LETTRES
DK
GUI PAT IN.
TOME TROISIEME.
— ImpriiiKTH' <i" !,. MAHTI.MJT, rue Jacob, 3
LETTRES
DE
GUI ATIN
t "
SOIYEI.LE EDITION AIMENTEE DE LETTRES 1KEDITES,
D'UNE NOTICE BIOGRAPHIQUE,
ACCO^IPAG^F.E
DK REMARQUKS SCIENTIFIQUES , HISTORIQUES , PHILOSOPHIQUES
ET LITTERAIRES,
4.-II. RFYEILI F.-PARISE,
, Doclcur en nirderinc ,
r.licviilicr do hi Li'gioil-d'Monncnr, nicmlirc de 1'Arndc'niic royalc dc nicdcrinc, etc.
AVEC US PORTRAIT
ET LE FAC-SIM1LK DK L'ECUITt:ilK DE GUI PATIS.
TOME TROISlfiME.
A PARIS,
CHEZ J.-B. BAILLIERE,
I.IBRAIRE DE I/ACAD^MIE ROTAI.E HE MEDECINE,
llfK DE I/KCOI.K-nE-MFDK.riNK, 17;
A LONDRKS, CIIKZ H. RAILI.IKRI-:, 219, RKGENT-STREFT,
LETT RES
DE GUI PATIN.
LKTTRK CCCCIV. — .t .{mlrf /•'<•/>;„„'/.
C'esl pour vous remercierde votre belle Icllredu commen-
cement df ce mois. Je vous manderois volontiers quelque
bonne nouvelle; mais il n\ a ici rien d'assure : j'ai pourtant
ecril a M. Spon la pltipart de re qni se (lit ici. Le Ma/arin a
passe toutes les rivieres, il n'a plus quo le, Rubicon a I'ran-
cliir, et apres il pourradire : Jnctn <'*t /i/m. Si ({iiclque torrent
de ('edron le ponvoit enidoutir, ee nous scroll un grand bon-
henr. el a toute la France.
El fit- linma pi ril , rt'i/nfifx'l ffiitguinc mull'' .
Ad ri'flnuw quiff/nits ri-itil <il> c.rili<>.
li'ois regiments allemands de <-avalerie ont pris le parti du
due d'Orleans; on les envoie a Montrond, avec les regiments
du meme prince qui etoient (levers Montargis, pour en clias-
ser le comte de Paluau (jui y tient le bloctis pour le Ma/arin.
On vend toujours ici la bibliolhe(]uc<]c ce rouge tyran; seize
mille volumes en sontdejasortis; il n'en resle plus que vingt-
quatre mille. Tout Paris y va conmie a la procession ; j'ai si
pen de loisir que je.n'y puis aller; joint (pie le bibliolbecaiiv
(pii 1'avoil dressee, <pii est M. .N'aude, mon ami de trente-
(•in<i ans, m'est si cher que je ne puis voir cette di.-solulion et
destruction ; joint encore (pie, x/r />/«/•//// x/^/o'/x. tj/'n>/-i /•<• />/nrn
in'[iix\ 'lj. M. le due de Nemoui's est parti bier d'iei*, t^t est alle
1 1'ar Tarret «li- proscription du cardiiuil M.-i/arin du l(i IrNrirr iiii'.l,
It- parlcnicnt avail onlomio la \CM!C <!<••> meuMr- tin cardinal a I ex
ccption tic-; 'ivri1- : par un ui.uvr! arrr1 t-u lli.il • il till ortlonin'' ipir !.i
III t
LKTTIIES !>!• t,l I I'ATI.N
vers Stenay, y I'aire signer I accord dcs princes an due de Lor
rainc. Si bien ipic si Dion ify met la main, le moisd'avril
procliam, lii'lln . Imrritlii hi'lln! (Juoi (|u"d en arrive, je serai
toute ina vie, monsieur, votiv. etc.
Do ParU , lo :5 ) Janvier 1<>.">2.
LKTTRE CCCCV. — .\i.
Je suisobligtMlo vousdetrompnr d'nne fanssctt'' ijin csi dan>
inn deriiim: letlre. Montauron, roi dcs partisans, nVst point
mort (l), mais l)ion im iit/mmc Montorin , <|ni iivoit antrt'tois
»''t(' mailre. des ro(pietes, aulremont dit Hochor-Portail , ItoiniiK;
t'ort riclie de Bretagne.
On continue toujours de vendn; la bibliotlnVjue ina/iii'iiit'.
oil Ton dit <|u'il y avoit (marante inillc volumes. M. N'aude,
i|iii est fort en oole.iv oontre le pai'lciiKUil de voir vcndre (U
dissiper une si belle bibliotbetpio , a pris tons les livres de
medecine [)onr ,'),5()0 livres. II ya nn niattre des retjuetes ,
nomrne M. Caumin, savant bonmie, mais eimemi dn jtarle-
inent, griind ma/arin el I'orl incommode en sesallaiivs, (|iii .
jKMisanl Hatter le cardinal qu'il voit rtivenu a la com', a lait
dcs vers sur Ics debris de celte bibliothecjue, donl voici la
copie <pie je vons envoie, alin ipie vous en pnissie/ jnjjer :
JllHadi'S lull) lihl'OX tlttlll l'nllil/il n)'h>' .
l-'.l rural Aoiiiiis (ill xna tccta Ih'ti* .
'1'i'cld . Deo* . libroa in/'auti Curia Ici/r
Vi ndiilil in inp<li« prosit I inn/up for<».
hibliollu'qut' serait vcuduc.el (jnc -in Ic [>i\\ il xfni't. />ti> •/ ri'fcretiii'
/iris In st»>nni', (/c <'<>>il cinquantc incite fnmrx . lui/n/'lli' si>rfi,l <l<»i>i<'<'
n t'flni mi n ccu.r (jiii t'l'/n'cacnlci'ii cut Icilil cardinal n jitsl'ri' , inort mi
df. I'.n \aiii (,. Naiidc (irc^cula roqmMi' . Ic |iarlrnuMit jussa diilrc. ct
crllc \cnlc in- (••»;! quc !()r>(|iic It- i <ti inli-rviiit par urn- lettrc an pi nru
ft'iir i/'iifial 1 oiiqucl , par laqucllc il ordoiuiail a i'c inn^istral dc fiiirr
cc--ri !,i \i'iilc, dc rclircr I > li\rr> sciidi.: • ( I d'cn ri-- lilut-r Ic \>ii\.
A FALCONET. 3
Hoc sccleris prelium , s(evi co»ttne> ciu pucti ,
Diraqne promiasas aui'lio niunstral opes.
Nee mirere nefas, emptns probal cmpta senalux .
Vendtdil hie libra* , rendi're jura tolct.
On (lit que le roi revient avec son armee contre les gens dc
M. de Nemours etde M. do Beaufort, el puis qu'il viendra an-
tour (le Paris jusqu'a eeque le Mazarin soil hieu rrtabli. I.es
princes soulevrs coutre ce bonnet rouge out inainlenant a
aviser a leurs moyens d'opposition pour enipecher ce n'Ma-
blissement. M. le Prince, (jui est en (iiiyenne, ne dmieuivra
pas les bras eroises. 4e suis tout it vous , etc.
Do Paris, le 5 mars
LKTTRK CCCCVI. \>
Depuis ma dernit-re eoiitenaut quatre pages dc galimatias ,
je vous dirai (jue Ton parle toujours de la paix sans I'avoir.
Les gens de bieu respcrent et la souhaitent, mais les me-
chants ue s'y accordent }>as. Dieu nous 1'enverra quand il
plaira a sa sainte bonte ; mais elle est necessaire a bien du
monde. On nous appreud ici que TarclievtVlie dc Toulouse a
ete confere a M. de Marca , eveijue de (lonseraus , moyennant
cinquantemilleecus (ju'il adonnes au cardinal Ma/.arin.Yoila
une grande fortune pour cet bomme ambilieux. 11 ctoit deltas
lieu : apres avoir etudie, il devint ministre du parti des iv-
t'ormes dont il ctoit. S'elant cbange, il devint jt'-suitc ; pnis,
ayant quitte la socicte, ilsc maria ct devint consciller au par-
ItMiient dc Pan , puis president; ensuilc il vint a Paris, ct par
la t'avcur deM. le clianeelierSeguier il I'nt fait consciller d'Kt at
ordinaire, apres intendant de justice en C.atalogne, puis cvc-
(|ue de Conscrans, apres avoir longtemjts atlendu ses Indies
qu'il ne pouvoit avoir de Koine a cause de la querelle qu'il
avoit avec les jcsuitcs depuis (|u'il les avoit quittes, el ([u'cn-
lin il n'a (Mies ([iiVn sc raccommodant avec cu\. \' la tin [,•
voilii arclievc<jue dc Tdulmisc. ^Miand il aura pave ses drlies
•i I.KITHF.S DE (MM I'4TI.\
M tin bonnet rouge so pivsonloil a vendre, il cst siir (|ii'il
raoheteroit ans-;i. Jo no saurois inioux comparer M. do .Maroa
tjii'a dol'unl M. Ic Jai, qui, do trcs pen do chose, etoit devomi
premier president au parlement de Paris, on a eelni qui osi
aujounl'hui premier medecin du roi , apres avoir ete antro-
fois valet de Begum le chimiste, lui avoir fait bonillir son
pot et souffle ses cliarbons , qui n'a ni i'einine ni enfants, o(
qui est le plus avaricieux homme du inonde.
Voici le temps do nos licences, auquel, dt: deux on deux
ans , on fait des jetons pour donner a nos docteurs. La eou-
tnme otoit d'y inettre les armes du doyen d'un cote ol do
1'autre eelles de la faculte. J'ai retenu les dernieres ; mais an
lieu d'y inettre eelles de ma I'amille, qui sont de gueules au
chevron d'or, aceompagne do deux otoiles d'argent en chef ot
d'une main de ineme en poinle, j'y ai fait mettre mon por-
trait (1\ Le sculptenr, tout habile qn'il est, ji'y a pas fort
bien rencontre pour la ressemblanee , principalement a I'u'il ,
mais il n'y a point de remodo. Jo vous en envoi*; un echan-
tillon que jo vous prie de garder it cause de moi. Nous avons
trois armees a 1 'en tour de nous, des princes, du Mazarin et du
due de Lorraine. Mais tout cola n'est rien au prix de la devo-
tion qu'on a par deea pour sainte Genevieve : on porta sa
chasse lo 10 de ce inois en procession par les rues. Si la paix
se fait ensuite , la bonne sainte no manqnera pas d'on avoir
I'lionneur ; mais la puissions-nous tenir ii cola pros, tant j'ai
pour qu'elle no vienne point! Je ne vis jamais tant d'aff) nonce
de peuple par les rues qu'a cette procession. Je ne sais s'il
s'y ost fait quelque miracle; mais je tiens <|tie e'en est un , s'il
n'y a euplusieurs personnes d'etouffees. Tons nos Parisiens,
(1) O vanite des \anitos! qui so serait doulc quo dui Patin , le ficr
bourgeois de Paris, le rude ennemi de Mazarin, ee, comiidicn <i rony
bonnet , ce lilou teint en ecdrlnlc. , avail des armes dans sa lamille ,
qif il en ferait la description . et qne probablement il tonail beaueniip
a eetle distinclinn lieraldique :' Cependant , par exces de modcstie. il
L-on.-enl a faire niellre -IHI portrait Mir les jetons de la Facullg !
u. r.
.\ FALCONET. •')
qui sent gens de beaucoup de ibi , soul fort contents d'une si
belle ceremonie, et moi qui ne suis point Parisien, j'en snis
pareillement content; mais plut a Dieu et a sa sainte Melv ,
par I'intercession de sainte (ienevieve, que nous eussions la
paix ! l"n Remain, voyant un jour tout le pen pie de Rome
assemble pour voir un triompbe, appela Home 1'abreg''; du
monde. Si vous aviez vu tout rela, vous auric/ appele noire
ville de Paris 1'abrege de la devotion. Puisque tout le monde
en est bien content, je le suis aussi, quand meme la paix ne
viendroit point, a laquelle il n'y a pas grande apparence,
puisque la reine ne veut point chasser le Mazarin. Je suis de
tout mon cceur votre , etc.
De Paris, le 28 juin 1652.
LETTRE CCCCV1I. — AH met,*.
Nous avons bien eu des desordres dans cette ville le mois
passe. Le mardi 25 juin, toutes les compagnies out etc en
armes par 1'ordre du prevot des marchands, les cbaines ten-
dues et le palais garde de tous cotes, tandis quc les peres
conscrits deliberoient dans la grand'chambre , oil ils out re-
sol u que les deputes retourneroient vers le roi , lui dire de la
part de la cour et des princes (jue , pourvu que le cardinal
Mazarin soil envoye bors du royaume , lesdits princes soul
prets de mettre les armes bas , et de signer tout ce qu'il plaira
a sa majeste. Tandis que tout Paris etoit ici en armes , il y eut
di verses querelles en plusieurs endroils, oil quelques mis
furent tues et d'autres blesses. Cela ne se pent guere fa ire au-
tremenl : tandis. que les fous out les armes a la main, il Cant
(jue les sages soient caches. Les princes rieanmoins , apres
avoir ete troinpt's par le due de Lorraine, se trouvent bien
('tonnes, et je ne sais point a quel saint ils se voueront.
Hier, i juillet , est ici mort dans son litd'tinc lievre conii-
fi I.KTIKKS DK lil'l I'MIN
ink' maliyne, le sieur Vautier (I), qui etoit premier medecin
du roi , ct le dernier du royaume'eii capacite; et aliuque vous
sacliiex <in'il n'ost pas mort sans raisou , il a pris de I'anti-
moine par truis I'ois, pour mourir dans sa methode , par lo
oonseiitemeiit et le oonseil do Guenaut. S'il fut mort il y a
sopl ans, il auroit opar^uo la vie a plusieurs honneles pens
qu'il a tuespar son antiinoine. Knlin, il est mort lui-ineme aye
d'environ soixante-trois ans. (jomine il etoit ivputo i'ort igno-
rant, et meme a la oour, il voidoit a\oir la reputation d'avoir
des secrets de cliiinie, et d'exeeller dans la preparation do
I'antiinoine. Queltiues eourtisans lui applaud issoient on on
faisoient sembiant. L'aulorite de sa charge rniitreteuoii on
credit. II disoit enti'e autresque les inotlecins de Paris avoionl
raison de dire rjue I'antimoine etoit un poison; niuisqu'apres
sa [treparation il ne 1'eloit plus ; iK'aninoins eotte bonne pre-
paration Ini a manque, ('/est line place vaeante pour laquollo
le cardinal Mazarin cliorche trois mille pistoles. Voila un do
mes ('oii)|)aiiiions <)iii dit qu'ou 1'a oil'erte a (luonaut a co j»rix-
iii, (jui I'a rot'nsee, et (pi'il croit <|ue Valot les donnera. Ainsi
tout est a vendre , jusqu'a la saiit<: du roi , co qui cst d'un Iros
mauvais exempli?. -Ic1 sins, etc.
Do I'aris, lo ,'i jiiillel KurJ.
Jo ci'ois quo voiis a uro/. recu mos deux dornicros lotlros.
Maintonaiit jo NOUS dirai quo Ton nous [iroinot ici un jubilo
p(»ii!' li' commencement du oaivmo. (l'(st inn1 consolation spi-
rituelle <|iio lo pape nous \Tiit donnor on recompense dos mal-
( 1 !''r;mnii- \ fiulicr. in'1 ;i Arlr.-> en liisjl . nun 'I a 1'iiri-; CM H>'.f2 . rrni
docloiir on iin-dcriiio <!o Montpcllior en \(>\2. »lo\inl prnnirr mo<lrriii
do .M;iri<- do Modioi-;. ;ipres avoir dc oafornic a I;: Haslillo ; puis on Ki'id
promior inoilooin do Loui- XIV: culm il fat promn on Ki't'.l a 1 alibay
do Sainl I aurin d 'KSroux. l»- '"/
A FALCONET
lieurs que le cardinal Ma/arin nous fait soufj'rir. Si pom-tan!
Ton nc 1'cnvoie pas, on tachera le mieux qu'oii pourra de
s'en passer; inais les medecins y perdroient le plus , car il
leur vient toujours en partage quelque inalade qui s'est mor-
ibndu courant d'eglise en eglise.
A proposde maladies, M. Talon, a vocat -general, est en .si
inauva'is etat, qu'apres (juelques mois cle laiigueur il devient
hydropique. VTous savez bien qu'il ne peut pas mariquer de
bons et lideles medecins ; et neanmoins, dans 1'inquietude quo
sa maladie lui donne , il s'est souvenu de moi, et m'a fait
1'honneur de m'inviter a Taller voir : ce que j'ai fait inconti-
nent tres volontiers. Mais ayant reconnu son mauvais etat , jo
vous avoue que les larmes m'en sont venues aux yeux, ce que
je ne pus si bien caclier (ju'il ne le reconnut lui-meme, rt in-
m'en fit compliment. Neanmoins, je vous dirai que mes lar-
mes n'ont pas ete a cause de lui tout seul , quelque liomnie
de merite qu'il soil, mais pour le malheur cominun de tout
le nioiule qui perd beaucoup a sa mort. M. Talon cst 1111 fort
liomme de bien, de grand jugement et d'un esprit fort pene-
trant ; le plus beau sens commun qui ail jamais etc dans le
palais (I) , qiii a le mieu\ pris line cause et (jui y a le jdiis
lieureusement rencontre, aux conclusions qu'il y a donmVx
(Miacun a admire dans Paris la Force et la solidite de son
es})rit , et neanmoins il faut qu'il men re aussi bien cjiie lanl
d'honnetes gens tjui nous out (He malheureuscment ravis dc-
|)uis mi an, tandis (jut1 tant dc brouillons et de tyrans vivent
sur la torr«;.
L'eveque d'Amiens cst mort di'puis ([uclfjucs jour.,; il ctoil
Ills de M. de Caumarlin , <pii mourut garde des sc(\iux 1'an
K)2'2; autrelois fort debauclie , mais r«H'ormt'' dcpuis (|iicl-
(jues annces. On lui donne pour compagnon div \nyai;(' en
I'autro monde tin aulre prelat . (|iii cst M de Kenouillct , cve-
i I Kxpri'Sfion ploiiic <lc lorcc . dc -m-
l>lus cl'nii oxoniplr dans co IfUro.
<|iie (Ic Montpellier. 11 ctoit le plus aneieu eveque tic Krance.
Taut d'eveqws qui se laisseront mourir seront autant de
bonnes chape -chutes pour le cardinal Ma/arin . qui I'era de
nouvelles creatures dc ceux (ju'il y (era succeder. En voiei
mi autre Iroisieme qui I'ei'a le nombre impair, c'est 1'eveqtie
de Carcassonne, et un quatrieme, (jui est cekii de Kivjiis en
Provence. Quelque niineipu: I'on 1'asseet <pieU|ne degufseiiient
(jiie les homines apj)orlent dans leur vie, ils ne sauroient pa-
rer ce dernier coup. La niort leve le masque et fait connoitre
que, la vanile dt; la vie n'est qu'une coinedie assez chetive ,
qu'une farce assez courte, (ju'iine ombre, ou le sonjje meme
d'une ombre. Juvenal n'a-t-il pas bien (lit dans sa dixieme
sntirt1 . qui est tin ouvrage admirable :
Mors tula j'ahlar
Quunlulu aint hoininum corpuscuta.
M. Moreau le pere se porle un pen mieux , inais j'avoue
qu'd ne taut pas grand'chosc pour 1'abattre; et puis 1'lnver,
auqucl nous touchons du bout du doiyt, est I'orl a craindre
aux vieillards.
J.e 1-2 decemois mourutieile i»ere Petau (1), le plus savant
de la societe. II avoil dans la lete divers desseins de livres,
(ju'il avoil meme commences. On m'a (lit <pi'il avoil laisx-
tous ses papiers et ses desseins a un de ses disciples, nomine
le pere (lossard, <|ui aura soin de cimtinuei' le ^rand travail
de son maitre, de hitheologic des |)tires, doiit il y a (h'-jacinq
volumes imprimes; c'esl lejilus savant jesuite d 'aujourd'hui.
Je suis de loiite mon ame votre. etc.
Do PiirK lo -20 (loroinlin- Hi.rJ.
I I), MII- 1'rljiii. en lalin IVtUNiii- .-aviinl jc-intc, tie a OrK1aii> en
1'iS:?, ]iiolf->('!ir dc llioolo.'/K1 ii Paris, on il cs( moil Ic lii ili'crmlirr
IC'.'jJ , il a lai-c ,1-- oii\: •;!••.•-. (s'iinc>. |{. I'.
LKTTKK CCCCIX. - .\amnnc.
Je nesuis pas encore declmrge loul-a-fail tie mon decanal ;
je travaille tous les jours a mes comptes et a mes registres ,
mais, Dieu aidant, j'en sortirai bientot. Je vous remercie de
votre belle lettre, et M. Giraut pareilleuient de ses bonnes
graces; il est fort bon operateur, et reussit en la taille fort
heureusement. Vous n'avez pas besoin que je vous averlisse
que le rossolis n'est guere bon aux nepbretiques; mais trouvc/
bon seulement que je vous en f-.isse souvenir, de peur que
vous-meme vous ne vous en souveniez que trop ci-apres , in
inediis doloribus. Cette liqueur, nominee lios soils, niliil h<i-
b<>t .W«/v , .SYY/ if/iicuin quid pofentissimuni, Ininboruin WHUIH-
(//«• doloribus adcet'sissimtim , dont Dieu vous gardera et pro-
servera s'il veutpar sa bonte. Le pape a dit a noire ambassa-
deur (jui est a Rome qu'il vent que Ton remelte en liberte
le cardinal de Retz , et qu'il ne s'en prendra qu'an cardinal
iMa/.arin, ce qu'il a repete par Unit Ibis. Celte repetition a fort
deplu a la reine. .1 'attends encore quelque chose pour mettiv
dans noire paquet, lequel ne pent partir que le mois pro-
chain pour Lyon. Le mannscril que.AI. Spon a en Ire ses mains
n'est pas si petit; j'espere (jue ce sera un in-quarto de j)lus de
soixante feuilles : c'est le papier qui a maiKjue a cause de la
bassesse des eaux (jui a empeche AF. Rigaul de commencer
jusiju'a [)resent.
Je vous envoie ma medaille , (jue j'ai toujonrs en dessein
de vous presenter; elle est plus belle que celle (jue vous avtv.
vue enlre les mains de M. Gontier, ii (jui mon Ills aine en a
envoye line. Le coin de la Kacultr, qui t'loit us«', a ete ref'ait,
et au lieu de IbiS j!y ai fait mettre l().'>-2. Si vous en desire/
decuivre, je vous en enverrai cetju il vousplaira.
II se pourra(juelque jour rencontrerqueltjue bonne occasion
r|iii me fern idler (levers Lyon, mais il faudroit (jiu? la jiaix lut
en France; en ce cas-lii jeserois ravi de vous aller embrasser.
10 I.lilTUKS 1)K (,l I I'ATIN
On ditque le pape a depute dix eardinaux pour examiner le
fait du cardinal do Ketx , ot pour tvouver les nioycus do lo
lairo remettre on liberle. On dit quo Bordeaux est en si mau-
vais otat , qu'il scroit do bosom quo lo roi y fit un voyage pour
empeclicr quo les Kspagnols no s'on emparent ; niais, d'un
autro cote, il cst besoin qu'il soil aussi do deoa , a cause du
prince do Coude , (jui ost le plus fort sin1 la frontiere do Pi-
cardie ot do Champagne, et qui pourroit venir jusqu'ici , oil il
a encore qnelques amis et on il y a plusieurs onnoinis du
Ma/arin; il feroit bien du inal , etant sccouru do 1'Espagnol ,
com me apparoninient il lo sera. On parle ici do la inort du
papo : c'ost peut-otrc d'autant qu'il ost fort vioux. On nous
proniet le grand jubile pour la fin du careme; jo voudroLs
qu'il fut deja passe ct le careme paroillement. Los partisans
du Mazarin disont qu'il viondra bientot ; les plus fins discnt
(jue lion, et qu'il no pout ni nt; doit vonir. Le prince do
Condo a pris Vervins; on y fait passer nos troupes, alin d y
remeltrc lo siege ot do le reprondro. On s'en va ici iniprimer
un traitedo Balzac , intitule Y.\rix(ij>/>'', on <!>• In ('»///•; jo me
persuade quo co sera uno paraphrase do co vers du Imn
Horace :
Omnis .irisl ippum decuil color c( slut it* ct n-K.
.le mo rocommande a vos bonnes graces, et suis do toute
inon ame , monsieur, votro , etc.
l)e I'aris. le dernier Janvier 1653.
LKTTKK CCCCX. — .1
II lltf'lHf,
iN'i'iiirllc/.-moi do voiis reconiinandei1 un jenne Iminine
1\ nniiois, aspirant a la mail rise doc.hirurgio, nomirio (lai'don.
I! avoit un frere aim'1 a Paris, I an I(r2(i, qui ('toil |IOIIIK''|C
\ i \LCOM-T 11
hoiiime ct (It1 ines amis , ses parents vieiinent de notre pays
tie Beauvais ; j'ai meme connu celui-ci, que je vous reeom-
niande, a Paris, pour un gentil garcon. Fac fyitur, nisi tilii
molestunt f'uerif, ut sentiat mcam commendationeintibi f/rfiftnn ,
sibi uti/cm /'trisse. Je vous ai deja tant d'obligations que j'en
suis tout honteux.
Je pense que vous aurez bientot deux livrets nouveaux du
pere Theophile Kaynaud , Mala e bonis ecclesifc, etc., Disscr-
tatio dc Kobrid niter ins sexits freqnentatione per sacros i't reify,
hmnines, que vos libraires impriment a Lyon. On no i'ait rien
ici a cause de la guerre , et fautc de papier.
Le prince de Conti est le plus fort dans Bordeaux; il on
chasse qui bon lui semble. F^es Hollandois ont traite avec le
Ma/.arin , qui letir a proinis du support, dont les Anglois sont
indigries, et inenacent de ravager nos cotes.
LG prince de Conde a mis le siege devant Jamets.
Le Mazarin a ete traite superbement a Soissons par M. le
inarechal d'Estrees, qui encst le gouverneur, et en revenant
beaucoup de personnes sont allees au-devant de lui, cntre
autrcs M. le chancolier; le roi memo y a e'te jusqu'a trois
lieues d'ici , et 1'a amene dans son carrosse. Us sont enlivs
dans Paris lundi , 3 levrier, a deux heures apres midi ; le roi
lui a donnece niemesoir a souper en grand et superbe lestin.
Dieu sail si ce n'ont point ete des viandes bien succulentcs ,
pour reparer et restaurer les forces de ce (/mud cajritatne,
i[iii revient de la guerre si harasse, et(|ui rentre an cabinet .
on il y a <le reste tant de coixjuetes a faire.
Le roi a ete au-devant du Mazarin , et le Ma/.arin , a ce qm:
disent les courtisans, ira au-devant de la reine. \/r riritm
ficxx/mls faffs tcnt/Hirf/itix, <i<l </""' /"'•"• ri'scrranf /Jontiuus. Je me
I'ecoinmande a vos bonnes graces, et suis de tout rnoii cu-ur
volre , etc.
DC 1'aris. ce 't dc fcuicr 1(),');5. '
12 u-;miK> DK (.11
LKTTKK CCCCXI. - Au
J'ai ree.u la \6tre ties mains de M. Paquet . pour laquelle
je vous remercie ; ledit sieur se j>orte assez bien , Dieu inerei :
nous parlous tres souvent de vous, et il vous aime cordia-
lement.
Je suis bien aise que vous aye/, recu le pelit present que je
vous avois destine il y a longtemps, el (jui a demeuiv ceans
beaucoup plus que je ne pensois ; niais la guerre est cause de
ee retardement. Je vous enverrai quelque chose de meilleur
ci-apres, si 1'occasion se presente. Je rne souviens tort bien
de toutes les obligations que je vous ai ; inais avec ee regret
que je ne m'en puis acquitter sitot que je voudrois bien. On
dit iei que quelqu'un a taille sa plume pour refuter M. ('A.
Germain en son Orf/iodoj:c , nn de I' Abu* d<- r<mfiinoin<' , mais
je pense (pie ce ne sera qu'uu galimatias de ga/ette : con-
atuf I'uitn *f//jit(nt csv veni'iiiitinn ; les fourbes qui se vanlent
de sa bonle ne sont point si traitres <jue d'eu prendre lors-
<|u'ils sont malatles. Vautier en prit Tan passe, mais il en
trepassa aussi. Sterne /j<'/} slilxinn stt/ymnt trmttiun'it fi'i'tmn ,
</ni jii'i' diubulicitin intn(1 rcut'iimn ( s/r nominal n/' « Mcrcuriuli
tot liiyiniff'if itt'f'di'P/'tif.
Je vous ai mantle touchant le Quiqueran, <!<' Lund thus pro-
rinfiir , ce que j'en savois. Je m'enquerrai tie celui (|ui la
imprime autretbis a Lyon el en quelle annee ; mais. je vous
pi'ie , ntti'i'Cd tloi'ini scrn/'r,
M. de Liergues est un Ibil honnete homme, et a (iui j'ai
l)eauct)iip tl obligation ; mais il vous a tlit trop de bien de moi
d.ins sa lettfe; r'esl une manjue tie son alleetion, et il n'ose
vous dedire tit; taut tie bien que vous Iui avex ecrit de moi ; il
m a rendu mes metlailles. Le roi , la reine, leMazarinet toute
la t'oiir sont a Saint-Oermain encore pour tmeltjues jours. Ke
.Ma/ariu Iraite avec le chevalier deCliaulnes, j'lour avoir le
gouvernement tl'Amiens : ties tju'il en sera le maitre . il a
A FU.CONFT. |.'i
dpssein d'y pnvoypr If cardinal de Bel/ dans la citadel It1, sons
la garde do M. de Bar, qui a garde IPS princes dans IP Havre-
de-(iraep; ct cpla (ait, on dit qup, IP roi ira dempiiror pour
quelque temps dans IP hois deVincennes. LP prince de Condi-
ot pncorpa Hi'uxplles. CPIIX de Bordeaux esperent du spcours
rt dps Anglois pt dps Espagnols : aussi PU ont-ils grand be-
soin. Les Anglois out PU derpclief un grand avanlage sur IPS
Hollandois, qui y out fait pprtP dp plus dp quatrp millions
• Tor. Notre grande armee est PII Champagne; on dit qu'elle
S'PII va a Kethel. ('iPtera fa/ tut qua' circumferuntvr, itcr tnurnr,
it'"c xcribn , quill f'ulm sunf. II est seulempnt vrai qne jp snis pt
sprai toute ma vie, monsieur, votre, etc.
Do Paris, U> -27 jiiin
LETTRECGCCXII. - .\>i ////-////•.
Jp suis bipn aise que M. Huguetan I'avocat soil arrive cluv
vous en bonne sante. C'est moi qui lui avois donne \'Edyi>-
thnn dp M. P. Petit, pour vous IP remettrp. Cet autenr est un
pptit jpune homme parisien, de vingt-quatre ans, que jp IIP
connois que depuis qu'il me fit present de son livre. II est fils
du greftier de Saint- Victor. II etudie en medecine; je lui
donuai conseil sur SPS etudes , tlont on m'a rapportp (ju'il
t'loit tort content , et qu'il vouloit fa ire ties vers pour moi.
J'aime mieux qu'il les fasse pendant ma vie qu'apres ma mort ,
alin que je les puisse lire et en juger ; car dps que je serai mort ,
jp ne verrai plus gouttp. Lo soleil se couclie et se ivlevp IP IPII-
demain ; mais dps cpie notrp lumierp SP couclie, c'pst une
unit ptprnelle; et sans rpspt'rancp que nous avons par la toi ,
nous serious bien mallieureux. Knfin, je suis tout resolu ,
quolipip chose qui me puisse arriver.
M. IVIlisson, tout habile homme qu'il PS! , s'est bien I'ait
des ennemis par son ///>•/«/,•<• <!»• /'A/-, i/ffh/i/f. M. ("orneillp ,
1-1 I.I-TTKES I)K i.lll I'.VTIN
illustre t'aiscur de comedies, ecrit eontre lui , de memo que
M. Charles Sorel (I). Je n'y ai encore gtiere hi de choses; mais
il s'est trompe en de certains eloges , entre autres ceux dc
M. de Bourbon etde M.de Me/.iriac, que j'ai counus particu-
lierement.
M. Perrot d'Ahlancourt est un habile hoinme. On le
blame pourtant de s'etre trop donne de licence a son Tacite :
et de fait je lie 1'entends pas si bien quo !<• latin. Je ne suis
point de votreavis touchant ces traductions : pas une ne me
plait. II n'y en a point qui vadle le tiers de son original , si ce
n'est peut-etre les Mi'tmimrphosi't (i<tci<l<' , traduites par lie-
nouard , et encore tout cela n'est bon qu'a ceux qui n'enten-
dent pas le latin. Pour M. I'abbe de Marolles, c'est un furl
lionnete homrne , qui est mon ami depuis 1'an 1620. Ses tra-
ductions ne lui font pas honneur ; ses meilleurs amis s'eii
plaignent aussi bien ([lie nioi.Je voudrois qu'il n'y out jamais
pense, car c'est d'ailleurs un excellent hoinme.
On a eu nouvelle de la inort du grand et incomparable
M. Saumaise (-2). II est mort aux eatix de Spa, qu'il etoil alle
prendre. Quelle perte pour la republique des lettres ! II avoit
soixante-cinq ans passes, etant neau moisde maidel'an r>SS.
II y a ici un avocal nomme M. Lescornai , hoinme d'<'tudc
et de travail, qui a fait une histoire enticre ile la maison de
Longueville , depuis Jean , comte de Dunois, batard du due
d'Oi'leans, tue a Paris, rue ISarbette , en 1 107 et qni a etc le
(I.. II esl etonnant que (jui I'alin nc parle pas plus souvont ot avoo
admiration de eel illuslre fuiseur dc roineiliex. Pourlanl lo ('id avail
paru en HYMi, Cinnti en 1039, He. I 'outei'ois il i'aul reniarqncr <|u'a colic
opoqur Ics inii'iirs inedicales avaienl (juelquo cliose »lc la sc\(vritf
ecdesiastique et parleinenlairo. Pa>cal dit • « Qui pourrait avuir con-
liance dans un medecin qui nc porlc |)a.>> dc rahat? » Mais si Ic lan;;ac;e
H le coslunic avaicnt alors (jiielqur rlioso d'auslcrc cl dc pcdanl . il laut
aNoucr qiic Molierc a bien jjueri Ic^ med(>rin^ dc cc leavers; peul-etrc
onl-ils outrcpasse la liinile. |{. I'
•2 Voyez tome I payc t'.l'.t
A FAU.ONKT. 15
premier chef et le fondateur de cette maison. II la presentee
manuscrite a M de Longueville, qui 1'a trouvee si belle, qu'il
est resolu de la f'aire imprimer a ses depens , et d'y ajouler
tous les portraits de ses ancetres que Ton fait graver expres.
Le cardinal de Hetz est malade d'une fievre lente pour la-
quelle il ne bouge gueredulit. II a son medecin enferme avec
lui (|iii ne le sauroit si bien guerir, eomme feroit le cardinal
Ma/.arin s'il le mettoit en liberte.
On a execute ici plusieurs faux monnoyeurs, voleurs <•!
assassins, et il y en a encore d'autres quo Ton cherclie avec
beaucoup de diligence. Aussi est-il vrai que cette grande villc
est une vraie retraite de larrons , d'imposteurs et de coupeurs
de bourse, sans f'aire mention de ceux <|ui donnent de 1'anti-
iiuiine au\ malades et de taut de preclitMirs et faux proplieles
i|iii s'asseinblent ici. Je suis, etc.
l»c I'.-iris. lc-21 ortolire Ki'iH.
LKTTKK CCCCXIII. -- An UIMIH-.
Depuiscelle (jue je vous ecrivis le 21 octobre , nous avons
recu la nouvelle de la mort d'un de nos collegues, iiomnu''
.M. Prevot , ([ui est alle de vie a trepas, chez son pere, a Vire
en Normandie, d'un abces ulceredans le pylore qui lui cau-
soit un vomissement perpt'tiicl.
.le rencontrai dernierement M. Ogier I'avocat, qui m'adit
(ju'll ne voyoit autre chose par tons les carrefours <jue TaHiclie
dii livre nouveau du tils du ga/etier, en grande page ct en
grosses lettres , avec ces mots : I'Anfimninc fi'fnw/i/nnif >•> jua-
ti/i'' , etc. Je lui repondis <|u'il n'y avoit pas de quoi s'etoimer
du triomphe; que.ce poison en avoit taut et taut tue depuis
sept ans par I'eritremise de Vautier , Ciiienaut, Valot , Hnins-
sant , et fjuelques autres cjui se jouent impunement de la peau
des homines, qu'il avoit bien raison de triompher ; qu'autre-
fois a luiiiif Ton DI> pt'rmcttnit |»> triomphe qu'ii ccliii i|iii
l() 1 KTTHKS I>K (il I P.vTIN
avoil gagne tint' grande bataillo , on lout an nmins lussenl
demeures sur la plaee cinq on six millo homines, ii co quo dit
Tito-Live. Aussilot il me dit : Yoila do quoi Cairo line belle
epigramme , (|iio peut-etre ferai-je dos la unit procliaine. ('e
(|u'il fit et nio I'envoya le lendemain matin des les cin<| henrcs.
Kn voici unecopie que je vousenvoie, parce (jn'on dit (ju'elle
est bien taite. Vous qni etes savant en tout, jii^ex en :
\itnc licet anr<ilo <t*ce»<l<it ('(ipit/tiia ctrrrii ,
!\~nii'' albix ulybiumjure Irintuplut c<]tiis :
I'lmidilt', fitmoxi bdldtrom'* , plan/lite, tn/i/rlic;
Infer t/ni cudul , credile , tnillus <r/t :
Virtu) IK lanti mrr it is obsiare Iriiunplii* ,
Tot ctt'xis horn inn in inillilnif, inritli'i est.
II ajouta a ces vers : Hide, (laido jfctiiir , <ui/i</tt<i> tncd/cimf
rindcj: ncewitne, stibium trhnnphnns : wd flifti! nnn ///><•/ t<>f,nn
ridci'c : tikxfiilif cnim toj'fr/n// taticl fcffilc roinifinn At'in/./'/tnn ,
iiH'llnl imCIHIjliI' 'fiflfl'OnUHl , c.rlll hillli' . \lnxhu'i' , ijiii'in niinii-* ,
iH'Si'Kt ))iii/ori' mint , un tynm'tii , t-.i^rrmt/n/' ft /nit i nnu' . Je sin*- ,
monsieur, vnfre , etc.
l)c I'arix, Ic lOnuvembre 1(i.')-<.
LKTTKK CCCCXIV. .-I// uttnn>.
Je vons conlirme la nonvelle de la inoi't de M. Saninaise
dans le mois do soptombre, an\ eanx de Spa. On me dit i|iie
la veuve est en chemin pour revenir a Paris ; je la vorrai alors
et vous on manderai les particularitesqu'elle ni'apprendra. J'ai
soulement sn (|iio ee grand horos des belles-lettres mourul en
deux jours. Jo sais bien le passage de Plino divs eanx dt> Sp;i.
Je le montrai a Ion M. Pietre Tan Iti.'M , lors(|u'il tit sa these
conti'i' I'abus des eaux minerales (I. !.<•* ndodi'ii.i •. dit Pliin1,
'1) \ Oyt'/-, sur op-it-aii\, Dictionnaii'fi nine. <lt' unit i-re mi>(l/c:ile. \>.ir
MM. MIT;.! ft IMfii-. I'aris. 1S3'». I. \ I p. 4S7.
V IVU.CONKT. 17
(loh'i'nt s'ttlmtmtir <l<-x ('(in./- nit'itill itfiii'a. IMine s'est [roinpr la
aussi bieu qu'ailleurs , quaiid il s'est mele du metier d'autrui.
Los oaux do Spa soul lego.rement diurotiques; mais ellos no
sont guere ordonnees quo c<»ntro los clialours d'entrailles ,
qui est fort souvoiit la vraio ot premiere cause do la piorro Si
bien que ces oaux metalliques peuventetre bonnes ii la cause
d'.nnal , mais non pas au mal qu'elle a produit. Je suis pour-
taut d'acoord aver, Pline, quiesl un auteur que j'honore forl,
lorsc|u'il dit qu'elles chassent la liovre tierre : vu quo, sur la
tin de lolles maladies , cos oaux pouvent sorvir apros que It:
malado ost tros biou purge ot vide. On s'en pout neanmoins
passer tros aisemeut : aussi arrive-t-il souvont que co remede
n'ost qu'uno amusotto pour occuper los convalescents ipii so
plaisenl a ia nouveaute ct divorsite dos remedes. IMine 1'a
fort biondil, lorsqu'il parle des medecins qui charlatanent
lours malados : qui divert {cult's <tqncirmn fnllnnt(cgt'oton( I ''. Dos
t-aux mal prisos , It^s consequences on sont fort mauvaisos.
(lo sont do fortes lessives <|ui ecliauffent ot dossoolicnt los on-
traillos a>i lion do los nottoyer simplomont ot doucement.
J'ai rocn nouvelles <|uo notre ancien ami, M. Sorbiere,
dirocteur du college d'Orange, a tourno sa jycquette, en so
f'aisaut catholiquo romain a la sollicitation de 1'eveque de
Vaisou , dos oardinaux de Biohi ct Barberin, qui bit on a lui-
meme ecrit do Homo. C/ost lui-mome qui me 1'a mamle, et
qu'il s'eu alloita Home tout oxpros,d'ou il m'ocriroit. Voila
di^s miracles d*1 DOS jours, mai* qui sont plutot politicjues et
oconomiques (jiio metaphysiques. II ost veuf ot bien adroit ;
mais , tout I'm qu'il est , jo no sais si , avoc sa nouvello ohe-
iniso. il pourra roussir a fa ire fortune ii Rome, qui est un lien
plein d'alteres et d atfamtis : au moins snis-je biou assiirtMpi'il
n' v doviendra jamais j>apo.
Jo puis bien vous dire dos nouvollos do M. Sorel . puisqu il
1 On veil qtic la roulunic dc charlatanei los niahulrs au IHOMMI do-
caux miueralcs nY»t p;is nouvello : au^-i pouvons-nous repi'-tor, «/'<•
ollm nniic li^ilii'. \\. I',
in •)
IS i.i.TTiU'S ni: ;
v a Irente-cii.q ans qn il e>t mon bon ami. C'e>t un petit
liomine grasset , avee uii grand ut z aign, qni regarde de
pres , aye do einquanle-quatre ans, qui paroit Toil melaueo-
iique et ue Test point. !1 est tils d'un proenrenren parlenieiil,
Sa mere cst movie bydropique , et son pere d'nne fievre
(juarte continue, qui est la plupart dn temps fatale anx vieil-
lards. II if est point marie, etdemeure avec nut; sienne SOMIT,
lemine dc M. Pannentiei1, avoeat en parlement, substitnt dc
M. le procureur general. Ce M. Ch. Sorel a fait beaneoup de
livres trancois , et entre autivs Fra.ncion, i<; /Ar//(r t'.iti-nr/i-
(j/n/t , YOpltii'c <li' C/t>'ys<int/ie , YJ/iato/i'r di- l''r<nn-i' <>t line /'///-
tosojt/tii' nnh'ci'xi'lli'. 11 a encore phis de vinyl volumes a faire,
et vondroil bieu qne lout cela t'nt I'ait avanl (|iie de mourir;
mais il ne [tent venir a bout des impriinpurs. II est fort dcli-
cat, et je 1'ai souvent vu malade ; iK'anmoins i! vit commo-
(lenient, [»ai'ce ([n'il esl fort sobre. II est lioimne de I'orl bon
sens el lacitunie, point biyol ni ma/.arin. Si vons en viudiv
ilavautage, ex[)lique/ votre demande pins particulieroinont.
['our le livre de M. de la CJiambre , Trtiitt- <lt> In <t,i,,n>ix-
a/i/irr (l<-x inihiKiit.i: , c\'st un ouvrage on je ne me connois
yiiere: on n Vn fait pas ici yrand cas. [/auteui- parle foil
bien fran^ois; mai* , outre la pureh'1 dn style, il n'y a ynere
i[ue dii babil. I '<>.i-, [ini'lfi-fti nUiil ; la voix et rien autre, c'est
le cai'actei'e dn lussignol ; mais noire .siecle ne laisse pas
d'admirer ees bagatelles. Je snis, et<-.
Ik- Paris, le •!•'•> iiovombro 1(>oM.
LETTHK CCCCXY. An „«'„,<:
La secle antimomaie est ici loi'l eloiniee dn libelle intilnle
/// l.i i/i'inii' , qne je vons ai envoyee. Cenx qui soul le.i pln>
ineelianls el les [tins ettVoilles disenl (|ile eelte jiiece Dienle
des ci.nps de baton , mais lanleni1 n'en e>l pa> deeoiaerl i :
A KM.CONKT. l'.»
les LIDS s'altaquenl a celni-ci, les aulivs a celui-la. liuenaiil
dit quo j'y ai travaille, ce qui esl tres laux: inais si les tuuis
Notre-Dame tomboient. eel homme diroit que ce seroil nmi
qui en aurois procure la chute , alin do me charger d'envie et
me t'aire des ennemis.
1'our le livre dt;M. Chif'tlet, jo vous en emerrai un a la pre-
miere occasion. Cetle poudre de <iLiiii(|uiiia n'a par deca au-
ctin credit Les t'ous y ontcouru, parce qu'on la vondoit bien
<',lier; mais 1'eil'et ayant maiujue, on s'en moque anjdiir-
d'hui (l). J'avois tra'ite line lille de la lievre <|iiarte si lieiireu-
sement, ([tie I'accrs (Hoit reduit a deux lieures seulrment. Sa
mere, impatiente , ayant entendu le bruit (jue I'aisoit eelle
poudre des jesuiles, en acheta une prise y//.'/v////v j'i-an<-s ,
dont ellt: avoit f-rande esperance a cause eiu jirand jirix. Lt-
[)ivmier acces, apres celte prise. Cut de dix-sept lieures, el
beaucoup plus violent qu'aucun autre (ju elle eut en aupara-
vant. Aujourd'bui , cette mei'e a pour de la fievre de sa lille,
eta grand regret de son ardent. Voilii comment va lemonde,
qui n'est qu'un sot el vent etre trompt-. (lette poudre esl I'orl
cbaude el ne purge en aucnne I'acon. 11s disent qu'elle est
diaphoretique ; ce soul des fictions, aussi bion (pie luiit ee
qifon dit de la chair des vijiei'es, dunl pen de nos gens se
servent, si ce n'est les suppots des apothicaires ; neamnDiiis
je pense <pie pour la garder, a lelles lius (pie de raison , 1'es-
prit de sel y esl tort bon . on nieine rint'usiou en eau-de-vie,
et la seclier a I'ombi'e.
.1 ai vu ces jours passes deux pelits livrets d' \rn<>l<lin< Il<»'-
//'^.s, ((ui sitnt des observations de medecino de rnaladie>
uinises par les anciens. II y esl <pialilie ci-devant inede«-in
J; La mcdt'ciiic do IKIS jonr> nc >aiir;ut an coniiaiio >c pasM-r de
cello salulairo subslanco; c'osl \etilabloincnl mi inodicauieiit lioroitjuo.
Mais que do tails . do lomjis , do rocliorolios il a lallu pour l)icn oon-
nailre los pilots dn i|iiiinpiiiia ol »on modo d'adniinistratioii ! La doemi-
Nerlo dos sols de quinine osl e^aloinoiil pii'oi«n>o dan-, nne
do oas palhologiques. H. \>. i
•20 i.K'mtKs I>K i.ri I-VIIN
dii vicc-roi lies Ktuts d'lrlandc, ct pi'osentomeiit modemi tiv.s
lamenx do l>ari>, /•'w/s/o/v/w nifcfifo c/fii'issfnto. Sin1 <|u<>i ji«
vons donne avis quo co r/nn'ssiiitp no vit janiais ignore Hair,
('/('•toil inii-raiid Hollandois, (|iii avoillos yeux fort enf'onors et
Ic no/. aii>n,qni, t'antede pratiques, apros avoir tueiri safVniint'.
spsdenxenfantset avecl'antinioine, s'on o^t i-otfuinn'cn Anglo-
tcrro, ii'ayant I'ion [in troiivei1, ni dans Paris, ni an faultonrg
St-GtM'inaii), (|ni le put arviHor. J'ai vuplnsieursnialadesqu'il
avoit sei'vis, niais il no pronoit point lo clicniin do Ics ,viu''i'ir.
\\ o<[ ini'docin conime jo snis capitaino : voilii coininonl il a
('It'1 ici r/firixtiiiH.' ; niais lo papier sonfTro tout, anssi liion (jiic
la ftiwlfr nnfimoHi'iifc dc .M'' JMisoho Monaudot. Mo voici par-
venu a la fin do ma Icttro, aussi l)ion quo do cotto ainx'-o. .Ic
vmis domando tecs uistaiiimoul la continuation dc votiv
amilic cl dc \ns lionnos ai'accs, ct vons supplie de me oroiri;
votrc etc.
l»o 1'aris. Ic :\0 (l.'cc inhr.' lOo'.i.
LKTTKK CCCCAVI. AuuiPim:
\oici dcs voi's oxtiaits d uuc lettiv (jui vicnt do Flandre,
Mir la iiKul dc .AI. Sanmaiso :
I )!<!<• us I'.rimi'i ja> d l\d:- mi l> iiiuli- n
\xs< rim' I'l'i.ni'ii . )ui)ii>nix nil/in1 /nn/il.
l<"niirii S/>fitlfi' riliini Sdlinufius liostpcx ,
Tr'ijci'lni/i ciin'i'i:< otism/iii' Iriati' titn-l ;
(Ju/iil ninrln'c full vcriil : purs fill-ra cu'lis
Hi'iUlilti , //'/ tiiti/ui'. iioi-(i<ir I'SKr in (/ nil.
La /.fi/cndc mil innniiiilr a vcritabloinonl IHCII lonclic nos
doeloni's antinionianx . ijiii mcnacont dc i;ros>es pcincs « elm
(|ui on sora dcoonvcrl I autciir. Pour oonx dont il cst p.n-lc .
ct quo vons souliailc/. dc coimoitrc phis particulicrcmcnl . jc
. KU.CO.M. I. '1 1
vous dirai que It1 sieur de (iorris a toute sa vie etc dn inau-
vais parti des chimistes, des charlatans, du gazetier, des
et rangers, yens de secrets coiilre la goutte, lepilepsie el
la lievre quarte; tres malhenreux praticien, qui en a bien
tue avec les experiences qu'il a voulu t'aire; (jiiisait veritable-
inent bien du grec et du latin, inais qui 1'applique fort nial :
qui n'a jamaiseu le courage de resister a la tentation de Tor.
pourquelque coionnerie on ci^rruption du inetiei1 l/an 1 0-17.
un niarchand d'orvietan , pour init-ux dt'biter sa drogue, s'a-
dressa a un honinie d'honneui', alors doyen de notre Faeulte,
iiomme JM. Perreau , pour obtenir de lui, nioyennant unc
bonne summed'argentqu'il ofl'roit , approbation de la Facultc
pour son opiat. 11 en i'ut re fust'1 de belle hauteur. Ce charlatan
>'adressa ensuiteaile (iorris, tjui reciit de lui un present con
siderable, et lui proinit de t'aire signer a plusieurs docteurs
I approbation de ce medicament (ju'il vend sur lo Pont-Neuf:
ce qu'il tit fa ire par tine douzaine d aulres a Maine's d argent .
qui i'urent les deux Chartier , C.uenaut, le Soubs, Hainssant.
Heaurains, Pijart, du Cledat, des Fougerais, Henaudot et Mau-
villain (I). Get imposteur itaiien, non content de telles si-
gnatures , tacha d'avoir 1'approbation entiere de la Faeullc ,
et j)i'essa le nouveau doyen, (juietoitM.Pietre, monpivdeces-
seur, de laluif'aire donner, nioyennant -itH) ecus(pi'il ott'roit,
sur 1'espei'auce qu'il avoit de mieux debiler sad rogue, s'il ptiu-
\oil obtenir ce qu'il desiroit. (]<' nouveau doyen ayant appi'is
ile la propre bouche du ciiaiialan tout ce que de (lorris lui
avoil fait, lui demanda eette approbation ; et des <pi'il I'eui.
il tit assembler toute la Faculli1, on il se rendii di'-lateiir con-
tr<! ces iloii/.e messieurs, qui, ayant avmie lenr foiJilesse el
letir mauvaise action . fui'enl chasses deja conqtagnie par un
decret solennel. (MI les a p'ourtant nHablis avec de certaines
conditions, el i.olamment ceile de ili-inmnliT jitirtlnn a la com-
1 C.c Mauvillain rlail ami <le Molicrc; i'V>l lui (jui , .lil-on . a Com ui
Ions It"- tennos dc 1'nrt dont 1'immorlel comiiiuo i\*»l s<-rvi pimr baCouor
•2'1 I.KTTHKS ])|- i,| | I'vn.V
paguie en pleino assemblee. (Juolquo eboso qit ils aiont pu
Cairo depuis , la taobo lour en est domouree. Voila la prouessc
dt' .1. do (iorris avee cc vt'tuieur d'orvietan; mais ee n'est pas
sa faute, oo n'ost que sa continue, f/est 1111 liominc aflame
d 'argent et de secrets; e'ost un pauvre bomme qui n'a tantot
plus d'esprit qu'une bole, quoiqu'il aitrepublie un gros livrc
/fa/inilioHum medirarmn. Pour M. J. Bonrgrois, c'csf un
buiteuxqui met son nex partout ct un esprit foible, qui , pour
couvrir sa foiblesse, a tachede se t'aii'e passer pour janseniste,
dont il se treinousse toil, poui1 s'attirer de la pratique aver ses
iiouveaux (Veres, l/hoinnie est un miserable animal et le veri-
table jouet de la fortune, auquel un pen d'interet fait changer
de parti quand il vent.
M. di! Valois. //t'itricns \ <i/t'sit/s . vint encore bier me visi-
ter II est lilsd'un secretaire du roi. II est rousseati, age d'en-
viron <pjarant»»-sept ans, (holier de feu pere Petau. II ti'a-
vaille anjourd'hui a la traduction de (|Ufi(iues peresgrecs,
par ordre du clergt; do Franco, auquel il a pension. II a un
aulre IVere appel«! /f(n/ri<niiis \ ti/i's/t/x , qui est encore fort sa-
vant, et (|iii travaille a I bistoire de France en latin, .le vous
bai.se tres liumblement les mains, et suis, etc.
Do I'.iris, le (5 Janvier Kioi.
LKTTHK CCCCXVII. An wf-mc.
.le vous remercie de votre belle leltre du ^> de IV-vrier. .le
snis ravi d(! ce <|iie vous etes en bonne sand'1 , et Itien content
dc ce quo TaiVaire do M. .1. Lombard a roussi. Jo n'y ai pas fait
grand'cbose. mais pourtant ce <pie j'y ai pu ; peut-iMro <jii il
se pi'i'scnlcr;! (pit'iipie jo;jr ((iieiipie al'tairc on j'aurai plus dc
creiiit, ol on jo m emploiorai |?lns <pic tres volonliers jiour
votre service. Lo dou\ polils livros (juojt vous ai lait tonir,
do la poudro coiitro la liovre (|uarle , et colui de .M . I5iolan .
no valent pas 1 intorcl do co quo jo VMUS dois : anssi n (sl-co
V FAI.CONKT.
quo |)our vous fairr connoltro que vons a vex. en inoi un dohi-
tfur reconnoissant rl do bonne volonto ; je ferai oe que jc
pourrai pour m'acquitter quelque jour de tant do bienfaits
pour lesquels je vuussuis redevable. J'ai recu ri dovant lolivro
du pore Theophile Raynaud, Tractatus d<' i>riin<> ini^n , et
vous on reniercie derechef , aussi bien que do tuus eeux quo
vous in'offrez du meineauteur, lesquels j'ai eeans. La licence
rourantt! est fort petite , t-t par consequenl pen do theses : la
procliaine sera nieilleure; j'aurai soiu de vons garder toutes
les bonnes qui en proviendront. I^e bonhomme, M. Riolan ,
n'a fait que trainer depuis tantot trois inuis , a cause du grand
froid . qui est son enneini jure et It- nn'en aussi ; il se tient le
plus qu il pent clos et convert dans son etude, avcc un
poele qui le rechauffe it la mode d'Allemagne, oil il travaille
contre 1'antimoine, lequel adedecasimalencontreusementliU!
tant de inonde , (jue coux (jui se sont voulu imMor d'en don
ner ci-devant en sont aujourd'hui lout lionteux et dans line
oxtreme confusion; et je vous puis jui-cr que jainais cm n'en
a doniK' si pen <pie Ton fait aujourd'hui. On n'en vent plus
entendre parler dans les families , tant ce t'uneste poison est si
heureusement decrie; la resistance; forte et generense des gens
de bien n'y a pas dt; pen servi. Vautier en nioiirut lui-nieine,
1'an 1652. GtuMiaut 1'a voulu maintenir, mais il y a perdu son
escrime , et s'est charge de la haine de plusdesoixante-dix de
sescompagnons, qui nele veulent voir ni rec-evoir nullepart en
consultation. On (lit iei en raillant cjue les medecins ne s'en
server,! plus ipie pour Icurs fernmes lorsqu'ils s'en veulent
defaire. Les uns appellenl ce vin slihial, vin enieti(]nt', <>!> ci><~-
ftnuln , oti lit'i't'tiijiie , pour It1 schisine (ju'il a canst'1 dans la
niedecine. II y a encore trois ant res de nos docteursqui tra-
vaillent sur le menie sujet . aussi bien quo M. Iliolan ; jt1 vous
en lerai part en temps el lieu. Ouam! est-ce quo volre Kspa-
gnol ., (!. IJravo. lli'toliiilniH'* ini'ilii-:!' , in-lolio, sera acheve?
On ne fail iei Heinle nouvoau quo des romans (%t des livresca-
lards, do devotion a la mode, ct (juolipios traductions assex
'1 1 I.I/I TH1..-I l»h til I l'\ UN
ebetives: cost It: inaiivais temps (jui en esl cau.se : />/////.'-
fitifii! En attendant . oroye/ <|ue je serai tonto ina vie. mon-
sieur, votro , etc.
Do I'aris, le 1(5 fevrior 1054.
I l.-;,i T.-J ivj/.iTfjpa:-..- , nt/ttl /tufjcu cerfi , itaque niltil sct'ib'i
L'Em'meiilissiine est vraiment tel , et uussi puissant que Dion
le pore an commencement (In mondt: : nmniti t/(Hrr/t/>t(/itf> >•<>
lull fffit. Le prince <lu sang sei-a bien lieureux si on lui
tlonne une, niec.e : bref il est do, lui comnie d'Augusto, >^>
>'!•> iitisfr'i ii/nijii/'x fxf . Le prince do ('onti est arrive, et a vu
It: memo jour la niece nia/arine, dite M«'rfiu.<>-.i , savoir, le
'1(\ dc fevrier. On dit aussi (\\\? M. do Candale on epoiisera une
autre avant la (in du caromo. Le prince deConti sera deinain
tianct'1, el marit' dinianclie pi'ocliain. M. do P.al/ac esl niorf ;t
AngOlllonie le S (le CO mois. I'lnrn mni .-•/•/ -ilium , ijiiia rcftnif /•/
f/filfi/' ct hi/fill/' accull
LK'ITKK CCCOXV
Vous satire/. <|iie le "23 (In mois passe, comnie j't'tois dans
moil (Hutle, jo vis entrer tin yros liomme tout r^'Cormt'1 . <jui
me salua de Ires yrande ali'ection. .Vens d'abord do la poino a
!e i:oniioiti't', mais je lui dis aj:res : Mnn^"'/'/', n'f'fcs-nms jtfix
ntniisii'iir tic Snrhii-iT (\ j? et o'otoit lui-nieme. Aussitt'il il me
1 Samuel Sorbiere , no a Sainl-Atnbroist*, arroiulisstMiionl 'l'Al;ii-
dard , le 17 fi'\ri(>r KilO, cludia la nmlir inr a Pai i<, a l.c\ <ir . pui^ rc-
\inteii Franco; tut profossour do ri'iii\orsilo d'Oran;;o ell Ki.'iO. ]i;i-.s.-i
on Anglt't'-'rrc on iGtitt. dovint niombro dt' la Sooicto i o\alo do I, out Ires.
Ayanl dojilu an voi d'Anjileterrc par sa Hi'lulioit d'nn rnyt'm' <'n Anulv-
terrc . I'aris, l(i(i() . in-12. on !o (urea do quilloi la (irando-l'rota^no ;
il rcvinl on Franco ol nimmil a Nanlo- lo !• a\ril Ki7<>. II a public plu-
siours ouvrajjcs complelcmcnl oublio«. \\. I'.
\ K A I. COM. I. 2.'»
lit mi noiueau compliment tout pit-in decbarite, de I'oi . et
d'esperanee cbretieiiiie. II me dit (ju'il s'etoil fait catbolique;
qu'ii avoit des lettresdu cardinal llarberin , lesquelles il me
vouloit niontrcr; ([ii'il avoit pense allera Home, maisqu'une
all'aire I'avoit amene it Paris; (ju'il y venoit r.liercher de 1'em-
|iloi; <|ii il y etoit assure d'une pension de la liberalile de
MM. dii clerge ; qu'il eul I)ien voidu avoir quelque. emploi a
la cour pmir obtenir quelque benelice. Kntin, apres plusieurs
diseoms, etaut presse de sorlir, nous nous separanies. Je vois
bien qu'il y a du chan^einent a son a Ha ire, mais neaninoiiis
je doute s'd a bien londi'- sa cuisine; ear, quoique le leu du
purgatoire soil bien eliaud ct bien j-rand. tout saint et sacre
qu'il est, neaninoiiis tons ceux (jui s'y eliautl'ent n'en rnangeiil
pas Ics cliapons. Quiii/.e jours apres je le rencontrai par la
ville. gr<»s etgras, avee tin petit eollet. II me (lit qu'il avoit eu
le bonlieur de saluer son Kmineiice, ijui lui avoit proinis un
benefice, el en attendant qu'il setoit obligt'1 a une pension de
100 ecus de rente, .le lui dis quec'etoit bien pen. 11 me repli
ijiia (ju'il avoit d'une aut'v part 400 livres de MM. du elerge .
laijuelle somme il esperoit de fain- augmenter raimee pn>-
ehaine , <pie res messieurs t'eront leur grandfi assemblee, en
attendant quelque. bon el gras morceau (jui puisse sortir de l.i
inaiinite du purgatoire. II y a environ quin/e ans qu'und*'
nos medecins, nomine L. Renouard . se lit pivlre el (juitta hi
iiK'ileeine, pensant atlraper un bou beiu-lice (jui lie lui \in'
pas. Sur ee cliangement inopim'1 , je lis les vei's suivants :
I. it HI/HI ntt:x niuinii' , I/IKIS i>nr<)(iti» 'in.* ttj/us
l:..i fix/nit . (ili/iic *n<> cai'i'tic lintii* littlxl ,
}'iil})ix him ctiutd' trittcn) fidtlr /iqitrdin .
Ulisfi/icuit iiuiii' rxt , ffiii iiu'ilicaitlci' >'i'nl
Le mot de I //////.- i'.-, t line, allusion a son nom de /{I'linnnfl ,
qui approrlie turl de AV//"/v/.
On parle fort des noces de> mrecs de 1 Eminence avee
.MM. de Candale et de la Meillerave lils. et de crlles des deuv
2fi I.ETTKhS 1)K Ml I'ATIN
sopursde rEmhienre avec d'autres grands seigneurs, qui veu-
lent entrer dans le temple de la fortune ct avoir leur part du
pain benit de cette conf'rerie ; mais pour vous dire la verite
de tou tes ces nouvelles, il faut<itie je vous dise cornme mi
ancieti historieu , jc runs en trn'sphta <]ur- jf n'oi rroix.
Des Fougerais donna depuis pen , dans le faubourg Saint
(iei'maiii , de I'antiinoino a un prelat italien, qti'on nommr
arelieveqne de Sniyrne. Le pauvre hotnme en inourut le leu-
deinain. Cette niort a encore fait crier haro a bien du inondr
contre ce inandit jioison. Voiia de (pioi aniiinenter nion mar
fyrologe de Tant'iinoine. Tn lionnne de bien apres taut de
inalheurs s'en abstiendroit ;i bou escieut. Mais e'est 1111 article
fundamental (lu ehefde leursecle, (jn'il faut pluiner 1'oison
tandis qu'on le tient; et ijuand on tient son argent, qne le
fliable 1'empoi'te s'il vent : "ees gens-la ont-ils de la con-
science?
On dit (ju'il y a line des nieces du cardinal d'une beautc
singuliere , que Ton espere faire inonter sur le trone de la
Fortune, bien qu'elle nesoitque nie'-od'nn Jupiter cramoisi.
ou, pour parler avec Scaliger, d'un champignon du Vatican.
Je me recommande a vof bonnes graces, et je suis de tout
inon eu'iir votre, ?\(\.
DC Paris, ce 20 mars IG.'ii.
I.KTTHK CCCrAlX, -- .\n >»et»f.
CA> n'est point d'iHijonrd'hiii que je vous suis oblige; mai>
le livre qne je recus des la semaine passec par votre librralitc
m'oblige d(> nouveau de vous eerire ce mot, pour vous re -
mercicr d'un si beau present cl de la diligence avec laqnellc
vous me 1 avc/ envoyi'1. ,1'ai graixl regrc! de u'ayoir rien
de dccii pour vou> envoyer et opposer a taut do presents (pie
vous me t'aites de temps eu temps. ( )u commence ici (jnehjues
\ FU
ouvrafjes eontre \ .\nfiiinniii' trtiint/1/iini' du gazetier ; nous
avons quatre de nos collepues qui le veulent rclancer d'une
belle sorte, en quoi its out boau jeu , savoir, MM. Perreau ol
Merlet . des livres dcsquels on commence I' impression , el
MM. Riolanet Germain, qui travaillent serieusement pour re-
luler ce poison (jui esl iei fort deerie, et pour dernontrer I'im-
pudence , 1'effronterie et les impostures de ce maraud de ga-
zetier. M. Hiolan , tout vieux (ju'il est, par la vivacite de son
esprit , eut paru le premier des qualre; mais le grand froid .
qui est fort contraire ii son poumon , 1'a empecbe tout cet
liiver de travailler; il ne laissera pas de venir en son teni[)s.
Nous aurons aussi bieutot un docte commentaire pratique :
/// t'/iirli'/itirns A/s/o/vV/.s- //ij»f>i/rr/if/^ , d'nii habile homme , el
qui a ete un des plus employes de Paris depuis I an 16H , et
d'un autre un commenluire , in Ju&jurnndum Hippocratis, quc
je tat'lierai de vous faii'e voir des premiers, alin tjue vous sa-
cln'e/ (jue , liahes in me debitoretn arm hnwenmrcin tot at'cc/ttn-
nnii beilP ficwrilfll. rieos roO Tro^crtOaTcro-, nt lilt liuliru {fund di -
rani; rt't/m/f cf trimnplifit , ov TO y' tv. Je me recommande tres
fort a vos bonnes graces , et suis de toute mon aine , monsieur,
votre, etc
Dt- Paris, co 10 avril Ki.'Ji.
I.ETTHK CCCCXX. — \// nn-mc.
Je vous ai tant d'oblijiatious de toutes sortes (pie je ne sau
rois les partieulariser : vous m'envoyex. des livres, vous me
doiine/ des eomioissnnees et des pratiques d'liomietes jjens, de
si bonne iirace, (jiie je ne saisijuc fa ire, ///•" i'i'fftlinfi<i)ip.yn\ouo
la dette , mais je ne sais (jiiand je la paierai ; pent-eti'e <|iie je
n'aurai jamais moyeii de m'en acqnitter : mais ;ui nie.'ms je
ne inoiirrai |»;is iiii^i'at, puis(|tie j'ai bonne envied y satistaire
d'une t'acon on d'auti'e. M. Cboulier a ete nn pen malade de
<piel(jueaccesde fievre tierce. (|iii avoit i'te precedeed'nn de^-oni
28 I.KTTItLS l)K (,L'I i'ATIN
et entresuivie d'une eolique; mais, Dieu merci , il esl en bon
e'tat Pen de remedies 1'ont soul age : je pense que tout cola ne
lut etoit venu que pour avoir change'' d'air, et que son esto-
mac n'est pas encore bien accoulume a nos eaux, (/HHS jam
pridem vatcrcs nostri observnrunt procincinUbun //cm; sinyi.dis
t'ffvifatem intestinorwn inferre. Mais, Dien merci, tout ccla
est passe : il t'ut hier heureusement purge par nioii conseil .
et le sera encore demain , Dieu aidant, pour la seconded
derniere f'ois; ce que j'ai fail expres, atin de le garantir d'une
recidive , etje liens qu'il sera entierement gueri avant quc 1 1
presente vous soil rendue, d'autant que je fais e'tal de lui dire
demain adieu Vous en pouve/. assurer MM. ses parents. Le
changemenl d'air est bien souvent cause de maladie , princi-
palement a tons ceuxqui sontdelicals, ct rune tc.rturu> ; c'est
ce qui a fait ecrire a uotre Hippocrate son beau livre do Awe,
A q u>s et Locis ; l), que vous trnuverez encore plus beau si vous
y joignez le eommentaire de feu M. .1. Martin, que je m'olfre de
vous envoyer si vous ne 1'avez. On ditquele roi s'en va a Fon-
tainebleau dans quelques jours, et de la a Reims, et le prince
de Conti en Catalogue avec le marquis de Hocquincourt, qui
sera son lieutenant-general. Xotre bonhomine, M. Riolan ,
cherche avidernent le beau temps, pour achever son beau re-
cueil contra stibium. Oe I'lieun1 (|ue je vous parle, la plupart du
monde rit-ici, bourgeois de bdutiijue chicaneiirs. partisans et
barj(|ueroutiers.rien(juedejoied'allerau ballet qui se dansc au
Louvre a ce soir : [xn'.< nmjnt' lucruiinx ridct, '•' mfi/s Imi-i't : /•/
di'intt Hfitur, yi(iiii(/(i(/iit(}t'itt i/in/d s/«i itini i aid 1 1 /jiint . Messieurs
du parlement y sont invitt's, et ceux des autres cours souve-
raines : "/ tandem writni s/f illiul I'elrnnit , iinnidiis omnis ci/it
/tisf/'inniam. On (lit (|iie de Heinis le roi ira a Clialous-sur-
Marne : (|ue le prince de (>onde<i eu tin e'chec dans le l.uxein-
bonrg. Mais il n'y a rien de si certain, siuon que fnfus sum
\ NOye/, (Win-res cotiijtii'les rl II i/iji'tdnli' . lra<l. par E. Lilln' ,
Pjiri-. 1S'«0, I. II. pa!;. 112 rt suiv H- I'-
A KU.CONET. •>'»
/Him d>rc. ef libra. .le me reeoimnando a vos bonnes graces , i-l
suis, de toute moname, monsieur, votre, etc.
De Paris, le -28 avril 1<>.Vi.
LK'JTKK CCCCXM. — .!// „«'•„„•.
Le 28 (In passe, (lharles , mon second tils, ci-devant avo-
cat, I'nt fait haohelier en medocine. Si hien quo, Dieu merei,
voila noire t'ainille delis roe do la chicane dn palais el de I'ini-
(|iiit('1 dn sioele. An lien de plaider (levant des juges tels qu'il
plait a Dion , il ju^ora lui-nierne des proees touchant les ma-
ladies el la moil des homines, el j'espere qu'il y reussira avec
les bans fondenionts (|n"d a a son a^e do viiii-t nn ans et nn
mois.
On parle I'ort ici do la reine tit; Snede, cjiii se demol de la
royante, on se resorvant uno pension notable. Kile met en sa
place un prince de Snede son cousin, de la maison palatine.
On no sail point la veritable cause do cette abdication. Les
hisloriens if en out jamais dit tine bonne pour Dioeletien . <|:ii
en lit do memo. On dit qu'un des Andronics en lit antanl,
epouvante d'un spectre <pf il vit dans son cabinet et qui Ini
commanda de lo Cairo. Charles-Quint etoit vieux el casse, et
avoit beaucoup do peches sur le dos. Lt;s moinos disent qu'il
\onloit lain; penitence. Tout cola est bonadire; mais beau-
coup do yens croiont ({if il lit UIK; t'olie de se deponiller avant
que de secoucher : aussi no tarda-t-il miero a s'en roponlir.
La curiosite de noire sioide aura hien do la peine a deconvrir
la vraio cause do cello ci . et qnand on la sanroil . pen de
^ens la diroient. Le resident do France a Stockholm, nonime
Picqnes , a prosde soi un jesuito , nomine le pere Lan^lois .
i|iii est nn honnne d'osprit , qni en e.crit ici a un de ses coin-
s asse/ particnlioreinent . II e>t do la travosti el habill.-
.!() I.KTTHKS DK (.I'l I'ATIX
en cavalier, else I'ait nommor M. de Saint-Hubert. On ditque la
reines'est mise entreles mains d'un ambassadeur du roid'Ks-
pagne, nomine Pimentel,qui I'emm&ne en Italic pour lui faire
voir le pays; qu'elle so vetit faire catholique; qu'elle vent
idler voir la dreee , la Thrace, 1'Euphrate et le Pont-Kuxin .
co ([ue jo no crois poinl. Neaiimoins nous somnies dans mi
siecle plein de prodiges.
Voici des nouvelles de Paris. Le cure de Saint-Paul a reeii
ordre du roi de se retirer en samaison des champs pour avoir
trouble le sermon du P. Lingendes, qui pre'choit dans Saint-
I'aui. Les cures de Paris commeneenl a s'assembler pour pro-
curer la liberte tie lour confrere, re qui pourroit enlin arriver
apres (jiielques jours de penitence. Voila le commencement
d'une guerre de gens desarmes , et (|iii n'ont pour tout canon
quo celui de la messe , et pour epee quo le baton el la croix.
(Alette controverse ne tuera personne . mais engendrei'a senle-
ment <juelques livres a Tavenir, dont nous nous diverlirons.
Si jV'tois arbitre de ce ditlerend , j<^ sais bien ce quo j'ordon-
iK^rois la-dessus. J'ai un secret intaillible pour les accorder ,
mais je ue le revelerai point, si on ne tn'appellea 1'assemblee
oil il se doit juger.
M. Moi'eau m'a dit qu'il travailloit it la vie de M. ?sande. Je
suis ravi qu'il s'en veuille donner la poine. II se porte mieux
(lii'il n'a pas fait; mais vous save/, bien <pie lout osl a crain
dre a un vieillard. et vous n ignore/, jias non jtlus le vieiix pro-
verbe hebreu ; !.<'* /'.'tines jiijt<wnt mimi'ir. >:t /'•>' I'K-H.I: in- [ifn-
ri nl i>ds rirri' /ittif/tniijis. Je viens d apprendre quo la biblio-
theque dudit M. Naude a ele vemlue pour dix mille francs an
cardinal Ma/arin. Kile valoil deux t'ois pins, et il y avoit
quanlite de. livres qui ne se sanroienl plus trotiver. A propos
de livres, von le/ vous hicn me faire la grace dc m'acheler a
Loii les livres dont je vous envuie la uoie? Ma bibliomanie( I
\ I'AI.LONKT. ill
vous fait bouvent de la peiue; prut elro quo je r-erai plus
sage el plus supportable 1 annee qui vienl Je suis do toule
inon ame votre, etc.
l)e Paris, le 1" ami 1054.
LETTKE CCCCXXI1. - .!« /mW.
J»; dots repouse ii deux, ties votres, pour iesquelles jo vous
rends tres humbles graces, Le livre de M. Merlot est sous la
presse , aussi bieu quo celui do M. IVm'Uu : uiais cela no va
j^uere vito, (ante d'ouvi'i(:rs , ct luruio do pap'u-r qui iiiaii(|iio
ici. IK.'S (ju il y aura quolquo chose do fait, jo vous on on-
verrai. J'ai plusieurs f'ois ici vu sortir dcs vors do.s voinos pur
la saigiK-o du bras; niais quand its out ot«' Brands ot niorts,
je n'ai vu porsoiiue (jui on soil o"chappo. Votre malado t»st
bieu lieureux dofotro. M. le cardinal do Het/ ost a Nantes, oil
sos amis le vont voir ot rentretieiment. (Jn lie sail pas encore
qui sera sou succossour en I'archeveche do l)aris. Le Mazariu
u'a point la pierre , niais il a inartel en tele du [>riuce de
Coude et de plusieurs autres choses qui regardent sa fortune.
On parh; du voyage de Keiins pour le sacro aver boaucoup
(t'incertitude. LesAnglois nous inenaeent toujotirs. (^'ost une
chose certaine (pie la reino de Suede quitle la royauto ;
elle y est uu peu poussoe piir losKtalsdu pays, qui n'approu-
vont pas sos profusions, inais olio no parh1 [»as do so Cairo ca-
lholi(|tie, ni de venir on France. Los princes IK; ohangent ja-
inais do religion quo lorsqu'il y a du gain. J'ai vu sa lellre
a .M. Clianul , loquol jo connois fort bien , et i|iii ost di1 pre-
sonl en Hollando. Le mois prochain nous en apprendra da-
vantage. Jo suis ici medeeiu do M. Ilidal, riche niarcliand de
M>ie, qui esl caissiei' do la reine de Suede, et qui en rocnit
toutes les semaines des uouvellos.
.M. C.houlier esl , l)iou merci . guori : il n'a |»lu> qua SLJ
:J2 i.KiriU'S DK <;n PATIN
eonserver; il est deTicat ct tluet. Dans lo premier paquet que
j'onvo.rrai a Lyon j'y meltrai pom1 vous 1'rn'li'Hitnn'x in lilirimi
fft'pfjor/'tititi <h' \t-rt', .U////.N ft A'/'VN, auct. .1. Martinus. J'ai fait
vos recommamlations ii M. Choulier, qui vous on roinorcie :
mais jo no sanrois Irouver 1'ad rosso do la lottro a M. votre
I'rere, quo j'ai aujourd'hui I'ort eherohee. -I*1 no sais ooininont
jo f'orai poor hi trouvor.
Depuis peu a ioi parti un livre I'ort impertinent ct Ires sa-
til'iqiie, intitule : Xcmuili' .\/>i>/i,f/i/' /><:i/r In I'aculli'' tic in/'f/i'-
riitc df Minif/ic//u'f. (>to,.; il cst t((iit ploin d iiijuros oontn;
.M. Hiolan , 0,011 tro nioi . oontro M. (iitilloinoau , .MM. Morean
cl do la Viifiio doi'iint. Le livroi a ot*'1 iinpriint' in-ijinirlo, ot
nionio pout- ('tro fail a Paris. Fn do nos charlatans antimo-
niaux on ost fort soupcoinie.On parloit do t'airc saisir lo livro
t'l d'on onipochcr la vonte j>ar aiitorito" d(> jtistioo. Jo 1110 suis
oppose a col avis; il lo I'atil laissor tliMiitcr en touto libcrtt'-:
c'ost pi'ocuror 1 inl'aniio ;i cos oorivain*; , di1 Cairo (jiio lout
It- iiiondo voio lours sottisos cl lour ignorance. I'u lionniif
do l»ion , iiift'ijft' ritii1 .^•/•/i'/-i^t//'^ ^///'//.s, no doit point s'onioti-
voir ptuil' (Ic^ DijUl'OS, ctmt'/fiti . .</ //V/.SYV//V , utjnifu t'ldi'tifttr.
xjii-i'lti i>.i;i>l<'x<-tntt , joint ([no lout ooqu'ils nous roprochcnl o>l
taux ol inc|)tc. 11 rc|)roclio Tancrio a M. Hiolan, qui ost un
dos savants homines du inondo : il appollo ^f. (iiiillomoaii
s(;olorat roussoau, ijiii no If Cut jamais. otf., ol no ropond
rion aux raisons et aux ohjoctions dc 31. liiolan. II mo voul
t'airo passer la-dodans [tour I autour do la It'^oudo. ;i laquollo
j'ai contriltuc commo vous. II y a la-derlaiis sept on liuit ma-
rauds do charlatans quo j'ousso bicn aiitromont trait('vs qu'ils
n'y sont : ji1 les oonnois trop l)if n , o! suis Irop l»icii in!'onnf
do lours IViponnorios. Urd', toul co livre n'csl compo.M- (juc
dc laiissotfs , injures ol sollises : 1 'ignorance do 1 auteur y esl
louto visihlc . c! il n y a auoun fruit pour lo loctciir (]iii s'y
amusora : mais mi n'oii connoil |»a> lo veritable autour. "/""•/'//
iijiioi'iitiir. C.f n'ost jioiiit M. i'.oiirtaud do Montpollicr qui la
faile . an nioius nc I'a-t-il pas fail" font sent . "/// /"'////-
A FALCONET. 33
lows iiiulnds (i/)(')'<m contulet'unt ml coafectitinHin taut horrid i //-
bi'lli. Le seigneur Pietro, pere du Maxarin , est inort a Koine.
Le eomte <ie Hareourt est enfin rentre on son devoir et a I'ait
sa pai\ avec le roi , noriobstant les olfres des Espagnols ; el
taut inieux pour vous , d'autant que la Botirgogne etoit
menacee de cette guerre. Le roi s'en va a Reims pour le sanv
dans huit jours. Je me reconunande a vos bonnes graces , el
suis de toute nion affection , monsieur, volre, etc.
He Paris, le 19 mai 1<>:»'i.
LETTRE CCCCXX1IL - Au memr.
.Ne vous inettez pas en peine de M. Clioulier; il est, Dieti
inerci, en bonne sante ; vous en pouvex assurer MM. ses pa-
rents. II est vrai <|u'il a eu nne rechute, de laquelle I'ayant
traile, apresqn'il a ete bien purge, jelui aiconseille unec.liose
qu'il a bien envie de fa ire, qui etoit de changerd'air ; et connne
il etoil en peine du lieu, je lui ai donne ma maison, <jui est a
trois lieues d'ici, savoir, a (lormeille en Parisis (l), une petite
lieue par-dela Argenteuil , oil il pent respirer un air tres pur,
rl oil il a une vue de plus de cinquante lieues a la ronde; le
jardin et les allees y sont belles, qui vontj usque sur la nion-
l;igne. Nous y avons aussi force cerisiers, desquels il pent
cueillir les cerises a mesure (ju'elles miiriront, et les ('raises
pareillement. II y a beaucoup d'aulres fruits-, mais la saison
n'en esl pas encore venue. Sa rechute ne lui esl arriveecpie
p;ir sa foiblesse naturelle (car il n'est pas si fort que la plu-
pail de vos autres Lyonnoisqui viennent ici tons les ans' , el
de plus, SY///.V nniti' sibi non prosjwit. Vous save/, comment
les jeunes gens se laissentemporterfatite de prudence, et n'ob-
(1) Commune d'Argeiileui I, arroiulisseiiienl «le Versailles, ('clto jiio-
prieSe de (iui I'a'.in a t'-le , tlcpuis son ep<u|iie , <li\iM1e en plu>ienrs p«ir-
lions; il ne resle rien iinjourd'hui de la mai-on du celcltre anteur dece.s
leltn>. 'M. P.
III. 3
34 I.ETTHES DE (IU1 PAT1N
servent pas exactement I'aphorisme d'Hippocrate , clu 6'ilcs
Epid. : Lobw, cibus,potu8,somnn$,elc.i KM-CO. • ET&!«. Mr-is quid
I't'litit : supprimit oratm' qua1 rusticus edit inejrfe. Mais je vous
assure qu'il est de present fortbien ; je 1'y ai ete voir moi-meine
nne fois , aliii de leconfirmer, bien que je n'aie point le loisir
de m'echapper d'ici , et je Tie fus que demi-heure avec lui ; je
lui ai envoye des livres tels qu'il a desire pour se divertir , et ,
depuis quatre jours, ina t'emme y est allee avec deux de ines
Ills, (|ui lui i'eront en quelque ('.iron compagnie, avec un
mien beau-IVere. lirel', n'en soye/ pas en peine, il est fort
bien ; inais il taut (pi'il soil sage a 1'avenir, de peur de retoin-
ber nialade. Le roi va a Chalons- sui'-Marne. On fait un jiar-
lement nouveau a Limoges. L'Espagnol et le prince de Comic
ne font rien. On dit aussi ([ue le roi va assieger Clennont. Je
me recommande a vos l>onnes graces, etsuis, monsieur,
votre, etc.
De l*aris , le 1<» join Hio'i.
LETTHE CCCCXX1V. —
11 y a ici grosse guerre entre lesjesuites et le curt; de Saint-
Paul, contre lequt;! ils out fait un libelle diffamatoire (pii
court ici en cacbelte , et que je n'ai encore pu voir, on ce
pauvre curt: est rudement accommode. ,l'ap[)rends que sa vie
y est bien eplue4iee et lui fort maltraite. II fait le petit prelat,
il a carrosse, niaison aux champs, on il traite les dames a
quatre services; il a une alcove, tapisserie de haute lice; il
revolt des dames dans sa clmmbre ii on/e heures du soir,
lors(|u'il t;st couche. Vos ministres n'en sauroient taut fa ire,
car le plus riclie d'entre enx n'a pas 15,000 livres de rente
comme ce cure. Aussi n'avex-vous point de purgatoire <pii
brule toujours, et voila le malheur de vos ministres, <jui out
abandonnt': le nombre d'or pour la letlre doininicale.
Le hvrede M. Mcrlet contre le ga/etier s'acheve : on com-
nit'iice celui dt> M. Perreau, l/aiilimiiiiic c<( dr dccit tellement
A FALCONET. 35
morfomlu ct decrie, quo Ton n'en parle plus qu'avec execra-
tion , ct nos antimoniaux sont fort etourdis du bateau, el
voudroient Lien que ce tut ii recominencer.
. M. Hiolan n'a fait que trainer depuis trois mois. 11 est inain-
tonant au lit, d'une mechante ophthalmic (jni I'empeche de
lire et d'ecrire. II a neanmoins grande esperaucedeguerir, et
dit qu'il auroit grand regret de mourir qu'il n'ait auparavant
repondu a 1'apologie de Montpellier, ou il traitera le doyen
en chien courtaud. Get hoinine a reveille une querelle qu'il
devoit laisser assoupir, et par sa medisanee il a irrite des gens
qui ne lui pardonneront pas. II 1'alloitse taire ou mieuxfaire.
Au lieu de raisons , il n'a dit que des injures fort imperti-
nentes. Je pense pourtant qu'il n'y a pas travaille tout seul ,
et qu'il a etc: aide par quelques uns de decii de la secte meur-
Iriere , j'entends de 1'antimoniale, enrages de ce que leur
brigue est decousue, et qu'ils n'osent plus etaler ce diable de
poison pour les nieurtres qu'ils out conimis.
Mais de grace, quand vous ecrirez a ce M. Courtaud, de-
niandez-lui, je vous prie, pourquoi il ni'en veut tant; pour-
quoi il en a tant dit contre moi; pourquoi nienie quelquefois
il s'est retenu et n'en a pas dit davantage, puisqu'il etoit si en
train, et que les injures content si pen a tels gens que lui,
j'entends a des ignorants qui, faute de raisons, ne peuvent rien
diredebon. Pourinoi, je ne me sens nullement louche de ses
injures, parce ([tie je n'y reconnois rien (pii in'appartienne.
Vous savez bien (-e beau [»assagede Tacite. que Courtaud n'a
janiaislu : Concilia, si irtisrur/1, d<jnit<i ri<lvn/t<r, sjii-cla c.rolr*-
t-ioit . Pour les autresprolesseurs de Montpellier, je ne les soup-
conne point d'y avoir conlribue. M. \\. de lielleval n'a garde
de 1'enti'eprendre; Iliviere aiine inieux aller piper quelquc
pistole en Dauphiue ou en 1'rovence, el nit'-ine ce n'est point
>on (ait d'ecrire de cette maniere, nun plus (jue Soliniac.
J'ai ce matin enlrelenu nn hoinine de cour qui sail bien
des choses. II in'a dit qu'a la verite Mazarin a en des don-
leurs nephretiques, avec vomisseniciiLs et naust'cs, el qn'u la
tin il a vide une pierrc, inais ipir d('pni< il iif^'cn est point
30' I.KTTRI-S I)K (,n PATIN
senti; dc sorle qu'il est aujourd'hui on parfaile sanle el qu'il
n'a point de pierre, si ce n'est la pierre philosophale, par le
inoyt'ii de laqnelle il amasse merveilleusement de Brands tre-
sors. On dit qu'ilne se soucie plus guere de marier ses deux'
nieces a MM. deCandaleet le grand-niaitre de I'artillerie, vu
(jue pour de 1'argent, dont il a grande provision, ilespered'en
donner une au due deSavoie, et 1'autre a quelque prince
d'ltalie. Voila comment la fortune triomphe quand elle est
aecompagnee de plusieurs sacs de pistoles. Bon temps pour
lui, pouvu (ju'il dure. Vnfc.
De Paris, lc 1<J juin Kioi.
LKTTHK CCCCXXV. — Autnemf.
Je vous envoyai deniierement une grande lettre avec le dis-
cours de M. (iassendi , louchant I't'clipse cjui alarnioil bcau-
coup dt! gens(l). Elleest neanmoins passeesans tner personne.
liormis (|ue le meme jour, 12 aout , sur les six heures du soir,
mi gentilhonnne nonnand , voleur de coclies et de grands
chemins, I'ut rompu endreve; mais ce n'est point I'eclipse
(jiii 1'a fail moiirir. ce son t ses crimes et ses cruautes exercees
sur de pauvros passants <pji no pensoient point a lui. Le jour
precedent etoit moil ici un savant avocal, nomine M. Ogier,
frere du prieur, (jui lit I'annee passee une epigramme sur
1'antimoine, ((ueje vous ai envoyee. II etoit extremement sa-
vant en grec et en latin, en droit , en humanitcs, en his-
toire, en geographic, es^peres de 1'Kglise, et surtout bon
po<;te latin. II avoit (pielque chose de trop qui me serviroit
bien; mais il s'en faut passer. Dieu n'a pas fail aux homines
ses presents par line distribution arithmelique.
1) Personne . aiijourd'luii , u'esl alannc d'uuo ooli|>sc, pnrcc qu'on
salt qiic co plienoinciH1 if a rirn ilc suntaturel ; mais il a (allu bicn du
Icmps pour iniiisor ccllc vcrite dans les masses, vcrite coiiiiuedans lou»
les temps |>ar ee poll! nombrr d'honinies tonjoiirs en n\anl du siecle nu
its vi\cul. H- I'-
A KAU.O.Nbl. •>/
M. Beiioit,deSautnur(l), m'a visile ce matin; apirs los com-
pliments d'uno premiere cntrevue, je lui ai demands comment
so nommoit cet ancien conseillcr du parlemeut qui avoil
p red it qu'en 1664 toute 1'Europe seroit reformee et 1'Italie
detruite par le fer et par le feu. II m'a repondu qu'il s'appe-
loit Juliers de Chalandeau ; que sa i'amillc etoit de Paris , et
sa seigueurie en Poitou ; qu'il avoit ete averti en songe de
changer de religion et d'embrasser la nouvelle, ce qu'il fit.
II ajouta qu'il savoit bien qu'il n'y auroit plus de pape, qu<
la messe seroit abolie , qu'il n'y auroit plus de pretres ni de
moines en France. C'etoient des songesde vieillard a qui 1 'es-
prit n'etoit pas bien rassis. Je n'ai jamais pu trouverce noni
de Chalandeau dans les listes des coriseillers , ce qui me fail
soupconner que ce soil un nom de terre. Je suis , ete .
De I'aris, le 15 d'aoul 1051.
LETTRK GCCCXXV1. ~Au wemc.
Je viens d'apprendre quedeptiis huit jours M. Kigault(2),
doyen des coriseillers du parlement de Metz, est inort a Tout,
fort vieux et fort casse. II a par ci-devant ete bibliotliecaire du
roi. C'est lui qui nous a donne le Tertullien, le Saint Cyprien,
la vie de M. Dupuy et plusieurs autres bons livres. C'etoit un
des savants de la grande bande dont rinconiparable M. Sau-
maise tient le premier rang et M. lleinsius le pere le second ;
a pros lesquels il n'y en a guere de leur force. Les gens de
bien s'en vont,et bien des fripons reslent pour lemalheur du
genre humain. Les lettres de Turin portent que Ton y a vu en
1'air, par plusieurs Ibis, des chariots, des homines a cheval ,
et des armees. II y en a ici qui en ont peur ; pour moi , je HIP
tiensacelui qui a (lit que nous n'eussions point peur des si-
gnes du ciel. On dit qu'en Hollande le nombredes maladesest
,T Voycz tome 1 1 . pages i88 el W9.
,^•2] Nicola-* Hi^aul^en latin Rigaltiu* . pliilologuc, ne a I'ari* ( n
1577. inorlen Itto'i. K P.
3S I.KTTHKs I)li (il'l PATIN
efl'royable. Us mcurcnt tons nonobstant le frequent usage des
sudorifiques. On est-eequo ces gens-la out appris la medeoine?
Saigner tres pen, on point du tout; purger peu et avec dcs
poudres , dos pilules on de I'antimoine, et puis faire sner des
nmlades qui ont les vaisseaux, le ventre et 1'habitude du corps
pleins d'ord tires et de beaucoup d'impuretes ! N'est-cc pas la
etre des bourreaux plutot quo des medecins ? Je suis , etc .
DC Paris , le 26 aout 1634.
LETTKE CCCCXXVII. -- Au menu:
Lc roi arriva a Paris lejourqneje vous envoyai ma der-
niere lettre , et le lendemain matin monrut M. liroussel . pour
(|ui en partie on fit les barricades 1'an 1648. II etoit ago do
quatre-vingt-trois ans. Son Ills, <[ui est I'un des plus savants
de Paris , est conseiller de lacour. 11 etoit reou en survivance.
On (lit quo l.o niarochal do Turenne ost d'avis do no point
fa ire do siege, si on no Inidonne de 1'argont, qui ost un mo-
tier quo notre cardinal Maxarin n'entond point. II court ici un
bruit (jue 1'empereur est mort, et le vioux duo do Saxo aussi,
et que le jeune duo de Saxe so vent Cairo calholiquo romain ,
alia do parvenir a 1'empiro. !l ost a craindro quo cot aiglo ,
qui a mange d'autres oisoaux, no vicnno onlin on proio
a plusieurs autros, Lo roi doit aller vors la I'rontioro , oil sa
presence est reqniso, avoc lo Maxarin, el niomo on oroit qu'ils
iront jusqu'a Mot/.. II y a apparonco, oommo celui-ci on a
I'oYoclK' , (ju'il on vent aussi avoir le gouvernement. II aura
enfm tout ; oar on le fait ici lo dieu do la terre , ot tout Ini
reussit.
.Nous nons assemblerons deinain pour iiolro pauvre collo-
gue M. \acJici'ot , (jiii ost jirisounior a llonnos , pour avoir
aide a sauvt-i son iii;;itre lo cardinal de Kotx. M. lo man'v lial
do la Moilloi'aic !c [loursuit oriniinollcnionl. On a doja pondu
di-nx dt1 sos gardes; mais il n'y a point d'apparence qu'on en
\ 1ALCONKT. 30
veuille Cairo autant ii son medecin (l). On doit pourtant tout
craindre de la colere des grands. Pour moi , je no voudrois
point etre a leur service, s'il faut mourir pour eux dans les
relrancbements d'une ville assiegee, oomme a fait dopuis
pen notre autre collogue M. Dupre a Arras, ii qui M. le
Prince ne voulut point donner conge ; ou etre en danger d'etre
pendu , pour aider a sauver son maitre, comme M. Vacherot.
Je suis, etc.
De Paris , le 8 scptembre 1654.
LKTTKK CCCCXXVI11. — Au //«W.
On vient de me dire quo le feu a pris a cinq lieues d'ici, a
Marnou pros de Lagny, par la faute do la prieure, laquello
chorchoitdes souris dans la pail lasso, quirempeclioientdedoi1-
mir.Tout y a presqueete brule horrnis lour eglise.On dit quo
la perte est de pros de cent mille livres. Trois religieusos y
out ete brulees toutos vives , dont il y en avoit line folio, pour
qui los parents payoient pension : ainsi c'ost du profit pour
quelqu'un , tandis quo los autres y perdent.
J'ai 1'histoire de M. B. Gramond, president de Toulouse,
dontvous me parlez(2). Jel'ai sou vent entretenu pendant qu'il
etoit en cotte ville. C'etoit un bon vioillard , inais d'une ame
foible et bigote. II so faisoit do fete pour obtonir dos ine-
nioires , et pousser son bistoire jusqu'a la mort du feu roi ;
inais le cardinal Mazarin no lui a pas voulu donnor col em-
ploi. II ost mort dopuis pen a Toulouse. Son livro ost pen de
(1) II y plusieurs exemples dans I'liisloirc (Pun pareil devoucmenl do
la pail dos inedocins. Aujotird'hui IIH'MHO , an moment ou j'ecris cctto
note (15 juin 18iON , lo doclcur Conncau c-t detenu a I'cronnc, poiir-
suivi par le procurcur du roi pour avoir lavorise Tevasion du prince
Louis Bonaparte, prisonnier au chateau de Ham dcpui* plu>ieurs
annccs. II. P.)
(2) IJ. (Iraniondi historiarum (lalliit' <il> excessn llrnr'n'i IV, liliri
XV 111 , Tolosir , 16-W , in-fol. II. IV
•'0 i I;TIIU;^ DK i.i i I'.M i.\
chose , et inliniment au-dessous cle 1'histoire <lu president de
Thou. II est reinpli do faussetes et de flatteries indices d'uu
homino d'honneur. Quand il f'ut acheve d'imprinier, et pret
d'etre mis en vente , M. de Graniond fit refaire quinze deini-
teuilles pour \ Hatter })lus fbrtement le cardinal de Riche-
lieu , qui etoit alors au plus haul point de sa laveur. Ce
bonhomme crut qu'il n'y avoit point de termes assez forts
pour le louer ; mais il n'y gagna rien, car le cardinal vint ii
mourir.
On dit que Cromwell a ete bien etonne de la levee du siege
d'Arras, etquecela 1'obligera de changer dedessein. La reine
de Suede , qu'on (lit etre toute espagnolisee , en ayant recu
la premiere nouvelle, fit cesser la comedie qu'on represen-
toit devant elle, et la fit recommence)' aussitot qu'elle eul
appris que 1'archiduc et le prince de Condo s'en etoienl sau-
ves , et (jue toute la perte etoit reduite a ijueltpies prisonniers,
environ mille hommes tues , cinquaiite-quatre canons et quel-
<jues bagages pris. .le suis votre , etc.
DC I'aris , le 15 seplembre 1634.
LKTTIIK CCCCXXIX. — .\» tnenn-.
II I'aut (jueje vous f'asse pail d'une bonne nouvelle dont
vous ne serez pas marri, si ce n'est (jue vous n'ayez pilie de
moi, coinme Ton a quclquefois de ccux (pie Ton aime, voyant
(pie ce que je m'en vais vous dire me fera bien de la peinc.
("est que M. Hiolan le bonhoinme, se sentant fort vieux , el
presque accable d'un fardeau aussi pesant que le mont Etna,
m'a considere par-dessus tons les aulrcs pour me 1'aire avoir
sa charge de pro lessen r royal, ce qui est lieureusement ac-
compli. M. Amory, eveque de Coutances et grand-vieaire de
M. It! cardinal Antoine , grand-aumonier de France, a recu et
agree la nomination que M. Hiolan lui a 1'aite de moi. Do la
nous avons ete a M. de la Yrilliero, secretaire d'Etat , (pii a
signe nos lettres : ensuite nous les avons portees chez le garde
.V KALCO.Ntt. 4 I
des sceaux M Kiolan lui a allegueses raisou.s , a quoi il a re-
pundu qu'il connoissoit forl bien M. Kiolan et son merite , et
(|ue pour nioi, il me connoissoit aussi , que lundi prochain il
y auroit sceati , et que nous y fussions, qu'il nous expedieroit
de bon C(«ur. Ainsi, il ne reste plus que quelques ceremonies
ft de fa ire le serment de fidelite eritre les mains de M. I'eve-
que de Coutances. MOD emploi sera pour la botanique, la phar-
maceutique et 1'anatomie. J'en cboisirai divers traites, tanlAt
de 1'une, tantot do 1'autre, et apporterai tous mes soins a fa ire
de bons ecoliers , qui soient eloignes de la forfanteriedes Ara-
bes et des impostures des chimistes , qui sont les venins or-
dinaires dont les jeunes medecins sont aujourd'hui empoison-
nes. J'ai dessein de donner un traite des medicaments purgatit's
simples el composes, oil je I'erai une belle ralle de tant de
sortes et inuliles compositions qui se trouvent dans les grande.s
pliarmacopees ; puis apres, j'ai en vie de donner un traite des
alteratifs simples , des(|uels je choisirai les principaux pour
en dire (|iiel<|ue chose de gentil et de particulier. Apres cela
je pourrai venir a un traite fort curieux des poisons, oil je
n'oublierai pas I'antimoine, et le traiterai comme il nuirite ,
t't meme ceux (jui en donnent , comme autant d'imposteui>
et d'empoisonneurs (l). Je suis, etc.
De Paris, le «J octobre 1654.
LKTTHK CCGCXXX. — An int>m<>.
M. Courlaud, de Montpellier, cherclie quelqu'un pour Ic
laire ecrire centre M. (iuillemeau; mais il a alia ire a forte
parlie. Je ne sais pourquoi ce Courlaud m'a tant fourre dans
son livre, rnoi quine 1'ai jamais vu ni offense, et qni ne sa-
vois pas meme s'il etoit ne. Si le livre de M. Merlel contre
;l)Gui Palin n'a Icnti ancniie <lc ses promcsses, ct , h dire vrai , poul
elro faul-il sVn felicilcr. Ses lellro.s sciilos out liait vi\re son noni ; c>-(
lihoii inunuiiu'iil «TC perennitis. Voyoz l;i Molicc biographique, VK. I'.
42 I,ETTI<ES DK GTl PAT1N
Eusebe Renaudot ne vous a pas satisf'ait, il en viendra bien-
tot un autre meilleur, savoir, de M. Perreau , qui n'a pu etre
acheve plus tot, par la disette des ouvriers, qui est ici fort
grande. Eusebe Renaudot est ici fort malade d'un abces a la
tete, qui a ete suivi d'une grande douleur ; il avoit en des
convulsions ot des vomissemcnts jusqu'au sang, par unecer-
taine rencontre bien etrangc, de cause externe, quo M. Spon
vous contera. Depuis trente ans je n'ai point vu si pen de ma-
lades quedepuis troismois; Uormis quelqnes dysenteries don t
Ics malades sont rechappes, avcc de petits lavements deter-
sifs, la saignee reiteree, et quelques legeres purgations avec
casse et sene, ou catholicon double, etc. Je vous prie d'as-
surer M. Huber que je suis son tres humble serviteur. Je ne
vois point ici de Lyonnoisque je ne leur parle de vous.
Enfin M. Riolan m'a donne sa charge de prolesseur du roi ,
en survivance. M. 1'evtVjuo deCoutances,grand-vicairedeM. le
cardinal Antoine, grand-aiimonier, nous en a donne son con-
sentement , et ensuite j'ai obtenu du roi et de M. le garde
des sceaux toutes les autres provisions necessaires, et j'en ;ii
prete le serment, en vertu de quoi j'esperede commence!1 mes
lecons apres Paques ou environ, s'il plait a Dieu; car le bon-
homme souhaite de in'en voir tout-a-fait en possession avant
(pie de mourir; je souhaiterois pour tan t tres volontiers qu'il
ne monrut jamais : ex/). a TOUTO .G-I-J i^jvarov : HIV ilntur in hw
inisr/'ti morfalitatc ; \\ cst m&mc si vieux (pi'il me fait regret
et pitie. Ke pape n'est plus mort ; on (lit (jti'il est revenu de
maladieen sante, mais (pie ce n'est point pour longtemps , a
cause de sa decrepite vieillessc. Ilicr, a deux heures apres
midi , le, bonhomme R. Chartier, age de quatre-vingt-deux
ans(l), tomba de son cheval , et mourut apoplectiijue. On
s'en va rompre deux grands voleurs a la (ireve, dont I'lin ;i
ete valet de pied du cardinal Ma/ariu. \'«l<\
DC \\\\\*. cv :5() oclobrc 163 '».
(1) Voy<v. la note I. I. p. 21 -'t.
LKTTliK CCCCAXXI. — An mi-tin-.
II t'st ici arrive des nouvclles quele sipnor Pietro Mazarin,
pore du cardinal , est mort a Home fort age. Kn meme temps,
on nous apprend (pic le pore de Gondy, pretre do 1'Oratoirc
et pore de M. le. cardinal de Retz, est mort a Clerniont en Au-
vergne, oil il avoit (He envoy*': en exil. Je ne sais dequel com-
pliment s'y serviront Tun et 1'antre de ces pores en I'autre
monde, s'ils se rencontrent, a cause des inimities entre leui's
deux ent'ants, et tons deux cardinaux de saintc mere Eglise.
Le 10 de ec mois , mon second ills , Charles, a repondu a
sa premiere question quodlibctuire , dans nos ecoles , fort
bien , et au grand contentement de tons ses aiuliteurs , dont
jo suis fort rejoui.
Je vous renvoie la lettre du sicur Courtaud; c'est un boil
garcon. II fait le prud'homme dans ses lettres, ct le fou dans
ses livres. 11 ressemble aux pliarisiens du temps du Messie ,
qui I'lionoroient des levres, mais leur cceur etoit eloigne de
lui, on a eeux qui caclient leur bras apres avoir jetr la
pierre. 11 dit qu'il veut etre mon ami, apres avoir taut dit
de mal de moi. 11 m'accuse d'avoir tail la /.f'-yoiflc , a quot
j'ai aussi pen contribueque vous. O'est M. Merlet qui en est
auteur. II me blame du livre du Mi-(lwi» cliurihihh' , je n'y ai
rien mis du mien, ("est un libraire liolhmdois, nomine Vlac,
(|iii 1'a fait fa ire , et qui en a pave la faeon a M. Sauvageon.
II Cant bien que Com laud ait la tele mal I'aite; il veut diredu
mal de notre bonliommt1, M. lliolan, (jui est cstime par
toute TKuropi^ et au-dessus de toutes ses atteintes. Je trouvc
encore (ju'il est bien plaisant de eifer .M. Hiolan commc mi
liomme qui auroil dit du mal do moi dans ses lifclierrhe* (\'\,
lui (jui est mon meilleur ami. Me lui en deplaise. cola e--i
r Cttricitses rcchcrclii's siir /c.s cschult'S f/c incilcdnc (If Paris >'l di'
Munli>ellier, Paris, Kijl, in-,S'. \\. I1.'
44 i. HI ruts UK (,ii mix
Ires faux. Pour oe <|ifil (lit de ma raillerie, il a tort Helas !
qu; pouiToit s'empecher de rire panni tant de t'oliesdu siecle
et de si meclianls livres que ceux tie Courtaud? II feroit I'ort
bien de so taire et de ne plus rien ecrire, mais ce n'est pas ii
moi a lui donuerconseil. J'ai memo peur qu'il ne soit pas ca-
pable d'en reeevoir. Je vous prie d'assurer tons DOS bons amis
de Lyon que je suis leur tres humble serviteur. IV//V.
F)e Paris, le 13 dccembrc 1654.
LKTTKE CCCCXXXll. - \u mrine.
Je vous rends graces de votre derniere. Quaud j'aurai fait ma
harangue, j'en croirai nies amis, et peut-etre que je la terai
imprimer, et , en cecas-la, je vous en enverrai des copies
en tel nombre qu'il vous plaira. C'est bien mon intention
d'avoir quelquejour pour auditeur M. votre tils, pour leqnel
je ferai tout mon possible, e'est-a-dire tout ce qui se doit an
Ills de son meilleur ami. Je vous remercie de la bonne opi-
nion que vous avez de mes deux grands garoons ; je souliaile
I'ort qu'ils soient quelquejour dignes de votre amitie. Je ferai
tout ce qu'il me sera possible afin qu'ils la meritent.
Pour M. Courtaud , il paroit par ses ceuvres qu'il n'est pas
bien sage: aussi n'ena-t-ilquedudeshonneur; lui etM. (iuil-
lemeau ne sont pas pres de se taire , et je crois (jue cette con-
troverse ne s'apaisera (jue par la mort. II mecbante des in-
jures de fripier, indignes d'un liomme de lettres, et qui auroit
le moindre grain de sagesse. M. Guillemeau ne 1'a point vu
depuis quarante ans , ne I'a jamais desservi , et recoit de
lui des injures atroces et criminelles : <-t lure *nnt (Ic/irix .-•''-
full ntorientis.
J'ai delivre un petit paquet pour .M. Spoil, dans lequel il
n'y a pour ce coup que la these de, mon lils Charles, et le
Jtdlxit-Jtiii- <lc I'. \ntiinoi in: t i-ii)injili<in( , de M. J. Pei reau. Si par
ri-apresil nous vicnt quel(|ueaiilrecliose. jc vousen terai part.
A FALCONET. 4f>
M. (iuillemeau est un excellent homme, personnage <le credit
»'t d'aulorile, el antant homme d'honneirrque j'en connoisse;
fort habile homme , grand sens, grand esprit, grand juge-
ment ; beanconp de biens , beaucoup d'amis. Regardez si
M.Courlaud n'est pas fort mal conseilledes'y prendrecomme
il fait.
M. Gassendi est, Dieu merci , en bon etat ; il n'a plus qu'u
se conserver; vous savez comme il est delieat. M. Hiolan cst
aussi tout autrement inieux, et n'etoitque le (Void qui le i'uit
aslhmatique, il n'y paroitroit point ; il a pres de quatre-vingts
ans. Je les ai tons deux traites en meme temps fort malades;
ils ne le seront jamais davantage sans mourir , mais I'hiver
leur est bien contraire a tons deux. Je serai toute ma vie,
monsieur, volre, etc.
De Paris, le 13 Janvier 1653.
LETTKE CCCCXXXIIf. — An tnune.
Je viens de recevoir votre lettre , de laquelle je vous re--
mercie et de tout ce que j'y ai trouve , qui sont les cahiers de
M. Coustnot. Je vous en ai bien de {'obligation, et meme de
ce que vous aimez la mernoire d'un si honnete homme. J'at-
tendrai patiemment le reste. Pour I'alFaire de mademoiselle
votre belle-sceur, je ferai pour elle tout ce qui me sera possi-
ble et y emploierai tons mes amis. Je m'etonne de la prrlidie
de sa partie. Je ponse <jue le compagnon perdi'a son proct^s
tout dii long. Je suis surpris do voir taut de hardis chicaneurs
;iu monde. C'est I'inicjuite et Timpudence du siecle (|iii can-
sent tons ces desordres. J'ai acheve ma harangue de prot'es-
seur du roi , et suis pret de la reciter des demain dans le
college de C.ambrai, pourvu (jue M. I'eveque de Coutances .
<|ui est le grand-vicaire de M. le cardinal Antoine , y puisse
assisler.
4'i I.KTTRES m CHI I'ATIN
On nous apprcnd ici quo lc cardinal de Hoi/ est tort ma lade
a Home, on, s'd mouroit, la collation de I'archeveehe appar-
tiendroit au pape, entantqu'il mourroit snr sesterres.
Un jeune gentilhomme , eapitaine aux gardes , nomme
M. do Tilladet, qni a encore son pore vivant, et qui a ete au-
tret'ois gouverneur de Bapaume , et depuis do Brissac , neveu
de M.le Tellier, secretaire d'Etat, a ete ici tue miserablement
par les pages et laquaisde M. d'Espernon. Les deux carrosses
de ces deux maitres s'etoient rencontres el enlre-heurtes. Cos
laquais vouloient tuer le cocher de M. de Tilladot. Le inaitre
voulut sortir du carrosse pour 1'empecher , et Cut aussitot ac-
eable do ces coquins, qui ]o tuerent brutalement. Lo roi vent
<[ue justice en soit f'aite , et a donne uno declaration contro
los laquais pour empecher a 1'avenir do tols abus ; savoir,
qu'ils ne porteront plus d'epoes ni ancuno anno a feu, sur
peine do la vie; qu'ils seront dorenavant liabillos de cini-
lour diverse ot non do gris, aliu qu'ils soient reconnus.Cetto
declaration a eto envoyee au parlement pour etre vcrilico et
jtublit'o. (Hela a ete fait. Kile est at'iicht'O par tons It's carre-
t'ours t;t idiblioe par la ville ; mais jo ne sais pas coinbion do
toin[)S olio sera obsorvoo. Les jesuitos (Hit quelquefois tiit <|iir
los docrets do Sorboune no passent [»as la si-inaine. (los oydon-
nauces en seront peul-etro de memo ; ear los Francois font do
tros beaux regleinents, mais los obsorvont tro.s mal.
Ilier mourut ici mi lioinmo tros vieux et considerable en
sa qnalite : c'est M. lc ]>rot, doyen dt\s coiisoillers d'Ktat, a-t'-
deqtiatre-vingt-quatorze ans.ll a autrelois tHt- avocat-^r-iH'ral
au parlement de Paris, et etoit uu dosjiiges du marechal dc
Marillae,. (le f'ut lui (jui donna le coup do mort ; car, tpioi qu'd
out promis aux parents de ce pauvrt; et iniortuni'1 mareclial ,
il so laissa ensuite gagner de I'autre cote par lo cardinal dc
Kichelieu , (mi lui donna lo brevet do premier president
du pai lenient de Mot/; a (jiioi il no gagna rion , car tiH iipres
on lo lui ota, el il fut vondu a un auln1 , tpii dopuis esl morl
onraye.
A FALCONKT. 47
II y a ici unc plaisante querelle entre Ic prevot des mar-
chunds et eclievins contreles cordeliers, pourune porte (jiie
ceux-ci out f'aite au derriere de leur maison , laquelle repond
dans le fosse du faubourg Saint-Germain. Cela fera un proces
qui ira en la grand'diambre. Quand je vais au palais, j'y
vois autant de moines que de sortes de gens. Leur avarice et
leur ambition y en conduiront peut-etre a 1'avenir encore
davantage.
II est tombe une tour dans le bois de Vincennes qui a ac-
cable un des concierges avec sa I'emme et trois enfants. La
servante, qui entendit du bruit, so sauva a la bonne heure.
Le roi a voulu voir ce desastre de ses propres yeux. Adieu ,
je suis volre, etc.
Do I'aris , le 2<> jamier
LETTKK CCCCXXXIV. — An im-mr.
Je vous envoyai ma derniere le 23 du passe, avec desvers
contre un desnotres, ([lie Ton nomine le beau medecin, (jui
t-.st le plus laid homme de Paris et le plus camus. Scaliger
a autrel'ois (lit (jue le nez etoit I'drnement du visage ; en ce
cas-Iii, il faut <|ue ci-lui-ci suit bien l.iid, car il en a moins
(ju'une noisette.
Avez-vousoui dire quele I'aracelse s'imprime a Geneve en
quatre volumes in-1'olio? Quelle honte qu'un si mt'-cbant livre
trouve des presses et des ouvriers, <|iii DC sc pcuvcnt Iruuvcr
pour qurlqiir chcise (le tort boil ! J'ainici'ois inicux (jn'oii cut
imprime 1'Alcuran , <|iii n'est pas si dangereux , et qui au
moins ne tromperoit pas lanl de inonde,. /." diiinlf <•.*;/ /</
1'finsai' ntiiiinun' <!(.- no!/'*' iin'/icr (i). Je voudl'ois <me pour le bien
(1} l.o mo esl diir; niais «i Pon rollccliit ii Petal do la cliiinio an
sioolo do (iui I'alin , science tjui ue consistait «ju'a cherchor la pierro
philosoplialo . ii Ironvor dos soorois . des coinposilions pour ;',norir
•48 LETTUES DE (Jilt PATIN
public elle fut aussi bien defendue que les faux quarts d'ectis,
pour lesquels on a autrefois pendu taut de faux monnoyeurs,
Enlin , j'ai fait une harangue le premier de ce mois. Kile a
dure une heure entiere; mais elle n'a pas ete ennnyeuse, a
cause quec'etoit un fil perpetuel de 1'histoire du college royal
depuis 1'an 1529, parson premier instituteur Francois li-r,
laquelle institution a ete entretenue par ses successeurs et
gouvernee par les grands aumoniers de France. Apres cela, j'ai
parle des anciens professeurs qui out illustre ce college, tels
qu'ont etc Danesius, Turnebus, (,arpentarius, les deux Uuret,
le grand Simon Pietre, et ceux qui vivent encore, comme
M. Hiolan, a qui je temoignai ma gratitude de m'avoir choisi
pour son successeur. J'y vis (juelques inoiues blancs et meme
quatre enfants du bienheureux pere Ignace; je ne sais com-
ment ils y sont venus sans y elre invites. I'u de nos mede-
cins me vient de dire (ju'hier il revint du college de Camhrai
avec un de nos compagnons antimoniaux , ati(|uel ayant de-
mande son avis de ma harangue, le docleur repondit (jue le
latin en etoit bon , mais qu'il y avoit trop de falras; (jue je
1'avois trompe, qu'il s'attendoit que je parlerois contre I'anti-
moine, mais que je n'en avois rien dit.
Un conseiller de la grand'chambre , fort vieux et pres-
que au bord de la fosse, se va remarier a une jeuue et
belle lille d'un autre conseiller. Je crois (jue le bonhomme
vent rnourir d'une belle epee. Mais voyez si ees bonnes gens
sont capables de bien jnger nos proces , eux qui font telles
I'olies-.
M. (luillemeau a fait dislribuer son second livre contre
M. Courtaud , neveu de feu M. Heroard, medecin du roi ,
dont il veut decrire la vie. II (era voir que c'etoit un hoinme
tres indigne de la place qu'il tenoit , a laquelle il etoit par-
venu }>ar des artilices semblables a ceux de Vautier et de
loiilc f.-jH-of »le inuladii's , «>l lavori^or ain«i It* plii^ \il charlatanisme ,
on comprendra la lit'-rt- indi)>iiation tie lanlt'iir. K. I',
A. FA.Lf.ONKT. -i»J
Valot , qui , quoique des derniers du royaume, out eh: cloves
sur 1'autel com me des chandeliers bien Inisauts. M.Conrtaiid
a fail tort a son parti , a sa cause ct a la momoire do son
onclo, en disant taut d'injures a des gens qui ne pensoient
point a lui et qui ne I'avoieutjamais offense. Kn traitant si
inditrnement M. Riolari, qui est vrairnent honime d'lionneur
et grand perspnuage , et en proterant taut de inensonges
con t re les autres et eontre moi, partout oil il m'a nomine, el
entre autres oil il me fait I'auteurde la /.('•f/eiide . ceque tout
le inonde de dec. a sail die Ires faux , et memo ceiix qui y out
le plus d'interet. Je vous baise les mains, et ^uis dc tout mou
ca-ur votre, etc.
De Paris, le -2 mar-. Hi.HM.
Ll'VI'THK CCCCXXXV. -- An mewr.
Jc viens d'apprendre par M. Moreau <|\i"d y a un livre nou
vellement imprime contre MM. liiolan. Bartholin , Pecquet
et autres, oil 1'auteur uiaintient que la sanguitication ne so
fait ni au foie, ni a la rate, ni au canir. Nous somincs dans
le regne des nouveaules et des clioses incroyables; je ne sais
meine si nos descendants pourront eroire Unites nos tblie^ et
les soutl'rances des gens de bieu (i).
Aujourd'hui -29 mai, a etc rompu en (ire\c un in-i-nc vo
lour de grands cbeniins, nomine Ueaut'ort. Don Dii-u , (juc
nous serious beureux si c'etoit le dernier larrcm !
,1; Eterncllcs recriiniiiatiuiih tailcs dun.* toiis !<.'> icinp-, ct heiiri-usc-
ineiit lies inutile*. Loi>qiie Jeiincr hit son iiieinoire stir la vaccine a
la Societe royale de Lonclres , on sourit de pitie . el Ton relusn , dit-oii
il'insercr son lra\ail dans les meiiioiic.- de celle ii!u>lie Sociele.. .
Coinme si nous n'avions pins rien a apprcndrc . coiunie M le> sciences
avaienl dil leur dernier mot ! (juand Phoiunic \ ivraii atilanl *|ne le suleil,
il irait loujoni> appreiuint quelquc \ento iiouvelle, eiicore ino'.irrail-il
aiTame de sa\oii H. I*.
111. *
50 LKITUKS I)K GUI 1'AIIN
On dit que si le pape chicane le cardinal Ala/.arin , il lui
renverra son bonnet rou^e, et qu'd se fora eonuelable do
France on qnelque pen davanla^e; j'entends qu'il preridra la
qualite de general issiine des eonseiis et des armees du roi, et
qn'ainsi il demeurera assure centre les loudres de Rome, dans
le li(.tn poste (ju'il tienl.
Lc mois passe, esl nioi't a Met/ un i^rand medecin nomine
M. Foes, qui t'toii Ills de Francois Foes. (ilsd'Anuce Foes,
<|ui a ti'availle si utilement sur Hippocrate.
Un prevot que nous avons en ce ijiiai -tier , nornme la Foret,
grand prencurde laifons , en Mirprit !iii-r un , letpiel, poui se
depelrer des archers, lit mevveille de se delendre. 11 i'nt eniin
accable par la multitude et par les coujis, donl il cut 1'epaule
casseo. Dans pen de jours on lui cassera le reste des os. Je
snis , fte.
Uc Paris, !e8juin Hioo.
LETTHF CCCCXXXVI. \>< weme.
Je VOLIS rernercie de votre derniere. et de la continuation
ilt- votre amltie, I.e livre de M. Kiolan rontre Pecquet sera
bieutot aclnsve. On dit que Pecquet menace de dire bien des
injures a M. Rioian , c'e^t signe qu'il n'aura gut-re de raison
de reste. .le mont.rerai votre Irttreii M. Guillemean. M. Rioian
s en ^a taire line nouvelle edition de son Knchii'idiuni unntumi-
cinri t>t jjaf/infof/icidti , in-octavo, au^mentee dune (luatrieme
partie, et metnedi- pins si sa saute li_' lui permet, elcelasera
;<>rt lion. La peste continue d'etre bien torte a Leyde.
C'.iinment se poi le M. ('lioulier le jeune? (pie vousa-t-il
dit de inoi.1 /'ul<itn(' pu'ren'iti'in/i ml ln'i«nn fmgt-m , (fun ino/ -
/('///, ('(/'.'.; ill'tjilill(li'ii!i-IH il'/'i/i Sri'i/fi'l/l '
.In vuiis rcmercie du luiatraiu de Nostradamus, que plusieurs
-na\(i;t'iit ici inonlre : ce i\v>\ pas il'aujourd'liui que lesions
?UH)plii'tiseiit , sans ce qu'ils leront ci-aj»res. Tout ce (ju'a 1'ait
re Nostradamus ne soul que des levenes et des rebus de
Provence. Je trouve fort bon ce di^tique que NOUS m'avez
A FALCONE I. Jl
t:ite contre lui ; inais il est un peu autrement dans le remeil
des vers du propre auleur, et meillenr ee mesemble.
\nxlrti damn*, cum rerlia damns, ir-in fnllrr*' m>*lrnm m' ;
Et i/i«nii rcrlni damns, nil ni*i unstrd il'inni*.
Qui pensez-x'ousetreruuU'm1 ilece quatrain? Les huguenots,
et outre autres Fred. Spanlu'im, in <////iiis /;"/v/>//'//V-/.s, ijiii est
un Ires bon et cnrieux livre, I 'attrilnu-nt a Theodore de BI-ZC;
jnais ce!a n'cst |)as : lo vi'ai anteui1 est tin ('<t,-i,(m> / t<n(n:ius,
des poemes dufjuel on trinivt' un \n-\\i rcriicil (|ii»\j'ai ceans ;
c'est le meine noni de eelui a <jui le i^raiid Buchanan a duiliti
son Fi'Qiictsc'jini.s , cf fi'ufi'as fi'tito'i'iun.
Nous attendons ici des nuuvelles dc [*avie; niais on dit
(jii'elles lie seruiit \r~\- a notrf avunta^e. D.-s An^lnis et dt; la
tlottt; d'Espa^ne dans lAnici'ltiut' septt-ntrictnah! , il n'y a en-
core rien de cei'tain. On dit <pie le r»>i d<>;t aujunrd'hui aller
a la Forte, y revoir la rein,-, jmnr si; n^jtiuir de M-S nou-
velles eonqueles avec elle, ct entrr autres des prises de
Co'.ide et de Sainl-Gnilain ; que dc la il ira a C.onipie^ne , on
le ducde Mantone se rejidra, et ou Ton (era de belles come
dies. Ledesordre est grand en PoSoiine, oit tiois piovinces .-e
sont revoltees , et le roi do Snt-de y esl eiHre avec .");), GOO lioni-
nics : /oto a 't'L' it Mart //;/////(s iii-lii.'. Je von> baise inillo loi;
les mains, et suis de tonte mon aine , monsienr, votrc, etc
De Paris, lo :JO :ioul ltio;>.
\. KIT UK CCCCXXXVII. -
Je vons ai ecrit dn .'><> d'aont , avee trois Icttns pour
MM, I1 ...... d — et h Nous avons ici nn de noseolleune-s
inalade, savoir, .M. Allain. I'/ot rc.spii! lfp!u> doux qui s-iit
a Paris dan.s le corps ie piii> atrabdaiie. II ;e»emble a So-
crate; c-ar d s'est si utileinent appLque a la ph.losophie mo-
rale, (|ue de tout mauvais qn'i! .-toil nalnrelleincn! . ellc- 1 a
i'ait tout bon.
Je viens de voir une dame qui ctoit en travail d'enlant . que
5-2 LET I'll ES L»K oil I'ATIN
j ai fiiit saignci du bras droil , et laquelle. un quart d'beiiti:
apres, en in<i presence, ost heureusement accoucheo.
La sage femine, que je conriois il y a longtemps , m'a ra-
conlequo. dans la rue Montorgueil , elle avoit aeooucbe de-
puis irois jours la fern me d'un boulangerde petits pains, d'un
onfantqui ii avoit nulle marquo desexeet quietoitloutuni;ce
quo jo no comprendspas . puisque, selou M. Kiolan, le firtus
fait son pan par IP canal dp la vessio. Los ypnx ptoiont Ir>r-
ines et converts d'unft pean : il n'avoil point dp IIP/,, mais
seiileinent un petit trou au milieu du visage, pt nne conn:
au front, t; rosso ot longue conime !e ponco. II novprnt que
deux hoiires (I . Si cola so communique dans Paris, voila dc
(jiiot I a ire parlor ceux ipii SP molont do pronostiqiier sur I't-s
prodiges.
Lebonhomnie Gassendi traino son inal ot sa vie tout en
senible: mais, a vous dire vrai , oV-st uno vie misorablp. II
ralo ipiehjuofois, il no crache guoro bion . il a toujours la
tiovreet un niochant llux de venire, fort onnonii des maladies
du pounion. 11 e>l visile do quantitc d'honnotos gens , et
v nti'o autros do plusieurs medecins. Comniej'en sortois, j'ai
ti'ouve }\. 1'ablx'' liuiirdelot (-2), qni marelie en tros rf'voron-
dissimo pi'flat , Brands et longs liabits a longue queue, dans
tin bon carrosse , suivi do trois estaftiers qui out bonne mine.
La satire de.> mille \ersdo Tan Hi.'W, on parlant du pero Jo-
seph, capueiu . disoit outre autros clm^os de ee nioine :
l\t.'piiesentt'/-vons la memo cliose dos laquais el aulres olii-
ciers de la basse-cour de \l. 1 abbe liourdolot.
\ I n ;',r;iiiil noiiil-i c i!( in()iislnu»*ile> aualojvtii'.- d de* t-i'ail- !<•»
|,lus l)i/.arit'- di' l;i unltnc osil (•!<• i ;i-<1'nil>K'>s d;in-< 1111 oiivr;i»p iinporlaiit
dr M. Isid (u-ollroy Siiin'-llil.'urc . av.-inl pour lilrr : II into re ij em-rale
('/ parlictilierc '/es a^oinnl'i'.a de {'organisation rlicz I'linmnif <•! lex an -
,n(i>, . i- . l'ari>, is:!i ISiti!. ;] \..l. in-S" ct alia-. It. I .
2 \<jjc/. la iioi- 'iii i •• in. <l> cm alil'c I. I. pa^e ">1)5.
\ FALCONET. 53
J'ai appris la querelle que Meyssonier fail a votre college.
Je m'etonne tort tie qnoi il s'est avise, de faire parler de inc.i
par son avoeat; ]e n'ai nulle intelligence aver lui . et menu-,
no souhaitant pas son commerce, je n'ai point repondu ii SPS
deux dernieres lettres, vu qn'il me demandoit nne chose qm
n'etoit ni raisonnable ni possible, qui est tout le eonlrairede
ce (ju'on doit demander a un ami . an dire d'Arislnte. Je me
suis toute ma vie tenu au parti oil j'ai vu la justice, la verite
et la raison. II me semble que le votre est tie cette nature.
M. Cbit'flet, medecinde 1'arcliidnc, qui ecrivit il y a deux
ans contre la poudre febrifuge ou quinquina des jesuites .
ayant appris qu'a Home on avoit faitun petit livret pour cette
poudre contre son livre, il y a fait une reponse que Ton im
prime de deca (1).
>I. le nonce me demanda , ces jours passes, sije vondrois
aller a Bologne pour y etre professeur in jirimo loco, aver
deux milleecus de gages, et apparence d'en gagner autant en
prat'u|ue. Je 1'ai hnmblement rernerciede 1'honneur qn'il jne
faisoit; mais ni 1'ambition ni 1'envie de devenir riclie ne me
feront pas quitter Paris. II y a cinq ans que je refusal d'aller
en Suede a de beaucoup meiileures conditions. Je suis gueri
de la pereyrinonianie et de la philfirgyric . ou pkit»')t je n'en .11
jamais ete malade. Je suis . etc.
He Paris, le 21 septembrc Ki.'i.'i.
LKTTKK CCCCXXXVHI. - .\n inhnf.
Je vous remercie de vos deux dernieres. d contesse vous
avoir de tres etroites obligations. Vous eti-s un ami admirable
et tres obligeant. Mes ent'anls ineme snnl ti'rs obligt's de \<MIS
honorer par le soinque vous a vex d ftix. J'espt-reijueCanjlus.
in on second, ira lui-meme vous renit-rcit-r pour lui et s^n
frere aine.
•'I; L'OII\I;I;;I' dr .Ir.m ('Jiilllft ;i pom li'ic I'tilf's }'el>ri'ft"j'is nrljis
ninericani, ouvrayo tic pen do vnlcur ; in-i . J.cum.. l(».'n. \"oyr7 l.i
note I. II, p. 112. It. P:
54 LETTi'E.s DE r,n PATIM
Dans le convent de la Visitation , h Lyon , il y a une demoi-
selle, fille do 31. de Riant, awseiller d'Etat. Sa more est
niece de M. do Narbonne , et s'appelle Marie dcs Prez. Cette
belle roligienst:, <|ni nest pas encore professe, est conside-
rable pour sa naissance, entre autres belles qualites qu'elle
possede , elant descendue dc notre grand Fernel, <jiii a ete
vraiment nn incomparable im-decm. 11 laissa deux filles,
dont Fainee Cut mariee a M. Ijarjot, ])rf\sident an grand eon-
ceil i-t niaiti'f! dfs requetes. diupiel est deseendu anjourd'hui
M. (rAiin'Hiil . inaili1!' d hotel de chr/ le roi. Auiien.il est une
te> re de 12, (MO livres de rente en notre pays de Picardie ,
pi'es de Reaiivais, a deux lictics de inon pays natal. L'anlre
fill'.' fie Fcrnel t'ul nuM'ii'e a M. (lilies de Hianl , president an
movtiei, ijiii inourut Tan I5i';7. Kile s'appeloit Madeleine
Fern el , et inuiirut Ian I(j'c2, au tnois de mars, agee do
quatre-vini't-(juatoi'zo ans , >•? (/."nrm/to /•ir/n/'t/ni bencdicelvr.
J'ai ui'ai d regret quo jc n'ai clt'1 auirefois lout expres a Ville-
rai , an IVirhr . oil olle esl inorte, pour avoir I'lionneur de la
voir et (if lui i>ai>cr l«'s mains. On nous fait bien baiser des
I'olitjues qui nc vaieiil \-.\\- ce! K'-la. Si inen que volre belle reli-
^ieuse " piMit Viinler d eire di.'sf'endue du |»lus grand bomnie
en1 i'Yte d,ii:.-; notre ])i'i)!'e^sioil ilepnis liaiien , puistjuo le
• ; . id ir,'i'i;e| r -t -oil h'i^a'lell ! ,le Slli.S , elf:.
Dr iv.ii*. !•• •!•': -« •.;> hi'- iv ID. :>.
La i!i;.J;i!iie iji;e \ ;H:-- a vt1/. pri-. ia peine de nit1 dd Tire I lent
,'HKlqnt1 c'no.-e f'e !a gun!!". ,ie eominis ee m.ilade. rpii e>t
• ro;np!exi"U driirale S >n pere . qui avoit les eheveux,
i ion's . muiirnt dun c.il.ii'i lie M:T le poiimtii: . et >.! mere (I line
i::ll;i!ii ; iti< ' !:•• pi-miKni- ('.Y'ldit i.i ieiniiie l.i plio chagrin.1
• i , ,1 I,; liuie , it ile pills eiie ctu'.l ii «:1 l uiiN.-e .
(I; , \\ ( ~.\ cuii>l,!i,i que i iiiii iniitiaticii de ptiumnii csi toujuur -
ni'trt'-lie ai;x \n\^^ tu\ l-'eii .''I. de I t \ igm'. uu de IK»> \\\-'
rleeins de la Fa-'uih''. .-loit I'ort roii^sean : je le lis u,i jour a[»-
A FALCONET. .Vi
peler en consulte die/. 1111 secretaire du roi , nomine Collier.
qui avoit soixante-quinze ans, et qni eloit aussi roussean. et
maladed'une inllaminatioii de pounion; ce qui fit <pie je pre
dis qu'elle lui seroit mortelle. M. <le la Yigne medemanda on
j'avois appris de pronosliquer des rousseaux. Je lui ivpondis
<pie je 1'avois remarque loujours tres vrai , outre <|ue je 1'avois
oni dire a M. Nicolas Pie.tre, <|ui 1'avoit appris de son l'ivie .
Ie grand Simon Pietre, elque la raison de cela etoit que les
ruusseanx abondent en serosite acre et mali^ne. II meditqu il
1'avoit toujours remarque de ineine. Je 1'ai deptiis In dans les
Efihemerides de Baillou ( I j.
Nous avons iei un ile nosconipaynonsltien maiade. <pii f>l
M. Allain, savant et habile Iminnie. el un aiitre nunnn'1
M. Chasles. Celni-ci a totijoni's aiine ie li:»n vin et en bolt en
qnanlite', ce <|ui retardera sa convalescence; 1'uuhv < ^t I'urt
sobre, niais bien plus vieux,et vons save/ ijiie la vieilles^ecsi
une nialadie inciirable. Us smit tons denx I'nrl savanl>. !. '.
saisou ou nous siiinines ine fait jn'iir pour n:\ I. antoinne est
aj'i])t;le par Teriullieii ie f'/nftifc/'r <i<- In ?.•////,•.
II est inort un dorteur en tlieoioyie, nonnne Coquerav, en
prande reputation. II i.-toit principal <!'.: college des Grassins,
directeur ile carinelites par totite la France, ^rand conl'es-
seur des ivliyieusi.-s , et de tou> les ilt'-iiaiK'b.'.s de Par:-, et de la
eonr. On (lit ipi'il est niprt a Marseille , on i! /•( .it alle dans
une belle litiere aux depous des cannelitesel dn pnr^atoiiv.
roiifesser qnclquc inoine>se et refornuM' quelque eiuiveut C,e(
bomme di'Voit avoir IMialeine Ires puante: e;ir liicii dc> ji.'--
rbc< secrets lui eloit -i it etonHes cl ponrris dans sun oli'inae •
iM'lnes tins I'aeloient nil j-'^jiifi- niiiiui'v Je siii> . ric
\ I.,: iTin.ti ••;•!.• |i- .ili.j'.-. <!(• I ,!M Palin rif lii.iiiijiic \> i- <io jn»lf-"»- .
il nVn «-i ,,;,- ,].< HUM ..... 1,^ la raii-o. i... u-riliiMr .«•><! qur !<•- |>,-r
-<»inn'S rt>u--i'« Hi.; ic- n:f jiii'i'.'i;,! • niiiij,i: i>^ - in'-. ioi;?f-. (luiu'c.
'Vniic ;',i;ititif \it.iiilr. f' par ••(i;i-i'-t|!ifiil -;ij.-lit-- .1 ,l<* \;<',\ nmi;.v, inr-i
ire', inlcii'-c-. 1\. I1
LETTKK (XCCXL I// mnm.
Co mot iTest quo pour votis remercier de votre deruie.re,
ot do la belle connoissance quo vous m'avez donuee de M. le
comte do Rein'1, qui a pris la peine de ra'apporter lui-memc
vofro letlre. et de la m'emmena chez lui , oil je diuai aver
M. I'archeveque de Narbonne , M. (iodeau, eveqiie do Ya
lence, 31 do Lingeiulv, evrque do Miicon , M. I'evequo d'Aire ,
et quelques abbes; im'is y a\ons bu a votro santo, et y boi
runs eucofo . Dion a.daiH. Voyo/combien je vous ai d'olili.^;;-
tion. II faut quo je vous t'asse le oornplinioiit do Virgile :
7 it I h nra joi'i Uigur
•I*1 comioissois bion cos deux premiers evoques . ol lo bou
vin do Condri(-u. do M. do .\arboune. no sorvit qu'a HOIK.
ivmettre "ii train.
.1 ospere quo vous Irouvere/ buau le livre tie M. Hiolan , on
attendant qu il en vienne d'antres quo je vous puisse euvoyci1.
Si M. Harbier n entrepreml I'edilioii do la philosophic d'1
I\i. Gasseudi, jc tacherai tie iahe en MM le que. M cost quelque
(ibi-aire ne l,\o!i . ii en iuij-riiiic pour sa par! queiques (Mini"-
k'iiisfjiir I 'on ooi!i!i"';ice I V'dii mil du li\ re do M . l\i\'ioro. laites
on ^orte qu'elle MM! bien corroc'o. N'oiis avo/ maiiitonant a
I, yon M . Sauvagooii , qui est bion propro a oela. On no parle
ici (jue dn diie dc Modono et do la HCOSM' guerre tpio nous
lo.i'ous l;-!i' procbaiii en Ilalie; inais le roi do Sued*; >o i'ait
bieu oraitidie en Pologno, et me! tonic I Aileina^ne en line
etrangi1 apprebeii^ion pour lo prmieiiq^ piodiain.
Appreiti /-inoi qui est It1 uiodt'cin du convent ties lilies de la
^ isita'ion a !.\cn , el apres je vous mandorai pounpioi c est.
Faites-nioj I;. ^i;'fO d 'a>sill'f'i' ^i. Colin quo je MIIS soil tve.s
hu it') bio -cr\ liciir : M j'enssc ^u son depart d'ioi . je voiis eiisso
\ K.M».0.\K1.
T'Tlt alol'S. I ii'f . I'uli , li'tiui >'.! mtnim in/itni/crti r<'tt<iiini .
tuflioribus titffi' fat is. Jesuis. etc.
Po I'ari- . !'• 24 decembre HKiiS.
LKTTHKCCCOXIJ
Je viens df coiisidler aver M. Moreau pour une da mo
lorraine <|iii a eu trois t'ois la peste. el qui ressent des douletirs
;i tons k-s cliangeincnts de temps aux endroits oil elle a eu
df.s chai'bons el des abces peslilents. Nous l'a\t)ns renvoyee
a la saijjnei: , a la IVequonte purgation, an petit-lait, an bain
dean tH'iie. an lait d'ane>M>, el a un exact regime de vivre
(jni la rat'raicliisse «'l riininecte , ear elle est toute de sou f re.
tort seelie el preMjiie lieciiijiie. A propos de reniedes , j ui vu
mi capitaine ijni a ele en Alleinagiie . qui m'a furl Unie les
pilules de Franelort. Je lui ai dil (|iie je les eonnoissois eunjine
nri reinede tort usile en Alleinagne . mais <|iie nous ne IHU!>
en M-r\ions gnere a Paris , pa ire <|nYtant laites d'aloes. files
donnent le> lieniorrlioides . auxtjtielles nos bourgeois ne soul
ijne trop siijels par lenr iuteuiperie l>ilieiise et leurs de-
bauelies Obligez-nioi de m indiquer ipielque autenr qni 1»^
ail bien decrites (l); ju ne les trouve point dans ines livres .
p.ts ineme dans le Scliroderus, qui en a lait le (in, et ne lesosc
deerire de |ieur de les rendre e(iniiniines. 1','est line elio.-e
pitovable. de \oir coininent le peiiple abu>edes reniedes. l.e^
prnpiieles speeili(|iles . coinine e«'lle d'.i liarelig eontie la
g'Hitte. .-out (ies brides a veanx el ties illn^idiis d'einpiriqneN.
M. Uiolan »^t I'oit vieux. i\I. K. Moi'ean se porte mieux, tout
ea>se ijii il (•>,(. I. cnr inort et noire vie Mint entre les mains <l:i
grand Maitre. (|ni en disposer;! eomnie il vondi'a.
1 \oyc/ Jutirdan . Pfmrmacuiiee uti rri-selii . on <'<nt*i>ec.tiix d-
touii-s lenpi'ttnnai-o]),'-?* , l'ari> , 1810. t. I . p. i:i7. 1{. |'.;,
?>A I.ETTRES DE liUI 1'ATIN
II n'y a pas longfemps qu'on mo fit voir ici 1111 Auvergnat
mahulc, lequel (Hoit soupconne de ladrerie ; peut-etre que
sa farnille en avoit quelqne renom , car pour sa personne il
n'y CM) avoit anemic marque. (A;! a me fit souvenir de quelques
families de Paris qui en sont sonpcoiinees : mais actuelle-
inent nous ne voyons iei ancuii lad re, si ce n'est a regard de
1' esprit on lie la bourse. Autrelois il y avoit nn iiopital dedie
pour les recevoir an faubourg Saint-Denis. On n'en voit an
rim ni en Norman-lie , ni »'ii Picardie , ni en Champagne .
quoique dans toutes ct's provinces il y ait des maisons <]ui
lent1 I'toient destinees. et qui sont converties en hopitaux de
pe?t''s. Autrpf'ois on prenoit pour ladres d/vs veroles , que
rifrinM-ance des rn<''decins et la barbarie du sit-ele faisoienl
prendre pour (els. Neanrnoins il y a encoi-edes ladresen Pro
v riirt', en Languodoceien I'oitou.
M. le Gagneur, notre meilecin . e.st bicn laclie d avoir >uivi
le princi1 de ("onli, aup: c> duipicl K. I5rlli'\ a! lui rend de m;m-
vnis olfiees. L;: cour r>t mu' belie putain ipii doime bi( n sou •-
»''iit •! >.es amoui'i u\ dr> ca>sades ct de b;'ile-> espi'-rancev
I'oiir moi , j'aiine mieux mes livrt-s, <pii I'onl ma tranquillity
plus sure, etqui I'eronl pcut-etre cell*1 de mes enfants. II e-»
vrai que je n'en serai pas plusriebe; mais asnsi j en aurai
rnoins d'in(|iiietude. Pibrac tinit ses (juatrains avec ce vcrs <pn
finira anssi nia lettre :
Jc sui1-. , etc.
Do I'iin-.. li- -2-2 f.Mi-i.-r !<Ml).
I.KTTI'iK CCCCXIJI. I// :»<'»"•
P lii: !-•;>. iiidiv a \oli'e drniiei'i1, iiuc M. l-ancin-nu m'a ron
par son propre un-rite et p;ir Irs obligations i|ue je vous ai en
tres grand nonibre, dont jo me ressouviens tres bien, II ne
fera iei guero de remede> , faille de loisir; j'espere que si pen
quo nous lui en ferons, le Hisposera fort a rorevoir, par v<>-.
bons eonseils, la perfection de .si guorison. II so purge qnel-
(jiictois et use (hi dciui- hain , niais raivrneiil , f'autr. dr loisir ;
d a iri d'anti't's aliairt-s ijui It- pivssent. Je suis tout ravi (pie
vous aimiex taut notre Feme! ; cet lionnne est tin di- ines
saints avec (ialirn el feu ^1. Pirlre. ,1'ai (lit ;i niadaine de
Kiant , la mere de vofre belle reiigieuse . <|iie je tiendrois a
plus grande gloire d't'-tre deseeudu de Fernel tpie d'etre roi
d'Kros^e, on paivnt d" 1'empereur de Constantinople. Kernel
a ele lion , sago et vavant , ct-ft'in>/iii' imsfrinn />''m; sejitillfim in
luri'in , nc flictiui ml ci//nn i-'-rnrnrlt. .lainais prince ne fit taut
de bien an monde ((lie Kernel en a fait. ObligPZ-moi de dire
a votre belle religiense quo je me recomniande a ses bonnes
prieres. Si jarnais inon tils va a Lyon . il ne manquera pas de
vous aller saluer font le premier, et el|i> an<si.
N'y a-t-il pas inoyen di1 reeouvrer mi livre dn pere Theo-
phile Kayuaud , on an nioins savoir oil ii a eti'1 imprime. in-
titule : Jud(p [Hit/i-i'i , >•//•/' niiii<fntti> n /-I'/ir/xi-iis fiffffnibiia? Ce
livre est nn de ines souiiaits , et je n'en >aurois venir a bout.
La fabrique des lis d'or et d'argtMit est aeenueli.'-e . on n'en
fait plus; ee qui me fait eroire que I'edit en sera revoqin'v
Je vous rends graces dn quatrain de Nostradamus , je I'avois
vu. II taut prendre re qui vient , et se tt-nir ;i ee que I'on lien!;
ct pour n'elro pom! tronipe , il ne fan I fa ire aiicim etat drs
visions, dr> proiilit'-ties . des mira<'les c( des mysteres nou -
veaux. Nous en avuiis as^e/ dn temps pas\e : /•'•//./• ////> ///-
("if . etc. Je vous baise mille t'ois les main> . ft >uis, UKIII-
sienr. etc.
Do Paris, Ic -J'.) mars H\IW.
60 I M M«l-> I)K 1. 11 PAT IN
LETTKK CCCCXUII. — Au /mw».
II me, semble qnc c'est un sunge, quaiul je me souviens dn
voyage (jue vous avez fait a Paris; mais puisqu'il n'y a point
fie remede, il taut I'oublier. J'espere que cette bonne Ibrtnne
me reviendra quelquejour.
La reine de Suede if a pas etc it Paris autant qu'ellc ent de-
sire. Elle n'y a pres<pie rien vu. Neamnoins elle a eu de dcea
1'approbatioi) deceux qni out en riionneur d'approcher d'elle.
Elle a 1'esprit tort pen-ant el tori present. Elle n'est ni bete
iii bigote. Elle n'aiine ni lennm's ni lillrs. Elleentend bien !•'
latin, et en sail pins quo beaucoup de yens qni en font pro-
fession. Je sais de bonne part qu'a vingt-trois ans elle savoit
tout le Martial par co'iir. On dit qu'elle fail grand elat d-
Catnlle, de St'iie(|ne le tragiip.ie, mais encore plus de Ln •
rain, .le serois Ibri de son avis. Fen M. (irotius ctoit extreme-
ment passiomie pom1 c,ci autenr. II en avoit toujours nn dans
sa poclie, qu'il baisoit plnsienrs Ibis le jour. Pour Seneqne U*
tragique, c'r^l nn admirable eciivain. II esl beau partont
pour bien du moiide. II y a in //•</>"/>' nn ciiirur (jiii euin-
mence : 1 crum cxI , mi tiinidus j<ii»/l<i ilct'cfii1 , I iitbrut co/'/m-
/v'A//,s riri'i-c con'lif/s. Si N'ous le lise/., vons tronvere/ cpiecC-t
la religion de plusienrs persoimes d'aujourd htii , entre anti'*-.
des princes , des grands , des magistrals, do superieurs di1
religion, meme de ipieltplt'S niedccins el iiliilosopbes. II cs|
probable, dit Ciceron , qnect-nx <|tii s';ippliipienl a la philo-
soplne ne eroient pas <pf d \ ail des dienx. II y en a encore
[(Insieui'N anti'e- . mais il n'est pas neeessaire d en I'aire la
lisle Les esprits t'-veillt'S , It-Is ipie celui de la reine de Sut'di' ,
ail lien I de telles poinleset de ces snbtilite's ijiii passent le coin-
m"ii. Poursa conversion proc'iirce par les jesuites, y ne sais
<|U t'li dire. Ken moil pt-re in a appris qne le gros M. du Maim1,
ciiff di1 la Ligne , <li>oit qne Ics priiici'^ n'avoient point dc iv-
FALCONET.
ligion , i|u 'up res avuir pa^e I age de ipiarante ans , quaiitl ils
deviennent vien\ :
..... CUHl ntlllllHI IKlb
.)/n/> iiitlaii* uiiijnra f'tial ;
loisipi'ils deviennent sages , on ilu nioins |orsi|u'ils le de-
\ioient el iv. Qnand je considere le chemin i|iie eette reine a
lait depnis deux iins. sans celui <ju Vile lera , jf me souviens
ilu conte d'uii rt'Tla'm Italit-n (|iii T-loil inaladc sic In in'n--
i/t'iiiimiiiiiic, on inalit'lie ile voya^ci1. I'ainiliere aux Allcmands.
II \int a (ifiit've, el ayant vu coiiinifiit vivoient U-s ininistre.s,
intfiToj;*' (I c ux cf tju'il pensoii df Icnr religion . il lour re. -
pondit '. /://' n i'sf /my nitnn'iiisc , nun* In nofri' pat jj/ns cunt-
,/Kit/i i»,iir ul/i-r /in/- li-n i»ii^ Ainsi , dans le dessein (ju elle a
cii dc voyager en diH'erents pays, elle a pu prendre 1 avis dc
ret Italien, et sans doute elle ne (xnivoit pas aisement voir
Koine, le pape el tant de papillons <|ii'il y a, sans se travestir
fomme file a tail, soil ipi'elle I'ait tail seriensernent , on
non 1).
Pour .M. Honrdelot , son medecin il s'appt'lle. Miclion en
MIII sni'iioin, et 1'a change par ordic lestamentaire d'nn sien
nude (|iii Ini laissa line hflle hihliotheipie qni valoit hien
linil inille t'ranes. II vent qn'on It; eroie savant , dn nioins
est-il adroit et propre a la conr. II est tilsd'un rliirnrgien de
Sens et a ete garron apothicairo. II a untrefois voyage rn
Italie, pnis s'esl fait medeein. IVit aj)res il s aecosta de (iue-
nant . ((ni le init aii|>res dn prince de (londe. Knlin , apres «nie
j'ens refuse , il y a pins de six ans , d'aller en Snede , leu
.M.Saninaise voyant qne j'avois trop dt> penr dn IVoid de i'e
pays la . y iiomma Hourdelot . ipu a garni >es mains
< In tient ie i ijue le cardinal de Hot/ esl en la Kranohe (Joint--
,1 (<o jti{',i'in«Mi( *ui (JirUlim- ji.ii nn ronleiuporain au>-i spirilm-l
«juf (jui I'atin proiMe t|iu- cctlf reiuc . lidelt- a sa <l«'vi»f. fntn riain ,n-
• •: f-lll II , IX, III I |i II ill* llXC III (lilll- I'l'split. hi «1ailS II'- .lllli lllMI- III
t>;2 LKT1KKS DK (.11 1'ATIV
•til <|u'i! vent meltre son arelieveche de Paris a I'iriterdit et
exeoinnnmier bien dn monde. I! nons a dcja Tail manger de
la viande tout 1111 rareme sans oUt-nscr Dim ; pent-etro ([lit:
par ci-apres il nous exemptera d'aller a la messe. Pour ['ex-
communication , c'esf nne commodite |)oni' (juelqncs mis ;
car (in dit qif un hoinmr cxrouiinunii' IK- pent pas (Hro novi'1,
paicc qu'il nc va jainais a fond. Laisson> Ics railleries et
'm'aimez toujours seriensernenl cointnc jt.- von-» ainn'. Adieu.
Do l'ari««, !«• 0 (ictolnv !<>.'»< i.
LKTTRK CCCCXLIV. — U »//«»..•.
Jc vous ecris ce mot, i)ien afllig<' : la nnut, cctte rnuille
deessc dn rnonde, IHHH a ravi oetlesemaine denx de DOS doc-
dans la conduite. II y avail tin i:ira<jo dan.-« cello loniiuo orgiioiHeii'-e,
\ioicnto \o>oz t. II, p. :!-')o , et bt-aucoup Iroji \aiitec.
A v;i j'i|ic I'oiirtc (I Ic^rtc .
A MID |ioiii jiniiit , ;i -iini (-i)lk-: .
\u rli:i])onn y.irtii d i n ii'ini.i'i
An rnlian jxiin rni.1 <ji;i ppnilai!
1 r pnr ilr-. ;\nl <-t p;\i ilrnii-n- ;
A sa mine •.•alanfo ct firrc .
D'amazoni! <•( d'avculnrii-re;
A CT uc'7. ilc ciMisnl rom.iiii.
A cc front a!li<'r il'lici IM:I;- .
A re f^ranil ceil tcixlic cl liaiitiiin ,
M'i:ns l)r:in tjnc lc v Til re c-l inoins (in ,
Soiulain je reeonnns (.lirisliup. l-/c. Voltain.-. ;
Madame de Molteville nous point ainsi Yumuzone sucdo/S:' aimant a
Conipiegne « avec sa pcrnnpie dofrisi'e, sa chemise (Dionum- , sa iaillo
un pen bossne , ses mains assez Lion failes. mais si crasseibes (jif il clail
impossible d\\ apercexoir gin'mu- beaule. » !l l.uil a\oner tpio ]0
portrait n'osl pas flalte. [» |>
A FU.OONKl. 03.
teui's , qui out etc d'oxcellonts lionunes, dont I an est le lion
M. K. Moroau le | ere, liomme d'honneur et de grand merite,
(|ui est mort do vie illfsse ct do troj) de travail, aye desoixante-
dou/.f ans , lc 1? dc cf mois; son immoderation ii lY'tiide la
la it [laroitiv vicux avant If temps : iiitnmilii-ix />/VT/N i-sf ii'tu*
rf r/H-a seiu'cttts. L'autro est .M. (iiiillfinoau, qui est mort ajje
lie soixantf -huit ans , If -21 d'octobro, mm-ron- /ii-nr i.-nnfn-
tns (l). II y a deux mois <|ifil s»- mil an lit; il y a cinqnaiite
jours qu'il ne dormoit prfsfjiif point . ft vingt jours (ju'il ne
buvoit point, par nne elrange aversion (ju'il a true (-outre
toute matiere iiotuti-nff , ft mt-me il avoil tie 1'ljorreur pour
toute sorte d'aliment , n'ayant j»r:s ipif dcs bouillons , ft en-
core rarement , ce <jui etoil trop pen pour If i'aire subsister ,
si bien <pie je pourrois voiis dire dn cotf dcs aliments ([u'il
n'u pas pi'is , i\\\u ftm'abnlm'jt minimm sumn. 11 avoit , dfpnis
Tan l(')3'2 ipic j avois riionneur de le connoitr.- ft <jue nous
avions ele compaiinons de licence, jele souvent du pus du
nifsentfre, el je ne doute pas <[ifil n'y cut la quclquc chose
conire nature; de plus, il avoit de grandes douleurs hemor-
rlioidales et des douleurs a la vessitr. , ee <|iii nous avoit la it
souvent sotipvonner qu'il n'eut la pierre. Avee loutcela, il a
1'ait lui-meme de sa tele et sans not re participation un qin pro
quo , il y a fii\ii'on dix-huit jours, qni la tail inourir. (>es
deux liomnif> soul morts a (juatnr jours pivs 1 1111 dc 1'auirL-,
ft ils sont t.'ntf rn'-s Ions deux dan> Saint-Jean , asx-/ prcs
I'un de I'autre , atipres du grand Simon I'ieti'f, <pn inourut
ici 1'au 1(')IS. Voila nion aflliclion . vous voyr/, bien qu'flle
u'est pas sans causje ; j'y pertls deux bons amis, notrc liu-ulh!
v pei'd deux boiis et excellenls s/'/y/'i/x. .Me voila done attriste
pour deux diflerentes raisons ; je s.iis bien qu'il faudra .M;
cuiisoler , ct qne If temps yiifril tout : mais je ne desire point
ill. meilleure consolation (|iie vos bonnes Braces, et de savoir
64 i.ETiKKs DK ta;i
(jut1 vous me t'aites Ibomieiir de m'aimer: sove/ aussi assure
que je suis de lout inon eteiir, votre. etc.
!)<• Paris . It* -2i nc'nhrr Ki.'Sfi.
LKTTKK CaTAIA. \» mhnt?.
J'ai recu avec prande join votre lettre , i|ui in 'appreii •! <pie
le jenne, Lemaitre est <,Mieri ; il vous a bien de rohli^aliou. il
lui taut (In temps pour son retablissemfinl . car il est natnrel-
lement foible et dt'licat , m- raxr l",i:fttr<t' . .-t prinnpaloment
(>n cetle saisou. Vous lu'avex. t'ifc fort a propos un l»eau disti-
i|iie : ijui rii'i'! in fnlilx . clc. ; mais. de^race. save/-vous qui
en est lc vrai auteur? I.ouis Duret Irs a cites sur l.i pratiipii:
de Hollier. .le suis de voti'e. avis a I'eiiard des roiisscaux ; jc
n'eu ai janiais coiinu dout ]c, u aie eu enviede me deliei'. On
dit (|ue Judas 1'etoit ; pour moi , jc crois ipi'il ctoit pis tjue
rousseau ; puisipi'il veudit son maitre <|iii i-tuit si him. il I'alloil
(ju'il eut li! (liable an corps. }\. Spoil vous potirra dire (|iit'l
(jue chose des scribes ct des pharisieus, ipie j ai mis (lal)^ s;t
lettre; il y a dc <pioi en rire, <'t xi In nc (<• nnri , vous en rirex 1 i.
II vous (lira aussi ce ipii en est de .M. liasscii<li. 1'our votrc
Consultation, je peuse avec VOIIN i)ue c est un anevrysme;
mais pounjuoi me souhaiter la pour \ r-trc president ? .le me
tiendrois beureux d y etre ;i vos coti^: priit-(Mre ipu^ ipielqiie
jour nous nous rencontrerous.
Nolr»! jjauvre dorliMir. M. (-basics, sen va . il u'en pern
[)lus: il a trop etc an cabaret; il n'a ipje o'mmumtfi-sept an-
M. Allain est un paralytiipie coulisi|ue. ijiii nc sauroit jiasser
1'biver, //' (lii-x iimrci'vit ; il mourra tout (abide et bectimie; il
a environ soi\aiitc-cini| ans , ct paroit en avoir plus de
soixante-dix. Le roi a etc malade; mais, ^race ;i Dieu, il >>c
porte niieiix. Valol avoit encoiiru la disgrace p'lierale tie
i \ '(»>.-/. tunic II , p. I>I:L
\ I-1 \ir.0 NET. <>,')
la rour, et meme ilu roi el de la rein*1; inais it- Ma/.arin
I'a mainlenu par raison d'Klat et la sienne particulierp. I. a
reine avoit mande notre (iuenaul ( <(ui est tine mechanle
peste antimonialt\ ; inais des le lendemain qm- le Ma/ariii
Cut arrive do la fete a Fontainebleau , on le renvoya de deca.
II n'est pas bien a la cour, tant ii raison du prince deConde,
dii(|iiel et de feu son pere il est creature , qu'a raison de 1'an-
liinoine; joint que c'est tin dangereux homme. auquel on au-
I'oit peine de se Her. II n'y a qne trop de medecins a la cour.
Valot el la Chamhre , Sequin el Ksprit . Vvelin et Hodineau
L'usa^e des eanx minerales etoit fonde snr la polil'ujne de la
cour et du temps. I'ersonne no sail iei fort bien la qualite du
nial du roi; (iuenaut iiKMne n'en Cut pas d'a.-coi'd aver Valol.
tiitli' / /'it' ct I iifi'i/iiui'.
Le pauvre roi de Cologne est mine, et presque depouillc :
Ir roi de Suede en est le inaitre, il tient Varsovie el (Iraeovie.
Le pape a envoye an roi de Pologne 400,000 ecus ; inais on
dil <|ue la France est ({'intelligence aver le roi de Suede , et
qu'il n'est point sorti de Stockholm <pi'apres en avoir louche
I CO. 0(K) ecus: voila des cartes bien bronillees pour 1'ete j>ro
chain. Le pape demande la ]>aix des deux coiironues, et dit
ipie le roi d'Kspagne, lui en laisse plein pouvoir. Le nonce
presse qu'on lui fasse repoiise; inais quelque chose qu'ou lui
reponde, je pense (pie reux de deca ne veulent point la paix,
el iju'ils diseiit coninie ce vieux liqueur, /mr In </n/-/'/-i- nuns
r it'iif /c ir/'ilil <•/ /i' /i/i'/i.
Notre bonhomine, M. (lassendi, t'st moil lediiiianche -2-i oc-
tohre, a trois heures apres tnidi , a^t'de soixante-cinq ans (I
N'oila une ^rande peile pour la ivpubliquodes boiines leltres;
j'aimerois inieux (pie dix cardinaux de Home fussent morls.
il n'y auroit point tant de perte jiour le public: au contraire,
le pape y tjagneroit , car il I'cveudroil leurs honnets vacauls
a d'autres, <|ui out bien envie de fa ire fortune a rejrii-la.
0(j I.ETTKF.S I)K M'l PATIN
Jo verrai M. le oomte de Kebe , puisque voiis le sonhaite/.
Je suis, etc.
DC Paris. l(> 1" iiovombrt1 1<>,H(>.
mTKK CCCCXLVl.
Notre comnmn ami, M. U. Moreau, inourut ici le 17 oelo-
bre (i). Nous apprimes celte mauvaise nouvelle le lendemain
a la messe solennelle que nous faisons eelebrer en nos eeoles
le jour de Saint-Luc, oil nous etions qualre-vingt-six mede-
c.ins. II Cut enterro dans Saint-Jean-en-Greve en belle coin-
pagnie. Nous etions plus de trente robes rouges pour lionorer
sa pomj)e Cunebi'e. II Cut mis proche du lieu ou a ete enterre.
Tan Hi! 8,un de nos grands hommes (jui aient jamais ete, de-
puis (Jalien, en notre profession, savoir, M. Simon Pietre,
(jui avoit ete le Mecenas de 3J. Moreau ledet'unt. 11 est t'ort re-
grette de tons les honnetes gens de sa coimoissance , et parti-
eulierement de notre Kaculte. Je eroisbien qu'il y a quelques
grimaudsde la nation antimoniale qui ifont ni humanite ni
charite pour personne, qui ne sont point inarris de sa mort,
esperant par ce moyen tie Caire leur moisson un pen plus do-
ree; mais tels gens ne sont point eapables de Caire lionneui1 a
quelqu'un , ni meine du deshonneur.
M. (iuillemeau , un autre de nos i I lustres , apres avoir
longtemps combattu avec la mort, lui a en fin cede. 11 est mort
trois jours apres M. Moreau. Notre Faculte perd l)eaii('oup,
lant a 1'un qu'a 1'autre. Helas ! les mediants, les Courbes ct
les imposteurs publics ne meurent point, et ces honnetes
gens-la meurent! Neanmoins je n'v sais point de rernede , le
temps des autres viendra. Kn attendant , taehonsde vivre, el
dt! ne laisser pas inourir notre commerce de letti'(;s, non j)lns
(jiii1 notre amilie. La mort est bien aHainn1 el semble nepou-
I \\iyc/. I ;i note loine II. p.'ij',t'-> -2W> el -271.
A FALCONET. i;-
voir serassasier de medeeins (l).N'tHaiitpasconleiite de deux
excellenls homines, die en a pris un troisieme, (|ni etoit hou
ninlecin et bel esprit, inais grand ivrogne : c'est M. Charles
le Clerc, age de soixante-trei/e ans. (Vest beaucoup vivre
pour un liomme deregle. Si bien que voila trois de nos me-
dec'ins morts en moins de six jours. Voici encore une inort
(|ue j'ai a vous annoncer : c'est celle dn sienr Morin ,
professeur du roi en mathematiques. Si bien que le voila
inort an bout d un an, aussi bien <|iie M. (iassendi; niais ils
n'ont garde de se inordre 1'un I'autre, car 1'ini est a Saint-
Nicolas-des-Champs , el I'autre ii Saint-Etienne-du-Mont.
