M.  Fonqnet,  le  surintendant  des  finances,  qui 
n'est  pas  co  (ju'ils  vouloient;  car  ils  preleniloient  cpio  le  roi 
Ini-mome  leur  accorderoit  cequ'ilsdemaiulent. 

Jo  soupai  hior  avec  M.  le  premier  president,  (pii  mo  ditcju'il 
avoit  mi  arrot  du  const.'il  pour  le  1'abais  dos  tallies,  do  Tan 
1(502,  do  trois  millions,  inais  c'(;st  si  pen  <pieee  n'osl  point  la 
peine  d'on  parlor;  que  le  roi  a  anssi  accordo  nno  snrseanco 
sur  les  francs  iiel's  et  autrcs  affaires  du  doinaino;  inais  c'esl 
bien  lard ,  apres  qn'on  a  bien  lourniiMite  du  monde  et  ipif 
Ton  n'on  pout  ])lus^uoro  tiror;  il  mo  (lit  anssi  les  vors  latins 
(|ui  ont  etc  t'aits  sur  1'opiscopat  do  /.nnnn  ltn<l<'<li •/ ,  doul  I  On 
fait  iciautourM.  (iaumin  .  hommo  I'ort  savant  ct  doyen  dos 
niaitros  dos  requ<Hes. 

XUHC  comniitaa  Inpo  /K/x/oy/x  or///i  cci'iiis. 
DcdiTiis  mule  lioinin mn  ,  dcilccux  un/lc  l)*i. 

II  ost  vrai  (pie  Xool  Falconet  eludie  bion  ,  et  <pi  il  eooiite 
attentivement  co  (juo  jo  dis  a  mos  lecons,  et  memo  qu'il  on 
confere  avec  moi  apres,  n  uthnun  ln'nd  II  no  manque  pas 
d'esprit ,  mais  I'application  ost  souvent  distraite.  II  n'y  a  ipio 
vous  ipii  jtuissiox  fixer  le  morcuro  do  cot  esprit  ,  co  qui  arri- 
vera  beiireusement  par  votro  autorili'1  et  par  volro  exeinplo. 
I'iiris  t'ournil  trop  do  distractions  aux  jeunos  ^ens,  <pii  ne 
se  pouvoiil  pa^  reienir  d  enx-momes:  e(>t  ai;o  osl  >ujel  a  do- 


A  KAI.CO.VKT.  :{;.:; 

emporlenients  ,  quibus  tlelendimmt  (tv?rrurtC(tn<lui  mm  /<'//<  //<•/•• 
i nl is  Alt-.i'ii-iii'i  (fiiiini  i>nh'nin  r/nrn  t'fffnifltw.  Jo   vous    bnise 
les  mains  ,  et  suis  do  tout  nion  neur  votro  ,  etc. 
l)e  Paris.  IP  o  a>ril  IWil. 


LKTTKK  WAXV.  —  ,U  w/™/<-. 

Je  vous  remei'cie  de  la  votre  el  do  cello  dc  M.  Meyssouiei', 
je  vous  prie  dc  reun-rcioi1  pour  moi ,  n'ayaiit  ririi  a  lui 
inaiulor;  car  il  me  parle  d'aslrologie ,  oil  jo  n'ontciids  rion  , 
rt  je  n'en  veux  pas  inomo  rion  approndro  do  pour  d'on  do- 
vonir  t'ou.  Je  n'ai  rien  vu  dos  observations  d'Allemagnc  sin1 
la  comote  dont  il  me  parle,  qu'une  simple  taille-douco,  faile 
it  Strasbourg,  qui  n'ost  pas  fort  considerable. 

La  niece  Marie,  qui  esl  line  dos  princesses  ma/ariues,  a 
etc  aujourd'hui  mariee  par  procureur  au  prince  Colonno.  On 
lui  donne  en  mariage  un  million  de  livres  en  beaux  louis  d'or. 
J^e  mariage  de  mademoiselle  d'Orleans,  lille  aim-e  du  second 
lit  du  due  d'Orleans,  esl  reeule  I'aule  d'ai'gont  ('(implant.  II 
n'y  en  a  point  pour  les  enlants  de  la  maison,  ipioiqn'il  y  en 
ait  de  reste  pour  les  Ma/.arines. 

On  a  ici  deeouvert  que  le  cardinal  Ma/.arin  n'etoil  pi»inl  na- 
turalise Francois,  et  qu'ainsi  tout  le  bien  cpi'il  a  laisse  est 
sujet  a  1'aubaine  :  on  en  parle  fort  ici.  Quelqiies  tins  disenl 
(jue  sa  haute  fortune  I'a  aveugle  ;  d'auti'es,  i|ni  vont  plus 
loin,  pretendent  qu'il  avoit  dessein  de  devenir  pape,  et  <pie 
eette  naturalisation  Ten  auroit  oinpeche.  Sur  <|uoi  i'on  dit  en 
riant  qu'il  a  bien  ferre  la  mule,  mais  (ju'il  n'a  jamais  monte 
dessus.  (^e  proverbe,  de  lerrer  la  nude,  vient  de  Sin-tone, 
dans  la  vie  de  Vespasien  ,  lorsque  ce  bon  mais  avare  prince 
demanda  a  son  nudetier  :  (>/"mfi  ruln-nsfi :'  Mais,  a  I'avariee 
(ires,  pint  ii  Dion  quo  la  France  en  out  plusieurs  semblables ! 
l,e  tils  du  marecbal  de  \  illeroy  tomba  bier  dr  cbeval  a  I'Ara  - 
ill.  'l-\ 


354  I.ETTHES    I>E    (.l"l    PATI.V 

demie ,  et  se  blessa  fort  a  la  tele.  Ce  seroit  gram!  dommage 
qu'il  lui  en  arrival  accident.  ,Ie  suis  volie,  etc. 

Do  1'aris,  co  12  avril  16(51. 

LKTTKK  WAX  VI.  —  Ait  uirine. 

Depuis  ina  derniere ,  que  je  vous  envoyai  par  la  voie  de 
M.  F*****,  je  me  suis  avise  de  fa  ire  un  mot  de  reponse  a 
M.  Dinkel ,  el  de  vous  TcDvoycr  pour  vous  prier  dc  lui  f'aiiv 
tftnir  a  Strasbourg. 

On  parle  ici  de  plusieurs  signes([iii  out  etc  vusau  cicl  dans 
toute  1'Allemagne  outre  la  comele,  el  de  plus  <|u'a  Leipsick 
t>D  a  Irouve  plusieurs  tombeaux  on  verts,  dans  lesquels  il  pa- 
roissoit  du  sang.  Je  ne  suis  pas  d'avis  d'en  pleurev,  il  n'est 
peut-etrc  pas  vrai;  le  peuple  sot  et  crcdule  prend  plaisir  a 
t'aire  de  tels  contes ,  mais  quelque  chose  tpii  puisse  arriver,  il 
s'y  faudra  resoudre. 

Je  tacherai  de  scrvir  cet  apotliicaire  allemaud  qui  m'est 
venu  voir  de  votre  part  11  m'a  (lit  <pi'il  vondroit  bien  ctre 
ici  quelque  six  mois  dans  quelque  bonne  boutique ,  mais  il 
n'y  en  a  plus  guere  de  bonnes.  Dieu  inerci ,  les  gens  de  bien 
cl  la  miscre  du  temps,  ces  deux  rencontres,  avec  le  sent; 
el  le  Mf''(l<.'dn  c/iin-iffifi/c ,  out  I'tiini'1  les  apotliicaires  de  Paris. 
Les  chirurgiens  merileroient  bien  j)areil  traitement  jionr  Icur 
insolence;  mais  il  faut  qu'il  survienne  quelque  cliose qui  re- 
veille encore  davantage  notie  Kaculte  et  qui  nous  I'asse  t;n- 
trer  en  plus  grosse  colere. 

Knlin  la  petite  Marie,  niece  du  cardinal  Ma/arin,  a  ete 
marieepar  procureur  avec  le  prince  Colonne,  et  est  partie  le 
13  de  ce  mois  par  ordrc  du  roi  pour  aller  trouver  son  mari. 
Kile  emporte  d'ici  un  million  d'argent  comptanl.  C/est  ainsi 
que  la  France  nourril  les  petits  poiss(>ns  d'ltalie.  Je  suis  ,  etc. 

DC  I'aris,  lo  1S  avril  KKil, 


A    KAI.OINKT.  .V>.r> 

LKTTHK  IH.XXYII.  -     \n  ,„<>„„: 

Aujourd'hui  ,  cc  satnedi  26  avril  ,  j'ai  tail  tailler  par 
M.  Colot  mi  vieux  bourgeois  nomine  M.  Chanlate.  dans  la 
rue  Saint-Denis ,  oil  j'ai  mene  Noel  Falconet,  <|iii  a  vn  a 
son  aise  le  mystere  do  I'operation;  on  lui  a  tin;  en  peu  de 
temps  une  grosse  pierre  du  poids  de  quatre  onces  et  d«'ini<$ , 
elle  est  grosse  plus  qu'un  gros  u'uf  d'oie.  Le  bonhomme  a 
soixante-dix-huit  ans,  et  ainsi  esl  en  danger  d  en  mourir  ; 
pourtanl  j'en  ai  bonne  opinion. 

11  y  a  en  ee  matin,  dini;incbe  17  avril,  force  fanfares  en 
notre  eglise  deSaint-Germain-rAuxen'ois;  le  roi  y  a  rendn  le 
painbenit  avec  grandes  ceremonies,  litres,  tambours  et  front- 
pettes ;  il  y  a  assiste  lui-meme  avec  les  deux  I'eines  et  fonle 
la  cour.  On  (lit  qu'il  partira  dans  huit  jours  pour  Fonfaine- 
bleau  ,  et  que  le  lils  de  31.  le  mareclial  de  Yilleroi  se  poi  te 
mieux.  Lecoup  n'ayant  point  ete  jus(|u'a  la  tete,  il-n'ya  rien 
eu  decasse;  le  vomissement  n  a  ete  (jue,  <!<•  compressione  vt-n- 
friculi ,  sur  lequel  le  pommeau  de  la  selle  avoit  apj)uye  par 
la  cbute  du  clieval.  Voila  un  coup  heureux  ,  et  un  tils  aine 
(juitteabon  marcbe  d'un  grand  malheur.  I'nepareille  chute 
ne  fut  point  si  heureuse  au  jeune  prince  de  Castille,  oncle  de 
I'empereur  Charles  V.  a  qui  un  elieval  cassa  la  trie,  et  lit 
passer  1'Kspagne  tout  enlier*;  a  Jeanne  dc  Castille,  title  de 
Ferdinand  et  d'lsabelle,  hKjuelle  Jeanne  fut  meie  de  Charles  V 
et  fern  me  de  Pbilippe-le-Heau  ,  lils  de  Maximilien  I"  et  de 
Marie  de  Bourgogne,  laquelle  poi'la  les  dix-sept  pi-oxinct^ 
des  Pays-lias  a  la  maison  d'Autriche,  <ln  hicn  d'unliui  i-icln-. 
Si  le  roi  Louis  XI  cut  etc  bien  a\is»'',  il  cut  marie  eette  Marie 
a  Charles,  due  d'Angouleme  ,  pen-  de  Franeois  \"\  et  ainsi 
les  Pays  Bus  nous  fussent  demt  ures,  el  cela  eut  sauve  la  vie 
a  bien  du  monde ,  et  la  maison  d'Autriche  seroit  encore  bien 
M-ehe  dans  1  extremite  de  1'Alleinagne  Nouspouve/.  me  re- 


,'W)  l.KTTKES    I»K    i. II    I'ATiV 

procher  que  jo  la  is  ici  le  politique  sans  neeossile,  amsi  \c  niij 
tiiis  el  YOIIS  eutrolieiidrai  d'autre  chose. 

Cejonrd'hui  luiuli  18  avril ,  M.  le  premier  president  a  piv- 
senle  ;ui  roi  MM.  los  direoteurs  de  1'Hdpital-General ,  quiont 
fait  entendre  a  S.  M.  les  uecessites  do  cettc  maison  publiqne, 
par  les  di verses  causes  qni  lour  fourmssoient  taut  de  gueux, 
entre  atitres  <|iie  cola  venoit  do  ee  <pie  la  campapne  n'etoit 
point  soula^ee,  bien  que  la  paix  iVit  laite,  et  de  ee  (pie  los 
eapitaines  renvoyoient  los  soldals  do  lour  ^arnison  fan  to  do 
paieinent.  [jO  roi  lour  a  promis  il'y  romedier,  et  d'avoir  ouard 
atonies  lours  belles,  fortes,  eharilahles  et  eliretionnos  re- 
montranres. 

J'ai  vu  co  matin  nn  honnote  hoinnie  do  f.yon ,  inalado, 
nomine  M.  Perrin,  ipii  m'a  dit  ipu1  vous  etie/  son  niodocin, 
el  (piol(jiiefV)is  M.  do  Rhodes,  quand  vous  otioz  malado.  Nous 
avons  [nirledcM.  Spon,  (pi'il  conuoit  el  qu'il  estime:  il  dit 
ipi'il  a  connu  toulo,  lafamillo,  que  c'otoient  d'honnetes  gens: 
il  dit  qifou  lui  a  domx:  avis  (pi'a  I'at  is  il  y  avoit  dos  charla- 
tans qni  protondoient  passer  pour  Brands  modeciiis,  on  don- 
naiildu  vin  ('mi'tiipio,  ot  qu'ou  1'avoil  avorti  de  se  garder  de 
cos  ^ens-la,  ot  do  no  point  tombor  onli't1  Icuis  mains,  f/avis 
tpiOii  lui  a  donne  me  somblt!  fort  raisounablo.  (Test  a  VIMIS 
do  ju^er  s'ii  on  a  ou  un  boil ,  (juaud  il  m'a  pro  Co  re  it  taut  d'au- 
tros  (|ni  sout  ici.  -lo  crois  (|u'il  m'a  ehoisi  parco  quo  jo  suis 
rnnomi  jurt'1  do  la  charlatauerie. 

On  imprimo  ici  V lllxtnire  ot  les  Mf'iniHt'ca  'In  imn'f'chnl  <lf 
Mt/t/(/u/in,  iu-fblio,  avoc  un  aulro  livro  fort  curioux,  l'///'x-- 
luirt'  <li'  in  iiHiisiiii  i'oijuli'  <li'  Cinii-ti  run/ ,  ol  un  autro  volume 
in-lolio,  V  IJixtiiii'i'  il<'  I"  (lr«iitli'~llr<'t<i<ini' ,  faito  par  M.  Sal- 
monet.  On  imprime  pareilloment,  au  Louvre,  le  tome  III  du 
Minixfri1  il'I'Jnl,  de  M.  Sillion  ,  in-(piarlo;  lout  cela  sera  cu- 
rieux  et  bou.  Jo  vous  baise  (res  liuniblemonl  les  mains,  et 
snis  de  toule  moil  aine  volrt"  ,  etc. 

I),-  I'jiri-i.  !«•  I!)  ;i\ril  KJiil. 


\     I  Al.l.ONKf.  .'..!, 

LKTTIIK  IHAXVUl.  -    .t«  men,-. 

Le  roi  est,  cesamedi  ~l'.\  d'avril ,  a  Fontaiuebleau ;  la  reiue- 
niere  s'y  en  va  avec.  le  conseil  et  toute  la  cour.  On  ne  (lit  en- 
core rien  de  nuuveau  touchunt  le  cbangement  du  gouverne- 
inent  depuis  la  mort  du  Mazarin. 

Le  bonhomme  Seipion  Dupleix,  historioyrapho  de  Knmre. 
age  de  quatre-vingt-onze  ans,  est  inort  dans  ^a  maiMin  de 
Condom.  II  y  avoit  fort  longtemps  que  jfi  le  connoissois;  je 
l';ivois  ici  traite  bitMi  malade  1'an  162;>;  il  y  avoit  drja  sept 
aus  que  j'etois  de  ses  amis.  11  a  bien  travaille  touto  sa  vie  ct 
n'a  pas  eu  grande  recompense;  le  cardinal  de  Kicbeliru  lui 
manqua  an  besoin ,  car  il  mounit  an  meme  temps  (pi'il  Ini 
avoit  proniis  de  le  faii'c  payer  dc  ses  appointements,  qui  Ini 
eloient  dus  depuis  plusieurs  annees.  Sa  /'/it'losoji/tie  frmirnisi- 
n'est  pas  mauvaise ,  son  Hi^nirc  miHutix-  est  I'ort  bonne;  son 
Histoirc  <lt-  FniKCi'  seroit  passable,  s'il  n'avoit  pas  taut  llatlc 
le  cardinal  de  Richelieu  ,  niais  il  est  excusable  de  ee  qu  il  ne 
pouvoit  alors  t'aire  autrement,  pnis<|u'il  ecrivoit  1'bistoirede 
son  temps  sous  la  tyrannie  de  celui  qui  y  prenoit  part  et  qni 
vouloit  <pue  cela  allat  ainsi.  Ihirum  t-*t  siTrin-  duuiino  /<•/•>»/'. 
Le  cardinal  de  Kiclielien  ressembloit  a  Tibere,  <-r<it  ">//'-/•  <•/ 
/>it>/tif/s  ,  oituniiin  cci'i'H'ilftts  muni  iH'liul .  ft  iitniii  niilmt  iir  in  I'liifn 
/rrrcn  :  c'etoit  un  atrabilaire  <[ni  vouloit  re^ner  :  ITU/  ,/>ii//f/-r 
nmcftifnr.  Lt:  Ma/.arin  n  aimoit  pas  taut  la  vengeance  in  !•• 
sang,  niais  il  etoit  grand  conpeur  dt1  bourses  :  /;/»//•<(/•/////  sun- 

(jnl)H'nt    I'ljinlit  ,    ijHin    innn'inii    SU/I//HI /inn    sn.ii/    >J    .     lout    le 

monde  parle  encore  ici  de  lui,  mais  [)ersonne  n'en  dit  du 
bien;  on  dit  seulement  (|u  il  e.st  mort  sans  qu'il  y  ait  aucim 
autre  cbangement.  Toute  !,i  maison  de  la  reine  mere  e>t  I'nrt 
leste  et  brave  pour  la  conduii'e  a  Kontainebleau;  on  ne  parle 

\\.  ('.<•  parallel'',  i|iii  in*  r<"-sciiil)l»1  j'.urn1  ii  cclui  ill1  N  ollairr  nc  innii- 
(jtir  pour  I, -in  I  ni  dc  lorcc  ni  dc  MM  lie.  (iui  I 'a  tin  le  (<  i  mine  p;n  MIIC  lii<'n 
'•niello  retlc\ioi\.  II  P. 


3r>S  l.KTTKt>    DK    i.ll    I'VTl.N 

in  que  de  ee  beau  train,  et  de  tantde  beaux  rlievaux.  Jen'ai 
garde  d'y  rieii  trouver  de  mauvais,  puisque  c'est  la  meredu 
roi ;  inais  pint  a  Dieu  que  le  pauvre  penple  cut  plus  de  pain  a 
manger,  et  qu'on  no  mourut  pas  de  faim  a  la  campagne  tan- 
dis  que  la  cour  est  si  leste. 

La  reine-mere.  ce  25  avril,  est  partie  avec  son  beau  train 
ce  matin,  est  allee  diner  it  Essone,  et  couclier  a  Fontaine- 
bleau;  grand  nionde  va  aujourd'hui  dire  adieu  a  M.  le  clian- 
celier,  ([ui  parlira  demain  avec  MM.  les  maitres  des  requetes. 

La  nouvelie  est  certaine  que  le  roi  d'Angleterre  epouse  la 
s<eur  du  roi  de  Portugal  et  douze  millions  qu'elle  lui  apporfe. 
avec  deux  villes  qu'on  lui  doniie  dans  les  Indes.  II  s'oblige 
tie  i'ournir  dix  mille  hommes  entretenus  pour  les  interets  du 
Portugal,  taut  contre  le  roi  d'Espagne  que  tout  autre,  sur 
quoi  il  fait  entrer  des  soldats  dans  la  France  par  Dunkerque, 
el  a  fait  assieger  une  ville  dans  les  hides  sur  les  Hollandois. 
(jiii  est  ii  sa  bienseancc.  Si  cela  est  vrai ,  voila  le  roi  d'Espagne 
liors  d'etat  tie  songer  a  la  conquete  du  Portugal. 

On  parle  aussi  du  couronnement  <ln  roi  d'Angleterre,  qui 
se  doit  f'aire  dans  Londres,  le.'i  inai.  Je  vous  baise  les  mains, 
a  mademoiselle  Falconet  et  ii  M.  Spon  imtre  bon  ami.  et  suis 
de  totite  mon  ame  votre,  etc. 

De  I'aris,  le  -2o  avril  !(><>!. 


LETTKE  DIAXIX.  —  .A«  nu'w. 

Notn;  M.  (Aturtois,  ce  samcdi  7  mai ,  est  encore  bien  ma- 
lade.  Quoiqu'il  ait  ete  saigne  douze  Ibis  ,  je  ne  vois  pas  encore 
sa  guerisou  assuree  :  son  merite  me  fait  peur  de  sa  perte,  et 
je  le  tiens  un  des  plus  sages  et  des  plus  savants  de  notreconi- 
pagnie.  J'ai  encore  une  autre  malade  en  grand  danger,  c'est 
madame  Oulaurens,  agve  de  qualre-vingt-uu  ans;  elle  est 
mere  du  conseiller  et  belle-sirur  <!e  feu  M.  Andre  Dulanrens. 
<|ui  a  fait  V. \iifitiniiif.  File  s'appt>lle  Anne  Robert,  ill  le  du 
savant  avocat  \nne  Hubert .  qui  a  fait  desi  beaux  plaidoyers. 


V    ULl.oMvl.  359 

/  Hubert i ,  rcruni  jmlirvtitrum  ,  etc.  Le  livre  s»e  truuvc  en 
latin  et  en  francois. 

Je  viens  d'apprendre  que  Ton  imprime  a  Paris  un  nouveau 
livredu  P  Theophile  Ueynaud,  /JcT/n-o^/iilin;  il  y  en  a  do  bons 
et  de  mauvais.  Jc  m'imagine  qu'il  n'aura  pas  oublie  d'y  par- 
ler  de  ce  pauvre  Francois ,  'J'/teuft/n'li'  I '/<///</,  qui  moimit  ici 
fort  jeune,  d'une  pilule  narcotique quo  Gui  de  Labrosse  lui 
donna  pour  dorniir,  dont  il  dort  encore;  ce  fut  Tan  162~,  et 
il  n'etoit  age  (pie  de  (rente-six  ans  I). 

M.  Courtois,  ce  dimanche  8  niai,  a  tine  grande  sueur  cri- 
tique ,  de  laquelle  il  n'a  ete  soulage  que  tres  pen  ;  je  commence 
a  le  purger,  in  s/ietu  tcrutionis  et  inel inn's  d'ri.  Sola  rat/tarsia 
latest  tuntinn  morbum pei'curare.  /  tinom  cit<>  cnnculesfdt! 

On  dit  ici  que  M.  d'Kspernon  est  fort  malade,  en  son  hotel, 
d'une  suppression  d'urine,  et  queM.  Fabert,  lemarechal,  si1 
meurt  a  Sedan;  meme  on  dit  (jue  les  medecins  1'ont  aban- 
donne.  Madame  la  grande-duchesse  de  Toscane  partit  bier 
pour  1'Italie;  sa  sajur  ainee  la  doit  conduire  jusqu'a  tine  jour- 
nee  de  Paris  seulement. 

Aujourd'hui,  ce  lundi  9  inai ,  m'a  ete  rendue  une  lettre 
de  votre  part,  par  un  lionnete  Lyonnois,  qui  demande  ii  olite- 
nir  une  audience deM.  le  premier  president;  maiscela  ne  se 
peut  faire,  car  il  est  au  lit  malade,  enlre  les  mains  du  sieur 
(iuenaut,  (jui  a  recule  la  guerison  au  lieu  de  1'avancer :  1'ayant 
purge  trop  tot,  cela  les  a  obliges  de  recount1  a  la  saignee  et 
plusieurs  fois.  On  commence  maintenant  a  le  purger,  mais 
il  a  un  grand  mal delete  qui  einpeche qu'on  ne  lui  parled'au- 
cune,  allaire.  J'ai  promis  a  volre  ami  <iue  dt-s  <pi'il  sera  gue'ri 
je  Tii'ai  voir,  et  que  je  tacherai  d'oblenir  quelque  chose  pour 
lui.  Ne  vous  etonne/  point  si  je  ne  suis  j>as  son  medecin,  (.itie- 

vl  (iiii  I'atin  n'ainiail  pa.-  co  incdcoin  ,  celebrcii  jusle  litre  ;  j'on  ai 
<lil  la  raison  ,  \oyi-7.  la  note  Ju  tome  I,  p.  S2.  (Juaul  a  Tlieoi>liite  Viand 
on  Dei'iau,  il  n'csl  jtas  d'homim-  do  letlrcs  qui  no  saclio  quo  co  furonl 
sos  oxc'cs,  sos  folios,  sos  inalliours  ,  sa  lon;',uo  prison  ,  qui  le  lirenl  suo- 
ooinber  dans  la  Hour  dc  Pa|;o .  lo  -20  srptembro  16-20  et  urn  1(527. 

H.  P. 


iiiiiit  lest  il  \  a  plus  de  vingl-six  ans,  par  des  raisons  poli- 
li(|ucs  :  il  y  a  1111  autre  petit  medecin  <lu  eommun  pour  la 
1'amillc. 

Noel  Falconet  vous  tninscrit  .\.rium<it<i  Dnrcti;  il  y  a  quel- 
que  chose  de  fort  bon,  rnais  eel  a  est  court,  et  a  cette  imita- 
tion j'en  fins  nn  dont  je  lui  ferai  present;  il  y  anra  quantity 
de  bons  mots,  <|ui  in'ont  servi  quelquelbis  et  bien  son  vent  en 
ines  explications  piibli(|iies. 

M.  d'Kspernon  continue  d'etre  bien  malade:  c'est  une  sup- 
pression d'nrine  produite  par  une  pierre  (ju'il  a  dans  la  vessie; 
c'est  le  jugcment  des  medeeins  ;  pourtant  un  chiruryien  a  dit 
que  e'est  une  earnosite.  Feu  M.  1'ietre  disoit  que  ces  barbiers 
ne  inan(]uoient  jamais  de  mentir  en  ce  cas  la  ;  (juoi  (jn'il  en 
soil ,  il  est  fort  malade. 

II  court  ici  quantited'epitaphes  centre  le  cardinal  Ma/arin, 
dont  Noel  Falconet  fait  un  recueil  ;  plusieurs  etranyers  en 
font  ici  de  meme,  avecdessein  de  les  fa  ire  imprimer  ensemble 
en  Flandre  ou  en  Hollande,  ce  <jui  arrivera  taut  plus  tot  (|ue 
Ton  n'en  a  ose  imprimer  dedeca,  le  roi  1'ayant  expressemeul 
defend u.  Voussavezce  (jue  dit  Medee,  dans  Ovide  :  Vidt-n  nx>- 
,  detai'iora  fequor.  Xithmn- in  cetidun  seni/jcr, 
l.  d'Kspernon  a  fait  son  testament;  ondif 
qu'il  donne  tout  son  bien  a  son  neveu,  Monsieur,  I'reredu  roi, 
(juti  Ton  appeloit  ci-devant  due  d'Anjon  :  c'est  que  sadefunte 
femme  etoit  lille  naturelh1  d'Henri  IV  et  de  madame  de  Vcr- 
neuil ,  et  par  consequent  sirur  de  M.  deMetz,  ablx;  d»-  Saint- 
C.crmain-des-Pres  el  maninis  de  Yemeni  I. 

J'ai  fail;  aujourd'hui  apres-midi  une  fort  bonne  leeon,  en 
laquelle  j'ai  amplement  explique  1'apoplexie,  uii  j'ai  sanglo 
lesii[iothicaires  qui  voudroient  epuiserleur  boutique  sur  cette 
maladie,  mais  en  vain;  nous  ne  la  yui'rissons  (jne  par  la 
prompleet  freqnente  saignet;  (l).  .le  vous  liaise  tres  Iminblc- 
ment  les  mains,  et  suis  de  toute  mon  aine  votre,  elc. 

Do  Paris,  le  lOmai  Mini. 
1    (jui  I'nh'n  ;i  r ompletomoiit  raison  luemc  aujourd'hui.  bieu  qu*1 


LKTTHK  DLXXX.  --Attmemc. 

Voila  que  je  vousenvoie,  co  samedi  If  inai ,  tine  lettre 
queM.  votre  frcre  le  prdtre  a  apportee  CD  mon  absence.  Voici 
une  autre affaire  pour  laquelle  j'ai  bien  regret  de  vous  donner 
de  la  peine;  inais  je  ne  puts  t'aire  autrcinent;  r.'est  un  cas  im- 
prevu  ,  etdont  jene  me  pouvois  garder,  etant  impossible  aux 
gens  do  bien  d'aller  au-devant  de  la  malice  des  homines , 
coinme  vousalle/  entendre. 

I:n  de  mes  ecoliers,  aujourd'lmi  docteur  en  medecine,  qui 
exeree  dans  Francfbrt,  et  qui  m'aime,  sur  1'exemple  d'Hip- 
pocrale,  a  1'egal  de  ses  parents,  m'envoie  tous  les  ans  un 
paqtiet  de  livres  qu'il  pent  ramasser  aux  deux  foires  de  Franc- 
fort  (vous  savez  que  toutes  les  curiosities  de  1'Europe  se  ren- 
contrent  la).  II  donne  ce  paquet  a  MM.  de  Tournes,  libraires 
de  Geneve ,  qui  sont  a  Francfbrt  a  la  foirede  Paques.  La  meme 
chose  s'est  faitecette  annee ;  ilsl'ont  mis  dans  leurs  balles  et 
1'ont  fait  venir  a  (ieneve  ,  et  de  Geneve  1'ont  envoy*!  a  Lyon, 
et,  suivant  la  coutume,  1'ont  adresse  a  M.  Anisson,  libraire  , 
pour  me  le  fa  ire  tenir ,  comme  ils  out  fait  ci-devant.  Le  syn- 
dic des  libraires  de  Lyon  a  fait  laisser  mon  paquet  a  la  douane 
pour  picjue  (ju'il  a  contre  les  libraires  de  (ieneve,  coinme  s'il 
avoit(juelque  droit  sur  le  paquet  qui  neluidoitrien,  et  comme 
si  c'etoient  des  livres  huguenots.  Je  ne  crois  pas  qu  il  y  en  ait 
tin  de  celte  religion;  inais  quand  il  y  en  auroit  <iuel(|u'un  , 
c'est  un  present  que  Ton  me  fait,  et  meme  il  en  vient  a  Paris 
tous  les  jours  de  tous  cotes,  d'Angleterre,  de  Ilollande  ,  d'AI- 
lemagne.  Ce  paquet  est  extraordinairement  compose  de  livre*; 
de  medecine,  de  philosophic,  d  humanites,  (jui  sont  les  funde- 

iions  commissions  braucoup  niieux  los  C.TUSOS  cl  les  cllcts  do  rapoplcxir. 
Kl  le  croirait  on  .'  la  reprobation  <lont  il  irappa  certains  icmedes  anli- 
apoplectiqucs  pretendus  est  encore  applicable  de  nos  jours. Qui  n'a  pa- 
eii(oii(lu  parlor  des  s«r/«'/sdu  sieur  Arnoux,  (|ii'on  pen«l  an  cou  coiiuiic 
preser>atils  de  1'apoplcxio.  0  (aiblosso  !  6  sotlii-c  humaine !  'K.  1'. 


362  LETTKES    UE    (,(1    PA1IN 

mentsdeinabibliotheque.  M.  Anisson  me  inande  par  sa  lettre 
que  jevous  envoie,  qu'il  faut  avoir  un  arret  de  defense  contre 
M.  le  lieutenant-general  ;  mais  le  conseil  que  j'en  ai  pris  est 
d'un  a  utre  avis,  qui  est  de  faire  representer  a  mondit  sieur 
lieutenant-general  de  votre  ville  mes  raisons,  afin  d'obtenir 
de  lui  par  douceur  que  le  paquet  me  soil  rendu.  Je  ne  me  sers 
nullement  de  livres  huguenots  et  n'en  ai  que  faire,  mais  le 
roi  meme  permet  bien  qu'il  en  vienne  a  Paris  de  Geneve.  Je 
erois  qu'il  y  a  dans  ce  pa([iiet  :  Maltha  cet/ts  at  nwn  ,  qui  est 
'une  histoire  de  1'ile  do  Make,  in-folio,  et  plusieurs  autres 
petits  livres  curieux  de  medecine,  que  AI.  SchelFer  ramasso 
tout  le  long  de  1'annee  pour  m'en  faire  un  petit  present.  Je 
n'ai  point  la  facture  dudit  paquet  et  ne  sais  s'il  est  gros.  Quoi 
qu'il  en  soil  ,  s'il  y  en  a  quelques  uns  que  mondit  sieur  lieu- 
tenant-general veuille  etre  retenus,  qu'il  le  fasse  ;  mais  il  n'y 
a  rieu  qui  puisse  donner  droit  de  confiscation  an  syndic  des 
libra  ires  de  Lyon.  Je   pense  que  si   vous  en   voulez  prior 
M.  votre  lieutenant-general,  qui  ne  vous  refusera  pas  cette 
justice  ,  dictantum  rcrliurn,  ct  sanabitur  aninw  men.  C'est  pour 
I'embellissement  et  la  perfection  d'une  bibliotheque  qui  est 
:»70£!ov  TYJC  \Lu^?;,-,  tnf.'dflu  (iniiiHc.  Si  vous  n'etes  pas  son  mede- 
cin  ,  priez  s'il  vous  plait  celui  qui  Test  d'obtenir  cette  grace 
pour  moi  de  M.  le  lieutenant-general.  S'il  vous  y  taut  de- 
bourser  de  1'argent,  je  vous  en  tiendrai  cornpte  ;   s'il  faut 
plaider  a  Paris  contre  le  syndic  des  libraires  ,  je  suis  tout 
pret  ;  je  n!y  nianquerai  ni  de  bonnes  raisons  ni  d'amis.  Ex- 
cusez-moi  si  je  vous  donue  tant  de  peine  ,  c'est  1'iniquite  du 
siecle  qui  est  cause  :  nimis  tnulto  licent  ituprobi^.  Vous  save/ 
bien  ceque  (lit  Martial  : 


inlntntctnos  habvl  o/'/?r/  •  sitx  tnnicox. 


Si  Uieu  nous  fait  la  grace  d'obtenir  ce  paquet  ,  vous  Ic  fi-ivz. 
s'il  vous  plait  ,  garder  cluv,  vous  on  chez  M.  Spon  ,  et  apres 
on  avisera  de  le  faire  veuir;  mais  il  fa  in  Ira  encore  aouti-r 


v  KAI.CO.NKI.  ;16.< 

los  Questions  >ne<lico~l'-y(il('x  tie,  l>.  /accliias,  qu  un  domes 
amis  de  Hruxelles  desire  avoir,  et  a  qui  je  I'ai  proiuis.  Si  vous 
prene/  la  peinede  parler  de  noire  paquet  saisi  a  MM.  Hugne- 
tan  et  Kavaud  ,  peut-etre  (ju'ils  vous  f'ourniront  quetque  ex- 
pedient pour  vous  le  fa  ire  rentlre.  Je  me  suis  autrefois  mele 
ici  pour  eux  d'une  pareille  affaire  ,  dont  ils  eurent  contente- 
inent,  a  la  priereque  j'en  fis  a  M.  le  lieutenant  civil ,  qui  me 
fait  I'honneur  de  m'aimer.  Je  vous  demande  pardon  de  taut 
de  peine;  mais  au  moms  vous  voyez  queen  n'estpas  ma  1'aute, 
re  n'est  (jue  mon  malheur  qui  est  commun  aux  gens  de  bien. 
I, a  chicane  n'a  que  trop  de  credit  en  France  ,  et  1 'innocence 
n'est  que  trop  persecutes.  Sponiinn  nostrum  mil  at  n ,  royoqur  nt 
tibi  tnihiijue  opi'tti  fcrn.t  in  />/-<rwi>fi  itcf/of/o,  ttiliqw  difficultatf 
litwreinur :  in  tun  cntiii  rjttsrjna  nt  HOX  umwe  jjlurimuni&pei  ;•'>- 
/inn/iii/ai.  Je  vous  baise  les  mains ,  et  suis  de  tout  mon  civiir 
votre,  etc. 

/'.  .V.  M.  d'Espernon  se  porte  mieux  ;  il  n'y  a  rien  de  nou- 
veau  a  la  cour,  ils  sont  tons  «a  Fontainebleau  avec  la  reine 
fj'rosse.  I.e  roi  d'Anyleterre  a  ete  couronne  en  grande  pompe 
et  ceremonie.  Notre  M.  Courtois  est  encore  malade,  et  le  sera. 
rfegenerat  i-nint  ntorbus  (trtttus  in  diutin-nmn  ,  w/if/uif/'  mnijini' 
nos  cxerrcnt.  II  a  ete  saigne  seize  fois  et  purge  liuit  t'ois  ,  ft  i»- 
»<en  nliquid  super  (>*(•  C'est  le  meilleur  ami  que  j'aie  dans  la 
Faculte  ,  «;t  le  plus  honnete  homme. 

He  Paris,  ce  17  mai  ICfil. 


LET'I'KK  DLXXXI.         -\"  »"'»»'• 

On  dit  ici  qne  le  roi  d'Kthiopie  ,  aiitremenl  dif  empereui' 
des  Abyssins,  on  le  grand  Ni'-gns  .  ou  le  jiivtre  Jean,  ayanl 
reconnn  1'avariee  el  rambition  des  jt'suites,  les  a  tons  cbaW-s 
de  ses  pays ,  comnie  aussi  tons  les  catbdliiiues  lonr.tins.  d'au- 
lant  qn'ils  in«-lloient  tons  ses  pays  en  desordre  par  Imp  dr 
cabales. 


:{(i<f  I.KI  IUH>  nt  (-1  i  rvn.x 

Lc  prince  (.!••  (lonti  est  iei  arrive,  avec  grande  joie  de  trouver 
un  fils  en  sa  maison  et  sa  femme  en  bonne  sante. 

Le  cointe  deSoissons  a  fait  appeler  en  duel  M.  de  Navailles, 
qui  !':i  refuse,  alleguant  pour  ses  raisons  les  defenses  du  roi 
tant  de  Ibis  reiterees ;  il  s'en  est  plaint  an  roi ,  qui  a  envoy*;  le- 
dit  comte  en  son  gouvernement ,  et  dans  la  Bastille  It;  cheva- 
lier deMaiipeou  ,  qui  avoit  porte  ledeli. 

Mademoiselle  de  Label  a  un  Ills  de  dome  ans,  nomine  Hu- 
gues,  fort  malade;  elle  m'a  envoye  ([iierir  le  neuvieme  jour 
d'une  iievre  continue,  durant  lesquels  il  n'a  etc  saigne  (jut1 
deux  fois,  eta  pris quelques  poudres  (|u'elle  lui  a  donnees;  il 
est  en  grand  danger.  Onincx  jilcriqnc  Itnmhtc*  nun  i«ni  tif/mfnr, 
quatu  itbuntiir  inyenio  suo.  Elle  a  assex  d'esprit,  mais  elle  s'est 
voulu  meler  d'un  metier  oil  elle  ne  connoit  rien  ,  qnl  non  in- 
telliynnt  o/'tes ,  no/t  nn'raitfio'  artifices,  ace  <jue  dit  Sidonius 
Apollinaris  ,  eveque  marie  deClerraont  en  Auvergne  (1). 

Dieu  soil  loue  quc  nous  aurons  bientot  quelque  chose  du 
bon  pere  Theophile  Haynaud  ,  que  je  recevrai  comme  un 
grand  present  de  votre  part.  Mais  pour  YHintatrc  ftc  Snn/ic, 
je  la  veux  payer,  autrement  je  ne  la  dijsire  point;  je  la  ferai 
voir  a  bien  du  monde  curieux  qui  me  vient  voir  sou  vent;  mais 
n'aurons-nous  jamais  son  Snnc/us  Georyius  ('(qqxitlo.c^  ,!»• 
I'attends  pour  le  fa  ire  relier  avec  son  Saint-Antoine  et  Sirur 
.Marie  Egytienne. 

.le  liens  M  Marbier  en  bonnes  mains,  puisque  vous  le  trai- 
te?, :  mais  je  crois  qu'il  le  faut  purger  souvent  avec  une  demi- 

(l)Ccn'cst  pas  sans  arriere-pensee  ijuc  (iui  Palin  sc  srrl  dc  res 
mots  Ires  significatiis  :  cci!<i>ie  nun-it'.  11  esl  cerlain  qur  Sidoinc  Apol- 
linairc  (  Cains  Snlli/ts  Sidonius  Apollinaris],  ret  illu.-tro  I. \oiiiiais 
du  v  sieclc  ,  elait  marie  .  mais  avant  d'rlre  (Hiviue.  II  a\ait  epoiise 
I'apianilla  ,  (illc  d'A\ilns,  qui  lut  dcpuis  einpercur,  dont  la  maison 
di1  I'oiij'.nac  a  pretcndu  desccndre.  II  esl  certain  oncori1  (juc  Suloiiir 
.\l>oHin;:ire  Cut  eleve  on  472  an  sio^c  episcopal  d'Arverna  C,ler- 
monl  },  ct  qne  sa  lemmo  \\M\\\  encore:  die  ne  monrnt  (|iie  den\  <m 
trni<  ans  apres.  l/K^lisr  lolerail  sans  iloule  alors  de  pareils  arrange- 
ment*. Sidoine  A|xillinaire  monrnl  !'•  2.'i  a«nt  VS'.I.  \\.  P. 


\    FALCONET.  .'{Go 

once  de  sen/-,  tint'  once  el  demie  de  sirop  de  roses  pales  de 
I  an  passe ,  y  ajoutant  meme  quelquefois  deux  dragmes  de 
diaphu'iiix  (I). 

Le  livre  tie  M.  Sebizius  est  acheve  a  Strasbourg.  M.  Cour- 
tois  est  bien  mieux  ,  srd  rcmammt  vetwis  vestigia  flammce  im- 
(irfmvt  in  vents ,  ideoqua  ad  hue  indiget  blanda  catltursi ,  nndtu 
cuntempwatione  viscei'mn ,  sciincit/no  ,  nqua  vitulina,  Incfc  nai- 
m'nu,  sei'o  lactiS)  nci-is  ct  loci  mutations,  sccundum  iH 
(iol.,  lib.  5,  Mef/todt,  qni  mittebnt  eos  quorum  natura 
ud  ftifiein  et plilhisi  crmif  obnoxit,  <id  numd'tn  Stabiunmn  ,  etc. 
Ce  mot  me  fait  souvenir  ilu  triomphe  que  pretend  mon  (la- 
rolus  pour  avoir  trouve  ce  mot  sur  une  medaille  anti(jue  de 
(ieta  ,  par  laquelle  il  pretend  que  ces  peuples  out  represente 
nne  vaelie  sur  leur  monnoie ,  comine  pour  en  oil'rir  le  lait  a 
leur  empereur  ;  mais  son  frere  (laracalle  ne  lui  donna  pas  le 
loisir  de  devenir  etique,  car  il  le  poignarda  bien  jeune  dans 
le  giron  memo  de  sa  mere  Julia.  Je  vous  dirai  quelque  jour  le 
nomdecelui  qui  a  fait  cette  belle  epitaphe  du  .Ma/.arin  ;  c'est 
nn  de  nos  professeurs  du  roi. 

M.  Chanlate  se  porte  bien  de  sa  taille,  je  1'ai  vu  aujour- 
«rhui ;  il  a  un  pen  la  goutte  et  dit  (ju'il  a  soixante-dix-neiit 
ans  passes. 

Noel  Falconet  ne  manque  pas  de  venir  a  mes  lecons  el  a 
la  bolanique,  a  lacjuelle  ii  prend  grand  plaisir.  II  connoil  deja 
bien  des  herbes. 

4t:  vous  prie,  monsieur,  d'assurer  M.  Spun  que  j'ai  roeu  ses 
livres;  je  lui  en  ecrirai  lout  expres  par  le  premier  ordinaire. 
J'ai  taut  d'affaires,  <pie  je  ne  le  puis  anjourd'liui ;  j'ai  eu  six 
consultations,  dont  d  y  en  a  deux  de  consequence  aveedue- 
naut  et  autres.  Je  vous  baise  les  mains,  el  snis  de  toute  mon 
aine  votre ,  etc. 

DC  I'aris  ,  le  '20  mai  KM51. 

I }  Eloclnaiiv  pur{;alif  alors  II-L-S  emiiloyt* ,  fait  avco  des  dalles  et  de 
ta  -ramiimiMT,  C.etle  composition  pharinaoeiitique  rt.nl  connue  do 
aiineiis.  K.  I'. 


i.KTTKKS   DK   C.C1    P\TI\ 


LKTTHE  DLXXXII.     -  An 


Je  ne  vous  ecrivis  hier,  ce  samedi  21  mat  ,  en  hate  ,  qu'une 
petite  lettre  :  aussi  n'avois-je  guere  de  matiere.  Ce  matin  je  me 
suis  rendu  che/  M.  Mongin  ,  maitre  en  droit  ,  oil  j'ai  vu  votre 
conseiller,  M.  Pecoil  ,  qui  a  etc  taille  de  la  pierre  ;  je  1'ai  au- 
tref'ois  traite  malade  en  celte  ville  ,  che/.  ce  meme  M.  Mongin  ; 
il  m'a  dit  que  vous  lui  avie/.  montre  de  ines  lettres  (  lesqnelles 
ne  valent  point  la  perne).  Ii  vent  etre  purge  la  semaine  qui 
vient  ;  je  ferai  ce  que  je  pourrai  pour  son  secours  ,  et  ceperi- 
dant  je  vous  remercie  de  tout  le  bien  <[ue  vous  me  f'aites  ,  et 
de  tout  ce  que  vous  dites  de  moi. 

J'ai  ici  rencontre  nn  nomine  Fraguier,  apothicaire,  qui  m'a 
dit  que  votre  Kousselet,  de  Lyon,  etoit  marie,  que  M.  son  pere 
doit  mort.  11  m'a  dit  aussi  qu'il  s'en  alloit  plaider  centre  lui 
pour  quelque  argent  qu'il  lui  doit.  Je  ne  sais  ce  qu'est  devemi 
ce  M.  Kousselet;  mais  lorsqu'il  etoit  ici,  il  etoit  bien  fou  et 
bien  debauche. 

Notre  M.  Courtois  estbeaucoup  mieux  ;  il  n'a  prescjue  plus 
de  tievre,  il  a  de  bonnes  nuits  et  n'est  jtoint  allere;  les  petits 
lavements  lui  font  grand  bien  ,  mais  il  a  dereste  une  t're<juence 
de  poulset  (juelque  impurete  dans  le  ventre.  Quand  je  1'aurai 
purge  encore  trois  on  ([uatre  fois  ,  j'espere  de  le  mettre  an  lait 
d'anesse,  el  de  1'envoyer  aux  champs.  Son  coi-ps  est  encore 
tort  ech  auffe  ,  il  n'a  besoin  (jue  de  rafraichissements  et  de 
temps  pour  se  remettre:  le  lait  d'anesse  et  1'air  des  champs 
iinuH'  fi'rciil  i>nit''tn>ii  ;  fii'i'ln  t-t  lori  invttilni  in  l«li  cnsn  caldt' 
ruiitmendiifitr  «  Gnleno.  Je  lui  ai  oll'ert  aujourd'hui  ma  maison 
tie  Cormeilles  ;  mais  il  aime  mieux  s'en  aller  en  son  lieu  natal, 
qui  est  nn  village  devers  Meaux  ,  nomine'  le.)/wV  M*  iiaiiw, 
iliiquel  il  est  parle  thins  A.  Par*1.  /:'./•  humid  ttiyur/u  h'liingui' 
<-ti$ii  fiii'jin  i/ifif/nf  rtri  pi'odiernnt  :  celui-ci  en  est  nn  bel 
«'xemple,  «-t  plusieurs  auti'es  de  dill/'rents  pays  et  dc  diver* 

ll'lllpS. 


A  FALCONET.  :t(v 


.........  Democriti  fup'imlia 

Summon  posse  lirox  cl  nidtjna  t'.crmplii  datum* 
in  palria  crasnoqur  snh  acre  nasri. 


La  nature  ne  fait  ordinairement  qu'une  brnte,  c'est  I'odn- 
cation  qui  fait  i'liomme.  M.  Courtois  a  en  un  oncle  nomine 
M.  Julien,  qui  etoit  un  excellent  docteur  deSorbonne,  qui 
I'a  eleve  et  1'a  fait  bien  etudier:  aussi  est-il  un  des  plus  habiles 
de  la  troupe  avec  MM.  Pietre,  Blondel  ,  le  Comte,  Charpentier, 
Morisset,  Hommets,  Preaux,  (lermain,  Li'^r,  Fontaine, 
Perrol,  Lebreton,  Moivau  et  aulres. 

Je  vousdemande,  ce  diniancht:  -2-2  inai,  pardon  de  la  peine 
que  je  vous  ai  donnee  par  nia  derniere  pour  ce  paquet  de 
livres  (|iie  le  syndic  de  vos  libraires  de  Lyon  a  saisi  sur  nioi  a 
ladouane,  sous  ombre  qu'il  vient  d(!  (ieneve;  inais  c'est  qne 
M.  deTournes  1'a  re^-u  a  Krancfort.  pour  me  le  laire  tenir,  dc  la 
partdeM.Seb  Scheffer,  medecin  de  Kraiieforl,  qui  a  autrefois 
etc  ici  nion  auditeur.  (>e  sont  divers  livres,  la  plii]>art  petits 
el  curieux  ,  (jue  Ton  me  ramasse  a  la  foire,  et  (jn'oii  m'envoie 
une  Ibis  1'an,  qui  sont  presque  tons  de  philosophic  et  de  me- 
decine;  j'en  ecris  un  mot  de  priere  a  M.  Spon,  >//  ]//•<>  me  <-<>n- 
jum-tis  cirthns  <t<j<it  tccum  ,  si  vous  n'en  etes  deja  veiui  ;'i  bout. 
Ce  n'est  pas  (pie  je  ne  mette  toute  mon  esperauce  en  votre 
credit,  et  a  1  amitie  que  vous  ave/  pour  nioi,  mais  c'est  <jiie 
je  soubaile,  pour  vous  de^a^er  de  tant  d'1  peines,  id  re,  tint 
U'i'niii  in  jxir/i'iii  <i/n't'tt  .  jmtijin'  Ififtnris  jj/ii'tifrjis  ntnneswius, 

I/Hull     ItljClltCI'    IK'     tl'l/ttli     IDIIIiiO    ftlfttOlf     IIIHIl'l  ,     (fUtitll'S     ItlilflKl 

t/i//ir:i/f//fi  xiilmriliif.  Vous  save/  bien  la  maxime  de  phi- 
losophic: {l>t:i'  snitf  ffidcin  inn  tirfin,  s/m/  wiflcin  intt-r  ,w.  S'il 
I'aul  en  plaider  a  Lyon  ,  il  vous  aidera  a  solliciter  lt>  proces 
contre  ce  syndic,  a  <pii  je  ne  dois  rien  el  a  <\\i\  je  n  ai  jamais 
fail  de  mal. 

J'ai  vu  ee  matin,  ce  hindi  -2^  inai,  M.  Pet-oil,  qui  a  ete 
piirye  beureusement;  je  lui  ai  conte"  I'liistoire  de  ce  que  le 
syndic  des  libraires  de  Lyon  m'a  fait  sur  nion  paquet  de 


:}fi8  I.ETTUKS  DK  <;n  PATI.N 

livres  qu'il  ;i  fait  arreter  :  il  dit  (in'iiii  petit  mot  de  recomman- 
dalion  ilft  votre  part  a  M.  le  lieutenant-general  me  I'cra  obte- 
nir  main-levee,  et  s'est  ofFert  de  vous  en  eerire ;  mais  je  n'ai 
point  vouln  qu'il  en  prit  la  peine,  je  m'attends  uniquement  a 
votre  secours,  et  crois,  par  prevision,  que  I'affaire  est  deja 
f'aite. 

On  ne  dit  rien  ici  de  nouveau  de  Fontainebleau  ;  on  dit  que 
leroi  fait  esperer  merveilles,  mais  en  attendant  qu'il  est  fort 
resolu ,  meme  avaricieux.  J'aime  mieux  eroire  qu'il  e-.t  bon 
rnenager,  jusqu'a  ce  que,  connoissant  ses  grandes  richesses, 
il  en  puisse  soulager  le  peuple.  Nous  avons  ici  line  grosse 
querelle,  dans  1'Universite,  du  recteur  de  la  Facultedes  arts, 
conlre  les  troisFacultes  que  Ton  nomine  superieures,  sa\oir  : 
la  theologie,  le  droit  canon  et  la  niedeeinc.  Cette  Faculte 
des  arts  pretend  avoir  quatre  voix ,  ii  cause  qu'elle  a  qualre 
procureurs  qui  president  a  autant  de  nations ,  savoir :  a  celle 
de  France,  Picardie,  Norm  and  ie  et  Allemagne,  laquellecon- 
tient  tous  les  pays  etrangers.  L'alFaire  est  prete  d'etre  plaidee. 
Ceux  de  la  Faculte  des  arts  out  fait  un  beau  fact  urn,  que  Ton 
commence  d'imprimer;  je  vous  en  enverrai  une  copie,  dans 
laquelle  vous  verre/,  de  belles  clioses  touchant  ranli(juite  de 
1'Universite  de  Paris,  depuis  Cliarlemagne,  (jui  en  fut  le  fun- 
dateur,  jusiju'a  present,  et  meme  de  1'etat  des  ecoles  publi- 
ques  avant  Charlemagne.  Le  factuni  sera  gros;  mais  ne  dou- 
te/.  pas  que  les  trois  Facultes  superieures  n'y  repondent,  el 
principalement  les  theologiens  qui  en  sont  fort  animes;  vous 
an  rex  de  I'lin  et  de  1'aulre,  et  en  jugere/;  il  y  aura  la-dedans 
de  fort  belles  clioses. 

Nous  n'avons  rien  ici  de  nouveau,  excepte  lejubile;  ce 
sont  des  consolations  spirituelles  de  grand  bruit  et  peut-iMre 
de  peu  de  fruit,  que  Ton  ofl're  ii  des  gens  qui  ne  s'en  soucient 
guere,  tandis  cjue  lepauvre  peuple  de  la  campagne  nieurl  de 
taim,  et  que  1  on  ne  lui  doime  jxtint  de  pain  ni  aiicun  . nitre 
soulagement. 

Le  due  C.liarles  i^t  en  Lorraine  ,  mais  il  n'esl  point  a  \ancy. 


A    KALCO.NKT.  3(M> 

et  n'y  entrera  point  que  les  fortifications  n'en  soient  abaltues  , 
iiquoi  I'on  travaille;  il  y  en  a  deux  bastions  a  has. 

Le  triumvirat ,  qui  a  jusqu'ici  subsiste  on  bonne  intelli- 
gence, donne  a  soupconner  qu'il  ne  durera  plus  {juere,  et 
qu'il  commence  ii  y  avoir  enlre  eux  (jueli|iie  mesintelligence 
sur  cequ'ilsesperent  d'avoir  I'oreilledu  roi ,  plus  lesunsqtie 
les  autres. 

M.  Courtois  est  tout  autremcut  mieux  d'aujourd'liui ;  il 
commencera  deinain  a  se  lever,  et  a  mettre  le  pied  bors  du 
lit;  il  1'a  echappe  belle,  moyennant  dix-huit  sai^nees  et  vingt 
purgations,  (iatlmn  debet .  fisculajjio ,  connne  dit  Soontte  dans 
rApologeti(|ue  de  Tertullien  [1].  J'ai  fait  aujourd'hui  une  fort 
bonne  lecon ,  '/'-  cjii/c/tsiii ,  avec.  nn  grand  concours  d'audi- 
teurs  de  toute  sorle  de  conditions.  Je  vous  l»aise  les  mains  ,  et 
suis  de  tout  mon  co'iir  votre  .  etc. 

De  Paris,  le  24  mai  I  (Mil. 


LETTUE  DLXXXlll.          \»  m.-w. 

M.  lecomtede  Verdun  a  eu  ,  ce  samedi  -2S  mai,  audience, 
et  a  gague  son  proces ;  la  sentence  a  etc  conlirmee:  Imtdcut 
nintu  IIIIIKI  f/'/n/ii/i/nif.  Je  suis  bien  aise  qu'enlin  il  ail  obtenu 
la  justice  qui  lui  etoit  due. ("a  etc  sous  M.  le  president  de  Nes- 
mond  ,  qui  preside,  tnndis  que  M.  le  premier  president  e>t 
au  lit.  J'ai  fait  aujourd'hui  une  fort  bonne  lecon  que  .Noel 
Falconet,  ce  me  soluble,  a  toute  retenue  par  co-ur.  Jesuis 
fort  satisfait  de  ses  etudes. 

Les  jesuites  continuent  de  persecute!1  les  jansenistes  ;  ils  le 
font  avec  plus  de  credit  (pie  du  vivant  du  cardinal  Ma/arin  ; 
le  roi  meine  en  a  quelque  soupcon  ,  et  a  demande  an  j)Cie 

r  Oui.  sans  Joule,  re  M    (.ouilois  de\ait  1111  eoq  a   K.^culape ,  el 
memo  ileux.  pom  a\nir  ecliapp^1  a  la  nialailie  et  an  Irnilenieiit.     K.   I'. 
Ill  -' 


370  I.KITKES,  DE  <.n  PATIN 

Annul  s'il  ne  lui  en  laisoit  point  trop  lairc,  et  s'il  ifalloit 
point  trop  avant ;  neanmoins  les  buns  peres  out  encore  le 
dessus;  mais  la  supcrieure  du  convent  du  Port-Royal  a  en- 
voye  au  roi  une  lettre  qui  fait  espt'-rrr  a  ceux  du  parti  des 
jansemstes  quelque  moderation  conlre  la  riguetir  des  jesuites. 
M.  le  premier  president  se  porte  mieux  :  son  mal  de  tete  et 
la  lievre  1'ont  quitte;  il  n'a  plus  que  des  lieniorrlioides  qui  lui 
font  de  grandes  douleurs:  maise'est  encore  a^se/.  voire  tro]». 
On  avoit  propose  une  consultation  .  et  quatrc  mcdecins  y 
avoient  ete  nommes.  savoii1 :  Pictve.  le  Comte,  Hlondel  et 
moi,  qui  etois  1'ancien  des  (|uatre.  (luenaut  •'•luda  et  para  le 
coup,  en  disant  que  nous  ctions  des  medecins  de  grec  et  de 
latin.  Helas!  le  bon  seigneur  ne  >ait  guero  ni  de  1'un  ni  de 
1'autre.  Les  montagnes  ne  se  rencontvcnt  pas,  mais  les  hom- 
ines se  rencontrent  ,  H  fu/i/'c"-  nimn'-n*  >>/  liiil><>nt  rcdnnn-uln 
Hiitrti:.  J'aime  ties  cordialement  le  premier  president,  mais 
je  ne  me  soncie  pas  d'etre  son  medecin  ;  ce  que  je  souhaite- 
rois.  c'est  qu'il  en  eut  pris  de  plus  sav;iiil>  et  de  moin>  politi- 
ques  que  (iue'naut;  il  a  pourlant  dit  qu'il  n'y  aiii'oit  point  de 
consultations  queje  n'en  fnsse.  Jen  ai  jjoint  bonne  opinion  de 
ces  fivquentes  hemorrhoidc^  :  ii  en  i'ai.t  oief  la  cause .  et  je  !a 
>ais  bien ,  mais  tout  le  monde  ne  la  sail  j>as.  NDUS  [io:.!\on> 
croire  cependant  ce  qu  en  a  dit  Hippocrale.  -"/'/  rj>  y.-tM-j-.-j. 

T'7)v  tv-v/Twv  :<-//'7>r  s/o.r-.v.    Le   dedans  n'est   pa.S  trop   bon  et   me 

fait  peur. 

Le  due  de  Lorraine  a  ele  mandt'1  et  est  a  la  eour :  mai>  le> 
plus  fins  n'en  esperent  ancun  accommodement  sincere.  I  In  fait 
courirle  bruit  que  M  Fouqiu  t  e>(  mieu\  dan<  !'e<jirit  du  roi 
que  pas  un  des  autrcs  ministre-,.  Je  n'en  crois  rien. 

On  commence  ici  le  jubile  pour  prier  hicii  contie  ie  Tmv; 
il  me  semble  qu  il  seroit  bon  au^-i  den  t'aire  nn  i-ond,.  |,( 
taille.  et  qui  est  le  plus  grand  cnnemj  d,;>  paiivres  gen>  dr 
France. 

Le  inailre  d'hotel  de  M.  le  premier  president  vienl  d.-  me 
dire  que  son  rnaitre  nVst  •.•nerf  en  etat  d'aller  pre/idre  I'aii 


\   KAI.CONK  I.  -*  I 

aux  champs  ;  <|ii'il  a  besom  do  so  relairo  eneoro  plus  do  \  inpt 
jours,  etqueoenx  qui  Tout  traitr  1'ont  trop  Haltc.  Ola  rst 
vrai ,  niais  e'est  •|iui  tinonanl  no  ^ait  plu>  re  qn  il  fait:  ii  »^l 
vioux,  et  tantot  par  ignorance,  tantot  par  fourberie,  il  la- 
dote.  Jf  no  nio  lierois  point  ii  lui 

Jo  vions  do  Cairo  uno  bonno  lecon  an  Colloyo  royal,  avcc 
line  granile  aflluoiu'O  d'audilenrs  J'y  ai  pris  avancc  pour 
tpiin/e  jours,  a  oanso  dos  fr-tos  ot  dn  jul>ilf.  J'ai  cmiscillc 
a  Tassembloo,  (jn'apros  avoir  oto  aux  stations  <lu  paj>»-.  flit- 
doit  employer  co  (|iii  lui  rostora  d«-  t«'inps  a  lnc  la  '/»///«./-  //. 
(iitlicu  ot  los  .\]iJnirifim'!i  '/'////<//•'•/"/'.  On  lie  pfiit  ^in'-re 
inioiix  t'airo.  Jr  vons  baiso  los  inain>.  ct  >ni>  dr  tout  nmn 
nour  votro .  t'to. 

l)e  Fari>,  lo  :ll  mai  \M\ . 


LETTHE  DLXXXIV.  -    .\,<  ,„;.,„... 

Jo  vions  d'approndro  d'nn  bon  ondroit  »|u'il  y  aura  uiu-i'ic 
on  Kspagno .  par  le  moyon  di1  1'alliaiii-o  »pii  o>t  t'aito  onliv  U-^ 
tois  d'Anirlotorro  ot  do  Portugal  .  auxipi-'ls  so  joii;n»Mit  lt'> 
rois  do  V\v.  ot  do  ,Maroo  .  ot  autros  jirinco  du  ot'itf  do  1'Atii  - 
ijiit1.  Coux-i'i  inonaoont  d'ontror  on  Espauiit1  a\t"'0  uiit1  arniff 
do  100.000  Main vs  .  lost|iiols  pn  tondont  i]iio  !o  pa\s  h'-nr  ap- 
partiont  ,  ot  (juo  lo  ro;  d'Ksi'.iuP.o  n'a  point  on  lo  droll  do  lo^ 
t  lias>or.  ooinnio  il  a  t'ait  I  an  Kiln.  Au\  I'.ananos.  !.•>  H..llan- 
dois  do  la  oompagnio  ilos  In  dos  m  ionlalos  .  (\\\\  o>t  ii  •  s  puiv- 
v.inlo.  out  ronoiMitro  St'pt  vais-oaiix  .uiploo  ,;n  d>  out  p:  i> 
mi  cotdos  a  fond.  Voi!;i  looommonooniont  d'uno  ;uitro  miori'i' 
outre  los  An^lois  ot  los  Hollaiulois;  >;  oo!a  ooiitinno.  i'on\-oi 
s'aooorderont  avoo  los  Espaunols,  qui  l.-i.r  laissoront  tpiolquc 
\dlo  dt1  I'landio  pour  on  obtonir  dn  soooiirs  I. ON  oarios  ><• 
\oiit  brouiller  olie/  iu>s  voisins:  Mien  vouillo  uiit1  lo  inal  no 
\itMint'  point  jiiMjno  olio/  n, MI--'  N.IIIN  di  a\"ii-  o;i  a->c/  .  H 


3/2  I.KTTRES  DK  <;n  PATIN 

en  avons encore  ;  neanmoins  il  y  a  a  craiudiv,  car ce soul  nos 
voisins.  Vous  save/ ce  beau  vers  d'Ovide  (l)  : 

Tune  lua  res  agihir.  paries  quum  proxiinu/t  anlel. 

Kt  voilu  votro  tres  desiree  lettrequi  in'aete  rendue.  Je  vous 
rends  graces  tres  humbles  de  taut  de  peines  que  je  vous  ai 
doimees  pour  mon  ballot,  duquel  je  n'ai  point  recu  do  Caclure; 
mais  je  suis  persuade  qu'il  u'y  a  dedans  aucun  livre  perui- 
cieux  :  d'ou  viendroit-il?  (Mi  lie  vend  point  de  tels  livres  a  la 
f'oire  de  Franefort,  et  nieme  ils  n'y  seroient  point  toleres.  \A> 
magistrat  dece  pays-la  est  pour  le  rnoins  autant  regie  que  le 
syndic  deslibrairesde  Lyou.  Peut-etre  qu'il  y  en  a  quelqu'un 
huguenot,  mais  c'est  sans  dessein  ,  joint  que  le  roi  n'einpeche 
point  (|u'il  n'en  vienne  ici  de  Geneve  ,  de  Hollande,  d'Angle- 
terre  et  d'ailleurs.  Xos  libraires  huguenots  en  out  ici  leuvs 
inagasiiis  Ibrtgarnis  ,  qui  sont  venus  de  Geneve  et  d'ailleurs. 
,1'ai  (ait  moi  seul  toute  ma  bibliotheque  et  achete  tons  mes 
livres;  j'en  ai  pour  plus  de  ^0,000  IV.,  et  neanmoinsje  puis 
jurer  qu'il  n'y  en  a  point  ceans  pour  deux  pistoles  d'hugue- 
nots.  Je  n'ai  mil  dessein  pour  ces  livres,  qui  ne  servcnt  de 
rien  a  mes  etudes.  Peut-etre  qu'il  y  en  a  (juel(|u'un  de,  nou- 
veau  fait  que  Ton  m'envoie  par  curiosite:  mais  cela  ne  donne 
|>oint  droit  de  saisir  a  votre  syndic,  pnisqu'il  en  arrive  tons 
les  jours  de  tons  les  coles  a  Paris.  Mais  de  pour  que  votre 
syndic  ne  trouve  point  asse/  forte  cette  raison ,  tpii  n'est  cjue 
morale,  j'ai  recours  a  votre  amitie  ,  et  allegue  pour  raison 
politique  f/ne  Icroi  uc  I'cnipf'C/tf' jiahif.  J'ai  blende  ['obligation 
au  soin  que  vous  en  prenez  et  a  M.  de  l>agneau,  aiKjuel  je 
liaise  tres  humblement  les  mains,  et  le  remercie  de  sa  bonne 
afl'ection.  Dites  moi,  s'il  vous[>lait.  le  nom  de  ce  syndic  des 
'ibraires  de  Lyon  ;  jieut-etre  ipu'  nous  nous  rencontrerons 
quel(|Ue  part,  et  qui  est  !e  medecin  de  M.  le  lieutenant-ge'iK'- 
ral  de  Lyon  :  si  ee  n'est  vous,  n'est-ce  point  M.  Gamier'' 

1     .Nun  pas  d'Ovidc.  in;ii<  <PII«ir;irc.   lib.   I.   rpi>l.  IS.  Ad  lolinmi. 

\\    I'. 


v  KAi.oiNhr  :i?3 

Peul-elre  qu'il  IN:  refnsera  pas  de  s'y  employer  pour  nioi  .  el 
de  m'y  faire  plaisir. 

Volre  M.  Barbier  est  en  grand  danger;  la  p'uparl  de  res 
maladies  sont  morlelles  el  ue  passcnt  pas  1'annee  ;  eelle  ei  esl 
d*'s  plus  dangereuses  ,  el  la  Ibiblesse  de  la  partie  me  fait  peur 
(|ii'il  ne  ineure  environ  d'ici  a  un  mois. 

Pour  votre  histoire  de  Savoie,  je  la  paierni  ;  je  vous  ai  Imp 
d  'obligation  d'ailleurs;  c'esl  Irop  pour  vous  de  taut  donner, 
et  Irop  aussi  pour  moi  de  tanl  pr<  ndre;  en  recevanlsi  souvent, 
Tutu  teneor  dono  ,  qunin  si  dirtiittni'  oiiustus.  Je  I'erai  icivoir  Ic 
livre  a  bien  du  monde  el  I'erai  ce  quc  je  pourrai  ,  aliu  qu'on 
Ic  eonnoisse  et  qu'il  se  vende. 

Noel  Falconet  a  porte  lui-mt'me  la  letlre  a  mademoiselle  (It- 
Label  ;  son  Ills  esl  encore  malade.  Kile  ne  in  a  point  voulu 
croire;  el  au  lieu  de  se  servir  de  mes  remedes,  elle  lt:i  ,i 
donne  des  siens,  qunuynitn  /vrv.s-.s-/.  C'esl  un  sot  animal  qu'iiiu1 
i'emnie  qui  se  mele  de  noire  metier  :  ccla  n'appartient  qu'a 
ceux  (jui  out  un  haut-de-chausses  el  la  tete  bien  I'aite.  J'avuis 
Faitsaigner  el  purgerce  malade;  il  seporloit  mieux  ;  ellc  nn> 
dil  ensuite  que  mes  purgalil's  lui  avoient  fait  mal  ,  et  (|n'ellc 
le  purgcoit  de  ses  petits  remedes  ,  dont  elle  se  ser\'oit  a  Lyon 
aulrefois.  Quand  j'eus  recoimu  }>ar  res  jiaroles  ((u'ellc  nel'ai- 
soit  pas  grand  etal  de  mes  ordonnances,  je  la  qtiittai  la  ct  ai 
pratique  le  precepledu  Messie,  >•//////'  iiifirtuumH'i'H'/irt'iHtiriniix. 
Peut-etre  pourtant  qu'il  en  rt'-cliappera  ,  ce  (pie  jr  sMiiliailedc 
toul  mon  cn'iir  ;  car  s'il  mouroil,  elle  diroittpie  ceseroil  nini 
(|iii  1'aurois  tuc.  Kile  a  temoignea  Nod  Kalcoiict  (|n'dlr  avoit 
regret  de  m'avoir  tadie  ,  (jii'dle  m'enverroit  de  rargcnt  jc 
n'en  ai  jamais  pris  d'enx  .  I'Vu  M.  Haiitin  dJMiii  :  /'//•  ninnn- 


rt/s  nn/i  f'lirit  rex  .•w/x.  C-e  n't'st  pas  a  I'aire  a  tine  Feinnie  de  pra- 
liqutM'  la  melliodede  (ialien,  /v-x  mf  snbliinim-in  infi'//i;/rntiti'  ; 
il  t'aut  avoir  I't-sprit  plus  ioi'l.     !/////'•;•  /•>•/  nninml  ttiniiiliiifi  ///- 
(<'//r<-/u*  ;  il  Taut  (|u'dlcs  lilcnt  lenr  (jiicnoiiillt'  ,  on  an  nioiiis 
fomme  dil  saint    Paul,   nm/nn-nni   >•••  ///  >'/'•////<,,    j-Vu   )|.  ,|r 


•^  i  i.uTiu-.s  DI:  1,1  i  i-\  MN 

Nilleroi  ,  le  grand  secretaire  d'Etut,  qui  avail  iinr  inauvaisc 
loinine  ,  il  n'otoit  pas  lout. soul  ,  <'l  la  race  n'eii  est  pas  morte) , 
disoit  (ju'on  latin  line  i'emme  etoit  mttlli.'r,  c'est-a-dire  nml/' 
Ini'i',  /nub-  ilt'innin  ,  //////c  iniijnin-s.  '  I ) .  l,e  profcsseur  du  roi 
(jiii  a  1'ait  la  belle  epitapbe  du  (ilou  teint  en  ocarlate  est 
M.  Francois  de  Monlier,  professeur  du  roi  en  eloquence,  que 
ten  M.  le  cardinal  do  Lyon  ainioit  bleu*.  Ne  vous  y  trompc/ 
(joint,  d'autres  s'y  sont  tromp«'s  avant  vons;  il  on  est  le  vrai 
uuteur.  Les  j<\suites.  (|iii  ne  raiment  point,  I'ont  fait  oxilor  a 
Tours,  sous  ombre,  qu  il  esl  jasisi-nisfo  ,  nun  <////jr/  f////s  */'{,  .s/v/ 
i^inul  ////s  lx;mt  /ml /'////is  .-•/'/  ('./-'./stis.  il  csl  elo(|iiont  et  savant 
autan!  (|ii'nno  dou/aine  de  ct.'tte  socii;t('. 

I'n  savant  anglais  avoit  rama>se  (juantito  do  beaux  eoni- 
inentaires  siir  la  IViblo,  dont  il  <.'ii  a  i'ait  neuf  volumes  in- 
lolio.  On  ies  voit  ici  die/  les  pores  do  I'Oraloire,  etdepuis  on 
a  docouvert  encore  (piolipie  cho^o  ipii  inanmioit  pour  1'acconi- 
plisM'uienl  de  1  duvra:;e  ;  on  on  fait,  un  dixiome  volume  <p.ii  est 
^>oiis  la  prosso.  On  (lit,  ipie  oo ;  dix  tome's  bien  relies  c,e  sont 
de  Brands  voluni(!>  de  belle  impression''  roviiMidront  a 
1(10  ('icns.  N'oila  nn  nouvel  impi'it  sur  hi  boui'so  des  eurieux  . 
el  nuMiK!  sur  la  mionne. 

Knlin  M.  (lourtois  ost  ^ueri  ;  je  luiai  dil  (out-ii-t'ait  adieu, 
el  ue  lirai  |>!us  voir  (jn'on  passant ;  d  a  ete  saigno  en  tout 
vingt-doiix  I'ois  et  purge  environ  quarante  ibis ,  f.r  niciliil.ln , 
t'.i:  /'n///s  (ii'ii'nf.,  i'/  iiil.crdiint  <-j'  s///-//iii> /•/////•/•//ni/n/t.  11  me  disoit 
bier  do  bonne  grace  :  I  m/<'t  l«  ^unti-ivni"  ////>•  '///'_•  runs  IH'HMZ 
sin/r/'  la  /•//'.  Au  moins  voi'a  la  qualrieme  maladio  ;  mais  ce 
n'est  point  moi  t|iii  I  ai  guori  :  HUH  x<nnntl  ///>  /'/>////•/•//,  /it  /psr 
lima,  i'l  ni''l//ti({i(X  (juloijcit ,  <|iie  je  recommaiide  siirlonl  ;i 
Noel  I' illc()iiel  ,  "  (Jim  n'n/  iliT/i'l  /ii'tjii/'  in  ili'.fi I'inii  ni'i/n/'  in 
y;  n  i  strum  /in/'li'itt,  do  pour  <pf  il  no  dovionne  cliimiste  on  cbar- 

l;ilail  :   ini'dio  till is+uiiHS.  tint  i-nni  //l/ifHtC/'ufi'  ''I  lin/cnn. 


V    KAI.r.ONfcl.  3?.'l 

Je  voudrois  bien  savoir  quels  sont  ces  livres  pernicieux  quo 
le  syndic  trouve  dans  inon  paquet.  Je  crois  qu'il  n'y  en  a 
aiHMin  ;  et  quels  pourroient-ils  etre?  Je  n'achete  aucun  livre 
que  do  medecine,  do  pbilosopliie  et  de  belles-lettres,  quelquc- 
fois  aussi  d'liistoire.  Le  metier  de  libraire  est  exerce  jmr  de 
Brands  menteurs  et  de  grands  i'ripons ;  c'est  hasard  s'd  s'en 
trouve  un  honnete  homme.  M.  le  premier  president  est encore 
an  lit  avec  un  grand  mal  de  tele  et  ses  bemorrhoides.  On  dit 
qu'il  ne  retournera  au  palais  qu'apres  la  Saint-Martin. 

Le  due  de  Lorraine  est  ici ;  il  veut  retablir  I'universite  de 
Pont-a-Mousson  et  y  fa  ire  tleurir  la  inedecinc ;  il  y  voudroit 
envuver  quatre  inedecins  de  Paris  ,  auxqnels  il  donnera  de 
gros  gages  ,  lettres  de  noblesse  ,  etc.  On  m'a  deinande  si  j'en 
voulois  etre ,  et  (jiie  j'tui  serois  le  doyen;  niais,^/  hair  f«~ 
niiri ,  je  erois  (me  voiis  ne  serie/  point  de  cet  avis,  ni  moi 
non  plus. 

Jt;  viens  d'apprendre  d'un  autre  libraire  ,  qni  a  »;te  syndic. 
<]n'ii  n'y  a  point  de  droit  d'arreter  et  moins  de  coniis(|iier 
des  livres  huguenots  ;  il  m'a  dit  aussi  que  Paris  en  est  plein. 
.Mais  enlin  il  n'est  cpie  trop  vrai  que  les  libra  ires  sont  la  peste 
des  gens  de  lettres.  Encore  quelquel'ois  ils  ne  coupent  que  la 
bourse  ;  mais  aujourd'hui  ils  nous  veulent  (Her  le  repos .  et 
sous  ombre  de  je  ne  sais  (pielle  autorite,  ils  voudroient  etablir 
line  ini|uisilion  a  leui1  mode.  Cos  coqnins-la  riroient  s'ils  en 
avoient  le  ponvoir  ,  et  ils  ne  pretendroient  pas  moins  (jue  dt^ 
conlis(|uer  la  moitie  des  bibliotlieqnes  de  France:  mais  Hicii 
ct  If  roi  aussi  nous  sauveront  de  leurs  avares  mams.  J'ai  de 
plus  deux  enl'ants  <|iii  aiment  le^  livres  ,  stir  ijiii  je  me  repose 
aisement  de  ce  soil).  Au  resle  ,  uos  libra  ires  de  1'aris  ne  valent 
pas  inieux  <pie  ceux  de  Lyon  .  et  je  les  connois  pour  etre  Ires 
avides  du  bieu  d'autrui  :  prene/.  garde  au  v<%>tre.  Je  voiis  baise 
tre>  Immblement  les  mains,  etsuisde  tout  mon  cci'iir  votre,  etc. 

IV  Paris.  !«>  '.]  juin  KiC.1. 


:;,  o  i  i;miK>  M  i-ii  r.vriN 

LKTTKE  DLXXXV.  -     .lw  memc. 

L'acrord  pour  le  temporol  du  cardinal  de  Retz  n'est  point 
encore  fait ;  la  reine  d'Angloterre  et  le  due  d'Orleans  son  gen- 
dre  y  travaillent  fort ;  on  dit  meme  quo  la  reine- mere  est  fort 
adoueie  ,  c'est  ce  qui  fait  esperer  (jue  I'aH'airo  se  fora.  M.  d'Ks- 
trade,  gouverneur  do  (iravelinos  ,  avoit  ou  ordre  do  partir 
pour  Londres;  mais  los  bonnes  nouvellesqui  sont  venues  au 
gro  de  la  cour  out  retard*'1  son  voyage. 

II  y  en  a  qui  disent  queM.  Prevot  de  Saint-Germain,  eon- 
soil  ler  do  la  grand'chambro  et  charioine  de  Notre-Damc ,  est 
encore  vivant ,  mais  il  n'est  pas  vrai :  on  celesa  mort  a  cause 
de  ses  benefices;  il  fut  onterro  avant-hier,  et  memo  M  >lerlet 
me  I'a  dil. 

SiM  Auis>on  a  encore  notre  ballot,  il  m'obligerad'y  meltrc 
If  livre  de  M.  do  Boissieu  ,  quo  je  vous  prie  de  lui  paver,  et 
d'y  faire  mettre  les  deux  tomes  de  Paul  Zacchias,  (hm-xt.  mcil. 
lf'<j(f/cx  ,  (jueje  veux  envoyer  a  M.  de  Farvaques,  excellent 
homme,  a  Bruxelles,  medeein  de  son  altesse.  Je  vous  en 
tiendrai  compte  (piand  vous  les  aure/.  paves  a  31.  Huguctan  , 
com  me  aussi  de  Y Histnh-<'  <//'  Surnif. 

I^e  roi  d'Augleterre  ne  veut  pas  vondi'e  Dunkerque  an  roi 
d'Espagne,  qui  lui  en  offre  bien  de  1'argent.  i.es  pauvivs 
Normands  out  onvoye  deux  deputes  a  la  cour  pour  faire  tres 
humble  remontrance  an  roi  sur  1'enormite  de  leurs  tallies. 
Cette  province  n'en  pout  plus,  tant  elle  t^.st  opprimo'e  d'impots 
et  do  gabelles  ;  pour  la  taille  seule  ,  elle  paie  tous  les  ans  buit 
millions  an  roi,  sans  le  traiiequ'ils  font  de  tant  d'antres  mar- 
chandisos  qui  paient  au  i'oi  des  sommes  immenses.  Les  autre.s 
provinces  ne  soiit  guore  mieux  Iraiti'es.  II  y  a  bien  des  \or- 
mands  (jiii  chassi'iit  leurs  enCanls  de  lour  maison  ,  n'ayant 
point  do  pain  a  lour  donnor.  ('da  doit  otre  bien  bonteux  a 
ccu\  ipii  y  pciivent  meitre  ordre.  (-c  sont  des  resles  du  g«u- 
veriitMUont  nia/arincsque  .  qui  no  se  soucioit  j>as  do  tout  rui- 


v  K\I.<;ONKI.  377 

ner ;   Dieu  benisse  notre  roi,  qui ,  dit-on  ,  y  mellra  ordre. 

II  y  a  grand  bruit  entre  les  heritiers  dc  la  maison  du  car- 
dinal de  Richelieu  ;  le  due  qui  en  est  1'aine  a  vendu  son  gou- 
vernement  du  Havre-de-Grace  a  M.  de  Navailles,  el  sa  charge 
de  general  des  galeres  a  M.  de  Crequi  le  jeune.  Madame  la  du- 
chesse  d'Aiguillou  est  allee  a  Kontainebleau  pour  einp»>cher  , 
si  elle  peut ,  la  conclusion  de  ces  traites. 

Nous  avons  vu  ce  matin,  18  juin  ,  passer  par  les  rues  de 
belles  processions  du  Saint-Sacrement  de  plusieurs  paroisses; 
Noel  Falconet  etoit  avec  nioi,  bien  mis,  avec  son  bel  habit 
noir;  il  a  bonne  facon  ,  jnais  je  voudrois  bien  qu'il  tut  bien 
savant ,  j'aime  bien  mieux  le  dedans  (]ue  le  dehors  ,  /I/US  hn- 
ln'nt  in  recent! ,  I/HXIH  in  fronfc.  J'eus  hier  une  grande  dou 
leur  de  dents,  laquelle  m'obligea  de  me  taire  saigner  du  rote 
meme:  la  douleur  s'arreta  tout-a-coup  comrne  par  une  espeee 
d'enchantement ;  j'ai  dormi  toute  la  nuit.  Ce  matin  la  douleur 
m'a  un  peu  repris,  j'ai  fait  piquer  1'autre  bras,  j  en  ai  ete 
gueri  aussitot.  Je  suis,  Dieu  merci,  sans  douleur.  Je  pretends 
que  ces  deux  saignees  me  serviront  pour  pouvoir  me  purger 
siirement ;  je  le  ferai  la  semaint;  prochaine,  si  j'en  ai  le  loisir; 
mais  il  faudra  tacher  de  le  prendre.  Je  vous  baise  les  mains  , 
a  mademoiselle  Falconet  et  a  M.  Spoil ,  et  suis  de  toute  mon 
ame  votre ,  etc. 

Do  Paris,  le  19  juin  16(51. 


LKTTRE  DLXXXVI.  -     ,l//  ///'W'. 

Le  roi  a  envie  de  fa  ire  un  voyage  en  Hretagne  et  d'aller 
presider  aux  Ktats  de  la  province.  On  soupvonne  que  ce  nc 
soil  pour  y  etablir  la  gabelle,  aussi  bien  (ju'en  I'oitou  et 
ailleurs.  Neanmoins,  je  crois(ju'il  y  a  (|iiel(]iie  autro  dessein 
cache;  jt1  ne  le  sais  pas,  mais  le  temps  nous  I'apprendra 

La  duchesse  de  lirissac  esl  ]>artie  pour  aller  au  lieu  que  le 


;?7S  i  i:nnKs  hi-:  (,i  i  I'vrr. 

roi  lui  aordoime,  qui  est  Bourges,  avec  une  grandc  Constance 
et  line  forte  resignation  a  la  volonte  de  Dieu  ,  dans  tine  li- 
tiere,  avee  un  crucifix  entre  ses  bras,  ello  toute  seule  ,  et 
deux  carrosses  a  six  chevaux  ,  I'un  devant ,  I'autre  apres  sa 
litierc  ,  et  quarante  gentilsbommes  a  cheval  qui  la  suivent. 
Kile  est  parentedu  cardinal  de  Het/..  Voila  ce  que  lui  vaut  la 
parente  d'un  bomme  en  disgrace  et  ennemi  des  jesuites. 

Hier  t'urent  laites  avec  grandes  solennites  toutes  les  cere- 
jiionies  du  feu  de  la  Saint-Jean  ,  a  la  (ireve,  avec  force  boitev 
fusees  et  autres  amusements  du  pcuple.  11  fait  ici  une  grande 
chaleur  fort  etoiill'ante ,  et  in'anrnoins  !e  noml)re  des  malades 
n'exc.ede  pas.  IMusieui's  dii  uos  compactions  s'eu  plaignenl  , 
conime  si  les  lionnr.es  etoient  obliges  de  se  fa  ire  malades 
|)our  fa  ire  gagner  de  Targent  aux  avaricieux  et  auv  vilains. 

Noel  Falconet  a  ete  aujourd'liui  saltier  M.  votre  arclieveipie. 
<|ui  lui  a  fait  un  grand  accueil,  et  qui  part  demain  j)our  s'en 
aller  a  Lyon.  Dieu  le  veuille  bien  couduire  !  ,le  vous  baiM'  le< 
mains,  et  suis  de  tout  inon  cdeur  votre,  etc. 

l»r  I'aris.  le  i>i  juin  J0(it. 


LKTTUK  DLXXXMI. 

.le  vous  depeciiai  bier  deux  pages  de  nos  cbetives  nou- 
velles.  Aujourd'liui  j'apprends  qu'il  y  a  dans  le  CJiatelet  pri- 
sonnicr  un  pretre  de  trente-ciiuj  ans ,  accusi'1  et  convainni 
d'avoir  debaucbe  une  jcune  fenime  veuve,  ct  lui  avoir  fait 
ti'ois  enfants  <pii  sont  moils  ,  mais  elle  (5st  gi'osse  du  <|ii;!- 
Irit'ine.  II  <'?oit  son  confesseur  et  direelciu1  de  conscience, 
c'esi  ce  (jiii  aggrave  lorl  le  fail.  Klleist  aussi  nrisonniere  dans 
tin  mouastere  ,  d'oii  die  a  aus>i  t'ti'1  incnee  an  C.liatclct  pour 
lui  ("-Ire  eonl'ntnli'e.  Kile  uioit  tout  :  mais  die  a  enlin  tout 
avoue,  voyanl  (jiie  le  ualant  avoit  tout  confess*'1.  Voila  dc^ 
fi  nits  du  cdibat  et  de  la  faculti'1  gV'iK;rative  de<  prelrcs.  <  )n  dit 
t|u'ils  avoieiil  dclib(''rt'  de  .Veil  aller  Ions  deux  a  (ieneve  e!  d^ 


\   lu.coM-.r.  .TO 

s'y  la  ire  huguenots  ,   apres  qu  olio  auroit  accouche  et  qu'ello 
auroit  vondii  tout  sou  him.  Yoila  comment  ce  bizarre  et  i'aii- 
tasqne  animal  qu'on  appelle  homme  so  jour  de  la  religion 
et  s'cn  sort  ou  a  son  plaisir  on  ii  son  profit.  Vous  save/,  ee  qur 
(\'\t  la-dessus  Virgile  : 

Siia  ctiitjtie  dm  s  fit  dira  libido. 

.M.  I'arclieveque  de  Sons  est  fort  hien  on  cour.  II  est  vonn 
voir  le  roi ,  qui  1'a  tort  hien  rocu  ,  ct  quoiqu'il  aitetejus- 
qti'ici  malavec  lesjesuites,ils  lie  laissent  pas  dc  leservir.  Mais 
vous  les  connoisse/  ,  il  ne  taut  pas  tro|)  s'v  lier.  .If  suis  .  etc 

Do  Paris,  le 5  juillcl  H501. 


LKTTUi;  DIAXXVIIl.   -     An  ,„<•„,<•. 

.1  ai  toujours  honno  onvic  do  vous  inandoi1  ([iiolipic  honnr 
nouvello  touchant  le  soulagement  du  peuplo  »•(  (|ncli|iir  in- 
si^nt:  diminution  de  la  taille,  niais  crla  n'ol  pas  nicorc  ar- 
l'i\'e  ,  talis  siijtii-'iitiQ.  '<j»(((l  //o.s1  nun  linliitnl .  On  dit  ijtu:  le  roi  >c 
plaint  (ju'il  a  affaire  d'argeut;  (ju'il  a  cnvoyi'-  .M.  de  Maeliani 
en  Provence  pour  y  e.tahlir  la  ^abelle;  (ju'il  vout  t'aire  un 
nouvoau  colloyo  do  quatre-vingts  soen'-tairt's  du  roi  ct  de  cent 
procnreurs  do  la  cour  pour  avoir  de  I'ar^ent  Knlin  nn  in- 
parle  |)lus  (|Ue  d'ai'ijont  ,  nous  sonnncs  an  siecle  d'ar^enl  : 
'i  inn-rex !  i'i  h'liijttn'nl  La  paix  est  i'aite,  le  i'oi  est  marie,  inai> 
les  ini]iots  lie  diniinnent  point  I  .  N'oilii  la  suite  dc<  uiaii- 
\'ais  conscils  de  ce  tiloii  malliouronx .  qui  nionrut  le  '.)  niar- 
passo ;  «|ui  n'a  en  |»ilie  do  personne,  pas  nii'-ino  on  iiKniranl . 
\ilili  ijinnl  ciiitni'li'i.-i  iii'lln  i/n'fu'i'  ///'//'-•/"/•,  arc  iji'inri  /i//!i>'//ii 
'•nri't.  (lc| to  sau:.'. si ic  n'a  en  suin  qne  dc  ses  nieces .  ct  div  tirci 
a  soi  Ic  dernier  quart  d'eondo  la  l-'raiicc 
Voiei  un  auti'f  accidonl  qni  I'era  encore  IMCD  p.irlordu  monde. 

(1  •    Le.*  plainlo  .  !<•-  ;',r!n;-s(M)i''iil-  ilf  (mi    I'.Hin   n'cUiionl  |>.i-  «;m- 
ioiidt'iiu'iil  ;  car  ilt'-jii  ii  colic  C|IIKMIC  !,i  ilolto  pnMiijuo  a\;iil  pi  i>  un  ;•<• 


.'{SO  I.KI  TUKS    DK    (.11    1'ATIN 

II  y  a  environ  quatre  ans  qu'un  certain  rnechant  i'ripon,  nommo 

Paris,  tua  ici ,  de  guet-apens,  nn  bonnete  homme  (jui  avoit  ete 
eonseiller  a  la  cour,  aqni  il  devoit  del'argent,  qui  etoit  I'rere 
do  M.  dn  Boulay  Favier,  niaitre  des  requetes;  on  reconnu  t 
hien  quo  c'etoit  lui ,  mais  il  so  sauva.  Au  bout  de  quatre  ans  , 
i!  ost  rovonu  a  Paris,  on,  etant  entro  chez  un  procureur,  il  I'nt 
reconnu  pour  1'assassin  par  un  homme  qui  etoit  la-dedans 
pour  autro  affaire;  il  fut  aussitot  conduit  en  prison.  Le  pen  pic 
ditrpjo  c'est  Dieuquia  porniis({ue  ce  mediant  assassin  ail  etc 
reconnu  et  pris,  aussi  bien  que  colui  qni  a  tue  M.  de  la  Fau- 
triere.  11  est  vrai  (pi'il  1'a  perinis ,  nun  t-st  indium  in  <-trltni<> 
quod  noii  fecerif  Deus.  Mais  Dion  auroit  iait  bien  davanta^e, 
pour  cos  pauvres  massacres,  s'il  cut  voulu  })ennelti-e  <|iu!  cos 
honnetes  gens  ne  dissent  point  niiserablement  lues  I)  :  mais 
c'est  qu'il  faut  quo  le  bourreau  y  gagne,  qimd  corn's  ilvhctvt\ 
tandem  cor  i' is  redditur. 

On  clit  encore  que  leroi  veutfaire  un  nouvel  accroissemenl 

croisscrncnl  considerable.  Voici ,  d'apres  un  ouvragc  moderno  stir  \e> 
finances,  la  progression  comparative  de  cetle  dette  ; 

En  1302.,  sous  Charles  IX 17.000,000 

Kn  1600,  sous  Louis  XIV 783.000,000 

Kn  1807,  sous  Aapoleon 1.912, .'500, 000 

Kn  182J  ,  sous  Louis  XVIII 3, -{(56,000.000 

En  1829,  sous  Charles  X i. 2(50,000, 000 

En  1844,  sous  le  gouvcrnement  acluel  ....  3,000,000.000 

Dans  ce  document  de  noire  histoire,  et  sons  la  forme  cabalisliipic  de 
chillrcs  ,  il  y  a  bien  des  evenements,  bien  des  lecons  ,  bien  <\c>  aver- 
lisscmcnls ,  bien  des  germcs  do  troubles  ct  de  revolutions;  Ids  sont 
les  rcsultals  de  ce  grand  art  de  miner  le  present  par  les  impots  ,  et  1'a- 
\enir  par  les  emprunls.  |{.  V.] 

iT  (iui  Patin  louche  ici  en  passant  line  question  de  philosophic 
des  plus  ardues,  des  plus  delicates.  Tout  n'est-il  pas  prevu  d'a\ance  .' 
NVxiste-l-il  pas  un  indissoluble  enchainemenl  des  loi>  elabli  par  Dieu 
nuMiie  '  noire  auleur  Ta  deja  dit  :  I'ulu  rebuilt  orbem  ,  cvrtti  slant 


A  FALCONET.  :ixi 

(in  nombre  des  conimissaires  et  des  notaires;  ce  qui  fait  bien 
encore  murmurer  ilu  monde  et  rendre  odicux  son  conseil.  Si 
le  jesuite,  oonfesseur  du  roi ,  etoit  un  honnete  hoinine  et  bon 
chretien  tel  qu'il  devroit  tHre,  il  f'eroit  la  paroitre  son  zele  et 
obligeroit  tort  tout  le  genre  humain  ;  inais  le  bonhomme  n'a 
garde,  car  il  auroit  peur  d'etre  chasse  et  desavoue,  et  la 
soeiete ,  qua1  loynlitiro  .v/y/'/v/u  iwfu&u  n;m  SHWH  jji'ufii  imn  cf 
privatatn  cnrat ,  «///x  postliobitis  :  nento  curut  rein  publtcnm ,  et 
neanmoins  nous  aurions  bien  besom  d'avoir  quelque  bonime 
de  bien  qui  parlatau  roi,  et  qui  lui  tit  entendre  1'elat  present 
de  ses  atJ'aires,  et  les  calamity's  publiques  de  son  pauvre 
royaume,  dontpersonne  ne  lui  parle. 

Le  roi  s'en  va  en  Hrelagne  pour  presider  aux  Ktats  el  lirei1 
de  1'argent  le  plus  (ju'il  pourra;  il  n'y  a  plus  rjue  celte  pro- 
vince oil  il  n'a  pas  encore  ete.  On  (lit  qu'il  tacherad'y  mettre 
la  gabelle,  et  de  red u ire  cette  province  dans  uue  obeissance 
aveugle,  connne  les  autres.  Son  conseil  ne  songe  guriv  au 
soulagement  des  |>euples  et  des  pauvres  provinces  desoh'-es  , 
qui  soutfrent  il  y  a  si  longtemps.  Cepeudant  il  esl  certain  qiu-  le 
roi  esl  bon  ,  qu'il  a  lame  bienplacee,  et  qu'il  ne  inaiKjiif 
(ju'a  des  lumieres  (ju'il  ne  se  montre  un  Ires  bon  prince.  Je 
prie  Dieu  qu'il  1'eclaire  lui-meme  ,  et  (ju'eim'n  il  lui  domic  un 
conseil  qui  n'ait  rien  d'ilalien  ni  de  tyran. 

Noel  Falconet  ne  pent  avoir  raison  de  son  c.apitaine  avec 
vos  deux  promesses ;  eel  homme  est  un  moqueur,  tils  d'un 
conseiller  de  la  cour,  el  de  pins  il  e:>t  capitaine:  ce  soul  deux 
mauvaises  qualiles  pour  en  tirer  de  1'argent.  II  a  bien  perdu 
du  temps  a  solliciter  ce  paiemenl ,  et  neamnoins  il  n  en  a  pu 
venir  a  bout  :  voyez  (jtiel  remede  vous  trouveie/.  a  ce  mal , 
car  eel  homme  ne  vent  point  payer,  en  quo!  il  ressemble  a 
In'uucoup  d'autres.  Dieu  nous  a  reserves  pour  un  sol  el  mal  - 
henreux  siecle;  je  n'y  vois  |)res(|ue<|iie  di'  la  malice  et  de  I'a- 
l»us  :  n  l/i'i't'iii  st'cnloi'Hin  inutitlilniii  <•/  iHdijM'riitnin! 

Knlin  aujourd'hui ,  a  six  heui'es  du  soir,  a  ele  execute  dans 
la  (ireve  le  meurlrier  de  leu  .M.  de  la  Kanlriere  ;  il  a  en  le- 


:}8:>  LETT  III*    DK   LCI    PAT  IS 

on/e  coups  vit's;  il  meritoit  encore  pis,  car  il  a  tue  tres  me- 
cliainnient  un  fort  honnete  honune  et  bon  jugo.  .le  viens  d'ap- 
prendre  quo  M.  Fouquet  a  vendu  sa  charge  de  procnreur-go- 
neral  !(>(), 000  livres  a  M.  de  Fieubert,  maitre  des  roq  notes. 
On  pretend  par  la  qu'il  est  fort  en  credit  pros  da  roi ,  et  <ju'il 
est  assure  d'antre  chose,  pnisqu'il  a  abandonne  le  palais;  (ju'll 
sera  ministre  d'Etat  on  chancelier  de  France,  si  la  corde  ne 
ronipt,  niais  d' an  tres  soupconnent  pis.  .le  vous  baise  tres 
humblement  les  mains,  et  suis  do  tout  nion  cirnr  votiv,  etc 
Do  Paris,  lo  12juillol  KJ'H. 


LKTTHK  DLXXXIX.  —  An  meme. 

,le  in1  vous  ecris  point  sans  joie,  par  laquolle  il  me  semble 
(jue  jo  m'entretiens  avec  vous  ,  et  quo  je  VOUN  vois  d'ici ,  bien 
qn'il  y  ait  grande  distance  entro  nous  deux  ;  niais  pourtant 
j'ai  toujours  qnelcjiie  petit  regret  de  n'avoir  point  quel(pie 
bonuo  nouvellea  vonsmander. 

On  dit  ici  (jue  les  Hretons  venlent  se  racbeter,  alin  (|iic 
le  roi  u'aille  pas  en  Brelague.  Kn  ce  cas-la  ,  il  iroit  en  Pro- 
vence pour  y  fa  ire  trouver  de  1'argent.  iVotre  roi  on  a  tant. 
niais  il  lie  manque  pas  de  sangsuesqui  lui  disent  qu'il  en  t'aul 
encore  avoir  davantage. 

\A]  president  Miron  m'a  dit  aujourd'bui  (pie  c't^st  un  ronian. 
tout  ce  (]u'on  a  dit  de  la  vente  de  la  charge  do  prooureur-ge- 
neral,  niais  bien  (jue  Ton  a  remis  on  bonne  intelligence  les 
deux  froros ,  savoir,  1'abbe  Fouquet  avec  le  surintondant,  son 
frero:  et  ni'anmoins  il  croit  <pie  M.  le  surintendant  so  defera 
de  sa  charge  do  procureur-goneral ,  el  (pi'il  y  en  a  (jiii  la 
marohandont.  II  ne  taut  plus  quede  largent  jtour  etre  grand: 
la  vertu  n'y  sort  plus  do  rien.  Si  furtii/m  rolct ,  /ic*  ((<•  rlii'tart- 
'•inixiil .  ft  /ur/iiii/i ,  f/nnii(t)fi  flbl  liiilns  IIK-IX  iii  ritn  mortal i inn ! 
(liit'iiant .  (|iii  est  un  homme  qni  aime  I'argent  coinine  un 
courtier  diM'hanuo ,  dit  Nonvenl  //'"'  ^'"'"  /"•"/•'-//./•  <••'/;.•/  f-n.i 


\  i-.u.t.oNKT.  .'IS  I 

t/iiiif  fi'S  fifa'P*  tout  (linnii'  .<  i>nin'  neon'  A//N.XV'  dit  Ini'ii  t'i  Iciirs  01- 
I'nnfs  ,  f/n'il  uutiiti'uit  lni'ii  Hi-mi'  i-ti'  fti'  (I'H.r-lf't.  lliou  soil  louc  , 
ic  nc  suis  point  <lt!  ct-t  avis;  jo  nc  voudrois  pas  tHrc  plus 

.11  •)  II 

^laixl  seiynour  (pit'  jo  no  snis;  jo  ii'ai  point  on  vie  do  in'onri- 
diir  aux  dopeus  do  personno;  jo  no  demnnde  a  Dion  quo  sa 
sainto  grace,  im'itti'in  suimm  in  c<it'];<ir<'  sum/  ;  tjiin  I  sis  esspvclis, 
ut(it((/ni'  malts,  nnniiiiHiii  in/'  iiii'lnns  (lii'ni  ii'-c  n//ff-.<.  Mos  poi'G 
ot  ino.ro  otoient  dc  I>oimos  p'ns,  <pii  so  rotirorout  it  la  cain- 
jta^no  pour  ovitor  la  malice  do  Paris,  <>u  ils  out  voou  /-./•  m-itn 
fiinflitln .  jusipi'a  la  inort. 

II  f'aut  quo  jo  vous  I'asso  part  d'uno  ponsi'-o  (pio  jo  Ironve 
I'ort  [ilaisanto.  M.  do  Vondumo  a  dit  qiif  nulro  hon  roi  ost 
soinblablo  a  mi  jouno  ini''dooin  qni  a  lioauooup  d'ardour  pour 
^a  profession,  inais  ip.ii  fait  liiou  dos  <•/"•'  /"'•''  '/""•  Jo  sals  dos 
udis  qtii  lo  V(»iciit  do  pros,  <|iii  in'ciit  .issur/1  tjii'il  a  do  tros 
bonnos  intontions ,  ot  cpir  dos  (pi'il  .-s-ra  plus  inaitro  i|u'il 
u'ost  .  il  on  porsuadera  tout  lo  iiiniido.  .I///'-//.  Jo  vous  baiso 
los  mains ,  ol  suis  do  tout  inon  oiour  volro.  olo. 

l)t-  I'aris.  le  Hi  juillot  IGdl. 


LKTTUK  DXC.         \i<  ><><•„„•. 

J'ai  vu  .M.  lo  premier  president  .  »pii  in  a  tail  ^rand  aoouoil. 
ot  ipii  >e  plaint  I'ort  do  son  pen  do  >anle:  il  a  Brando  onvie  quo 
los  vacances  soient  venue-.,  alin  de  prondro  I'air  ot  joiiir  dti 
ropos  on  sa  m.UMin  ties  cbamps  .  ot  in  a  demande  si  jo  ne  voii- 
lois  pas  in'aller  pronie.uor  avec  lui  a  Uasville.  ot  rontrot.'uir 
mi  pen  los  vaoai.ices  prochaincs.  Jo  lui  ai  repolidu  <pio  imus 
n'avions  jainais  do  vacaiioes.  el  <pie  mes  [tromonados  etoient 
dans  mon  otiido, ;  rpie  pourtaul  j  inns  Ires  volon tiers  a  cause  do 
lui,  ipii  valoit  inioux  tpio  tons  mes  livros.  J'ai  deja  eh'1  deux 
t'ois  en  cello  belle  inaison  do  !!,isville;  inais  j  appronds  do 
mon  Ills  C.arolus ,  qui  \  va  soiivenl  ,  qu'ou  I'a  bion  ombi'llie 
dopuis.  Je  voiis  prie  de  dire  a  M.  Aui^>oii  quo  mon  ballul  do 


,'i84  I.ETTKKS    I)E    Ml    l>  \TI.N 

livres  qui  avoit  etc  saisi  a  I>yon  esl  arrive  a  la  douane;  je 
vous  remereie,  et  lni  aussi ,  de  taut  de  peine  qifil  vous  a 
donnee. 

11  est  arrive  a  lacour  un  ambassadeur  de  Suede.  La  charge 
de  M.  d'Espernon  est  fort  divisee  et  partagee.  Ainsi  fut  fait 
apres  la  mort  d'Alexaudre-le  Grand  :  de  ses  cendres  on  en  fit 
trente  rois.  11  est  ici  mort  un  charlatan  fort  ignorant,  qui  ta- 
choit  de  se  dormer  de  la  reputation  sous  une  qualite  feinle  de 
medecin  de  Montpellier,  comme  font  d'autres,  et  neanmoins 
il  n'y  futjamais.  II  etoit  natifde  Melun  ,  ills  d'un  chirurgien, 
ou  plutot  barbier  de  la  meine  ville;  il  avoit  ele  garcon  apo- 
thieaire;  de  la  il  se  lit  elu  a  Melun  par  le  nioyen  d'une  suc- 
cession (jui  lni  en  I'ournit  le  prix  ;  il  vint  ensuite  planter  son 
piquet  a  Paris  ,  et  pour  lacher  de  s'y  donner  dti  credit,  il  or- 
donnoit  furieusement  chex  les  apothieaires  :  c'etoit  pour  les 
attirer  a  son  parti,  (lalien  a  dit  au  commencement  de  sa  Me- 
thode ,  que  :  cm.jiirici  an/it  Tro/.u^otcMaxo!,  »inlft/  <;t  nnn/'s  ////<///' 
prcescribunt ,  quia  ox  /.of  nut/ fix  illu/1  munn  uaxrii/nf  <ji«xl  o////,< 
cxf.  11  est  mort  en  trois  jours;  il  s'appelle  Dupont.  (Vestainsi 
que  perissent  ces  miserables  et  ces  r/A'x  tniftmr. 

Hier  je  fus  pres  de  Saint-Denis  voir  un  malade,  oil  je  me- 
nai  quand  et  moi  Noel  Falconet;  nous  herborisames  en  ce 
pays-la.  J'avois  appris  (ju'il  avoit  fait  une  partie  de  jii'onu'- 
nade  a  quatre  lieues  d'ici;  je  renvers'ii  adroitement  ce  des- 
sein ,  etant  persuade  (ju'il  seroit  mieux  avec  moi  que  d'aller 
si  loin,  d'ou  peut-etre  il  ne  fut  revenu  qu'aujourd  hui  ou 
demain;  etpuis  (jue  ne  fait  pas  unejeunesse  »';chappee,  <:ut- 
iixle  t'cinolo?  On  nous  lit  bon  aecueil  et  bonne  cbere,  et  en 
revenant  il  me  dit  qu'il  etoit  bien  plus  aise  d'etre  venu  avec 
moi  que  s'il  avoit  execute  son  premier  dessein  ;  qu'il  apprend 
avec  moi  plus  qu'avec  (jui  que  ce  soil,  et  qifil  n'oubliera  ja- 
inais  les  bonnes  choses  <|u'il  m'entend  dire.  Je  vous  baise  les 
mains  ,  et  suis  de  lout  mon  c,(eur  votre  ,  etc. 

Do   Paris,  le  2J)  juillel  1«(5I. 


LETTKK  DXCI.  -    .1"  //*'W. 

II  sernbleque  !••>  gcnsde  bien  nonlqnc  laired  attendee  tin 
soulagement  pour  le  pauvrepeuple  ;  on  minute  do  nouveaux 
impdts  :  ornnia  fit/is  in  jtfjns  ruci't!  ct  i'di'h  subtorrid  /'-'ffr/'i. 
On  parle  que  le  roi  vent  augmenter  le  prix  <ln  sel  et  les  en 
frees du  vin,  DOM  seuleinent  a  Paris,  ma  is  par  tonic  la  France  , 
on  (lit  ([lie  c'est  M.  Fouquel,  lesurmlendant .  qni  esl  1'auteur 
de  tons  ces  malheurenx  avis,  d'autant  qn  il  ne  pent  .intre- 
inent  subsister  dans  sa  charge  ,  vn  que  du  temj>s  dn  iMazarin 
il  n'avoit  qu'ii  donner  au  3Iazarin  ,  leipiel  tiroit  tnnt  (|n'il 
ponvoit ;  mais  aujounl  hui  il  I'ani  <|n  il  donne  an  roi  .  a  hi 
reine,  et  encore  hien  j)lu;>  a  la  reine-inere,  sa  bonne  patronc 
<|ni  ie  niainlienl  et  le  conserve  contre  ses  ennemis  et  en\i«nix. 
On  dit  inenie  qn'il  ost  oblige  de  fa  ire  de  grands  presents  a  mix 
(|ni  sontaupresd'elle  ,  et  surlout  a  mademoiselle  tic  Hi-auvais, 
(jui  est  une  liarpie,  et  a  plusienrs  antres.  Pour  moi ,  je  croi-, 
qu'on  ne  fait  courir  ces  bruits  que  pour  rendre  M.  Fouqnet 
odieux  a  tout  le  penple  ,  et  je  crains  pour  !ui.  Knlin  Ics  p:in 
vres  gens  n  out  que  fa  ire  d'altendre  dn  soulagemeut  :  anssi 
rneurent-ils  par  toute  la  France  de  maladie,  dt>  inisere,  d'op- 
pression  ,  de  panvrete  et  de  desespoir  :  tkeu  nos  Misprmt !  >1 
trii.v't'fnn  Gnllffirn!  Je  pense  qne  les  Toupinnmbous  x<»nt  pln> 
henrenx  en  leur  barbarie  qne  ne  sont  les  paysans  df  Franc.- 
anjonrd'bni;  l  Lamoisson  n'a  pa^«'lt'  bonne,  kbit-  M-IM  encore 

1    II  e*l  certain  que  lo>  laillch  ,  coininc  on  disait  aloi>.  «-t.iieiil  hi)t- 
de  proportion   avec  It's  ressonrces  de.   la  France;   de  !a  -.on   malaise 
perpeluel.  (Juoique  infmimenl  lonrd  ,   noire  *>>leme  linancier,   pri- 
dans  son   ensemble  .  est  incomparablomonl   superienr  et   niirux   re 
j>arti ;  inais  il  se  lie  tclleinenl  aver  celni  des  aulre>  puissances .  que  le- 
moindres  causes  foul  osciller  le  credit  public  it  une  niamere  redouta 
l)le.  Aujourd'hni  tin  hnmmo. .  ayant  ileu.r  sons  par  ligne,  pent,  aver 
uiic  lan.ssf  nuiiNcllc ,    iiilliirr  quehjne  icinps   sm-  les  foiuU  publics  de 
rKurope.  Oiiiint  an  mode  de  |>ercepti<Mi  de«  conlrihutiniiji .  il  c-t  -i 

Ml.  '2'» 


$86  I,K  TIUF.S    HF.    i.  II    1-xilN 

fort  clier  toute  Taimt'-o.  On  dit  (pic  le  roi  a  nil  yrand  cavoati  . 
dans  lequol  il  sorre  volontiors  sos  pistoles,  et  d'oii  il  n'aime 
point  fir;  rion  tirer ;  il  dit  qne  quand  CP  oaveau  spra  plein , 
qu  il  on  fora  fa  ire  un  autro.  ol  quo  M.  le  surintendant  lin 
donne tons  les  mois  l  on, 000  (-ens.  On  dit  qu'il  veut  aller  en 
Brota^ne  pour  supprimer  IPS  Ktats  do  cetto  province  ,  ot  les 
taillov  eoinmo  los  autros  ,  ot  y  fairo  de  nouvoaux  officiers  an 
parlomont  ot  lilleurs.  Voila  dos  pilots  do  I'instruction  maza- 
ririosqup  otdos  eebantillons  de  1  'avarice  italionno. 

I.o  roi.  parti  bier,  ce  mardi  -20  ;iont  ,  deFontaineble.au  .  i-st 
alle  a  Blois;  de  la  il  ira  ou  il  plaira  a  Dion,  ,1'ai  fait  encoro 
aujourd'bui  ma  lec.oii  a  Cambray,  ou  j'avois  encore  plus  do 
soixantp-dix  auditeurs.  Nousa\ons  ici  cpiatre  do  nos  rnedocins 
bien  malados .  dont  il  y  on  a  deux  do  la  premiere  esti me , 
savoir  :  MM.  Rainssant  ot  Piotre.  Coux  qni  vont  t.rop  vite  sont 
sujets  a  so  casser  le  no/  :  lo  bon  Martial  n'a  t-il  pas  ou  raison 
do  dire  : 

Immndirix  In -fix  rst  ,•»/«>•  ft  >ant  .»i>nrriiis 

iNoel  Falconet  a  \u.  co  i ;',  aout .  la  Irairodio  dos  jostiilt'-  . 
rlonl  il  est  fort  content  ;  il  a  vu  force  beaux  acteurs ,  force 
josuites.  force  dames  of  de  beaux  sautenrs.  II  y  est  ontro  par 
lemoyen  d'un  billot  (juelo  P.  Labbe,  mon  bon  ami,  lui  avoil 
donno  a  ma  priere  pour  y  otro  admis.  Je  lui  ai  promis  des 
cabiers  d'oxtraits  deqnelques  livros  de  medecineque  j'ai  fails 
autrefois  :  ce  sera  un  nioyen  do  le  rolonir.  taudis  (pi'il  s'oc- 
cupera  a  les  transcrire. 

ro;;ulior  ,  si  hien  combine ,  qu'on  le  voit  procedcr  a\cr  In  lurrc  d  !.i 
riguonr  d'unc  vis  <lc  prossion  tM  1  impassihililt1  d'unc  piorre  inouiieie, 
lant  pis  pour  celui  qui  en  ost  rcra><;  ;  on  a  volo  lr  hiul^ol ,  oVst  1'nrret 
da  iloMin.  A  la  lon^uo  neaninoiii'*.  tpiand  lo*  fjonvorncmonls  man- 
<piciit  de  moderation,  de  bon  seii-  ou  de  bonne  toi .  le  re««orl  trop 
lendn  de  1'impot  provoquo  la  renrlinn  du  re<-.ort  de  I'oppositini).  l''<ni 
i'.istitia  vel  pprcal  miinclm  H.  i'. 


\    KM.  0>  Ml. 

M  Jean  I'letiv  a  nvii  If  hun  I  Ken.  tit-  prim  It1  reverie  dans  «a 
lievre  continue.  .  hupielle  est  Brando  ot  Forto  .  i-/ns/,,i,ili  /li-ln-n 
/iiin  H/H/H'i  1'inl  iiitriilii  iijijiii/'ti'iHiit.  (,t's  espnls  hiheux  ct  res 
lotos  erliauttees  y  sont  pliissnjottestjupd'autrps  >»•//////  //////•///'/. 
}lin//tni/i  i  .<•'/  hi'ni'  inisri  rni'iini-1-  1  1  nini/iii  :  ijinnli'iiiit  //'•/»'•  n«t> 
//iifiK  itTiiniK  itinnril  ,/itijlfcr,  mil  ni'ili-ns.  i  r<'.i  it  ml  trlltrrn  rirlnx. 
r.elui  doul  it  esl  (jupstion  ;nli'  tiranilcs  \«'rtns  iialnrcllrs  ,  il 
fst  sqvant  ct  fort  vnsc  ;  inais  si  \(ni«>  loiinic/  lc  lalmi  ,  il  a  di- 
Brands  viros  on  an  inoins  dc  iirands  dt'-fauts  :  '•////>  ;//•///.(  >•///..- 

nllXflflli',   lijltlnin*  ///>'  rsf    (fill   III//H/IIIS   Hi  i/.'/i'/'. 

On  dit  <]u  il  y  a  him  du  bruit  a  la  llurlirlk  ,  <|ii  il>  y  out 
pris  nn  partisan  *pi  ils  out  pcorcln'  toul  i  n  \ic.  M.  Amt-ltd  , 
premier  president  do  lacnnrdt's  aides,  a  ivrn  nrdn-  d'allrr  a 
I'dntaiiii'hU'au  ;  on  crnit  (jnc  c  t^st  pnnr  rci'i'Vdir  irpriinandc  . 
par  onli'fi  du  nii  .  do  la  boucln.1  d>%  M.  If  cliancolior.  pmii'  a\oii 
parl*'  trop  hardimcnt  oontiv  rinjusticedn  temps  ft  hi  tyiannif 
dos  partisans,  lorsqne  M.  If  due  d  Orleans  I'nt  la  scinaiiie 
passoc  a  la  eonr  des  aides  y  porter  1'etlit  de  suppression  de 
taut  d'ofticiers.  A  la  eoiir,  on  ne  \eiit  pas  de  romontranres  : 
tout  s'y  tourne  a  la  desputiipie.  Si  Oieu  if  y  met  la  main  ,  on 
nous  assujoltira  nunine  des  Tures,  IIOIH  rpii  soinincs  hons 
eliretiens,  et  francs  el  lihres.  des  ipie  IK  HIS  avons  ett'1  Francois  . 
aujonrd  liui  les  ("hoses  sont  chan^t'-es 


Je  voiis  haise  ti'es  Immhleiiieiil  les  mams,  a  mademoi- 
selle Falconet  el  a  M  Spun,  noli'e  hou  ami  el  suis  do  tuiile 
UHHI  anif  \utff  .  f  te 

De  Paris  .  lc  2  vppU'mbre  1<><»l  . 


3H*  I  KTTHKS    1)1:    ..II    I'vTIX 

LK1TKK   UXCIi.      -    U  -mhn,'. 

Je  voiis  envoyai  hier.  ce  3  septembre,  deux  pa^es  d».-  n-.- 
rhelives  nouvelles;  il  ny  en  a  point  iei  d'autres  .  sinonquel 
ques  tievres  qnarles  aiitomnales  ,  n/miix  </'/nrtuii<i  nittunnialix 
'•''/  csf  (iii)iii'n  n'l  f.s7  A-//W/S,  el  des  dysenteries  ;  inais  je  crois 
quo  ce  sera  bieu  pis  dans  un  inuis  on  six  .semaines  apresqu'on 
aui'il  bll  dll  vill  nouveail  .  /////'•  />n/'/>''/'  <-t>rnlin  yntin-f.  Alors 
nous  anrons  des  sijuirrlie.s  de  t'oie  et  de  rale,  des  donhie> 
tierces  et  des  triples  quartos,  losquelles  degenerei'onl  en 
hydropisie  ;  nous  anrons  aussi  des  Iiydropisies  et  .pe.ripneu- 
inonies  et  des  rlimmtisines.  V'uila  nos  maladies  d'lmer  apr*s 
le  \in  nouveau. 

Hier  an  soir.  ce  ;')  septembro,  je  sonpai  avec  M.  le  premier 
president;  j  appris  que  le  roi  s'appretoit  a  revenir,  et  (|u'il 
seroit  a  Foutainebleau  le  l.'i  de  se|)tend>re,  et  qu'il  r/etoit 
troiive  nial  d'avoir  couru  la  poste  a  Tours,  on  il  prit  les  e;ir- 
rosses  de  relais.  (le  memejour,  un  maitredescomptes,  nonmie. 
M.  G(»ilard  .  resenanl  de  deux  lienesdici,  passant  an  long  de 
la  riviere,  d  \  vonlant  abreuver  son  ehe\.d,  s'y  nova  jual- 
lieurensement.  On  a  iei  saisi  mi  baliol  de  livre>  i|iii  venoit 
d'Anisterdain ,  dans  lequt'l  eloient  plusieurs  exenqtlaires  d'un 
livre  nouveau  fait  par  Ins  janseniste.s  eonlre  les  jesuitcs  .  SMII> 
le  norn  de  /><•/,</*  /'////////<//'/,  dans  lecjuel  on  soutient  ipie  les 
euii)  propositions  flout  il  est  ((neslion.  et  qui  ont  fait  tant  de 
bruit,  ne  sont  point  dans  les  livres  de  Jansi'iiius .  eveqiie 
d'Ypres.  Dans  ce  int-nie  ballot  on  a  aussi  tronve  quolqurs 
exemplaires  d  nn  livre  fait  par  les  jesnites.  .W  I/unit  ,v//yy)/T.v- 
unii  i't  itjiiiiturn  '•£.<!'  i  iijiiniti  :  ee  sont  les  retries  df  la  hoeiete 
ponr  tons  leurs  desseins .  leur  uonvernement  d  lenrs  nfticirrs 
a  tons  elates.  II  \  a  dix-liuit  volumes  in -octavo ,  ijiii  se  relienl 
en  cinq  iros  toints;  les  jesniles  en  avoieill  fait  faire  line  edi 
tion  (ju'iU  envftyoieiit  aux  Indes.  ponr  I'lisa^e  des  pt-res  en 
ce-  in'ovinces.  C.e  Miisscaii  Int  pi'is  par  les  Aniilois  t't  It  -. 


V     f\I.O>NH  W 

pxemplaires  perdus  pour  les  jesiiites.  Les  Hollandois  out  renn- 
primece  livre,  quc  les  jesuites  font  saisir  partout  oil  ils  pen 
vent,  et  meme  out  employe  1'autorite  du  roi  et  de  M.  It;  pre- 
sident de  Thou  ,  uotre ambassadeur  en  Hollande,  pour  rache- 
ler  tout  ce  qu'il  y  avoit  de  fait.  Mais  ils  out  beau  faiiv,  le 
livre  ne  se  supprimera  jaiuais:  il  y  a  des  jansenistes  qui  en 
out  ici ,  et  meme  les  huguenots  s'en  vont  le  faire  imprint'  r 
in  folio  en  Allemagne,  dans  nn  pays  oil  les  jesuites  ne  troii- 
veront  pas  de  credit,  atin  que  tons  les  curieux  de  I'Kurope  le 
puissent  voir,  et  y  connoitre  les  desseins  et  le  lin  gouverne- 
inent  de  ces  bons  peres  ,  <|ui  gouvernent  le  nionde.  ///  /«/////'»'' 
Domini ,  a  leur  mode  ,  aver  beaueoup  d'ambition  et  d'avarice. 
niais  ijui  sont  conlites  de  la  parabole  <«l  //////«/r///  /A-i  ijlurinm 
l"n  maitre  des  requetes  m'a  (lit  ee  matin  qjie  la  nouvelle  im- 
pression s'en  iera  on  en  Angleterre  on  a  Krancfort  ,  niais  (pie 
les  jesuites  ne  le  pourront  jamais  empecher ,  et  que  ce  sera 
nn  in-folio  qui  entrera  dans  toutes  les  bibliotheques  yrandes 
et  petites,  et  qu'enlin  tout  le  luonde  connoitra  les  rusees  fa  • 
(;ons  de  faire  de  ees  maitres  passetins  <-t  de  tons  ces  carabins 
du  P.  lynace. 

Mais,  eejeudi,  Sseptetubre,  voici  bien  line  autre  '.ilfair':. 
Proiiiitte  titssi'-m,  et  liabcbis  fa/m/ai/i.  La  fortune  de  M.  Fonquet. 
surintendant  des  finances,  est  changee;  le  rui  1'a  t'tit  iiuvt«'i 
prisonnier  dans  le  chateau  de  Nantes,  et  y  a  envoye  ordre  a 
M.  le  chancelier  pour  faire  lout  sceller  en  ses  maisons,  et  y 
mettre  gariiison .  ce  qui  a  ele  sur-le-champ  executt'1.  M.  le 
chancelier  a  fait  sceller  dans  la  maison  qu'il  avoit  a  Funtai 
nebleau ,  et  a  envoye  tin  maitre  des  re(jnctcs.  nnmme  M.  Pa- 
get,  faire  sceller  a  Vaux.  M.  le  lieutenant  civil  a  eu  oidi«-  de 
faire  sceller  dans  la  maison  de  Paris  et  a  Saint-Mantle,  d  d'\ 
mettre  garnison.  Sa  femme,  la  surintendante,  a  eu  ordre  de 
se  retircr  eu  Limousin;  ses  conirnis  sont  arretes .  U-urs  m;ii 
•^•tiis  seel  lees,  d  il  \  a  meme  nnliv  pour  les  enfanls. 

Le  prelre  de  Saint-Germain   qui   a\oit   etc  condamne  aux 
^uleres  perpetuelles .  par  appel  </  //////////^du  procureur-yrii'1 


r,tmu.>  i»t  t-i 

ral,  a  etc  mi.s  dans  la  Conciergerie,  oil  son  proees  a  ele  t'aitde 
nouveau.  !l  est  condamne  de  faire  amende  honorable,  nu  en 
chemise,  la  curde  an  cou  c,t  la  torche  an  poing,  devant  la 
principals;  porte  de  Samt-Gerinain-rAuxerrois,  et  apres  con- 
damneaux  galeres  a  perpetuite,  sans  en  pouvoir  etre  radicle 
ni  retire  en  lacon  quelconque ,  el  sa  petite  garce  condamnee 
a  4,000  livres  d'ainende. 

I^es  partisans  sont  ici  fort  etourdis.  On  a  seelle  cliez  Bois- 
leve,  ehez  le  jeune  Munerot  de  Lvon  .  ehez  Pelisson,  Bernard 
et  aulres.  On  (lit  que  .M.  Fuiiquet  cst  dans  le  chateau  d'An- 
gers.  tpie  M.  le  elianeelier  a  charge  de  lui  nonimer  des  eom- 
inissaires,  savoii':  vingt-quatre  maitres  des  requt3tes.  Un  des 
secretaires  de  M.  le  premier  president  me  le  vient  de  dire 
riura  alias.  Je  vous  haise  Irs  mains,  et  snis  de  tout  mon 
fnf'iir  vutre,  etc. 

IV  Paris,  le  H»  -oplciiiluo  Hifil. 


LKTTHK  1>\CIII.        .\umenif. 

Le  medecm  espagnol,  Thomas  Pnelle/.,  tjue  la  nouvelle  remc 
avoit  ameiii''  avec  die  d'Kspagne,  est.  mort  a  Foutainebleaii. 
II  aimoit  mon  second  tils  Carolns  d'nne  maniere  a  lui  [trocu 
rer  quelque  bonne  fortune;  mais  celui-ci  est  demi-stoique,  et 
c'est  tout  dire.  II  y  en  a  plusieurs  sur  les  rangs  tjui  recher- 
chent  la  place  du  delunt;  («uenaut,  des  Fougerais,  Brayeret 
Rainssantcourent  apres.  I'ietre  le  merite  encore  niieux  qu'au- 
c\\\\  parson  erudition,  mais  il  est  encore  malade,  et  n'e>t  .  pa> 
hors  oe  dang(;r.  Celui  qui  ne  desire  rien  est  encore  plus  lieu 
it'iix  .  eomtiie  .^ont  tons  ccu\  <[iii  nOnt  point  d'ambition.  L« 
four  est  line  mauvaise  lu'ilellerie  jiour  un  hdinmede  probile. 
Valot  est  malade  de  lievre,  i-liumatisme  et  i-rysipele.  On  di! 


t'iisitumaiiv  du  sieui'  Fouqnet.  II   y  en 


\    I  Al.l.O.NtT  391 

hien  qui  courront  ce  benelice  s'il  vienl  a  vaquer.  Je  ne  sai.s 
ce  que  peuvent  etre  devenus.  MM  Pecquet  el  H.  de  Belleval . 
mais  voila  leur  niarmite  renversee  par  la  disgrace  de  M.  Kon 
quet.  Jaiuais  1'ecquel  ne  l'a  traite;  il  n'etoit  la  que  pour  les 
laquais(l).  Croyez-uioi,  e  eat  un  homine qui  ne  sail  pas  grand 
chose.  M  Fouquel  esl  tonjours  dans  le  chateau  d'Anger>. 
nialade  d'une  lie v re  quarte.  Avant  sa  prison  il  avoit  pris  du 
quinquina  el  avoil  ete  saigne  de  la  salvalelle !  >}  par  le  conseil 
de  Valot,  et  neanmoins  ii  n'en  est  pas  gueri.  I.L-S  jrsuites  sont 
bien  laches  de  sa  perte  ,  il  eloil  leur  grand  patron.  11s  onl  tire 
de  lui  plus  de  600, QUO  livres  depuis  pen  d'annrcs;  vous  save/ 
cuiunie  ces  bous  peres  aiiiient  tort  le  bien  public  et  le  bien 
de  leur  prochain.  Mais  a  propus  de  quinquina,  il  ne  fait  point 
ici  de  miracle.  Quand  le  corps  est  bien  decharge  par  la  sai- 
gnee  et  les  purgatit's .  il  pent  par  sa  chaleur  resoudre  ou  ab- 
sorber le  reliquat  de  la  matiere  morbiiique ;  a  inoins  que  cela . 
il  ne  fait  qu'echauifer.  (>eu\  nienies  a  qui  il  a  fait  cesser  la 
lievre  n'en  out  pas  ele  tout-a-fait  gueris;  car  elle  esl  reve- 

\i]  iist-ce  par  ijjuoraiice,  csl-ce  par  esprit  satirique  que  uolroautcur 
parle  ainsi  de  Jean  I'ecquel :  Toujours  c-t-il  ipie  ce  fut  un  illustie  mc- 
deciu  qui  s^imniurtalisa  par  sa  dccouverte  du  canal  thoracique  el  dn 
reservoir  qui  porte  son  noin,  decoiMcrte  <iui  coiilii  tua  lout  ce  qira>ait 
dilti.  Harvey  de  la  circulation  du  >aiij', 

1'ccqucl  enlra  a  I'AcadtMnic  des  sciciu-cs  en  ttili(5.  II  iul  »i  con>tain 
mi-Hi  attache  a  l-'ouquct ,  !<•  surinlcndant,  qu  il  disait  (pie  1'eCipiel  avail 
rime  et  rimrrait  toujouis  ;>\cc  Fouquet.  .Madame  de  Sevigiie  en 
parle  quelquetbis  et  1'appelle  amicalement  le  jtelit  I'ecqtict.  Kile  dit 
dans  une  de  ses  letlres  ,  1(571  :  «  J'ai  emoye  querir  Pecquet  pour 
discourir  de  la  petilc-verolc  de  \olre  entdiil.  II  en  est  epoinanle  ;  mai* 
il  admire  sa  (orce  d'avoir  jm  cha>-er  ce  venin  ,  et  croit  ipi'il  \i\ra  plu* 
de  cent  ans ,  apres  avoir  si  bien  (.-oininence.  •••  On  voit  que  cc  medecin 
n'etoit  pa»  celni  de>  Itir/iiais.  eomnif  I'assure  (ini  1'atin.  I'ecqnet  >r 
oassa  la  jainbe  en  loinbant  de  clieval.  Cel  accident  ,  ainsi  que  I'abu^ 
<les  liqueurs  spirilueuse.s ,  «pi'il  recominandail  ineme  a  >es  nialade^  . 
abreyerenl  son  e\islei,ce.  II  mourut  en  fe\rier  167i.  R.  1' 

'2     N  run   du  do-  dr  la  main  pres  de  son  bord  intern*-. 


:!«>:>  I  KM  UK-    l)h    (-1  I    I'VTIN 

nue,  quoiqu'ils  eussent  etc  bieii  purges.  L  opiniatrete  et  la 
duree  de  ces  tie  v  res  quarles  vient  de  la  disposition  mauvaise 
et  presque  carcinornateuse  de  la  rate,  qui  occupo  sa  propre 
substance.;  I  .  Jen'aijamaisdonnedu  quinquina.  J'enai  vuqui 
pour  s'y  etre  trop  ties  sont  deveuus  hydropiques.  Je  ne  vou- 
drois  point  puvgerdans  le  tort  de  la  lievre  quarte.  II  me  sem- 
b!e  (jue  ce  seroit  trop  liasarder ;  mais  je  purge  souvenl  a  la 
tin  de  Faeces,  avecbeaucoup  de  sueces.  Menie  dans  la  grande 
ehaleur,  je  leur  fais  quelquel'ois  avaler  quatre  grands  vene> 
de.  tisane  laxative,  de  trois  gros  de  sene.  Cela  fait  bien  ou- 
vrir  le  venU'e,  et  emmene  line  [tartie  de  la  cause  conjointe. 
<-t  einpeche  I'importunite  de.s  grandes  sueurs,  dont  ils  se 
plaignent  sou  vent.  Pour  ee  qui  est  de  saigner  au  commence- 
ment de  faeces,  je  ne  le  t'ais  jamais.  li  y  a  de  I'imprudtMic" 
ri  de  la  temei'ito  a  le  1'aire.  4e  suis,  etc, 
PC  Tari?-,  It-  21  si'pteinlm-  U5(>1. 


LETTUE  DXCIV    —    \i>  nan*. 

On  dit  ici  beaucoup  de  nouvclles ,  dont  je  ne  pretends  pas 
etre  garant.  Le  rui  «.-st  parti  pour  son  voyage  de  Cliartres,  et 
sera  iei  la  sematiK:  qui  vient,  oil  il  passera  line  boiiiie  partie 
de  I'liiver  avec  les  reines.  On  tit;iit  pour  certain  (pie  M.  Fou- 
quet  n'e;>t  plus  a  Angers  ,  quil  en  a  ete  einmene  a  Amboise  , 
oil  il  est  preseutement  en  attendant  les  ordres  du  roi  pour  un 
di.Terend  qui  est  survenu  entre  le  eapitaine  qui  1'avoit  arrete, 
iiouinie  M.  d  Artagnan  ,  et.M.  Talouet.  lieutenant  des  gardes, 
que  le  roi  avoit  envoye  a  Angers  pour  1'eminent'r  en  der-a.  II 
vint  ent'erme  dans  un  carrosse  a  six  clievaux,  entoui'edelrois 

'1;  '.uoiijuc  celtc  opinion  soil  urruiiei.1,  on  voit  pourt;iiit  tjuc  no* 
flcvancieiri  aviii^nl  ,  MM  Petal  de  la  rale  dan>  les  lie\res  inUrmiltcnlcs  . 
<)i's  ideos  fecondct's  de  itos  joar->  par  des  fails  uiieux  observes,  l>icii 
•  lu'il  r«"-lc  cticMie  (Jcs  (Imil.-s  »iir  c^  point  rle  palholo^if.  H.  I'.} 


S    \  \!  <  <>\M  .'W.'{ 

rents  cavaliers ,  grand*  et  petits  mousquetaires  On  a  aussi 
:«rrete  M.  Pelissou,  son  secretaire,  homme  celebre  auteur  de 
Y  His/oirr  <k'  t'Acuflenu'e,  qu'on  a  amene  ici  a  cheval  en  bonne 
eompagnie.  On  fait  aussi  venirpar  un  autre  cliemin  ,  madame 
Duplessis  Bel  tier,  eton  pretend  leur  taire  fa  ire  le  proces  a  la 
ehambre  de  justice,  qui  n'a  point  tenu  cette  semaine  a  cans*1 
«les  fetes  ;  vend  red  i  prochain  elle  sera  ouverte.  .M.  le  chance- 
lier  se  porte  bien  ;  il  a  dit  a  un  de  ses  amis  que  cette  chain 
bre  de  justice  iroit  bieri  loin,  qu'elle  n'est  pas  prete  ii  cesser  : 
il  y  en  a  pour  plus  do  trois  ans  ,  et  que  le  roi  pretend  par  la 
de  rentrerdans  son  domaine,  dont  je  prie  Dieu  qu'il  lui  t'asse 
la  grace,  atin  que  le  pauvre  peuple  puisse  etre  soulage  de 
fant  de  vexations  que  la  guerre  a  apportees.  Le  pain  est  "ici  si 
deraisonnablement  elier,  quel'on  craint  une  sedition  du  peu- 
ple ,  et  ce  sera  bien  pis  dans  quinze  jours  ,  s'il  ne  vient  du 
seeours  pour  rHopital-General,  qui  n'a  plus  de  ble,  et  a  la 
necessileduquel  les  directeurs  ne  peuvent  trouver  de  remede; 
il  est  vrai  que  M.  le  premier  president  leur  a  prete  10,000 
ecus,  mais  cela  ne  peut  guere  durer.  On  nomine  ici  des  par- 
tisans par  lesquels  on  cornmencera  1'exercice  de  la  chambre 
de  justice,  et  entre  aulres  on  nomine  M.  Louveau  ,  general 
des  portes ,  MM.  Catelan  ,  Jacquier,  Girardin,  le  chevalier  di- 
Maupeou  ,  prisonnier  dans  la  Bastille  ,  gendre  de  M.  Catelan  . 
M.  Boisleve  .  et  plusieurs  autres;  le  temps  nous  cu  apprendra 
davantage. 

Le  jurdinier  Gaudron  ,  (jui  avoit  assassine  M.  Lavie  dan> 
su  cave  .  ii  y  a  plus  dun  an,  apres  avoir  ete  quehjues  jours 
prisonnier,  a  contesse  son  crime,  et  a  etc  condauine  par 
M.  Chauvelin  ,  bailli  de  Sainte-Genevievi:  .  a  etre  rompu  ttnil 
\il.  11  1'ut  hier  traduit  dans  la  Conciergerie  pour  y  etre  jui:e 
t'li  dern'er  ressort  par  MM.  de  la  Tournelle.  Ce  sera  peut-etiv 
pour  (leinain  apres- midi  dans  la  place  Maubert  <|ui  est  If 
/ien  des  executions  de  ce  quarlier-la.  On  condaiiina  au»i  hier 
a  »:tre  brutes  tout  vit's  deux  homines  qui  out  ete  decouvui^ 
dans  le  faubourg  Saint-Germain.  p<»ur  le  crime  de  //"/<••/•'/>/" 


39  i  i  Lmii-.>  DK  i.t  i  run 

autrcmeiit  do  Sodome  et  Gomorrhe,  qui  est  le  peclie  que  Theo- 
philedisoit  que  sa  Saintete  lie  punissoit  point  a  Home.  Vons 
vous  souvenez  bien  des  vers  de  Chapel  le  ei  Bachauniuut :  '•"/ 
jv  suit  <.'/(  (trw  jiiijjule.  L'appel  en  sera  au  parlement ,  et  apn> 
ils  seront  renvoyes  aleur  premier  juge  ,  savoir,  au  lieutenant 
criininel ,  qui  lescondamnera  a  etre  brides  tout  vitsen  Gieve, 
oil  ils  seront  menes  dans  un  inlame  toiubereau  ,  apres  avoir 
fait  amende  honorable  devant  Notre-Dauie,  nus  en  chemise, 
la  corde  au  con.  Alais  voila  asse/.  vous  entretenir  de  malhen 
reux  crimes  ,  dt-scjiiels  nous  |»ouvons  dire  avec  Horace  :  /'"• 
f'totifti,  cul/Hl-  fU'ddn. 

11  y  a  ici  beaucoup  tit;  lamdies  t|iii  s  intfressenl  contre  la 
chanfbre  de  justice,  pretendant  que  cenx  a  cjui  on  1'era  le 
[•roces  feront  baiiqueroule ,  et  ne  paieront  point  lours  dettes 
a  ceux  qui  luur  out  prete  de  I  argent ,  desqucls  le  nombre  e>J 
tics  grand. 

On  dit  que  le  petit  prince  d  Espagne,  qui  n  a  guere  qu'iw 
Mit»ih  .  n'est  pas  de  taille  ii  vivre  longtemps  ,  m'c  viili-tur  ritali* 

ftitKrti*  .    idt'fl'CCl  lltrtfl'/     tint''  WttidH/   t/KJ/'t'SHtii'tifi  vinili    UHtVet'SW 

'•"/•// «'.s  comme  out  lait  ses  autres  i'reres  par  ci-dt-vant.  et  taut 
de-  princes  de  la  maisoii  d'Autriche  (jui,  t'aute  dc  bons  mi'dc- 
cins  ou  autrcnient .  ne  vieillissent  janiais. 

M.  If  Dauphin  est  arrive  aujonrd'hui  a  I'.tns  ,  t-t  rsl  log<; 
dans  If  l,ou\rf ,  au  meme  appartement  (ju'occupoit  le  cardinal 
Maxarin.  ,5c  \ovis  e.crirai  jdus  amplemeut  une  antrc  tois ,  et  en 
attendant,  je  vous  baise  Ires  humblement  les  mains,  ft  sin- 
de  tout  nion  cu'iir  votre,  etc. 

l)t-  I'siris,  IP  (»  decembri1  KiliJ. 


I.KT1KK  DXCV.         I"  //,"//"" 

Le  roi  a  tail  de.->  elu"\  alier>  de   I'ordre  en  bon  nombre;  la 
ceremoiiie  de   leur  |ii'oinenade  e.lnit   tort   belle:  el    il    v  .ivnil 


\  i  \M  «>M  i .  :{«'.'» 

plaisir  de  les  voir  passer.  M.  Fouqurt  c*i  dans  le  bois  de  Vin- 
rennes,  bien  enlerme.  11  y  en  a  <|ui  eroient  qu'il  en  sera  quillf 
a  bon  mart-lit'1,  a  cause  que  le  rui  et  la  reine  d'Angleterre  s'em- 
ploienl  pour  lui ;  uiais  If  sieur  Colbert  est  centre ,  et  Ton 
croit  que  le  roi  est  tort  attache  a  M.-S  sentiments.  >I.  le  cardi- 
nal de  lift/  a  tail  enlin  son  accord,  et  a  donne  sa  demissiou 
pure  et  simple  au  roi ;  on  lui  donne  pour  son  archeveche  de 
Paris  1'abbaye  de  Saint-Denis  avec  une  autre  de  grand  revenu. 
Le  roi  lui  permet ,  au  lieu  de  revenir  a  Paris,  de  se  retirer  en 
Lorraine  en  sa  terre  de  Connnercy,  dont  il  est  damoiseau 
;  cela  s'appelle,  dans  le  lalin  du  inoyeii-age  ,  domiceltus}. 
Vuila  un  homiiie  (|ui  a  mal  joue  son  role,  et  qui ,  pour  avoir 
deplu  a  la  reine-inere  duranl  nos  guerr«s  paiisiennes,  a 
perdu  Tarcheveohf  de  Paris,  qui  est,  com  me  vous  savez  ,  un 
l>oii  morceau,  et  de  100,000  livres  de  rente  Les  Allemands 
"id  peur  de  la  guerre  en  leur  |>ays  1'ete  prochain  ,  a  (]tioi 
neanmoins  il  n'y  a  pas  grande  apparcncf  .  vu  <pif  la  |>aix  est 
arretee  entre  1'enqjeieur  et  le  Turc. 

Je  vous  supplie  de  m  acheter  clie/  M.  Huguelaii  un  nouvd 
exemplaire  de  la  nouvelle  edition .  en  deux  tomes  in  tblio  . 
(J'iMislioHitm  medicu-leyaliuiti ;  c  est  pour  envoyer  a  un  de  mes 
amis  eu  Flandre. 

Je  vous  prie  d'assurer  le  reverend  pere  Theophile  Kaynaud 
(|ue  jesuis  son  ires  humble serviteur,  et  lui  demander  quand 
il  t'era  imprinier  la  seconde  partie  de  ses  ]/t'ter<>r/ifn  sjiiri 
inalia.  Jt;  vous  baisf  tres  liumbleinent  Ics  mains  .  H  >uis  do 
mon  cojur  voli'f ,  etc. 

l>t»  Paris  .  IP  3  Janvier  lti<>2. 


LKTTUK  I»\CV|.          \»  „,»,„>' 

Ce  matin  il  sVst  fait  un  duel  >i^ii<ilt'  a  dfini-lifiif  df  Paris . 
pri'S  de  Cliaillol ,  dc  luiit  >ri^iicm>.   dfsqiifU  plit.sifur>  out 


.'<<)(>  I.KI'lHKx    I»K    ".I  I    I'A  I  IN 

ete  blesses,  el  un  esl  demeure  mort  sur  la  place,  qui  est  le 
marquis  d  Antin  ,  neven  de  M.  I'archeveque  de  Sens.  Le  mar 
quis   de   Marmoutier ,    M.   de  la  Fetre  et  M.   le  comfe    de 
Chalais  sent  clu  nombre. 

II  y  a  eu  cette  semaine  line  querelle  dans  la  buvette  de  la 
grand'chambre,  entre  M.  Talon,  avocat-general ,  et  M  le 
president  de  Mesme,  le  president  de  iXovion  etaulres:  mais 
on  croit  quo  la  querelle  n'ira  pas  plus  loin  :  c'eloit  pour 
I'autorite  du  parleinent  par-dessus  la  ehambre  de  justice. 
I /accord  du  cardinal  tie  Ket/,  esteonelu  tout-a-t'ait :  on  sail 
qu'il  a  ete  en  plusieurs  endroils  deguise.  habille  de  gris,  se 
fiiisant  appeler  le  baron  de  la  Xeiiville.  11  parloit  latin,  con  • 
noissoit  tout  le  monde,  et  se  faisoit  aimer  de  tout  le  monde.  II 
a  ete  a  Dunkerque,  a  Auvers,  a  la  Have,  a  Rotterdam  pay> 
du  bon  Erasme),  a  Paderborn,  a  Minister  en  \Yestplialie,  ou 
il  a  demeure  trois  niois  entiers  ineonnu,  mais  admire  mer- 
veilleusement  pour  les  belles  qualites  qu'il  possede.  II  etoit 
loge  chez  un  savant  medecin,  nomme  M.  de  Kottendorf,  qui 
lui  parla  de  moi  avee  att'ection  :  le  cardinal  lui  repondit  de 
menie,  et  lui  (lit  qu'il  me  eonnoissoit  fort  bien ,  et  qu'il  t'ai- 
soit grand  t-tat  df  moi.  Le  medecin  .  r-on  ln'tte,  ipii  1'atliuiroit. 
'•t  particulierement  pour  deux  eboses ,  dont  la  premim-  Hoi! 
de  voir  qu'il  eonnoissoit  tout  le  monde;  la  xvondc.  qu'il  sa 
voit  tout,  et  qu'il  exeelloit  particulierement  en  poliliqur  soup 
conna  <pi'il  n'etoit  pas  homme  du  eomniun  ,  outre  (jii'fii  tutite 
occasion  il  parloit  mieux  latin  que  ne  Inn  I  tons  les  ycntils 
hommes  t'raneois.  Cela  t'ut  cause  que  ledit  li(Ue  en  entrHint 
M.  reve(|iiede  Munster.  prince  du  pays,  qui  tcmoi^na  de  la 
euriosite  de  connoilre  ce  gentilbomme;  mais  lui.  sacliant 
qu'il  cut  (''t(!  en  danger,  s'en  det'endit  pnulemment,  et  deln- 
:iea  des  le  lendemain  de  grand  matin,  de  peur  qu'il  ne  lui 
arrixal  pis  :  c'er>t  qu'il  n'y  veut  point  manger  le  careine  pro- 
chain  de  jambons  de  \Vestphalie,  (jiie  nous  appelons  ici  jam- 
Ix.uis  de  .Mayeuce,  //>-//w.//><.s  Mixjunilni ,  parce  qu'autre(oi> 
ei'ile  grand*'  loire  de  jambons  etoit  a  Maycnce  et  aujourd  liui 


a  Kranclorly,  »-t  la  grande  quantit6  que.  nous  en  avonsa  Paris, 
versPaques,  nous  vient  par  IPS  marchands  liollandois.  Mai?, 
\ous  dire/  que  jo  in-  vous  ontreliens  quo  de  jainbons;  j'aime- 
rois  mieux  YOUS  en  Cairo  manner  ici  on  depit  des  j nil's  ,  qui 
sen  tout  niio  loi.  Quo  j'aurois  de  plaisirde  vons  t'aire  bonne 
(•hen-!  Au  inoins  je  vous  la  ferois  spirit uelle,  sans  que  les 
inoinos  s'en  melassent.  Jo  vous  baiso  les  mains  et  suis  dr  toute 
mon  ame  votre,  etc. 

l)e  Paris.  Ic  2()jan\ier  Hifiii. 


LKTTKE  hXCMI.        .\umfinn'. 

J»-  vous  onvoio  la  these  dos  josnites  ,  la(]iielle  a  ioi  for!  re- 
veille les  esprits  do  ceuxqui  aimcnt  la  rontroverse  ;  la  Sor- 
boune  meme  s'en  remue  encore ;  mais  je  ne  saisrequi  CD  sera 
On  di(  que  dans  peu  de  jours  le  roi  doit  aller  au  parlement 
pour  faire  verifier  la  convention  qti'il  a  faite  avee  le  dnc 
Charles  pour  le  duche  de  Lorraine.  Le  prince  Francois  et  It- 
due  Charles  son  ills  sesont  retires  a  petit  bruit  en  Alleina^n.-, 
voyant  lour  niaison  rninee.  Le  roi  rachete  Dunkerqiie  du  roi 
d'Angleterre  ,  et  Ton  dit  qu'il  la  rend  au  roi  d'Kspagne  pour 
deu\  a utres  villes  (|u"d  nous  donne  dans  la  l-'landre.  f,e  roi 
n'ira  quo  samedi  prochain  au  |)arlemeut  pour  I'atlairedu  due 
de  Lorraine  :  c'est  M.  le  pn'sident  qui  me  le  vient  de  dire  ; 
M.  Talon  ademande  co  temps,  qui  lui  ost  necessaire  pour  nn 
plaidoyer  de  si  Brando  importance.  On  va  travailler  vi^ourou- 
st'inent  au  proces  de  M.  Fouquet  ;  le  roi  voul  (pi'il  soil  fait  en 
qninze  jours. 

M.  Arnauld  d'Andilly,  seigneur  do  Pomporme,  seci'olaire 
d  Klat  novon  do  M.  A.  Arnauld  le  jansoniste,  docteur  do  Sor- 
bonue.  et  t'rerodo  I'eveque  d' Angers .  ;i  rocu  r.ommandement 
ill:  i-oi  dc  so  I'olirora  Verdun:  it  a  ivpoiulu  i|u'il  /-toil  pivl  d'v 


:','.  >  i  i  i  i ui-  M    i.i  i  i-vriN 

O|M'MI'.  niiiis  qu'il  pi'idit  IP  roi  do  changer  !c  lien  do  M>II  exil  , 
ct  (It1  ronvoyer  plntot  a  Angers  ebez  son  Iron1,  roveque  dii 
I  if  u.  .\i1ffi  <'<'/'<'  fli.rit  Lucre! i'na : 

rni'ilin  (le  fnnic  li-jtoruiii 

Snrgil  (iiiiari  rtli(/ni<l  quart  in  ipsis  flo> 'thus  ninjai. 

Voila  .M.  Can!  <jui  viont  do  sortie  dc  ceans,  ct  m'a  rondu 
lalinanaeh  do  votre  AL  Moyssonior.  Pour  Ic  grand  livrc,  il  nest 
pas  encore  arrive,  il  cst  avcc  ses  hartlcs:  il  I'aut  attcndi'c  on- 
core  hnit  jours  a  eanse  <jno  la  riviere  ost  Imp  grosso.  M.  (Hani 
a  nn  pi'ot'os  a  la  (jnatrioine  dos  onqnctcs,  (\(\  j  ai  plnsionrs 
amis  (|iio  jo  Ini  fonrnirai  lors  dn  jugement.  II  y  a  sur  la  ri- 
vicro  do  Seine,  pros  do  Honon  ,  tronlo  grands  baloanx  do  hlc 
pour  vonir  a  Paris,  ol  quarante  antros  (jni  vionnont  do  Dantzio 
ot  d'Amsterdam  ,  et  (|iii  sorniont  dcja  arrives  s'ils  avoiont  on 

10  hon  vent. 

Lo  voyage  dn  roi  an  palais  esl  dittero  juscjn  an  rolonr  dn 
oourrier  quo  1'on  a  onvoyo  an  prince  Francois  on  Allomagne 
avcc  un  nouvoan  traito  pour  taclior  do  lo  oontentor.  Qnand 
nous  anrons  1  Alsace  avoc  la  Lorraine  ,  la  Franclie-Comto 
n'anra  cju  a  so  bion  tonir  ot  so  garder  do  no?  gens,  anssi  l>ion 
quo  Strasbourg  ot  antres  villes  sur  le  lihin  ,  on  vcrtu  dn  viou\ 
provei'be  :  dullinn  /inherit  nntic»tnf  nun  rn:ininn 

La  cliambro  do  justice  a  fait  douncr  dos  assignations  a  tons 
los  traitanls  ot  gens  d'affaires  pour  venir  ro]-iondro  sur  Ics  fails 
ipii  Iciirsont  pi'opost''s.  (iirard  y  a  eto  plnsiours  t'ois  ot  a  lache 
do  fa  ire  pitio  ,  niais  los  jugos  n  y  out  pas  consent!.  On  con- 
tinue do  vondro  dans  la  com1  dn  palais  los  boanx  nienblos  dc 
lioislovo .  qni  ost  on  fnitc. 

Pour  M.  votre  liontenai't  general  .  sa  inort  a  etc  plus  soii- 
daine  (jn'clrango ;  il  ost  niort  .  conmie  vons  me  le  mande/. . 

11  nne  obstruction  dn  cu'iir  ot  du  pouinon,  a  quo!  il  n'y  avoit 
mil  I'einodc  :  /•/•///'  niii/titlif  ^x/  fur/  r<,n//'nin-  nt/.r  j/if'/ir/irn!if/i<<*, 
S  il  cut  etc  ituvort    .m  Ini  aui'oit  trouvc  dans  h>s  vaissoan\  du 


nlti  san^i  (i^c  l;,  '•/  n/iqurid  rftinm  ///  sntistniitin  fmlvnfmi?, 
nihil  nh'un  ''.«',  ([iidm  ii>fut/in*  illn  dififihthnrn  tfintnp'Tc  !•*•/<• 
,  fjini'  f'arif  "st/nnti  Iftliuli',  i-t  y ////>//  (fraphict  dpsrrijtfit 
,  fimin  <i  I'^'rnfllfi.  unl/na  ntitu  Fi>rnrfhim.  ("et  hoinnic 
doit  intaillihleinont  melancoliquf!  et  asthmatiqtiP,  au  inoins 
tst-il  mortal,  ''./•  ritin  /twin,  i/ni  transmittit  In  jni(ntcme>n  ^ 
<•!  I'nf-it  fifj'rrhtiii  ImmcdicnhUfm  /»•/•  rinni  sn/ffiMtionis.  La 
syncope  est  HDP  marque  infaillihle  t\w  l*vs  caiiaux  du  ca-ur 
>o/it  hoiiclics.  11  pt'tit  etre  (ju'il  y  avoit  -iiuv/  «-ju«  ///  Iwifuts 
nrteriispn/motn's.  La  sueur  iliaphoretique  ewn  *?•+<&'*  est  une 
iiianjne  certaine  «jue  tout  etoit  perdu.  La  nialadie  d'Antiputcr, 
dansGalien.  //<  Aoo> \ a f]'i>rt i * .  rtoit  deer  i;enre,  hormis  qu'elle 
dura  plus  longtemps  :  aussi  y  a-t-il  drs  iuterpretes  qui  out 
ddiiti'  ^//'  inm-lia  \nfiftfifri.  DitMi  vt-iiillt1  avoir  son  amr 


LKlTliE  f>\CMII 

Vous  eles  un  nicrveilleux  ami;  vous  m'ave/  ci-devant  i-n 
voye  taut  de  presents  ,  et  vous  continue/  encore  de  m'en  a» 
cabler ;   je  suis  n'-duit  a  ne  savoir  plus  me  ^ouverner  a\r(- 
vous,  car  vous  me  rrduisiv.  a  1'impossihle.  J'ai  recii  ce  matin, 
mercredi  des  ccndres  ,    '!}.   IV-vricr.  volre  baril  d'liuile  et   /> 
liiirfin'l ,    p;ir  Ins  soins  dc  .M    C.ani ;  je  \niis  prie  d'cn  recevoii 
le  pri\  dcs  mains  dr  .M.  Spon  .  comme  je  lui  ai  maiidc .  avcc 

1  Los  innhulio.x  or{;anique.s  du  c<rur.  •'•lucidro!-  |>;ir  !»•>  lr.i\.m\  d«- 
t.ur\i>art .  do  Lao'nnrc  ,  de  M.  \c  |iru(os-.our  Itoiiillaud ,  «M  «i  him  otu 
dices  do  nos  jours .  tlnient  a  pru  pres  inconnnes  «lu  temps  do  dm 
I'alin.  An  lion  d'tin  ancvrysmo.  on  cro\ail  (ju'il  >  avail  un  polvjio  mi 
du  sang  coagule  dans  los  vcutriculos.  Mais,  quuiquo  nous  oonnaissioii- 
ini'.'iix  cctlo  uialadio,  olio  u'oii  osl  pas  moius  incurahlo  ,  el  I'cpigraphe 
ijufc Corvisarl  .  inedociu  do  Napoleon,  mil  a  >on  ouvrai^o  :  Hipret  later > 
letlcil  $  nrnndn  .  n'on  ost  pa-  innius  nno  finie\»ro  \orilo.  \\.  f1 


4UO  l.hl'lUKS    1)1.    till    |'\H\ 

t-e  que  vous  ave/.  deboursi-.  Pour  I'autre  paquelqni  vienl  de 
chez  MM.  Arnand  et  Borde  ,  je  ne  sais  quand  je  lo  recovrai; 
il  if  etoit  point  dans  cederniercoched'eau;  mais  IPS  eanx  out 
etc,  mauvaises  jusqu'a  present,  pout-etre  qn'il  est  enforme 
dans  quelque  balle  de  nos  libra  ires. 

On  lift  parlo  pins  ici  dn  dnche  de  Lorraine,  ni  de  M.  Fon- 
quet,  ni  du  cardinal  de  ilet/ ,  qui  t>st  a  (lommercy  ;  on  dit 
seulement  qne  le  roi  va  la  setnnine  prochaine  an  hois  de  Vin- 
cennes. 

On  imprime  en  Hollande  pour  les  j.msenistes  quelqne  chost- 
qui  sera  fort  contre  la  these  des  jesuites  ,  dr  lnfiilliliHttntr 
/j(tjj<e  On  y  aaeheve  nne  impression  dc  tontes  les  a-uvres  de 
fluyo  Grui.ius,  que  j "ai  autret'ois  connn  ici ,  ainhassadeni1  de  la 
reine  de  Suede.  II  a  ete  le  plus  hel  esprit  de  son  tenij)-.  11  y 
aura  neuf  tomes  in-folio;  il  etoit  admirablenient  .savant,  et 
d'lin  savoir  tout  heau  et  tout  noble.  On  parle  ici  d 'uneespet •••• 
d'un  nouveaii  carrousel,  on  le  roi  fail  entrer  plnsieurs  sei 
gneurs  <pii  seront  obli^ts  a  line  brllc  di'pfiisv,  taut  jionr  les 
c.hevaux  qne  pour  les  habits  ;  il  en  aura  einq  c.ompagnies  t 
tlont  chacune  sera  condnite  par  nn  prince 

II  est  venu  dn  hie  de  Koueu;  mais  la  police  est  ici  M  man 
vaisft  que  le  hie  no  rahaisse  point  ,  siir  qnoi  les  panvres  client 
hien   lort,   /"-'•  fu///i'n  lnili/'tnr  /Y///O  ti>f  qiirrdfimnt.  .It1  voiis 
haise  tres  liunihlement  les  mains,  et  snis  de  toute  inon  aint- 
voire,  etc. 

DP  I'ari-.  !»>->i  teviicr  \Mrl. 


I.KTTMK  DXCIX.  -  -   \ 


On  parlr  ici  d'aniener  .M.  FouqiuM  dans  la  Bastille;  son  se- 
•  retaire  I'clisson  esl  dans  la  Coiicier^eric.  Sans  par'i-r  dn 
in  litre,  »v  .M.  Peli.sson  est  tres  habile:  sa  disirace  est  lamtt1 


\    I  \ICONKT  KM 

(le  tous  les  bonnetes  gens  :  on  (lit  qu'elle  hii   fera  perdre 
1 'esprit  (l). 

Le  roi  vent  envoyer  un  ambassadeur  a  I'empereur  (on  (lit 
(|ue  co  sera  M.  de  Vitri;,  pour  y  fa  ire  maintenir  le  droit  de 
preseance  par-dessus  tous  les  autres  princes  ,  <|ue  le  r«»i 
d'Espagne  iui  a  cede. 

Hier,  ce  20  levrier,  la  ducbesse  de  Ketz  i'ut  trouver  la  reine- 
mere  an  Louvre,  et  elle  la  eonduisil  jusque  dans  le  cabinet 
du  roi,  oil  elles  I'urent  avec  Iui  pins  d'une  heure.  Les  mis 
disent  que  c'est  pour  la  demission  de  I'archeve'cbe ,  les  autres 
disent  que  ce  sera  un  accord  pour  I'aciliter  le  retour  du  car- 
dinal de  Ret/. 

M.  de  Louvois,  tilsdeM.  Michel  le  Tel  Her,  secretaire  d'K 
tat,  qui  est  recu  en  .survivance,  s'en  va  epouser  mademoi- 
selle de  Courtanvaut. 

M.  1'abbe  de  Hoches,  cbanoine  de  Notre-Daine  el  arclii- 
diacre  ,  inourut  hier;  il  etoit  bien  riche  du  bien  d'eglise,  et 
en  faisoit  un  bel  usage,  carrosse,  laquais.  equipage,  beaux 
ineubles ,  etc.  On  parle  d'un  carrousel  qui  content  bien  dr 
1'argcnt  a  la  noblesse,  (jui  y  aura  part.  La  reine  estgrosse,  el 
sur  cette  nouvelle  le  roi  a  dit.  :  ."N'^/o1  m-  iit<i.iH/in.'/-<ni.<  //<ix  <!>'  }><'- 
//Vx  rrmt'twtiiis .  c'est-ii-dire  dc  pauvres  jtrinces,  et  incom- 
modes. 

Le  roi  a  etc,  ce  matin  ,  Hindi  -27  fevrier,  an  palais  en  grande 
pompe ,  pour  raflaire  du  duclie  de  Lorraine,  et  y  a  demeuiv 
jusqu'a  midi.  Nous  en  saurons  le  succes  cesoir. 

Demain  ,  sur  les  ou/e  lieures  du  matin  ,  sera  enterre  dans 
Xotre-Dame  M.  des  Roches  ,  qui  autrelbis  nous  a  promi> 
10,000  ecus  pour  fa  ire  rebatir  nos  (-coles.  Toute  noire  Facultt- 
est  price  a  eel  enterrement.  Je  ne  sais  pourtaut  si  nousaurons 
les  10,000  cms.  bien  qnc  la  donation  en  soil  bien  fnite,  cl 

•J !  Loin  do  li<  :  on  »-<iil  nu  conlrairc  qu  il  la  siipporla  avoc  tine  «v',n- 
!itc  .  unc  tore**  d'anip  qui  !«•  lirt-nt  sinful ieromtMil  cslimor  do  toul  U- 

K.  P. 

''  <  > 


•40-2  I.KTTKKS  DK  (MM    I'A'll.N 

meme  insinuee  au  (Platelet  de  Paris,  des  1'an  16-14.  On  (lit 
qu'il  laisseplus  de  100,000  ecus  ii  niotel-Dieu  do  Paris,  el  sa 
grande  bibliotbeque  a  la  Sorbonne.  11  auroit  bien  pu  nous 
faire  davantage  de  bien  ,  mais  il  se  mecontenta  clenous  surle 
refus  que  nous  lui  limes  de  rompre  nos  statuts  pour  plusieurs 
particuliers  qu'il  nous  recommamloit  trop  souvent ,  et  cela 
n'alloit  qu'a  ruiner  notre  Faculte.  Morfbits  (nitiquis  res  staf 
romana  virisque.  Je  lui  dis  un  jour  chez  lui,  ayant  ete  de- 
pute de  notre  Faculte  ,  qu'il  eut  ete  a  souhaiter  qu'il  nous 
laissat  clans  1'observance  rigoureuse  dc  nos  statuts,  plutot  que 
de  nous  porter  a  les  rompre  ,  et  que  nous  etions  resolus  avec 
sa  permission  de  n'en  rien  faire. 

On  ne  parle  plus  ici  de  ces  derniers  duellistes  ;  ils  sont  asse/. 
malheureux  d'etre  hors  de  France  et  d'avoir  perdu  leurs 
bieris. 

Le  cardinal  de  Ketz  a  donne  sa  demission  de  1'archeveche 
de  Paris,  duquel  une  heure  apres  le  roi  envoya  le brevet  a 
M.  de  Marca ,  archeveque  de  Toulouse.  Voila  bien  du  mal- 
heur  pour  le  premier,  qui  est  un  honnete  liomme,  et  une 
etrange  fortune  pour  le  second,  qui  vient  de  si  loin  a  une  si 
belle  charge.  On  dit  aussi  qu'il  deviendra  cardinal,  mais  il  est 
deja  bien  vieux  ,  et  je  crois  qu'il  a  plus  de  soixante-dix  ans.  Je 
I'ai  entrelenu  deux  beures  dans  sa  chambre  dejtuis  un  mois  .; 
il  a  encore  I'esprit  Cort  present,  mais  je  le  trouvesec  et  casse: 
senrctns  ijiM  rno/'hux  t'st . 

Leroi  s'en  va  dans  pen  de  jours  an  bois  de  Vincennes:  il  veul 
etre  due  de  Lorraine  absolurnent ,  jure  rd  hijm'in,  ce  n'esl 
pas  a  moi  a  le  decider.  Sa  declaration  en  t'ut  bier  enregistree 
an  parlement,  ouM.  le pve,mier  president  bai-aiiirua  fort  bien, 
et  oil  il  parla  de  la  misere  du  peuple  et  des  punilions  exern- 
plaires  que  le  roi  vent  faire  faire  en  bref ,  ce  que  Ton  sous- 
entend  des  partisans.  La  cbambre  de  justice  a  fait  donner  as- 
signation a  plusieurs  particuliers,  pour  savoir  s'ils  n'ont  au- 
cun  commerce  avec  Hrunaut,  Catelan,  Hoisleve  et  autres.  Si 
ceux  qui  out  ete  niandes  n'y  obeissent ,  ils  sont  deja  condamni-s 


A    KA 

a  payer  le  jour  menie  500  livres  d'amende.  Je  vous  haise  les 
mais ,  et  suis  de  tout  mon  coeur  votre ,  etc. 
De  Paris,  le 29  fevrier  16R2. 


LKTTKE  DC.   -  -   AII  ////W. 

On  parle  ici  d'un  voyage  que  le  roi  vent  fa  ire  a  Saint-Ger- 
main ,  pendant  lequel  Ton  poursuivra  vivement  M.  Fouquet. 
II  a  affaire  ii  une  rude  parlie,  et  je  sais  de  bonne  part  que 
M.  Colbert  fera  ce  qu'il  pourra  pour  le  perdre.  Madame  du 
Plessis-Bellievreluidoitetrecoufrontnecettesemaine.  Madame 
Fouquet  est  ici  des  jeudi  avec  ])ermission  de  solliciter  pour  son 
mari.  Nous  en  avons  a  attendre  un  grand  evenement.  Le  roi 
a  rabattu  quatre  millions  sur  les  tallies,  apres  les  remon- 
trances  qui  lui  en  out  etc  faites  par  la  chambre  de  justice,  ;i 
ce  que  me  dit  hier  an  soir  M.  le  premier  president. 

La  riviere  est  ici  encore  tellement  grosse,  qu'il  ne  nous 
peut  rien  venir  de  Kouen,  ni  ble  ni  autres  commodites  donl 
on  a  ici  fort  besoin. 

On  a  decouvert  (.'ii  Espagne  une  conspiration  contre  le  roi 
et  sa  person  ue:  c'etoit  pour  le  fa  ire  sauter  avec  des  caquesde 
poudre  ,  <lii  cas  que  1'affaire  out  reussi.  On  dit  que  c'est  Ic 
comte  de  Liclie,  fils  de  don  Louis  de  llaro,  (jui  en  etoif  I'au- 
teur,  ct  c[ui  a  <Ht''  arrete  jirisonnier. 

II  etoit  parti  d'Ostende  dix  vaisseaux  du  roi  d'Kspaji'ne. 
pleins  de  soldats  tires  des  ^arnisons  de  Flandre  pour  al lei- 
en  Portugal  y  faire  la  guerre:  mais  la  tempete  les  a  irartt'-s  et 
comme  dissipes. 

Je  suis  de  votre  avis  pour  la  chimie;  il  n'y  a  pa>  de  danger 
que  Noel  Falconet  en  sache  quelque  chose,  ce  pen  suflira  pour 
en  faire  reconnoitre  la  fourberie  :  n«yt<  illuJ  .Xeopluh'mi  <ijnni 
Enniurn;  philosophandum  ^  sed  punas  :  l(js  |)lus  courtes  folios 
sontlesmeilleures.  A.Barlet  demeure  dansCambray,  »>u  je  t'ais 


-i()-i  i.r. rnu->  DF.  '. 11  i' \nv 

let-on  ;  je  saurai  api'es-demain  s'il  coinmencera  bientol  ,  et 
apres  nous  prondrons  son  temps  et  son  lieure;  je  i'ournirai 
I'argent  necessaire.  Je  u'ai  point  vu  M.  du  Chef  il  y  a  long- 
temps  ,  mais  je  ne  crois  pas  qu'il  vienne  a  bout  du  pretre 
pour  le  f'aire  aller  a  f,yon  ;  il  u'auroit  point  la  ses  coudeVs 
iVanclies  ,  comnie  telles  gens  que  lui  les  out  a  Paris .  dan< 
Tabus  el  ie  libertinag"'. 

Le  mi  et  les  reines  sVn  vont  jeudi  procliain  a  SaiuMier- 
main-en-Layp ;  on  dit  (jne  c 'est  un  mauvais  signe  pour  M.  Ton 
•  piet.  Cependant  on  supprime  une  eevtaine  sorte  de  rentes  , 
faites  iei  1'an  KiaO,  de  la  snninie  de  100,000  livres,  dont  beau- 
coup  de  gens  crient.  (leux  qui  les  out  aclietees  en  onl  eu  bon 
inarelie  ;  mais  ils  sont  en  danger  d'etre  mal  paves  de  leurs 
interets  qne  le  roi  ne  vent  plus  maintemr. 

M.  Fouquet  a  ete  interrogr  sur  les  ordres  ((u'il  avoit  laissi'-s 
de  fa  ire  mettre  des  gens  de  guerre  en  carnpagne  deea  et  dt^  la, 
et  de  faire  assembler  le  parlement,  en  cas  qu'il  Cut  arrete  par 
les  ordres'du  roi.  II  s'excuse  sur  la  ha'me  que  le  cardinal  Maza- 
rin  lui  portoit ,  et  se  dt'Tend  parfaitement  bien  ;  il  ne  pen!  point 
courage,  quoique  beaucoup  de  gens  le  tiennent  perdu  :  tt/i/*- 
tri'iii'm  ''>•/.  On  dit  (|u'il  est  devenu  tout  blanc  depuis  sa  pri- 
son :  on  devient  blanc  a  inoins  di1  perte  ,  mais  c'est  en  vieil- 
lissant.  Je  vous  baise  les  mains ,  et   suis  de  tout  mon  cd-ui1 
votre  ,  etc. 

DeP:iri«.K»-2J  n\n 


LKTTUK  I)C1.  — 

J'ai  recu  la  vt^lre  du  -2-2  aout  ,  dont  jc  vous  riMiu-i'de.  J'ai- 
tends  la  perfection  du  (>ardan  aver  loud'  pnliniiv.  Je  ne  m'l-- 
tonne  pas  si  le  sieur  Oilier  fait  unc  nouvelle  (''dition  de  toiitt^ 
lt>s  ceuvresde  I..  ISiviere  :  si  ee  livrec'toil  bon,  il  ne  sei'oif  pas 
devenu  <  oniiiiun  :  un  vend  en  caivme  plus  de  liaromx  qiic 


\    I  U.i  ONKI  .  t'l.") 

de  soles. ,  el   neamnoins  les  M>|CS  valent  bien  inieux  que  ICM 
liarengs. 

J'ai   vu  les  epitres  de  Kichtenis :   il  ya  qnelqncs  bonnes 
c  hoses  ,  quelques  unes  de  mediocres ,  inais  beaucoup  de  me 
chantes,  et  tout  I'ouvrage  est  assez  mal  fagote. 

II  est  vrai  que  M.  Fr.  le  Vignon  ,  folalre  el  empirique,  a  fait 
nn  cours  de  chimie  chez  lui,  on  quelques  nns  de  nos  jeunes 
medecins  out  assisle  ,  taut  par  curiosite.  que  parce  qu'ils  ne 
payoient  rien  ;  inais  tout  cela  s'est  evanoui  conime  un  feu 
de  paille.  Pour  des  speeiliques  ,  il  n'y  a  que  des  charlatans 
qui  se  servent  de  ce  lerme  (P;  je  sais  bien  que  (aienaut  et  ses 
confidents  les  venerables  des  Fougerais  et  Kenaudot,  p(»rtent 
de  petites  boites  dans  leur  pochette  ,  oil  il  y  a  de  petits  grains 
pour  I'aire  dormir  et  quelque  autre  drogue  qui  ne  vaut  pas 
mieux.  Tout  cela  n'empeche  pas  que  les  gensde  bien  ne  s'ae- 
qnittent  de  leur  devoir  ;  j'avoue  pourtant  que  les  mauvais 
'•xemplcs  nuisent  beaucoup,  et  la  fortune  des  mediants  en 
eblouit  toujours  queUpies  nns.  Nous  sonnnes  encore  cent 
douze  dans  noire  Faculte,  il  est  impossible  qu'il  n'y  en  ait 
toujours quelqu'un  de  fourbe  el  d'ignoranl. 

M.donticr  a  tache  de  I'aire  imprimer  ici  ses  nianuserits  , 
inais  il  n'a  pu  tronver  personne  (|tii  Tail  vouln  enlreprendre. 
Nos  marchands  sont  trop  sees  et  meme  trop  pnuxres.  Tandi-> 
qu'il  gardera  ses  ecrits.  il  ponrra  les  amender,  la  regie  d 'Ho- 
race est  encore  reeevable  :  .\(nnii//(/"i'  /;/•'•///</////•  in  "/////////.  II 
e>t  toujours  dangereux  de  sti  Irop  pn'vipiier  a  se  prodtiire 
dans  le  monde  des  savants 

<  In  ne  dit  rien  ici  de  nouveau  du  pape  ,  sinoii  qne  lempe- 
reur  et  le  roi  d'Kspagne  n'ont  point  voulu  prendre  son  parti 
contre  nous.  II  y  a  ici  des  gens  qni  ne  seroient  pas  Irop  laches 
de  la  guerre  en  Italic  ,  el  qui  voudroient  aider  a  reformer  ce 
Jupiter  capito'.in,  dont  les  Ion 'Ires  ne  sont  plus  si  forts  a  la 

)  II  c-l  o\i<ltMi(  i|uo  o.'tk-  npinion  it'r-l  |>;i-  IIIMIVO!!'-  .  ollr  l.iil  hon- 
n.-iir  a  <im  1',-ilin.  It .  P. 


iort  i  trn;i.>  DK  (ifi  I'AIIN 

mode.  On  'lit  ici  que  la  com1  de  Homo  en  a  Irop  fait ,  et  on  est 
ici  furieusement  sur  ses  gardes.  Pourceque  vous  me  inandex. 
d'Erasme ,  je  vous  dirai  qu'il  nefutjamais  moino  :  c'est  une 
medisance;  il  I'm  seulemrni  novice  dans  un  college  de  eha- 
noines  reguliers  de  Saint-Auguslin ,   oil  son  tuteur  1'avoit 
IbuiTe,  age  de  qnator/e  ans  seulernent,  croyant  1'y  faire  de- 
meurer  pour  avoir  son  bien ,  niais  le  compagnon  n'en  voulut 
point  later.  Jo  sais  bien  quequelques  mis  out  (lit  qu'il  avoit  fait 
profession.  La  plupart  des  inoines  lui  en  venlent,  niais  (•<• 
n'est  qn'on  reeriminant.  Je  le  pardonne  aux  iguorants  qui 
sont  passionnes  pour  leur  l)esacc.  Je  m'etonne  comment  un 
savant  homme  tel  qne  le  pere  Theophile  Kaynaud  s'est  em- 
poi'te  aux  nit-mes  medisances.  Tl  est  vrai  qu'Erasme  etoit  ba- 
lard  et  lils  de  pretre ,  comme  on  pent  aisement  le  voir  dans 
sa  Vie,  qu'il  a  ecrite  lui-meme.  Neanmoins  les  inoines  n'ont 
pas  ete  les  premiers  cpii  lui  orit  I'eproche  le  malheur  de  sa 
naissance.  (Ja  ete  Scaliger  le  pere,  dans  son  Cicrrunitmttx ,  et 
rnsnite  tonte  la  cont'rerie  des  capnchons.  Adieu  ,  je  suis  ,  etc. 
DC  1'nris,  Ic  10 


as 


Jc  vous  dirai  francliernent  (ju'il  m'ennuie  qnand  jt;  n'ai  pa 
de  vos  nouvelles  :  au  moins  ne  soyex  point  malade;  noti^ 
avons  ici  grand  nombre  de  fievres  tierces  ,  quarles,  doubles 
tierces,  liydropisies,  dysenteries. 

On  |»arle  foil  ici  de  la  colere  dit  roi  contre  les  ('liigi,  nt1- 
venx  du  pape.  d'oi'i  s'ensuivra  une  gueri'e  en  Italic,  si  le  roi 
ne  recoil  satisfaction  pour  le  mauvais  traitement  i|iie  Ton  a 
fail  ;i  Af.  de  (Hrequi,  notre  ambassadenr.  On  parle  aussi  de  la 
dit'te  de  l»atisbonne  ,  et  que  le  roi  y  \i-ut  ciivoycr  M  Ic  carrli- 
nal  dc  lid/.  IMnla  Uieu  qu'il  ivnirat  en  grace!  II  est  hommc 
d'espnt,  qui  aimc  la  belle  gloire  et  \>t  jtiililic.  junpicl  infuilli- 

blcmt'iil    il    I'lTiM!   .In   |)|rii. 


Le  partisan  Catelan  s'est  rendu  prisonnier,  et  est  dans  la 
Bastille;  on  croit  qu'il  a  traite  en  secret,  et  qu'il  n'est  point 
assez  sot  pour  s'enferrer  de  la  sorte,  s'il  n'en  a  eu  quelque 
assurance.  On  continue  de  batir  au  Louvre,  et  1'ouvrage 
avance  tort  et  en  sera  tort  beau.  On  abat  1'hotel  de  Longue- 
ville ;  le  roi  a  donne  en  recompense  a  M.  de  Longueville  le  bel 
hotel  de  Chevreuse;  son  ills  aine,  nomrne  le  comte  de  Dunois, 
s'est  rendu  jesuite.  On  parle  de  donner  la  seconde  fille  de  leu 
M.  le  due  d'Orleans  au  due  de  Savoie.  Vous  savezque  la  pre- 
miere est  a  Florence ;  on  parle  aussi  de  la  troisieme  pour  le 
prince  de  Danemark,  et  ineme  il  y  en  a  ici  un  ambassadeur 
fort  leste  et  fort  brave;  inais  je  crois  qu'il  y  vient  pour  autre 
chose.  Je  suis  son  medecin  et  son  ami. 

M.  van  der  Linden  fait  im primer  a  Leyde  \'Hipjjocrate,  en 
deux  volumes  in-octavo,  grec  et  latin,  ou  il  mettra  des  no- ' 
tes(l). 

M.  Martinus  Schoockius  a  fait  1'an  passe  imprimer  un  livre 
de  Cervisiu,  qu'il  m'a  dedie;  il  le  fait  reimprimer  fort  aug- 
mente.  J'attends  de  lui  son  nouveau  livre,  de  Ferment o  <-t 
fermented  tone ,  et  quelque  autre  nouveaule. 

Les  deputes  d'Avignon  s'en  sont  retournes,  apres  avoir 
prete  sernient  de  tidelite  et  d'obeissance  au  roi,  et  avoir  fait 
toutes  les  protestations  necessaires.  Un  rieur  disoit  ce  matin 
en  bonne  compagnie  que  la  donation  d'Avignon  aux  pape.s 
etoit  l'efTet  de  la  peur  <|u'on  a  du  sacre  feu  du  purgatoire,  (|ui 
est  la  mere  nourrice  des  moines.  0  la  gentille  invention  ,  <>  la 
belie  liction  que  ce  feu  du  purgatoire!  disoit-il ;  ce  pape  n'e- 
toit  point  sot,  qui  en  a  invente  1'histoire  pour  fa  ire  bouillir 
son  pot,  et  de  quelques  millions  de  gens  oiseux,  que  saint 
Paul  appeloit  centres  /;/<//'/,  auquel  nous  pouvons  ajouter, 
fruyes  consuntere  nnti  (2  . 


(1)  Voyez  tome  II,  paj;e  VJ7. 

('2]  On  voit  toujours  dan.*  (ini  Palin  surj;ir  colto  opinion  de  protc>- 
ic  <lo{;niso  dont  nous  avons  jtarU1.  (R.  P. 


•iOS  i.l.i  I  iu.^  M.  i.i  i    rui.N 

Knlin  bunkerque  esl  a  nous;  le  roi  d'Auglelurre  nous  I  a 
rendue  pour  -2,oOO,00()  livres;  il  en  a  retire  sa  garnison,  et  la 
not  re  y  est  entree.  Le  roi  va  sou  vent  a  Versailles  y  voir  les 
bailments  qu'il  y  fait  fa  ire  ;  neanmoins  on  dit  qu'il  y  a  quelque 
chose  encore  plus  doux  qui  1'y  en  fait  fa  ire  souvent  le  voyage. 

Nous  sommes  ici  aecables  de  doubles  tierces,  de  lievres 
quartes,  de  dysenteries.  Jesuis  bien  aiseque  M.  votre  Ills  soil 
oil  vous  I'ave/  envoye;  inais  prene/.  garde  qu'il  ne  s'y  de- 
bauche;  ordonne/.-lui  <iuelque  surveillant  qui  le  tienne  de 
court.  Je  m'mformerai  demain  de  M.  Leblane,  pro  lessen  r  en 
droit,  que  je  ne  connois  <jue  de  norn. 

I/on  tlit  que  (juehjues  eardinaux  se  soul  battus  a  coups  de 
poiny  et  de  chandeliers  en  presence  du  pape,  les  uns  pour  la 
I'rance,  et  les  autres  contre.  Mulciber  in  Ti'nja.nt ,  i>i'<>  lr<>/« 
tt(ib(i(  .\/>oll<>.  Je  le  tiens  pour  une  fable.  Home  est  un  pays  de 
respect  el  de  ceremonic,  oil  sa  Saintele  Jie  pennettroit  pas 
ces  folies.  Les  politiques  disent  ici  qu'M  faut  altendreun  eour- 
I'ier  que  le  roi  a  envoye  en  Kspagne,  sur  la  reponse  duquel 
le.  roi  prendra  ses  mesures  pour  la  guerre  (jii'il  niedite  en 
Italic. 

I'n  apothicaire  de  Lynn,  que  vous  m'ave/  aulretois  adresse. 
m'es!  venu  dire  adieu,  et  in'a  deinandi-  une  lettre  pour  vous. 
Je  lui  ai  proinis  celle-ci.  fjue  je  vous  aurois  aujourd'liui  en- 
\oyt-e  par  la  poste. 

Nous  attendons  d'Angleterre  I e  beau  livre  savant  et  curieux 
de  M.  Samuel  liuchart,  ministre  de  Caen,  d<-  Anhnitlibits  Su- 
,/•/(>  Sr/'/jifn/'/f.  M.  Auisson,  libraire  de  votre  ville,  a  ele  ici ; 
il  in'a  promise! 'imprimer  nies  deux  nianuscrits  de  feu  iM.  (ias- 
pard  Hot'inann  :  Dieu  lui  en  fasse  la  grace!  Le  voyag;du  roi 
pour  Dunkerque  est  diflere,  il  devoit  partir  demain. 

Du  travaille  an  proces  deM.  I-'ouipiet;  on  lui  a  doimedeux 
r.ipporlt'urs,  savoir  :  M.  d'Oi'inesson .  m.iitre  des  recpjetes,  et 
M.  de  Sainte-Hi'lene.  conseiller  au  parlement  de  Kouen.  II  y 
a  iei  deux  bommes  de  qualite  (jtii  out  gage  de  la  lm//ii//i/s<,,i 
de  ••'(Hi  proces:  I  un  (ill  qu'il  lie  IHMI!  eln1  'pii;''' qu  ;q>res  .\nt';l 


\     h  U.t.O.Shl  .  -i(lt) 

a  cause  do  beaueoup  de  lonnaliles  qui  restent  a  laire;  lautre 
dit  que  ce  sera  devant  la  Saint- .Martin.  L'att'aire  tirerade  long, 
sans  doute.  MM.  de  la  cbambre  lie  justice  prennent  lours  va- 
cations depuis  la  Saint-Simon-Saint-Jude  jnsqu'a  la  Saint- 
Martin. 

Notre  M.  Pielre  est  au  lil ,  maladed'nn  a  bees  dn  venire  qu'il 
vide  a  vet1  de  grandes  douleurs.  Cela  vienl  dn  t-nfun :  je  pense 
<|n'il  en  guerira  C'est  un  boinnie  i'ort  savant,  inaisqui  devient 
tout  atrabilaire  par  ambition  ft  avarice.  Otez-lni  res  deux 
passions,  c'est  un  des  premiers  homines  du  inonde ,  comme 
il  est  des  plus  savants.  Je  prie  Dieu  qu'il  guerisoe;  ce  seroil 
une  grande  perte  pour  nos  ecoles.  M.  Merlet  est  aiijourd'bui 
notre  ancienquiseporte  bien,  mais  il  a  quatre-vingts  anspas- 
ses  :  Main  nn-rj\  inul.<i  </>/(«,  ce  disoit  un  vieillard  dans  I'luufv; 
mais  les  Hebreux  disent  :  .liic<'iu's  nmri  jtonnunt ,  sent'*  did  ci- 
>•(>>•<•  iton  poasunt.  Le  voyage  du  roi  pour  Dunkerque  est  difiero 
et  re m is  apres  la  fete.  On  (lit  que  le  roi  a  ordonne  a  M.  de 
Oequi  ,  son  ambassadeur  ;i  l\oine ,  de  revenir  a  I*aris.  Le 
roi  a  envoye  a  Sedan  un  bomme  entendu,  avec  commission 
d'y  fa  ire  faire  6,000  niousquels  :  cela  sent  bien  la  guerre. 
Tacbez  d'obtenir  du  bonhoinine  .17.  S<uu-lte  que  M.  votre  iils 
etudie  beaucoup,  qu'il  ne  s'eloigne  guere  de  la  niaison . 
et  (ju'il  ne  se  laisse  empanmer  d'aiH'iine  inauvaise  conipa- 
gnie. 

J'ai  vu  aujourd'hui  des  partisans  et  desconseillers  de  la 
cour(pii  ne  savent  que  dire  de  M.  Kouquet ;  ils  disent  que 
Ton  travaille  tout  de  bon  a  son  proces  et  que  le  mi  en  vent 
voir  la  lin;  mais  bien  plii>  encore  ceux  qui  le  poursuivent , 
qui,  dit-on,  en  veulent  Corl(!inent  a  sa  vie.  I.e  roi  est  fort 
.H'cret  »^t  son  conseil  ausM ;  a  peine  y  a-t-il  quelqu  un  (jui  o>e 
dire  ee  (ju'il  sail.  Je  vous  baise  les  mains .  et  sui^  de  tout  mon 
c;i;ur  votre,  etc. 

DC  J'aris,  Ic  2i  uclobre  K»«VJ.  ' 


4  10  f.E'THKS    OF.    (.11    I'.VILN 

LETTKE  DC11I.  -  -  Au  nu-me. 

J'ai  recu  le  ballot  de  livres  de  M.  de  Tournes,  que  YOU* 
ni'avez  i'ait  la  grace  de  m'envoyer,  et  jo  vous  remercie  de 
tout  mow  coeur.  M.  Alexandre  Morus  est  gueri ,  a  ce  que  j'ap- 
prends  depuis  deux  heures  de  M.  du  Four,  ci-devant  medecin 
de  M.  de  Vendome,  qui  I'a  traite  dans  cette  derniere  maladie. 
C'etoit  une  fluxion  sur  la  poitrine  avec  une  tievre  continue: 
son  medecin  etoit  assiiste  des  bons  el  iideles  eonseils  de  M.  Elie 
Beda,  sieur  des  Fougerais  ,  venerable  ou  plutot  detestable 
charlatan  s'ilen  t'ut  jamais  ;  mais  il  est  honnne  de  bien,  a  ce 
qu'il  dit,  et  n'a  jainais  change  de  religion  que  pour  faire  for- 
tune et  mieux  aYaricer  ses  enfants. 

On  dit  que  le  pape  est  inalade  et  que  le  roi  d'Espagne  a 
promis  de  donner  passage  par  le  Milanais  quand  le  roi  vou- 
dra  envoyer  une  armee  en  Italic.  Mais  si  cela  est ,  et  qu'on  se 
venge  bien  du  pape  par  ce  inoyen-la  ,  quedeviendra  la  catho- 
licite  du  roi  d'Espagne,  dont  on  fait  tantde  bruit?  On  dit  que 
M.  de  Koquelaure  a  ]>ropose  de  beaux  moyens  pour  envoyer 
une  grande  armee  en  Ilalie,  savoir,  <{ue  M.  de  Liancourt  four- 
nira  20,000  jansenistes ,  M.  de  Turenne  20,000  hugue- 
nots, et  lui,  fournira  JO, 000  aliiees.  Voila  ,">0,000  homines 
<|ui  n'epargneroient  jioint  le  pape.  Vous  voye/.  coinine,  dans 
raflliction  publique,  les  courtisans  ne  laissentpas  de  railler. 
Valot  a  ete  inalade  d'une  grande  lluxion  sur  la  poitrine  ;  il 
aetesaigne  plusieurs  i'ois,  el  eusuite  purge;  il  se  leve.  (iue- 
naut  I'a  mis  au  lait.  Quand  Vautier  fut  bien  inalade  ,  il  ])rit 
Valot  pour  son  medecin.  -h;  ne  sais  si  celui-oi  fait  mieux; 
maisje  sais  bien  qu'un  honnne  sage  ne  prit  jainais  son  ln'ri- 
tier  pour  son  medecin.  Guenaut  passe  septante-six  ans,  et 
a  encore  bon  a[)j)<:tit.  On  parle  deja  de  cette  succession  en  cas 
que  moi't  arrive.  Le  month1  est  plein  de  gens  alteres  et  all'a- 
mt'-s,  ft  qui_songt:nt.  fort  au  bien  d'autrui.  Les  jui'isconsultcs 
di^-t'iil  qui1  le  litre  du  druit  .  [>>•  nct/iiircii/lii  ri'i'tnn  fliinnnni  ,  c^l 


A    FU.t.ONKI.  41 1 

le  titre  des  habiles  jiens.  Je  vois  bien  que  je  n'en  suis  pas ,  car 
je  le  meprise.  Je  me  recoiiiinande  a  vous  et  a  toute  votre 
chore  famille  ,  et  suis  votre  ,  etc. 
De  Paris,  le  17  novembrc  K>(r2. 


LKTTKE  DCIV.  —  An  nta,«: 

Le  roi  est  ici  de  retour  de  Dunkerque  ;  je  le  vis  arriver  et 
passer  a  la  rue  Saint-Denis  ,  le  rnercredi  6  de  decembre,  a 
ou/.e  lieures  trois  quarts,  dans  un  carrosse  attelode  huit  cbe- 
vaux  qui  alloient  rudement  vite. 

Ce  meme  jour  je  soupai  avec  M.  le  premier  president ,  le- 
quel  me  dit  qu'il  y  avoit  mi  medecin  arrete  pour  inadame  la 
ducliesse  de  Savoie,  <pie  ce  seruit  M.  Morisset ,  et  (\u\\  en 
avoit  1'obligation  ii  M.  (luenaut.  Jelui  repondis  sur-le-champ 
(lucl'obligationn'etoit  pasgrande,  quepeut-etre  Guenautlui 
avoit  donne  quelque  degre  d'approbation  ,  mais  ([in'  lechoix 
n'etoit  point  venude  lui.  Guenautesttropchiehe  de  louanges, 
si  ce  n'est  pour  ceux  qui  lui  sont  devoues,  tels  que  sont  H>-x 
FouycraiSi  limycr,  /{tiitissmif ,  les  deux  ynzeticrs ,  Uieuxivoye , 
<iui  se  prostituent  trop  librementau  dieuPlutus,  nt  l'<«-i«nt 
ran,  si  unit  ran,  ijwtcuni^ii'  i//n/t<i  fan.  Ni  1'houncurde  leur  pro- 
fession ni  leur  conscience  ne  Ics  reliennenl  point;  ils  courent 
au  gain  a  bride  abattue.  ot  taclient  de  la  ire  d'une  profession 
pure  et  saine  ,  <|ui  n  a  janiais  clc  ctalilic  ijiie  pour  le  bieu  pu- 
blic,  une  pun1  cabale  ct  imposture  publ'upie.  M.  le  premier 
president  dit  que  eette  place  etoit  bonne,  vu  qu'il  pourroit 
devenir  bientot  premier  medecin  du  due  mt'-nu1.  Je  lui  repon- 
dis que  le  pave  de  Paris  valoit  plusipie  d'cMre  medecin  d'une 
cour  si  eloiynee.  Ine  dame  de  qualite  <pii  eloil  ii  table  enlre 
mondit  seigneur  et  moi  dit  «|u'elle  n'avoit  pas  bonm>  opinion 
decette  condition,  vu  <[u'au  bout  d'un  an  on  dedeux  il  scroll 
'i'1  a  l\iri->  Lcdit  sieni1  !Mni'iss.-|  r--t  iV^c  dc  Nui\ante--ri! 


HI.    M 

ans,  de  mediocre  grandeur  el  assex,  maigre.  11  a  poarlant  bon 
air;  il  es!  propro  et  se  plait  aux  beaux  habits,  il  paruit  glo- 
rieax  ,  uiais  il  no  1'ot  point;  il  a  puurtaut  do  qaoi  1'etre  plus 
quo  (Tallin's,  car  il  est  l'<>rt  savant  et  habile  homme.  II  park' 
fort  bieu  ,  il  harangue  eloqueininent ,  il  eonsalte  de  bon  sens, 
il  parle  bon  latin  ,  il  sail  Ic  grec  ,  et  n'a  jarnais  voulu  signer 
I  nnlimoine,  bien  (ju'ii  en  ait  eto-  bien  prio  ,  «  t  principalement 
par  (i(»:ii'i>/t.  II  y  a  quarante  ans  qu  il  fait  la  medeeine  a  Paris  ; 
il  n'y  en  a  guore  de  ineilleurs  (jue  lui  ,  inais  il  y  en  a  bien  de 
pires.  3IM.  Pietre  ,  Charpentier,  Courlois ,  Klondel ,  le  C.omte. 
sont  peul-etre  plus  savants  quo  lai.mais  il  neleur  en  doitgaere 
pour  la  bonne  pratique.  T.  Fontaine  et  I'erreau  out  refuse 
tout  a  plat  eel  emploi.  ^lauvillain  it  el  le  Bel  eussent  bien 
\ou\u  1'avoir,  inais  ils  n'ont  pu  y  atteinth'e  .  et  jneine  on  leur 
demandoit  de  I'ai'gent  pour  el  re  preleres  ;  n'ont-ils  pas  bien 
fait  de  n'en  point  donner?  11  fautservir  les  princes  pour  leur 
argent,  niais  il  n'en  fa  at  pas  donner  pour  les  servir  :  cela 
n'appartient  qu'a  Yuitiini\  qui  n'y  a  point  reussi ,  et  a  son 
suceesseur,  donl  rt'jveneinent  est  encoi'e  fort  douteax  ;  il  la  at 
attendre  la  Jin  de  la  eoniedie:  onfc  libitum  iu'in»  /''/'',  nhi  ml 
f<'i//j/t(x.  M.  Morisset  est  presenletnenl  aa  lit  pour  line  petite 
disgrace  qai  lui  est  arrivee  die/  an  nutlade  do  qualite,  savoir, 
le  Ills  de  niadaine  dt1  Uohan.  inais  je  erois  (ju'il  en  sortira 
bienti'it. 

On  IKJ  dit  rien  iei  de  M.  Fouquet.  el  e  esl  bon  signe  ;  il  y 
a  dans  le  droit  une  regie  donl  il  me  fait  souvenir,  rise  <lln  m 
/  rufii  [Hi1  no  in  'iititiijtil. 

Les  troujies  destinees  pour  1'llulie  out  ordre  de  marcher,  el 
de  so  rewire  en  Dauphine  et  en  Provence.  Kes  mains  da  roi 
lui  deniangent ;  il  nt!  parle  <piede  gaerre  etde  voyages;  beau- 
coup  tie  gens  discnt  ici  <pie  les  j>apalins  s'en  trouveront  inal. 

I"  ("<•  cloclcnr  .M;mvil!;iiii.  donl  il  i-*l  -OUMMI!  (jiu'stion  d;ins  les  lellrc- 
<!<•  noire  .nilcur.  (;(;iil  .  <lit -on  .  ln;s  li<;  mrc  MoluTP.  On  prelrml  (|iir 
'•<•-(  Ini  '|ui  foiinii-;-;nt  a  I'iilii'-lri-  ,ui!rni  ci'ini'jin1  luii^  \c-  IcniH"-  <Jr 

1,1    -I  I'-Il'.'O  <l"||l    |l    .l\,,|l    lirM'll).  1!  -     I'. 


\     KVI.IOVKT.  \\.\ 

Je  vons  baise  Ires  bumblement  les  mains,  a  mademoiselle 
Falconet  et  a  M.  Spon  ,  notre  hon  ami,  Pt  suis  de  tout  mon 
roeur  votre,  etc. 

De  Paris,  le  S  (loc.-mliro  \fii\-l. 


LKTITiK  DCV.  -     .-I//  /«/W. 

Pour  reponseala  votre.  du  1")  decembre,  que  j'ai  re^uece 
matin  22decembiie,  je  vons  remercie  dp  la  peino  qne  vons 
avp/  ene  dp  donnpr  ma  lettiv  ii  M.  Kavand  ,  comme  aussi  d'a- 
voir  si  heureusement  plaidp  la  cause  pour  M.  IP  pivniier  piv- 
sidpnt.  J'attendrai  sa  ivponsp  pt  CP  <pi'il  HIP  doit  piivoypr  snr 
cpltp  atfaiiv,  laquplle  JP  f'prai  iviissir,  taut  qn'il  me  sera  pos- 
sible, a  leur  contentempnl.  .lp  tipns  pour  certain  qu'il  pst  fort 
honnpte  bomme,  et  qu'il  leur  femoipncra  sa  gratitudp  d'nnp 
tagon  on  d'autre. 

II  est  ici  pen  de  maladps,  rnais  IP  ^rand  IVoid  PS(  tort  cmi- 
traireaux  vieilles gens.  J'ai  f'aitaujourcl'liui  donnpr  rextivnn'- 
onctionaune  vieillelemmeageedequatre-vingt-sept  ans :  c't^st 
la  bonne  femme  madamp  Dulaurens,  de  qui  je  suis  nii'decin 
il  y  a  trentp-six  ans.  Kile  pst  merp  d'nn  conspillpr  de  la  coin 
qui  est  fort  bommc  dp  bipn  ;  pile  pst  veuve  dp[)iiis  quin/.p  ans 
d'Antoine  Dulaurens,  avocat  an  conspii.  qui  niotirut  agt'  di- 
quatre-vingt-trois  ans  d'nnp  lipvrp  <piarlp;  il  ctoit  IP  plus 
jeune  frere  d'  Andre  Did  an  rens .  qui  a  pcrit  dp  1'anatomip.  II  y 
en  a  qui  croicnt  que  M.  Morisset  |)artir;i  bipntot.  pt  (pj'il  n'a 
accepfp  cette  condition  que  pour  pviter  riiuporfnnitp  dp  SPS 
c.reanciers.  Je  ne  vons  pnis  dire  <pie  cpla  PSI  vrai ;  inais  jp 
liens  pour  certain  <ju  il  pourroit  plus  iiai;ner  a  Paris  qu'il  nc 
t'era  en  Italic,  on  il  y  a  nipillpurp  mine  <|UP  lion  JPU  ,  ppu 
d'argent,  et  merne  pen  d'estime  pour  IPS  gpns  dp  letires.  Mo- 
ri^set  pst  savant  el  habile  bommp.  bun  nipdpcin  .  r-'psi  tout 


dirt: ;  il  a  soixanto-liuit  ans.  Vous  avex.  bien  fait  do  lie  point 
demeurer  a  Turin,  Lyon  vaut  mieux,  oil  vous  primerez  et 
triompherex  si  vous  voulex  ,  pourvu  (|uo  la  sari  to  ne  vous 
manque  point.  0  sanitns!  f"  nw.chinnn  hominibus  IHMHIH  ,  ft 
utilissimwn  omniyeiuK  falicitfttis  humancK  fundawentunt  (l  . 
M.  Morisset  pout  bien  cnseigner  les  niedecins  heinojj/iobes  ila- 
liens,  el  leur  apprendre  ee  (ju'ils  ne  savent  pas.  ,le  lui  parlerai 
devaiit  qu'il  parte  dt:  Paris  ,  et  I'avertirai  de  ne  point  passer 
par  Lyon  sans  vous  ailer  saluer. 

Ce  que  vous  in'ave/  mande  de  Home  et  de  notre  afl'airo  aver 
lepapeest  vrai ;  M.  ie  inareehal  d  Kstrees  ,  doyen  ties  inare- 
cliauxdeFrance,  1'adit  toutliaut  asa  table.  11  y  aici  des  politi- 
<jiies  speculatii's  qui  disent  que  nous  n'aurons  point  de  guerre 
en  Italic,  ct  que  ce  que  Ton  en  dit  n'est  qu'une  I'einte  pour 
eacher  le  dessein  du  roi  ,  qui  vent  sous  ce  pretexte  i'aire  passer 
des  troupes  en  Provence  et  en  Daupliine,  pour  aller  assieger 
Geneve,  ou  lout  an  nioins  les  obliger  de  permettre  line  li- 
berte  de  conscience;  mais  cette  pensee  ne  me  semble  poinl 
vraiseniblable. 

On  ne  dit  rien  id  de  M.  Fouquet  <p.ii  soil  nouvean.  M.  le 
chancelier  va  tons  les  jours  ,  soir  et  matin  ,  ;i  la  elianibre  de 
justice. 

Hier  mourut  ici  un   grand   et   i'ameux  partisan,    nomnu'1 

1)Ce  mouveriKMit  d'enthousiasme  pour  la  .-auto  ost .  du  resto,  jtloin 
do  sens  cl  dc  raison  ;  mais  la  plupart  dos  hommos  ne  tienncnt  aiicuii 
coinple  de  cos  salulairos  avcrlisscmcnls.  .Ic  I'ai  dit  ailleurs  :  «  Qui  ost- 
iv  (jiu  comprond  I'inimcnse  bonhcur  do  la  santo  ,  qiiiind  on  se  porte 

liien  ? La  .-ante  osl  lo  premier  dos  ltien<  ;  on  Ie  dit.  of  on  a^il  couune 

-:  e'en  elail  le  plus  nieprisalile,  Toujours  inconscqiicnls  .  les  homines 
aecusenl  la  nahire  do  imus  avoir  donno  uno  e>  islenee  lro|)  fragile,  el 
il-  a;;i-senl  rommo  si  olle  etail  inalterable  ;  d'a\oir  as>i;',ne  a  notre  MO 
line  periodo  trop  courlo  ,  et  iis  ne  Ci^sonl  par  lour  conduile  d'en  acce- 
lerer  lo  terme.  11s  voudraient  elro  jeunes  jusqifa  la  derniere  lienro  ,  et 
il-  hale nl  la  Meillo.>.-ej)ar  nne  (oule  d'exces  ,  etc.  »  (  EiU)i:s  DI:  L'HOMMI. 
tl'ins  Petal  ile  sanle  ct  dans  I'elat  de  maladie;  1S4o ,  '2'  edition  =  sur  In 
ante  .  tome  I.  H.  I'. 


A  FALCON KT.  41.') 

M.  Bonneau;  il  etoil  un  des  ad  judicataires  dps  gabelles,  et  avoit 
soixante-sei/e  ans.  11  a  tonjours  dit,  avant  quede  mourir,  que 
lachambredejusticeluicoupoitla  gorge,  et  qu'elle  etoit  cause 
do  sa  mort.  II  etoit  natit'de  Tours,  avoit  autrefois  ete  mar- 
cliand  de  passements  ,  et  puis  est  devenu  grand  partisan;  il  a 
eu  des  put  ants  qui  lui  out  bien  coute ,  ot  il  a  encore  un  fils 
conseiller  de  la  cour,  et  neanmoins  quelqu'un  de  ses  amis 
m'a  dit  aujourd'hui  que  par  cette  mort  sa  maisori  etoit  ruinee 
apres  une  si  grande  fortune.  GJI  appeloit  sa  fern  me  la  re'me 
des  partisans;  peut-etre  qu'apres  la  mort  de  son  mari ,  elle 
sera  reduite  a  sa  premiere  mesure.  II  y  a  dans  Martial  une 
epigramme  fort  gentille  centre  un  nomine  ('iiin<unt<s ,  (jui 
avoit  autrefois  ete  barbier,  (jui  par  un  changement  de  fortune 
tut  encore  bien  beureux  de  le  redevenir : 

Qui  tnnnor  fneras  Iota  iiol isthmus  itrlc ,  clc. 
Quod  sup  treat .  itcnnn  .  Chm/tnif,  Imixor  rris. 

Ainsi  ce<[ui  vient  par  la  (lute  s'en  va  par  le  lambourin,  *'\ 
ce  grand  feu  de  vanite  et  de  ricliesses  jnal  ac(juises  s'en  va  en 
I'umee:  mule  jmrta  tnfilf  dilubuntur. 

La  mere  de  >f.  le  chevalier  la  1'ome  n'est  point  a  Paris  ;  ellc 
fst  allee  trouver  son  mari  en  sa  garnison  ;  moil  lils  ainc  lui 
mandera  que  son  fils  est  parti  pour  Malle,  d'oii  il  reviendra 
s'il  peut  et  si  Dieu  vent.  Mcs  deux  lils  vous  baisent  ti-es  bum- 
blement  les  mains,  et  vous  remercient  de  votre  bonne  allec- 
tion.  J'ai  ceans  mi  des  livres  de  Carolus ,  il>'  /'\niti/iis  /~<i////i//>.<, 
pour  vous,  et  un  autre  pour  M.  Spoil  ,  <pieje  vous  envoi  rai  a 
la  j)remiere  occasion.  C.e  livre  lui  a  accpiis  beaucoup  de  rc- 
j)utation  ,  et  il  la  nn'-rite,  car  il  etudie  tonjours.  On  dit  (|iic 
M.  Janin  de  (laslille, ,  ci-devant  tresorier  de  I'/'pargne,  <M 
maintenant  iinsonuier  dans  la  C.onciergerie,  e>t  un  liommr 
mine,  et  que  quand  le  roi  lui  laisseroit  la  vie,  en  lui  pardon - 
nant  tout  ce  (ju'il  a  fait  de  contrebandeen  sa  cbarge,  <pi'il  ne 
jxMit  etre  jamais  que  malbeureux,  a  cause  (|ii'il  doit  a  pin- 
sieurs  particuliers  plus  de  sept  millions. 