L'nn etoit bien sage, et 1'antre etoit fou et demi-enrage;
inais, (juoi qu'il en soil, c'est chose certaine qu'en I'anlre
nionde ils auront le ne/ fait 1'un conune I'autre, inalgre
toutes les mathematiques et toute la pretendue judiciaire
dt>s astrologues , dont Morin etoit coiffe. Pour M. (iassendi ,
il etoit liomme sage, savant et bon, ternpere et habile
liomme, en un inot un vrai epicurien mitige. Comme je lui
dis en sa derniere maladie qii'il n'en echapperoit point el
qu'il tlonnat ordre ii ses affaires, il leva gaiement la tete , ct
me dit ii 1'oreille ce beau vers d'nn poete qui valoit mieux
(jue Morin, et qui savoit mieux que lui de meilleures inathe-
maliijues :
Omnia prtfrepi , ulque animo menim ante inr<-yi.
Je suis toujours entierement a vous.
Dt- Paris, le 7 novrnilue Ki.'io.
LKTTIIK < m'AI.YI I.
LKTTI5K CCCCXI.MI. ,!// w/W.
J'ai parle a M. le cnmle de Hebe de la rt'ponse que j'avois
I'aite pour votre religieuse inenacee d'hydropisie ; il dit (ju'il
,1 (/clait s;ins tloutr pour so \«Mi(jor. I.e oelebro liurtlou Itil lr;i])pf
d'apoplexie dan* la unit du -2,} no\cml>rc 1770. .Madanu- Dudrl'taul .
(>S l.r.TTKES DK (.i'l I'M IN
la envovee a IAOII par I ordinaire. Pour ina dese.npiioii de la
roine dc Suede, je snis bien aist: qn'elle vims ail pin. On ilit
qn'el'e a passe Turin et Casal , etqu'elle s'eu va a Yeniso .
si rile n\ est doja. Je ne eonnois rien au dessein dc celte
prinecs.-e, ni quelle tin auront toutes ses aventures: inais je
pense qu'elle voyage d'esprit aussi bien que de corps. J'ap-
[irends <|ue Bonrdelot est a Paris, et qu'il fait Iliomme d'K-
lat; inais ce n'est qu'un fourbe qui n'en tronipera pas taut
qifil voiidroit; il v a id bcaucoup <le gt'ns qui leconnoissonl
Jtien , et plusieurs autres (|tii ne le coiinoissent pas pour ce
qu'il est. ( Votrc bun ami Lucain a dit quelque part : fit-oil^
ui:i:<>(lc (letsyue , /;'/ c.oli' felicf.'fi, nuxcnix /'"!/(.', c'esl on 1'on
delibere do la inort de Pom pee au liv. 8.) M. Bourdelot en
fait otat; c'est peut-etre a cause qu'il a fait fortune, et qn'il
est aujourd'hui abbe en recompense. 11 y a aussi bien des
gens qui ne voudroient passe tier a lui ; il a trait)'1 M. Ihipny,
garde de la bibliotheque du roi , qui fnt hier enterre.
J'ai recu les deux exemplaires du livre nouveau du jesuito:
c.'est le pere Theophile Rayriaud (non pas Haimond), qui a
merveilleusement ecrit. Mais je u'ai pas tout ce qa'il a fait ; il
esl 1'ami intime do M. (iuillemin, votre collogue. Je trouve
bien cber le 7'Jteuti'tnn ri/t," ltnin<in>r, j>ar L. Heyerlinck, i|iic
.M. lluguetan vient de pnblier; je ne saissi avec le temps il ne
rabaissera point. Obligez-moi seulement de lui dirt- qifil
ni'en lasso choisir im beau et bien conditionne , et (jii'il me
I'adresse; je lo paierai do deed dipii il voudra, on bien jt; Ini
enverrai 1'argent aLyon. Jo vous remercie des Institutions de
M. L. Hiviere, que vous voulez envoyer a mon filsaino: von^
nous faites trop de bien , et plus que je ne merite.
M. Moroau est mort le mardi !? d'octobre, a (piatre heures
du suir, el age do soi xante-i lou/e a us I . M. ('. tiillemeaii. le sa-
ildiii il oloil lo niedccin , dil iiiisHlot : « I, a inort lo rodoulnit Iclloinoni
tiu'ollo la >aisi pciulanl <|n'il donnail. » H. I'.
'. \ ()>«•/. la iHHo I. II. paj'.os -1(\\\ ol -271.
modi 21 d'octobiv , a qnalro liouros trois quarts du matin , age
do soixanle-buit ans (1;. Kt le londemain dimanolie -2-2 d'<> •-
tobre, a quatre lieuresdu soir, monrnl d'tino apoplexie M. liv
Glen:, (jui ('toil anssi des not res , et age do soixante-qualorze
ans: e'etoit bien vivre ot bien longtemps pour un ivro^no,
mais qui avoit bien de I'csprit. Tout Paris rc^iolto Ics deux
premiers, (jui etoient excel lents on lour jjonro: I un no son-
geoit qu'a fairedn bien an public, 1'aulre aimoit ses jjlaisirs
ut ne voyoit point de nialades. (irande chore et beau jcu ; il so
plaisoit en bonnes compaynies , et il avoit des plus belles do
Paris. II vouloit que jo 1'al lasso voir deux fois par soinaino.
ot quej'y menasse un de mes Brands fils : mais il souliaitoit
bien plus Cumin* , avec qui il prenoit plaisir do s'entretonir.
(Votoit toujours le soir, ot il nousenvoyoit qu«'iriren OUITOSSO;
il no soupoit point, un bouillon de restaurant lui sul'lisoit ;
mais il nous faisoit toujours festin, et nous renvoyoit oharp'-s
de conlitures et de fruits raros; il otoit niaynifi(juo on prince.
Beaucoup de gens croient <pic le cardinal de Hoi/, ost ici au-
tour de Paris; mais cola osl fort incertain . joint ([ii'il y soroit
on grand danger.
Le quinquina des jesuites de Home 11 a guori jiersonno ici.
ol il n'on est plus mention nullo part, lim •/>/>, -t/s <-rt •<• jm-i-i ,
arc <Tit film nomine i>ulri*. Jo vous baiso los mains, ft MIIS dc
tout mon ciiHir votro , (!to
)>e Paris, le li) no\embi*o l(w(».
LKTIKK CCCCXLV1I1. - .\« ,m'w
La mort , cotte impitoyable deesse, //"if fu
hnlaf (ii'bcin fc/'/'tir/ii/t , ct U'qnu pwk' /ii/lutf ji;tt/j»'/'/t>/i tuln'rnn
reyttnu/nc turret, a passe 1'eau et no songo plus aux niotle
(1) C.liarlos (juillemoau . nr a Paris on loSS, olail lils du c.'lolnr rlii
rurgien Jacques (iuillcmeau 'ne a Orlean- en l.'J.'iO. el niurl a l';nis !,• \\
mars 1613 . diseipleclconleinporain d'Anilnoi.-e 1'are. \\. P.
TO l.hlTKKS DK (,'11 I'ATIN
eins de noire Faculte; die va en egoryer d'autres qu'elle
poiirra rencontrer, inais elle n'en surprendra guere de plus
savants queM. Moreau . dont la belle bibliotheque a ete ven-
dne a (jiiatre de DOS libra ires, a ce <]ue je viens d'apprendre ,
20 ou 24,000 livres, on n'en salt pas encore le prix certain.
M. Ph. Colot, ce yrand et excellent lilltnlotna 1), est mort a
LUC.OII en Poitou depuis quin/e jours; il etoit alle tailler nn
huguenot pres de la Hochelle; il vest inortd'une dysenteric;
nous avons aussi perdu ici le sieur Morin, prot'esseur du roi en
mathematiques, qui etoit nalif de Villefranche en Beaujolois.
llier rnourut ici nn niaitre des eomples, noinme (riierin de
Warcusson , non pas. coinnx; dit Horace, italo ijwfusus wto ,
rnais milieu percussiis <'( iitl(>j:i<:iitns xtibio. Alii //lu/'cs ^cratmi
t\c grauittite temjjcstdtis , ct acci'bituh: , nc dictuit atrocitate nori
friyuris, quod Yiryilius ^•t'lcrntmn ii/>/>cl/<iri/ . M. Guilleineau
incidit in quandam at<k' dcsfjci'dfione/n c.i: dolnnbus ol> tibsccssit
inter jjf.nift'ciift ct ventt'it'ulinn lotciite , nt ct. <i di/suria, <>,L' .<??/.</>/'-
ffonr rfif.rn/i in. vest en posit i. Se sentant presse de fortes don-
leurs en pleine nuit , il envoya qinjrir die/ un apothicaireqni
lui etoit affide 1-2 grains d'opiuin, dont il prit plusde la moi-
tie. Xous le tronvames le lendemain fort nud, et il a toujours
empire depuis ce jour-la jus(|u'a la mort. II perdit des lors
1'envie. de boire (et j)resqne meme de manger), hormis de
(|uelque pen de bouillon; enlin inltnit , el il est mort faulede
boire, tandis (jiie taut d'aulres meurent de trop boire de vin
nouveau, qui leur semble si lion.
J'ai reeu les deux livres de M. Itarbier, et voiis ai eci'it Ion-
chant If Tin'ii! finii rihr liinmnni' , que je serai l>ien aise d avoir
bicii conditioniM'. J'ai vu .M. le comtt^ de Uebc, auqiiel j'ai
prcNcnli'' vos recommaiidations; il dit (ju'il n a point nvu de
\-os lettres , et se fit ///•" ninrc. On dit (jiie le roi de Suede s'cn
v«i (''Ire plus for! (pie jamais, a cause tpie le Moscovite et Ic
jiflit Tarlaiv >e meltent avec Ini contre le roi do I'oloyne :
I 1'our Htlnilinnixte . (••oiiinir on (III auj()iir«riiui.
\ KM.r.O.NKT.
sii-rif fntn .)/«/•>• iin/>i>i* urljf . Je VOUS CHlbraSSC (If toilte MI'Hl
affection , et je serai toute ma vie votre , etc.
/'. .V. Xuus avuns aujourd'hui fail 1'acte dc la vesperie de
nion second Ills Carutux; il passera docteur dans ee meme
inois. Nous avons ici festine avec environ trente de nirs
meilleurs amis, et nous n'y avons bu <]iie du viu de Beau no
et d'Ai , (|iie le bon dom Baudius disoit a feu M. le president
de Thou , qu'il falloit nomnier n'mnn Dei. J'ai bu a votre,
saute et a celle de M. Spon , qui vous rendra la presente Je
souhaite que mes deux ills aient I'lionneur de vos bonnes
graces, et 1'amour des gens de bien comme vous : en leyr <•«-
(file formula qua Octavius ('(twtr witatui nmunin itcjtotes s>t»*
rnmmendarc solcbat , s/ iiicrurrrnt .
M. le president de Thou d'aujourd'hui est designe ambas-
sadeur en llollande. II y a grand bruit en Saxe pour le nou-
veau duc-electeur, qni cit>/> imtc line fticril lutheranus, liodii', "h
c.rcesxu jiarcnfis, t't(/f fieri catholicns run/an//*. Taut pis pour
les protestants, qui n'auront plus <p.ie 1'eleeteur de Brande-
bourg et le palatin dc leur c6t<;. Vnli' <-i me <nnu..
De Paris, Ic decembre Ifi5(5.
KKTTRK CCCCXLIX. -- .\n memr.
Xous avons ici perdu le. bonhomine >F. Hiolan , agV- de
soixante-dix-sept ans moms cinq heures (l\ II ne fut (jue trois
jours maladc de la suppression d'urinequi I'cmporta. II rtoit
trop deregle en son boire ; il ne pouvoit tremper son vin
comme il falloil. Tout est scelh* en sa maison ; ses (Milaiits
plaident les uns contre les autres , a cause de sou si^cond lils,
qu'il a deshtM'ite pour ses debauches. II \ avoit sept ans ipi'il
plaidoit contre son pauvre pere. qui a gagne partoul; mais
il ne 1'a jamais pu I'ameuer ii son devoir.
J I
La coqueluchc, avec lluxion sur la gorge, a cie ici foil ';oin-
1 VoM1/. la note I. II. pap.c 2S1.
i.i. i i iii.^ in. i. M r \ i IN
niune; mais pen dc gens en sont murts, ii caiKse qu'ils out ele
saignes do bonne lieu re. II n'y en a plus tantot ici , ni pres-
que d'antres malades.
.M. clt1 liellievre , premier president, est niort par sa I'anle
lonte pure et par ['ignorance de ses modecins. C'etoil un
liomme voluptueux , sangnin, plethoriqne, qui liaissoit la
saignee et (|tii ne croyoit guere anx regies de noire profes-
sion. Trois mois avant quo de inourir, il I'nl attaqne de la
goutte a laquelle il etoit sujet , et no 1'ut point saigne a cause
qn'il faisoit I'roid. Voycz la belle raison do Valot qni le llattoil !
La saignee Ini etoit necessaii'e, et encore phis en liiver. qne la
transpiration des liumeurs est arivtee. Ktanl echappe de sa
politic sans saignee , il Ini vint des erysijteles par le corps .
(jiii ('-toil une marque qne le sang lui bonilloil dans Irs
\(Mnes. C.ela s'ell'aca avec quelques lopiques. Six jours apres,
nn grand rininie le saisit dans eel etat plethoi'Kp.ie on il
eloil, et il ne Cut point saigne. II dit seulement qn'a la lin
dt! son rliiune il se feroit purger : ce (jii'il tit a Ires nian-
vaises enseignes, car ce pnrgatiC tronbla el bouleversa tout.
Dans ce desordre de sa sante, la tievre continue le saisit avec
une fluxion snr la poitrine tpii le inircnt an lit. II avoit en
sa niaison nn noinini'' Tlievenin , neveii de rocnliste , <|iii se
clil inedecin ; je pense (jiie c'est in i</'rtihnx hi/ifff/it/in. II
adlieroit a son lieresie de ne j»as saigner. parce (|u'il Cai.Mtil
trop t'roid. Valot y vint incontinent avec den\ anlres. lis I'ont
fail enlin saigner plnsicnrs lois , inais il n't'-toit plus lein|is.
Les pauvres gens dos li(>pilan\ sont mieux traites. Le Imi-
tien)(! jonr, ils Ini donnerent (piehpie purgatif, dont il I'nl plus
mal. II t'allnl le resaigner : et parce qn'il se plaignoil de
grandos donlenrs dans l(^ corps, ils Ini donnerent dn lauda-
num . (|iii n'est <pie d(^ 1'opium on pluliM un poison degnise ;
et apres enlin qu'il cut tons ses sacrements , ils lui firent
prendre dn vinoii venin emetiipie. Use fioit en son bun esprit
et en sa lionne Corlnne . et meprisoit tout : inais cela ne I a
P.IS einpc''!)''1 dc inourir. cl n'en cmpedia j.nii.iis pei>,onne.
\ V \linM. I
II eloil excellent lioinmc pour sa charge; et tout le public a
raison do le regret ter; inais le cardinal Ma/.arin y gagnc, car
i! remplira cette place d'un antre dont il pretend ra sans
doute de I'argent. On lui a trouve le puuinon gauche pourri et
un abees dans le t'oie, dont ancun des medecins n'avoit parle.
Le cardinal Mazarin est fort pale , il blanchit fort, il est
fort sujet a la goulte et a la gravelle ; neanmoins il est encore
jeune , il no passe guere ciiiquante-ciii<| ans. Le cardinal de
Ilichelieu n'en avoit (pie cinquanle-sepl, et n'a vecu que
trente ans plus qu'il n'etoil besom pour le bien de la France,
et ineine de toute I 'Europe.
Volre religieuse a encore besoin d'etre saignee et purgee ,
el de lotion des pieds trois Ibis la scma'me , et nieme dt' Y<n--
trrioiinn'u' a la teinpe, si cette cruel le douleur de tele Ini
dure. Kile a aussi hcsoin de frequentos purgations avec le
sene, la rliuharbe et le sirop de roses pales dans line de-
coction rafraichistantc pour prevenir I'liydropisie. Pour la
inanne, ell(> in'est tort suspecte en cette rencontre, et prcsquc
loujours : car nous n'en avons point de veritable , el celle
<pie nous avons qu'on nous apporle d'ltalie n'esl aulrecbose
tpie du sucre el du iniel nieles ensemble avec un pen de
scannnonee. Hans la inanne de Hriancou , il y a du sue de
litbyinale et d'epurge. il y a de la fourber^e partout. Les
jansenistes disent (pie c'est <pie nous venous de la mnm-
iir '•nrr/if/ffn/i. J'espere pourtant (pi'il n'y en aura point en
noire ainilie (it qu'elle sera aussi sincere que I'ul j;idis la
inanne des enl'ants d'lsrael. Vnlf.
He Paii* . lo %2(» mars KioT.
LKT1I5K CCCCL. — .I// im-me.
Je n'ai pas encoi'e recu eelletpie vous in ave/. tail I lionneiir
de mV'crire pour le proces de niadiiine \olre bellc-su'lir.
pour laquelle je I'erai lout mon possible, vents u'cn iloiite/ pas.
Pour lo liviv de \l. <le Fontaines, jo vous on rends graces;
il est lonable do son travail , parce c|u'il ost tort bien inten-
tionne ; il a tacbe do servir la poster! tt; en defendant la vo-
rite, coiwf'us crif in Imule , (.'renfux in /ininun, qui est eelle(iui
gouverne aujourd'bni le monde; je lui sais bon gre d'avoir
attaque Van-Hehnont , bien que co n'ait ete qu'un coquin el
mi imposteur fort ignorant.
Defnnt M. le premier president est fort regrette iei ; loute la
France avoit encore besoin do sa generosite et de son adresse
conlro I'avidite des ministres : voila ce (|ue c'est que d'etre
bon et sage. Nous pouvons dire de lui ee qu'Horace disoit
d'Auguste, encore vivant : Kxtinctus iinmliittir iilcm. TIK,
dame qui avoit beaucoup de credit sur son esprit m'a dit
qn'ello lui demanda pounjuoi il so servoit de Valot, et <|u'il
lui repondit qn'il avoit all'aire de lui a cause tin Louvre, sir
iiii'/it iiint homines, ct mui-nnitm1. 11 est vrai <pie tout le monde
fail le medecin et s'en melo mal ;i propos , mais c'est le mal-
lieur de ceux <|ui les croient : I n> rift is! r/r //tisc/'is .'
.le considtois bier uvec M. Blondel dans les Filles-Uieu ; il
me dit que son traite, dePleuritide, no ponvoit etre acbevi'1 (|iK(
dans trois mois , tjn'il en etoit au cliapitre dc l^n-ijatinin' , <|iii
seroit long; <[ue son livre seroit nne metbode generate, el
qu'il diroit de belles cboses non communes, deOn/aMim ////>/>.
et snr I'explication do I'apborismo -2-2, sect. I I . Je vondrois
avoir bien pave ee livre et le tenir deja.
N'otre Basset a I esprit bien bas. et merile d'avoir du des-
sous . taut pour son latin que pour ses injures. Je m'etonne
de rextravagance des liomm^s et <le 1'impudence du sieclc au-
(|iit'l Dieu nous a reserves, (let bomme a manvaise grace de
rhaiiter (les injures a d'lionnetes gens dont il a besoin, el des-
quds il brigue d'T-lre collegue. S'il e>l bien sage, il terminera
xiii ;ill;iin> a Lyon , eii vous demandant pardon , et lacbant de
regagner vos bonnes graces ; ear aiitivinent nn proees lui
I N oyc/. (H'.urri's com/ilclcs d' llil>pocrult' lr;id. par I'., f.illrr.
r;iri*. 1 Vi'r, t. IN . |>. 'tW.
V FVI«>.\KT. ?."»
contera beaucoup, et menu: a la liri le pourra perdre. Qtiand
il anroit le credit de faireceque lit votre chirufgien Lorn hard,
et de se fa ire examiner iei . il n'est pas assure de s'y fa ire re-
Devoir, a inoins que d'avoir des medecins deputes pour ju^es ,
pour ses amis , ce qui u'arrive gnere.
M. le comte de Hebe a recu votre lettre, et dit quo vous ne
lui ave/ point ecrit qu'il ne vous ait fait reponse. Mes deux tils
vous sal uent et soul vos tres humbles serviteurs. 11s out tons
deux preside cet hiver avee honneur. et ils sont a Paris en fort
bonne reputation.
On dit ici que la duchesse de Savoie se porle mieux , et quo
M. (lUillemin yestalle. La reine d'Angleterre est malade ici.
Le due d'Orleans a ete ici environ dix jours, et en est parti
aujourd'hui iunidi, pour aller coucher a Limours, et detnain
a Orleans. On dit que dans deux jours M. le prince de Conti
partira d'ici', et (|u'il ira jusqu'a Turin , et qne M. de 1'Kstrade
sera son lieutenant-general en Italie. M. le marechal de Tu-
renne partira dans trois jours, et le roi six jours apres. II a
couru un bruit de la mort de Tempereur, <pie Ton dit avoir
ete confirmee par nn second courrier, et neanmoins tons
en doutent ici , et disenl que c'est nne des ruses du Ma/arin ,
alin de fa ire passer les edits que Ton a envoyes au parlement.
dont les deux principaux ont deja echoue et ne penvent |>as-
ser. Notre querelle avec les llollandois continue, et Ton dit
<m'il faudra (ju'ils s'accordent avec nous d'autant cpi'ils ne
s'en penvent passer , Paris etant un goull're qui absorbe et dr-
\ore plus <le la inoitie de leurs denrees.
:>l. le due d'Orleans a ^agne anjourd'hui son pi-oces contrc
madamed'Eguillon et M. leduc. de Richelieu, [)our la terre«le
(^hampigny, qu,e madeinoiselfre d'Oi-leans, sa tilloainee, vent
retirer. M. Talon, avocat-general, y a fait miracle ; il a parle
sohrernent , mais fort apropos, de la tyrannic, du cardinal de
Piichelieii ; tout le monde est l»ien aise de 1'arret qui y est in-
tervenu. Si rempereur est mort . on dil que le roi ira iiiM|u'a
.Met/., pouretre pres de rAllcinafjnc.
"Ti i 1:1 iiu > Dt i.i i i'\i IN
Nous lie savons re quo deviendront Ics livrcs el papiers dc
y\. Kiolan. n'ayant I'ait ni testament ni aucune autrc dispo-
sition pare;ril. II m'avoit dit quelquetbis qu'il me feroit exe-
euteur do son testament, et qu'il vouloit (jue la posteritesut
quo j'avois ete son meilleur ami : mais il est niort sans I'avoii1
provu et sans avoir donne ordre a ses affaires. Les vieilles
gens sont d'ordinaire oublieux et negligents. M. (Judleineau
en a fait de meme, et M. Moreau aussi.
M. Cli. Bouvard, premier medecin dn roi Louis Xlll, est ma-
lade d'une tievre continue, d'une fluxion sin1 la poitrine, et de
(juatre-vingl-trois ans. La douceur de la vie (ju'on mene it la
eour I'a I'ait vivre si longtemps , ayant d'ailleurs la poilrine
tori delicate. 11 avoit un tils eonseillerde la cour, et lui avoit
fait donner tine bonne abbaye, qui est celle deSaint-Florenl
deSatimur, mais il est mort, et a cequ'on dit de trop de de-
votion. II en a encore unantrequi est aussieonseiller , otqui
plus est marie fort ricliement.
Le mardi -17 mars l(v>7. M. de (Ulienailles, eonseiller de la
(•our, a eu la vie sauve, et n'a ete (jtie banni par 1'anvt qui
en a ete donne. Je vous baise les mains, et suis de tout mon
co'iir volre , t,'te.
l>i' I'jiris . le ~2'i avril 1()I}7, join <lc I'anniversairt' il'.i m.nrdial d'An
rir. <|ni ii <-u ilNMraii^cs -ucccsstMirs depui 1(517.
LKTTKK CCCCLI. \« HH-HH:
II e>t moii ici 1111 honnete liomme de. volre ville de Lyon ,
noinmi'1 M. du (iue. de iiagnols, jadis maitre des retpieles. II
(''toil un des chefs du parti des jansenistes; homme fort sage,
fort devot et fort regie. II a tant jeune, taut fait d'austerites,
(ju'il en est mort ; et de peur (pi'il n'en ecliappat, (iuenaut et
mi des ga/.etiers lui out donne du vin emetique, donl il e.st
mort dans 1'operation (Juelle sollise de prendre ce poison
dan> nne intlammalion du pouinon . et de jet'mer si rudement
v F AI CON F.I.
qu'il en faille mourir! C/esl HIM- espe.ee de folie de so trailer
si eruellemont pour mourir jeune. Tuntmn /v/ /<//«> jn>/uit .\///i-
/•/^r >/m/o/'/////,dit Luereee. Mais DOS plaintos ne servent de rien
centre la inert ; il nous 1'aut tons passer par la. Les bounetes
gens meurent tons les jours, et il soluble qu'il n'y ait que
lours Itourreaux (|iii ue meurent jamais : du meins il en reste
ton jours assey, pour maintenir leur credit dans I'esprit des
peupleset des princes. Pour cequi est de M. le (iagneur, Dion
le console. Vous voyez bien que c'est uu mallioniiele lioiiune
et pen reconnoissarit des obligations qu'il vons a; si jamais il
reviont a vous, ne vous fiez pns a Ini. II a la mine d'un
ladre ; I'ingratitiule est toujours une marque ou un sympl«nne
de ladrerie.
Je suis bien aise que M. Guillemin, votre collegue, ait
reussi a Turin, (iargantua (c'est Valet qu'on appelle ainsi a la
cour, depuis qu'il tua Garganl, intendant des finances, avec
son antimoine) ne peut entrer en cemparaisen avec un si
honnete homme, qui est sage eteolaire. S'il parloit a vous. il
vous diroitque Van-Helmont etoit un liennne qui avoit de
grands desseins et de beaux secrets (T. Tout cela est bon ii la
cour, parmi les courtisanset les f'emmes, commedisoit Joseph
Scaliger du cardinal du Perron, qui, pour y paroitre savant ,
entretenoit les dames du flux et dn reflux de la mer, de 1'etre
metapbysique, et du principede 1'individuation.
II y a ici un bonnete bemme , nomrne M. liigot, Ills d'un
president du parlement de Houen , fort savant en give , ijiii
travaille sur Fl. Josepbe, ecrivain bebreu des AntuinitPsjtidfi'f-
</iict. Josepb Scaliger dit, avant cjue de mourir, (|ue si Dieu lui
eut prolonge la vie de trois ans , il nous eut donnt- ce bel
auteur illustre et enricbi de belles remarcpies. II 1'appeloit par
excellence yt/.aXryOt'^TaTov , trh uniatcni- (//• la ri'riti'- , et disoil
(|u'il etoit fort curieux et plus croyable cpie les bistoriens ro-
mains meme dans les affaires de rempire romain •> . Depuis la
I) Voyez les notes t. I , p. 3.'>.'>: t. II. |>. Vil.
•2 \ <>\e/. l.;i iiolc Ionic I I , |». 'i(»T.
78 I.ETTHRS f»K (If! PAT IN
mort de Seal iger, celte affaire ay ant manque, M. Petit, mi-
nistre fort savant a Nimes , onele et parrain de M. Sorbiere ,
avoit eu le rneme dessein , mais la inorl le prevint. Je souliaite
que la meme chose n'arrive pas a eelui-ei , el (ju'il le puisse
aehever, tant pour son honneur (jue pour le bien public.
.M. Brusius, Kcossois, me vint voir dernierement ; nous
sorlimes ensemble par les rues, on nous virnes quantite de
processions pour solemn'ser la fete du Saint-Sacrement. La
pompe en est grande. Cela n'iroit que bien si le dedans y re-
|)ondoit, et si nous etions aussi gens de bien que nous nous
rludions d'en avoir la mine.
On tit ici , il y a uuequinzainc de jours, un service solennel
a Nolre-Dame pour le reposde I'ame du feu roi de Portugal ;
cela etoit somptueux et magnitique , et je crois que vous pen-
se/ bien que cela lui fera grand bien. Le cardinal de Kiche-
lieu , qui airnoit asse/ a rire lorsqu'il n'etoit point tourmente
de sa bile noire, dernanda un jour an docteur Mulot, son
eont'esseur, combien il falloitde messes pour tirer uneamedn
purgatoire. Le docteur lui reponditque 1 on nesavoit pas cela,
et <[ue 1'Kglise ne 1'avoit pas detini. Le cardinal lui repliqua:
uC'est (}ue tu n'es qu'un ignorant, je le sais bien moi. /(en
fdiit initant ([iiil f(iudroif d<.' ix'lutcx tic ,i :•/(/(' [tour clinii./j't')- mi
four. » Ne voilii-t-il pas de bonnes gens qui se moquent ainsi
de ce saint et sacre feu qui fait si beureusement bouillir leur
marmite (1)! Je vous baise tres humblement les mains, avec
protestation queje serai toute ma vie votre, etc.
De Paris, Ie2juiii 1057.
LETTHK CCCCLII. .I// WPHH-.
J apprends qne ceux de Hotterdam , par lionneut1 i|ii ils
portent a la mthnoire de celui <jui a etc I'lioimeur de leur pays,
'I diii Patin a cli'jii raconlr relto |>laisanlerie a son ami Spun \<>\.
t. 11 , p. -JU7 . .\Dti«i en .-non-, <ht noire opinion : tout est boa ;i l'c<|)rit
A I' A I. CONK I. ~'.l
tout la ire a leurs depens tine nouvelle impression (it1 Ionics le*
<rv:vres d'Krasme. Voila line nouvelle qui me rejonit foi I. II
y a encore de la vertu au rnonde et d'honneles gens qni out
dn courage. Je prie l)ien qu'il soil vrai. .M. van der Linden,
prol'essenr a Lcyclen, m'a mande depuis pen ([n'il y a quin/e
t'enilles de faites a son Celse; (ju'il est a la tin dn sixieme
livre; qu'il pourra y avoir environ vingt et line fen i lies, rl
((ii'il m'a grande obligation dn secoursqueje Ini aidonne par
le moyen de divers Celses que j'avois ici et que jo Ini ai fait
lenir, oil il y avoit plusieurs corrections de la main de Kernel,
Chapelain, Carpentarius, Scaliger et Nancelius. On dit que
M. Khodius en fait imprimer un a 1'adone (1), et nous avons
ici M. Mentel (jui en proniet un |)areillement , en vertu de
plusienrs nianuscrits et revisions qn'il a devers soi. Pour ce
dernier, quoiqu'il dise et promette beaucoup , il ne tail jainais
Hen et <lit ton jours qu'il fera merveille.
On vint ceans le f> de ce inois, a six lieuresdu matin, de la
part de M. 1'ambassadeur de Venise, me demander si je vou-
lois aller a Venise y exercerla medecine; quej'aurois 0,000 fr.
d'appointement dn senat, sans l'em])loi , qui est de grand
gain. C'est un medecin de notre compagnie qui m'y nomma
In'er, at <>r«t i^c siniuiritanns , c'est-ii dire antimonial, niais
il n'en donne guere. C'(;st le bonhomme M. de (iorris,
(jui n'a ]>as grand emploi. .1 ai remei'cie ce monsieur de la
de sectc et de j>arli, pour lequel il n'y a point de verites , il n'y a quc
des interels. II ne faut done accepter cebon mot de noire auleur qtfavec
beaucoup <le reserve. Notre conviction e>l que 1'anecdole ilont il '•"aj',!!
est iausse : (jui sail [tonrlant , commc nous I'avons dil ? A la venle , i<'
cardinal de Richelieu ne rccounaissait que le droit du plus lorl . le droil
<lu loup ou du tyran : c'elaienl le.s ina'urs du temps. II a lache de .sang
sa gloire el son [jenie ; pendant son ministere, qui dura di\-huil ans
il v eut M romlamnalions capitales; sur ce noinbre. 'M* turenl porlees
par conluinace; mais lliclielieu n^ad'ecla januii- une impiete declaree ;
sa inert iiieiue (ul celled'un lioinine |)rotondeiiieiil penelre des j'.raml.'s
\erites du elirislianisiue. K. I'.
I \'(ivo7. la note 1. 1 . p. 'I'M.
SO I.KTTItKS I)K (.11 I'VI'IN
peine qn'il a prise (It! me venir la ire eette proposition, el je
me stiis excuse surma saute, sur les habitudes que j'avois
a Paris, et queje no pouvoishonnetementquitter. Lii-dessuson
m'a propose de donner inon fils aine, a (pioi j'ai repondu
(|u'i! n'etoit pas capable d'uu tel einploi , et qu'il falloil encore
qu'il etudiat anpresde inoi cinq ou six ans. J'aipriele porteur
de faire cette reponse a M. I'ambassudenr, et qu'apres cela,
s'il etoit besoin , j'irois moi-meme le saltier; mais (jnoi (|iie
1'on m'olfre, je n'irai jamais en ce pays-la, ("est le pays de
Merlin doccaie, patriadiabulorwn. L'ltalie est un pays de ve-
role, d'empoisonnements et d'atheisme, de jnil's, de renewals
et des plus grands fourbes de la chretiente; tout y est plein
de moinerieet dhypocriste. Tout cela fait que jamais je n'irai.
Je viens de recevoir un petit paquet de Meyssonier. Bon
Dieu , quel homme ! II est aussi Con (pie notre Tardy. J'ai pitie
de 1'nn el de 1'autre. II m'a envoye sa Mf-ilfduc sph'ttHvllp ,
oil je n'entends rien : ce n'est qu'un petit livi'el , et neanmoins
il n'esl que trop long. Tout cela n'esl <|ue du I'atras d'un
esprit malade on inqniet. Puisjpi'il est si devot et (ju'il a taut
soin du salut de son ame, il devroit s'abstenir de fa ire de si
mediants livres, et an lieu de cela prier Dieu lorsqu'il n'a
point de pratique qui le presse. Tout ce qn'il ecrit ne vaul
pas le port de sa lettre.
I.es charges de in ait re des reqnetes sont ici lellement ren-
clu'i'ies, <|ue Ton (lit qu'avant-hier il y en eut un (|ui en olfril
cent don/e mille ecus. Quelle manie! Je ne sais [this on Ton
trouvera des sages. L'amour, I'avarice el 1'amhition galent
tout ce (|ui reste de beau an inonde : taut il est vrai ce qu'im
ancien disoit dans nne anlre rencontre, <pie si tons les Ions
prenoient les armes . la sagesse ne tronveroit point de |iro-
tecteurs.
M. de Brieune a fait donner nne commission a un de nos
com|)agnons, j'entends a un prol'essenr du roi en matlH'ina-
liqiies, nomine Blondel. II passe en Hollande , puis ;i llam
boui'g: 'Ir la il doil dierdii-r le mi de Sui'dc . pnis apres alter
A FALCONET. Kl
vers le marquis de Brandebourg, fit apres vers le due tie Sa\e,
fit de la se rendre a Franclbrl , ou se doivent trouver tous les
deputes. Ou dit qu'apres tous ces voyages on lui fendra la lete,
c'est-a-dire qu'on le f'era eveque avec une belle mitre. Je me
recommandea vos bonnes graces, etsuis votre, etc.
LETTRK CCCCLIII. — An »wW.
Je vous remercie tlu livre nouveau du pere Theopliile
Haynaud. Cela sera bon a voir. Je n'en dis pas lant tie votre
Meyssonier, qui est bien folatre. Je voudrois (ju'il s'epargnat
la peine de me Hen envoyer, car ses livres n'en valent pas le
port; joint (pie je n'ai pas le loisir de rien lire de telles baga-
telles. Get homme s'imagine que c'est pour lui que Salomon
a parle lorsqu'il a dit qu'il n'y avoit point tie I'm tie faire
plusieurs livres.
Votre M. Robert est parti il y a plus de hull jours, el a
fort bien fait de s'en aller; car le debordement de la riviere a
bien emporte de grosses betes, et il cut peut-etre cprouve la
me me fortune s'il n'eul hate son retour. II n'est rien tie lout
ce qu'il vous a mantle touchant notre faculte. J'en ai mantle
la vcritetoute pure a M. S , et M. Pietre en a pareillemenl
ecrit a MM.Guillemin et Gamier ; ce qu'ils vous d iron I si vuiis
leur en demandez leur avis.
On a ici park: de la mort de M. de Gandale avec tjiielijiH*
regret pour sa personne , mais 11011 pas pour sa inaisoii ; car
son pere est aujourd'hni fort liai, comme I'heritier d'un la-
vori de Henri III , qui se ruina lui-meme <H cbranla toute la
France pour enrichir son migiion, qui a ete un terrible co;n-
pag lion. Tout Paris n'a parle de cettemortqu'avec admiration,
et Ton n'a dit tjuetlu bien ties medecins qui Tout traile. M. le
comte de Rebt'- m'a ilit <|u'il avoil une vitMlle lionoi-rlu-e dniit
ill. ('.
S-2 I.KITUKS DK i;r: I'VTIN
on I'avdit trouve lunt pourri aprcs sa inort. Pour le poison
qui en ('-toil soupo/miio , je n en stiis pas surpris : on en (lit
loujoiirs anfant a la morl des princes, dont on fait souvent
mystere et finesse. Les taches livides du cu'iir peuvont vcnir
do la pourriture (In sang dans le eu'iir ct anx environs.
Pour le cardinal de la Valette, son IVere , j'ai toujours cm
qu'il lilt empoisonne en Italic par on! re dn cardinal de Ki-
cbelieu.qui vouloit miner cette inaison. I'n liu el ruse courti-
san me le dit de ce temps-la, (le cardinal doit mi Jupiter
inassacreur, qui t'aisoit |)ei'ir ses eniieinis par le fer et st-s amis
par le poison. II avoit de Ires ^randes obligations an cardi-
nal dt; la Valette, inais sa grande fortune I'aveugloit. Kaissons
ces yens-la , j'entends ces grands, ces I'avoris , cos maiiiienrs
dc chnHions et veritables (mthrupophayes
Votre observation d<; cinq rates distinctes trouvees dans nn
corps (|iio vons avox i'ait ouvrir est fort belle et bien siiii-'n-
Here, .le lui donnerai place en bon lien, taut a cause de vous
quo pour sa rarete.
La unit passee, vingt-deux maisons sontchutoes surleponl
Marie dans la Seine, a minnit precisoment , avec porte. d'en-
\iron trente porsonnos et dc betiuc.oup de bien ; nt'-amnoiiLs
la riviere a diminue de[mis bier au soir do trois pieds. Voila
des malbours publics (jui nous menac'onl , disent lt\s bonnes
pMis , a'msi (jue d'antres ca la mites. ( MI ne laisse pas de I'aire ici
des bals, dos ballets et do belles collations. La reinedo Suede
admire tout, et les autres prennent tout. On dil <[ue Houon
osl a moitie dans I'ean , et qu'il \ a de grandes portosdo mar-
ciiandises ;i cause (|u'olle ost entroo dans les magasins.On dil
aussi que I't^au a emporlo line par lie dc la eitadello d'A miens :
j,int '':-! en dcsoi'd re. L bomme e>i tin niis('ral>lo animal a qui
i,iu- les el/'inents lout la liiit'rri'. IMmr me toiirnit lii-dossus
dc bclli'> pensT'es , liv. 7, inais elle.s sont trop loii^ue.-. pour
line lettre. .l«% me- rocoininando a vos bonnes Braces, rl viii^
Volre. etc.
I )r l';iri«. I-' \r' ni.-ii- Ki.'is.
A K \I.CH\K r s:;
LKTTKK (XlCdUV. ,\H „„'„„•.
Yous saurez pour nouvelle que, depuis nenf ou dix jours .
les exempts s'etant transporter au convent des Cannes a den\
lieu res apres minuit , a la requete du snperienr, ils en cnle-
verent douze qn'ils amenerent en carrosse an For-l'Kveque-
C'etoientdes compagnons qui se moquoient de lenr reflect de
leur superienr , qni laisoient grande chore la-dedans en di'-pit
du careme. On a trouve dans nne de lenis chainbres \ int;t-
denx bonnes perdrix , des pates, des jambons et lorre I.KHI-
teilles de vin. Voila comment ces mailn-s moines jeunenl Ic
careme, tandis que les gens de bien man^ent du ri/ ft dcs
|»rnneaux. Je penseqne de tout temps on a tmmpr It- mondr
sous pretexte de religion. C'est mi grand mantran qni all'nble
bien des pauvres et sots animanx. II y en a un qni regrette
plus son or et son argent (ju'il nesesoncie<le sa prison. II se
vante qu'il a de bons amis qui Ten tireront , et sedit parent
de madame de Beauvais , premiere dame de chambre de hi
reine.
II y avoit ici des conseillers de Houen qni etoient venns
pour I'aire des remontrances sur ce qne lenr parlement n'a-
voit point voulu verifier des edits qni etoient trop :i la charge
de la province. Le roi ne les a pas vonln enlendre . et les a
renvoyes, et en a relegne six dndit parlement. Si Men qne
nous ne sommes pas an temps (|n'il etoit permis dt^ dii-e libre-
ment son avis pour le soulagement dn public. An.^si Tacile .
le roi des liistoriens , a dit : lluru tnii/tnrini) fi'lintf* , m >/"i-
bits acnlii'i' ijnu' tvV/.v , cf i/i»'' si')if//is ilici'i'f /A'/-/, (le temps eloil
avanl (jue Herthe lilat; depuis <|u'elle a lile, le monde s'esi
bi(;n cori'ompn. Les moines, les ministres, les parti>ans et
antres pesles de la republi(|ue sont venus ipii out bien
change les alia ires.
1/autour dn livre des /V';wA/////V''.< , nomine Isaac de hi
1'evrei'e. (ia^con . est ici de relmir de '{dine II ;) I. lit illlprilliei
8-i I.KTTKES HE 'H'l PATIN
un pelil livre in-qnarlo , dans lequel il rend raison de son
ehangement do religion (on appelle cela en lernios d'eeole :
abjurer son heresie , et il a desavoue son livre dos I'rt'iiiln-
niiti's (l). J'ai vu ce dernier livre, mais il ne se vend pas bien.
On dit que lepape lui a donne une petite abbaye , et que leMa-
/.arin lui a encore promis quelque nouvelle faveur du ciel on du
purgatoire. II est ici attendant oette grace, aussi avidenient
que vouspouvez I'lmaginer d'un Gascon qui a peurde mourir
de t'aim , et qui n'a change de religion que pour fa ire fortune
et meilleure chore aux depens de qui il appartiendra. II se
produit ici conune s'il e.toit grand faiseur de miracles on de-
biteur de pardons. Notre grande ville de Paris est un theatre
fort propre a cela; car il s'y rencontre beaucoup de sols el
de eurieux , et pareillement d'ignorants, qui s'etonnent aise-
inent de ce qu'ils ne connoissent point ; et de plus un Gascon,
savant , courtisan , huguenot convert! qui vient de Rome .
est fort propre a ce badinage et a jouer une telle corned ie.
Puisqu'on iinprime che/. vous le Kernel , je veux vous prier
d'une chose, qui est d'y fa ire cori'iger une faute que ceux
d'Utrecht ont faite a leur impression, lorsqu'ils disent dans sa
vie qu'il avoit soixante-douze ans quand il mourut, ce qui est
tres faux; car je vous assure qu'il n'en avoit que cinquante-
deux , ce (\ue j'ai oui dire a feu M. de Villerai, maitre des
requetes, ills d'une h'lle tie Kernel, laquelle n'est morle (ju'en
164-2. Je 1'ai aussi oui dire a d'autres de ses parents , et c'est
une tradition toute claire dans sa famille. Mais sans la tradi-
tion , qui n'est pas toujours assuree , j'en ai deux preuves
tres certaines : 1'une est tiree des registres de notre faculte,
(jue j'ai eus entre mes mains land is que j'ai ete doyen, on il t>st
expressement remanjue que Kernel mourut le 26 avril l.:if)JS ,
nxtto ft'ffifi* 52 ; 1'aulre preuve est dans son epitaphe a Saint-
Jac.ques de la Boucherie, ijue j ai fait voir a unr mlinilc dr
j)ersonnes, oil il esl encore marque qu il mourut a Ta^e dc
1 \ ove/. la nolo sur la I'cyreiv , tome II , pac;o2fi;{.
\ KAI.IONKI' *.')
ciiiquante-deux ans. L'auteurde cette epitaphe y est nonim*-
I'hilippus hiir Julius, /''ernclii (ji-ncr , qui etoit un maitre des
requetes et president an grand conseil , son premier gendre ;
le second fut M. Gilles de Kiant, president au mortier , qui
est mort 1'an 1567, sa veuve lui ayant survecu qnarante-cinq
ans.
Nous commeneames hier nos examens rigoureux. IK- on/e
presentes, il y en eut un qui (it assez mal , quoique Ills de
maitre On lui conseilla de se retirer, ce qu'il lit. Son prre
etoit un nomine Ferrand , grand I'endeur de naseaux , fort
debauche, qui eut ete pendu pour la i'ausse inonnoie s'il nit
encore ete en vie un mois on deux. Les autrcs pretendants out
fort bien fait. Je suis, etc.
De Paris. U-9avril 163S.
l.KTTKK CCCCLV. - .ill meme.
Le roi est tombe inalade it Mardick , d'oii il a ete inene ii
Calais. Ses medecins sont (iuenaut, Valot et Daquin. On dit
(jue le jour que Guenautarriva, Valot avoit purge le roi. dont
il s'esttrouve plus mal : aussi n'y a-t-il rien deplus dangereux
({u'une medecine prise trop t6t et (ju'nn medecin ignorant.
Des le commencement du mal. le roi n'ayant encore cle sai-
gnc qu'une fois, il y eut dispute entre Valot et un autre in*'1--
decin de la cour toucliant la saignee. Valot disoit qu'il ne fal-
loit point saigner, I'autre pressoit de le Cairo. On appela pour
arbitre un tiers, qui est un medecin d'Abbeville on on 1'alla
querir, nomine M. du Sausoy, <jni fut d'avis ipie le roi
devoit etre saigne. Valot trouva mauvais cette oppo>iti<»n, d
lui (lit (|n'il etoit bien hardi. M. du Sausoy lui repondit : Mon-
sieur, je vous connois bien; le roi a besoin d'etre saign*'* et !»•
doit etre; si vous ne trouvex pas bon mon avis, je ne in'en
soucie pas, non jtlus que je ne vous liens point capable de
juger de ce ditterend. Le roi fut saigne. et sur cette di\ei>ite
S(> I.KITUI.^ in: (, i i I-ATIV
d'avis, la rein<- dit qu'il falloit cnvoyer querir Guenaut a
Paris. Quelques jours apres, le roi demanda lui-meme le me-
decin d'Abbeville; on le retounia querir, il continua de traitor
le roi avec les autres. On 1'a saigne nouf fois en tout. II cut
une niauvaise nuit le 13 et le 14 de juillet. On tient pourtant
qu'il sortira de Calais lundi prochain 2-2 juillet. II y en a qui
disent ici que le roi n'est pas encore bien et qu'il n'est pas
exempt de fievre; mais, soit qu'il 1'ait ou non, j'ai toujours cru
qu'il c.: gueriroit et 1'ai voulu gager centre plusieurs per-
sonnes. Le roi est un prince bien fait , grand et fort, qui n';»
pas encore vingt ans , qui ne boit presque pas de vin , qui n'est
point debauche, qui n'a nulle partie gatee ni interessee dans
le corps. Sa maladie n'a ete (jii'un exces de chaleur d'avoir
monte a cheval et d'avoir eu longtemps le soleil sur lalete,
qui est, selon le temoignage dc (ialien , une des plus puis-
sanles causes externes des maladies ; joint qu'il y a du mau-
vais air et de la puanteur en ces quartiers maritimes ou est
1'arniee. C'a etc une fievre continue putride ([ui avoitbesoin
seulement de la saignee et d'une diete rafraichissante , avec
de legers purgatifs, sans aucun besoin de vin emetiqtie .
comme its publient qu'on lui a donne. S'il en a pris , appa-
remnient its ne lui en auront [>as donne plus d'une once
dissoute dans queUjue infusion de sene. Kt ce <|uc notre
niaitre Guenaut a fait niettre dans la gazette par son bon ami
Henaudot n'a ett'1 (|iie, pour tacher de canoniser ce poison ,
(|ue les charlatans appellent un remede prt'-cieux , et (ju'on
pourroil plus veri tablemen t nommer pernicieux.On ditque le
roi souhaite fort qu'on le porte a Compiegne, puis([ue I'airdr
Calais n'est j)oint bon. On continue ici les prieres et. les pro-
cessions pour sa saute , et je suis ravi de voir la devotion du
peuplr pour sa (Convalescence ; ear enlin il ne m'importe
gui'-re de (|iu;ls remedes on st! sera servi , corporels ou spiri-
tuels , poiirvu iju il guerisse. C est un prince digue d'etre
ainii' de crux nicincs a ijui il n'a jainais fait de bien, qui a
de grandt's parties et sur les inclinations duquel la France
\ KU.i.ii.M. I .
louder mi repo> que lc> deux. canlinaiix ilr Uicbelim rt
i luiontote. Je me sens |>our hit inir incliiialiuti \iu-
lente, au-dela dece que les Kranvois out d'ordinaiiv pour Irur
prince. Je vous baise les mains, et linisen YOIIS asstirant que
jc suis toujours votro, ete.
DC Paris, Ie20juillct 1658.
LKTTKK CCCCLVI. .I/
11 est mort uii eonseiller de la grand chambi'e , no
president Chaniprond. II avoit autreluis ele (H'csidcnt an\
eiujuetes. 11 avoit (juatre-vinyts ans . et n'etoil ii'inain' ijiie
depuis deux ans a une jeune (einine. II avoit exlivnu'infiil
envie de laisser de sa lignce et n'en a pn \rnii1 a honl. II a
ressemble a Manard, ducjuel a [)arle Paid Jove en scs Klo},res :
In forca qiti te morilunnn di.ril (irii^n.i .
Non mentitus crat , conjugis ilia /nil.
Un conseiller de la cour, noinnie M. Dalesso , ^jendre de
M. Tiba'ul'de liouville, qui est conseiller de lagrand'clianibre,
a (juitte sa tern me, qui est jeune et belle, et s'est rendu prre
de I'Oratoire ; mais, avant <me de se retirer la-dedans, il a
ete trouver son beau-perc, lui a rendn ce qiril avoit toticln-
de son mariaye , ct I'a prii- de fa ire ainender >a lille s'il jioii-
voit . que pour lui il n'en avoit pu venira bout , et ouliv crla
lui a mis entre les mains une cassette qu'il a lineiiK'nl pris(- ,i
sa temme, dans laqmlle etoicnt contenues les ItMtres dr divi IN
personnages qui entretenoient eette bonne (lanic: ct ,nii>i lr
desespoir a fait son mari moine. .\<»tre sainte I'^ltsc embrasx-
tout dans son ^ii'on : tout lui est bon, poiirvu <|u'on ait ilc
I' argent.
Mon rt-lieur me rendil dei'iiierement mo I /<;-•"/' N ilc (im-
tius. ,1'ai commtuice a le pai'courir. II r>l en beaux lei'me> el
8S I.K'I Tlth> DK i,t I I'M IN
tout plein de tort bonnes c hoses. Si ce livre-la vient janiais a
etre traduit en t'rancois , comine il est fort curieux , je pense
qu'il sc vendra bien. II est fort bien fait ; il n'est pas si parti -
culier que le Fainianus Stratla, niais il est plus savant et ap-
proclie bien plus de Corneille Tacite.
.Nous avons deux nouveaux marechaux de France, savoir.
31 de Mondejeu , gouverneur d'Arras , et M. Fabert, gouver-
neur de Sedan, sans compter M. de Castelnau , qui moun.it
six heures apres en avoir reeu le baton , et qui dit en le rece-
vant que oela etoit beau en ce monde, niais (ju'il s'en alloit
dans un pays ou cola ne lui scrviroit guere.
Oil offre a la veuvc.de defunt M. de Fontaines Boer, secre-
taire du conseil des finances, qui mourut subitement la se-
maine passee, la somme de douze cent mille livres pour la
charge de son mari. II faut bien derober pour taut gagner.
Ces carmes noyes dont vous avez entendu parler me font
souvenir qu'il y a toujours des moines dans les bateaux et
qu'ilsvont toujours au fond de I'eau. S'ils n'alloient que par
terre, ils ne seroient pas sitot noyes , an reste , je voudrois
(jue le malheur ne tombat janiais que sur ces capuclions. Le
roi a entre dans Paris en carrosse le lundi 12 aout, a six heures
du soir, par la porte Saint-Denis; je 1'ai vu moi-nieme, et j';»i
erie vive lo roi conime les autres. II a assez bun visage. IV///-,
DC Paris, lo 12aoiAiH6o8.
LKTTRK CCCCLVll. — AH
Nous avons appris ici de ceux qui y (^toient I'histoiredu
vin (Miieti'jiie de Calais : le roi ayant a etre purgi' , on lui
prepara trois doses d'apozernes jnirgatil's , (jui I'toient chacun
dt1 cinq onces d'eau de casse , et rinftision de deux dragmes
de si'in'1. Le cardinal deinanda si Ton n'y melloit rien d'ex-
traordinaii'e. Esprit, inedecin de M. le due d'Anjou , dit que
Ton y pouvoit ajouter quel(|ue one*.1 de vin emetique ( voye/
A IAI.I.OM-. 1 S'.i
la belle polilique de notre siecle ! ) : Ic medecin du pnx-hain
heritier de la couronne , et suecesseur immediat, ntlhihcitir in
(•onsiliuin pro rcge , ct renenatum stibium audft prtescriluwe .
S'il en eut etc cru , et que le roi fut inort, son mnitre eut ete
roi, et lui premier medecin du roi. .Yo/< sir t-i;,t /'» y>/-/?uV/>/o .-
autretbis on n'appeloit janmis chez le roi inalade les medecins
des princes du sang, pour des raisons poliliques tres fortes
mais aujourd'hui tout est ren verse) (1). r.uenaut dit (ju'il n'y
en falloit done guere mettre : Yvelin proposa deux dragmes d<>
tablettes e?<? citt-o , alleguant qu'elles n'avoientpas tant de cha-
leur que le vin emetique. Guenaut repondit (jue lachaleur du
vin emetique n'etoit point a eraindre, vu que Ton en melloit
pen; la-dessus Mazarin dit (ju'il falloit done prendre du vin
«3ni6;ti(]ue , dont on mil une once dans les trois prises ; le roi en
prit une, sauf a lui donner les autres quand il seroit temps :
an bout de deux heures le remede passa, et le roi fut ce jour-
la a la selle vingt-deux fois , dont il fut fort las. Le soir, hi
lievre redoubla plus fort ; la nuitsuivante fut fort mauvaise :
il fallut le saigner de grand matin, non sans regret d'avoir
donne du vin emetique; car s'il en fut arrive pis, ilsn'eussenl
pas manque d'en etie maltraites. Le roi fut encore saigne deux
autres fois, et puis il fallut le repurger, ce ([tie Ton lit av«v
deux dragmes de sene et de casse delayee, et une once <!»•
strop de chicoree compose de rhubarbe, et il se porta mieux
ensuite. Si bien que ce n'est pas la peine de dire que le vin
emetique a sauve le roi, vu (ju'il en a pris si pen qu'il ne sc
peut moins ; et meme le roi ne voulut point prendre 1'autre
remede qu'ils ne lui jurassent. qu'il n'y avoit point de vin
emetique, tant il le haissoit encore. Ce <|iii a sauve le mi a <•('•
(1) A oila des raisons politiqucs hien injuricuses pour les priiu'odn
.sail;; ct lours mcdccins. Lr cardinal do Hot/, dit (incltiiK- part dan*
so iiu-moires que les Brands el les courtisans payaient ceitain-* me
cins pour leur siuiialer en secret les ^vns en place allfinl> de <',r;ne~
maladies et qni poiirraienl y succomber. KM uMite. non- n'en MHiime*
pas encore h oes rai'liiiements d'inlrijjiics d de corrupliun. ;H. IV
<)0 I.K11KKS Uh i.l I I'AIIN
son innocence, son age fort et robuste , neuf bonnes saignees
et les prieres r/es {/e>ts(lc bicn contmc nrms, etsurtoutdescour-
tisans et oftieiers , (|ui eussent ete ibrt affliges de sa niort ,
particulierement le cardinal Mazarin (1). Le roi d'une part ,
et la reine de 1'autre, vouloient fa ire clmsser Valot, et I'eussent
fait, uiais le Mazarin I'a niaintenu. Guenaut est ici assex. nial
content de ce pea qu'cm lui a envoy*; pour le voyage qn'il a
fait a Calais, en la maladie du roi, et a (lit que si nne antre
Ibis on le mandoit pour aller si loin , qu'il le refuseroit. I.e
tiers d'une once tie vin emetique n'a done servi qu'a fa ire
babiller le gazetier, suivant sa coutuine.
J'appreuds que M. le comte de Rebe se porte mieux , inais
je n'y vais point. 11 a demande pourquoi je ne le vais point
voir, je vous vais dire la raison : on m'a rapporte qu'il disoit
(jue dans le faubourg Saint-Germain on lui avoit proinis de
lui fa ire voir un medecin etranger (|iii savoil guerir de l<i
goutte et de plusieurs autres maladies; j'attends (|ue cehii-la
I'ait gueri, et auparavant ji; n'irai point, s'il ne me mande,
et, lui me viendra voir s'il vent.
Pour M. votre fils, je vous averlis <|n'il est mieux a Lyon
qu'a Paris, on la jeunesse est merveilleusement debauclK'e.
Vous en voule/ faire un medecin? II pent fa ire sa philosophic
a Lyon, et apres vous nous 1'enverrez ici ]>our la nxklecine,
mi an on deux ans. Si M. votre fils den curt! pres dc vous,
vous en ser*1/. mieux le maitre, sa saute sc fortiliera , t;t d
sera plus capable de me croire dans deux ans, si j'y siiis en-
core. Quand il aura ici etudie (juehpie temps , il faudra !<•
faii-e passer doctcur en peu de temps, et apres le retirer prcs
de vous , on il vous suivra che/ les malades , et on il appren-
dra plus cu trois mois f|u'en quatre ans a Montpellier, on
j'apprends aussi (pie les jeunes gens sont fort d('vbauches. J'eu
ai plusieurs exemples. mais j'y prends moins d'iutt''ret Ktant
1 J'ai parle <lo colic maladie dii jciine roi cl dc l.i \i\c conlrariclr
(|iio le Irailcincnt par I'anlimoiiie causa ;i (ini Patin. \o\c7, la notice
biorraliiriic. pa^c \MX. H.I'.
\ I . M.I. DM; I l.M
a Lyon , pivs dc vous, il pourra vou> rcndiv bon romplr i|,
son loisir, et a son aisr et ii son grand prolit ; il lira Hippo-
crate, (ialien, Kernel et Duret. Voila ce quej'en pense; si
vous desirez que I'alFaire aille autremenl , vous en etes Ic
juaitre, et jesuivrai entierement votre avis.
Si vous retenez M. votre Ills a Lyon pour Cairo sa pliiloso-
phie, tachez de Cairo en sorte qu'il apprenne le grec si lieu
reusement qu'il sache bien sa grammaire, le IVouveau-Testa-
nicnt, Lucien, (ialien et Aristote Dans deux ans il sera plus
robuste et plus propre a su|)porter son premier hiver a Paris,
qui y est extraordinairement rude aux nouveaux venuset aux
jeunes gens; et me'me alors il Caudra 1'envoyer des le mois
d'aout, alin qu'il y j)asse rautoinneet qu'il y soil arcoutume
avant (jue 1'hiver vienne : Imlii's quill yiiiium ; ti'ifui ln>ni<{w
(•(ntsult's , diversum for^ni scu/ivs Lugdtini, fn si hie s/.s, n/itcr
stud'as. Je vous baise les mains , et suis de tout inon cirur
votre , etc.
/'. 6'. On (lit ici quo le milord Lockart, ^ouverneur dc
Dunkerque, demande a parlementer avec M. le cardinal
Ma/arin j>our la peur qu'il a que les all'aires d'Angleterre nc
cliangent, a cause de (juoi il veut s'assurer dc la protection
de: la France pour ganler sa place. Le roi d'Angletorre est en
Flandre; il n'a pas enlreprisdo passer en Kcosse, connne 1'on
disoit, car il n'a ni homines ni ardent, et le roi d'Kspapne
n'a ni Fun ni 1'autre pour 1'en assister.
On dit que M. le marechal de (irammont , (jui est ici de re-
l.)ur depuis j)eu de Francfort, s'en va en Angleterre en <|ualit(;
d'ambassadeur extraordinaire. On dit que le nonet! du papc
demande avec beaucoup d'cmpressement une audience pour
se plaindre du gazetier, qui a fort maltraite notre Saint-Pere
le pape en sa penultieme gazette : on dit que cet ondroit vicpi
de iM. Servien, surintendant des finances, el qu'il n'a p;^
ell'- mis la sans (|uel<|ue dessein , <pie la morl de Cromwell.
laquelle survint en ce mcmc temps-la . aura iHoiiliV.
Do Paris. IP 2'i scplrinlirc 1(>iiS.
92 l.hlTHtS DK (,ll I'AICN
LKTTRK CCCCLMIl. — Aumrmr.
Nous avonscnlin un premier president an parlement, savoir.
M. cie Lamoiguon, maitre des requetes, fort habile, fort sa-
vant et de grande reputation. II est de bonne faraille, fils d'un
president an mortier. et n'a que quarante-deux ans. On dit
que cette charge ne lui coute rien , et que le cardinal Ma/ariii
lui a dit lui-meme que le president de Novion lui en avoit of-
t'ert six-vingt mille pistoles (ju'il a refusees. N'est-ce pas une
nierveille qu'un ministre d'Ktat conime lui, qui a pristrente
milleecus, en plusieurs articles , d'un charlatan inconnu et
ignorant, pour le faire premier medeciu du roi, ait refuse
une si belle somme pour faire un premier president? S'il est
vrai, c'est a cause du grand merite de celui a (jui il donne cette
charge, de meme que pour sa naissance et pour sa capacite
dans les affaires. Les homines ne sontpas tou jours mediants,
ils s'amendent et reconnoissent la vertu tot ou tard ; car elle
n'est pas en tout temps ce <jue disoit Brutus, 1'ombre de la
fortune : meme les mediants se lassent de mal faire. Nous
avons etc ce matin en corps saluer le premier president an
nom de notre Faculte. Le doyen lui a porte la parole, et lui
a fait une petite harangue en latin , de dou/e lignes ou envi-
ron , a laquelle il a repondu sur-le-champ en meme langue. II
nous a promis merveilles , plus que nous lui demandions et
plus (ju'il ne nous tiendra , si du moins il fait comme les au-
tres grands , qui ne veulent pas el re esclaves de leur parole
Tout le monde est 1'ort content de sa promotion ; il y a sen le-
nient quelques gens de longue robe qui souhaiteroient qu'il
I'ul un pen plus vicux, puisqu'il sera chef et le plus jeunr dc
la grand'chambre. J'en vois d'autres (|iii se rejouissent de ce
qu'il est dans son anie janseniste, et ((u'il n'a point 1'ame
moutonniere . servile el tyrannique. II sail les portes gives
par co-ur, Plutarque, C.iceron et Tacile , qui ne sont pas dcs
mauvais origiuaux : il sail aus.;i j»ar cinir la pathologic de
A FAI.CONKT. «).{
noire Kernel , qu'il a autrefois lue par mon coiiseil. M. I,.- car-
dinal Mazurin lui a rendu visile. Comine M. de Lamoignon lui
disoil qu'il lui avoit beaucoup d'obligalions, on dil que .Ma-
/.arin lui repondil : Mviisit'iir, >•/ If roi cnt />u froi/rcr tf«n* sun
rut/aunt? un i>lus homme de l>i/;n yw rout , // lie ronx < fif i,<ia
donnf' cette charge. Tous ses amis disenl qu'il n'a rien promis
ni donne; mais d'aulres parlent auirenient , el noinment
memedeuxgrandessommes ; savoir, sa charge de inailre des
requeles el six-vingl mille ecus d'une aulre part, ce quo je
ne puis croire. Outre (ju'il esl fort regie, il n'est pas assex.
riclie pour donner de telles soinmes ; car il n'a jamais en
;U),00() livresde renle. On ditque la reine, on parlanl de lui ,
a dit : Yollij /" /ircni/f'rr join <jw M. If cardinal u ef<: //c;///;/r//.r.
11 y cut dernierement un docleur deSorbonne, janseniste des
plusechautfes, (jui me vinl voir. 11 me dit (jue M le chancelier
lenr esl fort contraire , el letir fail plus de inal que les jesuiles
memes; (jti'ils out trois Hvres a I'aire iniprimer, el qu'ils n'o-
senl neanmoins 1'enlreprendre. L'un est un journal de lenr
voyage a Home , en 1052, donl ils n'eurenl pas grand con-
tenlement ; car 1'annee suivante il vinl line bnlle qui con-
damna les cinq propositions pretend ues etre de Jansenins ,
(juoique ceux de deca nient for lenient qu'elles se puissent
trouver dans son livre. Ce ful dans ce voyage qn'un cardinal
de leurs amis lenr dit qu'un jour le pape Innocent X elant
en colere contre un moine qui n'avoit pas assex. hardiment
parle de sa toute- puissance papeline dans un livre (jtiil
avoit fait, dit plaisammenl en italien : •/'• m'':t<nuit.' fm-t i-om-
iin'iif t'd i/Htiiii' t'ftf s/ fUt </c IK' jttis ri'li'i'i'T um tuufc-jiim^inn'i' ,
fjiiifit/n il dolt Mirolr </i«' tuns lt\* ntntnt'* vnsuniblc in- .•mn,' </'"'
nit1* snldfits , I/IK- je x///.v It'iu' i>r<>nn/'r nifi/funn' <•/ </cnf'/'tii
tl'onin'C. Feu M. Servin, avocat-general , <|iii mourutdans la
grand Chambre d'une apoplexie, en taisant des rcmontrancf>
an roi ('outre des edils (|it'il alloil I'aire vt'rilier, disoit qnel-
quefois en raillanl (|ue les j(''sui1e> t'toienl les janissaiies dn
|>ape, et les aulros innines ses arguulrts. I.e b<m mot dn pape
<M I.KTTHRS ])K Ci:i I'ATIN
Innocent n'a pas ele oublie, et a ele enchasse en bon endroit.
a ee (juc me (lit le doclenr de Sorbonne, qui en sail bien
quaiitite d'autres. II m'a dit qu'ils ont 1111 aulre journal pret a
elre mis sous presse , tonchant les assemblies (jui furenl
laites en Sorbonne pour examiner le livrede M. A. Arnault,
il y a deux ans , oil trente-lmit moines de diverses couleurs
enrent seance el voix, ee qui fit trebucher la balance contre
M. Arnault. Plusieurs bons mots y f'urent dits. Kn voici un
<|iii m'a toujours plu. Un jansenisle disoitbai'diment son avis;
mi eveque du parti contraire le voiilnt interrompre : c'etoit
l'eve(|iie de Rodez , precepteur du roi. Le docteur lui dit
qu'il n'avoit mil droit de I'interrompre, et qu'en cas qu'il
parlal mal, cela n'appartenoit qn'a M. le chancelier on a
M. le doyen qui etoient presents. C.ela irrita encore davanlage
Af. 1'eveque, qui lui dit : f'cst qw r<»<s nri-z ninniiK' Jnnspniits.
Le docteur lui repondit : f'f(«i na roxs dnif ////.s di'plfiii'c , ninn-
xipnr; il i-toit t'veque coininc roiis cf HUMI' hicn fjttc vans. L'eve-
querepliqua : ("f'-tolt un bcl i>w'qw>! il nc I'd i>t<> t//tf di.r-hnit
inoix. Le docteur lui repartit sur-le-champ : Monsieur, jieiitez-
roux a f-c qiK' COKS (Utex ? II cxf iitnrt Ics <irnt<>x a In main t/nns
fin/) . ewr/if' ; et s'il cut mart ji'inii' , sniiccnov<mx f/"f CITO K.\i'-
TITS EST NE MALITI.V MITAHET INTI- I.I.ECTl'M . A (jllo'l 1'eveque Sp
tut, et tons se mirent a 1'ire, mt3me AF. le chancelier ne s'en
put pas retenir. Je suis tout a vons.
De Paris, lo \\ octobrc K558.
LKTTRK CCCCL1X. - \n ,.,<•>»(>.
On vient de me dire qu'il court ici un livre en caclicllc.
intitule l)c rinfaillibiliti' (In i>«i>c. On croit qne c'est qneltjiie
onvrage des|jansenistes irrites contre lui, 'pom1 la bulle dr
I()i")3, et meme qne le cardinal Ma/arin est malcontent de
Rome, a cause (ine'lelpaiie c^t porl*'1 noiir Ic rai'diiuil dc l»rl/,
I kt <JI I
A K \I.CO\K I. <».',
el qu'il n f'ait'demander ici par .son nonee poiinpioi on lein-
peche (It; jouii1 de sou temporal. Je ne pense pas iieamnoins
que le papo nous I'asse jamais grand inal , tandis (pic le car-
diual Mazarin sera dans le plus liaut credit qu'un ministre
d'Elat puisse jamais etre, si ce n'est iju'il nous vonlut oter le
careme; en quoi il f'eroit grand depit aux poissonniers ct ven-
deurs de maree, ou bien ipi'il nous excommuniat; car on dit
(jue lorsqu'un liommeest exeommunie, il devient noircomme
poivre. Cela me viendroit done bien a propos , ear je com-
mence a blanchir ; et si j(; devenois noir, je eroirois rajeunir.
M.Amyraut, ministre de Saumur, est ici depuis qwlqiif
temps. 11 prechadimanche dernier a Charenton , avec applau-
dissemeutset satisfaction de ceux ipii rouirent. Vous save/,
qnc c'est un i'orl savant lionune et (pii a beaucoujj tVrii. II
Tail une Murnlc <:/</•<'•( ieimc dont nous avons ileja qualre pai tic.s.
sans ce (jui viendra ci-apres, earj apprends (|u'il a unesanlr
fort robuste. II me semble qu'il y a peu d'auteurs (pii ecri-
vent inieux (jue lui, ni plus facilement. Tout ce qu'a fail
M. de la Mothe-le-Vayer cst beau et bien agreable ; mais il
est vieux, et je pense qu'il ne nous donnera plus rien.
On imprime un second tome des leltres de M. de Coslar.
M. I'aul Thomas, sieur deGirac, conseiller an presidial d'An-
gouleme,et intime ami de M. de Bal/.ac , avoit en (pierelle
eontre ce M. (-ostar en defendant lial/.ac con t re Voilure. II y
en a (piehjue chose d'imprime. M. de Girac y a repondu et a
•Mivoye ici sa copie. M. (lostar, qui en a eu le vent, a prc-
sente rctjuete eontre I'impression de ce livre , et a obtenu ipi'il
in; s'imprimeroit point ; intMiie ce qui a ete commence en a ele
saisi , et neanmoins Bal/ac vaul mieux que Voiture.
():i nedoute plus ici du voyage du roi; lout le mondes'y ap-
pivlt; serieusement. Les gardes et les Suisses sont partis il y a
<leu\ jours. Us vont premieremenl a Dijon , ou M. le clian-
eelier s'arrelera et puis reviendra ici. He la le rm ira a I, yon ,
et de la peiil-etre en I'mvence et en Languedoc . pour \ Iroii-
ver des nioveiix de lain1 dt; I 'ai'uent.
9() I.KTTUKS DE iitll P.UIN
M. Bouvard , notre collogue, est morl le 25 octobre , age
de qualre vingt-six ans (l). II esl moil tout exleiiue , i'x
titarcorc id scitio. II a etc enlerre dans Saint-Sevei'in sans au-
cune ceremonie. La Faculte n'y a pasete appelee. II laisse un
Ills conseiller de la cour, fort riclie , et deux lilies veuves,
dont 1'une est madame Cousinot , et 1'autre est veuve de
M. Kibier , eonseiller des requetes du palais , His de la niece
tie M. du Vair, eveque de Lisieux et garde des sceatix.
M. Gaumin , maitre des requetes , irrite contre 1'arret du
parlement qui tit cnlevcr du For-l'Kveque un prisonnier
auquel les maitres des requetes pretendoient fa ire le proces
pour des faux sceaux , fit, il y a. quelques jours, les (jnatre
vers suivants :
Curia cons i Hum pellit, rcgem e.xpiilit oiim ;
Prcnxulibus pulsit , pellit ab urbe Dcuni.
() nine consilio, sine rege Deoquc sen a turn .'
O sine lege rirov , o sine menle ncncs!
M. de Broussel , conseiller de la premiere des enquetes , Ills
de celui pour qui on fit les barricades, 1'an KViS, y a re-
pondu , pour la defense du parlement, de la maniere (jui
suit :
Curia consiiiumfrenal , regcmque retluxit .
Pro'iuilUnis misxix, pineal ubique Deum.
Dum sine conaitio hanc , sine rege Deoque nolayli .
Tn sine fnmle vir e* . lu sine menle sene.r.
Le roi part demain pour Dijon. Un dit que dans ce voyage
il y aura cent dix carrosses a six chevaux , sans les clievaux
de selle et de bagage. Voila la cour qui s'en va en vosquar-
tiers ; les nouvelles nous manqueronl dorenavant, ce sera
vous qui les aurez; mais il n'imporle pourvu «|iie j'aie vo^
bonnes graces.
!)«• Paris, le :LV> oclol)ro KiikS.
J; N'()\0/. If* MdlfS 1. II , p. '2W f'l '2Sj.
A KU.CONKT. <t 7
LETTRE CCGCLX. -- A,, ,///W.
Je ferai a M. votre fils tout ce que je pourrai a cause de
vous et de lui; ct afin que nous n'ayons point de querelle en-
semble , recommandez-lui bien son devoir : il me sera ins
recommande , n'en doutez point, c'est assez qu'il porle votre
nom. Jen'ai jamais voulu prendre personne en pension, bien
que j'en aie etc plusieurs fois prie ; mais je ne puis vous rien
refuser. Vous me parlez du prix d'une pension ; je ne suis ce
(jue c'est, je ne vous demande rien; dites-moi seulement si
vous voulez qu'il fasse son cours en philosophic, et quel vin
vous voulez qu'il boive; du reste, il sera nourri a noire ordi-
naire, qui suftira a un etudiant. Pour son etude, j'en aurai
soin et vous en avertirai de temps en temps ; a la tin je vous
en rendrai bon compte.
Le roi est parti d'ici le 26 pour Dijon ; M. le chancelier est
parti le 28. On dit ici que ce voyage du roi est lout politique
ct mystique : tarn ymnde arcanum dcteyet ipsa dies. Le parle-
ment de Dijon a charge de s'assembler de lundi en huit jours,
on le roi se rendra. On dit que c'est pour erecr tine chambre
de 1'edit et une cour des aides.
Je me recommande a vos bonnes graces et a mademoi-
selle Falconet, s'il vous plait, a laquelle je donne assurance
que nous aurons grand soin de son cher Ills, |>otirvu (jue
j'aie sur lui cet avantage qu'ii me veuille croire. Ma i'emme
est encore en vendanges, et ne reviendra ici (lu'environ le
15 noveinbre, parce qu'il y a des arbres a couper et du bois
a planter. Nous y 1'aisons mettre cette annee cent pieds de
bons poiriers , dont plus de la moitie sera de bon chrelien
d'hiver ; il y en a deja plus de cinq cents, .lu vous baise les
mains , et suis de tout mon cti'iir votro, etc.
Do I'aris, le -29 octobrc 10o8.
III.
9S i I:ITHK< in-: i.i i i'\Ti\
LKTTKK CCCCLXI. — An ////W.
Le matin -2 novemhre, nous avons fait uu doyen nouveau :
c'est M. Blondel , dont le troupeau antimonial est fort etonne
et fort marri. On croit quo c'ost lui qui est 1'auteur de
YAlelhophnnen, piece eurieuse, comme vous savez, conlre 1'an-
timoine et les principaux anlimoniaux , et principalement
(iiienaut,des Fougerais, Kainssant, Mauvillain , Ilanlouin ,
Saint-Jacques et Thevart. II est fort savant et fort zele pour
le bon parti , c est-a-dire bon Israelite ; inais nous ne inan-
(jiions pas ici d'Egvptiens qui nc cherchent qu'a le traverser.
Je viens de recevoir un petit livrc tout nouveau fait parun
medecin de Narbonne, nomme (Iraindorge, centre 31. Kes-
taurand, medecin du pout Saiut-Esprit , sur lesprincipes du
ftTL'tus (1). Co M. (Iraindorge est un Normand , medecin de
M. I'archeveque de Xarbonne. II est homme curieuxet spiri-
luel : aussi est-il du /KII/S (if x<ij>i<'nfi'.
La republique des iettres a fait une grande perte par la
inortde M. Lemaistre, fameux avocat , dunt on avoit publie
in-quarto et in-folio les beaux plaidoyers (2) . II est ici regrette
de tons les honnetes gens, car c'etoit un homme incompara-
ble en veilu , en science , en piete chretienne el en eloquence,
tt s'etoit retire expres dans le I'ort-Koyal pour y passer le
reste de sa vie dans la pratique des maximes chretiennes , qui
sont si dit'ticiles dans le commerce du monde, comme on vit
aujourd'bui. On (lit qu'il n'y a que les loyolites qui ne sont
pas laches de sa mort. Scaliger les appeloit les llatteurs et les
ennemis de tout le monde ('.}}.
'[] Fiyuhm cxercitalio tnedicmde principiis ftclus ; auot. H. Reslau-
rand - AniU!-iano , 10o7. in-S°. — And. Graindor^e , Animath-. in
fiijitli c.n'.ri'itat. deprlncipibus fofltis; >"arboii;o, IfioS, in -S". R. P.
2 Anloinc Lemaistre, in- a Paris en 1008, IVcrc dc L. Isaac Lc-
mair-tro do Saoy , (ra<lu(M<M!V dc la ISihlo pt parent jiar sa mere du ;',rand
A. A maul.!. 15. I'.
';! i ,iii I'aiin oiililic-l-i! t!onc (jiTil atlrihuc re mot . et a\cc rai^on .
a 1'alil'o de S;iinl C.\ run . iiiil^ur aiioinim- du I'l'trus (urclins \o>.
la not.- I. F. p. 117 . \\. !'
A FALCONET. M9
Yoiile/ voiis beaucoupde petites nouvelles en p«-u de mots,
en voici : le inarechal de Turenne doit passer sou quartier
d'hivercn Flandros , et a pille et brrile unc petite ville a cinq
lieues de Bruxelles, nominee Ninove , paysdu fameux pnun-
mairien Jean Despautere, dont voici I'epitaphe :
(iammaticam scicit , inultos docuitqiie per a /in ox.
Dcclinare lumen nonpotuil hiunilmn.
Le president de Thou , ambassadeuv en ilollande , a de-
clare de la part du roi a MM. les Etats , que s'ils donnoient
Maestricht aux Espagnols en ecbange de Dunkerquc et de
Nieuport , il lour declaroit la guerre La reine de Surde vit
comme une sainte a Koine. Elle fait an rebours du vieux
. dicton : Vti'tw qid cu/jftis sanrte , discedite /{OHM. Le barhu
d'Alep s'est revolte contre le grand Turc. Cela fera grand
bien aux Yeniliens et aux Alleinands, qui auront ainsi inoins
de forces a soutenir.
J'ai recu les livres de Guernerus Roliingius, que vous in'a-
vez envoyes. Si cet lionnne ne sail de pratique que ce qui pu-
roit en ses ecrits, il fera bien de ne pas venir a Paris. ,!;• di-
rois volonliers de lui ce que M. Sauniaise a dit de uotiv
M. de G orris, dans ses Exercitalions sin- IMiiu- ! : >'/ m
curandis cey)'is ni/iil [tins viflef , >'<:• ////>v/v'x.
(1) II est evident que Saumaise et (iiii 1'alin HP parleiil puinl ici dc
Jean de (jorris, le savant auleur de I'ouvrafje, Definilionum mediva-
rum , /i'6rj XXIV ; acccsserunt I\'icandri t/icri(ica et ale.riplmnnaca .
Uippocrdtis . de ijcnitura ; de nalura pueri ; iusjuranditm , dc nrtc . de
prisca incdicintt, dc medico, formula' reniedioruin ; and. )'. (iorraru
palre, Parisiis, 1564, in-4"; medecin qui tut evclu^df .-a coiiipa^iiie
comme i>roteslant , et pensa etrc massacre pendant la Saint- Harlhelemi ,
dont il conserva toule sa vie un eflioyablc souvenir, uiai^ de son petit-
fils, Jean de Gorris, un des medecins de Louis MIL (.<• dernier »
iravaille pendant viugt ans a complett r I'uuvrai'.e de MHI aietil, <|u "il a
augmentc a pen pres dc !a moitie de Le/in (:<ws <lt widerine, dans I'. -
dilion cpi'il a puMiee. Pari-, It 2^, in-iol. \\. I'.
100 LETTKES DE CU1 PATIN
La posterite se passcra aisement do mes eerits : aussi n'ai-je
pas beaucoup d'envie d'en laisser. II n'y a que deux series de
gens (jui ecrivent , Ics sagos et les fous , et jo me coimois pour
n'etre ni I'un ni 1'autre. Do plus, la vie que nous menons a
Paris est trop agitee ; 1'excrcice de notre profession nous 6te
cette tranquillite qu'il faut avoir (inand on vetit eerire pour
I'eternite. J'ai toujours dans 1 'esprit le passage de 1'histoire du
president de Thou oil il est parle d'Antoiitc de liichdicu ,
appele vulgairement le Mo/itc , qui a route la vie a son petil-
lils. II cut bien mieux valu no pas eerire. Quo sait-on si dans
quelques siecles il no se trouveroit pas quelque tyran qui lan-
ceroit son tbudre sur ina famille, de chagrin que j'aurois
ecrit quelque verite de scs ancetres (!}? On n'eut pas coupe la
tete a M. de Thou , si le cardinal de Richelieu n'eut chorohe
1'occasion de se venger sur le petit-lils de ce qu'avoit ecrit le
grand-pore. Je passe tranquillement les apres-soupers avee
mes deux illustrcs voisins , M. Miron , president aux enqueues,
el M. Charpentier, conseiller aux requetes, qui out grand
soin chaque soir de m'envoyer querir On nous appelle les
trois docteurs du quartier. Notre conversation est toujours
gaie. Si nous parlous de la religion ou de 1'Ktat , ce n'est
qu'historiqueraent, sans songer a reformation ou a sedition.
Nous nous disons les uns aux autres les clioses a pen jires
eomnie elles son t. Notre principal entretien regarde les leltres,
ce qui s'y passe de nouveau , de considerable et d'utile. L'es-
jtrit ainsi delasse, je retourne a ma maison , ou apres (|iiel-
que entretien avec mes livres, ou quelque consultation pres-
sri; , j(! vais chercher le sommeil dans in on lit, qui est, sans
month1, comme a dit notre grand Kernel apres_Seneque le ti-a-
gi(jue, /idi'ft /tunmnct' tnt'linr ri/d>. -U: soupe pen de fois hors dt1
1) II esl certain que si \\m cut ooiiiui <lc hoiuic licurc les led res de
diii 1'aliii , sa verve de mcdisance , de sarcasino , d'ironio , el . il i'aul le
dire, de verite. sur certains points , sa laniille annul pti en sotiflrir. Ml
qui sail si Texil de son lils C.harles ne veuail pa- de (juclciue iudiserc-
lion ii eel ej'.ard .' 15. P.
A FAl.CONKl. 101
la maison , encore n'est-ce guere qu'avec M. de Lamoignon ,
premier president. II m'affectionne il y a longtemps; etcomme
je 1'estime pour Ic plus sage et le plus savant magistral (In
royaume, j'ai pour lui une veneration particuliere, sans cn-
visager sa grandeur.
Je ferai venir de Holiande le livre de Maresius , touchant la
papesse Jeanne. Les habiles gens croient ici qu'il n'y ajamais
eu de papesse. David Blondel , Scaliger, Calvin , Chamier,
Dumoulin et plusieurs autres grands personnages , out etede
cetavis, qui fait plutdt une controverse en histoire qu'en re-
ligion. Ce Maresius est un Pi card bilieux , fort echaulfe contre
Voetius et M. de Courcelles.
On imprime la censure de Sorbonne contre les jesuites, et
leur Apologie pour les casuist es contre les calomnies desjanse-
nistcs (1). Je suis bien beureux d'etre medecin, et ainsi de
n'etre point engage dans aucun de ces partis. Les moines out
trop d'ambition et trompent trop souvent le monde par des
grimaces. 11 y en a pourtant de bons parmieux, mais nous
n'en voyons que trop de rn.au vais. Je suis, etc.
Do Paris , le 8 novcmbre 16o8.
LETTRK OCCCXLXII. --Ait urine.
Je vous dirai que depuis ma derniere , qui fut du vendredi
8 de novcmbre, un de rios jeunes docteurs, nomine Doutc,
a fait imprimer un petit traitc in-i° de 50 pages (\uSilji/n>nnt
on sue cyrenai'que de (ialien , contre un docteur de la nation
antimoniale, qui n'est ni savant ni honnete homme, mais
Manceau. Pour la censure de Sorbonne, elle vaut toujours
micux que rien. II est vrai qu'elle est foible, et que
La noire ol forte machine
<vHii tend ses bras jusqn'a la C.liinc L')
(1} I'ar lo I'. Pirot; Tails, 10o7. in-'«.
('2} \>r« dc Sainl-Amand. '•• ''^
10'2 I.KTTHKS UK »,l 1 J'ATI.N
a merveilleusement du credit a la cour ; ni;iis neanmoius ces
bons peres ont anssi beaiicoup d'ennemis , et quelque malice
qu'il y ait dans le siecle, il taut pouriant avouer qu'il reste
encore d'hounetes gens. On dit ici que cinq eveques de Lan-
guedoc ont tout nouvellement censure cette A/tot oyie des ;>'-
si/ifes pour les casuistcs, faite par leperePirot, Hreton. Les je-
suites sont en grosse colere de toutes ces censures , et jettent
feu etflamme contre M. Masure, docteur de Sorbonne et cure
de Saint-Paul, qui est leur grand et puissant adversaire, qui
a presse la censure de Sorbonne. 11s disent qu'il vent etre
eve'que, mais qu'ils s'y opposeront et qu'ils empecheront ses
bulles a Home. Voyez comment voila de bons Chretiens, bien
fournis de cliarite apostolique, et comment ces gens-la par-
donnent bien a leurs erinemis, selon le precepte de 1'Evangile.
Le Grand-Seigneur a fait emprisonner et etranglcr son
grand-vizir, et a fait arreler la sultane sa mere. On dit que
ce jeune prince a de grands desseins, et que ce sera un second
Soliman s'il vit. M. de la Have, notre ambassadeur, y a des
gardes, et son fds , qui lui devoit succeder dans 1'ambassade
de Constantinople;, y est prisonnier.
M. le president de Mesme a perdu son second (ils , age de
vingt-qualre ans, qui avoit deux abbayes de cinq mille ecus
de rente, d'une iievre continue, dans laquelle Guenaut lui
avoit fait preudre trois fois du vin emetique, (|iii lui a donne
un rude assoupissement qui 1'a conduit au tombeau. Voila les
benedictions antimoniales, en suite de ce que la Ciazcffc a pre-
die de 1'excellence du vin emetique; et voila le president de
Mesme recompense de la fourbe qu'il me fit, 1'an 1G53, au
proces de Jean Cbartier, a la recommandation de Guenaut,
qui avoit . peur pour son antimoine, si Chartier eut perdu son
proces, comme il It; devoit perdre. 11 n'a j)as pourtant laisse
deleperdre; car son malheureux libelle a ete desavoue et
condamne de tout le monde , et lui fort blame et meprise d'un
si chetif ouvrage, ducjuel meme on dit qu'il n'est pas 1'au-
triir. mais qu'il a srulrmenl prtMr son noni a Havisson . qni
A KA!.III\I. i. ID;
etoit uu inalheureux chiniiste ecossois et cocu, qui a quitlr
Paris de peur cl'y mourir do faim , et e>t alle eii Pologne ,
pensant y faire fortune, ou il cst inert gueux.
Enseignez-moi dansquelslivres je pourrois trouver la des-
criptionde ces pilules si fameuses qu'un appellede Francfort,
pilules que je crois n'etre autre chose que de 1'aloes nourri
et lave dans 1'eau de violette par plusieurs fois. Je sais bic-n
que les Allemands en font tin grand secret, mais je ne suis pas
deleur avis; car, atoutprendrcet iibien conipter, 1'aloes est un
chetif et mediant remede qui dessecho le foie, rechauffe et le
dispose a I'hydropisie, outre qu'il ouvre les veines du siege et
fait venir les hemorrhoi'des (1). J'aimemieux le seneet le sirop
de roses pales. Je suis , etc.
De Paris, le 3 decembre 1658.
LETTRE CCCCLXI11. .\nnrinf.
J'aice matin consulte avec M. Pietre , (jui in'a fait vuir HDP
lettre que M. Gamier lui a ecrite, on, entre autres , il dit qnc
\Q comes archinh'on (2) a vu mademoiselle Falconnet et son ge-
nou malade, ou il a fort parlede tarlre coagule : w.nt rorlni
ctvoccs quibus incnbui site viilctur, itf iiirw/fns decipcrct. (le gali-
matias , qui lui est commun et usite , est propre an pays de la
cour, ou il a a vivre : nbi csf msimi* inter tfntfns , comme Jo-
seph Scaliger disoit de M. du Perron, qui entretenoit aver
grande admiration les dames de la cour du temps de Henri III,
dix ans avant qu'il fut cardinal, pour paroitre suv;mt di-vant
eiles, dc Icvi ct graci , de etife mctai'ih >jxi< •« , etc. Mais, a cela
pres, je voudrois qu'avec son babil il vous eut mis liters de
peine, et que mademoiselle Falconnet fut hien guerie. Scali-
(1) Remarque parfaitcnienl juste. Ce qui nYmpeclie IPUS les charla-
tan1* de nos jours de vendre en toute Hlx-rlr do* jiilules purgatives en
grande partie compo«ees d'aloes dc mauvais ohoix.
'•2) II *'agit d»> Valol . medecin du rci. *-t «|ui etail -i I. yon.
104 I.MTIUS DK i.l I I'AII.N
ger le pore en vent fort a un certain medecin dc son temps
qui prenoit cette quulite do comes fire/natron, qui etoit un
nomme Simph. Champier, medecin de Lyon , du temps do
Charles VIII et du bon roi Louis XII, et qui, du temps du
grand roi Francois Pr, quitta Lyon pour s'en aller a Nancy, y
6tre medecin du due de Lorraine. Ce Champier a beau-
coup ecrit (quoi qu'en disc Scaliger avec son ambition),
et pourroit dire de soi-meme ce que le poete Ausoue a fait
dire a son pere :
Et mca si nosscs tcmpora, primus cram.
Mais c'est que Scaliger lui en vouloit , comme depuis il en
a voulu a Erasme et a Cardan, qui etoient d'excellents hom-
ines en leur sorte; voici done ce que Scaliger (lit de ('.ham-
pier : Camper ins , quis ille sit si petit quisqucnn , respondco , sed
Scwvolce inodo, panels : Ardeliomirus, insolens, timicns, f urgent,
titulo orchinlri , quod Dem sit fitrornm , nam Candida' illtr
mentis hand tenet micam, scd fidsarius invidusquc , ineptm-
que , etc. Ne voila pas un homme bien decrit? et neaiiHioins
ce Champier valoit cent tbis inieux que ce come* arcliintron
d'aujourd'hui, qui ni/til estfdind qwnn iynarus ft inept us , ne-
bula, mitynus vyyi'ta , qui fait 1'entendu par 1'autorite que lui
donnc sa charge, et dans laquelle il n'est entre que par une
grande porte doree. ,Ie n'en dirai point davantage pour le
present, in patient ia possidebo animam mcam , donee transeat
jittquittis et imniutatio veniat. Unicuique suum non in grata
rcpcndcf jmsfcritaft. 11 importe inieux aux gens de bien que Ton
sache (juels out ete ces trois liommes , Heroard , Vaulier et
celui-ci, et comment on choisit des medecins a la cour.
II y en a ici qui disent que le roi passera les fetes ii Lyon ,
et (jut: le due de Savoie n'aete (jue peu de jours a la cour, et
qu'il s'en est retourne bientot a Turin. Je vous envoie deux
autres lettres avec celles-ci , lesquelles vous auroient pu etro
cnvoyecs drs 1'ordinairc passe, mais jo les retins sur I'ospi'--
A F.MXdM.r. !(•;>
ranee que j'avois d'avoir h'u-r de vos nouvellcs; nruimioins je
vous averlis que nous n'en avons point d'impatience, ce sera
tout a votre commodite. Notre ecolier (i), volre Ills, est ni
bonne santeet va gaieFnent enclasse, oiitous les jours il dis-
pute, et est toujours interroge de son regent, qui ni'a bien pro-
mis de lui donner de 1'exercice et ne le point laisser en repos.
Nous ne vous ecrirons plus dorenavant que quand nous se-
rons presses; faites-en de meme, s'il vous })lait, et ne vous
mettez point en peine de nous. II fait bien (Void, inais nous
avons du bois pour nous chauffer, joint qu'il fait cbaud dans
mon etude, et nous etudions toute la soiree tete a tete jusqu'a
1'lieure du souper, et par apres nous causons aupres du feu
de quelque matiere agreable , physique, historique ou poli-
tique. Notre Carolus nous conte toujours quelque chose de
curieux; il aime 1'antiquite, et nous en entretient gaiement ,
si bien que nous allons souvent nous coucher line heure j)lus
tard que nous n'avions resolu. Je vous baise les mains, et
suis de tout mon coeur votre , ete.
De Paris, ce 10 decembre 1658.
LETTHE CCGCLXIV. — AM mttnc.
Votre lettre du 19 decembre m'a ravi : je vous en remercie
de tout mon cieur; je n'ai pas moins de joie quand je rerois
les votres que vous avex pour les miennes, et jt^ vous trrirois
plus souvent si j'avois quehjue chose digne de vous etre
mande. Dieu sauve le cnmns (ircliiatro/i . s'il a de quoi; nous
le connaissons bien de deca , et savons bien , f/nm/t >•/> ////
no'ta supellex pra'fcr yarnditdtnii nutirn/n i-t m-fr* tiulifis
quorum cop in ct robore pallet . Je sais bien le merite de Sym-
pborien Cliampier, et 1'ai souvcnt loiu'. ineine publiquement,
(I) Noel Falconet.
106 I KITHES DK (,i I I' MIX
et en nies explications et en nies lemons; mais je voudrois bien
savoir en quel an il esl mort et en quel lieu, ear je crois
qu'il quitta I. yon pour s'en aller en Lorraine, oil il t'ut tirchia.-
fros , et me semble avoir hi quolque part qu'il mourut
I 'an 1035(1) C'etoitdu temps de Tagault, de Sylvius, tie Mar-
tin Akakia : Brissot etoit murt en Pan 1522, et Kernel etoit
encore en herbe, au moins. comme on (lit, fendoit-il dubois,
se preparant pour tA-tre le premier medecin de son temps, et
peut-etre le plus grand qui sera jamais; il enseignoit alors
dans nos ecoles. Sa Physiologic ne fut imprimee que trois ans
apres, savoir, Tan 1538; mais ses Mathe'matiques 1'avoient
ete des 1'an 1528. N'y a-t-il pas moyen de faire un beau pa-
rallele entre Feme I et le nnncs arc/natron d'aujourd'hui ,
que vous n'aurez plus guere a Lyon , ou, au lieu de Fernel ,
meltons-y eeux qui ontsuivi, savoir, Joannes Capellanus,
Varacle, Marc Miron , Nicolas-le-Crand, Andre duLaurens,
M. Bouvard, M. Cousinot, son gendre, M. Seguin, et autres :
mais no)> cadcrn eat (t'ftis , intervrncrHiit. Entro[ni ct linffini :
il faut ceder au temps, qui est le grand maitre des bonnes
choses. des elites de grands homines ne sont plus de saison ;
il ne faut plus que de 1'argent. 1»ien (me ce siecle soil de I'er,
on ne vent quo do Tor: nnrco mine vcrc tunf tit-co/a , (ilurniiKH
fwo venif lionos. (\e\\\\ d'aujourd'hui en sail bien des nou-
velles ; on lui en a bien fait trouver malgre lui , et peut-etre
a son dam, quelque mine qu'il fasse. Ce temps-la est passe
de Fernel , de Burgensis , Bouvard , Seguin , Cousinot et
autres. Jfa>c fKcranf nub rcyr .\nnift, .<ub consulc /Jrufo. II y
avoit encore en ce temps-la parmi les hommes quehjue res-
(1) Sympliorien Champicr naquil en 1472 a Saint - Saphorin-le-
Chaleau , i>re.s dc Lyon. II acquit do la reputation par de nombreux
ccrils sur des sujels tres varies; tontcfois il tut amerement critique par
des hommes de mcrile. TIaller en portc re jugement aussi precis que
vrai : Xon indoctus Imino . polyyraphus ct collector , scinibarbarus ta-
men. On n'cst pas d'accord sur 1'epoque do sa mort ; les nn> di.'ent >\nr
^e fut en 1o3o . d'autr^ ^n 1330 on lo'tO. R. |».
A FAI.COMKT. 10?
peet d'equite et de vertu : nundum harhnncu ]><>ltutns nf-mitic
mnyui's ennsjmrcarerat (ialliani nostrum , etc. Je viens d'ap-
prendre qu'il y a du bruit en Normandie et aulres provinces ,
et que les portes de Rouen sont fermees. Je vous baise les
mains de toute mon affection et a mademoiselle Falconet.
Natalis valet , studet , anibulat diebus festis ; il apprend Paris,
et autres choses pareillement. Je suis, de tout mon coeur,
votre, etc.
De Paris, le 27 decembre 1658.
LETTRE CCCCLXV. — Au meme.
Je vous donne le bon jour a ce commencement d'annee, et
je vous dirai que (ce 2 Janvier 1659) ce matin, j'ai rencontre
dans nos ecoles un homme qui m'a fait vosrecommandalions;
il s'appelle M. Jerome Colot. f.ithotnmus cxpcrtus ct peri/us,
sed nondurn tantce ftimce quantum voltu'sset. II m'a (lit que vous
lui aviez fait tailler plusieurs malades, et m'a temoigne qu'il
vous avoit bien de 1'obligation , que vous ave/ bu a ma sante,
et que vous lui aviez fait voir, en presence de M. Guillem'm (:t
de quelqnes autres medecins, la leltre que je vous avois ecrite
sur le vin emetique et sur la guerison du roi , le mois d'aout
dernier. II m'a dit qu'il demeuroit dans la rue Saint-Honore,
chez M. Maurice , parfumeur, vis-a-vis 1'luJtel de Schomberg.
S'il se presente occasion, je le servirai tres volontiers a cause
de vous. Guenaut, avee deux autres mtklecins et troiscliirur-
giens, sont enfermes a Saint-Maur, a deux lieues d'ici (c'est
ou Rabelais etoit inoine vers 1'an 153-2, et oil il a fait les deux
premiers livres de son Pantagruelisme). A'.mw:: crtt<> i>ar<>n-
(hesc; je ne I'y ai mist1 que ]jour I'amuar (In iirrsotuuiye . <j«i
valoit lien tout xcul truis douzaitics dc Htoiiiea. Ces Esculapes
et ces Chirons sont a I'entour du prince de Conti, qui y est
fort malade : c'est un homme qui est bien incommode en s«
108 1.K1111KS I)E (.11 PA UN
posture , et qui est int'ailliblement en danger de sa personne ,
si labont all qua ticulo inorbo.
On dit ici que personne ne salt quand le roi sortira de
Lyon , et que plusieurs affaires qui ne sont pas conclues ,
coininc relies de Dijon , de Marseille, des Etats dn Langue-
doe, empechent (|uc Ton ne saclie le jour de son depart :
outre les alia ires d'ltalie, et meme peut-etre quelque secret
traite en Kspagne, il reviendra de (leva quand il voudra , il
est le grand maitre a notre egard , mais il en a encore un plus
grand quo lui : Jfrynnt. timandorum inproprios (/wyes, Heyc*
in ///sox impcriio'it r*t ,/om , Clrn'i giganteo triump/io, rnnrin
fiHjit'/'filiu in.owni.is , a ce (jue (lit le bonhomme Horace.
11 est ici force malades de fievres continues, d'inflamma-
tions de poumon, rhumatisines sur la poitrine, avec mal de
c6te et crachement de sang. La frequente saignee les soulage
fort, mais ce n'cst point du sang qu'on leur tire , ce n'est que
do la bone, et encore quelque chose de pis : ntiwr/u//. tolmrn ,
qui est capable de tout miner ct de tout perdre par la gan-
grene qu'il pent mettre dans le poumon et meme dans le
co?ur. Iticitiir f/uoquc Eminent iss. pwpwntu$ podagra labornrc,
ci.un fcbre. II n'est point temps pour nous qu'il meure, car
je pense que nos affaires sont bien brouillees. Quelques uns
discnt ici que les Espagnols traitent d'un accord avec les
Anglois, qui est ce que je n'entends point.
.\atdlix rnr>.^sim>(ft (nits /ilins cafcf. ac sfudi't ; il trouve fort
belles les eglises de Paris, ct entre autres Saint-tiermain-
I'Auxerrois , Saint-Paul et les Minimes ile la place Hoyale ,
oit il fut a vepres le premier jour de Janvier. Les fetes qu'il
est ici avec moi , il met toujours quelque chose dans le ca-
hier. Je lui ai parle de certains ecrits que j'ai ceans, <lc f/ui-
bnx nittt'i Mi/ic(nn , et lui ai fait esperer (pie je les lui prrterois
quelque jour; des le lendemain (ju'il etoit fete, il m'en parla
(?t UK; les demanda, sur quoi je lui repondis ce (jue le Messie
dit a ses apotres, <mi le pressoient de la fin du monde et de
ce grand jugement universcl qui les etonnoit , et 11011 sans
A F.Ur.ONF.T. 109
cause , car cela sera Lien terrible, ll<ilj<>i, adltm- m/iltn r<,hi*
dicere, sed non potestis portfire : il no so facha |)oiiit de inon
refus. Je les lui preterai quelque jour quand il sera plus
avance et quand il en sera plus capable : ce soul des cabiers
historiques et politiquos dans lesquels il y a bieu des partieu-
larites dont il ne pourroit encore fa ire son profit. Je lui ai
prom is de lui faire apprendre 1'histoire, et que mori second
ills , qui est Carolus, lui apprendra la geographic. II le va
quelquefois voir en sa maison rue Saint-Antoiue , et n'en
revient qu'avec joie; il (lit qu'il y voit toujours quelque chose
de beau; il y a un cabinet fort curieux ou il y a quelques
tableaux et force medailles. Je 1'ai quelquefois entretenn des
evenements tragiques de notre bistoire, de la mort des rois
Henri II , Henri III , Henri IV ; de la mort des deux Guisars,
a Blois, en 1588; du marechal de Biron.du marquis d'Ancre,
que je lui ai fait lire pros de moi dans nos liistoriens. II (lit
que ce Jacques Clement et Kavaillac , qui tuerent Henri 111 et
Henri IV (que je lui dis avoir ete de fort bons rois), eloient
de mediants coquins, et tout cela se fait sans prejudice de
ses etudes ; c'est souvent apres sotiper aupres du feu en nous
cbauffant. II abien envic des'aller promenor en notre maison
de Gormeille, mais il ne fait pas beau ; il ira a Paquesavec
ma femme , et y verra tons nos arbres lleuris; nous y avons
ciiuj cents petits poiriers, sans les pruniers , pechers, abrioo-
tiers, muriers et figuiers, et y retournera a la Saint-Jean, on
il verra deux cents cerisiers charges de bonnes cerises bien
mures. J'avois bien envie de vous y mener il y a tantot trois
ans , mais vous elites ici trop d'affaires : il on fera la revue a
votre place. Notre maison est tout joignant la montagne, snr
laquelle nous avons un moulin a vent du bant diiquel on voit
le grand clocber de notre ville de Heauvais. Nous lui inoii-
trerons lout cela, et lui ferons apprendre loute la tnpaiji'iipliH1
des environs el de la banlieue de Paris. Mais j'ai peur de vous
einiuyer ; je vous baise les mains et a madame sa mere, a
MM. Gerard et Michel. Xous savons bien (jiieM. le |nvini.'r
110 I.EITRES DE (il'I I'ATIN
president de Dijon n'est qu'a Vientie. Si quid pia vota vote
rent, je prierois Dicu pour ce brave magistral, qui combat si
genereusement pour son pays , et qui en defend les droits el
les privileges avec tant de Constance. 11 y en a ici qui diserit
que le roi sera dans Paris avant le 25 de ce mois, sed hoc in
•mambus Deorum est rcposituni , il n'y a que Dieu qui sache
1'avenir ; neanmoins 1'opinion commune est que ceux du con-
seil du roi out bien fait de ne point pousser avant 1'aff'aire de
Dijon , de peur d'en exciter de mauvaises suites , tant en cette
province qu'en d'autres qui auroient pu remuer, et p rend re
de la occasion de troubler la bonace qui est aujourd'hui dans
le royaume.
II y a ici un conseiller de la grand'chambre , nomine
M. Quelin , qui est fort malade d'une (wife , ce qui lui sera
un merit us inn r bus , car toute sa vie il a etc debauehe , et pes-
sime audit in mayna ilia camera , ebrietatis , commessationum ,
compotationum et imdtorum scclerwn nomine, juris swnmi jirce-
texfu fucatorum. Yirgiie dit de la bonne femme Didon , sur hi
fin du quatrieme de 1'Eneide :
Nam qnia nee falo, mcrila ncc mnrle peribat ,
Scd mifcra anlc (lion.
Si celui-ci passe au royaume des morls avec son hydrr)-
pisie, tous lestroislui aideront bien, car il est asse/ age, et n'a
gueremoins de soixante-six ans. Toute sa vie il a ete debauehe
et merite bien le mal qu'il a; mais il n'est pas riclie, avant
pour ses malversations ete toujours suspect a messieurs les
presidents , qui ne lui out jamais guere distribue tie proces ,
qu'il n'y ait ete forteclaire, de peur qn'il n'y fit quelque
fourberie. Dem te street , fuaiuqnc fami'limn. Je vous baise les
mains, et suis de tout mon c<rur votre , etc.
DC Paris . le 3 Janvier 1659.
LETTKE COXLXYl. -- An ,«,'•>,»•.
M. le surinteudant est arrive, mais on ue dit rien encore de
la paix ; on attend M. le Prince a Coulommiers, en Brie , die/.
M. de Longueville. Les deputes des deux ruis tin Nord sont
assembles pour fa ire un accord entreeux; encore dit-on que
le roi de Suede n'en vent point, tant il est Her. Les troubles
continuent en Angleterre , et dureront encore pour la diver-
site des partis qui ne veulent point ceder les uns aux autres :
ceux d'Ecosse out fait un parlement poureux. Dan* Londres,
il y a un parti centre Lambert, et ils ne veulent plus de par-
lement en Angleterre ; quelques uns disent qu'il y a intelli-
gence la-dedans pour le roi , mais celu est bien suspect , il y
a grande apparence que non (l). Plusieurs oiliciers de M. le
Prince sont partis d'iciaujourd'hui,ce 5 Janvier, pourse rewire
a Coulommiers etpourl'y saiuer, d'autant qu'il estaltendu.
C'etoit bier que Ton devoit remettre Hesdin au service du roi.
Le marquis de Hostain mourut bier ici age de quatre-vingt-
sept ans; il est pere du comte de Bury, et gendre du cban-
celier de Cbiverny, qui mourut il y a soixante-deux ans.
Je parlerai derecbef a 31. le premier president de vos sta-
tuts, des qu'il m'enverra inviter a souper, en attendant que
vous pressiez I'art'aire, et que volre procureur parlea nmi ; et
je vous promets que je le presserai tant qu'il me sera possible,
en gardant toujours la bienseance due <t une majeste presi-
deritale. Je lui t'erai entendre des raisons pour les colleges
particuliers des bonnes villes, conlre Tabus des uni\vi>itr-,
qucruiii nx/ln cat tfi/tf non jx-t-fvt t/rurif'-/' ; de la notn1 aus>i ,
hie et alibi L'cndifw jnper, /tumim1* >•<////'/>• , il if est point de ta-
rine qui ifait du son. Messieurs de la cbambre en leront <•»•
(1) II ne faut point oublicr que Cromwell etait morl (li>|>iiis «|iialn-
inois ;i peine . et que son lils Hiclinrd elait incapaMe delui Micccilcr
tout se prcpnrait done pour la n^lanralion lies Stuart-*. U. I'.
112 I.F.TTHF.S HE C.UI PATIN
(ju'ils voiuh'ont , niais il y a bien des raisons qui les y de-
vroient induire.
Noel Falconet a cherche son oncle pour lui rend re votre
lettre, il ne 1'a pu trouver. Ce frere votre, de I'lmmeur qu'il
est,devroit etre 1'aumonier du cornte de Rcbe; ces deux
homines fricasseroient bien ensemble le chausse-pied ,et man-
geroient bien sans scrupule le petit cochon qui auroit cuit
dans le lait de sa mere.
Notre Falconet, votre fils, n'etudie pas tant que je voti-
drois ; niais je le voudrois peut-etre trop. De plus nous avons
un froid epou van table , fort ennemi des muses et de notre
philosophie, car il nous fait perdre patience. Je parlerai pour-
tant a M. le Sanier de 1'acte public , et je vous manderai ce
que nous en aurons resolu. Si moi et mes enfants 1'excitons a
etudier par bon exemple , je vous assure que ma femme
1'excite aussi souvent par de bons preceptes. J'ai bonne opi-
nion de ses etudes.
Quand ceux de deeii demandent des nouvelles de la publi-
cation de la paix , on leur repond qu'il faut attendre que la ra-
tification vienne d'Espagne.
,le n'ai encore rien vu qui vaille surlapaix, pour endonner
avis a M. Uarbier. Toutes ces etrennes ne nous out produit au-
cun livre nouveau ; je pense que les arts sont aussi morfoixlus
que la saison. FeuM. Bignon, avocat-general, parlant dans la
grand'cliambre sur un proces que les cordeliers avoient entre
eux , dit que ces bons pores avoient bien froid aux pieds ,
mais qu'en recompense ils avoient la tetc bien ecliaufiee , de
s'entre-d ire de grosses injures et de s'entre- manger coinine
ils faisoient.
Aujourd'bui au matin, ce 27 de Janvier , nos avocats out
continue de plaider contre nos cliiruryiens-barbiers. Le notre,
nomme Chenuot, a lout-a-fait achevt'1, par une fort belle re-
capitulation de tons nos droits et nos griefs contre cette mi-
serable engeance. L'avocat de 1'universite, nommeM. Mares-
cliaux , intervenant [lour nous, a aussi parli'1 et aclieve. D'au-
v i M.I t AM. i c;
juiml'lmi en hull joins; I'ueelle parlera pour !•••> i -Iri-uc-i. n-
barbiers ; il s'osl vanle <|u il dir.i ,ju aulivlo^ ;i home, i! n \
avoit point de inedecins. II est vrai ipio I <m en eliu^a iiu rer-
tain (ircc Arcliagutus , a ee (|U<- dil I'line . ///•'////'•/• >vr//^///,
iiff'itdi ft SIT/UK!/ ; mais en cecas-la il ressenibloit bion inien\
a un cliimrgicii ipi'a 1111 nu'd:1 'in. .Xt'-aniiKiins il a dil a (jiicl-
([ucs nnsde ces chirurgiens (ju'ils perdroient lonr pruccs. Tout
c<: <|iie nous dc-mandons n'csl (|ii'un iv^lonit nt dc police pour
eontenir cesglorifMix officinrs do la inodcciuf. ct (pi'ils sooii-
vionneut (pi'ils sont /////</.•»•.'/•/ m-tix . obli^i's a I't'coniioilrc mu1
superiorite do la part do noire laddie , <pii lo> aolovos , IMI-
soignos el conserves. Mais la hvijuento saiii'iiee el la ilir<-
.s'//y>///7/x de Kracasloi1 les out rendus ^lorionx , in.solents el in-
supportables.
Madame Kompiel esl encore ina'ade a co <[ii on dil; M son
inari nont fail ce voyage a la conr, il etoit dosarcoiino .
_M. llervart I'avoit snpplante L'eveqne do (lahors e<t nioit.
M. Sevin , son coadjntenr, esl dorenavant eve(pie. li fail ici
nn IVoid horrible el percanl , le<piel Ine crnellenient ION
vieilles gens el les puhnoniques, tabiqnes, hecli(pies, fUmm!--
I'upente iiitwnni , ils menrent en cachette ; c'est coinnie fen
M. Pietre expliquoit ces mots d Hippocrate, /-/j^uj: :j-^-r.-
owj^i , quod it's ut plwhmim f-oittinyit , f/uf lnhuran/ ///-urn ////'-
ijiiu (liathesi, nla r<', rnntiw, ant fn*if/nt obstruct lunt1 lu'rn/m nr-
tt'i'Kinnii pnlinonis,
M. le Sanier exerce ses ecoliers lanl (ju'il pen! , en leeons .
disputes el repetitions; inais on Ire. cola il I'ant encore nn 10-
pelitetii' parlicnlier a Noel Falconet, s'il vent lepondre j>n-
blicpiemenl de tonl»> la jiliilosoplne. M. le Sanier dil <pi il
taut qnatre pistoles pour ce repelil(Mir, ipii prendra le soin.
avec (pie.l(jues a litres ecoliei's, pour les exercer ensemble. Jo
sais bien que ce n'est pas grand'chose, inais neainnoins j ,-n
i rn (pi il YOUS en lalloit avertir; ri/lr <•< /uilir,/.
Una ici decouvci I line inai.Min . pre> de la placi' .Mani-cit
1 14 l.KTTIU.S I)K (.1 ! PA I IN
oil Ton laisoit de la t'ausM1 iiioiinoit1; le mailre s'est sauve,
les a u Ires y sosilpris, on en pendra domain quelques uns.
Tonte la riviere est iri fort gelee; il y a do cerlains eiidj'oils
oil quelques uns Tout passee a pied.
Obligez-moi do dire it aotre clier et veritable ami , M. Spon,
(jiie je lui souhaite bon jour et bon an, que je suis son Ires
humble et obeissanl servitenr, t;t a madaine Falconet pareil-
lernent.
Le prince de(>onde est parti tie matin tie Coulommiers pom
s'en aller en poste a Lyon , si bien qu'i! y ponrra arriver en
memo temps qne la presente. Je v»us baise Ics mains, et
tie tout mon co'ur \otve, etc.
DC Paris. Ic <> Janvier 1<io9.
LKTTliK GCCCLXVH. - 1
Je vous dirai premierement (jiie, revenant hier de nos eco-
les, oil j'avois dispute en mon rnn^ , qui ne vient pins quede
deux eu deux ans, ii cause (jue je suis des anc,iens ( il en taut
laisser lo metier aux autres, <]iii out de meilleures tlenls), et
oil j'avois secoue I'opinion de Yesale et tie notre bon ami (ia.s-
pard Hofmann, qui out tenu que, /ian i^rui CIMHS /icKinato/xn n-
cuiH, -2' j'envoyai (juerir a la douane It: ballot que vous m'a\ itv.
adresse des !e mois passe, dans lequel nous avons trouvi- troi.s
douzaiues de t'romages , dont nous en avons euvoye line a
M. le SanitM1; des deux autres je vous en remercie, comnn:
aussi du paquet tie marroiis que nous avons trouvr. Je me
tiendi'ois assez heureux tl'tHre en vos bon i us graces . s;m-. au-
ciin autiv present.
On dit ici (pie la reine d'Espagne est aeeoueiieed'un second
tils, el qne cette nouvelle est I'ort lioniie pour lotite la France,
par lesperance qu'elle nous domic (!•• la jiaix , >i |t- im
\ KAU.ONKT 1 1.',
epouse rinfanle d'Espagne , a qnoi !•• mi et hi remc <>m A
cequ'ondit, grande inclination, /•<•/"/'•///<• tn,m-n Wo /,//>•//<,-
rota podngrico >•! chirngrlrn.
Sed in! patrono porrigit) Inn- chirugra <«/
La mer s'est debordee en Hollande, vers Dordrecht, on die
a submerge trente-trois villages et 25,000 arpents de Imv;
ee pays-la est fort sujet a de telles inondations, ii can.se que
la Mier y est pins haute (jne la terre; die y a fait auln-fois d,-
pareils ravages, et meme de bien pins grands, entre antr,^
environ Tan 1533, oil il y eut quelques villestont entieres do
submergees, dout on voit encore les bouts des clochers snr la
mer, oil il fait dangereux passer. Le roi de 1'ologne a repns
'I'liorn , en laPrusse, dn 2-i decembre. que it- rot de Siii-de hn
avoit prise il y a trots ans.
Le parlement a ete aujourd'hui assemble tonchant les tiU
et les gendres des partisans, savoir, s'ils y seront reeus con-
seillers. M. Tavocat-general Talon a fortement opine pour la
declaration de Tan IGlcS, parlaquelle ils sont exclns de <v.s
(lignites : il etoit deja une heure sonnee, e'est pourquoi on a
remis la deliberation a mardiprochain. On ditqn'il y a neulra
lite accordee entre I'Espagneet I'Angleterre; <jiie le ]>at -lemenl
de Dijon est inlerdit ; que Ton envoie des gens <Ie guerre en
Bourgogne pour punir ce panvre pays; <|iic les dt'-jniti-.^ de
Marseille sont de retour a Lyon , mats 1 on ne (lit point qnand
le roi parlira de Lyon; pout1 revenir de deca, ce sera ijiianJ
il plaira a Dieu. .le vous baise les mains de tout moii netir. ct
a nmdaine Falconet , et vous prie dc ci'oire (jue je >crai loute
ma vie votre , etc.
Do 1'aris , !•• IS jamirr 15;iy.
I Ilj i KITHFS M (.11 I'v I IN
U.TTUK (.CC.CIAVIII - I/
On nous pn-sage ici beaucoup de mallienrs. snr mi fan\
bruit quo la grosse cloche d'Aragon a sonne tonto soale; .w-/
'•us, IrnKjuain fic^tfui nc s/tini/i'i/ii i'/tii-'i//, nii[i/if H i fifxicriiti'^
lib. (/<• tli'i'i'itti ni'natii ; voici COS boailX mots : i^i/.a'.yj:''/; .
/TTEU770/.//'7lJ , aOttfffJoUUOVtV/ . 0(C. , IlltjIH' illllll lllf'flK'li till I/I I'ltll-
Til liounete hoiiitiie (co 11 dc jauvier vicnt dc in'assiii.M
qne M. Marsin arriva hier au soira Samt-Dfiiis. On a anjoiir-
il'liui vtM'ifit! on pai'lenit'iit Uj don dn roi an cardinal Ma/a-
rin, du domainc dfs donx Alsaccs jKiur Ini ct sos ht'-ritic-rs. On
dit qne ie pape a ctMebre la mc-ssc pontificalement ct avcc
beaucoup tie ceivmouie, pour la paix outre losdonx conron
lies. 11 y a encore donx audiences pour lo faitdes chirnrgiens;
tout lo monde dit ijn'ils pordront , IIKMHO ionr avocat !e !oi:c;t
pvophetise. Us disent que nous nedeiiiandons qii'im ro^louwnl
snr certains dosordres, et qu'ils no doinandont qne la memo
chose, si bien qneceux (jiii auront perdu an rout pareillement
i^agne ; ils 1'eront enlin coinme !es jesnites, l»i(^n ipi'ils in-
solent points! ruses, hmdem atquv minima « i-riiin'in- *Hiifn/.
Toutes les fernies dn roi soiit ici a rencliere, et dt-ja ivhaus-
sees de beaucoup, et neanmoins no sont encore adjugees a
personne : ce sera dans huit jours. Le pr('sident N'iole no piMit
etre arrive, pour la gouttt1 cpii lo rolienl a Hrnx(.'lles ; des ipie
je verrai M. le premier president , jo Ini retoueherai 1'alr'airo do
vos slatuts , selon votro intention , i»'c me labor isfr (/nimbi* ;
j'y serai de bon ccenr votrc sollicitenr , el a tout votro, college.
Je ne sais ce qn'est devenn Af. <iras: jc IK- pen. so ponrtant ji,-is
qu'il s'en soil relonrnc ii L\un, car il y a lr<»p dc ncigi- j,.if
los chemins.
On dit ici (jne ie roi esl on I'rmenee ot qn il ira a Alontpel
lior ; qne la ratification dc la paiv cst vcnnr d'Kspn^ni- rl .jiir
V I \l-< ".Mil. I I *
hientot ellesera publiee ; inais qu'il ne taut dmiter in de Inn
ni de 1'aulre . j'entends <ln manage <|iii viendra dans son
temps , quoiqu'il puisse arriver de la vie on de la moil do
rinfant d'Espagne, (|ui , a ce <|ifon dit, na que vingt-lmit
mois et trois cauteres , et ne pent vivre longtemps.
Quelques uns disenl que noire Saint-Pere le pape esl bydm-
pique , de sorte (ju'il a done deux mauvaises pieces dai s M>U
sac, savoir, son t'oie et sa tete. car on dit (ju'il perd I'ei-prit .
et en ce cas-la !e Saint-Esprit est mal l^o^' ; inais les cano-
nisles d'ltalie et les reverends peres de la societe y pourront
trouver quelque echappatoire. Nous avons ici not re hon-
liomme Guerin , I'ancien de noire ecole , a^e de(juatre-vingl-
nenfans, t'orl ma lade ; il cut hier I'extreine-onctioii. On lit
bien de lui graisser les genoux pour les lui rend re plus
souples , il s'en va fa ire un grand voyage.
J'ai donnea Noel Faleonet un des livres de M. dt' (iorris,
pour vous etre delivre par un honnete liomme de sa coiniois-
sance qui s'en va a Lyon: je vous prie de le prendre en Ixtnne
part, hien que ce soil pt-:i.i de chose : >•/ fivfuru i/rc//rii/ >•>//>-
plcct'i'it, (D/rctix csln. Prene/ pour vous ce passage de la Sainte-
Kcriture, Iji'ntiu* fst i1ur<' '/"/n/i («•<•> ^erf. Si vous voule/. vous
contenter de ce passage, je passerai en votre endroit |iourun
liomme <jui paii; ses defies bien aist'inenl, et en attendant
mieux je vous souhaite longue >•( heiireu>e vie.
La rigueui' de la saison, et le grand fro id tpi'il fait, etoulfe
ici quantile de pauvres malades vieillards, catarrlieux et ptd
moniques.
Madame la princes.^e de (bolide .s'en \a a Trie, pres de
(iisors, maison qui appartient a M. de Longue\ ille. ]^ presi-
dent Viole est encore a liruxelles, 01: il <isl dfineure malade:
on dit (pTii reviendra dans pen de jours. On dit (pie dans le
traite du prince de Comb'1, il doit ne retoiirner jamais an
parleineiil; inais on dit (pie par un article secret il doit yehv
retalil i.
On croit ici le roi it Nim<^ ou a Monlpeiiier. .-i .pir ,|e l>
11* I !•: THU.S 1)K (,i I I'Vll.V
il ira a Aries el a Marseille. Les Hollandois veulent acmm-
moder le mi de Suede avec celui de Danernark. M. Merlel
m'a dit aujourd'hui que le eareme procbain il fera metlre
«;ous la presse son commeiitaire hi historian Epidemicns ////>//"-
crtitis. in-quarto. Je vous baise los mains, et stiis do tout
nion ctvur votre , etc.
De Paris, le 13 Janvier 1659.
LKTTHK CCCCIAIX. — .\n WKIHP.
Je n'etois pas en peine de vous, et u'attendois de vos noti-
velles(pie lorstpi'il plairoit ;i Dieu vous inspirer de in'eci'ive
Je u'ai point coutume de me mottre en peine de mes amis ,
si je n'en ai quchjue occasion ; neaiimoins, votre belle lettre
du 21 Janvier m'a fort rejoni. J'ai ele bien aise d'apprendre
i|iie la ^rande tt<ibi/loi«! (\ vous ait (piitto, et (pie vous soyex
dec,harge de tellecaravaue de taut d<! bonnes gens qui ne font
(|iie de I'orduro , de la pauvrete, des deltes et des cocus par-
tout oil ils vout. Tout est ici revenu en bonne sante, pour le
maitre et ce qui lui appartient, I>ieu merci ; pour lereste.
'mini main, cxf quint wire luboro ; <lc Jure ilmitnriit <•///"»// </<'/'n .
il/p niilii no/its cst onnii/i , j entends It; bon roi noire maitrt'.
que Dieu conserve! avec son tres clier 1'rere ; je ne me soucie
guere du reste. Je ressemble an dieu des epicuriens. qui. au
riire de Lucrece. ipii a ett^ le plus savant de tons les jiorles
latins,
.Y'T l/i'nr proHicritifi r/ipilur . m-c tunt/iliu ira.
( '.el ui qui a en la goutte en a ele qui tie a bou ma relit-. Male
postc de la gotilte ! (Jue n'a-t-il cii la peste , puistpril la nierid'
bien. Mais qu'y I'erions nous? f/m- i-rnt /// fntis : s/r jilni-iiif
.•<ti/>rrix , ijiiirri'Ti: filnrii i"'/'ns. (x)in'li|iie jour viendra ijiie >?"
fiiii'ni ri'i><'i'irt , !•/ frimtftn (l/'xnif! mnuii/it* >///• Jiiniti'r, if tl i -
\ FUA.ONET. I I 9
raw nuirtnfui' , >•! hiiiiiinn ypiirris turtor ct c/ini ifr.i . w/ </"•><'
sut. Vous etes <|itittt: ii bon niarcbe de n'avoir point donne
d'argent , jo m'eu rejouis, non equidnn inridrn, ntirar t/tfifji* .
inaisje plains bien tort ceux de Dijon qui sont si nialtraites:
peut-etre (ju'ils Tout merite ou (ju'ils le inerilent, eu\ on
leurs parents. On croit bien ici que In roi epousera ('infante
d'Espagne, et tons, taut que nous soinmes de buns Francois,
le desirous bien fort . cela fera tinir la guerre , et elle nous
sera une reine de paix : ainsi soit-il. Si le cardinal desire OP
manage, j'en suis ravi ; son nonsentement servira fort i» If
fa ire avancer.
On dit ici (jue le prince de Conti et sa femnie sont tjiieri^ :
il y a en quelques medecins et chirurgiens enfermes nvec eux
a Saint-Maur. Personne ne doute que la s;//>/ti/i* n'ait de rv
qui les a occupes. A la bonne heure qti ils soient bien ^ueris
il faut aimer le maitre et les parents du niaitre.
On dit qu'un des ndtres, nomine le (AH>(\ , en parlant (!»•
FrariQois Ier, pour qui il etoit consuite, voyaiit qu'il avoit
cette syphilis , dit ii Kernel , <jui proposoit son opial : (1'e^t un
vilain (|iii a ^ai;iie la verole , fr<>ft<t>i.r comme mi aiitre et
com me le dernier de son royaume : cela f'ut rapporte a ce
bon roi , <jui n'en lit que rue et lui en sul bon ure 1 . Vous
save/ bien pour qui je parle. ( L. P. et L I*. H. ('..
Pour les malades qui sont niorts , entre ('.rest et \ alence .
de la vapenr malijiiie d'un collVe , il y a d'aiiciennes bistoires
qui en disentde memed'un cotlVe qui Cut ouveri en Ktliiopie.
d'oii sortit uue vapeur si malijiue (ju'elle iulecla et einpest;i
toute 1'Egypte , toute la (irece e( une purlie de I'Asie. Nous
avouseu ici des fievres continues avec cracliement de sanjj et
des inflammations de pouinon , mais cela est jias-^e et il n'y
,1 Qucltjiio lii-tui icii- as^iircnl <|in' cdlc in.il,i(lu' . trc- rciloiilnblf .i
O'-tlr cpotjiic. Oil ciuumuniquce ii Franri'i* I" p-'ir l;i j.ilon-i'1 d'un in.ni
qui . <!o (Ir^rin pi (•iiu'dite. la l!-;iii-iiiit a i-.i frininc . a!or- nciitn -->• dii
mi Ouaiil an mot fin ehiriir.;',irii !•• Cocij . il csl xMilcnn'nt (rndilioiitirl
p| iinlleineiit lii>lori(n'. K. ''
I 1. 1 1 1; I..* I>K i.l I l-\ UN
ii presqne point de maladi s ici ; pour tics lie\ res ipiai te> , il \
en a Ibi'l pen.
.\otre eeolier est toujoursgai et eveille : il va voir mes deu\
doctenrs, tantot 1'iin. tan tot I'antre: il me disoit hit'i1 <pie le
second, (jui est Carolus, luia promisde le mener aCormeille
et delni apprendre bien des choses dans ce voyage. Notre UK
en est ravi , car il aime a apprendre, el il prend grand plaisir
dans la cunversation dti mien. Ce sera [tuiir It; can'-iiK; pro-
chain, an moins ira-l-il a Paqucs y voir les arbres ih'iiris,
»>t , coninjo IK»US avons souvcnt dcs teles en etc, il ponrr;i
quehinetois y aller pour y elre deux on trois jours; mais il
n'y tail pas bon tlevant la Saint-Jean , carc'est alors <pie Ton
y pent manger ties cerises , dunt il y a pins tie tleux cenls
arbres : si bien <|iie tlepuis ee temps jusqu'a la Toussaint il
y a tonjours dn fruit. ,!e voudrois t[ue madame Falconet t'nt
en asse/ bonne sante pour y venir prendre 1'air et y passer
nn mois on tlenx dn bean temps d'ete ; la vne en est tort
belle. 1'air fort bon , et 1'ean pareillement. Le jenne M. Clion-
lier y a passe queltjues jours, il pent vons en parler. II y an-
voit plaisir tie t'aire ce voyage en venant de Koanne par can
jnsqu'a Orleans, tandis tpie le roi iroit a Bayonne (pierir
notre reine, fitif, /inf.
Pour M. dn linisson , ii es! mort bien vite : anssi n'y a-l-il
rien (jiii aille si vite (jiie le ,<i/n/-o/></' <-nrfl!<tcn> , h< f/ttn st/rt//tin-
ttiol'' fit' x/fifnn suffiicdfm* y//vr tt/ni/ti smit/i/tit/fi fiifitti , nl ccri'-
hrinn in ri-rii i'l i>i'«nrii' dirhi iij)i>i>lc.riii. Ii y t>n a nn cbapitre
dans les Institutions de medecine de Gaspard Mofmann .
|iage it \. (ialien a fort bien connn ce mal ; mais en ce M. dn
Hnisson il y avoil dt-nx antres clioses. savoir, nleere et (M'o-
sion de la inniqne de I ai'lcre , <pii sont deux sympttnncs
incurables , y.vi'xroc.
Pulir celni qnc vons dites t'lre a ,M. I'abbe de l''oi'co;d . je
lie le CHmiois point. Pour eel abbe, je. I ai antrefois traile
f:ii'!, maladt; de plusienrs maladies; son pere me fit dire <pi'd
\o,iioit me |einoi"ner coimne il t'ai^oii etat tie moi . et ou'il
v t M.I i >M. i . I -i |
tut1 dulinerbit cent ecus par an pour rlrc lour medei in : <vh
I'ul fait, et j'en ai recu trois denii-annees. (let abbe i|iii m-
I'etoit pas encore, nmis senlement atimonier tin rni tut
horriblementet grievement nialude: it en echappu heureiiM'-
jnent, et on disoit force louanges de moi. Hcancniip de temps
se passa que 1'on ne me vint plus querir de la-dedans : j'ap-
pris que Valot y alloit, qui lour donnoit des pondre«» . de-
eaux et des pilules, etque pour moi on ne in'avoit qnilte qn'a
cause que j'ordonnois t cop pen de drogues;' si les nialade-
<|ue j'y ai traites pendant trois ans y I'ussent mods. regard*-/
ce qu'ils eussent dit, car il n'en inourut aucun). Quand j'ai
rencontre le pere par la ville , il m'a tonjours dit qu'il m'en-
verroit voir, mais il n'en a rien fait, aussi j'en suis demeure
la. Leur pere etoit un miserable cevenot et huguenot (|ui vint
a Paris chercher condition et fa ire fortune s'il pouvoit. II fut
luquais clie/. un secretaire du roi nom me M. Addee ; de la-
(juais il devint commis chez ce nieme maifre, qui etoit pareil-
lement huguenot, et enfin cet homme, (|iii n'etoit rien,//"
)>er in hunc vrbon pcdibus (/HI rencrut n/f/ix . devint grn-*
partisan, et se fourra dans beaucoup d'affaires, anx aidex ,
aux gabelies et ailleurs, oil il vouloit gagner. Depni>il chan-
gea de religion pour devenir secretairt; dn conseil . et devint
encore plus grand partisan; puis il rnaria sa Mile uniijue.
<|ui etoit fort belle, ii M. Addee, Mis de son aiicien inaitre ,
qui est borgne et huguenot ; mais elleest catlioliijiie. II a\uii
plusieurs tils , dont il a fait I'aine capitaine : le deuxieme e>t
maitre des retpietes, le troisieme aumonier dn r«>i, <|iii esi
aujourd'hui abbe, Dieu sail a (juel litre. Leproces pour cctte
abbaye a duredouze ans, contre M. de Moric. conseiller d'K-
tat , qui avoitele un deceux qui avoient condainnf le pauviv
inarechal de Marillac, et avoit en le don de cette abbaye jmnr
recompense, outre de 1'argent comptant , cunnne tuii>, lc>
a litres en eurent qui avuienl conclu a la limit. II \ a nn Ml-
tlieftlogien qni est devenu Ion . «•( (pie|(pie- ,m!ivs prdu
Irerf s ; enliii le perr Forcoal e>t moil cndclle tie cinq mi M\
I 22 I KITHKS DK ,.|1 PATIN
millions, avec trois cents procos de ceux a qui il doit Le
inaitre des requeles est persecute de tons cdtes , pour avoir
repondu pour sou pere ; le secretaire du coriseil , (jui est un
troisieme tils bien t'ait qui a eu la charge de son pere , est on
prison il yi plus de quatre mois dans la chambre des coraptes:
ret aumonier qne vous a vex. vu est un assex. bon garoon ;
rnais tout leur fait n'est que banqueroute , rapine du bien
d'autrui , partisanerie et larcin , bonne chore 071 attendant
Lo pere possedoit de grands biens (|ui etoient tons saisis plus
de, neuf aus avaut qu'il inourut. II avoit une terre a deux
lienes d'ici oil il liisoit, encore tout vieux qu'il etoit. de
grandes debauches et beaucoup tie lolles depenses : c-'etoit a
Pantiu, (jui a autret'ois appartenu a Kernel, et dont il est parle
en sa vie. Tout le secret de ces gens-la est (pie, tandis (ju'ils
out bonne main , de prendre de tons cotes force argent . et
entindefaire banqueroute, non pas seulement a leurs crean-
eiers, inais aussi a Dieu . a leur conscience et a leur honneur.
M:ii.^, ce 2-' Janvier, je viens de retire votre lettre dont j';ii
<MI grande joie , on je pense avoir devine le uoni de celui <]ne
\-ons ave/ vu avec M. 1'abbe Forcoal ; c'est un jeune homme
qui est bean garcon , uonune M. de Courcelles , qui etoit
le commis de feu M. de Forcoal ; c'est lui <|iir' j'ai le premier
trait*'1 en cette inaison ; il est Ills d'un procurenr de la rour .
dont j'ai ete le inediM'in depuis 1'an K5-2S, jnsqn'a sa inort ,
environ I'an Ki'i-2. La mere est encore vivante. (jui est bonne
femme, />l»rn conna. Elle est tille tie feu M. Kournier, et d'uri«%
bonne lemnie, <[iie j'ai traites jusqn'a leur inort : ces bonnes
gens i'f'rc fruit/ rcl if/iii ir nnrci AW////.
Le roi est arrive a ce soir dans le Louvre . le cardinal e- 1
an hois de Yincemies. Don .liian d'Autriche esl encore duns
I >n i \elles : on dit (|ti il passera par ici , inais je ne le crois |»;is.
On s'apprete en Angletei'i'C pour la seance du parlement , et
iiK'-me on (lit (jii'il sei'a hesf»in quo le roi fas.M1 un tour jusqu'a
Ronen on a C.alais. pour rt'iionvrler noire ;dli;iuee de guerre
avee les Vnglois contre I'Kspagne ; inais peut-etre qu'iino
\ r \iro\i-. i 121
trove iutmitMidra ijui fora pondro les arines an croc aii\ mis
ct aux autres. Avant (jn'il soil Irois inois , nous verrons qtiel
preparatif on fora po;ir le niariage du roi avee I'infante d'Ks-
pagne , <|iii cst la chose dn mondo quo jo souhaite le plus fort
pour If bien public do toulo I'Kurope ohrotienne.
On fait courir le bruit quo releeteur do Haviere cs( on tort
inauvais menage avec niadamo I'electrice sur ce qu'on lui im-
pute de I 'avoir vonlu fa ire tuer par quatre Italiens; cola soul
lo roman , ct je no le crois point. Marie Stuart, reine d'E-
cosse , avoit un secretaire italien, nomine David Kiz/.io ; lo
roi son mari , Jacques V, on devint jalutix , ot lo lit poignar-
der en sa presence ot dovant sa femme , d'oii provint lour
inauvais menage ot leur malheur a tons deux. Buchanan ,
dc Rebus Scufin-iiiit , en a eerit louto 1'histoire doctement et
el ogam merit. Les princes sont malheureux on lours families,
aussi bien quo les particuliers , ot aussi le meriteiit-ils coinmo
les autres, car ils font quelquefois bion des fautes.
On dit ici quo la reine s'ost fort plainte a Lyon du voyage
qu'on lui avoit fait fa ire durant une si mauvaise saison ; (jn'olU1
n'y avoit point tant oto ameneo que trainee ; (ju'ollo en avoit
su inauvais gre a son Eminence; qu ils avoiont oto dix join's
sans se voir, inais qu'enfiu le roi los avoit accordos. Jo vous
supplie d'assuror mademoiselle Falconet domostres humbles
services. Notre ecolier est gaillard et sain : il etudie diligem-
ment, ot apj>reud bion 1'histoire de Paris. Jo lui ai promis (pie
dimanche prochain il verra le roi ot lareinc aSainMiermain-
r.Vuxorrois, <pii ost Icur [)aroisso et la n<)tre, oil ils no nian-
quoront [nis de venir a la procession.
f.os plus fraichi's nouvellos (|iii couront soul (jiio Ton al
tend repouse d'un eourrior <|ui a oto envoye on Mspa^nc. One
I'empereur memo fait dos oilVes jtour la |»aix goneralo; ni'-an-
inoins le roi do Suede continue toujours ses oH'orts contre 'n-
roi de Danemark ; los Hollandois font <lo grands Hl'oris puur
secourir celui-ci , ot los Anglois rn font anlant do leur ci'ilf
poiii' Tautro. Le milord protecloiir a doeoiiverl (pieltpie li';-i!.'
clande>tin fait jiar des princesses parontes iln roi i! \n-|r
12 i i I I I Kl.s |i|; (.1 I I'M IN
terre . et \ a dnnne ordre. Jo \oiis baise les mains, et suis d"
tout moil Cd.'iir V(.'li'c , etc.
l)c l';iri>, !<• dernier Janvier KiiiU.
LKTTKK CCCCIAX. i// ///™/r.
Je voiis remercie de volre belle letlre. Vous saure? que
M. de Servien , sui'inteiidant des finances, mourut bier dans
sa belle maison de Meudon I . II ii'e.^1 regrettede pci'Miiiiii1, pas
ineme de ses valets, aiixquds il n'a I'ien donne en mom-ant ,
ni rieii laisse <|ue h; ^rand chemin de Saint-Denis. J'ai om
dire auti'efois a mi president ([ue les courtisans etoient. les
phis ruses et les pins dajjyerenx homines du n.onde; apres
enx , que c'etoienl les superieurs de religion, tels (|iie sont le
|)aj-.e . le general des jesuites et antres moines, ()ui sont d'an-
tant pins dangereux qu'ils font tout hi nm/ihi'' Domini , (jiii
e.st le \(jile dont ils se couvrent. Apres enx ee sont les tinan-
ciers et les partisans.
M le premier president m'envoie (jueltjuetbis (juerir pour
aller sonper a\cc lui. II me fail grande ehei'e . mais son bon
accneil vaut mieux que tout le reste -1 . .le lui ai promis
d'aller souper avee lui tons les dimanches d" ee eareine , et
apres nous prendrons d'autres mesnres selon la saison. II y a
dn plaisir avec lui , paree (ju'il est le phis savant de longue
robe <pii soil en Kranee. II est fort sage et fort civil , et (lit en
Siuiriutit (ju'il ne taut point dire de in.il des je>uites et de>
moines ; mais pom-taut il est ravi (juaud il m'eehappe ipiel-
qne bon mot eontreeux. .It.' suis, ete.
DI^ l';ni> , Ic 19 IcM-ifi 1 ().')',).
1 Alicl Sei\ii.'ii, IK'' a <irciiol)lo en \'.i\W. II M- (li-tiii{',ua <l;m- pln-
-i''iii'- jiflairi-- (li|iloin;ilii|uc- miporlanlcs ; roiiiine il clail \iulontcl
hauliiiii. !>' nonce r,hi;;i I'apprlait \\itigee.rterminaleur <><' hi i>/ii.r.
\\. r.
•1 (>n a crnl <M rcjit-le 'pi'nn ini'ii.iil rliaijnr l"i-< nti loui^ v«!i« la --n
> i<'ltf (!r (tin I '.i 1 1 ii ; 1 1 ifc \i-ir ;ni<"iiiic pi CUM' <!• (|iK*|i]iir \ .'ii< ni (!•• '' '
Uii. K. I1
( KVl.toNKl I -J.'i
I.KTTKK ClXCIA.M. \« <>„'-„„•.
.le Hi1 vons |iivnils pas pour nn lionnne ijui ail besoin de
inon eonseil ; mais M. Troisdames m'a trop presse, et adesiiv
qne je vons ecrivisse pour nn maladf. (le inalade a grievement
pechf de se mettre entre IPS mains ties charlatans (|iii sont
une peste du genre linmain. (les eoquins-la n'anroient pas si
boil temps qu'ils out , s'il y avoit dc la justice au nionde : il
n'y a (|tift trop do ^iins de judiralnre , ft trop puu de justice :
liiilln iiiitfifiil' IIII'IHI jitisif/i csf , /•/ tilj'l>itf'l' <thl(t Ulitlii' isti ni'ltu-
ttiltl'S iniljKlllltl' , tll/jlKHI/tlfl' l-f lllll>ll<ll'i<tlll. St'Cltfl.
L'in!'nsion dc tabac et la gomim1 gutle ne sont point iv-
rneilfs propres a dc tels malades, ct nicmc il nc I a ul point
t-tiT, rliarlalan pom1 se servir bien a propos de ccs remcdcs .-
t|ui sont naturellement bien dangereux , et menu.' peniii-icnx.
(>Vst un corps bruit- (ju'il fan I nn pen suignotler, «<l ^mlinHn-
in-ill, ct pour einpfchcr quo f'ante d'air la gangrem? ne se nitMlf
la-dedans, funnot' c/i/nt HOH dif/latns puti'cwtf , nitt'/njif.'/'/?}/!
<i<tfii(</{'f, eisrei'ibuit I fibrin it)i/i/'i/»if, imllo />/•(/* nostrti' fn'n'aiilin
ili-lf'ltilf'ui , initlc nfrojiliin . , t'liclii'.rin , febrix h'iitu ? hi/di'ii/m ,
firrltitx , tfinftcnKJIlf nltint'i I'l-rini) [men , i/iut's.
I'our einpecher taut dc manvaises consequences, il aura In -
soin d'etre purge souvenl, inais de remedes doux et b''inins .
iiciHjK'' medulla siliquiK /KyijptifK , fn//ts (Jnenf. tnin<iriittli*
[nlistt Iwcfituni ct jncutinn iiii'iHcnnu-ntntit quad nninnn mnir\i.<ni-
////•, f.L' i/ic//c jilli'iitu, sncchfii'it c( scuHDtttnno, vc[ succn titln/nin/-
I'H'Hni , lnf.lujril.lis nut i-Kiilir niliilfi'i'iitinn } ; m( i>/n/ln ml ill ins
lini'ijiiniliini I nti'i'tl Km nrni'tnr tliittix />'•/' mid itinni'in si/i'///ii ilini'-
r/todnn , r<'l ilf flui'lltHX mull /V/wVw. Ih- iicrinrihx* niiiil ilir,:
(1'cst ;i vons d'cn juger, (jui t-tcs sur Ics lieux ; vons rtcs boji
ct sage, ct n'ave/ pas besoin dc nion avis. Oiiand le corps
sera bicii desempli et suflisainnicnt dechargt'1 dc (ant d 'or-
dures, vons ordtninere/ du lait d'anessi! , ou du de mi-bain , et
pent-fire tie ions les deux et votre [>nulence prfferera de>
tlcnx celui qiif vousjugere/ le plus a propos: peiil-etre in.'-nit'
I2«j i.h.mU'N Dt (.11 I'\TIN
(|n il v aura 1 it'll de penser a quelqnes t-anx inmerales ralrai-
chissantes, telles (jtic tin' sernblent el re celled*1 Saiiit-.Myon ; I ,
DU autres de meme nature, que vous pouve/ connoitre mieux
que inoi : aussi aurois-je tort de in'amuser a deer ire touteeci,
n'etoit que je ne veux point deplaire a M. Troisdames, (|ui
est un fort hoiinete liomine', el ii la bonte diu|uel j'ai de tres
etroites obligations.
On fait ici 1'anatoinie publique , dans jios ecoles , d'nn
prieur de Dauphine qui so f'aisoit noininer M. rabbt'-. II avoit
des fourneaux, se disoit ehiiniste, et I'aisoit de la fansse
nionnoie, pour Uujnelli1 il fut pendu vendredi a la (ireve.
Le ineine jour niuurut ici le pauvro pere Morin , pere dc
I'Oi'aloire, age de soixante-dou/e ans(2) . le troisieiuejour de.
sa inaladie, a (jui Gut'iiaut (it avaler impitoyableinent , le se-
cond jour de son mat, quatre onces de vin i'mi-htjiu' . l<i'/'<>ti-
(jue on enetique. C'etoit l(; plus savant iiumme de I'Europe .
principaleinent dans les langues orientales, II a fail iinpriiner
plusieiirs volumes, el en avoit encore un sous la presse, iu-
t'olio, dans lecjuel il y aura un traile fort curieux , ilr /{n/if/i-
His, ce (ju'ils (jnt fait ou ecrit, quand ils out \ecu . el en t|tiel
pays. ,le crois <|uo sa niort ne relarde pas ce beau dessein,
ear on dit que Unite sa copie est sous la presse, et qu'il y en
a deja cinquante feuilles d'imprimties.
Sainedi dernier fut ici pendu, a ladreve, un aulre pauviv
bonnne pour fausse inonnoie, age <le soixanle-trei/e ans; il
etoit inaitre annurier a Paris , et il a encore deux Ills inailr»>
du ineine metier. Je vous reinercie de votre relation d'Aix
j'en avois deja vu autant a Paris.
M. le president de Thou, qui u [\\'il c<-/ / /> bi>ll<- A/,</(///v, di.M»it
1; \ over Mir oos oaux , Dictionnaire itnivcrsel de matiere medirnli1 .
\MIT Meral et Uelens, Paris, 183-2, t. IV, p. o30. Ii I'.
V2 Jean Morin, ne a Hlois en 1591 , profondement \er-<- dan* la
connoissancc des lan^nes liehraique i'l saniaritaine. II a puldic |>ln
sieur> ousra^cs sur l.i discipline dc* premiers lemp* de I'Kijli-e , i|iu
-iiiil i iirm c cuiisiilu-s, li. I'.
A K U.CO.Nt: I. 1-2?
qu'entre ioules sorles de gens lellres , il n y en ;i\<»il point d.-
plus Ions , de plus ignorants et de plus mediants que Irs rah-
l)ins, I'un iJesquels avoit dit i|iie Mahomet le faux prophet.-
avoit ete cardinal, etque, par depit de n'avoir tile pape . il
.s'tHoit fait lieresiarque. Je vous baise les mains , et suis de tout
inun eueur votre, etc.
l)e Paris, le 4 mars 1059.
LETTRK CCCCLXXI1. — ,l// ,/<>W.
C'est pour vous reiuercier du livre de Siinphorien Chain
pier, quej'ai recu par votre rnessager. Mademoiselle de Label
esl pareillement arrivee, laijiielle in'a rendu visite : je les irai
vuir ci-apres. Beaucoup de gens attendent ici la paix, d'au-
tant (^ue la reine a dit qu'elle etoit prescjue I'aile, et qu'il n'\
avoit plus que Dieu (jui la [)ut empecliev. Bon Dieu , que jt;
voudrois bien voircela! Mais je ne sais (|uel Dieu elle entend,
car il y en a plusieurs ct fort divers en ce monde; le conseil
d'Espagne en cst un, I*1 )»ape un aiitre, Mazarin un autre , et
le roi de France, not re tres bon maitre (liormis qu'il foule un
peu trop ses sujets) mi hi snj>rcm>.tx cat denrwn ejusmodi in fir -
inoriiin. II n'y a que le Dieu du del qui pent fa ire la paix et
I'empecher ; c'est celui-la (jui est le grand Dieu, qui laissc
agir aujourd'hui les potentats un peu trop rudement sur leurs
sujets, (|uelrpiefois avec trop de patience pour notiv prolit:
inais il n'appartient qu'a lui de gouverner le monde a sa mode
et comme il I'entend, t-x se ct in AC principatum hnln-t , n<>l>is
uliMynii (jlnfin rctirtu csi . Pour les petits dieux de la terre, ils
n'ont de pouvoir (jue re qu'il leur en laisse, s;ms quo! a peine
pourroient-ils (jrcler le persil , et noiiol)Ntaiit tout cela il>. ne
laissent pas de fa ire bien du mal.
J'ai ici vu M. de Rhodes It1 Ills, qui m'a apporte une lettiv
fort honnete de M. son pere , de laquelle je le remerrierai ; je
vous prie en attendant de lui faire. s'il vous plait, mes tre>
humbles rerommai illations
I 'IX i KITKKS hi i.l i l'\ I I \
.It1 si»tij>;ii Inor .in -Miii' I'lii'/ _M . lo premier pi'i'Mili-nt . fii
Lii'lli! eonipa^iiio . el itii fmviil dites (If belles el boiino> clinso :
I en ;ii ies bonnes Braces, ot jo pretends do mo Ies him con-
server. Jo vions d'apprendre par AI. Troisdames quo von>
etes on bonne sante, quo vons me faites vos recoinmairla-
tions, >H quo VPUS me t'aitos cspcrer tic vos leltrcs i-t dcs
^raines. Jo vous renun'cie du tout.
\A> princtMle ('ondc ost a Kocroi . (jui Iraitodi- sa pai\ avcc
M. le maivehal do Falx.-rt , ct ce matin , M. lo Tcllioi1, SPCIV-
tairt' d'Ktat, ost parti pour y allor, ot , dit-oii, j)0iir raclu--
vor. Jo vous baiso tros liumbli'inoiit lo> mains , ot a mado-
moisolle Falconet , et a notre bon ami , M. Spon.ct siiis do
tout moil o(rur votre, etc.
/'. V Dopuis oo quo dossus ecrit , j'ai rooti vulro lotlic on
presence de Noel Falconet , et jo lui ai diHiviv la siemio, qui
t';toit ouvorto. Jo lui ai dil : Voila uno lottro pour vous qui n'osl
point cachetee, et quo jo voulois bion no la point voir ; i! la
lue, ot aussitot mo 1'a apportec; 11.1 It- n/wn'uri lutinn i'i //n/'-
(('.chitu t'l'rho. Jo no I'ais quo d'arrivor acausodo trois assigna-
tions quo j'ai ouos a quatre, it ciiuj ot a six bouros; it m'a dil
qui! vousrepoiulru.au premiet' ordinaire, el moi je torai t-n
attendant tout oo quo jo pourrai pour lo mioux.
De Paris, lc IS mars HiiiU.
LKTTI5K CCCCLXXHI. --
Jo vous ooris , si ce n'ost pour vous, o'ost pour moi. Apre*
avoir bion cherche M. votre froro pour lui donnor votre petit
paquet, ontin il ost venu coans, ot la roou. II a dossein do sc
mellro a enseiyner la philosopliio ot la tlieologie on oliambro,
t-t pour col oll'ot . il m'a dit qu'il vous priera do lui doimor
quelqne quin/aine do pislolos pour moiiblor sa cliambro. Je
lui ai dit qu'il y [)eiisat bion auparavant : quo oo dessoin n'a
v FALCON KT. 1-2'.)
voil pas reussi a plusieurs aiitres qui I'avoient ei-devant en-
trepris. II y pensera, el apres it vous en ecrira. II ne rri'a
poinl donne charge de vouseorire, mais neanmoins j'ai cru
qn'il vous en f'alloit avert ir.
J'ai ete voir M. le Sanier, qui tail tout ee (ju'il pent pour
votre tils et pour le fa ire etudier dili^emment. Aujourd'hui ,
avant niidi, il est venu etudier avec moi ; je lui ai fait lire
dans les lettres de Plassar , qui etoient snr rna table par ha-
sard , nn beau chapitre de cette bonne femine , dont le conte
est si plaisant dans Petrone: J/////V/1 t/HMhuii /:)>//*'.«/ taut nntir
t-rat pudicititf, et apres (ju'il I'a vn en franeois, je le lui a fait
lire en latin dans Petrone menie; apres, je lui ai dit <pii
•Moil Petrone, ee que c'etoit que son livre , qui nous reste,
t-.rcnift/u ihniitn.rut i-.i: iiiftyno o/K'i'c , et sa niort, que je lui ai
fait lire dans ies Aimales de Tacite , dont il in'a promis de
lire le quin/.ieme et le seizieme livre des Annales.ou il verra
••ette grande conspiration centre Neron , laquelle I'ut inallieu-
reusement decouverte, la mort de Seneque, et entin celle de
Neroiune"me. II a ecrit ilc Pi'h-onio dans son eahier, et in'a dit
ipi'il etoit bien aise de savoir celte histoire, <!v nmtromi tlln
Klthrsinn. Je 1'ai averti qu'il ne la taut jainais reciter en eoni-
pagniede femmes , in- uliqun c.i; i/lis , animnl untara tun SH-
pprbiim , serto indignetw. Voila oil nous en somines (1 .
Pont le nionde parle ici de la paix et la croit laite. 4e vous
baise les mains , et suis de tout inon ca-ur votre , etc.
/'. .V. Je salue mademoiselle Falconet de tout n«on cueur ,
••I M. Spon pareillement. J'ai ceans deux livrets pour lui et
pour vous, lestjuels je vous enverrai par la premiere orea-
>idii : c'esl tie M. Vineau, medeein de Poitiers, eontre la cir-
(1, Hien n'esl inoins demontre que lo I'olroiu- donl parlo Tacile, oi-t
«/ biter elegant iarnrn, suit le memo ljetrone , spirit uel ft Jangercui
iiuleur du Satyricon. Les savants les plus soriipii'oux. les plus diKiciles.
ne soul point d'accord snr ce point. II laut ;i\ouer aussiqiic- maltiv (lui
Putin avail fait la 1111 ^ingulier i'hoiv d'nne lecon donnee a un jeuiu-
liomme. R. I*.
ill «J
I'M I.KTTUKS DP. (il'l PATIV
eulalum du SH^ de Jlarveus. On dit que 1'aceord <lu prince
<l<: Con i It; est fait el celni i!u due de Lorraine , et que l<> AJa-
zarin doit assembler dt'vant le roi dans peu de jours mes-
sieurs dn parleinenl, messieurs lesducs et pairs, et les mare-
ebaux tie France, pour leur fa ire voir 1'etat ties affaires pre-
sentes et en prendre leur avis. M. Klie Ueda des Fougerais .
notre collegue, mais grand cliarlatan , est all<! anx eaux de
Bourboniie avec nu partisan, noinme Monerot , taut pour soi
que [>our celui qu'il mene ; il a ete iei trois nutis inalade dun
abces pres des reins , qui s'est vide par I'ouverture (pi'oii en
a faite, wide xt.qterest ulcus sitmimiwi , fix/n/i>.tn>it <-i i-tincurmn .
dont on presage malheur ii ce mederin.
l)e Paris , le 2o avril Ifio9.
LETTKE GCGCLXXIV. — ,i// memt
Je voudrois bien avoir quelque bonne nouvelle digne d»-
vousetre mantlee ; on dit seulement que dans liuit jours on pu-
bliera une surseance d'armes. On fait marcher quelques ti-ou-
pes vers la frontiere pour 1'execution de la paix. Le due d'Or-
leans et le cardinal Mazarin out tons deux la goutte. On dit
(|iie leroi sortira de Paris vers lt^ -28 tie ce mois ; on parle de
Fontainebleau , de Compiegne. d'Amiens , mais tout cela e.si
incerlain.
M. Troisdanies m'a parle de M. Glianlate , et in'a prie de
vous uiander (ju'il voudroit bien tju'il prit des eaux de Saint-
Myon , (jue Ton pourroit faire apporter tl'Auvergne a I. yon ,
oil il les prendroit sans sortir tie sa maison ; je lui ai promis
tl(i vous le inander, et tie vous prier tl'y peuser. II dit que le
voyage de Bourbonneest trop long ; mais ce n'est [joint asse/,
il en parle comine ('.alien dit <[ue Thucydide a decrit la pe-ste
d'Atlienes, t(ni<[>«i>ii fftiotd , serf nun tuni/iinni urtif'i;i: /ilnni-nx
i't jK'rit'.is ntedicits.
Voila Noel Falconet qui eludie aupres de nitji , comine lai-
snjt Seipion aupres d'Knniiis : (/>// . /cxfi- r/,///,//,,,,,,
\ FAI.C.ONET.
H(ereb(tt dorlus lateri, castrisque solebat
Omnibus in median Ennius ire lubaf.
Itttt hummus indiora , <'t quod t'st ft/>nd Snllustiwn , ei
facvrv i'.c consuetudine in nntiirurn rcrtat. Je vous prie de fa ire
iries recommandations a mademoiselle Falconet. Je vous baise
les mains , et suis de tout mon coeur votre, etc
De Paris, le 2 mail 659.
LETTRE CCCCLXXV. —An w.ne.
Son Eminence a eteassezmal depuishuit jours, p//
fj)'UJL'tt/ic /'fi't'rsii cal tic qnuxi hitinediate , cm xlutim suci'i'stie/'uitt
dolores nephritici (wudssum «'i utroctssnnt, jj/'u quibus mitigundis
fttit tilt ai.'j:fi(-'it si't-tii I'l.'iia, fan'/ fat {.-(i/cu/its, cf ille <jr<tndi(ir, nun
tnitltis critciutibtts , tn cextrtii/t descend! f, i1 qua iiundum cyressus
i'st : fcbrifiUib'it , sitlebal , HUH dorntii'bdf.Ae voudroisqu'il IVit
Lien gueri et que nous eussioiis la paix ; mais il y en a qui
disent <|u'elle estrompue, et cpi'il Cant tout de bun en recom-
mencer le traite. Un liomnie me disoit liier (jue les Franeois ,
Ics Hollandois et les Auglois avoient fait un accord entre les
rois de Suede et tie Danemark , par I'enlreimse de AI. le pre-
sident de Thou , notre ambassadeur en Hollande , a la charge
<pie celui des deux qui ue voudra pas suivre la paix (pi 'on lui
propose y sera contraint par la force des trois anlres. Sun
Kminence a envoy*'; son neveii , M. Mancini, prisonnier a
lirissac , sons la yarde d<! six ai'chers, pour quelques im[iie-
lesetdes libertinages (ju'il a proft:res la semaine sainte conlre
la religion, avec le comte de Vivonne, nn amnoniei1 dn roi ,
nommele Camus, ([ui en a ete cbasse aussi, el nn aiilrecour-
lisan, tpii esl prisonnier. Quelques uns sunpconnent (juec'esl
tine t'ausse polil'upie, afin qu'il soil la, el qu'il yarde Urissac
132 !,KTT!U:S I»K (,t I I'ATIN
pour son oiicle, <|ui a de tiouvcan trois cents panics a pied ,
avec une petite niantille rouge el ses annes en broderie sur
1'epaule, <|iie j'ai vu passer ce matin dans la rue Saint-Denis.
I'n pel ntre- de Beaune in'a si tbvt prie de me laisser peiu-
dre pour tin medecin de sa ville qui veut avoir mon ta-
bleau , qu'hier je lui donnai line heure de mon temps. Noel
Falconet etoit aupres de moi , a <|ui je dictois qnelques gen-
tillesses qu'il eerivit dans son eahier ; il y en pourra melliv
tons les jours, et je 1'y exhorterai.
Les deux prisonniers qni out lue le marquis de Cliarlnn ,
en soi'tanl de la messe des Augustins , out etc ju^es an C.lia
lelet , 1'un a etre rompu , et Taiitre a avoir la tele eoupre 1U
out eh1 aujourd'hui trans leres k la Conciergerie. Mare pour
en\ la tin de la sernaine. I'wjturdftta nristfr non ln-m1 Itnln't Je
vous baise tres hurnblement les mains , et snis de tout mon
cii-'iir votre , etc.
\)c Paris . Ic (i m;ii IfiSH.
KETTHK CCCCLXXV1. An .»<•„,<>.
La paix ri'est pas I'aite, mais i'on en traite; il y a plusieius
articles dont on fist d accord, et d'autres sont encore en dis-
pute. La reine veut quo la paix se i'asse et avoir ('infante
d'Espagne pour sa bra , et le roi d'Espagne consenl a 1'nn el
a 1'autre; mais il y a deck nn rouge Italien (jui n'a hate ni dt:
Tun ni de Tautre , et qui voudroil bien n'y etre point presse ,
de sorte ([lie nous pouvonsdire (ju'i! n'y a encore rien de fait,
puisque tout pent faillir.
Pour les eaux minerales , je snis d'iivis que vous prenie/
celles que vous jugerex It^s plus proprcs; vous ete> snr lo
lieux , je soumets mon avis aa volre, et (jiii plnsest, \ou>
ave/ le malade »'ntre vos mains; vous en deve/ eti'e crn en
tout, puisque vous ave/. (tondnit la barque si prndenimenl et
\ Kii.t.oNin. i.. 3
si henrcusement jusqu'a present ; je !«• dirai a M. Troisdnmes.
DCS deux li\ ITS , jin s'iiii|iniin'iit en Allriiin^nr v 1'ini se (ait
a Allembourg, en Saxe. savoir, O/.sy/. tfofinanniet T/i. Heine-
ail /-.'{tinfolir. Ce livre doit etre un morceau curieux et IViaiul.
car ees deux hommes etoient tort savants. Keinesius vit encore
dans Altembourg, oil il le tail impriiner; il doit y avoir la-
dedans de bonne critique etde bonne philosophic. Hotmanruis
savoit bien son Galien , mais il n'a jamuis vu ^uere .le nia-
lades; Keinesius est un grand critique, grammaiiien et anti-
quaire. J'ai ceans un livre de lui, intitule : Vnriw lectiones ,
in-quarto, qui inerite veiitablement ce litre, car il est d'nnn
inerveilleuse lecture.
On (lit ici que le milord Uichard, tils de Cromwell , vent
it'inonter sur sa bete; qu'il a divise et renvoye le parlemenl .
qui le vouloit abaisserjqu'ilafaitentrerl'armeedans Londres.
et qu'il est encore le maitre absolu dans le pays. II n'a plusqu'a
trouver de 1'argent pour payer 1'armee, et ainsi il sera ton-
jours le plus fort: aussi est-ce la meme chose que Severus,
empereur romain, mourant a York en Angleterre, rec«»in-
inanda a ses ent'ants : Qui a ravgent a les homines, et par
consequent est maitre de tout.
J'ai dit a Noel Falconet que je voulois bien qu'il repondil
d'une sabbathirie, puisque vous en a vie/ remis le jugemenl
a ce (jue j'en trouverois bon, mais qu'il t'alloit bien repondre
et bien etudier pour cet ett'et : c'est ii (juoi je I'exhorte et ;i
<|iioi il travaille.
On dit ici (|u'il y a du bruit en Anglelerre entre (lrom\\-ell.
ses parents, et entre autres un sicu beau-frere, et le parlement
assemble. II y a bien de la division entre quelques particuliers
a qui potirra avoir sa part du gouvernenicnl, et conimc dit
Ciceron , mul.ti ro/tn/f fi'ijnarc , qui soiit presque tons parents
on allies de la famille de Cromwell. Tibere, avant <le mourir.
predit a (ialba c|u il seroit quelque jour empereur : /'//
ijiioqiic , {iitlli(i . ttliyiunido dwjustnbis inii><.'rniiii. Cc soul
Ics propres mots de Tacite. Cctte pr<'diction Cut accomplie .
134 I.KTTUKS [)K HI I I'ATIN
(ialba devmt empereur; inais il en l'ut inaiivais inarcliand
avec Pison , qu'il avoit adopte. II y a grande apparence
qu'il arrivera quelque chose de pareil a Londres ; le souverain
commandernent est an pillage , quelqu'un 1'attrapera par
force et par finesse: summits ncmpc locns, mala nun nrfc/ietilits;
un autre viendra qui lui insultera , et enfin le plus mediant
de tous sera celui qui demeurera. Les Anglois sont crurtelcs cf
feroces. Theodore Macille disoit qu'ils etoient une espece
d'hommes, dc, ijencrc l/tj>ino , com mo les Espagnols et les Ita-
liens etoient du naturel des renards , nillidi , wrs/jit'ltc* <'f
astufi. Les loyolites sont hermaphrodites; ils out les deux na-
tures, mediants commeles Anglois, et ruses comme lesltaliens.