-i|(»  I.F.I  TIUS    DK    t.l  I    l'\TI\ 

\A\  obambro  do  justice  a  donno  arret  pour  Cairo  vend re  des 
ineubles  ot  dos  lerres  deplusieurs  partisans,  quo  1'on  a  saisis 
de  tons  cotes. 

Parum  nbfuit  fjtan  >/.'.v//'  nn~<i  nribix  nusc.rc  pc/'icrif :  nonni/iil 
irncundn  ef  bilioso  itidilll  in  fehrein  confinumit  cum  dolor*  lafcr/s 
puncforto,  rlieumnfico  ((iwenpofiits  t/icm/  plenriffco,  <//ti  fi'lici- 
t?r  dcsut  post,  tcrtifliti  t:ni<r  wctniiiciii.  Sfd  trnnslfifn.  nnitcrm  in 
pulmonon  cum  occendit  nc  -pcnc  perdidit.  $/>itf(i  crtipnta 
•mnlt a  prndierunt ,  i>if/cnn  f//i/  febrile  inc.cndium  ,  sinnnia  n>t//<'- 
litus  difficultas,  vigilim  jitr/est  pultun (jcnr  nnlla*.  TnndfimsSn- 
(jtdnri  l)c.i  beneficio  fi'fixit  per  octicy  sccfux  I'ainx  superiores  , 
saphenamque  xcmel ,  poxf  (l<>^lci(i  miijcira  I'fisa.  Sa  soif  etoit 
presquc  inextinguible;  maintenant  nous  la  purgcrons  avoc 
oasse  ct  seno,  ot  olio  est,  Dicu  incrci ,  hors  de  danger.  Dcfjff 
II In  (/fil/ion  .•/'Jxciditp/n,  pour  otre recliappee  d'un  tol  mal,  du- 
quel  cent  a utros  seroient  mortes.  Vivo  la  bonne  metbode  do 
(ialien  ot  le  beau  vors  do  Joacbim  de  l»ellay  ! 

(J  l)onnc,  0  *aincle.  o  divine  saigiH1*-  1 

///  ilicx  idlfpdi  inailn  I  rent  in' .  tjunlldte  iijijiiii^'iil  sn/iia  I  ae- 
//O///.N  HlftntfcsfWHi  ef  dllliCidiiji'it  ,  in'iiuie  niiti'ln  iniiiiiiltitni  ii 
SyiflptOHHifinil  I'euiitxm  ,  ijiiii'  ^n nl  ei'rlmxiuut  meili/i  i'ec~urrenl i* 

mi'] itit'ift  r<il.cf/<f/iit/s.  Jo  voudrois  l>'u:n  qu'olle  iut  guorie,  t'l 
qn'olle  tut  luoinscdli'iv  a  1'avonir  1  .  On  dit  tiuela  loi  salicjuo 
est  fond oo  sur  oo  vors  suivanl  : 

Prwida  ronsHia  <jniu  »i]scit  curia  nuilnnn. 

iMon  Ills  C.arolus  a  t'it;  son  principal  niodecin  ;  olio  a  voidu 
^o  ficr  particnliorement  a  Ini  plus  qu'a  inoi  ot  a  son  froro 

1     II  ol  o\iil(iit  ijnc  niiulMiiir  1'nliii  .  nnnnihil  iracundn  et  bdiosit  , 
I 'nl  alli'inlc  d'nuc  piKMinioiiii1  on  Iliixion  <lc  |>oilriiu>.  ol  In  saignec  ic- 
pi'-lei'  cul  mi  plcin  snrco-;  :  au^si  nolrr  antt'iir  cnlonnc-t-il  avor  mi  \«' 
ritalilo  "Mitl^Mi-insinc  lc  rhanl  dn  trinmphc  .  «•!  !<•  vr>r-<  <i  hourou-<'ni<  nl 
(•ill-  (1'iin  ill'  no*  \ii'ii\  |ioi:li>>  en  i>>.l  In  prcnvc.  H.   I1. 


A    r.Vl.r.oNHT.  -117 

ainc ;  pouiiant  elk;  nc  1'a  aime  quo  clepuis  qu'elle  a  connu 
([uc  tout  le  mondo  1'aiinoit ,  car  nature! lement  olio  n'aimoit 
(jue  son  aine. 

V'ous  ti'ouverez  ici  iiiclnse  une  lettre  pour  M.  Torini .  nit'-dc- 
cinde  M.  le  clue  deSavoie,  laquclle  jo  vous  prie  lui  Cairo  lonir 
a  votre  coniiuoclilc': ;  c'ost  la  reponse  a  cello  (ju'il  me  lit  1'lion- 
nour  do  m'eerire  1'ote  passe,  qui,  par  jo  nc  saisquel  inalheur, 
s'etoit  egaree  sur  ma  table  ;  il  vaut  inicux  lard  ([tie  jainais. 
Jo  ne  lui  parle  en  aucune  facon  do  M.  Morisset.  Jo  vous  baise 
tres  humblement  les  mains ,  etsuis,  etc. 

l)e  Taris,  le  20  deccnibre  1GC2. 


LETTRE  DCV1.  -  -  .I//  mhnr. 

La  sai^neo  do  la  petite  Madame ,  lillc  du  roi  ,  a  eto  ici  fort 
blamee.  Los  princes  sont  malheureux  en  medecins.  Blaiso  do 
Montluc  ,  marechal  do  Franco  ,  1'a  fort  bien  remahiuo  dans 
s«'s  Commentaii'es.  L'oducation  do  Louis  X11I ,  la  mort  do 
Gastonducd'0rlt3ans,son  i'rere,  et  cello  du  Mazarin,en  rondent 
do  grands  temoignages.  Golte  petite  Madame  n'est  morte  quo 
d'un  coup  qu'elle  avoit  ou  a  la  tote,  <jui  avoit  fait  un  obran- 
lement  du  corveau  ot  qui  lui  a  cause  les  convulsions  et  la 
mort.  Done  elle  n'avoit  pas  besoiu  do  saignoe.  II  y  a  bien  des 
gens  (\m  ressomblent  a  co  peintre  clout  Pliiio  a  parle  ,  qui  ne 
pouvoit  pas  s'empecher  do  mellro  loujours  la  main  a  ses  ta- 
bleaux. Quand  un  tableau  estbien  fait,  il  n'y  faut  plus  toucher. 
II  no  faut  fa  ire  des  remodos  qu'a  ceux  qui  en  pouvent  etre  sou- 
lages ,  cle  pour,  commc  (lit  Celse,  do  did'amor  des  remedes  (jui 
out  cite  salutaires  a  plusieurs  autres,  et  il  falloit  siinpleinent 
s'en  tonir  an  pronoslic.  Dans  la  premiere  race  do  nos  rois , 
il  y  en  out  un  a  qui  tous  les  eulants  moui-oient.  Sa  fenimo 
lui  remontroit  quo  !>ieu  le  perinettoit  ainsi ,  a  cause  qu'il  ebar- 
geoit  trop  son  peuple.Tuus  ses  eufaiils  inouriirent.et  le  peuplo 
ne  fut  point  cloYliarge.  C.e  n'es!  jxis  ipie  je  le  vouliisse  appli- 
iii.  •>- 


418  LETTUES   DK   (III   PAT1N 

quer  an  roi,  car  tons  les  gons  do  bien  sont  ici  assures  do  sa 
bonne  volonte,  ma  is  jo  voudrois  qn'il  on  sut  la  remarque.  J'ai 
fait  saigner  autrefois  un  enfant  do  trois  jours  pour  un  erysi- 
pele  qu'il  avoit  a  la  gorge.  II  est  encore  vivant,  ago  do  trente- 
cinq  ans.  II  est  cnpitaine  deDunkorque.  C'est  lo  fils  do  made- 
moiselle Choart.  J'ai  fait  saigner  le  ills  do  M.  Lambert  do 
Torigny  le  soixante-deuxieme  jour  desavio,  (jui  a  aujour- 
d'hui  dix  ans.  [/application  des  grands  remedes,  dans  un 
age  si  tendre,  demande  beaucoup  do  jngomont  (l). 

Guenaut  no  sail  tantdt  plus  ce  qu'il  fait;  il  n'a  ni  memoire 
ni  jugcmcnt,  il  n'a  plus  que  1'avarico  et  1'ambition  dans  1'es- 
prit.  C'est  grande  pitic  (mo  la  vieillesse !  (mid  /ton  lomjn  dies, 
quod  non  consun/itis  a.nni'f  Punition  divine,  dit  Homenas  dans 
V  Ant  cur  franco  is. 

Le  petit  Gascon  avoit  beaucoup  do  feu  ,  et  pen  de  ibnds  , 
mais  il  avoit  de  la  malice  et  de  1'ambition  extraordinaire  ;  il 
avoil  suppose  de  faux  contrats  pour  so  manor  :  cos  tours  n'ap- 
partiennent  qu'a  des  Gascons.  II  a  laisse  du  desordre  en  sa  . 
maison.  On  dit  quo  son  grand-pore,  Lvducicns  Lopes ,  ntcdicns 
Ittsittmm  ,  judfiica;  reliyionix,  Cut  pendu  on  Angleterrc  1'an 
1595.  \  id<:  Grotiwiii  dc  Hallo  belyico,  cf  Co.mbdtinwn,  in  Ann  id  i- 
bt/s  Llisabct/ut',  Amjlurnm  rc<j/it(t>.  C'est  uno  mochante  peste 
qu'un  juif  portugais  empoisonneur,  etc. 

Madame  do  Hohan  a  fait  fa  ire  quclquo  satisfaction  a  M.  Mo- 
rissct ,  mais  cola  no  va  pas  encore  bieri  :  <\c  iiiflicfo  ndncre 
'/'O/iancf  cictitt'ix  qua1  fion  facile  dclctm',  xcnqicr  nvtit'ug  C'ji't. 

Lcs  deux  rapporteurs  tie  M.  Fouquot  travaillont  aux  pieces 
do  son  procos,  pour  en  faire  lour  rapport ,  qui  no  sera  pas 
sitot,  d'autant  (ju'il  faut  bien  du  temps  a  visitor  tant  do  papiers. 
On  dit  qu'il  y  a  des  conclusions  do  mort  centre  Catolan  , 
(ju'il  sera  jtondu  et  etrangle ,  et  (jue  sou  corps  demeurera  a  la 
potence  trois  jours  et  trois  nuits.  On  dit  qu'il  y  a  trois  nou- 
voaux  intondjints  des  finances,  MM.  Charon,  Piquon  et  Hotte- 

(1  H icii  df  jilus  vrai  ;  ni;iis  fairo  i-ai^ner  un  enfant  dc  (rois  jours  ot 
un  aulre  <li'  ilcux  inoi^  !  C.o'a  c-l-il  possible,  rdn  rs(-il  vrai?  Do  nos 
jitur*  iiiin-  ii'iiMin-;  |>;t-  niic  pai'dlli'  Icinci  it<\  |{.  I'. 


A  FALCONET.  -119 

man ,  dont  le  premier  est  beau-pere  <lc  M.  Colbert ,  qui  est 
aujourd'liui  le  million  et  le  favori  do  la  fortune  (l). 

On  ne  parle  ici  que  de  la  guerre  en  Italic  et  contre  le  pape, 
et  qu'il  y  a  des  troupes  qui  out  ordre  de  marcher. 

Je  vous  envoie  un  petit  mot  de  reponse  pour  M.  votre  Ills, 
que  je  vous  prie  de  lire  et  de  lui  envoyer  ensuite.  Mais  retirez- 
le  de  la  le  plus  tot  que  vous  pourrez  :  hen!  ftiyc  cruddes  terras, 
fugv  littus  (iiwwii .'  II  ne  sera  jamais  mieux  qu'aupres  de  vous ; 
ce  sera  votre  presence  qui  le  retiendra  et  1'enseignera  ;  il  se 
doit  imaginer  que  vous  lui  dites  tous  les  jours  :  Disce,  puer, 
virtutt'in  ex  me  verwnyue  lubun'in. 

On  commence  ici  1'impression  in-folio  de  la  Pratique  de 
Hollier,  in  qua ,  prosier  textum  et  scholia  Itullfrli ,  enur  rat  tones 
et  annotationes  Lud.  I)nreti,  ft  exercitatiunes  }alesii,  leyen- 
tiir  commentani  nod  et  obserr.  at  tones  select  a'  Joh.  I/imtin, 
niffl.  jifirix. ,  qui  a  etc  fort  savant  et  fort  employe  ,  et  qui 
mourut  ici  1'an  1616.  Mais  j'ai  bien  peur  ([u'il  n'y  ait  bien 
des  fautes ,  car  tons  nos  libraires  sont  bien  taquins  et  bien 
ignorants  ;  ils  n'ont  pas  memo  d'esprit  pour  bien  faire. 

J'espere  de  renvoyer  a  MM.  Huguetan  et  Uavaud  leur  epi- 
tre  dedicatoire  pour  le  Cardan  la  semaine  qui  vient ,  et  que 
le  soir  de  dimanche  prochain  on  me  la  rendra  chez  M.  le  pre- 
mier president.  J'y  suis  invite  a  diner,  mais  je  ne  puis  y  aller. 

Le  jeune  M.  de  Rhodes  est-il  de-retour  d'ltalie?  Jesuis,  etc. 

De  Paris,  Id 9  Janvier  Ki63. 

(1)  II  le  ful  jusqu'a  la  tin  de  sa  vie  ,  car  Louis  XIV  connaissail  la  va- 
leur  d'un  tcl  hoimiic.  Jcan-Uaplisie  Colbert  (ne  a  Reims  le  29  aoiit 
1(519,  mort  a  Paris  le  (i  seplemhrc  KiSir,  petit  conimis  dans  les  bureanv 
du  cardinal Mazarin  ,  puis  son  inteiidant ,  devinl  controlcur  general  des 
finances  ellnl  I'lin  des  plus  {'.rands  ininistres  de  la  France.  Colbert  resta 
ininistre  viu^t-deux  ans,  et  il  laiss.i  pies  de  doti/.e  millions  de  fortune, 
nialgre  les  enormes  depen^es  de  sa  niaison.  On  lira  avee  inlerel  >nr  cc 
jcrand  Iionune  I'ouvragc  ayanl  pour  litre  :  llislr.irc  dc  In  vie  ct  de  l'nd- 
minislralion  de  Colbert,  jirccedce  d'unc  t'tude  It'storifjite  sur  .\icolas 
Foiiquet  .  surintendant  des  finances;  snn-ie  de  jiH-res  jitstificatives 
letlrt-si't  documents  inert'ls:  par  Pierre  C.lerncnt .  I'ari-.  1Ki(i.  in-S1. 

,U.  P. 


4-20  I.I'TTHKS    |)K    i;n    I'ATIN 

LETTUE  DCVII.  —  An  mwnc. 

Yotre  M.  Gras  ost  tout  plein  do  mines  ct  do  mysleres  :  passe 
pour  tout  cola  ,  si  Ton  faisoit  co  qu'il  i'aut,  ct  quo  los  malados 
on  pussont  guerir.  Los  iievres  continues  malignos  (jui  sont 
dansles  Epidemics,  etoient  dos  maladies  peslilontielles;  mais 
Hippocrate  n'a  point  pario  do  la  poudre  do  vipero.  Est-cc  (|ue 
ce  bonhomme  n'etoil  qu'un  ignorant  au  prix  d'un  tas  de  no- 
valours  et  do  nos  thaumaturges,  qui  est  le  noni  quo  ('.alien  a 
domic  a  cos  pretendus  faiseurs  de  miracles  en  plnsieurs  on- 
droits  de  sa  Methode?  Jo  sais  bien  quo  votis  n'aimo/  pas  a 
Lyon  toutes  los  grimaces  de  votre  collogue.  On  no  sail  com- 
ment Cairo  avec  cos  fantasqucs  ;  ils  sont  a  charge  a  eux-memes 
et  a  tout  le  monde. 

Le  livre  dcs  Fievres  de  Senncrtus  me  fomble  bon  a  lii'o  a 
M.  votre  tils.  Cot  ouvrage  est  une  bollo  ville  pour  y  passer, 
Gallon  et  Ferncl  pour  y  demeurer.  Ces  deux  derniers  con- 
tiennent  une  doctrine  forme  et  eonslanto,  dans  laqnelle  il 
i'aut  mourir ,  jusqu'a  ce  quo  Dion  nous  ait  fait  voir  le  contrairo 
par  quelque  grand  miracle;  a  (pioi  il  n'omploiora  jamais  nos 
nouveaux  cmpiriqucs,  ni  tels  propliotos  qui  no  font  quo  du 
bruit,  et  no  sontbons  qu'a  Cairo  soimer  dos  cloches. 

Le  parlemont  a  donno  un  anvt  asso/  severe  conlro  une 
these  de  thdologie  qui  dovoit  etro  dispulee  en  Sorlionne,  el 
(jui  no  1'a  pas  elt' ,  danslaquelleon  vouloit  Cairo  passer  comme 
un  article  defoi  cello  pretendue  infaillibilito  du  pape,  conlre 
lafiuelle  M.  Talon  fit  morvoilles  au  parlement.  t'n  savant 
liomme  m'a  dil  ;i  Foreille  qu'un  honnele,  hoimne  du  parli 
<les  jaiisonistosavoit  fail  un  livre  in-Colio,  (pi'on  a  fait  impri- 
mer  (Mi  Allemagno  touchanl  cello  matiere  et  anlres  en  IVan- 
cois,  (|ui  sera  bienlot  ici.  C'ost-a-din:  quo ,  cpiand  on  a  remis 
IV'pce  dans  le  fourreau  ,  les  boinmcs  nc  lais^ent  point  de  Cairo 
l,i  guerre  avec  la  plume.  Jo  suis.  etc. 


2-il 


LETTKK  DCV1II.  --  Ait  i,«>m>: 


Je  vons  dirai  (|ue  depuis  quatre  jours  j'ai  delivro  ii  un  li- 
brnire  do  la  rue  Saint-Jacques,  qui  faisoit  hallo  pour  Lyon  , 
un  pa([iiet  do  livres  pour  elre  dolivre  a  M.  Spoil,  dans  lequel 
il  y  a  un  livro  do  inon  fils  (Charles,  quia  restituoet  augmento 
lo  /'"ttlriu*  f  /'sinus  ,  <lc  Fumiliis  /•ointmis,  in-iblio.  II  vous  on 
fait  present  avec  uno  petito  lettre  latine  ecrite  do  sa  main. 
Nous  vous  prions  d'agreer  sa  bonne  volontc;  j'espere  que 
dans  doux  niois  vous  en  recevrez  encore  un  autro  do  sa 
fa  con. 

On  attend  ici  do  jour  on  aulre  lo  cardinal  d'Kst;  mais  on 
no  dit  rien  do  certain,  ni  do  la  guerre  d'ltalio,  ni  du  papc  , 
ni  do  M.  Fotiquet,  ni  dos  partisans.  II  y  a  pourtant  ici  uno 
nouvolle  sure,  c'ost  quo  M.  Merlet  ,  qui  etoit  1'ancien  do  noire 
Faculte,  sera  ici  domain  enterre.  11  mourut  dimanche  der- 
nier, 11  do  co  mois,  le  troisieme  jour  do  sa  maladio,  qni  fut 
un  rhumatisme  interne  qui  lui  otoull'a  le  pouinon.  Platon  a 
dit  quelquc  partqu'un  honnote  homme  ne  doit  point  mourir 
qu'il  n'ait  passe  quatre-viiigts  ans;  lui-menie  on  a  vocn  <jua- 
tre-vingt-un,  el  M.  Merlet  en  a  passe  quatre-vingt-deux.  II  sera 
domain  mis  on  terre  dans  Saint-Jacques-de-la-Houelierie,  oil 
doja  gisent  les  corps  do  Jean  Fornel  ct  do  Jean  Ilautin,  dont 
on  imprimo  /'-.s  Coinmentnircs  ct  lex  obscrcntions  f/nn'x/^s  d*'  In 
Pratique  d'J/ollirr  ,  avoc  la  memo  1'ratiquo  in-t'olio,  (|ui 
pourra  etre  taito  dans  six  mois.  Nous  avons  oncore  tin  autre 
collogue,  nommo  M.  du  Clodat,  (jui  est  dt;  la  lloolo  pros  do 
Bordeaux,  ago  do  soixante-quirize  ans,  phthisiqueetastlmia- 
tique,  qui  se  meurl.  II  no  Cut  jamais  savant  ni  richo;  noan- 
moins  on  dit  <iuo  Unite  sa  vie  il  a  Cait  dos  Comment  ui  MS  SHT 
xnint  Mdtt/u'i'u. 

Le  roi  a  fait  saisir  quolipies  libolles  qui  s'imprimoient  a 
doux  liotios  d'ici,  dans  tin  village  nomine  Montrcuil,  pour 


4'1'1  LETTKES    UE    <!IM    TAT1N 

M.  Fouqiifit,  par  lo  soin  do  ses  parents.  Jo  vousbaise  les  mains, 
ct  suis  do  tout  mon  copur  votre,  otc. 
DC  Paris,  lc  13  fevricr  1663. 


LETTRE  DC1X.  —  An  wW. 

Je  crois  quo  vous  avez  recii  ma  derniere ,  en  laquellc  jo 
vous  mandois  que  M.  Noel,  prolbsseur  tres  celebre  en  philo- 
sophic, dans  le  college  d'Harcourt ,  devoit  prondre  possession 
d'une  chaire  royale  dans  notre  grande  salle  do  Canibray  ,  a  la 
place  do  M.  Padet,  qui  n'en  peut  plus,  quiqnf  fait  Imctcnu* 
a  miiltis  annis  Atlas  Acmlr-mup  parisicnsis ,  sur  quoi  jo  vous 
puis  dire  qu'il  a  done  harangue  aujourd'hui  (ce  28  fevrier) 
en  belle  compagnie ,  tros  doctement  et  tros  elegamment.  M.  le 
cardinal  Antoine  avoit  promis  d'y  venir ,  rnais  il  n'a  pu,  etant 
presse  d'autres  affaires.  M.  1'eveque  deCoutances  y  a  assiste  en 
qualite  do  grand-vicaire  du  grand-aumdnier. 

Avez-vous  pris  la  pcine  d'onvoyer  an  reverend  pere  Theo- 
phile  Raynaud  cello  quo  je  lui  ecrivis  il  y  a  huit  jours,  quo  jo 
laissai  par  megarde  dans  le  paquet  do  M.  Langlois ,  an  lieu  de 
renf'ermer  dans  lo  votre?  Je  vous  prie  d^  vous  en  souvenir  , 
afin  qu'elle  no  soil  point  perdue.  f.'l.  rirwn  ct  at/n'cum  sinyrt- 
Ici.rcni  nostrum  f'«r.  SJIOHHIH  salufo,  Je  le  prie  d'avoir  soin  do 
m'envoycr  notre  petit  ballot  par  le  ooche  d'oau ,  niaintenant 
que  la  riviere  est  (logelee;  j'ai  dit  hier  adieu  au  maitre  du 
coche  dedeoa,  qui  a  etc  fort  malade.  On  fait  en  nos  ecoles  les 
operations  do  chirurgie  sur  lo  corps  d'un  Normand  qui  1'ut 
hior  rompu  a  la  Grove;  cela  sera  cause  que  je  ne  recommen- 
cerai  pas  shot  mes  lecons,  auxquelles  jo  pensois  pour  mardi 
prochain  16  du  present  mois. 

Ouelles  nouvollos  avez-vous  do  Montpellier?  Ouel  ordre 
M.  H  do  Belleval  a-t-il  mis  dans  sa  maison  pour  la  sottise  de  sa 


A  FALCONET.  i23 

femme?  Comment  se  porte  M.  votre  lils?Est-il  grand  bota- 
niste?  Quand  passera-t-il  docteur?  Quand  sera-t-il  de  retour 
a  Lyon?  car  il  sera  mieux  avec  vous  qu'avec  qui  que  ce  soil. 

On  parle  ici  de  fa  ire  un  recueil  de  toutes  les  ceuvres  de 
JM.  de  Balzac  en  deux  volumes  in-folio,  corame  sont  les  o>uvres 
de  M.  de  la  Molte-le-Vayer. 

On  moiitre  ici  en  cachetic  un  jeton  en  faveur  de  M.  Fou- 
quet ;  il  y  a  pour  ses  armes  un  ecureuil ,  qui  a  a  ses  deux  cotes 
troislezards,  qui  sont  les  armes  deM.  leTellier,  et  un  serpent 
ou  une  couleuvre,  qui  est  de  M.  Colbert,  et  1'ecureuil  qui  est 
uu  milieu  ,  rie  sachant  de  quel  cote  se  tourner,  et  il  a  pour 
devise  ces  mots:  Quo  me  certain?  ncscio  (1),  se  voyant  entre 
ses  deux  eimemis. 

Par  arret  de  la  chambre  de  justice ,  un  nomme  Pompardin, 
receveur  de  tallies,  a  Etampes,  a  etc  condamne  de  faire 
amende  honorable  dans  la  cour  du  palais,  a  10,000  livres 
d'amende,  et  a  un  bannissement,  pour  plusieurs  malversations 
en  sa  charge  dont  il  a  ete  convaincu.  II  cut  ete  pendu ,  si 
plusieurs  de  ses  parents  et  amis  n'y  eussent  employe  tout  leur 
credit.  Un  honnete  homme  m'a  clit  ce  matin  que  nous  n'au- 
rons  point  de  guerre  en  Italic ,  et  que  quand  on  levera  des 
troupes ,  ce  sera  a  un  autre  dessein  que  de  faire  la  guerre  au 
pape;  mais  on  parle  du  roi  d'Espagne  comme  d'un  homme 
fort  malade ,  et  qui  ne  peut  plus  aller  loin ,  si  bien  qu'on  1'em- 
peche  d'attaquer  le  Portugal,  en  divertissant  son  armee,  et 
1'obligeant  d'envoyer  ses  troupes  en  Italic,  pour  munir  le 
Milanais  :  joint  aussi  qu'il  en  a  encore  besoin  pour  la  Flandre, 
a  laquelle  on  ne  manquera  point,  si  le  cas  y  edict. 

On  a  de  nouveau  mis  en  prison  ,  par  ordre  de  la  chambre 
de  justice,  plusieurs  gens  qui  se  sont  meles  de  la  maltote, 
comme  Fremond ,  Holand ,  le  Noir  et  autres  commis  des  par- 
tisans. On  dit  ici  que  le  pape  est  d'accord  avec  le  roi ,  et  que 

(1)  Celle  devise  s]>iritucllc  rappcllc  colic  du  faslueux  Mirintriulaiil  : 
(>MO  non  ascendatn  ?  (R.  p.) 


•i'2i  I.  Li  IKES    1)L    (U  I    I'All.N 

nous  avons  ,  ce  -2  mars  ,  quatre  cardinaux  nouveaux,  savoir  . 
M.  le  due  do  Merceour,  M.  I'ai'clieve'que  d'Embi'un  ,  qui  est 
noire  ambassadeur  on  Espagne,  M.  de  Khodes,  archeveque  de 
Paris,  el  M.  1'aricien  eveque  de  Reinios,  aujourd'hui  arclio- 
voque  d'Auch  :  cola  n'ost  pas  encore  assure. 

M.  le  chevalier  Falconet  m'est  venu  voir,  qui  m'a  fait  vos 
tres  agreables  recommandations,  pour  lesquelles  jo  vous  re- 
inercie.  II  m'a  promis  de  bien  etudier  ;  il  dit  qu'il  va  fort  soi- 
gncuscment  au  palais  a  toutes  les  audiences,  ot  qu'il  ne  pen! 
point  du  tout  de  temps.  Dion  lui  fa^sc  la  grace  do  dire  tou- 
jours  vrai  !  Fiat  ,  fiat  ! 

M.  Faucon  de  Ris,  ou  plutot  seigneur  de  His,  gros  village 
pros  de  Corbeil  ,  premier  president  de  Koucn  ,  est  mort  a  cin- 
quante-huit  ans  ;  il  avoit  succede  en  cette  charge  a  son  pore, 
et  son  pore  a  un  sien  i'rerc  airie  <[ui  etoit  un  fort  habile 
honime.  Je  pense  que  vous  avez  vu  ce  dernier,  mort,  autref'ois 
a  Lyon  ,  intendant  de  justice,  lorsqu'il  etoit  maitre  des  re- 
quotes. 

On  parle  ici  d'asscmbler  les  chambrcs  du  parlement  pour 
entendre  les  plaintes  d'une  belle  demoiselle,  laquello  ac.cuse 
M.  Hillein  ,  consciller  de  la  cour,  de  la  cinquionio  des  cn- 
quetcs,  do  1'avoir  engrossoe  :  neinjte  omnis  ordo  exercet  /tis- 


j'urtu  ,  frandcx  n.c  scchts  mortal  iwn,  r<i<ic'nt<>  rent,  linQiiaubcr- 
rans  indicat,  multi  clofjnuntitr,  inscicnteseduccnt. 

II  y  a  ici  un  factum  nouveau  pourM.  FoiKjuet,  dans  le(mel 
M.  Colbert  est  fort  charge  sans  y  pouvoir  n'pondre. 

Madame  la  duchesse  do  Savoie  sera  inarioo  dimanoho  pro- 
chain,  et  des  le  matin  olio  partira  pour  son  voyage  de  Turin. 
M.  Morisset,  passant  a  Lyon,  ne  manquera  jias  do  vous  allor 
saltier  ct  de  prendre  vos  bons  avis  pour  cette  cour-la.  On  dit 
que  Ton  va  donner  a  M.  leduc  d'Orloans  le  goiivornomout  do 
Languodoc;  ([iieM.  le  prince  de  Conti  aura  laduyenne,  ot  ipio 
nous  soinmes  a  la  veille  de  voir  du  chaiigement  de  favour  a 
l.i  cour.  On  dit  <pio  la  paix  ost  anvtoo  onfro  K;  i'oi  ot  lo  papo: 


A  I- u.r.o.Nfc  I .  f-23 

quo  Ton  renvoieAI.  deCrequi  ii  Koine;  elque  quund  it  sera  a 
Toulon,  le  pape  1'enverra  prier  de  venir  a  Koine.  On  dit  (|ii(! 
nous  aurons  bientot  nn  livre  bien  curieux  centre  les  jesuiles  : 
toute  la  defense  des  jansen  isles;  (jue  ce  sera  un  gros  in-folio 
impriine  dans  une  ville  catholique  oil  les  peres  de  la  sainle 
soeiete  n'ont  point  do  credit.  Le  pretendu  accord  enlre  ees 
deux  partis  est  tout-a-i'ait  roinpn  ;  on  dit  que  quelques  vieux 
docteurs  en  Sorbonne  en  sont  cause,  a  la  suggestion  des  je- 
suites ,  qui  sont  des  maitres  passefins. 

On  commence  ici  une  nouvelle  edition  du  Hccw.il  <h-  tuul<-* 
!<•*  ffuws  de  feu  M.  ilc  Itdlzar;  \\  y  aura  deux  volumes  in- 
folio  :  ce  sera  un  grand  ouvrage,  bel  et  bon  ,  qui  (era  honneur 
a  la  France  et  a  notre  langue ,  meme  sa  vie  y  sera  ajoulee. 
Permette/.-moi,  monsieur,  de  vous  iairc  une  petite  imporlunitr. 
Quand  vous  verrez  le  reverend  pere  Theophile  Kaynaud,  la- 
cbe/ de  savoir  de  lui  <jui  cst  un  certain  <i<i*/xtr  (.'lii<-<,<-iit.?  , 
lili.  1  ,  Alloquiiirii'in  ,  qui  a  ecritcontre  Krasme  ,  et  oil  ce  livre 
a  etc  impriine.  Le  reverend  pere  Theophile  a  cite  cet  auteur 
dans  son  livre,  <lc  lionix  at  mulls  libris,  imprime  in- quarto 
chez  M.  Huguetan  ,  1'an  1653.  C'cst  a  la  /if/t/cZj. 

M.  Colbert  fut  bier  saigne;  M.  le  Tellier  est  an  lit,  malado 
d'une  lievre  continue ,  pour  laipjelle  il  a  deja  etc  saigne  quatre 
1'ois.  On  dit  que  la  reine-mere  est  mal  contente  de  31.  Colbert, 
et  que  1'aiTaire  de  M.  Fouquet  est  civilistc,  et.  (ju'il  en  sera 
(juitte  pour  (p.iclque  baunissement ,  ne  pouvant  etre  convaincu 
d'aucun  crime,  (|u"d  ne  s'en  del'ende  bien  et  ne  le  rejelle  sur 
le  cardinal  Ma/arin  ,  ce  que  la  reine-mere  ne  vent  point  sout'- 
1'rir,  joint  (ju'il  se  plaint  qu'on  s'est  saisi  de  ses  papiers,  [>armi 
lesquels  il  y  en  avoit  plusii-urs  ipii  conlenoientsu  defense. 

Je  vous  envoie  un  billet  de  mon  lils  C.harles,  (jui  servira  de 
reponse  a  celui  que  vous  lui  ave/  envoye. 

Madame  la  nouvelle  ducliesse  de  Savoie  part  demain  de 
cette  ville,  et  s'en  va  trouver  son  mari.  Je  crois  aussi  ((u'elle 
emmene  son  medecin,  M.  Morisset. 

M.  Morisset  e^t  fort  habile  homme.  parle  bien  latin  et  en- 


<i'2C  I.K1TKES    DE   «.l  I    1'AIIN 

tend  bien  la  pratique.  Ce  n'etoit  point  son  fait  cie  quitter  Paris, 
ou  il  avoit  assez  d'emploi  et  auroit  bien  pu  en  avoir  davantage ; 
mais  les  desordres  do  sa  lam i lie  et  sa  vanite  trop  ambitieuse, 
avec  le  grand  nombre  de  ses  creanciers  ,  1'ont  oblige  de 
prendre  le  parti  qui  s'est  oil'ert  do  Turin,  et  quo  plusieurs 
autres  avoient  refuse.  Nous  sommes  de  meme  licence  et  de 
meme  pays.  11  est  natif  de  Beauvais,  lils  d'un  seigneur,  et 
moi  d'Hodenc-en-Bray  ,  a  trois  lieues  de  la  ,  fils  de  bonnes 
gens  que  je  ne  voudrois  pas  avoir  changes  contre  de  plus  ri- 
ches. Je  vous  baise  les  mains ,  et  suis  do  tout  mon  cceur 
votre,  etc. 

De  Paris  ,  le  6  mars  1663. 


LETTRE  DCX.  —  An 

31.  de  Vcrtamon ,  conseiller  clerc ,  liomme  fort  riche  et  fort 
epargnant,  n'est  point  mortpauvre.  II  avoit  si  rudement  epice 
ses  proces,  (ju'on  lui  atrouve  dans  son  colfre,  apres  sa  inort, 
•100,000  livres  en  or  et  en  argent  comptant.  II  etoit  chanoine 
de  Notre-Dame,  mais  il  ne  donnoit  jamais  I'aumone. 

Le  roi  est  avec  les  reines  et  M.  le  dauphin  dans  le  bois  de 
Vincennes  ;  on  dit  qu'il  s'eri  va  bientot  avec  tout,  son  train  a 
Versailles.  On  dit  ici  que  les  deputes  des  Suisses  sont  en  che- 
min.  Quel  grand  dessein  a  done  le  pere J.  Gibalin,  dans  lequel 
il  y  aura  tant  de  volumes?  Qui  vous  a  dit  que  le  grand  ou- 
vrage,  de  /Yw?//.s,  ft  Ulysses  Aldrovandus ,  soil  acheve  a  Bou- 
logne? En  avex-vous  vu  quelques  exemplaires  a  Lyon? 
Votre  M.  Barat  ne  pense-t-il  plus  ii  son  (\.  Bondelet?  Que 
font  vos  deux  jeunes  medecins  a  Lyon,  Basset  et  Lucques? 
Et  ce  musicien  provencal  n'y  demeure-t-il  point  aussi?  Que 
clevient  done  1 'edition  des  oeuvresdu  reverend  jiere  Theopbile 
Piaynaud?  V  a-t-il  apparence  (ju'elle  sera  bient(A>t  achevee? 
J'apprends  (jiie  vous  serex  bienlot  echcvinde  Lyon;  je  vous  k- 


A    FALCONET.  427 

souhaite  et  m'en  rejouis  de  tout  raon  cuuur.  On  fait  ici  des 
preparatifs  chcz  quelques  moines ,  pour  y  solenniser  la  fete 
de  sainte  Therese,  a  cause  de  la  reine.  Dieu  soil  loue  de  tout; 
mais  le  peuple  est  bien  grove  ;  il  faudroit  que  la  taille  dimi- 
nuat,  afin  qu'il  se  put  rejouir  aussi  bien  que  les moines,  pour 
qui  il  est  fete  tous  les  jours.  II  n'est  point  ici  de  malades ;  j'en 
loue  Dieu.  Je  ne  serois  point  fache  de  ce  loisir  s'il  pouvoit  du- 
rer;  nous  nous  geridarmons  assez  toute  1'annee,  nous  nous 
tuons  pour  autrui,  aurum  dum  qucerimus,  cewm perdimus,  et, 
comme  Martial  a  fort  bien  dit,  ja.cta.mur  in  altowbis,  ct  in 
sterili  vita  laborc pcrit.  Mais  il  faut  prendre  patience,  le  bon 
temps  viendra  quand  il  plaira  a  Dieu ;  si  nous  ne  1'avons ,  c'est 
que  nous  ne  le  meritons  pas:  furnicavcruut  filii  Adam  ,  et  dc- 
clinavcrunt  ad  auaritiani.  Je  vous  baisc  les  mains,  et  suis  de 
toute  mon  ame  votre,  etc. 
De  Paris,  le  15  mars  1663. 


LETTRE  DCXI.  —  Au 

Je  vous  rends  graces  de  votre  belle  lettre  qui  m'a  donne 
beaucoup  de  satisfaction.  Je  suis  bien  aise  que  le  Cardan 
soil  si  fort  avance.  Vous  m'avez  fait  honneur  de  me  mettrc 
dans  votre  preface ;  mais  si  Ton  se  moque  de  moi  pour  la  dis- 
proportion qui  se  rencontre  de  ces  messieurs  avec  moi,  quine 
pnis  et  ne  pourrai  jamais  entrer  en  eomparaison  avec  de  si 
grands  personnages  ,  vous  en  sere/,  cause,  et  je  vous  en  pren- 
drai  a  garantie.  Neanmoins,  quoi  qu'il  en  puisse  arriver,  comme 
je  vous  en  ai  obligation,  je  vous  en  remercie  de  tout  mon  coeur. 

Pour  ce  que  vous  me  mandez  toucliant  le  livre  de  feu 
M.  Bouvard  (1),  c'est  une  autre  affaire.  J'en  avois  un  qu'il 
m'avoit  donne  avant  que  d'etre  aclieve.  II  en  lut  qnelque 
chose  a  feu  M.  Riolan  son  beau-frere  ,  qui  liii  conseilla  de 

{1)  Voyez  le-  notes  t.  II,  i>.  -243  et  285. 


eacher  Ic  tout  et  de  le  supprimcr,  taut  parcc  qu'il  eloit  inal 
lait  que  parce  qu'il  y  oll'ensoit  des  gens  <|iii  Ini  pouvoient  nuire. 
Cos  messieurs  eloient  le  cardinal  Ma/arin  ,  Yautier  et  Valol. 
M.  Kouvard  ,  qui  etoit  deja  fort  vioux,  out  peur  des  menaces 
de  M.  Hiolan,  qui  etoit  un  liomme  acre.  11  en  avoit  donne  uu 
a  M.  Moreau,  qu'il  retira  disant  qu'il  y  vouloit  changer  quel- 
(jue  chose.  11  m'en  fit  autant,  etje  fus  assez  simple  de  le  lui 
rendre.  Feu  M.  Moreau  me  dit  que  cela  ne  valoit  rien,  et  (ju'il 
('•toil  indigne  d'avoir  place  dans  son  elude.  M.  Bouvard  etoit 
deja  fort  sec  et  fort  maigre;  eniin  d  mourut  d'une  phthisic 
de  vieillesse.  Depuis  ce  temps-la  j'en  ai  parle  une  Ibis  a  ma- 
dame  Cousinot,  sa  lille,  qui  me  temoigna  quo  la  f'amille  n'e- 
toit  pas  contente  de  ce  livre.  -le  sais  bien  que  M.  Bouvard  m'a 
dit  autrefois  qu'il  avoit  entreteiiu  le  leu  roi  du  merite  et  de 
la  capacite  de  quehmes  medecins,  j)ar  les  mains  de  qui  sa 
majeste  avoit  jiasse  ,  et  apres  <pi'il  lui  en  cut  dit  ce  qu'il  en 
savoit ,  que  le  roi  s'ecria  :  «  llelas!  (jue  je  suis  mallieureux 
d'avoir  passe  par  les  mains  de  taut  de  charlatans!  »  Ces  mes- 
sieurs etoient  Heroard ,  (iuillemeau  et  Vautier.  Le  premier 
eloit  bon  courlisan  ,  inais  mauvais  et  ignorant  medecin. 
M.  Sanche  le  pere  m'a  dit  ici  rannee  passee  (jue  cet  homme  ne 
fut  jamais  medecin  de  Montpellicr.  Le  second  etoit  un  ruse 
courtisan  (|ui  avoit  grande  envie  de  faire  fortune  ;  inais  les 
mallieurs  de  la  reiue-mere,  de  laquelle  il  esj>eroit,  1'enlrai- 
nerent ,  et  le  dcMiiou  du  cardinal  fut  plus  fort  que  le  sien.  Si 
bien  qu'il  succomba,  et,  quchpie  ell'ort  qu'il  ail  fait  depuis,  il 
n'a  pu  y  revcnii1,  (juoiqu'il  ait  remiie  ciel  et  lerre  ,  et  que 
memo  le  feu  prince  de  Conde  en  cut  lui-meme  parle,  tantau 
cardinal  de  Kichelieu  nuniie,  qu'au  feu  roi  al  ;i  la  reii.e-mere. 
II  avoit  quelques  bom;es  qualiles;  il  en  avoit  aussi  de  mau- 
vaises.  Je  I'ai  IVequente  vingt-sej)!  ans.  Nous  elioiis  de  meme 
licence.  Je  savois  bien  sa  portec.  M.  Daralis  et  moi  avons  ele 
ses  medecins  jusqu'a  sa  mort.  1'hiliii  ,  j'ai  reconnu  (ju'eu  son 
fail  il  y  avoit  beaiicoup  d'hypocrisie  et  de  linesse;  inais  aussi 
v  avoit-il  de  la  bnmic  doctrine  el  de  la  verlu  ,  e'c.>l-a-dire  de 


\  FALCONET.  429 

la  marchandise  imMee.  IVmr  Vautier,  qui  etoit  un  nuVbant 
juil'du  com  tat  d' Avignon  ,  fort  glorieux  et  fort  ignorant ,  il  a 
ele  bienheureux  de  n'avoir  pas  ete  pendu ,  et  il  1'eut  ete  infail- 
liblement,  si  la  pauvrereineeut  vecu  encore  six  mois.  II  avoit 
fait  de  la  I'ausse  monnoie  ,  et  trouve  inoyen  de  se  Iburrcr  en- 
suite  a  la  cour.  Les  disgraces  de  ki  reine-mcre  lui  donnerent 
entree  a  Blois  par  le  credit  de  madame  de  Cluercheville.  11  sc 
vantoit  de  secrets  chimiqnes  ,  et  ressembloit  fort  a  ee  rnedccin 
deTacite,  Kud emus  specie  art  is,  frequens  secret  is.  II  se  ponssa 
ea  'purte  qua  jlunt  homines,  et  qua polltbnt  (1).  Les  Marillac  lui 
aiderent  en  abaissant  le  cardinal  de  Richelieu  qu'ils  avoient 
dessein  deperdre.  La  journeedes  dupes  arriva.  Le  cardinal  fit 
arreter  les  Marillac  et  les  perdit.  Vautier  fut  arrete  prisonnier 
dans  la   Bastille  pres  de  dou/e  ans.  Enfin ,   la  scene  et  le 
theatre  de  la  cour  etant  changes,  il  devint  premier  medecin 
(In  roi,  nioyennant  20, 000 ecus qu'il donna  au  cardinal  Ma/arin 
qui  prenoitde  loutes  mains,  a  la  charge,  commeondit ,  qu'il 
seroit  la  son  espion.  YOYO/  la  politique  :  il  avoit  ete  prisonnier 
du  pere  douze  ans,  et  on  lui  commit  la  sante  du  lils.  L'his- 
toire  du  temps  en  dira  davantage.  J'ai  vu  d'etranges  me- 
moires  contre  lui  sur  la  sortie  de  France  de  la  reino-mere 
(juand  elle  passa  en  Flandre.  En  voila  assex  pour  voiis  de- 
peindre  ces  trois  fanieux  personnages.  Je  suis,  etc. 
Do  Paris,  lo -23  mars  1G03. 


LETTKE  DCM1.  -     An  meme. 

J'avois  recoinmenct'1  mes  lemons  en  fort  belle  compagnie; 
mais  on  pendit  bier  trois  jardiniers  ,  voleurs  dc  grands  che- 
mins,  dont  Tun  a  tHr  port*'1  fii  nos  rcoles  pour  en  Cairo  1'ana- 

(I)  I/illn«lre  Doniou  fill  aussi  acviiM-  ,  mais  ;i  loi'l.  d'avoir  Mtiployr 
If  int'in*1  movoii.  II  avail  <!«'<;  famlli1*  I'oaiirnup  I)!M<  nnhli"*.  IS.  IV 


430  LETTRES   DE   (iUl   PAT  IN 

tomic.  C'est  pourquoi  j'ai  averti  mes  auditeurs  que  je  ne  con- 
tinuerai  mes  lecons  qu'apres  1'anatomie. 

Je  vons  cherclierai  quelque  these  de  la  saignee  dans  1'apo- 
plexie,  que  vous  me  demandez  ;  je  crois  qu'il  y  en  a  :  cepen- 
dant,  voye/  Duret,  inCoacasHippocratis  et  Ifofmanni  Comntcii- 
tartu  in  Galenum,  de  usupnrtium.  L'apoplexiepropremeut  dile 
vient  toujours  du  sang,  mais  c'est  une  maladie  tres  rare.  Les 
anciens  1'ont  appelee  ictus  swyuinis  ,  com  me  on  lit  dans 
Aurelius  Victor  ,  en  parlant  de  1'cmpereur  Yerus  :  Qui  inter 
Altinwn  et  Cuncordiam  ictu  sunguinis  cxanintatus  est ,  que  in 
Greed  apoplexiam  dicunt. 

Nous  avons  perdu  notre  maitre  Jean  Maurin,  Provencal, 
fameux  esclave  des  apothicaires.  II  est  alle  ordonner  des 
perles  en  1'autre  monde  en  leur  faveur.  II  a  ete  suivi  deM.  du 
Cledat,  Gascon  de  la  Reole  en  Bazadois.  Je  pense  que  les  apo- 
thicaires  feront  en  leur  chapelle  dire  des  messes  pour  le  repos 
de  1'aine  de  ces  deux  homines.  Mais  prier  Dieu  pour  ces 
gens-la  ,  n'est-ce  pas  abuser  de  sa  bonte?  Ne  faudroit-il  pas 
auparavant  savoir  s'ils  etoient  baptises  ,  s'ils  croyoient  en 
Dieu,  et  s'ils  avoient  une  ame?  Adieu  ,  je  fuis  ,  etc. 

DC  Paris,  le  20  avril  1G03. 


LKTTKE  DCXI1I.  —  Au  nihnc. 

Je  porlerai  votre  lettre  a  M.  le  lilanc,  qui  est  un  grand 
hornme  du  Languedoc ,  bon  et  doux,  demain  en  allant  an 
College  royal  y  iaire  ma  lecon.  11  n'est  pas  docteur  de  Sor- 
bonne,  mais  docteur  et  professeur  en  droit,  et  pretre  assez 
devol;  au  moins  il  en  a  la  mine.  Je  crois  qu'il  est  forthomme 
de  bien. 

Je  vous  remercie  de  Tamili*-  que  vous  m'ave/  procuree  du 
reverend  pereTheophile;  je  lui  en  ecrirai  tout  expres  ,  et  Ten 
remercierai;  je  vous  supplie,  en  attendant,  d'avuirbien  soin 
de  sa  saute,  et  d'obtenir  de  lui  qu'il  so  purge  a  ce  printemps, 


A  r.u.r.oNKT.  431 

avant  quo  los  chaleurs  de  1'ete  nous  viennent  accabler,  afin 
qu'il  ne  meure  pas  sitot  et  qu'il  puisse  voir  la  fin  de  tous  scs 
ouvragcs  imprimes  en  dix-neuf  volumes,  et  qu'il  jouisse  long- 
temps  de  la  gloire  qu'il  a  meritee ;  c'est  la  moindre  recom- 
pense qu'il  puisse  avoir  pour  tant  de  veilles  et  taut  de  travaux. 
J'espore  que  Dieu  le  recompense™  de  tant  de  peines  qu'il  a 
prises  pour  la  defense  de  la  verite.  Jebaise  tres  humblement 
les  mains  et  a  lui  et  au  reverend  pere  Bertet.  Je  prie  Dieu  qu'il 
les  conserve  tous  deux  encore  longtemps  en  bonne  sante. 
J'attendrai  patiemment  tout  ce  que  vous  me  promettez  des 
pores  J.  Gibalin  etMenetrier,  et  du  pere  Jiertet. 

Le  chancelier  de  Navarre,  dont  M.  Collier  a  acliele  la  bi- 
bliotheque,  etoit  ce  memo  M.  Soi'roy  de  Calignon  qui  a  ete 
un  grand  bomme  d'Ktat,  et  qui  a  fait  1'edit  de  Nantes,  avec 
M.  le  president  de  Tliou,  qui  a  fait  I'histoire  de  son  temps, 
et  qui  a  ete  le  pere  de  ce  pauvre  malheureux  qui  cut  la  tete 
tranchee  a  Lyon  Van  1642.  M.  Calignon  avoit  laisse  un  (ils, 
qui  a  ete  conseiller  au  parlement  de  Dauphine,  que  j'ai  connu 
en  cette  ville  1'an  1639,  et  qui  est  mort  il  y  a  quelques  annees. 
C'est  peut-etre  de  lui  que  vient  celte  bibliotheque. 

La  bibliotheque  de  Gesner  est  un  fort  bon  livre;  mais 
comme  il  y  en  a  dediverses  editions  ,  il  en  taut  avoir  la  meil- 
leure,  laquelleest  in-folio,  de  1'an  1583,  Tiguri,  qui  est  Zu- 
rich en  Suisse.  Ce  livre  aussi  bien  que  Enstntltius  in  J/omerum  , 
n'ont  plus  de  prix ,  ainsi  je  ne  vous  le  puis  dire. 

J'apprends  que  le  Cardan  de  M.  le  premier  president  est  en 
clicmin  avec  trois  autres  exemplaires  que  j'ai  dernandes  pour 
le  roi  de  Dancmark,  pour  M.  son  ambassadeur  et  pour  moi. 

Jesuis  bien  aise  que  M.  votre  Ills  soil  docteur,  mais  il  me 
semble  que  vous  etes  oblige  de  le  tonir  pros  de  vous:  il  ne 
peut  etre  mieux  en  aucun  lieu;  votre  presence  I'instruira, 
non  est  in  (oto  sanctior  orbc  locus.  Montpellier  est  tout  plein  de 
debauches  et  de  vanite,  et  il  n'y  pent  rien  apprendre  au  prix 
de  ce  qu'il  peut  fa  ire  a  Lyon  pres  de  vous.  C'est  M.  Morisset 
(jui  a  eu  du  malheur  en  son  decanal.  M.  Hlondel,  son  prede- 


eesseur,  avoit  rondu  scs  comples,  par  lesquels  on  reeonuois- 
soit  que  la  Faculte  lui  devoit  4,160  livres  do  roslo.  L'arret 
(.•.outre  !cs  ohirurgiens-barbiers  et  quelques  auircs  depenses 
(Hoi(;nt  cause  de  cettc  grande  soinine.  3\1.  Morisset  ne  la  paya 
point,  ut  -inbris  cst ,  dibant  qu'il  n'avoit  point  d'argent  (il  en 
devoit  pourtant  avoir,  car  on  lui  inontra  (|ii'il  avoit  rccu  plus 
de  6,000  livres  depuisqu'il  etoil  doyen).  M.  lUondel,  qui  en- 
lend  la  chicane,  le  init  en  proces,  et  enfin  le  fitarreter  prison- 
nier  et  lui  (it  trouvcr  de  1'argent;  ensuile  de  quoi  ils  se  sont 
fort  chicanes.  Quand  M.  Morisset  a  voulu  rendreses  coniptes, 
il  a  vonlu  y  faire  passer  beaucoup  d'articles  auxquels  on 
s'est  oppose,  et  memo  le  censeur  au  nom  de  toutc  la  Faculle; 
sur  ([uoi  il  s'en  est  alle  en  Savoie  sans  avoir  termine  cctte 
affaire,  et  sans  nous  rendre  nos  regislres;  c'est  pourquoi  noire 
doyen  plaide  aujourd'hui  contre  sa  i'einine,  ei  a  obtenu  arret 
centre  elle,  par  lequel  elle  est  obligee  de  les  reinettre  enlre 
les  mains  du  doyen.  On  lui  en  a  ecrit  en  Pieniont,  niais  je  ne 
sais  ce(ju'il  en  {'era.  Feu  M.  Merlet  etoit  son  grand  eonseiller 
et  le  1'aisoit  avee  plaisir,  et  en  depit  de  M.  Blondel,  avec  le- 
(juel  il  (Hoit  fort  mal,  etc.;  mais  ce  :\I.  Merlet  est  mort.  -le  votis 
manderai  ci-apres  ee  qui  en  arrivera. 

J'aiunlivre  ([lie  mon  second  fils  vousenvoie,  et  un  autre  pour 
M.  Spoil ;  les  deux  que  nous  vous  avons  envoyes  sont  en  che- 
jnin,  ceux-la  sont  in-folio,  ceux-ei  sont  in-quarto,  <lcf.  Tnurbi-s 
fuiiihiixiilili't,  et  asse/  curieux.  Je  liens  queM.  Morisset  revien- 
dra,  et  qu'il  a  mal  fait  d'etre  parti.  Quand  on  vcut  gagnerd(! 
1'argent,  il  ne  faut  point  sortir  de  Paris;  niaisje  pense  <|iie  le 
jnauvais  etat  de  ses  affaires  domosliques  1'y  a  porte. 

M.  le  prince  de  Manemark  el  M.  son  amhassadeur  me 
veulenl  tircr  d'ici,  et  m'emmener  t^n  ce  pays  (Void.  11s  en  out 
I'rerit  au  roi  ,  (jui  leiu1  a  donne  charge  de  m'emmeiHT.  Un  m'a 
fait  de  belles  olfres,  mais  je  n'en  veux  point.  Je  ne  suis  in  a 
vendi'e  ni  a  achotor:  je  veux  elre  enterre  a  Paris  aiqires  de 
rues  bons  amis. 

M.  le  invsident  de  Thou  en  sa  belle  hisloire  a  fail  im 


\  r  \ir.o\FT.  -1:',:; 

df1  Al.  do  OaligilOli ,  chancellor  do  Navarre,  on  divers  endroils, 
du  temps  de  Henri  IV,  el  entre  autres  sons  Tan  1606:  anpivs 
do  M.  Desportes,  abbe  deTiron,  qui  <|iiitla  lo  parti  du  roi , 
et  se  mil  du  cote  des  ligueurs;  c'est  pourquoi  la  -Wy/r  mt'- 
nfjTpf'r ,  fie  la  rertn.  du  cnf/m/intn  d' Kspagnc- ,  I'appello  le  poete 
de  1'amiraute,  sons  ombre  qn'il  se  mit  dn  cote  de  1'amiral 
de  Villai's",  lequel  ayant  voulu  troinper  les  Espagnols  so 
troinpa  lui-meme,  et  en  fnt  mauvais  marcband. 

Depuis  fort  pen  de  temps,  et  en  moins  d'tin  mois ,  le  vin 
ometique  donne  de  la  main  de  M.  Guenaut  a  tne  ici  (jnatre 
person nes  illustrns ,  savoir  :  madame  la  presidentc  de  Xos- 
mond  ,  ])ropre  sa-nrdeM.  le  premier  president ;  la  presidento 
de  Biron  ,  dela  conr  des  aides;  M.  Colbert  do  Saint- Pouango, 
bean-1'reredeM.  loTollier,  et  SOTI  premier  commis,  et  la  mar- 
(jnise  de  Richelieu,  fillo  do  madiune  do  Beauvais,  premiere 
temme  de  chambre  do  la  roino -mere.  (MI  (lit  quo  le  pore  de 
oette  madame  do  Beauvais etoit  tin  fripior  do  la  hallo,  d'au- 
tres  disent  encore  moins  que  t'ripier ,  mais  seulement  rm- 
eheteur;  si  bien  ipie  le  cardinal  de  Kichelieu  a  vole  tonto  la 
France  pour  onrichir  los  descendants  d'nn  crorhelour.  Ciiif- 
naut  en  est  fort  blame  par  tout  Paris,  et  en  a  ro^n  dos  re- 
proches  et  des  rebuftades  a  la  cour  :  il  est  malaise  d'etre 
lon^temps  bon  marchand  demanvaise  marchandiso.  Madame 
do  Beauvais  lui  a  reprocbe  la  mort  de  son  gendre  et  do  sa 
lille,  en  pleine  cour,  et  en  presence  do  la  reine  memo. 

Jo  vons  donne  avis  que  j'ai  vu  aujourd'hui  M.  Loblaix  ,  a 
i|iii  j'ai  rendu  votre  lottre  en  mains  propres,  jo  1'avois  oaclie- 
tee;  il  m'a dit  quo  sa  lettre  otoit  vraitnent  de  lui,  aussi  bien 
quo  la  premiere  qu'il  ocrivit  on  relevant  de  maladio,  mais 
que  M.  votre  tils,  le  chevalier,  otudioit  i'ort  bien,  et  qu'il  en 
etoit  bien  content;  qu'il  y  avoit  ici  un  jonno  liommo  Auvor- 
jinat  (jui  lui  donnoit  beureusemerit  do  I'emulation  ;  mais  il 
so  plaint  qu'il  n'a  rion  roeii  dopuis  einq  mois,  et  (pi'il  I  "a  dil 
a  M.  do  Fontenelles.  Jo  no  sais  < c  cpie  e'ost ;  mais  inande/-moi 
eo  (jue  vous  voide/  <pie  jo  I'asse  ,  s'il  y  a  ipiolquo  arirejit  a  lui 
III  -JS 


434  I.KTTRKS    I)K    Kill    I'ATIN 

donner;  je  lui  donnorai  volontiers.  11  crainlqueM.  votre  Ills, 
le  chevalier,  n'aitreQU cet argent,  et  DC  1'ait  employe  aautre 
nliose. 

On  dil  ici  que  mademoiselle  de  Turenne  est  fort  malade; 
e'est  des  Fougerais  qui  me  la  (lit  ce  soir ,  nntiqunjnrK  <•(  <tvil<> 
ri'liijiuuis  jtriiic/fito/i,  nHHjtHituni.  etmediconim,  t,ij^oi.Qiy  iravTot. 

La  Chambre  de  justice  continue  au  proces  de  M.  Fouquet 
rl  des  trois  tresoriers  de  I'epargne.  M.  de  Longueville  est  lort 
malade  a  Houen ;  un  de  nos  confreres  ,  nomine  Urayer,  (res 
savant  homme ,  y  est  alle  en  diligence.  La  reine-mrre  a  «-tt'1 
malade  d'une  double  tierce;  mais  on  (lit  (|ii  elle  se  porte 
mieux.  LelivredeM.  Bocliart,  th  .\n'unnl.iln(*  sacra; Scriftturd1, 
i  m  prime  en  Angleterre ,  est  en  cliemin  ;  tl  yen  a  deja  (jnel- 
quesexemplaires  a  Paris  entreles  mains  rle  fjuelquescurieux  1 ;. 
Je  vous  baise  tres  hnmblement  les  mains,  a  mademoiselle  Fal- 
conet,  et  a  M.  Spon  notrebon  ami,  el  snis  de  tout  mon  co'iir 
votre  ,  etc. 

Do  I'iii  i>  .  le  4  uiai  1(5(i:{. 

\t  Hocharl  ^Samuel)  a  etc  rotnarcjuabk'  |)ar  >on  erudition,  uienit* 
:i  line  ciioque  ou  il  y  avail  iK-aucoiij)  tl\Miulit>..  11  na(|iiit  a  Konm,  d'uii 
)iiiui>lre  proleslanl  ,  on  liilW.  Do-  sa  JOUIIO--M'  il  >'acqiiil  boancouji  <li- 
ropntalion.  1'orsonno  nc  sul  niienx  qnc  lui  ponetror  dans  lo>  prolon- 
deurs  liistoriquos  do  1  Ecrilure  sainto.  I. a  roino  Chrisiino  1'appola  a 
Stockholm  ,  el  il  lit  ce  \uyaj',e  on  sociote  avoc  le  celebre  1 1  net.  On  a>- 
Mjre  (|iie  Chrisliue  ,  dont  le  caracterc  etail  assez  bixarre  ,  Tayant  presse 
do  juuer  au  \olant,  Hocharl  mil  has  son  manleau  cl  jona  de  bonne  {;raYe. 
De  rctour  en  1-ranco,  sa  reputation  no  fit  qu'augmenter.  Ayaut  perdu 
MI  lillo  unique  ,  il  en  consul  un  lol  chagrin  ,  qu'au  milieu  d'une  dispute 
littoraire  aver  Tluot ,  dans  rAcademie  de  Caen,  il  fiitfrappo  d'apopfexie 
le  \(>  inai  1667.  Ses  ouvrapjes  tres  nombreux  out  etc  recueillisa  Leyde 
>ou«s  co  litre  :  Sam.  llochart ,  Opera  omnia  ,  l,nc  est  I'lialfy,  ('(innnn. 
SPK  yeoyraphia  sacra  et  liierozo'icon ,  sen  df  uitimalibus  sacris  .  sacnt 
S<r/'/<<nr/»',  el  dissertationes  vario- :  1675,  2  vol.  in-led.  ;  KW2,  1712. 
"i  u,l.  in-tol.  «.  I'-J 


A    I'M.CONET.  •!.*;> 

LKTTKK  DCXIV.  —  AH  <„<•„><•. 

4'ai  done  eu  raison  do  yous  mander  par  ma  derniere  que 
eelte  bibliotheque  de  Grenoble  devoil  vmiir  die/.  M.  do  C.ali- 
{^11011 ,  dont  j'ai  traite  ici  le  ills  qui  y  etoit  eonseiller,  et  foil 
"dlant  liomme  :  nieworia  bonorum  sit  u<  bp.nedictiwuin . 

Je  ne  sais  si  1'Erasme  s'imprinae  a  Rotterdam  ;  mais  on  m'a 
assure  qu'il  s'y  fera  et  qu'il  est  commence. 

J'ai  recu  ceqn'a  fait  le  K.  P.  Bortol  sur  le  manage  deSa- 
voie ;  eel  a  est  fort  beau  ,  je  Ten  remereiede  toutmon  cu-ur. 
Hie  tmde  audit  a  I  </ic/  fur  delii'nre  liubbinus  oi'Stcr^mtn",  quad 
j'ocili1  ci'i'do;  idfi'i-  uon  xa/tif ,  t'.t  cix  unquani  sujriet ;  1st  litre  />«/'> 
xtidtitt'ti'  tuliinn  medicnsfrorum ;  wd  si:  xccaxa; 

oyc/^o!  tsft  itt'lmliiiii'S  ,  ////"  ///  lUfllflHl  ft'i/cftn  ,  >''">'  sun* 

kubeunt  $>bi . 

Je  YOUS  promets  quelques  theses,  dc  rant'  sec' ion/' 
Si  1' occasion  s'en  presente,  et  que  j'en  aie  le  loisir,  j'en  tierai 
une  moi-iiieme  pour  vous  contenter.  Mes  deux  tils  vous  ve- 
mercient  de  riionneiir  de  votre  souvenir;  leur  rang  de  |)iv- 
sider  est  passe  et  ne  peut  reveuir  do  lohgtemps  ;  mais  le  mien 
approche.  Si  j'y  suis  encore ,  je  vous  promets  que  je  mVii 
atjuitterai  a  cause  de  vous,  et  que  j'y  sanglerai  les  he'mopliobes 
aussi  bieu  (jue  le  viu  emetique  de  Guenaut. 

I,e  chevalier  Falconet  lit  a  ses  heures  de  loisir  l7//>7o//v  <//• 
l''r<nirc  sur  c<^  quo  je  lui  ai  prete  :  cela  est  necessaire  a  nn 
avoeat;  il  etudie  fort  bien,  et  est  fort  sage  et  mode're. 

On  dit  (jue  M.  Kasj)oni  n'a  [>as  le  menu1  pouvoir  dt1  trailer 
tjiie  le  pape  avoit  promis  au  roi ,  a  e.aust1  dt>  <|iioi  il  a  etc 
oblige  de  reuvoyer  a  Koine.  On  parle  fort  ici  sinislivment  dt- 
M.  Kouquet  et  de  la  Ha/.iniere,  et  nn'iiie  de  llalelan.  On  dit 
que  la  reiue-mere  se  porte  mieux  :  mais  neannioiiiselle  a  en- 
con;  tons  les  jours  la  lievre.  Unaud  file  sera  plus  forte,  on  dit 
qu'elle  se  fera  porter  au  bois  de  N  incennes  pour  y  prendre 
1'air. 

La  chambre  de  justice  fait  de  Brands  retranehenients  dc 


i:W  i  KI  nu:>  I»K  <.i  i  I-VIIN 

gages  conlre  quelques  grands  officiors,  el  entre  autres  MM.  lc> 
presidents  an  mortier,  qui  s'etoient  1'ourres  on  divers  partis, 
et  avoicnt  de  tort  Brands  revenus  ii  bun  inarcbe.  MM.  />'  Cm- 
fjncu.r  ,  de  liallh'td,  Mole  de  Clianiplastrcux  ,  dc  Mes/nf  <>l  d>- 
Morion,  en  out  de  chores  preuves  en  leurs  families;  car  on 
lour  a  bien  rogne  les  onglos  a  ebacuu  ,  1'nn  portant  1'antre 
plnsde  60,000  livres  de  rente  annuelle.  II  court  ici  un  poemo 
imprime  in-quarto  aveo  ce  titre  :  /^tifjurf/ts  in  rhirnlix,  fid  >•//•- 
t/hicin  Mdfroii.  On  |iretnnd  (jne  c'est  un  jt'suite  (|iii  1'a  fait ,  e! 
il  est  bien  fait ;  d'autres  ci'oient  qno  c'est  un  de  no<  baclieliers 
(>n  medecine,  nomme  Gervaise,  <]ui  est  fort  bon  poete  lalin  , 
inais  qui  n'a  jvas  continue  de  fa  ire  son  eour.s  snr  DOS  banes 
aver  les  Irois  theses  ordinaires  coinmeses  coinpa^nnns ,  I'ante 
d'argent.  11  avoit  demande  (ju'on  bii  r<'ini!  tons  ces  t'rais  de 
la  Farulte  et  (|n'on  lni  fit  grace;  inais  (|noi(ju'il  ail  bien  bri- 
gne,  qu'il  Cut  ami  de  Valot ,  et  qne  Ciuenaut  se  IVit  aperte- 
ment  declare  pour  lui ,  neanmoins  il  n'en  vint  pas  a  bout.  I. a 
plupart  y  resisterent,  disant  cju'il  n't'-loit  pas  raisonnablequ'il 
IVit  admis  })ouv  rieu  ,  les  antres  ayant  J)aye,  dont  jilusieurs 
eloient  bien  plus  savants  que  lui.  II  m'en  avoit  aussi  fait  prier 
par  de  mes  bons  amis,  et  iK'annioins  je  ftis  de  1'avis  conlraire 
ii  cause  de  la  conseijuence  ;  ear  s'il  out  obtenu  cetle  favour, 
ions  les  deux  ans  il  t'-ut  on  qncl(}u'un  (|iii  out  demando  la  menie 
grace,  <x:  (jui  out  causi'1  bien  du  di-sordre.  Tons  taut  quo  nous 
sommos ,  nous  avons  pave,  jo  suisd'avis  (juocodx  *|iii  vieii- 
(ii'ont  paiont  aussi :  ////if  mil  <il>i ,  sn/t'f  n//f  ///>/'. 

La  reine-more  n'ost  point  encore  gui'rie;  olio  out  encore 
liier  un  frisson  de  deux  lionres  el  I'accos  de  dix  lieuros.  La 
jeiine  reino  ost  paroillomout  malade ;  olio,  ful  saignoo  bier  an 
matin.  (Juelquos  uns  disont  <|ue  la  reine-men1  intercede  pnis- 
sammont  jxiur  M.  la  ISa/.iniei-c.  el  qu'il  en  sera  roinis  on  li- 
bei-le.  Tibere  accordoi!  a  sa  mere  Livia  tout  co(prollo  lni  do- 
inandoit  :  ''/  mini  dchc/tfit  n//n/i  ,  lihwfdldn  <'t  niijU'rimn. 

(m  dit  que  la  Hongrie  s'est  I't'-xolti'i1  coutre  IVmpei'eiir.  el 
qu  olio  s  est  donnoe  an  Tnrc  moyoiinant  eertaines  condilion.^ 
ot'-cnniairos, 


^    I  Al.i.n.M.  I.  -i-'i? 

M.  le  prince  dc  Danemark,  (juin'a  quedix-sept  ans  passes, 
beau  et  bieu  fait,  partira  d'ici  dans  pen  de  jours  pour  aller 
t'a ire  un  tour  par  la  France  ;  il  va  d'ici  a  Orleans,  Tours,  An- 
gers, Nantes  ,  la  Hochelle  ,  Hordeaux  ,  Toulouse,  Lyou  ,  Ge- 
neve, Hale,  Strasbourg,  Frauct'ort,  Hambourg  et  Copenba- 
gue.  Je  lui  ai  donne  un  memoire  ,  alin  qu'il  vous  voie  (juand 
il  pussera  a  Lyon  ,  et  je  1'ai  recommande  a  M.  de  Pasberg  . 
brave  gentilbomme,  quiest  son  gouvernetir,  un  grand  blond, 
(|ui  est  picote  de  verole. 

Les  nouvelles  de  Rouen  scuit  mauvaises  touchant  la  sante 
de  M.  Longueville;  meme  il  y  en  a  qui  le  tienuent  mort. 

II  y  a  dn  bruit  en  Angleterre,  et  le  parlement  s'y  fortilie 
trop  contre  les  catholiques  aux  depens  de  la  religion  romaine. 
Je  vous  supplie  tie  dire  ;i  M.  Spun  (pie  je  lui  baise  les  mains, 
et  <|iie  je  le  prie  de  se  souvenir  decequeje  lui  ai  inande  jiar 
ina  derniere,  touebant  un  jeune  niedeciii  alleinand  ,  noinint'1 
M.  /olikot'er,  quidoitasouretour  ile  Hordeaux  et  de  Toulouse 
passer  a  Lyon,  on  il  le  verra  ,  et  de  lii  passer  a(ieneve,  a 
Hale,  a  Strasbourg,  oil  il  prendra  ses  degres  de  douteur  en 
niedecine,  et  de  la  s'en  retournera  a  Vieiine,  sa  ville  natale. 

M.  do  Longueville  est  inort  a  Kouen  ,  cj-  diijtliri  ^niilinn  /<•- 
bre  tertiana,  cf  flua/sus  dfisiltus  i:ini  untiimmialis  i-iiirf  it-1 ,  n-- 
/•nift  t'lti'fifi ,  rum  tut  /mi/tiiicx  cn'.Tt'f .  Notre  M.  Hra\er,  (pii  y 
avoit  ete  envoye  ,  lui  en  a  fait  prentlre  inalgre  le  refus  et  les 
plaintes  des  trois  inedecins  de  Hoiien  .  qui  etoient  d'avis  cnn- 
traire.  (le  n'est  pas  qu'il  saclie  fort  bien  cpie  le  vin  ('inetique 
<\st  un  dangereux  reinedeet  tin  pernieieux  POIMUI  :  in<ii>  il  y  en 
ordonne  tjiieiquelois  coiume  et.'la  ;i  cause  de  Glleliaut ,  <pn  est 
son  ami,  et  duquel  il  espen-  d'etic  avanci'1  ;i  la  cour,  bien  que 
s'il  vouloit  etre  honimede  bieu  il  passoroit  (iuenaut  de  bien 
loin:  mais  avoir  (iuenaut  pour  ami  par  laeheie,  dire  quehjut'S 
mots  grecs,  avoir  300,000  ecus  de  Ijeau  bien  ,  el  etre  le  plus 
avaricieux  du  monde  ,  cela  fait  venir  de  la  pratiipie  a  Paris. 
M.  de  Longueville  a  laissedeux  tils  dont  I  aiuea  ete  si  simple 
ipie  de  s'etre  fait  jesuitt' ;  on  1'apjieloit  lecomte  de  hmiois  ,  el 


il   nV.sl  pa>  trop  sage;  I'autiv  est  le  comic  de  Saint-Paul  ,'l 
Otte  niaison  est  fort  riclie. 

OuVsl  doveiiii  votreM.  Meyssonier?  Fait-il  encore  desalma- 
nachs?  Ne  vous  pourroit-il  pas  dire  par  ses  sciences  astrologi- 
(jiu-s  qua  ml  c'est  que  le  pativre  peuple  sera  soulage  par  la  di- 
minution de  la  taille  ,  et  de  taut  d'autres  impots  ? 

Nous  pourrons  avoir  dans  la  fin  de  1'ete  le  beau  /fiot/C'iica 
Ijicrtiti*  iii-l'olio,  grec  et  latin ,  de  M.  Menage.  Les  cahicrs 
<|ui  avoient  etc  egares  en  cheniin  sont  reeouvres;  on  y  tra- 
vaillo  a  Londres  tons  les  jours  :-ce  sera  un  des  meilleurs  ou- 
vragesdt;  1'antiquite.  ,le  vous  baisc  les  mains,  et  suis  de  tout 
mon  cn'iii1  votre  ,  etc. 

F)e  I'aris,  le  IS  mai 


LKTTHK  DCXV.          I//  tnhm>. 

Jc  vous  I'diict'cie  du  petit  paquet  que  JD  a  rendu  M.  Oolot  ; 
tout  y  est  beau  et  savant ,  I'l-licitcr  tujiltir  CMK  iinstnt  sccitlu  quod 
tnnfny  r / /'(a*  /trn/u/if :  j'entends  le  reverend  pere  Kertt.'t  et  Ale- 
netrier,  (/tdbit*  /n-n  tnntia  mmteribus  (/ratios  ago  singulares.  Mais 
comment  se  portele reverend  pere  Theophile  Raynaud?/  tinmn 
I'irtif  tit  iiiultoK  (tiutnx ,  Ht'f  niorx  t'ton  nttinijtit ,  <jue  quand  il 
verra  toutes  ses  u'livres  impriniees  en  vingt  volumes.  Ho  !  que 
j'ai  bien  envie  de  voir  tout  cela  !  Nous  avons  aujourd'hui 
presenle  a  M.  le  premier  president  /c  ('art/an  ,  de  Lyon,  en 
dix  volumes  de  papier  I'm  ;  il  a  tort  bien  rec.u  M.  Havaud .  et 
je  suis  assure  qu'il  ne  se  repentira  pas  de  lui  avoir  I'ait  ce 
i)resent.  La  reine-mere  est  bien,  Dieu  merei ;  elh1  ira  bientol 
•i  Saint-dermain-en-Laye  prendre  1'air  et  se  refaire.  Le  roi  el 
la  jeune  reine  sont  alles  a  Versailles,  qui  avee  M.  le  dauphin 
M>nl  en  bonne  saute.  J'ai  vu  aujourd'hui  M.  le  eomte  de  Kehe 
sKilir  de  cbe/.  M.  le  premier  president,  appuye  sur  un  baton; 

1  C.ohii  qui  iul  lur  an  i>a^a;je  du  Hhin  cu  1072.  Voyez  la  noto 
I.I.]),  -il-  -  oi'i  !>"<  Tffur  1'on  a  iinpriinr  Sainl-l'ol.  H.  1'.  N 


\    KALCONKT.  i  U> 

il  etoit  aecompayne  de  M.  1'abbe  de  la  Baslide.  II  a  bien  la 
mine  d'un  homme  <|ui  n'a  su  (juittcr  le  peche ,  mais  qtie  le 
peclie  quitte.  II  m'a  salue  forthumainement,  ct  moi  de  mejne 
lui  et  sa  compagnie:  mais  il  avoit  autretbis  bien  des  compa- 
jrnes  dont  il  n'a  plus  a  f'aire.  On  pent  dire  dorenavant  de  hit 
eequ'a  dit  Juvenal  in  opere  admiratido ,  sat.  X  : 

Jaccl  ejciguus  cum  r amice  nervus . 
Ei  quanicix  tola palpetur  norte.  jacebil. 

Uu  bien  il  dira  lui-meme  au  premier  proxenete,  qmxl  ill'' 
''//'trtux  apud  Petronium  :  Crcrlc  milii ,  f rater,  nun  intelliyo  )>tr 
ririini  e&sp ,  nun  sentfn  :  fnitcrafa  rst  /xirx  ilia  cnrporix  </t«i 
quondam  Ar/n'/lex  cram. 

On  s'en  va  translerer  du  Palais  a  I'Arsenal  la  cliambre  de 
justice. 

On  dit  ici  (jue  M.  de  Lonne  n'est  point  mort. 

M.  le  comte  de  Comieres,  de  votre  pays,  a  tHt-  eondamne 
a  la  tonrnelle  d'avoir  la  tete  coupee  en  Ciivve,  ce  <jui  a  »>te 
execute  mercredi  30  de  mai.  Je  le  vis  passer  sur  le  pout 
Notre-Dame  ;  je  soupai  le  meme  jour  avec  M.  le  premier  pre- 
sident, qui  avoit  preside  au  jugement  :  c'est  mademoiselle  dc 
Saint-Andre  qui  Fa  poursuivi  et  lui  a  fait  trancher  la  tele.  On 
dit  (ju'elle  est  cousine  de  M.  le  marquis  dc  Rebe.  Je  vous  baise 
les  mains,  et  suis  de  tout  monnrur  votre,  etc. 

Do  Paris  .  le  <>  juin  16«3. 


LKTTKK    DCXV1.  —  .\u  mi-nv. 

Je  vous  ecrivis  bier  ce  ijue  je  savois  de  nouvean  ;  ce  meme 
jour,  20  juin  1(>(>3,  deux  clioses  arriverenl  ;i  I'aris  :  Tune  est 
que  M.  Fouquet  tut  conduit  du  boi>  de  Vincennes  a  la  Ha>tille, 
;i  ([uatre  heun-s  apres  midi ,  par  300  chevaux  ;  1'autre  est  la 
mort  de  M.  duCledat,  un  de  nos  anciens ,  age  de  soixante- 
(juinze  ans. 

On  dit  (jue  la  cliambre  de  justice  linira  a  la  tin  du  mois 


i  lit  i  i.ri  iu>  in-;  1,1  i   r\ii\ 

prochain,  a  cause  qu'elle  retarde  le  commerce,  el  qu'elle 
empeclie  le  credit  de  ceux  qui  doivent  fournir  de  I'argent  an 
roi ,  tels  que  sont  MM.  des  cinq  grosses  fermes ,  des  aides  et 
lies  gabelles;  neanmoins  on  (lit  qu'il  y  aura  restriction  pour 
quelques  prisonniers  ,  et  entre  autres  pour  M.  Fouquet,  M.  Ja- 
nin  de  la  Ba/Jniere,  Monerot,  etc. 

La  reine- mere  a  pris  du  vin  emetique,  cj;  qun  luniji-  //r/ns 
/«•////////,  etmeme  le  medecin  decourin'a  dit  aujourd'hui,  ce 
'2  i  juin,  que  sonacces  t'ut  encore  hier  de  dou/e  Jieures.  /'/"//> 
>•////  Hii'tHHitt  a  shiiati'd  L'Vatitt ;  \e  erois  neanmoins  que  Guenaul 
espere  ([u'elle  guerira,  de  peur  de  decrier  sa  marchaudise 
empoisonnee,  maisilsegarderabien  d'en  iirendre;  IIKMJIC  on 
dit  que  la  reine-mere  pense  serieusement  ii  la  niort,  ctqu'cllc 
se  recoil) iiiande  aux.  prieres  de  tout  le  inonde,  et  c[u'on  s'en 
va  laire  des  i)rieres  de  quarante  heures  par  toutes  leseglises, 
et  y  exposer  le  Saint-Sacrement  sur  le  niaitre  autel  :  on  en  lit 
autaut  pour  le  cardinal  Ma/arin ,  niais  il  ne  laissa  pas  de 
niourir  bienlot  apres.  Ce  seroit  grand  donnnage  que  la  reine 
nioiirut  presenteinent ,  car  elle  est  bien  intentionnee,  et  a 
dessein  de  fa  ire  soulager  le  peu[)le  tie  taut  d'impots  qui  out  ete 
etablis  durant  la  guerre  }>ar  toute  la  France;  niais  il  arrive 
souventque  les  j»rinces  ineurent  quand  ils  out  envie  de  bien 
faire.  Quand  les  rois  d'Espagne  se  sentent  inalades,  ils  son- 
gent  a  nous  restituer  la  Navarre;  niais  lit  niort  les  attrape 
avant  que  de  I'etfcctuer:  ainsi  la  niort  ren verse  les  bons  dcs- 
seins  de  ces  messieurs-la. 

On  dit  que  les  acces  de  la  double  tierce  tie  la  reine  nmi- 
mencent  a  etre  plus  legers,  et  a  diininuer  :  1iti<'inn<i  i/t/i  <•*!  //// 
"itinttd  fort  iiK'nteur ,  et  qni  ment  coinine  un  inoine  qni  se  (lit 
venir  du  Japon,  (lira  que  (;'est  son  vin  emetique;  niais  iK-au- 
initins  on  dit  qn'eile  a  le  visage  fort  detail  el  cadavereux  ,  qui 
est  encore  un  mauvais  signe  que  1  antiinoine  pent  avoir  fait . 
el  qu  il  n'()te.'a  jainais. 

Enlin  ,  j'ai  fait  nn  nuin'iniu  inari:lie  :  j'ai  inane  inon  Jil> 
Carolus,  age  de  livnle  ans,  a  la  tilie  de  M.  I*.  HonmieK  nnui 
rullegue  ;  die  s'appclle  >ladcl«.n.  el  csl  agee  de  di\-inMil' 


V    I  M.i.oM.I  .  i  i  I 

aiih  moins  quatrc  mois;  belle  lille,  bieii  nee  et  bien  elevee  , 
(I'liu  bon  pere  et  d'une  sage  mere ,  uthaun  nmtiiu  fuuste  attcce- 
dunt ;  c'est  un  marche  douteux  pour  la  reussite:  u.curi  att/tti- 
riru  t/iurus  est  fntnlis  (1)  Le  bonlionime  Lipse  (|ui  avoit  une 
meehante  t'eniine,  a  dit  quelque  part  dans  scs  epitres  qu'il  y 
a  secret  du  destin  dans  les  manages;  mais  on  ne  sail  gueiv 
bien  ce  qu'il  t'ant  entendre  par  ce  destin,  si  nous  n'avons  re- 
cours  ii  Seneque,  (jui  a  dit,  .}«(/</•((,  l<'ortnn<i ,  I'rocidi'utin  . 
/•'((fttiit ,  itomtnu  sunt  unitis  cf  c/Hsf/r/n  iJet  ,  iwi'e  (lyiitis  in  rt'lmt 
Imnianis.  II  me  semble  que  saint  Augustin  ,  (jui  eloil  tivs 
persuade  de  la  Ibi  chretieniie,  n'auroitpu  mieux  dire. 

II  esl  arrive  un  malheureux  accident  (jui  retarde  la  grande 
rtlition  de  toutes  les  u'livresde  feu  M.  de  Bal/ac  :  c'est  que  sa 
vie  t'aite  par  M.  Girard  ,  grand-arch  id  iac  re  d'Angouleme,  est 
achevee ,  mais  ce  M  Girard  est  mort;  on  n'a  encore  pu  la  tirer 
des  mains  de  sesheritiers  II  y  aura  dans cette edition  lumvellr 
plusieurs  traites  nouveaux,  (jui  n'ont  pas  encore  ete  impri- 
mes.  Ce  grand  recueil  sera  precieux,  et  I'era  lionneur  a  la 
France,  aussi  bien  que  les  a'uvres  de  nos  plus  grands  person- 
nages ,  tels  qu'ont  ete  les  Mpmoii'es  de  Ph.  de  Comines  ,  de  Ma- 
thieu,  les  h'ssuts  deM.  de  Montaigne,  YJ/isluire  tniin'rvllv  de 
M.  le  president  de  Thou,  la  Suycsw  de  Charon,  In  /{''jjtiblif/'"- 
de  Bodin  ,  les  uaivres  de  Lamotte-le-Yayer.  Kernel ,  Hoi  her. 
Cujas,  Scaliger,  les  peres  Sirmond  et  Petau,  le  cardinal  du 
Perron  ,  M.  Coril'eteau  ,  el  a  litres  en  grand  nombre. 

Le  roi  et  la  reine,  M.  et  madame  d  Orleans  sont  allo  a 
Saint-Germain  se  rejouirde  la  convalescence  de  la  reine-meiv. 

On  recommence  a  parler  d'un  certain  accord  preteiulu  en- 

tre  les  jesuites  et  les  jansenistes;  on  (lit  i|iie  c'ost  le  pape  (|iii 

• 

I,  l>e  Irisle  uiol  cle  mai'cliv  qu'einploio  ic'i  (iui  1'alin  comaic  MIIO- 
nyiiu1  de  inariagc,  nc  manque  pa-,  de  \erile.  Anjoiird'hui  commc  de  son 
temps  ,  ii  pen  de  chose  pros,  les  manages  ne  soul  que  des  marcher ;  on 
aecorde  an  plus  oitranl.  (dependant  la  femme  de  Charles  1'alin  elail , 
en  efl'el,  d'un  esprit  Ires  remarquablc.  l.orsque  son  mari  exile  In  I 
prolesseur  a  Padoue  .  elle  devint  ineinhrc  de  la  soc'iele  des  ricovrali. 
Voy.  llayle,  article"  dti>  I'ttdn  et  ^  Italics  1'alin.  /  [{.  V. 


i  il  I,KIIIU>  in.  1.1  i  r\  i  IN 

Je  vent ,  el  que  lepere  Ainiat  y  est  fort  port*',  malgre  les  peres 
et  ses  companions.  J'ai  peur  ({u'il  n'y  ail  la  quelque  super- 
eherie  cacnee ,  et  (|u'il  n'y  ait  quelque  frere  simplicien  at- 
Irape.  Balzac  a  (lit  (|ue  les  fernrnes  f'aisoicnt  la  plus  belle  par- 
tie.  (In  nionde,  maisa  rnon  avis  lesjesuitesen  font  la  plus  fine. 

Quid  quid  id  est ,  timeo  Danaos,  el  dona  ferente*. 

Je  vous  baise  les  mains,  et  suis  de  lout  inon  e,ueur  votre,  etc . 
DC  I'aris,  le  19juin 


LKTTKK  DCXVII.  —  An  menu. 

J'ai  (Ipssein  de  repondre  a  celle  (|ue  je  viens  de  recevoii'  <lc 
vous,  avec  eelle  que  vous  avez  pris  la  peiiuj  d'eerire  a  111011 
second  et  cher  tils  Carolns  ,  que  je  lui  porterai  deniain  matin 
IMen  aidant.  Jene  connois  point  ce  inedecin  de  Nancy,  nonniK- 
M.Pei'rin.quisedisoitautrefoismedecindemadameladuchesse 
d'Orleans,  qui  est  de  Lorraine,  en  vertu  de  (juoi  les  Lorrains 
taclioient  iei  de  faire  fortune,  mais  ils  n'ont  pu  ;  sur  (juoi 
M.  Pen-in  s'en  retourna,  apres  avoir  epouse  line  iillede  Paris, 
dont  le  pere  etoit  orlevre,  a  <[iii  il  avoit  fait  arcroire  (pie  sa 
fortune  etoit  tonle  d'or,  wd  />n>  thesauri)  rurhniH'*  mrrnif. 
(^'e.st  celui  que  je  ne  vis  jamais;  je  sais  bien  qn'il  trouva  furl 
mauvais  <jue  je  ne  lui  voulus  point  donner  heure  pour  line 
consultation,  ayant  alleguc  pour  nies  raisons  (|iie  je  ne  le 
connoissois  point,  huinu  itort/x,  iwllntK  noi)iinist  null  inn  ilnjui- 
tutix,  que  les  lois  de  la  Faeullt'1  me  defendoient  de  consulter 
avec  des  medecins  etrangers  :  sur  quoi  le  bun  sci^neui-  sc  mit 
en  colere,  et  (lit  que  je  n'elois  (in'iin  i^noi'anl  ,  ct  (|iic  je  n'o- 
suis  |>as  user  d'antimoine.  (iiieiiaut  y  fill  ii  ma  |»laee.  qm 
ftuit  de  tons  buns  accords,  el  qui  ne  truuvuit  rien  ni  dc  Irup 
cliaud  ni  de  trop  froid  ,  vuire  iiicme,  (|ni  par  son  avarice,  dc 
nenr  de  perdre  nn  ecu.  sc  trouvoit  (uns  les  jours  avec  des 

I  i  J 

diarlatans ,  dcs  cliimistes,  cl  tonics  sorte?  de  cutirenrs :  \cil,t 


\  ru.O'Nhi  .  \  i:» 

oil  j'cii  suis  avec  M.   I'errin.  .SW  .s/i1?  /wA/s  faecal,  sire  unn  , 
ml  cat  il/e,  ct  abcut  in  fjona/n  rem  xiiam. 

Le  testament  du  Mazarin  est  imprimeen  Hollande;  le  t'ae- 
tuni  de  M.  Kouquet  a  Paris,  et  les  memoires  tie  M.  tie  Laroclie- 
fbucault  a  Bruxelles.  M.  Fonquet  a  presente  unc  nouvelle 
requete,  laquellc  laisse  blendes  articles  a  decider  a  ses  juges, 
et  qui  reculeront  fort  la  fin  du  proces  ;  memo  on  dit  qu'il  a 
dessein  de  recuser  M.  le  cbancelier  et  de  se  declarer  son  ac- 
cusatenr. 

On  parle  ici  de  la  grande  maladie  du  petit  prince  d'Kspagne. 

M.  le  chevalier  m'abien  promisde  bien  t'aire;  il  vasouvent 
an  parlement  et  aux  audiences:  il  retient  fort  bien,  selon 
qu'il  me  raconte,  les  interets  des  parties  qui  plaident  a  la 
grand'chambre,  et  qui  viennent  de  tous  cotes  plaider  a  Paris. 
II  m'a  dit  aujourd'hui  fort  particulierenient  comment  (ie  cer- 
tains chanoines  d'  Angers  avoient  perdu  leur  proces  ,  et  memo 
avoient  ete  condamnes  a  1'amendeen  une  ^ause(|u'ils  avoient 
cntreprise  contreleur  eveque,  qui  est  frere  de>l.  A.  Arnauld  , 
docteur  de  Sorbonnc,  <[ni  est  si  savant,  el  qui  est  le  cliefdu 
parti  des  jansenistes. 

Feu  M.  Naude,  qui  n'etoit  point  medisant,  m'a  dit  autrefois 
<pie  M.  G.  Scharpe  ,  medecin  de  Monlpellier  et  Ecossois  ,  n'e- 
loit  mort  a  Boulogne  <pie  de  tropboire,  et  je  sais  bit.'ii  dn 
bonne  part,  par  des  gens  qui  1'ont  connu  ,  tpi'il  eloit  grand 
ivrogne  ;  je  sais  bien  aussi  qu'il  eloit  fort  savant,  et  surlout 
grand  logicien  ,  et  c'est  tie  lellesgens,  aussi  bien  que  des 
Ilibernois  ,  qu'il  fan  I  entendre  le  beau  vers  de  M.  llemi  ,  pm- 
fesseurdu  roi  ,  lorstju'il  dit  deces  gens  qui  disputent  si  volon- 
tiers  ft  tuni  /nti 


Hens  rutionc  I'nn'n.t  <t  ntentvm  patlH  I'l 

C,e  vers  se  |)eul  aussi  appliquer  aux  cbimistes. 

Nous  avous  ici  uiisavanl  personnage  ,  nomine  M.  Menage. 
a  qui  ce  vers  a  pin  si  fort  qu'il  a  dit  plnsieurs  f'ois  (ju'il  en 
voutlroit  etre  rauleui1,  et  avoir  donne  le  meilleur  tie  ses  be- 


in  1. 1. 1 

netices.  II  lit;  lais>&eroit  point  de  fa  ire  bonne  chert',  caril  en  a 
beaucoup  d'aulres;  c'est  de  lui  que  nous  attendons  bienlot  le 
beau  JJiuyt'nvs  Lai>rtins  grec  et  latin  in-folio  de  Londres  avee 
de  beaux  connnentaires.  II  n'y  a  plus  que  I'epitre  dedicatoire 
de  M.  Menage  a  envoyer ;  mais  j'ai  peurque  cela  ne  tire  de 
long;  la  (in  des  grands  livi'es  est  tou jours  accompagnee  de 
quelque  einpechement ,  joint  que  les  libraires  uwiuuf  /u-n/if- 
rari'  ,  t>t  cjiisiiiodi  /incut  nun  intcll /</"///. 

IMutarque  a  dit<|uelque  part  que  la  derniere  pierre(|ui  mil 
la  (in  an  bailment  du  temple  de  Diane  en  Ephese  t'ut  truis  rents 
ans  a  etre  trouvee  ,  taillee  et  appli(jueea  ce  grand  batiment. 
Je  in'eiHiuerrai  demain  cliez  M.  I'ambassadeur  de  Danemai'ck 
si  le  prince  de  Daiieniarck  ira  it  Lynn ,  et  apics  je  vous  en 
ccrirai.  On  dit  ici  que  nous  allons  avoir  im  grand  connnerce 
sur  iner,  et  que  le  roi  a  acliete  des  Porlugais  1'ile  de  Aladere. 
Jc  vous  baise  les  mains  ,  et  suis  de  toute  mon  aiuc  volre,  etc. 

DC  Paris,  le -27  juillet  1G63. 


LETTKE  DCXV11I.  -   \//  menu-. 

Je  vous  euvoie  un  ecril  nouveau  que  je  ii'ai  pu  lire  lout 
entier  sans  rire;  je  crois  que  vous  en  f'erez  an  taut.  Vous  y 
\erre/,  un  bel  echantillon  des  bagatelles  que  le  temps  present 
nous  fburnit,  ft  deliria  moneutls  wcnl! . 

I'ourcequi  est  de  Jean  Liebaud  ,  c'etoit.un  mcdecin  bonr- 
^uignon  qui  ne  lit  janiais  ici  fortune.  II  etoit  gendrede Char- 
les Eslienne,  (jui  inourut  accable  de  dettes  dans  le  (Miatelet. 
Aprescettemort,  Liebaud  s'en  alia  mourir  a  hijon  ,  son  pays. 
Sa  t'einme  s'appeloit  Nicole  Estienne;  elle  etoit  niece  du  grand 
KolnTt  Estienne,  le(]uel  quitta  Paris  apres  la  inort  de  Fran- 
cois I",  se  voyant  prive  de  son  bon  maitre  et  persecute  par 
les  sorbonistes,  pour  se  retirer  a  (leneve  ( I ).  Ce  livre  de  In  I/// 

(lj  On  lira  avcc  le  plus  \\\  inlfict-  sur  celle  jjrandr  Omiillc  <lc- 
1-Xipiine,  I'lioniK-ur  do  la  typographic  triiiicai^c  (|iif  lour-  ouM'a;'.r- 


V    KXl.r.ONET.  14"> 

Indie  tie*  [runups,  do  Uobaud  ,  n'esl  qu'une  trafluclion  de  .)///- 
rliii-llus,  ipii  I'avoit  Tail  (Mi  ilalion  sous  le  litre  de  la  Comarn. 
On  imprime  ici  VA/ntlot/ic  pour  /PS  mrdtcins  contre  ceux  (jui 
It's  acrusent  da  di'frrcr  fro/t  f'i  l«.  nature  ft  fit-  n'avoir  /mint  di' 
i-i'liyirni,  parM.  (>li.  Lussauld.  Si  M.  Amyraut  daigne  sodonner 
la  peine  de  repondre  a  ce  livre,  il  est  homme  a  dire  la-dessus 
de  belles  ehoses  ,  quo  Lussauld  ne  sail  point ,  of  qui  no  sonf 
point  dans  son  livre.  Je  lui  en  ai  suggere  quelques  unos,  et 
entreautres  de  beaux  passages  et  de  bonnes  autorites,  inaisil 
ifon  a  pas  fait  oas  :  aussi  esf  il  d'une  province  qui  n'est  pas 
loin  dn  pays  d'Adiousias,  on  ils  sont  plus  glorieux  quo  sa- 
vants, et  ne  manquent  pas  de  vanite.  Ainsi  seroit  re  conlro 
la  raison  ot  memo  contro  le  droil  des  gens  qn'nn  I'oilovin 
presque  Gascon  voulut  apprendro  qnelqneclio^ft  d'nn  Picard 
qui  est  sorli  de  la  garenne  des  S(»ts. 

Mas  files  pulii ,  nati  in('t>licibu*  ovi* 
I'ercennn  in  palria,  rraasoffue  xnl>  aere  nali. 

iNtur  1(>  nouveau  catalogue  de  Franctort ,  je  n'y  li'ouve  rien  ; 
1<^  Alleniands  ne  prennent  point  le  cheinin  do  la  ire  quel»|iit' 
bello  production  pour  le  salul  du  genre  lininain  ;  ils  so  lais- 

ct  lenrs  publications  onl  immortaliseo,  1'onvrage  ayant  pour  litre: 
,\»nales  de  I'imprimerie  des  Ksticnne  ,  on  Histoire  de  la  famille  des 
Estienne  et  de  ses  edition:- ,  par  Ant.  Auii.  Ronouard  v  anoien  liUrairc  it 
I'aris  ),  2*  edition  ,  Paris,  1843  ,  iii-8°  do  384  pages  a  deux  colonnes. 
A  pres  avoir  public  les  Annales  de  I'imprimerie  des  Aide,  la  gloire  dr 
I'ltalie,  il  appartenait  a  M.Ant.Aujj.  Hrnoiiard  de  romplcler  I'his- 
toire  lilteraire  et  bibliographi(|uc  du  \vi'  j-it-rli-  par  Plii^loire  dc  ccltc 
tamille  do  lypographes  qui .  dans  les  memes  toiups.  servait  et  honorail 
hi  Kraiire  j)ar  de  savanles  et  belles  publications,  el  qui ,  sinvant  les  cx- 
|iressions  de  -M.  Magnin  ,  pour  prix  Jes  plus  penibles  veille*,  des  pln» 
part'aites  productions  ,  des  plus  couteux  sacrifices  ,  ne  recneillil  que  la 
pauvrete  ,  I'e.xil  et  les  persecutions  <lu  clerge ,  I'abaudoii  de  l.i  ('our, 
line  prison  pour  dettes  au  (.halelel  .  un  lit  it  Phopital  de  Lyon  |>our 
le  plus  illustre  de  ses  inenibres  ,  un  j.rnbal  ,  et  line  biere  enlin  a 
I'llotel-Dieu  de  Paris  ,  pour  son  dernier  representant.  <  Jntirnnl  ./cv 
Xm-iiHls  .  udobre  I8i0  .  pa;-;e  liid.  H.I'. 


446  LKTTHKS    DE   M'l    PATIN 

sent  trop  emporter  a  leur  genie  el  aux  belles  promesses  de  la 
chimie.  Je  vous  baiseles  mains  et  a  loute  votre  famille. 
Do  Paris.  Ie3jnillet  1663. 


LETTRK  OCXIX.  —  An  )„<'>><><>. 

La  re 'me -mere  n'est  pas  encore  bien;  Ton  (lit  qu'elle  ;t 
mauvais  estomac  et  lo  visage  fort  detail ,  a  cause  deqnoi  elle 
n'a  encore  bouge  d'ici.  J'a-i  ceans  la  troisieme edition  du  livre 
de  M.  van  der  Linden,  flc  Vv//>//x  mrdicix,  en  un  grand  vo- 
lume in-octavo,  ej:  dono  avt/ti.ns.  J'ai  aussi  recu  de  Saumur 
line  nouvellc  edition  du  Longinus ,  mm  tmti*  Tcn<.  Vahri . 
in- 12.  Le  Fr.  Rabelais  est  acheve  en  Hollande  avee  quelijiir 
explication  nouvelle.  L'llippocratede  M.  van  der  Ijnden  con- 
linuc  f'ortement. 

Je  ne  vous  ecris  rien  touchant  M.  le  prince  dc  Danemarck. 
On  dit  ici  qu'il  est  a  (ieneve  ;  mais  on  ne  sail  s'il  en  reviendra 
on  s'il  s'en  ira  par  I'Allemagne.  /:.</  alirpind  /H-I/I///!////  />fr<i/it- 
fiH/tnix  in  fi'iicbris.  On  parle  d'nn  nouveau  traite,  que  (jueUpies 
mis  interpretent  du  mariage  avec  mademoiselle  d'Alencon: 
mais  M.  1'ambassadeur  n'en  dit  mot  ,  sinon  <pf  il  est  accabl/- 
d'affaires,  et  qu'il  a  peurde  ne  s'en  point  retourner  sitot  (|u'il 
esperoit,  a  cause  des  nouvelles commissions  qu'on  lui  envoie 
toutes  les  semaines.  Votre  jeune  docteur  esl-il  revenu?  Je  Ic 
>alue  citm  inatre cttrfmiintn ,  avec  les  Kli.  peresTheophile  Hay- 
naud,  Hertel  ct  Menetrier,  (^t  suis  dc  imii  IIKU:  ciriir  votrc,  etc. 

DC  Paris,  I,-  17  juillH  Hi<»:?. 


LKTTKK  IK;\\. 

Void  nne  nouvelle  de  laquelle  pen  de  gens  se  doutoient  : 
le  roi  a  rcmercie  >f.  Talon,  et  a  revoque  sa  commission  de  la 
chambre  de  justice,  en  le  renvoyant  an  parlement.  On  dit  que 
voila  une  marque  tres  ('videi)te  de  la  favenr  de  .M.  ('.oilier!  an- 


A  FALCONET.  44* 

pros  tlu  roi  ;  il  a  reussi  a  fa  ire  ee  coup  a  cause  de  M.  Berrier, 
sou  premier  commis,  (|ui  avoit  ele  menace  par  M.  Talon  , 
pour  quelques  faux  memoires  <pi'il  lui  avoit  delivres  contre 
M.  Fouqnet. 

La  venue  du  roi  au  parlement  est  remise  a  la  semaine  pro- 
cliaine.  On  (lit  aussi  que  le  roi  vent  red  u  ire  la  cliambre  de  jus- 
tice au  nombre  de  douze  ,  pour  retrancher  la  depense  el  la  ire 
depecber  le  proces  qui  traine  depuis  si  longtemps.  Au  lieu 
de  M.  Talon,  le  roi  a  fail  deux  procureurs-generaux,  dont  1'un 
est  puremenl  pour  M.  Kouquel,  I'aulre  esl  pour  les  affaires 
civiles  de  la  cliambre  de  justice.  Le  premier  est  M.Chamillard, 
maitre  des  requetes  ,  el  frere  du  docleur  de  Sorbonne  ,  grand 
anli-janseniste  el  prolesseur  en  tbeologie  ;  1'autre  esl  M.  de 
Fontenay-llotman,  aussi  maitre  des  requeles,  qui  est  alliede 
M.  Colbert.  Voila  qui  fait  line  partie  de  1'histoire  de  noire 
lemps;  apres  le  lemps  present  il  en  viendra  un  autre<|ui  nous 
produira  des  spectacles  nouvvaux,  qui  feront  toujours  dire 
vrai  au  poete,  auteur  de  ce  distique  : 


Elnquar  an  sileam  ?  sed  qiuc  lam  dissila 
Itarbaries  Franw  liidiltria  nesciat  <inl<{',  etc. 

Le  roi  a  fait  fa  ire  commandement  a  la  marechale  de  1  Ho 
tal  qu'elle  out  it  serctirer.  On  croit  (jue  c'est  pour  avoiv  |>;irle 
en  laveurde  M.  Talon,  a  <jni  neanmoins  on  n'a  fait  aulre  tort 
i|iie  de  le  delivrer  de  beaucoup  de  peine  et  d'une  commission 
odieuse,  et  qui  lui  produisoit  tons  les  jours  ^rand  nondnT 
dVnnemis. 

Je  baise  tres  huinbleincnl  les  mains  au  reverend  peiv 
Hertel  ,  el  le  remeix-ie  de  son  souvenir.  Les  u-uvres  du  pt%iiv 
tiibalin  sont-elles  sous  lapresse?  J'ai  envoye  vosdeux  let  t  res  a 
leur  adresse.  Le  chevalier  de  la  I'ome  a  pave  son  nu'decin  ;i 
Lyon,  comme  ses  parents  font  ;i  Paris.  M.  Merlet,  M.  Blondel 
et  moi  y  IVimes  aussi  bien  cpie  vous  at  trapes  il  y  a  deux  ans. 
In  uric  Him/I'd  ni<ji'<il  itiid  i  nix  iilctni  mini  oinnui  ;  innn/n  situ/  tii- 
i/t'ti/ti  ,  nilnl  IITISSI-  ln'ittf/lii'  I'*/  :  /nrtiiiiiiu  in  nlhi  nrln&  ,  ft  in 


•148  I.KTTKRs    DK    (.I'i    F'\TI.\ 

stfi'/h  riln  /ii/nif/'  i>i-rit.  f'/'i;  htnlli  nnlti ,  i>r<>  ///>/y//'/Y'o  mti'f-ixsii 
i-iirtlliu.*; .  i'l  $i>i'rti$  si/i'ff/f  fifth' urns  tictilm.  llifi'li.r  lulimn  i't  sfc- 

fi/i's  ihnnimnitur  <ivemt>.  Prenons  patience,  ct  tenons  pour  cer- 
tain que  nous  soinmes  encore  phis  heureux  qu'eux  ,  on  taut 
que  nous  ne  sommcs  ni  marchands,  ni  usuriers,  ni  banque- 
routiers,  comnie  sont  tons  ceux  de  cette  race.  Iti  mcrt-ntiirn 
wining'  e$t  aliquid  iniifticinn  rirfnti  jiro  wercutoribus.  C'est 
pourquoi  Ciceron  a  fort  bien  (lit ,  et  fort  voritabloment  :  Offi- 
cina  nihil  Iwbct  i)i(//'iii</.  Krasnie  haissoit  les  niarchanrls,  (/>«>- 
)tin/tt  crfit  iirapriurii  cjmmofli  hnminmn  niliil  uliiid  mcilitfu'i 
i/nfun  litcntm  ,  cfinm  ti//'/>?  cf  ftrfhtm  (l\. 

J'apprends  que  M.  Morissct  n'est  pas  bleu  a  Turin  ,  qu'il 
(>st  fort  bai.  Les  Francois  ne  seront  jamais  aimes  des  Italiens; 
ils  sonl  plus  tins  que  nous ,  mais  nous  soinmes  plus  lionntMcs 
i-ens  qu'eux.  Ils  n'etudient  guere,  et  croiont  pourtanletre  foil 
savants.  J'en  ai  vu  qui  se  moquoient  do  nous,  a  caus(>  do  la 
iirande  peine  que  nous  nous  donnons.  Ils  disent  que  nous  j>ur- 
tons  la  science  sur  nos  epaules.  .le  ponrrois  dire  qu'ils  me 

;l)  Qifaurail  j)onsc;  (iui  I'atin  s'il  cul  vu  HMO  rpoqut1  assureinnil  |>lu>. 
Horissante  que  la  sionne ,  on  Ton  peul  oxcrcer  sa  portion  dc  soun>- 
rainnte  an  moycn  (rune  palonto  do  marchand  dc  drap  ,  d'epiciei  .  dc 
brocanteur, etc.;  s'il  cut  assi»le  a  1'avencinent  dc  la  bourgeoisie  cjiii  ^oii- 
verne  aujourd'hni  sou-;  la  rai-^on  ronunercinlr  '.'  Voila  la  reponse  a  la 
question  du  cclchrc  pamphlet  dc  Sieves  :  (Ju'pst-cc  <jitc  le  tiers-plat  .' 
N'est-ce  pas  aussi  le  cas  de  repeter  :  lout  se  voit  en  France.  Cepcndanl 
est-il  vrai  que  les  agitations  politiques,  les  divers  j;ouvernenients  n'onl 
<jue  change  les  formes  et  non  le  caractere  de  violence  et  d'arbilraire  .' 
•pie  les  principcs  out  clc  proclames,  mis  en  lumicre.  ct  jamais  en  action  : 
en  tin  mot,  que  la  revolution  franchise  .  en  promcllant  le  bonlieur  dc 
tons,  a  manque  dc  parole  a  I'humanite  :'  Cos  cpiestions  sont  dclicatcs 
ct  difliciles  a  resoudre.  Toujours  est-il  que  dans  notre  sociele  la  masse 
n'est  point  hcureuse,  qu'il  if  y  a  pas  place  pour  tons.  II  est  allreux  de 
penser  que  Mallhus  a  pu  ecrire  a\ei-  quehjue  rai<on  le  passage  siiisaul 
qui  resume  sa  doctrine  :  «  In  homme  qui  nail  dans  uu  monde  deja  oc- 
cupe,  si  les  riches  if  out  pas  hesoin  dc  son  travail,  est  rcellcmcnt  de  trop 
sur  terre.  Au  j^rand  banquet  dc  la  nature,  il  ifv  a  point  de  corner! 
mis  pour  Iui.  [.a  nature  Ini  commando  de  s'en  aller.  el  die  ne  tartlc 
pa-  ii  niellri1  dle-nicme  eel  ordre  it  execution.  ft.  I'. 


\    IUCONKT.  /j^i) 

font  sou  vent  pitie  avec  leur  esprit,  el  qu'iU  in-  IVmpluieul  .-(in- 
vent (|u'<i  malice.  Si  la  princesse  vient  ii  mourir,  il  n'est  pa> 
bien  ;  vous  save/,  bien  comme  elle  est  sujetle  a  des  llnxiuns  sur 
lapoiti'ine.  Je  vous  baise  les  mains,  a  madame  Falconet ,  el  a 
M.  Spoil,  noire  bon  ami,  etsuisde  lout  mon  eu-ur  votre,  etc. 
!>«•  I'.-iri*.  ce  i  di'Tviiibir  Ki<»H. 


LKT'IKK  I  HAM. - 

Le  i'oi  t^l  all*1  au  palais,  on  il  a  I'aiL  enre^istivi1  les  iiom.s 
ili-s  ijualoiv.e  dues  el  pairs  noiiveaux.  Je  suis  bien  aisi'  tjne 
.M.  Tliel,  yeutillioinnie  do  Dant.-marck,  de  ^rande  el  aneienne 
maiMin,  soittombe  enlre  vos  mains;  il  m'a  fait  I'liomicurde 
me  le  mander  lui-iueme.  Je  vous  adresse  une  letlrt:  pour  sun 
cpbuie  ,  (jui  esl  mi  lor  I  lionnele  li(jinme  ,  nomine  M.  1  'o-h.  (!e 
.M.'lnet  est  promis  a  la  petito-iille  de  Tyeho-Iiralic ,  yrand 
seigneur  de  Daueinarek,  grand  malliematicien ,  el  heuretix 
reslaurateur  de  rancienne  astronomic,,  <jni  mournt  en  sun 
clialean  il'La'anisbourg,  daiio  Tile  de  Iluen,  dans  la  merl»al- 
litjiic,,  1'an  -GUI,  oil  ii  s'eloit  retire  duns  la  disgrace  de  son  roi. 
Avez-vous  om  parK'r  do  la  redinte  de  la  duchessede  Savoie? 
.M.  Morisset  y  est;  mais  neamnoins  le  roi  n'a  pas  laisse  d'y 
riivoyer  un  medecin  par  quarlier,  nommt!  Vai/on  ,  ijin  e.U  un 
des  amisde  Valot  ,  qui  apparemment  lui  a  proeun'1  eelieeoni- 
misMoii.ll  lavoit  mis  auprcs  du  cardinal  .Ma/arin  en  sa  pre- 
miere maladie :  c'etoil  lui  (jui  le  veilloit.  On  dit  tju'il  en  a  elc 
nial  recompense.  II  tail  I'lionune  d  importance  et  le  m\>li- 
I'ieux  ,  mais  tout  son  tail  esl  pen  do  cbose,  //<///  rsf  .s'//c/»^> 
.  1//-/////////.S ,  doiit  il  est  fait  mention  dans  les  adages  d'Krasiue 
Je  vous  baise  Ires  liumblement  les  mains,  a  matlemoisellc 
I  .deonet ,  el  a  M.  Spoil ,  noire  boil  ami  .  el  stiis  dc  loult1  nuui 
ami;  volre ,  elc 

IK-  I'iiii-.  I.-  IS  tk'i'.-iiilM-i-  lUli.!. 

III.  -j'J 


4."><)  I  KTTUES    I>K    I.I  I    I'UIN 

LKTTRK  I  )<:\\l  I.         An  mnm; 

4t!  vous  renvoie  votre  lellre  de  M.  Toi'iui  ,  dans  laqnelle  je 
vois  tonte  1'humeur  do  M.  Morissel  .  (jui  est  capable  de  s'a- 
chever  et  dese  galer  de  dela,  conime  il  a  bien  commence  de 
deea.  Oh  !  que  la  van  He  est  un  it  rand  vice  ,  et  (jn'olle  aven^le 
aisiMTient  les  homines:  Madame  royale,  sa  maitresse,  a  Ics 
deux  mau\  qnc  vous  me  inaiidcx,  el  je  liens  pour  ecilain 
t|u'elleen  mourra,  tnm  rntiun<'  dhtturunnnn  »///"//////,//,  //////  ,i>in- 
//s  inqrawscentis  ,  Inin  yrucissinw' (•(  > m (/a is.*: nnt>  />'////,'•>/. f//\. 
II  y  a  eneore  bien  loin  d'ici  an  l.'iavril;  si  madame  royale 
n'esl  bien  forte  ,  elle  ne  vesistera  jamais  dtqillci  Inidrrqti&i ;  il 
n'en  fautqu'une  pour  latner,  xci-'/m  in  t/iwace  ronclusum  nulla 
ttrfp  exhourltn)\  f/xnni  p'1/'  scctionem  nut  pci'foralionem ,  n  </'/«  t«- 
men  pnnri  rvadnnf ,  into  pfMcissfnti^penc  nulli:  n  en  ileplaiso  a 
celni  des  notres,  qni  est  mi  vieux  ton  ,  ([iii  dit(|iie  le  sonverain 
remede  de  1'hydropisie  dn  ponmon  esl  /ti/dt'ai'f/f/rtw'ii,  le  lln\ 
de  bouchc  ,  comnn'  anx  veroles  :  >i<(  /mpn/mn  [>h<il<'rn* ••!  Tons 
les  Tons  ne  sont  pas  dans  les  I'elites-Maisons.  O  (///fin//////  '•>•/  /'// 
/W///*  inniK'!  Lou  a  eiixoyi1  a  Turin  M.  Vai/on  ,  a  la  senle 
recommandalion  de  \alol.  il  fait  bicn  I 'entendii .  rhoinnie 
de  secrets  et  dimportanee;  mai^  jc  le  tit'iis  cent  to  is  an-dcs- 
soiis  de  ^f.  Morisset,  en  fait  di1  science  et  de  bonne  medecine. 

,l(^  IK;  verrai  M.  le  premier  president  qn'apres  les  liois;  dans 
la  premiere  occasion  je  prendrai  nion  temps  de  lui  pai'lcr  de 
nos  six  ans  ,  qni  est  mi  ^rand  tenne  ;  il  est  vrai  <pie  la  plu- 
part  de,  ces  jeunes  medecins  ne  savent  rien.  11s  nV'lndient 
point  ;  on  les  hate  anx  universites  ,  an  lien  de  les  examiner 
rigoureusenient,  rarilsont  penrdi!  pcn're  lenr  mai'ehandise; 
i-t  [tour  cela  mt'ine  les  medecins  de  Kouensonl  en  ^rand  pro- 
ces,  et  ceux  d'Amiens  anssi  :  et  ainsi  pi-e^qne  partonl.  Tons 
les  villages  de  \ormandie  sont  lant(%)l  pleins  de  mt'decins,  /////.v 
ftiii/i  m in  ricus  nhuwlnt  frintlhus  <//;>vv/. •//>•/  Triiilus  ninnr  rifir '. 
t-t  neanmoins  on  voit  par  lonte  la  France  line  p;ui\  i  ,-!e  p;il»li  - 


A     r\I.IO.NKi.  4.M 

quo  et  genera  le.  I  'n>  r //•/?>•/  Mflllipurace  royaumedes  Francs 
(jui  s'est  laisse  gouverner  depuis  pen  par  des  anirnaux  routes, 
par  descardinaux  enrages  d'avoir  lo  bien  d'autrui  et  do  laiss  r 
beaucoup  de  biens  a  lours  noveux  ot  nieces.  \\Ptibi,  tnro, 
oijus  I'c.i'  jtuer  put ,  cl  in  fjuu  f,r incites  cumedunt  mime  I  Des 
temnies  ,  des  favoris  et  des  princes  de  pen  do  courage  onl 
ton  jours  gate  le  gouvernement.  Les  petitos  universites  nmni- 
frafe  fiprcfinf  in  jinblicd  commoda  ;  olios  no  ronvoiont  person  no. 
Si  lojouno  docteur  n'est  rpru  a  bou  inarclio  en  un  omlroit  ,  il 
h'on  va  on  un  aulro  ;  o'ost  pounjtioi  coux  do  Hoiniss'en  vont 
plaider  conlro  coux  d'Angers,  d  autant  (ju'ils  lonl  inoilleur 
inarche  do  lours  do^ros  acadomiques  ,  avoc  un  Ic^or  oxainon  , 
pou  de  temps  ol  sans  Iliosos  s'ils  no  voulcnt.  Enlin  ,  si  on  no 
irouvo  roniodoii  un  lol  desordre  .  il  >ora  plus  grand  nombre 
do  moderins  on  r'raneo  (ju'il  n'y  a  do  poinmos  on  Nnrmandio. 
on  qu'il  n'y  a  do  fmii  on  Italio  ot  on  Esjia^no.  S;ins  davan- 
lai^o  exagoror  lour  ignoranoc,  laqu<;lle  ost.  do  vcrilo.  extrome, 
honleuse  et  jit'i-illo'iso,  ils  nc  voiilont  plus  tnoino  otudior  iti 
avoir  do  livres;  c'osi  asso/  juxir  oux  af  lifi/ifmtt  in  ui<n<il>iix  <li- 
j//ii///ii/ti  iifiiflf'niiffi ,  I'li/nn  I'ili  ti'i'i'  t'c/If  ntjitfi .  ol  qu'ils  soionl 
cousins  ou  voisins  do  (piolquos  ohirurjiicns  on  apotliiraires. 
•I'on  ai  vu  inoino  qui  avoi-'iit  do  luussos  lotlros.  Us  so  rotiront 
en  lour  |iays.  village  ,  bourg  ou  petite  villo  :  a  |>oino  oul-il> 
un  I'l'i'tlnlris  ot  mi  l-'i>nit>l ,  qu'ils  jj'onloiidout  point  ,  el  foul 
les  onlendus,  coimne  s'ils avoieniy^s  citn'i-t  Hfi-is!  J'ai  \u  un 
Provencal  i|ui  so  vanloit  iinpudoiniuenl  de  guorir  loutos  sortos 
de  malades  avec  un  nnVliant  livro  qu'il  avoil  on  sapocliolto  : 
c  otoinit  los  f  'I'lifin-it'n  do  Uulondns.  ijiii  u'a  jainais  ott-  qu'un 
inocliant  fripon  .  ol  qui  o\]  r,  bion  'in'1 '•'/,//  H^HII  >•////  I>f>w-<]ict<i . 
qui  u  ost  qu'uno  iulii>ion  d'anliiiioine,  /'/'  ."/""  />hn-i<ili  <lixtil- 
Iniii.  .\rr  ,in I'm ,t  pour  un  I'roxoiioal.  ////////  /  .ninrt.'n  r.x7 .  Co  pays- 
la  ost  ploiu  (le  gous  atrabilaires  ,  inarcb.uids  all'anies  de  gain, 
juifs,  charlatans;  mais  lo>  aulros  pays  n'en  smit  pas  exempts. 
lin-  cf  alihi  I'/'inI itin'  /i//if,- .  (ant  r>!  vrni  lo  passage  do  \  irgile  : 

I i'lT'i    main*  /i'ini/1/i's   iintir  I'llin n!    ti/i//ii-   i>iiAillnit.    Pint    ;|    Dioil 

(\\\(^  cos  oiTonrs  tiiiiNsonl  biontul  .    cl   quc  t'ciix  qui  on  mil    la 


direction  s  v  vi'iiilji'iil  appliquer  serieuseiueul ;  cat1  lc  mal  ot 
^I'siiid  ct  Irs  eonswjuenocs  tres  dangereuses  ;  mais  j'ai  liicn 
pciir  (jilt:  c-cla  n'arrivo  pas  shot  ,  car  lc  peuple  cst  bicn  ion  , 
les  ma^slrats  trop  laches,  ct  tout  Ic  inoudc  trup  mediant .  (I  . 

,1,  Quo  promt1  eelle  diatribe,  ocrite  d'un  style  si  tonne  ct  si  apro  J. 
qifil  y  cul  des  alms  tlans  Ions  les  lomps,  or  qui  n'etonnen)  personne. 
Mais  quaurail  pense  (iui  I'alin  s'il  cul  vcou  do  nus  jours  ,  s'il  cul  \u  , 
depuis  plus  do  rinqiianlc  ans  ,  !a  inodociac,  coinuu1  prolcssion,  ;«l)an- 
doiuico  ,  delaissoo  ,'totijotn>  pluroe  culrc  1111  i»a--c  dclmitot  1111  ;i>tMiir 
doulciix  ?  L'abolilion  complete  i!<^  anticlines  inslilulions  ,  la  i.uli 
t':>lo  (aihlesso  des  uouvellos  ;  Pinsulflsanre,  i'imprcvoj  ancc  dcs  !oi>  poui 
In  repression  des  aims,  TisoUinent  des  medeoins ,  to  del  nit  altsolu 
d'odncalion  proi'essionnellc  ,  la  nullito  ties  inlcreis  jjenrraux  .  tie  la 
nii-deeine ;  i  audace  do.-  cliarlaluiis-irclt>ns  exploilant  impuneincnl  itt 
-otlise  »-l  la  credulite  publi(iue.  prot'ananl  la  sainlele  tie  noire  iiiinis- 
lere  cuinnic  >'il>  a\aic;»l  jus  vitif  cl  iti'C'X ,  scion  ['expression  de  noire 
auleur.  \\sl-oe  [>;i*  \:\  le  douloureux  .-periaclc  qui  frappe  los  >cu\ 
a  noire  opoquc?  (ini  i'jilin  se  |)!ainl  du  ^raiui  nonibre  tics  inedecins  do 
.-on  temps  ;  rnais  aujourd'hni  ce  nombro  n'ost-il  pas  hurs  do  Ionic 
proportion  a\cc  !-i  necessilcPOn  a  calcnle  quo  si  Ton  delondail  pen- 
dant div  ans  toule  rc'coption  tic  doclenrs  .  il  en  rosleiail  encore  asse/. 
|)oiir  les  besoins  publics.  . \us.-i.  disait  nn  \ieu.v  inotltcin.  non-. 
Miinnics  en  au-M  jjrand  nombre  quo  lc>  inaladcs ,  bientol  inetitc  il  y  aura 
jilus  (If  clmls  y/ic  d<~  sottris.  i)e  lii  I'ciitoinbroiiK'nl  d<-  la  carricre  nic- 
tjicalc.  les  moyons  odieux  qn'on  emploie  pour  \  rcnssir,  Ic  troisseiunil 
perpcltiel  des  eapaciles  ,  ties  ciqiidilcs.  dcs  \anilcs.  Tart  imie>io  de 
(ronq)er  Ic  public  par  ties  reputations  riirl.'iile>  ,  de>  cc'obiiics  nn  n- 
songeres.  On  no  conceit  pas  quo.  depuis  un  demi-siecle  ,  les  ;',ouvei'- 
nemcnls  aienl  abando;ine  ci-Uo  prolcssion  ii  uno  espece  d'or^anisation 
iiiinlellii'.cnlo  ct  dcfailianle.  sau  I  'do  precaires,  d'insi^niiiants  correclils. 
arraches  par  tic  cnanls  alms.  (JiTon  se  li[;nie  bien  ncanmoins  <ju'a 
pen  do  chose  pros  ,  tonic  question  incdicalc  csl  an  (ond  unc  tjuoslion  .-o- 
i-iale ;  il  y  a  iei  line  >olidarilc  d'inlcrcls  coinino  do  prmeipo>.  Si  tjuehjue 
bien-etre  cst  ajoulu  a  la  societe  .  -i  que'.tpies  doiilenrs  soul  otcc-  do 
eel  immense  fnrdeau  de  i-oiifiranco  qui  ;;ccalilo  I'liuinanilo,  on  Ic  doil 
en  partie  a  la  inedc'cino  !ai j^cincn!  comprise.  Ionic  amelioration  nie- 
tlicalo  ,  dogmatique  ou  proit'ssionnelle  .  s'clcvc  anx  proportions  d'un 
probleme  social.  J.a  vi^ueiir  ot  Ic  perleclionnemonl  des  generations.  Ic-- 
eleinenls  do  I'liy^iene  publupic  ,  lassainis^cinciil  dc*  lioux  ,  !a  dci'oii 
\cilcdc  l.i  x.u'i'iiii' ,  I'u-. |. •!•  ••I'lu'-ral  ilo  !.i  pi,ni!iic  do  li-rrc  ,  Ic-  i.il-ili 


.If  uif  rejoins  df  la  bonne  fortune  (It-  M.  Tliouvenol  ;  jf  lui 
haisf  Ics  mains  Je  crois  iju'il  ivus>iia  inieux  par  sa  sagesse . 
qiif  It*  medecin  (If  Madame  royalf  par  sa  sullisaiicf  ft  sou  1m- 
niriir  altifi'f .  La  niodcstif  sifd  bifii  a  tout  Ic  inondf  :  inais 
file  fst  particulifrfine  nt  necessaire  a  la  coin1,  aux  medecins, 
aux  etranjjfrs  ,  ft  a  cfu\  ipii  out  bfsoin  d  arjjf nt. 

.If  vie  us  d'appiv  ndiv  df  bonne  part  que  saincdi  prorliain 
If  roi  ii'a  an  Palais  pour  divers  snjets,  savoir,  dcs  janscnistes 
ot  -pour  plnsifurs  articlts  df  snpj>ression.  .If  pcif  hit-it  <|n'd 
vfinlle  inspircr  son  cw\\v  pour  If  bifii  do  tontf  la  France  c I 
pour  le  soulagement  du  pauvre  penple .  Ifijucl  ^finit  d'unc 
miserable  pauvrete  depuis  si  lon^tomps.  »> I  principulement  d'v- 
|mis  la  t'avfnr  df  ccs  deux  derniers  cardinaux ,  (jui  out  etedf 
vraies  san^sncs.  <|tii  out  iniscM'ableinenl  sucf  le  sang  de  tontf 
la  I'Vancf. 

M.  Spon  me  inande  (jiif  vons  ftcs  all/1  a  Turin  y  voir  31, i 
dame  royalf  :  je  vous  y  souhaite  bonne  rcussite,  (jii VHt-  pni>sc 
bifii  ^iK-rir,  ft  vous  en  revenir  bifii  contfiit.  .If  vous  prif 
aussi ,  r'tant  snr  les  lieux ,  df  1'aii'f  nif.s  rfcoinmandations  a 
M.  Tori n i  If  pi'-re,  it  M.   son   His,  a  .M.  Morisse I ,  ft  a  not!1'1 
aiiv:ifii  ami   M.  Thouvfiiol   .It1  vous  souhaitc  ttjutc  sorlc  (if 
prospfritf  ft  df  c()iitfiitf me ut ,  el  un  prompt  ivtour  a  l.yoii. 
.If  suis  df  lout  mon  co-ur  votrc,.  etc. 
l*o  I'jiris.  lo '25 decenibre  1(i'»:!. 

rations  <lrs  -ubstiinoo-  alinienlairc-  ;  lout  <\-  qiu  f(inci'ni<%  la  m  (!IM \i\f 
li'ljale  dans  Ics  coins d« juMuv, lc  travail  »lc-  on\ ru-r- <•(  dc--  ciilaiil-  tla;i^ 
Ics  mainilacliircs  ,  la  rcj>rt"«-ioM  par  !<•-  niai-nii«-  pcniU'iiliairc- .  dr.  : 
Ionics  ccs  question.-  cl  unc  iiilinitc  d'aulrc-  on!  lctir>  racincs  .  Icnr 
solution  dans  la  medocini'.cjiu  c-l  !  art  dc  ciiiis<T\cr.  (i 'auicliorcr.  <nis-.i 
IMCII  que  Part  dc  j;uerir.  N  ">c/.  li  -  .Annnli">  'I  /.•»/;./'•»/'•  i>iililif/nc  d  <li'. 
tnedednc  ley  ale ,  rceticil  pidtlic  depuis  ISi'.t.  par  Ics  incinbro  du 
C.onscil  dc  salubritc  <!c  I'aris.  ,  (Detail  done  uac  pcn-cc  ju-lc  .  pro 
1'indc.  plulul  ipi'iin  scnliincnl  d'ori'.ncil.  qni  aniinait  ['ani'i"!!!!;1  I  aodli- 
lor.-qi-'cllc  i',r,n<iil  ;:u  frontispicc  do  scs  dcci-ioii-  cl  "Ian-  I'-'ii'  rin!c  dc 
•-e.s  deliberation- la  t'Hcl'rr  dcvi-.e  ;  !";•'••  •  /  <>i  I •>  suln-:.  \\.  !'. 


i.Yi 


LKTTHK  DCXXIIl.—  .\n  ,„<>,„>•. 

Je  vous  salue  dans  1  esperanto  quo  j'ai  quo  vous  soye/  de 
relour  et  de  repos  en  votre  maison  a  Lyon  ,  apres  tant  dc 
peine  quo  vous  avez  cue  aupres  do  Madame  royalo  et  en  votiv 
voyage. Quedeviendra  notre  cherM.Morisset,  apres  la  perte  dc 
sa  maitresse?  Je  lie  sais  si  on  !e  reliendra  de  dela  :  niais  memo 
je  lie  sais  pas  si  I'etat  present  de  ses  all'aires  lui  penneltra  dc 
rcvcnir  a  Paris.  On  dit  ici  <[iie  \ous  aure/  le  carenie  proehain 
le  roi  ii  Lyon  ,  qui  y  nicucra  la  clianibre  de  justice,  et  que 
Ton  meltra  M.  Fotiquet  dans  Picrre-Ancise.  Toutle  t'ntnr  est 
bien  incertain  ;  Dieu  est  pardcssiis  tout.  Jc  vous  rcconiniandc 
rinclusc  pour  notre  bon  ami  M.  Spoil.  Je  vousbiiise  Ics  inain-v 
( t,siii>  de  tout  nion  c<eur  votrc,  etc. 

Do  I'aris.  Ie2l  Janvier  Hilii. 


I.KTTKK  iH'.XXh.         \n  mt-ni" 

Je  nc  doutc  pas  (jue  \oiis  ne  soye/,  en  bon  lien  et  toiijoui  - 
en  vous-ineinc.  niais  je  ne  sais  pas  si  vous  etes  ii  Turin;  qud- 
que  part  que  vous  soyex  ,  je  ne  vous  souluiite  que  du  bien. 

Nous  enmes  bier  une  ^r.md*.1  asj'einblce  en  nos  ccoles  ,  on 
Ton  disoit  <[ue  M.  Morisset  ctoit  parti  de  Turin,  et  qn'il  (''toil 
a  Lvon,  d'ou  il  nebougnoil  jusqu'a  ct;  ([tTil  cut  accorde  a\cr 
ses  creaneiers ,  de  pcur  (ju'autrement  en  revenant  a  I'aris ,  «>n 
ne  lui  fit  nn  pourpoint  de  pierre  ;  ec  (jui  arrivcroit  appaiv.1;!- 
inent.  J'ai  regret  (jue  ee  panvre  boninn!  soil  si  fort  embar- 
rassf  en  scs  ail'aires.  Xotre  asscinblcc  d'bici1  cloit  pour  din1 
dcs  exaiuinatenrs  pour  le  ni'>is  de  mars  proehain;  cd a  n'ai1- 
riM1  (|u'unc  lois  en  deux  ans .  ct  Ires  riyonreuseiiKMit,  Si  on 
liiintoit  en  ((uelque  I'acun  dans  !c^  prtiics  universitcs  ,  im-- 
jcnnc;  ui'ii--  ii'i'ludieroifiit  que  mien\  :  niais  Ics  Allcinands  :• 


\    I  \l.<;oNKT.  {•"»•"> 

fient  a  Padoue,  nos  Francois  a  Moiilpellior,  et  ils  en  re\iru- 
nont  souvent  aussi  iguoranls  qu'ils  y  ontete. 

On  flit  ici  qne  la  paix  du  pape  n'est  point  faite,  inais  que 
nos  troupes  vont  en  Italie  pour  la  f'aire  on  fa  ire  faire.  Nous 
avons  ici  M.  (lharpentier  malade  c.i:  f>u<l<if/r<i  ft  rcsictr  i:(ilcnt», 
age  <le  soixante-neuf  ans. 

Le  roi  donnera  dix  mille  homines  dc  seconrs  a  I'empereur,  a 
cequ'on  dit;  ilsseront  conduits  en  Allemagne  par  >l.  D'Erlac  , 
contre  leTurc.  On  dit  aussi  que  nos  troupes  d'llalie  s'en  vont 
assieger  Hologne  (jue  tient  le  pape.  Oil  done  est  de  present 
M.  Vaizon  ?  On  dit  qu'il  a  ete  pris  de  quelque  Muxion  a  Turin  ; 
c'est  un  double  nialheur  d'etre  hors  de  sa  inaison  et  etre  nia- 
lade.  - 

Le  eointe  de  lirienne,  ci-devant  secretaire  d'Etat ,  apres 
avoir  perdu  sa  charge  et  sa  f'ennne,  fille  de  M.  de  Chavigny. 
s'est  enlin  rendu  pei'e  de  I'Oratoii'e.  Yoila  un  jeune  luunine 
perdu  si  Dieu  nelesauve,  que  les  jeux  et  les  pi|>eurs  out 
ruine.  II  nieritoil  une  ineilleure  fin  ,  car  e'etoit  nn  honnete 
honnne  et  Ires  savant.  II  aimnit  inon  fils  (lliarles  an  dcriiicr 
point  et  I'envoyoit  querir  tons  les  jours.  II  lui  fait  une  belle 
preface  a  ses  Fnniili't'  rutixuKi'. 

.le  viens  d'apprendre  <{ue  I'ambassadeurd'Kspagne  pri'-senla 
hier  an  roi  un  courrier  de  Home,  <|ui  lui  oll're  tout  contente- 
nienf  .  et  (|ue  la  paix  d'ltalie  seroit  I'aite,  si  nous  avioiis  la 
ratifi(^ation  de  ce  (|ue  le  pape  promet.  Si  M.  le  maroehal  du 
Plessis-Prasliu  va  en  Italie  pour  noire  general,  on  dit  qu'il  ein- 
menera  quaiid  et  soi  pour  rnedecin  >I.  de  Main  illain.  un  dcs 
iH'ilrv's,  <|iii  est  grand  ami  de  M.  Morisset  (I  .  dnquel  je  vous 
dirai  des  nuuvelles  si  vouseii  ave/  besoin  Les  join's  ronnneii- 
('ciil  a  croiire.  rl  je  recommeneerai  au>si  nies  Iccons  an 
(College  royal ,  tlont  beaucoup  de  uens  me  pi'esseiit.  Je  vous 
baise  les  mains,  et  suis  <!e  lout  inon  cn-ur  votre,  etc. 

D;^  Tiiiis,  I,-  -2<)  Janvier  !<)»)'(. 


•i.V5  i  r.  i  ii;i:>  in-: 

U-iTTttK  DCXXV.        .!„  „„:„„.. 

J'ai  reeu  votre  lettre,  datee  da  5  Janvier,  des  mains  de 
.M.  Jerome  Colot ;  vous  etie/.  encore  alors  ii  Turin  ,  et  main- 
tenant  jo  me  persuade  ((lie  vous  etes  a  I, yon  :  ainsi  soit-il. 

On  dit  ici  (|ue  la  paix  va  se  la  ire  en  Italic  avec  le  pape,  mai> 
(pi'il  en  I'aut  attendre  la  ralilication  el  ('execution  ,  <i  <pic 
nonobstant  tout  cehv  ,  le  roi  ne  laissera  pasd'allcr  a  LNOII  ir 
mois  de  mai  prociiain  ;  niais  font  cda  e>(  incertain  ,  aus-i 
bien  (pie  tout  re  qui  depend  de  1  'avenir. 

Quelque.s  uns  des  metres  <p:i  connoissent  M.  Vai/on  ( '  c'ol 
relni  fjue  je  ne  vis  jainais  et  iliupi.-l  je  ne  sais  rien  (|iie  \r<ir  oiii 
dire  i ,  disent  (ju'il  e>|  torn  be  niahidc  a  Turin.  1  'ne  ^rande  ina- 
ladii1  en  pays  eiranger  ,  arrivt'-e  de  la  sorte,  me  fait  pil'n'' . 
meme  pour  un  ineonnu.  On  dit  mie  AJ.  Fouipit.'t  ne  pent  el  re 
jut>'e  de  six  mois,  pour  avoir  obtenu  <jiie  les  eoniples  di1  I'e- 
par^iie  Itii  soient  eommun'Kpies  ,  alin  <pie  par  aj>res  il  puissc 
r^'i'iondre  sur  les  objections  qu'on  voudra  lui  la  ire.  I. a  peslr 
e^t  (H^sce  a  Amsterdam. 

(hi  dit  ici  (pic  quand  bien  la  paix  seroil  I'aile  avec  le  pape, 
.M.  le  marerhal  du  I'hssis-Praslin  ne  iais^era  pas  d'alieren  lla- 
lie  |iour  y  eommander  IVimice  du  roi  ;  c'est  done  SI^IK"  ipj'il 
y  a  (pielijiie  aulve  des>ein.  Je  vous  baise  Ires  Inmtbleinent  |IL> 
mains  ,  el  ^uis  detoute  ;non  ame  volre,  e!f. 

/;.  .S'  L'oii  a  eiivoNt'-  des  :;ens  a  Arias,  pour  amener  priMHi- 
nitM'  M.  de  Alolltejeu,  aulremeiit  dil  le  mareehal  de  Seiiulem- 
berii  ,  (j:ii  en  esl  )e  youverneur,  pour  plnsieurs  plainles  <jui 
sou!  eoiiti't'  lui.  IMusieurs  inorls  subites  arrivcnt  iei  a  dcs 
\'ieilles  j^i'ns  ,  r./-  .vy//ro/;^  ciiidnii'ii  >•/  iiliftrnrftunc  fo/'tftit  i//t/»i' 

Hil'ti' IIKilt  jiilllli':!:!^   ,  I 

.)! .  .Morissel  e>t  a  Paris;  ipielipit-s   uns  des  noirc.s  I  out  vu  ; 
encore  <|ue  eela  .   m.iis  iipn'-s  deniain  j'rii  N.IIIIMI 

iiii's  (!<•-  ,111  -M-IHIIC--  du  r  cur  <>'i  (io  ;;i'u>  vnissoanx  .  in;n- 
I'CJKI  |iir  dc  <  iiii  I 'aim.  \  <i\  •  /  \i\  uclc  ci-«lossilS ,  piijl1'  •"•*•'• 


\     I'M  «.i!\U  .  -1.')* 

davantaye,  car  il  est  nn  des  disputants  a  I'ucte  que  nous  an- 
rons  apres  demain  en  nos  eeoles.  31.  le  marecbal  du  Plessis- 
I'raslin,  general  destine  pour  not  re  armeed'ltalie,  avoitordre 
de  partir  aujourd'liui ,  mais  le  roi  1'a  remis  jusqu'a  samedi : 
encore  dit-on  que  Ton  attend  nn  courrier  :  s'il  arrive  ,  il 
ponrra  bien  encore  dill'erer  ce  partement,  et  tout  an  pis  aller, 
on  dit  (pie,  la  paix  venant  a  etreratiliee,  il  ne  passera  pa.s  a 
Lyon. 

Madame  la  presidents  de  Tbon  est  morte  ce  matin;  elle 
(Hoit  tills  de  M.  Picardet,  procureur-general  de  Dijon.  Kile 
laisse  beaucoup  d'enfants  a  31.  son  mari,  qui  est  frere  de  ce 
pauvre  martyr  du  cardinal  de  Kidielieu  ,  qui  mourut  a  I, yon 
I  an  10-12,  le  4  septembre,  avee  M.  de  Cinq-Mars.  Je  vous  baise 
les  mains  ,  et  suis  de  tout  mon  co-ur  volre ,  etc. 

l)c  I'aris,  le  o  fevrit-r  Uifii. 


LKTTKK  DCXXVI.  — 

On  pai'le  de  la  maladie  de  M.  le  due  de  Savoie,  pour  laqndlr 
M.  le  cointe  de  Soissons,  son  prodie  j)arent,  s'en  va  a  Turin  ; 
je  crois  meme  qu'il  est  deja  parti. 

J'ai.  ce  matin  7  levrier,  ete  entendre  I  actede  nos  eeolrs,  on 
j  ai  appris  <pu:  M.  Morisset  n'est  point  encorti  arrive  a  l*ari>. 
(Vlui  (jni  croyoit  I  avoir  vn  a  la  berlue  :  il  esl  encore  a  Lyon 
avec  sal'emme,  ipii  y  a  de  malade.  Tout  le  monde  parle  dn 
proces  ipii  est  entre  deux  gros  mardiands  de  la  rue  Saint- 
Denis,  nommes  Salar  et  (iantier;  cdni-la  demande  a  cdni-ci 
(i-2, (;()!)  livres  par  unt;  ol)ligation  qu'il  dit  avoir  de  lui,  pas^cc 
par-dcvaut  deux  notaires  <pii  tons  deux  vivent  et  reconnoi>- 
r-ent  leur  ecriture ;  mais  tons  deux  avouent  qn'ils  ne  M-  sou- 
viennent  point  de  cet  ade.  On  croitqu'il  y  a  (pielque  I'ourbe- 
rie  du  c()le  de  Salar,  que  Ton  dit  etre  nn  medianl  liomme  ct 
n'etre  pas  a  son  aise,  d  an  contraire  31.  (iautier  a  bonne  iv- 
putation  el  est  fort  riclie.  .ie  les  connoi>  fort  bi<'ii  t<»us  <leux. 
d  ai  plusietirs  I'ois  <•(>''  die/  I'mi  el  elie/  1'ai.ilreen  con^ulta- 


-i.'iS  i  !•. mu->  IM:  <;i  I   r\  n\ 

tion.  .1  ai  pour  quo  Salarne  perde  ,  etanl  soupconne  do  beau- 
eoup  do  fri  poll  i  levies,  el  au  eontraireM.  Gautierest  fort  aime; 
jo  le  t'u'iis  liomme  d'honrieur,  et  dignedu  grand  credit  (jii'il  a. 

JMeti  soil  loue  de  ce  quo  vous  etes  do  retonr  a  Lynn  apres 
mi  si  iirand  voyage  et  un  si  mauvais  temps.  Jo  suis  bion  ai*e 
(juc  vous  n'y  avo/  pas  perdu  votre  peine ,  et  (JU'OH  y  ait  ro- 
eonnu  votre  vertu  ;  on  no  pouvoit  pas  moins  Cairo  apres vou^ 
avoir  tiro  do  Lyon  ot  do  votrc  inaison  :  itriiK'ijiiln/x  />/(tr///<><' 
n/'/x  non  ultinin  lnux  rut. 

Pour  M.  Morisset  ,  j  ai  pitir  de  Ini ;  inais  il  a  toujoiirs  yalc 
loutes  sos  a  Ha  ires  par  sa  vanito,  ((iioUjuo  lial)ilo  hoinnie  iiu'il 
soil  ou  qu'il  croio  etre.  Jo  no  crois  pas  qu'il  si'jonrno  long- 
leinps  a  Lyon  ,  car  ses  oroanoiors  le  f'oront  prisonnior  la  aussi 
l)ien  (pi'a  Paris.  Voila  comme  on  on  parlo  ici ;  cot  lioinino  ost 
malheureux  :  Imbi-t  ef/i/ntnSejnnnHi,  ft  c*f  t/tcn-fti  /HUH  HH/H*. 

.Io  vous  reniercie  do  co  quo  vous  me  niande/  dos  rcroiii- 
niandatioiis  do  31)1.  de  Torini  ot  do  >i.  Tliouvonot:  jo  voti> 
prio  do  lour  on  fa  ire  autant  pour  inoi  a  votre  connnoditi'1.  .Io 
voiis  ronvoie  votro  lotti'o  pour  AF.  !e  ohovalior  :  jo  croi>  iju'il 
cs!  a  Lyon,  au  moins  m'est-il  ici  vonu  dire  adieu.  pnHendanl 
partir  le  londomain,  et  <|iio  inadamc  sa  more  lui  avoif  <  MIH- 
niando  do  s'on  reloui'iier;  il  y  a  deja  hion  douze  jours  ou  m- 
viroii.  I  ii  i'oi't  liommo  dol»ion.  i;'rand  sorvitour  do  Dion  <•!  do 
hoiino  (.'oiisoiciice ,  mourut  In'er  ici  :  c  ost  AI.  Ir  iimi-i'dml  <!  •  /" 
Mr  ill '.'i  -nijc  ,  tyran  do  la  liretagne,  cousin  do  M.  do  la  Koclir- 
I'oucaidl  .  jadis  surintendant  des  fhiances  ;  grand-maitro  d<- 
rartiilorie,  cousin  de  mademoiselle  la  duchosso  d'Ksi;uiiloii 
el  pore  do  Af.  loduc  Ma/arin  ,  //m////"  (hnnh>fi.  Ne  pense/-vous 
]>as  qu'il  faille  dire  de  eel  homme  ce  qu'a  dit  un  certain  porlo 
do  co  temps  :  Hi'llf  nun-  <Ifi'ti/it  l)i<-u  ,  >•'//  //  ov/y////:'  II  n'y  a 
decile  plus  giiere  <pio  mademoiselle  do  Combalet  do  code  j-.rc- 
iniei'o  liranolie  do  la  pari'iito  du  cardinal  do  Hirhelioii  qui 
jniisse  I'inpoelier  quo  A!,  do  Sainl-derinain .  jadis  noniiuc 
.Mailiieu  de  Morgues .  aumi'miei' de  la  ('cue  reine- mere  Mario 
df  Modicis  ,  ne  niflfc  ,111  jonrson  lii>ln!i'f  <|e  la  \  ii1  dudil  car- 
dinal .  "ii  I  'oil  \viTii  d  '•ir.iii^eN  chose.--  .  a  ce  (iii'il  in  a  dit  Ini- 


\    I  \IMI\KI.  I.'?' 

in;''iuo,  et  eusuile  la  vie  dii  leu  roi  Louis  Mil ,  cl  I  histoire  de 
lout  sou  regne,  depuis  1'an  1610  jusqu'en  1'uu  1043  qn'il  est 
mort.  On  dit  que  la  paix  est  I'aile  avec  le  pape;  uiais  la  Cliain- 
bre  de  justice  continue  ses  poursuites  ,  et  me'me  sur  M.  Kou- 
quel,  qui  a  refuse  de  repondre  nin'i*xiiin>  a  son  nouveau  pro- 
c.ureur-general  nomine  M.  Chamillard,  el  a  un  deses  rappor- 
teurs. On  parle  ici  d'un  nouveau  commerce  etabli  par  le  roi 
avec  le  roi  de  Danomarck  ,  lequel  dimiuuera  quelque  chose 
du  gain  des  Hollandois,  et  outre  a nt res  pour  dti  grand  hois 
(jue  Ton  tirera  de  Norvege,  a  la  ire  de  grands  bailments  et 
tics  vaisseaux  pour  la  navigation  ,  quo  M.  Colbert  s'cn  va  t'aire 
ctablir  en  France  pour  alter  aux  Iiides  orientales  et  occiden- 
tales.  Ou  parle  aussi  de  t'aire  en  France  une  jonclion  des  deux 
mers.  Ocean  et  Meditorranee ,  en  cominencant  (levers  lior- 
deaux  par  le  Languedoe  jiisquo  jires  de  Xarbonne  (V.  Je  vous 
haisc  les  mains ,  et  suis  de  tout  mon  cn-ur  votre,  dc. 
l>c  Paris  ,  IP  H  (evrin  HHii. 


LKTTIJK   DCXXVII    -      I//  ,///W. 

.!c  \oiis  ccris  la  presento  pour  vous  dire  ((tie  Irs  molinislcs 

out  en   li    credit,   par  un  arret  d'en  haul,   dc  I'aire  bruler  en 

dreve   le    Monnnlf  rnthnltwi'iini  et   le  Jimnm!  <!>'  .M.   dc  Sniiit- 

\ii«ittr.   Mais  on    ne  brfile  [»as  la   V('-rile  (•>;.   Voici    tin   auli'e 

1  I. a  marine  (V;)iH;;ii<f  ncqnil  h'uMiU'il  line  prepotuItTaiuv  ino»ni- 
lr«lablc;  oil  coinpln  jiisipTa  ipialrc-vin^ls  vai.«seau\  tic  li;',nc  <l;uis  \\t~* 
porl^.  Lr  in.Tfjnidquo  canal  «lu  L;)n;',uedoc  ,  i'c  monument  du  an  ^enic 
dc  I'iilu-lri'  Uiijucl  .  lilt  decide  en  Kiiili  ;  on  cmplo%a  a  -a  coii^lniction 
plii1*  dr  (pialor/.c  aniu'c^.  car  la  na\i;;,ilion  nc  (ut  <  taltlio  <ur  co  canal 
•  1'iVn  UiSl.  \\.  ]\ 

•1  N'on  ccilcs.  mi  nc  l»i  file  \>;\*  la  M;ril<;.  pom  Plionncur  cl  Ic 
lionhciir  dc>  sooiiMi*.- ;  tonlc|iti»  on  la  cadir  .  on  l"ol)«curcit ,  on  la 
dei',nise  ,  un  I'allerr,  on  la  (ardc.  on  la  coinrc  a\cc  pins  on  moin- 
d'art  du  ma^.p-c  <lc  1'cncm.  Vain*  <\  sterile^  cllorN!  la  rcritc  .  rdtc 
idle  du  ncl  .  rep;-.rail  lol  ou  li^id  pin-  \i\c  .  plu>  ('-clatantc  ipn-  i;un,:i- 


•)()()  i  l.i  i  i;i  >   I'l-.   1,1  i 

monsiiv  (iiu1  noire  AlVique  nous  presonle.  (Vest  un  apollii- 
cairo  nomine  Tarfarin,  agede  soixante-quatreans,  logo  dans 
la  rue  Sainl-Anloine.  qui  par  ci-devant  avoit  etc  eebevin  el 
n'avoit  (puideux  enfanls  ,  dont  le  Ills  a  ete  si  sot,  qu'il  s'osl 
tail  moino  de  I'ordre  qu'ils  appellent  Sei'aphique.  ("est  une 
espeee  de  cordeliers,  dit  du  tiers  ordre,  recolets  ou  piquepus. 
1'our  sa  fille,  il  I'a  mariee  a  M.  le  marquis  de  Haradat  avoc 
200,000  livres.  Mais  ce  noble  gendre  devoit  tant ,  quo  pre- 
sentement  il  n'a  plus  rien  vaillant  ,  ct  le  beau-pore  estiuie 
fort  riclie  a  fait  une  vilaine  bauqueroute.  Voila  des  fruits  du 
temps  et  des  tleurs  do  noire  siiVlo. 

Vous  save/  bien  que  .M.  do  la  Aloilloraye,  mareclial  do  Kraneo. 
pore  du  ducMa/arin,  est  mort  ici  depuis  Irois  jours.  II  otoit 
lieutenant  du  roi  en  Hretagne  ,  et  avoit  ete  surinteiidant  do 
linances,  et  cousin  du  cardinal  de  Kicbelieii.  On  I  appeloit  a 
Nantes  le  tyran  de  la  Bretagne.  Le  roi  envoio  dans  ce,  pays-la 
nne  compagnie  de  cavalerio  pour  y  prendre  murt  ou  vif  un 
baron  de  1'olie  pour  la  fausse  monnoie.  -Ic  suis.  etc. 
DC  1'ari-i.  lo  -2-2  lc\ru-r  KUil. 


LKTTMK  DCXXVIII. 


\H    Hlftt/l'. 


On  lient  ici  la  j»aix  faite  avec  le.  papi^  el  le  roi  le  dit  lui- 
ini'ine  hier,  ce  saniedi  -23  ievrier,  que  h;  cardinal  (Ibi^i  viendiM 
ici  en  <pialite  de  legat.  1M.  Jcr.  Colot  m'est  ce  matin  venu  voir 
et  m'a  deniandi1  dt'  vos  noiivclles,  dont  il  leinoigneetre  toil 
en  peine  ;  jc  lui  ai  dit  (pie  vous  (''tie/  a  Lyon  en  bonne  Siinii'1  .  /I 
(jiie  vous  m'aviez  lionorf'1  d'unc  des  vt'ilrcs  depuis  votre  relour 
de  I'ieinont. 

AI.  le  due  Ma/arin  est  alle  en  Alsace  p;ir  expres  eoimnaii 

•>on  iiifliu'HCL1  o.sl  (I'.nulanl  plu<  liiu'i'jjiijUP  ,  <|uVllr  ;i  cU;  plus  loiiprl'-ii!|^ 
roinpi  inicr.  Kn  'out  d  pjirtonl  .  d;in>  i:i  \  ir  publiijuo  coiiiinc  d;ui>  i  i  \  !••• 
privcc  ,  il  laul  done  coiisulter  la  \criic.  la  rc-pnlrr  .  la  rccliorchrr  ,'i 
sa  .-oiirce  la  jilus  li.iutc  .  la  plu^  -.n'n>.'  .  <•!  nr  r>  ruin  j.imai>  dcvan'  ->  - 
('OII^CqiH  HOC-.  15.  !  . 


A  KAU.ONKT.  4t>\ 

dement  (In  roi  et  par  necessity.  On  (lit  que  le  roi  fait  faire  de 
la  poudre  a  canon  en  divers  lieux,  et  en  telle  quantite,  que 
I  on  soupcoime  toujours  de  la  guerre  quelque  part.  Le  Ka- 
belaisest  aclieve  a  Ainslerdani  en  deux  tomes  in-douzequi  se 
vendent  ic.i  1  livres  10  sous  en  blanc;  Timpression  en  est  fort 
belle;  il  yaii  la  iin  une  explication  de  plusieurs  mots  dudit 
auteur,  laquelle  esl  bonne. 

II  if  y  a  que  trois  jours  (|u'un  des  bons  amis  de  M.  Morisset 
me  dit  que  Ton  travailloit  a  obtenir  de  ses  creanciers  qu'il 
put  venii1  ici ,  et  qn'il  esperoit  d'en  venir  a  bout;  il  y  seroit 
mieux  (ju'a  Lyon.  a  ee  (pie  je  vois.  La  vanite  a  ete  le  premier 
pee  lie  dn  genre  liumain  ;  il  en  a  eu  Unite  sa  vie  ,  d  //  rnjtih- 
I'jus  folhini  nun  (It-final ;  \\  sera  toujours  glorieuxet  mallieu- 
reux.  Cette  vanite  est  une  maladie  incurable  n<nv  homim-in 
(.'•/I, titular  KM/HI'  ml  tinmi.hnii.  II  y  a  en  son  fait  beaueoup  d'im - 
prudence,  vanite,  pauvrete,  et  comnie  j'entends,  j'ai  peur 
•  ju'il  n  y  succombe  a  son  a^e  de  septanteans  ;  j'en  ai  pourtaul 
regret  et  le  plains  bien  fort  ,  ear  il  est  bon  homme  et  savant; 
mais  quoi  !  nH/'icitltm  <isi/ii  quit  nun  habet '?  Tout  le  monde  le 
plaint  iei ,  mais  personne  ne  I'assiste.  Vous  diriex.  (ju'il  a  la 
pesle,  iii/nl  habet  tufc/i.r inntfi^r/us  dui'titsiHM  ,  i/xfn/i  ijnn/l  l«>- 
ninit'*  rtdiculos  f'ncit . 

,le  viens  de  voir  M.  Iloussel,  marcliand  de  Lyon,  beau- 
i'rere  de.  M.  Kaftin,  (pii  m'a  demande  de  vos  nouvelles;  je  lui 
en  ai  dit  de  bonnes,  Dieu  merci  ;  il  vous  baise  les  mains  :  e'est 
mi  bon  corps  d'bonime,  un  bon  chretien  ,  cpii  auroit  »'te  bon 
pour  I  eg  Use  jirimitive;  mais  il  aime  bien  Its  ceremonies  d'e- 
:;lise,  qui  n'etoient  point  en  usage  (Mi  c(!  temps- la. 

I.e  Turc  a  pris  lout  uoiivellement  Clausembourj:  on  Tran- 
.sylvanie.  Si  on  le  laisse  luujours  faire  ainsi,  je  crois  <pi  a  la 
I'm  il  prendra  tout;  mais  quoi  <pi'il  en  arrive,  je  ne  me  ferai 
jamais  Turc  :  e'est  une  sotte  religion  ,  aver  leur  Alcoran  ,  aussj 
liien  (jue  celle  des  juil's,  avec  leur  Messie  |)ivtendu. 

On  dit  ici  que  M.  MorisM'l  tient  le  loup  par  les  oivilles.  el 
(|ii  il  n  <ise  reeuler;  je  crois  que  eel  lioninie  Imln-l  ''</n//,,/  .sVy,/- 


//////<,  taut  il  csi  mallienrenx ,  qminit'ia  itnn  liul/mi  mii-um  l\il/i- 
si/ii/ti/>  ,lc  vous  haise  tres  liumblemenl  Irs  mains,  ct  snis  de 
tonte  Dion  amc  volre,  clr. 
lh>  I'aris,  Ic  -2ti  fovrier  I'iiii. 


LKTTIIK   IHAX1X.  —  U  ,,</W. 

Je  ne  sais  ricn  de  nonvcan  de  i'llippocralc  de  M.  van  der 
Linden,  (let  antenrest  morl  a  Leydcn,  age  dc  cinquante-trois 
ans,  d'nne  ficvre  avce  thsxion  stir  la  poitrine  aprcs  avoir  pris 
de  1'antimoine,  t-t  sans  s'ctre  fait  saigner  (l).  (Jnelle  pitie! 
I'aire  tantde  livres,  savoir  taut  de  latin  ct  dc  gree,  ct  sc  laisscr 
nunirir  de  la  licvrc  el  .Tun  catarriie  snlToqnant  sans  se  i'aire 
saigner  !  J'aime  mienxetre  ignorant  ct  me  I'aire  saigner  qnel- 
quefois.  II  y  a  trois  ans  qnc  j'en  tennis,  si  je  n'ensse  en  1'es- 
prit  de  me  fa  ire  promptement  saigner.  J'aime  mienx  qnc  Ton 
jelte  mon  sang  snr  tin  runiier.  ipic  si  Ton  mettoit  mon  corps 
en  Ici're.  Voila  comment  menvent  les  Inns  et  Ics  cliimistes. 

Je  pr'h!  Hicn  dc  bon  cd-nr  <pi'il  rcnvoic  la  sante  a  volre 
eh:'!1!1  moifie.  Lc  lait  d  anesse  sera  dans  sa  grandc  force  dans 
dix  join's  Je  souliaite  <pi'ellc  s "en  Ironve  hicn.  Si  je  la  ponvnis 
guerir,  je  pavtirois  des  demain  pour  Lyon;  mais  il  y  a  tro|) 
loin  d'ici.  dalicn  cnvoyoit  ses  maladcs  a  la  montagne  lie  Sta- 
binm  ,  qni  en  revenoient  en  bonne  sante.  Mon  tils  (larolns 
ni'iMi  a  eonlirme  la  rciiianpu!  pin1  line  meilaille  de  I  t'nipcrenr 
I. eta,  qn'il  eslimc  fort,  oil  il  ma  mon  I  re.  line  vachc  tpic  Ics 
habitants  dc  ccttc  montagne  avoiciit  fail  rcprest'iiter  pour 
I  excellence  de  son  lait.  Nous  en  avons  anssi  derelni  d'anes^e 
Ires  bon  a  Tcntonr  dc  I'aris.  .Ma  belle-mere,  niortc  agi'-c  de 
ipiatre-vingt  (pialrc  an.-,  d'unc  apop|e\i(>,  avoit  pris  soivante 
ans  dnranl  li^  lait  danesse.  La  ni'M'c  dc  M.  Didattrens.  Iccoii- 


>     I  \l.to\K  I.  lli.l 

Miiller,  inoui'ut  I'un  passe,  uge  deqnalre-vingl-sopl  an*.  Kile 
in  usoittoiis  les  ans  depnis  Taut'  de  vingt-deux  aus.Sa  belle- 
M  en  i',  veuve  d'Andiv  Dnlamvns,  I'aiiatoinisto,  avoit  fait  la 
ineme  cliose,  et  a  veen  quatre-vingt-cinq  ans.  It  fait  ict  de> 
merveilles,  parliculi^reraent  an  printemps  et  on  anlomne. 
notaniment  quund  on  le  prend  aver,  precaution  I ,.  Je  n't-n 
donne  jamaisque  les  entrailles  ne  soient  bien  nettes  et  prppa- 
refis  par  do  bonnes  el  donees  purgations.  Jesnis  ,  cte. 
l)c  I'aris  ,  le  8  avril  1()(>i. 


LETTIU:  ncxxx  -  -  u  ,,/,w. 

Depuis  que  je  YOUS  ecrivis  il  \  a  qnelqiu-s  joins  .  on  m'a  ilit 
(jiie  M.  de  Relleval .  profcsseiir  el  elianeelier  de  Montpellier, 
est  niort  (2  ,  et  qne  le  roi  a  donne  sa  eliariie  a  M.  Valot.  11  esl 
docteur  de  Reims,  le  voila  elief  de  Moiitiiellier ;  aiiisi  la  for- 
tune de  lacour  fait  lout. 

On  cherche  iei  un  niedecin  qui  veuille  aller  en  Polo^ne  : 
inaison  venttju'il  soil  astrolopjue,  ehiniiste,  el  qn'il  nesai^ne 
jfiiero.  Je  suis  d'avis  (jn'on  leur  en  fasse  fa  ire  un  tout  expivs, 
ear  (ialien  ne  leur  seroit  point  [tropre,  si  ee  n'est  qu'on  U-nr 
('ii  ti'ouve  nn  tout  fait  a  la  foire  Saint- (lerntain. 

On  parle  maintenanl  de  ri'fnnner  et  relranelier  les  iii'eftier>. 
i[iii  nesfint  pas  Us  moi-ndns  larroiisiln  royaume.  Oni  ponr- 
I'nit  refornitM1  les  aj)olliieaii'ps  et  les  proi  iireuis  ,  el  mejne  laul 


iioplc  ii  l':';uiciu>  lri  .  vetal'li 
iPiino^e  ,  mi  CKI\  ;ul  (•<•  iiii)\cii  iiiisnlmncnl  inruiinii  dr»  ;n,(  ii'i:-.  ( >n 
\oil  par  cc  i|u«'  t'aisait  (li.li-n  pour.-1-  inal.-iili  -  .  d  Mirloul  p.u  hi  cu- 
lifu-i1  lucdaillc  ipir  t.ii.'ii  lo  I'jilin  p.;»-nlai!,  rl  >|u  'i!  Id  \nir  a  >mi  pert1. 
ipi>'  If'  .'iiicn'ii-  nu'tlfciu.o  t'lnpln) airiil  MMI\«II|  Ir  i.nl  ci  incnir  ri-lui 
il';iiii'«-.-  i-iiiinni'  mi  pisi^-ant  inoyrii  <lc  /.iii'ri-i'ii.  K.  I' 

•1    Miiilin  I'.iclu T  ,!,•  15. •ll,-\.tl,  IU'\,MI  dc  I'h-n,'  !!i  h,  i   .!,•   i!.'!lr\;il. 


•\M  ir.TTIlKS    [>K    (.11    I'VTIN 

dp  jngos  et  do  niedecins  ignorants  qu'il  y  a  en  France,  oblL-o  • 
roil  fort  lo  public. 

On  eraint  le  Turc  on  Allema^no;  pint  a  Dion  quo  ce  frit  nno 
i:MTonr  paniquo.  Si  dn  Pont-Enxin  par  le  Danube,  reniontoit 
quelque  vilaine  bete  comme  nno  tortne,  les  Allemands  no 
oroiroient-ils  pas  quo  co  seroit  quelque  avanl-cournor  do 
rantoclirist  ou  dn  Tnrc,  on  quelquo  antro  Paraeelso?  Do  co 
<pii  arrivora,  jo  no  sais  qn'on  croiro  on  quVn  craindre.  II  t'ant 
quo  jo  diso,  eomme  me  dil  avanl  qiie  niourir  M.  (iassendi  : 
«  Jo  no  crams  rion  do  lonl  ce  <pii  me  doil  el  me  pent  arriver.  • 
Adieu. 

DC  I'iiris,  l<>  IS  avril  KiC.'j. 


LKTTHK  IH'A  XX  I.—  AH  Dititifl. 

Lo  inarchand  do  dentellos  et  jx/nit  do  N'eniso  noinme  Sal.n 
est  toujonrs  dans  le  cachol  noir  dn  grand  ("liatelot;  il  est  ac- 
cuse do  plnsionrs  fanssotos  [1).  11  proniet  a  ses  juyos  do  lour 
reveler  bien  ties  verit('S  ,  et  d'accuser  boanconp  do  complicos, 
ponrvn  (ju'il  ait  la  vie  sanve  ;  on  dil  noannioins  qn'il  sera 
pendn.  11  y  a  ici  des  foinmos  do  niarcbands  prisonniors  pom 
la  fansso  monnoio  el  pour  1'avoir  debitee 

L'all'aire  do  C'.liartres  esl  tout-ii-fait  niauvaiso.  Lo  tils  ilo 
.M.  (ji'enet,  jirocnrour  dn  roi ,  ol  It;  vice-builli  son  gendro 
sont  tons  deux  on  1'uito.  II  y  a  uno  lenime  prisonnioro  ol 
deux  valets:  tout  est  pris  et  saisi.  M.  do  Fortia,  maitre  des 
rocjuotos,  connnissaire  dopnlo  ol  onvoyi'1  sur  le.^  lieux,  t-st  ici 
allondu  dans  trois  jours.  La  cbanibre  do  justice  fait  bien  des 
reoherehes  sur  pliisieurs  parlicidiers  el  on  fait  inotlro  beau- 
coup  on  prison. 

On  iiupriino  ici  les  (.'mici/i-x  on  (piin/.e  tomes  in-t'olio  ,  les 
(J/,'/tci->'s  do  Halzac  ,  tout  onlier  on  deux  tomes  ,  I'// ixt<ilr<-  dc 
l-'rinii;- ,  par  Me/.eray.  en  ipiatre  tomes  .  etc.  < hi  ospere  de  voir 


A    KAIXONKI.  i(i."» 

bientot  ici  une  nouvelle  piece  de  defense  pour  M.  l-'ouquel , 
laquelle  ,  A  ce  qu'on  (lit,  s'imprime  liorsilu  royaume  ,  et  qiii 
surpassera  en  beaux  raisonnements  tout  ce  qui  jusqu'ici  a  elf 
lait  pour  sa  defense.  Enlin  M.  Morisset  revient ;  un  de  ses  pai- 
ticuliers  amis  vient  de  in'en  assurer;  c'est  qu'il  est  d'accord 
avec  ses  ereanciers  par  le  inoyen  de  M.  Valot,  qui  lui  a  ob- 
tcnu  du  terme  et  de  1'assnrance  centre  tant  de  demandes. 
O  miserable  vanite,  (}ue  tu  fais  du  mal  au  monde ! 

11  y  a  ici  une  nouvelle  criminelle:  c'est  une  Femme  d'eii- 
viron  cinquante  ans,  qui  a  toujours  fait  la  belle,  veuve  d  un 
inarcharid  de  passementsde  la  rue  auFer  et  lille  de  Doussin- 
gaut,  fanieux  marchand  de  vin ,  et  que  j'ai  autrefois  traile 
malade.  Elle  est  prisonniere  pour  avoir  eu  intelligence  avec 
des  faux  monnoyeurs  qui  faisoient  des  lonis  d'or  de  sept 
livres  ,  et  elle  les  distribuoit  et  faisoit  passer  pour  bons  , 
moyennant  quinze sous  dc  profit  sur  chaque  piece  Mon  Dieu, 
que  les  mediants  sontmalheureux!  Afaudit  argent,  que  tu  lais 
de  mal  en  ce  moncle  (I)!  L'avnrice  et  la  vanite  sont  les  demons 

\)  ILn  verite,  il  laul  loujours  s  etonner  do  Pelonncincnt  drCuii  I'ntiu 
(luaul  a  la  puissance  do  raqycnt  sur  nutrc  miserable  rsptco.  Ksl  c<- 
qu'il  nVii  lul  pas  ainsi  do  tout  h-mps?  ijjnore-t-on  cc  qu'a  dil  un  ancion 
sur  1'aMn  sacra  fames  ?  Horace  nc  sc  ino(i»e-t-il  pas  des  Komains  pla- 
cant  toujours  virtus  post  nummos.  II  i'aut  pourlant  avoiu-r  (jiril  j  a 
dans  la  cupidite,  cotto  lopro  du  c«uir  luiinain,  des  paroxjsiuos  i>lus  on 
Dioins  violonts.  On  pout  assurer  qifii  uolio  cpoipie.  la  inaladio  ^oinlilr 
olre  parvenuc  au  plus  haul  point  d'inlonsilo ;  Paij^oiil  lait  limi  <t  poti 
tout.  Aussi,  dil  un  pooto  moderne  ,  M.  do  Latouolio, 

I. a  vcrtu  n'a  (|ii'un  jmir  .    l,i   licaulc  ii'.i  ijii'inir  lirmr  ; 
Dans  x»ii  mcritf  riitirr  I'ar^cnl    lin  M'nl  ilcnicurc. 
(','(.'-[  I'mlaillililc  del,  01. M. nit  «lc  tt.nl,->  |,.IM- 
('oiiM-iciici1  ,   MTiMinlc,  ct   |>H(U'iir,  ct   i  cii'|i;u  '  - 

\    ICtl)Il('ll\    Mlttail    lie    liMI.S    M-i  .1(1  V  Cl-Vlil  I  -   . 

C'cst  Ic  ucrf  iln  i Tcilit  .  I'cnlr.iil!.'  ilcs  ,il!;nr.-v  : 
("(••-I    1,1   ti  ti-  lie  In  n  I  .  |>nnr;pc  ,  I  nil   l,n  li  . 
\,;-,    I',  nlrn,'.. ,,.,-!,,  ,us  iK.iiin.rr  Ic  (    \l'l  I'M   . 


•iO(J  i.K  I  I  ULS    1)K    (.1  I    I'M  IX 

i|iii   If  goiivernent  anjoiird'lnii.   Otte   veuve  s'appelle   ma 
dame  I<>Fevre;  elle  a  tine  fille  mariee  a  tin  nomine  M.  (ier- 
vaisde  la  Afarelie,  <|ni  a  ete  ol'ticier  du  roi. 

On  (lit  (|ue  le  cardinal  legal  vient ,  qu'il  arriveru  a  Fontai- 
nebleau  ,  on  le  roi  so  rendra  Ic  15  do  mai  pour  Py  reeevoir. 

Le  roi  ira  au  pal.iis  bieutut  pour  quelque  suppression  con  - 
Ire  les  jaqsenistes.  Uuand  le  roi  sera  a  Kontainebleuu,  la 
cliambre  de  justice  sera  a  Moret ,  e!  les  prisonniers  a  Monte- 
rean-sur-Yonne.  M.  Parcheveijiie  de  Uiiodes  a  ses  bulles  pour 
Pareheveche  de  Paris,  dont  il  prendi'a  demain  possession. 

Ue  Paris,  1<;  1S  avril  HW't. 


LETTRK  DCXXXI1.  ~  AH  mi-im: 

Ce  mot  ne  sera  ici  que  pour  vons  remercior  des  deux  beaux 
livres  que  vous  m'ave/  envoyes  par  M.  de  la  Fille,  votreclii- 
rurgien.  ,le  remercie  atissi  ie  reverend  pe.re  Meneslrier  de  la 
bonte  qu'il  a  cue  de  me  ine'tlre  dansson  livrc.  comme  il  a  fait 
pariantdeM.  Spon ,  page -f  I.  Jeviensde  iece\oir  nne  letlre 
de  M.  C.,  qni  me  mande  avoir  eh'1  appele  cite/  un  j)rince  d  Al- 
le.magne  ,  due  de  \\irlemberg,  qu'il  a  traite.  et  api'es  avoir 
t':te  che/  lui  ijiielijiie  temps  ft  Pavoir  giK'ri .  en  a  (He  lort  bien 
recompense.  On  lui  oil'ie  de  grand*  avanfages,  s  il  vent  aller 
a  Prague  ,  mais  i!  y  i\  ([nchjce  ciiose  de  meilleur  stir  Ie  bu- 
reau. 

.Pentretins  liier  M.  de  Lorme  (l),  <|ni  me  semble  ('-Ire  un 
merveilloux  personpage  :  il  a  nne  prndigieuse  mi'-moire  .  beau- 
coup  d'esprit,  grand  sens  rt  de  gi'andes  conii(»issanci's,  et' 
qui  est  bien  e\l raoi'dinaire  en  nn  age  -i  avance;  <le  pins, 
il  a  fait  sou  coins  en  nne  terrible  eeole,  (jui  e>l  la  eonr.  I! 
m' a  Ibrt  i'emercit''des  lettresipie  je  lnii'>crivis  il  y  a  deux  a  its.  el 


A    KAM.ONKI.  i<>" 

inoi  je  I  ai  remercie  des  sieimes.  II  (lit  qu  apres  (jue  son  pm- 
ces  serajuge,  il  meviendroit  voloutiers  demuuder  une  petite 
chambn:  pour  y  demeurer  avoc  moi  et  pour  m'entrelenir  de 
plusieurs  cboses;  jo  lui  ai  oflerl  toute  la  niaison.  II  m'a  sou- 
vent  parle  de  iVI.  Guillemeau,  son  aneien  ami.  II  n'etoit  pas 
des  plus  savants  ,  mais  il  etoit  bien  intentionne  et  avoit  une 
prodigieuse  memoire.  II  etoit  fort  dans  la  melliode  d  Hippo- 
crate  et  de  Gallon  ;  il  adoroit  la  fortune  de  la  cour,  dont  il 
etoit  disgracie  pour  n'avoir  point  voulu  etre  du  parti  du  car- 
dinal de  Hichelieu,  s'etant  attache  a  la  pauvre  reine-mere, 
Marie  de  Medieis,  de  iaquelle  il  esperoit  tout :  mais  tous  deux 
en  furent  trop  mauvais  marcliands. 

Le  roi  s  en  va  demain  a  Saint-Germain  avec  toute  la  cour, 
ce  2S  avril;  oi\  (lit  qu'il  y  sera  plus  de  trois  mois.  On  parle 
ici  d'nii  grand  projet  que  1  on  a  propose  au  roi  pour  fain;  la 
taille  ret'lle,  oil  bien  d'un  antic  par  lequel  on  otera  les  tallies 
et  gabelles,  et  cliatjue  personne  paiera  tant  par  tete  au  roi ,  ce 
qui  me  semble,  11011  senlement  mjuste  ,  mais  aussi  impos- 
sible, quoique  celase  f'asseen  Tunjuie;  mais,  par  la  grace  de 
Dieu,  la  France  ne  sera  jamais  tuixjue. 

M.  le  nuireclial  d'Estrees  ,  agt-  de  quatre-vingt-dix-sept  aus, 
est  echappe  d'une  tievre  continue,  au  grand  etonnement  de 
bien  du  nionde  dans  un  si  grand  age;  il  est  ne  Ian  l.">7i>, 
et  tHoit  freie  de  madame  Gabrielle ,  <pii  motirut  I'an  l,"r,9, 
mere  de  ten  M.  de  VendcMiie.  l^e  roi  eM  a  Saint-Germain  ; 
M.  et  madame  d'Urleans  s'y  en  vont  dans  (jnehjues  jours 
ajuvs  qu'elle  sera  gili'-rie.  Inxtitt  fli-i'liu  /ry/V  i'nlmiiir. 

M.  Seguin,  meilecin  de  la  I'eine-mere ,  ;ige  de  >oixante- 
huit  ans ,  veil!  il  y  a  loiigtemps,  abbe  d'nne  bonne  abliaye  , 
et  enlin  prelre  fort  devol  et  lre.->  avare ,  s'en  va  quitter  le 
monde  ,  else  r.'lii'e  dans  Saint-Victor,  avee  les  moines,  pour 
y  passer  le  restede  ses  jours.  II  a  un  ills,  conseiller  a  la  cour, 
ijni  lui  doniie  du  inecontciilemeiit  :  .mltti.*  »•.«.•/  '-./  omni  fturti' 
fii'titua.  M'.:ilti>  iff  jiiiil<j  li'i>i>i'i/ui  ><'/v///  iiiiint'i  uliijiiiil  ijt/tiil  i/i 

<^/.V>'  f'tttH'ttjHS    iiufiil , 


4()S  I.KTTHKS    DK    (ifi    1'ATI.N 

On  pai'le  ieide  linil  villages  en  Italic  <jui  y  out  eteaccable's 
par  les  eendres  du  mont  Vesuve.  M.  Boucherat,  inaitre  dos 
coniptes  a  Paris,  et  doyen  de  sa  chambre,  age  de  quatre- 
vingt-seize  ans,  est  ici  fort  maladc;  il  crache  le  sang  et  saigne 
du  nez  :  cffa>ta>  nc  deficient  is  natural  artjuinentuin. 

On  dit  qu'il  y  a  du  bruit  a  Constantinople,  qui  a  donnede 
la  trayeur  au  grand-seigneur,  et  qu'il  y  a  grande  apparence 
qu'ils  ne  prendront  pas  Candle  celte  annee. 

II  y  a  ici  un  ambassadeur  d'Angleterre  pour  retablir  le 
commerce  du  plomb,  de  1'etain  et  des  bas  d'estame,  et  pent- 
etre  pour  a  litre  chose  de  plus  grande  importance. 

J'admire  les  recherches  particulieresque  lepere  Menestrier 
a  ramassees  avec  grand  soin  et  beaucoup  de  travail ,  pour  en 
composer  VElogekistoriquede  la  villede  Lyon({}.  Celivre  du- 
reraajamais  pour  1'honneur  de  votre  ville,  qui  est  en  France 
ce  qu'est  Anvers  aux  Pays-Bas,  et  ce  <jue  dit  J.  Lipsius,  (/nod 
cut  in  capita  oculits  ;  sauf  a  Paris  et  a  Rouen  de  det'endre  leurs 
droits,  ayant  chacune  ses  raisons  et  ses  prerogatives.  J'ai 
peur  qu'on  ne  disc  de  Paris  ce  que  Joseph  Scaliger  a  dit  de 
la  Home  de  son  temps  :  S/jurrwn  nadaver  /irittittff  reiivsttitix  , 
turpis  Ittura  nmt  mcrciifiiini  rcnnti ,  etc.  Mais  a  proiios  de 
Scaliger,  (jui  etoit  un  homme  incomparable  ,  n'avez-vous 
point  vu  trois  petits  livrets  intitules  .s>Y///y/c/v/)(</ ,  /V/r/i///V///// 

^1)  Voici  le  litre  en  entier  :  Eloye  historiqtic  de  l<i  ville  de  Lynn  .  s« 
yrandeur  consitlaire  sons  les  cmpereurs  et  sous  les  rois;  1GO(J,  in-4".  (]c 
pore  Mencslrier  olail  1111  homme  (res  omdil  et  cjui  u  coiiij)ose  beaucoup 
d'ouvrages  dont  quclques  uns  soul  encore  olimes.  II  ne  fant  pas  le 
confondre  avcc  un  a ul re  Meneslrier,  sa\anl  niimisinale  du  siecle  jtre- 
cedenl,  qiii  vccut  et  mourul  a  Dijon.  Son  epilaphe  se  lisait  sur  un  des 
vilraux  de  l'e{',lise  de  Saint-Jean  de  cede  \ille,  la  voici  : 


U.  I' 


et  TliuniKi'f  On  ne  trouve  que  bien  pen  du  premier,  et  je  n'ai 
point  vu  les  deux  autres.  J'ai  en  mes  mains  le  manuscrit  du 
premier,  il  y  a  trente-huitans,  et  je  vous  I'oflVe  de  bon  comr. 

Je  viens  d'apprendre  la  inort  d'un  de  DOS  medecins, 
noinme  Vaclierot ,  age  de  soixante-deux  ans  (l).  11  etoit  a 
Commerei,  medecin  du  cardinal  de  Helz,  et  il  y  est  mort 
d'une  inflammation  de  poumon  pour  avoir  trop  aime  le  vin. 
Du  rcste  c'etoit  nn  savant  homme  ,  bonnete  et  digne  d'une 
plus  longue  vie. 

II  est  mort  aussi  un  conseiller  de  la  grand'chambre  , 
nomme  Musnier  del'Artige,  age  de  soixante-dix-neul'  ans. 
fiiienaut  et  Rainssant  n'ontpas  laisse  de  lui  donner  deux  ibis 
du  vin  emetique ,  avec  lequel  on  arrive  souvent  <id  ref/nicm 
aempitmiam . 

Notre  jeune  rcine  est  grosse,  etj'en  suis  bien  aise.  Plaise  a 
Dieu  <jue  sa  posterite  vive  et  regne  longtemps,  et  (ju'elle  re- 
p-ire  tant  de  maux  que  la  France  sou  lire  depuis  la  mort  du 
bon  roi  Henri  IV. 

M.  Colbert  a  ete  dire  a  M.  Boucheral,  conseiller  d'Ktal, 
<iu'il  n'allat  plus  a  la  cliambre  de  justice ,  et  que  lelle  etoit  la 
volonte  du  roi.  On  croit  que  c'est  pour  avoir  parleen  faveur 
de  M.  Kouquet,  et  n'avoir  pas  crie  au  gre  de  la  cour,  /<>///', 
crwi /i(/<>.  Je  vous  baise  les  mains,  et  suis  de  tout  mon  co-ur 
votre,  etc. 

De  Paris.  Ic  (i  mai  H\M. 


LETTIIE  DCXXXIII.—  Ai 

Je  vis  ici ,  vendredi  dernier,  en  consulte  .  une  t'emme  mor- 
due  d'un  cliien  enrage,  agt'e  de  trente-ciixj  ans.  Les  parents, 
ayant  entendu  noire  |>ron(j.stic  ,  i|ui  ne  promelloil  rirn  de 

1     \  Hyp/,  la  iiole  Ionic  1 1  ,  jt    7'i. 


170  I  !.TTU|-;>    OF.    (,l  I    I'.U'IN 

hoii ,  I'lii'i'iit  ( hercher  Ic  chevalier  de  Saint-Huhert ,  <|iii  y  vint, 
mais  qui  n'y  avanca  rien.  On  leur  amena  un  charlatan  i|iii 
lui  lit  avaler  <lu  vin  cmoti<|ue,  ot  apres  lui  donna  unepilnlo, 
dont  olio  rnournt  trois  heuros  apres.  Le  pentametro  d'Au- 
sone  n'y  a  pas  eu  son  elFet  :  I'h  //Hun>  j'nto  rolimt ,  bina  vc- 
ncnajuvmit.  Los  charlatans  tnent  plus  dc  mondeque  les  bons 
mcdecins  n'en  guerissent.  (Test  la  fauto  dcs  jugos  qui  IPS 
souffrent. 

Je  haisc  IPS  mains  a  inadanic  vol.'o  luniiiic.  .1'ai  mauvaisc 
opinion  dcs  eaux  dp  Vichy  pour  (,'llc.  Feu  31.  Mprlpt  ,  qui  y 
avoit  pto,  IPS  disoit  I'ort  contraircs  a  la  poitrino  ;  et  de  fait  OPS 
minpraux  dossi-chaiils  sonl  pnnornis  du  poumon.  J'aimerois 
niioux  ,  on  cctlo,  hollo  saison,  un  changement  d'air  ot  du  lait 
d'anpsso,  PII  so  [)urgeantdedix  on  dix  joins  avoc  la  casso  ot  lo 
sono.  Toutos  OPS  eaux  niiHalliijups  <»]it  un  certain  sol  desse- 
chant  (H  onnoini  dps  ontraillos  { <).  Vous  a  vox,  dolivro  votro 
jeuno  hommc  d'un  grand  mal.  Nos  harhicrs  font  ici  tons  los 
jours  dps  fautps  somhlahlos  a  collos  qn'on  a  laitos  avoc  lui,  ot 
nos  chiens  a  grand  collier  no  lontautro  chose  ot  IK;  rougissont 
point  do  dire,  connne  Vps|»asipn,  <]iio  I'odpur  du  gain  ost  tou- 
jours  honno,  do  qiioi  quo  co  soil  (ju'il  provionno.  Josuis,  etc. 

De  Paris,  Ic  0  mai  H\M. 


LETTKK  I H:\.\\ IV.  —  An 

J'ai  ici  vu  M.  Merlal,  jeune  hoinmo  de  IAOH  ,  qui  m'a  parle 
do  vous,  comino  vous  lui  aviox.  roooniinando  do  me  voir:  HIT 

1  II  v  a  du  vrai,  dn  bun  pralirien  dans  eelle  reflexion  ;  lonle  can 
rniiierale  esl  e\e:(nn!e  ,  voi'a  qui  e-l  e  rlain  ;  mais  il  no  1'esl  pns  moiii* 
iin'einplovees  a  |»ro|>os  el  scion  de-<  indications  prc-eises  4'l  formelles. 
Ics  eiii\  niinci .;!(•-  soul  tin  moyen  iherapetilique  d'antanl  |)Ins  pic- 
rieiiN  q;ii-  nu!  anlre  ne  pent  !i'  rem]>lae>-r.  I'onr  I-'*  ean\  de  \ieliv. 
vi>ye/  la  note  lonte  II  ,  pa;>,e  .'is:?.  K.  I'.) 


A    FAl.r."NKT.  -171 

injurtn  ,  imliyct  I'linit  "/•/>'  Mnrltaunia  <•(  f'/iironic.  Je  vous  dirai 
tort  a  propos  ce  vers  d 'Horace: 

Slultortnn  incurala  jmdor  mains  ulccra  cetal. 

Le  roi  et  touto  la  coin-  s'en  vont  apres  domain  a  Fontaine- 
bleau.  On  (lit  quo  M.  lo  dauphin  part  des  anjonrd'hui  de  Ver- 
sailles pour  y  etre  conduit.  La jeune  reine  est  grosse.  On  dit 
que  la  chambre  de  justice  suivra  ,  et  lo  conseil ,  et  les  pri- 
sonnicrs. 

Le  beau  /Hoyi-nt'*  Lufrtiti*,  grec  et  latin,  de  M.  Menage  est 
arrive  d'Angleterre.  On  croit  ici  (jue  M.  Herrier,  premier 
commis  de  M.  Colbert ,  est  tellement  bien  dans  1'espritdu  roi. 
qu'il  est  en  etat  d'en  chasser  eelui  qui  I'y  a  mis.  \A\  cour  est 
un  pays  oil  Ton  joue  a  boute-liors. 

Les  Hollandois  eonnnenceiit  a  menacer  de  fain-  la  guerre 
a  ICveijue  de  Minister,  s'il  no  lour  rend  un  certain  chateau 
qu'ils  pretendent  lour  appartcnir. 

Le  legal  est  on  chemin;  il  sera  accompagno  de  soixante 
gentilshornmes  italiens;  ce  sont,  a  ce  (ju'on  dit,  antant  de 
cointes.  Ce  no  sont  pas  des  comtes  de  I'empire  ,  mais  plnlot 
des  comtes  de  la  pomine  do  Charles-Quint,  qui  lit  cinquante 
comtes  di^  ceux  qui  pouvoient  ramasscr  line  des  cinrpiante 
pommes.  Oh!  IJIK^  ce  h'gat  nous  obligeroit  s'il  poiivoit  Cairo 
diminuer  la  faille!  Kntre  aulres  m^cessites  qni  nous  pressent, 
oollo-la  nous  est  bicii  necessairo  pom1  !i>  pauvre  peuple.  II  m> 
t'ei'oit  ]»as  mal  aussi  d'oter  le  carerne :  mais  jc  crois  (]u'il 
n  en  a  pas  la  volonte.  Je  vous  bai^e  les  mains,  et  suis  de  tout 
mon  co'iir  votre  ,  etc. 

l>e  I'aris,  Ic  1  'i  inai  1<>(>'i. 


LKTTUK  DCXXXV.          I 

J  ai  ivcu  votre  Icttre  [tar  M.  Colol,  dont  je  vous  remorcie  ,  et 
suisravi  (jueM.  votre  Ills  ail  si  bii'iilait  en  contentant  les  mes- 


•f?2  I.I;ITIIK>  DI:  <;u  rvn\ 

si  ours  do  votre  college  ;  Dieu  lui  fasso  la  grace  de  continucr  do 
mioux  on  mieux  ,  ft  d'y  reussir  do  memo.  M.  Spoil  mo  1'avoit 
mande  ;loja  avoc  grande  joie  ot  applaud issement.  M.  Morisset 
a  tort,  i!  dovoit  y  assistor;  uiais  c'est  quo  lo  bon  seigneur  a 
bien  autro  chose  on  tote,  donl  jo  vous  ai  ecrit  par  ma  der- 
niere.  Je  no  sais  si  M.  Germain  ira  on  1'ologne ,  car  on  lo 
marchande;  mais  s'il  y  va ,  co  no  sera  pas  f'aute  de  pratique; 
il  a  boil  omploi  ot  beauooup  do  inerile.  1!  faut  qu'il  y  ait 
quelque  autremystero,  quo  jo  crois  etre  du  cute  do  sa  fann'llo, 
dont  neanmoins  il  a  ou  du  bieu.  C'est  lui  qui  a  ocrit  contro 
I'antimoine.  II  est  grand  cliimiste,  inals  il  a  bon  jugement, 
raisonne  bien ,  on  honnne  sago  et  judicioux.  11  a  trois 
belles  lilies  a  marier,  dont  rainoe.  a  plus  do  (rente  ans  ;  mais 
pourquoi,  dit-on  ,  no  les  marie-t-il  point?  jo  n'on  sais  rien  : 
tm  /r.s'  nny  usf  a  don//'.1'  L'ou  ne  voit  guere  do  gens  ricbes  quo 
Ton  ne  sacbo  en  quel(|iie  i'aoon  comment  ils  lo  sont  devonus, 
ted  ('(jcxtdtis  pnulu  occulttorcs  i't  obsctn' tores  $tt//f  c<ius<t' ;  noan- 
moins i'espere  do  vous  dire  cclles-ci  quolquo  jour. 

II  v  a  un  gros  proees  a  Houcn  de  lous  les  medecins  oontro 
mi  apothicaire,  (jui  so  disent  do  belles  veritos  les  mis  conln; 
lesautres;  tons  cos  proees  decrient  fortoment  la  profession. 

On  dit  (pie  les  oloctours  ne  peuvent  s'accorder  a  Ratisbonno 
])our  le  seeours  (JMO  remporour  lour  domando  contre  h;  Turc  : 
ainsi  il  y  a  grande  apjiarenee  quo  tout  ha  mal. 

J'ai  vu  aujourd'hui  noire  !\f.  Charpcntier  qui  so  poi  to 
mioux  ,  Hrr  du  cti/culn  roiir/iwrifiir.  Jo  vous  baiso  les  mains,  ot 
suis  do  toute  mon  ame,  etc. 

Do  1'aris,  lo  2o  niai  l(»(i'i. 


U-/ITKK  IH'AXXVI.—  .1 


\    KAI.CONtl.  4  7:5 

rents  de  31.  Fouquet  sont  ici  en  grande  alarnu;,  et  ont  peur 
fie  Tissue  du  proces.  La  haine  que  M.  Colbert  lui  porte  pous- 
sera  les  choses  bien  loin. 

N'avez-vous  rien  oui  dire  de  nouveau  d  une  //istoirv  dc 
I. U<>n  ,  en  deux  tomes  in-folio,  t'aite  par  un  jesuite  de  votre 
pays,  laquelle  est  bien  avancee,  inais  non  parfaite?  Je crois 
que  1'auteur  s'appeloit  le  pere  de  Saint- Aubin  ,  ou  le  pere 
Bollioud. 

Madame  de  Nemours- Vendome  est  ici  morte  de  la  petite- 
verole;  elle  laisse  deux-belles  lilies  a  marier.  C'est  celle  qui 
etoit  veuve  de  celui  (jue  M.  de  Beaulbrt4ua  d'un  coup  de  pis- 
tolet  en  duel  Van  1659  ,  et  qui  etoit  son  beau-frere.  Elle  est 
ici  morte  le  19  mai ;  les  sit-urs  des  Fougerais ,  Braver  et  Bains- 
sant  1'ont  assistee  jusqu'au  bout,  avec  un  nomine  M.  I) u four, 
huguenot,  qui  etoit  autretbis  medecin  de  M.  de  Yendome  , 
son  pere,  durant  ses  voyages  d'ltalie. 

Je  viensde  recevoir  votre  lettre  da  tee  du  16  mai  ,  pour  la- 
quelle  je  vous  remercie :  je  souhaite  une  vigoureuse  saute  a 
mademoiselle  Falconet ,  pour  a  laquelle  parvenir  je  tiens 
trois  choses  tres  necessaires  :  m-atpc  di attain  Ict/ittnid/// ,  »,^>- 
flit/n/t  lactis  ttsuin  M(l  (isiiiini ,  cf  cutharsim  frequcntein ,  cfni/<//ic 
benignuin  ex  fuliis  <-t  ran*,  t-mn  /xnico  rhco ,  it /si  tu  dissent  is , 
docte  Trt'lmti.  M.  IMorisset  n'avance  rien  en  ses  atlaires,  et  ne 
nous  rend  pas  nos  registres ;  je  ne  sais  eniin  ce  <ju'il  fera  ni 
ce  (ju'il  deviendra  :  je  ne  vis  jamais  un  homme  si  mai  con- 
seilli!  et  si  malencontreux.  On  clierche  ici  un  medecin  jxmr  la 
charge  tie  medecin  de  M.  le  dauphin  .  inais  sourdement  :  on 
dit  qu'elle  est  a  20,000  ecus  ;  je  ifai  garde  d'y  penser  ni  pour 
moi  ni  pour  mes  enfants.  ('urin  d«i  cm-tis  ,  fr/'/t/mf  ,lt«l<i'ut 
.\/>f//(i ,  nun  <'</»,  </ni  ({/die/  rni/i  diis  st'ft^t/n  u</ct'r  ii'fuin  : 
[»aix  et  pen  ,  /xii/cm  ct  i-ircvnx<'*. 

II  a  couru  ici  un  bruit  <|iie  le  roi  sortiroitde  Funtuinebieau 
a  cause  de  la  petite  vi'-role,  inais  ct^  bruit  se  trouve  faux.  Ma- 
demoiselle d'Alenron  ,  sirur  dc  feu  madame  la  duchcsse  dc 
Siivoie,  est  ici  inahidc  dr  la  petite -\rrole. 


\~:  \  I.KTTHES    Uli    (,ll    PAT  IN 

M  lecomtede  Montausier(l)s'en  vadelapartdu  roiiiLyon, 
vers  M.  le  cardinal  legal,  poui1  1'amener  et  aecompagner  jus- 
qu'a  Fontainebleau.  .rapprends  que  1'on  impriine  en  Hollands 
un  bean  recueil  do  tout,  cequi  a  etc  jusqu'ici  tail  pour  la  de- 
tense  de  M.  Fouqnot ,  mais  ([u'il  y  aura  plusieurs  volumes  in- 
douze ,  et  quo  Ton  park:  aussi  d'y  imprimer  uu  recueil  d'epi 
tapbes  du  cardinal  Mazarm.  IVut-etre  quo  co  dernier  en  atti- 
rera  un  autre  pour  le  cardinal  de  Hicbelieu ,  pour  loquol 
plusieurs  curieux  en  iirent  de  tori  beaux  alors,  pour  1'aniitii' 
que  1'on  avoit  pour  le  bonnet  roiiire  ,  <|ui  avoit  et«!  le  ./»/////•-/• 
nnH'intw  de  son  sieole? 

31.  de  Guise  est  ici  fort  malade;  on  dit  tout  bas  que  c'est 
''/:  td ft.' i' ili/is  ac  hyper scircfjsi  vt'sicii*;  il  y  a  iwlnn'ic  et  x//v//;- 
(juric. 

Nous  avons  ici  un  de  nos  medecins  juvtii  se  t'aire  tailler 
pour  la  pierre  dans  la  vessie;  c'est  celuifjui  donne  tant  de  vin 
emetique  dans  Paris,  //'r  /f/x  cf  ncfrx ,  (pi'on  lui  en  a  donnc 
lesurnom.  On  dit  qu'il  le  fait  pour  ^agner  les  bonnes  graces 
des  apotbicaires  et  pour  plaire  a  Guenaut.  II  i^st  un  de  ceux 
(jui  en  ordonnent  leplus,  mais  il  n'en  prend  janiais  :  il  lui 
seroit  peut-t''ti'(!  bon  pour  sa  pierre:  mais  il  n'^n  a  pas  a<se/ 
bonne  opinion.  SMI  y  eroyoit ,  il  y  a  de  I'apparence  ipi'il  en 
prendroit ,  c/est  qu'il  a  peur  de  sa  peau  ;  pour  moi ,  j*1  n'en 
prendrai  jainais  :  mint  ///>'  r"*t i<jm  //•/•/•<  ,/f. 

I  lest  inoi't  ici  depuis  ipiatre  jours  un  vienx  cliirui'^ien  I'a- 
meux  de  la  place  .Maubert  ,  nonnm'1  J.  ^lesnard  .  qui  cloit 
habilt^  bomme  et  bien  ricbe  ,  agi'1  de  quatre-vinjit-sopt  an^. 

Le  conseil  du  roi  a  envoye  depuis  pen  de  jours  plusieurs 
taxes  pour  divers  j>artis  ,  dont  se  son!  nn'-li's  les  chef's  de  ccs 
taniilles.  .Madanu1  d'Ksp,'uillon  en  e>l  ,  qudques  presidents 
au  moi'tier,  comme  MM.  de  Maisons  ,  le  (-oi^neux  ,  de  I'ail- 
leul,  etc.,  lalirisse,  }>arlisan  ;  Lambert,  inaitre  des  comptes . 

1N  DCM-IIH  drpui*  I'illiislrc  due  dc  .Monlan-icr.  "i  coiiim  dan*  Phis- 
loi.v  ,!<•  L..ui>  \l\  IM'.l 


t'rere  et  heritier  de  leu  M.  Jean-Baptiste  Lambert,  commis  de 
M.  Fieubet ,  tresorier  tie  1'epargne ,  leijuel  Lambert  mourut 
il  y  a  vingt  ans,  age  do  trente-sept  tins  ,  rielie  <le  4,000,000. 
Je  I'avois  traite  malade  longtemps,  et  il  mourut  maigre ,  sec 
et  tout  extenue,  cuinme  je  lui  avois  souvent  predit.  Son  rein 
droit  etoit  tout  ulcere  et  rempli  d'un  tas  de  petites  pierres  , 
dont  mon  Ills  Charles  garde  quelques  unes  comnic  autant  de 
euriosites  medicinales.  On  a  taxe  aussi  les  heritiers  deM.  Gar- 
nier,  tresorier  des  parties  casuelles,  (jui  a  laisse  dix  erit'ants, 
etachacun  plus  d'un  million  de  bien  :  voila  bien  do  1'argent 
dont  il  en  revienilra  une  partie  au  roi.  Faxit  JM-ux  ut  j/uxt 
hcKC  miscllus,  iuu>  inisvrrimua  (jopttlus  subli'vefur  tat  tributis, 
tot  {I'i'utnnts ,  a  tot  ait/tin  ojifjressus  iniyuistyi'UHiioi'uni  ct  fjubli- 
i-tiiini'uin  art  thus.  Je  vous  baise  les  mains,  et  suis  de  tout  mon 
o< ru r  votre  ,  eto. 
IV  Paris,  le  30  mai 


LKTTKR  DCXXXVII.  —  \n  wtmc. 

Le  Ills  deM.  iMerlat  se  porte  mieux  ;  il  parlede  s'en  retour- 
ner  bientiH  a  Lyon  ;  vous  pouve/  le  direavec  verite  a  M.  Mer- 
lat,  et  lui  t'aire  mc;s  recomniandatious.  Ondit  que  le  cardinal 
de  Het/.  y  doitarriver  bientot ,  et  mademoiselle  d'Orleans  pa- 
reillement,  j'entends  1'ainee cjui  est  si  rielie. 

M.  de  (iuiseest  ioi  mort ,  ?.r  iirtiHi'xKjj/i/'c.uiniit'i-uiH  ilulm-itnix 
<'l  ulcm'ihn&ad  n-yirmn  ,  et  trois  verres  de  vin  emetiijuequc!  les 
niedecins  courtisans  lui  (jnt  donnes  aver  promessedegueri- 
son  :  s/r  I  tin'  ml  d*l  I'd. 

Notre  M.  Hainssant  a  la  pienv;  il  e>t  apres  a  se  i'aire  tailler 
et  s'y  pn''pare.  On  dit  <|ue  M.  li1  [irincc  de  (lonti  a  aussi  la 
pieri'e.  11  a  ele  soiiilc;  on  lie  I  a  point  encore  trouvee,  mais 
on  emit  ([ii'elle  y  est. 

On  pai'le  iei  de  la  suppression  que  le  roi  vent  t'aire  de  liuit 


i7(i  I.ETIKKN    HI-    til  1    I'ATI.N 

millions  de  rente  surles  tallies  constitutes  1'an  163(3.  IMusieurs 
particnliers  y  sont  fortement  engages  :  cela  fera  bien  crier  des 
gens  ,  si  on  ne  les  rembourse  argent  comptant ,  etcomrno  (lit 
1'lanle ,  (ini'o  pro* sent ar to.  On  ne  parle  guere  que  de  cela  ,  et 
|)resqne  plnsdu  legal  (1).  Je  suis  ravi  que  mademoiselle  votre 
femmese  porte  mieux.Pnisque  lacassenelui  fait  rien,  je  vou- 
drois  qu'elle  prit  son  infusion  deserie  ,  toutaumoins  de  deux 
dragmes  ,  de  quatre  en  quatre  jours,  de  grand  matin,  nne 
henre  et  demie  avant  son  lait,  on  bien  trois  grandes  lieurcs 
apres  son  lait,  se  rendormant  par  dessns,  si  elle  pent;  ear 
alors  le  bouillon  n'estpas  presse,  on  bien  apres  le  lait  qnatre 
grandes  lieures ,  elle  prendroit  nn  bouillon  an  vean  ,  laxalif 
par  deux  ou  trois  gros  de  sene.  $yruin>  rinlnnmi  fad  I  a  <-<n-i>l>ii , 
t/itonimi'i  /tic  opus  vst  odstrictione  ,  quant  ill*'  nun  /uifaf  p'roptn' 
n fin f am  humiditatcm . 

,le  ne  sais  encore  rien  de  I'Hippocrate  de  t'eu  M.  van  der 
Linden;  j'en  ecrirai  a  son  tils ,  duquel  on  ne  dira  jamais  : 
/  //didcs  rncl/or  poire. 

Cue  mademoiselle  le  Fevre  de  la  rue  an  Fer,  (jui  faisoit 
passer  les  louis  d'or  <pii  n'etoient  point  de  poids  pour  quin/e 
sous  de  gain  ,  a  en  le  fouet  au  cul  d'une  charrette  ,  <'l  la  lleur 
de  lis  snr  1'epaule  de  la  main  du  bourreau  :  voila  la  seconde 
1'ois  qu'elle  a  ete  reprise  de  justice. 

Le  procureur  du  roi  du  Chatelet  fait  nne  nonvelle  opposi- 
tion contre  Salar,  et  ii  a  ete  remis  dans  le  cacliol. 

Le  roi  supprime  toutes  les  rentes  de  I'Hotel-de-N  ille,  avec 

(1)  Quantl  lo  {joiivcrnemonl  ^e  tiouvait  cinlianas.se  ,  on  s'on  prenail 
alors,  sans  plus  do  1'aoon ,  aux  crcanciors  de  PKlal.  On  connail  oes  vei- 
de  Uoiloau  = 

Plus  ]);\Ii'  (ju'im  rcntici- 

A  1  as]H'<  t  d  nn  ;irr("t  (jui  retraticlic  nn  ijiinrticr. 

Dans  noire  revolution  de  Si* .  on  alia  plus  loin  encore ;  TKlal  lit  ban- 
qiKTotitc  <M  nilova  inn'  j;rande  parlie  du  capital  ;  de  la  ce  (ainoox 
tiers  ron$olxlc  sni  ld|iiel  r;i!',iola;',c  -'(•-.(  i.mi  r\frce.  K.  I1. 


A    KALCONKT.  47? 

promesse  dt;  remboursemenl:  Oieu  le  veuille!  Je  vous  baise 
les  mains,  et  suis  de  tout  moil  ca-ur  votre,  etc. 
De  Paris,  leG  jtiin  KJG'i. 


LETTRK  nCXXXVIIl.  —An  ////W. 

Notre  M.  Rainssant  a  ele  tail!*;,  lundi  matin  9  juin,  ot  on 
lui  a  tire  une  j)ierro  plus  plate  que  grosse.  mais  fort  bien  et 
I'ort  heureusement.  [/operation  a  ete  I'aite  par  Fr.Colot,  con.sin 
de  celui  que  vous  connoisse/..  M.  Noel  Falconet  commit  bien 
relui-ci,  etil  lui  a  vu  tailler  lo  bonliomme  Chanlate. 

Le  prince  de  Conti  cst  au  lit  fort  malade;  on  (lit  (ju'il  a  la 
iievre,  delluxion  sur  la  poitrine,  et  memequelque  soupcon 
de  pierre  dans  la  vessie. 

Nous  avons  ici  quantite  de  lievres  vermineuses,  et  nous  ne 
les  guerissons  (ju'en  faisant  les  remedes  jjentM'aux.  I. a  saignee 
et  la  purgation  sont  absolument  necessaires;  elle  soulage  la 
nature  de  ce  quila  surcharge,  et  empeche  la  continuation  de 
la  pourriture.  Nos  chimistes  ne  savent  pas  ces  secrets-la.  Je 
vous  ai  ecrit  dans  ma  derniere  d'une  dame  le  Fevre  ;  mais  ce 
n'est  point  la  marchande  que  je  connois  ,  c'est  une  autre  (jui 
laisoit  passer  de  la  t'ausse  monnoie.  I, a  vraie  madame  le  Fe- 
vre, (jiie  j'ai  traitee  malade  en  I(>:^7,  etoit  belle,  jeune  el 
tViande  ;  elle  est  encore  prisonniere  au  (lliatelet:  si  elle  avoil 
(•te  a  la  cour  des  Mommies .  on  dit  qu'il  y  a  longtemps  (pi'ell*1 
auroitete  pendue.  Kile  aura  de  la  peine  d'en  ecliap[«-r  :  c'est 
un  des  conseillers  des  moimoies  qui  me  la  dit  ce  matin. 