II taut pourtant en excepter les honnetes gens, dont il y
a partout, et particulierement la noblesse angloise, (jui est
civile, et <jui ne tient point des mauvaises qualites flu vulgaire,
et meme j'en ai connu qui avoient de parfaitement bons sen-
timents de morale.
Notre M. Elie Bed a des Kougerais estalle a Bourbon , et je
crois qu'il est presentement avec un partisan nomine Mone-
rot. Je ne sais pas comment il s'y porte , ni ce que lui feront
leseaux, mais il est malaise qu'il en recoive grand soulagi1-
ment. II a ete homme fort deregle toute sa vie; il buvoit
beaucoup, et du vin tout pur : son mal a ete un abces in-
terne entre le foie , les reins et le mesentere , duquel est sorti
beaucoup de pus bien puant , et (|iii venoit de quelque lieu
fort pro fond : st'iie/vst nlai* h<iu<l dulnc tar/////, sinumwin <'f
fistnfosum , a qua imminef fabcu. Ce seroit grand dommage dc
lui, a ce qu'il (lit, d'autant plus (ju'il salt beaucoup de se-
crets. Neron , ce monstre incarne, disoit en se lamentaiit :
c/if'tt, f/mmfits tirf //c.r fK-rco! C/est (|ue ce tyran savoit bien jouer
du violon etdu rebec, mais il avoit fait tuer son bon maitre
Seri«!(iue : I'ut'rot /n'sfriit, nnritjii , //ii-i'/n/ini'tiis , uintrtciiln, etc.
II n'<'st que trop deces gens-la . /•'//•/ ijnijiiii' Innu : furtlisjnr-
/>n;i mnlnriuii. Notre siecle est plein de charlatans /// iitrni/iif
medic" <>/ />i>/>/ "'" : force tyranset partisans regnent
\ KVU.ONKT. F3.S
impuneniciit , coniuie les charlatans et chimistes tuent im-
punement le monde. Dieu nous a reserves pour voir tons ces
desordres, (/win d<ns fhion, wx'i/mynp, Ittborttiri? into dolm'wn'f
Je ne sais si les grands auront le courage de mettre la main a
tant de malheurs , quand la paix sera venue , qui est atfendue
de tous les gens de bien ; neanrnoins il y en a ici quelques mis
qui dontent de 1'evenement. Pmtdcm fiitnri fcinjutrif t-.ri ft/in.
rnlfginosn nocfc premit Ileus,
Toutes les troupes qui etoient en garnison en Champagne,
Picardie, Nurmandie, sont allees vers la frontiere. Ellesont
leur rendez-vous vers Hesdin, soil qu'il le faille assieger on
non , si le major qui est iei n'en a fait Faccord.
f/eve(|iie deMeanx se rneurt , et il est frere d<» M le clian-
celier: il a (|iiel(|ue chose dans la vessie qui n'est pas line
j)ierre. Janot, chirurgien de laCharite, a iei tailledepuis peu
I'abbe du Chatelet . qui en est mort huit jours apres ; troisau-
tres lui sont niorts apres la nieine operation, si bien qu'il est.
ici malheureux en reputation. Le petit Colot en a taille d 'a litres'
qui en sont rechappes; j'espere qu'il deviendra aussi bon et
aussi heurenx operateur <|iie son pere 'I) : ////// Je vous baise
les mains i;t a niadame votre fetnine. et suis de tout nion
ciBur votre , etc.
De Paris, le 13 mai l«:>9.
LKITKK CCCCLXXV1I. -- .1,
Je. voys prie de dire a .M. Spoil quej'ai recu sa cais.se de
plantes de (irenoble pour M. Joii'-qiiet, et sa leltre pareille-
inent. Votre collegiie, M. (iias, c>t ici, logi'-ehe/. M. le mare
1 l.'lii-loire de la lainille de> lilh()t()ini-te» C.olol e-t rapportee dan*
l'()ii\ra;',e de I . C.olot = Trdite de I'uperntinn d? In l<i:llv. 1'aris . 1727.
in-12, el dan- le Traite historique el tloymatiqne de la taillr. par F. J.
Moehamp-. I'aii-, IS-2t) 1. Ill, \).\\\. iOt-l sun. H. 1'.
1. 0 i KT;IU;» in; MI ruix
dial de Turenne. Je sotipai satnedi dernier ehez .M. le premier
president, ou il me lit grand'chere. On mange vile en ce pays-
la, et Ton y parlepeu pendant le repas; il voulut ponrtant qu,*
j'y busse deux Ibis, a sa sante, dn vin d'Espagnequi etoitex -
traordinairement bun. Apres souper, je Tentretins une grosse
lieure et demie sur di verses choses, a quui il prit grand gout. II
m'adit qu'il etoit en peine comment nous pourrions fa ire 1'ele
procliain ; qn'il ent bien vuuln avoir le loisir de m'entretenir
nne fois la semaine , une apres-dinee tout entiere, et cju'il
avoit peur, fantede loisir, d'oublier le peu qu'il savoit. Deux
maitres des refjuetes, qui y etuient venus sonper a cause de
rnoi , me ramenerent dans leui earrosse : il me dit en sur
tant (|u'il avoit dessein de fa ire ehez lui une petite academie.
une Ibis la semaine tout au moins, mais <[u'il ne vouloit point
qne nous fussions plusde six;c'estsigne que j'en serai I'lin, ef
je crois (jue mon tils Cantlu* en sera aussi , car M. lo [ii'emier
president lui vent autant de bien cpi'a moi. Poui' M. Chan
late, c'est a vous den ordonner. II y a autant de dlH'erence
entre un medecin <jui eerit de loin pour le saint d'un malade
ntceluiqui 1'a entre ses mains, comme d'Alexandre-le-Grand
(jui force les Perses au passage du Granique , et un monarque
qui ne fait la guerre que par ses lieutenants. Les premiers NO
peuvent heureusement servir deconjonctures. .Medici na »*< in -
rent in orrasionis in innrl/n. Je vous baise les mains, el suisdo
tout mon e.O'ur volre, etc.
PC 1'aris. !e-20inai 16o{>.
LKTTKK CCCCLXXN III. .\» >„/•„„
M. le due d'Orleans a fait composer par un savant courti
san, nomine Varillas, un livrede line pulitiipie, <pii st'r;i in
titnle : /'<>/ if it/in.- //< ft/ uiniann f/'.\i>f, •/<•//<> . (|ue I'on imprint'
presenternent en Hollande.
II \ ,1 en ic.i grandeceremonie aux Augustms , pour un<ei
tain saint espagnol de leur ordre , nomine IVere Thomas de
Villenenve, que It: pape eanonisa 1'liiver passe. Leur general
est ici avee plnsieurs Italiens , qui en out celebie la fete fort
aiith('ii(i(|uenient. Et ne quid drewt '/ft rn/i/fifad /// jjubliratH .
hno ad inmnicun seculf } ils en out fait nn ten de rejouissance.
an bout (In Pont-Neuf , oil ce nonveaii saint etoit represent
eomme un faquin de quintaine, et oil counit une I'uule de
monde qui ne se pent nombrer , et c'est la oil le pen pie
disoit que e'etoit un saint espagnol , qui n'eut pas ete reen en
France si la paix n'eut ete faite ; ueanmoins il y en a bean-
coup qui en doutent, etsurtoutqui tiennent que le traite du
prince de Conde n'est pas accorde. Xutre bon M. Baralis a eir
saigne onze fois depuis six jours , eel a a einpeche la suH'oea
tion; sitjH'i'nf , nee nd hue crudvlibus nccubat tnnlirit , mais« il esl
en yrand danger de n'en pouvoir ecliapper; une lievre
continue, un inechant poumon assiege d'une inflammation ,
quatre-vingts ans (l) sont tons signes (jui in'en lai.-senl un
soupcon fort funeste. 01)! que c'est dommage! II sail Men son
Hippocrate el son (ialien , et a fait la medecine en homme
d'liunneur toute sa vie : pint a Dieu (ine je susse I'llippocratc
et leGaliengreccoinineill'asu! Lesgensde bien vivent trop
pen : e'est une fort ancienne plainte, <•: in/i»c wrxntnr ((<-,, I'mn
niK/mtny , (jiuxl oj)timum <JWHHJKC infer tins (liunnirc nun simmf .
inquit fjiindriyarius ujuid .{(/elli/»it. { n lionnete hoinine in a
appris aujourd'liui que Ton imprime a Heidelberg, <|iii est
II niversile de I'electeur palatin , !<• swax/ tntm- <l<'* /.<///•>*
latincs ft frannns^s dv feu M. Snttinafsc ; \ ai ce"ans le preniier,
plusieurs a ut res le suivronl.
Le roi est avec son Eminence an bois de N iucennes. M. le
commandenr de Souvre (omba hier de son ebeval . et s Vvst
roinpu un bras. II y a un grand bruit en Angleterre contrc le
Ills de Cromwell : fttiniot" fft in ntufu; totit y tend ;i line >•»•-
•v'1) Kt on/.c saij'iiors laik-s en >i\ jour*. \ o\. I. I. |><i|',. (53. Mui , 3o:?.
»T:>. 15. iv
1 38 I.F.TTHKS I>F <.l'l PATIN
difion dans Londres et a line guerre civile dans lc rovaume,
/// (JHO rotn jiltnit' siiH/itlin'mii fnncnri'init (id const itucnddin ri'in-
jmbtit'inn ct rcijniiin fibolenduni.
11 esl ici mort , dcpuis trois join's , mi vieux eonseiller
d'Etat, nomme M. Turgot, qui avoit 40,000 ecus de rente ct
700,000 livres ri'argent eomptant dans sescofl'res, et un co-
inedien nornmo Bojart (i ), (|ui avoit 24.000 ecus en or :
Jampridem Synis in Tiberim de/lii.ril Ornntes.
Ne diriez-voiis pas <|ue lo Perou n'est plus en Ameri(jue .
nuiis a Paris, chez les eminences et leurs parents, che/ les fi-
nanciers et les moines, qui sont les partisans duparadis, /«////
unrn ) mm i no wculi. ,le pense qu'entre moinerie et mornerie il
n'y a guerede difference.
On reimprime ici les oeuvres de Jo. Duns Scotus, cordelier: il
y aura dix-sept volumes in-f'olio : c/est ee moine qui tut en-
leri't'1 sans etre niort , et qui se mangea le bras. Je vons haise
In'-s liinnbleinent les mains, et suis de tout mon co'iir
\olre, etc.
!)<• Paris, lc-27 inai H5U.
LKTTKK CCCCLXXIX. - .I// uitwr.
J'ai si [)cu de chose a vous ecrire . quej'ai de la peine a
m'y n'-souilre ; neanmoins, j)uis(jue M. Troisdames desire que
j'entretienne eel innocent commerce de letlres avec vons par
1 Jo no sal- (|iiel ct;iit oc Uejart donl parlc ici dm I'alui. Lo celohrc
riiMK'dicn tlr re nom vinl a Paris aveo Moliere, dont il etait lc cauia-
rjulc.cn KioS. Korl aiinc dti public., il .•*<• rctira <lu llic.ilre en Hi7(), ct
inounil le 'J(.( sei»leinbrc K>78. 11 etait f'rere d'KIisabeth-Annandc-
C.i <i/.in<lc-('.lairc llcjarl, rindigiic cpuusf dc notre illuslrecuniiqne jellc
c|ioii^a rn >ce<mdo- noc.1- . le.1l inai 1077. le coinedien (iiicrin d'l'l^-
li i<'lic . H.I'.
V K UK INK I HO
son nioveu. jc MHIS dii'iii qne le roi passera dans Paris les
deux semaiues (It; la Fete-Dieu je pense quo la reine-mere Ic
voudra la ire voir a la procession, tant pour sa beaute (jue
pour sa devotion , et des le lendemain de la petite Fete-Dieu,
le roi sortira de Paris, s'en ira au bois de Vincennes, de lit it
Fontainebleau sans plus revenir ii Paris , inais pour partir
vers le commencement du mo is d'aout , et s'en aller a Bor-
deanx , et de la a Bayoime , au-devant de 1'infante d'Espagne ;
et . pour assurer toutes les conditions du mariage, on tientque
le cardinal Maxarin partira d'ici des le 2-2 de ce present rnois
pour se rencontrer a Bayoime, ou don Louis de Haro se doit
pareillement rencontrer, '/w iitdr *p</>ii'/tf>i/', in ilcnnnn t/f-nn-
?nts i't'i>nfitii xiinf , t'Cni'-t I'Kius i/ni rfri'ltihil .
On dit <|ue rette infante d'Espagne est une bonne princ^e
fort accomplie, et qui a beaucoup d'esprit. Fn eveque , tils
d'nn marechal de France, m'a dit ce matin que , lorsque le
roi son pere t'ut extremement mnlade, il y adeuxans, ellc
avoit fait une brigue avec les grands d'Espagne et le conseil
(Hernel de ce pays-la, pour obtenir la regence de ce royaume
durant le bas age de son petit frere au lieu de sa belle-mere.
Si elle a de tels degres d'ambition d'esprit , etant en France .
die pourrabien faire changer la scene et renverser le theatre
cjiii subsiste il n'y a (jue trop longtemps. Xuhliint'* illi .</;////">
ft (icnci'osu ejuninodt indoles iHinjumii (jutf/ i><>lti<'<'itlnr , <-f ///-
tirrlinn aliquid eyrr-yiitm ]»-<fsfn.n( ; mais I'evenement n'en est
pas toujours heureux , /f/nfn ill« i»f/>'i//'/ nawnidis at iiincwiftix
I't'liH* (jiiinn COin/HHii'itdis >' tiijU'f <i/>ftti/'/i sn//f >/<'/ir<'///'i/sti. Dicu
en disposera pour sa gloire et pour le soulagement du j)auvre
peuple.
On attend ici un courrier <pii est alle en Espagne pour achc-
ver lii la conclusion du traite du prince de Cofide. l.cs An-
glois out abattu la statue, aboli la nicnioire et le gouvernc-
ment de la famille de (^'onnvell , et sc sont m's en repiiblique.
hujuelle nc dm'era j;imais tant qne ccllc dc Koine; il vicndra
<|iiel(|uc (;iitilina qui rcmuera les c(>uleaux. ct c'cst a qi'.oi
140 IF. IIIU> IT Li I
nous tle\on& noils, altendre. Je YOU-* baise les mains, el sni>
de lout moil co'iir votre , etc.
IV I'aris , \c ('» juin
LETTRK CCCCLXXX. An in^nr
Apres vous avoir souhaite line bonne annee, je vou>dirai
que j'ai aequis un livre nonveau : c'est un recueil de leltres
latines do Tannequilliis It! Kc\ri;, (jni roncernent particulie-
ruiiicnt dcs corrections de (juelijues eci'ivains anciens. (';<>(
auleur e^t un savant liointne en grec et en latin , qui a par
ci-devant fait quelque c I lose sur le IMiedre et snr deux li\ ITS
de Lucien , el un a litre petit traite ou il pronve <|iie le pas-
sajjK1 de Josephe touchairt Jt'sus-Clirisl est infailliblemenl
snp[jos('. C.u Tannequillus le Fevre est, a ce (jne j'appi-ends .
un regent qui enseigne a la troisieine classe de Sanniur, <|iii
n'csl pas fort accoinniode des biens de la lurtune, inais qni
n en vant pas nioins pour eela. Liieien adit quelqne jiait <pie
c.enx que les (lieux liaissoient , its les faisoient niaitres d'e-
eole, et Melancliton a fait une harangue, >/>' Mix<'rii*ini'<l<i-
yot/onii/i.
II esl ici inort depuis quelques jours deux honnno con>i-
derahles . savuir, .M. I'errochel . doyen dil la chainbre de>
coinptes, age de qnatre-vingt-cinq ans , el mi vieux coliseiller
de la cour des aides nonnne lirieonnet.
.M . Petitpied . avocal tres celebre , a ele lurl nialade d line
intlainniation dn pounion , pour latpielle il a etc saignedis
.sept ftiis ; mais il se |»orle niieux. S'il avoit etc traite jiar
qijflque charlatan , on Ini auroit (''[targne /'• In'-tar i/r In rir ,
on hi! ani'iiil doiine des petits grains nil dn laudanum, el il
srroit niort. Nuns avon.s iei (|iianlite de lie\rcs continues.
aM-e doulenrs de c(')te . ci'aclieinent de sang |)leuresie el in
A I'M.CONKT HI
Marnmation ilu pounioii. Us in- sont soulages quo par la sai-
giu'-e ; car ee n'ost poinl dn sang qn'on lour tire, eo n'ost quo
de la hone.
Je soupai dernierement oho/ M. le premier president , qui
m'erivoya inviter des le matin. II mo fit direqu'il m'enverroit
sou carrosse a six heuros du soir, oe qn'il fit. et me renvoya
aver, bonne eseorfe sur les dix heuros. II so plaignoit a moi
quo je no 1'allois point voir , quej'etois oblige do I'allorqnol-
(|iiel'ois ontrotonir ot quo jo devois avoir pitie do Ini pour la
poino qu il avoit dans 1'exercico do sa charge. Jc Ini ivpondis
qnc jt; n'avois oso I iinportnnor, et (juo je le viendrois voir
tontos I os t'ois (ju'il me t'oroit I lionnenr do mo le commander.
Je vons prio. mo ivpliqua-t-il, dy vonir an moins nno I'ois la
somaine si vons n'y vonlex vonir tons les jours. Lorsque je no
pourrai pas sonpor avec vous, vons soupere/ avec ma t'omme.
II nit! traita avoc cette tamiliarito do me fa ire asseoir onlro Ini
ot madamo la premiere presidente, et jo no pus le roluscr.
A pros souper, nous nous ontretinmes aupres dn Ion ; ontro an-
tres disconrs il me dit quo j'otois bion heuronx, pnisqu'ayant
tin! la visile de mes malades, je n'avois (jii'a pastor mon temps
avec mes livros ; quo pour lui sa charge le tnoit, <-t (ju'il so to-
noit bien plus raalheureux (|ue M. Putin. Kn otl'et, lesgrandos
(lignites sont des charges, des menottes et des entraves (|tii
nous otent notro liberto ft nous rondent osclavos do tout le
nionde. (lotto charge publiqno 1'obligo do donnor andinico :i
chacnn , lui oto le moyen ot le loisir de so divortir dans I f
hide (ju'il aimo naturellomont , ot le fait lover. Inns losjour*
de palais, it (piatro beuros du matin ; ot neannioins apres ton! .
ft nonobstant tontos ses plain!os, c'»>st uii'1 tres hello ot liv-,
iinportanto dignit'.'1, plus Considerable quo cello dn chancellor
nioine, ii <|ui lt> roi fait oter los scoanx (juand il vent: mais lo-,
(•romiors presidents meurent on lour charge . ot on no la loin
(it-lit olei1 qn'avoe la toto. |)cpni:i plus de cent \ingl ans, lo>
favoris n'ont pas inanqiio do iiiiuor les chancoliers <|iii I.MIC
ullt deplu et (jlii out rofust- do fa ire ce qu'ils vollloionl Tonlir
1-H I.KTTKK* I)K i.l I I'Afl.N
notre histoire en est pleine d'exemples. Yoye/. M. lechancelier
d»! I'Hospital , <jui a ete. un des grands homines qui tut jamais
enmerite, en science et en probite. Voyez ce (jti'il dit Ini-
meme de ses predecesseurs dans 1'epitre dn sixieme livre. 11
parle eiisuite de deux chanceliers,dont le premier i'nt lechan-
celier Poyet et 1'autre Olivier. Tons ceux qui out ete depuisce
temps-la en charge n'en out pas eu meillenr marche , et entre
autres lui-meme, MM. de Sillery, dn Yair, de Chateauneuf et
Mole , qui ont tons ete de grands liornmes, et (jui n'ont pas
laisse d'eprouver nne Ibrtuue contra ire a lenr vertn. Je vons
liaise les mains, et suis votre , etc.
\)c Paris, le 14 juin 16o9.
LETTHK CCCCLXXXI. — An »"•»«•.
Je vons dii'ai cjne votre jeune honinie s'ainende Ibrl. Jc Ini
ai tail beaiicoup de remoutrances , dont je ne me lasserai
point : je prendrai grand plaisir de le voir devenir plus sage,
et je veux croire qu'il m'en saura gn- (juel(|iie jour; mais je
n'y serai plus, toutefois il n'irnporte. Desqueje serai horsde
ce pays ici , je serai dans un autre on malaisement sc trou-
vera-t-il plus de fonrberie et de lilonterie (pu'ii celni-ci.
Socrate et un autre [iliilosoplie dans Klien se ciiiisoloient en
monrant, (ju'ils verroient en I'autre inonde d'lionnetes gens .
ties philosophes , des podtes et des medecins. Je suisdu inrinc
sentiment. Si j'y puis renconti'er (liceron , Virgiie, Arislole .
Platon , Juvenal, Hoi-ace, Oalien, Kernel, Simon et .Nicolas
I'ietre, MM. K. Moreauet Kiolan, jene serai point en mauvaise.
compagnie. 11 y aura la de (jnoi me consoler. Je crois ipi il y
a I'orct; bonnetes gens en ce pays-la en recompense de erlui-
ci , oil ils sont fort rares. Je ne vois |»lus ici <|ue de la cabale ,
tyrannie , fourl)ei1e, singerie, hypocrisie, et lout cela conlit
fit beaucinip di- rfi-rmuuies . el nu'-mr le< pins lins y trmii-
A I'Al.CONFT. li'*
prut /// nomine Ihniiini . Mais jt; suis d'avis de in anvter l.t
t:t de ne rien dire davanlage . pour iu; pus in'attirer (juplque
excommunication majeiire
Yotre Ills cst alledi'ier die/ Carolus , oil se doivent rend re
ma I'enune , ma bru et mes deux belles-suws , qui sont allees
gagner les pardons a un certain petit sermon ilont jo uesais
pas settlement le iioni. Mais ce ne sont pas loujours les par-
dons qui font aller les tern mes, c'est 1'envie de trotter. Voila
pourquoi Ton dit ici plaisamment que saint Trotter , sainle
llaquea et saint Babil , sont les plus grands patrons de ce sexe
ilevot (1). Vale.
De Paris, le 17 juin 1639.
KETTRK CCCCLXXXII. .\>< mi-nn-..
Je ressemble aux lemmes grosses (|tii s'ennuient d'impa-
ti ence d'arriver au temps de leur accouchement et de leur
(lelivrance; ainsi je desire fort ce beau temps qui nous don-
nera permission de dire les bonnes nouvelles que le roi et la
paix nous promettent et notis font esperer. II y a ici un grand
bruit qui rfest pas sans scandale : un cordelier, natifde Tours.
uomnieCottereau , pret de passer docteur en Sorbonne, s'esl
fait, huguenot. On la clierche t;t on ne la point pu tronver.
(1) Ce trait satirique est le seul que (iui I'alin lance conlre les ieinmc*,
lui dont la verve de medisance epar^ne si pen de [;cns. II est ttonuant
qu'a cede occasion , il ne cite pas I'epigranime siiivanle. Ires COIHIUC
do son temps.
S il iall.iit ru rla^rrc".
1 11 illrois, iaflu'/.-le Ineti,
I'iiiinc . ;iu. M'ut, Icuiiiif et pirn ncii.
O/w<7,-v •livril^siiiit* . |iar le MI-III \ uNuii ill- l.i ( (ilomliitic , I ti.Vj '
•'It. I'.
1-i-l i.miiKS ni- (.( i I- MIX
On a defend n aux huguenots de le recevoir. Ils lacheront de
ne point perdre un proselyte de re plumage; ils renverront a
Sedan <.u a Geneve. II y a bien des Tourangeaux qui n'ont
1 'esprit qu'a tleur de tete. M. Naudedisoit qu'il fant demeurer
commc Ton cst. Ces moines ont de mauvaises heures; ils sont
souveut tort empeches du marche fju'ils out fait. Ils sont ob-
sedesHe plusieurs demons quo lean lienite nechassepas tou-
jours. II y a quelquefois de rambition, de la inelanrolie , de
I'amoui1. Je crois qne le demon do pere tlottereau n'est <jue
de eliair. II se rencontrera qnel(|iie belle huguenote qui se-
couera le cordelier fit chassera son dial»le, comme la bonne
t'emmeAlibec, de Boc('a('e,cliassasubtilemeiileljagreablement
le (liable de Termite. Ne montre/. pas tout ceci ii inadame vo-
tre I'emme, de peur (jn'elle n'ait mauvais.e opinion de moi. ,le
t'onsidere le mat qni se fait dans le monde el tout ee qui ar-
rive cbaque jour sans in'en guere embarrasspr. (1'est ailaire
aux sages de baisser la tete et de proud re du bon biaistant de
bi/arres evenoments.Je me rerommande a vos bonnes iiraet^
et suis de loute mou ame votre . eic.
De Paris, le 27 juin 1«r>«».
LKTTRE CCCCLXXXIIF.— .1" m-it'C.
Je suis tort content de noire ecolier: il est doux comme u/i
agneau. Je le menai lundi matin a la ville avee moi , et lui
disqu'a cause de lui je voulois aller a pied, a la charge qu'il
apprendroit quelque chose de moi. Quand nous fumes a
I'horloge du Palais, je lui demandai s'il savoit bien les deux
vers latins qui sont au-dessus decette horloge ; il inedit qu'ii
\ voyoit bien de reciMtnre, mais qu'il ne la potivoit lire; je
le lui dis, a la charge qiie des qu'il scroll au logis. il le met
troit dans son cahier.
Machina qmr hm xf.r luni juste /iicitlii hn> a~ .
Juiitiliiim srn'dre iit»nel., Irijisin ttt<><
Kvlui\Kf.
.!•' Im ills qiTan-dessus do Li pnrto do I 'Arsenal . il \ .i\.nt
deux antics vorsqn'il t'iilloit paroillomonl savoir:
'Klhini lite*- Ili'tirico \'n!c(Diiti li''n witii*lr<il .
Ti'ln fjifjftiittt-i-iii ill I'i'llalnrn furor .-•.
Joan I'assorat. prolessftur dn roi , qui inoiirut Tan ino-2
fort vienx ot avon<>lo, est an tour do cos doux distiquos. Jo lui
ilis onroro quo dans IPS jo.suitos an roi lope do Clonuont . il y
avoit mi autro boaii vcrs suns lour cad ran. <|ii'il I'allnit retonir
ci nit'ditov :
C-c iiionit: jour jo lo nionai ;i (lomioillo .; jc It1 lis j>arlii' nnc
licuro avant inoi , avoc iin <'<-olior on niodocino: jo los attoi-
liiiis pros d'Afgontouil, 011 nous gontanies, ot Innios snn|ior a
(liinnoillo , o ost-a-diro nno liono pai'-dola . dans noire hollo
inaison ; lo londomain inardi nous rovininos a l^iris : lo nior-
orodi, jo lo nionai (juand ot. moi a la port*1 doPari^, y voir nno
oxocution oriniinollo d'un volonr <pii y tut rono; on nous
donna uno ohainbro, do la t'onotro dolaqnollo il vit (onto la
oi'i-ornonio do co inystoro dc diTairo los hoinnios pour lours
ci'iinos. Co no f'nt pas sans lui oxagoror lo inallionr dos int'-
olianls , (jui so rosolvont ii volovot tuor pour avoir iio I'ariront,
it Cairo dosdobauolios ot a jouor.
Lo roi ost onooro ii Poitiors. l/onti'ovno no s'ost point onooiv
I'.iito dos doux iniuislros; M. do IJoniio no fait qn'allor rt vo-
nir pour la bion disposer ; noaiunoins on oroil <pfollo so (era
bionliM. 11 y a du bruit on Aniilotorro ; doux villos so son! iv-
volloos oontro l(>s ordnN du p:irloinonl . dnnt 1'iino s'appollc
liristol. Les Francois, llollandois ol Au^lois trailout d'un grand
accord entro los Suodois ot hanois, ot lo-. vouloul obligor (!>•
>'on tonir lit.
1 .I'iii rlirrclie inulili inciil rmilfiir dc cc iiiaj'.niiiqiie \<T>. ijiii |)eiut
l<- emirs <lc l.s \ ic Ii. mi. IL. ;i\cc liini il'cnci I'.ii1 <-l <!•• \crilo. It. IV
III 11*
I ((I I.KTTKKS DK Li 1 f'\m
Les carahins dii peiv Ignaee soiit ici maltraites [tar lescnre>
ile Paris, lesqnels nut fait imprinter iei plusienrs ecrits, >•{
entre aulres It1 8 et le '* , qui sont forts , <'( i/mi1 dcdncunt is/us
at ic ft m ml iiK'tain win Inqui : aussi feroienl-ils mienx de se taire ,
ear tout eequ'ils out prod nit pour la defense de leur .\i/<t/nt/if
/tfi'tr /fs rtifitiisf''* ne vaut pas le papier qu'ilsyont brouille: il
ii'y a point d'honnenrde se meler dedefendrennesi mauvaise
cause, tant d'ordures, tant de fourberies, taut d'impiefes. .le
m'etonne comment cesbons peres n'ont point phis de liontr,
vn qn'ils sont si fins et si ruses, (pie l'eve(pie de I>elle\,qnietoit
nn esprit incomparable, disoit qn'ils etoient loaf's ;m cap <!•'
fine term1 . c'est-a-diro les fins de terre.
On ]);irle ici d'nn nouveau casuisle loyoliticiue, nomine
Tambnrin , imprime , a ce qu'on (lit , en Italic , en Allemayne
et a Lyon, cbez 3IM. Hugnetan et Ravaud : je voudrois bien
en avoir nn de cenx-la en blanc; je vous prie de leur dire
que c'esi pour moi . et que je le veux acheter.
.le me souviens toujours de ce que vous m'avez ecrit ton
chant M. Barbier. inaison n'a encore rien fait qui vaille sur
le sujet de la paix ; il n'y a encore qu'im moine minime ,
nomme le pere d'Ormesson , (pii a fait nn livret sur la paix a
venir ; mais ce ne sont que des cadeaux de moinerie. On dit
que M. le marechal de Grammont ira en Espagne querir la
nouvelle reine. 11 y a ici quantite de prisonniers, voleurs el
assassins, desquels le proces criminel est sur le bureau. Ja-
rnais les beritiers de Jean-Guillaume n'ont en nioyen de tant
gagner : on ne fait que pendre et rompre. M. Chanlate, apres
s'etre repose envii'on trois semaines, m'a envoye (pierir ;
il me semblc fort rnal : /fihurnf ,sv'// incxlnni^n tiiHir/'.rin , <-/
ud iitridiujiH1 ItijiiocJidndrioruin . Vous hii ave/ dit tant de bien
de moi, qn'il croit que je le gni'rirai on <pie je suis oblige de If
guerir, ai/'f/m' tnt'idcntlix (t//* litwlilmn nft/in' jint-ro/i/is , mr m>:,
(inn ii/'iwxfi , (jiinni dnci'ttnh i't (jTnvnsti ; car c!e It1 guerir, lii<* In
(>IM\ /tnr ii/ms i*sf . cela est bien di I fici le : i! cst presque arcabl.1
de facheux symptomes qui !<• menacent pour laulomne pm-
cllilill , ncr fjldf iiii'tnn Hi- fiat tiliitimr tfiiicsl'HX nrwlnt' ; /nt/ir/n//.*
me terrrnt nit/ois il/n affix >'t siirnnnnn ffisfifhmn , i/ito/'nm rnt/.</r
tsunt pntflntissimfp <>'• whentissinup m rnr/>nr<' f/f/i'/n , fnm nsri>-
rilnis intatniwdtis , male moral is, H « inaraxinn //"?/ ft>'f>rnf /'<'-
Hintlx : ({nihiiK shifjHlaris grndihusilur "'/ /'''i/in>'in spiiipitci'imm.
II y a ici un libraire allernaiul <|ni a plusionrs livros. II y rn
a meiTiP de Sebizius. mais ils DC sont pas nouveaux ; il in'a
(lit qu'il y >>n a mi in-quarto, mais cjni n'etoit point aclicvc
lorsqu'il partit dc Francfort ; jo ponsc (juo c'est cc Mammlf
mcdico-praticwn , (jui peat bleu rnaintcnant rtro aclicvt- , vu
(ju'il y a j)lus do six inois (jn'il ost sous la [ircsso, a ce (jue
m'en a mande 1'anteur memo. Si M. Fourmi on a ('crit de
Strasbourg, il vous <MI pourra dire plus do noiivelles (pit-
pas un
L'entrevue des deux ministres de Franco t-t d'Kspa^ne DC
se t'era ni en France ni en Espagne, mais dans une ile de la
riviere de Bidassua , qui est entre deux ; cepondaiit dun Louis
de Haro a fait de grands honneurs a M. de Lionne. Je voiis
baise les mains, et suis de mnl inon Crt'iir volre, etc.
De Paris, le lo aoul Ifi «.
LKTTKK CCCCIAXXIV. - .\,t wtme.
I it do DOS aiiciens docteurs , (inillanmo hnval . disoit tint-
pour aller en paradis. i! falloit devenir Xormaiid et <»• di'dif,-
de ses poclies : aiissi faiit-il (pic jo mo dedise . ear madanif de
Beauvais n'ost pas morle commo jt1 vous 1'avois t-erit, cllr a
souleinent etehien maladea Xaintes. Le roi est encore a Bor-
deaux. On tient la paix et le maria-e conclu> . ft «pic Centre -
vuo dos deux ministres d 'Eta t de> eoiiromifs ue continue iiuc
pour Its inteivts des allies. M. le iiiarechal de Graminont c^i
parti jioiir aller on Kspagne. II eiilrera a petit bruil dans Ma-
drill , mais il en sor!ira fort leste et aver ^rand (rain quand
il einmeiifTa la I'oine.
.M.iiras -.lira tout re, qu'il voudra , inais je n'ai oui parlor do
liii a personne. Jepense (ju'il n»: reformera 11011 plus noire
i.iodeeino quo 1'etatpolitique do I'Europe.
No vous 1'nv. a rien do ce qu'on dit d'An^leterre , tout e>t
faux. Le roi d'Angleterre n'y ost point; il ost encore en l>ra-
hant. On no mitre pas sitot dans 1111 royaunie lorsfjn'on en a
ilc chassi'', principaleinent (jiiaiid il t^sl environne' de la iner.
Us out eoupe la t(Me au |)ere ; s'ils peuvent atti'fipei' le Ills, i!s
le peiidront a un arbre. Cette nation estcrnelle, et puis ds
doivent Cairo leur ]>rolit d'nn iineien pi'overhe qui dit qMt-
c'l-st ('•!)•(' Ion de laisser vivre les eni'ants apres avoir lno le
pere. Je suis , t-tc.
t n coiii'rii'i' extraordinaire vient d ai'i'iver , il a apjtorte
I entiei'e conclusion de lapaix; tout esl arrele pour li.1 ina-
riaue, et la reine nouvelle sera en France le -21 d'octohre pro-
chain. On aeli<''vo en llollande nno belle edition d(! notre au-
teiir Francois Habelais. C'etoit un lionnne qui se nioqnoit de
lout ; en verite, il \ a bien des choses donl on doit raisonna-
blement se. moquer. Si Ton v prend garde de bien pres, elles
sont pivsqne toutes remplios de vanite, d'inipostnre et d'ifino-
rance : ceux (|ni sont un pen pbilosophes nedoivent-ils pass'i'ii
haltue par Laniln'rl , ipioique celui-ci n'eu! (jiii1 six iniile
homines et le roi quator/e inillc. II y a deux cent soixanli--
dou/e ot'llciers [irisnnniei's. Notre ambassadeur en An^lc
tevre, M. <le Hordeaiix , a eu charge du roi d'aller saluer la re-
\ r xi.ficu i III)
pu bin pic a LondiVN . <•<• 1 1 ii il a fait ; ceux dn \> irli de Oom -
well t'll out rlr Curt rejoins.
Lcs partisans dise'it ici que messieurs dn parlemciil Mint
bieii IViclh'-s dt: hi paix . <|if<m n'anra plus be.-oin d'enx , • t
qu'on ne leur donnera plus de pension ; d'antres disent ip.c
cr sont les partisans <]iii en soiit I)ien niarris. a cause <pi'ils
ne seront plus admis a oll'rir de I'arijent pour avoir des anvts
du conseil qui ecorchent le peuple. Voici des ver> qui con
rent contre messieurs du parlement , desquels on fail antecr
M. Gaumin , doyen des maitres des requetes, <jui t'ut jai!^
lieutenant criminel a Moulins, ct est cousin de .M. dr
Lornie (I), le grand medecin des bains de Hourbonne. O
M. (iauinin est fort savant en yrec et en latin et dans Irs lan-
liiies orientates, et enneim du parlement. Voici Irs \crs:
Curia fu/1 pactin jiopuli-; cu/iii-nliliug Imrret ,
Kcynantique toga1 curntotuendaquii-s?
An fracli riolusge ptidi-l c mtui'lia rcfjni .
Juliada.' paclum me mcminia.^: citput'.'
(hut! bcllo Mtruer< , liinuil in i>arc ftituri
Madanit: la inarecliale de Guebrian e>l niorte a i'eriiiiiruv ;
elle n'a ete nialade (jue trei/.e heures , et e>t morte sans con-
fession : elle etoit le parti.san de ce pays-la, elle y est fort
maudite. II court ici en cachelfe un inanifeste pour le Portu-
gal, par lequel on prouveque la France no doit point aban-
donnerceroyauine al'Kspa-iU'i, \u I'accordtpi'ils out fail avn-
nous , si^ne de la main du cardinal de llichelieu. On attend un
courrier d'Hspagne qui doit \enir pi'endre le in'itrt?. pom1 al-
ler ensemble it Home deinandei1 dispen>e. pour le roi . d'e-
pouser Finfante, d'Kspa^ue, >.i cousine.
Je vous baise Ires Immblemenl les main>. et >uis de (<>\\[
uion ctiMir volre , etc.
Dr Paris. If !) srptembrr KioU.
1} N oyi •-/. la nolc Ionic II . p. i;','1 '.W~>.
LKTTKK CCCCLXXXYI. An WHIP.
Le parlement d'Angleterre fait le proces aux prisomuers
(jin tenoienl le parti du roi , et entre autresa deuxqui etoient
les principaux dans ce remuement.
M. Bitaut do ('liLse, jadis conseiller de la oour et grand
frondeur, est mort en Anjou , et M. Brachet, qui etoit une
des creatures du cardinal Ma/arin, est niort aCazal.
La unit passee , le feu a ete pres des Augustins, cbez 1111
conseiller de la » our, nomine Colombel ; son etude y a ete
brulee, tons ses livres el ses papiers. II a autrefois etedocteur
en droit; il dit qu'il a ete lui seul dans son etude, et ne s'en
prend (ju'a lui-ineme , mais qu'il ne sail comment cela s'est
fait. On dit que les entrevues ne sont point encore iinies , et
meine qu'elles ne finiront pas sitot ; <m'il y a d'autres all'aires
aquoi on ne pense point; quelquesunsdisent quec'estqueles
Kspagnols ne veulent point abandonner le prince de ("ondi'',
et qu'ils desirent pour lui bien des avantages qu'on ne lui
vent pas accorder; d'autres disent que c'est pour les affaires
d'Angleterre, et meme que le roi d'Angleterre s'est travesti
pour se rendre an lieu de I'entrevue. On en dit encore nn
plus (in, c'est que les deux rois veulent agir, raiiJHtirtis riri/ixs,
eontre les Hollandois, et qu'ils veulent reconquerir la Hoi
lande et etouirtu' la liberte de cette republique naissante (cela
pourroit bien (Hre) ; d'autres croicnt que c'est pour aider aux
Venitiens eontre le Grand-Turc, pour faire (pieique memo-
rable expedition sur lamer Mediterranee, prendre les Dar-
danelles (it le cliasser de Constantinople; il n'y a pas d'ap-
parence a ce dernier. Nous ne sornmes pas assex gens de bien
pour avoir de si nobles pensees, '•/ lull* ^ijnati m /ij/t/t/ nn* m>n
lifihiiiit D'autres disent que c'est jiour miner les Imguennls.
et fjue le paj>e y pmisse fnrt. .le ne doute mdlemenl de lui ni
de sa bonne voloiite : <-»:-it '•////// Ju^iti'r iiti- ('riftitnlinvx nin-
nifiitx <•! in rnmn'bux iltniinniri. D'autres pretendent que c'e>t
pour abatlre les jansenistes, /'-/roc/ flunnmi : les carabins du
pert- Ignac.e n'y oublieront pas le police Qu'en dites-vous ,
monsieur? ne voila pas <le belles speculations politiques sur
les affaires de 1'etat <lu temps present? Cliacuu y veut avoir
sa part
.le viens de rencontrer un conseiller de la cour (jui m'a dit
(jne le mariage du roi est recule, que Ton ditqu'il ne se Cera
qu'au mois de mai pruchain, et que la cour ne reviendra point
a Paris devant c.e temps-la. Quelques uns, dit-il , out mau-
vaise opinion du tout , vti queM. le inaiecbal de Grammont .
(jui devoitpartir le 11 de ce mois pour aller en Espagne y de
niander 1'ini'ante et I'ameneren France, est contremande '! ;.
Je vous remercie de la peipe que voiis ave/ prise de
m'acheter Tnmburinus in Ih'cofntjinu , chez MM. Huguetan »•!
Ravaud ; je vous tiendrai coinpte des cent sous qu'en ave/.
donnes pour moi, et je remeroierai M. Huguetan de son And.
Argolus. Je pense qu'upres la tbire de Franct'ort , laijuelle
tient a present, nous aurons des nouvelles du .s//'vv/////// mt>-
dk-o-pructicum de M. Sebizius.
On dit que les conferences des deux ministres dureront
jiis<ju'a la fni du mois, et (jue le roi passera I'liiver en Lan-
guedoc ou en (iuyenne; que Ton apprete ici des habits pour
envoyera la cour, et que le roi ne veut point revenirque tout
ne soil conclu.
La paix entre les deux rois du Nord nest pas t'aite. Le roi
de Suede ne veut entendre ni raisons ni propositions, pas inenie
relies (jui lui sont pi'oposees par ceux dt1 son parti; il a me-
nace les Anglois de les aller attatjuer, el de retablir leur i'<ii
malgre eux ; il a inenie querelle les Hollandois , ijiii s'oll'roient
de trailer avec lui de la pai\ avee le roi de Daneinark, et les
•I) On voit a\cc quol cnij)rt'ssoiuent , qiu'l \if inlorel dait accucilli
lo grand i'ail du niariugc de Louis XI N avcc rinfanlc d'Ksjiajjne. Col
evenciiicnl . (.u:!rc le relablis^nu'iit <Jc la i>ai\ , I'lvparoit , en rllcl .
Punion do la i ranci-cl do I'Ks-paync . '.ini (.Mil dans In Miilo sine si Brandt'
influence sur In poliliqui* (U* I'Eurnpe. R. I'.
(iru^iic |iai' Inn' navigation atix Indts orientals ils n'»nt
piiis ijnr fair.- .iiiv Indtv. orridrntalt'.- . car !r> Portugal-- lr-
"lit rliav-i'> .
l.i- ten n>i <!•' Surdr . ft rcini-ri mrmr . mil Miuvrnt dit
'|ti d- avou'iit t'livii' dt; nimiT re- yloririix Hollandui*., < •••-
iiMtivraiiv i f|iiil.liraii)>, Of> inai'cliaiids (|ui faisoimt lc?> rui-;
rl i! y a loii^tiMiips ijiie !••> mi> (\c Sun!*1 ^ont fiinrtnis d«-«>
Mo!!a:id»)is. I 'our It- [n>ivi>- . i] y a loii^teinps ({ue lu Hudiaiiiiii
> '^t llliuMl.' (Ill rui lie Political . tfiii-m ri.mt I'nhjimi, i, "in . >< '/
/•.-.( I'-i' tiif i;'"i:l in/in* ni<niiii< >/ f/C.of iitnl'flti'ltl ftl/jrfitH , n,-.n-
nil ii l'.:i i, t , )•'•/ ' .-'/i ii I . Jc VMM- !)<!;»' !«•- iii.iin^ . rt ^Ui> dr ti-'; t
lili'i, CM 111' \ dtl'r . t'tc.
1 1. 1 .in-. It- iy -otrinbre Kioli.
I.KI ii;i: (.(.('.(. i. \\.\\ 11. — i,/ ,///./»..
.If viju> ccri\i- If ,rt septiMnhi't' ; iuai> ]•• \'MU> dii'at iju*1 dr-
iiiii- ct- tfiii|i>-la en dt-l»it»' a Pari> la conclii>iuii dc la |.ai\ ••(
It 1
du n,:in;!u>' du !•;';. .-t ijU:- iiMlic IMIIN clir [•» in.1 .-ci'a liifiihit
en France. !.<• I'i'i a cnviiyt' i :; K.-pa^n-- lln ]• uiif -fiiiiif,:!- !'«., \
1' • !i !;i!f . q'ii i -t !•• !iiari|ui> (]•• \ avd'-N . cajiitain-1 d< - (>••!:!
Sui>-e;-. IIMIIT y --.liiii-r dr.- -a j/.u-t la CMUvrlir rrinc. (lr 111,11-
ijiii- c~[ tiU dr 1,1 Irllf Culll!.- — r dr Mnlct , Iljri'r (hi Cnllltr (If
>fMlvt . Lat.il'd '!" Hrnii IV. rjui t'tit til.'- [tni'-hr dr Ca.-trlnall-
d,i;i . !'i|'>'|llr M. dr Moiltllioiviiry fill pns rii LaMyilfdnr rn
)!i:',-:. !'..-tir CMlMtrv-r t--t Crirl.lr dal)> 1 l'."l'l>n,,n>»>> dr Ilii -
- i I- ir Ii till dr / (/>-///'/. C.'.-t a I'rlliil'nit nil i i!r tut lli.i-
,,.••• an ruiMif dr (.. -.-i- Saiic\ . ijiii drjitii- fill fiivtivr auilni--.t-
driir a (.Miistailli!ii»|)iij . ••[ la >r \Mit la di'-criptioll d nn
'"iiti.it ili1 i:::i!.ij'' d'nii ii' mil!-1 ijiii \--i.t hii-n i-tn1 CMCM
• JIM I.TIMC, ! ,-t >'u|>!i-c a !•• -.iiHVir. Kinirmi I'an Jd!>>. ••!!''
-•• ri'iii iria a>i HI ii-iiii- dr \ ai (K-- . lil> dsi ItMnliMiinn1' ^"ii\r!
\ I VI I'i'NKI . |.').',
neur do laCJiaprllf, el peredecolui-ci. qui «•.>! alk en Kspa-nr.
II o>t YOIIII (Ics nouvolles quo la inarecbale do (iucbrian r>!
morte a la suit*1 do la four. Kilo doit lanto du marqni> dr
Vardes ot n'a jainais eu d'enfants. Jo |)enso <|tio la succession
en est hoiiiio. Klloost inoi'te on qualre jours ot sans confe.s-
sion. ( Mi pout diro d'ollo ce (|iie (lit Erasnio, on raillant , d'un
cordelier qui moiirut subiteinoni : nhlit star rrn<-r , m'm'/iit-r ,
Ktnc /A'o.On dit qu'elle devoit boaucoup, niais on recompense
la roino lui doit 40, 000 pistoles qn'ellelui pivtadurant le.siep-
do Paris.
Jo viens d'apprendre (ju'un Anylois a ooi'it contre la politi-
quode M. Hobbos, ot qu'il y a ici un livro nouveau do la ('» -
M>:i-«ti(ii( tic* //(tin//'* d'un auteur anylois. Notro siocU; ost t'ortilf
on mediants, on (bus ot on esprits remnants. Xous avoiis ici
un do nos jounos dooteurs, nomine Nio. Lionard. nn [ion
plus savant quo son pore, qni n'a januiis (Ho bion sa^o. (',»•
Lionard fait inipiiinor un petit livro on t'ranoois : />/»•/ Hut inn
>•///• In rtiHSf ilf In i>((r<j(iritiii , oil, rojotanl lontes los opinions
dos auctions ot dos modornos, il taclie do nous on persuader
line nouvello , <[u'il lire , a ce (ju'on dil , des speculations ph\ -
siquos do \\. Descartes. Jo nesais pas co <pio ct; jeiine lioimnc
obtiondra par son livre; niais jo sais (ju'il est bion i;lorioiix .
cl (ju'il a biou plus do vanitc quo do science. La terro ost !<•
Ihoatre dos Tons, aussi bion (|uo dos sa^os ot do cenx qui lo
oi'oiont etre. Nous avons ii la cour deux moilecins I'ort superbes.
Valot est lo premier, (jui fait tout ce tpi'il pent pour attraprr
d(! rargent , et so roinpluniei' do la yrosso sommo (jn'il a don-
nro |>oiir otro premier incdocin. L'antro o>t .M. Sequin . piv>
do la I'oine, qui ereve d avarice aussi bicn ipic do riclicsso ; il
ost neaninoins veuf et n'a qu'iiu lils. II a attrapeuneabbaye : il
cliorche un (''veolio, ot court apn'-s un marcliand (|iii veuilii'
acliotei do lui sa cliai'ue do medecin do la roino I.
rillM' I'I'O jii-ir-iino tnnl''i
K. I'.
I.')i I KIIHK.s HI i,! I I'UIN
Nous ave/. toutes UK'S theses, puisque vous ave/ les Inn.-,
que vous m'avez nominees II n'y a que deux quodlibetaires
et uno cardinale. L'an Hv27, je presidai a M. G. Joudouyn , (!••
Furor/' ntcrino , a cause que vers ce temps-la j'en avois Ira it*'1
une belle lille, avec laijuelle sa mere eutbien voulu me ma-
rier; niais je ne songoois alors qu'a etudier. Je m'occupois
tel lenient avcc mes livres. dont j'en acbetois pres<jue tons les
jours quelque nouveau, que j'y j>assois le jour et la unit,
niais ces veillt^s inconnnoderent si fort ma sante, (|iie, pour
la retablir, il me fallut presque ((nitter entierement I't'tudc.
C'est une des obligations (|ue j'ai a ia medecine , sans le s»'-
eours de laquelle je me si-rois int'aillibleinent lue pour iMrt1
frop sage, inais trop deivgle dans 1'euvie que j'avois d'appren-
dre (I . Je suis , etc.
l>«- I'aris, le 19 septembre 1(559.
LKTTKK CCCCLXXXVlll. - \// »//«///>.
•Ic vous remereie de la votredn 29 septembre, <jueM. Trois-
dames me vient d'envoyer (ce 4 octobre). Je n'ai pas encoiv
vu 1'Hygiene de M. (iontier. Jepeuse que M. Ksprit Andre «•><
gueri; on n'en (lit rien ici Pour des Fougerais, il commence
a se lever et a regard er a sa lenetre; je 1'y vis hier eommeje
passois; son abces vide toujours. 11 porte une canne : ////w/
Inti'i'i li'thali* tiruiiilo. La continue 1'emportera , rf tinnb-nt f-nti-
1'ilji'W.t , il vous sera permis alors tie dire : /fr/tf nmc dfrm/l
IhfH , *'(/ if rrni/oit (•)). Je sais bien les vers de Buchanan, il
y a long temps : .\<>nc(ji> l{<>ii<nlt><i , etc. , et mnne il y a plus
de dix mois <pie Nor I Falconet les a mis dans son caliier. J'ai
1 I flic ctail la vie <Ie la plnpart di-s savants do ccllc f poqur ; il > a\,nl
loin (Ic !a h ccs lascltesd'csludes. foninif <lil Iv-liftin. i a-ijuiir, (jui n.-
font (jnc rainasMM, luilincr a Icin aisc <•! -ans i jcn fii;-/ ndrfr 'M. I'.
•2 \ oyez la note Ininr I . pa;;f -2'.W.
\ I \l t.uM, I |.V,
.'iiitrelois su par ciriir Juntos ses opigramnios, son /•'/•////r/.v/v/-
uns , d frtif/'f's fi-dti-rrlmi ; inais doniiez-vous lo plaisir do voir
cello in Uniitinii , (|ui commence ainsi : ///' rnllrs , ///;/ /<></"• /•/-
'/'•.$ i'mnn* , c( t/infiuii rr/ry/s cnilwet' itrltt*, etc., et <jui iinit
ainsi: .\iltil coni/tern.'* , ///>•/ lupercos , lufti'i'cale , lufinx, ///-
)>us , lujntnw. Et I'autre (|iii est intituloe : /mayo nd fid'eyrc
ITU / filter , rclif/ionin crf/u , (jui commenco :
f'«/v, </</f, </«/ terras lutli'ax, ray us huKfii's . <7 nnda* .
i><lis kinc? lutif/w qua1 libi causa rue? fir.
Virgilo no fit jumais inieux , inais il a t'allu
pour fairo tin pot'te coinine Viryilo.
Mon iils aim's traite la Cennne do rcc.uvt.'i1 dn cardinal Ma-
zarin , an hois do Vincennes, la<iucllo a ('-to fort nialadc, ft
oil j'ai ('to deux Ibis en consultation; olio otoit gross*1 ot avoit
nno (iovrc maligne; enfin olio ost yuorio ot ost accouchee hou-
re u semen t. Coninio il s'y on alloit on carrosso hior. il vint
proud re sa mere pour lui fairo voir Icoliatoan do Vinconnos .
laquelle meria quand et soi Noo'l Falconet: il n'avoit jainais
vn cotto grande niaison royale. Co matin il ost allo on classo
com mencer sa physique, il nous proniot inoi-voillos : Dion
lui 1'asso la graco do bion t'airo.
Nous avons ici un doctour on llioologio, nonmio M. J. dc
fjaunoy (I), fort habile lionnno, et extroniement savant dans
I'liistoire ecclesiastique : on disoit autrofbis do lui (ju'il
<\toit tons It's ans un saint du paradis , ot (|u'il falloit (pit^ Diou
so gavdat ijironlin il no Ton otat lui- memo; qui a ccrit contrc
los cliartroux , touchant cotto fablo d'un olianoino do .Ndtrc-
Dame qui rovint do I'autro inmido, el (|ui dil : .lti*tn l>-i j"-
dtcio condcumnfuft anni , co (jiii till causo do la convorsion do
lour pore Kruno. >.Vy/ iaf/urt: sitnf <n< illlm* j'ulmlif >•/////'//.•'///// ;
il on a encore; bion ocrit d'autros. Knlin co galant huninir
sen \a Cairo inipriincr un livro '/'• \nn/fiitiix . i|iii -i-r.i mi
1 \ ovr/. Li nolf tunic I . pii(> i!(ii.
1 ,Vi I i:i Tlil.s in; 1. 1| I1 , I IN
trailc bien curieiix ct bon; car c'esl un excellent lioimuc, ipii
ccrit bicn el qni prouve bien son fait.
On me vient de doimer des vcrs latins snr la paix el Ic ma-
riap1 dti roi, dont 1'aulcur est un be I esprit, nomine M. }\>* -
Ma^c, nalif d'Angers. Les voici adresses a la rcine :
Rcspondei'e I nig tandem />ia .\it>ninu col is.
Anna put'cns patriif , prin t i/nx anna parent :
lllc, tuux Lndoi^r, Itoininurn Divumque colupla*.
Oni tenet inricld (irtllicn xeepira inanu ,
I'jcort'Di dnril Mar i am , t/nam ri'ijihnu urlum .
Htyperiig , fliii'i xnispicit <'ti<l(i Tu</i.
At In . la'la , face tponti* . <> pronulxi jun<> .
.\tiin ini'i'ii?!'? : lio^li'ft cincil ulcrqiii- litu.< .
Kli *n<i , tit cumin, vine-it libi Cyprida forma ,
Viribus Alcidcin cinctt ct tile ,s'«/x.
Lc traitc du |)rincc dc Conde est, tout-a-i'ait conclu. .M. Ic
Tdlitic a etc a Bordeaux en conterer avec M. le jtrincc dc
C.onti. On dit que par ce traitc dc j>aix, trois provinces ct
(rente villes reviennent an i'oi. Le roi s'en va ii Toulouse;, oil
Ici'ardinal Ma/arin le viendra trouvcr des que Ics cont'ei'enco
sci'ont achcvi'cs. II y en a qui disenl que , sclijn ipie M. le ma-
I'cclial de (irammont cnverra des nouvellcs a la cour, le roi
poiirra bien revenir a Paris , said' a retourncr an prinlcnips
oil il I'audra. On dit que ['infante, sortant d'K>pa^nc , vien-
dra par la Catalogue, a cause des grandes neip's qui pour-
roient etre cet hiver aux Pyrenees Le roi dc Sui'.'de est I'nit
mat en scs alia ires. Jc voii> baise Ics mains ct sins de tout
nion cii-ur volrc , etc.
Mo I'arN . !c 7 oolobrr I<i.')'.'.
LKTTI;K CCCCLXXXIX
A I- \I.CO.\K I . l.'l"
/iers, qui mournl a Toulouse it la poiirsnilo d'un proces , par
lr<|iifl il etoit accuse d'avoir empoisonno tin malade ; ils out
retenu co inol il Ksprit, qui esl capable de fa ire venir dc t-i
pratique et de I'ar^ent. Ton to. cello famille vionl dn pa\s d.'
David.
M. Gras, votre collogue, a dine aujourd hui !,"> octol)re
(•(•ans; nous y avons bu a votre sante, el de madame Falco-
net. M. 'IVoisdaines le jeune est arrivt'1, Dieu merri ; il ni'a
fait vos reeomrnandations ; je !ui ai fait vos excuses de ce que
vous n'avie/ pu le voir lorsqu'il partit de f^yon. .M. (ii-is dit
que DOS chirui'^iens lirent trop de sanii' a la Inis, et dit toii-
j<iui-s qif il s'en ira l)ieiit(H.
I ii cunseiller me vient de dirt.1 que des lettres soul venues,
par lesquelies on reconnoit que le roi ne \ iendra point a Pa-
ris devant la Saint-Jean, a cause que son maria^e e^ dilli'rc,
bieii que Ton if on saclie pas la cause; inais on parle de -ueric
en Allemagne, oil 1'on fait niarc.lier des troupes.
Je. lis liier saiguer M. de Hreteuil . conti'oleui'-^eneral lies
linances, on j appi'is que M. Kouquet , proctireur-geiu'ral et
snrintendant des linances, etuit allt' de liordeaux a Tuulmise
avecleroi, et cpie de lii il iroitvoirlecanlinal Ma/arin, siir la
tVtinliere oil il est, et (ju'il retourneroit de deca vers la Tons-
saint. On dit que 1 eveque de Nantes, M. de Hoauvau , an-
trefois maitre de cliambre dn cardinal do Kiclioliou, est tort
inala<lo. en Anjou . son j>ays. Voila liien des eve(:lies pour
ri'iix (|iii s'en veulent fournir, el nioyennant le.s coiKlilioiis
seculieres et politiipies qui soul reqiiises en ce tenips-ci. II \
en a ijiii disont que le roi ne sera pas longteinps a Toulouse .
inais (|ii il viendi'a passer I liiver a Lyon, ce <pieje no eroi*
pas. Je me rocoinmande a vos bonnes Braces . rl SHIN de loiitc
nion allection votre, etc.
He I'iii'i-i. Ic IT (trtdlirf Ki.'iO.
I.KTTUK CCCCXC. .1
.1 MI parle do la bonne sorteavotre hommo. II a promis toul
re quo j'ai voulu ot a on pour do votre oolero : ainsi olio a etc
bonne aquelque chose. N&inmoins, unancien a dit quo com-
passion n'etoit bonno qu a tout ^ater, ot (|u'un jour iMinorvr,
quoiqu'elle tut la reino dossrionoos ot la doosso du bicn-divo,
sY-laiit miseon eolcro, lit nu solceismo. Pour ret antroliomme
ilont vous me parlez , r'ost nn stoi'que rof'roirne, un lionnno
lout parti''iilior ot tout mystcre : t»tns sui juris , f fit us f^vcrp:-
-•:. .1.' n<' I'ai point vu dopuis, mais jo no orois ]>as (pi'il soil
cncoi'c parti do Paris. Pour la t'roquento saignee qui s<> fait
ioi . il n'a quo fairo do s'on jirondre a nous; nous no sommos
pas la cause dos niaux qui so font dans le mondo; nous nc
sanrions fairo autremont. C/ost la dobancln1 qui ost univor-
sollo, ot la Iron bonno ohoro qu'on fait qui nous y oblip-o.
.Nous no sai^nons point par oontiimo, mais par nooossiti'- ,
par roglo ot par indication. Los protondns reformatenrs ot
h'^islatours so plaignont loujours. ot n'avaneeiit ricn pour
cola. (<e n'ost pas grand'chose de dire a un bommeqn'il n'osi
pas dans le bon chernin ; il taut lui monln1!1 quol rliomin il
doit lonir. Ouoltjuos I'tranpt'i's blamont no." froquontos ^ai-
gnoes , (pii n'on savont ni la oausoui lo fruit , nou pas nirifc
la necessitfi. Si nous sai^nons trop, <pi ils nous donnont !r
moyon do nous abstonir. ot nous disont quol atitro rom/'dc
pout otro mis on usago au lion do lasaignoo. Tons auroz bicn-
t»Ait le livre de M, do (iorris^pii vous on entreliendra,ot on at-
tendant laissons parlor les malcontents. TMOU laissebion vi\rc
los tyrans, los usuriors ot los jnrours do son saint noni.
Jo baiso tros liuinbloinont los niainsa notrocbcr ami M. S"
trrs Itoii j)t'i'sonnat;o , oto/ el exoopto/ los intonMs do la potilc
paroissc , a laquollc jo no laisso pas dc mo rooommandcr
Kilt; vicnt d'rlro nouvellemont aiigmontt't: d'un I'l'M'i'ond pciv
cordolior, iioinint' lo pt'i'o P>ollotilli' . unfit' dc Proviiis. IJIM
v I M.i.oshr l.r'
.i\oil sept ;ins (tlintlll fii-fi^iii' la tlifolo^ic \oda dr im-
predioateiirs ft do nos prophetes. II ilit que si [)ieu I'a in>piiv
e.e ii'cst que pour Ic saint de son ame, t-t pour In rotiror <!<•
I'Kyypte tics monies ft Ic dclivror (If la tyrannic tin cloihv :
c'cst pent-efre encore quelqne anlre chose qn'il n'oseroit dire
[tour son Iionneur. II cst maintcnant en llollande. Jo ponsc
i|Uf cliez eux , aussi bien (|ue elie/. nous, on nt> fait iiiicre
d estiine des inoines defroques. (lonune iis sont souvent cn-
trcs dans Ic cloitre par des considerations luimaines, ils i-n
sortent anssi quelquefbis deincme: niais les dcrnieres sont
souvent bien pires quc Ics premieres. Jc vons baise Us main-,
ft suis , etc.
DC I'aris. le 28 oolohiv l(>5!».
LE'ITKK CCCCXCI. .I// mi-mc.
L'on parlc fort ici tin decri des monnaies, el principale-
inent de colics d'or. Le due de Lorraine est altendn a Blois ,
die/. M. le due d'Orleans; en pen de jours il a mandt- de
decii le prince Irancois. Son pays lui est rendu sans rien ex-
copter, inais on abat toutes les fortifications de Nancy. Le
milord Lambert a casse le parlement d'Angletcrre ; mais il
vient une armee d'Kcossc condnife |iai' If colonel Monck.
contre Lambert , j)our ledit parlemeut.
Knlin, notro saint pore le papoapromis aux religieuses de
la Visitation de canoniser lour fondatem1. If bionheuroux
Francois de Sales, evetjue de (ifiifvc; mais il Icui en eou-
lei'a de bonnes nippos : Jujii// / /.-/'• ('<i/>tfi>liin'x, /<nt</< «•/////(//,,/•
(-,sV fir iiftfi/ftiii' .} Hum /'n>ii////i/i , i~ a. i fiinii'ii 'in*! iniilfn si-ftila
successi f nee fiifi'ti'ftfms. Tons biens sont communs, il n y a plus
rien quo les moyens de les avoir. Onelle vilenie dans la clnv-
tiente! les Turcs n'ont-ils pas do quoi se mo(|uer de nous''
Taut deponsor d'arsont pour uiie ha^atellf politiipie' Telles
r.i!iu:> UK (.11 I'\TI\
suinines hi on employees SH'VII'OK'IM ;i conqueni' mi roya
sill' JOS inlideles. /•.'.rc/tn/in/ Mi'liccrlo jit'i-nxst' fnnili'in (If i'* /,ns.
Mais le masque en esl love, il n'y a plus do ver<^o<;ne an
inondo, I'impudpnce est permise; co sont les impudents qui
gouvernent le monde, et cola n'ost point d'aujourd'liui, quol-
qu'un 1'a (lit dans Ilerodote.
On dit (|uc les deux rois soul d'uocord do siynor la paix
tons deux on 1111 nionio jour. II y a coinniission doiiiK-o it la
cour pour Cairo oxocntor lo Iraito de paix on Italic, savoir, do
I'ondro aux Kspai-nols Mortaro t^t Valence, ot Veivoil a la dn-
cliosso doSavoio; INgnorol nous dcinonro. (Vest nn noinnit'
!c (ianinont <[ui doi! allor on It, dit;, c'ost nn lioinnio sans lit-
toral u re , inais (jui a I ton sens et nne i ton no politique II a dii
llegint! asso/. pour i'airo oura^or les Italions; il est IVere dii ce-
lehro avocat <pii a soin des aliaires particnlioros dc Va/arin.
I'n antre a It1 nieine ordre pour la Flandre.
I'lusioni's soiynours font Cairo do hoaux carrossos pom- venh
ici voir la ceremonio do ronlrei1 du roi , quand il anienera sa
leninio, rinfanlo d'!;.s|)ai'-i!0. On dit quo le prince do Guide
sera bientot ici. On a imprimo on llollando nn livret intitule:
7'i'(iifP pollfifjW t ct<\ , ijtU' ti('T nn tiji'/ni ii'i's! //<!* nn nii'Hi'l i'i\
On dit qu'il ost Iraduit do 1'anylois; inais lo livro a pi'oinie-
remont oto fait on Francois, par un ^ontillionnni1 do Novors,
iionnno M do Margin (\] , qui (>st un hoi esprit. Cello doctrine
ost bion dangerous*!, et il seroit ]>lus a projios do n'on rion
<'criro Je n'nimo point (pi'on I'asso taut do livres,'/? n'ticiifs. par
la Jiioino raison : j'ai toujours on vuo lo hion public , jo n'aiine
point conx <jiii y coiitrex ienurnt. Nous avons fait liior une
>1/ A. A. liarhier \Dictionnnire ih>x onvraijex mwnij)ii"s ct i>xt'\i-
tlonymcs ,1.111, p. IW.] ) dcmonlro <|IK> (iui P.-ilin «-sl dnn- renoui.
i-t (|iio Marij'.ni csl loiil ;iu |»Ins Ic tniduclciir. l/ou\ra5;c original c-1
(]iri;',('- ronlri' ()!i\icr ('roin\\cl! . cl t--i inlilulo : l\'IHii<i no Mnr-
!/'•'', I'll-. . li\ Will. AIN-n. Ki.'JT , in-'». Kt il iM roconiiii aujoiird'hui
tjiic Ic iidiii (I A i r.i N c-l nn p<cud(HiM!ic ilonl T coiniil !c colonel
Sn.vs I'm s. I! i'.
A FU.Ul.XKT. |(J|
consultation pour un Lyonuois, .M. Uainssant d nidi : c'ts(
pour mi procureur do Lyon , nomine Tevenel : M. de
Kliodes nous en a fail le recit sur 1'ecrit do M. son pciv , et
nous avons conelu que c'etoit nne hydropisie, menu: mor-
telle, etant jointe a un astlnne et a quaranle-neuf ans, oil d
n'y a plus d 'effort a esperer do la chaleur naturelle. Cello
sorle d'hydropisio asoito n'a plus d'esperanee quand elle viont
d'avoir bu son vin tout |)ur, ol los (lives disoient en eo cas-
la, TV>TO -771V XV t'/.-! 70V X7f CXV^aTOV. Ct'St II VdllS (Toil (IccilltM'.
Jo snis do tout mon ro-nr volro, elo.
l>«> I'aris, !•> 21 nnvombro 1 «."!>.
J.KTTliK CCCCXCII. — .\uim-mc.
,lt> vous puis donnei' pinir la pivsonle unc lidelo disposition
de noire Constance dans le clioinin de la vertu ; Dion veuille
quo ce soil pour loujours. M. votre I'rere vint liier ceans y
voir son neveu , qni lui (lit qu'il attendoit reponse de vous.
On i'ait iei lo proces a un dos chefs dos Sabotiers, nomine
M. de Bonnesson, gentilliomme du pays de Beauco; il a etc
conduit de la Bastille an grand conseil , qui a char^o do lui
fa ire son proces, niais ils it'cn peuvent venir a bout. II ne
parle point , il demande son renvoi a la clianibre do I't'-dit ,
parce qu'il ost huguenot , et n'a rien \oulu repondre aux dc-
mandi^s ot questions (|u'on lui a failes. ("ouinic il avoit elt-
conduit avoc uno eseorto do .'}(() homines do la llastillo an
grand conseil , il y a do memo etc rami'iic; il a prcsonte re
(|iuAM(? an parlement pour oblouir son ronvoi Hicr furent
I'aitos an parlement les haraniiuos d'cntivc, par .MM. le pre-
mier president et ravocat-gonoral , savoir, MM. de Lamoi-
gnon et Talon: on dil quo tons deux out bion I'ait sur la pai\,
d en louanl hautemcnt ccn\ qui y out Iravaillc. masque
.M. Talon a i;tc trop loiig.
m II
IG-2 I.KTTHKS I>K .:i;i PATI.X
l,e cardinal Ma/arin doil arriver aujoiird'hui a Toulouse;
il a pass*'1 parDax I'eu'che du pere le Bouts), on il s'estbai-
gne dans les eaux chaudes qui soul en ce pays-la. Cela peul-
il guerir la pierre, la goutte et les hemorrhoides? Je ne sais
comment on peut vivre, ni re (ju'il faut fa ire en ce s'uVIc
pervers, extravagant et fantasque, je ne vois plus do n'gle
iiu lie part.
Je traite ici un Normaml qui vient d'An^leterre, fort hu-
guenot et fort royaliste, qui deplore les mallieursde re pays-
la , et la mauvaise fortune de ce roi pretendu et pretend a nf.
On imprime en Hollande un beau livi'e iort savant et fort eu-
rieux , de M. Samuel P.ochart , ministre de Caen, (jui a ci-
devant fait le I'lifilcij et IK ('li<ni<i<ni ,- ci't autre sera, <lc .\ni-
iiwrttibii* Sucni' So ifttnni' , il y aura deux volumes in-folio.
Joseph Scaliger disoit qu'il y avoit bien des choses en la Saiute
Kcriture que personne ne savoit , et eutre aulres de certains
bois, oiseaux et poissons : c'est pourquoi il avoit ecrit nil
certain livre, <!<' litx<>li(bilib>ix S«cr<i> .SVr////>/m' , qu'il aima
mieux bruler (|iie le dormer a M. le president de Thou , c,e
(ju'il fit en depit des jesuites, (juil aimoit autant (|iie les juil's
font Jesus-Christ. 11 avoit aussi ecrit une jfeoyraphie de la
Sainte-Ecriture, laquelle fut pareillement brulee. Je voiis
baise les mains, etsuisdetout mon cu'iir votre, etc.
De Paris, le 2S novembre 10ii9.
V(>us sere/ l>ien aise d'apprendre que M. v<jtre Ills a heau-
coup profile de vos lettres , car il se leve matin et enmloie
bien son temps; celui meme (ju'd pourroit donner a son di-
vertissement est souvent employe a lire des BORBOXIANA, (iuo-
TIANA et \Al "DKAN\. II rit sous cajje quand il trouve (|iiel(|uc
chose ii son gre , et cela lui arrive souvent. Aussi ces maiiiiN-
crits jirennent les gens par le ne/, et les empechent de deve-
nir de "rands sots : cela me re
A FALCONET. 103
LKTTKK CCCCXCIll. -- An nn-nn-.
Nous savon's bien do doc-a quo le .Ma/.arin osl arrive ii Tou-
louse, ot quo lo pape a fait une nouvelle creation do doux
canlinaux, dont 1'unost son confesseur, josuito, Sforza Pala-
vicin , que ses confreres prechent conimo tres habile et Ires
savant personnage ; noanmoins c'ost lui qui a entrepris (par
mi livro imprime on Italie, qn'ini a ut re pore do la sooieto
mot en latin) de re tutor le plus beau livre d'bistoire qui ait eto
tail depuis plus de mille ans , (|iii est VHistoin' (In cuncilc <t<-
Trend', par t'ra Paolo Sarpi, premierement fait on italien, puis
tourne en anglois, on allemand , en latin et en Irancois. La
cortitudo otla vcrito do eelni-ri sont appuyees sur los relations
dos ambassadeurs quo la sc'i't-nissinio republique do Veniso
ontretenoit en co ooncilo. II taut «Hre loyolito pour cntro-
prendre un tel ouvrage ; car il faut meiilir liardiinont et el re
impudent jusqn'au bout. J'ai envio do rire, lors(jue jo vois
un papo donner un bonnet do cardinal ;i un jrsuite, son con-
fesseur, dafufini Itidunf , ct nijnnt e.r nii/i/)tn:fi>. (Vest oe (|ui mo
fait souvenir de ce qu'a dit (|iiel(|iio part lo bon Augorius
(iislerius Busbequius in /j'//n//<iii/s Tnrcinr /-J/iisfo/ti' I \ , (juo
lo grand Turc envoie quelquefois prier son muphli, (|ii! ost lo
pape de la Turquie, d'allor souper aveo lui pour s'onivn'r
fiisomble, disant (pi'il no fait rion contro la loi do son pn»-
pbolo Mahomet do boire du vin, ni de s'enivror, pourvu quc
cot animal do mupliti y soil (car autromont co scroit im
grand jtoclio a lui), com me los canonistes d'ltidic discnt ijiic
/n't/'scnfi' JtnniDHi /in/in intii fit ,sv ////into. Kiiiii) co soul los rusos
o,t los impudonts <|ui goiivoi'iionl lo mondo, los gons do bion
sont monos par le no/ , rleri/tiuHttti' s/n-ric m-ii : liouroux (iui
mot on Diou son osporanco , ot qui no voit rion do tout lo
desordrequi est en la nature, mais noire mat ost plus cer-
tain quo n'ost la goutto dans ropinioii do Kornol. 1 < n/iiti- //////
n/inn. Au nioins si los princes s'ainondoiont ! s'ils so
104 I.KTTRKS OF. CCI l',\TI\
voulo'u'iit retenir, ft se souvenir que leurs pauvres sujcls son!
chrelicns! niais ils n'ont garde, cela leur eouteroit trop. On
(lit que ce jesuite, Palavicin, no s'est autrefois fail jesuite
que par <lepit, regret de ne pouvoir devenir cardinal; enlin
ii 1'est devenn , imayinatio tandem ///'unit cutton. C'est que
pen; Ignace a plus do credit a Home que 1'argent memo, qui
gouverne pourtant tout le resle du monde. Le pape, qui fail
son conf'esseur cardinal , ressemble a de certaines bigotes
qni sont ici ; eiles font aller leur inari a pied pour mener avec
elles aux champs leur confesseur en earrosse; et si les pieds
font inal ii ce pauvre inari, il eslquilte pour dire :
Tanlitm r<'li(/i<> potnil xnadcre main) tan.
Mais que lerions-nous a tout eela? (imumlin //<i/i////rs ,-/•///// ,
tamdin r/vo/v\s vidabiiutttr.
N'avez-vous point denouvelles du livre nonveau dt1 M. Se-
l)i/ius, Spemlmn inedico-j'iracticum'f II y a ici unjeune incde-
cin allemand, nomine 3F. AVepfer (Ij, qui a ete son ecolier,
qui dit qu'il est aclieve el I'a vu. On va fa ire mourir en (ireve
nil grand garcon d'Anjou, la<piais, <pii a blesse son maitreen
le voulant tuer, parci; <|u'il lui avoit donix' un soufllet. C.e
maitreestM. liallard de Poinville, maitre des I'eqiirtes, frere
d'un president de la ehambre des comptes, et frere de madame
la presidente de Novion. Le laquais sera romitu.
M. Fouquet , sur'mlendant des finances, a ete appele a la
('our pour quelque chose (jue M. llervarl avoit (lit contn; lui ,
et eut ete en danger de perdre sa surinlendance, s'il nVul
pare It; coup; et, dit-on, en donnant ,'>(), ()()0 ecus au cardi-
nal, comme un present de bagatelle, il revient bien ('tabli.
On chercbe de noincanx moyens de t'aire de I argent; le roi
revoipie toulesses I'ermes, el il se Cera de nouvelles eudiens
pour le commencement du priiilemps prochain.
I N'oyry. tonu- II , pac,!-.* 'tMS cl isit.
A K\I.«:«»\KI. Hi")
On dil que Ic Ills dii roi d'Kspagne a vingt six. inois, mais
<|u'il est fort malsain , qu'il ne pout vivre longtemps ; qu'il a
di'ja deux cauleres, et que s'il niouroit , eel a pourroit eiu-
peeber le manage du roi, joint a cela quo la reine d'lispagne
u'est point grosse.
On a fait ici une epigramme francoise sur le manage et la
paix , qui a bien couru le monde : outre qu'elle n'est pas trop
bien faitc, e'est qu'elle est remplie d'obscenites qui font peur
uix bonnetes gens ; ainsi dispensez-moi de vous 1'envoyer. Je
consens neanmoins de vous envoyer ce disti(jue latin qui a >a
gentillesse.
hie vcnicv , vindiclic nescitm isle;
Hie pacem nobis abstulii , illc dctlit.
II y a apparencc qu'on ydecrit lesdenx cardiuaux Iliclielieu
rt Maxarin. Je vous baise les mains , et suis de tout moil ca'iu1
votre, etc.
De Paris , le 2 decembre
LKTTHE CCCCXC1V. — .1
Jt; vous remercie de I'attestation de messieurs de Monlpel-
lier, touchant le sene de Seide , qui , a la verile , n'est |>as si
bon que celui d'Alexandrie, full is ncud's ; ce dernier doit etre
appele»St'/*« Arubicu, fjud.'collt'ctiK/efa'dt/'Alt'.Mtndt'iam . hyyjrfi ,
in/deque « curii* inei'catot'ibus aumnnptu, dcveltitw /fyzantiunt, \ <•-
net ias, Mdtsilidin ct diins nrbi's (if<jn>' />/'iir/itr:ins ; idtfni ex/ svnd
Sidonid cd Sijriacd (*(•(( cff I'ori'Hjituin vornlniltiut ) . foliis )•<>-
tumliS) obtnsis, non ttcumiim'ix ; ce dernier n'est pas si bon,
mais neamnoins la teinture en est plus bell*;. Le bon sene est
aujourd'liui bien cher, et les Tuirs nous obligeront d'eu I'aire
se.mer dans les regions les plus chaudes de rAmeri(|iie. Pour
\otre pancarte de Montpellier, je vous la garderai bien , on j"
vous la renverrai <[iiaii(l il vous plaira.
106 I.KT1HKS I)K (,ri I'ATIN
Je IK; vois ni n'entends parler de M. Gras; s'll a taut d'em-
ploi, je pense que c'est a son quartier ou chez des gens de sa
religion ; mais prenez garde (iiiancl vous parlez de lui a
M. Spon : n'est-il pas son bon et intime ami? Pour vos sta-
tuts, j'en parlerai quand il vous plaira a M. le premier presi-
dent, f'aites-moi delivrer par votre procureur un placet pour
lui , tel que vous le voudrez; mais je voudrois bien que cela
se put fa ire quand j'y vais souper , car alors je rentretiens a
mon aise. II me dit la semainepassee, des qu'il me vit : .SW-
yneitr Dicu! on no pent rous avoir quit grand' peine , monsieur
Patin; j'ai don IIP ordrc (jne nous serons aujoiird'hui tout scnls ;
M. Putin vaut bien une audience part iculi ere , il ij « ji/'f's de
qucf/'i' i/tit/s que nous nc nous sonunes vus; c'etoit a cause des
vacances. En cet entretien particulier, <jue je le tiens tout
seul, je lui dis tout ce que je veux, mais il ne m'accorde
point toujourstout ee que je demande; car on m'a quelque
fois bailie a lui dernander des choses injustes ou impossibles .
qui sont deux, cboses qu'Aristote a dit qu'il ne 1'aut jamais
(lemander a son ami. Quoi (ju'il en soil, il ne tiendra pas a
moi que vous n'obteniez pour votre college tout ce que vous
desirez , et je le ferai de grand cosur a cause de vous , et meme
pour le public, aiin qu'on n'adrnette point dans les bonnes
villes a faire la medecine, illotis iimnibus, tant de jeunes gens
qui viennent, des nniversites plus legers qu'ils n'y eloient
alles, vu qu'ils y ontlaisse leur argent, et n'yontrien ac<|uis
le plus sou vent desolide.
Basset est bien heureux de n'avoir point ete pendu ; gaiv
que ce ne soil pour une autre fois; le premier p«'iche dc
I'liomme est \A stq>crhc . Je vous prie de m'envoyer YAIiii(tim<-lt
de Meyssonier. Vous aurez I'arret contre les chirurgiens avec
le livre de M. de Gorris. Je pense que la semaine prochaine
on commencera a plaider contre les chirurgiens. Pour le
fond de 1'afTuire, ils sont entre eux en grand desordre, ne sa-
chant comment sortir de, leur mechanic all'aire, puis(|u'ih
voient bien qu'ils perdront. 0 les ingrats! nous en vieiidrons
A FALCONET. 16?
a bout d'une tacon on d'aulre. Je vous baise les mains , et suis
de tout niuii cu'ur votre, etc.
De Paris, le 5 decembrc 1659.
LETTRE CCCCXCV. - An mrnn>.
Le procureur de Lyon s'est ma I trouve d'avoir neglige la
saignee lorsque vous la lui ordonnates. (ialieu memo 1'a or-
donnee en ce cas-la , de peur de suffocation. 11 lit mal de so
lier au via d'absinthe, qui n'est pas un remede, du inoins qui
n'a point grand effet. Get homme avoit le tbie et les pou-
mons ruines d'avoir bu du vin pur. L'hydropisie qui vient
d'unetelle cause est incurable, et 1'evenement en est inlailli-
ble, a cause de la ruinedu temperament, que produisent xitw-
Zrjr/in xott oivotpXuyir,. Ce sont les deux mots d'Hippocrate , dont le
dernier signified trup bnirv. 11 est moit de trois maladies,
hydropisiedu Ibie, hydropisie du poumon et astlime, a <juoi
on pent aussi ajouter une corruption et diaphthore de la sub-
stance du poumon.
Le jeune de Sordes est un bon garcon (jui ne brouillei'a ja-
rnais guere 1'Etat par sa malice. II est simple et rougeaud, de
la nature de ceux <|iii sont appelesdans Galien tii^^i , aux-
(|itt!ls It; sang desseche clans le cerveau , cause une obstruc-
tion, et produit une ]>esanleur et grossierete d'esprit , les
esprits n'ayant [)as bien leur chemin libre. (lalien remari|uc
que tels gens, sur ledeclin de ieur age, tombent en une I'olie
melancolique, et <pi'ils deviennent tous ou innocents apres
I'age de quaraute-cinq ans. L'on appelle cela ici tomber en
demence, ce que j'ai asse/, souvent remanjtu''. Les bilieux nc
soul point sujels a ce mal-la, [>arce (pie la bilt; estcomme le
correclit' du sang. Les sauces ne sont pas bonnes si ellcs n'ont
quclquu c/liost; (pii releve le gout. Je viens de voir une
gi'ande ordonnance de Valot, oil il y a du sel prunelle , de la
HiS I |-;rr !;!•;•> I»K M I !' \ I'l.N
eieme de tarlre vilriole , du sel do verveine et dr tamarisc dr •
laves dans 1 'esprit de vin. lion Dieu ! quel inonstn; et quelle
medecine larde'e! Je snis, etc.
Uc Paris, Ic 10 drcembiv Itio'.l.
LKTTKK CCCCXCVI.-
On dit que M. Fouqtiet, snrintendant des finances, sera iei
le 21 Aecembve,Hi/iil prtuterea nf'/tnucfi'i: Hier ful penduo a la
Greve une tille do vingt et un ans , laquelle a bien lile, mais
elle a lile sa corde. Elle etoit grande larronnesse et Brando
receleuse; elle avoit eu Tan passe le fouet et la Hour do lis
sur le dos, etnearimoins quelque metier qu'elle fit, elle1 etoil
fort devote; elle etoit de la conf'rerie de Notre-Daine-aux-
Millettes, etetant dans la ebapelle, entre les mains du botir-
reau , elledemanda un certain carme mitiye , des Hillettes .
pour so confessor a lui. Le doeteur de Sorbonne qui etoit la
1'einpeeha , disantqu'il avoit soul co droit-l.a c'est un droit
(pii est attribue a la seule Sorbonne). Le moine n'en voulut
point demeurer la ; il voulut user de force, et fa ire a coups de
poing, mais il en fut ompeebe par les otlieiers de ce lieu, et
le moine fut econduit et mis debors.
Tun I KM religio potuit suadere nmluim/i.
Hien d'autres suivront la memo cordelle, et memo dit-on
qu'une autre femme y passera la semaine procliaine.
On dit que les Portugais et les Hollandois s'aecordent en-
semble eontre le roi d'Kspagne , et que les Portugais lour don-
nent plusieurs millions. On dit que les ti'ois rois du Mord .
siivoir, 1'olo^iie, Daueinark et Suede, avec I'elecleurde l>rau-
deboiir^ el I'enqn.'ieur, soul d'accoi'd de trailer ensemble, et
dc fa ire une bonne pai\ entre eu\: (ju'ils on! deju coinenn
des deputes; <|u il n \ a plus qua s accorder <lu lieu on sr
poniTont traitor los interols. MM. du grand couseil continueni
a faire lo proems a ce M. de Bonnesson, huguenot ot petit-Ids
do du Plessis-Mornay, gentilhommede Beaucc, <|ui etoit chcl
dos Sabotiors. Quelques uns croient que ce pourra bien etre
pour domain , car ils en sont aux avis: les uns disent qu'il
aura la tote tranchee, les autres parlent do la roue. M. do Po-
inoreau, inaitre des requetes, est alle en Normandio, y Cairo
raser les chateaux ot les bois do quelqnes seigneurs qui out
ole condamnes par contumace pour lo memo crime; j'en ai
outre autres entendu nommerdeux, savoir, Dameri et Crequi
do Berniore. On n'altend pins ici lo roi , niais settlement la
publication de la paix, la diminution des impots ot lo sou-
lagement du pauvrc peuple, <[ui sera lo conronnement do
taut do conlorences. Jo vous baiso trosliumblement los mains .
el suis de tout mon c<i'ur votro , etc.
/>. S. Je suis bion oblige a la bonto do M. Falconet , qui
me tail taut de bion, et ;i mon Ills Charles. II fait co qu'il
pout pour la meriter ; il est professeur en nos ecoles, et s y
proud Cort bien; il a beancoup d'audilours, qui raiment tons
a cause de sa douceur et de ses autres bonnes qualitos. 11 n'a
<iu'a bien otudier, et rien ne lui manquera; jamais peut-etic
il n'y a ou professeur (pue lui en matiere si diliicile, car d
ensoigne la i)athologie, (|ui est, comme vous save/., la plus
noble partie do la medecino.
On m'a parlo d'unlivro intitule, liiitlittthwu&'bi'.niuna, donl
rautour est le savant M. do (iuichenon. Mandez-in'on , s'd
vous plait, ce que vous en save/..
L'evoque de Noyon est mort, il s'appeloit de Haradas, et
t'toit IVore d'un petit mignon do Louis Mil , <|ue le cardinal
do liichelieu til chasser par une suporcherio.
On va rompre an bout du Pont-Neul'deux insignes volom> ,
doiit I'un s'appello (irand-Maison. C'esl grand'j>iti(' quo la
debauche! olio so tormino toujours mallieureusenicnl.
170 LETTHKS DE (,UI CAT IN
LETTKK CCCGXCVH. — Aumeme.
Samedi dernier , 13 de ce mo is , le marquis de Bonnessou a
eu la tele tranchee a la Croix du Trahoir (1); il est mort hu-
guenot, etn'a jamais voulu entendre ledocteur de Sorbonne ,
qui a voulu le convertir, aiin qu'il mourut a la romaine. II
n'a point voulu etre bande ; je pense qu'il a etc vu de tout
Paris , car on 1'a amene de la Bastille dans une charrette tort
elevee, jusqu'au lieu du supplice; il avoit un livre en ses
mains , dans lequel il lisoit ; il etoit un des chefs de la eonspi-
ration des Sabotiers. II y en a encore deux dans la Bastille,
an proces desquels le grand conseil a charge de travailler in-
cessamment. 11 etoit conduit au supplice par 800 archers a
pied et a cheval. Si la conspiration du marquis de Bonnessou
eut reussi , on dit que c'eut ete une horrible chose, qu'il y
avoit plusieurs grands du royaume qui s'y etoient engages
par promesse, et memo il y en a qui disent que Cromwell
avoit promis de s'y joindre, et qu'il devoit envoyer une ar-
mee a leur secours , qui eut aborde du cote de la Boclielle.
Bon Dieu quelle desolation il y eut eu en France!
On fera un beau leu de joie a la Creve pour la paix , on
parle de sa publication a Notre-Dame, d'un 7'c DCWH celebre,
aiKiuel assisteront MM. du parlement , de la chambre des
comptes, de la cour ties aides etde I'lIotel-de-Ville.
Le roi ne veut point sortir de Toulouse queles Etats n<; lui
aient donne 3,500,000 livres. On dit (jue M. le procureur-
gcneral s'est arrete a Carcassonne pour une fausse couche de
madame sa femmo.
La premiere Ibis i|ue j'entretiendrai M. le premier presi-
dent , je lui parlerai de vos statuts ; j'entends bien votre fait ,
etjelui alleguerai vos raisons , (|ui me semblent fort bonnes.
Nous aurions raison d'en I'aire de meinc ici, vu le desordre qui
1 An bout di' la rur do I'Arhro-Scc,
A I A I. CONK T. !?l
en suit, quoi qu'en veuille dire, au conlraire, Courtaud de
Montpellier en sa smrnde Ai>oli><ji<' , puisque cette facilite
d'etre admis en notre compagnie 1'affoiblit manifestement, et
la gatera si nous n'y meltons du remede ; niais nous avons ici
un homme (}ui empeche qu'on ne i'asse le bien necessaire ;
patience! etc. Vous avezen attendant le pouvoir de les examiner
rigoureusement , comirie toutes les autres Families des pro-
vinces devroient faire. En verite , j'ai honte de voir tant de
jeunes docteurs qui reviennent des universites avec des bulles
apostoliques, et qui ne savent presque rien. C'est ce qui fait
que je ne m'etonne point du mepris qu'on fait de notre pro-
fession en beaucoup d'endroits. Le parcbemin qu'ils rappor-
tent des universites est uue marque certaine de 1'argent qu'ils
y out laisse ; niais la science requise a leur art , ou est-ee
qu'elle se trouve a vendre?
J'ai declare votre volonte a Noel Falconet, qui dit qu'il va
etudier pour soutenir un acte de toute la philosophic 1'ele
prochain. Dieului en fasse la grace.
JJn jeune medecin qui est ici, et qui demeuroit a Stras-
bourg il y a trois inois, ni'a (lit ([lie le nouveau livre de
M. Sebizius etoit acheve. J'ai bien envie de le voir pour cette
nouvelle niethotle dans laquelle il est ecrit , selon que 1'au-
teur mt3ine me 1'a mantle il y a plus de neut'mois. La com-
mune facon d'ecrire est bonne; une methodc particulierc; est
pourtant la meilleure , telle que celle de M. lliolan le pere .
et celle de Hollier, pourvu qu'on se garde de I'aire souvent des
/itHfo/ut/ies; elle est bien plus commode pour les jeunes etu-
diants. J'ai quelciue pareil dessein, nous verrons (puille lu-
miere m'en viendra pout1 achevtn' mes jours en celtt1 sorle
d'etude, dont je pourrois dieter quelque chose a mesuic
que j'en aurois quel(|iie traite de fait, dans notre college
royal de Cambray.Mon tils (Charles explique, 1'anatomie dans
nos ('coles sur un cadavre de femme. 11 y a une si grandr
quantite d'auditeurs, (jn'outre le theatre, la cour en est en-
core toute pleine. II commence.1 bien , a vingt-six ans : je sou
r-2 i.Kiriti> UK i.i i
hailc qii it lii i is se encore mieiix. II a bien des amis <|iii rai-
ment; ses etudes lui on out ac([iiis un bon nombro, et sa
prentillosse encore autant et plus. Michel do Montaigne a dil
quelque part quo jeunesse et adrcw out un merveilleux credit
en ce monde; quo! qn'il en soil, j'espere quo son fruit mu-
rira , et qu'il sera quelquo jour Ires bon , intct'rn rontitus n-if in
/fiifde, evi'nfus hi fut'tuna, coinmea dit Apulee, en ses /''////vVA-.v.
.le vieus do consultation chex uno bonne femme do pros do
quatre-vingts ans, laquelle inourra domain, ex f//n/i////t<u'n />n/-
//io/i/.s, ou le cure (ubi cadaver, ihi cf afjuilw) nous a dit quo
llcsdin etoit reudu au roi.
Domain se plaide ia cause do notro V'aculto, confri' nos chi -
rurgiens , ijui sont fort otourdis du bateau. Je vous baiso los
mains, et suis do tout mon co-ur votro , etc.
IJc Paris, le 10 decembre 1059.
LETTRK CCCCXCMI1. — Auntcntf.
.I'ai rocu votro caisse do presents, et aussilot (ju'ello a ct(>
ouvorto j'eu ai fait la distribution comme vous 1'avoz ordonno :
jo ne douto pas (JUG Ton no vous donne avis do la reception .
et qu'on no vous en remercio , comme je fais pareillement d<i
ma part , avec toute rall'ection possible.
L'ancien de notre ocolo . M. (luerin, tros savant liommo .
ago de quatre-vingt-neuf ans, est tombo de son choval dans
le faubourg de Saint-Germain , i^t s'est blesse a la tote, a
I'u'il et a la main, et noaiimoins il a bon appotit, mala nn'i:i\
//HI/" trtiix l.
;T Kcs inedt'ciii^ de Paris linsaienl alors leuis \isiles sur unenuileou
a choa! ; on cotmail ce vcrs d»' Hoilcau :
K J'.
\ FALCONET. I?';
J'ai oiilrotenu M. It1 premier president de votre allaire; je
lui dis quo Unites It's cominunautes de Paris ct de tonics It's
villos do France obligeoient celui qui y entroit de methe
quelqtie chose dans la )>oitc ; quc c'etoit anx uns pour la con-
I'rerie , aux autres pour Cairo dire des messes en lour chapelle,
mais tons ensemble poi;r snbvenir aux frais de la eommu-
naule, pour se defendre de plnsienrs attaques , et les mede-
cins pour sontenir les droits ot la justice de noire profession ,
et It; bien public contre les apolliicaires et les cliirnrgiensqui
brouillent les cartes , et enlreprennent mcrveilleusement con-
tre les medecins , (jui sont gens tie paix et d'etude, et qui lie
sont nnllenient chicaneurs , et memo contre les charlatans
tjiii gatent tout. La-dessus, il me dit quo la cour so scandali-
soit surcet argent, et qu'on ne pouvuit soufl'rir cola. Je lui ro-
pliquai <jue tout le monde prenoit de rargont , le roi , le
pape, les presidents et conseillers; sur quoi il se mil a rire ,
el tout de suite mo dit : l-'lt ftfai ! HOU* /r/v///.v , mi // clicn-ln-ni
f/ndgHr moderation de la sointne. Je lui repliquai : /:'/' i'<>tt< /•/'-
iii(-i'(:tnnf , indittn'iir, niutu la snniina dc 100 ^V'j/.v cxt \/ //r///i' ,
f/it'il n'y a gnh'e u rubattre. Voyez la-dessus votre conseil, et
ine donne/, avis si vous voulez poursuivre; je lui en reparle-
ra'i quand vous voudre/, , jt! le vois en elat de vous accorder
la plus grande part de votre article, et moi je vous promets
quo j'y ferai ce (|iie je pourrai. J'oubliais a vous dire (ju'il
in'allt'gua que ces colleges feroienl tort aux untversiles. Je lui
replifjuai cliautlement que c'etoit bien fait de les punir de lour
trop grande indulgence, et qu'il eloit a jiropos de remedier
aux desordres (ju'ils causeroient j>ar tonte la France.
Le cointo de Guitant, (|iii vient de la cour, partira demain
de grand matin pour aller dire a M. le prince do ("onde qu'il
\ienne, en lui portant dos lettres du roi, du cardinal, etc. Je
vous baiso les mains, el suis de tout mon cieur votre, etc.
I'ATIN
LKTTRE CCCCXCIX. - .\n ninnr.
Ce matin ? I'evrier, i\I. Talon, avocat-general , a parlodans
!:» cbumbre, oil il a loiil a-l'ait conrlu ponr nous contro les
rhirnrgiens; ensuite de son plaidoyer, Messieurs out ete aux
avis, ot aussitot s'est ensuivi arret, par lequel nous avons ob-
lonu tout ce qne nous domandioris. Tons les cliirurgiens bar-
biers iront a Saint-Come, et seront meles avec les autres; de-
fense a eux d'appeler lour maison collide, ordonne que
I'iiiscription qui est sur Saint-Come, oil il y a f'olle//////n r/n'~
I'ift/r/rtiin , etc., sera billee; i'union des deux eomniunautes
de cliirurgiens confirmee : tuus reduits sous Cuutoriti- ct jnri-
</ iff ion <li>s mt'dccins dfi la Faculto , sp.loit les cont rats mick'ns ,
H, etc. Sur
(1) Cel arrel , du 7 fpvrier 1()(5(), ordonna « (jue les deux commu-
nautcs dos chirurgiens et des barbiers unies , demcureraient sonmises
a la facultc de mcdecine, suivant les contra!.' des annees 1oT7 ct Kiii. -
I'uis un arret de la cour, du "20 avril I(i7(i , ordonna « que les 1'revols
el Maitres, reprcsentanl la communaule , seraieul leiius de eonipa-
roir (ous les aus , le lendemain de la Saint-Luc , ,m\ Ecoles de mcde-
cine pour y preier le sermon! accoutiiine , payer un ecu d'or. el pre-
senter un catalogue de leurs mailres aux doyens de la iaculte. »
Les apotliicaires etaienl obliges aux niemes horumages, mass mes-
sieurs de la Facultc ne le.s ajipelaienl iju'apres ipie les chirnrgiens
etaieut sortis.
Le senuent (pie prelaienl les chirurgiens leur elail propose par le
doyen sous cellc formule :
1U \ous jure/, tpie von- obi'-ire/ an Doyeu de la Iaculte dans lonle-
les cboses honnelcs et pennies ; que vous porlerex honneur el rcf-jucl
aux docleurs de la iaculte, ainsi que les ccoliers le doivenl a lenrs
mail res ;
2° Que vous ne divulguerez point les affaires secretes de la faculie. .
suppose (jue vous les sachiez , et que vous lui revelere/. an conlraire
ce (|iie vous apprendrez que Ton liamera contre ses interels ;
3" ()\\c vous |)rocederez iorleinenl contre cenx qui exercent illin!<'
nient la mederine , c'esl- it-dire ceux i|ui iie-ont point approuxes par
quo! ils on tail de grandes clamours. Anssilol M. le premii'i
president a retonrne aux avis, ct />nis a tiff : et neanmoins
perm is a cenx qui par ci-devant out ete rev us a Saint-Come ,
en robe et en bonnet , d'en porter le reste de leur vie.
s'ils sont mailres es-arts de ITniversite de Paris , sans
tirer a consequence. Cette clause ne nous deplatt point :
oar, outre qu'ils sont en petit nombre, et qu'ils mourronl
bientot, elle donne exclusion de robes et de bonnets a tons
les autres qui y pourroient pretendre a I'avenir. Voila done
les chirurgiens de Saint- Come abattus , et leur maison
livree a nos chirurgiens barbiers , qni nous sont tous soumis.
L'arret sera imprime. Ceux de Saint-Crtme nous menacent
dejj'i d'une requete civile, que nous ne eraignons point. Le
lendemain , 8 de terrier, nous fumes remercier M. le premier
president, M. Talon, avocat-general , et M. de Nesmond ;
nous etions environ soixante-dix , deux a deux ; tout I*1
monde se rejouissoit du gain de notre cause, et il ne seren-
contra ])as un de ces chirurgiens de Saint-Come par les rues.
On ordonna hier dans 1'assemblee de notre Faculte <|ne
Ton iroit remercier les autres juges, que Ton feroit im-
la (aculte , et que \ous Taiderez de loiites vos forces dans les poursuites
qu'elle fera conlre eux ;
4° Que vous n'excculerez point dans Paris ni dans les faubourgs
Irs ordonnances d'aucun medecin , a moins qu'il ne soil docteur on
licencic dans laditc faculte, ou ai^prouve d'icelle ;
o" Que vous n'adminislrerez point dans Paris ni dans les faubourgs
niicun medicament purgatif ni alterant , ni cordial ; niais que vous vous
inelere/, seuleinent dc ce qui conrerne les operations inanuelles dc la
chirurgie.
I, a creation de I'Academie royale <lc cliirur^ie, qui a taut contribue
aux projjres de cetle partie de la science , le decret du 18 aout 1792
qui a suppriine les laculles et les corporations, la loi du 19 venlose
an xi qui consacre la reunion de la niedecine «•! de la chirur^ie ,
ainsi que la reorganisation des ecoles . out delruit pour jnniais et avec
raison ces absurdes distinctions. Malj'.re cela il nous a paru interessant
derappeler ces documents d'un aulre temps. (R. P.
J?G IF.TTKF.S I)K (il'l i'ATIV
primer cot anvt aullienlique oonlro Sainl-Comfi ;ivci' la ha-
rangue dt; M. le reeteur, It; plaidoyer do 1'avoeat de ITnivor-
sito , eelui do M. Talon, avoeat-general , les deux contrats
de ci-dossus , uno sentence du lieutenant civil , etc. ; do plus
quo Tun t'eroit une impression des statuts do notre Faculte ;
(pie le doyen, accompagne de quatre docteurs, doutjo suis
un, iroit remercier noire avocat, M. (Ihenuot, en lui por-
lantcinquante louisd'or/wo//«wwwv'o.Tout cela so fora avec
lo temps. Jo vous baiso les mains, ef suis do tout mon co-m
vol. re, etc.
DC I'aris. lo 10 fV-vrior 1000.
LKTTKK I). - .I/
Le due do Lorraine esl alle ;i la cour pour ses all'aires 1 1
erlles de, la duchesse d'Orloans, sa sirur. Oudil <piele primv
de (londo arrivera ici mercredi jirocliaiu , ct <|ue cctle pai\
(pie nous avons nouvellemeiit I'ailo avec le roi d Kspa^nr .
nous est fort avantageuse par plusieurs bonnes villes qni nous
demeurent. l^a paix a elo aujourd'hui ;' I 4 fevrior' piddiee au
jtarlemeut , al'Holel-fle-Villo ot devant le Louvre.
Gomme j'attendois i'co 15 levrier ) quo Ton me vinl quorir
a rordmaii'O , pour aller souper avec M. le premier president,
j'ai ete contremaudt'1 a cause de la solennite du jour do de-
main , et ce souper a ('•(('• reinis dans liuit jours. Dion soil loin-
de tout, jo u'en ai regret quo pour 1'audienco de M. le conile
de VtM'dun, (lout j'avois promis do rondrt; complo domain a
M. Duclief. Tout le monde so plaint (ju'oii n'en pent avoir :
toujours y fora i- jo ce (pie jo pourrai , et jt1 verrai ce (|n'il me
diia.
. \ujourd liui 'ce !(> IV'vrior; le Tc /^'///// a eto ohante solen-
nellemeut pour la paix dans Notre Dame. , on tres Brando et
Ires belle ctimpaiinio. La rejouissance est pnbliipie, lo Ten dc
j'oie so doit I'aire ce suir dans la (ii'cve. eomme anssj daii^
tiiiites It's I'ues.
A KAU.ONKI. 177
Madame la duchesse d'< >rleans doit ce soir arri ver an Luxem-
bourg. On dit que M. It; due d'Orleaus, voyant sa femme et
sesenfants, dit en mourant : liunmx ///w, flnmus dcsulutlonis
rocultit'tr. M. de Choisi de Cham , sun chancelier, est inort it
Blois, do regret de la niort de son inailre. On dit que M. de
Yendome el M. de Beaufort auronl le gouvernement de Lan-
guedoe, pourvu (jn'ils venillent ceder I'amiraute; cela esl
fort dans labienseanccdii neveu Mancini. M. le Prince sera ici
clief'tlu conseil ; MM de la Vill«> out ordre de I'aller saluer , el
tons les ordres ne laisseront pas d'y aller, el meinc 1 t Diver-
silt; ii'a. Je me souviens (jue nous y fumes 1'an iGol , lors<jii'd
fill reyeiiu tie prison du Ha vre-de- Grace; j'etois alors doyen.
Le due de Lorraine est ici. Le corps de M. le due d'Orleaus
sera jemli a Limours, et apres on I'emporlera par Saint-Cloud
it Saint-Denis, sans passer [»ar ici.
On ditque les jesuitcs out fait imprimcr une .\nnr<'//t> .\/#>-
iaijic jiuu/' les a/.N-<«/.v/fx, en latin, it 1'alerme en Sicile;c'est une
piece de meme nature (pie It1 Tamburin de M. lluguelan ; il
en devroit avoir une copie ot I'imprinier encore; vous m'(»-
bligerez de le lui dire. Je vous liaise les mains, el suis de
lout mon ca'ur votre, etc.
DC I'aris. le 17 foricr 16(J().
LKTTKK Dl. — I/' inline.
Je vieus de recevoir votre lettre du 13 Janvier, dr laquelle
je vous remercie. Si vous nvtv. eudu I'roid cite/ vous, nous en
avons aussi noire part a I'aris. On m'adil tpie votre M. Anis-
son imptimoitC. Baronius, .\itiuiles ccnli'ifitiiif in' ; feu M. Naude,
i|ui n'eloit point menteur, m'a dit <pie Lucas Holstenius, de
Hand)ourg , qui est ii Home chanoine de Saint-Jean-de-Latran ,
lui avoit dit qu'il poiivoit montrer huit mille faiissete's dans
Baronius, et les prouver par les manuscrits de la bibliotlie(|Ue
valicane, (|ii'il a aujourd'liui en garde.
11 se pliiida Ic'JI de cc niois une caii^'e a la grand Cliambl'e
ill 1-2
178 I.KTTKKS I>K <U I I' MIX
entreles medecins et leschirurgiensde celle ville. L'avocat des
chirurgiens (lit bien des clioses qui ne servoient do rien a sun
fait, commeeiitre autres, que Home avoit ete trois cents ans
sans medecins, et que les Romains avoient ehasse Archaga-
thus; inais il n'ajouta pas ee qu'en dit Pline, que c'eloit a
cause de sa eruaute a bruler et a couper, car les juges eus-
sentreconnu par la que c'etoit un chirurgien. II conclutenlii),
et pria la coin1 de permellre aux ohii'urgions de porter la robe
et It; bonnet, pour marque de I'hoimeur qu'ils meritent par
leur doctrine en ehirurgie, quoiqu'ils n'aienl j)oiut de lillera-
ture. Ne voila-t-il pas une demande Men ridicule ct une con-
clusion bien cxtravagante ? Ave/.-vou.s jamais vu doctrine
sans litterature ? Mais lout est bon dans la bouclie d'un avo-
cat , qui I ache tie rend re bonne une cause qui ne vaut ricn.
Aussi u'tst-ce pas sans raison qu'Aristote a appele cette pro-
Cession I' ni't <lc incntir ([}, Des (ju'il cut fini , M. Langlet, rec-
teurde I'l niversite, prol'esseuren rhetoriquedans le college du
IMessis , natit'de notre ville de J»eauvais , agi> de v'mgt-six ans,
a harangue pour rAcad«>mie de Paris contre les chirurgiens,
les a traites comme ils meritent, et a conclu qu'ils n'eussent
in robe, ni bonnet, ni aucune autre (jualite que de in(m<i>inTi>x
cliirurgiens, sous la direction el intendance des medecins, pour
lesquels il parloit et intervenoit. Tout ce ([ii'ii a (lit a ete
fort bien recu , bien prononce et fort ecoule. Comnie il aclie-
voil, les dix heures out sonne et la cour s'est levee, il n'y
avoit plus (jueM. Tavocat general Talon a parler et a donner
ses conclusions, ce qui lui t'ut remis a la (pu'n/aine. Si on leur
pernietloil des robes el des bonnets pour leur prelemlue doc-
trine en ehirurgie, il faudroit en accorder autant aux apothi-
cairespour leur doctrine en pliarmaeie, et ceux-ci n'anroient-
ils pas bonne grace, quand il faudroit donner des lavements on
^1) Cello accusation est ancieniie , en c-ftet ; inais les jiij'.es sonl-ils
loujdiirs conscioncieux , loujonrs les fideles iiilcrpretes de la loi ? On
sail (|u'iin consi iller «HI parlcineiil reprocha 1111 jour a un avocal «!»•
v'elrt- clii'.ri'.e d'nne niau\aise eau.-e. Monsieur, reiiliiin.i celui-ci, j'«-ii .ii
I, ml pi-rilii ile li'HUH'- . ipii1 je in1 I-'- i'lioi>-i- (ilii^.
* FM.CONRT. (*;•
faire 1'onguent rosat el diapalme, d'etre1 aiiiM equipes? Knlin
saint Luc a eto pins fort quo saint Come. M. Talon a fait
rnerveille pour obtenir de la conr quo cos £ons fussent ran^o>
a lour devoir. II leur a eto. defendti <1 user d aucuu titro do
bacholier, lieencio, clocteur ou profossour on ebirurgie. Los
chirurgiens en sont fort etourdis ; ils nous monacont d'uno
requite civile. Tol menace qui a grand'peur. Les apotliicairos
vont pareillemont plaider contre eux pour los ompeelier do
fa ire lapharmacic ot vendro lesniedecinos. Cette affaire qn'ils
ont perdue contre nous los rangora pout-etro a lour devoir. II
y en adeja six do malades, et ilssorontas.se/ gle»rieiix pour on
inourir do depit ; ils disent (]iio voila un jirand affront pour
saint Come. I'eut-etre sont-ils assox, sots pour prelendre (|iio
ce saint i'asse encore quelque miracle. Quoi (jiTils fVissont . il
laudra pourlant obeir a 1'anvt. ,!<> snis. etc.
De Pari* . \c -2.H fevrier 1060.
LKTTHK 1)11. An ,<«'«,<>.
Uuand M. 1'avocat-general aura fait son plaidoynr. Ton
fera imprimor lo tout, et alors vous on aui'o/. On inipi-imoioi
line vie deGalien, qui sera une piece curieuse el critique'; die
pourra paraitre en memo temps quo 1'arrol.
N'otro abbe, liydropique est on ^t'aiid danger, o! voii> lui
lore/ un plaisir (^xtivme do rempecher do inourir ;.usr-i iiicii
quo do no lui pas donnei1 du vin d'absinllie , ooiiniio lit M. do
ii. 1 an passo : Su-cilux <•! ni<ir<-t>r cw''/v///,- nu/ln ///•/.•• i nn.-n'l'iinr,
mien Hiiujiit ml cititin '•>/ ii.tmii'iiti fist'/'ftt i:<itt <-j.stfi ' '/•/, tn/f-
/•('// i'i. -I'll (idiitndinii [.rohn <jtni< u /<• s//:,f j.i i.^i^ilu . On ovpnv ioj
que ceux do Marseille radioteront lour citadollo. Nous sa-
vons bien que M. le prince de C/mti a !«• Lan^uodoc . <|uo
M. le due d'Anjou a leducbe d 'Orleans , roscrvoo la baronio
d'Amboise, el le comtt'1 do i»iois : mais on lui donno ;ui>si lo
dueho de \alois. On dil <juo inadamo la ducliosso d'Orlt'.in.s
doit arrivor ici domain, ot (|uo lo roi lui donno la j(niiss;nic«i
tin bien du dolnnt soil mari pour don\ an>.
ISO I.KTTRKS !>!•. (.I'l PvTIN
J entretins Iner M. It: premier president lout sen I mi quail
(1 beure; il me dil qu'il avoil envoye a M Pillion, eonseiller <!»•
la four exile , la lottre du roi pour revenir an palais; j'en
snis bit'ii aise, car ce M. Pillion est nion bon ami, el un pen
mon parent . aussi me fait-il riionneur de m'appeler ainsi.
On dit <juti les antres exiles reviendront an.ssi les uns apres
k'santres. Notre boiihomme Guerin mourut liier, age de qua-
tre-vingt-neut' ans. Tout le monde va ici saluer M. le Prince.
I.e president Viole est ici. .Madame la prineesse esl encore
en Normandie. On nt)iis menace tie guerre en Allemagne.
Les ofliciers du due d'Orleans maudissent ici liorriblement
liuenaut el son vin emetique, avec lequel il a tut- M. le due
d'Orleans. On parle ici de lui laire nn beau service a Notre-
Dame, oil messieurs des eours souveraines assisteront, le par-
lemenl, la ehambre des comptes , la cour des aides . riiolel-
de-ville, comme aussi I'lmiversite. Je ius ledt'pute de noire
eompagnie , Tan IG-io, a Saint-Denis aux obseques du ten
roi. Nos chirurgiens de Paris nous demandent pardon ; mais
c'est comme les chiens qu'on ibuette bien fort, malyre eu\.
(Jnaiitl les soldals terrasst's par frere .lean, avec son baton tie
la croix, crioient : /-'/v/v ,/,-///// , jt> UK- rfinlx } il letir repondoit :
/•'o/v:/' /V'.s'/1, et aussitol leur tloiinoil <lr<nHi* : il en taut faire tie
meme a ces matins. (|iii nous auroient accabies s'ils avoient
pu , et It: i'eronl a 1'avenir s'ils petivent ( I), .le vous baise It's
mains, et suis tie tout mon cti'ur votre , etc.
Do I'iiris, Ic -27 IV-vricr HiW.
1) On voil ici 1'esprit dc corps dans sa mo.sciuincrio, sa pctitesM-.
•-;i vanite. Mais coninio lt> roinarquo Louis , Ic secretaire <le t'ancienn.'
.Acadeniu1 de chirur^ie : «()n de^rada la clururi;ie en l(i(i() , el tors-
ijn Cn l()()(> on elablit 1'Acadcmic d«'s sciences , les cliinir^iens > soul
adinis el N liennent un ran^ disliiit;ue panni les liomnies iiln-lres (jiie
le <r()ii\erneinent ])rc-;<inle a la nahon eoinine I'elile de* sa\anls. >•
II st. <1<- l'Ac<i<l. coi/. du r .';.>., p. -2'.\. \-\n 1S2I , V.\. (ieoflroy Sainl-
Ililaire oinil 1 'opinion de Mipprmier la serlion de nu'deeine el de elii-
rur;',ie dan- I'Academie royalo de- science-, (.elle proposition •'•(: it
-ui'toul dni;;ee conlro la chirnr^ie . el -on aulenr pretendail que / •
c, .irnt'iiii'ti nlidntlnnin' l<><. rn.V.v si-ifnlifii/iii's . ltir*i/u' : I Irtinsf'nnii/' tent
v KM. 1 1 INK i
LETTKK hill. - \n Hiemr.
Comme vous etes plus pros de la cour que nous , aussi no
\uiis puis-je rien apprendre do nonvean. On no dit rion ici
sinon que le.> Anglois out casse lour ancien parlomont , qni osl
celui qni fit mourn1 lo feu roi Tan 1049, et qu'ils on venlont
otablir un autre qui aura , ee disonl-ils , plus do liborto rt
moins d'autorite do mal fairo. Toulos los nouvollcs institu-
tions ne manquont jamais do promcttro f'orro soulngemeiit an
ponplo , mais cola no renssit pas , at tit hoc wmiim- flrm-tnn
hiif/»if<is. Ceux do Londres so sont accordes avoo lo ^rnt'Tu!
Monck pour tonir la main a oo nouveau parlomont reform*'1.
Lo prince do Conde ost ici avor lo due, d'Englnen son lil>
ot sa to mine, qui font force visiles, ot (jui sont tort visitrs drs
oompaguies de Paris, do lours amis particuliors, ot dc c.oux
mome <jui ne font quo somhlanl do retro. On fait lilor do I'in-
fantorio devers Calais ; on croit (pu; c'ost pour ;iss'n''i;fr iHin
kenjue, conjointoment avec los forces d'Espagno; et apres,
(|iiand nous 1'aurons 6to aux Anglois . nous la rondrnns au\
Espagnols, (jui nous donneront on oehange (lamhrai . los aii-
tres disent Saint-Omer : c'est mi article secret dn nomhro do
plusieurs autres.
On parle ici tin sioge d'Orango , on tonics Ics troii[»os qui
sont revenues d'ltalieet de Catalogue out ordiv do >o rtMidic.
La pa u v re Provence so sentira longtemps do re vuyago dn i-oi .
scalpel at bistouri. L'n incinbic (li~liii(',uo <lc I'Ao.idoinir rovalc dc
inedccinc , au-c «.1<.>Uc supcriorilc tic jus;onicnt iiu'on Ini coiinait .
M. Be^in. doinoiilra loulc I'injiisLico tl'unc seml>lal>le |)ropo>iiioii
coinine ('onliairo au.v lois ct ordonnanccs i|ui onl londc cl m ;;.uii»c
Plnstilut (Reflexions snr I'ojiin^on de M. (icnffrmj S , 'nt-ll/ln re . don*
la question de rand dalnrc jioiir la jtlare meant/', dniis I' Acudcinic dcs
sciences, i/(tr /<- di'-ces de M. l)esrli<uni:s : par M. Mil... v L. ,1. l!c,','m .
ducleur en mcdccmc , l'ari» 1S-2I . in-S" <ic 30 paj'/'s \ l/opiiiion dc
M. Geotlroy Sainl-Ililaire no pnhalut jias. I. a rliirur^io c.-', rcprc-
senlcc aiijuind iiui , dans PAcadeinic ro>alc dos .^cioiirc.- , par
MM. Hon\, >'t-ipcau cl l.alicmand. K I'.
1*2 I.I'M i ;!•;.•> |)L i,l I r\ UN
'|'ii n'eloil londe ((tic sur la paix el sur lomariajje, </<7/o /v~
nsst i,i/:i/> ill ml ii, ii'iir :
Quidquid dclirant rajr*, tili-clinilur .(chhi.
Jo souperai dimanche proehaiu chez M. le premier prosi-
sulent , oil jo m'informerai do la saute de M. le oomto d'AI-
lion. Je I'cconimencerai mardi procliain , <) do mars, mes
legons publiijues auColleyo royal. Aubcrl n'ot j>lus 1'apotlii-
cairc du comte de Hebe ; Dufi'tv-snc lui donne des poudrcs et
des pilules; neaniiioiiis Helaitrti Ic voil oiuxire ([uehjuelois.
.lo vous baisc trcs liumbleinent 1<'S mains, ol a inatleinoiscllo
Falconet , et suis ch1 tout nton co'iu1 votre , etc.
Do 1'aris, lo .'5 mars KUiO.
LKTTKK DIV. — .1
Sained! , -2o de mars, nous avoiis reeu dix baclielitM'S, (|iii
vont coniinencer lours cours do deux ans; on en a renvoye
deux aliu (|ii'ils s'amendent et t'tudient niioux a 1'avenir. Dt-
( es di\ !•(•(.- us , il y en a liuit de fort hons , et deux autres plus
todtles . inais ([iii soul capables d'amendement. 11s sont jeune^
et on en pout lout esperer :
S-: lliOi'n Cltlllll'd' plllit'lllcHl an', iHiniiet unrein.
\ II ex-Tciro de disputes perpetudles deux ans durant los
rendra iudubitnbloinpnt incilltHirs. outre ['emulation ipii les
y dbligera puissammeiit : outre <jne si dans cet espac.e de
temps ils inanquoient a lour devoir, on les eliasseroit de DOS
ecoles , eoinine inliabiles et indii;nes do nos privileges.
Le memo jour oil a fait un lest in aux ecolt's, auipiel sont
invite.-, los doyens et ceiiseurs , les anciens doyens , les ipiatre
exaiin'nateurs , leurs eiii(| electeurs , les ipiatre aneiens des
ecoles. les jjnjtVssours ordiiiaires , <pieli[iu\s amis du doyen,
tjiii son! dt's forts de 1'ecole et les |ili!S considerables de la
l-'aculte. Nous faisions trois (aides iiii;diocres . et nous elions
d'Hi/e on trei/.e a cliacune. .le n'ai jamais vu telle n'jouissaiice
V K A 1X0 :\h I'. IX '
de |iarl et (I auhv ; on n y a parle que «!«• rire ct d<- bonnr
chore en poisson IJ. I n de DOS docleurs s'esl mis aupres de
nioi , (jui in'a donne en cachelle mi petit in-octavo , (jue le
pere Labbe , jesuile, lui a dedie, (|iii a pour litre : f'iiniHH
(inlani c/tronoloyictan elix/tinn. Ce pete Labbe est natil' de
Itourges; ce n'est pas votre pere Labbe de Lyou , qui altrapa
dix mille livres sous ombre de 1'execution dn testament de
Yantier en 1652. Je fais ceans un petit paquet dans leqnel
cela se trouvera pom1 vous avec autre chos;1; , et snrtout le
livre de M. deGorris , qui cst in-jpiarto et fort bon.
On dit ici que le mariage du roi est recuki d'tm mois : je
prie Dieu (jue les Espagnols ne nous trompent point. Nous
sommes plus forts qu'eux , mais ils sont plus tins que nous ,
et je serois bien Cache que ce mariage vint a nianquer : Irs
Espagnols pen vent trouver leur comple de marier leur lille a
I'empercui', j'ai petir cjue ('occasion ne fasse le larron. On dit
pour certain (jue le roi de Suede est mort. Voila nos affaires
du Nord en un autre etal.
Le roi d'Espagne a mamle ([ii'il ne pouvoit venir sitol <pi'il
avoit projete. M'y a-t-il point la-dessous (juelque embuche ,
apres (jue nous avons perdu deux belles campagnes (|iii nous
auroient rendusapeu pres les maitres de la Flandre? Si cela
arrivoit , je crois que la reine seroit bien lachee de ce chan-
gement.
I'D jeune iiK'dcciii de Lyon . noinnieM. L. de Serres . in'a
visile aujourd'hui ; il n'aime guere Hassel . et non sans raison.
Faites-moi la grace de vous informer lacitement a Lyon dc
M. La nchen u , t>u de quclqu'autrc de vos amis, s'il n'y a point
,1} A chaqac reception <!>' licoucics, c'^uv-i'i liMilaicnt lai'i;cnicii(
loui> cxamiiialcurs , ain^i ijuo l>on iionibic dc ini'iubrc!* di- l.i I ,:c;i!ic .
rl i! f.ui I a \oiiH' quc K% decorum niedic.il if\ chill pas toujuiirs obxTM*.
l.e dillifilr cl;iil dc I'niro cniilriliiicr f.'iix <|iii n';na'n'nl ]>;i^ t;U; adini- .
niais la oo:iluiiic roinporlait. (Vest tv ijiii arm a an ('('lebrr 1'iiid. (|!ii .
i|ii(»iii:io rocu medcnn a .Moitlpollicr. ajaul t'lc rolnst' a Paris , n'rn
tut pas moin» oblige dc piyrr nnc parlio «ln ftv-lin <|iii avail cle coin-
mandc an Punier l-'lcuri, rue dc.-< (irands-.Anp.usliiis. II. 1'.
1S1 II;III;H> Di: t.i i r\\\\
a Lyon mi nomine M. do liannol e'ost tin nom de guerre et
einprnnte; inais il so fait appeler uinsi pour so degnisoret so
eacher a ses creair;iers; son vrai nom ost Augustin Bude ,
Parisien ). Celui qui m'a prie de in'on informer do voiis ost
un brave horn me qui.vous honore ; il m'a dit (|iu: co M. do
Barmol ost oecupe a quelqne rocotto do Lyon ; inais co n'ost
point un grand homme , ago d'environ soixante-quatro ans ,
nomine M. Bagneaux , (jui avoit la siour do MM. do Groin , dos
Hordes et Marchand pour fern me ; jo sais bion ([ni est oelni-la.
ot jo crois qu'il a antrefois deniouro a Lyon. II otoit bon ami
rlo feu M. Guillemeau ; il avoit ot<' lo secn-taire do I'ambas-
sado do M. do Sennelerre lo bonliomme, on Angleterro; il otoit
bol liommo et parloit de bonne grace. Je eonnois fort eel ui-
la , co n'ost point celui (juo jo ohorclie. Je vous prio d'y pon-
sor h votre commodite.
Jo mo recommando a vos bonnes graces otdo mademoiselle
Falconet , connne aussi a notro bon ami M. Spoil . ot snis do
font mon cunir, votro , etc.
l>e I'aris. lc-23 mars l(j(>0.
I.KTTUK DV. - \« ,m>m<>,
I'liisquo voiiis no voulox pastjueM. votre lils ailloa Lyon cos
vacances , j'on suis tros content; il ira manger de nos bollos
cerises et des inures a Cormeilles ; ensuite il reviondra ici
pour apprendre le Coi/ijtfuditini fiio/ani jHtti't's, ot k'tidih-i-
(linni lilulinii /////. Apros oela 1'lnver viendra , nos aclos pu-
blics ot los dissertations frequentes 1'occupt ront : voussavox
(jne oo sont los Ibndements do la profession. Knsuito il otu-
diora la pathologic et la mothode gonoi'alo do Kernel , aver
los Aphorismes d'Hippoorate ot los coinmoiitairos d'llollioi1.
Ji> lui forai ocriro dans imo main de papier do bonnes oliosos
ot do bonnes pialiqnes; jo lo moiiorai aussi voir quelques ma-
lados, <jii il approndra le iu<i<hi> • nt/cnt/i . Tout cola pourraotro
fait on troi/.o on qtiator/o inois . ot apros il pourra s'on rotuur-
nor a I, yon pour vous voir et vous rendre co-npte de ses
etudes ; sin1 (jnoi vous trouverez bon (jue je vous demande >i
vous avez desseinde le faire passer docteur a Montpellier; ear
en ce cas-la il faudroit (jii'il y tlemeurat environ quinze mois,
qui est bien du temps , en line ville on il y a bien de la de-
banclie , et je craindrois fort ce'a pour Ini, qui est encore
extremement , comme 1'a dit Horace,
I'creus in citiuni flecti , inoniloi'ibux uspt'r,
I1! ilium itirdim provisor, prodigus <iri* ,
is, rtipiduxqiie.ct amata Telinquere periiix.
Kt je sais bien qu'en ce lieu-la les jeunes ^ens n'y apprenncnl
j^nere et y font bien de la depense, ineme par emulation. Le
jeune de Rhodes m'a dit (ju'il a pris ses degrt-s a Avignon.
C.ar si vous n'etes pas determine pour Montpellier, j(> le ferois
passer aisement ii AngiM's , (!t tie la il s'en iroit a Lyon, on.
s'etant un peu rafraichi aupres de vous, vous le i'erie/ agrt'ger
a Volre college, et puis, ayant ainsi sa place retenue , vous le
leriez etudier aupres de vous et le menerie/ voir des malades.
J'ai grand'peur qu'il nc se debauclie a Montpellier, /// //'•.///
illo (ftotis ttdinoduin lubi'ico , ct in urlji- incuittinenfHtaiiiHi. ir
1'enverrois par la Loire a Nantes, on il verroit la Hretayne ,
et tie la a la Kochelle et a Bordeaux , puis il s'en ira j>ar !a
(iaronne a Ton louse, et tie la en I'rtivence, oil il verra la nier
Medilerranee; de Marseille, il reviendroit a Lyoii. Vous me
pourre/ diie ijue voila un grand voyage pour un jeune homme
qui u'est peut-etre pas assez sage.
M. du Tillet est aux champs; des <|ii il .sera tie return1.
M. de lUiodes et M. l\i(juier I'iront saluer el lui pre>entfr la
leltre de M. Michel . au<[uel je vous jirie de pres»'iiter ines
ties humbles baise-mains. Si M. du Tillet est revenu diman-
che prochain . je (tarlerai de votre atl'aire a M. le premier pre-
sident.
.It1 me suiiviens bien de M. Housselet ct de M. Savaroii . il>
tint tons deux passe pa-r ines mains , c'est-a-dire (|iie je le>
,11 Iraites tons deux bien malades Pour le troisieme. je nc ni'1
JiS"> I.KI llll'> HI- i.l I 1'All.N
sotniens quo do son noni ; ce sont do bons compaginms : im-
Ix'i'bis juvenif cnstodc ra/mfu, yaudet equis et (i(tri(:i ijrinnim'
ctitnjii , etc. Vogue la galore! le bun temps n'ost que pour con x
" (|ni lo peuvent prendre on attraper.
A la table du festin ou j'etois la veille do Paques ilonri,;i
la reception do nos dix bacheliors, j'avois vis-a-vis do moi
MM. Charpentier, Leeomle , Pietrc, Perreau ot Uainssant; co
n'etoit point la unc mauvaise perspective , ot j'avois a mcs
denx cotes MM. Petit, Puilon , Cotirtois, Matliiou , Morean .
Mentel ot Moi'senne. 11 y en a huit entre ceux-la qiii sont iu-
comparables.
M. Talon nous fait esperer dc jour a autrc son plaidoyer ; dos
<|no nous I'anrons, on 1'imprimera en tonte diligence; jo crois
quo cela sera beau; vous en auroz tant do copies qu'il vous
plaira. (^es messieurs les barbiers grondont coninie dos cliiens
(jni out etc battus, mais ils lie peuvent mordre ; tout lemonde
so iiuxjue ici d'eux. M. le premier president m'a dit (|iie tons
IPS jugos f'urent contre eux ot contre lour andaco, oxceplc
mi, (iH'ldsms ntctiior nliyitunflu tircc/jf/ ultcujus l>rn< /H-II a/i illn
ijaiff. Tous los auditeurs otoient contre IMIX , ot avoiont pitic
do M. Pucelle leur avocat, lequel proslilnoit misorablemenl
son oloquoiico pour une si mochanto causi1. .It; los drapr
({iielquefois en mes lecons , ot los propose a nu\s auditeurs .
aussi ridicules quo les apolhicairos. Jo IK; sais qui soul It's
meilloiirs, mais je sais bien (pi'ils sont tons tort glorieux ot
fort ignoranfs.
Jo vous romeroio do la recherche que vous a vox, failo pour
Augustin liudo do Haiinol ( c'ost M. do la Vigno, noire com-
pagnon ot lils d'uu grand personnago, qui nfon avoit prie ).
Jo baise les mains a votre M. do Hagneaux. )(' lo vois d'ici ;
est-il toujours aussi propre qu'il otoit? .lo pense qu'il a fait
autrefois do bons lours avec M. Charles (iuillemouu , ot crois
memo qu'i! otoit plus fin ot ])lus sage. M. (iuillemoau etoit
un hommo altior , glorioux ot coloro , mais M. do Bagneaux
ne t'aisoil point do bruit, ot c'est ainsi (|iie, font los sages. Jo
liaise paroillomont les uiaiii- a M. do Lancliemi et a notre
\ I-M.I.' >>K i . is?
lion el I'fiil ami M. Spo:i , connne atissi a mademoiselle Kal-
conet.
On dil ici quo le roi s'en va avoir Avignon , par tin eehango
de denx places (jn'il fait avec le roi d'Espagnequi en doit re-
compenser le papo; niais je no le crois pas. Pense/-vous quo
le due deSavoic fasse assieger Geneve ? Si eel a n'arrive point,
I os pauvres huguenots 1'echapperont belle. Quelques uns di-
sent que le cardinal Ma/arin ne reviendra point a Paris qu'il
n'ait Fait un voyage a Dome; je voudrois qu'il y fut pape et
<|iie nous eussions de deca son argent. L'on dit que I'lii-
ver prochain Ton va reformer la chicane des proces , et que
ccla ira fortement contre le parlement memo ; il le merite
bieii , car il est plein d'ahus. Nos chirurgiens , <iui ne sont
(jue des ehiens grondants, nous menacent (ju'ils feront oasser
notre arrel di; la cour pai1 un anvt d'en hant . jo crois iju'ils
n'auront j>as plus de credit en haul qifeu has. Hicr une
charge de inaitre des reipietes fut vendue trois cent cin-
((iianle mille livres; voila hien de I argent pour du vent el de
la fumee. On ntejiace ici de reformation la chand>re d(">
comples et les tresoriors de France.
Les Anglois qui sont ici attendent dejour a aulre clesnou-
velles de quelque changement en leur p.iys, unndmn (/i/m</t
rif/fij rc(jf)n istiini /Ji'UJL'cllis ttf/oifein tion nfn life tain facile
in xftlinni nri/uni rcKtftiii jtusse : tlit/tcn fj/t/, orr/xo j/ntri', snuf
r ire re /ibcrtm. Cromwell n'en salt que trop la niaxinie , mais
on lui en apprendra (piehpie autre si on pent, car il est hien
lin et hien Iburbo. L'Angleterre est fort divisce; plusieurs re-
ligions et dkers inlT'ivts y Torment el fomontonl plusieurs
partis, (|iii ne s'acconleront |)as aisemont ;i ivprendre nn roi.
an pere (lii(|iiel ils out tranche la tete , et n^mmoins je ne
doute point qu'il n'y ait m-iininnn '^I'finnlntlnnn m few-brut ,
ijiie le pape, le general des jesuitosot le roi d'l-lspagne IK; chei1-
chent a y parvenir par (pielque ruse digno d'eux , qui soul
maitrcs passe-lins en diahlerie politiipie: /lo/ifim (*( nr* tnm
finn ri'i/c/nl/. ifi/inn full end i lioiniin s. Sou vcne/.-voiis de la
coiispiration des poudres en 1()()5, fimdiftu /mlrcrnrin , la
ISS I 1. 1 IHK> l)h i.l I I'M I.N
loiieade d'Angleterre, du /JpiHPtriHsMoiscwifirinnle.V'AH IH(M>.
re soul : n/Km mnmmm /•/ coHsiliorum ejusmodi nebulonttin /H>-
liticui-mn. S'il n'arrive quelque chose de pareil , toujours est-
il a craindre on it soupeonner, inais je ne puis encore me
persuader que le roi d'Angleterre soil shot ni si facileineut
re mis sue le trone de son pere.
C.Q matin est mort nil nomine M. Picard , tresorier de>
parties casuelles, Ills du Picard It; cordonnier, a qui Ic mar-
quis d'Ancre lit donner des coups de baton 1'an 1G17. ('.ciui-ci
etoit un f'ameux partisan a qui (iuenaut a doime (|ualre fbi--
de I'antimoine in ti/jt>/i(<>.rin ; n'est-ce pas bien debuter, ///
riiti/nan interceptions, d 'y donner des emetiques el purgatil's?
Sic pci'cant onmcs fui'cs jHiblici , impostures, ]>"/>/ /c<nti ', <•! dim
wircinomatu yvuen's lunnani. Je vous baisc tivs liumblement
N's mains, et suis de tout mon ciriir votre, etc.
DC Paris , le tf avril 1000.
LtTTUK DM. -
Je vis hier, ce 7 avril , a ma leron , M. dt; Rhodes. <|iii me
rendit votre letlre; M. 1-. de Serres, son collegue, etoit avec lui.
je parlai encore a eux apres ma leron. ^1. dc Serres me li'-moi-
gua beaucoup de satisfaction d'y avoir assisd'1, me demanda
quand j'en ferois d'autres , et me dit cpi'il n'en vonloil per-
<lre aucune, landis (jii'il seroit it Paris. M. de Rhodes, qni a
l)ien meilleure mine, el est plus grand seigneur, plus beau ,
plus releve , plus savant, au inoins qui le peiise bien elre,
ne tail pas de tels compliments . aussi n'eu ai-je pas besoin :
Son ('(/itidcin hue tttuleo, btiiltittx til milti nugi*
I'vgin > lui<J' 'ti'dl , dare ptnulux idoncn fin/to.
Poui'vn (pie mes jiauvres ecoliers en prolitent , et que jil lour
puis>e decharlatanei' lamedeciiie (I), je serai content. M. de
^1 Decharlntanei' l;i iiirdrciiir ! (.«'!m <|iii rcsouclra 1111 (H probleun'
pourra assuroinriit olrc complc parini Ic^ l)icnlni!fMir> <!•' rhurnnnlii*.
,lc tlirni roininr (mi I'jiiin . fiul . /><>l ' 15. I'.
\ F.U.C.ONKT. 189
Khodes va par tin autre chemin ({tie moi , aussi :ie m'eton-
nai-je point si nous ne n<»ns rencontrons pas de meme avis :
il est dans la polypharmacie, //w ;//•<*///•/» i-xt d<- tl<nno, ?m-
/n'ricf)fnin, im/iiii Hoi. •> , Mi-tli. Le grand chancelier d*.\ngle-
terre , Frangois Bacon do Verulam , a dit fort a propos, que
mull itmlii ppjnediot'ttni rat film if/noi'finfifi' (\ ) ; aussi avoit-il
plus d'esprit (jue tous les empiriques. Lc due d'Albe (2; disoit
qu'une tiHe de sauinon valoit plus que cent kHes de gre-
nouilles : ainsi (ialien vant mieux (pie dix inille charlatans
et paracelsites, soul'tlenrs, cliiinistes , arabistes, seini-dogina-
ti(jues, el autres pestes de notre metier. Af. de Hliodes le Ills
verra (|uel(iue jour si tant de reniedes, taut de sortes de pou-
dres et d'eaux , yuerissent une inaladie, une lievre continue,
une dysenlerie , etc. ; il 1'aut bien autre chose <|iie du vin
d'ahsinthe pour guerir 1 hydropisie , etc. Alais il dil qifil s'en
retournera bientdt a Lyon; vous verrez les miracles qu'il y
t't-ra ; peut-etre <|u'il a une science infuse et inspin'-e , que le
Saint-Esprit vent nous etrecachee: nm/ii ml s/i/t/t'>/t/<in/ /icrrc-
iii rf /n>/itt,wnf , 'inm si' j'1/n jivm-msse putf.i&scnt . Dieu soil lone
de tout ; qui bien f'era, bien trouvera. Je dis tous les jours du
bien de Al. Pietre , qui m':i appris de bonnes choses , <-t wrin
/It' (unto p)'(prepto/'c gloi'io)' , «<• ''jtt* numibus bcne ju'ecoi'.
Je vous prie , ce 8 avril , de faire ines recommandations a
M. Leroi , le marchand ; j'ai autrel'ois ete' le inedecin de
ses pere et mere, bonnes gens et du vieux temps, /v//V////>
'////•/•/ scf-n/i. Noel Falconet est gueri , il est alle en classe; 1111
de res jours de fete on dimanche, je le purgerai. J'aurai soin
de sa saute , taut du corps que de Tame , et je ferai ce que je
pourrai pour en venir a bout. Oblige/-moi de me mander ce
que c'est (|u'un livre latin d'arithmetique, nouvellenienl im-
I Lc relel)ro (ircj'.ory disiil : Ouaiul j'otais joiuie iiiedtvln . il n'j
,t\aii pas ilo in.iladic pour !.ii|iiolli> jo no cimmisse an inoins \ni\r,(. ro-
iiii'dt^ ; a prosoul quo jo sni.- \ioii\ iiiodocin . il osl un i',rnnd immbrc
do in.'daJirs pour liis<|iielles jr n<- oonnais jia- un ronu-ilc. |{. I'.
•2 \"oyo/ I. I . p. :»-J|.
J!)0 I.KTTHKS I)K MM I'AIIN
prime die/ M. Barbier, d'un certain jesuile nomine le per*1
Liolaud , el menie do m'en acheter 1111.
La paix est t'aite entrc le roi de Danemark ct les Suedois ,
inais elle n'est pas encore ratiliee. La paix entre les Polonois
<;l les Suedois est bien avancee. Quaireprelats,dont M.Tarche-
veque de Lyon est le premier, out le brevet d'etre comman-
tleurs du Saint-Esprit en la creation de I'an proc-bain : les
autres sont MM. d'Embrun, de (lastres etdn Mans. Le jeune
M. de Rhodes etoit encon; bier a rna lecon, bujnelle Cut fort
bonne : ii m'y proposa lui-memc, <m in yonorr/i<P(i rirnli'iitu ,
</n<>iito<{t> <•! quondo cnniix-fnt ri'mt; xfcfid':' il s'y rencontra plu-
sieurs medecins etrangers el de diverses villes <|iii sont ici
pour des afl'aires qu'ils ont au conseil. ,Ie \ons liaise les mains,
vl suis de tout mon ccpnr votre, etc.
Do Paris, !<• y ,-ivr
LETTHK I>VII.
Je vous t'-crivis veudredi dernier qnatre ^randes pa^'es de
marcbandises assez nuMees : c'est ainsi (|ne je me diverlisavec
vous, persuade que je. suis cpie vous ne It; Irouvere/. pas man-
vais ; vons les annv. recucs de M. Laiifilois, seer(''taire de
Mgr. rarcheviNjue de Lyon. J'ai rencontre deux i'ois , depnis
Imit jours, votre M. (iras par les rues , AV////W ///'• i-n/ minx ct
itl/'iii .
On (lit ici que le roi pourra el re marie environ le 1(5 mai.
•et que tot apres il reprendra son cliemin pour revenir ;i |;on -
tainebleau. On batit an f.ouvre , et Ton (lit que I'hiver pro-
chain il n'y pourra pas denieurer , /;/v//-'/''/- iiii/n'/-/<-/-///iH <>-//i-
IK nun , mais (|u il sera an chateau de Vincennes , ijiie i on a
loi t a^randi , et c[u'il y passera tout I'liiver.
.le soupai , le I -2 avril , hier an .soir cluv. .\! . le pivniier pri'1-
videnl , aiupiel jc recoiinnandai I'ori I'iiH'aii'e de volre eolli-^e.
A rU.t.ONET. 101
et meme je 1ft lui iviterai plusieurs fois. Je hit dis qu'autre-
I'ois le nouveau consul avaucoit <le grandes sommes pour les
necessites do la republique romaine , et quo la moindre
somme etoit decentmille ecus. II me demandaoii j'avois ap-
pris eela ; je lui repondis que cola s'appelloit nunnn uhlnti-
tiniii, et que j'avois un bon auteur quo je lui produirois ft que
je lui nomrnai ; il se mil it me parler de cet auteur et de sou
merite, et apres me dit : «. Mais comment faisoient les con-
suls remains qui etoient pauvres? » Je lui repondis (ju'appa-
remment ils avoieut des amis qui , connoissant leur probiti- ,
avaucoieut pour eux lameme somme, puisque c'etoit une lot
on tout au moins line coutume, (jui etoit fondee sur quelque
necessite, comme I'etoit uotre altaire, de mainteuir, en plai-
diint , les droits de la bonne medecine contre les chirurgiens
eL les apothicaires, Itaininmn (/runs sujjerbmn , /•i.rtisni/t , mn~
1'iiMini , (it'tirmn , contfusiusion, litii/io.onn , fiy'iistum , sans plu-
sieurs autres mauvaises qualites (ju'ii n'etoit pasbesoin de de-
signer. II se mil encore a rire; je continual aussi de lui dire
(|u"d n'y avoit a Paris aucune compagnie on celui qui etoit
recu ne donnat quelque argent: les muitres des requetes en
prenant seance donnent mille ecus ; les conseillers des en-
(juetes et des requetes donnent, <in>n i>r<i'*cnt<in<.'0, quiu/e cents
livres; les chirurgiens et les apothicaires en donnoient ; les
serruriers , les menuisiers , les chapeliers , les cordonnierset
les savetiers mettoient dans la hoite ; que sans cet examen ri-
goureux, Lyon, qui etoit une bonne et riche ville, et la pre-
miere de France apres Paris , s'empliroit incontinent de char-
latans qni viendroient sy habttuer ch's pays (Yudidittns,
(luyenne, Languedoc , Provence, Imininnm </cnns ii/n/inuii ,
urui'ttm , liifi'/ a])petentissi}nit>n , (jui ne chercheroient ce posle
que pour s'y habituer, sans avoir envie d'y bien faire.
(ieneve, laSuisseet I'Allemaune . el mT-me I'lh
1U2 I.ETTHF.S DE (,n I'.vTlN
pague, ne manqueroient pas de gens alteres qni viendroient,
bien qu'inconnus, a Lyon , planter le piquet pour y debiter
lews denrees, ></ renderent suunt /torcnm; que les lois et la dis-
cipline de votre college et la sommo de cent ecus serviroient
de barro a reprimer et a eiupeeher nue parlie de lets abus;
que deux provinces au-dela de Lyon etoient pleines de j nil's ,
qnurnm sin/imiati eruf rottti/i decipcre gentein , </ito nomine ehris-
liuno* hit'tUii/mit. 11 me proniit <jn'il se souviendroit de tonles
Dies raisons; il ni'a prie de retourner souper avec lui di-
manche prochain , et c est pour niui un conmiandement. Si
votre affaire nCst pas faite, je In! en reparlerai. J'ai averli
Af. lii(|uier (|u'apres qne M. du Tillet lui aura parle de ('ex-
pedition, je retournerai , s'il en est besoin , en parler a AI. It!
premier president devant dinianche. Voila ce <|ue j'avois a
vous dire sur ce point pour vous rendre coinpte de ina coin
mission
Le jeune de lUiodes ni'a dil ce inatiii (|iit; M. son pere lui
pcrmet de demeiirer a Paris jusqu'au retour du roi , et qu en
attendant ce retour, il s'en va f;iire un voyage en AniilettM'ie ,
llollande et en Flandre pour y voir les uhiversites. Je lui at
promis des lettres pour Londres , 1'trecht, Leyde, Douai,
Louvain et Bruxelles; j'ai lii partout de bous amis. II pourra
etre avert!, en quelque pays (ju'il soil . du retour du roi , el il
se pourra reudre ici pour cette solennelle entree; mais quo!
(|u"d en pense , je crois qu'i! feroit mieux de s'arreter ici , et
de tacher d y apprendre plusieurs bonnes clioses de la pi'a-
ti(jne <|u'il ne sail pas encore : peut-etre <|u'il croit les savoir ;
neanmoins en tout ce voyage il pourra voir plusieurs clochers
dout il u'aura jamais I'otfraude. ()nid i>st /x.'/rf/r/n'/f /,,.'' /•.>•/
ln(jHH'ln Cni'jHiriS I't lilUllll SHU' l'//0 jl'lietll /ucfutni.
J'avois oublie de vous dire que AI. le premier president me
lit hier boire a sa ?ante du vin blanc de ('.ondrieu (|iie lui
avoit iloiiiie M. Amat, letjiiel est, comme je, crois, un cele-
bre partisan; je ne sais s'il esl dt' Lyon. Alais que direx-vous
de moi ? Ne vous suis-je |»;IN ennuyeux et trop iinporlun , avec
A r.Vl.f.ONKT. !<).'{
mes letlros trop longues? l-'m-lt lu,<- ////////• /// un- fn/s: d me
semble que je vous liens ci-ans et quo nous devisons en-
semble (P.
On (lit que le roi , etant marie, s'en ira du C('ite do la lliv-
tagnc , puis en Nonnandie, et qu'il en tirera quelque nou-
velle somme d'argent , qu'il espere de trouver pluUH en ce
pays-la qu'ailleurs, et apres (|ii'il se rapprochera de Paris ;
que tout le pays par lequel il est passe est aflame et mine. Je
le erois, mais j'ai de la lionte (jii'il soil vrai.
L'atl'aire de M. dedorris est encore la; jo ne sais <piand elle
sera jn^ee. II vouloit etre retenu a la ehambrede 1'edit, oil il
y a nn ou deux conseillers huguenots; mais il a ete ronvoye ii
la grand'cliainbre, laquelle est |)leine de conseillers clercs (|iii
Ini feront prrdre son proces. 11 m'est venn visiter, el m'a
j)i'ie de Ini signer son papier, ce que j'ai refuse, Ini disant
quo c'eloient des suffrages mendies; (ju'il falloit (|iie cela se
lit in loco mojunun , e'est-a-dire en nos ecoles , si le parle-
ment, <|ni en est, saisi , le renvoie a la pluralite de nos voix
Je viens d'appreiulre de M. Hiquier <|iie vos statnts som
verifies en parlement, entierementet sans ancnne restriction,
j'en suis tout rejoui ; je ne manqnerai j)as (Ten remeivier
M. le premier president dimanclie prochain. M. Iliqnier en
ecrit a M. Michel ; je vous prie de Ini faire mes recommanda-
tions. II mourut bier a Saint-Louis, rue Saint-Antoine, nn
fiuneux et savant jesuite, nomine le pere de Lingendes ^-2} ,
age de soixante-onze ans. Je vous l.taise les mains, el suis de
tout mon co-ur volre , etc.
De Paris, cc 1IJ avril 16(i().
J) Tel ost en ellet le caraclcre de cos leUres ; ee nV-t (m'line con-
versation spiriluelle . savanle et \ariee. Heiireux lo lioniiucs doues <le
ce rare talent, et qui . apres dcn\ siecles , «-a>enl cm on inlcros^cr la
posterite a leurs idees el a lenrs affections ! |{. P.
.2) (-laude de Lingendos, ne a Moulins en 15ill . Ini rectenr dn cul-
legc (!(•>• jesuites ; il >e dis(iti{;un cinnnie preilicatriir. Ses Sfi'mon* out
etc publics a Paris en UK ill , :! Mil. in S".
1!!. |'{
M I.KTTIIKS UK i;ri PUIN
LETTRE Will. -- An nithnf.
.le ei'ois quo vos jeunes gens do Lyon sont arrives, car on
m'a dilqu'un jeuno liomine bien t'ait, nomine 31. Housselet ,
ce I/ avril , m'est vcnu visitor pendant quo j'etois on villo.
31. 1'avocat-general Talon n'a point encore donne son plai-
doyer centre Ics chirnrgiens, lesquels conimoncent a so ron-
dro, ct (untiiin tandem tnunn j'aruckun (I ('[1011 tint. On leur a dif
quo s'ils plaidcnt sur nne reqnrte civile cotiliv nous, ils en
paieront I'ainende do 400 livres , et qn'ilsdeclierroienl encore
do tons droits, vu quo ce seroiont les monies juges, les monies
raisons, les monies causes; viuju'ils n'avoient aticune prouvo
do lems pretentious, et mds privileges, dont jnsqn'ici ils se
sont vantes, sans en avoir t'ait aiicune demonstration. (;////y//\
/n,sifis, ils perdent 1'envie do plaider, pom-vu (jne nous vou-
lions bien lour faire quelqne ^race, et surloiil do lour laisser
leuriwmde coll(:ye , Icvr rub<' , leur honnel , (les gens-la n'ont-
ils pas bonne grace;? N'est-il pas vrai quo wijicrb/a cumm nun
imn'itui'? rrnn/s nt>n c.r(/n//t(i///r.''
Jo donnai liier nne lettre pour vonsii3l. do Kliodes, le-
(inel s'en va bientiH en An<>-leierre ; c'est un iiavs oil il n'v a
1 I*/.
point do loups. En recompense, il y a iei tres grand noinbre
do gens qui devorent coinine les loups la substance du genre
hnmain ; il y a force partisans do toule sorte, il y a [)iiissain-
meiii (It; la chicane, dont tons les gens do bien se plaignoni
fort, et inenie 31. le premier president, ipii s'en plaint extra-
ordinairement. 11 y a dans ce siecle nne certaino initpiitc, tine
injustice generate, une impuniti- do la(|iielle tons Ics mediants
abiiscnt. tics niechamment. L'on met ici tons les jours do imu-
v-iui\ iiiqnMs sur les denrees , sur Ics marchandises, nt'c cxi
<{/// ni'i-iif(i(. Le mal est si grand qn'il va jusiprau saiictuairi' :
les inoiucs n'onl point les mains gourdes ii acNjuerir du bien
des families par donations , le.-lamoKl>, (-1 prenneiil I'ar-
;., nt i-iiiiij'taiit i|ii'il'- jii'iiven! atlraper |i,ir lems belles et
A FAI.CONEI. H'f)
douccs promesses : ils promettent boauconp , mais ils in;
livrcnt rien. I'li'unn smmlinl><-t mi't'ot w* •• nosfrn ; CO n'est plus
tantdt quc 1'oiblcssc, laeliete, fourberie, ignorance, cabale ,
trahison , syncretismits cnm phnnnucnjuuis^ <•( tur/ic cuntn/i r-
ciumper jntlveres, parcti <jrnn<i. narco/tcti, stiltiunidiHjjhureti-
cnm ('Hin pnlt't'1'c mnrf/at'iffii'uni ml roborniuliiiu centi'iculum.
L'uii vend dcs tablotles, 1'autre ile la guiiiinc ^iittc purgative ,
1'autre a des secrets poui' la rate; de sorte (jue jo mo sens
oblige de dire avec ce pocte gonereusement , quoi<|iio DOII
sans plainte :
() pndor! <> atolidi pra>ccps ci-
Qiianliila pars remm csl , in qua .«p glorin Inllil ?
Ira f remit , riu'tus cranium!, dolor tiril, njc^laf
( Ogit o/)..*, fcn'o , timid i i* , fl'innixi (ilt/iic micno
Ccntiliir, cl tit'jiido frrnnl IUUIHIIHI (ninnHit.
No vovi'/.-vous point la nne (idolo description de nos caba-
listes, bourreaux publics, //<•/• snu vcncnu rm-tnlllcn ^ i<t i>r<r-
tt'.i.'/u itnrtfii/tx iHi'iiiitus ilffi jiitmt , rl n'n/itit(/y ti/'rtjttiiitt .' () ran
*\i:<!<T(il> //<'n/! O ft/emu* Ixii'i'i'iulinn ! Si'tl j'l'iintrn fjut'i'liiint' : il
n'y a plus de jiisticc.
On parlo iei du retablisseinent du rui d'Aniileterre, rl (|iic
trois milords de Londres le sont allies trouveraBi'iixelU's poiir
trailer avec Ini ; ma is son parti n'est point encore le plus furl,
il n'y doit point aller qn'il n'y voie plus d'apparence. (A- \>rc-
lendu retablissemei't ex/ n'-i/of/tm/ fjcrtintbiiluim /n /'•//'///•/>•, ijui
ne reiissira qne par unc i^randc iurco bicn ccialantc on par dcs
linesses dun cabinet aiupiel prcsidtTOJil jtent-tHn.1 le |>apt' , le
general dcs jcsuitcs, le roi d'Kspa^ne , (piclques cardinaux ,
ct pent-etre lila/.arin.
On m'a dit ee matin die/, tin marcliand (|u'un mcdcein do
Lyon , jadis huguenot, mais venf, s'etoit fait cliartreux ; si
cela cst, ce pourroit ctre votrc .Meyssonier: jc crois qn'il ot
a>st-x. ion pour ci la ; mais les moincs voudroicnl-ils bicn dc
Ini ? Sonl-ils asse/ ^tin> dc bicn pour ^c cliar^t1! d'un tcl Ion ?
Aviv do Ids i{C!i> il I'M nt do la patience. .Noel Falcone! . ce
I" avril , eiudie bien, et assisle sou vent a mes lecons an C,ol-
leije royal; il a etc bien satisl'ait dece quej'aidil aujonrd'hui
<lf nlt'iiitinl in/' fjl nu'iiilin : quod stniiiiii.ini in ill is ///v/'x/V/////// \//
ri'itu' sec/ in , qnando <•( I/HO modulo wlcbrundu . Vous save/ qne
de jennes medecins doivent savoir cela, et neaumoins il yen
a encore plusieurs qui en doiilent , <vV </"/ mm intclliijnni .
Voila M. Dnchef, ce 18 avnl, (jni vie.nt de me jirier de
parlor a M. le |)remier president pour raudienee <pi'ii ma
promise pour M. et madaine de Vordun . qui sont arrivt;s ici
de|)uis trois jours, .le mesuis cliarut': de voiis Cairo ses recom-
mandations ; j IMI [tarlerai co soil1 ii M.le premier president.
J'onlretins liier an soir, ce 1'.) avril, M. le premier pre-
sident . lo<]iiel je remerciai i'ori de I'lirrel <|u'il avoit
rendn pour les medecins do Lyon : il me, [trit par la main, et
1110 (lit : I <>HX t'Ci/c- if (Tf'lllt '/'(I' i'l/lt:- nri'Z u I u <j rii/tiT <'ln/i/ilirt' ,
units ii i/ >ic* nis rn-n rabattn . Je lui dis OllSUltO (JUO M. le com to de
Verdun et madair.e la comtosso etoient arrives, et (jii'il lour
avoit promis une audience; (ju'ils n'eloient veims quo snr la
parole quo je leur avois donnee. II me repondit : ('<_• snnt dcs
I'I'I'(U>I'U.')'S II 111! I /'' </<!!S ftCK Hl'lil' IH'I N ,' Jf Hi I'll (ll'-IIH l(t I'l'tll Illllllltl
/c /lOtti'/'H/ . 11 in'a Cait promettre que j'y retournerai dans Imit
jours, et jerenouvellorai mes instances i . II in'invita I'ort a
boire a sa santo , et j'y bus deux 1'ois du viu de (loudrieu, le
moil leu i1 quo je bus janiais; on m'a (lit (juc c'ost d'un present
rpie lui out fait 3!M. les comtes de Lyon.
On viont de mettre dans lo Chatelet do Paris un iusiyne- vo-
lour prisoimier. (jut so Caisoit appolor le Solitaire; il avoit
I audace d'arretei1, lui lout st'id , uu c.arrosso, et de so fair.1
doimer de I ardent , on do proildro les ba^ues et les perlesdes
dames qui sy roiicoiitroit'lit. (Juand on a commence a I'in-
1 On \oit hi jjrandc1 ('onsuleralion donl jouissnil (iiii 1'alin chc/. los
magistrals lo> ]>!u~ i'lc\(;s en di^nilo. il nr- sc \anle pas. il nc so flallc
pas : il racoulo .siniplcuionl c<' riifil a \n . ce (jn'il a tail, oo ipi'on lui
adit. 'It. 1'.
terroger, il aditmi'il etoit homme de bicu, <pt On lc prenoit
pour un autre : ainsi discnt tous les larrons la veilleqti'on les
pend ; c'est ainsi que |)arloient a Naples les galeriens du due
d'Ossone. I'n eouseillcr du (lliatelet me viciit de dire que e'est
un gros gareon , Ibrt, qni n'a ([lie vingt-deux ans. Si Ton
etouifoit tons les louveteaux , les loups ne mangeroient plus
les agneaux.
Hier an matin nionrut ici d'apoplexie un iiounete liomme,
nomine M. Voisin, preti'e , jadis eonseiller au i^rand roused ,
t'rere du l>eau-frere de M. Talon, avocat-general , et Ills de
Voisin , grol'iier criminel de la cour, donl il est parle it la m<jrt
du marechal de Birun ; il a fait beaucoup de leys, et cntic
mitres il a laisse prrsde 1(K),0(!0 <'ctis a I'lu^pital general.
M. lc Prince est en Bourgogne; on lui impute des lettrcs
<|ui sont venues de la cour, par les(juelles M.Millotet, avocat-
gei)('iral de Dijon , est interdit de sa charge.
On a public en llollande une reponse a la harangue (pie
M. le president deThou , not re ambassadeur, leuravnit faitc.
etqu'il avoitenvoyeededee.a tmprimee, <jue lega/etier mcme
a dereehef imprimee. Je vons jtaise les mains et a mademoi-
selle Falconet , et snis de tout mon C(eur voire , etc.
Do Paris, lo 2(( avril 1 <>(>().
Lc samcdi 2i avril aimivc'/sairc du m;ii'(|iiis d'Aucrc an
bout de quarante-trois ans , la cause de .M. de (iorrJN Cut
appelee a la grand'chambre : mais son avocat n'\ Cdinparul
j)oint; la cause Cut remise it la huitaiuc. et en atlcndanl de-
fense ;i lui de se poum.ir ailleurs. Je crois ijii'il |»erdra sou
proces , el neamnoins (juenatit a fait lout ce ijiiil a|)tipour
lui , el UK'' me M . le j ires K leu I de \esiuoud a vou lu el re son in-
tercesseui1 vei's M . U1 premier president, ." il // -nsi ,-n . I,a gr;md -
'•liambre e.st pleiue de eonseillers -eli'rc> ijiii seroiit eontrr
les hllgliciiols : e{ de plu>. .M . le premier president les |i;iit
M)s i KI TKL> m; ..I i i'Aii\
tort, bieii qu'il no soit encore qu'ohsede, et non pas possede,
tjiirihi ttit/olitico \ ! ;.
Lo diniancho -2^ avril , j'ai rccu votro belle leitre; je par-
ticipe a la joioque vous avo/ do la verification devos statnts,
et suis lortrejoui quo vous soyoz content do ines raisons et de
mes diligonces envoi's M. lo premier president. Je vous priu
d'assurer tous3IM. vos collogues do nios services. J'ai avanco
a M. l\i(|uier GO livrcs 10 sous pour lover votre arret (ju'il a
1'allu reformer; mais apres qu'il a appris quo cela couteroit
bieji davantage, i! m'a domando autros (H) livros (pie jc Ini ai
bailloos, pour lesquelles deux soinmos j'ai son rccepisse : jo
crois qu'il s'attend do Cairo partir le tout dans votre boite pour
le memo jour quo celle-ci partira, et quo M. do Hliodos y fora
ses diligences vers le mesSager.
Los affaires du roi d'Angloterro s'avancont ; mais on m'a
(lit qu'onlui a prescnto ties conditions bien (Hranges , et entiv
autres ipie la reine sa mere, ni MM. sos treres, no rolournoront
jamais on Angleterre ; qu'il ii'epousera point do foniino ipii
no soil protostante ; (jiTil no donnora aucune libertt'1 aux cu-
tholirpies romains ot autres.
On dit ici (|ue la paix ost fort avaneoo outre lo roi do I'o-
logno et les Suedois, et do plus encore onlre la l-Vanco o(
I'Einpiro, et qu'il y a grando a]i]iarcnco (pie nous n'aurons
point do guerre cctte anniH'.
.M. d'llervart, ci-devant inlondant, ot aujourd'hui contn'*-
leur gcni'ral dcs linanccjs, fait ici do grandes brigues pour
Cairo recevoir son Ids consoillor do la four; on y lait do la
diflioulto, non point pour hi religion, car il doit y avoir six
huguenots dans lo parloment do Paris, mais paree qu'il est
(ils d'un jtartisan. Voila co (pi'en disont coux qui It1 vtMdtMit
refuser, disant <pio co jx'-ro a trop do biou pour n'avoii1 pas fait
co ni(''tior la. Lo pore rcpond <jue non, >•/ ni'ijni fur/tfn', sou-
tenant qu'on in1 pent montroron aucune facon ipi'il ait jamais
(I) Distin. '(mi subfile ct pari',ii(eiiicnl jn--l<'. ('.cpoadjuil !NI <l^
L;;iiioi;;iioii nc ful jniuai* eulit-reiiionl ]>o'r(''(te (.]<• rcl csprii si abhorrc
<lc noire auteiir. '»• '*•
\ I'AU.O.Ntl . I'.'.'
Irompc dans aurnn part: : o'ost quo Irs partisans n'\ nioltent
plus lour propn; 110111 , inais its on snpposont un. Snrsos pro-
tend ues finesses , lo parleinont est tort en division, ot ils no
s'ficcorderontjamais sans bruit, ft (ihsqu:- muluu odiu. Yous
no (loutex. pas quo la corruption ne soil grande ot qnVlle
n'aille bien loin ; e'estce diou imtmmomi, dots iniquitatis, qui
fait tout cela.