Le  jeune  Merlat  est  pai'ti  d'ici  .sans  me  dire  grand  mere! . 
et  sans  me  rendreun  livre  (jueje  lui  avois  prete.  II  ru  a  fait 
de  meme  a  mi  bun  ehirurgien  (jui  1'a  bien  pause  ;  pcnt-t-tre 
(|ii'il  vous  parlera  quand  il  sera  arrive  a  Lyon.  Je  vous  disla 
chose  comme  elle  est.  Le  cliirurgien  m'en  est  venu  parler  ei 
se  plaindrea  nmi :  je  lui  ai  promisde  vous  en  ecrire,  el  .ipre; 


-17N  LKTIHKS    T)K    (.11    I'M  IN 

avoir  vu  quel  ordre  il  y  metlra  ,  j'en  ecrirai  ,  s'il  est  besoin  , 
un  petit  mot  a  M.  son  pore  :  e'ost  grande  pitio  quo  jennesse, 
(ittiuntcs ,  iniH'itfcs. 

Les  rentiers  font  iei  do,  grandes  plaintes  ot  hion  dii  bruit. 
Lc  roi  vent  rembonrser  tout  le  bourgeois;  inais  il  rotieiidra 
par  ce  moyon  toutos  les  rentes  (hi  ceux  qui  sont  taxes  a  la 
eliambre  de  justice,  et  <|ui  sont  lieritiers  do  eoux  qui  out 
inanie  les  finances  dopuis  trento-cinr)  ;ins,  on  <pii  se  sont 
melesde  partis.  11  y  a  hien  des  ^(>ns  do  longuo  rolto  ,  di^s  con- 
seiHers,  maitres  de  retjiuMes,  des  rnaitres  des  com  pies,  et 
memedes  presidents  au  moitier  quis'ytrou vent  embarrasses. 

M.  le  cardinal  de  Uet/  esl  iei.  Je  voiis  baise  tres  humble 
meiil  les  mains  et  suis  de  tout  mon  cu-nr  votre,  ete. 

Do  Paris,  le  13juin  HJfi'i. 


LETTRK  DCXXXIX 

l^e  cardinal  legal  est  iei  qui  se  promriie  im-ftt/iufn  en  atten- 
dant le  jour  de  son  rnlivo  ;  tout  l(>  monde  le  eroit  ponrtant 
bi(;n.  11  vientdemander  pardon  ;iti  roi,  ct  nous  apporte  des 
indulgences,  des  Agnus  Dei,  dos  ehapeU'ts  ft  grains  bruits, 
el  antres  t'anl'reluelies  papalines.  il  vaudioit  bien  inieux  (jn'il 
fit  rabaisser  la  tailledont  tout  le  monde  est  fort  tourmento. 

On  parle  de  la  suppression  de  deux  presidents  an  mortier, 
savoir  de  MM.  le  (x)igneux  et  le  Bailleul ,  et  de  deux  secretaires 
d'Ktat,  MM.  de  Guenegautet  de  la  Vrilliere.  IMusieurs  parlent 
des  rentes  ([ui  en  craignent  la  suppression  ,  mais  on  dit  <pie 
It;  mal  no  sera  pas  si  grand. 

Dieu  conduiscM.  Anglis<!t  sa  jenno  noblt  sse  :  ce  sontd'lion- 
neles  gens. 

.it1  baise  les  mains  a  M.  -ier.  (lolol ;  son  cousin  Fr.  Colot  etoit 
alle  a  Autun,  oil  il  est  toinbe  malade:  li  eroyoil  tailler  M.  I't-- 
ve«pie  d'Autun  .  qtii  esl  mort  de  la  pierre  avant  (pj'etre  lailli- 


A    FAUlo.NKl.  47'. I 

C«t  eveque  avoit  ele  minime  et  eveque  de  Hie/;  iMilin  il  est 
mort.  II  <Hoit  cousin  de  M.  de  Marillae,  conseiller  d'Etat ,  <|ui 
me  le  (lit  bier,  et  neveu  dc  MM.  les  deux  ireres  du  garde  des 
sceaux  etdu  mareelial,  qui  mourut  Tan  1032  pres  de  I'Hotel- 
de-Ville.  Ce  M.  de  Marillac,  conseiller  d'Ktal,  est  petit- fi  Is  du 
garde  des  sceaux,  etperedcM.  de  Marillac,  |)ar  ci-devant 
conseiller  de  la  cour,  et  aujoiird'liui  a vocat- general  an  grand 
conseil,  le([uel  a  depuis  pea  epouse  une  belle  jeune  dame  , 
lille  de  M.  de  Saton  de  Champigny ,  inlendant  de  justice  a 
Lyon  ,  qui  etoit  le  boil  ami  de  noire  bonliomme  leu  M.  Cas- 
sendi.  Je  baise  les  mains  au  1*.  Bertet ;  j'ai  recu  sa  lettre,  et 
lui  t'erai  reponse  bientot. 

M.  votre  frere  est  arrive ;  il  m'a  I'ait  Ibonneur  de  me  rend  re 
visile  etde  m'inviterd'aller  rendre  visile  a  son  patron  ,  mon 
seigneur  ttoberti.  M.  votre  f'rere  a  tant  d'affaires ,  qu'il  nc  sail 
pres(jue  pas  de  (juel  c<)le  se  tourner  ;  il  ressemble  ii  cet  ancien 
ifin  yuiuii  i'.wf  .<«///>• ,  /iciii'  facK-litit  fnuitliiiiit  licrn  sun.  II  etoit 
secretaire,  intendanl,  ma  it  re  d'hotel ,  argenlier ,  etc.  l.f  <iui<l 
iion?  celaest  dans  les  tables  de  1'hedre. 

Je  me  rejouis  bien  fort  de  la  sante  de  mademoiselle  Fal- 
conet; le  bain  et  la  frequente  purgation  de  sene  et  de  casse 
lui  seront  deux  souverains  remcdes  ;  mais  il  ne  fautpasqu'elle 
s'en  lasse,  jusqu'a  ce  quo  sa  maladie  soil  tout-a-1'ait  iinie. 
Kile  aura  encore  besoin  d't'-tre  purgce  line  t'ois  la  semaine 
j usque  dans  I'liiver,  serf  IMIU/.U  ruli/lint'i'  i/twlt'cumc'iilo,  n<l<litix 
iii  nit  rum  i'/.il  t.d /(n't  i>Ks  iiicf/triuit'  aft*  ,  iii'ti/jii1  xy/vy/i'N  dmrrhirfltm 
ft  il<'  jltit'ihus  /ltd//  jji.'i'sif.'if' :  <•''/  n.iii  <ij, in/''  scHinnuiiitiilwuiii  ii/nin' 
f/i'iKtu :  ils  la  tlessecheroient  trop. 

J'ai  vu  ce  malin  monseigneur  lloberti,  loge  dans  lesFeuil- 
lants;  il  est  homme  d'csprit  et  d'ellicace,  en  un  mot .  liomme 
d'affaires  et  llalien.  Lcijntiix  i'*t  n't'  f><>n//s,  /irx't/rr  ////>>•</>• ,  ml 
matt  lend  urn  reijjublicd'  rn/ixii.  M.  votre  Irere.  y  doit  present  , 
c'esl  lui  ([tii  m'y  a  introduit ;  jc  nc  mainpifrai  point  de  fa  ire 
mon  devoir,  au  moins  jc  ferai  tout  ce  ijiu'  je  pourrai,  alin 
qu'on  uc  voiis  reprodie  rii'ii  apic>  avoir  dit  taut  de  bien  de 


480  I.Kl TUKS    I)K    (il  I    PATI.N 

inoi.  Jc  vous  baise  Ires  bumblement  les  mains,  el  suisde  tout 
inoji  coeiir  votre ,  etc. 
L)e  Paris,  le  10  juillet  1064. 


LETTKE  DCXL.  --  Avmemf. 

L'entre'e  du  legal  a  etc  diflJeree.  il  est  a  Kontainebleau,  on 
il  traite  de  ses  affaires  avecMM.  los  deputes  du  conseil.  On 
dit  qu'il  fut  bier  enferme  trois  lieures  dans  son  cabinet  avec 
M.  de  Lionne.  Tout  le  monde  parle  de  son  entree,  mais  per- 
sonno  n'en  sail  rien.  Se  fera-t-elle  on  non?  c'est  un  grand 
probleme.  Mais  en  attendant  que  le  temps  nous  en  eclaircisse, 
je  vous  dirai  que  les  jacobins  du  faubourg  Saint-Honore  out 
perdu  leur  proces  a  lagrand'chainbre,  et  qu'ils  sont  obliges 
de  deguerpir  du  mont  Valerien ,  qu'ils  avoient  occnpe  par 
force  sur  les  pretres  reclus  et  les  ermites  qui  y  demeuroient 
et  (iui  en  avoient  e'te  cliasses  par  ces  maitres  moines.  i\e  dir'nv.- 
VOLIS  pas  qu'ils  se  persuadent  (jue  tons  les  biens  sont  coin- 
niunset  qu'il  n'est  question  que  de  prendre?0n  se  lone  ici  dt; 
la  justice  que  la  cour  a  rendue  a  cette  occasion.  Je  suis  ,  etc, 

Do  Paris,  le  l'r  aout  1(>(i-i. 


LKTTKE  DCXLI.  — 

Mgdame  la  ducbesse  d'Orleans  est  accoucbe'e  d'nn  petit 
prince  qu'on  appellera  le  due  de  Valois  ;  plaise  a  Dieu  qu'il 
parvienne  a  la  gloire  de  lant  de  bons  princes  (jui  out  [)ort(!  cc 
nom  !  Henri  111  etoit  tres  Ixni:  rnais  il  Cut  inalheureux  pour 
s'etre  trop  lie  a  ses  favoris,  et  fut  entin  assassine  par  tin  moine 
jacol)in,  a  Saint-CJoud  ,  dans  uneeliambreoii  j'ai  souvent  e'ti'v 
Ccs  moines  sont  bien  niaudits  de  tuer  les  rois  :  cepeinhint  a 


A    FALCONET.  481 

les  voir,  on  oroiroit  qif  ils  out  des  intelligences  on  paradis;  ils 
en  ont  bion  plus  avoc  le  (liable;  mais  malbeur  a  ceux  (jiii  s'y 
tient.  Celle  ni&meniaison  do  Saint-Cloud  ,  qui  appartenoit  a 
la  famillc  (leGondy,  appaiiientaujourd'hui  iiM.  leduc  d'Or- 
leans,  pcre  du  prince  deYalois  (jui  vient  de  nailre. 

II  avoit  ici  eouru  une  nouvelle  touchantquelques  avantages 
que  nous  avions  en  Hongrie  centre  les  Turcs;  mais  il  n'y 
avoit  rien  de  certain:  omnis  homo  tncndux,  le  inonde  IK;  sau- 
roit  s'empecber  de  mentir. 

La  peste  continue  toujours  bien  lort  a  Amsterdam  ;  la  treve 
n'est  pas  f'aite  outre  les  Atiglois  et  li.'S  IlollandoLs,  m<'lw>  jurti- 
tcr  nf:  ttuule/tt  iinif/ttui/i  n/'fjat/mtt  t'(  /yx  nin.i'tmi  momcnti  I'rti.m- 
jxif  in  iH'i'vioi).  Quoi  (]u'il  arrive,  on  croit  (|ue  les  Anglois 
seront  toujours  de  notrecole,  et  (|iie  leur  roi  est  de  fort  bonne 
intelligence  avec  le  ncMre. 

Nous  if  avons  rien  de  nouveati  dc  la  cbambre  de  justice.  On 

parle  toujours  de  M.  Fouquet,  mais  personne  nc  sail  quand 

celatinira:  gneindus  finem,  rr.f  n/titjnc  .  luborinit'?  On  ma  dit 

que  1'ou  avoit  imprime  cbez  Klzevir,  a  Amsterdam  ,  jilusicurs 

tomes  de  /''octum*,  Ilctjuefcs ,  A^olnyien  et  Defenses  pour  iui, 

mais  on  if  en  a  encore  point  vu  ici.  Le  roi  a  ete  saigne  deux 

t'ois  :  on  dit  qif  il  va  etre  purge  pour  prendre,  apres,  les  eaux 

de  Saint-Myon  etdu  lait  d'anesse:  ntlnmn  frlicit<;rconvalf$ctit ! 

On  imprime  presentement  en  llollande,  die/.  31.  lilaeu,  le 

livre  de  M.  (ier.  Jo.Yossius,  du  Itlulaluti'lu,  etc.;  il  sera  in-fulio, 

augmenle  de  la  moilii'; :  ce  sera  un  fort  lion  livre,  car  M.  Is. 

Yossius,  son  Ills  unique,  me  la  dit  lui-meme;  il  est  ici  depuis 

six.  semaines ;  il  m'a  lait  riionneurde  me  visitor  deux  fois.  ,lc 

1'avois  autrelbis  connti  cbe/  feu  M.  Hugo  (Irotius,  1'an  1039, 

et  die/  M.  Salmasius,  1'an  I6-i.'5.  On  imprime  (Mi  Angleterre 

le  Dictinnn.  dc  Sj>cliJKintix ,  et  a  Lyon,  <|ui  sera  bicnlot  adieve, 

un  Anialtli:  nut  Onomtisticuni  Laurent  tannin ,  qni  stM'a  un  fort 

bon  livre  in-folio.  Je  vous  baiso  lc-:;  maiu^ ,  of  suis .  etc. 

Do  1'iiris.  le  -29  aoril  !«»<'»'• 


4$1  I.ETTHRS   DK   GFI   P.VHN 

LETTRE  DCXLII.  --  Ait 

J'apprends  que  le  roi  n'ira  point  a  Dunkerque,  niais  il  y 
envoi,*  a  sa  place  M.  In  marquisdeMontauzier,  (lout  la  (em  me 
est  aujourd'hui  premiere  dame  d'honneur  de  la  reino,  a  la 
place  de  madame  de  Navailles .  (|iii  a  ete  disgraciee ,  taut  pour 
son  malheur  quo  par  sa  i'aute.  On  dit  que  le  roi  a  qticlques 
indispositions  de  chaleur,  ct  que  pour  le  rafraichir  il  sera 
saigne  et  purge;  ensuitede  (juoi  en  lui  (era  prendre  les  eaux 
de  Saint-Myon  ,  Scmcti-Mcdulphi ,  en  Auvergnc. 

Madame  de  Label ,  noire  voisine,  est  bien  at'iligee;  on  lui  a 
enlcve  son  petit  Huguet,  qui  par  unc  debauche  spiriluelle 
s'etoit  fait  capucin  avec  quelques  autres  petits  ecoliers.  Mon 
Dieu  !  faut-il  avoir  si  froid  ,  et  aller  en  Gymnopode  en  paradis? 
comme  a  dit  quelque  part  M.  Sebastien  Kouillard,  natifde 
Melun,  jadis  avocat  en  parlement. 

Comment  se  porte  le  reverend  pere  Bertet?  Son  grand  des- 
sein  de  ['edition  des  oruvres  du  pere  Theophile  Kaynaud 
sera-t-il  bientot  acheve?  Comment  va  celle  du  pere  Gibalin? 

On  mil  avant-hi(!r,  ee  IS  aout,  dans  les  cachots  du  Cliate- 
l(it,  neut'  jeunes  homines  qui  out  vole  un  coimnis  de  M.  Col- 
bert; il  y  en  a  eu  quatre  de  roues.  J'ai  ete  apix'lt^  ce  matin, 
ce  -20  aout,  die/  M.  le  nonce  poury  voir  le  maltre-d  hotel ; 
j'y  ai  aussi  vu  M.  votre  1'rere,  ipii  m'a  dit  i|u'il  vous  avoit  lait 
reponse.  On  dit  que  M.  le  nonce  Cera  bientot  son  entree  solen- 
nelle  dans  Paris,  comme  out  accoutume  de  fa  ire  les  ambassa- 
deurs.  M.  votre  frere  m'a  fait  voir  son  beau  earrosse;  on  ne 
voyoit  rien  de  pareil  dans  la  Palestine  duraut  le  temps  du 
Mcssie,  niais  alors  In  /'I'ltt/in/t  f'/nif  at  hei'liv ,  nujuurd'hui  f/lf 
est  en  (jcrba  i-t  en  flour.  I  ml c  fit  n.t  hodie  j>rincipes /'JcclesHf.'(nin 
facile  ct  jucunde  hauriant  aquas  in  gaudio  de  font  thus  Salvaturis. 

I'icttis  peficrit  dirilias  ,  mais  filia  x/t//'nei!rif  matron  :  c'esL 
saint  lieruard  qui  1'a  dit  ,  ilont  on  ct'lebre  aujourd'hui  la 
felt;. 


A    FALCONET.  -183 

M.  le  nonce  a  fait  son  entree, ce  23  aont,  dans  Paris,  avee 
grande  admiration  do  tout  le  rnonde,  et  tout  y  etoit  beau  et 
splendide.  Ce  meme  jour  je  vis  31.  votre  frere  ,  <]tii  vous  baise 
les  mains;  il  est  si  fort  accable  d'affaires  qu'il  n'a  pas  le  loisir 
de  vous  ecrire ,  et  vous  prie  de  1'excuser.  Ce  meme  jour  est 
arrivee  la  nouvelle  que  le  sieur  de  Maginville,  viee-bailli  de 
Chartres,  qui  eloit  en  fuite  pour  vol  et  t'ausse  monnoie, 
avoit  ete  arrete  a  Toulon;  c'est  le  prevot  des  marochaux  de 
Chartres,  un  grand  et  franc  voleur,  charge  de  beauroup 
de  crimes;  puisqu'il  s'est  laisse  prendre,  je  le  tiens  en  grand 
danger. 

Les  amis  de  31.  Fouquet  ont  esperance  qu'il  eehappera ,  vu 
que  1'on  a  joint  au  proces  les  requetes  qu'il  a  presentees  do 
nouveau  a  MM.  de  la  chambrede justice.  On  a  id  ramene  les 
prisonniers,  et  31.  le  chancelier  aussi,  qui  est  plus  vieux  que 
pas  un ,  et  qui  ne  vivra  plus  longternps.  Le  fragment  de  Pe- 
trone  n'est  point  encore  aclicve. 

II  y  a  ici  un  gros  proces  au  conseil  entrc  les  medecins  et  les 
apothicaires  de  3Iarseille. 

Notre  M.  Rainssant  est  toujours  bien  malade  d'une  double 
quarte;  nous  allons  lomber  dans  une  saison  qui  lui  sera  fort 
contraire ,  febrcs  quartana;  autumnaleslnnfjfK. 

II  y  a  aujourd'hui  vingt-deux  ans  (jue  Armand  ,  cardinal  de 
Uichelieu  ,  ministre  (Mirage,  lit  couper  la  tete  dans  votre 
ville  a  mon  bon  et  cher  ami  M.  de  Thou,  /fan  '}<>/<//'!  scribe/-!- 
/Jura  vctout  lacryina?  ttbcrfi/tt  /Im-iifcs  <-.i;  u<-nli*. 

On  (lit  qu'il  y  a  un  seigneur  de  disgrncie  pour  avoir  refuse 
d'epouser  mademoiselle  de  la  Valliere.  Je  viens  de  dire  adieu 
a  31.  le  premier  president,  qui  s'en  va  demain  aux  champs 
pour  deux  mois.  Je  vous  baise  les  mains,  et  suis  de  tout  mon 
cieur  votre,  etc. 

De  Paris,  le  12  seplcmbre  10(5.4. 


I.KITHI'S    I)K    i,n    I'VIIN 

U-yiTUK  DCXL1II.    -  .1 


Nous  avons  iri  mi  lionnele  liommo  Iticn  al'ilige  ;  c/estM.  de 
la  Mothe-le-Yayer,  celebre,  ocrivain,  el  ci-devant  precepteur 
de  M.  lodue  d'Oi  leans,  age  de  seplantfi-huit  aus.  II  avoit  uii 
li's  uni(iuo  d'environ  irenle-einq  ans  ,  qui  est  lombe  malado 
d'tine  lievre  continue,  a  qui  MM.  Kspril,  Urayer  el  Uodineau 
(»nt  donn(''  trois  i'ois  l<>  vin  (''niv'liinu'  c-1  1'unl  envovi':  au  pays 
d'oii  personne  ne  revicnt. 

.I'ai  aujuui'd  liui  e'e  a  nos  t'-cdlt's  pcinr  enlendi'e  la  harangue 
de  M.  Lecoinle  jxitir  1'arle  du  sienr  de  l»:mri[ts.  II  esl  fort 
savanl  el  fort  sa^'O,  inais  il  devienl  vieux.  Toul  ce  qu'il  a  dit 
est  I'oavraii'C!  d'un  esprit  qni  vieiliit  :  c'est  line  pilie  que  d'en 
venirla.  La  vieillesse  est  uii'^  grandedame  <jui  no  vient  jainais 
san-;  grand  train.  11  vaudroit  niieux  n'elre  |);is  si  .savanl  et  (Mre 
deregle  ;  el  mianmo'ms,  a  lout  prendrc  ,  cVst  un  al»iine  de 
science  et  d'ernditiou, 

Je  ne  saiscpiol  reir.edeon  apportera  a  un  grand  desordreqni 
est  de  decii.  -lour  el  iniil  on  vole  el  on  tue  ici  a  1'onlour  de 
Paris.  On  dit  ([lie  ce  sont  des  soldals  du  regiment  des  gardes 
et  des  mousquetaires.  Mais  ponrtpioi  tner  des  gens  qni  vont  d 
qui  viennent,  des  boulangers,  des  paysans,  dos  marchaiids 
et  des  gens  qni  s'en  retonrnent  dans  leur  pays  ?  Nous  sonimr-; 
arrives  a  la  liede  tons  les  siocles  !  I  . 

Madame  la  ducliesse,  d'Orlt'ans  s'osi  irouvee  nial  a  Nillors- 

J  On  soil  (juo  (iui  I'aiin  n^  JUTC!  p;!s  unc  o('(M>ion  tie  proimM  !.i 
corrnplioii  •'<'  i-'tui  sioclc  ,  la  barliario  tl'-s  iirojiijjos  ,  lo  dosorclrc  do- 
ino'iir^  ,  lo  l>r-u  dt1  po'icc  elablin  dans  li-s  \illos,  ini'-vilablc  cffot  d'un 
certain  (loj;rr  do  CM  illation  OM  IPS  inlcrcls  cl  Ics  passions  sont  conti- 
niH'lloiiH'iit  au\  (nine's.  .Mali'.n'1  le  proj',re,s  do  limm-ros,  y  a-t-il  moiiis 
d<'  ci  iinc.-.  inoins  dc  -colcr.'sH  ijii";;uliv!oi-.  HIIC  poli(\-  plus  cllicacc.  etc.  . 
On  pciil  en  doul-  r. 


\  IM.I-ONET.  -185 

Coterets ;  son  inedrcin  la  inisc  an  hut  d'aw'sio.  Kile  «^t  llnellr, 
delicate,  et  dii  nombn-  do  ceux  qu'HippOi'rate  dit  avoir  dn 
penchant  a  la  phthisic.  Les  Anglois  sont  sujrh  a  lour  inaladic 
de  consomption  ,  qui  en  est  nne  espeee,  une  phthisic  seche  ou 
tin  llelrissement  de  puunion  ,  '.-./•  inm-lii?  ///<(/>•/•'>,  dans  Kernel 
Vale. 
Do  Paris,  Ic  2<>  scptembrc  Kifii. 


LKTTKK  DCLX1V.  -    \i>  w>im>. 

Je  vous  ciivoyai  hior,  ee  \"  octobrc ,  nne  lettre  de  deux 
pages,  ct  je  recommence  a  vous  eeriro  ,  alin  quo  par  la  vous 
couuoissie/  que  je  pense  souvent  a  vous,  en  vous  dormant  des 
nouvellcsde  ee  pays.  Je  vous  rends  grace  du  livre  (jne  vous  me 
prometlo/.  lie  M.  Anisson  :  .\intiltheuni  Onontuftlcuni  Laurcn- 
tiiimun,  duquel  j'ai  fort  bonne  opinion. 

M.  Menage  parlede  i'aire  reiinprimcr  ses  Orii/iur*  d<>  In  Inn- 
ijw  frintHiixc  in-lblio  fort  augmentees  ;  mais  il  est  bieu  long  a 
toutce  (ju'il  promet ,  et  encore  plus  a  le  teirr. 

Les  janscnisles  f'aisoicnt  iei  imprimer  une  nouvelle  \'i<'  rlcs 
taints  iu-octavo  avec  privili'ge  du  roi.  Les  jesuites  out  eu  le 
credit  d'eu  I'aire  arreter  I'impressiou. 

A  vex -vous  a  Lyon  un  /if'/'c  fnuifi/,  jrxK/ff,  qui  fasse  impri- 
mer mi  ouvrage,  <!<•  liiiitjinnf  rcf/Tin// ,  en  plusieurs  tomes 
in-folio?  ('ela  me  tut  lii.'i1  <lit  par  uu  gentilli(»mme  t'co>,sois , 
quicst  depuis  peu  arriv/'de  Lyon.rn  savant  homme  en  (lu-o- 
logic  el  en  liuiuanitespciit  taire  nn  li.-au  livre  surce  Mijet. 

On  parlc  ici  de  la  peste  a  Toulon  ipie  (|iielijnes  vaivseaiix 
liollandois  y  out  apportee;  j'en  sen. is  hieu  laehi'-  par  I'aiuitie 
que  j'ai  jKiur  le  genre  liumain. 

Ilier,  co  '\  oclobrc,  fut  di'i'.ipit''1  e:i  dreve,  as.-v/  laril,  un 
gentilhomme  normand  ,  qui  ctoil  prisonuier  depuis  dix-lmjt 
mois  ;  il  eloit  d'iiupresde  hrcux;  il  avuit  batlu  uu  juge  ,  brule 
une  maison  1 1  fait  d'autres  exces  ,  //<>//  n>>ni-;<t  ///  /•//,•//  >./•//„  /v\ 


i«(i  I.KTTKh.s    1)K    (,t!|    I'AIIN 

qtd  jtufctf  ji/uwibar.  Les  juges  out  interet  do  conserve!1  lour 
credit,  aussi  bien  quedefaire  justice  et  depunirles  mediants. 
II  n'avoit  quo  trente-quatre  ans;  il  ne  pouvoit  se  resoudre  a 
la  inorl;  on  fat  tout  pi  et  a  lui  couper  la  tete  par  force  sur  un 
billot. 

(Juand  vous  verve/  M.  Troisdames ,  je  vous  prie  do  lui  fairo 
nies  recommandations ;  il  m'ennuie  quo  jo  ne  lo  voie;  nous 
dirions  quelquefois  do  bons  mots  qui  ne  se  peuvent  ecrire, 
not issinut  est  fubulu  dc  Jure  et  Enropa  ,  ft  /o,  ciryuwttlain  jn- 
vcncam  tninsfonnata ,  etc.,  .W  cut! 

Notre  M.  Kainssant  apris  deux  di verses  fois  du  quinquina, 
qui  n'a  produit  aucun  bo.:  ell'et ,  cadam.  morbi  confut/tacto  <>( 
cadon  symijtuHiataptrseverant  t  quorum  ountiinn  catatfi  r-af  jjrticu 
flidt/icfi/s  foiiirci-  iinpressd  visceriuus  nu.lritiis  ,  sed  ji/'//'*/  /•///// 
licputi  u!qi(t;  Hen/,  ffallonius  ccincrostn/t  roctif  Imnc  disuosilio- 
nt'in  ,  ([ua>  mdla  urla  deletur,  ct  f*t  aviazoj,  tirojifcr  hydropem 
jji'<i,ri//i(:  iitscfjitc'iifati.  II  a  onze  ent'ants  vivants  et  pas  un  do 
pourvu.liormis  un,  qui  a  un  canonical  a  Koims.  Oh!  (jue  celui- 
la  estheureux  qui  pout  dtre  content !  Paix  et  pen  :  /'(incut  ct 
ci rw a. w ,  connne  Juvenal  adit,  Sultry  \  ,  contre  Sejan.  Voila 
MM.  nos  stibiaux  et  empinquos  de  com1,  tanlot  au  tour  d<^ 
lour  rollet,  com  me  ils  out  I'ait  a  feu  31.  le  due  d'Orleans  ct  au 
cardinal  Mazarin.  II  a  bien  I'ait  prendre  du  vin  emetique  et 
d'autres  drogues  en  sa  vie  a  ses  malades ,  et  principalement 
de  la  poudre  de  [)erles  pour  faire  plaisir  aux  apothicaires  ses 
bons  amis;  mais  aujourd'hui  nan  lmh/ 1  In/mi  nan  yui  prujiciftt 
ilhuii  in  jtiscinam  ijt'obaticfim  j;.  II  pout  pourtant  encore  gut3- 
rir,  pourvn  <pi'il  eloi^ne  les  charlatans  qui  le  traitent,  cl 
(ju'il  se  conlie  a  (juehjue  habile  lionnne  <jui  entende  bien  la 
profession,  et  cjui  sache  lo  secret  de  la  methode  ;  le  reste  n'est 
rien  quo  pour  amuser  le  monde.  II  vaut  mieux  se  resoudre  a 
otreplns  longtemps  inaladetpie  vouloir  rompre  ranyuille  aux 
genoux  et  guerir  par  force  :  c'est  pourtant  ceque  les  empiriques 

T  II  n'u  porsouiic  ijiii  le  jcllc  daii^  la  piscine.  <i.  1'.; 


A    l-ALCO.NKl.  487 

promettent  tons  les  jours,  et  ce  qu'ils  ne  tieunent  jainais. 
On  tient  pour  certain  quo  la  chambre  de  justice  sera  bientot 
terminee,  .que  la  declaration  en  aete  portee  a  la  chambre  des 
comptes,  que  toutes  les  affaires  seront  civilisees,  excepte 
celles  deM.Fouquet,  qui  demeurera  prisonnier,  et  auquel  on 
donnera  des  commissaires.  Je  crois  pourtant  (ju'il  en  echap- 
pera  par  le  moyen  de  quelques  puissants  intercesseurs  et  de- 
prrcalcut's  qui  le  favorisent  prudemment,  et  emploient  tine- 
ment  le  credit  de  leurs  amis;  quand  vous  devinerez  qui  sont 
ces  gens-la,  non  idea  ntilri  cris  mar/nun  Ajiollo.  II  yen  a  par- 
tout,  ubiijuc  fcrm/'uni  rcytxit  Aciijnius,  a  ce  que  dit  Barclay, 
et  coinme  il  est  Ires  vrai.  On  pretend  aussi  qu'il  a  de  tres 
bonnes  raisons  contro  les  accusations  de  M.  Colbert,  et  que 
celui-ci  lui  a  faitdegrandes  injustices  et  snpercheries  Je  vous 
baise  les  mains,  et  suis  de  tout  mon  eiuur  votre,  etc. 

L)c  Paris,  le  7  octobrc  1664. 


LETTKE  DCXLV.  -     .\n  menu'. 

L'electeur  de  Brandebourg  a  appele  en  son  universite  de 
Berlin  un  savant  bollandois  nomme  Martinus  Scbookius,  <|ui 
a  cent  beaucoup  de  livres.  Etant  jeune  ,  il  ensei^noit  les  hu- 
manites  et  ensuite  la  philosophic.  II  est  aussi  savant  que  ces 
anciens  sophistes  qui  disputoient  et  ecrivoient  de  tout  ce  qui 
se  pouvoit  savoir.  l^ui  et  Conrin^ius  ,  en  Allema^ne,  sont  en 
cette  fac,on  de  science  et  d'ecrire  les  plus  savants  homines  de 
1'Europe.  Le  P.  Theophile  Rayriaud  les  passoit  tons  deux  ;  car 
il  etoit  jesuite  et  avoit  sa  tlieologie  romainc  et  loyolitiquc  en 
supreme  degredans  I'esprit;  mais  sanscelaet  le  respect  qu'il 
avoit  pour  ses  suptM'ienrs,  il  etoit  bien  capable  de s'echapper, 
et  d'en  fa  ire  plus  <|ue  trois  an  Ires  en  toute  sorte  de  niaticres; 
car,  outre  la  doctrine  et  la  merveilleuse  mcmoire  qn'il  avoit, 
il  donnoit  a  tons  ses  ouvrages  et  ii  tons  ses  livres  un  tour  de 
perfection  qui  n'appartenoit  qu'ii  un  grand  inailre. 


488  LE1TKES    DK    (it  I    I'ATI.N 

On  fail  ici  mi  conte  eliVoyable,  et  qui  me  tail  pcur,  d'un 
bomme  quo  1'on  dit  etre  inort  on  Hollande  depnis  environ  un 
an,  (|iii  a  revelo  pen  avant  do  mourir  (ju'il  ('(oil  frcre  do 
Havaillac,  ce  mallioureux  assassin  qui  tua  notre  bon  roi 
Henri  IV.il  y  a  cinquarite-quatre  ans;  quc  si  son  frere  1'eut 
manque,  celui-ci  etoit  dans  un  autre  endroit  qui  attendoit  et 
chei'choit  a  fa  ire  le  memo  coup,  et  quo  co  no  fut  point  par  res- 
sontimontdc  religion,  ni  par  impulsion  ties  Espagnols,  mais 
seuloment  par  vengeance,  irrites  contro  co  roi ,  (|ni  avoit  de- 
baiicho  lour  soour  et  qui  s'otoit  moquo  d'ollo.  Mais  jo  erois 
quo  tout  co  roc  it  n'ost  (ju'uiio  puro  fable;  qnoiqu'il  soil  bion 
malaise  do  savoir  an  vrai  la  cause  qui  avoit  induit  co  inalheu- 
renx  assassin  a  tuor  un  si  bon  prince.  J'ai  oui  dire  autrefois 
quo  Ravaillac  avoit  ete  a  .Milan  ,  0(1  le  eomte  do  Fuentes  1'a- 
voit  jjorte  a  fa  ire  ce  parricide.  J  en  ai  encore  oui'  nommer 
d'autres  a  Mathieu  do  Morgues ,  abbe  do  Saiut-devmain ,  (jui 
tint  le  parti  do  la  reino  eontre  le  cardinal  do  Richelieu,  tandis 
qn'ollo  etoit  en  Flandre.  M.  do  Sully,  dans  lo  dernier  tome 
do  sos  Mi'inoh'CA  ,  fait  connoitrequ'il  avoit  uno  aulre  peiisoo; 
mais  t(jut  cola  sont  lettres  closes  on  Ton  no  voit  goutte,  ct 
peut-etre  (JUG  Ton  n'y  verra  jamais;  (^t  jo  doute  fort  si  le  roi 
Louis  XIII  a  jamais  su  mi  si  j^rand  secret  (I).  Adieu. 

Do  Paris,  le  13  cclobrc  Ififii. 

(1)  Sully  rcmarciuc  sculcment  qu'apres  le  crime  do  liavaillar  on  no 
le  parda  (jifavcc  line  Brando  imprudence  .  ol  (jue  lonlos  sortes  do  por- 
sonnes  purcnt  lui  parlor.  1'uis  il  ajoule  •.  «  C.orlainos  ^ons  ,  qu'il  n'ost 
pas  besoin  do  notniner,  usero!  1  >i  imprudemmenl  do  colto  liborlc,  qu'ils 
oseronl  lui  dire  ,  on  Pappelant  lour  unit  .  tpi'il  >c  donnal  bien  do 
yarde ,  jo  rapporlo  l<\s  paroles  dont  il^  so  sor\ironl  .  (F accuser  Ics  gens 
dc  bicn  ,  Ics  innocents  ?t  lea  l>c>ns  cnlf,ollqites  .  |)ar<'o  quo  ce  scroll  tin 
crime  irreniissible  el  di;;no  do  la  damnation  eiernelle.  »  (  Mcinoircs  <h 
Sully.  (.  VI II  .  p.  :? ,  edit,  do  Londres  ,  17(17.  ^  Mais  quolles  cl.iionl  cos 
rons  qu'il  ifelail  )>us  bcsoin  de  noinincr  .'  Snllv  no  lo  dil  pas  malheu- 
rcnscment ,  tt  la  poslcrile  Ics  ignore  cnliercincnt.  ,11.  V- 


\   i  \I.IO\KI.  180 

LKTTKK  IUALM.         I//  mtme. 

Jo croyois  avoir  repondu  a  votro  dernierc,  mais  jo  trouvc 
(jne  j'ai  otiblie  quelque  chose.  Jc  crois  qu'il  n'y  a  aucuns  re- 
medesanti-epilcptujues;  MM.  Seguin,  Kiolan,  do  la  Vigne  et 
Moreau  etoient  de  cot  avis.  Ceux  quo  Crollius  ct  la  nation  dcs 
cbimistes  vautcnt  pour  tels,  sont  des  fictions  ou  do  purcs  fa- 
bles. Jo  n'on  excepte  ni  Ic  gui  de  ehene,  ni  le  pied  d'elan, 
ni  la  racine  de  pivoine,  ni  a  litres  scmblables  bagatelles.  La 
guorison  d'unc  si  g-rando  inahulie  depend  d'un  exact  regime 
de  vivre,  avec  ['abstinence  des  f'einmes,  du  vin,  de  tuns  ali- 
ments chauds  et  vaporeux;  inais  il  taut  la  saignee  et  la  IVe- 
quente  purgation  qui  ne  blesse  pas  le  cerveau,  et  ne  <e  fasse 
pas  avcc  des  pilules  ou  des  poudres.   II  taut  aussi  ([uchjue- 
Ibis  i'a ire  sort ir  du  pus  qui  est  dans  le  inesentere  ,  lepoumon. 
la  partie  cavedu  1'oie  ou  I'literus  ,  et  les  paroxysmes  ne  cessent 
pas,  jusqu'a  ce  (ju'tiiie  telle  huineur  soit  tiret?  hors.  Fernet  a 
ete  un  grand    lionnne,   et  a  rompu  la  glace  sur  plusieurs 
jioinls,  mais  il  a  trop  pen  vecu  pour  tout  savoir  et  tout  dire. 
II  n'a  vecu  (jue  ciriquante-deux  ans.    L»\s  perles  ne  servent 
rien  la  non  plus  qu'ailleurs,  sice  n'est  pour enrichir  I'apotlii- 
caire.   Dans  le  llux  de   bouehe  syphilitupie,   il  ne  t'aut  pa> 
purger  taudis  qu'on  le  veut  entreteiiir :  niais  quaud  il  est  trop 
i'ort  ou  qu'il  le  I'aut  arreter,  coinine  apres  sei/.e  ou  dix-huit 
jours,   pai 'ticulierenient  si    les   pu>lules   oil   les   iilcrres  sont 
desseches.    La   tisane  laxative   y  est   I'ort  bonne,  ou  bie:i  Ir 
sene  avee,  le  sirop  <le  roses  pales  ou  de  tleurs  dc  peeher.  L»; 
llux  d'en  bas  arrete  celui  d'en  bant.  La  nature   ne  pent   pas 
soutenir  deux  inoiiveinents  contrain-s.  St>s  nionveinents  sont 
regies  aussi  bien  quo  .scs  forces.   C,('lui  qui  Minne  les  cloches 
ne  pent  pas  allcr  a  la  proct'.-sioii ;  jc  n'ai  jainai^  vu  manquer 
cello  inetliode.  I  "/•-. 

Do  1'aris,  lo  1  i  ix'tol>re  l(>0i. 


490  Ui'lTKKS   DE    t.lil    1'AIIN 

LETTUK  DCXLV1I.  ~-Au  mtwe. 

La  reine-Riere  fut  saignee  du  pied  il  y  a  quelques  jours , 
sans  autreinent  etre  m-ilade;  elle  a  soixante-dcux  ans  passes, 

s//fjf'st  fan/en  aliqna  canxa  j///i/x('ca  quit1  silctur  ct  xilo'i  (Icbcf  ; 
niais  notre  jeune  reine.  grosse  tic  huit  mois  ,  a  la  lievre 
tierce,  el  en  a  deja  eu  trois  acres.  Le  roi  paroit  fort  louche  tie 
cette  maladie  ,  et  se  rend  fort  assidu  aupres  d'elle  ;  elle  a  deja 
(He  saignee  trois  fois. 

La  double  quarto  est  revenue  a  M.  Kainssant ;  il  s'afibiblit 
et  devient  fort  chagrin  ;  il  a  aussi  quelque  chose  dans  le  me- 
sentere  (jui  1'y  menace  d'un  a  bees,  cf  ///.s  yradibus  it  HI'  in 
requiem  scmpitcrnain.  Notre  Fernel  1'a  remarque  lib.  G,  /'<'- 
tliul.,  coji 

M.  Pielrc  cst  en  bonne  disposition  ,  nous  nous  sommes  plu- 
sicurs  fois  rencontres  en  consultation  depuis  stin  dernier 
mal.  Feu  31.  Nicolas  Pietre ,  son  pere .  a  ete  un  ties  premiers 
liommes  tie  sonsieclc,  qui  n'etoit  hai  quo  ties  apothicaires, 
t/nui  jini/dx  fdinilioribus  at  tflecfix  utclintur  mcdiciuncntis ;  il 
haissoit  le  latras  des  Arabos,  et  n'en  ordonnoit  jainais;  il 
etoit  grave,  serieux ,  sage,  bon ,  enlin  un  autre  Socrate;  il 
aimoit  fort  a  tMiseigner  les  jeunes  metlecins  (|iii  se  niettoient 
on  etat  d'apjti'endre,  et  leur  inculquoit  toiijt.nii'S  la  probite  , 
retude  e(  i'assitluile;  il  etoit  tin  et  ruse,  niais  foi't  sage  el  cir- 
eonspect ;  il  avoit  inerveilleusenienl  bien  eludie  :  jamais 
honnne  n'a  su  rnieuxquelui  Hippocrate,  Galien ,  Cicertin  . 
Senetpie  et  Fernel,  aussi  me  les  louoil-il  souvent  jusqu'a 
m'en  tltniner  un  gout  parliculier ;  en  un  inol ,  c'eloit  1111 
grand  personnage  (pii  avuit  U;  cu'iir  liien  place  et  furt  el(!\('- 
au-dessus  lies  enibuclies  de  la  fortune,  (ju'on  adore  aujour- 
d'hui  comnie  une  idoie  a  (pii  lous  les  sots  sedevouent;  il  hais- 
soit 1'iinpudencede  notre  siech?,  el  toules  les  impostures  dont 
se  scM'vcnt  aujourd'hui  les  ni.'elianis  el  les  charlatans, 

/  /  Itiriiint  run.  >•/  non  rni> .  <jii.otiiiii</nc  undo  rein. 


A    FALCONET.  Ml 

Ce  que  vous  me  dites  tie  Luoain  est  dans  son  livre  IX.  Ce- 
lui-la-etoit  fort  du  parti  do  Pompee,  et  avoit  raison ;  mais  si 
Jules  Cesar  cut  perdu  la  bataille  cle  Pharsale,  Pom  pee  en  eut- 
il  moins  fait?  car  Ciceron  a  (lit  quelque  part  en  ses  Kpitres , 
ad  Aft/cum  :  Uterque  cult  rcynnrc ,  nun  innfnt  fwlunti  ycnus ,  sed 
mores  in  lucre  ,  currumjtit.  M.  le  premier  president  est  si  fort  du 
parti  de  Pompee,  qu'il  me  temoigna  un  jour  de  la  joie  de  ce 
que  j'en  etois  ,  lui  ayant  (lit  dans  son  Lean  jardin  de  Haville 
que  ,  si  i'cusse  etc  lursync  I  on  fnu  Jutes  (,'esnr  dttns  le  scant ,  /i- 
ltd  uni'uis  duiine  le  vimjt-quatrieinc  coi/jt  de  jiuiyncu'd.  Ce  fut 
I'an  1645  ,  au  mois  de  rnai  (l). 

Dieu  donne  lonyue  et  heureuse  vie  au  pere  Pomey  et  au 
pere  Gibalin  ;  je  vous  remercie  aussi  de  ee  (jue  vous  m'en 
promettez.  Je  baise  les  mains  au  pere  Bertet,  a  M.  Boissart , 
ct  a  madame  sa  femme.  Je  voudrois  avoir  donne  quelque 
chose  de  bon,  (jue  tout  leur  pi-oces  tut  bien  fini.  Je  trouve 
M.  Anisson  un  fort  bon  boniine;  pour  le  >'/«/v/////.s ,  de  medleis 
nun  ntedln's  ,  il  ne  1'entend  pas  dans  inon  sens  ;  il  en  vent  aux 
cinpiriques  et  aux  charlatans,  et  s'est  fort  servi  du  livre  de 
Michel  Doringius  ,  dc  Medirfnn  et  /nedicts. 

M.  Fouquet  a  aujourd'hni  comparu  devant  ses  juges  ,  ct  a 
ete  mis  sur  la  sellette.  La  jeune  reine  se  porle  mieux.  Je  vous 
cnvoie  notre  catalogue  nouveau  ,  et  vous  prie  d'en  donner  un 
exemplaire  a  M.  Spon.  M.  votre  frere  m'a  aujourd'hui  pai'le 
pour  faire  une  consultation  [tour  une  femme  de  liome;  je 

(1)  (-c  mot  rcvele  en  mtirr  lo  raractcrc  do  (iui  I'alin.  II  elait  tic 
ct-llc  ecolo  polilique  dont  lo  Contntt  soc  «/  a  (ormule  depuis  If  ->m- 
hulo.  Une  iihrc  republicaino  ardontc  ct  \ivo  rcsonnait  cerlaincmeiit  »lan> 
(.'(•  cnnur-la.  <v>ir(i!i  sc  repri'senU1  un  paroil  hoiiune  c!  dc  Ids  principos 
quaud  la  ro\olution  irancaisc  eolata.  I'anni  les  diiinolissetirs  de  Paiicien 
edilice  social  ,  peul-elre  n'eul-il  )>as  lie.-ite  .  ronmie  lant  il'aulies  ,  a 
sc  \oner  aux  dieux  internaux  de  WJ,ela  croire  qu'il  iaul  de  grands 
niaux  pour  produire  de  Brands  hiens.  l)es  l'epo«p.ic  de  (iui  Patin,  le 
prolestantismc ,  la  Ironde  el  le  despolisine  aNaicnl  jete  les  Bonnes  de 
ccs  doctrines  au  fund  i>lu>  revolutionnaires  tjue  proyressjives.  ^K.  1'. , 


."!'»:?  I  K  I  I' UK-    I)K    M  I     I'M  IN 

nue,  quoit|u"i)s  eussent  etc  bien  purges.  L'opiniatrete  et  la 
duree  de  ces  lievres  quartes  vieiit  de  la  disposition  mauvaise 
et  presquc  carciuornateuse  de  la  rate,  qui  occupy  sa  proprn 
substanc»:(  I  .  Je  n'ai  jamaisdonnedu  quinquina.  J'enai  vuqui 
pour  s'y  etre  trop  lies  sont  devenus  liydropiques.  Je  ue  von- 
drois  point  purser  dans  le  toil  de  la  lievre  quarte.  II  me  sem- 
Nt  que  ee  seroit  trop  liasarder ;  mais  je  purge  souvenl  a  In 
fin  de  1'acces,  avec  beaucoup  de  succes.  Meme  dans  la  gran  do 
elialeur,  je  leui1  I'ais  quelquetbis  avaler  qualre  grands  verrt> 
de.  tisane  laxative,  de  trois  gros  de  sene.  Cela  fait  bien  on  - 
vnr  le  venU'e,  et  emmene  tine  partie  de  la  cause  conjointe. 
el  einptk-he  1  importunite  des  grandes  sueurs,  dont  ils  se 
plaignent  souxent.  Pour  ee  (jui  est  de  saiguej1  an  commence- 
ment de  I'acces,  je  ne  le  t'ais  jamais.  II  y  a  de  rinipi'tidencf 
et  de  la  temerite  a  le  t'aire.  Je  suis,  etc, 
Pr  ljari>,  le  21  «opteml)ro  l(i<»1. 


I.ETTHE  DXCIV.  —   .\v  menif. 

On  dit  ici  beaucoup  de  nouvelles ,  dont  je  ne  pretends  pas 
etre  garant.  Le  roi  t'st  parti  pour  sou  voyage  de  Cliartres ,  et 
sera  ici  la  seuiaine  (|tii  vieiit,  oil  il  passera  line  boiiiie  partie 
de  I'hivei' avec  les  reines.  On  tient  pour  certain  (pie  M.  Fou  - 
quet  u'est  plus  a  Angers  ,  qu'il  en  a  eteeimnent3  a  Amboise  , 
oil  il  est  presentement  en  attendant  les  ordres  du  roi  pour  un 
dLTerend  qui  est  survenu  entre  le  capitaine  qui  I'avoit  arrete. 
nomme  M.  d'Artiignan  ,  etM.  Talouet,  lieutenant  des  gardes. 
i|ue  le  roi  avoit  envoye  a  Angers  pour  I'emmener  en  dcca.  II 
vint  euf'erme  dans  un  carrosse  a  six  chevaux,  entoui'ede  trois 

(1)  '.uoiijsie  celtc  opinion  soil  crruiiee,  on  voit  pourtiiut  qiu-  no> 
devaiiciors  avail-lit ,  sur  Tctiil  do  la  rale  dans  les  fieM'es  inUrniilleiitcs  . 
d.'s  idoe?  fecondees  de  nos  joui>  par  dos  fails  uiieux  observes,  bien 
iju'il  ro'-le  mo'irr  drs  donl.-s  *ur  re  point  de  palholo^if.  H.  I'.} 


rents  cavaliers  ,  grand*  et  petits  mousquetaires  On  a  an.ssi- 
arrete  M.  Pelisson,  son  secretaire,  hum  me  eelebre  auteur  de 
YHistvirr  fie  t'Acadeinie,qu'o\\  a  amene  ici  a  cheval  en  bonne 
eompagnie.  On  fait  aussi  venir  par  un  autre  chemin  ,  madam*- 
DuplessisBellier ,  eton  pretend  leu  r  taire  fa  ire  le  proces  a  la 
chambre  de  justice,  qui  n'a  point  tenii  eette  semaine  a  cans*1 
des  fetes  ;  vend  red  i  prochain  elle  sera  ouverte.  .M.  le  chance- 
lier  se  porte  bien  ;  il  a  dit  a  un  de  ses  amis  quecette  chain 
bre  de  justice  iroitbien  loin,  qu'elle  n'est  pas  prete  a  cesser ; 
il  y  en  a  pour  plus  de  trois  ans  ,  et  que  le  roi  pretend  par  la 
de  rentrerdans  son  domaine,  dont  je  prieDieu  qu'il  lui  fasse 
la  grace,  atin  que  le  pauvre  peuple  puisse  etre  soulage  de 
taut  ile  vexations  que  la  guerre  a  apportees.  Le  pain  est'ici  si 
deraisonnablement  cher.quel'on  craint  une  sedition  du  peu- 
ple  ,  et  ce  sera  bien  pis  dans  quinze  jours  ,  s'il  ne  vient  du 
secours  pour  I'Hopital-General,  qui  n'a  plus  de  ble,  et  a  la 
necessiteduquel  les  directeurs  ne  peuvent  trouver  de  remede; 
il  est  vrai  que  M.  le  premier  president  leur  a  prete  l(),o(X) 
ecus ,  niais  cela  ne  peut  guere  durer.  On  nomine  ici  des  par- 
tisans par  lesquels  on  cornmencera  1'exercice  de  la  cliambre 
de  justice,  et  entre  autres  on  nomine  M.  Louveau  ,  general 
des  portes ,  MM.  Catelan  ,  Jacquier,  Girardin,  le  clievalier  (If 
Maupeou,  prisonnier  dans  la  Bastille  .  gendre  de  M.  Catelan  , 
M.  Boisleve  ,  et  plusieurs  autres;  le  temps  nous  en  apprendra 
davantage. 

Le  jardinier  Gaudron  ,  qui  avoit  assassine  M.  Lavie  dan> 
su  cave  .  ii  y  a  plus  d'nn  an,  apres  avoir  ete  quehjues  jours 
prisonnier,  a  confesse  son  crime,  et  a  ete  condamne  par 
M.  Chauvelin,  bailli  de  Sainte-(ienevieve  .  a  etre  rompu  loul 
\it.  II  i'ut  bier  traduit  dans  la  t'.onciergerie  pnur  y  etre  jn^i1 
en  dernier  re-sort  par  MM.  de  la  Tournelle.  Ce  sera  peut-etri- 
pour  deinain  apres- midi  dans  la  place  Mauitert  <|ui  est  Ir 
/ieii  des  executions  de  ce  quartier-la.  On  eondanma  au.»i  hicr 
a  etre  brules  tout  vit's  deux  homines  (jui  out  ete  deeouvcrs 
flans  le  faubourg  Saint-Germain,  pour  le  crime  de  //'•V/^v/.v//-'. 


494  I.KTTIU'S    I)K    (.1  i    I'.UIN 

parle  dt1  la  reine-mere  qu'en  cachetic;  les  courtisans  n'osent 
dire  ce  qu'ils  voient;  cependant  il  est  certain  qu'elle  ami 
cancer  a  la  mamelle  gauche  ,  maladie,  comine  vous  savez, 
qu'on  ne  pent  guerir;  niais  ne  doute/  pas  qu'on  n'y  ecoute 
lc\s  charlatans  ([ui  pronieltront  toujours  de  la  guerir.  Kntin 
c'est  un  inauvais  refrain  de  la  ballade  et  de  la  comedie  de  la 
vie,  principalement  pour  nne  t'einine  qui  a  toujours  Lien 
mange  ,  et  qui  n'a  presque  point  ete  nialade  ,  et  ainsi  qui  n'a 
point  fait  de  remedes  par  precaution  ,  dont  elle  se  trouveroit 
aujourd'hui  fort  bieu  ,  si  elle  s'en  utoitservie.  On  a  fait  ici 
force  processions  etprierespubliques,  cequi,  comine  jecrois, 
ne  Ini  a  point  nui;  niais  je  voudrois  etre  assure  qu'elles  lui 
eussent  servi  et  qu'elle  en  guerira.  Les  prieres  degens  de  bien 
servent  merveilleusement,  et  je  ne  suis  point  de  1'avis  de  ce 
poe'te,  qni  a  dit  trop  hardiment  : 

Define  fata  Deum  flccli  sperare prccando. 

On  ne  sail  ici  que  trop  de  la  deroute  de  notre  armee  de 
Ciigeri  ,  et  la  perte  de  dix  conipagnies  du  regiment  de  I'icar- 
die,  par  la  fente  dn  vaisseau  qui  les  rapportoit  pres  de  Toulon  ; 
on  s'on  proud  an  trop  d'economiede  M.  Colbert. 

On  dit  que  madame  Foiupiet  la  mere  a  donne  un  emplatre 
rjui  a  ete  mis  sin-  le  ventre  de  la  reine  et  (jui  a  hcureusement 
apaisi';  ses  douleurs.  Je  votis  baise  les  mains  ,  et  suis  de  tout 
mon  cd.'ur  votre,  ete. 

De  Paris,  le  21  novcinbrc  \(\M. 


LKTTHK  DCL.  —A 

M.  votre  frere  ni'a  proinis  de  vous  envoyer  une  copie  de  la 
consultation  (jue  nousavons  faite  ici  par  ordredeM.  le  nonce. 
F.t1  nii'inoiiv  de  Home  est  plaisanf ,  obscur.  nial  fait,  menteur. 


A    FAl.roNKT.  M.r> 

ct  peut-etre  fabiileux.  N'est-cc  point  pour  voir  ce  quo  nous  on 
dirons  ?  car  il  y  a  des  railleurs  partout,  et  plus  a  Koine  qu'ail- 
leurs,  a  ce  quo  j'apprends.  Ce  qui  me  rejouit  apres  taut  de 
peine  que  nous  avons  prise  est  I'esperance  de  quelque  bene- 
diction  de  noire  Saint-Pere.  Nous  nous  sommes  assembles 
deux  grandes  fois  pour  lui  donner  satisfaction  ,  et  nous  avons 
ete  traites,  comnie  dit  Meursius  ,  de  saint  Come  el  saint  Da- 
mien,  ayi^^i  J'ai  bien  envie  de  savoir  ce  (jue  le  Saint-Pere 
et  les  medecins  de  Home  diront  de  notre  reponse  ,  qui  ne 
plaira  pas  a  tout  le  rnonde.  ,le  voudrois  bien  savoir  aussi  ce 
qui  arrivera  acette  femme.  Kebulfe,  qui  etoit  un  jurisconsultc 
uatif  de  Montpellier,  a  oerit  <[ue  Ihctoresde  Sorbinm  cnrtnilur 
Magistri  nostri ,  qnianikil  capiunt  d>:  ant's  resfionsionibus.  On 
nous  appellera  aussi  Mayisfri  nostri ,  si  tout  le  monde  nous 
traite  cormne  le  pape. 

La  reine  n'a  point  eu  1'extreme-onction  et  n'a  point  en 
autre  mal  quesaiievre  tierce  et  sa  couclie;  mais  c'est  (ju'en 
ce  pays  la  les  medecins  font  toutes  les  maladies  grandes  ,  '/w> 
prctiosius  <'t  famosius  curntt ,  comme  dit  Tertullien.  Je  vous 
prie  de  remarcjuer  ces  deux  bonsmols  ,  qui  conviennenl  fort 
aux  empirifjiies  d'aujourd'hui.  Guenaut  a  di'ja  propost-  levin 
emetique  ,  mais  ^F.  Seguin  s'y  est  oppose  et  1'a  empeclit'1. 

Mitescitnegotium  ]>.  /''onf/ticf ,  et  j'en  ai  beaucoup  meilieure 
esperance  que  ci-devant.  Je  voudrois  que  M.  Anisson  ti'ithors 
d'aflaire  et  de  proces  ,  afin  qu'il  pensat  a  mes  beaux  nianns- 
crits  dc  (iaspard  llofmann  ,  comme  ilm'a  promis ;  maisqucl 
est  ce  livre  qu'il  va  imprimer  de  ce  Laurent ianus'S  l/hivci1  in; 
doit  point  empecber  le  lait  d'aliesse  ;i  madame  votre  femme, 
,sw/  Hi'i>a  tli'ln'1  iixrijnri .  Je  la  salue  de  tout  mon  Cd-ur,  aussi 
bien  que  MM.  vos  deux  fils,  et  suis  dtj  toute  mon  ame 
votre,  etc. 

l)e  1'aris,  le  2  decembre 


490  LETTUES    I)E    GUI    PATI.N 

LKTTllK  IsCLI.  -- 

AL  Leeomte  noire  collogue  ost  a  LI  lit,  inalade  d'nne  blessnro 
qn'il  a  a  la  jambe  d'un  coup  de  pied  de  choval  ;  lY'vonoment 
de  ees  accidents  est  tonjours  doutonx. 

Deux  liommos  soul  ici  moils  depuis  pen  ,  qni  out  en  de  la 
reputation  par  lenrs  livres.  savoir :  Marcassns,  qni  a  I'ait  1  liis- 
toire  grecqne  et  plusieurs  roinans ,  el  M.  IVrrot  d'Ablan- 
eonrt,  <|ni  a  Iraduit  le  Corn.  Tacite,  le  Lucini  el  anlivs. 
On  dit  ([tie  M.  1'abbe  de  Bourzcy,  (|ni  s'est  lant  dcvone  a 
M.  Colbert,  s'en  va  faite  iinpriiner  la  vie  dn  cardinal  Mazarin. 
Oh  !  quo  cola  seroit  bean  ,  s'ildisoit  loul !  niais  il  n'a  garde;  il 
n'en  seroit  pus  bien  pay*'1.  J'apprends  quo  M.  Ohapelain  ,  j)o<;te 
IVaneois,  Ires  savant  et  Ires  honn<Mo  honnne  ,  qni  a  donne  an 
public  Iti  Puerile  (l'O)'lp(ins,  a  nne  pierre  dans  la  vessie ;  il 
s'apprele  a  se  faiie  tailler  le  prinlenips  prochain.  31.  le  pre- 
sident de  Tlion  ml  iniiiiiiii  [Go!  ,  reinanjue,  en  jtarlant  de  Jo. 
Heurnius,  mtklecin  de  Leyden  .  li'es  liabile  lionnne.  (pie  e'esl 
la  maladie  des  homines  d'etnde  ,  mixi'm  «>\  I.H//-H*  i/s$///n/>  fa- 

(ll'Hfilllil   H/i/tCild/d  (l). 

La  rcine  cst  toujonrs  nialadc;  ses  acces  de  tierce  lie  man- 
queront  pas  de  revenir,  str/fix/m/-;* ,  t-t  xiittn  /tr'/'/odn.  Kile  a  de 
])lus  ses  medecins  de  dilVerents  avis,  comme  il  se  lil  dans  Its 
Eplstold'  de  Sidonins  Apollinaris.  Vous  save/,  <pie  la  com1  e.$t 
pleine  de  brigues,  d'ambition  ct  d'avarice,  qne  c'est  nn  pays 
oil  le  pins  souvent  on  debnsque  son  compaynon ,  nula  hudiernn 
t'lidcni  i'st  qiuiiii  in  pcsttU'litld  i-tinijii  ,  ihl  mini  vtiltxrft  </ut  (iicf- 
/•t/iif,  ct  cudavom  </ini'  l/ir/Tnutn/'.  La  rein*;  devoit  etre  gnerie  ; 
die  n'a  point  accouche  avanl  tcrme  .  el  n'a  jamais  en  (pi'iint- 
tii'vre  tierce  I'ort  simple. 

(I)  J'ai  cite  cc  pas>;ij'(o  d.'iiis  inon  ou\r;i<',i' ,  Pfiystoloyie  fit  Ityjiiine 
des  homines  lii-rcs  au.r  Iruruu.r  tin  iesprit ,  etc..  '<e  t'-dit.  t.  II.  p.  50. 
(.uinbii'ii  (I'lioiiiiiii'-  rolcliro-i  <n;t  fc.  en  fdi'l,  >iclini;1-  dc  ccttc  iiialadir  ! 
COmbien  mil  pn  diro  .  t'diiinir  Kravinr  .  cali'ulmt  .  inrus  rnrnifi1  r ! 

}(.  r. 


S    I  U  (.  (INK  I.  -i'C 

(In  a  I'ait  an  r<tt  des  remontraiioes sur  le  radial  des  rentes  de 
rilotel-de-Villc  ;  il  a  promis  de  rendre  sa  reponse  <lans  pen 
de  jours:  ce  tut  M.  le  prevot  des  man-hands  <jiii  parla  furl 
bien  pour  It's  rentiers.  Les  llollandois  el  les  Anglois  ne  peu- 
vent  s'accorder  ensemble;  on  croit  qu'il  I'audra  qu'ils  en 
viennent  aux  mains.  Les  Anglois  venlent  emplir  la  Manclie  de 
lenrs  vaisseaux  ,  afin  d'empeclierque  rien  ne  passe  pour  les 
Hollandois,  quiontete  nial  traitespar  les  Anglois  dans  I'Anie- 
ri(|ue. 

On  parle  ici  de  quelqne  plainte  on  disgrace  de  .M.  Berrier. 
premier  commis  deM.  (lolbert :  il  n'\  a  rien  au  nioiule  <|ui  nt- 
soil  sujet  a  changement  en  cc  inonde  ,  «•!  j>rineipalcment  a  la 
cour.  La  }>etite  .Madame  a  eu  des  eonvulsions  ft  t->l  morte  (\- 
matin;  elle  etoit  iluette  el  delicate  ,  sans  avoir  jamais  eu  d«* 
saute.  Je  voiis  baise  tres  humhlement  Icsmain.s,  d  .viiis  de 
(dill  mon  eu'iir  votre  ,  etc.. 

!)«•  Par!-;,  cc  S  <l<;c<>ml>n>  HMJi. 


Jc  voiis  mandois  hier  tout  ce  que  je  savoisen  \oiis  envoyant 
uiif  letlre  de  moil  Carol  us  pour  If  P.  Compain  ,  joiute.  ('.t' 
(larolus  vous  baise  les  mains,  ft  voiis  remeicif  avcc  inoi  ,lc 
votre  aOection,  de  loiile  la  peine  tjiu1  nous  vi.u.s  donnon.x. 

.M.  Anisson  m'a  mandf.  que  lui  ft  .M.  Hoissait  sont  prr-i.^ 
de  s'accorder,  ft  ipie  pour  eel  filet  il  \  a  do  arbilrf>.  noin- 
iiics:  Dieu  leur  tasse  la  grace  d'etre  bient<'»t  contents  el  bon> 
amis.  II  y  a  dans  les  proces  toujtmrs  d<;  I'obstination  el  man 

que  de  charite  :  »•>•/  nnh-in  ni/'iliix  fi-sti*  i/l'/  inijit nil ts  ijiur  jurit 

linuiiin'1/i  c/i/'isf/iiii/n/i .  .Mais  de  mallieur  la  rliarite  d'aiijour- 
d'liui  n'est  plus  guere  eeliauH'et1:  elle  n'est  plus  tant^I  ri'duite 
qu'a  la  besace  des  nioines. 

l.a  saute  de  la  reine  n  es|  |nuii!  fiieoie  ;ISMH'CC  ;    |',u,  mm 
ui.  :\>. 


49H  I.KTTRES    OF.    ill  I    P\TI\ 

mure  dii  vinerneTique;  pent-etro  quo  les  empiriques  de  la 
rour  ot  les  rabbins  do  Tartnlion  en  font  courir  le  bruit  pour 
taeber  de  donner  quelqne  voytie  a  lour  poison  ,  qui  a  tan( 
lue  de  moncle.  Multn  dinnitnr  <lc  '•/'/«  mnr/xi  ifint1  i«'friniitm\ 
cf  d<'  quorum  vcritafc  awnino  jure  nmbifjitur.  0  infcliccs  ///•///- 
cities  ijui  MIQ  buna  '/ni/ms  intdliyunt!  f nfclici  ores  qi(i  SUM.  m«l« 
nun  srntiutit ! 

Lareirie  mere  est  une  fort  bonne  I'omino,  laipuHle  a  do 
fort  bonnes  intentions,  inais  olio  n'a  point  assox,  dc  cn'-dit 
pour  les  1'airo  valoir. 

Le  toi  a  fait  mettre  dans  la  Bastille  M.  do  Vardos  :  on  no 
sail  point  le  sujet:  on  (lit  <pie  o'ost  a  cause  do  M.  Fouqnel  : 
inais  apparemniont  c'ost  le  |)rele\tc  do  qnolqne  anlre  chose. 
On  tient  iei  M.  Berrier  perdu,  pour  nne  faussete  (|u'ii  avoil 
produite  on  la  eliambre  do  justice  eontre  M.  Foiupiot :  sa 
principale  partio  csl  .M.  Pussorl  do  Kaiian  ,  ci  (levant  (.'on- 
M'illor  dii  yrand  consoil  ot  do  la  olianibre  de  justice,  aujour- 
d'liiH  conseiller  d'Klat  ordinaire,  ct  oncle  de  M.  (lolbert. 
L'all'aire  de3I.  Foiupiet  tiro  a  la  tin  et  sei'a  jugee  dans  pen  do 
jours.  On  espere  ot  on  craini,  ce  sout  los  deux  e^cnoils  de  la 
vie  buiname  (1). 

J'ai  vu  31.  le  nonce,  ce  matin  M  dccombro.  ot  ".M.  Mdrr 
froro,  qui  (lit  qu'il  est  las  de  prondre  dos  niedeeines  :  il  est 
vrai  (jiie  son  corps  n'on  a  pas  ^rand  bosoin  ,  il  n'est  (jue  1110- 
lancoliqne.  M.  1'abbe  de  Bivalte  vous  baiso  les  mains.  J'ai  vn 
aussi  M.  le  comte  de  FjOuvigny,  surun  billet  <[iieM.  de  Saint- 
Laurent  in  oorivi!  bior  :  c  est  un  bravo  seigneur  quo  j'liunore 

.1 (  On  esjiere  el  on  craint  •.  cc  (ul  la  ,  t>n  clU'l  .  cc  qu'eprouva  coii^laiu- 
incut  la  socicte  <lc  Paris  la  plus  ilisliujjnco  a  I't-poquo  <ln  v.raiid  procc- 
dc  Foiiqiu'l.  (if  surintondunl  qui  Iroina  j ourlaiil  unc1  ci'm-llr.  a\ail 
jirquis  braucou])  d'auiis  rl  d'aillicrc'iil-  par  sc-  libcraliles  <•!  I'clrvatiou 
(lc*(in  caraclero.  An  fond.  o<'l  lioininc  n'olait  pas  unniarchaiid  tl'argenl. 
sans  enli  allies  et  ^al)•>  pilie.  Au^^i  iiiadainc  de  Se'vi^ne  ne  ces.-e  d'ajjpeler 
riiiicre!  MII'  noire  cher  nidlhc.ureux.  el  le  ^raml  (Kiete  I. a  Fontaini-  IIM 
1  •••••la  lidele  loule  -;i  \j(>  I', .  p 


A    KAI.CONKT  99 

t'orl;  il  nest  pas  tort  maladc;  son  imd  est  plulot  la  laiigut'iir 
et  la  vieillesse  que  la  maladie ;  j'cn  aurai  soin  ,  el  j'espere  que 
tout  ira  bien.  On  (lit  que  M.  Berrierest  clevenu  foil ,  et  qu'il 
a  perdu  1'esprit  dc  la  peur  (ju'il  a  que  M.  Colbert  ne  lo  I'asse 
pendre  ;  d'autres  disent  que  tout  cela  n'est  que  feinte. 
M.  Kainssant  n'avance  guere;  sa  Jievre  est  ibrt  diminuee,  et 
['enfiure  cedemateuse  continue.  L'hiver  est  fort  contrail e  an x 
vieilles  gens  et  aux  malades,  el  inenie  aux  convalescents 
quorum  vires  ah  ai;utu  eel  contumaci  mar/jo  tunt  afflictce,  i'<l 
attritie  ft  jjrustatd! ;  il  n'est  pas  memo  jusqu'au  bonhomme 
Ciceron  qui  n'ait  dit,  //*  Ljiintoii*  ml  [amil  tares  :  y-j/o;  OE 
AtTCTfo  XP"7'  ToXeptwTaTov,  tnqutt  Kui'ipldt'S  ,  qu<Jtn  tn  ijmnih 
/'arias  ncscio  ,  certe  sinyitlos  <'jm  (v/'.^/.s  x/iif/t/l'i  testimoniu  putn. 

On  parle  icid'un  nouveau  livre  latin  d'emblemes  ,  iniprinie 
a  Bruxelles,  tail  par  un  auteur  nomme  Miliiarez,  Ills  d'un 
Kspagnol.  On  in'a  dil  aujourd'hui  que  M.  le  lieuteiianl  civil 
en  avoit  tail  saisir  une  balle  a  la  douane.  On  (lit  que  ce  livre 
est  de  poiiti(jue;  peut-elre  qu  il  y  a  la-dedans  quelque  cliose 
contre  les  interets  et  les  pretentious  de  la  France. 

On  imprime  en  Hollande  uu  livre  qui  sera  beau  etcurieux: 
ce  sont  les  Memoires  d<-  M.  fc  muri'dml  df  liassompio're. 

On  dit  que  1'empereur  envoie  par  la  Frauche-Comlr  de 
bonnes  troupes  au  Milanoz,  alin  (ju'eiles  tin  deineiirent  sai- 
sies,  encascjue  le  roi  d'Espagne  nieure  bienlo  ,  a  (juui  il  y  ;t 
uraude  apparence. 

On  est  tout  de  bon  a  la  tin  du  proces  de  M.  Kouquel :  mi  a 
commence  a  delibei'ei'.  M.  d'Ormesson,  premiei1  rapporteur 
el  niaitre  des  retjuetes,  a  dit  son  avis,  et ,  aprcs  de  belles 
cboses,  a  couclu  a  uu  bannissement  perpetud  ct  a  la  confis- 
cation de  tons  ses  biens;  c'est  a  prt^eut  a  i  iii.lic  tappor- 
teur,  cjui  est  M.  de  Sainte-IIelene,  coiKseiller  de  liouru  ,  a  dire 
le  sien. 

Mnlc  hahi't  I't'tjntti  /mt't'iis  i'  sun  cui'i'i iii'ii/ulc  ii.iiiiuniif-ii  :  liuhinl 
fi/'irufnr/t  Irttnn  firc/iififi'tn'Hin  ,  I'unt  iiiuituot' clm'iirnix 
i:  <jt«it'H)il  rcltit nnii'  nwlliSWti  full  intn'lnini  i'.<sr  OC,:«TV. 


,)()U  Il.TTRKS    I»K    i.l'i    I'M  IS 

'•(    III    KU/II    CtCi/f/l   ll'rilfllJIIHf    ^jU'lli    ''SXr  1'CfHlSI/lll/l  .    til    III    im'll l/':i  - 

ini'iitn  ffltu(lfuifnitlt$  tiitml  i/nh  li  t'litnl I tftiti'  :  {/i<o<l   in  tinit/i  it/}('<'ti( 

»/.s/  /ini/iii-mn  (ii/.i-iliiu/i.  M.  Kainssanl  <-si  fortabattu,  a  peine 
peut-il  so  teuir  dans  son  lit  ,  et  y  bien  etendre  ses  jambes  : 
iii'ii'/ci'i'ti  li.ilinrnt  inn.iui.nn  ///''./'///''/////  *>t/  ,  vie  itttrml  as/i'ti. 

1'n  dt1  nus  Itcniryeois  i'ort  huinine  de  liien  ,  iionimo  M.  Poi- 
gnant ,  a  (He  mis  ii  la  Bastille  pour  avoir  path-  do  la  suppres- 
sion dcs  rentes  do  THolel-de-ViHe,  et  niadaine  de  laTrousse 
a  re  t;u  defense  d  aller  a  ll!otel-de-\  ille  .  et  ii  loute  aulre  as- 
seniblt-e,  sur  peine  de  j>unilion  coi'porelle  pour  la  intMiie 
cause.  On  dit  (pie  le  roi  a  envo\e  quern1  sa  declaration  pour 
les  rentes,  inais  on  no  sail  si  c  est  pour  ajouter  on  diminuei1. 
La  chainbri1  do  justice  a  donne  coinrnission  au  prestdial  de 
Beauvais  de  fa  ire  le  proces  du  receveur  des  tallies  do  (iisors . 
nomine  I  Kmpereur,  ce  (jui  a  ete  fait :  its  lout  condannie  ,i 
etro  pendu  et  etrangle.  Ilyaappel,  pour  lequel  il  Cut  liiei 
amene  en  eette  ville  ;  il  est  de  Paris,  et  a  iei  plusieurs  parents 
(jui  le  pourront  sauver  :  son  crime  est  de  plusieurs  volerie^ 
publiques. 

La  jeune  rcino  ne  se  porto  j)as  eiu'ore  liien  ;  il  y  a  trois  mois 
qu'elh1  est  niaiade,  ct  n'avoit  ipie  la  lievre  tierce,  le  simple 
bourgeois  est  niieux  trait**  tpie  cela  ,  x/ntr/i/is  ninnl  < tci'm/nm 
i'i  ril  nr . 

,M.  volre  tVei'o  ma  dit  aujourd  Imi  qu'il  a  !»'••,  pieds  enlles, 
mais  il  n'a  yuere  ojivie  de  se  purser,  .le  salue  avec  toute  cor- 
dialite  xMM.  Troisdames,  Spun  el  (iarnier,  et  suis  ile  tmile 
moil  ame  votre,  elc. 

l>i'  1'jiris  ,  le  1(>  (hVcinhrc  KJli'i. 


11  y  en  ,1  <pii  preteiidrnt  que  la  tumour  de  la  reine  a  la  ma- 
nielle  LSUlche  n'cst  pas  dan^ereuse    ,le  voiidi'ois  qu'ils  en  i'lis- 


\     KAIO'M.I  .')01 

sent  assures,  mais  je  in:  Ic  crois  pus.  On  a  fait  venir  1111  pivlre 
do  pn\s  d'Orleans,  qui,  avec  ses  secrets  ct  ses  emplatres, 
promettoit  miracle.  Mais  Dieu  fait  ces  grands  miracles  tout 
seul ,  encore  n'ai'nvent-ils  que  raremeut.  Tout  le  moiide  est 
sujet  aux  lois  de  la -nature,  grands  et  petits.  On  ne  fait 
plus  d'etat  des  rabbins  de  la  cour.  leurs  secrets  sont  eventos. 
leur  fait  n'estque  cabale  el  imposture. 

On  (lit  (jue  M.  Fouquet  estsauve,  et  que  de  vinyt-doux 
juges  ,  il  n'y  en  a  eu  que  neuf  a  la  mort ,  les  trei/.e  autivs  an 
bannissement  eta  la  coniiscation  de  ses  biens.  On  en  domic 
le  premier  honneur  a  celui  qui  a  parle  le  premier,  qui  etoit 
le  premier  rapporteur,  M.  d'Ormesson ,  <jiii  est  un  homme 
d'une  integrile  parl'aite,  ct  le  second  a  .M.  de  la  Koquesante. 
conseiller  de  Provence.  Us  out  dit ,  <yw  I/,  l''<ni<[iu>t  n'timit 
iin'nlx'i  mi  cm'diiiul  Mnyn'in  .  >/"'  urn/f  i-i-rn  {///  /•///  /'<,/•///•>•  >•/  l« 
uuissftnce  (/>'  cotmnnndc)';  yw  /iunr  fnnf  //'  n«<l  i/nl  <ic»it  <'<tt'>  fult , 
il  X'CH  fdlloit  /t/'Ciiff/'c  <ni  Mii-nrlii ,  ijni  avnif  ':f>'  un  ijrmnl  lurr  m 
qni  meritoit  yu'uit  tni  f/'f  nun  process ,  d'etre  dptvt'rt'1 ,  >'f  >/>>•  ///V//< 
<-'»i/isf/>i<''*  an  I'ui .  Kt  je  suis  fort  de  cet  avis  I  . 

Dieu  benisse  de  si  honnetes  gens!  Je  voudrois  quc  Ic  roi  fit 
i'un  ou  I'autre  chancelier  de  France  pour  leur  noble  et  c<»u- 
rageuse  opinion  ,  aussi  bien  M.  Seguiei1  n'en  pent  plus. 

On  travaillc  an  proces  de  M.  I  Kmpereur.  i-eceveiir  dcs 
tallies  de  (iisors.  Sept  cents  temoins  out  depose  contre  lui  ,  ct 
il  a  [)lns  de  800,000  livres  de  bien.  I.c  roi  en  a\oit  domic  l;i 
coniiscation  ii  M  le  comic  de  Saint-Aignan  ,  niais  il  I'a  iv\u- 
i[iit''c  en  disanl  ipic,  etc.  Quand  jt!  saurai  le  restc  .  jc  vous  Ic 
manderai  volonticrs.  Adieu. 

De  1'aris,  Ie2l  dorombrf  l(3(i'«. 

J,  l^a  bile  anU-mazarinesque  <lc  (jui  1'alin  n',i\ait  rii-n  pcnlii  (i«'*<tii 
iicrele  .  Irois  ans  apre>  la  mort  du  cardinal.  Faut-il  Ic  lui  ivprorher  ' 
noil  sansdoule,  car  il  y  a  un  cole  de  la  \ie  d<>  Ma/.aiin  lar^enieiit  enta- 
t 'lie  ,  el  le«  convictions  dependent  Mnivenl  dii  /lohitd?  i-nc  ou  ,,,,  ,,,t 
place,  |{.  p 


•><>-  I. hi  I'HKS    DK    (.1  I    I'Al'IN 

LKTTKK  DCLIV.      -  .iummte. 

On  s'jittendoit  a  la  com1  <jiie  par  le  credit  do  M.  Colbert, 
sa  partie,  M.  Foiiqiiet  seroit  condainne  a  niort,  ce  f|ui  auroit 
f>te  intailliblemeut  execute  sans  esperance  d'aticune  grace. 
Venttn  fatl  le(je  (]Ulf  rc/jif  urban  Icrruniin  ,  rcl  ficitlns,  i/f  r/tr/s- 
tttntf  /Itcinii  ,  liicciidn  f<i(nm ,  iic  /nitex  nnhi  w  /Y//-  f/ifi/n/// ,  Dion 
lui  a  fait  graee ,  ct  ainsi  il  n'a  t'-te  <|ii'exile ,  \/r  ///w?///  s/t/^/'/s. 
On  dil  (jiio  i|uatro  Jouvs  avant  son  jugement ,  madame  Fou- 
quct  la  nier.^  t'ut  visitt-i1  la  roine-mere,  <jui  lui  ivpondit : 
f'rii'Z  Dli'U  ff  /v/y  jHiys  f(i»f  (jti.c  rout  jKinrri'Z  i.'u  f<n*<nrr  dc 
I/ '.  Pottf/nct ,  cm'  <l ii  rfitt*  <l n  rut  il  //'>/  n  ricn  ii  (jxn(')'cr  ( I ).  Los 
deux  dames  Fouquet,  inert1  el  bin  ,  out  recu  commandomenl 

I  Nicola.s  Fouquct .  surintendant  dtv*  Knanoes  .  naquit  a  1'aris  on 
11)15.  Son  pere  Francui^-  (''oiKjiict  ,  aiinaleur  de  Hrelajyne  ,  avail  liiit  lo 
rommcrce  avoc  les  colonies.  Appelr  par  le  cardinal  do  Richelieu  a 
Cairo  partie  du  conseil  de  marine  el  du  commerce  .  on  dil  qu'il  Cut  le 
senl  jii;',e  du  marechal  de  Marillac  qui  n'opina  point  a  la  morl.  Nic. 
Kouquet  Cut  d'abord  mailre  des  recjuele-i  el  prociircur-gencral  an  parle- 
mcnt :  en  1fi.'53  ,  conjointement  avec  Servien  .  il  occupa  la  charge  de 
r»urintendanl  des  finances.  Knlin  .  le  21  icvrier  IfiSy.  il  Cnt  promu  a  l.i 
pleine  el  enfiere  |ios*pssion  de  1'intcndance  de*  finances.  II  po»^edai< 
tine  >;rande  fortune;  mais  sa  magnificence,  sa  ;n>nerosite  envers  les 
savants  et  le.-.  (yens  de  lellies  .  el  MirtDul  sa  prodifjalile.  depasserent  tout 
ce  qu'on  peat  s'imn^iner.  L'i  depense  de  sa  mai-on  etail  considerable, 
et  le  chaMcan  de  Vaux  lui  avail  coute  |>In-.  de  IS. 001). 000.  On  sail  que 
eV-t  a  la  suite  d'nne  Cele  (]uvil  lonii'i  da-i- le  c'l.ileau  de  Vauv  .  an  rni 
el  a  tonte  la  conr.  le  1'i  aonl  1(5*50 .  que  -n  dis  raee  Cut  decider-.  On  Tar- 
rela  a  Nante<  le  !>  ^eplembre  siiivanl  ]>ar  ordre  de  l.«»uis  XIV  .  e|  j|  Cut 
jiijn- et  cond'iiniie  par  une  coinmission  «-i)inpo>ee  en  fjrandc  parlicde 
ses  enneniis.  Vr>iei  le  jui'/'menl  (jui  intervinl  le  '2  '  dece:nl»re  Kifi'i  : 

«  T.n  eliandiroa  declare  el  declare  ledit  Monr  Kouquet  dnment  allr-inl 
el  fionvaincu  il'abn-  el  de  malvprsation<  ]>nr  Iin  Citmrnises  an  Caiet  des 
I'm  .'.nee-.  I'o'ir  reparation  fit-  qnoy,  ensruihle  pour  le>  antivs  cas  resul- 
laiiu  du  p'-i>e^s.  r.-\  haiiiiy  el  le  hannit  a  perpelnile  hors  du  royaume  . 
enjoint  «'i  lui  de  Carder  <on  l)an  *ous  peine  de  la  vie  .  a  declare  Inn*  ^e1* 
}iieii*  cmili^ine-*  an  roy  ,  snr  ieeni  prealahlement  pris  la  '-rtninu-  de 


\  i  U.COM.I.  .')(» ! 

rlu  roi  de  sortir  de  Paris,  et  se  retirer  a  Montluctm-eii  Bour- 
bonnois.  On  dil  que  les  mousquetaires  sont  cornmandes  pour 
partir  domain  ot  mencr  M.  Fouquet  a  I'ignerol.  MUM,  locum 
ay  linnet's ,  etc.,  (junindiii  rt-i-n  >•//  /Hesurus  illn:,  t/pntl  mis  urea  - 
man  caf ,  .so//  hi-in't  ri'iji  ,  f'uynftinn  <'sf  tnntmn  ni'ijittinin. 

Nous  aurons  bientot  nn  bon  livre  fait  par  un  janseniste , 
toticliaiit  los  pivtenducs  opinions  desjesuites,  taut  sur  lour 
morale  (jue  stir  les  droitsdn  roi. 

On  iinj>rinie  ici ,  en  grand  in-(jiiarto  ,  un  Mtri'iji'  de  I' Histoirr 
dc  Fnnw ,  par  J\J.  Me/.eray. 

l^e  manjuis  de  Cliarost  et  sa  femme,  lillc  du  premier  lit 
de  M.  Fotujuet,  out  ordi'c  de  st;  retin;r  a  Aneenis;  M.  liailli  , 
avocat-gi'iieral  an  grand-conseil ,  a  Saint-Tliierri  son  abbaye  ; 
les  deux  freres  de  31.  Fotujuet ,  en  d'autres  lieux.  On  voil  ici 
sur  les  quatre  heures  dn  matin  unecomete  entre  lc  Levant  el 
le  Midi  Beaucoup  de  yens  se  levtMit  la  unit  pour  la  voir;  ce 
n'est  ([u'line  bagatelle  en  I'air  »|ni  I'cra  parler  les  astrologues  . 
et  leur  lera  dire  des  sotlises  a  leur  ordinaire.  Je  erois  i|u'elle 
ne  produira  aucun  bien  ,  si  elle  tie  fait  diminuer  la  taille,  et 
taut  d'autres  impots  (jut!  le  3Iazarin  a  fait  a  son  protit  et  a 
not  re  perte. 

On  ditque  le  roi  est  lacht'  centre  ceux  tpii  n'ont  point  con- 
damne  a  niort  M.  Fotujuet;  mais  il  n'y  a  pas  d'apparence ; 
ear,  outre  qu'il  a  I'espritdoux  et  (ju'il  n'est  point  du  toutsan- 
guinaire,  e'est  (|ii'il  1'efit  fait  condainner  s'il  eut  voulu  (l/.  II 

100,000  livrcs  applicable!)  moitic  au  roy  cl  1'autrf  inoilie  cu  u-uvrr- 
pies.  •• 

On  sail  (jnc  ,  par  uno  n^ucur  sans  exemple  cl  ([in  n'a  pus  cti  d'imi- 
lalctirs  .  lc  roi  modilia  Tarrcl.  ct  lc  baiinissoincnl  ful  convcili  en  HMO 
detention  porpctuelle.  KoiKjiii'l  j)artit  lc  -~2  ilcccinlirc  pour  I'ijjnorol , 
ou  il  rcsla  cnicrnic  jusqifa  sa  mort ,  en  mars  KiSO.  II  ful  ranicne  a 
l*a;  is  cl  inhume  dans  1  rjjliso  ilu  coin  cut  dcs  tlamcs  Saintc-AIario  ,  rue 
SaiiK-Aiiloinc.  !<•  -In  maix  Kiso.  K.  |>.  ;, 

1   S'il  oil  voulit .'  (juelle  saii|;laiilc  <'i  iliquc  du  |',oii\  crncmciil  al>>oln  ! 
Cependanl  il  roulul  ijue  lc  bannisscnicnl  sc  changeat  en  prison  pcrpc- 


•Vi-1  i  1. 1 TUK>  or.  M  !  iv\i IN 

avoit  ineme  dit  qu'il  ne  se  vouloif  pas  meler  de  <v  prore;,-la  , 
et  il  a  tenu  sa  parole.  ,le  vous  baise  les  mains  ,  t.-t  snis  de  tout 
mon  nrur  votre .  etc. 

IV  Paris,  Ic  '23  tlcromluT  IWi. 


Je  votis  ai  adi't'sse.  unc  letlre  de  mon  C,aro!us  pom1  Ic  \\.  IV 
(^oinpain,  aii(]iiei  jo  liaise  les  mains;  Carolns  en  fait  autant 
}>our  vous.  J'ai  vu  I'ecrit  de  voice  JM.  liobert,  <jne  je  votis 
reiiNoie;  il  ost  autant  extravagant  que  son  auteiir,  outre  1'i- 
i;iiorance  crasso  et  les  t'autes  (jui  y  sont ;  je  n'y  en  tends  lien, 
non  plus  <]ifa  I'oriyiual  (jui  est  venti  de  liome,  >•'////  /,%•/////•/• 
di'iiriii  iiiorii'iilis  scru/i.  Nous  n  yavons  rien  repondu  <pie  [tar 
(Miiynies  on  soupeons  :  //(  rr  jiriln  ct  i>wl<-nt)<i.  Tout  y  est  dou- 
t(MJ\  de  jiiii't  et  d'autre  ;  nous  n'y  avons  repoiidu  <pie  pour 
eonteiiter  .M.  le  nonce,  encore  n'avoiis-nous  |>a>  tout  dit. 
i\l .  votre  t'rere  ,  ipii  se  porte  asso/  bien  ,  m'a  dit  (ju'il  vous  en 
avoit  envoye  line  copie. 

\otrt!  iM .  llobcrt  est  ee  bonlioinnie  ijiii  doiinoit  du  \in 
d'absinthe  pour  guerir  I'hydropisie.  Ne  vous  lache/.  [>;is  . 
M.  Rainssant  en  a  pris  aussi.  Pensex-vous  qu'il  n'y  ait  de  IIK''- 
decins  charlatans  qu  a  Lyou  :  <•!  /n'r,  <•(  nlihi.  cf  nl>iijn<'  t<>rr<i- 
rinn  vvtiditur  /I/in'/'. 

M.  Pietre  a  cinquante-six  ans  .  et  je  IK;  sais  s'il  aura  jamais 
d'autres  ent'ants;  il  est  \aletudinaire  .  et  sa  fomme  n'est  mien- 
loin  de  cinquanto,  ans. 

tiH-llo.  l>ans  iios  Icinps  iiiodt-nic-  ropinioii  [)iihli<|iic  ;i  unc  prc'-pimdc- 
r.uicc  nix1  aolion  i|uYlli-  iTavail  pa-  dan-  li1  \vn'  -  (Vl<>.  I. or-  du  pro<-(;- 
dn  j'V'tieral  Morcnn  .  acoiir-*'1  d<*  conspiralion  avrc  Pichcgni  .  Uonaparlr , 
jirriniiT  ron-iil.  \it'loripH\.  pui-sanl.  adore  dc  la  nation,  n'ohlinl  point 
la  rond, imitation  a  inuit  dr  .Moi'i-au  ;  la  \oi\  puliliquc  >">  oppo^nil  .  il  in- 
pnt  done  goutcr  rorjfuoillciiT  ••iilUfadion  df  li-  ijnn-icr.  I!  !' 


M.  Fouquel  e.st  juge.  le  roi  a  conxerti  I  arroi  de  baimisse- 

Ilieill  Oil    prison    pOI'petlielle  ,    ft    ulintun    n»n    ilfyrni-ri-t   t:;  rv> 

Gavarov ;  car  quand  on  est  eiilre  qualre  niurailles,  on  ne 
mange  pas  ce  <pi'oii  veul,  et  on  mange  quelquelbis  pins 
qu'on  nc  vtMit;  ct  de  plus,  Pignerol  prodnit  des  truffos 
ct  dcs  champignons ;  on  y  mele  quelquefbis  de  dange- 
rcuses  sauces  pour  DOS  Francois,  quaiul  elles  sont  appretees 
par  des  Italiens.  (le  qui  est  de  hou  est  (pie  le  roi  if  a  jamai> 
fait  enipoisonner  personne,  et  qu'il  a  1'aine  droite  et  fjoni'1- 
reuse.  Mais  en  pouvons-nous  dire  aiitant  de  cenx  qui  Con- 
venient sousson  autorite?  J'ai  vu  ce  ipiatrain  dc  Nostradamus ; 
il  est  ici  coinmun.  (A*  poete  doit  tun  ;  mai*  M.  de  Roquosant*1 

est  bieil  sage,  .^nsti'ti  (linntm  ijinnn  rcrlia  dni/tn*,  num  f'nlli-ri- 
itPtift'iint  fs( .  I'.t  <i"ini<  ri'rhn /itiiiiiix ,  ml  ti/si  nnsh'ii  (Ifiimat.  All 
nioins  il  a  inenti  pour.M.  Foixpiet :  gardons- nous  de  lels  pro- 
plietes  pour  ii'etre  point  tronipe :  il  ne  taut  c  roi  re  ni  revela- 
tion .  in  apparition,  ni  miracle  ,  ni  prophetic,  encore  moins 
les  souses,  les  enigmes,  etc.  Je  vous  baise  trcs  liiiniblement 
les  mains,  et  suisde  tout(!  mon  ame  votre  ,  etc. 
!)<>  I'aris,  Ic  23  decembre  l(5Gi. 


LKTTliK  DCLVI. 

II  fait  ici  bien  (Void,  ct  ce  <pfil  y  a  de  maladcs  n'nnl  gucrc 
(jiie  des  rhumatismes .  a  quoi  le  vin  nouveau  n'a  pas  pen  con- 
tribue.  I. a  messe  de  minuit  est  cause  (pie  tout  le  monde  parlr 
de  la  comcte  <pii  a  ete  vue  de  qui  I'a  voulu.  Us  dcviendront 
enrlmines  pour  avoir  ete  dcs  les  trois  lieures  du  matin  sur  Ic 
I'ont-Neuf  pour  la  voir.  ct  puis  apres  s'cn  prendront  ;'i  la  co- 
incfe.  INnir  moi ,  jc  ne  crains  ricn  de  tout  cc  qu'mi  en  pn'-dit  ; 
1 1  arrive  asse/,  (!<•  mallicui'ssans  com  etc  :  c'cst  pounploi  je  passe 
volniiticrs  dan>  l'avi>  d'Kritiu>  Putcanu^  el  d  , nitres  <avant- 
homines .  <|iii .  snr  I'aulorite  de  I'Kcriture  S.iinte  :  \i-rrniifnc: 
jinini  //•>•  sii/iir,*  du  rirl ,  preteiident  que  le>  c«»mete 


.">()()  I.K1TKKS    l>i;    ". I.I    I1  VI  IN 

simples  meteores ,  ne  nous  predisent  in  bien  in  mill.  Nous 
n'avons  que  faire  d'en  craindre,  il  nous  en  viendra  asse/,.  On 
dit  que  Ic  roi  a  donne  charge  a  un  mathematician  fort  savant 
d'en  ecrhe  :  il  se  nomine  M.  Petit.  A  peine  y  a-t-il  jamais  eu 
de  cornete  plus  remarquable  que  celle  qui  parut  Tan  !f>7-2 
apres  le  massacre  do  la  Saint-Barthelemi ,  la(juelle  dura  dix- 
Jiuit  mois  ,  et  ne  disparut  (lu'au  printemps  de  Tan  1574  ,  un 
pen  de  temps  avant  la  mort  dn  roi  Charles  IX.  M.  de  Thou  , 
Kekerman  ,  Tyclio  Brahe  etd'autres  enont  fait  mention. 

M.  de  la  Mothe-le-Vayer,  pom1  se  consoler  de  la  mort  de 
son  lils  unique ,  s'est  aujourd'hui  remarie  a  septante-huit  ans. 
et  a  epouse  la  lille  de  M.  de  la  Have,  jadis  ambassadeur  a 
Constantinople  ,  laquelle  a  bien  quarante  ans.  Elle  etoit  de- 
ineuree  pour  etre  sibylle.  Mon  invenit  cafe/it,  .W /•//•«///,  .sw/ 
Minium.  Adieu. 

De  Paris .  le  30  decembre  1664. 


LKTTRE  DCLV1I.  —  Aumnnc. 

lion  jour  et  bon  an  ( ce  dernier  dccembrrJ,  en  attendant 
quelque  bonne  nouvelle  <|ue  tout  le  mondr  desire.  ,lr  \-oiis 
dirai  que  M.  Fouquet  n'a  sejourne  (ju'iin  jour  a  Moularyis, 
savoir,  le  jour  de  Xoel. 

On  dit  (|ue  le  roi  vent  avoir  sa  revanche  sur  ceuxde(jigeri, 
et  qu'il  y  veut  renvoyer  :}0,0()i)  hommt^s  le  printemps  pro- 
chain.  On  dit  (ju'ils  out  fait  quelquc  chose  <|ui  oflense  le  roi,  a 
cause  de  quoi  il  ira  des  le  mois  d'avril  en  IN'ovcnci^. 

Le  bourgeois  est  ici  fort  mal  content  des  reutiis  su|iprimees ; 
tout  le  monde  se  retrauche  fort:  il  n'y  a  que  Ics  vendeurs  dr 
bijoux  et  de  galanls  (|ui  ya^nent  avec  queltjues  cabaretiers. 
Les  chai'latans  mt-ine  ne  font  j»lus  de  fortune  ,  temoin  le  mise- 
rable medeein  qui,  sans  se  soucier  de  Hieu  ni  du  monde  , 
vend  etfroutement  des  remedes  anti  ecliptiques  t.'t  anli-come- 


tiques  ^cestcelui  qui  en  est  le  parrain,  anssi  bien  <|U(!  le  inar- 
charul ,  ex  u(r<i<fw  /twit'  1  ulcuno  aiinilis}.  Dieu  soil  loue  do 
tout;  les  gens  de  bien  vivent  toujours  bien.  Pour  moi ,  je  me 
lie  a  Dieu  et  a  celui  qui  a  dit  :  .\untjuutit  rit/i  justum  Jerelic- 
tunt,  nee  semen  ejus  gucerens  panem. 

M.  deLouvigni  est  content  demoi ;  c'est  un  fort  bon  et  sage 
gentilhomme.  Je  me  moque  de  la  comete;  je  ressemble  a  ce 
vienx  Romain  qui  ne  craignoit  que  malam  famam  et  famem  , 
encore  ne  m'en  soucie-je  guere.  Dieu  m'a  donne  la  grace 
d'avoir  pourvu  a  1'une  eta  1'autre.  De  VHistoire  de  /'/  Ww- 
sifr> ,  les  deux  premiers  tom^s  sont  sous  la  presse  (1),  les  qua- 
tre  autres  suivront  apres  ;  elle  s'imprime  aux  depens  du 
recteur.  Jesaisbien  que  M.  votre  archeveque  aime  les  livres  : 
je  le  saluai  ici  Tan  passe;  jc  lui  ai  grande  obligation  du  bon 
accueil  qu'il  me  tit;  je  suis  fort  persuade  de  son  nierite  et  de 
celui  de  tous  ses  ancetres,  et  particulierement  de  sou  aieul  . 
MM.  Nicolas  de  Villeroi ,  que  je  me  sou  viens  d'avoir  vu  I'an 
1616,  etfeu  M.  d'Alincourt,  I'an  1641.  Jevous  baise  les  mains, 
et  suis  de  tout  mon  coeur  votre  ,  etc. 

l)e  Paris  .  le  1"  Janvier  1665. 


LKTTKK  DCLVIIl.    •-  A  it 

J'aurai  soin  de  1'affaire  que  vous  me  recommandez  pour 
M.  de  Rhodes  votre  doyen,  et  vous  promets  d'en  parler  a 
M.  le  premier  president.  On  pent  tout  esperer  <lt'  la  justice  et 
de  la  protection  dont  il  honore  les  g(Misde  lettres. 

Enfin  vous  avez  perdu  M.(!ras  ;  iletoit  temps  qu'il  mourn  t. 
11  etoil  trop  bourru  ,  et  sa  mauvaise  Immeur  ne  lui  a  pas  pen 
aide  a  (|uitter  cc  nioiidc.  11  avoit  pourtant  du  uicrite  ;  mais 
il  eut  bien  Fait  de  vivrecomme  les  antres  hommt'S. 

I    \  oyc/,  la  note  IOIIK-  111.  lui.f  '27.'). 


;)OS  i  I;TIUF>  DK  iii  i  rviix 

Notre  joune  roine  so  porte  bien  .  Dieu  iut;rci.  Kile  n'a  plus 
bosom  quo  de  so  ibi'tilier.  Tout  son  mal  a  ete  une  fiovre 
tierce,  et  un  accouchement,  qni  Cut  un  petit  avarice  par  mi 
purgatiF  donne  ii  contretemps.  Seneque  a  tres  sagement  (lit 
qu'il  n'y  avoit  rien  <le  plus  dangereux  dans  les  maladies 
qu'nn  re  in  ode  donne  avec  tant  de  precipitation.  I'n  medecin 
doit  ajonter  aux  lemmes  encore  pins  qu'atix  homines,  et 
encore  plus  aux  femmes  grosses  qu'a  celles  quine  le  sontpas. 
La  reine-mere  n'est  pas  si  bion.  On  dit  qn'ello  a  un  cancer  a 
la  mamelle  gauche,  on  los  empiriques  de  la  cour  out  perdu 
leur  escrime.  On  a  envove  quorir  un  protre  nomine  Gendron. 
pros  d'Orleans ,  <jui  1'a  traittie.  Too  certaine  I'ennne  en  pro- 
mettoit  la  guerison,  mais  elle  en  a  ([Liittt'1  I'ontreprise.  On 
parle  trim  moine  tie  province,  et  d'un  autre  charlatan  que 
Ton  vent  I'aire  venir  tie  Hollande;  tie  quel  cote,  tpi'il  vienne. 
il  m'importe  tort  pen,  mais  je  ne  pense  pas  tpi'ils  la  gueris- 
sent.  Mon  Hieu  !  qu'il  y  a  tie  sottes  gens  an  inonde  .  et 
particulierernent  die/  les  grantls  seigneurs,  do  entire  ([ue 
telles  buses  puissent  guerir  des  maladies  que  les  modecins 
n'ont  pas  pn  guerir!  MM.  les  courtisans  n'entendent  point  ee 
passage?  de  la  Bible  :  .^itnxfind  //'>•///</  /•>•/  1/1  (.id/mid,  ft  nii'iJirn* 

HOII  I'*/    //'I . 

\AI  semaine  qui  vient  on  va  jn'oeeder  aux  taxes  des  parti- 
sans, tlont  les  nns  sont  a  la  cour  et  les  autres  soul  la  plupart 
caches  et  f'ugitifs.  II  yen  a  (jui  s'ollrent  tl'en  prtMidre  le  [)arti, 
promettant  an  roi  TiO  millions;  mais  on  dit  qu'il  en  taut  bien 
davantage.  Je  prevois  nne  ('trange  th'-solation  sur  les  families 
de  ceuxsur  (jui  tombera  ce  tonnerre.  Ce  sera  bien  pis  que  la 
comele,  tpii  nt:  s<?  montre  plus.  Les  jesuites  en  out  Fait  line 
these  Fort  seelie,  et  on  il  n'y  a  presque  ri''ii  a  apprendre.  .le 
suis  .  etc. 

He  I'ari*  .  le  -  jan\icr  lii(i.'i. 


v  r A i. ii. \ F.I.  .:>oy 

LKTTKK  IH'.LIX.  -     .\n  „„•„„'. 

Je  vuiiN  envoyai,  il  y  a  quelques  jours,  1111  paquel  de  leltres 
avec  une  these,  de  swlore  sanyuineot  laquelle,  conime  jf>  crois, 

vons  troiiveic'/.  belle  et  remplie  do  doctrines.  Les  chimistes 
>'en  lout  bien  aeeroire  tons  les  jours  avec  lenrs  pretendus  MI- 
dorifiques ,  dont  ils  promellenl  cK'  yuerir  la  peste  el  les 
autres  maladies  malignes.  La  peste  est  un  terriblf  demon  »|ui 
lie  se  chasso  point  avec  de  lelle  eau  benitf. 

(lette  dernit'i'O  comctt1  (|iii  a  paru  tournira  de  la  inatu-re 
aux  asti'ologucs ,  el  sans  doule  produira  quehjue  livre  nou- 
M-an  anx  ciirienx.  Le  mol  de  coinele  devi'oil  rtre  niasc.nlin  , 
mais  le  [(cuplt'  t-t  I'nsa^e  I  ayant  mis  an  tV-ininin,  je  suis 
d  avis  dc  parler  comme  les  antres,  maliiiv  la  iv^lc  dc  la 
syntaxt; ,  de  penr  de  passer  pour  novalenr  el  pour  grammai- 
rien,  (jni  c>t  nne  suite  espeee  d'lioinmes,  a  co  (jne  dil  Athenee. 
La  comete  qui  parnt  Tan  l,")7->,  an  si^ne  de  f  'nnsinfitrn  ,  rloil 
tout  antre  cliuse  (|u'nne  comete  d'Aristote ,  <|iii  n'avoit  rien 
vu  dc  pared,  ft  <|iii  penl  fli'f  ne  1'a  janiais  cnlf ndn.  Lcs  as- 
ironomes  d'atijourd'hui  en  savent  bien  [)lns  (pie  Ini,  ce  tjue 
je  dis  sans  le  vonloir  mepriser,  mais  il  n'a  pas  tout  sn.  La 
verite  des  choses  se  dfconvre  petit  a  jtetit.  Je  liens  pour  cer- 
tain rpi'il  y  a  deux  sortes  decomeles,  I'une  snblniiaire,  ft 
lanlre  ccloste  on  etherec.  Voye/  ce  ipi'en  a  dil  la-dessns  Fro- 
mondus  dans  son  livre  i/i-f  M^h'-nn^. 

M.  llainssanl,  uotre  collegue ,  est  tonjours  malade  el  ne  se 
porle  point  mieux.  Dans  ce  manvais  train  de  smi  mal .  il  a 
en  reconrs  aux  fnipiri(|iifs  et  cliimistes  ,  e.t  il  se  serl  de  la 
pifri'f  df  linller,  donl  van  llelmont  a  bien  dil  dfs  menlene>. 
Je  vons  prie  ponrtant  de  ne  Ini  en  point  savoir  mauvais  yre.  , 
rar  c'esl  la  >a  nietliode  ordinaire,  ft  il  vcnl  laire  en  mourant 
ec  (|n"d  a  p!iati(|iif  dnranl  sa  \  if.  liainssanl  a  fait  tonic  sa  vie 
le  cbai'latan  ,  cl  veul  nionrii'  en  charlatan.  C.icei  on  a  dit  cpiel- 
qne  jt;!i  t  i|n  un  certain  Arisloxeinis  doit  pliilosoplie  et  innsi- 


,:,|()  l.KTTHKS    OK    (.11    PATIX 

cien,  et  qu  etanl  interroge.  ee  que  e  ('-toil  ((lie  1  time,  il  repon- 
dit  (jiic  e'eloit  une  hnrmcmii' .  pour  ne  pas  s'eloigner  de  son 
metier. 

M.  Pietre  est  encore  fort  mal.  Ses  acces  lui  out  repris  avec 
ses  convulsions  ordinaires.  Dans  Hippocrate  cette  maladie  est 
appe\eemorbussacer,  et  dam  Apuleemorbus  major,  et  pard'au- 
Ires  morbus  comitialis ;  dans  Aulugellius,  heroicum  p&t/tema, 
parce  que  les  plus  grands  genies  en  ont  etc  atteints,  comine 
Hercule,  Alexandre-le-Grand,  Jules-Cesar,  Charles-Quint,  etc. 
II  vaut  mieux  etre  inoins  habiie  homnie  (me  d'etre  si  savant , 
comme  M.  Pietre ,  et  etre  malade  comine  lui.  Pierre  Char- 
ron  '!),  qui  a  ete  un  divin  homnie,  pretere  la  sante  du  corps 
;i  la  science.  Je  snis,  etc. 
De  Paris,  le  23  jaimer  K5fi5. 


LETTKE  DCLX.  -  An  menu-. 

Jc  vous  mandai  liier,  ce  Ml  Janvier,  la  mort  de  M.  Lienard, 
age  de  soixante-dix-huit  ans.  On  (lit  souvent  que  M.  Hains- 
sant  se  porte mieux,  et  ties  le  lendemain  on  (lit  (ju'il  empire. 
II  a  (juitte  tons  ses  charlatans,  et  est  reduita  prendredespetits 
grains  de  laudanum,  sans  les<|uels  il  ne  pent  dorniir ;  uue 
autrefois  de  la  poudre  n/-///i>r"/n  <•,.>/!/•/•/,  et  d  autresfois  d'autres 
bagatelles  que  (iuenaut  lui  oi'donne  :  >icr  uli/i-r  //o/v.v/1  /'///////•/- 

t'tis  iKji'/'i'   ijiinni    I'ntltirif'i'  .  itilllllK    Df'HH   I'.rti'/i  fil'/Hlll  x/intn    Ilillll- 

tut :  quaud  il   voudroit   t'aire  mieu\,   il   ne  pom  Toil  ,  ml  lt<>r 
sclit'iiiu  /)fu.t  f ii  111  j/>/'/i'/i/j:if. 

On  me  vient  d'apporter  son  hillet  d'enterrement,  el  j  ap- 
prends  (ju'il  mouriit  hier  (ce  r>  levrier;  a  trois  heures  apres 

1)  Pierre  (lliarron  ,  nnk-nr  du  li\rc  !)e  In  Sti<n>sse,  ills  d'nn  libraii.- 
i|iii  ;i\ail  \injfl-cinq  enfants,  est  no  a  \\\\\*  en  loil  ,  il  mounit  <l,ni>  la 
meine  ville  ,  d'une  attaque  d'apoplexie  .  lelfi  no\einlire  1(i():<.  K.  I*. 


V    KAU.ONET.  61  I 

iniili ,  age  <le  soixante-six  ans,  avec  pluralite  d'enfants,  el 
assez  pen  de  bien ,  quoique  toute  sa  vie  il  u'ait  rien  epargne 
pour  en  attraper  :  travail  effroyableet  tout-a-fait  immodere  , 
finesse,  tburberie,  imposture,  impudence,  rnensonges,  apo- 
thicaires,  cbirurgiens,  sages-femmes ,  operateurs,  m-frsfiw- 
imldiw.p,  [trans ,  menfifrp ,  tout  lui  etoit  bon  ,  pourvu  qn'il  en 
vint  de  I'argent.  Mais  il  est  mort,  et  In  /xirf/nc  no  in-  «x  flci/rc 
Sti/x  I'd  men?  boire. 

Le  roi  fait  fa  ire  le  proces  an  nomine  Farques,  Languedc- 
eien,  qui  voulut ,  il  y  a  quelques  annees,  tenir  bon  dans 
Hesdin  ,  dont  il  etoil  gouverneur,  contre  le  roi  ,en  faveur  des 
Kspagnols  etdu  prince  de  Conde,  avec  letjuel  il  avoit  intelli- 
gence. Le  roi  I'a  envoye  sous  bonne  garde  a  Abbeville,  afin 
que  son  proces  lui  soil  fail  ]>ar  1'intendant  de  justice  en  1'i- 
cardie,  avec  le  presidial  de  ladite  ville. 

Hier  inournt  ici  un  des  plus  grands  hommesquiaienteteen 
ITniversite  ,  M.  Padet  ,  provisenr  du  (College  d'Harconrt . 
JV/v/.s-  Allnx  Arfuli'iniii1 ,  age  de  quatre-vingt-six  ans,  ncr-able 
de  diflerents  maux  qui  ont  avance  sa  vieillesse.  Fl  etoit  homrne 
de  grand  merite;Dieu  lui  1'asse  paix  !  Je  vbus  baise  les  mains, 
et  suis  de  toute  mon  ame ,  etc. 

De  Paris,  le  6  fevrier  1065. 


LKTTKK  DCLXl.  -      I 

Je  vous  envoyai  Iner,  ce  7  levrier,  de  nos  nouvelles  par 
M.  Jtilien,  (|ui  est  un  bon  enfant,  Parisien  ,  demeiiranl  a 
Lyon,  homme  tout  plein  d'atlection  etdt1  bonne volontt'1, 

Onne  parle  ici  que  du  nouveau  commerce  ties  Indcsoricn- 
tales,  ijue  le  roi  veut  etablir;  mais  il  y  a  bien  des  gens  ijiii 
s'excusent  d'y  mettre  leur  argent.  Jesoupai  liier,  ce  S  fevrier, 
clici  M.  i«^  premier  president ,  oil  il  en  fut  parle  amplemenl. 
.M.  le  president  Blancrnesnil .  son  beau-frere  Vest 


.Si  -1  I  r.TTKKS    I  IF    i.l  I    l'\!l\ 

In,  (|u'<m  lit  tit's  banicades  avee  M.  de  Broii.vsel  I  an  Hi  is,  , 
vsurvint;  i I  mo  lit  promettreque  j'iroisaiijunrd  Imi  diner  elitv 
lui.  ct'  quo  j'sii  fait  avt'c  mnn  Mis  Charles,  <|iii  est  foil  en  sos 
bonnes  graces.  J'ai  ete  longtemps  avee  lui,  niais  il  no  gonte 
point  eo  nouveau  commerce  des  Indes  orientals,  et  dit  (jti'il 
n'y  inettra  jamais  d'argent.  La  roine-mere  maigrit,  (jui  est 
iin  signecoimninatoire  etde  lachenx  pronostic;  je  scrois  bien 
f sic  lit'1  <pi  olio  mournt ,  car  olio  est  hicn  intentioiinet?;  ellc  a 
bien  permisdu  nud  t^n  sa  v'u;,  niais  elle  nc  le  faisoit  pas  fain\ 
Ma/.ai'iu  abusoit  rudemeiit  d<'  sa  I'acilile..  Je  prie  Dieu  (|ii'elle 
vivo  encoi't!  lungtomps. 

.M.  do.  lioijiiesantt',  cousttiller  d'Aix  ;i  la  cliainbro  do  jus- 
tice, ijiii  parlsi  ,'co  12  lovrio.i1;  fort  liardiinent  pour  M.  h'ou- 
(juot,  regnt  hier  coinnuindeinent  dn  roi ,  par  line  It-tire  do 
cachet,  (lesortirde  Paris,  ot  de  so  retirer  a  Uuiinpercoranlin  , 
tjiii  esl  en  Basse-Bretagn  •.  Voila  ipii  no  s'ost  jamais  vu  ,  un 
conimissairo  exilt' ;  il  est  pourtant  parti ,  (juol<|uo  t.'inps  qu'il 
fasso.  3f.  Berrior  Iravaille  ;i  terminer  les  taxes  des  partisans  , 
et  do  lours  liei'iliois,  <|iii  sont  aussi  eltnint-s  ipie  des  fondeur> 
do  c.lochos. 

Le  roi  vout  suppriiner  la  charge  d  amiral  .  el  doimoi1  en 
recompense  It'  dliclit-  de  I'ontliieu  avec  le  gonveriioinenl  de 
(iiiyenne. 

l.o  bonhoinnio M.  d'Orniosson, age  de  quatro-vingt-noul  ans, 
I'ut  hior  ladle  pour  la  piorro;  it  a  dorini  touto  la  unit,  ot  on 
espero  (pi'il  on  guerira  encore  ('lj;  il  leinorite  parson  exlrt'ine 
probito  ot  saintolo  do  vie  ,  <pii  vant  inioux  tpio  cello  do  nos 
nioinos.  J*1  vous  baise  los  mains ,  sans  oublier  le  reverend 
pero  BtM'not  ,  M.  Spoil  ,  noire  bon  ami  .  et  M.  Boissal  ,  el  suis 
do  tout  mon  co'iir  vcdrt' ,  etc. 

I',  .s'.  On  dit  (|uo  la  reino-moro  a  do  cuisantes  doulonrs. 
i|iie  le  cancer  est  fort  oiivert  .  et  <|ii 'il  en  coule  du  pus  aboii- 

i  II  Ir  tul  par  !••  haul  apparril .  abanduuiu'  aujounl'liui  .  inai>  ijiii  . 
r'nlrc  lc^  ni;iin-  lialiilc**  <!»••«  C.nlul  .  rcu>-i>>-;Ml  -oust  nl.  li.  I*. 


A    FALCONET.  .>|.l 

damment.  On  a  I'uit  venir  un  miklecincleBar-Ie-Duc,  nomine 
All  lot ,  qni  est  un  grand  charlatan  et  disciple  de  van  Helinont , 
qiHtlis  /inter,  lulls  /ilius ,  inais  il  n'y  a  point  dc  Saint-Esprit. 
Do  Paris,  le  13  levrier  l(>6j. 


LKT1KK  DCLXII.  —  An  >«<>>,><•. 

.le  vous  donne  avis  quo  notre  bon  ami  M.  Troisdames  ar- 
riva  hier,  17  levrier,  en  bonne  sante  ii  Paris  ,  gros  ,  gras  et  en 
bon  point.  II  se  lone  fort  de  vous  etdetous  vos  bons  offices  , 
ft  dit  qu'il  ne  manquera  point  de  eultiver  votre  amitie  par 
tons  les  services  qu'il  pourra  vous  rendre.  II  est  bien  (ache 
que  ses  affaires  ue  lui  out  pu  permettred'aller  diner chex  vous, 
comme  vous  lui  avex  fait  I'lionneur  de  1'y  inviler ;  il  dit  bien 
(jue  vous  etes  un  galant  lionnne  et  un  excellent  ami.  .SW/  di<-, 
''"!/":  '/'(lf!  I'itujtcrnt  Ifci'ctdi'in  ? 

On  parle  ici  il'un  ambassadeur  extraordinaire  en  An^le- 
lerre  pour  t'aire  accord  avec  les  Hollandois  ;  on  dit  (jue  cesera 
31.  le  due  dc  Venu'dil ,  ci-devant  t'-veque  de  Met/,  lilsnaturel 
d'Henri  IV. 

Nous  aurons  bien  tot  la  censure  raisonnee  de  la  Sorbonnc 
contre  Anu'itfxs  Gnimi'n  ///>•,  f)^m<cnlnin  f/icnlnyid'  mural  it.  \  \\ 
docteur  de  Sorbonne  m'adit  (ju'il  I'aut  ({lie  cet  auteur  soil  un 
mediant  homme  ct  meme  un  atliee  ;  et  neanmoins  IMaton  a 
dit  ([lie  jamais  homme  ne  mourut  atliee.  3Iais  au  nioins  il  y  a 
bien  au  mondedes  Iburbes  ,  des  imposteurs  ,  sans  mrttiv  en 
ligne  de  compte  les  charlatans  de  notre  metier  qui  ne  valt-nt 
pas  mieux. 

On  ne  parle  tantot  plus  de  M  Kainssant.  Des  (|ii  il  I'ul  (lasse. 
ses  creanciers  lirent  apposer  \c  scelle  chex.  lui,  il  ne  laisse  pas 
de  grands  biens  et  a  bcaucoup  d'enlants,  </>•  nnih-  //ihi^i/is  nun 
ffditdi'/  fo'tiux  /ICTCS  :  )it(ilc  fjtt/'ta  nni/i-  <l i/n/nintiu-  ;  nmlnit  r.w 

in i iiixli')'   ul ii'iiir    li/illllin*    i'/    (iHi'iuililiiir   /in /tnntx ,    i^uni/     rir 


514  LETTUES    DE   (il'l    I'ATl.S 

botms.  Punilion  divine  ,  dit  Hoinenas.  Sa  t'emine  ,  qui  inourut 
il  y  a  deux  ans,  dansoit  et  balloit,  et  ne  scdorinoit  nul  soin  de 
son  menage.  Terence  les  a  depeintes  de  vives  couleurs ,  in 
Ariel/this.  Lxor  sine  dot?  cenit. ,  intvs  psaltria  est;  dumussump- 
ffnt^fi,  adolesccns  luxu  perditus,  scnc.c  delit'ons  ;  t/^n  .s/  citpmt 
salus,  wrvare  prorsm  nunpotest  hanc  familiuin.  11  a  fait  tout  ce 
qu'il  a  pu  en  faveur  des  apotliicaires  ,  et  eux  pour  lui ,  tout 
eela  n'a  servi  de  rien. 

J'ai  uutrefois  oui"  precber  a  M.  niessire  .lean  le  Camus,  ('•%(•- 
<|ue  de  Bellay  (il  meritoit  bien  un  plus  yrand  evec.lie  :  aussi 
l'a-t-il  refuse  et  bien  des  f'ois  ;  il  etoit  trop  lionnne  de  bit.'ii 
pour  etre  pape) ,  un  beau  distique  : 

Cum  factor  renim  pricanwt  scmine  clcrum  , 
Ad  Satamv  volum successit  lurba  nepotum. 

Le  roi  a  traite  pour  son  vceu  de  Notre-Dame  de  Chart  res 
et  des  Ardillieres.  II  n'ira  point;  niais  il  proniet  de  payer 
12,000  ecus,  sir  efitnii  inminiix  flectwitHrnnininannbis.}?'.  vous 
baise  les  mains  ,  et  suisde  tout  111011  ro'iir  votre,  etc. 

De  Paris  ,  le  20  fcvrior  Iflfio. 


LETTKK  IJCLXlll.  —  An  tuniif. 

Je  viens  d'apprendre  que  :M.  le  comte  d(^  Hebe  est  morl  a 
Macon  ;  je  n'en  savoishier,  cesamedi  -21  Icvi'ier,  <|ue  la  simple 
nouvelle;  mais  je  tiens  dorenavant  (|n'i!  n\^t  (pu1  trop  vrai 
pour  lui  et  pour  ses  creancicrs;  car  on  dit  ici  <pt'il  DC  payoit 
guere  bien  ses  detles.  II  est  mort  d'un  rlnimatisme  iimM'iie  Ic 
neuvieme  jour  de  son  mal  .  (jui  lui  a  (''ton lie  le  poumon.  II 
etoit  fort  sujet  a  dt^s  douleurs  nephretitmes  et  ii  la  goulte.  (les 
jjens-lane  sont  jamais  assuri's  de  leur  santt'1 ,  et  pour  pen  qu'il 
v  ail  de  clianuement .  its  UK  MI  rent  en  mini  re  jours  .  it  eaiisr  dc 


A    FALCONET.  5  I  T) 

la  I'oiblesse  des  parties.  Uuand  vous  avex  la  goulle,  vous  ete> 
a  plaindre  ;  quand  vous  ne  1'avez  pas  ,  vous  etes  a  craindre  ; 
la  matiere  se  jette  alors  sur  le  poumon  et  on  meurt  bien  vile, 
ce  (jui  arrive  ici  tous  les  jours. 

On  prore.de  ici  a  la  vente  de  tous  les  ineubles  de  W.  Fou- 
quet  ;  on  commence  par  les  meubles  ;  il  y  a  une  belle  bibliu- 
tbeque.Ondit  que  M.Colbert  la  veut  avoir;  s'il  en  a  tantenvie, 
jecroisbien  qu'il  1'aura,  car  il  est  un  des  Brands  maitres  et  a 
bien  de  quoi  les  payer,  c'est-a-dire  beaucoup  d'argent,  qmr- 
runqw  voluit  fecit.  0  diva  fortuna,  quam  multwn  potes  m  wlm* 
humanist 

Le  degel  et  la  neige  ton  due  ont  merveilleusement  gross!  la 
riviere  ,  ce  qui  fait  encore  pour  a  bien  du  monde  <|ui  a  peur  de 
la  ruine  des  pouts.  La  petite  riviere  des  (iobelins  a  bien  fait 
du  ravage  dans  le  faubourg  Saint-Marceau  (I);  ellea  deborde 
en  une  unit  ,  et  y  a  bien  noye  des  pauvres  gens.  On  en  comp 
toil  bier,  ce  '24  levrier,  quarante-deux  corps  qui  avoient  ele 
repeches,  sans  ceux  que  Ton  ne  sail  pas. 

Ces  jours-ci  plusieurs  grands  tie  la  cour  ont  ete  masques  , 
habilles  en  conseillers  de  la  cour.  C'est  (jue  1  on  se  mo(jue  de 
plusieurs  du  parlement  :  aussi  leur  ote-l-on  leur  augmenta- 
tion de  gages  ,  et  meme  ils  sont  menaces  de  la  pulette  ([lie  le 
roi  veut  leur  oter  ;  peut-etre  que  cela  leur  apprendra  a  faire 
meilleure  justice,  vf^titln  <l«i  iufel/ccfntn,  joint  que  toutes  ces 
grandes  cbarges  et  ce  pouvoir  engendrent  bien  de  la  va- 
nite.  Je  vous  envoie  une  letlre  de  inon  tils  Cbarles  .  cjui  se  re- 
commande  a  vos  bonnes  graces.  On  dit  (me  la  ivine  d'Angle- 
terre  la  mere  est  fort  malade  a  Londres:  notre  reine  -mere 
empire  aussi  de  deea.  J(;  vous  baiseles  mains,  et  suis  de  tout 
mon  eu'ur  votre,  etc. 
De  I'aris  ,  le  -28  tevrior 


;!}  Voyey.  la  nolc  tome  II  , 


JHi  I.KTTRKS    I)K    i.CI    I'ATI.V 

LETTKE  DCLXIV.  -    \Hi,<hn<: 

.le  vous  ecrivis  bier,  ee  2<S  terrier,  de  ce  que  je  vous  cms 
devoir  ecrire.  Le  bonhomme  M.  d'Ormessou  ,  doyen  dn 
eonseil ,  a  ete  taille,  ct  est  fort  malade  ;  il  est  dans  une 
Brando  vieillesse ,  qui  est  une  maladie  incurable  a  cause  des 
annees  passees ;  il  a  quatre-vingt-neuf  ans,  et  je  tremble  pour 
lui,  car  e'est  un  hommequi  merite  tie  vivre. 

On  n'est  point  content  a  la  cour  du  cure  de  Vauvre  (a 
ijuatre  lieues  de  Cbartres)  ,  nomme  Gendron  ,  qui  ne  sou- 
lage  point  la  reine-mere,  comme  d  avoit  promis.  Lesdou- 
leurs  sont  quelquefois  apaisees,  inais  elles  retournent  en- 
core plus  eruelles ,  si  bien  que  les  nuits  lui  sont  fort  facheuses, 
et  quelquefois  sans  dormir.  Elle  a  eu  depuis  pen  une  foiblesse 
si  grande ,  que  tons  ceux  qui  la  vireut  en  cet  etal  eurent  peur  : 
aussi  tout  est  suspect  a  cet  age,  a  cette  maladie  et  a  fant 
d'aecidents. 

Notre  Hippocrate,  qui  etoit  un  homnie  incomparable,  I'a 
(lit  avant  moi ,  et  quoiqueje  souliaite  une  tongue  vie  a  la 
reine,  comme  mederin  je  suis  persuade  qu'elle  ne  vivra  pas 
longtemps. 

On  dit  que  [tour  miner  les  huguenots,  le  roi  vent  suppri- 
jner  les  chambres  de  1'edit,  et  abolir  1'edil  de  Xantes.  Us  ne 
sont  plus  en  etat  de  se  defendre  comme  jadis;  iis  n'ont  plus 
de  prince  du  sang  de  leur  parti,  ni  de  ville  d'otage,  ni  de 
Hoc-belle,  ni  de  secours  d'Espagne,  ni  d'Angleterre. 

On  dit  ici  (pie  le  gazetier  de  Venise,  en  manjuant  la  mort 
de  1'abbe  de  Hicbelieu  ,  avoit  dit  qu'il  etoit  Ills  de  madame 
d'Eguilloji ;  quelle  impudence! 

Vous  trouverex  ici  quatre  feu i lies  en  faveur  de  mon  tils 
Charles,  dont  la  premiere  sera s'il  vous  plait  pour  vous,  d  les 
trois  autrcs  pour  le  pere  Compain,  M.  Spoil  et  M.  Huguetan 
1'avocat ,  son  ami;  s'il  est  besoin  d'une  autre  reponse  ci- 
ajtres  .  an  lieu  d'huile  on  y  metlra  du  sel  et  du  vinaigre.  (les 


\    I-AI  t.O.NRI  .  .:>!~ 

MM.  les  auteurs  ilu  Journal  des  Savants ,  *//»  (nrntfiiiii  mai/mni/ 
jus  cen&une  sine  suffragiu  qniritum. 

On  dit  que  M.  le  cardinal  de  Hot/  vicndra  ici  bientot ,  y 
voir  le  roi ,  d'ou  ,  apres  avoir  regie  quelques  affaires  pour  ses 
appointements,  il  partira  pour  Koine,  oil  il  va  etre  noire  am- 
bassadeur  extraordinaire;  il  vient  d'arriver,  il  est  lo^e  aux 
Jacobins  reformes. 

On  vient  de  pendre  en  la  rue  Saint-Denis,  pres  des  Inno- 
cents, une  malheureuse  femme,  nommee  la  Valentin,  <•<•- 
lebre  receleuse  et  larronnesse.  Jamaisje  ne  vis  taut  de  inondc. 
Je  vous  baise  tres  liumblement  les  mains  .  <-l  suisde  tout  inon 
rd'ur  votre,  etc. 

l)c  Paris,  lo  ;j  mar 


LKTTHK  DCLXV.  -      I//  tni-mr. 

Jc  ne  sais  si  vous  avez  recu  certaine  espece  de  gazette.  <|u'(in 
appelle  \e  Journal  dfs  Suwmts  (I) ,  de  laquelle  rauteur  s'etant 
plaint  d'un  petit  article  contre  mon  fils  diaries  ,  sur  la  nie- 
daille  qui  fut  ici  faite  Tan  passe  pour  les  Suisses ,  il  y  a  iv- 
pondu.  Je  vous  ai  envoye  sa  reponse.  hujuelle  est  sajie  et  IIKI- 
deste ;  ce  nouveau  gazetier  y  a  repliqne  et  y  a  parl*'1  en  iirno- 
rant  et  en  extravagant,  en  quoi  il  n'eut  }>as  manque  de  reponse 
forte  et  aigre  avec  de  bonnes  raisons,  si  Ton  n'ffit  prit;  Caro- 
lus  dcsurseoir  sa  repli(jue.  et  menace  d'une  lettrede  cachet. 

,1}  FomU1  en  l(i<).'>,  par  Denis  do  Sallo,  sous  lo  nom  de  Hcdouvillf, 
lc  Journal  des  Surants  esl  !c  plus  jincion  ot  lo  pin-  cololiro  dos  jmir- 
naux  litteraires  franoais  ;  il  a  olc  redi^o  successivoment  par  .1.  (ialloi-, 
do  la  Koquo  ,  L.  Cousin  ,  Dupin  ,  I'onlenollo  ,  do  Verlol ,  Terrasson  , 
Uuretlo  ,  du  Ucsnel ,  Dcsfonlaines  ,  Trul)lol ,  do  .Monoi  il  ,  do  (iui^nos. 
I5ou»uer  ,  C.luiraiil ,  (iail'ard  ,  Dupin  .  Lalamlo  ,  0(0.  I. a  colloction  , 
i'aii-,  1()(),')-I7()^  ,  osl  do  111  \o'.  in-'i".  llopris  on  ISKi  xms  |;1  di- 
roolion  do  M.  l>numni  ,  jmis  do  M.  Lol»iun,  olo.  l.a  oollcclinn  ,  Paris. 
ISKi  a  IH't'i.  (onno  :M  \<>l.  in-'t".  |{.  1'. 


.")18  !.MTKl->    DL   i.  LI    1'ATIN 

La  verito  est  qu<-  3J.  Colbert  pro  mi  on  sa  protection  les  a  u  lours 
de  ee  journal  ,  que  1'ou  atlribue  a  M.  de  Sallo  ,  conseiller  au 
parlement  ,  a  M.  I'abbe  do  llourze  ,  a  M.  de  Gomberville  ,  a 
M.  Chapelain  ,  etc.  ;  si  bieu  quo  Carolus  est  conseille  de  dif- 
ferer  sa  reponse  ,  ot  memo  par  l'avi,s  de  M.  le  premier  pre- 
sident, qui  1'a  ainsi  desire  (on  en  dit  une  cause  particuliere  , 
savoir,  qu'il  n'est  pas  bien  aver  M.  Colbert  depuis  le  proces 
de  M.  Fouquet)  ;  nous  verrons  ei-apres  si  ces  prelenduscen- 
seurs  ,  tint;  stt//'t''i(/iu  /><>/i/t/i  el  qidrltum  (1)  ,  auront  le  credit 
et  I'autorite  de  critiquer  ainsi  tons  ceux  qui  n'ecrironl  pas  a 
lour  j;out.  Sommcs-  nous  du  temps  de  Juvenal  ,  qui  a  dit  liar- 
diment  :  J)«t  rcni<ini  cnrrix  ,  ri'.roj  cciiswa.  aohtmbas.  Une  chose 
neanmoins  nous  console  ,  c'est  que  nous  n'avons  point  tort, 
et  que  les  savants  et  intelligents  sont  de  notre  avis;  mais  ces 
messieurs  abusent  de  leur  credit.  La  republique  des  lettres 
est  pour  nous  .  mais  M.  Colbert  est  contre  ;  el  si  mon  tils  so 
defend,  on  dit  qu'on  I'enveri'a  a  la  Uastille,  il  vaut  mieux  no 
pas  ecrire. 

^L  de  Lamoipnon  .  lils  aino  de  M.  le  premier  president  ,  me 
fit  1'bonneur  bier,  ee  !,")  mars  ,  quo  vous  m'avez  fait  aulrelbis 
de  votre  i;'race  :  il  me  vin!  bier  entendre  au  collide  royal  , 
aceompagne  de  deux  conseillers  de  la  cour  •  diverses  ques- 
tions jii'y  furent  proposees  ,  auxquelles  je  salisfis  sur-le- 
cbamp;  lui-meme  m'en  proposa  Irois  :  l)c  mil  am  l'vl>rh.ini  i/i- 
tc.rm  tttentncm  ;  <ii'  cnnsu  f'cbris  tcrtiwui1  vt  fjuco'tuiwi  ;  da  rmiso 
yteriodicationis  ejiisnifxli  fi'liritun.  J'y  repondis  sur-le-cbamp 
d'une  maniere  dont  ils  sout  encore  (''tonnes.  II  m'a  dit  qu'il 
m'aimoit  cent  fois  plus  depuis  ce  temps-la,  el  apres  a  cause 
de^f.  et  dt^  madamela  presidentedeNesmond,  dont  il  eloil  le 
neveu  ;  car  je  parlai  modestemeut  contre  le  vin  (MntHique  et 
le  quinquina  ,  dont  ils  etoient  morts.  .le  t'us  t'couti'1  fort  pa- 
tiemment;  enlin  ,  apres  avoir  parle  denx  beures  ,  je  descendis 


iu'lijiK's  mi-*  pi'iisont   «|uc   oo  tut  lii  lo  motif  reel  <!(>  Pexil  de 
i'.iliii  ,  c\il  si  t.ii.il  an  repo-  el  ii  l;i  >ante  de  son  pei'e.    -  K.  IV 


A    KALCONkT.  ^1^ 

(Je  eliaire ,  iinnjmi  xjH'ctuntc  catervd,  je  les  rcconduisis  jus([iie 
dans  leur  carrosse.  Le  dimanchc  16  mars  ,  M.  le  premier 
president  me  dit  avant  souper  que  son  ills  lui  avoit  recite 
tout  ce  que  j'avois  dit  a  ma  lecon  ,  que  cela  etoit  beau  ,  el 
(ju'il  y  vouloit  aussi  venir  quelque  jour. 

J'appris  la  que  M.  le  due  de  Vernuuil  ne  partiroit  qu'apres 
Paques  pour  son  ambassade  d'Angleterre  ;  mais  en  attendant 
les  Hollandois  s'appretent  fortement  a  la  guerre  pour  resistor 
aux  Anglois. 

On  fait  en  Allemagne  des  figures  de  la  comete ,  et  menie 
quelques  uns  en  ont  fait  une  prophetie  ,  laquelle  promet  au 
roi  une  grande  et  signalee  victoire  contre  leTurc.  Je  souhaite 
bien  fort  que  cela  arrive ,  mais  pourtant  cela  m'est  bien  sus 
pect ,  vu  que  ces  predictions  ,  revelations  et  miracles  n'arri- 
vent  (jue  tres  rarement. 

Hier,  ce  18  mars  ,  en  revenant  de  ma  lecou,  je  vis,  sur  le 
pont  Notre-Dame,  mener  a  la  Grove  1111  certain  mediant 
malbeureux  coquin  natif  de  Flandre,  qui  avoit  poignardeson 
maitre  dans  Pontoise ;  c'etoit  un  seigneur  anglois,  dont  il 
vouloit  avoir  la  bourse.  II  etoit  condamne  d'avoir  le  poing 
coupe  et  d'etre  rompu  tout  vif,  ce  qui  fut  execute.  Ce  sei- 
gneur anglois  qui  fut  poignarde  dans  son  lit,  a  Pontoise,  par 
son  valet  ilamand,  avoit  nom  de  milord  Karinthon.  Ce  valet 
fut  brule  trois  lieu  res  apres  avoir  ete  rompu,  selon  (|iie  I'arret 
portoit ;  il  n'etoit  point  encore  mort  (|iiand  il  fut  jet e  dans  le 
feu.  f)ans  le  testament  dece  bon  mais  malheureux  maitre,  il 
se  trouve  qu'il  donnoit  a  ce  pcjndard  de  valet  JO, 000  livres. 

On  a  fait  connoitre  au  roi  quelqucs  intrigues  de  la  cour, 
par  une  lettre  qui  avoit  ete  ecrite  a  Paris  et  envoyeeen  Ks|>a- 
gne,  d'oii  elle  a  ete  renvoyee  a  I'aris  et  donnee  a  la  reine- 
mere,  (jui  1'a  mise  entre  les  mains  dn  roi  f.e  comte  deGui- 
che  ,  lils  aine  du  marechal  ile  (irammont  ,  y  est  melt'1  F.e  roi 
est  fort  facile  contre  lui  :  il  a  envoy*'  a  Aiguemortes  fa  ire 
arrt'ter  le  marquis  de  Vardes  ,  lequel  se  trouve  envelopjW1  en 
1'intrigue  aussi  bien  que  hi  cointf\sse  de  Soissons  et  autres. 

.I'ai  vu  aujourd'hui  madame  Uoissat ,  latjuelle  m'a  dit  avoir 


.V2(>  I.KIIIIKS    I>K    ii(  I    I'ATIN 

tie  LVOII,  do  M.  Hoissat  son  mari,  lettres  qui  portent  <|iie  lour 
grand  ouvrage  du  pore  Tbeopbile  Haynaud  est  on  chcmin  ,  on 
dix-ncuf  tomes  in-folio,  tons  aebeves  ,  avoo  ordro  do  no  los 
pas  donnor  a  moins  do  100  livros,  on  blanc;  co  n'est  point 
trop  pour  iin  grand  ouvrage  ,  diiquel  j'ai  fort  bonne  opinion  ; 
mais  e'ost  bion  do  1'argent.  pour  lo  temps  auquel  nous  somrnos. 
On  dit  ici  que  lo  roi  s'on  va  niardi  procbain  a  Oiartres 
aooomplir  sa  devotion,  ot  s'acquitter  du  voui  qu'il  a  fait  pour 
obtonir  do  Dion  la  sante  de  la  roino  .  ot  que  trois  jours  apres 
il  sera  do  rotour  a  Paris.  On  fail  ici  de  grands  preparatifs  pour 
beuir  1'eglise  du  Val-do-(irace  ,  que  la  reine-mere  a  fondee , 
et  oil  olio  a  fait  taut  dc  depenses. 

Hier,  jour  de  la  Saint-Joseph,  31.  JMattbieu  do  Morgues,  ago 
do.  quatre-vingl-deux  ans,  fit  nn  sermon  dans  les  Incurables, 
oil  il  doniouro,  on  I'lionneur  de  saint  Josopb  ,  en  presence  do 
la  reine.  C'ost  lui  tpii  ocrivoit  a  Bruxelles  contro  lo  cardinal 
do  Kicbelieu  ,  pour  la  reine-mere,  dont  il  otoit  aumdnier; 
c'ost  un  savant  bomme  et  grand  personnage  ,  qui  a  (levers 
soi  la  parfaite  Jlixfoirc  du  f'cn  rot  I.oiiix  .\///,  laquelle  il  no 
vout  (ju'on  imprimo  qu'apros  sa  mort.  II  en  a  fait  fa  ire  six 
copies  manuscrites  ,  cpi'il  a  commises  a  six  do  ses  bons  amis, 
(jui  no  manqueront  point  d'oxocuter  sos  intentions  on  temps 
pro[)ro.  C/ost  ainsi  qiu:  nou.s  a  eto  transmiso  rintention  do 
(lUichardin  ,  ct  quo  sa  belle  bistoire  nous  ost  domouroo.  Jo 
votisbaiso  los  mains,  otsuis  do  tout  nion  ciour  volro,  etc. 
Do  Paris  ,  Ic  20  mars  IGGo. 


LKTTlii:    DCLXVI.   —   \u  inn,n>. 

Lo  roi  ost  allo ,  co  -21  mars  ,  pour  son  v<ru  ol  par  devotion , 
a  (^dartres;  il  sera  ici  do  rotoui'en  quatre jours,  oil  il  passo,ra 
los  fetes,  ol  apros  s'en  ira  a  Saint-(iermain  pour  tout  I'olo, 

laudis  tpio  Ton  travaillora  an  L< 


I    Louis  XI V  laisail  a  pen  pros  CM  MUMIIC  temps  des  vmx  a  la  \  icr{;c 
e!  dc- cutaiils  ;i  mademoiselle  dc  la  N'allicrr  :  maisiilor-  on  (derail  lout 


\  rAi.coNhi.  521 

On  a  taut  pi-ess*;  M  Morisset  de  rend  re  ses  comptes,  qu'en- 
lin  il  s'est  mis  en  devoir  ;  nous  avons  ete  assembles  pour  cela. 
mais  seulement  il  a  ele  conclu  que  Ton  choisiroit,  ex  tola  or- 
flim.' ,  douze  homines  qui  regleroient  1'afYaire  avec  deux  a  vo- 
cals, donl  Fun  seroit  choisi  par  noire  doyen,  el  I'aulre  par 
M.  Morisset.  Je  suis  un  de  ces  douze,  je  1' y servirai  autant  que 
je  pourrai ,  el  que  1'equile  le  permellra. 

Le  marquis  de  Vardes  a  <He  amened'Aigues-Mortes  dans  la 
ciladelle  de  Montpellier  par  ordre  du  roi ,  d'oii  Ton  dil  qu'il 
sera  conduil  a  Paris. 

Le  roi  a  fail  ici  elire  douze  directeurs  de  la  compagnie  des 
Indes  orientales,  de  laquelie  soul  chef's  MM.  Colbert,  le  pre- 
vol  des  marc-hands,  M.  le  president  de  Thou  ,  M.  Merrier  ;  les 
antres  sont  des  marchands  de  Paris  qui  entendent  le  com- 
merce. 

M.  le  cardinal  de  Ketz  part  d'ici  dans  trois  jours,  pour  s'en 
aller  ;i  Commercy,  el  de  la  il  prend  le  chemin  de  Rome,  oil 
il  doit  arriver  le  mois  de  mai  prochaln.  On  dil  que  le  cardinal 
d'Esl  ne  vent  plus  etre  protecteur  de  France,  qu'il  en  a  ecrit 
au  roi ,  el  qu'il  lui  veul  remettre  celte  commission ,  avec  les 
deux  abbayes  qu'il  a  denous,  savoir,  Clugny  et  Saint- Vaast 
d'Arras,  qui  sont  deux  Ires  riches  benefices. 

Vous  avez  sans  doute  oni  parler  do  la  revoke  deM.  dr 
Saint-Amies,  jadis  gouverneur  de  Laucale,  qni ,  malcontent 
de  la  France,  s'esl  retire  a  Barcelone,  et  a  pris  le  parti  du  roi 
d'Espagne.  On  dil  qu'il  a  ecrit  au  roi  une  ji'rande  leltre,  dans 
laquelie  il  se  plaint  fort  de  M.  Colbert  et  deM.  le  Tellier. 

On  a  ici  recommande  aux  prieres  des  ^ens  de  bien  unc 
grande  dame  fort  malade  ,  ce  (pie  la  plupart  expli<pienl  pou:1 
la  rcine-inrre.  On  dil  (ju'elle  eul  une  grande  foiblesse  la 

clicz  los  rois,  que  1'on  rcjyardait  prosquc  coininc  cl'iine  race  siipc- 
rieurc,  irayant  pa*  idcnlilc  d'urgilc  ct  do  poussierc  avoc  Ic  vul{;airo. 
Los  Icinps  sont  Iticn  clian^cs,  ct  peul-iMrc  lroj> ;  car  il  no  faut  pa> 
uuhlirr  lo  principc  do  llnrko  •.  «  quo  I'ci'.alito  [;pouiclri«|iic  ost  la  pln- 
inoj'.i'lo  do  lontc"  los  inc-iiros  ,  dan*  la  diMi  iluilion  do<  liuininos.  >• 

(K.  r. 


,V22  I.K'l'THES    l)t    (>(\    I'Am 

bemaine  passee,   <'i  sunt  deliquiu  I  we  centun  jj/wscm  Iff///. 

Le  conite  de  (iuiche  a  rec.u  commanderaent  du  roi  de  so 
retirer  a  la  Have  en  Hollands ,  et  la  conitessc  de  Soissons 
n'est  pas  bien  dans  I'esprit  du  roi ,  a  cause  de  la  lettre  (jui  est 
venue  d'Espagne. 

Tout  le  monde  se  plaint  ici ,  taut  grands  que  petits :  la 
bonne  fortune  se  cache  et  se  retire  tie  Paris,  ind*  im-  ct  lu- 
crhtHt!  ubi:rrinui>.  Paris  f'ut  autrefois  bicn  aftlige  apres  la  niort 
du-roi  Henri  III,  et  le  bon  temps  ne  revint  (pie  sous  1'invin- 
cible  Henri  IV  le  Grand.  Dieu  veu i lie  bien  garder  notre  bon 
roi ,  diujuel  la  France  a  ires  grand  besom  ;  j'espere  que  le 
bon  temps  reviendra  par  les  soins  qu'il  en  prend,  et  les  tra- 
vaux  de  M.  Colbert,  son  Eitmrc. 

On  dit  qu'il  est  niort  en  Pologne  un  grand  seigneur,  nomine 
Czarneski ,  <|ui  etoit  un  des  premiers  du  conseil.  (Vest eelui 
(jui  avoit  retabli  le  roi  de  Pologne  centre  le  roi  de  Suede,  ct 
qui  etoit  grand  ami  du  prince  de  (ktnde. 

Le  nomine  de  Farques ,  Toulousain  ,  qui  s'eloit,  il  y  a  six 
ans,  rendu  maitre  de  Hesdin  ,  a  ete  pendu  dans  Abbeville,  le 
vendredi  27  mars,  pour  divers  crimes  qui  n'etoient  point 
compris  en  son  amnislie.  11  ne  taut  point  se  jouer  a  son  mai- 
tre, lesrois  out  les  mains  lungui's  :  ces  Gascons  onl  troj>  en- 
vie  de  fa  ire  bonne  fortune.  M.  1<:  conite  de  Soissons  s'est  relii'c 
a  Blandy  en  lirie  avec  sa  femme,  voyaut  tjuVllc  deplaisoit  au 
roi,  duquel  il  a  pris  ('onge,  etipii  lui  a  permis  dt;  se  retin;r. 
Je  vous  baise  les  mains,  et  suis  de  tout  mon  cu'iir  votre ,  etc. 

De  1'aris,  lo  dernier  mars  1665. 


LETTUE  DCLXVII.  -  .\u 

Je  vous  ('crivis  le  dernier  du  mois  passe  tout  cc  que  je  sa- 
vois  de  nouveau  :  on  continue  de  purler  de  la  guerre  des  IIol- 
landois  et  des  Anglois,  ;i  hupielle  les  mis  et  les  a  litres  se  pre- 
parent  Ibrtement.  II  y  a  ici  des  polit'upies  speculatifs  (|iii 
soupconnent  autrc  chose,  soii^  cc  grand  armcmcnt  des  dmix 


A    FALCONET.  52-3 

puissantes  nations  voisines,  mais  c'est  peut-etre  une  reverie 
dc  gensoiseux. 

II  y  a  des  lettres  de  Rouen  en  cette  ville,  lesquelles  portent 
(ju'il  y  fait  autant  froid  qu'ici  en  pleiii  hiver. 

J'ai  ce  matin  ete  comrne  un  boil  paroissien  dans  notre  pa- 
roisse  de  Saint-Germain.  J'ai  entendu  la  grand'messc  ;  le  roi 
y  a  reudu  le  pain  benit  avec  grande  ceremonie,  et  pour  la 
notoriete  du  fait ,  j'y  ai  vu  et  entendu  force  tambours,  fifres, 
clairons  et  trompettes.  Je  pense  que  cela  a  pu  servir  a  aug- 
menter  la  devotion  de  quelques  uns;  mais,  pour  moi,  je  vous 
le  dirai  franchemeut ,  cela  ne  m'a  fait  m  bien  ui  mal ,  hormis 
que  cela  m'a  un  pen  etourdi  pour  un  peu  de  temps;  il  me 
sembloit  que  j'etois  en  Jerusalem  du  temps  de  Salomon,  et 
que  je  voyois  toutes  les  ceremonies  de  la  loi  de  Moise.  Mais 
j'y  ai  vu  aussi  la  reine-mere,  qui  marche  doucement ,  et  if  a 
pas  moins  desoixante-quatre  ans.  Je  n'aime  point  taut  de  ce- 
remonies que  les  plus  Iins  out  inventees  pour  les  plus  sim- 
ples; ce  sont  de  petites  inventions  pharisiennes.  J'aimerois 
mieux  que  Dieu  fut  servi  plus  simplement,  et  comme  il  clit 
lui-meme  a  la  Samaritaine.  in  ^lirila  c>  rcritntf ,  (ju'il  y  cut 
j)lus  de  gens  de  bien  ,  et  (ju'il  y  eut  au  monde  plus  de  cliarite 
et  de  bonne  foi ,  moins  de  qucrelles,  moins  de  proces. 

Voila  notre  collegue,  M.  Morisset ,  qui  vient  se  plaindre  a 
moi  de  ce  que  M.  lilondel ,  sa  partie,  fort  savant  liomme  , 
mais  grand  cliicaneur  ,  ne  veut  point  s'arreter  an  jugement 
des  douze  deputes  de  la  Faculte,  mais  (ju'il  en  appelie  an 
parlement,  ce  qui  le  met  fort  en  j^eine.  Je  lui  ai  (lit  (ju'il  n'y 
avoit  qu'iin  remede  a  cela  ,  savoir,  que  le  doyen  fasse  assem- 
bler la  Faculte,  laqnelle.  voyant  robstination  dudit  M.  lilon- 
del (l),  en  <-as  (jif  il  venille  plaider,  donnera  intervention  a 
M.  Morisset,  atin  <|ifil  I'ait  de  son  cote ,  sur  quoi  il  est  alle 
aussilot  c.liei'cher  notre  doyen  ,  car  le  bonliomme  ifentend 
rien  en  chicane  ,  el  moi  je  n'y  enlends  i^uere  plus  <|ue  Ini. 
M.  le  due  de  Verneuil  est  parti  |)our  1'AngletenT. 

1^  Voytv.  la  nuto  I.  III.  p.  'li^. 


,')2-i  I. hi  lKh>    1th   (.1  I    1'AIIN 

Je  vous  dois  ecrire  Ic  plaisir  que  j'eus  hier.  Mon  tils  (Charles 
avoit  une,  connoissance  de  longne  main  avec  un  ot'ficier  de 
Houen  ;  celui-ci  est  tombe  malade  il  y  a  un  an  ,  j>ro/>tc>'  si/i/ii- 
liilcin.  Mon  fils  a  etc  a  Rouen  deux  fois  et  1'a  bien  gueri :  de- 
puis  pen  cet  homme  est  venu  a  Paris  pour  autres  affaires ,  et 
a  voulu  une  consultation  pour  soi ,  safemme,  soseuf'ants;  il 
n'a  pas  desire  d'autres  medecins  que  les  froix  I'dfin  .  quoiqu'il 
ne  me  connut  p-.is ,  ni  mon  aine  Robert.  J'eus  la  satisfaction 
de  les  eelairer  en  maladie  importante,  ct  de  les  voir  Ires  in- 
telligents.  /trim  nun  jrc/f  tftlitd' omni  nntinrti  ({}.  J'ai  en  soiu 
(|u'ils  n'apprissent  <jue  dn  latin  desjesuitrs  ;  niais  j'ai  eu  soin 
aussi  (|u'i!s  n'empoisoiinassent  pas  leurs  esprits  de  cliimie, 
de  ii<>h/i>li«rni<ici(> ,  ni  de  charlatanerie.  J'espere  qu'ils  seront 
tons  deux  Ires  bons  mi'decins. 

De  Paris,  Ic  10  avril  lfi(»o. 


LKTTRK  nCIAVIII.  —  A 


\'otre  M.  Saint-Laurent  m'a  fait  riionneur  de  me  visiter  : 
c'est  u  n  lionnete  homme,  et  (mi  me  paroit  bien  sa^e. 

Le  temps  est  fort  doux  ,  et  Ton  va  fravailler  an  Louvre  lor- 
tement.  On  a  ajoute  SOOouvriers  pour  y  abattreet  y  batir:  ils 
fei'ont  bien  de  la  besogne  d'ici  Noel. 

On  parle  ici  des  deux  princesses,  lilies  de  leu  madame  de 
Nemours,  <|iii  s'eu  vont,  runeen  Savoie,  etraulreen  Porfu- 
gal.  On  dit  aussi  que  le  roi  ira  dans  pen  de  jours  an  palais. 
pour  regler  (jnelque  chose  en  matiere  de  Ix-nefice  jiour  la 
chambre  de  justice,  et  contre  les  jansenisles. 

M.  le  due  de  Verneuil  est  arrive  a  Londres.  II  yen  a  <jiii 
croient  (|iu!  la  paix  etoit  i'aite  avant  tpi'il  parlit. 


1     (ini  I'alin  so  (olicilc  ;i\cc  rnison   il<'  eel  hcurciix 

liunillc  ;  !<•-  Iro's  I'tit/n  rrimi*  CM  CousnIt.Uion  iM.iii  ill  un  lalilciiu  lie-- 
jiropic  ii  Mailer  s<>n  fn-ur  »•(  ^011  amour  palornol  :  (|iii  ne  penserail 
coinnie  Ini  '.'  •'!».  I'. 


A    FAI.CONKT.  -V25 

L'on  a  mis  aujourd'hni,  ce  18  avril ,  dans  la  Bast  i  I  If, 
M.  de  Hussy  Kabutin ,  qui  a  ecrit  un  libelle  qui  offense  les 
puissances.  M.  le  Prince  s'en  est  plaint  au  roi ,  qui  I'a  tail  ar- 
reter,  et  lui  a  donne  un  pourpuint  de  pierre  dans  la  rue 
Saint-Antoine. 

La  reine-mere  a  de  mauvaises  nuits;  elle  va  neanmoins 
avec  le  roi  a  Saint-Germain.  On  dit  aussi  que  ses  douleurs 
s'accroissent,  etqu'ellessont  plus  poignantes  que  de  coutunif. 

L'on  dit  ici  que  Ton  a  fait  a  Kome  une  nouvelle  promotion 
de  cardinaiix  ,  qu'il  y  en  a  deux  pour  France,  savoir,  le  due 
de  Merca'ur,  gouverneur  de  Provence,  et  31.  Kasponi,  <|ui  a 
traite  pour  nous  la  derniere  paixavec  le  pape.  On  parle  aussi 
de  quelques  vaisseaux  pris  en  nier  par  M.  le  due  de  Beaufort , 
etquela  semaine  procliaine  le  roi  viendra  au  parlernent  pour 
di  verses  affaires,  et  particulierement  contre  les  jansenistes. 

On  parle  ici  de  quelques  livres  nouveaux  et  curieux,  im- 
primis en  Hollande ,  tels  que  sont  les  Mrmoircx  iln  M.  d<-  Mnn- 
//r'.s'or,  les  Memoires  de  M .  di-  Hussomjjierre ,  les  Mt'inotri's 
di-  M.  I'dbfn-  de  llrnnttimv,  et  le  I'ntcf's  de  M.  J''oni/uet. 

Je  viens  de  recevoir,  c<:  -2i  avril,  votre  lettre  datet;  du 
•22  mars,  laquelle  ma  e'te  rendue  par  deux  jeunes  niedecins 
de  la  Franche-Gomte  ,  lesquels  viennent  de  Provence,  et  out 
etudie  a  Aix  sous  un  protesstur,  nomme  M.  Bicais,  ducjuelje 
me  souviens  d'avoir  vu  un  petit  livre  contenant  (pjelques 
rnaximes  tirees  d'Hippocrale.  11s  commencent  a  voir  Paris, 
et  m'ont  dit  qu'ils  m'avoient  tleja  entendu  deux  fois  au  col- 
lege royal;  ils  paroissent  glorieux,  j<:  ne  sais  si  e'est  coinme 
les  Normandsou  les  Manceaux,  qui  sont  glorieux  et  mediants, 
ou  bieii  si  ce  n'est  point  (juehjue  chose;  de  (iascon  on  d'ap- 
prochant,  <|u'ils  pourroient  avoir  contracts  dans  cc  pays 
iVudfeusitis.  Quoi  tju'il  en  soil,  je  les  trouve  bonnes  gens;  ils 
out  envie  de  bieii  etudier,  a  ce  (ju'ils  disent ,  et  de  n'ftre  ni 
empiriques  ni  charlatans,  ft  je  prie  Dicu  <|u  ils  y  I'cus- 
sissent. 

Ji1  vims  envoie  une  letlre  de  mon  ('ai'olus,  iini  vous  b;iise 


,r)26  LETTRES   DE    Gl'l    PATIN 

les  mains,  comme  aussi  fais-je  pareillement  a  niadame  volre 
femme,  ct  toti  fhrnilnr,  a  notrebon  ami  M.  Spun,  ct  M.  Gar- 
nier,  vos  cliers  collogues. 

On  voit  ici  une  nonvelle  comete  a  quatre  heures  tin  matin 
vers  le  soleil  levant. 

La  reine-mere  fut  bier,  ee  '26  avril,  saignee  a  Saint-Germain, 
pour  diminuer  la  douleur  et  la  fluxion  de  sa  mamelle;  elle 
s'est  ennuyee  a  Saint-Gloud,  aussi  fait-elle  a  Saint-Germain; 
on  dit  qu'elle  se  fera  ramener  au  bois  de  Vincennes.  Un  ma- 
lade  qui  sent  de  la  douleur  ne  sail  oil  reposer,  stun:  loco  iirxrif. 
Le  roi  viendra  deniain  au  pavlement,  comme  il  a  mande, 
tout  le  monde  s'y  attend  ;  on  dit  que  c'ost  centre  les  hugue- 
nots, les  jansenistes,  et  centre  la  pluralile  de  quelques  be- 
nefices. 

On  ne  fait  plus  etat  a  la  cour  de  ce  M.  Gendron ,  cure  de 
Vauvre,  entre  Ghartres  et  Orleans.  Pour  le  chancre  de  la 
reine-mere,  on  a  pris  un  soi-disant  medecin  de  Bar-le-Duc  , 
nomine  Alliot,  qui  a  promis  et  tail  esperer  de  1'amendement, 
el  par  provision  s'est  la  it  avancer  2,0(>()  ecus.  Si  un  apotre 
avoit  fait  un  miracle  ,  on  ne  lui  en  donnevoit  pas  taut  ni  sitot: 
maisqu'y  leriez-vons?  \e  vous  souvenex-vous  point  de  ce  beau 
proverbe  du  bon  docteur  de  Hotterdam  ,  ('claimable  Krasme, 
(ju'il  a  tire  deSeneque  in  Apucolncynthosi,  ou  il  a  dit ,  en  par- 
lant  de  I 'empereur  Claude  :  Auf  /aft//////,  nut  rc^cm  nn^ci , 
iipoi'M'f  Ainsi ,  en  notre  metier,  il  taut  etre  lionimc  de  bien , 
en  danger  de  languir  toute  sa  vie,  ou  bien  charlatan ,  trom- 
peur,  imposleur  et  faux  prophete ,  tel  qu'etoit  Nostradamus. 
Le  poe'te  provencal  est  mort .  mais  il  a  bien  laisse  des  suc- 
cesseurs.  On  pourroit  dire  de  tant  de  cliai'lataii.v ,  (jui  sent 
aujourd'hui  au  monde,  ce  (ju'a  dit  autrelbis  Pline,  en  son 
llistoire  naturelle,  de  certains  ermites  dans  les  deserts  de  la 
Palestine,  (icns  /I'ternu ,  in  t//<n  IIVHM Hiwitw :  ce<pu  convient 
aujourd'hui  fort  bien  a  tant  de  convents  de  moines  ,  car  il  n'y 
a  point  de  femmes  (|iii  aillent  accoucher  die/  eux.  et  nean- 
moins  la  race  n'en  manque  jamais  . 


A    FALCONET.  V27 

nno  avulfo  iion  deficit  alter 

Ferreus.  el  simili  frondescit  rinja  inetallo, 

niais  il  taut  que  cela  soil  ainsi. 

Je  viens  d'apprendre  que  Ic  roi  et  les  reines  <juittent  Saint- 
(iennain  ,  et  que  toute  lacour  revient  au  bois  de  Vineennes. 

On  parle  ici  fie  deux  Lyonnois,  nomtnes  Cliais  et  Be/.,  qui 
out  fait  une  graride  banqueroute. 

M.  Ferrand ,  doyen  de  la  grand'chambre,  monrut  subite- 
nient  :  belle  ame  devant  Dieu  ,  s'il  y  croyoit !  C'est  de  Ini  dont 
on  disoit  que  pour  demi-pistole  on  uvoit  un  arret  a  la  Fer- 
randine.  Nous  aurez  pent  etre  out  la  rhanson  qu'on  en  fit,  O 
petit  bonhormne ,  etc.  Laissous  ees  sottises.  M.  Troisdames  vous 
baise  les  mains,  et  inoi  pareillement,  <iui  suis  de  toute  nion 
ame  votre ,  ete . 

Df>  I'yris.  lc  -2H  ;nril 


LETTKE  DCLXIX.  —   1"  mfmc. 

Le  roi  a  ete  aujourd'hui  au  parlement,  oil  ii  a  porle  une 
declaration  centre  les  ianseinstes.  M.  Talon  v  a  parle  Ion;;- 

j  tf  i 

temps  et  fortement ,  etmeme centre  les  moineset  les  reliyieu- 
ses  ,  et  a  demande  au  roi  la-dessus  quelque  rt'lurmatioii. 

Qunn  <lit*  /irtcin.  n\r  mngm'.  laboi  inn  .' 

I'our  le  ,/iitii'ntil  flfs  SdL'tnits }  on  s  en  inoijuo  ici,  et  ces  eei'i- 
vains  mcrcenaires  se  voient  punis  de  leurs  temeraires  juj;e- 
inents  par  leur  propre  t'aute,  tnr<l>is  xilii  cnrnrit  ntnhnn.  S'ils 
eussent  continue  dans  leur  folle  et  inepte  fanm  de  ci'iticjuer 
tout  le  inonde,  ils  s'alloient  attirer  de  terribles  censures.  I  n 
savant  honnne,  (jui  en  sail  bien  plus  queux,  et  qui  a  deja 
beaucoup  ecrit,  est  fort  en  colere  centre  eux;  il  dit  que  leur 
tail  n'est  que  finesse  pour  fain1  valnir  leurs  amis,  et  nuirea 


52S  I.ETTRES    I)E    tin    PATIN 

ceux  qui  ne  lo  seront  pas  :  c'est  une  violence  qu'on  n'avoit 
jamais  vue  on  Franco.  Dos  IP  troisieme  cahier  ilu  journal  . 
M.  le  premier  president  me  dit  soul  it  soul  dans  son  cabinet: 
''.'es  yens-la  s?  mt'lent  de  critique)-,  Us  se  f'cront  bleu  des  enuemis, 
ff  nous  serous  bientvt  obliges  du  Icur  /m/xjser  silence.  Tout  cola 
est  arrive  par  lour  faute ,  ot  a  leur  propre  honte. 

Jo  m'en  vais  do  ce  pas  chez  M.  Parmentier  pour  votro  af- 
faire ;  il  est  honnete  liomme  ot  mon  bon  ami ;  il  n'ost  guere 
maladif ,  mais  quand  il  a  quelque  indisposition  ,  je  suis  son 
medeeiu.  M.  Sorel ,  son  beau-frere,  ost  aussi  mon  bon  ami. 
Dictum  fuctinn  ,  j'en  viens  tout  de  co  pas  .  bomi  ri'rbu.  Votre 
proces  est  juge,  ot  vous  I'ave/  gagne  tout  du  long.  Le  charla- 
tan qui  est  debouto  doses  domandos,  s'il  n'en  domcuro  point 
la,  et(|u'il  veuille  passer  outre  ,  je  le  recommanderai  aussi  a 
M.  le  i)romier  president,  (juand  vous  mo  le  mandoro/. ;  vous 
faitos  bien  de  vous  dofendro  contre  cos  pestos  du  genre  lui- 
main. 

Morisset  est  toujours  embarrasse,  ot  Blondel  a  toujours  en- 
vie  de  cliicaner  et  do  plaider,  ot  cependant  rien  n'avance: 
1'un  sera  toute  sa  vie  badin  ot  ploin  do  vanite ,  ot  I'antre  sera 
toujours  obstino. 

M.  Ferrand  n'ost  pas  mort  ,  commo  jo  vous  1'nvnis  mande, 
e'est  sa  s<rur  qui  ost  morte  ot  (jui  a  cause  le  faux  bruit. 

On  tient  que  los  Anglois  ot  los  Hollandois  soul  tout  pros  a 
S(!  battro  ,  et  chaque  jour  on  on  attend  des  nou voiles. 

Xous  avons  ici  une  saison  fort  tomporoe  ,  mais  los  bios  out 
besoin  d(!  [)luie,  *icc!t«ti-s  imliribus  snlubriwes,  aussi  n'avons- 
nous  guere  do  malades  :  Mcdirf  juccnf ,  t/'i/ri  innlnd/int.  Je  viens 
d'onvoyor  une  lottro  a  mon  (larolus  ,  qui  recommit  qu'il  vous 
a  des  obligations  particuliores.  II  etudie  trop,  ot  jo  lui  dis  sou- 
vent  que  cela  le  rendra  melancolique  ot  lui  abregora  sos 
jours  :  il  m'a  promis  de  s'en  corrigor  (l). 

,r  (Diaries  Patin  no  s'cn  corri^ca  point ,  aussi  a-t-il  laisse  <lc  bons  cl 
savanls  oiivraj',os.  On  pout  en  voir  la  lisle  e(  la  crili(|»e  erudite  dans  le 
dirtionnaire  lnslori<|iio  de  Havle  .  ariicle  <lui  <>t  Clxirlts  Putin.  \\.  P. 


\    I  U.CONET.  ;>•><» 

On  parle  ici  ill1  revolte  dans  les  Klats  du  TINT,  dans  CON- 
slantinople ,  an  grand  Caire  et  autres  lieux  de  I'empire  Ullo- 
inan.  Ce  scroll  la  une  he  lie  occasion  a  lous  les  princes  cli  re- 
liens  de  s'unir  contre  cet  ennenii  comnum  de  noire  religion 
et  de  nos  muses,  inais  fa/is  na/ttfiittii  njtntl  >/o.\-  nun  Imhitut. 
I, 'amour,  I'avarice,  I'ainhiliun  et  la  vengeance  occupenl  tous 
les  Etats  des  princes  de  I'Europe,  et  chacuu  ne songe  qu'a 
son  profit  et  a  son  plaisir,  interpd  patitur  Justus.!?  vous  haise 
les  mains,  et  snis  dp  tout  inon  cceur  votre,  ele. 
l)e  Paris,  le  1"  mai  1665. 


I.KTTKK  DCLXX.        .I//  w*W. 

J'ai  appris  aujourd'hui ,  (>  mai ,  (|iic  la  rcim1  men1  empire. 
el  c|iie  les  divers  empiricjiies  (jui  out  vu  MHI  mai  ,  ne  la  sou- 
la^eiit  de  rien  ,  }>as  mt-me  co  M.  Alliol,  medecin  de  Bar-le- 
Ihic.  Je  pense(|iie  vons  save/  hien  (|iie  madame  la  premiere 
presidente  est  sourde,  divers  charlatans  yunt  ele  employes,  el 
ce  du  coiisenlement du  maitre  :  I'atri'it  pufrati ,  intc/ln/n  rir«m 
/.tun.  /tnucijjein  Sc'itntits.  Quand  leu  M.  Duret  parloil  de  nos 
magistrals,  il  disoit  <|u'ils  n'entendoient  rien  a  noire  jargon  , 
et  (ju 'ilsen  parloient  neaiimoiiis  comme  s'ils  eussenl  ele  *mn- 
ini  dictatare&artisniedim*.  11  disoit  d'eux,  pour  montrer  le  pen 
(('intelligence  <|ii  ils  avoient ;  Domini  di-  /><ir/<i/ii<'nt<i  tindtniu 
iiln>st  quilt  xinf,  iiK'iUi-i.  (lomme  je  sortois  aujounl'liui  de  m.i 
lec.on  ,  un  hoinme  ,  <|iie  je  lie  connois  point  ,  ma  prie  de  lui 
la  ire  voir  madame  la  presidente.  II  ma  (lit  (jue  veritahle- 
menl  il  n'etoit  point  medecin  ,  mais  (ju  il  avuil  tin  >ecrel 
avt;c  lequel  il  esperoit  tie  la  guerir  ,  et  (pi  il  avoit  iiiieri  la 
lievre  quarte  et  lliydropisie  a  des  paysaiis  devcrs  Hloi.s  rl 
Orleans.  Je  lui  ai  repondu  <|iie  je  n Vtois  point  le  nu'dcein  de 
madame  la  premiere  president*' ,  ni  de  M .  son  mari  ;  jc  !m 
repondis  (|u'il  devoit  s'adresser  a  (lUenaut,  <|iii  doit  leni'mc 

ileein   il  y  ;i  plus  de  trente  ans  :  quc  pour  nioj  j'aiirois  man 

in.'  .".1 


.VlO  LETIHKS  nt  (.til 

vaise  grace;  de  m'en  meler,  vu  (ju'il  n'etoit  point  mrdeein  et 
(jue  liii-meme  I'avouoit.  C'esl  un  homme  qui  a  le  caquet  hien 
allile  el  qui  a  quelque  mine  de  prelre  normand  ou  breton. 
Je  pense  qu'il  s'accordera  mieux  avec  Guenaut  qu'avec  nioi , 
vu  que  je  n'enlends  rien  en  charlatanerie  ;  lout  est  bon  a 
Guenaut  pourvu  qu'il  y  ait  a  gagner ;  il  n'y  a  rien  a  faire 
pour  moi  de  ce  cote-la. 

M.  Balthazar  ,  maitre  des  requetes,  jadis  intendant  de  jus- 
tice en  Languedoc  ,  est  ici  mort ,  il  n'a  ete  que  trois  jours 
malade ,  il  etoit  use  ,  el  avoit  fort  mauvaise  poitrine  el  la 
vue  courle.  Sa  tern  me  mourut  a  Pezenas  entre  les  mains  de 
M.  de  Belleval ;  elle  s'appeloit  Louise  du  Laurens;  elle  etoit 
saw  de  M.  du  Laurens  le  conseiller,  qui  est  pres  d'entrer  en 
la  chambre  ,  el  niece  de  messire  Andre  du  Laurens  qui  a  si 
bien  ecrit  1'histoire  anatomique.Cette  t'amille  desBaltha/ar  est 
fort  aimee  a  Paris  pour  les  honnetes  gens  qu'elle  a  produits  . 
el  pour  ceux  qui  vivent  encore,  dont  j'ai  I'lionneur  d'etre  le 
inedecin. 

Nous  avons  ici  un  de  nos  metkcins,  nomme  1\J.  deMauvil- 
ain,  Ills  d'un  cliirurgien  ,  (pii  s'en  va  aux  eaux  de  Bourbon  . 
oil  il  mene  madame  la  comtesse  de  Xogent,  el  un  aulre  un  j>eu 
plus  jeune,  nomine  Francois  Boujonier,  age  d'environ  trente- 
cinq  ans ,  qui  s'y  en  va  pour  soi  ineme ,  d'autant  (jii'il  est 
menace  d'une  paralysie  vers  les  handles.  Le  premier  a  bon 
appetit  et  court  fort ;  le  second  n'en  manque  pas  el  ne  [teut  pas 
aller  si  vile;  j'ai  peur  meme  qu'il  ne  se  rompe  les  jambes  en 
voulanttrop  courir  ,  et([U  il  ne  meure  bienlot.  Son  pere  eloil 
un  savant  homme  et  bonhomme,  mais  trop  avai  icieux.  Celle 
Tamil  le  esl  malheureuse. 

M.de  Bussi  Babulin  est  dans  la  Bastille  pour  avoir  eerit  li- 
brement  des  amours  de  lacour(J),  et   y   avoir  nomine  des 

1;  Kt  MolainiiH  at  les  Amours  desdaules,  ou  Louis  \\\  join-  un  role 
asM1/.  siiifjulior  *ous  lo  noni  clc  {>raud  A  leu  nd  re;  cc  qui  \alut  a  PaiiU'in 
quflques  anneos  <le  ]5a-ililli'  .  |>uis  un  Idii;;  <•!  rrurl  t'Nil.  inul^M-  la  li;is 
•,r>si'  de  >cs  fxcuscs.  |{.  \\ 


\  i/\u;oNKt.  o'M 

personnes  de  credit  <|in  s'en  lieiiiicnt  offenseeset  qui  s'en  son! 
plaintes.  Toutelois,  on  (lit  qu'il  n'y  aura  point  d'autre  inui  <pie 
la  prison ,  et  que  le  roi  n'en  a  1'ait  que  rire. 

La  chainbre  de  justice  est  inaintenaut  occupee  au  proces 
des  trois  tresoriers  de  1'epargne,  et  surtout  a  celni  de  M.  de 
Guenegaut. 

On  parloit  1'an  passe  d'une  liistoire  de  la  ville  de  Lyon  , 
t'aiteparun  perejesuite  nomine  de  Saint-Aubin,  laquelle  sera 
en  deux  volumes  in-t'olio.  N'en  parle-t-on  plus?  ne  viendra-t- 
elle  jamais?  que  savez-vous  de  eette  affaire?  j'aurais  bien  la 
curiosite  de  la  voir. 

On  a  mis  depuis  trois  jours  a  la  Bastille  six  ecrivains  qui 
gagnoient  leur  vie  a  f'aire  et  a  ecrire  des  gazettes  a  la  main  , 
kuminum  genus  auducissimum,  niendacissimum,  uuidissitnuin,  u( 
fuciuiit  ran,  etc.  Us  ineltent  la-dedans  ce  qu  ilsne  savent  in 
nedoivent  ecrire.  On  a  imprime  ici ,  fait  vendre  et  debiter,  et 
crier  tbrtement  dans  les  rues  la  /tulle  tic  nutn.-  Suint-l'vrc  le 
l>aj>e  con/ re  lesjnnsenistes,  <;t  trois  jours  apres  on  la  delendue. 
t:t  menu;,  mj  quid dcesaet  <nl  rolinin'in  t'ci'tc  fubti/a',  on  a  public 
et  fait  courir  le  bruit  que  le  eominissaire  avoit  charge  de  iaire 
mettre  en  prison  I'imprimeur  s'il  eut  etc  trouve  en  samaison. 
Fen  M.  1'eveque  de  liellay,  (|iii  a  clc  un  hoinme  incomparable  . 
m  a  dit  en  1632  :  l^idtticu  t.'tif  a/'*  //<///  fnm  I'l'ijcudt  t^wnn  lulli'ndi 
/tontines,  et  tout  cela  n'est  jioint  d'aujourd'hui ;  c'esl  le  meme 
jeu  qui  se  juui!  t.-l  cjue  Ton  jouoit  autrefois  ;  c'c>l  la  meme  co- 
medieet  la  menu1  farce  ;  niais  ce  sont  des  acleurs  nouveaux  : 
le  pis  que  j  y  trouve,  c'esl  »[ue  ce  jeu  durera  longlemps  ,  el 
que  le  genre  humain  en  soullre  tro[>  ([). 

^1]  On  ne  saurail  nior  la  vcritc  clc  la  delinilion  dr  la  puliliqut*  par 
Peveque  de  lielluy  el  ties  rellexions  dedui  i'alin  :  I'liistoire  des  hotnnies 
OH  est  la  promo.  Sans  Irop  d'anierlinne  philusuphiijtio  ,  c»n  jteul  dire  ,  en 
ellfl  ,  que  si  le  \»>ile  clait  le\c  Mir  tonics  Its  all.iiies  des  i'.oineinenienls, 
si  le  jeu  des  obscures  licolles  tie  la  machine  polilique  clail  bien  cunnii , 
on  verrail  jiiriqif a  quel  point  >oul  >omenl  sacritie.-.  on  ma!  ,  ompris  |t-» 
inlert'-l*  reels  <|CN  nation--  sou--  Ionics  le-  loMiii1-  dr  souveraiiii-lo.  II  en 


;>3i  I.KTTKES    UK   <.n    1'ATIS 

L'on  in  a  assure  ee  matin  que  lo  Journal  tics  Stn<un/s  ost 
tout-a-lait  condanme.  II  ost  devenu  sago,  il  no  courra  plus 
los  rues,  le  roi  i'a  a  r  re  to  par  son  commandement.  M.  lo  ehan- 
colior  en  a  envoye  redemander  le  privilege  que  M.  de  Sallo, 
oonseillerde  la  coiir,  lui  a  aussitot  renvoye  :  c'est  lui  qui  on 
etoit  lo  premier  entrepreneur,  le  direotour  on  I'inventour. 
Pour  le  sieur  do  Hedouville,  c'est  un  nom  en  1'air  (jui  caoho 
un  cadet  do  Normandie  et  par  consequent  qui  n'a  guero 
d'argent. 

On  tient  ici  pour  certain  que  la  jeune  roine  est  grosse,  qui 
est  line  nouveile  dont  jesuis  rejoui;  car  nous  n'avons  jamais 
trop  do  princes  du  sang,  ot  des  autres  nous  on  avons  ordi- 
nairornent  trop.  Les  Lorrains  acquirent  trop  do  credit  on 
France  sous  Francois  I"  ,  Henri  II  et  sous  la  reine  Catherine, 
que  Buchanan  a  appelee  la  Medee  ,  et  xcxOa^ua  do  son  siocle; 
inais  le  bon  Henri  111  los  attrapa ,  et  ils  en  sont  aujourd'hui , 
Dieu  merci,  fort  eloignes;  c/'s  cade/s  lor/aiiix ,  comme  (lit  le 
(^atholicon  d'Kspagne,  sont  aujourd'hui  Irop  f'oihlf*  dc  rein*. 
Ct;  nous  sera  assez,  si  Dicu  nous  conserve  le  roi  otM.  lo  Dau- 
phin ,  ///  f/nort.nn  liunbis  nudti  Intent  fforbonri,  sam-ti  Lwlovici 
itfj.dfcs ,  pint  a  Dion  qu'ils  vivent  ot  qu'ils  regnent  nxf/nr  in 
mums  .\t>s/<>r(jtis  .  ot  qu  on  en  diso  : 


Mtinita  perpetuo  mnni'retur 

Lo  roi  a  fait  parlir  d'ici  .">()<)  cavaliers  homines  d'expodiUon. 

sera  de  nieme  jusqu'a  re  qu'on  soil  bien  penetre  de  celle  idee  ,  que  la 
vraie  polilique  esl  1'application  inlelligcnte  des  lumieie.- et  des  force- 
tie  1'espiil  hiiniain  ii  la  direction  de  ses  propres  destinees.  II  y  a  loin 
de  la  it  eel  art  funesle  d'inventer  des  raisons  d' Kt<tl ',  de  ces  inotif- 
-pecieux  qui  n'ont  jamais  fait  defaut  aux  gouvernenients  lorsqu'ils  on) 
voulu  juslifier  des  crimes  uliles  on  lucratils.  Kl  les  pourvoyetirs  de  <u- 
plii.-uu's  pourle  coniple  des  jrou\<'i  nanls  ne  inaiKpienl  jamais,  j>a>  j)lu.- 
dan-  les  republiques  que  dan-  le.-  monarchies.  . \nssi  .Napoleon,  qui  -'\ 
ronnai-sait  ,  disail-il  :  «  Y.\\  fail  de  i>;uiivernenient  .  il  faul  neeessaire- 
inenl  des  compere-  .  san-  cela  la  pieee  n<-  -  aelieverait  |>a-.  I'«.  I'. 


v  r  \i.co.\t  i .  .*>?3 

L'on  croyait  que  ee  tut  pour  aileron  I'oitou,  inaison  ditaujour- 
d'hui  que  c'est  pour  lo  pays  du  Maine  :  cela  est  encore  incer- 
tain.  M.  le  premier  president  a  demande  an  roi  une  dispense 
d'age  pour  M.  de  Lamoignon ,  son  tils  aine  ,  laquelle  lui  a  eto 
envoyee  avec  un  present  de  12,000  ecus  des  le  lendemain 
de  sa  demande,  danfur ojjes  inil/i  HHHC  nisi  divitibus.  J'ai  an- 
jourd'hui  perdu  une  heure  de  temps  ,  m'etant  laisse  emmener 
avec  deux  curieux  voir  la  bibliotheque  Mazarine.  II  y  a  la- 
dedansbien  des  livres  bien  rares  do  di verses  langues,  de  belles 
miniatures  bien  onrieuses.  Us  ont  aussi  (|iiel(jiies  mamiscrits 
Tort  precioux  ;  je  ne  vous  on  puis  dire  que  eel;i.  Le  Jouninl  <lr> 
Sm'onfs  sera  retabli;  mais  il  sera  commis  a  d'autres  sens  (pio 
ci-devant ,  qui  an  rout  plus  de  retemio  el  moins  d'int(M'et.  Jo 
vous  baise  tres  liuinblomont  los  mains,  ot  suis  do  (out  mon 
cionr  votre.  etc. 

DC  Paris,  lo  8  mai  K5G,'). 


LKTTKK   DCLXXI.  -•  .\u  n«'w. 

La  chambre  de  jiistict!  ost  otu-upoo  an  procos  do  troi.s  tro- 
soriers  de  I'epargne  ,  et  principalement  (l<;  M.  (luonogaut .  quo 
I'on  dit  otre  lo  plus  en  danger  par  plusieurs  depositions  rt 
convictions. 

(>es  messieurs,  que  Ton  a  ci-devant  appeles  gens  d'allairos 
pour  le  roi,  imbticani ^  <jiiid  raniebnnt publicum,  re/  /tirii(/incs 
reipublicte ,  sont  admis  a  trailer  avee  le  roi.  II  y  on  a  un  (|ui 
ofl're  pour  soi  seul  700,00 )  ecus  ,  un  autre  S()0,dO().  11  est 
permis  de  croire  <pie  cos  gens-la  ont  rudement  vole,  puis- 
(ju'ils  ont  tant  a  restituor  sans  ce  (ju'ils  out  de  resle. 

On  me  vient  de  dire  a  Toreille  (|ii  on  ost  taclic  ii  lit  cour  <jue 
le  roi  ait  cite  an  palais,  lo  pape  pouvant  en  pretendre  (|iiol(|uc 
a  vantage  pour  sa  pretend  ue  inlai  II  ibili  toque  Ton  avoit  oasseo. 
tant  on  Sorbonno  qn'an  parlemeut.  (Mi  chorclie  du  roinodo 


.I'M  !!!!!>!-    DK    i.l  I     ,' \  |  |\ 

pour  unit  ndcr  I'aH'airo  .  et  je  m'en  rapporte  tort  a  M.  Talon ;  it 
rst  habile  lioinnie  ,  ct  il  en  trouvera  plus  qu'il  n'en  faut, 
pourvn  (ju'on  1(3  laisse  faire.  Personne  no  croit  mioux  quo  lui 
la  diUerenee  d(3  la  Home  saint<3  ct  do  la  profane,  do  la  Jeru- 
salem et  de  la  Babylone.  M.  Piotre  ost  gueri  do  son  aoces  qui 
I'a  fort  inaltraito  cotto  f'ois;  il  commence  d'allerpar  la  ville 

On  no  parle  ici  quo  dc  crimes  t'aitscu  divers  endroits  ,  ot  do 
plusieurs  voleurs.  II  en  t'ut  hier  pris  cinq  qui  avoiont  vole  anx 
Feuillants.  Tout  Paris  so  pent  tantot  entendre  de  ce  passage  do 
Potrono  :  (J'tod  in  i>c*Hlcntin  ram/i/ ,  >//»'  rnrt'i  i/ni  Incumnt ,  ct 
cadni'cra  f/i<ff  loci'ranfni' . 

Je  viens  de  recevoir  unelettredn  R.  P.  Hertetdu  \  avril;  jo 
vousprio  de  lui  dire  <pie  je  lui  baiso  los  mains  ,  ot  quo  jc  t'erai 
tout  ec  (ju'll  desiie  dt;  moi  en  favour  do  M.  Rolon,  ot  partoul 
ailloursou  il  voudra  me  faire  riionnotir  do  m'employer. 

La  cliambre  do  justice  fait  voiulro  toulos  los  maisons  do 
M.  do  Guenogaut.  Jo  vous  baiso  los  mains,  do  momc  (|ii'a 
M.  Spon,  noire  bon  ami ,  ot  suis  do  tout  mon  neur  votrc.  etc 

Do  Paris,  to  10  mai  100S. 


LKTTliK  DCIAMI. 

Jcvous  ocrivishier,  ce  Kimai ,  el  envoyai  par  memo  moyon 
un  mot  de  lettre  de  mon  Carolus.  Voilaque  je  recois  la  votre 
du  I  I  mai  ;  si  votre  charlatan  on  appolle  ct  (pi'il  aitrimpu- 
denoe  de  vonir  a  la  grande  chambre  ,  j'ou  parlerai  on  temps 
et  lieu  a  M.  lo  premier  president.  Mais  comment  s'appelloeo 
spagirinue,  t/n<nl  f/ciiiix ,  iDtda  moiw'f 

La  plupart  dos  docteurs  do  Sorboime  liaissont  los  jesuitos 
fortement  ,  et  memo  It1  P.  Thoopliilo  Haynaud  ,  parce  qu'il  a 
ecrit  contro  les  jansoui>tos  .  et  ipTun  1'y  croit  autour  du  livri1 
d'Amoil.i-us  C.uimeuius.  Us  n'aclielent  guere  de  livros  ,  parcc 
qu'ils  out  on  Sorboime  line  ties  ample  hibliothoqno 


\    KAI.CONKI  . 

On  (lit  ici  que  1'eveque  de  Macon  .  M.  de  Lingeiides  ,  est 
inort,  et  que  Ic  roi  viendra  dans  pen  de  jours  au  parlenient 
pour  le  rachat  de  son  domaine  ,  dont  plusieurs  se  plaignent 
deja  par  avance. 

Je  viens  d'apprendre  que  M.  Pietre  est  encore  retombt1  dans 
son  mal,  et  qu'il  est  en  danger  depuis  liier  ii  inidi.  Bon  Dieu 
(jue  de  desordre  dans  cette  miserable  humanite  !  et  qu'Hippo- 
erate  a  dil  veritablement  :  tutus  homo  a  nut  urn  mot'bus.  II  e^t 
detail  ,  et  paroit  vieux  de  septante  ans  ,  et  il  n'en  a  que  cin- 
quante-six  ;  car  il  est  ne  Tan  1609  que  mourut  le  grand  Joseph 
Scaliger.  II  est  vrai  que  nniltw  cfiuw  concurrnnf  ,  insntiobilii 
liabcndi  rapid  Has  ,  <>t  dai/mosa  mcdicis  omnibus  <pi).apyuf  tot  tan  - 
inpere  detestata  ffippocrati  ;  pruva  diathesis  uiscenun  ,  jtnvscr- 
fint  lienis,  tnt'senterii  ft  rcrcbri.  Addc  dontexticum  dirinoiu'm  , 
I'li'iiiininwit,  afc.  }  itn  ijuid  est?  labor  eat,  ct  /mdend  i  Vftna  cupidu; 
fristix  ad  extremum  soil  icitudo  diem  (1). 

4e  viens  de  chez  M.  le  premier  -president  ,  oil  j'ai  eu  le 
moyen  de  lui  faire  la  recommandation  dont  on  m'avoil  prie. 
Douzedes  plus  celebres  avocats  du  parlenient  y  etoient  assem- 
bles par  son  ordre;  je  pense  (juec'est  pour  la  bulle  <lu  pape 
que  le  roi  aenvoyee  pour  la  faire  examiner  avec  M.  Talon. 

(1)  Gui  Patin,  naturellement  (ior,  sensible,  irritable,  blesse  an  c<rur 
par  la  perte  de  ses  enfants  el  1'exil  de  son  cher  Carolns  .  tnmbe  sou- 
vent  dans  des  acces  de  melancolie.  II  s'exprime  alors  avec  amerlume 
sur  la  brievete  de  la  vie,  sur  la  sottise  des  hommes,  la  vanit^  de  leurs 
pretentious  ,  le  pen  de  bonhenr  reel  qu'on  tronve  dans  la  society,  cettc 
deplorable  hierarchie  de  vassalites.  Bien  avant  lui  le  poe'te  Jovian 
Pen  la  mis  avail  dit  : 


\\.   P. 


.VI K  i.KiniKs  I»K  t;n  I'.VHN 

LSI  reine  d'Angleterrelamererevient  a  Paris,  en  intention 
d'aller  aux  eaux  de  Bourbon.  Jo  peuse  pourtant  (|ue  telles 
eaux  ne  lui  valerit  rien  a  cause  de  la  foiblesse  de  sa  poitrine  , 
qui  lui  est  nne  maladie  naturelle.  On  parleaussi  d'une  grande 
consultation  (|iii  so  doit  fa  ire  a  Saint -Germain  pour  la  reine- 
inere,  savoir  si  on  lui  ouvrira  la  mamelle  pour  en  tirer  du 
pus  et  de  la  serosite  maligne  cjui  en  consume  la  substance  de 
jour  a  autre.  On  parle  aussi  d'un  certain  nietlecin  nomine 
Cliatelain  que  M.  de  Besyns,  inteiidant  de  justice,  a  id  en- 
voye  de  Frontignan  ;  on  pretend  qu'il  guerit  ces  sortes  de 
maladies  ,  et  qu'il  a  de  beaux  secrets  centre  !es  maladies  in- 
curables. S'il  ne  promettoit  rien,  on  ne  le  f'eroit  pasvenirde 
si  loin.  Ce  sont  des  impostures.  Le  cancer  ne  se  guerit  point 
et  ne  se  guerira  jamais;  mais  le  monde  veut  etre  trompe. 
If  eat  us  vir  qui  intdliyit,  cfr.  ({). 

On  a  ici  transporte  plusieurs  prisonniers  en  diverses  pri- 
sons; on  ditque  c'est  pour  y  en  mettre  de  ceu\  <jui  sont  dans 
la  Bastille,  oil  on  est  trop  presse. 

On   parle  ici  de  deux  dames  de  la  coin1  qui  se  sont  batluo 

vl;  II  en  hit  do  memo  duns  prcsque  Ionics  les  maladies  in  or  idles  de> 
princes  el  des  rois.  l.ouis  XI V  elail  alleinl  dans  sa  derniere  maladie 
d'une  yanyrene  senile  a  la  janthe  j'.aiifhe  ,  maladie  a  pen  pres  inconnue 
a  cette  epoque.  On  lit  venir  nne  (bule  de  charlatans  ((iii  prelendaient  le 
!;uerir.  Le  due  de  Saint-Simon  raconte  ,  a  ce  snjel ,  avec  sa  \er\e  mali- 
cieuse  ordinaire  ,  line  scene  de  ce  genre  :  «  i-e  due  du  Maine,  dil-il ,  se 
Irouva  a  la  consultation  d'un  charlatan  arrivant  de  province  qui  donna 
de  son  elixir  an  roi.  1*  agon  ,  accoulumc  a  regner  sur  la  medecine  avec 
despolismc  ,  trouva  une  espece  de  paysan  fort  Drossier  qui  le  malineiia 
fort  brutalement.  M.  le  due  du  Maine  raconla  le  soir  ehe/,  lui,  panni 
sos  confidents,  avec  le  facetieux  el  cet  art' de  fine  plaisanteric  tpi'il 
|)ossedait  si  bicn  ,  1'empire  (jue  le  malotru  avail  pris  sur  le  medecin  . 
I'etonnement,  lescandale  .  1'hmnilialion  de  Fagon  pour  la  piemiere  fois 
'  de  sa  vie,  qui,  a  boul  de  son  art  el  de  ses  esperances,  s'eloil  Innaconnu. 
fii  j'.ronimelant  sur  son  baton,  sans  oser  replitpier  de  peur  dV^suyrr 
jus.  »  Mtiinoircs.  H.  1'.  ' 


\    I  U.l.ti.Nhl 


en  duel  a  coup  depistolet;  le  roi  (lit  en  riant  <|u'il  n  en  avoit 
I'ait  defense  quo  pour  les  homines  et  nun  pas  pour  les  f'einmes. 
Je  vous  baise  les  mains,  et  suisde  tout  mon  co?ur  votre,  etc. 


LKTTKE  DCLXX1II.        .!//  menu:. 

Ce  matin  quatre  prisonniers  out  ete  mis ,  ce  2-'i  mai ,  dans 
le  Chatelet  par  ordre  de  la  chambre  de  justice,  dont  Tun  est 
M.  Housset,  ci-devant  tresorier  des  parties  casuelles  et  inten- 
dant  des  finances. 

Le  roi  afaitfaire  a  Saint  (iermain  une  nouvelle  consultation 
pour  la  reine-mere  parquelques  medecinsde  lacour,  qui  out 
conclu  qu'il  n'y  avoit  rien  a  fa  ire  qu'a  la  purger,  en  attendant 
que  lemal  fut  plus  decouvert. 

L'eveehe  de  Macon  a  ete  donne  au  I*,  de.  Hours,  eveque 
d'Acqs,  et  celui  d'Orleans  a  M.  I'abbe  de  Coaslin  ,  petit-lils 
de  M.  le  chancel ier. 

Lundi  prochain  ,  ce  -29  mai ,  la  charnbre  de  justice  sen  va 
reprendrele  procesdu  nomine  Lempereur,  partisan  insigne. 
et  receveur  des  tallies  devisors,  (jui  a  ci-devant  etc  condamne 
par  des  commissaires  a  etre  pendu  ,  dont  il  est  appelant.  C.e 
proces  etant  tini  ,  Ton  travaillera  a  celui  de  >F.  de  (luenegaut, 
tresorierde  1'epargne,  oil  il  y  a  bien  du  mai ,  et  apres  a  celui 
de  M.  deLorme,  ci-devant  commis  de  M.  Foui|uet,  et  nieme 
Ton  dit  (jue  celui-ci  pourra  etre  ramene  a  Paris  de  Pignerol . 
oil  il  est 

M.  leduc  de  Vendoine  est  ici  tortmalade;  mademoiselle  de 
la  Trimouille  est  morte  a  Thouars  en  Poitou  vce  dernier  mai  . 
(hi  parle  ici  de  la  mort  de  votre  M.  (iras  et  de  sa  belle  bi- 
bliotheque. 

La  reine-mere  est  empiree  depuistrois  jours;  il  est  survenn 
des  erysipeles  a  set;  deux  mamel les  a\ec  de  grandes  douleurs 
et  de  mauvaises  units,  a  cau.-e  de  ijiioi  elle  a  ete  saignee  des 


,')38  I.K i  IKK>  UK  1.1  i   IVMIN 

bras  et  du  pied;  j'apprehende  qu'il  ne  s'y  mette  bicntot  la 
gangrene,  qui  lui  ouvrira  le  ciel  pour  1'etornite.  On  dit  au- 
jourd'hui  (ju'elle  est  encore  plus  mal  et  qu'elle  a  recu  1'ex- 
treme-onction.  Cette  nouvelle  sent  le  sapin  et  le  plonib. 

Notre  M.  Pietre  etoit  alle  aux  champs  en  intention  de  s'y 
fortilier  ;  il  est  retombe  inalade,  et  a  ete  ramene  a  Paris  :  tant 
va  la  cruche  a  1'eau  ,  qu'enfin  elle  y  demeure. 

Je  vous  remereie  du  livre  que  vous  me  promette/  de  feu 
M.  de  Monconis;  plut  a  Dieu  qu'il  iYit  deja  aeheve !  On  dit  que 
les  Anglois  et  les  Hollandois  se  cherchent  les  uns  les  autres 
pour  se  battre,  et  (|ii'il  y  a  grande  apparence  que  ce  sera 
bientot.  Je  viens  de  die/,  M.  le  premier  president ,  ce  5  jinn  , 
lui  recommander  une  affaire  pour  un  marchand  de  Lyou  , 
nomine  M.  Ferrari,  oil  j'ai  trouvedeux  jesuites ,  dontl'un  est 
le  pere  Hapin,  avec  lesquels  je  me  suis  entretenu  ,  tandis  que 
M.  le  premier  president  etoit  ent'erme  en  son  cabinet  avec 
trois  personnes  de  grande  qualite.  Le  pere  Hapin  m'a  dit  que 
le  mois  prochain  on  recommenceYoitle  Journal desScwantx,  et 
<|iie  ce  seroit  sous  le  meme  chef,  savoir,  M.  deSallo,  con- 
seiller  de  la  cour  ;  mais  <jue  le  sieur  de  lledouville  ne  s'en 
meleroit  plus  II  est  survenu  un  gentilhomme  qui  venoit  de 
Saint-Germain,  (|iii  a  rappoi'te  (jue  la  reine-niere  etoil  tout 
autrement  mieux  (|u'elle  n'avoit  etetlepuisdix  jours,  c/est-a- 
dire  inoins  mal.  Je  pense  i|u'il  le  la ut  entendre  ainsi ;  mais 
quoi  <|ue  Ton  on  dise,  elle  est  agee  .  les  forces  lui  manquent 
pen  a  peu  ,  sa  mamelle  est  ulceree,  el  il  y  a  de  la  pourriture 
et  dt1  la  malignite;  elle  entrera  dans  sa  soixante-cinquieme 
annee  le  mois  de  septembre  proc.bain,  rltn'  s/ninn<i  ///vv/.s  zppni 
mix  vcliif  incliniirn  lont/ani ,  et  c'est  celui-la  meme  ([iii  a  dit: 
/'(/K/tfti  i//nj-s  ii'tfuo  [ii'ilc  juilxnt  j>imi>t'i'\nn  tnhernnx  Ut'yinmjw 
f/n'rt-s.  On  |)arle  de  la  ramener  de  Saint-(iermain  an  bois  de 
\  incennes.  Kn  quolquo  lieu  (|u'on  la  mciie,  cette  bonne  prin- 
eesse  porlc  son  mal  avec  soi ,  el  j'ai  bien  |>eur  pour  elle.  j'ai 
aujourd'hui  rendu  visile  a. M.  Pietre,  <|iii  me  semble  asse/.  mal 
I  a  it  Outre  ses  niaiix  niaiiifesles,  je  soupeonne  (|ii'il  a  la  piei'i'e. 


Hou  him!  tjiir  ilc  niaiix  pour  accabler  un  liomine!  J'ai  fort 
mauvaise  opinion  tie  sa  vie,  et  j'en  ai  regret ,  tant  pour  son 
beau  savoiret  son  merite  parliculier  que  pour  1'lionueur  que 
je  porte  a  la  memo! re  de  ses  aneetres,  ten  M.  Nicolas  Pietre, 
son  pere,  qui  m'a  antrefois  volontiers  appris  le  meilleurdece 
que  je  sais,  et  le  grand  Simon  Pietre,  son  onclo,  qui  mourut 
I'an  1618,  et  que  je  me  souviens  d'avoir  vu.  II  y  avoit  aussi 
un  autre  Simon  Pietre,  son  a'ieul ,  qui  mourut  I'an  1586.  Ces 
trois  homnies  out  ete  de  tres  excellents  personnages  et  do 
grand  merite,  qui  out  fait  du  bien  an  nionde.  Celui-ci  n'a 
point  degenere  en  science  ni  en  esprit,  mais  il  a  ses  defauts 
particuliers  (l). 

11  y  a  douze  conseillers  d'Etat  qui  Iravaillent  par  commis- 
sion du  roi  a  reformer  la  chicane  ou  a  L'abreviation  des  pro- 
ees.  Cela  seroit  fort  bien  ,  si  le  peuple  en  pent,  etre  soulage  ; 
mais  il  faudroit  (pie  les  conseillers  fussent  aussi  plus  savants 
et  plus  gens  de  bien.  On  refbrmera  la  rapacite  des  procureurs, 
des  grel'liers  et  des  clercs  de  conseillers,  qui  est  d<>gen<T<V  en 
volerie  manifesto. 

(1)  Nousavonsdcja  remarque  coinbion  ccltc  t'amillc  a  jettid'eclat  pen 
dant  deux  sieclcs  sur  Li  i'aculte  de  medccino  do  Paris  Lo  Simon  Pielrc 
qui  mourut  on  1018,  avail  dcja  <lc  hautos  ideos  d'hygiene  publiinic  qui 
ne  turent  rcalisees  quo  louglemps  apres.  Ainsi  il  voiilut  etrc  onlorre 
dans  un  cimetiere  ol  non  dans  une  eijliso,  coinmo  c'ctail  alors  la  cou- 
tumo.  Son  epilaphe  I'attoslc  : 


Son  exrmple  Int  iniiu-  plus  lard  par  \  orlioyon  ,  colel)ro  medcoin  ol 
anatomislo  do  Louvain  .  (jtii  nioiirnl  le  28  Janvier  1710.  Ses  contcnipo- 
rains  lui  on  leinoiynerent  lour  rooonnni-saiioo  par  I'opilapho  snivanto  : 

Philippus  Verheyai  ,  mcd.  dad.  ft  profess.  pnrl»n>  siii  mnterinlem  . 
hie  in  ccrmetcrio  ron^i  rolitit.  nc  tcmplvm  rl  c  s  honest  a  ret ,  <iul  nnriris 
lialitibiis  inficcri'l.  \\.  1*. 


MO  I.KIIKK>  UK  MI  I-.UIN 

On  cliercbe  ici  des  gueux  et  dcs  miserables ,  taut  lioinnu's 
que  lemmes,  pour  les  envoyer  a  Madagascar  ct  autres  lies 
voisines,  alii)  de  travailler  et  d'y  peupler  le  pays;  eela  de- 
ebargera  un  peu  la  France  de  tant  degens  oiseu\(jui  y abon- 
dent;  niais  II  me  semble  (|ii'il  seroit  bon  d'y  envoyer  aussi 
des  moines,  car  nous  en  avons  beaucoup  trop ,  et  ici,  et  ail- 
leurs;  ilsn'aiinent  pas  a  travailler,  an  moins  serviroient-ils  a 
peupler,  et  iis  in:  servent  ici  a  rien  dn  tout.  Je  vons  bai.se  les 
mains  ,  et  suis  de  toiile  inon  aine  vutre ,  clc. 

De  Paris,  le'Jjuin  llilio. 


LKTTKK  HCLXXIV.  —  Aumnnc. 

J'ai  vu  depuis  peu  en  consulte  un  gentilliomnie  bi'eton  ,  age 
de  dix-neuf  ans,  naturellement  tort  devot,  (pji  devint  dans 
peu  de  jours  melancoHque ,  el  a  cette  melancolie  succeda  une 
espece  de  manie.  avec  une  lievre  continue  et  des  convulsions 
efl'royables.  l'n  inoine  avoit  peur  <|u'il  ne  I'ut  possede.  II  est 
vrai  qu'il  avoit  un  grand  scapulaire.  II  Cut  si  rudcment  tour- 
men  tc  de  ce  demon  de  tievre  continue,  qu'il  en  devint  fre- 
neticjuo,  et  qu'il  f'allut  le  lier.  A  ce  delire  IVenetique  succe- 
derent  deux  autres  symptomes  ,  desniouvements  epileptujues 
et  une  passion  hydrophobique  ,  comme  ceux  (jui  out  et<' 
mordus  d'un  cliien  enrage,  avec  la  soil'  et  I'aversion  de> 
clioses  liquides.  Pour  tout  cela  ,  il  I'ut  saigne  des  bras  et  des 
pieds  jusqu'a  vingt-deux  Ibis ;  il  Cut  purge  de  plus  de  vingt 
lavements etd'environ  trenteapozemespurgatifs  avec  la  casse 
e^t  le  sene  ,  auxquels  nous  ajoutames  a  la  tin  le  sirup  de  roses 
et  de  Ileursde  pecber ,  avec  tel  succes  ,  (prenlin  il  est  tout  -a- 
lait  gueri  et  remis  en  son  l>on  sens  II  y  a  bien  des  gens  <jiii 
crient  an  miracle  dt;  rnoindres  evenemenls,  mais  la  nature 
seule  ,  la  connoissancu  des  maladies  et  {'application  des  b(in> 
remedes,  vont  bien  loin. 


\  FALCONET.  541 

.!•'  m'olonno  (It-  <v  <pio  voiis  rliox.  on  poino  do  nioi.  Jo  ri'ai 
pas  manquodo  vous  ooriro  do  temps  on  lonips,  a  mosnro  (jno 
j'ai  en  do  la  matiere  digne  do  vous.  Jo  me  porte  bion.  Je  vais 
tonjonrs  mon  grand  clieinin,  co  quo  boauconp  d'antres  n'o- 
sont  on  no  vonlent  pas  laire,  ulin  do  gainer  davai'tage.  Si  je 
mo  plaignois  do  ma  fortune,  jo  dirois  avoc  Martial  : 

Si'il  me  lilleriilu*  stulli  <locu<rt'  parcitlr.*. 

Los  bonnes  gens  ont  fait  co  qu'ds  out  pn  pour  moi ,  co  quo 
plusieurs  no  font  pas  pour  lours  onfants.  La  plnpartdos  riches 
sont  Ions,  tyrans,  presomptueux  ot  ignorants.  Jo  vis  sans 
ambition.  Je  n'ai  point  do  dosirs  criminels.  Kion  ne  m'em- 
poche  do  dorinir ,  si  co  n'est  la  pitio  cpio  j'ai  sonvont  dcs  pan- 
vros  gens  <|iii  sont  dans  la  sonHVance. 

Pour  ct;  (jui  ost  des  eaux  minoralos ,  jo  vous  dirai  cjiie  jo  n'y 
croisguere.  ot  n  y  ai  jamais  cru  davantage;  maitro  Nicolas 
Piotro  in  on  a  dotrompo  il  y  a  qnarantc  ans.  Fallopo  los  ap- 
pollo  nn  romode  empiriqne.  Kilos  lout  bion  plus  do  cocns 
<|u'elles  no  gnorissont  de  malados  (I  . 

Kilos  sont  plus  colobres  (|uo  salubres.  Jo  m'en  tiens  a  I'oxpo- 
rienco  journalioro .  commo  aussi  ;i  I'autorito  d'Hippocrato, 
d'Aristoto,  (ialien  ,  <pii  los  ont  assex.  improuvoos. .Pour  1'anti 
inoine,  jo  m'en  passo  fort  aisoment.  Nous  avons  bion  d'antivs 
medicaments  moillonrs  ot  moins  matins  ipie  colni-la  ,  dos<|uols 
je ne me sers point.  Jo  laisse  la  pluralitc'dos  romodesa  conx  ipii 
font  la  modocino  pour  to  t'asto  ot  pour  la  pompo,  ot  t|iii  s'on - 
lendont  avoc  los  apothicairos.  Cinonant  a  (lit  ipiatro  inillo  lois 
on  sa  vie  <|ii'on  no  sanroit  attrapor  I'ocu  blanc  dos  malados, 
si  (in  IK-  los  irompo.  Kst-co  parlor  on  liommo  do  bion.  id 

1  K>t-il  bt'>oiii  do  mnar«|uer  i|iu-  cos  rciiiari|iios  cl  »•«•«.  plai^.uitcrio. 
Caitesd'aillenrs  I'ion  ;i \.-ml  (iiii  I'aiin  .  iiorloiil  a  l.m\  '  far  If-  caux  ini- 
hfralt's  adniinisUft's  a  propo^  el  s<>'mi  I'hnlicalion  prei'i^f  «oni  mi 
pui<isiiil  ino>i'ii  <!<•  .iii-i  i-nii  I'  I* 


tite  I.ETTKK*    I)K    (ilM    I'.VTIN 

<juo  doit  ette  mi  medeciu  ?  Je  laisse  les  eanx  de  Forges  (I;. 
I'emetique  et  tels  autres  I'alras  (It1  venins  a  eeux  tjui  en  abu- 
sent  et  aux  empiriques.  Pour  moi ,  je  cbercbe  a  ne  me  repen- 
tir  de  rien  :  aussi  ne  le  (erai-je  pas  de  vous  avoir  voue  inon 
amitie.  Je  suis  de  tout  inon  cd'iir  votre,  etc 

Do  Paris,  Ic  30  juin  10<>;>. 