II y a, co -26avril, aujourtl'liui cent ot deux ansqneJ. Ker-
nol mourut, belle ame ot bien illustre, dont la niomoire du-
rera antant quo lo monde, tint snllt.'in qwnndiu /tunus /mbebitur
/Hint's lifcris; il ost enterredans Saint-Jac(jues-de-la-Boucherie,
ici pros. J'y mono souvont ines deux Ills, los exbortant <lo
dovonir commelui (lV Jo soupai bier an soir cbez M. lo pre-
mier president, oil plusieurs snrvinrent (|iie Ton n'attendoit
point ; on y parla fort do M. do Tbore , president dos enquotos,
lils do ton M. l^irtioelli (rKinory, surinteiulant jo dis dos li-
nancos, qui otoit un jjrand larron (-2,. (^o lils president a etc
Ibudeja plusieurs t'ois; mais tlepuis six inois il 1'osl plus Corto-
mont quo janiais, (>t 6to tonteesporanco d'ainendenient , t/u/n
fid inrliurrm iiirntait nun /v/v/7/^//', nt'r nllu ij/>tin<'t (lilucidn
intervalla, tjutf spr-in ri'lhiqimt Tc,o ia'^ctv in tali ilt^iiiimtiu1 </e-
iterc. On parle de vendre les charges ot do lo soparer d'avoc sa
f'einmo , hupiello no lo vout point (piilter ni so si'paror dt1 Ini.
r\] On nc s.-iurait croiro lo de^iv do ro^poot qn'on avait pour !o^ an-
torilos modicalos dans los ancioinios facultcs : eY-lait unc o«peoo do
rullo. I'oiit-elr** y avail-il do Palms ; mais aussi coiubion d'avantai;os
<lans colto solidarilo , dans ootlo lorco collective , dans co prmoipo
(Peinulalioii ropandu panui los nicinbros do la inomo corporalion ! I'oi-
sonno no hi pin-, aujottrd'hui los IIMOS do l-oniol . donl plusiours ol IHI-
tanuiionl son (railo de Abditisrcrum cnnsis, -out rciii|)lis d'orrour.1* ; ol
cepeiidant T'oniol pas-i', a\oc raison > pour rn illu-li'o inodocin. II
out IIDM .M'liloinoiil lioaucoun do -avoir, inais nil lalont \rannonl di--
lin^iio . UM oii'iir loyal ol liaul place : son niorito , sa oonduito, son in-
lluonoo, lironl voir quo la lionno, la vraio inodoc'ino ost souvonl lYspril
dol'luiinanito. H. 1'.^
2^ \ cno/, 'a note sur d'Kinory, I. II . p. IV>.
:"( 0 I.K1TUK> I)K (, I ! I'M l\
All oontraire, sa more lo demande , ot qu'il soil remis on ses
mains et en sa garde; et coinme il n'y a point d'enfants, on
vent <pie la femme se retire, ayant pris son bien etses droits.
ce qu'elle ne vent point faire, et c'est le proces dont il sera
demain parleenlagrand'-chambre. Eton attendant, Ies sages
remarquent la malediction qui toinbe tons ies jours sur le*
families de ceux qui out gouverne Ies finances depuis qua-
rante ans , tomoin oelles du marechal d'Kffiat, de Bullion ,
Bouthilier, Fieubet , Bossuet, du president de Maisons, de
feu M. Semen, d'Emery et autres, ^mirnm 'mnniim nun tn<-f-
hunhir tninix i>r<i.riiin' SHCfcsxiit'is, qui out ete Ies bourroaux ct
Ies sangsues de ec royaume depuis taut d'annees. .le n'y veux
point oublier le cardinal de Kichelien, dont Ies deux neveux
so sont fort indignement marios, bien qu'il ait vole plus do
60 millionsa la France pour tacher d'enriohir samaison,,/»s^'
recompense ft, /i>/nifio/> divine, (lit Homenas dans I'Anfi.'i/i-
fr-'oicoisdu pnntagrwltsnie. In poete ancien a dit : Ccrtc latitu
c*f. d/'iD'Hiu iru, ftcrn tmnpntacitis pcdibax n-nit. Qui bien fora,
bien trouvera, on 1'Ecriture mentira.
Le pape a fait huit cardinaux nouveaux , dont il y a un
Mancini, neveu de son Eminence , <pii a la nomination do
France ; un pour Espagne, qui est un evequo d'Aragon ; nn
pour Vionne, parent do romporour ; le quatriome pour le roi
de Pologne; le cinquieme esl Vi'iiitien ; lessixieme. septiomo
et hnitieme son I Italiens.
On (lit aussi <pi'il y a une trove do six semaines ontre le
roi . la Sut'-de ot 1'empereur: ot l'eto prochain nous n'aurons
guerre nulle part.
M. l\i(piier me vient de dire (ju'il a aujourd'hui apros midi
di'-livre a M.de Bhodes votre petit colfro avoc Ies pieces ro-
quises, et <pi'il vous a maiido <pi'il avoit rerii do mes main^
six \ingt livres dix sous , <pid (Mi a |>aye Ies expeditions an
grell'o du Palais el ailleurs, qu'il on est content , et qu'il no
desire rien da\ anlago. .It: vous prie do dire a M. Michel quo jo
suisson Ires Imml.do sor\'itour, ot do menie iiM.M. de Blmde-
\ F \l.eo\K I . -20!
Spoil et (iiinni'f, cunnnc aussi a M. llarbier rimprimiiur.
Quaild sera fail son S/mc/ns (it'ijf<jinn ( H/I/XK/O.I ? Je serois
d'avis qu'il on envoyat un en blanc a M. le premier president,
(jiii aime ces nouveautes, et (jiii recoil do bonne grace eespe-
lites euriosites en present. L'auteur est nn bomme rare , sin-
gulier et Ires savant, excepte (ju'il se fait poissonnier la veille
de Paques, et <|ii'il affecte d'ecrire d'une manicre qui n'est
|)lus en usage; et neanmoins tons ses li\res sont bons ; rst
culm rfr nmlfijnti'i' cruditinnis <«• infniitii' Icftinnut , coinnir
disoit M. (irotius de feu M. Saumaisc. Le style dn pere Theo-
pliile Kaynaud rwlolrt /.//>s/<nt/ti// , tfint ttnucn <'*! i/ntlfn ffi'f"-
fini-. II n'y a aujourd'lini auenn autenr <|iii t'crive de nieine ,
si ee n'est pcut-etre M. Blondel, notre doyen, <|ui. bien <|ii i!
soil un des plus savants liommes du nionde , atteete cette es-
pece de barbarie, ct ccdi'in sctibif luhnrat cwn Tcrtiilliimo ,
Lijisiutni.v sen LijixituniniiiK rcl Lij>$i<> minus ^ <//tn//.< (ilitjiirnitfii
juil Knjcnis /'tn'i'tniifs , I'ctrns (ii'iittn'us , 7'/i('»ji/it/m< //"'/-
lunulitS) cf jiinii-i alii ijin .s1 funtd ulwvrii rcrondit.
Noel Falconet a fait relier sa morale et ses mathematique.s;
il continue diligomment ses repetitions; il me promet de liien
etudier en medecine, et d'aller vile, atin d'etre bientiM fait
doctetir, et agrege de bonne lieure a votre college de Lynn
II aura cet avantage d'etre aupres de vous, qui lui sei'ex. 'in
bon ct grand livre, et aupres tie madame sa mere, (/Km// >//"
Hjti'i'dt xti(it'ts?intt(ii/i cf fdW'Hfiam'mfi'iit ftifiu'(i>n.
Deux des lilies de !M. le due d'Orlt'-ans parlent demain par
on! re et at'x tlt-ptMis du roi , pom- assister a son manage ct
purler la queue a la rcinc aver .Mademoiselle, leiir su-ur
ainee. Je vous baise les mains . et suis de tout m<m cn-ui
voli'e , etc.
Do Parts, lc -J7 a\nl IliliO.
202 ii;inth>
LKTTKK DX, -- Aumt'tnv.
11 n'y a quo deux beures quo j'ai delivre uiic, lettre pour
vous a 31. Troisdaracs, (jui ost lo plus bomiele ct le plus
obligeant do tons les bommes ; jo n'on couuois point qui
10 vaitlo; il I 'nut quo jo lui donno 1'eloge (jui ost dans (\n-
lulo , ol <[uo jo lo noniino oj>/hu/.'x bonor/titi. Nuns avons fait
ensemble parlic d'aller lete prochaiu on sa belle maison tie
Kontenai-les-Koses , pri.'s du J>ourg-la Heine, oil Ton eidlive
les roses pales , dont nos apothicaires so sei'vent tuns les ans,
ot la nuns y buiruns a votre saute, ot o'ost la qne nuns dirons
los ineilloiii's mots (pio nuns saurons.
Aujourd'liui , ce memo jonr a iiikli , nous avons cnterre 110-
tro bonliomiue Gueriu , a^e do quatre-vingt-iiouf aus ; nous
etioiis (juaranto doctoui's on robe rouge, ot auparavant nous
avions assiste a la procession du reelcuir en Surbonno, ///•'/
/itif-i-. C'esl rUuiversite <p.ii a la it ccillo-la, tout extraordinaire,
pour la rejouissance (jn'on a do la paix. Madame la ducbosse
d'Orleansost ici arrivet;, hujuollo failpitio, taut olleost trislo:
olio inspire do la tristosso a tuns coux (jui lui I'enclent visile
On parle ioi d'un grand siirvice, pour d(''i'nnl son inari , dans
Xotre-Dame, coinmo e'est la continue d'eii lain,1 [lour les
princos du sang.
]\ous avons aujourd bui . co 29 avril , a|)res dinei1, ele sa-
lucr M. Talou , avoeat giMii'-ral ; nous otioiis dou/.t1, i/»t />/</'-
licbnntns cniiiit<itHi:t dcffimi imtlrn, ot nous lui avons prosoillo
(•//>// l/rrri nrnt/i/iini!// nil deeret qui avoil ('-io fait a son iion-
nour sur line graudo louille do vi'lin , avee le grand sot'au do
la Faoulte, enlernit'' dans line polite buite d'argent tort mince.
11 nous a for! bien roeus el I'ort remercies de noire gratitude.
Nous an rions pu lui !'('•[ ilii pier cos beaux mots d'Ausouo, m sn//
ijTiil inrnni '/r,' in/l/' : IliX' (li'l/--,i (jiinil xnlrn , i I ijiiml >'//ro itlllnn
f'fhfii. .Nos cliirurgiens soul tort etourdis de leur arret, < I ne
savout ce qn'ils doivcnt ('iitreproiulro par provision : ils nous
baissent fort et nous eiix , commodes miserable*; nous no le>
craignons point et n'en avonsque faire. Pour losapotbicaires,
ils sont souples comme un gant , et voudroient bien avoir nos
bonnes graces, (luenaut lour avoit fait esperer de les relablir
dans les families par le moyen de ranlimoine , mais la corde
est rompiie, cola n'a pas reussi; nous sommes plus do
quatro-vingts qui I'avons empe'cbe , ainsi ceux d'aujourd'bui
paieut I'ainende do la faute de lours pores et aieuls. Taut quo
nou* aurons de la casse , du sene , du sirop de roses pales ,
nous pourrons toujours continuer a delivrer Paris do la tyran-
nic et do la trop grande cliorle des parlies d'apotbicaire. Le
mondo est aiijoui'd'bui Irop pauvre ; cos depenses , lors-
qu'elles n'etoient (Hie mediocres , auroient pu etre tolorablcs
sur la tin du bon roi Henri IV, jiisqu'environ 1(525.
AM /if alia est a-tas , alitcr nuttc vh-'tnr itlltic ,
JIicc fwia.nl tub rcgc AM»;<« , nub consult' lirnlo . *•{>•.
Jo soupai bier, le 1" mai , cliex. 31. le premier president ,
qui me (lit qu'avant un mois Londres (''toil en danger d'un
grand c,bangement. 31. le Prince le fut voir avant bier , et
M. de Longueville bier. 11 esl fort enrbume, et IK; pout rien
faire faute do loisir ; la grandeur do sa cbarge le lue , mm /•/-
debit uiiHtis /'i-f/'i. II m'a encore imile pour dimanclic pro-
cbain et de suite, jusqu'a la lin du parlement , loutes Its se-
maincs; mais les grands jours d'ete viendi'ont , qui trouble-
rout eel ordre I .
I "l (iiii Patiu (Mail aiino el osliino do M. do I.amoij'.noii , el o"e:<l lo
placer haul. (<o ina-yi.slral jouissail, on oflol , d'unc Brando ro|tulaliou
d'honneiir ol do prolulc ; laltorieiiv , do unrin> au-!ere- , il avoit oelto
I'.ravilo (>l , i! Caul lo dire , cello doeoura.;1, ..-anle inipassibilile quo
doiiiio riiabitudo d'uno liaulo po-ilioi!. !! jiM|;nail a oo> qualite-; un
savoir (Mcndu , el dan- Pocoa^ioji tine Hour do pnlilcs-e . uiichaiiiio
do sa\oir-vivrc lout parliculicr: aussi (iui Paliu MO oosso-l-il de le
\aulcr, do lo vcnoror, do sYslimer houroux d'etre adiuis dans sa inai-
soii. II. P.
20-1 IK1TIU> 1)K (.1 ! I'M 1>
,le viens , ee I'1 tnai , de che/ M. lo premier president pour
lui recominander nue all'aire dn tils do leu M. Miolan ; je n'ai
point voulu lui refuser re petit ot'lice, <jui a reussi de la bonne
sorte : la j'ai appris <jue M le eomte d'Albon etoit inalade , et
qu'il avoil deja ete saigne trois Ibis ; h<t'<- mini iiwiu* n<- I".WN.
Je vous baise Ires humblemeiit les mains, et suisde tout nion
cu'iir votre , etc.
Do I'ari>, lo 2 ami KifiO.
LKITI5K h\l. — \K
Je vous dirai (jut; M. deGorris veut poiirsuivre sun all'aii-e ,
et qu'il a presente reqiuHe an parletuent, laijiu.'lle esl si^iii'T dc
quaraiite-deux docteurs <|ui sont utrittsyw >y./.-/^>-, anlinioniaux,
et contre , niais tons , ou la plupart , ennemis de M. Bloiidel,
uotre doyen, qui est un excellent hoiiime, taut a l)ien I'aire
sa charge qu a raison de son erudition. De (iorris a pen d'a
mis, (Juenaullui en adonue([uel(pies uns; niais la plupart y
vont eontre !eur conscience et en do-pit de M. lilondel. (iut'1-
naut prioit un de ses amis de signer eette reipiete en faveui
de (iorris: cet iimi le rel'usa . et lui (lit : >Y /••///>• difrtjtri'iicz /"
i-iiii^f <lf (ifirris , ti// il I i'n (/nf- rut's >''fi'* fiifti/'c //in/Hf'iitif . t I'liiini
r<n<x l_ </rij~. i'li'' / imijii'ii i'n/j" ili' I r<'ii!i' -i'i nij mix. (illCliaut repoii-
dit que les niedecins IK' doiveut pas regarder de si pi'es a re
point-la, niais (pi'il I'alloit seidenieut so!;ger a f'aire venir Ic
cpiarl d'ecu d'une I'licou ou d'aulre: eel lionnne ut; Sdii^c i|u'a
de rargent. I'n ((''cliiMir dans Tiicocrite disoit :
Ouand eel lioinnie dort , le (liable le fierce, et quaint il
MIII:;!', ee n'esl qu'a (les ems hlancs et a des (;cu.s d'nr, '•/ ///
Inn- .SM/O rii/'il I in' ri'i'lilnr /'////>• /s/r in-lmln . rnjn.< I'n/iin in (//is iin
ni i //a// 1/1 a iiu/ IIIIIKI?-,
^ KAI.CONF.I. 20.")
Lesdeux niesdemoiselles d'Urleans son! parties Ic l'r inai ,
eo matin, en can'osst' a six cliovaux, pour aller a la coin1 ct
assisler an manage du roi , pour |)ortcr la queue de la reine
avoo Mademoiselle, Icur suniralnee, ot la princesso du Cari-
gnan, t-t par co inoyeii il n'y aura quo des princesses dusang
royal a cette Brandt; cerenionie. Dion soil lour do tout, et
<|ii'il lui plaise par sa bonte (|iu: le pauvre peuple dc France
soil bientot son luge pai1 la diuiinutioii de la taille, impots ct
subsides , que les partisans, avcc Icur avarice, out rendus
iusupporlables coiuuie cnncinis du yc.nre liuniain : />///>//-
'•iiiixfi miilii best in, lijrdnnus nCijiiddi'iiin ft rtynin'iini. (lc bour-
rcau fait dans mi royaume cc quo fait tin broclii't dans tin
flaii^: inuninl c.s1/ varnicwwH d sonc/uisurbnni. \ isr<-/-i/ju)i ?///.sv-
/•nriini <•! Mwguhii' fin^i'itiir tift'n.
(loininc je sortois ce ineme jour, aujourd liui aprcs inidi,
d'tine consultation sur le pout Notre-Dame , avec M. I'ic.lrc . '
nous avons rencontre votrc M. Grasrw;/? sun scheumte t-t Imliitu
l>lii/*it:<>. J'ai ditaM. I'ictrc <jui il ctoit ; nous I'avons anvtr. II
(lit qu'il y a plus d'nn an qu'il cst a Paris , ct (|u'il no sail
quand il en sortira; (juc son proccs n'cst point encore jugo.
Knlin, apres plusieurs discours , nous I'avons (jtiitte. M. I'it'Mrc
tn'a dit aprcs que cot liomnie avoit tine ctrango mine; que cc
soroit doiniiiagc (jue lui ct M. de Rhodes quittassont Paris ct
rctoiirnassent a Lyon avant que noire nicdccine tut refonnce,
puisqu'ils out fait concevoir rcsperancc d'un si grand bien
lant ii l^you (]ti'a Paris. II m'a dit encore que M. de Ubodcs
poui'i'oit etre quoUpie jour tin liabile lionnnc, niais qu'il lui
falloit encore bien etudior auparavant , etc. Sc<^,iii:c <-t ironic,-.
Vous voye/ eommo Ton connoit cos messieurs on ce pays.
M. Pie.tro recoil (piehjuolois des Ictlrcs dc M.M. C.uillcinin ct
(larnior. Le joune dc Rhodes nc refonncra porsonno do long-
temps, iitsi /lilitiii mulct «<• nii'iili-ni : il n'cst pas encore en elat
<lc cola; il nc fera pas pen pour soi-meine, s'il pout .so per -
-nadci' qu il ait bcsoiu lui uit'-ine d'uu si notable cliangenient .
I.l'.TTHES DE (in I'AlIN
dcwwn iniyuitus , qmxl nttfr hm/mirx />nn
l~t nemo in sew lentat descendere, nemo,
Scd prtccedenti apectatur mantica teryo.
Mais il I'aut qtic jc vous (loniie avis cc :i inai , qu'aujour-
d'hui, snr los quatrc hcurcs du soir, tandis quo jY'tois on
villc, M. (Iras cst vcnu eeans, (|iii ni a rapporte inon I in-an-
f/ft/s in-folio (l) , qu'il m'emprimtadesqu'il t'ut ai-rivt'1 ; il m'a
loiijours dit qu'il no parliroit point sans mo l(> 1'ondre, ost-co
qn'il s'on va biontot?Si oela ost, prenez garde a vous, ot tout
votro oolh'^e, ot vous yank1/ do sa reformation; inais s'il en
aquol(|uo bonne, il no pout pas 1'avoir apprise du livi'0([u'il
in'a rondii , car olio n'y ful janiais.
M. I'ovoquo do Coutauoos, grand- vicairo do M. It1 ^rand-
aunnMiior, nous a lous assembles olio/, lui (j'onloiids los ]»'o-
I'ossours du roi ) ; il dit qu'ii vout refoi'mei' noire colh'go, nous
obligor do faire diligemment tics lorons ( o'osl t|n'il sail
bien tju'il y on a la moititMjui s'en acqnittenl fortnial) ,
inais aussi (ju'il nous fora payer. II a dit qu'il nous monera
olio/ M. lo snrintondant ties finances pour uou>, faire jv.iyor; il
on a ohoisi qualred'entre nous pour 1'y aocompapnor, donl jo
suis I'un, ot vout (jut: deux fois 1 an nous fassions un jit'o-
gramino dos dix-sopt professeurs, dans loquol cliacun pu-
bliora co tpi'il vout onsoignor los six inois suivanls. Tout lo
inontlt! parlo do rolbrino, aussi osl-ollo foitnooossaire.
lltiri (juippe boni, ntitncro vi.t: el Inliflnn I/I/P/
Thcbarnm porlic , rcl dicilis osliit Ml/.
Fou M. lY'vetjiu; do llellay roproclioil autrolbis([tit;lquo chose
au\ inoinos, tpii eloil vt'-ritablo: eiix no pouvaiil le nier 'mmli
,1 .loan Narnndc, colebrr prol'rsscnr rl doyen <ic .MoiilpcliicrMir
l;i fin du \vir vici'lc. K I'.
A FALI:OM:T. ± c
enim eos ease jmpstantiasiinos artifice*, ft habwe npiul $P <>//ifi-
iiftni fruudwn et menduciorum } , disoient bien qu'autrefois cola
avoit ete, niais qu'il n'etoit pins, d'<intdnt t/n/' dorenavnnt it*
f'-toient )'(: formes. L eveque leur repondit : ("cut sif/ne qm- cox*
lit- ciilii'Z (ji(f')'t' , puisquil «. fullu cons /•f'/oniii-r : i-ncnrr rn <!<•
t>ur Dieusi uuusl'i'les, au nnxiis vuus la ditt.'S.
Hier nu matin, dans le Lois qu'on appellc do Saint-(ier-
main-en-Laye , tut tue de deux coups do pistolct , par deux
homines qui 1'attaquerent, le comic do Beaumont, autrement
nomme le Dragon , gouverneur dudit bois. Ces deux assassins
ontfaitsi belle diligence, qu'ils n'ont pu etre altrapes. On at-
tribuecette mort a plusieursenuemis qu'il avoit, vtnju'il avoit
maltraite la plupart des genlilshommes de re pays-la , et<ju'il
eloit en querelle (?t })roces avec des gens tivs pnissants, et de
grand credit. Knlin le jiretre assas.>in deSaint-Eustache a ete
execute aujourd'hui a six lieures du soil', devant Saint Kusta-
clie ; ilaeu le poing eoupt'-, et a ele pendu (,'t bride. II a I'ort
[ireche a la potenee, et fait de belli^ remontrances it la jeu-
nesse ; niais c'est la un mediant lieu, il vaut mieux Ijien
Caire. Je vous baise t.res humblenient les mains, et suis de
tout mon eu'ur votre , etc.
DC 1'aris, le 4 mai 1()(!0.
LKTTKK DM I. An
Le pi'oces de ^1. dedorris n'est point encore jllgt'1, a cause
ijue samedi dernier il etoit ItHe ; mais ii(»lre doyen, M. llliui-
del, poursuil chaudement conlre le huguenot , el espcce (pu1
ce sera samedi prochain : de (iorris a prt'-xMiti- reipietc a
MM. du [larlement , laquelle est sigin'-e de ipiarante-dcux de
llos docteill'S , /nt/iifn ///"//.•/ fi/n /Hl'i'iiifiiK, cil ndi/ in cirum //*;-
n/ti/t (It'C(intt)tt innifriim. loiis les ainU de .M. de dorris, toule
la cabale de duenaul, el loiis Irs emiemis de M. itlondel .
u'onl su I'.iire que quaranli'-deuv vnix. On a repruclh' ;t
•JOS I.ETTRES I)K (.n PATIN
.M. Pietre d'y avoir signe, ft memo d'y avoir fait signer qnel-
ques uns do ses amis, a quo! il a repondu (jue ce uVst qu'en
dcpit tit: lilondel : ii y a longtemps qu'ils ne soul pas amis.
Knlin il taut que nos liaines , nos coleres el nos depits nous
empeelient d'etre gens do bion, taut nous sommes sujets a
nos passions.
Impedil ira aninnon, i\c pots'it cerncre rcnini.
M. Hlondel espere d'avoir arrot samedi procliain, ct il me
soniblc (jn'il s'on tiont tout assmv, niltiltunimts t<mten <dil>i<i
xi'i/ift/'r fn if ct tiiii-c/ts u/i'ii jtiflicnii'iini . (V(>st pourquoi lii'idoyo,
gi'and maiti'o on 1'art do chicano, a co quo dit rmiti'iir //•////-
ro/.v, jugooit lesproces a trois d(-is on a I'tHujiiotto du sac. II y
a ici mi protre, a Saint-Ktionno-du-Mont , <|iii a dcbaiiclio
uno bollo lillo on confession, I'a onlrelonne tpiohpu! tonips ,
puis olio I'a quitte et derechef rechorcho , ct oiilin ils sont
prisonnioi's. 1'onr lui, oo n'ost (pi'mi t'ripon; pom1 olio, sa
proinioro simplicite soi'oit on qnelque 1'aoon oxi'iisablo , nun's
die s'oxcuso do oo qu'ollo I'a rotonnic ohorchoi1, snr co
([u'ollo avoit un oliapolot do sontour (jne co protro lui avoit
donno, ot qn'ollo croit qu'en co chapolot il y avoit (piohjue
sortiloge. Votis savo/ bion oo qu'a dit cot ancion, jo oi'ois ([tie
o'est Quinte-Curce , mat/m uiliU /•>•/ nliitd </i/<ni/ ////w//// n/;// n/i
hniiiinii ludibriinn . Kilo dit qifolant retournoo avoo lui, il la
inona an sabbat nno sombre unit, ct qu'elle y vit dos oboses
(•trances, dotto pativro lillo, <pii s't=st laisse debaucher, n'ose
s'acousor soi-nioino , ot sa trop grando ci'(''dulii(''; olle s'en
jirond ii la pretendue magie do co jirotri1 luxnrieux , ot an
(liable cjni ost uno antre int'obanto bete. .\<m .-•'///' '•'/" f«i<tn
iiiiildi'iini , .In inter fftf (ll.
1 A I'epoque dcdui Palm on crovail
Icmp* nu'-nif . >|iii sc \an!c <lc sc» liuni
tic ci'llf soltisi1. // >) a encore bicn tics ii
(•lictnin <lttii-< ion* Ics ('</(•//<.
A FAI.CONKT. •_><)<)
On (lit ici quo It: roi veul etabiir en Provence qui'lques
nouveaux impols ; cola I'ait naitre dos plaintos et dn bruit on
ce pauvro pays la '.it desole. Hon l)ieu ! n'y a-t-il pas moyen
de vivre doucemeiit, et no plus ontondre parlor d'impots
nouveaux, de subsides, dc gabelles! O miscrum (iallimn, in
<inn miseroiiim MinyHinc i't fjopiiloritm sudur1- /jnncfjjwn ct
manistrutuwn ventresmiserrnnc furviuitlur, m.-r (mnt'ti saticmtur.
(J abdomen insaturnlrile ! [\)
11 y a longtonips, cc ,r) inai , (jut: je u'ai ap|»ris do vos nou-
velles et quo jo n'ai point roru do vos loltros : noaninoins,
il no m'on iinporto, pourvu <|iio vous soyo/ on bonne santf ;
c'ost pout otro qu<? vous otos aux champs. Jecrois noaninoins
quo vous aure/ rocu , par lo messager do Lyon , lo pel it cotlVo
do vos dopochos t;t do vos statuts.
Voila trois onlants do Lyon qui vionnont do sortir do c(''aiis,
savoir : MM. Ronssolet , do Silvooanno ot Savaron. Lo<pia
trieme n'y etoit point, nomino M. Cochardet. Us ni'mit indi-
cjuo lour demoure, jo los y visitorai. Us m'ont tons trois parlo
de vous , ot m'ont dit quo vons olio/, lour nu-dooiii : ils m'ont
dit aussi quo M. (luillomin n'on [)ouvoit plus, ot (pi'il parti-
roil bientol pour I'autro inondo; ils attondenl drs nonxollos
du manage ot du rotour du roi pour y voir son entire; inais
jo crois qu'en attendant ils loront bion de la doponso ol do la
debauolie ; ils no voudroient pas s'on passer. IMou ost trop
bon pour no pardonnor pas a dos gens si innoconts . et ineino
1 (!.i's contiuuclles recriminations ronlre los j'.r.'iiiil- cl !c< |)iii--iiiii-«
nil! \L'rilablcinfiil ilo (juoi surprendrc de la ]);ir( de (itii 1'alni , lui M
iustruit daiH 1'lii-toire, dans la comiaissanco dn en-ur lunnain. I;;uo-
rait-il done tjue 1'arl dc ^omenier e>l de lun> ie |)!u- ditliede et le plu-
compli<ine? l/esjiril de pro.jres et eelui de slabilile, mi,- a.lininistralii'ii
ferine et douce, de.- vues nelles el ele\ees, If dioil et la ju-tiee poiii
tons, voila ee qifon oxij',e de> eliels ct de- |)a-t('iii> d'lioinim'-. Ktonne/
\ousmainteiianl -i le- 1 on< 101- e! les bon- niinistres. si les bons herder-
et leshou- eliieii- -«>nt rare-. Ire- iai<- el -i le comple en e»l hii'iilut
(ail. It- I'
ill l-i
•HO in ri;v:> \ v. n i i'\nv
pen s'en laulqn'd nrlnirrii doivodr role : cos ^ens-ia n out
jainais tort.
On dit qu'il ;i passe mi eonrrier par iei depnis tleux jours.
i|iii fait osperer quo la paix va etro uoneralo, et quo cello
d'ontre nous , rempereur ot le roi do Suede, va olre t'aiU> :
i|iio les Aiigiois traitont avoo It1 roi d Anglotorro pour son
retouravoi' divtM'ses conditions. Toujonrs ost-co un bon signe
pour lui, et iirando ajiparoiu'c t|u'il si>ra t%nlin rt'tabli. Lcs
Anjilois teront -sa^emont dt1 traitor avrv lui . ot do proiulro dc
bonnes assuranoos (•</,-'•;',.• m.<i<lm$ [> ..••///*•/.•/ •/.'?/.< , do j)(Mir qu 'on
ne dise d'oux oo qui est dans Suotono dans la vie do Tibnv .
a la tin d'uno bollo opiiiranuno oontio oo tyran :
Et fie /iV'»ij ^)(/''/ : i~( gr<ti!'it *ti>i<inin,' rn///,<
.4(/ fiijnntn </'. /x ,/»/>• .'•,.•!// <//> / r/' '/'•>.
(hi tiont ioi pour certain tjuo le roi sera marie (levant le
If) ilo mai : jo prie Dieu quo oo soil pom- le saint do son ame
t-t 'e soulagement do son pauvre pouplo . viMromoino pour la
punition do taut do volenrs partisans ([ui out riiino la l-'ranci1
dopnis trente-cinq ans. On a fait !a paix . ot porsonne n'en ost
sciilage.
Je vous prie do lain' mos reoonunandations a M. Spoil . do
lui dire quo j'ai iveu le petit paquet do lottres qu'il m'a en-
voye par un Allomand : quo jo lui rendrai bon compte do co
(|u'il mo roeommande la-dedans.
Je vous baiso tres liuinblement los mains, ct a maih'inoi-
st'lle Falconet . ot suis do tout nion cteur votre . etc.
LtTTHK l»\IH.
Avaut-inor apros mid' mournt ici M. Purello, avocal la-
iiifux ol olocji'.ont , di^no do reputation. 11 so chur^ooit volon-
tit-i's do mauvaises causes pour gagner davaulajie : cost nn
vice as>«v froquonl an palais d'aujoui'd'hiii. (Vest colni t|iu
V KM.CONF.T. -21 I
ptaida pour les chirur^iens enntre nous, il y a environ trois
iriois. II a sonvent (lit que les chirurgiens eloient des morals ,
i|iii 1'avoient rednit an piteux etat auquel il •'•toil pendant sa
inaladie. II avoit eu depuis trois niois plusieiirs medecins;
mais, voyant que son mal augmentoit , il se mil (Mitre les
mains d'un inoine niigustin, garcon apothicaire , nomine
F. Valerien. Comine on lui disoit qu'il avoit tort de quitter
ses medecins, avec lesquels ilserendoit f'acheux et insuppor-
table, etqu'il nedevoit point commettre sa sante ii un inoine,
(jui tout an plus n'est qu'un t'rere lai, (jui n'a janiais etudieen
medecine, il repondit f'ortement et en homnie (|iii n'avoit
jjuere de sens commun : « Les medecins n'ont quo leur jjjrand
elicmin , leur routine et leur methode Ce moine-ci prouiet
de me guerir par des secrets qu'il a et (jue les medecins i»no-
rent. w Surquoi je me souviensd'avoir oui dire a M. J)uret, en
parlant de certains conseillers (jui s'amusoient aux charla-
tans : « 11 Taut avouer, disoit ce bonhomme, (jue MM. du parle
ment n'ont pas I'usage de la raison dans les clioses de notre
profession. » Et tout cela est aussi vrai aujourd'lmi qu'il fut
jamais. N'est-ce pas (juel(|iie secret du paradis que possede-
roient ces monies, ees teles encapuchonnees qui ne voient le
monde (ju'a travers une fenelre de drap? vSaini Jt'rome a (lit
dans ses epitres (jue les arts seroient bien mieux traites s il n'y
avoit que ceux du metier (jui eu jugeassent. Sidonius Apulli-
n, iris a (lit aussi que ceu\<|ui n'enteiident pas un metier n'en
admirent pas les ouvriers.
11 y a (|iiel((ue temps que je vous parlois de cerlaines per-
stnmes accusees de sorcellerie , (|ui apparemment seront ren-
vt»yees liors de eonr et de proces. II y ;i lonytemps que beau-
coup de juges |>eclient ^rievemeiit sur le 1'ait de ees pauvres
mallu'iireux pretendus sorciers, principalement les subal-
ternes. Le parlement de Paris n'en rt^connoit plus , aussi n'y
en a-t-il point. Ken M. Maude, (|in t'loit tin liomme d'esprit
el un terrible puritain du peripatelisme , n'en pouvoit en-
tendre parler , et appeloit les di&qnisiti<m* />/<ii/i</it/'s de l)elrio
212 I.ETTHES DE (;('! I'ATIN
des fables loyolitiques. Le (liable est line vilaine brie noire,
ijiii n'a point (In blanc enl'u'il , do la laideur duquel se MT-
vent les inoiiu's a fa ire peur au monde. On disoil aulrefoix aux
petits enfants , quand on vouloitles intimider, <|ii'il revenoit
une bete (jui erioit: ttendez-moi nm Jamba; mais les inoinesont
invente nn autre jargon, avec lequel ils disent anx sots : /tcn-
<lc:-ni()i inn bourse. La notre en pourra dire trop de nouvelles.
Lisez quelquejour a votre loisirle/Vanmcammle Buchanan,
et voye/. I'Apologie de M. Nando pour lea (jni.iuh iicrsoitmnjus
accuses de magic. Seneque avoit iinement tlit que pour brider
1'esprit des ignorants, les sages avoient cru qu'il n'y avoit rien
de tel (jue la crainte, et qu'il etoit utile que dans un si grand
penchant au crime chacun se format quelqu'un au-dessus de
soi , auquel on ne pouvoit pasresister, et dont la main ven-
geresse menacoit leur tele. Ces gens-la, qu'il appelle sages,
sont, a mon avis, les legislateurs du paganisme, (jui ontbien
t'ourbe le monde. Le christianisme est venu apres, qui a bien
abatlu heaucoiip de ces abus; mais les mauvais Chretiens y
en out mis d'autres ; car le monde est plein de charlatans ,
aussi bien en matiere de religion quede medecine. Jesuis, etc.
De Taris. le 1 1 niai 1IU10.
LKTTUK DXIV. — An
.I'ai appris (jiic M. (Iras est bien [»ai'ti d'iei, et qu'il s'en est
retourne it Lvon , mais que sou prncrs est tMicure au ineme
t'-tat, uon juge, pour lequel il pretend revenir a la Saint-Jean
Sa parlie , (jui est son propre frere, est ici en sollicitatioii, II
a dit qu'il ne seroit (iii'iin mois dehors . cl ipi'il alloit a Lymi
ijuerir <juel(|ues papiers donl il avoit besom : il n'en sera (|tie
oe qu'il voudra; car, eoiumt- tout S<HI fait est mysterieux . il
n'eu faut attendre (jue ee qu'il voudra (pi'on en ^;i<'lii\
Ouel(|iies uns disenl (ju'il y a encore quelque clio-^c a n'-gler
tourliant les limilcs de la <'ataloune . mais (iue la eonret It1--
\ KM. i ONKI .
olliciers sont fort incommodes, mulfn/'um /•>•/•///// /»-n>tfin i/urr
/•('tjttirunttii: La reine d'Angleterre est fort rejouie de ce q IIP
le roi son tils a mandeque le colonel Monck a fait manifeste-
ineut sa declaration pour leur parti. Lambert s'e'toit sar.ve de
prison , mais il a ete repris et y a ete remis. Le dernier am-
bassadeur que le roi d'Angleterre a recu de Londress appelle
Barclay; c'est une grande famille (jui est etendue par toute
I'Angleterre et 1'Ecosse, de laquelle etoit issu Jean Barclay ( i ),
(jui a fait Y Euphoria ion sive sutyricon , et {'Aryan*, t/iii Hicttis
est a. Germanis rir excitatissinit int/f-iiii .
On dit (jue le prince deConti est malade a Dax, qne le roi
y a envoye son medecin ; sa femme n'y est point , elle est aux
eaux. Le parlement d'Angleterre tient ses seances tons les
jours ; on y traite du retour du roi sous certaines conditions .
mais la tete de Lambert y est aussi en grand danger : //-/"///
pro iitultis dabitur caput , a ce que m'a dit aujourd'hui un An-
glois (jui semble en avoir grande apprehension.
Noel Falconet etudie fortement ; il se leve matin, il dispulc,
il ne perd point de temps avec son repetiteur. II dit qu'd r«'-
pondra le mois de juillet prochain, soil (jue Al. I'archeveque
de Lyon soil ici, ou non. II est fort aise d'un habit neul (ju'il
aura ; il en a de'ja des galons qu'il montre a tout le nionde ,
c'est etrange chose (jue jeunesse. Je vous liaise les mains , et
suis de tout mon co'iir votre , etc.
De Paris, cc 14 mai 16KO.
LKTTliK I>\V. -
Les chirurgiens ce -2(5 mai } dt; Saint-Crtme out olitenu
des lettres de rescision , pour einpecher (\u^ les chirurgieiu:
barbiers n'entrent ilans Saint-Come et <|ii ils ne preuiicnt |»<^-
session de leur maison ; bn;!', ils veulent casser I'miion <|iii
(1) Ne a roi:l-a-.Moii-son en 1b82 . morl ii Koini1 lo 12 aoul 1(1^1.
'It. r.
•21 i i KITH us DK (,n i-\ 1 1>
a ele laite entrc. eux. Ce proee.s va a les voir plaider Ics mis
(•outre les autres; nous serous les spectateurs. L'arret que
nous avons obtenu ne laissera point de demeurer en son en-
tier : robes cou pees et abattues, bonnets ecorues et ren ver-
ses. Us ?e inangeront les mis les autres, et il n'y aura jainais
grande perte; neanmoins je erois (pie 1'union subsistera, et
queceux de Saint-Come perdront encore nne ibis. II nem'iin-
porte point du tout qui perdra ou gagnera ; ear les uns et les
autres ne valent rien , et nous haissent egalement , coiuine
des laquais bottes , tort ignoranls , qui ne savent ce qu'ils
doivent aimer, et qui ne savent ce que c'est que pbilosopbie.
hifjcnni nil Imliel of/icnm : 1'interet les gouverne, sans aucun
egard a la vertu et a riionneur, (|u'ils ne eonnoissent que de
noin.
Ce jeudi 27, nous avons ete ee matin en divers endroits
pour plusieurs rnalades. J'avois Noel Falconet avec moi , qui
a vu plusieurs jtrocessions tres belles eonime de Saint-
Mederie , Saint-Jacques , Saint-Ct-nnain , Saint-Jean , oil il y
avoit une troupe de eajtucins, Saint-Paul et Saint -Louis-de-
I'lle. Le luxe de Paris n'a j)oint iiiancjue de paroitre , taut en
I'enricbissement des rejiosoirs (|u'aux belles tapisseries dont
toutes les rues etoient tendues , j)rineipalement celles par oil
passent les processions.
J,(> pere IMi. Labbe , jesuite , natit'de Bourges, a I'ait , en
petit volume , la vie de notre Gallon , toate extraite de ses
o'tivres. II me 1'a donnee et di'diee toute manuscrite : je m'en
vais la fa ire imprimer in-octavo , et puis nous en enverrons
a tons nos amis. On parle ici du mariage du roi avec foute
sorte d'incertitude ; on (lit (pu1 ce sera pour le .'V de juin.
Voila tin conseiller du (Miatelet <pii vient de sortir de eeans
avec sa femme, et (jui venoit se rejouir avec, moi du mariage
de inon fils a'ine. 11 m'a (lit (pie demain sera execute en (ireve
mi grand voleur nomine le Solitain1, ag(i de vingt-deux ans .
(]ui sera rompu, et aura (piatre eouj'ts vil's; (ju'il I'ut juge bier
prevotalement , demain matin qu'il sera misitla question . et
rapres-dinee incur en (ireve. II in'a anssi parle dn manage
(In rui eomme aussi de chose tort inoertaine; niais que nean
moinson s'apprete a I'hdtel-de-ville pour lui fa ire unc belle
entrt'o M. Talon, avocat -general , voudroit bien accommo-
der I'affaire do M. de Gorris a causo do (iuenaut qui s'en mole ;
inais }\. Blondol a dit a .AI. le prcniior president qu'il m- vent
point d'antre accord (ju'nn arret definitif ; on ce cas-la , lo
huguenot perdra. Jo vous baise tres humbleinent les mains
et snis de tout rnon cunir votre , etc
/'. .V. M. Blondel nievient de dire<jn'il a re(;u le plaidoyer
de M. Talon , a quoi il n'y aqu'un inol a corridor, et les con-
clusions a inettre de sa propre main, ensuite il le niettra an
•rrefle, et tot apres le fera imprimer. II in'a (lit aussi (|ue IT'ni-
versite de Paris a fait opposition et intervention centre M do
(iorris; lour avocat se prepare pour plaider apres le notredc
dernain en huit jours. Voila plnsienrs moyenset arcs-boutants
pour gaguer ce proces con t re les huguenots. Je vous prie de
fairc! mes reconnnandations a madaine Falconet el a
bon ami M. Spoil.
DC Paris, le 28 mai HMin.
LKTTKK DXVI. — I
.le vous ecrivis hier I" jiiin , par la voie de .)!. Langloi* .
avec line do .Noel Falconet. Aujourd'lmi j'ai recii tine lettre
de votre collogue .M. Meyssouier, avec la /V/'//-//mr/y//r ,i<--
riinijilit' ; il me romercie dans s,i lellre dn service que j'ai
rondii a votre collt'go . ce sont ses mots, pour la \'erilieation
(!<> vos slatnts Hieu soil loin- de lout : il \ ,1 M-rjuid plai»ir
de bien Cairo , rt |irincij)aloment a d'homn'tes gens. .1 • lui IV
rai repoiiM! a inon premier loisir. 1! dit la-dedans quo voiis
etes son hon et vc'-ritable ami. Ouelquos mis di>ont (|iit> non>
allons avoir la guerre avec les Anglois . a cause de Pmi-
kertjue.
:'|() i K mu> DI: M i ivvnv
Jo vien.s tic loueontrer mi huguenot , lequol m'a (lit quo le
roi d'Angleterre dovoit hier partir de la Have pour s'en alter
en Angleterre; tout I'aocord est fait; qu'il y a (juarante ot une
totes exceptoes du pardon et do ramnistio , desquelles il y en
aura sept d'executees , les autresseront punios de la perte de
lours bions , d'exil ou de galores.
.M. Kousselet esf bion gueri do la tiovre tierce, rnais nun
pas de son humour melancolique; il parlo do s'en retournor.
II m'a aujourd'hui fort loue le inedecin do sa famille, qu'il
m'a nomine M. (iuillemin : a quo! je ne Ini ai ropondu quo
oui. M. Cocluirdet avoil eu quelque petite chose qu'il m'a
contee; puis une dame, lui donna un autro inedecin ; puis il
ri pris M. Merlet ; il 1'a quitto pour un apothieaire quo lui a
bailie !U. Kainssant, (]u'il a encore quitte pour me reprendre:
jnais je no sais comment il mo gardera , hundhi . iji>i/niflin.
O itttM'i'f.nii , nicinitinn , ct ntconsultuin jiivcntntaiii! .\IT mf/i/it
tjncci'i , iii-i- i/oxxiuil , HIT nicrcni.ur ! <> lubi'icatn irt.ufcni , el in
tli't.o'ius pi'oi'ln'i'iit! nitilftf! ulinndiif /'if/is, cirtlttibus inhnicn ,
Milujitfittltuii (led ifa , intcinpcrQii* . (itjL'ui'iosti , libidinosn. Kt
voihi comment el ;i (juoi s'emploio I'ar^cut quo Its pores
prennt.'nt soin d'amassor par taut do veillos ot do suours.
Noel Falconet continue ses lecons ot sos repetitions , ot dit
(]ii'ii sail lantt)t tout co (jii'il I'aut repoiidro publi(jiiement :
mais il me temoigne d'etre on poino do savoir si M. I'ar-
cheveque de Lyon sera alorsii Paris , <lc (//in niliil uiitim d//i/'~
mure ; joint quo nous no savous quand le roi y arrivora , n'y
ayant encore rion do certain touchant le niariage. Voila (|ue
j'ocris a M. ^ieyssonier, qui vous aimo bion, ot fait grand etat
do vous : obligox.-moi dt; lui fa ire rendro ma lettro an |)lus ti'it
el on assurance. MM. (lochardol , Savaron ot lloussolrt NOUS
remercient de votre souvenir; ils vous baisonl los mains; j'en
Cais autant a vous ot a madame Falconet, a notre bon ami
M. Spon ot a M. (iurnnr. Jo serai loute ma vie votre. etc.
I)c Paris. Ic i jiiin KiOO.
\ I AIM INK I. -2T
LKTTKK DXV1I. - !>/ menu:
.le vous renvis vendredi dernier, 4 do juin, par la vole de
M. Langlois , avocdeux lettres , dont 1'uno etoit pour M. Meys-
sonier et 1'autre pour M. Barbier. J'ai aujourd hui rencontre
uotre avocat, M. Clieuuot, lequel m'a clit que les chirurgiens
do Saint-Crime n'etoient que des sots, et quo la rescision
ijii'ils avoient obtenue ne serviroit qu'a leur fa ire couter de
I'argent et a augmenter leur honte. II dit qu'il est tout prot
de pi aider centre deGorris, mais qu'il y a encore d'autres
avocats (jui s'appr<Hent fee sont ceux de 1'Universite), et que
jamais les huguenots ne gagueront cette cause.
Pour reponse a la votre , (jue je viens de reeevoii1 ce H juin .
je vous dirai (jue je me souvieus tort bien de votre )\. de Luc-
ijues : il a ete a M. de Guise et a etc a Naples aver lui : c'est
un grand, maigre, un pen rougeaud, delicat, >•( rtfi-ar ra/cfH-
f/inis. (]e gareon est pulmonique ; il a ete quelquefbis mon
auditeur, je 1'ai traite iei malade ; il avoit quelque proces ;i la
grand'cliambre , an rapport, de M. Musnier. On imprime la
ViedeGalieu, du ])ere Ph. Labbe , qui est dc liourgos (l\
G'est Labbe et non I.abbe , qui differe en tout du pere Labbi'1,
de Lyon, (jui fait du latin par pointes, et de pain d'epice>
('cite Vic1 partira avee qiielques autres pieces curieuses <pie je
NOUS destine.
On dit ici <|ue le roi doitetre marie aujourd'hui , 6 juin, el
qnodemain It1 roi d'Augleterre fera son entree dans Londres.
.le vous remcrcie tres humblement , et vous et madame
;'1) \ oici Ic litre : Cl. Galeni riln, ex in-o/iriis ojieribus collecta. at-
t/ue intcrvallis quutuor distincta, H5!iO. in-S".('/t\"t (itii I'iilin ijni In lit
imprimer. L'auteur, n'ctaul pas sati>fail dc .-on prcinior lr;«\ail. en
puhlia la nu'iiie aniuH* unc sccondc edition aver dos chaiigcrncnls ct
additions ; le tilro meine fut change : Cl. (ialeni ' d-ronoloi/icum cl<>-
(jiutn , cum Jncobi Mentclli , doctor incd'cus . ci>islola. ("otto Vio c! •
Galien csl forl savantc. la «cnle complete, ct beancoup d'autcurs y t n!
pnise sans indiquer la source. (U. P.^
218 l.KTTHKS !)K (.11 I'A1I>
Kalcoiic't , de la pail que vous prene/, an manage que nou>
avons fait de ruon aim'1. Nous n'avons fait aucune assembler ;
il u'y a eu do notre cote que le frere du marie, ( 'aroint incus .
/ili//s (/ulciiisiinus, pathologic? professor , ot le frere et la sccur
de ma femnie. Tout le nionde se loue de eette moderation; les
grandes assemblies soul tort importunes et incommodes.
Notre profession nous empeclie de fa ire tant de ceremonies ,
joint qu'elles content trop. Faites-moi la grace de fa ire mes
recommandations a noire clier et leal ami M. Spoil, qui re-
eevra dans huit jours line autre graude lettredequatre pages,
j'en suis a ia troisieme. Je lui ecris volontiers, el a vous en-
core davantage. J'ai de la joie quand je vous puis mauder
(juel(|ue cbose que j'espere vous pouvoir etre agreable: aussi
je lis etrelis vos lettres avec rejouissanoe, et j'ai sonvent regret
que je n'aie deces bonnes nouvelles a vous niander telles qu<>
je desirerois bien ; mais (jtiitl ffirc/'cm '?
Je vis liter chez M. Housselet un reverend pere augustin .
honinie sage, savant et bon compagnon , nomine le pi'i'e Car-
pentier, qui fait grand «'itat de vous. Nous causames ensembli1
de plusieurs cboses. .le le trouve bonnne d'esprit et de belle
conversation : je lui ai promis de YDIIS fa ire ses recommainl;!-
tions. t)"C fait votre Uasset ? M. iiouge est-il recu.' Paiera t-il Ic.s
100 ecus de la verification de vos statrts? (le!a causiM'a (|iicl-
que trancbee dans la tete on dans le venire d'un Provencal ,
qui esl natif d'Antibes. 11 y a ici des lettres qui portent, ce
7 juin, (pie le roi d'Angleterre i'era son entree dans Londres
le OdcMie inois, <[iii sera mercredi procbain. Pour le mariage
rluroi. nous n'en avons enc.ore rieu de certain : les Kspa-
gnols opposent toujours par de nouvelles finesstis leurs IVoi-
deurs accoutumees a noscbaleurs ordinaires: neanmoins I'on
dit ipie ce doit etre pour le S dejuin.
Je I'us bier souper cbez 31. le premier president, que j'en-
tretins asse/. bien devant le souper; mais, conime nous aclit -
vions ile souper, survint M. le comic d'Albon, qui dit qu'il
avoil soupe: ti'it apres survint inadame sa fern me, et pui.s
\ I'M MINK I. 510
d'autre monde, cequi (ill cau.se que je m'en vins, toul doii-
eeinenl sans dire adieu a personne, comme on fail chez les
grands. J'appris la que ce dernier rompu de la (Jreve etoit le
vrai Solilaire ; qu'il avoil , avant l'age de vingt-deux ans .
tue cinquante personnes; qu'il s'appeloit de la Noue ; que son
pere est a seize lieues d'ici inoine de 1'ordre de la Merci ; <|u'il
avoit ete complice du vol de M. du Plessis-Believre , ce qu'e-
tant reconim , il satisiit a parlie else rendit moine; qu'alors
il etoit ecuyer de M. de la Vieville; qu'il avoua ;i la question
que lui etoit le veritable Solitaire, et que toul ce qu'il avoil
ditdurant son proces d'un autre etoit faux. Hier an matin,
rue Barbette, il y eut un grand carnage de plusieurs laquais
qui s'y battirent en duel ; il y en a eu plusieurs de blesses et
sept de tues sur la place. Les macons et tels ouvriers de ba-
tinient out tache de Cairo ici sedition (l), laquelle eut ete a
craindi'e, taut elle etoit grande, niais on en a pris prison-
niers par arret de la cour; on croit (jue le danger en est passe.
Je vous prie de fa ire nies humbles recommandatioiis a ma-
dame Falconet, a tons nosamis, ii M. Spoil et a M. (larn'uM1.
et d'etre persuade que je suis de tout mon cirur votre, etc.
Quand nous viendra le Saint-George du pere Theophile Ray-
naud ?
I'. -V. Le roi d'Anglelerre a mandg a la reine , sa mere .
qui est ici, (ju'il est arrive en Angleterre, et (ju'il ne vit jamais
lant d'acclamations. On attend dernain le courrier (jtii appor-
tera la nouvelle comme il est enln'' et a ele recu en Angle-
terre. La paix est faile enlre le Danemark et la Suede: celle
tie lal'ologne est faite aussi. Les lettres tit; llamboiirg portent
qti il y esl ai'rive deux vaisseaux tie croinwcllistcs qui se sont
exiles de Londres , et qu'ils n'y out point atteudu le retourdu
roi d'Angleterre.
De Paris, le S juin KiO ).
I On \oil quo la (jreve <\c* oinriers en bnliment et memo (r.mtre-,
corps de rnelier n'esl pas ehosc nouvelle. car cede sedition n'elait pa*
;iutre chose. H. I'.'
•1-10 ' l.hiniKS Dh i,l I 1'UIN
LETTKE DXVII1. - Au menw.
J : NOUS ai eerit quo le roi d'Angleterre a fait son entree
dans Londres le 8 juin. Ce merae jour, il a fait le general
Monck chevalier de la Jarretiere. Le milord Lambert s'etoit
encore une fois sauve de prison , mais il a encore ete repris.
On a fait commandement a tous ceux qui sont de la famille
de Cromwell et de son gendre de sortir d'Angleterre et des
deux autres royaumes : certes dujittts !><>i /tic eft. Voila un
sucees tout-a-fait extraordinaire de la puissance de Dieu sur
le gouvernement des Etats, tot ou tard il se fait paroitre. Si
le roi d'Angleterre d'aujourd'hui vouloit, se voyant retabli ,
fa ire comparaisori avec une certaine galerie dont a park-
.Mai'tial , il pourroit dire :
Sunc, et danmajucant. sunt ipsa pericu 'a lunli.
Slanlia non poterant lecla probare Deo .;.
iMais en voici d'une autre. I'orn a.wni, ct Itnbcbi* f abut am.
Hier, a sixheuresdu soir, furent roinpus cintj grands laquais
en la rue Saint-Antoine ; il y en a encore deux autres prison-
niers de la memo troupe, les autres out j>ris la fuite an nombre
de neuf. Seize coquins surent (ju'une veuve qui n'avoit (jit'une
servante avoit nouvellement reyu quelque argent; ils s'en alle-
rent effrontement la-dedans, lierent et garrotlerent ces deux
pauvres creatures, (ju'ils volerentetemporte'rent tout cequ'ils
purent. (Juid f'nccrcnf /ujstcx <:«i>1.« crude tins nrb<? / Je suis bien
fache (jue Ton ne tient les neuf autres, aiin qu'ils subissent
la ineme peine qu'ils merilent fort. Le (liable n'est-H pas
bien dechaine sur la cliretiente, <[ue tels crimes se coinmet-
tent par de telles gens, et an milieu de Paris? En fait-on de
plusinfamesen Tuniuie, oil Ton ne preclie point I'Evangiledu
Messie et oil il n'y a point de moines? Pour moi , je crois
(pie la I'm du monde viendra bientot. (juand je vois taut
d'iniijuites.
A FALCONET. '221
Nous avons ceans votre planche, quc Noel Falconet a ete
rccevoir ce matin ; nous la conserverons et en ferons ce qu'il
f'audra. Je lui ai fait voir votre lettre , nt 1'ai avert i qu il
redouble son etude, d'autant (|ue M. I'archeveque de Lyon
sera bientot ici.
On dit que le cardinal Mazarin arrivera aujourd'hui a In
Hochelle, d'oii des denial n il partira pour venir de deca en
diligence, afin de donner ordre a plusieurs clioses, et entre
autres a quelques siennes nieces, et ii I'entree que Ton pre-
pare pour le i'oi.
On dit que le marquis de Richelieu est fort en faveur au-
pres du roi ; c'est lui qui est le gendre de madame de Beau-
vais , qui est chez la reine.
On tient ici le roi marie du 6 juin, et quelques uns disent
deja (ju'il est en chemin pour revenir a Fonlainebleau . Nous
avons perdu un de nos compagnons, nomine M. Mandar, age
de soixante-dix ans ; ils'etoit fait huguenot pour epouser une
fern me laideet riche. et est niort tel en Touraine, on il s'etoil
retire dans une maison qui lui appartient, oil il a eletroisans
paralytique. 11 y en a encore vingt-un devant moi , entre les-
quels il y en a quelques uns de bien uses et fort arides <'.c s/'r.
fit ate s<>)iilf.
On dit que le roi sera ici le 15 juillet procliain , et que
nous allons voir beaucoup de princes souverains ligues en -
semble pour fa ire la guerre au lure, savoir, le IVrsan,
Ternpereur, le prince de Transylvaiiie, le roi d'Kspagne, les
Venitiens, etc. Les Anglois et les Hollandois se son! dt'iclan;s
pour le roi de Danemark coutre les Suedois, (|iii out encore
taclie depuis pen de les surprendre On parle aussi des Mos-
covites contre les l^lonois.
Je vous remercie de votre Arithmetique latine, (|ue je re-
i;us hier par iM. Troisdames : je delivrai aussitot ii K;ilconel
son cahier pour la langue italienne: il esl fort diligent , et il
ne manque aucune dt.' mes lecons. Je vous prie de dire ;i
M. Hai'bier que je viens de rei-evoir sa Ictlre el les beaux veix
2'2'2 I.KTTKES DE I.I I I'ATfN
de M. Boissal, qui est un gcntihonime do merito , ot quo j'bo-
nore il y a plus do trente-doux aus. Tout notre arret est en-
core an grefi'e , a cause do, 1'absence du greffier, M. Boileau ( I J.
l/att'aire do 31. de Gorris ost toujours la, il no jouit point;
e'est a lui a poursuivro 1'audienco, laquelle no so pourra
avoir que tros difficilement. J'ai recommande I'affaire des
manuisiers de Lyou , que M. Barbier m'avoit reoommandee , a
(|uatre consoillors de laquatri^medesenquetes, I'undcsquels
ost M. Bouvard, tils du feu premier medecin , qui tons qua-
tro sont des plus forts de la cliambro. L'un des quatro rnedit
it Toroillo : ,/<• .sv/j's birn cr fjiic ri'st; /<• »e xnis .</' rex //tt'tminirrs
iHiHi-rimt f/"</i<c>' lew r<i>i<n.: A (|uoi jo puis vous dire ee (jue
iVt'i'oi) disoit sur le theatre aux juges des prix destines pour
eeux qui avoient le mieux cliante : Farii-nda /(>r/ , craiftis c.st
in iiiinin forf/nx.i> , eomme (lit Suotone ; ou comnie a dit Apu-
lee en ses Florides : Omnibus bom's in rebus coiKt/i/n fait si'Diin-/-
m Inndi' , ('coitus in fort/tnu. Ji> vous baise les mains, et vous
prie de faire mes recommandations ii inadamo Faleonef, ii
tons nos amis, et principalernenl ii M. Spon, et suis do lout
mon ('(L'ur votre, ete.
D<- P.iris, le 10 juin 1<i<iO.
KKTTMK l)\l\. - A
(lomme jo me sens fort honoro de 1'bonneur do votre ami-
tie, aussi dirai-je (|iie je suis ravi de vous ocriro et di^ vous
lomoignor ma diligence dans les occasions. Je vous onvuyai
liier un paquet de lottros ]>ar la voie do M. Langlois (eo samedi
l!>juin! dans loquel etoiont deux loltros jjour vous, do Irois
pa»os ; unr pour noire bun ami , M. Spon , el uno autre pour
I l.f pt-rc do I'illustrf ;iiitcur ilr- ttitira, .1 il«- 1' .-!/•/ juti'liqiti' . cl. .
M. I'.
V FM.CONKI. -2-2.1
M. Barbier, qui in a envoye \' Aritlnnetiqw tin pere Lioluud ,
iniparfaile d'une feuille. Noel Falconet n'est pas aujourd'Uui
venti a ma leeon , car il a assist*'' a 1'acte d'un Lyoimnis.
nomine Manis, au college de Lisieux, oil memo il (lit avoir
dispute.
.le viens de recevoir votre paquot de lettres . ee dimanehe
•20 juin. 4'ai donne h Noel Falconet sa part , aver, le meinoire
de la lettre pour M le Sanier ; j'y ai trouve la letlre de
M. Meyssonier, clout je vous remercie, et aiujuel , ponrtoute
reponse, je vous prie de dire queje lui rends graces de la
sieinie; que je n'ai jamais vu son Hvre dont il m'eerit, inti-
tule V/fis/ain1 dc /'{ 'n/i'r/-si/(: dr Li/mi ; niais je vous prie de
me 1'arheler et de me I'envoyer, avec le Sinirttix Grcgiirinx
<'ni>l><nl>.i: du pere Theophile Raynaud , (|tiand il scn'a acheve,
si ce n'est (pie I'auteur meme vous eu donne tin pour moi ;
j'ai grand regret de n'avoir vu ce livre ci devant. Vous pour-
rex aussi lui dire <|ue Fr. Kabelais est mort ;i Paris Tan l .">;">.'$,
dans la ruedes Jardins, paroisse de Saint-Paul , et qu'il y est
enterre dans le cimetiere , au pied d'tin grand arbre, irlif/inn/-
pnti'Kin inultos M/-c(if<i i»:r <uino*. II dit en mourant : Tirez le
rideau, la farce est jouee , comme rapporte Freigius , lorn. 1 ,
('nimncHtnt'. inwationes Ciceroni's ; ei} (juoi il imita Auguste ,
qui , au rapport deSuetone, en mourant dtMnanda a ses amis :
.^iwquid 1'it/i' minium coniiiiofh' jtfi'cyiwt? Qlc,
^f. Simonet est adroit et rust'1 comme tin iin vendeur de
perles et un joaillier ratline. .It; 1 ai (piitti? cc. matin ; il est
fort content de moi: je lai fait saigner liardiment ciiuj fois .
Iain in in'jiliri-1 irn ditloi'c , t//i(ini in (n'f/ii'ifico , i/ui , nt mnrix i-xl ,
Iti'int'cin subswutiis t'xt . 11 ii a point avale d'huile d'amandes
donees, et n'a use d'aucun secret, car je n'en ai point; je
n en demande qii'un ii Dieu, //'/"//'' IH-IK- nirfli'tifli uii't/ntfluin .
ijiur I'Sf ll/'ctfi/l/lil ll/'f/S lllll.i:i Illll III , 'V Xi'i-i'i'filni Si'l'l't'lui'llHI Si'-
>•>•<.'/ /Minn/in , c/n'u inim:is iiiitiiin ! Ouand on va par ci' chemin
/ nt' I
la, <»n ne se lotirvoie jamais, c.'est le chemin des gens de
lilt'll , Sf'fl fjni (jini't'Hiit I i/i'/'iii/i , JUT friimlca i't niifiiiftfiti'tis. JUT
•2-24 I.ETTRES DE (ilM I'ATIN
vias nbliquas grndiuntur , tels que sont (iuenaut , ties Foilge-
rais, Bodineau , et les deux gazetiers , ft <ili<t' jicuft-s affix
•ndstni' (I).
On parle ici du re tour du cardinal Ma/ariii , et (ju'il arrivera
ici quinze jours avant le roi, alin d'envoyer ses nieces quelque
part loin de Paris, d ou elles ne puissant jainais voir le roi ni
tA'trevuesdelui ; on flit que notre nouvelle reine a bon appetit,
et qu'elle mange comme sa belle-mere, 11 ne faut pas tant
manger si on veutvivre longtemps , nfitwa panels contenta. En
passant de la medecine a la politique . il y a longtemps qu'on
nous mange ; la Franco potirroit dire a bon droit aver Plauli ,
l\ Hi* il otsa suw , miseramacriludine.
Me pardoimerez-vous, monsieur, si je vous ecris la debau-
che (jue je (is bier? (le mardi -22 juin, je me laissai entrainer
avec ma fern me et nos nouveaux maries a Saint-Denis . oti jt'
vis la t'oire, ()ui est une cbetivc cbose. L'eglise est belle, mais
nn j)eu obscure; le tresor, ou il y a bien du galimatias et de
(I) Noire auteur so laisse loujoiirs emi)orler a sa ^ivacite passionncc
r.nnlre ce« stibiales tortores , on cos medicaslres (|iii onl hraucoup
plus d'habilele accessoire , do vulgaire savoir-iaircqiie de nicriic reel.
Sans doute, oe sccreltim sccretorum secratissiinnni <le l>ien ^uerir
ronsifto dans un sa\oir proibnd , reel, et dans !;i bonne niellioJe
d'apprectation. Mais laut-il pour cela rosier slationnaire , n'ailorer (|ue
le dieu IVrnie , repousser loul projjres , toule idee qui germo , ionic
luniiere oonuneiicaiit a poindru >ur I'liori/.on scienlilique ? C.e sr rait
im sacrilege. Je 1'ai deja dil. (|uand riionime durerail aulant (nie le
soleil , il irail loujours apprenanl quehjue verile noinelle . il niourrail
encore altaine de savoir (h\ comment (lui I'atin puuvait-il croire (|ii'a\er
tiippocrale et (jalien on avail le dernier mot de la inedeeine .' (/< st la
precisemenl le reprochc que lui firent. sesadversaires serieux . el non
••ans quelquc londernenl. .Mais rien de ]>lus \rai . on lombe loujours du
cole ou 1'on penche , les plus {>, rands homines ne furent jtoint e\eni|il-
de pareille ehule; tons se soul (ait illusion sur le mieiix . MM le vrai .
inn- onl pii dire re mol d'un ancieii . re|>eli- »ou>enl pin (iiii I'alin lui-
nieme : Deci/ii'mur x/.prip recti. \\. I'
A FALCONET. -2-2')
In badinerie , />ro more yi'iitis, et les tombeaux dcs rois , 0(1 je
no pus m'emp6cherde pleurer, voyant tantde monuments de
la vanite do la vio hurnaine; quelques lannos m'echapperent
aussi an inoiiumont du grand et Imn roi Francois I"", qui a
t'onde notre college dos professeurs dn roi. II faul (jiio je vous
avoue ma foiblesso , jo lo baisai memo, ot son beau-pere
Louis XII, qui a etc le pore du peupleet le nieillcur roi que
nous ayons jamais eu en Franco. II n'y a point encore do
tombeaux eriges pour les Bourbons, quorum cad aver a servant ur
in quad (»n cello, dans le chu'ur au-dessous du grand autel, a
main droite , ou on a mis encore depuis pen le due d'Orleans,
qni mourut a Blois le •> tevrier, et le septieme jour d'une
fievre continue , avoc tine fluxion stir la poilrine et qualre
prises devin emetique , dont Guenaut ordonna les trois der-
nieres , disant que c'etoit le vrai moyen do le guerir. Si<- mo-
riuHfttr princijjcs>sic iturad nttra, finite d'nn bon medecin (jiii
saclie le secret do Gallon , citn et frequenter mittendo snnguine)nt
pour empecher ([Lie le feune so motto dans le poumon et dans
le coeur. Ma femme etoit ravie do cos bagatelles, et prenoit
pour autant de verites les potits conies (jii'un moine lui debi-
toit, on les autorisant avoc sa baguette. J'otois doja infbrmo
de ces sottises, lorsquejo t'us a Saint-Denis aux funerailles du
roi Louis XIII, avec notre doyen 31. do la Vigue , en 1(5-1-2.
Le prince de Gonde ost arrive la nuit passeo a Paris, n'ayant
oto (|ue quatre jours a venir ici do Poitiers. ()udit<|ue rempe-
j'our envoie ses troupes en Hongrie y laire la guerre an Tun'
pour obtenir des reparations do certains pillages que les Turcs
y out la its.
Nos nou voiles de Lomlros portent (jue les deux (Yores du
roi , les dues d'York et do Glocester, out ete j)reudre lour
place dans la cbambre de la noblesse, au-dessus des gentils-
bommes du pays; inais on n'y a encore fait rnourir p«;r-
sonne.
On fait ici grand bruit de la morl do mademoiselle do
(iuerchi. On avoil mis prisonniero dans lo Ghatelet la sag»'-
m. I ;">
•2'2G I.KTTIIF.S I)!- lii'l 1'ATIN
fern me; elle a etc traduilodans la Conciergerie par arretde la
com1, Leeure de Saint-Eusjtache a refuse la sepulture an corps
do cette dame. On dit qu'on I'a porte dans 1'liotel de Conde,
et qu'il y a ete mis dans la chaux, afin do le consumer plus tut,
otqu'on n'y puisserion reconnoitre si on venoit a la visite. La
sago-fommo s'ost assez bion defendue jusqu'a present ; mais
(did1 ndmovcbitntu)' nwchintv , <//ni' <ifti-s (idhttwlnmtur <\d cruun-
f/iii/i I'crum.ie crois qu'ellesera mise a la question ; les vicaires
generau x et les plenipotentiaires se sont alles plaindro a M. le
premier president que dopuis un an six cents f'einmes, do
compte fait, se sont confessees d'avoir lue et etonlle leur i'rnit ,
et qu'ils y out particnlierement pris garde snr 1'avis qu'on
leur avoit donne (j).
Hier deux voleurs furent pendus a la (Ireve, Ions deux
jeunes, qui voloient ici alentour : I'mi des deux avoit etc
(1) Colic demoiselle do (iiiorclii, sc-duilo par le duo do Vilry, se lit
a\orl(.'r el mourul des accidenls c|ui survinrenl. Oil croit, mais sans
1> ouvos, quo celle avonlurc donna lieu au famouv sonnet do i.ivorton.
par le poete liesnault. el dont voioi les derniors vors :
On pout consulter Haylo. article (iui Patin, ftictionnaire histoi'ique,
«(ur rintainc coutunio de« dames romainos do so faiiv avorler , sad nun
i>ttl>nnc , coniine dil Ovido.
\1. do Chateaubriand a cile ce passage de (lui Patin , purlanl do ces
si\ cenls i'ciimies qui , depuis un an . se soul confessees d avoir lue el
olouH'o leur fruit. Ouollos nuriirs! ijuelle corruption ! Ce qui n'oinpeVhe
pas que 1'epoque dc (iui Patin n'ait cle re^ardoc, loueo et citeo comme
la boil temps par la generation suivaiite. I, a plupart des sieclos out olo
calomnies dolour vivanl: it no lant done pas allriliuer au noire line
dc[iravation i»lus profondo quo dans los temps qui onl precede. IVail-
leiirs aujourd'hui, ainsi qu'on on a fail la rcinarquo , lout est conuu .
tout e>l public. Ouand un crime e>( cominis dans le dernier village do
|-'rance . il pas.^e aussittM «lu petit journal do la localile dans lou.s le»
i":!niau\ «lo ro,aume. I'tii1- \ onneiil les lunijtlis-ri'ii/hisde Injustice.
\ lAl.C.oNKT. -1-1";
tambour du roi. II est des larroiis de tout melior ; (inenaiit
memeen a Tail etredu ndlre. Un m'adit aujourd'lmi qiienotre
des Fougerais se plaint do son meme mal ijue I'an passe,
cereri debet ne sit illi autumnus libitimequipstus <tr<'i-h<i'.
La paix est iaite tout-a-lait entre les Danois, Suedois et
1'olonois : la voila tantot par toute 1'Europe. Je vous baise les
mains, et suis de tout mon cuw votre, etc.
P. S. Le greftier travaille a noire arret; je suis depute pour
Iravailler la semaine qui vient, avec quelques an t res colle-
gues, a 1'examen des comptes de notre farulte.
De Paris , le 22 juin 1660.
LETTRE DXX. --An
Je vous envuyai ma derniere venilredi dernier, 25 jniji, par
la voie de 31. Troisdames ; MM. du parlement ont ordonne
quo le lendemain samedi seroit fete, et le lundi suivanl , a
cause que le Ja Ik'iun f'ut cliante daus Motre-Dume jwur l<- >nn-
i'iayedu rut, et les boutiques furenl t'ermees le samedi 2(>juin.
31. de Vendome etoit malade d'une tievre tierce, laquclle est
devenue continue. S'il meurt, il t'audradire: Jii-lli- am/- <!<>-
rant Dieu,s'il // c/'oyuif.' An moins n'en i'aut ii point jurer
qu'on ne soil assure; car ce sont d'etranges gens (jut; les
princes d'aujourd'hui, et peut-etre (jue tels ont t-le pareille-
inent ceux du temps passe.
Je ne vois |)lus ce pretre qui est taut deregle; il nc |)aroit
j)lus dans les rfies , Inh-i </,W ////>• /////•" »•/'/ <nit/tt/<> ///•///>•. J'ai
rspecc do grand-livrc crimincl, anssi rc^iilieri'inrnl iciai i|iif n-lui de
la dolte publiquc. DC pan-ils documcnls n'cxtslaiciit pas aiilrclois.
Horace annoncail deja proi,enicn> vit.'osiorem : la noire e>t-elle done
iiilerieure a la generation corroiupu.* de la Home de> (.esars '.-* (lonve-
nous iiu1!! y a toujonrs des \ices et des .'rimes au loud de tonics les
-oricles. coniine il > :i du limon .111 loud de lon< lr~ tlrn\,-~ |{ \>
2-2S i.KTTtlKS OK (iCl PATIN
pour (|u'il lie so melle, faille d'argent , a fai>'o <|ti<'li|iit' vilaid
metier, dent il so roponliroit a loisir. Paris est plein do
fripons , ilc volours , do faux nionnoyeurs; on a beau en
pendre, on n'en sauroit fa ire larir la source. Dion vouillc
i|u"d s'amende , et quo, non nhmt in comiliwn impiorwn , //>/-
ilif/Kf iifinffftyftnn innnnict .
Le roi dovoit arriver a liordeaux la voilie do la Saint-Jean ,
M. d'Ksponior, I'y a ])ivc(''de ; niais en ce temps-la tonic la
villo. a olo fort otoniioo d'nn ^rand trembloment do torro, <|iii
a on d'horril'les circonstances. Los grosses cloches on out
sonno d'ollos-nnMiies, dos piorros, dos rochors on sontloiubos:
href, tout lo pa\> on ost fort scandalise; ils n'on aitend.'iit
rien inoins (pie la posle ol dos impols. (>ela osl arrive lo -1 1
juiii , qui est Ic nionie jour ipio M. d'Espenion y arriva. .1
sifjiiin cirli n/i/ifr incf/tcrr1 : jo suis do 1'avis dn Saint-Esprit.
M. lo cointo do la FoAiillade ost disgraciu pour avoir dit
(|iiol(]iio clioso inal a propos du marin^t1 du r<ji , niais cola so
raccom modern. On a ronvoyo on Espa^iu: quolques dames
espagnoles (pii otoient a la cour au service do la roino; on
'our a fait do beaux presents; olios s'en sonf retournoes con-
tent os, disant MOU i n noil is qu 'olios no si1 ponvoien! accent inner
en Franco, ot quo Ton n'y buvoit point asscv. frais. I. a j'eine
nonvollo no parle point (Miooro (ranoois : olio dit seiiloinont
cos mots : Al/ons u /'"/'is. On dit <pi ils soront ii Fontainebleau
le 13 do juillet , (pii si-roit uno urande halo, co !iio semble.
Noel Falconet acquiert rhaquo jour (pielque degre do sa-
{^osso , (?t dit qifil ropondra biiMi. 1! ainio fort a <%>tre jires do
nioi ot a in'ocoutor parlor. Avant-hior apres diner , coinmo
nous nous entretonions lui ot n:oi , i! snrvint tin hoimete
lion in 10 , avoc qni jo parlai environ 'ienii-li(!iire . el jinis je le
inenai dans moil elude pour lui faire tine ordoiinance. C.el
ot'iicierdn roi lo regard a fort, el apres il me dit lotMpie nou.-i
fumes seuls : « (,e polil jeiine lioinme-la vous eooitle atten-
» jo fero^ bieii moil pl'olil de voice [icescin'e ! >, Je hii dis tpn
A FAI.CO.NKT. '-20
vous etie/ , et il me promit de vous aller saluer quami il ira
a Lyon.
On dit quo le roi n'ira ni a la Koelielle ni a Tours , maU
quo de Bordeaux il viendra a Poitiers , et puis a Chanibord et
a Blois, et de la a Fontainebleau. Le roi d'Angleterre a desire
<]iie Ton cbangeat M. de Bordeaux, notre ambassadeur qui
est a Londres, (in'uu autre Cut envoye eu sa place. On dit <|ue
ce uouveau roi se plaint fort du cardinal Ma/.arin On dit aussi
que leroi d'Angleterre, les Hollandois, et le roi de Danemark,
vont Cairo un grand accord ensemble, dans lequel ils Ceront
ee qu'ils pourront pour nous y Cairo entror , aux depeus des
autres qui ne voudront point etre de nos amis ou allies.
II court ici un libelle de liuit pages in-quarto , par lequel
il est prouve « que le crime dont la dame ('imttuntin , sage-
» Cemine , est depuis pen aecusee, n'est qu'une suite de la
» doctrine des jesuites , et aussi pour detromper les dame.-,
» qui se laissent abuser par cette erreur, sous pretexte qui-
w ces pores 1'enseignent dans lours livres. »
On dit (pie la sago-Cemme se defend fort bien ; elle avoue
(pie mademoiselle do (Juerclii est murte cbex. elle, mais (pi'elle
ne lui a donne aucun breuvago ; (pi'elle vint chex. elle Curt
malade , on ello inourut en criant cruellement ; (pi'elle a 0111
parlor d'un certain breuvage queladito dame nvoit pris. mai>
tpi'elle ne savoit ce (pie c'etoit ni (pii 1'avoit fait.
M. de Maunouri , abbe de (iaillac , maitre des requelo ,
n'est pas bon marcband de son insulte conlre .M. le j»reniiei'
president ; les maitres des requele.--. rabandonnent , au»i bien
ipie M. le cliancelier. On lui a envoye un ajounienient per-
sonnel, signe de M. le procureur-geiieral , au<piel s il ne de-
Cere , il sera change' en prise de corps. ( Mi dit qu'il est nlle a la
conr cbercber de la protection.
On dit (pie le cardinal Ma/arin arrivera ici avant \^ mi ,
mais (pi'il e>t mal en sa sante , r.r f/'r^m nff duln/ /• ///y////vy/Vo
ft. (trcrr/iiri pixfayt'ti; morn etiuni tn.i-i* nitirntin'ilni»qnc '•/•> ////.
On dit (pie le roi o>t presentement a Poitiers , qu'd sera I"
•J.'iO i.r.ri!tt> DI: i;i i I-MIN
!) de ce mois a Amboise . ptiis qu'il viendra a Cliambonl . on
jl sejournera quatro on ehiq jours ; de la ;i Hlois , aprosoola
it Fontainebleau , de la a Corripiegne, avarit quo de Cairo son
entree dans Paris, pour laqnello, on continuo do travailler on
divers ondroits . ot surtout dans la rue Saint-Antonio , dans
lo memo faubourg, a la Grove, sur lo pont Notre-Dame , an
Marehe-Neuf el ailleurs.
Los nouvollos do )l. do Vondonio no sont pas bonnes, il ost
encore on danger do sa porsonno. Lo treriiblement de torro
n'a pas etc seulement vors Bordeaux , mais aussi en Auvoi1-
gne ot ailleurs. Lo roi passei'a a liiehelieu, ot on eroit qu'il y
sojonrncra [>lnsieurs jours. On (lit quo la reine a eu des manx
de eoeur, d'ou 1'on soupeonno qn'ello est doja grosse. Cela
seroit agreable aux gens de bieu, pourvu que le peuple soil
soulage , lequel langnit il y a longtemps de tropdepauvreto.
On rompit hier un volour a la (iivve; aujoiml'hui seront
pendns trois autros mallioureux an faubourg Saint-(iermaiii.
.It,1 vous baise les mains, et suis tie tout nion cauir votro , etc.
De Paris, Ie2juillct 1(500.
LKTTKK OXXI.
Jo vous onvoyai hier, ce '.} juillet, line lottre do(|uatre pages
par la voie de M. Langlois. On dit qiicM.l'abbedeGaillaccst
alle en four pour obtenir un anvt d'en-baut toucliant I'in-
sultecju'il a faite a M. le premier president; cet abbi'1 no trou-
vant point ici d'appui suffisaiit , ni panni los maitres des re-
(pietos, ni dans lo ])arlein»Mit : sos amis monies avouent qu'il en
sera mauvais marcliand. \.c parloinent I'ut encore bier assem-
ble pour cello all'airo.
Votre jeuiie int'-decin , M. L. de Serros . est ici, qui vienl
soigneusement a mes lecons ; il m'a dit qu'il avoit laisst- son
\ i \ i.i ONI i .:ii
eompagiion (It- voyage , M. do Khodes, a Luiidres, neanmoins
incertain s'il passeroit en Hollands ou en Klandre.
Co jonrd'hui 5 juillet , nous avons fait la licence do nos
vienx bacheliers ; ils sont sept en nombre , donl celui qui est
le deuxieme, nomme Dodart, age de vingt-cinq arts, est un des
plus sages et des plus savants homines de ce siecle. Ce jeune
homme est un prodige de sagesse' et de science, n/uiisti-unt sine
vi(io,vomme disoit Adr. Turnebus dc JosephoScaliyero (1). Hier
leur paranVmphe fut fait en nos ecoles; mon rang vient de
donner le bonnet a celui qui a eu le trois. II faut achever
mes lecons, et apres je travaillerai a en falre le latin ; il ne
me coiitera que du temps, mais j'en ai si pen que c'est pilie
J'ai vu aujourd'hui M. le premier president cbez lui; comme
je le quittois, j'ai trouve M. le lieutenant criminel qui alloit
parler a lui ; ils m'ont arrete tons deux et m'ont propose di-
verses questions .s«y//v«/>w/«(->), et comment les sages-fenjmes
et les cbirurgiens se gouvernent en tel cas. Je leur ai dit qu'il
y a en France des juifs degtiises f/tti facinttsjidlntriritint /•<•/, //fn/if
occldcrc ijciitt'ni; cesont les Chretiens qu'ils enteiulent je faisois
allusion a un cei'tain). Je vois bien que Ton travaille au proces
de la sa'ge-femme de juademoiselle deGuerchi, et qu'elle n'est
pas, cornme on dit, liors de danger, joint (|iie le lieutenant cri-
minel est un etrange compagnon, (|iii fait rudement justice.
(1) Foiitcnrllp n'a pas manque, dans son clo[;o dc Denis Dodarl ,
dc> rapportcr cos paroles de Cini Patin. Puis il njoule : « Toules les oir-
constances du Icmoignage de M. 1'aliu soul asse/. di^ne.s d'atlention :
il elait medeein, (ort sa\anl, passionne pour la ^loire de la medeeiiip:
il ecrivail a un de ses amis avec line lilierte non seulemenl enliere, mais
«pielqiiefois excessive. Les elopes ne soul pas fort comiiiuns dans ses
letlrcs, el ee qui y domine, c e-I line bile de phifosophe Ires indepen-
danl. » On lie pent qm'acquiesrrr a un pareil jii/.pmpnt plein de sens
el de M;rile. (\\ I*.
'2 M. le prelel de la Seine vienl «!<• saisir 1'Academic royalp de me-
deeine d'une question analogue, a sivoir : (Incite jieiit clre I'inflnence
du xeiijlc enjole stir la vie des en fan Is et stir la sanle des mi-res? Hul-
lelin de 1 . \cadeniie roxale dc incdecine, Paris, ISio. 1. \ . p. od.'i. )
K. I'.
V.32 I.KTTIll'> UK <;i I 1'ATI.N
On s'en va lain1 publier des nionitoires par toutes les pa-
roisses , tonchant I'aflaire dc la dame Constaiitin , sago-
lemme; elle a etc resserree; il y a mi chirurgien prisonnior
pour le meme fait.
L'ajournement personnel eon t re M. 1'abbe de (iaillac a ete
change en deeret de prise; de corps, s'il ne se presente dans
ti'ois jours; sinon il sera trompette par les rues et carrefburs
de Paris.
Le tremblement de teri'c a ete fort grand aux bains de Ha
reges , pros des Pyrenees. 11 y a eu vingt-six homines tues et
(|uehjues blesses. 11 y a dure trcnte six lieures, et a ete senti
en plusieurs autres endroits.
Les deux filles de madame la duchessed'Orleans, qui etoient
alleesalacour pour lemariagedu roi,sont ici deretour diner
au soir. Mademoiselle, leur su'iir ainee, y arrivera de-main ;
si bien quo voila la cour qui s'approche de nous. (luenaut :i
ici recu un terrible scandale pour son vin emetique, dont
plusieurs se plaignent fbrtde lui.Undesnbtres, nommeM..Mo-
risset, traitoit un riclie beneficier, age dt.> vinyt-liuit ans ; (iue-
naut y f'ut appcile a 1'insu de 31. Morisset ; il (lit qu'il le gue-
riroit avec deux verres de tisane laxative. Jl ordonna done,
deux apozenies die/ I'apotliicaire; le malade n'en prit (ju'iui,
a tfnu ninifii f/cjrc/f. Guenaut, <[ui \it oette grande operation ,
dit (|ii'il etoit gueri et (ju'il f'alloit qu'il prit encore le Icnde-
main matin 1'autre verre, et dit aux parents qu'il leur avoit
parle de tisane laxative, mais que c'etoit du vin emetique,
qu'il le leur avoit cache de pour qu'on no I'empechat tU1 si
bien Cairo, ot sYn alia. Une demi-h(Hire apros, le malade se
trouva mal ; on courut rofjuerir (•uiMiaut , ipii ne domeure
(|u'a (|uatro cents pas du malade; il y vint et le trouva niort.
Los benefices sont perdus , tout*1 la f'amille crie et so plaint
fort do lui.
Je salue mademoiselle Falconet, .Al. Sjxm . et suis de tout
mon coMir votre, etc.
J)c Paris, le (i juillet 1(JOO.
A KAI.CO.NKT. 23v<
LETTISH DXX1I. - - Au inSim:
M. le ebanoelier a ete fort inalade d'unc nepliretique; il a
vide une pierre et so portc mieux.
On dit que 1'abbe de Gaillac est mal , et ([u'on le poussera
bien loin. Jo ne vois ici personne qui no 1'aecuse do grande
imprudence. Ce malbcur confirmera dans lo parloinont 1'au-
torite de M. le premier president.
On dit quo le roi est tonjours rejoui d'amenor la roinc sa
t'emme a Paris", ot d'entendro parler des beaux preparatifs
i|ii'oi) lui fait; mais neanrnoins plusienrs croient qne co ne
sera qu'au mois de seplembre.
On dit (jue M. do Vendome est hors de danger , niais
M. Kainssant n'est point encore de retour. M. le Prince et
niadame de Longueville sont alles a Amboise au-devant du
roi. Le surintendant des finances et autros parlent d'aller au-
devant de son Eminence jusqu'a Orleans. On redouble la de-
pense pour avancer les apprets de I'entree du ro'f.
Jo vous prie de dire a niadame Falconet quo je lui demando
pardon de la debauclie <|uo j'ai faite d'aller voir 1'eglNo , les
tombeaux et le tresor do Saint-Denis, avec ma t'emme et DOS
nonveaux maries. Ellopeut bien me pardonner, ce n'est point
ma coutume ; jo n'en iis jamais taut , el peul-etre (juo jamais
je n'y relournerai. Je no fais guere de debauche quo dans mon
(Hiide avec mos livrt^s, an moins n'en l'ais-jo point tant comiiio
je voudrois bien. Feu M. Pietro, qni a do un bomme incom-
parable, taut en bonto qu'on science, disoit (jiTil faisoit la
debancbe lorsqu'il lisoit C/iccron et Scnoqno ; mais (jii'il si-
reduisoiL aisoment a son devoir avec (ialien et Fernel . ru/iis
IHitlm/iKfi/nit iiiij/riiM' ndmnnlmt : ainsi je me suis reduit dans
mon etude depuis ce temps-la; mais on IK' m'y laissi1 guoiv
dans 1'etat paisiblo '[u'il f'audroit pour bien etudier , i-ni'n,in"
sti'cfxunin sa'tfjcntits cf oh/i tjt'it'i'itnt ([;.
\ Fairo In debauche on lisaiit CiccM'ou cl Sciict|iio ! c'e>l la unc
•2.'5i 1.1:1 IHK> UK (, i i r.vn.N
Nous avons en (ce dimanehe II juillet, du ten , la
passee, dans cc quarfier, clioz un do nos voisins nomine
(iuillaume Man-band : on y a apporte beaucoup de secours ,
et en trois heures il a etc eteint et arrete. La perte est sur le
dos de celui chex qui il s'est allume entre minnit et HIM:
lieure; les deux maisons voisines s'en sont un pen senlies.
Bon Dieu ! quel desordre fait cet element ! cola est eflVoyable.
Aristote a dit dans le \t: des Meteores : Omni/i t'/cmcufn /n>-
trescunt prcetcr ignetn , <ini<i nmnia smtf. mntcrm njm ; il devore
tout cruellenient et impitoyablement. .!e vous ai ci-devant
mande (pie j'avois reeu la t'euille d'arithmetique , meme elle
est reliee, je vous en remercie; ce livre est bon a prouver
prouve de la severite des eludes en medecine a celle epociue et de I'aus-
terite do coiiduitc des praticiens d'autrefois; ils auraient crainl en cer-
tain sens Ic reproche de Menage : R'avez-vous }>as luxite d'etre si sa-
vants ? aucun d'eux n'aurait pu conccvoir la vie mondaine. dissipcc de
certains docteurs de nos jours . inais doul on pent dire : Negiiidem
musas e liminejalularunt. Toutefois , beaucoup de medecins onl sou-
lenu et conserve les habitudes severes de lours aiicelres , memo dan--
lours etudes, hien (juo plusieurs se soienl disliugues par line profbndr
eriidilion. Qnand on demandait a Morgagni son avi< sur qiieliitte c»n-
troverse d'arehoologie ou de littoraturo, il repondait |>ar cos \er> di^
Marlial (lib. IX, ep. 12 :
|)an> le vviil'sieclc el au comincnceinonl du noire, plnsieiirs inede-
eins >e soul (ait reinanjiier , au conliaire. par des gofits iuliles el
indignes de lour profession , iiolammcnl ]>ar la gourmandi.se ; ils so
firenl proselytes do Cirimod do la Reyniero , « eo Zoi'le des (onniors-
generaux el flalteur du cochon. » Tl en est qui out ecril «les \ors sur
la beaute , sur les modes , sur les graces el les flour* , mai* sans succes
romarquable. Aussi un salirique a-l-il dit, en parlant des oeuvres do
res medecins inlideles el inauvais poelcs :
que It's jesuites Mivciit lout, jus(|ii'aux finesses It: plus caehees
tie cette science des supputations. Dieu garde ceux qui n'en
out que fa ire !
.I'ai ici deux feuilles rl'impression in-quarto du prre Vavas-
sor, jesuite, 'fc I'ucc w rcyalibus nujtfifs rpigrmnmata. Get
liomme est en reputation d'habile homme, mais il est ame
moutonniere, atissi bien que totitle troupc-audont il fait partie.
Les vers en sont beaux , mais ils sont pleins de vilaines et
puantes llalterics , />/'<> more yaiitis loyoliticce.
J'ai vu mi inalade, depuis trois jours, que IMcote Belaitre
avoit entrepris de guerir, et d'oii il a ete chasse i^iiominieu-
seinent. Je vous le di.s, en v«:rite, ee n'est qu'un nialhetirenx
coquin , fort etourdi , bien ignorant, nrf/uifffi/i iiH-fltcna, .wi
liluin; ntendicus. II est si guenx qu'il en feroit pitie, n'etoit qu'il
est foil et que la tele lui tourne de vanite: aussi est-il natif
d'Orleans, etd'unefaniille dans laquelle il n'est pasle premier
Ibu. II clierclie des amis qui lui donnerit aide e( secours
pour envoyer ses enfants en' Anierique, ii'ayant point moyen
de les nourrir: c'est signe qu'il ne gagne pas taut; et errtes,
s'il y gagnoit beaucoup, il seroit bien lieureux , il vivroit
d'un metier ou il ne connoit rien. J'apprends que ses affaires
sont en fort mauvais etal, si M. le comle ne le soulage deses
liberalites. Voye/. et juge/ s'il n'est pas bien appuye. Cette
attente est vraiment, comme dit Sealiger, ficiditi'inu tuu:i-
Iliini i't .sw'yy/o iiiiininiitttx. II empruute de 1'argent pour
subsister a des chirurgiens et a des apotliicaires; mais c'e>t
mauvais signe, et un support <pii n'ira guere loin, voire (|iii
le detruira.
Je \ iens de voir 31. le Sanier, (iui ma dit ([in1 Noel Falconet
est capable de bien repondre, tt (|iie I'epitre sera bient('>t
pi'iMe ; il attend M. I'arclieyeque pour soiilenir sa tlie.se en sa
pn'sence, (jii il dit qu'il (era des merveilles, t't (ju'ensuite il
s'apj)li(|uera tout a-fail a la medi'ciiie.
.M. Hlondel m'a dit aujoiird'lmi qu'il a leve et pave notre
2,'iG I.EirilKS 1>L '.II PA I IN
arret contrt1 les cbirnrgiens, et que demain il lc baillera a
I'impt'imeur pour le mettre sous presse.
La dame Constantin , la sage-femme , est encore dans le
Cbatelet en prison; elle doit etre domain interrogee. N. et lc
Large ont recu assignation pour y venir repondre de leurs
fails et de la deposition qu'ils ont donnee. An est ubi fat is ee-
tlat jtudore careen's et niet/t Icthalis sujijtlicii confccta. '{ On dit
qu'elle se defend bien , et qu'il n'y a point asse/ de preuves
centre elle pour la condamner a mort ; mais on attend des
monitoires que Ton va fa ire publicr par tontes les paroi^ses
de la ville et faubourgs de Paris. D'autres disent que I'on la
vent sauver, et qu'elle est trop bien recommandee par les
plus grands; neanmoins on croit bien (ju'elle merite la
•mort et au-dela , et que si on la pendoit elle ne mourroit
pas innocente. On dit (jue sa maison etoit un bordel public,
et que quantite de garces alloient accoucber dedans, ret «l>-
orftdit passimi!. Quoi qu'il en soil, je crois cjiu; les juges font
ce (ju'ils peuvent pour decouvrir la verite du fait; mais
la v(-rite est souvent cachee , et ne se pent decouvrir pour
etre trop avantdans le puits de Democrite: aussi n'est-ce pas
d'aujourd'hui que les gens de bien sont tourmentes et que
Ton pardoimeaux mediants.
Dal veniam corrix. vc.ral Centura
Le roi est a Orleans aujourd'hui , et dans deux jours sera a
Foutainebleau. II n'a jioint passe ;i Tours. Madame est mat
contenti! : on dit (ju'elle s'en va aux eaux de Forges. }\. lc
cbancelier, le prcviH dcs marebands, ct les ecbevins. et
plusiciirs antres s'en vont a Foutainebleau , y saluer le roi,
ct y jtarler de son entrt'e.
Noiivelles sojit venues d'Kspagne (|iic le grand-maitre dc
Malte, Francois de nation, est encore mort , et qu'il y en a
mi antre nonvean qui est Ks|>ai;nol , nomine C.otonnier; que
\ FALCONET. 9.1?
le l)ailli «lft Valence y avoit osporance do I'tMre, mais qu'il a
perdu sa brigue.
Cejeune marchand , nomme Guillaurne, duqiicl In maison
Cut hior bruleo, ost fort inalado cho/ sa mere; il y a de la
pcrte pour plus de 100,000 liv. par ce malheureux accident.
M. 1'eveque d'Antun a fait [' /fistuira rfrs cnrdinuiu: i/lus-
fr/'S vn i>ii-tc , en trois volumes iu-folio, en latin; il a dit la-
dedans plusienrs clioses assex hardies contre le cardinal de
Hichelieu ; il a parle mal de sa famille et de son pore, de sa
tyrannic, do son ingratitude contre la reine-mere, et en tout
cola n'a dit que vrai. L'abbe de Richelieu , pousse par sa pa-
rente, madame de Combalet, <///>«, madfimc d'Egiiillon , que
quelques uns disent etre sa tante, est alle a Pontoise ,
oil se tient I'assembloe du clerg*'1 , et s'y plaint de ces injures.
On ifen a pas fait grand etat , pen s'en taut quo Ton ne
s'en soil nioque , ot j'en suis bien aise; je loue la ^enerosite
et la Constance de ces bo us prelats. Co bon evequo est louable
de son y.ele et de son ouvrage ; il a ete ci-devant minime, puis
eVtVpie de Rie/ en Provence, et enlin eveque d'Autun. II est
ueveu do MM. de Marillac, j'entends du garde des sceaux et
du niai-ecbal , qui jnoururent tons deux 1'an 1632 , martyrs du
credit trop grand et de la tyrannie du cardinal de Hichelieu.
On dit que M. le cardinal Ma/arin sera dans Paris sur la tin
do la semaine, et que !e roi a passe et couehe a Orlt'-ans , et
qu'il sera domain a Kontainebleau. On poursuit loujours
M. 1'abbo do (laillac, et s'il ne comparoit bientot, il sera
trompctte par la ville. Los inaitros des reipietes Tout aban-
donne, disant qu'il est foil el tro[> I'-loiirdi. On (lit pmirlanl
t|u'il y a bien plus d'imprudence que de crime en son fail
On dit quo la princesso palaline a charge de se lelircr do la
i -our; M. le chancellor est parti ce matin pour i-tre drmain
matin a Foiilainebleau an lever du roi ; !<' cardinal Ma/arin
et la reine- mere, seront ici vendrcdi. Le tremblement de toriv
coiilinue encore ; il a ele vu a Uagneres, dix-huit liouos par drla
Toulouse, dans les Pyi't'iit'es. Oil dit ici <|iie le chevalier I'ul
•238 I.F.TTRES I)F. CHI PATIN
est alle avec des vaisseaux a Alger pour demander des esclaves
Crancois , comme titCronnvell il y a quatre ans pour ties es-
claves anglois qu'on luirendit. On attend ici un arabassadeur
espagnol et un autre anglois qui entreront ici en grande
pompe.
VoilaM. dela Mothe-le-Vayer (jui vientde sortir de ceans,
et qui m'y a apporte un de ses livres nouvellement fait,
lequel m'a dit que le livre de Milton contre le feu roid'An-
gleterre (1) a ete brule par la main du bourreau ; que Milton
est prisonnier ; qu'il pourra bien etre pendu , que Milton n'a-
voit fait ce livre qu'en anglois, el ([U'LIII nomme Pierre du
Moulin , iils de Pierre , ministre de Sedan, qui I'avoit mis en
beau latin , en est en danger de la vie.
On a pris aujourd'hui trois voleurs , qu'on a decouvert
avoir vole dimanche matin dans la inaison qui bruloit en ee
quartier. Un crocheteur et sa tern me sont dece nombre; on a
trouve chez eux 25,000 fr. d'argent eomptant. Vous save/
qu'il y a trois sortes de gens qui courent au feu , les sots (jui
vont regarder, les larrons pour derober, et les gens de bien
pour aider a eteindre le i'eu.
Je vous baise les mains, et a mademoiselle Falconet et a
M. Spon, notre bonami,et suisde tout mon cantr votre, etc.
DC Paris, le do juillel KUiO.
LETTRE DXXII1. — An mnw.
Le roi est a Fontainebleau avec les reines; inais la reine-
ui ere est ici attendue demain et son Eminence au bois de
Vincennes.
I^e mercredi 1-1 juillet, la dame (.lonstanlin , sagti-l'iMnme.
a (He condamnee au Cliatelt-l a rtre pendue t-t ('tranglef apres
. 1} Vojey. la note I. I . p. 'i(>0.
A KAI.I.ONKT. 1>39
avoir etc mise a la question, d'oii rile a apprle, rl a ete
transferee en la Conciorgerie. On croil que la semaiiie pr<>-
cliaine la sentence sera confirmee ii la Tournelle. M. If lieu-
tenant-criminel mecontoit hierqueN etoit bien ignorant,
et qu'il avoit fait un rapport plein de faussetes ; J. le Large,
chirurgien, s'y est excuse <ln inienx qu'il a pu.M. le elianeelicr
revinthier de Fontainebleau ; les nieces y sont aujourd'hui
parlies pour y filler saluer le roi et la reine. On (lit que les
Ktats de Pologne veulent el ire un successeur a leur roi, et
(jue Ton songe au prince de Conde, qui a ete jusqu'a Aiuboi.se
aii-devant du roi, de quiil a ete fort bien reeu.
M. le lieutenant criniinel me lit hier grand etat d'un passage
(|iie je lui ai fourui de 1'Apologetique de Tertullien cojUre la
sage-femme : .\<>bis vero lunuicidio scimd interdicfu, ctiam ron-
rt'/tfttni uti'/'ii duin adkuc muiyms in /lutnuteiu dcli/mtm', tlisanl-
cere nan licet, //(tiiticidit fi'Stinutioesl fji'u/ribvi'e misa^ nee ppfivt
iinlinn fju/s i'/'ijjtfit (innnmn , un nimrrnltmn distui'bi't. llmnn f.s/
>'l I/HI cxf /tt(ttrt/s; <-t fructun /umiinin jmn in sonini' cut. Je lui
en avois aussi I'ourni des commentaires. Jc vous baise les
mains , et suis de tout mon crrur votre, etc.
I*. S. M. 1'abbe de (iaillac a mis de 1'eau en son vin , et a
reconnu (pie les plus courtes folies etoient les ineilleures ; il
a presente requete ce matin au parlement, etdemande la paix,
pour laquellc avancer on aatissit(M leve la prise de corps (|iii
avoit ete ordonnee con I re lui.
I.e I'oi el la reine seront lundiau bois de Yineennes ; M. le
due d'Aiijpu sera a Paris; c'est M. di; la Mothe-le-Vayer, sou
preceptetir, qui m'en vient dassiirer. Je salue madeinni-
selle Falconet et M. Spoil.
DC Paris. It- IGjuilloMGM).
240 I.F.TTRES DE (MM P.VTIN
LETTKE DXXIV. --,!« ^W.
J'ai out parlor ici d'unenouvelle Jlixtoirc fl/t /)(t///i//in''' en
2 vol. in- folio, et d'une iionvelle //iafoh-c <h I.I/OH , in--1 ,
I'aite par un jesuite. Prone/, s'il vous plait, l:i poino a votro
loisir d'on parlor a M. Barbier, ot d'on savoir dos nonvelles,
ot memo de me los aohotor on blane. ,lt> ponse (|u'il vant
mieux faire ainsi que de s'attendrc a nos lihrairos, (|iii nVn
roQoivont (|ue tard, ot <]in no los voulout vondro quo beau-
coup trop chor a cause do la iiouvoaute.
Quand vous los auro/ ehez vous , il no los faut pas onvoyor
par M. Troi.ulamos , ils sont trop gros ; il vautmioux on fain1
nn paquet ot lo delivror a M. Spnn, notro bun ami, <jni pren-
dra lo soin do me los faire tonir dans qnolque hallo di1 M. Mo-
venet on do M. Hnguetan ; on ponrroit y ajonter paroillomont
le .S'. Gfloi'fjinx Ciijipmloj: du A. Tlif'iijtliUc llm/nnml , si alors
il est aolievo.
II est arrive a Paris taut do niondede tons cot('S , et memo
des provinces otrangores, pour voir rentroe du roi , <pio los
rues no sont pas assox largos jionr tout oontenir ; on n'v |»enl
passer, outre quo Ton hat it on plusieiirs cmlroits.
M. Troisdamos , lieiilenant do la colonclle do M. do Lainoi-
gnon , oomme il ost noire hon ami, m'a pi it- do lui donner
u IK; dovisc pour 1'airo meltre sur un drapoau nonl'qn'ils font
faire, et a desire ipie re frit sur la paix t?t sur le jnariago du
roi. Voila oe que nion Ills (larolus lui a fourni sun co sujet :
Cot'imf jinn ftflcrt1 mio /tt/.u cf tinmr. Ktos-vons do 1'avis dos
approbateurs? II n'y a mot <pii nerevienne bien an sons do la
saison presento et do I'etat de DOS affaires : le manage du roi
eloint une guerre grande et longue , qui dure il y a vingl-cinq
ans ; la paix semhle bien asMiree |>ar la bonne intelligence qm
est (Mitre los deux royaumes, anssi bien qn'enlrc los diMix rois
connne aussi outre le roi et la roino. Son Kminoiioe M' norle
\ I'Vl.CONH. 'Ill
miciix; mais <m (lit que ses jamb.-s s'extcnueiit foil, '///'/'•
mcntufiidn ridi'tnr ajtwics riijfixdnin /ti/di'iyiin.
L'imprimc (jiu! je vous ai envoye loucliant leiaitde la dame
Constant in a etc bride par la main du bourreau a la Croix <lu
Tralioir par oidonnance du lieutenant civil ; inais il y en a
grand bruit au Chatelet conlre eelui <|iii 1'a fait sans ordre,
sansaucini consentement , sans en avoir parle a personne et
sans sentence; meme ceux qui s'y sont declares eontre lui
sont amis des reverends peres : un dil que I' a Ha ire en ira jus-
(|u'au parlement. Les magistrals out bien do la lacliele et de
la bassesse de soull'rir que ces peres passelins aient tant de
credit pour les opinions extravagantes et dangereuses <|iii
,sonl dans leurs livres et leurs apologies : voila ce (ju'a pro-
iluil la panlelte.
Le roi a depute un eveque et deux abbes pour se transporter
aux prisons du Chatelet et dela Conciergerie pour voir a com-
bien se monteroit lasommedue j)ar les prisonniprs que le roi
V(Mitinettre en liberte; elle va bien a 100, 000 ecus; on taclie
de diminuer la soiinne, alin de les dt'-livrer ii I'entree du roi.
Un dit (pie si son Kminence etoit en etat, on I'eiiverroit aux
eaux de Hombon; elles ne lui valent rien. Klles sont Irop
i-liaudes, joint <pie Ton dit qu'il a [tissedu sang, ce qui seroit
un signe Irop certain <:nl<-ull in cesi en delitescent is. II se plaint
fort de Valot, (jui lui a promis de lui adoucir ses douleurs, ct
ijiii ifen fait rien. Le pauvre Air/ii/ifcr est en danger d'etre
cliasse de la cour, >'' f/int/ ltu.innnilnscimtin(jnt in rirn i»irnnriitn :
car il n'y ;i (pie cvlui-la <pii le maintienne, tons |»N aiilres soul
contre lui , nicme le roi et la reine.
La sage-ffirnme est toujours prisonniere; on dit quecene
sera que pour la semaine prochaine, el <pic .\l. le procureur-
pMit'ral en appelle contre elle de sa sentence n //////////./; cjn'il
\ cut doiiner de r IK les ('(inclusions contre elle : qu'cllr devroil
/•Ire brulee loule vive , si elle nc iioiuine scs complices. Mais
puisquc vous avc/ trouve si beau It1 passage de I ertullicn con -
trc elle , je vous en venx indiqiier un a ul re du mcine anlcnr,
in. Mi
•li'l I KTTllf-S Hi- i,l I I'M IX
au livro lie .\ntniti, c/ifi. '!'•>, <><lil. /{iijnlfff, mini I f) i 1 , p. '.\'l^.
.\f (/>///< i'/ in ijixu (i/Uini- ill f rn in funs 1 1 iirjtluf/ir ni'contnriii crii-
dclitnte , (/won in I'.ntii »l>l itjnnf u* clencf/nt \inrtnni . uinl ririiln ,
/// tnnriturns. Itnquc cf inter timin me/l icnrmn ft n/'f/fitin est i/un
/>/'>//* jHiteKccre secret 1 1 royiintnr fort /It tcntjiprnmanto , emu un-
niiln cult I'uto . ijini mtns membra civdnntnr un.rin arbitrin , cunt
hi'licti' tiiKTi ffllO tftlttm pcrfllS < .i't rulnl nr, 1'ial ento iiin'i'iicrin. A'.s1/
/•tinni (riiL'nrn spiculwn, f/uo jugnlntin i/>v> ilii iijitnr r/i-ra hiirn-
ctiiin, Ho-joiwffxr^v (i/>jie//u/if flf iiijnntiriilii <>j [ii'in^ ill iijiii' riri'n-
//.s infantist jtcrenijttornoii, etc. ()ptimu. <n~ 1 frfnll mnn dii/nu ( | '.
.le suis bien aise ipie vous soye/. satist'ait de .M. !e Manpiis .
jo It; comiois , jo 1 ai vu en cello ville : e'e>i un esprit cliaiid et
bilieux , qui a bien ('tudie ; outre cola, il est ^onlil et eveille.
I'aifM'a-t-il les cent ecus? One sont dt^venus vos deux autres,
de I.uques et Houi^e?
Notre licencie, (jui est si savant , s appelle Dodart ; il esl
lils d'un bourgeois de Paris tort bonntMe liomme : c'est mi
^rand garcon tort sage , fort modesto, qui sail llippncrato .
(ialien , Aristoto , (liei'ron . Sene(pie et Feme! par cd'ui1; c'est
un i^areon incomparable, ipii na pas encoi'o vingt-six ans;
car la Faeulte lui fit {••race au premier examen de (|iiel(|iies
mois (jui lui manquaienl pour son aye sur la bonne opinion
qu'on avoit do luides auparavant ~l .
Noel Falconet a I'ecu vos letlres ; il a deli\ re a M. Morangos
la sieime ; mais M. rHrchevequo n'est pas a Paris; il est au
bois de Vineennes ; s'il no vient bieulot ici, il I'ira cheiclier
la. Quand il sera do retour, nous prendrons temps de 1'aller
saltier par I'entremise do M. Morangos. Jo vous prie d'assurer
mademoiselle Falconet de mes tres bumbles services ; jo lorai
lout ce qui me sera possible pour celui qn'elle aime taut , qui
1, (-(• passage rcmartjuablo <lc L'orliiHion pnnnr (pic Ic-. aiu'icns
rlaitMit plus a\ances qiu1 nous iu> Ic CIONOII- dan>. Tail (lc> accoiicht-
inriils. \ o\c/. Kssais historiques, I'.ttvraires ct i-rilii/ui's sur I <irl //<•>
,,rr»:icl,rmL>nts. ]»ar 1'. Sue- Paris. I77!». I. I. \(. I'.
•l N DM /. In noir prc'ci'-dcnle , p. D\
V
seroit bien amiable s'il vouloil ; mais jVspere qu il le sera
quelquejour.Unhominc dequalite m'a aujourd'hui demande :
Les eaux de Bourbon sont-elles bonnes a son Eminence? Je
lui ai re pond u sur-le- champ : Conime le vin emelique an leu
ducd'Orleans. V auroit-il apparencequecelte pense'e entral
dans le ca'ur des medecins de la cow , <|iie les eaux de Bour-
bon i'ussent bonnes a taut de maladies et desvmptomes (jui
ne proviennent que de chaleur, c.c tanto fcrruw c( aicri/ufc
ciswrum, cumjuyibus vigil-its, qnin i>rnr<iiii diat/wsim />/////'iiinnit
ftingtilis parti bits fi/rnnr rci/innis.
Je viens d'apprendre qu'il est bien inalade , et encore pis
qu'liier, lant pour sa gravel le quo pour ses liemorrhoides et
son extenuation, taut des jainbes que des cuisses . t/un-^f rin
ml hi/(/ I'Hjji'iit, sur quoi je brise.
Do Paris, le 27 jtiillet 1<il>0.
LETTHK DXXV. — .1 «»/«/»-.
Je vous ai envoye bier, ce samedi 31 juillet, ma lellre avec
eelle do Noel Falconet, par la voiedeM. Lan^lois. Je ne vmis
j)iiis rien dire de nouveau , sinon (ju'un de DOS capilaines
vient de me dire quo Ton vent remellre 1'entree dn roi au
•2 septembro, parco (ju'il fail trop cbaud. Si cela esl , n-rn
(•until ttmtii ililiitKi'HX L'sf il iilitti* i't tnicf/ift win-linn itiir/iiirnt i :
I'/i/sn (juodflllt >'/(inu/'t' s/jtii'f/tnifltt' juniii <•! t'ti'/iifi'X iiijiiiii inn Jim -
litnK'iixi inn ml I'J'/K i/K>i'ht jit <ijl ujut tniK'in , rnjiis rural inn i mil In
modo ciii/i/ii'/init. Mais loule la cour est mysli(|iie, him i/isn unlit
I'.if HII/Sfl't'tHIII, it (Illlll'l OIIIII/X *>ll// IH//Sttr/, I'f Illl/Sfll' Xll'i1 /Xlfl/lt'
<l h'-r Jin'! mill' , i/ini' tn t'f'blts ninrtnl mm , tnm in rnlm/ii' nrrt-/>//
1/11111/1 i',i'fn'/is/ nt I'lniiijid' fin-it ^niji mini . II y a encoi'e d'autre*
di'-esses (|iii se nuMont dps affaires do < es trens-la , mais qni ne
sont <|iie des suivanfes el des cmirlieres de cetle premiere.
1'utii rt'tjioil tn'/n'tii, t'd'fti sdnif IIIIIHIII /'','/''•
Ij1 cardinal )la/arin a ele siiiuin'1 ce dimanelie I" auui . en
•j-M i i-iTitis DK (in I'vriv
tout sept I'nis: i! a pi-is aujourd'liui inatin niedecii'.e. el -e
porte mieiiN I'll marquis rspagnol I'ul noye pres de ('.baren
Ion, ciisc baignanl il y a trois jours. Los meublfis de la <on-
rouiie, qui etoient a Bordeaux, out ete removes |>ar iner
pour en epargner le poi't : on n'a point su quehpie temps cc
(]u'i!.s etoient devenus. Knlin ils sont arrives an Havre, et sc-
roiil ici bioutoi : c:etoil une des raisons du I'ctai'dt'UH'iil de
I'entive; la seconde etoit la maladio du cardinal : il u y en a
point d'uutres, car tout est pres de dcc;i: on n'atlend plus
(|ue Tordre du roi.
l.cs chinir^it'iis out fail dresser une cliaire a prcsidcr dans
Saint-(joine ciilenr grande salle. .Notre doyen s'y est oppose,
et a preseiite lYupiete contre eux ; il a les conclusions du pro-
enreur-iii'iieral , les(|iielles portent (pie la cliaire sera olee. il
taut |)our eela mi noiivel arret (jiii sera mis ensnile de I'autre :
cela f'era conuoitre a la |toslerito I'obstination et la malice de
fi-fi tiK/nitig hath-*, (\\\\ briguent j:our etre noinmes cbiriirgiens
dt1 longue robe, on medecins de i-nm-ir rnl>'\ aussi bien ipie de
rial I'll' y/(?//r/' ( lj.
Le cardinal .Ma/arin se li'onva fort mat bier an soir, litndi
I '1 aout ; ct1 matin mi pen mieiix : consultation a ete faite |iar
oi'dre du roi.
Le proees de la dame (lonstaiitin a ele ce matin mis snr le
bureau ; on It! continuera demain matin , n/xi /'/>• major ///'<',-
r/'nuit. Klleesl en grand danger de passer par les mains d'nn
terrible, menelrier , ///// ' <>/hti Jinimv ('mlmim rn<-itl><ilui'.
Le, mal de son Kininenci1 u'est ni goutte ni gravelle, c'est
plutot nn>rl>nx risi'i'i'inii , <i>iin"itni iniiii! mi flififi/if/in)'fi in /n'Ofti'in
Nit/tsfanfift nli nii/iijiin /•/ jnrti iiif/'nijifru' . <i>//i> t/t'nnt/ /n'nriim
'I ini lii'm in . iii/l/u tii'tix iiu.tf i'ff ni'ii'^nl in i/i'l i'lul fin .
\ i \i i O\K i -2 ;.")
rut'is till' imslci nnili' li(ili''f , (Jlioi epic loll ru di.sr,
(iitiiuni't innt'i'ui' ttiiiri-i'M <:<>ru»i'tt . iiitiiuni'f f/iin'/i/'' Hntti.iniiut ,
» j i
/1'nfndtr t'fili'tiidiniiiii , tiKfiut 'Icrtnllutnus.
II me semble<|ue vous ne pouve/. donner inoins de six-vinyls
francs a M. le Sanier, ;'i cause de I'aclede dimanche prochain;
j'en domiai autant pour moil Carolus, tpii soutintsrs Iheses
de philosophic en ijrrc et en latin. Tan KM". J't u tri-.ii lout
ee (ju'il vous plaira Je vous baise Ires Immblemrnt Irs mains,
et suis de tout. mon cu'iir votre, etc.
/'. .V. Je \oisici des Hollandois (jui sont fort en peine ipie
deviendra Dunkerque, et comment s'en pourronl accordcr l<'s
lr>.is rois inli'-resses, dc France, d'Kspagne et d'Anylrtrrrr.
Demain tontes Irs chambres seront assrmblrcs an paile-
mriit pour deliberei1 stir 1'entree dn roi rt lion inrr do de.
putt's decha(|iie chambre.
Do Paris. It- 3 aoiU KitK).
LKTTUK I>\\VI. - - .I//
Je vous eiivoyai Iner de nos nouvelles par la voie de
M. Troisdames. Nor I Falconet a ete aujourd hui, ce samnli
? aout, i>ar tout Paris y porter de M-S theses, rt j'oprrr ipie
demain il aura mi bel auditoiri!. I! a iiii'-me ete a \ iiiceinie> ,
oil il a presente ses theses a MM. I art'heve<p.ie, lc marechitl
et h^ manpiis de N'iilrroi. M rarclievei|ue lui a promis de lc
venir entendre demain.
Le cardinal Ma/.arin se porle mieiix ; on dil (|ii'd n'ira point
aux eaux, mais (ju'on le meltra <iu lait d'anesse. On le bai-
<;ne maintenant. .M. Ksprit lui a (lit en particulirr <|iie le
bain ne lui etoit point bon, et (ju'il s'en tronveroit mal s'il le
continuoil; iju'd s inscrivoit en lau\ ronlre ce b.iin. birii
(in i I lui rut rlr on I oil I le par \ a lot i i ( in en a lit . Je ne MI is re
iiu'il I'rra la-drssus , ma is ji' suis birii a vrrii <pie drpui> ipirl •
ipir temps Valol |e vrillr el y roiirlic torlr> Irs nilils. Scroll c,
.' i > i 1. 1 i •!!!•> or i,i i I'M IN
quo les units seroient plus mauvaisos a oe inalade.Mi biou i|in<
Yalol If Hallo cl fail lochien eouehant dc pour d'etre eliasse ?
IJuoi (|n'il CM soit , j'ai pour quo I'hivor proehain no fasso dos
places vacantcs , taut on ministros d'Ktat (ju'ou plusionrs
abbayes.
Le jour do ('entree n'est point encore determine ; niais
neaninoins on croit (jii'ii ost arreto, ot quo re sera le 2-1,
lo -25 ot lo 26 doco mois , car la loir duroru ti'oi.s jours, o(
memo on ost convouu quo lo parlein:Mit ira jusqu'au hois do
Yineennes, tons a ohoval , on robes rouges, avoc dos houssos
do velours noir sur lours ehevaux ; los niaitros dos roqueles
iront avec M. lo chancelier en robes do velours noir; la cliain-
bro dos coinptos , la com1 dos aides . los nionnoies, la villo, le
rbatelet et autres coinpaguios iront plus matin , alin quo lo
parlonioiit aillo lo dernier do tons.
Le niodoein do la nouvollo roino, (jui ost Kspagnol , in a
envoyo uu billot ot 1111 compliment . pour savoir do nioi , !ou-
cbant doux (|iioslions do incdcoino, (jiii t'-toiout los autours
(|iii on avoiont traito. , savoir, de <•<inxti.eh.ulim' vltli' fi'ii/idti jnitn
in ntn/;'iis ; jo lui ;ii Tail rcpon.-.o ot lui ai oll'ort soi'vico. II s'ap-
pelle Thomas Puelle/,. C/ost 1111 petit bommo bion savant, (jiii
a oto profossour it Salamanquo.
Knlin octant souliaito dimanche esl vonu : .Noel Kaloonot a
ropondu fort bion : holio eonmaynie : .AIM. los pi'olais y out etc
fort lionorabloniont rooiis. S'il vout aussi bion ('tudicr on mo-
decine (|n''l a fait en philosophic, il pourra dans uu an otro
i'0(;u dans votro college do I.yon. II estjounc, cliauil ot bouil-
lant , on otat d'apprendre ol do comprondro bcaiicoup do
ohoses; il faut qu'i! charge sa inciiioirc, ot remplisse son es-
prit doronavant do tout co ijiii lui |iout sorvir pour otro dans
pen d'annoes un bon medecin , savant , jndicioux ot bion rai-
soiinaiit.
Vons save/ bien quo Ton caclio les maladies dos grands
taut quo Ton pent, encore quo bien soiivent on n on puisse
vonir a bout. On dit iiuc la maladio du cardinal Ma/arin cst
dull louse, ilnlni i'i ni:<-i/>i/i.-< fn-iitiift , ft jc >ai> de bonne part
que (iuenaut a (lit qu'il aimeroit mieux elre \ien.x el pauvre
medecin , conime it dit qu'il e*t , car il se plaint toujours],
•pie d'etre cardinal Mazarin et avoir taut d'eeus. La reine-
mere est fort centre Valot; on a parle de Ini oter sa charge ,
et de le red u ire a une pension viagere, en donnant sa plan1
a nn antre,qni n'en sera pas fache. Taeite a dit qnelque part,
fort a ce propos : Hcrum liwndncmuii mini t-*t t<mt imsttibilc ,
/fnj'tim c(. CttduCUin , qn<nn j/otciifttt' /n/itn sttfi ri nun ni.ra. ("est
ce quo je repondis a M. Guillemeau , lorscju'il me vinl 1111
jour annoncer, de grand matin, (pie M. le garde des sceaux
de Chateau neut' etoit disgracie, dont il ctoit tort ctonne, /"•'•
iiniitrritn ; niais il tnmva mon passage fort a propos. Ce tut le
ineinejour que , Tan \M'.\ , me naquit mon second tils, Cum-
in* ^afiiiuSfjH'o/i'Mor jxit/mlot/ictia, >-t tunniliuf Imnni'ihns (tiynis-
II y a grande amitie a la com1 entre le prince de (londe et la
reine-tnere ; tout It1 moiide s en etonne et s'en I'ejouil conniie
nn grand augiire d'nn bon tt.'inps ; ce sont les diets de la paix.
et comme a dit Virgile :
Jungenturjfim </>' !/!><'* *•'/'('>', tinmniitc tH/uvnli
dun cnnibtif liinidi i enicnl ad imcu'a daunt'.
l>ieii letir t'asst; la grace de nons laisser vivre en paix phi
sieiirs annees, alin que la [»anvre France , t''puisee |>ar letir.s
disconles et mesintelligences , pnis>e entin ri-spirer.
La sage-lennne I'ut liier meiice ;i la Tonrnel'e , et I'ut inlei -
rogi't; Les juges out commence a opiner. Li1 bruit court ipi'il
n'y a point as.-e/ de jirenves pour la mort , et neaimioins elle
a etc condamiiee an (Jlialelet d etre peiidue , par le lieutenant
criminel et par des conseillers, qni soul d'habiles gens.
On dit ipie des (pie. le cardinal Ma/arin se portera mieiix
il ira an boisde Vincennes y prendre 1'air et dn lait d'anes.so.
:-lS i 1.1 i in ^ in. i,i i i'\ji\
/(/cu mjuuruni tni'tullicu/'um t qui avoienl etc proposecs par \a-
lot , mais impronvoes par les quatre aulres modoeins. Pour lo
jour do I'l'iitree, im/i<linu musfttf HCC (iffirtuutur.
Le temps est vemi tie romercierM. le Sanier; mantlo/.-moi
eo (|iic vous voulex tpie jo lui porle. II m'a dit tju'il m'ou-
verra rimprimeur pour payer los (hoses, le papier, la taille-
douoo, etc Nous retiendrons la planehe ot vous la rouvcr-
rons (juand vt>us rordonriero/. , on bion nous la rondrons a
M. Morange , si vous lo voule/.
Jo m'en vais domain Cairo etutlier Noel Falconet on modo-
oineet lui 1'aire approndre par cu'ur les premiers chapitres dit
/'(HitjtrndttoH do M. Riolan le pore, et a pros los commentaires
du memc sur la physiologic tie Kernel . avoe !'/:'/"•// //•/>/////„
fiitnlomicuni du ills: c'cst leohoinin (jne j'ai fail prendi'o a mos
deux ills, f{ tpii y out bien ronssi. A mosiirc qn'il avanoora
dans cos premieres institutions, jo Ini forai metlre lo no/ dans
ipiolipies autros livres, qui ci sterncitf clam «d In-fumcm (i/i-
leu! c( llij>i>i>ri-(itlfi; et s'il mo vent croiro, il sera capable dans
mi an do passer docteur ot d'etre agrego a volro eollo'^o do
Lyon. .It; vons prie d'y jx.'iisor ot do m'en mandor volro in-
tention.
Jo vous rointM'o.'o dos beaux vors (pio vous m'avox onvovo>
sur lo mot tie Mtizarhinx , Mnrs mi jit*'.11 Si M. Talon fait im-
pi'imor sa harangue sur la paix , jo vons la prom-'l's ; niais
j'on doutt1 , oar il n'ainio point I'improssion. ("osl un grand
porsonnago et tros illustre; jo no sais s'il a son paroil an
mondo ;i tol ago pour sa science , son experience , so:i jugo-
mont.
One faitM. (luillcmiu a Lyon ? II y a longtemps ipie jo n'ai
oui parlor do lui. Xe lui dittos rien do nioi. Onol ago a-f-il ?
One fait volro Basset ? Bongo est-il i^'ou ? A-l-il payo los cent
oons?Onainl ost-ceque votre tic LiKpies pouri'a olro roru?J'ai
pour <|iio son pouinon no lo (no a\anl <pi'il on puisso aniMT
jnsipio la. C/ost grando pilio do maii(|uor do sanlo ot do foror
\ i u.t <>N i. r. -j.-;«i
d'espril. ('.(.-I hotline a deux mauvaiM'S picoc> t!;;ns son sne
Jo baise Irs mains a notre din1 et leal ami M. Spun. Toilullien
no plaint tie cequ'on reproclioit anx gens do bien do son lomps.
(,'niu$ i'ii' bunm , tnntuin quod chnntiutnts.
II y a vingt-quatre heures qu'il plt-iil it Paris rndomoiil apivs
mi oH'royable tonnerre ; si ootto plnio no Int voiino , on dit
(ju'il n'y out en non plus do vin quo 1'an passe. A qnolqno
ohosfi mallionr ost bon.
Jo vons baise millt^ I'ois los mains ot a mademoiselle Fal-
oonet, ii la joie dt? laquelle jo prends part, sur oo (pio son liU
Noel a si bion rtipontlu , t'f n/itmni ulim nnn jiit'itli'i'nr frwtnnt
xiniiii ! Jo snis do tout mon caw votro ott%.
DC I'nris. 't- 10 noiit 100(1.
L KIT UK DX\MI. -- An //«W.
Jo vons ai mando par ci-devant continent Noel falconet a
fort bion ropondu , ct comment M. I'arcliovoijue ot M. l'e\eqne
do Cliartres y onlassiste; il a temoi^ne boaucoup d'osprit et
beaucoup do ju^ement, cola me fait esperer qu'il SIMM un
jour Ires bon medecin ot diiiite lils do son di^ne pore : /;//•///>•
[lilt Ijl/i/'lll l>(l/l'tX.
Ihtiniiiifti jnit 1/iijiK'ii t/t'i'/t.r ulislt't rt.i' i.'t *it//<n'/i/a . en belle
comita^nio a la Croix dn Tralioir.
On dit quo ['entree dn roi st> fora lo jendi -2(> aout.
On nous a reiidu la planchedo la thesi-, jo I'ai eeans ; pour
I impression , lo papier, pour lo tirenr en taille-donee. pour
lo doroiir, pour rallielieur, pour les droits du portier , pour
lo tapissior, (Me., j ai dolivi'e a limprimour, nomine Julicn .
on presence et dn oonstMitointMit do .M. Ie Saltier, la sommc
do six-vinyls livros deux sous, dont j ai eeans ICN parlies
si^tK'os dndit Jnlien (M do .M. loSmier. losipiels je sins prr!
2.V) !.KITIi|-> l>K i.l I I'A I l\
(le vons envovei . I'm OIO^XTCW/ doiiiini ///v/vry//o/vN , je snis d'a-
vis de 1 aller voir deinain avec iVoel Falconet, et lui donner
do votre part dix lonis d'or. Jo crois (pi'on doit encore quel-
ipie chose au repetileur: je verrai ce (pie M. le Sanier in'en
(lira , ct , n: cnijuitn. Hit liomini fiuritu/t s/i/is.
Le cardinal Ma/.arin se trouva bier mat ; il f'allut le recon-
ciler, ct il ful saigne , C./HX cst riili'rc m- /iru.L-i/i/tt* <i/////t//n/<s
infinnum ct pcrtiimcinn valctiidtnvin I'm-tilcr triitct, ((<• /inn rnl<--
/'in/ tiniti ct tot . fc\<ri/lti/>/i .
Lundi prochain , \oel Falconet eommencera d'eludier en
modecine. II m'a promis d'avoir nn cahier de medecine dans
leqnel il ecrira tons les jours quelqne chose ; el moi jc; Ini ai
promis de bonne ibi de Ini Ibni'iiir ce (jue j(; sais de meillenr.
S'ii me vent croire, il sera bien savant dans nn an.
I'n lionnete bomme, des premiers de sa robe, m'a (lit au-
jourd'hui ( ce mardi J7 aout) <pio dans pen do temps nous
anrons de bonnes nonvelles; quelques uns croient ipie c'esl
(pi'on parle dn cardinal de ISetx. Bien que le cardinal Ma/arin
si; porte, mieiix, on IK; laisse pas de souger (jiii seroit celui
(|iii ponrra attraper sa plac(>. On jtarle fort de qnatro, .savoir:
.M. le marechal do Villeroi, M. leTellier, .AI. Fonqnet, snrin-
tendant des tinaiices, <H le seii:neiii' Ondedcy, eveqne de I -'re-
jus. .Kaimerois mienx le cardinal de Met/, quo lout cola, mais
je n'en serois [»as cru , ni'ijui' res IS/HT ma /n/'/ra rst urlxti-ii.
Aussi les jesuiles s'opposenl-ils a ce dernier plus qu'a pas nn ,
el s'il n'a nn tres fort el tn's [luissant archange cpii puisse
renverser toule cetle noii'(! li'^ion , je no pen-e point qu'il \
puisse parvenir; neanmoins hieu est sur tout, qni se sert dr
telles gens qu'il vent pour le ^ouvernement des Ktals. Job a
(lit en quolquo endroit : I'ro/rfcr /iccrddi //(iiiti/i>/'/<in /Jens aim'/
rcijimrc h/i'/imnii , ct je me souviens d'avoir vu mi llollandois
<pii disoit /// xcinti nun ml i/idil /mi di^jKi/i, et meiiie poi'lail
pour sa devise : Sn/iii'idm Itci *'t s/////////i /niin/niun f/n/ic/'//'/ii/
iiiiiiidinii. (]c qui esl de boll , c>t <pie nous avons nn tres bon
\ I U.i.o.M.l . -J.')l
roi , <jiii a d exeellentes inclinations; plaise a iMen <|ii on in
les lui corronipe pas.
J'ai donne dix-lmit francs an rcpelitenr, snivanl le eonsed
de M. Ic Sanier. Jc vous baise Ires liuinblement les mains , a
mademoiselle Falconet , et a noire bon ami M. Spun , etsuis
do tout inon arm1 volre , elc.
Do Paris, le 26 aout 1660.
LKTTKK DXXVIII. — An infim*.
Jc vous ecrivis liier , cc mercredi IS aont par la voie de
M. Lan^lois. On (lit quc don Louis dc Maio cst mort en Ks-
pa<;ne d'nno lievre maliirne, et plnsieurs aiitres seiyneurs dc
la meme ronr. Le cardinal Ma/arin se porle mieux , il com-
mence a se lever, et ncanmoins on dit qu'il a de lor I mau-
vaises units , et que Valol continue d'y veiller.
No<il Falconet Cut liier, e<! jeudi 19 aout, a m;i lee >n an
College royal, el me ri-pota liier au soir nne |)arli(Mle ec <|nc
j'y avois dit , <!<' wn'inibus, <'<n am nut urn cf /'t'tiii'fltis ; /if di- ////-
ji/irf crisi n[t'ni'i'fi'/iti, /''•/• rcinr si'rttoitfiii <:f (HUifdtltiii'sini, ijiin-
rnni ill a. I nil it i-iinsnin un(C('i'il''iifcn , A"''' t'frn r»u/ iin'-fnm . S'il
vent continue!1 de memo , il en saura dans deux ans plus <pic
le jeune dti \\. n'cn saura de sa vie , j'eiiteiids de la bonne et
de la pure medecino (f'/nitiixfifinit } ni/i/rfii'ni// rf i-i/ijn'ririnn,
i/iiir (inii/iiinn jiiHi/itt-s n/cctr t/ti'/fn.-i n/t/nf rtfit/n* , tnfnl ninrnr.^
II fautetre liommc de bien et savant pour y exeellei-. .Mnlinis
<'*i r/r Ixiiiiix , iiicrfi'iirl/ [i<'rltnx. l"n habile hoiuine doit tMre
au-dcssus du eonimun , qui est faineant et pares^eux :
\on l
I/A polypliarinacie nc lit jainais uu bon mcdccin; ml ln-n-
i(i:i , jutni-n, si'f tti'i'f-lu i' nillJ
l'l'lll(:llltl , It'llljini' ' I'f /(/CO (Iftlliltitll ([].
II y a dans Tours uiic grando bauqueruute de deux inar-
chands, \\n\\\mc&\£&Hourrcaux tVeres; elleest de 16 cent millr
livres: niais on dit que dans pen de jours il y en aura enco:<>
nno aulre I'ort Brandt-. Les Tourangeaux entin perdronl lent
credit, taut a Pans, a Kouen , a Lyon quailleurs.
Nous n'entendons ici que tambours et soldats. <|m n'ont
fait que marcher aujourd'lmi pour fa ire la revue gt'uierali! dt>
toutes les coloiiellfs dans la campanile , ontre N'auyii'ai'd cl
Saint-Cloud; on dit loujoucs qne 1'entroo sera U? '2(\ de ce
luois. /'tir/>t//-</t//s ii'is/cf /ffcti>i(jt/t' nii'liiix //"/>('/'!' fltct/Hi', >''W
iiiintliiin iijitinii- . inin iicf/iiiilciit hi1 1 1 c; neanmoins, a\\ dil (jii it
vei'ra renti'ee et <|u'il sera dans la cue Saint-Anloino.
Xous avons ici uii bt'ni'licier, natit' d'Angers . Jionnnc
.Mt'nage ,2\ iiui esl hoinine d'esprit et de grande. erudition ; il
a fait des vcrs fort adulatit's an cardinal 3la/arin , dans les-
J Drojjuour.«< i-crvilcs c( incoi^idoro> . Itmrnioiilciii'.- <ic uialaiicM ct
<!<-• la nature, ruiniyciix paraphrascurs dc lianalllrs i^cientiliquo , nic-
«li((v, liicn cos parole.- dc (iiii 1'aliii . e'ol ral)rc;',o df tonic bonne me
dcrino praliquo. Cel hominc met .-onvcnt l'on.;;le (in lion an has tie <•<•
qn'il ccrit. Rcmarquons (jn'il no s'a;;it pas de ricn lairc . dc>'arrc!cr
le^ hras croises sons son inantean d;;n» Id meditation r/c In iit/irl . in;u>
d'emploNcr des remedes , paiica et seleclu , point di'heal , choiv d.lii-
cilc , d'on dependent ncaninoins Ic saint dn inaladc et la j;lo:re de
Tar!. M.I'.
;2; Ce bcneficier d'A liters est. en eliel. le eelehre (iilles .Menai',1', igni
a\ait beaucoup inoiiis d'espril el dMina^inaliop (|ue de .snoiret d'eiu-
dition. On eroit (jue .Mtilieie, i|iii a\ait a >Yn plaindre , Pa de-ij;ne
dans le Yuilius des Famines sur tittles. Son on\ia;',e principal c»t le
Dictionnnire etymoloyque <lc Iti !tin'/iic franca sc , dont la derniere
e.li i( n . avec des additions par II net et Lednehat a etc pnhliee par
.la nl I : Paris . IT.'iO , 2 \ol in lol. .Men a^o n'(-lail pas sans nierile , inai- il
en! driix lra\ei> c|ni le rendirenl ridicule: le premier, de se enure IIM
p'T-onii,i",e nnporlanl cl;m- la ivpn! !;i|iie des Irtli c« ; |e second . (Tc-'M
aimer mndam." de SeMi',ne. ipii -e moipia de lui. li etait n<; ;i An;1/'!'.
\ lAl.MiNM. 2."»J
(jiu'ls .MM. <l'.i parleiiu'iil prclcndciit clre ollciisrs. II y ;i tin
bruit eontre lui ; j'ai rrgnil (jii'il ait laitce pas»lerl«Tr, (ante
de jugement , car il est lionucle liomme ct de men If. .\<-///o
ju.slt'Hlit nun ni'rfiif , /IGIHIIICX snin/is , nun <l 1 1.
Nous n'avoiis ici (|iic du bruit des latnbours et do la miliee,
el jc crois (JUG (levant <pie la fete soil tout-ii-i'ait passee, nous
n aurons pas meillour temps. J'ai du latin :i fa ire, ipii est
rommtMKV , mais jt> ue puts acbevcr clurant co bruit. Je vou-
drois (Mro a Lyon avec vous pour line liuitaiik-; nous nous
entendrions , inter /ir/rn/ox />a/-/et<'x , de plusiciirs choses y""'
/////•/•/,s- iiini cunsKjninitni' ; et apri's le bruit apaise dc dcca ,
jc in'cu rcvieudrois dcpuis Koaniic jus([u'a Orleans , par la
Loire, si'd //'ns'/'ii riii'i'ii ft1/ <>i>f<> , nun ,v//^/i ///'•/ y/'/v.v. \olr<!
profession nous fait eselaves; jn u'aurai jainais de repos <|uc
lo:s|!icjc serai enlerre , ctalorsou me pourra I'aire I'l'pilaphe
pa; cil le a ee mareclial de Fi'auce , noiiiinc I Vi\ ulee , MiLtuois .
<|iii <st cnterre dans 1'eylise de Saiut-Na/.airc , ;i .Milan : lie
tjiiifuni i{ni iiHituuain ijiiii-cit . ,1 t'li ai aussi menace moil liU
C.arolus, qui etudie toujourset ne se repose presque jainais.
,M. Huguetan , ipiand aura-t-il acheve ees deux tonics dc
1'nn/ns /iii-rliin^ , fjm-xt ioni'H iitC'flicu-(«'(/ftlt'S? M. Uavaild , chilli
ici , m'a promis de nit- les envover des <[ue cettc eiiK|uieuic
edition stira aclievee , (|uidoit I'ctre bientot.
.M. Monerot , le tresorier des parlies rasuelles, avoil eiilre-
pris mi parti coiitre les partisans , et avoit fait son niarclie
iiioyeiinant 1 7 millions. (Juelques partisans, 1 ayant dccoiivcrl ,
I,- i;j iioul H»i:l. ft il mom ul a Paris lo i:\ j nil lot \M~2. Tout If nioiiil<-
• •nini.'iit ci'ltc epigrarnnic ilc l.aiiuinuoyc :
K. I'.
•2M I.KTTIIKS !>K t.l'l I'ATIN
out em-heri par dessus , out fait easser son Iraile, et oflronl
:U) millions avoc bonne envie do hien reinuor le monerot. Ainsi
les lotips so mangent I'lin 1'autre. Krasme done, tout bon
homnie qu'il etoit, s'est trompo lorsqu'il adit : Homo liomini
//t>ns, rf lupus lit/tiimni nun c*f ; inais en recompense il a dit
vrai quand il a eerit : //nmu hotnini fit/ws. JOYOUS baise les
mains, a mademoiselle Falconet et iuiotro bon ami M. Spon,
ot stiis do tout moncauir Yotro, etc.
P. .S'. Mardi prochaiu so fora la revue ^enerale do toute
noire milice devant. le roi , an bois do Vincennes ; joudi sera
renlree fort poinpeuse et solennolle. All ! «|uo no suis-je jxuir
liuil jours avoc vous a l^yon !
Del'aris, le 20 aout .1(500.
LETTllE DXXIX. — An iwhuc.
Jo vous envoyai bier tine lettre do deux pages par la vote
do M. Lariglois. C'est done domain quo so doit fairocetto belle
entree du roi dans Paris, tin -21) aout, paroil jour quo Ton tit
I os barricades, I'an 1(1 IS , alin de Cairo rondro les don\ jiri-
sonniers quo lo Maxarin avoit tail arrotor, savoir : .M do
Broussel , conseiller de la grand'chambre , 01 M. do lilanc-
mesnil , [(resident on la premiert; dos enquotos. Ponso/.-vous
<[uo Ton tie s'on souvionne ]»oint encore au cabinet et an ('(Mi-
soil d'on liaut , ot (jtie la domarclio (juo t'oront doinain M.M. du
parlement a cetto belle entree no soil pour eux tine ospect1
d'oxniation ot d'amoude honorable*? C.ar lo roi vent ipi'ils y
aillont avoc los robes rouges et lour bonnet carre , sur dos
chevaux , avcc dos houssos do velours noir, par tin cbemin
parliculior, aussi bien quo .MM. do I'l 'niversite, et 11011 point
par la grande rue Saint-Anloino , sous ombre ipt'elle soroit
ln>|> ombarrassee si lout le mondo y |iassoil. I'otir moi , je
crois (in'ils s cn soiivionnenl foil bion ; car (lorn. Tacilo . iiui
V KAl.l.oM I . -J.Vl
est tin breviaire d'Ktat et le premier on le grand mailrc dr.*,
secrets <lu cabinet, et meme que .M. de IVd/ac a qnelque part
appele Y.\in:icn uriyinnl dot fim'ssr* intxl< ri«-* , a clit en parlant
de Tibere a un certain courtisan de ce temps-la, nm-liia run-
ntiis i rr id ere solittlit, i/uurmn n^ml y//v/'//o/> ///rs iii (nin/t/i/i I/a-,
iniiriu rsf. Le cardinal de Richelieu lisuit et prati<pioil furt
Tacile : aussi etoit-il un terrible liomme. Muchiavel est un
antre pedagogue de tels ministres d'Ktat, inais il n'esi <|n Un
diniinntiC de Tacite.
Toule notre villeesten inouvenienl, et toutle inoiide court
a la rue Saint-Antoine coninie si le leu yetoit ; X(jel Falconet
est deja parti. Chacun va cbercher, retenirou prendre place,
.le in en vais aux Matburins , (|iii est h» lien oil se lont les
^ramies asseinble.es de ITniversile; nous y avons notre ren-
de/.-vons a cinq beures du matin avt-c les autres facultes pour
aller avec M. le recteui' juscju'au trone, ou il doit laire la
harangue pour toutes les f'acultt's de 11 niversite. Jt; ne sais
pas neanmoins si je m'engagerai d'aller jusijue la avec nos
autres conipagnons.
Enlin notre arret est distrilme : j'en ai ceans un pour moi
<]iie notre doyen m'a envoye ; j'en ai achete six autres, dont
j'en ai mis deux dans votre paiiuet <pu: je I'erai jiartir bienti'it :
Inn sera pour vous et I'atitre pourelre mis dans lesarclnves
de votre cullc^f ; j'en envoie aussi un «vx»'mplaii'e a notre l»nii
ami .M. Spoil.
Je i lies u is laisse persuader par mes deux en fan Is d 'aller a\ec
M. le reeleur de rrniversite jusqn au In'n'.e. dans Ic t'aubour^
Sainl -Antoiue, salucr le roi. C.ccoi'psde I'l niversite etoil tori
grand et occupoit bcaucoup plus de place ; le> moincs ri Ic
clerge seculier y out etc l«\s premiers, I'l niversite ajirc.s , la-
quelle a etc I'oi t regarded pour la divcrsite des liabit>de taut
desuppots. Nous y etions 38 docteurs en habit I'oii^i1. san^ I«N
doclctii's en droit canon . et ceu\ di' Sorhonne . ijiii eluu'iit en
tort grand nombre. Nous avons etc bien regard i's : au v>i avoiis-
noiis \u bien du iiionde. i/i-nfrm //ni,/i/<>in (////mi ilum,,
:>'>(! u:mus DM 1.1 i i- \ri.v
iH'iini i>n!t:i'nt . Noel l'';il('oii<'t y etoit aussi, qni a vu le roi et
la reine des le matin sortir dn hois do Viiieeimcs pour venir
an trone. Nous avons etc de retour a midi ct avons dine en-
semble; ct ])iiis nous sommes alles voir (onto la pompe <|iii
arrivoitaupros dn palais ; il n'a lionet' d'anpres de moi , ct
M. do Label le pore avcc sos deux Ills : nous avions bonne
place; enlin , outre la braverie , nous avons vu fort a notro
aise le roi, la reine, ^f. le marecbal de Villeroi el plnsienrs
auti'es, 1/nni'iiin iti/iiiffitx rst mimi'i us. .Ir vicns de recevoir
votre pafpiel de la part de M. AForanges ; nous en etions en
peine, et principalement Noe! Kalconet.
Son Kinineiice s'etoit mal tronvt'C dn iait d'anosse; il I'a
rpiitte avec grand regret d'en avoir pris. On dit qu'il se porte
mieux; niais je ne sais s'il atteindra le mois d'avril prorhain ,
car nous avons ici ordinaireinent un iiK'chant hiver, qni est
fort contraire aux convalescents.
Le, j ('suite qui nous fait esperer nne ///X/O//Y- <!<• /•'/•/ntcc en
latin, on trois tomes in-S, n'est-ct! point le pei'e di1 .1. liussicres ?
.le vous remercie des anlres livres quo vous me promoltex.
Le meilleur oporatonr <pie nous avons pour ['extraction dr
la [)ierre est le jeuneColot, ntc Quiuc-ampoix, Ills dn der-
nier mort ; les deux antres dn memo nom . mm /'/// //.••//'• un-
'liiinl , et principalement le j^etit de cinqnante ans , quo Ton
nomine ici (lolot do Bordeaux i\].
\ olre Luques ne iardera i;iiere a mourn1: je 1 ai autrefois
ici traite do cracbemenl dc sang et dMnflammation (!•' poi-
trino. [,e lieutenant criminel ost ici fort malado; sa femme .
qni est line megere , I'a battn et enferiiK' dans sa cave : c'osl
nne diablesse pire (pie la femme do Pilate. Kilt; est Mile do
.lorcmie Kernel1, jadis ministre do Mines, revolt*'-.
N'attendftz jtoint les theses (|ue vous a vex. domandees a
Noel Falconet . jo los donnorai a M. C.ani a\ec la planclie. Le
A KAI.CONKT. -2,'j7
paquel qu'il en a fail est trop grox j)OII|. ,-.(,.,, t.,IVo\v par \A
poste, il vaut mieux attendee un pen de temps. Je voiis
baise tres bnmblement les mains, rt suis de tout mon coenr
votre. etc.
!)•• Paris, le 2:} aoul UMJO.
LKTTKK DXXX. \>< mf-me.
Le TO! el la reine sont arrives an hois de Vineennes. Le car-
dinal Mazarin y est rnalade d'une douleur nepbretiqne. II a
ileja I'ti'1 saigne cinq I'ois. Valot y est bien empeclie , car il
tient la queue de la poele. II a en de grandes prises a\«.-<t
M. Ksprit, en presence de la reine et de Gnenaut , qni sen
moqiioit. Le cardinal a ete pnrge, inais on ne (lit rien de
sa convalescence. Valot n'est pas bien en cour. S'il perd une
tois son patron , ii est mal en ses a Ha ires et sera renvoyt-
connne un ignorant. Les degres du Louvre sont fort filis-
sants; il fant avoir le pied bien f'erme pour s'y tenir long-
temps (1 .
IVtnr nos medecins tpii d«k'lament centre la saiiiiiee et la
purgation, je tiens pour certain qu'ils n'iront pas loin avecr
dc si m<Vliants souliers. J'ai souvent dit a mes ecoliers (ju'ils
IK^ doivent point avoir penr de telles gens. Les charlatans ne
I'oiit point de miracles , si ce n'esl en la pn'sence des igno-
rants.Guenaut, qui s«' rendoit volontiers chef de quelque nou
vcllesecte, pourvu (ju'il y eut a gagner , adit quelqiief'ois
cliez des malades <|u"d n'y avoit en tout notre nit'tier (jut-
ti'ois bons remedes, la saignee , les pelils grains, cc sont des
pilules pour faire donnir (ju'il porte en sa poclii'tlr . et le \ in
emetique. Mais son vin emetique n'a pas If mot pom rhv. On
1 llv u'onl jainai- C^-M' ilc 1 ctiv meiiif pour
ii fail toi.
•2nS 1.1 ITKI:> w. t.n i'v t ix
y a ete si sotivent attrape , (ju'il est ici en liorronr dans 1'es-
prit de la plupart. IMusieurs le haissoient deja , niais la mort
(In due d'Orleans I'a mis en detestation par taut d'ol'liciers
i|iii en out <'to mint's. Pour la sai^neo, on no s'en pent passer
a cause des debauches et de la lioniie chore oil Ton s'aban-
donne dans les grandes villes coinme Paris ct Lyon. On dil
quo le cardinal Ma/.arin so porie nn pen mienx ; s'il <jnorit,
nY'st-e\> p<»int une marque quo Dim raiim-? ,1 'ai autroi'ois oin
dire, au sermon, a nn certain jiei'e Uinel, <jiie la portc du [ia-
radis etait doreo et (]i:e les riches no devoien! point desespi'i'i'i1
de lour saint, .le le ci'ois ainsi . pard1 ijn'ils ont de Tar^onl.
Tout leui- est promis on permis; du iiioiiis bien ties ^ens ijuo
vons connoisse/ se sei'vent de re It-nrre pour tii'ei1 linement
de I'argentde ceux qui h.'scroient. el no son! point ehiches de
])romettre le paradis , dont ils iTont pu^ la clet.
,le vous rends graces do co (jnc vous in'avex. mando ton-
chant le sene. En attendant quo vous m'on nianjuiox davan-
tayo , je vous dirai co (jnc nous on savons ici. l.es Marseillots
nous en onvoicnt do deux sorties; 1'un viont d'Ali'xandrto
iju'ils appellent sene do la 1'nllf-. N'est-ce point mi noin cor-
I'Oinpu de lilpnllii (1 , qni e->t une lie pros d'Alexandi-io, ofi
pourroit croitro ce bon seno, <jui est petit ot pointn coinme lo
ter d'une piqiio , ot qui est excellentissinie (piaiid il est vert?
L'antro ost nomme seno do »'//'/'' ; (1IU (1-st I'ancionno villo do
Sidon , dont il ost parle dans la Bible. Colui-ci ost Drossier .
impur, a foudlos [ilates et plus Brandos. (1'ost nn sene bat an I
ot une espece do rolutoa ; il n'ost pas si bon d(.> la inoitif- ijiu>
l'ai;tro, , ((uo'upio la tointuro on soil plus belli1. (Jnehpi'nn in a
dit anssi <in"d y a nne antro ospece do si'iii'1 on 1'ei'se c[ aiix
hides , mais jo n'en sais rien do certain, l/an KM i jVn \ ^ ici
dn bean, iirand.a ten i lies plates, (jiic Ton vcndit pour >a
I Mais mis inarclianJs disiMil i|iii' l;i /i<iit/t u<- scul tlire aulivrlio^c
i|iic la iiialtute, <MI lo |iarli >|iii c-t >m lo «oni' (iiTmi noii> onvoie d'A
lc\aiic!rio. N'oyo/. Moral ot Holon-. l).'i-tnnin<i r,- un:vi-rs<'l it/' innl <•/•..'
nt'-ilicdli' . I. VI . i. ,(;•,. :!!(> cl -.ui\ . 1 1. I'.
A KAI.CO.VHT. 2.'>1J
beaute cent sous la livre , lanilis qu on doiinoit !«• jwtit
d'Alexandrie pour trente deux sous. Nous I eprouvames ft
trouvames qu'il purgeoit veritableineiit , mais tnoins <|iir
I'autre petit.
Nos apothicaires sont ici fort sees et ne tout presque rien.
Ces bonnes gens sont a rouer. Us voudroient bien que les
chirurgiens fussent aussi abattus, alin d'avoir (ies compa-
gnons de leur inisere. Us haissent fort ces estaliers de Saint-
C6me, parce qu'ils font les pbarmaciens et leur otent la pra-
tique : ils ne savent a quel saint se vouer. V en auroit-il quei-
(ju'un en Paradis qui voulut aider a des gens qui font cbaque
jour tant de fourberies aux pativres malades? Adieu, je suis
votre, etc.
Ue Paris, Ie31 aoftt KSfiO.
LETTKK HXXXI. ,!// ,m>inc.
M. de Bordeaux , rnaitre des requeles et ohancelier de la
reine, mourut Ie7 dece mois. Guenaut lui avoit fait prendre
cinq fois de son vin emetique , et lui promeltoit de le guerir.
(M M. de Bordeaux est mort a trente-liuit ans et ne laisse point
d'enfanls. 11 est gendre d'un banqueroutier; son p«»re nieine
a fait banqueroute trois Ibis. II perd sa charge de cliancelicr
de la reine; on lui doit <"ent mille ecus de son ambassade
d Angleterre. Son pere est un nieehant et dangereux |>arti-
>an. Voila un echantiilon de la benediction que Dieu envoie
i ct'tte espeoe de ^'CIIN niaudits . a «'»'s iiDtlirtifntjilnu/i'ii de la
France
J'ai vu les vers de M. Menagt- , niais ils Mint si I'ares que j«
n Cii ai pu avoir 11 t'aut attendre qm> I'all'aire soil acrom-
inodt'-e on iHouiler; car bitMi (|iie lc parlenient ait lini bier.
neaiimoins cette attaire ne lest point mo'ir. II y llatle fort le
cardinal Ma/ariu t-n un ciidroit «-t in'aiimoin*, LVIIX i|m lu
t>(>i> i I-.TIKK.S I>K <.ri r\ TIN
veulenl excuse.' discnt (jiie lecardinal a plus do raisou do s'en
plaindrc quo le parleinent. Pour tons los livres qui s'aclietml
a Lyon , nous prendrons patience. On (lit quo lo parleinent et
les mailres des requetos s'on vont avoir g rosso querello en-
semble , et qu'ello est faite ex pros pour mater le parlomcnl.
On dit aussi quo le roi est fort en eolereeontre lo cardinal do
liet/ , a cause des lettres qu'il a fait iioiivellomenl eoiirir: il y
a memo quelquos tonnes quo Ton pretend elre fort offonsifs .
couune celui de tyrannie. et Dieu le sail. On dit quo le cardi-
nal Ma/.arin est fort attrisle do ce qu'oii iui a predil pai1 son
horoscope qu'il n'a plus <pio cinq inois a vi\re. Jo no crois ni
I 'nn ni I atitre. ions les astrologies judieiaires no sont(|uede>
bavards et des mouleurs; il n'y a <|uo Dieu qui sache le I'utur,
till full riiiHjui 1 1 XHiiiiiio S//(; jiii'i- l<i;ihiitl n/'i (tiliiin , *fi<:n/ i*i I u-
liirai'iiti! ; maisc'ost quo la eoiirosl pleinede charlatans //'/•///.•.•-
ijin' fii'.i.-ttfi. Le cardinal do Mel/, a fail siuiiilier a ses Brands vi-
caires qu'il lour defendroit les ordres colic somaino dans I'ar-
cbovocht'1 de Paris : ils y obi'iront., mais cola fora du bruit, et
^are memo quo cola no nous mene a linterdit. Paris s en va
elre aussi desempli qu'il a etc dopuis trois mois plein jus(|u'a
present. Tons les provinciaux s'eu retoiirnent ; li1 parloiuent
est fiui . co qui cbasse los plaideurs et permot aux conseillers
do s'alior pi'oinonor aux vacances jusqu'a l.t Saint-Martin : le
bourgeois memo s'on va fa ire vondani<es.
La charge do M. de Bordeaux . lo olianeelier de la reine. a
cto donnce a M. de Lionne. On croit <|ue 1' alia ire de M. le car-
dinal de Hot/ s'aeeoimnode pour ['inquietude (pi'elle cause an
cardinal Ma/.arin. ot <|u an mttins il aura la jouissanoo do sou
reveuu tomporol.
M. le premier president .; onire-pns d accordor I avoeal
blosse , qui ost M. Laurancber. avcc M. do (lonrsolles , qui a
diume le souttlol , el a depute .M . le|-oro!l, president do la
jiTondo, oil e^l colisoillor M. lo C,lere de ('oni'sollos , et le
ilovon dt^s avoeals , potir ;i\'i^er aux nioyen-< d accordor c> lie
controvorso,
\ r\i.i:o\K r
Nos cliirurgieiis >ont la plnparl do Brands eoquins , /.////(•//••-
find nebulous , hiiyuissinti nrdedwwif. Par It1 inoyen du prr. -
mier barbier du roi , qu'ils aimeroient inieux avoir pour cliff
tic leur compagnie,(jiie d'etre soumis a noire Faeulte, q»'i les
a cloves , conserves et entreleiius jusqu'a present, ils out ob-
tenu un arret d'en liaut portant defense d'executer noire arrel
contreeux. Desle lendemain ils out commence, a nous mor-
guer et a t'aire remellre >ur leur porle le mot <!e <-<illi'(jhn:>
qu'ils avoient efface. Trois jours apres, notre doyen ;t I'ait
casser cet arret par un autie qui leur commando de le retirer
et ne plus pavler de eette affaire , et d'obeir a 1'arivl du par-
loment. Lo roi nieine a dit qu'il ii{> s'en vouloit pas ineler.
\Oila line race de viperes ipii continuelleinent st; rebellecon-
tre la justice c( riionnetete.
Les voila pourtanl sanyles el red u its au de\oii', il n'y a (|iie
la fbret; (jui les puisso doniiner, et n'attende/ d'eux ni raisoii
ni humilite : ce n'e.st pas [tour rien (ju'on (lit (jlm-iou- lxu'l>i> r.
Nous avons ete |)ei'se.cules par !es apotbicaires nous le venous
d'etre par les chirurgiens; niais grace ii Dieu nous en soninies
venus ii bout. II y a encore d honnetes pens en Krance. qni
savent combien un inedecin est ineompavablemeut au-dessu»;
de ces iniserables ignorants . et j( ne me ^lorilie |»as pen d'a-
voir (jontribue ;i leur abaissemenl i'l;.
Le inariap«; est accord*' entre M. le due d'Anjoii et la sn-nr
I] Qiiand on pcn-c, apres a\oir In fdlc \irulrnic <li;itnl>c . c(iiii-
hien la chinir:',io avail rcndu dc -fr\iocs a I'litnnnnite, (jnc !;••< imuiui
Iris ecril- d'AinUroi-c 1'arc ("\i-laicnl dc'-jii . on nc pcnl ijuc dc|)lor,T
or I insupportable oi'U'iicil d'1 001 poralion. I n dc.- pin-- ;;r;iiid- inclaii- dc
In I'aculto df medociiif tl<' ccllc f pinjuf , e>l d'a\ oir rmiiciidd ,i\ <•(' dr> -
s'-in el prciiiedittitioii . l<v- c!i i ii:;',iciis dc rnl,f li.ni/"'' i<\<. in«irnii - dim,
les colleges , aver !<•-• barbii'rs , barbiliiiimii'i's . >\\i\ n'ciaicut ijuc Ics
valets dcs doclfiirs a |icrriii|iif> e1 a ral'at. M.'i- a rclti- cpoijuc . dcpuj..
If tailf jiiMiu'.inx de rnieres as->i»fs dc la soi'ii-li'1 . cliacnii avail -ini pri-
>ilc[;o : or If privilege ost implaoal'lo . car il a -o rafiiif< dan* I'IM/.M'^!
••! la fiipidito. 15. 1'.
2<v2 r.KTTHK* I»F u i PXTIN
(In roi d'Angleterre, laquellc e>l i';i; on * en va la-dossils en-
voyer im ambassadeur en Angleterre : ce sera le con Me (It1
Soissons. On a offert cette commission a M. il'Espernon , a la
chargequ'il iroit a set, depens, ce (|u'il a refuse. On donne
4()0,0()[) livresau comte de Soissons. Le due de Lorraine s'en
va retourner en son pays, fort ma I content; on envoie en
meme temps des garnisons dans Nancy, Metz et autresvilles
voisines.
JOYOUS envoie les vers de M Menage; je vous prie d'en
fa ire part a notre bon ami . M. Spon, avec nos recommanda-
tions. Je vous baise les mains, et suis df tout mon cneur
votre, etc.
l*e Paris, IP 10 septemhre
LETTUK OXXX11. — ,!»/
II est arrive ici un<; disgrace au cardinal Mazarin. L'abbr
de Saint- Vaast d'Arras vest niori : e'est une abbaye decent
mille ('cus de rente. On (lit (|ue son Kininence la vent donner
au cardinal AJancini. (jui «-st a Home, (jui est t'rere de sou
beau-i'rere, inaistjiie les moines s'y opposent , alieguant qne
cette abba\(! a loujonrs (He K'gulicre, i|u'il t'aut (Mrc moine
pour en etreabbe. et nitMiif (pie ce dernier etoit encore regn-
lier. Tout cela est beau ct bon. mais la force I'emportera : r/.s
tnnjor ontniii (loiiinf . Si le cardinal Mancini est bien avec le
pape. il I'aura sansdoute : cui'dimi/ix eaf. flracu furiosus , f<«i-
mol i'li/ji'nm , I'lijuij ct rui'i'.i' ti/inini/ii hi-tipficini'inn (I .
Lrs jcsuitcs out pci'du un de leurs supp(Ms a lioine. savoir.
1<> cardinal de Lugo, <pii etoit fort vieiix. Le inarecbal de
(iraminont e-l for! nialadc a IJayonne: c'est dominate, car
1 Definilion snnvpnt ciipc t;inti'>t .-nrc liorimr IsinlAl avec assenti-
menl ; rcla doit £!rr. K. I'.
\ i \uo\i; i. 2(>3
e est mi excellent seigneur, /•//• nnti({i/i swiili , mil unltfin n/f-
linff; (liyiixx.
On parle a laeour d'un voyage do Notre-Dame do Liesso
ml iiitpetrandtuit foecunditateiu ; jo 1'esporo sans miracle do In
honno constitution de lours majestes , et jo la souhaitede tout
inon occur. La tillo du prince do Conde, mademoiselle do
Bourbon , agee do quatre ans, est ici ibrt inalado; on dil quo
liiionaut y perd son latin , cola lui arrive souvonl.
On dit (ju'ici luudi prochain (18 septembre), lo roi partira
avoc son Eminence, pour alter a Compiegne, a la Fere et a
\otre-Danio do Liesso, et quo la reine demoiirera a Saint-
Uermain. 11 court ici un bruit assez etrange , (jui est que It*
Cardinal Mazarin traito avoc loroi d'Anyleterre pour lui don-
nor on maria^o sa uioco Hortonse , et qu'il y aura libortc do
conscience dans les trois royaumes. Christine, reine do Suodo.
osl encore a Ilaniliouri;. On dit ([ii'ello veut rotournor on
Suodo, mais iju'on s'y oppose lorteinent, et qu'on lui a df-
puto deux sonateurs pour la prior do u'y point allor. II y a
lii-dossous du niysloro (|uo nous n'entendons [,-a^ ; lo fonips
It- docouvrira , el los^ramU, pour grands qu'ils soiont, in- l«-
sauroient eiupoclior.
M. 1>. Prioloau , <pii a autretois olo secretaire do feu .M. df
Rohan, a fait rhistoire do Franco on latin, dopnis la inort
du t'eu roi ,/// (ji'iitiiini Mii-.<iriiii. Sun livre ost intitule 1>. Prioli.
fl<- ri'lni* ijnllif 't!< //fsfij)'/'i , ufi P.WSSU /titdouici \lll. II \ aura
biou la-dedans de la Datterio, mais cola ost do I 'essence du
sioeJe aiupiol Dion nous a reserves.
On dit que I'eiDpereur voutallora \otre-l )ame do l.orelto.
pour so consoler du regret qu'il a do n'avoir pu avoir pour sa
fern mo noire jeune reine : ot in'-anmoins, tandi^ qu'il l.iil des
vuMix on Italic, Irs Tni'c- soul on Ilongrie, ipii a^sic^cnt Vaia-
din . ot qui lo prendront s'll i.'i'st puissainmont sooourn. On
disoit anti't'lois nn [irovorbei liwnd>'liln'rn.nt lioniain, SiHjvtitim
cdliitur; il t'aiidra inainlonaiit dirt1 : h>nn /»rrn,'t/>- f'rrs,/>\ H>/)>-
: (i i I.I. I I i:i> l>r. LI I I'M IN
J'ai ce iiiiitin etc an bureau de MM. les goiiverneurs de
rilotel-IHeu , oil j'avois ete nommo par 31. le premier presi-
dent et a utres j)oui' y examiner des sages-t'enmu'S , et en
choisir cello i|iie Ton trouvera la plus capable pour la Cairo
sagc-fernme de I'Hotel-Dieu , taut pour accoucher les f'ommes
grosses que pour enseigner celles (|iii veulent apprendre ce
metier. M. notre doyen et inoi en avons examine deux qui no
soul (jue mediocrement capables ; la semaine prochaine noii>
y retournerons pour en examiner d'autres (|ui s'y presonte-
ront. Je vous baiso les mains , et ,-uis de tout mon CH'IIV
\otre , etc.
PC Paris, lo 1i >epteinl)re 1<>ii().
LETTKK DXXMII. i
J'ai enlin reeu la votre, (jiii in apprend de vos nouvi'lle> ,
mais (jiii ne sont pas si bonnes quo je voudroisbieu. Vous sa-
vt:/ aussi bien (|ue moi les remedcs de voti-«! mal , >ii-i//fti' <'n<--
ninto , I't'iid' fi.'i'ltiiiifiii , li'ii/idii' jinlnin . (•( fiijtirti tiniidi/ini ; jr
veux pourtanl eroii-e qne \ciu.s sere/ ^ii(;ri avant (jue celle-ei
vous soil rendue. No<'l 1'aleonet etudie, et me demande sou
vent de bonnes questions. Je lui pretois (|uelqnes livres pi>ur
etndi'M', mais il a desire en avoir a tin : sm1 quoi je 1'ai meiic
ii la rue Saint-Jacques, el lui ai aeliele en sa presence les
(riivros de liiolan pere, en deux tomes in-octavo, t-t !'/:'//'•///-
I'lilinni iiiiiitiniiii'iiiii i'1 finthdlnyH'ilin (111 tils. Jo Illl ai promts
encore un I't-i'tlnlcis; ^ in; ai bailie tin Kei'nel in I'ol'm. <>u il
prciid gout. II veul avoir I .! ///A/-u//u/r//vy////V dc M. liiolan, H
I Hollier in \fi/iui'liiiii'i!> //ifi/iin.'i'iifis, ijiuu /•/, nr>/ inn/ florlriinini
ri'ir/ti/ii ••//in i,n*/r<i >in'//Kif//i i/ti/'ntti'iisi , ifiii est meilleure
(jiic eel ir des llaliens. l.i' roi ct la rcinc soul do colour <!<•
S.tinl -lii-rmaiii ; mi dit qn ils parlii'onl jmdi pour (>oiii[MOgiit'
c! la l;iTi' : sun Kinini'iM '• e>t ii'i cu meillcui'o santo. <Mi dif
\ i MI I'M. i . •_>(•,;,
(pie lo> lures en voulont a \aradin, ol qu apros il> \ icndrout
a Vioiine ; ils la pourront bion prendre I'auto do grand secours
ot puis apresgarerAllemagne ot I'ltalio. Los huguenots disont
qu'il y a une prophetic qui menace quo I'an HU56, il n'y aura
[)lus do pape ii Home; c'est peut-elre ipi'il viendraa Avigi.on
ou <iu'il sera ii Castel-Gandolt'e. C'est Krasme qui a ilit dau>
ses Kpilres : Cnlculus nn-us cnniiffj: (1;. Jo voudrnis bion ap-
|)rendro do certaines nouvelles do votre guerison.
M. Bordier, intendant des finances et grand partisan, sc
meurt: co sera une belle ame devant Dieu. Jo t'orai Cairo dc-
rnaiii 1'operalion do la piqure du wro/to/i ii un jouno enfant:
j'y menerai Noel Falconet. Nous avons examine et roou une
sage-lemme pour rilolel-I>ieu , M. lilondel et moi; biontot
nous examinerons des chirurgiens, pour avoir la commission
ot permission do tailler la pierre au memo Hotel-Dieu . ot to
Cerons travailler devanl nous. Jo n'irai point quo je no l'\
mono, car il tomoigno boaucoup do curiosite pour cos opera-
tions, et c'est un bon signe pour un jeuno medecin. II a In
aujourd hui dans le Uiolan lout le traile dc .\iiimu, ol \ ,t
pris un grand plaisir; j'ospere ()uo tout ira bion >i vous a\c/
soin d'etre bientot gueri. Jo vous baisc los mains, et suis do
tout mon ciour votre, etc.
PC I'ari-, !•' 21 septoiiibro HiliO.
LKTTKK DXXXIV. .\n //
Nouvelles sont vonuosipie loTurc a pris Varadin. J'ai peiu
qu'uno autre t'ois il no pronno Vienne ot touto rAllemagnr.
Los mauvais chretiens niorilont cola ~1 . Qui ICinpoi'liora aloe-
, 1 ) Hciimise expression ijne j'ai citeo d.in- m;i I'hysiulo //c .•/ li>/<i >'/,>•
'lea homtnes livres (tux tnirati.v dc resjiril . elc. . 'r cdiiion , •!•' piiili'-.
11. I1.
•2) Qiiiiiul <iui I'iilin c'cri\ail ces li^ues , '
iislrs>c (.!«• si1^ u o i-ion*. ('o hit \ in', I lici-
•2<j6 ii:rnu> UK en I-YIIN
d'entrer en Italic, si lc pape lie fail <|ue!<pi<' miracle? Mais il
y a loiiiitemps qn'ils n'en font pins. Je viens de recevoir volre
letlre (In 24 seplembre. Si vos douleurs sont encore fort
armce de Irois cent inille Tares penelra dans la Honjjric, dans I'Ati
trie-be ct \int assieger Yiennc. 11 n'esl pas d'homme inslniit qui nr
saclie que le vainqueur des Ollomans a cetle epoque , fill rillustre So
bieski , alors roi de Pologne , sous le nom de Jean III. Ccs fails sont
Irop connus pour que nous eu parlions ici. On peul dYilleurs consuller
los auteurs qui en out ccrit , el notamment 1'excellenle Hisloire du roi
Jean Sobies/,-1 et de la I'oloyne . par M. de Salvandj , ministrc de
Pinslruclion publique . mcmbrc de TAcadeniio franeaise. Rappelon*
seiilcment que Sobieski a\ait servi en France, qu'il epousa une Fran
caise , Marie-Casimire de la (Irano-e d'Arquien. lille du marquis dece
nom , el a laquelle il f'ul tendrenicnt attache tonic sa vie. On siit quo
i'empereur Leopold Icr, faible et lacho , abandonna presque scs siijtils.
et vint implorer Sobieski. qu'il ifavail jainais voulu roconnailre
comme roi. Le heros polonais n^en inarcha pas moins au secours de
Vienne. II delil les Tares le 12 septerabre KiH:5 . enlia dans Vienne
par une large breclic que le canon de 1'cnncmi avail fiiiie aux murs de
la ville , puis il marcha droil a la cathedrale, ou il enlonna lui-meme
le Te Denm. L'empercur Leopold ne le remercia (piVn tcnnes v.i^ue^
et insigniliants ; jamais le mot de reconnaissance no vint effleurer se>
levrcs. Sobieski le lui fit sentir d'une maniere aussi picjuante quc --pi
rituelle : « Mon frere , lui dit-il en inontanl a clieval. je suis charine de
\ous avoir rendu ce petit sersiee. » Aiu-i le sanj', de la !'olo;',ne iul \ei>''
pour delivrer PKnrope , pour sauver la relii'/ion ehretieane , aienaei'-e-.
d'etre envahies, detniitt'spar 1'empire du("^rois-anl. Comine leremarque
M. de Salvandy, avec une ;;rande ju^te-st1 de raison : «l.ii PolonaU
de moins, et Vienne tombail devant le^ Ottomans : l'Allem;i!',nc fh'-clii--
sait sous leur debordcment ; !t% lorrenl pouvait arrivcr par le Milanais
au pied du N'alican ; c'esl la (]u'un vixir ambilicux prelendait se j>or-
ler , etc. » Sobieski et la I'olojjne . voila ipiels 1'urent les sauveurs de
1'Kurope , de la religion, el peul-eire de la civilisation. Ouellc a de
depuis la recompen>e de ce petit .se/'c re .' l.e parla;1,!1 . I'oppre.-sion .
la servilnde, des fers et des supplices. Toutefois. la Providence esl
yrande . la fortune mobile , lc temps fi'-coiid en evenemenls ; et jamais
I'usurpation iTa ete la sanction dn droit . l)ien miin^ encore la !>r;m-
nie. La justice divine peut-elle condamner i;n peuple a une torlup'
pterne'le? \\. P.
v K.M.rr.NKr. -JH"
grandes . voiis devriez on empecher la suite, prevenir hi
fluxion el adoueir son aerimonie par la saignee reiteree. Le
demi-baiu est un remede bien foible pour tant de maux, <•(
no pent servir quo le corps no soil dosernpli. Le cardinal
Mazarina la goutte en sixondroits, auxdeux piods, aux deux
genoux , an coude et au poignet. On lui a onseigne un horlo-
ger (jui (lit qu'il guerit la goutto. II y en a d'aiilres a Paris
qni feroient mieux si on les employoit; inais tous les grands
sont sujets d'etre maltraites, n'ayant pros d'eux quedes igno-
rants et (les charlatans dont la cour est souvent pleine. Si feu
M. Pietre avoit vn line ordonnance (jue je vis In'er chez un
apothicaire, mon Dieu ! qu'auroit-il dil? II y avoit (juatre
grains de creme de tartre, des perles preparees , du tart re
vitriole et de I'antimoine diaphoretique autant , delayes dans
I'eau de chelidoine (I). A quoi cela peut-il etre bon qu'a fa ire.
gagner I'apothicaire , en temoignant du nu'-pris des reinedes
coniuis bons et I'ainiliers? \(k'<> /if iinjuintiu-a fjuUicn «l> />•//.<••
/lominifjus in in'tmin {iinminii mnttri.nl nun iiwaltuifinstinfi,
coninie a (lit Scaliger. Je suis votre , t-lc.
DP Paris, lo 1" oclohrc 1«)«0.
I.KTI I5K DXXXV. -
Le cardinal Maxarin se porte niieux ; «• -2 octobre. il ira
itujourd'hui (Mmcher au bois de Vincciiiics pnur y prei.dre
I'air et s'y reposer, sans y etre vu ni importune. I. a coin
d'Angleterre est en deuil pour la niorl du jt-uiie IVei'e du roi
d'Angleterre, Ic due de (ilocestcr, qui <--t nmi-t. a^c de vingt
aiis , de la petite verole. MM. le cuinle de (iuidie et le marquis
de Kicbelieu soul horsde laliastille: le n>m!e de Soissons n'a
plus ijiie t'aire de tonics les hniderics ipic Ton preparoit pour
I On v»>it (|iu> Giii I'alin ira\;iil |>.i- liii't <!<' Mfimor l>
"•rui tcinjis . rt <jn'a tout prcruliv . -:i m-'liioilp cnrati\r (Mail
siipcricure i cello des empiriqucs a «.rrr«M>i. K. IV
:!('» | 1.1 iui-> i'i. '.i I I'.vi IN
son anibassade d'Anglelerre , puisque eelte conrot rn dcud
»'t <]u 'il n'y (tent etre babille (|ue de noir.
Aujoui'd'hui au matin. cedimancheS octobre, estmortdans
les Jacobins reformes, iM. de Bordeaux , pere de 1'ambassadcur
d'Angleterre, qui monrnt I'antre jour. Ce vieux larron , li-
nancier, partisan, bauqueroutiei1, s'etoit retire die/ ces bons
peres , qui lui promettoient do si bien boii'e et manner scs
pecbes , qu'il n'on demeureroil goutte ; ilsprieronl Mien pour
Ini , afin que son anie no soil luinv longteinps en pur^atoii't1:
maisen avoit-il nno? Kt en ce cus-lu y cst-ellc alli;e? Kt par
leurs belles promesses, nc lui ont-ils point coiipr la bourse.'
('ertes je n'en doute point.
Le cardinal n'a point etti an bois dt.1 \ inct'init-s ; il ot en-
core dans son lit, detenu de la tionlte. mais not) pas si crnel-
leinent que ci-devant ; neanmoins, il est fort decolore , toil
abattu et amaigri, idvoffnc rtoiinulli ftiitan* "inn «'l fin* m /ii/cntia
HUH i>t'ri'cnfiirnjn , (iddc quod in/ilti/in ill i x/ij/cr i-xt //'/>7 l-mi
('(intiiniact'ui nffectuin fortitcr nictuciidttm » ctdritlu , v<7 nc^lii'd-
ticis dolonbns, //"/ podiujrii', r///r<i(//'t>' c/ (/(i)tn(/nt? ut f>l>i/'inmiii
tiicri'd nut .
M. le lieutenant civil a un tils conseillcr de la cDiir. aiiqnrl
i! a aclielt'- la charge de niaitre des reqnetes . vacante p;ir la
niort d(^ M. de l>ordeaux. qui niournt il y a qnin/.e jours; il
en a donne 333.000 livn^s, et a revendu sa cliarj.;!1 de ei >n>ei I ler
des enquetes 70.000 ecus : voda bien dt; I ardent pour nn pen
de t'unif'e.
I^t^s diinirgiens de Saint-(-oiiie ne \etilt-nl poinl obeir a
larret ; ils venlcnl eontinner dans Icnr feionie, disant (pie le
premier barb!er est Icnr ciiel , et ipi'oii n a point en d'e^ard a
ses droits . ipiand le parlenienl a ju^e et prononce pour MOU^
contrc enx , et discnl encore *pi ils out de noiiveiles pieces a
prod i n re. et inenie <pi ils v (Ml it'll I pi endi c a pai'tic M. l'a\ oral-
^enci'al laloii. Nc vod;t pas de mechanics pesles: il- M>M|
Ions, en rani's, et ne savcnl a qnel saint >e vom.'r. de pcnrdc
peidrc leurs miles el leiii;-. bonnc|>i corini>. ^ <iuiii\iiini i:si //>
V 4 VI (.((NET. '20^
I'rbii? hidiH'l J'ai peur (jii'a la tin ils DC nous obiigent de les
trailer comme nous avons autretois traile les apotliicaires,
qne nous avons presqne rednits a la gueuserie, n'ayant pas
trouve d'autres inoyens de cliasser leiir insolence, f/mnc mfi-
(/iiin/i t'.i'eniplttiii liiihct illiquid i'.r hiiqun, ijufid ntllitntr pvblicu
niinjtt'iinfitiir. Ils n'ont plus de credit , parce qu'ils en avoient
trop.
Noel Falconet etndie bien ; il a etc die/ un cbirurgien de
nos amis y voir la demonstration du sqnelelte qu'il rontinuera
de lui inontrer deux fois la semaine ; puis il lui montrera les
Mandates et quelque anatomie I'hiver prodiain, <jiii strra f'aile
la-dedans en particulier. J'espere qu'il passera tout le temps
<l'iriau careme a la theorie, et principalement a 1'anatomie.
«'t le reste du temps, jusqu'au mois d'aout ou environ , sera
employe a la pathologie particuliere des maladies et a la
melliode de lenr guerison , et aussitot vous le pourriex. retirer
pres de vous en letaisant passer docteur, pour an plnslTit apivs
le fa ire agreger a Lyon. Mais com me iMontpellier est mi lieu
de debauclie, je crainsfort pour lui, s il n a (pielqn'un ipii le
retienne et le veille de pres; c'est pourquoi j'aimerois mieux
qu il allat ailleurs prendie ses degres , 011 il iu; tardat point .
comme Helms, (lacn , Anders, Valence on Avignon.
On parle ici d'tin grand inceudie dans Constantinople : on
di( que, le vent portant le fen hien loin, il y cut 10, (too maisoiis
hridees , ;')0() mos([uees , 10,000 personnes. .Mais je ne suis pas
d'avis d'en plenrer; it n'esl pent-etre pas vrai : re <|iii vient
de si loin n est point tort assure.
M. des Bordes - (Iroiii , jadis garcon caliarelier, tils du
maitre de la I'omme-de-Pin , aujourd'lmi grand partisan, et
meme un des gabelles, tail batir une mai.son a trois lieties
d'iei. Comme il etoit sur son batimenl hier. il en clml d'assex
haul , et se blessa a la tele ; on y a mene met lee ins et cliirnr-
glens. M. de Lancbenn connnil bien ces .M.M. (.roin.
Le cardinal se porle mit'iix . el ne mourra |ia> >it(')l qiir
semblenl le dei^irer ses cnnemis. (hi irve it'i lies soldals pom
t>7() i i:nuts DM (,ci \<\i\\
ritvoyer en Portugal, et on continue de trailer pour M. le
prince de Conde, alin do le Cairo devonir roi dePologno; c'est
la roine de l)ologrie qui entreprend do faire reussir 1'aiTaire,
pourvu que le due d'Enghien epouse sa niece, quiest fille do
la Palatine, sa sceur, qui eslici.
On attend des nouvelles do Londres, oil Ton croit que la
paix csl f'aite avee 1'Espagne, a la charge qifils abandonne-
ront le Portugal , aussi bien que nous : ainsi voila les pauvres
Lusitains tantot delaisses de tout le monde. ,le vous baise tres
liumblement les mains, et. suis de tout mon cu-ur votre, etc.
I'. S. Comme le cardinal Mazarin so porte mieux , made-
moiselle deVilleroi sera mariee jeudi prochain, 7 d'octobre ,
;i M. le comte d'Armagnac, lils aine du cointe de Harcourt.
La veuve tie 31. tie Bordeaux, niaitre des reqnetes, qui n'a
jamais eu d'enfants, so trouve g rosso; c'est c.e qui etonne
fort les heritiers.
l>e Paris. IP .1 octobre 1<>I>0.
LETTHE DXXXVI. — \x tiitine.
Je \iens de recevoir de M. Saiunaise le lils le livre pos-
thuino qu'il a fait imprimer a hijon.de feu 31. sonpere, pour
rt;[)onse a 3Iilton ; c'esl un in-<|uai'to de .'?(>9 pugcs (ju'il a
dedie an roi d'Angleterre notivellement retabli (l).
Le cardinal Ma/arin a en cette unit, du jeudi 7 octobre,
la coliquo; gare la i]<'>plin'iti<|iie. Ou (lit ici quo 3F. (iuillemin
n'en pent jdiis el (iu'il a perdu la meinoiro. Le roi devient
fort gras, el memo grossit, mais la reine u'est point encort-
grosse. Le cardinal se porle mieux. O;i dit <|iie romperour a
tout-a-fait abandomn'' le drssein d'allcr en Italic et a Loi'ette:
il s'en retourne ii Yienne jiour taclier de remedier anx des-
(trdres dont le 'I ure menace rAlleinagne, d'aulanl qu'apres
Varadin, il puiirrnit al'.aquer mie niilre place, el de la venir
\ rvU'.oNKT •>" i
dans la Croalio, et peul-etre dans la iMImatie et le I'Yioul.
On parle ici d'uue edition nouvelle do Rabelais, qu'ou tail
en Hollande, plus bello quo cellos <|iii out parn jusqu'a
present.
Lo cardinal viont de partif on son carrosso pour s'en aller
au bois de Vincennes ; eelui (|ui 1'a vn monter rn'a dit qu'il
n'a jamais vu un visage si detail: le roi s'en va aussi et les
deux reines pareillement. La priucesse do Conti est grosse d«
(|iialre mois ; son mari sen va dans nn niois aux Ktats do
Languedoc , d'oit il ospero d'etre de retonr pour les couches
de sa femme. On conliiiue a parlor de la uegociation pour
la ire le prince de Gonde roi de Pologne. Le roi deniande de
I'argent a MM. du elei'iiV-; ils out deniande du temps a y iv-
pondre. On parle ici d'uiie suppression de jilnsic'iirs otliciers
de yabellos, el (JIH: Ton y va la ire de grands change-merits. La
uouvelle reine a aujourd'hui o.te a la Madeleine , so Cairo enro-
ler sur le regislre de la grando confrerie. Ala bonne lionre ,
pourvu que nos allaires on aillenl mieux el quo le penple soil
un pen plus a son aise. Je voiis baise Ires hiiinblenient los
mains, a mademoiselle Falconet et it M. Spun, noire l><>n
ami , et suis de tout inon o(onr \ofro, etc.
l)t- I'aris. Ic 8 oclobrc HifiO.
LKTTIU-; nxxxvn.
II y a ici, oo sainedi <> octobre, beancoiio do malados, <pioi-
qno pen de mondo so tronve a Paris : car pendant les vacances
dn palais boaneonp do iieus vont a vendanues. ( In travaillo
l<irt an Louvre, el memo, on dit que pour en accomplir le tirand
(les.seiii , on aba I ti a la bello e;;ii;-e de Saint-dermaill-l'Auxor-
rois , el (|ii 'on la nieltra oil e-! anjotird'hni !a Moimoio I :
\lj (.c ipic (lit ici noire aulcur |irou\i' i|iii' If [nojct dc tletruiri* on
(}<• deplacer rt-tlc ('vjiso , projcl rc|>ri- cl ahandoiinc iiR-nit' a nolri1
i'|M>i|ii.' nV-t |i.i- noiiM-an. |{. I'.
•272 I.KTTKKS })V (.{ I PATIN
i'ai dt1 la peine a It: rroire , (juand ce ne seroil qu'a cause de
la religion., qui peut-etre auroit ses ri'dariHitcitrt. Notre roi
est bien plus sage que 1'liomme d'Horace.
Destruit, irdificat , mutal quanrala rotund t*.
Comme j'litois a table, ce dimanclie 10 octobre, a deux
heures apres midi, le premier inedecin de la reine m'est venu
voir; il a voulu (pie j'aelievasse de diner, et s'est entreteiiu
dans inon etude avec nies livres dans ce temps-la, ensuite de
quoi nous avons fait line grande conversation. II s appelle
Thomas Pueliex: c'esl un Ires petit homme, mais fort savant;
il m'a dit <|ii on saigno IPS malades en Espagne autanl fju'a
Paris (I).
Notre licencie, si sage et si savant , passera doclenr inrr-
credi proeliain. 13 de ee mois : c'l^sl M. Dodart; il a eu le
deuxieme lieu d<^ sa licence, /u'//////-' rcclnnioni.c. (> 'est a inoi
de donner en nion rang le bonnet a celui <|ui le suit iinnie-
diatement, t;t <pii a eu le troisieme lieu, nomine de Laval,
frere de la I'ennne d'un des no I res , nomine M. le Vigiion, et
tils d'un cliirurgien fameux i|ui a (;tc toujoui's sage et dii
parti de la Facultc: il etoit autrelbis cliirurgien de la reine-
111 ere , Marie de Medieis. .le pourrai I'airesa vesperie la semaine
d'apres, si lesautres sont pivls : pour inoi, je lesuis toujours.
.I'ai nne exhortation un pen severe a lui I a ire, laquelle durera
trois quarts d'hiMire; plusieurs des notres s'y trouveront de-
penils, (ft/em mffltcinfint. /'i-tjnit'if t>itf/><if<is iinxlrorioii /!'////><>-
nun ; j'y jjarlerai fort liardiment de la Iburberie (|ui s'exiM'ce
aujourd'lmi a INiris ini'iliciini' firc'lt'.i'tti , el certes, apres taut
d'abus, il est malaist? aux gens de bien de setaire.
1 l/iil>ns do la ^iiij'.iHH1 ol ciicoro pou>-r ;i i'cxlrcino d;iii> Of pa>i
palrio (In docliMir Sun'jrinlo. II \ a iiit'-nu1 (Vincroyaltlc^ preju >>,<•* a cct
ejjard : j'ai \u des |ia\-an- coiiduisaiil lnu> mules passer dcvaul uiic
boutique de harhicr, se faire iaire un? siiifini'i'. Ire- aboiidanle pour
I'asemr el par Dimple precaulioii. ; H. I'.
A F \i.r.o\RT.
DifprJie est salyram non scrihere . nfim Qti
Tain palitns forti*, tarn /Vrrew*, nt tcneal .<<•/*
Personne ne s'en pourra olfenser, car je ne nomme per-
sonne , et puis ils soul trop gens do bien pour prendre des re-
montrances pour eux ; tout an pis aller, jp puis alleguer oe
qu'adit saint Jerome rontre un pretre qui se plaignoit de co
qu'il avoitecrit contre los pretresqui achetoient d«\s honeficos,
roluf/'fif in nwnmarios inn-lil snccrdofes Ce sont scs proprcs
mots, ot dit a ce complaignant : IHsiiosni fipttnitnn xcrnrc im-
xiini , thni.'iit qui sfriniifuwx c$f ; qui se sent morveux se mou-
clic, et<iui est galenx se gratte. Ma harangue tient vingt-huit
pages de latin; il y en a pour trois (juarts d'lieure, dixi ml
cl<'l>xi/<lrn)ii , comnie taisoient autrelbis les avocats. Je n'y ai
pas oulilie le crime de la Constantin, (jui fut pendne le mois
d'aout passe a laCroix du Tralioir, et y ai applique fort a pro-
pos le beau passage do Tertnllien : ffiniiicidii fi-stimifio e*/
pro/liber? natci , etc. J'y ai aussi parle" de medecins du temps
passe de qui Ton s'etoit servi pour tuer leur maitre; mais je
n'ai pris pour exemple que des gensde la vieille liistoire, car
ceux d'aujourd'hui sont trop gens de bien. Le plus mo-
derne est un certain Lopez, medecin, traitre, empoisonneur
et Portugais, (jui fut penduet etrangle a Londres, 1'an l,")0-i,
];our avoir voulu empoisonner la reine Elisabeth, a la per-
suasion des Mspagnols, moyennaut beaucoup d'argent qu'ils
lui prometloient, et <|u'ils ne Ini foiirnirent jioint; mais aussi
le bourreau d'Angleterre ne lui manqua j)as. liramli>s
withorcs , i'f unnii exception? mnjnres , (ini'lfc/wiim C
in rife EUzabethw Anglorum rcf/infr , ft Hvgnnan Grotium, in
.\n)Hilibus f/t'l(/iris. Mais je ne vois pas que je vous eimuie en
vous faisant part des fuliesde noire siecle, ti>tl<> itnqitr mamim
\ii vous meltex ]ias en pcine du livre du pere J. de Rus-
SU'l't'S. Hlsltrt'KI ]' r<niflil' ii^i inilin IIHHUII't'llUt' ml iinll>//il , t'li' .
III. IS
*27 I.FTTHKS DK (ill PATIN
(juc M. de Wrnet imprimoit lorsqu'il tomba malade, cela
viendra en son temps.
li y a longtemps que jo n'ai vu ni rencontre votre.M. Gras.
Quand le jour de ma vesperie sera pris et arrete, je le t'crai
avortir alin (ju'il y vienne s'il veut; et j'en t'crai antant pour
le dortorat, qui sera environ <|iiinxe jours apres. Mais quo di-
rex-vous de raoi? i\'est-il pas vrai quejene vous saurois quit-
ter? Excuse/, done, puisqu'un sage ancien a dit : liurrnln res
niniii' cst. (}eu\ qui out vu le cardinal Ma/.arin (juand on le mil
dans son carrosse pour s'en aller a Vincennes disent qu'on
n'a janiais vu un hounne si pale et si detail ; il eloit hifi/irnfn
pallid i or stotna. Le tartre vitriole et la freqnente inanne de
Valot ne gueriront jamais celte vieille intemperie de ses eu-
trailles, laquelle cause la goutte , et <|ui lot apres etre siq)-
])rimee causera la moil a ce million de t'ortuno : St>//f<i , hue
'noc.tt rcftctcnt am/nani turnii; ct i/tui' pttrasti , cujus crunt'f ,la-
mais inonartjue ni t'avori n'eu eut taut durant sa vi<>, et nean-
moins tout son fait ne sera pas grand'chose apres sa mort , il
y Viendra comme les autres sans aucune exception de merite,
de t'aveur ni de fortune :
Sub tua pur pure i coiicnt vcsliyia rcgex *
Drpoxiln liuru turbd cum pcmperc tni.ctt.
Ilelas! qu'un pauvre liomme i^t heureux . s'il pent etre
content dans une petite inediocrite ! Salomon eloit hien ])lus
sage (jue tous les homines qui suivenl la cour par avarice et
j»ar ambition , quand il disoit : lk(o roi/nvi fc , 1)<m<i)i<' hen* ,
ne. denf-Cjd nulii fn/fef/vtn// nn/rifir. I (m/faffm ft ri'i'hn mcndnrh
limy*' !<«' <i me ; dii'ififis ft panpcrtnteni ne df'det'is ///•>/// , /)»-
tii/nc , tie fo/'/f' sdfitifntf til i i<'i<ii' ml iii'ijniiil nin , /7 <l t<'/mi , /////x t'ftf
DdHiiWix? mil I'iji'.shili; CQnipul$UK jnt'cr <•/ jici'/n/'n/i iiiiini'it Iti'i
nicf : h'ihiif tiiiitniii r i tin i uii'n iii'i'i'UMD'iii , etc.
Voila Noel Falconet (]iii vient (ce dimanche 10 oclohre a
( iiHi heiires du s(»ir darriver de sa IIM/OM d'osteolopie : d a
k K\l.(.ONKl. %*?*
vu revenir le roi ft la reinedu boisdeVmeewies, qui avoient
avec eux le cardinal Ma/arin ; n'esl-cc- pas un signe (ju'il se
porte inieux? II y a oncovedeux lecons d'osteologie, et apre.s
on f'era les bandages et les operations, oil il aura loujours
bonne place et y proiilera s'il vent. II a les Aphorisines de
Hollier, les onvrages des deux Kiolan pen- et Ills , et un bon
/V/Y/M/C/X , des(]uels il temoigne d'etre tort ainonreux. Tout
I'liiver procliain nous aurons plusieurs actes publics au noin-
bre de quinze , plusieurs dissections anatomiques ; et je re-
rommencerai, Hien aidant, ines leeons a la tin de fevrier ,
ou bientot apres, des que les jours seront nn pen plus grands;
et ainsi je fais etat que des le inois d'aout procliain il pourra
rtre docteur, ct aussitot vous le prendre/ die/ vous pour le
fa ire agreger a Lyon.
Nous avoirs ici perdu Scarron . le pocte luu it sijiir, 1 , qui
ne vivoit presijiie (|iie des liboraliles dc la rcine cl du cardi-
nal Ma/arin, taut qu'il IMI pouvoil llrer, et de (psehjues dames
liberates (jtii lui faisoient pr*vsent de ijueUpies bijoux et d 'ar-
gent coinptant.
(lejourd'bui , It d't'ictobre, in est \vnu voir, l(H apres
diner, votre M. Gras ; ma's il ne in a rien (lit de nouvcan :
aussi n'avons-nous pas etc tout senls: pkisieurs anlrcs sont
\enus, ft enlre autres un savant hoinnje ilt1 ITni vcrsiic ,
noninn'1 M. du lloulay ,'-2 , qni s'en va I'airc iinprinii'r nn
K1) Paul Scarron , ne ;i 1'ari-; en Kiln, innrt en ll!(i(). l.n rc[iulation
<!(• cot rcrivain osl trop.birn etablio potir quo nous (Innuinn^ in <incl-
(|uos details. (Jui nc sail que mal;jrc scs liilininlc- . 1(111 l'a\aicnt icndu
perclu^, Conlrelait el coinuie un rucrmim des misercs fiinnaines il t'-loit
d'une humour joviali- el jjarda -a ^aiclc ju>c|ii"a la inorl .' II a\ail «'|'on-c ,
en 1(i.'l2 . l-'rancn'ise d'Atibi{',ne , a laquelle il rccooimt pour dot . (L'u.r
Hi'tnuh i/ru.r furl matins . nn It'is ln'im fors'inr . </•' lu'llrs in/iiiis ft ln'tni-
coi//* d'csjiril. C'esl la celobre inadanie <Ie Maiuleiioii nee dan.- la pri-
-.on de Niovl en H!.'?o . niorle ;i Sain! (".%rcn 1719 . S«',-trrtin csl print'i-
paloiisenl connn parson Human C'HH,-I>IP cl \'l-'.m' <lc li'iii'i'sl'c rn ccrs
linrlfS'iiies , le^ ineilleiirs dt> <es oinra;',e- J{. I'.
•2 I''.. I'uluMis . II intor-d 1rn'i'rrs!tnlis /'(//•'' .«•'('»< '.« . -'nt'im fm;ilnii«-
1276 l.ETTRES DE Ci'l PATIN
itrand ouvrago, snvoir, Vf/istni'/'ede I' I niwyil<'' <!<• /'«/•/>• , on
six tomes in-folio , eommen<;ant avant sa premiere fondalion
par I'empereur Charlemagne, el la prouvant. Us se sont en-
tretenus do ce beau dessein , tandis que j'en entretenois d'au-
tres , ou que je repondois a quelques malades. Enfin , nous
sommes sortis ensemble , d'aitfant que j'etois presse de quol-
(jues visiles.
On dit que ie roi d'Angleterre demaride quo la reine sa
mere retourne a Londres et qu'elle s'y prepare. Le due de
Lorraine est ici fort mal content de ce qu'on ne Ini pent pas
rendre Nancy et d'autres places fortifiecs , et sans garnison ,
comme il lesdemande. On dit qu'il est fort triste de ce qn'il
nepeutrien oblenir de son Eminence. Le Mazarin est revenu
dii bois de Vincennes ; il est loge dans le Louvre , et est fort
maigre. On fit hier une consultation pour Ini ; on s'etonnede
sa maigreur, apres tant de remedes fa its ci-devant. L'on dit
que son foie ne fait plus rien qui vaille ; gare qu'il ne s'en
aille par can en 1'autre monde , dcbct m/m xlbi mctticri' «l>
Injdi'ope , ct'l a cachcxia, I/IKH duo syinptoniufH , eJH&don caust/',
mm i rum fortis et confwnacis intempcriei wholes, /xu'inn inter sc
differunf, »ec mull urn tibsioif a mcta rita1 fitful f. On (lit qu'il est
fort triste et fort abattu ; n'est-ce point de regret qu'il faille
quitter tant d'ecus , quos tmito labore *ihi collet/if ' Et puis peut-
(Hre qu'il n'est point assure de ce qu'il deviendra en 1'autre
inonde. Vous savez ce que c'est que d'etre cardinal.
M. Hadix , procureur de la cour, s'etanl i-encontr*; ceans, a
bien voulu se charger de la presentc, ce sera Ini qui vous la
rendra. Je vous baise les mains, et suis de tout nion conir
votre , etc.
Do Paris, IcIO octobre
neni natlones, facilitates, m rt iff strata S, dccrela, ccnanra^ d jiidicia in
tiei/ollis fidei , prlviley'a, coinitla , dr. Cum instritmentis publicis <•/
(ititlmnti'n's a Caroln maytio , (id nostra tenijinra 1(10(1 ; Varisi.'s. Kiliij-
1(17:5. Uvol. in (ol. |{. IV
LETTKK DXXXVlil. - ,\«
11 est aujourd'hui arrive dans nos ecoles nne chose extraor-
dinaire. C'est que notre savant licencie, M. Dodart (I) , y a
passe docteur. Com me tout le monde etoit assemble pour
voir commencer 1'acte, il y manqtioit uri desacteurs, lesieur
Bodineau, Manceau recuit.qui faitriiommed'importance, a
cause qu'il est un des couteaux pendants de Ciuenaut. On a
envoye chez lui le bedeau, qui 1'a trouve an lit, par lequel
il a mande qu'il ne pouvoit venir, qu'il est malade depuis sa-
inedi, sans en avertir le doyen iii aucun autre. Cela pouvoit
empecher 1'acte, d'autant que sa presence y etoit necessaire ,
et n'y ayant personne pour repondre en sa place a la ques-
tion que le president devoit l'aire:.l« urthriticis luctis ntu.*'.'
Ayant peur que 1'acte ne lut diftere a cause de cette absence,
je me suis oflert de repondre a ladite question sur-le-champ ,
a la place dudit Bodineau. Ku meme temps M. Blondel , notre
doyen, m'a dit que si je ne me f'usse trouve la , (ju'il I'auroit
entrepris ; je lui ai repondu que je lui cedois la place, et qu'il
valoit bien mieux (jue ce fut lui que moi, ditjiliri m.-minc;
1° qu'il etoit fort habile homme et (]u':l s'en acquitteroit
mieux que moi; 2° que, comme il etoit doyen , cela lui ap-
partenoit mieux qu'a j)as un autre. I'l-ncinchmt i(<,"i//<> .sv/sryy///1
)ion incif/ts. Tout 1'acte s'est done fait, et M. IMondel a !•('•-
pondu two oi'dhtc a la question : An m {///•>?/<•/* ludit Htns ' ou
comme le programme portoit , y-A-j-/.-^^^'.^^ C/etoit mon Ills
aine (jui repondoit a 1'autre question: .!// arf/irificiaaf/mr />'«/•-
bonieitsi's? (jui a assezbien fait, inais il ('-toil prepare. M. Hlon-
del, sans autre preparation, a fait merveille sur-le-champ, in
jji'om/jtn , et a parle jii'i's d'une heui'e enliere en fort bons
termes , et a dit tout ce que les anciens out jamais dit et rap-
1) \ oyo/. la note ci-dosus, p<i[;o231.
pOl'te (/<.' /arfis 'Kiln in ftti'ti/ /iii:i' t'cf jirii'i'iinl iniii' iniii'liiirtnii.
Enlin , i! a conelu do toil bonne grace sa reponse , an eonten-
tement ft a 1'adiniratiuii de loittc la eonipagnie (jui eloit dr
plus dc trois cents personues. Mon In'enlqu'il n'est »uere dr
trls savants, an prix de taut d'ignorants qui , eomme unr
numvaise berbe, so rencontrent parlont !
Dion soil lour de la bonne nouvelle quo vous me mantle/,
et ([uo votro saute est on meillourrtat . cr <|iii 1110 rejonit foil.
Coux (jui sont dii parti tie Gurnaul , n'osant pas souvent or-
donnor tlu vin emetique, qui n'est pas sans tlaiiger, ordonnriit
dans los occasions du stibium ''//i/>/t<i/->'fff>'n/ , et disent qu'il
ne sauroit Cairo do mal ; mais co n'est quo pour lo flatter, et
tout cela n'est quo forfanlerie aux di'pons ties pauvres ma-
lades , f/i'ftfsi ))nn iiraat nrton i/oxfrtun /'xcrc.frc si m1 fucn , sine
f'raudc , s/jic ini/tosfnra. (1'est (lUenaut (jiii est un vieux singe,
(jui lour a appris tout.es cos malices et fburborios. Pour Con
M. Moreau , il ost vrai qu'etant devonu vieux, fuel us fat /><>/'/-
It/tnrmnrns, soil par complaisance Olivers Guenaut ou par flat-
toi'ie envrrs los a[)othicaires, et peut-etre [xmi1 i-agner davan-
tage. 11 avoit beaucoup d'eni'ants, ce st>nt des fbiblesses atta-
chers a I bumanito; tout lo moiidt1 nest pas Nicolas Pietre.
Jean Hitilan ou Michel dr la \ igno , qui so moquoient do
bonne p-aee do eoux qui so laisstiiont ainsj enqtortor an til do
1'eau et an 0.0 u rant (los apothicaires. .\nri st/mi fmni's . (/nit/
'iiti/i mnrtnlifl rc'j/s iii'dorii '?
La saison ost fort inauvaiso et tlangereuse pour votre
^1. (iuilleinin ; mais los yens tie bien nuMirent en tout temps.
<Jiiod milii dixisti. liijiidi di.risff. Jo baiso los mains it )I. Bar-
biei', et soubaito fort <iu'il ^iKM-isse bitMiliM drson liydrocrlr.
Proiiox done 1'air [>our vous fortiiiei1, et jo no laisserai j>as do
M»US »' crire tout co (|u'il y aura ici do nouveau , jiour vous
drsomiuyrr, et piMit-(Mre aus.-i pour vous recroer.
On dit aujourd'liui <pie lo Ma/.ariu esl an lit , quo si politic
1'a mi pen ropris . et qn il ost plus mal qn'bier. Tous res
\ FM.CO.NKI. -279
symptdiiies ai'Uii'iliques, pneumatiques, eoliques , nephre-
liqueset hemorrhoidaux ne soul autre chose (juep/./sTriuLata
TWV xaxo>; t^dvTcov ^«f£ /?<//</ (iliufj mintintnr, tjutun tnridon c/f'f-
tinwil vtxw^fv TT;: cpwuTou 9cpftoeataj.
On parle ici, cejeudi 14 octobre , de grands jours en Au-
vergne, et que la commission est scellt'-e pour M. le president
de Bailleul , a cause de certains nobles de ce pays-la , qui
font les mediants. La Riviere, gentilhomme d'ici pres qui
s'etoit rendu maitre dans Hesdin , a ete mis dans la Bastille
pour un duel qu'il a vonlu fa ire : cela ne touclie point 1'am-
nistie , el 1'abolition qu'il a ene pour le fait de Hesdin. Le car-
dinal Mazarinest an lit, pis que ci-devant; il a fait mettreun
nouvel impot sur le vin de cinq sols sur chaque muid : voila
des fruits de la paix qu'a faite cet homme, qui ne songe qu'a
de 1'argent, vt yui hue ununti/tetlitatur, ne quis quid kabeal ,
comme faisoit cet empereur romain , qui etoit le mediant Ills
d'Agrippine. On ditque le cointe de Soissons est tantot pret
pour son ambassade d'Angleterre, et qu'il partira lundi pro-
chain. Mais partira-t-il , si son oncle est si fort malade?
Lundi prochain sera notre fete, M. saint Luc; nous avons
ce jour-la une grande assemblee dans nos ecoles , a la lin
d'une grande messe , oil on lit publiquement nos statuts, et
le lendemain s'y (lit encore iineautre messe pour les morts, a
laquelle nous soinmes tous obliges d'assister i»ar sermcnt; ct
;i la lin d'icelle les apolhicaires et les cliirurgiens viennent
fa ire hommage a la taculte , etjurerentre les mains du doyen
qu'ils nous reconnoissent pour leurs maitres, t-lc. 1 .
Mais je ne sais s'ils y viendront cette annec, puisqu'ils n'ont
pas encore obei a 1'arret, et <(u ils veulent a 1'encontre d'icelui
so servir d'une reijuete civile. Nous avons (jiifl(|iu's tins dc
nos compagnons malades ; noire maitre Beda des Fougerais a
fort mauvaise mine ; je ne cruis pas qu il puis>e passer I'liivt-r
sans (|iiel(|ue rude atteinte ; il est ici fort pen de malades. Je
1) Voyor pajje 17'i el la iiolo ci-apres , pa^e 280.
•3SO i.Kniti> in. 1,1 i rvri\
u»us bai.sc ires liuiiiblemuiit les mains, a mademoiselle Fal-
conet et a notre bon ami M. Spoil, et suis do tout moii
eamv votre , etc.
P. S. Je ne veux pas oublier de vous dire qu'apres les sou-
missions que les chirurgiens ont coutume de f'aire a la Facultr,
ils paient au doyen 100 sous tournois de redevance annuelle,
qui est urie marque de leur sujetion a la Faculte depuis long-
temps; outre que chaque maitre, du jour qu'il est re<;u , paie
encore par reconnoissance qu'il ade sa bonne mere la Faeulte
an doyen d'icelle. pour sa reception , \ livres 12 ;ous, qu'on
ne manque pas de leur fa ire payer, si eux-memes oublioient
de prendre quittance (•).
DC Paris , Ie 1(5 oelobre 1600.
LETTKE DXXX1X.— 1
Le cardinal Mazarin a ete purge fort heureusement, <•! il >r
porte mieux. On cherche de nouveaux moyeus d'amasst.-r dc
1'argent; on casse dix eompagnies du regiment des gardes ,
et on va oter les gages des ol'liciers, ne leur en laissant qu'un
(juartier, excepte aux officiers des cours souveraines. On met
aussi un imjiot nouveau sur le vin et sur tons les bateaux qui
arrivent au port, charges de diverses niarchandises; et de tout
cela grandes plaintes. On dit(juece sont les fruits de la paix
et du manage , et qu'il n'en 1'aut rien esperer davantiige
tandis que nos affaires sont entre les mains du Mazarin. La
Sainte-Ecriture nous menace de trois choses, si nous meltons
(1) Cette bonne mere , la Faculte ! amero ot sanglanle ironic : bonne
mere ! qui les Icnait dans ravilissement , dans I'ignorance ol dans K-s
dernieres classes de la societe, pour salisfairc cello insaliablo puissance
de vanile sociale qui s'appello riionneur du corps. (Jue les choses out
change de lace ! Le tlroit, le temps, la Providence ( les homines if y onl
janiai- rompU'- en vain ), out donne a la cliinirj'.ie le ran ; qni lui CIMI-
\\f\\\ ; ils onl relabli le ijrand principe de \" unite de 1'arl dans t>e-
inovcns . d.in- «=es pro;;res el dans son bill. H. IV
. KM i ov.. I. :>S|
hieu en colere , savoir, de nous laire lumber cntre le.s mains
J'un enfant, d'une fenmie et cl'un etranger. Dion soil loue ,
nuus u'eu soinines pas loin, sansce quipeutaiTiver(t).Tacite
a (lit quelque part : .\on essc bits euro1 secnritntcnt nntti-dnt , ease
ultionem. Mais enlin le mauvais temps linira, on par notre
niort ou par celle de ceux qui en sont cause. Mais voila (|ue
je recois la votre, par laquelle j'upprends que vous etes an\
champs en meilleure sante, utiiuun in dies adnuyeatur ! Nod
Falconet prend plaisir a 1'etude ; il a anjourd'liui assist*'- a la
derniere lecon d'osteologie cliex. M. Emmere/. , qui lui mon-
trera aussi les bandages, et 1'anatoniie sur le premier corps
i|u'il pourra avoir. J'ai ici Iraiteun epicier de Lyon, noniiiK'
M. Claret, oncle du jeune Tisseur ; j'en ai donne la pratique a
M. Ernmerez, (jui 1'a saigne, et dont il se lone fort. Led it
Claret n'a guere ete malade; il m'a (lit que M. Gamier est son
medecin et son allie a cause de feu M. de Lamoniere , duquel
il est gendre. 11 n'y a point de lieu plus propre pour passer
docteur Noc1! Falconet (ju'Angers , oil j'ai lout credit ; de la,
il passera en Berry , a Nevers , a Hoanne , a Lyon , oil vous Ic
fere/ encore un peu etudier aupres de vous et le ferez agtvger;
et je pense (ju'il nous convient faire ainsi , puisqu'il n'ini-
porte d'ou Ton soil docteur pour etre agrege en votre college ;
mais il f'audni avoir I'a'il sur le jeune hoinine, de peur qu'il
ne s'echappe, utsolentadolescentuli. Vous savcz(|iie 1'occasion
fait le larron , et qu'elle guerit plus de malades (|ue toute la
science du monde. /m/scrbia jucent!*, citslode rriitutu , fjimrlrt
i'fjttis, etc., pour n'en pas soupconner d'aulres.
M. Barliier ne manquera pas d'obtenir le privilege (ju'il
deinande contre les jansenisles pour le livre nouveau dn
1*. Theoplnle Haynaud; carles carabins qui sttnt sortis de la
(T II falloit quo (iui Palin fill bion s*ur dc In discnHion do so-. ami> ,
pour ecrirc do tcllcs cliosos. Dans ocs Icinj)^ dc despolisiuc ol d'arbi-
Irairc , il s'exposail bcauconp avcc line tcllc liberlc do plume , niai- If
naliirel Pcinpurlail ; Juvenal , cniimie il lo dil , elail un de >o- ^ainl-.
u r.
2S2 I.!-. I llih> Hi: (,\ I I'M IN
brayette du I', l^nace, ees maitres passelins ^ouvernenl
tout-a-lait .M. le chaiicelier, et font de lui tout ce qu'ils veu -
lent, taut il a peur d'etre degrade et desselle avant que de
niourir.
Xons avons aujotird'hui celebre la tele de M. saint Luc. (l ,
et assiste a la inesse; la plnpart de DOS anciens n'y etoient
point, car j'ai ete le quatrieme a I'oHVande. Guenaut est alle
a cimj lieues d'ici , a Noisieres, pros de Lagny, y voir
M. Groin des Hordes, qui esl demenre malade de sa chute d
de s.i tele. Ne seroit-ce point grand douunagt; s'il inouroit !
Mais en eas (|ue cela iirrivat et (jue le (liable 1'emporta.t , tau-
droit-il crier an lan-on? II se porte inieux ; ee JOoctobre);
Guenaut en esl revenu , on dit (|ii'il n'en inonrra pas. NVst-ce
pas (jiie Dien I'atteiKl a penitence? Mais seroil-elle bonne
sans restitution? Nenni da. Si Dien attend (JIK; ees ^ens-la
rendent toutce (jirils out derobe'1, il a beau alt<'i)dre.
M. le cointede Soissons esl parti aujourd'hui pour I'An^le-
It'rre, et la reine d'Angleterre pai'tira jeudi prochaiu avec sa
lille pourLondres. Le cardinal Mazarin n'est pas bien ; on a
encore eonsulte pour Itii. et il de\oit etre saigne ce matin : c'esl
si^ne (ju'il y a encore quelque chose. On lit avant-hier rele-
ver pour Ini deux asclepiades , savoir. Valot et Yxelin; \oila
les Pietre et les Duret de ee teni|)s, aiiipiel !)ieu nous a re-
serves. On dit qn'il aloujours (Void, et <|u'il lui faut rechaiil'-
fer les pieds el les cuisses a toute lieure: c'est la un inauvai>
simile; de plus on dit (ju'il ainaigrit fort , ///>• t/fti(fi////a iinr ml
I'l'i/Kii'in. x<'iii[>ili'rii<un . .M. (loll)ert , ititendaiit de sa inaison .
avoit la charge de secretaire! de la reine, il I'a vendue a
M. Housset, ti'esoi'ier des parties castielles , .ViO, ()(•() livics. ,le
vous baise les mains , a mademoiselle Falconet et anotrebon
ami M. Spon , et suis de tout mon ciriir votre, ete.
Do Puris, Ic !'.» orlol)i-c KiOO.
'1 <*" rcinai(jticr;i crtlo oxprosMoii <jui -ciil son iiioyon - aye ,
.M. -iiint Luc. fK. P.
\ i A i. CON 1 1 •28:>
LKTTKK DXL. -- I// >„>•„,.'.
Je voiis dirai pour nouvelles qne I'evequede Monde inuurut,
• •I It1 memo join-, madame la douairiere de Kohan.jadis mere
ile Tancrede. Kile eloit lille do Ion M. do Sully, surintendaiit
dos finances dii temps du bon roi Henri IV.
l.o cardinal Mazarin n'est pas bien; il a des syncopes et nn
refroidissement ties extremites. II gronde ses inedecins, ol
lour reproche qu'ils n'ont point de secrets pour I'empeeliei1 de
mourir. Yoila encore un cveche a distribuer, a donner on a
cluinger contre le prieure de Sainte-Croix, taut il y a <jne le
cardinal Mazarin so inaintient fort dans lo beau et IVuctiieux
litre d'/i€)'itid' uniccrscl da ijcnrc huntain, (3 lo bun temps,
s'il diire! Qiielt|iies uns disent ici <|uc, si le cardinal niouroit,
la place seroit occnpee par M. le Tellier, secretaire d'Etat , on
par lo milord Montaiyu, Anylois, jadis linyuenot, aujour-
(I'liLii abbe de Saint-Martin de Pontoiso, pour le grand credit
(|u'il a die/ la reine-mere, ce quo je no puiscioire de ce der-
ntei', quand ce no seroit (ju'a cause qu'il est etrangei1. Onello
pitio seroit-co, apres un Italien, <pi'ii nous viut nn Aiiiilois ,
commo si la France etoit depourvuede grands homines ca[>a-
bles d'etre premiers ministres ! Pour M. le Tellier, je 1'aime-
rois mioiix (pi'iin autro, car il est bon Francois et a Tamo
bonne. II n'est pas de cos courtisans enrages et athees. II croit
en Dieu de bonne sorlo, je lo sais do bonne part. II e.st hoinnie
fort sage et fort regie, bon monagor, et fort entondu dans les
grandos a Ha ires.
II est mort ce, matin tin de nos medecins, nomine Jouvin ,
age do soixanto-cinq ans. 11 n'eloit pas de ces grands arbalo-
triers tpii en tnent tant, car il no voyoil guere de malades. II
etoit riche , tils d'nn marchand et recevcnr provincial des de-
cimes en la generalile de Lyon. II m'avance d'nn point, il
n'yen a pins <pu^ vingt avanl moi. Aye/, soin de volro sante,
et ne nous ecrive/. i[ne pour nous en donner des assurances.
Jo suis, <>tc.
Do Tails, lo ±2 Dctoliro 1ii(iU.
•2S } I.KI IUE> l'i: (.1 I I'UIN
LE1TKK DXL1. - An ///<:/w.
On dit ici quo hi reine d'Angleterre partira de-main pour
s'on aller a Londres avec la reine, sa h'lle; on dit qu'elle est
fort affligee de ce que le due d'York , son ills , a en un enfant ,
ft qu'il a epouse la lille du chancelier d'Angleterre. Cette
douleur est survenue par-dessus les regrets qu'elle avoit de la
mort de son troisieme lils, leduc de (ilocester.
La reine-mere a ete saignee, le cardinal Ma/ariii a elo
purge, et commence d' user des eaux de Saint-Myon; dans
quelques jours il les quittera faute de soulagement , et en
prendra d'aulres, ndoitctn fulu- ; on le mettra an lait d'anesse
ou de clievre, et puis enlin an lait de vaohe , « *jnn forum >v//-
fwabitur ; et voila comment traitent ici leurs malades ceux
(jui disent qu'il faut attraper lenr argent, caricfafv, nwitiitc ,
multiplicitate n'nicdiortti//. Ma/arin a einpli la cour de char-
latans , il y en aura assex pour abreger ses jours. Les grands
sont malheureux en medecins; ils n'ont (jue des fonrbes de
cour, des charlatans et des flatteurs etoiles d'ignorance.
Gaudeo piuriinunt quod nnttutio loci fibi //rofticn'f : vons
trouverez quel(|ue chose de bon in o/ittsrti/is (i<,rrci , dans !»•
connnentaire des deux theses. Sur les plaintt-s dn nvtenr dc
1'uiiiversitede Reims en (Champagne, quo j>as uno des Factil-
tes n'y laisoitson devoir, la emir a donne arrot par lotpiol olio
ordonno une entiere reformation d'icelle, et a nonnno divers
deputes pour cot eiVot, desquels je suis nn. l.v cardinal Ma-
zarin a fort gourmande Yalot , 1'a ohasso do sa chambro, et
lui a defendu d'y rentrer; il dit qn'il a romis tonte son ospe-
I'ance sur Guenant et Ksprit; il lour en dira autant qu'a Yalot
dans quinze jours, car ttnis deux ne valent pas niioux. On dit
quo M. Colbert, son intondant, n'ost all/' a Koine quo pour
traitor avec lepapedn retablissement dn cardinal dc, Hot/.. Jo
vous onvoie 1'arrot dn recteur de Ueiins; je [lonso (|tio colic
rofonnation on atlirera d'autics. d'Angors, dc Valence, etc.
!.o cardinal a ipiitto ses oaux, /•/ /"'/"> Imh/'i. >I. de Verlii-
i.'.'oiit . niaitre de> i-t'qiioti-s . est mort : c'ost oi'lui qui avoi!
A FALCONET. :>K'>
iloune raiTtU (It1 snrseanee pour les chirurgions. Cos gens-la
portent inallieur a tout le monde ; leur avocat, M. I'ueelle, est
inort aussi; le chirurgien Oesse inourut hier. Je vous baisetres
Immblement les mains, et suis de tout mon coeur votre, etc.
i)e Paris, le 29octobre 1(560.
LETT HE DXLII. — Au ninne.
.le vous remercie du catalogue des livres du pere Theopln'le
Raynaud, cela me t'era connoitre ce qui me manque de ses
ti'iivres. J'aime tout ce qni vient de lui; c'est un homme d'un
savoir prodigieux ; il salt tout. Je n'ouvre jamais aucun de ses
livres que je n'y apprenne quelque chose , ou que je ne recon-
noisse sa belle, riclieet feconde polymathie. Plut a Dieu qu'il
n'eut que trente-cinq ans, et qu'il fit bientdt imprimer tout
C(,1 (ju'il a de reste de manuscrits et de livres compost's, pour
pouvoir jouir de son travail ! J'ai achete tout ce (jue j'ai pu
trouver de ce qu'il a mis au jour. J'ai autrefois appris (piel-
que cliose dans sa Morale; mais surtout j'ai profile avec grand
plaisir, et une recreation d'esprit extraordinaire dans sa Tlieo-
logie naturelle. Tous ces petits traites qu'il a fails sont beaux
et admirables.
Je me prepare a ma harangue pour 1'acte de M. de Laval.
J'y chapitrerai conime il faut MM. les pharmaciens t>t fai-
seurs de qni }>i'o quo , les glorieux barbiers et estafiers de
Sainl-O'ime, les chimisles, paracelsistes , van helmontisteset
anlres ennemis du genre humain. M. Hacine, conseiller de la
ronr, voyant (jue les charges sont bien cheres, a vendu la
sienne 09,000 ecus. II a beaucoup dVnfants; il esl lils d'un
confitiirier. On parle de deux parleinents nouveaux , 1'un a
IVrpignan , 1'autre a Arras : c'est penl-rtre pour fairt,- peur
iiux antres.
Les executions criminelles d'Angletern1 out rle faites en
Irois jours dillerenls. Le ministre passa le pas foul seul et ile
•286 I.KTTHES I)K (id I'xTIN
sens fort rassis. II deelama liauternent et rndement oonlre le
t'eu roi Charles I1'1 et coutro toule su I'amille. particulieroment
contre le roi Charles II , disant (ju'il en moritoit autunt quo
feu son pore; quo tous no valoient rion ; quo la famille dcs
Stuarts meritoit d'etre extenninee. II inonrut ensuite coura-
"•eusement. Le colonel Harrison en lit antanl a son lour, .le
D
suis, etc.
Do Paris, \c 5 novombre 1(500.
LETTRE DXLIII. — .t// mtn,<>.
Je vous ai ecrit par la voie do M. Lani>lois; vous y tiouverez
deux chapitres do ma vosporio, do la main do .Noel Falconet ,
qui assiste soigncusement a l<i dissection d'un corps tue dans
les marais du Temple. On dil (pie c'ost d'un do ceuv (jui
tuorent le pauvre chevalier de Mayronnes il y a trois ans , et
<jui etoit tin des domestiques de feu M. do Candalo, qui mou-
rn t a Lyon.
Enlin, }\. Blondel est encore doyen , non seulement malgre
lui et ses ennemis, rnais ses amis aussi. Nous avons i'te as-
sembles ce matin ; il a remerrie la compagnio , et a demando
(pi'on lui donnat tin succosseur. C'UKJ electeui's out »'ilt' nom-
mes, <|ui , a pros avoir preto serment , se sonl assembles , el
out convenu qu'il f'alloit, jiour le Ition do nos affaires, le eon-
tinuer. Lour rapport t'-tant (ait, la plupart, voire menu1 louti1
la compagnie a ele do cot avis ; nous etions environ (|uatro-
vingts. Xeanmoins ii s'en est ti'ouve (jiiatre ijiii s'y sont oppo-
ses , qni sont des jjlus chetifs do la troupe;, savoir, Hardouin
Saint-Jacques, Mauvillain et h\s deux Denyan. Cola a mis la
division dans touto 1'afl'airo, d re hi[<;<-l<i r//xcvsx////^x. Ainsi i!
demeurera doyen [)uis<|u'il a les mains Cannes, justpi a eeque
le parloment on ait aulromont oi'domn'.
La reine d'Angletorro iinive aujourd liui a Calais , uii s<iii
ills le duo d^ork vienf an devanf d'ello. La jx'iideric ennii-
A FALCONET. :>8?
nue a Londreg , il y en a deja en dix d'executes; les deux
derniers out etc les deux colonels qni avoient eu charge du
parlement de t'aire fa ire ('execution du feu roi. Tous ces cri-
minels sont d'et ranges gens, f/itos iwii fuenitct qnldqmnn we
fncti ttec mortis. Ge sont des martyrs d'Ktat et du temps ; il
me semble qu'il i'aut etre bien int'alue. Je pense quecelan'ap-
partient qu'a cette nation, qui a quelque chose de particulier
plus (jiie les autres , x/ut/ wvi. , //-/wr.s H fcriui , idi'»qne fn-ne
fat id.
31. Menage m'a dit aujourd'hui (me le cardinal Ma/arin se
porte mieux. Le roi a ete saigne trois I'ois cette semaine pour
une diarrhee bilieuse. On dit que le roi d'Angleterre veut bien
doimer sa stem1 en manage a 31. le due d'Anjou, mais qu'il y
a dcjii bien de la jalousie.
Le cardinal Mazarin se poite mieux, et le roi pareillement.
Sa majeste a fait defense que personne n'ait a t'aire aucun ba-
timentd'ici a dix lieues a la ronde. On dit <|iie c'est pour faire
quatre grands ateliers d'ouvriers aux maisons royales qu'il
veut faire rebatir ou achever , telles que sont le Louvre ,
Saint-dermain-en-Laye, le bois de Vincermes, etc. La reine
Christine deSuede estenfin entree dans Stockholm, la capitale
du royaume , et y a ete bien recue. On dit qu'elle y brigue
la qualite de tutrice du j)etit roi, (|iii n'est <pie fils de son
petit-cousin.
Je ne sais rien des nouvelles de noire doyen , sinon qu'il
n'y a rien d'avance ni pour ni conlre, a canst1 de 1'absence
de MM. le premier president el I'avocat-general Talon. J'ap-
prends seulement (jue vers la tin de la semaine il y aura une
assemblee de noire Faculle pour cette allaire , stir ee <|iie
31. lilondel mcme ne veut point el re continue, appreliendant
d'avoir encore une fois autant de peine (ju'il a eu depuis deux
ans. Et en attendant, voila ma vesperie recult'e pour quelques
semaines. Voila It; scandalc (jiie, font les ions dans les com-
pagnies.
Je viens d emprmiler le livre des miracles du Danphine. de
088 I.KTTHES DF. (il'l I'ATIN
M. Menlel , noire eollegue, a qui rauteiir mrine 1'a envoye ;
fin void le vrai titre : Scptnn mironila Dplplrinalm, ut( Clir'm-
tinum Mexandrani , serenissimam Suet-arum, etc. (iratimnt-
poli upnd Philippum Charvys bibliopolam et typographum r<--
gitim in foru mult Chnxilii 1G5C. Co n'est qu'un petit livre
in-octavo. Je vous supplie de in'en I'aire avoir qnatre exem-
plaires. Aimez-moi toujours , s'il vous plait , et croyez que
je suis toute ma vie votre , etc.
Ue Paris , le 9 novembre IfiGO , In vcillc ct surveille dcs pitlnfyia i'e-
terum paganorum (P.
LETTRE DXLIV. — A>< w'tue.
Par la letlre que je vous ecrivis hier, co 10 novcnibre , jc
vous priois de m'aclieter un livre de (Ivenohle. Scf/fcut niirn-
i.-ulu Delphinahis , fait parM. S. Hoissieu , premier president
de la c.liamhre des comptes. II est gendre de M. Uageaut (•>) .
qui I'ut le premier auteur de la mine du marquis d'Anere ,
qui le rendit odieux an roi, cl apro.s le lit tner, aiin d'obtenir
sa confiscation et devenir riche tout d'nn coup : h<i> aunt j/urtft
nulictt', quibus, lunt/uinu rhuj su/ivissnnu, inebrinnfto' homincx.
J; Fetes qui se celebraicnt en Phonm-nr de Hacchus, aprcs les ven-
danges. ; l\. P.}
(2) (>e nom, ecril ainsi dans tonics les editions de <ini Palin , ne
pent £lre que cclui de Charles-Albert de Lnynes, favori dc Louis XIII.
Ce trislc el tail)le roi , toujours destine a etre {jouvcrne et a detesler se.s
lyrans , ne pouvant plus sui>porter Coni'ino Concini ( le marechal
d'Anere), le fit luer, an mois d'avril 1(517, jiar ^ itr>. capitainc de se.s
gardes, Duhallier et l'arra>. Aussitot qifon appril au roi la inorl de
son ministre , il se montra aux fenetres de son palais el cria aux conju-
res : « .Messieurs, j^rand uierri a vous, a celle heure je suis roi. »
iNeaninoius , il n'osa jainais employer re uioyen conlre le cardinal de
Richelieu . qn il abhnrrail el craignall pin- t-neorc <|ii<' le marechal
d'Auere. Kl eYlail la le Ills <lo Henri \\ '. IV I'.
A FAl.CONKT. '-'S'l
Mais lellps finesses IIP se tronvpnt point dans I'Kvangile, aussi
sont-ce des coups extraordinairesqui sont tout-a-l'ait des coups
<le maitre. Je vous pried'oxeuser les pcinps qne vous domipnt
ines petites curiositps.
Le cardinal Mazarin a dit an roi qne IPS medecins DP sout
(jue des charlatans. Le roi s'est depite contre Valot , et au lieu
de prendro sa medecine, la jetee par terre.
Les six corps des marchands soul, ici fort PII pinenlp pour
mi epicier nomine Niceron, que 1 on a mis dans la Bastille.
Ces messieurs ne veulent point laisser passer tin monopolequc
messieurs du conseil veulent t'aire snr IPS hniles de balpine. Ce
n'est que de l'argent (ju'on cherche pour f'airp dps ballpts, ct
en envoyer en Italie. On en appivte tin eel liivercjni cofifera,
a ce qu'on dit, un million. Ces gens-la ne venlent (|iic noire
(n'e)i , et nous ne le pouvons souflVir. Le roi ainie a^sp/ a
jouer, mais il ne joue pas tropbien, et perd beauconp: passe
pour lui , il est le maitre , il a de (juoi jouer , dp (jiioi pprdiv
i:t de qnoi enricliir. II y a deux 1'emmes a la cour avpp Ics-
quelles il n'a pas regret de s'entivtenir et de jonpr: PP son) In
(;omtesse de Soissons, nipct; d(^ son Eminence, et madanip
Fouquet , feinine de M. le procureur-general et snrintendant
des tinances.
On parle ici de la ire UUP nouvelle creation de cc;:t procn-
reurs an parlement, ou il y en a drja presdeciiKj ci-nts, dout
il n'y PII a pas deux c'pnls <|iii gagiipnl Ipnr vie. Us S'PII
vont t'aire une rude batferie ct bipn du bruit au Palais coutrt'
le partisan qui a enlrepris dp luiir valoir cc parii. On dit (pu-
le cardinal s'est vanlp (ju'avani cpi il soil pen de temps il vent
rendre le roi le plus absolu dp I'lMiropp; il I'pst , <v tin1 scin
blc dpja assez : ji/cnifii'in jKi/i-ftfti/ix. iiltniilifdnfenijH'atntia.
C,p matin a ('IP dilp la IIIPSSP PII mu-iipip dans It^ Palais, mi
h» parlenienl a cte PII robes roiiiips a 1'oflrande. On apppllc
ccla la »/.-»•'' <li-s /•':rri'i'Di;>> . qtielqucs mis I'appi'llent It- Ixillit
t(/'S <'V/v/'/N>v,s-. II y avoit pen dp inoiidp, pas me me tin presidriit
ati morlier, et n'y avoit i-neiv qne vmgt coiiseillprs. On dit
in. I(-»
'200 LK'miKS I)F. (.1 I I'M IN
que cela st; fait pai1 mepris tin premier president , <|in n'esl pas
aime, (Unit je suis bien marri, car c'esl un excellent person -
naye. .le ne sais quelie pent etre la cause de cetle hainc . si
ce n est qu'ii est trop bon : lu'ijuidfin Jt/jj/ter omnibus unif/tam
/jl'tcuit. Les gensde hien sont toujours en grand danger de de-
plaire et d'avoir beaucoup d'enneinis , '<(um iniqui dominan-
lur. J'entends tandis qu'il est grand nombre de mechants ,
cornrne il est aujourd'hui : his nostris teutporibits uiyet i>n/>ie-
(ti.i<, unjet iniquttits , miscc.nf , turbmi! niot'cs mcdi. Neannioiiis,
j'avoue qu'il y a encore bien du nioiide aux champs , (jue peu
de conseillers en sont revenus , a cause que le (Void ne les en a
point encore chasses.
Le cardinal Mazarin se poi'te niieux; Valot a dit a ma-
demoiselle, la dncliesse d'Orleans que les eaux miiuirales
d'Encaussc (l) lui avoient tin JXMI t'ortiiie et raccommode 1'es-
toinac, inais qu'il ne savoit pas cornbien dnrera ce soulage-
ment.
On dit que le pape est en eolere contre les dues de Panne
et de Modene , qu'il ne veut pas tenir 1'accord (]ui est dans le
traite de paix, et qu'il veut que ees princes lui fassent raison,
et ineme a donne d(js commissions jiour lever des soldats:
plura nun liahfo qmxl scrib<nn. Je vous baise Ires bumblemeut
les mains, a mademoiselle Falconet et a notre bon ami
M. Spon , et suis de tout mon cu-ur votre , etc;.
L)c I'aris, le \'l novembro 1G(iO.
LKT'IKK DXLV. I// menu:
A'tvv ttfritin f t'/s/jt ni/s , /•/ f.s7 unln >v/y/'' f<ir<//n/t/s <H( jinrti^,
c'est-a-dire que je vous ccris dcrecliet , sans comptrr ee que
je I'erai a I'avenii1, si la matiere ne me manque pas. Martial a
I Yoye/. . Mir ces eaux. Dlctionnaire n>i v^rsfl (If inutimt nn'Ji •
(/(... \ arMM. Moral ft Helens ; 1'jiri.s . 1,s:?1 I. 111. \>. IIS
A FAU.ONKT. '2UI
ditquelque purl (|ii il auroit de la peine a > einpecher de I a ire
des vers ot a brouiller du papier : ainsi anrois-je de la perne
a me retenir de vous ecrire, car j y ai double satisfaction :
I'une (.'ii vons eerivanl, ell'autre de ce que jecrois que vous
n'eles point niarri d'apprendre nospetites nouvelles. Kt pour
commence!1, en voici un (jui a perdu plus que vous et nioi.
C'estM. Chatelain , docteur de Sorboime et vieux clianoine
de Notre Dame , qui mourul hier dans un age fort deeivpit. 11
etoit bien temps qu'il mourut. II avoit autret'ois bien tlierclie
la pierre philosophale sans la trouver. Enlin il 1'a trouvee
sans la cliercher dans line biere de plomb oil il est jjisant.
Croiriez-vous bien iju'il y eut encore de ces Ions-la? Oui,
certes, pour en jurer a la huyueiKjte: il n'y CM a que trop
qui n'ont point fait leur profit du colloque d Erasme centre
lesalcliimistes , et (jui n'ont point In le chapitre de la pierre
philosophale dans les diseours politiques et militaires du
sieur de la None, .le ne vous dis pas <jue lui et ses soultleurs
out fait de la fausse numnoie , car ce seroit medisance, et
neanmoins on fait (juelqu«jfois I'lin sous ornbre d<; fa ire
I'autre.
Je vieiisderecevoir votrelettre.Acequejevois voliv M.Guil-
leinin resiste a la mort (jui le chicane. Dieii veuille que les
eaux de Saint-Myon lui proiitent , mais j'eii doule. 11 y a tiois
remedesdont le succes se coniioit par la preuve (|u'on en fait,
It; lait, le bain et les eaux ininei'ales. Nuns avons aus.si i:n de
nos medeeins malades, c'est le bonhomme 31. Perreau , le
c«)nlretenant de de (.iorris el yrand anli-anlimoiiial , tlont
ineine il a ecrit; il a soixante et sei/.e ans , ce (jui est line
inauvaise inarchandise. Je suis ttmjours votre , etc.
be I'aris, le 215 novouibrc
•>Q-2 I.KTTKKS UK (UM PA I IS
LKTTKK DXLVI - Autneme.
Le jr.'.ir do ina vesperie est vonu ; j'ai recite ma harangue,
(|iii a duro une houre tout entiere , non sans 1'impatience de
quelques part iculiers qui avoient regret de s'y voir maltraites,
tels quo nos vendeurs do remodes specifiques , poudros hy-
dragogues , pilules et autres secrets , lesquels pouvoient
pourtant s'en aller, puisque les portes etoienl ouvcrtes : c'est
la coutumedes niechants do n'ecoutercju'impatiemmentqu'on
lour t'asso leur proces; uiais inou exhortation a plu ii tout l<;
roste de la eompagnie.
M. Hloudol continue a fa ire le doyen ; je crois (|iie ses op
posants n'osent poursnivre , quoiqueGuenaut en soil un, (jiii
s'est declare des premiers contre lui , el a fait ensuite signer
quelques autres de sa cabale. M. Blondel me (lit hier qu'il
avoit en main une piece pour fa ire perdre le proces a de
(iorris, et qu'il tie jouiroit jamais du revenu, et ne tieudroit
jamais la place; d'ancicn maitre. C/est qu'autrel'ois il passa
maitre es-arls en 1'Universite de Paris , et tit serment d'etre
ealholique, et n'eut point autrement ele recu. Or, est-il qu'il
tit; Cut jamais (|IK; huguenot, t'tant nc a Clittteaudun de pa-
rents huguenots, et MM. do la grand Yhambre scronl hien
aiscs d'avoir co prt'toxte pour le condamner.
MM. tie I'Universite de Paris out fait travailler nn hahile
homme, nomine M. du Boulay, Angevin, ()iii a fait, par plu-
sieurs annce:-, la premiere dans le college tie Navarre, a
1'histoire tie leur corps, Sf/ulii /^//•/.sv>//x/>> (i).
K.ntin le bonhomme M. I'errean esl onterre dans Saint-
Paul , sa paroisse ; je n'ai pu y assistei1, d'aulant ipi il in'a
tallu aller :i qtiatre grandes lienes d'ici. ,lc voiis baisc k-i
mains . et suis de ton I i non c< cur votre , etc.
l)c- Paris, It- '20 iiovoinbiv lli.'it).
LETTKE DXLV11. - ,l//////W.
l,e cardinal Mazarin , ce l'r decembre , est an lit, tort
tourmente de la goutte ; on dit qu'il deviendroit pape , s'il
avoit bien de la sante. Apres la goutte, la pierre viendra. of
puis enlin (dirjuid Immunitus rontinyt't , qui I'empechera de
devenir pape: sir homines moriuntur.
Nous avons eu aujourd'hui, -2 decembre. un acte dans nos
ecoles, auquel le premier medecin de la reine a assiste pres
de trois heures. Apres (ju'un de nos doeteurs a eu aeheve de
disputer, il s'est leve, le chapeau au poing, et a prie la Ta-
cultequ'on le laissat disputer, et a dispute fort bien , mais il
a cte nn pen long; il est bon philosophe. II vonloit prouver
line faculttis ritalm nun i-st mtfuralis, '•/ uutoritdte diri Ilin-
nttr Aquinutis, ffc. 1). Vous save/, que tons les Kspagnols
parlent mal latin, neanmoins ils aiment a ergotiser. Notre
savant jeurie dorteur, M. Dodart , presidera jeudi prochain .
c'est-a-dii'e qn'il paiera sabienvenne (cariious y aurons tons
ehacun quatre livres pour noire assistance; autret'ois il \ a\oit
nn diner pour tons, qni t'ut couverti en argent Fan 1(533, pour
un petit desordre qui arriva et qui f'ut cause d'un pins grand
bien), et a pres il jouira de.s droitsde I ecole comnie Ics antres
doeteurs.
Hier, par arivt de la grand'c.hambre, M. de Tliore, |n'e>i-
dent ci-devant en la troisieine des enqnetes, et Ills de ten
.M. d'Emery '-21, suriiitendant des finances ; il t'-toit de. Ly«»n .
et se nonnnoit en son noni 1'articelli , lut d/'elai'e ton et toiit-
(t On sulililisait olran^oiMcnt a rt'llc epotjin1 dans !••> ccolo, ct lo
•iiijot de celte these on e<l mi rvmpN'. I.;i srola-iitiitt" ilu iiiti\rn-;ijr(»
a^iit encore do ^influence. (Vctait le leni|» des hypolhe-r* aiilhroiio-
Io^i(|iios !es plus bizarre- : ;ui--i , a\rc un |HMI dY-pril . de Mil>lilile .
d'obscurile, les hableurs de philosophie act|iieraient-il- unc reputalion
bienlot di-.-ipee an sonllle de la \erile. l». IV
•2 Voy/. les noto-s (oine I , pa^e V.t.'i , tome II , pn;',e I'.t.
*2(.M I.F.TTRF.S HE (.11 PVTI\
a-l'ait ruine et perdu d'esprit. et ensuite Cut approuvee la
rente que ses parents avoient faite de son office de president
au prolit de M. de Fourci , qui etoit 1'aeheteur et gendre de
M. de Boucherat , maitre des requetes.
Les politiques speculatifs parlent ici de plusieurs manages,
entre autres de celui ou de ceux d'Angleterre, pour le roi et
son frere le due d'York. On dit que le roi d'Espagne fait tout
ce qu'il pent atin de retirer Dunkerque des mains des Anglois,
et de garantir la Flandre de leur invasion: et comme nous
en sommes en quelque faeon les mediateurs, ils nf>us offrent
Saint-Omer, Aire et Cambrai, si nous voulons leur rendre
Gravelines et Dunkerque. Tout cela n'est peut-elre pas vrai.
mais on en parle fort ici: il n'en sera que ce qu'il plaira a
Dieu.
II y aura demain dix-huit ans que le diablc, a ce qu'on
dit, emporta le cardinal de Richelieu. KJHS reliquiae mine no*
exercent , comme Ciceron disoit d'Antoine apres la rnort de
Jules-Cesar.
On dit qu'il y a un grand ravage d'eaux a Rome, bien dn
peuple noye , avec perte de plus d'un million de biens. Dieu
soil loue que le pape et le general des jesuiles n'ont pas i'ite
noyes! On dit (pie M. le cardinal Mazariri vent devenir pape,
et que pour cet effet il va se faire pretre. Cehi me fait souve-
nir par antithese d'nn distiqne assez grossier, (pie je sais il
y a pins de quarante-cinq ans :
Daemon languebat . monrtchns tune essc rolebnt .
A. it ubi coni'filnit , man sit nl ante fuit.
Dieu nons euvoie sa paix et dn pain, <pii est ici bien cher,
et (jiii fait liien crier les pauvresgens, *<'<! //»//" <•///•// llij>-
II y a, ce 3 decembre, an ]>ar«piet dn parlement, un edit
dn roi pour la reformation des habits. II y a ici trois inorts de
rcmanim1 . savoir : nuulttme de Ventndour, la bonjie femme.
\ KM.CONET. 205
ageede plus dequatre-vingts ans; elleetoit tame du prince HP
(-oiide, et lilledu conuetable Henri de Moulmorency, qui mou-
rutl'an 1614. La secondemortestdu chevalier de Roquelaure .
qui etait un bon compagnon. La troisieme cst de M. d'Hozier,
grand et savant genealogiste de France (1) , que M. Barbier,
votre imprimeur, connoissoit et qui eloit de ses amis. On at-
tend ici dans peu de jours le comte de Soissons , qui revient
d'Angleterre; oncroitque, bientdt apres, la reine d'Angleterre
le suivra et viendra ici pour trailer du mariage qui est sur le
bureau. Je vous baise tres humblement les mains, et suis de
tout mon coeur votre, etc.
De Paris, le 3 decembre ItifiO.
LETTRE UXLV11I. — An
M. Moreau e>t lils de feu M. Rene Moreau, et a sa charge
de professeur du roi : c'etoit un grand personnage. II fera a
quatre heures, et moi a cin<i ; il dictera dc inor/n's innlicrum,
dc quibm torn innlti scrijwrunt , Mercurialis , Mercatus , Rod. a
Castro, Primerose, et le VarandadeM. Graset tant d'autres.
Cui no» cliff us Hi/ fas? Toutes ces lecons des e'ooles ne sont
que des rapsodies tirees des bons auteurs, par des gens (jui
n'en savent pas tant (ju'eux. Kabr. de Hilden n'etoit qu'un
chinirgien fiftic inu'ntafuft , ard /inrtnn dnrfus; mais il est
facile, et bun pour quelques observations -2 . Sa meilleurr
1) I'. d'Ho/.ier , no ii Mar-cillc CM Ui'.*2. liidepcndaninionlde plu-
sieurs genealogies parliculieros imprimccs . il ;i ci)iii|)o.»c VHitloire ;ie-
ncalogiqnc de.s principales ina son* de France; ouvra(;c considerable
on 150 volumes in-i'olio , rcste manusrrit et conserve a !;i luliliollicijiH1
roxalr. Vovr/, In note t. I. p. '201. H. 1'.
•2} (inilliituno Fabrice, dit de Ilildcn. dn noin d'nn village voisin d«*
r,olo;/,m>. ou il naquit le ti.'ijuiu l.'idO. Int. ;ui rontrnire. un des chiriir-
jjiens les plus remarqiiablcs de sou leinps. II. I*.
'X f> I KITIU> 1)K (.1 1 I'AIIV
edition esl in-lolio de Franc-fort, depuis ('edition in-quarto do
M. Huguetan . qui n'est pas si ample ni si bonne. Votiv
M. (iuillemin ne vivra plus longtemps, les archers de la rnorl
le tieiinent, tamlis qu'on lui fait son proces, arror-iria ft. *///.>•
inexplicabilfn, ret inextinguibilis : br<>vi wHtiirus i^t in rutiit-
HI'lll liltititKI'.
.le viens de voirM. le premier president, qui m'a fait grand
accueil ; il y avoit longtemps que je ne 1'avois vu; il m'a fail
promettrc quo dimanche prochain j'irois souper avec lui, a
quoi je ne manqueru pas, Dieu aidant. On parle fort ici dc
I edit de ivformation de^ rul.ians et des dentelles, (|iie Ton dil
qiii sera publie lundi prochain , snr ([iioi les marchands crient
bien fort; mais on m'a dit de bonne part que le roi ne (era
aueun autre edit pour impot ni vexation quelcoiKjue, ni (!••
nouveaux procureurs, ni aucune autre creation d'officiers,
On dit ((lie M. le inarechal de Fabert va etre fait surinten-
dant avec M. Fouquet ; d'autres disent quecelui-ci est lia'i.
et (ju'il sera disgracie et depouille (l).
Tit conseilK-r de la cour, nomine de iVrrigni, futhier I'ecu
second president en la troisieme des eiKjueles a la place dc
M. (Juenegaud , frere de MM. les tresoriers de 1'epargne el le
secretaire d'Ktat, de ([uoi plusifiurs de la cour sont laches , ;i
canst; (ju'il est gendre d'un partisan nomme Margonne. On
dit (|u'ils out changti leur nom en cello famille; que son
gi'and-pere etoit un tailleur, nomme Peau de Lonp, et celin-
ci a une belle charge dans le parlcment de^l2,0()0 livres , et
porte le nom d'une ancienne famille de l^iris, qui est lort
honorable, savoii4, de MM. de Perigni-Picard. O ///(/</»/////
fdiiumi' inunc'il !
f,e cardinal Ma/arin esl an lit de la goutte et d'un mal dc
t'ote; il se plaint fort de Valot , Ksprit et (luenaul ; il dil que
les medecins n'ont (|iie des paroles, point d'ofl'el: qu'il esl
I On \(\\[ <|iie Poni|',f ronlic lo fa^lucux surintendant etait dejn
ire^-enli K. I'.
bien miserable, de ce qu'on lui a tutijours promis d'apaiser
ses douleurs, el <|u'il en a tuujours qui le persecutent. Voila
tin temps qui lui est encore fort contraire, savoir, fort hu-
mide, et apres sa goutte, la nepliretique viendra. On dit que
Ton a seine dans son antichambre des billets , et chez la reine,
qui disent : Qui nous delivrera d<: la jjaiju mazarine ?
MM. du clerge out ici lout nouvellement censure la traduc-
tion du Missel romain, faite par M. Voisin , pretre , jadis
eonseiller au parlement de Bordeaux , qu'il avoit dediee an
prince de Conti , qui est dans une grande devotion , jusque la
qu'il en deplait au cardinal Mazarin, oncle de sa femnie. La
reine-mere a ditau cercle que la reine d'Angleterre ne vien-
dra point sitot; elle veut encore quelque temps demeurer en
Angleterre pour y t'aire regler tons ses droits et pretentious par
le parlement, apres elle viendra a Paris pour y achever ses
jours, sans avoir aucun dessein de relourner jamais en An-
gleterre.
On a aujourd'liui reeu conseiller de la cour M. de Cocq,
jeune homme , par survivance, a la place de M. Magdelainc,
son grand-pere. On prepare ici un grand ballet, <jui ne pent
etre pret que pour Paques.
M. du Troncliet, conseiller de la grand'cliambre , a vendu
sa charge 72,a()0 ecus au fds de M. de Pontchartrain , presi-
dent des comptes. Des deux grands vicaires du cardinal de
Ket/, 1'nn vouloit que Ton ronlerat ici les ordres de pretrise
la semaine prochaine , 1'autre n'en etoit point d'avis. Le car-
dinal de Uetx, paroit en avoir ete averli; mais il leur a
mande qu'il leur del'endoit expressement. 11 yen a qui croienl
(ju'il n'est point loin d'ici, et au guet de ce qui pent arriver.
,sv quid /iwnnnif us continent illi /lonniii, y//v <yw//< $(<!( iftto/itinnf
/tic friidtur et tnniina diyiiitute et inti'f/i'u Itbi'i'tufe. On dit (ju'il
y a un Ills d'nn maitre des comptes (|ui oll're 73,000 ecus
d'une charge de conseiller a la C(»ur, mais qu'il n'eu troiue
point : voila bieu di- 1'argent pour de la funu-e t-t 400 livnvs
de rente. -I'ai ici un beau livrc que j'ai depuis pen recu di^
298 il,llUK> DK i.ll I'YllN
Fraiiclort : Tltnmn' /teineaii , Cusp, f/ofmanni <•> Aflnnu Hupi-rti
ffpisfol(e:ceio[enl trois savants liommes (le premier des trois
est encore vivant ' (jui s'entr'eerivoient des lettres les uns aux
autres avec beaucoupde bonte , d'bumanite et de litterature.
I-.es carabius du P. Ignace ne font pas des livres de idle
Irempe. .le vous baise tres bmnblement les mains, et suis dp
tout mon cot'iir votre , etc.
De Paris, le 10 decembre 1660.
U'TfKK DXLIX. -- \xnitmp
Kn quel(|ue etat que soit le Mazarin , on ne laisse point dr
cliercher de 1'argent ; car on envoie des billets portarit taxes
de cer taines sommes a tous ceux qui out tenu des i'ermes du
roi, taut grandes que petites. II a la goutte a la main et ne
pent signer; mais il fait jouer devant lui pour se reereer et se
divertir a gagner. II y en a bion d'autres (]iie lui qui i'eroient
volontiers de ineme. On (lit ici que M. le marcchal Fabert va
etre surintondant des tinances , ee qui fait trembler beaucoup
de partisans; (j'est mi lort bomme de bien et fort entendn :
mais neanmoins pent-etre (pi'il feracomme les autres quand il
y sera parvenu.
.le soupai bier, re lundi ]'.} deeembre an soir, aver M. U1
premiei1 president. Com me je Tentretenois seul dans son ca-
binet, Tecuyerde mademoiselle la durliesse d'Orleans y vint,
et diMMiis nous fumes souper ; et eonnne nous commeneions a
parler apres soupei1, il vint uu eveqne de Vannes , qui nous
empecba si bien que je nelui dis j)resrpie rien de ct> (pic j'avoi-?
a lui dire. Je viens d'appreudre que M. Fonqnet, intendant
des tinances, a reeu ordre dene trailer avec qu'i qtii^ ee soit.
ni dc fain1 aucuii ('-tat pour Tan lO(V2 : cela angmente le sonp-
eou de ceux qui desirent ou (pii cspcrcnt (ju'il y aura du chan-
gement en cette grantle cbai'ge.
\otre M. Hlondel se vent demeltredc sa rliarye , ct m'a dit
\ (AICONKI 2'.»9
que samedi prochain nous aurons une asscmblce pour lui
fa ire nn suoeesseur ; oe <|ifil fait de son pleiu pv, saris y etre
fore,/1 par ses ennemis , qui n'ont rien pu obtenir oontre lui
par les requetes qu'ils out presentees an parlement. Samedi
dernier, on donna des arrets an eonseil d'cu haul.: I'lin pour
oter la solidite de la taille, et 1'autre pour ernpcoher quautite
do petits droits qui se levoient sur le vin en divers pouts ft
passages dcpuis quelque temps.
.le vous sais hon pred'avoir eu pitie de ce pauvre M.Bouge.
puis(]u'il a fern me et enfaiits. Vous avez hien fait de lui de-
fend re de t'a ire de la medecine; il u'en tuera pas tant et en
apprendra davanta^e : il est de Provence , (jui est la petite
Barharie. Us soul en ee pays-la , a ee (jue dit iM. H. d'l'rfe
dans son Astree . rifln's d''/»'>f fit' liirns , f/loricu.i' ftp pet/ tl'hnri-
tn-iir ff xtirtni/a (ft- /ir>>t df sriwtrr ; et dans notre metier, ils sont
volontiers charlatans, pourvu qu'il y ait a i^aijuer.
l/anrien niaitre de la compa<,rnie et le doyen de la Karulte
out chaeun double de tout; si bien (jue lorscjiK1 nous reeevons
de chaeun , en partieulier, 60 livres par an , ils en out chaeun
six-vinjrts: niais le doyen de charge n de plus, par pure
jirace de la Faeulte, environ GDO francs pour les peines ex-
traordinaires qu'on a pendant les annees du deeanat . et en-
core davanta^e s'il vent derober, eomnie (»n dit qne que|(|iu-s
uns ont fait autrefois, entre autres le Vignon et le petit Har-
douin Saint-Jacques, qni tons deux sont niorts. (le dernier
etoit foil et tenoit de race, »t/f/n cnininlti f*t ; il avoit autre-
fois represented (iiiillot (iorju a I'liotelde liouruo^mv
Puisque M. (»uillemin est parti, il nous taut ivsondre d'al-
l«'r apres. ()ii nie vient de dire <pie Ic canlinal Mn/nrin nc
jirend point de lait de vache , ct qu'il en a eli'- dt'-tourni'1 \Y-\V
mi vieiix nit'deciu (ju un eveque lui a ineiit'-. .!(> erois que le
MH'decin est M. Merlet , et (|tie M. Ifveque <^st <'elui de (Imi-
tances; r-ar cet eveque est ami de tons les dtMix, et meme
dodicstiipie du cardinal, (luqucl il a efe maftre de ehamlire.
c! a (jui il doit son episcopal. Ouoi (|u'il en <oit le cardinal
3<;0 i 1:1 riiKs M. 1-1 1 rvn>
Mazurin est runt' ti',Liuni> c( t't't/'ftj' Vtilctudinis; il est accable
d'affaires, et a le corps bien delicat.
On mit liier dans la Bastille un greffier du conseil , nomine
Massa , qui avoit fait des remoi it ranees au surintendant des
finances, afin qu'ils ne payassent rien des 600 mil le livres
qu'on leur demandoit sur leurs offices a quatre qu'ils soul.
L'intendant de justice, qui est a Sens , deniande aux bour-
geois de cette ville, pour leur don gratuit, 12 mille livres
(autrement on 1'appelle don force), et pour la snbsisfaiier
de la gendarmerie 32 mille livres. Ils lui out repondu que.
pour de 1'argent, ils n'en avoient point, mais <|iie s'il vouloit
leur donner (juittance , ils hit livreroient inille innids de bou
vin.Vous pouvez juger de leur abundance, et en ineine temps
de leur pauvrete. Le cardinal Mazarin a dit au roi (jue tons
les medeeins n'etoient que des charlatans, qu'il ne vouloit
plus s'en servir, et (ju'il ne se vouloit red u ire <|u'a de petits
remedes. Neanmoins on m'a dit qii'nn certain chirurgieii de
la eour lui avoit conseille de jtrendre du lait de vache, et
<|u'il y etoit resolu, et en ce cas-la il faut dire : at cn'f HOCIS-
X//////.S- error pejur prior?. Le lait de vaclie ne vaut rien , et Jie
lera (|ue de 1'ordure dans un coi-ps echauffe t-f atrabilaire,
tel que celui du cardinal Mazarin. Mais(|iioi(ju'il fassc-, jc n«-
pense point qu'il guerisse parfaitement avant le mois dc tnai .
ft fioc postfo , (/ttod tandem coiif/iK/af.
On (lit <pie M. le comte dt; Soissons a vu en Angleterre le
cardinal de Ketx. . ou il est fort aime du roi. ilais t da cst-il
vrai? Aussi bien que ce qu'on (lit (|ue le roi d'Angleterre n't1-
pousera point la demoiselle Hortensia, niece de son Kminence.
et qu'il n'en vent point , Mir les remonl ranees qnelui en out
faites les deputes du parlement. Je vous baise les mains, et a
madame Falconet, et a notre bon ami, M. Spoil, et snis de
(nut rnon cieur voti'e , etc.
/'. >. Le roi a casse dix compagnies du r«'giment des gar-
des, et va c.asser toils ses petits moiisquetaii'es , qui etoient
^eu\ du cardinal Ma/arin , lorsqu'il lit la paix. Hier Cut ven-
A FALCONET. .'101
due une charge <le conseiller de la com1, 74 mille ecus. Cela
fail parler tout le nionde, et dire qne tous les tbus ne sont
pas anx petites-maisons. Eh! (jue feroient ces gens-la, si 'e
inonde etoit sage et n'etoit pas chicaneiir ?
l)e I'aris . le 19 dewmbre 1660.
LKTTKK DL. -- An urine.
Nous avons eu aujourd'hui , ce 22 decembre , le plus court
jour de 1'annee, hrninn wtrrum. , lejour du solstice d'hiver,
bruiiid quasi.
Aujourd'hui a ete vespt'rise en nos ecoles un nouveau li-
eencie , nomme Decaen, par M. A. Hubnut , nion proche voi -
sin et imniediat successeur; in on rang etoit d'y fa ire du latin,
comme j'y en ai fait i»'(> Imtdabili scholoe r<>t>sucfu(lin<> , et la
question etoit : A)i rino mtirliflix decoctnm repanmi? de la
soupe a 1'ognnn aux ivrognes , que j'ai proposee audit sieur
Decaen, <|ui ya satisfait (l). J'ai encore a fa ire du latin deux
fois, 1'une pour la pastillaire de M. Ch.de Laval, et I'autre pour
le doctoral de M. Decaen , et apres je serai quitte de toutes
ces c,orvees, et je travaillerni un pen plus a mon aise a nies
lemons, depurgantiwn niedicamottorum viri/tus (-t natnra.
On iinprirne a Leyden un be I ouvrage : ilc \ itis illiixtriiun
wflico)'iont Jo. llcnr. Mcilxnnii. ('et auteur est un niedecin de
:1; J'ai deja rcmarque quc la docte et jjrave (aciilte de int-decine
de Paris, cjui avail pris Porgueillcuse devise urbi el orbi sains ,
u'elait pas tnujours (res diflicile sur le choix des theses. S'il y en
eut d'importantes , il y en avail anssi de irivoles, de ridicules el
ineme d'absurdes. On a cite avec raison les suivantes : .in e.r heroibus
heroes :' An per incantationes fit curalia ? — An (jui niel et bulyntm
comedit i srinl reprobare itinlum el eliyere boninn .' 1670. An
rolii(f ex piscis felle, ctiratio nalurnlis :' 1668. - E.r </i/a parte tna-
HHverit aqua quip i>ro(luit e inortui ('liristi latere , perforalo lancea;
(iculo nuicrone ? 169^, etc. I. a science elail deja assez vasle , asse/.
cnllivee pour choisir deo questions j>lns di^nes d'interel. Voyez la note
I.I, p. 133. \\.\\
'M)'2 LklTKKS I)K i.l'l t'ATi.N
Lubeck, toil savant Jiomme , qui esl morl depuis Irois ans ;
c/estde kii que nous avons un eomment;iiiv tort exact, injus-
iui'unduin //////>. PI ul a Dieu que personne ne t'il pis dans un
si <;Tand noinbro d'ecrivains qui barbouillent le papier. II a
('•ci1 it sayeinent, poliment el doclemeiit.
Le cardinal se porte un pen inieux. II avoil chasse ses me-
decins avec indignite, inais 31. It; Tellier Irs a un pen ivcon-
cilies, sur ce qui,1 GutMiant lui a dit, lui lii'onu'ttant IV'h'' pro-
chain d'aller ii Bourbon lui-imhue, do 1'y ineiicr et do If
yuei'ir. Sunt cciha /•( I'uccs : nun air i-ccllitnr itc/jin- (tbo/ftut'
'•ontunuu' /itfciiijii't'U'x lul t.i//'cc(uuin jiodiifji'iciii'nut n.ittsfi : a/>u:
urtcx /imnn Guciifildicif i'wjtu'i'untui', ot il taul a cela d'autres
roniedes quo des eaux minorales. L'n yrand cl exact regime
de vivre ; line grande tranquillite d'espnt , (jue le 3Iazarin n'a
point et n aura jauiais , /'ri'fjix.nx l/if/is usinini jiotus , postquum
I'ticril i:o/'fjuf( Mpurgutisshnuin , me semblent les remedes mate-
riels qui iui seroient ies nieilleurs : nl.in. formalin rt'ijnirtut-
ttir, etc. Mais eomine disent les t'aiseurs d'almanachs , Dieu
par-dessus tout (l).
Puisque les livres ne s'acheveiit jjas a l^yon , non [ilus qu a
Paris, patience, je ne vous en dis mot ; j attendrai ceux-la et
les autres , taut qu'il plaii'a a Dim : in. ^utk'ntia ijn^id'-hnuiti-
IIKIIH inatUH , ct t'Ji'fJCclnfju d<nu<- < ntiiiiilnl in rain/I .
M. Uavaud m'a proinis un 1*. /accliias, ce sera pour inoi ;
il in Cn taut un autre pour 31. van der Linden , de Leyde ,
en Hollande, nion boil ami , qui me le demande, et a qui j en
veux t'aire present a (jiielque prix que ce soil, .le vous prie de
m'en achete)' un et de me 1'adresser.
^l) Quo dirions-nous, »juo i'erious-nou» de plus aujourd'lmi que la
^cieiu'e a, ttil-on, tail d'iinmenses jn'ogres ? -Ne recomiail-on pas da»»
ces .sages con>eils le sa\anl pruiuiul. le pralicieu t-xerce, cc bon ien*
lit.- c<»'ur el d'in^liilCl <|ui resi>te a luuU*!> le> ,--iiblilite> tie I e»pi il dt- sjs-
leiue, tjui , loin de s'en tenir a la medicusserie des pralieieiis \uljiaires,
rouliniers et dro^ueui> . voil el sai>it I'en** mlile de- ineilieurs niojeii-
de [^uerir on du uit)ins d'allejjer la iiialadic .' H. I'.
\ FALCONET. -'SO,'}
Je crois en verile que peu de gens savent la verite tin inal
<lu cardinal Ma/.arin, inais neamnoins |)lusieurs en parlent ,
et tons disent qu'il ne pent pas vivre longlemps ; de la vient
qu'a la coin1 on (lit qn'il y a plusieurs partis pour Ini succe-
der en la f'aveur qn'il a aupresdu roi et en sa place, savoir,
de M. le mareclial de Villeroi, de M. le Tellier et I'abbe Foti-
quet, de M. deGuenant, secretaire d'Ktat, et antres, sans
que Ton ose parler dn cardinal de Hot/., qur quelques tins
veulent qn'il soil en Angleterre , ce que je ne crois pas;
d'autres disent qu'il est a Paris , on qn'an inoins il y a ele: il
y seroit sans doute en grand danger.
On imprime ici Yllhfoirc il<- Jlcnri IV, t'aite par M. 11. de
Perelixe, evequede Uhodes, preceptenr dn roi, inpii elle sera
dediee, et cpie Ton (lit n 'avoir ete eerite (pie pour son in-
struction ; elle sera in-quarto de belle lettre.
On parle ici de quelques bateaux de inarcbandises <pii out
ete perdns snr la riviere en-deca de Honen , entre antres on
dit qn'il y a beaucoup tlti sucre. Je soubaiterois tort qu'un
gros paijnet de livres, que M. van der Linden m'envoie , ne
tut point perdu. 11 y a cinq inois qu'il les a delivres pour
rnoi ; mats la riviere est tres grosse , et par consequent point
marchande, 11 n'y a pas ici beaucoup de inalades, inais il y a
bien des ivrogncs ; ce vin nouvean donne dans la tele rnde-
inent , et I'ait la goutte, h^ rlunnatisnie et des llnxions sur la
poitrine , avec tonx et diriicultt' de respirer.
Je viens d'un endroit oil j'ai appris <jue la reine d'Angle-
tcrre partira le to de Janvier procbain pour revenir •'!!
France ; que le cardinal Ma/arin u't'-loit pas bicu, ct (|u il a
eu une lort inanvaist; unit; c est [tourquoi le i'oi nn'-ine y est
alle de yrand matin, et (pie des >ept lioinnies <pii laisoieiit la
gazette nianuscrite , il y en a eu mi qni a en le I'onet par le>
carrelours. On a dit aussi qm> les dix coinpagnies du regi-
ment des gardes lie sei'ont [loinl cassi'-es , el que le eointe de
Scboinberg s'en va avec (pielqnes troiijies en Portugal. Mais
il la nt <|iie votis saclii* / (|iic ces sept laiseurs d<^ ga/ette a la
:HM S.KITKES DE i;n PATIN
main etoient prisonniers dans la Bastille, et que Kenaudot
I es a fort poursuivis , atin do los fa ire pendre , d'autant qn'ils
sont causo qu'il ne vend guere de sa (i<izct/e irnprimee, do la-
quelle on se moque ici.
Les courtisans disent quo notre joune reine devient grasse ,
inais non pas grosse , quoiqu'elle mange bien. Si M. le chan-
cel ier mouroit demain , M. le Tellier soroit en un instant son
successeur, et chancelier de France : c'ost nn seigneur tres
habile et tres digne de 1'etre.
I*. S. ,le viens d'un lieu d'honneur oil i'on tient pour cer-
tain (jiie le cardinal Ma/arin est mal , qu'il aura bien do la
peine a passer le mois de mars. II y a nn honnete hommequi
u dit que le Mazarin etoit dur et cruel , qu'il n'avoit pitie do
personnc, qu'il ne rabattoit ni tallies ni impots depuis la
paix f'aite , inais que la inort n'auroit point pitie de lui. On
dit que le roi d'Angleterre n'a pas trop rejete la proposition
qu on lui a f'aite d'eponser la niece du cardinal Ma/arin , ni
memo, ceux de son conseil quo Ton croit etre gagncs ; inais
(|uo le penple d'Angleterre est cause de co refus , qui no vent
point de cello alliance , vn (in'olle n'est point de bonne mai-
son, qu'elle est Italienne et do diilereuto religion. Kile a un
uncle puissant veritablement , inais apparemment il no pout
plus guere vivre. On dit que le chancelier et lo parlemenl
d'Angleterre ontote de co memo avis; rnais (pie lo roi no Tout
point refusoe . se sentant obloui de la somine immense d 'ar-
gent (ju'on lui proposoit s'il y vonloit consentir.
Anica nunc vere aunt secula : plnriniux anr>'
Vcnil /uino.«, auro conrilialur amor.
Jo vous baise tros humblement los mains, ;i mademoiselle
Falconet , et a notre bon ami M. Spoil, el snis de tuiit mon
cionr votro, etc.
l)o Paris, lo -211 <lcmnlm>
V FVl.l.oNKi.
tlomme Its oatix do la riviere s'eeoulent par-dessous Irs
pouts, ainsi s'fcoule pareillemont tout If latin que j'avois a
f'aiiv, e.r ojficio c( XP/IO/IP rnnanffiiffiiic. Jen ai fait eoimnoje
voiis I'avois dit.
Quelques tins disont (pit1 le cardinal Ma/.arin n'est point .si
nialade <p:t' Ton pen so, ft qu'il lo fait ex pros ; je no If ciois
point , inais pi u tot qu'il a quolques hoiis intcrvallcs ; sa poi-
trinf a fie plusie urs f'ois attaquee d'une tluxion , /•>•/ i/.<t//utu /»•-
i 'Hit lii-niii , i^iiiid I'i.rfifur (ij)li(l Si'iifrii/n in f?jiisln/m mi'il itnt tn
iiitH'tis. (jtintt ijinili'm si/)iij>loiiiii .•>'/ iiiluiiijriitiir, si I't'Ci'l/tlwiif ,
si I r< (jiiciit ins rt'ciirrnf , i'f jjtif/tifjrn (fcsiiiftt , tuiitli'in crnili-l
c,/jOo:v;. On dit qiif M. de la Hivifre, t'-vfqiif dc K;uij,rres ,
jadis clifl'du consfil du leu due d'Orleans, court apres le.
iinnistcre vacant, si tflle niort arrive: d'autras parlent du
milord Montai^u . Auglois, (pii potirroit elrf pn'-Ci'-rt'1 parce
qu'il cst etranger ; d'autivs parient df M. Lctellior, dc M. If
inarcclial <U; Villcroi , ft memo du prince de Conde, ce. (pic
j»! nt! crois pas qui puisse arrivcr. Quoiqu'ii en soil, on tient
encore que la reine-mere y motlra celui en (jui die se liera If
|)lns, ft qu'olle ])rendra pluttH un t-lranger t|u'tiii autrc.
Mais c'cst st1 dcbattre, do la pcau du renard qui n't-sl point
enc.oi'f pris ; ft qui fait tout cela ? c'cst un vcrs de Juvenal :
Stttniini* nenipe locus inilla tmii arle pi-Hlitf.
N'otre M. (iras m'a adrcsst- un marchand dc Lyon , ndiiinn1
(iuy dc llampaiyni , alin <pio jf rocomu.aude son proces a
.Si. If premier president ct a M. lionoisc son rapporteur, cc
tpie j'ai tail, ll-est depuis vcnu ct'-aus m'cn reinercier. II a ^a-
.iiie son proces tout du lonji-
Les courlisans se plai^iient de cc tpit1 nen no s expodie a la
• •our, ft tpie.M. Ic cardinal nc si^n:1 rien a cause de sa ma-
ladic. II est vrai tpi d e>l plus mal ; il a la yontle hien fort , c|
in. -20
.''.CO !.KITKI-:S 1>K i.J'l I- \Ti.N
.si's forces diminuont. On ,lil liardiment a la cour qn il up
passe ra point lo inois do mars, el memo on dit quit a toil
rntretemi lo voi sur lo gouvornenienl do I Ktat , el lui a doime
pour inaxiiue do no so tier a aiionii parlieiilior pour sos ^i-an-
des affaires ; <|ii'il fasse plulot un consoil dernel comme on
Espa^ne , do dix on dou/.o hons homines oonsoillors d'Ktat.
On di( quo la reine-mere on ost foil enmo : il y a |)onr!ant dos
yens (|iii n'on soront ignore fVn-ht's , ot (jiii osporent (jnolijiic
i lioso do laionx dans lo cliangfiinent.
Hior Cut vondno nne oliai^o do consoillor dc la com
7,"),(H'0 oons. C'est nn avoca! . tils d'un |)iioc;nniur do la
cour , qui on ost rachotcnr. II fant avoir hion volo pour avoir
tant d'argent a mettre en fninoo. Jo vous i>aiso los mains, et
snis do tout nion cd'Hi1 votiv, olo.
Do Paris, CP 31 «lccembre KKiO.
I'n oonnnis an i^rolio dn Palais iiioiu ul hior cc sainodi S dr
Janvier) do la rage, don! il no fill malado tpio vin^l-(|iiatrtj
lienres, ponr avoir ett'1 mordu (run dial enrage, .pii a flc pa-
reilleincnt tuo.
M. Riohoi' do Uolloval, <|iii t^sl ioi pros do inadame l-'oiKpiot
la suvintendanto , el <pii so pivparo pour s'en rolournor , m'a
fait sos rec'ommandalions , avoo assurance ipi'il mo \iondra
voir avanl <pie do parlii1, s'il pent on [nvndro lo lom|.>: il n'a
eto guore dt; temps a Paris dopuis ipi'il ost arrive , mais pros
<pio toujonrs a Saint-Mando , aupres do ladito dame. (If <pii
1'a ioi !e pins rotonu est ['opposition quo detix jcimcs nii'-dc-
oins , tpii sont 'KM pour plaider an const1!! . out lormt'-o a Monl-
pcllior, nomivios Uonoit oi Sdiarp;1, conlro los deux prolos-
seurs t pi i out eli! reons, savoir, r.hycoincaii ci lo jouno Sanoho.
II a lemoiyiie u'raiid regret do n avoir poiii! sn ipio jo dr\oi>
haraiiii'iier lo jour do I;1, vesper ie do .M . do I .aval . el a dil qu'il
v lul veim s'il Tent su. C.dui <pii nir I'a r,ippi;ili' lui a dit la
\ KM M>NK I. ;!(l7
plus grand*1 purl do eo qn die eolileiioil : il \tmdroit Im-n
qu'ello, fut imprimec el en emportcr quelques exemplaires a
Montpellior. Los irons du pays d'Adiousiiis so vanlont I'm! ct
monlent liardimont , cl nous prennent pour des Franeliiinan
ipii doivont so laisser duper ct (romper.
Lo cardinal Ma/.arin'a dit a tin dc srs amis <pi'il so porie
niicux depnis (ju'il DC sc sort plusdn council dcs medceins .
tju'il vent dorenavant s'en passer, ct no pins Cairo Iciirs rc-
jncdcs ; no tora-1-il pas bicn, s'il pent? No pcnsox-voiis jia^
iju'Ovide ait en raisnn, lorsiju'il adil:
I'inna ralenl pei' xr. itullumque Murhrtona i/uifTiinl .
.\il nntlii'i tinliiux mnfiii/il irgi'i' <']t<.n>.
La c.Iiortt'1 dcs charges no diminno |H»int , ct no sail-on (jiiand
die pourra diminnor : la rharyo do niailre dcs conijttcs cst a
90,000 ecus. On parlo fort an Louvre dc bals, dc ballots ct dc
rejouissances ; mais on no dit rien <lt% soula^cr Ic peuplc. qni
mourt do misere, ct sans oxcinplc, oprcs nnc si Brando ot si
solennolle jiaix irencralo. 0 jii/dtir! o mnrcx! <> /'-////;'//v/.' Lc
soulagement du peuplc dcvoil ctrc lo premier desscin dc cctte
paix, ct a tiro it etc execute, si nous ctions tombos cntro Jos
mains d'un lion Francois qui aitnat .^a patrio. 3fais, do mal-
neur, nous somnies tomlx'-s entre les mains d'nn t'lran^er,
d'un Italien . qni no son ire <pi'a sou pvitfit : aussi loutt's nos
iill'aircs vont bion mal. \mli Jiixtinii /,/'//>/"///. et juge/s'il parlc
do nous : / / /// fjmnn flomnm i'<'.<jnll<Dit'X r/',/>///if , X/I/HH,/I <',<f /'//
, "t'tS >'/'' /'i'/iiit/if/rt/' fii/ii'ii/ /.< , ml ti'iiiui I III i'tt'il<!:lin UtHllIlt III III
li'-rc<irini. La I'i'ine - ni^re a fail supprimer cerlain.-' droit.-,
qui so levoient sur la riviere dc Seine pai' (juelques parlicu--
liers, an [)assa^r(^ di's pouts . sans aiic'in di'.'it ni vcrilication .
on dit ([lie ccla sc laisoit par rautoritt'1 dc ^vLM. Ic eliancc'liei
et Ic surinleiidant , el la connivence du pn-vi'il dcs mar-
cliands, qui butinoionl cola enx inble Ouellc lionlc! ce pca^»:
alloit jus([U a cinqiiaiile sous pour loiiiican. Pint it Dicu qiie
cctte memo I'cinc prit tin pareil soin pour diminner la laille.
.A'/,/,/ ,,/,,•/,/,•///.•«. n,n
'M» I KI'llll-S liK i.ll I'vn.V
le.piel !«' pauvre |)fiij)li' i'st plus malti'aite par i;>s partisan-.
ipte IK; !(! sont ies 1'orrats el los i>aleriens stir iner (i ; !
Domain, ce lundi 10 Janvier, jo f'ais tin latin a .M. Dec icn
poiii' son doctoral, ol apres diner oil viugt docteurs sont imi
Ics, jo mo dois rendre it deux henres dans le college do lion-
court, oil tons los deputes nommes du parlonient so doivcnl
i'(?n<lro, pour !a reformation de I 'miivorsito do l»':iins, av»>c It-
I'i'clonr do ladite univorsito ot (juol(|iios avocals. Jc rooom-
iiMMicorai Itit^iit*^ mt^s lorons an (-olh'i;!' royal.
La I'oine d'Aiiffleterre cst arrivt-*1. an llavro avcc la prin
C I
ot'sso sa lillo, (jn'ollo ranione pour otro niavi(''o avo<- M Ic due
u Anjon. Lndilo roinc vont doni'Mircr ici jiisrpi'a la inort ol in-
jainais rolournor en Angleterro, no so vonlant jamais licr a
I lininour t'avouclie et cruolle dcs An^lois.
Sa lillc aini'o, vouvo da (on prince d'Oran^'o, ost nioilc a
la Have do la petito-vorole, ooinino son inari on nionrnt il \
a ipielqno toin]>s. Cetto nialadie-la ost bion line poiirdosSop-
tenli'ionaux , t|iti n'aiinont point lasaignoe, el nonobstant la-
ipiollo piiisionrs fiWMvent jjer qiifiuH/inii fiiPinc'iK/obi/on <i !<•-
limit-in i/iU'l I Hi:/ I ii'i'i'iiiii'liiii il nijilil linrmi/ , iii'it'Xi'rl i in /ill/ intuit* ,
ri't'f/i/'i nc i nl <•*/ iiini'H HI .
La [ilnio ost ici cessee dopnis den\ jours: inai- Ic (Void <-s|
Venn , (|tii rosserre los corps ot la rivioro an>si , ee i|iu doit I'orl
noocssairo d'autant ([u'elle, etoit prete a d/'bordor, ol i|n'il
n on venoit point de inarobandisos a Paris, join! ([lie la trop
Brando luunidite dt^ la saison oosnnionooit a Cairo bion dea
maladies.
Qnand lo Tmv a sn i|iie nous avions envoy*' dn sooonrs on
I . A louU-« Itv- opoqii' .- en ."'<'.*l pl;;in! - a tori on M nn>o;i , du jtoitU
<l''s inijxMs. nuns ,'Kinti i/>x<i tirdi'iii* , •.'oiiMiic li1 <li! --i rniTftiqumicnl
dui I'iilin. l)u ICIDJ^ dc l;i aioiiari'liic al»?-()!iic on >'<'ii jiri- ait a ccllc
loirnc ilc ;>ou\cracinonl ; mais la llopnbliquo n'y a rirn fail, liicn
inoiii-. encore le ^onverneincnt re])re-cnlatil inalj'.rt'- se> a\iMil:i;;e*-.
(.cit'v-, ec drinier, MI i'eiiormile do iinpol.s. jtent elre dellni \':n>
J'cxli.iirc le pin* possible Par^cnl de> culraillt's dn pouple. A Ci-l
r-.ard . le- pri'iivc- 'nnilinnden!. 15. I'.
V lAllOVKI ."O'.l
(''.audio. , ii a tail empi isouner noire ambassadeur, M. de la
Have, el la fait meltre dans les Sept Tours; il est aujourd'hui
question de le retirer do la par le credit dii roi . ee (|iii no M">
prut faire, a ce <|ii'on dit, sans y envoyei1 tin lioinuie oxpres.
Le Ills diitlit M. de la Have, qui en est deretour depuispeu.
n'y veut pas aller , et dit <pi'il vaut nn'eux qu'il soil ici , pour
sollicker aupres dn roi la liberte de son pore. Us sont hvs
habiles tons deux , et ont tros bion servi 1'Klat et la clm'-tienl--.
On soupconnc ici <|iu: le Turc n'ait decouve.rt une inlelligenct'
secrete qu'ils avoient avec les Veniliens, en leur doiinant .ivi->
•Je tout ce (jui se passoil a leur «>i;ard.
Hier au soir mourut dans lile Notre-Dame un ^rand par-
tisan nomine M. Dastri : il inourtit subitement, a.^'1 de
soixaute-douze ans. On dit (ju'il venoil de la dehauclie : (''IN
\ ie, telle tin. Nous avons ebauclit'1 Tatlaire de Reims; niais il y
a des pieces de manque, <|u'il t'audra, laire veiiir de Keiin^.
el apres nous nous rassemblerons. L'avocat de la coin- p»nr
le recteur de Helms y etoil , <iui dit que M. Talon . avocat -g<--
itf'ral , en I'era ci-apres faire autant a toutes les uiiivcrsiii^
par un edit du roi. qui s'etendra par tousles parlements.
Si cela arrive janiais, Montpellier doit avoir pour; car il y a
la bien do Tabus aussi bien (ju'ailleurs , vu que les proles -
se urs n'y font ^uere de lerons, et presque point. On dit qui-
te Mazarin porto reinperour a declarer la guerre au Turc. et
<pie le roi d'Angleterre s'en va prt'iidre la protection du Por-
tugal contre I'Kspagnol. Je vmis liaise tres liuiubleinent N-.
mains, el sni< do, tout moil cuMir votre. etc
M. ('olbcrt a vendu sa c!iari:e ile secretaire de la ic
'\oo.rtiiO li\ ITS it M. lirisacier . inaitro des cnmple.s, rl lui
fait president des comptes
•Mfl i i:rnir;> M (,i i r\n\
On dit quo le lure envoie a 1'empertMir un clnaoux qui lid
apporle une epee en lui declarant la guerre, a cause des pre-
lentions qu'il a sur la Hongrie et sur la Transylvanie depui>
la mort Je Ragotzi.
Lecomte de Fuensaldague presse fort iei le 3la/arin , afin
qu'il congedie ses troupes, puisque le manage est fait et la
paix exeeutee, et que Ton ne nous a rieu promis qu'on ne
nous ait tenu. Le due de Lorraine poursuit fort son traite el
n'en pent venir a bout.
Le cardinal 3Iazariu a promis i'ambassade de Venise a
.M. de la Have, Mis de celui qui est prisonnier dans les Sept
Tours; c'cst un excellent homme. savant , homme. de bien . et
qui connoit bien lesmoines et la malice du sieele.
Le pere Annat , confessenr du roi , n'est point encore
change. II y en a ([iii disent que le pere Brisacicr ne sera
point son successeur. Un impi'ime ici un in-folio, (jui sera une
belle bistoire, touchant les derniers troubles d'Angleterre.
\oel Falconet eludie; il a pris aujourd'hui trois leeous en
nos /''coles de physiologic etde botanique etdes operations de
ehirurgie, sous M3L itaralis, I'reaux e! Mcrlet le Ills, <jui a
ci-devant ('•[(• doyen dt' la Faculti'-.
Les deputes de Keims sont arrives : j'cn'i-l iii'/jn/i/n/i rcfor-
>nii{tt.nii!< /M'/.'/S Acini t in ni' /it-it, nisis, (. csl bien malgre eux s ils
lesonlfrent ; tons tanlqu'ils sont. voudroient bien 1'empecliKr;
ils ressemblent aux. moines (jni out penr d'eti'e relormes, et
(jui out apprehension qn'on ne lenr diminue leur j)itance.
leur (li'iiH'i'^nin . Ils out t-nvie de presenter requele au cMiiseil
pour fa ire caster 1'arret de lacoiir, par letjuel nous sonnnes
deputes ; mais je crois qu'ils n'en viendront pas a bout. Ils tin-
sont ici venus voir en ceremonie, mais ils son! bien en colere
coi i ( re ce recteur (jui les a fail venir ici . 11 faut que je vous ;lise
avec Pelrone: Kltt'ii! (fintm iiu.tlrrtl i-.rlrit li'yt-iu i'iri'iitilnns;qiinl-
iiiuil /in rui'i'itnl ; >•/•/////'/' I'.rji1 i'l tin! ,
Le ^la/arin a de maiivaises nui! > el des doulcurs i)i(juant«'>
el de^ c|i:i je!i''< i'uis;).ntes dans les deu\ ci'*1,!'1.^ : ee '-on I les den >;
I I Al.l.O.Ntl.
llVpOcllOlldl'OS , '/' ijiKiiciit iiirttnti' luft'l Hti'liiiHjur i i*tus /ntti-
ffjis. fstis purtibus xii[>i'<i iimdnui udi'c/'sutui' mcctlutt^ ft iniiiiiin'f .
iii fallur, ntfii'cui' vtsccnuii ffjttsinudf /ii//njfhunili'i(tf:vi'ttm , fuiwn
ft fcinun tubes uvulculusu dhithc&i t etc. Les oaux minerales,
purticuliercment cellos de Bourbon , ne valciit rien la. Snl
populus c/i/f ilncijK , I'ttnin uulunt iitii'fitutt'.i, i'1 /•(•(•'•/•'/ inin iff i
fjltftin tuiticdtux {tumulus, rcrijuiiitttir lib nultnts *'' it/mins nii'tli-
fiiftli'iK. Xtd wilcitti ct patient t nun /it injnrm.
I'ourvu ([ue vous soye/ en bonne .saute, je in: >nis nulle-
nienl eii peine de vous , et n<: vous incommode/ point de in'e' -
ci'ire : line nnu/n uulu .s«'//.s ci'il , s/ jnrlili'r hlii ii<'rsim*nin ////-
hucrif nulliuit. o'>v in in'bi' ft'i'/'nrinit vnn'i'rto me filn (iPi'iilf'tin-
ni'iii Je vous baise tn'-s liuuibleinent K\> mains, a mademoi-
selle Falconet et a notiv bon ami M. Spoil . d suis de tout
ni'ur votre , etc.
DL- 1'ari* . It- 1 't janvior 1(i(>l .
LKTTKK DLIV. — \» mew.
II y a quin/e jours passes (jue nous n avons point eu tie vos
nouvelles, ce ijui me fait croire (pie vous etes an\ clumips
plut6t (pie malade; car si vous elie/. au lit , an moins poiir-
rio/-vous nous t'aire eerii'e quelque petit mot. Metle/.-nous
done liors de peine, et tout au moins appreni'/. -nous si voii^
'Mesen saute, vousct toute votre I'aiMille.
f.a priueesse d ( h'an^e, qui e>t mortr dcpuis piMi ;i LoudiT>.
on elle etoit allee voir le roi son t'rere el la reiue sa nn'-re. u'a-
\oit (pie dix-lmit aus. Kile n'esl point moj'le de la petite-ve-
I'ole , mais d'uii rcmede I'ort violent (iu'elle avoit nris pdiir mi
i i i
soupcon (pi'elle avoit de quelque mal cache i|iii ei'it dun- plus
de six innis. C,c mal apparlienl au pas>aj.'e de r.Vpologeliipir
de Tertullien : \fi: nnicnn n-fi-i-t tj///*' i->/i/"t H/I/IHHU/. '.•// ////>•',-?»-
tt'iit (/ixfin'hf'f. C,e soiit des desordres des princes, la plupart
desquel.s font ('(-mine Da\ id , qu'ils iniitcnlbien en >es peehes,
mais non pas en sa penitence.
II y a du bruit au palais pour un voleur age de quatre-
vingt-ti'ois ans , qui Tut pris sur le I'ait samedi dernier dans
('('•lection. II fut aussitot condamne a etre pomlu. Appel sur-
le ebamp a iaconrdos Aides, qui conlinna la sentence. Aus
sifot le baillidu palais s'y opposa, disant (juo cela etoit dc SM
juridiction , ei il fil fennei'toutes les portt\s du palais pour en
('•Ire le maifre. La eour des Aides eut recours aM. le cliane'1-
lier, (|iii envoya deniander le pvisonnier par un huissierdt.1 l;»
chaine et qnatrc lioquetons. Le bailli du palais gagna en al -
lendant 31. it1 premier president , qui i^'-pondit a I'huissier qur
.M. h^ ehaneelier etoit inal int'onix'1 de la verite du I'ait ; ([lie k
pi'isonnier ('-hiit dans la Conciergeric, on il demeureroil jus-
qn'a ee (|ue ce dillerend fut re'yle. Kes quatre hoquetons n'o-
serent pai'oitre ni avancer, paree qi;e It; bailli avoit deja I'ait
entrer dans la eour du palais qualre coinpagnios d'arcliei^.
MM.de la 'I'ournelle disenf aussi que ce [iroees leur appartient.
Ainsi , pour Irop de juges, le larrou n'est point p(?ndu . ma^
jeei'ois qn'il h; sera bientt'it. II si- dit le roi des voleurs et dc>
coupeui's de bourse, et (lit qu'il a appris ce metier dc son
pere. (jiii etoit un des [ireniiers coii[)eurs de lK)!irsesdu temp->
d'Uenri IV. N'est ce pas la une beile li'iMK'itlo^ie ! .le M.ii-
votre , etc.
IV I'.-iris, |p IS Janvier l('>(ii.
Le cardinal Mazarin continue d'etre nnd , et celte longuein
oblige bien du niondea penser a 1'avenir : r.i: ijnilmx /•//// //-
////"///, a/if njici'imt. Karement arrive-t-il qu'une maison tombe.
(ju il n'y ail quelqirun qui en soil acconnnodt'.
Le Ma/arin a eu une fort mauvaise unit : la reine-mere. \
f -t alli'e aujourd'hui matin ' 2,'i Janvier i : il a eudegraiidr.
framliees, et ii , i (in dormir , bien qn il oil hier an soir pHs
do rt.»|)iuin (<jui est ce qui tua leu M. le president do Bollie-
vre quo Uii donnerent Valot, (luenaut, et autres medocins et
eourlisans, pour apaiser les douleurs qu'il sentoit d'nne sup
pnration qui se faisoit dans son cote. Si le Ma/arin est redml
a Topium on an laudanum, ot les medicastres no ponvanl
mieux Cairo, quo deviendra cet hoinme? .?/"/'• <-nm <•<> nt/ltur .
si ad talcs i'ltcitax /'educti/s sit. 11 se plaint fort do la maladie.
ef dit (ju'il voudroit bien otre an bois do Vinronnos; niais il
n'v jiontoti'C transports.
Ilior (ce lundi '24 Janvier) lilt t'aitc uric Brando consultation
pour hi cardinal Mazarin , ou ii fnt n'-solu (ju'il soroit saiyin1
an pied, ce qni Cut sur-le-cliamp execute , ot (ju'il scroll
pur^o inardi , (jui sera deinain; inais comnio la unit a (':!<•
nianvaise, il a lallu presscr le rcniodo, et il 1'a etc co matin.
II y a bien ici du monde an guet et aux econtos pour ce qui
arrivora apros le decos do cet honnne, (//tri/i /m/n i<l<'<> nhitn-
I'Uin ail iilurcs , quid. un,rbi mugnitudo nrt/ct , /"//' <•( imn </></><
mcdicis utitttr poruni u<:uloti$T scd en fd/n n<n:(:mttnr, rirnul <t
iiiorutntur aulici : cojiiunt i>t cnphndnr , dccijjimil ct dccijmm
tar. Des neuf consultants, il y en avoit six des notros, (ine-
naut, des Fougerais: o les bonnes betes ! Sequin, Hrayei1.
Kainssant et Maurin ; les trois autres etoient Valot, Esprit 1 1
Vozou , amide Valot, an lien do Datpn'n , qni osl on Anulc-
tori'o avoc la reino. Quand on fait cos pvundes consultations .
e'est signe rpie le inal est grand, et neanmoins jo n ai point
encore oui dire (ju'il ait pense a sa conscience et an saint dr
>on aino. No seroit-ce point (|iie les cardinaux on M-roien!
exempts? Knlin pent-elre arrivera bient*1*! I'occa^ion do dire :
>•/ nl If , //a/- iiiicfa i'<'i>ctt'iil tm i />/'i/i/ fn/iui ; >'l tjim' /xifiisti . i "/> -
i runt '?
Jo vions d'appreudre (|no lo cardinal .Ma/aria est loi t loiblf ,
el <|iio, (It's qn'il a mango, la lievre Ini redouble, hectic*
ft'bns (ii'ijiiiiiciitnui ci'i'tissiinuni ; is/r itinrn,/- ri.<' / / m/t rsf /-I '• ,
tiniK.i.i ct li'tltnlia ; il no fait pins rien loucbanl les allain ^
pnbli(jues. el tout est abandonnt' on attendant la env , oi
3 I 4 IKITUKS 1)1- (.11 r.VIl.N
MM. deYilleroi, ie Tellier et Fouquet courent apres la for-
tune, el jouent tons trois a qui L'attrapera. Uuelques mis di-
sent qu'il n'y aura plus de ininistre d'Etat , et que le roi gou-
vernera lui-meme. Dicu lui en fasse la grace (1) !
.le viens de consultation avec M. du Cledat, qui m'a dit
<iue le cardinal Mazarin avoit les pieds entles , et les janibes ,
avec tout le reste du corps en grande extenuation , QavarrlxK:.
Je vous baise tres humblemeiit les mains, a mademoiselle
Falconet et a notre bon ami M. Spoil, et suis de tout moii
co'iir votre , etc.
De I'aris, le -25 Janvier Kiiil .
, LETTKE DLV1. — .\u mr-mr.
En continuant mes petits ol'lices, je vous dirai ce (jue me vient
de dire, ce mercredi -26 Janvier, un homme de qualite: c'est
qu'entin le cardinal Mazarin so resout a niourir, qu'il croyoit
bien (ju'il est perdu, et qu'il no pcut guerir de ce mal. On parle
des eaux et du lait , mais je vous laisse a penser de la grandeur
de ces remedes. J'ai fort mauvaise opinion de I'cveiiGmcnt de
son mal et du succesde taut de remedes. Kesiius disent qu'il
a ('{(' Irop saigne; les autres, (jii'il a ete trop purge, et jiriu-
cipalement avec la niaiine , qui est un mauvais reined fi en un
tel co! ps : iiicil i<-<iini'/i/ i/nt infidwn , tucco tithynialurton , fam-
iiitniiti , iHi'lli' ct xnrclmru fi/ct/hti/i c.t fifhdter'itutn. Le grand et
incomparable Simon Pietrc 1'appeloit /n-artnn medicantcnhtni ,
t'l nli i'o hi biliotix nutufif abltori'cbut . Mais le Mazarin est
tout atrabilaire: aussi ce remede ne lui vaut rien. Valot I'a
purge soixante fois avec deux gros de si'-ne et deux onces
de manne: je Ten voudrois ('»ter tout-a-fait , el y metlre jiln-
t»')t de la cas.se, des tamarins et (pielijues siro[)s de trois pur-
• \] </csl prcciseinenl cc (]iii arri\a pour riioiincur cl la Hoirt- <!<• !-i
l-'ranc*- ; m;ii- !,• c;trdiiial .Ma/ariu lui rn ilmina t i! lr «'oii-.ci! . romnv
!<• disoiil rn lain- lii-ioricn.- . \oi!;t <•<• <|<ii n'c>l pa- -nili<aiiiiin'nl r;cl:ii?ri
K. I'.
A lAI.U'.Nhl. ;j|5
gatifs, dmrrliodun , jtc/'xtco/niu mil (//• itrlmrio , et men;ti.'«'i
cela avec la miserable constitution tie ses entrailles, qui in:
peuvent etre (jue desolees \ I). Mais ils out beau i'aire, tous les
purgatifs du monde , meme les nieilleurs, ne le garantiront
point, et ne peuvent elfacer la male tache, jn-ui-mn labem
it et ultius tiiii>ressiini visceribus nutritiis , neqw enim
cst artis nostrw dignitas, neque jwmlct <i jHT/)i;(na c<i-
, comme j'ai plusieurs fois ouii dire ii Feu M. Nicolas
I'ietre, qui etoit 1'Hippocrate de ce siecle. S'il y avoit quel-
que apparence qu'il put guerir , isti mciliciistri ubtnliascni.
/am iili cencinii/i xtttuti emeticiun; mais ils n'osent, de peur
de decrier leur chere nuircliandise, ncr mulrnt /'wr/> /ymVv/-
In/it in tuni illustri persona. II voudroit bien qu'on le menat
an bois de Vincennes , mais les forces commencent a lui
maiKjuer, etne lui en peimettent pas la Fatigue. ()e (jui au^ -
inente le sou peon di; I'eveiiemeiit f'uneste de son mal , c'c-.st
<[ue les deux pretendus archiaties ont tlemande du conseil ,
et Ton leur en a donne sept, si bien <|u'ils sont nenf. S'ils
I'avoient cru pouyoir i-'iu'ji'ir, ils n'auroient appele personne.
•^ej/feii/ tllux tidjun.i'i'ruitf af centum' in />K/'tf'i/r ntttjiffi/. (hi
parle ici de Faire un beau service du bout de Tan du Feu due
d'Ol'leans, <:l IKIC milti (Hlttltfjft snsiJtC in/ion fiiiu'ad iimrhi , rt
j'en tire plus mauvais angure pour le cardinal Ma/.arin, vu
(jue 1'an passe, apres sa inert, on ne lui lit aucun service,
combien qu'il Fut oncle du roi. (>e sera dans Notre -Dame, mi
toutes les compagnies assisteront; j'entends les souveraines
el rUniversite pareillement. Quehjues mois apres ce service.
II en viendra tin autre.
Pour le livre du bon pi'-re Tbeopliile. je suis bien Facbe
i|ii'il soil supprime; mais jo vous prie de dire a M. Harbier
que cela ne pent pas venir de moi . ni menu1 ties adversaires.
,1^ .M;us qnc pouviiil (;i'u\- -tir ccs oiilraillos </eso/eVs. Ir-irojxlc Uni-
imrgaliFs eoiir-fillo p.'ir Jio'n1 nnlcur? el liii-iiicnn1 m romicul. l.c ('ail
i--l (|iir lo cardin.'il dc .M;i/.;;rin t'-l;iit i -c p,,i !c lrii\;-.il. par la y.iuilli- • I
la (lcl>aiiclio. La im'xlocinr ol Men iinpni^saiilo conlrc »!<• lels oniiciiii-
'R.IV
3l() I I. II !!!•> PL lil'l I'M IN
t:ar les jaiKsenisirs n'ont mil credit aupr&sde -M. le chancelier.
II y a quelque autre cause que cela dans la nature; mais j«-
ne le sais pas ; vous sivez bieu que ?/;?<//" mint (ki'mnnin in rrn:
On dil que la reine-mere s'entretient souvent des alfahvs
avec 31. Letellier, qui a beaucoup do disposition pour la pre-
miere place; neanmoins il y en a qui croient (|tie le curdi'ial
de Ketz reviendra , et (ju'elle s'en servii'a par neeessite , uf
habcMt in illo, (juem opponnl Con(((f'u , (|u'elle craiut etqu'ellf-
liait. La sante du prince n'est pas trop bonne ; il e*t maigiv.
defait , extenue et decolore ; il promt du lait d'anesseet a son-
vent la goutte. Le prince de Conti son frere est en Lauiiiirduc
aux. Ktats pour avoir de, I'ar^ent.
On a promis an cardinal JMaxarin de ne lui parler d'nn m<*i>
d'aucune affaire. La reine tient le coiiseil avec )I.M. de Vilk
rui , Letellier et M. Fouquet , le surintendaut : niais depui^
quatre jours il lui est arrive un grand mallieur. ('online il i-toit
dans 1'antichambre du cardinal Mazarin , son frere . 1'alihi'
FoiKjuet y survint (ils sont inal ensemble il y a deux ans • •
ils coinmeucei'ent a se querellev I'un laufre en prt^seuce de
beaijcoupde monde, ct sedirent de rudes injures. L'abbe T'on-
quet dit an surintendaiit (|u'il etoil un voleur. <pi'il eachoil
en terre 1'argent de la France, <pi il avoit consomme dix-Iiuit
millions en bailments, qiril depensoit a sa table atilanl ijiic
le roi , ipTil entretenoit force femmes qu'il lui iioinma par
leur propre nom , et il lui dil beaucoup d'autrt's iuiui'rs.
L autre lui dit aussi tout ce, <pi'il ]>ut , el entre auli'eslui re-
proclia ses amours avec madarnede ('hatillon. On les emit ir-
rt'conciliables: mais 1'abbe Foiiquet a vn !e cardinal Ma/aiin
et y a si fort charge son frere le surintendant , qu'on le limt
en (''lal d'eti'e pendu. Oil s'est di* tout temps moquede la I'or-
luiie sans vei tns , on se moipie d(''ja de celui-ci , <pii est hai dr
bit'ii du monde . hormis dcs partisans el des jcsuites , gt.-i^ dc
bieu el d'liomieiir : ce soul les publicaius el les pharisiens ipi.1
M'vtrc Se'mncnr ,lesus-('hrisl vouhul convert!!1 . 1 .
< i \I.CO.\KI ;{p
La unit pa>sce mi a vole dans nil cabinet dos liains dc la
irine (>,<<)() pistoles ijiii cloiciit dans nne cassette . la. |iiellr
apparticnl a M. le due d'Anjon.
L» Portugal s'apprcte 1'ort a sc b!en dd'endre conlre Ic mi
d'Ks|>a»ne; el si Ic mi d'Anylctem: eponso rinfantc de 1'nr-
Injjal , coimne on emit quo c'ost tine all'airc aiTctce , jumais Ic
roi d'Kspagne n'y ivntrera. La reine d'Anyle.terre esl a IMv-
inontli, ou die attend le bon vent pour rcpasser en France
Domain, ii onze licures dn matin je lerai tn'-paner nn ycn-
tilliomme d'Aviiiunn , ponr nn coup dc pistulct qn'il a en dans
la tele; j'y nicnerai \(sel Falconet, ponr ncliii laisser aiicnn
temps de rcslc , ct Ini donner toujonrs dc I'excrcicc . il s'\
prend bicn, ct j'cn pr<''V(»is ponr vons bcanconp de citnten-
Icnienl. -le me recomniande a vos lionnes graces . ft sni-<
N'olre , clc.
!><• I'.iris, Ic -2S Janvier l(i<il.
l.i I' ranee elail alors jylongee j Ic haul clcrgo >urlotil en iliniii.-i dc
tri-los cl fr^qui'iils exomplcs. On salt Ics rapports du cnnliiul dc I5i
chfiicn avoc .Ninon dc Lenclos . ascc .Marion IMormr . «pii i'ln-l
nn )»ut mains quime prostiluee . dit !e cardinal dc Kctx , ct avcc l,:ii(
d'antrcs. Le cardinal de Mazariu liil egalement loin <Tavoir de-> ino-nr-'
uu.-tercs , on admeltant nicine (jnc se-* onncmis aient exajjtM'e sc- lantc-
el so \iccs. Quant an cardinal dc lletx . Ini-nieinc a\ouc a\ic line lian-
clii^c c\nii|ue sa conduilc dissolnc. encore n'a-l-il pa> tout declare. I'ar-
lanlde niadainc de (ineinenec. nne de so mailrosscs: » Je tnsassezsol,
tiit il. ponr la prendre a la gorjje , >ur re qnVlle in'a\ait lacheinenl
al»andonne ; olio Cut assc/. lollc ponr me jelcr nn rhandclier a la tele .
-nr ec quo jo nc liu avals pas j'.ardo lidclite a 1 c;',ard do mademoiselle
de C.heu-eiise. - ^Mcinoifcs.^ Tello etail la condnile pen edilianle do d-
qu'on appclait alors los princes dc ric'.;;li*c , Ics Inlours du pcuple.
llciirciiscincnt qu'il so tronxail d.in- Ic cleric inlciicnr des lioinino
d'uiie \cri(al)lc piole, riijulos olisci \alcurs do principo dc la relij'.ion .
i''ol nicine a cclte epoque quo Inilla par -cs \erliis cniinenlcs -ain!
\ inccnl de I'anl . cc hcros dc !a eliaiile clirelicnne . >|iii ne \ecul ipic
puiir t'a ire ct enseii'.nor Ic liicn. It. I'.
318 I.F.TTUKS m <;n I'vrix
LKTTKK DLVII. .U wW.
Samedi , 29 du passe, nous eumes un jeunc docteur qui
nous lit festin.Nous etions vingt-quatre a tal)lo , et marchan-
disc fort melee de gens do bleu et charlatans, he cos derniers
otoient des Fougerais , Kaiussant , les deux Denyau et les
deux Henaudot; car dorenavant les charlatans vout , comme
les inoines, deux a deux. II y avoit encore LcVignon, II. Suinl-
Jaequos , Lope/, do Bordeaux, ctautres yens qui seroient hion
laches do mieux valoir. !>e I'autro cote otoiont Morissot, notiv
doyen, Mentel , censeur, Pietre, P»rayor, Puylon. et au!ro>
gens do bien qui out de la pudour do reste, el (jui no veulont
point etre reputes charlatans.
On a on nonvolles (jue M. do la Have, notre ainbassadeur a
Constantinople, y est inort dt4 maladie et do. douleur qu'on
Ini a fait de lui arracher les polls do la barbe 1'un apres I'au-
li'o , et ensuite les dents, par le eommandement du grand
vi/ir, do depit qn'ils out en quo nous avions donne du se-
oiiurs aux Veniliens dans la Candle. On (lit quo I'empereiir
s'on va declarer la guerre an Grand-Seigneur, et quo pour
rot oH'ct nous lui donnerons (|uinxe mille hoinnies. qu'on s'on
va faii'o partir pour I'aire rojoindre sos troupes.
Nous avons ici un nouvoau livre latin, fait j);u' un jt'-suito :
i-'i-st la vie du pore C.otton do la oompagnie do Ji'-sus. ,1'ainn
fort cos sortes de livros (|ui contiennont la vit^ des homines
illustres. Joseph Scaliger, ipii haissoit for! les josuites, disoil
ijiie lour socioto devoit plus an pore Cotton qn'a-u jtere Ignaco,
pai'co (juo celui-ci avoit a la vtVite Condi'' la socich'1 , niai^ quc
lo pore Cotton lavoit I'essusciti'o , ijiii csl un plus grand mi-
racle (pie de 1 avoir faito (1 . Jo voudrois (ju'ils oussonl au<si
Tail la viedu pore Sirmond . du porePetau, du pero Fi'onton.
I I;iorrt¥ Cotton. n<> it Ncrondt1 l.oirr en l.'i(»'» On «;iil ifn'il
»'•; nil It- oonlcssoiir di' llotirt IN , <!•• lii If rrliMirc juron du •;rnu«l
r-.'i Jarnicoltoii. !{. I'.
\ IM.CONKf. 'M\t
du port' Due , (In pere Caussin, ft aulresgeus insignes de eel
oi'dre.
II iiiourul id , il y a Irois jours, uu president des mnmioits.
nomine M. le Taunour, d'une apoplexie, oil uu apotbicaire
lui donna du vin emetique. Lcs apotbicaires sVn indent en-
core, et les medecins ri'osontplus en dormer de peurde se de-
crier davantage. Si le vin emelique est bou quelque part , ee
n'est point dans 1'apoplcxie sanguine, dans laquelle le cer-
veau est suffoque d'une abondance de sang. Deux saignees
1'auroient pu enipeclier de monrir. Je vous salue, el snis
votre , etc.
De T'aris, le 1" (evrier 161)1.
On dit, ce 2 de t'evrier, (pie le cardinal est un pen nneiix ,
d'autant qu'il dort ; nouseroyons pourtant qif il inouiia d'bs
dropisie de poumon. 11 a le pouls intermittent, palpitations
decuiur, et, en un mot, il est ortbopnoiquc ; (out le corps
est extenue, et il if a de gros que les pieds. On dit que la pin-
part de ses units sont mauvaises, ce qu'il Cant entendre de
eelles oil il ne dort pas trois benres : ci> n'est pas beatieoup .
ni le moyen d'aller bien loin. II if y a pas encore un mois en-
tier d'ici en mars, qui est un mauvais mois pour les diques
et (abides : cependant les sols veulent <pfil se porle niieiix,
e! il y en a un nomine inlini.
Jo vions de reeevoir , ee .'• levrier, vos lellres du -2? Jan-
vier, pour lesquelles je \oiis remercie. \e vous metle/ pas en
peine de ufecrire, si vous n'ave/. de la matiere; il ne nfim-
porte, pourvu que vous soye/ , vous et les votres, en bonne
saute. Je sais bien (pie les grandes nouvdles ne sont pas die/
vous, et moi je vous en ecris Idles ipie je les appreuds, entre
lesfjiielles meine il y en a de tansies : <• •// /////// fn, ,•,•>,,, '
;l-20 ii:iTUKs DK i.n i-\ri\
(>///>• iDHjititin alt /itstnficu fiil"in I'.ri'ijit .' IMine a dil ([iiri(|in' pai (
en sos Kpitros : Coi'inhnnn c./ /</un /•*/ i//'<i//u , 111*1 sinf u/i/in/n :
/ttstoi'tn ijiiiiijitu tiioflo wri/itu dalectot.
On (lit ici que lo cardinal Ma/ai'in , outre son inai ordinaire,
a nne graude al'lliclion d'esprit pour quelque mechanic uou-
velle qu'il a reeue de Home, oil il avoit envove M. le presi-
dent Colbert pourobtenir quelque grace du pape, dont il n'a
[)ii ven'n a bout, qui etoil pour le due de ModtMii;, son ne-
veu, el une autre jirace (ju'il deniandoil rontre le cardinal
de Het/, (ju'il (Taint apres sa inort.
II court ici un bruil <pie Ton a seine (piehpies billels d.ins
la chainbre du ciirdinal .Max.arin , qui contiennenl ces paroles :
I ////,v t'/i'x jii'tf'S '.rnxfitsfPi' HII.I; coitriii , .syv'/'/'v (•/ i-ii/cri'i'iii'-ii1 <!<•
I'fii ntoiixci (jiii 'iii' I'l'iniucntissnne cftrdinul M<i*tirm . diir >•! /tti/r
'/!• /''/'nitre , (//<>•(/<' ,"\ frc/'tit'iix cl lii'tln'toix , fine flf; Mm/cure^ c/r.,
(//•/nif/ miillSf/'C U Kto.f. f '.'/'',, li1 -J 1 nifi/'x (i)'(>r/tfi/ii, in/ II/H! an
jiliix liinl I:' -2! t/r xf'jili'iiihri' . i't< . II me seinble (piec.es ^'ens-la
sont bien liardis; je IH^ voudrois point iu'expoMM1 a un !>•!
hasard : il n'en jieut arriver que dn nial.
II f'lit ici chaud ct huinide; j'ai en ma part du mauvai*.
temps . savoir : une fluxion douloureuse sur la ham-lie droitc.
sans tumeur (H sans lievie. Je me suis fait tirer ce matin trois
palettes de mauvais sanij,, I'dcochyin'm' rcm/xii1 ili'lu-titr /•'•////'.•«',•-
I'm; j'en suissoula^e; il ne I'aut plnsqu'une bonne unit jiour
UK; refaire. J'ai re(;u trois livres in-quarto d'rtrechl, en liol-
\A\U\G' JucwnliKxfuifi. nnlii I'uit is/ii (ircr/ifm, iftnf //n/;//i/i///iii inn-
muni i't lilirriu/i' mi'i tili'i/i r.rlnhii'ui'i I . Je voiis baisfi les mains,
et suis de tout moil cieiir votre, etc.
De 1'aris . Ir i ie\ru'i Kitil .
\ KU.I.ONKI. .J-JI
LKTTIIK IlLIX. -
Le roi vieiidra an parlemrnt le S de Crvrier, rt ce pour la
paulette, et sur la tin dn ineme mois il partira d'ici pour tin
voyage en Provence.
On dit qu'il nous vient ici de la part du grand seigneur un
chiaoux. Je vous envoie avec la prrsente une these nouvelle
cjui n'est point inal I'aite, et j'espere qu'elle vous agivera.
Nous avons ici perdu depuis pen un honnrte homiiie,
nomine M. Granioisi , agr de quatre-yingt-qualre ans, qui
•'•toil le roi des libraires. (loinine il a t'allu quin/.e cents an.s
j)our Cairo un porte qui resscmblat a Virgilo, c'eloit Bucha-
nan, il en Caudra peul-otre autant pour Caire un honnete
lionune de libraire, qui le soil autant (jm; ce vieux IMUI-
homuie Cramoisi ; il avoit pourtaut Tanie toute loyoliti<|ue, ct
il ('toil un des directeurs de I'Hotol-nieu.
L'on parle fort ici des anioureltes de la coiir et des courti-
sans. Jadis un savant Anglois, nomme Joannes Sarisheriensis,
evequede Chartres (I), lit un livre, denvgisciirinlhnn;^"\\ vi-
voit aujourd'hui, il auroitassez de niatiere pour en Caire deux
a litres (2). On dit enlin ici que nous perdrons Candie : t<mtn
jUit socofdia eorn.ni </>«>/ am interest. Les Turcs se nioqucront
ile nous et nous pilleronl, et puis sera vrai ce qu'a dit Clau-
diau /// //«/'., lib. '!• (Mais n'ont-ils j>as raison, ptiis(|n'on Irs
laisse f'aire? ) : (ictiris h't<n>/xi rnd-iris l>idil/ri» jir/rrh/ i/nt' flnitir
Knlin , le roi accorde la paulette a MM. du parlenient et a j)lu-
sieurs an t res" ot'liciers, hors a MM. Irs tresoriers de France el
aux deux parlenients de. Bretagne et de Met/ ; inais rile n'r-,1
accordee qu'avec beauconp de restrictions, et pour trois ans
>eulement, apres lesquels le roi nr vent plus qu'il y ait de
vt]Jean de Salisbury, inoiiu- anglais, no a Sali>burj cu llli>.lnt
i.oiiiiiH1 evequc tie (Ihartros en 11T<>; il niounit CM 1180.
.'!] Qu'aurail done' prn-i1 (iiii Palin s'iloul \eru jtisqu'a la hn <lc M»II
• ict'le , ol surto it s i! out \u If {;r;nul roi U'jjilinier ««*s bdlards rt Iriir
Joiincr dt> droit> iju'iU nr |»urrnl I'onsri vcr
III -'I
.'i-22 UTTIIKS DK un ivvnx
paulelte. .It; VOMS baise tn\s liiimhit'inciit les mains rl suis de
lout iniii) ni'iir votre , etc.
l>t> hsiis, le (>
LKTTKE l)L\.-.\// Hi<W.
On va laire la dissection puhliquc d'un [)anvre laquais de
dix-huit ans, i|iii a ete pendu en (ireve, pour avoir volt- son
maitre, (|iii est un mailre des ivqnolrs. I is otoicn! diMix <|iii
avoient fait le vol: colui (|iii avoit I'ar^ont . s'ost same; crlui-
ei , (jui n'avoit rion , a t'ti'1 pris ct priidn. \Oilii la chance de la
vie des inecliants, <jui sont loiijours en danger.
///< cruccm pnliitm scdcri* lulil. hie diailimci.
Peut-iMi'e (jiie ci-apres 1'autre sera attrape (|iii ne inan-
quera [jas d'etre pendu. (^'est M. liaralis, brave et sage doc-
tour, (jui fait ranatoinie.
Le cardinal Maxarinest toujours dans le hois de V'mcennes,
ou il [H'end du lait ; il t'ut purge vendi'cdi dernier, dont il sc
trouva Ires nial lesamedi. Diinanc.he on croyoil (|ii"d inoiiroil,
Inndi il t'ut mi pen soulage ; mais il est maigre , sec. decolor.',
lixteime, hydrop'uiiK1 du pouinon . orthopnoi'que , rt il a de
dangereuses sull'ocations nocturnes , (///////'/ • /i/'i, .chm- /•<'//////•//.•)•
/// I'di'tnncni lih/liii'i'. On dit <|iie sa rate ne vaut rien : cela
arrive souvent aceuxqui out le pouinon gale, niti(/nu cx( fiijiti-
[ntlltin uti'iliaquc /iHi'fix, //>'<'/ iHi/i linn 0//I''//, i/nuiii richiiii1 t-t
fdxornni r<i'iui!:'. ,1 ' soupai samedi et dimanche die/ .M. le pre-
mier president , on nous rimes bicn. LV'Vt'ipie deN'aunes, rn
Uasse-Brelagne, lui a doniK' d'cxcellenl viu d'Kspagne, dont
il voulul que je busse ; il cu a bu aussi deux prtites fois, Ini
(|iii d'aillrui's est le plus sobre hoinme du rnoude. II in a dit
que le paj>e (?st hydropique continue , rl qn il ne pcul jilu.s
gurre vi\ re. II me trmoigne autant d'amitie (jue I'on pcul ,
V K \I.«>\K I. .''•2.'{
et voudroil quo je I'iillii.sM' \oir trois I'ois l,i semame, e'rst-..-
dtre quo je me trouvasse aupros de lui ijiiand it a 1111 pen de
loisir pour so desonnuyer.
Leroi a envoye quantile d'ol'liciers sur los villes I'mntieres de
Picardio, Champagne, Flandre, comme aussi a Sedan, Nancy,
lirissac, Philisbourg, et on Alsace, apparemment pour donner
ordre aux gouvernemeiils do ces places de pour de quelque
changement en cas <pie noire premier mini.stre IIUHM'O, penl-
etre pour s'assurer de quel<|ue gotiveiueui1 cpTon sonpconni'
d'inlidelite.
I, a feinine de M. le inarechal de Fabert moui'iil ici diinan-
che dernier, el neanmoins il recul ordro de parlii1 liit-r au
matin , et de s'on aller a Sedan , ee i|ii il lit lonl-a-l lieiire.
Memo on a vu sortir des coiupagnies snisses (;t IVajieoises »jiii
preiinent leur cliemin de ee cole- lit; on (lit <|iie ce sont des
troupes que Ma/arin ne vouloit point con^editM1, et qu enlin
I'arabassadeur d'Espagne a obtenu <|n'on les <>nverroit. (hi
dit tju'elles vont it Vienne en Antriche, et ipie ees troupes sont
destinees pour 1'aire la guerre an Turc, en llongrie, le mois
de mai prochain.
II y en a qui disenl quo le pa[»e est inorl ; ce bruit vient de
quelques moines (jui out rendu des leltres de sa nialadie.
Kniin le temps viendra que le pape, s il n'est moil, monrra
comme les antres, et enlin tout le mondo mourra. f "'linn ct
ti-ri'n fi'inisikiful , In aufi.'iit jici'imnif/jfit, llmaim' .
Je vous baist; les mains, it mademoiselle Falconet el ;i
M. Spoil , et suis de tout inon eieiir volre . e!r.
DC I'ari^. Ic i:? t.-\ri«-r KiC.J.
J'ai vu des homines (jui touoiont pour certain que le car-
dinal .Mazarin c.st bien malade; mai> que Ton celoil cetle
grandeur de sa nialadie taut que Ton pouvoit : qn'il n'en l;illint
3'24 I.KTTRKS I)K (,CI PATIN
croire IIL mederins do coin1 qui tons n'on disonl rien d'as-
sure , on II'IMI parlenl (ju on biaisant, selon 1'ordre <|ii'ils en
(nit re^ii), ni aucun liommo do die/ Ic roi. Vous save/, him
quo les grands font mystere de toules leurs affaires ; inais la
niort viendra qui levera le voile et decouvrira tout : et memo
w.llc. mort est 1111 mystere , a ce qne dit Marc Antonin en son
livre quatrieme : DC rebus wi* , rcl dc >r ipto , ad m> ip^mn.
Voici ces beaux mots :
] fdc quid dam nio/'s t'xt , <]Hul<> nnticitan : iiiitnr<i' ntrtun<j>u-
im/ufcritnn ex/ , yy<7£w? wn-rsjiw.
Lo roi a vopote son ballet par deux (bis pour ie dansor do-
v.int la reine d'Angleterre quand elle sera arrivoe. J'apprends
(|u'.l.s7/-o/oy/V/ i/n(/if(i du sieur Jean Morin , natil' do Villc-
Krancho, en liaujolois , jadis doeteur en medecine do Valence,
])rol'esseur du roi es-malhematiquesdans notre college royal,
ost entin aclievee ;i la Have, on Hollande. L'on m'a dit qu'il y a
bien la-dedans dos injures co litre les medeeins de Paris , et
lesautirs aussi , qui no veulent adinettre ni I'astrologie judi-
ciairo ni la chimio: et je ne m'en etonne pas, car cot honime
etoit foil. Co sont deux volumes in-iblio, j)our 1'edition des-
quels la reine de Pologne a donne 2,000 ecus , ;i la reconj-
mandation d'un sien secretaire (jtii ainie I'astrologie. Voila
comment les princes sonl trompes; si c'etoit un bon livre (jui
put etre utileau public, on lie trouvoroit point d iinprimeur
ni personne (jui s'en voulut charger.
La riviere est ici fort basse, et ily fait aussi doux quedans la
lin du mois d'avril (l).Etgrassnntiu' ntorbf. vcnn, rheumatism!,
inidtturici ncjihi'ttU'Hjtic (Jolui'cn ^ sed pfinctK fi'hres ussiducp.
Je commencerai, Mien aidant, mes locons inardi j>rocliain.
L'anatomio du laquais voleur s'en va etre achevi'-e, a hujuelle
Noel Falcone! a soigneuseiiient assisle, et il in'ondil tons le>
jiiurs des nonvelles : vous save/, ipie c'esl I ieil de la medecine
I II faul reniiirqiu-r I'elU- leinperalurc. Dans d'aulres lellres, (iui
I'alin si- plain) . an conlrairc , tlt> la rij;u«Mir dn Iniiil <lans unc s;ii>-(>i!
;. \aiici-f. l.c climat d<> I'ari- n'a pa< rlian;1,!'-. \\ I*
\ KM.C.ONKT. .12.)
On dit id que Ic cardinal va fa ire trois dillerents manages,
de sa premiere niece avec le prince Colonne , de la seconde
avec le grand-niaitre de I'artillerie, et de son neveu avec une
des lilies du palatin , et quo ce neveu sera nomme due de
Xevers; mais peut-etre que cela ne sera pas vrai. Voussavez
que les politiques specula tits ne laissent point leur esprit en
repos pour fa ire parler les autres. On dit aussi qu'il a proinis
a Guenaut une abbaye de 4,000 livres de rente pour mi de.s
Mis de sa fille. Dieti lui fasse la grace de bien la ire a bien du
monde avant que de inourir ; il a longtemps vecu en faisant
bien souffrir plusieurs.
Je vous ecrivis hier un billet a la priere de M. Aubert
eontre un garcon apothicaire de Bruxelles qui 1'a fort mal
servi et qui etoit un grand fripon. .le vous supplie d'avoir
ereance audit billet , et ne vous point meler des affaires de ce
garcon. Je vous baise tres liumblement les mains, au K P.
Theophile Hay/mud , a mademoiselle Falconet , et a notrebon
ami .M. Spoil, et suis de tout moncii-ur votre , etc.
De Paris, le 18 fevrier 16(51.
KKTTKK WAII.-
Je ne vous ecris jamais qu'avee joie: mais comment vous
ecrirai-je. quand je n'ai ])oint de matiere? On ne dit |>lus
rien ici depuis que le cardinal se porle mieux. On parle seu-
lement de danser un ballet pour la rejouissance de la cour et
de la reine d'Anglelerre , qui revient et rameiic sa belle-lille.
la princesse d'Angleterre, pour etre, a ce qu on dit , niariee
a M. le due d'Orleans. Je soupai bier die/ .M. It' premier pre-
sident, oil j'appris que le cardinal ne se porte point eneoiv
trop bien. On aiigure qu'il inourra bienlot, de ce qu'il tail
de si gramles aumones, et qu'il envoie de I'argenl t n dil-
ferents endroits pour fa ire prier Dieu j>our lui ; mai> )•'
•'-2(> 1.1:1 rur.s DK 1,1 i v \\-\\
crois qu'il vaudroit inieux fa ire restitution qu'aumone. IHeu
ne vouioit point autrefbis des sacrifices fails avee du inicl .
a cause qu'il est fait de la roseu quo les abeilles out pi 1 lee
sin1 les lleurs. (Vest dans le Levitique, cliap. u : Ontnisuh/nf/d,
(jiur off'erfui' Domino, ahst/uc fcrmanto fu't , nee quidquam fcr-
tt/i'tifi »<• mcllis ndolebitur in sucrificio Domino.
Je viens de recevoir la votre du lo fevrier, de laquelle je
vous rcinercie, et aussi du soin (jiie vous ave/. de ina saute .
<|ui est bonne, Dieu nierci. Je crois bien (jue je suis jjtueri par
les prieres de madamc votrc feinine; inais je ne in'en dou-
tois jias , et je I'attribuois a la sai^nee. II IH> taut point dou--
ter (jue les prieres d'une si bonne lemnic ne soient d'une
grande ellieace. Vous save/ (jue 1'Kylise cbante pour le devot
sexe feininii! , pro dori.lo fcntiiini tc.ro. Je lui en rends grace
de toute men affection.
On me vient de dire (jue le cardinal est foil enlle , et quil
ne dort [loint: neannioins on dit par la ville qu'il se jmrte
niieux , cl (ju'il s atti^nd fort an beau temps jumr s'en aller
au\ caux, oil il esperc de gucrir. On lui enveloppe ses jtieds
(r(/f:ittn/fii,i- avec de la liente decbeval , inaiscela nepeul <Mer
la cau^e dc son ma I. Pour inoi, je n'en ai point bonne opinion;
car si son ma) eloit Iciicr, il ne fcroit poml fa ire taut df
consultations, qui lui content de 1'argent, lui qui raiinetant.
II <c dt'-goute fort de ses medecins et d»A leurs medecijies :
cela est ordinaire dans les longues maladies. Je snis , etc.
DC I'jirisJe -22 foM-i.-r 1 <)(>!.
J'at dispute e,' matin i'2 fV-vriei1, en nos t'coles, pour un de
mes amis, oil j'ai proiivt'1 qu'i! n'y a point d'bcrmapliro-
,|,t,. s | ,-n la nature, et que tout ce que les auteurs ancien>
I Sn: i.vtlc <•• poet- clc iiionstruosilr on con-ullcra avec uiiivraiid m-
\ KM.OiNKl . .127
PII ont dit ue sont que des chansons, non plus qtie ceqne
quelques saints out dit dans leursecrils des nereides , des si-
reneset des tritons, c.omme saint Jerome , on de ceque Flaton
a dit, f/f tertiv /ni)ninuin yeiwre t nt'iit/ir , <lf Andrut/i/ni* in xun
Si/)/i)iu!ii<>. Le president et le bachelier on sont denieuresd'ar-
cord , si bien que leur these est absolurueut t'ausse. ft nest
pas plus vraie qu'uue metamorphose d'Ovide.
Les units dn cardinal Mazarin eontinnent d'etre lachensos ,
ijnaniin maliyiiitus netjuid&n n (//'tnnx njittitis minfnr, ft
m'-anmoins le bruit court (|u'il a envie de parlir pour allev ii
Bourbon le "20 mars, qn »l HW fm-ffl pi-in mniwnririuin hnlf-
ciLlitnlc , into itiiit'jt"int fact n rii in jji/fn. I'eu de ^'t'lis le voient
liormis ses ol'liciers; il n'y a ^uere cpie le roi et la reine-
mere qui entrent en sa cbambre ; inais on dit <pi'il est fort
deeolore , et (ju'il a le visage tout defait , dont jo ue in'etoune
point, vu la grandeur et la longueur de sa maladie: nt .<•> !»,.
bi'id oculi, if/I rs( tntnm cnri>u*. II y en a qui le font fort ma-
lade, et qui disent (pi'il u'ii'a pas jusqu'au !.*> <le inai-s :
rumurux iliihii in- iii'-crti . Y\\ maitrc des reipietes me vient de
dire que les uiedeeins out ete «'ousultt'?s pour savoir si on le
niettroit an lait de t'emme. Les avis out ete dill'ereuls : enlin
il est resolu d'eu prendre, on lui clierehe des uourrices. II
taut que cet liomme, (|ui a ett'- 1<^ llcau du genre Immain , el
qui a inangi'- taut d'hommes . soil rednit a vivre de la ma-
melle des lemines (I), e'est-a-dire ;i sneer partont. F.n vons
ecrivant ceei , voila le gareon de M. Hastonneau qui ni" rend
le j>etit paquct, diiijiiel je vous remei'cie. .le u'altends plus
que le pe.ro de liussieres, et de (leneve, Tlifws Si'dinu'iiiu's:
ear j'ai reeu tout ce (jue j attendois dt1 Hollandc. en trois pa-
(piets (|ui sont venus par dillerents cliemius. I hi a impriun'1
depuis pen. a .Nurembei'g (i/'t'f/nrii /Inrsfit n./i TO nu/nin , in^
If'-ifl K- roniari|iia!)lp oinr;i;',c (!<• .M. !~i(!. (ionilroy-Sainl-llilairc , in
lilult'1 ; Hislo >•'• des onm/inl Vs il rur.jiiitiiiiilnin die: ilminiitfi <•( /c.>
anniKi ".'• ; 1'nris. is:i(i. 'I'. II, p;i|r. ;;o ,-i v(ii\ .
il \Oyc7. la note lome I. jiai;*1 .'vJl.
;V2S i i i nsi'.N in. LI i r \ i is
fol., (jue I'un m'envoie par Lyon , ii M. Spun ; quand il I'aura
recu , il se rencontrera autre cliose a m'envoyer en ce temps-
la; car il y a d'autres livres qui s'appretent a Strasbourg et a
Geneve , et alors on cherchera quelque voie commode.
La dame Hortense, niece de son Eminence, fut hier ac-
cord ee a M. le grand-maitre de I'artillerie, anquel il donnc
If diiclie de Mayenne et beaucoup d'argent comptant. Le
cardinal a donne ses pierreries au roi pour la couronne. ct il
en a obtenu le ponvoir de resigner ses benefices a qui il voii-
dra; il en a pour sept millions. OK (lit qu'il est fort empire
dcpuis trois jours . et qu'il ne dort point , ni ne pent soutenir
sa tele; il empire tons les jours, (let homme if a quo t'aire de
rien ordoimer pour i'aire qu'on se souvienue de lui ; on s'en
souviendra longternps pour lant de maux qu'il nous a causes.