LETTRE  DCLXXV.  —  ,l//  meme. 

On  parle  tort  ici  du  feu  qui  a  pris  aux  poudres,  et  qui  a 
renver.se  lacitadelle  de  Pignerol,  en  tuant  bien  dumonde,  et 
a  epargne  M.  Foiujuet :  on  en  parle  diversenient,  pourtant  tort 
en  sa  favour. 

On  dit  cjue  le  roi  s'en  va  donner  du  secours  aux  Hollandois, 
en  vertu  de  I'accord  (ju'il  a  fait  avec  eux  c.ontre  les  Anglois. 
J'ai  rencontre  ce  matin  M.  Kompli,  inon  hon  ami,  secretaire 
de  M.  I'ambassadeur  de  llollande,  <|ui  m'a  dit  que  snr  les 
coles  de  Normandie ,  on  avoit  pecln;  deux  mille  liuit  cents 
corps  de  soldats  qui  avoient  etc  submerges  dans  ieur  derniere 
ilefaite. 

On  dit  que  les  Portug-iis  out  eu  de  I'avanta^e  sur  les  Espa- 
gnols  ,  et  que  le  pape  est  bien  facile  d'avoii1  j)erdu  dejtuis  pen 
sa  pirlendiie  infaiilibilite  ,  tant  par  I'arret  de  la  eotir  (pie  pai1 
divers  decrets  de  Sorbonne.  L<^  pape  el  les  jesiiitcs,  <|IK> 
31.  Servien  appeloit  les  janissaires  de  I'eveque  de  lioine,  tra- 
vaillenta  laretablir,  mais  ils  n'en  peuvenl  venir  a  bout.  M/ilfn 

( iiini n  t'xf  .'//'//'/  ,  I c  /niiiidc  ii  t'xf  jilux  iji'i/t . 

<  >n  m'a  dit  <|ue  M.  I'arcbeveque  de  Eyon  vcut  acbeler  la  bi- 

1,  LCS  eaux  ininorales  dc  I'orj'.o  [Seine-liilV'ricuro)  onl  etc  reci-in 
incnl  analysoes  el  onl  liiit  Tohjcl  d'un  rupporl  ;i  l\\c;u](Muio  rojiilrdc 
medicine.  (  Kvlletin  de  I'Acnilemip  rnyitlp  ilr  nii'di'rhir  .  l';iri<.   is:'i.'>. 
t.  \    |.;i{',«-  «»s:>ct  -ni\.  H    !'. 


A    FAI.CONKT.  54.S 

bliotlieque  de  M.  (Iras,  et  la  rend  re  publique  a  Lyon.  Oieu 
Ini  en  fasse  la  grace,  eommeil  (it  a  saint  Charles  Borromeea 
Milan  ,  et  qu'apres  sa  mort  il  seroit  canonise;  voila  ce  (jne  je 
souliaite  a  M.  votre  prelat ,  et ,  en  attendant  cela,  longue  et 
lieureuse  vie  pour  lui  et  pour  los  siens  Je  vous  prie  de  dire  a 
M.  Spon  que  je  lui  baise  les  mains,  et  qu'il  me  semble  qu'il 
faudroit  ajouter,  au  dernier  tome  du  Sennertus  0/w«  tncdirn , 
apres  les  Epitrcs  medichwles ,  le  petit  et  gentil  livre  de  Mi- 
r/Hif'/  Itorinyins ,  (It1  Medicina  ct  rued  ids ;  je  I'ai  a  son  service , 
in-octavo,  impression  deGiessen,  1'an  Ib'i  1.  Ce  seroit  un  fort 
bon  Appendix  pour  gross!  r  ce  volume,  qui  sera  petit.  Je  vous 
baise  les  mains,  et  suis  de  tout  mon  ccvur  votre.  etc. 
De  Parix,  Ie7juillol  1(565. 


LKTTHK  DCLXXVI.   -    I//  >nfimt>. 

On  parle  ici  de  notre  saint  pere  le  pape  ,  qui  vent  tachcr  de 
remonter  sur  sa  bete  pour  sa  pretendiie  infaillibilite.  (hi  dit 
que,  pour  se  venger,  il  vent  excommunier,  et  MM.  du  parle- 
menl ,  et  toute  la  Sorbonne;  laissons-les  fa  ire,  ils  se  defen- 
dront  bien.  Ceux  (jiii  faisoient  le  Journal  f//-s  .SV//v////x  avoient 
espere  de  le  continuer  sous  d'autres  certaines  condition>. 
maislespuissanc.es  superieures  leur  orit  manqiu* ,  el  ils  an- 
rout  de  la  peine  a  ratlraper  ce  meine  pouvoir  iju'ils  out  en  , 
de  critiquer  toutle  monde  a  leur  ^re.  M.  de  Sallo,  conseiller 
de  la  cour,  (jui  en  etoit  le  premier  mobile,  s'en  est  alle  en 
Poitou. 

La  reine-mere  d'Angleterre  est  enlin  arrivee  ii  Saint-(ier- 
inain ;  on  dil  (jii'elle  n'a  |ias  envie  de  retourner  jamais  a 
Loud  res 

Je  soupai  liiei1.  ce  -2|  juilh-l  ,  avec  .M .  le  premier  pre'sident  , 
i|ui  recut  des  nouvellesde  M.  de  Lamoignon  ,  son  tils  jiiiit' 
t|iii  t'»-t  aujourd'liui   iiAnvei's:   il  a  vn   I'. \iiii1elerre.   |,i  ||,,|_ 


544  I.KTTKKS    DK    'ill    ('MIX 

lande  el  laFlandre;  il  s'en  va  passer  par  rAllemagne.  il  re- 
viendra,  Hieu  aidant,  a  Paris  snr  la  fin  do  rautoinne  ,  pour 
y  etre  recu  conseiller  de  la  cour ;  j'ai  ecrit  pour  lui  a  Bruxelles , 
a  M.  Cliil'flet,  selou  que  M.  son  pere  I'a  desire. 

Le  roi  a  fait  defense  a  MM.  les  prelats,  assembles  a  Pon- 
toise,  d'aller  che/  M.  le  nonce,  et  de  le  frequenter  en  aucune 
maniere.  Vous  save/  la  coutume  des  Venitiens  an  sujel  des 
ininistres  etrangers. 

Les  Hollandois  se  preparent  tout  de  bon  a  se  battre  de 
nouveau  contre  les  Anglois.  MM.  les  Etats  out  puni  ceux  qui 
ont  ete  cause  de  leur  derniere  defaite,  et  out  mis  UN  nouvel 
ordre  pour  le  reglement  de  I'autorite  de  leurs  chefs  ,  (|ui  avoit 
mis  la  division  parmi  eux,  co,  <|ui  causa  leur  malheur. 

Voici  la  moisson  (|ui  approche,  le  iiombre  de  mes  ecoliers 
commence  a  diminuer ;  j'en  ai  pourtant  encore  eu  aujourd'hui 
plus  decent  vingt;  j'espere  d'y  metlre  tin  dans  unmoisou en- 
viron. J'ai  plusieurs  Provencaux  et  Languedocieus  (|iii  aiment 
bien  la  drogue,  et  (juisont  fort  imbus  des  sotles  opinions  de  la 
polypharmacie,  qui  est  I'idole  et  le  gagne-pain  des  apothicai- 
res  et  la  tille  de  1'ignorance.  .le  viensd  apprendre  deux  morts  : 
la  premiere  est  celle  de  madame  Foucjuet,  la  mere  ;  la  seconde 
est  celle  d'un  des  plus  vieux  medecins  de  France,  savoir, 
de  M.  lirunier,  medecin  de  feu  M.  (raston  ,  due  d'Orleans. 

La  chambre  de  justice  a  fait  mettre  dans  la  Uastille  un  ba- 
bife  et  fameux  avocat,  iioniuit!  M.  Hurai,  <[ui  avoil  ecrit  en  fa- 
\eur  de  M.  de  (iuenegaut  ,  tresorier  de  I'epargne.  (^es  prisons 
sont  glorieuses  ,  et  I'interel  de  la  cour  ue  doit  pas  emptk:her 
les  avocats  de  del'endre  leurs  parties.  Je  vous  baise  les  mains, 
et  suis  de  tout  mon  cteur  votre.  etc 

!)«>  I'aris.  1.--24  juillcl  1H5:j. 


\  H.M.CONF.T. 

LKTTRK  DCLXXVII.  -     An 

Je  vous  ecrivis  hier ,  avee  line  lettre  quo  je  joignis  pour 
M.  de  Lorme.  Je  lui  baise  les  mains  et  vous  prio  de  1 'assuror 
(|ue  j'honorerai  toute  ma  vie  son  inerite  singulior.  Je  vous 
prie  aussi  de  m'excuser  eiivers  lui  pour  les  simples  qualitrs 
<|ue  je  lui  donne;  je  ne  me  counois  pas  en  compliments  ot  no 
les  aime  pas.  Je  le  considere  comrne  un  heros  (jui  n'a  pas  be- 
som de  litre;  il  yen  a  qui  en  prennent  de  leurs  qualites  ot 
Brands  offices,  auxquels  neanmoins  ils  font  deshonneur  par 
lour  peu  de  merite;  mais  M.  de  Lorme  n'a  besoin  de  rion  om- 
prunter.  II  trouve  tout  chez  soi ;  il  ressemble  a  la  vertu  qui 
est  dans  Claudien  ,  ylorieuxa  dc  .w  jirojH'CK  ric/uws.  Joseph 
Scaliger  a  nomme  quelque  part  tin  certain  glorioux  pedant 
(jni,  par  plusieurs  artilices ,  avoit  trouve  le  moyen  de  chan- 
ger la  couleur  noire  de  son  bonnet  en  rouge,  lr  chnrltitnn 
ilc  iii  nmr  d<-  /'ranee.  C'etoit  le  cardinal  Duperron  qu'il  enT 
tendoit  et  (jiti  a  jadis  ete  un  terrible  compagnon.  Mais  quo 
diroit  aujourd'hui  M.  de  Lorme  de  voir  dans  le  temple  de  la 
fortune  taut  de  gens  etourdis  de  leurs  grandes  (jualites  et  qui 
meritent  une  belle  niche  <lans  le  litre  des  Meffn/tnrjihosi's 
d'Apulee  ,  etant  de  la  confrerie  de  ces  gens  quo  le  baron  de 
Keneste  a  ingenieusement  nommes  .\ncx  d'nr  '.' 

J'ai  autrefois  ramasse  bien  des  memoires  pour  fa  ire  des 
rloges  latins  des  Francois  illustres  en  sciences,  it  limitation 
de  M.  Scevole  de  Sainte-Marthe ,  it  quoi  je  pourrois  tra- 
vailler  1'hiver  prochain  pendant  les  soirees  ;  mais  le  nombre 
des  malades  me  fait  pour  ,  c'est  ce  qui  fail  que  je  n'ose  le 
promettreabsolument.  Vous  m'obligerex  dedemandera  M.  dc 
Lorme  s'il  voudroit  bien  m'envoyer  (juehjues  memoires  do 
leu  M.  son  pore  ,  qiie  je  sais  bien  avoir  ete  un  grand  person- 
uage  et  duquel  je  sais  (juehjue  chose  de  bon  <jue  j'y  moltrai 
hardiment  touchant  la  maladio  de  Mario  do  Mt'dicis,  dans 
l;i{|iiolle  M.  du  Laurens  desapprouvoit  la  saijin«'0.  ti'ompepar 
HI.  ."."> 


54(5  I.ETTKES    DE    (-11    PATIN 

uu  passage  d'Hippoerate  qui  (lit  qu'il  ne  taut  pas  saigner  pen- 
dant  .  le  cours  tit;  venire  ,  fhicntc  a/ro,  Miitn/t  non  swiibis ,  el 
an  contraire  M.  do  Lorme  sontenoil  et  pressoit  la  saignee.  Sur 
eette  (littienlle  la  reine  fut  ramenee  a  Paris,  et  trois  des  no- 
tres  fin-en  t  rnandes  an  Louvre,  savoir,  MM.  Jean  Martin, 
Jean  Hautin  et  Simon  Pietre.  Ces  gens-la  n'etoient  ni  f'ourbes 
in  ignorants.  Us  ne  jouoient  point  de  finesse  ni  d'argent :  anssi 
n'avoient-ils  rien  achete.  Ces  trois  messiiMirs  f'urent  de  I'avis 
de  M.  de  Lorme  ,  que  M.  Martin  eonlirma  en  disant  qne  ce 
passage  d'Hippocrate  .  mat  entendu  ,  avoit  coupe  la  gorge  el 
coiite  la  vie  a  cinquante  mille  j)ersonnes.  La  reine-mere  f'ut 
saignee  et  guerie.  Elle  avoit  un  Hnx  de  venire  d'avoir  trop 
mange  d  abricots.  Elle  avoit  la  tievre  et  etoit  grosse.  Si  Dien 
me  fait  la  grace  d'en  venir  la  ,  je  ferai  mes  tilfxjcx  pins  beaux, 
pins  eurieux  ,  et  plus  historiques  que  ceux  de  M.  de  Sainle- 
Martlie  ,  anx(juels  ils  ne  cederont  qne  pom-  I'expi'ession.  Je 
n'y  mettrai  que  d'honneles  gens  et  dont  It;  merite  Cera  la  di- 
gnite.  Devinez  si  telles  gens  que  (inenaut  y  anront  place 
avec  le  fameux  el  f'nmenx  des  Fougerais  et  ses  consorts  (1). 
Je  snis  ,  etc 

De  Paris,  le  28  juillet  16(>5. 


LETTRK  DCLXXVIII.       A 

La  reine-mere  empire  ,  ex  udtmctu  do/o/r  d  in 
fi'bi't'..  On  dit  qu'elle  veut  revenir  bientot  an  Val-de-(lrace  , 
dans  le  faubourg  Saint  Jacques,  on  Ton  croit  (pi'ellc  vent 
monrir.  Elle  est  dans  nne  grande  resignation  a  la  volonti-  de 
Dien  ,  et  neanmoins  saint  Angnstin  a  dit  :  \/'inn  mil  tlrci/,/  . 
n/'i/in  t'H/f  })<jrtnrh(iri  ,  in'ino  mil  /nun 

On  vend  ici  la  nonvelle  bnlle  de  notre  saint  pere  le  pape  , 


A    K  \I.CO\K  I.  .">4: 

pour  laquelle  le  parlement  a  ete  assemble;  M.  Talon  a  ete 
oui,  qui  a  parle  foil  hardiment  ,  el  a  porte  I'all'aire  hien  loin, 
ensuite  de  (pioi,  pour  regler  1'att'aire,  arret  s'est  ensnivi ,  qui 
a  ordonne  que  la  bulle  sera  supprimee ,  et  (pie  deux  conseil- 
lers  de  la  cour  se  transporteront  en  Sorbonne  ,  oil  ils  t'eront 
enregistrer  cet  arret,  qui  detruit  la  pretend  tie  infaillibilite  du 
pape.  Je  ne  sais  a  quoi  songent  les  jesuites  de  reintier  si  mal 
a  propos,  et  si  fort  a  contre-tem|)s,  cette  |)ierre  de  scandule. 
Tout  le  monde  est  ici  contre  eux,  et  ineme  on  parle  d'y  reim- 
primer  et  d'y  vend  re  publiquement  le  livre  de  M.  Kdmond 
Kieber,  ancien  docteur  de  Sorbonne  et  syndic  de  la  Faculte, 
qui  a  ete  un  excellent  liomnie  que  j'ai  connu  autrefois,  et 
qui  mourut  environ  1'an  16.33  ,  age  de  pres  de  quatre-vingts 
ans.  Ce  livre  est  intitule  :  Ik>  KrclwinMica  ct  politicu  potestate. 
Ce  n'etoit  qii'iin  f'actum  in-(jiiarto  en  latin,  <jue  MM.  de 
I'Universite  preseriterent  aux  juges  1'an  IGll,  lors(jue  le^ 
jesuites  t'urent  deboutes  de  leur  re(iuete,  pi'etendant  ouvrir 
It-ur  college.  Isaac  Gasaubon  etoit  alors  a  Londres  <jiii,  ayant 
appris  cet  arret  contre  les  jesuites,  s'ecria  de  joie  :  .\  lhn»iu» 
1<I  factum  est. 

Le  p  ret  re  Gendron,  qui  traitoit  la  reine-mere,  est  toinbo 
tort  malade,  et  Test  encore.  On  a  fait  uue  ouverture  a  la 
mamelle  de  la  reine-mere  ,  pour  un  abces  (|ui  etoit  a  la  rna- 
melle  droite  ;  la  unit  suivante  elle  s'»;st  trouvee  si  mal,  qu'il 
t'allut  lui  donner  ii  ininuit  1'extrenie-onction;  le  lendemain, 
troisieme  d'aont,  le  bruit  counit  dans  Paris  cju'elle  etoit 
niorte,  ce  (jui  etoit  faux. 

Avez-vous  oui  [tarler  a  Lyon  d'tin  vieux  inedecin,  noiiinie 
M.  Pavilion  ,  qui  avoit  servi  sous  Henri  IV?  on  (lit  qu'il  eloit 
de  Lyon  et  qu'il  est  mort  a  Paris.  Je  n'ai  jamais  oui  parlerde 
lui  ;  pourtant  on  me  prie  de  in  'informer  de  lui:  je  vous  prie 
de  in'eu  apprendre  quelqtie  cliose. 

La  reine-mere  se  porte  uu  |»t-u  mieux  depuis  lOuverture 
de  son  abces,  diKjiiel  <»u  tire  beaucoup  de  boue;  niais  c'esl 
de  la  inainelle  dniile  .  el  IIDII  pas  la  uauclie  ,  ijin  est  ulcen't; 


.VIS 

tin  cancer  Kile  ;i  etc  soulagee  (I  nil  purgalif  iju Vile  a  pris  , 
COIIIIIK:  die  u  tonjours  beaucoup  mange,  je  crois  qu'elle  ne 
inaiHjue  pas  de  matiere  a  medicament  purgatif.  Pint  a  Dien 
qu'elle  guerisse  et  qu'elle  f'asse  diininuer  la  taille  et  les  im- 
pots  avant  que  de  mourir ,  que  Ic  cardinal  Mazarin  nous  a 
laisses !  Je  tiendrois  pour  saint  quiconque  rendra  ce  bon  ser- 
vice ii  la  France ,  laquelle  en  a  grand  besoin  ;  c'est  le  sonhait 
(|ue  je  f'ais  a  Dieu  pour  le  soulagement  dn  panvre  peuple,  et 
noj)  pas  ties  moines  qui  sont  Irop  riches  ,  ni  des  medeeins 
parini  lesquels  il  y  a  Irop  de  charlatans  et  de  gens  alteres  : 
Ot/tw  in  fjrcKcijtiti  vitiiuu  tti'tit. 

On  parle  ici  fort  du  proces  de  M.  (iuenegaut,  tresorier  de 
1'epargne.  La  peste  continue  nulement  a  Londres.  M.  le  nonce 
est  ici  fort  einpeche  pour  les  intrigues  ,  1'ambition  et  I'insatia 
bilite  des  bons  peres.  Je  vous  baise   ti'es   huniblement    le- 
mains,  et  suis  de  tout  nion  cu-ur  volre.  etc. 

I)'-  I'aris  ,  lo  \  aoul 


LKTTHK  IH:L\\I\. 

je  vous  envoie  la  reponse  qne  j'ai  laile  pour  .M.  de  Korine 
auquel  je  vous  prie  de,  la  lain;  rendre  avec  mes  tres  humbles 
recommandations  et  oll'res  de  services.  On  (lit  que  la  reme- 
inere  empire  tort ,  et  (ju'elle  a  fait  son  testament  que  le  roi 
nieme  a  signe.  On  dit  qu'autour  de  ses  mamelles  il  y  a  force 
glandules  douloureuses  :  S/'ni/i/i/i/<r  x/mf  ///*/><iini'  t/i'/ifi  finni- 
/ ////•(•>• ,  ('./'  ijitilniK  n'int  ri r<''i  iiiininii  10 12  nhux^i-  >////////•  i'/nx  tttti- 
it>r,  i'<'iiiii<i  1 1  i^punitf .  Les  maladies  de  tels  princes  me  seiiiblenl 
etre  for!  remar(jual)les  Philippe  II ,  sou  aieul ,  moiirut  /n'lln-/,- 
l/iri  mo/  l>n ;  voyex  ce  qif  en  a  dil  It;  presidenl  de  Thou  ,  dans  son 
llixtnriii  sin'  Tr/ii/xi/'/x ,  I'an  I.")'JS.  llerode  niourul  de  ce  menu1 
mat,  c'est  pourquoi  il  a  ete  nomine  dans  les  Actes  des  apolres 

lx',»/y,  .•.ov^-.iro;  .    "    rcrinilin<  /vv/.sv/V  i'l    /iff/l/filf/tri  ,  /till h I i'i us/    cnn- 


v    K\II:O\KI.  .Yf> 

fumjitiis.  Dominicus  Haudius  a  (lit  quo  c'eloil  la  inaladic  des 
lyrans,  au  inoins  est-ce  11110  marque d'une  horrible  corruption 
d'humeurs.  Coinmo  lo  premier  ue  convient  |>as  a  la  reine- 
mero  ,  et  qu'elle  a  toujours  ete  trop  bonne  ,  on  pout  dire 
qu'elle  ineiirt  du  second  ,  car  ello  nwugeoit  trop  et  se  pur- 
gooit  trop  pen  :  voila  les  deux  causes  do  sou  grand  inal,  dont 
on  dit  a  la  cour  qu'elle  inourra  bientot ;  elle  a  Ie  visage  fort 
extenue.  Commo  Valot-parloit  contiv  (londron  ,  M.  Ic  due 
d'Orleaus  se  init  en  colere  et  dit  de  rudes  paroles  a  ret  ar- 
eliiatre  ,  ei/jue  ilixit  rcrlm  pi-n'lc.i^ntn ;  Ie  roi  iiirine  en  a  te- 
inoi^ue  du  niecontentenient.  I, a  loine-mere  a  une  iioiivelle 
tunieur  dans  son  epaule  gauche  ,  (|iii  est  !<•  cote  du  cancer  : 
Ions  ces  symptomos  sont  appeles  dans  Hippocrate,  fyn-.-i.'it.fj 
-'•^  Evflv-wv  •/.*•/.'.>;  E/OVTMV.  On  lit  liier  an  f.ouvre  niii'  coii>n!ta- 
tion  des  rabbins  de  la  coin1  sin1  les  ('HVes  ipie  (aisui!  un 
paysan  pour  la  yiH-rison  de  la  reine.  inais  il  f'ut  rei'iisi'-;  il  s'y 
presenta  pareillenient  un  nioine,  qui  fnl  anssi  rejeti'v  On  dit 
aussi  <pie  la  reiue-niere  a  line  pustule  nialijrue  a  la  janibe. 
gauche.  Le  roi  adit  ipie  si  la  reiue-inen!  niouroit  il  sortiroif 
di;  Paris  «;t  feroit  un  voyage  jus(pi'aux  froiitieres  de  son 
royauine.  -Ie  viens  de  parlor  au  cure  de  Saint-dermam  ,  qui 
a  vu  la  reine-inere  ci,1  matin  ;  il  (lit  ipTelle  se  porto  niieux  el 
(pi'elle  n'est  pas  si  inal  quo  diseut  cetix  tpii  ne  I'ont  pas  vue. 
!•'<!,,  it. 

On  dit  (pie  M.  dt!  Vendome  se  ineiirt.  Mon  lilsaint'  viont  dr 
partir  pour  Bourbon  avoe  une  malade  dequalite;  s'il  pent 
sen  ecliapper  pour  quelques  jours ,  il  ira  a  Lyuii  pour  vous  v 
saluer  avec  M.  de  Lornie  et  nos  autres  bons  amis.  On  tient 
pour  certain  (pie  les  tresoriers  de  France  seront  supprimes  , 
el  on  mo  vient  do  dire  plaisamniont  rpie  M.  ('olher!  Ie  vent 
tlevonir,  mais  <pi'il  vent  1'etro  tout  seul. 

II  ne  tiendra  tpi'au  roi,  qui  en  est  Ie  niaitic.  Je  vou>  bai>e 
Ires  lunnblement  les  mains ,  et  sui>  de  toule  umn  ame 
volre.  etc. 

DC  Paris,  lo  IS  'out  HXi.'). 


000  IKllKt>    Dt    (.1  I    1'AHN 

LETTKE  DCLXXX.  -  Au  memc. 

Je  vous  envoyai  bier,  ee  26  aoiit ,  une  grande  lettre  avec 
\* Histoire  dc  I'l  nin-rxitr  (!<•  /•*"/•/>•,  par  M.  du  Boulai ,  et  une 
autre  lettre  pour  M.  Spoil. 

On  ne  parle  iei  que  du  massacre  de  M  Tardieu,  lieutenant 
criminel  ,  et  de  sa  femme.  Les  deux  assassins  out  ete  pris  in- 
continent:  le  pai  lenient  leur  fait  leur  proces.  Us  sont  deux 
freres  natifs  d'Angers,  nomnies  Touchet.  Je  crois  que  ce  sont 
deux  diables  incarnes  ;  on  esperequ'ds  seront  domain  juges. 
Tout  It;  peuple  va  comme  en  procession  a  1'eglise  Saint-Bar- 
thelemy  y  prier  Dieu  pour  fame  tie  ce  malheureux  lieutenant 
criminel  etde  sa  miser. ble  femme,  laquelle  etoit  si  euorme- 
ment  avare,  qu'elle  n'avoit  ui  valet,  ui  eocher,  ni  servante  , 
(ju'elle  aimoit  mieux  se  servir  elle-meme  pour  epargner  son 
pain  :  c'est  un  exemple  qui  n  a  pas  de  comparaison.  Mais 
Dieu  sail  combien  elle  y  a  gague,  /><'</oii<t'  cni>i<lit<i*  omnium 
utnloriim  i-fiflf.L-  (IV  Les  deux  assassins  out  ete  roues  tout  vifs 
aujourd'luii  ausoir,  ce  jeudi  27  aout,  sur  le  Pont-Neuf,  devaut 
lecheval  de  bron/e.  II  y  avoit  lant  de  monde,  que  je  n'ai  pu 
en  approcher.  A  neuf  heui'esdu  soir,  ilsont  eteetrangles.  On 
fait  des  commentaires  sur  ce  que  MM.  du  parlement  ne  les 
out  pas  coiulamnes  a  la  question  ,  et  ;i  faire  amende  honora- 
ble. Le  grandeur  de  leur  crime,  dit-on  ,  meritoit  cela.  Tuer 

i'l)  Cette  catastrophe  est  ,  comme  on  sait  .  un  episode  de  la  cruelle 
satire  de  Boileau  contre  les  femrnes.  Certes  il  avail  beau  jeu  pour 
par!er  de  la  femme  avare  ,  aussi  en  fait-il  une  affreuse  peinture .  et  qui  ne 
parait  poinl  exajjoree  par  ce  cju'en  (lit  iei  (iiii  I'atin.  l/liomme  et  la 
femme  ctaient  digues  Tun  de  1'aulre  ,  jnsqu'a  ce  que 

lies  vnlcnr.s  i)ii:  die/  cn\   jiifin-.  .1  '(".|)ci  .line  cntrcrtTi!  , 
Oc  i-cilc  !ri-.!c  vie  cutin   Ic-.  dclivrcrcnl   : 
Diync  cl   tiinoslc  fVnil   <lii  lupiid   Ic  j)lus  jill'ti -i.\ 
l>ont  l'li\  men  iiir  j;iin;iis  HIM  deux  inaihcuri'iix. 

R.r. 


i    K  .\LLo.\fcr.  •'».')  I 

mi  magistral  tel  que  eelui-la  est  un  crime  de  lese-majeste  au 
second  chef. 

On  fait  count1  le  bruit  que  la  reine  mere  se  porte  rnienx  , 
niais  j'en  doute;  cai1  die  toussoit  si  fort  avant-hier,  quo 
.MM.  Ics  rabbins  (j'ai  pen  so.  dire/'oAi/w,  mais  ils  no  sont  point 
moutons  ,  ni.fi  >•/«/  rv/Tcrra  di'durnti }  fmvnt  obliges  de  lui 
doiiiierde  1'opium,  dont  ellese  trouva  fort  mal  ;  on  ditqu'elle 
a  jure  de  n  en  prendre  jamais. 

On  parle  ici  de  la  maladie  du  roi  d'Kspagne  et  de  la  mort 
du  due  de  Mantoue,  de  la  peste d'Angleterre ,  de  1'armee  des 
Hollandois,  de  1'eveque  deMnnster,  deM.  le  due  de  Beaufort. 
On  avoit  signifie  les  taxes  bien  bautes  aquelques  particuliers 
i|iii  se  sont  sauves  et  retires  en  Angleterre  et  aillenrs.  Cela 
fait  (jue  1'onespere  de  la  moderation  .  et  memo  <|iie  la  cliarn- 
bre  de  justice  pourra  linir  en  favour  des  partisans  qui  seront 
plus  doucement  trades,  c'est  a-dire  que  Ton  les  quittera  a 
meilleur  marchc. 

l^e  roi  donne  ii  M.  le  due  dOrleans  le  ^onvernement  de 
Languedoc  ,  et  celui  de  (inyenne  pom1  recompense  a  M.  le 
prince  de  (>onti.  On  j)arle  des  grands  jours  auxqnels  pi'esi- 
dera  M.  le  president  de  Novion  avec  dix-huit  (;onseillers 
<|u'on  lui  adjoint.  M.  de  Vendome  est  mort  cette  unit  de  la 
retention  d'urine  ;  entin  le  pape  a  vide  et  pisse  beaucoup  do 
pus.  II  me  seinble  que  c'est  un  ulcere  dans  le  rein  ,  />•/</ 
/it</'/s  s//j>/tri'ss/o  a  mic  til  I'i's/fii  (/n/nn's  rn-f  titrocisninttts ,  ft 
inj'i-rf  //is/  r/'sirtf  (iisfujsitinin'in  iiiflfi/itninfot'ifnti.  J'ai  <piel(|iie- 
fois  vu  ce  nial-la  ;  feu  M.  Hiolan  on  mourut  ,  et  nos  anciens 
auteurs  Tout  decrit.  \e  pense/.-voiis  pas  <pie  c  out  i'te  un 
grand  avantage  a  la  cliretiente?  Si  ce  pape  IVit  mort  .  ii  m 
fut  arrive  du  bien  a  quelqu Un  .  et  principalement  a  son  suc- 
cesseur,  (]iii.  pour  en  teinoigner  line  rejoilissance  universolle, 
nous  cut  doniK'  un  jubilr;  mais  n'importe  .  s'il  nc  vicnt  bien- 
h'tt  .  je  tacberai  de  m'en  consoler :  s'il  n'est  mort  a  ce  coup  . 
ce  sera  une  antic  lots.  //  in  ml  Inn- si'iii<'l  unfits  fa*  ,  nt  wini-! 
i/nu'liil HI' .  >'f  Innili'ni  iiiriiuiu  Inrinn  ri'lllHflllil  nllrri  ,  ifill  /•///•//•// 


.'>.VJ  U-ITUKS    I'K    M!    I'AI'I> 

Inrinii  cjitfi  (ircijiii't  I'inn  /il'ftftti  .    ct  lit(nr«'t   (n/tm.<  in  i/'ii/din  //>' 

fin>t/f)tiK  .W/v//w/V.  Je  salno  de  tout  inon  c<rur  M.  de  Lonne, 
et  serai  toute  nia  vie  votre ,  etc. 
|)e  Paris,  Ic  \  seplembrc  16fi5. 


LETTKE  DCIAXXI.  - 

Kiilin  ccs  IMM.  les  archiatres  ont  chasse  le  prelro  Gendrou 

d'aupres  do  la  reiiie-im:re,  el  y  (,nt  fait  ontrer  M.  Alliot , 
inetleciiide  Bar-le-Duc.Ceux  tie  la  cour  disentqu'elle  amende 
Ions  les jours;  je  prieDieu  (ju'elle  en  ^nerisse.  On  dit  (ju'elle 
ira  bientot  avec  le  roi  et  toute  laconr  au  boisde  Vincennes. 

On  a  fait  nn  grand  service  dans  Saint-Barthelemy  pour  feu 
M.  le  lieutenant  criminel  et  sa  femnie;  mais  si  elle  n'avoit 
point  d'ame  ,  qne  deviendront  ces  prieres?  car  pour  les 
cier^es  ,  ils  sont  brules  et  consiinu's. 

.!'appremls  (ce  10  septenibre )  quo  volre  M.  de  Kliodes  a 
perdu  son  proces;  qu'il  a  etc  ici  malade,  et  qn'il  s'en  e  -t  re- 
tourne.  Jeluifisquelques  difficulties  sur  le  testament  (|ui  etoit 
en  question  ;  mais  comme  il  se  emit  fort  habile  liomme,  il  me 
dittprinfailliblement  il  legagneroit.Vous  le  voye/:  vous-nH'-nie. 
lesjugesout  en  cecas,  comme  en  plnsieurs,  des  regies,  et  I'u- 
sage  est  plus  certain  quele  caprice  d'un  homme(|iii  plaide,  et 
qui  vent  gagner  JXT  pi*  ff  ncfttn.  I'rene/,  la  peinedevous souve- 
nir d'un  beau  passage  qui  est  dans  Cnn>.  f'c/stt* ,  I  Hi.  S,  /•(///.  iv, 
ct  vonsv  verre/  votre  jeune  docteur,  LIT'UI  /nt/cni/i,  ifnin  ni'/til 
liubcnt  .  niliil  tiln  detwhunt. 

Knlin  j'ai  pris  anjourd'hui  mes  vacances ,  et  j'ai  congedii' 
meseeoliers  parun  adieu  qui  les  a  fait  pleurer.  J'en  ai  pense 
pleurer  aussi  ,  mais  j'ai  ci'-ans  bien  pis  (|iie  mes  lectms  ct  la 
peine  d'aller  an  Coll/'ge  royal,  j'ai  ceans  les  macoiis,  ijiii 
in'ont  tail  remuer  la  me.itie  de  nioii  etude,  ct  nter  plus  dc 
(i, ()()(»  volumes  de  leur  |>laee  pour  les  laisser  Iravailler  a  mi 
gros  mur  mitoyen  (ju'il  Taut  rel'aire.  qui  est  eutre  M.  le  pre- 


\    l\l.i"\M  .).)  > 

sident  .Mi run  et  nioi.  J 'etuis  asse/  bicu  >an>  <•»•  malheur  qui 
m'est  sni'venu  ;  niais  il  f'aut  <|iie  Lucrccc  devienne  prophetu, 
puisqu'il  a  (lit  : 

inedio  dc  I  unit'  Itfiui  <(in 

Sitfi/il  tinitiri  illiquid  i/Hod  in  ipxis  futtcibus  ainjul. 

Par  commandement  tin  roi ,  MM.  de  Sorbonup  examinent 
tort  serieusement  la  derniere  bulle  du  papr.  II  y  en  a  qui 
diseiil  <jue  Ic  pape  la  desavoue  .  ct  tpu:  cettt*  hullc  a  etc  lain  i- 
(|iit'e  a  Paris  par  les  jesuiles,  ct  supposes  par  M.  Ic  nonce. 
tit:  frnudibiis  fin/'  «<(  ustru:  pnliticn  i'sf  nrs ,  nun  (am  rt'ywtdi  , 
qimm  fal/endi  lnnnin<.'x.  I^os  plus  iins  inenent  los  an  Ires  par 
le  nez  en  ce  inonde ,  et  Ic  (liable  les  rc.tient  en  1'aulro  pour  cc 
qn'ils  valent. 

l.a  rcine-incrc  n'est  pas  conlente  (pi'on  hii  ait  (Me  (icndroii ; 
olle  ne  vt;ut  puint  voir  Alliol;  il  nc  la  louche  point  ,  c'e.sl 
Bertram!,  sun  cliinnpen  ,  ipii  la  pause,  par  Ic  consoil 
ponrtant  dc  ce  M.  Alliot  ,  niiindnx  ninn/s  fiictf /inffrfnnfnnt.  .le 
baise  les  mains  a  M.  dc  Lorme.  et  jc  suis  dc  lout  inon  ciciir 
votre ,  etc. 

De  l'ari>.  Ic  It  >oplemlu-c  U'i»M. 


LKTTKK  DCIAXXH.          I 

.le  viens  de  rccevoir  votrc  lettrc  du  -i  septembre  avec  c,clle 
dc  I'incuinparable  M.  de  Lorme  Jc  Ini  baise  tees  huinbU.'ineni 
les  mains  t:t  n'oM-rai  lui  ecrire  doreiiavant  Jc  dois  epar- 
yner  a  un  lionnne  de  son  a^e  la  peine  tju'il  prcml  dc  me 
laii'c  rcponse.  Mais  pour  repondre  ace  ipie  vous  me  mandex. . 
je  vous  dirai  <pie  liolduc,  capucin,  a  cent,  aussi  bien  <pie 
Pineda,  jesnitc  cspa^nol ,  ipie  Job  avoit  la  verole.  Je  croiroi> 
volontiers  quc  David  el  Salomon  I'avoient  aussi  I  .  Je  connois 
I'ortce  /todci-i'-K*  fusfi •< •//>•/>-,  d  j'ai  vn  tout  cc  ipi'il  a  I'uit,  comme 

1    I'J  Mir  ijiifllos  prcuu1-  poinail-il  loiulcr  re  lie  siiipulicre  rro  \anre  ' 

\\.  \\ 


.').')  i  I  KITKK>    1)K    i 

aussi  Pineda,  qui  etoit  1111  horn  me  hardi  et  enjoue,  inais  fort 
savant.  Ces  grands  homines  donnent  quelquefois  carriere  a 
leur  esprit,  et  s'echappent  quelquefois  trop.  Dans  Hippocrate, 
au  IV  des  Epidemics  et  a  la  lin  du  l'r  livre  des  Pronostics  ,  el 
dans  Galien,  se  voient  des  bubons,  ulceres  veneriens  et  la 
{•onorrhee.  Mnrbus  rmnjMims ,  dans  Horace,  est  la  verole.  Kile 
se  trouve  aussi  dans  Catulle,  dans  Juvenal  et  dans  Apulee; 
on  (lit  meme  (ju'elle  est  dans  Herodote  et  dans  Xenophon. 
M.  Gassendi  m'a  dit  que  la  lepre ,  dans  la  Bible,  etoit  la  ve- 
role.  Luis  rt'/ww  <:<iux«.  cst  sc<i'/-fnfto  (/if/its ,  catja,  ^I'mni^cno 
ntqm\  tails  acurfcfio  f*f  oh  oinni  <t'cu.  Ce  serpent  de  laGenese, 
disoit  un  liberlin  ,  (itoit  quelquejeune  dameret  qni  donna  la 
verole  a  Eve,  et  voila  IB  peche  originel  de  DOS  nioines  ,  ce  nous 
disoit  M.  de  Malherbe.  Au  nioins  est-ce  chose  certaine,  (jue  la 
j»rosse  verole  etoit  fort  bien  connue  dans  I'Enrope  devant  (|iie 
(Charles  V1I1  allat  a  la  conquete  du  royaume  de  Naples.  7a- 
cutus  en  a  fait  quelque  part  une  conlroverse,  et  aussi  un  sa- 
vant Italien,  nomme  Fnltins  I'ticlus.  II  y  a  un  I'Hrunius  fort 
rufiorinn  ,  oil  Ton  voit  plusieurs  coinmentateurs  (jui  out  tons 
crn  (jne  celte  maladie  avoit  ete  connue  par  les  anciens.  Feu 
MM.  Pietre,  Hiolan  et  Moreau  t'toitMit  dans  le  nu?me  senti- 
ment ,  aussi  bien  qu'Andre  du  Chcmin  ,  (|iii  mourut  a 
Bruxelles,en  1033,  pres  de  la  reine-mere,  et  cjuictoit  un 
honnete  h;jimne  fort  savant,  <|iii  alloit  du  pair  avec  M.  .Nico- 
las Pietre  (l).  Adieu.  ,le  suis,  etc. 
DC  Paris,  le  18  septembre  16(55. 

(I)  C.etlo  grande  ([iicstion  dc  Pori^iru-  do  la  maladic  venerienne  a  olc 
dcpuis  (iui  Patin  souvonl  reprise  el  diseutee,  mais  elle  esl  reM^e  sans 
solution  definitive,  adhnc  sub  judicc  lis  esl.  Eutre  autres  ouvragcs  ,  on 
pent  consnller  le  savant  traite  de  J.  Aslrnc,  de  morbis  vanereis,  I'aiisiis, 
1740,  in-4°.  2  vol.,  Iraduit  en  fVancais  par  A.-F.  Jault  .  nonvelle  edition  , 
a\ec  de>  notes  par  A.  Louis,  Paris,  1777,  \  vol.  in-1'2.  ~  A.-.N.-H. 
Sanchez,  Dissertation  sitr  l'ori<jine  do  la  inaladie  venerienne,  Paris, 
17o2,  in-12.  -  Examen  liistnririiie,  stir  I'apparition  de  lit  infiladievene- 
ricnncun  Europe  ,  I.ishonne,  I77i,  in-12.  A.-J.-I-.  Jourdan  ,  Traite 
<-<nni>lct  de  la  maladie,  venerienne^  Pari<  ,  182(>,  2  vol.  in-8".  R.  I*. 


*     I  AI.I.O.NKl. 

LETTKK  DCLXXXIII.  -     .1 

On  a  joue  depuis  pen  a  Versailles  une  comedie  des  mede- 
cins  de  la  coin1,  oil  ils  out  ete  traites  en  ridicule  devant  le 
roi ,  qui  en  a  bien  ri.  On  y  met  en  premier  chef  les  cinq 
premiers  medecins,  et  par-dessus  le  marche  notre  maitre  Elie 
Beda,  autrement  le  sieur  des  Fougerais ,  qui  est  un  grand 
homme  de  probite  et  fort  digne  de  louange ,  si  Ton  croit  ce 
qu'il  en  voudroit  persuader. 

Je  vous  envoie  un  extrait  imprime  des  registres  de  Sor- 
bonne  ,  que  je  vous  prie  de  donner  a  M.  Spun  ,  par  lequel  il 
verra  comment  nos  bons  docteurs  croient  an  purgatoire  ,  et  je 
prieDieu  queeela  serve  a  sa conversion  et  au  salutdeson  ame. 

On  parle  fort  ici  d'un  seigneur  piemontois  ,  nomine  le  mar- 
quis de  Kleury,  qui  a  ete  surpi  is  eouche  avec  une  maitresse 
du  due  deSavoie,  qui  I'a  fait  mettre  dans  un  carhot.  Le  roi 
a  fail  inenaeer  la  duchesse  de  Mantoue  d'une  armee  de 
/i(),000  hommes  ,  si  elle  mettoit  la  citadellede  (^a/al  cntre  les 
mains  des  Espagnols  ,  couimeon  lecraignoit.  Adieu. 

De  Paris,  le  -22  scpteuibrc  1665. 


LKTTHE  DCLXXXIV.   -     .lw  mnne. 

On  a  tue  iei  un  jeune  homme,  lils  d'un  president  de  (ire- 
noble,  nomine  Lescot ;  eelui  (jui  la  tue  est  en  prison. 

Le  premier  medeein  du  roi  d(>  Hanemark  .  nomine  Simeon 
Pauli  ,  (jiii  a  ci-devanf  fait  imprimer  divers  traites.  m'a 
mande  (|ii'il  fait  impi'imer  un  livre.  </r  !////>•«  tnlmri ,  ipi'il 
ma  di'dit' ;  je  le  rec'.'vrai  bientot.  Son  lils  eluit  ici  Ian 
passe  nn  de  mes  aiiditeurs ;  e  est  un  ellet  de  pure  ainitie, 
de  gratitude,  et ,  eonnne  disent  les  Italiens  .  de  gentillesse. 
II  me  eroit  ineilleur  (|iie  je  ne  Miis.  taut  sun  tils  lui  a  (lit  dn 
hii'ii  de  llioi 

La  Sorlxiniie  ot  aiijinird'lnii  foil  reiinie ,  el  Ions  lr>  >iijc|- 


,V)6  I.I.  ITU1'>    I)K    i 

loyolitiques  y  soul  tort  abaisses.  Les  janseuisles  y  romouti-nl 
MIC  lour  bete,  et  les  jesuites  on  sont  ibrt  eloignos;  la  coin-  y 
lieut  la  main,  et  ponsse  con  Ire  la  protondue  iufaillibilito  (In 
pape,  qui  n'ost  pas  anjoiml'hni  en  ctat  do  so  relevor  <lo  ootto 
attaque  eoulre  trois  puissances  ad  versa  ires,  (jui  soul  le  mi,  lo 
j)arlement  et  la  Sorbonne. 

Le  rui  parle  d'une  annee  de  l.VOOO  homines  de  pied  ot  do 
10,000  chevaux  ,  qu'il  vu  approter  pour  s'opposer  a  eenx  qui 
se  remnent.  On  anginonto  ciuuine  regiment  d'un  tiers,  c'est 
ce  qui  fait  sonpcomier  la  guerre  tout  de  bon. 

On.  dit  (]tie  la  these  de  Sorbonne,  laquelle  a  excite  cello 
(piestion  du  purgatoire ,  out  infaillibleinent  ete  consureo  a 
Home,  si  MM.  du  clerge  lie  1'eussent  approuvee,  comme  ils 
out  fait,  en  recevant  favorablement  la  benigne  interpretation 
qu'on  lui  a  donne'e,  telle  qne  YOLIS  verre/  par  I'imprime  que 
jo  vons  envoie.  II  y  aura  bientot  en  Sorbonne  une  graude  as- 
seinbloe,  dans  laquelle  on  deliberera  de  fa  ire  un  uouveau 
syndic,  on  de  eoutinuer  cclui  d'aujourd'hui,  (jui  est  M.  de 
Breda,  cure  de  Saiut-Andre-des-Arts;  on  verm  la  (jiiel  credit 
do  resle  y  a  LI  rout  les  rove-rends  pores  jesiiitos.  Le  roi  ost  al- 
Icnduce  soirdu  relonr  de  son  voyage;  dans  pen  il  s'ou  vaan 
bois  de  Vinoonnes  jus<ju'a  la  Toussaint.  Le  dessoin  ost  d'y 
inener  la  i-oiue-iuoro,  laquelle  a  souvenl  de  mauvaises  units 
ol  dos  songes  faclieux.  C/est  uu  beau  petit  traile  (]iie  celni 
(jii'ltippocrato  a  fait  dos  songes;  vous  y  trouvere/  ee  (juo  jo 
jionso,  ot  (]ue  jo  n'oso  vous  eerire.  On  a  nettoyo  les  fosses  du 
chateau  a  ce  desseiu. 

On  joue  preseulemenl  a  1'hotel  do  Bourgogno  l'A)ii<>/n- 
iiKihuli' ;  tout  Paris  y  va  en  foule  pour  voir  representer  los  mo- 
decins  do  la  cour ,  et  principaleinent  Ksj»ritet  (luenaut ,  avec 
dos  inasquos  fails  tout  o.xpres  ;  on  ya  ajouti-  dos  Kougo- 
r.iis,  olo.  Ainsi  on  so  UKMJUO  do  coux  (jui  tuent  le  nionde  im- 
punemeut  ( l). 


\    i  Al.c.oXKI.  .'»;>7 

Si  vous  savii'/  en  quel  eta!  je  sui>,  vous  auric/,  sails  doute  pi- 
lit?  demoi.  J'ai  ccans  des  mucous  qui  in  'out  fait  tanlot  remucr 
toute  inoii  ('tude;  il  n'y  a  presque  que  les  livres  de  inedecine 
anxquels  il  n'a  point  etc  brsoin  de  toucher;  mais  je  ne  sais 
ce  (jui  en  sera  a  I'avcnir.  Je  me  console  des  plaintes  (jue  fait 
Joseph  Scaliger  dans  sesEpitres,  lorsqu'il  se  plaint  des  impri- 
ineiirs  (|ui  travailloient  a  son  Kusebe.  Je  vous  baise  les  mains, 
et  suis  de  loute  moil  ame  votre,  etc. 

Do  i'aris.  Io2)  septembro  1(J(»i>. 


LKTTRK  DCLXXXV.  —  .\n  mtmp. 

Mon  lils  aine  est  revenu  de  Bourbon,  Dien  nierci.  Je  vous 
rends  j;ra(!es  de  I  amitie  que  vous  a  vex.  pour  nous  ,  et  de  la 
cliambre  que  vous  lui  aviex.  tail  prcparer,  s'il  avoit  pu  aller 
ii  I,  yon.  Votre  coniplimenl  el  volre  courloisie  me  font 


•lio-ltallt-l  ,  (lonnee  t'n  KMio.  Kst-il  l>esoin  de  rappclor  <|iif  sous  les  iiotns 
j-.recs  de  Tomes  ,  Uesfonandres  ,  Macroton  et  Ilahis  ,  Moliere  lourne  en 
ridicule  qnatre  nicdecins  tie  la  cour,  des  Koiifferais  ,  I'.sprit  ,  (iiienaiit 
fl  Daquiii  .J(_)Vsl  lioilean  (jui  eomposa.  dil-on,  el  adapla  les  uoius  !;rei>. 
niiirquant  le  caractere  de  cliacuii  de  ces  uiedecin^.  II  doitiie  a  des  l-'ou- 
j'.crais  lenomde  Desioiiandres  ,  qui  si^uilie  Incur  d'l,oinines  :  a  Ksprit, 
qui  brcdouillait,  oelui  de  Ualiis,  qui  siguifiejo/^Kmt,  alimj/int  ,•  Macro- 
ton  ful  le  nom  qu'il  donna  a  (iiienaiit  pare*1  qu'il  parlail  foil  lenle- 
inent  ;  enlin  celui  de  'I'omes.  (jui  si^nitie  un  saiifttetir.  ii  Daquin  qui  ai- 
inail  bcaucoup  la  s.uVnee.  (hi  ^()it  (|u<'  la  coinedie  toiichait  ici  de  Ires 
pre>  a  la  satire,  (ini  I'atin  >'en  r.-jonit  parce  qu'il  ne  s'aj;i>sait  (|iie  de> 
inedeoins  de  la  cour  ;  aurail-il  jiriise  de  incnie  lorsijue  peu  d'annees 
apres  parut  le  Muliule  tinaijinaire  ,  celle  allatjue  tlirecle  el  lonnelle 
fonlre  la  inedecine  ?  An  re>!c  ,  comme  je  I'ai  dil  aillenr>  .  il  e>t  cruel 
que  Molieio  ,  dedai  '.iiant  les  nicdecins,  ail  reluse  tie  crouc  an\  coii- 
>eiU  qii'iN  lui  dounaient,et  notaninienl  le  docleur  .Main  illain  son  ami  : 
1"  de  ne  point  quitter  I'tisa^e  du  lait  ;  •!"  de  ne  plus  jouer  la  coinedie  ; 
^5°  de  ne  pas  reprendre  sa  leinine,  celle  vlaii^eieu^e  coquette,  dre.-inde- 
Armaiide-Bejarl.  II  ne  Derail  |>a<  niorl  ;i  ciiu|uante  el  un  ans  ,  el  nou* 
aiirion-  en  de-  clier*-d''i'ii\re  di>  |>!il-.  I?.  I'. 


/>.">8  I.KTTKEs    UK    (.11    I'ATIV 

souvenir  de  ee  (jut1  mo  raoontoit  autrel'ois  leu  M  Nicolas 
Bourbon  ,  do  Bar-sur~Aube  ,  (jui  mourut  Tan  1(544  ,  lo  inline 
join  quo  lo  bon  pape  Urbain  VIII ,  age  de  septante-six  ans : 

e'etoit  un  liomnie  qui  savoit  tout ,  et  qui  otoit  d'un  admirablo 
eiitretien. 

II  me  disoit  done  (jn'lsaae  Casaubon  n'avoit  jamais  vu 
.losoph  Sealiger,  et  neanmoins  cos  deux  grands  hommes  s'en- 
tr'oerivoient  toutes  los  semaines.  Casaubon  out  plusienrs  fois 
envio  d'allor  on  Hollando  pour  y  ombrassor  son  bon  ami  , 
mais  il  arriva  toujours  quelque  chose  qui  rompeoha.  11  avoit 
mis  dans  une  bourse  do  velours  20:)  ecus  d'or  pour  fa  ire  son 
voyage.  Scaliger  le  desiroit  et  I'attendoit  fort,  mais  oe  voyage 
no  so  iit  point.  Jamais  cos  deux  bons  amis,  qui  etoient  les 
deux  premiers  horn  mesde  lour  temps,  nose  sont  vus.  Scaliger 
lui  mandoit  (pi'il  lui  avoit  fait  proparer  uno  belle  cbambre  : 
Tul  tuiHcn  cttiun  t'i'it  ni'hilrii  hi  mcdin  liijonc  ri'iilrr,  tjiinin  ln- 
cnlanto  foco  expuf/iittuHHUS ,  tjtii  niim/itum  dc.ficict  in  fiilncnln  , 
ijnod  tibi  udoniabo  :  quad  fini/cn  indttun,  jti'it'tcr  ti>,  ui'iiinni'iitntn 
liiiliebit.  Co  sont  les  termos  do  Scaliger  on  sos  opitros. 

M.  Nic.  Morin,  dont  vous  me  parlez,  est  doeteur  do  notre  Fa- 
ciiltodo  la  licence  demon  second  tilsCarolus.on  i6;Vi.  C'est  tin 
lionnote  liomme  bien  savant  ot  <pii  l)oit  volontiors  du  moilleur. 
M.  lo  prince  do,  Conti  me  ;;emblo  fort  dolicat ;  jamais  la  \io  do 
personne  no  m'onnuya,  mais  jo  n'aurois  jamais  cru  <|uo  oe 
prince  I'eutfaitesi  longuo.  C'ost  un  do  mosotoimomonts  parmi 
tant  d'incommodites  qu'il  supporto.  J'ai  vu  ioi  dos  liovros  or- 
ratifpios  ot  cmelques  (juartes,  mais  il  y  a  pen  do  malades.  (^e 
jeune  moderin  ,  (jui  a  ici  perdu  son  pwoos,  no  fora  jamais 
miracle;  il  a  sa  bonne  part  dans  la  .Wfftmoi'ji/Hjiif.'  <!<>  run'  il'nr 
d'Apulot!.  II  croit  avoir  bonne  miiu1,  mais  il  est  charge  de 
mauvaise  oouleur.  Je  saluo  I'incoinparablo  M.  doLoi'ino,  ot 
suis  toujours  votro  ,  etc. 

De  Paris,  lo  li  urlolnv  HMi">. 


\    FALCON  KT.  D.»9 

hKTTKK  OCIAXXVI.  -  -  AH  >„>•„,<: 

On  clit  quo  la  reine-mere  est  inieux,  et  qu'elle  a  muins  tie 
douleurs.  Mais  c'est  par  le  moyen  des  narcotiques  que  je  con- 
sidere  la  conime  des  veninsqui  etoulferonl  le  peu  cle  cbaleur 
(|ni  lui  reste  a  1111  age  si  avance.  Louis  Duret  en  a  fait  un  bon 
el  savant  chapitre  :  c'est  un  des  plus  tins  points  de  noire  pro- 
uostic.  II  ne  I'aut  pas  se  tier  a  eelte  bonace  (|iii  n'est  peut-elre 
pas  eloignee  de  la  tempete. 

J'ai  aujourd'bui  rencontre  un  nomine  M.  (irisi,qui  venoit 
de  Lyon,  et  (jui  in'a  fort  parle  de  vous  ,  que  vous  etie/  le  iiie- 
decin  de  31.  I'archtivetjue  et  de  son  conseil. 

il  in'a  aussi  parh'Mle  M.  Mo/e ,  1'apotljicaire  ,  qui  me  prise 
fort  ,  a  <.'e  qu'il  dit  ,  sur  (jiioi  je  lui  ai  repondn  <|ue  je  in  en 
etonnois,  vuqueje  n  avois  janiais  rien  fait  pour  me  fa  ire  es- 
tiiner  de  ces  MM.  lespharmaciens,  que  je  n'avois  janiais  or- 
donne  de  bezoar,  d'eaux  cordiales,  de  theriaijue  ni  tie  ini- 
thridate,  de  confection  d'hyacinthe  ni  d'alkernies,  de  poudre 
de  vipere  ni  de  vin  emetique,  de  perles  ni  de  pierres  pre- 
eieuses,  et  autres  telles  bagatelles  arabesques;  quejaimois 
les  petits  remedes  qui  n'etoient  ni  rares  ni  clitns,  et(|ue  je 
faisois  la  niedecine  le  plus  simplement qu'il  in'etoit  possible. 
Arlcin  prufiti'inur  sulu((U'o/i  <-f  bcnuficnin  ,  nun  i>i'd'dati'i<:i'>n  >'f 
loculwuni  cntuiH.'lr/ca/i .  Vous  entende/  tout  cela  inieux  (jue 
nioi.  Uuoi  (ju'il  en  soil,  les  apothicaires  de  deca  se  plaignent 
fort  et  out  raison  ;  ear  ils  ne  font  j^uere  de  choses  et  }>res(|iie 
rien;  mais  c'est  encore  plus  (ju'ils  ne  meriteiil  :  s/////  ///////  m- 
tjiutximi  wlmlont.'s  ft  tm'iHssinn  fiifrnnifs,  utiwri  iii'iii'/mni'it , 
si/rt/jitixfrt*  ?t  jnlti/iisffi' ,  eoninie  les  nomine  noire  Joannes 
(i uinterius  Andernaeus ,  qui  etoit  medeein  He  Paris  de  la  li- 
cence de  Kernel  (I I 

1  Joan  Gonthier  ,  ne  a  Andcrnach ,  dan-*  farchcvocjif  il«>  Colo^no. 
t-n  1487.  fill  MM  iiu'-decin  trc*  distingue  do  la  faciilto  dc  Paris  II  s'a- 
doiuia  tclleiiKMil  a  Panaloniic  ,  qiril  CM  tnl  rej-.ardf  romiw  !<•  r«"ilaiira- 


j()0  I.I:TTUK.S  DF.  <;n  i>\n\ 

II  moimit  iei  bier  un  des  e.onsoillers  do  la  cbambiv  de  jus- 
tice ,  nomme  M.  Heraut.  II  etoit  du  parlement  do  Itrelagne. 
I'/etoit  un  de  cetix  qui  opina  a  la  mort  eontre  M  Kouquet;  et 
rieanmoins  voilala  ohainbre  renversee,  it  est  mort  lui-meme, 
et  M.  Fouquet  est  plein  de  vie.  O'estce  (jii'a  dit  autretbis  Se- 
neque  ,  qu'il  y  a  eu  des  gens  qni  out  survecu  a  leur  bourreau. 
Vnlr. 

!>e  Tarts,  lo  13  oolobro  IfifJJi. 


I.KTTRK  DCLXXXVII.        .t//  mf-inc. 

M.  Anisson  est-il  encore  en  proces  pour  rette  inaison  des 
rhanips  (|u'il  a  aelietee  ,  ponr  laquelle  il  a  fait  deja  deux 
voyages  a  Paris?  Je  prie  Dieti  qu'il  en  sorte  a  son  profit  ,  et 
(|u'il  me  tienne  sa  parolt;  pour  des  rnanusmts  de  (iaspar 
Hofman  qu'il  m'a  proinis  d'iinpriiner  :  c'est  un  livretres  lion 
et  precieux  coinme  de  Tor 

M.  le  cardinal  Antoine,  grand  aunionier  de  France  .  est  a 
Home  ;  le  pape  y  esi  fort  inal  et  tout  cadnc.  !.e  chevalier  Her- 
nin  s'en  est  retourne  a  liome  cliarg*'1  des  lilx'-raliles  et  des 
bonnes  graces  du  roi. 

On  parle  encore  bien  Ibrt  dr  la  pi^ste  de  Loud  res  ,  qui  no 
s'apaise  point. 

J'ai  aujourd'liui  consulte  [tour  un  gentilboinine  nonnand  , 
qui  est  accable  de  quatro  lerribles  acc/idenls ,  lievre  quarto, 
bydropisie,  epilepsie  el  |)litbisie.  .It1  me  souviens  d'avoir  vu 

tt'iir  a  rUniversite  dc  1'aris.  (?cst  Ic  colebre  Winslow  i|ui  lui  <le- 
ccina  oc  litre  glorieux  ;  Primus  anatomx?  in  Academid  Pansiensi , 
restuitratoi',  Guinterius  Ande.rnacus  (tlitiso  1717).  An.  ex  analonn' 
subtiliori ,  Ars  meil.ca  cerlior '.'  .AHirin.  On  sail  (|iicl  inagnifiquc  os^or 
ct-s  progres  de  1'analoinie  donuercnl  a  la  chirurgic.  Goiithier,d'Au- 
dcrnacli  ,  comble  do  j'.Ioirc  cl  dMionnmrs,  niourut  le  \  octobre  li>74  . 
;l>'t»  d<*  tnalre  \  iii.',l--rl  ;in>-.  H.  I'. 


V    l-'M.»'.n.NKT.  ',(>| 

memo  chose  anlrel'ois  on  lino  antre  consultation  que  jo  Us 
avec  M.  Moroaii,  I'an  10-11,  pour  1111  I'roveiical  chevalier  de 
Malte.  Hippoerale  a  fait  mention  d'nno  rencontre  presque 
pareillo  en  ses  Conqnoi,  ou  Louis  Dnret  n'a  point  manque',  sui- 
vant  sa  coutnme,  d'en  la  ire  un  bon  eommentaire.  Vons,  1'ad- 
mirable  M.  de  Lorme  et  moi ,  nous  en  lerions  aisement  le  pro- 
nostic,  /»/x  gradibusitur  ad  requiem  sewpiternfnn.  Je  vons  liaise 
les  mains  ,  et  suis  de  tout  mon  ca'iir  votre  ,  <MC. 
|)c  I'nris ,  IP  24  oclobre 


LKTTRK  DCLXXXVIII.  -    .\n  „„'•„„'. 

Je  vous  ai  onvoye  liier  une  lettre  pour  votis  ,  nne  pom1  le 
revf'rend  pore  Compain  ,  et  nne  antre  pour  M.  Spon.  Notre 
M.  Piotre  so  porte  mienx  et  commence  it  sortir:  mais  vons 
save/,  que  ce  mal  est  periodique  et  (jn'il  revient  aisement  , 
meme  lorsjju'on  ne  I'attend  point ,  <-*t  fif/cr/n*  </rn(///fi/i.s  <-r 
ft/mil fti/'is:  il  n'esl  pas  le  premier  de  sa  race  qni  en  a  eteatla- 
qne.  ("estce  mal  pour  le(|uel  Jean  (>raton  I'aisoit  vu-n  ;i  Dieu, 
alin  (Ten  pouvoir  apprendre  la  vraie  cause,  c;t  le  remede  pa- 
reillement,  avant  (jue  de  mourir  (l).  Ilippocrate  en  a  tail  un 
li\Te  (ju'il  a  intitule  :  dc  .Vnrlin  xm:r». 

I  n  capitaine  du  regiment  ro\al  m'a  (lit  anjourd  Imi  vpi'ils 
n'attendent  cpie  I'lieure  dn  coinmandement  pour  partir  et 
s'en  aileron  Hollande  y  tronvor  les  autres  tro-upos,  maisqu'ils 
no  savont  si  on  ne  l<\s  enibanpiera  pas  pour  alter  a  leur  ren- 
de/.-voiis  destine.  On  ne  sail  point  ici  qnel  dessrin  a  cet  eve- 
qne  de  Minister  ;  mais  on  (lit  <pie  le  roi  d'Kspaiiiie  d'aiijour- 

V1  (le  Jean  Cratun  don)  Ic  noin  di-  laiiiill.-  rlait  (liallt.  tut  un  uic- 
(K'ciu  r.clebre  «lu  10' sieclo.  II  a  ocnl  IIM  j'.raiul  iHiinlirc  d'omra^c-J. 
II  nnmml  Iros  ;!;',('  en  l.'iSi).  I!  t.uil  le  diro  ,  --(Hi  clern'u'r  \<IMI  i\\\ 
pas  (Mo  cxauce  ;  I'ppilepsii1  <•*!  fin'on-  unc  tn.il.idic  inconniit*  (iaiix  ».i 
i'au«c  el  dans  MIII  rciiKMl,-.  It.  \\ 


;')(>•>  I.KTTUKS    OK    t.lM    I'ATIN 

d'liui  est  mi  petit  prince  iltiet  el  bien  delieal,  duquel  on 
n'oseroit  esperer  line  longut1  vie 

On  dit  que  ties  marchaiids  anglois  se  sunt  plaints  a  leur 
roi  conlre  nous,  inais  <|n'il  leur  a  repondu  qu'il  ne  vuuloit 
en  aucune  tacon  entrer  en  querelle  ni  en  guerre  avec  le 
notre. 

Le  pere  Labbe,  jesuite,  fait  ici  iinprimer  un  beau  recueil 
d'epitaplies  choisies ,  latin,  in-octavo;  et  M.  H.  Arnauld 
d'Andilly,  frere  de  1'eveque  d'Angers,  comrr/e  arssi  de  ce 
Ires  savant  doctour  de  Sorbonne  (jiie  les  jesuites  baissent 
taut ,  fait  ici  imprinter  sa  traduction  de  Flavins  Joseplie,  ///.-•- 
ioire  des  Juif's ,  ou  des  Antiyuitpsjudaiques.  iNous  verruns  ,  si 
Dieu  veut ,  comnieut  il  expliquera  le  passage  dc  C/n'isfo  ,  (|iii 
se  lit  an  cliapitre  l\r  du  dix-huitieme  livre,  (jue  tons  les 
savants  et  vrais  criticjues  assurent  y  avoir  ete  ajoute,  ct  tun- 
qwmi  ineptwu  ylossetntt ,  irrepsisse  in  taxtion ;  niaisil  y  a  long- 
temps,  il  laut  que  c'ait  ete  avant  le  temps  de  saint  ,ler6me, 
par  quelque  calard,  veritasmon  ctjct  i/icndncio.  Je  vous  baisc1 
les  mains,  et  suis  de  tout  mon  etieur  votre,  ete. 

De  Paris,  le  17  novembre  16(i5. 


LKTTKE  DCLXXXIX.  —  Ait  memc.f 

Voiei  une  nouvelle  nouveaute  :  un  lioimete  bomme  m'ace 
matin  apporte  un  present  de  la  part  de  1'auteur,  (|u'il  ne  m'a 
pas  encore  ose  nommer,  -2  demi-feuilles  de  papier  imprime 
sous  le  litre:  .\ont'cll<'x  .sw  les  sciences  pour  inerct'edi  JS  n<>- 
rnnb/'t;  1GG6,/^"/'  l>.  /'<•  !>•  A.VCC pricitt'ye  (In  /'<>/'.  II  n'a  parle 
lii-dedans  (jui1  des  cometes  et  du  lait.  Je  crois  <m'il  aenvie  de 
prendre  la  plac.edu  Journal  drx  S</c</n/x ,  <jui  a  elc  ari'elc  des 
le  troisieme  mois,  lanl  sur  les  plaintes  du  nonce  du  pape  el 
des  jesuites  que  par  les  conseipuences  que  quelques  uns 
tiroient  ,  de  ce  qu'ils  prenoient  le  cliemin  de  juyer  avec  Imp 


A    FAU.ONE1.  Ob.'i 

(It1  Miperbe  de  Uuil  ee  qui  paroL^oit  en  lunherr.  C'eloil  M.  de 
Sallo  ,  conseiller  au  parltment ,  quienaxoil  le  privilege ,  el 
qui  ,  a  crqu'on  (lit  ,  esprre  d  y  revemr  ft  dr  lane  lever  les 
defenses  de  coutinuer,  qui  lui  furent  siyniliees  des  le  inuisde 
mars  dernier.  En  ce  eas ,  nous  lie  manqueions  point  de  ya- 
/ette  de  toute  facon.  Voila  la  leeondile  i;es  r&pi  ila  <ie  France; 
plut  a  Uieu  que  1  on  aimal  autanl  la  probite  el  1'equite,  el 
(jue  1'on  lit  autant  d'etat  de  ('innocence  des  mu-urs  que  de 
cette  nouveaute  ,  de  laquelie  taut  de  yens  sonl  li  lands.  On  ne 
parle  plus  lantol  iei  que  de  nuuce(uit<:s  et  d  u/-ycn(  ,  \oila  les 
deux  charbons  qui  echaullent  aujourd  hui  ies  esprils  de  la 
plupart  dfs  homines  ,  uurua  mr  nunc  aun(  xccula.  Dieu  soil 
loui-  de  lout ! 

Les  Anylois,  coinine  les  plus  foibles,  qu'il  soil  vrai  ou  non, 
semblent  s'etre  retires  dans  ieurs  ports;  et  les  Hollandois , 
eoninif  les  plus  lorts  ,  font  mine  de  ne  rien  eraindre  ,  et  sont 
fort  pie.-  de  lalainise;  et  neanmoiiii>  on  croit  qu  ils  trailent 
ensemble  des  moyens  de  s  aceoider  ,  el  je  pense  que  ee  seroil 
bien  lait  pour  1'un  et  pour  1'autre  ,  sc/njji'i'  citim  fail  UHLTJ/S  et 
dubius  belli  tccidus. 

Je  viens  d'une  consultation  avec  un  medeein  qui  m'a  (lit 
savoir  de  bonne  part  que  la  reine- mere  empiie  fort,  et  que 
M.  Alliol  est  un  ell'ronte  charlatan,  bien  ignorant  el  bien  im- 
pudent. M.  Seyuin  n'y  a  yuere  de  credit  ;  Valot  et  Guenaut 
n  y  en  onl  yuere  davantaye,  nml<:  nad/unl  ujtitd  r>  <j> m  aultci 
is/ 1  uytji'tn'  et  cc/'stficllcs  iiicdieastri.  Les  prmcfb  sont  bien 
malheureux  d  elre  en  de  si  mauvaises  mains  ,  en1  tilit  terra, 
tn  ytiu  jj/'tnctjjes  ((tut  fuetlc  dectjjtttntu/',  et  in  <j(«'  media  tain 
I'tirdc  dentfjtunt ,  atij^tu:  dcctptunt  rttmit  ju'c/tripc*  ct/'/is. 

Le  parti  de  cent  di\  millions  e^t  tout  a-lail  ivyle  et  arrete, 
il  comnience  a  s'exeeuter  :  on  a  siymlie  plusieurs  taxes  a  (juel- 
ques  particuliers  depuis  trois jours,  et  on  ira  dorenavant  en 
continuant  jusqu'au  bout ,  a  ce  <jue  me  vient  de  dire  un  hon- 
nele  humnie,  el  un  dr  crux  qui  out  eulrepris  ce  parti ,  et  qui 


.MM  i. TURFS    DK    '.n    I'ATIN 

parle  do  traitor  rndoment  tons  coux  qui  scront  taxos  ,  et  au\- 
quels  on  fora  bien  trouver  do  I'argent  s'ils  ii'on  doiinonl. 

M.  do  Alarillao  ,  gondro  do  M.  do  Charnpigny,  (|iii  est  an- 
jourd'hui  votro  intendant ,  n'e>t  point  anx  grands  jours  d'Au- 
vergne;  il  ost  ioi,  on  il  fait  sa  charge  an  grand  conseil ,  memo 
durant  rabsonce  de  M.  Bailli,  son  eoinpagnon  d'of'lico,  (jiii 
a  <Ho  envoyo  on  Champagne,  a  son  abbayo  do  Saint-Thierry, 
pour  disgrace  lorsque  M.  Fouquet  fnt  juge. 

Je  vons  snpplio  d'assin'or  M.  do  Lormo  <jiio  jo  Ini  sonhaiti1 
une  belle  vioillosse  ,  avec  line  entiore  privation  do  tons  les 
symptomes  (jui  suivent  oidinaircinent  ce  grand  age  ,  et  qni 
out  fait  dire  a  Salomon,  iff  ex  isff  nun  />!<ict'/>f ,  et  au  bonliomme 
Plante,  undo  ini'i'.r ,  ma/n  /rftix.  Dieu  le  venille  bien  conservor 
longtemps. 

En  continuant  les  taxes  snr  los  gens  d'affaires ,  on  lours 
heritiers,  on  a  signifie  a  madame  do  la  Cour-des-Iiois  nno  taxo 
do  6, COO, 000;  son  niari  ost  tin  inaitre  des  refjuotes ,  (jui  a 
pour  snrnom  (ierard  ,  honnne  fort  riche,  Ills  du  procuronr- 
general  de  la  cliambro  dos  comptes.  Mais  co  n'est  point  tie  la 
([ue  viont  la  taxe,  c'est  do  Ion  M.  (iirardin,  Xonnand  ,  grand 
partisan  ,  qui  (Hoit  son  jd'cniici'  niari  ;  on  on  a  paivilleinenl 
signilio  uno  a  C.atelan  de  0, 000, 000  ,  et  nno  do  -2^,000,000 
pour  los  trois  tresoriors  do  i'opargno  ;  a  la  vonvt>  Bonrau 
,1,r)00,()00  livros.  Jo  crois  quo  Ton  on  iinprimera  la  lisle.  Jo 
vous  cnvo'u!  un  catalogue  nonvoau  do  nos  niodocins  ,  ijiii  ost 
a  la  nouvolle  mode,  \tile  i/xytte  nd  octiduwn,  <'t  itfinttm  nu'- 
lioi'u.  .lesuisdo  touto  inon  aine  votro,  etc. 

DC  Paris,  Ic  \'.\  novombro  1  (»(».'>. 


LKTTIIE  IHAC.  -     \nt 

IA  contiiiuo  do  vous  ooriro,  co  \4  noveinbro  .  on  attendant 
'il  nnu<  vicniic  qiioiquo  boinio  iumvollo  apros  (mil  dcnian- 


\    !•. \l.t.o.\K  !  .*)().*) 

vaises.  I'n  benelicicr  niilaiiois,  qui  a  quantite  de  reinedcs  en 
sou  esprit ,  s'est  presente  pour  guerir  la  reine-mere,  et  pour 
prendre  s'il  pent  la  place  de  M.  Alliot ,  qui  u'a  guere  de  credit 
a  la  cour ;  je  ue  sais  ce  qui  en  arrivera.  On  parle  de  trois  dues 
et  pairs  nouveaux,  savoir,  de  MM.  les  marecbaux  de  la  Ferte 
Senneterre,  du  Plessis  Praslin  et  d'Aumont.  On  dit  (pie  le  roi 
viendra  bientot  au  parlement  pour  t'aire  verifier  les  taxes  que 
1'on  signitieengrande  quantite  a  plusieurs  particuliers,  par- 
tisans on  heritiers  de  partisans,  et  aussi  pour  la  polette.  On  a 
signilie  une  taxe  de  1,600,000  livres  a  M.  du  I'lessis  (Juent'1- 
gaut.  11  est  secretaire  d'Etat;  il  a  repondu  qu'il  abandonne- 
roitsa  charge  pour  sa  taxe.  M.  Nicolas  Lambert ,  inaitre  des 
comptes(et  frere  aussi  bien  qu'lieritier  del'eu  M.  Jeau-Bapliste 
Lambert,  commis  a  1'epargne  sons  M.  Fienbet  ,  a  reen  deux 
taxes,  une  de  200,000  livres,  et  1'antre  de  1, ()()(), ooo.   II  a 
beritti  de  ^i,()00,000  de  son  I'rere  :  il  est  tils  de  la  su-ur  ain«'-e 
de  feu  M.  (iuillemeau  le  medecin.  M.  Longuer,  aujourd'luii 
grand  audiencier,  est  taxe  a  ^00, 000  livres ;  la  veuve  Gi  rani  in 
a  4,000,000.  I'ne  dame  m'a  dit  ce  matin ,  IS  Jiovembre  ,  qur 
Ton  comptoit  bier  pour  SI), 000,000  de  taxes  signiliees.  Dans 
I'ile Notre-Dame  seule,  on  y  en  eompte  pour  S, 000,000.  II  \ 
a  nn  (piatrieme  due  et  pair,  qui  est  M.  de  Montau/.ier.  M.  du 
Plessis  Guenegaut  a  ete  menace.  S'il  ne  fait  ce  qu'mi  desire  de 
lui ,  on  vent  qu'il  premie  une  abolition  ,  ce  que  son  conseil  nr 
trouve  point  a  propos  qu'il  fasse. 

Voici  une  autre  nouvelle  de  menu1  nature.  On  dit  (pietr 
n'est  point  la  chambre  de  justici;  seulenuMit  ([iii  fait  les  taxes, 
que  hi  roi  miMiie  i-t  la  cbambre  d'en  bant  en  font  aus>i  ,  et 
(jtie  h1  roi  en  fait  signilier  a  M.  dela  l''erte  Semu'terre  une  de 
ISO, 000  livres.  et  une  pareille  ;i  M.  de  Mondejeu,  gituvei'iitMir 
d'Arras.  autrement  dit  le  mai'ecbal  de  Selmlendjerg.  On 
parlf  aus>i  de  mademoiselle  de  (Ibavigny  et  de  sa  lille,  qui 
esl  veuve  dn  mai't'-elial  de  ('lerembanl.  On  parli1  de  M  le  ma- 
n-dial d'Kstrees.  On  dit  ipi'il  y  aura  plusieurs  i  onseillers  de  la 
com1  taxt's  qui  out  trenipe  tlans  les  pai'tis,  ipu-  les  tniis  In'-- 


*>(>()  I  KTTItKS    I)!.    (.( 

soriers  do  I'opargno  sont  taxps  a  22,000.000  ,  el  qup  p'pst 
(I'line  reserve  qui  n'entre  point  dans  los  110,000,000.  Tl  y  a 
tin  autre  pretendu  traitant  qui  s'olfre  do  prendre  OP  parti  do 
1 10,000,000  ,  et  le  fairo  monter  encore  imp  fois  aussi  haul , 
pourvu  que  le  roi  lui  veuille  donner  la  permission  d'executer 
son  dessein.  J'ai  pour  quo  eolui-la  no  cberobe  quo  lo  moyen 
do  s'eriger  en  bourreau  ou  lo  dernier  ecoreheur  dps  cbretiens. 

II  me  somble  quo  M.  Boissat  no  fait  point  bion  do  s'engager 
pour  la  nouvolle  edition  des  <vuvres  do  M.  Meyssonfer.  (|iii  ost 
aussi  fou  a  Lyon  qup  notro  Cl.  Tardy  1'ost  a  Paris.  S'i]  lo  fait, 
j'aipour  qu'il  n'en  soitmauvais  marcliand.  Pour  IPS  rpuvrosdu 
P.  Thoophilo  Raynaud  ,  on  n'on  voit  point  ici.  (Juelqu'un  m'a 
dit  que  les  pores  no  veulent  point  qu'il  soit  mis  en  vonto ,  si 
premierement  on  n'on  refait  boaucoup  do  feuilles  (jiii  lour  de- 
plaisent.  Voilaune  tyrannio  bien  Brando  sur  les  esprits  dps  sa- 
vants et  sur  les  ecrits  des  bommes  morts.  Jo  n'en  ai  du  regret 
(jiie  pour  M.  Boissat,  qui  manque  a  iiagnerot  a  distribuer  son 
grand  onvrage  par  tout  le  monde  ou  il  y  a  des  eurionx.  Jainais 
jo  n(>  1'acheterai  que  Ton  no  me  Iburnisse  les  feuilles  retran- 
chees  :  c'est  peut-etre  le  meilleur  do  tout  IVtuvraii-o,  ot  j'en 
ai  bonne  opinion  ,  puisqu'il  deplait  ;i  PI\S  hons  pores  jtasse- 
lins ,  niiji'ii.  rii/torx 

Nos  troupes  sont  passoes  au-dela  do  laFlandre,  et  ontdoja 
fait  pfiur  a  l'ev<V|ue  do  Minister .  <pii  ronile  et  qui  aime  mioux 
s'aceorder.  L'hiver  proeliain  rouvera  dps  (pill's  do  quolque 
autre  guorre.  Ql|'(ist  devenu  le  traito  du  pore  do  saint  liigaud, 
df  nfrofjui'  f-nmt'tn  ?  Jo  vous  baiso  les  mains,  et  suis  do  tout  mon 
cauir  votre ,  etc. 

De  Paris  .  lo  20  novembro  1Gf>3. 


LETTHK  DCXCI. 

.If  vous  dirai  quodopuis  ma  dornirrp  dn  -.M)  novembre  ,  IPS 
trois  trosorioi's  dp  I'ppai'u'iip.  qui  sont  dans  la  Bastille,  <>iit  nn 


A    KAI.CONK1.  ~ 

pen  plus  de  relaeho  et  Jo  liberte,  ft  qu'ils  sont  visiles  dr 
leurs  parents  et  amis.  Neanmoins  on  Hit  qu'ils  sont  taxrs  a 
22,000,000,  M.  Jaquier  a  18,  ot  Ins  deux  Monorot  a  13.  Mais 
co  n'ost  pas  tout  do  los  taxer,  il  faut  tronvor  lo  moyen  do  los 
f'airo  payer. 

Nous  avions  ici  un  certain  Provencal ,  nommo  Joan  Mauriu  , 
anssi  mediant  qu'uu  Mauro.  II  f'ut  rocu  dans  notro  Faculte  1'an 
1640,  et  est  mort  il  n'y  a  que  deux  ans.  II  nous  a  laisse  un 
tils  nomme  Raphael ,  qui  f'ut  recu  doctour  il  y  a  quatro  ans. 
Co  fils  avoit  des  benefices  qu'il  a  vendus  plusieurs  f'ois ,  ot 
tantqu'il  a  pu.  II  s'est  marie  a  la  fillo  d'nn  j)rocurenr  qui 
n'avoit  guere  de  bien.  Elle  ost  inorte  do  misero  et  de  roprot 
d'avoir  epouso  un  Iiomme  qui  otoit  un  ofrango  compapnon. 
Cet  Iiomme  s'est  fortement  ondetto  ot  s'ost  fourro  an  bureau 
des  Indes  orientales  pour  y  avoir  qtielquc  cmploi  11  a  <''{<•  rorii 
en  qualito  do  modocin  avoc  esporanco  do  (|iiel(|ues  pages;  •  t 
comme  Ton  disoit  qu'il  partiroit  bientot .  Jin  niarchaud  I'a 
fait  arreter  prisonnier,  t-t  il  ost  aujourd'hui  an  rjiiartier  du 
Temple.  On  lui  demando  environ  1  ',000  francs.  No  voiis 
semble-t-il  j>as  qu'il  faut  otre  Provencal  pour  savoir  jouor 
tant  desortes  de  personnages?Ulysse,  dans  Homere,  so  dopui- 
soit  et  n'osoit  dire  son  nom  a  celui  qui  lo  lui  demandoit ; 
1'autre  ,  de  depit ,  lui  dit  :  V<i,  rof/uin  ,  jp  fr  nmnois ,  ji>  /v//.s- 
bten  flc  (]iicl  f)fii/s  fn  PS  :  fn  >'/<'»s  ftp  rrtfp  fp/-rp  nnirc  iin!  tinnrrit 
ffint  dp  chfirlnffirts  pf  ft'tnijtostcura.  No  pense/-vous  pas  (jno  or 
soil  le  pays  d'fidfeusins?  Jo  lo  croirois  volontiers.  Jr  suis  dr 
tout  mon  cneur  votro  ,  etc. 

DC  Paris,  lo  2i  novembre  1fi6;j. 


LKTTHE  DCXCI1.  —  AH  mtmc. 

\IHIS  u'rutos  hior,  co  •>  dociMiibro ,  lie  moi qu'une  |>age  de 

nouvrllrs,  rncorr  n'rtoienl  -ellos  pastro|>  lioiiiirs  ;  car  olios  par- 


,')|)S  I.KlTIU-->    UK    lit  I    l'U'l\ 

loienl  des  taxes,  (It;  la  guerre  ,  el  .quo  le  roi  iroit  au  palais,  ct 
dp  fait ,  il  v  a  etc  ce  matin,  oil  il  a  fail  rceevoir  cinq  dnc.s  et 
pairs,  savoir,  RBf.de Bouillon,  du  Plessis-Praslin,  d'Aumont , 
de  la  Forte  SonuoteiTo  et  de  Moulauzier. 

Co  memo  jour,  la  ohainbi'c  do  justice  a  envoyo  garnison 
(I, ins  vingt-cinq  maisons  do  ooux  qui  avoienteu  dcs  taxes,  ot 
lo  lendemain ,  M.  lo  Tiller,  ci-devant  conseiller  a  Met/,  puis  * 
inailro  des  reiHuHos,  par  apivs  intendant  des  linancos,  oiilin 
rccevciii'  dt's  consignations  de  MM.  du  parlement,  a  fait  unc 
t;rosse  banqueroute.  II  y  avoit  unetaxesur  luide  900,000  Uv. 
(.)ii  a  ct!  matin  scello  die/  lui  par  ord rede  MM.  du  parlement; 
j'en  ai  regret  pour  lui ,  ear  il  m'a'unoit;  il  avoit  ete  un  de  jnes 
juges  lorstpie  je  def'eudis  notre  Kaculte ,  Tan  16-12,  avant  la 
mort  du  cardinal  de  Kichelitui ,  fn  phiidant  moi-meme,  et  re- 
poiidant  a  deux  avocats  cohtrerinfame  menteuret  imposteur 
T/tf'ojthrtiste,  on  plut(')t  Cacophraste  Renaudot,  ce  vilain  ne/. 
poui'ri  de  ga/etier.  (Quand  le  savant  philosopheet  bon  mt'1- 
deein  Thomas  Krastus,  parle  conlre  le  roi  des  charlatans,  il 
I'appelle  f'finyi/u-uxfi/x.  Yoyo/  ce  qu'en  (lit  Sennert,  lift.  <!<• 
cottxatxu  c/iiinicoru/ii ,  ete.  II  y  a  la  de  belies  choses  et  bien 
ciirieuses  dc  I'liriwdtu ,  rn/i.  iv.)  La  banqueroute  de  M.  le 
Tiller  est  de  8  millions. 

M.  Leelere  de  Lesseville,  evequo  de  Coutauces  depuis  pen 
d'annees,  est  mort  subitement;  il  avoit  regente  en  j)lnloso- 
phiedans  ITniversite  de  Paris;  il  etoit  docteur  de  Sorbonne, 
abbi!  de  queUjues  bonnes  abbayes,  mais  debauehe.  II  avoit 
»''te  conseillei1  de  laeour,  th^  la  cinquieine  des  enquetes,  <pii 
est  la  ebambre  deM.  le  jii't'sident  Miron. 

Laeour  a  donne  un  arret  qui  dt'lond  ('ommercc  avee  eeux 
de  Calais,  a  cause  de  la  peste  t[iii  y  est,  avcc  injoiictioii  aux 
autres  villes  d'arnHer  tout  ce  <jui  en  pourroit  venir  1  .  ,lc 

(1;  On  consiiltorji  sin  cello  Brando  question  de  la  jiesle  \c  remarqiia- 
hle  llu/i/ioil  /nil  it  I' . \cdtlcniii'  royale  <h>  medecine ,  stir  In  pesle  rt  lc* 
(judriintd'tics  \liullciin  dc  I' Academic  royuledc  tnedccine ,  I'ari.M,  18i(>. 
I.  XI ,  ]);>[;.  oi.'i  el  >uiv,N.  '  l\.  I' 


V     lAl.CO.Nht.  M).' 

ih  baise  It's  niaiiks  ,  el  la  bibliotheque  vivante  ,  M.  de 
Lorme.  M.  Morisset  est  en  liberte,  mais  Raphael  Maurin  n'y 
est  pas.  Clarissiinuin  S/juniuin  nostrum  mtlutn.  Je  vous  prie  de 
lui  dire  que  j'ai  re(;u  sa  lettre ,  et  qu'en  attendanl  que  je  lui 
t'asse  reponse,  je  lui  recommatide  le  petit  paquet  pour  M.  Vol- 
cainer,  medecin  de  Nuremberg.  11  y  a  aujourd'hui  vingt-trois 
ans  (|ue  mourut  le  cardinal  de  Kichelieti ,  qui  nuns  laissa  un 
tres  inechaiit  successeur.  (Jn  peut  dire  de  ces  deux  homines  : 

Sarcli  venaics  ,  alter  allcro  ncqtihn  . 

M.  de  Bussy-Rabntin,  <|iii  a  I'ait  l'///.s/o//r  uHioureusc  di'f 
(inult'fi,  pour  laquelle  il  a  rte,  par  coniinandemeiit  du  roi , 
mis  dans  la  Bastille,  en  sortira  demain.  Notre  niaitre  des 
Fougerais  est  canonise  dans  son  livre  en  deux  endroits, 
en  vertu  du  sennent  dece  (ju'Hippocrate  a  dit :  Mulifri  />/•<'  - 
f/imnti  rciiieduin  abort icum  nun  dalin.  A  bon  entendeur  saint. 
Je  vous  baise  les  mains ,  et  suis  de  tout  rnon  cu-ur  votre  ,  etc. 

DC  I'aris,  lo  4  deccmbre  Kitto. 


LKTTKK  IH'ACIII.  -     An  »<>'•<„<; 

Ma  derniere  t'ut  du  \  de  oe  mois ,  jour  remarquubiu  par  la 
mort  du  cardinal  de  Richelieu.  On  parle  ici  de  la  peste  <lc 
C.alais  et  aussi  (ju'elh;  au^mente  en  Angleterre.  On  dit  qu«i 
nous  n  ani'ons  point  de  jjuerre  ,  si  ct^  n'cst  la. 

Li's  iirands  jours  d'Auveriine  out  i'ait  couper  la  tele  ;i  uiii' 
ccrtaine  madame  de  la  Calj)renede,  qni  avoit  en  on  sa  vie 
divers  maris,  mais  accusiH;  d'avoir  empoisonne  le  dernier, 
<pii  eloit  nn  gentilhomme  ^a>con  ,  (jui  parloit  bicn  et  <pii 
avoit  fait  des  roinans  ,  et  cnti't'  autres  f'/ifu-tiniinifl . 

M .  le  president  de  Noviou  esl  tort  malade  a  Clermont.  On  a 
envoye  vers  le  roi  savoir  ipii  presidera  en  sa  place,  oil  le 


570  I.KTTKKS    I)E    1,1  I    P.\ll>  • 

plus  ancieu  conseiller  de  la  chambre,  on  un  maitre  des  re- 
quetes.  Dieu  veuille  renvoyer  la  sante  a  M.  de  Novion ,  e'est 
tin  fort  honnete  honnne  ;  il  u'est  pas  encore  temps  de  mourir 
pour  lui ,  car  j'ai  bonne  opinion  de  sa  fortune.  M.  Blondel  est 
ici  son  medecin  ,  pent-etre  qu'on  1'y  menera. 

Onparlc  icide  quelques  taxes  nouvelles  surquelques  grands 
seigneurs  qui  out  participe,  durant  ledesordre  du  royaume, 
it  des  levees  de  deniers;  on  les  poursuivra  (trticmv  reprtundn- 
rutn.  On  dit  que  Fete  prochain  le  roi  aura  500,000  homines  , 
savoir,  300,000  pietons  et  200, 000  cavaliers.  J'aimerois  mieux 
qu'il  n'y  cut  point  de  guerre,  et  que  tout  le  monde  fut  en  re- 
pos,  Les  trois  ambassadeurs  que  nous  avions  en  Angleterre 
en  sont  sortis ,  et  sont  ii  Saint-Valery,  ou  ils  font  leur  qua- 
rantaine.  On  dit  que  le  roi  va  rabaisser  le  prix  de  Tor,  que  les 
pistoles  reviendront  ii  10  livres  ,  et  le  reste  en  proportion. 

Le  pere  Lahbe  fait  ici  imprimer  un  livre  qui  sera  bien  cu- 
rieux  ;  c'est  le  C/tronologiste  frnnwtis ,  nbr^f/f'  chrnnnloyique  dr 
t'ltixhiirc  Kiirrf'f  ft  jtrufntic,  5  vol.  in-douze ,  dont  les  deux 
premiers  sont  ah  .\tlnnm  ml  (.'/trisf um ,  et  les  deux  autres  a 
(.'/in'xfo  ml  nottt'ti  tmnjioi'ii  •  nous  verrons  lit  connnent  il  aura 
accomrnode  Joseph  Scaliger  et  le  pere  I'etau ,  et  concilii'  les 
diflicultes  de  1'histoire  sacn'-e  avec,  la  j)rofane.  I'll  jesuite  ni'a 
dit  autrcfois  qu'il  en  avoit  voulu  ecrii'e  en  latin  contre  tons 
deux,  inais  (|iie  ses  snpi-rifuirs  Ten  avoieut  empt'che.  C'est 
peut-etre  qu'il  favorisoit  Joseph  Scaliger  plus  que  le  pere  Pe- 
tau  ,  coniuie  il  me  1'a  temoigue  fort  ouverteineut.  Je  vous 
baise  tres  humbleinent  les  mains,  et  suis  de  toute  mon  ame 
votrc ,  etc. 

l)c  Paris,  le  8  deccinbro  I6fi5. 


LKTTKK  DCXCIV.  —  Ai 

On  parle  tort  ici  d'uu  certain  pere  le  (Merc  ,  procurenr-ge- 
ueral  (Irs  ji'siiitcs ,  (|ni  lenr  a  jonc  tin  I'trange  tour,  et  apres 


\    FALCONET.  5>~! 

avoir  amasse  boatieoup  d'argont  s'ost  onr'tii.  Mais  il  n'a  pas 
ote  bien  loin  ,  il  a  ete  reconnu  et  arre'to.  Jo  pense  qnoce  bon- 
bomme  avoit  le  (liable  au  rorps  do  vouloir  trompor  les 
jesuites. 

Je  salue  I'incomparable  M.  de  Lorme  do  tout  mon  cauir. 
J'ai  reeu  deux  de  ses  lettres  ,  auxquelles  jo  forai  reponse. 
Jo  no  manquorai  pas  do  parlor  de  son  affaire  a  M.  lo  pre- 
mier president  ,  de  la  bien  recommander  en  temps  et  lieu, 
et  ,  en  attendant  ,  jo  vous  prie  de  1'avertir  qu'en  sa  clou- 
zieme  lettre  il  appelle  M.  le  premier  president  nnm  .JAW/ms, 
qui  est  un  titro  dont  mondit  seigneur  no  so  pique  pas,  quoi- 
qu'il  soit  fort  savant  et  fort  gonorenx.  Pour  moi  ,  jo  n'en  eus 
jamais  aucun  quevous,  a  pros  le  bon  Dieu  ot  feu  mon  pore, 
qui  etoit  un  fort  bon  lionune.  eta  la  memo!  re  duquol  j'ai 
toutos  les  obligations  du  monde  pour  les  soins  oxtraordinaires 
(ju'il  a  pris  de  mon  education  .  quoique  cbarge  de  neuf  enfants. 
A  propos  de  ce  grand  favori  d'Auguste,  ee  grand  patron  des 
Muses,  de  Virgile  et  d'Horaeo,  laissa-t-il  en  mourant  t|uel- 
ques  enfants  ,  jo  n'on  ai  jamais  oui  parlor.  \('>anmoins  jo 
pense  etre  un  pen  ol)lige  de  eroire  (jiie  Francois  I"',  qui  tut  le 
pore  des  savants  dans  un  siede  plein  d'ignorance,  ot  qui  a 
fonde  les  professeurs  du  roi,  ot  aussi  (|iio  lo  bon  Henri  IV,  (jui 
nous  a  donnas  dos  augmentations  de  gage,  otoient  desrondus 
de  cot  illustre  chevalier  tosran  ,  qui  otoit  do  la  race  des  rois 
d'Ktrurie;  rarc'estdo  I  ui-memeque  Martial  adit  dans  la  plus 
belle  do  toutos  sos  opigramrnes  : 


Hi.  fit  Thitsrits  eqnps,  paupprtatemque  malifjuani 
Iteppnlit  et  eeleri  jnssil  abire  via. 

Jo  no  voux  pas  oublier  do  vous  dire  (JIH;  mon  (>arolu.s  cst 
fort  dans  les  bonnes  graces  de  ce  Meeenas  du  palais.  II  m'a 
dit  plusicurs  fois  (ju'il  aimoit  bien  le  tils  ,  mais  <ju'il  aimoit 
bien  aussi  le  pore.  Jo  snis  tonjours  le  bion-vonu  die/  lui.  On  y 
fait  tonjours  bonne  chert1  ,  m.tis  il  faut  so  do|)edier  a  la  modo 


-')72  I.KTTUEh    l)t   I.I  I    I'All.N 

des  courtisans.  Je  no  suis  pas  aecoutume  a  cos  soupers  quo 
Henaud  fie  Baunie,  archeveque  de  Bourges,  appelle  des  sou- 
pers  do  promenade,  cosnasambulatoritts. 
Ue  Paris  ,  Ic  18  decembre  16(55. 


LKTTKE  DCXCV.  —  .I//,  mtmc. 

Q.uand  jo  ponso  au  nialhour  du  pimvre  M.  do  Cliampigny  , 
jo  lo  vois  ol  ne  lo  coinprends  pas  ;  je  penis  pied  dans  I'abimo 
do  la  Providence,  qui  ost  toute  pleine  d'obscurkes  pour  nous , 
taut  pour  les  choses  hinnaines  quo  pour  les  divines:  JHeu 
gouverne  le  monde  ,  niais  c'est  a  sa  mode.  La  predestination 
est  un  etrange  m y stove  ,  jivne  unnf  commoti  pcdes  mci ,  /jarcnt 
pecentortt'i/t  I'idens.  Voye/  a  votre  loisir  la  Mttapliysique  de 
(Irassot ,  page  15/3  ,  et  les  Oraisuiis  de  iWuret  sur  le  livre  do 
Seneque ,  de  la  Providence,  cur  lio^is  mule  sit  ,  rum  yif  /'/•<>- 
t.'ifh'ittia,  etc.  (Juand  je  pense  a  ce  malheureux  naul'rage  ,  je 
dirois  volontiers  apres  le  poote  ancien  : 

Cum  rapiant  mala  fata  bonus,  iyiwscitc  /alo . 
Sollicilor  nullos  cssc  putarc  Dcos. 

Mais  pourtaut  je  no  le  dis  pas,  ma  raison  retienf  ma  passion, 
autroment  je  demanderois  pourquoi  Caligula,  Neron  ,  Doini- 
tien  et  taut,  d'autres  tyrans  et  monslres  du  genre  liumain  ne 
sont  point  morts  au  berceau  ,  non  plus  <jue  IMiilippe  II  ,  roi 
d'Espagne  ,  le  cardinal  de  Kicholiou  ,  ct  «lii  inurtutnrcs  (0. 

(I;  Quoiquc  la  raison  le  retiennc,  on  voit  pourlanl  (itii  I'alin  so  lipur- 
tor  ici  a  nno  terrible  question  ,  cello  du  Itien  et  du  inal .  la  plus  Brando  , 
la  |)!us  profondo  .  la  plus  insoluble  de  Unites  les  questions  philosoplii 
ques.  A  I'otudo  depuis  les  temps  les  plus  roculos,  olio  le  sera  orcoro 
dans  les  !-iecles  a  vonir.  L'incouipcloncc  et  1'inipuissancc  do  Pospnl 
liiiinain  son!  une  desolante  vorile.  Ksl-il  >rai  oepondant  qii'uii  ciron 


\    FALCONET. 

On  ne  dit  rien  de  nouveau  de  la  reine-mere,  unm  an/ 
nee  (uiltnc  i'iftilibi/s  orcii/tnt  i/ni/jris  ;  je  prie  Dieu  qu'ellc  giie- 
risse ,  et  que  le  roi  diminue  la  laille  et  tous  les  impots  en  fa- 
veur  de  son  pauvre  peuple  ;  il  y  a  interne  bien  de  la  pauvrete 
dans  les  villes  ,  et  il  la  pent  empecher;  je  ne  le  dis  pas  pour 
moi  .  je  ne  suis  ni  riche  ni  pauvre,  flfrifiaa  HCC  j>(ii/j>er(«tcnt 
fledt>ri$  mi/if.  Le  vieux  Journal  des  Savants  ne  revient  point,  et 
son  retablissement  est  fort  incertain  ;  pour  1'antre,  je  n'en  ai 
point  oui  parler  depuis,  je  m'en  informerai.  Je  n'ai  point  vu 
la  harangue  funebre  de  M.  (laches,  faite  par  M.  Morus  ;  mais 
je  I'aurai,  si  elle  est  imprimee  ;  en  ce  cas-la  ,  je  la  lirai  et  je 
vous  en  ecrirai  mon  sentiment.  Je  vous  baise  les  mains,  et 
suis  de  tout  mon  cceur  votre,  etc. 

De  Paris,  le  22  deccmbre  1fi<>.'>. 


LETTRE  DCXCVI.  —  An  mtmc. 

Le  roi  a  ete  an  palais:  on  (lit  que  tout  ce  qu'il  y  fit  sera  im- 
prime  apres  ces  fetes.  Tous  les  articles  en  sont  considerables, 
et  font  crier  bien  des  particulters  ;  mais  entre  a ut res  ce  sont 
les  liypotheques  et  les  taxes,  car  on  dit  qu'il  y  en  a  jusqu'au 
nombre  de  vingt-cinq  mille  sur  F^iris  seul  ;  il  y  en  a  aussi 
d'autres  fort  Caches  dt>  ce  que  mil  ne  pourra  etre  recu  con- 
seiller  de  la  cour  qu'il  n'ait  vingt-sept  ans  accomj)lis  ;  voila 
le  moyen  de  remedier  &u\  juvenafus  d'aujourd'hui,  afin  (ju  ils 
deviennent  bientot  wntifits. 

J'ai  aujourd  hui  rencontre  un  de  nos  libraires  de   la  reli- 

<|in  patit  accuse  la  divinile  et  ancanlit  sa  providence?  Saint  Thomas  a 
dit:  Dens  est  atictor  muli  .  quod  <sl  pvena ;  nun  tiutein  tnali ,  quod  eat 
t'uli>n.  (Stttnin.  Thes.  parsprima,  qm'sl.  '•'.). ]  Oislinclioii  ou  d  y  a  Itt-au- 
coup  pins  de  sublilitc  (jnc  de  verite.  A  \ouoiis  pltitot  notre  ij;ii(irance , 
plu lot  noire  faiblesi-e  ,  noire  in^uffisance  .  et  puis  ajoutons  ' 
la  volonle  de  Dien  soil  f'aite.  H.  P.  ~ 


:>74  I.KTTKES  UK  <;i;i  rvri.x 

gion,  a  qui  j  ai  demande  des  uuuvelles  de  I  uruisuu  limebre 
dt;  Ceu  M.  Gaelics,  taite  par  31.  Alorus  ;  il  in  a  repondu  quc 
Ton  en  iinprnne  un  tome  entier  in-quarto ,  lequel  conliendra 
duuze  harangues  1'unebres  dc  diverscs  personnes  ;  mais  nos  li- 
braires  vont  bien  lenlemenl  a  lout  ce  qu'ils  eiitrepreiment,  je 
crois  qu  ils  n'oiit  pas  plus  d  argent  quc  dc  vertu. 

31.  Ogier  in'a  dil  cc  juatin  qu'il  va  I'aire  iinpriiner  in-quarto 
son  oraison  pour  Ic  ica  roi  d'Espagne,  Philippe  IV,  dernier 
niort,  pere  et  Irere  dc  nos  deux  rcines,  el  qu'il  la  dediera  au 
roi,  pour  le  rcinereier  de  la  pension  de  oOu  ecus  qu'il  iui  I'ail 
payer  tous  les  ans.  Je  pcnsc  quc  cellc-la  vaudra  bien  ceiledu 
ininistre  ;  ear  Ai.  Ogier  esi  un  des  plus  savants  homines  dc 
Paris  ,  sans  en  excepler  nieine  les  pcres  passeiins. 

Les  jesuitesont  i'ait  arreter  leur  pere  le  Clerc  dans  Orleans, 
oil  il  est  peut-ctre  encore  ;  il  avoit  iait  un  voyayc  a  Home,  et  a 
son  relour  avoit  sejournc  quclquc  temps  a  Turin,  en  qualitc  de 
conf'esscur  de  la  duchesse ,  et  coinmc  il  revenoil  a  Paris  ,  ils 
I'onl  I'ait  arreter  a  Orleans .  On  a  su  ses  1'redaines  ,  entrc  au- 
tres  qu'il  cntrctenoit  unc  certaine  1'einme,  nominee  inadame 
dc  Saint-Martin,  dans  la  rue  des  Ecoull'cs,  j)res  de  la  rue  des 
Hosiers.  Elle  laisoit  la  devote  el  la  dame  de  yrande  conse- 
quence; elle  avoit  carrosse  et  beau  Irani,  elle  hantoii  les  dames 
du  quartier  ,  avec  grand  uppareil  et  bonne  mine;  des  qu'elle 
a  su  <|u  il  avoit  etc  arrelc  a  Orleans  ,  elle  s'est  cclipsee  ,  et  a 
dispai'u  fincment  el  lorl  a  propos.  Les  bons  pcres  ia  lontchei- 
cher  ;  on  asaisi  tous  ses  ineubles,  qu'ils  out  I'ait  vendre.  Voila 
un  tciriblc  coup  dc  massuc  sur  la  lelc  des  loyolites.  Oh  !  qae 
j'aime  cc  beau  vers  dc  AI.  de  Lorme  : 

Nigra  cohors  ,  <ju<>nun  quiclijnid  iton  di<:itur,  ars  csl. 

AI.  de  Bussy-Kabutin ,  par  commandeinent  du  roi ,  s'est  dt'-- 
lait  de  sa  charge ;  et  de  la  Bastille,  oil  il  etoil ,  a  (He  conduit 
dans  les  l*etile.s-iMaisons ,  on  on  met  Irs  ions,  cl  il  \  a  dcii\ 
chambi'es. 


A    FALCONET.  5/5 

II  y  a  ici  des  lettres,  lesquelles  portent  que  la  mer  a  de- 
borde  en  Hollande  ,  el  qu'il  y  a  eu  plusieurs  villages  sub- 
merges. 

M.  le  due  d'Orleans  apprend  les  mathematiques  ;  ii  com- 
mandera  notre  armee  la  campagne  prochaine. 

Le  decri  des  monnoies  fait  bien  reinuer  de  1'argent  et  pur- 
ler du  monde;  mais  la  derniere  declaration  du  roi  lait  encore 
bien  pis.  L'ambassadeur  d'Anglelerre  prit  hier  conge  du  roi; 
il  s'en  retourne  a  Londres,  ce  qui  fait  soupconner  qu'il  y  a 
du  malheur.  MM.  du  parlernent  s'appretent  de  la  ire  au  roi 
des  remontrances  par  ecrit  sur  lews  offices  et  les  hypothe- 
ques  ,  etc. 

La  reine-mere  a  eu  cinq  mauvaises  nuits  toutes  de  suite  ;  il 
ne  taut  pas  s'etonner  que  ses  forces  diminuent ,  et  suis  Cache 
qu'elles  ne  reviendront  jainais.  Je  vous  baise  tres  humble- 
ment  les  mains,  et  suis  de  tout  inon  cu'ur  votre,  etc. 

De  Paris ,  le  28  decembre  16(io. 


LETTRE  DCXCVII.  —  Au  mhnr. 

Hier,  M.  Gon  ,  (jui  est  un  gros  garcon  ,  glorieux  ,  age  de 
pres  de  soixante  ans,  natif  de  Tours  ,  et  par  ci-devant  inar- 
cliand  et  insigne  banqueroutier,  qui  a  marie  deux  lilies,  Tune 
a  M.  de  Hauterive ,  partisan,  et  1'autre  ;i  un  conseiller  du 
parlement  de  Houen ,  Cut  arrete  par  trente  archers  et  mis 
aussitot  en  prison,  d'oii  il  ne  sortira  point  qu'il  n'ait  paye  sa 
taxe  de  cent  mille  ecus ,  ii  laquelle  il  »:st  condamne.  -Nous 
voilii  arrives  au  nouvel  an  16b'6  ,  «|ue  je  vous  souhaite  lieu- 
re  ux  de  tout  mon  cu'iir.  Tout  le  palais  est  moriondu  et  ex- 
traordinairement  mortilic  de  la  derniere  declaration  du  roi. 
Ces  messieurs  unt  ivsolu  de  fa  ire  des  remontrances  au  )'oi  par 
ecrit  :  mais  je  ne  sais  si  dies  en  amenderont  leur  marche.  On 
till  que  dans  leurs  chambres  ils  ne  font  rien  et  s'entre-regar- 


;)7()  I.F.TTKKS    I)!',    i, I  I    I'VTIN 

dent  1'un  I'autre  ,  tanl  ils  soul  ctonnrs  el  rtourdis  du  bateau, 
tjuelques  mousquetairps  el  dauphins  quo  le  roi  avoit  envoyes 
contro  I'evequc  (It;  Minister  out  ete  altraj)t''s  on  une  embus- 
cade.  II  y  en  a  eu  plusieurs  de  lues,  dont  les  ennemis  ont  les 
casaques,  et  dont  ils  seglorifient  fort  a  notre  desavantage.  Le 
roi  en  est,  dit-on,  fort  facbe  ;  je  le  suis  aussi.  \'«l<'. 
DC  Pari* .  If  1"  Janvier  1i>(>i>. 


LETTIIK  W:\CVIII.  —  An  n^,,c. 

Vous  avez  vu  ,  par  ma  derniere,  le  pen  de  iiouvellos  qw 
nous  avons.  Apres  ces  fetes  on  prcssera  tori  le  paiement  des 
taxes  ,  aulremeiil  il  y  aura  bien  des  emprisonneinenls.  Le 
mois  procliain,  le  roi  ira  a  (jOinpiegne,  a  Soissons,  a  Amiens, 
a  Arras  ;  de  la  il  visitera  sa  frontiere;  cliaeun  devine  la  suite 
a  sa  i'antaisie  ;  notre  paix  s'en  va  se  fa  ire  avec  les  Anylois. 

L' Histairc  de  /'/  iiicci'xitt'  dv  I'urix  se  vend  rue  Saint-Jac- 
ques,  chez  M.  le  Petit;  j'entends  les  deux  premiers  tomes  du 
grand  ouvrage.  Le  troisieme  est  sous  presse  ,  les  autres  sui- 
vront  immediatement  sans  aueune  discontinuation  ,  a  ee  que 
m'en  a  dit  I'anteur  meme,  Al.  du  Honlay  vl;. 

On  dit  id  que  nos  affaires  ne  vont  pas  bien  du  ecMt-  du 
commerce  des  Indes  oeddentales.  ;i  eause  du  trop  ^rand  me- 
nage qu'on  a  voulu  ap|)orter. 

La  reine-mere  est  beaucoup  plus  mal ,  etextremementexle- 
nuee  ;  de  grasse  tpfelle,  (''toil ,  elle  n  est  plus  (|u'un  sijuelette. 
On  est  fort  mal  content  de  ce  M.  Alliot ,  et  meme  on  dit  qu'il 
n'y  fait  plus  rien  ;  on  n'a  pas  ti-ouve  oontre  ses  douleurs  de 
ineilleur  remede  qtn;  les  petils  grains  de  ecs  messieurs  les  ar- 
eliiatres  ,  (jui  ne  sont  fails,  ace  que  disenl  nos  seen'-tistes  , 
que  d'opium  pr<'ipai')'  avec  la  rosi'-c  de  mai.  Knfin  ,  noire 

1     \'iiyc/.  I.I  iioti-  I.   III.  |Ui;;c  277. 


A    FALCONET.  577 

M.  Boujonnier  ( fils  aine  du  bonhomme  qui  vit  encore  ,  agede 
soixante-dix-sept  ans)  est  mort  chez  sa  belle-mere,  ii  Ciicn- 
sur-Loire  ,  a  son  retour  do  Bourbon-Lancy  ;  11  n'avoit  quc 
trente-trois  ans ;  il  laisse  cinq  petits  garcons.  C'est  grande 
pitie  de  raourir  si  jeunc  et  laisser  tant  d'enfants  qni  sont  en- 
core si  petits.  Si  la  mere  leur  vient  a  manquer  .  Diou  et  les 
lois  y  pourvoiront. 

J'ai  vu  ce  matin  passer  le  roi  dans  son  petit  carrosse,  ac- 
compagne  de  cavaliers  fort  lestes.  JVtois  dans  la  rue  de  la 
Venerie,  et  j'ai  crie  de  bon  coeur  :  Vive  le  roi.  On  disoit  qu'il 
alloit  aGrosbois;  mais  il  est  revenu  des  apres  midi ,  et  de 
bonne  heure  :  c'est  que  Ton  est  alle  le  chercher  a  cause  d'un 
vomissement  qui  a  pris  a  la  reine-mere  :  Faxit  DC  us  ut  ad 
majorem  sui  gloriarn ,  totiusquc  Gallia:  multiplici  nuxlo  op- 
pressed et  gravatcK  levamentum  optima  mater  intcf/ra'  caletudini 
restituatur,  et  in  hoc  voto  desino. 

Le  Journal  des  Savants  recommence  ici  de  paroilre.  Un 
honnele  homme  m'est  aujourd'hui  venu  dire  que  j'etois  prie 
de  prendre  ma  part  de  la  satisfaction  qui  m'etoit  due  dans  la 
preface  de  la  semaine  presente,  et  que  dorenavant  personne 
n'auroit  occasion  de  s'en  plaindre.  Je  1'ai  prie  d'aller  fa  ire  ce 
compliment  a  mon  fils  Charles,  qui  avoit  ete  1'oflense,  et  <jiii 
pourtant,  par  mon  conseil  ,  s'en  etoit  moque  et  1'avoit  int'1- 
prise,  voyant  le  peu  de  raison  que  cet  impertinent  gazetier 
avoit  de  reprendre  ce  qu'il  n'entendoit  point,  et  meme  avec 
calomnie  et  double  faussete.  Le  meme  m'a  dit  que  Ton  tra- 
vailloit  pour  y  mettre  le  grand  recueil  du  pere  Tli«'oj)hile 
Rayuaud ,  dont  j'avois  presente  moi-meme  le  nit-moire  1'an 
passe,  des  la  fin  du  mois  de  Janvier,  il  y  a  bien  pres  d'un  an. 
Je  serai  bien  aise  de  voir  le  jugement  (me  feront  ces  MM.  les 
critiques  reformes  de  ce  grand  ouvrage.  Le  pere  Uriel ,  je- 
suite,  (mi  1'a  vu  dans  leur  bibliotheque  ,  en  e^  tout  glorieux 
et  le  loue  fort.  Je  vous  baise  les  mains  ,  el  suis  de  tout  mon 
cirur  votre,  etc. 

Do  Paris,  lo  8  Janvier  166«. 

III.  37 


^  i. LITRES    Dfc.    (il  I    I'.Vll.l 

LETTRK  DCXC1X.  —  An  mi-mi'. 

M.  Pietreest  toujours  foil  mal.  On  en  (Jit  autant  de  la  re i no- 
mere;  on  clit  queses  plaies  sontseches,  et  qu'il  y  a  un  grand 
danger  de  la  gangrene  prochaine.  Le  roi  etoit  pret  a  partir  ; 
niais  son  voyage  est  encored! Here  ,  et  neanmoins  les  troupes 
marchent  toujours  jusque  sur  la  frontiere  de  Pieardie  ;  on  dit 
qu'elles  vont  vers  Calais  et  Gruvelines.  On  parle  ici  d'une  Ireve 
entre  le  roi  d'Kspagne  et  les  Portugais  pour  vingt  ans;  niais 
cela  meseinble  encore  bien  incertain  ,  et  si  elle  se  fait,  e'esl 
marque  de  grande  foiblesse  an  roi  d'Espagne.  On  a  ici  de 
nouveau  fait  commander  aux  paroisses  de  recommencer  les 
prieres  pour  la  reine-mere  ,  niais  vaille  que  vaille:  l)cm  cst 
immutabilis ,  /nanet  volttnfas  JJo>/t/nt  in  n'tcrnam.  Ce  qui  doit 
arriver,  ce  queDieu  a  ordonne  ,  ne  manquera  pointd'arriver. 
Lucrece  a  dit  du  dieu  des  Epicuriens  :  Ace  bate  ju'u  merit  ix 
cajjitur-ncc  tangitur  ira.  Mais  moi  pourtant  je  prie  Dieu  qu'elle 
en  echappe,  et  que  le  roi  diminuela  taille  des  pauvres  gens 
des  champs  et  les  impotsdes  villes. 

Nous  avons  encore  ici  un  medecin  dangereusement  malade  : 
c'est  M.  Puylon ,  savant  liomme  ,  qui  sail  bien  son  (ialien  et 
son  Hippocrate.  Je  m'en  lierois  bien  plutot  a  lui  qu'a  taut 
d'aulres  (jui  font  les  sul'lisants  avec  leurs  pretendus  remedes 
nouveaux,  le  laudanum  reduit  en  petits  grains,  et  prepare 
avec  la  rosee  de  mai ,  le  vin  emetique ,  le  (iilla  Thcoimriisti ,  et 
autrestels  venins.  La  reine-mere  est  fortempiree;  elle  a  recu 
la  nuit  passee  Notre-Seigneur.  Apres  31.  Alliot  et  le  Piemon- 
tois  ou  le  Milanois  ,  il  y  en  a  encore  un  autre  tjui  se  presente  ; 
il  dit  qu'il  la  guerira ;  Dieu  lui  en  fasse  la  grace,  niais  j'ai 
peur  que  cela  n'arrivc  point.  Dieu  communique-t-il  sa  grace 
de  faire  des  miracles  a  des  charlatans  et  ignorants?  Je  ne  le 
saurois  croire  :  ainsi  je  me  defie  toujours  d'eux  ;  je  pense  (jue 
telles  graces  ne  se  prodiguent  pas  si  aisement. 

M.  Pit'trevient  de  mourir  tige  de  cinquante-sept  ans;  il  est 


A    UI.COMKT.  679 

le  dernier  d'uuu  graiule  I'amille  ,  savanteet  honorable,  <jiu  a 
bien  eu  plus  cle  verlu,  de  science  et  de  probite  que  de  fortune, 
qu'elle  a  toujours  meritee  et  toujours  meprisue.  Nous  en 
avons  encore  trois  bien  nialades.  M.  Pietre  est  inort  le  18  jan- 
vier,  a  quatre  lieures  du  matin  (1; ,  d'uu  catarrhe  suffocant, 
ensuite  d'un  rude  acces  epileptique.  La  substance  du  pouinon 
etoit  toute  pourrie,  avec  beaucuup  de  serosite  dans  la  poilrine. 
II  a  etc  porte  de  sa  maison  a  Saint-Mederic,  sa  paroisse,  oil  t>|i 
lui  a  fait  un  grand  service  ;  puis  a  ete  porte  a  Saint-Nicolas- 
des-Champs .  oil  il  a  ete  mis  aupres  des  os  de  son  pere  Nicolas, 
mon  cher  maitre.  Je  n'ai  pu  m'empeeher  de  pleurer  en  le,ur 
jetant  de  1'eau  benite.  Ce  tombeau  contient  les  corps  de  deux 
homines  qui  out  ele  bien  savants ,  et  le  fils  bien  plus  quo  le 
pere  :  Uterque  iwjuicscut  in  pact-. 

L'ambassadeur  d'Espagne  a  dit  a  un  des  notres  que  la 
reine-mere  n'en  avoit  plus  que  pour  huit  jours. 

M.  le  president  Lelievre  a  regu  commandement  tie  sortir 
de  Paris  pour  avoir  dit  quelque  chose  contre  les  taxes.  Je  vous 
baise  les  mains,  et  suis  de  tout  mon  cceur  votre ,  etc. 

De  Paris,  le  19  Janvier  1660. 


LETTRE  DCC.  —  An  uu'inc. 

Je  vous  ecrtvis  hier  la  mort  et  renterremenl  du  panvre 
M.  Pietre.  Aujourd'hui,  ce -20janvior,  jc  vousecris  la  mortde 
la  reine-mere,  qui  est  arrivoe  cette  unit  du  -20  Janvier.  Mais 
je  ne  sais  quel  chemin  elle  peut  avoir  pris;  lrouvera-t-elle  en 
1'autre  monde  le  cardinal  Mazarin?  c'etoit  nn  mediant 
homme.  J'aimerois  mieux  qu'elle  rencontrat  M.  Pietre  ,  car 
il  est  mortengrande  devotion.  II  pourroit  lui  dire,  <»n  chemin 
faisant,  de  bonnes  chosespour  mieux  gouverner  sun  Elat  en 
1'autre  monde,  si  elle  y  devicnt  reine  ,  comine  en  (-elni-ci. 

is  Voye/.  la  note  1.  I,  pa^c  'fl\>. 


580  LETTRES   DE   GUI    PAT1N 

Elle  ost  morte  aujourd'hui  a  six  heures  et  dcmie  du  matin  ; 
on  travaille  a  i'embaumement  dc  son  corps;  on  voit  di'-ja  sa 
representation  dans  le  Louvre  pour  tons  ceux  qui  sont  pousses 
de  curiosite  de  la  voir ;  le  peupleest  friand  do  tclle  ceremonie. 
DOS  qu'ellea  etc  morte,  le  roi  est  alle  a  Versailles  :  c'est  pra- 
tiquer  le  precepte  du  Seigneur  :  finite  scpclire  inortiiux.  II  a 
emmene  quand  et  soi  la  jeune  reine  sa  femme;  ct  M.  le  due 
d'Orleans  et  sa  femine  s'en  sont  alles  a  Saint-Cloud. 

M.  Blondel  m'a  envoye  sa  reponse  contre  M.  Alliot,  et  j'en 
ai  ceans  aussi  deux  exemplaircs  pour  envoyer  a  Lyon  pour 
vouset  pourM.  Spon  ,  dequoi  je  m'acquitterai  a  la  premiere 
commodite.  On  parle  toujours  de  la  guerre  des  Anglois ,  ce 
qui  fait  peur  a  nos  marehands  ;  mais  elle  est  encore  fort  in- 
certaine.  Aujourd'hui,  21  Janvier,  est  mort  a  Paris  un  des 
plus  savants  hommes  qui  fut  au  monde;  c'est  M.  Jean  Tarin  , 
jadis  professeuren  rhetorique  et  recteurde  ITniversite,  puis 
professeur  du  roi  en  eloquence  grecque  et  latino.  II  etoit  de- 
venu  facheux  et  bourru  ,  peut-etre  a  cause  de  son  grand  age, 
car  il  avoit  quatre-vingts  ans  ;  pliit  a  Dieu  que  je  susse  autant 
de  grec  et  de  latin  qu'il  a  su.  II  savoit  tout  ;  il  etoit  vraiment 
J'd.nc/jislanon ,  aussi  bien  qu'Afiyclits  Pulitianus. 

Le  roi  et  la  reine  seront  demain  a  Saint-Germain-en-Laye , 
et  le  corps  de  la  reine-meresera  portesans  ceremonie  a  Saint- 
Denis. 

Le  roi  a  remande  M.  le  marquis  de  Vard.es;  mais  la  com- 
tesse  de  Soissons  n'est  point  remandee.  II  n'y  aura  cette  annee 
ni  foire  de  Saint-Germain ,  ni  bal,  ni  comedie  ;  tout  cela  est 
defendu  a  cause  de  la  mort  de  la  reine-mere.  On  dit  que 
AI.  Seguin,  son  medecin,  s'en  va  tout  quitter,  (ju'il  va  se 
retirer  dans  son  abbaye,  qu'il  ne  veutplus  voir  de  ma  lades, 
pour  prier  Dieu  .  etc. 

Je  la  is  reponse  a  M.  Meyssonier  en  pen  de  mots  pour  cello 
qu'il  in'aecrite  ;  je  vous  suppliede  la  lui  envoyer;  je  voudrois 
bien  qu'il  gardat  ses  paperasses  et  qu'il  no  m'onvoyat  rien  du 
tout  :  il  ost  plus  fou  qu'il  no  ponso. 


A    FAI.CONKT.  .')bl 

On  porle  aujourd  bui  en  ceremome  le  caiur  de  la  reine- 
mere  au  Val-de- Grace,  et  demain  son  corps  a  Saint-Denis 
sans  eoMir.  On  ditque  le  prince  de  Mecklembourg  ,  qui  avoit 
ici  epouse  madame  de  Chatillon ,  a  renvoye  trois  choses  au 
roi ,  savoir,  sa  feninie ,  son  collier  de  1'ordre  et  sa  religion 
papistique,  et  s'est  ref'ait  lutberien  :  je  le  tiens  un  conte  pour 
rire.  Je  vousbaise  treshumblement  les  mains,  et  suisde  toute 
mon  a  me  votre ,  etc. 

De  Paris,  le  21  Janvier  1660. 


LETTRE  DCCI.  —  Au 

On  fait  des  services  dans  toutes  les  eglises  de  Paris  pour  le 
repos  de  1'aine  de  la  reine-mere,  a  la  memoire  de  laquelle 
beaucoup  de  particuliers  sont  obliges.  On  (lit  qu'elle  a  fait  de 
belles  remontrances  au  roi ,  son  Ills  ,  en  particulier,  pen  avant 
quede  mourir,  et  qu'il  n'y  avoit  qu'eux  deux.  Je  crois  qu'elle 
n'a  pas  manque  de  lui  donner  de  bons  preeeptes  pour  regner 
sui'ement  et  longtemps  ,  et  je  prie  Dieu  (jue  cela  lui  reussisse; 
etd'autant  (jue  lemondenesegouverne  guereplusque  par  des 
linesses.  Je  ne  doute  pas  qu'elle  ne  lui  ait  marque  eeux  a  qui  il 
se  pent  iier,  et  ceux  desquels  il  sedoit  delier  ;  c'est  le  temps  oil 
1'on  emploie  la  plus  line  politique,  (jui  n'est  pas  toujours  si 
cliretienne  que  les  preeeptes  quelebon Louis  IX  je  veux  dire 
le  bon  saint  Louis)  dicta  avant  quo  de  inourir  a  son  Ills  aine, 
Philippe-le-  llardi.  Mujores  i/li  Host  ft,  ulmri  <•(  nfur/  ijmunris 
(.TIKIS  >'l  all inni  cdcbunt ,  IH'IU'  lumen  (niiiii/t/t  rivi'lxmt ;  ils  etoient 
grossiers en  leurs habits,  mais  ilsavoient  1  esprit  bien  tourne; 
1' esprit  tie  tbnrberie  etoit  encore  bien  jeune  ,  et  quasi  en 
maillot,  leurs  actions  sentoient  les  preeeptes  de  I'Kvangile; 
mais  depuisce  temps  la  Macbiavel  et  Pomponaeesont  venus, 
(jui  out  revele  auxministves  des  rois  et  des  princes  souverains 
d'etranges  maximes,  qui  sont  la  plupart  refutees  par  le  pere 
Nic.  Caussin  ,  en  son  ouvrage  In  ('our  white ;  si  bien  qu'aujour- 


582  I.ETTIU'S    I)K    <;n    I'ATIN 

d'htii  la  phis  belle  politique,  el  la  plus  cliretienne,  est  deve- 
iluc ,  nrs  n<m  tarn  rajcndi ,  qvnm  fa/lcndi  /IUHU'WS  :  et  voila 
oil  malheurensement  nous  en  sommes  venus.  0  mores!  o 
tcmpora ! 

M.  Colbert,  maitre  des  requetes,  frere  du  grand  Colbert , 
vient  d'etre  envoye  par  le  roi  en  Hollande ,  pour  traiter  avec 
MM.  les  Etats-gciieraux,  tant  de  1'affaire  des  Anglois  que 
des  Suedois,  et  pour  empecher  que  cos  messieurs  ne  fassent 
ensemble  quelque  accord  sans  notre  consentement ,  et  a  notre 
prejudice. 

On  parle  ici  de  la  mort  de  M.  le  prince  deConti,  qui  laisse 
deux  petits  princes  du  sang  de  la  niece  du  cardinal  Mazarin. 
Voila  un  beau  gouvernement  vacant,  qui  est  celui  du  Lan- 
guedoc;  celui  de  Bretagne  vaquoit  par  la  inort  de  la  reine- 
mere;  on  dit  que  !e  roi  1'a  tlonne  au  due  Mazarin,  auquel  il 
retire  la  charge  de  grand-maitre  de  1'artillerie. 

F^e  roi  a  fait  present  an  roi  d'Angleterre  de  deux  cents 
muids  de  tres  bons  vins,  savoir  :  de  Champagne,  de  Bour- 
gogne  et  de  1'Hermitage.  Je  prie  Dion  qu'il  le  boive  en  saute 
et  en  joie,  a  la  charge  qu'on  nous  laissera  aussi  en  repos 
boire  le  n6tre. 

La  treve  n'est  point  faite  de  1'Espagne  avec  le  Portugal.  L'on 
parle  d'une  nouvelle  election  d'un  roi  des  Komains. 

M.  Annibal  Sesteed,  ambassadeur  extraordinaire  du  Dane- 
mark,  est  ici  arrive depuis  trois  jours  incognito.  M.  1'electour 
de  Hrandebonrg  traite  avec  les  Hollandois,  pour  lour  donner 
du  secours  contre  les  Anglois.  Je  vous  baise  les  mains,  et  suis 
de  tout  mon  cirur  votre,  etc. 

DC  Paris,  le  5  fevrier  1606. 


LKTTRK  DCCI1.  —  An 

Le  service  de  la  reine-mere  fut  hier  fait  <a  Saint-Denis;  le 
sermon  y  I'ut  fait  par  le  reverend  pere  Faure,  jadis  cordelier 


\    FALCONE  r.  .')83 

limoiisin ;  je  UK:  troinpe ,  je  devrois  dire  plus  vraiincut  angou- 
moisiu ,  du  pays  do  Havaillac.  Co  moino  a  gagno  cot  eve'ehe 
par  des  sermons  comiques  ot  haladins,  ou  au  inoins  1'a  at  Ira  pi'* 
par  IBS  bonnes  graces  de  la  feue  reine-more,  aux  louanges  dc 
laquelle  ilomploya  liier  fort  rnal  deux  grandes  heures  dc  bon 
temps  dans  un  lieu  sacre  e't  en  belle  eompagnie,  a  Idles  en- 
seignes  qu'il  y  fit  fort  mal,  et  qu'il  n'y  a  plu  a  person  no.  On 
dit  que  toute  la  ceremonie  de  1'eglise  ne  fut  achevee  qu'a  six 
lieures  (hi  soir,  d'oii  tons  n'etoient  point  encore  revenus  a 
ininuit. 

MM.  les  grands  jours  d'Auvergne  sont  icide  retour.  M.  Ta- 
lon arriva  liier,  M.  le president  de  Noviou  etoit  arrive  devant. 
Hcaucoup  de  gens  parlent  ici  eoniine  s'ih  etoient  faches  de  la 
paix  avec  les  Anglois,  et  inoi  je  voudrois  qu'ello  Cut  par  tout 
le  monde;  mais  c'est  qu'il  y  a  des  gens  qui  n'aiiiKMit  <|iie  le 
trouble  et  le  desordre.  Je  suis  en  peine  de  la  sante  du  grand 
M.  de  Lorme;  je  vous  prie  de  lui  ecrire  que  je  suis  son  tres 
humble  serviteur.  Pint  a  Dieu  quo  1'liivor  fut  dejii  passe,  taut 
pour  lui  (jue  pour  inoi ,  et  que  nous  pussions  dire  avec 
Horace  :  ItifJ'nyw  iriws  ,  rrdcnut  /inn  f/nnn/na  ciuiipi* ,  nrbn- 
riliuwjitP  ccirnir. 

FeuM.  Pietre  n'a  laisse  (ju'unelillt1 ;  la  veuve  desire  vendro 
ses  livres,  et  me  les  lit  voir  hier  pour  en  avoir  mou  avis;  il  y 
en  a  de  fort  bons,  et  environ  pour  1,000  ecus.  J'aimerois  bien 
inieux  avoir  sa  science  que  ses  livres,  et  son  bon  esprit  quo 
tout  son  bieu ;  il  etoit  tils  d'un  des  plus  hahiles  homines  do 
son  siecle  dans  son  metier;  mais  ce  dernier  avoit  quehjuo 
chose  dans  sa  t<He  ,  (jni  etoit  trop  violent ,  et  qui  lui  a  produit 
iiinrbuin  Hewnlwnn  ,  dont  enlin  il  est  mort.  C/est  un  malheur 
a  un  homtno  d'avoir  taul  d'csprit  :  <:sf  hi'minnn  iraOo;  :  Jides- 
(>esar  et  Charles-Quint  en  out  en  lour  bonne  part,  etplusieurs 
autres  illustres  tyrans,  commc  aussi  Armand-Jean,  cardinal 
de  Hichelieu. 

11  y  a  ici  du  bruit  contre  la  cour  des  monnoios;  on  a  me- 
nace de  les  interdire ;  on  dit  qu'on  vent  mettre  tons  les  quarts 


oSl  I.KTTUKS    I)K    (il  I    I'ATI.N 

d'ecus  en  billon,  et  que  Ton  s'en  v;i  fa  ire  line  nouvello  mon- 
noie.  Tout  cola  fora  bien  crier  du  monde,  qui  est  deja  assez 
afflige;  il  y  a  dans  les  adages  d'Erasme  un  beau  proverbe : 
Aid  futuwn  ,  ant  rctjc in ,  nusci  opurtat.  0  que  le  bonhomme 
Erasme  efoit  un  excellent . person n age  (l) !  On  dit  que  le  comte 
de  Saint-Paul  est  a  Home,  et  que  M.  de  Longueville,  son  frere 
aine,  se  meurt  en  Languedoc,  on  il  est  aupres  de  M.  le  prince 
de  Conti ,  son  oncle.  Je  vous  baise  les  mains,  et  suis  de  tout 
mon  cocur  votre,  etc. 

De  Paris  ,  le  16  ievricr  1666. 


LETTRE  DCCI1I.  —  Aumeme. 

Ma  derniere  fut  du  16  fevrier,  avec  une  de  mon  Carol  us. 
On  ne  parle  ici  que  de  vaisseaux  et  que  de  galores  que  Ton 
apprete,  et  que  Ton  fait  avancer  centre  les  Anglois,  s'ils 
osent  entreprendre  quelque  chose  contre  nous.  On  parle  aussi 
du  due  Charles  de  Lorraine ,  qui  s'est  remarie  depnis  quelques 
mois  avec  une  jeune  belle  dame,  madame  d'Aspremont ,  et 
qu'elle  est  deja  grosse.  Si  cela  est  vrai,  et  que  eel  enfant  vive 
aged'homme,  il  j)ourra  terminer  les  guerres  et  les  miseres  de 
son  pays  ;  mais  ce  sera  quelque  jour  que  je  n'y  serai  plus.  Pour 

(1)  ("c  trait  de  satire  politique  se  trouve,  jc  crois,  AansY Encomium 
morloi ,  elofte  dc  la  folie  ,  par  Krasme.  On  etail  alors  dans  cede  pe- 
riode  de  discussion,  d'examen,  d'indcpendance,  resultat  du  proteslan- 
tisme  naissant,  et  qui  sc  conlinua  jusqu'au  supplice  de  Cliarles  I"  en 
Anjjleterre.  11  est  evident  que  ce  sarcasine  pent  s'appliqutr  a  tons 
!es  homines  a  la  tele  dcs  gouvernements  quelles  qu'cn  soienl  d'ailleurs 
les  (brines.  Au  foud  ,  il  s'a^it  toujours  de  1'ordrc  el  de  la  liberte  ,  dont 
I'intime,  la  profonde  union  ,  Paclion  encrgique  el  rqpiliere,  sans  em- 
pielement  de  1'un  sur  1'autre  ,  esl  un  problemc  dont  les  homines  clier- 
chent  en  vain  la  solution  il  y  a  nonibrc  dc  siecles.  En  France,  nous 
sonuncs  en  marche  vers  cctlc  terre  promise  depuis  pres  de  soixanlr 
an*.  fH.  i\ 


A    FALCONET.  08,') 

vous ,  monsieur,  je  prie  Dieu  quo  vous  y  soyez  encore  sain  cl 
joyeux. 

Toute  la  frontiere  de  Normandie,  qui,  conime  vous  savez  , 
est  de  grande  etendue ,  est  pleine  de  soldatesque  qui  veille 
sur  1'ennemi,  afin  qu'il  ne  nous  surprenne  rien.  Les  Anglois 
ne  sont  pas  puissants  aujourd'hui  comme  ils  etoient  jadis 
quand  ils  nous  donnoient  des  batailles,  et  quand  ils  avoient 
la  Guyenne,  le  Poitou  et  la  Normandie;  les  temps  out  bien 
change.  Ils  ne  feront  jamais  rien  de  pareil  aux  balailles  de 
Crecy  en  J340,  et  d'Azincourt  en  \4l4,  ni  a  celle  de  Poi- 
tiers, oil  notre  roi  Jean  fut  fait  prisonnier  et  mene  en  Angle- 
terre. 

On  fait  ici  un  grand  preparatif  a  Notre-Dame  pour  le  ser- 
vice de  la  feue  reine-mere;  mais  on  dit  que  M.  1'archeveque 
fie  Paris  est  malade,  et  quo  ce  ne  sera  pas  lui  qui  y  ofliciera. 
On  dit  que  c'est  de  regret  de  quelque  ecrit  que  MM.  les  janse- 
nistes  out  fait  courir  contre  lui,  joint  qu'on  a  mis  dans  la 
Bastille  un  imprimeur  qui  a  etc  surpris  imprimantsa  vie,  qui 
etoit  un  libelle  scandaleux.  On  dit  que  les  Anglois  sont  fort 
adoucis,  et  qu'il  y  a  grande  apparence  aussi  bien  qu'espe- 
rance  de  paix  entre  eux  et  nous.  J'ai  vu  ce  matin,  23  (evrier, 
le  roi  passer  au  bout  du  Pont-Neuf ,  en  carrosse,  avec  le  due 
d'Orleans ,  son  frere ,  suivi  des  Cent-Suisses,  et  de  plusieurs 
autres  carrosses ;  il  alloit  a  Notre-Dame  pour  y  assisler  au 
service ,  et  prier  Dieu  pour  le  repos  de  Fame  de  la  reine ,  a  (]iii 
il  doit  la  vie  et  la  royaute.  Kile  n'a  pu  nous  laisser  en  repos 
durant  sa  vie;  je  prie  Dieu  qu'elle  y  soil  en  1'autre  mondi'.  Le 
pere  Faure,  eveque  d'Amiens,  fera  imprimer  son  sermon  fu- 
nebre ,  (ju'il  a  recite  a  Saint-Denis  en  riionneur  de  la  reine- 
mere,  inonackus  factun  cinscofjus  cs(  an/Dial  incndtu: ,  ndulatn- 
riwn  ,  inaidiofinn ,  etc.  Dieu  conserve  leroi  et  monseigneur  le 
dauj)hin;  jeprie  Dieu  tons  les  jours  pour  eux,  et  qu'il  les  illu- 
mine pour  le  bien  public. 

Personne  n'a  mieux  entendu  ni  explique  le  secret  de  1'apo- 
plexie  ijue  Duret  sur  l<;*  C'IHHJW*  <•(  >n  I/u/lernu/i ;  c'est  tine 


.VS6  I.F/l  IRES    I)E    <.n    PATIN 

maladie  du  sang  eonteuu  dans  les  vaisseaux  dti  cerveau  , 
quoi  qu'cn  disent  IPS  charlatans.  Je  vous  baise  tres  liumble- 
ment  les  mains,  et  suis  de  tout  mon  caw  votre,  etc. 
De  Pari* ,  le  26  fevricr  1666. 


LETTKK  DCCIV.  —Aumemc. 

Les  satnrnales  sont  enfin  passers ,  et  voici  le  careme  venu  , 
lequel  peut-etre  nous  produira  plus  de  nouvelles  que  je  ne 
vous  en  ecrivis  par  ma  derniere.  11  est  mort  un  maitre  des 
comptes  nomine  M.  Mendat.  Un  de  nos  compagnons  est 
echappe  d'une  inflammation  de  poumon  apres  seize  bonnes 
saignees,  age  de  plusdesoixante-dixans.  Je  ne  m'etoime  point 
de  la  mort  de  M.  le  prince  de  Conti.  II  avoitlataille  fort  gatee. 
Tons  les  bossus  ont  le  poumon  mauvais.  Hippocrate  a  dit 
quelque  part  que  c'etoit  un  grand  deshonneur  a  un  m^decin, 
si  le  rnalade  mouroit  le  meinejour  qu'il  avoit  pris  medecine. 
Dans  toutes  les  entreprises  de  notre  metier,  la  prudence  y  est 
toujours  requise.  M.  Nic.  Morin  ,  sonmedecin  ,  est  un  bon  gar- 
con  ,  savant  et  compagnon  de  licence  de  inon  lils  C-arolus.  II 
aime  le  bon  vin ,  et  j'ai  pour  que  cela  ne  1'empeche  de  vieillir. 

L'ilippocrato  de  van  der  Linden  n'est  guere  propre  a  etu- 
dier.  II  est  en  deux  gros  volumes  in-octavo  et  de  petite  lettre. 
Van  der  Linden  etoit  un  bon  bomnie  et  riche,  mais  qui  etoit  feru 
de  la  chimie  et  de  la  pierre  philosophale.  N'est-ce  pas  la  pour 
fa  ire  un  bon  niedecin  ?  aussi  haissoit-il  notre  bon  (ialien.  II 
louoit  Hippocrate  ,  Paracelse  et  Vanhelmont ,  en  quoi  il  imi- 
toit  cet  empereur  ([ui  avoit  dans  son  cabinet  les  portraits  de 
J.-C. ,  de  Venus,  de  I'riape  et  de  Flora  ;  n'etoient-ce  pas  la  des 
tableaux  bien  assortis?  II  voyoit  pen  de  malades  et  ne  faisoit 
jamais  saigner.  II  faisoit  profession  d'un  metier  qu'il  n'enlen- 
doit  guere.  En  (in  il  tomba  malade  d'une  fluxion  sur  le  pou- 
mon, pour  laquelle  il  ne  voulut  pas  etre  saigne.  Mais  le 


A    FALCONET.  ,'»87 

sixiemejour,  cetliomnie  qui  entendoit  si  bien  Hippocrate  prit 
(Icuxonccs  de  vin  erne  tique  dans  une  medecine,  avec  laquelle 
ce  me'me  jour  il  passa  en  1'autre  inomle,  age  de  cinquante- 
quatreans.  Et  faire  ainsi,  n'est-ce  pas  faiie  triompher  Hip- 
pocrate et  (Hre  homicide  de  soi-meme  en  depit  de  (lalien  ?  11 
est  mort  deux  jours  avant  que  son  livre  cut  paru ;  et  sans 
1'antimoine,  son  Hippocrate  cut  ete  beaucoup  meilleur.  J'en 
suis  pourtant  faclie,  le  reconnoissant  plus  honmMo  honime 
qu'il  n'etoit  eclaire .  II  y  a  de  ces  Hollahdois  qtii  sont  rudes  et 
qui  lie  se  polissent  qu'en  voyageant.  Van  del-  Linden  auroit 
bien  fait  de  prendre  un  pen  a  Paris  de  notre  bonne  methode , 
qui  1'auroit  tire  do  beaucoup  d'erreurs  (1). 

Un  des  notres  m'a  dit  aujourd'hui  que  M.  Nic.  Morin  a  etc 
fort  blame  d'avoir  laisse  mourir  le  prince  de  Conti  sans  avoir 
recuNotre-Seigneur,  disant  qtie  son  mal  n'etoit  rien,  com  me 
aussi  de  ce  qu'il  lui  avoit  fait  boire  de  1'eau  de  Sainte-Keine  (2). 
On  presse  ici  le  paiement  des  taxes,  et  Ton  met  plusieurs  gar- 
nisons  en  diverses  maisons.  MM.  les  prelats  dti  elerge  de 
France  ici  assembles  out  fait  aujourd'hui  grand  service  pour 
le  del  lint  aux  Grands-Augustins  du  Pont-Neuf ,  on  il  y  aura 
bien  des  ceremonies  et  des  cierges.  On  dit  qu'il  route  10,000  fr. 
II  me  semble  qu'il  vaudroit  mieux  employer  cela  en  aumdnes 
adespauvres  gens  de  la  campagne  ,  qui  out  tant  de  peinn  a 
gagner  leur  vie,  et  a  qui  1'on  fait  si  loiirdement  payer  la  taille. 
Jesuis,  etc. 

DC  Paris,  le  12  mars  l(i<)(5. 

(1)  Cc  jiiftcmenl  esl  severe  ,  et  oeprndant  ne  manque  pas  de  verilp. 
Haller  I'avait  en  partie  adople  ,  car  il  dit  dc  van  der  Linden  :   K»> 
I/rare  doctns  et  latine;  in  praxis  ad  clicnticam  sectatn  inclinans  et  pn- 
nim  clinicus ,  ex  judicio  Guidonis  Palini,  amid  Lindeniani  ,  acuti 
c<rterum  inyenii  scriptor.  Voyez  la  note  t.  II ,  page  497.       (  R.  1".  ) 

(2)  Voyez,  sur  ces  eaux,  Meral  et  Delens,  Dictionnaire  dc  matiere 
medicate,  Paris,  1834.  t.  VI ,  pa;;.  31. 


58$  I, El'TlltS    UE    lil'l    PATIM 

LETTRE  DCCV.  --  Au  metne. 

On  no  parle  ici ,  ce  13  mars,  que  cle  services  pour  la  f'euc 
reine-mere  et  de  plusieurs  harangues  funebres  pour  honorer 
sa  memoire  ,  mais  on  n'en  a  encore  imprime  aucune.  Nean- 
moins  ,  on  espere  d'avoir  bientot  celle  du  pere  Senaut,  qui 
est  le  general  des  peres  de  1'Oratoire ,  et  celle  que  le  pere 
Faure,  eveque  d' Amiens,  a  prechee  a  Saint-Denis.  Toutes 
les  paroisses  ,  les  monasteres  et  les  chapitres  ont  fait  fairc  de 
somptueux  services  a  leurs  depens ,  et  entre  autres ,  les  be- 
nedictins,  les  chartreux ,  les  feuillants  et  autres  moineries, 
exeepte  toutefois  les  jesuites,  qui  n'ont  point  branle.  ,Ie  crois 
neanmoins  qu'ils  n'ont  point  laissede  bien  prier  Dieu  pour  son 
ame,  pour  tant  d'affeetion  qu'elle  a  cue  pour  eux,  en  les  de- 
fendant comme  elle  a  fait  de  son  autorite  contre  les  janse- 
nistes,  qui  autrement  les  auroient  maltraites  sur  leur  morale 
et  autres  livres  de  theologie  avec  lesquels  ils  s'en  vouloient 
faire  accroire. 

J'ai  rencontre  ce  matin  notre  M.  Blondel  a  la  messe  dans 
les  Blancs-Manteaux,  et  nous  en  sommes  sortis  ensemble.  II 
m'a  dit  que  le  mois  prochain  il  commenccra  a  faire  imprimer 
quelque chose  contre  1'abus  de  rantimoine. 

11  fait  ici  IVoid  comme  en  hiver,  et  il  y  a  quanlite  de  rhu- 
matisnuis  et  de  gouttes,  et  plusieurs  feimnes  en  couche  fort 
malades  pour  avoir  neglige  de  se  faire  saigner  dans  le  temps 
de  la  grossesse.  Galien  a  eu  raison  de  dire  <jue  le  fii'tus  est 
souvent  (itoufle  par  1'abondance  du  sang;  mais  DOS  sottes 
fe mines  n'entendent  pas  ce  secret,  et  pourtant  files  veulent 
toujours  faire  bonne  chere,  faire  beaucoup  desang,  et  ne 
songent  guere  aleursante. 

M.  Foii([uet,  le  surintemlant  de  jadis,  a  eu  soin  de  se  faire 
plusieurs  amis  particuliers,  <[ui  voudroicut  bien  encore  le 
servir,  et  en  attendant  roccasion,  ils  travaillent  a  faire  un 
grand  recueil  de  diverges  pieces  qui  peuvent  servir  a  sa  jus- 


A    FALCONET.  S80 

tilication.  En  ce  rccucil ,  il  y  aura  quatre  volumes  in-folio, 
dans  les(juels  sans  doute  le  cardinal  Ma/arin  no  trouvera  pas 
de  (juoi  etre  canonise. 

On  tient  ici  pour  certain  que  1'or  et  1'argent  ne  dtminueront 
point ,  et,  dit-on  ,  que  c'est  que  Ton  a  apprisqu'on  avoit  em- 
porte  hors  du  royaume  ,  et  principalement  en  Angleterre  , 
beaucoup  d'or  d'ici ,  et  que  1'or  valoit  la  davantage.  Je  vous 
baise  les  mains,  et  suis  de  toute  mon  time  votre ,  etc. 

Do  Paris,  le  16  mars  166(i. 


LETTRE  DCCVI.  —  Au  mtme. 

On  continue  de  pendre  des  faux  monoyeurs  ,  ensuite  de 
M.  Delcampe  ,  qui  est  prisonnier  dans  la  liastille. 

Je  parlerai  de  votre  proces  a  M.  le  premier  president  en  son 
temps,  quand  il  aura  ete  distribue  a  M.  le  Routs  ,  qui  est  tin 
fort  bonjuge.  Je  le  lui  ferai  aussi  recommander  par  son  me- 
decin  ,  qui  est  M.  Mathieu.  Les  charlatans  out  trop  de  credit 
au  monde ,  et  les  bons  juges  n'en  savent  pasassez  I'impor- 
tance. 

L'OEconomia  de  Foesius  est  pour  I'Hippocrate  seulemcnl : 
mais  c'est  un  excellent  livre,  aussi  bien  (jue  celui  de  Mari- 
nellus. 

Feu  M.  Nicolas  Pietre  avoit  peu  de  livres  ;  mais  ce  dernier 
mort  en  avoit  encore  moins  de  la  moitit?.  Je  crois  (jue  la  bi- 
bliotheqne  fut  divisee  et  partagee  entre  les  enfantsde  M.  Ni- 
colas Pietre;  les  savants  coinme  lui  n'aiment  guere  les  livres 
nouveaux.  Nicolas  Pietre  avoit  I'esprit  doux  et  mansuet ; 
mais  Jean  son  lils  I'avoit  dur,  apre  et  trop  echaulle  :  aussi 
n'a-t-il  guere  vecu  apress'etre  donne  beaucoup  de  peine,  <  it<> 
raptum'st,  >tt' mat /ffti  iitntiiri't  intellectum.  C'est  une  mauvaise  et 
malheureuse  constitution  (jne  I'alrabilaire  ;  ellej'ait  Irop  de 
peine  a  son  snjef . 


590  LETTRES   DE    GUI    I'ATIN 

Lc  roi  ira  au  parlement  luiuli  prochain  pour  la  ire  passer 
une  declaration  qui  lui  apportera  plus  tie  seize  millions  ;  on 
n'en  sail  pas  encore  le  detail  ,  quoique  les  interesses  s'en 
doutent. 

J'ai  appris  aujourd'lmi  que  la  bibliotheque  de  feu  M.  Pie- 
tre  n'avoit  point  etc  vendue  4,000  ecus.  Feu  M.  son  pere  ne 
lisoit,  apres  llippocrate  et  Galien  ,  que  Ciceron,  Plutarque, 
Pline  et  Seneque,  Virgile  et  Horace ,  et  de  tous  les  modernes, 
que  Scaliger  et  Turnebe. 

La  cour  des  monnoies  setremousse  fort  a  i'aire  pendre  des 
faux  monoyeurs.  Le  sieur  Delcampe  est  loujours  en  prison ; 
son  affaire  est  bien  dangereuse,  et  il  n'y  a  pas  d'apparence 
qu'il  en  echappe.  .levous  baise  les  mains,  etsuis  de  tout  mon 
cueur  votre,  etc. 

DC  Paris  ,  le  9  avril  16tiG. 


LETTRE  DCCVII.   -  Au  nit  me. 

Comment  se  porte  1'incomparable  M.  de  Lorme?  est-il  vrai 
que  sajeunefemme  est  morte  d'nne  mort  subito?  Si  celaest, 
je  le  plains  bien  fort.  Quand  un  homme  esl  jenne,  il  a  besoin 
d'une  femme;  quand  il  est  vieux  ,  il  en  a  besoin  de  deux. 
J.  Ces.  Scaliger  a  dit  en  ses  fc'.a'rriffifin/ti'x  d>s  xtthtilitnte 
contre  Cardan  :  Rapientes  coeunt  ne  caeanf;  inais  il  n'est  plus 
temps  quand  un  bomme  est  si  vieux. 

On  parle  d'une  revue  que  le  roi  veut  fa  ire  de  nouveau  ;  les 
uns  disent  que  ce  sera  a  Troves  ,  d'autres  disent  siir  la  fron- 
tiere  de  Picardie. 

La  reine  de  Portugal  partira  bientot ;  et  Ton  parle  de  I'aire 
M.  le  due  d'Enghien  roi  de  Pologne  ;  on  dit  (jue  le  roi 
d'Espagne  veut  prendre  notre  roi  pour  arbilre  de  la  eonlro- 
verse  (ju'il  a  avec  les  Portugais. 

On  ;i  pendu  dou/e  faux  mommyetirs  dcpuis  (juinze  j 


A    FALCONET.  691 

qui  en  out  accuse  plusieurs  autres ,  et  entre  autres  le  sieur 
Delcampe ,  qui  est  dans  la  Bastille.  On  (lit  quo  les  quarts 
d'ecus,  les  testons  et  les  pieces  de  vingt  sous  s'en  vont  etre 
decries ,  que  Ton  ne  touchera  ni  aux  ecus  blancs ,  ni  aux 
louis  d'or  (l). 

On  nous  promet  apres  Paques  une  declaration  du  roi  pour 
la  re  forme  des  abus  du  palais  et  de  la  chicane ,  que  les  pro- 
ces  par  ecrit  iront  tous  aux  enquetes,  que  la  grand'chambre 
en  jugera  plus  qu'aux  audiences,  et  qu'ils  n'auront  plus 
d'epices. 

Uu  maitre  apothicaire  de  Paris  vient  de  sortir  de  ceans,  qui 
m'a  dit  que  dans  trois  jours  le  comte  de  Koenigsmarck  arrivera 
ici ,  et  qu'il  me  prie  de  le  faire  son  apothicaire  ;  j'ai  fait  1'e- 
tonne  ,  et  lui  ai  dit  que  je  ne  savois  pas  si  je  serois  son  mede- 
cin,  et  il  m'a  repondu  qu'il  savoit  bien  (jue  j'etois  deja  retenu: 
je  lui  ai  promis  de  le  servir  dans  1'occasion.  Voilii  comment 
on  a  introduit  la  coutume  d'aller  briguer  des  pratiques.  C'est 
un  ambassadeur  de  Suede  qui  est  ici  attendu  pour  les  a  ft  a  ires 
publiques.  On  dit  ici  que  la  reine-merede  Portugal  est  morte. 
La  nuit  passee  la  marechale  de  Turenne  est  morte ;  on  dil 
qu'elle  etoit  furieusement  huguenote  ,  et  que  dorenavent  son 

(1)  Le  lesion  elait  unc  ancienne  monnaie  qu'on  a  commence  a 
fabriquer  sous  Ic  regne  de  Louis  XII,  el  qui  fill  abolie  ,  au  nioins 
pour  sa  fabrication,  en  157i>,  par  Henri  III.  Kile  valait  cm  iron  quinze 
sous ,  et  etait  apnelee  lesion  parcc  qu'elle  represenlait  an  revers  la  tele 
du  roi.  Le  lesion  elail  la  valenr  d'niie  visile  ordinaire  de  medecin  a  cetle 
,  si  Ton  en  jujve  par  les  versde  Matliurin  Uegnier  (Sal.  IV]  : 

Si  j'ensse  I'tiulic  , 

Jeiiue  ,  laburifiix  ,  Mir  un  l)anc  :i  1'iVolr  . 
('.alien  ,  Hi[)|)(iiTate  ,  on  JaMJii  ,  nu  llartolc  . 
I 'lie  cornelle  an  roi ,  Jcbont  ilaus  nn  i)ar(|iict  , 
A  tort  ct  ii  t raters,  jc  vcndrois  tnoii  cai|ticl  : 
( )u  bit-u  1. 1 -.1,1  n[  h-  i>oulx  ,  le  venire  on  la  poilriiu' . 
J'aiirni.<>  nu  Iti-an  ifstoii  |>nnr  juj-er  il'nnc  mine. 

K.  i*. ; 


592  LETTRES    DE   (it'l    PATIN 

mari  pourra  bicn  se  fain;  catholique;  il  a  1'cspril  doux  et  est 
fort  raisonnable.  Je  vous  baise  tres  humblement  les  mains, 
et  suis  de  toute  mon  ame  votre,  etc. 
DC  Paris,  Icl3avril  1666. 


LETTRE  DCCVIII.  —  An  nteme. 

On  (lit  que  le  roi  veut  f'aire  sa  revue  generate  (levers  Arras; 
toutes  les  villes  de  Picardie  rcgorgent  desoldats  qui  niangent 
le  peuple  ,  qui  n'a  plus  que  la  peau  et  les  os  ,  pellis  ct  os.sv 
sunt  pro  miscra  macritudine.  Tout  est  mine  en  notre  pays  de 
Beauvais,  BoneDeus,  usque  quo,  Domine !  Nous  avons  ici  le 
temps  fort  beau,  ma  is  les  maladies  s'accroissent :  crachements 
de  sang,  fievres  continues,  inflammations  du  poumon ,  rou- 
geoles  ;  quand  1'ete  sera  venu,  les  petites-veroles  ne  manque- 
ront  pas  de  venir  ;  ainsi  le  monde  ne  manquera  pas  de  maux 
et  d'afflictions  de  diverses  sortes. 

Hier  mourut  ici  un  des  notres  ,  age  de  cin(|iiante-quatre 
ans,  nomine  Pierre  Moriau  ,  qui  etoit  malade  il  y  a  fort  long- 
temps  ;  il  y  a  plus  de  vingt  ans  qu'il  etoit  tout  languissant  et 
ne  bougeoit  presquedu  lit.  11  mourut  ici  hier  quatrepersonnes 
difTerentes  de  mort  subite  et  imprevue,  sice  ex  <n>o])l<>.i:ui,  xicc 
ex  syncope  curdiaca  ;  ista  contingunt  ex  tnotu  sniiyin'nia  ,  qni 
verna  terni>est(ile  liqnatur  ac  se  di /fund if.  Le  sieur  Delcampe 
a  eu  la  tele  coupee  a  la  croix  du  Traboir,  a  sept  beures  du 
soir,  en  tres  grande  compagnie:  il  y  avoit  bien  trois  cents 
archers  a  1'entour  de  1'ecbafaud  ;  mais  il  y  avoit  tant  de  peu- 
ple,  qu'il  y  a  eu  plusieurs  homines   lues   et  de    blesses, 
hommes,  femmes,  soldatset  aulres;  a  la  presse  vont  les  fous. 
Ses  amis  n'ont  pu  obtenir  sa  grace  :  aussi   un  faux  mon- 
noyenr  en  est  fort  indigne;  je  le  trouve  plus  criminel  (ju'im 
homicide,    le  mal  qu'il  fait  etant  plus   universel.   Jo  vous 
baise  les  mains,  et  suis  de  tout  mon  co'iir  votre,  etc. 
Pe  Paris,  le  16  avril  16(i<J. 


A    FALCONET.  .MU 

LETTKE  DCCIX.  -    An  wt'mc. 

J'ai  vu  aujourd'hui  M.  le  comte  do  Kojnigsmarek  ,  ambas- 
sadeur  de  Suede,  qui  n'est  que  mediocrement  malade.  Ces 
messieurs  du  Nord  ne  sout  pas  sujets  a  de  si  grandes  clialeurs 
(jue  nous  en  avons  eu  depuis  un  mois,  mais  ils  ne  soul  pas  si 
regies  quedes  capucins.  II  sont  souvent  nialades  de  la  maladie 
polaire ,  qui  est  de  trop  boire. 

On  fait  ici  en  deux  tomes  le  recueil  de  toutes  les  comedies 
de  Moliere.  Enfin ,  M.  de  Mezeray  approelie  de  la  iin  de  son 
Abregt  de  I'Hi&toirc  da  France.  II  est  a  Henri  IV,  et  iinira  a 
1'an  1635,  quand  le  cardinal  dc  Kicbelieu  lit  declarer  la 
guerre  au  roi  d'Espagne ,  rompant  la  paix  de  Vervins,  ([tit1 
MM.  de  Bellievre  et  de  Sillery  avoient  si  bien  t'aite  ;  mais  il 
taut  qu'il  y  ait  des  1'ous  et  des  mediants  par  le  nionde ,  comme 
il  est  des  singes,  des  limacons  et  des  grei.ouilles  ;  aulremeut 
le  monde  liniroit.  Adieu.  Je  suis,  etc. 

De  Paris,  le 24  avril  1660. 


LETTRE  DCCX.  -     Au  men*. 

Nous  somnies  ici  en  al'lliclion  domestique  pour  mon  collo- 
gue ,  M.  Hommets,  qui  est  le  beau-pore  de  mon  C.arolu.s  : 
Labwut  illi'  'inurlxi  immcdicnhtlt  ,  ncmjic  fcbrr   nssiditn  ct/i/t 
ins/i/iti  ct   iiifini frsfn  fn/'/'/iji/i'l'i  stiltslftntup  pidinonts.    II   u'a 
point  manque  de  medecin,  mais  le  mal  est  incurable,  /»///iiu- 
tiuii  <'$t  <u'ti'  niedendi ,  cxitiinn  xiiju-nit'tt  '///'•///,  (jmp  t'tr/n  jn- 
ci'bnt .   iNous  Tuvons  vu   a  toule   houre,   ot  nt-anmoins  il  (>u 
moui'l'a  ,  cnnfru  run  ///o/V/s   nun   >  sf   int'dicnuicii  in  ln,rtt*;   soil 
poumon  est  all'ecte  danssa  propiv  substance,  ct  la  nicdociiio 
ne  le  pent  secourir.  I'orni'l  on  sa  pathologie  a  i'oi't  bicn  dt'-crit 
ce  malheureux  mal  .  sur  loipicl  ji1   jmis  vmis  dire  :  l-.'jnn  i<t 
m.  .'^ 


o(M  i.Kmti'S  DI;  i,n  I-ATIX 

/'/V/YY//Y'  (/in  r/'ffirtf ;  Mlmni  entm  posititm  in  $nbstnntift  jiftrtittni 
cmendnrc  ,  umi  cut  humuwt'  r>'rtutia.  Le  temps  des  miracles  esl 
passe  et  no  reviendra  peut-elro  plus. 

Depuis  hi  mort  de  la  reine-mere  de  Portugal ,  on  dit  ici  que 
les  Portugais  out  resolu  de  se  bien  defendre  contro  le  roi 
d'Espagae,  et  que  les  Espagnols  se  trouvent  bien  einpeches, 
joint  que  Ton  parle  de  la  saute  de  leur  roi  coinmc  d'une  chose 
bien  irele. 

On  dit  que  le  chevalier  d'llocquincourt  a  ete  noye  stir  la 
mer  Mediterranee ,  et  que  c'est  doinmage.  Je  viens  de  voir 
une  dame  de  vingt-deux  ans ,  qui  avoit  hier  pris  du  sirop 
de  roses  pales ,  et  qui  a  vide  un  ver  dc  la  grosseur  d'une 
bonne  plume  et  long  d'une  demi-aune  ;  les  corps  humides 
et  ple'ms  font  des  vers  aisement ,  mais  la  longueur  et  la  gros- 
seur de  celui-ci  m'etomie.  J'ai  peur  cpie  celte  annee  nous 
n'ayons  bien  des  lievres  et  autres  maladies  de  cette  sorte  de 
pourriture  ;  neanmoins  j'espere  (ju'il  n'en  mourra  quo  les 
plus  malades. 

[,e  l)on  M.  llommetsest  mort  le  sixieme  jotirde  sa  maladie; 
nous  1'avons  I'ait  ouvrir,  et  nous  lui  avons  trouve  le  poumon 
adherent  aux  cotes,  tout  purulent  et  presque  creux;  ee  sont 
les  ell'ets  de  la  lievre  et  de  la  chaleur  eontre  nature.  J'ai  au- 
jourd'hui  salue  1'ambassadeur  de  Suede  ,  M.  le  comte  de 
Kocnigsrnarck ,  <[ui  m'a  Fait  grand  accueil  ;  il  n'a  pas  trente 
ans.  On  m'a  dit  qu'il  me  veut  prendre  pour  son  inedecin  ;  il 
a  la  reputation  d'un  fort  adroit  et  habile  negociateur,  quoi- 
que  Aristole  ait  ecrit  :  Ad  rcspoliticas  gcrendas  iin'nttn  iduiit'ox 
cw  jni'cncs;  mais  il  y  a  des  gens  pour  <jui  Dieu  fait  des 
miracles ,  joint  qu'il  y  a  ordinairement  quelque  exception 
pour  ees  regies  generates.  Je  vous  baise  les  mains  ,  et  suis  de 
tout  mon  cu'iir  votre,  etc. 

De  Paris,  le  4  mai  !<)(!<>. 


A    KAI.CON'ET.  595 

LETTKE  DCCXI.  —  A,,  m/W. 

Les  pores  cle  la  societe  out  en  It;  credit  de  lain1  arreter  pri- 
soniiier  un  savant  janseniste,  IVere,  de  leu  M.  Lcmaitre,  cece- 
lebre  avocat  qui  nous  a  donno  do  si  beaux  plaidoyers.  II  y  a 
longtemps  ([lie  j'ai  out  dire  a  feu  inon  pere  un  bean  inol  qui 
est  dans  les  epitres  de  Lipse  :  I  ?/•/.«.•  boitix  duU-mhuii  <-*t  <juorf 
tamnndtn  nhnis liceant  iinprobis.  J'ai  ceans  le  nieme  tome qne 
feu  mon  pern  avoit  de  ces  epitres  dont  il  avoit  coniin  1'aii- 
tenr.  II  disoit  que  Lipse  lui  avoit  conseille.  de  me  lain:  elu- 
dier.  Dieu  soil  lone  dc  tout.  II  avoit  grande  amitie.  |»our 
Lipse  ,  et  certes  il  le  meritoit.  Tout  re  iju'il  a  errit  est  bon  , 
inais  son  style  no  Test  guere.  Pour  les  niec.lianls,  ils  out  (rojt 
de  credit,  et  lesmoines  trop  d'ambition  eld'envie  de  se  ven- 
ger  de  ceux  qui  no  sont  pas  leurs  amis,  et  <iui  n'ont  point 
fait  le  pain  be.nit  dans  leur  cabale. 

On  a  ici  publie  quelques  oraisons  limebres  j)our  la  reine- 
mere  ,  Anne  d'Antriche.  L'eveqne  d'Ainiens  lit  fort  mal  a 
Saint-Denis  et  deplut  a  tout  le  inonde  ;  et  neanmoins  il  I'a 
fait  imi>rinier  :  aussi  dit-on  (ju'il  I'a  tort  rliangee,  el  elle  de- 
plait  encore.  Voici  ce  (ju'en  a  dit  un  de  nos  poetes  : 

Cc  coiclelicr  mitre  qui  pronietloit  incrvrillos, 
Uos  liants  fails  dc  la  reine  oratcur  cnnayctix . 
No  s'es!  point  conti'iite  do  lasser  nos  oirilliv-,. 
II  vent  au.-si  lassor  no.s  youx. 

L'ambassadeur  de  Suede  a  fait  ici  son  entree  le  Hi  de  ce 
mois.  J'ai  ete  invite  de  la  fete,  maisjen'y  ai  point  ete.  J'ati- 
I'ois  eu  pcur  cni'il  ne  m'eut  fallu  boire  la  en  Allemand.  ,Ie  ne 
bois  jilus  (ju'en  philosoplie ,  qui  a  lanliH  soixante-ciiKj  ans. 
J'ai  cette  obligation  a  la  vieillesse  el  a  tin  |»eu  de  pliilox)- 
phie.  Adieu.  Je  suis,  etc. 

De  Paris,  le  18  inui  lG(i(5. 


5%  LETTRES   DE   (JUI    I'ATIN 

LETTRE  DCCXII.  —  Au  meute. 

.J'ai  vu  ici  quelques  jours  I'ambassadeur  d'Angleterre ,  a 
qui  j'ai  (lit  aujourd'hui  adieu  ,  d'autant  qu'il  dull  partir  dans 
deux  jours  pour  s'en  retouruer  a  Londres.  Son  inal  (Ho it  la 
you  tie  aux  pieds. 

On  dit  qu'il  taut  so  re'sondre  a  la  guerre,  puisiju'il  i'aut 
dompter  par  les  unnos  la  fierte  de  cello  nation  angloise.  Mais 
il  f'erti  beau  voir  sur  1'Ocean  tant  de  princes  armcs  ;  le  roi  de 
France,  d'Angleterre  et  de  Daneniark,  les  Ilollandois  aver 
1'electeur  de  Brandebourg. 

Notre  M.  Blondel  est  un  lioinmc  fort  savant,  maisqui  ecrit 
d'un  style  obscur  et  embarrasse ;  il  esl  plaideur  et  chica- 
neur,  et  ainic  les  proces ;  il  aime  inicux  plaider  ([u'aecorder 
et  terniiner  les  querelles.  II  a  un  proces  con t re  Thevurt  le  Ca- 
mus, ([ui  est  un  aulre  mediant  chicaneur;  il  a  fait  un  grand 
fact um  pour  sa  defense,  inais  il  n'y  en  a  encore  quo  deux 
feuilles  imprimees  ;  il  m'a  dit  qu'il  y  en  aura  hait;  il  se  plaint 
fort  de  M.  le  premier  president,  qu'il  croyoit ,  a  ce  qu'il  dil  , 
etre  son  ami.  Je  ne  sais  ce  que  c'est  que  tout  ce  galimatias  de 
gens  chicaneurs.  Des  que  le  factum  sera  acheve ,  je  vous  le 
ferai  tenir,  comme  aussi  un  livre  <]u'il  promet ,  ((/'  \'<»////>/ 
t<(ibft></i«'  rc'ttciio,  par  lequel  il  veut  prouver  que  J'antimoine  est 
poison  ,  puisqu'il  fait  vomir. 

J'ai  grand  regret  du  pauvre  M.  Hommels;  il  etoit  bon  et 
savant  homme,  inais  il  n'eloit  pas  besoin  dejeuner  le  careine 
<>t  de  S(!  tuer  pour  aller  en  paradis,  caitun  stultltia  iictinius. 
Un  medecin,  (mand  meme  il  ne  seroit  (jue  mediocrement  sa- 
vant, doit  etre  guc'ri  de  cette  devolion  meurlriere  ;  la  vie  de 
rhomme  est  assez  courte  ,  sans  se  couper  la  gorge  par  d(';vo- 
lion  :  lot  on  lard  nous  devons  tons  mourir.  Qiiand  t!sl-ce  (juc 
viendront  les  Voyagt^s  de  .Af.  de  IMonconis?  VA\  viendra-l-il 
encore  quehjues  volumes .'  car  le  Journal  (tcx  .SV/  I/H/H  en  a  dil 
(|uelque  chose. 

,Ie  ne    sais  qui   est  ce  M.  Hat.  dnquel  vous  in'i'crive/.  mais 


\    KAKONKT.  .V.C 

jo  t'erai  tres  volontiers  tout  ce  quo  jo  pourrai  pour  lui  a  cause 
dc  vous. 

J'ai  bonne  opinion  do  votro  Ahrt'-yi''  fit-  ('//istnirc  (i'/,'s/t<i</n<>, 
par  M.  (hi  Verdier  ;  il  y  a  <le  holies  chosos  a  dire.  Mariana  ,  lo 
jesuito,  i|iii  a  ete  un  grand  personnage,  a  (lit  on  son  Hixtairc 
d'fc'spftync  (i\i"\\  y  a  deux  Aviconne,  etc. 

Vous  m'aviez  ci-devant  promis  do  m'envoyor  lo  livre 
nouveau  de  31.  J.  Daille,ete  Dionysio  Arcopayita ,  cf  ff/nntiu 
.\nlioc//io  ;  jo  vous  on  remercie  do  tout  inon  co-ur,  j'en  ai 
un.  Un  honnete  honimc  do  co  parti  in'a  (lit  quo,  dopuis  Cal- 
vin, ils  n'ont  point  eu  dc  si  grand  hoinnic  (JLIO  31.  Daille,  ct  jo 
le  connois.  Lesjuil's  disent  do  lour  rabbin,  Muses  iMninwm'des, 
(pjo  a  .)/ON''  tnititji/o  od  Mo.wtn  noKlrmii  nun  SH/'/T.I//  innjnr  .\/ose  : 
jo  lo  voux  done  bion. 

On  dit  ioi(jiiolo  niois  prochajn  lo  roi  ira  a  laliocln-llo,  otijuo 
dos  domain  il  quitte  Saint-Germain;  <ju'il  s'on  va  a  Versailles 
pour  (iuol(|uos  jours ,  do  la  a  Fontainebleau  ,  a  P.lois ,  a  (lliam- 
bord  ot  a  la  Kochello.  Tout  oola  ost  one-ore  inoortain. 

M.lemanjuisdeVardesestbienmaladc  on  sa  prison  ;  ccsc- 
roit  bion  dommagequ'il  y  mourut.carc'est  un  brave  seigneur. 
Nous  avons  ici  force  crachemenls  do  sang  avoc  fiovres  conti- 
nues; jo  vois  pourtaut  bion  quo  nos  niodecins  so  plaignent 
do  1'avarice  do  uos  malados  :  c'ostquo  la  guouserie  s'introduit 
inorvoillousomoiit  partout,  on  verlu  du  tostaniont  du  cardi- 
nal Ma/.ai'in  ct  dt>  sa  suite. 

La  roino  d<^  Portugal,  ci-devant  mademoiselle  d'Aiunale  , 
doit  partir  d'ici domain,  Ic  roi  mrni.o  I'a  commando;  rile  s'on 
va  d'ici  ;i  la  Uoelielle;  tout  s'apprete  do  doca  pour  un  vova"o 
ii  Fonla'mehleau. 

Jo  vious  do  I'oncontror  31.  IMoiult-l ,  loquel  m'a  dit  qn'il 
avoit  sursis  1'improssion  do  son  I'aclinn,  dont  il  n'y  on  a  quo, 
doux  leuillos  imprimoos;  (|ii'il  y  a  un  grand  proccs  ,  dont  il 
sera  domain  communique  an  parquet,  (lot  liomme  aime  trop 
a  plaidor;  c'ost  pourtant  grand  dommage,  caro'ost  un  liv^ 
savant  liommo. 


«>(.)8  I.E'lTltES    UK    (il'l    I'AIIN 

On  me  vient  de  dire  que  le  debanelie  M.  des  Karreaux  ost 
mort,  belle  ame  (levant  Dieu ,  s'il  y  croyoit!  an  moins  il  par- 
loitbien  comme  un  homme  qui  n'avoit  guere  de  foi  pour  les 
affaires  de  1'autre  monde;  mais  il  a  bien  infecte  de  pauvres 
jeunes  gens  de  son  libertinage ;  sa  conversation  etoit  bien  dan- 
gereuse  et  fort  pestilente  au  public.  On  dit  qn'il  en  avoit 
quelque  grain  avant  qu'il  fut  en  Italic,  mais  a  son  retour  il 
etoit  acheve.  Un  rieur  disoit  qnela  trop  grande  conversation 
des  nioines  1'avoit  gate,  non  pas  de  ces  anachoretes  de  la 
Thebaide,  on  de  DOS  bonnes  gens  qui  s'emploient  a  la  devo- 
tion et  a  1'etude,  mais  de  ccux  <[iii  sont  en  si  grand  nombre 
dans  les  villes  d'ltalie,  (|iii  no  songent  a  rien  moins  qu'a 
Dieu.  .le  vous  baise  les  mains,  et  suis  de  toute  mon  ame 
votre,  etc. 

De  Paris,  !c  28  ma  i  16(50. 


LETTRE  DCCX111.  —  Au 

Kn  attendant  des  nouvelles  qui  soient  bonnes  et  agreables, 
et  qui  soient  fondees  sur  le  soulagement  public  de  toute  la 
France ,  je  ne  laisse  pas  de  vous  ecrire.  On  s'en  va  vendre  la 
grande  bibliotlieque  de  M.  Fouquet,  les  alfiches  en  sont  pu- 
bli(jues  par  les  rues.  La  mauvaise  fortune  de  cet  homme  me 
deplait.  Si  je  voyois  eeans  de  ses  livres,  cela  me  feroit  mal  au 
Cd'ur.  II  eu  a  pourtant  de  tres  beaux  ,  dont  je  1'erois  peut-etre 
mieux  mon  profit  que  person  ne.  J'ai  d'ailleurs  si  pen  de 
loisir  d'etudier,  que  jem'en  console  plus  aisement. 

On  dit  que  le  pape  n'est  pas  en  bonne  intelligence  avec  le 
roi,  (jue  cela  cst  cause  que  nous  n'avons  pas  de  jubile.  Voilii 
un  grand  malheur  pour  la  chretiente  et  pour  tant  de  peclieurs 
qui  out  besoin  de  remission. 

L'accord  du  mariage  de  1'empereur  avec  Tinfante  d'Fs- 
pagne  est  fait.  Cette  princesse  partira  bientot  pourVienne, 
oil  1'on  dil  (|ue  1'einpereur  I'attend  avec  beaucoup  d'impa- 


A    FAI.CONKT.  .MKI 

tience.  On  parle  aussi  d'un  grand  debat  (jiii  est  en  Espagne 
entre  don  Juan  d'Autriehe  d'une  part,  qui  a  la  reine  de  son 
cdte,  ct  le  duo  de  Medina-Sidonia  de  1'autre.  Ce  dernier  est 
un  grand  seigneur  d'Espagne  qui  a  bonappdtit,  et  qne  1'ou 
dit  tHre  descend u  des  ancions  rois  d'Espagne  avant  que  la 
maison  d'Autriehe  y  fut  entree  i>cr  Innci-mn  rcn-nis,  c'est-ii-dire 
par  alliances  et  manages.  Un  certain  poete,  faisunt  reflexion 
sur  cette  pensee,  a  dit  sur  cette  maison  d'Aulriche,  qui  est 
venue  a  un  si  haul  degre  de  puissance  : 

llella  gerant  alii,  (u ,  feli.r  Austria,  nube   1). 

Vous  savez  que  le  commencement  de  leur  grandeur  est 
venu  dece  que  Maximilien  I",  ills  de  Frederic  III,  epousa 
Marie  de  Bourgogne ,  lille  uni<jue  de  Charles,  due  de  Hour- 
gogne,  qui  fut  tue  1'an  1477  devanl  Nancy.  C'etoit  a  elle  que 
les  dix-se|)t  provinces  du  Pays-Has  appartenoient,ct  ainsi  elle 
nous  les  a  emportees  par  la  1'aute  di;  noire  roi  Louis  XI,  duquel 

1 )  Voici  le  cclebre  di.stiqno  : 

llelln  gerant  alii  ;    tu,  J'elij.'  .-tustriiit  null*'  : 
\iiin  IJIKU  .Muis  aln.-i ,   diit  til'i  ri'ijiiti  I  :'nuf. 

(Jn'nn  antre  suivc  les  combats  , 
l.'ll vnicii  tc  sort  inic'iix  t[iic  liollniK'; 
llcllonc  iloniptc  It's  Ktnts  , 
Sans  combat  ^  cnus  tc  lc>  ilouiif, 

(  I'aihlr  trailiii'tion  il'linlicrt .  ) 

l)u  rc.«to,si  on  doutail  do  la  vcritc  enonceo  dans  ccs  voi  <.  il  fatidrah 
:-c  rappclor  I'liistoire  dc  noire  li-nips.  Deux  foi-*  los  Francais  s'cinpa- 
rcnl  de  N  ienno ,  deux  loi.->  la  puissanlo  inaixin  df  llapsbourj;  est 
abaissee ,  huiiuliee ;  die  pord  tine  j;tainlr  par  lie  de  »es  po>so>.-ions  : 
reinpereur  d'Allciiia;',ne  n'e.-l  plus  tjue  I'eniperrnr  d'Aulriche.  Mai* 
Napoleon  s'avise  de  vouloir  ineler  son  san;;  a  eelni  de^  C.e'»ars  jjtM'ina- 
nicjues,  des  lors  loul  change  de  face  ;  la  iiuiison  d'Aulrielie  sr  relevc  , 
devicnl  pin?  pnissanle  (pie  jamais.  Oh!  oui  :  Tu,  fcli.r  Austria  ,  nubc. 

l\.  IV 


()()()  I.KI  IKICS    hK    1,1  I    I'ATIN 

Philippe  de  Cominines  a  (lit  trop  do  bien.  Ce  Maxiinilien  ,  due 
d'Amriohe ,  out  de  Marie  de  ttourgogne  Philippe-le-Beau ,  qui 
epousa  Jeanne  de  Castillo,  Jeanne  la  Loque,  autrement  la 
Folle.  Ce  Philippe  niourut  jeune,  ct  laissa Charles-Quint,  (jui 
fut  archiduc  d'Autriche,  emporeur  et  rui  d'Espagne,  lequel , 
assez  jeune  encore,  fit  avreler  prisonniere  sa  propre  mere,  de 
peur  qu'elle  ne  se  remariat,  ct  ce  par  le  conseil  du  plus  ruse 
prince  de  son  temps,  Henri  VII  d'Angleterre.  Mais  1'Espagne 
lui  vint  par  la  mort  de  son  onclc,  infant  de  Castillo,  qui 
torn  bit  de  cheval  a  la  chassc  et  se  rornpit  le  cou,  comme  avoit 
pareillement  fait  Marie  de  Bourgogne  Tan  1482,  et  voila  le 
destin  de  ceux  qui  gouvernent  le  monde.  Mais,  me  direz-vons, 
pourquoi  cette  histoire?  C'est  quo  jc  vous  en  ecris  de  vieilles, 
puisque  les  nouvelles  nous  manquent,  tandisque  nous  en  at- 
tendons  de  bonnes  touchant  la  paix  des  Anglois  et  des  Sue- 
doif ,  avec  les  Hollandois ,  les  Danois  et  les  Francois.  Amen. 
De  Paris,  le  'ijuin  1G66. 


LETTKE  DCCXIV.  --  Au  meme. 

Jo  viens  de  recevoir  la  votre  ,  du  8  juin,  ct  les  deux  livres 
de  M.  Dailleque  vous  m'avez  onvoyes.  Ouand  vous  avez  dit  a 
M.  de  Lormo  qne  M.  Blondel  vouloit  prouver  (jue  rantimoine 
est  poison  ,  vous  dites  (|u'il  a  fait  un  grand  saut.  11  n'est  point 
mal ,  si  a  son  age  il  saute  encore  si  bien ,  et  Dieu  soil  loue 
qu'il  saute  encore;  mais  I'anttmoine  en  a  bien  fait  tombcr  qui 
ne  se  releveront  jamais  et  ne  sauteront  plus.  Dieu  le  veuille 
bien  conserver  et  raniener  de  Bourbon  en  bonne  sante;  et 
puis(iu"il  iicnse  a  se  nnnarier,  je  lui  souhaite  tine  belle  feninie 
telle  (ju'il  la  voudra  choisir.  11  n'est  rien  tel  (jue  de  niourir 
d'une  belle  epee.  II  i'aut  entrer  avec  honneur  dans  la  sainte 
synagogue.  Je  I'lionore  fort,  mais  moil  bon  genie  m'empeche 
d'etre  de  son  sentiment  touchant  ranliinoine.  Je  n'en  ai  ja- 
mais donne  a  porsonne  ,  parce  quo  je  ne  hasardc  rien  ,  et  sin' 


A    FALCONET.  (i()| 

les  instructions  que  m'en  a  donnees,  il  y  a  plus  de  quarante 
ans,  f'cu  M.  Nicolas  Pietre,  qui  m'etoit  conimo  un  autrc  Ga- 
Hen  ou  Hippocrate,  les  mains  nc  m'ont  jainais  demnngc  pour 
en  donner  a  qui  quc  ce  soil,  ct ,  en  verite,  je  crois  avoir 
raison  :  c'est  une  mechanic  drogue,  et  le  peu  qui  en  a  pris  et 
n'en  est  pas  mort  n'en  avoit  quo  faire.  II  n'y  a  rien  de  si  aise 
que  de  dire  que  1'antimoine  n'est  pas  un  poison;  mais  il  n'est 
pas  si  aise  d'enguerir  toute  sorte  de  malades,  conimedisent 
nos  faux  prophetes.   Quand  il  ne  sera  (juestion  quc  d'aller 
vile  ,  et   la  ire  tout  ce  que  fait  1'antiinoine  ,   voire  encore 
mieux,  nous   ne  inanquons  point  de  remedes.  Les  apolhi- 
caires'se  melent  de  la  partie,  et  enragent  centre  le  Mcdcchi 
charitable,  et  centre  les  medecins  qui,  pour  empeclier  leur 
tyrannic,  ordonnent  en  francois  et  font  faire  les  remedes  a  la 
maison  ;  ce  que  j'en  fais  n'est  que  pour  le  soulagement  des 
families.  La  casse,  le  sene,  le  sirop  de  lleurs  de  pecher,  de 
roses  pales  et  de  chicoree,  compose  avec  rhubarbe,  suffisent 
presque  a  tout.  Jen'ai  jarnais  vu   de  maladie  guerissable  qui 
ne  put  guerir  sans  antimoine,  quoiqu'a  la  verite  je  me  serve 
aussi ,  pour  les  plus  sots  ,  tels  que  sont  quelquefois  les  etran- 
gers,  de  nos  confections  scammonees ,  commedu  diaphenie, 
diaprun  solutif,  diacarthame,   dipsyllium ,   dc  citro  et   dc 
succo  rusarwn ;  mais  il  faut  regarder  de   pres ,    et   ne   pas 
prendre  martre  pour  renard.  Les  corps  bilieux  et  atral.tilain-s 
dont  noire  ville  est  pleine  n'ont  pas  besoin  de    cos  remedes 
beaucoup  acres,  moins  de  coloquinte,  ellebore,  aiitimoine  ou 
autres  venins  semblables.   Ces  messieurs  m'ont  queltjui'lois 
demandopourquoi  jcne  mevoulois  point  servir  de  ce  vini'ini'1- 
ti(jue,  qui  est  un  si  bon  remeile.  A  <|uoi  j'ai  souvent  repondu 
<|ue  je  ne  mettois  point  la  vie  de  mes  malades  dans  des  risques 
sidangereux,oubien  je  lespaiedecet  apologuedu  bon  Horace, 
et  de  la  reponse  du  renard,  a  <[ui  le  lion  malade  demandoit 
pounjuoi  il  ne  le  venoit  pas  voir.  C'est,   dit-il ,  o  mon  roi  ! 
(iiieje  vois  les  vestiges  des  pas  de  ceux  qui  Ic  sont  alles  voir, 
qui  sont  tons  tournes  du  cole  de  ta  taniere,  et  je  n'en  vois 


(K)-2  I.KTTKKS  DK  <;ri  I-ATI.N 

point  de  ceux  (|iii  sont  revenus.  Mais  Dieu  soil  lone  de  tout 
en  attendant  le  f'actum  et  le  livre  de  M.  Blondel.  Nuns  verrons 
tout  ec  qu'il  dim,  s'il  vient  bientot ,  car  s'il  tarde  tant  a  venir 
je  n'y  serai  peut-etrc  plus;  je  pourrai^tre  parti  pour  ce  gite, 
dont  M.  de  Lorme,  non  plus  quo  les  courtisans,  no  savent 
pas  mieux  la  carte  quo  moi. 

On  ne  dit  plus  rien  do  M.  des  Barreaux  ;  je  ne  sais  on  il  est 
a  present.  11  a  vecu  de  la  seete  de  Crotnonin.  Point  de  soin  de 
leurame  etguore  deleur  corps,  si  cen'est  troispiedsen  terrc. 
II  n'a  pas  laisse  de  corrompre  les  esprits  de  beancoup  de 
jeunes  gens  qui  se  sont  laisse  inl'atiier  ;i  ee  libertin  (1  . 

M.  Morisset,  qui  rtoit  en  prison  pour  ses  dettes,  n'y  est 
plus.  II  fait  toujours  bonne  mine.  II  a  du  temps  quelui  a  fait 
donner  le  president  de  Bnilleul.  La  reflexion  quo  vous  m'en 
f'aites  qu'il  I'aut  avoir  du  bien  en  la  vieillesse  me  fait  souvenir 
de  ce  quo  dit  Juvthial  en  pareil  cas,  lui-memc  ayant  pcur  dc 
mourir  de  f'aim  en  sa  vieillesse.  C'etoif,  nn  honnete  homme  de 
grand  esprit,  et  qui  connaissoit  le  monde,  aussibien  qu'Ho- 
mere  ,  Aristote  ,  Ciceron  ,  Taeite  et  Si'neque.  Ajoutex-y  les 
deux  Pline.  Je  mets  en  parallele  pour  la  force  d'esprit  Lucien 
et  Juvenal,  qui  otoit  en  son  temps  lo  Soci'ate  de  Home,  et  a  la 
vert n  duquel  la  tyrannic  meme  deDomitien  portoit  honneur 
et  respect.  Ce  siecle  ne  valoit  pas  grand  argent,  excepte  la 

(1)  Cretnonini,  ot  non  Gremonin,  ctail  nn  philosophe  pcripaleticien. 
II  naqnit  a  Qento  ,  duchc  dc  Modcnc  ,  en  1ooO  ,  el  mournt  do  la  pcste 
;i  Padoue  en  1031 ,  a  1'ajjc  de  cjuatrc-vingls  ans.  Coinme  il  soutenait 
(pron  ne  pent ,  par  la  raison  .seule,  dcmonlrcr  1'iramortalitc  de  1'aine  , 
on  le  .son])conna  d'irrcli{jion  el  d'athcismc.  «  (le  Crernonin  ,  dil  (r. 
Nando  ,  clait  nn  ^rand  iiersonna^e  ,  nn  esprit  vi(  el  capable  de  (out , 
nn  liommc  deniaise  et  yucn  dn  sol  ,  qni  savail  hien  la  verile  ,  mais 
(pfon  n'ose  j)as  dire  on  italio....  Crernonin  cachail  linemenl  son  jenen 
Italic  ;  Nihil  habcbat  pietalis  ,  et  tamen  inns  lutbcn  volebat.  I'no  do 
scs  inaxiuies  clail  :  Jntns  id  lil/at  ,  for  is  ul  ntnris  csl.  fl  y  on  a  hien  on 
Italic  qni  n'on  croienl  pas  phis  (pic  (.remonm.  »  (.online  Nando  avail 
sejonrno  doii7,c  ans  dans  re  pays,  .-on  opinion  iTest  pas  sans  \rai- 
semblance.  K.  I*. 


A    KU.OONKT. 

lumierede  1'Evangile  :  neaumoins  il  valoit  encore  mieux  que 
le  notre ,  quoiquc  nous  ayons  bien  dos  bigots.  Ynli-  ft  me  HI/HI. 
De  Paris,  le  18  juin  1060. 


LETTKE  DCCXV.  —An  w-mr. 

La  nouvelle  est  ici  ibi't  grande  do  la  bataillo  gagnoo  sur 
inor  par  les  Hollandois  contro  les  Anglois.  On  dit  qu'ello  a 
du re  quatre  jours,  et  que  les  Anglois  y  ont  perdu  plusieurs 
vaisseaux  ,  outre  ceux  qui  out  ete  emmenes  en  Hollands  avec 
3,000  prisonniers.  On  attend  do  jour  a  autre  un  detail  plus 
certain ;  mais  neanmoius  on  ost  ici  fort  rejoui  do  re  que  les 
Hollandois  ont  en  gain  do  bataillo;  car  oil  ospere  quo  los 
Anglois  f'eront  plus  aisement  la  paix.  J'ai  vu  ee  matin  M.  le 
comto  de  Seested ,  ainbassadoiir  extraordinaire  do  Dane- 
mark  ,  lequel  m'a  dit  qu'il  no  croira  rien  de  tout  oo  (jn'on  en 
dit  qu'il  n'ait  reou  sos  lettres  do  Calais,  lesquollos  il  attend 
aujourd'liui.  II  y  a  pourtant  des  relations  a  Paris  qui  sont 
venues  depuis  trois  jours,  lesquolles  assurent  quo  los  Anglois 
y  ont  perdu  25  grands  vaisseaux  ,  ot  qn'on  lour  a  emnieno 
en  Hollando  plus  do  3,000  prisonniers  ;  mais,  (juoi  quo  Ton 
en  diso,  jo  suis  d'avis  do  n'on  rroire  quo  oe  que  les  Anglois  , 
nature! lenient  glorieux  ,  avoueront  on  otre  vrai. 

\AI  reine  ost  grosso ,  ot  jo  le  souhaite  fort  pour  le  bion  do 
foute  la  France.  II  n'y  aura  jainais  trop  do  tils  <fun  si  bon 
roi  que  le  notre. 

Ceux  qui  veulont  exeusor  la  jitM'ttMlos  Anglois  disont  <pie 
lour  niallieur  ost  arrivi-  do  oo  qu'ils  ontdiviso  liMir  arnuV  ,  ot 
(ju'ilsen  avoient  tiro  -25  frogates qu'ils  avoicntenvoyoesrontrr 
M.  do  Beaufort;  mais  j'ai  ou'i  dire  a  d'autros  quo  rela  n'est 
pas  vrai.  Notre  M.  Hrayor  a  aujourd'liui  ir.ario  sa  lille  a  un 
eonseiller  tit;  la  cuiir,  noinnii'1  M.  Lochassicr,  nrveii  do  M.  lo 
president  Mirou,  a  huiuolle  il  a  doinu'  80,000  eons  argent 
'•omptant.  11  en  a  bion  do  irste.  ot  enrore  deux  autros  enl'ant> 


(;(H  I.KT1KKS    DE    Cl"!    I'ATIN 

qui  on  aui'ont  pareillement  beaucoup.  Co  M.  Lescbassier  est 
Ills  (1'iin  niaitrc  des  comptes  ,  excellent  homme  qui  aimoit 
notre  Caroliis  comme  son  propre  ills.  Us  out  souvent  etudie 
ensemble,  et  ce  jeune  marie  est  tres  savant.  Outre  la  belle 
jurisprudence,  il  sail  1'antiquite,  le  grec  et  les  belles-lettres, 
au-dela  de  sa  condition. 

Le  roi  a  donne  a  M.  de  Ruvigni  13  vaisseaux  pour  conduire 
mademoiselle  d'Aurnale  en  Portugal,  et  apres  il  a  charge  de 
s'aller  joindre  a  Tarinee  de  31.  de  Beaufort  ,  alin  qu'il  soil  si 
fort,  quo  les  Anglois  ne  le  puissent  attaqucr.  MM.  les  Khits 
deHollande  out  pareillement  envoye  plusieurs  vaisseaux.  vers 
le  Danemark  ,  alin  d'empecher  (jue  les  Anglois  n'aillent  dece 
cote-la  I'aire  (|iiel(|ue  surprise. 

On  dit  quo  les  Anglois  out  fait  faire  des  feux  de  joie  sur  ce 
qu'ils  out  gagne  la  bataille  sur  mer  contre  les  llollandois; 
mais  il  fait  bon  battre  un  glorieux.  Us  out  perdu  2.">  grands 
vaisseaux  ,  et  les  Hollandois  n'y  en  out  perdu  que  4.  Cepen- 
dant  on  amuse  lepcuple,  et  on  donne  ainsi  le  courage  a  des 
miserables  soldats  de  s'embarquer,  comme  s'ils  etoient  surs 
d'en  rcvenir.  Jamais  les  Kspaguols  ne  perdentde  batailles  que 
leurs  fu  yards  n'aillent  dans  leurs  villages  crier  :  \'ict«ir<- 
conti'c  ccs  gouaches  dc  Francois  (l). 

On  dit  que  le  roi  s'en  va  faire  I'aire  une  grande  revue  a 
I'eiitour  de  Fontainebleau  avee  tout  1'apparat  d'un  siege,  CM; 
([ui  coutera  beaucoup;  mais  c'est  pour  rejouir  les  dames  de  la 
cour.  On  dit  que  nous  verrons  bientot  cetle  grande  reforma- 
tion de  la  justice  ,  et  qu'elle  sera  publiee  le  mois  prochain  ,  et 
(jue  les  proces  en  serout  bien  abreges  a\'ee  grand  retranclie- 
ment  de  taut  de  chicane  qui  est  aujourd'lmi  dans  les  parle- 
ments  el  dans  les  presidiaux  de  France  :  /i"(  ,  li<d  ;  mais  cela 
ne  se  fera  jamais  qu'au  grand  regret  de  taut  de  gens  <|ui  en 
vivent,  etcjuecette  chicane  entretient  avcc  tantde  luxe. 


(1)  Gavachos  ,  expression  injurieusc  tres  usitec  en  Kspa^ne  conlre 
les  Franrais.  (R.  P." 


A    FALCONET.  60.'» 

L'inf'unte  d'Espagne  est  encore  en  Espagne.  Quand  elle 
sortira  de  la ,  elle  viendra  ii  Milan  ,  oil  seront  les  ceremonies  , 
et  de  la  elle  sera  conduite  en  Allemagne  jusqu'ii  Vienne. 

La  ratification  du  traite  que  le  roi  a  fait  avec  ceux  d'Alger 
et  de  Tunis  a  ete  reeue  avec  grande  joie  ii  Fontainebleaii.  Us 
nous  rendront  nosesclaves;  nous  y  aurons  toute  la  liberte  du 
commerce;  niais  il  ne  se  faut  guere  fier  a  ces  yens-la,  qui 
n'ont  d'autre  religion  quecelledu  profit,  ijHornm  /J<-//s  ci-nti-r 
rsf.  Jo  vous  baise  les  mains,  et  suis  de  tout  mon  cirur 
votre ,  etc. 

Do  Paris,  le  22juin  16GG. 


LETTRE  DCCXVI.  —  An 

M.  rambassadeur  de  Suede  m'a  dit  ce  matin  qu'il  n'y  a 
imlle  apparence  de  paix  entre  les  Angloiset  les  Uollaiulois, 
<|ue  les  uns  et  les  autres  n'aient  encore  mis  une  fois  en  mer, 
et  qu'ils  ne  se  soient  derechef  battus  apres  la  victoire  que 
les  Hollanders  ont  remportee  sur  mer.  Les  Anglois  firent  aus- 
sitot  courir  le  bruit  qu'ils  avoient  gagne  de  beaucoup;  mais 
ce  f'ut  un  stratageme  qui  leur  a  retissi.  Ce  ne  fut  que  pour  eni- 
pecher  une  sedition  que  cette  mauvaise  nouvelle  eut  can  see 
dans  Londres. 

(Deux  qui  viennent  de  Fontainebleaii ,  ceGjuillet,  disent 
(juela  goutteest  venue  a  M.  Colbert  ,  et  qu'il  se  porte  mieux. 
II  est  vrai  (jiie  la  goutte  est  quelquefois  criticpie,  /•/•/•/•/•//  oifm 
a  mar/iris  inorbis  libt'i'nf,  tif/iiluiufnna  tinm-n  nntritmrinn  I'/m'f- 
/'l/in  i/t'iirniii  (liat/tcsini  I'tnuqnc  finuli'iit  li'l/Hili'iit  nidicaf  (l). 

^1)  Lo  coiiiiuenceineiit  do  cv  p<is>ai:o  prouvo  quo  dm  Patin  rt\',;ir- 
dail  la  jjouHo  commo  uuo  inaladie  oriliquo.  C'o>l  aussi  Pupiiiiuu  tlo 
boauoou])  do  inodooiiis  niodornos  ;  do  la  cello  famon>e  i|iio>tion  :  /Ant- 
on ijuerir  la  (joullr  ?  qu'on  doil  poser  avanl  celle-ci  :  I'c'it-on  ijuerir 
In  «<nttle'?  It.  \*. 


GOG  I.F.THIES    I)K    (,UI    1>ATIN 

Meat  i  nis!  iiie  ti/i/iiii'is,!,/  hnri.'tiuni'.'  Quand  vous  avc/  la  gout  to, 
vous  etes  a  plaindre  ;  quand  vous  uc  1'ave/  pas,  vous  etes  a 
craindre  ,  nintinim  re/I  ait  st-mm  vindcntum  ct  mnliynwn  it 
visceribtis  intonjieratis  ct  male  murutis  a.il  jtulnionetn  ,  </uf  imlc 
in/icilin  ct  inemendabile  citituu  cuiici/iif.  Kntiu  c'ost  chose 
certaine  que  les  Anglois  out  perdu  28  grands  vaisseaux  le 
mois  passe,  doutsept  out  ete  emmones  en  llollande,  et  tons 
les  autres  out  ete  enfonces  et  soul  alles  au  fond  de  la  iner. 
Les  Hollandois  sont  aiijotird'hui  les  plus  forts  ,  ft  ilwninimtm- 
man',  inais  la  paix  ne  so  fait  point,  ct  n'est  pas  en  etat  d'etre 
f'aite.  II  f'aut  (ju'ils  se  lienneut  sur  lours  gardes,  car  lesAnglois 
disont  bieu  <pi"ils  en  vouloiit  avoir  leur  revanche.  Quand  les 
loups  sont  enrages,  ils  mordent  bion  serre ,  dwitjne  rcni'mim 
dantis ,  cf  udmorso  sKjnuta,  tn  ^///'pc  ctctit/'t.i- ,  inoine  il  v  en  a 
ici  qui  liennent  qu'ils  sont  deja  aux  mains. 

On  avoit  parlo  du  re  tour  du  roi  ii  Yiiiceunes  vl  a  Versaillos ; 
inaiscela  est  change,  le  roi  s'en  va  a  Chnmbord,  et  peut-etre 
de  lii  bien  plus  loin  ,  jusqu'ii  la  Ilochelle  ,  ou  Ton  (lit  quo  doit 
aborder  dans  quiuze  jours  M.  de  Beauibrt  avec  son  arinee. 
J'attendrai  le  [>lus  patiomment  qu'il  m^  sera  possible  les 
voyages  doM.  do  Monconis  avee  1'antre  livreijiu:  vous  m'ave/ 
destint;  jiar  M.  de  Taix;  puisseut-ilsbioiilot  vonirii  IJOD  jtort ! 
Je  suis  ravi  do  ce  (jiie  31.  votre  liis  est  toul-ii-i'ait  rocu  et 
agrege  dans  votre  college;  Diou  lui  i'asse  la  grace  do  n'y  ac- 
([uerir  quo  du  bien  et  de  riionneur,  ot  do  n'cn  inourir  que 
1'aiicion  niaitre.  11  a  de  1'esprit  ct  de  tort  bonnes  qualites  ;  lo 
temps  lui  en  acquerra  d'autres,  et  j'espere  ({u'il  reussira 
bien  dans  sa  profession. 

,le  ne  sais  (puand  le  roi  ira  au  parlonient  pour  sa  declaration 
contre  la  chicane  et  la  reformation  de  taut  d'abus  qui  sont 
au  palais  ;  mais  on  en  menace  ici  fort  tons  les  procurours  et 
les  grcfliers  ;  los  conscillers  monies,  ot  los  avocats  en  sont- 
('•pouvantes;  los  marchands  disont  (jue  cola  servira  a  rabatti'o 
I'oi'guoil  et  la  braveriedes  femmes  desprocurcurs. 

[/ambassadour  de  Suede  commence  for!  a  fa  ire  diminuer 


A    FALCONET.  (KT 

son  train;  il  en  pnrlil  encore  liicr  -2-2  ol'liciers  qui  s'en  vont  a 
Bruxelles,  en  Hollands,  el  de  la  a  Brcme.  Unit  jours  an- 
paravant  on  avoit  decharge  la  inaison  de  pared  noinbre  de 
domestiques ;  niais,  |)our  I'ambassadeur  nieme,  on  dit  qu'il 
n'est  pas  encore  pres  de  s'en  idler.  Ilier  apres-midi ,  tandis 
quej'etois  en  ville ,  et  peut-etre  au  College  Uoyal ,  un  cro- 
cheteur  m'apporta  un  paquet,  qui  est  sans  doute  de  votre 
part ,  dans  lequel  j'ai  trouve  eet  Abrt'-t/f'  d<- I'  lli*t»ir<'  (/'k's/j<i</nt' 
de  du  Verdier,  et  les  VIHJUIJCS  da  M.  dc  .l/o//r;o/</.>-,  et  pour  le 
tout,  je  vous  en  rends  graces  tres  humbles. 

M.  Blondel  me  dit  liier  quo  son  factuni  viendroit  bientot. 
Comment  se  porte  M.  de  Lorme?  est-il  remarie?  fm-jm  .v- 
ncx  miles,  turpe  senilis  ainur.  Je  vis  liier,  die/  31.  Cramoisy, 
deux  tomes  in-lblio  d'un  medecin  espaynol ,  nonirni'1  da  j/c- 
radia  ,  imprimes  ehez  MM.  Arnaud  et  Jiordes  ;  mais  dans  ee 
peu  de  temps  qu'ils  Curent  entre  mes  mains,  j'y  vis  taut  de 
fautes  de  la  pai  tde  I'imprimeur,  que  j'en  (us  bientot  degonte; 
cela  pourtant  n'empeche  point  que  je  n'en  desire  un  exem- 
plaire  ;  il  y  a  la-dedans  un  traite  qui  me  les  fait  desirer,  mal- 
gre  les  lautes  typographiques  :  c'est  un  commentaire  sur  les 
Jlistuircs  epidemiques  d'I//i>jnj<:r«(c.  Je  vous  en  lerai  rendre 
le  prix  par  le  commis  de  M.  Troisdames  ,  qui,  Dieu  inerei, 
est  en  bonne  sante. 

On  ne  parle  plus  d'aueun  voyage  du  roi ,  mais  seulemeut 
que  la  cour  sera  encore  trois  mois  a  Fonlainebleau ,  <|iie  I'ain- 
bassadeur  de  Suede  a  fait  son  accord  avee  nous  ,  et  <pi'il  a 
louche  ^0(),0(!()  livres.  Je  vous  baise  Ires  lunnblenient  les 
mains  ,  et  suis  de  tout  mon  cu'ur  votre,  etc. 

DC  Paris,  le  !(•  juillct  K>(iC». 


LKTTIiK  DCCXVll.  --  .lw  mniv. 

Pour  satist'aire  a  ee  (|iie  vous  souhaite/.  de  moi ,  je  vous  di- 
rai  <|ue  Julius  Ci'-sar  Buleiigvrns  i''loil    nulil'  de  Loiidun  .  lil> 


60S  LETTRES    DE   GUI   PATIN 

d'uii  modecin  natit'de  Troves.  II  so  lit  ici  jesuite  assez  jeune ; 
etcomme  il  etoit  savant,  il  y  faisoit  lecon  le  matin,  ot  le  pore 
Jacques  Sirmond  ,  ce  grand  hommequi  mourut  en  1G.">1 ,  age 
decinquante-quatre  ans,  y  enseignoit  1'apres-dine.L'liabit  do 
Bulenger  etoit  tanne  et  non  pas  noir,  et  parce  qu'il  n'etoit 
pas  encore  pretre ,  il  n'etoit  nomine  que  maitre  Jules.  J'ai 
ceans  un  petit  livre  ecrit  do  la  main  de  feu  mon  pore,  qui 
sont  des  lecon s  qu'il  lui  a  die tees  1'an  1586.  II  sortit  des  je- 
suites  et  enseigna  dans  Paris  en  divers  colleges  ,  et  on  Ire  au- 
tres  a  Harcourt  et  aux  Grassins;  puis  il  devint  aumonier  du 
roi ,  puis  alchirniste ,  I'ripon  et  debauche  ,  et  enfin  allant  a 
confesse  a  tin  jesuite  en  un  certain  jubile  ,  il  fut  reconquis  et 
regagne  apres  unc  parentheso  de  vingt-deux  ans;  et  il  so  re- 
mit aux  jesuites,  chez  lesquols  il  est  mort  environ  1'ari  1G28  , 
a  Tournon  ou  la  aupres.  II  etoit  savant ,  mais  tout  ce  qu'il  a 
ecrit  n'a  pas  reussi.  Los  jesuites  le  vouloiont  obligor  d'ecrire 
centre  1'bistoire  de  31.  le  president  de  Thou  et  centre  Ca- 
saubon. 