Les articles dti manage de 31. le due d'Anjou avec la prin-
ct'sse d'Augleterre sont d nesses et aeeordes. On ditque Ic car-
dinal Mazarin ne craint rien,et qn'il menrt intrepide, comme
disent les Italiens. II n'est. pas le premier de son pays , rjui
ft.r/s nr:>/!i,-> innrti'in u>lnf'tni\ nt'c qitidqiHuii fi/>/ff ; ainsi mcurent
la plupart des cardinaux a Rome , et les pape.s aussi . et entr^
auli'es I'rbain V1I1 et Innocent X , et neanmoins iiiiwri/ni csf
inridt't'c in muni!* !)<•! cirt'/ifis. Toute la conr est au bois dc
Vincennes. On (lit (pie It1 Maxarin se plaint 1'ort des medecins.
ipii ne peuvent empecher nn homme de inourir, et que .Al l<i
marechal de Villeroi sera celuiqni aura la meilleure part au
gonvernement 1'utur. 11 y en a (pii disent tpie 1<; Ma/arin a
perdu IVsprit, <pi il reve , (ju'il ne coimoit personne ; il y a
eu mi mt'd^cin (pii a dil qu'il le t'audroit mener ii Sainte-
liciue : c/e.st en Bourgogne . pres de Flavigny et d'Alise.
\li-.rni in .]/tiii(li//ti is , in ( '(iiiniit'iiliirnx f'fCMn'is.
Lundi prochaiii le grand -maitre eponsera la niece Hortense,
hupielle lui appoi'te 1 ,-.()().(<(!() ecus d'argent coin[)tant , It-
gonvcnifiiieut de la r'ere et du bois de \ incennes, les duclii's
de I'niitliirii d dc ^lavi'iine , it la charge qu'il changeradar-
ineN ct dc limn , el qu'il sera appeie Jean Armand de la Port*-
\ I \!.«>\K f. 320
MilZfll'ill. .*>'''/ fit'ttit in/' Inh-s /ii/f/ns j>ri srfftu , it .</w//i/.< Inliiif fsf
fne/itiarum (l . Je vous baise les mains . et suis do tout nion
rrvur votre , etc.
DC Paris, le '2o fevrier IGlil.
LETTHK DIAIY. -- Au mi-mi:.
Je vous ai P. or it liier, samedi -26 levrier, dps nouvpll
pays, maisdesquel les je nesuispoint garant: (Juisna>/i /tm/n"///
nl> hisfnricn flflent r.iiyit? ce dit Seiioque. On (lit quo lo Mazarin
depficlie d'achever ses affaires, etque les six eveches (jiii va-
quent ilepnis un an sent donnos. S'il les a donnes, il f'aitcon-
tre sa eoutuine, ear il a celle de les vemlre, et il en tenoit
banque en sa inaison. II a fait de beaux presents aux deux
reines, en leur donnanl a chacune une grosse poigneededia-
mants ; et il a fait present au roi de la somme de (|uator/c
millions, dont il lui fait la remise, pretendant ipi'elle lui est
due (2). Xe seroit-ce point qu'il les auroit apportes d'ltalie
v.1) Le lecleur remarquera cornbien cctle dcrniere rcdcvioii dediii
Patin cst emprcinlc d'amcrlumc et dc profonde indignation. « 1 1 me
deplait, ecrit-il a son ami, de vous enttelenir de pareillcs bayulclles, re
n'cst qx'itn sot travail d'ine]>t es. » I'uis il s'arrctc. On concoil >a don
l«Mir lorsqifil \oit le Maxarin, qui n'est , srlon lui, qii'un etran^cr in-
lri(;.inl. ('oiirl)e, astucienx , rapace ct dilapidatour ; un pretre tyran ,
dissolu, simoniaquc, n'a^ant qifun talent desallimbanquc, donncr a sa
niece, liree naguere dc la mediocrile, une dot enorme , landis quc
la France est epuisec par une lungue guerre, que le pcuplc est dc-
vore par la soldalesque ct les grand.-* seigneurs , aooal>lc- d'iui|t6ls .
d'exaclions , de corvees , de inisere. (/'c>l la oe ijui le l»le.-sait dans le
fond de sa haule et ferine conviction . en M parlail accord a\cc la male
vigueur dc son caractere. VH. I'.
/2' llestitution qui cut lieu par le mo)cn du conlesseur , in.iis an
bout de trois jours, Colbert remit de la part du roi l.i donation pntiere
de ces bicns a Mazarin, qui deja sc desolail , criant sans co^sc : »m s
pauvres parents mourront df. fnnn. \\. I'.
330 I.I;TTHK> DK <,n ivvm
pour les preter an roi ? Ad pojjulum pkalerax. Le inonde est
him fou.
l/abbe de Richelieu , qni a 100,000 livres de rente, a re-
pondu en Sorbonne de sa tentative, oil j'ai vu beaueoup
d'eveques , dont la plupart sont ici a 1'assemblee du clerge.
J'y ai cte , d'autant quo ledit abbe m'aime un pen , et ni'avoit
envoye sa these , dediee an cardinal Ma/arin, diKjuel il seroit
))ien aise de reeevoir li! teintnre de son bonnet , eomme
son oncle tit donner an Mazarin Tan Hil-2.
Je me suis cache dans nion etude anjourd Inii (' ce dinian-
rhe -27 tevrier • de bonne heure , t:t me snis retire des rues
pour les profanations qni s'y font , ou plutot pour vous dire1
avee Barclay : «. de peur que je ne seniblasse autoristu' par
ma presence les folies de tant de gens qui courent les rues. »
Les anciens ont appele autrefois ces jours gras : ^caiinn
ffitiMtnnn. On pourroit encore dire pire aujourd'hui. Des
que j'ai ete en train , j'ai ecrit nne grande lettre latine a
M. B;iuliinus, medecin de Bale. Com me je 1'achevois , j'ai
recu votre lettre du 2-2 levrier, par laquelle j'apprends votre
affliction, laquelle mo louche sensiblement ; j'espere ni'vin-
moins que M. votre lils en echappera, tanl parce (|u'il est en
bonnes mains et en bon lieu que parce que vous ave/ bien
commence.
Je ne crois pas <[U(; son Kminence ait pris du vin ('ineliipn.1.
tant parce (|ii'ils ne s'en sont point vantes que parce que
M. le premier president m'a dit epic non ; et c'est un mauvais
signe ])our lui. .\mi ausi ttmt fttccri' jtcfiru/t/.i/t in tum t/i/cii-
il'idu itci'y.onn )ic i/ni'l hlliiMnitUS ill I rnii/itn/at , fil/t xi/n /inf
1-nntiuiicl ia^mn . Voulex-vous me permettre (|iie j'emploie ici
fort a propos , sw/ /'/-fin iff at arejitfrc , deux beaux vcrs de
.Martial , d>nii lundurct Ki-ynlunt , IUHI/IUIUI rn-nm funu/tn , t/ti/'m
Imiii'ii /'///////s /// l-*i>itft>l ix viicnnl In in'ilt'in iH'ijiiis^ii/tni/i :
ainsi (jiio poiirroienl ivpondrc a nos reproclies MM. Valot ,
Ciuenaut el autres arcliiatres auliques . s'ils avoient tue avec
leur poison cliimiquo ce grand minislre d'Ktat, quiest si n»'»-
eessaire an genre liumain! 0 sic /mntanu , sir sajns prudent ia !
Nous laisserons passer cette semaine les jours gras , et je
fiommencerai , Dieu aidant , mes lecons le mardi 8 de mars.
Ce sera la oil Noel Falconet emplira bientot son cahter, s'il
vent, sinon cenesera jamaisailleursavec pins de eommodite.
M. 1'avocat-general Talon a desire que je 1'allasse voir , ce
qne j'ai fait tres volontiers. II in'a fait tres grand accneil , et
apres avoir nn pen parle de la reformation des statuts de la
faculte de m«?decine de Heims, il me tit entendre qn'il s'en
alloit avoir nne dticlaration du roi pour faire reformer toute
les imiversites de France et en oter tant d'ahus (jni s'y pa>-
>ent tons les jours. Soutenez-vous bien en vofre colleiie , ob-
servant exaotement vos statuts, alln qn'en rloiunant !<•>
plaintes et les proces, le soin de ce cen sen r public n'aille
point jusqn'u Lyon.
Le cardinal Maxarin a eh; fort mal e»ls deux dernieres niiit^;
on ouvre les 1'enetres de sa cbambre en pleiu ininuit, pour Ini
aider a respirer et de peur (ju'il n'etouiVe. I if<r *>niiini.i. f/rm's
a/ion /iox vt't<it (iic/iijti/'c I on yum. Le vin emetiqne et les eaux nn-
uerales ne peuvent rien la : contra vim muffin nun csf •nu-/hfn-
in>'ii in Ito'rfis.
On dit i|u'il e.st cnllc, .ittctuit'', ran ourci. llclas! reboii sri-
;;neur a bien raccoiirci les j(ues de la France ! Mai>s je ne s:tis
>i celui (jiii lui sncc/'di-ra vaiidra inienx; nous somnies si sii-
jets a ni'il avoir, <pie j'en ai deja penr. 11 « -ton He la unit de la
poitrine, et le jour du venire : i<-li-<n/uc dtifdifi hjidrtifn' ln/>n/->i/ .
/'f ('•;( .>;/••//'/'//»>' til In'iiiitl'.
Le roi d'Aniilele: i'c fait i'orlilifi' l>iinker<ine . rl Ton croit
iju'il t'|)onsera la in'iiicesM1 de Portugal. Si cela arrive, h- nn
d'Kspa^nt! lie pourra [KIS situl rentrer dans Lisbonne , m se
rendre inaitre dc ce p<'lit royainut'.
La niece llorteiise a etc aujonrd liui inariee a M.le ^rand-
3;i2 I.KIIKKS I)K I.I I I'ATIN
maitre. On avoit en dessein de remettre adimanche procliam
mais la grandeur de la maladie a fait presser la conclusion du
marche , et a fait craindre nc f/nitl Inonanitns rontinycrct //?//•-
I m rat n. II ne dort les nuits quo quand il prend do I'opinni :
s'il en prend sou vent, je crois qu'il n'ira pas loin.
Je viens d'achever mes visiles do divers endroits ; je suis
Jioriteux de voir taut de sortes de fous par les rues ; certes, il
est bien vrai ce qu'a dit Lucien , TTO/X^ uoswa: ri.v vr-r/^-^,.
Ce que je vous ai mande ci-devant do M. do la Have , notre
ambassadeur a Constantinople , est faux ; il n'est pas nmrt , il
est en bonne sante. II est vrai qu'il a ete prisonnier et inal
traite par les Turcs , niais il est presentement en liberte. Je
vous baise les mains , et snis de tout mon cdnir votro , etc.
De Paris, le 1" mars 16(51.
LETTRK DLXV. — .1
Entin , le mardi gras est passe, mais la folie des liommes
JH: Test pas. Le cardinal Maxarin prit dernierement nne pilule
de la main d'un gentilhomme, nomine d<; l-Mainville . avec
laquelle il a dormi trois heures. Itest fort ilegoute des mt'de-
cins: mais il a autour de soi en recompense six docteurs dc
Sorbonno qui lui font connoitre les voies du del et <pii lui
parlenl de paradis. II ne prend plus de lait ni de bouillon , m
do gelee , mais seulement des consommes fails d'nno dou/aine
de perdrix a la I'ois, <|ui content qualre francs la piece, car
elles sont fort rarcs id. On dit quo le roi a envoye demander a
Home un cliapeau d<^ cardinal jiour I'ahbo de 3loiitaigu , <pii
t\st nn Anglois fort dans les boiun's graces de la roino-mero;
c'est lui (|u'oiicroit <|iii gouveniera apres le Ma/ai'in. No sera-cc
pas un grand bonheur it la France quo nous trouvions un An-
^lois ijiii vcnille bien prendre la jidne de nous gouverner,
aprrs ipic nous auroiis p:'rdu 1111 Italien si honnote homnie ?
A propos do eel liomine de bien. en void do fraiches nou-
\ FALCONE r. :l'W
velles. II a en rexlreme-onelion et a demande tons ses pa-
rents , qni sont alles au bois de Vineennes. L« mnrt /'/•'//</"'''
sa portf >'f tli'iitan'tr son inn!'. On a envoye en diverses maisons
de nioines, atin qu'on y priat Dieu pour lui, et qu'en ehaque
jnoinerie Ton y (lit dix messes pour dix francs , (jui y out eli-
de! ivres. Vous voyez qu'ils les prennent a vingt sous piece.
Vest-pas une marque certaine qu'il croit bien ferinement
en Dieu , puisqu'il a recours aux gens de bien tels que sont
les moines? Mais a propos d'ame , cet homme en a-t-il une?
II est Italien, el de ce pays-la il y a bien des gensqui font de
bonne heure provision d'atheisrne , all.; que les scrupides
de conscience ne les empechenl jamais de fa ire fortune ; car,
aprestout, le inal qu'ils font ne leur parait que des peccadilles.
On dit que par le conimandement du roi les prieres de qua-
ranle lieures se disent pour le Ma/arin ; niais parce que c'est
pour lui, le pcuple ne se hate point , et il n'y a pas grande
presse dans les eglises. Uuoi<|ii'il en soil, il est fort inal et
nousaussi, si Dieu ne nous en envoie un meillenr, plus Im-
main , moins avare et moins larron; mais surtout qiji soil
Francois et laisse respirer le peuple plus a son aise I). Jesuis
voti'e , etc.
Do Paris, le 4 mars 16(51.
LKTTRK 1)1 AVI. - .I// mthne.
.le viens de recevoir le petit paquet <|iit' vous a vex. recu de
lialt; pour inoi.
Lc cardinal Ma/arin continue tonjours d'etre nialade et va
ile inal en pis. 11 etuufie join1 et unit; il est entlt- et asthma-
1) Qiiclle oraison tunebre! Jamais ixMit-dlrc rt'llc iunc qn'oii nouiin*1
f>(iril de parti, ue s'esl exprimec avt-c |ilus do \irulewo. II laul avouer
pourtant que si Ma/;iriii t'ul 1111 i-.rand conpalilo , <*a memoirea elejiisle
nient inaudito par ses coiitempurains , el la poslorilo no 1'a pas ein'orr
ybsmii. 'K. I'.
:\\4 I.KTTUKS DK t;n I-ATIN
tique. Vous save/ que ce mal est appele dans Seneque, la me-
ditation de la niort. Tout cola no vant rien pour nn ministry
d'Etat, encore moins pour nn autre; c'est le chemin <ln repos
eternel. Puisqu'il faut qu'il s'en aille par la violence de son
inal, prionsDieu qu'au moins il nous endonneun meilleurqni
ne soil pas si grand larrou, <jui ait plus d'humanitt; el pins do
pitiedu peuple. 11 y avoit jadis en Grece nn paysan qui disoit
apres la niort d'nn tyran : Ifefodio Anf/f/nni/i//. Je pri'e Dieti
(|u'il nous donne un bon successeur, que nous IK; soyon^ ja-
mais obliges de dire : licfmlin Mn-ji-itami.
(hi dit ([ue le pape est hyuropiqne conlinne, et qu'on voit
uue comele vers le septenlrion qui a deux conies. Nos hu-
guenols malcontents disent cpie ce sout le paj>e et le Ma/arin
(|iii partiront bientdt pour 1'autre inonde. Mais je ne sais,
<[uand ils auront passe le gnieliet , s'lls iront a droite on a
gauche. Ce n'est j>as chose aisee a savoir, quoi (ju'on en dise.
.le n'ai encore rien oui dire des religieuses d'Auxonne; mais
il y a environ deux mois qne je donnai des meinoires pour 1111
mi'decin de Dijon centre quelque pretendue possession de-
moniaque de ce pays-la. Je hais fort 1'impostnre en quelque
rencontre <nie ce soit , mais surtout celle <pii se fait en ma-
ture de religion. Le (liable n'est pas plus a Auxonne qu'ail-
leurs. ('eux (jni se plaignent ici du cardinal Ma/arin disent
(jue le (liable est an bo is de Yincennes, mais qu'il se meurl.
Je ne sais ce qne vent dire Spondaiius , lorsqu'il parle de
('ardan snr Homere ; ce sera apparemment dans quelqne cha-
pitre de se>>> livresAV In subttlilf' ; car cet auleur brouilloit
I'ni'i les matieres . et mettoit otmiln in o//////////\. Je siiis , etc.
DC Paris, lo '( mars l(i(M.
LKTTRE DIAVll. —
II cou r I mi bruit, que je liens faux, que I On a deeouverl qiir
le i'a rd inal .Ma/;trin i'<t empoison ne. Otex les jtctils gi ain^. d'o-
A KAU.OXKT. 3.T>
. cl un pen ill- \ in einctiqucque Ton pent lui avoir domic.
principalement dans la nicdeeineqni hii Cut donneo, connne il
etoit presse d'un etonft'ement signalo, quand on lui fit quitter
It: lait, je crois qu'il n'y en a pas d'autrc , ri-tns tHlcmjta'ii'x ,
pnivn diathesis ittnniitnt viscprum , hyrirops pitlmcan't , fnbes cf
intircor n'srennn ; /tfccsmit rciie/irin, Qitirifcs! Je n'on veux point
rxcepter sa loux , ses veilles perpelueltes , sa tumour <t>dnn«-
//-fw, ses Ibiblesses inopinees, ses suffocations nocturnes, son
degout universel etsa perte d'appetit , en voiln plus(|u'il n'en
taut pour mourir sans poison : niais c'est (|ue Ton ne pout
cinpecher les sots de parlor. II y a des railleurs qui disenl
l»ien autrement. On (lit ici (/"'il // a jtl/ix de qu<tti-<> jours que Ir
ilinlih' oiit'iiit ('iiij>fi)'f'' lc Mnziirin , IIHHS tjii il >/>' snt/ [iirr <>i< If
jil'i'iit/t'f , ffitif tl I>>K'. cf (/Hi- I'nnl "(• a jit't/r (/>"> fr \/nZ"/'/ii if
I ni (fount' In pcstc j»i/' lo pnnntf'iir (lc tun <-nri:n. s't/ />• ftincln'.
(le seroit bien pis, s il ('-toil infbrnn'' de la puanteur de NOII
ame (I), l^e Mazarin s'est moque de totite la nature durant sa
fortune; aujourd'hui , avant (]n'il soil niort , on se nioqui1 de
sa vie, de sa mort , de son corps et de son anie, de sa for-
tune, qui lui a tant promis et tant donne, sir r-af /nn/Kniinn
yenus , procax et i>i'<numt nd contiimelicm. II y en a (jui rient
en mourant, il y en a d'autres «jui se inofjuent de eeux i|iii
ineurent, et principalement quand ce sont des gens coiniin'
lc Mazarin, et desquels on pent dire ce passage d'Horace .
,1) (ie furcut sans tloule ITS limits, cc>~ niiiicurs populaircs qui pro-
iluisironl re delude d'opi^raminos , <!<• satires , d'epilaplies injui it-uses ,
qui nil lien apres la niort de Mazarin. De lant <lo vcrs qui exUlemit .
tin lie fniiiialt {juere <|iie les suivants :
Jnlc-'. vivy.iut Sat.-ni lout niT|iic< ile >a rouclir
l.|i:cr ?a ]>ati\re Anil1 ;in ><)ilir dc NI huiiche .
(loncut IIHIH Pat tra per un caiiti'lcnx ilcxsein :
I'lu^ tin (jii'iin fli.iMc inriiic, il >ori IICIM, ilcrnirrc .
I.r ni-c'- cuidiiial tleinanda lc IIIS-MM ,
It rcudit ilrxlrouiciil s<ifi ;IIIH> par ilcnii-rc.
K. I'.
336 i.KintKs DK i;n I>\TI\
l\'os numerus aunt us cl /rnges consumere nali ,
Sponsi Penelopes, nebnlones, Aln'noiqne ;
ou bion ce passage d'Homere, crw^iov «/Oo; «poufr;; : tc/lun's
inutile pondus. On (lit qu'il a ecrit en faveur dii pape, et qu'il
lui fait present de -200,000 ecus , a la charge qu'ils seront ap-
pliques ou employes a la premiere guerre que le pape I'era
aux intideles. Voila de grands presents qui ne lui out guere
coute. On dit qu'il demande ibrt arevenir a Paris, mais qu'il
est si foible et si abattu, que Ton ne suit comment 1'y ramener.
Pen de gens le voient ; il n'y a guere que le roi , et pen de ses
ofticiers ; le prince de Conde ne le voit point. 11 a ivlranclie
beaucoup du nombre de ses medecins; il ne laisse point de
songer a 1'argent ; il s'en fait apporter d'ou il peut; il a en-
voy*! demander a MM. des gabelles trois millions, dont ils se
sont excuses. On dit qu'il a eonfesse au roi qu'il avoit beau-
coup d'argent dans lirissac et dans Sedan , et pour cet ellel
on y a envoye (juerir M. le mareehal de Fabert, (jui en est
gouverneur. On dit que le roi ira la semaine procbaine au
parlement, pour y fa ire passer quelque chose (ju'il a promis
au Mazarin, et entre autres y changer le duche de Mavenne en
duche de Ma/arin. On dit <[ii'il a donne I'eveche de Mende ;i
un Italien jacobin , qui etoit eveque d'Orange, et 100,000 ecus
auxlheatins pour batir leureglise.dans lacjuelle il veutetreen-
terre ; et en attendant qu'elle soil batie, il vent que son corps
soil conserve dans le bois de Yincennes. On lui a parle d'un
grand medecin juif qui demeure a Hambourg, maisje pense
que I'on n'ira pas le querir.
Le roi d'Angleterre ne veut point que Ton marie la prin-
cesse sa so'iir sitot; c'est pourquoi on dit que cela est i-cmis
au mois d'avril. On dit aussi qu'enfin le due de Lorraine a
ol)lenu ce (jiril demandoit, et quc son traite a ele arret*- <•(
sigiii''. On dit que ce moiiie , a (|iii on a donne 1 Cvcclic dr
MtMidc. est mi lioniicle homine . «'t (|ii il rtoil compagnon di
V FALCONET. :', '"
I fire Michel , j'enlends Michel Ma/arin , cardinal de Saint. '-
decile, arcliev&jue d'Aix, frere de celui-ci.
Le inareehal de la Meilleraye (l) est ici loll nialade d'uiie
goulte supprimee. On dit qu'il inourra dc la joie de re que
son tils uni<|tie , le grand-mattre , est marie, et (ju'il a ren-
contre un si puissant et si riche parti.
Le cardinal Ma/arm deinande fort ii revenir a Paris. On a
travaille a aplanir les chemins; s'il est deinain asse/ 1'ort ,
on tachera d<: I y apporter; on (lit <|ii il vent nionrir dans
Paris. II est raison qu'il y nieure, puisqu'il y a taut el si bien
vecu, et (|n'il y a fait une si belle fortune-. On dit <|iie M. le
Tellier, secretaire d'Ktat , est celui <jui esl en pins belle pa.SM-
pour suceeder an cardinal Ma/arin. Je Ten liens anssi le pln.s
capable et le plus sage. Le cardinal a etc Ires mal la unit pas-
see, t;t on aenvoyedes le matin a quelques tiglises le recom-
iiiander aux prieres des gens de bien, et entre antres a M. Joly,
cure de Saint-Nicolas-des-Champs, (pii est nn des theoloyiens
qu'il a consultes qiiehiuelois durant sa maladie. La rocoin-
inandation a ete en ces |>ropres ternies : l'ri<'z IHcn />/»</•
M. ti't , cur il t'xf f'i I'm/anil'. \^ roi ne boiige dn hois de Vin-
rennes, et on croit qu'il n'eii reviendra point que le car-
dinal ne soit inort. Hier an soir on en soupeonna <pielque
e.hose, a cause que la reine-inere en revint , mais le roi
n'en bougea. Le cardinal "a fait de grands reproches a
\.tlot de IK- I'avoir pu guerir et d'etre cause de sa inort ;
laulre, pour paroitre lacln'1 de tels reproches, s Vst mis an
lit et s'est fait saigner trois I'ois. La jeune reine e>t an lit ,
el nonobstant la chute qu'elle a faite sur les deux genoux ,
on soupconne encore qu'elle est grosse. IMut a Dieu qu'elle
nous donne un prince qui retablisse la France et (|iii aiine
les gens de bien ! On dit. (pie le cardinal Ma/arin donne
la plupart de ses bt'-nelices an ds;c de Mercn'iir, venf de
si niece, el qtn sera cardinal. 1,'eveche de Hoi , en Hreta-
I (jh;irl<>s «li> l.i 1'iirlc . due <lt* la Mt'illn.'m1. pair rl niari'i.vial id'
franco. IK'" on II»0-J, inorl on KUii II. I'.
111. -2-1
.'US I.K1TUKS I>K (il I I'ATI.N
;j,m', osl donno it M. 1'abbt- 'roiviiin , <U: I'oitiers ; rosto I'evo-
die do Lorn be/ qui vaque, niiiis on no sail qui l';iiira. l/o-
voque d I'Ai'eux e^t ici fort inalade, scptuagenaire , d'un
asllnne I'urioiix.
Lo cardinal .Ma/arin a dit quo landis qu'il ;i etc dans les
aH'airos, il a tout fait lui lout soul , mais qu'aprtYs lui ce ne
SIMM pas d<; memo; (|ii il y aura nn ('(iiiscil do six liommesqui
^ouvernoi'a lout; le roi memo (Mi a dit autant a qiielqu'nn , si
bieu quo Ton (Toil que cela ira ainsi : v«ius no doiito/, pas quo
M. do VilltM'oy n'on soil un dos principaux. Lo Ma/arin a dit a
un iioinuio do Tonnos , qui appai'tiont ii M. lo marorhal dc
Fflberl '. Ihtcs « rntr<' in<dti"a I/IK' /<' /// t'n /v//s trimri'i' sti j< unit'' ,
c! ijiii- In! l/loifnt (if>/-('x iiiiiix I'tendi'fi troiircr. N'ost co |);is niou-
I'ii1 inhvpido (|iio do jiarlor ainsi, quaud la nuirt nous tiont a
lagorgo?
Jo soupai hior avoc M. lo prouiior pn'sidonl. oil nous ('lions
fort pou, ot y rimes bion ; mais il \int du niondo on jjraiid
nombiv a pros soupoi', taut do la part do M. le chancellor que
du surintoudant dos linanoos, ii qui nous quittamos la place;
un consoilloi' do la cour nio ramona dans son caiiross(> , j'en-
tonds nioi ot inon Ills Carolus , pour lotpiol son tdles^e |»rosi-
(lei)tule ;i dos amities surpiviianlos : anssi lo lail-il bion riro
ipiand il lui pai'lo dos anf 'upiitos ot do cos Brands boninios du
lomps passe. Nous parlous aussi dos modernes , ot il on dil
do bons mots.
(>o matin lo Ma/arin a roou roxlromo-onction , ol do la ost
tombo dans uno Brando loiblosso; il a reproclio a \idol qu'il
ost cause do sa mort. Ilior ii deux lioui'es d;ins le bois do Vin-
<'ennes , quatre do sos nit'docins . savoir : (iiienanl, \alot.
lirayoi' ot Heda dos Fouyerais, n//<>)'t/><nir)t/ I onsomblo ol no
,' I C.f mol . soiiliiyiu'1 p;ir Pautcur. inrritorail «l'(Mro fr.-incais. On rn-
MKuqurra on onlro la [)i(jiianlo \ivacilc du nioiroau <ui\anl. I! osl pro-
bable . si Moliere Pa roniiii . qn'il y a IHII-C Pidi'-o do Li scene dixieim1
dn ilernici ado du Malailc inui'inxuri" , lorsijiio loinolto , do^uisoo on
uiodooiii , dit a .\r;',aii : '.)iiol o-| \olro inodociu ' olo. |{. I'.
v K\i.t.oM.:i. :i:w
s'accordoient |>as dc I'espece <li- la maladie dont !<• malade mou-
roit : Braver (lit que la rate est ^atee, (iucnaut (lit que e est
le Ibie, Valot (lit que c'est le poumon et qu'il y a de I'eau
dans la poitrine, des Koiifrerais (lit que c esl un a bees dn ine-
sentere, et qu'il a vide du pus, qu'il en a vti dans les selles, et
en ce cas-la il a vu ce <|ne pas nn des autres n'a vu. No voila
pas d'habiles fjens ! Ce sont les fourberies ordinaire* desem-
piriques et des medeeins de eour, qu'on tail supplrer a I 'igno-
rance. Cependant, voila oil sont rednits la plupart des prin-
ces, sic merifo filprfimfui: Je vous haise les mains, ct suis di.-
toute nion aine volre, t^tc.
!)»• I'aris. le 7 mars HUM.
LKTTRE DIAVIII. — .A// mw.
Je vous envoyai hier plusienrs nouvelles du Mazarin ;
depuis (jue ma lettre I'ut envoyee a la poste, je vis un liomnic
(jui m'apprit quo lundi dernier ? mars, le roi avoit tenucon-
seil dans le bois de Vineennes aver trois homines seulement ,
savoir : MM. rnnquff , If '/'<'/ /i>r et <1<- /.innm', MM. les mare-
chaux de Villeroy et de Turenne etaut demeures dans I'anti-
ehambre, dont ils n'etoiiMit giu're contents.
Entin tout le monde avoue que le Ma/.arin est morl ce matin
a deux heures et un (piail ; mais ce sont des perro(piets qui
ne disent (]ue ce qu ils out mil et ce (pi 'on leur fail dire : il
inourut lundi dernier, 7 mars, entre deux et trois de I'apres-
diner. Cet lioinme a etc si ^rand four be durant s.i vie, qu'il
I'uurbe encore apres sa mort. et t'iiit rudement mentir les tou>>
qui ne savent ce <pi'ils disent.
Jt; viens de reeevoir volre di'rmere. donl je vuii.s remercie;
je n'y ai rien tionvede la saute de M. volre fits aine, queje
crois etre yueri. .!///'•//. Kntin le l^mlu* /urchiux est-il done
aclieve? ^uand vous I'aure/ recu, je vous prie d'en dire un
petit mot a M. Spoil ,• noire bon ;imi : ear je croj> qu'il a nr i
;i40 I.ETTKKS DK (.ri I'ATIN
pour moi mi petit paquel de Nuremberg, que 1'ou ponrra
mettre ensemble , el apres il vuns plaira de me I envoyer par
le messager de Lyon. \otre Mistoire <!<• l<> cillc df J.i/<>n est-elle
sous la presse, iii-i'olio? On ditquedeux jesuitesensontlesau-
teurs, savoir : le I*, du Lieu et le P. Saint-Aubin, qui sout Ions
deux morts. II me seinble avoir oui dire qu'un jeune medt-cin
de Lyon, nomine M. Kara, s'eii alloit (a ire iiiiprimer tontes
IPS ceuvres de ("•. Kondelet. On dit que de tons les conseillers
d'Etat (jui approchent du roi , eeSui <pii tient It; liant du pave
presentenient est M. le Tellier, et (ju'il esl le plus jtres de la
premiere place. Dieu le veuille, ear il est le plus sa^e et le
pins ('(lain: de tons. On continue de parlor d'un voyage de
Fontainebleau; depuis le matin force chariots charges de ba-
gage n'ont fait (|ii'arriver du bois de Vineennes, til menu?
voilale roi, (|ui n'en abouge de longlemps, qui vient d'ari'iver
it Paris et au Louvrt1.
On ne parle plus de la mort du Ma/arin; il est passt'-, il a
[jlit: baya^o : il est en plomb, Temineut pcrsonna^e; mais on
parle dt: son testament, de sea ecus, rl on est en peint1 de
celui qui lui succe'dera en sa toute-puissance po]iti<]ueot linan-
ciere. On dit qu'ii a ieyue tieux millions pour i'aire balii nn
grand college , dans lequcl seront instruits de pauvres gentils-
liomni(!s dcs (juatre nations .je j)rnsc tpie c est connne II ni-
versite) it Paris ou it Severs; qu il sera enterredans 1 Cglise de
ce college, comme un illuslre fondateur; d'autres disent(|u'il
sera enlerre dans Si-Denis, en France, comme en etanl I'ablx'.
Mais il imporle pen oil on 1'enterre, [)oui'vu tju'il ne di'robe plus
elqu'ilne tyrannise plus h; monde comme il a lait trop long-
teiiips. lion Dieu. que votre patience a et<; grande sur ce tyran ! •
On dit ipie ce college sera bati vis-a-vis les galerics du l.ouvre,
sur le bord (\(^. la Seine 'l}. On dit aussi que la reine mere n'ot
joint lachee de la mort du .Ma/arin , ni le due d Anjou , el t pie
1 A iijoiinl'lmi If i);il;us dc I'liislitut d(> 1'ranco. cl l;i
M;i7.nri»c . i|in porlc -nr If (ronlisincr , Ilililiotl err/ a finnlalore Mn:n-
i-ini'ii. \\. r. .
A KM. CONK i. .'Ml
Fe roi les (Mi a querelles. Le Ma/.arin a prie le roi de nc mettrc
j:imais en son eouseil auctm homnie d'epee; on (lit quo M. It1
Tellier sera le premier, el quo biontot il sera parde dos sceanx,
<|iie Ton otera a M. lo chancellor. Les quatro nations donl jo
YOUS ai parle ci-dosstis sonl dos Kspaynols, dos Italiens, des
Allemands et des Ani>lois. II oinploir lo bicMi ipi'M a dt'-iolx''
en France pour des (''trangers. non pour drs Kranrois. II
donne 120,000 ecus aux lln-atins pour Icnr la ire ui.e lit-lli-
ej^liseou il sera enterre. On a defendu a tous liljrairesct ini-
prirneui's de rien iniprimer sur sa niort ui sur sa vit\ On dit
qu'on lui i'era un beauet solenni'l service dans Xotre-DaiiH-, la
semaine jirocbaine, oiiM. I'archev^quGd'Embrunltji (era urn1
harai)i>ue f'nnebre, de\:int MM. dn Parleincnf , de la I'liainbre
des eomptes, la (lour des aides, 1'lIotel-de-VilJe . rfniYersite
et autres compa^nies soiiYeraines. Le cardinal de llel/. est ni
Anfjletei're, niais fort mal dans 1'esprit du roi l.oiiisXIV, par
la suggestion du cardinal Ma/.arin . qui a eu peur de lui jus-
(ju'apres sa mort. Is roi d'Anjtleterrc a tail prier It1 roi qu'il
pennelte au cardinal de Ket/ d(! se d»k'larer dans Lmidivs,
on il est cache il y a lonpteinps. C/est la reine d'An^lrteriT
qui en a porle la parole au roi et a la reine-mere, ipii <>nt fli-
tort etonnes de cette deniiuide , et <|iii out pris tei'ine pour \
repondre. Ke i'oi d'An^leterre a fait dire qu'il avoit dc I'dljli-
gation ;i ce cardinal de Het/. le cojiseil diitpirl lui avoit liicn
servi j'iour se fa ire retablir dans I.dinlrcs. I'our M. Irclianci1-
li<'r, on It1 tient ptM'du, et <pie M. le Tellier sera son Miccessenr.
C(^ matin dans la eliambre du roi , oil plusieurs atteinloiciil
(pi'il fut h^ve . M. IV'Yeque de lihode/ , ci-de\ant prcceplcnc
du roi , a reeii nominandenienl di1 soriir rt dr M' retii'er en
sa inaison. On croil (piec'est ipi'il avoit dit quelque chose en
faveur du cardinal de IvM/. Le roi a moiitre les cassettes dn
cardinal .Ma/.arin , et a dit que c'etoient pour v niettre It's
requete.s (pi'on lui presenteroit doreiiavant.
J ai fail ma leeon ailjoill'd Inn . on Xoel I'alcoiiet r^\ \eiiu
en retoiirnant (III Jard ill du Hoi au faubourg Sainl-\ iclor , on
i 1:1 runs I>K 1,1 i
tin de ses compagnons 1'avoit mene pour lui fa ire voir ce
qu'il n'avoit point encore vu. Je leur ai parle, d? hi/(//'u/>c tl><>-
i-iiriro . de la paracentese du thorax , ft <dii* nffectihti* /»'/-
KI'ITAI'IIK 1)1 M\/,\i;i\.
Ci-git 1'Einiiieiice
nous piiido dc la (roisii'mc !
Jp \ous baisc It's mains, ft snis (it; tout mon cteiir votre. etc
Dr Paris, IP Omars 10(51.
LKTTKK DLXIX. l«/ ////'////•.
4e suis revenu des champs, Dieu inerei , apres y avoir en
bien du trial, el n'y avoir pas>e qu'une unit, inais sans df-
l>ouiller, par un malheur tpii nous ari'iva d'une roue tpii
romj)it a notre carrosse. C'e'toient deux gentilshommes nor-
niands t|iii me nienoient voir leur beau-f'rere qui avoit une
firvre continue, avee un mal de gorge et un erysiprle an vi-
sage Synesius, inal content d'un certain voyage qu il avoit
fait sur mer avee quelques juii's <|ui , intMiie en danger dV'tn1
noyes . voulureut garder le sahbat et ne jamais aider a la
rhiournie , la it protestation de ne voyager jamais avee telles
gens : pour nioi, j'en dis d<; nirine avee des gentilshonmies
noi'inands. J'en ai pourtant rapporte ines oreilies. Cieeron
parle d'un certain Caninius t]ui- dans tout son consulat , Jif
dormit point; a cause, de (juoi il 1'appelle tres vigilant : c't\st
qu'il mourut le mtMiie jour tpi'il i'ut elu consul. Ainsi, je puis
passer pour un niedecin tres vigilant , ear en lout mon voyage
jt> n'ai point dormi. Jt> partis d'ici lundi a midi, je n'arrivai
die/, mon malade que mardi ;i Imit heures : j'en partis a
dix licuivs du matin, et j'arrivai ici hier apres neuf heurts
dn soir. Difii me garde dt! Id voyage! j'en ai encore mal a la
(etc el aux picds , ear le malheur nous arriva au milieu de la
\ K\ I. CONK I. .Vi.1
rampagne. Mais c Vst assez et meme hop de \ou> enlreleiiir
fie noire petit mallieur. Conservez-nioi votre umilie el JH ir,o
tiendrai assez beureux. Je suis, etc.
DC 1'ari*. le 10 mars llittl.
LKTTKK DLXX. .!« ///'///'
L'eveque d'Evreux est inort ici asllimatiqtie . avee It- viu
emetiquedeGuenautet dos Fougerais. Le jouravanlsa inort.
rommeon lo saignoil dc pcur (pi'il n't'-toullat, il s<jrlit avcc !••
san^ un ver gros comino line plume et lon^i d'uu (juarticr.
Le cardinal Jla/arin a tonche avant (jue de monrir .">() '\V,(}()
livrcs d'ar^enl comptanl, pour la charge de chancelier de la
reinejjn'il a vendne a M. de Fieubert, maitre des r«i(pietes. !)••
plus, il s'est fait payer deses gages pour 1'an lo'OI , des places
et gouvernemeiits (ju'il avoit , et a demande a M. Tubenf unc
somme de 20 francs, qu'il lui devoit de reste d'un ct-rtaiu
jour cpi'ils avoient joue ensemble. N'etoit-ce pas t'-lre bon
menager? On (lit (ju'il n'a rien fait Tin mourant (pie ce qu'il
avoit fait durant sa vie. 11 pria M. Joly, cmv dc Sainl-Xiculas,
de lui parler de Hieu justpi'au dernier soupir de sa vie , et (pie
pour lui temoigner qu'il I'entendoit, ilpromitdr lui serrerla
main. (Vest un metier qu'il a toujmirs fait et ipi'il a t'oi t cxerci'1
a son profit. Le roi a delendu dans le Louvre qiie per>onne
n i'ii! a dire du mal du Ma/ariii. II n Cu faut done point parlrr
ni en mal, de peur de deplaire an roi, ni en bien. de pninle
mentir j . On commence a debiter ici des epitaphes contre
1 N dila (jui e>l Ires loj^Hiiu1 ; on u>il poiirliinl <iuc I'jiiilcur c-l pen
lidclo a ^()n principc. Mais la generation sui > ante (nl- die plus lie ti reuse i"
Los Irnilanls. les linancins . les lioinnir- tl'ar^enl ccsM-icnt-ils ile >Yn-
C.raissei i) I'aiij'.e «loree du tn;-or public.' (/esl I'liisloire <|iii doit rcpou-
<l rr. I MiiiiMir- r-i il (|uc In C'IN ilisalion niaterielle innrclie inliniinent plu>
vite quo la civilisation morale . dc notre leinp* coiiuiie dans celui de
inn I'atin. It. I'.)
.'!-1i I.KITHKS I)K (,l I I'M IN
lui ; qnand il \ en aura quelques bonnes, nous vous en foronv
part. Klles ne se distant encore qn'a I'oreille. Jesuis, etc.
l>e Tails, le 15 mars l(i(il.
LETTKE WAX I. — AH menu-.
M. d'Krval , cnntrdleur general des linances, est en niau-
vaise posture, et on (lit quo M. Konquet , snrintendant des
linances, I'a mis inal dans 1'esuritdu r>i pour le miner, on an
moins le cliasser do la.
On dit ici en riant qne les jesnite* se plaignent fort dn
Ma/arin , (|ni a donne <i()(),()00 livres anx theatins pour le
mollre en paradis, et qn'ils I'y anroienl mis pour la moitie.
N'efoit-ce jtas line bonne eparyne , et particnlioremenl pour
nn boil menaj;er commelui? Ee Ma/arin avant ipiede mourir
a donne a M. le Maitre , docteur et proi'essenr dn roi en Sor-
bonne, I'eveche de Lombes, snr leipiel ponrtant il \ a mir
grosse pension.
Li1 roi fait ici esperer (pi'il sen va la ire merveillt! de justice
et de soulagement du penph;; il a mandc uux eglises <pi il
vent (pie samedi procliain 19 mars il soil fete; (jue noire reine
pn'tendiie grosse I'a fort desire pour I'lionneur de saint
Joseph, an nom dnquel elle a nut! parlicnliere devotion . et
meme on ditqneson inariagt^ avec leroi fnt arrete et concln
en pareil jonr, et (pi'elle espere (|n<! par ['intercession de ee
bon saint, elle accouchera lienrensement dans sept mois on
environ.
Lt; roi a dit an seigneur Ondedei , evtv>qiu! de KIH-JUS, qn'il
no vent point qn'il s'en aille a son eveclie , <pi'il vent fa ire
approt'lier son eveche de I'aris, alin de prendre sun conseil
(juand il en aura besoin ; et jtonr eel efl'et , il a donnt'1 1'l'-vecln'1
de Frejns il I'abbf! Ondedoi , neven de eelni-ci , et celui d'K-
vreux a <iet oncle , cc <pii rend les Italiens tout glorienx , et
;IIIIM Ton ponrra dire dn .Ma/arin ce qne Ion disoit ;mtreloi'«
\ I All (INK I. :14.'>
il Alexandre-leMirand : I'timn nini'tnH*, mllim imfH'i-ni. On (lit
que la reiiic-niere est mat contr-nte de cc qu'elle n'est point
appelee an conseil ; on (lit ineme (jne MM. Fouquet et dc?
Liunne sont fort bicn ensemble aux depensdeM. leTellier;
inaisje ne le crois point du tout, an contraire.
M. Colbert a prete sennent pour sa charge d'intendant dcs
linances. Le gouvernement ile Saint-Germain «.•!! I, aye a etc
donne an marquis de Richelieu, gendre de rnadame de Reau-
vais. Mardi dernier, M. Talon, avocat-general , entretint le
roi dans sun cabinet , seid a seul , trois heurcs entieres, qui
est une nouvelle qui n'-jouit ici tout le monde, sur ce que
M. Talon est nn excellent [tersonnage <jni ne donnera jainais
que de tres bons conseils an roi, <|iii prend plaisir ii rcjcevoir
desrequetes des nns et ties antres , et ii dire qu'il vent gonver-
ner Ini-ineme, dont tout le inonde conceit ici fort bonne es-
perance. M. le premier president 1'a pareillement entrelenu ;
le roi Ini a dit (ju'il vouloit gouverner Ini-ineme , et il lui
repondit (jiie jainais les snjets n'avoient mieux ni plus vo-
lontiers obei que lors<ju'il n'y avoit cpie leur maitre (|iii lenr
comrnandoit.Un honnele liomme inevient de dire que bient«4)t
nous verrons grand changement dans les all'aires, ce ne pent
etre que du cote des sceaux et des finances ; car il me >emble
que le cardinal de Ret/, est bien c'jloigin'' et bien avant dans
I'eau.
.^nninilli x>'ttf (im nidi/' utiitlitliitur iini I'iniii'i'lin r>'xti'<> I illn-
1'i'ijKi , Y""iS' IIIIIIK* n[iu<l /'c/ji'i/i jiiit/'iili ri'l i/fiit/ntu i ./• rnl ill"
i'l cnntuiiiiiff niiiiiiit'udut nin<' isli/tx />»/'/i/t>'>it/ iii'lin/niiix , 1^111
mijicr uhnt in rft/nnifi/i innltoruin : scfl jifitu.'nti'r fi'reiuli finuf
is// I'Hiiiiiri'x . ilitin iiiiinin si/nf su&iiiriuiiilttis jilnni.
Je recus hier de Nuremberg une lettre par laquelle on in*1
matide (\\M* \? Turc a declare- la guerre a I'empcreur, et (jut'
dans six semaines il vent attacjucM1 la Transylvanie et la llon-
grie ; e'est pounjuoi l'cMn[)ereui" a envoyi; a tons les i-lectcuis
et autres princes d'Allemagne , (|n'ils aient a s'appivtrr pour
lui Homier proinpteinent du seconrs. On a vu la comete nou
:H<i i K i runs DK (,i i i'\n\
velle par toute I'Allemagne; on I'atait graver, etj'en ai reru
une copiedausma lettre. Jebaise les mains a M. Spoil, auquel
jo vous prie de direque je n'attends rien de Nuremberg, vu
que ies livres que M. Voleamer m'avoit destines par Lyon
viennent par Hambourg, et de la a Rouen : ce sont quelqut s
f/if'ses cf disputes de medecine da Rolfingius : (jti'eyorii Horstii ,
Ofjcrfi omnin in-lbl., etc. Je vous baise tres humblement les
mains, et suisde tout mon cu'ur votre , etc.
Do Paris. Ic 18 mars Kifil.
LKTTKfc DLXXI1. — .\u mrm.
Vous elites liieV de mes nouvelles, ce s.unedi ID I'evner ;
nujoui'd'hui nous solennisons la Saint-Joseph pour le roi et
lu reine, et le tout tort denotement, en attendant le soulage-
ment necessaire a toute la France, que la mort du Mazar'm
nous semble promettre.
II court ici un bruit plaisant , et <|ue j'ai deja oui dire il y
;i six. jours , savoir. <jue la dame Horlensese plaint du grand-
maitre, due, de Ma/arin, son mari, pour etre accuse d'impuis-
sance. Si cela est , voila une grande marque tie malediction
sur la I'amille de ce cardinal pour renricmissement de laquelle
il a tout ruine : c'est une medisance it mon avis; mais des
gens qui venlent rire , rient aux depens de lout le monde 'i .
I Ou sail que la niece du cardinal de Maznrin , la belle Ilorton^c
Mnncini , t'pousa on \C>(\\ le due do la Meilleraye , (jui ful obli(;r
par Ir conlrat do prondre lo noni ot los armos de due do Mazarin. Hioii
n'oiail plus oppose tpio los caraclere* do cos doux e'poux : aussi lo uia-
riaj;o no lul-il j:as houroux. La duchesse do Mazarin , donl la do) olail
do Ironto millions , s"oloi;';na do son oponx , parcourul uno parlie do
ri'luropi' . puis olio luil nne ospeeo do eonr a Londro>, mi olio uiouiul
lo 2juillcl KiS'.i . a PaVe de r.inquanle-lrois atis. Sainl-Mvreinonl lut un
do sos oourtisans los plus assidus. l,o due do Mazarin . d'un oaraetero
jiilou\ . d'liu ospril home . avaro. tanlasfpio , lond)a rl.ius lon> les Ira
\ors d'uno dovolioii superslitiouse : il til miililor do ina{>,nili>pie- ^la
v i \ir< INI r. :vp
Le prince de Conti revienl de Languedoe . niiil content du
testament tie Mazarin, aussi bien que It; sont >IM. do Mercosur
ol de Soissons, et rela ne pent manquer d'engendrer despro-
ees : jttsfHH in hiteritu ftntniin riili'liit , <-l rc/iffi/itr htijiinrnin ln-
ii'i-ihitnt. La bonne fortune ne pent pas toujours durer ; elle
fait enthi conime le singe, elle fait voir son derriere. Cela
paroit visiblement en sa famille et aux heritiers du feu car-
dinal de Richelieu et dans les belles alliances qu'ils out faites.
Le vulgaire croit que ceux <|iii font grande fortune sont les
plus heureux , je ne le erois point , et n'ai jarnais ete de leur
avis ; il me semble qu'il n'y a point de'gens plus sots et plus
malheureux. J'ai vu la fortune touteniiero des deux derniers
cardinaux. laquelle ne m'a jamais faitenvie , inais bien pitie.
II me semble, au contraire, qu il n'y arien deplus malheureux
(|iie eesgens-la; ils font fortune aux depens du public par
mi lie fourberies; il vaut mieux etre pativrc et content. II est
df la fortune commed nn soulierou d une robe, ni trop grand
in trop petit, mais bien scant. A rjuoi sert d'avoir taut d'am-
bilion et d'etre charge dn bien d'autrui? .\in-i'<nn i/i/isi/xix nir-
iliDcritdton /liliyif , lull'* cui't'i ubsiilt'tt mu'diltus toil , aif't in-
cidt'iuln Hibriiitinild, etc. Dieu nous donne sa paixet sa grace !
II n'y a rien ici de certain touchant U; mariage tlu roi d'An-
gleterre ; on ne sail s'il se tiendra ii sa chanoinesse de Mons,
on s'il prendra la lille de Portugal, on bien si on ne le ma-
riera |»as it mademoiselle d'Orleans la grande et la ricbe.
j'entends celle (jiii e.st du premier lit . et (jni a ."> on (iOO.OOO
livres <!(> renle et Irente-trois ans.
Je souj»ai hier ,'luii(li ~1\ mars) die/ ,M. le premier presi-
dent, oil j'appris (p.ie deux Ibis la semaine on doit s'assembler
die/ Ini pour I'execntion du le>tamt'iit du feu Ma/.arin , dans
(;!(>> pour en cachcr la nu<lilt;. I'.nliii . ;n;inl dctnanclc nno audionci'
ii Louis XIV , il TiisMiia t|iic rani',11 (jalnicl lui avail aj»paru pour
(|u'il \iiil supplier !«• roi dc rcnoin'ci' a inadrnioi^i'llr tic la ^ allierc.
Kl a inoi au>ki rt-poiidil Ic roi , I'anrc Gabriel nTa apj>;ir» . rt il ni'a dil
1(110 VOII> olit'7. lltl foil H. I'.!
3 S I.KITKKS |)K (,l I I'M IN
lequei il y a taut de conditions et tant d'apuarencus ({'oppo-
sition , (|ii'il f'audra bien du temps avant que {'execution en
puisse etre paisible, pour les divers procesqui en naitront. II
y eul mi eveque qui (lit (|ue ceux qui vivront d'ici a cent aiis
n'en verront point la lin. Deinain se fait ici la procession ^e-
nerale pour la reddition de la ville de Paris au roi Henri IV,
I an 159-i. M. le premier president m'a dit qu'il n'y iroit point.
On dit (pie le feu Ma/arin a laisse cent einquante millions
de biens. II I'aut (ju'il ait bien vole. Le roi devroit prendre
lout cela , et soulager son panvrc people qui soufl're depuis
si longtemps. Jo ne sais rien de nonveau touchant le i>onver-
nemenl; je vous ai inande ci-devant tout ce qne j'en savois
et je n'ai point manque de vous ecrire deux t'ois la semaine ,
atin (jue vous sussiex tout ce qui se passe de deea.
11 court ici des epitaphes assez communes stir It; cardinal
Ma/arin ; mais j'en voudrois bien avoir quelques bonnes et
bien salees , comme ce personna^e meritoit.
V'oici deux vers a pen pros tels que je vous ai mandes ci-
devant :
Julius nct'ubtiit l(tnd(i»; JTX mini lot inter
('(irnifici'S /ttrem ria: fxitnistn nmri.
Le ten Mazarin s'est mocpie , en mouranl . de (iiu-iiaut ; ii
avoit proinis de lui donner nue abbaye pres de Snissons , de
4,1/00 livres de rente, nominee Val-Chretien ; deux jours avant
que de mourir, il la donna a M. 1'abbe de Tallemant en pre-
sence de (iuenant, <}ui est bien en colere d'avoir refuse les
deux pistoles (jue 1'on donnoit aux auti'es par eonsulte ,
puisqu'il n'a pas cui 1'abbaye qu'on lui I'aisoit esj»ei't:r; il dit
pour se consoler (ju'il espere ipie l(^ roi ini en domiera quel-
<|iie autre.
M. Hlondel rendit hier ses comptesen nos «r,oles ;l); j y I'us
expres pour le servir contre ceux qui I'avoient menae.e; nous
vl) Friuicois liloiulfl, nc ii l';ui>, rccu duclcnr en uu'decino en I(»1(J,
dojon de la l-'.-icidte rn llioS el conlinuc en Jdo'.K Ii avail Pospril dr
V K.U.CoNKT. 34(1
elions him soixanlo pour liii J'y appris les deux vers sm-
vauts :
Orcidit mint-rum slibii repeliln minislruin
I'otio; qiiam ftli.r IKPC tnedirina fail !
Je sim bien aise quo M. votre fils aine soil gueri. Ne vous
incite/, pas en peine <le m'eorire si souvent, co nous sera asse/.
de savoir que vous soyez en bonne saute , vous et les volres.
II n'y a rien ici <le nouveau ; on attend <le voir (juelque clian-
gement de la part du eonseil du roi , pour le soulagement du
pauvre peuple. L'opiniou de la grossesse de la reine (.•ontiniie.
Je viens do ma lei^on , oil il y avoit pros de doux cents audi-
toni's. Jc vous baise les mains, el suis de tout inon i-u-ur
votre , etc.
De I'aris, lo 22 mars 1661.
LKTTRE DLXXIII. — ,l« w>,m>.
Jc vous ai ccrit, et a M. Meyssonier, le if) de ce niois; j'y
avois joint une lettre do Noel Falconet, qui augmentc cliaquc
jour .sa curiosite d'apprendre ([iiehpie chose de cc qu'il doit
savoir. (hums litnuu nutiiralitct' m-ii'c <lt'xi<h'rut , et celui-ci s'y
chicane , el mil souvenl le trouble et la division dans *a compagnie.
Manvillain , pendanl son decanal en l(>()(i , cut tin proces avec Blnndcl ;
ce dernier le perdit avec depens.
Pendant son decanal , comme on lesait, chaquc doyen laisait (rapper
nn jelon contenant son portrait , it an revers tin einbleine ou de\ise
a son choix ; -Mainillain . (aisanl allusion ii Kraiu;ois Blonde) , qui etait
boij'.no. lil ineltre snr le re>ers dc son portrait tin c\clope remerse
donl lUsse creve Pu'il avec nn pieu , et pour inscription:
/ eio luinine <•/< c.i! .
I'lancois Hlondel fnl le continnatenr de la belle edition <les OKnvres
il'll-pjittrftitf ft 'If (inlii'n . par \'\ ('.hailici. \ oye /. la note Ionic I".
par,-' -I'.. "-I1-
.V>0 I. KIT It KS I)K (.11 I'AilN
prend for I bien. M. d'Argouges, maitre des requetes, c;st
premier president cle Hennes en Bretagne; la reine-mero vou-
loit lui en fa ire donner la commission pour rien , il y a deux
inois; le Mazarin 1'empecha , et vouloit avoir sa charge de
inaitre des requetes ; celui-ci ne la voulant point donner, on
en derneura la. Le Ma/arin olant inort, la rei no-mere la lui a
fait dormer pour rien , et ensuite il a vendu sa charge de mai-
tre des requetes X>0,oOO livres au tils de 31. Tnbeuf , gem Ire
du president de Novion.
Jo viens de recevoir , ce 28 mars , la volre [tar les mains de
31. Duchof; il poursuit son proces. 3F. le premier president lui
a promis audience el lui a signe des placets. 31. Ducliof sail
par cieur quantite d'epitaphes sur le Ma/arin , ([ii'il ma pro-
mis de vous envoyer.
>I. le premier president me (lit hier (ju'il ne croit pas (jue It-
prince de Conti revienno it Paris que les Etats du Languedoc
ne soient linis, et que le pape se portemieux.
Aujourd'hui a ete porte le coeur du Mazarin, en fort grande
(-(''remonii1, a neul'heures du soir, du bois de Vincennes a la
chapelle desTheatins, (|ui est au faubourg Saint-Germain
pres du pout Uouge. Quoique cet avare cardinal soil mort , il
soluble qu'il regne encore. Les partisans out fait exilor trois
conseillers de la cour des aides pour avoir ivsisteaun nou-
vel impot sur le vin el avoir parle de souiager le pouple :
cos trois digues hommes ineritent d'etre nommes , ce soul
MM. Quatrehommo , Pussort et liouvot. On les a envoyos a
Perpigiian , a Pignerol et a Quitnper-Corentiu, en Basse Hre-
tagne , oil jadis t'ut envoye le pore (laussin, confesseur du roi
Louis Xlll, pour avoir parle contre le gouvornemenl dn car-
dinal de Hichelieu. Xoanmoins j'apj>rends (ju'd faul esporor
leur liborlo, puisquo le roi <i promis de donner audience
la dessus a messieurs de la cour des aides.
Jo viens d apprendre quo les troi.s conseillers do la courdes
aides out recu (|UrlijUi' giace. el ((nils n ii'onl pas phis loin
ijiir Iciirs niaisons ilc-> champs. J'.n aujoiird Imi rccu nut-
A KX I. CONK I. .'{51
irltiv d'Alleina^ne dans laqnelle j'ai tronve line li^nre d<- la
roniete qui y a ete vne , et <pii est bien plus ^rande qnecette
•nitre, laquelle me fut envoyee il y a un mois. N'eanrnoins
j'appre,nds que Ton y parle de la paix aver le Turc ; niais on
s'y plaint toil des jesuites (|iii y jionvernent trop remperenr.
l.o roi a entendu les plaintes dc MM. de la ronr des aides,
qui out e.te re.duites en trois cboses : sur la faeon (|tie Ton fait
payer la taillc avec des t'nsiliei's et par solidite (1) ; la seconde,
(jue Ton vent t'aire autant payer pour rentree dn vin aux
honr^eois (pi'aux cabnretiers; et la Iroisiemo. «pie les direc-
teurs des gabelles les veulent obligerde t'aire la punitioii ct la
justice des t'aux-sauniers, a lenr mode. I.e roi lenr a repondu
i|ii il savoit |)i(>n <pie dans eette cour il y avoit Men des j,reiis
mat aiteetionnes a son service, qn'il |<>s t'eroit pnnir ; qne du
reste, il lenr leroit savoir sa volonte par >on eliancelier, elr.
Le inariage du due d Orleans aver la prineessc* d'Aiifjlelonv
esl encore ditl'ere. On a reinis snr le bureau le maria^e dn r<»i
d'Angleterre avec la princesse dePorlugnl , dont le roi d'Ks-
pagne est t'aclie: ausst il lache de 1'empeclier.
J'ai fait anjonrd hni line tres bonne leeon, '/'• n-nii' stT/inni-
in I'f'hrilms intwmittentiliM , on j'ai explitpit- Kernel . et ai
inontre (ju'il fan I saipner preinierenient . )//•/• m>i/>tnni /turi/mi-
tlinii , ///>•/ ufifHU'Cntiinis sit/n/s mri/n/its , '•/ Hiidvnfili) suit fi'tn'iir/n
ill/i SIIJHII , ijtioi'ti ni uiif i niiini <-xl / mini tint in ninrljl <'l nuni i mil
M/iii[it<ini<il uni : iirtiiui <f»nif,/r j'liif ///• jii i-iint uli' rt ruli-nln , dr.
Xoel I''alcone! a i'ort bion ecoilte : Ivs bonnes opinions Ini
enlrent dans la tT'te d Hue nianiere onVlles n'en sorlironl ja-
inais , el c'.-st ce (jni inaiupie a tanl de };ens <pii ne se I'onl
nicdecins <|ue pour gagnerdo I aruenl. ct troinper le inonde.
.le vous baisi; les mains , a niademoiselle Falconet et a .M. Spun
noli'e bon ami . et snis de lout moil cirur votre . etc.
l>o Pari-.. lt'-2<) mars Kilil.
1; Solidan rinriil . ruinuio on (lit aujourd'lim.
:kr> i.rmiEs DK ui i>\rcv
I.KTTKK DIAXIV. - .\u >„£„„•.
Jo vous envoyai iiier, ce samedi 2 avril , do DOS nou voiles,
tellesqu elles, car on nedit plus rien <[iii vaille. Le roi roc-oil
force requetes, et promet do f'aire justice, et on I'attendant on
s'amusG a des badineries ; on parlo do la Ioterie,du jubile,du
, voyage do Fontaineble.au , do la oomeie et antres signes qui
out paru an ciel. Los trosoriers do France so sont plaints an
roi , inais ils n'ont pas obtonn co (|u'ils demandoient; on les
a renvoyes a M. Fonqnet, le surintendant des finances, qui
n'est pas co (ju'ils vouloient; car ils preleniloient cpio le roi
Ini-mome leur accorderoit cequ'ilsdemaiulent.
Jo soupai hior avec M. le premier president, (pii mo ditcju'il
avoit mi arrot du const.'il pour le 1'abais dos tallies, do Tan
1(502, do trois millions, inais c'(;st si pen <pieee n'osl point la
peine d'on parlor; que le roi a anssi accordo nno snrseanco
sur les francs iiel's et autrcs affaires du doinaino; inais c'esl
bien lard , apres qn'on a bien lourniiMite du monde et ipif
Ton n'on pout ])lus^uoro tiror; il mo (lit anssi les vors latins
(|ui ont etc t'aits sur 1'opiscopat do /.nnnn ltn<l<'<li •/ , doul I On
fait iciautourM. (iaumin . hommo I'ort savant ct doyen dos
niaitros dos requ<Hes.
XUHC comniitaa Inpo /K/x/oy/x or///i cci'iiis.
DcdiTiis mule lioinin mn , dcilccux un/lc l)*i.
II ost vrai (pie Xool Falconet eludie bion , et <pi il eooiite
attentivement co (juo jo dis a mos lecons, et memo qu'il on
confere avec moi apres, n uthnun ln'nd II no manque pas
d'esprit , mais I'application ost souvent distraite. II n'y a ipio
vous ipii jtuissiox fixer le morcuro do cot esprit , co qui arri-
vera beiireusement par votro autorili'1 et par volro exeinplo.
I'iiris t'ournil trop do distractions aux jeunos ^ens, <pii ne
se pouvoiil pa^ reienir d enx-momes: e(>t ai;o osl >ujel a do-
A KAI.CO.VKT. :{;.:;
emporlenients , quibus tlelendimmt (tv?rrurtC(tn<lui mm /<'//< //<•/••
i nl is Alt-.i'ii-iii'i (fiiiini i>nh'nin r/nrn t'fffnifltw. Jo vous bnise
les mains , et suis do tout nion neur votro , etc.
l)e Paris. IP o a>ril IWil.
LKTTKK WAXV. — ,U w/™/<-.
Je vous remei'cie de la votre el do cello dc M. Meyssouiei',
je vous prie dc reun-rcioi1 pour moi , n'ayaiit ririi a lui
inaiulor; car il me parle d'aslrologie , oil jo n'ontciids rion ,
rt je n'en veux pas inomo rion approndro do pour d'on do-
vonir t'ou. Je n'ai rien vu dos observations d'Allemagnc sin1
la comote dont il me parle, qu'une simple taille-douco, faile
it Strasbourg, qui n'ost pas fort considerable.
La niece Marie, qui esl line dos princesses ma/ariues, a
etc aujourd'hui mariee par procureur au prince Colonno. On
lui donne en mariage un million de livres en beaux louis d'or.
J^e mariage de mademoiselle d'Orleans, lille aim-e du second
lit du due d'Orleans, esl reeule I'aule d'ai'gont ('(implant. II
n'y en a point pour les enlants de la maison, ipioiqn'il y en
ait de reste pour les Ma/.arines.
On a ici deeouvert que le cardinal Ma/.arin n'etoil pi»inl na-
turalise Francois, et qu'ainsi tout le bien cpi'il a laisse est
sujet a 1'aubaine : on en parle fort ici. Quelqiies tins disenl
(jue sa haute fortune I'a aveugle ; d'auti'es, i|ni vont plus
loin, pretendent qu'il avoit dessein de devenir pape, et <pie
eette naturalisation Ten auroit oinpeche. Sur <|uoi i'on dit en
riant qu'il a bien ferre la mule, mais (ju'il n'a jamais monte
dessus. (^e proverbe, de lerrer la nude, vient de Sin-tone,
dans la vie de Vespasien , lorsque ce bon mais avare prince
demanda a son nudetier : (>/"mfi ruln-nsfi :' Mais, a I'avariee
(ires, pint ii Dion quo la France en out plusieurs semblables !
l,e tils du marecbal de \ illeroy tomba bier dr cbeval a I'Ara -
ill. 'l-\
354 I.ETTHES I>E (.l"l PATI.V
demie , et se blessa fort a la tele. Ce seroit gram! dommage
qu'il lui en arrival accident. ,Ie suis volie, etc.
Do 1'aris, co 12 avril 16(51.
LKTTKK WAX VI. — Ait uirine.
Depuis ina derniere , que je vous envoyai par la voie de
M. F*****, je me suis avise de fa ire un mot de reponse a
M. Dinkel , el de vous TcDvoycr pour vous prier dc lui f'aiiv
tftnir a Strasbourg.
On parle ici de plusieurs signes([iii out etc vusau cicl dans
toute 1'Allemagne outre la comele, el de plus <|u'a Leipsick
t>D a Irouve plusieurs tombeaux on verts, dans lesquels il pa-
roissoit du sang. Je ne suis pas d'avis d'en pleurev, il n'est
peut-etrc pas vrai; le peuple sot et crcdule prend plaisir a
t'aire de tels contes , mais quelque chose tpii puisse arriver, il
s'y faudra resoudre.
Je tacherai de scrvir cet apotliicaire allemaud qui m'est
venu voir de votre part 11 m'a (lit <pi'il vondroit bien ctre
ici quelque six mois dans quelque bonne boutique , mais il
n'y en a plus guere de bonnes. Dieu inerci , les gens de bien
cl la miscre du temps, ces deux rencontres, avec le sent;
el le Mf''(l<.'dn c/iin-iffifi/c , out I'tiini'1 les apotliicaires de Paris.
Les chirurgiens merileroient bien j)areil traitement jionr Icur
insolence; mais il faut qu'il survienne quelque cliose qui re-
veille encore davantage notie Kaculte et qui nous I'asse t;n-
trer en plus grosse colere.
Knlin la petite Marie, niece du cardinal Ma/arin, a ete
marieepar procureur avec le prince Colonne, et est partie le
13 de ce mois par ordrc du roi pour aller trouver son mari.
Kile emporte d'ici un million d'argent comptanl. C/est ainsi
que la France nourril les petits poiss(>ns d'ltalie. Je suis , etc.
DC I'aris, lo 1S avril KKil,
A KAI.OINKT. .V>.r>
LKTTHK IH.XXYII. - \n ,„<>„„:
Aujourd'hui , cc satnedi 26 avril , j'ai tail tailler par
M. Colot mi vieux bourgeois nomine M. Chanlate. dans la
rue Saint-Denis , oil j'ai mene Noel Falconet, <|iii a vn a
son aise le mystere do I'operation; on lui a tin; en peu de
temps une grosse pierre du poids de quatre onces et d«'ini<$ ,
elle est grosse plus qu'un gros u'uf d'oie. Le bonhomme a
soixante-dix-huit ans, et ainsi esl en danger d en mourir ;
pourtanl j'en ai bonne opinion.
11 y a en ee matin, dini;incbe 17 avril, force fanfares en
notre eglise deSaint-Germain-rAuxen'ois; le roi y a rendn le
painbenit avec grandes ceremonies, litres, tambours et front-
pettes ; il y a assiste lui-meme avec les deux I'eines et fonle
la cour. On (lit qu'il partira dans huit jours pour Fonfaine-
bleau , et que le lils de 31. le mareclial de Yilleroi se poi te
mieux. Lecoup n'ayant point ete jus(|u'a la tete, il-n'ya rien
eu decasse; le vomissement n a ete (jue, <!<• compressione vt-n-
friculi , sur lequel le pommeau de la selle avoit apj)uye par
la cbute du clieval. Voila un coup heureux , et un tils aine
(juitteabon marcbe d'un grand malheur. I'nepareille chute
ne fut point si heureuse au jeune prince de Castille, oncle de
I'empereur Charles V. a qui un elieval cassa la trie, et lit
passer 1'Kspagne tout enlier*; a Jeanne dc Castille, title de
Ferdinand et d'lsabelle, hKjuelle Jeanne fut meie de Charles V
et fern me de Pbilippe-le-Heau , lils de Maximilien I" et de
Marie de Bourgogne, laquelle poi'la les dix-sept pi-oxinct^
des Pays-lias a la maison d'Autriche, <ln hicn d'unliui i-icln-.
Si le roi Louis XI cut etc bien a\is»'', il cut marie eette Marie
a Charles, due d'Angouleme , pen- de Franeois \"\ et ainsi
les Pays Bus nous fussent demt ures, el cela eut sauve la vie
a bien du monde , et la maison d'Autriche seroit encore bien
M-ehe dans 1 extremite de 1'Alleinagne Nouspouve/. me re-
,'W) l.KTTKES I»K i. II I'ATiV
procher que jo la is ici le politique sans neeossile, amsi \c niij
tiiis el YOIIS eutrolieiidrai d'autre chose.
Cejonrd'hui luiuli 18 avril , M. le premier president a piv-
senle ;ui roi MM. los direoteurs de 1'Hdpital-General , quiont
fait entendre a S. M. les uecessites do cettc maison publiqne,
par les di verses causes qni lour fourmssoient taut de gueux,
entre atitres <|iie cola venoit do ee <pie la campapne n'etoit
point soula^ee, bien que la paix iVit laite, et de ee (pie los
eapitaines renvoyoient los soldals do lour ^arnison fan to do
paieinent. [jO roi lour a promis il'y romedier, et d'avoir ouard
atonies lours belles, fortes, eharilahles et eliretionnos re-
montranres.
J'ai vu co matin nn honnote hoinnie do f.yon , inalado,
nomine M. Perrin, ipii m'a dit ipu1 vous etie/ son niodocin,
el (piol(jiiefV)is M. do Rhodes, quand vous otioz malado. Nous
avons [nirledcM. Spon, (pi'il conuoit el qu'il estime: il dit
ipi'il a connu toulo, lafamillo, que c'otoient d'honnetes gens:
il dit qifou lui a domx: avis (pi'a I'at is il y avoit dos charla-
tans qni protondoient passer pour Brands modeciiis, on don-
naiildu vin ('mi'tiipio, ot qu'ou 1'avoil avorti de se garder de
cos ^ens-la, ot do no point tombor onli't1 Icuis mains, f/avis
tpiOii lui a donne me somblt! fort raisounablo. (Test a VIMIS
do ju^er s'ii on a ou un boil , (juaud il m'a pro Co re it taut d'au-
tros (|ni sout ici. -lo crois (|u'il m'a ehoisi parco quo jo suis
rnnomi jurt'1 do la charlatauerie.
On imprimo ici V lllxtnire ot les Mf'iniHt'ca 'In imn'f'chnl <lf
Mt/t/(/u/in, iu-fblio, avoc un aulro livro fort curioux, l'///'x--
luirt' <li' in iiHiisiiii i'oijuli' <li' Cinii-ti run/ , ol un autro volume
in-lolio, V IJixtiiii'i' il<' I" (lr«iitli'~llr<'t<i<ini' , faito par M. Sal-
monet. On imprime pareilloment, au Louvre, le tome III du
Minixfri1 il'I'Jnl, de M. Sillion , in-(piarlo; lout cela sera cu-
rieux et bou. Jo vous baise (res liuniblemonl les mains, et
snis de toule moil aine volrt" , etc.
I),- I'jiri-i. !«• I!) ;i\ril KJiil.
\ I Al.l.ONKf. .'..!,
LKTTIIK IHAXVUl. - .t« men,-.
Le roi est, cesamedi ~l'.\ d'avril , a Fontaiuebleau ; la reiue-
niere s'y en va avec. le conseil et toute la cour. On ne (lit en-
core rien de nuuveau touchunt le cbangement du gouverne-
inent depuis la mort du Mazarin.
Le bonhomme Seipion Dupleix, historioyrapho de Knmre.
age de quatre-vingt-onze ans, est inort dans ^a maiMin de
Condom. II y avoit fort longtemps que jfi le connoissois; je
l';ivois ici traite bitMi malade 1'an 162;>; il y avoit drja sept
aus que j'etois de ses amis. 11 a bien travaille touto sa vie ct
n'a pas eu grande recompense; le cardinal de Kicbeliru lui
manqua an besoin , car il mounit an meme temps (pi'il Ini
avoit proniis de le faii'c payer dc ses appointements, qui Ini
eloient dus depuis plusieurs annees. Sa /'/it'losoji/tie frmirnisi-
n'est pas mauvaise , son Hi^nirc miHutix- est I'ort bonne; son
Histoirc <lt- FniKCi' seroit passable, s'il n'avoit pas taut llatlc
le cardinal de Richelieu , niais il est excusable de ee qu il ne
pouvoit alors t'aire autrement, pnis<|u'il ecrivoit 1'bistoirede
son temps sous la tyrannie de celui qui y prenoit part et qni
vouloit <pue cela allat ainsi. Ihirum t-*t siTrin- duuiino /<•/•>»/'.
Le cardinal de Kiclielien ressembloit a Tibere, <-r<it ">//'-/• <•/
/>it>/tif/s , oituniiin cci'i'H'ilftts muni iH'liul . ft iitniii niilmt iir in I'liifn
/rrrcn : c'etoit un atrabilaire <[ni vouloit re^ner : ITU/ ,/>ii//f/-r
nmcftifnr. Lt: Ma/.arin n aimoit pas taut la vengeance in !••
sang, niais il etoit grand conpeur dt1 bourses : /;/»//•<(/•///// sun-
(jnl)H'nt I'ljinlit , ijHin innn'inii SU/I//HI /inn sn.ii/ >J . lout le
monde parle encore ici de lui, mais [)ersonne n'en dit du
bien; on dit seulement (|u il e.st mort sans qu'il y ait aucim
autre cbangement. Toute !,i maison de la reine mere e>t I'nrt
leste et brave pour la conduii'e a Kontainebleau; on ne parle
\\. ('.<• parallel'', i|iii in* r<"-sciiil)l»1 j'.urn1 ii cclui ill1 N ollairr nc innii-
(jtir pour I, -in I ni dc lorcc ni dc MM lie. (iui I 'a tin le (< i mine p;n MIIC lii<'n
'•niello retlc\ioi\. II P.
3r>S l.KTTKt> DK i.ll I'VTl.N
in que de ee beau train, et de tantde beaux rlievaux. Jen'ai
garde d'y rieii trouver de mauvais, puisque c'est la meredu
roi ; inais pint a Dieu que le pauvre penple cut plus de pain a
manger, et qu'on no mourut pas de faim a la campagne tan-
dis que la cour est si leste.
La reine-mere. ce 25 avril, est partie avec son beau train
ce matin, est allee diner it Essone, et couclier a Fontaine-
bleau; grand nionde va aujourd'hui dire adieu a M. le clian-
celier, ([ui parlira demain avec MM. les maitres des requetes.
La nouvelie est certaine que le roi d'Angleterre epouse la
s<eur du roi de Portugal et douze millions qu'elle lui apporfe.
avec deux villes qu'on lui doniie dans les Indes. II s'oblige
tie i'ournir dix mille hommes entretenus pour les interets du
Portugal, taut contre le roi d'Espagne que tout autre, sur
quoi il fait entrer des soldats dans la France par Dunkerque,
el a fait assieger une ville dans les hides sur les Hollandois.
(jiii est ii sa bienseancc. Si cela est vrai , voila le roi d'Espagne
liors d'etat tie songer a la conquete du Portugal.
On parle aussi du couronnement <ln roi d'Angleterre, qui
se doit f'aire dans Londres, le.'i inai. Je vous baise les mains,
a mademoiselle Falconet et ii M. Spon imtre bon ami. et suis
de totite mon ame votre, etc.
De I'aris, le -2o avril !(><>!.
LETTKE DIAXIX. — .A« nu'w.
Notn; M. (Aturtois, ce samcdi 7 mai , est encore bien ma-
lade. Quoiqu'il ait ete saigne douze Ibis , je ne vois pas encore
sa guerisou assuree : son merite me fait peur de sa perte, et
je le tiens un des plus sages et des plus savants de notreconi-
pagnie. J'ai encore une autre malade en grand danger, c'est
madame Oulaurens, agve de qualre-vingt-uu ans; elle est
mere du conseiller et belle-sirur <!e feu M. Andre Dulanrens.
<|ui a fait V. \iifitiniiif. File s'appt>lle Anne Robert, ill le du
savant avocat \nne Hubert . qui a fait desi beaux plaidoyers.
V ULl.oMvl. 359
/ Hubert i , rcruni jmlirvtitrum , etc. Le livre s»e truuvc en
latin et en francois.
Je viens d'apprendre que Ton imprime a Paris un nouveau
livredu P Theophile Ueynaud, /JcT/n-o^/iilin; il y en a do bons
et de mauvais. Jc m'imagine qu'il n'aura pas oublie d'y par-
ler de ce pauvre Francois , 'J'/teuft/n'li' I '/<///</, qui moimit ici
fort jeune, d'une pilule narcotique quo Gui de Labrosse lui
donna pour dorniir, dont il dort encore; ce fut Tan 162~, et
il n'etoit age (pie de (rente-six ans I).
M. Courtois, ce dimanche 8 niai, a tine grande sueur cri-
tique , de laquelle il n'a ete soulage que tres pen ; je commence
a le purger, in s/ietu tcrutionis et inel inn's d'ri. Sola rat/tarsia
latest tuntinn morbum pei'curare. / tinom cit<> cnnculesfdt!
On dit ici que M. d'Kspernon est fort malade, en son hotel,
d'une suppression d'urine, et queM. Fabert, lemarechal, si1
meurt a Sedan; meme on dit (jue les medecins 1'ont aban-
donne. Madame la grande-duchesse de Toscane partit bier
pour 1'Italie; sa sajur ainee la doit conduire jusqu'a tine jour-
nee de Paris seulement.
Aujourd'hui, ce lundi 9 inai , m'a ete rendue une lettre
de votre part, par un lionnete Lyonnois, qui demande ii olite-
nir une audience deM. le premier president; maiscela ne se
peut faire, car il est au lit malade, enlre les mains du sieur
(iuenaut, (jui a recule la guerison au lieu de 1'avancer : 1'ayant
purge trop tot, cela les a obliges de recount1 a la saignee et
plusieurs fois. On commence maintenant a le purger, mais
il a un grand mal delete qui einpeche qu'on ne lui parled'au-
cune, allaire. J'ai promis a volre ami <iue dt-s <pi'il sera gue'ri
je Tii'ai voir, et que je tacherai d'oblenir quelque chose pour
lui. Ne vous etonne/ point si je ne suis j>as son medecin, (.itie-
vl (iiii I'atin n'ainiail pa.- co incdcoin , celebrcii jusle litre ; j'on ai
<lil la raison , \oyi-7. la note Ju tome I, p. S2. (Juaul a Tlieoi>liite Viand
on Dei'iau, il n'csl jtas d'homim- do letlrcs qui no saclio quo co furonl
sos oxc'cs, sos folios, sos inalliours , sa lon;',uo prison , qui le lirenl suo-
ooinber dans la Hour dc Pa|;o . lo -20 srptembro 16-20 et urn 1(527.
H. P.
iiiiiit lest il \ a plus de vingl-six ans, par des raisons poli-
li(|ucs : il y a 1111 autre petit medecin <lu eommun pour la
1'amillc.
Noel Falconet vous tninscrit .\.rium<it<i Dnrcti; il y a quel-
que chose de fort bon, rnais eel a est court, et a cette imita-
tion j'en fins nn dont je lui ferai present; il y anra quantity
de bons mots, <|ui in'ont servi quelquelbis et bien son vent en
ines explications piibli(|iies.
M. d'Kspernon continue d'etre bien malade: c'est une sup-
pression d'nrine produite par une pierre (ju'il a dans la vessie;
c'est le jugcment des medeeins ; pourtant un chiruryien a dit
que e'est une earnosite. Feu M. 1'ietre disoit que ces barbiers
ne inan(]uoient jamais de mentir en ce cas la ; (juoi (jn'il en
soil , il est fort malade.
II court ici quantited'epitaphes centre le cardinal Ma/arin,
dont Noel Falconet fait un recueil ; plusieurs etranyers en
font ici de meme, avecdessein de les fa ire imprimer ensemble
en Flandre ou en Hollande, ce <jui arrivera taut plus tot (|ue
Ton n'en a ose imprimer dedeca, le roi 1'ayant expressemeul
defend u. Voussavezce (jue dit Medee, dans Ovide : Vidt-n nx>-
, detai'iora fequor. Xithmn- in cetidun seni/jcr,
l. d'Kspernon a fait son testament; ondif
qu'il donne tout son bien a son neveu, Monsieur, I'reredu roi,
(juti Ton appeloit ci-devant due d'Anjon : c'est que sadefunte
femme etoit lille naturelh1 d'Henri IV et de madame de Vcr-
neuil , et par consequent sirur de M. deMetz, ablx; d»- Saint-
C.crmain-des-Pres el maninis de Yemeni I.
J'ai fail; aujourd'hui apres-midi une fort bonne leeon, en
laquelle j'ai amplement explique 1'apoplexie, uii j'ai sanglo
lesii[iothicaires qui voudroient epuiserleur boutique sur cette
maladie, mais en vain; nous ne la yui'rissons (jne par la
prompleet freqnente saignet; (l). .le vous liaise tres Iminblc-
ment les mains, et suis de toute mon aine votre, elc.
Do Paris, le lOmai Mini.
1 (jui I'nh'n ;i r ompletomoiit raison luemc aujourd'hui. bieu qu*1
LKTTHK DLXXX. --Attmemc.
Voila que je vousenvoie, co samedi If inai , tine lettre
queM. votre frcre le prdtre a apportee CD mon absence. Voici
une autre affaire pour laquelle j'ai bien regret de vous donner
de la peine; inais je ne puts t'aire autrcinent; r.'est un cas im-
prevu , etdont jene me pouvois garder, etant impossible aux
gens do bien d'aller au-devant de la malice des homines ,
coinme vousalle/ entendre.
I:n de mes ecoliers, aujourd'lmi docteur en medecine, qui
exeree dans Francfbrt, et qui m'aime, sur 1'exemple d'Hip-
pocrale, a 1'egal de ses parents, m'envoie tous les ans un
paqtiet de livres qu'il pent ramasser aux deux foires de Franc-
fort (vous savez que toutes les curiosities de 1'Europe se ren-
contrent la). II donne ce paquet a MM. de Tournes, libraires
de Geneve , qui sont a Francfbrt a la foirede Paques. La meme
chose s'est faitecette annee ; ilsl'ont mis dans leurs balles et
1'ont fait venir a (ieneve , et de Geneve 1'ont envoy*! a Lyon,
et, suivant la coutume, 1'ont adresse a M. Anisson, libraire ,
pour me le fa ire tenir , comme ils out fait ci-devant. Le syn-
dic des libraires de Lyon a fait laisser mon paquet a la douane
pour picjue (ju'il a contre les libraires de (ieneve, coinme s'il
avoit(juelque droit sur le paquet qui neluidoitrien, et comme
si c'etoient des livres huguenots. Je ne crois pas qu il y en ait
tin de celte religion; inais quand il y en auroit <iuel(|u'un ,
c'est un present que Ton me fait, et meme il en vient a Paris
tous les jours de tous cotes, d'Angleterre, de Ilollande , d'AI-
lemagne. Ce paquet est extraordinairement compose de livre*;
de medecine, de philosophic, d humanites, (jui sont les funde-
iions commissions braucoup niieux los C.TUSOS cl les cllcts do rapoplcxir.
Kl le croirait on .' la reprobation <lont il irappa certains icmedes anli-
apoplectiqucs pretendus est encore applicable de nos jours. Qui n'a pa-
eii(oii(lu parlor des s«r/«'/sdu sieur Arnoux, (|ii'on pen«l an cou coiiuiic
preser>atils de 1'apoplcxio. 0 (aiblosso ! 6 sotlii-c humaine ! 'K. 1'.
362 LETTKES UE (,(1 PA1IN
mentsdeinabibliotheque. M. Anisson me inande par sa lettre
que jevous envoie, qu'il faut avoir un arret de defense contre
M. le lieutenant-general ; mais le conseil que j'en ai pris est
d'un a utre avis, qui est de faire representer a mondit sieur
lieutenant-general de votre ville mes raisons, afin d'obtenir
de lui par douceur que le paquet me soil rendu. Je ne me sers
nullement de livres huguenots et n'en ai que faire, mais le
roi meme permet bien qu'il en vienne a Paris de Geneve. Je
erois qu'il y a dans ce pa([iiet : Maltha cet/ts at nwn , qui est
'une histoire de 1'ile do Make, in-folio, et plusieurs autres
petits livres curieux de medecine, que AI. SchelFer ramasso
tout le long de 1'annee pour m'en faire un petit present. Je
n'ai point la facture dudit paquet et ne sais s'il est gros. Quoi
qu'il en soil , s'il y en a quelques uns que mondit sieur lieu-
tenant-general veuille etre retenus, qu'il le fasse ; mais il n'y
a rieu qui puisse donner droit de confiscation an syndic des
libra ires de Lyon. Je pense que si vous en voulez prior
M. votre lieutenant-general, qui ne vous refusera pas cette
justice , dictantum rcrliurn, ct sanabitur aninw men. C'est pour
I'embellissement et la perfection d'une bibliotheque qui est
:»70£!ov TYJC \Lu^?;,-, tnf.'dflu (iniiiHc. Si vous n'etes pas son mede-
cin , priez s'il vous plait celui qui Test d'obtenir cette grace
pour moi de M. le lieutenant-general. S'il vous y taut de-
bourser de 1'argent, je vous en tiendrai cornpte ; s'il faut
plaider a Paris contre le syndic des libraires , je suis tout
pret ; je n!y nianquerai ni de bonnes raisons ni d'amis. Ex-
cusez-moi si je vous donue tant de peine , c'est 1'iniquite du
siecle qui est cause : nimis tnulto licent ituprobi^. Vous save/
bien ceque (lit Martial :
inlntntctnos habvl o/'/?r/ • sitx tnnicox.
Si Uieu nous fait la grace d'obtenir ce paquet , vous Ic fi-ivz.
s'il vous plait , garder cluv, vous on chez M. Spon , et apres
on avisera de le faire veuir; mais il fa in Ira encore aouti-r
v KAI.CO.NKI. ;16.<
los Questions >ne<lico~l'-y(il('x tie, l>. /accliias, qu un domes
amis de Hruxelles desire avoir, et a qui je I'ai proiuis. Si vous
prene/ la peinede parler de noire paquet saisi a MM. Hugne-
tan et Kavaud , peut-etre (ju'ils vous f'ourniront quetque ex-
pedient pour vous le fa ire rentlre. Je me suis autrefois mele
ici pour eux d'une pareille affaire , dont ils eurent contente-
inent, a la priereque j'en fis a M. le lieutenant civil , qui me
fait I'honneur de m'aimer. Je vous demande pardon de taut
de peine; mais au moms vous voyez queen n'estpas ma 1'aute,
re n'est (jue mon malheur qui est commun aux gens de bien.
I, a chicane n'a que trop de credit en France , et 1 'innocence
n'est que trop persecutes. Sponiinn nostrum mil at n , royoqur nt
tibi tnihiijue opi'tti fcrn.t in />/-<rwi>fi itcf/of/o, ttiliqw difficultatf
litwreinur : in tun cntiii rjttsrjna nt HOX umwe jjlurimuni&pei ;•'>-
/inn/iii/ai. Je vous baise les mains , et suis de tout mon civiir
votre, etc.
/'. .V. M. d'Espernon se porte mieux ; il n'y a rien de nou-
veau a la cour, ils sont tons «a Fontainebleau avec la reine
fj'rosse. I.e roi d'Anyleterre a ete couronne en grande pompe
et ceremonie. Notre M. Courtois est encore malade, et le sera.
rfegenerat i-nint ntorbus (trtttus in diutin-nmn , w/if/uif/' mnijini'
nos cxerrcnt. II a ete saigne seize fois et purge liuit t'ois , ft i»-
»<en nliquid super (>*(• C'est le meilleur ami que j'aie dans la
Faculte , «;t le plus honnete homme.
He Paris, ce 17 mai ICfil.
LET'I'KK DLXXXI. -\" »"'»»'•
On dit ici qne le roi d'Kthiopie , aiitremenl dif empereui'
des Abyssins, on le grand Ni'-gns . ou le jiivtre Jean, ayanl
reconnn 1'avariee el rambition des jt'suites, les a tons cbaW-s
de ses pays , comnie aussi tons les catbdliiiues lonr.tins. d'au-
lant qn'ils in«-lloient tons ses pays en desordre par Imp dr
cabales.
:{(i<f I.KI IUH> nt (-1 i rvn.x
Lc prince (.!•• (lonti est iei arrive, avec grande joie de trouver
un fils en sa maison et sa femme en bonne sante.
Le cointe deSoissons a fait appeler en duel M. de Navailles,
qui !':i refuse, alleguant pour ses raisons les defenses du roi
tant de Ibis reiterees ; il s'en est plaint an roi , qui a envoy*; le-
dit comte en son gouvernement , et dans la Bastille It; cheva-
lier deMaiipeou , qui avoit porte ledeli.
Mademoiselle de Label a un Ills de dome ans, nomine Hu-
gues, fort malade; elle m'a envoye ([iierir le neuvieme jour
d'une iievre continue, durant lesquels il n'a etc saigne (jut1
deux fois, eta pris quelques poudres (|u'elle lui a donnees; il
est en grand danger. Onincx jilcriqnc Itnmhtc* nun i«ni tif/mfnr,
quatu itbuntiir inyenio suo. Elle a assex d'esprit, mais elle s'est
voulu meler d'un metier oil elle ne connoit rien , qnl non in-
telliynnt o/'tes , no/t nn'raitfio' artifices, ace <jue dit Sidonius
Apollinaris , eveque marie deClerraont en Auvergne (1).
Dieu soil loue quc nous aurons bientot quelque chose du
bon pere Theophile Haynaud , que je recevrai comme un
grand present de votre part. Mais pour YHintatrc ftc Snn/ic,
je la veux payer, autrement je ne la dijsire point; je la ferai
voir a bien du monde curieux qui me vient voir sou vent; mais
n'aurons-nous jamais son Snnc/us Georyius ('(qqxitlo.c^ ,!»•
I'attends pour le fa ire relier avec son Saint-Antoine et Sirur
.Marie Egytienne.
.le liens M Marbier en bonnes mains, puisque vous le trai-
te?, : mais je crois qu'il le faut purger souvent avec une demi-
(l)Ccn'cst pas sans arriere-pensee ijuc (iui Palin sc srrl dc res
mots Ires significatiis : cci!<i>ie nun-it'. 11 esl cerlain qur Sidoinc Apol-
linairc ( Cains Snlli/ts Sidonius Apollinaris], ret illu.-tro I. \oiiiiais
du v sieclc , elait marie . mais avant d'rlre (Hiviue. II a\ait epoiise
I'apianilla , (illc d'A\ilns, qui lut dcpuis einpercur, dont la maison
di1 I'oiij'.nac a pretcndu desccndre. II esl certain oncori1 (juc Suloiiir
.\l>oHin;:ire Cut eleve on 472 an sio^c episcopal d'Arverna C,ler-
monl }, ct qne sa lemmo \\M\\\ encore: die ne monrnt (|iie den\ <m
trni< ans apres. l/K^lisr lolerail sans iloule alors de pareils arrange-
ment*. Sidoine A|xillinaire monrnl !'• 2.'i a«nt VS'.I. \\. P.
\ FALCONET. .'{Go
once de sen/-, tint' once el demie de sirop de roses pales de
I an passe , y ajoutant meme quelquefois deux dragmes de
diaphu'iiix (I).
Le livre tie M. Sebizius est acheve a Strasbourg. M. Cour-
tois est bien mieux , srd rcmammt vetwis vestigia flammce im-
(irfmvt in vents , ideoqua ad hue indiget blanda catltursi , nndtu
cuntempwatione viscei'mn , sciincit/no , nqua vitulina, Incfc nai-
m'nu, sei'o lactiS) nci-is ct loci mutations, sccundum iH
(iol., lib. 5, Mef/todt, qni mittebnt eos quorum natura
ud ftifiein et plilhisi crmif obnoxit, <id numd'tn Stabiunmn , etc.
Ce mot me fait souvenir ilu triomphe que pretend mon (la-
rolus pour avoir trouve ce mot sur une medaille anti(jue de
(ieta , par laquelle il pretend que ces peuples out represente
nne vaelie sur leur monnoie , comine pour en oil'rir le lait a
leur empereur ; mais son frere (laracalle ne lui donna pas le
loisir de devenir etique, car il le poignarda bien jeune dans
le giron memo de sa mere Julia. Je vous dirai quelque jour le
nomdecelui qui a fait cette belle epitaphe du .Ma/.arin ; c'est
nn de nos professeurs du roi.
M. Chanlate se porte bien de sa taille, je 1'ai vu aujour-
«rhui ; il a un pen la goutte et dit (ju'il a soixante-dix-neiit
ans passes.
Noel Falconet ne manque pas de venir a mes lecons el a
la bolanique, a lacjuelle ii prend grand plaisir. II connoil deja
bien des herbes.
4t: vous prie, monsieur, d'assurer M. Spun que j'ai roeu ses
livres; je lui en ecrirai lout expres par le premier ordinaire.
J'ai taut d'affaires, <pie je ne le puis anjourd'liui ; j'ai eu six
consultations, dont d y en a deux de consequence aveedue-
naut et autres. Je vous baise les mains, el snis de toute mon
aine votre , etc.
DC I'aris , le '20 mai KM51.
I } Eloclnaiiv pur{;alif alors II-L-S emiiloyt* , fait avco des dalles et de
ta -ramiimiMT, C.etle composition pharinaoeiitique rt.nl connue do
aiineiis. K. I'.
i.KTTKKS DK C.C1 P\TI\
LKTTHE DLXXXII. - An
Je ne vous ecrivis hier, ce samedi 21 mat , en hate , qu'une
petite lettre : aussi n'avois-je guere de matiere. Ce matin je me
suis rendu che/ M. Mongin , maitre en droit , oil j'ai vu votre
conseiller, M. Pecoil , qui a etc taille de la pierre ; je 1'ai au-
tref'ois traite malade en celte ville , che/. ce meme M. Mongin ;
il m'a dit que vous lui avie/. montre de ines lettres ( lesqnelles
ne valent point la perne). Ii vent etre purge la semaine qui
vient ; je ferai ce que je pourrai pour son secours , et ceperi-
dant je vous remercie de tout le bien <[ue vous me f'aites , et
de tout ce que vous dites de moi.
J'ai ici rencontre nn nomine Fraguier, apothicaire, qui m'a
dit que votre Kousselet, de Lyon, etoit marie, que M. son pere
doit mort. 11 m'a dit aussi qu'il s'en alloit plaider centre lui
pour quelque argent qu'il lui doit. Je ne sais ce qu'est devemi
ce M. Kousselet; mais lorsqu'il etoit ici, il etoit bien fou et
bien debauche.
Notre M. Courtois estbeaucoup mieux ; il n'a prescjue plus
de tievre, il a de bonnes nuits et n'est jtoint allere; les petits
lavements lui font grand bien , mais il a dereste une t're<juence
de poulset (juelque impurete dans le ventre. Quand je 1'aurai
purge encore trois on ([uatre fois , j'espere de le mettre an lait
d'anesse, el de 1'envoyer aux champs. Son coi-ps est encore
tort ech auffe , il n'a besoin (jue de rafraichissements et de
temps pour se remettre: le lait d'anesse et 1'air des champs
iinuH' fi'rciil i>nit''tn>ii ; fii'i'ln t-t lori invttilni in l«li cnsn caldt'
ruiitmendiifitr « Gnleno. Je lui ai oll'ert aujourd'hui ma maison
tie Cormeilles ; mais il aime mieux s'en aller en son lieu natal,
qui est nn village devers Meaux , nomine' le.)/wV M* iiaiiw,
iliiquel il est parle thins A. Par*1. /:'./• humid ttiyur/u h'liingui'
<-ti$ii fiii'jin i/ifif/nf rtri pi'odiernnt : celui-ci en est nn bel
«'xemple, «-t plusieurs auti'es de dill/'rents pays et dc diver*
ll'lllpS.
A FALCONET. :t(v
......... Democriti fup'imlia
Summon posse lirox cl nidtjna t'.crmplii datum*
in palria crasnoqur snh acre nasri.
La nature ne fait ordinairement qu'une brnte, c'est I'odn-
cation qui fait i'liomme. M. Courtois a en un oncle nomine
M. Julien, qui etoit un excellent docteur deSorbonne, qui
I'a eleve et 1'a fait bien etudier: aussi est-il un des plus habiles
de la troupe avec MM. Pietre, Blondel , le Comte, Charpentier,
Morisset, Hommets, Preaux, (lermain, Li'^r, Fontaine,
Perrol, Lebreton, Moivau et aulres.
Je vousdemande, ce diniancht: -2-2 inai, pardon de la peine
que je vous ai donnee par nia derniere pour ce paquet de
livres (|iie le syndic de vos libraires de Lyon a saisi sur nioi a
ladouane, sous ombre qu'il vient d(! (ieneve; inais c'est qne
M. deTournes 1'a re^-u a Krancfort. pour me le laire tenir, dc la
partdeM.Seb Scheffer, medecin de Kraiieforl, qui a autrefois
etc ici nion auditeur. (>e sont divers livres, la plii]>art petits
el curieux , (jue Ton me ramasse a la foire, et (jn'oii m'envoie
une Ibis 1'an, qui sont presque tons de philosophic et de me-
decine; j'en ecris un mot de priere a M. Spon, >// ]//•<> me <-<>n-
jum-tis cirthns <t<j<it tccum , si vous n'en etes deja veiui ;'i bout.
Ce n'est pas (pie je ne mette toute mon esperauce en votre
credit, et a 1 amitie que vous ave/ pour nioi, mais c'est <jiie
je soubaile, pour vous de^a^er de tant d'1 peines, id re, tint
U'i'niii in jxir/i'iii <i/n't'tt . jmtijin' Ififtnris jj/ii'tifrjis ntnneswius,
I/Hull ItljClltCI' IK' tl'l/ttli IDIIIiiO ftlfttOlf IIIHIl'l , (fUtitll'S ItlilflKl
t/i//ir:i/f//fi xiilmriliif. Vous save/ bien la maxime de phi-
losophic: {l>t:i' snitf ffidcin inn tirfin, s/m/ wiflcin intt-r ,w. S'il
I'aul en plaider a Lyon , il vous aidera a solliciter lt> proces
contre ce syndic, a <pii je ne dois rien el a <\\i\ je n ai jamais
fail de mal.
J'ai vu ee matin, ce hindi -2^ inai, M. Pet-oil, qui a ete
piirye beureusement; je lui ai conte" I'liistoire de ce que le
syndic des libraires de Lyon m'a fait sur nion paquet de
:}fi8 I.ETTUKS DK <;n PATI.N
livres qu'il ;i fait arreter : il dit (in'iiii petit mot de recomman-
dalion ilft votre part a M. le lieutenant-general me I'cra obte-
nir main-levee, et s'est ofFert de vous en eerire ; mais je n'ai
point vouln qu'il en prit la peine, je m'attends uniquement a
votre secours, et crois, par prevision, que I'affaire est deja
f'aite.
On ne dit rien ici de nouveau de Fontainebleau ; on dit que
leroi fait esperer merveilles, mais en attendant qu'il est fort
resolu , meme avaricieux. J'aime mieux eroire qu'il e-.t bon
rnenager, jusqu'a ce que, connoissant ses grandes richesses,
il en puisse soulager le peuple. Nous avons ici line grosse
querelle, dans 1'Universite, du recteur de la Facultedes arts,
conlre les troisFacultes que Ton nomine superieures, sa\oir :
la theologie, le droit canon et la niedeeinc. Cette Faculte
des arts pretend avoir quatre voix , ii cause qu'elle a qualre
procureurs qui president a autant de nations , savoir : a celle
de France, Picardie, Norm and ie et Allemagne, laquellecon-
tient tous les pays etrangers. L'alFaire est prete d'etre plaidee.
Ceux de la Faculte des arts out fait un beau fact urn, que Ton
commence d'imprimer; je vous en enverrai une copie, dans
laquelle vous verre/, de belles clioses touchant ranli(juite de
1'Universite de Paris, depuis Cliarlemagne, (jui en fut le fun-
dateur, jusiju'a present, et meme de 1'etat des ecoles publi-
ques avant Charlemagne. Le factuni sera gros; mais ne dou-
te/. pas que les trois Facultes superieures n'y repondent, el
principalement les theologiens qui en sont fort animes; vous
an rex de I'lin et de 1'aulre, et en jugere/; il y aura la-dedans
de fort belles clioses.
Nous n'avons rien ici de nouveau, excepte lejubile; ce
sont des consolations spirituelles de grand bruit et peut-iMre
de peu de fruit, que Ton ofl're ii des gens qui ne s'en soucient
guere, tandis cjue lepauvre peuple de la campagne nieurl de
taim, et que 1 on ne lui doime jxtint de pain ni aiicun . nitre
soulagement.
Le due C.liarles i^t en Lorraine , mais il n'esl point a \ancy.
A KALCO.NKT. 3(M>
et n'y entrera point que les fortifications n'en soient abaltues ,
iiquoi I'on travaille; il y en a deux bastions a has.
Le triumvirat , qui a jusqu'ici subsiste on bonne intelli-
gence, donne a soupconner qu'il ne durera plus {juere, et
qu'il commence ii y avoir enlre eux (jueli|iie mesintelligence
sur cequ'ilsesperent d'avoir I'oreilledu roi , plus lesunsqtie
les autres.
M. Courtois est tout autremcut mieux d'aujourd'liui ; il
commencera deinain a se lever, et a mettre le pied bors du
lit; il 1'a echappe belle, moyennant dix-huit sai^nees et vingt
purgations, (iatlmn debet . fisculajjio , connne dit Soontte dans
rApologeti(|ue de Tertullien [1]. J'ai fait aujourd'hui une fort
bonne lecon , '/'- cjii/c/tsiii , avec. nn grand concours d'audi-
teurs de toute sorle de conditions. Je vous l»aise les mains , et
suis de tout mon co'iir votre . etc.
De Paris, le 24 mai I (Mil.
LETTUE DLXXXlll. \» m.-w.
M. lecomtede Verdun a eu , ce samedi -2S mai, audience,
et a gague son proces ; la sentence a etc conlirmee: Imtdcut
nintu IIIIIKI f/'/n/ii/i/nif. Je suis bien aise qu'enlin il ail obtenu
la justice qui lui etoit due. ("a etc sous M. le president de Nes-
mond , qui preside, tnndis que M. le premier president e>t
au lit. J'ai fait aujourd'hui une fort bonne lecon que .Noel
Falconet, ce me soluble, a toute retenue par co-ur. Jesuis
fort satisfait de ses etudes.
Les jesuites continuent de persecute!1 les jansenistes ; ils le
font avec plus de credit (pie du vivant du cardinal Ma/arin ;
le roi meine en a quelque soupcon , et a demande an j)Cie
r Oui. sans Joule, re M (.ouilois de\ait 1111 eoq a K.^culape , el
memo ileux. pom a\nir ecliapp^1 a la nialailie et an Irnilenieiit. K. I'.
Ill -'
370 I.KITKES, DE <.n PATIN
Annul s'il ne lui en laisoit point trop lairc, et s'il ifalloit
point trop avant ; neanmoins les buns peres out encore le
dessus; mais la supcrieure du convent du Port-Royal a en-
voye au roi une lettre qui fait espt'-rrr a ceux du parti des
jansemstes quelque moderation conlre la riguetir des jesuites.
M. le premier president se porte mieux : son mal de tete et
la lievre 1'ont quitte; il n'a plus que des lieniorrlioides qui lui
font de grandes douleurs: maise'est encore a^se/. voire tro]».
On avoit propose une consultation . et quatrc mcdecins y
avoient ete nommes. savoii1 : Pictve. le Comte, Hlondel et
moi, qui etois 1'ancien des (|uatre. (luenaut •'•luda et para le
coup, en disant que nous ctions des medecins de grec et de
latin. Helas! le bon seigneur ne >ait guero ni de 1'un ni de
1'autre. Les montagnes ne se rencontvcnt pas, mais les hom-
ines se rencontrent , H fu/i/'c"- nimn'-n* >>/ liiil><>nt rcdnnn-uln
Hiitrti:. J'aime ties cordialement le premier president, mais
je ne me soncie pas d'etre son medecin ; ce que je souhaite-
rois. c'est qu'il en eut pris de plus sav;iiil> et de moin> politi-
ques que (iue'naut; il a pourlant dit qu'il n'y aiii'oit point de
consultations queje n'en fnsse. Jen ai jjoint bonne opinion de
ces fivquentes hemorrhoidc^ : ii en i'ai.t oief la cause . et je !a
>ais bien , mais tout le monde ne la sail j>as. NDUS [io:.!\on>
croire cependant ce qu en a dit Hippocrale. -"/'/ rj> y.-tM-j-.-j.
T'7)v tv-v/Twv :<-//'7>r s/o.r-.v. Le dedans n'est pa.S trop bon et me
fait peur.
Le due de Lorraine a ele mandt'1 et est a la eour : mai> le>
plus fins n'en esperent ancun accommodement sincere. I In fait
courirle bruit que M Fouqiu t e>( mieu\ dan< !'e<jirit du roi
que pas un des autrcs ministre-,. Je n'en crois rien.
On commence ici le jubile pour prier hicii contie ie Tmv;
il me semble qu il seroit bon au^-i den t'aire nn i-ond,. |,(
taille. et qui est le plus grand cnnemj d,;> paiivres gen> dr
France.
Le inailre d'hotel de M. le premier president vienl d.- me
dire que son rnaitre nVst •.•nerf en etat d'aller pre/idre I'aii
\ KAI.CONK I. -* I
aux champs ; <|ii'il a besom do so relairo eneoro plus do \ inpt
jours, etqueoenx qui Tout traitr 1'ont trop Haltc. Ola rst
vrai , niais e'est •|iui tinonanl no ^ait plu> re qn il fait: ii »^l
vioux, et tantot par ignorance, tantot par fourberie, il la-
dote. Jf no nio lierois point ii lui
Jo vions do Cairo uno bonno lecon an Colloyo royal, avcc
line granile aflluoiu'O d'audilenrs J'y ai pris avancc pour
tpiin/e jours, a oanso dos fr-tos ot dn jul>ilf. J'ai cmiscillc
a Tassembloo, (jn'apros avoir oto aux stations <lu paj>»-. flit-
doit employer co (|iii lui rostora d«- t«'inps a lnc la '/»///«./- //.
(iitlicu ot los .\]iJnirifim'!i '/'////<//•'•/"/'. On lie pfiit ^in'-re
inioiix t'airo. Jr vons baiso los inain>. ct >ni> dr tout nmn
nour votro . t'to.
l)e Fari>, lo :ll mai \M\ .
LETTHE DLXXXIV. - .\,< ,„;.,„...
Jo vions d'approndro d'nn bon ondroit »|u'il y aura uiu-i'ic
on Kspagno . par le moyon di1 1'alliaiii-o »pii o>t t'aito onliv U-^
tois d'Anirlotorro ot do Portugal . auxipi-'ls so joii;n»Mit lt'>
rois do V\v. ot do ,Maroo . ot autros jirinco du ot'itf do 1'Atii -
ijiit1. Coux-i'i inonaoont d'ontror on Espauiit1 a\t"'0 uiit1 arniff
do 100.000 Main vs . lost|iiols pn tondont i]iio !o pa\s h'-nr ap-
partiont , ot (juo lo ro; d'Ksi'.iuP.o n'a point on lo droll do lo^
t lias>or. ooinnio il a t'ait I an Kiln. Au\ I'.ananos. !.•> H..llan-
dois do la oompagnio ilos In dos m ionlalos . (\\\\ o>t ii • s puiv-
v.inlo. out ronoiMitro St'pt vais-oaiix .uiploo ,;n d> out p: i>
mi cotdos a fond. Voi!;i looommonooniont d'uno ;uitro miori'i'
outre los An^lois ot los Hollaiulois; >; oo!a ooiitinno. i'on\-oi
s'aooorderont avoo los Espaunols, qui l.-i.r laissoront tpiolquc
\dlo dt1 I'landio pour on obtonir dn soooiirs I. ON oarios ><•
\oiit brouiller olie/ iu>s voisins: Mien vouillo uiit1 lo inal no
\itMint' point jiiMjno olio/ n, MI--' N.IIIN di a\"ii- o;i a->c/ . H
3/2 I.KTTRES DK <;n PATIN
en avons encore ; neanmoins il y a a craiudiv, car ce soul nos
voisins. Vous save/ ce beau vers d'Ovide (l) :
Tune lua res agihir. paries quum proxiinu/t anlel.
Kt voilu votro tres desiree lettrequi in'aete rendue. Je vous
rends graces tres humbles de taut de peines que je vous ai
doimees pour mon ballot, duquel je n'ai point recu do Caclure;
mais je suis persuade qu'il u'y a dedans aucun livre perui-
cieux : d'ou viendroit-il? (Mi lie vend point de tels livres a la
f'oire de Franefort, et nieme ils n'y seroient point toleres. \A>
magistrat dece pays-la est pour le rnoins autant regie que le
syndic deslibrairesde Lyou. Peut-etre qu'il y en a quelqu'un
huguenot, mais c'est sans dessein , joint que le roi n'einpeche
point (|u'il n'en vienne ici de Geneve , de Hollande, d'Angle-
terre et d'ailleurs. Xos libraires huguenots en out ici leuvs
inagasiiis Ibrtgarnis , qui sont venus de Geneve et d'ailleurs.
,1'ai (ait moi seul toute ma bibliotheque et achete tons mes
livres; j'en ai pour plus de ^0,000 IV., et neanmoinsje puis
jurer qu'il n'y en a point ceans pour deux pistoles d'hugue-
nots. Je n'ai mil dessein pour ces livres, qui ne servcnt de
rien a mes etudes. Peut-etre qu'il y en a (juel(|u'un de, nou-
veau fait que Ton m'envoie par curiosite: mais cela ne donne
|>oint droit de saisir a votre syndic, pnisqu'il en arrive tons
les jours de tons les coles a Paris. Mais de pour que votre
syndic ne trouve point asse/ forte cette raison , tpii n'est cjue
morale, j'ai recours a votre amitie , et allegue pour raison
politique f/ne Icroi uc I'cnipf'C/tf' jiahif. J'ai blende ['obligation
au soin que vous en prenez et a M. de l>agneau, aiKjuel je
liaise tres humblement les mains, et le remercie de sa bonne
afl'ection. Dites moi, s'il vous[>lait. le nom de ce syndic des
'ibraires de Lyon ; jieut-etre ipu' nous nous rencontrerons
quel(|Ue part, et qui est !e medecin de M. le lieutenant-ge'iK'-
ral de Lyon : si ee n'est vous, n'est-ce point M. Gamier''
1 .Nun pas d'Ovidc. in;ii< <PII«ir;irc. lib. I. rpi>l. IS. Ad lolinmi.
\\ I'.
v KAi.oiNhr :i?3
Peul-elre qu'il IN: refnsera pas de s'y employer pour nioi . el
de m'y faire plaisir.
Volre M. Barbier est en grand danger; la p'uparl de res
maladies sont morlelles el ue passcnt pas 1'annee ; eelle ei esl
d*'s plus dangereuses , el la Ibiblesse de la partie me fait peur
(|ii'il ne ineure environ d'ici a un mois.
Pour votre histoire de Savoie, je la paierni ; je vous ai Imp
d 'obligation d'ailleurs; c'esl Irop pour vous de taut donner,
et Irop aussi pour moi de tanl pr< ndre; en recevanlsi souvent,
Tutu teneor dono , qunin si dirtiittni' oiiustus. Je I'erai icivoir Ic
livre a bien du monde el I'erai ce quc je pourrai , aliu qu'on
Ic eonnoisse et qu'il se vende.
Noel Falconet a porte lui-mt'me la letlre a mademoiselle (It-
Label ; son Ills esl encore malade. Kile ne in a point voulu
croire; el au lieu de se servir de mes remedes, elle lt:i ,i
donne des siens, qunuynitn /vrv.s-.s-/. C'esl un sot animal qu'iiiu1
i'emnie qui se mele de noire metier : ccla n'appartient qu'a
ceux (jui out un haut-de-chausses el la tete bien I'aite. J'avuis
Faitsaigner el purgerce malade; il seporloit mieux ; ellc nn>
dil ensuite que mes purgalil's lui avoient fait mal , et (|n'ellc
le purgcoit de ses petits remedes , dont elle se ser\'oit a Lyon
aulrefois. Quand j'eus recoimu }>ar res jiaroles ((u'ellc nel'ai-
soit pas grand etal de mes ordonnances, je la qtiittai la ct ai
pratique le precepledu Messie, >•//////' iiifirtuumH'i'H'/irt'iHtiriniix.
Peut-etre pourtant qu'il en rt'-cliappera , ce (pie jr sMiiliailedc
toul mon cn'iir ; car s'il mouroil, elle diroittpie ceseroil nini
(|iii 1'aurois tuc. Kile a temoignea Nod Kalcoiict (|n'dlr avoit
regret de m'avoir tadie , (jii'dle m'enverroit de rargcnt jc
n'en ai jamais pris d'enx . I'Vu M. Haiitin dJMiii : /'//• ninnn-
rt/s nn/i f'lirit rex .•w/x. C-e n't'st pas a I'aire a tine Feinnie de pra-
liqutM' la melliodede (ialien, /v-x mf snbliinim-in infi'//i;/rntiti' ;
il t'aut avoir I't-sprit plus ioi'l. !/////'•;• /•>•/ nninml ttiniiiliiifi ///-
(<'//r<-/u* ; il Taut (|u'dlcs lilcnt lenr (jiicnoiiillt' , on an nioiiis
fomme dil saint Paul, nm/nn-nni >••• /// >'/'•////<,, j-Vu )|. ,|r
•^ i i.uTiu-.s DI: 1,1 i i-\ MN
Nilleroi , le grand secretaire d'Etut, qui avail iinr inauvaisc
loinine , il n'otoit pas lout. soul , <'l la race n'eii est pas morte) ,
disoit (ju'on latin line i'emme etoit mttlli.'r, c'est-a-dire nml/'
Ini'i', /nub- ilt'innin , //////c iniijnin-s. ' I ) . l,e profcsseur du roi
(jiii a 1'ait la belle epitapbe du (ilou teint en ocarlate est
M. Francois de Monlier, professeur du roi en eloquence, que
ten M. le cardinal do Lyon ainioit bleu*. Ne vous y trompc/
(joint, d'autres s'y sont tromp«'s avant vons; il on est le vrai
uuteur. Les j<\suites. (|iii ne raiment point, I'ont fait oxilor a
Tours, sous ombre, qu il esl jasisi-nisfo , nun <////jr/ f////s */'{, .s/v/
i^inul ////s lx;mt /ml /'////is .-•/'/ ('./-'./stis. il csl elo(|iiont et savant
autan! (|ii'nno dou/aine de ct.'tte socii;t('.
I'n savant anglais avoit rama>se (juantito do beaux eoni-
inentaires siir la IViblo, dont il <.'ii a i'ait neuf volumes in-
lolio. On ies voit ici die/ les pores do I'Oraloire, etdepuis on
a docouvert encore (piolipie cho^o ipii inanmioit pour 1'acconi-
plisM'uienl de 1 duvra:;e ; on on fait, un dixiome volume <p.ii est
^>oiis la prosso. On (lit, ipie oo ; dix tome's bien relies c,e sont
de Brands voluni(!> de belle impression'' roviiMidront a
1(10 ('icns. N'oila nn nouvel impi'it sur hi boui'so des eurieux .
el nuMiK! sur la mionne.
Knlin M. (lourtois ost ^ueri ; je luiai dil (out-ii-t'ait adieu,
el ue lirai |>!us voir (jn'on passant ; d a ete saigno en tout
vingt-doiix I'ois et purge environ quarante ibis , f.r niciliil.ln ,
t'.i: /'n///s (ii'ii'nf., i'/ iiil.crdiint <-j' s///-//iii> /•/////•/•//ni/n/t. 11 me disoit
bier do bonne grace : I m/<'t l« ^unti-ivni" ////>• '///'_• runs IH'HMZ
sin/r/' la /•//'. Au moins voi'a la qualrieme maladio ; mais ce
n'est point moi t|iii I ai guori : HUH x<nnntl ///> /'/>////•/•//, /it /psr
lima, i'l ni''l//ti({i(X (juloijcit , <|iie je recommaiide siirlonl ;i
Noel I' illc()iiel , " (Jim n'n/ iliT/i'l /ii'tjii/' in ili'.fi I'inii ni'i/n/' in
y; n i strum /in/'li'itt, do pour <pf il no dovionne cliimiste on cbar-
l;ilail : ini'dio till is+uiiHS. tint i-nni //l/ifHtC/'ufi' ''I lin/cnn.
V KAI.r.ONfcl. 3?.'l
Je voudrois bien savoir quels sont ces livres pernicieux quo
le syndic trouve dans inon paquet. Je crois qu'il n'y en a
aiHMin ; et quels pourroient-ils etre? Je n'achete aucun livre
que do medecine, do pbilosopliie et de belles-lettres, quelquc-
fois aussi d'liistoire. Le metier de libraire est exerce jmr de
Brands menteurs et de grands i'ripons ; c'est hasard s'd s'en
trouve un honnete homme. M. le premier president est encore
an lit avec un grand mal de tele et ses bemorrhoides. On dit
qu'il ne retournera au palais qu'apres la Saint-Martin.
Le due de Lorraine est ici ; il veut retablir I'universite de
Pont-a-Mousson et y fa ire tleurir la inedecinc ; il y voudroit
envuver quatre inedecins de Paris , auxqnels il donnera de
gros gages , lettres de noblesse , etc. On m'a deinande si j'en
voulois etre , et (jiie j'tui serois le doyen; niais,^/ hair f«~
niiri , je erois (me voiis ne serie/ point de cet avis, ni moi
non plus.
Jt; viens d'apprendre d'un autre libraire , qni a »;te syndic.
<]n'ii n'y a point de droit d'arreter et moins de coniis(|iier
des livres huguenots ; il m'a dit aussi que Paris en est plein.
.Mais enlin il n'est cpie trop vrai que les libra ires sont la peste
des gens de lettres. Encore quelquel'ois ils ne coupent que la
bourse ; mais aujourd'hui ils nous veulent (Her le repos . et
sous ombre de je ne sais (pielle autorite, ils voudroient etablir
line ini|uisilion a leui1 mode. Cos coqnins-la riroient s'ils en
avoient le ponvoir , et ils ne pretendroient pas moins (jue dt^
conlis(|uer la moitie des bibliotlieqnes de France: mais Hicii
ct If roi aussi nous sauveront de leurs avares mams. J'ai de
plus deux enl'ants <|iii aiment le^ livres , stir ijiii je me repose
aisement de ce soil). Au resle , uos libra ires de 1'aris ne valent
pas inieux <pie ceux de Lyon . et je les connois pour etre Ires
avides du bieu d'autrui : prene/. garde au v<%>tre. Je voiis baise
tre> Immblement les mains, etsuisde tout mon cci'iir votre, etc.
IV Paris. !«> '.] juin KiC.1.
:;, o i i;miK> M i-ii r.vriN
LKTTKE DLXXXV. - .lw memc.
L'acrord pour le temporol du cardinal de Retz n'est point
encore fait ; la reine d'Angloterre et le due d'Orleans son gen-
dre y travaillent fort ; on dit meme quo la reine- mere est fort
adoueie , c'est ce qui fait esperer (jue I'aH'airo se fora. M. d'Ks-
trade, gouverneur do (iravelinos , avoit ou ordre do partir
pour Londres; mais los bonnes nouvellesqui sont venues au
gro de la cour out retard*'1 son voyage.
II y en a qui disent queM. Prevot de Saint-Germain, eon-
soil ler do la grand'chambro et charioine de Notre-Damc , est
encore vivant , mais il n'est pas vrai : on celesa mort a cause
de ses benefices; il fut onterro avant-hier, et memo M >lerlet
me I'a dil.
SiM Auis>on a encore notre ballot, il m'obligerad'y meltrc
If livre de M. do Boissieu , quo je vous prie de lui paver, et
d'y faire mettre les deux tomes de Paul Zacchias, (hm-xt. mcil.
lf'<j(f/cx , (jueje veux envoyer a M. de Farvaques, excellent
homme, a Bruxelles, medeein de son altesse. Je vous en
tiendrai compte (piand vous les aure/. paves a 31. Huguctan ,
com me aussi de Y Histnh-<' <//' Surnif.
I^e roi d'Augleterre ne veut pas vondi'e Dunkerque an roi
d'Espagne, qui lui en offre bien de 1'argent. i.es pauvivs
Normands out onvoye deux deputes a la cour pour faire tres
humble remontrance an roi sur 1'enormite de leurs tallies.
Cette province n'en pout plus, tant elle t^.st opprimo'e d'impots
et do gabelles ; pour la taille seule , elle paie tous les ans buit
millions an roi, sans le traiiequ'ils font de tant d'antres mar-
chandisos qui paient au i'oi des sommes immenses. Les autre.s
provinces ne soiit guore mieux Iraiti'es. II y a bien des \or-
mands (jiii chassi'iit leurs enCanls de lour maison , n'ayant
point do pain a lour donnor. ('da doit otre bien bonteux a
ccu\ ipii y pciivent meitre ordre. (-c sont des resles du g«u-
veriitMUont nia/arincsque . qui no se soucioit j>as do tout rui-
v K\I.<;ONKI. 377
ner ; Dieu benisse notre roi, qui , dit-on , y mellra ordre.
II y a grand bruit entre les heritiers dc la maison du car-
dinal de Richelieu ; le due qui en est 1'aine a vendu son gou-
vernement du Havre-de-Grace a M. de Navailles, el sa charge
de general des galeres a M. de Crequi le jeune. Madame la du-
chesse d'Aiguillou est allee a Kontainebleau pour einp»>cher ,
si elle peut , la conclusion de ces traites.
Nous avons vu ce matin, 18 juin , passer par les rues de
belles processions du Saint-Sacrement de plusieurs paroisses;
Noel Falconet etoit avec nioi, bien mis, avec son bel habit
noir; il a bonne facon , jnais je voudrois bien qu'il tut bien
savant , j'aime bien mieux le dedans (]ue le dehors , /I/US hn-
ln'nt in recent! , I/HXIH in fronfc. J'eus hier une grande dou
leur de dents, laquelle m'obligea de me taire saigner du rote
meme: la douleur s'arreta tout-a-coup comrne par une espeee
d'enchantement ; j'ai dormi toute la nuit. Ce matin la douleur
m'a un peu repris, j'ai fait piquer 1'autre bras, j en ai ete
gueri aussitot. Je suis, Dieu merci, sans douleur. Je pretends
que ces deux saignees me serviront pour pouvoir me purger
siirement ; je le ferai la semaint; prochaine, si j'en ai le loisir;
mais il faudra tacher de le prendre. Je vous baise les mains ,
a mademoiselle Falconet et a M. Spoil , et suis de toute mon
ame votre , etc.
Do Paris, le 19 juin 16(51.
LKTTRE DLXXXVI. - ,l// ///'W'.
Le roi a envie de fa ire un voyage en Hretagne et d'aller
presider aux Ktats de la province. On soupvonne que ce nc
soil pour y etablir la gabelle, aussi bien (ju'en I'oitou et
ailleurs. Neanmoins, je crois(ju'il y a (|iiel(]iie autro dessein
cache; jt1 ne le sais pas, mais le temps nous I'apprendra
La duchesse de lirissac esl ]>artie pour aller au lieu que le
;?7S i i:nnKs hi-: (,i i I'vrr.
roi lui aordoime, qui est Bourges, avec une grandc Constance
et line forte resignation a la volonte de Dieu , dans tine li-
tiere, avee un crucifix entre ses bras, ello toute seule , et
deux carrosses a six chevaux , I'un devant , I'autre apres sa
litierc , et quarante gentilsbommes a cheval qui la suivent.
Kile est parentedu cardinal de Het/.. Voila ce que lui vaut la
parente d'un bomme en disgrace et ennemi des jesuites.
Hier t'urent laites avec grandes solennites toutes les cere-
jiionies du feu de la Saint-Jean , a la (ireve, avec force boitev
fusees et autres amusements du pcuple. 11 fait ici une grande
chaleur fort etoiill'ante , et in'anrnoins !e noml)re des malades
n'exc.ede pas. IMusieui's dii uos compactions s'eu plaignenl ,
conime si les lionnr.es etoient obliges de se fa ire malades
|)our fa ire gagner de Targent aux avaricieux et auv vilains.
Noel Falconet a ete aujourd'liui saltier M. votre arclieveipie.
<|ui lui a fait un grand accueil, et qui part demain j)our s'en
aller a Lyon. Dieu le veuille bien couduire ! ,le vous baiM' le<
mains, et suis de tout inon cdeur votre, etc.
l»r I'aris. le i>i juin J0(it.
LKTTUK DLXXXMI.
.le vous depeciiai bier deux pages de nos cbetives nou-
velles. Aujourd'liui j'apprends qu'il y a dans le CJiatelet pri-
sonnicr un pretre de trente-ciiuj ans , accusi'1 et convainni
d'avoir debaucbe une jcune fenime veuve, ct lui avoir fait
ti'ois enfants <pii sont moils , mais elle (5st gi'osse du <|ii;!-
Irit'ine. II <'?oit son confesseur et direelciu1 de conscience,
c'esi ce (jiii aggrave lorl le fail. Klleist aussi nrisonniere dans
tin mouastere , d'oii die a aus>i t'ti'1 incnee an C.liatclct pour
lui ("-Ire eonl'ntnli'e. Kile uioit tout : mais die a enlin tout
avoue, voyanl (jiie le ualant avoit tout confess*'1. Voila dc^
fi nits du cdibat et de la faculti'1 gV'iK;rative de< prelrcs. < )n dit
t|u'ils avoieiil dclib(''rt' de .Veil aller Ions deux a (ieneve e! d^
\ lu.coM-.r. .TO
s'y la ire huguenots , apres qu olio auroit accouche et qu'ello
auroit vondii tout sou him. Yoila comment ce bizarre et i'aii-
tasqne animal qu'on appelle homme so jour de la religion
et s'cn sort ou a son plaisir on ii son profit. Vous save/, ee qur
(\'\t la-dessus Virgile :
Siia ctiitjtie dm s fit dira libido.
.M. I'arclieveque de Sons est fort hien on cour. II est vonn
voir le roi , qui 1'a tort hien rocu , ct quoiqu'il aitetejus-
qti'ici malavec lesjesuites,ils lie laissent pas dc leservir. Mais
vous les connoisse/ , il ne taut pas tro|) s'v lier. .If suis . etc
Do Paris, le 5 juillcl H501.
LKTTUi; DIAXXVIIl. - An ,„<•„,<•.
.1 ai toujours honno onvic do vous inandoi1 ([iiolipic honnr
nouvello touchant le soulagement du peuplo »•( (|ncli|iir in-
si^nt: diminution de la taille, niais crla n'ol pas nicorc ar-
l'i\'e , talis siijtii-'iitiQ. '<j»(((l //o.s1 nun linliitnl . On dit ijtu: le roi >c
plaint (ju'il a affaire d'argeut; (ju'il a cnvoyi'- .M. de Maeliani
en Provence pour y e.tahlir la ^abelle; (ju'il vout t'aire un
nouvoau colloyo do quatre-vingts soen'-tairt's du roi ct de cent
procnreurs do la cour pour avoir de I'ar^ent Knlin nn in-
parle |)lus (|Ue d'ai'ijont , nous sonnncs an siecle d'ar^enl :
'i inn-rex ! i'i h'liijttn'nl La paix est i'aite, le i'oi est marie, inai>
les ini]iots lie diniinnent point I . N'oilii la suite dc< uiaii-
\'ais conscils de ce tiloii malliouronx . qui nionrut le '.) niar-
passo ; «|ui n'a en |»ilie do personne, pas nii'-ino on iiKniranl .
\ilili ijinnl ciiitni'li'i.-i iii'lln i/n'fu'i' ///'//'-•/"/•, arc iji'inri /i//!i>'//ii
'•nri't. (lc| to sau:.'. si ic n'a en suin qne dc ses nieces . ct div tirci
a soi Ic dernier quart d'eondo la l-'raiicc
Voiei un auti'f accidonl qni I'era encore IMCD p.irlordu monde.
(1 • Le.* plainlo . !<•- ;',r!n;-s(M)i''iil- ilf (mi I'.Hin n'cUiionl |>.i- «;m-
ioiidt'iiu'iil ; car ilt'-jii ii colic C|IIKMIC !,i ilolto pnMiijuo a\;iil pi i> un ;•<•
.'{SO I.KI TUKS DK (.11 1'ATIN
II y a environ quatre ans qu'un certain rnechant i'ripon, nommo
Paris, tua ici , de guet-apens, nn bonnete homme (jui avoit ete
eonseiller a la cour, aqni il devoit del'argent, qui etoit I'rere
do M. dn Boulay Favier, niaitre des requetes; on reconnu t
hien quo c'etoit lui , mais il so sauva. Au bout de quatre ans ,
i! ost rovonu a Paris, on, etant entro chez un procureur, il I'nt
reconnu pour 1'assassin par un homme qui etoit la-dedans
pour autro affaire; il fut aussitot conduit en prison. Le pen pic
ditrpjo c'est Dieuquia porniis({ue ce mediant assassin ail etc
reconnu et pris, aussi bien que colui qni a tue M. de la Fau-
triere. 11 est vrai (pi'il 1'a perinis , nun t-st indium in <-trltni<>
quod noii fecerif Deus. Mais Dion auroit iait bien davanta^e,
pour cos pauvres massacres, s'il cut voulu })ennelti-e <|iu! cos
honnetes gens ne dissent point niiserablement lues I) : mais
c'est qu'il faut quo le bourreau y gagne, qimd corn's ilvhctvt\
tandem cor i' is redditur.
On clit encore que leroi veutfaire un nouvel accroissemenl
croisscrncnl considerable. Voici , d'apres un ouvragc moderno stir \e>
finances, la progression comparative de cetle dette ;
En 1302., sous Charles IX 17.000,000
Kn 1600, sous Louis XIV 783.000,000
Kn 1807, sous Aapoleon 1.912, .'500, 000
Kn 182J , sous Louis XVIII 3, -{(56,000.000
En 1829, sous Charles X i. 2(50,000, 000
En 1844, sous le gouvcrnement acluel .... 3,000,000.000
Dans ce document de noire histoire, et sons la forme cabalisliipic de
chillrcs , il y a bien des evenements, bien des lecons , bien <\c> aver-
lisscmcnls , bien des germcs do troubles ct de revolutions; Ids sont
les rcsultals de ce grand art de miner le present par les impots , et 1'a-
\enir par les emprunls. |{. V.]
iT (iui Patin louche ici en passant line question de philosophic
des plus ardues, des plus delicates. Tout n'est-il pas prevu d'a\ance .'
NVxiste-l-il pas un indissoluble enchainemenl des loi> elabli par Dieu
nuMiie ' noire auleur Ta deja dit : I'ulu rebuilt orbem , cvrtti slant
A FALCONET. :ixi
(in nombre des conimissaires et des notaires; ce qui fait bien
encore murmurer ilu monde et rendre odicux son conseil. Si
le jesuite, oonfesseur du roi , etoit un honnete hoinine et bon
chretien tel qu'il devroit tHre, il f'eroit la paroitre son zele et
obligeroit tort tout le genre humain ; inais le bonhomme n'a
garde, car il auroit peur d'etre chasse et desavoue, et la
soeiete , qua1 loynlitiro .v/y/'/v/u iwfu&u n;m SHWH jji'ufii imn cf
privatatn cnrat , «///x postliobitis : nento curut rein publtcnm , et
neanmoins nous aurions bien besom d'avoir quelque bonime
de bien qui parlatau roi, et qui lui tit entendre 1'elat present
de ses atJ'aires, et les calamity's publiques de son pauvre
royaume, dontpersonne ne lui parle.
Le roi s'en va en Hrelagne pour presider aux Ktats el lirei1
de 1'argent le plus (ju'il pourra; il n'y a plus rjue celte pro-
vince oil il n'a pas encore ete. On (lit qu'il tacherad'y mettre
la gabelle, et de red u ire cette province dans uue obeissance
aveugle, connne les autres. Son conseil ne songe guriv au
soulagement des |>euples et des pauvres provinces desoh'-es ,
qui soutfrent il y a si longtemps. Cepeudant il esl certain qiu- le
roi esl bon , qu'il a lame bienplacee, et qu'il ne inaiKjiif
(ju'a des lumieres (ju'il ne se montre un Ires bon prince. Je
prie Dieu qu'il 1'eclaire lui-meme , et (ju'eim'n il lui domic un
conseil qui n'ait rien d'ilalien ni de tyran.
Noel Falconet ne pent avoir raison de son c.apitaine avec
vos deux promesses ; eel homme est un moqueur, tils d'un
conseiller de la cour, el de pins il e:>t capitaine: ce soul deux
mauvaises qualiles pour en tirer de 1'argent. II a bien perdu
du temps a solliciter ce paiemenl , et neamnoins il n en a pu
venir a bout : voyez (jtiel remede vous trouveie/. a ce mal ,
car eel homme ne vent point payer, en quo! il ressemble a
In'uucoup d'autres. Dieu nous a reserves pour un sol el mal -
henreux siecle; je n'y vois |)res(|ue<|iie di' la malice et de I'a-
l»us : n l/i'i't'iii st'cnloi'Hin inutitlilniii <•/ iHdijM'riitnin!
Knlin aujourd'hui , a six heui'es du soir, a ele execute dans
la (ireve le meurlrier de leu .M. de la Kanlriere ; il a en le-
:}8:> LETT III* DK LCI PAT IS
on/e coups vit's; il meritoit encore pis, car il a tue tres me-
cliainnient un fort honnete honune et bon jugo. .le viens d'ap-
prendre quo M. Fouquet a vendu sa charge de procnreur-go-
neral !(>(), 000 livres a M. de Fieubert, maitre des roq notes.
On pretend par la qu'il est fort en credit pros da roi , et <ju'il
est assure d'antre chose, pnisqu'il a abandonne le palais; (ju'll
sera ministre d'Etat on chancelier de France, si la corde ne
ronipt, niais d' an tres soupconnent pis. .le vous baise tres
humblement les mains, et suis do tout nion cirnr votiv, etc
Do Paris, lo 12juillol KJ'H.
LKTTHK DLXXXIX. — An meme.
,le in1 vous ecris point sans joie, par laquolle il me semble
(jue jo m'entretiens avec vous , et quo je VOUN vois d'ici , bien
qn'il y ait grande distance entro nous deux ; niais pourtant
j'ai toujours qnelcjiie petit regret de n'avoir point quel(pie
bonuo nouvellea vonsmander.
On dit ici (jue les Hretons venlent se racbeter, alin (|iic
le roi u'aille pas en Brelague. Kn ce cas-la , il iroit en Pro-
vence pour y fa ire trouver de 1'argent. iVotre roi on a tant.
niais il lie manque pas de sangsuesqui lui disent qu'il en t'aul
encore avoir davantage.
\A] president Miron m'a dit aujourd'bui (pie c't^st un ronian.
tout ce (]u'on a dit de la vente de la charge do prooureur-ge-
neral, niais bien (jue Ton a remis on bonne intelligence les
deux froros , savoir, 1'abbe Fouquet avec le surintondant, son
frero: et ni'anmoins il croit <pie M. le surintendant so defera
de sa charge do procureur-goneral , el (pi'il y en a (jiii la
marohandont. II ne taut plus quede largent jtour etre grand:
la vertu n'y sort plus do rien. Si furtii/m rolct , /ic* ((<• rlii'tart-
'•inixiil . ft /ur/iiii/i , f/nnii(t)fi flbl liiilns IIK-IX iii ritn mortal i inn !
(liit'iiant . (|iii est un homme qni aime I'argent coinine un
courtier diM'hanuo , dit Nonvenl //'"' ^'"'" /"•"/•'-//./• <••'/;.•/ f-n.i
\ i-.u.t.oNKT. .'IS I
t/iiiif fi'S fifa'P* tout (linnii' .< i>nin' neon' A//N.XV' dit Ini'ii t'i Iciirs 01-
I'nnfs , f/n'il uutiiti'uit lni'ii Hi-mi' i-ti' fti' (I'H.r-lf't. lliou soil louc ,
ic nc suis point <lt! ct-t avis; jo nc voudrois pas tHrc plus
.11 •) II
^laixl seiynour (pit' jo no snis; jo ii'ai point on vie do in'onri-
diir aux dopeus do personno; jo no demnnde a Dion quo sa
sainto grace, im'itti'in suimm in c<it'];<ir<' sum/ ; tjiin I sis esspvclis,
ut(it((/ni' malts, nnniiiiHiii in/' iiii'lnns (lii'ni ii'-c n//ff-.<. Mos poi'G
ot ino.ro otoient dc I>oimos p'ns, <pii so rotirorout it la cain-
jta^no pour ovitor la malice do Paris, <>u ils out voou /-./• m-itn
fiinflitln . jusipi'a la inort.
II f'aut quo jo vous I'asso part d'uno ponsi'-o (pio jo Ironve
I'ort [ilaisanto. M. do Vondumo a dit qiif nulro hon roi ost
soinblablo a mi jouno ini''dooin qni a lioauooup d'ardour pour
^a profession, inais ip.ii fait liiou dos <•/"•' /"'•'' '/""• Jo sals dos
udis qtii lo V(»iciit do pros, <|iii in'ciit .issur/1 tjii'il a do tros
bonnos intontions , ot cpir dos (pi'il .-s-ra plus inaitro i|u'il
u'ost . il on porsuadera tout lo iiiniido. .I///'-//. Jo vous baiso
los mains , ol suis do tout inon oiour volro. olo.
l)t- I'aris. le Hi juillot IGdl.
LKTTUK DXC. \i< ><><•„„•.
J'ai vu .M. lo premier president . »pii in a tail ^rand aoouoil.
ot ipii >e plaint I'ort do son pen do >anle: il a Brando onvie quo
los vacances soient venue-., alin de prondro I'air ot joiiir dti
ropos on sa m.UMin ties cbamps . ot in a demande si jo ne voii-
lois pas in'aller pronie.uor avec lui a Uasville. ot rontrot.'uir
mi pen los vaoai.ices prochaincs. Jo lui ai repolidu <pio imus
n'avions jainais do vacaiioes. el <pie mes [tromonados etoient
dans mon otiido, ; rpie pourtaul j inns Ires volon tiers a cause do
lui, ipii valoit inioux tpio tons mes livros. J'ai deja eh'1 deux
t'ois en cello belle inaison do !!,isville; inais j appronds do
mon Ills C.arolus , qui \ va soiivenl , qu'ou I'a bion ombi'llie
dopuis. Je voiis prie de dire a M. Aui^>oii quo mon ballul do
,'i84 I.ETTKKS I)E Ml l> \TI.N
livres qui avoit etc saisi a I>yon esl arrive a la douane; je
vous remereie, et lni aussi , de taut de peine qifil vous a
donnee.
11 est arrive a lacour un ambassadeur de Suede. La charge
de M. d'Espernon est fort divisee et partagee. Ainsi fut fait
apres la mort d'Alexaudre-le Grand : de ses cendres on en fit
trente rois. 11 est ici mort un charlatan fort ignorant, qui ta-
choit de se dormer de la reputation sous une qualite feinle de
medecin de Montpellier, comme font d'autres, et neanmoins
il n'y futjamais. II etoit natifde Melun , ills d'un chirurgien,
ou plutot barbier de la meine ville; il avoit ele garcon apo-
thieaire; de la il se lit elu a Melun par le nioyen d'une suc-
cession (jui lni en I'ournit le prix ; il vint ensuite planter son
piquet a Paris , et pour lacher de s'y donner dti credit, il or-
donnoit furieusement chex les apothieaires : c'etoit pour les
attirer a son parti, (lalien a dit au commencement de sa Me-
thode , que : cm.jiirici an/it Tro/.u^otcMaxo!, »inlft/ <;t nnn/'s ////<///'
prcescribunt , quia ox /.of nut/ fix illu/1 munn uaxrii/nf <ji«xl o////,<
cxf. 11 est mort en trois jours; il s'appelle Dupont. (Vestainsi
que perissent ces miserables et ces r/A'x tniftmr.
Hier je fus pres de Saint-Denis voir un malade, oil je me-
nai quand et moi Noel Falconet; nous herborisames en ce
pays-la. J'avois appris (ju'il avoit fait une partie de jii'onu'-
nade a quatre lieues d'ici; je renvers'ii adroitement ce des-
sein , etant persuade (ju'il seroit mieux avec moi que d'aller
si loin, d'ou peut-etre il ne fut revenu qu'aujourd hui ou
demain; etpuis (jue ne fait pas unejeunesse »';chappee, <:ut-
iixle t'cinolo? On nous lit bon aecueil et bonne cbere, et en
revenant il me dit qu'il etoit bien plus aise d'etre venu avec
moi que s'il avoit execute son premier dessein ; qu'il apprend
avec moi plus qu'avec (jui que ce soil, et qifil n'oubliera ja-
inais les bonnes choses <|u'il m'entend dire. Je vous baise les
mains , et suis de lout mon c,(eur votre , etc.
Do Paris, le 2J) juillel 1«(5I.
LETTKK DXCI. - .1" //*'W.
II sernbleque !••> gcnsde bien nonlqnc laired attendee tin
soulagement pour le pauvrepeuple ; on minute do nouveaux
impdts : ornnia fit/is in jtfjns ruci't! ct i'di'h subtorrid /'-'ffr/'i.
On parle que le roi vent augmenter le prix <ln sel et les en
frees du vin, DOM seuleinent a Paris, ma is par tonic la France ,
on (lit ([lie c'est M. Fouquel, lesurmlendant . qni esl 1'auteur
de tons ces malheurenx avis, d'autant qn il ne pent .intre-
inent subsister dans sa charge , vn que du temj>s dn iMazarin
il n'avoit qu'ii donner au 3Iazarin , leipiel tiroit tnnt (|n'il
ponvoit ; mais aujounl hui il I'ani <|n il donne an roi . a hi
reine, et encore hien j)lu;> a la reine-inere, sa bonne patronc
<|ni ie niainlienl et le conserve contre ses ennemis et en\i«nix.
On dit inenie qn'il ost oblige de fa ire de grands presents a mix
(|ni sontaupresd'elle , et surlout a mademoiselle tic Hi-auvais,
(jui est une liarpie, et a plusienrs antres. Pour moi , je croi-,
qu'on ne fait courir ces bruits que pour rendre M. Fouqnet
odieux a tout le penple , et je crains pour !ui. Knlin Ics p:in
vres gens n out que fa ire d'altendre dn soulagemeut : anssi
rneurent-ils par toute la France de maladie, dt> inisere, d'op-
pression , de panvrete et de desespoir : tkeu nos Misprmt ! >1
trii.v't'fnn Gnllffirn! Je pense qne les Toupinnmbous x<»nt pln>
henrenx en leur barbarie qne ne sont les paysans df Franc.-
anjonrd'bni; l Lamoisson n'a pa^«'lt' bonne, kbit- M-IM encore
1 II e*l certain que lo> laillch , coininc on disait aloi>. «-t.iieiil hi)t-
de proportion avec It's ressonrces de. la France; de !a -.on malaise
perpeluel. (Juoique infmimenl lonrd , noire *>>leme linancier, pri-
dans son ensemble . est incomparablomonl superienr et niirux re
j>arti ; inais il se lie tclleinenl aver celni des aulre> puissances . que le-
moindres causes foul osciller le credit public it une niamere redouta
l)le. Aujourd'hni tin hnmmo. . ayant ileu.r sons par ligne, pent, aver
uiic lan.ssf nuiiNcllc , iiilliirr quehjne icinps sm- les foiuU publics de
rKurope. Oiiiint an mode de |>ercepti<Mi de« conlrihutiniiji . il c-t -i
Ml. '2'»
$86 I,K TIUF.S HF. i. II 1-xilN
fort clier toute Taimt'-o. On dit (pic le roi a nil yrand cavoati .
dans lequol il sorre volontiors sos pistoles, et d'oii il n'aime
point fir; rion tirer ; il dit qne quand CP oaveau spra plein ,
qu il on fora fa ire un autro. ol quo M. le surintendant lin
donne tons les mois l on, 000 (-ens. On dit qu'il veut aller en
Brota^ne pour supprimer IPS Ktats do cetto province , ot les
taillov eoinmo los autros , ot y fairo de nouvoaux officiers an
parlomont ot lilleurs. Voila dos pilots do I'instruction maza-
ririosqup otdos eebantillons de 1 'avarice italionno.
I.o roi. parti bier, ce mardi -20 ;iont , deFontaineble.au . i-st
alle a Blois; de la il ira ou il plaira a Dion, ,1'ai fait encoro
aujourd'bui ma lec.oii a Cambray, ou j'avois encore plus do
soixantp-dix auditeurs. Nousa\ons ici cpiatre do nos rnedocins
bien malados . dont il y on a deux do la premiere esti me ,
savoir : MM. Rainssant ot Piotre. Coux qni vont t.rop vite sont
sujets a so casser le no/ : lo bon Martial n'a t-il pas ou raison
do dire :
Immndirix In -fix rst ,•»/«>• ft >ant .»i>nrriiis
iNoel Falconet a \u. co i ;', aout . la Irairodio dos jostiilt'- .
rlonl il est fort content ; il a vu force beaux acteurs , force
josuites. force dames of de beaux sautenrs. II y est ontro par
lemoyen d'un billot (juelo P. Labbe, mon bon ami, lui avoil
donno a ma priere pour y otro admis. Je lui ai promis des
cabiers d'oxtraits deqnelques livros de medecineque j'ai fails
autrefois : ce sera un nioyen do le rolonir. taudis (pi'il s'oc-
cupera a les transcrire.
ro;;ulior , si hien combine , qu'on le voit procedcr a\cr In lurrc d !.i
riguonr d'unc vis <lc prossion tM 1 impassihililt1 d'unc piorre inouiieie,
lant pis pour celui qui en ost rcra><; ; on a volo lr hiul^ol , oVst 1'nrret
da iloMin. A la lon^uo neaninoiii'*. tpiand lo* fjonvorncmonls man-
<piciit de moderation, de bon seii- ou de bonne toi . le re««orl trop
lendn de 1'impot provoquo la renrlinn du re<-.ort de I'oppositini). l''<ni
i'.istitia vel pprcal miinclm H. i'.
\ KM. 0> Ml.
M Jean I'letiv a nvii If hun I Ken. tit- prim It1 reverie dans «a
lievre continue. . hupielle est Brando ot Forto . i-/ns/,,i,ili /li-ln-n
/iiin H/H/H'i 1'inl iiitriilii iijijiii/'ti'iHiit. (,t's espnls hiheux ct res
lotos erliauttees y sont pliissnjottestjupd'autrps >»•////// //////•///'/.
}lin//tni/i i .<•'/ hi'ni' inisri rni'iini-1- 1 1 nini/iii : ijinnli'iiiit //'•/»'• n«t>
//iifiK itTiiniK itinnril ,/itijlfcr, mil ni'ili-ns. i r<'.i it ml trlltrrn rirlnx.
r.elui doul it esl (jupstion ;nli' tiranilcs \«'rtns iialnrcllrs , il
fst sqvant ct fort vnsc ; inais si \(ni«> loiinic/ lc lalmi , il a di-
Brands viros on an inoins dc iirands dt'-fauts : '•////> ;//•///.( >•///..-
nllXflflli', lijltlnin* ///>' rsf (fill III//H/IIIS Hi i/.'/i'/'.
On dit <]u il y a him du bruit a la llurlirlk , <|ii il> y out
pris nn partisan *pi ils out pcorcln' toul i n \ic. M. Amt-ltd ,
premier president do lacnnrdt's aides, a ivrn nrdn- d'allrr a
I'dntaiiii'hU'au ; on crnit (jnc c t^st pnnr rci'i'Vdir irpriinandc .
par onli'fi du nii . do la boucln.1 d>% M. If cliancolior. pmii' a\oii
parl*' trop hardimcnt oontiv rinjusticedn temps ft hi tyiannif
dos partisans, lorsqne M. If due d Orleans I'nt la scinaiiie
passoc a la eonr des aides y porter 1'etlit de suppression de
taut d'ofticiers. A la eoiir, on ne \eiit pas de romontranres :
tout s'y tourne a la desputiipie. Si Oieu if y met la main , on
nous assujoltira nunine des Tures, IIOIH rpii soinincs hons
eliretiens, et francs el lihres. des ipie IK HIS avons ett'1 Francois .
aujonrd liui les ("hoses sont chan^t'-es
Je voiis haise ti'es Immhleiiieiil les mams, a mademoi-
selle Falconet el a M Spun, noli'e hou ami el suis do tuiile
UHHI anif \utff . f te
De Paris . lc 2 vppU'mbre 1<><»l .
3H* I KTTHKS 1)1: ..II I'vTIX
LK1TKK UXCIi. - U -mhn,'.
Je voiis envoyai hier. ce 3 septembre, deux pa^es d».- n-.-
rhelives nouvelles; il ny en a point iei d'autres . sinonquel
ques tievres qnarles aiitomnales , n/miix </'/nrtuii<i nittunnialix
'•''/ csf (iii)iii'n n'l f.s7 A-//W/S, el des dysenteries ; inais je crois
quo ce sera bieu pis dans un inuis on six .semaines apresqu'on
aui'il bll dll vill nouveail . /////'• />n/'/>''/' <-t>rnlin yntin-f. Alors
nous anrons des sijuirrlie.s de t'oie et de rale, des donhie>
tierces et des triples quartos, losquelles degenerei'onl en
hydropisie ; nous anrons aussi des Iiydropisies et .pe.ripneu-
inonies et des rlimmtisines. V'uila nos maladies d'lmer apr*s
le \in nouveau.
Hier an soir. ce ;') septembro, je sonpai avec M. le premier
president; j appris que le roi s'appretoit a revenir, et (|u'il
seroit a Foutainebleau le l.'i de se|)tend>re, et qu'il r/etoit
troiive nial d'avoir couru la poste a Tours, on il prit les e;ir-
rosses de relais. (le memejour, un maitredescomptes, nonmie.
M. G(»ilard . resenanl de deux lienesdici, passant an long de
la riviere, d \ vonlant abreuver son ehe\.d, s'y nova jual-
lieurensement. On a iei saisi mi baliol de livre> i|iii venoit
d'Anisterdain , dans lequt'l eloient plusieurs exenqtlaires d'un
livre nouveau fait par Ins janseniste.s eonlre les jesuitcs . SMII>
le norn de /><•/,</* /'////////<//'/, dans lecjuel on soutient ipie les
euii) propositions flout il est ((neslion. et qui ont fait tant de
bruit, ne sont point dans les livres de Jansi'iiius . eveqiie
d'Ypres. Dans ce int-nie ballot on a aussi tronve quolqurs
exemplaires d nn livre fait par les jesnites. .W I/unit ,v//yy)/T.v-
unii i't itjiiiiturn '•£.<!' i iijiiniti : ee sont les retries df la hoeiete
ponr tons leurs desseins . leur uonvernement d lenrs nfticirrs
a tons elates. II \ a dix-liuit volumes in -octavo , ijiii se relienl
en cinq iros toints; les jesniles en avoieill fait faire line edi
tion (ju'iU envftyoieiit aux Indes. ponr I'lisa^e des pt-res en
ce- in'ovinces. C.e Miisscaii Int pi'is par les Aniilois t't It -.
V f\I.O>NH W
pxemplaires perdus pour les jesiiites. Les Hollandois out renn-
primece livre, quc les jesuites font saisir partout oil ils pen
vent, et meme out employe 1'autorite du roi et de M. It; pre-
sident de Thou , uotre ambassadeur en Hollande, pour rache-
ler tout ce qu'il y avoit de fait. Mais ils out beau faiiv, le
livre ne se supprimera jaiuais: il y a des jansenistes qui en
out ici , et meme les huguenots s'en vont le faire imprint' r
in folio en Allemagne, dans nn pays oil les jesuites ne troii-
veront pas de credit, atin que tons les curieux de I'Kurope le
puissent voir, et y connoitre les desseins et le lin gouverne-
inent de ces bons peres , <|ui gouvernent le nionde. /// /«/////'»''
Domini , a leur mode , aver beaueoup d'ambition et d'avarice.
niais ijui sont conlites de la parabole <«l //////«/r/// /A-i ijlurinm
l"n maitre des requetes m'a (lit ee matin qjie la nouvelle im-
pression s'en iera on en Angleterre on a Krancfort , niais (pie
les jesuites ne le pourront jamais empecher , et que ce sera
nn in-folio qui entrera dans toutes les bibliotheques yrandes
et petites, et qu'enlin tout le luonde connoitra les rusees fa •
(;ons de faire de ees maitres passetins <-t de tons ces carabins
du P. lynace.
Mais, eejeudi, Sseptetubre, voici bien line autre '.ilfair':.
Proiiiitte titssi'-m, et liabcbis fa/m/ai/i. La fortune de M. Fonquet.
surintendant des finances, est changee; le rui 1'a t'tit iiuvt«'i
prisonnier dans le chateau de Nantes, et y a envoye ordre a
M. le chancelier pour faire lout sceller en ses maisons, et y
mettre gariiison . ce qui a ele sur-le-champ executt'1. M. le
chancelier a fait sceller dans la maison qu'il avoit a Funtai
nebleau , et a envoye tin maitre des re(jnctcs. nnmme M. Pa-
get, faire sceller a Vaux. M. le lieutenant civil a eu oidi«- de
faire sceller dans la maison de Paris et a Saint-Mantle, d d'\
mettre garnison. Sa femme, la surintendante, a eu ordre de
se retircr eu Limousin; ses conirnis sont arretes . U-urs m;ii
•^•tiis seel lees, d il \ a meme nnliv pour les enfanls.
Le prelre de Saint-Germain qui a\oit etc condamne aux
^uleres perpetuelles . par appel </ //////////^du procureur-yrii'1
r,tmu.> i»t t-i
ral, a etc mi.s dans la Conciergerie, oil son proees a ele t'aitde
nouveau. !l est condamne de faire amende honorable, nu en
chemise, la curde an cou c,t la torche an poing, devant la
principals; porte de Samt-Gerinain-rAuxerrois, et apres con-
damneaux galeres a perpetuite, sans en pouvoir etre radicle
ni retire en lacon quelconque , el sa petite garce condamnee
a 4,000 livres d'ainende.
I^es partisans sont ici fort etourdis. On a seelle cliez Bois-
leve, ehez le jeune Munerot de Lvon . ehez Pelisson, Bernard
et aulres. On (lit que .M. Fuiiquet cst dans le chateau d'An-
gers. tpie M. le elianeelier a charge de lui nonimer des eom-
inissaires, savoii': vingt-quatre maitres des requt3tes. Un des
secretaires de M. le premier president me le vient de dire
riura alias. Je vous haise Irs mains, et snis de tout mon
fnf'iir vutre, etc.
IV Paris, le H» -oplciiiluo Hifil.
LKTTHK 1>\CIII. .\umenif.
Le medecm espagnol, Thomas Pnelle/., tjue la nouvelle remc
avoit ameiii'' avec die d'Kspagne, est. mort a Foutainebleaii.
II aimoit mon second tils Carolns d'nne maniere a lui [trocu
rer quelque bonne fortune; mais celui-ci est demi-stoique, et
c'est tout dire. II y en a plusieurs sur les rangs tjui recher-
chent la place du delunt; («uenaut, des Fougerais, Brayeret
Rainssantcourent apres. I'ietre le merite encore niieux qu'au-
c\\\\ parson erudition, mais il est encore malade, et n'e>t . pa>
hors oe dang(;r. Celui qui ne desire rien est encore plus lieu
it'iix . eomtiie .^ont tons ccu\ <[iii nOnt point d'ambition. L«
four est line mauvaise lu'ilellerie jiour un hdinmede probile.
Valot est malade de lievre, i-liumatisme et i-rysipele. On di!
t'iisitumaiiv du sieui' Fouqnet. II y en
\ I Al.l.O.NtT 391
hien qui courront ce benelice s'il vienl a vaquer. Je ne sai.s
ce que peuvent etre devenus. MM Pecquet el H. de Belleval .
mais voila leur niarmite renversee par la disgrace de M. Kon
quet. Jaiuais 1'ecquel ne l'a traite; il n'etoit la que pour les
laquais(l). Croyez-uioi, e eat un homine qui ne sail pas grand
chose. M Fouquel esl tonjours dans le chateau d'Anger>.
nialade d'une lie v re quarte. Avant sa prison il avoit pris du
quinquina el avoil ete saigne de la salvalelle ! >} par le conseil
de Valot, et neanmoins ii n'en est pas gueri. I.L-S jrsuites sont
bien laches de sa perte , il eloil leur grand patron. 11s onl tire
de lui plus de 600, QUO livres depuis pen d'annrcs; vous save/
cuiunie ces bous peres aiiiient tort le bien public et le bien
de leur prochain. Mais a propus de quinquina, il ne fait point
ici de miracle. Quand le corps est bien decharge par la sai-
gnee et les purgatit's . il pent par sa chaleur resoudre ou ab-
sorber le reliquat de la matiere morbiiique ; a inoins que cela .
il ne fait qu'echauifer. (>eu\ nienies a qui il a fait cesser la
lievre n'en out pas ele tout-a-fait gueris; car elle esl reve-
\i] iist-ce par ijjuoraiice, csl-ce par esprit satirique que uolroautcur
parle ainsi de Jean I'ecquel : Toujours c-t-il ipie ce fut un illustie mc-
deciu qui s^imniurtalisa par sa dccouverte du canal thoracique el dn
reservoir qui porte son noin, decoiMcrte <iui coiilii tua lout ce qira>ait
dilti. Harvey de la circulation du >aiij',
1'ccqucl enlra a I'AcadtMnic des sciciu-cs en ttili(5. II iul »i con>tain
mi-Hi attache a l-'ouquct , !<• surinlcndant, qu il disait (pie 1'eCipiel avail
rime et rimrrait toujouis ;>\cc Fouquet. .Madame de Sevigiie en
parle quelquetbis et 1'appelle amicalement le jtelit I'ecqtict. Kile dit
dans une de ses letlres , 1(571 : « J'ai emoye querir Pecquet pour
discourir de la petilc-verolc de \olre entdiil. II en est epoinanle ; mai*
il admire sa (orce d'avoir jm cha>-er ce venin , et croit ipi'il \i\ra plu*
de cent ans , apres avoir si bien (.-oininence. ••• On voit que cc medecin
n'etoit pa» celni de> Itir/iiais. eomnif I'assure (ini 1'atin. I'ecqnet >r
oassa la jainbe en loinbant de clieval. Cel accident , ainsi que I'abu^
<les liqueurs spirilueuse.s , «pi'il recominandail ineme a >es nialade^ .
abreyerenl son e\islei,ce. II mourut en fe\rier 167i. R. 1'
'2 N run du do- dr la main pres de son bord intern*-.
:!«>:> I KM UK- l)h (-1 I I'VTIN
nue, quoiqu'ils eussent etc bieii purges. L opiniatrete et la
duree de ces tie v res quarles vient de la disposition mauvaise
et presque carcinornateuse de la rate, qui occupo sa propre
substance.; I . Jen'aijamaisdonnedu quinquina. J'enai vuqui
pour s'y etre trop ties sont deveuus hydropiques. Je ne vou-
drois point puvgerdans le tort de la lievre quarte. II me sem-
b!e (jue ce seroit trop liasarder ; mais je purge souvenl a la
tin de Faeces, avecbeaucoup de sueces. Menie dans la grande
ehaleur, je leur fais quelquel'ois avaler quatre grands vene>
de. tisane laxative, de trois gros de sene. Cela fait bien ou-
vrir le venU'e, et emmene line [tartie de la cause conjointe.
<-t einpeche I'importunite de.s grandes sueurs, dont ils se
plaignent sou vent. Pour ee qui est de saigner au commence-
ment de faeces, je ne le t'ais jamais. li y a de I'imprudtMic"
ri de la temei'ito a le 1'aire. 4e suis, etc,
PC Tari?-, It- 21 si'pteinlm- U5(>1.
LETTUE DXCIV — \i> nan*.
On dit ici beaucoup de nouvclles , dont je ne pretends pas
etre garant. Le rui «.-st parti pour son voyage de Cliartres, et
sera iei la sematiK: qui vient, oil il passera line boiiiie partie
de I'liiver avec les reines. On tit;iit pour certain (pie M. Fou-
quet n'e;>t plus a Angers , quil en a ete einmene a Amboise ,
oil il est preseutement en attendant les ordres du roi pour un
di.Terend qui est survenu entre le eapitaine qui 1'avoit arrete,
iiouinie M. d Artagnan , et.M. Talouet. lieutenant des gardes,
que le roi avoit envoye a Angers pour 1'eminent'r en der-a. II
vint ent'erme dans un carrosse a six clievaux, entoui'edelrois
'1; '.uoiijuc celtc opinion soil urruiiei.1, on voit pourt;iiit tjuc no*
flcvancieiri aviii^nl , MM Petal de la rale dan> les lie\res inUrmiltcnlcs .
<)i's ideos fecondct's de itos joar-> par des fails uiieux observes, l>icii
• lu'il r«"-lc cticMie (Jcs (Imil.-s »iir c^ point rle palholo^if. H. I'.}
S \ \! < <>\M .'W.'{
rents cavaliers , grand* et petits mousquetaires On a aussi
:«rrete M. Pelissou, son secretaire, homme celebre auteur de
Y His/oirr <k' t'Acuflenu'e, qu'on a amene ici a cheval en bonne
eompagnie. On fait aussi venirpar un autre cliemin , madame
Duplessis Bel tier, eton pretend leur taire fa ire le proces a la
ehambre de justice, qui n'a point tenu cette semaine a cans*1
«les fetes ; vend red i prochain elle sera ouverte. .M. le chance-
lier se porte bien ; il a dit a un de ses amis que cette chain
bre de justice iroit bieri loin, qu'elle n'est pas prete ii cesser :
il y en a pour plus do trois ans , et que le roi pretend par la
de rentrerdans son domaine, dont je prie Dieu qu'il lui t'asse
la grace, atin que le pauvre peuple puisse etre soulage de
fant de vexations que la guerre a apportees. Le pain est "ici si
deraisonnablement elier, quel'on craint une sedition du peu-
ple , et ce sera bien pis dans quinze jours , s'il ne vient du
seeours pour rHopital-General, qui n'a plus de ble, et a la
necessileduquel les directeurs ne peuvent trouver de remede;
il est vrai que M. le premier president leur a prete 10,000
ecus, mais cela ne peut guere durer. On nomine ici des par-
tisans par lesquels on cornmencera 1'exercice de la chambre
de justice, et entre aulres on nomine M. Louveau , general
des portes , MM. Catelan , Jacquier, Girardin, le chevalier di-
Maupeou , prisonnier dans la Bastille , gendre de M. Catelan .
M. Boisleve . et plusieurs autres; le temps nous cu apprendra
davantage.
Le jurdinier Gaudron , (jui avoit assassine M. Lavie dan>
su cave . ii y a plus dun an, apres avoir ete quehjues jours
prisonnier, a contesse son crime, et a etc condauine par
M. Chauvelin , bailli de Sainte-Genevievi: . a etre rompu ttnil
\il. 11 1'ut hier traduit dans la Conciergerie pour y etre jui:e
t'li dern'er ressort par MM. de la Tournelle. Ce sera peut-etiv
pour (leinain apres- midi dans la place Maubert <|ui est If
/ien des executions de ce quarlier-la. On condaiiina au»i hier
a »:tre brutes tout vit's deux homines qui out ete decouvui^
dans le faubourg Saint-Germain. p<»ur le crime de //"/<••/•'/>/"
39 i i Lmii-.> DK i.t i run
autrcmeiit do Sodome et Gomorrhe, qui est le peclie que Theo-
philedisoit que sa Saintete lie punissoit point a Home. Vons
vous souvenez bien des vers de Chapel le ei Bachauniuut : '•"/
jv suit <.'/( (trw jiiijjule. L'appel en sera au parlement , et apn>
ils seront renvoyes aleur premier juge , savoir, au lieutenant
criininel , qui lescondamnera a etre brides tout vitsen Gieve,
oil ils seront menes dans un inlame toiubereau , apres avoir
fait amende honorable devant Notre-Dauie, nus en chemise,
la corde au con. Alais voila asse/. vous entretenir de malhen
reux crimes , dt-scjiiels nous |»ouvons dire avec Horace : /'"•
f'totifti, cul/Hl- fU'ddn.