Jo  connois  fort  ce  M.  Colladon ,  dont  vous  me  parloz  ;  il  so 
dit  medecin  de  la  reiiie-mero  d'Angleterre.  II  m'a  (lit  qu'il  a  un 
lils  qu'il  veut  fairo  medecin  ,  ot  qu'il  me  recommandera  pour 
otre  mon  auditeur,  qu'il  otoit  plusieurs  fois  venu  au  College 
Royal  y  entendre  mes  explications  ,  et  qu'il  aimoit  bien  ma 
metbode  simple  ot  facile  ;  mais  je  sais  de  bonne  part  qu'ils 
n'observent  pas  de  metbode  en  Angleterre.  Los  apotbicaires  y 
sont  grands  coupeurs  de  bourses ,  et  les  medecins  los  y  aidont, 
/tic  ct  alibi  rendilx/-  )>ijx>r.  Pour  M.  dcMayorne,  qui  otoit  me- 
ckcin  du  roi  ,  c'otoit  un  grand  charlatan.  Mais  qu'ost  dovonu 
ce  Provencal  chimiste  nomine  Arnaud  ?  A-t-il  (Ho  pondti 
pour  i'ausse  monnoie?  car  on  nous  1'a  dit  ici.  Jo  no  sais  pas 
qui  est  cclui  dos  notres  (|ui  a  ocrit  a  Lyon  ([tie  co  n'ost  pas  sans 
mystere  que  1'antimoine  a  prevalu.  Donnez-vous  un  pou  do 
patience  ,  il  en  sera  parlo.  II  viondra  nil  factum  ,  un  anvt  ot 
un  livre  latin.  II  est  ici  pen  do  malades,  mais  le  vin  <'m<'ti- 
quo  y  ost  fort  docrio.  La  cabalo  de  cetto  dornioiv  assemblt'-o  a 


A  FALCONET.  tk)(.) 

tail  tort  o  sa  reputation  1 1).  Ces  messieurs  disi'iil  t|u'un  poison 
n'est  point  poison  dans  la  main  du  bon  medecin.  11.;  parlent 
contre  leur  propre  experience ;  car  la  plupart  d'entre  eux  out 
tue  leur  femme  ,  leurs  enfants  et  leurs  amis.  Quoi  qu'il  en 

(1)  L'antimoine ,  proscrit  il  y  avail  cent  ans  par  deux  decrels  (Voyez 
Ces  decrets,  t.  I,  note  page  191 ),  f'ut  aulorise  dans  Passemblec  dc  la 
Facullc  de  medecine  du  16  avril  1066.  1,'arrel  du  parlcuient  es»t 
transcrit  sur  les  registres  de  la  Facultc  ,  ou  nous  Ic  copious  en  marge 
de  cclui  du  3  aoul  1566. 

Extrail  des  reyistres  de  parlement. 

Uecu  par  la  cour  le  proces- verbal  de  MM.  Henri  de  llci'uge  et  Jean 
duTillet,  conseillcrs  d'icelle,  du  2'J  mars  dernier,  en  execution  des 
arrests  rendus  le  16  fevrier  ct  le  6  dudil  niois  dc  mats,  enlre  M.  Jacques 
Thevart,  docleur-regenl  de  la  Facultc  de  medecine  de  ITiuverMle  de 
Paris,  professcur  es-cscholles  de  ladite  Faculle ;  el  Francois  Ic  Yignon  , 
doveu  de  ladite  Facullc,  d'unc  part;  el  M.  Francois  Blondel  ,  aussi 
doclcur-regent  de  ladile  Faculle,  conlenanl  les  comparilioiin,  diies, 
requisitions,  opposilions  ct  conleslalions  desdils  Thevart,  le  Vignun 
el  Ulondel,  el  requisition  de  M"  Nicolas  Doe,  subslilul  du  procureur- 
general, avec  lequel  lesdits  conseillers  sc  seraienl  Iransporle's  el  eschnlles 
de  ladile  Faculle  ;  ensemble  les  ad\is  et  suiirages  de  cent  deux  medc- 
cins,  assembles  en  ladile  Faculle,  sur  le  vin  emetique,  dont  il  s'en  esl 
trouve  qualrc-vingl-douze,  lesquels  out  esle  d'adxiide  mellre  le  vin 
emeliquc  enlre  les  remedes  purgalifs  ;  el  les  huil  aulres  ,  an  conlrairc, 
qtie  c'estoit  un  venin.  Fl  le  decrel  de  ladile  Faculie  ,  (ail  de  suite ,  avec 
leur  permission,  par  ledil  le  Vignon ,  doyen  d'icelle,  donl  lesdils 
conseillers  auraient  doiine  acle  et  ordonne  qu'ils  en  feroient  rapport. 
Ouy  ledicl  rapport,  le  loul  rons'nlerc,  ladite  cour  a  eiilheriine  et 
enlherime  ledicl  advis  el  decrel  :  ce  laisant,  permit  a  tons  docleurs- 
me  'ecins  dc  ladite  Faculle  de  se  servir  dudil  vin  emeliquc  pour  les 
cures  des  maladies ,  d'en  escrire  el  disputer,  fail  neanmoins  inhibitions 
el  deffences  a  tonics  personnes  de  s'cu  servir  que  j>;tr  leurs  advis. 
Ordonne  que  le  present  arresl  sera  I u  en  la  Faculle  do  medecine  ,  et 
inscrit  dans  leur  regislrc  a  cosle  du  decrel  de  136(5 ,  qui  deifend  et  pro- 
bibc  de  se  servir  dudit  vin  emelique;  el  seronl ,  L-s  oppositions  dc 
Thevart  el  llureau,  ensemble  I'arresl  de  Charlier,  remis  dans  lesdiu 
registres  a  la  diligence  du  doyen.  Fait  en  parlement ,  k-  10  avril  16  ;<>. 
Si<jnc:  duTillet,  r(  coUal'onne .  !e  Vignon,  doyen.  (  H.  \\] 

III.  .•?',> 


610  i.K'mti-s  DK  GI  i  r.vm 

soil,  pour  tuvoi'iser  les  apolliicaires  ils  disentdu  bien  d'nne 
drogue  dont  eux-nu-mes  u'oseroient  gouter.  Je  me  "console 
parce  qu'il  taut  qu'il  yait  des  heresies,  atin  que  lesbonssoient 
eprouves  ,  mais  je  n'ai  jamais  ete  d'humeur  a  adorer  le  veau 
d'or,  ni  a  considerer  la  fortune  coinine  une  deesse,  Dieu  m'en 
preserve  a  1'avenir.  Je  suis  content  de  la  mediocrite  de  la 
mienne.  Paix  et  peii.  Des  quo  le  vent  aura  change  ,  tons  ces 
champions  de  1'antiinoine  se  dissiperont  comme  la  fumre  de 
leur  fourneau.  Ijtsi  peribuiit :  dii  iiidinrapiis.  Vale. 
De  Paris,  l*>  30  juillet  160(5. 


LETTRE  DCCXVIII.  —  AH  menu: 

M.  Defita  ,  procureur  du  roi  aux  requetes  de  1'hdtel,  et  qui 
etoit  naguere  a  Lyon  ,  a  ete  recu  lieutenant  criminel  a  la  place 
de  M.  Tardieu  ,  qui  fut  si  miserablement  assassine  I'annee 
passee  dans  sa  maison.  M.  le  lieutenant  civil  est  ici  fort  ma- 
lade  ,  comme  aussi  M.  de  Noailles,  premier  capitaine  des 
gardes. 

On  fait  avaneerM.de  Beaufort,  et  les  Hollandois  le  vien- 
nent  joindre  avec  cent  cinq  voiles  ,  que  les  vaisseaux  du  roi 
de  Danemark  viendront  joindre  tot  apres. 

Hier  mourut  ici  un  president  des  comptes,  nomme  Girard 
du  Tilly  ;  il  etoit  gendre  de  feu  M.  le  president  de  Bailleul  ; 
c'est  lui  qui  avoit  chasse  sa  femme ,  et  die/  laquelle  fut  trou- 
ve  I'annee  passee  le  pere  Faveroles ,  jesuite,  qui  fait  aujour- 
d'hui  chez  ces  bons  peres  rude  penitence,  a  ce  qu'on  dit,  dans 
line  cave  ,  les  fers  aux  pieds  avec  les  limacons. 

II  y  en  a  qui  croient  que  31.  de  Beaufort  est  iei  a  la  cour  ,  et 
qu'il  est  venu  voir  le  roi  in^oynito. 

On  commence  iei  a  voir  plusieurs  nmux  extraordinaires  , 
tels  que  sont  dysenteries,  fievres  ([iiartes  ,  hydropisies  ;  je 
crois  ({ue  e'est  le  malheur  du  temps  qui  fait  taut  de  mi'lan- 
coliques  ,  rar  font  le  inonde  se  plaint. 


A  FALCONET.  611 

Comme  j'etois  aujourd'hui ,  sur  les  on/e  beures  ,  avec  M.  le 
premier  president  dans  son  cabinet,  qui  m'avoit  envoy*?  que- 
rir  pour  diner  avec  lui,  on  est  venu  lui  dire  que  Ton  avoit 
donne  I'exlreme-onction  a  31.  le  lieutenant  civil  ;  tdt  apres  il 
est  venu  une  grande  troupe  de  ses  parents  qui  lecherchoient 
pour  I'einmener ,  ego  vcro  clam  me  subdujci ,  coniine  dit  quel- 
que  part  Erasme,  et  m'en  suis  venu  diner  avec  in  a  laniilln.  II 
y  aura  eu  quelque  affaire  secrete.  Nous  avons  ici  un  des  nolivs 
fort  malade,  qui  estM.  Charpentier ,  qui  est  un  des  plus  lia- 
biles,  mais  la  science  n'y  fait  rien  ,  fom  docfi ,  quarn  hidm-ii , 
d'qw  ocniunt  in  rntionem  libitince.  Je  vous  baise  les  mains  ,  et 
suis  de  tout  mon  cceur  votre ,  etc. 
De  Paris ,  le  9  seplembre  1666. 


LETTRE  DCCXIX.  —  Au  meme. 

Notre  31.  Morisset  etoit  alle  en  Flandre  pour  la  princesse 
d'Espinay,  et  je  ne  sais  ce  que  ce  voyage  lui  causera  debien, 
car  on  dit  qu'elle  est  morte.  II  mourut  aussi  hier  un  ce'lebre 
avocat  ,  nomme  31.  Gauthier,  qui  s'est  autrefois  fait  bien  en- 
tendre dans  le  palais  avec  grande  attention;  il  avuil  soixanle- 
seize  ans  (1). 

Le  roi  d'Espagne  et  celui  de  Portugal  sont  enlin  d'accord 
ensemble,  eton  dit  que  la  paix  est  faite  avec  un  notable  avan- 
tage  pour  le  Portugal.  On  pretend  que  la  paix  se  (era  aussi 
entre  ces  memes  Espagnols  et  les  Anglois,  qui  auront  pour 

(1)  Serait-cc  le  inemc  avocat  Gautliier  dont  N  igncul-Marville ,  ou 
plutot  dom  Bonavcnture  d'Argonca  trace  le  .-iu[;ulicr  portrait  dans  >e^ 
Melanges,  etc.?  «L'a\ocat  Gauthier,  celebre  par  ses  plaidoycrs  sati- 
riques,  avail  des  cpialilcs  j-in^ulieres.  Sa  tele  cliauve,  les  rides  do  son 
large  trout,  ses  yeux  cliucclanls  ,  son  nex  d'ai»!e  ,  une  grando  Louche 
armec  de  dents  canines  ,  avec  la  voix  d'un  corbeau  qui  croasse  sur  une 
proie  qu'il  a  ensanglaulee  de  ses  ongles,  composait  un  tout  assez  parl'uit 
avec  sa  vehemence  uatuielle  ,  son  humeur  aigre  et  bilicusc.  »  ,U.  P. 


til '2  I.KITHES    bE    .in    |-ATI> 

ennemis  les  Francois,  Hollandois,  Danois  ,  Suedois  ,  aver 
1'elecleur  do  Brandebourg  et  autros  princes  do  1'Allemagne  ; 
Dicu  nous  preserve  decctte  guerre  qui  ruineroit  toute  1' En  ro- 
pe, id  bcllo  pax ,  sic  pad  bcllttm  sibi  inricem  succcJunt,  car  apres 
que  les  princes  sc  sont  bien  tourmentes  ,  Dieu  fait  aussi  sa 
guerre  ,  oil  il  fait  paroitre  son  ponvoir  a  son  tour.  On  parle  de 
grands  jours  nouveaux.  On  parle  aussi  du  f'rere  Annet,  recollet, 
et  d'uri  Buis  ,  qui  sont  morts  a  L\on  en  belle  conipagnie,  de 
cette  anginc  que  fait  le  bourrcau.  Mais  (juedcviendra  Buaton? 
Je  sais  toute  1'aifaire  ;  apparemment  vous  la  save/  aussi  bien 
que  nous;  c'est  aux  depens  de  M.  le  marquis  deChateauneuf, 
frere  aiiie  dc  M.  le  marecual  de  Senneterre,  Je  vous  reconi- 
mande  la  lettre  de  mon  Carolus  ici  incluse. 

On  vient  de  publier  a  cris  publics  par  les  troinpettesj lire's 
que  le  roi  retablit  les  louis  d'or  a  11  livres,  les  ecusblancs  a 
60  sous  ,  ct  le  reste  a  proportion  ;  plusieurs  s'en  rejouissent 
de  deca ;  les  medecins  n'y  perdront  rien.  Je  vor.s  baise  les 
mains ,  et  suis  de  tout  mon  coaur  votre,  etc. 

De  Paris,  le  17  septembre  1CGO. 


LETTHK  DCCXX.  -  .4 

Je  vous  remercie  de  taut  de  peine  que  vous  prenez  pour 
mcs  petites  affaires.  J'attendrai  votre  nouvelle  edition  ,  et 
apres  je  satisferai  M.  Uavaud,  a  qui  cependant  je  me  reconi- 
mande.  Tanaquillus  Faber  s'en  est  retourne  a  Saumur  (i\ 
(Vest  un  excellent  homme  ct  de  la  premiere  classe  des  savants 
d'aujourd'hui.  Nous  dinames  ensemble  a  Saint-Victor  avec 

(\ )  Tanncguy  Lefevre,  en  latin  Tanaquilliis  Faber,  philolo^ue  fra;i- 
cais ,  no  a  Caen  en  1015,  prolesscur  do  ('Academic  de  Saunuir,  mort 
dans  cctte  villc  en  KJ72.  Madame  Daeier  (Anne  Lefevre }  <a  lille,  nee 
a  Saunuir  en  Ifiol  ,  niorle  le  17  aout  17-20,  a  inerite,  par  ses  onvrajcs 
et  se^  iradiielions,  d'etre  placee  parmi  le.<  sa\;uil<  de  la  France. 

it.  r. 


quelques  bons  religioux  ct  iles  plus  savants.  Nous  nous  on- 
tretiimies  troib  hcures  enlieres  dans  leur  jardin.  Notre  con- 
versation fut  fort  melee,  maiscomme  a  dit  I'etrone  :  cri/dito 
luxu.  II  sail  les  poetes  anciens  (jui,  cominc  vous,  entendoient 
bien  la  raillerie.  Les  moines  qui  nous  ecouloienl  furent  fort 
contents  de  nous,  et  nous  a  peu  pros  d'eux.  Mais  ils  out  fait 
a  M.  Mentel,  noire  collegue,  un  jugement  sur  notre  entretien, 
dont  je  me  plains;  car  ils  me  preferent  audit  Faber,  en  quoi 
on  voit  assex  qu'ils  ne  s'y  connoissent  pas.  Vous  savcz  bien 
que  dans  les  adages  d'Krasme  il  y  a  :  indoctus  nt  MMturhus  , 
et  voila  mon  ecot  pave.  Je  ne  voudrois  pas  pourtant  citer  ce 
passage  en  lenr  presence  ;  on  diroit  que  je  me  veux  do  fend  re 
d'un  compliment  par  une  espece  d'injurc. 

Nous  avons  ici  M.  Charpentier ,  notre  collegue ,  fort  ma- 
lade.  J'en  ai  regret,  parce  qu'il  est  habile  homme  et  qn'il  n'y 
en  a  plus  guere  de  sa  trempe.  Nous  en  avons  perdu  depuis 
huit  mois  des  meilleurs,  savoir ,  MM.  Pietre,  Lecomle  et 
Hommets.  Ces  trois-la  en  savoient  plus  quo  cinquante  autres. 
Le  due  d'Albe  disoit  que  cent  grenouilles  ne  valoient  pas  une 
tele  de  saumon.  Nous  avons  aussi  perdu  M.  d'Aubrai ,  lieute- 
nant civil.  C'etoil  un  honnete  homme ,  qui  etoit  merveilleu- 
sement  intelligent  pour  1'exercice  de  cette  grande  charge.  On 
n'a  pas  bien  ronnu  sa  maladie,  et  de  plus  un  charlatan  lui  a 
donne  deux  prises  de  vin  emetique  aveclesquelles  il  a  bientot 
passe  an  pays  d'ou  personne  ne  revient ;  mais  il  n'y  a  pasde 
quoi  s'etonner  decela.  II  estmortde  la  main  d'un  charlatan  , 
lui-meme  dont  la  charge  etoit  de  chasscr  cette  sorte  de  gens 
qui  se  disent  impudemment  et  faussement  medecins  de  Mont- 
pellicr.  Ce  ne  sont  que  de  miserables  gredins  ,  gens  sans  lieu 
et  sans  aveu ,  moines  defroques ,  fraters,  apothicaires  et  bar- 
biers  gaseous,  qui  promotion!  des  secrets  contre  loutos  sortes 
de  maladies,  el  plusieurs  an  Ires  :  tiMiioin  notre  abbej.  d'Au- 
bry,  natif  deMonlpellier,  qu'on  prend  pour  un  grand  docteur. 

Nous  n'avons  rien  ici  de  nouveau  ni  de  certain  de  la  guerre 
do  la  part  des  Angloisni  des  Hollandois.  Jo  ne  lis  aucune  ga- 


614  I.ETTKES   DE   GUI    PATIN 

/ette  etrangere,  ni  meme  do  mannscrits ;  mais  j'apprends 
qu'e  ceux  qui  les  font  mentent  aussi  hardimcnt  qu'a  Paris, 
pour  complairo  a  ceux  qui  les  metlent  en  besogne.  Adieu. 
Je  suis ,  etc. 

De  Paris,  le  21  scptorabre  1660. 


LETTKE  DCGXXI.  --  A 

Je  ne  vous  ecrivis  hier,  ce  25  septembre,  que  par  occasion 
de  la  mort  de  notre  bon  ami  Hannibal  Seested.  L'ambassa- 
deur  de  Danemark  a  ete  embamne  et  remporteen  son  pays  , 
on  il  avoit  bien  envie  de  retourner  snr  la  fin  de  cet  automne. 
Plusieurs  lettres  portent  que  !e  feu  s'est  pris  dans  Londres, 
qui  a  briile  la  moitie  de  la  ville :  voila  une  horrible  affliction 
pour  un  pays  agite  de  guerre  ,  de  pestes,  de  tempetes  ,  de  pen 
d' argent  et  de  pen  de  commerce  ;  je  crois  qu'enfm  ils  se 
trouveront  reduits  a  fa  ire  la  paix  avec  les  Hollandois,  ceque 
je  souhaite  pour  le  bien  public. 

M.  de  Beaufort  est  revenu  avec  sa  llotle,  de  Bretagne  a 
Dieppe;  aujourd'lmi  I'on  dit  qu'il  cst  a  Dunkerque  ;   le  voila 
done  avec  de  bons  et  grands  vaisseaux  .  joint  aux  Hollandois, 
qui  ne  peuvenl  manquer  dorenavant  d'etre   les  plus  forts  , 
avec  lant  de  secours,  taut  Francois  que  Danois.  Mais  d'linc 
autre  part,  il  me  seinble  que   voila   1'Angleterre  dans  une 
grande  affliction  ,  ou  il  est  a  ci-aindre  qu'apres  taut  de  pertes 
signalees  il  nc  lui  arrive  encore  (juelque  chose  do  pis,  savoir, 
la  famine,  qui  feroit  son  accablement.  11  y  a  de  quoi  craindrr 
une  sedition  dans  taut  de  mauvais  esprits,  et  tant  de  disposi- 
tions de  revolte  en  un  pays  ou  il  y  a  tant  de  gens  enrages  et 
tanl  de  diversite  de  religion.  Je  pensc  que  tout  cela  est  bien 
capable  de  donner  du  martel  en  tele  au  roi  d'Angleterre  ,  car 
ce  peu[)le  est  bien  mediant.  Je  vous  remercie  des  u'uvres  de 
lleredia,  medecin  espagnol ;  M.  Spon  vient  de  me  1'apprendre, 
et  on  vient  de  m'en  envoyer  le  ballot.  On  ne  doute  plus  ici  de 


\  iAu;o\hi.  6l.f) 

I'horrible  incendie  (It:  Londres;  il  y  a  bien  des  niarchands  a 
Paris  qui  en  oat  des  lettres.  On  ditque  c'est  line  horrible 
perte.  La  flotte  des  Anglois  s'esl  retiree  vers  lours  Dunes;  el  il 
semble,  a  la  contenance  des  deux  armees,  que  les  uns  et  les 
autres  n'ont  guere  envie  de  se  battre ;  pent-etre  sont-ils  las 
dt;  la  guerre;  qu'ils  s'accordent  done. 

On  ne  parle  id  que  de  morts  snbites.On  a  enterrece  matin 
nn  ricbe  marcband  de  la  rue  Saint-Denis,  nomine  Kellavoine , 
qui ,  etant  a  deux  lienes  d'ici  en  sa  maison  des  champs,  ne  tut 
que  quatre  heures  malade;  1'apoplexie  le  prit  par  un  rale- 
ment  dont  il  est  mort.  Cette  mort  e?t  a  eraindre  a  un  ehretien. 
Plusieurs  curieux  out  remarque  que  les  reverends  peresde 
la  societe  n'avoient  point ,  coimne  d'autres,  I'ait  des  harangues 
i'unebres  a  1'lionneur  de  la  f'eue  reine-mere  Anne  d'Autriche  ; 
mais  je  viens  d'apprendre  ,  ce  8  septembre  ,  (jue  dimanche  , 
',\  octobre,  un  de  leurs  prof'esseurs  en  rhetorique  f'era  une 
harangue  latine  en  son  honneur ;  peut-etre  qu'on  1'impri- 
mera. 

Notre  M.  Charpentier  est  tonjours  en  mauvais  etat,  etourdi 
et  assoupi  comnie  en  enf'anre;  n'est-ce  pas  grande  pitie  (pie 
la  vieillesse? 

Notre  M.  Blondel  a  fait  aehever  son  factuin  ;  mais  il  ne  le 
public  pas  a  cause  de  quelque  chose  qu'il  y  veut  ajouter;  Ton 
verra  de  fortes  pieces  contre  I'antimoine,  et  entre  autres  un 
arret  de  la  cour,  donno  il  y  a  cent  ans,  coiilirmatif  du  decret 
donne  sous  le  decannat  du  grand  Simon  IMetre,  et  vous  le 
pouvez  lire  dans  Hofmann  en  son  livre  di-  Mfdii-nmcntis  offici- 
iiulibus,  page  093  (l).  11  se  trouve  aussi  imprime  en  plusieurs 
autres  livres.  Je  vous  baise  tres  humblement  les  mains,  et 
suis  de  toute  mon  a  me  votre,  etc. 
IV  P(iris,  le  1"  oclobro  10()6. 

1)  Voyez  cc  decrel .  t.  I,  note  pap/*  I'M. 


616  Mil  HIES   1)K    (it:i    I'ATI.N 

LKTTRE  DCCXXII.  —  Au  ,nnnr. 

Dion  soil  lone  quc  vous  etes  en  meilleur  etat,  car  jc  vicns 
d'apprcndre  quo  vous  avez  etc  bicn  malade.  Donuez-vous 
loisir  do  guerir  parfaitement  avant  quo  de  vous  remeUrc  a 
travail Icr  et  a  emlosser  le  harnois  do  misere  de  notre  profes- 
sion ,  qui  est  capable  d'accabler  les  plus  robustes  ;  et  puis- 
que  vous  n'etes  pas  de  ce  noinbre ,  prenez  la  peine  de  vous 
bien  clioyer,  en  conservant  ct  rnenageant  prudemment  le  pen 
qui  vous  rcste  de  forces.  SoulFrons  et  resistons ,  et  en  nous  de- 
fendant ,  pratiquons  le  precepte  de  Virgilc  : 

Durate  ct  vosmcl  rebus  scrvate  secundia. 

Peut-etre  qu'apres  la  pluie  viendra  le  beau  temps,  et  ceux 
qui  seront  morts  ne  pourront  jouir  du  benefice  de  la  paix. 

M.  le  lieutenant  criminel  travaille  ici  a  fa  ire  justice  par  de 
tres  frequentes  executions,  a  pendre  et  a  rompre  des  voleurs 
et  des  faux  monnoyeurs.  Depuis  huit  jours  il  a  fait  aussi 
mettre  en  prison  force  garces  tirees  de  divers  cndroits  do 
Paris  et  surtout  des  Marais  du  Temple,  qui  est  un  lieu  dr- 
venu  desert  au  prix  de  ce  qu'il  etoit  autrefois  ,  par  le  mauvais 
temps  auquel  Dieu  nous  a  reserves  et  par  les  taxes  que  la 
chambre  de  justice  a  raises  sur  les  partisans  et  leurs  heritiers. 
Je  suis ,  etc. 

De  Taris,  le  1"  octobre  1666. 


LETTRE  DCCXXIII.  —  Au 

J'ai  fort  bonne  opinion  du  livre  que  vous  avez  sous  la  presse, 
Index  librnrum  prohibitorum  ct  cxpiirgatomm  ,  en  deux  tomes 
in-folio;  r'est  un  ouvragebicn  curicux.  Des  livres  dedroit .  jf 


A    KAI.CO.NKl.  C)17 

ii'cn  ai  quo  lairc;  mais  pour  eeuxqui  regardent  votro  religion, 
je  les  aimc ;  car  il  y  a  a  savoir,  principalement  quand  ils  sont 
du  merite  de  ceux  de  M.  Daille.Tous  ces  bons  livres-lii  (iciinont 
bien  letir  place  dans  unc  bibliolheque;  un  honnete  hommc  a 
toujours  bonne  grace  d'apprendre  la  verite  et  dc  se  de- 
tromper,  et  memo  delivrer  de  la  bigoterie  du  siecle,  et  de  se 
garantir  des  impostures  ,  dcs  fraudes  et  de  la  cabale  des  ca- 
fards. 

On  deplore  Ibrt  ici  1'horrible  perte  qu'a  faite  1'Angleterre 
dans  1'incendie  de  Londres,  qui  cause  une  perte  inestimable. 
Jo  suis  de  toute  mon  ame  votre ,  etc. 

De  Paris,  Ic  8  octobrc  1666. 


LETTRE  DCCXX1V.   —  A»  mtmc. 

Pcrmettez-moi  de  vous  temoigner  la  joie  quo  j'ai  de  volre 
convalescence  ;  je  prie  Dieu  qu'il  vousrende  bientot  une  sanh: 
parfaite. 

On  parle  ici  d'une  chose  qui  me  somble  bien  etrange  :  c'est 
de  remettre  sus  le  proces  de  M.  Fouquet,  et  de  le  fa  ire  revenir 
de  deca  pour  le  juger  de  nouveau  sur  des  lettres  que  Ton  a 
recoimves;  je  ne  sais  si  cela  s'est  jamais  fait.  II  est  vrai  qu'un 
huguenot  a  an  trefois  fait  un  livre  intitule:  /{crisioii  flnconci/f 

(if   T/TlttC. 

On  dit  que  le  roi  va  demeurer  a  Saint-(iermain-en-Laye 
pour  un  mois,  c'est-a-dire  jusqu'a  ce  que  le  gros  pavilion  des 
Tuileries  soit  acheve,  auquel  on  travaille  jour  et  nuit,  fetes 
et  dimanches. 

On  parle  ici  d'une  foret  qui  bruin  depuis  trois  semaines 
pres  de  Belesme  au  Perche ,  et  personne  ne  pent  deviner 
d'ou  vient  ce  feu. 

Le  roi  n'a  pas  encore  pourvu  a  la  charge  de  lieutenant 
civil ;  il  y  apparence  que  cc  sera  M.  d'Oflrenmnt ,  maitre  des 


618  I.ETTKKS    DE    (, (I    I'ATIN 

requetes  ,  lils  du  demnt ;  d'autres  la  donnent  a  un  parent  de 
M.  Colbert;  mais  qui  que  ce  soil  qui  1'ait,  je  crois  (ju'on  ne la 
donnera  jamais  avec  tant  d'aulorite  qu'elle  en  a  eu  jusqu'a 
present;  car  on  parle  d'etablir  une  chambre  de  police ,  a  la- 
quelle  presideront  plusieurs  maitres  des  requetes. 

On  parle  aussi  d'oter  toutes  lesfontaines  des  particuliers  et 
de  fa  ire  etablir  une  si  bonne  garde  toute  la  nuit  par  toutes 
les  rues  ,  qu'il  ne  s'y  fasse  plus  de  vols  ni  de  massacres.  J'ai 
vu  aujourd'hui  une  inaladie  <[ui  est  assez  commune  dans  les 
bopilaux,  mais  qui  est  bien  rare  cliez  les  bourgeois  :  c'est  le 
seorbut  .  duquel   tant   d'Allemands  out  ecrit,   Eugalenus  , 
Uonsseus ,    Horstius  ,   Sennertus  ,   Salomon   Albertus  ,   etc. 
Celle-ci  ji'en  echappera  non  plus  que  les  autres,  nwrltns  est  a 
inta  substantial,  ct  rere  immcdicabilis  propter  fifit/i/t.  impresswn 
ran' is  p«rtibus ;  mais  tous  les  scorbutiques  ne  sont  pas  si  ma- 
lades;  quand  ils  sont  confirmes  par  beaucoup  de  temps,  et 
que  le  corps  en  est  abattu  ,  je  les  tiens  incurables.  Je  vous 
supplie  que  1'incluse  soit  au  plus  tot  et  surement  rendue  a 
M.  Anisson.  J'attends  impatiemment  des  nouvelles  de  votre 
sante  et  parfaite  convalescence  ,  utinmn  hoc  insura  nptatissi- 
ntiriu,  cito  ct  per  ft',  propriaque  tua  inanu  rec/piam.  .le  salue  toute 
votre  famille  et   tous  nos  amis,  principalement  M.  Spon , 
notre  bon  ami.  et  M.  fiarnier,  et  suis  de  tout  mon  conn1 
votre,  etc. 

De  Paris ,  le  18  oclobre  16(5(5. 


LETTKE  DCCXXV.  —  Au 

.le  suis  fort  en  peine  de  votre  sante,  n'en  apprenant  rien  de 
certain,  ni  par  vous  ni  par  les  votres;  au  moins  donnez- 
m'en  quelque  assurance  par  M.  votre  fits  :  six  lignes  me  suf'ii- 
ront  ,  mais  plutot  six  mots,  tels  que  ceux  de  Ciceron  :  Si 
iw/es ,  benc  est ,  pf/o  quidem  vnf.cn.  Je  suis  inquiet  de  votre  sante ; 


A    FALCONET.  610 

ia  perte  d'un  vienx  ami  est  irreparable  ;  il  n'en  est  pas  de 
meme  do  1'argent ;  il  en  peut  vcnir  tons  les  jours;  Ic  soleil 
s'en  va  et  revient,  mais  1'ami  no  revient  point. 

On  commence  ici  a  executer  la  police  premeditee  sur  les 
revendeuses,  receleuses ,  ravaudeuses ,  ot  savetiers  qui  ocru- 
pent  des  lieux  qui  incommodent  le  passage  public  ;  on  vent 
voir  les  rues  cle  Paris  fort  neltes.  Le  roi  a  (lit  qu'il  veut  f'aire 
de  Paris  ce  qu'iVuguste  Jit  de  Home,  Lnterifium  />•//£•>•/,  ///"/- 
ntoreamrelinquo.  On  viendra  ensuite  aux  bouchers,  boulan- 
gers,  cabaretiers  et  autres.  Apres  la  Saint-Martin,  on  publiera 
au  parlement  1'abreviation  des  proces ,  dont  se  sentiront  les 
gret'liers  ,  les  procureurs ,  les  a  vocals  et  meme  les  conseillers, 
mais  surtout  ceux  de  la  grand'chambre. 

On  s'eu  va  aussi  donnerordre  pour  les  voleurs  de  nuit  ,  en 
quoi  on  imiteia,  a  ce  qu'on  (lit  ,  la  police  de  volre  ville  de 
Lyon.  On  parle  aussi  de  lusfranda  ttnirernu  i:iritn/et  de  visitor 
toutes  les  maisons,  d'en  cliasser  toutes  sortes  de  vagabonds 
et  gens  inutiles,  et  meme  le  nombre  superllu  des  garcons 
barbiers ,  chirurgiens ,  apolliicaires.  Plui  a  Dieu  que  cela 
reussit  pour  le  bien  du  public  ,  en  y  comprenant  tant 
de  charlatans,  se  disant  la  plupart  et  le  plus  souvent  me- 
decins  deMonlpellier,  qui  neanmoins  ne  sout  le  j)lus  souvent 
<|ue  des  ignorants  empiri(jiies,  chimistes  eilrontes  ,  moines 
detroques,  nr/nt/m  xmii'inn  i>tir<j<iimnt<i ,  suit*  yi'iifis  (le/mm'Stn- 
iiH'it/tt  ,  pauvres  mahjtrus,  (jui  sont  gueux  et  (jui  n'ont  qu»' 
bon  appetil  :  (/HI  ricinm  nustrot'Uin [wricnlts  ilisrunt,  <•(  c./;//r;v- 
mi'iila  fjtiolidic  jH'i'  innrlm  aijtint ,  fraud il/us,  mijxmtuns,  I'aru'- 
/<ifc  ,  mitlfijilicitate  ct  Huvitvli1  rented mt'imt  ^  *(I/H<>  ,  t'lnterio, 
unli'i'i'i:  Pi'i'iii'/ii/io  ,  srtii/iiiKiiito  ,  wid trr  indirtt,  etc. 

Enfiu  ,  je  viens  d'apprendre,  par  la  votredu  1 1  octobre,  (pu- 
vous  etes  en  meilleur  etat  ;  Dieu  soit  loue  de  tout:  j^urgi^/- 
vousbien,  mangex  pen,  ct  nc  vous;  rt'incttc/.  jms  sit«'it  a  tra- 
vailler,  aut'inn  dum  ymprimus,  n'viun  jH'i'dnmif.  Je  suis  ravi 
du  conlentemenl  que  vous  donne  M.  votre  tils  aiue,  el  je  ne 
doute  pas  que  cela  n'aille  toujours.  en  continuant  et  en  aug- 


620  LKTTUES   DE    GUI    i'ATIN 

mentant.  Je  vous  baisc  les  mains  ,  ct  suis  de  tout  mem  cocur 
votrc,  etc. 
DC  Paris,  le  19  oclobrc  1666. 


LETTRE  DCCXXVI.  —  Au  meme. 

J'ai  rendit  votre  lettrc  a  M.  Morcau.  M.  Courtois  est  un 
liomme  fort  sage  et  fort  habile ,  doux  et  accort ,  adroit  et  sa- 
vant ,  qui  entend  bien  Hippocrate  et  Galien  ,  et  sail  fort  bien 
la  medecine.  II  est  age  de  quarante-huit  ans  ,  et  n'est  point 
marie ,  vivit.  sine  impedimenta.  Je  le  trouve  trop  fin  pour  se 
charger  d'une  femme,  cum  omnibus  suis  armament  is ,  comme 
dit  Lipse  en  pareil  cas. 

La  mort  de  votre  horloger ,  arrivee  a  Geneve  ,  est  fort 
etrange.  La  vie  humaine  n'est  qu'un  bureau  de  rencontre  et 
un  theatre  sur  lesquels  domino  la  fortune.  J'ai  coiniu  un 
hommequi  disoit  que  la  sagessedeDieu  et  la  folio  des  homines 
gouvernoient  le  monde  (1). 

On  parle  ici  d'un  livre  qui  s'imprimera  bientot,  touchanl 
les  droits  de  la  reinc  sur  le  Brabant ;  cola  a  etc  fait  par  1'avis 
des  meilleurs  jurisconsultes  et  avocats  qui  soient  ici ;  mais 
nos  raisons  seront  bien  trouveos  meillenres  quand  on  les  pu- 
bliera  en  Flandre  a  coups  do  canon ,  ct  avec  unc  armec  do 
t rente  ou  quarante  mille  hommes  du  c6te  de  deca ,  et  une 
autre  du  cote  de  1'Allemagne  pour  empecher  le  secoursque 
pourroit  envoyer  centre  nous  1'cmpereur,  qui  est  1'autreboau- 
frere. 

(1)  Heureusement  qu'il  n'cn  est  ricn ,  an  moins  pour  la  seconde , 
autrcmcnt  on  arrivcrait  a  cello  absurdc  et  hontcusc  aberration  tie 
1'esprit  humain  ,  le  malcrialisme.  Voici  qui  est  plus  vrai  :  «  Toules  les 
fois  qu'il  m'arrive  de  penser  a  un  elre  premier  et  souverain ,  et  de 
tirer  pour  ainsi  dire  son  idee  du  trcsor  de  mon  esprit,  il  est  neces- 
sairc  que  jc  lui  allribue  toules  sortes  de  perfections.  (Descartes, 
Meditation  fr.)  (R.  I1.) 


A  FALCONET  0-21 

J'appris  hier  par  la  votre  la  inert  do  M.  liavaud.  Dion 
veuillo  avoir  son  ame,  s'il  en  avoit  unc  :  erat  mint  biblln- 
jjola;  et  de  ces  gens-lii  tout  cst  ii  craindre.  Je  me  rejouis  de 
1'uvancement  de  M.  votre  lils  a  Montpellier.  Dieu  lui  lasse  la 
grace  de  bien  continuer,  taut  pour  son  profit  que  pour  volre 
contentement.  II  nesauroitraanquer  debien  f'aire,  tandisqu'il 
vous  croira.  All  !  qu'lieureux  sont  les  enfants  (jui  ont  de  tels 
peres  que  vous!  J'espere  que  la  poslerite  ne  nous  accusera  ni 
1'un  ni  1'autre  de  charlatanerie. 

Un  mtklecin  de  Nuremberg  m'a  ecrit  que  M.  Hollink  eloit 
fort  en  peine  d'une  chose,  c'est  qu'il  a  oui  direqu'on  vouloit 
imprimer  a  Lyon  un  ivcueil  de  loutes  ses  teuvres.  4e  vous 
prie  pour  lui  de  FempScher  taut  <|iie  vous  pourre/ ,  parce 
qu'il  y  veut  inettre  la  derniere  main.  II  nuTite  d'etre  oblige, 
car  il  est  savant  et  Ires  galant  hoinine,  (juoiqu'il  n'entende 
pas  bien  ni  la  saignee  ni  I'antimoine. 

J'api)rends  (jueM.  de  Lonne  est  parti  de  Lyon  et  qu'il  s'en 
retourne  a  Bourbon  ou  a  Moulins,  oil  il  a  dessein  de  se  reina- 
rier.  II  fait  bien  ,  si  c'est  pour  le  salut  de  son  aine;  car  pour 
son  corps  je  crois  qu'il  n'a  plus  guere  besoin  de  ce  ineuble  de 
menage.  Adieu  ,  je  suis,  etc. 

DC  Paris,  le  20  oclobrc  1660, 


LKTTHK  DCCXXV1I.  -    .1"  uiemc. 

Mon  cher  Carolus  vous  baise  les  mains;  il  est  ravi  d«'  votre 
convalescence  ;  dans  jieu  de  jours  vous  rccevre/ un  jKiquct 
<[n'il  vous  envoie  par  le  coche  d'eau  .  et  la-dedans  vous  trou- 
vere/.  un  ties  petit  paquet  pour  M.  Spon  ,  que  je  voas  pnc  de 
lui  envoyer  des  <pie  vous  1'aurc/  nvu. 

On  parle  ici  d'tme  grande  dame  encore  jeune  ,  laqiu-lle  il  a 
lallu  etoull'er  eistre  deux  matclas  jiarce  qu'elle  rtoit  rnragt-e; 
le  peiij>le  (lit  (|u'el!«'  avoit  rti-  monluc  d'tm  pi-lit  cliii-n.  ma:s 


t)22  LETTUES   DE   GUI    PATIN 

cela  se  dit  a  credit  et  sans  demonstration  de  temoins  :  aussi 
no  le  crois-je  pas  :  ad  populum  plialeras :  (Kquc  nascitur  hydro- 
phobia ,  sire  rabies  a  coma  itttcrna ,  quoin,  ah  externn  ,  pracus 
fn/ in  humor  facile  degenerat ,  et  per  corruptionem  induit  natu- 
ram  vcneni :  je  1'ai  vu  plusieurs  fois  en  mu  vie,  et  entre  autres 
il  y  a  dix  ans  en  not  re  M.  Guillemeau,  qui  etoit  vieuxet  use, 
malsain  et  delicat,  et  de  plus  Ires  fache  d'une  banqueroute 
qu'un  de  ses  allies  lui  avoit  faite  de  40, 000  ecus,  sansmettre 
en  ligne  de  compte  les  grains  d'opiuni  qu'il  prit  fort  inal  ;t 
propos,  et  centre  notre  consentement  :  et  ainsi  les  plus  (ins 
y  sont  pris  avec  leur  iinesse. 

Hier  au  soir  raourut  M.  de  Vertamon  ,  conseiller  d'Etat. 
M.  1'ambassadeur  de  Suede  ,  le  comte  de  Koenigsmarck  ,  a  eu 
son  audience  de  conge  ;  il  Cut  hier  dire  adieu  a  MM.  les  secre- 
taires d'Etat ,  et  des  qu'il  aura  fait  ses  autres  adieux.  il  s'en 
retournera. 

On  commence  ici  a  fa  ire  des  taxes,  que  Ton  fait  signitier  a 
des  gens  qui  ne  s'y  attendoient  point ,  ou  plus  :  undique  cala- 
ittitas,  undique  naufrogium.  Je  vous  baise  tres  humblement 
les  mains,  et  suis  do  tout  mon  cueur  votro,  etc. 

DC  Paris,  le  22  octobre  J()()6. 


LETTKE  DCCXXVIII.  —  Au  n«>,n<>. 

Jesuis  toutjoyeux  de  vous  ecrirede  votre  convalescence,  el 
je  prie  Dieu  qu'elle  aille  toujours  en  augmentant  ;  mais  j'ai 
bien  du  regret  que  je  n'aie  quelques  bonnes  nouvelles  ii  vous 
mander  cjui  pussentvousrejouircomme  bon  cbretien,  bon  phi- 
losophe  et  bon  Francois  tel  que  vous  etes.  On  n<>  parleici  que 
de  taxes,  d'impots  et  de  reformation.  Les  pauvres  gens  se  con- 
solent  de  ce  que  le  pain  n'cst  pas  fort  cher.  Les  bons  compa- 
gnons  se  rejouissent  que  le  vin  est  excellent  cette  annee  ; 
mais  toutes  les  autres  denrees  sont  dans  une  grande  chert)', 


A    FALCONET.  6*< 

peuHHre  qu'entin  le  bon  temps  review) rn.  Kt  en  attendant  il 
taut  quo  jc  vous  disc  le  retranehcinent  de  dix-sept  fetes  que 
M.  noire  arclievdque  a  medite  de  fa  ire  par  une  ordonnunce 
expresse  en  loul  son  arehevecbe  pour  1'annee  procliaine  et 
les  aulres  qui  suivronl.  II  y  a  longtemps  qu'on  avoit  parlede 
ce retranchemenl.  M.  deThou  en  a  parle  quelque  part,  coinnie 
aussi  le  cardinal  d'Ossat  dans  ses  leltres;  et  il  me  semble  que 
cela  est  fort  raisonnabie,  car  le  petit  peuple  et  les  artisans 
abusent  de  ces  fetes  et  ne  font  que  se  debaueher  en  jouant 
a  laboule  et  allant  au  cabaret ,  au  lieu  de  prier  Dieu  et  aller 
au  sermon ,  a  la  messe  de  paroisse  ,  a  ve'pres  et  an  salut.  Ne 
dire/-vous  point  que  je  suis  bien  savant  en  matiere  eccle- 
siastique  ? 

Je  viens  de  recevoir  la  votre,  du  19  octobre,  dont  je  vous 
en  rends  graces.  Je  vous  prie  de  ne  point  precipiter  votre 
sante  ;  laissez-la  revenir  tout  a  loisir ;  dormez  beaucoup  , 
mangez  peu  ,  et  rien  que  fort  bon  ;  tenez  votre  esprit  en  re- 
pos,  cherchez-lui  une  tranquillite  entiere;  tene/.  pour  maxime 
tres  certaine  que  tout  Tor,  1'argent  et  la  fortune  du  monde 
ne  vandront  jamais  une  sante  mediocre  ;  ne  vous  etonnez  pas 
si  la  votre  revient  fort  lentement,  car  c'est  ainsi  qu'elledoit 
revenir  pour  etre  ferine  et  assuree.  Je  me  tiens  bien  oblige  a 
MM.  G.  et  S.  du  grand  soin  qu'ils  out  de  vous  en  votre  mala- 
die.  Us  doivent  souhaiter  que  vous  ne  leur  rendiez  jamais  pa- 
reil  office  en  telle  rencontre.  Au  restt; ,  Dieu  soil  lour  que 
vous  etes  en  bon  etat ,  niais  tiichez  de  vous  y  tenir.  Vult: 

De  Paris ,  le  26  octobre  160(5. 


LETTUE  DCCXXIX.—  ,l?//wW. 

On  (lit  ici  cjiie  M.  le  cardinal  de  Hetz  revient  a  Paris,  et 
que  c'est  M.  le  Tellierqui  en  est  cause. 

t'n  voleur  qui  tnoit  ef  massacroit  dans  la  foret  de  S;iint- 


6-14  I.ETTRF.S   DE    GUI    PATIN 

Germain,  habille  en  capudn,  fut  hier  rompu  tout  vif,  et 
brule,  par  sentence  de  M.  le  lieutenant  criminel. 

On  continue  de  signih'er  des  taxes  a  quelques  particuliers 
qui  se  sont  meles  autrefois  d'affaires;  on  dit  que  c'est  un 
nouveau  parti  de  sept  millions. 

M.  1'ambassadeur  de  Suede,  le  conite  de  Koenigsmarck,  eniin 
s'en  est  alle ;  j'eus  I'honneur  de  lui  dire  adieu  hier  au  matin , 
etle  vis  partir;  le  roi  lui  a  fait  present d'un  bijou  de  2000  pis- 
toles. 

On  traite  de  la  paix  entre  les  Francois  ,  les  Anglois ,  les 
Hollanders  et  lours  allies,  et  les  gens  de  bien  esperent  qu'elle 
se  fera  cet  hiver,  ma  is  on  a  peur  qu'apres  cela  nous  n'ayons 
la  guerre  en  Flandre  le  printemps  prochain.  Madame  Fouquet 
la  mere  est  fort  malade,  et  le  pape  a  Rome.  II  est  survenu  a 
Londres  un  grand  ravage  d'eau ,  qui  a  acheve  de  miner  ce 
que  Ton  avoit  sauve  de  1'cmbrasement.  11  y  a  id  un  jeune 
conseiller  de  la  cour,  qui  se  meurt,  nomme  M.  Tudert ,  qui 
a  ete  ci-devant  chanoine  de  Notre-Dame. 

On  travaille  diligemment  a  nettoyer  les  rues  de  Paris,  qui 
ne  furent  jamais  si  belles;  on  parle  aussi  d'etablir  un  grand 
ordre  centre  les  lilous  et  volenrs  de  nuit  pour  I'h'u'er  prochain. 
Pour  la  suppression  des  fetes,  on  la  tient  pour  certaine  au 
nombre  de  dix-huit.  On  ne  neglige  rien  au  pavilion  du 
Louvre  pour  en  avancer  le  bailment;  on  dit  qu'il  y  a  2,000 
macons  et  600  menuisiers;  ce  n'est  pourtant  point  encore  la 
le  temple  de  Salomon  ,  oil  les  rabbins  disent  qu'il  y  avoit  tous 
les  jours  plus  de  20,000  ouvriers  :  il  me  semble  pourtant  (jue 
noire  roi  est  en  meilleure  condition  que  ne  fut  Salomon,  bien 
(ju'il  cut  1'esprit  de  Dieu  et  qu'il  fut  rempli  de  grande  sagesse, 
Malo  case  quani  [uissc ,  ceux  qui  sont  morts  ne  voient  plus 
goutte ,  (jut  carcnt  uliquo  scnsu ,  careiit  ulifjua  senfcntift.  Je 
vous  baise  les  mains,  et  suis  de  tout  mon  ca'ur  volre,  etc. 

Do  1'aris  ,  le  30  oclobre  1G66. 


A    I  Al  t.u.NKT.  GJ.') 

LKTTKE  DCCXXX.        .\<>  /wW-. 

Je  votis  salue  an  nom  dt:  tons  les  saints  dont  on  rrlrbni 
hier  la  fete  avec  grande  devotion.  Bremc  est  ass'it'^e  par  les 
Suedois  ;  mais  divers  princes  interviennent,  qui  veulcnl  em- 
pecher  qu'on  lie  la  prenne  ;  1'empereui1  d'une  part .  rt  I'elee- 
teur  de  Hrandebourg  d'une  autre.  Les  Hollanclois  out  envoye 
trente  vaisseaux  sur  1'Klbe,  pour  occuper  d'ailleurs  Ics  Sue- 
dois.  Je  pause  quo  votis  aure/.  bientot  le  faetum  de  M.  Blondel ; 
je  1'ai  adresse  a  M  Spoil  ,  qui  vous  le  dcliviera,  en  aUendanl 
aulre  chose  de  cette  nature  que  je  vous  prepare. 

J'apprends  que  vous  etes  aux  champs,  d<»nt  ji;  suis  I'ort 
aise,  vos  forces  en  reviendront  plus  tot ;  tandis  <[ue  vous  nian- 
gez  peu ,  volre  ventre  est  paresseux;  inais  Tun  et  1'autre  est 
prop  re  pour  un  convalescent ;  que  seroit-ce  si  vous  aviez  un 
ilux  de  ventre?  vous  vous  referiez  encore  moins;  donne/ 
beaucoup ,  ne  niangez  Hen  quedebon,  et  peu  souvent ,  et 
prenez  un  lavement  de  deux  jours  1'un,  mais  garde/.-vous  de 
vin  nouveau,  et  no  mangez  guore  le  soir ;  un  bouillon,  un 
(L'uf  frais  suftisent,  avec  un  verre  de  peu  de  vin  vieux  et 
beaucoup  d'eau. 

On  reforme  ici  les  auvents  des  boutiques  qui  etoient  trop 
grands,  a  quoi  les  commissaires  du  Chatelet  sont  fort  occu- 
pes;  il  y  en  a  meme  deux  d'interdils  de  leurs  charges  pour 
n'y  avoir  pas  vacjue  avec  assez  d'exactitude,  mais  on  nt^  di- 
minue  pas  la  taille,  ni  les  impots  du  Mazarin.  Vi<lt>  Mnr/in/fiit 
Epiyr.  60,  lil>.  vu. 

7'on?or,  caupo  ,  coquu* ,  lanius  sua  limina  tcrcunt , 
.\nnc  Koma  esl ,  nupcr  matjna  tabcrtiu  fit  it. 

Uh  qu'H  cut  dit  \f9\,jnrtgitinn  IttjHiimr  :  eomme  (lit  Buchanan 
le  siecle  passe  ,  dans  son  epigramme  l»  litniunn!  Je  vous  baise 
HI.  -i<) 


<)-'<)  I.F.TTKES    1)K    ,.(  I    I'ATIN 

ires  liumblement   les   mains,    et  suis  de   tonte    mon   f 
votre,  etc. 

Do  Paris,  re  2  novembro  Klfifi. 


LETTRE  DCCXXX1.  —  An  mfiw. 

On  a  envoye  deux  grosses  taxes  a  deux  presidents  an  mor- 
tier  :  $/  x/V:  /»  r/V/<7/,  c/wV/  //*  x/Vvo/  J'apprends  une  nouvelle 
qui  m'attviste,  et  neanmoins  j'ai  bien  peur  qu'elle  ne  soil 
vraie  :  o'est  de  M.  de  Lorme,  quo  1'on  dit  etre  fort  nialade  it 
Moulins,  (ju'il  a  recu  ses  sacremcnts,  et  qu'il  a  quatre-vingt- 
trois  ans  passes;  pen  de  nialadie  avec  beaucoup  d'age  est  1111 
tres  grand  poids.  ()t«nn  tot  us  /toinwicio  nil  cat!  Les  savants 
ineurent  comme  les  betes  ,  inm  <-t  cii/h'ni  cst  conditio  hot/tints 
et  jumentoruiit  (1). 

A  propos  des  morts  ,  en  voici  deux  illustres  :  la  premiere, 
de  M.  le  mareclial  d'Estrees ,  age  de  quatre-vingt-neuf  ans; 
la  secoiule,  de  M.  de  Brienne ,  lebonliomnie ,  aussi  fort  vieux , 
jadis  secretaire  d'Etat,  dont  le  fils,  <|ui  lui  avoit  succede 
en  sa  charge,  s'est  fait  pere  de  TOraloire  apres  avoir  perdu  sa 
femme ,  qui  etait  fille  de  M.  de  Cliavigny,  secretaire  et  mi- 
nistre  d'Etal  du  cardinal  de  Richelieu. 

Votre  sante  est  un  tresor.  ayez-en  soin  ;  depechez-vous  de 
"•'ous  fortilier,  car  voici  le  (Void  qui  approche. 

Notre  archeveque  est  enlin  venu  a  bout  de  son  dessein;  it  a 
reforme  les  fetes ,  et  en  ote  jusqu'a  dix-sept  pour  Tannee  pro- 
chaine.  On  vient  d'imprimer  a  (ieneve  un  livre  franvois  in- 
octavo  ,  intitule  Scal/t/er/a/iti. ,  (jue  j'ai  vu  ce  matin  entre  les 
mains  de  M.  Ogier  mon  bon  ami.  Je  sais  fort  bien  ce  que 

(1)  Charles  Delornic,  ne  a  Moulins  en  tofl'i ,  elait  Ills  do  Jean  Dclorme, 
qui  exer^ait  sa  profession  avec  taut  de  desinteressemenf .  que  Henri  IV 
disait  qu'il  yentilliommait  Id  medi'dne.  \  o\e/,  la  nole  I.  N,  pajj.  39S. 

H   J' 


A   FALCONET.  62? 

c'est  quecet  ouvrage  ,  et  j'aicunuu  celui  qui  1'a  transcrit  sous 
le  premier  uuteur,  qui  est  Joseph  Scaliger,  ii  Leyden  ,  en 
Hollande,  I'an  1603  et  1604.  J'en  ai  ceans  une  copie  inanus- 
criteque  j'ai  tiree  de  1'original  que  me  preterent,  l'anl63G, 
MM.  du  Puy,  qui  etoient  de  fort  honnetes  gens  de  la  vieille 
trempe  ,   de    bons  Francois ,   ultimi    liomanorum  ,    connne 
Brutus  et  Cassius  dans  les  Annul es  de  Tncite.  Ce  livre  sera 
infailliblement  defendu;  c'est  pourquoi  je  vousprie  d'cn  faire 
de  bonne  heure  provision  de  quelques  exemplaires  pour  vous 
et  vos  amis.  Je  serai  ravi  qu'il  y  en  ait  deux  pour  moi,  n-ntitutu 
pretio.  Je  vousprie  d'en  dire  autant  a  M.  Spoil,  qui  sera  bien 
aise  d'en  avoir  1'avis  s'il  ne  1'a  deja.  J'ai   vu   aujourd'luii 
M.  Kat ,  qui  vous  baise  les  mains,  comme  aussi  M.  Colot , 
qui  venoit  de  tailler  un  petit  enfant  de  trois  ans.  Je  traite  ici 
nn  jeune  homine  fort  spirituel,  marchand  de  Lyon  .  nomme 
M.    Sibus ;  j'espere  qu'il  guth'ira  bienlot.  Je  vous  baise  les 
mains  ,  et  suis  de  tout  mon  ca'ur  votre,  etc. 
De  F'aris,  le  6  uovembrc 


LETTRE  OCCXXXII.  —  An 

Je  suis  ravi  de  m'entretenir  avec  vous;  mais  j'ai  regret  que 

je  n'aie  quelques  bonnes  nouvelles  a  vous  mander.  Je  vous 

envoyai  hier,  ce  13  novenibrc!,  une  lettre  pour  vous  et  une  de 

mon  Carolus.  La  maladie  la  plus  commune  aujourd'hui  de 

Paris  est  la  fievre  (juarte  avt;c  la  pelite-verole.  On  parle  d-1 

retrancber  1'excessif  nombre  des  carrossej  de  I'ai'is.  Notre 

M.  Charpentier  se  porte  un  pen  mieux;   la  memoire  lui  est 

revenue;  mais  il  a  soixante  onze  ans  passes,  (jiii  est  un  grand 

age  pour  un  liomme  tel  que  lui.  La  nature  fait  quelqueibis  de 

ces  ellbrts-la  ,  et  lot  apreselle  nelaisse  point  d'y  succoinber, 

et  inemc  notre  Hippocrate  raremanjue  dans  ses  (.'uuqnes. 

Vons  trouverex  ici  des  vers  snr  1  emhrascmenl  de  Londres, 


6->8  I.ETTKES    DE    OH    1'vTI.N 

(jue  Ton  me  donna  hier.  Le  franeois  est  de  M.  do  Bensorado ; 
pour  le  latin,  on  1'atlribue  au  pure  Vavasseur,  jesuite. 

On  (lit  quo  les  Anglois  ne  veulent  point  entendre  a  aucuri 
traite  de  paix  que  tout  le  commerce  ne  soit  retabli ,  comme 
il  etoit  ci-devant;  qu'une  seule province  d'Angleterre  oll're  au 
roi  d'Angleterre  dix-lmit  millions  pour  continuer  la  guerre  ; 
que  les  Anglois  ne  veulent  plus  s'habiller  a  la  francoise ,  mais 
a  1'espagnole  et  a  la  moscovite,  lupus  pilum  ntutat,  mm  tncntcm. 
N'est-ce  point  qu'ils  nous  feront  grand  depit  de  s'habiller 
autrernent  que  nous  ?  Ah  !  qu'ils  seroient  heureux  de  pouvoir 
s'amender  !  mais  quoi  qu'ils  fassent,  qnamdiu  homines,  tamdiu 
errores.  Je  salue  toute  votre  famille,  et  particulierement 
M.  votre  fds  le  medecin,  et  suis  de  toute  mon  ame  votre,  etc. 

J)e  Paris  ,  le  16  novembre  1666. 


LETTRE  DCCXXXIII.  —  A,i  mente. 

Je  vous  avois  mande  par  ci-devant  la  raort  de  M.  le  mare- 
clial  d'Estrees  ,  qui  est  fausse  ,  car  il  vit  encore ;  mais  il  est  si 
vieux  que  Ton  croit  qu'il  n'ira  plus  guere  loin.  Nous  avutis 
tout  proche  quatre  mois  de  mauvais  temps  aussi  dangereux 
aux  vieillards  qu'aux  convalescents. 

II  y  a  ici  un  Italien  qui  dit  avoir  ete  mande  expres  pour  un 
certain  secret,  qui  est  d'une  terre  composeequi  ecliaufFe  in- 
continent une  chambre  sans  odeur  et  sans  fumee.  Plusiems 
out  etc  nommes  pour  en  voir  1'epreuve,   dont  il  y  a  eu  deux 
mtidecins,  savoir,  M.  Mathieu  et  moi.  M.  Blondel ,  Guenaut, 
Braver  et  Morisset  s'y  sont  aussi  trouves.  Nous  avons  sigue 
que  ces  boules  de  terre  faisoieut  un  feu  beau  et  clair  sans 
t'umee  et  sans  aucune  mauvaise  odeur.  II  nous  dit  qu'il  en 
donnera  un  cent  pour  dix  sols.  Chaque  boulc  est  ]>lus  grosse 
qn'une  balle  de  tripot.  (Mi  a  ordonne  (ju'on  en  chaufferoil  If 


lour,  et  quo  I  on  nous  donnera  a ehacun  mi  (\&>  pet  its  pains 
quis'ycuiront,  pour  en  later  (l).J'y  aisalueM.  le premier  pre- 
sident et  rien  davantage ,  car  il  y  avoit  plus  dc  300  pcrsonnes. 
Jo  suis,  etc. 

l)e  Paris ,  le  22  novcrabre  16(56. 


LETTRE  DCCXXXIV.  —  An  whne. 

Je  ne  me  mets  plus  en  peine  du  Scaliycriana ,  je  m'alten- 
drai  a  votre  promesse.  J'en  ai  ceans  un  manuscrit.  C'est  un 
livre  fort  curieux,  mais  un  peu  dangereux.  Jele  lis  transcrire 
il  ya  trente  aus  surl'original  quo  m'en  preterent  MM.  Dupuy, 
qui  etoicnt  mcs  bons  amis  et  de  fort  honnetes  gens.  Voici  de 
la  maniere  que  le  livre  a  ete  fait.  Un  jeune  hommc  qui  n'avoit 
pas  vingt  ans  ,  nomine  Jean  de  Vassan  ,  de  Champagne  , 
huguenot ,  qui  avoit  etudie  a  Geneve,  prit  a  Paris  des  leltres 
de  recommandation  du  grand  Casaubon  pour  Joseph  Scaliger, 
et  s'en  alia  en  Hollande.  Ce  Jean  de  Vassan  e'toit  neveu  de 
MM.  Pilhou,  grands  amis  de  Scaliger,  qui  etoit  visite  toutes 
les  semaincs  par  toute  sorte  de  gens  savants.  Jean  de  Vassan 
ecoutoit  tout  ceque  disoit  Scaliger  et  1'e'crivoit;  de  la  vint  ce 
livre  ([iii  est  aujourd'hui  dans  la  bibliotheque  du  roi.  Jean  de 
Vassan,  etant  de  retour  de  son  voyage,  fut  fait  ministre  ; 
puis,  par  le  moyen  du  cardinal  Du perron  et  d'une  bonne 
jtension  ,  il  se  lit  catholique;  mais  la  pension  n'allant  pas 
bien  ,  il  se  lit  moine  feuillant,  et  avant  d'y  aller,  lit  present 
de  ee  manuscrit  a  M.  l)ii[>uy.  Je  1'ai  connu  et  visilt;  -tux 
feuillants ,  oil  il  est  mort  environ  en  1617,  fort  vieux  et 
I»res(iue  dans  un  delire  de  vieillesse.  C'etoit  un  liomme  ties 
iin ,  bien  ruse  et  prudemment  dissimule  :  aussi  avoit-il  bien 
joue  de  dillerents  personnages  en  sa  vie.  Je  ne  veux  pas  ou- 

(1)  II  y  a  six  ans  environ  quc  la  menic  invculion  fut  annoncoo  avt  c 
fracas  dans  1'aris  et  avee  tout  au?si  peu  tie  succe*  quo  tin  temps  tie 
<jui  Patin,  |{,  ]> 


630  LKTTKES    DE   GUI    PATIX 

blier  a  vous  dire  que  si  vous  avez ,  en  i'etat  de  convalescence 
oil,  Dieu  merci ,  vous  etes  presentement ,  le  Scaligeriana , 
c'est  un  livre  fort  propre  a  vous  divertir.  II  y  a  bien  la- 
dedans  des  mouvements  d'esprit  d'un  gascon  echauffe  et  eva- 
pore ,  dont  vous  ne  ferez  que  rire.  II  y  en  a  d'autres  qui  sont 
fort  hardis,  et  qui  donneront  de  re'tonnement.  11  y  a  aussi 
quelques  articles  et  quelques  points  d'erudition  qui  ne  sont 
point  communs  ;  car  ce  demon  (fbomme-la  savoit  tout ,  et 
pint  a  Dieu  que  je  susse  ce  qu'il  avoit  oublie ;  mais  il  est 
niort  en  1'an  1609.  Je  n'avois  que  sept  ans  (1).  Scaliger  a  (He 
par  ses  bonnes  parties  un  des  plus  grands  bommes  qui  aient 
vecudepuis  les  apotres.  Mais  de  memo  que  lesautres  bommes 
il  a  eu  ses  defauts,  qu'on  ne  pent  bair  sans  bair  les  bommes 
qui  en  sont  composes.  Je  suis,  etc. 
i)c  Paris,  le  27  novembre  1666. 


LETTKK  DCCXXXV.—  An  mrmr. 

Je  vous  ecrivis  bier,  ce  27  de  novembre,  I'bistoire  de  dom 
Jean  de  Vassan  ,  qui  avoit  compile  de  la  boucbe  meme  de 
Scaliger  les  fameu\Scaligeriana.  Dieu  les  veuille  bien  amener 
par  sure  voie. 

Les  Suedois  continuent  le  siege  de  Breme,  mais  on  croit 
que  c'est  pour  obliger  1'empereur  d'entrer  dansquelque  traite 
de  paix. 

Le  roi  est  a  Saint-Germain,  et  on  croit  qu'il  y  sera  encore 
tout  le  mois  prochain,  pour  obliger  d'autant  plus  la  reine  a 
garder  le  lit  encore  longtemps  que  pour  empecber  ainsi  1'ac- 
coucbement  avant  terme.  M.  le  premier  president  et  le  parle- 
ment  out  revu  la  pretendue  reformation  de  la  cbicane ;  ils 
out  pourtarit  renvoye  le  cabier  a  Saint-Germain  avec  tres 

1    Jl  en  a\ait  huit,  ctanl  no  en  ItiOl.  R.  P.       f 


A    KAI.<0\H  6.'U 

humble  priere  an  roi  (It-  vouloir  bien  revoir  quelques  obser- 
vations (ju'ils  y  out  faitcs. 

On  travaille  a  un  livre  pour  les  drolls  de  la  roine  sur  If  pays 
(In  Brabant  et  le  comte  de  Hainant :  il  sera  imprime  en  latin 
et  on  franeois. 

Le  resident  de  Danemark  ni'a  dit  ceans  aujourd'hui  que 
les  Suedois  ont  enfin  leve  le  siege  de  Breme  par  accord  fait 
avec  les  habitants,  et  qu'il  y  a  grande  dis])osition  pour  voir 
une  paix  generate  en  I'Kurope  le  mois  d'avril  prochain  :  inais 
s'il  arrive  quo  les  Anglois  ne  s'accordent  pas,  ils  doivent  at- 
tendre  une  rude  guerre  des  Danois,  Hollandoiset  Francois, 
qui  tous  sont  bien  puissants  sur  la  mer. 

II  yaquelque  temps quemourut  iciM.  Ilincelin,  maitrede 
la  chambre  aux  deniers ;  le  bruit  court  que  lui  et  tin  archi- 
tecte,  maltre  Bourgeois,  nomme  de  Verdun,  etoient  niorts 
en  trois  jours,  pour  avoir  trop  mange  de  cerneaux;  cela  Cut 
aisement  cru.  Mais  depuis  pen  un  certain  pretre  a  depose 
(pie  le  valet  de  chambre  dudit  Ilincelin  an  lit  de  la  mort  lui 
avoit  conf'esse,  et  donne  charge  de  reveler,  mais  seulement 
un  an  expire  apres  son  trepas,  (jue  c'etoit  lui  qui  avoit  em- 
poisonne  son  maitre  dans  des  cerneaux,  pour  avoir  if),  ()()()  li- 
vresqu'il  lui  avoit  promises  par  testament.  Le  venerable  valet 
de  chambre  s'appelmt,  dans  1'ile  Notre-Dame,  M.  de  (len- 
nesson.  Ne  voila  pas  un  cas  bien  etrange,  et  bien  capable  de 
nous  persuader  I'immortalite  de  Tame?  Uuoi  (ju'il  en  soil, 
tous  trois  sont  niorts,  et  quelque  jour  nous  mourrons  aussi . 
mais  Dieu  nous  preserve  de  telle  mort !  Je  vous  baise  les 
mains,  et  suis  <le  tout  mon  cd-ur  votre,  etc. 

DC  1'aris  ,  le  30  noveinbrt1  KWifi. 


LETTKE  DCCXXXV1.  —  AH 

Le  roi  a  dit  a  M.  le  premier  president  que  des  le  mois  de 
mars  il  ira  fa  ire  un  voyage  en  Brelagne.  On  dit  aussi  que 


M.  le  chaucelier  y  ira,  ct  qu'il  partira  avant  le  roi.  On  dit 
qu'il  y  a  cu  du  bruit  en  Angleterre  entre  la  noblesse  et  la 
chambre  bassc;  on  en  dit  autant  du  Portugal  et  merne  de 
I'lispagne  aussi.  Tout  ce  qu'on  a  dit  de  la  maladie  du  pape 
etoit  une  liction. 

On  a  on  vert  le  cote  a  maitru  Elie  Beda  des  Fougerais, 
homme  d'honneur,  si  jamais  il  en  fut,  a  ce  qu'il  dit;  on  lui 
a  tire  bien  de  la  boue,  il  s'en  porte  mieux.  Voila  comment 
Dieu  envoie  du  secours  aux  gens  de  bien,  non  vult  mortem 
jwccaturis,  sad  mag  is  ut  convertalur  et  vimt. 

II  y  a  ici  des  plaintes  contre  notre  nouveau  lieutenant  cri- 
minel,  M.  Detlta,  et  au  Chatelet  et  a  la  cour;  on  dit  qu'il  a 
fait  donner  le  fouet  a  un  marchan;!  de  ble  sans  autre  forme 
de  proces,  sur  le  simple  rapport  d'uii  commissaire,  el  pour 
cc  fait  il  en  est  appele  au  parlement ,  comme  aussi  pour  avoir 
fait  sortir  de  prison  une  certaine  femme  dont  le  proces  e'toit 
distribue  a  un  conseiller  du  Chatelet,  nomme  M.  Duret,  sans 
que  le  rapporteur  ait  ete  oui :  le  dernier  fait  est  juge  taut  plus 
liardi  et  violent  que  cette. femme  meritoit  une  rude punition, 
et  plus  que  la  corde,  quoiqu'on  ne  soit  pas  inforine  de  son 
crime. 

On  parle  ici  d'un  nouveau  manage  a  la  cour,  savoir,  dela 
lille  deM.  Colbert,  qui  est  aujourd'hui  le  Ta panto  Ca'saris , 
avec  M.  le  due  deChevreuse,  qui  est  iils  de  M.  de  Luynes, 
et  petit  tils  du  conne' table,  qui  mourut Tan  1621.  M.  Albert 
de  Luynes  etoitun  petit  gentilhomineprovencal,  de  noblesse 
fort  mince,  qui  lit  fortune  aupres  du  roi  Louis  XIII,  par  le 
debris  du  marquis  d'Ancre,  1'an  1617,  et  pour  avoir  aide  a 
apprendrc  a  de  petits  moineaux  a  voler  apres,  eta  attraper 
des  mouches. 

M.  Colbert,  fils  de  marchand,  est  devenu  grand  seigneur, 
et  gouverne  sous  main  toute  1'Europe,  au  moins  est-il  comme 
le  maitre  de  la  France.  Voila  deux  favor  is  qui  font  de  leur 
cole  cliacuu  un  grand  pas,  et  qui  clierchent  a  se  rencontrei1 , 

iininl    ill iiKiin     tiiccrdiit     iilrtfiur    /mi'l i  ,     rt>)-fi     /u/»l     ".</     ffunfl 


A    lAl.CuNhl.  6.*3 

c/'t'ilere  de  sc  nun  jjosxit ,  quunt  Inudatur  iJt-urnin  u-qua  jiu(t'it/as, 
Je  vicns  d'apprendre  quo  vous  e  tes  echevin  de  Lyon ;  j'en 
suis  ravi,  et  j'en  loue  Dieu,  le  priant  d'augmenter  vos  hon- 
neurs  et  votre  prosperite ,  mais  surtout  de  vous  faire  vivrc 
longtemps  en  bonne  sante,  (jcnerado  Justonuu  bcnedicvtur.  La 
niece  du  cardinal  Mazarin ,  mariee  an  lils  de  M.  de  la  Meille- 
raye,  a  quitle  son  mari,  et  a  ecrit  au  roi  les  causes  de  son 
divorce.  Je  ne  sais  si  cette  fnmillc  fera  bonne  fin,  aussi  bien 
que  celle  du  cardinal  de  Richelieu ;  car  en  fin  Dieu  est  juste  et 
hait  rinhumanite  et  la  cruelle  philargyrie.  Je  vous  baise  les 
mains,  et  suis  de  tout  mon  coeur  votre,  etc. 
l)e  Paris ,  le  29  d^ccmbre  1666. 


LETTKE  DCCXXXMI.  -  \u 

Je  dois  reponse  a  vos  deux  dernieres  lettivs.  Je  rendrai  les 
services  qu'il  me  sera  possible  a  votre  M.  Vollebuis,  <jui  est 
un  jeune  liomme  fort  aimable,  comme  aussi  ii  tons  ceux  qui 
me  vieiidront  de  votre  part. 

J'ai  re^u  de  Heredia  Opera  oninin  mcdica;  ils  sont  plus  que 
barbares  clans  la  doctrine  et  dans  IVlocution.  S'il  n'a  quel([ue 
chose  de  Ibrt  bon  et  de  nouveau  a  nous  dire  sur  la  doctrine 
des  fievrcs,  qui  ne  soil  ni  dans  (lalien  ni  dans  Kernel ,  c'est 
bien  perdresou  temps;  mais  on  ne  so  lassera  jamais  de  la  ire 
des  livres.  Les  fous  en  font  plus  que  les  sagos  Ce  que  vous 
me  mandez  du  Train'-  des  ///r/vx  de  (iuttierez ,  (jui  est  aussi  nn 
medecin  Espagnol ,  me  degoute  deja.  Je  ne  sais  comment  les 
ecrivains  de  cette  nation  ecnvent  si  mal ;  ils  en  devroient  etre 
honteux  et  se  taire.  II  y  a  eu  des  temps  qu'ils  ecrivoient  bien 
mieux. 

J'ai  su  (pi'on  meditoit  ii  Lyon  une  nouvelle  edition  desii-u- 
vres  de(l.  Kondelet ,  qui  a  ole,  a  mon  avis,  le  plus  habile  do 
son  temps  a  Montpellicr.  II  a  »4o  bon  praticii'n  et  a  pass.'  j>lu 


634  I.KTTIlhS    UK    (.11    PAT  IN 

sicurs  a  litres  qui  sont  venus  depuis  lui.  J'ai  dans  nut  biblio- 
theque  le  Petrus  fastt'llamis  qui  a  ecrit  Yitu>  illustrh.ua  inc- 
dfcortnii;  inais  jo  n'oi  pas  le  I'olfgangus  Jitsfits.  Je  1'ai  une  Ibis 
vu,  aux  enseignes  il  ya  bien  des  fautes  de  chronologic,  il 
no  s'y  fail  I  pas  fier.  La  querelle  de  M.  Menjot  et  d'Hadrianus 
Scaurus  n'est  pas  encore  finie.  .le  pense  que  ce  Scaurus  est 
Pierre  Petit,  docteur  de  Mont  pel  lier  et  bachelier  de  Paris,  que 
j'ai  vu  ci-devant  precepteur  des  enfants  de  M.  le  premier  pre- 
sident. C'est  lui  qui  a  fait  dc  Modt  fniimftlhtnt,  dc  l.ucri/mis  <>t 
ffc  Lure  (I'lversiis  VuMtinn.  II  est  fort  savant  et  a  cpiitte  la  me- 
deeine  pour  se  donner  tout  entier  aux  belles-lettres.  Vulc. 
De  Paris,  le  21  Janvier  KiliT. 


LETTHE  UCCXXXVIII.  —  An  menu. 

En  continuant  not  re  petit  commerce  de  lettres ,  qui  est  fort 
innocent ,  je  vous  dirai  (pic  le  roi  n'ira  point  an  parlement 
pour  la  reforme  des  abus  de  la  chicane  ,  et  (ju'il  a  remis  cette 
all'aire  a  M.  le  premier  president ,  aux  conseillers  de  la  grande 
chambre ,  et  a  messieurs  les  presidents  des  enquetes;  aussi 
bien  la  chicane  ne  merite-t-elle  pas  un  tel  reformateur  que 
le  roi ,  qui  a  bien  d'autres  affaires  :  \<DI  meat  exit/vis  rcktis 
ftflfffisc  Jnci  :  Aqi/ilfi  noil  f'fiji/t  i/iu.icttx.  Ttt  refjcrc  hn^crio  //o- 
/it/los,  JtoiiHtnc,  manriifo,  jtorccrc  subjcctisctc  debdlaresupcrbos. 
c'est  la  veritablement  son  emploi ,  et  je  prie  Dieu  <pi'il  y 
reussisse. 

J'ai  aujourd'bui  parle  a  M.  de  Marolles,  abbe  de  Villeloin. 
qui  a  traduit  presque  tons  les  poetes  latins,  qui  m'a  dit  que  Ton 
imprime  de  sa  traduction  les  six  petits  historiens  latins,  qu'on 
appelle  ordinairement  lllsturin'  Auf/ustir  Scrijifu/rx ,  (jui  sera 
un  gros  in-octavo,  et  dregoire  de  Tours,  qui  sera  in-quarto. 

On  ne  parle  ici  (juc  de  voleries ,  massacres  et  autres  crimes. 
II  y  a  ici  un  notaire  de  Paris  qui  sera  pendu  pour  l'ausset<\ 


A    FALCONET.  6M 

On  paiTe  <le  trois  moincs  qui  sont  dans  la  Conciergerie  pour 
des  crimes  abominables.  Un  jeune homnie  natifde  Limoges, 
nomme  Deschamps ,  a  ete  rompu  (  ce  '2?  Janvier  aujour- 
d'liui  dans  la  rue  Saint- Denis  pour  un  assassinat  de  guet- 
apens  qu'il  a  connnis  hier.  Nous  avons  un  lieutenant  rriminel 
qui  fait  merveille  d'executiou.  On  parle  encore  d'un  autre 
mediant  et  enrage  garnement ,  nomine  Trainel  ,  Ills  d'un  pa- 
petier,  qui  est  par  appel  ii  la  cour:  il  a  ete  condamnedo  1'aire 
amende  honorable  devant  Notre-Dame  ,  d'avoir  la  langur 
percee  d'un  for  chiiml ,  puis  d'etre  pendu  et  brule.  Ne  pour- 
roit-on  pas  dire  qtie  It1  diable  est  deehaine? 

On  parle  icid'une  grande  revue  de  cinquante  mille  homines 
que  le  roi  a  dessein  de  fa  ire  le  mois  prochain  en  Champagne; 
ne  seroit-ce  point  pour  passer  de  la  dans  la  Klandiv  ou  en 
Allernagne? 

On  parle  encore  douteusement  de  la  saute  de  la  petite  .Ma- 
dame, iille  du  roi ,  d'autant  qu'elle  a  eu  quelque  mouvement 
convulsif.  On  dit  que  le  roi  a  sur  pied  atijourd  hui  quatre- 
vingt  mille  hommes;  mais  on  ne  sail  pas  ce  qu'il  vent  en 
fa  ire. 

Ce  qui  fait  le  plus  parlor  le  nionde  ,  est  I'infamo  banquo- 
route  de  madame  de  Fouquesolle.  Kilo  emporte  boaucoupdr 
bien  a  plusieurs  particuliers  avec  beaucoup  d'infamie ,  sans 
(|ue  Ton  ait  encore  pu  deoouvrir  oil  elle  est  allee;  plusieurs 
croient  qu'elle  est  cachee  dans  quelque  monastere  ;  n'est-cc 
pas  le  moyen  d'etre  bien  cachee? 

Hier  fut  tiree  de  la  Conciergerie  line  jeune  Iille  de  Tours , 
et  de  la  menee  a  la  drove,  oil  olio  fut  pondue  »>t  (-trangloo, 
pour  avoir,  a  ce  (jn'on  (lit,  dofait  son  iMifant.  .Mais  aussitot 
un  carrosso  arriva  dans  la  Creve  .  dans  lequel  fut  mis  cr 
corps  et  emporte  dans  le  Louvre,  011  quohjuo  grand  on  vent 
avoir  la  demonstration.  On  (lit  qui'  1<1  roi  no  vent  plus  voir 
taut  de  gens  (jiii  portent  des  epees  ,  et  <jue  pour  en  (Her  la 
mode,  il  veut  fjue  les  gentilshommos,  pour  marque  de  lour 


636  LETTUliS   DE   GUI    I'ATLN 

noblesse ,  portent  pendue  a  leur  coup  uiie  medaillc  d'or  oil 
sera  son  portrait. 

,Vai  ceans  des  portraits  do  mon  Carolus  en  taille-douce  pour 
vous  envoyer;  ils  sont  tres  bien  i'aits;  on  lui  en  demande  de 
toutes  parts  ,  taut  a  cause  de  lui ,  qu'on  aime,  qu'a  cause  de 
celui  qui  i'a  grave,  qui  est  excellent  en  son  art,  nomme 
Masson.  Quinze  soldats  de  la  compagnie  dite  des  royaux  out 
etc  noyes  au  lac  de  Gonflans  ,  pres  de  Saint-Germain  et  An- 
drezy,  qui  venoient  pour  la  revue  quo  le  roi  a  fait  fa  ire  pres 
de  Saint  Germain  ,  dans  la  plaine  de  Houille.  Le  vaisseau ,  qui 
etoit  trop  charge,  s'est  entr'ouvert  par  le  milieu;  ils  en  sont 
tons  morts,  et  out  etc  repeches  le  lendemain.  Le  roi  est  fort 
tache  de  cette  pertc.  Je  vous  baise  les  mains,  et  suis  de  tout 
mon  cceur  votre,  etc. 

De  Paris ,  le  4  fevricr  1667. 


LETTRE  DCCXXX1X.   -   Au  memc. 

On  clit  ici  une  chose  qui  me  fache  fort,  bien  que  je  n'y  ai<> 
aucun  interet  :  c'est  que  la  Pologne  est  toute  en  feu  d'une 
guerre  civile,  et  par-dessus,  est  menacee  de  deux  puissants 
voisins,  savoir,  du  Moscovite,  qui  est  deja  entre  de  son  cote, 
et  qui  y  fait  dc  grands  ravages,  sans  compter  plus  de  30,000 
anies  qu'il  a  deja  enlevees  ;  1'autre  est  le  Turc  ,  qui  les  attaque 
par  un  a  litre  androit.  Si  Dieu  n'y  met  la  main ,  voila  un  bou- 
levard de  la  chretiente  en  grand  danger  d'etre  ruine  par  des 
nations  barbares ;  je  ne  sais  si  cela  ne  reveillera  pas  tous  nos 
princes  Chretiens ,  pour  y  envoyer  quelques  armees  qui  fassent 
relirer  ces  infideles. 

On  attend  de  Londres  le  milord  Germain,  grand  seigneur 
anglois,  oil  la  rcine  d'Angleterrc  la  mere  I'a  envoye  pour  le 
traite  de  paix  qu'on  rroit  <Hre  en  l>on  otat.  On  dit  que  nous 


A  FALCONET.  t»3? 

n'aurons  guerre  ni  avt-c  les  Anglois  ni  avoc  les  Espagnols, 
que  M.  de  Colbert  ne  veut  point  entrer  en  cette  depensc,  et 
qu'il  est  bon  manager. 

Le  cardinal  de  Retz  est  presentement  a  Saint-Germain  au- 
pres  du  roi ;  on  n'en  sail  pas  davantage. 

II  court  ici  de  certains  vers  satiriques,  dont  les  auteurs  sont 
tres  malcontents  de  1'etat  present  de  nos  affaires :  ces  plaintes 
ne  servent  de  rien ,  quoi  que  Ton  disc  et  quoi  que  Ton  fasse  : 
tempora  sunf  semper  tempora,  nul  changement  n'en  arrive. 
II  y  a  tin  principe  d'en  haul  qui  fait  aller  les  affaires  selon 
leur  train  :  sic  Immana,  sic  sept's ,  prudent ia.  Entre  autres  ar- 
ticles qu'on  refbrme  dans  la  police,  en  voici  tin  qui  a  ete  fort 
conteste ,  qui  est  que  Ton  ne  recevra  plus  personne  dorena- 
vant  ii  faire  profession  de  moinerie  si  jeune.  Les  garcons  ne 
pourront  faire  profession  qu'a  vingt-cinq  ans ,  et  les  filles  qu'a 
vingt  ans ;  quelques  uns  disent  que  cet  article  ne  passera 
jamais.  M.  le  nonce  du  pape  avoit  tache  de  1'empecher,  mais 
le  roi  1'a  voulu  ainsi,  et  1'a  foil  conclure.  Si  cette  ordonnance 
est  gardee,  il  ne  se  fera  plus  taut  de  moines  ni  de  moinesses; 
le  nombre  des  soldats  du  pape  diminuera,  et  il  n'y  aura  plus 
dorenavant  tant  de  corps  et  d'ames  devoues  a  la  papiiuanie; 
les  monasteres  feminins  ne  s'enrichiront  plus  si  aisement  ni 
si  tot,  comme  ils  faisoient;  mais  1'autorite  du  pape  me  fait 
encore  douter  de  la  verite  de  cet  article. 

On  parle  ici  de  la  mort  du  prince  de  Guemene ,  et  du  ma- 
I'iage  de  M.  de  la  Feuillade  avec  mademoiselle  la  fille  du  due 
de  Houannois. 

On  m'a  dit  ce  matin  qu'avant  tin  an  on  imprimera  ii  Paris 
tine  ffistoire  du  cardinal  de  Hicltclicu,  in- folio,  faite  par  le 
pere  Lemoine,  jesuite,  natif  de  Cliaiiinont  eu  Bassigny,  sur 
les  memoires  qui  lui  out  ete  founds  par  madame  d'Kguillon 
et  autres  gens  (jui  out  ete  interesses  dans  la  fortune  de  ce  ini- 
nistre,  dont  la  France  se  f'tit  heureusement  passee,  aussibien 
(juede  son  successeur.  Je  no  sais  si  le  pore  Lemoine  sera  bien 
pay»'  de  :;<m  travail  :  mais  rett(>  damc-la  ((iii  le  met  <MI  he- 


G3S  LETTRES   DE   GUI   PATIN 

sogne  ost  etrangemenl  avare ;  d'ailleurs  jo  ne  sais  si  ce  pere 
dira  vrai ,  car  toutc  1'histoire  do  ce  temps-la  est  fort  diverse, 
et  il  me  semble  quo  ces  bons  pores  sont  plutot  portes  a  Hatter, 
a  mentir  ou  a  deguiser  la  verite,  qu'ii  nous  enseigner  ronde- 
ment  ce  qu'il  taut  croire  des  princes. 

II  est  ici  mort  depuis  peu  un  savant  homnie  qui  parloit 
bien  :  e'est  le  bon  M.  de  Silhon  ,  (jui  a  fait  le  Ministre  d'Etol 
et  un  gros  in-quarto  de  I'Immortalife  <!<>  l'<nnf>  (1).  Je  vous 
baise  tres  humblement  les  mains  et  suis  de  tout  mon  crrur 
votre,  etc. 

DC  Par  is,  Ie21  fevrier  1667. 


LETTKE  DCCXL.  —  Aw  meme. 

Tra'mel ,  lils  d'un  papetier  devant  le  Palais  ,  age  d'environ 
vingt-huit  ans  ,  apres  avoir  eto  condamne  an  Cliatelet ,  a  ete 
transfere  a  la  Conciergerie.  Eniin,  apres  environ  un  mois  de 
temps,  son  appel  aetejugo  a  la  Tournelle,  etla  sentence  con- 
firmee ;  tot  apres  on  a  apporte  au  president  de  la  Tournello, 
qui  est  M.  le  Coigneux,  une  lettre  de  cachet ,  par  laquelle  le 
roi  vent  quo  1'execution  suit  sursise.  Des  le  lendemain  (ce  2r> 
fevrier  ;  messieurs  de  la  Tournelle  out  envoys  des  deputes  au 
roi  pour  lui  i'aire  entendre  la  justice  de  lour  arret.  M.  le  pre- 
sident le  Coigneux  a  done  eto  a  Saint-dermain  ,  on  il  a  ete 
bien  recu  du  roi  et  bien  ecouto.  M.  Renard  ,  conseiller  de  la 
grand'chambreet  rapporteur  du  proces,  y  etoit  aussi.  Ce  rap- 
porteur est  un  des  plus  homines  de  bien  du  palais ,  et  fort 
bon  juge.  Comme  Ton  faisoit  au  roi  une  enumeration  des 
crimes  de  ce  malheureux  ,  le  roi  les  interrompit  et  dit  :  /;'// 
vailii  />ra//c<»t/)  Imp,  fiiftcxjusfire.  Ensuite  de  la  volonte  du  roi, 
il  a  et*^  ce  matin  (  samedi  26  fevrier)  enleve  de  la  Concier- 

(1)  Otnra^e  qui  cut  dans  son  temps  une  sorte  dc  sucoes  ,  mais  au- 
jourd'hui  totalement  onblic ,  ct  qui  le  merite  bien.  (Vest  un  gros  livre  et 
une  petite <ieuvre.  (R.P/ 


A    KAI.CONET.  039 

gerie  ,  et  ramene  dans  une  chaise  an  grand  Chatelet ,  el  mis 
dans  la  chapolle  oil  il  est  presen  lenient.  II  n'a  plus  qu'a  son- 
ger  a  sa  conscience,  pour  etrc  pendu  aujourd'hui  apres  niidi 
au  bout  du  pont  Saint-Michel,  et  il  le  vient  d'etre  apres  avoir 
fait  amende  honorable  devant  Notre-Dame ;  il  y  avoit  deux 
cents  archers  ,  tant  a  pied  qu'a  cheval ,  mais  il  y  avoit  une 
horrible  qtiantite  de  monde.  Ce  inalheureux  a  encore  son 
pere  et  sa  mere  vivants  :  Jh>atus  qui  f'acit  jiistitiam  in  ontni 
femjwi'.  Feu  M.  1'abbe  de  Saint- Cyran  ,  qui  a  ete  le  vrai  1'e- 
trus  Aurclius,  duquel  il  est  parle  dans  les  epitres  de  Lipse , 
sous  le  iiom  de  Joannes  Veryerius  Aunmits ,  qui  avoit  ete  un 
des  adorateurs  de  Lipse  et  son  pensionnaire  les  trois  der- 
nieresannees  de  sa  vie,  utcrque  fttit  catholicissinws  ,  bien  qtic 
Lipse  soil  mort  entre  les  mains  du  pere  Lessius  ,  jesuite  ,  et 
que  1'autre  haisse  bien  cette  societe;  M.de  Saint-Cyra«,dis-je, 
m'a  dit  autrefois  ,  en  parlant  de  ces  executions  criminelles, 
qu'il  mouroit  a  Paris  plus  de  monde  de  la  main  tin  bourreau 
que  presque  en  tout  le  reste  dc  la  France ,  ce  qui  u'est  pas 
absolument  vrai;  maisilparlait  avec  horreur  et  extreme  do- 
leance  de  tant  de  meurtresetassassinats  qui  se  faisoientii Paris, 
etil  approuvoit  fort  les  punitiorisexemplaires  que  lesjugesen 
font  fa  ire  :  aussi  Paris  en  a  bien  besoin ,  car  il  y  a  trop  de  lar- 
rons,  de  vauriens,  et  trop  de  gens  oiseux  (mi  ne  clierchent 
qu'a  faire  bonne  chere  et  a  etre  braves  aux  de-pens  d'autrui  1 ). 

(1)  11  est  probable  que  Tabbe  de  Saint-C.yraii .  Jean  Duverfjier  de 
Hauranne  ,  le  celebre  ami  de  Corncille  Janseiiius,  et  qui  n'ouvrait  le 
livre  d'un  lieretique  qifaprcs  avoir  fail  le  sijjnc  de  la  croix  Mir  la  cou- 
verture  ,  eut  ele  de  Tavis  de  M.  de  Maistre  ,  faisant  du  bourreau  la 
clef  de  votlle  de  Tedilice  social.  Hesle  a  >avoir  si  ees  supplices  multi- 
plies ont  jamais  corri^e  les  mn-urs  el  arrete  les  crimes.  I. 'experience  a 
prouve  le  conlraire  a  toutes  les  epoques.  1'eut-elre  vaudrait-il  mieux 
que  les  proletaires.  ces  crucifies  de  toutes  les  civilisations,  lu»sent  eclai- 
res  ,  guides  ,  soulages  ,  qu'ils  eussent  aussi  leur  part  des  biens  de  ce 
monde  en  lumieres  coinme  en  besoins  materiels,  pour  diminuer  cette 
masse  de  crimes  qui  accnscnt  noire  elal  social  actuel  comuie  celui  de-* 
iiges  precedents.  Voyer.  le-  notes  1.  I.  paj1;.  11T  et  'MM.  .  H.  IV 


0-iO  l.KTTHKS    DE   C.Cl   PATIN 

Enlin  le  roi  d'Angleterre  est  d'accord  avce  le  notre  du  lieu 
ou  les  deputes  s'assembleront  pour  trailer  de  la  paix  ensem- 
ble ,  y  joints  les  Dariois  et  les  Hollanders ;  ce  ne  sera  point, 
eomme  Ton  disoit,  aDinan,  au  pays  de  Liege,  inais  a  la 
Haye  en  Hollande.  Nos  deputes  seront  M.  Colbert,  le  maitre 
cles  requetes,  et  M.  Coin-tin;  je  prie  Dieu  qu'ils  s'aceordent. 

On  dit  ici  que  le  pape  a  uneliydrocele,  et  qu'il  a  grand'peur 
de  se  soumettre  a  1'operation  qui  y  est  necessaire.  Je  1'ai  vu 
souvent  f'aire  a  Paris  sans  aucun  mauvais  accident;  s'il  a  peur, 
c'est  qu'il  csl  vieux  ct  qu'il  voudroit  bien  ne  pas  silot  quitter 
sa  place ,  en  lacjuclle  honrit  <iqn<i>>  In  yawl  to  f/f  jnnliliKu  Sut~ 
rntoris. 

II  y  a  ici  une  grande  banqueroute  d'un  nomine  Jacques 
Heron  ,  par  le  malheur  d'un  certain  marchand  d'Amsterdam, 
nommeBelot,  Lyonnois.  Je  vous  baise  tres  luimblement  les 
mains,  et  suis  de  tout  mon  co^iir  votre  ,  etc. 

DC  Paris ,  le  1"  mars  1667. 


LETTUE  DCCXL1.  —  An 

J'ai  une  nouvelle  a  vous  dire  qui  me  rejouit  ;  c'est  que , 
quelques  seinaines  apres  le  jugement  de  M.  Fouquet ,  un  des 
juges  de  la  chambre  de  justice  ,  nomine  M.  de  Roquesante  , 
conseiller  au  parlernent  de  Provence,  fut  exile  et  envoyeen 
Basse -Bretagne,  ou  il  a  demeure  jusqu'a  present.  Sa  femme 
est  venue  solliciter  sa  delivrance,  et  1'a  enfin  obtenue,  si  bien 
qu'il  a  permission  de  s'en  retourner  en  sa  maison.  C'est  une 
grace  que  le  roi  lui  a  f'aite,  dont  je  suis  bien  aise  ;  car  quoi- 
que  je  ne  1'aie  jamais  vu,  je  1'honore  ,  sur  ce  que  j'apprends 
(m'il  est  fort  homme  de  bien  ,  grand  esprit  et  tres  savant , 
ma  is,  comme  beaucoup  d'autres,  malheureux.  On  dit  qu'il 
n'est  pas  riche,  ce  qu'il  a  de  commun  avec  quantite  d'lion- 
n»Hes  gens.  Abdolonimus  ,  roi  des  Tyriens,  ('toil  fort 


A    FALCONET.  041 

homme  do  bien  ,  niais  il  etoit  pauvre  ,  el  la  cause  de  sa  pau- 
vrete  etoil  sa  Brando  probite.  On  parle  ici  dodix  mille  homines 
que  le  roi  vent  envoyor au  duo  do  Savoio ;  mais  on  no  sail 
pas  encore  si  c'est  contre  Geneve  ou  Genes.  Je  me  lions  au 
dernier  pour  plusieurs  raisons.  Dopuis  quatre  jours  il  est  mort 
ici  un  grand  serviteur  do  Dion  ,  c'est  1'abbe  Lenormand , 
grand  hableur,  et  acequ'on  dit,  grand  fripon.  II  t'aisoit  le  plii- 
losoplie  Lullisto  ot  se  meloit  de  prechor,  mais  on  n'alloit 
point  a  ses  sermons,  parce  qu'on  lo  oonnoissoit  pour  un  grand 
hypocrite.  11  dit  un  jour  on  chaire  que  tons  les  jansenistes 
seroient  damnes  et  qu'ils  meriteroient  d'etre  pendus.  Enfin  il 
est  mort  apres  avoir  bien  Courbe  du  inondc  et  s'etre  fait  con- 
naitre  a  tout  Paris.  Je  suis  ,  etc. 
De  Paris,  It-  8  mars  1667. 


LETTRE  DCCXM1.  —  Au 

Lo  roi  adouno  1'ovoclio  do  Nantes  a  M.  I'abbodo  laValliere, 
frere  do  la  dame  qui  est  en  credit.  On  parle  aussi  do  la  mort 
de  I'evoque  do  Condom,  ol  Ton  dit  que  lo  roi  s'ou  ira  en 
Champagne  vers  la  liu  du  mois  pom1  y  Cairo  line  grando  re- 
vue devers  Chalons ,  ot  (jue  de  la  il  s'on  ira  on  Bretagno  voir 
son  armec  navale. 

II  y  a  ici  bien  vies  marchands  malcontents,  taut  a  cause 
du  commerce  interrompu  par  la  guerre  olrangoro  ot  la  pau- 
vrete  publique ,  <jue  par  los  banqueroutes  arrivoes  et  tjui  pen- 
vent  arrivor  le  mois  prochain.  .Mon  Ills  (^arolus  vuus  salue;  il 
me  vient  de  dire  qifil  a  rocu  une  lottr»i  do  Pologne,  par  la- 
iiuolle  on  lui  mandecjue  los  (Cosaques  out  onlevo  en  un  coin 
de  la  Pologne  plus  do  trento  millo  ames  qu'ils  out  onvoye 
vondre  a  Constantinople. 

M.  do  Vardos  ost  romis  on  lihorto.  Lo  roi  viondra  au  parle- 
mont  sur  la  tin  du  mois.  avoo.  sa  declaration  pour  la  re- 
iii.  •<! 


H-k2  I.KlTUKS    I>K    ell    I'AIIN 

formation  de   la  chicane ,    en  depit  des  procureurs  et  des 
greftiers. 

M.  Jean  Chicot ,  ci-devant  mcdecin  dn  roi,  et  <)ui  traita 
Louis  XIII,  I'an  104-2,  avec  MM.  Bouvardet  Baralis,  au  voyage 
de  Perpigimn,  qui  derneure  a  Senlis,  et  tort  vieux,  fait  im- 
primer  son  \\\\'QE[>istol(r  <-t  dissertation's  mcdirce,  queje  vous 
enverrai  quancl  il  sera  acheve.  II  est  la-dedans  de  1'opinion 
commune,  que  I'antimoine  peut  etre  bon,  pourvu  qu'il  soil 
bien  prepare  et  bieu  donne,  Irwisiwl  mnjor ;  mais  il  n'ote  pas 
la  diiticulteel  n'enseigne  pas  cette  preparation  innocente,  ni 
les  precautions  pour  le  bien  donncr.  Je  vous  baise  tres  hum- 
blement  les  mains,  et  suis  de  tout  mon  etjeur  votre  ,  etc. 

l)e  Paris  ,  le  12  mars  16ft7. 


LETTRE  DCCXLIH.  —  AH  mrme. 

On  ne  parle  que  de  plaintes,  de  taxes  et  de  grande  cherte. 
M.  Colbert,  interroge  sur  le  (/f'jjri.c  des  monnoies ,  a  repondu 
qu'il  le  falloit  demander  au  roi,  et  qu  il  n'y  uvoitque  lui  qui 
le  siit.  Tout  le  monde  est  ici  merveilleusenient  consterne  et 
abaltu.  Nous  aurons  bientot  besoin  de  direcomme  cetancien  : 
liejuduj  Aiitt'yoituin ;  mais  pourtant  Dieu  nous  preserve  et 
garde  d'un  autre  Mazarm.  \  tdc  Lt/tsium  Cvnturtd  1.  L'/iixtulu  4. 

On  dit  ici  que  la  paix  est  f'aite  entre  nous,  les  Angloiset 
les  Hollandois.  Si  cette  iiouvelle  est  vraie,  les  partisans  el 
leurs  heritiers  en  seront  plus  rudement  traites  ;  car  on  exr- 
cute  bien  du  monde  pour  les  taxes,  et  I 'argent  en  est  extre- 
menient  presse  par  les  poursuites  qu'on  en  fait.  Des  archers 
duns  Rouen  out  voulu  prendre  un  receveur  du  Domaine  par 
ordre  tie  la  chambre  tie  justice.  Lui  et  les  siens  se  sont  dt;- 
1'endus,  quatre  desdits  archers  y  sont  demeures  sur  la  place, 
et  le  leceveur  n  a  pas  eie  pi'is  ;  plainte  en  a  de  laite  au  101 


A    KM.CONFI.  <M'l 

commed'une  rebel  lion  it  justice,  surquoioii  a  term  conseil  a 
Saint-Germain. 

Le  roi  s'en  va  pour  six  jours  a  Versailles.  >l.  le  due  d'Hi 
leans  ademande  le  gouverneruent  de  Languedoc,  vacant  par 
la  niort  du  prince  deConti.  Le  roi  le  lui  a  refuse,  Im  a  aujj- 
mente  son  apanage  en  recompense  ,  el  I  adonne  a  M.  ledur 
de  V'erneuil.  Onditque  le  voyage  de  M.  le  due  de  Cliaunes  a 
Romeest  encore  diliere  pour  trois  mois.  Cela  i'ait  soupeonner 
que  le  roi  et  le  pape  ne  sont  pas  en  bonne  intelligence  en 
semble.  J'irai  voir  M   le  president  de  Blancmesnil  pour  votre 
proces,  lorsqu'il  sera  temps  ,  et  quelfjues  autres  juges  aussi 
le  mois  prochain. 

Lecomte  de  Ku'iiigsmarek,  ambassadeur  deSued*:,  viendra 
ici  pourofl'rir  au  roi,  de  la  part  de  son  inaitre.  tine  mediation 
entre  les  Francois,  les  Anglois  et  les  Hollandois.  Les  Danois 
sont  de  nouveau  entres  en  une  nouvelle  alliance  avec  les 
Hollandois.  4e  vous  baise  les  mains,  et  suisdetont  mou  eunir 
votre  ,  etc. 

De  Paris  ,  le  20  mars  I(i67. 


LKTTKK  OCCXLIV.  -     ,\u  WHIP. 

i  lii  parle  fort  de  la  baiKpieroute  des  <leu\  .MM.  de  Varan  lies, 
j'entends  le  votre  et  le  nntiv. 

Ill1  matin,  ,')(>  mars,  on  a  tail  le  service  en  noseeoles  |Miur 
fi'ii  .M.  Cliarpentier,  notre  eolle^ne.  Sa  lamillf  y  a  a^^ist,•  ;  || 
y  avdit  grand  nomlire  di-  docteui •>  :  il  n  a  lais>r  (in'mie  lill<- , 
qni  esl  furl  riehe  ,  et  laijuelK' a  fait  amend1  M-.>  petit^  »-n- 
I'aiils.  Tout  ce  .spectacle  de  deuil  m'a  fail  pitie  ,  et  in  a  Iait 
verse r  des  larmes  :  e'est  grand'pitie  que  tout  untie  Iait.  Toute 
la  vie  liumaine  e>I  pleine  de  vamtf  ,  de  miscres.  (|,-  malice 


044  I.ETTUKS    DK   (il'l    I'ATIN 

ou  de  soltises ,  ft,  qui  pis  est ,  Ton  n'en  est  pas  quitte  pour 
eela  ;  eareniin  Pallfdanturs  intvrrcnii  (I). 

MM.  eh;  1'Academie  de  la  langue  IVaneoise  (Hit  donne  a 
M.  Colbert  la  place  vaeante  par  le  deces  de  M.  do  Silhon  ,  si 
bien  que  IPS  voila  honores  du  premier  nrinistre  d'Etat.  Je  viens 
d'apprendre  que  le  voyage  du  roi  au  parlement  est  remispour 
a  pros  Paques. 

Tout  le  monde  parle  ici  du  prod's  de  I'Universite  contro  un 
certain  Normand  ,  nomine  Lisot,  qui ,  en  vertu  des  provisions 
de  Koine  contre  les  droits  protendus  de  lUniversite,  vent 
<Hre  cure  de  Saint-Cdme.  Le  proces  a  deja  occupe  sept  belles 
audiences  :  c'est  demain  <[iie  M.  Bignon  ,  I'avocat-general , 
pavlera,  et  que  le  proces  se  jugera.  Le  recteur  et  les  deux 
pretendiis  cures  ont  tons  trois  ce  matin  harangue  dans  la 
grande  cliambre.  Je  souhaite  (ju'il  soil  adjuge  a  celui  qui  en 
1'era  mieux  son  devoir. 

Qu'estdevenu  M.  de  Lorme?  Est-il  a  Moulins  ou  a  Lyon? 
Songe-t-il  a  se  reinarier  pour  la  troisieme  ibis?  Veut-il  tout 
(It;  bun  etre  Trimnrlr'f  Theodore  de  Beze  le  fut  comme  cela  a 
(leneve  ,  ou  il  est  mort  I'an  1005.  Voici  les  quatre  vers  qu'K- 
titMine  Pasquier  lit  sur  ce  sujet  : 


i'-ji'ores  eyolri'x  rurio  sum  l<.mporc 

I'um  jurtnis ,  lni»  r//-,  fuclnstt  imle  scncj' 

I'l'opler  opes  prhna  csi  falidis  tnihijnncta  mil)  annis  , 
Alkra  }>roplt  r  opus  ,  /<  rliu  proplcr  opciu. 

Su/i'f  ubuliun,  hiihuisti  ftibiilaiit.  .le  vous  baise  les  mains,  et 
suis  de  tout  mon  cieur  votre  ,  etc. 
Do  Paris,  IP  31  mars  KJfiT. 

;  1  On  aimo  a  \oir  oe  c<r.ur  si  haul,  ce  caraclere  si  roide  el  si  lennc  , 
vereer  des  larmes  au\  fiiuerailles  d'nn  do  ^es  confreres  ;  c'e-l  qiTil  y 
avail  dans  (lui  Palin  un  j',rand  tond  de  sen«ihili|p  uni  a  cello  force 
d'ame  tjui  fail  le-  homines  hois  de  li^ne.  \\.  P.' 


LETTKK  DCCXLV.  --  Au  mem". 

Tout  le  monde  est  ici  en  devotion  a  cause  de  la  bonne  fete ; 
mais  il  y  a  bieii  des  malades  a  cause  de  la  saisou  du  prin- 
tenips  <jtii  Ibnd  et  agile  le  sang.  Yoila  le  temps  venu  pour  les 
estaliers  de  Saint-Come.  Nous  avons  deja  dcs  fievres  tierces 
priulanieres  et  des  lievres  continues.  Le  nionde  etoil  assez 
inal  sans  cela;  car  on  ne  parle  ici  que  des  bauqueroutes, 
malheurs,  desordres  ct  pauvrete.  Je  n'ai  vu  le  vrai  tctnn  (\ 
(JUG  trois  Ibis  en  ma  vie,  et  une  quatrieme  Ibis  depnis  huit 
jours,  (jui  venoit  d'une  plenitude  de  vaisseaux  et  intemperie 
cliaude  des  entrailles  avec  un  danger  evident  de  cettesuffoca- 
tion  (|iie  les  anciensont  appelee  ii-fuxxiniuuiitt*,  qui  est  la  vraie 
et  proprcmenl  noinmee  apoplexie.  Le  inalade  en  est  heureu- 
senient  ecliappe  ;  mais  il  a  ete  saignedix  Ibis  en  quatre  joinx 
sans  (juoi  il  sera  it  mort  avant  ce  temps-la.  L'experience  nous 
fait  voir  a  Paris  tous  les  jours  combien  est  vrai  tout  ce  quc 
(ialien  a  ecrit  de  la  saignee  et  de  ses  admiralties  vertus  ,  prin- 
cipalement  dans  les  trois  livresqu'ilen  a  fails  expres.  Le  ma- 
lade  est  u n  homme  de  quarante  ans ,  (jui  est  fort  content  de 
notre  precede  el  de  noire  metliode. 

J'ai  vu  ici  renfant  a  deux  ttMes  <!(>  M.  Girardet  (-1  ,  et  Ini  ai 
donne  1'attestation  (ju'il  m'a  demandee  pour  avoir  la  |H>rmis- 
sion  de  notre  nouveau  juge  de  police  de  le  montrer  en  public 

On  parle  ici  de  la  maladie  du  rot  et  de  l.i  reine  dc  I'ologue . 
et  de-  la  grossesse  de  la  reine  de  Portugal.  Je  ne  sais  rien  du 
pape.  Adieu. 

Uc  I'aris ,  le  lo  avril  KM57. 

'1)  Tefanos ,  horrible  maladic  que  non>  oonn;iisson«  inicux  ipic  du 
lcni[)s  dc  (lui  I'atin  ol  (juo  nous  IIP  j;iicri-soiis  j).-!**  davanla^r.  H.  I'.  ^ 

^•2]  Voyoz  sur  ce  sujct  :  Scrrcs  ,  Kcrherrlies  d  anatomic  trunsrt'iitlmile 
fit  palltoloyique ,  apptiquee  n  I'anatomie  de  la  ilnplii-ite  imnistrto'ime  . 
Paris,  ls;{2.  in-i".  alia*.  I-i<l.  (it-otlroy  Saint-llil.nri- .  Ilistmrr  </<•.« 
iinoiniilic'i  <lr  I'oryanisalion .  Paris.  \X'M\.  I.  III.  pa;1,.  I'.MI 


F.EITRES    DE    i.l  I    PATIN 

LKTTRE  DCCXLVI.  -     .l« 

Madame  Talon,  inert:  de  I'avocat-gen6ral ,  est  morte.  On 
(lit  (ju'elle  a  laisse  dans  sa  maison  un  grand  proces  pour  avoir 
fait  un  insigne  a vantage  par  son  testament  a  urie  de  ses  filles 
aux  depens  das  aulres  (infants  ,  et  ainsi  est  vrai  ce  qu'a  dit 
Alciat  en  ses  emblemes.  Quod  noncnpit  f'hri$fi<s,  m/nt  fiscus. 
M.  Talon  ,  son  fils  aine.  qui  est  vraiment  un  il lustre,  person- 
nage ,  et  avocat-general  an  parlement ,  est ,  a  ce  qu'on  dit , 
fort  mal  content  de  oe  testament ,  et  pretend  le  faire  casser 
par  un  arret  solennol  qu'il  en  vent  ohtenir. 

Le  roi  veut  faire  faire  la  revue  a  ses  10,000  homines  quatre 
ou  ciii(|  jours  durartt  dans  laplainede  Houille  entre  Saint- 
Germain  ,  Sartrouville  et  Argenteuil,  ou  il  fera  voir  une  belle 
representation  de  la  guerre  aux  dames  de  la  cour,  quiaiment 
de  tels  combats,  ou  Ton  s'eclmuife  jusqu'a  la  sucur  merne, 
mais  ou  Ton  rie  tue  personne.  Apres  cette  revue  1'aite ,  on  dit 
(|ue  les  troupes  auront  ordre  de  marcher  au  rendez-vous  qui 
leur  sera  assigue.  Mais  on  sera-ce?  Persoune  ne  le  sait  que 
cenx  <]iii  commandent ,  et  je  n*1  puis  encore  mo  persuader  que 
ce  soil  en  Flandre,  et  pint  a  I>ieu  <]ue  ce  fut  plutot  contrele 
Tui'c. 

Nous  avons  ici  un  de  uos  jeunes  mi'decins  tres  malade  , 
nommeJacques  Boujonuier.  11  avoitun  frere  aine  qui  mourut 
il  y  a  tantot  deux  ans.  (jenr  pere  est  encore  vivant,  agtMle 
septante-six  ans,  a  qui  la  tete  branle  bien  fort  sans  tomber. 
J'ai  ici  un  medecin  de  Laon  ,  nommt'  M.  Colin,  qui  a  la 
pierre,  et  que  je  ferai  tailler  demain  matin  :  Dieu  lui  en  donne 
Ijonne  delivrance.  Deux  freres  laquais  out  ici  fait  un  grand 
volfiepuis  pen  die/,  leur  maitre,  secivlaire  du  roi  :  I  un  des 
deux  a  etc  attrape  avec  700  pistoles ,  dont  il  etoit  charge: 
I'autre  en  a  davantage.  (lelui  qui  est  pris  sera  peiidu  bientot 
ap|iareniment  :  I'autre  fera  bien  de  sesaiiver  en  A?neri(|ue  <vt 


il'y  devenir  roi ,  de  peur  d'<Hr«  ici  pum  coimne  MIII  IVf>re.  L»» 
vers  de  Juvenal  n'a-l-il  pas  parle  d'eux  : 

Hit  crucetn  pretium  sci-'tii*  tulit ,  /u'r  <iiadeina  ? 

Je  vous  baise  les  mains,  et  snisde  tout  moneu'urvotre,  etc 
De  Paris,  le  19  avril  1M7. 


LETTKE  DCCXLVll.  -  -  An  »,*>,».: 

Le  roi  a  ete  an  parlement,  ou  il  a  fait  passer  une  ample 
declaration  pour  plusieurs  edits ,  et  cut  re  antres  pour  le  code, 
pour  son  domaine,  etc.,  dont  vousaurez  le  detail  ci-apres. 

Nous  avons  perdu  .  <'<•  -22  avril ,  un  (if  nos  jeunes  docteni-s, 
JacfjuesBoujonnier,  dont  le  I'rere  aliui  inourut  il  n'y  a*|uedeux 
ans.  Ce  petit  dernier  n'avoit  que  vingt-huitans;  mais  il  etoit 
bien  savant,  eutete  riionnenr  de  sa  t'amilie;  il  en  avoit  1'obli- 
gation  anx  soins  de  son  pei-e.  Le  roi  est  en  son  ramp  de 
Houille,  ou  il  fait  s:i  revue.  II  est  aujourd'hui  venu  c^ans  un 
fort  honnete  liomme  ,  el  qui  sail  bien  des  ehoses  :  c'est 
M  Th.  lionet,  medecin  de  Geneve,  (|ui  est  ici  venu  pour  un 
proces  qu'il  a  pour  une  terre  qu'on  lui  dispute.  Hier  il  etoit 
venu  a  ma  lecon  au  college  de  ('ambr;ii.  II  a  un  fils  medecin 
quand  a  soi.  II  y  a  bien  des  medecins  en  France  et  dans  la 
Champagne  et  dans  Paris  qui  n'en  savent  pas  taut  que  lui. 
II  est  fort  savant  et  fort  spirituel ,  il  ne  tient  guere  du  Suisse 
ni  de  rAllemand  ;  mais  il  a  bien  de  I'esprit  ;  il  vaut  mieux 
qu'un  Italien.  On  dit  <|u'a|)res  la  revue  (|iii  se  fait  pre'sente- 
ment  le  roi  fera  un  voyage  a  Foritaineblean.  Outre  I'edit 
verifie  au  domaine  ,  qui  fera  bien  du  bruit,  on  parle  fort  ici 
de  toutes  les  douanes  et  df  mettre  d'autres  ofticiers  aux  (ia- 
belles.  i\l.  C.oiirtiu  ,  nolfe  depute  ,  est  parti  pour  Breda;  mais 
il  me  semble  qu'il  n'y  a  point  apparcnce  d'esperer  que  nous 
ayons  de  cette  aimee  la  [>aix  avec  I  Angleterre  .  vu  les  diverses 


tilS  I.E11KKS    Dli    >-|i|    I'AlIN 

pretentious  que  les  Anglois  y  apportent.  On  (lit  qu'ils  y  fav co- 
nsent fort  l'Espagnol,qui  leur  olfre  tons  les  anscinq  millions, 
s'ils  veulent  continue)'  la  guerre  centre  nous  et  les  Hollan- 
clois.  Oh !  que  le  moncle  est  malheureux  par  1'ambition  et 
1'avarice  des  princes  !  Les  princes  qui  font  1' am  our  traitent 
plus  doucement  leurssujets;  car  1'amour  est  un  peche  de 
1'humanite  au  lieu  que  les  deux  autres  sont  diaboliques  (1). 
Juvenal  a  ditquelque  part,  mais  avec  bonne  grace ,  en  par- 
lant  de  Domitieu  ,  qui  etoit  un  mediant  coquin,  ittquciiti- 
nam  itis  nuyis  />o(/ns  fofa  ilia  dcdissct  (cntpura  ncquitid',  etc. 

Le  23  de  ce  mois  est  mort  ici  M,  de  Sainte-Helene,  conseiller 
de  Rouen  a  la  chanibre  de  justice  ;  il  etoit  un  des  rappor- 
teurs de  31.  Fouquet ,  et  le  condamna  a  mort;  mais  1'autre 
rapporteur,  M.  d'Ormesson ,  1'avoit  absous  :  i^sc  mis  ad  hue 
vivit ;  et  eelui  qui  1'a  condamne  est  mort:  sn/jf-rstcii  aliquh 
fait  suo  cwnifici ,  c'est  Senetjiie  qui  1'a  dit. 

11  y  a  aujotird'liui  cent  ueuf  ans  (]ue  mourut  ii  Paris,  1'an 
15J8,  Jean  Fernel  ,  1'ornement  de  la  France  et  de  la  mede- 
cine;  j'ai  meme  atijourd'hui  parle  de  lui  en  ma  lecon  au  col- 
lege royal ,  mais  il  est  au-dessusdes  louanges  cjue  je  lui  puis 
donner,  et  comrne  on  dit :  SH/H-H  nnnics  tihdo*. 

Le  roi  a  nomine  (juatre  lieutenants -generaux ,  savoii  , 
3IM.  de  BeU'onds,  de  Duras,  d'Huinieres  ei  dePradelle,  pour 
la  guerre  qu'on  va  faire  ,  (juoiiju'on  ne  sache  encore  on.  M.  le 
chevalier  de  Crequi ,  qui  est  rentre  en  grace,  sera  employe 
dans  1'armee  navale.  3J.Hal'lin  est  ici,  qui  a  pris  la  peine  de 
venir  ceans  pour  ni'assurer  que  M.  Spon  a  recu  les  100  livres 
que  je  lui  ai  envoyees  j)our  (ieneve. 

J'apprends  que  M.  votrelils,  Noel  Falconet,  commence  a 
voir  des  malades ,  et  (ju'il  y  veussit;  j'en  suis  ravi  ,  et  je  prie 
Dieu  qu'il  continue  toujours  en  augmentant ,  et  qu:ii  fosse 
bonne  guerre  aux  imposteurs  de  notre  profession  et  it  taut 


entro  honour  H  Paiiibilion  .  <|ui  n'avail  point  cnoorc 
e  fait<'.  el  qui  inorilo  d'etre  rcmarqucc. 


A  m.r.oNM  tti'J 

dc  charlatans  qui  se  rencontrent  partoul.  //«/.<  vnnn  non  ricm* 
ubundat  tristibus  obscu'nis. 

Nous  avons  ici  quantite  de  fievres  tierces  ,  et  meme  des 
continues  de  meme  nature  ,  qua:  n»<>  nut  alteru  die 
f'ebris  typwn  ac  indolem  rctim-nt ,  fiend  en  t  istn'c  oh  i 
primes  region  is  ,  qucr  in  cuds  /le/iafis  circa  fiaitcreas  et  mcscufe- 
riinn  stubitlutur.  Nous  saignons  pour  la  continuity,  et  pour 
1'intermission  nous  purgeons  avec  casse,  sene  et  sirop  de 
roses  pales ,  et  cette  metliode  nous  reussit  fort  bien  (l). 

On  dtt  que  nos  troupes  marcheront  le  20  inai.  On  soupconne 
que  ce  sera  quelque  cliose  comine  on  tit  a  Marsal  il  y  a  quatrc 
ans.  Je  vous  baise  tres  humblement  les  mains ,  et  suis  de  toute 
mon  ame ,  etc. 

De  Paris,  le  29  avril  1667. 


LETTRE  DCCXLVIH.  -  .l 

Si  j'etois  a  Lyon  aupres  de  vous  tete  a  tele ,  je  pourrois 
bien  vous  dire  plusieurs  clioses  parlicnlieres  (jue  Ton  dit  ici  , 
et  que  je  ne  puis  vous  ecrire  :  aussi  ne  le  faut-il  pas. 

M.  de  Roquesante,  conseiller  au  parlement  de  Provence  t-t 
a  la  chambre  de  justice,  qui  parla  si  fortement  et  si  lien- 
reusement  pour  M.  Fouquet ,  est  ici  de  retourde  Bretagne,  on 
il  a  etf'  exile  quelque  temps  ;  il  est  rnalade  ,  j'y  ai  etc  appele 
en  consultation.  J'espere  (jii'il  guerira  ;  je  le  trotive  fort  ha- 
bile homme  ,  et  [(lus  (jue  ne  sont  ordinairement  les  Proven- 
caux  ,  car  ces  gens-lii  pipent  plus  t-n  esprit  on  en  fourberie 
qu'en  science  ;  ils  sont  trop  jjlorieux  jiour  apprendre  avec 
peine  et  par  etude;  celui-ci  |>asse  tons  ceux  <jue  j'ai  cdiinus. 
Je  1'ai  mi  pen  eutretenu  en  secret  et  en  particulier  :  jr  le 
Iron ve  tort  resolu  ct  tort  savant  ,  c'est  ce  qui  m'en  a  bien  pin 

1     II  aurait  pn  ilirt- ,  rninmc  SOHMHI.-  Saniitiuiiirii«  . 

I'IMI-  -ini/n    .'  fiuiiiifi  Hii-tlicaininc  iiiiii'n 

«.  I' 


650  I.KTIUKS    DK    (II  I    I'M  IN 

et  qui  m'a  fait  refuser  son  argent ,  bien  que  sa  femme  m'en 
ait  fort  presse ,  et  qu'elle  ait  fait  tout  ce  qu'elle  a  pu  pour 
m'en  faire  prendre;  mais  je  lui  ai  dit  que  la  vertu  de  sou 
mari ,  que  j'liouore  fort ,  m'empeeberoit  de  faire  cette  faute 
Cette  dame  proven<;ale  a  fort  bonne  grace  ,  et  parle  fort  agrea- 
blement ,  et  en  verite  elle  est  digne  de  louange  pour  le  soin 
qu'elle  a  eu  et  pour  la  peine  qu'elle  a  prise  de  solliciter  la  li- 
berte  de  son  mari,  a  presenter  taut  de  requetes  an  roi ,  et  a 
lui  parler  si  sagement  et  si  pathetiquement ,  comnie  on  dit 
qu'elle  a  fait.  Vivent  les  gens  de  bien  qui  out  dn  courage  et 
de  1'esprit  lily  en  a  bien  qui  n'on'i  rii  I'un  ni  1'autre. 

On  ne  parle  plus  ici  que  de  guerre  ;  on  dit  que  les  troupes 
inarcheront  le  15  de  ce  inois  vers  la  Flandre  ;  mais  on  nedit 
encore  rien  de  la  declaration  de  cette  guerre  ,  etc.  On  dit  que 
la  reine  demeurera  a  Compiegne ;  que  madame  la  duchesse 
d'Orleans  demeurera  avec  la  reine  sa  mere  a  Coulombe  ;  que 
M.  le  due  d  Orleans  suivra  le  roi ;  que  M.  le  marechal  de  Tu- 
renne  sera  le  grand  commandant ,  duquel  les  (juatre  lieute- 
nants-generaux  recevront  les  ordres;  queM.  le  due  d'Orleans 
a  recu  200,000  livres  pour  son  voyage  ;  que  mademoiselle  de 
la  Valliere  demeurera  a  Versailles.  Je  viens  de  recevoir  avec 
beaucoup  de  joie  une  lettre  de  notre  bon  ami  M.  Spon  :  Dieu 
soil  loue  de  ce  qu'il  se  porte  mieux;  je  vous  rcmercie  du  soin 
que  vous  avez  pris  de  lui. 

Messieurs  du  Parlement  furent  assembles  samedi  dernier ; 
on  dit  qu'il  y  eut  trois  de  ces  messieurs  qui  parlerent  bieu 
hardiment ,  savuir,  MM.  Miron  .  de  la  Grange  et  de  Nointel ; 
ce  qui  n'a  pas  plu  a  M.  Colbert.  .I'ai  peur  pour  31.  Miron  de 
quelque  exil  ,  (jiii  d'ailleurs  n'a  pas  de  sanlc;  les  deux  autres 
sout  j>areillemenl  fort  honnetes  gens  :  ^  ///o/v.-x.'  /)  t/'////></i'<i !  Je 
vous  baise  tres  liumblement  les  mains,  et  snis  dc  tout  mon 
cu'iir  votre,  etc. 

DP  I'.iri* .  Ic  ;{  mai  HHi7. 


\    KAU.ONKT.  G6I 

LET  IKK  DCCXLIX.   —  ,\u  nibnr. 

II  y  a  aujourd'hui  cimjuante-sept  ans  que  ce  niaudit  Ka- 
vaillac  avec  son  coutcau  trop  fatal  a  la  France  fit  un  mi- 
serable assassinat  sur  le  bon  roi  Henri  IV  ;  mais  laissons  lace 
malheureux  coup ,  pax  sit  tonti  regin  ntanibns.  Le  roi  Charles  V 
et  le  bon  roi  Louis  XII,  qui  tous  etoient  ties  Valois,  et  qui 
out  fait  grand  bien  a  la  France,  chacun  en  leur  temps,  n'ont 
pas  taut  merite  de  la  posterity  que  le  seul  roi  Henri  IV.  Ce 
matin  a  etc  legitimeeala  chambredes  comptes  la  h'lle  de  ma- 
demoiselle de  la  Valliere.  La  declaration  du  roi  pour  la  guerre 
de  Flandre  a  ete  veriliee  en  parlement.  Le  petit  M.  de  Guise, 
encore  fort  jeune  et  qui  n'a,  a  ce  dit-on,  guere  que  seize  ans , 
est  marie  avec  mademoiselle  d'Aleneon  ,  fille  de  feu  M.  le  due 
d'Orleans  (ce  15  mai).  On  ne  voit  dans  Paris  que  compa- 
gnies  de  soldats  partir,  qni  s'en  vont  en  Pieardie  et  de  la  en 
Flandre.  On  dit  que  le  roi  partira  demain  pour  aller  coucher 
a  Champlatreux ,  le  lendemain  a  Liancourt .  on  il  y  a  de  si 
belles  eaux,  et  ensuite  a  Amiens  ,  de  la  a  Arras.  La  reine  et 
.\f.  le  Dauphin  demeureront  a  Compiegne  ,  oirils  attendront 
les  ordresdu  roi.  Si  le  cardinal  Roberli  devient  jamais  pape  , 
nous  aurons  un  sot  pape;  c'est  un  pauvre  homine  ,  etourdi 
d'avarice  et  d'ambition  ,  i«m  injiiitd'ni  inridi'o,  ntirnr  i/mf/i*.  Je 
suis  ravi  que  M.  votre  lils  vouscontenle ;  il  I'aiitqu'il  lise  bien 
la  Pathologic  de  Fernel,  la  Praticpie  de  llollier,  I'Anatomie 
de  M.  Kiolan  et  L.  Duret  sur  les  Coaipies  d'Hippocrate,  anssi 
bien  ([ue  Hollier  sur  les  Aphorismes,  ijuoi  faisant  .  la  matiere 
ne  lui  manquera  jamais. 

On  voit  ici  un  petit  livre  intitide  :  l)i<iln<in<'  sur  //•>•  ih-nitx  '/<• 
/n  rt-fiii1  irf't  rliri'-l icniii' .  in-doii/e ,  !(>(>?,  qui  u  est  que  I'abrege 
du  grand  livre  que  le  roi  a  fait  fa  ire  sur  ce  sujet,  ct  qui 
viendra  bient('»l  taut  en  latin  (|u'fii  francois  in-(juarto.  On  dil 
ici  que  les  Flamands  et  Valons  se  mettent  en  etat  de  se  bien 
defend  re  contre  nos  gens  ,  et  qu  ils  sont  resolus  tie  perdrr 


b"62  [.El  IKES    DE    I, I  I    PATI> 

plutot  tout ,  de  miner  lews  places  et  d'y  mettre  le  leu  ,  avant 
que  de  nous  laisser  aucun  avantage. 

Aujourd'hui  au  matin  ,  ee  1(5  inai ,  est  mort  a  Saint-Ger- 
main M.  Guenaut  (1)  d'une  apoplexie;  Dieu  n'a  pas  permis 
que  le  vin  emetique  le  sauvat ,  lui  qui  en  aautrefois  tant  tue 
avec  ce  poison  et  avec  \e.laudamim  chymisticum. 

Le  roi  estaujourd'hui  parti  de  Saint-Germain,  et  a  pris  le 
ehemin  d'Amiens  j>our  fa  ire  un  grand  voyage.  Dieu  le  veuille 
bien  conduire  et  le  ramener  charge  de  lauriers  et  de  triom- 
plies  :  0  utinam !  Je  vous  baise  les  mains ,  etsuis  de  toute  mon 
aine  votre ,  etc. 

De  Paris ,  le  17  mai  16G7. 


LETTRE  DCCL.  —  Aumtme. 

II  y  en  a  ici  qui  promettent  quelque  adoucissement  a 
MM.  les  trois  Fouquet;  mais  je  n'eri  croirai  que  ce  que  je 
verrai;  car  tout  ce  qu'on  (lit  est  trop  incertain  ,  tant  de  la 
paix  que  de  la  guerre.  II  est  vrai  que  les  troupes  marehent 
toutes  a  leur  rendez-vous.  II  y  avoit  tant  de  garnisons  dans 
toutes  les  villes  de  Picanlie,  que  Ton  pouvoit  en  fa  ire  line 
armee  de  20,000  homines  :  on  a  tout  enleve.  Jeudi  dernier 
2,000  homines  sort! rent  de  Beauvais,  <jui  s'en  vont  passer  par 
Amiens,  et  apres  marclieronten  corps  d 'arm.ee,  etcamperont 
jusqu'a  Arras,  en  attendant  lecourrier  et  la  derniere  resolution 
dc  lareine  on  plutot  du  conseil  d'Espagne.  On  en  a  faitautant 
en  toutes  les  villes  au-dela  de  Beauvais ,  Clermont  ,  Hove, 
Montdidier.  Corbie,  Senlis,  Compiegne,  Noyon  ,  Soissons  , 
Saint-Quentin  ,  Peronne  ,  Ardres,  J^aon  ,  Chaiini ,  Vervins. 
Marie.  Ham,  Dourlens,  etc.  Je  prie  Dieu  <|u'il  dirige  et  fa.^se 
reussir  les  desseins  de  noire  bon  roi.  On  (lit  bien  qu'en  ce 
grand  a[>parat  il  y  a  eu  du  secret,  peut-e'tre  qu'il  est  vrai. 

1    N  oyez  la  nole  lonio  II .  paj\<;  W\$. 


A   FAl.l.ONKT.  I>5J 

setl  guts  novit  constliunt  Jiomiiu  .'  Kemeltons-nous  en  lu  provi- 
dence ,  ft  jiiissiilf'tiinns  nt  fjatifiitin  nntiiius  nostras ,  (/oner  trun- 
nefit  iniquittis.  Le  prince  de  lloiuie  n'a  pas  d  emploi  en  celte 
guerre:  inais  son  Ills,  due  d'Enghien,  y  va  en  qualite  de  chef 
des  volontaires.  Le  pere  est  tort  maigre  el  casse  desgouttes  : 
c'est  le  peche  des  princes,  (jui  sont  gens  de  chair  et  d'os,  sujt-ts 
et  esclaves  de  leurs  passions  :  cela  s'appelle  maladie  m«Titee. 
Ce  n'est  point  le  meine  que  Didon  ,  eette  bonne  reine  de  Car- 
thage, a  la  (in  <iu  quatrieme  livrede  rEneide,  Mnm  yuia  nfc 
fnfii ,  inrrifa  nee  morta  jwrihut ,  m'd  misera  nnle  diem.  Je  veux 
du  inal  a  Virgile ,  qui  a  fait  passer  cette  pudique  reine  pour 
tine  eoureuse,  et  qui  sVtoit  laissee  debaucher  au  prince 
troyen  ,  (jui  avoit  vecu  avant  elle  plus  de  3(K)  ans;  mais  ex- 
cuse/ cette  digression.  Quand  nous  aurons  des  triomphes  a 
vous  inander  pour  les  victoires  du  roi ,  des  villes  qu'il  aura 
prises  en  Flandre  ,  je  ne  manquerai  point  de  vous  en  ecrire 
la  verili:  de  bon  ca'ur. 

On  dit  (|iiti  mademoiselle  de  la  Valliere  se  retire  a  Fontai- 
nebleau  en  attendant  les  ordres  du  roi;  mais  re  sera  apres 
qu'elle  aura  vu  la  marche  de  1'armee  du  roi  jusqu'a  Arras; 
car  de  1'henre  que  je  vous  |>arle  ,  elle  est  a  Amiens  en  qualite 
de  grande  duchesse. 

M.  le  marechal  deTurenne  a  (lit  an  roi  qu'il  y  avoit  en  son 
armee  trop  de  chariots,  trop  de  chevaux  ft  trop  de  bagage , 
(ju'il  en  t'alloit  renvoyer  la  moilie  ,  autremcnt  que  duns  un 
defile  cela  pouvoit  la  ire  perdre  une  bataille  ou  miner  line 
armee.  On  dit  que  le  roi  et  les  Hollandois  out  renouvele  leur 
alliance  ,  el  (jut1  cela  tail  mal  de  ca-ur  aux  Espagnols. 

MM.  les  trois  ministres,  MM.  de  Colbert  ,  le  Tellieretde 
Lionne  ,  sont  aiijourd'hui  partis  pour  Amiens.  M.  le  chance- 
lier  partira  samedl  pour  Compiegne. 

Nos  troupes,  en  Picardie,  out  commis  plusieurs  insolences, 
et  If  mal  cut  t'-ti'1  bien  plus  grand  ,  si  le  roi  ne  s'en  Jut  mele, 
»>t  n'eut  reprime  I'insolence  d»'.s  soldats  <|iii  preteiulent  que 
tout  leur  doit  rtre  permis. 


(i.Vi  I.K11HES    F)E   KM    I'ATIN 

M.  le  marquis  de  Vivonne  est  parti  ce  matin ;  son  train  est 
de  So  ehevaux. 

Les  trois  tresoriers  de  1'epargne  seront  mis  en  liberte  dans 
liiiit  jours  avec  ordre  pourtant  de  se  retirer  a  Limoges.  Je  vous 
baise  les  mains ,  et  suis  de  tout  mon  cceur  votre ,  etc. 
Do  Paris,  le  23  mai  1667. 


LETTRE  DCCLI.  —  An 

On  dit  id  tant  de  nouvelles  et  la  plupart  t'ausses,  <|iie  je  ne 
sais  que  vousecrire.  Je  vous  mandai  bier  tout  eeque  je  savois 
vrai  ou  non.  M.  d'Artagnan  est  entre  dans  le  pays  enneini 
avec  2,000  chevaux.  Le  roi  a  envoye  ses  marechaux-de-logis 
a  Valenciennes  pour  y  marquer  les  logeiuents,  coinine  s'il 
n'y  avoit  qu'a  y  entrer;  niais  j'ai  peur  que  quand  on  viendra 
a  1'execution,  ledroit  civil  n'y  suf'tira  point.  Jl  i'audra  y  a  Her 
avec  le  clroit  canon  ,  et  1'y  employer  de  la  bonne  sorte.  Pen- 
dant quele  roi  fait  la  guerre  en  Flandre,  la  mort  nelaissepas 
de  t'aire  la  sienne  a  r ordinaire.  Voila  quej'apprends  la  mort 
dun  des  plus  savants  homines  qui  fut  -au  monde  dans  les 
langues  orientates  :  c'etoit  M.  Uochart  ( I ) ,  ministre  de  Caen  en 
Normandie,  (in'une  apoplexie  a  emporte  en  pen  d'lieures;  il 
n  avoit  que  soixante-dix  ans.  11  n'est  mort  que  d'une  troj) 
grande  contention  d'esprit  et  debauclie  d'etude.  II  etoit  pres 
de  laireimprimerson  livredu  paradis  terrestre.  J'ai  ceans  les 
deux  beaux  livres  (ju'il  a  fails  de  la  geographic  sacree  et  des 
aniinaux  de  la  Sainte-Ecriture,  et  je  les  lis  quelquefois  aver 
plaisir.  Tels  homines  ne  devroienl  jamais  mourir.  Je  1'ai 
connu  en  cette  ville  Tan  Kii8.  11  m'a  fait  I'lionneur  de  diner 
avec  inoi  deux  t'uis  avec  mon  boil  ami  M.  Xaude  ,  avec  lequel 
il  lit  le  voyage  de  Suede  Tan  165*2,  et  en  partirent  tons  deux 
jiuur  reveiiir  de  deca;  mais  le  pauvre  M.  Xaude  Cut  attrape 


A    FM.MiNKI.  6.'»f> 

(1  une  lirvre  en  chemin  ,  donl  il  I'm  .inrir.  <•[  nioiirut  dans 
Abbeville  le  29  juillet  |(k">:i ,  et  six  semaines  apres  mourut  le 
brave  M.  Saumaise  d'une  eolique  bilieuse  aux  eaux  do  Spa, 
f'aute  d'etre  saigne.  II  I'aut  encore  niettre  au  ran-  des  morts 
M.  deScuderi,  qui  a  fait  tant  do  beaux  livres  et  de  beaux 
romans.  II  est  mort  depuis  peu  ici  d'une  apoplexie. 

J'entretins  hier  au  soir  M.  le  premier  president,  <jui  m'y 
avoit  invite  par  lettre.  II  me  manda  si  les  aneiens  avoienl 
connu  le  Sucre.  Je  lui  dis  <jue  oui,  que  Theophrasle  en  a 
parle  dans  son  fragment  du  miel ,  oil  il  en  fait  de  trois  sortes  : 
I'line  qui  est  des  fleurs,  et  c'est  le  miel  commun;  I'autre  d«' 
I'air,  qui  est  la  marine  des  Arabes ,  et  la  troisiemedes  roseaux. 
tv  TO?.-  xaXapot;,  qui  est  le  sucre.  Pline  la  connu  aussi,  et  en 
parle  sous  le  noin  de  sel  des  Indes.  Galien  et  Dioscoride  1'ont 
nomme  Sacc/tar,  et  c'etoit  en  ce  temps-  la  une  chose  bien  rare. 
Al.  Saumaise  en  a  fait  d'autres  remarques  dans  ses 
tiims  sur  Sol/».  ,le  suis,  etc. 

De  Paris  ,  le  27  mai  1<><)7. 


LETTRE  DCCLII.  —  An 

La  lerreur  est  si  grande  en  Flandre,  que  les  pauvres  gens 
ne  savenl  a  (|uel  saint  se  vouer.  QueUjues  villes  sonl  aban- 
donnees;  les  autres  se  veulent  rend  re  au  roi.  On  dit  ici  que 
meme  ceux  de  Cam  bra  i  parlementeiil ,  principalenient  les 
bourgeois;  mais  (jue  jusqu  ici  le  goiiverncur  I  a  einpecbe,  >i 
L»ien  <|ue  tout  ce  que  n'a  pu  fa  ire  jusqu  ici  la  raison  naturelle, 
la  force  I'emportera  peuteti'e,  autorisee  du  canon,  <|ui  est, 
selon  la  devise  de  MM.  les  inarecliaux  de  France  et  de  la 
guerre,  ml  in  itlttnm  t't't/t////. 

M.  le  ducd'Orleans  est  parti  d  ici,  ce .'}()  mai,  avec  un  beau 
train  pour  alter  joindre  le  roi.  t[ui  est  devers  Arras.  l,e>  let- 
Ires  de  l);tnt/ik  d'nujoiii'd'lini  portent  que  la  reine  de  I'ologn,- 
e^t  nitM'tf  a  Varsovie.  On  parle  d'une  nouvelle  tradnctlun  du 


<)56  I.ETTHES    HE    r.l'i    PATIN 

.\iti(n><i><  Testament  t'aite  pur  les  janst'-nistes  du  I'ort-Boyal, 
imprimee  en  deux  tomes  in-douze,  qui  ne  se  vendent  qu'en 
cachette,  parce  que  M.  le  chancellor  la  faitchereher  pour  la 
saisir. 

Le  roi  adonne  la  place  de  medecin  de  la  reine  que  tenoit 
Guenaut  au  jeune  Daquin,  a  la  recommandation  de  M.  Valot, 
dont  la  t'emme  est  tante  de  la  f'emme  de  ce  M.  Daquin  :  Sic 
Vara  sequitur  Vibiam.  S'il  y  a  quelqu'un  de  trompe  en  ce 
ehoix  ,  je  n'en  dirai  rien.  On  dit  que  M.  Brayer  s'y  attendoit, 
que  B.  des  Fougerais  en  a  fait  parler,  et  Le  Vignon  en  avoit 
offert  de  1'argent.  Le  premier  est  liomme  de  grand  merite  ; 
mais  pour  les  deux  aulres ,  je  n'en  oserai  dire  du  bien  ,  car 
je  n'aime  point  a  mentir.  Quoi  qu'il  en  soit ,  du  temps  de 
Ma/arin,  les  charges  se  donnoient  au  plus  offrant  et  dernier 
encherisseur ;  mais  aujourd'hui  c'est  le  roi  qui  les  donne  a  la 
priere  et  a  la  recommandation  de  ceux  qui  ont  I'lionneur  de 
1'approcher. 

Jeudi  prochain,  M.  de  Harlai ,  Ills  de  M.  le  procureur-ge- 
neral  ,  sera  recu  a  la  place  de  M.  son  pore ;  le  roi  lui  en  a 
accorde  la  demission.  J'ai  ce  matin  recu  la  votre  avec  les 
deux  feuilles  de  M.  Anisson,  dont  je  vous  remercie.  Je  vois 
bien  comme  il  a  commence;  mais  je  prie  Dieti  qu'il  lui  f'asse 
la  grace  de  bien  achever.  M.  Julien  est  un  vrai  bon  homme  , 
vrai  Israelite,  hi  quo  non  est  (lulus.  Je  vous  adresse  ma  lettre 
pourM.  votre  ills;  je  ne  1'ai  t'aite  qu'a  la  bate  I'aute  de  loisir; 
mais  j'ai  cru  (ju'il  falloit  lui  repondre,  et  le  remercier  de  sa 
courtoisie.  Je  prieDieu  de  bon  ccrur  qu'il  lui  fasse  la  grace  de 
lui  ressembler,  c'est-a-dire  d'etre  bon  medecin  ,  fort  liomme 
debien  et  bien  savant,  mmmceprobitatis  ,  ei  profundfp  erudi- 
t i<»n's,  qui  sont  les  qualitesqui  conviennent  fort  a  un  homme 
de  notre  profession  ,  at  in  hoc  roto  dcsino.  Je  vous  baise  les 
mains,  et  suis  detout  mon  cd'ur votre,  etc. 

De  Paris,  le  3t  mai  1667. 


A    FALCONET.  f>;>? 

LETTHK  DCCLIII.  --  An  indue. 

Je  vous  ai  mande  la  reddition  de  Duiiay.  Le  roi  viendra 
dans  peu  do  jours  ii  Compiegne  y  voir  la  reme,  qui  cst  un  pen 
malade.  On  dit  qu'il  veutlaisser  un  peu  rafraicliir  sonarmee, 
et  ensuite  assieger  quelque  autre  place.  Je  voudrois  (jue  nous 
tinssions  Ostende  et  Namur.  Ces  deux  extremites  nous  don- 
neroient  bientdt  le  dedans  du  pays  :  Anvers,  Bruxelles,  Cain- 
bray,  Lille,  Mons ,  Valenciennes  et  Louvain  ne  tarderoient 
guere  avenir  aupouvoir  de  la  France.  II  y  a  apparence  que 
la  maison  d'Autriche  est  bien  abattue.  Je  souhaite  que  Dieu 
donne  de  bons  conseils  a  noire  bon  et  grand  roi ,  <•(  initial  <i 
ciuxiliuin  de  Sfmcto  et  Sion  tueatur  cum.  Quelques  uns  disent 
que  la  premiere  ville  que  le  roi  assiegera  sera  Cambray. 

On  chanta ,  ce  12  juillet,  le  TV  Ik-uin  a  Notre-Dame  hier 
avec  grande  solennite  et  les  ceremonies  accoutunices  pour  la 
prise  de  Douay.  Je  suis  bien  aise  (jue  Ton  imprime  1  Hygii'iif 
de  M.  Gontier.  II  vous  a  bien  ile  1'obligation  de  lui  avoir  pro- 
curt}  un  libraire:  il  n'en  auroit  jainais  pu  trouver  a  l^iris , 
lant  les  choses  y  sont  miserables. 

Lejeune  M.  Daquin  n'est  pas  de  notre  faculle  ,  mais  il  a 
epouse  la  niece  de  la  fetnine  de  M.  Valot.  Si  fin-tuna  rnlrl , 
fics  de  r/ietore  consul ,  si  colet  /uec  eadcm,  etc. 

Le  roi  s'eii  retourne  en  Flandre,  oil  bien  ties  villes  so 
rentlent  Tune  apres  1'autre.  On  parledetjueUjues  troupes  (|iic 
1'enipereur  doit  envoyer,  mais  rela  ne  fait  petir  encore  a  per- 
sonne.  La  paix  est  f'aite ,  tlit-on,  avec  les  Anglois  et  les 
Hollandois;  si  cela  est,  Ostende  on  Namur  sauteront  cettc 
annee. 

Le  marechal  tie  Grammont  est  parti  pour  Hayonne,  el  se 
retire  de  lacour,  de  regret  i[u'il  ne  pent  obtenir  ilu  roi  le  rap- 
pel  de  son  lils,  comte  tie  Guiclie.  Les  (iantois  tint  tlemande 
an  roi  la  neutralite,  qu'il  leur  a  refusee.  M.  le  Dauphin  et  le 
conseil  reviennent  u  I'aris.  La  ivine  va  sur  !;i  frontirre.  La 
in.  -<-> 


(i;')H  I.KTTIlES   DE   GUI    I'ATIN 

trancliee  est  ouverte  ii  (lourtray.  Jo  vous  baiso  les  mains,  et 
snis  df  tout  nion  coeur  votre,  etc. 

De  Paris,  le  15  juillet  1G67. 


LETTRE  DCGLIV.  —  Au  menie. 

On  chanto  aujourd'hui  le  Te  Dewn  a  Notre-Dame  pour  la 
prise  tie  Courtray.  L'armee  du  roi  marche  (ce  20  juillet) 
avec  de  la  provision  pour  huit  jours ,  ce  qui  fait  soupconner 
un  grand  dessein. 

M.  le  chancelier  et  le  conseil  retournent  a  Compiegne, 
parce  quo  M.  le  Dauphin  y  est,  et  qu'il  ne  peut  etre  surement 
ramene  ni  a  Paris,  ni  a  Saint-Germain,  ni  au  bois  de  Vin- 
cennes ,  parce  qu'il  y  a  de  la  petite -verole. 

Les  Anglois  out  fait  leur  paix  avec  nous  et  les  Hollanders  ; 
elle  est  signee  et  ratifiee  ;  ils  y  ont  etc  obliges  par  lemauvais 
etat  de  leurs  atfaires ,  mais  pourtant  elle  n'est  point  encore 
publiee. 

On  a  public,  par  toutes  les  paroisses  de  Paris,  un  moni- 
toire  tres  important,  lequel  contient  plusieurs  chefs  d'aceu- 
salion  centre  une  certaine  quidante  ,  etc.  C'est  un  in  on  i  to  ire 
hardi,  violent,  medisant  el  diifamatoire  ;  e'est  une  piece 
dangereuse  et  ditlamante  pour  les  horribles  choses  qu'elle 
contient.  On  1'explique  ici  de  madame  de  Fouquesoles , 
niece  de  M.  le  president  de  Nesmes ,  iille  et  sceur  de  MM.  Der- 
bigny  ,  maitre  des  requetes ;  elle  faisoit  ici  la  devote  et  la 
tresoriere  des  jtauvres  ;  elle  a  emprunte  plus  de  700,000  liv. 
a  plus'eurs  particuliers,  et  apres  elle  a  fait  un  trou  a  lalune, 
et  s'cn  est  allee,  ou  s'est  si  bien  cachee  que  Ton  ne  sail  ou 
elle  est  aujourd'hui.  On  lit  ce  monitoire  a  loutes  les  portes 
des  eglises,  et  des  que  Ton  en  a  arrache  un,  on  y  en  met  un 
mitre  ,  udt'd  t'i>ru>//  tllud  Domini  ll/iu<lii  ,  jtojH/(t/$ ,  Av,  yrcj.'  , 


A    FALCONE!.  t,6!» 

utuiulus  ui/tnts  (im:tt  liistriuniuin.  Je  vou>  baise  Its  mains  ,  fi 
suis  de  toute  niou  time  votre  ,  etc. 
De  Paris,  le  29  juillet  16(i7. 


LETTKE  DCCLV.   -  A. 

M.  le  premier  president  me  retint  liier  a  sou  per  avec  mon 
lils  Carol  us  ,  apres  qu'on  tut  sorti  de  son  academic  de  belle 
htterature.  11  nous  a  mis  tous  deux  dans  ce  noinbre  avec 
sei/e  autres  honnetes  gens  ,  qui  coinposent  cetle  coinpagnm, 
(pji  se  tiendra  tous  les  lundis  depuis  cinq  heuies  du  son  jus- 
qu'a  sept,  liier,  mon  lils  aine,  Robert  1'atin  ,  put  possession 
de  la  charge  de  professeur  royal ,  dont  je  lui  ai  obtenu  la  sur- 
vivance.  Cela  est  arrive  de  bon  augure ,  car  il  a  celebre 
par  sa  harangue  son  jour  natal ,  etant  ne  le  ir  d'aoul  102'J. 
Je  prie  Dieu  qu  il  en  jouisse  longieinps.  J'ai  fait  clever  mes 
enfants  avec  grand  soin  et  grande  dcpense,  j'cspere  qu  ils  en 
cueilleront  d'agreables  fruits.  II  est  vrai  que  nous  sommes 
dans  des  temps  asse/  Jiialheureux  ou  la  vertu  ,  denuee  de 
1'appui  de  la  fortune,  ne  promet  rien  d'assure.  Brutus  crieroit 
encore  aujourd'hui  s'il  vivoit  (l). 

Monseigneur  le  Dauphin  est  malade.  Un  fait  ici  des  prieres 
publiques  pour  sa  sante.  Uh  !  Seigneur,  (pie  le  malhcur  de  sa 
inort  n'arrive  jainais  de  nos  jours!  j'aimerois  inieux  mourir 
que  de  voir  mourir  a  Compiegne  ce  petit  prince  ,  qui  est  ne- 
cessaire  a  la  France  et  memea  toute  1  Europe. 

Un  tient  ici  pour  assure  (pie  les  eaux  lachees  des  ccluses 
par  les  habitants  de  Termonde  en  out  empcchc  le  siege  , 

^1;  lit  dans  quelle  epoque  ne  crierait-il  pa>  ?  les  conleuiporams  suiit 
eteinelleuienl  les  monies ,  le  sieclc  ou  ils  >i\ent  est  le  pue  de  tuns;  a 
lenr>  jeux  ,  il  y  a  tuujours  de.s  eluble.-  d'Atij;ias  a  nelluyer.  .Mai>  on  a 
beau  dire  et  se  plaindre  ,  par  la  loiee  ineine  des  choses  ,  au  de>Mi->  du 
tail  se  trouve  le  droll,  au-des^u.•>  du  succo  >e  place  la  justice  j  >'il  en 
elait  auliviuent,  luule  sociele  peiirait.  Jl.  I1. 


(500  LET-HIES  nfi  on  PATIN 

et  qne  c'est  Lille  on  Flandre  qui  est  aujourd'lfui  assie'gee  .ie 
sals ,  etc. 
DC  Paris  ,  !e  12  aoiit  1GG7. 


LETTRE  DCCLVI.  —  Au  meme. 

Nous  avons  ici  un  de  nos  collegues  fort  nialade  de  difie- 
mits  symptomes  qui  le  menacent  de  mort.  Ce  seroit  ponr- 
tant  grand  dommage .  car  il  est  grand  serviteur  de  Dieu , 
exceple  le  corps  et  I'ame.  C'est  notre  maitre  le  venerable  Elie 
Beda,  autrement  nomine,  parson  nom  de  guerre,  le  sieur 
des  Fougerais. 

On  parle  ici  d'nn  certain  Parisien  ,  uomme  Saint-Genis , 
jadis  conseiller  an  Chatelet ,  qui,  apres  avoir  in  a  I  fait  ses  af- 
faires, a  ete  surpris  et  pendu  dans  Collioure,  au  cointe  de 
Houssillon  ,  atteint  etconvaincu  d'avoir  voulu  solliciter  a  de- 
fection et  trahison,  pour  le  roid'Espagne,  lesprincipaux  ofti- 
ciers  de  ladite  ville.  Oh!  nmudite  nation,  que  tu  es  inalheu- 
reuse  de  tant  aimer  1'argeiit!  C'est  ce  que  1'enipereur  Charles- 
Ouint  rcprochoit  a  nos  Francois  (i). 

On  ne  fait  point  tie  dit'iiculte  de  croire  ici  que  Lille  se  ren- 
dra  bientot  au  roi.  C'est  unc  graude  ville  ,  belle  etriche,  dans 
laquelle  sont  beaucoup  de  niarchauds  a  leur  aise  ,  qui  aime- 
ront  mieux  se  rendre  que  de  se  laisser  prendre  et  piller  par 
nos  soldats.  Autre  nouvelle  :  le  tonnerre  totuba  avant-hier 
au  niarche  aux  chevaux  ,  qui  (Jtoit  plein  de  monde.  II  y  a  tue 
un  inarchand  ,  une  fennne  ,  lu  mulet  des  cordeliers  et  celui 
qui  le  nienoit  vendre.  Si  bien  que  voila  saint  Francois  reduit 
a  alter  a  pied  ,  puisque  le  tonnerre  a  tue  son  mulet.  Aujour- 
d'liui  nous  avons  encore  eu  un  grand  orage  de  lonnerre  et  de 
pluie  qui  a  fait  peur  a  bien  du  monde;  niais ,  IHeu  merci , 
person  ne  n'en  est  mort.  Je  suis ,  etc. 

Do  Paris,  le  19  aout  1007. 

•^1)  Mais  (ni'aurait  clil  uolro  nulcur  s'il  rut  vecu  cn  Tan  de  jjrace  ISifi  '' 
inc'Drt1  UUP  ttii-; ,  sic  ol'tti  »unc  Indie.  '  \\.  1'.  N 


A    IM-COMl  r>(i| 

LKTTUK  DCCLYII.  -  .i«  »«/-•/«/•. 

Je  vous  mniulni  hier  (co  24  uout )  la  mort  du  sieur  dps  Fou- 
gerais  et  de  M.  le  president  Viole ;  nous  avons  une  autrc  niort 
1'ort  etrange  ,  c'est  de  M.  du  Buisson,  contrdleur  de  la  nmison 
de  M.  le  due  d'Knghien  ,  qui  a  ete  assomme  a  coups  de 
maillet  par  ses  domestiques  ,  dont  il  y  en  a  trots  prtsoiiniers 
ct  qui  out  deja  confesse  le  fait ;  cela  est  arrive  en  Flandre. 
On  dit  quo  c'est  une  chose  surprenante  de  voir  cuiiiinent  cet 
assassinat  a  ete  decouvert ;  inais  je  ne  m'eii  etonne  pas,  car 
Dieu  fait  des  miracles  a  toute  heure  et  a  toute  occasion,  tant 
sur  les  mediants  quo  sur  les  bons. 

Les  nouvelles  de  Flandre  portent  que  le  roi  presse  fort  le 
siege  de  Lille,  et  que  les  Espagnols  s'efforcent  d'en  empecher 
la  prise,  qu'on  la  prendra  ponrtant  dans  peu  de  jours.  Notre 
armee  va  grossir  de  plusieurs  cotes,  tant  par  les  six  inille 
homines  de  1'armee  navale  que  M.  de  Beaufort  a  envoyes  a 
Dunkcrque  que  par  I'armee  de  M.  le  marquis  de  Oequi,  qui 
etoit  dans  le  Luxembourg,  comme  aussi  par  quelques  autres 
regiments  (jui  viennent  de  Bourgogne  et  de  Champagne  ;  si 
bien  que  voila  une  grande  crise  qui  s'apprete  pour  une  se- 
maine  on  deux.  Je  serai  ravi  de  voir  ce  qu'a  t'jcrit  votre 
M.  IJ.  Barra  sur  lesAbusde  latheriaque ct  de  In  confection  d'/ii/ii- 
finf/tc.  On  ramene  M.  le  Dauphin  de  Compiegne  a  Saint-Ger- 
main ;  on  dit  qu'il  se  porte  bien  etqu'il  n'a  gueret'-te  malade; 
il  est  u n  peu  trop  melancoli<jue;  je  souhaiterois  fort  qu'il 
ressemblat  au  bon  roi  Henri  IV,  son  bisai'eul,  et  non  jtas  au 
roi  Louis  XI,  qui  etoit  un  homme  d'esprit,  inais  dur,  dange- 
reux  et  meme  cruel ;  il  n'avoit  pilie  de  personne ,  et  traitoit 
trop  rudement  son  peuple  ,  />ro/>f''/-  jwcndi  ftf/m/orum  Ik'H* 
stnit  t'ctjniire  fynntnum. 

Ceux  de  Lille  parlemeiitent;  je  prie  Dieu  <pie  nous  I'ayons 
bientot  etqu'elle  nous  demeure  a  jamais  avec  toutle  restedes 
Pays-Has.  Lesllollandois  se  delientde  nous,  etont  noire  voi- 
.sinagt!  pour  bien  suspect :  ils  en  ont  tvrit  uu  roi  d'Anglelerre, 


Gh'l  1.1'ITUKS    DE   (id    1'ATIN 

(|iii  a  t'uvo\e  lour  lottro  a  notre  roi,  qui  aussitot  1'a  envoyeo 
ici  a  M.  do  Lionno,  pour  on  Cairo  sos  roproches  a  1'ambassa- 
dcur  (i'Hollande,  M.  do  Bouningberi. 

La  capitulation  ost  faitc  pour  Lille;  le  roi  y  doit  entrcr 
dans  trois  jours.  Le  prince  do  Conde  est  dans  Douai  avecson 
fils  malado. 

Lo  roi  vent  donner  des  ordres  a  son  armee  plus  utilos  qu'on 
n'a  jamais  fait;  et  sachant  qu'il  mouroit  un  grand  nombre  de 
soldats,  memo  d'officiers,  faute  d'etre  bien  secourus,  il  a  on- 
voyo  quorir  trois  habiles  chirurgiens  de  cette  villo ,  les  sieurs 
Turbiere  ,  Gayant  et  Bienaise,  gens  tres  eritendus  en  la  gue- 
rison  desplaies(l).  On  dit  qu'il  iraaussiquelquebonmedecin, 
pour  gouverner  cette  barque  medicinale,  pour  presider  a 
I'hopital  de  1'armee.  Jo  vous  baise  treshumblement  les  mains, 
et  suis  de  toute  mon  ame  votro ,  etc. 

l>eParis,le2Gaoull667. 


LETTRE  DCCLVIII.  —  Au  nwme. 

Jo  vous  mandai  bier,  ce  31  aout,  comment  Lille  s'etoit 
rend ue  au  roi  malgre  les  efforts  des  Espagnols.  On  parle  ici 
do  7 1?  Deuw  et  de  la  magnificence  dont  on  recevra  lo  roi  a 
son  retour  de  la  campagne,  apros  tant  de  villes  prises.  Dieu 
lui  f'asse  la  grace  de  continuer  ses  victoires ,  et  eiiiin  de  sou- 
lager  son  pauvre  pouple  do  la  campagne  ,  qui  gemit  si  mal- 
boureusement. 

On  va  recommencor  1'impression  de  VJJistotM  du  cardinal 
do  ftir/tf/ieu  ,  faitc  par  le  reverend  pore  Lemoine,  jesuito , 
sur  l<^s  mornoires  dudit  cardinal,  qui  lui  out  etc  fournis  par 

^T  La  chirurgie  militairc  existail  a  pcino;  cc  no  fut  quo  longtomj)s 
aprc>  (iifuii  Hvrc  dc  quelquc  valour  pnrul  sur  colto  hrillanlo  partio  dc 
Part  <lc  init'-rir  :  cYsl  le  Varfdit  chirnrgicn  d'armee,  par  Scipion  Abeillo, 
Paris,  t(i«)(i.  C'cst  le  inoinc  (pui  avail  fail  iniprimcr  une  Nouvellc  kittoire 
des  os,  orneodc  vcrs.  H.  IV 


A    KALCO.NBT.  6(>3 

madamc  d'Eguillon  ,  niece  dudit  cardinal ;  cVst  le  premier 
tome  que  Ton  commence ,  il  y  en  aura  deux  in-folio.  Dieu 
sail  comment  cette  histoire  sera  platree ,  tant  de  la  part  de 
1'ecrivain  ,  qui  m'est  fort  suspect,  que  de  celle  du  heros ,  qui 
veritablement  a  etc  un  homme  d'esprit ,  grand  et  releve , 
mais  emporte  et  passionne  au  dernier  point .  de  la  fortune 
duquel  la  France  se  futheureusement  passee.  II  y  a  apparence 
que  cette  histoire  sera  refutee  par  celle  que  nous  promet 
M.  Mathieu  de  Morgues  ,  sieur  de  Saint-Germain  ,  qui  com- 
mence a  la  naissance  du  roi  Louis  XIII  jusqu'a  sa  mort.  Ce 
M.  de  Saint-Germain  ne  veut  point  que  son  histoire  soil  im- 
primee  de  son  vivant ,  mais  setilement  t6t  apres  sa  mort ,  et 
m'a  dit  qu'il  1'a  mise  entre  les  mains  de  gens  qui  ne  lui  man- 
queront  point.  Notez  qu'il  est  age  de  quatre-vingt  quatre  ans ; 
je  ne  souhaite  point  sa  mort,  et  j'en  serois  bien  fache  ,  mais 
je  voudrois  bien  avoir  vu  cette  histoire,  de  laquelle  je  lui  ai 
oui  dire  de  tres  belles  particularites,  et  d'etranges  veritcs, 
tant  aux  depens  du  cardinal  de  Richelieu  que  pour  la  defense 
de  la  reine-mere. 

Nous  avons  ici  un  honnete  homme  qui  travaille  a  un  autre 
ouvrage  fort  different :  c'est  la  vie  du  bon  Erasme  ,  qui  a  etc 
un  grand  et  excellent  personnage ,  qui  mourut  a  Bale  Fan 
1536,  le  12  juillet.  II  a  eu  le  malheur  de  ne  pas  plaire  aux 
moines  ;  mais  cela  lui  est  si  commun  avec  tant  d'honnetes 
gens,  que  je  ne  conseille  a  personne  de  s'en  affliger.  Id  cinr- 
rc-m  ant  manes  credit  curare  scjiultus.  Je  ne  serois  point  niarri 
de  voir  tout  cela  avant  que  de  mourir;  mais  quel(|u'un  (lira 
<jue  dans  ces  livres  d'histoire  il  y  aura  bien  des  faussetes,  peut- 
etre  que  oui ;  mais  on  repondra  avec  Si'iiecjue  :  (Juis  mit/u<nn 
rib  liistoricn  fidein  exeyit?  hoc  habet  vitimn  ttiiwn  t/mrfnliftm, 
nt  rcris  f'alxa  Hiultii  iiiterdum  miscrantiir.  Tertullien  a  nomine 
en  deux  endroits  Corneille  Tacite,  mewlncinnnn  iMjuacifsi- 
ntiu/i.  llt'las  !  quediroit-il  aujourd'hui  de  tant  d'histoi  ions  qui 
out  fcrit  en  France  depuis  tantot  cent  ans  ? 

On  a  mis  prisonnier  un  gentilliomme  qui  t'aisoit  des  demi- 


(>()4  I.K1TUKS    I)K    (it'l    PATIN 

ecus  d'oi  faux.  II  v  a  bien  tics  gens  en  France  qui  font  tie  la 
fausse  monnoie  en  tli verses  faeons.  Le  roi  est  attendu  le  6  de 
ce  inois  a  Saint-Germain.  On  a  aujourd'hui  chante  le  Te  Dcum 
pour  la  prise  de  Lille  en  grande  ceremonie.  Je  vous  baise  les 
mains ,  et  suis  tie  tout  mon  coeur  votre  ,  etc. 
De  1'aris,  le  2  scptcinbro  1667. 


LETTttK  DCCLIX.  —  Au  memo. 

On  parle.  ici  d'une  grande  ligue  faite  cut  re  Francois  , 
Anglois  ct  Portugois.  Les  Hollandois  doivent  aussi  etre  tie  la 
partie;  mais  ils  no  parlent  pas  encore  bon  f'rancois.  11  y  a 
encore  quelque  chose  qui  les  retient  du  cote  d'Espagne.  Mais 
n'est-ce  pas  aussi  quelque  interet  tjui  les  toucbe  par  notre 
voisinage  de  Flandre.  11  y  a  un  vieux  proverbe  dans  Avcntin 
qui  ditqu'ilfaut  avoir  le  Francois  pour  amietnon  pour  voisin. 
On  tlit  qne  le  pape  se  fait  fort  aimer  a  Rome  en  otant  des  im- 
pots  t[iie  son  predecesseur  avoit  mis  sur  la  gabelle.  Plut  ii 
Dieu  <jue  nous  puissions  bientot  voir  ici  la  meme  chose,  de 
tnnt  d'impots  quo  nos  denx  bonnets  routjcs  out  par  ci-devant 
mis  sur  nos  tlenrees. 

M.  le  premier  president  a  marie  sa  fille  ainee,  comme  vous 
savez  ,  aM.  le  comte  deliroglio  ,  jeune  seigneur  de  vingt-lrois 
ans.  J'ai  aujourd'hui  appris  que  sa  seconde  lille  est  accordee 
ii  M.  le  procureur-general ,  dont  le  bisai'eul  etoit  un  tres  il- 
lustre  personnage,  M.  Achille  deHarlay,  premier  president 
du  parlement  sous  Henri  III ,  et  tpii  ftit  le  premier  gendre 
de  ('hristoplie  do  Thou,  perc  de  Jacques-Auguste  de  Thou  , 
qui  fiit  president  an  mortier,  et  qui  nous  a  laisse  sa  belle 
histoiro.  Ce  M.  le  president  tie  Thou,  qui  monrut  1'an  1617, 
a  ('•(('.  peredeFranQois-Augustc  de  Thou,  (jui  eut  la  ItMe  tran- 
clicc  ii  Lyon  1'an  l()i"2,  et  pere  aussi  tie  M.  le  president  de 
Thou  (I'aujounriuii  et  <le  madame  de  Ponfac  ,  fern  me  tie 
>l.  Ic  [nvmier  president  tit;  lioi'deaux.  .le  suis,  etc. 

DC  P.iri-,  Ic y soplpinbrc  IGCtT. 


A    FALCONET.  065 

LETTKK  DCCLX.  -     .\n 


On  fit  hier,  ce  14  septeinbre,  do  grandes  rejouissances  dans 
toute  la  ville  pour  la  publication  de  la  paix  d'Angleterre.  Le 
chancelier  de  ce  pays-la  est  accuse  de  plusieurs  fautes, 
comme  d'avoir  ete  cause  de  ce  que  les  Hollandois  out  fait  sur 
la  Tamise,  il  y  a  environ  deux  niois,  d'avoir,  durant  son 
autorite  ,  confirrne  j)lusieurs  ventes  que  Cromwell  avoit  au- 
trefois  faites  ,  et  d'en  avoir  pris  de  1'argent,  d'avoir  i'ait  vend  re 
Dunkerque. 

Le  roi  a  fait  regler  I'affaire  des  contributions  pour  la 
Flandre,  et  en  a  domic  1'intendance  a  quatre  grands  sei- 
gneurs, savoir  :  MM.  de  Duras  ,  du  Passage,  de  Bellbnds  et  de 
Grandpre.  Le  roi  a  donne  liuit  jours  de  vacances  a  MM.  du 
conseil  ,  Colbert,  le  Tellier  et  de  Lionne.  Lui-meme  vouloit 
aller  ii  Villers-Coterets  ,  en  Picardie  ,  y  passer  quelques  jours 
avec  M.  et  madame  la  duchesse  d'Orleans  ,  mais  ii  n'ira  point 
a  cause  de  quelque  petit  demele  inter  utramquv  junonon. 

L'empereur  leve  des  troupes  en  Allemagne  pour  envoyer 
hiverner  en  Flandre  ;  mais  on  prendra  encore  quelque  bonne 
ville  avant  qu'elles  soient  arrivees.  Ce  pourra  bien  etre  Valen- 
ciennes ou  meme  Cambray;  d'autres  disent  Aire,  qui  em- 
pechele  commerce  de  Saint-Omer. 

On  cnvoie  des  troupes  en  Catalogue  pour  y  fa  ire  unc  armee 
de  10,000  liommes.  alin  d'empecher  les  Espagnols  de  nous 
pouvoir  nuire  de  ce  c6tc-la. 

L\\l>rt'ij>'  <lc  /'//isfoirf  'If  France  in-quarto  en  trois  volumes 
de  M.  de  Mezeray  est  en  etat  d'etre  acheve  bientot  ;  il  n'y  a 
plus  que  deux  leuilles  <jui  avoient  t'te  laissees  et  reservers 
pour  quelque  raison  particuliere;  il  a  lini  en  I'an  Kill),  it  la 
mort  de  Henri  IV,  et  n'a  pas  ose  entrer  dans  le  tempetueux 
regne  de  Louis  XIII.  Je  crois  (ju'il  a  suivi  le  conseil  d'Ovide 
an  premier  livre  des  Fastes  : 

///.«  die  l  it,  poslquain  noslros  pcrvcnit  (id  an  nun  ^ 
Substttil  in  midio  pra-scia  lingua  sono. 


(Jfifi  I.KTTIIKS    DE    (ill!    PATIN 

Je  vous  baise  tres  humblcment  les  mains,  ct  suis  detontc 
mon  amc  votre,  etc. 
De  Paris  ,  le  16  septembre  1667. 


LETTRE  DCCLXI.  —  Au  meme. 

,1'ai  vu  aujourd'hui  trois  quartanaires  en  divers  endroits , 
dont  le  plus  jeune  a  plus  de  soixante  aris  ,  mauvais  manteau 
pour  I'hiver,  scnex  chronicis  morbis  commoriuntur,  quart  (inn 
jttmti/jtt*  fonncnfmti,  senibmmors.  Un  deces  trois  malades  est 
taxe  a  la  chambre  de  justice  a  un  million,  qui  est  un  mal  que 
le  quinquina  ne  peut  oter,  qui  pareillement  n'ote  guere  la 
fievre  quarte.  Les  moines  et  les  empiriques  font  trop  valoir 
cette  poudre  ,  mais  le  monde  veut  etre  trompe  (l).  Nous  avons 
aussi  cle'ja  plusieurs  rhumatismes  fort  douloureux.  Ce  sera 
bien  pis  I'hiver  prochain  ,  quand,le  fro  id  aura  empeche  1'in- 
sensible  transpiration  ,  qui  est  si  necessaire ,  et  quand  on 
commencera  a  boire  du  vin  nouveau.  II  y  a  clu  bruit  a  Lon- 
dres  ,  ou  le  prince  Robert  a  donne  un  sou f fie t  a  un  secretaire 
d'Etat,  nommeM.  Hamilton.  On  dit  que  cette  affaire  sera 
cause  qu'il  y  en  aura  de  pendus ,  ce  qui  arrive  souvent  en  ce 
pays-la  par  la  felonie  de  ces  insulaires  ,  <|ui  sont  ordinaire- 
ment  genscruels  ,  mediants,  pousses  d'interet ,  et  de  diverse 
religion  ,  ftt'ligio  prpo'/f  scelcrom  fift/w  fm/iia  fnctn. 

Nous  avions  en  Pologne  un  de  nos  medecins ,  nomine 
M.  Germain  ,  bomme  d'honneur  et  savant.  II  y  etoit  alle  pour 
la  definite  reine ,  et  y  a  derneure  <[uel(}ues  annees  aupres 
d'elle;  enfin  ,  des  (ju'elle  est  morte  xi/ncojX'  cfirdidcu ,  il  est 
revenu  a  Paris.  II  m'a  aujourd'hui,  ce  8  octobre ,  rendu  vi- 
site,  et  m'a  appris  <me  tout  ce  pays-la  est  bien  barbare  pour 

1  -M.-iIi'.rc  IPS  analhcmes  do  (iui  Patin  .  on  voil  que  le  quinquina 
n'plait  iiiillcincnl  abandonnp.  Ce  Cut  tiuolipio  temps  apres  (jue  Louis  XI  V 
adirla  vin^t-quatre  mille  francs,  du  incdrrin  anglais  Talbot,  uuc  Ires 
bonne  preparation  de  ce  medicament.  (K.  P.I 


\    FALCONET  66? 

la  medecine.  Henreux  sont  ceux  qui  vivent  on  France,  et  qui 
y  demeurent  dans  les  grandes  villes  ,  telles  que  sont  Paris  et 
Lyon  ;  les  autres  memo  sont  encore  bien  grossiers. 

Un  des  ndtres  ,  nomme  Raphael  Maurin,  qui  etoit  en 
Flandre,  medecin  de  I'hopital  de  1'armee,  y  est  mort  de 
fievre  continue.  En  voila  six  en  dix  mois;  si  Dieu  veut,  il 
n'en  mourra  plus;  au  moins  je  souhaite  de  bon  cneur  qu'il 
n'en  meure  aucnn  d'ici  a  dix  ans.  Ce  Raphael  Maurin  etoit 
filsde  Jean  Maurin  ,  Provencal,  qui  mourut  ici  tout  tabide,  il 
y  a  quatre  ans  passes  :  c'etoient  des  Provencaux  qui  avoient 
bien  plus  d'esprit  qued'argent.  Mais,  s'il  vous  plait,  appre- 
nez-moi  qu'est  deveriu  M.  de  Lorme.  J'avois  oui  dire  qu'il 
avoit  dessein  de  venir  a  Paris;  Dieu  le  veuille  bien  conserver 
et  vous  aussi,  et  tout  ce  qui  vous  appartient. 

Les  Espagnols  out  attrape  le  courrier  Heron ,  et  lui  out  pris 
un  memorial  important,  que  le  roi,  qui  est  a  1'armee,  envoyoit 
a  M.  de  Lionne,  qui  est  a  Paris.  Ce  memorial  etoit  apostille  de 
la  main  du  roi  sous  tous  les  articles  dont  M.  de  Lionne  etoit 
en  peine,  si  bien  qu'ils  en  ont  deeouvert  beaucoup  de  clioses 
qui  devroient  etre  secretes,  et  ils  en  sont  tout  glorieux.  Le 
roi,  de  sa  part,  en  est  bien  fache  et  moi  aussi.  Je  vous  baise  les 
mains  ,  et  suis  de  toute  mon  ame  votre ,  etc. 

DC  Paris,  le  11  octobrc  1667. 


LETTRE  DCCLXII.  —  An  I<«]»K'. 

M.  le  prince  de  Conde  ira  bientrtt  vers  la  Franche-(x)inte  . 
la  ire  revue  des  troupes  que  nous  avons  en  re  pays -la,  et 
apres  avoir  fait  ici  un  tour,  il  partira  tot  apres  pour  taire  la 
guern;  en  Allemagne,  avec  M.  It1  due  d'Kngliirii ,  >on  tils 
uni<|ue.  Les  Sut'-dois  sc  sont  dt'-claivs  poui1  nmix,  a  la  cliai-gt1 
(|ue  ,  (juand  noti'e  roi  voiidra  ,  ils  iMitivnint  dau<  les  terres  de 
1'empire.  On  (\\(  aussi  tjue  les  Auglois  sont  de  iiotie  |>arti  ,  et 
DOS  amis.  Nous  aurous  pan-illtMiient  une  arcn«'le en  Catalogue, 
de  sorte  (|ii'on  pent  croire  (|u'il  (era  bien  cliaud  I'ete  procliain 


60S  I.K11HES    DE   (,ll    PATIN 

dans  toutlc  voisinage  do  la  I'Yance.  L'imperatrice  est  aecou- 
choe  d'liii  lils:  voila  la  inaison  d'Autrielie  I'ortiliee  d'unetete 
dont  clleavoit  besoin  ;  mais  eel  enfant  est  encore  bien  petit; 
quin'en  a  qu'un  n'en  a  point,  units  homo,  nullus  homo  :  Jes 
males ,  dans  une  grande  famille,  sunt  fulcra  et  colummc  din- 
tnrnitutis,  quamvis  non  a'ternitnt.ls  :  I'eternite  n'appartientqu'a 
Dieu,  c'est  un  privilege  qui  est  fort  au-dessus  de  la  condition 
mortelle. 

Srous  avez  sans  doute  oui  parler  d'nne  nouvelle  traduction 
(pie  les  jansenisles  de  Port-Royal  out  faite  du  J\'uuvenu  Testa- 
ment ,  qui  a  deja  ete  impriine  plusieurs  f'ois  :  plusieurs  gens 
s'en  louent  fort ;  mais  il  y  a  ici ,  ce  1(5  octobre,  un  savant  je- 
suile  lorrain  ,  pere  Maimbourg,  qui  tache  de  la  deerier,  et 
qui  preche  contre  tous  les  dimanches  dans  Saint-Louis,  avec 
beaucoup  de  chaleur,  d'animosite,  ct  pcu  d'avantage,  car 
les  I'ieurs  no  sont  point  de  son  cote.  II  attaque  des  gens  qui 
sont  tres  habiles  et  qui  se  defendront  bien,  outre  qu'ils  ont 
bien  des  partisans.  II  court  deja  quelques  feuilles  de  critiques 
contre  lui ;  mais  on  dit  quo  tout  cela  ne  sera  rien  aupres  d'un 
livre  qui  viendra  ci-apres  contre  lui ,  et  contre  toutes  les  es- 
capades qu'il  a  faites  en  la  chaire,  depuis  qu'il  a  entrepris  dc 
refuter  cette  nouvelle  version  du  Xoitci'iiu  Testament ,  et  tout 
an  moins  il  a  affaire  ad'etranges  gens,  qui  ecrivent  fort  bien, 
et  qui  sont  fort  savants.  Les  jesuites  ne  maiKjueronl  pas  tou- 
jours  de  reprendre  ceux  qui  les  liairont,  comme  les  precep- 
tcurs  du  gt'nre  humain;  maisje  ne  sais  pas  quand  ils  feront 
mieux(jue  les  autres,  tout  leur  fait  est  trivial  •.cotiunimi  ctidmtt 
(.•tirnicii  triri'ile  mow/tu.  Je  vous  baise  tres  humblement  les 
mains,  et  suis  de  tout  mon  ccvur  votre,  etc. 

Do  Paris ,  le  18  oclobrc  1C67. 


LKTTKK  DCGLXI11.  —  Au 


On  parle  ici  dc  la  paix  ,  mais  on  ne  laisse  j>as  de  penser  a  la 
guerre;  il   y  a  quelques  niesintelligeuces  entre  nous  ct  les 


A  FALCONET.  GG9 

HoDandois ;  ils  voudroicnt  derneurer  neutres  dans  noire  guern1 
avcc  les  Espagnols,  mais  le  roi  Icur  a  mande  (ju'il  no  vcut 
point  de  cette  neutrality.  M.  de  Belfonds  a  defait  700  hom- 
ines de  la  garnison  de  Cambray  qui  alloient  a  In  picoree. 

La  peste  est  bien  forte  a  Lille  en  Flandre;  ils  ont  envoye 
au  roi  des  deputes  pour  le  prier  de  retirer  de  ladite  ville  la 
moitie  de  la  garnison  ,  qui  est ,  disent-ils,  si  grosse,  qu'elle  y 
est  superflue.  II  est  ici  mort  un  conseiller  de  la  grand'cham- 
bre,  nomine  M.  Benoise;  il  n'u  etc  que  quatre  jours  malade, 
et  est  rnort  aux  champs ;  il  etoit  fils  d'un  maitre  descomptes, 
qui  en  sa  jeunesse  avoit  ete  petit  secretaire  de  la  chambre  de 
Henri  111.  Co  conseiller  etoit  aux  champs,  il  a  etc  surpris  d'un 
rhumatisme  interne  dans  la  poitrine;  il  n'a  pas  ete  assez  tOt 
secouru  et  a  ete  etouffeen  quatre  jours ,  sans  avoir  ete  saigne, 
ce  qui  1'auroit  pu  guerir  et  empecher  la  suffocation. 

Madame  laduehesse  d'Enghien  est  accouchee  aujourd'hui , 
ce  5  novembre,  d'un  gareon.  Voila  grande  rejouissance  a  la 
maison  de  Conde,  et  meme  a  la  maison  royale  par  ce  nou- 
veau  prince  du  sang  ;  le  roi  en  a  temoigne  une  grande  joie, 
et  en  a  aussitdt  envoye  fa  ire  son  compliment  a  M.  le  Prince, 
a  M.  le  due  d  Enghien  et  a  I'accouchee.  II  n'est  jamais  trop 
de  princes  du  sang  quand  ils  sont  sages;  mais  de  ces  autres 
petits  principions,  tels  qu'utoient  ceux  de  Lorraine,  il  y  a  plus 
de  cent  ans  et  au-dessous,  il  n'y  en  a  eu  (jue  trop,  1'histoire 
de  1588  et  les  Etats  de  Bloi>  en  font  ample  loi,  aussi  bien  que 
1'histoire  de  Charles  VI ,  desdeuxducs  de  Bourgogne,  Jean  et 
Charles  ,  et  de  Louis ,  due  d'Orleans,  traitreusement  massacre 
Tan  1-107,  qui  I'ut  grand-pere  de  Luuis  XII  ,  pere  du  peuple, 
([ui  a  ele  un  des  meillcurs  rois  t|ui  aient  jamais  ete  en  France. 
Je  vous  baise  les  mains ,  et  suis  de  toute  mon  ame  votre,  etc. 

Do  Paris,  le  '21  noxcmbrc  16C7. 


(i7(J  l.ETTRES  DK   <ii;i   PATIN 

LETTRE  DCCLXIV.  --  An  meme. 

II  y  a  ici  do  bonnes  yens  qui  disent  que  Ton  traite  de  la 
paix ,  et  je  prie  Dieu  qu'elle  soil  bientot  conclue  au  soulage- 
meni  de  tant  d'honnetes  gens  qui  soulfrent  trup  durant  la 
guerre,  a  1'avantage  de  toute  la  France  et  meme  de  toute  la 
ehretiente;  inais  il  y  en  a  d'autres  qui  veulent  passer  pour 
bien  plus  tins,  qui  se  inoquent  de  eette  prevention  de  paix; 
ils  disent  que  ie  roi  aura  8,  ,<JUO  homines  le  mois  de  mars 
prochain  ,  et  que  quelque  oii're  qu  on  i'asse  au  roi,  conime  il 
est  le  plus  fort,  1'Espagnol  n'en  aura  point  meilleur  marche 
que  d'abaiidonner  les  Pays-Bas. 

11  y  a  ici  des  yens  bien  elonnes  pour  la  taxe  que  le  roi  a 
nouvellement  faile  sur  diverses  charges,  comine  des  huissiers 
de  ia  cour,  procureurs  de  la  eour,  procureurs  du  Chatelet  et 
commissaires  meme.  Les  conscillers  du  Chatelet  sont  taxes  a 
Jo,uOO  livres  ,  et  neanmoins  il  y  en  a  d'entre  eux  qui  out  paye 
22, GUI)  ecusde  leur  charge.  Ce  qui  en  tail  encore  crier  d'autres 
en  une  autre  maniere,  c'c-st  qu'apres  cette  Saint-Martin,  le 
roi  veut  que  les  nouvelles  ordonnances  de  son  Codesoientt-xac- 
teinent  observecs,  de  <|uoi  se  plaignent  fort  hautement  les 
procureurs  ulriunyuc  fort.  M.  1'archeveque  de  Paris  a  de- 
I'eudu  (ce  '10  nou:nibrey  la  lecture  de  la  nouvelle  version  du 
Ponceau  Testament^  faite  par  J\LM.  les  jansenisles  de  Port- 
Hoyal ,  et  menace  d  excommunication  ceuxcjuiauront  la  har- 
diesse  d  y  cojitrevenir.  On  ne  1'ait  pas  grand  etat  de  cette  de- 
fense ;  inaitre  Gonin  est  mort ,  le  monde  n'est  plus  yrue ;  cette 
excommunication  cat  bnituni  julincn  ,  dont  il  n'y  a  plusyuere 
que  les  sots  cpai  en  lassent  etat.  Je  pense  que  les  jansemstes 
lei'unt  la-de&sus  tie  belles  reflexions,  et  peut-etre  aussi  de 
I  tonnes  reponses. 

.1  ai  ete  aujourd'hui  (ce  J8  novembre)  chez  M.  le  premier 
a  I  a.^semblee  de  cetle  Academic  qu'H  tient  tons 
OU  I  on  nil  de  fort  bonnes  choses.  Lei*.  Kapin,  (jui 


A.    FALCONET.  6TI 

est  un  jesuite  Ires  savant,  y  a  discount  sur  la  preference  de 
Virgile  a  Homere,  et  a  fait  des  merveilles.  M.  le  premier 
president  a  demaude  si  person ne  ne  s'opposoit  a  ce  sentiment : 
voyant  que  tout  le  monde  se  taisoit,  il  a  voulu  que  moil  Ca- 
rolus  parlat,  se  souvenaut  qu'il  1'avoit  autretois  entretenu 
sur  la  gloire  d'Homere.  Je  I'us  ravi  de  lui  entendre  dire  que, 
se  voyaut  force  de  repondre  a  un  advursaire  de  la  force  du 
pere  Kapin,  il  se  trouvoit  bien  embarrasse;  qu'anime  pour- 
tant  du  commaudernent  qu'on  lui  en  faisoit,  et  de  1 'au- 
dience dont  on  1'honoroit,  il  feroit  souvenir  la  compagniede 
quelques  avantages  d'Homere  sur  Virgile;  qu'il  n'y  auroit 
jamais  eu  de  Virgile  s'il  n'y  avoil  point  eu  d'Homere ;  que  ce- 
lui-ci  a  fait  le  plan,  que  1'autre  n'a  que  poli;  qu'Homere  a 
ete  universellement  reconnu  pour  le  pere  de  la  philosopliie  , 
de  I'histoire,  de  la  poesie  et  de  la  iitterature ;  que  tous  lessie- 
cles  lui  out  decerne  des  honneurs  qu'on  n'attribuoit  qu'aux 
rois  ou  aux  dieux;  qu'on  lui  aeleve  des  statues  par  toute  la 
(irece;  qu'on  s'y  est  servi  des  monnoies  qui  portoient  son 
nom  et  son  portrait ,  etque  les  plus  grandes  villes  du  munde 
se  sont  toutes  attribue  la  gloire  de  sa  nait>sance ;  qu'il  avoit 
des  medailles  des  Smyrniens  et  d'autres  peuples  en  sa  laveur, 
et  qu'eniin  rieu  ne  se  trouvoit  de  pareil  dans  la  fortune  de 
Virgile  ,  dont  la  laveur  cl'Auguste  faisoit  le  plus  bel  endroit. 
Qu'eu  direz-vuus ,  monsieur,  pour  un  plaidoyer  fait  sur-le- 
cluunp  ?  M.  le  premier  president  lui  en  temoigna  beaucoup  de 
satisfaction  ,  et  meme  en  soupant ,  il  lui  (lit :  Je  ne  sais  com- 
ment votre  pere  I'entend,  il  vous  cievoit  laisser  an  ban  can  , 
nous  vous  aurions  donne  d'autres  emplois  (jue  desoutenir  la 
reputation  d'Homere. 

J'ai  vu  ce  matin  malade  un  capitaine  qui  prend  interet  a  la 
guerre ,  et  qui  a  peur  de  la  paix  ;  mais  il  dit  pour  consolation 
que,  si  le  roi  fait  la  paix,  il  enverrades  troupes  en  Pologne  et 
en  Candle  coiitre  les  Turcs ;  amsi  a  (juelque  chose  malheur 
est  bon  ;  les  grands  Ktats  ressemblent  a  ees  corps  sanguins 


ii7;>  l.ETTHF.S   DF.    C.UI    PATI.N 

qui  out  bcsoin  d'etre  saignes  souvent  ot  desemplis  on  diverses 
t'acons  pour  empeeher  qu'ils  n'etoulfent. 

M.  do  Brousselle ,  conseiller  anx  requetes  du  palais ,  est 
inort  de  la  pierre  qu'il  avoit  en  la  vessie  ;  il  n'a  point  voulu 
etre  taille,  a  quoi  il  etoit  exhorte  il  y  a  longtemps.  II  etoit 
neveu  do  celui  pour  qui  on  fit  des  barricades  1'an  1648.  Je 
vous  baise  les  mains ,  et  suis  de  tout  mon  coaur  votre  ,  etc. 

DC  Paris ,  lc  24  novcnibre  1667. 


LETTRE  DCCLXV  -  Au  mtme, 

,le  suis  bien  aise  d'apprendre  qu'on  acheve  I'edilioii  de  la 
I'hysfolnffie  et  Pathologic  de  Gaspard  Hot'mann,  chezM.  Anis- 
son  ;  car  j'ai  encore  de  lui  deux  autres  manuscrits  tres  bons, 
qui  pourront  quelque  jour  paroitre  quand  j'aurai  ete  assez 
heureux  de  trouver  quelque  libraire  qui  en  voudra  entrepren- 
dre  1'  impression. 

Dans  pen  de  temps  le  roi ,  la  rcine  et  M.  le  Dauphin  iront  a 
Saint-Germain,  d'oit,  apres  quelques  jours  ,  ils  partiront 
pour  aller  plus  loin,  et  ils  ne  reviendrontque  longtemps  apres. 
On  dil  qu'ils  iront  vers  la  Lorraine  ,  et  qu'on  a  arrete  tous  les 
grands  bateaux  qui  sontsur  la  riviere  pour  y  envover  du  ca- 
non, et  que  cela  menace  la  Frariche-Comte.  On  dit  aussi  quo 
1'electeur  de  Brandebourg  donne  an  roi  douze  mille  homines. 

On  dit  de  inauvaises  nouvelles  de  Ganclie  ,  et  qu'enfin  les 
chretiens  la  perdront,  ])uisque  les  Turcs  s'y  obstinent  si  fort, 
et(jue  les  Venitiens  ne  la  peuvent  conserve!1.  L'Europe  est  an- 
jourd'hui ,  ce  16  Janvier,  presque  en  pareil  etat  qu'elle  f'ut 
1'an  1-15.'^ ,  lorsque  Mahomet  prit  Constantinople.  0  do/or .' 

('.online  le  roi  va  bientot  sorlir  de  Paris  ,  il  a  mande  a  mes- 
sieurs du  parlement  qu'ils  vinssent  le  trouver  an  Louvre  pour 
recevoir  ses  ordres  avant  que  do  partir  ;  ce  sera  pour  deinain 
a  ilt'ux  hciires. 


A    FALCONET.  ()»;{ 

On  a  soupeon  de  la  lidelile  <lu  due  dc  Lorraine,  et  on 
craint  (ju'il  n'ait  traite  dc  nouveau  avec  la  rnaison  d'Aulridie, 
etc'est  ce  qui  fait  aller  le  roi  dc  cc  cote-la.  Je  vous  baisc  les 
mains,  ct  suis  detout  nion  cuuir  votre  ,  etc. 

l)e  Paris,  le  17  Janvier  16(>8. 


LETTRE  DCCLXVI.  —  Ax  „„••„><•. 

Je  vousecrivis  dernierement  touebant  I'aHaire  de  nion  Ills, 
a  laquelle  je  m'altendois  (jue  la  connoissance  dc  la  veriteet  le 
secours  de  nos  buns  amis  pouiraient  remedier;  niais  I'espe- 
rance,  selon  le  sentiment  de  Seneque,  est  l<-  Mini/f  <l'un 
Inniinie  qui  ci-i/lv.  Neaiiinoins.  puisqu'elle  est  une  vrrtu.  j»;  ne 
la  voulois  pas  abandonner  (|uoi  ([ii'il  en  dut  arriver.  car  it  est 
permis  meme  aux  plus  mediants  de  sonjjer  et  de  se  t romper. 
Tout  le  monde  le  plaint ,  personne  ne  I'accuse,  et  liors  de 
quehjues  libraires,  il  est  aime  de  tout  le  monde.  Cependant  il 
est  absent  et  nous  I'avons  oblige'  de  s  y  resoudre  mal^re  sa 
sloieite.  11  avoit  toujours  espere  ipie  la  justice  du  roi  s'eten- 
droit  justpi'a  lui ,  mais  nos  ennemis  out  en  trop  de  credit. 
Cependant ,  pour  adoucir  notre  plaie,  on  ilit :  T'cjue  c'est  par 
contumace  (jue  son  proces  lui  a  etc  I'ait,  comme  a  mi  hoinme 
absent  (jui  n'a  pu  se  del'eudre;  -2  <pie  (,-a  etc  par  commission 
souveraine  et  particuliere  sans  droit  d'appel ,  ce  ipii  e>t  ex- 
traordinaire et  marque  d'autant  plus  le  dessein  (ju'on  avail 
de  le  perdre  ;  .'V  quc  la  plupart  desjuyes  out  recu  des  lettres 
de  cacliet  t't  de  recommandation  sur  ci-  qu'on  avail  besoin 
d'nii  exemple.  Mais  a  ipioi  pent  servir  eel  exenqile?  K>t-ce 
que  landis  <jiie  les  Hollandois  et  autres  impriment  des  livres 
d  histoire ,  et  princi|»alement  de  la  noire,  dont  le>  auteurs 
sont  a  Paris,  on  [»ourra  (Her  aux  parliculiers  1'envie  el-la  cu- 
liosile  de  lire  ces  nouveautes?  4"  On  alle^ue  que  c\-*(  mi 
liomme  tit;  yrand  credit,  (^111  eloit  noire  parlie  secrete,  qui 


(J'.f  I.RTTHKS    DE    (id    PATIN 

poiissoil  ;i  la  roue  et  qui  briguoit  contre  nous  (I),  parce 
ijii On  a  trouve  parmi  cos  livres  quelques  volumes  du  t'aetum 
do  M.  Fouquet  et  do  I'histoire  de  1'entreprise  do  Gigeri.  Que 
uc  pu:)issont-i!s  done  les  an  tours  de  ces  livres?  Que  n'en  em- 
pechent-i!s  1'impression  en  Hollande,  ou  quo  Ton  n'en  ap- 
jiorto  on  France?  Tons  ces  livres  et  d'antres  pareils  ont  etc 
vendus  a  Paris  par  les  libraires  an  Palais  et  a  la  rue  Saint- 
Jacques.  C'est  t'aire  venir  1'envi;1  de  voir  ces  livros  (pie  Ton 
vent  supprimer  et  caclier  avec  tant  de.rigueur.  .le  m'en  rap- 
porto  a  co  qu'on  (lit  Tacite  dans  ses  Aitmdes ,  livre  quatre  , 
chapitro  154  ,  en  parlant  de  Cremutius  Cordus.  (Vest  done  a 
bon  droit  que  tant  do  gens  demandent  ce  <|ue  Juvenal  a  (lit 
quelque  part  de  Sejan  :  Sad  </n<>  redd  it  sub  cri mine?  ou  est 
co  grand  crime?  (ju'a  fait  cet  lionmie  pour  etre  si  injusteinent 
traitr?  On  u  nomine  trois  livres,  savoir,  un  plein  d'impioti'1 ; 
c'cst  mi  livre  ImgiKMiot ,  intitule  :  t'At:nt<nni<'  di-  In  .l/^w,  par 
Piori'o  Dumoulin  ,  ministre  de  (lliarenton  ;  com  me  si  l'in<pii- 
sition  otoit  en  France  ;  c'est  nn  livre  de  six  sous.  Paris  esl 
plein  do  tels  livres,  et  il  n'y  a  guore  de bibliotheques  ou  Ton 
n'en  trouvo  et  memo  die/  les  inoines;  il  y  a  liberto  de  con- 
science  en  France,  et  les  libraires  en  vendent  tons  les  jours.  II 
est  memo  permisaun  homme  de  changer  de  religion  etdoso 
fa  ire  huguenot ,  s'il  veut,  et  il  nesera  paspermis  a  un  homme 
d't'-ludo  d'avoir  un  livro  <i<;  cetttjsurte,  car  il  n'en  avoit(pi'nn 
soul  oxomplaire.  f^e  second  otoit  nn  livro,  a  co  (ju'ils  disenl, 
cnntre  le  service  du  roi;  c'est  !<•  /iouclu'rd'J^tfift[m  s'est  vendu 
dans  le  palais  publiqueinent,  et  aiupiel  on  imprime  ici  deux 
re|>onses.  Lo  troisieme  est  Vlfistotw  (julantc  df  In  cour ,  <pii 
sont  do  ])etits  libelles  ])lus  dignes  de  mepris  que  do  colere.  -l(^ 
penso  (jne  ces  trois  livres  no  sont  (pi'un  pi'otoxte,  et  qu'il 
y  a  (piehpio  partio  secrete  <pii  en  veut  a  mon  lils  et  (pii  est  la 
canst'  do  notre  malhour.  J'ospore  <pie  Dieu  ,  lo  temps  et  la  phi- 

1    Ot  lioninio  <U-  j',rand  credit  clait  Colbert,  (|iii  ne  pardonna  ja- 
\\\,\\-  ;i  MUCIIII  <lc--  partisans  de  Koiujuel.  H.  I*. 


A    FALCONET.  6?.'» 

losophie  nous  delivreront  et  nous  niettront  en  repos  ;  et  en 
attendant,  Seigneur  Dieu,  donnez-nous  patience.  11  Caul  etre 
en  ce  monde enclume ou  marteuu.  Je  ne  me  >ni>  jamaisdonne 

grand  souci ;  mais  en  voici  bien  tout  d'un  coup  a  inon  age 
de  soixante-sept  ans.  11  taut  supporter  paliemment  ce  a 
<juoi  on  ne  peut  apporter  uucun  remede.  Kntin  ,  Dieu  1'a 
voulu  ainsi. 

On  dit  ici  quo  les  Hollandois  sont  bien  einpeches  a  donner 
contenteinent  au  roi ,  qui  leur  adit  en  parlant  a  leurambas- 
sadeur  extraordinaire ,  M.  Beuninglien  :  /.''  /<•//  /•<"  m<>n  <j/'<iutl- 
jiM'e  volts  a  ('lit t'f's  ,  itiuu  jtrrc  fonts  <t  cinixi-ri'i'^ :,  /•(  HU>I  /'•  runs 
rutnerat  quo  ml  jf  roufh'ui  t  si  cons  iCi'-h-s  mnjt*.  Noila  pai'ler 
(liguement  et  en  grand  prince  tel  <|u'est  lc  roi,  t:t  ('onnne  l.oii- 
gin  le  sojihiste,  en  son  livre  <la  .S'///y/////t- ,  lone  Mi>i>e  d 'avoir 
dignement  laitparler  Ju'eu  en  la  creation  ,  loixpi 'il  1'introduit 
en  disant  :  (Jw  ma  parole  suit  fait  e,  Dieu  nous  veuille,  jiar  sa 
sainte  grace  conserve!'  un  si  l>on  et  si  sage  prince.  On  dit  ijiie 
si  la  paix  etoit  1'aite  nous  verrions  bientot  le  siecle  dor.  Jc 
consens  de  inourir  des  cjue  je  1'aurai  vu  ;  et  cependant  j'espei  e 
(|ue  le  roi  par  sa  bonte  et  sa  justice  me  rendra  un  jour  inon 
ills  Carolus,  en  qui  je  niets  toule  ma  consolation  Jj.  Je 
suis,  etc. 

De  1'flris  ,  lc  7  mars  1068. 


LKTTIIK  DCCIAMI. 


Iliri'  inourut  ici  un  taineux  avocat  en  p:n  lenient 
.M.  Lauglois.  MM.  lirayer,  I'ijart  et  Petit  I'avim-nt  trait*-.  II 
Ifiir  dit  ,  par  line  lantaisie  de  malade  ,  qu'il  ne  vouloit  pins 
I'icii  f'aire.  It  prit  M.  Datjiiin  le  prre  qn'il  a  encon-  ipiitd'-  ,  r[ 
se  mil  entierenieiil  entre  les  mains  de  votir  M.  I'iiote  de  l>e- 

vl)  Sf.s  \iru\  no  iiiront  point  realises  rl  il  en  inuurii!  de  chagrin. 


(,7(>  I.KTTIlKS    DE    (.fl    I'ATiN 

laistrc  ,  <|tii  lui  proinit  do  IP  guerir  biontot  :  aussi  lui  a-t-il 
tcnii  parole,  car  on  peu  do  jours  il  1'a  envoye  on  lautro 
niondo  :  ///»«.- v/.s  ''/  ff/tiui'im  nebula  dtsct'tum  jMti'u/tunt  ntixtl  /// 
t-u'liiin.  Co  lielaistre  esl  etourdi  cunmio  un  hanneton;  il  tache 
do  payer  do  mine  ot  no  sail  ce  qu'il  fait.  II  dit  lo  mois  passe 
olioz  un  do  inos  maladcs,  qui  etoit  apoplectique,  quo  si  los  me- 
deeins  do  Paris  vouluiont  consultor  avec  lui ,  il  lour  appren- 
droit  a  guerir  toutes  cos  maladies  do  tote  :  toutel'uis  ce  malade 
mourut  quatre  heures  aprcs. 

On  parlo  ici  do  iinir  la  ehambre  do  justice,  do  supprimer 
tons  los  givHiors  ,  ot  do  rotormer  la  ohambro  dos  eomplosen 
y  f'aisant  suppression  de  grande  (piantito  d'ofliciers,  et  nionio 
tons  los  of'liciors  dos  cours  souvorainos  qui  out  oto  ci'('os  do- 
[>uis  Tan  163.').  On  }>arleaussi  d'une  suppression  do  la  plnparl 
des  ol'lioiors  do  la  galiollo  ,  dont  lo  grand  nonibre  est  cause 
do  la  grande  clierlo  dn  sol.  (lola  I'ora  bion  parlor  du  uiondo  ; 
Mais  il  \  a  ici  bion  des  plaintos  depuis  trois  jours  con  Ire  un 
grand  IVoid  <|iii  a  golo"  los  vignos  d'ici  alonlour,  ot  qui  s'ost 
communique  jusqu'en  Cliampagne  ot  on  Bourgogiie  ;  mais  ce 
qui  cst  bion  facheux  pour  d'autros  ,  c,'ost  (pi'on  dit  qn'il  ji'y 
aura  aussi  cotto  aunoo  gnoro  do  fruits,  qui  cst  une  autre 
manne  [tour  do  pauvros  gens  (l).  I^a  paix  est  faitc;  onditque 
e'est  la  paix  do  M.  (lolbert.  Jo  suis  ,  etc. 

Do  Piii-is,  lo  12  inai  1<><>8. 

1)  I/iiiconstancc  du  cliinal  do  Paris,  on  lo  voil.  hit  do  loulos  los  opo- 
(juos;  lo  prinlonips  \  osl  surloul  la  saisou  la  plus  dan^orou-o  ol  la  plus 
I»orlido.  Los  ancions  otil  \,inlo  lo  moix  do  inai  parro  (pfil  osl  ma^nilupio 
dans  los  climats  ou  ils  ccrivaienl.  lion  ost  toul  aulremcnt  dans  nolro 
pays,  ct  Ton  coimait  a  co  ,-ujot  le  inol  do  Vollairo.  A  Paris,  on 
a  consorvc  la  tradition  ipio  lo  IH  inai  17U3,  lo  jour  ineino  oil  la  Con- 
\ontion  nalionule  condamna  si  odiousomonl  los  (jirondins.  il  y  cut  une 
Ijcloo  si  forto,  (juc  tons  les  iruils  do  la  torro  perirciit  on  parlio;  los 
vij'.nos  surtout  on  cprouverenl  un  dominate  considorable.  N'ojez  la 

unto  I.   II  ,  l>a-;.  ~(\  .  '.W,\.  \{.   I1. 


\  i-  \i.co.\Ei.  67 r 

LKTTKK  DCCLXV1I1.  --  Au  mf-me. 

J'ai  recti  le  livre  de  M.  Gontier,  qu'il  vous  a  dedie,  etdont 
jo  suis  bien  aise.  Mais,  a  propos  dc  livre,  qui  est  rt'lui  quo 
M.  Spoil  m'a  mande  etre  aclieve  ii  Lyon  ,  savoir,  l'//istnirr  <ltt 
ministf-r?  dn  cnrd'nml  Mazfirin  .  ot  tin  antre  d<-  /•'»///•////«,  in- 
I'olio,  im prime depu is  pen  a  Lyon,  fait  par  un  medecin  italien? 
J'cn  ccris  un  mot  a  M.  Spoil ,  ot  lo  prio  do  1110  los  onvoyor. 

On  voit  ici  force  soldats  coup-dies  <|ui  out  une  epro  an 
cote,  point  d'argent  etqui  demandent  rannioiio;  ils  truiivent 
j)lus  de  charite  dans  la  ville  de  J'aris  (ju'lls  n'en  out  Irouvt- 
en  1'armee. 

Le  roi  a  re^-u  du  pape  un  chapeau  rouge  pour  faire  un  car- 
dinal, diKjuel  il  t'era  present  a  ()ni  il  vondra  ;  plusienrs  croient 
quo  ce  sera  pour  M.  1'archeveque  do  Paris.  I^e  roi  envoit;  an 
pape  six  mille  hommos  pour  les  employer  on  il  vondra  ;  on 
croit  qu'il  les  donnera  aux  Veniliens  pour  les  employer 
contre  les  Turcs  en  (>andie;  ils  no  le  sanroient  etre  plus  uti- 
lement. 

Le  carrousel,  destine  pour  les  plaisirs  d<;  la  conr,  a  Ver- 
sailles, est  remis  an  inois  prochain,  quelques  uns  disent  jus- 
(ju'apres  les  couches  de  la  reine. 

Nous  avons  ici  un  des  notres  extreinement  malade  ,  qui 
est  M.  (icnnain  Preaux,  age  de  soixante-quatre  ans,  et  i|iii  pis 
est,  c'est  d'une  rechute ;  ce  seroit  dommage  qn'il  inournt, 
car  c'est  un  savant  lioniine,  lionnettiet  digntMle  \ivre  .M.  votre 
lils  le  ini-decin,  quo  jo  salue  de  tout  mon  c<rur,  le  connait, 
il  a  ete  son  protesseur  en  botanique.  L'.i  maladie  de  Soissons 
cesso  ,  niais  il  y  en  a  bien  antour  d'Aniieus  :  c'est  jienl-etre 
le  passage  des  soldats  qni  en  est  cause.  Itou  Dien!  qu'il  arrive 
bien  des  nialheurs  an  inonde,  dont  les  gens  dc  bien  no  sont 
point  coupables!  Je  lisdansmes  mauvaises  lienres,  et  a  mon 
loisir,  [tour  taclier  de  nii^  consoler,  le  livre  de  Ju>tns  Lipsins  , 
di-  fniisfiiiitiii;  niais  tout  cela  m'etonne  et  pres  jue  me  ren- 


fJ7S  1.K1TKKS    1)K    MM    r.VTlN 

verse  1'esprit  ,  .<fr  >nr  f/^mit  f/fri/tni ,  al  rideo  ////-,  je  u'ai  bcsoin 
que  do  patience ,  car  tout  lo  nionclc  est  plein  d'embiiches,  do 
malice  »>t  d'aflliction. 

Madame  de  Villequier,  fillo  do  M.  leTellier,  ageo  do  vingt- 
six  ans,  est  ici  fort  nialade, ;  je  soulwite  fort  qu'elleguerisse. 
Je  vous  haise  tres  huinbleincnt  les  mains  ,  et  suis  de  toutc 
inon  ame  votre  ,  etc. 

Do  Paris,  lo  22  juin  1668. 


LKTTKE  DCGLXIX.   —  An  mcinc. 

Queli pie  on  vie  <pie  j'aie  do  vous  eerire  et  de  vous  donnerde 
nos  nouvelles ,  j'ai  demeurt!  la  fanto  do  matiere.  II  y  a  quatre 
jours  (pi<;  niournt  iei  m ad n me  de  Villejjuior,  lille  do  31.  lo 
Tellier,  secretaire  d'Ktat.  Elle  a  ete  emporteo  de  la  petite 
verole  et  tUoit  grosso  de  trois  mois.  Voila  line  grande  affliction 
pour  eette  famille,  el  moi-niiMiie  j'en  ai  grand  regret.  Mais  il 
fa u I  prondro  patience,  la  inort  n'epargno  personnc.  L'on  dit 
ipi'il  v  a  oil  sedition  dans  Dole  par  la  populace  contro  MM.  du 
parlenient.  llelas!  tpie  lo  monde  est  niallieuroux  sons  lo 
masque  d'une  fausso  politi<pie  avec  laijnelle  il  est  anjourd'hui 
gouverno  !  MM.  du  parlenient,  les  trois  chainbresasseinblees, 
out  condamno  it  inort  j)ar  contninace  AF.  Tilier,  recevour  des 
consignations,  <pii  s'en  alia  il  y  a  tantot  trois  ans  bors  du 
royaumo,  sans  dire  adieu  apersonne,  en  einportantbeaucoup 
d'argent  a  j)lusiours  a  qui  il  otoil  du.  (^et  hoinmo  etoit  ills 
d'un  avoeat.  II  a  olo  conseiller  a  Mt>l/. ,  puis  maitre  des  re- 
quetos ,  puis  inteudant  des  finances  ;  onfin  rec(?veur  des  con- 
signations, et  puis  banqueroutior.  Jadis  tin  enipereur  roinain 
disoit  :  Chi  v  iv  KIM  KT  Mini,  KXIM-IMT.  J'oi  [nit  toufc  w>/'te  </<'  /><'/'- 
•:i:in,"i//i x,  ft  i-riii  in-  m',1  s/'/'ri  ilc  )'icn.  M.  Tilior  poun'oil  au- 
jojird'hui  en  dire  presque  autanf.  On  tiiMit  pour  certain  qu'il 
rsl  a  Venise  ,  quoiquc  la  plupart  le  ci'oient  en  llollande.  1  «/'•• 
D(>  l';iri-..  lo  liTjuin  16(>S. 


\    FALCONET.  f>?(> 

LKTTRK  DCCLXX.  -    Au 


Vous  anrez  pour  nouvelle  de  ce  pays  qne  \c.  lieutenant- 
criminel  travaillcau  proces  d'un  pretre  accuse  do  sorcellerie  ; 
mais  je  ne  crois  point  a  ces  bagatelles.  Delrio  n'en  a  quc  trop 
dit,  dem6mequeBodindanssa  Deinnnomnnic  ,  quoiqii'il  n'y 
crut  pas  lui-m^me  et  qu'il  soil  mort  jnif  (l  . 

Un  savant  Hollandois,  nomme  Martinus  Schoockius  ,  pro- 
fesseur  a  (ironingue  en  philosophic,  est  mort  die/  I'electenr 
de  Brandebourg,  oil  il  avoit  ete  appele  par  ce  prince  pour  y 
decrire  I'histoire  dn  pays.  II  a  fait  beancoup  de  livres  et  etoit 
fort  savant  en  diverges  sciences;  mais  il  etoit  grand  ennenii 
de  M.  Gronovins  ,  qui  est  aujourd'hui  le  dortenr  de  Leyde  le 
phis  eminent.  Ce  Martin  Schoockius  est  celni  (jni  avoit  rent 
entre  plusienrs  traites  nn  de  I'aversion  (|iie  plusieurs  out  pour 
le  fro  mage  ,  nn  traite  de  la  biere  qu'il  m'avoit  dedi*'1,  et  nn  de 
la  fermentation. 

II  fait  ici  fortchaud,  mais  il  y  a  pen  de  rnalades;  la  raison 
en  est  dans  Hippocrate  ;  c'est  qtie  les  saisons  sont  eumme 
elles  doivent  etre  qnand  il  fait  bon  etc  ;  car  alors  il  n'y  a  \>>^ 
de  dere^lement  des  saisons  qui  cause  bien  des  maladies. 

Deux  voleurs  d'eglise  et  de  saints-ciboires  out  ete  cc  matin 
condamnes  an  (Platelet  a  avoir  le  poirig  coupe  et  rtre  brnlrs 
tout  vifs  ,  ce(jui  a  ete  execute  aujourd'hui.  Je  suis  ,  etc. 

DC  Paris,  le  27  juillol  16G8. 

(1)  Cot  ouvrn^c  do  Hodin  rst  rn  cffcf  rornpli  <lc  prrjii^t'"*  c(  tic  MI- 
porslilions  ridicules  ;  ee  qui  est  d'autant  ]>lus  rtoiuinnt  (juc  I'autciii 
iravait  (jut1  dcs  principes  roli.^ionv  lies  rcMchcs  ,  hicn  ipril  in-  «oii  pas 
mort  jnif  ainsi  epic  le  dit  noire  autetir.  O  ineiiie  Hodin  e-t  I'.inlriir  d'tm 
livre  intiliile  In  Republique,  on  1'on  pretend  quo  .  Montesquieu  a  pris  oe 
•lu'il  a  dil  des  oliin.ils  ;  inai>  l>odin,  lui-iiiome  ,  n'a  fait  »pio  r<-|icl<  r,  ol 
souvenl  fort  inal  ,  los  ideos  d'Hippocrato  sur  ce  <njct.  \  Oy<  /.  le  Trui  it- 
tie  I'air,  des  eau.r  cl  des  lieu.r  ,  dans  le->  OKuvres  completes  d'llij>i>n- 
rratc,  par  M.  Litlre  ,  Paris,  1810,  t.  II  ,  pai;.  l~2.  \{.  I'. 


LKTTIIK  DCCIAXI.  --   An 

11  y  a  ici  bien  des  gens  qui  parlent  d'uno  nouvelle  guerre; 
mais  j.1  crois  que  c'estqu'ils  la  desirent,  et  qu'ils  s'ennuient 
deja  de  la  paix  ;  car  autrement  il  n'y  a  nulle  appareuce. 

II  est  ici  niort  ee  matin  un  vieux  marcliarul  de  grande  repu- 
tation, age  de  presde  quatre-vingts  ans  ,  nomrne  Kobert  Po- 
qiielin  ,  et  apres-midi  on  a  mis  un  tableau  a  la  croix  tin 
Trahoir  pour  Imit  Norrnands  qui  out  fait  un  vol  insigne  de 
28,000  livres  enlre  Coutances  et  Caen;  ils  sont  condamnes 
coninu',  insignes  voieurs  a  etre  rompus  tout  vit's  ,  niais  ils  ne 
I'ont  ete  (ju'en  peinturo. 

On  parle  de  M.  le  prince  pour  etre  roi  de  Pologne;  mais  le 
grand-due  de  Moscovie  demande  la  eouronne  pour  son  fils 
aine.  qui  sera  queltjuc  jour  grand-due,  et  en  cas  de  cette 
election  ,  il  ollVe  de  se  fa  ire  catholique  romain. 

11  y  a  de  la  peste  a  Rouen  en  sept  maisons  ,  et  en  qualre  a 
lu.'ims;  il  n'y  en  a  plus  ii  Soissons.  On  parle  aussi  du  due  de 
Xeubourg  pour  roi  de  Pologne  ,  et  du  prince  de  Hade-liaden. 

La  tjucrelle  des  jansenistes  et  des  jesuites  continue  ton  jours ; 
mais  ceux-ci  ne  peuvcnt  venir  a  boot  de  fa  ire  condanmer  les 
(|iiatre  cve(]iies.  On  (lit  (jue  M.  1'evequo  de  Beauvais,  <[iii  est 
eomle  et  pair  de  France,  ne  ])cut  etre  condamne  a  liome.  11 
n'y  a  que  MM.  du  parleinent  qui  puissent  lui  fain1  son  proces. 
II  y  a  un  livre  nouveau  contn;  les  jesuites  intitule  :  Ln  titeoloyii.' 
I//U/-/I//'  dr.*  /V;,sv///i"x  ,  in~quarto;  on  1'imprime  en  divers  endroits 
in-octaYo  et  in-dou/e.  ,)(!  YOUS  baise  Ires  Immblement  les 
mains,  et  stiis  de  lout  mon  cirur  Yotre,  etc. 

De  Paris,  le  4  aout  IWiS. 


LKTTlli;  IH:CLXXII.          AH  rnhne. 

11   y  a\'i)it  ici   un   medccin  <pii   ctoit  Ycnu  d'Amiens   tout 
exprcs  pour  fain-,  fortune  ici .  et  qui  avoit  de  grands  secrets 


v  i  \I.CU.\K  i.  «>SI 

ilc  la  belle  ehimie,  a  cequ'il  disoit  ,  (jui  est  murl  iei  en  deux 
lieures  d'une  line  el  forte  apoplexie.  Le  medecin  s'appeloit 
du  Moulin  ,  grand  charlatan  el  fort  aflame  C'est  dominate 
<ju'il  soil  mort  pour  lui-meme  et  pour  les  siens.  Ilsii  vanloit 
d'avoir  un  certain  sirop  de  mars,  avee  lequel  it  promettuit 
des  merveilles  et  vendoitdes  pilules  a  qui  il  pouvoit. 

l"n  des  notres,  nomine  Antoine  Huflin,  s'e>l  fait  cliartieux. 
Les  cliartreux  et  les  capucins  sont  los  deux  espeees  de  moines 
que  j'aime  le  mieux.  Us  ne  se  melent  point  des  affaires  du 
monde.  On  ne  les  voit  point  an  palais,  et  je  n'entends  per- 
sonne  qui  se  plaigne  d'eux.  M.  Sequin,  medecin  de  la  feue 
I'eine-mere  Anne  d'Aulriclie,  s'est  fait  pretre  pour  le  saint 
de  son  ame.  L'ondit  (ju'il  s'en  va  anssi  renoncer  a  la  Facultr. 
11  a  les  mains  Cannes  ;  il  ne  sort  pas  de  la  ,  eomme  l>elisaire, 
les  mains  vides.  11  a  de  bons  bent'lioes  el  bien  de  1'aryent. 
J'rd'niiwn  tacitwnitatis  <•{  fi  del  it  at  is. 

In  hac.  tti'fjc'  noatrn  pnfjiilftrftei' nunc  yrasmtln/' effect  us  (juidum 
niflliynus ,  scfl  nondwn  pestilcns  <~t  conffu/iusua^  (h/scntci'in  c( 
mcsenterica,  et  hcpa/ica,  quo.' ran?  section? ,  wfi'iyci'iintiuin  ?t 
Icniter  astrinyentium  /<*it  indiyet  et  bl<iHdiin'ilms  cntlmrtiris: 
dicoiH  vert)  ,  et  di/scntci'ia,  intestinontm  (iffrrti/s  febrilis^  /'/•'•- 
qucntibus  indiget  enemuti* ,  ted  refriyenmtibas  <\r 
ccntinodia  ,  et<".  \  <de. 

DC  Paris,  Ic  28  aout  1GG8. 


LETTKE  DCCIAXIII.         .\n 

On  parle  d'une  ambassade  du  grand-due  de  Moseovie.  Le 
roipartirale  ISseptembre  pourCMiambord,  quiest  unemaison 
royale  pres  de  Hlois.  M.  de  (luenegaud  ,  secretaire  d'Ktat  .  a 
reeu  ordre  de  se  defaire  dt1  sa  charge.  On  eroit  <pie  e'e»t  jio-.n1 
M.  Colbert ,  qui  est  aujourd  liui  ,  ce  -2  septembre  ,  /'  /irmn'/n. 
el  toiit-a-fait  dans  le  credit.  Ondit  que  lui  seul  fait  tout ,  et  q  nil 
va  fa  ire  trois  nouveaux  tresoriers  de  I'epargne  ,  de  nouveaux 
inleiulanl>  de  linances  et  de  nouveaux  ^ri  fliers  du  con>eil. 


()82  LETTKES   DE    GUI    I'ATIN 

i\ous  avons  ici  un  ibrt  savant  hommc,  de  condition  ct  de 
probite,  qui  a  presque  acbevela  vie  d'Erasme,  etpar  la  vous 
voyez  qu'il  y  a  encore  d'bonnetcs  gens  au  monde  qui  cherissent 
la  vertu.  il  y  a  200  ans  qu'il  etoiten  nonrrice,  car  il  naqnit 
Tan  H67,  et  a  mon  gre  ,  il  a  ete  dans  le  cliristianisme  le  plus 
bel  esprit  apres  Saint-Augustin  et  Saint-Thomas-d'Aqnin  , 
n'en  deplaise  a  quelques moines qui  nel'aiment  point ,  parce 
qu'il  les  a  trop  decries  et  trop  bien  depeints. 

II  n'y  a  point  ic:  de  tnalades ,  sinon  quelques  dysenteries. 
Pour  de  la  peste,  il  n'y  en  a  point  du  tout,  Celles  de  Bruxelles 
et  de  Bouen  out  fait  grand  bruit,  mais,  par  la  grace  de  Dieu, 
guere  de  mat.  Je  vous  avertis  que  je  n'ai  point  recu  le  livre 
de  M.  Bonet ,  medecin  de  Geneve ,  que  31  Spon  vous  avoit 
delivre  pour  moi.  Un  dit  qu'il  y  a  un  certain  abbe  qui  com- 
pose la  vie  du  cardinal  Mazarin.  S'il  decouvro  tons  seslarcins 
et  ses  tromperies,  il  faudra  plusieurs  volumes.. 

J'ai  eu  de  bonnes  lettres  d'Allemagne;  j'y  apprends  (pie 
mon  cher  His  Carol  us  s'y  divertit  en  voyageant  et  visitant  les 
honnetes  gens.  II  a  depuis  peu  etc 'a  Francfort ,  ou  notre  bon 
ami  M.  Schelfer  I'a  tres  bien  recu,  ainsi  que  M.  Lotichius, 
M.  Ilurstius  et  autres  gens  de  lettres.  On  m'ecrit  (ju'il  ne  fait 
(|u'('tudier,  et  t|u'il  ne  s'al'flige  point  trop  d'avoir  (juitte  son 
pays.  Xeritt'us  tine  r/'iiitinc  ririr .  L'electeur  Palatin  lui  vent 
beaucoup  de  bien ,  et  1'invite  deux  fois  la  sernaine  a  diner 
avec  lui,  et  le  fait  appeler  a  tons  les  divertissements  de  la  cour. 
II  s'est  meine  oll'erl  d't'crire  au  roi  en  sa  favour;  mais  Carolus 
est  un  sto'Hjue  (jui  dit  ne  vouloir  son  retour  a  person  ne,  qu'au 
roi :  c'est  un  prince  sage ,  dit-il ;  on  m'a  persecute  en  son  norn  ; 
il  me  (era  revenir  quand  il  voudra.  Si  cela  n'arrive  pas,  je 
dirai  avec  Cujas  et  quelt|ues  autres:  0  inywda patria ,  noit 
luihcbit  HUSH  nii'ti.  J'ai  bien  plus  d'envie  de  le  voir  <ju'il  n'en  a  de 
Mourner.  Mon  DitMi ,  <|uand  sera-ce?  Je  vous  baisc  les  mains, 
et  snis  ile  tout  mon  co'iir  votrc;,  etc. 

!><•  I'aris,  Ic  i:j  septemhrc  l«(iS. 


A  FALCONET  f>83 

LETTRE  DCCLXXIV.  --  AH  mime. 

Le  roi  est  encore  a  Cbambord  ,  ce  18  octobre,  mais,  on  (lit 
c|u'il  serade  retour  a  Saint-dermain  le  23  de  co  mois.  On  (lit 
(jue  1'atfaire  des  jansenistes  est  terminee  malgre  tout  lo  credit 
dos  jesuites  ,  puisque  lo  pape  et  lo  roi  1'ont  ainsi  desire1,  dont 
les  bons  peres  sont  fort  en  colere.  M.  Arnault)  a  vu  le  nonce 
du  pape,  qni  lui  a  fait  grand  accueil ,  et  lui  a  promis  incr- 
veilles  ;  mais  le  pere  Annat  est  fort  mal  content  de  cet  accord, 
qui  s'est  fait  sans  conseil ,  et  meme  sans  son  consentement. 

Madame  la  dtichesse  d'Engbien  est  accouebee  d'un  second 
Ills.  Voila  la  maison  royale  ,  et  en  particulier  celle  de  M.  le 
Prince  fortifieo  d'nne  tete. 

^1.  Colbert  a  fait  arreter  prisonnier  un  de  ses  principaux 
comnn's,  nomme  J\f.  Dcschiens,  et  1'a  fait  metier  a  la  Hastille, 
mais  on  n'en  sait  pas  encore  les  raisons.  I.es  grands  sont  su- 
jets  a  ^tretrompes,  et  d'etre  infulelement  servis  :  hm-i  intnr 
i't  nu)'i  color  nntltas  hvb<n\t  illccebrns  <nl  pewnndum  :  \\  avoit 
autrefois  depose  centre  M.  Fouijuet ,  qui  avoit  ('-tr  son  mai- 
tre.  M.  Koulier  le  jeune  ,  niaitro  des  requetes,  a  (ce-20oc- 
tobre)  la  commission  de  lui  fa  ire  son  procos,  et  a  dejit  com- 
mence de  1'interroger. 

M.  le  marecbal  de  Turenne  s'est  enfin  convert!:  il  a  abjure 
son  heresie  dans  Notre-Dame,  entre  les  mains  de  M.  larcbc- 
vei|ue  de  Paris.  On  dit  qu'il  deviendraconne'table,  t'tqu'il  s(> 
remariera,  car  il  esl  veuf  de  la  lille  de  M.  It1  due  de  la  Force; 
c'est  un  excellent  boinme,  et  (|ui  est  aime  tie  tout  le  monde. 
M.  le  due  tie  Verneuil,  age  de  soixante-buit  ans.  ricbe  de 
]>lusieurs  bonnes  abbayes,  sera  entin  marie  ii  la  lilli^  de  M.  le 
cbancelier,  <|iii  est  veuve  de  feu  M.  de  Stilly.  Ku  tout  Age 
on  fait  des  fautes,  mais  ce  n'est  pas  a  nous  de  Irs  examiner. 
Le  roi  a  nujourd'lmi  (ce  23  octobre  '  rendu  une  visito  ecla- 
tante  a  M.  Colbert ;  il  avoit  tons  ses  gardes  avec  I'ejWv  nur. 
On  dit  (jue  M.  Colbert  a  ,  ce  ->4  (K'tobre,  la  goutte  et  un  pen 


(iSf  i.i-/mU'>  ui;  <;i  i  I-ATIN 

de  dysenteric;  e'est  qne  sa  tele  travaille  Irop.  II  y  a  plusieurs 
grosses  depositions  centre  ce  M.  Ueschiens,  qui  le  pourront 
aceabler;  il  est  si  riche  qu'il  a  fait  cnvic  :  cifo  <ln:cs  vat  cs( 
ini(/HH!* ,  re/  nmjiii  htsrcs. 

31.  le  cardinal  Aiitoiue,  grand  aumonier  de France,  et  ar- 
cheveque  de  Keinis,  est  ici  attendu  pources  fetes  procbaines 
pour  sacrer  3f.  1'abbe  le  Tellier,  qui  est  coadjuteur  de  Reims. 
(In  dit  (pie  it;  roi  donnera  an  roi  de  Pologne,  (-asimir,  les 
benefices  tie  31.  de  Verneuil.  Le  roi  sera  ici  le  7  noveinbre.  Je 
vous  baise  les  mains ,  et  suis  de  tout  mon  ca'iir  votre  ,  etc. 

De  Paris,  le  '2  novcmbre  1068. 


LETTKK  DCCLXXV.  —  A 

Je  vous  remercie  de  la  votre  que  je  viens  de  recevoir.  I)i- 
nianche  prochain,  31.  le  Tellier  sera  sacre  en  Sorbonne  pour 
coadjuteur  de  1'archeveque  dt;  Heinis  ,  par  31.  le  ii'raiid  aumo- 
nier. 1*011:' 31.  de  Turenne,les  huguenots,  (\u\  sont  en  peine  du 
motii'de  sa  conversion,  demandent  en  riant,  si ,  en  qualite  de 
calholi<pie  roinain  ,  il  trouve  le  \  in  meilleur  qu'auparavant. 
11s  sont  pourtant  bien  fach(;s  de  ce  chaiigement.  Je  suis  bien 
aise  d'apprendre  que  31.  de  Lorine  soil  votre  voisin  a  Lyon,  et 
(|ue  31.  votre  lils  le  lrequente,carje  me  persuade  qu'il  lui  aura 
1'ait  part  de  quelques  belles  connoissances ,  mais  je  le  prie 
(jii'il  ne  se  laisse  point  emporter  a  ses  hyperboles,  quand  il 
s'agira  de  1'antinioine.  Je  sais  bien  qu'il  purge  beaucoup.  ot 
ineme  ti'oj).  11  purge  souvent  le  corps  et  Tame  en  meme 
temps.  11  doit  y  avoir  grande  difference  entre  un  homine 
sage  et  un  charlatan.  Vous  save/  quo  1'on  ne  pent  proceder 
et  aller  trop  sunMiient  en  besogne  quand  il  est  question  de 
purger  les  corps  malades  ,  principaleineiit  ii  Paris,  oil  les 
corps  sont  merveilleusement  delicats.  Aos  remedes  doux  y 
agisscnt  tout  autrement  et  bien  plus  surement  ip.ie  les  chimi- 


A    IAI.CONF.T.  08") 

ques.  Jo  vous  puis  juror  qu'ils  out  ici  pordu  lew  credit,  (luo- 
naut  ,  des  Fougerais,   Rainssant  sunt  en  plomb  ;  ceux  qui 
restt.'iit  do  la  cabale  sunt  etourdis  du  baloau.   \  al<:. 
L)e  Paris,  le  10  nuvcmbrc  1608. 


LETTKK  UCCLXXVI.  —  An 

Los  boulangers  dc  petits  pains  out  ici  un  gros  proe.es  conlro 
los  cabarotiers  ot  hoteliers.  Coux-ci  aeeusenl  los  boulangers 
do  Cairo  lour  pain  avec  do  la  levrire  do  bier.1,  ot  non  avoc  du 
franc  lovain  Los  cabarotiers  sont  accuses  do  f'relator  ot  mix- 
tionner  lour  vin.  C'est  M.  du  Lanrons,  consoillor  do  la  Brando 
ohainbro,  (jiii  est  lo  rapporteur  de  cc  prom.,  dans  lequel 
sont  aussi  enveloppes  plusiours  autros  cbofs ;  outre  quo  U-s 
charcutiers  y  sont  aussi  moles,  qui  sont  accuses  pour  lour 
sale.  Yoila  trois  metiers  do  1'ai'is  (jui  sont  bien  ochaull'fs  les 
mis  conlro  los  autres.  MM.  du  parlement  out  dojiute  six  nif- 
deeinsdo  notro  Facultedtisquelsje  suis  rancien;  MM.  Hrayor, 
Blondel,  Foraut ,  Courtois  et  Rainssant;  eo  dernier  est  tout 
joune,  et  n'cst  encore  yuere  capable  do  juger;  inais  e'est 
(ju'il  esl  inedecin  de  la  Conciergerie.  Nous  nous  asseinblo- 
rons  un  de  cos  jours  la-dessus,  et  lerons  lo  proces  a  cello 
lovure  de  biere  ,  qui  n'est  (ju'uno  vilaine  <'cuine. 

M.  1'abbo  lo  Tellier  a  otesaci1*:  en  Sorbonno  ,  pour  eoadju- 
leur  do  Hoiins,  par  M.  It1  cardinal  Antoine,  ^rand  auinonier 
do  Franco.  M.  A.  Ainauld,  docteur  de  Sorbonno ,  fait  ici  plu- 
siours  visiles  die/  ses  amis  en  Unite  liborte;  son  livro  contro 
le  ministre  (Claude  ost  sous  la  p rosso  Lo  roi  ira  bienl<)t  an  pa- 
lais  pour  ('extinction  ile  la  chainbro  do  justice,  a  la  reserve 
do  quelques  parliculiors  pour  la  suppression  do  plusiours  of- 
fices ,  ft  outre  autres  do  secretaire  du  roi.  M.  Dosoliiens  esl 
hors  de  prison  ,  et  a  pave  sa  taxe. 

M.  (lolbert  est  an  lit  de  la  youtto  :  le  roi  H  M.  le  due  d'Ur- 


(58G  LETTRES    DE   (.t"t   PATIN 

leans  lui  out  rendu  visile.  Je  vous  baise  les  mains,  et  suisdo 
toute  mon  atne  votrc  ,  etc. 
DC  I'aris,  Ic  13  siovembre  1668. 


LETTRE  DCCLXXVII.   —  Au  mhne. 

On  dit  quo  le  roi  viondra  an  parlement  le  8  do  fevrier,  et 
ce  pour  la  polette,  et  que  sur  la  fin  du  meme  mots,  il  partira 
d'ici  pour  un  voyage  de  Provence.  On  dit  (pi'il  nous  vient  ici 
de  la  part  du  Grand-Seigneur  unchiaoux.  Je  vous  envoie  avec 
la  present e  line  these  nouvelle  qui  n'est  point  mal  f'aite ,  et  que 
j'espere  qui  vous  agreera. 

Nous  avons  ici  perdu  depuis  pen  un  honnete  hommc , 
nomme  M.  Cramoisy,  age  de  quatre-vingt-qualre  ans,  (jui 
etoit  le  roi  des  libraires.  On  parle  fort  ici  des  amourettes  de 
la  eour  et  des  courtisans.  .ladis  tin  savant  Anglois,  nomme 
,/nannfs  Sarisberiensis ,  eveque  do  Ghartres,  lit  un  livre  da 
nitijis  Curiniium;  s'il  vivoit  aujourd'liui ,  il  auroit  assez  de 
matiere  pour  en  faire  deux  autres  (l). 

On  dit  ([u'enfin  nous  perdrons  Candle ,  fanfa  full  iynavia 
ntqtd'  sociii'dia  corunt  qiifinii/t  interest.  Les  Turcs  se  mo(|ueront 
de  nous,  et  nous  pilleront  ;  et  puis  sera  vrai  ce  qu'a  dit  Clau- 
dien  in.  Ruffimun  ,  lib.  2.  Mais  n'ont  ils  pas  raison.  puisiju'on 
les  laisse  faire?  (it-.ticix  fcuroixi.  cafcrfis  ludihriu  imt'da'qw 
(lutur. 

Knlin  le  roi  accorde  la  polette  a  AIM.  du  parlement  et  a 
plusieurs  autres  officicrs ,  hormis  a  MM.  les  tresoriers  de 
France,  et  aux  deux  parlements  de  Bretagne  et  de  Met/; 
mais  elle  n'est  accordee  qu'avec  beaucoup  de  restriction,  etc., 
et  pour  troisans  seulement ,  apres  lesquels  le  roi  ne  veut  plus 
qu'il  y  ait  de  polette.  Je  vous  baise  tres  bumblement  les 
mains,  el  suis  de  toute  mon  ame  votre,  etc. 

DC  l'ari>  .  lo  0  fevrier  1669. 


I    \  oyex  la  note  ci-dessus,  pay.  3-21. 


A  FALCONET.  687 

LETTKE  DCCLXXYIll    .I//  m,-mc. 

IMusicurs  ofiicicrs  tremblent  ici  de  peur,  latite  de  la  polrtte 
que  Ton  attend  de  la  bonte  du  rui.  On  parle  ici  d'une  nou- 
velle  guerre  entre  1'empereur  d'Allemagne et  le  grand-due  de 
Moscovie,  centre  les  Turcs.  L'epigramme  latino  quo  vous 
avez  trouveedans  ma  derniere,  AniitrYwnnis,  a  pour  auteur 
Stc'i>li.  Itac/tot,  i/K-il.  df  /*flm(l),  surun  ecuyer  du  comte  de 
Cursol,  qui,  de  regret  de  n'avoir  pas  ete  correspondu  en 
amour,  d'une  demoiselle  qu'il  aimoit,  se  poignarda  devant 
elle;  il  n'est  pourtant  pas  encore  inort :  s'il  en  ineurt,  on  le 

(1)  Cet  Etienne  Vackol  elait  un  medecin  aussi  cclebre  par  son  aa- 
voir  quc  par  son  espril  et  son  uicrite  litterairc.  Sos  eiii^ramuies  la- 
lincs  lui  lircnt  .surtout  une  Brando  reputation.  II  elait  nii  a  Scn- 
cl  il  niourul  a  Paris  le  18  niai  1(188 ,  a^e  de  qualrc->iii(;l»  an>.  II  a  pu- 
blic beaucoup  d'ouvrajjes  et  des  theses  as»ez  oiuieu.-e-.  Nou-  nVii  ci- 
lerons  quo  les  sui\  anles  : 

En  ne  medicus  pltilosophus  la-Jh'^  ?  Allinn.  Kii»>. 

An  pair  um  in  natos  uiteant  semine  mores?  Alfinn.   IG'i'J 

An  Yenus  liystericis  ?  Allinn. 

Celte  derniere  these  fit  scandale  ;  on  n'osa  la  soulenir  aux  eeoles. 
Kile  ful  imprimec  en  107i. 

Son  ouvrajjc  ayant  pour  litre  :  Apologie  on  defense  pour  let  $iii<jne? 
contre  lescalomniateurs,  I'aris,  Ki'ifi,  in-12,  lit  sensation  d;m>  le  temp-, 
niais  l'ouvraj;e  le  plus  rcmarquablc  de  Hachot  est  celui  qui  porle  c<- 
litre  :  Purenja  sea  hora1  sitbicesiva- ,  I'aris  KiS<»,  in-12.  C/c-t  un  nruei! 
de  poesies  latines  ,  aujourd'liui  lies  rare.  L 'auteur  le  dedia  a  i^oui- 
JJouclierat ,  chancelier  el  j'.arde  des  >ceau\.  Uaeliol  «le>inl  de-  lor- 
celebie.  Uenserade  lui  adressa  une  epiijramine  qui  eonuncnce  par  i%e» 
vers  • 

GiauJ  [>oi:U:  ft  i;rai;il  mcilcciu  , 
(x)uci  j;cuii;  t-st  «'-^ul  .ui  \,',tn-  ? 

Charpentier  va  phis  loin  .  il  s'ecrie : 


H.  I1 


(JSS  I.KTl'UKS    DK    <-li    PATIN 

meltra  d:ins  la  oonl'rerie  do  cos  amouretix  tons  dont  parlo 
Viryile,  6  Kneid.  en  cos  boanx  mots  : 

I'ro.riina  delude  latent  mcasli  /oca,  qui  sibi  Icthum, 
Insontes  pepcrere  manu ,  lucemque  perosi, 
I'rojeccre  animas  :  quam  vellent  (('there  in  alto  , 
Nunc  ct  pauperiem  cl  dnros  perfcrre  laborer. 

Madame  d'Eguillon  ,  niece  du  cardinal  do  Richelieu  ,  faisoit 
travailler  sur  ses  Memoires  un  jesuite,  nomine  le  pore  le  Moine, 
pour  prouver  a  la  posterite  lo  credit  que  ce  t'avori  avoit  eu 
sur  1'esprit  du  roi.  Le  premier  tome  otoit  sous  la  |)rt'sso  ,  (jui 
out  ote  bientot  suivi  du  second,  mais  on  a  change  d'avis,  et 
on  a  tout-a-t'ait  quitte  la  besogne.  Madame  d'Eguillon  payoit 
I ,.")()()  livres  par  an  pour  la  pension  cludit  ])ere  et  do  celui  <|ui 
('•crivoit  sous  lui.  Kst-ce  <|u'il  falloit  un  josuite  pour  ecriro 
riiistoire  d'un  cardinal?  ou  p  In  tot  n'ost-ce  point  quo  les 
bons  pores  passoiins  no  so  voiont  guore  plus  en  credit,  ot 
qu'ils  ne  pourroienthonnotemont  soutenir  lantde  mensonges 
et  do  (latteries  qui  seront  la  ? 

I'lusieurs  Francois  revionnent  do  (landie,  ot  outre  autres 
M.  le  comto  do  Saint-Paul  etM.  le  due  do  Rouennois.  Jo  vous 
baisi!  los  mains  ,  et  suis  do  tout  mon  canir  vutre,  etc. 

l)c  Paris,  le  22  fevricr  1GG9. 


LKTTKK  nCCIAMX.   .\><  iwrnc. 

La  |>auvrott''  t>t  la  [xilotto  I'ont  belle  pom1  a  bien  du  mondo, 
ot  on  empoehcnt  bien  do  dormir  a  lour  aiso.  Jamais  lo  mondo 
no  Cut  si  pauvro  ni  si  miserable  do  momoiro  d'liomme,  ot 
iicaninoins  la  villo  ost  ploine  do  f'ous  <jui  couront  los  rues 
euiimiedes  coi'ybantos  masipies  ot  non  masques,  tandis  (pie 
Ics  ^ciis  de  bien  prient  Mien  dans  lest'^lisos,  on  son!  caclies 


A    FALCONET.  f»K<) 

•I  in-  IPS  maisons.  On  se  plaint  ici  tout  haul  <li>  la  misere  tin 
temps  ;  mais  it  y  en  a  bien  plus  qni  nesavent  comment  sen 
meltre  a  convert.  Pour  nioi ,  j'ai  toute  ma  vie  pn'sente  a  Dieu 
la  reqtiete  de  Salomon,  (ju'il  ne  me  donnat  ni  pauvrete  ni 
richesse,  inais  je  tremhle  quand  je  vois  tant  de  desordres. 

I'n  honnSle  liomme  m'a  dit  aujonrd'hui  que  monseigneiir 
le  dauphin  apprend  merveilleusement  bien,  qu'il  est  fort 
Dentil  ,  et  qn'il  sera  quelque  jour  bien  savant.  Dieu  Ini 
fasse  la  grace  de  passer  Louis  IX  en  sainlete,  Louis  XII  en 
probite,  ct  Henri  IV,  son  bisaieul,en  vaillance,  en  bonteelon 
raison ,  pour  ne  pas  dire  son  prop  re  pere,  noire  bon  roi 
Louis  XI\r  en  tout.  Les  pt>res  de  la  societesont  ici  fort  liumi- 
lies:  les  jansenistes  out  remonte  sur  leur  bete  l>t>pnis  mi 
mois  en  c,Ji ,  plusieurs  ouvriers  out  travaille  a  I'dicr  It;  livre 
de  M.  A.  Arnanld  contre  M.  Claude,  ministre  de  (lliarenton. 
II  en  a  presente  un  au  roi,  et  apres  aux  grands  de  1'Ktat. 
Anjourd'hui  on  en  promet  la  vente  dans  j>eu  de  joirrs.  On 
dit  que  le  ministre  Claude  a  promis  de  se  rend  re  calholique , 
et  d'aller  ii  la  messe  comme  M.  de  Turenne,  si  on  pent  Ini 
repondre  a  deux  objections  qu'il  a  I'ailes  dans  son  livre,  et 
surtout  il  pretend  qu'il  y  a  eu  changemenl  de  doctrine  en- 
viron le  xe  siecle. 

Enfin  nous  avons  passe  la  tele  des  tons.  Les  jours  grassonl 
passes,  le  careme  est  venu,  et  pint  a  Dieu  (ju'il  s'en  fut  aussi 
alle.  Le  bruit  court  deja  qn'on  a  talt-  le  poids  an  ministre 
Claude,  et  qu'il  branle  au  manclie.  Vous  save/,  bien  (ju'il  y  a 
divers  moyens  desquels  Dieu  se  sert  pour  attirer  a  s<ii  les 
hommes ;  la  vertu  des  ministi'es  n'est  pas  plus  a  rr-pi'dive  <jue 
celle  des  peres  de  la  societe,  qui  n'en  rel'usent  <pie  le  moins 
(jii'ils  peuvent,  ni  les  capucins  non  plus.  Le  /'/»/«*  d' A risto- 
j)hane  est  un  Dieu  <pii  est  aujdurd'lmi  fort  invo(|iie  dans  ce 
siei^le.  Je  suis,  etc. 

!><>  I'jiris,  lo  S  mars  1(W>. 


(,((()  I.KTTHKS    DK    '.  II    PATIN 

LETTHK  IMICLXXX.         .\n  im>im-. 

Dopnis  le  9  mars  ,  j'apprewls  que  pen  do  gens  esperenl  la 
poll-tit1  ,  bicii  quo  plusieurs  la  souhaitent. 

J';»i  vu  anjoiird'hui,  en  consultation  avec  MM.  Braver  el 
Morean  ,  ;in  joune  lionnne  do  Lyon  ,  Ills  d'un  riclie  mar~ 
cliaild  nomine  M.  Beli,  Irilitii'tit  /nft'/ti/ici'/c  ctiliila  <•/  siccu  L'is- 
i'1'i'uin  cum  muni  iti'tiff  sicritate  pulmoiiis  :  f  /////•<,  ^//f/i/s/m  nnif 
ti'ttntcm  ,  iniii  ntnitiu  it/l/ii  vifffiifn/1  />i<'/>t<'iifl<i. 

La  cour  va  p  rend  re  le  deuil  pour  un  inois  a  cause  do  la 
rnorl  do  la  princosse  d'Inspruek,  parenlo  du  roi  el  do  la 
reine;  elle  otoit  dans  1'age  do  troize  ans.  d<'  xtcnnnttte  Aw- 
Inin-i}. 

Xoiivolle  ost  arrivoo  d'Espagno  quo  lo  petit  roi  s'y  purto 
nioins  inal  ,  il  no  pisse  plus  do  sang  ,  il  ost  ponrlanl  hion  I'oi- 
hlo,  <»•  rifi-fi/'  rfil<>linl!nix.  Bon  Dion  !  quo  nous  vorrions  dc 
roinueinents  et  dc  ohangements  en  Europe  ,  si  re  petit  prinoo 
mouroit  !  il  y  en  a  doja  asso/.. 

On  no  parle  ioi  ([no  du  livro  do  M.  Arnauld,  doolenr  do 
Sorbonno  ,  qui  osl  un  gi'os  in-qnarlo  bit-it  iinprinit'-,  (jnc  I'oi: 
vend  10  livros  tout  volit'-;  inais  taut  dt-  gons  on  aoliotonl  qnr 
Ton  in1  pout  t'ournir  d'on  relior;  ils  dist'iit  (jii'il  on  out  \endii 
K.MK)  doji'i,  ot  (juo  Ton  fait  uiiiMiutro  t'-diliou. 

On  dit  aussi  qu'oD  a  talt-  lo  [)onls  dt;  la  bonne  sorto  an  ini- 
nisti'o,  ('laudo,  t!t  (jn'il  branlo  dans  lo  inanclio.  Si  nous 
pouvons  voir  nno.  I'ois  co  ininistro  convert!  ,  cola  iora  un  hor- 
rible scandalt1  an  parti  huguenot,  ot  noamnoins  t't-la  poul 
arriver  ;  car  il  y  a  Ijion  dos  gens  an  inonde,  i/ni  /"/'•///  ri'im/i'm 
linlit'iil  ,  i'l  ijinhiix  in/mini*  iii>:lur  i'sl  iiiiiinntin  //>sr  (\j. 

On  dit  quo  M.  le  due  dc  CJie\  reuse,  gendro  do  M.  (lolherl, 
s'en  va  etre  grand  inailre  de  rarlillorio  a  la  place  do  M.  le  due 
Mii/arin  .  qui  lui  vend  sa  charge.  \ous  no  voiis  otonnertv  p;ts 
cos  ehangcinonts  qni  arri\eDl  dans  le  nionde  .  /-//////,// 


e   ons  c 


A  FAUIONET.  (;<u 

in  rebus  mortal  win  tnm  ticrfftli  t/wn/i  c.tf*ii*t  iitratmjw  fin  >> 
fniyiitam,  ea.  /ViWo. 

On  dit  que  AI.  de  Lnynes,  pure  de  re  gendre  de  M.  Colberf , 
s'en  va  6tre  gouverneur  do  liuyenue. 

Dans  pen  do  jours  nous  aurons  nne  nonvelle  these  dp 
AI.  Blondel ,  a  laquelie  il  president  bientot.  Je  vous  I  enverrai 
avec  celle  de  AI.  (i.  Preaux  ,  '(»•  Xuntn<i. 

Le  roi  s'en  va  passer  I'ete  tout  en  tier  a  Saint-dennain.  on 
Ton  fait  bfttir  quantite  de  belles  inaisons ,  atin  que  la  rour. 
qui  est  fortgrosse,  y  puisse  commodenient  lo^er.  l>(»in  Jean 
est  entreavec  4()0  clievanx  dans  .Madrid,  et  a  oblige  la  renie 
d  Espagne  de  cliasser  le  I*.  Nitard,  son  con  lessen  r,  <|iii  etoit 
jtisuite ,  et  de  I'envoyer,  ///  ti-ni-hrtt*  i-.r/t-rnn-rs .  liors  de  s«-s 
royaumes,  en  Italie  ou  en  Alleina^ne. 

Je  vous  baise  tres  hunibleinent  les  mains,  cl  snis  de  lont 
inon  ctjeur  votre  ,  etc. 

De  Paris,  le  19  mars  16W». 


LKTTI;K  DCCLXXXI.  -•  .u  «<««'.•. 

Knfin  la  polelte  est-arrivee  pour  plusieurs  ol'licieix  .  mais 
avec  d'asse/  ( In  res  conditions.  II  y  en  a  plusieurs  an  I  res  qui 
n'y  sont  pas  sonnn's ;  c'est  qn'il  n'a  pas  plu  an  Sainl-Ksju-il  in 
an  roi.  1'lusienrs  se  plai^nent  ici  .  el  les  inedeeins  au>si  ,  vu 
(jii'il  n'y  a  ni  inalades  ni  ardent.  II  n'y  a  phis  ipic  Irs  mine 
diens  qni  ga^nent  an  /'///•////<•  de  Muliere:  lirand  niunde  \  va 
-onvent.  II  ne  s'en  I'aiit  pas  etunner  ,  il  ny  a  j'n-n  qni  res- 
seinble  lanl  a  la  vie  hninaine  qne  !a  c(»ine<iie  i  I  . 

1}  Cettc  pieci1  till  doimer  en  U'.tiT  pom  la  prcniKTr  \»i* ,  d  1 1-  n  n. 
poinail   las.-iT  la  ciiiio.-ilc  tin  piiblir.   On    K  in.  i  i|ii<  i.i  .jur  (n:i  I'.rm 
Ci-t   finu'ini   coiislanl   <!••$  laii\  <|CM)!-.    nc  dil  poinl   ocpciitlaitl   ipi'il  a 
MI  rrllc  rclchrc  coined i(- .  i!  n'<  n  p;ii  !c  «pi.'  d'aprr-  lc-  1>1  ;nl  pnMu-     !<•> 
ini»'in-  dcs  iiu-derins  avaidil  ,iloi-  inn-    *i<\(>-  d'.m-frrili-    pnrlirnlitTi1. 

It.   I'. 


f,<)l2  I,  KIT  II KS    UK    (.ri    I'MI.X 

La  cour  dos  momioios  otoit  exceptoo  de  la  pole-tie  ;  mais 
aiijotinriiui  on  dit  qu'ils  out  assurance  de  1'avoir.  M.  le  comle 
do  Saint-Paul  a  ecrit  do  Malto  au  roi  qu'il  y  aole  bien  malade, 
t-t  ((ii'ii  en  e>t ,  Dion  morei ,  heureusement  echappe  avec  1'aide 
de  son  medeoin  ,  qui  on  a  on  grand  soin  ;  c'est  M.  Tullier, 
medecin  de  Paris.  M.  le  Cotnte  so,  met  on  ('tat  de  rovonir 
a  Homo,  do  voir  toute  1'Italie.  ot  de  s'on  rovenir  on  Franco 
par  le  pays  dos  Suisses,  on  il  passera  a  Nenl'cliatel  .  dont  il 
ost  soiiiiituir,  ot  de  la  par  la  Bourgogne  a  Paris,  oil  il  ost  Corf 
attondn  d(i  madame  sa  mere  ot  antres.  C,o  prince  ost  bien  spi  - 
ritnol  ot  on  Ixinno  reputation  ;  il  ost  le  oadet  do  M.  do  Lon- 
^novillo,  (|ni  ost  tout-a-t'ait  dans  la  devotion  ,  et  qni  ci-devant 
s'etoit  fait  jesnite,  mais  cettc  onvie  lui  a  clianije.  l*n  vionx 
nit'-doi  in  liii^nonot,  nomine  M.  dn  Four,  age  de  soixante-dix- 
linit  ans ,  ost  mort  do|)iiis  pen  do  jonrs.  II  avoit  et»;  lon<^-- 
temps  a  Ion  M.  do  Veixlomo;  pnis  s'etoit  retire  ii  lilois  sa 
patrio;  onlin  .  etanl  revoim  a  Paris,  il  y  est  mort  aveo  nno 
prise  de  vin  (Miietique  (pi'nn  badin  Ini  donna  fort  inal  a 
propos,  car  il  n'y  avoit  ancnne  indication;  son  mal  I'loit  nno 
excoriation  <lo  la  vossie .  dont  il  m'avoit  anlrofois  domandt'1 
mon  avis.  ,le  vons  prie  do  lo  dire  a  M.  Spon ;  jo  crois  qn'ils 
t'-toient  amis.  Je  vons  enverrai  snr  la  iin  dn  caiV'ino  los  theses 
(|iio  je  vons  ai  dostini'os  et  qnolques  auti'os  nonveantes. 

On  parlo  ici  d'une  nonvelle  reformation  pour  los  rentes  do 
I  llotel-do-\  ille ;  il  court  anssi  tin  petit  pormo  Irancais  in- 
titnlo  :  \'A)'i'tf'M-/ifin  //>'*  iiioiiif'ii.  Adieu,  monsieur,  el  con- 
sole/.-vous-en  :  le  monde  ost  si  foil,  (|irils  in1  sevont  jamai> 
liannis.  Je  suis  de  lout  mon  ('(our  volre  ,  etc. 

lt«-  I'jiris,  !e-2tl  mars  1  (><»'.». 


.lo  viens  d'apprendre  quo  M.  do  la  Have,  ambassador  do 
ranee  a  llonsianlinoplo .  on  csl  narli  .  ot  mi'll  vionl  do  la  a 


\  i  AI.O'.NKI.  Wi 

.Malic  y  prendre  M.  !»•  comte  de  Saint-l'aul  pour  s'en  revenir 
•MI  France. 

Le  roi  n'est  pas  content  cles  parlements  ,  et  outre  la  polette 
qui  ne  leur  est  guere  avantageuse  au  prix  qu'elle  leur  est 
aecordee  ,  on  prend  encore  le  clieinin  de  les  miner.  Yoila  qui 
fait  belle  peur  a  tuns  les  ot'liciers  du  parlement;  mais  outre 
ces  messieurs,  les  ot'liciers  des  cours  souveraines,  lous  les 
rnarchands  se  plaignent  fort  ici  de  ce  qu'il  y  a  peu  d'argent  et 
de  commerce.  On  ne  parle  plus  que  de  manufactures  nou- 
velles,  de  gros  impots  que  Ton  met  sur  les  marchandises 
etrangeres,  alin  qu'on  n'en  amene  j>lus. 

On  dit  que  le  due  de  Savoie  viendra  a  Paris  l'ete  prochain  , 
et  que  le  roi  lui  fera  une  fort  belle  et  somj)ttieuse  entree,  et 
qu'il  viendra  voir  le  camp  et  les  revues  que  le  roi  fait  dans  la 
campagne  (levers  Saint-Germain. 

Nous  avons  ici  un  des  not  res  ,  nomme  I'ierre  Vvelin,  prc- 
mier  medecin  de  niadame  la  duebesse  d'Orleans  ,  qui  est  fort 
maladed'une  intlammation  de  poumon.  On  dit  que  la  reine- 
mere  d'Angleterre  est  fort  malade,  que  le  roi  d'Anglelerre 
et  MM.  les  Etats  de  Hollande  appretent  une  grande  ambassade 
pour  e'lvoyer  ici  vers  le  roi,  lui  proposer  qu'il  rende  au\ 
Kspagnols  ce  qu'il  a  pris  en  Flandre,  en  recompense  de  quoi 
on  lui  donnera  (lambrai  et  tout  eequi  en  depend. 

On  dit  que  le  roi  veut  oter  les  jtrivileges  a  MM.  du  parle- 
ment ,  cliambre  des  comptes  et  courdes  aides,  en  leur  otant 
le  franc-salt'1,  le  droit  de  noblesse,  etc.  Ln  declaration  fut  hie 
[nibliquenietit  hier  devant  tout  le  monde  en  la  chancellerie  , 
et  c'est  ce  qui  fait  bien  parler  du  monde.  II  y  a  aussi  un  arret 
du  conseil  j)our  le  retranchement  de  tons  les  convents  de 
moineries  qui  out  ele  batis  ici  alentour  de[iuis  trente  ans. 
Votre  M,  Yvelin  se  porte  un  pen  mietix,  ce  (5  avril,  et  il  y  a 
bien  de  <|uoi  esperer  (ju'il  guerira  :  mais  il  a  le  poumon  bien 
foible,  et  en  contre-change  en  vuici  un  autre  qui  est  tombe 
dans  une  atteinte  d'apoplexie  ,  in  u-ium  tnni/niiii* ,  d'ou  il  est 
deja  paralytHjuede  la  moitti-  du  corps.  (Vest  I'rbain  Hodinc'tii 


(JUi  I.KI  IIlfc>    L>K    LI  !    i'AHN 

(jiii  a  etc  inon  eompagnon  de  licence  ,  et  qui  est  aujoimi'hui 
age  de  soixante-douze  ans.  M.  liodineau  est  moi't  de  son  apo- 
piexie;  en  lui  a  tronve  du  sang  dans  sa  teterepandu  en  plu- 
sienrs  endroits,  we  /'/(if  ictus  sanyitinis ,  de  quo  Anrclius 
\  irfa,',  in  I  I'i'O  /!/>!>.,  etc. 

II  nous  viendra  bientot  un  jubile  de  Rome  pour  obtenir  la 
grace  de  Oieu  et  victoire  contre  les  Tnrcs  par  le  moyen  des 
troupes  quo  Ton  va  embarquer  en  Provence  la  veille  do 
Paques  prochaine.  Le  pere  Nitard,  jesuite  allemand,  qui  est 
chasse  d'Espagne,  doit  passer  pai1  Lyon  pour  retourner  a 
Vienne.  On  dil  quo  le  roi  va  mettre  les  rentes  an  denier  24, 
alin  quo  Ton  inette  son  argent  a  LI  commerce.  Je  vous  baise 
tres  humblement  les  mains,  et  suis  de  toute  mon  ame 
votre,  etc. 

De  I'aris ,  le  9  avril  1609. 


LKTTKK  DCCLXXXIIl.         .\n  <»f'w. 

Pour  t'cpoisse  a  la  votre  du  8  avril  que  m'a  envoyeeJJ.  Trois- 
daiues  ,  je  vous  dinii  (jue  c  est  grand'pitie  <|u'un  jeune  me- 
decin  inliabile  et  inexpert,  <|ui  n'entend  pas  1'importance  de 
la  saignee  dans  toutes  les  maladies  aigues,  sA  principalement 
celles  dupoumon.  Je  me  souviens  de  ce  jeune  medecin  dont 
vous  me  parlez ,  <jui  a  pecbe  si  lourdement  et  si  malbeureu- 
sement.  Uu'il  liseHippocrate,  (ialien,  Kernel,  lift.  2,  Mrt/todi, 
Botal  et  la  belle  tliese  de  AJ.  de  (iorris,  An  nicflironnti  jmri- 
sH'timtnn  i>lilt'hi>1ijiiint'  /HI'''  rcl  rniiii'ui.  awusnnttir't  II  y  pouri'a 
apprendre  ce  <)u'il  ne  saif  pas  encore,  (lette  savant)1  tliese 
aver,  ^es  connnentaires  in  (iiiarto  contient  [ilus  de  bonne  et 
veritnliie  inedecine  et  plus  de  doctrine  pour  guerir  les  mala- 
die^  aigues  qtie  tons  les  livres  de  [tliariiiacie  i't  de  cbimie  , 
dans  leMjiiels  il  y  a  Iron  de  forl'aiiterie  arabesque.  Vivent  le> 
drees,  et  siirtout  le  divin  dalien'  Je  suis  ravi  de  ce  que 


\    K  \l.i.o\K  I  ti!»;, 

M.  votre  lils  le  medecin  vous  seconds  et  \oiis  mule  M  bu-n  ; 
ii  gaguera  des  combats,  uiairliant  ainsi  a  votrt;  coU-.  II  »|«- 
prendru  en  vous  ecoutant  ct  vous  vovant  fahv  pins  en  mi 
moisqu'il  n'en  feroit  a  Montpcllier  en  dix  aus  :  r'esl  jMjiirquoi 
jc  It;  |>rie  de  cuntiiiuer,  et  le  conjure  de  vous  croiiv  en  toot. 
Je  vous  prie  de  lui  dire  que  je  le  salue  trescordialerneul.  (In 
recherche  los  maitres  des  compt<>s  ,  sur  <juoi  on  fuit  un  parti  , 
dont  on  oll're  dix  inillious. 

I  n  conseiller  du  la  grand'chainbre  ,  I'ucorc  JIMIHC,  umiiiiit' 
M.  Dorat,  niourut  liii-r  cc  iiavril)  d'apop|i-\ic  ,  d.M.C.Iia- 
I'ou,  oiiclt!  de  inudaijif  (lolhrrt. 

Le  roi  a  fait  sou  juliih'-  tort  devotfiiient  .  .•(  a  donnr  tort 
bon  exemplede  ces  devotions,  el  a  iiieme  visiu-  I  ll('»ti'l-l>ien; 
tout  le  inoiide  esl  satislait  (Je  taut  de  piele.  Je  (>rie  Uieu  iju'il 
lui  premie  envie  de  soulager  sou  peuple  qui  >out!Ve  ti<»p  ii  \ 
a  loilgtemps  :  I  tit  im-linrn  yy/'/s  .' 

Moil  Carolus  est  |»arti  (Ir  Heidelberg  et  est  .tilt-  voir  Icdnc 
de  Virtemberg,  qui  I'a  inaude  jxnireu  avoir  du  se»-(Mir.-»  nif- 
dieiual  ;  il  y  avoit  deja  fait  un  autre  vo\a^e.  dont  il  etoit  I'nrt 
content,  comnie  M  [irinee  1'etoit  anssi  de  lui  et  il  la  ivu- 
voyeavee  de  beaux  prestMits,  a  la  charge  (pi'il  le  ivtoururroit 
bientot  voir.  II  m'ecritijue  s'il  a'unoit  I'ar^ent,  il  auroit  la  oc- 
casion de  se  satisl'uire  ,  et  qu'outre  su  profe>.si<»u  on  mi  I  lio 
nore  tort  (^  vous  save/,  ci.1  (|iie  e  e>t  que  Yliunni-iii-iij^i  do  jnedf- 
eins  et  des  avocats  ',e.es  princes  aiinent  fort  a  jouer  au  Irictr.n 
avec  lui  ,  et  qu'ils  perdent  volontiers.  II  dit  «pie  ce  soul  le> 
plus  honnetes  joueurs  el  les  uieilleuivs  ^eus  du  uiond>'. 

Un  dil  quc  le  roi  d  Kspagne  a  troi>  eautrn^  .  ni;»i->  ipi  d  sc 
porte  bit  'II  ,  et  que  nonob.slant  sa  >anlr  delicate  d  pom  ia  \  i\  re 
t'tieore  louytt'inps.  Les  Neuitiens  out  envoy  .HI  ro,  dc  l»cllc> 
arilies  tort  eui'ieuses  ,  et  elles  onl  i  •(••  lor!  bicn  rccucx.  ||v,,nt 
soin  par  ccs  marques  daHection  de  reuolivi'ler  I'aiuilie  ^m- 
cere  ipie  tons  Ics  I'V.mcois  out  ponr  ciix  .  1-1  particulit'rement 
;i  la  cour.  ilcjiitis  qu  'ils  prctcrciit  dc  I  ardent  a  limn  l\ 
des  coiijouctures  lVu:heU5*-'5.  .\o>  tioiipo  de  l'ro\encc 


.m 


barquo'.'ont  hientol  avee  grande  esporance  de  oliasser  les 
Ti.res  do  ('audio.  L?  pape  a  envoye  I'etendard  dc  1'Kglise  a 
iM.  do  Beaufort,  qni  1'a  envoye  au  roi. 

Jo  vis  liior  M.  do  Lorino ,  c'ost  un  merveilleux  honuiie,  ot 
toujours  lui-meme,  j>li/m  alia*.  Je  vous  remercio  do  vos 
donx  beaux  livros  quo  M.  do  la  Fille  nio  viont  do  rendre.  Jo 
vous  baise  Ics  mains  ,  ot  suis  do  touto  moil  ame  volro  ,  oto. 

l)o  1'ari^  ,  lo  26  avril  16C9. 


LETTHE  UCCLXXXIV.  —  Au  m<>m<>. 

l.o  roi  a  donno  a  i\I.  dc  Chaulnes  ,  ci-devaut  ambassadeur 
a  Koine,  lo  gouvernement  de  Hrotagne  ,  il  est  oncle  de  M.  It- 
duo  dcChevreuso,  <jui  est  tros  nolle  ot  gendre  de  M.  (lolbert. 
IA>  i'oi  est  tuiijours  a  Saint-Germain  ,  a  Vorsaillos  on  an  camp 
do  Saint-Sebastien. 

Los  Hollaiidois  font  co<pi'ils  ponvont  pour  s'opposcr  a  IK» 
dossoins  ,  nous  Ics  avons  autrclbis  aides  dans  lour  revolte 
contro  lo  roi  d'Espagne ;  anjonrd'hiii  i!s  s'ontondent  avoo 
onx  oontro  nous.  Voilii  la  politiipio  do  cos  nouveanx  rojtubli- 
oains ,  (jiii  no  veulent  j)as  so  souvenir  do  lour  obligation. 

.Nous  avons  iei  (juantite  do  rlinmcs  ijni  otouHont  le  pon- 
inon  en  quatre  jours  par  un  catarrhe  sufl'oquant,  si  on  n'en 
pro.viont  lo  danger  par  la  t'rotjucnte  saignec;  j'on  ai  fait  sai- 
gnor  un  dix  Ibis  on  deux  jours,  <jui  est  houreuseinont  guori  , 
ct  (|iii  nc  pouvoit  guerir  (juc  j>ar  la.  Tout  ee  cju'on  lui  tii'a 
ii'i'-toit  (jue  du  pus  au  lieu  do  sang  ,  et  une  especc  d'huilo  foil- 
due  .,'  I ).  II  nous  est  ioi  venu  depuis  pen  de  ("lonrvo  un  petit  livre 
asso/  inal  imprinie,  /'/m/'i/s  iHeditwum,  tn/rf.  77<C't>/>/<ili  /fu>ie(i, 
i|iii  sont  des  lieux  ooinniuns  de  inedooino  tires  dos  (ouvres  de 
leu  M.  llaillou  ,  «|iii  niourut  ioi  I'an  KilG.  1'aueieii  de  noire 
eoni|iagnio.  M.  Spoil  sail  bieii  oo  (juo  c'ost  quo  oo  li\re  ;  il  est 

1    Vcriliiblr  esi)[',cralion  d'nn  phlcbotcunaiK1.  11.  P. 


\    t  Al.t.o.Nh  I.  ()<>? 

excellent  pour  lout  medecin  (jui  vent  raisonner  de  son  metier 
avec  science  et  uutorite  ;  je  vous  prie  clc  l'indi(|uer  a  M.  votre 
Ills  aim';,  alin  qu'il  s'en  serve  et  (ju'il  le  lise  soigneusement , 
et  le  porte  dans  sa  poclio  comine  un  cent  tucnnn  ,  on  plutot 
comine  un  petit  Iresor  de  belle  science  et  de  bonne  methode. 
Le  bon  Erasme  (jui ,  tout  Hatave  (ju'il  etoit ,  etoit  tres  unit  et 
Ires  lin,  a  ecrit  quelque  part:  Snadca  ut  Mircrduti-s  <•(  monnclii 
habcant  exemplar  /Jiri  /'null  />ro  cunru/jina  :  faites-en  ['appli- 
cation vous-meme. 

31.  le  cardinal  Antoine  ,  grand-aumonier  de  France,  s'en 
vent  retournera  Koine,  d'autant  (}ue  1'air  de  ce  pays  bit  est 
1'ort  contraire  pour  sa  sante.  Le  roi  a  dit  que  noire  secours 
doit  etre  niaintenant  arrive'1  en  Candle  ,  oil  les  Venitiens  out 
perdu  cet  excellent  general ,  nomine  Cornaro.  C/est  le  noin 
d'une  de  leurs  meilleures  I'timilles,  (pi'ils  font  luenie  descendre 
de  la  i'ainille  romaineCoRNEUA  :  s'll  est  vraije  m'en  rapporte. 
.le  vous  baise  les  mains,  et  suis  de  toute  mon  ame  votre,  etc. 

Ue  1'aris ,  le  7  juillet  166«». 


LETTRK  DCCLXXXV.   --    .\n  menu: 

Enlin,  Dieu  a-  fait  un  roi  en  Polo^ne,  qui  est  d<;  la  Polo^nr 
meme.  J'api»rends  <jue  la  France  y  a  reussi ,  ne  s'en  etant 
melee  que  pour  donner  1'exclu.sion  ait  due  de  Lorraine,  (|iii 
('•toil  porte  par  la  maison  d'.Vutriclie.  C(!  prinet*  (pi'ils  out  fait 
roi  est  de  fort  bonne  maison  ;  mais  il  n'ctoit  pas  ricbe  :  la 
t'eue  reine-inere  lui  faisoit  present  tons  les  ans  de  G, ()()()  livres , 
parce  que  sa  maison  avoit  et(':  ruinee  par  les  Cosaques.  II  s'ap- 
pelle  Michel  Caribou  IVIitznoviscki ;  nous  en  saurons  rincliiia- 
tion  avec  le  temps. 

IMusieurs  out  ici  belle  jteur  de  ee  que  le  roi  ira  bient('»t  an 
parlement  pour  plusiuurs  ivgloments,  et  (Mitre  autres  de  la 
chambre  de  justice,  des  proces,  de  Brands  et  de  petits  (-0111- 
missaires  (|ii'on  vent  leur  oter;  du  retranchemeiil  des  \a- 
eanees,  taut  de  I'automiie  (jiie  de  I'atpies,  et  de  plusieiir> 


<;<J8  I.KI  rnh>  DI-.  *•(  \   PAIIX 

suppressions  en  la  diambre  des  eomptes.  On  dit  meme  que 
le  r<  ,'i  \eut  i'aire  le  parloineiit  de  semestre ,  ee  qui  Cut  sous 
Henri  II,  I'aii  ir>ji,  et  tons  nos  coiiseillers  en  sont  alarmes. 
I'n  prisonnier  d'etat  s'estempoisonne  dans  la  Bastille,  epou- 
vante  'In  supplice  <jui  ne  lui  pouvoit  manquer,  pour  avoir 
parle  fort  nial  (//'  Dmninn  l>:i»rtl. 

On  parle  ici  d  un  chiaoux ,  capigi  on  bacha  du  grand  sei- 
gneur, <|ui  vient  de  la  part  de  son  grand  seigneur  saluer  le  roi, 
en  taut  (ju'il  est  le  plus  grand  et  le  plus  puissant  roi  de  la 
eliretieiite.  On  s'enquiert  deju  de  1'entree  (jii'on  lui  t'era,  mi 
l>i'r  jKiriuin  S«r,-nn! ,  in,  i/cr  Cainpuiiam'f  (\G\\\  (jui  viennent  de 
Saint-liei'inain  disent  queM.  In  Dauphin  est  malade.  Je  prie 
Dieu  (ju'il  guerisse  bientot  ;  la  France  a  grand  besoin  de  ee 
petit  prince,  <j«t  cut  culuinna  fumiliw  fcynn  ct  /in/ianientuttt. 
On  dit  (ju'il  est  tort  gentil ,  qu'il  a  bon  esprit  et  qu'il  etudic 
hii.'n  :  !>>'  Hostns  (unit**  ith  Jiijutei'  «ugt'(t/  auuox.  C'est  un  ver> 
•  Tun  paien  a  un  einpereur,  dont  Tertullien  a  tail  mention 
quelque  part.  ,le  prie  Dieu  que  31.  le  Dauphin  ait  les  vertus 
<!u  bon  roi  Louis  XII  etdu  grand  Henri  IV,  et  qu'd  soitaussi 
lieureux  que  Trajan. 

l'n  jeune  pi'ovencal  .  noinnie  31.  de  Hlain,  in  est  ici  venu 
ronsiilter.  Yous  1'ave/  vu  a  Lyon  ,  et  31.  Meyssonier,  tjiii  !ui 
a  doiine  s<jn  \lni(uiuclt  in -folio,  n  y  a-t-il  pas  nioyen  que  j'en 
aie  un  j>ai'eil  par  votrc  nioyen  ?  ,li;  vous  baise  les  main;.,  d 
>uis  de  toul  mon  cu'ur  \otre  ,  etc. 
l>p  1'aris,  le  Kijuillet  iO(iy. 


u:nm-:  DCCLXXXVI.  -  .\ 

.\oii>  n'avons  rien  ici  <h;  noiiveau  depuis  ['('lection  du  i'oi 
de  Pitlogue,  sinon  (jue  31.  le  Dauphin  est  inaiade  a  Sainl- 
<  ifi'inain  ;  il  a  e'h:  yaigne  trois  I'ois.  ,1'ai  peur  pour  ce  pelit 
prince  i|in  nous  est  taut  nece^aire:  car  il  t.'.st  a  craindre  <pie 
('e  ne  soit  Li  pt'tne  verole.  .I'opcre  i|iie  Dieu  le  conserve!1;) 
iMiur  Ic  bt.'soin  uuc  nous  en  ;tvon>. 


\     I    M.t.OMil  W:' 

J'apprends  que  quelqu'un  a  fait  I'hisloire  de  la  regenct:;  je 
IK;  doute  point  i[iie  ee  in:  soil  quelque  tin  et  ruse  ecrivain. 
Mais  coinnie  on  alioit  commence!1  I 'edition  de  1'inipriinerie 
du  Louvre,  1'on  a  change  de  desseiu  ,  et  e-ela  est  remis  pour 
uiie  autre  Ibis,  i'eut-etre  que  uotre  siecle  n'est  pas  encore 
capable  de  tantde  verites  qui  doivent  etre  revelees  la-dedans. 
Toutes  choses  out  leur  saison.  L'J/intoiir  dcs  j/wm-.s  <!'  Ituli'- 
de  Guichurdin  est  un  fort  beau  livre;  niais  il  ne  le  voulut  pas 
i'aire  imprinier  de  son  vivant,  et  meme  ne  le  fut  elle  que 
longtenips  apres.  L'//<Vo//r  imicrwlli'  de  M.  le  president  de 
Thou  est  i>elle  et  plus  que  belle;  niais  elle  deplut  si  Ibrt  au 
cardinal  de  Hichelieu  ,  qu'il  en  lit  perdrela  vie  au  Ills  ainede 
I 'auteur,  qui  etoit  un  Ibrt  honnete  lionnne ,  et  cela  pour  un 
passage  d'Antoine  du  Plessis  tie  Hichelieu  ,  qui  est  dans  le 
tome  I ,  sous  Francois  II  ,  1'an  lf>60,  apres  qu'il  a  parle  de  la 
conspiration  d'Aniboise,  oil  tut  tue  la  Henaudie  tjiii  eji  etait 
le  chef,  et  qui ,  par  sa  faute,  t'ut  lui-rneme  la  cause  de  son 
malheur  et  de  plusieurs  autres  Ce  passage  coninience  ainsi  : 
\ntonius  Riclti'liua  rnly<>  dicti/n  MiMUtc/ttin ,  <•><'.  l>  liistoire  de 
(•uicliardin  a  etc  ecrite  en  italien  ;  niais  la  ineilleure  traduc- 
tion  franvaise  est  en  deux  tomes  iu-octavo  <le  (ieneve.  Vive 
Tile-Live  et  Corneille  Tacite  avee  Suetone,  et  i»our  les  1110- 
dernes  1'illustre  M.  de  Thou  ,  (iuichardin  et  liuchanan.  Fai- 
sons-y  le  septenaire  entier,  et  y  ajoutons  I'// />•/<,//•<'  'In  i-mifil" 
<li  I ii'ntc  de  Fra-Paolo  Sai'pi  (I).  Je  stiis  u  son  egard  del'avis 

1'  I.o  celebrc  Sarjii ,  plus  ooiinu  «oti«  Ic  noui  dr  [ra  J'uolo  ,  ii;u|iiil 
a  \  (Miisc  on  1.'J5'2.  Son  llistoii'ti  </t<  Concile  de  T rente,  lui  iicqiiil  uiif 
C.randc  reputation,  niais  on  memo  tomps  botiucoup  liYiint'mis.  I.os 
(juorollos  do  la  Ucpubliqne  avot;  lo  papo  I'aul  \  lui  suscileront  dos 
ailairofs  exlrcnit'iiiont  iac!iou.-o.x .  car  il  ctait  lo  lhculo.;icn  ot  lo  oou>oil 
ilrs  \  onilions.  Lo  p;i]>o  lui  ordomia  do  \onir  a  Homo  on  lliiKi .  ot .  sur 
>on  rclus  ,  il  I'oxoommuitia  :  iuai>  Ira  J'aolo  no  s'on  onitit  pas  autrcmonl . 
i-luji-o  oxlraordinaiio  pour  ropoqiio.  11  hit  un  jour  atla(|uo,  -\\r  lo  pont 
St-Marc  ,  par  I'iiKi  a.»^a->in« ,  qui  no  lui  liront  auoiino  hlo^siiro  mortollo : 
il  dit  a  oe  snjcl .  par  allusion  .  iju'il  rot'onnais.-ait  la  lo  s/y/o  roinuno. 
II  niuurut  eit  1023,  ;i{;c  do  »oixanto-on/,o  an?  Lo  cardinal  Palavicini  . 
dont  parlo  ici  (iiii  I'atin  ,  oori\it  aus>i  VHiitoire  du  ^unc>le  rf//  Trenlc 


(it's  Yeititiens  ,  i|iioi  qu'en  diseiit  les  jesuiles  ct  le  cardinal 
Paiavicini. 

L'on  d't  iei  <[iie  M.  le  due  Ma/ai'in  n'cst  plus  grand-iiiaitrc 
de  1  arlillerie,  que  leroi  a  revetu  de  cette  charge  le  comte  de 
Lude,  qui  etoit  grand-maitre  de  la  garde-robe  ,  en  la  place 
duquei  a  etc  mis  M.  le  marquis  de  (iesvres ,  qui  etoit  premier 
capitaine  des  gardes.  En  sa  place,  le  roi  a  etabli  M.  de  Pe- 
(jtielin.  La  cour  est  un  pays  on  Ton  joue  tons  les  jours  a  bou- 
tehors  (l) ,  et  a  prendre  la  place  de  son  compaguon.  On  dit 
•  me  la  maladie  de  M.  le  Dauphin  a  rendu  le  roi  fort  chagrin  , 
et  meme  la  diversite  d'opinions  de  ses  medecins  les  a  rendus 
ridicules.  Sidonius  Apollinaris  a  remarque  la  meme  chose; 
car  il  aditquelque  part:  Consentient?*  et  dissentient  cs  medicos, 
minntd'  coiitroversi(P  quibns  <t><jri  nr>n  indigent ,  'iifpntc  (/>//>' 
ni fill  facifnif  n'l  depulsiunem  inorboruin.  II  y  en  a  un  qui  pro- 
posa  an  roi  la  saignee  du  pied,  mais  il  la  ret'usa et s'en  nuxjua. 
II  se  porte  presentement  un  \wu  mieux.  C'etoit  une  tievre 
continue  avec  assoupissement ,  (nii  faisoit  soupconner  quelque 
malignite.  II  a  etc  saigne  (juatre  (bis.  Dieu  lui  donne  les  au- 
nees  de  Nestor  !  I  '«.le. 

Do  Paris,  le  'M  juillet  1(569. 


LETTKE  DCCXXXVll. 

J'ai  rev u  P;i''  M  Troisdames  le  Hvret  (pie  m'eiivoieAI.  votiv 
lilsde  .Al.  Louis  de  Serres ,  <pie  j'ai  tout  parcouru  :  c'cst  uu 
liomme  (|ui  se  plaint,  et  il  y  en  a  bien  d'autres  (|ue  lui  qui  se 
plaindroient  aussi  bien  <pie  lui,  et  encore  avec  bien  plus  de 
raison  (pie  lui  ,  si  on  gagnoit  quelque  chose  a  se  plaindre, 

niais  dans  nn  tout  antro  esprit  quo  f'ra  Paolo  Sarpi  ;  il  trouvc,  en  conse- 
quriieo,  ]>his  de  3(5(1  errenrs  dans  I'ouvrajye  do  co  dernier.  Et  pui^ 
rlicrche/,  la  verile  dans  les  liisloriens.  i,H.  1'.) 

t  C.c  niol  so  Ironvo  soiivent  dans  les  anciens  aulenrs,  et  notaininenl 
diins  Montaigne  .  m.iis  il  a  Milii  de>  alterations  d'orlhoj'.raphe  el  do  sen--. 
Han--  le  x\  in"  -iec  !c  on  di-ail  on  coiiji  de  houloir.  ,  K.  I1.  ' 


A    FALCONET.  TO  I 

.W  l'i'iixti-n.  Qni  est-ce  (|in  Cera  droit  a  lant  dc  gens  <|iii  sr 
plaignent?  Qui  les  jugera?  Lesjugesqui  sont  la  plnpail  Ills 
de  marchands ,  et  eux-memes  marchands  dc  leurs  offices, 
taut  en  Ibnds  qu'en  detail ,  qui  n'ont  etudie  que  pouracheter 
«;t  pour  revendre  ,  conimc  ils  font  tons  les  jours,  (jui  n'ai- 
nient  (pour  me  scrvirdu  terme  de  M.  Amyot)  In  fliose  fiubliqite 
<|ue  pour  leur  profit,  qui  sont  la  plupart  ignorants,  el  ne  sont 
pas  meme  assez  gens  de  bien  pour  regler  tant  de  desordres 
qui  sont  par  le  monde ;  ces  messieurs,  dis-je,  reforment-ils 
les  abusdu  siecle?  J'ai  vu  quelquefbis  M.  le  premier  presi- 
dent deplorer  son  malheur  de  ne  pouvoir  empecher  taut 
d'abus  qui  sont  dans  le  palais,  et  qui  retombent  tous  les 
jours  sur  le  public.  Je  vous  dirai  ,  en  un  mot,  ce  quej'en 
pense.  II  ne  faut  parler  de  ce  livre  en  aucune  faron  ,  ni  en 
bien,  ni  en  mal ,  nt  Itoilif  sunt  rex ,  et  ut  ciritnr.  On  lui  dira 
tout  a  l'h(!ure  (ju'il  n'en  parlequepar  envie.  11  n'en  Caul  done 
rien  dire  du  tout ,  ni  meme  le  censurer  et  le  condamner  ;  car 
il  n'en  vaut  pas  la  peine,  joint  que  eela  lui  pourrait  donner 
(|uelque  credit  clie/  lt;s  sots.  Que  t'aire  done?  Ne  dites  niol  , 
ce  livre  ne  sepeutsoutenir.  Les  medecins,  (lit  IN'trone,  assu- 
rent  qu'un  homme  ne  peut  marcher  sans  nerf:  aussi  vous 
puis-je  dire  que  ce  livre  n'ira  jamais  guere  loin  ,  finite  de 
bonnes  jambcs.  Mais  si  1'auteur  est  jeune,  je  veux  bien  espe- 
rerdclui  (ju'il  s'amendera  a  la  charge  (ju'il  1'era  quelque  jour 
nne  dou/.ieme  edition  de  son  livre  ,  dans  laquelle  il  nous  en- 
seignera  quels  sont  ces  remedes  chimiques  etspeciti(|ues  <|ii  il 
lone  aver  tant  d  emportement.  S  il  me  prouve  cette  proposi- 
tion, je  me  soumets ,  et  lui  promets  de  passer  de  son  parti  et 
de  me  i'aire  de  sa  conlVerie.  4(J  vous  remercie  de  la  bonne 
affection  qne  vous  me  temoigne/.  pour  mon  (-arolus,  (|iii  ,  en 
verite,  la  merite ,  et  de  tons  les  honnetes  gens,  .('attends  de 
srs  nouvelles,  et  je  ne  sais  s'il  est  encore  a  Vienne.  Je  ne  sais 
point  encore  quand  il  reviendra,  peut-etre  (jue  vous  le  verrex 
a  Lyon  pln>  t(H  (jue  moi.  Jc  vous  baisc  les  mains,  d  snis  de 
lout  mon  co'iir  \otie .  etc. 
Dt^  I'jiris  .  !<•  '(  noul  HM>(t. 


702  i.KTTHES    DE    lil.'l    PATIN 

LKTTHK  IH.CLXXXVIII.  --  .U  >//'W. 

Je  vous  reinercie  de  lout  mon  euMir  <le  eelle  qu'i!  vous  a 
plu  m'ecriie.  Host  vrai  quo  j'ai  traite  M.  Remy  avec  joift  et 
allegresse, ,  et  j'en  stiis  fort  content.  II  ni'a  fait  I'honneur  de 
me  entire  et  s  en  est  I>KMI  trouve.  La  plupart  ties  qiiin-/<mtiir<^ 
sont  ordinairement  melancoliqnes,  obstines,  et  ne  croient 
guere  volontiers  les  medeeins.  C'cst  la  cause  qui  fait  souvent 
diirer  ce  ma!  plusieurs  mois  etnienio  |ilnsieui's  annees.  Us 
sont  ('(Hilents  de  moi. Mademoiselle  Heiny  est  tine  brave  dame, 
st's  deux  filles  belles  el  bien  sages  ;  et  M.  Ueuiy  est  un  maitre 
liuinnie,  de  la  elassi  de  ces^ens  nvsolus,  dont  il  n'y  en  a  pas 
lrei/e  a  la  dull/., tine. 

II  est  dt^s  es[)i'its  des  homines  cumme  des  nitHaux.  II  y  on 
a  de  plus  precieux  les  mis  (|ii<!  les  autres.  L(;s  uns  sont  d'or 
on  d'argeut,  les  aiilres  n<i  soiit  <jue  de  terre  on  de  cuivre 
dun''.  Parnii  ees  derniers  ,  il  y  a  bien  des  Tai'tid'es  el  des  hy- 
pocrites. Au  reste,  je  vous  reinercie  de  votre  bon  souvenir. 
.le  vous  supplie  de  m'aiiiier  toiijoiii's  .  el  de  ei'oil'e  que  je  Veiix 
et  re  loute  ma  vie  votre  ,  etc 

DC  Tans,  lo  28aoul  l(i(i(.». 


LKTTIIK  hCCLXXXIX.  —  .t///mW-. 

II  y  a  iei  beaucoiip  de  nionde  a  filial''  de  la  mori  de  M.  de 
Heaiil'orf  :  on  dif  quc  les  pretres  y  ijagiieront ,  d'autant  <|ue 
plusieiii>  font  prier  Dieu  pour  son  anie  :  ainsi  (piand  I'lin 
perd  ,  1'auti-e  y  ^aiiiie;  inais  ipioi  (pi'il  en  soil,  x<nn-t<i  <-t  W//- 

hrix  '•>'/    <;,<jiffitii>  nrui'f  j>i'i>  llcj'ini(-f>K ,   ill    a    ni'crutjn   ftnlrtniliii\ 

•  'fla  ne  sauroit  niaii(|uer  d'etre  bon  pour  un  prince,  pour  un 
_'i'iirral  d.u'inee,  pour  un  coiirtisan  .  inais  en  avoit-il  ^rand 
U'som  ,  vu  rpi'i!  coudtaltoit  coiilre  le  Tmr  ,  et  qif  il  defendoit 
l.i  cliretiente,  i,»r  /!« ,,/,„,;,•„,„  .  ,|Ii;>  j,,  |ajsserai  a 

i  -  •-'  indre  ,i  me.v-,irur.s  dr  la  Sorbonne. 

Nuns  ;IV""-    "''•  ''''  •&  '""'if  •  un  iiK'decin  dan-.M'eusemenl 


\  FALCONET.  7():< 

(unlade  r.r  flu.rn  dysfnffriro  cum  v-'.-A*  lirpfitis,  outre  qu'il  est 
detenu  d'une  maladie  incurable  a  cause  des  annees  passees, 
il  a  septante-deux  aus,  c'esl  M.  Jacques  Mentel ,  meilleur 
medecin  (ju'il  n'est  eloquent. 

Nous  allons  avoir  un  nouveau  cardinal ,  qui  sera  M.  le  dur. 
d'Albret,  neveu  de  M.  deTurenne,  et  qui  sera  nomme  le 
cardinal  de  Bouillon.  II  est  doctenr  de  Sorbonne,  savant, 
liberal,  agreable,  airne  et  prise  de  tous  ceux  qui  le  connois- 
sent;  Dieu  lui  fasse  la  grace  de  faire  autant  de  bien  ii  la 
France  que  les  deux  derniers  lui  ont  fait  de  mal  ! 

II  \  a  ic.i  bien  du  monde  qui  veut  que  M.  de  Beaufort  ne 
soil  pas  mort,  mais  sen  lenient  bless*'1  et  prisonnier  a  Candie; 
pint  a  Dieu  que  cela  fut  vrai  ! 

Le  25  de  ce  mois  est  mort  un  des  notres ,  nomine  M.  Ph. 
Chartier,  age  d'environ  trente-cinq  ans ;  il  avoit  heureuse- 
ment  vendu  sa  charge  de  medecin  par  (juartier,  il  n'y  a  pas 
six  rnois;  il  restoit  professeur  du  roi ;  la  charge  est  aujour- 
d'hui  perdue,  an  moins  est-elle  au  pillage.  II  etoit,  a  ce  que 
j'entends,  fort  debauche,  incidvmt  in  jln.rma  dysentericiim , 
ensuite  la  fievre  continue  Tattrapn,  dont  il  est  mort  le  neu- 
viemejour,  tant  faute  de  ^on  appareil  qu'autrenient ,  il  n'a 
«';te  guere  saigne;  on  (lit  cpi'il  a  ete  purgi-  trop  t('>t ,  tant  il  y  a 
que,  n/'i/ii,  in/it  pcssimn  sun  f"f<>  trnnsiit  (id  /tlures,  into  ilium 
reyiiinoii  peiietittvit ,  itndc  ncf/nnf  rndit'C  t]ii<-i/////«n/t.  ,1'ai  vu  Ic 
pere ,  les  deux  Ills,  qui  tous  trois  sont  passes;  de  ces  trois  on 
n'auroit  su  en  faire  la  moitie  d'uu  bon  medecin  ,  mais  en  ce 
monde ,  et  les  anes  et  les  ehevaux  meurent  aussi  bien  que  les 
m u lets  et  les  charretiers.  -le  vous  baise  les  mains,  et  sui-  dc 
toute  mon  ante  votre,  etc 

Do  I'arisjo  28  aout  1(i69. 


LKTTHK  DCCXC.  --    t//  w:/m>. 

I'n  de  DOS  inedecin.s  des  plus  eloiirdis  roiiseilla  a  Philippe 
I'.hai'tit1!',   anln1  jeiine   foil  ,  dc  prendre   un   ri'iurde   purnatif 


7(H  I.KlTHIiS    I)H    (.11    I'\TI.\ 

dans  s;i  lievre  (|iii  1'ti lit  aceompagnefi  d'nn  llux  dysenlerique, 
el  ensuile  il  lui  tit  avalor  du  vin  emetique .  dont  il  monrul 
pt'ii  d  hetires  apros ,  i:/(»  S/i/u/ox  cbntts  /tuusit  itf/uas.  Aujour- 
d'hui  s;i  charge  est  an  pillage,  plusieurs  la  demandent,  il  y 
a  ciiicj  competiteurs  pour  lesquels  des  plus  grands  de  la  conr 
s  emploient ;  on  a  donne  avis  au  roi  que  cc  seroit  le  plus 
court  de  la  mettro  a  la  dispute,  et  la  donner  a  celui  <pji  y 
montreroit  plus  do  merito  :  nous  ne  sommes  pas  encore  assez 
sages  pour  prendre  de  ees  regles-lii  (I).  Mademoiselle  la  prin- 
cesse  de  Conti  etoil  ici  pres,  a  1'Isle-Adain,  a  1'intention  d'y 
passer  le  reste  de  1'ete;  elle  y  est  tombee  malade ,  et  a  etc 
ramence  a  Paris  :  tout  le  monde  plaint  cette  princesse,  (|ui 
est  la  tleur  des  dames  de  la  cour,  en  sagesse,  en  piele ,  en 
probitii,  et  dont  la  inaison  est  reglee  tout  autrement  niieux 
<[iie  toutes  les  autres  :  elle  est  niece  du  feu  cardinal  Mazarin, 
niiiis  elle  vaut  inillu  t'ois  niieux  (jue  lui.  Cette  princesse  esl 
une  autre  sainte  Catherine  de  Sienne.  II  y  en  a  qui  disent 
(ju'elle  est  sainte  eomnie  saint  Charles  liorromee  ,  <//(/  [nil 
M'i'w  chi'tsfidiius,  bien  ([u'il  lut  neveu  d'un  nu'diant  hoinine, 
savoir,  du  pape  Pie  IV,  lecpiel  eut  pour  snccesscnr  Pie  V, 
diupiel  1'ut  fait  c.e  disli(jue  : 

/'fl/'O  /'/MS  quinlus  mofilitr,  rex  mira  l«l  inter 
I'onti/ii-es  ,  lanlum  quinque  f'ttiw  />/o.v. 

On  parle  ici  tort  diversernent  du  malheur  arrive  a  M.  de 
Beaufort ,  quelques  uns  disent  que  le  roi  en  a  eu  grand  regret , 
ft  ([ii'il  en  a  ecrit  en  colerc  ;i  M.  de  Navailles,  avec  comman- 
deinent  de  tout  quitter  et  de  venir  de  deca  incontinent ;  le 
mi  t-nvoie  en  sa  place  M.  le  marechal  de  Belfonds  avec 
•i,()<i()  homines. 

1  Si  dm  1'atin  ciil  vecn  tic  DOS  jour*,  il  aurait  \u  son  desir  ac- 
f(nii|ili ;  tout  .<">  me!  «  /«  di'spute  on  an  concours.  II  y  a  <los  avanlajjos 
inai>  ;uis>i  bion  dr«  incoincn  cut- dans  I'cniploi  dc  c.c  mode  d'clcrlion: 
|ilu«-  <l  unr  liii--  cc  fiit  mi  vci  ilahlc  ;>,ncl-ii|MMis  |inur  le  nicntc  cl  Ic  savoir. 

R.  l>. 


A    KAI.f.ONET.  ?()"> 

Jelraile,  malade,  im  de  nos  medecins.  <|in  osl  M.  Mentel. 
age  de  seplante  deuxans;  il  «sl  lieuren.soment  echapptt  ri'uiti* 
dangereuse  el  sotle  dysenteric,  et   d'nn  degorit  etrange  de 
tuute  sorte  de  liqueurs,  inais  il  a  bion  do  la  point1  a  revenir, 
tautest  vrai  ce  quo  Ciceron  a  dit ,  .sv//<rr///.s-  ///>v<  mm /tits  fsf. 
Mais  1'autcur  francois  a  encore  (lit  autrenient  :  //»//  jiroc/miit , 
rii'tllt'ssc  sera  nialudie   incui'ftble  a  i-mw  <!<•*  minces  y>«,v.\vv'.\-. 
M.  Mentel  est  ravi  d'etre  saigne,  el  porte  bien  ce  reinede . 
ma  is  il  hait  fort  toutes  series  de  medicaments ,  et  particulie- 
rement  tous  les  purgatifs. 

M.  le  Dauphin  est  encore  raalade ,  il  a  eu  quelques  trissoiiN 
et  de  mauvaises  units  ;  si  cela  continue,  on  croit  (jue  le  mi 
n'ira  point  a  Chambord.  On  dit  que  inadame  de  Vendoine, 
mere  de  feu  M.  de  Beaufort,  vient  de  mourir;  cllf  etoil  1'. lie 
de  feu  M.  le  due  de  Mercu'ur,  qui  niourul  1'an  !(>(>!  ,  ;i  Nu- 
remberg, a  son  retour  de  llongrie.  Je  vous  baise  les  mains, 
et  suis  de  toute  nion  ame  votre ,  etc. 
l)e  Paris ,  It-  8  scptcmbrc  1069. 


LKTTHK  DCCXCI.  --  An  >/«W. 

Kntin  madam*'  de  Yendome  esl  morle,  et  les  iiu'-dccins  out 
boil  temps,  car  il  n'v  a  point  ici  de  malades ,  si  ce  n  Cst  qiicl- 
(jues  dysenteries.  La  reino  d'Anglnterre  est  aussi  morte  a 
Coulombe  d'nn  inodicament  narcotiqiie.  Dieu  nous  venille, 
par  sa  sainte  grace,  preserver  de  ro|)ium  et  de  I'untimoine  ! 
Le  roi  est  en  colere  eon t re  Valot,  de  ce  qn'il  a  donnt'1  tine 
pilule  de  laudanum  it  la  f'eue  reine  d'Angleterre.  Les  charla- 
tans tadient,  avec  leurs  remedes  rhimiques,  de  passer  pour 
liabiles  genset  plus  savants  <pie  lesautres;  mais  ils  s'y  from- 
pent  bien  souvent,  et ,  an  lieu  d'etre  medecins,  ils  deviennent 
empoisonneurs.  Ils  se  vanlent  de  preparations,  et  ce  n'est  que 
de  rimposlure.  Thais  etoit  ancienneinenl  nne  belle  putain  (|iii 


,-<){J  I.KITIIES    DE    i.l'l    I'ATIN 

laclioil  de  passer  pour  lemme  de  bien  ,  et  qui  se  deguisoit 
!;'iit  qu'eile,  pouvoit. 

Ainsi  fait  la  chimie  aupres  do  la  rnedecine.  11  court  ici  des 
vers  sanglauts  centre  Valot ,  et  entre  autres  cette  epigramme  : 

LC  croirez-vous,  race  future, 
Que  la  (ille  du  grand  Henri 
Kill  en  m on  ran  I  meme  aveniure 
One  feu  son  perc  el  sou  mari  ? 
Tons  Irois  sonl  morls  par  assassin  , 
Ravaillac,  Cromwell,  tnedecin. 
Henri  d'tin  coup  de  bayonneite  , 
Charles  finil  sur  un  billot , 
Kt  inaintenant  menrl  Henrielte 
Tar  1'ignoranco  de  Valoi. 

Un  me  vient  de  dire  qi.ie  M.  le  Dauphin  n'est  pas  encore 
hien  ,  qu'il  est  fort  inaigre  et  a  les  jainbes  bien  foibles.  Dieu 
iui  redonne  bientot  la  sante !  la  France  a  grand  besoin  (|ue 
cet  enfant  vive.  Fi'aneois  1"  perdit  son  Dauphin  a  di\-!iuit 
ans,  et  en  meine  temps  sa  bonne  fortune.  Cette  deesse  aveugle 
aime  les  jeunes  gens  et  ne  fait  point  de  miracle  pour  Us 
vieux.  Adieu. 

Do  Paris,  Ic  18  septembre  KiG«). 


LETTHE  DCCXCII.  —  Ait 

Je  vous  ai  mande  comme  j'avois  rencontre  sur  le  Pont  au 
Change  votre  M.  de  Belaistre,  ijui  a  pris  la  peine  des'arreter 
et  de  me  saluer  de  votre  part,  et  de  me  fa  ire  beaucoup  de 
compliments  :  apres  un  pen  de  conversation  nous  nous  en 
allames  chacun  de  notre  cote;  nos  chiens  n'ont  garde  de 
chasser  ensemble,  Sutnuritnni  KOH  coutuniur  Judtuis. 

On  ilit  ici  (pic   lc  roi   ;t  mande  a  M.  de  Navailles  (pi'il  re- 


A    FALCONET.  !0? 

viemie  de  Candle ,  et  qu'il  ramene  ses  troupes  ,  puisque  le* 
Venitiens  et  le  pape  n'y  font  pas  leur  devoir  pour  en  chasser 
le  Turc.  On  dit  pourtant  que  le  pape  avoit  envoye  pour  eel 
efl'et  des  pardons  et  des  bulles  :  IJnidquid  Kama  dobit ,  nuyas 
dabit ,  ucciftit  ftunim.  Les  Tures  ne  sont-ils  pas  de  mechantes 
gens,  et  bien  incredules,  de  ne  rien  delerer  a  ces  bulles,  in- 
ventions italiennes  et  papalines? 

On  dit  que  le  roi  va  fa  ire  du  changenient  en  la  grand'cham  - 
bre  par  le  retranchement  de  quatre  presidents  au  mortier , 
qui  sont  fort  oberes,  et  qui  ne  paient  point  leurs  dettes ; 
MM.  de  Bailleul  et  de  Novion  sont  les  deux  premiers,  les 
deux  autres  ne  se  nomment  pas  si  haul;  pourtant  je  ii'eu 
erois  rien ,  et  le  prends  pour  un  bruit  de  ville  ,  et  tin  son  qui 
n'a  pas  d'eflicace. 

Le  marechal  de  Bel  funds  va  commander  en  Candie  ,  et  il 
y  mene  quand  et  soi  (juin/.e  cents  hommes.  11  y  en  a  qui 
eruient  que  I'accord  est  fait  entre  les  Venitiens  et  les  Turcs. 
D'autres  disent  que  nos  troupes  revenoient ,  mais  que  le  roi 
les  a  contremandees ,  et  (ju'ils  out  ordre  de  s'y  en  retourner. 
J'ai  ce  matin  ( 2-'>  septembre )  rencontre  pres  de  la  porte  Saint- 
Michel  M.  le  cardinal  de  Bouillon,  qui  etoit  seul  dans  son 
carrosse;  il  est  ici  en  grande  estime  d'erudition  et  d  intel- 
ligence. 

Nous  avons  ici  des  dysenteries  qui  ne  sont  pourtant  pas 
fort  cruelles,  et  plusieurs  lievres  quartes.  Je  penseque  1'hiver 
sera  fecund  en  maladies ,  a  cause  des  grandes  clialeurs  de 
I'ele  qui  out  bien  echauffe  les  corps  ,  et  a  cause  du  vin  nou- 
veau  qui  sera  terrible,  a  ce  que  disent  les  buns  biberons  ; 
de  la  viendrunt  les  inflammations  de  poumon  ,  les  rhuma- 
tismes  et  les  gouttes  ,  sans  uublier  Les  doubles  tierces  et  les 
quartes. 

J'ai  donne  cunge  a  mes  audileurs  des  le  12  juillet  ,  et  nc 
recommeucerai  qu'a  la  lin  de  novembre  selon  la  coutume. 
.Nous  avons  en  noire  college  deux  places  vacantes  ,  1'une  dt> 
pliilosoplue  ,  I'aulre  de  mcdecine  :  plusieurs  les  out  deman- 


'OS  ir.TTHK>    DK    <;!'!    PA  TIN 

ilns,  el  ce  par  les  plus  Brands  dn  royaume;  le  roi  n  ei, 
;i  voulii  contV'i-cr  aticnne  ,  il  vent  qu'elles  soieni  mises  a  la 
dispute.  On  commencera  par  relic  dc  philosophic  ,  en  exern- 
tion  d'liii  arrct  du  conseil  donne sous  Charles  IX,  I'an  lf>(>(>, 
et  (|ui  pourtant  u'a  janiais  etc  observe.  Uuoi  qu'il  en  soil  , 
nous  obeirous  au  prince  ,  <|ui  ost  le  grand  inaitre,  qui  esl 
le  patron  deces  chaires  royales.  II  y  a  un  an  ([in;  celle-ci  va- 
que  par  la  mort  do  M.  des  Anbcries,  prol'esseui1  en  philoso- 
phic an  college  d'Harcaurt.  Celle  de  nicdecine  vatjue  \)nr  la 
niorl  de  Philippe  Cliavtier.  Un  des  notres,  nomine  liut'fin,  sc 
rendit  chartreux  I'an  JKISSC  ;  il  a  fait  profession  depuis  (piin/e 
jours  en  Hasse-Bretagne  ;  et  voila  roininent  le  noinbre  se  di- 
ininue  par  la  mort  on  autreniont.  .le  vous  baise  les  mains,  et 
Mils  de  tout  moil  eu'ur  votre  ,  etc. 
IV  I'aris.  le  2(5  sepleinbrc  1(5(50. 


LKTTKK  DCCXCIH.   --  An  mf*nir>. 

l.a  saute  de  M.  le  Dauphin  va  loujonrs  en  amendant. 

On  (lit  quc  la  ga/.cttc  de  llollande  assure  qne  les  Turcs  onl 
levt'1  le  siege  de  (laudie  ;  je  n'cn  !is  janiais  IUHMIIIC,  pas  menu1 
des  n<Attres  ,  mais  je  sonhaite  qne  eelle-la  ait  (lit  vrai. 

M.  le  chanoelicv  etoit  bier  si  fort  nialade,  (jut1  I'on  |iar!oi( 
deja  de  son  stiecessenr,  et  nuMiie  on  le  nommoit  ,  d/i's  <!!<•  //•//- 
(lit HI  ,  (I us  (//c/i/  du:/'!  :  j/ii;t'ii<'s  ni/i/'i  jitissrt/if  ,  s/'itcs  <////  rln-i'i- 
nun  /i<tss//i/f.  On  public  (|ue  M.  de  Beaufort  n'cst  point  mort , 
qu'il  est  prisonnier  die/  les  Turcs,  qu'il  a  ecril  au  roi  sa  dt'1- 
route  et  son  dcsastre  ;  on  dit  (ju'il  esl  aujourd'hui  a  Larisse  , 
villc  de  (irccc  ,  dans  laqnelle  esl  jadis  mort  notre  grand  llip- 
jioerate  ,  ulcm  /j/xr  >///'//// //if  Larissctt1  cujnsfttmi  I  //Y/////.V,  ////.  ,'i. 
Ejriddn,)  n/jus /nstu/'itt  rsf  ftdinofhnn  nu'inornbilis,  //t//ofc  tjitit- 
/ml ii-iilii  lint  st-.rfo  ill/'  ,  i'f  ft/i//''//  j'l'l iriti'r  tT/txif  /'ri/i/trtK  i-ni - 
ciiutniiii*  hi'iii'fi/'ii,.  LP  fail  est  rare  ,  ct  merveilleusement  re- 


i    I-  A  I.  CONK  I.  70.' 

inarquable  ;  sur  quoi  moritent  d'etre  lus  le.1-  commentaires  de 
(ialicn,  Foesius ,  Mercurial,  Valesius  et  Phrygius ;  je  vous 
prie  de  les  f'aire  lire  a  M.  votre  His  Noel  Falconet,  (jue  je  salue 
do  tout  moil  co3ur.  Cette  histoire  vient  fort  a  propos  ,  et  sou- 
vent  die/,  nos  unlades  et  en  consultation.  Depuis  huit  jours 
est  ici  inorte  une  l)onne  veuve  de  plus  de  quatre-vingt-trois 
ans,  lille  de  M.  Riolan ,  qui  inourut  1'an  1GOG,  et  sa>ur  de 
inadame  Houvard  ,  comine  aussi  de  i'eu  M.  Jean  Kiolan  mon 
predecesseur  que  vous  avez  connu.  L'automne  est  appelee  par 
Tertulien  :  ti'iitator  valetudinurn. 

On  dit  tjue  le  vin  nouveau  est  fort  bouillant ;  cela  t'era  later 
le  pouls  aux  (jHttr/'iiMuvs  et  aux  dysenteriques  ,  et  lera  venir 
ici  ties  rhumatismes  et  des  peripneumonies  :  le  bon  ami  d'A- 
grippine  a  tort  bien  dit  a  ce  propos  ,  t/ravis  amta*  mwlicis  in 
f/nii'iifu  caf.  11  y  a  de  la  [>est(;  en  Flandres,  et  une  mechantc 
lievre  epideinique  en  Hollande  (jui  emporte  beauconp  de 
nionde  ;  ils  sont  si  sots  en  ce  pays-la  et  si  ^rossiers,  (ju'ils 
aiinent  mieux  so  laisser  mourir  que  d'etre  saignes ,  i:d>  ini- 
wi'is  ! 

M.  le  inarechal  de  Hellbiids  est  parti  pour  Candie.  Jl  est 
alle  par  Chambord  pour  prendre  conge  du  roi ;  puisse-t-il 
etre  plus  beureux  ([Lie  les  autres  !  Madame  la  duchesse  d'Or- 
It-ans  ti  ecrit  an  roi  de  grosses  plain  les  contre  Valot  de  ce 
(|ii  il  a  tue  la  reine  d'Augleterre  sa  mere  avec  sa  pilule  d'o- 
pium  ,  et  demande  <[u'il  soil  chasse  de  la  cour.  M.  le  due 
d'Orleans  est  dans  le  meme  sentiment ,  et  1'a  menace  pareille 
ment ;  jc  ne  sais  ce  (jui  en  arrivera  ,  mais  on  dit  que  cela  est 
remis  au  rckiur  du  roi.  Voilii  le  bruit  de  la  cour.  Feu  M.  Merlct 
disoit  quo  I'opium  et  1'antimoine  etoient  deux  mechanics 
drogues,  qu'il  ne  vouloit  ni  de  I'un  ni  de  1'autre;  il  a  vecu 
(jualre-vingls  ans,  el  n'en  a  jamais  pris.  II  eul  en  une  meme 
annee  deux  grandes  maladies,  avec  lievre  continue,  en  clia- 
cunedes(juelles  il  futsaignedix-lmit  Ibis,  c'est  trenle-six  f'ois 
en  an  an  ,  et  purge  pi usieurs  ibis  avec  casse  ct  sene,  tihstjuo 
«'////(>,  /inniiin  i:t  wiii/niui/miti*. 


;  |O  l.l-.l  I  l(h>    l)h    I.I  I    I'AilS 

Kulin  l<  I'ni  a  voulu  (ce  ii  octobre)  quo  la  chaire  de  philo- 
Mtpliie  vacante  par  la  uiort  do  M  des  Auberies  tut  disputee. 
M.  I'abbo  de  Bour/e  en  a  ote  otabli  le  juge  avec  six  homines 
savants,  et  six  professeurs  dn  roi.  La  dispute  a  ete  publiee 
par  alliches;  sept  bommes  se  sont  presentes  ,  qui  ont  de- 
niande  a  la  disputer.  Cos  Mi\I.  les  treize  juges ,  etablis  par 
le  roi ,  les  ont  voulu  voir,  et  les  out  entendus  parler  en  leurs 
pretentious:  trois  d'iceux  ont  ete  congedics  douceraent,  en 
lour  faisant  eoiinoitre  qu'ils  n'y  etoient  pas  pro  pros ,  les  quatrc; 
aulrcs  ont  ete  retenus  pour  parler  publiqueinent  cbacun  une 
licure  d'horloge  ad  clcpsydram  ,  savoir,  cbaoun  sur  tin  point 
different,  tire  de  la  doctrine  d'Aristote,  dc  innn<>rtniito,f,t> 
twit/it.",  dc  muff ,  df  prtestnntia  ////il(>so/i/n'a>  peripatetics.  Le 
(|iiatriomo  a  ete  eoutre  la  pretendue  nouvelle  pliilosopbie  de 
M.  Descartes,  //i>>  tlictnx  est  n/nt/is  indulaissr  nocifa//,  fjuinn 
rrrifnfi  (l).  ,le  les  ai  entendus  tons  quatre  fort  attentive- 
inent ,  et  tons  quatre  ont  fort  bien  fait;  neannioins  il  y  en  a 
deux  qui  ont  plus  paiu  quo  les  deux  antres,  savoir,  eeux<|iii 
ont  agile  les  denx  j)remiers  points  :  niaintenant  ils  attendent 
lo  jngoment  qui  en  sera  fait  par  MM.  les  trei/e  juges  deputes 
du  roi,  niais  nous  IK;  savons  pas  quandce  sera  ;  peut-otre  quo 
Ton  attendra  le  retour  du  roi,  <[iii  sera,  a  ee  (ju'on  dit,  lo  1? 
de  co  inois. 

Le  roi  de  Pologne  doit  biontot  arriver ;  il  est  depnis  (|uel- 
(juos  jours  a  Gbantilly,  oil  M.  le  prince  de  (joude  est  alle  lo 
reccvoir  :  Ton  dit  (ju'il  n'entrera  pas  dans  Paris  en  grande 
c.erenionie,  d'autant  (|u'il  a  desire  (pie  le  roi  lui  dounat  la 
droite,  ce  qui  lui  a  etc  refuse  ;  ainsi  il  no  fera  quo  passer,  et 
s'(!ii  ira  passer  1'hiver  a  Avignon. 

On  no  parle  ici  qucde  voleurs   de  receleurs  et  de  gens  (jui 

1  (,'<>!  nnisi  ijiie  bien  dcs  gens  a  cello  epo(|ue  jugeaienl  le  grand 
Desearlcs,  l'lu«>  lard  memo  ce  philosophe  el  ses  disciples  les  plus  illuslres 
lie  lurch!  p;is  micux  apprecies.  Sur  nn  exemplaire  de  Malebranche, 
appiirtenanl  a  llossne!  ,  ce  grand  liommc  a\aitecrilen  nole  marginale: 
.  nor  it  .  falsa  '  [\.  P.' 


A     I  Al.i:o.\KI  .  71  I 

tuent;  las  executions  publiques  ne  nianquent  point  pour 
I'exemple,  et  neanmoins  il  y  a  to u jours  qiielqu'un  qui  y  est 
attrape;  les  frequents  supplices  m'etonnent  et  me  font  con- 
noitre  la  malice  des  hommes,  et  la  vigilance  des  juges  qui 
travaillent  pour  le  bien  public.  Je  vous  baise  tres  humblement 
les  mains ,  et  suisde  tout  mon  cu'ur  votre,  etc. 
De  Paris,  le  12  octobre  166U. 


LETTKE  DCCXCIV.  --An  ineme. 

Le  bonhomme  M.  Nicolas  Ellain  ,  1'ancien  de  notre  ecole, 
(jui  mourut  d'une  pleuresie,  I'an  1621  ,  age  de  quatre-vingt- 
sept  ans,  avoit  aussi  ete  taille  deux  annees  avant  sa  mort. 
\ous  avons  ici  quelques  petites  veroles  et  quantite  de  rou- 
geoles.  A  1'une  et  a  1'autre ,  la  saignee ,  laite  dans  le  commen- 
cement, estd'un  grand  secours  pour  prevenir  I'intlammation 
erysipelateuse  du  poumou,  qui  est  mortelle  (1). 

Pour  ce  qui  est  de  1'usagede  la  glace  dont  vous  me  demandez 

(1)  Cest  une  graude  question  que  la  saignee  dans  les  lievres  «;rup- 
tives.  Du  temps  de  Gui  Patin  on  n'hesitait  pas ;  plus  lard  menie  ,  Chirac  , 
le  medecin  du  regent,  s'ecriait  :  «  Petite- verole,  je  t'accoutumerai 
a  la  saignee.  »  Et  pourtant  il  n'en  fut  ricn.  L'heureuse  decouverte  de  la 
vaccine  a  singuliereraent  diminue  Tinleret  de  la  question  ,  sans  pour- 
lant  la  resoudre  enticrement.  Pendant  le  regne  de  Louis  XI V,  cette 
question  fut  >ivement  controversee  ,  meme  dans  le  public.  Madame 
de  Sevigne  ,  plus  tard  uctime  elle-memr  de  l;i  petite-verolc  .  nous 
apprend  que  le  chevalier  de  (irignan  mournt  des  accidents  de  la  va- 
liole  et  peut-etre  de  la  saignee.  «  II  a  ele  rude  men  I  saigne  .  dit-elle  ;  il 
\oulut  resistor  a  la  derniere  ,  qui  fill  la  on/.iemc  ,  mais  les  medecins 
lYmporterent.  II  leur  dit  qu'il  s'abandonnail  done  et  qtrils  voulaicnt  le 
tuer  par  les  formes.  La  mort  de  M.  de  (iuide  .  qu'on  a  cru  <|ui  de- 
vait  etre  saigne  ,  a  bieu  fail  mouriv  du  monde  apres  lui.  »  ^du  10  fe- 
Irier  1672.)  Voycx  note  t.  II,  pag.  -21K,  el  le  remarquable  rapport  fait 
sur  eel  important  sujel  a  PAcademie  de  medeeine,  par  iM.  le  docteur 
Housquet.  ^Bulletin  de  I' Academic  royaU  de  medeeine,  i.  XI ,  pag.  5fi9. 

(K.  P.^ 


•  I  2  I  I.  I  I  HK>    DI-,    i.l  I    !'  \  I  IN 

iiinii  a\i>.  |«  IK'  !<•  blame  point,  ni  celui  do  1'eau  rafrairliie  , 
inais  jo  n'on  ai  jamais  approuve  1'excos ,  qui  est  dangeroux  a 
tons  ceuxqui  n'y  sont  pas  accoutumes.  Cette  fraicheur  subite 
est  ennenn'o  dt'  1'estomac  (l),  (lout  les  tuniqufis  doivent  etre 
couserveos  dans  lour  juste  temperament,  (|ui  ost  toujours  ae- 
compagne  d'unc  clialeur  considerable.  El  les  ne  peuvent  sans 
soull'rir  porter  ee  {Void extreme.  Tot  ou  lard  on  s'en  doit  ressen- 
tir.  Philippe  Chartier  etoit  un  gros  garden  de  trente-six  ans  , 
qui  niangea  force  melons  en  un  diner,  lint  rudement  a  la 
»laee  beaucoiip  de  vin  ,  tint  table  longtemps,  maugea  quan- 
tit(;  do  cei'iieiiux,  et  tomba  malade  ensuite.  Des  le  lendemain 
son  eonipagnon  de  debauche  fut  son  medenn;  pen  saigne  , 
purge  inal  a  propos  dans  un  flux  dysenteri(jue  qu'il  avoit ,  il 
n(>  tarda  pas  a  inourir.  Le  pere ,  qui  faisoit  I'entendu  en  cbi- 
cane  ,  est  niort  gueux  avec  son  Galien  grec  et  latin  qu'il  avoit 
commence  de  fa  ire  imprimer.  Le  second  Ills  ne  valoit  pas 
mieux  <|ue  son  frere,  et  est  mort  de  {'aim;  ainsi  voila  trois 
Chartier  ren verses. 

On  voil  ici  une  relation  de  Candie,  on  il  est  dit  <]u'il  n'a 
pas  tenu  a  nos  gens  que  tout  ifallat  bien  en  ce  pays-la  contre 
lesTuros  ;  maisque  quelques  troupes  ri'ont  pas  voulu  seconder 
de  leur  coto,  coinme  elles  avoient  promis.  Oiiloueneanmoins 
les  Venitiens  deleur  fermete  et  de  leur  conduite.  Feu  M.  Naude 
m'a  autrefois  dit  (jue  Constantinople  ne  Cut  prise  .  1'an  H5,'5, 
par  les  Turcs ,  que  par  la  faille  des  pretres  et  des  moines  de 
cette  ville,  (jiii  ne  voulurent  rien  eontribuer  pour  la  levee  des 
soldats  et  pour  la  defense  de  la  ville;  que  toute  1'Kurope 
etoit  alors  en  fort  mauvaisetat.  L'Angleterrebrouillee  paries 
factions  d'Vork  et  de  Lancastre;  la  France  divisee  par  la  foi- 
bhssc  d'espril  de  Charles  VII .  outre  qu'elle  etoit  occupee  a 

I'M.  Ic  doclcur  Alpli.  (iiicrard  a  dcmontrc  la  vtM'ilo  ilo  co>  jirt-ooplfs 
<lan--  un  linn  lia\ai!  ayaiil  pour  lilrc  :  Mcnioiri1  sn>'  les  arridcnts  '/'" 
)>an'Knl  siu'ciilcr  a  t'in(/estion  tics  Itotssons  froidcs,  lorsyuc  Ic  <'<>r}>s  cst 
c<-ii(iu/lc.  .ln,mlcD  d'lnftfi.ene  fiublifjnc  .  1'ari'-.  |.Si2.  t.  XX. N  II  ,  p.  -i!? 
H  siii\.  K.  P. 


\     I  A  I.  M  •Mil.  71.  > 

repousser  le  n^tr  de.s  Anglois  de  r'rance  ,  dcpuis  que  la  Pu- 
celle  d'Orleans  cut  si  braveinent  reussi  a  le.;  chasser.  L'Kspa- 
gne  etoit  part  a  gee  on  diverses  principautes  ;  les  princes  d  I  ta- 
lus, iii  le  pape  meme,  ne  iirent  aucun  ell'ort  pour  repousser 
au  dela  du  inont  linaiis  cet  eiineiiii  connnun  de  la  chretiente, 
Mahomet  II  ,  qui  t'ut  un  vaillant  prince  et  uu  grand  conque- 
rant,  et  (jui  avoit  bien  envie  de  venir  jusqu'en  Italic  et 
de  pousser  sa  bonne  fortune  plus  loin.  Mais  ses  debauches 
I'empecherent  de  passer  outre.  Ce  tyran  inourut  presque  des 
meines  eauses  (pje  ce  Philippe  Charlier  dont  je  vous  ai  parle, 
de  vin,defemmes,de  melon  et  de  glace.  (Vest  lui  cpii  ordonna 
qu'onmitsur  son  tombeau  ,  Manx  crut  stqici'iirc  lilioditm  <•/  '/>- 
hfll'trc  tuiicrlxiiii  Ilulium.  Mais  quoi(jue  toute  1  Europe  aujour- 
d'hui  soil  dans  un  etat  assez  dissemblable  ,  (juelque  etlbrt 
(ju'on  ait  fait  a  repousser  le.s  Turcs,ils  n'ont  pas  laisse  de 
s'avancer  en  leurs  desseins,  et  de  se  reudre  maitres  de  toute 
I'ile  de  Candie;  Dieu  veuille  <[u'ils  en  puissent  deineurer  la  , 
et  qu'ils  n'approchent  pas  ilavantage  de  la  Sicileet  de  Home. 
de  peur  qu'entin  on  n'y  ilise  ,  s'ils  y  viennent  jamais,  nntr>' 
Saiiit-Pet'e  le  Turc  ,  aussi  bien  (jut;  Ton  (lit  aujourd'hui  notre 
Saint-Pere  le  pape.  Tels  prog  res  de  nos  ennemis  nous  doivent 
bien  epouvanter,  \  u  qu'ils  ne  se  font  que  par  punition  divine. 


L)c  Paris  ,  le  (i  noveinbre 


LKTTHK  DCCXCV.  --  A 

,le  vous  envoyai  hier.  ee  7  novembre  ,  une  U^ttre  de  <|iiativ 
pages  ,  en  recompense  de  ee  que  je  ne  vous  avois  eerit  de- 
jiuis  longteinps.  Je  vis  hier  M.  dc  Lorine.  par  visile  clie/  lui ; 
il  me  lit  grand  accueil ,  nous  eausaines  ensemble  une  bonne 
lit'inc,  nous  ne  lYmirs  inuels  ni  1'un  ni  I'auiii';  il  csl  admi- 
rable en  son  entretirn  ,  au>si  bien  qu'en  Ionic  anlrc  chose  . 
il  a  une  meim.'ire  admirable  pour  son  age  dequatre-vingt- 


ciiKj  ans.  Je  rrois  qu'il  mourra  en  sa  vieille  peau  ,  avec  son 
antiinoinc  dans  le  cu-ur  et  dans  la  tete;  et  rieanmoins  ee  qui 
me  console,  c'estque  j'espere  qu'il  n'en  prendra  jamais,  aussi 
n'en  a-t-il  pas  besoiu. 

On  parln  fort  ici  de  trois  homines  qui  sont  en  prison  ,  sa- 
voir  d'nn  marquis  et  de  deux  faux  temoins  qu'il  avoit  subor- 
nes  pour  perdre  certain  offieier  qui  avoit  une  belle  femme, 
et  avec  iaquelle  11  avoit  intelligence  secrete  ;  on  tlit  qu'ils 
sont  contlumnes  au  Chatelet,  et  qu'il  y  a  appel  an  parlement. 
On  parle  d'un  traite  tie  grande  importance  qui  detruiroit  la 
triple  alliance  .  c'cst  entre  nous  et  le  roi  d'Espagne,  auquel 
nous  vendrions  1'Alsace  et  le  Roussdlon  ,  et  qui  nous  quitte- 
roit  le  reste  des  Pays-Has.  Si  cela  arrive  jamais,  I.Meu  puisse 
liien  garder  les  bourgmestres  de  la  riche  cite  d' Amsterdam  ; 
car ,  eoinme  nous  serious  en  ce  cas-la  les  plus  proches  voi- 
sins  des  Hollandois  ,  on  leur  feroit  bientdt  connoitre  ce  <|ue 
vaut  et  ce  que  pent  notre  voisinage.  Kginard  en  la  vie  de 
Charlemagne  ,  et  Aventinus  in  .{nnnHbiis  Bajorutn  ,  out  raj)- 
porti'1  int  proverbe  qui  est  pour  le  moins  aussi  vrai  qu'il  est 
conunun  :  (idlhnn  Imln'iix  /niiictnn,  iinn  riclmnn  ;mais  la  science 
est  reservee  pour  ceux  (jui  s'y  trouveront  alors  :  \  it<i>  smtnim 
ft/'ci'/K  x/x'itt  1 1 ox  fi'tnf  i nclioiii'i'  loiii/init  :  \\  n'y  a  (|U<1  le  temps 
t[iii  IKUIS  puiss(!  apprendre  les  secrets  d'Ktal  et  de  telle  consr- 
(pience  ;  et  de  plus  je  vous  assure  que  je  ne  cvois  ricu  de  tout 
cct  ('c.liange,  mais  il  taut  laisser  purler  It1  monde. 

l"n  Hollandois.  fort  honnete  et  savant,  m'a  aujourd'hui  parlr 
d<!  quelques  livres  franeois  imprimes  en  llollande,  qui  tons 
sont  conUr  la  cour  romaine,  du  cardinalisme,  du  nepotisme. 
i^tdes  ('-loges  des  cardinaux  vivants.  depuis  M.FraneoisBarbe- 
rini  jusqu'a  Maldachini.  On  imprime  preseutement  a  Geneve 
mi  livre  nouveau  de  31.  Daille,  ministre  de(-liai'enton  ,  que  les 
Huguenots  disenl  (Mre  le  plus  grand  liomine  qu'ils  aient  en 
depuis  Calvin  :  pour  rnoi ,  je  crois  <|iie,  M.  A.  Arnauld  les  sur- 
pHNse  de  beaucoup. 

11  y  a  ici  un  proees  devant  M.  le  lieutenant-criminel  pour 


7J."> 

tin  do  nos  doc  tours  nomine  Oesse ,  tils  d'un  chirurgien  i'a- 
meux.  II  a  dans  son  voisinage,  vers  la  rue  de  la  Venerie,  un 
burbwr  btirbant ,  nomine  (iriselle,  (jui  avoit  line  fern  me  fort 
jolie  ,  a  ce  qu'on  dit.  Le  medecin  a  ete  appele  chez  le  barbier 
pour  y  voir  quelqu'un  malade ;  des  qu'il  fut  entre  dans  la 
chambre  oil  il  faisoit  sombre,  quatre  homines  se  jeterent  sur 
lui  ,  et  lui  mirent  une  corde  a  1'entour  du  cou,  lui  voulurent 
Her  les  mains  et  les  pieds  ;  il  se  mil  en  defense  et  se  remua  si 
bien  contre  ces  quatre  hommes  ,  qu'ils  n'en  pouvoienl  venir 
a  bout.  Le  bruit  et  sa  resistance  vigoureuse  lirent  que  les  voi- 
sins  vinrent  au  secours  et  frapperent  a  la  porte;  celaobligea 
ces  (juatre  hommes  de  le  laeher  et  <le  s'enfuir.  Le  medecin 
alia  aussitot  porter  sa  plainte  chez  le  commissaire  ,   apres 
(|iioi  le  barbier  a  ete  mis  en  prison,  oil  il  est  et  sera  jusqu'a 
la  tin  du  proces.  Quelquesunsdisent  qu'il  y  a ((uelques amou- 
rettes cachees  et  quelque  intelligence  secrete  entre  le  mede- 
ein  et  la  femme  du  barbier .  qui  en  estjaloux.  Quo!  qu'il  en 
soil,  on  blame  le  barbier  de  sa  violence;   il  a  tout  loisir  de 
s'en  repentir.  Charron ,  en  sa  Sayrsae  (oh!  le  beau  livrc, !   il 
vaut  mieux  que  des  perles  et  des  diamants),  a  dit  quclque 
part  qu'uu  avare  est  plus  malheureux  ((u'un  j)auvre,  et  un 
jaloux  qu'un  cocu.  II  me  semble  que  ce  grand  homme  a  dit 
vrai  la  aussi  bien  qu'ailleurs.  ^utn  (jue  ledit  medecin  est  ma- 
rie, et  de  plus  qu'il  est  bien  glorieux;  mais  quoi  qu'il  en  soil, 
hie  ft,  alilii  ri'tiil  itiir  pi  JUT,  ft  Itabent  (tl<ut(l(voinnr.'s  xi«nit  crixtmn. 
Ouelques  mis  pretendent  que    le  barbier  sera   peudu  pour 
avoir  voulu  ainsi  trailer  une  personne  publique  :  ilii'x  >l i<-m 
>l  off  hit. 

Depuis  trois  jours  le  plus  ancien  ministre  de  (lharenlon  , 
nomme  M.  Drelinconrt  ,  <|iii  avoit  jtres  de  quatre-vinijls  ans 
( c'est  lui  (jui  avoit  un  tils  medecin,  ([iii  est  aujourd'hui  pro- 
fesseur  a  Leyden,  a  la  place  de  M.  Van  der  Linden,  mon  bon 
ami),  a  ete  enterre.  Xolre  bon  ami,  M  Spoil,  ii  <|ui  je  baise 
les  mains  ,  connoissoit  bien  ces  deux  1MM.  Drelineourt. 

II  v  a  encore  ici  un  autre  ministre  de  Charenton,  nomme 


7  H;  I  I.  I  I  '!(!•>    Dh    (.1  I    I'A  !  IN 

.M.  Maille,  '|iu  esl  fort  vienx  ,  et  lort  savant,  i:t  do  Brando  re- 
putation ,  memo  oho/  ceux  qui  sont  du  parti  contraire. 

An  sujet  do  la  liullaiide,  jo  vous  dirui  que  co  pays-la  est  mal- 
heureux  ,  ot  fort  sujet  a  plusieurs  calamites.  Vive  la  France, 
vivc  Paris  ,  vivo  Lyon  !  Kn  llollande  ,  la  plupart  des  nialadcs 
no  croient  point  a  la  medecine  ct  ne  so  servent  point  do  me- 
dccins  ,  en  vortu  do  quoi  la  plupart  dos  malades  ineuront 
aiissi.  Los  medecins  n'y  saignont  quo  tres  raroniont,  parco 
qu'ils  n'oii  savont  pas  1'importance  :  aussi  l<?s  nialados  y  sont 
si  >tnpidos  .  v/'  lUcum  ml  en  liu.taii,  ot  si  sots,  qu'ils  no  veulent 
point  olro  saignos.  L<;s  tnodocins  y  pnrgont  d'ordinairo  avoc 
dos  pilules  ot  dos  poudres  chimiques,  avoc,  I'antirnoine  ot  lo 
vin  onietique,  dout  ils  sont  1'orl  mauvais  inarohands.  (Vest  oo 
ipii  loin1  a  fort  aide  a  los  docrier  ;  ils  nooroiont  point  a  la  ino- 
tliodo  do  (ialion,  a  la  plaoo  do  laqiielle  ils  chorohont  tl<\s  so- 
crots  do  chiinio  qui  los  rondont  ridicules  et  meprisables.  Tout 
le  pays  ost  snjet  aux  ocrouollos  ot  an  scorbut.  Los  ehirurgiens 
n'eiitendent  rion  ;i  la  vorolo.  11  n'y  a  la  ni  bun  pain  ,  ni  bon 
vin  ,  ot  (•-(•  qui  ost  encore  bion  j)is  ,  il  n'y  a  pas  memo  de 
bonne  eau.  Joseph  Scaliger  a  dit  (jntsltpio  part  do  la  llollande 
a  son  bon  ami  Janus  l)ou/,a  .  ///  f/>/</i'"i/ntt<i!<',  <!<'  ii.diniruwlis 


In  Hicditu  liabilainus  (iqnig,  </«/.<  credere  possil  '? 
I'A  lamcn  hie  nulia'  ,  Dou:-a  ,  l/ibnnlur  aqua. 

Co  pays-la  ost  exlremciiienl  fro  id  ,  expose  a  do  mauvais 
vents  meridionaux  qni  y  aj>portent  la  poste  fort  souvont.  On 
n'yboit  tpio  do  la  bioi'o,  ot  on  n'y  manre  ipio  du  biouf  sale. 
Vive  le  pain  do  (ionesso  avoc  lo  bon  vin  do  Paris  ,  do  Hour^o- 
{i'lio  ,  do  Champagne  ,  sans  oublior  colui  do  ('ondrioux  ot  lo 
muscat  do  Languedoc  ot  do  Provence  ,  do  la  Cioutad  ,  do  Saint- 
l.-iiirent  ,  etc.  Mais  oxciisiv.  ruon  babil  .  jmn  suf/s  rs/  nnyn- 

i'1/in  ,    inn^nr   hiht'iit  ili'siiin  ,    nf    nii'l  Kn'n  H'tftmn/  fir  .    ft    xo/'N  di'- 


A    F\l.rONET.  71? 

Le  pelit  Francois  Cil<>t  ;i  dopuis  pen  tail!*'-  iei  M.  le  mai1- 
quis  do  Haiilorivo  .  IVore  do  M.  lo  garde  des  sceanx  do  CliA 
teaunenf,  (jui  s'on  porlo  bion  a  1'age  dequatrc-vingl  cini|aii.s. 
11  est  alle  en  Flandro  y  tailler  un  ricbe  bourgeois  (I). 

On  parle  fort  ici  d'uii  ol'ticier  turc  (pii  est  envoyo  ici  par 
son  inaitre,  on  ne  sail  pour  quelle  affaire  il  vient  en  France  ; 
il  a  (He  quelque  temps  a  Fontainebleau  et  est  maintenant  a 
Issy,  a  deux  lieues  de  Paris,  cliex  M.  de  la  Baziniere ,  ci- 
devant  tresorier  de  1'epargne. 

M.  I'eveque  de  Beziers ,  qui  etoit  en  Pologne,  est  ici,  oil  il 
s'apprete  pour  s'en  aller  en  Espagne  y  trailer  de  1'accord  quo 
le  pape  tache  de  fa  ire  entre  la  France  et  la  inaison  d'Au- 
triclie  :  jo  prie  Dieu  (juo  cette  affaire  roussisso. 

Lo  roi  de  Pologno,  Casimir,  est  a  Saint-Taurin  d'Kvreux, 
qui  est  une  des  liuit  abba  yes  (jue  notre  roi  lui  a  donnoos;  on 
dit  (ju'il  viendra  demeurer  a  Saint-Germain  dos  Fosses  ,  qui 
en  est  uneautre,  dans  Paris  memo  et  proclie  du  Louvre. 

L'illustre  M.  A.  Arnault! ,  docteur  tie Sorbonn'o ,  travaille  a 
ref uter  l«  Morali'  d<-s  rc?/r////.sVrx,  et  on  m'a  dit  qu'ello  seroit 
bientot  faite.  Jo  vous  baise  Ires  liiinibloinont  los  mains,  ot 
suis  tie  tout  inon  co'iir  votre,  etc. 

De  Paris ,  le  21  iiovcmbrc  1  69. 

vl)  I, a  iainillc  dos  Colol  ,  nous  1'avons  dit  >>ouveiil ,  se  rendit  illustre 
pendanl  plus  de  deux  siecles  dans  la  speciality  de  I'operalioii  de  la 
laillo  parle  grand  appareil.  ("e  Francois  (lolot ,  qui  motirut  le  25  juiu 
ITO<5  rt  dont  parle  ici  (itii  I'alir),  ne  ftil  pa^  un  de>  moins  remarquables 
par  son  lalenl  el  par  <on  desinteressemenl.  II  a  laisse  un  excellent 
ouvrage,  public  aprcs  sa  inorl  par  Scnac,  <|iii  Pa  enrich!  d'une  longue 
et  honne  preface.  ('.?  livre  est  intitule  :  Trtiite  <lc  I' operation  <h-  la 
ttiillc  ,  avec  des  observations  sur  la  formation  de  In  jiii'rrc  ,  i-t  la  si/yj- 
pression  d' urine ,  elc.  I'aris ,  1T'2T.  H.  I*. 


7  |S  IKTTHES    DE    t'.lM    1'ATl.N 

LKTTKE  DCCXCVL   --  Au 

Les  lettres  de  Hollande  portent  (ju'il  y  a  en  toutce  pays-la 
line  mechanic  iievre  qui  emporte  quantite  de  malades.  Ces 
bons  Bataves  sout  bien  badauds  de  n 'entendre  pas  la  saignee 
des  galenistes ,  et  de  s'airiuser  cependant  ii  aller  a  la  chass-e 
des  secrets  ehimiques.  Les  beaux  et  bons  secrets  de  notre  me- 
tier sont  dans  les  Ap/wrismes  et  le  Pnmostic  d'Hippoerate  ,  el 
dans  la  methode  de  (jalien  ,  avec  le  livre  de  la  saignee ;  que  si 
ecla  ne  suflit  pas  ,  qu'on  y  ajoute  !e  Botal.  11s  se  piquent  de 
vanite  dans  ce  pays-la,  quand  on  dit  d'un  liomme qu'il  est 
doctenr  en  medecine  ,  theorieien  et  nun  pas  praticien  ,  (jui  est 
a  proprement  parler  ee  que  disoit  Jules  Cesar  de  la  republi- 
que  di.'  Koine  :  .\onn--n  xiiit-  re  ,  1111  noin  sans  ell'et ,  on  bien  , 
coinine  Galien  a  dit  dans  la  methode  de  la  debilite  d'estomae , 
quec'etoit  un  simple  noin  qui  nesignitioit  rien  ,  si  on  n'ajon- 
loit  la  cause  de  cette  debilite. 

Jeconsultai  hier  avecM.  Fr.  de  la  Chambre,  notre  collegtie, 
lils  (lu  medecin  de  M.  It; cliaiicelier  et  inedecin  ordinaire  du  roi, 
qui  a  achete  cette  charge  7(),00()liv.,  el  qui  esl  I'rere  de  Pierre 
de  la  Chambre  cure  de  St-lJartheleniy  en  cette  vilie.  Ce  M.  de 
la  Chambve  nie  dit  tout  al'ilige  (jne  son  pere  se  mouroit.  C'est 
mi  grand  liomme  melancolique,  <uii  a  beaucup  ecrit,  et  prin- 
cipalement  Lux  carfictfa'es  des passions.  J'ai  peur  qu'il  n'aille 
guere  loin  a  cause  de  son  grand  age  d(>  soixante-seize  ans.  i) 
t'sl  savant,  toutce  qn'jl  a  ecrit  est  fort  bun.  Mais  les  hon- 
iit'-tesgeus  meurent  cornme  les  autres,  et  encore  quelquelois 
(this  in\.  La  mort  n'epargne  personne  ,  pas  nieme  les  savants , 
(|iii  viveul  souvent  moins  que  les  autres. 

II  n'y  a  encoiv  rien  de  juge  toncliant  I'aifaire  de  31.  C.ressi'-. 
Lf  proces  est  seuhnnenl  snr  le  bureau  ,  mais  tout  le  monde 
fii  [tarle  ici,  et  se  raille  du  inedecin  (|ui  se  devoit  contenter 
de  ce  (ju'il  avoit  en.  sans  s'en  plaiiidre  en  justice;  et  inrinc 
1)11  dil  que  M  -Moliei'e  en  vent  f';iire  line  eomedie.  C.ehi  poiil'i'.i 


A    FALCONET.  719 

bien  arriver,  car  dorenavant  1'on  est  las  fit1  pleurer,  on  ne 
rherche  qu'a  rire,  a  1'exemple  des  dieux  de  la  terre  qui  rient 
taut  qu'ils  peuvcnt  du  malheur  d'autrui.  Ceux  qui  ont  bion 
pleure  en  sont  las  ,  et  ne  savent  plus  quelle  mine  faire ,  quoi- 
(|u'on  en  cut  encore  assez  de  raison.  Martial  a  (lit  fort  a  pro- 
pos,  sur  cesujet,  une  chose  qui  est  aujourd'hui  tres  veritable 
par  toute  la  France  : 

Pars  major  lacrimas  rntet,  el  inlus  habtt. 

II n  maitre  cbirurgien  de  Paris,  nomine  Pierre  Cbenard, 
sot  el  glorieux  comme  un  barbier,  et  d'ailleurs  mediant, 
fripon  et  fort  vicieux  ,  tout  marie  qu'il  etoit ,  a  debauche  nne 
lille  devote,  et  la  voyant  pres  d'accoucher,  il  1'a  tuee.  11  s'e- 
toit  sauve ,  mais  il  a  etc  trouve ,  pris  et  mis  en  prison  au  Cha- 
telet,  oil  son  proces  lui  a  ete  fait.  II  y  a  ete  condanme  d'etre 
pendu  et  etrangle  pour  1'expiation  de  son  crime.  Appel  a  la 
cour,  oil  il  n'a  ete  condamne  qu'aux  galeres  perpetuelles.  Les 
juges  font  leur  metier  en  conscience  quand  its  veulent ,  et 
d'autres tbis  ils  quittent  la  rigueur  de  la  loi  pour  yratilicr  <(iii 
il  leur  plait,  et  passer  a  une  moderation  charitable  (pie  les  an- 
(;iens  Grecs  ont  nommee  iKui/.tta-j. 

On  a  fait  le  service  de  la  fcue  reine  d'Angleterre,  dont  le 
corps  a  ete  mis  dans  la  cave  des  Bourbons,  qui  est  dans  le 
ehu'iir  de  1'eglise  de  Saint-Denis.  Mais  la  voila  maintenant 
loute  pleine  :  oil  mettra-t-on  tons  les  autres  (pii  suivront,  et 
qui  par  ci-apres  mourront  comme  les  autres,  aussi  bien  (pie 
Cyrus  et  Alexandra  -le -Grand?  On  (lit  seulement  qu'il  y  a  une 
place  relenueetdestineea  Saint-Denis,  dans  humelleon  batira 
une  chapelle  pour  y  mettre  les  liourbons,  a  commencer  par 
Henri  IV,  Marie  de  Medieis,  l(^  feu  roi  i^ouis  Xlll,  Anne 
d'Autriche  sa  I'emme,  le  due  d'Orleans  et  cette  reine  d'An- 
gleterre. Dieu  pourvoira  avec  le  temps  d'une  autre  cbapelle 
pour  les  autres  princes  qui  viendront  apres(l).  Je  souhaite 

t     On   voit  i|iie  cetlc   rcmarquc  <i   elt-  fail*1  un  an  .i\anl  \r  »r;nul 


7-20  I.KTTKKS    1'K    til"!    I'\T1\ 

ponrlani  (|n'oii  n'y  joigne  pas  de  longtemps  notro  bon  roi. 
ijiii  nous  esl  iit'vessnire.  I  »!i'. 
DC  1'aris,  le  2:5  novembre  100U. 


LKTTKK  DCCXCVII.  -     An  meme. 

Je  voiis  ;ii  ci-devant  ecrit  d'nn  eveque  de  Vence;  il  y  a  en 
eel  endro',1  de  la  1'aute ,  c'est  1'eveque  de  Valence,  en  Dau- 
pliine.  (|iii  (Hoi I  ci-devant  abbe  de  (lonar,  ct  premier  aumonier 
de  Af.  le  due,  d'Orleans.  !l  f'ut  dis^racii'1  il  y  a  environ  deux 
ans;  il  avoit  I'ait  (|uel<|iie  brigue  pour  revenir  a  la  coin1,  mais 
ses  ed'orts  ne  lui  onl  pas  reussi  pour  en  coup.  On  dit  quo  It1 
roi  1'a  envoye  a  1'Jle  Jourdain,  en  Lauguedoe. 

l-o  proces  de  M.  deCourboyer,  gentilhomine  normand  , 
de  ^0,000  livivs  de  rente,  est  Mir  le  bureau.  On  dit  qu'il  est 
cousin  de  M.  le  niarechal  de  Grance. 

Bossuet,  qui  nc  pronoiu-a  son  oraison  iimebre  de  Madame,  duchessc 
d'Orleans ,  (pic  le  21  aout  1070.  Qui  nc  sc  rappelle  cc  celebre  passage: 
«  Kile  va  descendre  a  cos  soinbres  lieux ,  a  cos  demeures  sonterraines, 

pour  >  dormir  <laus  la  poussiere  aver  Ics  Brands  de  l.i  terrc parmi 

lesquels  a  peine  peul-oii  la  placer,  lant  les  ran^s  y  sont  presses,  lant 
la  mort  est  proinple  a  remplir  ces  places."  Tl  etait  d'ailleurs  connu  (pie 
les  caveaux  de  Saint-Denis  re^orgeaienl  de  cadavres  de  rois,  dc  reines, 
de  princes  ,   etc   .Mais  sur  la  lin  du  siecle  suivant ,   un   vent  de  tiireur 
populaire  sV-leve  stir  la  France;  bientot  ces  sepulcres  sont  brises  ,  les 
osseinents  des  rois  «onl  mis  an  jour,  profanes  ,  moques  ,  disperses  ;  a 
l)cine  siit-on  aujourd'hui  011  existent  ces  tristes  debris  el  celle  pous- 
siere des   i/ranih  tie  la  terrc  ,  pour  qui  la  niorl  n'a  pas  etc  le  dernier 
inol  des  chnses  huniaines.  Maintcnant  viennent  de  nouveaux  cadavres 
tie  rois  ,  d*'  princes  :  les  caveaux  sont  \ides  ,  les  rangs  n'y  sont  phis 
/n-esscs ,  el  la  niorl  y  Irouvera  de  larj;es  places.  Qui  sail  encore  si  la 
toudre  des  revolutions  nc  viendra  pas  un  jour  briser  ces  tombeaux  de 
nouxelle  tabrique  el    Iraielieinenl  recrepils '.'    Jtii'ti  xi'til  rut  yrnnd  ,  in?! 
freres'.  \\    |>. 


A    FALCONET.  7  '2  I 

L'envoye  du  Ture  osl  tou  jours  id  pros,  a  Issy,  et  lo  roi  no 
lui  veut  pas  donner  audience  qu'on  n'ait  nouvelle  do  Constan- 
tinople, ou  Ton  a  envoy*'1  un  cotirrier. 

M.  1'abbe  Hossuet  est  fait  oveque  de  Condom  ;  c'est  un  digue 
person  uage  et  tres  savant.  Notre  M.  de  Cresso  a  rec.u  nialgre 
soi  un  ajournement  personnel  par-devant  M.  le  lieutenant 
oriminel  ,  sur  quoi  ,  par  conseil  d'avocats  ,  il  en  a  appele,  et  a 
evoque  au  parlement;  nous  verrous  dans  quelques  jours  quel 
train  prendracette  affaire.  (jui  fait  ici  bien  parler  du  monde, 
(jui  veut  que  ce  medecin  ait  ete  fouette,  /r  //".<,  >/o//x,  ////r  m< 
iiijuritt,  etneanmoinson  dit  qu'il  ne  I'a  pas  ete,  inais  le  bruit 
n'en  vaut  rien  : 

l-'ama  malum  quo  >wn  aliiul  velocins  ullunt  . 
Mobitilute  vigct,  viresque  acquirit  eundo. 

Cela  est  capable  de  decrier  et  decrediter  ici  un  medecin.  (Jn 
dil  qu'il  est  ricbe,  inais  aussi  est-il  bien  glorioux  ,  et  ainsi 
liai  de  bien  du  raonde  qui  so  niotjue  do  lui  ,  t«n!i  rxt  *<i/,i-rc  ft 
nbstinct'i'. 

Le  bonbommo,  M.  de  la  Cbambre,  est  niort  ag«!  de  soixanto 
seize  ans  (1);  il  etoit  de  I'Academie  franeoise,  et  un  des  pre- 
miers et  des  plus  eminents,  taut  a  raison  de  sa  doctrine,  qui 
n'etoit  point  commune,  (jue  pour  le  credit  qu'il  avoil  die/ 

(1)  Maria  Curcau  do  la  Chambrc  naquit  au  Mans  en  lo!(4  :  medecin 
ordinaire  de  Louis  XI  11  ,  ineinbrc  de  I'Academie  franoaise  et  de  I'Aca- 
demie des  sciences,  il  a  pnhlie  :  Mouvelles  pensecs  sur  la  lumiere  el 
It;  del'Oi'dement  du  A'i/  ,  Paris,  l(»3i,  in-i°.  ~  Trnite  tie  la  i-unnnn- 
xtince  des  aniinaux,  Paris,  Kii8,  in-i".  Specimen  mel/iodi  i>r<>  ex- 
lilanandis  H^tpocrate  et  Arlslolele  ,  I'aris  ,  KiO.'i.  in-i".  .\otti-ellr* 
conjectures  sur  la  diyesliuit  ,  Paris  ,  lt>:i(i  ,  in-'i  .  I.es  caracleres  dca 
passions  ,  Paris  ,  l(iiU  ,  in-  V'.  Xvuvelles  observations  sur  I'iris  .  I  ari>  , 
tiii)2,  in-'i".  Discaurs  sur  Ics  principes  de  la  chiromanc  e  <>t  de  In 
uteloscopie  ,  Paris,  l(i.'>:5,  iu-'r.  —  l.i-  systeme  deiduu1.  Pari-..  Kki'i  . 
HI-.'I  .  l.'urt  tie  conn  ilrf  Irs  !  miuni's  .  I'ari-,  l(i.')!»  ,  in-4".  Sin 
i'uDtitie  el  In  lniint>.<i  u>  s>'  Iron  re  i/iixx  /i'.<  lirtf.t  .  Paris.  KiliT,  in-S". 


in 


7  •_>-.!  I.KITHK:-  DK  uri  r\n\ 

M.  li>  clianeelii'!1.  en  verlu  dc  tjtioi  il  eloit  ollieieux-  et  bienfai- 
sanl  a  ertix  a  i|ui  il  pouvoil  servir,  et  <|ni  avoient  alia  ire  en 
<v  pays  d<:  chancellerie. 

.le  viens  d'appreiulre,  d'un  des  notres,  que  le  sieur  Griselle, 
barbicr,  so  defend  fort  bien  eoiilre  M.  Cresse,  centre  lequel  il 
produit  plusieurs  pieces  qui  1'accusent  d'incontinence,  et  de 
quelques  mauvaises  rencontres  qu'il  aeues  ci-devant  en  divers 
lieux  ,  pour  memefaute  et  de  inenie  nature,  vent  urn  dies  w- 
ti'/'c  (loccbif ,  <.'t  fin-nan  fte/oni :  au  moins  M.  Cresse  a  cet  avan- 
la^e ,  que  personne  n'est  de  son  cote ,  et  que  par  provision  on 
s'eu  inoque  par  tout  Paris.  Je  ne  sais  pas  ce  (|ui  en  arrivera . 
niais  plusieurs  des  notres  sont  deja  d'avis,  par  provision, 
qu'il  laudroit  le  cliasser  de  notrecompagnie,  ce  qui  pourtant 
ne  doit  etre  fait  qu'apres  que  le  proces  aura  ete  juge  a  son 
desavantage,  ul<(c/'  anint  suni  oculati  judices  (jnnni  vulyorff 
/itni/iitt'x  :  ce  n'est  point  notre  metier  de  fa  ire  le  proces  aux 
homines,  nous  ne  sonmies  que  1'avocat  du  nialade,  et  la 
mort  on  la  nature  en  sont  les  juges. 

Le  roi  se  trouve  si  bien  a  Saint-Germain,  et  il  s'y  plait 
tant.  ([u'il  y  veut  passer  1'hiver,  et  ne  revenir  a  Paris  qu'a  la 
(in  du  careine. 

Des  (pie  les  juges,  apres  la  Saint-Martin,  out  recommence 
linirs  exercices  ordinaires,  on  a  aussi  fait  plusieurs  executions 
criminelles ,  tit  entre  autres  de  plusieurs  malheureuses  femmes 
receleuses  et  larronnesses  ,  dont  on  a  fait  la  dissection  en  plu- 
sieurs endroits ;  il  y  en  a  eu  uneen  nos  ecoles  qui  a  dure  jus- 
qu'au  2  de  ce  inois,  et  des  le  lendemain,  qui  fill  bier  (ce 
;',  decembre),  j'ai  recommence  mes  lecons  au  college  royal,  oil 
j'c-us  pres  ch;  trois  cents  auditeurs,  et  ce  de  di verses  nations. 
Anglois  ,  llollandois,  Allemands .  Klamands,  Suisses  ,  el 
int'-niej  en  ens  deux  Moscovites. 

L Cnvoye  du  (irand-Turc  n'est  plus  a  Jssy,  il  est  aujourd'lmi 
logi'dans  I'ai'is  ,  derriere  la  Place-Hoyale,  a  ril<>tel-de  Ville : 
il  a  ete  a  Saint-Germain  en  ceremonie  ,  niais  on  ne  sail  encore 
rien  de  partieulier  dc  ITS  a(l'aire>. 


A    FALCONET.  ,  '2^ 

Je  vis  liier  M.  de  Lorme,  qui  a  encore  1'esprit  bien  vert  et 
une  memoire  prodigieusc;  ces  deux  lacultes  sont  en  lui  tort 
vigoureuses,  et  ne  sentent  rien  tlu  vieillard ,  mais  pour  le 
reste  je  n'en  reponds  point ,  ttuu-intus  cxt  arctalogus.  J'apprends 
qu'il  n'a  pas  bonne  main  pour  la  pratique ,  nonobstant  sa 
pretendue  et  assez  mystique  polypharmacie;  ilestd'unepuis- 
sante  conversation  ;  il  sail  beaucoup  de  bonnes  choses,  et  les 
debite  raerveilleusement  bien ,  et ,  qui  plus  est ,  il  est  tort  re- 
tenu ,  quand  il  est  question  de  juger  du  merite  de  plusieui> 
savants  qui  ont  vecu  en  France  depuis  tantot  cent  ans ;  il  y 
eraploie  heureusement  son  jugeinent  et  sa  charite,  nenu'ni 
far  it  injuriaut ,  nulli  quidquam  detra/tit  dt'bitd'  laudis  :  a  tout 
prendre,  c'est  un  grand  homme,  qui,  pour  ses  perfections,  a 
de  grandes  obligations  aDieu  et  ii  la  nature.  Je  voudrois  seu- 
lement  qu'il  tut  moins  hableur  quand  il  est  question  de  louer 
(piielqu'uii  qui  le  merite  moins;  mais  il  me  semble  qu'il  'tail 
cela  tout  expres  pourne  point  passer  pour  glorieux  et  medi- 
sant ,  et  a  quelque  chose  cette  retenue  est  fort  bonne. 

Hier  samedi  vce  8  decembrej  par  tout  Paris  on  ne  parle 
que  de  ce  qui  devoit  etre  juge  ce  jour-la  ,  le  proces  de  ce  gen- 
tilhomme  de  Normandie,  nomme  Courvoye,  avec  les  deux 
pretendus  faux  temoins,  1'un  desquels  tut  mis  a  la  question  ; 
on  envoya  des  archers  en  deux  maisons  ditlerentes  pour  y 
prendre  quelques  dames  qui  ne  se  trouverent  point;  le  i)ruil 
c,ourut  tot  apres  qu'il  etoit  condamne  a  elre  decapitt':  t'li 
lireve  1'apres-diner,  et  ensuitetoutes  les  rues  d'autourdu  pa- 
lais  furent  remplies  de  moiule,  tout  le  pout  Notre- Uame  jus- 
qiTa  ladreve.  L'apparat  d'une  telle  execution  y  tut  toutentie- 
rement ,  et  ineme  on  vit  passer  et  aller  an  palais  deux  troupes 
(1  archers  qui  devoient  assisterace  ministerede  mort ;  mais  il 
y  en  eut  bien  de  trompes  ,  car  I'heure  qu'on  le  devoit  tirer  de 
la  Conciergerie  pour  etre  mene  en  (ireve  un  peu  devanl  cincj 
lieures  du  soir,  il  survint  une  nouvelle  que  le  roi  vouloit 
prendre  connoissance  de  celle  affair.- ,  et  qu  il  y  avoit  sur- 
seance ,  et  ainsi  chacun  s'en  retourna  clit-z  ->oi  sans  avoir  \u 


7-24  I.ETTHES    DE    t.H    I' A  TIN 

quo  quelques  archers  passer  et  repasser.  On  (lit  quo  e'ost  nut 
aflaire  qui  cst  remise  a  la  semaine  qui  vient ,  d'aulanl  qu'il 
taut  deliboror  denouveau  sur  di versos  clioses  quo  cot  liommc 
a  reponducs  a  la  question. 

M.  Olier,  grand  audioncier  do  France,  est  ici  inort  subite- 
mcnt;  on  dit  aussi  quo  le  pape  est  mort,  et  on  ajoute  a  ce 
conte  quo  les  moines  1'ont  fait  empoisonner  parce  qu'il  vouloit 
les  reformer. 

M.  le  president  de  Champlatreux  est  ici  fort  malade.  Vous 

savez  Lien  qu'il  est  fils  de  defunt  M.  le  premier  president  et 

garde  dos  sceaux,  M.  Mattlrieu  Mole.  Ensuite  de  la  mort  du 

pape,  on  dit  ici  quo  le  roi  a  aussitdt  mande  a  M.  le  cardinal 

do  Ret/  do  revenir  en  cour,  pour  etre  envoye.  a   ttonie  avoe 

.M.   le  cardinal  "de  Bouillon  a  1'election  d'un  nouveau  pape. 

Nous  avons  la  aussi  M.  le  cardinal  Antoine,  grand  aumonier 

d(!  France  ,  qui  est  arrive  il  n'y  a  pas  longtemps  ,  si  bien  que 

voila  de  nouvelles  brigues  dans  Rome  qui  s'en  vont  nous  don- 

ner  un  nouveau  pape  ,  et  ensuite  pro  jiinmdn  tif/wtifu  ml  />"- 

iiiiluiii  ,  un  nouveau  jubile.  Le  vin  nouveau  de  1'an  present , 

qui  est  un  jus  tire  de  la  vigne,  ])roduira  de  plus  sensibles  ef- 

lets  dans  la  tote  des  homines,  quo   cetto  nouvelle  devotion 

qui,  en  son  espece,  ne  revient  que  trop  sou  vent ,  "/>  ».vs/^v/\ 

nun  df/ici nun- ;  il  n'en   faut  pas  tant  pour  etre  trouve  boil . 

niais  le  monde  est  fait  ainsi ,  jx>/-it/l//s  mil  dciipi.  Feu  1'eveque 

de  liollay,  messire  Joan  Camus,  digne  et  savant  prelat  s'il  en 

tilt  jamais ,  disoit  quo  :  I'nlifn-d  <//'•<  rs/  nnn  Imn  i't-yi'iidi,  </*iin/<. 

j'lilli'inli  lin'mini:*.  Jolui  ai  oiii  dire  line  fois  cola  danssa  cham- 

l>re,   en    l(>;>-2,  mais  jt1  in'en  suis  plusieurs  fois  soiixenii  de- 

puis    I 

1)  Gui  1'alin  cite  souviMit  cello  especo  d'axioine  qui  nVn  c^t  pas  plus 
\rai,  pi  is  ilaii«  un  sons  absolu.  II  y  a  la  |)olili(|iio  otroilc  ,  Mil^airo  , 
\i\anl  dYxpedienls,  s'appuyanl  do  la  necossito  ,  oolto  (iorjjone  dos 
parli-  d  <lc-  mauvais  j'/divonionionls  :  il  y  a  la  politique  rlevee,  gone- 
n-ii-c  ,  |)icMi>anto  ,  oiiiananl  do>  pnncipos,  ;|iii  saisil  ('occasion  on  qui 
v;nl  nlli'iidro.  V  dii'c  \r;n  oop<-ndanl  .  cdlc  dornii'-fo  <•'(  la  plu>  raro  : 


\    t. \l.t.M.\L I.  72.") 

Til  abbe  me  vient  de  dire  que  M.  le  due  de  Cliuulues  avoit 
reru  commaiidement  du  roi  de  partir  au  plus  tot  en  poste , 
pour  arriver  de  bonne  heure  a  Rome ,  pour  travailler  a  1'elec- 
tion  d'un  nouveau  pape. 

Dimanche  et  lundi,  qui  furent  deux  fetes,  on  ue  fit  rien  au 
palais;  le  mardi  10  decembre  on  remit  sur  le  bureau  le  pro- 
ces  de  ce  faux  temoin,  qui  avoit  failli  d'etre  execute  samedi 
dernier;  I'echafaud  fut  encore  remis  dans  la  Greve,  et  le 
peuple  encore  en  grand  nombre  assemble  jusqu'au  palais,  et 
avant  les  cinq  heures  du  soir  il  y  cut  encore  une  surseance  a 
cause  de  plusieurs  papiers  trouves  dans  nn  coffre,  qui  ne 
peuvent  etre  visiles  qu'avec  grand  soin  etbeaucoup  de  temps. 
Ce  coffre  appartierit  au  marquis  de  Courvoye;  cela  empeclia 
encore  une  t'ois  1'execution ,  et  les  badauds  qui  s'attendoient 
a  voir  passer  ce  criminel  sur  le  pont  Notre-Dame ,  n'eurent 
que  la  peine  de  s'en  retourner.  IHf-Kntm-  in  istis  folii*  mnti- 
neri  mvlt'i  hurribilia  et  crnt'itta,  si  bien  que  ce  malheureux 
faux  temoin  est  encore  en  prison  :  on  dit  qu'il  avoue  qu'il  a 
bien  merite  la  inort ,  cicif  tauten  ,  t-t  fruitur  rtiam  bit's  i  rat  in , 
intt'rea  victrix  provincia  plorat ;  toutefois  on  dit  ici  que  bien- 
tot  s'ensuivra  1'execution  criminelle. 

Le  pape ,  avant  que  de  tombev  malade ,  a  fait  sept  cardi- 
naux  nouveaux,  dont  il  y  en  a  un  Feuillant ,  nomme  le  pert; 
Buna  ,  les  autres  sont  oi'ticiers  de  la  l\ote ;  on  dit  quo  ce  Feuil- 
lant est  honnete  liomme,  qu'il  est  Janseniste ,  quel<]ues  inns 

ello  passe  nieine  pour  duperie ,  et  on  la  ronvoie  au  pays  d'utopie  . 
lerre  lot  luiu'c  qui  ifappartient  qu'a  I'imagination.  N'cst-cc  pas  la  le 
inoiide  conuiio  il  est  ot  coininc  il  va  ?  CVsl  alors  (jifon  trouve  vraie  la 
definition  deTevdque  de  llellay,  messire  Jean  Camus.  On  a  dit  :  II  n'y 
a  pas  de  droil  contre  Ic  droit ;  sans  doute,  mais  la  violence  ,  1'audace  , 
la  ruse  ,  I'lntrigue  ,  la  corruption ,  en  sont  les  terribles  ennemis  ,  et  leur 
triumphe  n'est  que  trop  assure.  C/esl  au  point  qu'on  pent  dire,  et 
([n'on  dira  longtemps  :  .Mettez-vous  loujours  du  cote  du  droit  contre  la 
force  ,  mai-  parie/,  toujour?  jtour  la  force  contre  le  droil.  'K.  1'. 


~2<>  i  1.1  i  ui,--  in1,  i.i  i   I'A  rn 

•liM'iil  i|ii  i!  ii '.-si   pas  I'Vinllant,  m;ii>  de  I'oi'dre  du  Citeaux . 
diiquel  soul  sort  is  les  Kenillants  sous  Henri  111. 

Le  jcudi  12  decembre  un  des  faux  temoins  ;i  ete  decapite 
en  (iivve,  fa  presence  do  -200  archers  et  d'unc  effroyable 
quaiitile  dc  monde  :  il  etoit  Normand ,  aussi  bien  que  les 
deux  autres. 

On  \n\r\f  ici  de  la  mort  de  la  retne  d'Espagne  et  du  reta- 
hlisscmcnl  du  commerce  en  Augleterre,  et  memo  que  I'An- 
glois  renonce  a  la  triple  alliance;  </</<W  tithm/n  <?wt  irrwu, 
car  les  Suedois  seroient  bientot  de  notrc  parti ;  si  cela  est  vrai , 
rurrnin'  sift/  Unfurl ,  de  peur  <jue  ceUe  nouvelle  Republiquc, 
(|ui  s'est  ci-devant  et  avec  notre  moyen  si  heuretisernent  ele- 
v«'(>  contre  son  souvei'ain  ,  iu;  perisse  et  ne  s'en  aille  ii  van 
I'eau  avec  ses  barques  de  pedhenrs. 

Le  manjuis  de  O)iirvoye,  gentilhomme  normand,  de 
-10, ()()()  livres  de  I'ente,  pom1  plusieurs  crimes  a  eu  en  (ireve 
la  tt-te  eonp('e,  age  de  cinquante-quatre  ans.  II  est  mort  Hu- 
LMiriKit ;  ti-ois  docteurs  de  Sorbonne  y  out  perdu  leur  latin.  A 
considen!!1  la  vie  et  la  moil  de  ce  malbeiireux  bomme,  je 
crois  qu'il  etoit  enrage  :  />/")•//  ti/ias.  ,le  vous  baise  tres  hum- 
blement  les  mains,  et  suis  dt>  tout  rnon  co'iir  votre,  etc. 

De  I'iiris,  Ic  13  deccinhrc  1<>69. 


LKTTKK  DCCXCVIU.  —  .1"  men*. 

Les  lettres  de  Leyde  et  d'Amsterdam  portent  (jti'il  y  a  une 
I'-trange  mortalite  en  ce  pays-la  par  la  tievre  continue  rnaligne, 
qui  est  d'autant  [)lus  daiigereuse,  qu  its  n'ont  pas  asse/  d'es- 
prit  pour  si1  servir  de  la  saignee  <pii  les  preserveroit. 

On  parle  anssi  de  quelqnes  banqueroutes  de  Londres  et 
d  Amsterdam ,  dont  (piehjue  jioi'lmii  pentitrera  jusquici.  a 
•  .HIM'  du  rapport  (jiii  e>t  entre  lc>  inarchaiids  d'Angleterre  et 


\    FALCONET.  ?2~ 

do  Hollande  av(!t;  oeux  do  Paris;  les  banqueroutes  soul  conta- 
gieuses  comnio  la  peste,  le  inal  s'on  communique  aisement. 
Nos  cardinaux  sont  partis  d'ici  pour  so  rendre  a  Lyoii ,  et 
de  la  s'en  alter  a  Rome,  pour  y  (Hre  assez  t6t  a  ('election  du 
nouveau  pape,  qui  doit  succoder  ii  Clement  IX  ,  en  cus  qu'il 
soil  veritablement  mort,  dont  on  no  parle  point  encore  assu- 
rement ;  M.  le  due  de  Chaulnes  est  aussi  parti. 

L'affaire  do  M.  Cresse  est  a  la  Tournelle,  oil  en  attendant 
(|u'ello  soil  jugee  on  on  parle  fort  a  Paris  ,  et  memo  tort  desa- 
vantageusement  aux  dopons  du  medecin  et  memo  de  la  me- 
decine.  Vous  savez  que  les  actions  et  les  t'autos  sont  person- 
nelles,  et  neanmoins  plusieurs  des  nitres  sont  d'avis  qu'on 
le  chasse  de  la  eompagnte  ot  ([u'on  le  privr  dos  honneurs  et 
des  emoluments  ;  ceux  qui  no  le  plaignent  point,  disent  ([lit- 
c'ostbien  employe,  (]ii'il  est  trop  glorionx  oommo  Ills  do  bar- 
bier.  Son  pere  a  oto  tin  fort  habile  cliiruryion  ,  ot  ce  lils  cst 
savant,  mais  en  vt'i-itt;  il  a  trop  do  presomption  ,  nndt-  >////  /><.'/- 
/ws  ridi'h/r ;  iud<'  infill  labcs ,  tnde  ifir  <•/  Lncrifnui'. 

Le  (lej)ute  du  Grand  Turc  s'en  rotourno  malcontent.  Hes 
deux  faux  temoins  quo  le  mar.quis  de  Courvoyo  avoit  yayno, 
1'tin  est  mort  en  Greve  et  1'autre  en  est  ocbappe;  il  a  eu  sa 
grace ,  d'autant  que  par  son  aide ,  son  moyen  et  sa  revelation , 
toute  la  calomnie  a  oto  decouverte;  tile  fmt-mn  /»-<-///vtt  srcff- 
/•/x  fit/if ,  liic  dindcina  ,  nfinjx-  rifinn  -t.'t  li/ifrfn/r,,/ ,  (|ui  sont 
deux  cboses  do  prix  inestimable.  Jo  vous  baiso  les  mains,  ot 
suis  do  toute  mon  amo  votro ,  etc. 
De  Paris.  IP  18  decembre  KidU. 


LKTTHK  HCCXCIX.     -  .( 


M.  I't'vvqiu,'  do  B»'v7.iers  ost  arcbovequo  do  Toulouse:  il  oloit 
I'annoo  jtassoo  on  Pologno,  ot  on  (lit  i|u'il  ira  biontot  on  Ks- 
pagno.  M.  (lolbert ,  qui  otoit  capitaino  des  mousqtietaires,  ost 


l'\  i  i\ 


.uijuiird  Inn  premier  eapitaiue  des  gardes,  a  la  place  de  M.  le 
cointe  de  (lliarost ,  qui  est  devenu  premier  gentilhomme  de  la 
('hambre.  On  dii  que  I'areheveque  de  Kouen  se  meurt,  pour 
line  anere  qui  lui  a  cte  ouverte  au  lieu  d'nne  veine. 

.le  voudrois  bien  savoir  si  le  pere  de  Kussieres  ,  de  Lvon  ,  a 
lait  imprimer  quelque  tome  in-folio  de  YHistoirede  /''nntcr . 
e'est  u n  de  ines  amis  qui  en  est  en  peine  ,  et  a  qui  j'ai  promis 
de  m'en  informer,  et  j'en  attends  reponse  de  votre  bonte;  je 
sais  bien  que  ee  pere  a  eerit  uu  abrege  de  notre  histoire  en 
beau  latin,  en  trois  tomes  in-douxe  ,  mais  je  voudrois  savoir 
s'il  a  fait  quelque  chose  in-folio. 

11  y  a  id  un  charlatan  prisonnier.  se  disant  niedecin  du 
paysde  Languedoc,  qui  a  lait  une  f'ausse  obligation  ;  deplus, 
il  est  accuse  de  fausse  monnoieet  meme  d'avoir  mis  le  feu  en 
nne  maison  :  voila  un  mediant  coquin,  il  en  a  fait  asse/  pour 
etre  pendu  ;  mais  si  on  pendoit  tous  les  charlatans,  il  me 
semble  (|ue  la  corde  seroit  bien  chere .  car  il  est  bien  de  ces 
gens-la  par  le  monde,  /<"./•,  </t'c.r,  mundus  <;//////>•  far  if  hixfrin- 
nuini :  les  barbiers  et  apothieaires  font  tout  ce  (|u'ils  peuvent 
de  notre  metier  pour  s'enrichir  et  pour  tromj)er  le  monde;  le 
magistral  les  laisse  faire.  pent -etre  d'autant  <pi'il  ne  les  [iour- 
roit  pas  empe.'her. 

Le  proces  de  M.  C-ressi'1  est  sur  le  J.»ureau  ,  mais  je  n'entend.s 
point  dire  (|u'il  avanct1  :  on  nfa  (lit  tjue  M.  de  Moliere  pn'-tend 
en  fain1  unecomedie  ridicule,  sous  le  titri:  du  .l/Wrr///  fmii'tt*' 

i't  illi  fjfli'/JK'l    men   (1  '• 

iN'ous  voila  aux.  plus  courts  jours  de  Tannce,  c'est  pourquoi 
j'ai  doiine  congi'1  a  mes  ec.oliers  (dont  le  nombre  esl  pres  de 
trois  cents')  jusqu'apres  les  rois;  alors  je  recoiiimencerai  de 
bon  eieur,  si  Dieu  m'en  donne  la  force  el  le  loisir,  car  je  n'en 
ai  miere.  Le  roi  a  domu'1  le  gouvernement  de  (iuyenne  a 
M.  de  C.i'eqiii .  ci  -dcvant  ambassadeur  a  Koine  Knlin  le  pajie 

1    ( .dtf  i-niiH'dio  n'a  point  rli-  tait<-  ;  on  a  cm  1'asoir  reli mnee  dan» 
•  ••-  ilfi  nicr-  tnn|»  .  mai*  iv  n'cMil  ipi'nn  pastiohc.  K.  1'. 


\   i  \ i. COM.  i  7-2<i 

est  toiit-a  fail  inort ,  voila  un  grand  bieu  pour  le>  bons  com- 
pagnons  qui  out  trop  bu  tie  viu  nouveau  ,  puis(|u'ils  en  auront 
uii  jubile  tout  neuf.  M.  le  Maitre  de  Bel  I  ej  a  me,  president  a  hi 
quatrieme  des  enquetes,  est  ici  inort  en  pen  de  jours  de  la 
petite  verole.  (7etoit  uu  excellent  homine  ;  voils  line  grande 
perte  pour  le  parlement.  Je  salue  de  tout  niou  cu-ur  M.  Noel 
Falconet,  anquel  vous  direz,  s'il  vous  plait ,  que  le  23  de- 
cembre  nous  avons  ici  enterre  M.  Bourdon  ,  nion  beau-frere, 
procureur  de  la  cour,  qui  a  toujours  ete  inalade  depuis  trois 
aus  ;  il  est  inort  c.r  cornqrtela  substantial  jjulnionis ,  a  mppressn 
orthritide ,  quo.  lebornvit  "20  uiinfn;  i'rnt  nutns  /it/rente  urthri- 
tin> ,  ft  ft'it  ilb-  inorhas  (/(•nft'litiua.  (Jut  rf/'cf  in  fin' its,  vcnit  n 
rndicibus  huntoi\  sic  im.trnni  m  nntos  ubeunt  cum  seniine  inorbi . 
Je  vous  baise  les  mains ,  et  suis  de  tout  mon  ca'ur  votre ,  etc. 
De  Paris,  le  25  deceinbrc  1(>(W. 


LETTRE   DCCC.   -      Aa 

11  y  a  ici  un  certain  jesuite ,  natit'de  Bourses  en  Berri ,  His 
du  doyen  des  conseillers  de  ce  presidial ,  nomme  Bourdaloue, 
(jui  preclie  aux  jesuites  de  la  rue  Saint-Antoine,  avec  taut 
d 'eloquence  et  une  si  grande  aftluence  de  peiiple  ,  que  leur 
i^lise  est  plus  que  pleine.  Son  pere  etoit  parti  de  Bourses, 
pour  le  venir  entendre  precher  a  I'aris,  niais  il  est  inort  en 
cbeinin.  C-cs  buns  peres  de  la  societc  le  pivchent  ;i  Paris 
connne  un  anye  descendu  du  ciel.  Scali^er  le  pere,  en  ses 
/•.',r('/'<-/tiitii>i<s  contre Cardan,  a  dit :  (les  precheurs  out  un  ^rand 
avanla^e,  (K1  ee  qu'avec  leur  esprit  echauffe  et  lour  babil 
[ti'etendu  ('vang(''li(|ue  ,  ils  iiieiient  le  monde  oil  ils  veulenl, 
si  grand  est  I'auiour  qu'on  a  pour  la  vie  eternelle. 

\ousperdimes,  il  v  a  deux  jours,  nude  DOS  collegues  noni- 
nit'  Antoine  de  Sarte  ,  (|iii  buvoit  son  viu  loiil  pur,  quoi<|u'il 
hV.  atrabilaire  et  assez  inlinne.  En  voila  six  de>  uotres(|uiont 


7;;o  1  1-  1 

passe  la  barque  do  Caron  depuis  un  an.  Notre  doyen  vient  de 
me  dire  que  M.  Seguin  ,  medecin  de  la  I'eue  reine  mere,  1'a 
avertiqu'il  nous  (juiltoit  et  se  retiroit  de  notre  compagnie,  et 
voila  le  septieme  de  notre  catalogue  depuis  un  an.  C'est  qu'il 
va  prici'  Dion  et  eompter  ses  ecus  qu'il  aiine  taut. 

.le  vis  dernierement  M.  de  Lornie  ,  qui  etoit  un  pen  indis- 
pose ,  mais  avec  la  meme  vigueur  d'esprit  qu'en  parlaite 
santo.  Tout  age  qu'il  est  ,  on  dit  qu'il  veut  se  remarier,  et 
([uel(|u'un  pousse  a  lui  mettre  eette  i'olie  dans  la  tote  pour 
I'amener  au  iriumvirat  ,  qui  sera  un  dangereux  joug  pour  lui 
et  peut-etre  fatal.  Je  souhaite  (pie  ee  soit  pour  le  salut  de  son 
ame  et  [tour  la  rlialeur  de  ses  pieds.  Vous  souvenez  vous 
des  (juatre  vt;rs  <[ue  tit  Estienno  Pasquier  sur  les  trois  ma- 
riages  de  Theodore  de  Beze,  ministre  ;i  Geneve  ,  qui  y  niourut 
Ian  1605? 


I'.rores  <v/o  trcs  carlo  sum  I  CHI  pore  nachm: 
CHIH  jnccnis  ,  him  cir,  fad  us  ct  indc  ncnc.i'. 
I'ropler  opus  priwa  rxt  caddis  mihijunctit 
.(ltt:ra  propttrr  ope."  .  trrlia  proplcr  opvm. 


annis  . 


On  dit  que  M.  do  Vivonne  a  par  commission  la  charge  do 
vice-amira!  do  France  pour  vingt  ans  :  mais  il  y  en  a  encore 
qui  veulont  (pie  M.  do  Heaut'ort  if  est  point  mort,  et  qu'il  est 
sen  lenient  prisonnier  dans  nne  ile  de  Turquie.  Le  croio  qui 
voudra.  pourmoi  je  le  tiens  mort,  et  no  voudrois  point  Tetre 
aussi  certainement  <|ue  lui,  quoique  je  no.  voulusse  pas  dire 
'.'online  cot  ancien  ;  •!<•  it*'  voinlrois  //ax  iinmrii\  ntms  /<•  ne  ni<' 
>v,//r/Y/v//s-  /n'/iif  r/'e/re  I/tor/.  I1!!  autre  dit  (pie,  c'est  quolquc 
•  •hose  (p.ie  d'<Hre  mort  ,  et  quo  la  mort  no  Unit  pas  tout.  Kt 
i'ii  tout  eela,  je  suis  do  1'avis  de  notre  cure.  I  iw  ,  I'n/t.1 ,  >:t  rue 

mini . 

!>•'  I'aii-.  Ir  I'l  jamirr  1()70. 


LETTRE  DCCCI.  -     At< 


Je  vous  envoyai  ,  avec  ma  derniere  du  28  fevrier,  uue 
excelleilte  these,  Ih  /Jalneo  (iqtur  tt>pid<t:  iii  rariolis  ii'yi'i- 
Hrumpeiitibus.  M.  votre  lilsne  sauroit  mieux  fain;  quc  cle  la  lire 
et  d'en  proliter  ,  il  y  a  longtemps  qu'on  n'en  a  fait  de  meil- 
leure  ;  la  savante  famille  des  Pietre  est  finie  avec  tout  son 
merite,  et  leurs  belles  theses  aussi.  Per  me  sit  eonnn  memuria 
in  benedictions. 

Le  cinquieme  tome  de  Vllistoirc  da  I'Unioersite  d<-  /'«/•/>-, 
fait  par  M.  du  Boulav,  etoitsous  la  i)i%esse,  quelques  docteurs 
de  Sorbonne,  mal  contents  de  eet  ouvrage,  out  presente  re- 
i|iiete  an  conseil  du  roi,  et  lui  en  out  fait  del'endre  la  continua- 
tion, jusqu'a  ceque  sa  niajeste  en  ait  autrement  ordonne.  Je 
ne  voudrois  pas  direque  ces  docteurs  de  Sorbonne  aient  tort  . 
niais  j'en  connois  quelques  uns  qui  so  persuadentcjiie  tout  cc 
(|u'ils  veulent  est  juste,  et  quiseroient  laches  de  rien  defV-rer 
an  sentiment  d'autrui  ;  les  pretres  n'airnent  [>as  assez  le  bien 
public  ,  j'en  suis  persuade,  et  ils  sont  plus  attaches  it  lour 
particulier  que  nous  autres  gens  du  mondeet  maries. 

Le  roi  a  ordonne  que  le  chevalier  de  Lorraine  n'aille  pas 
plus  loin  que  Marseille,  et  qu'il  ait  la  ville  pour  prison.  On  se 
loue  fort  des  liberalites  (jue  le  roi  a  faites  (lej)uis  peu  a  Mon- 
sieur et  a  Madame,  d'autant  plus  qu'elles  sont  des  manjues 
certaines  de  la  bonne  intelligence  de  la  maison  royale  ,  et 
qu'elles  confondent  certain  gazetier  napolitain  (jui  avoit  inju- 
rieusement  ecrit  que  le  roi  etoit  Bourbon  ,  et  par  consequent 
avare. 

Je  viens  d'apprendre  la  mort  de  M.  Tubeuf  .  president  a  la 
cliambre  des  comptes. 

J'ai  aujourd'hui  parle  a  notre  niedecin  (Iressi'  ,  il  m'a  dit 
qu'il  etoit  satisfait  cntierement  de  son  barbier  Griselle  ,  qu'il 
lui  avoit  pardonne  ,  et  <|u'il  avoit  quitte  toules  ies  procedures 
judiciaires.  Oh!  le  bon  chretien  ! 


-;V2  !  I- I  HIK>    I)K    LI  I    I'M  IN 

.!»•  consullai  hier  pour  hi  seeonde  Ibis  avec  MM.  Braver  et 
Bourgaud  pour  un  jeune  homme  de  Lyon  nomme  Hervieux : 
il  est  tort  nial ,  son  poumon  souffre  cruellement ,  en  fin  il  est 
t'ii  grand  danger  ;  nous  y  ferons  ce  que  nous  pourrons. 

Le  pere  Annat  quitte  la  cour,  les  jesuites  ont  mis  en  sa 
place  le  pere  Ferrier  de  Toulouse.  Les  jesuites  de  ce  pays  y 
eussent  bien  voulu  niettre  le  P.  Deschamps,  mais  Us  n'ont  pas 
eu  assez  de  credit. 

Notre  comes  Archialron  est  mal,  on  rne  vienl  de  dire  qu'il 
n'ira  pas  loin  et  qu'il  mourra  bientot ;  sa  charge  regarde 
M.  Braver;  le  Saint  Esprit  1'a  dit ,  habenti  dabitur.  Je  vous 
liaise  tres  huniblement  les  mains,  et  suis  de  tout  mon  coeur 
\otre ,  etc. 

De  Paris,  le  8  mars  1070. 


LETTRE  DCCCII.  —  Au 

Par  ordonnancede  3J.  le  premier  president  et  de  messieurs 
les  administrateursde  1'Hotel-Dieu  de  Paris,  les  six  medecins 
de  cet  liopital  1'urent  assembles  il  y  a  quelques  jours  chez  un 
des  administrateurs,  alin  d'aviser  ensemble  ce  qui  se  pourra 
f'aire  pour  empeclier  le  progres  du  scorbut,  qui  devient  si 
corn  in  un  dans  les  libpitaux.  A  ces  messieurs  on  y  a  ajoute  les 
deux  medecins  de  I'Hopital -General  ,  Florimond  Langlois  et 
Hobert  Patin  ,  et  deux  autres  de  notre  faculte,  M.  Braver  et 
moi.  La  difliculte  n'a  ete  qu'eflleuree,  bien  qu'il  y  en  ait  deux 
qui  ainient  a  pleurer,  (jui  aient  bien  tenu  le  tapis.  Enfin  ,  il  a 
(He  resolu  que  Ton  nous  menera  visiter  les  lieux  et  entre  au- 
tres  le  ciiateau  de  Bicetre ,  ou  il  y  en  a  grand  nombre,  etfjue 
la  nous  cxaminerons  les  causes  de  cette  propagation  du  mal  , 
cl  I'erons  rt'llexion  sur  la  nature  des  eaux  (jii'on  y  boit  ,  dt;s 
\nits  i|ui  y  souftlenl  et  d(;s  aliments  dont  on  y  est  nourri 
Pour  HUM  ,  il  me  scmble  que  ce  mal  est  invr/ics  f  of  inn  xn/t*rrii>- 


A   FALCONET.  ?3.'i 

titi- ,  maladie  de  pauvres  gens  el  inal  nourris,  une  lepre  sep- 
tentrionale  et  marine, qui  vient  d'une  corruption  particuliere 
du  sang  el  des  parties  internes,  qui  bouleverse  1'economie  na- 
turelle.  Le  bon  pain,  un  peu  de  vin,  du  linge  blanc  ,  un  bon 
air,  et  au  coinmenceinent  de  cette  maladie  une  purgation  me- 
diocrement  forte,  y  i'eroient  grand  bien ,  de  interne  quo  de  ne 
boire  jamais  de  mauvaises  eaux.  Strabon  appelle  cette  nia- 
ladie  Stomacace.  Elle  est  commune  sur  la  mer ,  aussi  bien 
qu'en  Hollande ,  Danemark,  Suede  et  Pologne.  Les  Allemands 
en  ont  beaucoup  ecrit.  4e  pense  en  avoir  vu  en  ma  vie  plus 
de  deux  cents  theses ;  inais  ce  mal  ne  se  guerit  ni  par  paroles 
latines ,  ni  par  secrets  de  chimie.  Qui  gueriroit  la  pauvrete  du 
peuple  gueriroit  bien  le  scorbut  (l).  II  y  en  a  qui  disent  qu'il 
y  faut  trouver  un  specitique ;  mais  c'est  comme  parlent  les 
charlatans  et  les  ehimistes  qui  se  vantent  d'avoir  des  speci- 
fiques  contre  1'epilepsie  ,  la  lievre  quarte,  la  verole,  la  lepre, 
la  goutte  ,  etc.  Quand  j'entends  ces  contes  qui  sont  pires  que 
les  Fables d'Exope,\\  me  semble  que  je  vois  un  homme  qui  me 
veut  faire  voir  la  quadrature  du  cercle ,  la  pierre  philoso- 
phale,  la  republique  de  Platon,  on  la  maliere  premiere  dans 
le  globe  de  ce  pedant  dont  a  parle  Regnier  dans  ses  .sv////r>. 
Vale. 
De  Paris,  lei 3  mars  1670. 


LETTKK  DCCCIII.  —  Au  infimc. 

Le  testament  de  M.  I'iircJieveque  de  Langros  ordonne  qu'il 
lui  sera  fait  une  epitaphe  d'honneur,  et  trente  pistoles  pour 
celuiqui  en  sera  rauteui'.  Les  exeeuteurs  du  testament  en  onl 

(1)  Ainsi  quo  boaucoiip  d'uulres  maladies;  il  esl  remarquable ,  en 
ellet,  qticlc  pt-uplc  de  noire  epoque  elanl  moins  miserable  que  du  temps 
ilt-  (iui  I'iilin  .  le  scorbut  v  i".l  devemi  Ires  rare.  \\.  I'. 


,;Vi  I.KTTKF>    IJK   (ill    I'M  IN 

fait  prior  M.  Francois  Ogier,  qni ,  ayanl  la  1'article  <lu  testa- 
ment ,  a  aussitot  repondu  qu  il  ne  vouluit  point  accepter  les 
trente  pistoles  legnees;  inais  plut6t  qu'il  en  oflroit  trente 
autres  ,  a  la  charge  <jue  1'epitaphe  scroit  sans  rien  changer 
ni  iijouler,  c'est-ii-dire  qu'il  semoquede  faire  une  epitaphe  a 
iin  tol  homme,  qui  avoit  laisse  10,000  francs  au\  Chartreux 
pour  etre  enterre  chez  eux ,  ce  ([ii'ils  out  sagement  refuse, 
disant  qu'ils  ne  vouloient  ni  de  1'argent  ni  du  corps  d'un  tel 
homme,  '/i'i  difitur  nbii&sc  >-.f  wferi  syjj/iilide.  Je  vous  envoie 
mi  sonnet  quo  M.  Ogier  a  fait  sur  son  refus  de  faire  une  epi- 
taphe a  ce  M.  1'eveque  de  Langres.  Tout  le  monde  1'approuve 
fort.  M.  le  premier  president  1'a  fortementloue,  et  le  roi  meme 
la  vu  et  la  trouve  bon. 

M.  Arnauld  ecril  un  livre  <i<-  In  Justification  ^  cjui  sera  tout 
contre  la  morale  des  calvinistes  On  le  inettra  bientot  sous  la 
presse  ,  et  d'un  autre  ctMe  les  huguenots  font  grand  bruit  et 
se  promettent  mervedles  du  livre  (jue  fail  leur  M.  (Claude, 
ministre  de  Charenton  ,  pour  servir  de  reponse  an  gros  livre 
de  notre  M.  Arnauld.  M.  Ferri  ,  ministre  de  Mel/,  y  esl  mort 
depuis  un  mois.  II  etoit  un  des  plus  savants  de  sa  volet1.  Si  le 
cardinal  de  Richelieu  ne  tut  pas  mort  sitot ,  il  alloit  I'aire 
accorder  les  deux  religions.  II  y  avoit  plusieurs  minislres 
gagnes  pour  cela.  (\\  M.  Ferri  eloit  de  la  bande,  et  en  avoit 
une  pension  de  ^(\()  ecus  tons  les  ans  :  voila  comment  les  hu- 
guenots enparlenl  ici.  J'aurois  peinea  comprendre  comment 
se  Inssenl  accordes  les  ministres  et  les  moines  sur  le  point  tin 
purgatoire.  C.'estun  fen  tout  miraculeux .  un  article  d'ini- 
porlance,  et  (]iii,  /i.ir  sun  ///y>7'vv  ////>//>/>///•  dr  litmuc(,u ^  <li- 
/int'ssi',  fait  aujourd'hui  bouillir  taut  de  marmites  ([iii  servenl 
a  nourrir  tant  de  venires  oiseux  et  tantde  faineants,  qui,  par 
M»II  iiioyen  .  font  bonne  chere  a  I'ombre  d'un  crucifix.  Yalere 
.Maxime,  qui  ne  connoissoil  point  encore  de  ces  gens-la,  car 
il  \i\oit  sous  Tibere,  a  dit  quelquo  part  de  fort  bonne  grace 
'I11'1  l;l  ville  de  Marseille  jadis  etoit  si  bien  policee,  (ju'elle 
n  admettoit  point  dans  IVm-riiife  de  M-S  murailles  telles  gent. 


A  FVI.CONKI.  ?3f> 

oiseux  :  /is  clfwsas  fjfii'fas  luilx-l  ym  ftcr  ii/ii/u/un  re/iyioius  xt- 
muln/ioneni  alhnriitu  /'///•/•////'  umi'runi.  Penneltez-moi  que  je 
vous  deerive  par  un  seul  vers  de  Virgile  cet  animal  encapu- 
ehonne  (jui  s'en  va  <le  porto  en  porlo  cherclier  des  bribes , 
mendier  des  inichcs  pour  eniplir  sa  besace,  et  en  iiuurrir  des 
freresufrelons,  qui,  conmie  des  mouches  guepes,  sans  lain* 
aucun  miel  ,  ibnt  trop  bonne  chere  de  1'aumone  ,  de  la  clia- 
nteetde  la  simplicity  de  tantdebons  Chretiens  qui  leurdon- 
nent.  Le  voioi  : 

Ignacum  fucos  pecu*  a  prwsepibns  circuit. 

Buchanan,  dans  sun  Fi'tinci'scanns  ,  on  Kralres  Fraterrimi, 
n'a  pas  mieux rencontre quand  il  a  si  naivement  d«-peint  ces 
bonnes  gens,  que  ce  brave  eveque  M.  de  Bellay  appeloitor- 
ilinairemenl  Ics  yen*  tie  r<mtr<>  n\ond<>.  Mais  c'esl  assex  sur  ce 
ton;  laissuns  lii  ees  gens  avec  leur  capuclion  <le  peur  qu'ils 
n'aient  t'roid  a  la  tete ,  et  qu'ils  ne  nous  supposent  quelque 
miracle  qui  nous  donneroit  de  la  confusion  (l).  \'nl<\ 

L)e  Paris  ,  le  14  mars  1670. 

(1)  Celle  haine  centre  les  ordrcs  monastiques  n'a  tail  qucs'accroltre 
jii.->qu'a  1'explosion  do  la  revolution  Irancaise.  Dans  le  \vnir  sierle  , 
on  n'employa  pas  centre  eux  des  persecutions ,  rnais  ils  iiirent  I'oljjet 
des  railleries  perpeluclles  des  philosophes  .t  des  auleurs  conutpies  el 
ties  poeles.  Lue  des  plus  singulieres  dans  ce  {jenre  est  le  petit  omraye 
du  ('oinle  dt  15orn  ,  savant  naluralisle  qui  \  ivail  a  la  cour  de  Jusej>li  1 1 . 
(.el  ouvrage  narul  en  178'2  ,  et  dej>uis  il  a  etc  Mjuvent  reiinpi  iuie. 
l,e  ooinle  de  Horn  conqiare  les  inoines  des  dil'ft  rents  Klals  a  des  in- 
secles,  qu'il  examine,  qu'il  classe,  (ju'il  etudie  d'aprcs  lenrs  caracleres 
exlerieurs  et  speciaux.  \  oici  le  litre  de  son  oiivragc: 

MoNACUOLOr,iA  ,  fiyuris  Injno  inrisis  illnstratu. 

On  lit  dans  la  preface  : 

Inopinatum  yenus    novum  delexi ,  quod  hominem  enliutn  creato 
ruin    perfectissimum ,    cum  simia  ,    stultitsimo    anintuli  ,    ronnectut 
arc  tins  •  tanlum  qiiK  liiatnui  lioininem  inter  et  simiani  repleat.  Mona 


736  i.KTTiU'S  m-:  en  PATIN 

I.ETTKK  DCCCIV.         An  mnnc. 

Ma  derniere  n'a  <He  qu'un  pot-pourri  deplusiours  nouvelles 
nial  agencees ;  j'espereque  celle-ci  sera  un  pen  plus  reguliere. 
On  me  vient  d'apprendre  les  deux  vers  qui  suivent  sur  la 
fortune  du  roi  de  Pologne ,  qui  de  jesuite  est  devenu  rt>i  ,  et 
de  roi  abbede  Saint-Germain  des-Pres,  ou  il  vit  aujourd'hui 
aver  les  moinesqui  sontbien  plus  fins  que  lui. 

DC  won  acini  rec/en) ,  monachum  de  rcgc ,   Polone. 
Hft'c  tun  I  Caximirw  fort  id  (jesla  damns. 

.)e  iraite  ici  un  bonnete  bonnne  de  Lyon  nommeM.  Remy  , 
(jui  est  dangereusement  malade  de  la  double  maladie  (jite 
(juelques  anatomistes  et  medecins  italiens  ont  fort  propremenl 
appelee  Pleuroperipneiniinniti ,  inflammation  de  la  plevre  cl 
du  poumon.  On  Ini  a  di^ja  ouvert  la  veine  plusieui's  fois;  mais 
on  ne  lui  a  pas  tire  une  goutte  de  sang,  mais  seulement  de  la 
pourriture  et  de  laboue.  J'y  ai  fait  encore  appeler  M.  Blondel, 
(jui  n'en  a  pas  bonne  opinion  non  plus  (jiie  moi.  Xeanmoins 
Dieu  est  sur  tout.  l,es  predictions  (It's  medecins  ne  sont  p;is 
des  arrets  d'un  prevot.  Le  malade  est  un  liomme  cbaud  el 

clium  /J»(o,  yenus  ,  liuinanam  (brmnm  mentiens  ,  (juamris  diver- 
sissimum  ab  l/omine  (Joannes  pliysiophyhis  lectori  nalnlent.  ) 

DEFIMTIO.  Animal  anthropomorphum  ;  cuculUilum ;  noctu  ejnlans: 
$itiens. 

DESCHIPTIO.  Corpus  itwnachi  bipes  ,  ereclum  ,  ilorao  incttrvato  , 
capite  ilepresso  ,  semper  cunillalum  et  nndequdtfue  vestiliim  ,  si  in 
specielus  quibusdcim  caput  ,  jtcdes,  annm  ,  inanusqite  nndas  excipias. 
Cirtprum  :  anitnnl  arannn,  fcptidtim  ,  imunindum  ,  siticiilosum  .  iners. 
inediam  jiotnis  lalerans  qiunn  luboretn  .  ftc. 

\ifinient  ciisiiilc  les  differences,  les  espetvs  ,  les  variete>  .  etc. 

(.et  ouM-;i{;o  .  dViilleurs  cnrieiiv  .  purle  evideinnienl  le  cachet  de  I'e- 
|mi|ue  on  il  fit!  |iidilie.  'H.  P." 


A    KAI.CONF.T.  T.T 

violont,  (|tii  a  encore  de  la  vi^ueur,  sur  quoi  jo  fondo  ee  quo 
j'on  espere  de  reste. 

On  dit  ([lie  (jiielques  cardinanx  so  s<mt  baltus  dans  le  con- 
clave. Si  cola  est  vrai  ,  no  pout-on  pas  appeler  cela  fain-  mi 
papeii coups  depoing?  I'"//-. 

De  Paris ,  le  20  mars  H570. 


LKTTRE  DCCCV.  —  ,!//  menu-. 

Nous  avons  ici  des  malades  quo  I'liivor  a  fort  incommodes, 
el  qui  s'attondont  au  lait  d'anesse,  dii(|iiol  jo  n'ai  pas  encore 
ose  mo  sei'vir  qu'il  n'ait  lait  un  pou  plus  cliaiid  ,  et  (|iu;  lo 
soloil  n'ait  amende  par  sa  chaleur  la  erudite  du  sue  des 
lierhesqui  sont  sur  la  terre. 

On  lait  ici  divorses  loteries,  tant  richosquo  mediocres;  enlin 
elles  out  ete  defendues  ,  sous  ombre  qu'il  y  a  trop  pen  a  dire 
enlre  lotorie  ot  lilouterie. 

Je  vions  d'upprendre  quo  1'ernpereiii1  vent  ehasser  tons  les 
jail's  do  ses  provinces  ot  dominations  ,  et  quo  cela  so  Cera  nvunl 
la  Saint-Joan.  Le  parloment  de  Mot/  en  a  fait  bruler  un  tout 
vif  depuis  trois  mois ,  dont  les  jail's  en  out  fait  do  Brandos 
plaintosaa  roi  par  des  deputes  qu'ils  out  tout  oxpres  envoyes 
ici.  On  parlo  ici  d'un  certain  M.  de  Varillas  <pii  sail  beauooup 
do  clioses ,  (jui  t'crit  fort  bion  ,  ct  qui  s'on  va  nous  donncr 
I'liistoire  do  quolques  uns  de  uos  rois.  On  dit  i|ii  il  cun:inen- 
cera  par  Henri  II  ,  Francois  II  .  (Charles  IX  et  Henri  III ;  mais 
(pi'il  en  domourora  la  sans  lonelier  a  Henri  IV  ni  aux  deux 
suivants,  LIMIIS  XIII  et  Loins  Xl\  ,  iliiriiiu  <  n/n/  i-sf  u<-  jn'ru'ii 
/I/Sit*  ult'iiiuii  njilix  iilc/i'  ln.<lnriiiin  >v//  ti'mjHii'i^  ntnsrrihi'i'i .  Ken 
M .  le  president  de  I'liou  ,  qui  a  si  bien  fail  ,  n  y  a  reussi  qu'aux 
depens  do  la  vie  de  son  pauvrelils  aine  II  tail  tort  dangeroux 
de  louiber  enlre  les  mains  d  un  tyran  irrile.  Apres  que  |t- 
premier  tome  aura  ele  prodml  ,  i!  donnera  les  anlres  rois  . 


~:;s  i.m-i<K>  I>K  (.11  PATIN 

limit  ii  conmieneera  I'histoire  a  Charles  V,  el  ensuile  il 
domier;,  (Diaries  VII,  Louis  XI,  Chai  It's  VIII ,  Louis  XII, 
Francois  I".  Oh  !  que  1  histoiie  de  ees  six  rois  sera  belle,  s'il 
en  (lit  cc  (|iii  est  vrai ,  et  qui  n'est  pas  commmi ,  conime  de  la 
maladie  de  Charles  VI,  qui  Cut  si  longtemps  t'ou ,  que  la 
France  en  pensa  passer  a  Henri  V,  roi  d'Angleterre,  et  des 
amours  de  Charles  VII  ,  qui  leuoit  bien  de  son  pere  du  cote 
de  1'espvit ,  inais  (jni  tut  bien  plus  heureux  que  lui  a  chasser 
les  Anglois  de  son  royamne  par  le  inoyen  d'un  batard  d  Or- 
leans ,  eointe  de  Dunois,  et  de  cette  brave  purelle  d'Orleans  , 
dans  1'histoire  de  la(puelle  il  y  a  bien  du  roinan  !  Tout  y  est 
ineertain  ;  jem'en  rapporte  a  cequ'en  out  dit  Kst.  Pascjuier, 
M.  du  Bel  ley,  Denis  Lainbin  ,  Du  Haillan,  ('..  \aude  et  plu- 
sieurs  autres  qui  disent  qu'elle  ne  t'ut  point  brulee  a  Houen  , 
el  que  I'on  jeta  dans  le  feu  nn  billot  de  bois  ait  lieu  d'elle,  et 
qu'elle  I'ut  renvoyee  en  son  paysde  Barrois.  Apres  Charles  VII 
viendra  Louis  XI ,  qui  fut  nn  etrange  conipagnou  ,  habile. 
niais  rude  et  ineehant ,  <pii  lit  empoisonner  son  t'rere,  ipii 
supposa  un  enfant  qui  re^ua  apres  lui  sous  le  noin  de 
CJiai'les  Vlll.  Ce  Louis  XI  fut  un  dangerenx  inaitre,  qui  lit 
bien  des  failles  ,  et  surtout  <pii  nous  laissa  perdre  les  dix-se|»l 
provinces  du  Pays-Bas  ,  (jui  etoient  le  patriinoine  <h>  Marie, 
lille  unique  do  Charles,  re  inalheureux  due  de  Bourgogne  <pii 
I'ut  tue  devant  Xanci  Tan  1  17?  ^il  la  falloil  niarier  aim  prince 
du  sang,,  qui  fut  1'aieiil  de  Francois  l''r.  Apres  Louis  XI  parul 
>ur  le  theatre  Charles  VIII  ,  jeune  iKjinine  sans  science  et 
experience,  qri  se  laissa  trop  gouverner,  et  qui  inoiirul 
bienl<)l  apres.  Louis  XII  suivit  ,  (jui  fut  le  pere  du  peuple, 
(ijitiinii^  hniioriiiii  :  j(!  lappelle  ainsi  ,  tjtitu  tifitnimx  illc 
iji/i  ///in/ ;nis  u/'(jt'/i<r,  (lint  <l until. i:<il  nli/i  illi  nlij U'lniittii',  i/nu/l 
jiiiTit  mnin'1'dSHs  >•/  in'uriix  ,  dont  I  un  suit  de  pres  Ihuinanite 
el  I'autre  la  iK'cessite.  Pour  Francois  l'r,  nous  lui  devons  ceci. 
qu'il  a  rendti  la  France  sa\  ante ,  el  (pi'il  a  fait  et  fonde  les 
professeurs  du  roi.  Dim  veuille  leur  iiardonnei1  a  tons  tanl 


A    KAU.ONET.  73'!' 

qu'ils sont  (I).  Toules  les  villes  frontieres  tie  notre  J'ieardie sont 
pleinesde  gendarmerie,  sans  en  savoir  le  [>oiirquoi,  non  plus 
(jut:  quand  le  roi  parlira  pour  aller  en  Flandre.  I'milf-ns  ///- 
turi  tanjiuris  rxitto/t  cnl.iifinusn  nocte  ftremit  I  fans.  11  vient  tie 
sovtir  de  ceans  un  honnele  homrne,  (jui  (lit  <|ue  le  dessein  du 
roi  est  si  fort  cache  que  personne  n'y  peut  rien  connoitre. 

On  s'etonne  ici  de  ce  que  les  cardinuux  sont  si  longtemps 
dansle  conclave  sans  t'aire  un  pape.  Je  pense  que  les  brignes 
de  ces  gens-la ,  et  les  iinesses  politiques  les  plus  rusees  rie 
manquent  pas  d'etre  misesen  ceuvrepour  une  affaire  de  telle 
importance,  et  que  la  malice  des  homines  y  est  autant  em- 
ployee, et  aussi  bien  occupee  ,  que  le  Saint-Esprif  du(|iiel  ils 
se  targuent ;  et  me  me  je  crois  que  ce  bon  seigneur  t'era  bien 
sagement  de  ne  s'y  rencontrer  de  pour  de  tomber  en  inau- 
vaises  mains  (2). 

Le  roi  vint  hier,  ce  9  avril  ,  a  Paris  de  Saint-Germain-en- 
Laye,  et  le  meme  jour  y  retourne;  il  y  fait  quelques  visites, 
et  entre  autres,  il  tut  an  Louvre,  ou  il  pronori(;a  sur  le  dessin 
du  bailment  et  sur  I'ordre  qu'il  veut  etre  garde  pour  en 
acheyer  le  batiment,  a  tjuoi  on  vatravailler  toutde  bon.  (m 
dit  partout  que  le  voyage  est  certain,  bien  que  la  cause  en 
soil  inconnue;  car  de  dire  que  c'est  une  promenade  pour  le 
roi  et  toute  la  cour,  on  repond  que  ce  n'est  point  encore  la  un 
temps  proprepours'aller  promenersi  loin.  II  vaut  mieux  dire 

1)  ('e  tableau  d'tine  parlic  de  Pliistoile  de  France,  fait  la  Demerit  «  t 
ii  grands  traits  ,  ne  inai)i|ue  pourtanl  ni  de  juslesse  ni  de  ve'rile.  1{.  P. 

(•2  Cos  reflexions  do  notrc  autetir,  liabiluelleinenl  j^roiideur,  fion- 
deur,  querollour,  ne  soul  pourtanl  ici  que  ['expression  de  ee  qui  e>(. 
I'ersonne  n'i^norc  que  souvenl  dans  rolertion  des  papes  .  la  lutte  des 
(actions  opposeos ,  I'inlrijjuc,  les  ruses,  lescontre-ruses  de  la  poliii(pie 
la  plus  delict-,  (onl  un  trisle  conlrasie  a\ec  I'objet  ineiiit'  de  ces 
assemblers  dc  cardinaux.  Duclos  ,  dans  >on  Voyaye  d'ltalie  .  prelend 
neanuioins  que  loules  ces  ruses  soul  souvent  inutiles  .  et  quo  le-  au;yusle> 
conclave*  terininent  el  se  separenl  quelqueiois  par  IViiuui .  la  chaleur 
et  les  punaises  :  «  Car,  ajoute-l-il,  le  Saint-1'.-pril  se  serl  de  tout.  » 


~  1()  I.KTTHES    DK    (il'l    PATiN 

qne  persoime  mi  sail  ee  grand  secret  que  In  roi ,  et  tons  eenx 
a  (|iii  it  1'a  rcvele  :  e'est  mi  niystereetune  enigme,  dnqnel  le 
temps  nous  apprendra  la  verite. 

.lc  vousprio  cledirea  M.  Spon  qu'il  ya  bien  deux  moisqne 
je  lui  inaudai  <|iu:  M.  Sorbiere,  son  ancien  ami ,  etoit  hydro- 
piqueetasthmatique.  Jenel'ai  vu  qu'unefoisdepuisce  temps- 
la.  Aiijourd'liui  je  puis  vous  direciu'il  est  mort ;  je  viens  de 
reeevoir  son  billet  d'enterrement ,  et  demain  on  fera  son 
convoi  ;i  Saint-Eustaehe  (1). 

Je  viens  ci'apprendreque  le  voyage du  roi  estremis  au  T>  mai 
a  cause  du  manvais  temps. 

M.  de  la  Hoguette,  neveu  de  M.  1'arclieveque  de  Paris,  a 
tue  de  guet-apens  nn  gentilhomme,  parent  de  M.  le  chan- 
cel ier.  Ce  meurtrier  est  en  prison  ;  son  oncle  n'en  a  })ii  oblenir 
la  grace. 

I!  est  ici  mort  depuis  pen  de  jours  un  grand  serviteur  de 
Dieu  ,  nomine  M.  de  Saint-Pavin  ,  grand  camarade  de  Dtvshar- 
reanx  ,  qui  est  un  antre  tort  illustre  israelite,  x/r/w/^r  /'us  i>sf. 
On  )>arle  Cort  ici  d'un  sermon  (piele  pere  Bonrdalouea  I'ait 
ccs  (liM'iiiei'cs  (V'tes  toucliant  nn  cure  d'Angleterre  ,  et  nn  cer- 
tain adultere  a  qui  on  donna  absolution.  On  (lit  que  le  sienr 
Valot  est  hydropique  et  astlnnatiipie  ,  et  de  j)lns,  ipi'il  a  nnc 
maladie  ipie  llabelais  dil  ctre  incurable,  a  cause  des  amices 
passees,  <pii  est  la  vieillesse. 

Lc  cure  de  Saint-Nicolas  n'a  pas  voulu  donnci'  ['absolution 
a  M.  (It1  Saint-Pavin  ,  (jn'il  n  ait  auparavant  jete  dans  le  ten 
son  testament  ,  a  cause  de  la  vie  scandaleusc  qu'il  a  meiu'-e, 
et  <ju'ii  n'ait  fait  des  legs  pieux  du  hicnijiii  lui  restoit. 

llier  moni'iit  ici  le  coininandeni'  de  Jars,  age  de  soixantc- 
sci/e  ans.  Jevous  baisctrcs  humblemenl  les  mains,  cl  sins  de 
tout  mon  '.'n-ur  votre  ,  etc. 
!)«•  l>arii.  !<•  11  a\ril  1(570. 


A    I'AU.OM.!  .  7     I 

LETTKK  DCCCV1.  --  .\u  m<w. 

J'ai  entin  rei;u  la  votre  ot  des  nouvellesde  votro  saute.  Dieu 
soil  lout'1  <|uc  la  goutte  soil  passee.  Lc  roi  a  bien  ri  des  vers  de 
M.  Ogier,  (|iii  me  scinble  bien  vieillir.  II  n'a  pourtant  (jue 
soixante-douze  ans;  il  a  toule  sa  vie  eliulie,  il  est  devenu 
tort  savant  et  fort  vieux,  et  puis  pour  salisfaire  la  nature  il 
I'aiit  inourir.  Le  cardinal  de  Richelieu  lui  avoit  promis  nn 
eveche  ,  mais  il  mourut  quin/e  jours  apres.  La  reine-mere  , 
Anne  d'Aulriche,  lui  en  avoit  promis  autant ,  Tan  1(543  ,  pom- 
la  harangue  funebre  du  feu  rui  Louis  XIII ,  (jii'il  avoit  recitee 
dans  Saint-Benoit,  avec  I'applaudissernent  et  1'adiniration  de 
tout  Paris,  el  neanmoiiis  elle  ne  lui  a  rien  doime  ;  mai>  il  a  ele 
(|iiel(|uet'ois  pave  d'une  pension  que  le  roi ,  par  gratification  , 
fait  tons  les  ans  payer  a  quelques  savants.  11  lit,  il  y  aquelque 
temps,  une  oraison  funebre  sur  la  mort  de  Philippe  IV,  roi 
d'Kspagne,  qui  fut  fort  i*ien  recue.  Ses  pauegyriques  sont  im- 
primes  en  deux  tomes.  Href,  il  est  fort  use,  grace  a  1'etude 
et  aux  veilles  qui  ruinent  ordinairemeut  la  saute. 

Je  vous  remereie  de  votre  livredu  scorbut,  dont  plusieurs 
Allemands  out  ecrit.  On  ne  voit  point  ici  cette  maladie  che/ 
les  bourgeois,  mais  settlement chez  quehjues  pauvres  gens  et 
dans  les  hupitaux,  comnie  dans  le  chateau  de  Hicetre  etdans 
la  Savonnerie,  oil  les  pauvres  gens  ne  buvoient  (pie  de  mau- 
vaiseseaux;  mais  M.  le  premier  president  et  les  aulres  admi- 
nisti'ateurs  y  out  tlonne  ordre  ,  et  en  out  retranche  beaucoup 
d'abus. 

(]r  medecin  Michar,  dout  vous  me  parlex  ,  est  eelui  <pie  je 
IK;  vis  jamais.  .l'a|)prends  (pi'il  est  du  pays  d'Adiousias,  du 
Dauphiut''  ou  de  Provence,  bon  vivanl  ,  <pii  boit  el  mange 
comme  un  autre  ,  et  <pu  est  pen  savant ,  si  ce  n'est  du  ci'ilc  dc 
la  bouteille.  Le  vin  pur  n'a  jamais  giicri  [)ei\soiine  C.e  sont  des 
routes  et  des  chansons  des  ivrognes.  Martial  a  dit  d'un  Phrv- 
gie.n  :  I  ittt'.iti  I'liri/.i:  orulux  lii/nt  ccitc/nnn.  L'u  un  hydropiqiic. 


7-1-2  1  I'.ITUO  in.  t,U   I'ATIN 

je  dirois //'•//"/•  >'t  //''//.  Knlin  le  roi  est  parti.  IHou  le  veuillo 
him  condmre  et  ramener  triomphant  et  en  bonne  sante!  Pour 
Ic  conclave ,  c/est  cbosc  etrange  quo  ccs  MM.  Ics  cardinaux 
nc  piiissont  s'accorder  dc  laire  un  pape;  pourtant,  (ju'ils  en 
I'asM'iit  nn  s'ils  veulent ;  je  uem'en  soucie  guere ,  et  ucsuispas 
dcs  plus  presses.  Yale. 

IV  Paris,  Ic30avril  1(570. 


LKTTKK  DCCCVII.  —  \u  meme. 

II  y  a  ici  tiuantitc  dc  liovros  intermittentes  et  doubles  tierces, 
niais  je  vois  bien  soiivcnt ,  et  prestjue  tons  les  jours  ,  do  la 
verole,  dans  la  cnration  de  laquelle  DOS  cbirurgiens  sont  pen 
intelligents,  bion  (pi'il  n'y  en  ait  pas  deux  qni  n'aiont  envie 
do  s'y  Cairo  apjtoler  inaifi'e  Jean.  On  pourroit  accuser  cos  lial- 
Iftliardiors  de  Saint-CxMne  d'i'tre  cause  do  la  rn'ipionco  de  cc 
inal ,  /i/'n/tff'/'  mulf  riimtfi*  Imn  )iniltns  i/(iiio/T/i(('(is  ct  fiu/toncs  rc- 
iif/'ciift  5  iin.i  In/'  (/fiixxtin/i/f. 