11 y a ici beaucoup tit; lamdies t|iii s intfressenl contre la
chanfbre de justice, pretendant que cenx a cjui on 1'era le
[•roces feront baiiqueroule , et ne paieront point lours dettes
a ceux qui luur out prete de I argent , desqucls le nombre e>J
tics grand.
On dit que le petit prince d Espagne, qui n a guere qu'iw
Mit»ih . n'est pas de taille ii vivre longtemps , m'c viili-tur ritali*
ftitKrti* . idt'fl'CCl lltrtfl'/ tint'' WttidH/ t/KJ/'t'SHtii'tifi vinili UHtVet'SW
'•"/•// «'.s comme out lait ses autres i'reres par ci-dt-vant. et taut
de- princes de la maisoii d'Autriche (jui, t'aute dc bons mi'dc-
cins ou autrcnient . ne vieillissent janiais.
M. If Dauphin est arrive aujonrd'hui a I'.tns , t-t rsl log<;
dans If l,ou\rf , au meme appartement (ju'occupoit le cardinal
Maxarin. ,5c \ovis e.crirai jdus amplemeut une antrc tois , et en
attendant, je vous baise Ires humblement les mains, ft sin-
de tout nion cu'iir votre, etc.
l)t- I'siris, IP (» decembri1 KiliJ.
I.KT1KK DXCV. I" //,"//""
Le roi a tail de.-> elu"\ alier> de I'ordre en bon nombre; la
ceremoiiie de leur |ii'oinenade e.lnit tort belle: el il v .ivnil
\ i \M «>M i . :{«'.'»
plaisir de les voir passer. M. Fouqurt c*i dans le bois de Vin-
rennes, bien enlerme. 11 y en a <|ui eroient qu'il en sera quillf
a bon mart-lit'1, a cause que le rui et la reine d'Angleterre s'em-
ploienl pour lui ; uiais If sieur Colbert est centre , et Ton
croit que le roi est tort attache a M.-S sentiments. >I. le cardi-
nal de lift/ a tail enlin son accord, et a donne sa demissiou
pure et simple au roi ; on lui donne pour son archeveche de
Paris 1'abbaye de Saint-Denis avec une autre de grand revenu.
Le roi lui permet , au lieu de revenir a Paris, de se retirer en
Lorraine en sa terre de Connnercy, dont il est damoiseau
; cela s'appelle, dans le lalin du inoyeii-age , domiceltus}.
Vuila un homiiie (|ui a mal joue son role, et qui , pour avoir
deplu a la reine-inere duranl nos guerr«s paiisiennes, a
perdu Tarcheveohf de Paris, qui est, com me vous savez , un
l>oii morceau, et de 100,000 livres de rente Les Allemands
"id peur de la guerre en leur |>ays 1'ete prochain , a (]tioi
neanmoins il n'y a pas grande apparcncf . vu <pif la |>aix est
arretee entre 1'enqjeieur et le Turc.
Je vous supplie de m acheter clie/ M. Huguelaii un nouvd
exemplaire de la nouvelle edition . en deux tomes in tblio .
(J'iMislioHitm medicu-leyaliuiti ; c est pour envoyer a un de mes
amis eu Flandre.
Je vous prie d'assurer le reverend pere Theophile Kaynaud
(|ue jesuis son ires humble serviteur, et lui demander quand
il t'era imprinier la seconde partie de ses ]/t'ter<>r/ifn sjiiri
inalia. Jt; vous baisf tres liumbleinent Ics mains . H >uis do
mon cojur voli'f , etc.
l>t» Paris . IP 3 Janvier lti<>2.
LKTTUK I»\CV|. \» „,»,„>'
Ce matin il sVst fait un duel >i^ii<ilt' a dfini-lifiif df Paris .
pri'S de Cliaillol , dc luiit >ri^iicm>. dfsqiifU plit.sifur> out
.'<<)(> I.KI'lHKx I»K ".I I I'A I IN
ete blesses, el un esl demeure mort sur la place, qui est le
marquis d Antin , neven de M. I'archeveque de Sens. Le mar
quis de Marmoutier , M. de la Fetre et M. le comfe de
Chalais sent clu nombre.
II y a eu cette semaine line querelle dans la buvette de la
grand'chambre, entre M. Talon, avocat-general , et M le
president de Mesme, le president de iXovion etaulres: mais
on croit quo la querelle n'ira pas plus loin : c'eloit pour
I'autorite du parleinent par-dessus la ehambre de justice.
I /accord du cardinal tie Ket/, esteonelu tout-a-t'ait : on sail
qu'il a ete en plusieurs endroils deguise. habille de gris, se
fiiisant appeler le baron de la Xeiiville. 11 parloit latin, con •
noissoit tout le monde, et se faisoit aimer de tout le monde. II
a ete a Dunkerque, a Auvers, a la Have, a Rotterdam pay>
du bon Erasme), a Paderborn, a Minister en \Yestplialie, ou
il a demeure trois niois entiers ineonnu, mais admire mer-
veilleusement pour les belles qualites qu'il possede. II etoit
loge chez un savant medecin, nomme M. de Kottendorf, qui
lui parla de moi avee att'ection : le cardinal lui repondit de
menie, et lui (lit qu'il me eonnoissoit fort bien , et qu'il t'ai-
soit grand t-tat df moi. Le medecin . r-on ln'tte, ipii 1'atliuiroit.
'•t particulierement pour deux eboses , dont la premim- Hoi!
de voir qu'il eonnoissoit tout le monde; la xvondc. qu'il sa
voit tout, et qu'il exeelloit particulierement en poliliqur soup
conna <pi'il n'etoit pas homme du eomniun , outre (jii'fii tutite
occasion il parloit mieux latin que ne Inn I tons les ycntils
hommes t'raneois. Cela t'ut cause que ledit li(Ue en entrHint
M. reve(|iiede Munster. prince du pays, qui tcmoi^na de la
euriosite de connoilre ce gentilbomme; mais lui. sacliant
qu'il cut (''t(! en danger, s'en det'endit pnulemment, et deln-
:iea des le lendemain de grand matin, de peur qu'il ne lui
arrixal pis : c'er>t qu'il n'y veut point manger le careine pro-
chain de jambons de \Vestphalie, (jiie nous appelons ici jam-
Ix.uis de .Mayeuce, //>-//w.//><.s Mixjunilni , parce qu'autre(oi>
ei'ile grand*' loire de jambons etoit a Maycnce et aujourd liui
a Kranclorly, »-t la grande quantit6 que. nous en avonsa Paris,
versPaques, nous vient par IPS marchands liollandois. Mai?,
\ous dire/ que jo in- vous ontreliens quo de jainbons; j'aime-
rois mieux YOUS en Cairo manner ici on depit des j nil's , qui
sen tout niio loi. Quo j'aurois de plaisirde vons t'aire bonne
(•hen-! Au inoins je vous la ferois spirit uelle, sans que les
inoinos s'en melassent. Jo vous baiso les mains et suis dr toute
mon ame votre, etc.
l)e Paris. Ic 2()jan\ier Hifiii.
LKTTKE hXCMI. .\umfinn'.
J»- vous onvoio la these dos josnites , la(]iielle a ioi for! re-
veille les esprits do ceuxqui aimcnt la rontroverse ; la Sor-
boune meme s'en remue encore ; mais je ne saisrequi CD sera
On di( que dans peu de jours le roi doit aller au parlement
pour faire verifier la convention qti'il a faite avee le dnc
Charles pour le duche de Lorraine. Le prince Francois et It-
due Charles son ills sesont retires a petit bruit en Alleina^n.-,
voyant lour niaison rninee. Le roi rachete Dunkerqiie du roi
d'Angleterre , et Ton dit qu'il la rend au roi d'Kspagne pour
deu\ a utres villes (|u"d nous donne dans la l-'landre. f,e roi
n'ira quo samedi prochain au |)arlemeut pour I'atlairedu due
de Lorraine : c'est M. le pn'sident qui me le vient de dire ;
M. Talon ademande co temps, qui lui ost necessaire pour nn
plaidoyer de si Brando importance. On va travailler vi^ourou-
st'inent au proces de M. Fouquet ; le roi voul (pi'il soil fait en
qninze jours.
M. Arnauld d'Andilly, seigneur do Pomporme, seci'olaire
d Klat novon do M. A. Arnauld le jansoniste, docteur do Sor-
bonue. et t'rerodo I'eveque d' Angers . ;i rocu r.ommandement
ill: i-oi dc so I'olirora Verdun: it a ivpoiulu i|u'il /-toil pivl d'v
:','. > i i i i ui- M i.i i i-vriN
O|M'MI'. niiiis qu'il pi'idit IP roi do changer !c lien do M>II exil ,
ct (It1 ronvoyer plntot a Angers ebez son Iron1, roveque dii
I if u. .\i1ffi <'<'/'<' fli.rit Lucre! i'na :
rni'ilin (le fnnic li-jtoruiii
Snrgil (iiiiari rtli(/ni<l quart in ipsis flo> 'thus ninjai.
Voila .M. Can! <jui viont do sortie dc ceans, ct m'a rondu
lalinanaeh do votre AL Moyssonior. Pour Ic grand livrc, il nest
pas encore arrive, il cst avcc ses hartlcs: il I'aut attcndi'c on-
core hnit jours a eanse <jno la riviere ost Imp grosso. M. (Hani
a nn pi'ot'os a la (jnatrioine dos onqnctcs, (\(\ j ai plnsionrs
amis (|iio jo Ini fonrnirai lors dn jugement. II y a sur la ri-
vicro do Seine, pros do Honon , tronlo grands baloanx do hlc
pour vonir a Paris, ol quarante antros (jni vionnont do Dantzio
ot d'Amsterdam , et (|iii sorniont dcja arrives s'ils avoiont on
10 hon vent.
Lo voyage dn roi an palais esl dittero juscjn an rolonr dn
oourrier quo 1'on a onvoyo an prince Francois on Allomagne
avcc un nouvoan traito pour taclior do lo oontentor. Qnand
nous anrons 1 Alsace avoc la Lorraine , la Franclie-Comto
n'anra cju a so bion tonir ot so garder do no? gens, anssi l>ion
quo Strasbourg ot antres villes sur le lihin , on vcrtu dn viou\
provei'be : dullinn /inherit nntic»tnf nun rn:ininn
La cliambro do justice a fait douncr dos assignations a tons
los traitanls ot gens d'affaires pour venir ro]-iondro sur Ics fails
ipii Iciirsont pi'opost''s. (iirard y a eto plnsiours t'ois ot a lache
do fa ire pitio , niais los jugos n y out pas consent!. On con-
tinue do vondro dans la com1 dn palais los boanx nienblos dc
lioislovo . qni ost on fnitc.
Pour M. votre liontenai't general . sa inort a etc plus soii-
daine (jn'clrango ; il ost niort . conmie vons me le mande/. .
11 nne obstruction dn cu'iir ot du pouinon, a quo! il n'y avoit
mil I'einodc : /•/•///' niii/titlif ^x/ fur/ r<,n//'nin- nt/.r j/if'/ir/irn!if/i<<*,
S il cut etc ituvort .m Ini aui'oit trouvc dans h>s vaissoan\ du
nlti san^i (i^c l;, '•/ n/iqurid rftinm /// sntistniitin fmlvnfmi?,
nihil nh'un ''.«', ([iidm ii>fut/in* illn dififihthnrn tfintnp'Tc !•*•/<•
, fjini' f'arif "st/nnti Iftliuli', i-t y ////>// (fraphict dpsrrijtfit
, fimin <i I'^'rnfllfi. unl/na ntitu Fi>rnrfhim. ("et hoinnic
doit intaillihleinont melancoliquf! et asthmatiqtiP, au inoins
tst-il mortal, ''./• ritin /twin, i/ni transmittit In jni(ntcme>n ^
<•! I'nf-it fifj'rrhtiii ImmcdicnhUfm /»•/• rinni sn/ffiMtionis. La
syncope est HDP marque infaillihle t\w l*vs caiiaux du ca-ur
>o/it hoiiclics. 11 pt'tit etre (ju'il y avoit -iiuv/ «-ju« /// Iwifuts
nrteriispn/motn's. La sueur iliaphoretique ewn *?•+<&'* est une
iiianjne certaine «jue tout etoit perdu. La nialadie d'Antiputcr,
dansGalien. //< Aoo> \ a f]'i>rt i * . rtoit deer i;enre, hormis qu'elle
dura plus longtemps : aussi y a-t-il drs iuterpretes qui out
ddiiti' ^//' inm-lia \nfiftfifri. DitMi vt-iiillt1 avoir son amr
LKlTliE f>\CMII
Vous eles un nicrveilleux ami; vous m'ave/ ci-devant i-n
voye taut de presents , et vous continue/ encore de m'en a»
cabler ; je suis n'-duit a ne savoir plus me ^ouverner a\r(-
vous, car vous me rrduisiv. a 1'impossihle. J'ai recii ce matin,
mercredi des ccndres , '!}. IV-vricr. volre baril d'liuile et />
liiirfin'l , p;ir Ins soins dc .M C.ani ; je \niis prie d'cn recevoii
le pri\ dcs mains dr .M. Spon . comme je lui ai maiidc . avcc
1 Los innhulio.x or{;anique.s du c<rur. •'•lucidro!- |>;ir !»•> lr.i\.m\ d«-
t.ur\i>art . do Lao'nnrc , de M. \c |iru(os-.our Itoiiillaud , «M «i him otu
dices do nos jours . tlnient a pru pres inconnnes «lu temps do dm
I'alin. An lion d'tin ancvrysmo. on cro\ail (ju'il > avail un polvjio mi
du sang coagule dans los vcutriculos. Mais, quuiquo nous oonnaissioii-
ini'.'iix cctlo uialadio, olio u'oii osl pas moius incurahlo , el I'cpigraphe
ijufc Corvisarl . inedociu do Napoleon, mil a >on ouvrai^o : Hipret later >
letlcil $ nrnndn . n'on ost pa- innius nno finie\»ro \orilo. \\. f1
4UO l.hl'lUKS 1)1. till |'\H\
t-e que vous ave/. deboursi-. Pour I'autre paquelqni vienl de
chez MM. Arnand et Borde , je ne sais quand je lo recovrai;
il if etoit point dans cederniercoched'eau; mais IPS eanx out
etc, mauvaises jusqu'a present, pout-etre qn'il est enforme
dans quelque balle de nos libra ires.
On lift parlo pins ici dn dnche de Lorraine, ni de M. Fon-
quet, ni du cardinal de ilet/ , qui t>st a (lommercy ; on dit
seulement qne le roi va la setnnine prochaine an hois de Vin-
cennes.
On imprime en Hollande pour les j.msenistes quelqne chost-
qui sera fort contre la these des jesuites , dr lnfiilliliHttntr
/j(tjj<e On y aaeheve nne impression dc tontes les a-uvres de
fluyo Grui.ius, que j "ai autret'ois connn ici , ainhassadeni1 de la
reine de Suede. II a ete le plus hel esprit de son tenij)-. 11 y
aura neuf tomes in-folio; il etoit admirablenient .savant, et
d'lin savoir tout heau et tout noble. On parle ici d 'uneespet ••••
d'un nouveaii carrousel, on le roi fail entrer plnsieurs sei
gneurs <pii seront obli^ts a line brllc di'pfiisv, taut jionr les
c.hevaux qne pour les habits ; il en aura einq c.ompagnies t
tlont chacune sera condnite par nn prince
II est venu dn hie de Koueu; mais la police est ici M man
vaisft que le hie no rahaisse point , siir qnoi les panvres client
hien lort, /"-'• fu///i'n lnili/'tnr /Y///O ti>f qiirrdfimnt. .It1 voiis
haise tres liunihlement les mains, et snis de toute inon aint-
voire, etc.
DP I'ari-. !»>->i teviicr \Mrl.
I.KTTMK DXCIX. - - \
On parlr ici d'aniener .M. FouqiuM dans la Bastille; son se-
• retaire I'clisson esl dans la Coiicier^eric. Sans par'i-r dn
in litre, »v .M. Peli.sson est tres habile: sa disirace est lamtt1
\ I \ICONKT KM
(le tous les bonnetes gens : on (lit qu'elle hii fera perdre
1 'esprit (l).
Le roi vent envoyer un ambassadeur a I'empereur (on (lit
(|ue co sera M. de Vitri;, pour y fa ire maintenir le droit de
preseance par-dessus tous les autres princes , <|ue le r«»i
d'Espagne iui a cede.
Hier, ce 20 levrier, la ducbesse de Ketz i'ut trouver la reine-
mere an Louvre, et elle la eonduisil jusque dans le cabinet
du roi, oil elles I'urent avec Iui pins d'une heure. Les mis
disent que c'est pour la demission de I'archeve'cbe , les autres
disent que ce sera un accord pour I'aciliter le retour du car-
dinal de Ret/.
M. de Louvois, tilsdeM. Michel le Tel Her, secretaire d'K
tat, qui est recu en .survivance, s'en va epouser mademoi-
selle de Courtanvaut.
M. 1'abbe de Hoches, cbanoine de Notre-Daine el arclii-
diacre , inourut hier; il etoit bien riche du bien d'eglise, et
en faisoit un bel usage, carrosse, laquais. equipage, beaux
ineubles , etc. On parle d'un carrousel qui content bien dr
1'argcnt a la noblesse, (jui y aura part. La reine estgrosse, el
sur cette nouvelle le roi a dit. : ."N'^/o1 m- iit<i.iH/in.'/-<ni.< //<ix <!>' }><'-
//Vx rrmt'twtiiis . c'est-ii-dire dc pauvres jtrinces, et incom-
modes.
Le roi a etc, ce matin , Hindi -27 fevrier, an palais en grande
pompe , pour raflaire du duclie de Lorraine, et y a demeuiv
jusqu'a midi. Nous en saurons le succes cesoir.
Demain , sur les ou/e lieures du matin , sera enterre dans
Xotre-Dame M. des Roches , qui autrelbis nous a promi>
10,000 ecus pour fa ire rebatir nos (-coles. Toute noire Facultt-
est price a eel enterrement. Je ne sais pourtaut si nousaurons
les 10,000 cms. bien qnc la donation en soil bien fnite, cl
•J ! Loin do li< : on »-<iil nu conlrairc qu il la siipporla avoc tine «v',n-
!itc . unc tore** d'anip qui !«• lirt-nt sinful ieromtMil cslimor do toul U-
K. P.
'' < >
•40-2 I.KTTKKS DK (MM I'A'll.N
meme insinuee au (Platelet de Paris, des 1'an 16-14. On (lit
qu'il laisseplus de 100,000 ecus ii niotel-Dieu do Paris, el sa
grande bibliotbeque a la Sorbonne. 11 auroit bien pu nous
faire davantage de bien , mais il se mecontenta clenous surle
refus que nous lui limes de rompre nos statuts pour plusieurs
particuliers qu'il nous recommamloit trop souvent , et cela
n'alloit qu'a ruiner notre Faculte. Morfbits (nitiquis res staf
romana virisque. Je lui dis un jour chez lui, ayant ete de-
pute de notre Faculte , qu'il eut ete a souhaiter qu'il nous
laissat clans 1'observance rigoureuse dc nos statuts, plutot que
de nous porter a les rompre , et que nous etions resolus avec
sa permission de n'en rien faire.
On ne parle plus ici de ces derniers duellistes ; ils sont asse/.
malheureux d'etre hors de France et d'avoir perdu leurs
bieris.
Le cardinal de Ketz a donne sa demission de 1'archeveche
de Paris, duquel une heure apres le roi envoya le brevet a
M. de Marca , archeveque de Toulouse. Voila bien du mal-
heur pour le premier, qui est un honnete liomme, et une
etrange fortune pour le second, qui vient de si loin a une si
belle charge. On dit aussi qu'il deviendra cardinal, mais il est
deja bien vieux , et je crois qu'il a plus de soixante-dix ans. Je
I'ai entrelenu deux beures dans sa chambre dejtuis un mois .;
il a encore I'esprit Cort present, mais je le trouvesec et casse:
senrctns ijiM rno/'hux t'st .
Leroi s'en va dans pen de jours an bois de Vincennes: il veul
etre due de Lorraine absolurnent , jure rd hijm'in, ce n'esl
pas a moi a le decider. Sa declaration en t'ut bier enregistree
an parlement, ouM. le pve,mier president bai-aiiirua fort bien,
et oil il parla de la misere du peuple et des punilions exern-
plaires que le roi vent faire faire en bref , ce que Ton sous-
entend des partisans. La cbambre de justice a fait donner as-
signation a plusieurs particuliers, pour savoir s'ils n'ont au-
cun commerce avec Hrunaut, Catelan, Hoisleve et autres. Si
ceux qui out ete niandes n'y obeissent , ils sont deja condamni-s
A KA
a payer le jour menie 500 livres d'amende. Je vous haise les
mais , et suis de tout mon coeur votre , etc.
De Paris, le 29 fevrier 16R2.
LKTTKE DC. - - AII ////W.
On parle ici d'un voyage que le roi vent fa ire a Saint-Ger-
main , pendant lequel Ton poursuivra vivement M. Fouquet.
II a affaire ii une rude parlie, et je sais de bonne part que
M. Colbert fera ce qu'il pourra pour le perdre. Madame du
Plessis-Bellievreluidoitetrecoufrontnecettesemaine. Madame
Fouquet est ici des jeudi avec ])ermission de solliciter pour son
mari. Nous en avons a attendre un grand evenement. Le roi
a rabattu quatre millions sur les tallies, apres les remon-
trances qui lui en out etc faites par la chambre de justice, ;i
ce que me dit hier an soir M. le premier president.
La riviere est ici encore tellement grosse, qu'il ne nous
peut rien venir de Kouen, ni ble ni autres commodites donl
on a ici fort besoin.
On a decouvert (.'ii Espagne une conspiration contre le roi
et sa person ue: c'etoit pour le fa ire sauter avec des caquesde
poudre , <lii cas que 1'affaire out reussi. On dit que c'est Ic
comte de Liclie, fils de don Louis de llaro, (jui en etoif I'au-
teur, ct c[ui a <Ht'' arrete jirisonnier.
II etoit parti d'Ostende dix vaisseaux du roi d'Kspaji'ne.
pleins de soldats tires des ^arnisons de Flandre pour al lei-
en Portugal y faire la guerre: mais la tempete les a irartt'-s et
comme dissipes.
Je suis de votre avis pour la chimie; il n'y a pa> de danger
que Noel Falconet en sache quelque chose, ce pen suflira pour
en faire reconnoitre la fourberie : n«yt< illuJ .Xeopluh'mi <ijnni
Enniurn; philosophandum ^ sed punas : l(js |)lus courtes folios
sontlesmeilleures. A.Barlet demeure dansCambray, »>u je t'ais
-i()-i i.r. rnu-> DF. '. 11 i' \nv
let-on ; je saurai api'es-demain s'il coinmencera bientol , et
apres nous prondrons son temps et son lieure; je i'ournirai
I'argent necessaire. Je u'ai point vu M. du Chef il y a long-
temps , mais je ne crois pas qu'il vienne a bout du pretre
pour le f'aire aller a f,yon ; il u'auroit point la ses coudeVs
iVanclies , comnie telles gens que lui les out a Paris . dan<
Tabus el ie libertinag"'.
Le mi et les reines sVn vont jeudi procliain a SaiuMier-
main-en-Layp ; on dit (jne c 'est un mauvais signe pour M. Ton
• piet. Cependant on supprime une eevtaine sorte de rentes ,
faites iei 1'an KiaO, de la snninie de 100,000 livres, dont beau-
coup de gens crient. (leux qui les out aclietees en onl eu bon
inarelie ; mais ils sont en danger d'etre mal paves de leurs
interets qne le roi ne vent plus maintemr.
M. Fouquet a ete interrogr sur les ordres ((u'il avoit laissi'-s
de fa ire mettre des gens de guerre en carnpagne deea et dt^ la,
et de faire assembler le parlement, en cas qu'il Cut arrete par
les ordres'du roi. II s'excuse sur la ha'me que le cardinal Maza-
rin lui portoit , et se dt'Tend parfaitement bien ; il ne pen! point
courage, quoique beaucoup de gens le tiennent perdu : tt/i/*-
tri'iii'm ''>•/. On dit (|u'il est devenu tout blanc depuis sa pri-
son : on devient blanc a inoins di1 perte , mais c'est en vieil-
lissant. Je vous baise les mains , et suis de tout mon cd-ui1
votre , etc.
DeP:iri«.K»-2J n\n
LKTTUK I)C1. —
J'ai recu la vt^lre du -2-2 aout , dont jc vous riMiu-i'de. J'ai-
tends la perfection du (>ardan aver loud' pnliniiv. Je ne m'l--
tonne pas si le sieur Oilier fait unc nouvelle (''dition de toiitt^
lt>s ceuvresde I.. ISiviere : si ee livrec'toil bon, il ne sei'oif pas
devenu < oniiiiun : un vend en caivme plus de liaromx qiic
\ I U.i ONKI . t'l.")
de soles. , el neamnoins les M>|CS valent bien inieux que ICM
liarengs.
J'ai vu les epitres de Kichtenis : il ya qnelqncs bonnes
c hoses , quelques unes de mediocres , inais beaucoup de me
chantes, et tout I'ouvrage est assez mal fagote.
II est vrai que M. Fr. le Vignon , folalre el empirique, a fait
nn cours de chimie chez lui, on quelques nns de nos jeunes
medecins out assisle , taut par curiosite. que parce qu'ils ne
payoient rien ; inais tout cela s'est evanoui conime un feu
de paille. Pour des speeiliques , il n'y a que des charlatans
qui se servent de ce lerme (P; je sais bien que (aienaut et ses
confidents les venerables des Fougerais et Kenaudot, p(»rtent
de petites boites dans leur pochette , oil il y a de petits grains
pour I'aire dormir et quelque autre drogue qui ne vaut pas
mieux. Tout cela n'empeche pas que les gensde bien ne s'ae-
qnittent de leur devoir ; j'avoue pourtant que les mauvais
'•xemplcs nuisent beaucoup, et la fortune des mediants en
eblouit toujours queUpies nns. Nous sonnnes encore cent
douze dans noire Faculte, il est impossible qu'il n'y en ait
toujours quelqu'un de fourbe el d'ignoranl.
M.donticr a tache de I'aire imprimer ici ses nianuserits ,
inais il n'a pu tronver personne (|tii Tail vouln enlreprendre.
Nos marchands sont trop sees et meme trop pnuxres. Tandi->
qu'il gardera ses ecrits. il ponrra les amender, la regie d 'Ho-
race est encore reeevable : .\(nnii//(/"i' /;/•'•///</////• in "/////////. II
e>t toujours dangereux de sti Irop pn'vipiier a se prodtiire
dans le monde des savants
< In ne dit rien ici de nouveau du pape , sinoii qne lempe-
reur et le roi d'Kspagne n'ont point voulu prendre son parti
contre nous. II y a ici des gens qni ne seroient pas Irop laches
de la guerre en Italic , el qui voudroient aider a reformer ce
Jupiter capito'.in, dont les Ion 'Ires ne sont plus si forts a la
) II c-l o\i<ltMi( i|uo o.'tk- npinion it'r-l |>;i- IIIMIVO!!'- . ollr l.iil hon-
n.-iir a <im 1',-ilin. It . P.
iort i trn;i.> DK (ifi I'AIIN
mode. On 'lit ici que la com1 de Homo en a Irop fait , et on est
ici furieusement sur ses gardes. Pourceque vous me inandex.
d'Erasme , je vous dirai qu'il nefutjamais moino : c'est une
medisance; il I'm seulemrni novice dans un college de eha-
noines reguliers de Saint-Auguslin , oil son tuteur 1'avoit
IbuiTe, age de qnator/e ans seulernent, croyant 1'y faire de-
meurer pour avoir son bien , niais le compagnon n'en voulut
point later. Jo sais bien quequelques mis out (lit qu'il avoit fait
profession. La plupart des inoines lui en venlent, niais (•<•
n'est qn'on reeriminant. Je le pardonne aux iguorants qui
sont passionnes pour leur l)esacc. Je m'etonne comment un
savant homme tel qne le pere Theophile Kaynaud s'est em-
poi'te aux nit-mes medisances. Tl est vrai qu'Erasme etoit ba-
lard et lils de pretre , comme on pent aisement le voir dans
sa Vie, qu'il a ecrite lui-meme. Neanmoins les inoines n'ont
pas ete les premiers cpii lui orit I'eproche le malheur de sa
naissance. (Ja ete Scaliger le pere, dans son Cicrrunitmttx , et
rnsnite tonte la cont'rerie des capnchons. Adieu , je suis , etc.
DC 1'nris, Ic 10
as
Jc vous dirai francliernent (ju'il m'ennuie qnand jt; n'ai pa
de vos nouvelles : au moins ne soyex point malade; noti^
avons ici grand nombre de fievres tierces , quarles, doubles
tierces, liydropisies, dysenteries.
On |»arle foil ici de la colere dit roi contre les ('liigi, nt1-
venx du pape. d'oi'i s'ensuivra une gueri'e en Italic, si le roi
ne recoil satisfaction pour le mauvais traitement i|iie Ton a
fail ;i Af. de (Hrequi, notre ambassadenr. On parle aussi de la
dit'te de l»atisbonne , et que le roi y \i-ut ciivoycr M Ic carrli-
nal dc lid/. IMnla Uieu qu'il ivnirat en grace! II est hommc
d'espnt, qui aimc la belle gloire et \>t jtiililic. junpicl infuilli-
blcmt'iil il I'lTiM! .In |)|rii.
Le partisan Catelan s'est rendu prisonnier, et est dans la
Bastille; on croit qu'il a traite en secret, et qu'il n'est point
assez sot pour s'enferrer de la sorte, s'il n'en a eu quelque
assurance. On continue de batir au Louvre, et 1'ouvrage
avance tort et en sera tort beau. On abat 1'hotel de Longue-
ville ; le roi a donne en recompense a M. de Longueville le bel
hotel de Chevreuse; son ills aine, nomrne le comte de Dunois,
s'est rendu jesuite. On parle de donner la seconde fille de leu
M. le due d'Orleans au due de Savoie. Vous savezque la pre-
miere est a Florence ; on parle aussi de la troisieme pour le
prince de Danemark, et ineme il y en a ici un ambassadeur
fort leste et fort brave; inais je crois qu'il y vient pour autre
chose. Je suis son medecin et son ami.
M. van der Linden fait im primer a Leyde \'Hipjjocrate, en
deux volumes in-octavo, grec et latin, ou il mettra des no- '
tes(l).
M. Martinus Schoockius a fait 1'an passe imprimer un livre
de Cervisiu, qu'il m'a dedie; il le fait reimprimer fort aug-
mente. J'attends de lui son nouveau livre, de Ferment o <-t
fermented tone , et quelque autre nouveaule.
Les deputes d'Avignon s'en sont retournes, apres avoir
prete sernient de tidelite et d'obeissance au roi, et avoir fait
toutes les protestations necessaires. Un rieur disoit ce matin
en bonne compagnie que la donation d'Avignon aux pape.s
etoit l'efTet de la peur <|u'on a du sacre feu du purgatoire, (|ui
est la mere nourrice des moines. 0 la gentille invention , <> la
belie liction que ce feu du purgatoire! disoit-il ; ce pape n'e-
toit point sot, qui en a invente 1'histoire pour fa ire bouillir
son pot, et de quelques millions de gens oiseux, que saint
Paul appeloit centres /;/<//'/, auquel nous pouvons ajouter,
fruyes consuntere nnti (2 .
(1) Voyez tome II, paj;e VJ7.
('2] On voit toujours dan.* (ini Palin surj;ir colto opinion de protc>-
ic <lo{;niso dont nous avons jtarU1. (R. P.
•iOS i.l.i I iu.^ M. i.i i rui.N
Knlin bunkerque esl a nous; le roi d'Auglelurre nous I a
rendue pour -2,oOO,00() livres; il en a retire sa garnison, et la
not re y est entree. Le roi va sou vent a Versailles y voir les
bailments qu'il y fait fa ire ; neanmoins on dit qu'il y a quelque
chose encore plus doux qui 1'y en fait fa ire souvent le voyage.
Nous sommes ici aecables de doubles tierces, de lievres
quartes, de dysenteries. Jesuis bien aiseque M. votre Ills soil
oil vous I'ave/ envoye; inais prene/. garde qu'il ne s'y de-
bauche; ordonne/.-lui <iuelque surveillant qui le tienne de
court. Je m'mformerai demain de M. Leblane, pro lessen r en
droit, que je ne connois <jue de norn.
I/on tlit que (juehjues eardinaux se soul battus a coups de
poiny et de chandeliers en presence du pape, les uns pour la
I'rance, et les autres contre. Mulciber in Ti'nja.nt , i>i'<> lr<>/«
tt(ib(i( .\/>oll<>. Je le tiens pour une fable. Home est un pays de
respect el de ceremonic, oil sa Saintele Jie pennettroit pas
ces folies. Les politiques disent ici qu'M faut altendreun eour-
I'ier que le roi a envoye en Kspagne, sur la reponse duquel
le. roi prendra ses mesures pour la guerre (jii'il niedite en
Italic.
I'n apothicaire de Lynn, que vous m'ave/ aulretois adresse.
m'es! venu dire adieu, et in'a deinandi- une lettre pour vous.
Je lui ai proinis celle-ci. fjue je vous aurois aujourd'liui en-
\oyt-e par la poste.
Nous attendons d'Angleterre I e beau livre savant et curieux
de M. Samuel liuchart, ministre de Caen, d<- Anhnitlibits Su-
,/•/(> Sr/'/jifn/'/f. M. Auisson, libraire de votre ville, a ele ici ;
il in'a promise! 'imprimer nies deux nianuscrits de feu iM. (ias-
pard Hot'inann : Dieu lui en fasse la grace! Le voyag;du roi
pour Dunkerque est diflere, il devoit partir demain.
Du travaille an proces deM. I-'ouipiet; on lui a doimedeux
r.ipporlt'urs, savoir : M. d'Oi'inesson . m.iitre des recpjetes, et
M. de Sainte-Hi'lene. conseiller au parlement de Kouen. II y
a iei deux bommes de qualite (jtii out gage de la lm//ii//i/s<,,i
de ••'(Hi proces: I un (ill qu'il lie IHMI! eln1 'pii;''' qu ;q>res .\nt';l
\ h U.t.O.Shl . -i(lt)
a cause do beaueoup de lonnaliles qui restent a laire; lautre
dit que ce sera devant la Saint- .Martin. L'att'aire tirerade long,
sans doute. MM. de la cbambre lie justice prennent lours va-
cations depuis la Saint-Simon-Saint-Jude jnsqu'a la Saint-
Martin.
Notre M. Pielre est au lil , maladed'nn a bees dn venire qu'il
vide a vet1 de grandes douleurs. Cela vienl dn t-nfun : je pense
<|n'il en guerira C'est un boinnie i'ort savant, inaisqui devient
tout atrabilaire par ambition ft avarice. Otez-lni res deux
passions, c'est un des premiers homines du inonde , comme
il est des plus savants. Je prie Dieu qu'il guerisoe; ce seroil
une grande perte pour nos ecoles. M. Merlet est aiijourd'bui
notre ancienquiseporte bien, mais il a quatre-vingts anspas-
ses : Main nn-rj\ inul.<i </>/(«, ce disoit un vieillard dans I'luufv;
mais les Hebreux disent : .liic<'iu's nmri jtonnunt , sent'* did ci-
>•(>>•<• iton poasunt. Le voyage du roi pour Dunkerque est difiero
et re m is apres la fete. On (lit que le roi a ordonne a M. de
Oequi , son ambassadeur ;i l\oine , de revenir a I*aris. Le
roi a envoye a Sedan un bomme entendu, avec commission
d'y fa ire faire 6,000 niousquels : cela sent bien la guerre.
Tacbez d'obtenir du bonhoinine .17. S<uu-lte que M. votre iils
etudie beaucoup, qu'il ne s'eloigne guere de la niaison .
et (ju'il ne se laisse empanmer d'aiH'iine inauvaise conipa-
gnie.
J'ai vu aujourd'hui des partisans et desconseillers de la
cour(pii ne savent que dire de M. Kouquet ; ils disent que
Ton travaille tout de bon a son proces et que le mi en vent
voir la lin; mais bien plii> encore ceux qui le poursuivent ,
qui, dit-on, en veulent Corl(!inent a sa vie. I.e roi est fort
.H'cret »^t son conseil ausM ; a peine y a-t-il quelqu un (jui o>e
dire ee (ju'il sail. Je vous baise les mains . et sui^ de tout mon
c;i;ur votre, etc.
DC J'aris, Ic 2i uclobre K»«VJ. '
4 10 f.E'THKS OF. (.11 I'.VILN
LETTKE DC11I. - - Au nu-me.
J'ai recu le ballot de livres de M. de Tournes, que YOU*
ni'avez i'ait la grace de m'envoyer, et jo vous remercie de
tout mow coeur. M. Alexandre Morus est gueri , a ce que j'ap-
prends depuis deux heures de M. du Four, ci-devant medecin
de M. de Vendome, qui I'a traite dans cette derniere maladie.
C'etoit une fluxion sur la poitrine avec une tievre continue:
son medecin etoit assiiste des bons el iideles eonseils de M. Elie
Beda, sieur des Fougerais , venerable ou plutot detestable
charlatan s'ilen t'ut jamais ; mais il est honnne de bien, a ce
qu'il dit, et n'a jainais change de religion que pour faire for-
tune et mieux aYaricer ses enfants.
On dit que le pape est inalade et que le roi d'Espagne a
promis de donner passage par le Milanais quand le roi vou-
dra envoyer une armee en Italic. Mais si cela est , et qu'on se
venge bien du pape par ce inoyen-la , quedeviendra la catho-
licite du roi d'Espagne, dont on fait tantde bruit? On dit que
M. de Koquelaure a ]>ropose de beaux moyens pour envoyer
une grande armee en Ilalie, savoir, <{ue M. de Liancourt four-
nira 20,000 jansenistes , M. de Turenne 20,000 hugue-
nots, et lui, fournira JO, 000 aliiees. Voila ,">0,000 homines
<|ui n'epargneroient jioint le pape. Vous voye/. coinine, dans
raflliction publique, les courtisans ne laissentpas de railler.
Valot a ete inalade d'une grande lluxion sur la poitrine ; il
aetesaigne plusieurs i'ois, el eusuite purge; il se leve. (iue-
naut I'a mis au lait. Quand Vautier fut bien inalade , il ])rit
Valot pour son medecin. -h; ne sais si celui-oi fait mieux;
maisje sais bien qu'un honnne sage ne prit jainais son ln'ri-
tier pour son medecin. Guenaut passe septante-six ans, et
a encore bon a[)j)<:tit. On parle deja de cette succession en cas
que moi't arrive. Le month1 est plein de gens alteres et all'a-
mt'-s, ft qui_songt:nt. fort au bien d'autrui. Les jui'isconsultcs
di^-t'iil qui1 le litre du druit . [>>• nct/iiircii/lii ri'i'tnn fliinnnni , c^l
A FU.t.ONKI. 41 1
le titre des habiles jiens. Je vois bien que je n'en suis pas , car
je le meprise. Je me recoiiiinande a vous et a toute votre
chore famille , et suis votre , etc.
De Paris, le 17 novembrc K>(r2.
LKTTKE DCIV. — An nta,«:
Le roi est ici de retour de Dunkerque ; je le vis arriver et
passer a la rue Saint-Denis , le rnercredi 6 de decembre, a
ou/.e lieures trois quarts, dans un carrosse attelode huit cbe-
vaux qui alloient rudement vite.
Ce meme jour je soupai avec M. le premier president , le-
quel me dit qu'il y avoit mi medecin arrete pour inadame la
ducliesse de Savoie, <pie ce seruit M. Morisset , et (\u\\ en
avoit 1'obligation ii M. (luenaut. Jelui repondis sur-le-champ
(lucl'obligationn'etoit pasgrande, quepeut-etre Guenautlui
avoit donne quelque degre d'approbation , mais ([in' lechoix
n'etoit point venude lui. Guenautesttropchiehe de louanges,
si ce n'est pour ceux qui lui sont devoues, tels que sont H>-x
FouycraiSi limycr, /{tiitissmif , les deux ynzeticrs , Uieuxivoye ,
<iui se prostituent trop librementau dieuPlutus, nt l'<«-i«nt
ran, si unit ran, ijwtcuni^ii' i//n/t<i fan. Ni 1'houncurde leur pro-
fession ni leur conscience ne Ics reliennenl point; ils courent
au gain a bride abattue. ot taclient de la ire d'une profession
pure et saine , <|ui n a janiais clc ctalilic ijiie pour le bieu pu-
blic, une pun1 cabale ct imposture publ'upie. M. le premier
president dit que eette place etoit bonne, vu qu'il pourroit
devenir bientot premier medecin du due mt'-nu1. Je lui repon-
dis que le pave de Paris valoit plusipie d'cMre medecin d'une
cour si eloiynee. Ine dame de qualite <pii eloil ii table enlre
mondit seigneur et moi dit «|u'elle n'avoit pas bonm> opinion
decette condition, vu <[u'au bout d'un an on dedeux il scroll
'i'1 a l\iri-> Lcdit sieni1 !Mni'iss.-| r--t iV^c dc Nui\ante--ri!
HI. M
ans, de mediocre grandeur el assex, maigre. 11 a poarlant bon
air; il es! propro et se plait aux beaux habits, il paruit glo-
rieax , uiais il no 1'ot point; il a puurtaut do qaoi 1'etre plus
quo (Tallin's, car il est l'<>rt savant et habile homme. II park'
fort bieu , il harangue eloqueininent , il eonsalte de bon sens,
il parle bon latin , il sail Ic grec , et n'a jarnais voulu signer
I nnlimoine, bien (ju'ii en ait eto- bien prio , « t principalement
par (i(»:ii'i>/t. II y a quarante ans qu il fait la medeeine a Paris ;
il n'y en a guore de ineilleurs (jue lui , inais il y en a bien de
pires. 3IM. Pietre , Charpentier, Courlois , Klondel , le C.omte.
sont peul-etre plus savants quo lai.mais il neleur en doitgaere
pour la bonne pratique. T. Fontaine et I'erreau out refuse
tout a plat eel emploi. ^lauvillain it el le Bel eussent bien
\ou\u 1'avoir, inais ils n'ont pu y atteinth'e . et jneine on leur
demandoit de I'ai'gent pour el re preleres ; n'ont-ils pas bien
fait de n'en point donner? 11 fautservir les princes pour leur
argent, niais il n'en fa at pas donner pour les servir : cela
n'appartient qu'a Yuitiini\ qui n'y a point reussi , et a son
suceesseur, donl rt'jveneinent est encoi'e fort douteax ; il la at
attendre la Jin de la eoniedie: onfc libitum iu'in» /''/'', nhi ml
f<'i//j/t(x. M. Morisset est presenletnenl aa lit pour line petite
disgrace qai lui est arrivee die/ an nutlade do qualite, savoir,
le Ills de niadaine dt1 Uohan. inais je erois (ju'il en sortira
bienti'it.
On IKJ dit rien iei de M. Fouquet. el e esl bon signe ; il y
a dans le droit une regie donl il me fait souvenir, rise <lln m
/ rufii [Hi1 no in 'iititiijtil.
Les troujies destinees pour 1'llulie out ordre de marcher, el
de so rewire en Dauphine et en Provence. Kes mains da roi
lui deniangent ; il nt! parle <piede gaerre etde voyages; beau-
coup tie gens discnt ici <pie les j>apalins s'en trouveront inal.
I" ("<• cloclcnr .M;mvil!;iiii. donl il i-*l -OUMMI! (jiu'stion d;ins les lellrc-
<!<• noire .nilcur. (;(;iil . <lit -on . ln;s li<; mrc MoluTP. On prelrml (|iir
'•<•-( Ini '|ui foiinii-;-;nt a I'iilii'-lri- ,ui!rni ci'ini'jin1 luii^ \c- IcniH"- <Jr
1,1 -I I'-Il'.'O <l"||l |l .l\,,|l lirM'll). 1! - I'.
\ KVI.IOVKT. \\.\
Je vons baise Ires bumblement les mains, a mademoiselle
Falconet et a M. Spon , notre hon ami, Pt suis de tout mon
roeur votre, etc.
De Paris, le S (loc.-mliro \fii\-l.
LKTITiK DCV. - .-I// /«/W.
Pour reponseala votre. du 1") decembre, que j'ai re^uece
matin 22decembiie, je vons remercie dp la peino qne vons
avp/ ene dp donnpr ma lettiv ii M. Kavand , comme aussi d'a-
voir si heureusement plaidp la cause pour M. IP pivniier piv-
sidpnt. J'attendrai sa ivponsp pt CP <pi'il HIP doit piivoypr snr
cpltp atfaiiv, laquplle JP f'prai iviissir, taut qn'il me sera pos-
sible, a leur contentempnl. .lp tipns pour certain qu'il pst fort
honnpte bomme, et qu'il leur femoipncra sa gratitudp d'nnp
tagon on d'autre.
II est ici pen de maladps, rnais IP ^rand IVoid PS( tort cmi-
traireaux vieilles gens. J'ai f'aitaujourcl'liui donnpr rextivnn'-
onctionaune vieillelemmeageedequatre-vingt-sept ans : c't^st
la bonne femme madamp Dulaurens, de qui je suis nii'decin
il y a trentp-six ans. Kile pst merp d'nn conspillpr de la coin
qui est fort bommc dp bipn ; pile pst veuve dp[)iiis quin/.p ans
d'Antoine Dulaurens, avocat an conspii. qui niotirut agt' di-
quatre-vingt-trois ans d'nnp lipvrp <piarlp; il ctoit IP plus
jeune frere d' Andre Did an rens . qui a pcrit dp 1'anatomip. II y
en a qui croicnt que M. Morisset |)artir;i bipntot. pt (pj'il n'a
accepfp cette condition que pour pviter riiuporfnnitp dp SPS
c.reanciers. Je ne vons pnis dire <pie cpla PSI vrai ; inais jp
liens pour certain <ju il pourroit plus iiai;ner a Paris qu'il nc
t'era en Italic, on il y a nipillpurp mine <|UP lion JPU , ppu
d'argent, et merne pen d'estime pour IPS gpns dp letires. Mo-
ri^set pst savant el habile bommp. bun nipdpcin . r-'psi tout
dirt: ; il a soixanto-liuit ans. Vous avex. bien fait do lie point
demeurer a Turin, Lyon vaut mieux, oil vous primerez et
triompherex si vous voulex , pourvu (|uo la sari to ne vous
manque point. 0 sanitns! f" nw.chinnn hominibus IHMHIH , ft
utilissimwn omniyeiuK falicitfttis humancK fundawentunt (l .
M. Morisset pout bien cnseigner les niedecins heinojj/iobes ila-
liens, el leur apprendre ee (ju'ils ne savent pas. ,le lui parlerai
devaiit qu'il parte dt: Paris , et I'avertirai de ne point passer
par Lyon sans vous ailer saluer.
Ce que vous in'ave/ mande de Home et de notre afl'airo aver
lepapeest vrai ; M. ie inareehal d Kstrees , doyen ties inare-
cliauxdeFrance, 1'adit toutliaut asa table. 11 y aici des politi-
<jiies speculatii's qui disent que nous n'aurons point de guerre
en Italic, ct que ce que Ton en dit n'est qu'une I'einte pour
eacher le dessein du roi , qui vent sous ce pretexte i'aire passer
des troupes en Provence et en Daupliine, pour aller assieger
Geneve, ou lout an nioins les obliger de permettre line li-
berte de conscience; mais cette pensee ne me semble poinl
vraiseniblable.
On ne dit rien id de M. Fouquet <p.ii soil nouvean. M. le
chancelier va tons les jours , soir et matin , ;i la elianibre de
justice.
Hier mourut ici un grand et i'ameux partisan, nomnu'1
1)Ce mouveriKMit d'enthousiasme pour la .-auto ost . du resto, jtloin
do sens cl dc raison ; mais la plupart dos hommos ne tienncnt aiicuii
coinple de cos salulairos avcrlisscmcnls. .Ic I'ai dit ailleurs : « Qui ost-
iv (jiu comprond I'inimcnse bonhcur do la santo , qiiiind on se porte
liien ? La .-ante osl lo premier dos ltien< ; on Ie dit. of on a^il couune
-: e'en elail le plus nieprisalile, Toujours inconscqiicnls . les homines
aecusenl la nahire do imus avoir donno uno e> islenee lro|) fragile, el
il- a;;i-senl rommo si olle etail inalterable ; d'a\oir as>i;',ne a notre MO
line periodo trop courlo , et iis ne Ci^sonl par lour conduile d'en acce-
lerer lo terme. 11s voudraient elro jeunes jusqifa la derniere lienro , et
il- hale nl la Meillo.>.-ej)ar nne (oule d'exces , etc. » ( EiU)i:s DI: L'HOMMI.
tl'ins Petal ile sanle ct dans I'elat de maladie; 1S4o , '2' edition = sur In
ante . tome I. H. I'.
A FALCON KT. 41.')
M. Bonneau; il etoil un des ad judicataires dps gabelles, et avoit
soixante-sei/e ans. 11 a tonjours dit, avant quede mourir, que
lachambredejusticeluicoupoitla gorge, et qu'elle etoit cause
do sa mort. II etoit natit'de Tours, avoit autrefois ete mar-
cliand de passements , et puis est devenu grand partisan; il a
eu des put ants qui lui out bien coute , ot il a encore un fils
conseiller de la cour, et neanmoins quelqu'un de ses amis
m'a dit aujourd'hui que par cette mort sa maisori etoit ruinee
apres une si grande fortune. GJI appeloit sa fern me la re'me
des partisans; peut-etre qu'apres la mort de son mari , elle
sera reduite a sa premiere mesure. II y a dans Martial une
epigramme fort gentille centre un nomine ('iiin<unt<s , (jui
avoit autrefois ete barbier, (jui par un changement de fortune
tut encore bien beureux de le redevenir :
Qui tnnnor fneras Iota iiol isthmus itrlc , clc.
Quod sup treat . itcnnn . Chm/tnif, Imixor rris.
Ainsi ce<[ui vient par la (lute s'en va par le lambourin, *'\
ce grand feu de vanite et de ricliesses jnal ac(juises s'en va en
I'umee: mule jmrta tnfilf dilubuntur.
La mere de >f. le chevalier la 1'ome n'est point a Paris ; ellc
fst allee trouver son mari en sa garnison ; moil lils ainc lui
mandera que son fils est parti pour Malle, d'oii il reviendra
s'il peut et si Dieu vent. Mcs deux lils vous baisent ti-es bum-
blement les mains, et vous remercient de votre bonne allec-
tion. J'ai ceans mi des livres de Carolus , il>' /'\niti/iis /~<i////i//>.<,
pour vous, et un autre pour M. Spoil , <pieje vous envoi rai a
la j)remiere occasion. C.e livre lui a accpiis beaucoup de rc-
j)utation , et il la nn'-rite, car il etudie tonjours. On dit (|iic
M. Janin de (laslille, , ci-devant tresorier de I'/'pargne, <M
maintenant iinsonuier dans la C.onciergerie, e>t un liommr
mine, et que quand le roi lui laisseroit la vie, en lui pardon -
nant tout ce (ju'il a fait de contrebandeen sa cbarge, <pi'il ne
jxMit etre jamais que malbeureux, a cause (|ii'il doit a pin-
sieurs particuliers plus de sept millions.
-i|(» I.F.I TIUS DK t.l I l'\TI\
\A\ obambro do justice a donno arret pour Cairo vend re des
ineubles ot dos lerres deplusieurs partisans, quo 1'on a saisis
de tons cotes.
Parum nbfuit fjtan >/.'.v//' nn~<i nribix nusc.rc pc/'icrif : nonni/iil
irncundn ef bilioso itidilll in fehrein confinumit cum dolor* lafcr/s
puncforto, rlieumnfico ((iwenpofiits t/icm/ plenriffco, <//ti fi'lici-
t?r dcsut post, tcrtifliti t:ni<r wctniiiciii. Sfd trnnslfifn. nnitcrm in
pulmonon cum occendit nc -pcnc perdidit. $/>itf(i crtipnta
•mnlt a prndierunt , i>if/cnn f//i/ febrile inc.cndium , sinnnia n>t//<'-
litus difficultas, vigilim jitr/est pultun (jcnr nnlla*. TnndfimsSn-
(jtdnri l)c.i beneficio fi'fixit per octicy sccfux I'ainx superiores ,
saphenamque xcmel , poxf (l<>^lci(i miijcira I'fisa. Sa soif etoit
presquc inextinguible; maintenant nous la purgcrons avoc
oasse ct seno, ot olio est, Dicu incrci , hors de danger. Dcfjff
II In (/fil/ion .•/'Jxciditp/n, pour otre recliappee d'un tol mal, du-
quel cent a utros seroient mortes. Vivo la bonne metbode do
(ialien ot le beau vors do Joacbim de l»ellay !
(J l)onnc, 0 *aincle. o divine saigiH1*- 1
/// ilicx idlfpdi inailn I rent in' . tjunlldte iijijiiii^'iil sn/iia I ae-
//O///.N HlftntfcsfWHi ef dllliCidiiji'it , in'iiuie niiti'ln iniiiiiiltitni ii
SyiflptOHHifinil I'euiitxm , ijiiii' ^n nl ei'rlmxiuut meili/i i'ec~urrenl i*
mi'] itit'ift r<il.cf/<f/iit/s. Jo voudrois l>'u:n qu'olle iut guorie, t'l
qn'olle tut luoinscdli'iv a 1'avonir 1 . On dit tiuela loi salicjuo
est fond oo sur oo vors suivanl :
Prwida ronsHia <jniu »i]scit curia nuilnnn.
iMon Ills C.arolus a t'it; son principal niodecin ; olio a voidu
^o ficr particnliorement a Ini plus qu'a inoi ot a son froro
1 II ol o\iil(iit ijnc niiulMiiir 1'nliii . nnnnihil iracundn et bdiosit ,
I 'nl alli'inlc d'nuc piKMinioiiii1 on Iliixion <lc |>oilriiu>. ol In saignec ic-
pi'-lei' cul mi plcin snrco-; : au^si nolrr antt'iir cnlonnc-t-il avor mi \«'
ritalilo "Mitl^Mi-insinc lc rhanl dn trinmphc . «•! !<• vr>r-< <i hourou-<'ni< nl
(•ill- (1'iin ill' no* \ii'ii\ |ioi:li>> en i>>.l In prcnvc. H. I1.
A r.Vl.r.oNHT. -117
ainc ; pouiiant elk; nc 1'a aime quo clepuis qu'elle a connu
([uc tout le mondo 1'aiinoit , car nature! lement olio n'aimoit
(jue son aine.
V'ous ti'ouverez ici iiiclnse une lettre pour M. Torini . nit'-dc-
cinde M. le clue deSavoie, laquclle jo vous prie lui Cairo lonir
a votre coniiuoclilc': ; c'ost la reponse a cello (ju'il me lit 1'lion-
nour do m'eerire 1'ote passe, qui, par jo nc saisquel inalheur,
s'etoit egaree sur ma table ; il vaut inicux lard ([tie jainais.
Jo ne lui parle en aucune facon do M. Morisset. Jo vous baise
tres humblement les mains , etsuis, etc.
l)e Taris, le 20 deccnibre 1GC2.
LETTRE DCV1. - - .I// mhnr.
La sai^neo do la petite Madame , lillc du roi , a eto ici fort
blamee. Los princes sont malheureux en medecins. Blaiso do
Montluc , marechal do Franco , 1'a fort bien remahiuo dans
s«'s Commentaii'es. L'oducation do Louis X11I , la mort do
Gastonducd'0rlt3ans,son i'rere, et cello du Mazarin,en rondent
do grands temoignages. Golte petite Madame n'est morte quo
d'un coup qu'elle avoit ou a la tote, <jui avoit fait un obran-
lement du corveau ot qui lui a cause les convulsions et la
mort. Done elle n'avoit pas besoiu do saignoe. II y a bien des
gens (\m ressomblent a co peintre clout Pliiio a parle , qui ne
pouvoit pas s'empecher do mellro loujours la main a ses ta-
bleaux. Quand un tableau estbien fait, il n'y faut plus toucher.
II no faut fa ire des remodos qu'a ceux qui en pouvent etre sou-
lages , cle pour, commc (lit Celse, do did'amor des remedes (jui
out cite salutaires a plusieurs autres, et il falloit siinpleinent
s'en tonir an pronoslic. Dans la premiere race do nos rois ,
il y en out un a qui tous les eulants moui-oient. Sa fenimo
lui remontroit quo !>ieu le perinettoit ainsi , a cause qu'il ebar-
geoit trop son peuple.Tuus ses eufaiils inouriirent.et le peuplo
ne fut point cloYliarge. C.e n'es! jxis ipie je le vouliisse appli-
iii. •>-
418 LETTUES DK (III PAT1N
quer an roi, car tons les gons do bien sont ici assures do sa
bonne volonte, ma is jo voudrois qn'il on sut la remarque. J'ai
fait saigner autrefois un enfant do trois jours pour un erysi-
pele qu'il avoit a la gorge. II est encore vivant, ago do trente-
cinq ans. II est cnpitaine deDunkorque. C'est lo fils do made-
moiselle Choart. J'ai fait saigner le ills do M. Lambert do
Torigny le soixante-deuxieme jour desavio, (jui a aujour-
d'hui dix ans. [/application des grands remedes, dans un
age si tendre, demande beaucoup do jngomont (l).
Guenaut no sail tantdt plus ce qu'il fait; il n'a ni memoire
ni jugcmcnt, il n'a plus que 1'avarico et 1'ambition dans 1'es-
prit. C'est grande pitic (mo la vieillesse ! (mid /ton lomjn dies,
quod non consun/itis a.nni'f Punition divine, dit Homenas dans
V Ant cur franco is.
Le petit Gascon avoit beaucoup do feu , et pen de ibnds ,
mais il avoit de la malice et de 1'ambition extraordinaire ; il
avoil suppose de faux contrats pour so manor : cos tours n'ap-
partiennent qu'a des Gascons. II a laisse du desordre en sa .
maison. On dit quo son grand-pore, Lvducicns Lopes , ntcdicns
Ittsittmm , judfiica; reliyionix, Cut pendu on Angleterrc 1'an
1595. \ id<: Grotiwiii dc Hallo belyico, cf Co.mbdtinwn, in Ann id i-
bt/s Llisabct/ut', Amjlurnm rc<j/it(t>. C'est uno mochante peste
qu'un juif portugais empoisonneur, etc.
Madame do Hohan a fait fa ire quclquo satisfaction a M. Mo-
rissct , mais cola no va pas encore bieri : <\c iiiflicfo ndncre
'/'O/iancf cictitt'ix qua1 fion facile dclctm', xcnqicr nvtit'ug C'ji't.
Lcs deux rapporteurs tie M. Fouquot travaillont aux pieces
do son procos, pour en faire lour rapport , qui no sera pas
sitot, d'autant (ju'il faut bien du temps a visitor tant do papiers.
On dit qu'il y a des conclusions do mort centre Catolan ,
(ju'il sera jtondu et etrangle , et (jue sou corps demeurera a la
potence trois jours et trois nuits. On dit qu'il y a trois nou-
voaux intondjints des finances, MM. Charon, Piquon et Hotte-
(1 H icii df jilus vrai ; ni;iis fairo i-ai^ner un enfant dc (rois jours ot
un aulre <li' ilcux inoi^ ! C.o'a c-l-il possible, rdn rs(-il vrai? Do nos
jitur* iiiin- ii'iiMin-; |>;t- niic pai'dlli' Icinci it<\ |{. I'.
A FALCONET. -119
man , dont le premier est beau-pere <lc M. Colbert , qui est
aujourd'liui le million et le favori do la fortune (l).
On ne parle ici que de la guerre en Italic et contre le pape,
et qu'il y a des troupes qui out ordre de marcher.
Je vous envoie un petit mot de reponse pour M. votre Ills,
que je vous prie de lire et de lui envoyer ensuite. Mais retirez-
le de la le plus tot que vous pourrez : hen! ftiyc cruddes terras,
fugv littus (iiwwii .' II ne sera jamais mieux qu'aupres de vous ;
ce sera votre presence qui le retiendra et 1'enseignera ; il se
doit imaginer que vous lui dites tous les jours : Disce, puer,
virtutt'in ex me verwnyue lubun'in.
On commence ici 1'impression in-folio de la Pratique de
Hollier, in qua , prosier textum et scholia Itullfrli , enur rat tones
et annotationes Lud. I)nreti, ft exercitatiunes }alesii, leyen-
tiir commentani nod et obserr. at tones select a' Joh. I/imtin,
niffl. jifirix. , qui a etc fort savant et fort employe , et qui
mourut ici 1'an 1616. Mais j'ai bien peur ([u'il n'y ait bien
des fautes , car tons nos libraires sont bien taquins et bien
ignorants ; ils n'ont pas memo d'esprit pour bien faire.
J'espere de renvoyer a MM. Huguetan et Uavaud leur epi-
tre dedicatoire pour le Cardan la semaine qui vient , et que
le soir de dimanche prochain on me la rendra chez M. le pre-
mier president. J'y suis invite a diner, mais je ne puis y aller.
Le jeune M. de Rhodes est-il de-retour d'ltalie? Jesuis, etc.
De Paris, Id 9 Janvier Ki63.
(1) II le ful jusqu'a la tin de sa vie , car Louis XIV connaissail la va-
leur d'un tcl hoimiic. Jcan-Uaplisie Colbert (ne a Reims le 29 aoiit
1(519, mort a Paris le (i seplemhrc KiSir, petit conimis dans les bureanv
du cardinal Mazarin , puis son inteiidant , devinl controlcur general des
finances ellnl I'lin des plus {'.rands ininistres de la France. Colbert resta
ininistre viu^t-deux ans, et il laiss.i pies de doti/.e millions de fortune,
nialgre les enormes depen^es de sa niaison. On lira avee inlerel >nr cc
jcrand Iionune I'ouvragc ayanl pour litre : llislr.irc dc In vie ct de l'nd-
minislralion de Colbert, jirccedce d'unc t'tude It'storifjite sur .\icolas
Foiiquet . surintendant des finances; snn-ie de jiH-res jitstificatives
letlrt-si't documents inert'ls: par Pierre C.lerncnt . I'ari-. 1Ki(i. in-S1.
,U. P.
4-20 I.I'TTHKS |)K i;n I'ATIN
LETTUE DCVII. — An mwnc.
Yotre M. Gras ost tout plein do mines ct do mysleres : passe
pour tout cola , si Ton faisoit co qu'il i'aut, ct quo los malados
on pussont guerir. Los iievres continues malignos (jui sont
dansles Epidemics, etoient dos maladies peslilontielles; mais
Hippocrate n'a point pario do la poudre do vipero. Est-cc (|ue
ce bonhomme n'etoil qu'un ignorant au prix d'un tas de no-
valours et do nos thaumaturges, qui est le noni quo ('.alien a
domic a cos pretendus faiseurs de miracles en plnsieurs on-
droits de sa Methode? Jo sais bien quo votis n'aimo/ pas a
Lyon toutes los grimaces de votre collogue. On no sail com-
ment Cairo avec cos fantasqucs ; ils sont a charge a eux-memes
et a tout le monde.
Le livre dcs Fievres de Senncrtus me fomble bon a lii'o a
M. votre tils. Cot ouvrage est une bollo ville pour y passer,
Gallon et Ferncl pour y demeurer. Ces deux derniers con-
tiennent une doctrine forme et eonslanto, dans laqnelle il
i'aut mourir , jusqu'a ce quo Dion nous ait fait voir le contrairo
par quelque grand miracle; a (pioi il n'omploiora jamais nos
nouveaux cmpiriqucs, ni tels propliotos qui no font quo du
bruit, et no sontbons qu'a Cairo soimer dos cloches.
Le parlemont a donno un anvt asso/ severe conlro une
these de thdologie qui dovoit etro dispulee en Sorlionne, el
(jui no 1'a pas elt' , danslaquelleon vouloit Cairo passer comme
un article defoi cello pretendue infaillibilito du pape, conlre
lafiuelle M. Talon fit morvoilles au parlement. t'n savant
liomme m'a dil ;i Foreille qu'un honnele, hoimne du parli
<les jaiisonistosavoit fail un livre in-Colio, (pi'on a fait impri-
mer (Mi Allemagno touchanl cello matiere et anlres en IVan-
cois, (|ui sera bienlot ici. C'ost-a-din: quo , cpiand on a remis
IV'pce dans le fourreau , les boinmcs nc lais^ent point de Cairo
l,i guerre avec la plume. Jo suis. etc.
2-il
LETTKK DCV1II. -- Ait i,«>m>:
Je vons dirai (|ue depuis quatre jours j'ai delivro ii un li-
brnire do la rue Saint-Jacques, qui faisoit hallo pour Lyon ,
un pa([iiet do livres pour elre dolivre a M. Spoil, dans lequel
il y a un livro do inon fils (Charles, quia restituoet augmento
lo /'"ttlriu* f /'sinus , <lc Fumiliis /•ointmis, in-iblio. II vous on
fait present avec uno petito lettre latine ecrite do sa main.
Nous vous prions d'agreer sa bonne volontc; j'espere que
dans doux niois vous en recevrez encore un autro do sa
fa con.
On attend ici do jour on aulre lo cardinal d'Kst; mais on
no dit rien do certain, ni do la guerre d'ltalio, ni du papc ,
ni do M. Fotiquet, ni dos partisans. II y a pourtant ici uno
nouvolle sure, c'ost quo M. Merlet , qui etoit 1'ancien do noire
Faculte, sera ici domain enterre. 11 mourut dimanche der-
nier, 11 do co mois, le troisieme jour do sa maladio, qni fut
un rhumatisme interne qui lui otoull'a le pouinon. Platon a
dit quelquc partqu'un honnote homme ne doit point mourir
qu'il n'ait passe quatre-viiigts ans; lui-menie on a vocn <jua-
tre-vingt-un, el M. Merlet en a passe quatre-vingt-deux. II sera
domain mis on terre dans Saint-Jacques-de-la-Houelierie, oil
doja gisent les corps do Jean Fornel ct do Jean Ilautin, dont
on imprimo /'-.s Coinmentnircs ct lex obscrcntions f/nn'x/^s d*' In
Pratique d'J/ollirr , avoc la memo 1'ratiquo in-t'olio, (|ui
pourra etre taito dans six mois. Nous avons oncore tin autre
collogue, nommo M. du Clodat, (jui est dt; la lloolo pros do
Bordeaux, ago do soixante-quirize ans, phthisiqueetastlmia-
tique, qui se meurl. II no Cut jamais savant ni richo; noan-
moins on dit <iuo Unite sa vie il a Cait dos Comment ui MS SHT
xnint Mdtt/u'i'u.
Le roi a fait saisir quolipies libolles qui s'imprimoient a
doux liotios d'ici, dans tin village nomine Montrcuil, pour
4'1'1 LETTKES UE <!IM TAT1N
M. Fouqiifit, par lo soin do ses parents. Jo vousbaise les mains,
ct suis do tout mon copur votre, otc.
DC Paris, lc 13 fevricr 1663.
LETTRE DC1X. — An wW.
Je crois quo vous avez recii ma derniere , en laquellc jo
vous mandois que M. Noel, prolbsseur tres celebre en philo-
sophic, dans le college d'Harcourt , devoit prondre possession
d'une chaire royale dans notre grande salle do Canibray , a la
place do M. Padet, qui n'en peut plus, quiqnf fait Imctcnu*
a miiltis annis Atlas Acmlr-mup parisicnsis , sur quoi jo vous
puis dire qu'il a done harangue aujourd'hui (ce 28 fevrier)
en belle compagnie , tros doctement et tros elegamment. M. le
cardinal Antoine avoit promis d'y venir , rnais il n'a pu, etant
presse d'autres affaires. M. 1'eveque deCoutances y a assiste en
qualite do grand-vicaire du grand-aumdnier.
Avez-vous pris la pcine d'onvoyer an reverend pere Theo-
phile Raynaud cello quo je lui ecrivis il y a huit jours, quo jo
laissai par megarde dans le paquet do M. Langlois , an lieu de
renf'ermer dans lo votre? Je vous prie d^ vous en souvenir ,
afin qu'elle no soil point perdue. f.'l. rirwn ct at/n'cum sinyrt-
Ici.rcni nostrum f'«r. SJIOHHIH salufo, Je le prie d'avoir soin do
m'envoycr notre petit ballot par le ooche d'oau , niaintenant
que la riviere est (logelee; j'ai dit hier adieu au maitre du
coche dedeoa, qui a etc fort malade. On fait en nos ecoles les
operations do chirurgie sur lo corps d'un Normand qui 1'ut
hior rompu a la Grove; cela sera cause que je ne recommen-
cerai pas shot mes lecons, auxquelles jo pensois pour mardi
prochain 16 du present mois.
Ouelles nouvollos avez-vous do Montpellier? Ouel ordre
M. H do Belleval a-t-il mis dans sa maison pour la sottise de sa
A FALCONET. i23
femme? Comment se porte M. votre lils?Est-il grand bota-
niste? Quand passera-t-il docteur? Quand sera-t-il de retour
a Lyon? car il sera mieux avec vous qu'avec qui que ce soil.
On parle ici de fa ire un recueil de toutes les ceuvres de
JM. de Balzac en deux volumes in-folio, corame sont les o>uvres
de M. de la Molte-le-Vayer.
On moiitre ici en cachetic un jeton en faveur de M. Fou-
quet ; il y a pour ses armes un ecureuil , qui a a ses deux cotes
troislezards, qui sont les armes deM. leTellier, et un serpent
ou une couleuvre, qui est de M. Colbert, et 1'ecureuil qui est
uu milieu , rie sachant de quel cote se tourner, et il a pour
devise ces mots: Quo me certain? ncscio (1), se voyant entre
ses deux eimemis.
Par arret de la chambre de justice , un nomme Pompardin,
receveur de tallies, a Etampes, a etc condamne de faire
amende honorable dans la cour du palais, a 10,000 livres
d'amende, et a un bannissement, pour plusieurs malversations
en sa charge dont il a ete convaincu. II cut ete pendu , si
plusieurs de ses parents et amis n'y eussent employe tout leur
credit. Un honnete homme m'a clit ce matin que nous n'au-
rons point de guerre en Italic , et que quand on levera des
troupes , ce sera a un autre dessein que de faire la guerre au
pape; mais on parle du roi d'Espagne comme d'un homme
fort malade , et qui ne peut plus aller loin , si bien qu'on 1'em-
peche d'attaquer le Portugal, en divertissant son armee, et
1'obligeant d'envoyer ses troupes en Italic, pour munir le
Milanais : joint aussi qu'il en a encore besoin pour la Flandre,
a laquelle on ne manquera point, si le cas y edict.
On a de nouveau mis en prison , par ordre de la chambre
de justice, plusieurs gens qui se sont meles de la maltote,
comme Fremond , Holand , le Noir et autres commis des par-
tisans. On dit ici que le pape est d'accord avec le roi , et que
(1) Celle devise s]>iritucllc rappcllc colic du faslueux Mirintriulaiil :
(>MO non ascendatn ? (R. p.)
•i'2i I. Li IKES 1)L (U I I'All.N
nous avons , ce -2 mars , quatre cardinaux nouveaux, savoir .
M. le due do Merceour, M. I'ai'clieve'que d'Embi'un , qui est
noire ambassadeur on Espagne, M. de Khodes, archeveque de
Paris, el M. 1'aricien eveque de Reinios, aujourd'hui arclio-
voque d'Auch : cola n'ost pas encore assure.
M. le chevalier Falconet m'est venu voir, qui m'a fait vos
tres agreables recommandations, pour lesquelles jo vous re-
inercie. II m'a promis de bien etudier ; il dit qu'il va fort soi-
gncuscment au palais a toutes les audiences, ot qu'il ne pen!
point du tout de temps. Dion lui fa^sc la grace do dire tou-
jours vrai ! Fiat , fiat !
M. Faucon de Ris, ou plutot seigneur de His, gros village
pros de Corbeil , premier president de Koucn , est mort a cin-
quante-huit ans ; il avoit succede en cette charge a son pore,
et son pore a un sien i'rerc airie <[ui etoit un fort habile
honime. Je pense que vous avez vu ce dernier, mort, autref'ois
a Lyon , intendant de justice, lorsqu'il etoit maitre des re-
quotes.
On parle ici d'asscmbler les chambrcs du parlement pour
entendre les plaintes d'une belle demoiselle, laquello ac.cuse
M. Hillein , consciller de la cour, de la cinquionio des cn-
quetcs, do 1'avoir engrossoe : neinjte omnis ordo exercet /tis-
j'urtu , frandcx n.c scchts mortal iwn, r<i<ic'nt<> rent, linQiiaubcr-
rans indicat, multi clofjnuntitr, inscicnteseduccnt.
II y a ici un factum nouveau pourM. FoiKjuet, dans le(mel
M. Colbert est fort charge sans y pouvoir n'pondre.
Madame la duchesse do Savoie sera inarioo dimanoho pro-
chain, et des le matin olio partira pour son voyage de Turin.
M. Morisset, passant a Lyon, ne manquera jias do vous allor
saltier ct de prendre vos bons avis pour cette cour-la. On dit
que Ton va donner a M. leduc d'Orloans le goiivornomout do
Languodoc; ([iieM. le prince de Conti aura laduyenne, ot ipio
nous soinmes a la veille de voir du chaiigement de favour a
l.i cour. On dit <pio la paix ost anvtoo onfro K; i'oi ot lo papo:
A I- u.r.o.Nfc I . f-23
quo Ton renvoieAI. deCrequi ii Koine; elque quund it sera a
Toulon, le pape 1'enverra prier de venir a Koine. On dit (|ii(!
nous aurons bientot nn livre bien curieux centre les jesuiles :
toute la defense des jansen isles; (jue ce sera un gros in-folio
impriine dans une ville catholique oil les peres de la sainle
soeiete n'ont point do credit. Le pretendu accord enlre ees
deux partis est tout-a-i'ait roinpn ; on dit que quelques vieux
docteurs en Sorbonne en sont cause, a la suggestion des je-
suites , qui sont des maitres passefins.
On commence ici une nouvelle edition du Hccw.il <h- tuul<-*
!<•* ffuws de feu M. ilc Itdlzar; \\ y aura deux volumes in-
folio : ce sera un grand ouvrage, bel et bon , qui (era honneur
a la France et a notre langue , meme sa vie y sera ajoulee.
Permette/.-moi, monsieur, de vous iairc une petite imporlunitr.
Quand vous verrez le reverend pere Theophile Kaynaud, la-
cbe/ de savoir de lui <jui cst un certain <i<i*/xtr (.'lii<-<,<-iit.? ,
lili. 1 , Alloquiiirii'in , qui a ecritcontre Krasme , et oil ce livre
a etc impriine. Le reverend pere Theophile a cite cet auteur
dans son livre, <lc lionix at mulls libris, imprime in- quarto
chez M. Huguetan , 1'an 1653. C'cst a la /if/t/cZj.
M. Colbert fut bier saigne; M. le Tellier est an lit, malado
d'une lievre continue , pour laipjelle il a deja etc saigne quatre
1'ois. On dit que la reine-mere est mal contente de 31. Colbert,
et que 1'aiTaire de M. Fouquet est civilistc, et. (ju'il en sera
(juitte pour (p.iclque baunissement , ne pouvant etre convaincu
d'aucun crime, (|u"d ne s'en del'ende bien et ne le rejelle sur
le cardinal Ma/arin , ce que la reine-mere ne vent point sout'-
1'rir, joint (ju'il se plaint qu'on s'est saisi de ses papiers, [>armi
lesquels il y en avoit plusii-urs ipii conlenoientsu defense.
Je vous envoie un billet de mon lils C.harles, (jui servira de
reponse a celui que vous lui ave/ envoye.
Madame la nouvelle ducliesse de Savoie part demain de
cette ville, et s'en va trouver son mari. Je crois aussi ((u'elle
emmene son medecin, M. Morisset.
M. Morisset e^t fort habile homme. parle bien latin et en-
<i'2C I.K1TKES DE «.l I 1'AIIN
tend bien la pratique. Ce n'etoit point son fait cie quitter Paris,
ou il avoit assez d'emploi et auroit bien pu en avoir davantage ;
mais les desordres do sa lam i lie et sa vanite trop ambitieuse,
avec le grand nombre de ses creanciers , 1'ont oblige de
prendre le parti qui s'est oil'ert do Turin, et quo plusieurs
autres avoient refuse. Nous sommes de meme licence et de
meme pays. 11 est natif de Beauvais, lils d'un seigneur, et
moi d'Hodenc-en-Bray , a trois lieues de la , fils de bonnes
gens que je ne voudrois pas avoir changes contre de plus ri-
ches. Je vous baise les mains , et suis do tout mon cceur
votre, etc.
De Paris , le 6 mars 1663.
LETTRE DCX. — An
31. de Vcrtamon , conseiller clerc , liomme fort riche et fort
epargnant, n'est point mortpauvre. II avoit si rudement epice
ses proces, (ju'on lui atrouve dans son colfre, apres sa inort,
•100,000 livres en or et en argent comptant. II etoit chanoine
de Notre-Dame, mais il ne donnoit jamais I'aumone.
Le roi est avec les reines et M. le dauphin dans le bois de
Vincennes ; on dit qu'il s'eri va bientot avec tout, son train a
Versailles. On dit ici que les deputes des Suisses sont en che-
min. Quel grand dessein a done le pere J. Gibalin, dans lequel
il y aura tant de volumes? Qui vous a dit que le grand ou-
vrage, de /Yw?//.s, ft Ulysses Aldrovandus , soil acheve a Bou-
logne? En avex-vous vu quelques exemplaires a Lyon?
Votre M. Barat ne pense-t-il plus ii son (\. Bondelet? Que
font vos deux jeunes medecins a Lyon, Basset et Lucques?
Et ce musicien provencal n'y demeure-t-il point aussi? Que
clevient done 1 'edition des oeuvresdu reverend jiere Theopbile
Piaynaud? V a-t-il apparence (ju'elle sera bient(A>t achevee?
J'apprends (jiie vous serex bienlot echcvinde Lyon; je vous k-
A FALCONET. 427
souhaite et m'en rejouis de tout raon cuuur. On fait ici des
preparatifs chcz quelques moines , pour y solenniser la fete
de sainte Therese, a cause de la reine. Dieu soil loue de tout;
mais le peuple est bien grove ; il faudroit que la taille dimi-
nuat, afin qu'il se put rejouir aussi bien que les moines, pour
qui il est fete tous les jours. II n'est point ici de malades ; j'en
loue Dieu. Je ne serois point fache de ce loisir s'il pouvoit du-
rer; nous nous geridarmons assez toute 1'annee, nous nous
tuons pour autrui, aurum dum qucerimus, cewm perdimus, et,
comme Martial a fort bien dit, ja.cta.mur in altowbis, ct in
sterili vita laborc pcrit. Mais il faut prendre patience, le bon
temps viendra quand il plaira a Dieu ; si nous ne 1'avons , c'est
que nous ne le meritons pas: furnicavcruut filii Adam , et dc-
clinavcrunt ad auaritiani. Je vous baisc les mains, et suis de
toute mon ame votre, etc.
De Paris, le 15 mars 1663.
LETTRE DCXI. — Au
Je vous rends graces de votre belle lettre qui m'a donne
beaucoup de satisfaction. Je suis bien aise que le Cardan
soil si fort avance. Vous m'avez fait honneur de me mettrc
dans votre preface ; mais si Ton se moque de moi pour la dis-
proportion qui se rencontre de ces messieurs avec moi, quine
pnis et ne pourrai jamais entrer en eomparaison avec de si
grands personnages , vous en sere/, cause, et je vous en pren-
drai a garantie. Neanmoins, quoi qu'il en puisse arriver, comme
je vous en ai obligation, je vous en remercie de tout mon coeur.
Pour ce que vous me mandez toucliant le livre de feu
M. Bouvard (1), c'est une autre affaire. J'en avois un qu'il
m'avoit donne avant que d'etre aclieve. II en lut qnelque
chose a feu M. Riolan son beau-frere , qui liii conseilla de
{1) Voyez le- notes t. II, i>. -243 et 285.
eacher Ic tout et de le supprimcr, taut parcc qu'il eloit inal
lait que parce qu'il y oll'ensoit des gens <|iii Ini pouvoient nuire.
Cos messieurs eloient le cardinal Ma/arin , Yautier et Valol.
M. Kouvard , qui etoit deja fort vioux, out peur des menaces
de M. Hiolan, qui etoit un liomme acre. 11 en avoit donne uu
a M. Moreau, qu'il retira disant qu'il y vouloit changer quel-
(jue chose. 11 m'en fit autant, etje fus assez simple de le lui
rendre. Feu M. Moreau me dit que cela ne valoit rien, et (ju'il
('•toil indigne d'avoir place dans son elude. M. Bouvard etoit
deja fort sec et fort maigre; eniin d mourut d'une phthisic
de vieillesse. Depuis ce temps-la j'en ai parle une Ibis a ma-
dame Cousinot, sa lille, qui me temoigna quo la f'amille n'e-
toit pas contente de ce livre. -le sais bien que M. Bouvard m'a
dit autrefois qu'il avoit entreteiiu le leu roi du merite et de
la capacite de quehmes medecins, j)ar les mains de qui sa
majeste avoit jiasse , et apres <pi'il lui en cut dit ce qu'il en
savoit , que le roi s'ecria : « llelas! (jue je suis mallieureux
d'avoir passe par les mains de taut de charlatans! » Ces mes-
sieurs etoient Heroard , (iuillemeau et Vautier. Le premier
eloit bon courlisan , inais mauvais et ignorant medecin.
M. Sanche le pere m'a dit ici rannee passee (jue cet homme ne
fut jamais medecin de Montpellicr. Le second etoit un ruse
courtisan (|ui avoit grande envie de faire fortune ; inais les
mallieurs de la reiue-mere, de laquelle il esj>eroit, 1'enlrai-
nerent , et le dcMiiou du cardinal fut plus fort que le sien. Si
bien qu'il succomba, et, quchpie ell'ort qu'il ail fait depuis, il
n'a pu y revcnii1, (juoiqu'il ait remiie ciel et lerre , et que
memo le feu prince de Conde en cut lui-meme parle, tantau
cardinal de Kichelieu nuniie, qu'au feu roi al ;i la reii.e-mere.
II avoit quelques bom;es qualiles; il en avoit aussi de mau-
vaises. Je I'ai IVequente vingt-sej)! ans. Nous elioiis de meme
licence. Je savois bien sa portec. M. Daralis et moi avons ele
ses medecins jusqu'a sa mort. 1'hiliii , j'ai reconnu (ju'eu son
fail il y avoit beaiicoup d'hypocrisie et de linesse; inais aussi
v avoit-il de la bnmic doctrine el de la verlu , e'c.>l-a-dire de
\ FALCONET. 429
la marchandise imMee. IVmr Vautier, qui etoit un nuVbant
juil'du com tat d' Avignon , fort glorieux et fort ignorant , il a
ele bienheureux de n'avoir pas ete pendu , et il 1'eut ete infail-
liblement, si la pauvrereineeut vecu encore six mois. II avoit
fait de la I'ausse monnoie , et trouve inoyen de se Iburrcr en-
suite a la cour. Les disgraces de ki reine-mcre lui donnerent
entree a Blois par le credit de madame de Cluercheville. 11 sc
vantoit de secrets chimiqnes , et ressembloit fort a ee rnedccin
deTacite, Kud emus specie art is, frequens secret is. II se ponssa
ea 'purte qua jlunt homines, et qua polltbnt (1). Les Marillac lui
aiderent en abaissant le cardinal de Richelieu qu'ils avoient
dessein deperdre. La journeedes dupes arriva. Le cardinal fit
arreter les Marillac et les perdit. Vautier fut arrete prisonnier
dans la Bastille pres de dou/e ans. Enfin , la scene et le
theatre de la cour etant changes, il devint premier medecin
(In roi, nioyennant 20, 000 ecus qu'il donna au cardinal Ma/arin
qui prenoitde loutes mains, a la charge, commeondit , qu'il
seroit la son espion. YOYO/ la politique : il avoit ete prisonnier
du pere douze ans, et on lui commit la sante du lils. L'his-
toire du temps en dira davantage. J'ai vu d'etranges me-
moires contre lui sur la sortie de France de la reino-mere
(juand elle passa en Flandre. En voila assex pour voiis de-
peindre ces trois fanieux personnages. Je suis, etc.
Do Paris, lo -23 mars 1G03.
LETTKE DCM1. - An meme.
J'avois recoinmenct'1 mes lemons en fort belle compagnie;
mais on pendit bier trois jardiniers , voleurs dc grands che-
mins, dont Tun a tHr port*'1 fii nos rcoles pour en Cairo 1'ana-
(I) I/illn«lre Doniou fill aussi acviiM- , mais ;i loi'l. d'avoir Mtiployr
If int'in*1 movoii. II avail <!«'<; famlli1* I'oaiirnup I)!M< nnhli"*. IS. IV
430 LETTRES DE (iUl PAT IN
tomic. C'est pourquoi j'ai averti mes auditeurs que je ne con-
tinuerai mes lecons qu'apres 1'anatomie.
Je vons cherclierai quelque these de la saignee dans 1'apo-
plexie, que vous me demandez ; je crois qu'il y en a : cepen-
dant, voye/ Duret, inCoacasHippocratis et Ifofmanni Comntcii-
tartu in Galenum, de usupnrtium. L'apoplexiepropremeut dile
vient toujours du sang, mais c'est une maladie tres rare. Les
anciens 1'ont appelee ictus swyuinis , com me on lit dans
Aurelius Victor , en parlant de 1'cmpereur Yerus : Qui inter
Altinwn et Cuncordiam ictu sunguinis cxanintatus est , que in
Greed apoplexiam dicunt.
Nous avons perdu notre maitre Jean Maurin, Provencal,
fameux esclave des apothicaires. II est alle ordonner des
perles en 1'autre monde en leur faveur. II a ete suivi deM. du
Cledat, Gascon de la Reole en Bazadois. Je pense que les apo-
thicaires feront en leur chapelle dire des messes pour le repos
de 1'aine de ces deux homines. Mais prier Dieu pour ces
gens-la , n'est-ce pas abuser de sa bonte? Ne faudroit-il pas
auparavant savoir s'ils etoient baptises , s'ils croyoient en
Dieu, et s'ils avoient une ame? Adieu , je fuis , etc.
DC Paris, le 20 avril 1G03.
LKTTKE DCXI1I. — Au nihnc.
Je porlerai votre lettre a M. le lilanc, qui est un grand
hornme du Languedoc , bon et doux, demain en allant an
College royal y iaire ma lecon. 11 n'est pas docteur de Sor-
bonne, mais docteur et professeur en droit, et pretre assez
devol; au moins il en a la mine. Je crois qu'il est forthomme
de bien.
Je vous remercie de Tamili*- que vous m'ave/ procuree du
reverend pereTheophile; je lui en ecrirai tout expres , et Ten
remercierai; je vous supplie, en attendant, d'avuirbien soin
de sa saute, et d'obtenir de lui qu'il so purge a ce printemps,
A r.u.r.oNKT. 431
avant quo los chaleurs de 1'ete nous viennent accabler, afin
qu'il ne meure pas sitot et qu'il puisse voir la fin de tous scs
ouvragcs imprimes en dix-neuf volumes, et qu'il jouisse long-
temps de la gloire qu'il a meritee ; c'est la moindre recom-
pense qu'il puisse avoir pour tant de veilles et taut de travaux.
J'espore que Dieu le recompense™ de tant de peines qu'il a
prises pour la defense de la verite. Jebaise tres humblement
les mains et a lui et au reverend pere Bertet. Je prie Dieu qu'il
les conserve tous deux encore longtemps en bonne sante.
J'attendrai patiemment tout ce que vous me promettez des
pores J. Gibalin etMenetrier, et du pere Jiertet.
Le chancelier de Navarre, dont M. Collier a acliele la bi-
bliotheque, etoit ce memo M. Soi'roy de Calignon qui a ete
un grand bomme d'Ktat, et qui a fait 1'edit de Nantes, avec
M. le president de Tliou, qui a fait I'histoire de son temps,
et qui a ete le pere de ce pauvre malheureux qui cut la tete
tranchee a Lyon Van 1642. M. Calignon avoit laisse un (ils,
qui a ete conseiller au parlement de Dauphine, que j'ai connu
en cette ville 1'an 1639, et qui est mort il y a quelques annees.
C'est peut-etre de lui que vient celte bibliotheque.
La bibliotheque de Gesner est un fort bon livre; mais
comme il y en a dediverses editions , il en taut avoir la meil-
leure, laquelleest in-folio, de 1'an 1583, Tiguri, qui est Zu-
rich en Suisse. Ce livre aussi bien que Enstntltius in J/omerum ,
n'ont plus de prix , ainsi je ne vous le puis dire.
J'apprends que le Cardan de M. le premier president est en
clicmin avec trois autres exemplaires que j'ai dernandes pour
le roi de Dancmark, pour M. son ambassadeur et pour moi.
Jesuis bien aise que M. votre Ills soil docteur, mais il me
semble que vous etes oblige de le tonir pros de vous: il ne
peut etre mieux en aucun lieu; votre presence I'instruira,
non est in (oto sanctior orbc locus. Montpellier est tout plein de
debauches et de vanite, et il n'y pent rien apprendre au prix
de ce qu'il peut fa ire a Lyon pres de vous. C'est M. Morisset
(jui a eu du malheur en son decanal. M. Hlondel, son prede-
eesseur, avoit rondu scs comples, par lesquels on reeonuois-
soit que la Faculte lui devoit 4,160 livres do roslo. L'arret
(.•.outre !cs ohirurgiens-barbiers et quelques auircs depenses
(Hoi(;nt cause de cettc grande soinine. 3\1. Morisset ne la paya
point, ut -inbris cst , dibant qu'il n'avoit point d'argent (il en
devoit pourtant avoir, car on lui inontra (|ii'il avoit rccu plus
de 6,000 livres depuisqu'il etoil doyen). M. lUondel, qui en-
lend la chicane, le init en proces, et enfin le fitarreter prison-
nier et lui (it trouvcr de 1'argent; ensuile de quoi ils se sont
fort chicanes. Quand M. Morisset a voulu rendreses coniptes,
il a vonlu y faire passer beaucoup d'articles auxquels on
s'est oppose, et memo le censeur au nom de toutc la Faculle;
sur ([uoi il s'en est alle en Savoie sans avoir termine cctte
affaire, et sans nous rendre nos regislres; c'est pourquoi noire
doyen plaide aujourd'hui contre sa i'einine, ei a obtenu arret
centre elle, par lequel elle est obligee de les reinettre enlre
les mains du doyen. On lui en a ecrit en Pieniont, niais je ne
sais ce(ju'il en {'era. Feu M. Merlet etoit son grand eonseiller
et le 1'aisoit avee plaisir, et en depit de M. Blondel, avec le-
(juel il (Hoit fort mal, etc.; mais ce :\I. Merlet est mort. -le votis
manderai ci-apres ee qui en arrivera.
J'aiunlivre ([lie mon second fils vousenvoie, et un autre pour
M. Spoil ; les deux que nous vous avons envoyes sont en che-
jnin, ceux-la sont in-folio, ceux-ei sont in-quarto, <lcf. Tnurbi-s
fuiiihiixiilili't, et asse/ curieux. Je liens queM. Morisset revien-
dra, et qu'il a mal fait d'etre parti. Quand on vcut gagnerd(!
1'argent, il ne faut point sortir de Paris; niaisje pense <|iie le
jnauvais etat de ses affaires domosliques 1'y a porte.
M. le prince de Manemark el M. son amhassadeur me
veulenl tircr d'ici, et m'emmener t^n ce pays (Void. 11s en out
I'rerit au roi , (jui leiu1 a donne charge de m'emmeiHT. Un m'a
fait de belles olfres, mais je n'en veux point. Je ne suis in a
vendi'e ni a achotor: je veux elre enterre a Paris aiqires de
rues bons amis.
M. le invsident de Thou en sa belle hisloire a fail im
\ r \ir.o\FT. -1:',:;
df1 Al. do OaligilOli , chancellor do Navarre, on divers endroils,
du temps de Henri IV, el entre autres sons Tan 1606: anpivs
do M. Desportes, abbe deTiron, qui <|iiitla lo parti du roi ,
et se mil du cote des ligueurs; c'est pourquoi la -Wy/r mt'-
nfjTpf'r , fie la rertn. du cnf/m/intn d' Kspagnc- , I'appello le poete
de 1'amiraute, sons ombre qn'il se mit dn cote de 1'amiral
de Villai's", lequel ayant voulu troinper les Espagnols so
troinpa lui-meme, et en fnt mauvais marcband.
Depuis fort pen de temps, et en moins d'tin mois , le vin
ometique donne de la main de M. Guenaut a tne ici (jnatre
person nes illustrns , savoir : madame la presidentc de Xos-
mond , ])ropre sa-nrdeM. le premier president ; la presidento
de Biron , dela conr des aides; M. Colbert do Saint- Pouango,
bean-1'reredeM. loTollier, et SOTI premier commis, et la mar-
(jnise de Richelieu, fillo do madiune do Beauvais, premiere
temme de chambre do la roino -mere. (MI (lit quo le pore de
oette madame do Beauvais etoit tin fripior do la hallo, d'au-
tres disent encore moins que t'ripier , mais seulement rm-
eheteur; si bien ipie le cardinal de Kichelieu a vole tonto la
France pour onrichir los descendants d'nn crorhelour. Ciiif-
naut en est fort blame par tout Paris, et en a ro^n dos re-
proches et des rebuftades a la cour : il est malaise d'etre
lon^temps bon marchand demanvaise marchandiso. Madame
do Beauvais lui a reprocbe la mort de son gendre et do sa
lille, en pleine cour, et en presence do la reine memo.
Jo vons donne avis que j'ai vu aujourd'hui M. Loblaix , a
i|iii j'ai rendu votre lottre en mains propres, jo 1'avois oaclie-
tee; il m'a dit quo sa lettre otoit vraitnent de lui, aussi bien
quo la premiere qu'il ocrivit on relevant de maladio, mais
que M. votre tils, le chevalier, otudioit i'ort bien, et qu'il en
etoit bien content; qu'il y avoit ici un jonno liommo Auvor-
jinat (jui lui donnoit beureusemerit do I'emulation ; mais il
so plaint qu'il n'a rion roeii dopuis einq mois, et (pi'il I "a dil
a M. do Fontenelles. Jo no sais < c cpie e'ost ; mais inande/-moi
eo (jue vous voide/ <pie jo I'asse , s'il y a ipiolquo arirejit a lui
III -JS
434 I.KTTRKS I)K Kill I'ATIN
donner; je lui donnorai volontiers. 11 crainlqueM. votre Ills,
le chevalier, n'aitreQU cet argent, et DC 1'ait employe aautre
nliose.
On dil ici que mademoiselle de Turenne est fort malade;
e'est des Fougerais qui me la (lit ce soir , nntiqunjnrK <•( <tvil<>
ri'liijiuuis jtriiic/fito/i, nHHjtHituni. etmediconim, t,ij^oi.Qiy iravTot.
La Chambre de justice continue au proces de M. Fouquet
rl des trois tresoriers de I'epargne. M. de Longueville est lort
malade a Houen ; un de nos confreres , nomine Urayer, (res
savant homme , y est alle en diligence. La reine-mrre a «-tt'1
malade d'une double tierce; mais on (lit (|ii elle se porte
mieux. LelivredeM. Bocliart, th .\n'unnl.iln(* sacra; Scriftturd1,
i m prime en Angleterre , est en cliemin ; tl yen a deja (jnel-
quesexemplaires a Paris entreles mains rle fjuelquescurieux 1 ;.
Je vous baise tres hnmblement les mains, a mademoiselle Fal-
conet, et a M. Spon notrebon ami, el snis de tout mon co'iir
votre , etc.
Do I'iii i> . le 4 uiai 1(5(i:{.
\t Hocharl ^Samuel) a etc rotnarcjuabk' |)ar >on erudition, uienit*
:i line ciioque ou il y avail iK-aucoiij) tl\Miulit>.. 11 na(|iiit a Konm, d'uii
)iiiui>lre proleslanl , on liilW. Do- sa JOUIIO--M' il >'acqiiil boancouji <li-
ropntalion. 1'orsonno nc sul niienx qnc lui ponetror dans lo> prolon-
deurs liistoriquos do 1 Ecrilure sainto. I. a roino Chrisiino 1'appola a
Stockholm , el il lit ce \uyaj',e on sociote avoc le celebre 1 1 net. On a>-
Mjre (|iie Chrisliue , dont le caracterc etail assez bixarre , Tayant presse
do juuer au \olant, Hocharl mil has son manleau cl jona de bonne {;raYe.
De rctour en 1-ranco, sa reputation no fit qu'augmenter. Ayaut perdu
MI lillo unique , il en consul un lol chagrin , qu'au milieu d'une dispute
littoraire aver Tluot , dans rAcademie de Caen, il fiitfrappo d'apopfexie
le \(> inai 1667. Ses ouvrapjes tres nombreux out etc recueillisa Leyde
>ou«s co litre : Sam. llochart , Opera omnia , l,nc est I'lialfy, ('(innnn.
SPK yeoyraphia sacra et liierozo'icon , sen df uitimalibus sacris . sacnt
S<r/'/<<nr/»', el dissertationes vario- : 1675, 2 vol. in-led. ; KW2, 1712.
"i u,l. in-tol. «. I'-J
A I'M.CONET. •!.*;>
LKTTKK DCXIV. — AH <„<•„><•.
4'ai done eu raison do yous mander par ma derniere que
eelte bibliotheque de Grenoble devoil vmiir die/. M. do C.ali-
{^11011 , dont j'ai traite ici le ills qui y etoit eonseiller, et foil
"dlant liomme : nieworia bonorum sit u< bp.nedictiwuin .
Je ne sais si 1'Erasme s'imprinae a Rotterdam ; mais on m'a
assure qu'il s'y fera et qu'il est commence.
J'ai recu ceqn'a fait le K. P. Bortol sur le manage deSa-
voie ; eel a est fort beau , je Ten remereiede toutmon cu-ur.
Hie tmde audit a I </ic/ fur delii'nre liubbinus oi'Stcr^mtn", quad
j'ocili1 ci'i'do; idfi'i- uon xa/tif , t'.t cix unquani sujriet ; 1st litre />«/'>
xtidtitt'ti' tuliinn medicnsfrorum ; wd si: xccaxa;
oyc/^o! tsft itt'lmliiiii'S , ////" /// lUfllflHl ft'i/cftn , >''">' sun*
kubeunt $>bi .
Je YOUS promets quelques theses, dc rant' sec' ion/'
Si 1' occasion s'en presente, et que j'en aie le loisir, j'en tierai
une moi-iiieme pour vous contenter. Mes deux tils vous ve-
mercient de riionneiir de votre souvenir; leur rang de |)iv-
sider est passe et ne peut reveuir do lohgtemps ; mais le mien
approche. Si j'y suis encore , je vous promets que je mVii
atjuitterai a cause de vous, et que j'y sanglerai les he'mopliobes
aussi bieu (jue le viu emetique de Guenaut.
I,e chevalier Falconet lit a ses heures de loisir l7//>7o//v <//•
l''r<nirc sur c<^ quo je lui ai prete : cela est necessaire a nn
avoeat; il etudie fort bien, et est fort sage et mode're.
On dit (jue M. Kasj)oni n'a [>as le menu1 pouvoir dt1 trailer
tjiie le pape avoit promis au roi , a e.aust1 dt> <|iioi il a etc
oblige de reuvoyer a Koine. On parle fort ici sinislivment dt-
M. Kouquet et de la Ha/.iniere, et nn'iiie de llalelan. On dit
que la reiue-mere se porte mieux : mais neannioiiiselle a en-
con; tons les jours la lievre. Unaud file sera plus forte, on dit
qu'elle se fera porter au bois de N incennes pour y prendre
1'air.
La chambre de justice fait de Brands retranehenients dc
i:W i KI nu:> I»K <.i i I-VIIN
gages conlre quelques grands officiors, el entre autres MM. lc>
presidents an mortier, qui s'etoient 1'ourres on divers partis,
et avoicnt de tort Brands revenus ii bun inarcbe. MM. />' Cm-
fjncu.r , de liallh'td, Mole de Clianiplastrcux , dc Mes/nf <>l d>-
Morion, en out de chores preuves en leurs families; car on
lour a bien rogne les onglos a ebacuu , 1'nn portant 1'antre
plnsde 60,000 livres de rente annuelle. II court ici un poemo
imprime in-quarto aveo ce titre : /^tifjurf/ts in rhirnlix, fid >•//•-
t/hicin Mdfroii. On |iretnnd (jne c'est un jt'suite (|iii 1'a fait , e!
il est bien fait ; d'autres ci'oient qno c'est un de no< baclieliers
(>n medecine, nomme Gervaise, <]ui est fort bon poete lalin ,
inais qui n'a jvas continue de fa ire son eour.s snr DOS banes
aver les Irois theses ordinaires coinmeses coinpa^nnns , I'ante
d'argent. 11 avoit demande (ju'on bii r<'ini! tons ces t'rais de
la Farulte et (|n'on lni fit grace; inais (|noi(ju'il ail bien bri-
gne, qu'il Cut ami de Valot , et qne Ciuenaut se IVit aperte-
ment declare pour lui , neanmoins il n'en vint pas a bout. I. a
plupart y resisterent, disant cju'il n't'-loit pas raisonnablequ'il
IVit admis })ouv rieu , les antres ayant J)aye, dont jilusieurs
eloient bien plus savants que lui. II m'en avoit aussi fait prier
par de mes bons amis, et iK'annioins je ftis de 1'avis conlraire
ii cause de la conseijuence ; ear s'il out obtenu cetle favour,
ions les deux ans il t'-ut on qncl(}u'un (|iii out demando la menie
grace, <x: (jui out causi'1 bien du di-sordre. Tons taut quo nous
sommos , nous avons pave, jo suisd'avis (juocodx *|iii vieii-
(ii'ont paiont aussi : ////if mil <il>i , sn/t'f n//f ///>/'.
La reine-more n'ost point encore gui'rie; olio out encore
liier un frisson de deux lionres el I'accos de dix lieuros. La
jeiine reino ost paroillomout malade ; olio, ful saignoo bier an
matin. (Juelquos uns disont <|ue la reine-men1 intercede pnis-
sammont jxiur M. la ISa/.iniei-c. el qu'il en sera roinis on li-
bei-le. Tibere accordoi! a sa mere Livia tout co(prollo lni do-
inandoit : ''/ mini dchc/tfit n//n/i , lihwfdldn <'t niijU'rimn.
(m dit que la Hongrie s'est I't'-xolti'i1 coutre IVmpei'eiir. el
qu olio s est donnoe an Tnrc moyoiinant eertaines condilion.^
ot'-cnniairos,
^ I Al.i.n.M. I. -i-'i?
M. le prince dc Danemark, (juin'a quedix-sept ans passes,
beau et bieu fait, partira d'ici dans pen de jours pour aller
t'a ire un tour par la France ; il va d'ici a Orleans, Tours, An-
gers, Nantes , la Hochelle , Hordeaux , Toulouse, Lyou , Ge-
neve, Hale, Strasbourg, Frauct'ort, Hambourg et Copenba-
gue. Je lui ai donne un memoire , alin qu'il vous voie (juand
il pussera a Lyon , et je 1'ai recommande a M. de Pasberg .
brave gentilbomme, quiest son gouvernetir, un grand blond,
(|ui est picote de verole.
Les nouvelles de Rouen scuit mauvaises touchant la sante
de M. Longueville; meme il y en a qui le tienuent mort.
II y a dn bruit en Angleterre, et le parlement s'y fortilie
trop contre les catholiques aux depens de la religion romaine.
Je vous supplie tie dire ;i M. Spun (pie je lui baise les mains,
et <|iie je le prie de se souvenir decequeje lui ai inande jiar
ina derniere, touebant un jeune niedeciii alleinand , noinint'1
M. /olikot'er, quidoitasouretour ile Hordeaux et de Toulouse
passer a Lyon, on il le verra , et de lii passer a(ieneve, a
Hale, a Strasbourg, oil il prendra ses degres de douteur en
niedecine, et de la s'en retournera a Vieiine, sa ville natale.
M. do Longueville est inort a Kouen , cj- diijtliri ^niilinn /<•-
bre tertiana, cf flua/sus dfisiltus i:ini untiimmialis i-iiirf it-1 , n--
/•nift t'lti'fifi , rum tut /mi/tiiicx cn'.Tt'f . Notre M. Hra\er, (pii y
avoit ete envoye , lui en a fait prentlre inalgre le refus et les
plaintes des trois inedecins de Hoiien . qui etoient d'avis cnn-
traire. (le n'est pas qu'il saclie fort bien cpie le vin ('inetique
<\st un dangereux reinedeet tin pernieieux POIMUI : in<ii> il y en
ordonne tjiieiquelois coiume et.'la ;i cause de Glleliaut , <pn est
son ami, et duquel il espen- d'etic avanci'1 ;i la cour, bien que
s'il vouloit etre honimede bieu il passoroit (iuenaut de bien
loin: mais avoir (iuenaut pour ami par laeheie, dire quehjut'S
mots grecs, avoir 300,000 ecus de Ijeau bien , el etre le plus
avaricieux du monde , cela fait venir de la pratiipie a Paris.
M. de Longueville a laissedeux tils dont I aiuea ete si simple
ipie de s'etre fait jesuitt' ; on 1'apjieloit lecomte de hmiois , el
il nV.sl pa> trop sage; I'autiv est le comic de Saint-Paul ,'l
Otte niaison est fort riclie.
OuVsl doveiiii votreM. Meyssonier? Fait-il encore desalma-
nachs? Ne vous pourroit-il pas dire par ses sciences astrologi-
(jiu-s qua ml c'est que le pativre peuple sera soulage par la di-
minution de la taille , et de taut d'autres impots ?
Nous pourrons avoir dans la fin de 1'ete le beau /fiot/C'iica
Ijicrtiti* iii-l'olio, grec et latin , de M. Menage. Les cahicrs
<|ui avoient etc egares en cheniin sont reeouvres; on y tra-
vaillo a Londres tons les jours :-ce sera un des meilleurs ou-
vragesdt; 1'antiquite. ,le vous baisc les mains, et suis de tout
mon cn'iii1 votre , etc.
F)e I'aris, le IS mai
LKTTHK DCXV. I// tnhm>.
Jc vous I'diict'cie du petit paquet que JD a rendu M. Oolot ;
tout y est beau et savant , I'l-licitcr tujiltir CMK iinstnt sccitlu quod
tnnfny r / /'(a* /trn/u/if : j'entends le reverend pere Kertt.'t et Ale-
netrier, (/tdbit* /n-n tnntia mmteribus (/ratios ago singulares. Mais
comment se portele reverend pere Theophile Raynaud?/ tinmn
I'irtif tit iiiultoK (tiutnx , Ht'f niorx t'ton nttinijtit , <jue quand il
verra toutes ses u'livres impriniees en vingt volumes. Ho ! que
j'ai bien envie de voir tout cela ! Nous avons aujourd'hui
presenle a M. le premier president /c ('art/an , de Lyon, en
dix volumes de papier I'm ; il a tort bien rec.u M. Havaud . et
je suis assure qu'il ne se repentira pas de lui avoir I'ait ce
i)resent. La reine-mere est bien, Dieu merei ; elh1 ira bientol
•i Saint-dermain-en-Laye prendre 1'air et se refaire. Le roi el
la jeune reine sont alles a Versailles, qui avee M. le dauphin
M>nl en bonne saute. J'ai vu aujourd'hui M. le eomte de Kehe
sKilir de cbe/. M. le premier president, appuye sur un baton;
1 C.ohii qui iul lur an i>a^a;je du Hhin cu 1072. Voyez la noto
I.I.]), -il- - oi'i !>"< Tffur 1'on a iinpriinr Sainl-l'ol. H. 1'. N
\ KALCONKT. i U>
il etoit aecompayne de M. 1'abbe de la Baslide. II a bien la
mine d'un homme <|ui n'a su (juittcr le peche , mais qtie le
peclie quitte. II m'a salue forthumainement, ct moi de mejne
lui et sa compagnie: mais il avoit autretbis bien des compa-
jrnes dont il n'a plus a f'aire. On pent dire dorenavant de hit
eequ'a dit Juvenal in opere admiratido , sat. X :
Jaccl ejciguus cum r amice nervus .
Ei quanicix tola palpetur norte. jacebil.
Uu bien il dira lui-meme au premier proxenete, qmxl ill''
''//'trtux apud Petronium : Crcrlc milii , f rater, nun intelliyo )>tr
ririini e&sp , nun sentfn : fnitcrafa rst /xirx ilia cnrporix </t«i
quondam Ar/n'/lex cram.
On s'en va translerer du Palais a I'Arsenal la cliambre de
justice.
On dit ici (jue M. de Lonne n'est point mort.
M. le comte de Comieres, de votre pays, a tHt- eondamne
a la tonrnelle d'avoir la tete coupee en Ciivve, ce <jui a »>te
execute mercredi 30 de mai. Je le vis passer sur le pout
Notre-Dame ; je soupai le meme jour avec M. le premier pre-
sident, qui avoit preside au jugement : c'est mademoiselle dc
Saint-Andre qui Fa poursuivi et lui a fait trancher la tele. On
dit (ju'elle est cousine de M. le marquis dc Rebe. Je vous baise
les mains, et suis de tout monnrur votre, etc.
Do Paris . le <> juin 16«3.
LKTTKK DCXV1. — .\u mi-nv.
Je vous ecrivis bier ce ijue je savois de nouvean ; ce meme
jour, 20 juin 1(>(>3, deux clioses arriverenl ;i I'aris : Tune est
que M. Fouquet tut conduit du boi> de Vincennes a la Ha>tille,
;i ([uatre heun-s apres midi , par 300 chevaux ; 1'autre est la
mort de M. duCledat, un de nos anciens , age de soixante-
(juinze ans.
On dit (jue la cliambre de justice linira a la tin du mois
i lit i i.ri iu> in-; 1,1 i r\ii\
prochain, a cause qu'elle retarde le commerce, el qu'elle
empeclie le credit de ceux qui doivent fournir de I'argent an
roi , tels que sont MM. des cinq grosses fermes , des aides et
lies gabelles; neanmoins on (lit qu'il y aura restriction pour
quelques prisonniers , et entre autres pour M. Fouquet, M. Ja-
nin de la Ba/Jniere, Monerot, etc.
La reine- mere a pris du vin emetique, cj; qun luniji- //r/ns
/«•////////, etmeme le medecin decourin'a dit aujourd'hui, ce
'2 i juin, que sonacces t'ut encore hier de dou/e Jieures. /'/"//>
>•//// Hii'tHHitt a shiiati'd L'Vatitt ; \e erois neanmoins que Guenaul
espere ([u'elle guerira, de peur de decrier sa marchaudise
empoisonnee, maisilsegarderabien d'en iirendre; IIKMJIC on
dit que la reine-mere pense serieusement ii la niort, ctqu'cllc
se recoil) iiiande aux. prieres de tout le inonde, et c[u'on s'en
va laire des i)rieres de quarante heures par toutes leseglises,
et y exposer le Saint-Sacrement sur le niaitre autel : on en lit
autaut pour le cardinal Ma/arin , niais il ne laissa pas de
niourir bienlot apres. Ce seroit grand donnnage que la reine
nioiirut presenteinent , car elle est bien intentionnee, et a
dessein de fa ire soulager le peu[)le tie taut d'impots qui out ete
etablis durant la guerre }>ar toute la France; niais il arrive
souventque les j»rinces ineurent quand ils out envie de bien
faire. Quand les rois d'Espagne se sentent inalades, ils son-
gent a nous restituer la Navarre; niais lit niort les attrape
avant que de I'etfcctuer: ainsi la niort ren verse les bons dcs-
seins de ces messieurs-la.
On dit que les acces de la double tierce tie la reine nmi-
mencent a etre plus legers, et a diininuer : 1iti<'inn<i i/t/i <•*! ////
"itinttd fort iiK'nteur , et qni ment coinine un inoine qni se (lit
venir du Japon, (lira que (;'est son vin emetique; niais iK-au-
initins on dit qn'eile a le visage fort detail el cadavereux , qui
est encore un mauvais signe que 1 antiinoine pent avoir fait .
el qu il n'()te.'a jainais.
Enlin , j'ai fait nn nuin'iniu inari:lie : j'ai inane inon Jil>
Carolus, age de livnle ans, a la tilie de M. I*. HonmieK nnui
rullegue ; die s'appclle >ladcl«.n. el csl agee de di\-inMil'
V I M.i.oM.I . i i I
aiih moins quatrc mois; belle lille, bieii nee et bien elevee ,
(I'liu bon pere et d'une sage mere , uthaun nmtiiu fuuste attcce-
dunt ; c'est un marche douteux pour la reussite: u.curi att/tti-
riru t/iurus est fntnlis (1) Le bonlionime Lipse (|ui avoit une
meehante t'eniine, a dit quelque part dans scs epitres qu'il y
a secret du destin dans les manages; mais on ne sail gueiv
bien ce qu'il t'ant entendre par ce destin, si nous n'avons re-
cours ii Seneque, (jui a dit, .}«(/</•((, l<'ortnn<i , I'rocidi'utin .
/•'((fttiit , itomtnu sunt unitis cf c/Hsf/r/n iJet , iwi'e (lyiitis in rt'lmt
Imnianis. II me semble que saint Augustin , (jui eloil tivs
persuade de la Ibi chretieniie, n'auroitpu mieux dire.
II esl arrive un malheureux accident (jui retarde la grande
rtlition de toutes les u'livresde feu M. de Bal/ac : c'est que sa
vie t'aite par M. Girard , grand-arch id iac re d'Angouleme, est
achevee , mais ce M Girard est mort; on n'a encore pu la tirer
des mains de sesheritiers II y aura dans cette edition lumvellr
plusieurs traites nouveaux, (jui n'ont pas encore ete impri-
mes. Ce grand recueil sera precieux, et I'era lionneur a la
France, aussi bien que les a'uvres de nos plus grands person-
nages , tels qu'ont ete les Mpmoii'es de Ph. de Comines , de Ma-
thieu, les h'ssuts deM. de Montaigne, YJ/isluire tniin'rvllv de
M. le president de Thou, la Suycsw de Charon, In /{''jjtiblif/'"-
de Bodin , les uaivres de Lamotte-le-Yayer. Kernel , Hoi her.
Cujas, Scaliger, les peres Sirmond et Petau, le cardinal du
Perron , M. Coril'eteau , el a litres en grand nombre.
Le roi et la reine, M. et madame d Orleans sont allo a
Saint-Germain se rejouirde la convalescence de la reine-meiv.
On recommence a parler d'un certain accord preteiulu en-
tre les jesuites et les jansenistes; on (lit i|iie c'ost le pape (|iii
•
I, l>e Irisle uiol cle mai'cliv qu'einploio ic'i (iui 1'alin comaic MIIO-
nyiiu1 de inariagc, nc manque pa-, de \erile. Anjoiird'hui commc de son
temps , ii pen de chose pros, les manages ne soul que des marcher ; on
aecorde an plus oitranl. (dependant la femme de Charles 1'alin elail ,
en efl'el, d'un esprit Ires remarquablc. l.orsque son mari exile In I
prolesseur a Padoue . elle devint ineinhrc de la soc'iele des ricovrali.
Voy. llayle, article" dti> I'ttdn et ^ Italics 1'alin. / [{. V.
i il I,KIIIU> in. 1.1 i r\ i IN
Je vent , el que lepere Ainiat y est fort port*', malgre les peres
et ses companions. J'ai peur ({u'il n'y ail la quelque super-
eherie cacnee , et (|u'il n'y ait quelque frere simplicien at-
Irape. Balzac a (lit (|ue les fernrnes f'aisoicnt la plus belle par-
tie. (In nionde, maisa rnon avis lesjesuitesen font la plus fine.
Quid quid id est , timeo Danaos, el dona ferente*.
Je vous baise les mains, et suis de lout inon e,ueur votre, etc .
DC I'aris, le 19juin
LKTTKK DCXVII. — An menu.
J'ai (Ipssein de repondre a celle (|ue je viens de recevoii' <lc
vous, avec eelle que vous avez pris la peiiuj d'eerire a 111011
second et cher tils Carolns , que je lui porterai deniain matin
IMen aidant. Jene connois point ce inedecin de Nancy, nonniK-
M.Pei'rin.quisedisoitautrefoismedecindemadameladuchesse
d'Orleans, qui est de Lorraine, en vertu de (juoi les Lorrains
taclioient iei de faire fortune, mais ils n'ont pu ; sur (juoi
M. Pen-in s'en retourna, apres avoir epouse line iillede Paris,
dont le pere etoit orlevre, a <[iii il avoit fait arcroire (pie sa
fortune etoit tonle d'or, wd />n> thesauri) rurhniH'* mrrnif.
(^'e.st celui que je ne vis jamais; je sais bien qn'il trouva furl
mauvais <jue je ne lui voulus point donner heure pour line
consultation, ayant alleguc pour nies raisons (|iie je ne le
connoissois point, huinu itort/x, iwllntK noi)iinist null inn ilnjui-
tutix, que les lois de la Faeullt'1 me defendoient de consulter
avec des medecins etrangers : sur quoi le bun sci^neui- sc mit
en colere, et (lit que je n'elois (in'iin i^noi'anl , ct (|iic je n'o-
suis |>as user d'antimoine. (iiieiiaut y fill ii ma |»laee. qm
ftuit de tons buns accords, el qui ne truuvuit rien ni dc Irup
cliaud ni de trop froid , vuire iiicme, (|ni par son avarice, dc
nenr de perdre nn ecu. sc trouvoit (uns les jours avec des
I i J
diarlatans , dcs cliimistes, cl tonics sorte? de cutirenrs : \cil,t
\ ru.O'Nhi . \ i:»
oil j'cii suis avec M. I'errin. .SW .s/i1? /wA/s faecal, sire unn ,
ml cat il/e, ct abcut in fjona/n rem xiiam.
Le testament du Mazarin est imprimeen Hollande; le t'ae-
tuni de M. Kouquet a Paris, et les memoires tie M. tie Laroclie-
fbucault a Bruxelles. M. Fonquet a presente unc nouvelle
requete, laquellc laisse blendes articles a decider a ses juges,
et qui reculeront fort la fin du proces ; memo on dit qu'il a
dessein de recuser M. le cbancelier et de se declarer son ac-
cusatenr.
On parle ici de la grande maladie du petit prince d'Kspagne.
M. le chevalier m'abien promisde bien t'aire; il vasouvent
an parlement et aux audiences: il retient fort bien, selon
qu'il me raconte, les interets des parties qui plaident a la
grand'chambre, et qui viennent de tous cotes plaider a Paris.
II m'a dit aujourd'hui fort particulierenient comment (ie cer-
tains chanoines d' Angers avoient perdu leur proces , et memo
avoient ete condamnes a 1'amendeen une ^ause(|u'ils avoient
cntreprise contreleur eveque, qui est frere de>l. A. Arnauld ,
docteur de Sorbonnc, <[ni est si savant, el qui est le cliefdu
parti des jansenistes.
Feu M. Naude, qui n'etoit point medisant, m'a dit autrefois
<pie M. G. Scharpe , medecin de Monlpellier et Ecossois , n'e-
loit mort a Boulogne <pie de tropboire, et je sais bit.'ii dn
bonne part, par des gens qui 1'ont connu , tpi'il eloit grand
ivrogne ; je sais bien aussi qu'il eloit fort savant, et surlout
grand logicien , et c'est tie lellesgens, aussi bien que des
Ilibernois , qu'il fan I entendre le beau vers de M. llemi , pm-
fesseurdu roi , lorstju'il dit deces gens qui disputent si volon-
tiers ft tuni /nti
Hens rutionc I'nn'n.t <t ntentvm patlH I'l
C,e vers se |)eul aussi appliquer aux cbimistes.
Nous avous ici uiisavanl personnage , nomine M. Menage.
a qui ce vers a pin si fort qu'il a dit plnsieurs f'ois (ju'il en
voutlroit etre rauleui1, et avoir donne le meilleur tie ses be-
in 1. 1. 1
netices. II lit; lais>&eroit point de fa ire bonne chert', caril en a
beaucoup d'aulres; c'est de lui que nous attendons bienlot le
beau JJiuyt'nvs Lai>rtins grec et latin in-folio de Londres avee
de beaux connnentaires. II n'y a plus que I'epitre dedicatoire
de M. Menage a envoyer ; mais j'ai peurque cela ne tire de
long; la (in des grands livi'es est tou jours accompagnee de
quelque einpechement , joint que les libraires uwiuuf /u-n/if-
rari' , t>t cjiisiiiodi /incut nun intcll /</"///.
IMutarque a dit<|uelque part que la derniere pierre(|ui mil
la (in an bailment du temple de Diane en Ephese t'ut truis rents
ans a etre trouvee , taillee et appli(jueea ce grand batiment.
Je in'eiHiuerrai demain cliez M. I'ambassadeur de Danemai'ck
si le prince de Daiieniarck ira it Lynn , et apics je vous en
ccrirai. On dit ici que nous allons avoir im grand connnerce
sur iner, et que le roi a acliete des Porlugais 1'ile de Aladere.
Jc vous baise les mains , et suis de toute mon aiuc volre, etc.
DC Paris, le -27 juillet 1G63.
LETTKE DCXV11I. - \// menu-.
Je vous euvoie un ecril nouveau que je ii'ai pu lire lout
entier sans rire; je crois que vous en f'erez an taut. Vous y
\erre/, un bel echantillon des bagatelles que le temps present
nous fburnit, ft deliria moneutls wcnl! .
I'ourcequi est de Jean Liebaud , c'etoit.un mcdecin bonr-
^uignon qui ne lit janiais ici fortune. II etoit gendrede Char-
les Eslienne, (jui inourut accable de dettes dans le (Miatelet.
Aprescettemort, Liebaud s'en alia mourir a hijon , son pays.
Sa t'einme s'appeloit Nicole Estienne; elle etoit niece du grand
KolnTt Estienne, le(]uel quitta Paris apres la inort de Fran-
cois I", se voyant prive de son bon maitre et persecute par
les sorbonistes, pour se retirer a (leneve ( I ). Ce livre de In I///
(lj On lira avcc le plus \\\ inlfict- sur celle jjrandr Omiillc <lc-
1-Xipiine, I'lioniK-ur do la typographic triiiicai^c (|iif lour- ouM'a;'.r-
V KXl.r.ONET. 14">
Indie tie* [runups, do Uobaud , n'esl qu'une trafluclion de .)///-
rliii-llus, ipii I'avoit Tail (Mi ilalion sous le litre de la Comarn.
On imprime ici VA/ntlot/ic pour /PS mrdtcins contre ceux (jui
It's acrusent da di'frrcr fro/t f'i l«. nature ft fit- n'avoir /mint di'
i-i'liyirni, parM. (>li. Lussauld. Si M. Amyraut daigne sodonner
la peine de repondre a ce livre, il est homme a dire la-dessus
de belles ehoses , quo Lussauld ne sail point , of qui no sonf
point dans son livre. Je lui en ai suggere quelques unos, et
entreautres de beaux passages et de bonnes autorites, inaisil
ifon a pas fait oas : aussi esf il d'une province qui n'est pas
loin dn pays d'Adiousias, on ils sont plus glorieux quo sa-
vants, et ne manquent pas de vanite. Ainsi seroit re conlro
la raison ot memo contro le droil des gens qn'nn I'oilovin
presque Gascon voulut apprendro qnelqneclio^ft d'nn Picard
qui est sorli de la garenne des S(»ts.
Mas files pulii , nati in('t>licibu* ovi*
I'ercennn in palria, rraasoffue xnl> aere nali.
iNtur 1(> nouveau catalogue de Franctort , je n'y li'ouve rien ;
1<^ Alleniands ne prennent point le cheinin do la ire quel»|iit'
bello production pour le salul du genre lininain ; ils so lais-
ct lenrs publications onl immortaliseo, 1'onvrage ayant pour litre:
,\»nales de I'imprimerie des Ksticnne , on Histoire de la famille des
Estienne et de ses edition:- , par Ant. Auii. Ronouard v anoien liUrairc it
I'aris ), 2* edition , Paris, 1843 , iii-8° do 384 pages a deux colonnes.
A pres avoir public les Annales de I'imprimerie des Aide, la gloire dr
I'ltalie, il appartenait a M.Ant.Aujj. Hrnoiiard de romplcler I'his-
toire lilteraire et bibliographi(|uc du \vi' j-it-rli- par Plii^loire dc ccltc
tamille do lypographes qui . dans les memes toiups. servait et honorail
hi Kraiire j)ar de savanles et belles publications, el qui , sinvant les cx-
|iressions de -M. Magnin , pour prix Jes plus penibles veille*, des pln»
part'aites productions , des plus couteux sacrifices , ne recneillil que la
pauvrete , I'e.xil et les persecutions <lu clerge , I'abaudoii de l.i ('our,
line prison pour dettes au (.halelel . un lit it Phopital de Lyon |>our
le plus illustre de ses inenibres , un j.rnbal , et line biere enlin a
I'llotel-Dieu de Paris , pour son dernier representant. < Jntirnnl ./cv
Xm-iiHls . udobre I8i0 . pa;-;e liid. H.I'.
446 LKTTHKS DE M'l PATIN
sent trop emporter a leur genie el aux belles promesses de la
chimie. Je vous baiseles mains et a loute votre famille.
Do Paris. Ie3jnillet 1663.
LETTRK OCXIX. — An )„<'>><><>.
La re 'me -mere n'est pas encore bien; Ton (lit qu'elle ;t
mauvais estomac et lo visage fort detail , a cause deqnoi elle
n'a encore bouge d'ici. J'a-i ceans la troisieme edition du livre
de M. van der Linden, flc Vv//>//x mrdicix, en un grand vo-
lume in-octavo, ej: dono avt/ti.ns. J'ai aussi recu de Saumur
line nouvellc edition du Longinus , mm tmti* Tcn<. Vahri .
in- 12. Le Fr. Rabelais est acheve en Hollande avee quelijiir
explication nouvelle. L'llippocratede M. van der Ijnden con-
linuc f'ortement.
Je ne vous ecris rien touchant M. le prince dc Danemarck.
On dit ici qu'il est a (ieneve ; mais on ne sail s'il en reviendra
on s'il s'en ira par I'Allemagne. /:.</ alirpind /H-I/I///!//// />fr<i/it-
fiH/tnix in fi'iicbris. On parle d'nn nouveau traite, que (jueUpies
mis interpretent du mariage avec mademoiselle d'Alencon:
mais M. 1'ambassadeur n'en dit mot , sinon <pf il est accabl/-
d'affaires, et qu'il a peurde ne s'en point retourner sitot (|u'il
esperoit, a cause des nouvelles commissions qu'on lui envoie
toutes les semaines. Votre jeune docteur esl-il revenu? Je Ic
>alue citm inatre cttrfmiintn , avec les Kli. peresTheophile Hay-
naud, Hertel ct Menetrier, (^t suis dc imii IIKU: ciriir votrc, etc.
DC Paris, I,- 17 juillH Hi<»:?.
LKTTKK IK;\\.
Void nne nouvelle de laquelle pen de gens se doutoient :
le roi a rcmercie >f. Talon, et a revoque sa commission de la
chambre de justice, en le renvoyant an parlement. On dit que
voila une marque tres ('videi)te de la favenr de .M. ('.oilier! an-
A FALCONET. 44*
pros tlu roi ; il a reussi a fa ire ee coup a cause de M. Berrier,
sou premier commis, (|ui avoit ele menace par M. Talon ,
pour quelques faux memoires <pi'il lui avoit delivres contre
M. Fouqnet.
La venue du roi au parlement est remise a la semaine pro-
cliaine. On (lit aussi que le roi vent red u ire la cliambre de jus-
tice au nombre de douze , pour retrancher la depense el la ire
depecber le proces qui traine depuis si longtemps. Au lieu
de M. Talon, le roi a fail deux procureurs-generaux, dont 1'un
est puremenl pour M. Kouquel, I'aulre esl pour les affaires
civiles de la cliambre de justice. Le premier est M.Chamillard,
maitre des requetes , el frere du docleur de Sorbonne , grand
anli-janseniste el prolesseur en tbeologie ; 1'autre esl M. de
Fontenay-llotman, aussi maitre des requeles, qui est alliede
M. Colbert. Voila qui fait line partie de 1'histoire de noire
lemps; apres le lemps present il en viendra un autre<|ui nous
produira des spectacles nouvvaux, qui feront toujours dire
vrai au poete, auteur de ce distique :
Elnquar an sileam ? sed qiuc lam dissila
Itarbaries Franw liidiltria nesciat <inl<{', etc.
Le roi a fait fa ire commandement a la marechale de 1 Ho
tal qu'elle out it serctirer. On croit (jue c'est pour avoiv |>;irle
en laveurde M. Talon, a <jni neanmoins on n'a fait aulre tort
i|iie de le delivrer de beaucoup de peine et d'une commission
odieuse, et qui lui produisoit tons les jours ^rand nondnT
dVnnemis.
Je baise tres huinbleincnl les mains au reverend peiv
Hertel , el le remeix-ie de son souvenir. Les u-uvres du pt%iiv
tiibalin sont-elles sous lapresse? J'ai envoye vosdeux let t res a
leur adresse. Le chevalier de la I'ome a pave son nu'decin ;i
Lyon, comme ses parents font ;i Paris. M. Merlet, M. Blondel
et moi y IVimes aussi bien cpie vous at trapes il y a deux ans.
In uric Him/I'd ni<ji'<il itiid i nix iilctni mini oinnui ; innn/n situ/ tii-
i/t'ti/ti , nilnl IITISSI- ln'ittf/lii' I'*/ : /nrtiiiiiiu in nlhi nrln& , ft in
•148 I.KTTKRs DK (.I'i F'\TI.\
stfi'/h riln /ii/nif/' i>i-rit. f'/'i; htnlli nnlti , i>r<> ///>/y//'/Y'o mti'f-ixsii
i-iirtlliu.*; . i'l $i>i'rti$ si/i'ff/f fifth' urns tictilm. llifi'li.r lulimn i't sfc-
fi/i's ihnnimnitur <ivemt>. Prenons patience, ct tenons pour cer-
tain que nous soinmes encore phis heureux qu'eux , on taut
que nous ne sommcs ni marchands, ni usuriers, ni banque-
routiers, comnie sont tons ceux de cette race. Iti mcrt-ntiirn
wining' e$t aliquid iniifticinn rirfnti jiro wercutoribus. C'est
pourquoi Ciceron a fort bien (lit , et fort voritabloment : Offi-
cina nihil Iwbct i)i(//'iii</. Krasnie haissoit les niarchanrls, (/>«>-
)tin/tt crfit iirapriurii cjmmofli hnminmn niliil uliiid mcilitfu'i
i/nfun litcntm , cfinm ti//'/>? cf ftrfhtm (l\.
J'apprends que M. Morissct n'est pas bleu a Turin , qu'il
(>st fort bai. Les Francois ne seront jamais aimes des Italiens;
ils sonl plus tins que nous , mais nous soinmes plus lionntMcs
i-ens qu'eux. Ils n'etudient guere, et croiont pourtanletre foil
savants. J'en ai vu qui se moquoient do nous, a caus(> do la
iirande peine que nous nous donnons. Ils disent que nous j>ur-
tons la science sur nos epaules. .le ponrrois dire qu'ils me
;l) Qifaurail j)onsc; (iui I'atin s'il cul vu HMO rpoqut1 assureinnil |>lu>.
Horissante que la sionne , on Ton peul oxcrcer sa portion dc soun>-
rainnte an moycn (rune palonto do marchand dc drap , d'epiciei . dc
brocanteur, etc.; s'il cut assi»le a 1'avencinent dc la bourgeoisie cjiii ^oii-
verne aujourd'hni sou-; la rai-^on ronunercinlr '.' Voila la reponse a la
question du cclchrc pamphlet dc Sieves : (Ju'pst-cc <jitc le tiers-plat .'
N'est-ce pas aussi le cas de repeter : lout se voit en France. Cepcndanl
est-il vrai que les agitations politiques, les divers j;ouvernenients n'onl
<jue change les formes et non le caractere de violence et d'arbilraire .'
•pie les principcs out clc proclames, mis en lumicre. ct jamais en action :
en tin mot, que la revolution franchise . en promcllant le bonlieur dc
tons, a manque dc parole a I'humanite :' Cos cpiestions sont dclicatcs
ct difliciles a resoudre. Toujours est-il que dans notre sociele la masse
n'est point hcureuse, qu'il if y a pas place pour tons. II est allreux de
penser que Mallhus a pu ecrire a\ei- quehjue rai<on le passage siiisaul
qui resume sa doctrine : « In homme qui nail dans uu monde deja oc-
cupe, si les riches if out pas hesoin dc son travail, est rcellcmcnt de trop
sur terre. Au j^rand banquet dc la nature, il ifv a point de corner!
mis pour Iui. [.a nature Ini commando de s'en aller. el die ne tartlc
pa- ii niellri1 dle-nicme eel ordre it execution. ft. I'.
\ IUCONKT. /j^i)
font sou vent pitie avec leur esprit, el qu'iU in- IVmpluieul .-(in-
vent (|u'<i malice. Si la princesse vient ii mourir, il n'est pa>
bien ; vous save/, bien comme elle est sujetle a des llnxiuns sur
lapoiti'ine. Je vous baise les mains, a madame Falconet , el a
M. Spoil, noire bon ami, etsuisde lout mon eu-ur votre, etc.
!>«• I'.-iri*. ce i di'Tviiibir Ki<»H.
LKT'IKK I HAM. -
Le i'oi t^l all*1 au palais, on il a I'aiL enre^istivi1 les iiom.s
ili-s ijualoiv.e dues el pairs noiiveaux. Je suis bien aisi' tjne
.M. Tliel, yeutillioinnie do Dant.-marck, de ^rande el aneienne
maiMin, soittombe enlre vos mains; il m'a fait I'liomicurde
me le mander lui-iueme. Je vous adresse une letlrt: pour sun
cpbuie , (jui esl mi lor I lionnele li(jinme , nomine M. 1 'o-h. (!e
.M.'lnet est promis a la petito-iille de Tyeho-Iiralic , yrand
seigneur de Daueinarek, grand malliematicien , el heuretix
reslaurateur de rancienne astronomic,, <jni mournt en sun
clialean il'La'anisbourg, daiio Tile de Iluen, dans la merl»al-
litjiic,, 1'an -GUI, oil ii s'eloit retire duns la disgrace de son roi.
Avez-vous om parK'r do la redinte de la duchessede Savoie?
.M. Morisset y est; mais neamnoins le roi n'a pas laisse d'y
riivoyer un medecin par quarlier, nommt! Vai/on , ijin e.U un
des amisde Valot , qui apparemment lui a proeun'1 eelieeoni-
misMoii.ll lavoit mis auprcs du cardinal .Ma/arin en sa pre-
miere maladie : c'etoil lui (jui le veilloit. On dit tju'il en a elc
nial recompense. II tail I'lionune d importance et le m\>li-
I'ieux , mais tout son tail esl pen do cbose, //</// rsf .s'//c/»^>
. 1//-/////////.S , doiit il est fait mention dans les adages d'Krasiue
Je vous baise Ires liumblement les mains, a matlemoisellc
I .deonet , el a M. Spoil , noire boil ami . el stiis dc loult1 nuui
ami; volre , elc
IK- I'iiii-. I.- IS tk'i'.-iiilM-i- lUli.!.
III. -j'J
4."><) I KTTUES I>K I.I I I'UIN
LKTTRK I )<:\\l I. An mnm;
4t! vous renvoie votre lellre de M. Toi'iui , dans laqnelle je
vois tonte 1'humeur do M. Morissel . (jui est capable de s'a-
chever et dese galer de dela, conime il a bien commence de
deea. Oh ! que la van He est un it rand vice , et (jn'olle aven^le
aisiMTient les homines: Madame royale, sa maitresse, a Ics
deux mau\ qnc vous me inaiidcx, el je liens pour ecilain
t|u'elleen mourra, tnm rntiun<' dhtturunnnn »///"//////,//, ////// ,i>in-
//s inqrawscentis , Inin yrucissinw' (•( > m (/a is.*: nnt> />'////,'•>/. f//\.
II y a eneore bien loin d'ici an l.'iavril; si madame royale
n'esl bien forte , elle ne vesistera jamais dtqillci Inidrrqti&i ; il
n'en fautqu'une pour latner, xci-'/m in t/iwace ronclusum nulla
ttrfp exhourltn)\ f/xnni p'1/' scctionem nut pci'foralionem , n </'/« t«-
men pnnri rvadnnf , into pfMcissfnti^penc nulli: n en ileplaiso a
celni des notres, qni est mi vieux ton , ([iii dit(|iie le sonverain
remede de 1'hydropisie dn ponmon esl /ti/dt'ai'f/f/rtw'ii, le lln\
de bouchc , comnn' anx veroles : >i<( /mpn/mn [>h<il<'rn* ••! Tons
les Tons ne sont pas dans les I'elites-Maisons. O (///fin////// '•>•/ /'//
/W///* inniK'! Lou a eiixoyi1 a Turin M. Vai/on , a la senle
recommandalion de \alol. il fait bicn I 'entendii . rhoinnie
de secrets et dimportanee; mai^ jc le tit'iis cent to is an-dcs-
soiis de ^f. Morisset, en fait di1 science et de bonne medecine.
,l(^ IK; verrai M. le premier president qn'apres les liois; dans
la premiere occasion je prendrai nion temps de lui pai'lcr de
nos six ans , qni est mi ^rand tenne ; il est vrai <pie la plu-
part de, ces jeunes medecins ne savent rien. 11s nV'lndient
point ; on les hate anx universites , an lien de les examiner
rigoureusenient, rarilsont penrdi! pcn're lenr mai'ehandise;
i-t [tour cela mt'ine les medecins de Kouensonl en ^rand pro-
ces, et ceux d'Amiens anssi : et ainsi pi-e^qne partonl. Tons
les villages de \ormandie sont lant(%)l pleins de mt'decins, /////.v
ftiii/i m in ricus nhuwlnt frintlhus <//;>vv/. •//>•/ Triiilus ninnr rifir '.
t-t neanmoins on voit par lonte la France line p;ui\ i ,-!e p;il»li -
A r\I.IO.NKi. 4.M
quo et genera le. I 'n> r //•/?>•/ Mflllipurace royaumedes Francs
(jui s'est laisse gouverner depuis pen par des anirnaux routes,
par descardinaux enrages d'avoir lo bien d'autrui et do laiss r
beaucoup de biens a lours noveux ot nieces. \\Ptibi, tnro,
oijus I'c.i' jtuer put , cl in fjuu f,r incites cumedunt mime I Des
temnies , des favoris et des princes de pen do courage onl
ton jours gate le gouvernement. Les petitos universites nmni-
frafe fiprcfinf in jinblicd commoda ; olios no ronvoiont person no.
Si lojouno docteur n'est rpru a bou inarclio en un omlroit , il
h'on va on un aulro ; o'ost pounjtioi coux do Hoiniss'en vont
plaider conlro coux d'Angers, d autant (ju'ils lonl inoilleur
inarche do lours do^ros acadomiques , avoc un Ic^or oxainon ,
pou de temps ol sans Iliosos s'ils no voulcnt. Enlin , si on no
irouvo roniodoii un lol desordre . il >ora plus grand nombre
do moderins on r'raneo (ju'il n'y a do poinmos on Nnrmandio.
on qu'il n'y a do fmii on Italio ot on Esjia^no. S;ins davan-
lai^o exagoror lour ignoranoc, laqu<;lle ost. do vcrilo. extrome,
honleuse et jit'i-illo'iso, ils nc voiilont plus tnoino otudior iti
avoir do livres; c'osi asso/ juxir oux af lifi/ifmtt in ui<n<il>iix <li-
j//ii///ii/ti iifiiflf'niiffi , I'li/nn I'ili ti'i'i' t'c/If ntjitfi . ol qu'ils soionl
cousins ou voisins do (piolquos ohirurjiicns on apotliiraires.
•I'on ai vu inoino qui avoi-'iit do luussos lotlros. Us so rotiront
en lour |iays. village , bourg ou petite villo : a |>oino oul-il>
un I'l'i'tlnlris ot mi l-'i>nit>l , qu'ils jj'onloiidout point , el foul
les onlendus, coimne s'ils avoieniy^s citn'i-t Hfi-is! J'ai \u un
Provencal i|ui so vanloit iinpudoiniuenl de guorir loutos sortos
de malades avec un nnVliant livro qu'il avoil on sapocliolto :
c otoinit los f 'I'lifin-it'n do Uulondns. ijiii u'a jainais ott- qu'un
inocliant fripon . ol qui o\] r, bion 'in'1 '•'/,// H^HII >•//// I>f>w-<]ict<i .
qui u ost qu'uno iulii>ion d'anliiiioine, /'/' ."/"" />hn-i<ili <lixtil-
Iniii. .\rr ,in I'm ,t pour un I'roxoiioal. //////// / .ninrt.'n r.x7 . Co pays-
la ost ploiu (le gous atrabilaires , inarcb.uids all'anies de gain,
juifs, charlatans; mais lo> aulros pays n'en smit pas exempts.
lin- cf alihi I'/'inI itin' /i//if,- . (ant r>! vrni lo passage do \ irgile :
I i'lT'i main* /i'ini/1/i's iintir I'llin n! ti/i//ii- i>iiAillnit. Pint ;| Dioil
(\\\(^ cos oiTonrs tiiiiNsonl biontul . cl quc t'ciix qui on mil la
direction s v vi'iiilji'iil appliquer serieuseiueul ; cat1 lc mal ot
^I'siiid ct Irs eonswjuenocs tres dangereuses ; mais j'ai liicn
pciir (jilt: c-cla n'arrivo pas shot , car lc peuple cst bicn ion ,
les ma^slrats trop laches, ct tout Ic inoudc trup mediant . (I .
,1, Quo promt1 eelle diatribe, ocrite d'un style si tonne ct si apro J.
qifil y cul des alms tlans Ions les lomps, or qui n'etonnen) personne.
Mais quaurail pense (iui I'alin s'il cul vcou do nus jours , s'il cul \u ,
depuis plus do rinqiianlc ans , !a inodociac, coinuu1 prolcssion, ;«l)an-
doiuico , delaissoo ,'totijotn> pluroe culrc 1111 i»a--c dclmitot 1111 ;i>tMiir
doulciix ? L'abolilion complete i!<^ anticlines inslilulions , la i.uli
t':>lo (aihlesso des uouvellos ; Pinsulflsanre, i'imprcvoj ancc dcs !oi> poui
In repression des aims, TisoUinent des medeoins , to del nit altsolu
d'odncalion proi'essionnellc , la nullito ties inlcreis jjenrraux . tie la
nii-deeine ; i audace do.- cliarlaluiis-irclt>ns exploilant impuneincnl itt
-otlise »-l la credulite publi(iue. prot'ananl la sainlele tie noire iiiinis-
lere cuinnic >'il> a\aic;»l jus vitif cl iti'C'X , scion ['expression de noire
auleur. \\sl-oe [>;i* \:\ le douloureux .-periaclc qui frappe los >cu\
a noire opoquc? (ini i'jilin se |)!ainl du ^raiui nonibre tics inedecins do
.-on temps ; rnais aujourd'hni ce nombro n'ost-il pas hurs do Ionic
proportion a\cc !-i necessilcPOn a calcnle quo si Ton delondail pen-
dant div ans toule rc'coption tic doclenrs . il en rosleiail encore asse/.
|)oiir les besoins publics. . \us.-i. disait nn \ieu.v inotltcin. non-.
Miinnics en au-M jjrand nombre quo lc> inaladcs , bientol inetitc il y aura
jilus (If clmls y/ic d<~ sottris. i)e lii I'ciitoinbroiiK'nl d<- la carricre nic-
tjicalc. les moyons odieux qn'on emploie pour \ rcnssir, Ic troisseiunil
perpcltiel des eapaciles , ties ciqiidilcs. dcs \anilcs. Tart imie>io de
(ronq)er Ic public par ties reputations riirl.'iile> , de> cc'obiiics nn n-
songeres. On no conceit pas quo. depuis un demi-siecle , les ;',ouvei'-
nemcnls aienl abando;ine ci-Uo prolcssion ii uno espece d'or^anisation
iiiinlellii'.cnlo ct dcfailianle. sau I 'do precaires, d'insi^niiiants correclils.
arraches par tic cnanls alms. (JiTon se li[;nie bien ncanmoins <ju'a
pen do chose pros , tonic question incdicalc csl an (ond unc tjuoslion .-o-
i-iale ; il y a iei line >olidarilc d'inlcrcls coinino do prmeipo>. Si tjuehjue
bien-etre cst ajoulu a la societe . -i que'.tpies doiilenrs soul otcc- do
eel immense fnrdeau de i-oiifiranco qui ;;ccalilo I'liuinanilo, on Ic doil
en partie a la inedc'cino !ai j^cincn! comprise. Ionic amelioration nie-
tlicalo , dogmatique ou proit'ssionnelle . s'clcvc anx proportions d'un
probleme social. J.a vi^ueiir ot Ic perleclionnemonl des generations. Ic--
eleinenls do I'liy^iene publupic , lassainis^cinciil dc* lioux , !a dci'oii
\cilcdc l.i x.u'i'iiii' , I'u-. |. •!• ••I'lu'-ral ilo !.i pi,ni!iic do li-rrc , Ic- i.il-ili
.If uif rejoins df la bonne fortune (It- M. Tliouvenol ; jf lui
haisf Ics mains Je crois iju'il ivus>iia inieux par sa sagesse .
qiif It* medecin (If Madame royalf par sa sullisaiicf ft sou 1m-
niriir altifi'f . La niodcstif sifd bifii a tout Ic inondf : inais
file fst particulifrfine nt necessaire a la coin1, aux medecins,
aux etranjjfrs , ft a cfu\ ipii out bfsoin d arjjf nt.
.If vie us d'appiv ndiv df bonne part que saincdi prorliain
If roi ii'a an Palais pour divers snjets, savoir, dcs janscnistes
ot -pour plnsifurs articlts df snpj>ression. .If pcif hit-it <|n'd
vfinlle inspircr son cw\\v pour If bifii do tontf la France c I
pour le soulagement du pauvre penple . Ifijucl ^finit d'unc
miserable pauvrete depuis si lon^tomps. »> I principulement d'v-
|mis la t'avfnr df ccs deux derniers cardinaux , (jui out etedf
vraies san^sncs. <|tii out iniscM'ableinenl sucf le sang de tontf
la I'Vancf.
M. Spon me inande (jiif vons ftcs all/1 a Turin y voir 31, i
dame royalf : je vous y souhaite bonne rcussite, (jii VHt- pni>sc
bifii ^iK-rir, ft vous en revenir bifii contfiit. .If vous prif
aussi , r'tant snr les lieux , df 1'aii'f nif.s rfcoinmandations a
M. Tori n i If pi'-re, it M. son His, a .M. Morisse I , ft a not!1'1
aiiv:ifii ami M. Thouvfiiol .It1 vous souhaitc ttjutc sorlc (if
prospfritf ft df c()iitfiitf me ut , el un prompt ivtour a l.yoii.
.If suis df lout mon co-ur votrc,. etc.
l*o I'jiris. lo '25 decenibre 1(i'»:!.
rations <lrs -ubstiinoo- alinienlairc- ; lout <\- qiu f(inci'ni<% la m (!IM \i\f
li'ljale dans Ics coins d« juMuv, lc travail »lc- on\ ru-r- <•( dc-- ciilaiil- tla;i^
Ics mainilacliircs , la rcj>rt"«-ioM par !<•- niai-nii«- pcniU'iiliairc- . dr. :
Ionics ccs question.- cl unc iiilinitc d'aulrc- on! lctir> racincs . Icnr
solution dans la medocini'.cjiu c-l ! art dc ciiiis<T\cr. (i 'auicliorcr. <nis-.i
IMCII que Part dc j;uerir. N ">c/. li - .Annnli"> 'I /.•»/;./'•»/'• i>iililif/nc d <li'.
tnedednc ley ale , rceticil pidtlic depuis ISi'.t. par Ics incinbro du
C.onscil dc salubritc <!c I'aris. , (Detail done uac pcn-cc ju-lc . pro
1'indc. plulul ipi'iin scnliincnl d'ori'.ncil. qni aniinait ['ani'i"!!!!;1 I aodli-
lor.-qi-'cllc i',r,n<iil ;:u frontispicc do scs dcci-ioii- cl "Ian- I'-'ii' rin!c dc
•-e.s deliberation- la t'Hcl'rr dcvi-.e ; !";•'•• • / <>i I •> suln-:. \\. !'.
i.Yi
LKTTHK DCXXIIl.— .\n ,„<>,„>•.
Je vous salue dans 1 esperanto quo j'ai quo vous soye/ de
relour et de repos en votre maison a Lyon , apres tant dc
peine quo vous avez cue aupres do Madame royalo et en votiv
voyage. Quedeviendra notre cherM.Morisset, apres la perte dc
sa maitresse? Je lie sais si on !e reliendra de dela : niais memo
je lie sais pas si I'etat present de ses all'aires lui penneltra dc
rcvcnir a Paris. On dit ici <[iie \ous aure/ le carenie proehain
le roi ii Lyon , qui y nicucra la clianibre de justice, et que
Ton meltra M. Fotiquet dans Picrre-Ancise. Toutle t'ntnr est
bien incertain ; Dieu est pardcssiis tout. Jc vous rcconiniandc
rinclusc pour notre bon ami M. Spoil. Je vousbiiise Ics inain-v
( t,siii> de tout nion c<eur votrc, etc.
Do I'aris. Ie2l Janvier Hilii.
I.KTTKK iH'.XXh. \n mt-ni"
Je nc doutc pas (jue \oiis ne soye/, en bon lien et toiijoui -
en vous-ineinc. niais je ne sais pas si vous etes ii Turin; qud-
que part que vous soyex , je ne vous souluiite que du bien.
Nous enmes bier une ^r.md*.1 asj'einblce en nos ccoles , on
Ton disoit <[ue M. Morisset ctoit parti de Turin, et qn'il (''toil
a Lvon, d'ou il nebougnoil jusqu'a ct; ([tTil cut accorde a\cr
ses creaneiers , de pcur (ju'autrement en revenant a I'aris , «>n
ne lui fit nn pourpoint de pierre ; ec (jui arrivcroit appaiv.1;!-
inent. J'ai regret (jue ee panvre boninn! soil si fort embar-
rassf en scs ail'aires. Xotre asscinblcc d'bici1 cloit pour din1
dcs exaiuinatenrs pour le ni'>is de mars proehain; cd a n'ai1-
riM1 (|u'unc lois en deux ans . ct Ires riyonreuseiiKMit, Si on
liiintoit en ((uelque I'acun dans !c^ prtiics universitcs , im--
jcnnc; ui'ii-- ii'i'ludieroifiit que mien\ : niais Ics Allcinands :•
\ I \l.<;oNKT. {•"»•">
fient a Padoue, nos Francois a Moiilpellior, et ils en re\iru-
nont souvent aussi iguoranls qu'ils y ontete.
On flit ici qne la paix du pape n'est point faite, inais que
nos troupes vont en Italie pour la f'aire on fa ire faire. Nous
avons ici M. (lharpentier malade c.i: f>u<l<if/r<i ft rcsictr i:(ilcnt»,
age <le soixante-neuf ans.
Le roi donnera dix mille homines dc seconrs a I'empereur, a
cequ'on dit; ilsseront conduits en Allemagne par >l. D'Erlac ,
contre leTurc. On dit aussi que nos troupes d'llalie s'en vont
assieger Hologne (jue tient le pape. Oil done est de present
M. Vaizon ? On dit qu'il a ete pris de quelque Muxion a Turin ;
c'est un double nialheur d'etre hors de sa inaison et etre nia-
lade. -
Le eointe de lirienne, ci-devant secretaire d'Etat , apres
avoir perdu sa charge et sa f'ennne, fille de M. de Chavigny.
s'est enlin rendu pei'e de I'Oratoii'e. Yoila un jeune luunine
perdu si Dieu nelesauve, que les jeux et les pi|>eurs out
ruine. II nieritoil une ineilleure fin , car e'etoit nn honnete
honnne et Ires savant. II aimnit inon fils (lliarles an dcriiicr
point et I'envoyoit querir tons les jours. II lui fait une belle
preface a ses Fnniili't' rutixuKi'.
.le viens d'apprendre <{ue I'ambassadeurd'Kspagne pri'-senla
hier an roi un courrier de Home, <|ui lui oll're tout contente-
nienf . et (|ue la paix d'ltalie seroit I'aite, si nous avioiis la
ratifi(^ation de ce (|ue le pape promet. Si M. le maroehal du
Plessis-Prasliu va en Italie pour noire general, on dit qu'il ein-
menera quaiid et soi pour rnedecin >I. de Main illain. un dcs
iH'ilrv's, <|iii est grand ami de M. Morisset (I . dnquel je vous
dirai des nuuvelles si vouseii ave/ besoin Les join's ronnneii-
('ciil a croiire. rl je recommeneerai au>si nies Iccons an
(College royal , tlont beaucoup de uens me pi'esseiit. Je vous
baise les mains, et suis <!e lout inon cn-ur votre, etc.
D;^ Tiiiis, I,- -2<) Janvier !<)»)'(.
•i.V5 i r. i ii;i:> in-:
U-iTTttK DCXXV. .!„ „„:„„..
J'ai reeu votre lettre, datee da 5 Janvier, des mains de
.M. Jerome Colot ; vous etie/. encore alors ii Turin , et main-
tenant jo me persuade ((lie vous etes a I, yon : ainsi soit-il.
On dit ici (|ue la paix va se la ire en Italic avec le pape, mai>
(pi'il en I'aut attendre la ralilication el ('execution , <i <pic
nonobstant tout cehv , le roi ne laissera pasd'allcr a LNOII ir
mois de mai prociiain ; niais font cda e>( incertain , aus-i
bien (pie tout re qui depend de 1 'avenir.
Quelque.s uns des metres <p:i connoissent M. Vai/on ( ' c'ol
relni fjue je ne vis jainais et iliupi.-l je ne sais rien (|iie \r<ir oiii
dire i , disent (ju'il e>| torn be niahidc a Turin. 1 'ne ^rande ina-
ladii1 en pays eiranger , arrivt'-e de la sorte, me fait pil'n'' .
meme pour un ineonnu. On dit mie AJ. Fouipit.'t ne pent el re
jut>'e de six mois, pour avoir obtenu <jiie les eoniples di1 I'e-
par^iie Itii soient eommun'Kpies , alin <pie par aj>res il puissc
r^'i'iondre sur les objections qu'on voudra lui la ire. I. a peslr
e^t (H^sce a Amsterdam.
(hi dit ici (pic quand bien la paix seroil I'aile avec le pape,
.M. le marerhal du I'hssis-Praslin ne iais^era pas d'alieren lla-
lie |iour y eommander IVimice du roi ; c'est done SI^IK" ipj'il
y a (pielijiie aulve des>ein. Je vous baise Ires Inmtbleinent |IL>
mains , el ^uis detoute ;non ame volre, e!f.
/;. .S' L'oii a eiivoNt'- des :;ens a Arias, pour amener priMHi-
nitM' M. de Alolltejeu, aulremeiit dil le mareehal de Seiiulem-
berii , (j:ii en esl )e youverneur, pour plnsieurs plainles <jui
sou! eoiiti't' lui. IMusieurs inorls subites arrivcnt iei a dcs
\'ieilles j^i'ns , r./- .vy//ro/;^ ciiidnii'ii >•/ iiliftrnrftunc fo/'tftit i//t/»i'
Hil'ti' IIKilt jiilllli':!:!^ , I
.)! . .Morissel e>t a Paris; ipielipit-s uns des noirc.s I out vu ;
encore <|ue eela . m.iis iipn'-s deniain j'rii N.IIIIMI
iiii's (!<•- ,111 -M-IHIIC-- du r cur <>'i (io ;;i'u> vnissoanx . in;n-
I'CJKI |iir dc < iiii I 'aim. \ <i\ • / \i\ uclc ci-«lossilS , piijl1' •"•*•'•
\ I'M «.i!\U . -1.')*
davantaye, car il est nn des disputants a I'ucte que nous an-
rons apres demain en nos eeoles. 31. le marecbal du Plessis-
I'raslin, general destine pour not re armeed'ltalie, avoitordre
de partir aujourd'liui , mais le roi 1'a remis jusqu'a samedi :
encore dit-on que Ton attend nn courrier : s'il arrive , il
ponrra bien encore dill'erer ce partement, et tout an pis aller,
on dit (pie, la paix venant a etreratiliee, il ne passera pa.s a
Lyon.
Madame la presidents de Tbon est morte ce matin; elle
(Hoit tills de M. Picardet, procureur-general de Dijon. Kile
laisse beaucoup d'enfants a 31. son mari, qui est frere de ce
pauvre martyr du cardinal de Kidielieu , qui mourut a I, yon
I an 10-12, le 4 septembre, avee M. de Cinq-Mars. Je vous baise
les mains , et suis de tout mon co-ur volre , etc.
l)c I'aris, le o fevrit-r Uifii.
LKTTKK DCXXVI. —
On pai'le de la maladie de M. le due de Savoie, pour laqndlr
M. le cointe de Soissons, son prodie j)arent, s'en va a Turin ;
je crois meme qu'il est deja parti.
J'ai. ce matin 7 levrier, ete entendre I actede nos eeolrs, on
j ai appris <pu: M. Morisset n'est point encorti arrive a l*ari>.
(Vlui (jni croyoit I avoir vn a la berlue : il esl encore a Lyon
avec sal'emme, ipii y a de malade. Tout le monde parle dn
proces ipii est entre deux gros mardiands de la rue Saint-
Denis, nommes Salar et (iantier; cdni-la demande a cdni-ci
(i-2, (;()!) livres par unt; ol)ligation qu'il dit avoir de lui, pas^cc
par-dcvaut deux notaires <pii tons deux vivent et reconnoi>-
r-ent leur ecriture ; mais tons deux avouent qn'ils ne M- sou-
viennent point de cet ade. On croitqu'il y a (pielque I'ourbe-
rie du c()le de Salar, que Ton dit etre nn medianl liomme ct
n'etre pas a son aise, d an contraire 31. (iautier a bonne iv-
putation el est fort riclie. .ie les connoi> fort bi<'ii t<»us <leux.
d ai plusietirs I'ois <•(>'' die/ I'mi el elie/ 1'ai.ilreen con^ulta-
-i.'iS i !•. mu-> IM: <;i I r\ n\
tion. .1 ai pour quo Salarne perde , etanl soupconne do beau-
eoup do fri poll i levies, el au eontraireM. Gautierest fort aime;
jo le t'u'iis liomme d'honrieur, et dignedu grand credit (jii'il a.
JMeti soil loue de ce quo vous etes do retonr a Lynn apres
mi si iirand voyage et un si mauvais temps. Jo suis bion ai*e
(juc vous n'y avo/ pas perdu votre peine , et (JU'OH y ait ro-
eonnu votre vertu ; on no pouvoit pas moins Cairo apres vou^
avoir tiro do Lyon ot do votrc inaison : itriiK'ijiiln/x />/(tr///<><'
n/'/x non ultinin lnux rut.
Pour M. Morisset , j ai pitir de Ini ; inais il a toujoiirs yalc
loutes sos a Ha ires par sa vanito, ((iioUjuo lial)ilo hoinnie iiu'il
soil ou qu'il croio etre. Jo no crois pas qu'il si'jonrno long-
leinps a Lyon , car ses oroanoiors le f'oront prisonnior la aussi
l)ien (pi'a Paris. Voila comme on on parlo ici ; cot lioinino ost
malheureux : Imbi-t ef/i/ntnSejnnnHi, ft c*f t/tcn-fti /HUH HH/H*.
.Io vous reniercie do co quo vous me niande/ dos rcroiii-
niandatioiis do 31)1. de Torini ot do >i. Tliouvonot: jo voti>
prio do lour on fa ire autant pour inoi a votre connnoditi'1. .Io
voiis ronvoie votro lotti'o pour AF. !e ohovalior : jo croi> iju'il
cs! a Lyon, au moins m'est-il ici vonu dire adieu. pnHendanl
partir le londomain, et <|iio inadamc sa more lui avoif < MIH-
niando do s'on reloui'iier; il y a deja hion douze jours ou m-
viroii. I ii i'oi't liommo dol»ion. i;'rand sorvitour do Dion <•! do
hoiino (.'oiisoiciice , mourut In'er ici : c ost AI. Ir iimi-i'dml <! • /"
Mr ill '.'i -nijc , tyran do la liretagne, cousin do M. do la Koclir-
I'oucaidl . jadis surintendant des fhiances ; grand-maitro d<-
rartiilorie, cousin de mademoiselle la duchosso d'Ksi;uiiloii
el pore do Af. loduc Ma/arin , //m////" (hnnh>fi. Ne pense/-vous
]>as qu'il faille dire de eel homme ce qu'a dit un certain porlo
do co temps : Hi'llf nun- <Ifi'ti/it l)i<-u , >•'// // ov/y////:' II n'y a
decile plus giiere <pio mademoiselle do Combalet do code j-.rc-
iniei'o liranolie do la pari'iito du cardinal do Hirhelioii qui
jniisse I'inpoelier quo A!, do Sainl-derinain . jadis noniiuc
.Mailiieu de Morgues . aumi'miei' de la ('cue reine- mere Mario
df Modicis , ne niflfc ,111 jonrson lii>ln!i'f <|e la \ ii1 dudil car-
dinal . "ii I 'oil \viTii d '•ir.iii^eN chose.-- . a ce (iii'il in a dit Ini-
\ I \IMI\KI. I.'?'
in;''iuo, et eusuile la vie dii leu roi Louis Mil , cl I histoire de
lout sou regne, depuis 1'an 1610 jusqu'en 1'uu 1043 qn'il est
mort. On dit que la paix est I'aile avec le pape; uiais la Cliain-
bre de justice continue ses poursuites , et me'me sur M. Kou-
quel, qui a refuse de repondre nin'i*xiiin> a son nouveau pro-
c.ureur-general nomine M. Chamillard, el a un deses rappor-
teurs. On parle ici d'un nouveau commerce etabli par le roi
avec le roi de Danomarck , lequel dimiuuera quelque chose
du gain des Hollandois, et outre a nt res pour dti grand hois
(jue Ton tirera de Norvege, a la ire de grands bailments et
tics vaisseaux pour la navigation , quo M. Colbert s'cn va t'aire
ctablir en France pour alter aux Iiides orientales et occiden-
tales. Ou parle aussi de t'aire en France une jonclion des deux
mers. Ocean et Meditorranee , en cominencant (levers lior-
deaux par le Languedoe jiisquo jires de Xarbonne (V. Je vous
haisc les mains , et suis de tout mon cn-ur votre, dc.
l>c Paris , IP H (evrin HHii.
LKTTIJK DCXXVII - I// ,///W.
.!c \oiis ccris la presento pour vous dire ((tie Irs molinislcs
out en li credit, par un arret d'en haul, dc I'aire bruler en
dreve le Monnnlf rnthnltwi'iini et le Jimnm! <!>' .M. dc Sniiit-
\ii«ittr. Mais on ne brfile [»as la V('-rile (•>;. Voici tin auli'e
1 I. a marine (V;)iH;;ii<f ncqnil h'uMiU'il line prepotuItTaiuv ino»ni-
lr«lablc; oil coinpln jiisipTa ipialrc-vin^ls vai.«seau\ tic li;',nc <l;uis \\t~*
porl^. Lr in.Tfjnidquo canal «lu L;)n;',uedoc , i'c monument du an ^enic
dc I'iilu-lri' Uiijucl . lilt decide en Kiiili ; on cmplo%a a -a coii^lniction
plii1* dr (pialor/.c aniu'c^. car la na\i;;,ilion nc (ut < taltlio <ur co canal
• 1'iVn UiSl. \\. ]\
•1 N'on ccilcs. mi nc l»i file \>;\* la M;ril<;. pom Plionncur cl Ic
lionhciir dc> sooiiMi*.- ; tonlc|iti» on la cadir . on l"ol)«curcit , on la
dei',nise , un I'allerr, on la (ardc. on la coinrc a\cc pins on moin-
d'art du ma^.p-c <lc 1'cncm. Vain* <\ sterile^ cllorN! la rcritc . rdtc
idle du ncl . rep;-.rail lol ou li^id pin- \i\c . plu> ('-clatantc ipn- i;un,:i-
•)()() i l.i i i;i > I'l-. 1,1 i
monsiiv (iiu1 noire AlVique nous presonle. (Vest un apollii-
cairo nomine Tarfarin, agede soixante-quatreans, logo dans
la rue Sainl-Anloine. qui par ci-devant avoit etc eebevin el
n'avoit (puideux enfanls , dont le Ills a ete si sot, qu'il s'osl
tail moino de I'ordre qu'ils appellent Sei'aphique. ("est une
espeee de cordeliers, dit du tiers ordre, recolets ou piquepus.