II  in'est  aujourd'bui  tonilx;  enti'e  les  mains  nn  livre  im- 
pviino  a  Lyon,  intitule  ./w<///  /'/•////^/•os// ,  </c  rnl.(ji t'rrui'ihiis  in 
ini'ilii-iiKi  ( I  .  II  y  a  la  dedans  do  fort  bonnes  chases  et  bleu 
ciirienses  ,  et  fort  pen  do  mauvaises  ,  sinon  (ju'il  ost  trop  bardi 
dans  rusago  on  plul<%>l  dans  Tabus  des  roniedos  eliimiqnes , 
coinnie  aiitiinoine  .  laiidaniiin  ,  etc.  (lot  auteur  eloit  nalit'do 
Bordeaux,  tils  d'uii  ininistre  (''('ossois,  et  <|iii  avoit  o.tudie  a 
Paris  ^nus  M  Si'^nin  ,  iivoc  line  pension  quo  lift  donnoit  lo 
roi  d  . \nuleterre  ,lac(|ncs .  le  roi  dn  savoir. 

II  y  a  du  bruit  enlre  relectenr  <'t  los  bourgeois  do  (lologue, 
•  pii  ponri'a  1'ieii  alluiuer  la  giiorre  outre  eux  ,  dont  le  roi 
>e  pourroil  bicn  unMer  en  so  declarant  pour  nn  parti  :  inais  il 
v  a  apparcnco  qne  les  eiincinis  de  la  l'"raiico,  et  outre  autros  les 


V    KAI.Co.Nh  T.  ~'^ 

Hollandois,  prendront  I'aulre.  Si  Ton  en  vient  jusque  la.  I  e- 
veque  de  Minister,  les  Anglois  et  quelques  princes  d'Alleinagnc 
nti  inanqucrunt  point  de  se  declarer  et  de  s'intiiresser  pour  la 
raison  d'Etat  (jui  gouverne  aujourd'hui  le  monde,  rjui  est  ton- 
jours  I'iiiteret  de  chaqne  pai  ticulier,  et  la  chemise  de  lYune 
dii  .genre  hnmain.  Pour  un  pape,  ce  sera  quand  il  plaira  a 
Dieu ;  j'attendrai  cette  election  le  plus  patiennnent  <pi'il  me 
sera  possible.  31.  le  Marechal  est  mort  le  5  inai ,  age  de  qua 
tre-vingt-dix-sept  ans  ,  d'antres  disent  cent  deux    (MI  tienl 
faux  le  bruit  que   le  cardinal  Fachinelti  etoil  pape,  d'autres 
nomment  le  cardinal  Altieri ,  a  quoi  il  y  a  plus  d'apparence 
Vale. 
l)e  I'aris,  le  1-2  mai  1070. 


LKTTRE  DCCCVIII.  —  An  nrinv. 

Jt1  vous  inandai  tout  ce  que  je  savois  par  ma  lettre  du  1-2. 
Madame  la  dnchesse  d'Orleans  n'est  point  encore  partie  pour 
aller  en  Angleterre  ,  (it  il  n'y  a  encore  rien  de  certain  sur 
I 'election  d'un  nonveau  pape.  Pour  le  roi,  il  est  constant  que 
son  voyage  ne  durera  pas  si  longtemps  (jue  Ton  disoit  il  y  a 
un  mois.  Us  out  tronve  en  ce  pays-la  beaucoup  d'enipeclie- 
rnents  en  leur  passage  a  cause  des  eaux.  Sa  Majesle  a  aujour- 
d'hui couche  dans  Arras. 

Eulin  le  bonhomme  cardinal  Altieri  est  pape,  age  de 
S2  aus.  On  dit  qu'il  est  romain  .  il<-  ///////////•  i/itit/nn.  et  que 
celui  (jui  le  suivra  (\st  manpie  sous  1'epitliete  de  hcllnn  rurn./-. 
(Mi!  que  ce  litre  convieudra  au  (irand  Turc  !  s'il  vit^it  en 
Italic  pour  y  fa  ire  la  guerre,  comme  elleen  est  bien  inenaet'-e  ; 
el  si  cela  arrive  ,  ipie  deviendronl  tanl  de  colonies  d»i  gens 
oiseux  .  de  venires  paresseux  ,  tant  de  troupes  de  moine>  qm 
son!  en  ce  |»ays-la,  et  <|iii  vivent  sans  rien  t'aire  a  Idinbre 
d'un  crucilix,  i/m  f»'i'  alii/nnm  relit/nuns ?uini({rtfi<ini')n  alinwnffi 

IHCrt  It  I'  ffltlKt'Hllt  '? 


"  i  i  IK  I  I  liK>    l)h    i,l  I    I'A  I  I.N 

Hi:  parle  ici  d  nne  nouu'lle  assembler  du  clerge  qui  sera 
composee  de  plusitMirs  arolieveques ,  eveques,  disputes  du 
second  ordre  et  ties  agents  <pii  sont  deja  relenus.  Les  lettros 
d"  la  com'  portent  quo  le  roi  sera  de  rclour  de  son  grand 
voyage  de  Klandrele  1(5  juin  prochain  a  Saint-Germain.  Dieu 
veiiille  hi. MI  les  ramener  tons  en  bonne  saute;  mais  nous  ne 
suvons  p;is  encore  si  niadaine  la  dueliesse  d'Orleans  est  en 
ctal  d'idler  a  Douvros  |)onr  y  voir  le  roi  d'Angleterre  son 
i'reiv. 

.le  vons  I'eniercie  dc;  votre  derniere  lettre  du  {»  mai.  Depuis 
i|iie  le  roi  esl  parti,  j(;  n'ai  rien  entendu  dire  de  romitc  ar- 
chititi'nu  ,  in  de  I'aiiire  tpii  est  ici ,  sub fn'ii'tcjctu  c<ih'id< :  <ul  cujus 
('./_•( /'tirfitiiH'iii  ,v/  di'ci'iiinhir  ,  jt;  ne  sais  lecpiel  ties  deux  (^olot 
sera  clioisi,  il  ne  in'iiii|»oi'tt: ;  mais  ce  gascon  est  bien  atra- 
liihnre  et  me  seinhle  de  niauvaise  chair,  .le  vous  trouve  bien 
lieiireiix  d'(Hreanx  bonnes  graces  de  M.  Denyau  le  Ills,  puis- 
ipi'il  vous  a  envoye  sa  harangue.  \'est-ce  pas  un  chet'-d'auivrc 
de  I  art  oratoire?  Notre  College  Ho val  voudi'oit  pourtant  bien 
qu'il  ne  1'ent  janiais  Fait  imprinier  ;  plusieurs  autres  out  ete 
Faites  ;i  intMiie  dessein,  <|iii  n'ont  pas  vn  le  jour,  (les  impres- 
sions appajiiennent  a  Tnrnebt! ,  a  Lainbin,  a  1'asseral ,  it 
i'.ritoii,  a  .M.  Bourbon,  a  MM.  Valens  el  Granger,  ;i  MM.  hu- 
val  el  Moreau  .  du  (Ihevreuil  .  I'adet  et  autres  illustre>,  avec 
lesipiels  ce  petit  inirmidon  n 'enlrei'a  janiais  en  parallele  .  .si 
cc  n'esl  coinme  tin  petit  luiiii^noi)  de  cliandelle  .  mil  linn/nun/ 
lit/ii  film  it/mi* ,  avec  le  soleil  ;  mais  que  laire?  Les  aveugles 
enragent  de  \oir  clair,  les  boileux  veuliMil  courir ;  iln'ya 
jioinl  de  corps  <pii  n'ait  sa  partie  honleiise.  II  nous  Fant 
prent Ire  patience,  pen t-etre  (ju'il  s'aineii(Jeraet((Li'il  devientira 
plus  sai;iv  II  esl  encore  bien  ignorant,  bien  sainit-l  et  bien 
innocent  :  aussiest-il  encore  jenne  et  bien  hadin. 

.1  ai  entre  mes  mams  deux  de  nos  coinjiagiions  jiien  ina- 
l,idc>  ipn  languisseiit  en  attendant  que  le  beau  temps  vienne. 
!.'•>  rhuinalismes  de  I  hiver  p:isx-  mil  de  la  peine  a  s'en  alter. 


pisie  ,  in  aticun  dangereiix  reste;  pour  It:  scorbut,  il  n'y  en  a 
tantot  plus,  il  n'a  point  ete  inalin  cetle  annee. 

Quelques  mis  parlcnt  du  roi  d'Angleterre  (jui  a  epouse  la 
princesse  de  Portugal ,  il  la  veul  repudicr  a  cause  desa  steri- 
lite,  comine  cut  I'ait  Henri  II  a  sa  fennne  Catherine  de  Me- 
dicis  ,  si  Kernel  lie  s'en  Cut  lieureuscnient  inele ,  de  laquelle, 
par  une  insigne  liberalite  ,  il  recevoil  chaque  I'ois  qu'elle  ac- 
couclioit  10,000  ecus ,  a  ce  que  (lit  Louis  d'Orleans ,  en  sa 
Ptante  humaine  i  et  qu'il  ni'a  dit  autrefois  lui-meme  ;  je  I'ai 
connu  1'an  1626  ,  et  je  me  souviens  bien  de  di verses  choses 
qu'il  ni'a  dites(l).  L'annee  suivante  il  tombaen  unepleuresie, 
pour  laquelle  il  fut  saigne  deux  I'ois  el  en  guerit,  age  de  qua- 
tre-vingt-cinq  ans  ,  el  ne  inourul  que  deux  ans  apres.  M.  le 
ooinmandetir  de  Souvre,  (jui  est  aiijourd'liui  grand-prieur  de 
France,  est  niort  agt'-  de  soi\ante-dix  ans. 

On  me  vient  d'asstirer  quo  M.  Colbert,  le  capitaine  des 
mousquetairrs ,  a  ete  disgracie  dn  roi  pour  (juelque  pla'mte 
f'aite  eontre  lui ,  et  que  M.  de  Louvois  n'est  |)lus  gthieral  des 
postcs,  ff  nl in  ijituqui'  (Itcitntitr,  ft  c/m/i  rircmiifc'i'itntu)'  per  r/t(- 
ijn>;  ,  <[iu<'  tntd  non  jjuasftitf  net-  dcbctit  C/iai'fct'  cninnntti  (2). 

On  dit  (|u'il  y  a  un  code  criminel  nouveau  que  le  roi  a  en- 
voye  cliezM.  le  ])remier  president ,  et  qui  sera  envoye  an  par- 
lenient  apres  le  retour  ilu  roi.  Mon  tils  aine  t'-toit  alle  a  Lagny, 
on  il  a  tiut'hjue  bien  du  cot/1  de  sa  lemnie,  a  la  fin  du  caremo, 
pour  y  prendre  du  lait  d'aiiesse  ;  ce  qu'il  a  tail  et  n'a  gueri1 
scrvi ;  lasaison  a  ete  contraire  jusqu'a  present,  cela  1'a  oblige 
de  re\ciiira  Paris,  oil  je  le  trouve  bien  nial  fail,  avee  une 
fievre  lente  et  de  mauvais  eracbats  ijiii  me  font  grand'peur. 
Nous  n'avotis  encore  en  dejmis  Piupics  d»>  beau  temps  (me 
deux  beaux  jours  ,  htfc/'p>i  tnttjefid'  ni»/'fiin<  (jliscittjw  nu-dcndn  , 

vl  (Ti'sl  Ic  M-ul  aulcur  qui  allinno  co  iail .  quo  Pun  peul  n-^ardfi 
ciiinnu1  apocryphc.  ^H.  1*.  ] 

,'2,  I, cite  reflexion  prouverail-elle  <nie  le  calnnei  notr  cm  1'un  dec;t- 
clielail  les  letlres  ,  exi^tnl  ilcjii .'  (,t>l  iniaine  al»u>  «!»•  confi.ince  senible 
a\oii  rxiste  de  tuut  temps  el  sou-  ton?  les  j;ouu nieuients.  Jl.  P.) 


r.Kirui>  i»i:  i.n  I'ATI.N 

/v/r. 


ifiriiiuntiir.  O  me  niiwrtim   in  /iliix  //W.v.'Si    Di 
vent  ,  il  aura  pitie  do  nous.  Jo  vous  baise  tresliumblement  le 
mains  ,  et  suis  do  lout  mon  cirur  votro  ,  etc. 
I)r  Paris  ,  le  23  mai  K570. 


LETTKF  DCCCIX.  --  Au 

Jo  suis  lotijours  en  peine  do  Tissue  do  la  maladio  de  mon 
tils  aine  ,  Hobert  Patin;  nos  remedes  1'ont  inerveide  [)artout, 
mais  ii  n'oii  revolt  guere  do  soulageineut.  Mon  Dion!  que  de 
malheurs  en  la  vie/1)  !  On  dit<|U(!  le  roi  paroit  t(jut  relbnne,<;t 
<|u'il  s'en  va  viM'e  dans  uno  Brando  saintete;  cela  sera  fort 
bon  [tour  les  paysans,  si,  on  memo  temps,  il  diminue  la  taille 
ot  los  impots.  Dion  luion  I'asse  la  grace  ,  el  do  vivro  encore 
ijuatre-vingts  anscn  co  bon  etat!  Dopuis  Hugues  Capet ,  <[ui  a 
ott:  le  cbof  <le  la  troisieme  race  do  nos  rois,  il  n'y  on  a  qn'nii 
i|iii  ait  attoint  1'an  soixanto  de  son  age,  qui  veritablement 
etoit  un  habile  bomme,  mais  dangoreux  ot  mediant  prince: 
e'eloit  Louis  XI,  par  la  laute  do  (jui  nous  avons  perdu  les 
Pays-lias;  s'il  n'eut  Tail  parson  maudit  caprice  cetle  signalt'o 
fan  to  ,  il  auroit  ('pargiK'  la  vie  a  plusieiirs  millions  d'hoimnes  , 
et  la  uiaison  d'Autriclie  no  seroit  |>as  si  elevee.  Tons  les  an  - 
tros  rois  out  oto  malheureux  on  debaucbos.  Louis  XII  et 
Francois  lrr  out  mcrite  d'etre  loues  par  la  posterite  :  mais 
Henri  IN' a  sauve  la  Franco  ot  1'a  retiree  des  mains  des  liuguo- 
nots  et  des  ligueiirs,  ipii  eloionl  devenus  fiirieux  ,  i ni'liriuti 
II<K  iiln  cf  -fin  iTHi'utu  rt-l i<ji»inx ;  a  ipioi  its  tHoient  portes  par 
['ambition  du  |iape  (i  les  pistoles  d'Kspagne,  n  qim  dnplwi 
rt/t/sit  linn  ninth  I'ntiii  j'lii'rmil  miwrc  flfcct/ff.  La  famillo  des 
oi<eaiix  niais  etoit  alors  Ires  grande:  il  n'y  en  a  plus  tai.t  an 
|ourd'liiii,  le  nioiide  est  bien  deluHe,  IHell  inei'ci.  et  le>  llloilie> 
qui  out  raflint'-  bien  do  gens. 

1    N  me/,  la  Icllrc  snivanto. 


\  i  A i,( :«•>!•; i.  74? 

On  dit  quo  Charles,  due  de  Lorraine,  est  mort.  Voila  un 
prince  qui  a  bien  i'ait  du  nial  ii  ses  propres  sujets ,  et  qui  a 
bien  mine  du  niunde  par  sa  laute,  et  incme  son  pays  et  sa 
inaison  ;  personne  ne  perd  a  sa  niort  taut  (|ue  lui.  M.  Ii:  car- 
dinal de  Ketz  est  parti  de  Koine,  apres  la  creation  du  pape  , 
pour  revenir  aCommercy,  oil  dans  trois  jours  il  est  attendu; 
inais  la  inort  du  due  de  Lorraine  neoausera-t-elle  point  quel- 
ques  troubles  ?  il  y  a  longtemps  que  ce  pauvre  pays-la  est 
al'flige  par  le  mauvais  conseil  de  ce  dernier  due ,  qui  n'a  pas 
etc  plus  sage  (jue  Charles,  dernier  ducde  Boulogne,  qui  tut 
tuc  Tan  1477,  a  Nancy,  sous  Louis  XI. 

Mon  Ills  aine  vient  de  partir,  ce  inercredi  2S  inai ,  a  six 
heures  du  matin,  avee  sa  lenune  et  sa  mere,  dans  deux  car- 
rosses  ,  pour  s'en  aller  en  notre  inaison  a  Cormeitles  y  pren- 
dre  du  lait  d'anesse  taut  qu'il  voudra.  L'air  y  est  fort  bon  et 
rien  ne  lui  inaii(|uera,  inais  neanmoins  j'ai  bien  peurdu  reste; 
pint  a  Dieu  <jue  j'en  fusse  mauvais  prophete  :  nos  aneiens 
n'ont  point  trouve  de  nieilleur  remede  que  eelui-la  ,  je  prie 
Dieu  qu'il  lui  profile.  II  est  embarrasst'1  d'un  pernicieux  nial 
qui  a  trop  I'orteinenl  attaqm;  son  pounion  par  sa  faule.  Son 
obstinution  t;t  le  grand  hiver  passe ,  qui  a  dure  trop  long- 
temps  .  en  out  augmente  le  danger  et  retarde  sa  guerison. 
Xos  docteurs  (|ui  Tout  vu  a  ma  priere,  ne  peuvent  esperer 
son  saint  que  par  ce  remede,,  (inli-nus  nuxfi-r  lil>.  .'),  Inli'a  <i>ijrn^ 
/n  uiui  i'i  ri'  <untin(ltit)(it  ad  imntti'iit  Stohnntuin  ,  ti/if/i-  jin^li'ii  ,«DI> 
r<'r<')'t"l><intiir  /{ninnin,  ifinttl  ulininn  sir  na/iiy  fnii/hifjnf.  4e  le  re- 
eommande  anx  bonnes  graces  et  aux  prieres  de  madame 
Kalconet.  Jt;  vous  baise  les  mains,  et  suis  tie  tout  moil  cunii1 
votre  ,  etc. 

l)»-  I'aris  ,  le  30  rnai  1G70. 


7-1  s  i  tmifc.-  i>h  (,i  i  I'.vm 

LK1TKK   IU;CC\.  --  \umtnte. 

.le  vous  ai  ecrit ,  ie  30  inai,  le  mauvais  etat  oil  etoit  reduit 
men  lils  aine  ,  il  esl  die/  nous  a  Cormeilles  avec  sa  temnieel 
sa  mere.  II  y  prend  du  lait  d'anesse  <[uatre  t'ois  le  jour  et  dans 
mi  grand  repos  ,  u  peryunta  de.rtru  defend  i  jtvxsaitt,  ef/n///  hoc 
f/cfriiKd  ftiiwiit.  L'air  y  ost  fort  bon,bien  pur,  frais  et  sec,  an 
pied  d  unc.  belle  niontagne  ;  mais  le  inal  esl  grand  el  dange- 
renx  ,  puisqn'il  esl  dans  le  poumon  ,  parlie  necessaire  a  cha- 
ijue  moment  de  noire  vie.  Je  prie  Dieu  qu'il  nous  assiste  deses 
graces  ,  et  qu'il  veuille  enlin  avoir  pilie  de  nous.  (Vest  un  me- 
diant metier  que  d'etre  pere. 

On  parle  fort  ici  de  la  langueur  dans  laquelle  se  trouve 
M.  le  diancelier  ;  mais  xatwftis  i/wi.  iimrbux  cat.  Si  cette  belle 
place  vient  a  vaquer,  il  y  en  a  qui  la  designenl  a  31.  le  grand 
C.olbert ,  ;i  M.  Pussort  son  oncle,  a  MM.  d'Aligre  on  le  Tellier ; 
pour  nioi,  '^  la  souhaile  a  cdui  des  (jnatre  cpii  la  meritera  !«• 
inieux  ;  c'est  le  solstice  d'honnenr  de  nos  honimes  d'Etat,  de 
nns  politiques  el  savants  jurisconsulles. 

Madame  la  dudiesse  d'Orleans  a  passe  la  nier ,  el  elle  esl 
pivsenteinenl  en  Angleterre. 

Le  (-ode  criminel  esl  enlre  les  mains  de  quell] lies  messieurs 
de  la  grand  chanihi'e  ,  (jui  le  doivenl  examiner  avant  qne  de 
It;  verifier  en  parlement.  Les  a  vocals  el  les  procureurs  en 
grondenl  deja,  car  il  diininuera  leur  gain.  L'interel  e«sl  an- 
jourd'hui  le  jiremier  mobile  (jui  enlraine  avec;  soi  lous  les 
liomines.  Je  dirai  avec  Tertnlien  :  .\d  hue  WOHI/IIH  I)t;us  m^ 
lirtnl u.rit .  II  n'y  a  (pie  bonhenr  el  mallieur  en  ce  nionde. 

f.es  Hollandois  out  empedie  quelque  dessein  ipie  le  roi 
avoit  en  son  voyage;  penl-elre  (pi'enlin  ils  s'en  repentiront  : 
( cs  iKiuveanx  rt'publicains  font  les  enlendus  pour  avoir  lien- 
reiisemenl  secone  le  Jong  de  la  soiireilleuse  ,  supei'bi!  el  pres- 
qiii1  maratre  maison  d  Autriche,  wd  wijuilm'  n  l« ryn  //n/s  i/i 
a  lail  iLaulrcb  miracles  et  plus  grands  que 


A    FALCONET.  7^<> 

celui-la.  Dans  les  histoires  do  Taeite  on  deerie  los  Bii laves  , 
pro^ter  iimatam  yenti  ylariam ;  ce  sonl  les  monies  qu'aiijour- 
d'hui,  les  Hollanders. 

Les  marchands  se  plaignent  fort  ici ,  disant  que  le  negoce 
ne  va  point  et  que  1'argent  ne  ronle  point ,  sed  ejusnuxli  ho- 
mines Mercurin  dcditi  semper  conqne>'untitr.  On  (lit  (ju'il  y  a  eu 
cette  semaine  trois  banqueroutes  dans  la  rue  Saint-Denis ,  d'un 
nomme  Hoileau,  Neveu  ,  etc. 

Enfm  ,  monsieur,  je  suis  desole ,   o  me  miserum !  mai\  (Ms 
alne  est  mort  le  premier  juin  (l) ,  Dieu  veuille  avoir  son  tune! 
il  est  mort  bon  cbretien  avec  grand  regret  de  ses  fautes,  <-t  fin// 
tnaximn  in  Ckristum  fiducia.  Je  prie  Dieu  de  bon  cceur  qifil 
vous  conserve  et  tous  ceux  qui  vous  appartiennent ;  il  ne  faut 
point  aller  si  vite ,  on  meurt  assez  t6t  :  Immodicis  btvrts  fat 
wtas  ft  ram  sencctns.   Le  poumon  se  gate  trop  aisement  par 
trop  de  sang.  II  est  mort  a  Cormeilles  oil  il  avoit  ete  mene  pour 
y  avoir  un  air  plus  pur  qu'a  Paris.  11  est  enterre  aupres  de 
sa  grand'mere  maternelle  et  son  frere  Francois  dans  la  clia- 
pelle  de  Xotre-Dame  pres  du  cha'ur.  (Juiwtit  hi  puce.  Je  suis 
si  fort  abattu  de  douleur  de  cette  mort,  et  si  fort  fatigue  des 
voyages  quo  cette  malarlie  m'a  fait  faire,  que  je  ne  suis  capa- 
ble de  rien  ;  je  vous  prie  d'en  temoigner  ma  douleur  a  noire 
bon  ami  M.  Spon,  auquel  je  n'ecris  rien  de  ce  malheur  taut 
(jue  je  suis  af'llige,  et  dont  me  me  je  ne  demande  point  de  con- 
solation; il  faut  que  je  pleure  toute  ma  vie  un  fils  si  savant  , 
et  que  je  puisse  dire  apres  cot  ancien  (jui  ne  pouvoit  plus 
pleurer  ,  plorando  fcssus  ITHIII.  II  laisse  trois  garcons  et  une 
petite  lille,  dont  1'aine  passe  neuf  ans  et  duquel  j'espere  quel- 
que  consolation  ,   d'autant  qu'il  a  bien  de  1'esprit ,  <|u'il  ap- 
priMid  bien,  et  qu'il  est  fort  gentil ;   nous  en  ferons  ce  qu'il 
plaira  a  Dieu  ,  (jui  tienl  en  sa  main  la  bonne  et  la  mauvaise 
fortune  des  homines. 

On  (lit  que  le  roi  sera  de  retour  a  Saint-dermain  le  S  jii'm  ; 

1)  Robert  I'atiii.  ne  a  Paris  Ic  11  aoul 


•;;>()  IKTIKKS    i)K    (III    I'AilN 

que  le  grand-due  de  Toseane  est  mort  aslhmatique,  age  de 
soixante-un  ans,  et  qiie  M.  de  Chaiilnes  revient  avec  M  le  car- 
dinal dc  l»oi:ill-->n  On  parle  anssi  d'nn  ambassadeur  extraordi- 
naire de  Hollands  qui  doit  bientot  arriver.  Le  roi  sera  Ie5juin 
dans  Kcauvais  ,  oil  il  eelebrera  la  Fete-lMeu.  Je  vous  baise  les 
luains  ,  et  suis  de  tout  mon  c<eur  votre,  t;tc. 

Of  Paris,  Ie4  juin  KiTO. 


LETTHK  DCCCXI.—  AH 


Un  dit  (jue  le  roi  ira  prendre  Fair  au  bois  de  Vincennes,  et 
(ju'il  cnverra  son  (lode  criminel  nonveau  ,  (jui  est  aujourd'hui 
die/.  M.  le  premier  president,  ei>  la  grand'ehambre,  pour  etre 
veritie  avec  diverses  suppressions  ,  n  ijiiibu*  <ilii  nmlli  sihi 
ineftiunt. 

On  dit  aussi  queM.  It1  chancelier  est  si  vieux,  (ju'il  n'en  [)eut 
plus,  et  (jue  la  menioire  lui  inaii(|ue. 

On  dit  (jue  tout  va  it  la  gnei'i'e  pour  I'an  prochain  en  Flan- 

dre  on  en  Hollande,  et  <|ue  ces  noiiveanx  republicains  sont 

menaces  pour  leur  supt-rbe  et  leur  vaniti:  bataviijue.  lieaucoup 

de  gens  veulent  UK;  console!1  dt1  la  mort  de  mon  aine  ,  inais 

cela  n'apaise  pas  ma   douleur  tjui   ne  se  pent  guerir  par  de 

trls  liniments;  >•/////  rrrlxi  i't  rut-rn  ,  y>/-'/v^/w/Y//r  ///////  :  rien  ne 

me  gnerira  (jue  la  mort  ;  on  si  elle  ifarrive,  comme  je  n'en  ai 

point  hate  ,  s/  /n/xt  fulu  fruit  (jlni-in  ,  nun  iirujifru  ,  j  attendrai  de 

la  consolation  ct  du  sccours  des  trois  grands  jnges  dont  a  fait 

mention  Apollonius  dans  Pliilostrate  ,  qui  sont  firs  dicu,c  ,  flu 

/'•,,//>.<  <f  !/'•  In  /i/ii/<i*ii/i///>'  ;  ccs  trois-la  out   bien   apaisi'1  de   la 

diinleiii1  depnis  le  commencement    du    monde;cc  sont    trois 

puissanls  anodins  ,  tout  autremenl  plus  certains  que  la  |) 

dc  la  rcinc  d'Angleterrt1, 

r.lirisline,  rcinc  dc  Suede,  quitte   Koine,  a   ce  qu'on 


A    KALllONEl.  751 

<|ue  !••  pape  ne  vent  plus  lui  continue)-  la  pension  <|iie  I.- 
It'ii  pape  lui  dunnoit. 

M.  Ksprit  a  tons  les  signes  de  la  pierre  en  la  vessie,  et  en 
est  enfin  eonvaincu  ;  il  songe  a  se  la  la  ire  tirer  ;  c'est  une  re- 
solution (jiii  ne  se  doit  pas  prendre  legerement. 

Le  roi  a  envoye  au  Chatelet  uji  acte  pour  separer  de  corps 
ft  de  biens  M.  et  inadame  de  Monlespan  ,  /-/  <ili<i  mult  a  de  (/?- 
iierc  hoc  dicuntur ,  qwt'  scribere  non  vst  animus.  Knlin  ,  apres 
avoir  bien  niarchaiule,  le  pere  Lemoine,  jesuite,  a  mis 
sous  la  presse  V Histoire  dn  cardinal  <l?  Ilichelicu ;  on  dit  qu'il 
y  en  aura  trois  tomes  in-foliu;  voila  bien  dn  papier  nial  em- 
ploye  si  cet  Ariynius  n  a  pas  ecrit  la  verit«;.  Jti  vons  baise  les 
mains,  et  suis  de  toute  mon  ame  volre ,  etc-. 

De  I'aris,  le  11  juillet  1070. 


LETTRE  DGCGXII.  -•  .\H 

Knlin  le  pere  Aunat ,  jesuite  etconfesseur  du  roi,  est  mort 
ici  le  14  de  juin(l).  11  avoit  quatre-vingt-trois  ans.  M.  le 
chancel ier,(|iii  est  de  cet  age,-lii,est  aussi  dan^erensernent  ina- 
lade  d'une  nialadie  incurable  ii  cause  des  amiees.  Nousavons 
aussi  M.  le  lieutenant  civil  d'Aubrai  I'ort  inalade  de  vomisse- 
menls  et  de^outs,  <pii  se  plaint  t'ortd'un  medecin  (ju'il  a  en  par 
ci-devant;  c'est  Kusebe  Henaudot ,  (jui  ne  valut  jainais  rien. 
Ce  qui  est  encore  pis ,  on  dit  ijue  MM.  Esprit  et  Braver  lui 
veulenl  donner  du  vin  emetique  on  enetiqut; ,  c'est  ainsi  qu'il 
le  I'aut  nommer  «b  t'nt'candn.  C'est  pour  aller  encore  plus  tot 
en  paradis,  on  hien  le  conduise  par  sa*sainte  grace!  Knlin,  il 
est  mort  accable  de  symj)tomes  et  de  cliarlatans.il  est  tombe 
dans  la  loss*;  qu'il  avoit  crensee.  C'etoitdesa  charge  declias- 
ser  Ics  charlatans  de  la  ville ,  et  neamuoins  il  leur  a  commis 

vl)  Voycz  tome  II ,  pajje  3W. 


75-2  I.KTTHKS  m:  r.n  PATIN 

sa  saute.  Si  les  gens  do  qnalit*'-  oloiont  sagos,  ils  no  so  lioroionl 
point  a  cux  :   inais  ils  no  voiilcnl  point   inoni'ir  method  ique- 
inont  ot  soloii  les  regies.  Jo  suis,  etc. 
DC  Paris,  lo  )8  juin  1070. 


LETTHK  nCCCXIII.  —  An  mhne. 

M.  V:\lot  ost  bion  inalado  ot  on  danger  do  nionrir  biontot. 
II  a  do  l;i  tii-vro,  il  ost  asthmatiqne  ot  il  a  soixante-quatorze 
ans.  II  avoit  ete  porto  an  Jard in-Royal ;  mais  ayant  onlendn 
quo  sa  presence  (''toil  roqnise  a  la  coin1,  oil  il  s'agit  do.  Inielioi- 
-ir  nn  sneeessenr,  il  a  anssitot  (piitlo  lo  bol  air  do  son  boan 
jai'din  ,  ot  ost  revonn  an  Loimv.  Ainsi ,  il  n'osl  pas  ponnis  a 
Paris  non  pins  qn'a  Alhonos  ,  do  mourii1  a  son  also  ni  a  bon 
inaroho.  ("otto  l)ollo  cliar^o  no  so  vondra  pas  dorenavant 
connno  Ton  lit  dn  temps  do  Ma/.arin  ,  1'an  164(5  ot  Tan  K5.V2  ; 
M.  Colbert  a  unjourd'lini  bien  plnssoin  do  riionneni1  ot  d<-  la 
santo  dn  roi ,  quo  Ton  no  I'aisoit  on  oo  temps-la,  oil  Tavarico 
dcs  ministres  e.mpovtoit  ot  vavaii'eoit  lout,  (hi  parlodoMM.de 
la  Cliambre  ot  h.upiin  le  jouno :  inais  locionrdn  roi  ost  on  la 
main  dn  Seigneur.  M.  Valotost  ponrtant  fetourne  a  son  jardin 
pour  sa  eominodite. 

II  y  a  eu  dn  desordre  dans  la  I'amillo  do  M.  Valot.  Sa  grande 
fortune  n'ost  pas  exenipto  do  tristosso  ot  do  calamito.  Sa  tillo 
aint''o,  eininvoo  pent-otro  do  n'otre  |>as  mavioo  ot  poussoed'nn 
saint  dosospoir ,  s'osl  refugieo  dans  los  Carmelites,  dont  Ton 
dit  tpie  la  more  osl  fort  aftligoe.  La  prosporiti-  des  all'airos  do 
oo  niondo  ost  bion  passtigoro.  Krasino  a  dit  dans  sos  Ctillntjin's 
>pio  lo  dosospoir  I'aisoit  nn  soldat  on  nn  moine.  (/(''veipio  do 
Nt^vors,  tils  dndit  Valot.  y  ost  allo  |)onr  parlor  a  olio  ot  taeher 
do  la  ramonor  a  la  inaison  :  inais  il  n*1  la  pas  pn  voir  ,  si  on- 
t  ii'iv  olio  ost  dans  ootto  sainte  resolution.  Tout  cola  n'osl,  se- 
lon  It-  laiiL-a^o  dos  carols  .  oonnno  dit  Scari'on  .  <pie  ipiittor  la 


.»    FALCONET.  T5.< 

terre  pour  gagner  le  eiel.  0  lieurenx  echange,  pourvu  quo  I'on 
y  arrive  an  gite  et  (ju'il  n'y  ait  point  (If  lausse  monnoie  dans 
IP  paiement ! 

Vous  save/  que  noire  ville  est  pleine  de  gens  curieux  et 
all'ames  do  nouvelles.  On  y  parle  fort  du  roi  d'Kspagne  sur 
une  lettre  qui  portoit  que  co  prince  etoit  malade  d'une  iievre 
double  tierce  continue.  II  est  vrai  que  s'il  inouroit ,  ce  seroit 
une  etrange  poinine  de  discorde  dans  1'Europe.  Pour  tout  ce 
qui  s'en  dit ,  je  ne  m'en  etonne  pas ;  car  tout  le  monde  enrage 
de  mentir  (juand  il  parle  de  ces  grandes  nouvelles.  Je  crois 
que  vous  save/,  niieux  que  nous  s'il  est  vrai  d'une  espece  de 
petite  ve,role  que  i'on  dit  ici  etre  arrivee  en  Vivarais  par  les 
marclmnds  de  vin,  a  cause  d'un  iinpot  qu'on  vouloit  niettre 
sur  les  cabarets  de  liuit  livres  par  an  ,  et  dont  quelques  mal- 
totiers  out  etc  inaltraites.  Mundus  omui*  <\i:erct't  hish'tmiiant. 
I '////'. 

Do  Paris,  lo  -20  juin  1«7d. 


LETTKE  UCCCXIV.  —  Au  „»'„«•. 

La  lille  de  Valot  esl  retournee  aux  Carmelites  de  la  rue  du 
Bouloi.  II  a  qualre  fils  ,  donl  I'aine  est  (;onseiller  au  grand 
conseil  sans  enlants;  le  second  est  eveque  de  Xevers;  letroi- 
sienie,  chanoine  de  Notre-Dame ;  lequatrieme,  capitaine  aux 
gardes  ,  sans  ent'ants  ;  trois  lilies  en  religion  ,  xlt-  transit  y/oria 
iinuxli.  Mais  a  (jui  passera  taut  d'argent  acquis  Dieu  sait 
comment?  ($ue  deviendront  taut  de  secrets  clriiniqnes  el 
vegetaux  ,  taut  de  tartre  vitriole  ,  taut  de  preparations  <le 
laudanum  <;t  de  vin  emetique  ?  Que  deviendra  la  fortune  de 
ce  geant?  ninni/i  /n//r/x  crnnt. 

Le  roi  se  va  baigner  durant  ()uin/.e  jours  a  Versailles  avec 
une  agreable  compagnie.  .Madame  la  duchesse  d'Orleans  est 
I'evenuede  presdu  roi  son  IVere. 

in.  is 


7")i  I.KTTItKS    DK    ».l  I    I'M'IN 

<  lii  <lit  que  M.  If  rlitUHJolier  ompiro ,  r/.r  r/r/ //;/•<//;/'•/•  sum- 
iini.ii  i-i/'iiiin  iiiilic/'illlinti'm  ft  viti'f.'tini  wilcludiiieni.  M.  Pellelier 
e.st  homme  (It1  grand  merite,  et  <|ui  esl  dans  I'approbatiou  de 
tonics  les  honnetes  gens;  il  est  meme  cousin  de  M.  leTellier, 
secretaire  d'Ktat. 

.i'ai  cu  aujourd'hui  ties  nouvellesde  nion  Carol  us;  il  est  bien. 
IMeu  nierci ,  et  eu  bonne  sanle  ii  Strasbourg  ,  ou  il  voit  sou- 
vent  It1  Ills  tie  M.  Spon  ,  suparandft  im/n/s  /u/iuim  fwendu  cxf . 

On  examine  cbez  M.  le  cliancelier  les  articles  du  cotle  cri- 
minel  ,  oil  M.  Pusbort,  <jui  la  dresse,  se  defend  t'ortement 
conti'e  les  objections  que  ces  MM.  les  tleputes  ne  veulenl  jioint 
approuver.  On  croit  (ju'il  est  bitn  assure  tie  la  Cavern1,  et 
<jiie  nit  if  in-  juri'  sum  :  aussi  veut-il  tjue  tout  passe  coinnie  il  est 
ecrit. 

M  le  lieutenant  civil  n  avoit  tjue  trente-sept  ans,  unfit*  i>n- 
ri-nlf  i/udtii/rird  ,  /•(  i/w  /n/i/  /xji/ayricitx.  II  avail  (He  d(''baucli('' : 
ii  est  moii ,  <•.!'  rniititii  iilnni/iiidhtl i  ci>i/ijx>x/fct  ctu/t  fchrc  li'iil.u  , 
et  d  une  extreme  avai'ice  par  laquelle  il  vouloit  tout  I'aire 
dans  le  Cliatelet.  II  etoit  tort  riche  ;  il  pouvoit  ne  se  point  tuer. 
In///  t'l.'cst  nnt/'ii  tj/i-  il  Itilhl't  iinii/n  iiuod  inin  liiihi't ,  t't  h<n'  jiii'tt  I IHICX- 
luin  i>i'CHimr  (Icstdt'i'tttiit  1'jnsniodi  liuntnubus  ,  <t  minus  //'///'• 
njthil  f/ui  mm  Imlii'l.  Dieii  soil  lone  de  ce  <ju'il  y  a  encore  an 
inonde  (riionnetes  gens,  tpii  ne  sonl  pas  atl'ames  ,  el  qui  suj>- 
portent  plus  iacilement  m>e  douce  pauvrete,  et  inrmeipii  stiit 
fort  eloignee  de  celle  deSeueque,  qui  avoit  plus  de  revemi 
qne  1  elecleur  de  Saxe  ,  qui  est  le  plus  riche  prince  tie  1'Alle- 
niagne  ,  ///'.•  jiti/'n/u  n>  [i/tilnsuft/im  jji'of'ectt ,  <{iit  mm  mulct  jtutt- 
jii'/'tiifi'i/i  firn/iti'i'i . 

.le  traite  malatle  un  des  notres  age  de  soixante-troizc  ans, 
f'est  M.  Mentel ,  t'orl  malade.  II  a  tie  I'eau  tlans  la  poilrine  ; 
il  Caillit  a  inourir  1'an  passe  d'une  cruelle  dysenlerie  atrabi- 
laire;  il  est  fort  nielaiicolique  et  abattn.  Le  cardinal  Mazarin 
intiuriil  de  cette  ineine  maladie;  M.  Ulondel  et  moi  sommes 
les  deux  consultants  oi'dinaires  de  M.  Mentel.  II  y  vient  poiir- 
lant  il  antres  medecins  coinnie  ses  amis. 


A    FALCONET.  755 

On  (lit  que  niadame  Colbert  a  un  I'rere  conseille-r  de  la  cour, 
nomine  M.  Cliaron  de  Menard  ,  qui  pourroit  bien  venir  lieu- 
tenant-civil ,  mais  je  ne  le  crois  pas.  La  fortune  deM.  Colbert 
va  bien  par-dessus  toutes  ces  (lignites  populaires. 

M.  le  eliancelier  a  eu  depuis  peu  des  douleurs  nephreti- 
ques ,  et  a  vide  de  petites  pierres.  On  dit  aujourd'liui  qu  il 
estmieux,  sed  cotisture  de  calculo  iatente  in  u em'cu  ,  qitodmilu 
ridetur  esse  pessimism.  M.  le  eliancelier  aete  sonde;  on  a  senli 
la  pierre ,  qui  n'est  pas  aisee  a  lirer ;  a  tel  age  tout  y  est  a 
craindre  ,  ami  (us  nbiqne  jtwor ,  at  /ilurhnd  mortis  iinayu. 

M.  le  due  d'Kngliien  a  eu  deux  tils  (jui  sont  deux  princes 
du  sang,  deux  beaux  et  precieux  rejetous  de  saint  Louis, 
dont  1'aine,  (jui  est  M.  leduc  de  Bourbon  ,  est  ici  tort  malade, 
ttrdentilnis  votis  exojrfo  ut  feliciter  convalcscut ;  maisje  le  liens 
en  danger,  dttjiliri  nuinini',  no/i/n'  ration*;  inorbi,  (jui  vst  [trawi 
diathesis  rtscax/ii  emu  febt'e,  <-t  rotioite  inctiiri ,  qm  nun  supit 
qmoituiit  satisesl.l'euteiids  M.  Bourbelot,  (jui  est  extravagantet 
grand  hableur.  (ies  gens-la  sont ordinaireiiient  trop  bien  reeus 
cliez  les  princes  ,  et  bien  souvent  non  sans  regret,  into  nun  sine' 
l/n'it ifcnfia ,  pour  me  servir  ici  d'un  terme  que  Ciceron  n'a 
jamais  employe  ui  prononce,  ?t  mi  ncc  nunn>n  '/ullius  ipse 
r/cdif ,  a  ce  (ju'eu  a  dit  un  des  beaux  esprits  du  siecle  passe, 
(jui  aete  Alciat,  in  Kinbleiiwta,  (jui  meritoit  bien  un  chaj)eaii 
de  cardinal  ,  mais  un  vieux  renard  le  tromiia.  .Nous  n'avons 
ici  pour  toutes  maladies  que  (juehjues  lievres  tierces  et  des 
fluxions  sur  la  poitrine  ,  qui  sont  de  deca  en  usage  des  le  mois 
tic  decembre  passe ,  <:i:  qnu  umr/n  yc/t'v  tmtlh  itet'ii'rmit ;  mais 
la  plupart  de  nos  malades  out  les  jambes  eiillt-es  et  les  pieds 
ti'di'inntuux  ,  ce  qui  me  fait  apprehender  lliydropisie,  c.r  />/<ir<i 
i/iat/ii'xi  risccri/nt  ,  pour  I  automne  procbairie  et  Iliiver  sui- 
vant  les  doubles  tierces,  et  les  quartes  ne  manqueront  pas 
aussi,  car  tout  le  monde  est  ici  fort  melaneolique. 

Je  viens  de  voir.  ce -24  juin  ,  notre  M.  Menlel  ;  son  mal  le 
pri'sse  et  le  menace  trop  souvent ,  outre  lt\s  manvaises  units 
i|iii  Ini  sont  lro|)  ordinaires.  II  a  tonjours  les  jambes  ct  |,N 


";,()  I.KTlltKS    OF.    MM    I'ATIV 

piedsPnlU'S,  ft  Mf/if  ti-nlnlnr  riniiitn  .  fn'-iwriiin  irritfifd  rcii- 
ti'icttln  a  iiu'diciinifiitis  pW(/(intlbvst  ijiKii'iiiii  dan  i'l nun  fri'ijii'  nt t 
dnni'ii  Iccntnr. 

II  est  ici  niort  nil  vieux  medecin  nomine;  M.  Dupuy,  aije 
do  quatre-vingt-six  ans;  il  I'etoit  de  inadame  la  princesso 
Palatine  II  n'etoil  point  de  notre  i'aculte.  II  avoit  autrefois 
demeure  a  Nevers ;  (''doit  un  liomme sage ,  (in,  deniaise,  1'ort 
savant  et  bon  philosophe.  11  raisonnoit  bien  en  notre  metier 
en  bon  f'raiieois ,  artcm  rit«'  in/cllt'.rit ,  et  pourtant  ilestmoi't 
aussi  bien  que  Patrocle.  J'ai  vu  (juehjtie  chose  du  manuscrit 
(ju'il  a\oit  fait  qui  partoit  du  bonendroit;  il  pouvoit  avec 
raison  dire  apres  Martial  :  Jlninincm  jjnf/tita  nosh'a  ^'i/it. 

On  ne  parle  ici  qne  de  M.  le  cbancelier,  qui  fait  sonveut 
des  pierres.  /.ajtis  ttinplum  Domini  destntif,  lupin  adstruit ;  >•// 
n»>nn)i  Uuinini  benedictum.  \^i  roi  fait  balir  ;i  Versailles,  oil 
it  y  a  quantite  de  bons  ouvriers  en  toutes  sortes  de  batimenls 
et  d'ornements  de  maisons  royales. 

On  purge,  ce  25  juin  ,  M  le  cbancelier  avec  soulagement , 
niloi1  nnhrns  in/inriW)'  nt  senibus  iniKjimm.  fin-it  cxcrcnn'ntoi'inn 
l»'nci'ntniit,  inde major  frequentts 'intt'f/utiiiii'is  Hecdtxiiux.  Je  vous 
haise  tres  buinblement  Ics  mains,  et  suis  de  tout  mon  cd-ur 
volre,  etc. 

DC  Paris,  U1  25  juin  1070. 


LETTKK  DCCCXV.  --  .\n  mem?. 

M.  le  premier  president  <ist  de  retour  de  (>onq)ie^ne,  on  il 
••toil  alle  saluer  It;  roi  av<H'  (piel(|iies  dt'-pntes  d<^  ce  corps,  pour 
se  rejoiiir  avec  lui  de  ses  victoires  ,  el  le  prier  de  ne  plus 
liasarder  sa  j»ersoime,  connne  il  a  tail  ci-devant  en  di verses 
occasions  en  Klandre.  Conrtrai  esl  rendu.  On  (lit  <pie  les  Ks- 
pa-iidls  y  avoient  voulu  envoyer  d:i  secours  ,  mais  il  a  ete 
iviuissr  ar  IKK  M,,,IS  (,,j  ,.,,  U  -  >  ',,  -1 


\    KAl.t.oM-M.  7;*)* 

.nitre  nouvelle  porte  quo  Marsin  y  a  altaquo  fiosgens,  et  que 
nous  y  avons  perdu  quelques  liommcs.  On  dit  que  le  roi  est 
venu  a  Saint  Cloud  dire  adieu  a  madaine  la  ducbesse  d'Or- 
leans,  et  qu'il  s'en  retourne  bientot  a  Arras,  oil  il  enimenera 
la  reino  pour  lui  fa  ire  fa  ire  par  apres  son  entree  dans  Douai 
et  dans  Tournai. 

Le  I'liinne  a  ici  tue  depuis  pen  quelques  hounetes  gens,  tels 
que  sont  M.  do  FUnquemarre  ,  president  en  la  seconde  desen- 
<|uetes;  M.  de  Samson  le  geographe,  M.  de  Drosses  Guene- 
gaud  ,  maitre  des  requetos,  M.  houhlct  I'aine,  jadis  partisan, 
et  autres. 

On  dit  ici  que  le  roi  a  pardonne  an  eomte  de  (iuirhc,  j'en 
suis  bien  ai.se,  et  <pie  Ton  va  faire  partir  des  troupes  pour 
fa  ire  la  guerre  en  Catalogue. 

Xous  avons  ici  line  espece  do  lievre  continue,  maligne  et 
mortelle,  et  qui  einporte  nos  malades  en  sejtt  on  liuit  jours  , 
hain't  xiifDit  y.Tao^tv  in  comtptcln  substantial  jiulnmnfs  t  et  tous 
leurs  crachats ,  sun(  omenta  pwulentu ,  tubtu/t  et  nerrnsiin  >'f- 
(lolent. 

On  a  fait  coininandement  do  faire  aujourd'hui  dans  tous 
les  <|iiartiers  de  la  ville  des  f'eux.  de  joie  pour  la  creation  du 
jiape.  On  dit  qu'il  est  enneini  des  jansenistes,  jo  crois  pour- 
taut  (ju'il  ne  nous  fera  pas  grand  inal. 

On  me  vient  de  dire  que  le  roi  a  fait  assieger  Lille  en 
Klandre.  .le  vous  baise  les  mains,  et  suis  de  tout  moil  fd-iii 
votre ,  etc. 

I).-  Tiiris.  lo  !',» jtiilU-l  107(t. 


LKTTUK  DCCCXVI.        .I//  menu: 

La  disgrace  de  M    Koucaut  fait  ici  parlor  le  nionde    mais 
/leanmoins  on  croit  qu'il  sera  retabli ,  et  <iu'il   rontrera  dans 


:.y,  I.KI  iiii'.>  in.  t.i  i  i'\n.\ 

les  bourne  graces  tin  roi  par  le  moyeii  deM.  Colbert.  Oui , 
tout  est  fail,  M.  It;  chancellor  lui  a  fait  grace. 

Hier  (ce  i  aout  ,  ii  arriva  une  chose  bien  etrange  dans 
Notre-Dame.  In  pretre  disoit  la  inesse  clans  la  nef  a  un  autel 
ceiebre,  uu  homme  s'en  approcha  pour  lui  aider;  niais  quaiul 
il  vint  a  1'elevation  tie  !a  sainte  hostie ,  ce  malheureux  se  leva, 
mil  la  main  al'epee,  et  voulut  en  escrinier.  On  tlit  qu'il  vouloit 
percer  cette  hostie  que  le  pretre  tenoit ;  il  blessa  le  prtHre  ,  qui 
etoit  encore  jeune,  tie  deux  coups.  Ce  malheureux  assassin  a 
ete  aussitot  rnene  en  prison  dans  1'archeveche ,  puis  fut  ein- 
mene  dans  le  grand  Chatelet,  II  est  huguenot, natifde Caen  en 
Normandie,  et  s'appelle  Pierre  Sarra/in  ;  il  a  ele  quelqueibis 
huguenot  el  quelquefois  catholique;  il  etoit  fou,  ce  me  sem- 
hie.  (j.  Naude  disoit  qu'il  falioit  deineurer  connne  Ton  etoit, 
el  que  c'etoit  la  marque  d'un  esprit  mal  tourne  de  changer  si 
souvent  tie  religion,  <|iie  letoutn'en  valoitpas  la  peine;  unhi , 
i|u'il  avoit  tlenieure  treize  ans  en  Italie  aupres  du  cardinal 
liagni ,  et  qu'il  avoit  ele  intime  ami  tie  Cremonin,  qui  n'etoit 
|)oint  meilleur  chretien  que  Pomponace  .  que  Machiavel ,  (jue 
(>ardan  et  telles  auti'cs  ames  moutonnieres  dont  le  j)ays 
ahontle,  j'entends  I'llalie,  t»ii  il  y  a  bien  plusde  ruses  et  tins 
polititpies  que  de  bons  Chretiens,  exeepte  les  jcsuites  et  les 
moines,  «|iii  soul  fort  gens  tie  bien,  gens  d'honneur  et  tie 
[H'obite .  grands  .serviteurs  de  Dieu  ,  gens  de  charite  el  de 
etjiiscience,  ipii  aiincnt  et  servent  Dieu,  et  ne  veulent  (jiie 
/.'i  >/i'<'  liii'n  (I).  Ce  miserable  Nonnantl  a  ete  juge  ce  matin  par 

1  On  rcconnaitra  faciletncnt  dans  re  passage  los  idoos  de  1'aini  lanl 
iO!',rclU'  di-  (iiii  Pal  in.  (i.  Nando  ,  qni  .  <-n  ctlct  ,  liahita  I'ltalio  pros  do 
don/.c  an*.  (",(•  dornior  so  plai»ait  a  rilor  dos  anecdotes  pronvant  lanliM  le 
sceptici-ine  do-  j;on*  instniit*.  lanlol  la  superstition  des  habitants  <Fau- 
dola  do-  Alpes.  «  Los  uns.  dit-il,  n'y  croiont  ]>as  asso/.  ,  los  antros  y 
croionl  Imp  ;  a  louto  lionro  ,  sans  raison  el  sans  \orite  ,  on  y  stipjtose 
dos  miracles.  •>  II  assure  qii'iin  panvro  hoinino  nyant  inaiiqno  do  se 
noyoi .  mi  allnbiia  MMI  salul  a  nne  inedaille  do  saint  Philippe  de  Neri 
•  pi  on  trouva  sin  lui.  Nando  pretend  (ju'il  dit  a  la  ionic  cpie  si  saint 


\    FAI.CO.Ntl.  7.V.I 

IVI.  Ic  lieutenant  criinincl  a  faire  amende  honorable  (levant 
Notre-Dame  do  Paris ,  puis  d'etre  mene  en  Greve,  oil  il  aura 
le  poing  coupe,  et  sera  briile  tout  vif ;  mais  il  y  aura  appel 
au  parlement,  oil  peut-£tre  des  demain  le  proces  sera  juge. 
Les  juges  ont  envoye  a  Caen  faire  saisir  les  livreset  les  pa- 
piers  de  ce  miserable  Pierre  Sarrazin ,  et  prendre  ses  deux 
(Veres,  desquels  il  a  parle  en  son  interrogatoire.  II  n'a  pas 
encore  vingt-deux  ans  :  c'est  un  tbu  calviniste,  perce  dn 
divin  trait  d'une  sotte  superstition  on  folle  opinion  :  n-ucnta 
ri'lifjionc  imlnittis  animus  nnn  cst  mi  juris ,  wsrit  qiiiwcre.  (les 
gens-la  sontbien  dangereux  ;  tel  etoitRavaillac,  qui  tuasi  mal- 
heureuseinent  riotre  bon  grand  roi  Henri  IVJ'an  1010  ;  il  avoit 
ete  maitre  d'ecole  et  moine  feuillant ,  d'oii  il  etoit  sorti  depuis 
quelque  temps;  il  avoit  la  nuit  des  visions  qui  lui  t'aisoient  faire 
du  bruit  dans  le  couvent,  et  reveilloient  les  autres  moines;  ses 
meditations  etoient  trop  noires  et  trop  crim'melles.  Ces  gens- 
la  devroient  etre  mis  en  bonne  garde ,  et  etroitement  enfermes 
au  pain  et  a  1'eau ;  les  fous  se  promenent  par  le  monde  avec 
trop  de  liberte,  n'nnis  nniltn.  lirent  imprdbis  cf  infrn<is.  Entin  la 
sentence  du  (Miatelet  a  ete  confirmee  au  parlement  (ce  ;')  aoiit), 
et  ce  miserable  f'ou  a  ete  tire  de  la  Conciergerie ,  et  mene  a 

Philippe  cut  voulu  faire  un  miracle,  il  out  trou\e  1'occasion  hoancutip 
plus  belle ,  il  y  a  trois  mois ,  quand  sa  propro  e{;lise  s'ecroula  a  Tra- 
pani ,  en  Sicilc,  et  ecrasa  plus  de  douxe  cents  personnes  (|ui  y  priaient 
Dieii.  C'eLait  bit  n  la  le  cas  a  ce  saint  de  prouver  sa  vertu  miraculeuse  , 
des  lors  attestee  par  une  mullitude  de  tcMiioins.  Voici  ce  (pie  Naudc 
raconte  encore  :  «  Un  certain  llieronymus  Ro/./.o  .  professcur  de  phi- 
losopliie  a  Pise,  etait  tort  cheri  du  ^rand-due.  (Detail  un  alliee  parfait ; 
il  n'a  pas  ete  brulc,  mais  il  le  meritait  bien.  II  avail  dit  un  jour  quesn- 
praoctavam  splneram  niltil  est.  L'iiH|iiisition  le  voulut  dblijjer  de  se  dr- 
dire.  11  monta  en  cliaire  le  lendemain  et  dit  a  sesauditeurs  :  Messieurs, 
je  vous  ai  maintain  et  prouve  <jue  supra  uctuvain  sphiPi'am  niliil  est ; 
on  vent  que  je  me  dedise.  Je  vous  assure  quo  s'il  y  a  aulre  chose  ,  ce 
ne  pent  elre  qu'un  plat  de  macaroni  pour  M.l'iiKpiisiteur.  ()u<>  dicto,se 
fiiifa  proripiens  ,  snltili  ronsuhtit.  II  out  ete  brule  plusieurs  fois  san> 
le  ^rand-due  <iui  Paimait.  II  esl  pourtanl  mort  en  fuile.  i>  (R.  P.) 


"GO  l.hnUfc,*    UK    (.11    I'ATI.N 

Notre-Dame,  on  il  a  i'ail  amende  honorable,  et  de  la  mene 
a  la  Greve  en  belle  compagnie,  on  il  a  ete  brule  sans  qu'il 
ait  jamaistemoigne  aucun  sentiment  de  piete,  ni  de  religion, 
ni  de  regret  de  mourir.  Tout  le  monde  est  d 'accord  que  ce 
jeune  horn  me  etoit  un  esprit  perdu  ,  enrage  et  desespere.  On 
dit  qne  quand  on  Ini  demanda  de  quelle  religion  il  etoit, 
il  dit  qn'il  etoit  Israelite;  mais  les  Israelites  suivent  le  Deca- 
logue de  Moi'se  ,  par  lequel  il  est  precisement  defend  u  de  tuer 
qui  que  ce  soil ,  et  beaucoup  iiioins  un  pretre  qui  dit  la  messe 
dans  Notre-Dame  ;  d'oii  je  conclus  que  ce  miserable  ibu  avoit 
perdu  1'esprit,  et  qu'il  meritoit  d'etre  mis  dans  les  Petites- 
Maisons ,  huit  jours  avant  qu'entrer  dans  1'eglise  de  Notre- 
Dame  de  Paris,  oil  il  a  fait  ce  miserable  assassinat. 

M.  de  Louvois  est  alle  a  Pignerol,  par  ordre  du  roi ,  en 
poste.  Pour  M.  Foncaut,  secretaire  du  conseil ,  qui  est  reta- 
bli  dans  les  bonnes  graces  de  M.  le  chancelier  et  en  ses  char- 
ges, c'est  une  affaire  cachee,  que  Ton  soupconne  avoir  (He 
premeditee ,  et  qui  a  seulement  failli  de  reussir  au  gre  de  ceux 
qui  I'ucnmt  nrtifin's  f«bidm.  Je  vous  baise  les  mains,  et  suis 
de  tout  mon  creur  votre,  etc. 

De  Paris,  Ie6aout1670. 


LETTRE  DCCCXV11.  -  Au  me  me. 

Nous  n'avons  rien  de  nouveau  ni  de  certain  des  aifaires  du 
Vivarais.  LesEspagnols  ne  disent  mot,  non  plus  que  les  llol- 
landois;  mais  Ton  parle  ici  d'un  certain  due  de  Buckingham  , 
ambassadeur  d'Angleterre,  (jui  est  venu  pour  trailer  d'une 
affaire  degrande  importance,  et  1'aire  une  belle  alliance  pour 
1'avantage  des  deux  couronnes.  Oh!  <[ue  je  serois  ravide  voir 
c,ela  bien  acheve  et  bien  entretenu  !  Peut-etre  que  les  Hataves 
n'en  seroient  pas  si  fiers  ni  si  orgueilleux. 

Hier,  sur  les  six  heures  du  matin  ,  est  mort  M.  le  ])resident 


A    I  Al.CU.Nhl  .  751 

Miron  ,  consomme  d  une  fievre  Ipnte  el  d  mie  mauvaise  dis- 
position des  visceres  ,  qu'un  vieux  et  opiniatre  rliuinatisim 
lui  avoit  laisse,  ct  qui  n'a  pas  pti  elre  corrige  par  IP  regime 
de  vivre,  IPS  purgations,  ni  IPS  eaux  minerales.  Kncoiv  Caut-il 
que  je  vous  dise  qup  depuis  son  rptour  dps  eanx  (jue  je  n'ai 
jamais  approuvees ,  je  IIP  1'ai  point  vu  comme  medecin  ;  mais 
il  aetp  visile  par  M.  Braver,  pt  apres  par  Kenaudot,  <|iii  I'a 
aclieve.  Ce  pauvre  homine ,  attenue  Pt  desseche  dedans  pt  de- 
liors,  n'avoit  pas  besoin  de  vin  emelique,  (jui  lui  a  coupe  la 
gorge  sans  epee.  II  n'avoit  que  quarante-six  ans.  II  no  laissc 
que  deux  tils  fort  delicats  avec  peu  dp  bipn,  lionnis  dc  sa 
lemme,  qui  pst  riche;  car  de  son  cotp  il  prend  beaucoup  sur 
ses  deux  charges  de  conseiller  de  la  cour  et  dp  president  au 
niortier.  Mais  si  vous  voulez  savoir  pounjuoi  M.  Rrayer  I'a 
vu,  c'est  que  sa  fille,  avec  100,000  ecus,  a  Pt*'  inariee  a 
M.  1'Echassier,  conseiller  de  la  cour,  lils  de  Marguerite  Mi- 
ron ,  soL'ur  du  defunt  president,  lacjuelle  mourut  puhnoniqup 
1'an  1063.  Leur  pere  a  etp  M.  Kobert  Miron  .  anibassadeur  en 
Suissp ,  tVpre  de  M.  Francois  Miron ,  lieutenant  civil ,  qui  mou- 
rut ici  1'an  1609.  La  memoire  de  ces  messieurs  est  ici  en  fort 
bonne  odeur  pour  leur  vertu  et  integrite.  Ces  deux  derniprs 
t'reres  etoient  de  fort  habiles  gens,  qui  tons  deux  avoienl 
passe  par  les  belles  charges  avec  grande  reputation  Us  etoient 
sortis  d'un  vieux  medecin  de  Paris,  nomme  Francois  Miron  , 
inedecin  de  Charles  VIII ,  et  qui  avoit  PU  le  premier  lieu  do  sa 
licpnce  Tan  1514  ,  sousle  bon  roi  Louis  XII ,  pere  du  peuple. 
Mais  voila  toute  cette  bonne  famille  presijue  eteinte ,  lionnis 
ces  deux  petits  qui  restent  aujourd'hui.  Dieu  les  veuille  bien 
conserver.  Vale. 

l)c  1'aris  le  19  aoul  1670. 


"i>-2  I.Kl  TUK>    I)K    <.l  I    I'All.N 

» 

LKTTRE  DCCCXVIII.  -    An  I,U>I,H>. 

Depuis  ma  derniere,  jo  vous  dirai  quo  les  Hollanders  sont 
sur  le  bureau  ,  et  quo  Ton  parlo  d'eux  commo  s'ils  etoient 
loiit-.t-l'ait  declares  nos  onnemis  :  memo  il  y  en  a  qui  suppo- 
sont  (|iio  le  roi  d'Angleterre  sera  do  uotrecdte. 

Le  premier  medocin  ,  M.  Valot,  est  ton  jours  bien  malado.  Jo 
viens  d'apprendrequ'il  a  ete  saigne  trois  foisdepnis  huit  jours, 
pour  des  redoublements,  des  frissons  et  des  oppressions.  C'est 
une  hydropisie  do  poinnon,  selon  mon  sentiment,  quM'e- 
touffera.  II  a  vendu  tout ce  qu'il  a  pu  pour  faire  de  1'argent, 
et  il  est  en  danger  de  voir  bientot  le  moment  de  sa  vie  au- 
(|uel  son  argent  no  lui  servira  plus  de  rien.  Sfulfc ,  IKK-  nnct<> 
I'c/K'fcnt  ttiihimiit  tutint ,  cf.  t/uic  po.ro.sti ,  cujus  crnnt?  Le  cardinal 
Ma/arin  etoit  sujet  a  des  douleurs  nephretiques  et  podagri- 
(|ues(|ui  1'affbiblirent  tort,  mais  son  dernier  mal  t'uteette  hy- 
dropisie de  poumoii.  L'eau  qu'il  avoit  dans  la  poitrine  I'e- 
toutVa  a  la  iin  ,  par  uu  grand  bonlieur  pour  la  France,  ot 
Temporta  en  1'autre  monde  ,  d'ou  person ne  no  rovient :  aussi 
n'est-il  pas  revenu  ;  mais  son  esprit  a  regne  et  rogue  encore 
en  quelque  I'a^on.  Les  soldats  d'Alexandre-le-(irand  disoiont 
delui  a  pros  sa  mort ,  en  voyant  son  portrait,  <|u  il  comman- 
doil  encore  (juoiqu'll  IVit  mort.  Je  no  veux  pas  les  mettre  en 
comparison  Funavec  1'autre,  car  toutes les comparaisons sont 
odieuses.  11s  etoient  tous  deux  grands  larrons  et  neanmoins 
fort  dissemblables.  Sennjue  appeloit  Alexandre  tin  jeiine 
«;vent«:  et  mi  volour  do  tout  le  monde,  Vfsnmis  adolescens, 
infi'li.r  /n-ti'ffii  nrbix  ti'i'i'iiruni ,  etc..;  pour  lo  Ma/arin,  il  n'a 
fait  quo  ce  qu'il  devoit ,  puisqu'on  le  laissoit  faire. 

Nous  avons  ici  un  m<'dec,in  fort  malade  ,  age  de  soixante- 
d<m/o  an.-.  rVst  M.  ,lac(|ues  Thevart  ,  (lit  le  (laimis.  11  est  un 
des  medei'insqui  servent  a  I'Hotel-Dieu,  et  a  un  cltnl^rn  mm-lm*, 
autivment  trimwijiilimt  ,  dunt  il  maiujiia  liier  de  mourir;  et 
i|iioi  qu'il  en  arrive,  il  esl  Toil  uise  de  ci'oire  (ju'il  n'ira  pas 


\    KM.t.o.Ntl  7Gi} 

loin.  De  notre  licence,  il  n'y  a  plus  que  lui,  Morisset  et  moi. 
Jesuis,  etc. 

De  Paris,  le  10  .teplemhre  1(>70. 


LETTKE  UCCCXIX.  --  AH 

Le  roi  a  ordonne  la  dissolution  de  son  camp ;  on  on  prend 
15,000  honimes  que  Ton  envoie  a  Saint-Quentin  en  Verman- 
dois  ,  d'oii  ils  seront  commandes  pour  le  rendez-vous  qu'on 
tient  encore  secret.  II  y  a  toute  apparence  que  ce  sera  centre 
les  Hollandois;  ils  sont  devenus  si  glorieux  depuis  leur  com- 
merce des  hides,  que  ceux  qui  traitent  avec  eux  disent  qu'ils 
sont  insupportables.  Le  roi  s'en  est  cm  meprise,  eton  croit 
qu'H  en  garde  son  resseritiment  jusqu'a  ['occasion  de  les  en 
la  ire  repentir.  On  a  envoye  encore  (>,()()()  hommes  vers  Sois- 
sonsetd'autresailleurs.  Vous  voyez  que tout  cela  va  du  memo 
cdte. 

La  triple  alliance  va  etre  rompue.  Les  rois  d'Angleterre  et 
de  Danemark  sont d'accord avec  notre  roi.  \  »•  /tosft'bns. 

M.  Yvelin,  medecin  de  la  duchesse  d'Orleans,  est  ici  fort 
malade;  il  a  soixante  ans,  et  n'a  jamais  vecu  sobrement.  11 
buvoit  son  vin  tout  pur;  il  est  tort  rougeaud.  Galien  appelle 
ces  gens-la  j^uOcoO: ,  ft  (lit  qu'ils  out  tons  les  entrailles  trop 
echauffees. 

Je  vous  prie  de  me  mander  si  MM.  de  Ton  rues  out  aelievi- 
d'iniprinier  la  second e  parlie  du  livre  de  M.  Daille,  Iti-  nhj<><-tc> 
nidus  fffn/ids/.  Fn  eonseiller  de  la  cour  huguenot  m'a  dit 
(|iic  dans  leur  reformation  ils  n'ont  point  eu  de  plus  grand 
liomme  que  lui  depuis  (Calvin  :  il  est  mort  depuis  pen.  Ces 
gens -la  font  bien  anlrcment  cludier  leurs  proposants  ([lie  It's 
moines;  c'est  [)rc.sque  assc/.  pourceux-ci  (jiiand  ils  saventlii'c 
la  incise  :  cela  est  bonteux.  On  en  fait  passer  d'autres  pour 
savants  quand  ils  out  fait  quelqiui  mecbant  livre,  mais  a|>- 
puyt's  du  credit  de  5(>,0()  >  hommes  qui  sont  tons  eiicapu- 


7H1  I-KI  IKK>    I)K    ',1  I    I'AI  l\ 

rhoniies  df  hi  ineine  sorte.  Oh  !  I"  bel  argument  de  la  plupart 
d'entre  <MI\;  c'est  le  panegyrique  do  qucl(|ue  confrere  on 
quelque  romnientaire,  dc  aniuiattus  langue-ntibus  in  puryatoriv. 
Copendaiif  cola  fait  bion  bouillir  leur  inarmite,  et  (jni  en 
diroit  du  nial  seroit  a  pen  pros  exeommunie.  Laissons  ce  dis- 
cours  ,  Sfti/fi/x  est  labor  tin'/if/aru/it. 

II  est  certain  que  le  roi  d'Angleterre  a  ecrit  an  roi  en  t'avcnr 
de  M.  KonqueL ;  mais  il  n'y  a  pasd'apparencecjue  M.  (Colbert 
cdiist'iite  a  c(!tle  liberte,  contre  hujiielle  il  a  fait  taut  de  nia- 
cliines.  /iift'i-wi  //ti'/t/n-  jiixfux. 

AladaiiK!  de  Guise,  lilie  deilaston,  due  d'Orleans ,  est 
a(;couchee d'un  ills,  dont  la  naissance  rejouit  fort  la  fainille. 
Kile  alloit  en  decadence  faute  de  males  ,  <|ui  sont ,  connne 
vons  save/,,  fulcra  c.t  <:oliunnw  familiarmn. 

M.  de  IV'i'igny,  president  aux  enquetes,  precepteur  de  mon- 
seiyneur  le  Dauphin  ,  est  mort  a  Saint-Germain  d'une  apo- 
plexio  ,  et  aussi  1'ainee  desdenx  filles  de  M.  de  Chevreuse  , 
^endre  du  grand  Colbert.  La  charge  de  precepteur  se  donne 
ir.i  snivant  les  passions  d'un  chacun.  Les  nns  venlent  le  pere 
Masraron ,  pretre  de  1'Oratoire  ;  d'a litres  M.  de  Bassompierre  , 
t'veqne  de  Xaintes  ,  el  d'autres  1'abbe  llossuet,  <[iii  est  pri'sen- 
tenient  evequede  Condom.  Tons  trois  sont  fort  habiles;  mais 
je  crois  que  ce  dernier  sei'a  prefere.  ret  emploi  est  de  grande 
importance  (I  . 

On  parle  ici  fort  d'un  jtMine  ImninK!  de  Lvon  ,  nomnu'1  Gui- 
naut ,  qui  a  et('  miserablemenl  tue  par  des  voleurs,  dont  on 
ne  sail  pas  encore  les  particularites.  On  a  trouve  beaucoup 
d'ar^ent  eliez  lui ,  inaison  croit  (|ue  Tor  a  ete  derobi- ,  //<»//'• 

Illllllllll   /I'jII/X     Kilt   <35tr!tMOV. 

II  y  a  bien  a  dire  que  ce  qu'on  eerit  de  la  rage  ne  soil  vrai. 
M.  Pii'-tre  s'en  moquoit  et  moi  aussi  :  on  n'en  gnerit  point 

1  Itossiiel  lul  en  cift-t  preterc,  pour  riioniicur  do  la  religion.  dt>  la 
I  r;ni(T  cl  <lcs  Ictlrc*.  1 H  an  apros.  il  M-  dcinil  «Jo  rcvecho  dc  Condom  . 
"  IIP  riovant  jia^  pouvuir  Carder  unc  cpou-c  a\oo  la<|uellc  il  ne  \ivait 
pa-.  H.  I'. 


A    KAI.CONKT.  7f>."» 

pour  aller  a  la  iner.  (lette  maladio,  quo  lo.s(irpes  out  nominer 
Hydrophobia,  esl  uno  espece  do  dolire  cause  par  une  atrabilo 
tres  pernieieuse  qui  ronverse  Ins  tbnctions  dti  corvean.  Kernel 
etoit  un  tres  grand  homme ,  mais  il  a  trop  donne  dans  les 
qualites  oeculles. 

On  avoit  fait  venir  a  la  cour  un  capucin  qui  devoit  guerir 
tout  le  monde ,  c'etoit  un  demi-faiseur  de  miracles  ;  il  a  vu 
le  roi  par  le  credit  d'un  grand.  Youssavez  que  les  nioines  en 
out  totijours  quelqu'un,  memo  plus  que  d'lionnetes  gens.  Un 
ditqu'il  est  fort  impudent,  belle  qualitepour  un  capucin,  et 
qu'il  est  fort  ignorant,  passe  pour  celle-ci. 

M.  Valot  est  plus  nial  quejamais,  sa  maison  est  en  larnies. 
On  1'a  rapporte  en  litiere  au  jardin  royal  ,  et  il  veuttHre  trait*'* 
par  trois  niedecins  de  Paris.  N'ayex  pas  pour  qu'il  prenne  do 
1'antiino'uie  ,  (juoiqu'il  en  ait  tantdonne.  11  diroit  qu'il  n'en 
a  pas  besoin  ,  et  je  le  crois  ;  niais  trois  ou  quatre  niille  per- 
so lines  qu'il  a  tueesen  diroient  bien  autaiil,  si  elles  pouvoient 
parler.  On  (lit  qu'il  est  en  colon;  contre  M.  Brayer ,  qu'il  pre- 
voit  otre  son  succosseur.  Celui-eien  est  tres  digne,  mais  tin 
et  ruse  ;  il  a  deja  80,000  livres  de  rente;  il  n'ost  ponrtant  pas 
encore  content.  Tria  imatiabilia,  nt<tn',  /m/licr,  iicm-ux.  Les 
nioines  diroient  in/ei'nu*.  Je  vous  baise  les  mains,  et  suisde 
tout  mon  ca*ur  votre,  etc. 

De  I'aris,  lo  M  septciubre  1070. 


LETTHK  DCCCXX.  —  .\n  ////:///c. 

M.  le  maroclial  de  (Irecjui  so  rend  maitro  do  touto  la  Lor- 
raine sous  I'autorite  du  roi  ,  ot  la  puissance  do  sos  armes. 
Kpinal  ost  rondu  ,  et  onliu  tout  nous  viendra  ,  puistjiio  nous 
somiuos  los  plus  forts,  el  quo  porsonne  nose  declare  pour  oe 
malheureux  duo.  I'u  ol'licior  du  roi  in  a  ilit  aujouril'lmi  ,  oo 
A  octobro,  <|ue  le  roi  fait  lovor  18,000  homines  do  pied  ot 
0,000  olievaiix,  et  (jue  !o.s  lln|lainl(»is  Ii-Vfiit  IIO.IHIO  lionnni'S. 


7G()  I.ETTRES   DE   fJUl    I'ATIN 

Notre  M.  Malhieu  est  morl,  ayant  passe  soixante-dix-sept 
aus.  II  a  volt  ete  le  plus  fort  el  le  plus  robuste  de  son  temps  ; 
mais  la  goutte  1'a  mine  ,  el  entin  f'aule  de  veriir  1'a  lue.  Vous 
save/,  monsieur,  mieux  que  moi ,  cequ'a  dil  Uuret  sur  Hol- 
I  ier.  est  Ires  vrai :  Qmnul  wiita  aci'Z  In  f/oiitfc ,  vousetes  «  plaindre ; 
<in(iud  vow  ne  I'avez  pas  ,  rous  i't<js  <l  craindre  ,  et  neanmoins 
eontre  toute  fortune  boncceur.  Je  voudrois  etre  oblige  d'avoir 
la  goutte  a  tel  age,  je  tacherois  de  m'en  consoler ;  je  vous  la 
souhaite  aussi  en  ce  temps-la. 

M.  le  Blanc,  prot'esseur  en  droit  canon  ,  est  ici  rnort  d'une 
dysenteric  atrabilaire ,  age  de  soixante-lreize  ans.  Je  1'ai  vu 
une  t'ois  dans  le  cours  de  sa  maladie  ,  en  consultation  avec 
AI.  lilondel ;  il  etoit  de  la  connoissancedeM.  votre  tils  aine,  a 
(|ui  je  me  recomrnande. 

M.  Valot  ,  qiiouiue  fort  foible  et  deja  vieux  ,  est  alle  a 
Chambord  a  la  suite  du  roi  pour  y  prendre  1'air  de  la  cour,  ce 
9  octobre.^ 

M.  le  chevalier  de  Bouillon  s'est  battu  en  duel  a  Bellisle, 
et  il  y  a  ete  blesse. 

MM.  du  clerge,  assembles  ii  i'ontoise.  ont  envoye  a  M.  de 
Sainte-Beuve,  jadis  docteur  et  prof'esseur  en  Sorbonne,  que 
les  carabins  du  pere  Ignace  ont  deshonore,  une  pension  an- 
niielle  de  !,()(>()  livres,  quoiqu'il  n'en  ait  jamais  demande. 

M.  Morns,  ministre  dedharenton  ,  est  morl,  et  il  n'y  a  en- 
core  personne  en  sa  place. 

M.  Pellisson  ,  <jui  a  fait  Y llixfnirc  f/c  i .\riidi-utii'  fruiiroiw  , 
iii-octavo,  livre  gentil  et  fort  curieux,  etoit  ne  huguenot ,  el 
il  s'est  fait  calholique.  Ce  t'ut  lui  (jui  fut  arrett'1  prisonnier  avec 
M.  Fouquet,  et  (]iii  a  ete  quelquesannees  en  prison;  e'est  un 
dignehomme,  Ires  savant  et  qui  a  de  grandes  qualites  ;  c'est 
de  lui  que  Lachapelle  a  (lit  :  /-J  I't'lli^nn  n,,  A/Jimi*  (1;. 
MM.  du  ck.rge  ont  demande  an  roi  le  retablissemenl  des 

I  hn  elfct,  Pellisson  elait  d'unc  Inidcur  plnsique  rcinaniuable  , 
iiuiis  il  ;nail  r.iine  aussi  hollo .  l<>  c<iMir  aii^-i  nohlc  que  son  rspril  flail 


A  FALCONET.  767 

docteurs  janseiiisles ,  <|iii  etoientsortisdeSorbonne.Le  roi  les 

;i  removes  a  M.  I'archeveque  de  Paris,  qui  a  ete  son  pre- 
cepteur,  marque  du  bon  uaturel  et  de  1'equitedu  roi.  Je  crois 
pourtant  qu'ils  y  rentreront ,  pourvu  que  les  jesuites  ne  1'em- 
|jt>chent  point,  qui  n'ontpas  aujourd'liui  lunt  de  credit  qu'au- 
trelois.  Us  ii'en  out  pourtant  encore  que  trop;  car  le  nionde 
est  pleindesots,  qui  prennent  pour hommes  apostoliquesces 
moutons  d'Ethiopie. 

M.  le  chancelier  vit  en  grand  honneur,  mais  il  est  bien 
vieux  ;  on  parle  dejii  de  sa  mort ,  de  sa  depouille  ,  de  sa 
charge,  de  son  suceesseur  et  du  changement  qui  arrivera  en 
di  verses  charges;  surquoi  on  parle  de  M.  le  premier  president , 
de  M.  Pussort,  de  M.  Boucherat ,  de  M.  le  Tellier  et  a  litres. 

Charles  Patin  a  fait  deux  dill'erentes  Delations  ,  I'line.  deson 
voyage  de  Yienne  ,  et  I'autre  de  Tyrol ,  et  vous  me  dites  que 
vous  if  en  avez  vn  (|u'nne  ;  il  y  a  moyen  d'y  remedier.  Tout 
le  mon.le  aime  ce  Ills,  et  il  ne  fait  qiif  du  bien  ;  (••'pendant  au 
nom  du  roi  on  la  persecuui  et  on  lui  a  fait  quitter  son  pays, 
et  j  espere  lou jours  que  le  roi  connoitra  son  innocence  et  son 
inerite. 

M.  Brayer  m'a  dit  ce  matin  que  M.  le  Dauphin  n'est  pas 
giu'M'i ,  qu'il  craint  la  recidive  de  son  tnal ;  c'est  de  quoi  j(^  suis 
bien  inarri  ,  car  ce  petit  prince  doit  etre  bien  cber  a  toute  la 
France ;  aussi  est-il  bien  a  craindre  (jue  le  leu  r.e  s'allume 
•  I  ins  les  hypochondres,  dans  quel(|U'un  de  ses  visceres,  loie, 
rate  ,  ou  autres  ;  et  ce  qui  me  louche  tort ,  c'est  que  I  on  (lit 
qu'il  est  I'ort  aimable  et  gentil  de  son  esprit ,  mais  qu'il  est  fort 
delicat  du  corps  ,  et  d'nne  saute  bien  Irele.  Ceux  qui  Tout 
approche  nfont  (lit  qu'ils  out  remanpie  en  lui  une  tres 
bonne  volonte  d'upprendre  ce  qu'on  lui  propose,  et  <jue  rien 
ne,  le  rebute. 

(lislingue  ;  il  en  donna  dos  preuvos  dans  le  celebre  proces  d»-  Foiujuel. 
Voyi'7.  le  ietiilleton  du  Constitutionnel,  20  septembre  1S46.  Le  dur, 
.uiiliiiiruv ,  le  liainenx  Colbert  ne  lui  par  donna  jainais  >ou  oourageiix 

devnurmpnt.  K.  P. 


7(iS  I.KTTHES    DK   < 

Void  ID,  reslo  do  him1  <|iii  esl  tout  pliivioux  ,  ot  qui  nou> 
amoiie  unc  constitution  loiit-a-fail  (it/sfrinr  ,  eliaude  el  hu- 
mido,  Idle  quo  nous  I'a  decrile  on  sos  A/>//<ir/sincs  lebon  Ilip- 
pocrate  1).  Aussi  avons-nous  deja  dcs  rluimes,  des  catarrhes, 
iles  Ion  A,  dis  I'lmniatismes,  des  gouttes,  des  iievres  quartos; 
mais  si  la  saison  devient  pi  re  ,  comme  il  y  a  grande  appa- 
reuee,  nous  anrons  des  doubles  tierces,  des  dysenteries,  des 
hydropisies. 

II  y  a  des  gens  qui  pretendent  qu'on  a  desseiu  sur  la  Fran- 
clie-(loinle  ,  sur  Dole  et  liesaneon  ,  et  quo  les  electeurs  en- 
voieul  au  roi  un  depute  sur  ces  affaires.  Ce  sont  des  penseesde 
gens  qui  devinent  et  qui  veuleut  s'eriger  en  politiques  specn- 
latit's  sur  les  aflaires  publiques  .  (jams  hoinimou  (//to//  in  ciri- 
tufi'  imxtrii  wiitjit-i'  vetabUur^  <:t  xa///>a'  rctinebitur  ,  (jui  est  ce 
qu'a  dit  C.ornelius  Tacite  des  astrologues  judiciaires  do  son 
temps,  quoiqu'il  leur  fasse  1'lionneur  de  les  appeler  mathe- 
maticiens. 

II  court  un  bruit  que  Ton  a  decotivert  en  Beam  un  homme 
de  eeux  (jui  out  assassine  le  pauvre  (irimod  ,  mais  je  doute 
do  tout  ce  (ju'on  en  dit;  car  les  tins  disent  aussi  en  Savoie  , 
les  autres  enSuisse,  les  autres  pros  d'.  \vignon  .  et  en  ce  cas- 
la  il  n'y  a  rien  d'assurt'1. 

Jo  rends  graces  a  M.  Falconet  d'un  livre  qu'il  m'a  envoyi'1 
]>ar  M.  Troisdames  ,  qui  est  de  M.  lion.  Bicaise  ,  medecin 
d'Aix  en  Provence.  Quandje  serai  gueri  demon  rhunie,  je  le 
pareonrrai,  et  apres  j'en  ecrirai  pour  les  remercier  tons  deux. 

lout  co  qn'on  dit  de  ceux  <pii  out  contribue  an  massacre 
du  panvre  banquier  de  Lyon  ,  Jean  (irimod,  so  trouve  au- 
jourd'lmi  lanx.  On  parh;  d'un  certain  Florin  el  d'un  a  litre 
nomine  Lebeau  ,  mais  <jui  no  soul  point  pris,  et  d'un  abbe 
qu  on  dit  avoir  <''te  premier  inventeur  de  la  Iragedie.  (Juoi 
ipio  c  on  soil  ,  on  dil  qu'ils  sont  tpiatre  Lyonnois  debauches  , 


1     O/-;»rm   il'ICwion-alr.    liiid.    p.-ir    l.itlrc'-.    Paris,    ]81i,   I.    IV 

a;';.  i.'iK  c|  siii\  . 


A   FALCONET.  769 

I'ripons  el  Ires  dangereux  garnements  ;  c'est  a  eux  d'y  pren- 
dre  garde  ;  car,  connne  le  diable  a  commence  1  'affaire  ,  le 
bourreau  pourrabien  1'achever.  Dieu  ne  permettrapasqu'une 
telle  mechancete  demeure  impunie;  car  je  n'ai  garde  de  dire 
avec  ce  poete  ancien  ce  miserable  mot  : 

Turn  rapiant  mala  fata  bonos  ,  ignoscite  fasso  , 
Sollicitor  nttllos  esse  putare 


J'aime  mieux  dire  avec  un  autre  : 

O  bone  Romule  ,  ista  videbi*  et  feres! 

On  dit  que  le  roi  a  donne  des  gardes  au  due  de  Mazarin  , 
qui  n'a  guere  d'esprit  et  qui  devient  fou  de  bigotise  (l).  Cela 
n'est-il  point  lionteux,  etmeme  devoir  ce  que  deviennerit  au- 
jourd'hui  les  deux  families  de  ces  deux  cardinaux  qui  out  si 
miserablement  pille  la  France? 

On  m'ecrit  d'Allemagne  que  le  due  de  Lorraine  a  cherche 
con  t  re  nous  du  secours  en  divers  endroits,  et  meme  a  la  diete 
de  Hatisbonne,  et  qu'il  n'en  a  pu  attraper  nulle  part.  Je  vous 
baise  tres  humblement  les  mains,  et  suis  de  tout  mon  cueur 
votre,  etc. 

De  Paris  ,  le  30  octobre  1070. 


LETTRE  DCCCXX1.  —  Au  mew. 

M.  le  Dauphin  seporte  bien  ,  etM.  Valot  aussi,  hormisque 
celui-ci  est  fort  melancolique  ;  mais  on  dit  qu'il  1'a  toujours 
eU:  depuis  qu'il  donna  de  1'opium  a  la  reine  d'Angleterre  des 
I'an  passe,  joint  qu'il  est  vieux  ,  et  a  pour  le  moins  soixante- 
quatorze  ans. 

Jerome  Colot  vous  salue;  il  vient  de  sortir  de  c«'ans  ,  en  me 
parlant  d'un  enfant  qu'il  doit  tailler  un  de  cos  jours  pour  la 
pierre  (ju'il  a  en  la  vessie. 


'1)  N'oyez  la  note  precedente,  page 

in. 


770  LETTRES   DE   CUM    PATl.N 

M.  de  Louvois  va  en  Flandre  ,  y  visiler  nos  villes,  et  peut- 
etre  aussi  pour  leur  demancler  de  I'argent.  On  dit  que  depuis 
deux  ans  nous  y  avons  perdu  deux  mille  liommes  de  maladie, 
de  pauvrete,  de  mauvaise  nourriture,  et  surtout  de  me- 
chante  biere,  qui  a  fait  crever  nos  roldats,  qui  ne  sont  pas 
accoutumes  a  ce  maudit  breuvage ;  j'aimerois  mieux  de  1'eau 
bien  pure  et  bien  nette  de  la  riviere  de  Seine  que  toute  la 
biere  Uu  Septentrioii.  Je  suis  de  1'avis  de  Buchanan  ,  lorsqu'il 
a  dit :  Sal»e  beuta  Ga/lia,  etc.  Lusituniai ,  valete  lungum,  etc., 
et  de  Joannes  JJautivillensis  in  Archithrenio  t  lorsque,  parlant 
de  Paris  dans  cette  belle  epigramme ,  il  a  dit  : 

Dives  agris,  fecunda  mtro  ,  mansueta  colonis,  etc. 

Un  grand  personnage ,  qui  a  ete  Hugo  Grotius  ,  Hollandois , 
avoit  fait  des  vers  en  1'horineur  de  la  biere;  M.  Gujet,  natif 
cl' Angers,  en  fit  centre  par  une  epigramme  latine  qui  com- 
mence ainsi : 

Trilicei  latices  mensix  boreatibus  apta 
Muntra,  std  Cttlis  lelra  venena  meis ,  etc. 

Je  suis  tres  volontiers  de  son  avis,  car  je  n'aime  point  la  biere, 
iii  le  vin  emetique  des  chimistes  ,  ni  nieme  le  vin  de  cabaret ; 
et  meme  de  celui  qui  est  fort  bon,  j'en  bois  peu ;  je  in'en  tiens 
a  noire  Fernel,  qui  a  dit  que  vinum  f'acit  vitmii  jucundiorcm,  set/ 
brcciorem,  et  cela  est  fort  bien  et  tres  veritablemenl  dit.  I'n 
autre  savant  clu  siecle  passe  a  fait  un  petit  traite  latin  de  \'ino, 
qui  vaut  mieux  erne  tous  les  livres  de  chimie  et  astrologie. 

Le  gouverriemenl  de  Guyenne  etoit  vacant  depuis  la  mort  de 
M .  d'Epernon  ;  eniin,  le  roi  la  donne  aM.  le  marechal  d'Albret. 

L'hiver  nous  louche  de  pres  ,  mais  il  est  tort  humide  ,  je 
souhaite  qu'il  ne  soil  pas  si  froid  el  si  rigoureux  que  nous  en 
eumes  un  1'annee  passee.  Paris  se  remplit  de  beaucoup  de 
monde  ;  mais,  Dieu  merci  ,  il  n'y  a  pas  de  maladie  conside- 
rable ;  jamais  les  medecins  n'eurent  tant  de  loisir ,  et  menu; 
ils  s't'ii  iHonnent  tous  tant  qu'ils  sont  :  ywiniom  in  it  in  «HH<I* 


A    FALCONET.  ?7l 

non  est  in  qu&stu.  Le  bon  Ovule ,  ce  gentil  clievalUr  romain , 
a  dit  bien  a  propos  : 

Si  valeant  hominet ,  art  tua ,  I'hfrbe ,  jacet. 

Je  viens  d'apprendre  une  nouvelle  qui  me  console ,  que  1'on 
a  pris  undes  voleurs  qui  ont  massacre  le  pauvre  JeanGrimod. 
On  dit  qu'il  s'appelle  Lebeau;  je  dirois  volontiers  upres  saint 
Louis,  principalement  en  tel  cas,  fiat  just itta,  vel pereat  WUH- 
dus.  Cette  nouvelle  a  aujourd'hui  couru  dans  le  Chatelet ,  et 
vient  de  M.  le  lieuteuant-criminel ,  qui  n'est  point  homme  a 
dire  faux.  Quoi  qu'il  en  soil,  omnes  boni  l&tantur  t  et  utinam  sit 
vei'um,  ut  adimpleantur  Scriptur® ,  que  Dieu  ne  laisse  rien 
d'impuni. 

On  m'a  dit  aujourd'hui  que  le  roi  fait  6ter  a  MM.  de  Gueue- 
gaut  et  Janiii ,  jadis  tresoriers  de  1'epargne ,  les  deux  charges 
d'officiers  de  1'ordre  des  chevaliers  du  Saint-Esprit,  et  qu'il 
les  donne  a  MM.  le  premier  president  et  de  Louvois,  avec  le 
cordon  bleu ,  avec  les  ceremonies  accoutumees.  Le  bonhomme 
Mathieu  de  Morgues,  abbe  de  Saint-Germain ,  jadis  aumdnier 
de  la  reine-mere  ,  Marie  de  Medicis  ,  et  qui  fut  le  chaud  en- 
nemi  du  cardinal  de  Richelieu  ,  est  si  vieux  qu'il  n'en  peut 
plus;  on  dit  qu'il  passe  quatre-vingt-sept  ans.  Get  homme 
sail  une  infinite  de  particularites  de  la  cour  depuis  soixante 
ans,  et  en  a  vu  uue  partie  ,  y  etant  aupres  de  la  reine-mere ; 
1'histoire  qu'il  a  ecrite  sera  fort  belle,  il  y  aura  divers  rae- 
moires  qui  ont  ete  caches  jusqu'ici  qui  seront  reveles  ;  il  y 
aura  des  verites  fort  sanglantes  du  gouvernement  de  ce  car- 
dinal qui  a  regente  la  France  trop  cruetlement,  cum  virgo 
ferrea ;  mais  Dieu  soil  loue ,  je  crois  que  je  n'y  serai  plus.  11  y 
a  encore  en  notre  histoire  beaucoup  de  choses  que  Ton  ne  sail 
pas  bien  :  coname  le  fait  de  la  pucelle  d'Orleans ;  la  mort  du 
roi  d'Angleterre ,  Henri  V,  dans  le  bois  de  Vincennes ;  la  mort 
de  Charles,  due  de  Guyenne,  frere  du  roi  Louis  XI;  le  regne 
de  celui  qui  lui  sucoeda,  Charles  VIII ,  que  1'on  dit  avoir  ete 


;>>  I.KTTHFS    DK    C,V\    PATIN 

mi  enfant  suppose;  la  niorl  dn  grand  roi  Francois  1^;  la  prise 
ct  puis  la  levee  (In  siege  de  Mel/  ;  la  inort  d'Anne  du  Bourg, 
conseiller  de  la  grand'cluimbre,  qui  Tut  pendu  et  brrile  en 
lireve;  la  eonspiration  d'Amboise;  le  massacre  de  la  Saint- 
Barthelemy;  la  mort  du  rui  Charles  IX;  la  mort  des  deux 
(inisars  dans  Blois ;  la  mort  du  marquis  d'Ancre  et  de  sa 
t'enime  ;  la  mort  du  connetable  de  Luynes,  eelle  de  M.  de  Cha- 
lais,  de  MM.  de  Montmorency  et  de  Cinq-Mars,  etc. 

Madame  la  duchesse  de  Saint-Simon  est  ici  morte  de  la  pe- 
tite verole ,  agee  de  quarante-deux  ans. 

Enlin,  M.  le  lieutenant  -  criminel  vengera  la  mort  du 
pauvre  Grimod,  puisque  par  sa  vigilance  il  a  decouvert  et 
attrape  mi  des  principaux  et  des  plus  mediants  assassins  qui 
out  commis  un  si  horrible  homicide.  11  s'appelle  Florin,  on 
dit  qu'il  est  Lyoimois ;  il  a  etc  pris  le  9  decembre  bien  tard 
en  sonpant,  dans  le  faubourg  Saint-Germain  ou  il  etoit  cache 
dans  une  quatrieme  chambre.  On  travaille  a  son  proees.  Dieu 
soil  loueque  les  mediants  soient  punis ,  et  la  morl  des  pau- 
vres  innocents  exemplairement  vengee ,  ce  qui  en  pent  re- 
tenir  d'autres. 

On parle  aujourd'hui ,  ce  1-2  decernbre,  d'un  ambassadeur 
des  Indes.  qui  vient  saluer  not  re  roi  comme  le  premier  et  le 
plus  grand  roi  de  I'Europe;  on  croit  que  c'est  pour  etablir 
quelque commerce  en  ce  pays-la,  malgre  les  Hollandois,  qui 
ont  tache  de  1'empecher  el  de  le  prendre  pour  eux-memes. 

On  parle  a  la  cour  d'un  mariage  de  mademoiselle  deThian- 
pe,  qui  est  encore  fort  jeune,  et  niece  de  madame  de  Montes- 
pan  ,  avec  M.  le  due  de  \evers,  qui  est  neveu  du  jadis  cardi- 
nal Ma/arin. 

On  parle  ici  d'uiie  tragedie  celebre  et  nouvelle,  (pie  les  co- 
niediens  representent  sur  le  theatre  :  c'est  la  /Jth^tiire  ,  dela- 
(judle  Suetone ,  ///  '///o,  a  fait  mention  ,  i/tii  //irift/*  hiritam 
tliinixit,  et  n'osa  I'l'pouser  de  peur  de  deplaire  an  p(Mjple  ro- 
niain  a  cause  dc  la  diversitede  religion.  Kile  etoitji/dm'cfft  ri- 
! il,ii<  mid n-tii .  -,i  li'u'ii  qn'cllc  ne  I'ut  |»as  impi'rati'ice .  et  qu'il 


\    KAI.r.O.VhT.  77-1 

I ui  fallut  magre  soi  retoiirner  en  la  Judee.  Deux  divers  porte> 
y  ont  travaille;  on  \vrra  eeux  (|iii  y  auront  mieux  reussi  (1  . 

Nous  aurons  un  livre  nouveau  en  latin  ,  fait  par  M.  Joseph 
Kabarde,  ci-devant  ainbassadeur  en  Suisse  ,  dont  le  litre  est 
d<  lif'hus  Gnllicis  hhtorin.  On  dit  qne  c'est  1'histoire  de  la  re- 
gence  de  noire  defunte  reine  Anne  d'Autriche. 

M.  Amelot,  premier  president  de  la  cour  des  aides,  est 
niort  d'une  pilule  que  lui  a  don  nee  un  charlatan  nomine  Ri- 
viere; I'apothicaire  qui  1'a  prepares  s'appelle  Beaurains,  et 
est  en  fuite;  on  le  poursuit  criminellement.  Je  suis  fache  dc 
la  mort  de  M.  Amelot,  mais  pourquoi  desjuges  eominettent- 
ils  leur  vie  a  des  f'ripons  et  a  des  ignorants?  c'est  a  eux  a  les 
ehasser  et  a  les  punir. 

Le  pere  Menetrier  parla  hier  dans  1'Academie  deM.  le  pre- 
mier president,  et  fit  fort  bien  en  parlant  de  I'eloquence.  I/e- 
ve(jue  de  Condom,  M.  Bossuet ,  harangua  fortementde  I'elo- 
quence divine,  qui  est  la  Bible,  surtout  dans  la  (ienrsc  et 
dans  les  Prophetes ;  il  loua  fort  David  ,  Salomon  et  1'eloquenee 
des  patriarches ,  surtout  celle  de  Moise.  4e  vous  baise  le.s 
mains,  et  suis  de  tout  mon  coeur  votre,  etc. 

De  Paris  ,  le  IIS  d^cembre  1G70. 

(1)  On  sail  (|iie  celte  belle  Iragedie  de  Racine  tut  admiree  et  rudement 
rritiqucc  a  son  apparition.  Cependant  Ic  ;jrand  Condc,  aiKjitel  on  en 
demandait  son  avis ,  repondit  ]>ar  ces  deux  vcrs  ou  Titus  parle  de  sa 
inaitresse  : 

Dcpuis  <-iiHj  aus  euticrs,  cliaquc  jour  ji-  la  vois  , 
lit  crois  totijorirs  la  vnir  |>onr  la  prcniirrc  foil. 

Ce  jugement  est  hien  different  de  celui  qu'on  lui  attribue.  In  ecrivain 
assure  quo  Racine  ayant  demandc  a  ee  prince  ce  qu'il  pcnsail  do  Here- 
nice,  il  se  mil  a  chanter  ce  refrain  de  chanson  : 

Marion  j)U'inc  ,  Marion  uric, 
Marion  vent  qu'on  la   in.nic. 

11  passe  pour  avcre  aujourd'hui  (|iie  cette  rcponse  est  de  (,haprlle. 

H.  I'. 


:74  LEI  IKES   DE   (H'l    PATIX 

LETTRE  DCCCXXII.  —  Au  m<hne. 

Je  vous  envoyai  hier  une  page  de  nos  nouvelles,  avec  deux 
de  mes  theses,  dont  vous  en  ferez  part  d'une,  s'il  vous  plait, 
a  iVi.  S.,  notrebon  ami.  Nous  avons  ici  M.  son  fils,  qui  est  un 
jeune  homme  tres  sage,  multorum  mores  hominum  qui  viditet 
urbes. 

Hier  fut  enterre  un  de  nos  medecins  nomme  Claude  Tardy. 
Si  j'etois  aussi  savant  que  celui-la  pensoit  l'e"tre  ,  je  passerois 
Galien,  Aristote  et  Kernel.  Notre  Faculte  lui  donnoit  tous  les 
ans  cent  ecus  pour  1'aider  a  vivre  II  etoit  fait  comme  un 
gueux ,  et  se  consommoit  en  proces  a  chicaner  tout  le  monde. 
Mais  il  n'avoit  obtenu  cette  sorame  qu'a  la  charge  qu'il  ne 
I'eroit  plus  de  livre,  et  ne  feroit  plus  rien  imprimer  sans  la 
permission  de  notre  Faculte.  Un  chirurgien  de  ses  voisins 
m'a  dit  aujourd'hui  qu'on  lui  avoit  bien  trouve  de  1'argent 
dans  son  coffre.  II  passoit  soixante-douze  ans;  il  avoit  ete 
marie  et  sans  enfants ,  qu'il  eut  laisses  mourir  de  faim ,  s'il  en 
cut  eu.  II  se  vantoit  un  jour  dans  nos  ecoles,  mais  en  colere, 
parce  qu'on  se  moquoit  de  lui ,  qu'il  etoit  plus  savant  que 
Simon  Pietre,  Nicolas  Pietre  et  M.  Riolan.  C'etoit  entin  un 
atrabilaire  qu'il  eut  fallu  Her,  s'il  n'eiit  ete  assez  fou  de  se 
laisser  mourir  de  faim  et  de  froid  comme  il  a  fait. 

M.  Mathieu  de  Morgues ,  sieur  de  Saint-Germain  ,  jadis  au- 
monier  de  la  reine-mere  Marie  deMedicis,  et  qui  a  tant  ecrit 
pour  elle  centre  le  cardinal  de  Kichelieu  ,  est  mort  aux  Incu- 
rables dans  le  faubourg  Saint-Germain  ,  age  de  quatre-vingt- 
huit  ans.  II  a  fait  une  liistoire  de  Louis  XIII  qui  pourra 
dorenavant  6tre  imprimee,  car  il  ne  1'a  jamais  voulu  per- 
mettre  de  son  vivant. 

On  fait  voir  ici  au  sot  peuple  de  Paris  le  cadavre  de  feu 
M.  1'archeveque,  (|ui  y  court  comme  au  feu,  ou  comme  s'il  y 
avoit  des  pardons  a  gagner  d'avoir  vu  le  visage  fort  boufli  d'un 
archeveque  mort  pour  avoir  pris  trois  fois  du  vin  ernetique. 
Le  roi  a  dunnc  sa  place  a  M.  de  Chanvalon ,  archeveque  de 


A    FALCONET .  775 

Rouen.  Pour  M.  le  cardinal  de  Bouillon,  qui  a  toutes  les 
belles  qualites  requises  en  un'honnete  homine,  on  dit  qu'il 
est  assez  riche,  et  de  plus  jeune  prince,  cardinal ,  ueveu  de 
M.  de  Turenne ;  avec  tout  ce  qu'il  lui  viendra ,  il  peut  devenir 
grand  aumdnier  de  France  et  archev&jue  de  quelque  bon  re- 
venu ,  et  obtenir  aussi  quelques  bonnes  et  belles  abbayes , 
qui  fassent  bouillir  la  marmite  en  vertu  du  saint  et  sacre  feu 
du  purgatoire.  Les  huguenots  disent  que  Leon  X ,  qui  mourut 
I  an  1521 ,  disoit  ordinairement  avec  une  exclamation  admi- 
rative:  Oh!  combien  nous  a  fait  de  bien  cette  fable  du  purgatoire! 
Mais n'en  pleurez  point,  s'il  vous  plait;  il  n'est  peut-<Hre  pas 
vrai  qu'il  1'ait  dit  de  la  sorte ;  c'est  peut-etre  quelque  charite 
que  ces  mechants  huguenots  lui  pretent ,  eux  qui  ont  toujours 
hai  les  papes. 

Le  5  Janvier,  veille  des  Rois,  la  conference  ordinaire  fut 
tenue  chez  M.  le  premier  president.  Ce  fut  M.  Pelisson  qui  y 
parla  de  1'histoire  etdes  historiens,  sans  faire  le  proces  a  au- 
cun  d'eux  en  particulier,  ce  que  j'eusse  pourtant  bien  sou- 
haite.  M.  le  premier  president,  qui  est  fort  savant,  y  parla 
aussi  environ  demi-heure.  Enfin  nous  nous  levames  pour  al- 
ler  crier  le  roi  boit  chacun  chez  soi;  mais  avant  que  de  nous 
separer,  j'y  saluai  deux  savants  jesuites  qui  me  parlerent  de 
vous,  savoir,  le  pere  Bertet  et  le  pere  Menetrier.  L'un  d'eux 
me  dit  que  vous  lui  aviez  montre  quelques  unes  de  mes  let- 
tres  ,  ce  qui  me  fit  rougir,  vu  qu'elles  ne  sont  ecrites  que  tres 
familierement ,  car  j'y  mets  tout  ce  qui  me  vient  en  pensee, 
sans  choisir  ou  affecter  des  termes.  G'est  pourquoi  je  vous 
prie  de  m'epargner  une  autre  fois  (1). 

Nous  avons  perdu  depuis  un  mois  1'ancien  de  notre  Fa- 
cult6,  M.  Pierre  deBeaurains,  age  de  quatre-vingts  ans.  II  n'y 
en  a  plus  que  six  devant  moi ,  a  la  tin  il  faudra  partir.  Snt 
diu  si  sat  benc  (2). 

(1)  Voyez  ce  que  nous  avons  dit  a  cet  Igard.  et  la  reflexion  de 
Bayle  nur  Ic  style  de  liui  Fatin  ,  Notice  biographique ,  p.  41.    (R.  P. 
•2)  Le  tableau  des  m&iecins  de  la  Faculte  ,  ou  leur  *Re,  la  date  de 


776  I.KITKLS  DK  (.11  r.uiN 

II  y  a  trois  semaines  qu'un  homme,  qui  a  etc  valet  de  pied 
d<;  M.  le  Prince,  donna,  dansVhdtel  de  Conde,  a  mademoi- 
selle la  Princesse,  qu'il  trouva  a  son  avantage  ,  un  eoup  d'e- 
pee  (jiii  n'est  pas  mortel.  On  croit  qu'il  avoit  envie  de  la  voler, 
mais  il  se  sauva  et  n'est  pas  pris.  Tous  les  diables  ne  sont  pas 
en  enter,  ni  tous  les  f'ous  dans  les  Petites-Maisons.  11  y  a  bien 
des  gens  las  de  vivre  sur  la  terre.  Entin  il  est  pris  et  s'appelle 
Dnval.  11  lui  demandoit  de  1'argent  qu'il  pretendoit  lui  etre 
dn  Son  proces  est  sur  le  bureau.  On  parle  iei  de  eelte  a  Ha  ire 
a  1'oreille  et  fort  diversement.  Vale. 

De  Paris,  le  14  Janvier  1(571. 


LETTKE  DCCGXXHI.  ~Au  wiw. 

Madame  la  Valliere  s'etoit  retiree  dans  une  religion  de  fdles 
a  Chaillot,  mais  le  roi  1'a  envoye  querir  par  trois  f'ois;  enlin 
elle  en  est  sortie,  et  e'est  M.  Colbert  qui  1'a  etc  querir  de  la 
part  du  roi  qui  1'a  ramenee  a  la  com1 :  avant  lui,  c'etoit  M.  le 
marquis  de  Belfonds  et  M.  de  Crequi,  (jui  n'avoient  pas  eu  le 
eredit  de  la  tirer  et  faire  sortir  du  monastere  de  la  Visitation, 
elle  est  done  maintenant  a  la  cour  (1). 

On  m'a  dit  aujourd'hui  que  la  reine  d'Kspagne  a  eommande 
que  Ton  rende  re  prisonnier,  nomine  le  Beau  ,  Lyonnois  .  qui 

leur  reception ,  leurs  theses  ,  leur  defjre  d'anciennete  ,  etaient  soi^nen- 
senient  relates ,  se  consultant  a  chacjue  instant.  Gui  Patin  a  souvent  la 
pensee  de  la  mort ,  el  quand  il  ecrivait  celte  lettre,  la  (in  de  sa  carriere 
approchait ;  mais  coiume  il  cut  tonjours  1'esprit  tremjxi  de  bonne  et 
forte  philosophic,  la  vie  Cut  pour  lui  un  enscignement  o.onlinuel  dont 
il  acceplai!  a  propos  les  oonseils  et  les  lerons  :  il  faisail  recolte  de  tout, 
il  aurait  pu  dire  aussi  roinme  le  poele  Martial,  hominetn  paijina  tioslra 
*<tl»t.  (\{.  P.) 

\  On  sail  <|\ie  ectle  anecdote  a  fouriii  le  snjet  du  beau  ronian  de 
raadame  drdenlis,  Mademoiselle  dc  la  Vulliere-  (K.  I*. 


A    KAI.CONK1.  77? 

etoit  arrete  dans  Luxembourg.  On  a  envoye  ici  des  archers 
avec  un  exempt ,  qui  le  doiverit  amener  a  Paris ,  et  1'y  rendre 
dans  dix  jours,  ou  environ  ,  pour  lui  faire  son  proces,  et  a 
Florin ,  et  a  deux  autres  qui  sont  prisonniers  dans  le  Chatelet , 
dont  1'un  s'appelle  Seguin. 

Le  valet  de  pied  ,  norame  Duval ,  qui  avoit  blesse  made- 
moiselle la  Princesse,  a  etecondamne  aux  galeres,  et  mis  a 
la  chaine  avec  les  autres  ,  mais  ils  ne  sont  point  encore  par- 
tis, car  il  est  encore  a  Paris;  mais  pour  elle,  on  dit  qu'elle 
partira  bientot  pour  etre  menee  a  Chateauroux  en  Berry,  par 
commandement  du  roi ,  et  ordredu  mari ;  on  n'en  sait  pas  le 
secret. 

M.  Valot  est  au  lit  bien  malade,  a  ce  qu'on  dit,  d'une  fievre 
continue  avec  crachement  de  sang  et  assoupissement.  Jen'osc 
vous  assurer  de  rien ,  mais  on  dit  qu'il  prit  hier  (ce  29  fo- 
vrier)  un  grain  d'opium ;  cette  drogue  pourtant  va  plutot  a 
la  vie  qui  est  eternelle  qu'au  salut  du  corps.  Pour  son  succes- 
seur,  on  parle  de  M.  Braver,  M.  de  la  Chambre,  et  encDre 
d'un  autre  tiers  :  scd  qitis  futurna  ille  sit  f/td/imr  filius  alba', 
nidi  us  adhnc  novit.  tarn  yrandc  sccretuin. 

Knfin  le  prisonnier  de  Luxembourg,  nomine  le  Beau,  aete 
amene  a  Paris ,  et  est  dans  le  Chatelet ;  ils  sont  quatre  presu- 
mes coupables  de  la  mort  du  pauvre  Grimod.  M.  le  lieute- 
nant criminel  travaille  a  leur  proces.  De  ces  quatre,  il  y  en  a 
eu  trois  d'expedies  en  Greve,  et  rompus  tout  vifsle  12  mars, 
savoir,  le  Beau,  Florin  et  son  valet,  en  belle  et  nombreuse 
compagnie  :  pour  le  quatrieme ,  je  ne  sais  ce  qu'il  deviendra, 
mais  quelques  uns  disent  qu'il  aura  sa  grace,  d'autant  qu'il 
n'a  pas  tue,  et  que  memo  il  a  aide  a  decouvrir  les  autres;  il 
s'appelle  Seguin. 

M.  Valot  prend  quelquefbis  des  grains  narcoliques,  c'estce 
queGuenaut  appeloit  des  petits  grains  e.r  <>/>io  p/'tr/tfirtitu  cdxti- 
i/niu ,  mais  le  mieux  prepare  n'est  guere  bon  ,  ximiti  semper 
xint/ti,  etc.  11  a  encore  ete  saigne  de[>uis  deux  jours  pour  un 
etouffement  (|iii  1'a  plusieurs  luis  repris  la  unit ,  ce  n'est  que 


778  I.ETTRES    UE   iiUI    PATIN 

la  huitieme  Ibis.  Vous  voyez,  monsieur,  comme  ces  gens  qui 
se  vanient  chez  les  grands  de  savoir  tant  de  secrets  de  chimie, 
sont  entin  obliges,  et  bien  souvent  troptard,  de  recourir 
a  la  saignee,  quand  ils  sont  presses.  Le  grand  M.  Colbert 
s'en  va  en  carrosse  de  relais  faire  un  voyage  de  quinze  jours 
a  la  Hochelle ,  pour  y  visiter  un  nouveau  port  que  Ton  y  a 
fait.etque  Ton  dit  avoir  coute  une  horrible  somme  d'argent, 
quelques uns  disent quarante  millions.  Je  vous  baise  les  mains, 
et  suis  de  tout  mon  coeur  votre,  etc. 
De  Paris,  le  18  mars  1671. 


LETTRE  DCCCXXIV.  —  AM 

Je  presiderai ,  Dieu  aidant,  bient6t  a  une  these  cardinale  , 
laquelle  conclura  ainsi  :  Ergo  fe.bri  pestilent i  Theriaco  i*ene- 
num  pour  refuter  1'erreur  commune  et  populaire  d'un  tas  de 
barbiers  ignorants  et  autres  charlatans  qui  entendent  mal  le 
mot  de  peste  pour  amasser  de  1'argent ,  promettent  sa  guerison 
par  la  theriaque  qu'ils  ne  connoissent  ni  n'entenclent.  La  the- 
riaque des  anciens  ne  fut  jamais  inventee  pour  la  peste,  seu- 
lement  pour  les  morsures  des  animaux  venimeux.  Encore  ne 
voudrois-je  point  m'y  tier.  Andromachus  ,  medecin  de  Neron, 
n'etoit  qu'un  charlatan  et  fort  ignorant ,  par  consequent 
digne  operateur  de  ce  tyran  ,  qui  lit  tant  de  mal  avant  que  de 
niourir,  et  qui  entre  autres  fit  empoisonner  son  frere  Britan- 
nicus  et  assommer  sa  mere  Agrippine,  qui  etoit  une  mechanic 
chenille,  indigne  de  si  bons  pere  et  mere.  Elle  etoit  fille  de 
Germanicus,  le  meilleur  de  tons  les  bons  princes,  et  de  cette 
Agrippine  ,  qui  t'toit  si  tern  me  de  bien  qu'elle  en  etoit  glo- 
rieuse  ,  au  dire  deTacite,  qui  en  a  si  illustrement  parle  dans 
ses  Annnlea.  Je  ne  veux  pas  oublier  d'ajonter  a  1'eloge  de 
Neron  qu'entre  autres  crimes,  it  tit  bruler  la  ville  de  Home , 
qu'il  fit  empoisonner  son  brave  gouverueiir  Burrhus  et  niourir 
son  precepteur  Sene<|ue,  et  qu'il  Cut  le  premier  persecuteur 


*    FALCOMBT.  779 

des  Chretiens,  corn  me  assure  Tertulien  dans  son  Apolvfjetiqut;, 
que  Scaliger  a  nomme  quelque  part  le  Buuclier  de  I'anrien 
christianisme.  Mais  laissons  lace  tyran. 

M.  Boucherat ,  doyen  de  la  chambre  des  comptes ,  est  ici 
mort  age  de  quatre-vingt-seize  ans.  II  savoit  par  coeur  son 
Horaere  grec,  et  etoit  pereduconseiller  d'Etat.  Vale. 

De  Paris  ,  le  17  mars  1671. 


LETTRE  DCGCXXV.  —  Au  meme. 

II  n'y  a  rien  de  nouveau  a  Paris  ni  morts  ni  malades  ;  c'est 
une  espece  de  proverbe.  Jamais  le  peuple  ne  fut  si  sain  par  le 
moyen  de  la  sobriet^  que  la  chambre  de  justice  y  a  introduite. 
On  dit  qu'il  y  a  du  bruit  entre  le  pape  et  la  republique  de 
Ge'nes.  II  menace  cette  republique  d'excommunication ;  mais 
c'est  une  marchandise  qui  n'a  plus  d<e  credit.  Terriculamen- 
lum  puerorwn ,  brutwn  fitlmen  ,  qui  ne  fait  du  mal  que  lors- 
qu'on  s'en  epouvante  mal  a  propos.  Si  j'en  etois  en  peine,  je 
m'en  rapporterois  a  ce  qu'en  pense  la  republique  de  Venise. 

Ses  sentiments,  durant  la  guerre  de  son  interdit  en  1'an 
1605  ,  ont  ouvert  les  yeux  a  bien  du  monde,  et  cet  exemple 
devroit  bien  retenir  la  cour  romaine  de  semblables  attentats. 

M.  Valot  n'est  guere  bien;  mais  il  craint  si  fort  que  le  roi 
ne  fasse  prendre  sa  place  a  un  autre,  qu'il  a  mieux  aime 
hasarder  et  entreprendre  le  voyage  de  Flandre  avec  lui, 
comme  il  a  fait  depuis  buit  jours.  Dieu  soil  lone  de  tout.  Je 
souhaite  cetle  place  a  celui  qui  1'aura ,  mais  a  la  charge  qu'il 
s'en  acquittera  en  homme  de  bien  et  an  profit  du  maitre,  a 
qui  je  souhaite  les  annees  de  Nestor. 

Jamais  Paris  ne  fut  si  sec  ni  si  avare.  Le  desordre  va  jus- 
qu'a  la  gueuserie.  Les  marcharuls  se  plaignpnt  du  commerce 
et  des  manufactures;  les  ofliciers,  du  pen  d'argent  et  de  la 
polette.  Le  peuple  se  plaint  toujours,  tant  il  est  bete.  Omnc 
f/uent/um  natura  in/innum  rsf. 


780  r.KTIKKS    I)K    (,l'l    PA  UN 

l-ne  coliquo  bilieuse  a  retenu  pour  quelques  jours  M.  Col- 
bert, comme  il  etoit  en  chemin  d'aller  trouver  le  roi  a  Diui- 
kerque.  On  en  a  demands  ici  quelqucs  consultes  a  divers  me- 
decins  ,  mais  il  n'a  pas  ete  nomme.  Chaque  medecin  a  eu  un 
louis  d'or  (I).  On  dit  que  si  M.  Colbert  vient  a  mourir,  il  faut 
dire  adieu  a  toutes  les  manufactures  qu'il  a  fait  etablir  en 
France,  Unit  pour  les  tapisseries  et  bas  de  soie  que  pour  ceux 
d'estame  qui  se  font  en  plusieurs  lieuxde  France  ,  ce  qui  fait 
travailier  beaucoup  de  petit  peuple  en  diverses  provinces. 
Pour  moi ,  j'ai  un  interet  particulier  a  sa  convalescence: 
outre  qu'il  a  souvent  dit  du  bien  de  moi ,  et  qu'il  a  augment*' 
mes  gages  de  professeur  royal,  c'est  que  j'en  attends  la  li- 
berte  de  mon  fils  Carolus;  car  parce  que  beaucoup  de  gens 
out  CTU  que  c'etoit  lui  qui  1'a  fait  persecute!1,  il  a  dit  quel- 
quefois  ,  meme  de  son  propre  mouvement,  que  ce  n'etoit  pas 
lui.  Ainsi  nous  sommes  reduits  a  n'en  savoir  ni  1'accusation 
ni  1'accusateur.  Mais,  comine  je  vous  ai  dit,  j'ai  bonne  espe- 
rance  que  ce  grand  ministre  contribuera  a  notre  bonheur, 
malgre  les  sollicitutions  contraires  de  nosennemis  (2).  Vale. 

De  Paris,  Ie2juinl671. 


LKTTKE  DCCCXXV1.  —  Au 

Je  vous  ai  ecrit  environ  le  12  de  juin,  et  jc  vous  mandois 
comme  j'avois  vu  M.  Meyssonier,  qui  est  venu  ici  pour  un 
proces  qu'il  a  a  la  grande  chambreacaused'uii  benefice  qu'il 
poursuit,  sur  quoi  je  vous  dirai  (me  1'auteur  IVancois  a  dit  a 
propos  sur  ce  sujet  :  Chnnw  [tour  /<•  deinnndenr,  clmnri'  anafti 
I  ton  i'  le  drfcndenr. 

M.  de  Itarlay,  ancien  procnreur  general  du  parlement,  est 

I  l.r  |>ri\  de  cetle  consultation  pout  »Mre  estiinc  relativemenl  a  ccnl 
Irancs  <lp  notro  opoqiic.  (li-  ''•) 

2^  N  o>e/,  la  note  tome  111  ,  pajve  ill*. 


A    FALCONET.  781 

mort  le  7  juin  ,  age  de  soixante-quatre  ans,  d'un  abces  flans 
le  mesentere.  11  avoit  un  mois  auparavant  et6  taille  pour  la 
pierre  dans  la  vessie.  II  laisse  son  fils  a  sa  place,  qui  est 
gendre  de  M.  le  premier  president,  habile homme,  de  grand 
sens ,  fort  exact,  severe ,  mais  un  peu  trop  melancolique. 

Les  Hollandois  ont  tached'obtenir  du  roi,  par  leur  ambas- 
sadeur,  qui  est  fils  de  M.  Grotius ,  le  premier  homme  de  son 
siecle,  la  liberte  et  le  retablissement  du  commerce  ;  mais  ils 
n'ont  pas  pu  encore  en  venir  a  bout ,  et  je  crois  qu'a  la  fin  ils 
se  repentiront  de  ne  s'etre  pas  tenus  aux  bonnes  graces  du 
roi.  Mais  qui  (lit  Hollandois  ditglorieux  ,  et  puis  ils  sont  hu- 
guenots et  republicans.  Ils  ont  reussi  en  leur  revoke  centre 
le  roi  d'Espagne  et  sont  gens  de  mer,  qui  sont  des  causes  de 
leur  superbe  :  aussi  dit-on  qu'ils  sont  extr^mement  riches  et 
tres  puissants  sur  mer,  et  non  sur  la  terre. 

La  diversite  des  etudes  de  Charles  Patin  me  console  en 
quelque  facon  de  son  absence;  mais  les  malices  de  son  frere 
aine  Robert  Patin  me  confondent.  Get  ingrat  m'a  trompe  m<»- 
chamment  et  m6me  en  mourant ,  ce  que  je  n'eusse  jamais 
pense  d'un  fils  aine  a  qui  je  me  fiois  entierement(l).  Sa  veuve 
en  tire  ses  avantages,  et  fait  tout  ce  qu'elle  peut  pourruiner 
notre  famille  a  son  profit.  Le  fils  de  M.  Spon  parle  de  son 
retour  bientot ;  c'est  un  honnete  homme,  il  vous  portera  de 
nos  theses. 

M.  le  premier  medecin  est  a  Saint-Germain  pres  de  M.  le 
clue  d'Anjou  ,  qui  est  malade  d'une  lievre  hectique  et  en 
danger  de  devenir  tabide  par  une  trop  grande  secheresse  des 
entrailles,  et  particulierement  du  poumon  :  c'est  la  /j/it/tor 
des  anciens  Atheniens,  une  phthisic  seche  et  la  maladie  de 
consomption  des  Anglois ,  que  quelqu'uif  a  appelee  fort  a 
propos  le  fleau  de  l'Angleterre.  M.  le  chancel ier,  age  de 
quatre-vingt-quatre  ans,  est  encore  en  vie  et  se  porte  bien  : 

(1)  Quoi  qu  en  en  ail  dii  .  on  n'.i  jamais  su  avcc  certitude  en  quoi 
( iia  I'atin  avail  a  se  plaindre  de  son  Ills  aim'-;  lui-meme  ne  sVxplique 
»nr  ce  sujel  i|ii'a\er  beauonup  tic  re^orvo  U.  1'. 


782  I.ETTRES   DK   GUI    PATIN 

maisje  pense  que  ce  n'est  qu'un  beau  jour  d'hiver  qui  n'a 
plus  guere  d'assurance  ni  de  force. 

On  parle  a  la  cour  de  rappeler  mon  Carolus.  II  y  a  beau- 
coup  de  gens  de  bien  qui  raiment;  mais  un  ou  deux  qui  le 
haisserit ,  sans  meme  qu'on  sache  pourquoi ,  lui  out  fait  plus 
de  mal  que  ses  amis  ne  lui  peuvent  faire  de  bien.  Je  sais  de 
bonne  part  que  M.  de  C.  a  voulu  avoir  ses  manuscrits  ;  mais 
il  aime  mieux  demeurer  dans  son  exil  que  de  douner  la  gloire 
de  son  travail  a  un  autre.  II  a  trouve  moyen  d'achever  17m- 
Iteratorum  Romanoruin  .\utnisrnata  (l).  Le  livre  est  beau;  mais 
ne  doutez  pas  que  ses  ennemis  n'en  disentdu  mal.  II  1'a  dedie 
a  1'empereur,  auquel  il  m'ecrit  qu'il  a  des  obligations  insignes 
pour  les  honneurs  et  le  bien  qu'il  lui  a  fails. 

On  parle  ici  d'un  grand  embrasement  de  rEscurial ,  en  Es- 
pagne,  ou  Ton  dit  qu'il  y  a  bien  de  la  perte,  et  meme  une 
grande  bibliotheque  oit  il  y  avoit  quantite  de  manuscrits 
grecs,  hebreux,  arabes,  et  autres  orientaux.  On  dit  que 
c.'est  un  moine  qui  a  etc  cause  de  tout  ce  malheur.  Cela  pour- 
roit  bien  etre,  car  les  moines  ne  sont  que  des  animaux  mal- 
encontreux ,  comme  le  dit  Rabelais.  Le  due  d'Anjou  est  mort 
a  Saint-Germain  le  3  juillet.  Dieu  conserve  son  frere  monsei- 
gneur  le  dauphin  ,  puisse-t-il  devenir  aussi  vaillant  que  le  bon 
roi  Henri  IV,  son  grand-pore,  et  plus  heureux  que  lui !  Adieu. 

De  I'aris,  le  23  juillet  1671. 


LETTRC  DCGCXXVII.  —  Au 

On  parle  beaucoup  ici  de  M.  de  Lionne,  qui,  avec  la  per- 
missioii  du  roi ,  a  fait  enlever  sa  femme ,  et  I'a  fait  mettre 
dans  un  monastere  ;  on  dit  que  c'est  a  cause  de  son  jeu  et 
de  ses  profusions.  La  cour  est  en  tristesse  pour  M.  le  due 
d'Anjou  ,  et  dece  que  M.  le  Dauphin  ne  se  porte  guere  bien. 

M.  de  (iuise,  age  de  vingt-deux  ans  ,  est  mort  d'une  tievre 

1;  Aryentorati,  1G71  ,  iii-tol. 


A    FALCONET.  783 

continue,  avec  une  petite  verole  et  une  oppression  de  poitrine 
sans  avoir  ete  saigne,  et  sans  medecin;  il  n'a  eu  pour  se- 
cours  intrigue ,  qu'un  grand  charlatan  d'apothicaire,  nomine 
Baurains,  qui  est,  a  ce  qu'il  dit,  plus  savant  que  tous  les  me- 
deems,  qui  lui  a  donne  des  remedes  cordiaux  et  des  poudres 
de  perles,  et  un  nomme  du  Fresne,  soi-disant  medecin  ,  qui 
etoit  ci-devant  valet  de  chambre  de  feue  madame  de  Guise; 
fits  gradibus  transeunt  princijtes  in  terrain  Australem ,  nulli 
mortal ium  adhuc  cugnitam.  Les  sages  ne  saveiit  rien  de  cette 
geographic  que  par  la  grace  des  jansenistes,  ou  par  la  voie  de 
revelation. 

On  me  vient  de  dire  que  Valot  est  fort  malade  ,  et  qu'il  s'est 
fait  raraener  de  Saint-Germain  a  Paris,  ou  il  est  presentement. 
II  est  devenu  si  gros  et  si  pesant,  qu'il  ne  sauroit  se  soute- 
nir,  s'il  n'est  aide  par  deux  homines;  enlin  il  est  fortement 
asthmatique. 

Deux  eveques  sont  morts  depuis  peu,  savoir,  celui  d'Auxerre 
et  celui  du  Mans.  Un  de  nosmedecins,  nomme  Fabien  Per- 
reau,  inourut pareillement  bier  ici  (ce  4  aout)  age  de  trente- 
trois  ans ;  il  est  mort  d'une  iievre  continue  inaligne  qui  lui  est 
venue  du  mauvais  air  de  I'llotel-Dieu  ,  oil  il  etoit  un  des  me- 
decins.  11  a  ete  saigne  douze  lois,  mais  ce  qui  lui  a  bien  aide 
a  mourir,  ont  ete  trois  jeunes  medecins  de  sesamis,  qui  lui 
out  fait  prendre  plusieurs  verres  d'eau  de  casse ,  dans  les- 
(juels,  par  une  tinesse  ridicule  et  meme  punissable ,  on  fai- 
soit  mettre  quelque  once  de  vin  emetique  ,  pur  poison  en 
cette  conjoncture,  car  il  etoit  fort  assoupi,  et  meme  avoit 
<les  mouvements  convulsifs ;  mais  crut  in  fads  ut  ntisi'i-e fn-rirct 
iiiyi'atissiuius  discipulus  D.  Francisci  Hlondel. 

Voici  un  autre  malheur  d'une  autre  nature.  Un  de  nos  me- 
decins, M.  de  Launay,  age  de  soixante-quatorze  ans,  est 
tombe  en  enfance;  son  Ills  unique,  avocat  celebre,  a  ete 
conseille  de  faire  une  assemblee  de  parents,  et  par  autorite 
des  juges  il  1'a  fait  mener  a Saint-Lazare ,  oil  on  a  accoutume 
ile  inettre  de  tel les  gens ;  il  y  a  de  garde  quelqne  temps,  d 


784  I.KTTRES    DE  fir  I    PATIN 

entin,  le  ma  I  augmentant,  on  1'a  mis  oil  on  met  les  t'ous , 
savoir,  dans  les  Petites-Maisons  du  faubourg  Saint-Germain. 

Valot  est  au  lit  fort  presse  de  son  asthme  ;  peu  s'en  fallut 
qu'il  n'etouffat  avant-hier  au  soir,  mais  il  t'ut  delivre  par  une 
copieuse  saignee ;  il  a  recu  1'extreme-onction ,  c'est  pour  lui 
rend  re  les  genoux  plus  souples  pour  le  grand  voyage  qui  lui 
reste  a  faire.  II  n'a  ete  qu'un  charlatan  en  ce  monde ,  mais  je 
ne  sais  ce  qu'il  fera  en  1'autre  ,  s'il  n'y  vient  crieur  de  noir  a 
noircir,  ou  de  quelque  autre  metier  ou  on  puisse  gagner 
beaucoup  d'argent,  qu'il  a  toujours  extremement  aime.  Pour 
son  honneur,  il  est  inort  au  Jardin-Royal ,  le  9  aout,  a  six 
heures  apres  midi ;  on  ne  1'a  point  vu  mourir,  et  on  1'a  trouve 
mort  en  son  lit.  Je  vous  baise  les  mains,  et  suis  de  tout  mon 
cit'ur  votre ,  etc. 

De  Paris,  le  10  aout  1671. 


LETTKE  DCCCXXVIII.  —  Au 

On  dit  que  le  roi  a  toujours  ete  fort  triste  depuis  la  mort 
de  M.  le  due  d'Anjou  ,  et  si  fort  melancolique  du  rencontre  de 
diverses  affaires  qui  sont  aujourd'hui  a  la  cotir,  qu'on  ne  1'a 
pu  voir  rire  depuis  ce  temps-la;  je  crois  que  cela  se  doit  un 
peu  entendre  de  la  querelle  qui  est  entre  MM.  Colbert  et  de 
Louvois. 

I'n  de  nos  medecins  me  vient  de  dire  qu'il  y  a  une  gramlc 
brigue  a  la  cour  pour  mettre  M.  Daquin  le  tils  a  la  place  de 
M.  Valot,  et  que  cette  brigue  est  si  puissante,  qu'elle  fait 
pour  a  celui  <jui  la  desire  tres  ardemment ,  et  meme  on  dit 
que  la  reine  est  le  chef  de  cette  brigue.  Toute  la  cour  n'est 
guere  gouvernee  que  par  intrigues  oil  les  dames  se  melent 
bien  avant;  mais  quand  je  fais  reflexion  sur  cette  brigue,  je 
ne  puis  croire  (jue  la  reine  donne  son  medecin  au  roi,  ni 
memequand  elle  le  voudroit,  que  le  roi  s'y  laissat  emporter, 
pour  (U's  raisons  que  je  pourrois  alleguer ,  et  (ju'il  vaut  mieux 
IM'IIV:  dies  sun!  dc  dcnx  Cortes,  physitjiies  et  politi(|UPS,  in;ii< 


A    FALCONET.  78f»  ' 

il  i'aut  voir  cequi  arrivera;  je  erois  pourtant  quc  M.  Braver  y 
sera  le  plus  puissant  ,  tarit  parce  qu'il  est  connu  du  roi 
comme  habile  hoinnie  el  savant  medecin ,  que  d'autant  qu'il 
osl  tres  riche,  ce  qui  fait  uri  beau  visage  a  la  cour.  Je  vuus 
dirai  en  passant  qu'il  a  plus  de  30,000  ecus  de  rentes;  devinez 
d'ou  viennent  tant  tie  biens?  an  ex  Mammona  ?  J'ai  vu  aujour- 
d'lmi  (ce  14  aout),  un  homine  quidit  que  M.  Braver  espere 
si  fort  devenir  premier  medecin  du  roi,  qu'il  en  inourra  si 
cela  n'arrive;  maisje  n'en  crois  rien ,  car  il  est  si  riche  qu'il 
pent  bien  se  passer  de  rien  desirer.  II  a  environ  soixante-cinq 
ans  et  bien  de  1'esprit;  il  est  merveilleusement  adroit  et  bieji 
propre  a  la  cour,  omuls  Aristippum  dccuit  color,  et  status,  t-f 
res  (i).  On  dit  que  cette  place  est  merveilleusement  briguee  , 
ft  qu'unc  grande  dame  en  a  parle  au  roi  en  favour  d'un  me- 
decin qui  n'est  point  a  Paris,  et  qui  est  huguenot:  on  parle 
d'un  autre  qui  a  ofl'ert  10,000  ecus  a  une  grande  dame  si 
elle  la  pouvoit  obtcnir  pour  lui;  mais  je  crois  que  ni  I'mi 
ni  I'autre  ne  1'auront  point;  mais  pour  qui  sera-ce  done? 
candid  I  pccloris  vcrbion  ex  Julio  Cinsarc  Sculigero  profenun  , 
i-crte  new  to  :  je  crois  qu'il  n'y  a  que  le  roi  qui  le  sache  ,  et  le 
futur  de  ce  pays-la  est  toujours  fort  incertain. 

On  parle  ici  d'une  autre  affaire  bien  plus  grande,  qui  esl 
que  le  roi  fait  lever  ties  troupes  en  plusieurs  pays  pour  fa  ire 
10,000  homines  pour  la  fin  de  1'hiver  prochain,  qui  seront 
employes  sur  mer  et  sur  terre  ;  on  dit  aussi  -25,000  homines 
de  cavalerie ,  et  que  M.  le  due  d'Orleans  s'en  va  epouser  la 
lille  de  M.  1'electeur  Palatin,  qui  est  huguenote,  a  la  charge 
i|u'elle  se  fera  catholique,  et  (ju'elle  ira  bien  denotement  a  la 

(1)  Ce  medocin  I^rayer  n'ctait  copendant  ni  un  plal  i-oiirlisan  ,  ni  mi 
sot  adoratour  du  voau  d'or.  On  assure  qifapres  sa  inorl  on  dccouvril 
14110  pendant  plus  do  vinyt-oinq  ans  ,  il  avail  fail  rcmt-tlre  diaquc  inois  , 
el  secretement,  an  cure  de  Saint-Kustache ,  une  soinnie  do  inillo  Iraiu's 
destinee  au\  paiivros  de  la  paroisso.  Faire  le  bien  et  le  bien  l;iire,  e>i 
une  chose  si  rare  ,  si  dillicile  ,  que  la  po-terile  doit  tnujour*  signaler  le» 
minis  de  eeux  (|iii  out  Imuve  ('(•  beau  vecivl.  v  |{.  I*. 

III.  ."»!) 


?8'.>  I.KTTUES    I)R    CCI    PATI.N 

mosso;  peut-etro  que  celaservira  a  nous  aider  a  qnelquo  on- 
treprise  du  roll';  da  Hliin  et  do  I'Allemagne,  car  eYst  aux 
Hollandois  que Ton  en  veut ;  ces  nouveaux  republicans  soul 
trop  glorieux  ,  il  fant  <iu'il  arrive  quelque  grande  chose  qui 
les  liuniilie.  On  leve  pour  nous  dessoldats  en  Hibernie,  en  An- 
gleterrc  ,  on  Kcosse  et  ailleurs  atissi  :  on  parle  aussi  do  nou- 
velles  levees  de  deniers  en  France ,  et  de  inettre  qnarante 
sous  d'entree  a  Paris  sur  cliaqno  muid  de  vin.  Lo  roi  conti- 
nue ses  grandes  depenses  en  bailments,  tant  a  Paris  qn'a 
Saint-Germain  et  a  Versailles.  Dieu  soil  beni,  si  le  vin  de- 
vient  si  clier,  au  moins  nous  avons  la  riviere;  de  Seine  <|ni  ne 
nous  pent  manquer,  el  qui  est  fort  bonne.  Jo  vous  baise  les 
mains,  etsuis  de  toute  mon  ame  votre  ,  etc,. 
DC  I'aris,  1««  14  aoiit  1(571. 


LKTTRE  DCCCXX1X.  ~    .\u  wwr. 

,le  vous  ai  ecril  le  IS  d'aout.  Aujonrd'hni  j<»  vous  dirai  que 
le  pero  Lemoino  ,  jesuili1,  hisloricn  du  cardiiii;!  de  Uirlicliou  . 
aux  depens  et  aux  gages  de  madamo  d'Aiguillon  ,  est  ici  mort 
le  22  aout ,  age  do  soixante-neuf  ans.  On  n'a  pas  encore 
pourvu  a  la  chai'ge  de  premier  inedecin.  Lo  roi  a  dit  qu'il  se 
portt;  bleu,  <pi'il  n  a  que  fain;  do  medecin,  <|u  il  en  |)rendra 
nn  lorsqu'il  sera  inalade.  et  quo  le  meilleur  de  Paris  ne  lui 
est  pas  trop  bon,  en  quoi  je  trouve  qu'il  a  bien  raison.  31.  le 
president  de  Maisons  (juitte  le  palais  et  cede  sa  place  a  son 
ills,  maitre  des  requctos.  On  dit  cpie  le  roi  la  ainsi  ordonne 
a  cause  do  sa  durete  d'oreille.  L'//7.sYo/?Y'  ^V/^'oyy/^wd'Helio- 
dore  dit  quo  la  vieillesse  est  une  maladiedes  oreilles. 

M.  P.  IN'tit,  <pii  a  ecrit  ci-devant  da  f.nci'iinis,  et  depuis  peu 
contre.  les  cai'tesiens,  /v/w.  d"  imi'd.  ]t<'n.  Ctn'ta&n  jj/ttlutioj/htd, 
n'cst  <pie  bacholier  en  UH'decine  el  en  a  (piidc  retude.  II  de- 
Iiieiirc  die/  M.  do  Nicolas,  premier  president  de  la  eliambro 


A   FALCONET.  78? 

des  comptes.  Celui-la  ne  songe  pas  a  eleven ir  premier  mede- 
cin ;  il  n'a  jarnais  vu  de  malades ;  mais  celui  qui  voudroit  bien 
letre.est  un  certain  Guillaume  Petit,  age  de  cinquante- 
quatreans,  Normand,  savant,  doucet,lin,  ruse  et  qui  n'a 
qu'un  Ills  qui  le  i'ait  enrager.  G'est  un  Tartuie  pari'ait,  it  qui 
tout  est  bon  pourvu  qu'il  gagne;  melancolique  brule,  qui  ne 
parle  que  de  Vierge  Marie  et  de  conscience,  et  qui  par  toutes 
voies  ne  chercbe  que  de  la  pratique  et  de  1 'argent.  Pour  cet 
huguenot  dont  vous  me  parlez,  c'est  M.  Bellay  de  Blois.  On 
dit que c'est M.  Valot  qui  1'a  nomme  dans  un  billet,  qui  est 
tombe  entre  les  mains  du  rot;  mais  on  dit  aussi  que  ce 
billet  est  i'aux,  et  qu'il  ne  vient  que  dequelquesennemisde 
M.  Braver,  qui  a  de  grandes  pretentious.  M.  Valot  n'est  pas 
mort  si  riche  qu'on  pense.  II  laisse  une  I'einme  quijoue,  et 
sept  enfants  ,  trois  lilies  a  marier  et  quatre  Ills.  L'aine  est 
eveque  de  Nevers  ,  qui  n'a  besoin  (jue  de  science,  d'esprit  et 
d'argent.  Son  IVere  est  conseiller  an  grand  conseil ,  qui  n'a  ja- 
mais  rapporte  proces  et  qui  a  bon  appetit ;  1'autre  est  cha- 
noine  de  Notre-Dame,  et  le  quatrieme  capitaine  aux  gardes. 
Ces  deux  mariesn'ont  point  d'enl'ants,  les  deux  derniers  sont 
honnetes  gens.  Les  deux  pretres  n'en  auront  jainais.  Les  trois 
lillesapparemment  auront  bien  des  ecus,  et  cela  leur  servira 
a  trouver  des  niaris;  mais  lepere  qui  avoit  du  credit  n'y  est 
plus,  il  est  en  plomb  a  VAue-Mm-ia.  Donnez-vous  patience, 
du  reste,  les  homines  font  tous  les  jours  des  proces  ,  mais 
c'est  Dieu  qui  les  juge. 

M.  de  Lionne(i),  secretaire  d'Etat,  est  mort  le  V  sepfem- 
bre  avec  plusieurs  doses  de  vin  enietique.  C'est  le  passe-port 
de  ceux  qui  out  hate  d'aller  en  1'autre  monde  ,  parmi  plu- 
sieurs grands  de  la  cour.  J'ai  consulte  ce  matin  avec  M.  Braver, 
<{iii  m'a  zombie  fort  triste.  iS'esl-ce  point  qu'il  sennuied'at- 
Iciidre  ce  brevet  tant  espcrc  de  premier  m(xlecin?Le  j-oi  a  dit 

il)  Hugucs  do  Lioniie,  ministre-sccrctairc  d'Ktal ,  nc  a  (imioMc 
en  101 1.  II  iM  ooniiu  dans  1'hi-toirc  <li-  -.on  lemps  coiniiie  1111  ties  lial>i|t- 
((  ires  lin  nrgocialour.  M.  |'. 


7SK  I.F.TTIIF.S   DE   (.n    PATIN 

i|u'il  no  voudroit  pc.iiil  avoir  un  medocin  si  avarc  etsi  impor- 
tun  quo  lo  dcl'unt,  (|ni  <;toit  insatiable.  11  yen  a  pourtanl  plu- 
sieurs  (jiii  si;  Iremoussent  pour  cotte  charge  qui  soinble  otrr 
an  pillage  (t).  Ee  roi  a donne  la  place  deM.  deLionne  a  M.  de 
Pomponno,  Ills  do  3\I.  Arnauld  d'Andilly,  ftgedequatre-vingts 
ans.  (lo  M.  do  Pomponne  est  aujourd' liui  notrc  ambassadeur 
en  Hollando  ,  et  nevou  do  M.  A.  Arnauld  ,  docteur  en  Sor- 
bonne,  et  do  M.  1'evequo  d'Angers.  II  a  cot  avantage  que  tout 
le  inondo  1'aime  el  qu'il  le  mcrite.  Peut-etre  quelque  jesuite 
lo  halt,  mais  il  n'oseroit  le  dire.  M.  Jon(juet ,  professeur  do 
bolanique  an  Jardin-du-  Roi ,  vient  de  niourir.  En  voila  six  des 
notros  depuis  neuf  mois.  Vale. 

DC  I'aris,  lo  7  septembre  1(571. 


LETTRE  DCCCXXX.  —  An  mtmc. 

.le  viens  de  voir  un  officier  de  1'armee  <|ui  dit  que  les  Es- 
pagnols  olfront  au  roi  Airo,  Saint-Omer,  le  Cambresis  et  (juol- 
(pios  autres  villos ;  ot  (jue  nous  lour  rendions  tout  co  <jue  nous 
avons  pris  sur  eu\  colto  campagne  derniere.  Toules  cos  con- 
ditions sont  au-dossoiis  do  nos  conquotos  ot  dc  la  majesto  do 
notr*1  conquorant ;  c'ost  pourtpioi  il  fandra  <|uo  1<^  Espagnols 
clierclient  do  nouvoaux  inovons  do  pacification  ,  on  (pi'ils 
f'assont  naitro  do  nouvoaux  soldats  pour  so  dof'endro  raniK'o 
proohaino  contre  nos  attaquos  ;  car  cos  oilVcs-la  no  nioritont 
point  qu'on  y  ait  ogard.  Les  Espagnols  so  picjuoiont  autrolois 
dc  linesse,  mais  la  mine  est  ovontoe,  il  y  on  a  encore  aujour- 
d'hui  on  Franco  de  plus  lins  ipi'eux  :  Jam  jirfdcm  .S'/y/v/s  in 
1  ilii'i'iin  (It'fl n.rit  Orotiff'tt. 
J'ai  vu  aujoiird'hui  passer  pros  do  Saint-Eustache  ,  ou  do 

;l;  Kile  nc  lul  iloiinee  qifii  Fiifjoii .  en  1(}(.>3;  Louis  XIV  no  1  ;iv;ii( 
;i|.|>rocli«:-  que  ('.radurllenienl  de  ce  poslo  eiiiineii!  ,  car  il  ful  meilrdn 
<!<•  hi  daupliinc.  (mis  de  la  reine  et  de-  rnfaiils  de  France  \oye/  son 
I'liti,!'  juir  Fonlenelle  -  |{  |>  N 


A  KAI.CONKT  78'.) 

sa  paroisse,  le  corps  de  leu  M.  Maillet ,  riclie  et  ancien  bour- 
geois de  Paris,  qui  etoit  un  ties  direeteuis  ct  udministrateurs 
de  plusieurs  maisons  do  communautes  do  Paris ,  conime  de 
1'Hdpital  General ,  de  la  Trinite,  et  des  Enfants-Bleus  ,  des 
Enfants  Rouges ,  etc.  II  etoit  presque  octogeriaire.  Le  voila 
mort ,  il  n'y  a  plus  de  difference  entre  son  corps  et  celui  d'un 
gueux  :  onmis  caro  fwnniii. 

On  prepare  de  belles  comedies  a  la  cour  pour  1'biver  pro- 
chain  ;  et  je  ne  doute  pas  qu'il  ne  nous  vienue  des  le  niois  de 
decembre  prochain ,  en  vertu  do  toutes  nos  conquetes  en 
Flandro,  de  beaux  almanaclis.  On  dit  que  le  cardinal  Visconti 
ost  arrive  ee  soir  a  Paris,  qui  vient  apporter  an  roi  de  la  part 
du  pape  des  articles  de  pacification  aver  1'Espagne ,  W  ;/«•.• 
l>udi't  (of  inept iarwn.  Je  vous  baise  tres  liuinblement  les 
mains ,  et  suis  de  toute  mon  Jinie  voire,  etc. 

De  Paris,  le  27  scptembrc  1071. 


LETTHE  DCCGXXXI.  --  A« //«W. 

Je  vous  ai  ecrit  quo  le  roi  avoit  fait  cboix  de  M.  de  Pom- 
ponne  pour  etre  secretaire  d'Etat,  a  la  place  de  M.  de  Lionne. 
II  est  tort  dans  les  bonnes  graces  du  roi,  et  a  ete  prcten'1  a 
M.  1'archeveque  de  Toulouse  ,  i)ui  est  un  fort  babile  Italien  ; 
a  quoi  on  dit  iju'il  a  ete  seconde  par  MM.  Colbert  et  leTellter 
(jui  craignoient  1'esprit  de  ce  M.  de  Bon/.i. 

Je  fus  mene  en  carrosse  de  relais  le  mois  passe  en  Norman- 
die  pour  un  conseiller  (jui  y  eloit  demeure  tort  malade,  et  qui 
en  est  revenu,  Dieu  merci,  en  boil  lie  sun  to.  Et  depuis  buit 
jours  j'ai  ele  mene  en  Brie  ,  ii  dix  lieues  d'ici ,  pour  un  capi- 
taine  qui,  Dieu  aidant,  en  rechappera ;  mais  ces  voyages, 
auxtjuels  je  ne  suis  pas  aceoutume,  me  deplaisent ;  ils  me  ta- 
tiguent  trop.  J  en  lis  un  autre,  au  commencement  de  juillet, 
vers  Orleans,  (|ui  inedesorientafort.  Les  barbiers,  qui  sont  tort 
ignorants  et  grands  ivrognes,  se  melent  de  donner  du  vii: 


71K)  LETllttS   UE   (il'I    I'ATIN 

emetique,  el  y  tuent  impunement  bien  des  pauvres  malades. 
Nous  avons  ici  un  do  nos  medecins  fort  malade,  c'est  Eu- 
sebe  Honaudot,  qui  a  fait  autrefois  I'Antimoine  trion^ihant.  II 
a  ressemble  a  celni  qui  pensa  une  fois  en  sa  vie  a  1'empire. 
il  a  pense  a  la  charge  de  premier  medecin ,  esperant  beaucour. 
en  M.  de  Montausier,  gouverneur  de  M.  le  Dauphin.  Mais  son 
epee  s'est  trouvee  trop  courte,  il  n'a  pu  y  atteindre,  dont  on 
allegue  trois  raisons  :  la  premiere  est  <[u'il  est  puant  de  corps 
et  d'ame,  je  erois  meme  qu'il  est  punais;  la  deuxieme,  c'est 
qu'il  a  la  vue  presque  perdue ;  la  troisieme  qu'il  est  grand 
charlatan,  et  il  a  eu  raison  d'intituler  son  livre,  I'Antimoine 
friuiiiji/taiit ;  car  pour  triompher,  il  falloit  en  avoir  tue  pour 
le  moins  six  mille.  Aussi  a  fait  I'antimoine  et  bien  par-dela  , 
avec  son  ecrivain  etsasequelle,  qui  sont  plusieurs  faux-freres 
gagnes  par  les  ajtothicaires,  qui  enragent  que  le  peuple  con- 
noisse  la  casse  ,  le  sene  et  le  sirop  de  roses  pales,  dont  il  est 
ort  soulage.  Je  ne  saurois  souilrir  cette  tyrannie  ,  laquelle 
nous  fait  passc'r  pour  des  coupeurs  de  bourses.  Pour  souilrir 
cela  il  {'ant  avoir  une  ame  venale  et  aussi  mal  faite  qu'un 
apothicaire,  (jui  etoit  defini  par  M.  Hautin  :  Animal  /'(Mfbissi- 
inuni ,  faciens  bene  jjwtes  et  luct'tirm  mirabilitcr.  Vale. 

DC  Paris,  le  (5  oclobro  1071. 


LETTIiK  DCGCXXXII.  —  An  mime. 

Le.  roi  de  Danemark  a  fait  publier  dans  tons  sesEtatsune 
liberte  de  conscience;  n'est-ce  point  qu'il  vent  augmenter  le 
noinbre  de  ses  sujetsen  queUjue  fa(,-on?  S'il  veut  des  moines, 
il  n'en  manquera  point  pourvu  <ju'il  leur  donne  bien  a  diner 
et  de  1'argent  de  reste,  pour  ne  pas  dire  autre  chose,  mais 
laissons-les  faire,  ils  en  trouverontbien. 

On  parlc  ici  d'une  grande  revolte  des  Arahes  contre  le  Tare ; 
on  dit  queers  Arabrs  out  pillr  rt  brule  la  JMeccme  ,  el  qu'ils 
out  fait  un  luitin  de  j)lus  dr  cinquante  millions ;  je  crois  qur 


A    K.VLCOXEI-  7*.)! 

c'est  une  fable  pour  amuser  lepeuple.  II  court  1111  bruit  que  le 
roi  fait  venir  d'Afrique  uu  regiment  de  cavalerie  de  negres 
pour  etre  employes  clans  son  ariuee;  cela  sera  bon  cuntre  les 
Hollandois  quand  nous  conimencerons  la  guerre  contreeux  , 
ils  se  counoissent  deja. 

M.  Colbert,  qui  etoit  intendant  de  justice  en  Alsace,  a  etti 
fait  par  le  roi  president  de  Met/ ,  et  M.  Colbert ,  eveque  de 
Lucon ,  est  eveque  d'Auxerre.  Celui-ci  est  I'rere  du  grand 
Colbert,  sur-intendant  des finances  et  secretaire  d'Etat. 

On  ne  parle  ici  que  du  mariage  de  M.  le  due  d'Orleuns  avec 
la  lille  de  M.  1'electeur  Palatin,  et  les  presents  qu'on  lui  envoie 
de  dera ,  tant  de  la  part  du  due  son  1'utur  niari,  (jue  du  roi 
meme.  Madame  la  Palatine,  tante  decette  princesse  nubile  , 
est  allee  au-devant  d'elle.  Le  premier  aumonier  de  M.  le  due 
d'Orleans,  qui  est  M.  1'abbe  de  Montaigu,  a  promis  a  M.  dc 
Kobineau  ,  notre  tres  cher  ami  et  allie  ,  de  s'employer  apres 
ce  mariage  pour  le  retour  de  111011  cher  Ills  Carolus,  et  j'espere 
que  eela  nous  aidera;  mais  auparavant  il  faudroit  savoir  a 
(jui  nous  avons  affaire.  II  n'y  a  (jue  la  bonle  de  Dieu  et  la 
justice  du  roi  en  qui  je  me  fie :  In  /iliis  lioininum  nnn  cst  xnlux. 

On  dit  iei  tout  haul  que  la  reine  est  grosse;  pint  a  IJieii 
(ju'elle  nous  donnat  un  petit  roi  qui  vaille  quelque  jour 
saint  Louis  ou  le  bon  roi  Louis  XII,  ou  tout  au  moins 
Henri  IV,  qui  delivra  la  France  en  son  temps  de  la  tyrannie 
des  Espagnols  et  de  la  Ligue  ,  aussi  bien  <jue  de  la  malice  de 
nos  mauvais  voisins,  et  surtout  des  huguenots. 

Vous  ti'ouverez  ici  une  lettrepour  notre  bon  ami  M.  Spon. 
Je  vous  prie  de  fa  ire  en  sorte  (pfelle  lui  soil  rendue  avec 
toutt' assurance  a  cause  d'un  papier  qui  est  dedans,  et  qui 
imporle  fort  aux  all'airesde  mon  Carolus.  Quand  le  verrai-je? 
(Juand  le  roi  aura-t-il  le  loisir  d'y  songer?  Je  vous  baise  les 
mains  ,  c;t  suis  de  tout  mon  cn-ur  votre ,  etc. 

DC  1'ari^  ,  !c  '23  oclobre  1G71. 


70-2  i.inriU'S  !)!•:  <.n  I-.VTIN 

LKTTUK  DCCCXXXIll.  --  Au  ,MHW. 

Le  roi  a  aceorde  la  polette  a  plusieurs  officiers  .  et  presque 
a  tons  ceux  quiavoient  affaire. 

M.  >le  Puyguilhem  (l)  a  ete  envoye  au  meme  lieu  que 
M.  Fouquet,  a  Pignercl ,  sans  que  nous  sachions  la  cause  tie 
sa  disgrace  .  on  1'appelle  a  la  cour  le  cornte  <le  Lauzun. 

M.  de  Bezon  ,  ink-miaul  dejustiee  en  Languedoc,  a  ete  fait 
par  le  roi  premier  president  de  Provence  a  la  place  de 
M.  d'Oppede. 

Le  roi  d'Angleterre  nous  donnera  du  secours  contre  les 
Hollandois  ,  etant  fort  ami  du  notre. 

II  court  ici  beaucoup  de  Sevres  catarrhales  et  des  rhuma- 
tismes;  mais  nous  les  guerissons  aisement  par  la  saignee  el  la 
boisson  d'eau.  Le  vin  nouveau  a  deja  fait  des  goutteux  et  des 
hydropiques. 

,le  vousenvoie  deux  de  nos  theses  ,  notre  dernier  catalogue 
ct  la  derniere  afliche  de  notre  college  royal.  Au  inois  de  no- 
venibre  de  Tan  IG"^,  Jious  aurons  tin  nouveau  doyen  et  un 
nouveau  catalogue;  mais  <]iii  y  sera?  Prudefts  futuri  li'inporit 
r.i-itiint  rd/ifj/itosti  nortc  jtrt'i/iif  /Jr-utt.  Les  rabins  disent  que 
Dieu  s'est  restM'Vt'  trois  clefs,  don!  la  premiere  est  du  beau  on 
du  mauvais  temps  ;  la  seconde  de  la  fertilite  ou  steriliti';  la 
troisieme  est  la  science  du  futur.  (lei'tes  voila  trois  beaux  se- 
crets, mais  qui  n  apparliemient  qu'a  ci;  grand  maitre 

M.  de  Puyguillieni  a  etc  arrete  le  meme  jour  (pie  le  fut  a 
Londres  le  due  de  Buckingham.  Madame  la  duchessed'Orleans 
est  ii  Saint-Germain,  oil  tout  est  en  rejouissance.  Kile  trouve 
la  cour  fort  belle;  elle  y  fait  bonne  cliere  et  y  trouve  le  vin 
fort  bon.  Bientot  on  hi  doit  mener  promener  a  Saint-dloud  , 

I  I'IIN [Miiilioiu  :  c'ol  oe  cadet  do  Gascogiic  ,  If  duo  do  I..-IU/IIM  .  i-i 
{•flolirc  |>ar  MHI  olrvalion,  son  lastf.  sos  inullieurs  ,  lo>  j-ii);;iilicro> 
\iiriiilioii-  do  >a  torluno:  I. a  MruyoiT  ;i  ilit  do  lui  :  «  on  no  ro\o  \*.\* 
ooiiiinr  it  a  scon  »  ;  il  n'oii  inuunit  p;i>  uioiiis  ajje  do  quatre-viii(jl- 
dixan-.  r\{  i>,  ) 


A    KU.CONKT.  703 

logis  deM.  le  due  son  mari,  pour  lui  t'aire  voir  les  belles  cas- 
cades et  les  Fontaines  (jui  y  soul 

Pour  la  guerre,  on  la  tient  certaine,  si  les  Hollandois  lie  la 
previennent  par  leur  prudence  republicaine.  II  est  vrai  quo 
M.  lechancelier  est  bien  vieux  ,  et  qu'apparemment  sa  place 
sera  bienttit  remplie  par  M.  le  Tellier,  pere  de  M.  de  Louvois, 
ou  par  M.  Pussort,  oncle  de  M.  Colbert. 

M.  le  cardinal  de  Bouillon  est  grand  aumo'iiier  de  France. 
Je  me  souviens  bien  de  Damascene  ,  ce  n'est  qu'un  f'ou.  Je 
vous  baise  les  mains ,  et  suis  de  tout  mon  ca'ur  votre ,  etc. 

DC  Paris,  le  11  deccmbrc  l(57t. 


LKTTHK  DCCCXXXIV.  —  Au  i,u>mt. 

Le  roi  est  tout-a-fait  resolu  a  la  guerre,  et  il  y  a  toute  ap- 
parence  que  nous  1'aurons;  niais  oil  ?  je  ne  sais.  Peut-elre 
conti'e  les  Hollandois  ou  ceux  de  Cologne,  apparemment 
contre  tous  deux.  Quoi  qu'il  en  soil ,  le  roi  a  fait  I'aire  des 
mag.isins  sur  le  Hliin,  de  ble  ,  de  Yin,  de  poudre  ,  etc.,  pom- 
six  mois ,  et  80,000  homines.  Quelques  mis  disent  que  Ion 
veut  laire  el  ire  M.  le  Dauphin  ,  roi  des  Komains,  quoiqu'il 
n'ait  que  dix  ans ,  et  la  loi  en  requiert  dix-sept  ;  mais  (Jitid 
(uficnt  Icycs  ,  itbi  tnntti  jioti'iittfi  regmit  ?  ^)uand  le  roi  aura  line 
puissante  armee  commandee  par  M.  le  Prince,  M.  de  Turenne, 
M.  deCrequi  et  ses  autres  f'oudres  de  guerre,  s'amusera-t-on 
a  observer  une  loi  ancienne  qui  lui  est  contraire?  J'aime  mieux 
croire  (jue  le  roi  (lira  ce  que  disoit  cet  ancien  capitaine  dans 
Stace,  (jui ,  ayant  I'l'pee  a  la  main  et  la  puissance  presente  , 
disoit  tort  hardiment  :  1  irtus  tni/n  ntuncn  ct  cnsig  (/ncni  tt'tim. 
On  tlit  (jue  les  Hollandois  s'oll'rent  de  donner  an  roi  toute  la 
satisfaction  qu'il  voudra  :  c'est  ^1.  1'ambassadeur  dc  Hollande 
ijin  me  le  (lit  bier  lui-inr-me.  II  est  his  de  M.  Hugo  tirotins  , 
qui  me  faisoit  I'lionneur  de  m'aimer,  etqui  mourut  I'an  16  io 


7<M  I.KTTHKS    I)K    111  I    I'ATIN 

a  Kostoc  on  revenantde  Suede,  oil  il  etoitambassadeur  de  la 
n-iii"  Christine  vers  notre  roi.  II  a  ete  le  plus  savant  homme 
de  son  temps  avcc,  Saumaise.  Us  n'etoient  pas  tous  deux  du 
memo  avis  en  beaucoup  de  clioses ,  et  particulierement  en 
matiere  de  religion;  car  M.  Crotius  etoit  catholique  en  son 
ame,  et  s'alloit  declarer  des  qu'il  cut  ete  arrive.  Mais,  au 
contraire ,  M.  Saumaise  s'etoit  fait  de  romain  huguenot,  et 
disoit  qu'il  s'etonnoit  de  ce  que  tons  les  gens  d' esprit  ne 
faisoient  pas  de  meme  ,  vu  (jue  c'eloit  une  religion  fort  com- 
mode, qu'on  n'y  alloit  point  a  coni'esse,  qu'il  n'y  avoit  point 
de  purgatoire,  de  pretres  et  de  monies,  grands  coupeurs  de 
bourse,  ///  iimnim-  Domini ,  ni  depa|te.  ni  de  chapelets  ,  ni 
de  grains  benits  et  autres  bagatelles.  I  \iln. 
DC  Paris,  ce  19  dccembre  1071. 


LETTRE  DCCCXXXV.  -  Au  nwm<>. 

Depuis  le  19  decembre,  que  je  vous  ecrivis,  toutes  les 
villes  de  Picardie  et  de  Champagne  sont  extremement  pleines 
de  soldats  qui  ne  sont  bons  (ju'a  la  guerre  ;  mais  contre  qui  ? 
personne  n'en  sail  rien.  O:i  dit  (jue  M.  de  Louvois  est  parti 
pour  (juel(|ue  affaire,  ct  qu'il  t;st  alle  en  Lorraine,  donton  lire 
diUV'rentes  conjectures  :  il  vaut  mieux  n'en  rien  dire.  Le 
mois  de  mars  viendra  (ju'on  se  mettra  en  campagne,  et  alors 
on  verra  Peffet. 

Nous  fumes  hier,  tout  le  College-Royal ,  les  dix-sept  pro- 
fesseurs  du  roi,  ehe/  M.  le  cardinal  de  liouillon  lui  laire  la 
]'('V(''i'ence ,  comme  ayant  ete  depuis  pen  noiiim«'  par  le  roi  a 
la  charge  de  gnuid-aumonier  de  France.  Le  rni  cst  notre 
maitre  et  foiiiiateur,  et  le  grand-aumiMiier  est  notre  directeur. 
C'e.sl  de  lui  tjue  nous  relevons  (>t  qui  nous  donne  nos  augmen- 
tations. M.  J.-U.  Moreau ,  (nomine  notre  syndic  en  1'absencede 
notre  doyen ,  (jiii  c.^t  M.  de  I'lavigny,  docteur  en  Sorbonne. 
lui  lit  une  petite  harangue  latine,  a  laijuelle  M.  le  cardinal 


\    KAI.CM.NEI.  7M 

de  Bouillon  repondit  sur-le-ehutiip,  aussi  en  latin,  lort  eie- 
gamment,  nous  promettant  qu'il  auroit  grand  soin  de  notre 
college. 

Nous  avons  perdu  un  des  n6tres,  qui  est  Florimond  Lan- 
glois,  age  de  soixante-cinq  ans.  II  a  I'ait  miracle  en  inourant; 
il  est  mort  sans  rendre  1'esprit ,  an  inoins  n'en  eut-il  jamais 
guere.  II  etoit  devenu  bete ,  et  est  mort  de  la  poudre  emett- 
que  d'un  moine.  II  n'y  a  guere  de  maladies ;  jamais  Paris  ne 
I'ut  si  sain  ni  si  sec.  Si  les  medecins  ne  ineurent  de  faiin ,  au 
nioins  il  y  en  a  de  bien  empeches  de  leur  contenance. 

On  crie  ici  la  prise  de  Jerusalem  par  les  Arabes,  niais  le 
bruit  des  coups  de  canon  ne  pent  pas  venir  jusqu'a  nous.  On 
dit  (jue  le  roi  ira  a  Chalons  et  a  Metz.  II  y  en  a  qui  parlentdu 
siege  de  Strasbourg  on  de  Cologne  ,  niais  d  n'y  a  rien  de  cer- 
tain. Tout  ce  (jiie  je  vous  puis  dire  de  tres  assure  est  que  je 
suis  tout  a  vous,  etc. 

l)e  l'aris,  le  31  decembre  1071. 


LETTKK  DCCCXXXVI.       .{«  ///,;//„<. 

Je  viens  d'apprendre  du  jeune  van  der  Linden ,  que  M.  (Iro- 
novius  est  mort  a  Leyden.  II  restoit  presijue  tout  seul  du 
nombre  des  savants  de  Hollande.  II  n'est  plus  dans  ce  pays- 
la  de  gens  fails  comme  Josepli  Scaliger,  liaudius,  Heinsius  , 
Salmasius  et  Grotius.  .le  viens  aussi  d'apprendre  par  des  let- 
Ires  de  Bruxelles,  (jue  M.  IMempius,  celebre  proi'esseur  en 
inedecine,  est  mort  le  1-2  decembre  dernier.  Adieu  la  bonne 
doctrine  en  ce  pays-la.  Descartes  et  les  cbimistes  ignorants 
taclient  de  tout  gater,  taut  en  philosophic  (ju'en  bonne  inede- 
cine (i).  Ce  M.  Plempius  etoit  un  savant  bomme,  llollandois 

1,  On  nc  coiK'oil  pas  conniii'Mt  (iiii  I'alin  ,  Oft  c^pnt  si  licr,  >i  eleve, 
si  (lej',;![',«  do  luvjiii'/'s,  puisso  purler  ainsi  de  Pilluslre  Descartes.  O 
philosoplic  joui«sail  iiourlant  a!or>  d'unc  (jrande  rrpulalion  ,  >a  Mc- 
t/iude  ayaul  jtani  en  1GI57  :  il  \  avail  par  consequent  liente-rinq  an>  a 


796  LKTTUKS    UE    l.L'I    i'ATl.N. 

de  nation  ,  et  huguenot,  qui  BO  (it  cutholique  pour  etre  pro- 
fesseur  a  Louvaiu.  11  (lit  un  jour  a  M.  Hiulaii ,  qui  me  le  re- 
dit :  Si  MM.  les  Elats  veulent  me  clonner  uue  de  leurs  charges 
de  professeur  en  medecine  a  Leyden  ,  je  me  ref'erai  huguenot , 
et  irai  demeurer  chez  eux.  Que  ne  feroit-on  pas  aujourd'hui 
pour  gagner  sa  vie?  C'est  qu'il  ttoit  des  ce  temps-la  mal  paye 
de  ses  gages,  et  je  crois  que  c'est  encore  pis  a  present  a  ceux 
qui  restent.  Le  roi  a  fort  bien  recu  M.  de  Pomponne,qui  a  fait 
serment  de  sa  charge ,  qu'il  exerce  deja  avec  beaucoup  d'hon- 
neur.  Le  ciioix  que  le  roi  en  a  fait  me  semble  presque  mira- 
culeux  .  parmi  taut  de  competiteurs  qui  s'y  presentoient  en 
t'oule.  Je  suis  ,  etc. 

De  Paris ,  le  22  Janvier  1672  (1). 

1'epoque  de  celte  leltre  de  Gui  Palin.  Triste  exctnple  du  jugement  dcs 
hommes  sur  les  genies  contemporaias  !  (U.  1'.) 

(1)  Cetlc  letlre  est  la  dernierc  que  nous  commissions  ,  elle  fat  ecrite 
quelque  temps  avant  la  inort  de  1'auleur.  On  voit  aisement  que ,  mal^re 
I'ener^ie  de  son  caractere ,  inal^re  ses  vivaciles ,  ses  iougues  d'indi- 
gnation  et  de  colerc  ,  Gui  Palin  avail  pourlant  unc  amc  tendre  et  affec- 
tueuse  ;  il  en  donne  souvenl  des  preuvcs  pour  les  siens,  pour  ses  amis, 
ses  bienlaitcurs ,  ses  proteges  ;  el  lui  aussi  aurail  pu  dire  :  Personne 
ne  m'a  aime  que  je  ne  le  lui  die  bicn  rendu.  Mais  la  inort  de  ses  en- 
iants  ,  lingralilude  de  rainc  ,  Texil  dc  son  cher  (larolus  ,  les  conli- 
nuellcs  atta(iues  de  ses  ennemis,  allererenl  sa  sanle.  Force  d'approcher 
de  ses  levrcs  cellc  coujte  d'amertume  ,  fatigue  par  1'age ,  les  travaux 
ct  le  chagrin  ,  il  succomba  a  la  suite  d'unc  pleuresie  ,  an  mois  d'aoul 
suivant.  On  1  inhunia  dans  1'eglise  de  Saint-Gcrmain-l'Auxerrois  sa 
paroisse.  C'esl  la  que  sont  ses  reslcs ,  si ,  apres  deux  siecles,  il  reste 
quclque  chose  dcnotrc  miserable  corps. 

I'auvre  Gui  Palin  !  qu'il  repose  en  paix  dans  1'eteinile,  el  que  son 
notn  soil  longlemps  encore  illuslrc  parmi  les  homines  !  (H.  P.) 


KIN    DU    TROISIKME    ET    UE11MKK    VOLUME. 


TABLE   ALPHABETIQUE 


DBS  PEHSONNAGES  ET  DES   MUNCU'AUX   FAITS 


MKSri()»KS    D^NS    CKT    Ot:VRAOF.. 


ABF.U.LF.  (Scip. ),  chirurgien.  Ill, 
663. 

Academic  francaise  ( I' ).  —  ties 
beaux  csprils.  11,  382  el  note. 

AIUM  (le  pi-re),  jesuile.  I,  268.  II, 
I  ,  164. 

ADF.II  (Guill. ),  medecin  do  Tou- 
louse. II ,  177,  note. 

Administ  rat  curs  rfcs  hdpitaux. 
Question  tie  preseance  entre  eux  el 
Ics  medecins.  11 ,  538,  539,  540,  541. 

Nonius,  Corbolieiisis  ( Gilles  de 
C.orbeil),  inedccin  tin  \iuc  siecle.  I, 
80  et  note. 

Ar.i-F.ssB.ti:  (d').  Sa  morl.  I,  2/15. 

AIGLILLON  (ducliesse  d') ,  .Marie  de 
Vignerot ,  niece  de  Richelieu.  1 ,  226, 
«2/i,494,  522.  II,  22,  213,  2(i,  214.— 
Son  proci's  conlrc  le  duo  d'Orleuns, 
30 1,  331. 

AkAKi.t  (Martin),  me.  .loom  de  Paris. 
F,  367.  II,  155,  -168  et  note,  228. 

AI.AIS  (cointe  d' ) ,  gouverneur  tie 
Province .  Troubles  de  Provence.  I , 
155,  175,  466,  492,  494,  526.  II, 
(il,  S2. 

AutF.  (due  d').  I,  521.  Ill,  ISO. 

AI.HUKT  (marechal  d').  Ill,  770. 

AI.IIHF.T  (ilur  d'),  rardina!  de  Uoiiil- 
lon.  Ill,  703. 

Ai.niiox  AMU  s.  Publication  de  scs 
irinrer*.  II,  401. 

\I.I\\MH;K  VI  ,  papc.  II,  481. 

AI.K.\VM>I:F.  VII  (Clii.u;i).  Pape.  II, 
Hill,  23'.»,  3'J'i,  •"•'.|">,  'il  'i-  HI,  I  I7- 


ALIBOLX  (d').  II,  509. 
ALICRE  (d*),  directeur  des  finanres. 
II,  310. 

\ I.K.I. i,  (,'0,  lc  capitaine,  His  du 
chancellor.  II,  418. 

AI.I.NCOLRT  (d1).  I,  326. 

ALI.U.N  (U.),  medecin  de  Paris,  I, 
217,  264,  453.  II,  211.  Ill,  51,  55. 

AI.I.EN.  I,  57,  58,  59,  63,  66,  67. 

ALLIOT,  medecin  dc  Bar -le- Due. 
Maladie  de  la  reine-mere.  Ill,  526. 

AI.MF.UA.S  (le  chevalier).  II,  13. 

ALSTF.DHS  (  J.-H. ).  Encyclopedia, 
1,  166,  262,  504.  II,  547. 

ALTIF.IU,  cardinal,  elti  papesous  le 
noin  de  Clement  X.  Ill,  743. 

ALIS  (des),  partisan.  II,  32(5. 

AMANT  (de  Saint-),  poetc.  I,  295. 

AMF.LOT,  premier  president  dc  la 
Conr  des  aides.  I,  471.  Ill,  387,  773. 

AMIOT,  medecin,  i  Gien.  I,  42;i. 

AMOLK  (de  Saint-),  janseniste.  I, 
195.  II,  488. 

AMVOT,  traducteur  de  Plutarque. 
I,  342. 

AMVISAII.T  (  Moise  ) ,  minislre  de 
Saumur.  II,  146,  48!>,  495.  Ill,  95, 
445. 

ANCHK  ( le  marquis  d').  Concino 
C.oncini ,  uiarechal  tie  France.  J,  I0(». 
428,  471.  II,  135,  203.  Ill,  2SS  cl 
note. 

AM;F.  (  du  Saint-).  I,  290.  II,   1ST. 

AMIFAOT.  I,  22. 

AMI  i .1.1.0  (Thorn.).  II,  ITii. 

.\ntl'l,ii.'i  (h's).  I, cur  caracti'-re.  II, 
4 is.  Ill,  I3'i,  1  'is,  as;,  ()<;<;. 

\MSSIIN,  lihraire,  a  I. MID.  Ill,  '|9I. 


70S 


TAIU.K. 


AMIOTI.KMF.  (dncd'),  Ills  nature) 
do  diaries  1\  et  de  .Marie  Toucliet. 

I,  ;?L'L>.  --  Sa  limit.  II,  50. 

A  vim  (due  d').  Sa  nai^sancc.  I, 
(iS,  .'59(5,  /iTO.  II,  227,  240,  ."20,  408.— 
Son  maria^c  avec  la  scrur  du  roi  d'An- 
Rleteire.  Ill,  262,  ">2S.— Saniorl,  782. 

A  WAT  ^le  pere),  jcsuite,  confes- 
senr  du  roi.  II,  130,  170,  190,  231, 
268,  ;i92cl  note,  ill,  751. 

A>M:i>1Ai  THICHK,  reiue-nicre.  1.58 
et  note,  ><8,  90,  150.  -  Ses  liberalites 
envcrs  les  conrtisans,  291.  — Sa  puis- 
sance, 298.  —  All'aires  dcs  barricades, 
.'i 05,  ,'|07.  —  Saretraito  a  Saint-Cer- 
maiii,  /i2/i,  427,  428,  430.— Knlrevue 
aver  les  deputes  du  Parh  nient  a  Saiul- 
(iermain,  433.  — Pai\  conclue  aver  le 
Parlenicnt ,  dite  paix  de  Hevel,  470. 

II,  70.  —  Son   iiicljrunlablc  altachc- 
incnt  pour  Maza riii,  .'551  nole,  58i>, 
588.  Ill,  307,  310,  345,  4'iO.  -  Sa 
maladie,  493,  494,  498,  499,  512. 
—  Sa  mort,  579,  580. 

Aiinccs  climatfriques,  I,  391. 

AMT.III.  (d').  I,  104. 

Anliiiidinr  (I1).  I,  77,  175. — Dem-Is 
dn  hi  Faculte  et  arrct  du  Parlcmcnl 
roiilre,  I'.U  ;  c-t pour rantiinoinc.  Ill, 
009.  —  I,  514.  II,  l.'iii,  192,  198  e! 
nole,  443  et  note,  459,  475,  550,5(53, 
56 '4,  572. — Stibii  nc.rtf  rind/CHC,  577. 

III,  12. —  1/antimoine    trioiiipliaut 
et  la  le^endc  anliinoniale,  18,20,23, 
27,  8li,  88,  89,  90,   257,  258,  600, 
(iOl,  60'J. 

A-STIN  (  le  marquis  d' ).   Ill,  39<i. 

A>TOI\E,  cardinal,  grand-aumonier 
de  France.  I,  192,  198,  227.  II,  232. 

Apothiniircs.  I,  11,  23,  31,  173.— 
Proces  c outre  Gui  Patin  ,  leur  ron- 
dainnalion.  136,  2C8,  214,  518,  219, 
228,  229,  356,  453,  454,  455,  506, 
")!<i.  II,  196,  ."79,  459,  475,503, 
5(i 'i,  507.  —  Us  devaient  preter  srr- 
nuiil  an\  medecins.  Ill,  I7'i,  18(>, 
ll'l  ,  203,  25S,  559.  —  I),  liuili le 


Anu;o,  nieinhre  do  1'Inslilui.  II, 
189  nole. 

ARKKNCOI-UT  (mademoiselle  d').  II, 
373. 

AncKNSo'.  (d').  I,  155.  Troubles  de 
Bordeaux.  II,  521. 

Anoorcr.s  (  d'  ) ,  inailro  des  re- 
quotes,  etc.  Ill,  350. 

AHMAGNAC  (conite  d').  II,  94,  142. 

AIINUD,  medecin  de  Montpellier, 
anlenr  d'lui  litre  contre  (I.  Putin  in- 
tilule  :  I'iilinus  rcrlicralns.  I,  479. 

II,  52,  136,  42'j,  552,  563,  564,  565, 
572,  575. 

AR.VAIMI  (Antoine),  docteur  en 
theologie  et  philosophe,  surnoinmele 
p;rai)d  Arnauld.  I,  1  12.  —  S;i  lulte  eon- 
Ire  les jesuiles,  1 19,  3?2.  II,  1  '|9,  199 
229,  233.  -  Son  portrait,  237,  239. 
323.  ill,  91,  689,  734. 

AKNALI.D  D'AMMI.I.Y  (Robert),  frere 
du  pircedeiit,  traduct.  de  Fl.  Josephe. 

III,  562. 

AICNAILO  D'AXDILLY,  seigneur  de 
Pomponne,  ne\eu  du  celebre  Ant.  Ar- 
nanld.  Ill,  397. 

Ai;riA(:\\\  (d'),  guerre  de  Flandre. 
Ill,  651. 

ASSKIIU;  (marquis  d').  II,  201. 

ASTISIC  (.1.),  celebiv  medecin  de 
Paris.  Ill ,  554  nole. 

ArnciiY  (I,.  Don.),  t'-veque  d'Au- 
tun,  Misloire  ('es  cardinaiix.  I,  487. 

II,  87,  301,  382. 
AriiKiiis  (des).  II,  199. 

Arnr.ia  (Anl.),  Histoire  du  car- 
dinal de  niche-lieu.  I,  488.  II,  331, 
460. 

(marquis  d').  J,  404. 
HTiN.  I,  359. 

NK  (Francoise  d'),  feinine  de 
Scarrou,  [niis  inadaine  de  Mainlenon. 

III,  275,  nole. 

AI:I;K;M;:  (  Theodore-  Affrippa  d'). 
|  II,  1:'0,  123  et  note,  121. 

Ai  iM.ioi  \  (citnile  d').  II,    1  06. 

AM;I:\I  (d'),  lieutenant  civil.  Ill, 
613,  751. 

Ai  r.iii,  (lit  I'lobcrl-le-Diable,  presi- 
dent des  coniptes.  II,  27(1. 


TABLE. 


Ai'Biiv  (Pabbe  J.  (P),  inedcciii  do 
Mnnl|N>llitT.  II,  326,  327,  332. 

Arc.iKi!,  pr&licateur.  II,  98. 

AIMAI.K  (I'abbe  (P).  II,  72. 

AIMU.K  (mademoiselle  d'),  reine 
de  Portugal.  Ill,  597. 


UAI.I.Y,   rliirurgien    d'Alenron.   I, 


.175,  /iH9. 


liu.rii  \/. u; ,  mailre  des  requcUs. 
Ill,  530. 

B.u./.u:  (de).  I,  34,  47,  115,  140, 
142,  181.  II,  25. —  Pnrnllele  enlre 


AIMO.NT  ( le  inareohal  d' ),  gouver-  i  Bal/.ar  el  Voilnre,  559.  Ill ,  95.  —  Sa 


ncMir  (h-  Boulogne,  fait  prisonnior  a 
Ostonde.  I,  197.  II,  394,  395,  427. 
Ill,  568. 

Auiricke  (la  maisnn  d').  Ill,  599 


morl,  I,  203  ct  note.  II,  115. 

BAR  (de),  gonvcrnourdo  Vincenne-. 

II,  16. 

BA  11  ADAS  (de),  t'veque  de  Noyon. 

III,  169. 

AVALX  (d'),  premier  president.  I,  |      BARADAS.  II,  267. 
460.  BAHAI>\T  (marquis  de) ,  pond  re  de 

AVAIX   (d') ,    snrintendanl   des  fi-  !  Tarlai  in  ,  Papolliicaire.  Ill,  460. 
nances,    plenipolcnliairo  a  Munsler.  '       BAHUI.I.ON    ( le  president).   I,  52, 
I,  104,  175,  290,  299,  S29,  395,  401,  i  363. 

407,  420.  11,21.  —  Sa  mort  et  son        BARXLIS,   inedecin  de  la  Conr.  1, 
apologio,  60,  61.  ;  12,  14,  168,  240,  286,  453,  488.  II, 

Arocals  (les).  I,  490.  HI,  178.          !  416.   Ill,  137. 


AVOGKOUI  (Marie  d'  ),  ducbcsse  de 
Mnntbazon.  Sa  mort.  II,  309  ot  note. 
AXTIIS  (J.-C.).  Notice  XI.HI. 
AYHAUT  (  le  pore).  Sa  doctrine.  I, 


BACC.ILS  (And.),  medecin  de  Rome. 
J,  182,  189. 

BACHOT  (  filienne  )  ,  inedecin  el 
poete.  Notice,  XLIX.  11,  101.  Ill,  687 


Bvcox  (Fr.),  le  cliancelier.  I,  20/i, 


BAISAVCI.  1,  508. 

Bum,  membredn  (lollepe  de<me- 
decins  de  Tro\es.  1,  22,  68,  73  et 
note,  245. 

I!  M;I;I  IIIN  (Antoine),  le  cardinal  , 
arrheveqiie  de  Beiins.  I,  193,  339. 
II,  317. 

BARBKIUN  (ieprefet).  11,520,521. 

BAIIRKKINK  (la  fainiHe).  1,71. 

BAHUF.L  in;  Bornn.  I,  391  nole. 

BARUIKR  (A.  -A.),  bibliolliccaire  de 
Napoleon.  Ill,  161  note. 

BAI<I:IKK,  imprimetir  de  Lyon.  I, 
331.  11,  120,  215. 


236.  —   Jugemcnl  de  (lui  1'atin.  II,  ]      BAUCI.W  (J.).  I,  25 'i,  3H2.  II,  318. 


Ul.  HI,  189. 

BADKV  (  marquis  de).  II,  115. 

BAGXKAI  x  (de).  Ill,  186. 

BAC.NY  (le  cardinal).  Sa  mort.  I,  81. 


Ill,  213et  nole. 

DAKKION.   I,  113,  114,  116,  118, 
119. 

BAIUOT  (Phi'ippe),  mailn1  des  re- 


quotes,  pendre  de  Keniel.  HI,  85. 
(le  president  de  ).  1,72,  I      B  \HJOT  (madame),  fi  lie  de  Kernel. 


290,  2'.<9,  309. 

liui.i.i.  1,  199. 

BAH.LOL  ((Jnill.).  Jnpcmenl  snr  ses 
oinraKes.  1,  27,  28,  31,  63,  65,  4:19, 
1/|3,  I'l/i,  31/i.  Ill,  (i96. 

l5\ii.i.Y,  axocal  ffeneral.  I,  38  'i. 

li  M.KSUKM.     I,    (i<». 

l>  M.I.KSTK.  ,  neven  (III  pen-  \nnat. 
II,  392. 


HI.  54. 

Buti.nT  (Ann.).  II,  170. 

Bun.  ores  ((ias|>ard),  pnele 
dais.  I,  37  'i. 

BMIMKS  (  le  p>'re).  1,  25.'>. 

Bu;o>  (  Hyacinllie-Theodore),  me- 
(lecin  de  I'aris.  Notice,  i\. 

BVI-.OMIS  ((ii^ar),  cardinal.  1.  139. 
II.   1  97.  .V_>3.  Ill,   I77. 


800 


TAHI.K. 


BARRA,  do  Lynn.  II,  245. 
BAHREUA  (ties).  Ill,  5l»8. 
Ihirricadcs  ( journees  des  ).  1 ,  de 
403  a  .'i2l  ot  note,  426. 

BAIIIIIIIS  (Gaspard).  I,  251. 
BAHTIIOUN  (Thomas).  Notice,  \i. 
J,  100,  204,  251.  II,  75,  141  ,  488. 
BAIIY.  II,  170. 

BASSET  (B.),  medecin  de  Lyon.  II, 
29H,  336,  350,  435.  Ill,  74. 

BASSTGM  (comic  do),  gouveriicur  de 
Sainl-O.'Jier.  II,  122. 

B  \ssoMriEiiiiE  (de).  I,  104,  293. 
BASSOMPIERIIE  (de),  eveque  de  \ain- 
les.  Ill,  764. 

BATAILLE,  avocat  de  llenaudot  dans 
son  proces  contre  la  l-'aculle.  I,  324. 
BALDHS  (D.).  I,  246.  II,  368,  532. 
Bunoui.v,  medecin.  II,  159. 
BAIIHHIN  (J.).  II,  287. 
BAUII.N  (Jerome).  II,  14,  24,  409, 
484. 

BAIHIN  (J.-C. ).  1,  377. 
BAI •QtKMARHK  (do),  president.  Ill, 
757. 

BUTRI  (Bernard),  avocat  du  Con- 
scil  ,  auteur  d'un  lihelle  conlre  le 
prince  de  Comic  et  M.  le  premier 
president.  1 ,  153,  443. 

B  A  i"  TIU  ,  niembrc  de  I1  Academic 
francaise.  II,  note,  19,  20. 

BAITIU-SERY  (de),  Ills  du  \ieux 
Baulru.  II,  185. 

BAMEKE  (leducde).  J,  72,  385.  II, 
183. 

B\YI.E  (Pierre).  Notice,  \\\i. 
BAZIN.  I,  14. 

BA/IMEUE  (de  la).  II,  379.  Ill, 
717. 

BAZI.MERE  (mademoiselle  de  la).  II, 
185. 

BA/.IMKKF.  (madanicde  la).  II,  185. 
BE/OI  T  (E.  ),  matheinalicicn.   II, 
356,  nole. 

BE  (M.  le).  I,  48. 

Br.AirouT  (dnc(k-),  surnomme  roi 

ties  froiuleurs  on  roideshalles.  1, 153, 

175,  179,   29S.  —  Barricades,  404, 

40S,   415,  'i5S,  462,  470,  4SI  ,  50S. 

II,   1  li,  55,  ."'Hi. —  S:l  "rare,  513.  51  'i, 


520,  545,  553,  568.  Ill,  003.  —  IV- 
faite  des  Anglais,  696,  702,  708. 

BEAII.IEI.'  ,  minislre  geno\ois.  I  , 
238.  II  ,  439. 

BEAUMONT  DE  PKIIKUVF.  (H.),  pnS- 
cepteur  de  Louis  XIV.  I,  335,  447. 

II,  244,  452.  111.  303. 
BEALIUI.NS  (Pierre),    mcdecin   de 

Paris.  Ill,  773,  775. 

BEAIVAIS  (madame  de),  premiere 
femme  d--  chambre  de  la  reine.  I,  163, 
500.  II,  331.  Ill,  433. 

BECKEU.  I,  457,  466. 

BEDA  DES  FOLGEUAIS  (filie),  mt^de- 
cin  de  Paris.  I,  233,  245,  392,401.  II, 
39,  63,  154,  473,  587,  595.  Ill,  130, 
134.—  Maladie  dc  Mazarin,  339,  556, 
et  nole  660,  661. 

BEGIN  (L.-J.),  nicmbre  de  1'Acade- 
inie  royale  demedccine.  Ill,  181  note. 

BKGIIV,  I,    178. 

BKJAKT  ( le  comedicn).  Ill,  138. 

BEJ.ART  ( filisabeth-Armandine-Cre- 
/.inde-(',laire),  femme  de  Moliere.  Ill, 
138  et  nole. 

BELA'ITHE  (Picole  dc).  II,  227,  322. 

III,  235,  676. 

BI.I.VY  (N.),  deBlois.  II,  247.      . 

BKI.KOMW  (de),  lieutenant-general. 
Ill,  r,.',s. 

l>i  i. IN  (pere  (t  (ils),  inedrciiis,  a 
Troycs ,  correspondanls  et  amis  de 
(iui  Patin  ;  il  leur  adresse  les  Leltn  s  I 
a  CLJ1I.  I,  1  a  25S. 

BF.I.LAKMIN,  cardinal.  11,  364,  478. 

BEI.I.  VY   ( (luillaume  du).  II,  480. 

BEI.I.AY  (Tevequo  de).  I,  273.  — 
Delinition  de  la  politique.  Ill,  531  el 
nole. 

BEI.I.EIIULNE  (  de  ) ,  gouverneur  do 
llesdin.  II,  378. 

BEI.LETILI.E  ( le  pere).  Ill,  158. 

BKI.I.K.VAI.  (Martin-Richer,  de),  pro- 
fesseur  et  cliancelier  de  la  Facullc  de 
Monlpellier.  I,  78,  80,  207.  II,  259, 
498.  Ill,  35.  — Sa  inorl,  463  ct  nole. 

r>i.i.i.ii\  in. ,  premier  president  du 
Parlemenl.  I  ,  35,  192,  223,  22 'i.  II, 
169,  225,  2S6.  —  Sa  moil,  32.  Ill, 


TABLE. 


801 


RF.U.IEVRE  (Pomponne  de),  p'lre  du 
precedent.   II,  32.  —  La   famille  de  ' 
Bellievre,  201. 

BELLKGET,  professcur  au  College  dc 
Navarre.  II,  478. 

BEXARD  DE  RE/E.  II,  225. 
BEXXKT  (Chrislophe),  medccin.  II, 
276  note. 

BEXOISE,  consciller.  Ill,  305,  009. 
BE.XOIT,  medecin  de  Sauumr.  II, 
120,  134,  498.  Ill,  37. 

BE.XSERAOE  (de),  liiteraleur.  Ill,  628, 
G87. 

BEXTKOGLIO,  cardinal.  I,  120,  339. 
BKRUT,    medecin     de    Paris.    Sa 
raort.  I,  130. 

BERXAGE,  aumunicr  du  roi.  Barri- 
cades. I,  407. 

BERNAY    (de)  ,    conseillcr   de    la 
Grand'Cbambre.  II,  70. 

BKIIXIKH,  voyageur.  II,  277. 
BERKIER,  premier  commis  dc  Col- 
bert. Ill,  447. 

BERSI-MALOX.  II,  147. 
BEKTAU.T.  II,  7H. 
BERTKT  (  e  per.-).  II,  171.  Ill,  435. 
BERTHKUX.  I,  469. 
BERTIF.X,  libraire.  I,  257. 
BERTIER,  eveque  de  Monlauban.  II, 
275. 

BERTHS  (P.).  I,  247. 
BERTRAM),  cliirurgien  de  la  rcine- 
merc.  Ill,  553. 

BF.RVI.LE  (de),  cardinal.  I,  493. 
BESS  utiov,  cardinal.  Ce  qu'il  pen- 
sail  des  miracles.  I,  223  note. 
BESSET.  II,  112. 

BETHCNE  (mademoiselle  de).  11,301. 
BKTIHXK  (de).  I,  3(>7. 
BEINIM:III:X  (de) ,  ambassadeur  de 
Holland.-.  Ill,  6ii2. 

I'KHE  (de  Sainle-),  professenr  de 
Ihcologic  a  la  Sorbonnc.  II,  240. 

BF.VF.KOMCH  s  ,  medecin  de  Dor- 
drechl,  auteur  dedi\ors  ouvrap'S  de 
medecin.',  et  en  parliculicr  d'un  li\r. 
inlilule  Mrdirii'  f/ia'.s/u'/if.s  episliilictt; 
I,  114.  279. 

BEYF.KI.I.XCK  (L.),  anleur  du  '1'hcu- 
triDii  rittv  Ituiitanu;  I,  216,  394. 
BE/K  (Theodore  de),  ministre  pro- 
Ill. 


leslaiil  a  Geneve.  I'ic  ile  Cnthrrinr  dr 
Mftlicis  et  Mcmaircs  dc  Charles  1\.  I, 
227,256.  II,  30(5,  400.  Ill,  51,  730. 

BE/O.NS  (de).  I,  192.  Ill,  79 1'. 

BIASSAC  (madame  de).  1,  102,  104, 
290. 

Ilibliomanic.  II,  123,  144etno;e. 

II,  30. 

i:;bli,:l/i,;iitc  M<t:<irhic  (la).  Ill, 
1,  2  ( t  note,  533. 

BICAIS,  professeur  a  Aix.  Ill,  525. 

BICIII,  cardinal.  I,  227.  II,  324. 

BIDAL.  II,  37,  324,  3'i7,  386. 

BIKNUSK,  riiiriir^ion  de  Tanneede 
Hiindre.  Ill,  (502. 

Bi(;xoN,  inocat-^eneral.  Lcs  barri- 
cades. I,  417,  423.  II,  47,  143. 

Bir.or,  eoinnienlateur  de  l-'l.  Jose- 
plie.  Ill,  77. 

BII.LAIXE.  II,  165,  169. 

BINET    lep're).  Ill,  258. 

BintrET.  I,  17. 

P.IKON  (la  pie.^ideiHe  de).  Ill,  433. 

BITAI  r  (de),  conseiller  a  la  C^our. 
1,  431.  II,  604. 

BITUT  OK  CiiiSK,  grand  frondeur. 

III,  150. 

Bi.  VET,  libraire  liollandais.  1,  25(i. 

Iti.AisE,  libraire  a  Paris.  I,  21S. 

BLAMPIG.VO.N,  doclcur  en  medicine 
et  syndic  du  college  des  inedecins  a 
Troyes.  I,  15,  54.  —  G.  Palin  lui 
adresse  la  xi.vic  letlre  relutive  a  une 
alFaire  ilr  preseance  entre  les  membres 
du  college  medical  dc  Troyes.  73,  77, 
79,  137,  140,  142  ti  note,  Kill,  195. 

BLAXC  (Ic),  docteur  en  droil.  Ill , 
430. 

BI.AXCMESMI.  (Ic  president  de),  I'mi 
des  principauv  frondeurs.  I,  15S,  225, 
260,  524.  —  I.es  barricades,  404.  II, 
555. 

Bi.oMu-.i.,  prof.'ssciir  au  (lollege  de 
France.  Ill,  SO. 

r.i.oNDK.i.  (l)a\iil),  minislre  prolrs- 
lanl  a  Cbnrenlon.  I.ixre  </<•  l,t  I'ri- 
in  nil,  d, •  r/-;:;lis<:  I,  j;is,  139,  421. 
—  (ionlrela  p;ipe»e  Jeanne.  II,  172 
et  note,  199. 

BI.OXDEI.  (Tr.),  medecin  de  Pari<. 
I,  :M'i  el  note,  220.  II,  1 1  9,  2'47,  454, 

51 


Sii'2 


40:1.   Ill,   71. —  Kin  doyen,  *'S.  —  !  dc  ix.mln-iiscs  galiVcs  sur  les  Kspa- 
Ailaire  Con-is,  204,  277,  280,  287,  !  Rimls.    I,    72.   —   Sa   disgrace,   8.1. 


:118  cl  note,  52,'i,  590,  (iOO  nolr. 

Mori:,  i,  54. 


lloi'.ni.i.  Ill,  07  notp  ;  429  nolp. 
MoiuiiKii,  iiilcndanl  dps  finances  r  t 
lioiii  MIT  (Samuel),  minislrp  pro-  I  grand  parlisau.  ill,  205. 
leslant  dc  Caen.  I.  25  let  note.  II,  .'17,  I       UOUN  (Ic  cointp  rlc).  Onvrage  sur  IP 


.'it.  Ill,   102,  408,  'i.'i.'i  ct    nolp,  051. 

lloniN    (.1.),  aulcur  dc  lii  Dcnmno- 

iixini,:  I,  30'1.  II,  .180.  HI,  G7i)i'l  nolc. 


moincs.  Ill,  7.'S5. 


Dosoi  i-.r,  i'M"'(|iio  ileMonlpellicr.  Tl, 
7. 

l!ossrr.r  (.1.  I5enip;ne),  L-vi'qup  dc 
cour.  1,  17,  LOS.  II,  218,  ,'i.">7.  Ill,  M«'au\.  I,  :>:>:',  nolf.  1  1  1,  720.  72  1  ,  70'i, 
li'.Ki,  09  1. 

r.OKHIlAVVK    (II.).    I,    27,    20f)t)OtOS. 

BOII.KM:,  ^rollicr,  pore  du  porloce-         |;OTAL,  tnedpcin.  I,  2(i5  ctnolo,  .'i.'iO. 

11(11  ,11  Mill.    II,    1  10. 


HOII.KM  ,   pot'-tp.    I,   51P.   Ill,    172, 


lioii.i:u::,  intcndant  des  finances.  II, 
233,  4,'J8.  Ill,  393. 

lioii.F.vr. ,  evcqiip  d'Avranches.  II, 

l!ois-Mon\Nn  (dc).  II,  99. 

llois-HonKiu  (Talihe).  II,  179. 

Mi  i^siia  (S.),  premier  president  dc 
la  Cluunbre  des  Comptes.  II,  135, 
4:11.  Ill,  288. 

llo.MI'AIN.  1,    54. 

MoMivvuT  (Marcellin).  I,  '171. 

UONV  ( le  pcre),  cardinal.  Ill,  725. 

HONI.T  (Tit.),  mederiu  dc  Ccnc\e. 
Ill,  017,  090. 

15i)Mi-:i:,  medecin.  T,   1 3. 

MoNM.At,  famciix  partisan.  I,  .41  .'5, 
4S2.  II,  477,  552.  Ill,  415. 

HoNNF.FOi  s  (dc).  Popine  sur  la  niort 
(!u  rloyen  Tarticr.  I.  03. 

Mo.N-M'.ssON  ( Ic  marquis  rlc),  chef  lie 
la  conspiralion  dile  des  Sahoticrs.  Ill, 
101,  -170. 


liovm  s,  mcdi  ciu.  I,  .'S8S. 

li().\/i  (  dc  ) ,  arclic\c<[iic  dp  Tou- 
louse. Ill,  7h9. 

I'.ooi  (. \ni.),  nmlpe'm  anglais.  II, 
29.  Ill,  19. 

I'looi  i.r,  iiioiiic.  1 1,  .'108,  .'177. 


Ron .IIKIIAT,  maitrc  des  comptcs. 
Ill,  408,  779. 

iioi  CIIKT,  inedecin  dp  Paris.  II,  8. 

l)0i  (.  i :  i.  r,  president  dc  Dijon.  II,  105. 

Mot .1101  us  (le  pcrc).  ]\~olice,  \\x\r. 

lloru.i.vi  n,  professenrde  la  Faculle 
dc  merlpcinede  Paris.  Ill,  399  notp. 

Hoi  M.I.O.N  (le  cardinal  rlc  .  Ill,  775, 
79:i,  794. 

Mm  ii.i.oN-Si:i)A\  (due  dc\  I,  92, 
."2S.  —  P.arricades,  404,  410,  420, 
520.  11,  9,  13,  11,  508. 

llrii  II.I.«IN-S!.I>\\  madanic  de).  I, 
412,  519.  II,  2,  333,  513. 

Moi.ioNNir.ii  .' lf'ranciiis  ) ,  mcdecin 
dc  Paris.  Ill,  530. 

hoi  .loNMi  i;  (.lac(|iics  ,  nicrlpcin  de 
P.u-is.  I,  19,  453.  Ill,  017. 

Moii.  VNU--.II  .x  IP  pr&idenl),  prtivot 


Mot  i.  vi   (du),  aulcur  do  rilisl.  dc 


I'oii. ur.  (marquis  dp  la).  Uarri- 
cadcs.  I,  401,  415,  508.  — Son  am- 
niMip.  II,  i;i. 

Mm  1. 1:.  1 1,  2rt7. 

lloi  I'.IION  (mademoiselle  dp),  fille 
rln  |)rincp  dc  Conrlp.  Ill,  2li.'i. 

Iliu  ni!o\  (Ic  due  dp).  Ill,  755. 

I)0i  r.ijov  (Nicolas  de),  jmi'csspur  an 


'S.   —   S/s    \cr- 


mu.F 


Bmnnu.oir.  (Ic  pere),  cclclire  pre- 
dicalcur.  Ill,  729. 

BOIRDKI.OT  (Pierro-Miclion),  niede- 

(  in  lie  111  ii'ilic  <  .III  isline  ,  Alilir.  I,  .'..'>, 

145  note,  107,  275,  2!)7,  51. '5  el  note. 
II,  5,  7",,  87,  88,  Hil,  207,  430.  Ill, 
52,  01. 

BofiiDON,  procurcnr  do  la  four, 
bean-frcre  de  (.',.  Putin.  Ill,  729. 

Boi  KCKOIS  (Henri),  medecin.  I,  2.'i5. 

BOURGEOIS  (J.),  medecin.  Ill,  22. 

BOURGEOIS  (Louise),  sagc-femme 
de  Marie  de  Medids.  II,  8. 

BOCRC.ES  (D.  de) ,  medecin  de  Paris. 

I,  51.  Jl,  1:55,  232,  248,  'i/O. 
BotnzKY  (I'alil.e  dc).  Ill,  490. 
BOISOIKT,  menibre  de  I'Academie 

royale  de  medecine.  Ill,  "II  nole. 

BoiTA.vr,  eveque  d'Aire  (barri- 
cades). 1,  /i  17. 

BOLTKMI.I.K  (de).  I,  413. 

BOUTEVII.I.K  (de),  gouverncurdeRo- 
eroy.  I,  427.  II,  78,  ,Vjy. 

I?OLTE\  II.I.E  (  niadanie  de  ).  Barri- 
cades. 1 ,  A l/i. 

BoiTHii.iKits,  sur-inlendanl  des  fi- 
nances. I,  104,  290. 

BOUTROM -CiiARi.AiiD,  iiieinbre  de 
1'Acadeinie  royale  de  inedecine.  I , 
26i  note. 

Boi"rs(le  pure  Le) ,  prexlicaleur. 

II,  :i79. 

BotvAiU)  (C.liavles),  premier  inede- 
cin  de  Louis  XIII.  1,  27,  32,  35,  71, 
8'4,  220,  22/i,  289,  312,  /i()9,  /i53.  II, 
203,  242,  243,  285,  588.  Ill,  7<i,  427, 
428.  —  Sa  inort.  I,  23(i.  Ill,  9(i. 

l)0i\or,  conseiller  de  la  ('.our  des 
Aides.  Allaire  de  l'ini|K)t  du  vin.  Ill, 
350. 

BOXHOIIMIS  (ZHcrius) ,  phiiolo^ue 
liiillandais.  II,  131. 

BO/./.O  (Ilieron.),  profcsseur  de  phi- 
losophic a  Pise.  Ill,  7.VJ. 

IiiiAtiiET(Theoph.).  I,  238.  Ill,  150. 

I5HASAVOLK  (MtSV-A.M'.).  II,  21)9. 

Bit \ss\c  (madainede).  I,  102,  lO'i. 
BI>A\O   (J.),    niededii  espasnol.    1, 
200.  II,  370. 

HiiAt'En,  medrrin  de  Paris.  I,  3iil, 


453.  Ill,  318.  —  MaladiedeMaiorin, 

339,  437,  785  et  note. 

BIU.DV  (de' ,  cure  de  Sainl-Aiulr£- 
des-Arls.  Ill,  55(i. 

BIIW.ET,  medecin  de  Paris.  I,  18r>. 
II,  1<>3. 

BIIET,  niedocinde  Paris.  I,  183. 

liner  (Le'',  doyen  des  coixeilleis 
d'f.tat.  Ill,  4fi. 

BIIETE.  II,  343. 

BIIETEIII.  (<le'.  Ill,  157. 

BRETF.L'II.-TO\\EL1RR.   II,  352. 

BRKTO.\  ((Jcor^es).  II,  319. 

BHETON   Le),  niL'decin.  II,  103. 

BiiEToixvii.i.iK.ns  (niadanie  de).  II, 
98. 

BIIKVAL  (le  marquis  de).  II,  354. 

BIIKZE,  inareclial  de  France.  1 ,  29, 
32,  35,  88,  520. 

BHIASSO.N  (Anloine  ,  libraire.  Xo- 
tice,  i. in. 

BIUCO.WKT,  maitre des  requetes.  I, 
431. 

UiuniKr,  gouverneur  de  Guise.  IF, 
28,  135. 

liiiiE.\.\E  (le  comlede).  II,  231.  Ill, 
455,  020. 

BHIEWK  (niadanie  de).  II,  207. 

15iiis.vcii.u  (de),  inleiidanl  des  fi- 
nances. 11,  438. 

HIIISSU;  (due  de).    II,    417,  401. 

liuissu;  (niadanie  la  duchessu  de). 

II,  417.  Ill,  377. 

BKISSE,  partisan.  11 1,  47 'i. 

Biiu.r  (lepeie).  Auteur  d'nne  geo- 
graphie.  1 ,  1  '(2,  230. 

BHIQUET,  avocat-general.  1,  308. 

Biioni.io  (lecomte  de),  gendre  du 
president  de  Lamoi^non.  11,  245. 

III,  0(i'i. 

I)i;ossr.^-(ii  KM-OM  i)  (de).  Ill,  757. 

Br.ossKTiE  ,  eclieun  de  L\on.  No- 
tice, i. in. 

BniissiEii  (Marllie),  prelenduc  de- 
nioniaqiic.  I,  30;'.. 

BIUHSSK.  II,  59S. 

BiiotssEi.  (de) ,    conseiller    en    la 
Ciaiid'Clianihrc.    I,   158,211,200, 
40  i,  52  i.  Ill,  3s,  !!ii. 
BIII>ISM-I.  (de)  111-.  Barricades.  I,  40'i. 


804  TABLE. 

:i, ,   dortour  do  Navarre  ell      CAMKIMUH  s  i'.L  .  If,  I'M. 
rhanoinc  de  Saini-IIonoro,  jansenisle. 
11,  1. 


Buowx  (Thomas'),  mededn  a   Nor-         ('.AMIS  (Le),  uumonicr  (hi  ro'.  IFF, 
\\ieh,    aiilour  de    I'tfl!(/i>>  medic/.   1,     •!.' 
3'iO  ct  note,  o5/i.  II,  35  note,  oil.  C  \MI  s  f.F  ••;•,;!  i.i',\  ('u'qiiode  Boll.iy. 

Bin  N\;i-:n,  premier  medeeiii  flu  due 
d'Orleans.  II,  52,  103.  Ill,  55.1. 

I'.iasits,  ir.edi'c'm  eeossai?.  II,    7l;, 

3  i  a. 

BiiuYKH,  niedeein.  I,  II 9. 

r,iT.UA.s-\N  (<i.)»  hisloricn  e.t  po;";e. 
],-2::.H,  iT.'i.  ll,olS.  Ill,  lo.'i,  321,609.  j  i,  :;:?,  '48. 

BITKIXGIIAM  (due  de),  ambassadeur        (!•.  \nvi.i-:   (do),    I'd.-1,  du   mairclia! 
d'An-loloiTO.  II,  20.'!.  Ill,  7<iO.  fri-Npornoii.  II,   10G,  ,'500,  ;$73,  37ii. 

BIDK  ((Juillaumi-).  I,  :!.">9.  I  III,  :',!. 


(!  \insvr,  iiji'-dooin  do  Troves.  I, 
72,  S7. 

(!AMISVT  ( lo  rlianoine) ,  cilo  jiotir 
son  onuiilio!).  I,  7!),  SO,  K.">,  S,"). 

('.\-.\M-.    Ph.  do),  plenipolenliaire. 


BIISSON  (du).   Ill,  120. 

Bt:i.K\cKui:s  (Julius-Cesar).  111,007. 

BULLION  (  do  )  ,  suriiitendimt  dos 
linances.  1 ,  35,  09,  70,  350. 

BINCKKN  (Christian),  mudecin.  II, 
355. 

Bi  DAT ,  avncat.  Ill,  5.1.1. 


Candldalx.  I,  49. 

C.U'KL,  ministre  ponevois.  I,  238, 

C\r<i\.  inedecin  do  I'aris.  II ,  173. 
C'.i;  \i.i.\r.   (marquis  do),    }voi!or,i! 
espagno!.  I,  217. 

CAUHTK  (Charli  s),    cardinal.   IF, 


d'une  llish'lrc  dr  /'Vc./icc.  I,  25(5.  IF, 
400.  Ill,  728. 

BISSV-LAMF.T,  I,  'i7. 


5(59. 

BrzK\VAi.  (do).  II,  2<i. 


CACIIKT,  modeoin  de  Lorraine.  1,  K'i. 
C \DF.AI.  II,  230. 


CAUI>V:\  (Jerome).  Autour  du  I'tili- 
tdtc  c,r  (tdcei'siii  cupicndii,  I,  29,  IIS, 
227  iiole,  2.17.  —  I'uMicaliou  de  s<  . 
do).  HI,  525,  530,  |  u-uvres.  11,  105,  312,  1S7  it  note. 

Curdiiiiil  deliuilion  i'u  ).  11,  37i), 
533,  597.  Ill,  202. 

C.AKi.ir.r,.  lie  volt;1  de  liosdiu.  11.383. 

CAUVAVAI.F.T  (de,.  1,  519.  II,  3. 

CAIIM:AV,  moine  eoleslin.  II,  92  et 
93  note. 

Cuii'r.vriKii  ,' Jacques;,  |)rofcs^onr 
(in  College  do  l''rance.  I,  178.  -  Saint- 
Barlhelemy,  300.  11,  337. 

C.Yiii'KNTiKR  ( le  pi-re),  moine  au- 
-uMii!.  Ill,  218. 

CAHTKKON  ,   impi  imcur  a  Lvon.   I, 


(',AI.PHI-:M':I)I:  (madaine  do  la;.  Ill, 


du  Daiiphino ,  Ills  de  Sofroy  do  Cali- 

i.  Ill,  .131.  (', \SAII;O\   (Isaac),  philolocfue.  Siv 

fi'iivres.  1,  51),  139,  222.  —  I'lihlio  nni 

250. — Jiipfemeiit  sur  Calvin  par  Mo-  edilion  do  I' .\i!n'itcc ,  230,  302.   II, 

rus,  Turin,  Sralif?or,  J.  Tapiro-Masson,  131,   A7S,    ,181.    —  Sou  ainilie  aver 

Joan  de  Moulluc,  el  par  Gui  Patin.  II,  Si-alii;er.  Ill,  55S. 

550,  551.  C  \SIMIII  (le  prince),  roi  do  Polonne. 

CAMMIO.  II,   19.",.  I,  227,  232.  II,    1SS,   j«f),  211,  211. 


TAIJI.K. 


K05 


218,  22-i.       AbU'deSatiil-ticriuu'ii- I      CHAMPIER  (Synipliorieii),  niedeciii 
dcs-Prcs.  Ill,  73f..  '  de  l.yon.  Ill,  lO'i,   K.M>  d  iiolc. 

C.ASTM. \\,  docti  iir  de  l.i  Facnlle  tic  i       CimipioM  Me.',  hileiid.isit  do  jus- 
I'.iris.  premier  HH-  iecin  de  Hani   II  \  tiro  dc  Lynn.  II,  153.  lii,  572. 
apnsFernel.  —  Jn-opari;.  Palm.  I,  i       Cimii'i.vsniF.i  \  (do),  president  a 
1  12.  \  milt-tier.  I,   IH2. 

OASTKI.I.I  (Bailli/,  ;ni!t";r  ilu  /.r.n-         Cis  >.MI>I.OMI  'Ic  priSiik-nl).  I,  52.  11, 


cun  nittiiricm,  etc.  II,  'tl>5. 

C.ASTELVVL   UE   MACMSJIKRE   (  Mti- 

inoircs  dc;.  11,  ;;()'),  .101. 

CASTKKS  (Auderit:  do).  1,  51  1. 
(]\IKH>,  partisan.  Ill,  393. 
CATTIKH,  inuJuciii.  II,  137,  138. 

(lAlMAKTIN   ((!('.    I,    4~().    11,   3o2. 

,    uiailro   di'S    ix'tpuMis.  — 


Vcrs  stir  l;i   Diblioilii'qiic  .Mazurinc. 
Ill,  2. 

(>AIS  Sitloniaii  tie).  —  .Machine  u 
vapt'iir.  1,  .H'|8  c'l  iH'k1. 

C\LSS;N  (le  IK'I.',  ,  ji'-Miilc.  I,  !i'J  , 
105,  115,  iiiU,  K>3,  17'J,  oU'J.  11, 
i!>,  5:>7,  555.  Ill,  .'Jl'.t. 

CF.I.I.I  -.!'..  1!,  271. 

(!r.i.(ii;;i.\.  I,  51. 

CKI.OT  Mi;  pi'iv),  jil-uile.  I,  72,  258. 
II,  1-jii. 


15'i,  2()l».  Ill,  87. 

(iiiA\;:r  1!.,  ,  nirdecin  dc  La  Ho- 
chrlic.  I,  L"J5,  'i7:i.  II,  2'iO. 

(iii\M  r.  Ill,  J3I. 

(in \\VAI.ON  (di1),  archevcijuc  tie 
Iioiu'ii.  -  -  Noiuiiio  a  Paris.  Ill  , 
77/i. 

(iii\i>r.i.Ai\,  aiilnir  du  pni:inc  la 
/'//<•<•//(•  d' Orleans.  II,  133,  Ib8,  222. 


cointiiciHiilccr  lit:  \  ir^ilc  ct  ile'l'oilul- 


Ci;r.isi;-.i;  (Ic  p;T<>  II,  202. 
(j-:sAi.i'iN     (Andre),    incdrriii.    I, 

aot>. 

(li:\  \,  cardinal.  11,1  <>'i. 
<.!i-:/i  (ccinlc  di  ;.  11,  Al'J. 
(in  M.MS  '  li-  cn:n  I  c  tli'..  Ill,  o'Jli. 


(in  u'l-i.AiN   '.!.},   premier  mt-dccin 

do  Francois  II  Ct  dc  (iharks  IX.  I, 
112. 

(in  U'i-iz:.u.  II,  2.'i5. 

(.'li<irtiit'>n  ,lcs  r.iiniilrcs  dc  }.  II, 
250. 

Clmi-Ltliitm.  I,  17(i.  li,  10  ct  note, 
5<»5.  ill,  I  ss  el  note,  5.'i(i  el  nolc. 

(iiiAr.i.Ks   lcr,    roi   d'Aujjlelei  re.  I , 


ten''1,  lu'7,  o'J3  el  noU'.  —  S>i  moil.  I, 
2<i!  el  '|27. 

(iiiAiu.i.s  II,  roi  d'An^leleire.  I, 
252.  —  Son  i-\ii.  i  I ,.  1 1'i.  —  Son  se- 
jonr  a  1'atis,  121.  —  Conspirulion 
conlrc  >a  pe!>:)M!i  '  el  ca  fainille,  'i5.">. 
Piojcl  de  reiahlis^einenl.  !1! ,  1»1, 
I'j5,  I'.iS. —  S.in  reloureii  Anglclerre. 


CIIAL  \\up.\t.  II,  l">'i.  1,  J52.    -  SMI  (liirec  dans  Londres. 

(iiiAUMi.M.  I,  i'8l.  j'l,  i>JO,  _>j>i.  —  Son  ni.iri.::;e  ,i\ce  la 

'iii  \M  \u  \\'t  i;.  1 1,  373.  I  >d-i: r  du  io;  lie  i'oilu^ol,  "">s.  —  Son 

(in  \ \M.  xiir.T  {'•'<<.',.  'I'rouhlo  •!•.'  !5i:r-  i  citinun:ii  ni;  ut ,  o(.«.';. 
aiiv.  I,  153.  CuuiLts  \  I.  HI,  7,'i^. 

(in\Mi;ii::  (  Marin-(  inrcan  de  I/.i),         (in  \j;i.i.s  \  1 1.  111,712,  73S. 


(iii.Viii.'.sVll!.  Ill,  73S. 

(iii'>:.LF.s   '!c  due;  de  Lorraine.  1, 


niedccin  de  Louis  Xlll,  de  rAeadeinie 
raneaiso  li  des  si'icnccs,  elc.  1,  2  JO. 

II,  5,  15,  V.HI.  Ill,  18,  721. 

(iiiiMi.ui:  (I'r.  de  La  ,  medecin  de  j      C.IIUU.F.S  ((il.;,    inedecin,   ancien 
Paris.  Ill,  718.  j  doyvii.  I,  i,">,  3'i'i. 

(in  \\iu.i.\iut,  n;:iilrc  d:'«  rcnu'l. •<.  ;       (iii\:;i.i  IMN   ('Ji  M.TF.IU^  ,  ni.i'ileci 

III,  A'i7.  i  an;;l.iis.  II,  5o5. 

Cn  VMII.LVKII,  doclcnr  dc  Sirrhonnv',  I       (iiiAi;o>r  ,Je  eoiule  tie;.  lii,  7_'S. 


uiili-jauscnihU'.  Ill,  Vi/. 


riiAian,MiLii,  eoiK-eilkr.  Ill,  100. 


806  1AIH.E. 

CiiAiii'i'.vriEii,  do  I'Acadeniio  fran- 


(  inadame  do).  I,  l\\k, 
/i  50.  II,  (i2,  222.  —Sa  disgrace,  2'J'i. 
s  (le  marechal  do\  p;ouver- 


caise.  Notice,  \\\  in. 

CHAIIPKN  nr.ii,  medooin  de  Paris.  I, 
160,  153.  II,  .135.  Ill,  6.'i3. 

CiiAiin-.H  (J'abhe).  II,  155. 

('.IIAK('\,  inteiuhuit  des  finances.  I, 
500. 

CiiAiuiON  (Pierre  .  —  Notice,  xxvi. 
I,  252,  267,  135  note.  II,  180.  Ill, 
51  0  et  note. 

CiiuriiKn  (Hone),  professcur  deme- 
docine  an  College  de  Franco,  edilenr 
(Tune  edition  gn  cque  et  Inline  d'flip- 
pocrale  et  do  Galien.  I,  1  \ ,  is. — -Sa 
inort,  211  ct  note;  336,  376.  Ill,  12. 

CiiAKTiKii  M.),  fiis  de  Rene,  niede- 
cin  do  Paris.  I,  111).  —  Cliasse  do  la 
Faculle  do  Paris  pour  avoir  eerit  nn 
lihelle  snr  rAntintaine,  186.  HKI  el 
111,  (500  note.  11,  85,  137,  171,  170,  i  CIIKM  or,  avocat  de  la  Faculle  dans 
599,  (503.  —  Son  proces.  Ill,  102.  j  le  proces  contre  les  chirurgiens.  Ill, 

CiiAirriKii  (Pli.\  niedecin  a  Paris, 
lils  del'.cne.  Ill,  703,  712. 

CHASI.KS  (II.),  niedecin  de  Paris.  I, 
217.  II,  211.  Ill,  55. 

C.iiAsi.i-s  (Philaretc),  profossenr  au 
College  do  France.  II,  .107  note. 

Cn  \ssKuiiAs,  cure  do  la  Magdeleine. 


nenr  de  Brelagne.  1,  152.  Ill,  (51)(j. 

(jiAtLM-:s  fmadaine  la  niarechale 
do).  I,  /j'j'i. 

(liiAtJioM  'de),  lieutenant-general. 
II,  .129. 

CiiAi'Mn.N/  (de  SAINT-).  1,  209. 

(JIAV  ACNAC.  I,  91. 

CIIAMC.NV  'de),  secretaire  (ffilat.  I, 
(it,  (i-?,  IfiO,  292.  II,  589. 

(•iiKMKiiAi  u  DK.  BAIUIEZIKIIES.  II,  317, 
3/i/i,  3/i5. 

(iiirNAii.i.KS  (Vallee  de),  conseiller 
de  la  conr.  I,  221,  225.  II,  268,  2(59, 
270,  282,  290,  29/i. 

CHEN  ABD  (Pierre),  chirurgien.  Ill, 


(In  \s:  I.I.AIN    J.  ,  mi-deem  do  Monl- 
poilier.   I,  2/iS.   II,  53(i. 

CHATl-AU-.lllAM).    II,    /1  70.    Ill,    22(i, 

notes. 


CIIKSXK  (Fr.  du),  lils.  I,  226. 
(  hci'tilici's  dc  Miilic.  —  Lour  por- 
trait. II,  /i25. 
(iiiKvitr.ii.  (do),  prortireur  fiscal  de 

ITniversile.  I,  50S.  ]|I,  7V'i. 


(!nr.\  iir.i  SK  (  inadainc  de).  I,  123, 


(InicoT  (  J.),  inedecin  deLonis  Mil. 


sceatix.  1,  25,  101  ,  102,  167,  168, 
1S1,  185.-  Soiiexi),  290,  523.— Sa 
murl,  1  99.  U,  7(5,  77,  5  '18. 

CIIATKI.MN,  docleur  de  Sorbonne  et 
elianoine  de  Notre-Dame.  Ill,  291. 

CM  AT'.. i.  UN,  niedecin. —  Maladie  de 
la  reino-mere.  Ill,  536. 

CHA  II:I.\P.  .  secretaire  du  conseil. 


C.M  \MI.I.ON  (do;  inareclial  dc  Fran- 
ce. I,  32,  52,  53,  5ii,  (i3. 

C.IIATH.I.ON  (do),  lils.  —  Sa  inorl  a 


(Inico^  M:  u  (Fr.),  professeur  de  la 
Faculle  do  Monlpellier,  niedecin  du 
roi.  I,  2'|S  el  iu>te. 

C.iiirri.i:i  (Jean).  1,328.  —  Lc  quin- 


/i 13.  —  I'Atiiiction  de  celle  fauiillo. 


('IHCI  (  lo  cardinal),  elu  pape  sons 
le  iioin  d'Alexandro  VII.  II,  169. 

Cnici  (les),  nevenx  du  pape  Alexan- 
dre  VII.  Ill,  40(5. 

r/«Jmis^s(lcsM,447,fi48.III  1  1  'i, 
/U  0,  5(i3,  56/1,  572.  Ill,  !\1  el  note. 

(ilium.  (''.),  premier  merdecin  de 
Loui-  \\.  I!,  207,  219  111,711  notes. 

Chirurgiens.  —   Lour   reception  : 


TABLE. 


examen  dc  lours  droils;  Iriir  dcpen- 
dancc  di-s  mexlecins.  I,  172,  173.  II , 
170,  104,  A33,  459.  —  Chirurgiens 
barbiers.  II,  190.  —  C.  Patin  les  ap- 
pcllrlaquais  bottes,  327,  328.—  Lcur 
proces.  Ill,  112,  11(5,  100.  —  Anvt 
du  7  fevrier  1600.  —  Formule  du  ser- 
inenl  qu'ils  prctaie.nl  aux  medecins, 
J7'i  el  note,  178,  17'.i.  —  Us  doivenl 
fairc  parlic  dc  ('Academic,  royalc  des 
sciences,  180  et  note,  187,  191,  194, 
202.  —  Distinctions  enlre  les  chh  ur- 
gicns  dc  Saint-Cosine  et  les  chirurgiens 
barbicrs,  213,  244,  201,  208,  280. 
—  Cbirurgiensmilitaires.  II,  402  note. 
Voycz  Facultc,  Medecins. 

CHOISV  in.  C.UT  (madamc  dc).  II, 
417. 

CHOMI.L  (Francois ),  me,dccin  d'An- 
nonay.  II,  220.  —  Famille  des  Cho- 
incl,  medccinsa  Paris,  220,  note. 

Ciioxr.T.  IF,  219. 

CIIIIKTIE.N-  (Florcnt).  I,  274,  30(J. 

CiimsTiEiiN  V,  roi  du Dunemark.  II  I, 
790. 

CHKJSTI.NE,  rt'inc  dc  Suede.  I,  20<i. 
II,  17,  143,  14(i,  140,  204,  208.  — 
Sa  conversion,  220,  231. — Son  entree 
a  Paris,  249,  254,  278.  —  Ksl  pen- 
sionnce  du  pape.  —  Fait  ussassiner 
Monaldeschi  ii  Funtaincbluau  ,  355  et 
nole,  379,380,  :583.  —  Son  dep.nl  de 
Fontaincbleau,  ."85. — S;i  reception  a 
Hume,  390,  400,  402,  400,  'ill,  418. 
-  Son  abdication.  I,  232.  Ill,  29, 
(id.  —  Son  portrait,  01  et  note,  !>9, 
203  ,  287.  —  Ueliree  11  Stockholm  , 
750. 

C.i  \CC.II.MLS  (  AIpli.).  I,  245. 

Civ.i-Muis  (de;.  1,  91,   I'll  ,  277. 

Ciri'i/.littivn  dn  sany.  I,  51.'!.  Ilf, 
39  I . 

(!m>is  (l''v,  inedetin  de  r.iclielien. 

I,  (i2,  308,  3'!:). 

Ci.  \M.I-:I  (de).  Affaires  des  Uairi- 
cailcs.  I,  413,  1 15. 

(!i.  \ii)K,  ininistre  a  tlharenton. 
111.  (iS'.i,  73 'i. 

(ii.iiur  V'J.  du},  medeciii  de    1'ari-. 

II,  173,  350.  Ill,  241,  314,  439. 
Cu'.Mi:vr  V1I1,  p;ipe.  I,  «(i.  1  I'.'. 


(ii.KMK.NT  IX,  pape.  Sa  moil.  Hi, 
724,  727,  729. 

CLEMENT,  editeur  des  let  I  res  de  Sau- 
maise.  II,  325. 

CLKMKNT  ,  apothicaire  de  Troyes. 
II,  105. 

Ci.KN.tm>  (N.).  II,  L-J. 

Ci.KiiEMii.tLT,  marechal  de  France. 
II,  23H. 

Ci.iNni.tnp,  lieutenant.  II,  74. 

COCHLOF.IS  (J.).  II,  141. 

(jOCorr.T  (Francois).  I,  355. 

Codex  medicament arius.  I,  22.  II, 
192. 

CoonoNciiis.  I,  391  note. 

Conu'.K.  II,  103. 

COIIONS,  evcque  de-NSmes.  1,  417. 
II,  300. 

Coir:NKi\  ' le  president).  I,  102.  — 
Affaires  des  Barricades,  405.  HI ,  474. 

Coisi.ix  (de;.  I,  20. 

COI.DKKT  (J.-I5. ),  ntinistre  sons 
Louis  XIV.  Notice  \i.. — Inlcndant  de 
la  maisoii  de  Ma/arin.  If,  445,  471. 

—  Surintendantdcs  tinances.  Ill,  345. 

—  Sa  faveur  pivs  de  Louis  XIV,  419 
et  note.  —  Persecution  de  Fouquet, 
492  et  note.  —  Chef  dc  la  coinpagnie 
des  Indes  orient:iles,  521,  522,  549, 
032.  —  £lu  de  TAcadeinie  francaise, 
044,  081,  083,  084,  780. 

COI.IIKUT,  president  de  Met/,  ,'fiere 
du  grand  Colbert;.  Ill,  791. 

Coi.nKi-.T,  eve(jii(.'  d'Auxerre  (lYcre 
du  Ri-and  Colbert;.  Ill,  791. 

COLBKIIT     I)K    S.UM-1'ol  ANI.E.     Ill, 

433. 

Coi.i;r.iiT,  premier  capilaine  des 
gardes.  Ill,  728. 

Coi.uiNY  (C-aspard  dc  .  I,  450. 

Coi.uiNV  (de;.  1,  300.  II,  399. 

COI.IN,  procureur  du  Chalclel.  II, 
308. 

Cm  i  \IKIN,  nii'-dccin  de  la  reined' An- 
glelcrre.  Ill,  OOS. 

COI.NET,  ancien  libraire  a  Paris.  I  , 
519  in'!.'. 

Coi.o>ir,r.i  ,    cunscilln-  de  la    cour. 

COI.OMIIH.  (mademoiselle;,  lille  de 
ilombel.  conM'illcr.  U,  15'i. 


S    S  IMS 

Cor  .\M:  'Viiiinelalile).    sa  n;oil   a 

CO.I.OT,  rltirirgieii  de  Boi  der.ux. 
II,  2(i«i. 

Co:. or  'Jerome),  chinirgien  lilho- 
lomisle.  Ill,  107.  —  Famllle  de  thi- 
rurgieii.s  lilholomisle.s,  155,  717. 

COI.OT  (I'll.),  fliirnr'-rien  lilhoto- 
m'sle.  II,  70,  2(;6. 

O'l.i  MI:  \>rs.  I,  272.  507. 

Cii'.ii:  u.r.r  (madamo  de}  (Marie  de 
Yi;.'ii  -re.1  ,  niece  de  Hi<  helieu.  J,  359. 
-  Af.airr  s  des  Marrieade--,  'il  1,  A9A. 
11  ,  382.  I'uycz  AH. i  II.I.O.N. 

Cov,ii:i;r.s  (ie  eomte  de).  II),  A39. 

cification  de  Bordeaux.  II,  52!. 

CoMi'F.ii,  iiiedecin  de  Troves.  I,  ll'i. 

Coii'i.  UM  ILI.I:.  I,  13. 

(io.\ci.\o-Co\ciM,  marccliii!  d'A:i- 
cre.  Ill,  _SS,  note. 

COMII:  (ie  prince  de).  I,  S8,  151, 
4  52,  !  5 A,  1  (50,  1  (5 1 ,  1  79,  1  80,  1 85, 
192,  19A,  203,  21  1,  227,  255  el  note, 
259,  261,  52 'i.  367.  —  l)e\;ml  Ypres, 
A01.  —Affaires  des  Barricades,  AOti, 
A07,  A08,  A 12,  'i!3,  A  1(5,  A 19,  A28, 
A38,  A57,  A 70,  A80,  ASA.  II,  .13,  16. 
— Son  aiTeslalion,  el  cinprisonnemenl 
a  Yincennes,  5'i'i,  5'i7,  568.  —  Sa 
sorl'e  de  prison  cl  sa  nnlree  a  Paris, 
70.  —  Prise  de  Boeroy  ,  77.  —  Son 
pi  ores,  95,  10(5,  116,  125.  —  Arretdo 
niorl,  126,  IA7,  1  '|S.  190.  —Siege  de 
I.andrecies,  193,  3(il,  377.  • —  Re- 
\o!le  de  Ilesdin,  238,  387,  399.  — 
Balaiile  de  I)unken|iie,  V)  I  ,  Au2, 
A I  2,  A-">3,  A5(5,  520,  5'i'i.  —  Prise  de 
Yervins.  Ill,  10.  —  Sie^e  de  .lamels 
J  I.  —  Traitti  :!e  |;ai\  <ie  I5o;:;'d\,  1  18. 

I'enlree  a  IV.ris.  Hi,  17(i.  — .Nomine 
clief  d;i  con^eil,  177,  !8!l,  270,  ;illi, 
()53,  667. 

(io.Mn':  In  prince^so  de1}.  I,  lv'3,  A70. 

CMVC.N  \I;D  ,  ,ivoe;it  do  l«niien.  II, 
1911. 

('.OMiAi-.n,  de  !'Aeadem:e  francaise. 
11,  153. 

(  '.DM,  \DK,  meilei  in  de  !a  cour.  I,  1 6s. 


COMJI.V  us  (  il.  't  ,  metlecin  do 
llehnstad.  I!,  1  i  7,  5!  8,  A95.  Ill,  A87. 

Ill,  226,  229,  232,  258. 
CO.MAHIM.  II,  2'i. 
Covn   (prince  de).    I,    185,   200. 

—  Affaires  (hs  Barricades,  A'-'A,  A1A. 
11,22,    115,    1!(),    203.  —  Son  ma- 
nage aver  line  niece  de  Ma/.arin   (ia 
.Marliiiossi),  118,  1AO,   258,   251.   ^~ 
Son  arreslalion  ,  5A'i,    5'i7,   568.  — 
Tro!!!.!e<  de  !5ordeau\.  Ill ,    I  1  ,  107, 
119,  5'i7,  558,  582,  5S«i,  587. 

C.ovn  (la  p:-ince:-se  de'.  If,  A50. 
1M,  70',. 

(.oi'is  ('.iiiillaiiiDc),  medecin  de 
Francois  1".  I,  559. 

COOIKIMV,  ])cincipal  dn  college  des 
(ira^ins,  direclenr  des  (iarmeliles. 
i,  81.  HI,  55. 

Coiii:o\.   1!,  288. 

(loisfiKs  (lie  ,  "hanoine  de  Limoges. 
I,  103,  iOS,  289. 

COH:.I;:I;.  11,  586. 

CoiiNAiio,  f-eneral  venilieii.  Ilf,  697. 

Coi.MiiLi.r.  (Pierre).  II,  291  note. 
Ill,  15  d  nete. 

('OKM:  'lepeie).  If,  256,  265. 

Co:-,M  ia.;d(\,  partisan.  1.51.  11,353. 

COIIM  TV,  medecin  de  Paris.  1,  186, 
285.  I!,  587.  592. 

Coisi'i'.A-v,  eveqnedi-I.isii  n\.  f,  109. 

( «r/>.s  tli-s  incdfflux  de  Tro\cs.  I, 
75,  99,  1  22. 

COKMSM-.T  (Nic.),  medecin  de  Na- 
poleon. !.  135  note,  lii,  599  iuUe. 

Cos-, '.i;r  je  pen •),  jesnite.  I,  189. 

COST'.!;,  philclogue,  pu!)!icalion  de 
pes  !.<•!! rr.t.  I,  238,  256.  Ill,  95. 

566.   i!,  50  I.   Ill,  3!8. 

CoTT.Mii),  niedecin  a  Paris.  I,  16, 
19,  20. 

C.OTTi'.nr. \r,  cordelier,   «e  fail   1m- 

i       COIIII.AI:!)  (Jos.  Onillard),  cliirur- 
|  «i"n.  II,  129. 

('our  (la).  Les  u'lii  ti*<ni?.  I,  292. 

—  .V,M(/-.s  (/<•  /«/  cuitr,  II,   A2i,  021, 


T.ufi.i-;. 


52«i.   Ill,    118,  2A3,  3M,    jDi',    /»><>. 

CoiniiEiiiN  (le  president  de).  i,  136. 

CounnEuo\,  dt1  Troves.  I,  110,  2."''. 

COIIU.ELLES  ((!c).  Ill,  122. 

Coir.TAiD,  (loyi'n  do  la  facullc  do 
.Montpellier.  Conlrovorso  ;ivrt:  (juillr- 
meau.  I,  lil,  A2,  /I.'},  A'l,  A8,  All,  12A, 
120,126,  127,  128,  120,  172,  204, 
205,208,368,  AAA.  II,  1/ii,  151,  152, 
251),  50A.  —  Controverse  conlre  Hio- 
i;;.i  iiu  sujet  du  gazetticr  llcnaudol. 

II,  587.  Ill,  35. 

CoiiiTALn  de  Paris,  frcre  de  Cour- 
taud  dt1  Moutpcllier.  II,  17A. 

CoiiiTEXAi  (1'abbe  dc).  II,  302. 

Controls,  niedeciii  do  Paris.  II, 
588.  Ill,  358,  361),  620. 

COIUVEE  (J.-C1.),  medociii.  II,  205. 

CoL'iivovE,  gcnlillioiunie  noriiiuiul. 

III,  723,  726. 

Coisix,  inedecin  c!c  Paris.  I,  65. 

Cousi.NOr  (Francois) ,  medccin  d- 
Paris.  I,  1A,  35,36,56,  78,  100,200, 
281),  3A6,  3A8,  A53.  II,  A6i,  A87,  588. 

(loisi.Nor  Ills,  inedecin  do  Paris.  I, 

Ay  7. 

CoiTA.\(.r.s  (revi'qiif  di\.  II,  221. 
—  llefonnaliou  du  college  du  Franco. 
Ill,  206. 

COI;TLIIES  (des).  II,  13. 

(luAMoisY,  dirccteur  de  rinipriiue- 
rie  royule.  II,  A36. 

CUAMOISY  (G.),  libraire  de   Paris. 

II,  57,  87,  372,37/1.  Ill,  321. 
(liiAio.N  (JoanJ,  inedecin  du  xvicsie- 

cle.  ill,  561. 

CKEMO.MM,  philosophc  (!e  Moduno. 

III,  602,  note. 

C.iii'x.iLi  (le  chevaliur  de).  Ill,  6  18. 

(liiKoii,  niarcflial  de  1'ianct1.  — 
(ioiu|uele  de  la  Lorraine.  1,  51.11, 
A12.  Ill,  A06,  765. 

CKKSPI.-V,  inedocin  do  Par!'.  I,   153. 

CIIESSE  (P.),  rliirur^icii  a  Paris.  1!, 
35'J.  Ill,  2S5. 

CKESSE  (!'.),  chirur^ii  n  a  i\!iis.  HI, 
7 IS,  721,  722,  727,  731. 

(iuicAiT  ^Jeiui;,  pivlro.  II,  3'iO. 

Ciaro.v,  philulogue.  Ill,  T'i'i. 
(de).  I,  326. 


Ci.oisM-lt.ioiKi  (do,.  1,  102.  II, 
106,  AftS. 

Ci.ni.i.iis  Oswald),  cliiiuisto.  II, 
ll'ii'l  ir.li'. 

Ci;oMWF.i.t.  'Olivier).  —  Notice,  x\i. 

I,  20 'i,  21'fi,  21  A,  217,  225,  2AO,  252. 

II,  70,  10(i,  116.    —  Iiocoiinaissance 
do  la    noinelle    ii'-|)u!jli(|iie   d'Anplr- 
lerro,  I2'i,  131,   1 'iO,   I'i7,   155,  167, 
183.  1HO,  20 'i,  218,  231,  251,  285, 
2l)S,  302,  303,  311),  331.  —  Accepta- 
tion dii  litre  dc  prolecleur,  378.  —  Sa 
niorl,  133  ct  note.  Ill,  Ao.  —  Chute 
do  sa  faniille,  l.'5'j,  187. —  K\il  dc  sa 
faiuilie,  220. 

CII^K  (i.a),  celrhre  accoucheur  ii 
Paris.  II,  8  el  note. 

f.i  MO.\T  (do),  councillor  dc  la  cour. 
II,  2i5. 

CM;\N  (Tahbe  do  SAINT-)  (Polrus 
Aurolius).  Sa  inort.  I,  300.  II,  150, 
220. 

CZAI;M-:SKI.  Ill,  522. 


DAC.iEn.  !,  'i,  5,  7,  21. 

DAI.IEU  ( madanio).  ill,  613  note. 

IKu;KAir  in;  Li  WES  ( Charles-Al- 
bert), favori  do  Louis  MIL  HI,  288. 

DAILI.E,  niinislre  do  Cliaronton.  I, 
257.  II,  '210.  Ill,  5H7,  71A,  716. 

DAI.AME,  chiniii>ieii.  If,  A02. 

DAI.ECHAMP,  nicdccin.  I,  273,  306, 
330. 

DALE<;AMIIE  (le  pore).  II,  385,  388. 

DAMASCENE  i^.l.-lL;,  charlatan.  11, 
73. 

DAI.!. --so,  coiisoiller,  pore  de  1'Ora- 
toiro.  Ill,  >7. 

DAMYH.I.K.  ;duc  do).  II,  238. 

D.VMH.i.OT.    I,   106. 

DAM>I;K.  II,  A67. 
I)AM;EU.  11,   135. 
D.IN-  M.  (iiiaduino'.  I,  1  OA. 
i).\\>i;  (mademoiselle). —  Allaires 
dr-  i'.iirricailos.  I,  V),'>. 

Dv\  I-A\,  luiii bivu  iir.  II,  193. 
DAMS  (llhinlius  .1.),  I,  238. 
DAOU.N  t\.),  nicdccin  deLouis XIV. 


810 


TAUI.K. 


II,  107,  209,  2'i8,  :>l/i,  /i07,  /|55.  —  1  lour  d'nn  trailo  do  I'linwortnUtc  dc 


Maladie  dti  roi.  Ill,  S5,  557,  1)50. 
Dvvnue,  partisan.  II,  '|55.  Ill,  309. 


1)  ms>o.\  (  William  ),  chimisto  ecos- 
s;iis.  I,  253. 

DKC.AKN,  iiicdcnn  do  P;iris.  Ill,  .">01  . 

DKCIIAMP,  doLjon.  I,  272. 

])KHT\,  iiculcn.  ciini'm;].  Ill,  032. 

Di:  LA  HAIK,  orfevre.  1,  .':70. 

DKLAVICM:  (.Michel),  modccm  do 
Paris.  I,  I't,  1)8.  H3,  200,  ';0|,  '-5:5. 
II,  505.  Ill,  5'i. 

])K  L'ISI.K  (madame).  II.  'i'i. 

Di:  i/lsi.K  in.  SALI.CS.  \otiee,  \\\\  in. 

DELORMK  (Charles),  medecin,  Ills 
do  Joan  Dolormo,  incdocin  eelehresoiis 
Ilonri  IV.  II,  398  ct  note.  Ill,  I  ',!>, 


DKLHIO  (Mart.).  I,  .'iOfi. 
])I;I.ISSKI..  11,  148. 


;;05,  ;iO(i.  in,  21  1: 

DI-:  .Nii.i.v.  II,  l(i. 

DKMSK.  I,  A7. 

DEXVAT,  inodccin  do  Paris.  II,  155, 
Ki8,  lilt).  Ill,  580. 

Dr.Nvvr  lo  Ills,  inodocin  do  Paris. 
Ill,  ;W(i,  7.U. 

I)i;s  BoiiDES-Gnoix  ,  prand  partisan. 
Ill,  2(il). 

DKSI-.AHTKS  (Hone),  philosophc.  Xo- 
tico,  xxin.  1,  Ki7,  J(i9  ot  notf,  'ilil 
noto.  If,  l\'M.  —  Sa  philosophic.  Ill  , 
020,  7JO  ot  unto,  795. 

I)KSCHAMPs(Ieporc),  jesuite.  11,  lOO. 

l)i-:si.AM)Es-P  \\  I:.N  ,  consoiller  do  la 
Crand'Cliainhro.  I,  :58'i.  II,  7. 

Di.SMAiir.rs.  1,  522. 

DKSPU  Ti'.iiK  '.loan).  Ill,  99. 

Dr.s  PIIK/.  (locho\alior).  II,  208. 


!)i.\  i.M'.r,  lihi'airo  do  Lvon.  1.  25.'i. 


Dn:i  \I\IMK,  incdcciii  do  Paris.  11, 


Ki'iielm  k'  clio\alier  ,   an- 


i\imc.  II,  .Vi  ct  nolc,  35. 

DIGUV   (Kvcrard)  pore  do  Kenclin 
Dighy.  II,  35  nole. 

DlN'CKKI,.    II,  .'i'lO,   /|01. 

DIM:T  flo  pcTo),  josuito,  confossonr 


DIOMS,  cliirur^ic!).  N'otico,  \n. 
DUMI.I.U.  II,  o(»8. 
DODAIIT  (Denis),  inodorin  do  Paris. 
Ill,  231  et  note;  277,  293. 


DONCI.I.I:  (Tli.),  inodocin  do  Paris, 
antour  d'nno  tin'  so  sur  itiltus  dcs  lute- 


I)oii\T.  conseillor.  Ill,  61)5. 

D'OSSAT  (cardinal).  I,  /i!>.  300,  30:5. 

Doii;i.r.r,  partisan.  Ill,  757. 

Doi  IU.I:T  (  inadanic),  lille  do  Camn- 
sal.  I,  17S. 

Doulcur  nwralc.  II,  305. 

DoriiLANS,  apothicaire  d'Ainions. 
II,  A2,  357. 

Jioijch  dc  la  Ftic  nl  It-  dc  I'urix.  — 
S;\s  droils  et  attrihutions.  I,  35,  30, 


Icdoyoii.  I,  187.  11,  3V.)  note.  —  Modo 
d'oleclio:i.  1,  502.  II,  505,  500. 

DuiKsciiK  (Jean  dc  la),  president  do 
la  conrdos  coinptes.  I,  37  noto. 

DiiKi.iMoi  in-.  II,  30S.  Ill,  715. 


I)i(  in.MiN,  inodocin  do  Paris.  I,  12, 


Di  ciir.sxi:  (  A.;.  I,  308. 

DLCHESM:  (Jost'pli  ,  (lit  Onorcota- 
nns,  sionr  do  la  Yioletlo,  inodocin  do 
Paris  I,  509  el  noto. 

Di  i  LOS  (ih.  PIMIT),  do  1'Acadoniio 
francaiso.  Ill,  7-">9  note. 


ii,   inodocin  do   M.    do   Nen- 


DIIIAMI.L,   cine  do  Saint-Modi'ric. 


Di    HAN,  lihraire  do  L}on.  II,  59, 


DILUI;I-.\S  (Andre),   ])rofosscur  a 


TAULE. 


811 


dicis  el  tie  Henri  IV.  1 ,  509.  11 ,  533, 
534  et  note.  Ill,  /i  13. 

DILALKENS  (Anloine),  avocal,  frere 
d'Amlre  Dulaiirens.  Ill,  /i!3. 

Di  i.Ai'iiEAS,  conseiller,  neveu  tl'An- 
dre.  1,  18,  71,  93.  II,  416. 

DtLAi  HENS  (inadameAunc-Robcrl). 
Ill,  358,  413. 

IK  MESML,  pseudonymc  du  cardi- 
nal delict*.  II,  380. 

l)i MOIST.  —  Prise  do  la  citadelle  de 
Saiiinm.  I,  521. 

DLMOIVT  (madame).  I,  384. 

DLMOLLIN  (Pierre),  ministre  a 
Cliarenlon.  I,  241.  Ill,  674. 

Di'JiCAx,  medeciii  <le  Saumur.  Af- 
faire des  religieuses  de  Loudun.  I , 
305  note. 

DL.NOIS  (le  cointe  de),  fi!s  du  due 
de  Longueville.  —  Allaire  des  buni- 
tades.  1,  li 04.  Ill,  407. 

DL\sScons(J.),  cordelier.  111,138. 

DcpEiino.N,  cardinal.  I,  139,  493. 
Ill,  545. 

DLPLEIY  (Scipion),  bistoriographe 
de  France.  I,  17,  ID,  21,  30,  46,  65, 
273,  310,  336.  11,  551.  Ill,  357. 

Du'LESsis-BELLiKii  (niadume).  Ill, 
393. 

DLPLESSIS-PHASLIN,  niarechal  de 
France.  I,  464. 

Dtpovr,  charlatan.  Ill,  384. 

DIPORT  (Fr.),  mi'decin  de  Paris. 
11,  456. 

Di-i'iiAT,  dc  Lyon.  1,  382,  479,  51 1. 
II,  44,  210. 

DLPHE,  inedecin  dc  Paris.  1,  353. 
II,  166.  Ill,  39. 

DiTi  v,  garde  de  la  Bibliolhcque 
ro\ ale,  conseiller  d'Ktat.  I,  187,  446, 
473.  II,  108,  234,  263,  602. 

Dii'n,  inedecin  de  Paris.  Ill,  756. 

l)i  HAM.  1,  124,  J26. 

l)i  HAS  ;<le),  licut.-gem'Tal.  111,6'iS. 

DI.IIKT  (Jean),  inedecin  de  Paris. 
1,  368,  453.  11,  240,  256. 

DIUKT  (Louis),  inedecin  de  Paris. 
I,  41,  190  note,  209. 

Di'HET  i)E  CiiKMiv.  Son  epilaphe.  1, 
43. 


KH  (P.),  de  1'Academie  fran- 
caise.  I,  218,  512.  II,  3'j,  438. 

DISAISOI,  inedecin d'Abbeville.  No- 
lice,  xi.i\.  —  Maliulie  du  roi  ;  discus- 
sion sur  la  saignee.  Ill,  85. 

DL  SAI  SSAV  (1'abbe  ,  cure  de  Saint- 
Leu,  ollicial  de  Paris.  II,  75,  I  '|9. 

DIVAL  ((iuillaume ),  medccin  de 
Paris,  professeurau  College  de  France. 
Notice,  v.  I,  51,  98,  100,  128,  27;>, 
309.  Ill,  74'i. 

DL  VKRUIF.U,  auteur  d'line  llistuire 
d' tispuyne.  Ill,  597. 


Kauf  inincnilcs  (opinion  deG.  Pa- 
lin  sur  le>).  II,  583.  Ill,  470,  541. 
F.I.BKLF  (due  d').  I,  29,  102,  231. 

—  Allaire  des  barricades,  404,  414. 
II,  125,  354,  416. 

ELISABETH  ,  reine  d'Anglelcrre.  l.n 
reinc  Jaqucttt.  II,  365. 

lii.zhvius  (les),  libraires  hollaiulais. 
1,  165,  230.  II,  57,  447. 

KMEitt  (Particelli  d1),  surinlendcnl 
des  linances.  I,  (51,  10';,  143,  163, 
398,  492,  494,  521.  11,  1.  Ill,  199. 
-  Sa  nio! t.  II,  18,  19  et  note. 

Kvi:n\   fd';  le  111-.   I,  .">71. 

Einjii-niir  (!')  d'Allcinagne.  II, 
300,  440. 

K.NGIIIEN  (le  due  d').  1,  73,  98.  — 
Defaile  des  Kspagnols  a  Rocroy,  100, 
101,  102. —  Siege  deTliionxille,  Hl'i. 

—  Prise  de  Philip«.bourg .  119,  -125, 
127.  29."..  30(1.—  Prise  de  Tre\es  el 
CoMenlz,  341.  II,  5.  Ill,  590,  (i53. 

l'.\(;iiiK\  (la  duclicsse  d'  .  I,  32'i. 

MiiASMi:.  —  Jtigeint'iil  de  ses  Kpilres. 
I,  (:7.  —  S>  s  (i-uvres,  '200.  —  Sa  \  ie  , 
21(5,  2'i(i,  330,359,  381.  II,  536.  III. 
79,  406,  os't,  di;;;,  iisi'. 

l.i;  \--IK  Thomas}.  Disputes  contre 
Paracelse.  1,  231,  23 1,  4'i7.  II,  36(>. 

I'.iii;  un,  inedtcin  de  Paris.  —  Sa 
iimrl.  1,  1^9. 

KHLAC  (le general \  1,  457.  II,  5'i3. 

Kn\  vi.  ,  d'  ,  conlrOleur  general  des 
linances.  Ill,  34 '(. 


TABLK. 


K:n  u.  (d'),  tils.  II,  24.>,  352. 
L'si.Aioi'i::!1.  'madamr  1'%  11,  35. 
F.M'"M\:;  (If  p.'iv).   ">  -''•">  II01''- 
!'',s(.;)T   ( 1' ),  doch  iir  tic  SorhoiuiP, 
iii;mme  a  revi'die  dc  Charlres.  I,  8S. 
Ksc;  M'.K  (T).  I,  431. 
I:S\M  (1'abbe  d').  I,   192. 


F MI KUT  (  Dominique),  imprimcur. 
II,  422  note. 

F.MiuicF.  UK  HU.DKN  (  Guilluumc  ]. 
I,  194.  IH,  295. 

FAUUO.M,  aslrologuc.  I,  593. 

FAIillOTt'S.   I,   300. 

FAIJIIY,  do  Castelnaudary.  I,   ."05, 


Ksi'Ac.M-  (Infante  d').— Conclusion  |  409. 
(in    imriaL,e  do  I'lnfante  avee  Louis         Fiicitltc  dc  mcdccinr  dc  Paris.  -- 


xiv.  i,  2:><».  in,  ;  17,  ;;.!s. 

Ksi-AisK  (I:',  ri.-inc  ,!').  I,   Ii'2. 
I''.s!'i:n\(!N  (due  (i'),  "(.uvenu'ur  do 
Locale. —  la'\ol!e  drs  Catalans  ronlro 


Sa  puissaiico.  I,  37,  ">'i7  et  note.  — 
Si's  slaluK  If,  5(i(i.  — ilistoriquc  do 
la  l-'aculle,  57S.  —  Derrc't  dc  la  Fa- 
rullr  contrc  Irois  dc  scs  menihres, 


(juunaut,  Hi  <la,  Cornii!},  an  sujel  dc 
1'aiiliinoine,    587.    Ill,    21.    —    I,es 
522.  11,  22,  /ji.  —  Sa  vie,  205,  2'JH,  j  theses.  I,  to3.  —  Heception  des  liecn- 
,'il2,  ;37:5,  /i/t(5,  /'iG9.  —  Sa  inort.  Ill,  |  cit'-s.  Ill,  18".,  .'501.—  1'roris  contrc  Ics 

cliirurgicns ;  arn't  do  ia  ('our.  17/i  ot 
note.  —  Tableau  dcs  mc.lecins  do  la 
Faeulte  ,  775.  Yoyc/  Mcdccins. 

Fdcitllcs.  —  Onerellc  dc  la  Faculle 


KSPKIT   'Andre),  medccin  (lit  r!::e 
d'Anjon.  —  Maladio  du  rui.  li,  27.'i. 


IH,  88,  89,  15(i,  2$'j.  —  Maladic  de  I  des  arts  tonlro  les  trois  antrcs  Facul- 
'.Fazarii!,  29(i.  — Son  role  dans  P.-l-  tO^.  Ill,  17J,  3<iS. 

FACO.N,  r.iedecin  dc  Louis  XI \'.  — 
.Xolice,  \i.iv.  Ill ,  5,'5()  note  ;  788  note. 

FAIDK  \u.  I,  (i. 

FAIUFAX,  ircneral  anglais.  I,  427. 

FALALIO,  docteur  de  Sorbonne.  II, 


!-ST  (d';,  cardinal.  II,  141. 111,521. 


FAI.CONT.T    ( Andre),    medeeiu    de 
KSTII.NM:  'Nii-ole),  ni.'ce  de  Ilobert  j  L\on.  I,  2S.'i,  'i(iS,  5  i  5.  — Les  L-llres 
F.s!ieiinc,  fennne  du  medetii)  Licbaud.  i  c.(.e.i.ix  a  DC.CIAXXVI  Ini  sont  adressees. 

'  II,  502. 

FAIXO.NKT    Xoel).  11,  105,  108,  109, 


i',  •  HI';:-!!:  ( Ic  prince  u').  I,  53,  55. 
I'.! •<;!  ••  i:,  comic  de  Smssons.  i  I,  27-. 
\-.i\\  n:1;  i-:ts  (.i.-.X.).  I,  574. 


l'\M:r.iiT  i  Abraham),  imprimeur  a 


FAUCI  F.S  ,'de). —  Hevolte  de  Hesdin. 
11,  385.  Ill,  522. 

FAIU:IES  (madiiitio).  II,  .'>0ii. 
FALCIIKCII  (Lc),  ininistre  de  Cha- 

i-enlui).  1,  359.  II,  299. 

FAI CON  ii".  His.  Ill,  424. 

FA\UI;  (le  pere),  eonielier,  eveqnc 
d'AmiiMis.  I,  188,  225,  4 'il.  11,72.— 


Me!/,    pere  du  nuueclial   1'aberl.  !i,,Son    dix-onrs    funebre    sur    ia  reiii'> 
422  iii>le.  i  mere.  Ill,  5S2,  58.">,  595. 


l'\'>n»us  (les).  Ill,  143  et  note,  373, 


FF.RIIINANIH-S  (F.piplianns).  I,  21. 

FKII.\AXI>FZ  (Matth;eus).  I,  299. 

FKU.NKI.  (Jean),  celeb  re  medecin.  I, 
3,  9,  10,  13,  70,  280,  281.  —  Snr  la 
denionomanie,  .'505,  300.  II,  317,  .110, 
558,  588.  —  La  haute  estimc  que  prn- 
fessc  pour  lui  (•.  Palin.  Ill,  59,  100, 
199,  (5.18.  — Snr  I'cpoque  tie  sa  niorl, 
8.1. 

KERNEL  (Madeleine),  lille  tie  Jean 
Fernel.  II,  3.1. 

FKIIHAMJ,  medecin  de  Paris.  Ill,  85. 

KERRAM>,  president  de  la  Cratur- 
Chambre.  II,  209.  Ill,  527. 

FKIUUKII,  tie  .Mines.  II,  278. 

FiT.nif.ii  (le  pert1),  confessenr  du 
roi.  Ill,  732. 

FKUOI;  (le  president  Le).  1,  112. 

KEHitf,  minjstre  de  Mel/.  Ill,  7:51. 

KERTE-IMBAIT  (La),  marechal  de 
France.  I,  175. 

FKRTE-SEXXETERRE  (tic  La),  mare- 
dial  de  France.  I,  175,  2 lit.  II,  2 .1 , 
54,  190,  2.19,  399.—  Sic^c  de  (Jra\e- 
lines,  /i ]5.  —  Fait  pair  de  France. 
Ill,  508. 

FKTIIK  (de  La).  Ill,  390. 

FI.I  n.i.Ai)iv(leconitedeLa).  Ill,  228. 

FKroiiKRKs(tle).  I,  03. 

FF.MIF.  (Le),  avocat.  I,  .431.  If,  281. 

KKVRK  (Le),  medecin.  I,  95,  17:5. 

II,  172. 

FI^NKS  (Francois),  medecin  de 
Montpellier.  I,  111,  109,  300.  11,  10 
ct  note,  507. 

FICHKT  'le  pcrc).  I,  /ilO. 

Fii:\M.s  (madamede  .  II,  .112. 

F  n. so  IT.  (comte  de).  II,  155   29.1. 

FII.KSAC.  I,  51. 

Fir.iT.KiiT  (de),  tresorier  de  lYpar- 
<rne.  I,  350.  II,  /i38.  HI,  382. 

l'"iminci,-rs    les).  1,  25.1,  302,  I.-.3. 

III,  251,  A 05. 

FLVVIC.\\  (de),  doyen  du  C.ollepe 
royal  tie  France.  II,  300.  Ill,  791. 

Vi.F.cr.i.i.i  s.  I,  32. 

FI.OI;F.M:K  (due  tie).  I,  80. 

FOKS  (  \.\  incilecin,  tradurleur  ct 
commentatenr  d'Hippocrale.  I,  209. 
II,  219.  Ill,  50,  5 SO. 


For."  (Franct.i-,  ,  mede<  in  tie  Met/. 
Ill,  50. 

FOIN.  l+,   307. 

FOI.IKTA  'llulieiK  I,  223. 

FOMAIM:  (Jean  de  I.;;'.  II,  117. 

FO\TU.M:S  'I'oKi;  de),  secretaire  dn 
Conseil.  II,  .110.  Ill,  71,  l^S. 

FO.VTAMS  (liabrii  I ;,  medecin  dc 
Marseille.  —  H-fiiKitinn  di-  Van-IIfl- 
mont.  I,  225. — •Demonomanie ,  305. 
II,  100. 

I'oNTKv  \v-IloTM\\.  maitre  des  re- 
qnetes.  Ill,  .117. 

FO.NTI!  ui.i.r.s  (de).  I,  111. 

FOIICK  (de  I. a  .  —  Allaire  de  IJor- 
deaux.  II,  9,  .11. 

FOKC.OAI.  (i'al:l)e).  II,  371.  Ill,  120, 
121. 

FoiiKSTts  (Pierre  \'an-Fo:-eesl).  II, 
.110  ct  note. 

FOHMKY,  secretaire  porpctuei  de  i'A- 
cademie  de  llorlin.  Notice,  i.ir. 

Fos  (tin),  conseiiler  di'  Tune  ties 
cinq  (llia'nbrcs  des  ('iH|uetes.  !,  71. 

Fot<:ui.r  (cointe  de  I)i, £11011),  in;;- 
rechal  de  l-Vance.  II,  3ii,  275. 

FOLC  vi I,T,  conseiiler  en  la  (l.nir.  I, 
52.  Ill,  757,  75S. 

FOIT.KIHIS  (des).    T "(>_?/.  15i:in. 

Fori.ii,  maitre  tics  requt-les  I,  10S, 
527.  II,  32. 

ForoiEs \LI.I:  (niadame  tie).  Ill, 
035. 

Foi  01  KT  (Francois),  aimateur  tie 
Uretaivue,  pC-re  <!u  surinleirlant.  Ill, 
502,  note. 

Foroi  r/r  (  \ii  oias  ,  procnivnr  pi;- 
nerai,  sminii  n(i;'nl  des  finances.  II, 
(>2,  I  1:>,  157,  10';,  270,  103,  .101,  171, 
.175,  /|SS.  Ill,  29ii,  310.  .",--5.  —  Sa 
disgrace,  389,  391,  1592,  ,10'i.  --  Son 
proees,  .10S,  123,  'i',:!,  /,(||,  /,;)s.  — 
Sa  condaniiiatioi!,  5i>2  el  iinif.  -  !)is- 
•jrace  de  sa  fainill.1,  502.  503,  505. 

FlIL'olT.T    (llKKi.-'.Ill'1).     Ill,    2S9. 

Foi '01  i.r  (Talslie),  e\ujiie  d'Ap;de. 
II,  !  10,  127,  128.  HI,  ;;!.;. 

I'oi  (ii  irr  IM:  (!l;()lss^  ,  antenr  du 
Cmirricr  du  toitj^.  II,  5.",S. 

Form  i  (de),  president.  Ill,  29.1. 


SH  TAHi.K. 

Fot  TMI,  iinprinuurdeLyoii.  1,  230. 


IF,  1M. 

FHACASTOII,  niedecin.  I,*9. 

FKAMHOISIKIIE  (La),  c-hiriirgien  de 
Paris.  J,  J.'i,  It'i,  -'77.  II,  115. 

FKA.M.OIS  I''r,  fonclaleur  du  College 
Rojal.  II1,  225,  7:58. 


Kr.F.s  (Tlu'-opliile  de),  nie- 
decin de  l.ondrcs.  IF,  97. 

GAIIC.  vvr,  inlondant  des  finance?. 
TI,  2S:5,  287. 

GAIUF.I.  (  P.  )  clianoinc  de  Montpel- 
lier.  I,  20  'i. 

GAIIMKH,  niedecin  de   Lynn.   Les 


FRANCOIS  (Fr.  des),  inedecin  do  Pa-    Leltres  ( i.iv  ,   ci.v  ,   c.i.vi  ct  c.i.vn  lui 
ris.  11,08,  220,  .'5A2.  I  sont  adressccs.  1,   259,  506,  515. 


FHA  ,<;i:r/r\s  (Ic  comic  do).  I,  .'580. 

FUEDI'-KK:  ill,  roi  de  Daneinark.  II, 
A.'15.  II!,  15i. 

FHEHON.  I,  285. 

FKKSM:  (Du).  I,  .'580.  Ill,  78.'!. 

FHF.V.  I,  1.".. 

FHOMKNT,  llieologicn  dcLnnvain.  I. 
1  6:5. 

FKOMKMIN.  I,  'i7. 

FitoMOM)i:s  (Libortus),  theologien. 
1,  1.65,  'i8l. 

Fn'/idi'iirs  (les).  Guerre  do  la 
froiide,  1,  10.'!  a  'i28.  II,  5A5,  577. 

FLT..NSAU>AC..NE  (le  comte  dcj.  Ji, 
115,  note;  /jo  8. 

Fi  USTKMIIKHG  (Ic  comic  dc),  favori 
de  I'empereur.  II,  A'tO. 

G 

GADDIL-S  (Jacob).  IF,  128. 

(i\i  K\i;r.i.,  voyagenr.  11,  'i(>5, 

GAOEIU  (lo),  niedecin  du  prince 
do  Conti.  II,  l'i,  1(3  ,  180. 

(lAiu.AC,  (1'abbO  do).  HI,  -);i9- 

GM.AM),  avocat.  1  ,  17.">. 

GALAS.   I,  3.  '5. 

GU.VTKIN,  niedecin  dc  Rordeaux. 
1  1  ,  52. 

GU.U.KK.  Notice,  \\x. 

(!AI.I.VM>,  socretaiie  du  conseil. 
All'airos  iles  Barricades.  1,  All. 

G.u.i.r.s   (  prince  dc).    1,   152  -.'580. 


(IM.I.II.N,  (oii^eiller   a  Troves.    1, 

1'>7. 
GAM  vitR,  niedecin  dc  Paris.  1,  18.'5. 

(,  VNOTON.    II,     15(5. 

GAIUSSK.  (le  1'ere)  ,  jesuite.  Sa  doc- 
rine.  I,  7!>,  2<i7.  IF,  292. 
GMMII-,  niedecin  do  Paris.  IF,  2'jS. 


GUSMKH  (le  clian('olier).  I,  A2A. 

(JAIIMI-.U,  ])eaii  -fivre  de  !\f(»16  de 
Cliamplaslrenx.  II,  ,'57'i. 

GAUMI-.R  UK  Mu  -RIVET,  president  de 
la  Conr  dcs  Aides.  I,  202. 

GASSKMH  (Pierre),  philosophp.  ]\"o- 
lico,  XM.  I,  82,  8.'5,  150,  2.'55,  38."., 
'i2.'5,  /|(i8.  II,  15:;.  -  Sa  niorl,  216  et 
nnle,  A05,  505,  508,  5IG,  521,  522. 
Ill,  05. 

G  ASSIGN  (de),  mareclial  de  France. 
I,  :5.'5J. 

(i.vssrox  (le  colonel).  I,  AO,  88, 
10(5. 

GAIMI\,  doyen  des  mailres  des  re- 
f[iietcs.  J],  25(5,  287.  Ill,  96,  I'iO, 
.'552. 

G  \IMO\T,  envoye  en  Italic  pour 
I'execution  du  traile  de  paix  avec 
I'Lspa^ne.  Ill,  JfiO. 

GAI  i  ini'.r,,  celrbiv  avocal.  Ill,  01  1. 

GA^  \M,  president.   I,  :16:5,  :568. 

GAYAIT,  cliirurgien  de  I'annee  dc 
Flandrcs.  Ill,  662. 

GA/EAU  (Madame  de).  II,  OX 

(iit:i-llc  dc  France.  Sa  fondation. 
I,  2(11  note. 

Gi,M)iio\,  cure  de  \an\re.  II,  516. 

Gi.\o\,  conseiller.   II,   106. 

(ji:oi  i.-iiOY-Sr-i!ii,Aiiu.  (K.),  inem- 
bre  de  rinslilul.  Ill,  ISI  note. 

Gi:o;-|-itov-Srr-Ilir,Mr.K  [Isid.),  meni- 
bre  de  rinstilut.  111,52,  ,527  note, 


GEOHGKS  (Madame  dc  Sainl-).   I. 

77. 

(Jr.r.Ai'.D,  de  Troves.   II,  212,  2.'!2. 
(ir.iniMN,  a\ocal.   11,   l.'i. 
(JiaiMMN  ((-I.),  niedecin.   I,   180, 
li»(),  A7:1.    II,  228.   Ill,  1:>. 


T  \IU.K. 


(Jiiuiii),    prand-archidiaerc  d'An- 


Ill,  ill. 

(JiiiAiio  «L  TII.I.Y,  president.  Ill, 
GIO. 

(JIR\RD.  Vieded'Eapernon,l\t  l.'i.'i. 

(iiii  viii)i\,  £r;in(l  partisan.  II,  316. 
HI,  M:\,  56  'i. 

(.Jl.VSSKH.     II,     VH'l. 

(ii.Ainr.ius,  eliiinisle.  II,  'ilO. 
CI.OIKSIKII  (dur  de).  Ill,  L'L':.,  507. 
CJoAB  (\v  pere  Jac.).  II,  77. 

K  I'F/I  rr-M  in  \ts,  con^cilier. 


Ilistoirc  dc  I'Eijlisc.  1,  I  17  nole,  1ST. 
II,  llMi. 

(!ODI>,  j)rofe<senr  au  college  do 
Franco.  II,  190. 

(lonr.riio^.  I,   '|97. 

( lovr.KRMLi.K  (do;.  Mii>it>in's  dn 
(/.'(:•  (/<•  Yfi-crs.  II,  V.i'i. 

<;o>i)Y,  pore  dn  cardinal  de  UoU. 


,   inedecin  de  lloanne.  II, 

/i7(>,  ;>o:<.  ill,  'iO;>,  (;.")". 

Nonius  do),  niodocin  de  la  eonr.  I, 
11,  108,  217,  220.  II,  120,  U2,  U7, 
205,  170.  Ill,  21,  99  el  note,  193, 
197,  201,292. 

Got  i.  is,  secretaire  dn  due  d'Or- 
lejns.  1,  :!80. 

Goi  I.L  (Ic  pore\  I,  181. 

GontMELE*  (K.),  chirnrgien.  I,  210, 
."S7. 

(ioi  UVII.I.F.  (do).  II,  2(53. 


CF.KM.AIN  PRKUA,  medccin  dc  Pa- j      GovTiurn    (Jean),    d'Andcrnacli, 
ris.  III.  (577.  i  niMecin  de  Paris  an  x\'  siecle,  res- 

GEKMUX  (lord),  rnvove  d'\ng!e-    tauraleur  de  I'mialomio.  Ill,  559 note. 
l.-rro.   Ill,  636. 

GERM  UN  (de  St-) ,  aumonier  de  la 
reine.  —  Recneil  de  pieces  contre  Ic 
c.rdinal  de  Richelieu.  I,  10(5,  108, 
7,  110,  298. 

<  F.BVAIS,  medccin  de  Paris.  I,  155. 

GKRVAIS,  moine de  saint  Augu^l'm. 
II,  393. 

GF.HVAISE,  bacliolier  en  medecine, 
poele  lalin.  Ill,  630. 

GERZE  (marquis  de ) .  Prise  de  la 
citadello  de  Sanmur.  I,  5_M.  -  II,  .">, 
2.H,  617,  500. 

GF.SVKR,    natnraliste.   I,   25:>.    II, 

GEVBKS  (marquis  de)  ,  morl  devnnl 
Thiomille.    I,   100.  Ill,  700. 
CII.I.IKBS  (Madame  de'.   II,  fi3. 
(iiN\\sio,  cardinal,   lils  du  medc- 
cin de  Clemen  I  VIII.  1,  02. 
GIORDANO  Biu  NO.  Notice,  \\i\. 
GIUAC  (de) ,  conseiller  au  presidial 

(;ii\>ci:v,  mareelial  do  France, 
gouverncur  de  Thionville.  1,  175.  II, 
637. 

GRANDIKR  (Lrbain).  \olice,  \\\.  — 
Allaire  dos  religieusos  de  Londnn.  I, 
302.  II,  002. 

GiiAM)is(Jo.-Fr.).  11,290,  292. 
GiuMM'iiK  (de),  intendani  do  Flan- 
dr,  s.  Ill,  OO;,. 

GH\\(;E  (de  la),  mailre  des  complos. 
II,  127. 

GRAXGIER,  professcur  du  College  de 
Frame.  I,  15.  II,  ',:;:,.  Ill,  711. 


(in  UMKMU:K,  medocin  de  Narbonne. 
Ill,  98. 

GRAMMONT  (de),  mareelial  de 
Franco.  1,  227.  II,  25,  I  ',8,  190,  :50:<, 
.'Mi'i.  Ill,  202,  057. 

GBAMO\D  (B.),  president  dn  parle- 
ment  de  'J'onlonse,  anlonr  d'nno  ///«- 
tiiiir  dc  Louis  Mil.  I,  102,  101,  289. 


(iitvs,  medocin  do  I. urn.  1,  .'H)2.  H, 


fJn  \ssKtr  vi  ,  consoiller  (In  Palais. 
II,  225. 

(iu\s-i\  (consei'ler .  I,  01,  110. 

( .  i;  u  i  \\  MKNAKIU:  vi  .  1 1,  .">  1!'. 

(HIVM-:  I, \i\v\,  affaires  des  Barri- 
cades. !,  110. 

(ii;i<-i,  cardinal.  Sa  moil.  1,  (52. 

(.KIM  vi.ni,  cardinal,  nomine  eveque 


T.M'.I.K. 


Gi;i>ron  (.lean).  Ill,  70S,  7/1,  772.        Gnnr.,  inedecin.  I,  200.  II,  (il. 

Gr.isr.i.i.K  (I.arbier).  Son  moces  Gi  ;I,I.I:MI:AI  (Charles),  medecin  de 
contie  Gresse.  HI,  7:'2,  7:)1.  '  Louis  Ml  1,  a  Paris.  I, /i,  29,  89,  1  .V5, 

Gr.o.Mivii:,  ,  savant  philolnjrue  de  '•  205,  2  I  5.  '|53.  Ii,  152,  100,271.  250, 
Leydc.  Ill,  079,  795.  |  200,  271,  507,  588.  ill,  0:<,  09  el 

GHOTILS  ( Iliuvo),  ainbassadeiiv  de  |  110le.  —  Gonlroverse  avcc  Courlaiid  , 
Snede,  auleui  du  traile  I.c  di'aii  data  ',),  /,',.  /,,">. 


(jnerrc  ei  dc  Itipiti.r.  1,111,11  0,  I  .'59, 


/i52.  —  Son  opinion  Mir  ks  nioines  ct 

Ics  jesuite*.   '18.:-.   II,  -I'd,  197,  ;50't 

ct  note,  /i4S,  'i78,  5,'iO.  Ill,  79.".,  7(J/i. 

GIUPHES,    celebre   imprinicur.    I, 


296. 


GiKinsiAvr  (i!Kir(|nis  do).  —  Sa  \ic. 
I,  218,  ,'500. 

GIK]',KIAXT  (ia  marechale  dc).  I, 
2  'if).  II,  57.  Ill,  I'i9. 


GLJi.Lf.\ii\  .  inedecin  dc  L\on.  I, 
A75.  —  Sa  querclle  avcc  A.  Falconet 
an  snjet  dcs  pnrgatifs.  II,  557,  57.'!, 
57/i.  575,  570.  Ill,  77.  ,'!  I  'i. 

GLII.LEI,  conseiller  d'e^lisc  de  In 
Grand'Cliambre.  II.  /i.'iS. 

GLISK  (due  de).  —  Son  proces.  1  , 


du  parli  jansemsle.  I,  220.  Hi,  70. 
Gi  KXALT,  iiK'decin  do  Paris.  —  No- 


458, 10:5,  lO'i,  180,  209,  2!'*,  :>12, 
.'i.'i'i,  -Vi8,  ;.5tiO,  .'i.'io,  /i  50,  A59,  /i7i, 
/i70,  587,  000.  —  Maladie  de  Louis 
XIV.  ill,  05,  85,  89,  90,  1  17,  180.— 


557,  052. 

GUKXACT  lc  jcune,  niedccin.  I,  /i2.'!. 

GL'KXKGAI:I),  conseiller.  Ill,  290. 

Gi'KKAui)  (A.),  int'decin  a.  Paris.  Ill, 
712. 

(ji'KKc.ni  (mademoiselle  de).  TIT. 


j'l,  /i8S.  11,  ;',1.  Ill,  172. 


de  (inenaui.  1  1  ,  /i59. 

(ii  i:s(;i.ix  'de),  conseiller.  If,  89. 

(ii  ir.Ki,i.;-.loi  iii)Ai\  ,  niedccin  a  K- 
vrtMix.  II.  •')  i  0  nole. 

(\\  icii  \iii)i\  .  hisloricn.  -  Hi.tlinrc 
d,s  r/itcnrs  d'  italic.  I!!.  0;i9. 

(It  icsii:  (  cc.inle  de  ,  ,  inarcchal  de 
France.  I  ,  5  I  ,  0  I  .  02  ,  88.  1  1  ,  :50l. 
111.519. 


155,  2/iO.  Ill,  .17.'i,  /i75.  —  Sa  inort, 
82. 

Grisi-:  (madame  de).  IF,  2/iO. 
GVISK  (mademoiselle).  II,  2'iO. 
GUISE-LE-BALAFKE  (de).  il,  /i/i5. 


Sa  mod.  II,  "A. 


de  la  reine.  Prise  <!e  la  ciladelK'  de 
Sannuir.  I,  521.  II,.".,  :i2:;.  :!9i),  ,'|27. 

(ii'iio:>  (de).  1.  108. 

GLSTAM;  ,  roi  dc  Suede.  1.  200.  — 
Son  elevation  an  trdne,  225,227,  2.'i2. 


GiSTAVK-Ai)Oi.piiK,  roi  de  Suede.  II, 
EiiK/,  medecin  cspagno!.  Ill, 


Giv  Di:  Lv  BKOSSI:.  inedecin  de 
I.onis  \lll  ,  fondalenr  du  Jardin  des 
Plantcs.  Sa  mort.  1,  8  I.  —  Diatribede 
(J.  Patin  contrc  lui.  82  el  nole,  t.">7. 

(Jivox  (Louis)  ,  sietir  de  la  Nauclie. 

i,  :iO'i,  r>;57. 

Gi.'ioxxKT,  conseiller  du  Parlenienl 
dc  Bordeaux.  II,!  89. 

(kyor,  inedecin  de  Dijon.  II,  A2I. 

Giu  HI.  T,  cliirurg'ic'ii  lilholoinisle. 
II,  200. 

H 

JI'AC.I  KNOT  (P.),  niedccin  dc  Afont- 


TABLE. 


81? 


HACIEXOT  (H.)»  professcur  de  la 
Faculle  dc  Montpellier.  II,  200  note. 

1!  ULLAX   (G.  (ill).  II,    '|M>. 

HALL  (Joseph,.  II,  82. 
HALLE  (J.-N.),  iiii'deciii  dc  Paris. 
II,  378  note. 

II  M.I. n. u  (du),  defaite  dcs  Espa- 
gnols  a  Rocroy.  I,  100. 

HAMON,  medecin  dc  Paris.  II,  260. 
HABCOIHT  (comic  de).  I,  70,  125, 
150,  203,  237,  277,  3'i2,  308.  — 
Affaires  des  Barricades,  405.  —  Siege 
deCambrai,  456.  II,  27.  —  Son  ac- 
cord avec  leroi,  97,  110,  120,  545. — 
Gouverneur  dc  Normaudie.  Ill,  33. 

HAUDOUN  Saint-Jacques),  medecin 
de  Paris.  1,  258,  497.  —  Accuse  d'a- 
voir  introduit  le  vin  emetique  dans  le 
Cudcai  sans  avoir  consulte  la  Faculte. 
II,  192,  285.  Ill,  286,  299. 

HAUISSO.N  (le colonel).  Ill,  286. 

HAULAY  (Arhillc  de),  premier  pre- 
sident du  parlemciil  sous  Henri  HI. 
II,  286.  Ill,  66',. 

HAHLAY  (madame  de).  I,  223.  II, 
280. 

UAKLAY  (de),  maitre  des  requetes. 
II,  286. 

HAHLAY  (de),  procureur-generaldu 
parlement.  Ill,  780. 

HARLAY  (de),  fils  du  procureur-ge- 
neral.  Ill,  656. 

HAUVEY  (G.) ,  celebre  medecin  an- 
glais. 1,  143.  —  Decouverte  de  la  cir- 
culation du  sang.  II,  64  et  note,  537 
el  note. 

HAUTIN  (Jean),  medecin  de  Paris. 
I,  449  et  note,  i53.  II,  A77. 

HALTEFOKT  (madame  de).  I,  102, 
329.  II,  43. 

HALTERIVE  (le  marquis  de).  Ill, 
717. 

HAYE  (de  la},  ambassadeur  a  Con- 
stantinople. II,  430.  Ill,  102,  309. 

HEBEBT,  cliiriirgiendeLyon.  I,  479. 

HECQLET  (Ph.),  medecin  de  Paris. 
1 ,  1 33  note. 

HKDOIN,  medecin  de  Lyon.  II,  2'i6. 

HEINSILS  (Daniel),  philologue.  I, 
139,  167,  22r>,  300.  II,  172,  .")12. 
III. 


HKI.NSHS  (Nic.) ,  fils  du  precedent , 

coinmc  lui  philologue.  I,  A87.  II,  188. 

Hutior  (Nicolas,,  medecin  de  Paris. 

I,  422.  II,  65,  386. 

HKLOT,  auteur  de  L'ecolc  dcs  (illex. 

II,  J9'j. 

HKNAILT     (J.  ),    libraire.   Notice, 

XXVIII. 

HKMII  IV.  Ill,  651,  7'i(i. 

HKMUETTE,  rfine  d'Angleterre.  I, 
116,  119,  120,  121,  167.  —  Son  se- 
jour  ft  Paris,  336.  II,  434.  — Sa  ren- 
tree  i  Londres,  470.  Ill,  308.  —  Sa 
mort,  705. 

HENKY,  de  Lyon.  I,  143,  511.  II, 
29,  400. 

HEK  \LDIS  (Desiderius),  celebreavo- 
cat.  I,  163,  263,  360,  491. 

HEIIALT,  conseiller  de  la  chambre 
de  justice.  Ill,  560. 

Ifcrboi-istc.t  (les).  II,  563. 

HEBE  (de  ,  intendant  de  justice.  II, 
247. 

HEBEDIA  (Gaspard-Caldera  de),  me- 
decin deSe\ille.  II,  447  et  note. 

HEBELIA  (Pierre-Michel  de),  mede- 
cin espagnol.  II ,  447  note.  —  Publi- 
cation de  scsceuvres.  Ill,  633. 

HEBMANT  (Godefroi),  recteur  de 
TuniversiLe  de  Paris  ,  chanoine  de 
Beauvais.  I,  101,293. 

HEKOABD,  medecin  de  Louis  XIII. 

III,  48,  346,  428. 

HEKVABT  (i\\  ,  contrulenr  general 
des  iinanccs.  1,412,500.  II,  463.  Ill, 
198. 

llcsdin  (revolte  de).  II,  379,  380, 
383,  384,  385,  386,  387. 

HF.LIIMLS  ;J.) ,  on  V.\>  HEI-BNE.  I, 
230,  236.  —  Publication  de  ses  iru- 
vres.  II,  324,  410. 

HILAIBE,  avocat.  I,  389. 

HOBDES  (Thomas) ,  philosnphe  an- 
glais. II,  470,  593  etnote. 

HocQUixcOfHT  (d') ,  inareclial  de 
France.  I,  175,  194,  197.  II,  380, 
390,  398.  —  Sa  mort  devant  Dun- 
kerque,  413. 

HocQti.NcoutT  (Ic  chevalier  de),  III, 
594. 


sis 


TABLE. 


HocQiiNcoriiT  (<!')  Ills,  gonvcrnour 
do  Peronne,  prisonnier  an  hois  do  Vin- 
ccnnes.  I,  73,  456.  II,  '2-2-2. 

lloiiM\>.\  (Frederic  ) ,  celebre  me- 
di'cin.  I,  J  '|3,  391  notes. 

lion M.i>.\  ('iaspard).  Jngeincnl  do 
si's  (L'uvi'js  (Institutions  mediae),  I, 
109,  123.  124,  126,  128,  436,  144, 
150,  286,  322,  376,381,406.11, 

410,  505,  506,  533. 

UMandc  (la).  Ill,  716. 

HOLLIEK  (,'.),  celebre  mcdccin  do 
Paris.  II,  410,  476.  Ill,  410. 

HOLMAN  ,  niuilrc  dcs  com  pics.  I  , 
283. 

HuHiji-ic  (le  roi  (!••).  II,  306. 

HOMMETS,  medecin  de  Paris,  bean- 
pere  de  (lliarks  Putin.  Ill,  .'Ki7, 
594. 

JIoi-iTAi,  (del1),  mar£chal deFrance. 

I,  KiO.  II,  360. 

(niadame  la  mnrechalo  dc 
I1).  Ill,  447. 

HOUSTH  s  (Gregoire),  nioilociii,  snr- 
noniniu  1'Kscnlapo  de  rAllemagni'.  II, 
:'72  cl  note,  4GO. 

llonsTirs  (Jean-Daniel),  inedecin 
allemand.  II,  272  et  note,  288. 

HOSPITAL,   cliancelier  de    I''i'anee. 

II,  369.  Ill,  I'i2. 

HoTTiNdEius  (  Jo.  -  Henr.  ).  II  , 
I '. '.. 

lloissrr,  inli  iidanl  des  linanccs. 
II,  438. 

Ho/.iFii    P.  d'),  savanl  geiiealogisle.         Jr.\\  J\  (due  de  Mragancc),  roi  de 

Portugal.  Sa  morl,  II,  2G!». 

Hi  MI-IK  (J.),  inedecin  espagnol.  II,  j       JKVNNK  (la  papesse).  II,   172,   III, 


JKVNMN   (le  president  P.).  1,  218, 


Italic  (T).  Ce  qn'en  (lit  (J.  Palin. 
Ill,  80. 

It  aliens  (les).  Lcnr  earactere.  Ill, 
1 34. 

IVKS  (le  pere),  cupncin.  II,  201. 

INXOCKM-  \,  pape  (PamphilioJ. 
I,  338,  341.  —  Projet  de  docrel  conlre 
les  inoines,  451.  II,  213. 


JACOR  (le  pere  Louis).  I,  116  el  note 
185,  11,321). 

JveoiKsV,  roi  d'ficosse.  Ill,  123. 

JAOQIJEH,  partisan.  Uf,  393. 

•/unscnixiex.  I,  183,  194.  —  Decla- 
rations conlre  eu\.  II,  313,  et  III, 
527.  Ill,  93,  94,  556,  GG8,  680,  683, 
689,  7G7. 

JA.NSK.MLS,  eveque  d'Ypres,  1,  352, 
II,  102,  103. 

JWKI.MS,  moine jacobin.  II,  366. 

J\MN  i  IK  o  vsm.i.i;,  liesorier  de  1'e- 
pargno.  II,  471,  III,  415. 

JANOI,  cliirnrgien  de  Paris.  11,  147, 
26li. 

JuimcK  ( le  pere) ,  j'esnite,  aiilenr 


.1  VSSIN   (I'abbe),  eveque  de  Leon. 


lliiiui    (A.),   inedecin  de  Paris. 
I,  301. 


II,  2G2  et  note. 
Hi  I;KI:T    le  chevalier  tleSaint-).  Ill,        JKUOME,  modecin  de  Paris.  I,   13. 

470.  .fcsitili-K  (les).  I,  33,  48,  V.».  —  La 

lltii/iti-nt'ts,  troubles  a  Montaiihan.  Jesuituyraphie,  54  ,  <il,  GO.  —  One- 
I,  l.")0.  rello  qn'ils  out  a\e<:  les  e\i(|iies,  les 

Hii;iF,[\N,  uvocal.  I,  9(i,  Ki'i,  215,  :  cures  et  la  Sorbonne  au  su  jet.  do  Tad- 
257.  II,  •>.  I  iiiinistralion  des  saereinenls,  72,  79, 

HiMii-.UKs  (d'),  lieiitenanl-jrcnera!.  '  90,  !''i,  102,  112,  113,  1  1  '(  ,  |:is. 
III,G'|H.  _  1.,-n  jcsiiilrn  fair  l\'chnf,ind,  1  'i  'i 

lli'UKM,  inedecin  de  Paris.  II,  2'|S.     el  note,    145.  —  1(,(7,  220,  222,  •'•Mi. 

Hi  i  TI;MS  (I  Iriens).  II,  ',10.  Ms  s'insiinienl  parlonl,  font  prolil 


TABLE. 


SMJ 


de  tout,  254,  255.  —  268,  269,  301. 
-  Theuloyie  morale  dot  jtsuilf.i, 
325,  451,  452,  453.  Jl  ,  102,  103, 
145,  I'OO.  —  Assimiles  aux  pliari- 
siens,  2J3.  —  Les  Lcllns  prvrin- 
n'o/i.v,  253,  254,  207,  278,  3J3.  — 
ConquOle  duns  rAmerique  iiieridio- 
nalc.  —  Lour  i&ablis&euienl  a  \enisc, 
338.  349,  375.  —  1'ublicutioii  du 
livre  DCS  cas  dc  c unscii  ncc  ,  391, 
395,  397  el  note,  439,  440,  448. 
Ill,  98,  101,  102,  134,140,  388, 
289,  369,  370,  442,  574,  080,  707. 
I  "!/c:  MOIM.S. 

JOLI,  conseiller  au  Chalelet.  1,  443, 
504,  11,  13,  78. 

Jon,  cure  dc  Saint -iNicolas- des - 
<  .lump-.  Ill,  337. 

JOLI,  librairc  a  Paris.  11,  18<>. 

Jo.\ytKT  (I).),  inedecin,  prolcsseur 
df  bolanique  au  Jardin-du-Koi.  11, 
444,  111,  788. 

JOSEPH  (le  Pcre),  Leclcrc  du  Trem- 
l>la),  capucin.  1,  30.  — Sa  moil,  59 
ei  note.  —  .Manoiivs  tl  instructions 
politicoes,  I  02.  11,  400. 

Josi  ,  libraire,  ii  1'aris.  I,  495.  11, 
04. 

Joi'BBiri  (L. )  ,  cclfhre  inedecin  dc 
Monlpellier.  1, 127,  209,  210.  II,  241, 
200,  504. 

JOLUOLI.V,  inedecin  a  Ai.v.  J,  5. 

JOIUDAS  ^A.  J.  I,.),  ineinbrc  dc  1'A- 
cadfinic  royaledc  iiK'dccine.  Ill,  57, 
554  notes. 

Journal  dcs  .\iiriints.  Sa  fondalion. 
Ill,  517  el  note,  527,  532,  533,  577. 

Jin  \JN,  inedecin.  Ill,  283. 

Jovus  (P.).  II,  482. 

JOH.LSI.  ( Ic  cardinal  de),  arclievc- 
que  de  Toulouse  el  de  llouen.  11, 
371. 

.Ii  v\  n'Ai  i  iticin;  (don).  If,  390, 
3119.  433.  Ill,  599. 

Jubilc  (le).  1,  7S,  80. 

Jin/at  (les)  el  la  Jtistiu:  11,  81,  85, 
S(i.  Ill,  701. 

,li  11  (Jean),  cliirur^ien  du  cardinal 
de  iliclielieu.  I,  47,  s«i.  II,  in.; 
note. 


JtLlKIlS  I)K   (JIAI.AM)EAI  ,   COIISeillfl 

du  Pailenieiit.  Sa  prediction.  111,37. 
JISTEL,  secretaire  du  roi.  11,522. 


km. in  1. 1.  (J.-l).).  Itcd'f  ill  inns  iiu- 
inistniitiiiucs.  .Notice,  \in,  note. 

KCK.MGSMAUCK  (le  cointc  de ) ,  ain- 
bassudeur  de  Suede.  II,  211.  Ill,  593- 

94. 


LAHAUII:,  prclrc.  11,  352. 

LAB.UIUK  (Joseph),  auibassadeur  en 
Suiise.  Ill,  773. 

LABIIK  ( le  pcre  Ph.),  jesnilc,  de 
JJourges.  11,  254.  Ill,  214.  570. 

J.U.KOIX.  11,  ;>i4. 

I.ACLNA.  ank'iirdu  lialeniEpilumc. 

I,  207. 

L AUISI.AS,  1'un  des  juges  du  roi  d' A n  - 
glelerre  (Charles  1").  1.  152,  442. 

L.U.VM.I;  (II. -'Hi.),  proffsseurde  la 
l-'acullti  de  medccine  (If  Paris.  Ill  , 
399  note. 

LAFKKMAS  (de),  niaitre  des  requeles. 
Jl,  250.  :ib7.  289. 

L  \i  i  u.i;  (Pierre),  inedecin  de  Paris. 

II.  31. 

L.\i.\G(KLs(Juc(|.),  autcur  d'nne  I  '/',- 
dc  Lutlit-r.  II.  I'll. 

I,AMi;i:itT  (le  colonel  lord).  1,  i\',s. 
252.  11,  14S,  159  .  43',.  Ill,  oio, 
220. 

LAMBKIN  (J.-l!.',  inailre  descuiiip- 
les.  I,  350.  Ill,  474.  »75. 

I,\MI:I\  (J)enisj.  II,  480. 

LAMIJO)  (le^encralj.  I,  94.  —  Sic^(. 
df  (irau'lincs.  II .  'il.>. 

I, AMil.lli:iii;.  11,  349. 

I.  \.\IOK.\O\  (df),  premier  president 
du  Parlcmcnl.  II.  291,  441.  'li;;.  ',<i9? 
472.  Ill,  92,101,  124-1:10.  lil.  loU 
198,  203  el  nole.  290.  -  S.i  m.iladie, 
359.  370. 

I.  VMOK.NON  ( (If).  Ills  <in  premier 
president.  Ill,  5  Is,  :>33,  .V^i.  ,v, ',, 

l.\  \lii\\oir..  —  .Notice,  \\\ni. 


820 


TABLE. 


L'MOTiiF.-IIoinANr.oruT,  marechal  i      LA  TOIT.HF.  (It-  pere  II.  do),  jesuite. 
dc  h'rance.  I,  I'll',  .Vi2.  —  Allaire  des  j  I,  ;S70. 


barricades,  /lO.'j,  A09,  A 1 3.  —  Sa  mort, 
II,  2110. 

I, A  MOTIIE  I.K  VAYKR  (I1' ram;.),  <k' 
1  Academic  franeaisc.  I  ,  A  (JO  et  note. 
K,  5,  2.V),  3.Vi,  523  et  note.  HI,  (.ir>, 
/i8'i. 

LAMY,  medecin  de  Paris.  I,  282. 

LA  XALVK  (de),  conseiller  des  cn- 
qncles.  I,  /i.5l. 

LAM.I.OT  DI  Voisix.  I,  222. 

LA.NGI.OIS  (niadanie).  1,  '.'It.  L01, 
1  05. 

LANCLOIS,  avocat  culebre.  111.  075. 

LAMM.OIS  (Feriinojul).  111,711."). 

L\N<;I.OIS  (le  pere).  drsi»ne  sous  le 
psoudonyme  de  Saint -Hubert.  III. 
29,  ;i(). 

LAXGLOIS,  impriincur.  li,  .'S20. 

LAM.I.KT,  de  lleauvais,  recteur  de 
rUnivcrsile.  —  Sa  harangue  dans  le 
prncus  des  niedceins  et  des  clMnir- 
Siens.  Ill,  I7S. 

L\  \on:  (de).  Ill,  201. 

I.  \\SAC  (  nuulaine  do).  T,  227, 
291). 

L\  l'r,u:i--.  (de),  secretaire  du  roi. 
II,  ;32:;. 


LA  Ti  ILLKIIIF.  (de),  ambassadenren 


L\ii)viiDKMOM',  niailre  des  reqne- 


grand-prieur  deKrance,  J,  .'i'i2. 

I,  A  I'm  NK,  ^ouvernenr  de  Alanrini. 
II,  /i  20. 

J.\  l\  Mii.ii.iii.,  partisan.  I.  '|OS. 

LAIIDIKK  ,  apotbicaire  a  Paris.  II, 
372. 


'iS2,  :>20.  II,  150,  I5'i. 

L\  Puvir-.iii:  (le  chevalier  de)  ,  inven- 
tcur  d'uii  proeede  pour  dissoudre  les 


^\t^\^  fir, \VK,  partisan.  II,  JS2. 

I,Ai.\n  (de),  medecin  de  i'aris.  I. 
,'|5.-).  Ill,  783. 

LVI.\OY  (J.  de),  docteur  de  Sor- 
bonne,  (lit  /t  Dcitichfui'  <lc  suinls.  I, 
191,  25.",,  255,  /i!Mi  et  nole.  Ill,  155. 

I. UIIKM.  medecin  de  Moiilpullier. 


L-U;K\T  (Le  Hrun),  jesuite.  II, 
251. 

L\i  IUKI;,  medecin  de  Provence.  II, 
Vi9. 

L At/i  .N  (due  de).  Ill,  792  el  note. 

LAVAL  (marquise  de).  I,  Kil. 

LAVAL  (de),  medecin  de  Paris.  II, 
/i'i8.  Ill,  272. 


L\  VAI.KTIK  (due  de).  II,  Hi. 

LA  YAI.KTTI-:  (dc),  cardinal.  I,  29, 
:i;],  .'i5,  51,  58,  (il.  II,  /,'|5.  Ill,  82. 

LA  \  \Li.i.rn:  (elievalier  de).  Affaire 
dts  Barricades.  I,  <U(i. 

LA  \Ai.i.ii.r,i:  (inadeinoiselle  la  du- 
cliesse de),  niailresse  de  Louis  MV". 
Ill,  483,  /i8'i,  520  clnole,  (J5J,  (i5;j, 
770. 

Lv  VAI.I.IKKE  (1'abbe  de  .  Ill,  C/il. 

LA  \IKL\ILI.I:  (de).   I,    ',1)2.  II,  18. 

LAVOCAT  (rabbe).  II,  ;J25. 

Li;  l!i;i,  ,   medetin   de  Paris.    ||| 
'i  1  2. 

Lr.  CI.KISC,  medecin  de  Paris.  II,  s| 


ducliesse  d'Orleans.  II.  109. 


Li:  (J.I.IK:  DE  LKSSKMM.K,  eveque  de 
Coutaiice.  Ill,  5(i8. 

LE  Cory,  cbirnr^ion.  I,  'i.'il.  —  Son 
not  an  sujet  de  la  maludie  de  l''r;in- 
cois  I1'1.  Ill,  119. 

LECOMIE,  medecin  de  Paris.  ],  JS.'S. 

I.K  Coy  KI:  COKKKMLI.K.  II,  2,"5. 

LF.DIES  (Pierre),  recent  du  college 
d'Harcourl.  II,  102. 

LEI  i.\i',i:,  medecin.  I,  8i. 

LI:I  i:\iii;  (Taiinequilliisl''aber),  phi- 
lolof?ue,  profcsseiir  'In  college  deSau- 


T.MM.E. 


8-21 


'lit'-*.  Ill,  140,  012  ct  note. 

LF.GIEH,  mcdecin  de  Paris.  1,  220. 
I.K  GUAM),    avocat  de  Paris.    II, 


201. 


LKOKIX,  mcmbrc  (In  college  medical 
dc  Troves.  I,  7.'5,  note. 

LK  JAY  ( lo  pere  (I.  Midi.).  I,  250. 
II,  30(5,  30:5.  Ill,  4. 

LF.  LARGE  (P.),  chirurgion.  II,  359. 


LK  MAITIIK,  professeur  du  roi  on 
Sorboime.  Ill,  344. 

LK  MMTUK  DF,  BEU.F..MMK,  president 
des  empirics.  Ill,  729. 

LK  M  \ITIIK  (. Anloine),  avocat.  II, 
262,  4'r->.  Ill,  98,  595. 

LK  M Msrnr.  DK  S\CY  (Isaac),  Ira- 
ducleur  de  la  Bible.  Ill,  9S  note. 

LV:MOIXK,  rardinal.  I,  44. 

LKMOI.NE,  medecin.  I,  214  nole. 

LKM.OI.NK,  pi-oeureiir  de  la  (lour.  I, 
1  93. 

LKMOINK  (le  Pt.ro),  jesnite.  Ilistoire 
du  cardinal  de  Kiclu'lieu.  1,  115.  — 
I. <i  devotion  niscc,  I  45  note,  3'i2.  II, 
485.  Ill,  (i()2,  (>S8. 

LI-.MOINK,  relienr.  II,  .'57/i. 

LK  N\IN,  consoiller  de  la  Grand' 
rliambie.  II,  JS2. 

LK  IVoiii.K,  conseiller  do  Honen.  II, 
109,  291,  121. 

I.K  Moisi.K,  inedi'cin  de  Ilouen.  II, 
107,  1S|. 

LKMONON,  medccin.  II,  17S. 

LKNOUMIM)  (l'abl)e).  Ill,  (i.'il. 

LK<IN  (le  Pere),  cai-ine.  I,  59. . 

LT.IIN  \  ,  pape.  II,  .'ilS,  775. 

LKON  MID,  inedecin  de  Paris,  I,  2'i<>. 

LKOI-AUIIIS  (P.)   II,  5 1. 


Li:.oi'oi.i>  (rarcliidur).  —  Siejro  d'V- 
pres   en    I'liinilre.     I  ,    150,    151.    - 


.'i'il.  — Sienc  de  Diinkerqne,  VSI.  II, 


Li:  Hot  \  ,  de  Troves.   1,187. 

LI.I;D\,  cliirurgieu.  I,  55. 

1. 1. KOI,  premier  commis.   1,  245. 

LKSCALOPIKR,  jesuite.  1,  245.  II, 
161. 

LKSCIUKNIKR.   I,  2<i8. 

LKSCHASSIKH,  conseiller.   Ill,  (50.'j. 

LKSCII \SSIKII,  'J.),  avorat.    I,  4<i.'$. 

LKSCHCHK  (  L.  de  ) ,  professeur  de 
philosophic.  II,  83. 

LKSC.OICVAI  ,  avocat.  Ill,  1 'i. 

LKSCOT,  jesuite.   I,  30. 

LKSDICI  IKKKS  (duchesse  de),  II, 
248. 

LE  Sores  (D.),  medccin   de  Paris. 


LKSSHS  'le  Pcre  .11,  532. 

LK  TiN.NKMi,  president  des  nion- 
naies.  Ill,  319. 

LK  TAII Tiiiiiii  (Adrien),  inedecin.  I, 
70,  85,  8li. 

1.1:11:1.1,11.11    (Simon),   inedecin     de 


l.i:  Tr.i.i.iKii  Tabbe  ,  coadjutcur  do 


LK  TKI.I.II.II  (  Michel  ,  secretaire 
d'l-.tat.  I,  23ii,  245.  —  Allaire  des 
Barricades,  415,  477.  II,  51,  1  IS, 
352,  438.  Ill  ,  ;2S3,  30  1,  3'iO. 

LK  VICNON  (r'rancois)  ,  inedecin  de 
Paris.  Notice,  i..  1,  I,  7,  123,  153, 
222.  II,  99,  248.  Ill,  299,  'iU5. 

I.I:/.DM  (de)  ,  coiiM'illi'r  d'Klal.  I  , 
1  92. 

Li  \v:oi  n  i  (dc).  1  1,  32.">. 

/.//'/•((irr.s  (IcO.  (;riti(|iie  f|n'en  fail 
(i.  Patin.  I,  337.  —  Leur  silualion. 
II,  15.-  —  Proces  entre  Ics  lihraires  de 
Par!-.  55S.  Ill,  375. 

I.K.KI  i  s  ij-'orlnnins).  I  ,  S7,  ISO  ct 
note,  3S3. 

LIC.KTIS  (Joseph).  I,  ISO,  note. 


l.ii-.iain    Jean),    medccin  bour^ui- 


LK;.M:  (le  prince  de).  II,  438. 


822 


TABLE. 


LOTHIIIIS  (J.-P.),  medocin  el  liis- 


LicNKMi.i.F,  (do),  sonor.il.  II,  125. 

LIO,\Y  (le  chevalier  do).  11,  209. 

Liv.Kvir.s  ( lo  Pere )  ,  roctenr  dn  Lous  XI.  Obliont  de  la  Faeulte  do 
college  des  Jesnilos,  prodiealeiir  01^-  Paris,  moyennanl  caution,  lo  maim 
Ichre.  I,  2A9,  :i92.  II,  ,'iO.  Ill,  30,  535  seril  de  Hliasis.  I.  :\1  nolo.  Ill,  758, 


Lous  Ml.  Ill,  708. 

Lous  Mil.  I.  IS.  --  Emprunl 
rju'il  fail  a  la  Faeiilte  dc  modecine  do 
Paris ,  57  ol  nolo,  53,  55,  57,  (i2, 

07,  08.  71.  7.'5,  78,  79.  81,  83.  Hi, 
80,  88.  89,  91,  95,  97.  98.  —  Sa 
moil.  99.  100.  — Son  anlopsie.  28.S. 

Loris  XIV.  Notice,  XL.  —  Sa  nnis- 
saiiro.  I,  5:5  c!  nolc.  5(i.  Sonavono- 
inonl  an  tron»,  98,  100,  211.  —  Sa 


150,  217,  227.  II,  155,  240,  .'}(';5. 
Ill,  2(iO,  780,  7S7  ol  nolo. 

LII-SI:  (Jnsio  ,  philnlogue.  1,  300. 
II,  /j80,  5;i2.  ill,  505. 

LitliotwrJe.  I.  /i 5 5.  II,  300. 

Litlutlrh,''.  I,  '|55  nolo. 

Li  mi  it  (Simoon).  I.  235. 

LIT  run  ( I-..),  monihro  do  rinsliliil, 
Ira.I'i'-lour  ol  rnminentalonr  d'Hippo- 
rrale.  I,  .",55,  /i55.  Ill,  28,  7'i,  079, 


nialadio,  217,  2.">l.  —  Traile  do  paix 
vr.T    (lord),   goiivprnour  do    ol  nuiriage  avec  1'infanle  d'Espagnc, 


Diinkorqvio.  Til,  91. 


2."9.  2'M,  2V'!.  2'i't.  —  Paix  do  T5or- 


Loisi-.r.  (Ant.),  do  Boauvais,  avocat  I  doaux  ;  son  onlroo  dans  oolto  villo. 


an  I'arloinont.   I,  29(i. 
L  V.LICS.  I,  .'50 'i. 


80.  Ill,  75. 

LOM:  (do),  partisan.  I,  '( |  7. 

l.midtTs.  Ineondic  doi  olio  villo.  Ill, 
01  'i,  015. 

LOM-.I  i-.\  11,1.1:  (de).  !•  52.  01 .  —  Sio^i 


M.5I.  —Son  sar.ro,  120.  1:59.  l.'ill. 
—  Visile  an  Parlomont  ,  108,  197. 
:)80  c(  note.  Ronlroo  a  Paris 


apres  ]es  barrirados,  /i70.  —  DOelara- 
lion  an  Parlcmont  ,  592.  595.  —  Sa 
majorile,  595.  —  Sa  maladie  a  (Calais. 
':07.  'il(i.  '|I8,  '|!!I..'|28,  ,'|3  I.— •  Dis- 
oiission  sur  la  saimiee.  III.  (i  \.  05,  S5. 
do  Casal,  02.  S3,  I0'i.57i"'. —  Los  bar- |  —  Sa  constilnti-m  el  la  nature  d«'s;i 
ricados,  '|0'i,  'i!2.  ',20,  '|31,  'iSl,  '|82.  j  maladio:  discus-inn  sur  ranlimoino, 
'|S3.  I!,  ."fi9.  III.  'i"-7.  i  8<i.  P.olonra  Paris.  88.  \ituvoaiix 

LO.NM  r.Mi.i.r.  (madamodoV  I,  ;i7,  I  details  sur  sa  maladio,  el  liistoiro  (In 
108,  1S5.  II,  I",,  55.'5.  vin  t'nietirpie  .  Si).  —  Vina^o  a  l)i- 

LoNfirr.vn.i.i-:  (in  idemoiscllc  de).  I,  jon  ,  97. —  Voyage  a  l.yon  el  retonr. 
119.  II,  .'i  I  7.  I  122.  —  Conclusion  de  la  paix  ol  dn 

I.HM.I  i:\  u.i.i-:  (Charles  Louis  dc).  I  manage  do  Louis  \l\'  aver  rinfanlo 
comic  do  Saint-Paid.  I.  'i  I  2.  j  d'lvspa^no  .  1 'i7  .  i  '18  ,  el  227.  - 

T.OM;I  i.\  ILI.I-:  (de),  siour  do  Maisons,  Lnlree  a  Paris  a\ec  la  jeiino  roino  , 
president  des  Comptos.  T,  'i'i-">.  If,  18.  25'i,  255,  250.  —  Cession  de  Dim- 
21 ,  2'i'i.--Son  arrrslation,  '|27.  5'iO,  I, crane  a  In  l-'i-anco  .  :\'\'\.  3s|.  ."S3, 
5'i7.  508.  Ill,  'i7'i.  -Constrnrtion  dos  batinionls  do  Vor- 

Loi'r.s  (l''r.),  medocin  do  Paris.  II,  sallies,  '|OS.  Procrs  el  eondainna- 
•2\(-'.  [  lion  do  l-'oii(|iiot  .  502.  5ii.'i  il  nolo, 

Lour.  U>-K  (due  do).  I,  72.  7.",  IS'i,  505.  —  Declaration  an  Parlemont 
.">2S. —  Prisonnier  dans  P,i-u\i'||rs.  II,  conlre  |es  ianst'-nisles.  527.  —  'iiierro 
12.'!.  125,  I2ii.  5'|S.  HI,  270.  .",70,  de  l''lamlre  :  priso  do  Douay,  057 ; — 
"75.  .".97,  5",2.  dc  Conrlray.  (I5S;  do  Lille.  (iii2. 

I.CIKI.MM.  (la  dnclie-s-,- de).  I.  221.  '       Lous  (A.),  socrelairc  porpotiiol  dc 

I. HI, i;  \IM:  (  lo  chevalier  de  \  III,  )'  Academic  do  ehirun.' io.  I,  135.  Ill, 
7")  I.  ;  l^o  nolos. 


TAHI.E 


823 


Lot  is,  medecin  Ac  Monlpellier.  I , 
212,  3'i8. 

Lot  is  WE  HAHO  (doin),  rninisire  (!'!•'- 
lat  d'K.spagne.  1,  23'.i.  3<>3.  III,  3<>3. 

LOUVKAI:,  partisan.  Ill,  393. 

Loivois  (do),  Ills  do  Michel  LeTol- 
licr.  —  Son  manage  a\ec  mademoi- 
selle dt*  Cnurlamnnt.  Ill,  'i01,  7'i5. 

LIDK  (comic  (If).  HI,  TOO. 

Li  co  (le  cardinal),  jesuite.  I,  120, 


LCSSALLD,  medecin  de  Niort.  I,  393. 
11,  '|89.  Ill,  Vi5. 

LUY.NKS  (Charles  -Albert  de)  IU- 
,  fa\oride  Louis  XIII.  Ill,  288, 


Li  VNKS  (connetable  de).  I,  AO'i. 

Lrt\ES  (de).  111.  091. 

Li  vi  (K.),  L  1*9. 

LM>NNKT  (H.),  medeciu  ,  autcur 
d'u  n  Ihrc  Oc  morbis  lucreditariis,  1, 
13/i.  II,  3i2. 


MACK,  librairc  de  Paris.   I,  .'i.'i7. 

MACHAI;T  (df),  conseillcr.  II,  2.'i5. 

MACIIIIVKL  compare,  a  Tacile.  Ill, 
255. 

Mu;no\,  clianoinc  de  Toul.  Disctis- 
sionsur  la  beautt'  de  J.  -(;.  II,  (i,  551. 

MADELIX,  charlatan.   I,  J7(i. 

MADKL  MNK,  conseiller  aux  enqiu'le?. 


\IM;DKI.  u\  (Antoine)  ,  mcdecin  dc 
Montpellier.    I  ,  2 Hi.    II  ,   1:57,  17;5. 


M  \\i.\i  i. is  (marquis  de).   II,   'i.'l. 
M\n.i.\\     I'.),   ii'siiilc,  confosciir 


M  MI.I.I:T,  riche 
I,  7S8. 


;\K.NK  (J.  F. ) ,  chirurpini  dp 
I'liopilal  Saint  -  Louis,  editeur  di-s 
(Murrcs  d'.Ambroisc  I'are.  I ,  AOO 
note.  II  ,  380  note. 

MMMIIOI  IK;  (le  Pero).  Ill,  (i()8. 

MM.VKDV,  mederin  de  Paris.  I,  12. 

Mti.TiiKT  (le  Pen- C.l.  .  II,  /i2(i. 

M  \NCIM  (le  cardinal  .bcaU-frere  de 
Mazarin.  III,2f>2. 

MANCIM  (  Madame  de),  sa-nr  de 
Maznrin.  II,  273. 

MANCIM  ,  crolier  an\  Jesuites  ,  IIP- 
veu  de  Mazarin.  II.  3<>7. —  Sa  mort  . 


MANCIM,  neven  de  Mazarin  ,  pou- 
vernenr  deCiravelincs.  11,238,  '(2!i, 
Vi3.  Ill,  131. 

MA.NCIM  (Horlensc)  .  niece  de  Ma- 
zirin.  II.  A.r>8.  — Son  mariape  avec 
le  p;rand-niailre  d'artillerie.  III.  32s. 
3 'i(5. 

MANC.IM  (la  princesso  Marie),  niece 
de  Mazarin.  I,  221,  '|HO.  II,  is;;  el 
note,  'it>3.  —  Son  mariagc  avec  le 
prince  Colonno.  III.  353. 

MANDAK,  mcdecin  de  Paris.  |||, 
221. 

MANKSSIKH  (C.laire)  ,  mere  de  (iui 
Patin.  I,  333. 

MANGOH  DR ViLLAiic.EAfX.  II,  1>S.'!. 


MAMOII:  (le  due  de).  I.  2s*.  ."">.  — 
Cession  de  Cnsal  anx  F.siiajjnols  .  231. 
II,  201.  — Sa  mort.  F,\tinclio!i  de  la 
race  des  "Severs  de  (lOiizapuc.  I  . 
83. 

MAN/HI. 1.1  ( Piclro-Anpolo-Palinpr- 
iiius-Slellalns-Marcellus)  .  aulenr  ilu 


MAIIMSSIS.  lilierak'ur.  II.  382.  111. 

V.Hi. 

M  M;CI;I..  cliiruriricn  .  tradiicteur  de 

Cnilliit*.  li.  I  I  'u 


824 


TABLE. 


MviiciiKfn,  arclie\cque  d'Aix.  II, 
121. 

MARCILUS  (Theodorus),  professcur 
du  roi.  II,  48'.. 

MAIIF.«,IIU.  (le  pore),  josiiite.  II,  8. 

MARKS,  mcdecin  dc  Paris.  II,  248. 

MAHF.SOOT  (Michel),  medecin  de 
Paris.  I..  309,  405,  453. 

M  \iiKsr.OT,  maitre  des  rcquetes,  (ils 
de  Michel  Marescot.  1,  405. 

MARF.SIIS  (Samuel},  minislre  fran- 
cais  a  noldue.  I,  275.  Ill,  101. 

Mvr.cox.NK,  partisan.  Ill,  296. 

MAIKIOTIX  (1'abbe,.  II,  203. 

MAHCLF.IIITE  (la  princcsse),  souirdu 
ducdc  Savoie.  II,  183. 

M \IIIE  (la  princcsse),  fiancee  du  roi 
de  Pologne.  I,  3C5. 

MAUIE  STI  ART.  Ill  .  123. 

M AIIIE-THKIIKSE,  infante  d'Kspagne, 
fern  mo  de  Louis  N1V.  Ill,  228. 

Mvmi.i.u:  (dc),  maitre  des  requetes. 

I,  168,  403. 

MAIULLXC  (madame  de).  11,22. 
MUIII.LAC    (de),  consciller  d'Ktat. 
Ill,  'i79. 
MAUII.LVC  (dc)  .   gardc-des-sceaux. 

II,  87.  Ill,  479. 

M uui.j. AC,  maroclial  do  Franco. 
II,  87,  382,  4'i5. 

Mvr.ui.M.  II.  233.  Ill,  100. 

MUU.N,  archevGquo.  —  Siege  dc 
Tarragono.  1,81. 

Mvui>,  formierdcsgabelles.  1,482. 

M  \inioiiiEii  ,lc  marquis  dc).   Ill, 

MVIIION.  I,  'i70.  II,  9'i. 

MAIIION-DKLOHMK,  courtisane.  I, 
49A.  Ill,  •")  17  note. 

MUIOI.I.I.S  (de) ,  abbe  do  Yilloloin. 
traduclciir.  1,  238.  11,117,159,317, 
447.  Ill,  I'l. 

MVIIOT  ((',!.).  1,  267. 

MARSH. i,\c.  Ills  de  M.  de  la  Iloclic- 
foucault  de  Poilou.  II,  307. 

MVKSIN.  II,  .",99. 

MVIITMM'S   (Prosper),  medecin  de 

M  Mil  IN,  lieulciianl  du  prince  dc 
Conde.  II-  335. 


MAKTIN  (.loan),   mcdcciii  de  Paris. 

I,  39,  .'jO,  V'5,  A'l,  5011. 

MAKTIX  (  L. ) ,  medcciu  de  Paris. 
Notice,  xxxiu.  1,  I  71. 

MAKTIXKAL,  conseillcr.  II,  13,  100. 

MAHTIMOSSI  (Mademoiselle)  ,  niece 
dc  Mazarin.  1,  203. 

MAIITIU  (P.),  savant  prolestanl,  I , 
,r)(i. 

MASCARO.\  (le  Pi're),  celebre  predi- 
cateur.  Ill,  7(i'u 

MASCON  ,  auleur  de  ['Anti-demon. 

II,  133. 
Mvsiis.  I,  25(>. 

MVSSAIHA  (Alcxandrc ) ,  mcdecin  , 
profcsscur  a  Padoue.  II,  558. 

MASSON  (Ant.),  gravcur,  auteiir 
(Fun  portrait  dc  G.  Patin.  Notice,  i.n. 

III,  (i3(J. 

MASSON  (Papire).  I,  25,  47,  70, 
25(i.  II,  551. 

MASLRK,  cure  et  docleur  de  Sor- 
bonnc  ,  grand  enncmi  des  Jesuitcs. 
Ill,  102. 

MATIIIF.I  ,  mcdecin  dc  Paris.  I,  2l/». 
Ill,  76(i. 

MAK.KK.  mcdecin  dc  Bcauvais.  I  . 
223,  515.  11,  530. 

M  vi  \oriu  (do)  ,  abbe  dc  Gailluc. 
Ill,  229. 

MAITF.OI;  ( le  chevalier  dc  ,,  parti- 
san. III.  393. 

MAI  IIF.NKUS  (le  comtc  do).  II  -  299, 
300.  311. 

MVIRICF.  'le  prince).  11.183. 

MVIIIIN  (Jean)  ,  medecin  de  Pari^. 

II,  2'iS.  III.  430. 

MAUIIN  (Raphael  ,mcdec.;n  del'lio- 
pilal  do  rarmcc  dc  Flandre.  II,  483. 

III,  5(i7,  (i()7. 

MAI  \  ILI.AIN,  medecin  de  Pans,  ami 
dcMolicrc.  II,  248.  Ill,  21  ctnote.— 
Son  dccanat;  particularitc  quo  pro- 
sonic  le  jcton  (|ii'il  lil  fairo,  3V.'  el 
note,  'i!2  ct  note.  53d. 

MuviiiN  (Ju'cs  ,  cardinal,  premier 
minislre.  Notice,  \\i.  I.  71,10(i,  120, 
121,  I'i7,  148,  149,  151,  I5(i,  l.VS, 
15(1,  Kill.  1 1)  I,  11)3  ,  I  ti7,  175,  177, 
193,  217,  231  ,  239.  200,  21)1  .  202. 


TABLE. 


—  Sa  puissance,   298,  345.  394   el 
note.  —  Affaires  des  Barricades,  403 
a  408, 411,  418,  442,456,  481,  521. 

—  Relour  a  Paris  apres  les  Barricades. 
470,  471,  520,  521,  525  ct  note.  II, 
i>,   25,  48,  51,  (51,   62,  208,  209.  — 
Siege  deGravelines,  418.  — G.  Palin 
lui  rend  une  fois  justice,  426,  454.  — 
Sa  maladie.  II,  456,  457,  458  et  note, 
459,   461,  462.  II,  512,  519,  526, 
545  ,  567  ,  586  ,  591 ,  600.  —  Arrels 
de  proscription  du  16  fth'rier  1649et 
de  1651.  — Ventedesa  bibliotheque. 
Ill ,  1  et  note.  —  Sa  rentnte  ft  Paris  . 

II,  92,  93.  —  Don  des  deux  Alsaces, 
116,    130,   131,    187,  229,  241,  243, 
244,  247,  257.  276,  —  Sa  maladie. 

III,  314,  320,  327,  329  et  note,  333 
334.  —  Son  agonie ;  satyres  et  £pi- 
grammes,  335.  —  Sa  mort.  II,  461. 

—  Son   autopsie,   462.   111,339. — 
Son  testament,  3.40.  341.  —  Fonda- 
lion  du  college  des  Quatre-Nalions  , 
340.  —  tfpitaphes.  342,  348.  —  Paral- 
lele  avcc  Richelieu.  357. 

MAZAIUN  (Michel),  cardinal  de  Sle- 
Cecile,  frere  dc  Jules  Mazarin.  111,337. 

MAZAIIIN  (le  due),  due  de  la  Meil- 
leraye,  grand -maitrc  de  I'artillcrie, 
epoux  d'Horlense,  niece  de  Mazarin. 
Ill,  329,  332,  346  note,  769. 

Mazuriiuidcs  (les).  1.148,  261.  II, 
516,  517. 

MAZVIUM  (Pielro),  pere  du  cardi- 
nal, due  de  Rethelois.  11,  118,  121. 

—  Sa  mort.  Ill,  .43. 

MA/.IKVI,  mudccin  d'Orleans.  II, 
293,  367. 

MKAD  'II.)  celebre  medecin  anglais. 
11,  422  note. 

MKCKI.KMI;OI  IK;  .'  le  prince  de  )  III, 
581. 

Medecins.  I,  SO.  —  Lenr  reception 
d;ms  Irs  dillm-ntes  universites.  — 
Alms.  1  ,  200.  —  Parallelc  des  niede- 
c'ms  de  Montpellier  et  des  medecins  de 
Paris.  210  el  note.  • — Medecins  de  la 
ronr,  222.  II,  207  et  note,  227  el  22S. 
—  Les  detracteurs  des  medecins.  1, 
Ii89  et  note.  —  Venalite  des  places  de 


medecins  de  la  coirr.  II,  5,  8,  171.  — 
Honoraires  des  medecins.  II,  6.  Ill, 
780.  —  Assemblies  el  statu Is  des  me- 
decins de  Paris.  11  .  234,  489,  490, 
491.  —  Slatuts  des  meJeeins  de 
Paris,  496.  —  Couluuic  des  medecins 
de  Reims.  496.  —  Des  medecins  el 
des  chirurgiens ,  328.  —  Queslions 
de  pr&eance  enlrc  les  medecins  des 
hopitaux  el  les  administraleurs  el 
bourgeois,  538  tl  nole,  539,  540, 
541.  • — (iages  des  medecins  des  hopi- 
taux, 540.  —  Sur  1'envie  des  mede- 
cins, 556.  — Denombremenl  des  mtf- 
decins  de  Paris,  576.  —  Proces  des 
medecins  de  Paris  conlre  le>  chirur- 
giens.  Ill,  174,  178. — Arret  rendu  en 
faveur  des  medecins  de  Lyon  ,  .'i  la 
sollicilation  de  (Jui  Palin,  196.  — Sur 
Terml'ilion  des  medeciiis  ,  233,  235  el 
note.  —  Trop  grand  nombre  des  me- 
decins, abus  des  universites,  etc. 
451,  452  et  nole.  I'oj/c:  Ciuitiiw.iF..\s, 
FACU.TE. 

Medecins  dc  Monlpdlier.  I,  122 
a  129,  203,  204,  207.  209.  —  Lrs 
places  de  professcurs  etaient  donne'cs 
an  conrours,  248.  II,  2.47.  I,  323, 
324,  325,  343,  344.  II,  133.  •-  Lcur 
upologie,  137.  — Conlroverse  an  sujel 
de  Renaudot,  587.  Ill,  32.  —  Apo- 
logie,  35. 

MEDICIS  (le  cardinal  de).  I,  195. 

MEDICIS  (Catherine  de).  1,  3(>7. 

MKDICIS  (Marie  de).  I,  30,  57.  58, 
68,  84,  91,  98,  100. 

MKDINA -SiDO.M  v  (ducde),  grand 
d'lispagne.  Ill,  599. 

MKCUID,  medecin  de  Troves.  1, 
41,  68,  136. 

Mr.moMiLs  (  Jos.-IIemi)  ,  medecin 
dc  Lubeck.  II,  451  el  nole,  452,  493. 
Ill,  301,  302. 

MEIIIOMUS  i, fits  ,  professeur  a 
Helmsliult.  II,  493. 

MKII.I.K  (le  comic  de  .  11,  399. 

MKII.I.I.IUM:  ( de  la  ,  marechal  de 
France,  granrl-mailre  de  1'arlillcrie. 
—  (Juerre  de  Flandre.  1,  63,  65, 
81,  104,  125,  150,  103,  192,  292, 


'TABLE. 


ViO.  II,  9.  Ill,  -JS37,  '158.  Voyc/ 
MA/.MIIN. 

MKI.ANT.HTHON.  Declamations  Ot 
oraisons.  I,  229,  2.11. 

MKI.MM),  intendant  du  Languedjc. 


D.  Affaires  des  Barricades. 


MEI.OS  (don  Francesco  do).  1,  ;j'il. 

MENACE  (Gilles),  philologue.  1,  'i87. 
II,  V.Ki  el  nole.  Ill,  J5(>,  252  et  note. 
443. 

MKM:TIIIF.H  (!e  l>e.re;.  Ill,  V*8,  V')8 
et  nole,  77:>. 

MENAUT,   procureur  du  Hordeaux. 


MKSNAHDEAU-CHAMPHE  ,  controleur- 
generai.  I,  Wl.  II,  r(7,  ,'510. 

MES.N AKDKAU  -  CHAMPUE  <  Mademoi- 
selle dc).  II,  278. 

MKSTIIEZAT  (J.;,  minislrc  a  (lliaren- 
ton.  II,  :iO!i. 

MK'rrnir.ii,  conseiller  an  parleinenl 
de  Bordeaux.  II,  ;!27. 

MKTUUS.   I,  'i(ii>. 

.Mr.rMi-.ii  DE  LAHTICK.   II,  289. 


dcs  Mazarinadcs.   I,  'iiil . 

MK^SSOMKK,   inedecin   del,\on.    I, 


A01.   II,  2(i'j,  5'i7,  .")'.»".    Ill,  50,  81, 


I,   'i'»0. 

MI:\TI:I.  (.1.)  ,  nii'decin  d.1  Paris.  I,  |       MK/EKAY  (liudes)  ,  historien     III  , 
20.    Dans  mio   maladie,   il  est  saigne  '  5!>.!. 


Irente-deux  fois,  (>;s  el  nole,  87,  230. 
II,  52. 

MKKVT  ( F.  V. ),  inenibre  de  I'Aca- 
demie  ro\a!e  de  niedecine.  Ill,  16, 
I2U,  258,  290,  587  notes. 

Mi';r,  MT,  fcrmier  des  Gabelles.  I, 
VS2. 

Mi'iiriKii.  I,   202,  20,'!. 

MEIICIEII,  inedecin  a  (lliateau- 
Tliierry.  II,  100. 


Mr.nrot:rii  (due  de).  I,  15'i,  15,"), 
'|'|2,  'iSil.  If,  55,  '|I5,5I9.  —  Soiiina- 
ria}?e  avec  la  niece  du  cardinal  Ma/a- 


MEZERIAC  (de:.  II,  .'!. 
Mir.iiAii,   inedecin.  Ill,  7/il. 
MK.IIKA,  inedecin  de  Paris,  i,  .">55 


MiLi.Kii ,  conservalenr  des  nianiis- 
crils  de  la  Bibliolhequc  royale.  Notice, 
i. in. 

MILTON  (Jean),  1,  179  et  note,  Aiio, 
—  Reponse  a  Sauinaise.  II,  18  el 
note.  Ill,  2:58. 

Miraclrs.  I,  90,  22.'!.  II,  2til,  'i!H». 
Ill,  758. 


Snisse.   Ill,  7(il . 


inarcliands,  siinioiiune  trpcrcdti  /'< •«- 


MKIICOI:I  11    (dncliesse  de),  niece  de 
Ma/.arin    II,  222.  227,  588. 

MuncoEi  r.    lediicde  ,  cardinal.  Ill, 


MI-KCI  in  M.IS,  inedecin.  I  ,  .'51  1.        j/i'i/i,    Wi.    II,    '|5,    ">79.    Ill,    Inn. 

I,  a  famille  NFirnn,  7(il  . 


\Ii-iu.i  r    .1.     inedecin  de  Paris.    1, 


roi  de  Polo^ne.  Ill,  (i97. 

Mi/u  u>     \nloine    ,    inedecin.    I  . 


'i."'>.    —  Sa  inorl.    II  ,  ii(i,    'i.">2  . 
102. 

\h.Mii>   (i'al)be  de   .   Sa  moil. 
'i '(•'). 


TABLE. 


8-27 


sculs  faire  carcmc.  II,  155.  —  Us  re- 
sistent  au  Parlcincnt ;  on  fait  le  siege 
d'une  de  lenrs  maisons,  /i2i,  431. 
Jll  ,  A7.  —  Lciir  maiiiere  de  fa  ire 
jcune  en  careme,  83,  9:$,  114,  19'i, 
207,  211,  212,  ASO,  —  A  quel  Age  ils 
pouvaicnt  fa  ire  piufessiun,  (i.'iT ,  73'i. 
—  Leur  portrait  el  lenr  classilication, 
7.'J.")  et  note.  Voyr:  JKSUTES. 
Moisso.v.  U,  170. 

MOLE  I)K  CHAMPLASTHKLX.    Nc    pCUt 

fa  ire  recevoir  son  beau-frere  au  Parle- 
inenl.  II,  374. 

MOLK,  chevalier  de  Malte.  IF,  A25. 

MOLK  I>E  JlSANYHl.VE.  II,  372. 

MOLE  DK  SAiXTE-f.nuix  ,  inailrc  des 
requetes.  11,  'i2H. 

MOLIKRK.  Notice.  \\i\.  — IS  amour 
incdfcin.  Ill,  252,  008 ,  557  note; 
593,  597.  —  l.c  7'«r/»/V,  (ill I,  728. 

Molinisl,-*.  I,  191.  Ill,  A59. 

MOXACO  (prince  de).  Guerre  d'Ks- 
pagne  :  fait  enlrer  les  troupes  fran- 
caises  dans  sa  ville.  I,  SS. 

Mo.\  ADKI.SCIII  ,  ccuyei-  de  la  reine 
(iliristine.  Ai-sassine  par  ordre  de  sa 
inaitresse  a  Kunlainebleau.  I  .  2(i2. 
II,  .r>r>. 

MO.NAXTIIOI.HS  (Hcnricus),  niedecin 
de  Paris.  II,  !2<J. 

MOM:K  (le  general).  Dissolution  du 
Parlemeul  anglais.  Ill,  181,  21.'!. 

MONCOMS  DK  I.IKHCLKS  (de) ,  licute- 
nanl  criminel  de  Lyon.  I,  J520,  .'$.'51. 
II,  5.'i3. 

MOSCO.MS  (de),  frere  du  precedent. 
11,211. 

MONDI.N  (l'abl)e),  chanoine  de  No- 
Ire-Daine.  I,  r>20,  ;>2.'$. 

MOXEUOT,  partisan.  II,  /i'i2.  Ill, 
130. 

MOMV,  (111  Nivarex,  niedecin.  11, 
;$67. 

MOXOD  (le  pere),  jesuite.  I,  5?. 

MONSUVF,  niedeein.  I,  .'il,  .'>.'!,  ."'i. 

MONSIKIIII.  (de),  secretaire  d'am- 
liassade  a  Home.  II,  170. 

\Iovr  \u  in  s.  1 1,  /jOti. 

MONT  MI.NK  (Mich.  de).  Notice,  \\\  i. 
I,  :;i:$,  :$6i>.  Ill,  700. 


Mo.M.tiui  (Tahbe  de),  premier  an- 
iminier  du  due  d'Orleans.  Ill,  283, 
3:$2,  791. 

MO.NTAIBVN,  avocal.  II,  295. 

MOST  \UBOX,  (lit  le  roi  des  partisans 

I,  2!U  note.  II,  603  et  note.  Ill,  2. 
MO.NTAISIEU  (le  comtc  de),  gouver- 

neur  du  dauphin.  Ill,  47A,  568,  790. 

Moxr»AZo.>  (de).  Sa  mort.  I,  !!»(>. 

MONTIIAZO.N  (madame  de).  II,  fil, 
294,  309  note. 

MONTE,  mthlecin.  I,  182. 

MO.MFJKU  (de  Schulemberg ),  ma- 
rechal  de  France,  gouverneurd' Arras. 

II,  182J  362,  A13.  —  Reddition  de 
Gravelines,  428.  III,/»5(). 

(le  batard  de).  I,  3S'i. 
X  (de).  Ill,  751. 
N  (madame  de).  Ill,  751. 

MO.NFOKT  (le  comte  de).  Moil  au 
siege  de  Gravelines.  II,  A 19. 

MOXTCAILLAKD  (le  chevalier  de).  II, 
391. 

MOXTC.OMMEBY  (comte  de).  II,  77. 

MOM-IRH  (Francois),  professeur  au 
College  de  France.  I,  1S2,  A97.  Ill, 
37/i. 

MONTIGM  (de),  niedecin  de  Paris. 
I,  I'i3,  186. 

MOMI.I.C  (III.  de).  I,  .V.»0. 

MoxTM\rii  (Pierre  de),  professeur 
an  College  de  France,  celebre  para- 
site. I,  5I<)  et  note,  :)2.'i. 

MOXTMOR  ( H.  de),  mailre  des  re- 
quetcs.  II,  107,  .'517,  'iO:i. 

MOXTMORKXCY  (de),  marechal  de 
France.  I,  IS,  ,'|5!'. 

Moxxonix  (Hocher-Portail),  maitre 
des  requetes.  Ill,  2. 

MoxTitEson  (It1  comte  de).  I,  li'.'i. 

MonA\cis  (de),  direclour  des  li- 
nanc.es.  I,  52:$.  II.  310. 

Monr.u  .  conseiller.  II,  183. 

M(ii!i-\i  I'.rne).  profe^seiir  du  C.o!- 
li^gede  France.  celM-re  niedecin  de  Pa- 
ris 1 .  I  'i,  17,  18,  32,  (50,  (iii,  '.'2,  IDS, 
172,  '2 1 1).  —  Sa  quei-cllea\ecT!ieo|>lir. 
Henaudot,  77  -  79,  'i53.  II  ,  H52, 
25ti,  2(il),  271,  3S1,  iS3,  588.111.  ti3. 


828  TA 

MOIIKU  (.!.-!>.),  Ills  de  Kcno,  mc- 
dccin  do  Paris.  I,  390.  II,  11 .'«,  2<iri, 
27'.,  A83.  Ill,  295,  79'i. 

MOM.U   UK  ViLi.r.iiKc.is.  II,  279. 

Mor.i  i,,  imprimeur  a  Paris.  1,  297, 
A<>8. 

Moi'ET  (oomlede;.  II,  378.  Ill,  -153. 

MOHET  (comtesse  clc).  II,  410.  Ill, 
152. 

MORCIES  ( Matliieu  dc),  sicur  <lc 
Saint-Germain,  historicn.  II,  330.  Ill, 
A38,  520,  (!().'!,  771,  77'i. 

MoiiiAt  (Pierre),  medecin  do  Paris. 
III.  592. 

Mouix,  professem-  ilc  malhemali- 
qiics  an  College  de  France.  I,  508.  II, 
Ki2,  A<>0.  Ill,  ii~,  32'i. 

Momx  (Joan),  pore  de  rOratoire. 
Ill,  12(i. 

MOIIIN  (Me.),  medeciii  de  Paris 
111,  558. 

Mor.issET  (I'.-M.)i  medecin  de  Pa- 
ris J,  2 1  A,  383.  II,  193,  A'i8,  A50, 
A5'i,  A85.  Ill,  All,  AI2,  Al.'i,  Al'i, 
A25,  A2(i,  A.'il,  A-'i2,  AIM,  521,  523. 

MORI  SOT  (C.-tt.),  a\ocat  a  Dijon. 
J,  193.  11,  193. 

MORISOT,  medocin  en  I)our^o2;ne. 

I 1 .  I  93. 

Moiii.ME  ( Ic  pcre  Joseph  dc).  II, 
387,  3H9. 

MoitLKT,  iinpriincur  a  Paris.  I,  1 5<i, 
157. 

MOUONLS  (Math.;,  medocin.  I.  371. 

Moists  (Alcxaudrc),  mini  sire  pro- 
tcslant  a  Charculon.  II,  13,  309,  A73. 

III,  7(i(i. 

MOSXIEB,  tie  Lyon.  I,  'i79. 

MOSCOVIK  (le  due  tie).  II,  188. 

Moii. IN  (Pierre  du)  ,  ministre  pro- 
test ant  a  Geneve.  I,  9(i,  238,  25.°., 
302.  337.  383,  A39. 

Moi  I.IN  (du)'  medeciii  d'Amicns. 
Ill,  <i81. 

Mn.oi,  doctcur  cl doyen  delaSor- 
honne,  conlosseur  du  cardinal  do  Hi 
dielien.  II,  9'i.  — Comltien  il  faul  ill 
inches  pour  tirer  tine  ame  du  purga 
(dire,  297.  Ill,  78. 

es.  1,  325 


KET  (Ant.,.   I.  30'i.  11,  25,  A35, 


MISTEL  (V.),  niedecin,  aiilcurd'un 
ivre  dc  Pcstilcntia.  I,  (>7.  II,  32A. 


NAXTKUIL,  graveur.  II,  359. 
NIPOLKOX.   I,  291  note.  Ill  ,  50_'t, 
532  notes. 

NAI.DI  '.!.).  II,   190. 
1\  usm,  do  Sienne,  premier  medeciii 
In  pape.  II,  190. 

>ALDK  (G.;,  bibliothecaire  du  car- 
linal  Ma/.arin.  Notice,  xvi.  I,  5,  (i, 
i(),  87,  107,  197.  —  Sa  morl,  199.— 
'!9A.  II,  39.  —  Sa  querellc  i\\cc. 
J.  Mentel,  52,  57.  —  Vive  auntie  de 
j.  Putin,  et  regrets  (jiic  lui  cause  sa 
mort,  72,  73,  80,  81,  A78,  '(79.  - 
Scs  principcs,  A80.  —  Son  scepticisme, 
90,  508.  —  Ventc  dc  la  bibliotlicqnc 
de  Mazarin.  Ill  ,  2.  —  Scs  opinions 
religieuscs,  758  et  note. 

!\~u-i>iM,  apothicairc-charlataiv.  II, 
1  32. 

\AI:DIX,  incVlccin,  conspiration  de 
I.ondres.  I,  1  AO,  2<)'i. 

N  \v\iLi.r.s  (de).  II,  12'i. 

NUAII.I.ES  (madanic  do).  Ill,  A82. 

NKMOI  us  due  de),  ci-devant  arclie- 
vcquc  de  Hoinu.  I,  102,  105,  120, 
293.  —  Son  manage  avec  mademoi- 
selle de  Longuevi'.le.  11,  317.  —  Ac- 
cord ties  princes.  Ill,  I. 

NEMOUKS-VENDOME  (madamc  do). 
Ill,  A73. 

NESMOM  (do),  premier  president  de 
la  Tournclle.  I,  KiO,  A'i3.  II,  «2,  289, 
291. 

.Nr.s.MOM)  (madu  me  la  preside!)  tede). 
Ill,  'i33. 

NELFCHESE  (do),  eveque  de  (llialons- 
sur-Saone.  1  1  ,  307. 

NI-.SLE    Ic  marquis  de).  II,  1,  55.'!. 

,\KI  iiisn  s.  I,  3(i2. 

.\EriiE.  1,  50S.  II,  353. 

NI:M  (inadamedo).  11,  337. 


TABLE. 


829 


.Ver,  dislinclion  enlre  Ics  grands 
nez  ct  Ics  nez  catnus.  II,  42. 

NICERON  'le  pen\.  Ill,  289. 

NICOLAI  (dc),  premier  president  de 
la  chambre  des  coroptes.  I,  471. 

NIEKKMHERG  (Jos.;.  II,  132. 

NINON  DF.  LENCLOS.  Ill,  317  note. 

NIPIIIS  (Aug.;.  I,  110.  11,318. 

NISSOLE.  I,  131. 

NOAILLES  (de),  premier  capilainc 
des  gardes.  Ill,  (510. 

N'nEi.LE,  auditeur  des  comptes.  I, 
397. 

NOEL,  professeurde  philosophie  au 
college  de  France.  Ill,  422. 

NOSTIUI>AMIS.  Ill,  50. 

NOVAIUNTS.  I,    409. 

NOVION  'de),  president  au  mortier. 
I,  3US,  'j52.  III.  569. 

Nov,  ministre  anglais.  II,  462 
note. 

NO>ERS  (des),  surinlendant  des  ba- 
timents  du  roi.  I,  73,  84,  8(5,  99,  279, 
2H3,  339. 


Onn\,  medecin  a  Gien.  1,  423. 

OGIER  (Oil.),  avocat,  voyagcur.  II, 
252.  Ill,  15,  3(5. 

OCIER  'r'rancois),  le  prieur.  I,  18'j, 
212.  II,  159,  343.  Ill  ,  57/i.  741  . 
734. 

OI.YMIMX,  belle-su'iir  du  p.ipe  In- 
nocent VI.  3(i3.  II,  352. 

Oi.i\Ar.ES  (comic  d').  Sainort,  I, 
362. 

ONDKDF.I,  secretaire  deMazarin,  fait 
eveqiKMli- Krejns.  IK  113,  121,  307, 
371,  A (53.  Ill,  3'i'i. 

()I;A\(.K  'le prince  d'  .  1,92. — Prise 
du  Sas-de-Cand,  119,  152,  A20.  11, 
39,  5'|3.  5(58. 

On \.N<:E  la  princcsse  d').  II.  <i2, 
237,  A55.  111.  311. 

Or.Fii.A  ,  doyen  de  la  Kaculle  de  me- 
decine  dc  Paris.  Notice,  vi.it  el  note. 

Oiif.KVAi.  (d'),  intendant  de  Pro- 
vence. II,  27'i. 

OIH.KVNS  '  (iaslon  due  d').  I  .  I  I." 


I5A,  1(50,  102,  170,  175,  177,  299. 
Affaires  des  Barricades,  A07,  A 1 2, 
'i!9,  A3S,  '(57,  A5H.  A70,  AK2.  —  Son 
inrtruil.  II,  3  el  note.  7,  A3,  (51,  70, 
2.'i,  238,  29(i,  301,  303,  5'j5,  5(58, 
577,  58(5.  —  Sa  morl.  Ill,  177,  225. 

OHLKANS  (le  due  d').  Son  manage 
ivec  la  fillede  1'elecleur  Palalin.  Ill, 
791. 

ORLEANS  duchessed').  I,  187,  217, 
A07.  II,  A3.  Ill,  484. 

ORLEANS  (mademoiselle  d').  I,  195, 
395,  A03,  A07. 

ORLEANS  (Louis  d';,  ligueur.  I, 
.'JG6. 

OUMESSON  (Ic  pere  d'),  moine  mi- 
nime.  Ill,  146. 

OHJ?ESSO.N  'd'; ,  doyen  du  conseil. 
Ill,  512,  516. 

OILHY,  correcteur  des  comptes.  II, 
(501. 


PADET,  proviscur  du  college  d'llar- 
court.  II,  323.  Ill,  511,  7AA. 

PALATINE  (la  comtesse).  II,  A1A. 

PACIET,  intendant  des  finances.  II, 
A  38. 

PALEH.NK.  I,  A6A. 

PALINGEMIS  ( Stellatus-.Marccllus) , 
pscudonyme  de  Manzolii,  Pietro-An- 
gelo,  auleur  du  Xodincus  riVir,  clc. 
II,  481,  AS2  el  note. 

PALLAVIC.IM  (Sforza),  j^suite,  car- 
dinal. I,  250.  II,  212,  295.  Ill,  163. 

PALLIOT,  libraire  de  Dijon.  II,  3'i5, 
432. 

PALLU  (Victor),  medecin.  II,  101 
—  Sa  retraite  ii  Port-Hoyal ,  552. 

PALi.tAi:  (lecomtede),  gouverneur 
d'Ypres,  puis  de  Dunkerque.  1,  A02, 
432. 

PALLUAU,  conseiller  a  la  cliaml>n> 
des  cn(|iietes.  I,  'i.'H. 

PAI.OTTA  ,  cardinal.  I,  339.  II, 
5  A. 

PAMIMIII.HS  Jos.-Hapt.),  le  pape 
Innocent  \.  —  Son  portrait.  I,  ll'.i, 


8:50  TABLE. 

PAXCIUOL  (le  cardinal).  I,  120,  121, 

:i:Ui,  '.IS. 

P\NMMIS  (Onnpliiius).  I,  .'SA.'i. 

/'<//;<•  (/<•).  I,  70.  • —  Appui  qu'il 
recoil  des  jnoiiK's  et  dos  jesuiies  ;  ein- 
J>arras  qu'ils  lui  causenl.  A 5  1  ,  A52  , 
A5.'3.  II,  oD.'i.  —  Jupiter  capitolinns, 
.195,  'il/i,  A76.  —  Livrc  sur  rinfail- 
libilile  (In  pape.  Hi,  '-'•>,  150,  159, 
163,  A05.  AOO.  —  Arrcts  el  decrels 
sur  rinfail!il)ili!e  du  pape,  5:53,  5'i2, 
5'i.">.  —  Huile  concernanl  1'infailli- 
liilile  dii  pape,  5A6,  5A7,  550. 

i'ltpcsse  (hi)  Jeanne.  11,  172.  Ill, 
101. 

PU>IN  (Me.),  inedecin  tie  Clois.  II, 
188  et  note. 

PUMN  (Denis),  inedecin,  invenleur 
des  machines  a  \apeur.  1!  ,  188 
null'. 

PAOII.I.I>,  (iepere),  llieologa!  de 
Ijcaune,  destine  a  li^urer  panni  Irs 
lioniines  eel  el)  re.-,  tie  son  temp.-,  donl 
(,.  I'alin  se  proposait  de  publier  les 
eloges.  I,  (i/i. 

i '.\iiAcr.i.SK.  I,  iHiil.  II.  (J7.  •--  Sortie 
contre  la  reimpression  de  ses  u'uvres, 
'|7.  Ill,  297,  ;j(i(i,  Z,^/,. 

I'AKADI.N  (Claude  el  (inill.).  II,  .V>. 

I'AUK  ( AinbroiM1) ,  cliinii^k'M.  I, 
'i'jS,  Viii  el  note.  —  I'risonnier  a 
Hesdin.  11,  'MO  et  note.  Ill  ,  2(JI. 

PAKKM-DLCIIATELLT  ,  nietlecin  de 
Paris.  11 ,  .'>7S  note. 

I'arix.  Le  sie^e  de  Paris.  1,  1  'i7, 
1'iS,  i.VJ,  201',  2(il,  2t>2,  /iO;>,  Aol, 
/i'iO.  —  Stalislitiue.  ll,22:>  el  note. — 
Inondation  de  la  Seine,  .'_>77,  .'S7S, 
;>7'J,  .-i<S.'i.  —  Le  climat  de  P. iris; 
maladies  (|ui  }•  regnenl  dans  les  dif- 
(''•renles  saisons,  7(i,  305  et  note,  32/i. 
Ill  ,  ii7(i  el  note.  —  Kinbcllisscinents 
el  poliee.  1 1 1,  (i2  'i,  (i2.">. 

PAHHS  ((iuill.  ,  eon  lessen  rdeFran- 
.•ois  !••'.  I.  :>,:>n. 

PAUKLK,  inedecin  an^lai-.  II,  /jOl. 

i'tirli  an  nl  (le; ,  sun  n'lic  dans  la 
iiiierre  de  la  l-'ronde  el  pendanl  le 
-.ieije  de  Paris;  arrel  eonlre  Ma/.a- 
rin,  etc.  I,  'iii.'i  el  passim.  —  Sa  r*'1- 


sistancp  a  Lonis  XIV.  II,  168.  —  Ses 
alms;  i-i'-formc  des  prores.  Ill,  187. — 
S.i  (jiiert'llo  avoc  les  mailresdes  reqne- 
les,  2(H).  —  Suppression  des  vacances, 
698. 

PAIIMK  (due  de).  I,  86. 

I'lirliMim  (les).  I,  1 A 9.  —  \:Edil 
ilc a  niiiixtni.i,  ,')7I.  —  Lcurs  portraits, 
'i:;:i.  Ill,  205,  .-)',S,  589.  —  Lours  lils 
et  Rendies  <  xelus  dn  parlement.  Ill, 
I  15,  1  V.l.  —  Lenr  |)roces,  .'!9.°>,  A02, 
508,  512.  —  La  la\e,  5«5. 

P\ssu,i:  (dn),  I'lindes inlendnnlsdo 
Flandre.  Ill,  (565. 

PiSsiaiA  r  (Jean),  poele.  I,  :iO,  A3, 
A  A.  II,  117,  A8'i.  Ill,  7Vi. 

PAIIN  (CJui).  Voliee,  in  et  ]>ass.  — 
Ses  opinions  religienses  et  pliilosoplii- 
ques.  ],  <),  90.  —  Sa  famille,  15,  16. 
—  Mori  do  son  pere,  22.  —  Son  opi- 
nion sur  les  miracles,  90,  22,").  II,2A2 
el  261.  —  Sun  opinion  sur  les  demo- 
noinaiiiaques ;  qnels  soul  pour  lui  les 
vrais  demons.  II,  l."9el  note.  —  Nom- 
ine proTessenr  an  college  de  France. 
I.  21.".  Ill,  AO  el  '18.  • — Son  opinion 
surie  regime de-.enr.mls  el  sur  I'lisa^e 
dela  houillie.  I,  :il2,  :Si:5.  —  Sa  these, 
."17,  .'iis.  — Son  opinion  sur  la  pe- 
lile-\erole  el  son  Iraileinent,  .'{ I  ,'i  a 
.'121.  —  Son  hisloire  par  lui-ineine. 
,".'i2,  .'S.'i.'i,  .".')'(,  .'i.'>5.  —  Naissance 
d'une  lille,  .').'i9.  —  Sa  maladie  et  sa 
lionne  foi  dans  ses  opinions  inedieales 
tonehanl  la  saipnee,  ;i75.  —  Tou- 
clianles  jiaroles  siir  Familie,  A02.  — 
Sim  proces  etmlre  le  i/.i:<-iirr  el  les 
apolliicaires,  502.  —  Son  amour  dela 
u'vile,  50  i  et  nole.  —  Ai'orl  de  sa  beile- 
mere.  11,  .">2,  .'i.'i.  -  Kslelu  do\en  de 
la  facnlle,  devoirs  de  cetle  I'onelion, 
58,  5(i7.  —  Diner  de  reception, 
571.  —  Son  proces  an  sujel  de 
ranlimoine,  SO,  S'l,  85.  —  Sa  hihlio- 
inanie,  IAA:el  111,  .')(.).  —  Soncarac- 
lere,  el  le  honlieur  qn'il  liiune  dans 
ses  li\res  et  s.  s  amis.  II,  Al  I,  A21  et 
notes.  Son  opinion  snr  riiomme,i80, 
-  Sur  la  Pin-elle  d'Orleans,  ASJ.  — 
OiU'sli<tn  de  p'seance  (,|]  f;i\ciir  des 


mederins  ;i  la  procession  du  Sainl-Sa- 
crement,  539,  5/iO.  —  Son  panegyri- 
qne,  561.  —  Son  opinion  sur  les  ehi- 
niistes,  572.  —  Achat  d'une  nuiiMin, 
57/i.  —  Sa  bibliolhcque  el  descrip- 
lion  de  son  etude,  577,  584  el  note. 

—  Sa   manic-re  d'entendre    hi   lil>erle 
philosopliique,  581  et  note.   —  Son 
opinion  sur  1'epilcpsie,  579,  580.  — 
Conseils  a  Falconet  sur  la   nephrite 
caleuleuse,    582.   —  Description   des 
armi's  de  sa  famille.   Ill,  l\.  —  Re- 
flexions philosophiques  sur  la  mort, 
8.   —   Son  opinion  sur  les  eaux  ini- 
nerales,  10,  17.  —  Son  refus  d'aller 
a  Venise  el  en  Duneinarck ,  7(J,  80, 
482.  —  l'our(|uoi  il  ne  fail  pas  de  li- 
vrcs,   1UO.  —  Ses  soirees  die/  Miron  cl 
Charpenlier,  '100.  —  Ses  souperschc/. 
le  president  Lamoignou ,    100,    124, 
I'll,  203.— Differencequ'il  fait  entre 
les  dieux  de  la  tcrrc  el  le  (lieu  du  ciel, 

1  27.  —  Societe  qu'il  espcre  en  1'aulre 
inonde,  142.  —  Son  grand  credit  die/. 
It's  magistrals,  lt)0.  —  Jugemenl  de 
Konlenelle  sur  (iui  Palin,  231  note. 

—  l''ait  la  debauche  en  lisant  (iicernn 
el  Seiieqne,  233  et  note.  —  Sa  liuiue 
font  re  ('imposture,  surloul  en  matiere 
de  religion,  334.  — Ses  principes  po- 
liliques,  491  et  note.  —  C.onsullalion 
des  trois  Palin,  524.  —  Son  opinion 
sur  ('usage  dc  la  glace,   712.  —  I>e- 
llexions  sur  le  scorlxil  1 1  la  inist-redii 
pen  pie,  7.').'!. 

I'VTIN  ^Charles).  Ills  do  (,.  Palin. 
Notice  XI.MII.  1,  .'!.'S5.  -  Hreu  a\o- 
cal.  II,  .")!().  —  liecu  baclielierenme- 
dccine.  Ill,  29,  105,  1 09,  171,  .">!7, 
51  S,  .")2'i,  528.  —  Son  inni'iage  a\<c 
Madelmi,  fi'le  de  1'.  Unmmcls,  4'iO.— 
Sou  proces  el  son  exil,  ()7.'i,  1)74,  (>">"), 
(182.  —  Publication  de  son  HUM  age  : 
liH)>e>'itU>runi  ri>>n<i>iiirit>n  itiiiiiisnni- 
ln,  7S2. 

l'\  n\  (Krancois),  liis  de  (i.   Palin. 


TABLE.  831 

Notice  XI.MII.  1,335.  11,68. — Nomine 
professem-  du  roi  par  survivance,  483, 
el  III,  659.  II,  375,  515.  — Son  ma- 
nage. HI,  217,  218,  524.  —  Sa  ma- 
ladie,  740,  748.  —  Sa  mort,  749,  781. 

PATIV  (madame),  fciiune  de  (>.  Pa- 
tin. —  Sa  maladie.  Ill,  4 Hi. 

PAII.M  (1'Y.),  pcre  de  (i.  Patin.  1, 
40,  333. 

PAH.  V,  pape.  I,  33.  II,  427. 

I'  u  I.MII  i.  (Julian),  medecin,  ancien 
\alet  de  Kernel,  el  Tberilier  de  ses  pa- 
piers.  1,  280,  289. 

PALLMIKU  (Pierre),  medecin,  neveu 
de  Julian.  I,  280. 

PALLI  (Simon),  profcsseurde  mede- 
cine  a  (lopeiibagne,  medecin  du  roi 
de  Danemarck ,  1'un  des  correspon- 
danls  de  G.  Patin.  .Notice,  1.11.  Ill, 


l'\  UN    (Pierrot),   lils  de  (J.   Patin. 
I,  335. 

P\TI\  (Itoberl),  lils  a  i  lie  dc(I,  Pa  I  in. 


PA  i  LIN  (le  pure),  confesseurdu  roi. 
I,  163,  262. 

PA\II.U>.\,  evu|ue  d'Alais.  II,  471. 

PA\ILI,O\.  Affaires  des  Barricades. 
1,  411. 

PEAI -UK-Loi  i>,  pere  du  president 
de  Perrigny.  Hi,  296. 

1'iu  I.ILKI  (Jean),  medecin  el  analo- 
misle.  1,  216  note.  11,  J32,  144,  152 
et  note,  160,  168,  171,  ISO,  181,  353. 
Ill,  50,  391  et  note. 

PKIHKSC  (de),  conseiller  an  Parle- 
menl  d'Aix.  Notice,  v\x.  1,  83,  84, 
27S. 

Pi. i. Air,  Lyonnais,  intendant  de 
justice.  1 1  ,  3S5. 

I'I.I.K  II:K  ((iuillaume),  e\0(|iie  de 
Miinlpellier.  I,  21(1. 

PKI.ISSON,    stcrelaire   de  Kouqnet  , 

111,  13,  393,  400,  401,  7(ifi  el  note. 

Pi .1.1. i: 1 11:1;.  Ill,  754. 

Pi.oi  I-.I.I.N  v.le;.  Ill,  700. 

PKHDH.I  is,  medecin.  I,  62. 

Pi.ur.rn,  cardinal.  I,  71. 

I'KUI.K,  lihraire  a  I'.u  is.  II,  I  (IS. 

Pri;i(.\v-Pi(  USD  ^dt1) ,  la  lamille. 
Ill,  _>9fi. 

Pi.i;i(.Nt  (di'S  preci'ptcnr  dn  dau- 
phin. Ill,  76 'i. 


83-2 


TAKLE. 


PF.nir.NY  (de),  ronseiller  de  hi  rnur,  j  gascon,  autour  dii  llappcl  ties  Juifs 


nomine  president  a  la  place dc  M.  Gne- 
negaud.  Ill,  296. 

PKIUIAU),  intendanlde  la  niaisondu 
prince  de  Conde.  • —  SOD  arrestation, 
11,  546. 

PEHIIAILT  (le),  president.  II,  13, 
417. 

PEUIIEAL   (r'al)ien),   medeein.    Ill, 

783. 

PEUIIKAU  (Francois),  auteurdulivre 
da  Ciiusis  fcbriiiin  intatnittcntivm, 
II,  451. 

PEKUEAI  (Jean),  medecin  de  la  fa- 
cnlle  de  Paris.  I,  212.  II,  451. 

PF.RHEAL  (Jacques),  medecin  de 
Paris,  antourdu  llabat-Joie  dcVanli- 
rtwinc  tninnplnnH.  I,  206,  212,  228, 
394.  II,  237,  451.  1)1,  42,  44,  292. 

I'KIUUN,  medecin  de  la  duchessc 
d'Orleans.  Ill,  442. 

l)i:r.uoc.iiET,  conseiller.  Ill,  140. 

PKUIU»-  (dii),  cardinal.  I,  139,  493. 

II,  319.  Ill,  77,  545. 
pKiiiiOT,  conseiller.  I,  72. 
PF.IUIOT-D'AHLANC.OI  UT,   traducteur 

de  Tacile  et  de  Lucien.  Ill,  14, 
496. 

PKIHIV  (le  baron  de).  II,  13. 

PETAL  (le  conseiller).  II,  38. 

PETU  (le  perc),  jesuite.  I,  138, 
185,  187,  214,  258,  322,  351,  484, 
488.  Ill,  8,  318. 

PETIT,  conseiller  dii  roi,  ingOnieur. 
—  Inundation  de  la  Seine.  II,  404, 
413,  417. 

PETIT  (Guillaume) ,  medecin.  II, 
248.  Ill,  787. 

PETIT  (P.),  bachelier  en  medecine, 
autenr  de  V l-^di/ptnnn  de  1654.  II, 
287.  Ill,  13,  50(5,  786. 

PETIT  (Samuel),  minislre  et  profes- 
seur  de  Mines.  I,  301,  315.  Ill,  78. 

I'ctitt'-rcroli',  opinion  de  G.  Patin 
sin- celte  mahulie.  I,  312,  319,  320, 
321.  II,  219. 

PETITPIED,  celehre  avocat.  II,  295. 

III,  140. 

PETI  s.  I,  256. 
l'K>Kn;i   (Isaarde  la), 


et  du  livre  des  I'readamites.   I,  297, 
352.  11,  175,  252,    263  et  note.   Ill, 

83,  84. 

PEYHII.HK  (R.),  professeur  de  la  fa- 
culle  de  medecine  de  Paris.  Notice, 
LV. 

Philnrgyric.  Nom  sous  lequel 
(1.  Patin  stygmalise  la  puissance  el 
ramour  de  I'argenl.  II,  150.  Voye: 
FINANCIERS. 

Piiii.ii'i'r.  IV,  roi  d'Kspagne.  I,  150. 

PIIKYC.H  s,  antenr  d'un  commenlaire 
sur  les  Epidemics  d'Hippocrate.  1,98. 

Pic  MID,  tresoricr  des  parlies  ca- 
siulles,  partisan.  Ill,  188. 

PICCOI.OMIM,  nonce  du  pape.  II, 
277. 

Picoi  KS,  resident  de  France  a  Stock- 
holm. Ill,  29. 

PIETHK  (Jean),  fils  dc  Nicolas,  doyen 
de  la  faculle  de  medecine.  1, 186,  265. 
II,  388,  565. 

PJETUE  (Nicolas),  medecin  de  Paris. 

I,  14,  27,  29,  41,  147,  186,  265,  373, 
376,  429,  453.  • —  Son    opinion   sur 
ranlimoine.   II,    564,  588.   Ill,  409, 
490,  510,   578,   583,  589. 

PnVruii  (Simon),  ancien  doyen  de  la 
faculle  de  medeciiu*.  Notice  \i.\.  I, 
186,  265,  376,  453.  II,  198. 

PiETiir.  (Simon),  avocat.  I,  181, 
186.—  La  fani'dle  des  Pielrc.  Ill,  539. 

Pir.AMOL-DE-i.A-For.cE.  Description 
liistoriqup  de  la  ville  de  Paris.  No- 
lice,  L. 

PIC.NERAMU  (le  comte  de),  plenipo- 
lenliaire  espagnol.  1, 151.  II,  73,  1 15, 
304. 

PIJAIIT,  medecin  de  Paris.  I,  33. 

II,  157. 

PIMKNTEI.,  ambassadcnrduroi  d'F.s- 
pagne.  11,  444.  Ill,  30. 

PIXEL  (Ph.).  Ill,  183  note. 

PIM.I.I.IS  (Jounn.-Vine.).  I,  278. 

PIIIOT  (le  pereG.).  Apologie des  Je- 
sitiies,  etc.  I,  246.  11,  439.  Ill,  101. 

Piso  ((i.),  medecin.  I,  237. 

PiTiioi,  conseiller.  I,  67.  II,  2'il. 

III,  180. 


TABLE. 


833 


PITHOI-  (Francois),  destine  it  figu- 
rer  parmi  les  liommrs  celebres  (lout 
G.  Putin  se  proposail  de  publier  les 
cloges.  I,  66,  67. 

PITHOU  (Pierre).  II,  197. 

PIEZAC  (de),  conseiller  d'fitat.  II, 
397. 

PLAMI.VS,  imprimeurs.  I,  282. 

PI.EMPUS  (N.),  professeur  de  mexle- 
cine  a  Louvain.  I,  445  et  note.  II, 
272,  288,  338,  367.  Ill,  795. 

PLESSIS-PHASLIN  (dti) ,  marechal  et 
pair  de  France.  II,  20,  54,  320.  Ill, 
568. 

Pois  (dc),  medecin  de  Paris.  1, 119, 
336. 

POL  (le  chevalier).  II,  13,  367.  Ill, 
237. 

POLIANDER.   I,  340. 

I'olognc.  II,  145,  146. 
POLOGNE  (la  reine  de).  II,  8. 
POME  (le  chevalier  de  la).  Ill,  447. 

POMPONACE    (P.).    II,   318. 

PONS  (J.),  medecin.  I,  283. 

PoNS-DE-MlESSAXS    (VCUVC    du).      I, 

522. 

PONTAC  (madame  de).  I,  277. 

PO.NTANCS  (Gabriel).  II,  141. 

PONT-CARRE  (de),  conseiller.  II, 
106,  235. 

PONT-DE-COURLAY  (le),  neveu  du 
cardinal  de  Richelieu.  II,  382. 

PONTCHAKTRAIN  (de),  president  des 
comptes.  Ill,  297. 

POXT-CHATEAU  (de).  I,  26. 

POM-CHATEAU  (mademoiselle  dc). 
I,  29. 

Portugal  (le)  secoue  le  joug  de 
1'Espagne.  I,  72. 

POSSEVIN  (A.),  jesuite.  I,  248. 

POTKIUE  (dela).  II,  138,  403. 

POTIEK  (P.),  medecin.  I,  349. 

POTIER  (d'Oquerre),  conseiller,  frere 
du  president  de  Blancmesnil.  II,  555, 
598. 

PRADELLE  (de),  lieutenant-general, 
III,  648. 

PHADILLES(J.),  doyen  de  la  Faculli 
de  medecine  de  Montpellicr.  II,  245 
260. 


Pn'tres  (celibat  et  moeurs  des%  I, 
9.  —  Assimiles  aux  srribes  de  la  loi 
mosaique.  II,  213,  466. 

PKK\UT,  medfcin.  Ill,  15. 

PREVOT-DK-SAI.NT-GERMAI.X,  conseil- 
er  et  chanoine.  Ill,  376. 

PiiEVOTits.  I,  286. 

PHICOELS  (J.),  editcur  de  YApulet. 
I,  10. 

PRIMEROSE  (de) ,  me"decin.  I,  240. 
I,  366. 

Princes  (les)  de  Conde,  Conti  el 
^ongueville.  Leur  arreslation.  II, 
544,  546,  547.  — Kmprisonnement  a 
Vincennes,  546,  547.  — Transferl  an 
iavre,  568.  —  Leur  intelligence  con- 
re  la  reine,  588,  590,  591.  —  Leur 
accord  avec  la  cour.  Ill,  1,  2. 

PRINCESSE  ( madame  la) ,  mere  du 
srince  de  Conde.  II,  4,  6.  —  RequiHe 
au  Parlement,  7,  11,  12.  —  Sa  dis- 
grace, 550.  —  Sa  mort,  62. 

PRINCESSE  (madame  la) ,  femme  du 
prince  de  Condd.  II,  4. 

PIUNCF.SSE  (mademoiselle  la),  fille 
de  Conde.  Ill,  776,  777. 

PRIOLEAU  (B.).  Hist,  de  France. 
Ill,  263. 

Procurcurs.  I,  490,  491.  Ill,  539. 

PUCEI.LE,  avocat ;  1'avocat  des  bar- 
biers-chirurgiens  dans  le  proces  avec 
la  Faculte.  Ill,  178,  186,  210. 

PICELLE  D'ORLEA.NS  (la).  II,  480. 
481.  Ill,  713. 

PLELLEZ  (Thomas),  medecin  de  la 
reine  Marie  Therese.  Ill,  246,  293, 
390. 

PusiEtx  (de),  ex-secretaire  d'fitat. 
I,  65. 

PURES  (I'abbe  Michel  de).  II,  87. 
Puryutifs,  leur  indiralion  d'apros 
Baillou,    Fernel,    N.    Pielre   et  Gui 
Patin.  II,  557. 

Purgtitoirc.  II,  94,  297,  318.  Ill, 
78. 

PLSSORT,  oncle  de  Colbert,  conseil. 

ler  de  la  cour,  et  redacteur  du  Code 

criminel  de  Louis  XIV.  Ill,  350,  754. 

PuYGtiLiiKU  (de),  ducdcLauzun. 

Ill,  792  et  note. 

,r)3 


834 


Pi 


TABLE. 


I,  29,  31.  |      RAVALD  (  P.) ,  libraire  tic  Lyon.  I , 

l'i  U.O.N  (1).),  inedecin  dc  Paris.  II,  I  167,  215,  328,  383,  442,  456,  498. 


173,  19/u  111,318. 


11,  24. 

RAVNALU  ( le  Pere  Theophile).  I, 
186,  187,  188,  189,  253,  338,  492. 
II,  487.  Ill,  285,  43U,  487. 

REBE  vle  comle  dej.  Ill,  56,  438. 

HI.I..MI.U  (I'.),  inedecin  de  Pans.  11, 
66,  578. 

REG.MEK  (Math.  ),  poele.  Ill,  591 
nole. 

RLI.M.SILS  (Thomas;,  inedecin.  I, 
244.  Ill,  135. 


QLATKEHOMMK,  conseiller  de  laCour 
des  Aides.  Allaire  de  I'impoldes  vins. 
Ill,  350. 

QIELIX,  conseilier  de  la  Grand'- 
Chambie.  Ill,  110. 

QLESMEL,  peinlre.  1,  15. 

QULLEI  (Tabbed. ).  11,  235  el 
note,  517. 

(Quinquina  (poudre  des  jesuiles). 

II,  J07,  112.  Ill,  19,391,  666. 
QLI.NTE- CUILE   (Opinions  sur),  I, 

478.  11,  558,  559. 

QUCJIEBELF  (CL),  inedecin  de  Paris. 

I,  13. 

B. 

iiubbins  (les)  111,  127. 

RALELAIS  (Fr.),  1,  27,  245,  II,  450, 
451.  Ill,  148,  223. 

RACINE,  conseiller  de  la  cour.  Ill, 
285. 

R ALIKE  (Jean).  Ill,  772,  773. 

RAIISON.  1,  489. 

RAINSSANT,  inedeciu  de  Paris.  II, 
135,  146.  11,  248.  Ill,  477,  509. 

UAMUOUK,  miiiistie  proleslanl  gene- 
vois.  1,238.  11,  439. 

RAMLLKLS.  1,  47. 

llAMl'ALE.  I,  490. 

RAMLS  (P.;,  philosophe,  assassine 
lors  de  la  Sainl- Barlhelcim,  1,  178. 
li,  337. 

RA.NUHA,  inedecin  de  Munlpellier. 
I,  18,  78,  127,322,445.  11,  5U6. 

RA.VIZAL  ,  niarechal  de  France.  1, 
432,  459.  Sa  niorl,  11,  47. 

RAI'AI.I.IOLI,  cardinal,  I,  227.  II, 
323.  |  125.  —  Demission  de  I'archexeche  de 

RAi'iK  Jc  pere,,  jesuile.  Ill,  671.       I  Paris,  127,  141,  149,  251,  253,  254. 

R  \si-o.\i,  cardinal  envu\e  du  pape.  '  11,  303,  304,  323,  525,  36U,  5'J5.  — 

III,  /!:35,  525.  |  beslellres,  460.  Ill,  9,  31,  250,260, 
RAT/.IWIL  (le  prince,.  II,  195.            |  297,  317  el  nole,    341,  376.  —  Son 
RUUI.LAI.,    assassin  de  Henri  IV,     accord  avcc  le  roi,   .395,   3u6,  402, 

II,  3v.i.    11,  '188 et  nole,  759.  i  517.          Ainhiissudi1   a  Homo,    521. 


i,  piol'esseur  du  roi.  Ill,  443. 

lit.NALDJii  (cle  iaj.  1,  3od. 

RI..NALDOI  (Euscbe)  ,  iils  de  Tlieo- 
plirasle,  luedeciii  a  Paris.  1,  129,  327 
el  nole.  11,  80,  86,  185.  Ill,  4i,  790. 

RE.NALUUT  (  Isaac),  liis  de  J'heo- 
plirable.  1,  327  el  nule. 

RL.NALUOI  vllieupliraslej,  uiedecin, 
iondaleur  de  la  dinette  dc  France, 
desigiie  sous  le  nom  du  Gazclicr,  1, 
77,  107,  112,  137.  —  Apostrophe  de 
G.  Palin,  42,  51U.  Ill,  568.  —  Sa  moil. 
1,  201  el  nole,  226.  —  Sa  comlaiil- 
nalion  au  Chalelel,  322,  326,  327, 
357. 

RE.NALX  ,  couseiller  de  1'une  des 
cinq  chainbres  des  encjuctes.  1,  71, 
152.  Ill,  638. 

Rt.\ou  (J.)  ,  uiedecin  ,  aulcur  d'une 
phaiuiacopee.  1,  514.  11,  161. 

llE.NOLAhi)  ^A.  A.;,  ancien  libraire 
a  Paris,  ill,  445  note. 

(L.),  medecin  de  Paris. 


ill,  14,  20. 

REST  A  L  u  AM  (II.;,  medt'cin  du  Pout 
Sainl-Espril.  11,  439.  Ill,  98. 

RLIZ  (de;,  cardinal,  urcheveque 
de  Paris,  .\olice,  \\i\.  1,  193,  195, 
211,  2J2,  217,  227.  11,  73,  74, 
114,  116.  —  ha  soi  lie  de  prison, 


TABLE. 


835 


RETI  (la  duchesse  de).  Ill,  4oi . 

r.t  1 1 HUMS  (Jean),  dit  Capnio.  I, 
315. 

RHODES  (dc),  medecin  de  Lyon.  II, 
470.  Ill,  188,  189,  190. 

RHODIUS  (J) ,  mOdeciu  de  Padoue. 
I,  230,  238,  491.  II,  11)3,  356.  Ill, 
79. 

RIANT  (  Denis  )  ,  president.  II , 
347. 

RIA.M  (Gilles  dc),  president,  gcndre 
de  Fcriiel.  II,  347.  HI,  85. 

RIANT  (iMadaiiie  Gilles  de),  lille  de 
Feruel.  Ill ,  54. 

RIANT  BE  VILLEUAI.  II,  347. 

RICHAHD,  Ills  cle  Croimvel,  pro- 
claim; protecteur.  II,  437  el  note. 
Ill,  133. 

RicuAKi) ,  inedeciu  de  Paris.  II, 
104. 

RICUEBOIUG,  feriiiier  ties  dabelles. 
I,  482. 

RICUELIEU  (Annand  ,  cardinal,  pre- 
mier minislre.  .\ulicu\xi.  1,  19,  21, 
25,  28,  33,  38,  51,  55,  68,  ~rl,  77, 
78,  79,  81,  84,  88,  89,  (Jl,  97. 

—  Sa  tiiurt,  98. —Details  sur  sa  der- 
niere  maladie  el  sur  son  aulopsie,  307. 

—  Son  impuissancu  conlre  la  Faculic 
del'aris,  347,  387.  —  Ses  liois  wai- 
tresses vMarie  de  Yignerol,  la  Piearde 
et  Marion  Delonne, ,   493,   494.  II, 
297,  445.    Ill,   78,  79   el  note,  82, 
294,   317.  —  Parallele  avec  Ma/arin, 
357. 

RICHELIEU  (Antoine  de),  appele  le 
nwinc.  Ill,  100. 

RiciiKHEt  (1'abbe  de).ll,  331,390. 
Ill,  237,  330. 

RICHELIEU  (le  due  de)  .II,  22  ,  23, 
2(3,  27,  59,  274,  390.  Ill,  377. 

Uiun.Lii.i,  (duchesse  de).  11,  22. 

RICHELIEU  (le  marquib  de).  11,390, 
409.  Ill,  221,  433. 

RictiEH,  niedecin  de  I'aris.  I,  111, 
31(5. 

RICHEII  (Kdiiiond) ,  docleur  en  bor- 
bonne.  Ill ,  547. 

Ricou.  11,  78. 

KK.ALD,   doyen    du  parleineul  de 


Metz.    I,  187.  —  Discussion   sur    la 
beaute  de  J.-C.  11,  531. 

RIUAUU,  libraire  de  L)on.  11,  126. 

Ric.uD(.Nicol.),  pliilologuc.  1,  480. 

II,  72.  Ill,  37. 

RIMALDUS,  ptre  de  I'Oraloire,  con- 
;  Initiation  de  iiaronius.  1 ,  216. 

RIOLA.N  (pere),  wedecin  de  Paris, 
notice  XLV.  Vienl  ii  Paris  pour  sc  faire 
operer  de  la  pierre.  I  ,  68.  —  Pole- 
uii(|iie  avecTlieoplirasleRenaudol.  1, 
78,80,80,  139,  102,  104,  180,204, 
216  elnole,  220,  221,  305,  462.  11, 
395. 

RIOLA.N  (madaiutv  I,  498. 

RiOLAA  (Jean),  uiedecin  de  Paris, 
celcbre  analomisle.  1,  462.  372,  498. 

—  De  usu  crneticoruni ,    litchcrchcis 
sur  Its  A'IV/CA,  etc.  11,  63,  162,  315, 
280,  281,    480,  517,   522,  524,  525, 
528,  537. — Ses  affaires  de  I'ainille, 
569,  588.  Ill,  42,  43,  71,  76. 

RIVET  (Ant.;.  1,  254,   281,  331. 

HIUEUK  (La/are),  medceia  dc  .\Ionl- 
peilier,  jugenii.nl  de  son  ii\re  l'fit.iis 
iiuilu-it.  1,  65,  122,  210,  218,  514. 

—  Sa  inorl.  11,  172,  175,260,  504. 

III,  35,  773. 

Ki/./.io  vDa\id),  secretaire  de  .Marie 
Sluarl.  ill,  123. 

RouEiir,  irofesscur  a(Ji\ing\.  II, 
435. 

liouKKT  (Ann.),  sasant  a\ocat. 
ill,  358. 

HoiiKur  v  le  prince  )  d'Angleterre. 
Ill,  666. 

ROUEKTI,  caidinal.   Ill  ,  651,479. 

Roiitiiv.vL  ,P.  cie).  1,  343. 

I'.oiii.N,  uiedecin  de  Paris.  I,  13. 

ROUI.VEAU  ;de),  ami  et  allie  ile  Gui 
Palin,  111,  791. 

ROBI.NET  (uiadame) ,  sagc-femiiie. 
II,  148. 

Ruciit  FLAME.N  ^de  la).  11,  ;>&;>. 

ROCHEFOUCAULT  (de  la).  11 ,  y,  13. 

—  Ses  nieinoires  ,  460. 
ROCHEFOIU.VLLT   (  de  ia  ,   cardinal 

II,  435. 

lio(  HKS  (1'abbe  ties),  clianoine  de 
Notre-Dame.  1,  100,  281  ,  Ul.  401. 


836 


TABLE. 


Hono\  (dc) ,  professeur  a  Orange. 

II,  128,  220. 

ROHAN  (ducde),  ci-devant  Chabot. 

I  .  4'i,  53.  II,  9,  156. 

ROHA.\  (matlnme  de)  ,  III ,  MS. 
ROLFINCK  (Gucrncrus),   medecin. 

III,  99,  621. 

RONDELF.T  (G.)  ,  medecin  de  Mont- 
pellier,  autenr  de  VIHstoirc  dcs  pois- 
sotis.  I,  21,  209,  218,  29'i  el  note. 
II ,  241  ,  260. 

1'vooi :  EL  AT;  RE  (le  chevalier  de).  II , 
13.  Ill,  295. 

RoQLELAtiiE  (Ic  due  de).  I,  384. 
11,  290  ,  412.  Ill,  410. 

UoQiixAtiiE  (madame  de).  II ,  363. 

ROQIESANTE  (de),  conseillor,  proces 
de  Fouquet.  Ill,  512,  640,  649. 

ROSE  ,  colonel.  II ,  14. 

HOSIKKLS  (de) ,  gouverneur  de  Mar- 
sal.  II,  387. 

HOSTAIN  (le  marquis  de).  Ill,  111. 

Hotci  (comte  de).  II,  77. 

ROULLVRD,  avocat.  I,  326. 

RocssKAt,  intendant  de  la  inaison 
du  cardinal  de  Relz.  II ,  274. 

ROISSKLET,  de  Lyon.  Ill ,  366. 

Rois.iEr,  medecin.  11 ,  509. 

RLKI.I.IUS  (J.),  medecin,  11,31. 

RiFM.N  (At/ ,  chirurgien  de  Paris. 

II  ,  266. 

Ru  FIN  (Anloine) ,  medecin  cbar- 
treux.  Ill,  681. 

(Janus).  I  ,  487. 


S 


SACIIETTI.  I,  268. 

Sitiynecs  prcconisees.  Menlel,  me- 
decin, supporte  trente-deux  saignik's. 
I,  63  noie,  82  ,  157,  158.  —  G.  Patin 
full  praliquer  \ingl  saignees  a  son  Ills, 
165,  224,  225,  226,  258,  266,  355. 
-  Consequent  avec  ses  principes, 
G.  I'atin  se  fait  saigner  sept  fois  pour 
nn  i  liume  ,  375  note.  —  Saignec  dans 
hi  petite -vtirole  el  Ics  lieM'es  Orup- 
li\»s.  11  ,  219  el  note,  et  111,419,711 
et  note.  —  Saignees  clicz  les  rn- 
fants.  II  ;  420  note,  449,  '\W.  Ill  , 


86,  137,  140,  SCO,  369,  31fi,  417, 
418. 

SAINT-AXDKE  (  mademoiselle  de  ). 
Ill,  439. 

SAIM-AN.NES  (de),  gouverneur  de 
Leucate.  Ill  ,  521. 

SAINT-AUBIN,  bourreau  de  Paris. 
II,  445. 

S\I\T-fllIAUMONT    (de).   I,  30. 

S  VI.NT-CYIIAN  (1'abbe  Jean  de) ,  Du- 
vcrgier  de  Hauranne ,  auteur  du  l'c~ 
trus  Aurclius,  publi6  en  1635,  contre 
la  doctrine  des  jesuites.  I,  116,  117 
et  note  ,  118  ,  300.  Ill ,  639  et  note. 

SAI.NT  -  EVREMOM  ,  notice,  L.  Ill , 
946  note. 

SAINT-GEMS,  conseiller  au  Chatclct. 
111,660. 

SAINT-LUC  (dc),  marechal  de  France. 

I ,  239.  —   Troubles  de  Bordeaux , 

II,  56. 

SAI.NT  Lu: ,  patron  des  medccins. 

II,  54.  HI,  282. 

SAINT-MARTIN  ( le  comte  de  ).  II , 
376. 

SAINT-MICALT  (de),  gentilliomme 
de  Bourgogne,  1 ,  520  ,  II,  12. 

SAINT-PAIL  (le  comte  de).  I,   412. 

III,  438,  692. 
SAINT-PAMN  (de).  HI,  740. 
SAINT-PREHL  (de).  1  ,  84 ,  86. 
SAINT-SIMON  (de).  11,  9. 
SAINT-SIMON    (  duchesse  de  ).  Ill , 

772. 

SAINT  VINCENT-DE-PAUL  (  le  pere 
Vincent).  II,  177. 

SAINT-YON  (P.),  medecin  de  Paris. 

I,  186.  II,  114,236,  592. 
SAIXTE-BEUVE  (de) ,  professeur  de 

tbeologie  en  Sorbonne.  II ,  240.  Ill , 
766. 

SAINTE-HEU.NE,  conseiller  de  jus- 
tice de  Rouen.  Ill ,  648. 

SAINTE-MAUIE-PAPILLON.  II,  307. 

SAINTE-MAUTHE    (tie)   dcs  Eloges. 

II,  46.111.  546. 

SAINTOT,  maitre  des  ceremonies. 
I,  476. 

SALV  (Jos.  Goncales  de).  II,  57. 
SALIC.M,  11,  427. 


TABLE. 


SAI.IXS  (J.-B.j,  medecin  a  Ileaunc. 
Notice  LIV.  —  La  letlrc  C.LIX  lui  est 
adressee.  1 ,  264  note. 

SALISBURY  (Jeande),  e"veque  dc 
Charlrcs.  Revolution  d'Angleterrc. 
II,  176.  Ill,  321. 

SALI.O  (dc),  conseillcr,  directcur  ct 
fondatcur  du  Journal  dcs  savants.  I  , 
52.  Ill,  532. 

SALMONET,  Hislorien  dc  la  Grandc- 
Bri'tagne.  II ,  465. 

SALVANDY,  meml)re  de  r Academic 
franraise.  Ill,  266  note. 

SAMSO.V,  geographe.  II,  119.  Ill, 
757. 

SAMSO.-V  ,  tresoricr  dcs  parties  ca- 
suellcs.  I,  397. 

SANCHE  (Pierre)  professeur  de  la 
Faculty  de  medecine  de  Monlpe  lier. 

II,  259. 

SANCHE  lils,  professeur  dc  Mont- 
pellier. I,  248.  II,  186,  241,  259. 

SANCHEZ  (A.-N.-R.),  medecin  por- 
tug.iis.  Ill ,  554  note. 

SvNGUix,evc'que  dc  Senlis.  II,  604. 

SVRUI.M.  II,  369. 

SUIPI  (Fra-Paolo),  autcurdc  P//IS- 
loirc  du  concile  dc  Trcnle,  I,  250. 

III,  699  et  note. 

SAKKAU  (Cl.  de) ,  conseiller  de  la 
cour.  1 ,  213 ,  486.  II ,  175 ,  200. 

SuutAi  (ils.  II,  210. 

SAIIHASIX,  de  Lyon.  II,  65,  68. 

SYURAZI.N,  inedecin  de  Paris.  II, 
178. 

SARRAZIN  (Pierre).  Ill,  758. 

SAUTE  (  Antoine  de  ) ,  inedecin  a 
Paris.  Ill,  729. 

Svicoun.  II,  244. 

SA.MON  (de) ,  capitaine  des  gardes. 
I,  395. 

SAI:MAISE  (de).  1 ,  68  ,  69 ,  71,  86, 
119,  120,  121  ,  139,152,  163,  1(55, 
167,  179. — Samort,  199  nole,2!i7, 
301 ,  302  ,  240 ,  351  ,  360.  —  Amices 
climalcriques,  391  ct  note,  485,493, 
501.  II,  15,  512.  —  Apologie  de 
Charles  Icr,  roi  d'Anglelerre,  518.  — 
Voyage  a  Stockholm,  traduction  de 
1'Apologie,  554. — Lettre  de  Saumuisc 


a  G.  Palin ,  569  ,  536.  Ill  ,14,16, 
270,  794. 

SAIMAISE  (madame).  Sa  mort.  II, 
334. 

SAIMAISE  fils.  II  ,  406. 

SAUVACEON,  libraire.  I,  4'i6,  495. 

SAIVAL  'Henri) ,  auteur  de  Vllis- 
toire  dc  Paris.  H,  223. 

SAIVKBEIF  rde),  II,  28. 

SAVOIK  (cardinal  de).  I,  59. 

SAVOIE  (due  de).  I,  205. 

SAVOIE  (la  duchesse  de).  II ,  202  , 
298.  Ill,  424. 

SAXF.  (le  due  de).  Ill ,  38. 

SAXOMA  ,  me"decin  ,  professeur  de 
Padoue.  II,  558. 

SCAMC.ER  (Joseph) ,  pliilologue.  I , 
44,  66,  247,  381,  509.  II,  98,  423, 
484,  536.  Ill,  77,  104,  162.  —Son 
amiti£  avec  Casaubon,  558.  —  Scali- 
geriuna  ,  629  ct  630. 

Sc  \nnoN  (Paul),  litterateur.  1 ,  255. 
Ill ,  275  et  note. 

SCHAU.F.R,  medocin  suedois.  1,51 2. 

SCHARP  (G. )  ficossais,  professrur 
de  mederine  de  Montpellier.  II ,  506 
et  note.  Ill ,  443. 

SCHARP  (Claude)  ,  fils  de  Georges  , 
professeur  de  Montpellier.  1 ,  248.  II , 
506. 

SCHEFFER  (Sebastien) ,  inedecin  de 
Francfort.  II,  318. 

ScHJiEinKRrs  (Victor-Conrad) ,  miS- 
decin.  II,  486. 

ScnoMitKiic. ,  marechal  <lc  France. 
II,  43,  120,  231,  248. 

SciioocKit s  (Martin) ,  professeur  ft 
Groningue.  Ill,  407,  487,  (579. 

SCIIROKDKRUS,  inedecin,  autcurdc 
la  Pharmacopea  medico-chirurgica. 
II,  161,  499. 

Sciorncs  (G.).  I,  280,  374.  II. 
523. 

SCRIBOMLS  (C.),  jesuitc.  I,  366. 

SCLLTKT  (Jean),  chirurgien.  II, 
355  ,  356  et  note. 

SCLDERI,  litterateur.  II,  105.  Ill, 
655. 

SEBASTIEX,  roi  de  Portugal.  II,  296. 

SEIUZILS  (  Melchior ) ,  medocin  dc 


838 


TABLE. 


Strasbourg.    I,   244,   407.    11,152, 
3is,  388,  389. 

SKF.^TF.D  (Annibal),  ambassadenr  do 
Danoi]i:irck.  Ill,  614. 

SK'-.F.IM-S  T,.),  meflocin.  II,  470. 

SKOI'IKK  lo  pn'sidont).  I,  25,  168, 
525.  II,  0,  93,  146. 

SF.r.n,  mod.  oin.  II,  596. 

SF.r,n\  (Claude),  medooin  dc  la 
roino.  I,  8,  11,12,  47,  315.  —  Vend  sa 
charge  do  premier  medeein  do  la  roino 
aC.  dolaf.hambro,  moyonnant  22,000 
(':rus.  IT,  5,  228. —  F.s!  pnnrvii  d'uno 
abbayo,  351  o!  nolo,  411  ,  447.  Ill, 
453.  ST  roiraile  oho/  IPS  rnoinos  do 
Sal's!-1*  ;r(or,  467  ot  681. 

S:V;i  <N  'Michel),  niddeein  du  roi , 
pro'osscur  an  Collco;e  do  Franco.  I, 
11,  3",  30.  A/,,  56.  136.  113.  453. 
?rir,\onKT  ,  do  I, yon.  II,  111. 
Siam-NTS  (.T.).  II.  17. 
SF.MF.U.F.S.  mejloein  do  Paris,  1,12. 

SENAULT  Mo  Pore),  oraloricn.  II, 

S<;nc  no}.  Ill,   258. 

SF.NCIF.IIF.KTJTS.    I,  360 

Sr.NNF.nr  I).),  modi'o.in.  I  ,  11,  28. 
87.  II,  558,  354,  419,  —  Compare 
aOalion,  IN,  429. 

SF.N TINF.I .?  i,  oniyc-r  do  Clivislino, 
as<;,i>;<in  do  Alona'dosohi.  II  ,  355  , 
375,  418. 

Sv.i'i  u.n  (Tjid.\  mod  -oiii.  I,  21. 

SKU  MN,  :\vnc;it  do  !a  faonlle  oontro 
Paulniicr.  T,  280. 

Si :IM;> •:•;  (!•',.),  niombro  do  rinslitiit. 
Ill,  6'|5  tioto. 

SF.  mi  F.S  (I,.   do\  mtVlooin  do  I, yon. 

I,  329,  388,  5I4.  II,  10.  Ill,  188,  700. 
SF.UKIF.H  (T.),  inodocin.  II,  474. 
SF.UUF.N    (Abol    do),    siirintondant. 

dosfinancos.  I,  150,    237,    299,  439. 

II,  217.  —  Sii  inort.  Ill,  124. 
SI-.HVIF.N  (madomnisollo  do).  IT,  438. 
Sr.r.viF.\,   ronsoillor  ft  la    rour.   II, 

0  °  ."> 

Si  iivn  s  (P.),  mi-doom.  I,  328. 

Si.iin  'Sinu'-on^.  II,  2:>5. 

S;\K.  (ilcV  ooiispillor  do  la  firand'- 
Cbambro.  11,300. 


SF.VF.RIN  (M.-A.),  medccin  de  Na- 
ples. II,  548,  553. 

SEVIC.M,  empirique  italien.  I,  36. 
SKVIN,  consoillcr  dc  la  cour.  I,  52. 

II,  6. 

Sinoxirs  (Apollinaris),  ih'cque  ma- 
rie de  Clermonl.  Ill,  364  note. 

SILAS  Trrrs  (le  colonel),  sous  le 
pseudonymc  dc  Allen ,  auleur  du 
Traitc  poliliqitc,  elc.  Ill,  160  note. 

Sa.noN  (do)  litterateur.  Ill,  638. 

STI.I.F.IIY  (do).  IT,  28. 

SII.VAIICIS  J.-R. ),  medccin,  de 
Morln::  simitliitis.  I,  230. 

SIMONIES  (Simon).  II,  337. 

Sinr  (VITTORIO),  auleur  du  Mcrcure 
illicit.  I,  263.  194.  II,  7. 

SIIIMOXD  (le  Pore),  jestiite.  I,  49, 
359.  TIT,  318,  608. 

SLF.IIUN  (.!.).  II,  293. 

SOIUF.SKI  (  Joan  ) ,   roi  dc  Pologne. 

III.  265  (1266  nolo. 

SOCIM;S  (Fauslus)  ,  chef  de  la  socle 
sncinionno.  T,  364. 

SOFIIOY  DP.  CALIC.NOX,  ohancclior  do 
IVivarro,  Tun  des  auteurs  dc  1'fidit  dc 
Nantes.  Til,  431,  133. 

SOISSONS  (le  comic  do).  I,  255.  II, 
36.",.  I  IT,  262,  522. 

Snisso\s  (la  comtossodc),  Mancini, 
nirco  do  Ma/arin,  dito  In  licciissc.  I, 
413,  336.  II,  263,  303.  Ill,  289. 

SOI.F.X\M>ER  (R.),  Consultations.  I. 
110. 

Sm.iNnc  (L.),  modccin  dc  Mont- 
pcllior.  1,  207,  218,  259,331.  Ill,  35. 

SOMMEHSKT  ,  revolution  d'Angle- 
lorre.  II,  176. 

Soitiui-.iiF,  (  Samuel )  ,  medeein.  I , 
377,  382,  512.  II,  26,  128,  131,  160, 
165,  193,  353,  100,  403  ,  405  ,  463. 
Ill,  17,  24  ot  noto. 

SOHDF.S (P. ),  m6dccin.  Sou  portrait. 
Ill,  167. 

S'iiir.1.  (Ch.),  litterateur.  I,  41,  57. 
11,  83,  317.  TIT,  11.  — Son  portrait, 
1  7  (I  1  8. 

Son  F.I,  ,  medeein  do  Troyps.  I,  48, 
59,  63,  68,  87,  259. 

Son. mi  ("Jacques).  II,  143. 


TABLE 


839 


S'n  i.r.n.i  i.,  medecin  d'Avipnon.  U, 
89. 

SOOVBAY  (de).  I,  84. 

SOUVRB  (le  commandeur  dc),  grand 
prieur  de  France.  Ill ,  745. 

SOURDIS  (marquis  de).  I,  84,  487. 

SPADA,  cardinal.  I,  120,  395.  II,  54. 

SPAMIEIM  (Fred.),  savant  philologue 
el  ministre  hollandais.  I,  153,  442, 
503.  Ill,  51. 

SPIFAME  (Paul) ,  ev6que  de  Nevers. 
I,  37. 

SPON  (Charles),  medecin  de  Lyon. 
Notice  sur  sa  famille.  I,  170  et  note. 
—  Les  lettres  en  a  CCCI.VHI  lui  sont 
adressees. 

SPON  (Jacques),  fils  de  Charles, 
m&lecin  ct  antiquaire.  I,  271  note. 

SPON  (madame).  I,  3:57.  II,  346. 

STENGF.LIUS  (Luc),  medecin  d'Augs- 
bourg.  II,  370. 

STEVARD  (  Adam  )  ,  plu'losophe  de 
Lcyde.  II,  131. 

STELLA.  I,  358. 

STOBEB  (J.).  II,  247. 

STRADA  (  Famanus) ,  auteur  du  dc 
IMlo  Belgico.  I,  163,  263,  484. 

SUE  ( P. ),  chirurgien  do  Paris.  Ill , 
242  note. 

SUEDE  (le  roi  de).  II,  188. 

SUEDE  (la  reine  de),  mere,  veuve 
dii  grand  Gustave.  Sa  mort.  II,  176. 

SUEDE  (prince  do).  I,  167. 

Sitisscs  (les).  II,  18,  21. 

SULLY  (de),  ministre  de  Henri  IV. 
Ses  memoires.  I,  162,  515. 

SULLY  (de) ,  fits  du  chancelier.  II, 
301,  438. 

SYLVIUS  (de  la  Boo),  professeur  de 
medecine  a  Leydc.  II,  491. 

Syphilis,  son  anciennete.  111,5,53, 
554  et  note. 


TACHEMUS  (0.),  medecin  deVenise. 
I,  I'll. 

TALI.F.MANT  (l'al)be.  do).  Ill,  348. 
TALON,  premier  president.  I,  160. 
TALON,  avocat-gtinenil.  1,138,185 


88,  322.  —  Proci-s  de  Renaudot,  324, 
333,  334,   417.  II,  143,  229,   443. 
II,  7,  248,  345,  446,  447. 
TALOM  (madame).  Ill,  646. 
TALON  1'aine,  conseiller    d'fitat.  I , 
396. 

TALON,  intendant  de  justice.  II, 
894. 

TAMBONNEAO  (  les  freres  ).  Barri- 
cades. I,  417. 

TAMBCHiTf,  casuiste.  Ill,  146. 

TARDIEC  (madame).  Ill,  550. 

TARDIEU,  lientenant-criminel.  Ill, 
550. 

TARDIN  (J.),  medecin  de  Tonrnon. 
II,  136. 

TARDY  (Cl.),  medecin  de  Paris.  I, 
182,  401.  II,  159,  175,  190,  195, 
228,  248,1534.111,  774. 

TARIN  (Jean),  professeur  du  roi  et 
recteur  de  PUniversite.  II,  513.  Ill, 
580. 

TARLOF.US(D.),  medecin  de  Beau- 
vais.  I,  3,  21. 

TARTAHTN,  apothicaire.  Ill,  460. 

TARTEL.  I,  102. 

TAVANNES  (J.-M.  comte  de).  I,  520. 
II,  292,  329. 

The,  son  usage.  1 ,  383.  II ,  293  et 
note. 

Theses.  Excentricitesdes  sujetstrai- 
tes  par  les  me'dpcins  dans  leurs  tlu^ses. 
I,  133.  Ill,  183,  300. 

THET  ,  gentilhomme  danois.  Ill  , 
449. 

THEVART  (Jacques),  modecin  de 
Paris.  I,  27,  139,  463.  Ill,  596. 

THEVEMN,  medecin  de  Paris.  I, 
186. 

THIBERT.  II,  159. 

TIIIESSF.T  (  Aug.  ) ,  mddecin  de 
Troyes.  I,  72  note. 

THOMAS  (prince).  I,  59,  61,  70.  II, 
115,  180,  202,  210.  —  Sa  mort, 
236. 

THORE  (lo  president),  fils  d'F.mery. 
I,  371.  Ill,  199,  293. 

THOU  (do),  president,  historien.  I, 
18,  21,  24,  45,  112,  279.  Ill,  699. 

THOU  (de),  president   et  ambassa- 


TABLE. 


clcur  en  Hollamle,  Ills  do  I'hisloricu. 
I,  227.  II,  2(55,  311,  336.  Ill,  09. 

THOU  (de),  lils  do  ('historic!).  I,  91, 
141.  —  Execute^  a  Lyon.  II,  513.  Ill, 
100. 

THOU  (madumc  la  pnSsidcnte  do). 
Ill,  457. 

Tnoi  VKNOT,  medecin.  Ill,  453. 

THYKCKCS  (P.).  I,  306. 

TIHELF,  conseiller.  I,  52. 

TILIER,  rcccvcurdes  consignalions. 
111,678. 

TILLET  (du),  eonseiller.  I,  214- 

TILLADKT  (do),  capitaineaux gardes. 
Ill,  46. 

Tinox  (Ic  Pi-re),  jesuitc,  aulcur  du 
livrc  DCS  cas  dc  fotiscienrr.  II,  392. 

TlSSKUAM),  I,   15. 

TOXXKI.IRR  (Zac. ),  medeein.  I,  21. 

ToREAM(rabbe).III,  338. 

TOICHET  (Marie),  femmc  d'Entra- 
gues,  mailressede  Charles  IX.  II,  50. 

TOULIKU  (de).  II,  HI. 

TOURXES  (de),  libroirc  de  Geneve. 
—  La  Icttre  CLVIH  lui  est  adrcss£c.  I, 
263.  II,  310. 

TOITAIX  (Michel),  medecin  de  Pa- 
ris. I,  163.  II,  537. 

TREMBLAY  (du),  gouverncur  de  la 
Bastille.  I,  290,  405. 

TRIC.LAXDIUS,  theologien  de  Leyde. 
11,131. 

TnnroiiLLE  (de  la).  II,  9. 

TniMouiLLB  (  mademoiselle  de  la ). 
Ill,  537. 

TuiiixcuRiAxcs  ( Albcrius  (II. ).  II, 
337. 

TiioisoAMES.  Ill,  202. 

TROXCHET  (du),  eonseiller  de  la 
Grand'Chambrc.  II,  405.  Ill,  297. 

Tr.oxcmx,  mc'dccin.  I,  27  note. 

TUBGELF,  president,  intendantde  la 
inaison  de  la  reine.  II,  21,  347.  Ill, 
731. 

TinniiaiE,  chirurgien  de  1'armee  de 
I'iandre.  Ill,  662. 

TuiEXXE  (inarei'lial  de).  I,  125, 
167,  184,  219,  227,  231,  500.  II,  13. 

—  C.oiidnit  son  armee  sous  Paris,  46. 

—  Balaille  de  Helhel,  66,  178,  190, 


245,  255,  304.  —  Bataille  de  Dirn- 
kerque,  399.  —Siege  de  Gravelinrs, 
415.  —  Prise  d'Yprcs,  438,  543,  515, 
548,  553.  Ill,  99.  —  Son  abjuration, 
683. 

TURKNXE  (la  marecliale  de).  Ill, 
591. 

TUREXNE  (mademoiselle  de).  Ill, 
434. 

TLLLIKR,  medecin  dc  Paris.  Ill, 
692. 

TLRGOT,  eonseiller  d'fitat.  Ill,  138. 

TULLOUE  (R. ),  medecin  dc  Paris. 
I,  220.  II,  470. 

TUHISAXLS.  II,  393. 

TuRXEBE(Ad.),  philologue.  Ill,  744. 

TLT.OIET  DF.  MAYF.RNR,  medecin  du 
roi  d'Anglelerre.  I,  280,  366,  514. 
—  Sa  mort,  II,  172.  Ill,  608. 

TYCHO-BKMIE,  astronome.  I,  511. 
111,449. 


Lcs  pctitcs  universites.  III,  171, 
173,  451,  452  ,  455. 

URBAIX-  VIII,  pape.  1 ,  70,  86,  112, 
303. 

USSERILS,  philologue.  II,  406. 

LTEMBEIIGAHI),  d 'Utrecht,  ami  de 
Gui  Patin.  II,  454. 

UXELLES  (le  marquis  d1).  I,  194.  II, 
422. 


VLAC.  1 ,  469 ,  495. 

VACHEUOT,  medecin  du  cardinal  dc 
Retz.  II,  73,  74,  180.  Ill,  38,  469. 

VALEXCEY  ( le  commandcur  de ).  I , 
316. 

VALLKE,  sieur  de  Chenaillcs,  con- 
scillcr  de  la  cour.  II,  268,  269,  270. 
292,  382. 

VALESILS,  philologue.  Ill,  74 \. 

VALLEIUOI.A  (Fr.),  miit'ecin.  II,  177. 

YALLKSUS  (Fr. )  ou  Vallf-s,  profcs- 
scur  a  Alcala  de  Henarez.  Met/to- 
il us  medt-ndi.  Commentuires  xitr  It's 
Epidcmiques  d' Hippocrate,  11,560, 
561  et  note. 


TABLE. 


841 


VALOIS  (due  de),  fils  du  due  d'Or- 
Sanaissance.  II,  43.  Ill,  480. 

VALOIS  (Henri  de),  philologuc.  Ill, 
32. 

VALOT,  mgdccin  du  Roi.  I,  32,  193, 
222,  521.  II,  209,  217,  360,  421, 474, 
498.  —  Maladie  de  Louis  XIV,  III, 
65.  —  Surnom  de  Gargantua,  77,  85, 
90,  103,  104,  153.  —  Maladie  de 
Mazarin,  284,  296,  339,  410.  —  Pro- 
fesseur  et  chancelier  de  Montpellier, 
463.  —  Maladie  de  la  reine  d'Angle- 
terre,  705,  706,  752.  —  Sa  fainille, 
753, 767,  784. 

VANDERLI.NDE.N,  professeur  de  me- 
decine  a  Leyde  ,  (kliteur  des  OEuvrcs 
d'llippocratc.  I,  63,  165,  218,  230, 
234,  375.  II,  90,  366,  381,  497. 
Ill,  79,  407,  462,  586,  587  et  nole. 

VANDI  (de),  gouverneur  du  Gale- 
let.  II,  24. 

VAN  DUEVEREN,  m&lecin  hollandais. 
I,  63  note. 

VAN  HELMONT,  medecin.  Notice, 
XHI.  I,  155,  225,  355  et  note,  503, 
555.  II,  461  et  note,  117,  17b.  Ill, 
77. 

VAN  HOORNE  (J.),  ni6decin  hollan- 
dais. II,  249. 

VA.MM.  Notice,  xxix. 

VARAM>K  ou  Varandal  (Jean),  pro- 
fesseur de  la  Faculle  de  Montpeiller. 
I,  218,  227.  II,  14,  241,  260,  335, 
504. 

VARDES  (le  marquis  de),  envoje  en 
Kspagne.  II,  419.  Ill,  152,  519,  521. 

VARE.NNES  (de) ,  lieutenant  general 
mort  au  siege  de  Gravelines.  II,  419. 

VARGAS  'Alphonse  de).  Pseudonyme 
de  Gasp.  Scioppii.  I,  280. 

VARJLLAS,  historien.  Ill,  136,  737. 

VAUIN,  II,  601. 

VASSAN  (Jean  de),  Scaligeriaiia.  Ill, 
629. 

VAIGELAS  (Cl.  F.  de) ,  de  1'Acade- 
mie  francaisc.  I,  195.  II,  551. 

VALUER  (Franr.),  medecin  du  pre- 
mier ministre,  promu  premier  mecle- 
tin  du  roi.  I,  122  ,  124,  129,  163, 
109,  175,  186,  190,  203,  345,  346, 


347,  396,  397.  II,  474.  Ill,  Gel  nol.-, 
429. 

VALVRB  (Marie).  II,  121. 

VAVASSOH  (le  Pere  Fr.).  I,  253,  480, 
-  Discuss,  sur  la  beau  16  de  J.  -  C. 
II,  532. 

Vr.ni.ER,  gentilhomme  anglais.  I, 
271  note. 

VENDOMB  (due  de).  I,  259, 328, 456. 
II,  16,  21,  312,  514,  519,  545,  553. 
111,551. 

VENDOME  (madame  de).  I,  476.  Ill, 
705. 

VE.NDOMK  (mademoiselle  de).  Son 
mariage  avec  M.  deNeinours.  1,105, 
112,  293. 

VENTADOLU  (madame  de).  Ill,  294. 

VERUA.\  DE  GRAMOM,  conseiller  de 
Tune  des  cinq  cliambres  des  enqueues. 
1,71. 

VERDUN  (le  comle  de).  Ill,  369. 

VEIUIEYEN  (Ph.),  niedecin  celebre 
de  Louvain.  Ill ,  539  note. 

VESLI.NGIUS  (Jean)  ,  medecin  de  Pa- 
doue.  1 ,  162,  166,  466  491.  II ,  541 
et  note. 

VEHNECIL  (leducde),  gouvemcur 
du  Languedoc.  Ill,  513,  643. 

VKHXY,  apolliicairc  de  Montpellier. 
II,  474,  483. 

VERO.\  ( le  pere  Fr. ).  Controverscs 
conlre  les  ministres  de  Cliarenton.  I , 
504. 

VEROSPI  ,  cardinal.  Sa  mort.  1 ,  62. 

VERSAY  (le  marquis  de).  I,  462. 

VERTAMOLR  (de)  ,  mailre  des  re- 
queles.  Ill,  284,  426. 

VERTH  (Jean  de].  I,  50. 

VERZASCHA  (Bern.),  niedecin  de 
Bale.  II,  292,  4(Ja. 

VEZOL  ( Fr.) ,  niedecin  de  Paris.  II , 
209.  Ill,  313,  449,  450. 

VIALART  (le  Pere),  superieur  des 
Feuillanls.  I,  108.  II,  it. 

VIALD  (Theophile).  Ill,  .'359. 

VK;.\EIL-MAKULLE.  Notice  ,  XLVII. 

VIGNOIU  (la  comlessedi1).  I,  464. 

VII.I.E  vle  marquis  dc).  11,  41.'u 

VII.I.KMONTUK  de  ,  conseiller.  I, 
167,527.11,  135,  235. 


842 


TABLE. 


ViLLEQtiiER  (  dc  )  ,  manVlial  de 
France.  I,  175.  II,  5.1,  /ilG. 

VILLEQUIER  (aiiidame  de).  Ill,  678. 

VILLEHOI,  mareclial  de  France.  I  , 
192,  432,  464,  470.  II,  412. 

VINGAUD  (  Adrien  )  ,  libraire  de 
Leyde.  II,  )2<J. 

VIOLK,  president  de  la  chambre  des 
enqueues.  I,  431.  HI,  11(5,  117,  061. 

VISCONTI,  cardinal.  Ill,  789. 

VITRY  (de),  mareclial  de  France.  I, 
29,  30,  120,  339.  Ill,  401. 

VIVES  (J.-L.).  II,  11. 

VIVENET,  libraire  de  Paris.  I,  495. 

VIVONNE  (marquis  de).  Ill,  131, 
654,  730. 

VOETILS  (Gilbert),  philosophe.  I, 
235. 

VOISI.N  (de),  conseiller  du  parle- 
ment  de  Bordeaux.  II,  28.  Ill,  297. 

VOISIN,  iiilendunt  d'Auvergne.  I, 
199. 

VOISIN  (le  Pere),  jesuitc.  II,  268. 

VOISIN,  pretre.  Ill,  197. 

VOITUBB  (Vincent),  litterateur.  I, 
505.  11,  599.  Ill,  95. 

VOLCAMEK  (J.-G.),  medecin  holian- 
dais.  1,  381,  406,  457. 

VOLTAIRE.  Notice,  xxxvn. 

VOUSTILS  (Adolphns),  professeur  de 
botanique  a  Leyde.  II,  491. 

Vossits  (Gerard-  J.)  ,  philologue 
hollandais.  I,  144,  152,  441.  II,  141, 
511,  541,  559. 

Vossius  (Isaac)  ,  philologne,  lils  de 
Gerard-J.  Vossius.  1,  167,  204.  II, 
34,  37.  Ill,  481. 


WAJLLY  (de),  medecin  de  Paris.  I, 
186. 


WALLEUS  (J.) ,  professeur  d'anato- 
mie  a  Amsterdam.  I,  162,  466,  503. 
II,  538. 

WESDE,  de  Lyon.  II,  448. 

WKPKER  (Jean),  medecin,  frere  de 
Jean  Jacques.  II,  463. 

WEPKER  'J.-J.),  medecin  de  Scaf- 
house.  II,  463,  492  et  note. 

WEYMAR  (Ic  due  de).  I,  50,  53. 

WICERUS  (Joan.),  medecin.  I,  253. 

WICQLEFOUT  (de),  resident  de 
Brandebourg  a  Paris.  I,  249.  II,  176. 

WIKH  (Jean),  libri  dv  prcestigiis 
dccmonum.  I,  303. 

,  general.  II,  208. 


YORK  (due  d').  I,  203.  II,  116. 
Ill,  225. 

YSAMBEIIT  ,  docteur  de  Sorbonne. 
I,  30. 

YVKLIN,  medecin  de  Paris.  I,  1()8. 
—  Maladie  dn  roi.  Ill,  89. 

Y\ES  (le  Pere),  capucin,  dc  Jure 
|  natundi.  I,  230.  II,  342. 

YVETEALX  (des),  precepteur  do 
Louis  XIII.  li,  522. 


ZACCHIAS  (P.) ,  medecin,  anleurdu 
;li\re  (Juccst  tones  medico  -  legales,  I, 
!  256.  Ill,  376. 

ZACIIAUIE  ( le  frere),  capucin.  I , 
230.  11,  342. 

ZACCTLS  (  Lusitanus )  ,  medecin 
I  portugais.  1,  94,  95,  96. 

ZAMET.  evtique  de  Langres.  II,  150. 

ZA.NCHLS,  pliilologue.  1,  2.'56. 

ZAPATA  ,  depute  d'Espagne.  1.  331. 

ZWELFEU  (Jo.),  medecin.  II .  322. 


FIN    DE    LA   TABLE. 


ERRATA. 

Quoique  nous  ayons  corrige  une  immense  quantile  de  fautes  de 
frangais  et  de  latin  ,  restitue  un  grand  nombre  de  nom  propres  des 
editions  precedentes,  beaucoup  nous  ont  encore  echappe,  sans 
compter  les  fautes  d' impression.  Les  lecteurs  judicieux  et  inslruits  , 
dont  nous  sollicitons  1'indulgence  ,  savent  du  reste  combien  il  est 
facile  de  commettre  de  pareilles  erreurs  dans  les  ouvrages  du  genre 
des  Lettres  de  Gui  Putin ,  queile  que  soil  d'ailleurs  la  vigilance  et 
1'attention  qu  on  apporte  a  la  correction  du  texte  et  des  epreuves. 
Nous  signalerons  pourtant  quelques  fautes  par  trop  evidentes. 

TOME  I. 

Notice,  page  xni,  la  note,  pcradojcum ,  lisez  :  paradujcuin. 

Biographic,  page  xiv,  ligne  22,  Pichrucole,  lisez  :  Picrochole. 

Page  191,  ligne  15,  sapia',  lisez  :  sa-pe. 

Page  27,  ligne  3  de  la  2C  note  ,  Simon  Lcttilicr,  lisez  :  Simon  Ic  Lclhier. 

Page  231,  ligne  12,  chiinis,  lisez:  churum. 

Page  235,  ligue  17  ,  idio ,  lisez  :  idco. 

TOME   II. 

Page  35(5,  la  note  (1),  ligne  3,  (irmcntarium,  lisez:  armamentarium. 

Page  383,  la  note,  lcr  vers,  sur  I'F,  lisez  :  dcssus  VF. 

Page  3(J8 ,  la  note,  ligne  o',  amuntcs,  lisez  :  amentes. 

Page  440,  ligne  30,  cucjciam,  lisez  :  cncxium. 

Ijage/i83,  ligne  28,  liic  scycs ,  lisez  :  hie  scges. 

Page  A80,  ligne  15,  hie  vivimus,  lisez  :  hie  vivimus. 

TOME   111. 

1'age  10,  ligne  14,  I'M  soliludinc  et  soliludine,  lisez  ;  IK  solitudinc  ct  sulli- 

citudinc. 

Page  32,  ligne  13,  virum ,  lisez :  ricum. 
1'age  75,  ligne  4,  ioa  (sir),  lisez  :  omnia. 
1'age  70,  ligne  t),  ex  coi  (sic),  lisez  :  ix  communi. 
1'dge  91,  tu  si  /tic  six,  lisez  :  fit  si  lite  sis. 

Page  188,  ligne  12,  Epitrcs  de  TEpsc  (sic),  lisez:  Epitrcs  dc  J.  Lipse. 
Page  189,  ligne  20,  Itisturiam  tucjcieam,  lisez:  hi*  to  riant  mcjcicanam, 
1'age  207,  ligae  19,  I'hiluryiric ,  lisez  :  I'hilargyric  et  I'arimanyis. 
Page  230,   ligne  20,  social icii' Juco-fcrcie,  lisez :  socntticuc  joco-scriic. 
Page  243,  ligne  17,  Exemplar  amccbcas ,  lisez:  Epistolarum  Ama'bearum, 
Page  ^55,  ligne  .'(2  ,  opus  post  humanum ,  lisez  :  up  us  pustlntmum. 
Page  258,  la  note,  apres  Ic  mot  d'sllcji'aitdrie,  lisez  :  (d,  /'.). 


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