1'our sa fille, il I'a mariee a M. le marquis de Haradat avoc
200,000 livres. Mais ce noble gendre devoit tant , quo pre-
sentement il n'a plus rien vaillant , ct le beau-pore estiuie
fort riclie a fait une vilaine bauqueroute. Voila des fruits du
temps et des tleurs do noire siiVlo.
Vous save/ bien que .M. do la Aloilloraye, mareclial do Kraneo.
pore du ducMa/arin, est mort ici depuis Irois jours. II otoit
lieutenant du roi en Hretagne , et avoit ete surinteiidant do
linances, et cousin du cardinal de Kicbelieii. On I appeloit a
Nantes le tyran de la Bretagne. Le roi envoio dans ce, pays-la
nne compagnie de cavalerio pour y prendre murt ou vif un
baron de 1'olie pour la fausse monnoie. -Ic suis. etc.
DC 1'ari-i. lo -2-2 lc\ru-r KUil.
LKTTMK DCXXVIII.
\H Hlftt/l'.
On lient ici la j»aix faite avec le. papi^ el le roi le dit lui-
ini'ine hier, ce saniedi -23 ievrier, que h; cardinal (Ibi^i viendiM
ici en <pialite de legat. 1M. Jcr. Colot m'est ce matin venu voir
et m'a deniandi1 dt' vos noiivclles, dont il leinoigneetre toil
en peine ; jc lui ai dit (pie vous (''tie/ a Lyon en bonne Siinii'1 . /I
(jiie vous m'aviez lionorf'1 d'unc des vt'ilrcs depuis votre relour
de I'ieinont.
AI. le due Ma/arin est alle en Alsace p;ir expres eoimnaii
•>on iiifliu'HCL1 o.sl (I'.nulanl plu< liiu'i'jjiijUP , <|uVllr ;i cU; plus loiiprl'-ii!|^
roinpi inicr. Kn 'out d pjirtonl . d;in> i:i \ ir publiijuo coiiiinc d;ui> i i \ !•••
privcc , il laul done coiisulter la \criic. la rc-pnlrr . la rccliorchrr ,'i
sa .-oiirce la jilus li.iutc . la plu^ -.n'n>.' . <•! nr r> ruin j.imai> dcvan' -> -
('OII^CqiH HOC-. 15. ! .
A KAU.ONKT. 4t>\
dement (In roi et par necessity. On (lit que le roi fait faire de
la poudre a canon en divers lieux, et en telle quantite, que
I on soupcoime toujours de la guerre quelque part. Le Ka-
belaisest aclieve a Ainslerdani en deux tomes in-douzequi se
vendent ic.i 1 livres 10 sous en blanc; Timpression en est fort
belle; il yaii la iin une explication de plusieurs mots dudit
auteur, laquelle esl bonne.
II if y a que trois jours (|u'un des bons amis de M. Morisset
me dit que Ton travailloit a obtenir de ses creanciers qu'il
put venii1 ici , et qn'il esperoit d'en venir a bout; il y seroit
mieux (ju'a Lyon. a ee (pie je vois. La vanite a ete le premier
pee lie dn genre liumain ; il en a eu Unite sa vie , d // rnjtih-
I'jus folhini nun (It-final ; \\ sera toujours glorieuxet mallieu-
reux. Cette vanite est une maladie incurable n<nv homim-in
(.'•/I, titular KM/HI' ml tinmi.hnii. II y a en son fait beaueoup d'im -
prudence, vanite, pauvrete, et comnie j'entends, j'ai peur
• ju'il n y succombe a son a^e de septanteans ; j'en ai pourtaul
regret et le plains bien fort , ear il est bon homme et savant;
mais quoi ! nH/'icitltm <isi/ii quit nun habet '? Tout le monde le
plaint iei , mais personne ne I'assiste. Vous diriex. (ju'il a la
pesle, iii/nl habet tufc/i.r inntfi^r/us dui'titsiHM , i/xfn/i ijnn/l l«>-
ninit'* rtdiculos f'ncit .
,le viens de voir M. Iloussel, marcliand de Lyon, beau-
i'rere de. M. Kaftin, (pii m'a demande de vos nouvelles; je lui
en ai dit de bonnes, Dieu merci ; il vous baise les mains : e'est
mi bon corps d'bonime, un bon chretien , cpii auroit »'te bon
pour I eg Use jirimitive; mais il aime bien Its ceremonies d'e-
:;lise, qui n'etoient point en usage (Mi c(! temps- la.
I.e Turc a pris lout uoiivellement Clausembourj: on Tran-
.sylvanie. Si on le laisse luujours faire ainsi, je crois <pi a la
I'm il prendra tout; mais quoi <pi'il en arrive, je ne me ferai
jamais Turc : e'est une sotte religion , aver leur Alcoran , aussj
liien (jue celle des juil's, avec leur Messie |)ivtendu.
On dit ici que M. MorisM'l tient le loup par les oivilles. el
(|ii il n <ise reeuler; je crois que eel lioninie Imln-l ''</n//,,/ .sVy,/-
//////<, taut il csi mallienrenx , qminit'ia itnn liul/mi mii-um l\il/i-
si/ii/ti/> ,lc vous haise tres liumblemenl Irs mains, ct snis de
tonte Dion amc volre, clr.
lh> I'aris, Ic -2ti fovrier I'iiii.
LKTTIIK IHAX1X. — U ,,</W.
Je ne sais ricn de nonvcan de i'llippocralc de M. van der
Linden, (let antenrest morl a Leydcn, age dc cinquante-trois
ans, d'nne ficvre avce thsxion stir la poitrine aprcs avoir pris
de 1'antimoine, t-t sans s'ctre fait saigner (l). (Jnelle pitie!
I'aire tantde livres, savoir taut de latin ct dc gree, ct sc laisscr
nunirir de la licvrc el .Tun catarriie snlToqnant sans se i'aire
saigner ! J'aime mienxetre ignorant ct me I'aire saigner qnel-
quefois. II y a trois ans qnc j'en tennis, si je n'ensse en 1'es-
prit de me fa ire promptement saigner. J'aime mienx qnc Ton
jelte mon sang snr tin runiier. ipic si Ton mettoit mon corps
en Ici're. Voila comment menvent les Inns et Ics cliimistes.
Je pr'h! Hicn dc bon cd-nr <pi'il rcnvoic la sante a volre
eh:'!1!1 moifie. Lc lait d anesse sera dans sa grandc force dans
dix join's Je souliaite <pi'ellc s "en Ironve hicn. Si je la ponvnis
guerir, je pavtirois des demain pour Lyon; mais il y a tro|)
loin d'ici. dalicn cnvoyoit ses maladcs a la montagne lie Sta-
binm , qni en revenoient en bonne sante. Mon tils (larolns
ni'iMi a eonlirme la rciiianpu! pin1 line meilaille de I t'nipcrenr
I. eta, qn'il eslimc fort, oil il ma mon I re. line vachc tpic Ics
habitants dc ccttc montagne avoiciit fail rcprest'iiter pour
I excellence de son lait. Nous en avons anssi derelni d'anes^e
Ires bon a Tcntonr dc I'aris. .Ma belle-mere, niortc agi'-c de
ipiatre-vingt (pialrc an.-, d'unc apop|e\i(>, avoit pris soivante
ans dnranl li^ lait danesse. La ni'M'c dc M. Didattrens. Iccoii-
> I \l.to\K I. lli.l
Miiller, inoui'ut I'un passe, uge deqnalre-vingl-sopl an*. Kile
in usoittoiis les ans depnis Taut' de vingt-deux aus.Sa belle-
M en i', veuve d'Andiv Dnlamvns, I'aiiatoinisto, avoit fait la
ineme cliose, et a veen quatre-vingt-cinq ans. It fait ict de>
merveilles, parliculi^reraent an printemps et on anlomne.
notaniment quund on le prend aver, precaution I ,. Je n't-n
donne jamaisque les entrailles ne soient bien nettes et prppa-
refis par do bonnes el donees purgations. Jesnis , cte.
l)c I'aris , le 8 avril 1()(>i.
LETTIU: ncxxx - - u ,,/,w.
Depuis que je YOUS ecrivis il \ a qnelqiu-s joins . on m'a ilit
(jiie M. de Relleval . profcsseiir el elianeelier de Montpellier,
est niort (2 , et qne le roi a donne sa eliariie a M. Valot. 11 esl
docteur de Reims, le voila elief de Moiitiiellier ; aiiisi la for-
tune de lacour fait lout.
On cherche iei un niedecin qui veuille aller en Polo^ne :
inaison venttju'il soil astrolopjue, ehiniiste, el qn'il nesai^ne
jfiiero. Je suis d'avis (jn'on leur en fasse fa ire un tout expivs,
ear (ialien ne leur seroit point [tropre, si ee n'est qu'on U-nr
('ii ti'ouve nn tout fait a la foire Saint- (lerntain.
On parle maintenanl de ri'fnnner et relranelier les iii'eftier>.
i[iii nesfint pas Us moi-ndns larroiisiln royaume. Oni ponr-
I'nit refornitM1 les aj)olliieaii'ps et les proi iireuis , el mejne laul
iioplc ii l':';uiciu> lri . vetal'li
iPiino^e , mi CKI\ ;ul (•<• iiii)\cii iiiisnlmncnl inruiinii dr» ;n,( ii'i:-. ( >n
\oil par cc i|u«' t'aisait (li.li-n pour.-1- inal.-iili - . d Mirloul p.u hi cu-
lifu-i1 lucdaillc ipir t.ii.'ii lo I'jilin p.;»-nlai!, rl >|u 'i! Id \nir a >mi pert1.
ipi>' If' .'iiicn'ii- nu'tlfciu.o t'lnpln) airiil MMI\«II| Ir i.nl ci incnir ri-lui
il';iiii'«-.- i-iiiinni' mi pisi^-ant inoyrii <lc /.iii'ri-i'ii. K. I'
•1 Miiilin I'.iclu T ,!,• 15. •ll,-\.tl, IU'\,MI dc I'h-n,' !!i h, i .!,• i!.'!lr\;il.
•\M ir.TTIlKS [>K (.11 I'VTIN
dp jngos et do niedecins ignorants qu'il y a en France, oblL-o •
roil fort lo public.
On eraint le Turc on Allema^no; pint a Dion quo ce frit nno
i:MTonr paniquo. Si dn Pont-Enxin par le Danube, reniontoit
quelque vilaine bete comme nno tortne, les Allemands no
oroiroient-ils pas quo co seroit quelque avanl-cournor do
rantoclirist ou dn Tnrc, on quelquo antro Paraeelso? Do co
<pii arrivora, jo no sais qn'on croiro on quVn craindre. II t'ant
quo jo diso, eomme me dil avanl qiie niourir M. (iassendi :
« Jo no crams rion do lonl ce <pii me doil el me pent arriver. •
Adieu.
DC I'iiris, l<> IS avril KiC.'j.
LKTTHK IH'A XX I.— AH Dititifl.
Lo inarchand do dentellos et jx/nit do N'eniso noinme Sal.n
est toujonrs dans le cachol noir dn grand ("liatelot; il est ac-
cuse do plnsionrs fanssotos [1). 11 proniet a ses juyos do lour
reveler bien ties verit('S , et d'accuser boanconp do complicos,
ponrvn (ju'il ait la vie sanve ; on dil noannioins qn'il sera
pendn. 11 y a ici des foinmos do niarcbands prisonniors pom
la fansso monnoio el pour 1'avoir debitee
L'all'aire do C'.liartres esl tout-ii-fait niauvaiso. Lo tils ilo
.M. (ji'enet, jirocnrour dn roi , ol It; vice-builli son gendro
sont tons deux on 1'uito. II y a uno lenime prisonnioro ol
deux valets: tout est pris et saisi. M. do Fortia, maitre des
rocjuotos, connnissaire dopnlo ol onvoyi'1 sur le.^ lieux, t-st ici
allondu dans trois jours. La cbanibre do justice fait bien des
reoherehes sur pliisieurs parlicidiers el on fait inotlro beau-
coup on prison.
On iiupriino ici les (.'mici/i-x on (piin/.e tomes in-t'olio , les
(J/,'/tci->'s do Halzac , tout onlier on deux tomes , I'// ixt<ilr<- dc
l-'rinii;- , par Me/.eray. en ipiatre tomes . etc. < hi ospere de voir
A KAIXONKI. i(i."»
bientot ici une nouvelle piece de defense pour M. l-'ouquel ,
laquelle , A ce qu'on (lit, s'imprime liorsilu royaume , et qiii
surpassera en beaux raisonnements tout ce qui jusqu'ici a elf
lait pour sa defense. Enlin M. Morisset revient ; un de ses pai-
ticuliers amis vient de in'en assurer; c'est qu'il est d'accord
avec ses ereanciers par le inoyen de M. Valot, qui lui a ob-
tcnu du terme et de 1'assnrance centre tant de demandes.
O miserable vanite, (}ue tu fais du mal au monde !
11 y a ici une nouvelle criminelle: c'est une Femme d'eii-
viron cinquante ans, qui a toujours fait la belle, veuve d un
inarcharid de passementsde la rue auFer et lille de Doussin-
gaut, fanieux marchand de vin , et que j'ai autrefois traile
malade. Elle est prisonniere pour avoir eu intelligence avec
des faux monnoyeurs qui faisoient des lonis d'or de sept
livres , et elle les distribuoit et faisoit passer pour bons ,
moyennant quinze sous dc profit sur chaque piece Mon Dieu,
que les mediants sontmalheureux! Afaudit argent, que tu lais
de mal en ce moncle (I)! L'avnrice et la vanite sont les demons
\) ILn verite, il laul loujours s etonner do Pelonncincnt drCuii I'ntiu
(luaul a la puissance do raqycnt sur nutrc miserable rsptco. Ksl c<-
qu'il nVii lul pas ainsi do tout h-mps? ijjnore-t-on cc qu'a dil un ancion
sur 1'aMn sacra fames ? Horace nc sc ino(i»e-t-il pas des Komains pla-
cant toujours virtus post nummos. II i'aut pourlant avoiu-r (jiril j a
dans la cupidite, cotto lopro du c«uir luiinain, des paroxjsiuos i>lus on
Dioins violonts. On pout assurer qifii uolio cpoipie. la inaladio ^oinlilr
olre parvenuc au plus haul point d'inlonsilo ; Paij^oiil lait limi <t poti
tout. Aussi, dil un pooto moderne , M. do Latouolio,
I. a vcrtu n'a (|ii'un jmir . l,i licaulc ii'.i ijii'inir lirmr ;
Dans x»ii mcritf riitirr I'ar^cnl lin M'nl ilcnicurc.
(','(.'-[ I'mlaillililc del, 01. M. nit «lc tt.nl,-> |,.IM-
('oiiM-iciici1 , MTiMinlc, ct |>H(U'iir, ct i cii'|i;u ' -
\ ICtl)Il('ll\ Mlttail lie liMI.S M-i .1(1 V Cl-Vlil I - .
C'cst Ic ucrf iln i Tcilit . I'cnlr.iil!.' ilcs ,il!;nr.-v :
("(••-I 1,1 ti ti- lie In n I . |>nnr;pc , I nil l,n li .
\,;-, I', nlrn,'.. ,,.,-!,, ,us iK.iiin.rr Ic ( \l'l I'M .
•iO(J i.K I I ULS 1)K (.1 I I'M IX
i|iii If goiivernent anjoiird'lnii. Otte veuve s'appelle ma
dame I<>Fevre; elle a tine fille mariee a tin nomine M. (ier-
vaisde la Afarelie, <|ni a ete ol'ticier du roi.
On (lit (|ue le cardinal legal vient , qu'il arriveru a Fontai-
nebleau , on le roi so rendra Ic 15 do mai pour Py reeevoir.
Le roi ira au pal.iis bieutut pour quelque suppression con -
Ire les jaqsenistes. Uuand le roi sera a Kontainebleuu, la
cliambre de justice sera a Moret , e! les prisonniers a Monte-
rean-sur-Yonne. M. Parcheveijiie de Uiiodes a ses bulles pour
Pareheveche de Paris, dont il prendi'a demain possession.
Ue Paris, 1<; 1S avril HW't.
LETTRK DCXXXI1. ~ AH mi-im:
Ce mot ne sera ici que pour vons remercior des deux beaux
livres que vous m'ave/ envoyes par M. de la Fille, votreclii-
rurgien. ,le remercie atissi ie reverend pe.re Meneslrier de la
bonte qu'il a cue de me ine'tlre dansson livrc. comme il a fait
pariantdeM. Spon , page -f I. Jeviensde iece\oir nne letlre
de M. C., qni me mande avoir eh'1 appele cite/ un j)rince d Al-
le.magne , due de \\irlemberg, qu'il a traite. et api'es avoir
t':te che/ lui ijiielijiie temps ft Pavoir giK'ri . en a (He lort bien
recompense. On lui oil'ie de grand* avanfages, s il vent aller
a Prague , mais i! y i\ ([nchjce ciiose de meilleur stir Ie bu-
reau.
.Pentretins liier M. de Lorme (l), <|ni me semble ('-Ire un
merveilloux personpage : il a nne prndigieuse mi'-moire . beau-
coup d'esprit, grand sens rt de gi'andes conii(»issanci's, et'
qui est bien e\l raoi'dinaire en nn age -i avance; <le pins,
il a fait sou coins en nne terrible eeole, (jui e>l la eonr. I!
m' a Ibrt i'emercit''des lettresipie je lnii'>crivis il y a deux a its. el
A KAM.ONKI. i<>"
inoi je I ai remercie des sieimes. II (lit qu apres (jue son pm-
ces serajuge, il meviendroit voloutiers demuuder une petite
chambn: pour y demeurer avoc moi et pour m'entrelenir de
plusieurs cboses; jo lui ai oflerl toute la niaison. II m'a sou-
vent parle de iVI. Guillemeau, son aneien ami. II n'etoit pas
des plus savants , mais il etoit bien intentionne et avoit une
prodigieuse memoire. II etoit fort dans la melliode d Hippo-
crate et de Gallon ; il adoroit la fortune de la cour, dont il
etoit disgracie pour n'avoir point voulu etre du parti du car-
dinal de Hichelieu, s'etant attache a la pauvre reine-mere,
Marie de Medieis, de iaquelle il esperoit tout : mais tous deux
en furent trop mauvais marcliands.
Le roi s en va demain a Saint-Germain avec toute la cour,
ce 2S avril; oi\ (lit qu'il y sera plus de trois mois. On parle
ici d'nii grand projet que 1 on a propose au roi pour fain; la
taille ret'lle, oil bien d'un antic par lequel on otera les tallies
et gabelles, et cliatjue personne paiera tant par tete au roi , ce
qui me semble, 11011 senlement mjuste , mais aussi impos-
sible, quoique celase f'asseen Tunjuie; mais, par la grace de
Dieu, la France ne sera jamais tuixjue.
M. le nuireclial d'Estrees , agt- de quatre-vingt-dix-sept aus,
est echappe d'une tievre continue, au grand etonnement de
bien du nionde dans un si grand age; il est ne Ian l.">7i>,
et tHoit freie de madame Gabrielle , <pii motirut I'an l,"r,9,
mere de ten M. de VendcMiie. l^e roi eM a Saint-Germain ;
M. et madame d'Urleans s'y en vont dans (jnehjues jours
ajuvs qu'elle sera gili'-rie. Inxtitt fli-i'liu /ry/V i'nlmiiir.
M. Seguin, meilecin de la I'eine-mere , ;ige de >oixante-
huit ans , veil! il y a loiigtemps, abbe d'nne bonne abliaye ,
et enlin prelre fort devol et lre.-> avare , s'en va quitter le
monde , else r.'lii'e dans Saint-Victor, avee les moines, pour
y passer le restede ses jours. II a un ills, conseiller a la cour,
ijni lui doniie du inecontciilemeiit : .mltti.* »•.«.•/ '-./ omni fturti'
fii'titua. M'.:ilti> iff jiiiil<j li'i>i>i'i/ui ><'/v/// iiiiint'i uliijiiiil ijt/tiil i/i
<^/.V>' f'tttH'ttjHS iiufiil ,
4()S I.KTTHKS DK (ifi 1'ATI.N
On pai'le ieide linil villages en Italic <jui y out eteaccable's
par les eendres du mont Vesuve. M. Boucherat, inaitre dos
coniptes a Paris, et doyen de sa chambre, age de quatre-
vingt-seize ans, est ici fort maladc; il crache le sang et saigne
du nez : cffa>ta> nc deficient is natural artjuinentuin.
On dit qu'il y a du bruit a Constantinople, qui a donnede
la trayeur au grand-seigneur, et qu'il y a grande apparence
qu'ils ne prendront pas Candle celte annee.
II y a ici un ambassadeur d'Angleterre pour retablir le
commerce du plomb, de 1'etain et des bas d'estame, et pent-
etre pour a litre chose de plus grande importance.
J'admire les recherches particulieresque lepere Menestrier
a ramassees avec grand soin et beaucoup de travail , pour en
composer VElogekistoriquede la villede Lyon({}. Celivre du-
reraajamais pour 1'honneur de votre ville, qui est en France
ce qu'est Anvers aux Pays-Bas, et ce <jue dit J. Lipsius, (/nod
cut in capita oculits ; sauf a Paris et a Rouen de det'endre leurs
droits, ayant chacune ses raisons et ses prerogatives. J'ai
peur qu'on ne disc de Paris ce que Joseph Scaliger a dit de
la Home de son temps : S/jurrwn nadaver /irittittff reiivsttitix ,
turpis Ittura nmt mcrciifiiini rcnnti , etc. Mais a proiios de
Scaliger, (jui etoit un homme incomparable , n'avez-vous
point vu trois petits livrets intitules .s>Y///y/c/v/)(</ , /V/r/i///V/////
^1) Voici le litre en entier : Eloye historiqtic de l<i ville de Lynn . s«
yrandeur consitlaire sons les cmpereurs et sous les rois; 1GO(J, in-4". (]c
pore Mencslrier olail 1111 homme (res omdil et cjui u coiiij)ose beaucoup
d'ouvrages dont quclques uns soul encore olimes. II ne fant pas le
confondre avcc un a ul re Meneslrier, sa\anl niimisinale du siecle jtre-
cedenl, qiii vccut et mourul a Dijon. Son epilaphe se lisait sur un des
vilraux de l'e{',lise de Saint-Jean de cede \ille, la voici :
U. I'
et TliuniKi'f On ne trouve que bien pen du premier, et je n'ai
point vu les deux autres. J'ai en mes mains le manuscrit du
premier, il y a trente-huitans, et je vous I'oflVe de bon comr.
Je viens d'apprendre la inort d'un de DOS medecins,
noinme Vaclierot , age de soixante-deux ans (l). 11 etoit a
Commerei, medecin du cardinal de Helz, et il y est mort
d'une inflammation de poumon pour avoir trop aime le vin.
Du rcste c'etoit nn savant homme , bonnete et digne d'une
plus longue vie.
II est mort aussi un conseiller de la grand'chambre ,
nomme Musnier del'Artige, age de soixante-dix-neul' ans.
fiiienaut et Rainssant n'ontpas laisse de lui donner deux ibis
du vin emetique , avec lequel on arrive souvent <id ref/nicm
aempitmiam .
Notre jeune rcine est grosse, etj'en suis bien aise. Plaise a
Dieu <jue sa posterite vive et regne longtemps, et (ju'elle re-
p-ire tant de maux que la France sou lire depuis la mort du
bon roi Henri IV.
M. Colbert a ete dire a M. Boucheral, conseiller d'Ktal,
<iu'il n'allat plus a la cliambre de justice , et que lelle etoit la
volonte du roi. On croit que c'est pour avoir parleen faveur
de M. Kouquet, et n'avoir pas crie au gre de la cour, /<>///',
crwi /i(/<>. Je vous baise les mains, et suis de tout mon co-ur
votre, etc.
De Paris. Ic (i mai H\M.
LETTIIE DCXXXIII.— Ai
Je vis ici , vendredi dernier, en consulte . une t'emme mor-
due d'un cliien enrage, agt'e de trente-ciixj ans. Les parents,
ayant entendu noire |>ron(j.stic , i|ui ne promelloil rirn de
1 \ Hyp/, la iiole Ionic 1 1 , jt 7'i.
170 I !.TTU|-;> OF. (,l I I'.U'IN
hoii , I'lii'i'iit ( hercher Ic chevalier de Saint-Huhert , <|iii y vint,
mais qui n'y avanca rien. On leur amena un charlatan i|iii
lui lit avaler <lu vin cmoti<|ue, ot apres lui donna unepilnlo,
dont olio rnournt trois heuros apres. Le pentametro d'Au-
sone n'y a pas eu son elFet : I'h //Hun> j'nto rolimt , bina vc-
ncnajuvmit. Los charlatans tnent plus dc mondeque les bons
mcdecins n'en guerissent. (Test la fauto dcs jugos qui IPS
souffrent.
Je haisc IPS mains a inadanic vol.'o luniiiic. .1'ai mauvaisc
opinion dcs eaux dp Vichy pour (,'llc. Feu 31. Mprlpt , qui y
avoit pto, IPS disoit I'ort contraircs a la poitrino ; et de fait OPS
minpraux dossi-chaiils sonl pnnornis du poumon. J'aimerois
niioux , on cctlo, hollo saison, un changement d'air ot du lait
d'anpsso, PII so [)urgeantdedix on dix joins avoc la casso ot lo
sono. Toutos OPS eaux niiHalliijups <»]it un certain sol desse-
chant (H onnoini dps ontraillos { <). Vous a vox, dolivro votro
jeuno hommc d'un grand mal. Nos harhicrs font ici tons los
jours dps fautps somhlahlos a collos qn'on a laitos avoc lui, ot
nos chiens a grand collier no lontautro chose ot IK; rougissont
point do dire, connne Vps|»asipn, <]iio I'odpur du gain ost tou-
jours honno, do qiioi quo co soil (ju'il provionno. Josuis, etc.
De Paris, Ic 0 mai H\M.
LETTKK I H:\.\\ IV. — An
J'ai ici vu M. Merlal, jeune hoinmo de IAOH , qui m'a parle
do vous, comino vous lui aviox. roooniinando do me voir: HIT
1 II v a du vrai, dn bun pralirien dans eelle reflexion ; lonle can
rniiierale esl e\e:(nn!e , voi'a qui e-l e rlain ; mais il no 1'esl pns moiii*
iin'einplovees a |»ro|>os el scion de-< indications prc-eises 4'l formelles.
Ics eiii\ niinci .;!(•- soul tin moyen iherapetilique d'antanl |)Ins pic-
rieiiN q;ii- nu! anlre ne pent !i' rem]>lae>-r. I'onr I-'* ean\ de \ieliv.
vi>ye/ la note lonte II , pa;>,e .'is:?. K. I'.)
A FAl.r."NKT. -171
injurtn , imliyct I'linit "/•/>' Mnrltaunia <•( f'/iironic. Je vous dirai
tort a propos ce vers d 'Horace:
Slultortnn incurala jmdor mains ulccra cetal.
Le roi et touto la coin- s'en vont apres domain a Fontaine-
bleau. On (lit quo M. lo dauphin part des anjonrd'hui de Ver-
sailles pour y etre conduit. La jeune reine est grosse. On dit
que la chambre de justice suivra , et lo conseil , et les pri-
sonnicrs.
Le beau /Hoyi-nt'* Lufrtiti*, grec et latin, de M. Menage est
arrive d'Angleterre. On croit ici (jue M. Herrier, premier
commis de M. Colbert , est tellement bien dans 1'espritdu roi.
qu'il est en etat d'en chasser eelui qui I'y a mis. \A\ cour est
un pays oil Ton joue a boute-liors.
Les Hollandois eonnnenceiit a menacer de fain- la guerre
a ICveijue de Minister, s'il no lour rend un certain chateau
qu'ils pretendent lour appartcnir.
Le legal est on chemin; il sera accompagno de soixante
gentilshornmes italiens; ce sont, a ce (ju'on dit, antant de
cointes. Ce no sont pas des comtes de I'empire , mais plnlot
des comtes de la pomine do Charles-Quint, qui lit cinquante
comtes di^ ceux qui pouvoient ramasscr line des cinrpiante
pommes. Oh! IJIK^ ce h'gat nous obligeroit s'il poiivoit Cairo
diminuer la faille! Kntre aulres m^cessites qni nous pressent,
oollo-la nous est bicii necessairo pom1 !i> pauvre peuple. II m>
t'ei'oit ]»as mal aussi d'oter le carerne : mais jc crois (]u'il
n en a pas la volonte. Je vous bai^e les mains, et suis de tout
mon co'iir votre , etc.
l>e I'aris, Ic 1 'i inai 1<>(>'i.
LKTTUK DCXXXV. I
J ai ivcu votre Icttre [tar M. Colol, dont je vous remorcie , et
suisravi (jueM. votre Ills ail si bii'iilait en contentant les mes-
•f?2 I.I;ITIIK> DI: <;u rvn\
si ours do votre college ; Dieu lui fasso la grace de continucr do
mioux on mieux , ft d'y reussir do memo. M. Spoil mo 1'avoit
mande ;loja avoc grande joie ot applaud issement. M. Morisset
a tort, i! dovoit y assistor; uiais c'est quo lo bon seigneur a
bien autro chose on tote, donl jo vous ai ecrit par ma der-
niere. Je no sais si M. Germain ira on 1'ologne , car on lo
marchande; mais s'il y va , co no sera pas f'aute de pratique;
il a boil omploi ot beauooup do inerile. 1! faut qu'il y ait
quelque autremystero, quo jo crois etre du cute do sa fann'llo,
dont neanmoins il a ou du bieu. C'est lui qui a ocrit contro
I'antimoine. II est grand cliimiste, inals il a bon jugement,
raisonne bien , on honnne sago et judicioux. 11 a trois
belles lilies a marier, dont rainoe. a plus do (rente ans ; mais
pourquoi, dit-on , no les marie-t-il point? jo n'on sais rien :
tm /r.s' nny usf a don//'.1' L'ou ne voit guere do gens ricbes quo
Ton ne sacbo en quel(|iie i'aoon comment ils lo sont devonus,
ted ('(jcxtdtis pnulu occulttorcs i't obsctn' tores $tt//f c<ius<t' ; noan-
moins i'espere do vous dire cclles-ci quolquo jour.
II v a un gros proees a Houcn de lous les medecins oontro
mi apothicaire, (jui so disent do belles veritos les mis conln;
lesautres; tons cos proees decrient fortoment la profession.
On dit (pie les oloctours ne peuvent s'accorder a Ratisbonno
])our le seeours (JMO remporour lour domando contre h; Turc :
ainsi il y a grande apjiarenee quo tout ha mal.
J'ai vu aujourd'hui noire !\f. Charpcntier qui so poi to
mioux , Hrr du cti/culn roiir/iwrifiir. Jo vous baiso les mains, ot
suis do toute mon ame, etc.
Do 1'aris, lo 2o niai l(»(i'i.
U-/ITKK IH'AXXVI.— .1
\ KAI.CONtl. 4 7:5
rents de 31. Fouquet sont ici en grande alarnu;, et ont peur
fie Tissue du proces. La haine que M. Colbert lui porte pous-
sera les choses bien loin.
N'avez-vous rien oui dire de nouveau d une //istoirv dc
I. U<>n , en deux tomes in-folio, t'aite par un jesuite de votre
pays, laquelle est bien avancee, inais non parfaite? Je crois
que 1'auteur s'appeloit le pere de Saint- Aubin , ou le pere
Bollioud.
Madame de Nemours- Vendome est ici morte de la petite-
verole; elle laisse deux-belles lilies a marier. C'est celle qui
etoit veuve de celui (jue M. de Beaulbrt4ua d'un coup de pis-
tolet en duel Van 1659 , et qui etoit son beau-frere. Elle est
ici morte le 19 mai ; les sit-urs des Fougerais , Braver et Bains-
sant 1'ont assistee jusqu'au bout, avec un nomine M. I) u four,
huguenot, qui etoit autretbis medecin de M. de Yendome ,
son pere, durant ses voyages d'ltalie.
Je viensde recevoir votre lettre da tee du 16 mai , pour la-
quelle je vous remercie : je souhaite une vigoureuse saute a
mademoiselle Falconet , pour a laquelle parvenir je tiens
trois choses tres necessaires : m-atpc di attain Ict/ittnid/// , »,^>-
flit/n/t lactis ttsuin M(l (isiiiini , cf cutharsim frequcntein , cfni/<//ic
benignuin ex fuliis <-t ran*, t-mn /xnico rhco , it /si tu dissent is ,
docte Trt'lmti. M. IMorisset n'avance rien en ses atlaires, et ne
nous rend pas nos registres ; je ne sais eniin ce <ju'il fera ni
ce (ju'il deviendra : je ne vis jamais un homme si mai con-
seilli! et si malencontreux. On clierche ici un medecin jxmr la
charge tie medecin de M. le dauphin . inais sourdement : on
dit qu'elle est a 20,000 ecus ; je ifai garde d'y penser ni pour
moi ni pour mes enfants. ('urin d«i cm-tis , fr/'/t/mf ,lt«l<i'ut
.\/>f//(i , nun <'</», </ni ({/die/ rni/i diis st'ft^t/n u</ct'r ii'fuin :
[»aix et pen , /xii/cm ct i-ircvnx<'*.
II a couru ici un bruit <|iie le roi sortiroitde Funtuinebieau
a cause de la petite vi'-role, inais ct^ bruit se trouve faux. Ma-
demoiselle d'Alenron , sirur dc feu madame la duchcsse dc
Siivoie, est ici inahidc dr la petite -\rrole.
\~: \ I.KTTHES Uli (,ll PAT IN
M lecomtede Montausier(l)s'en vadelapartdu roiiiLyon,
vers M. le cardinal legal, poui1 1'amener et aecompagner jus-
qu'a Fontainebleau. .rapprends que 1'on impriine en Hollands
un bean recueil do tout, cequi a etc jusqu'ici tail pour la de-
tense de M. Fouqnot , mais ([u'il y aura plusieurs volumes in-
douze , et quo Ton park: aussi d'y imprimer uu recueil d'epi
tapbes du cardinal Mazarm. IVut-etre quo co dernier en atti-
rera un autre pour le cardinal de Hicbelieu , pour loquol
plusieurs curieux en iirent de tori beaux alors, pour 1'aniitii'
que 1'on avoit pour le bonnet roiiire , <|ui avoit et«! le ./»/////•-/•
nnH'intw de son sieole?
31. de Guise est ici fort malade; on dit tout bas que c'est
''/: td ft.' i' ili/is ac hyper scircfjsi vt'sicii*; il y a iwlnn'ic et x//v//;-
(juric.
Nous avons ici un de nos medecins juvtii se t'aire tailler
pour la pierre dans la vessie; c'est celuifjui donne tant de vin
emetique dans Paris, //'r /f/x cf ncfrx , (pi'on lui en a donnc
lesurnom. On dit qu'il le fait pour ^agner les bonnes graces
des apotbicaires et pour plaire a Guenaut. II i^st un de ceux
(jui en ordonnent leplus, mais il n'en prend janiais : il lui
seroit peut-t''ti'(! bon pour sa pierre: mais il n'^n a pas a<se/
bonne opinion. SMI y eroyoit , il y a de I'apparence ipi'il en
prendroit , c/est qu'il a peur de sa peau ; pour moi , j*1 n'en
prendrai jainais : mint ///>' r"*t i<jm //•/•/•< ,/f.
I lest inoi't ici depuis ipiatre jours un vienx cliirui'^ien I'a-
meux de la place .Maubert , nonnm'1 J. ^lesnard . qui cloit
habilt^ bomme et bien ricbe , agi'1 de quatre-vinjit-sopt an^.
Le conseil du roi a envoye depuis pen de jours plusieurs
taxes pour divers j>artis , dont se son! nn'-li's les chef's de ccs
taniilles. .Madanu1 d'Ksp,'uillon en e>l , qudques presidents
au moi'tier, comme MM. de Maisons , le (-oi^neux , de I'ail-
leul, etc., lalirisse, }>arlisan ; Lambert, inaitre des comptes .
1N DCM-IIH drpui* I'illiislrc due dc .Monlan-icr. "i coiiim dan* Phis-
loi.v ,!<• L..ui> \l\ IM'.l
t'rere et heritier de leu M. Jean-Baptiste Lambert, commis de
M. Fieubet , tresorier tie 1'epargne , leijuel Lambert mourut
il y a vingt ans, age do trente-sept tins , rielie <le 4,000,000.
Je I'avois traite malade longtemps, et il mourut maigre , sec
et tout extenue, cuinme je lui avois souvent predit. Son rein
droit etoit tout ulcere et rempli d'un tas de petites pierres ,
dont mon Ills Charles garde quelques unes comnic autant de
euriosites medicinales. On a taxe aussi les heritiers deM. Gar-
nier, tresorier des parties casuelles, (jui a laisse dix erit'ants,
etachacun plus d'un million de bien : voila bien do 1'argent
dont il en revienilra une partie au roi. Faxit JM-ux ut j/uxt
hcKC miscllus, iuu> inisvrrimua (jopttlus subli'vefur tat tributis,
tot {I'i'utnnts , a tot ait/tin ojifjressus iniyuistyi'UHiioi'uni ct fjubli-
i-tiiini'uin art thus. Je vous baise les mains, et suis de tout mon
o< ru r votre , eto.
IV Paris, le 30 mai
LKTTKR DCXXXVII. — \n wtmc.
Le Ills deM. iMerlat se porte mieux ; il parlede s'en retour-
ner bientiH a Lyon ; vous pouve/ le direavec verite a M. Mer-
lat, et lui t'aire mc;s recomniandatious. Ondit que le cardinal
de Het/. y doitarriver bientot , et mademoiselle d'Orleans pa-
reillement, j'entends 1'ainee cjui est si rielie.
M. de (iuiseest ioi mort , ?.r iirtiHi'xKjj/i/'c.uiniit'i-uiH ilulm-itnix
<'l ulcm'ihn&ad n-yirmn , et trois verres de vin emetiijuequc! les
niedecins courtisans lui (jnt donnes aver promessedegueri-
son : s/r I tin' ml d*l I'd.
Notre M. Hainssant a la pienv; il e>t apres a se i'aire tailler
et s'y pn''pare. On dit <|ue M. li1 [irincc de (lonti a aussi la
pieri'e. 11 a ele soiiilc; on lie I a point encore trouvee, mais
on emit ([ii'elle y est.
On pai'le iei de la suppression que le roi vent t'aire de liuit
i7(i I.ETIKKN HI- til 1 I'ATI.N
millions de rente surles tallies constitutes 1'an 163(3. IMusieurs
particnliers y sont fortement engages : cela fera bien crier des
gens , si on ne les rembourse argent comptant , etcomrno (lit
1'lanle , (ini'o pro* sent ar to. On ne parle guere que de cela , et
|)resqne plnsdu legal (1). Je suis ravi que mademoiselle votre
femmese porte mieux.Pnisque lacassenelui fait rien, je vou-
drois qu'elle prit son infusion deserie , toutaumoins de deux
dragmes , de quatre en quatre jours, de grand matin, nne
henre et demie avant son lait, on bien trois grandes lieurcs
apres son lait, se rendormant par dessns, si elle pent; ear
alors le bouillon n'estpas presse, on bien apres le lait qnatre
grandes lieures , elle prendroit nn bouillon an vean , laxalif
par deux ou trois gros de sene. $yruin> rinlnnmi fad I a <-<n-i>l>ii ,
t/itonimi'i /tic opus vst odstrictione , quant ill*' nun /uifaf p'roptn'
n fin f am humiditatcm .
,le ne sais encore rien de I'Hippocrate de t'eu M. van der
Linden; j'en ecrirai a son tils , duquel on ne dira jamais :
/ //didcs rncl/or poire.
Cue mademoiselle le Fevre de la rue an Fer, (jui faisoit
passer les louis d'or <pii n'etoient point de poids pour quin/e
sous de gain , a en le fouet au cul d'une charrette , <'l la lleur
de lis snr 1'epaule de la main du bourreau : voila la seconde
1'ois qu'elle a ete reprise de justice.
Le procureur du roi du Chatelet fait nne nonvelle opposi-
tion contre Salar, et ii a ete remis dans le cacliol.
Le roi supprime toutes les rentes de I'Hotel-de-N ille, avec
(1) Quantl lo {joiivcrnemonl ^e tiouvait cinlianas.se , on s'on prenail
alors, sans plus do 1'aoon , aux crcanciors de PKlal. On connail oes vei-
de Uoiloau =
Plus ]);\Ii' (ju'im rcntici-
A 1 as]H'< t d nn ;irr("t (jui retraticlic nn ijiinrticr.
Dans noire revolution de Si* . on alia plus loin encore ; TKlal lit ban-
qiKTotitc <M nilova inn' j;rande parlie du capital ; de la ce (ainoox
tiers ron$olxlc sni ld|iiel r;i!',iola;',c -'(•-.( i.mi r\frce. K. I1.
A KALCONKT. 47?
promesse dt; remboursemenl: Oieu le veuille! Je vous baise
les mains, et suis de tout moil ca-ur votre, etc.
De Paris, leG jtiin KJG'i.
LETTRK nCXXXVIIl. —An ////W.
Notre M. Rainssant a ele tail!*;, lundi matin 9 juin, ot on
lui a tire une j)ierro plus plate que grosse. mais fort bien et
I'ort heureusement. [/operation a ete I'aite par Fr.Colot, con.sin
de celui que vous connoisse/.. M. Noel Falconet commit bien
relui-ci, etil lui a vu tailler lo bonliomme Chanlate.
Le prince de Conti cst au lit fort malade; on (lit (ju'il a la
iievre, delluxion sur la poitrine, et memequelque soupcon
de pierre dans la vessie.
Nous avons ici quantite de lievres vermineuses, et nous ne
les guerissons (ju'en faisant les remedes jjentM'aux. I. a saignee
et la purgation sont absolument necessaires; elle soulage la
nature de ce quila surcharge, et empeche la continuation de
la pourriture. Nos chimistes ne savent pas ces secrets-la. Je
vous ai ecrit dans ma derniere d'une dame le Fevre ; mais ce
n'est point la marchande que je connois , c'est une autre (jui
laisoit passer de la t'ausse monnoie. I, a vraie madame le Fe-
vre, (jiie j'ai traitee malade en I(>:^7, etoit belle, jeune el
tViande ; elle est encore prisonniere au (lliatelet: si elle avoil
(•te a la cour des Mommies . on dit qu'il y a longtemps (pi'ell*1
auroitete pendue. Kile aura de la peine d'en ecliap[«-r : c'est
un des conseillers des moimoies qui me la dit ce matin.
Le jeune Merlat est pai'ti d'ici .sans me dire grand mere! .
et sans me rendreun livre (jueje lui avois prete. II ru a fait
de meme a mi bun ehirurgien (jui 1'a bien pause ; pcnt-t-tre
(|ii'il vous parlera quand il sera arrive a Lyon. Je vous disla
chose comme elle est. Le cliirurgien m'en est venu parler ei
se plaindrea nmi : je lui ai promisde vous en ecrire, el .ipre;
-17N LKTIHKS T)K (.11 I'M IN
avoir vu quel ordre il y metlra , j'en ecrirai , s'il est besoin ,
un petit mot a M. son pore : e'ost grande pitio quo jennesse,
(ittiuntcs , iniH'itfcs.
Les rentiers font iei do, grandes plaintes ot hion dii bruit.
Lc roi vent rembonrser tout le bourgeois; inais il rotieiidra
par ce moyon toutos les rentes (hi ceux qui sont taxes a la
eliambre de justice, et <|ui sont lieritiers do eoux qui out
inanie les finances dopuis trento-cinr) ;ins, on <pii se sont
melesde partis. 11 y a hien des ^(>ns do longuo rolto , di^s con-
seiHers, maitres de retjiuMes, des rnaitres des com pies, et
memedes presidents au moitier quis'ytrou vent embarrasses.
M. le cardinal de Uet/ esl iei. Je voiis baise tres humble
meiil les mains et suis de tout mon cu-nr votre, ete.
Do Paris, le 13juin HJfi'i.
LETTRK DCXXXIX
l^e cardinal legal est iei qui se promriie im-ftt/iufn en atten-
dant le jour de son rnlivo ; tout l(> monde le eroit ponrtant
bi(;n. 11 vientdemander pardon ;iti roi, ct nous apporte des
indulgences, des Agnus Dei, dos ehapeU'ts ft grains bruits,
el antres t'anl'reluelies papalines. il vaudioit bien inieux (jn'il
fit rabaisser la tailledont tout le monde est fort tourmento.
On parle de la suppression de deux presidents an mortier,
savoir de MM. le (x)igneux et le Bailleul , et de deux secretaires
d'Ktat, MM. de Guenegautet de la Vrilliere. IMusieurs parlent
des rentes ([ui en craignent la suppression , mais on dit <pie
It; mal no sera pas si grand.
Dieu conduiscM. Anglis<!t sa jenno noblt sse : ce sontd'lion-
neles gens.
.it1 baise les mains a M. -ier. (lolol ; son cousin Fr. Colot etoit
alle a Autun, oil il est toinbe malade: li eroyoil tailler M. I't--
ve«pie d'Autun . qtii esl mort de la pierre avant (pj'etre lailli-
A FAUlo.NKl. 47'. I
C«t eveque avoit ele minime et eveque de Hie/; iMilin il est
mort. II <Hoit cousin de M. de Marillae, conseiller d'Etat , <|ui
me le (lit bier, et neveu dc MM. les deux ireres du garde des
sceaux etdu mareelial, qui mourut Tan 1032 pres de I'Hotel-
de-Ville. Ce M. de Marillac, conseiller d'Ktal, est petit- fi Is du
garde des sceaux, etperedcM. de Marillac, |)ar ci-devant
conseiller de la cour, et aujoiird'liui a vocat- general an grand
conseil, le([uel a depuis pea epouse une belle jeune dame ,
lille de M. de Saton de Champigny , inlendant de justice a
Lyon , qui etoit le boil ami de noire bonliomme leu M. Cas-
sendi. Je baise les mains au 1*. Bertet ; j'ai recu sa lettre, et
lui t'erai reponse bientot.
M. votre frere est arrive ; il m'a I'ait Ibonneur de me rend re
visile etde m'inviterd'aller rendre visile a son patron , mon
seigneur ttoberti. M. votre f'rere a tant d'affaires , qu'il nc sail
pres(jue pas de (juel c<)le se tourner ; il ressemble ii cet ancien
ifin yuiuii i'.wf .<«///>• , /iciii' facK-litit fnuitliiiiit licrn sun. II etoit
secretaire, intendanl, ma it re d'hotel , argenlier , etc. l.f <iui<l
iion? celaest dans les tables de 1'hedre.
Je me rejouis bien fort de la sante de mademoiselle Fal-
conet; le bain et la frequente purgation de sene et de casse
lui seront deux souverains remcdes ; mais il ne fautpasqu'elle
s'en lasse, jusqu'a ce quo sa maladie soil tout-a-1'ait iinie.
Kile aura encore besoin d't'-tre purgce line t'ois la semaine
j usque dans I'liiver, serf IMIU/.U ruli/lint'i' i/twlt'cumc'iilo, n<l<litix
iii nit rum i'/.il t.d /(n't i>Ks iiicf/triuit' aft* , iii'ti/jii1 xy/vy/i'N dmrrhirfltm
ft il<' jltit'ihus /ltd// jji.'i'sif.'if' : <•''/ n.iii <ij, in/'' scHinnuiiitiilwuiii ii/nin'
f/i'iKtu : ils la tlessecheroient trop.
J'ai vu ce malin monseigneur lloberti, loge dans lesFeuil-
lants; il est homme d'csprit et d'ellicace, en un mot . liomme
d'affaires et llalien. Lcijntiix i'*t n't' f><>n//s, /irx't/rr ////>>•</>• , ml
matt lend urn reijjublicd' rn/ixii. M. votre Irere. y doit present ,
c'esl lui ([tii m'y a introduit ; jc nc mainpifrai point de fa ire
mon devoir, au moins jc ferai tout ce ijiu' je pourrai, alin
qu'on uc voiis reprodie rii'ii apic> avoir dit taut de bien de
480 I.Kl TUKS I)K (il I PATI.N
inoi. Jc vous baise Ires bumblement les mains, el suisde tout
inoji coeiir votre , etc.
L)e Paris, le 10 juillet 1064.
LETTKE DCXL. -- Avmemf.
L'entre'e du legal a etc diflJeree. il est a Kontainebleau, on
il traite de ses affaires avecMM. los deputes du conseil. On
dit qu'il fut bier enferme trois lieures dans son cabinet avec
M. de Lionne. Tout le monde parle de son entree, mais per-
sonno n'en sail rien. Se fera-t-elle on non? c'est un grand
probleme. Mais en attendant que le temps nous en eclaircisse,
je vous dirai que les jacobins du faubourg Saint-Honore out
perdu leur proces a lagrand'chainbre, et qu'ils sont obliges
de deguerpir du mont Valerien , qu'ils avoient occnpe par
force sur les pretres reclus et les ermites qui y demeuroient
et (iui en avoient e'te cliasses par ces maitres moines. i\e dir'nv.-
VOLIS pas qu'ils se persuadent (jue tons les biens sont coin-
niunset qu'il n'est question que de prendre?0n se lone ici dt;
la justice que la cour a rendue a cette occasion. Je suis , etc,
Do Paris, le l'r aout 1(>(i-i.
LKTTKE DCXLI. —
Mgdame la ducbesse d'Orleans est accoucbe'e d'nn petit
prince qu'on appellera le due de Valois ; plaise a Dieu qu'il
parvienne a la gloire de lant de bons princes (jui out [)ort(! cc
nom ! Henri 111 etoit tres Ixni: rnais il Cut inalheureux pour
s'etre trop lie a ses favoris, et fut entin assassine par tin moine
jacol)in, a Saint-CJoud , dans uneeliambreoii j'ai souvent e'ti'v
Ccs moines sont bien niaudits de tuer les rois : cepeinhint a
A FALCONET. 481
les voir, on oroiroit qif ils out des intelligences on paradis; ils
en ont bion plus avoc le (liable; mais malbeur a ceux (jiii s'y
tient. Celle ni&meniaison do Saint-Cloud , qui appartenoit a
la famillc (leGondy, appaiiientaujourd'hui iiM. leduc d'Or-
leans, pcre du prince deYalois (jui vient de nailre.
II avoit ici eouru une nouvelle touchantquelques avantages
que nous avions en Hongrie centre les Turcs; mais il n'y
avoit rien de certain: omnis homo tncndux, le inonde IK; sau-
roit s'empecber de mentir.
La peste continue toujours bien lort a Amsterdam ; la treve
n'est pas f'aite outre les Atiglois et li.'S IlollandoLs, m<'lw> jurti-
tcr nf: ttuule/tt iinif/ttui/i n/'fjat/mtt t'( /yx nin.i'tmi momcnti I'rti.m-
jxif in iH'i'vioi). Quoi (]u'il arrive, on croit (|ue les Anglois
seront toujours de notrecole, et (|iie leur roi est de fort bonne
intelligence avec le ncMre.
Nous if avons rien de nouveati dc la cbambre de justice. On
parle toujours de M. Fouquet, mais personne nc sail quand
celatinira: gneindus finem, rr.f n/titjnc . luborinit'? On ma dit
que 1'ou avoit imprime cbez Klzevir, a Amsterdam , jilusicurs
tomes de /''octum*, Ilctjuefcs , A^olnyien et Defenses pour iui,
mais on if en a encore point vu ici. Le roi a ete saigne deux
t'ois : on dit qif il va etre purge pour prendre, apres, les eaux
de Saint-Myon etdu lait d'anesse: ntlnmn frlicit<;rconvalf$ctit !
On imprime presentement en llollande, die/. 31. lilaeu, le
livre de M. (ier. Jo.Yossius, du Itlulaluti'lu, etc.; il sera in-fulio,
augmenle de la moilii'; : ce sera un fort lion livre, car M. Is.
Yossius, son Ills unique, me la dit lui-meme; il est ici depuis
six. semaines ; il m'a lait riionneurde me visitor deux fois. ,lc
1'avois autrelbis connti cbe/ feu M. Hugo (Irotius, 1'an 1039,
et die/ M. Salmasius, 1'an I6-i.'5. On imprime (Mi Angleterre
le Dictinnn. dc Sj>cliJKintix , et a Lyon, <|ui sera bicnlot adieve,
un Anialtli: nut Onomtisticuni Laurent tannin , qni stM'a un fort
bon livre in-folio. Je vous baiso lc-:; maiu^ , of suis . etc.
Do 1'iiris. le -29 aoril !«»<'»'•
4$1 I.ETTHRS DK GFI P.VHN
LETTRE DCXLII. -- Ait
J'apprends que le roi n'ira point a Dunkerque, niais il y
envoi,* a sa place M. In marquisdeMontauzier, (lout la (em me
est aujourd'hui premiere dame d'honneur de la reino, a la
place de madame de Navailles . (|iii a ete disgraciee , taut pour
son malheur quo par sa i'aute. On dit que le roi a qticlques
indispositions de chaleur, ct que pour le rafraichir il sera
saigne et purge; ensuitede (juoi en lui (era prendre les eaux
de Saint-Myon , Scmcti-Mcdulphi , en Auvergnc.
Madame de Label , noire voisine, est bien at'iligee; on lui a
enlcve son petit Huguet, qui par unc debauche spiriluelle
s'etoit fait capucin avec quelques autres petits ecoliers. Mon
Dieu ! faut-il avoir si froid , et aller en Gymnopode en paradis?
comme a dit quelque part M. Sebastien Kouillard, natifde
Melun, jadis avocat en parlement.
Comment se porte le reverend pere Bertet? Son grand des-
sein de ['edition des oruvres du pere Theophile Kaynaud
sera-t-il bientot acheve? Comment va celle du pere Gibalin?
On mil avant-hi(!r, ee IS aout, dans les cachots du Cliate-
l(it, neut' jeunes homines qui out vole un coimnis de M. Col-
bert; il y en a eu quatre de roues. J'ai ete apix'lt^ ce matin,
ce -20 aout, die/ M. le nonce poury voir le maltre-d hotel ;
j'y ai aussi vu M. votre 1'rere, ipii m'a dit i|u'il vous avoit lait
reponse. On dit que M. le nonce Cera bientot son entree solen-
nelle dans Paris, comme out accoutume de fa ire les ambassa-
deurs. M. votre frere m'a fait voir son beau earrosse; on ne
voyoit rien de pareil dans la Palestine duraut le temps du
Mcssie, niais alors In /'I'ltt/in/t f'/nif at hei'liv , nujuurd'hui f/lf
est en (jcrba i-t en flour. I ml c fit n.t hodie j>rincipes /'JcclesHf.'(nin
facile ct jucunde hauriant aquas in gaudio de font thus Salvaturis.
I'icttis peficrit dirilias , mais filia x/t//'nei!rif matron : c'esL
saint lieruard qui 1'a dit , ilont on ct'lebre aujourd'hui la
felt;.
A FALCONET. -183
M. le nonce a fait son entree, ce 23 aont, dans Paris, avee
grande admiration do tout le rnonde, et tout y etoit beau et
splendide. Ce meme jour je vis 31. votre frere , <]tii vous baise
les mains; il est si fort accable d'affaires qu'il n'a pas le loisir
de vous ecrire , et vous prie de 1'excuser. Ce meme jour est
arrivee la nouvelle que le sieur de Maginville, viee-bailli de
Chartres, qui eloit en fuite pour vol et t'ausse monnoie,
avoit ete arrete a Toulon; c'est le prevot des marochaux de
Chartres, un grand et franc voleur, charge de beauroup
de crimes; puisqu'il s'est laisse prendre, je le tiens en grand
danger.
Les amis de 31. Fouquet ont esperance qu'il eehappera , vu
que 1'on a joint au proces les requetes qu'il a presentees do
nouveau a MM. de la chambrede justice. On a id ramene les
prisonniers, et 31. le chancelier aussi, qui est plus vieux que
pas un , et qui ne vivra plus longternps. Le fragment de Pe-
trone n'est point encore aclicve.
II y a ici un gros proces au conseil entrc les medecins et les
apothicaires de 3Iarseille.
Notre M. Rainssant est toujours bien malade d'une double
quarte; nous allons lomber dans une saison qui lui sera fort
contraire , febrcs quartana; autumnaleslnnfjfK.
II y a aujourd'hui vingt-deux ans (jue Armand , cardinal de
Uichelieu , ministre (Mirage, lit couper la tete dans votre
ville a mon bon et cher ami M. de Thou, /fan '}<>/<//'! scribe/-!-
/Jura vctout lacryina? ttbcrfi/tt /Im-iifcs <-.i; u<-nli*.
On (lit qu'il y a un seigneur de disgrncie pour avoir refuse
d'epouser mademoiselle de la Valliere. Je viens de dire adieu
a 31. le premier president, qui s'en va demain aux champs
pour deux mois. Je vous baise les mains, et suis de tout mon
cieur votre, etc.
De Paris, le 12 seplcmbre 10(5.4.
I.KITHI'S I)K i,n I'VIIN
U-yiTUK DCXL1II. - .1
Nous avons iri mi lionnele liommo Iticn al'ilige ; c/estM. de
la Mothe-le-Yayer, celebre, ocrivain, el ci-devant precepteur
de M. lodue d'Oi leans, age de seplantfi-huit aus. II avoit uii
li's uni(iuo d'environ irenle-einq ans , qui est lombe malado
d'tine lievre continue, a qui MM. Kspril, Urayer el Uodineau
(»nt donn('' trois i'ois l<> vin (''niv'liinu' c-1 1'unl envovi': au pays
d'oii personne ne revicnt.
.I'ai aujuui'd liui e'e a nos t'-cdlt's pcinr enlendi'e la harangue
de M. Lecoinle jxitir 1'arle du sienr de l»:mri[ts. II esl fort
savanl el fort sa^'O, inais il devienl vieux. Toul ce qu'il a dit
est I'oavraii'C! d'un esprit qni vieiliit : c'est line pilie que d'en
venirla. La vieillesse est uii'^ grandedame <jui no vient jainais
san-; grand train. 11 vaudroit niieux n'elre |);is si .savanl et (Mre
deregle ; el mianmo'ms, a lout prendrc , cVst un al»iine de
science et d'ernditiou,
Je ne saiscpiol reir.edeon apportera a un grand desordreqni
est de decii. -lour el iniil on vole el on tue ici a 1'onlour de
Paris. On dit ([lie ce sont des soldals du regiment des gardes
et des mousquetaires. Mais ponrtpioi tner des gens qni vont d
qui viennent, des boulangers, des paysans, dos marchaiids
et des gens qni s'en retonrnent dans leur pays ? Nous sonimr-;
arrives a la liede tons les siocles ! I .
Madame la ducliesse, d'Orlt'ans s'osi irouvee nial a Nillors-
J On soil (juo (iui I'aiin n^ JUTC! p;!s unc o('(M>ion tie proimM !.i
corrnplioii •'<' i-'tui sioclc , la barliario tl'-s iirojiijjos , lo dosorclrc do-
ino'iir^ , lo l>r-u dt1 po'icc elablin dans li-s \illos, ini'-vilablc cffot d'un
certain (loj;rr do CM illation OM IPS inlcrcls cl Ics passions sont conti-
niH'lloiiH'iit au\ (nine's. .Mali'.n'1 le proj',re,s do limm-ros, y a-t-il moiiis
d<' ci iinc.-. inoins dc -colcr.'sH ijii";;uliv!oi-. HIIC poli(\- plus cllicacc. etc. .
On pciil en doul- r.
\ IM.I-ONET. -185
Coterets ; son inedrcin la inisc an hut d'aw'sio. Kile «^t llnellr,
delicate, et dii nombn- do ceux qu'HippOi'rate dit avoir dn
penchant a la phthisic. Les Anglois sont sujrh a lour inaladic
de consomption , qui en est nne espeee, une phthisic seche ou
tin llelrissement de puunion , '.-./• inm-lii? ///<(/>•/•'>, dans Kernel
Vale.
Do Paris, Ic 2<> scptembrc Kifii.
LKTTKK DCLX1V. - \i> w>im>.
Je vous ciivoyai hior, ee \" octobrc , nne lettre de deux
pages, ct je recommence a vous eeriro , alin quo par la vous
couuoissie/ que je pense souvent a vous, en vous dormant des
nouvellcsde ee pays. Je vous rends grace du livre (jne vous me
prometlo/. lie M. Anisson : .\intiltheuni Onontuftlcuni Laurcn-
tiiimun, duquel j'ai fort bonne opinion.
M. Menage parlede i'aire reiinprimcr ses Orii/iur* d<> In Inn-
ijw frintHiixc in-lblio fort augmentees ; mais il est bieu long a
toutce (ju'il promet , et encore plus a le teirr.
Les janscnisles f'aisoicnt iei imprimer une nouvelle \'i<' rlcs
taints iu-octavo avec privili'ge du roi. Les jesuites out eu le
credit d'eu I'aire arreter I'impressiou.
A vex -vous a Lyon un /if'/'c fnuifi/, jrxK/ff, qui fasse impri-
mer mi ouvrage, <!<• liiiitjinnf rcf/Tin// , en plusieurs tomes
in-folio? ('ela me tut lii.'i1 <lit par uu gentilli(»mme t'co>,sois ,
quicst depuis peu arriv/'de Lyon.rn savant homme en (lu-o-
logic el en liuiuanitespciit taire nn li.-au livre surce Mijet.
On parlc ici de la peste a Toulon ipie (|iielijnes vaivseaiix
liollandois y out apportee; j'en sen. is hieu laehi'- par I'aiuitie
que j'ai jKiur le genre liumain.
Ilier, co '\ oclobrc, fut di'i'.ipit''1 e:i dreve, as.-v/ laril, un
gentilhomme normand , qui ctoil prisonuier depuis dix-lmjt
mois ; il eloit d'iiupresde hrcux; il avuit batlu uu juge , brule
une maison 1 1 fait d'autres exces , //<>// n>>ni-;<t /// /•//,•// >./•//„ /v\
i«(i I.KTTKh.s 1)K (,t!| I'AIIN
qtd jtufctf ji/uwibar. Les juges out interet do conserve!1 lour
credit, aussi bien quedefaire justice et depunirles mediants.
II n'avoit quo trente-quatre ans; il ne pouvoit se resoudre a
la inorl; on fat tout pi et a lui couper la tete par force sur un
billot.
(Juand vous verve/ M. Troisdames , je vous prie do lui fairo
nies recommandations ; il m'ennuie quo jo ne lo voie; nous
dirions quelquefois do bons mots qui ne se peuvent ecrire,
not issinut est fubulu dc Jure et Enropa , ft /o, ciryuwttlain jn-
vcncam tninsfonnata , etc., .W cut!
Notre M. Kainssant apris deux di verses fois du quinquina,
qui n'a produit aucun bo.: ell'et , cadam. morbi confut/tacto <>(
cadon symijtuHiataptrseverant t quorum ountiinn catatfi r-af jjrticu
flidt/icfi/s foiiirci- iinpressd visceriuus nu.lritiis , sed ji/'//'*/ /•/////
licputi u!qi(t; Hen/, ffallonius ccincrostn/t roctif Imnc disuosilio-
nt'in , ([ua> mdla urla deletur, ct f*t aviazoj, tirojifcr hydropem
jji'<i,ri//i(: iitscfjitc'iifati. II a onze ent'ants vivants et pas un do
pourvu.liormis un, qui a un canonical a Koims. Oh! (jue celui-
la estheureux qui pout dtre content ! Paix et pen : /'(incut ct
ci rw a. w , connne Juvenal adit, Sultry \ , contre Sejan. Voila
MM. nos stibiaux et empinquos de com1, tanlot au tour d<^
lour rollet, com me ils out I'ait a feu 31. le due d'Orleans ct au
cardinal Mazarin. II a bien I'ait prendre du vin emetique et
d'autres drogues en sa vie a ses malades , et principalement
de la poudre de [)erles pour faire plaisir aux apothicaires ses
bons amis; mais aujourd'hui nan lmh/ 1 In/mi nan yui prujiciftt
ilhuii in jtiscinam ijt'obaticfim j;. II pout pourtant encore gut3-
rir, pourvn <pi'il eloi^ne les charlatans qui le traitent, cl
(ju'il se conlie a (juehjue habile lionnne <jui entende bien la
profession, et cjui sache lo secret de la methode ; le reste n'est
rien quo pour amuser le monde. II vaut mieux se resoudre a
otreplns longtemps inaladetpie vouloir rompre ranyuille aux
genoux et guerir par force : c'est pourtant ceque les empiriques
T II n'u porsouiic ijiii le jcllc daii^ la piscine. <i. 1'.;
A l-ALCO.NKl. 487
promettent tons les jours, et ce qu'ils ne tieunent jainais.
On tient pour certain quo la chambre de justice sera bientot
terminee, .que la declaration en aete portee a la chambre des
comptes, que toutes les affaires seront civilisees, excepte
celles deM.Fouquet, qui demeurera prisonnier, et auquel on
donnera des commissaires. Je crois pourtant (ju'il en echap-
pera par le moyen de quelques puissants intercesseurs et de-
prrcalcut's qui le favorisent prudemment, et emploient tine-
ment le credit de leurs amis; quand vous devinerez qui sont
ces gens-la, non idea ntilri cris mar/nun Ajiollo. II yen a par-
tout, ubiijuc fcrm/'uni rcytxit Aciijnius, a ce que dit Barclay,
et coinme il est Ires vrai. On pretend aussi qu'il a de tres
bonnes raisons contro les accusations de M. Colbert, et que
celui-ci lui a faitdegrandes injustices et snpercheries Je vous
baise les mains, et suis de tout mon eiuur votre, etc.
L)c Paris, le 7 octobrc 1664.
LETTKE DCXLV. - .\n menu'.
L'electeur de Brandebourg a appele en son universite de
Berlin un savant bollandois nomme Martinus Scbookius, <|ui
a cent beaucoup de livres. Etant jeune , il ensei^noit les hu-
manites et ensuite la philosophic. II est aussi savant que ces
anciens sophistes qui disputoient et ecrivoient de tout ce qui
se pouvoit savoir. l^ui et Conrin^ius , en Allema^ne, sont en
cette fac,on de science et d'ecrire les plus savants homines de
1'Europe. Le P. Theophile Rayriaud les passoit tons deux ; car
il etoit jesuite et avoit sa tlieologie romainc et loyolitiquc en
supreme degredans I'esprit; mais sanscelaet le respect qu'il
avoit pour ses suptM'ienrs, il etoit bien capable de s'echapper,
et d'en fa ire plus <|ue trois an Ires en toute sorte de niaticres;
car, outre la doctrine et la merveilleuse mcmoire qn'il avoit,
il donnoit a tons ses ouvrages et ii tons ses livres un tour de
perfection qui n'appartenoit qu'ii un grand inailre.
488 LE1TKES DK (it I I'ATI.N
On fail ici mi conte eliVoyable, et qui me tail pcur, d'un
bomme quo 1'on dit etre inort on Hollande depnis environ un
an, (|iii a revelo pen avant do mourir (ju'il ('(oil frcre do
Havaillac, ce mallioureux assassin qui tua notre bon roi
Henri IV.il y a cinquarite-quatre ans; quc si son frere 1'eut
manque, celui-ci etoit dans un autre endroit qui attendoit et
chei'choit a fa ire le memo coup, et quo co no fut point par res-
sontimontdc religion, ni par impulsion ties Espagnols, mais
seuloment par vengeance, irrites contro co roi , (|ni avoit de-
baiicho lour soour et qui s'otoit moquo d'ollo. Mais jo erois
quo tout co roc it n'ost (ju'uiio puro fable; qnoiqu'il soil bion
malaise do savoir an vrai la cause qui avoit induit co inalheu-
renx assassin a tuor un si bon prince. J'ai oui dire autrefois
quo Ravaillac avoit ete a .Milan , 0(1 le eomte do Fuentes 1'a-
voit jjorte a fa ire ce parricide. J en ai encore oui' nommer
d'autres a Mathieu do Morgues , abbe do Saiut-devmain , (jui
tint le parti do la reino eontre le cardinal do Richelieu, tandis
qn'ollo etoit en Flandre. M. do Sully, dans lo dernier tome
do sos Mi'inoh'CA , fait connoitrequ'il avoit uno aulre peiisoo;
mais t(jut cola sont lettres closes on Ton no voit goutte, ct
peut-etre (JUG Ton n'y verra jamais; (^t jo doute fort si le roi
Louis XIII a jamais su mi si j^rand secret (I). Adieu.
Do Paris, le 13 cclobrc Ififii.
(1) Sully rcmarciuc sculcment qu'apres le crime do liavaillar on no
le parda (jifavcc line Brando imprudence . ol (jue lonlos sortes do por-
sonnes purcnt lui parlor. 1'uis il ajoule •. « C.orlainos ^ons , qu'il n'ost
pas besoin do notniner, usero! 1 >i imprudemmenl do colto liborlc, qu'ils
oseronl lui dire , on Pappelant lour unit . tpi'il >c donnal bien do
yarde , jo rapporlo l<\s paroles dont il^ so sor\ironl . (F accuser Ics gens
dc bicn , Ics innocents ?t lea l>c>ns cnlf,ollqites . |)ar<'o quo ce scroll tin
crime irreniissible el di;;no do la damnation eiernelle. » ( Mcinoircs <h
Sully. (. VI II . p. :? , edit, do Londres , 17(17. ^ Mais quolles cl.iionl cos
rons qu'il ifelail )>us bcsoin de noinincr .' Snllv no lo dil pas malheu-
rcnscment , tt la poslcrile Ics ignore cnliercincnt. ,11. V-
\ i \I.IO\KI. 180
LKTTKK IUALM. I// mtme.
Jo croyois avoir repondu a votro dernierc, mais jo trouvc
(jne j'ai otiblie quelque chose. Jc crois qu'il n'y a aucuns re-
medesanti-epilcptujues; MM. Seguin, Kiolan, do la Vigne et
Moreau etoient de cot avis. Ceux quo Crollius ct la nation dcs
cbimistes vautcnt pour tels, sont des fictions ou do purcs fa-
bles. Jo n'on excepte ni Ic gui de ehene, ni le pied d'elan,
ni la racine de pivoine, ni a litres scmblables bagatelles. La
guorison d'unc si g-rando inahulie depend d'un exact regime
de vivre, avec ['abstinence des f'einmes, du vin, de tuns ali-
ments chauds et vaporeux; inais il taut la saignee et la IVe-
quente purgation qui ne blesse pas le cerveau, et ne <e fasse
pas avcc des pilules ou des poudres. II taut aussi ([uchjue-
Ibis i'a ire sort ir du pus qui est dans le inesentere , lepoumon.
la partie cavedu 1'oie ou I'literus , et les paroxysmes ne cessent
pas, jusqu'a ce (ju'tiiie telle huineur soit tiret? hors. Fernet a
ete un grand lionnne, et a rompu la glace sur plusieurs
jioinls, mais il a trop pen vecu pour tout savoir et tout dire.
II n'a vecu (jue ciriquante-deux ans. L»\s perles ne servent
rien la non plus qu'ailleurs, sice n'est pour enrichir I'apotlii-
caire. Dans le llux de bouehe syphilitupie, il ne t'aut pa>
purger taudis qu'on le veut entreteiiir : niais quaud il est trop
i'ort ou qu'il le I'aut arreter, coinine apres sei/.e ou dix-huit
jours, pai 'ticulierenient si les pu>lules oil les iilcrres sont
desseches. La tisane laxative y est I'ort bonne, ou bie:i Ir
sene avee, le sirop <le roses pales ou de tleurs dc peeher. L»;
llux d'en bas arrete celui d'en bant. La nature ne pent pas
soutenir deux inoiiveinents contrain-s. St>s nionveinents sont
regies aussi bien quo .scs forces. C,('lui qui Minne les cloches
ne pent pas allcr a la proct'.-sioii ; jc n'ai jainai^ vu manquer
cello inetliode. I "/•-.
Do 1'aris, lo 1 i ix'tol>re l(>0i.
490 Ui'lTKKS DE t.lil 1'AIIN
LETTUK DCXLV1I. ~-Au mtwe.
La reine-Riere fut saignee du pied il y a quelques jours ,
sans autreinent etre m-ilade; elle a soixante-dcux ans passes,
s//fjf'st fan/en aliqna canxa j///i/x('ca quit1 silctur ct xilo'i (Icbcf ;
niais notre jeune reine. grosse tic huit mois , a la lievre
tierce, el en a deja eu trois acres. Le roi paroit fort louche tie
cette maladie , et se rend fort assidu aupres d'elle ; elle a deja
(He saignee trois fois.
La double quarto est revenue a M. Kainssant ; il s'afibiblit
et devient fort chagrin ; il a aussi quelque chose dans le me-
sentere (jui 1'y menace d'un a bees, cf ///.s yradibus it HI' in
requiem scmpitcrnain. Notre Fernel 1'a remarque lib. G, /'<'-
tliul., coji
M. Pielrc cst en bonne disposition , nous nous sommes plu-
sicurs fois rencontres en consultation depuis stin dernier
mal. Feu 31. Nicolas Pietre , son pere . a ete un ties premiers
liommes tie sonsieclc, qui n'etoit hai quo ties apothicaires,
t/nui jini/dx fdinilioribus at tflecfix utclintur mcdiciuncntis ; il
haissoit le latras des Arabos, et n'en ordonnoit jainais; il
etoit grave, serieux , sage, bon , enlin un autre Socrate; il
aimoit fort a tMiseigner les jeunes metlecins (|iii se niettoient
on etat d'apjti'endre, et leur inculquoit toiijt.nii'S la probite ,
retude e( i'assitluile; il etoit tin et ruse, niais foi't sage el cir-
eonspect ; il avoit inerveilleusenienl bien eludie : jamais
honnne n'a su rnieuxquelui Hippocrate, Galien , Cicertin .
Senetpie et Fernel, aussi me les louoil-il souvent jusqu'a
m'en tltniner un gout parliculier ; en un inol , c'eloit 1111
grand personnage (pii avuit U; cu'iir liien place et furt el(!\('-
au-dessus lies enibuclies de la fortune, (ju'on adore aujour-
d'hui comnie une idoie a (pii lous les sots sedevouent; il hais-
soit 1'iinpudencede notre siech?, el toules les impostures dont
se scM'vcnt aujourd'hui les ni.'elianis el les charlatans,
/ / Itiriiint run. >•/ non rni> . <jii.otiiiii</nc undo rein.
A FALCONET. Ml
Ce que vous me dites tie Luoain est dans son livre IX. Ce-
lui-la-etoit fort du parti do Pompee, et avoit raison ; mais si
Jules Cesar cut perdu la bataille cle Pharsale, Pom pee en eut-
il moins fait? car Ciceron a (lit quelque part en ses Kpitres ,
ad Aft/cum : Uterque cult rcynnrc , nun innfnt fwlunti ycnus , sed
mores in lucre , currumjtit. M. le premier president est si fort du
parti de Pompee, qu'il me temoigna un jour de la joie de ce
que j'en etois , lui ayant (lit dans son Lean jardin de Haville
que , si i'cusse etc lursync I on fnu Jutes (,'esnr dttns le scant , /i-
ltd uni'uis duiine le vimjt-quatrieinc coi/jt de jiuiyncu'd. Ce fut
I'an 1645 , au mois de rnai (l).
Dieu donne lonyue et heureuse vie au pere Pomey et au
pere Gibalin ; je vous remercie aussi de ee (jue vous m'en
promettez. Je baise les mains au pere Bertet, a M. Boissart ,
ct a madame sa femme. Je voudrois avoir donne quelque
chose de bon, (jue tout leur pi-oces tut bien fini. Je trouve
M. Anisson un fort bon boniine; pour le >'/«/v/////.s , de medleis
nun ntedln's , il ne 1'entend pas dans inon sens ; il en vent aux
cinpiriques et aux charlatans, et s'est fort servi du livre de
Michel Doringius , dc Medirfnn et /nedicts.
M. Fouquet a aujourd'hni comparu devant ses juges , ct a
ete mis sur la sellette. La jeune reine se porle mieux. Je vous
cnvoie notre catalogue nouveau , et vous prie d'en donner un
exemplaire a M. Spon. M. votre frere m'a aujourd'hui pai'le
pour faire une consultation [tour une femme de liome; je
(1) (-c mot rcvele en mtirr lo raractcrc do (iui I'alin. II elait tic
ct-llc ecolo polilique dont lo Contntt soc «/ a (ormule depuis If ->m-
hulo. Une iihrc republicaino ardontc ct \ivo rcsonnait cerlaincmeiit »lan>
(.'(• cnnur-la. <v>ir(i!i sc repri'senU1 un paroil hoiiune c! dc Ids principos
quaud la ro\olution irancaisc eolata. I'anni les diiinolissetirs de Paiicien
edilice social , peul-elre n'eul-il )>as lie.-ite . ronmie lant il'aulies , a
sc \oner aux dieux internaux de WJ,ela croire qu'il iaul de grands
niaux pour produire de Brands hiens. l)es l'epo«p.ic de (iui Patin, le
prolestantismc , la Ironde el le despolisine aNaicnl jete les Bonnes de
ccs doctrines au fund i>lu> revolutionnaires tjue proyressjives. ^K. 1'. ,
."!'»:? I K I I' UK- I)K M I I'M IN
nue, quoit|u"i)s eussent etc bien purges. L'opiniatrete et la
duree de ces lievres quartes vieiit de la disposition mauvaise
et presquc carciuornateuse de la rate, qui occupy sa proprn
substanc»:( I . Je n'ai jamaisdonnedu quinquina. J'enai vuqui
pour s'y etre trop lies sont devenus liydropiques. Je ue von-
drois point purser dans le toil de la lievre quarte. II me sem-
Nt que ee seroit trop liasarder ; mais je purge souvenl a In
fin de 1'acces, avec beaucoup de succes. Meme dans la gran do
elialeur, je leui1 I'ais quelquetbis avaler qualre grands verrt>
de. tisane laxative, de trois gros de sene. Cela fait bien on -
vnr le venU'e, et emmene tine partie de la cause conjointe.
el einptk-he 1 importunite des grandes sueurs, dont ils se
plaignent souxent. Pour ee (jui est de saiguej1 an commence-
ment de I'acces, je ne le t'ais jamais. II y a de rinipi'tidencf
et de la temerite a le t'aire. Je suis, etc,
Pr ljari>, le 21 «opteml)ro l(i<»1.
I.ETTHE DXCIV. — .\v menif.
On dit ici beaucoup de nouvelles , dont je ne pretends pas
etre garant. Le roi t'st parti pour sou voyage de Cliartres , et
sera ici la seuiaine (|tii vieiit, oil il passera line boiiiie partie
de I'hivei' avec les reines. On tient pour certain (pie M. Fou -
quet u'est plus a Angers , qu'il en a eteeimnent3 a Amboise ,
oil il est presentement en attendant les ordres du roi pour un
dLTerend qui est survenu entre le capitaine qui I'avoit arrete.
nomme M. d'Artiignan , etM. Talouet, lieutenant des gardes.
i|ue le roi avoit envoye a Angers pour I'emmener en dcca. II
vint euf'erme dans un carrosse a six chevaux, entoui'ede trois
(1) '.uoiijsie celtc opinion soil crruiiee, on voit pourtiiut qiu- no>
devaiiciors avail-lit , sur Tctiil do la rale dans les fieM'es inUrniilleiitcs .
d.'s idoe? fecondees de nos joui> par dos fails uiieux observes, bien
iju'il ro'-le mo'irr drs donl.-s *ur re point de palholo^if. H. I'.}
rents cavaliers , grand* et petits mousquetaires On a an.ssi-
arrete M. Pelisson, son secretaire, hum me eelebre auteur de
YHistvirr fie t'Acadeinie,qu'o\\ a amene ici a cheval en bonne
eompagnie. On fait aussi venir par un autre chemin , madam*-
DuplessisBellier , eton pretend leu r taire fa ire le proces a la
chambre de justice, qui n'a point tenii eette semaine a cans*1
des fetes ; vend red i prochain elle sera ouverte. .M. le chance-
lier se porte bien ; il a dit a un de ses amis quecette chain
bre de justice iroitbien loin, qu'elle n'est pas prete a cesser ;
il y en a pour plus de trois ans , et que le roi pretend par la
de rentrerdans son domaine, dont je prieDieu qu'il lui fasse
la grace, atin que le pauvre peuple puisse etre soulage de
taut ile vexations que la guerre a apportees. Le pain est'ici si
deraisonnablement cher.quel'on craint une sedition du peu-
ple , et ce sera bien pis dans quinze jours , s'il ne vient du
secours pour I'Hopital-General, qui n'a plus de ble, et a la
necessiteduquel les directeurs ne peuvent trouver de remede;
il est vrai que M. le premier president leur a prete l(),o(X)
ecus , niais cela ne peut guere durer. On nomine ici des par-
tisans par lesquels on cornmencera 1'exercice de la cliambre
de justice, et entre autres on nomine M. Louveau , general
des portes , MM. Catelan , Jacquier, Girardin, le clievalier (If
Maupeou, prisonnier dans la Bastille . gendre de M. Catelan ,
M. Boisleve , et plusieurs autres; le temps nous en apprendra
davantage.
Le jardinier Gaudron , qui avoit assassine M. Lavie dan>
su cave . ii y a plus d'nn an, apres avoir ete quehjues jours
prisonnier, a confesse son crime, et a ete condamne par
M. Chauvelin, bailli de Sainte-(ienevieve . a etre rompu loul
\it. II i'ut bier traduit dans la t'.onciergerie pnur y etre jn^i1
en dernier re-sort par MM. de la Tournelle. Ce sera peut-etri-
pour deinain apres- midi dans la place Mauitert <|ui est Ir
/ieii des executions de ce quartier-la. On eondanma au.»i hicr
a etre brules tout vit's deux homines (jui out ete deeouvcrs
flans le faubourg Saint-Germain, pour le crime de //'•V/^v/.v//-'.
494 I.KTTIU'S I)K (.1 i I'.UIN
parle dt1 la reine-mere qu'en cachetic; les courtisans n'osent
dire ce qu'ils voient; cependant il est certain qu'elle ami
cancer a la mamelle gauche , maladie, comine vous savez,
qu'on ne pent guerir; niais ne doute/ pas qu'on n'y ecoute
lc\s charlatans ([ui pronieltront toujours de la guerir. Kntin
c'est un inauvais refrain de la ballade et de la comedie de la
vie, principalement pour nne t'einine qui a toujours Lien
mange , et qui n'a presque point ete nialade , et ainsi qui n'a
point fait de remedes par precaution , dont elle se trouveroit
aujourd'hui fort bieu , si elle s'en utoitservie. On a fait ici
force processions etprierespubliques, cequi, comine jecrois,
ne Ini a point nui; niais je voudrois etre assure qu'elles lui
eussent servi et qu'elle en guerira. Les prieres degens de bien
servent merveilleusement, et je ne suis point de 1'avis de ce
poe'te, qni a dit trop hardiment :
Define fata Deum flccli sperare prccando.
On ne sail ici que trop de la deroute de notre armee de
Ciigeri , et la perte de dix conipagnies du regiment de I'icar-
die, par la fente dn vaisseau qui les rapportoit pres de Toulon ;
on s'on proud an trop d'economiede M. Colbert.
On dit que madame Foiupiet la mere a donne un emplatre
rjui a ete mis sin- le ventre de la reine et (jui a hcureusement
apaisi'; ses douleurs. Je votis baise les mains , et suis de tout
mon cd.'ur votre, ete.
De Paris, le 21 novcinbrc \(\M.
LKTTHK DCL. —A
M. votre frere ni'a proinis de vous envoyer une copie de la
consultation (jue nousavons faite ici par ordredeM. le nonce.
F.t1 nii'inoiiv de Home est plaisanf , obscur. nial fait, menteur.
A FAl.roNKT. M.r>
ct peut-etre fabiileux. N'est-cc point pour voir ce quo nous on
dirons ? car il y a des railleurs partout, et plus a Koine qu'ail-
leurs, a ce quo j'apprends. Ce qui me rejouit apres taut de
peine que nous avons prise est I'esperance de quelque bene-
diction de noire Saint-Pere. Nous nous sommes assembles
deux grandes fois pour lui donner satisfaction , et nous avons
ete traites, comnie dit Meursius , de saint Come el saint Da-
mien, ayi^^i J'ai bien envie de savoir ce (jue le Saint-Pere
et les medecins de Home diront de notre reponse , qui ne
plaira pas a tout le rnonde. ,le voudrois bien savoir aussi ce
qui arrivera acette femme. Kebulfe, qui etoit un jurisconsultc
uatif de Montpellier, a oerit <[ue Ihctoresde Sorbinm cnrtnilur
Magistri nostri , qnianikil capiunt d>: ant's resfionsionibus. On
nous appellera aussi Mayisfri nostri , si tout le monde nous
traite cormne le pape.
La reine n'a point eu 1'extreme-onction et n'a point en
autre mal quesaiievre tierce et sa couclie; mais c'est (ju'en
ce pays la les medecins font toutes les maladies grandes , '/w>
prctiosius <'t famosius curntt , comme dit Tertullien. Je vous
prie de remarcjuer ces deux bonsmols , qui conviennenl fort
aux empirifjiies d'aujourd'hui. Guenaut a di'ja propost- levin
emetique , mais ^F. Seguin s'y est oppose et 1'a empeclit'1.
Mitescitnegotium ]>. /''onf/ticf , et j'en ai beaucoup meilieure
esperance que ci-devant. Je voudrois que M. Anisson ti'ithors
d'aflaire et de proces , afin qu'il pensat a mes beaux nianns-
crits dc (iaspard llofmann , comme ilm'a promis ; maisqucl
est ce livre qu'il va imprimer de ce Laurent ianus'S l/hivci1 in;
doit point empecber le lait d'aliesse ;i madame votre femme,
,sw/ Hi'i>a tli'ln'1 iixrijnri . Je la salue de tout mon Cd-ur, aussi
bien que MM. vos deux fils, et suis dtj toute mon ame
votre, etc.
l)e 1'aris, le 2 decembre
490 LETTUES I)E GUI PATI.N
LKTTllK IsCLI. --
AL Leeomte noire collogue ost a LI lit, inalade d'nne blessnro
qn'il a a la jambe d'un coup de pied de choval ; lY'vonoment
de ees accidents est tonjours doutonx.
Deux liommos soul ici moils depuis pen , qni out en de la
reputation par lenrs livres. savoir : Marcassns, qni a I'ait 1 liis-
toire grecqne et plusieurs roinans , el M. IVrrot d'Ablan-
eonrt, <|ni a Iraduit le Corn. Tacite, le Lucini el anlivs.
On dit ([tie M. 1'abbe de Bourzcy, (|ni s'est lant dcvone a
M. Colbert, s'en va faite iinpriiner la vie dn cardinal Mazarin.
Oh ! quo cola seroit bean , s'ildisoit loul ! niais il n'a garde; il
n'en seroit pus bien pay*'1. J'apprends quo M. Ohapelain , j)o<;te
IVaneois, Ires savant et Ires honn<Mo honnne , qni a donne an
public Iti Puerile (l'O)'lp(ins, a nne pierre dans la vessie ; il
s'apprele a se faiie tailler le prinlenips prochain. 31. le pre-
sident de Tlion ml iniiiiiiii [Go! , reinanjue, en jtarlant de Jo.
Heurnius, mtklecin de Leyden . li'es liabile lionnne. (pie e'esl
la maladie des homines d'etnde , mixi'm «>\ I.H//-H* i/s$///n/> fa-
(ll'Hfilllil H/i/tCild/d (l).
La rcine cst toujonrs nialadc; ses acces de tierce lie man-
queront pas de revenir, str/fix/m/-;* , t-t xiittn /tr'/'/odn. Kile a de
])lus ses medecins de dilVerents avis, comme il se lil dans Its
Eplstold' de Sidonins Apollinaris. Vous save/, <pie la com1 e.$t
pleine de brigues, d'ambition ct d'avarice, qne c'est nn pays
oil le pins souvent on debnsque son compaynon , nula hudiernn
t'lidcni i'st qiuiiii in pcsttU'litld i-tinijii , ihl mini vtiltxrft </ut (iicf-
/•t/iif, ct cudavom </ini' l/ir/Tnutn/'. La rein*; devoit etre gnerie ;
die n'a point accouche avanl tcrme . el n'a jamais en (pi'iint-
tii'vre tierce I'ort simple.
(I) J'ai cite cc pas>;ij'(o d.'iiis inon ou\r;i<',i' , Pfiystoloyie fit Ityjiiine
des homines lii-rcs au.r Iruruu.r tin iesprit , etc.. '<e t'-dit. t. II. p. 50.
(.uinbii'ii (I'lioiiiiiii'- rolcliro-i <n;t fc. en fdi'l, >iclini;1- dc ccttc iiialadir !
COmbien mil pn diro . t'diiinir Kravinr . cali'ulmt . inrus rnrnifi1 r !
}(. r.
S I U (. (INK I. -i'C
(In a I'ait an r<tt des remontraiioes sur le radial des rentes de
rilotel-de-Villc ; il a promis de rendre sa reponse <lans pen
de jours: ce tut M. le prevot des man-hands <jiii parla furl
bien pour It's rentiers. Les llollandois el les Anglois ne peu-
vent s'accorder ensemble; on croit qu'il I'audra qu'ils en
viennent aux mains. Les Anglois venlent emplir la Manclie de
lenrs vaisseaux , afin d'empeclierque rien ne passe pour les
Hollandois, quiontete nial traitespar les Anglois dans I'Anie-
ri(|ue.
On parle ici de quelqne plainte on disgrace de .M. Berrier.
premier commis deM. (lolbert : il n'\ a rien au nioiule <|ui nt-
soil sujet a changement en cc inonde , «•! j>rineipalcment a la
cour. La }>etite .Madame a eu des eonvulsions ft t->l morte (\-
matin; elle etoit iluette el delicate , sans avoir jamais eu d«*
saute. Je voiis baise tres humhlement Icsmain.s, d .viiis de
(dill mon eu'iir votre , etc..
!)«• Par!-;, cc S <l<;c<>ml>n> HMJi.
Jc voiis mandois hier tout ce que je savoisen \oiis envoyant
uiif letlre de moil Carol us pour If P. Compain , joiute. ('.t'
(larolus vous baise les mains, ft voiis remeicif avcc inoi ,lc
votre aOection, de loiile la peine tjiu1 nous vi.u.s donnon.x.
.M. Anisson m'a mandf. que lui ft .M. Hoissait sont prr-i.^
de s'accorder, ft ipie pour eel filet il \ a do arbilrf>. noin-
iiics: Dieu leur tasse la grace d'etre bient<'»t contents el bon>
amis. II y a dans les proces toujtmrs d<; I'obstination el man
que de charite : »•>•/ nnh-in ni/'iliix fi-sti* i/l'/ inijit nil ts ijiur jurit
linuiiin'1/i c/i/'isf/iiii/n/i . .Mais de mallieur la rliarite d'aiijour-
d'liui n'est plus guere eeliauH'et1: elle n'est plus tant^I ri'duite
qu'a la besace des nioines.
l.a saute de la reine n es| |nuii! fiieoie ;ISMH'CC ; |',u, mm
ui. :\>.
49H I.KTTRES OF. ill I P\TI\
mure dii vinerneTique; pent-etro quo les empiriques de la
rour ot les rabbins do Tartnlion en font courir le bruit pour
taeber de donner quelqne voytie a lour poison , qui a tan(
lue de moncle. Multn dinnitnr <lc '•/'/« mnr/xi ifint1 i«'friniitm\
cf d<' quorum vcritafc awnino jure nmbifjitur. 0 infcliccs ///•///-
cities ijui MIQ buna '/ni/ms intdliyunt! f nfclici ores qi(i SUM. m«l«
nun srntiutit !
Lareirie mere est une fort bonne I'omino, laipuHle a do
fort bonnes intentions, inais olio n'a point assox, dc cn'-dit
pour les 1'airo valoir.
Le toi a fait mettre dans la Bastille M. do Vardos : on no
sail point le sujet: on (lit <pie o'ost a cause do M. Fouqnel :
inais apparemniont c'ost le |)rele\tc do qnolqne anlre chose.
On tient iei M. Berrier perdu, pour nne faussete (|u'ii avoil
produite on la eliambre do justice eontre M. Foiupiot : sa
principale partio csl .M. Pussorl do Kaiian , ci (levant (.'on-
M'illor dii yrand consoil ot do la olianibre de justice, aujour-
d'liiH conseiller d'Klat ordinaire, ct oncle de M. (lolbert.
L'all'aire de3I. Foiupiet tiro a la tin et sei'a jugee dans pen do
jours. On espere ot on craini, ce sout los deux e^cnoils de la
vie buiname (1).
J'ai vu 31. le nonce, ce matin M dccombro. ot ".M. Mdrr
froro, qui (lit qu'il est las de prondre dos niedeeines : il est
vrai (jiie son corps n'on a pas ^rand bosoin , il n'est (jue 1110-
lancoliqne. M. 1'abbe de Bivalte vous baiso les mains. J'ai vn
aussi M. le comte de FjOuvigny, surun billet <[iieM. de Saint-
Laurent in oorivi! bior : c est un bravo seigneur quo j'liunore
.1 ( On esjiere el on craint •. cc (ul la , t>n clU'l . cc qu'eprouva coii^laiu-
incut la socicte <lc Paris la plus ilisliujjnco a I't-poquo <ln v.raiid procc-
dc Foiiqiu'l. (if surintondunl qui Iroina j ourlaiil unc1 ci'm-llr. a\ail
jirquis braucou]) d'auiis rl d'aillicrc'iil- par sc- libcraliles <•! I'clrvatiou
(lc*(in caraclero. An fond. o<'l lioininc n'olait pas unniarchaiid tl'argenl.
sans enli allies et ^al)•> pilie. Au^^i iiiadainc de Se'vi^ne ne ces.-e d'ajjpeler
riiiicre! MII' noire cher nidlhc.ureux. el le ^raml (Kiete I. a Fontaini- IIM
1 •••••la lidele loule -;i \j(> I', . p
A KAI.CONKT 99
t'orl; il nest pas tort maladc; son imd est plulot la laiigut'iir
et la vieillesse que la maladie ; j'cn aurai soin , el j'espere que
tout ira bien. On (lit que M. Berrierest clevenu foil , et qu'il
a perdu 1'esprit dc la peur (ju'il a que M. Colbert ne lo I'asse
pendre ; d'autres disent que tout cela n'est que feinte.
M. Kainssant n'avance guere; sa Jievre est ibrt diminuee, et
['enfiure cedemateuse continue. L'hiver est fort contrail e an x
vieilles gens et aux malades, el inenie aux convalescents
quorum vires ah ai;utu eel contumaci mar/jo tunt afflictce, i'<l
attritie ft jjrustatd! ; il n'est pas memo jusqu'au bonhomme
Ciceron qui n'ait dit, //* Ljiintoii* ml [amil tares : y-j/o; OE
AtTCTfo XP"7' ToXeptwTaTov, tnqutt Kui'ipldt'S , qu<Jtn tn ijmnih
/'arias ncscio , certe sinyitlos <'jm (v/'.^/.s x/iif/t/l'i testimoniu putn.
On parle icid'un nouveau livre latin d'emblemes , iniprinie
a Bruxelles, tail par un auteur nomme Miliiarez, Ills d'un
Kspagnol. On in'a dil aujourd'hui que M. le lieuteiianl civil
en avoit tail saisir une balle a la douane. On (lit que ce livre
est de poiiti(jue; peut-elre qu il y a la-dedans quelque cliose
contre les interets et les pretentious de la France.
On imprime en Hollande uu livre qui sera beau etcurieux:
ce sont les Memoires d<- M. fc muri'dml df liassompio're.
On dit que 1'empereur envoie par la Frauche-Comlr de
bonnes troupes au Milanoz, alin (ju'eiles tin deineiirent sai-
sies, encascjue le roi d'Espagne nieure bienlo , a (juui il y ;t
uraude apparence.
On est tout de bon a la tin du proces de M. Kouquel : mi a
commence a delibei'ei'. M. d'Ormesson, premiei1 rapporteur
el niaitre des retjuetes, a dit son avis, et , aprcs de belles
cboses, a couclu a uu bannissement perpetud ct a la confis-
cation de tons ses biens; c'est a prt^eut a i iii.lic tappor-
teur, cjui est M. de Sainte-IIelene, coiKseiller de liouru , a dire
le sien.
Mnlc hahi't I't'tjntti /mt't'iis i' sun cui'i'i iii'ii/ulc ii.iiiiuniif-ii : liuhinl
fi/'irufnr/t Irttnn firc/iififi'tn'Hin , I'unt iiiuituot' clm'iirnix
i: <jt«it'H)il rcltit nnii' nwlliSWti full intn'lnini i'.<sr OC,:«TV.
,)()U Il.TTRKS I»K i.l'i I'M IS
'•( III KU/II CtCi/f/l ll'rilfllJIIHf ^jU'lli ''SXr 1'CfHlSI/lll/l . til III im'll l/':i -
ini'iitn ffltu(lfuifnitlt$ tiitml i/nh li t'litnl I tftiti' : {/i<o<l in tinit/i it/}('<'ti(
»/.s/ /ini/iii-mn (ii/.i-iliiu/i. M. Kainssanl <-si fortabattu, a peine
peut-il so teuir dans son lit , et y bien etendre ses jambes :
iii'ii'/ci'i'ti li.ilinrnt inn.iui.nn ///''./'///''///// *>t/ , vie itttrml as/i'ti.
1'n dt1 nus Itcniryeois i'ort huinine de liien , iionimo M. Poi-
gnant , a (He mis ii la Bastille pour avoir path- do la suppres-
sion dcs rentes do THolel-de-ViHe, et niadaine de laTrousse
a re t;u defense d aller a ll!otel-de-\ ille . et ii loute aulre as-
seniblt-e, sur peine de j>unilion coi'porelle pour la intMiie
cause. On dit (pie le roi a envo\e quern1 sa declaration pour
les rentes, inais on no sail si c est pour ajouter on diminuei1.
La chainbri1 do justice a donne coinrnission au prestdial de
Beauvais de fa ire le proces du receveur des tallies do (iisors .
nomine I Kmpereur, ce (jui a ete fait : its lout condannie ,i
etro pendu et etrangle. Ilyaappel, pour lequel il Cut liiei
amene en eette ville ; il est de Paris, et a iei plusieurs parents
(jui le pourront sauver : son crime est de plusieurs volerie^
publiques.
La jeune rcino ne se porto j)as eiu'ore liien ; il y a trois mois
qu'elh1 est niaiade, ct n'avoit ipie la lievre tierce, le simple
bourgeois est niieux trait** tpie cela , x/ntr/i/is ninnl < tci'm/nm
i'i ril nr .
,M. volre tVei'o ma dit aujourd Imi qu'il a !»'••, pieds enlles,
mais il n'a yuere ojivie de se purser, .le salue avec toute cor-
dialite xMM. Troisdames, Spun el (iarnier, et suis ile tmile
moil ame votre, elc.
l>i' 1'jiris , le 1(> (hVcinhrc KJli'i.
11 y en ,1 <pii preteiidrnt que la tumour de la reine a la ma-
nielle LSUlche n'cst pas dan^ereuse ,le voiidi'ois qu'ils en i'lis-
\ KAIO'M.I .')01
sent assures, mais je in: Ic crois pus. On a fait venir 1111 pivlre
do pn\s d'Orleans, qui, avec ses secrets ct ses emplatres,
promettoit miracle. Mais Dieu fait ces grands miracles tout
seul , encore n'ai'nvent-ils que raremeut. Tout le moiide est
sujet aux lois de la -nature, grands et petits. On ne fait
plus d'etat des rabbins de la cour. leurs secrets sont eventos.
leur fait n'estque cabale el imposture.
On (lit (jue M. Fouquet estsauve, et que de vinyt-doux
juges , il n'y en a eu que neuf a la mort , les trei/.e autivs an
bannissement eta la coniiscation de ses biens. On en domic
le premier honneur a celui qui a parle le premier, qui etoit
le premier rapporteur, M. d'Ormesson , <jiii est un homme
d'une integrile parl'aite, ct le second a .M. de la Koquesante.
conseiller de Provence. Us out dit , <yw I/, l''<ni<[iu>t n'timit
iin'nlx'i mi cm'diiiul Mnyn'in . >/"' urn/f i-i-rn {/// /•/// /'<,/•///•>• >•/ l«
uuissftnce (/>' cotmnnndc)'; yw /iunr fnnf //' n«<l i/nl <ic»it <'<tt'> fult ,
il X'CH fdlloit /t/'Ciiff/'c <ni Mii-nrlii , ijni avnif ':f>' un ijrmnl lurr m
qni meritoit yu'uit tni f/'f nun process , d'etre dptvt'rt'1 , >'f >/>>• ///V//<
<-'»i/isf/>i<''* an I'ui . Kt je suis fort de cet avis I .
Dieu benisse de si honnetes gens! Je voudrois quc Ic roi fit
i'un ou I'autre chancelier de France pour leur noble et c<»u-
rageuse opinion , aussi bien M. Seguiei1 n'en pent plus.
On travaillc an proces de M. I Kmpereur. i-eceveiir dcs
tallies de (iisors. Sept cents temoins out depose contre lui , ct
il a [)lns de 800,000 livres de bien. I.c roi en a\oit domic l;i
coniiscation ii M le comic de Saint-Aignan , niais il I'a iv\u-
i[iit''c en disanl ipic, etc. Quand jt! saurai le restc . jc vous Ic
manderai volonticrs. Adieu.
De 1'aris, Ie2l dorombrf l(3(i'«.
J, l^a bile anU-mazarinesque <lc (jui 1'alin n',i\ait rii-n pcnlii (i«'*<tii
iicrele . Irois ans apre> la mort du cardinal. Faut-il Ic lui ivprorher '
noil sansdoule, car il y a un cole de la \ie d<> Ma/.aiin lar^enieiit enta-
t 'lie , el le« convictions dependent Mnivenl dii /lohitd? i-nc ou ,,,, ,,,t
place, |{. p
•><>- I. hi I'HKS DK (.1 I I'Al'IN
LKTTKK DCLIV. - .iummte.
On s'jittendoit a la com1 <jiie par le credit do M. Colbert,
sa partie, M. Foiiqiiet seroit condainne a niort, ce f|ui auroit
f>te intailliblemeut execute sans esperance d'aticune grace.
Venttn fatl le(je (]Ulf rc/jif urban Icrruniin , rcl ficitlns, i/f r/tr/s-
tttntf /Itcinii , liicciidn f<i(nm , iic /nitex nnhi w /Y//- f/ifi/n/// , Dion
lui a fait graee , ct ainsi il n'a t'-te <|ii'exile , \/r ///w?/// s/t/^/'/s.
On dil (jiio i|uatro Jouvs avant son jugement , madame Fou-
quct la nier.^ t'ut visitt-i1 la roine-mere, <jui lui ivpondit :
f'rii'Z Dli'U ff /v/y jHiys f(i»f (jti.c rout jKinrri'Z i.'u f<n*<nrr dc
I/ '. Pottf/nct , cm' <l ii rfitt* <l n rut il //'>/ n ricn ii (jxn(')'cr ( I ). Los
deux dames Fouquet, inert1 el bin , out recu commandomenl
I Nicola.s Fouquct . surintendant dtv* Knanoes . naquit a 1'aris on
11)15. Son pere Francui^- (''oiKjiict , aiinaleur de Hrelajyne , avail liiit lo
rommcrce avoc les colonies. Appelr par le cardinal do Richelieu a
Cairo partie du conseil de marine el du commerce . on dil qu'il Cut le
senl jii;',e du marechal de Marillac qui n'opina point a la morl. Nic.
Kouquet Cut d'abord mailre des recjuele-i el prociircur-gencral an parle-
mcnt : en 1fi.'53 , conjointement avec Servien . il occupa la charge de
r»urintendanl des finances. Knlin . le 21 icvrier IfiSy. il Cnt promu a l.i
pleine el enfiere |ios*pssion de 1'intcndance de* finances. II po»^edai<
tine >;rande fortune; mais sa magnificence, sa ;n>nerosite envers les
savants et le.-. (yens de lellies . el MirtDul sa prodifjalile. depasserent tout
ce qu'on peat s'imn^iner. L'i depense de sa mai-on etail considerable,
et le chaMcan de Vaux lui avail coute |>In-. de IS. 001). 000. On sail que
eV-t a la suite d'nne Cele (]uvil lonii'i da-i- le c'l.ileau de Vauv . an rni
el a tonte la conr. le 1'i aonl 1(5*50 . que -n dis raee Cut decider-. On Tar-
rela a Nante< le !> ^eplembre siiivanl ]>ar ordre de l.«»uis XIV . e| j| Cut
jiijn- et cond'iiniie par une coinmission «-i)inpo>ee en fjrandc parlicde
ses enneniis. Vr>iei le jui'/'menl (jui intervinl le '2 ' dece:nl»re Kifi'i :
« T.n eliandiroa declare el declare ledit Monr Kouquet dnment allr-inl
el fionvaincu il'abn- el de malvprsation< ]>nr Iin Citmrnises an Caiet des
I'm .'.nee-. I'o'ir reparation fit- qnoy, ensruihle pour le> antivs cas resul-
laiiu du p'-i>e^s. r.-\ haiiiiy el le hannit a perpelnile hors du royaume .
enjoint «'i lui de Carder <on l)an *ous peine de la vie . a declare Inn* ^e1*
}iieii* cmili^ine-* an roy , snr ieeni prealahlement pris la '-rtninu- de
\ i U.COM.I. .')(» !
rlu roi de sortir de Paris, et se retirer a Montluctm-eii Bour-
bonnois. On dil que les mousquetaires sont cornmandes pour
partir domain ot mencr M. Fouquet a I'ignerol. MUM, locum
ay linnet's , etc., (junindiii rt-i-n >•// /Hesurus illn:, t/pntl mis urea -
man caf , .so// hi-in't ri'iji , f'uynftinn <'sf tnntmn ni'ijittinin.
Nous aurons bientot nn bon livre fait par un janseniste ,
toticliaiit los pivtenducs opinions desjesuites, taut sur lour
morale (jue stir les droitsdn roi.
On iinj>rinie ici , en grand in-(jiiarto , un Mtri'iji' de I' Histoirr
dc Fnnw , par J\J. Me/.eray.
l^e manjuis de Cliarost et sa femme, lillc du premier lit
de M. Fotujuet, out ordi'c de st; retin;r a Aneenis; M. liailli ,
avocat-gi'iieral an grand-conseil , a Saint-Tliierri son abbaye ;
les deux freres de 31. Fotujuet , en d'autres lieux. On voil ici
sur les quatre heures dn matin unecomete entre lc Levant el
le Midi Beaucoup de yens se levtMit la unit pour la voir; ce
n'est ([u'line bagatelle en I'air »|ni I'cra parler les astrologues .
et leur lera dire des sotlises a leur ordinaire. Je erois i|u'elle
ne produira aucun bien , si elle tie fait diminuer la taille, et
taut d'autres impots (jut! le 3Iazarin a fait a son protit et a
not re perte.
On ditque le roi est lacht' centre ceux tpii n'ont point con-
damne a niort M. Fotujuet; mais il n'y a pas d'apparence ;
ear, outre qu'il a I'espritdoux et (ju'il n'est point du toutsan-
guinaire, e'est (|ii'il 1'efit fait condainner s'il eut voulu (l/. II
100,000 livrcs applicable!) moitic au roy cl 1'autrf inoilie cu u-uvrr-
pies. ••
On sail (jnc , par uno n^ucur sans exemple cl ([in n'a pus cti d'imi-
lalctirs . lc roi modilia Tarrcl. ct lc baiinissoincnl ful convcili en HMO
detention porpctuelle. KoiKjiii'l j)artit lc -~2 ilcccinlirc pour I'ijjnorol ,
ou il rcsla cnicrnic jusqifa sa mort , en mars KiSO. II ful ranicne a
l*a; is cl inhume dans 1 rjjliso ilu coin cut dcs tlamcs Saintc-AIario , rue
SaiiK-Aiiloinc. !<• -In maix Kiso. K. |>. ;,
1 S'il oil voulit .' (juelle saii|;laiilc <'i iliquc du |',oii\ crncmciil al>>oln !
Cependanl il roulul ijue lc bannisscnicnl sc changeat en prison pcrpc-
•Vi-1 i 1. 1 TUK> or. M ! iv\i IN
avoit ineme dit qu'il ne se vouloif pas meler de <v prore;,-la ,
et il a tenu sa parole. ,le vous baise les mains , t.-t snis de tout
mon nrur votre . etc.
IV Paris, Ic '23 tlcromluT IWi.
Je votis ai adi't'sse. unc letlre de mon C,aro!us pom1 Ic \\. IV
(^oinpain, aii(]iiei jo liaise les mains; Carolns en fait autant
}>our vous. J'ai vu I'ecrit de voice JM. liobert, <jne je votis
reiiNoie; il ost autant extravagant que son auteiir, outre 1'i-
i;iiorance crasso et les t'autes (jui y sont ; je n'y en tends lien,
non plus <]ifa I'oriyiual (jui est venti de liome, >•'//// /,%•/////•/•
di'iiriii iiiorii'iilis scru/i. Nous n yavons rien repondu <pie [tar
(Miiynies on soupeons : //( rr jiriln ct i>wl<-nt)<i. Tout y est dou-
t(MJ\ de jiiii't et d'autre ; nous n'y avons repoiidu <pie pour
eonteiiter .M. le nonce, encore n'avoiis-nous |>a> tout dit.
i\l . votre t'rere , ipii se porte asso/ bien , m'a dit (ju'il vous en
avoit envoye line copie.
\otrt! iM . llobcrt est ee bonlioinnie ijiii doiinoit du \in
d'absinthe pour guerir I'hydropisie. Ne vous lache/. [>;is .
M. Rainssant en a pris aussi. Pensex-vous qu'il n'y ait de IIK''-
decins charlatans qu a Lyou : <•! /n'r, <•( nlihi. cf nl>iijn<' t<>rr<i-
rinn vvtiditur /I/in'/'.
M. Pietre a cinquante-six ans . et je IK; sais s'il aura jamais
d'autres ent'ants; il est \aletudinaire . et sa fomme n'est mien-
loin de cinquanto, ans.
tiH-llo. l>ans iios Icinps iiiodt-nic- ropinioii [)iihli<|iic ;i unc prc'-pimdc-
r.uicc nix1 aolion i|uYlli- iTavail pa- dan- li1 \vn' - (Vl<>. I. or- du pro<-(;-
dn j'V'tieral Morcnn . acoiir-*'1 d<* conspiralion avrc Pichcgni . Uonaparlr ,
jirriniiT ron-iil. \it'loripH\. pui-sanl. adore dc la nation, n'ohlinl point
la rond, imitation a inuit dr .Moi'i-au ; la \oi\ puliliquc >"> oppo^nil . il in-
pnt done goutcr rorjfuoillciiT ••iilUfadion df li- ijnn-icr. I! !'
M. Fouquel e.st juge. le roi a conxerti I arroi de baimisse-
Ilieill Oil prison pOI'petlielle , ft ulintun n»n ilfyrni-ri-t t:; rv>
Gavarov ; car quand on est eiilre qualre niurailles, on ne
mange pas ce <pi'oii veul, et on mange quelquelbis pins
qu'on nc vtMit; ct de plus, Pignerol prodnit des truffos
ct dcs champignons ; on y mele quelquefbis de dange-
rcuses sauces pour DOS Francois, quaiul elles sont appretees
par des Italiens. (le qui est de hou est (pie le roi if a jamai>
fait enipoisonner personne, et qu'il a 1'aine droite et fjoni'1-
reuse. Mais en pouvons-nous dire aiitant de cenx qui Con-
venient sousson autorite? J'ai vu ce ipiatrain dc Nostradamus ;
il est ici coinmun. (A* poete doit tun ; mai* M. de Roquosant*1
est bieil sage, .^nsti'ti (linntm ijinnn rcrlia dni/tn*, num f'nlli-ri-
itPtift'iint fs( . I'.t <i"ini< ri'rhn /itiiiiiix , ml ti/si nnsh'ii (Ifiimat. All
nioins il a inenti pour.M. Foixpiet : gardons- nous de lels pro-
plietes pour ii'etre point tronipe : il ne taut c roi re ni revela-
tion . in apparition, ni miracle , ni prophetic, encore moins
les souses, les enigmes, etc. Je vous baise trcs liiiniblement
les mains, et suisde tout(! mon ame votre , etc.
!)<> I'aris, Ic 23 decembre l(5Gi.
LKTTliK DCLVI.
II fait ici bien (Void, ct ce <pfil y a de maladcs n'nnl gucrc
(jiie des rhumatismes . a quoi le vin nouveau n'a pas pen con-
tribue. I. a messe de minuit est cause (pie tout le monde parlr
de la comcte <pii a ete vue de qui I'a voulu. Us dcviendront
enrlmines pour avoir ete dcs les trois lieures du matin sur Ic
I'ont-Neuf pour la voir. ct puis apres s'cn prendront ;'i la co-
incfe. INnir moi , jc ne crains ricn de tout cc qu'mi en pn'-dit ;
1 1 arrive asse/, (!<• mallicui'ssans com etc : c'cst pounploi je passe
volniiticrs dan> l'avi> d'Kritiu> Putcanu^ el d , nitres <avant-
homines . <|iii . snr I'aulorite de I'Kcriture S.iinte : \i-rrniifnc:
jinini //•>• sii/iir,* du rirl , preteiident que le> c«»mete
.">()() I.K1TKKS l>i; ". I.I I1 VI IN
simples meteores , ne nous predisent in bien in mill. Nous
n'avons que faire d'en craindre, il nous en viendra asse/,. On
dit que Ic roi a donne charge a un mathematician fort savant
d'en ecrhe : il se nomine M. Petit. A peine y a-t-il jamais eu
de cornete plus remarquable que celle qui parut Tan !f>7-2
apres le massacre do la Saint-Barthelemi , la(juelle dura dix-
Jiuit mois , et ne disparut (lu'au printemps de Tan 1574 , un
pen de temps avant la mort dn roi Charles IX. M. de Thou ,
Kekerman , Tyclio Brahe etd'autres enont fait mention.
M. de la Mothe-le-Vayer, pom1 se consoler de la mort de
son lils unique , s'est aujourd'hui remarie a septante-huit ans.
et a epouse la lille de M. de la Have, jadis ambassadeur a
Constantinople , laquelle a bien quarante ans. Elle etoit de-
ineuree pour etre sibylle. Mon invenit cafe/it, .W /•//•«///, .sw/
Minium. Adieu.
De Paris . le 30 decembre 1664.
LKTTRE DCLV1I. — Aumnnc.
lion jour et bon an ( ce dernier dccembrrJ, en attendant
quelque bonne nouvelle <|ue tout le mondr desire. ,lr \-oiis
dirai que M. Fouquet n'a sejourne (ju'iin jour a Moularyis,
savoir, le jour de Xoel.
On dit (|ue le roi vent avoir sa revanche sur ceuxde(jigeri,
et qu'il y veut renvoyer :}0,0()i) hommt^s le printemps pro-
chain. On dit (ju'ils out fait quelquc chose <|ui oflense le roi, a
cause de quoi il ira des le mois d'avril en IN'ovcnci^.
Le bourgeois est ici fort mal content des reutiis su|iprimees ;
tout le monde se retrauche fort: il n'y a que Ics vendeurs dr
bijoux et de galanls (|ui ya^nent avec queltjues cabaretiers.
Les chai'latans mt-ine ne font j»lus de fortune , temoin le mise-
rable medeein qui, sans se soucier de Hieu ni du monde ,
vend etfroutement des remedes anti ecliptiques t.'t anli-come-
tiques ^cestcelui qui en est le parrain, anssi bien <|U(! le inar-
charul , ex u(r<i<fw /twit' 1 ulcuno aiinilis}. Dieu soil loue do
tout; les gens de bien vivent toujours bien. Pour moi , je me
lie a Dieu et a celui qui a dit : .\untjuutit rit/i justum Jerelic-
tunt, nee semen ejus gucerens panem.
M. deLouvigni est content demoi ; c'est un fort bon et sage
gentilhomme. Je me moque de la comete; je ressemble a ce
vienx Romain qui ne craignoit que malam famam et famem ,
encore ne m'en soucie-je guere. Dieu m'a donne la grace
d'avoir pourvu a 1'une eta 1'autre. De VHistoire de /'/ Ww-
sifr> , les deux premiers tom^s sont sous la presse (1), les qua-
tre autres suivront apres ; elle s'imprime aux depens du
recteur. Jesaisbien que M. votre archeveque aime les livres :
je le saluai ici Tan passe; jc lui ai grande obligation du bon
accueil qu'il me tit; je suis fort persuade de son nierite et de
celui de tous ses ancetres, et particulierement de sou aieul .
MM. Nicolas de Villeroi , que je me sou viens d'avoir vu I'an
1616, etfeu M. d'Alincourt, I'an 1641. Jevous baise les mains,
et suis de tout mon coeur votre , etc.
l)e Paris . le 1" Janvier 1665.
LKTTKK DCLVIIl. •- A it
J'aurai soin de 1'affaire que vous me recommandez pour
M. de Rhodes votre doyen, et vous promets d'en parler a
M. le premier president. On pent tout esperer <lt' la justice et
de la protection dont il honore les g(Misde lettres.
Enfin vous avez perdu M.(!ras ; iletoit temps qu'il mourn t.
11 etoil trop bourru , et sa mauvaise Immeur ne lui a pas pen
aide a (|uitter cc nioiidc. 11 avoit pourtant du uicrite ; mais
il eut bien Fait de vivrecomme les antres hommt'S.
I \ oyc/, la note IOIIK- 111. lui.f '27.').
;)OS i I;TIUF> DK iii i rviix
Notre joune roine so porte bien . Dieu iut;rci. Kile n'a plus
bosom quo de so ibi'tilier. Tout son mal a ete une fiovre
tierce, et un accouchement, qni Cut un petit avarice par mi
purgatiF donne ii contretemps. Seneque a tres sagement (lit
qu'il n'y avoit rien <le plus dangereux dans les maladies
qu'nn re in ode donne avec tant de precipitation. I'n medecin
doit ajonter aux lemmes encore pins qu'atix homines, et
encore plus aux femmes grosses qu'a celles quine le sontpas.
La reine-mere n'est pas si bion. On dit qn'ello a un cancer a
la mamelle gauche, on los empiriques de la cour out perdu
leur escrime. On a envove quorir un protre nomine Gendron.
pros d'Orleans , <jui 1'a traittie. Too certaine I'ennne en pro-
mettoit la guerison, mais elle en a ([Liittt'1 I'ontreprise. On
parle trim moine tie province, et d'un autre charlatan que
Ton vent I'aire venir tie Hollande; tie quel cote, tpi'il vienne.
il m'importe tort pen, mais je ne pense pas tpi'ils la gueris-
sent. Mon Hieu ! qu'il y a tie sottes gens an inonde . et
particulierernent die/ les grantls seigneurs, do entire ([ue
telles buses puissent guerir des maladies que les modecins
n'ont pas pn guerir! MM. les courtisans n'entendent point ee
passage? de la Bible : .^itnxfind //'>•///</ /•>•/ 1/1 (.id/mid, ft nii'iJirn*
HOII I'*/ //'I .
\AI semaine qui vient on va jn'oeeder aux taxes des parti-
sans, tlont les nns sont a la cour et les autres soul la plupart
caches et f'ugitifs. II yen a (jui s'ollrent tl'en prtMidre le [)arti,
promettant an roi TiO millions; mais on dit qu'il en taut bien
davantage. Je prevois nne ('trange th'-solation sur les families
de ceuxsur (jui tombera ce tonnerre. Ce sera bien pis que la
comele, tpii nt: s<? montre plus. Les jesuites en out Fait line
these Fort seelie, et on il n'y a presque ri''ii a apprendre. .le
suis . etc.
He I'ari* . le - jan\icr lii(i.'i.
v r A i. ii. \ F.I. .:>oy
LKTTKK IH'.LIX. - .\n „„•„„'.
Je vuiiN envoyai, il y a quelques jours, 1111 paquel de leltres
avec une these, de swlore sanyuineot laquelle, conime jf> crois,
vons troiiveic'/. belle et remplie do doctrines. Les chimistes
>'en lout bien aeeroire tons les jours avec lenrs pretendus MI-
dorifiques , dont ils promellenl cK' yuerir la peste el les
autres maladies malignes. La peste est un terriblf demon »|ui
lie se chasso point avec de lelle eau benitf.
(lette dernit'i'O comctt1 (|iii a paru tournira de la inatu-re
aux asti'ologucs , el sans doule produira quehjue livre nou-
M-an anx ciirienx. Le mol de coinele devi'oil rtre niasc.nlin ,
mais le [(cuplt' t-t I'nsa^e I ayant mis an tV-ininin, je suis
d avis dc parler comme les antres, maliiiv la iv^lc dc la
syntaxt; , de penr de passer pour novalenr el pour grammai-
rien, (jni c>t nne suite espeee d'lioinmes, a co (jne dil Athenee.
La comete qui parnt Tan l,")7->, an si^ne de f 'nnsinfitrn , rloil
tout antre cliuse (|u'nne comete d'Aristote , <|iii n'avoit rien
vu dc pared, ft <|iii penl fli'f ne 1'a janiais cnlf ndn. Lcs as-
ironomes d'atijourd'hui en savent bien [)lns (pie Ini, ce tjue
je dis sans le vonloir mepriser, mais il n'a pas tout sn. La
verite des choses se dfconvre petit a jtetit. Je liens pour cer-
tain rpi'il y a deux sortes decomeles, I'une snblniiaire, ft
lanlre ccloste on etherec. Voye/ ce ipi'en a dil la-dessns Fro-
mondus dans son livre i/i-f M^h'-nn^.
M. llainssanl, uotre collegue , est tonjours malade el ne se
porle point mieux. Dans ce manvais train de smi mal . il a
en reconrs aux fnipiri(|iifs et cliimistes , e.t il se serl de la
pifri'f df linller, donl van llelmont a bien dil dfs menlene>.
Je vons prie ponrtant de ne Ini en point savoir mauvais yre. ,
rar c'esl la >a nietliode ordinaire, ft il vcnl laire en mourant
ec (|n"d a p!iati(|iif dnranl sa \ if. liainssanl a fait tonic sa vie
le cbai'latan , cl veul nionrii' en charlatan. C.icei on a dit cpiel-
qne jt;!i t i|n un certain Arisloxeinis doit pliilosoplie et innsi-
,:,|() l.KTTHKS OK (.11 PATIX
cien, et qu etanl interroge. ee que e ('-toil ((lie 1 time, il repon-
dit (jiic e'eloit une hnrmcmii' . pour ne pas s'eloigner de son
metier.
M. Pietre est encore fort mal. Ses acces lui out repris avec
ses convulsions ordinaires. Dans Hippocrate cette maladie est
appe\eemorbussacer, et dam Apuleemorbus major, et pard'au-
Ires morbus comitialis ; dans Aulugellius, heroicum p&t/tema,
parce que les plus grands genies en ont etc atteints, comine
Hercule, Alexandre-le-Grand, Jules-Cesar, Charles-Quint, etc.
II vaut mieux etre inoins habiie homnie (me d'etre si savant ,
comme M. Pietre , et etre malade comine lui. Pierre Char-
ron '!), qui a ete un divin homnie, pretere la sante du corps
;i la science. Je snis, etc.
De Paris, le 23 jaimer K5fi5.
LETTKE DCLX. - An menu-.
Jc vous mandai liier, ce Ml Janvier, la mort de M. Lienard,
age de soixante-dix-huit ans. On (lit souvent que M. Hains-
sant se porte mieux, et ties le lendemain on (lit (ju'il empire.
II a (juitte tons ses charlatans, et est reduita prendredespetits
grains de laudanum, sans les<|uels il ne pent dorniir ; uue
autrefois de la poudre n/-///i>r"/n <•,.>/!/•/•/, et d autresfois d'autres
bagatelles que (iuenaut lui oi'donne : >icr uli/i-r //o/v.v/1 /'///////•/-
t'tis iKji'/'i' ijiinni I'ntltirif'i' . itilllllK Df'HH I'.rti'/i fil'/Hlll x/intn Ilillll-
tut : quaud il voudroit t'aire mieu\, il ne pom Toil , ml lt<>r
sclit'iiiu /)fu.t f ii 111 j/>/'/i'/i/j:if.
On me vient d'apporter son hillet d'enterrement, el j ap-
prends (ju'il mouriit hier (ce r> levrier; a trois heures apres
1) Pierre (lliarron , nnk-nr du li\rc !)e In Sti<n>sse, ills d'nn libraii.-
i|iii ;i\ail \injfl-cinq enfants, est no a \\\\\* en loil , il mounit <l,ni> la
meine ville , d'une attaque d'apoplexie . lelfi no\einlire 1(i():<. K. I*.
V KAU.ONET. 61 I
iniili , age <le soixante-six ans, avec pluralite d'enfants, el
assez pen de bien , quoique toute sa vie il u'ait rien epargne
pour en attraper : travail effroyableet tout-a-fait immodere ,
finesse, tburberie, imposture, impudence, rnensonges, apo-
thicaires, cbirurgiens, sages-femmes , operateurs, m-frsfiw-
imldiw.p, [trans , menfifrp , tout lui etoit bon , pourvu qn'il en
vint de I'argent. Mais il est mort, et In /xirf/nc no in- «x flci/rc
Sti/x I'd men? boire.
Le roi fait fa ire le proces an nomine Farques, Languedc-
eien, qui voulut , il y a quelques annees, tenir bon dans
Hesdin , dont il etoil gouverneur, contre le roi ,en faveur des
Kspagnols etdu prince de Conde, avec letjuel il avoit intelli-
gence. Le roi I'a envoye sous bonne garde a Abbeville, afin
que son proces lui soil fail ]>ar 1'intendant de justice en 1'i-
cardie, avec le presidial de ladite ville.
Hier inournt ici un des plus grands hommesquiaienteteen
ITniversite , M. Padet , provisenr du (College d'Harconrt .
JV/v/.s- Allnx Arfuli'iniii1 , age de quatre-vingt-six ans, ncr-able
de diflerents maux qui ont avance sa vieillesse. Fl etoit homrne
de grand merite;Dieu lui 1'asse paix ! Je vbus baise les mains,
et suis de toute mon ame , etc.
De Paris, le 6 fevrier 1065.
LKTTKK DCLXl. - I
Je vous envoyai Iner, ce 7 levrier, de nos nouvelles par
M. Jtilien, (|ui est un bon enfant, Parisien , demeiiranl a
Lyon, homme tout plein d'atlection etdt1 bonne volontt'1,
Onne parle ici que du nouveau commerce ties Indcsoricn-
tales, ijue le roi veut etablir; mais il y a bien des gens ijiii
s'excusent d'y mettre leur argent. Jesoupai liier, ce S fevrier,
clici M. i«^ premier president , oil il en fut parle amplemenl.
.M. le president Blancrnesnil . son beau-frere Vest
.Si -1 I r.TTKKS I IF i.l I l'\!l\
In, (|u'<m lit tit's banicades avee M. de Broii.vsel I an Hi is, ,
vsurvint; i I mo lit promettreque j'iroisaiijunrd Imi diner elitv
lui. ct' quo j'sii fait avt'c mnn Mis Charles, <|iii est foil en sos
bonnes graces. J'ai ete longtemps avee lui, niais il no gonte
point eo nouveau commerce des Indes orientals, et dit (jti'il
n'y inettra jamais d'argent. La roine-mere maigrit, (jui est
iin signecoimninatoire etde lachenx pronostic; je scrois bien
f sic lit'1 <pi olio mournt , car olio est hicn intentioiinet?; ellc a
bien permisdu nud t^n sa v'u;, niais elle nc le faisoit pas fain\
Ma/.ai'iu abusoit rudemeiit d<' sa I'acilile.. Je prie Dieu (|ii'elle
vivo encoi't! lungtomps.
.M. do. lioijiiesantt', cousttiller d'Aix ;i la cliainbro do jus-
tice, ijiii parlsi ,'co 12 lovrio.i1; fort liardiinent pour M. h'ou-
(juot, regnt hier coinnuindeinent dn roi , par line It-tire do
cachet, (lesortirde Paris, ot de so retirer a Uuiinpercoranlin ,
tjiii esl en Basse-Bretagn •. Voila ipii no s'ost jamais vu , un
conimissairo exilt' ; il est pourtant parti , (juol<|uo t.'inps qu'il
fasso. 3f. Berrior Iravaille ;i terminer les taxes des partisans ,
et do lours liei'iliois, <|iii sont aussi eltnint-s ipie des fondeur>
do c.lochos.
Le roi vout suppriiner la charge d amiral . el doimoi1 en
recompense It' dliclit- de I'ontliieu avec le gonveriioinenl de
(iiiyenne.
l.o bonhoinnio M. d'Orniosson, age de quatro-vingt-noul ans,
I'ut hior ladle pour la piorro; it a dorini touto la unit, ot on
espero (pi'il on guerira encore ('lj; il leinorite parson exlrt'ine
probito ot saintolo do vie , <pii vant inioux tpio cello do nos
nioinos. J*1 vous baise los mains , sans oublier le reverend
pero BtM'not , M. Spoil , noire bon ami . et M. Boissal , el suis
do tout mon co'iir vcdrt' , etc.
I', .s'. On dit (|uo la reino-moro a do cuisantes doulonrs.
i|iie le cancer est fort oiivert . et <|ii 'il en coule du pus aboii-
i II Ir tul par !•• haul apparril . abanduuiu' aujounl'liui . inai> ijiii .
r'nlrc lc^ ni;iin- lialiilc** <!»••« C.nlul . rcu>-i>>-;Ml -oust nl. li. I*.
A FALCONET. .>|.l
damment. On a I'uit venir un miklecincleBar-Ie-Duc, nomine
All lot , qni est un grand charlatan et disciple de van Helinont ,
qiHtlis /inter, lulls /ilius , inais il n'y a point dc Saint-Esprit.
Do Paris, le 13 levrier l(>6j.
LKT1KK DCLXII. — An >«<>>,><•.
.le vous donne avis quo notre bon ami M. Troisdames ar-
riva hier, 17 levrier, en bonne sante ii Paris , gros , gras et en
bon point. II se lone fort de vous etdetous vos bons offices ,
ft dit qu'il ne manquera point de eultiver votre amitie par
tons les services qu'il pourra vous rendre. II est bien (ache
que ses affaires ue lui out pu permettred'aller diner chex vous,
comme vous lui avex fait I'lionneur de 1'y inviler ; il dit bien
(jue vous etes un galant lionnne et un excellent ami. .SW/ di<-,
''"!/": '/'(lf! I'itujtcrnt Ifci'ctdi'in ?
On parle ici il'un ambassadeur extraordinaire en An^le-
lerre pour t'aire accord avec les Hollandois ; on dit (jue cesera
31. le due dc Venu'dil , ci-devant t'-veque de Met/, lilsnaturel
d'Henri IV.
Nous aurons bien tot la censure raisonnee de la Sorbonnc
contre Anu'itfxs Gnimi'n ///>•, f)^m<cnlnin f/icnlnyid' mural it. \ \\
docteur de Sorbonne m'adit (ju'il I'aut ({lie cet auteur soil un
mediant homme ct meme un atliee ; et neanmoins IMaton a
dit ([lie jamais homme ne mourut atliee. 3Iais au nioins il y a
bien au mondedes Iburbes , des imposteurs , sans mrttiv en
ligne de compte les charlatans de notre metier qui ne valt-nt
pas mieux.
On ne parle tantot plus de M Kainssant. Des (|ii il I'ul (lasse.
ses creanciers lirent apposer \c scelle chex. lui, il ne laisse pas
de grands biens et a bcaucoup d'enlants, </>• nnih- //ihi^i/is nun
ffditdi'/ fo'tiux /ICTCS : )it(ilc fjtt/'ta nni/i- <l i/n/nintiu- ; nmlnit r.w
in i iiixli')' ul ii'iiir li/illllin* i'/ (iHi'iuililiiir /in /tnntx , i^uni/ rir
514 LETTUES DE (il'l I'ATl.S
botms. Punilion divine , dit Hoinenas. Sa t'emine , qui inourut
il y a deux ans, dansoit et balloit, et ne scdorinoit nul soin de
son menage. Terence les a depeintes de vives couleurs , in
Ariel/this. Lxor sine dot? cenit. , intvs psaltria est; dumussump-
ffnt^fi, adolesccns luxu perditus, scnc.c delit'ons ; t/^n .s/ citpmt
salus, wrvare prorsm nunpotest hanc familiuin. 11 a fait tout ce
qu'il a pu en faveur des apotliicaires , et eux pour lui , tout
eela n'a servi de rien.
J'ai uutrefois oui" precber a M. niessire .lean le Camus, ('•%(•-
<|ue de Bellay (il meritoit bien un plus yrand evec.lie : aussi
l'a-t-il refuse et bien des f'ois ; il etoit trop lionnne de bit.'ii
pour etre pape) , un beau distique :
Cum factor renim pricanwt scmine clcrum ,
Ad Satamv volum successit lurba nepotum.
Le roi a traite pour son vceu de Notre-Dame de Chart res
et des Ardillieres. II n'ira point; niais il proniet de payer
12,000 ecus, sir efitnii inminiix flectwitHrnnininannbis.}?'. vous
baise les mains , et suisde tout 111011 ro'iir votre, etc.
De Paris , le 20 fcvrior Iflfio.
LETTKK IJCLXlll. — An tuniif.
Je viens d'apprendre que :M. le comte d(^ Hebe est morl a
Macon ; je n'en savoishier, cesamedi -21 Icvi'ier, <|ue la simple
nouvelle; mais je tiens dorenavant (|n'i! n\^t (pu1 trop vrai
pour lui et pour ses creancicrs; car on dit ici <pt'il DC payoit
guere bien ses detles. II est mort d'un rlnimatisme iimM'iie Ic
neuvieme jour de son mal . (jui lui a (''ton lie le poumon. II
etoit fort sujet a dt^s douleurs nephretitmes et ii la goulte. (les
jjens-lane sont jamais assuri's de leur santt'1 , et pour pen qu'il
v ail de clianuement . its UK MI rent en mini re jours . it eaiisr dc
A FALCONET. 5 I T)
la I'oiblesse des parties. Uuand vous avex la goulle, vous ete>
a plaindre ; quand vous ne 1'avez pas , vous etes a craindre ;
la matiere se jette alors sur le poumon et on meurt bien vile,
ce (jui arrive ici tous les jours.
On prore.de ici a la vente de tous les ineubles de W. Fou-
quet ; on commence par les meubles ; il y a une belle bibliu-
tbeque.Ondit que M.Colbert la veut avoir; s'il en a tantenvie,
jecroisbien qu'il 1'aura, car il est un des Brands maitres et a
bien de quoi les payer, c'est-a-dire beaucoup d'argent, qmr-
runqw voluit fecit. 0 diva fortuna, quam multwn potes m wlm*
humanist
Le degel et la neige ton due ont merveilleusement gross! la
riviere , ce qui fait encore pour a bien du monde <|ui a peur de
la ruine des pouts. La petite riviere des (iobelins a bien fait
du ravage dans le faubourg Saint-Marceau (I); ellea deborde
en une unit , et y a bien noye des pauvres gens. On en comp
toil bier, ce '24 levrier, quarante-deux corps qui avoient ele
repeches, sans ceux que Ton ne sail pas.
Ces jours-ci plusieurs grands tie la cour ont ete masques ,
habilles en conseillers de la cour. C'est (jue 1 on se mo(jue de
plusieurs du parlement : aussi leur ote-l-on leur augmenta-
tion de gages , et meme ils sont menaces de la pulette ([lie le
roi veut leur oter ; peut-etre que cela leur apprendra a faire
meilleure justice, vf^titln <l«i iufel/ccfntn, joint que toutes ces
grandes cbarges et ce pouvoir engendrent bien de la va-
nite. Je vous envoie une letlre de inon tils Cbarles . cjui se re-
commande a vos bonnes graces. On dit (me la ivine d'Angle-
terre la mere est fort malade a Londres: notre reine -mere
empire aussi de deea. J(; vous baiseles mains, et suis de tout
mon eu'ur votre, etc.
De I'aris , le -28 tevrior
;!} Voyey. la nolc tome II ,
JHi I.KTTRKS I)K i.CI I'ATI.V
LETTKE DCLXIV. - \Hi,<hn<:
.le vous ecrivis bier, ee 2<S terrier, de ce que je vous cms
devoir ecrire. Le bonhomme M. d'Ormessou , doyen dn
eonseil , a ete taille, ct est fort malade ; il est dans une
Brando vieillesse , qui est une maladie incurable a cause des
annees passees ; il a quatre-vingt-neuf ans, et je tremble pour
lui, car e'est un hommequi merite tie vivre.
On n'est point content a la cour du cure de Vauvre (a
ijuatre lieues de Cbartres) , nomme Gendron , qui ne sou-
lage point la reine-mere, comme d avoit promis. Lesdou-
leurs sont quelquefois apaisees, inais elles retournent en-
core plus eruelles , si bien que les nuits lui sont fort facheuses,
et quelquefois sans dormir. Elle a eu depuis pen une foiblesse
si grande , que tons ceux qui la vireut en cet etal eurent peur :
aussi tout est suspect a cet age, a cette maladie et a fant
d'aecidents.
Notre Hippocrate, qui etoit un homnie incomparable, I'a
(lit avant moi , et quoiqueje souliaite une tongue vie a la
reine, comme mederin je suis persuade qu'elle ne vivra pas
longtemps.
On dit que [tour miner les huguenots, le roi vent suppri-
jner les chambres de 1'edit, et abolir 1'edil de Xantes. Us ne
sont plus en etat de se defendre comme jadis; iis n'ont plus
de prince du sang de leur parti, ni de ville d'otage, ni de
Hoc-belle, ni de secours d'Espagne, ni d'Angleterre.
On dit ici (pie le gazetier de Venise, en manjuant la mort
de 1'abbe de Hicbelieu , avoit dit qu'il etoit Ills de madame
d'Eguilloji ; quelle impudence!
Vous trouverex ici quatre feu i lies en faveur de mon tils
Charles, dont la premiere sera s'il vous plait pour vous, d les
trois autrcs pour le pere Compain, M. Spoil et M. Huguetan
1'avocat , son ami; s'il est besoin d'une autre reponse ci-
ajtres . an lieu d'huile on y metlra du sel et du vinaigre. (les
\ I-AI t.O.NRI . .:>!~
MM. les auteurs ilu Journal des Savants , *//» (nrntfiiiii mai/mni/
jus cen&une sine suffragiu qniritum.
On dit que M. le cardinal de Hot/ vicndra ici bientot , y
voir le roi , d'ou , apres avoir regie quelques affaires pour ses
appointements, il partira pour Koine, oil il va etre noire am-
bassadeur extraordinaire; il vient d'arriver, il est lo^e aux
Jacobins reformes.
On vient de pendre en la rue Saint-Denis, pres des Inno-
cents, une malheureuse femme, nommee la Valentin, <•<•-
lebre receleuse et larronnesse. Jamaisje ne vis taut de inondc.
Je vous baise tres liumblement les mains . <-l suisde tout inon
rd'ur votre, etc.
l)c Paris, lo ;j mar
LKTTHK DCLXV. - I// tni-mr.
Jc ne sais si vous avez recu certaine espece de gazette. <|u'(in
appelle \e Journal dfs Suwmts (I) , de laquelle rauteur s'etant
plaint d'un petit article contre mon fils diaries , sur la nie-
daille qui fut ici faite Tan passe pour les Suisses , il y a iv-
pondu. Je vous ai envoye sa reponse. hujuelle est sajie et IIKI-
deste ; ce nouveau gazetier y a repliqne et y a parl*'1 en iirno-
rant et en extravagant, en quoi il n'eut }>as manque de reponse
forte et aigre avec de bonnes raisons, si Ton n'ffit prit; Caro-
lus dcsurseoir sa repli(jue. et menace d'une lettrede cachet.
,1} FomU1 en l(i<).'>, par Denis do Sallo, sous lo nom de Hcdouvillf,
lc Journal des Surants esl !c plus jincion ot lo pin- cololiro dos jmir-
naux litteraires franoais ; il a olc redi^o successivoment par .1. (ialloi-,
do la Koquo , L. Cousin , Dupin , I'onlenollo , do Verlol , Terrasson ,
Uuretlo , du Ucsnel , Dcsfonlaines , Trul)lol , do .Monoi il , do (iui^nos.
I5ou»uer , C.luiraiil , (iail'ard , Dupin . Lalamlo , 0(0. I. a colloction ,
i'aii-, 1()(),')-I7()^ , osl do 111 \o'. in-'i". llopris on ISKi xms |;1 di-
roolion do M. l>numni , jmis do M. Lol»iun, olo. l.a oollcclinn , Paris.
ISKi a IH't'i. (onno :M \<>l. in-'t". |{. 1'.
.")18 !.MTKl-> DL i. LI 1'ATIN
La verito est qu<- 3J. Colbert pro mi on sa protection les a u lours
de ee journal , que 1'ou atlribue a M. de Sallo , conseiller au
parlement , a M. I'abbe do llourze , a M. de Gomberville , a
M. Chapelain , etc. ; si bieu quo Carolus est conseille de dif-
ferer sa reponse , ot memo par l'avi,s de M. le premier pre-
sident, qui 1'a ainsi desire (on en dit une cause particuliere ,
savoir, qu'il n'est pas bien aver M. Colbert depuis le proces
de M. Fouquet) ; nous verrons ei-apres si ces prelenduscen-
seurs , tint; stt//'t''i(/iu /><>/i/t/i el qidrltum (1) , auront le credit
et I'autorite de critiquer ainsi tons ceux qui n'ecrironl pas a
lour j;out. Sommcs- nous du temps de Juvenal , qui a dit liar-
diment : J)«t rcni<ini cnrrix , ri'.roj cciiswa. aohtmbas. Une chose
neanmoins nous console , c'est que nous n'avons point tort,
et que les savants et intelligents sont de notre avis; mais ces
messieurs abusent de leur credit. La republique des lettres
est pour nous . mais M. Colbert est contre ; el si mon tils so
defend, on dit qu'on I'enveri'a a la Uastille, il vaut mieux no
pas ecrire.
^L de Lamoipnon . lils aino de M. le premier president , me
fit 1'bonneur bier, ee !,") mars , quo vous m'avez fait aulrelbis
de votre i;'race : il me vin! bier entendre au collide royal ,
aceompagne de deux conseillers de la cour • diverses ques-
tions jii'y furent proposees , auxquelles je salisfis sur-le-
cbamp; lui-meme m'en proposa Irois : l)c mil am l'vl>rh.ini i/i-
tc.rm tttentncm ; <ii' cnnsu f'cbris tcrtiwui1 vt fjuco'tuiwi ; da rmiso
yteriodicationis ejiisnifxli fi'liritun. J'y repondis sur-le-cbamp
d'une maniere dont ils sout encore (''tonnes. II m'a dit qu'il
m'aimoit cent fois plus depuis ce temps-la, el apres a cause
de^f. et dt^ madamela presidentedeNesmond, dont il eloil le
neveu ; car je parlai modestemeut contre le vin (MntHique et
le quinquina , dont ils etoient morts. .le t'us t'couti'1 fort pa-
tiemment; enlin , apres avoir parle denx beures , je descendis
iu'lijiK's mi-* pi'iisont «|uc oo tut lii lo motif reel <!(> Pexil de
i'.iliii , c\il si t.ii.il an repo- el ii l;i >ante de son pei'e. - K. IV
A KALCONkT. ^1^
(Je eliaire , iinnjmi xjH'ctuntc catervd, je les rcconduisis jus([iie
dans leur carrosse. Le dimanchc 16 mars , M. le premier
president me dit avant souper que son ills lui avoit recite
tout ce que j'avois dit a ma lecon , que cela etoit beau , el
(ju'il y vouloit aussi venir quelque jour.
J'appris la que M. le due de Vernuuil ne partiroit qu'apres
Paques pour son ambassade d'Angleterre ; mais en attendant
les Hollandois s'appretent fortement a la guerre pour resistor
aux Anglois.
On fait en Allemagne des figures de la comete , et menie
quelques uns en ont fait une prophetie , laquelle promet au
roi une grande et signalee victoire contre leTurc. Je souhaite
bien fort que cela arrive , mais pourtant cela m'est bien sus
pect , vu que ces predictions , revelations et miracles n'arri-
vent (jue tres rarement.
Hier, ce 18 mars , en revenant de ma lecou, je vis, sur le
pont Notre-Dame, mener a la Grove 1111 certain mediant
malbeureux coquin natif de Flandre, qui avoit poignardeson
maitre dans Pontoise ; c'etoit un seigneur anglois, dont il
vouloit avoir la bourse. II etoit condamne d'avoir le poing
coupe et d'etre rompu tout vif, ce qui fut execute. Ce sei-
gneur anglois qui fut poignarde dans son lit, a Pontoise, par
son valet ilamand, avoit nom de milord Karinthon. Ce valet
fut brule trois lieu res apres avoir ete rompu, selon (|iie I'arret
portoit ; il n'etoit point encore mort (|iiand il fut jet e dans le
feu. f)ans le testament dece bon mais malheureux maitre, il
se trouve qu'il donnoit a ce pcjndard de valet JO, 000 livres.
On a fait connoitre au roi quelqucs intrigues de la cour,
par une lettre qui avoit ete ecrite a Paris et envoyeeen Ks|>a-
gne, d'oii elle a ete renvoyee a I'aris et donnee a la reine-
mere, (jui 1'a mise entre les mains dn roi f.e comte deGui-
che , lils aine du marechal ile (irammont , y est melt'1 F.e roi
est fort facile contre lui : il a envoy*' a Aiguemortes fa ire
arrt'ter le marquis de Vardes , lequel se trouve envelopjW1 en
1'intrigue aussi bien que hi cointf\sse de Soissons et autres.
.I'ai vu aujourd'hui madame Uoissat , latjuelle m'a dit avoir
.V2(> I.KIIIIKS I>K ii( I I'ATIN
tie LVOII, do M. Hoissat son mari, lettres qui portent <|iie lour
grand ouvrage du pore Tbeopbile Haynaud est on chcmin , on
dix-ncuf tomes in-folio, tons aebeves , avoo ordro do no los
pas donnor a moins do 100 livros, on blanc; co n'est point
trop pour iin grand ouvrage , diiquel j'ai fort bonne opinion ;
mais e'ost bion do 1'argent. pour lo temps auquel nous somrnos.
On dit ici que lo roi s'on va niardi procbain a Oiartres
aooomplir sa devotion, ot s'acquitter du voui qu'il a fait pour
obtonir do Dion la sante de la roino . ot que trois jours apres
il sera do rotour a Paris. On fail ici de grands preparatifs pour
beuir 1'eglise du Val-do-(irace , que la reine-mere a fondee ,
et oil olio a fait taut dc depenses.
Hier, jour de la Saint-Joseph, 31. JMattbieu do Morgues, ago
do. quatre-vingl-deux ans, fit nn sermon dans les Incurables,
oil il doniouro, on I'lionneur de saint Josopb , en presence do
la reine. C'ost lui tpii ocrivoit a Bruxelles contro lo cardinal
do Kicbelieu , pour la reine-mere, dont il otoit aumdnier;
c'ost un savant bomme et grand personnage , qui a (levers
soi la parfaite Jlixfoirc du f'cn rot I.oiiix .\///, laquelle il no
vout (ju'on imprimo qu'apros sa mort. II en a fait fa ire six
copies manuscrites , cpi'il a commises a six do ses bons amis,
(jui no manqueront point d'oxocuter sos intentions on temps
pro[)ro. C/ost ainsi qiu: nou.s a eto transmiso rintention do
(lUichardin , ct quo sa belle bistoire nous ost domouroo. Jo
votisbaiso los mains, otsuis do tout nion ciour volro, etc.
Do Paris , Ic 20 mars IGGo.
LKTTlii: DCLXVI. — \u inn,n>.
Lo roi ost allo , co -21 mars , pour son v<ru ol par devotion ,
a (^dartres; il sera ici do rotoui'en quatre jours, oil il passo,ra
los fetes, ol apros s'en ira a Saint-(iermain pour tout I'olo,
laudis tpio Ton travaillora an L<
I Louis XI V laisail a pen pros CM MUMIIC temps des vmx a la \ icr{;c
e! dc- cutaiils ;i mademoiselle dc la N'allicrr : maisiilor- on (derail lout
\ rAi.coNhi. 521
On a taut pi-ess*; M Morisset de rend re ses comptes, qu'en-
lin il s'est mis en devoir ; nous avons ete assembles pour cela.
mais seulement il a ele conclu que Ton choisiroit, ex tola or-
flim.' , douze homines qui regleroient 1'afYaire avec deux a vo-
cals, donl Fun seroit choisi par noire doyen, el I'aulre par
M. Morisset. Je suis un de ces douze, je 1' y servirai autant que
je pourrai , el que 1'equile le permellra.
Le marquis de Vardes a <He amened'Aigues-Mortes dans la
ciladelle de Montpellier par ordre du roi , d'oii Ton dil qu'il
sera conduil a Paris.
Le roi a fail ici elire douze directeurs de la compagnie des
Indes orientales, de laquelie soul chef's MM. Colbert, le pre-
vol des marc-hands, M. le president de Thou , M. Merrier ; les
antres sont des marchands de Paris qui entendent le com-
merce.
M. le cardinal de Ketz part d'ici dans trois jours, pour s'en
aller ;i Commercy, el de la il prend le chemin de Rome, oil
il doit arriver le mois de mai prochaln. On dil que le cardinal
d'Esl ne vent plus etre protecteur de France, qu'il en a ecrit
au roi , el qu'il lui veul remettre celte commission , avec les
deux abbayes qu'il a denous, savoir, Clugny et Saint- Vaast
d'Arras, qui sont deux Ires riches benefices.
Vous avez sans doute oni parler do la revoke deM. dr
Saint-Amies, jadis gouverneur de Laucale, qni , malcontent
de la France, s'esl retire a Barcelone, et a pris le parti du roi
d'Espagne. On dil qu'il a ecrit au roi une ji'rande leltre, dans
laquelie il se plaint fort de M. Colbert et deM. le Tellier.
On a ici recommande aux prieres des ^ens de bien unc
grande dame fort malade , ce (pie la plupart expli<pienl pou:1
la rcine-inrre. On dil (ju'elle eul une grande foiblesse la
clicz los rois, que 1'on rcjyardait prosquc coininc cl'iine race siipc-
rieurc, irayant pa* idcnlilc d'urgilc ct do poussierc avoc Ic vul{;airo.
Los Icinps sont Iticn clian^cs, ct peul-iMrc lroj> ; car il no faut pa>
uuhlirr lo principc do llnrko •. « quo I'ci'.alito [;pouiclri«|iic ost la pln-
inoj'.i'lo do lontc" los inc-iiros , dan* la diMi iluilion do< liuininos. >•
(K. r.
,V22 I.K'l'THES l)t (>(\ I'Am
bemaine passee, <'i sunt deliquiu I we centun jj/wscm Iff///.
Le conite de (iuiche a rec.u commanderaent du roi de so
retirer a la Have en Hollands , et la conitessc de Soissons
n'est pas bien dans I'esprit du roi , a cause de la lettre (jui est
venue d'Espagne.
Tout le monde se plaint ici , taut grands que petits : la
bonne fortune se cache et se retire tie Paris, ind* im- ct lu-
crhtHt! ubi:rrinui>. Paris f'ut autrefois bicn aftlige apres la niort
du-roi Henri III, et le bon temps ne revint (pie sous 1'invin-
cible Henri IV le Grand. Dieu veu i lie bien garder notre bon
roi , diujuel la France a ires grand besom ; j'espere que le
bon temps reviendra par les soins qu'il en prend, et les tra-
vaux de M. Colbert, son Eitmrc.
On dit qu'il est niort en Pologne un grand seigneur, nomine
Czarneski , <|ui etoit un des premiers du conseil. (Vest eelui
(jui avoit retabli le roi de Pologne centre le roi de Suede, ct
qui etoit grand ami du prince de (ktnde.
Le nomine de Farques , Toulousain , qui s'eloit, il y a six
ans, rendu maitre de Hesdin , a ete pendu dans Abbeville, le
vendredi 27 mars, pour divers crimes qui n'etoient point
compris en son amnislie. 11 ne taut point se jouer a son mai-
tre, lesrois out les mains lungui's : ces Gascons onl troj> en-
vie de fa ire bonne fortune. M. 1<: conite de Soissons s'est relii'c
a Blandy en lirie avec sa femme, voyaut tjuVllc deplaisoit au
roi, duquel il a pris ('onge, etipii lui a permis dt; se retin;r.
Je vous baise les mains, et suis de tout mon cu'iir votre , etc.
De 1'aris, lo dernier mars 1665.
LETTUE DCLXVII. - .\u
Je vous ('crivis le dernier du mois passe tout cc que je sa-
vois de nouveau : on continue de purler de la guerre des IIol-
landois et des Anglois, ;i hupielle les mis et les a litres se pre-
parent Ibrtement. II y a ici des polit'upies speculatifs (|iii
soupconnent autrc chose, soii^ cc grand armcmcnt des dmix
A FALCONET. 52-3
puissantes nations voisines, mais c'est peut-etre une reverie
dc gensoiseux.
II y a des lettres de Rouen en cette ville, lesquelles portent
(ju'il y fait autant froid qu'ici en pleiii hiver.
J'ai ce matin ete comrne un boil paroissien dans notre pa-
roisse de Saint-Germain. J'ai entendu la grand'messc ; le roi
y a reudu le pain benit avec grande ceremonie, et pour la
notoriete du fait , j'y ai vu et entendu force tambours, fifres,
clairons et trompettes. Je pense que cela a pu servir a aug-
menter la devotion de quelques uns; mais, pour moi, je vous
le dirai franchemeut , cela ne m'a fait m bien ui mal , hormis
que cela m'a un pen etourdi pour un peu de temps; il me
sembloit que j'etois en Jerusalem du temps de Salomon, et
que je voyois toutes les ceremonies de la loi de Moise. Mais
j'y ai vu aussi la reine-mere, qui marche doucement , et if a
pas moins desoixante-quatre ans. Je n'aime point taut de ce-
remonies que les plus Iins out inventees pour les plus sim-
ples; ce sont de petites inventions pharisiennes. J'aimerois
mieux que Dieu fut servi plus simplement, et comme il clit
lui-meme a la Samaritaine. in ^lirila c> rcritntf , (ju'il y cut
j)lus de gens de bien , et (ju'il y eut au monde plus de cliarite
et de bonne foi , moins de qucrelles, moins de proces.
Voila notre collegue, M. Morisset , qui vient se plaindre a
moi de ce que M. lilondel , sa partie, fort savant liomme ,
mais grand cliicaneur , ne veut point s'arreter an jugement
des douze deputes de la Faculte, mais (ju'il en appelie an
parlement, ce qui le met fort en j^eine. Je lui ai (lit (ju'il n'y
avoit qu'iin remede a cela , savoir, que le doyen fasse assem-
bler la Faculte, laqnelle. voyant robstination dudit M. lilon-
del (l), en <-as (jif il venille plaider, donnera intervention a
M. Morisset, atin <|ifil I'ait de son cote , sur quoi il est alle
aussilot c.liei'cher notre doyen , car le bonliomme ifentend
rien en chicane , el moi je n'y enlends i^uere plus <|ue Ini.
M. le due de Verneuil est parti |)our 1'AngletenT.
1^ Voytv. la nuto I. III. p. 'li^.
,')2-i I. hi lKh> 1th (.1 I 1'AIIN
Je vous dois ecrire Ic plaisir que j'eus hier. Mon tils (Charles
avoit une, connoissance de longne main avec un ot'ficier de
Houen ; celui-ci est tombe malade il y a un an , j>ro/>tc>' si/i/ii-
liilcin. Mon fils a etc a Rouen deux fois et 1'a bien gueri : de-
puis pen cet homme est venu a Paris pour autres affaires , et
a voulu une consultation pour soi , safemme, soseuf'ants; il
n'a pas desire d'autres medecins que les froix I'dfin . quoiqu'il
ne me connut p-.is , ni mon aine Robert. J'eus la satisfaction
de les eelairer en maladie importante, ct de les voir Ires in-
telligents. /trim nun jrc/f tftlitd' omni nntinrti ({}. J'ai en soiu
(|u'ils n'apprissent <jue dn latin desjesuitrs ; niais j'ai eu soin
aussi (|u'i!s n'empoisoiinassent pas leurs esprits de cliimie,
de ii<>h/i>li«rni<ici(> , ni de charlatanerie. J'espere qu'ils seront
tons deux Ires bons mi'decins.
De Paris, Ic 10 avril lfi(»o.
LKTTRK nCIAVIII. — A
\'otre M. Saint-Laurent m'a fait riionneur de me visiter :
c'est u n lionnete homme, et (mi me paroit bien sa^e.
Le temps est fort doux , et Ton va fravailler an Louvre lor-
tement. On a ajoute SOOouvriers pour y abattreet y batir: ils
fei'ont bien de la besogne d'ici Noel.
On parle ici des deux princesses, lilies de leu madame de
Nemours, <|iii s'eu vont, runeen Savoie, etraulreen Porfu-
gal. On dit aussi que le roi ira dans pen de jours an palais.
pour regler (jnelque chose en matiere de Ix-nefice jiour la
chambre de justice, et contre les jansenisles.
M. le due de Verneuil est arrive a Londres. II yen a <jiii
croient (|iu! la paix etoit i'aite avant tpi'il parlit.
1 (ini I'alin so (olicilc ;i\cc rnison il<' eel hcurciix
liunillc ; !<•- Iro's I'tit/n rrimi* CM CousnIt.Uion iM.iii ill un lalilciiu lie--
jiropic ii Mailer s<>n fn-ur »•( ^011 amour palornol : (|iii ne penserail
coinnie Ini '.' •'!». I'.
A FAI.CONKT. -V25
L'on a mis aujourd'hni, ce 18 avril , dans la Bast i I If,
M. de Hussy Kabutin , qui a ecrit un libelle qui offense les
puissances. M. le Prince s'en est plaint au roi , qui I'a tail ar-
reter, et lui a donne un pourpuint de pierre dans la rue
Saint-Antoine.
La reine-mere a de mauvaises nuits; elle va neanmoins
avec le roi a Saint-Germain. On dit aussi que ses douleurs
s'accroissent, etqu'ellessont plus poignantes que de coutunif.
L'on dit ici que Ton a fait a Kome une nouvelle promotion
de cardinaiix , qu'il y en a deux pour France, savoir, le due
de Merca'ur, gouverneur de Provence, et 31. Kasponi, <|ui a
traite pour nous la derniere paixavec le pape. On parle aussi
de quelques vaisseaux pris en nier par M. le due de Beaufort ,
etquela semaine procliaine le roi viendra au parlernent pour
di verses affaires, et particulierement contre les jansenistes.
On parle ici de quelques livres nouveaux et curieux, im-
primis en Hollande , tels que sont les Mrmoircx iln M. d<- Mnn-
//r'.s'or, les Memoires de M . di- Hussomjjierre , les Mt'inotri's
di- M. I'dbfn- de llrnnttimv, et le I'ntcf's de M. J''oni/uet.
Je viens de recevoir, c<: -2i avril, votre lettre datet; du
•22 mars, laquelle ma e'te rendue par deux jeunes niedecins
de la Franche-Gomte , lesquels viennent de Provence, et out
etudie a Aix sous un protesstur, nomme M. Bicais, ducjuelje
me souviens d'avoir vu un petit livre contenant (pjelques
rnaximes tirees d'Hippocrale. 11s commencent a voir Paris,
et m'ont dit qu'ils m'avoient tleja entendu deux fois au col-
lege royal; ils paroissent glorieux, j<: ne sais si e'est coinme
les Normandsou les Manceaux, qui sont glorieux et mediants,
ou bieii si ce n'est point (juehjue chose; de (iascon on d'ap-
prochant, <|u'ils pourroient avoir contracts dans cc pays
iVudfeusitis. Quoi tju'il en soil, je les trouve bonnes gens; ils
out envie de bieii etudier, a ce (ju'ils disent , et de n'ftre ni
empiriques ni charlatans, ft je prie Dicu <|u ils y I'cus-
sissent.
Ji1 vims envoie une letlre de mon ('ai'olus, iini vous b;iise
,r)26 LETTRES DE Gl'l PATIN
les mains, comme aussi fais-je pareillement a niadame volre
femme, ct toti fhrnilnr, a notrebon ami M. Spun, ct M. Gar-
nier, vos cliers collogues.
On voit ici une nonvelle comete a quatre heures tin matin
vers le soleil levant.
La reine-mere fut bier, ee '26 avril, saignee a Saint-Germain,
pour diminuer la douleur et la fluxion de sa mamelle; elle
s'est ennuyee a Saint-Gloud, aussi fait-elle a Saint-Germain;
on dit qu'elle se fera ramener au bois de Vincennes. Un ma-
lade qui sent de la douleur ne sail oil reposer, stun: loco iirxrif.
Le roi viendra deniain au pavlement, comme il a mande,
tout le monde s'y attend ; on dit que c'ost centre les hugue-
nots, les jansenistes, et centre la pluralile de quelques be-
nefices.
On ne fait plus etat a la cour de ce M. Gendron , cure de
Vauvre, entre Ghartres et Orleans. Pour le chancre de la
reine-mere, on a pris un soi-disant medecin de Bar-le-Duc ,
nomine Alliot, qui a promis et tail esperer de 1'amendement,
el par provision s'est la it avancer 2,0(>() ecus. Si un apotre
avoit fait un miracle , on ne lui en donnevoit pas taut ni sitot:
maisqu'y leriez-vons? \e vous souvenex-vous point de ce beau
proverbe du bon docteur de Hotterdam , ('claimable Krasme,
(ju'il a tire deSeneque in Apucolncynthosi, ou il a dit , en par-
lant de I 'empereur Claude : Auf /aft//////, nut rc^cm nn^ci ,
iipoi'M'f Ainsi , en notre metier, il taut etre lionimc de bien ,
en danger de languir toute sa vie, ou bien charlatan , trom-
peur, imposleur et faux prophete , tel qu'etoit Nostradamus.
Le poe'te provencal est mort . mais il a bien laisse des suc-
cesseurs. On pourroit dire de tant de cliai'lataii.v , (jui sent
aujourd'hui au monde, ce (ju'a dit autrelbis Pline, en son
llistoire naturelle, de certains ermites dans les deserts de la
Palestine, (icns /I'ternu , in t//<n IIVHM Hiwitw : ce<pu convient
aujourd'hui fort bien a tant de convents de moines , car il n'y
a point de femmes (|iii aillent accoucher die/ eux. et nean-
moins la race n'en manque jamais .
A FALCONET. V27
nno avulfo iion deficit alter
Ferreus. el simili frondescit rinja inetallo,
niais il taut que cela soil ainsi.
Je viens d'apprendre que Ic roi et les reines <juittent Saint-
(iennain , et que toute lacour revient au bois de Vineennes.
On parle ici fie deux Lyonnois, nomtnes Cliais et Be/., qui
out fait une graride banqueroute.
M. Ferrand , doyen de la grand'chambre, monrut subite-
nient : belle ame devant Dieu , s'il y croyoit ! C'est de Ini dont
on disoit que pour demi-pistole on uvoit un arret a la Fer-
randine. Nous aurez pent etre out la rhanson qu'on en fit, O
petit bonhormne , etc. Laissous ees sottises. M. Troisdames vous
baise les mains, et inoi pareillement, <iui suis de toute nion
ame votre , ete .
Df> I'yris. lc -2H ;nril
LETTKE DCLXIX. — 1" mfmc.
Le roi a ete aujourd'hui au parlement, oil ii a porle une
declaration centre les ianseinstes. M. Talon v a parle Ion;;-
j tf i
temps et fortement , etmeme centre les moineset les reliyieu-
ses , et a demande au roi la-dessus quelque rt'lurmatioii.
Qunn <lit* /irtcin. n\r mngm'. laboi inn .'
I'our le ,/iitii'ntil flfs SdL'tnits } on s en inoijuo ici, et ces eei'i-
vains mcrcenaires se voient punis de leurs temeraires juj;e-
inents par leur propre t'aute, tnr<l>is xilii cnrnrit ntnhnn. S'ils
eussent continue dans leur folle et inepte fanm de ci'iticjuer
tout le inonde, ils s'alloient attirer de terribles censures. I n
savant honnne, (jui en sail bien plus queux, et qui a deja
beaucoup ecrit, est fort en colere centre eux; il dit que leur
tail n'est que finesse pour fain1 valnir leurs amis, et nuirea
52S I.ETTRES I)E tin PATIN
ceux qui ne lo seront pas : c'est une violence qu'on n'avoit
jamais vue on Franco. Dos IP troisieme cahier ilu journal .
M. le premier president me dit soul it soul dans son cabinet:
''.'es yens-la s? mt'lent de critique)-, Us se f'cront bleu des enuemis,
ff nous serous bientvt obliges du Icur /m/xjser silence. Tout cola
est arrive par lour faute , ot a leur propre honte.
Jo m'en vais do ce pas chez M. Parmentier pour votro af-
faire ; il est honnete liomme ot mon bon ami ; il n'ost guere
maladif , mais quand il a quelque indisposition , je suis son
medeeiu. M. Sorel , son beau-frere, ost aussi mon bon ami.
Dictum fuctinn , j'en viens tout de co pas . bomi ri'rbu. Votre
proces est juge, ot vous I'ave/ gagne tout du long. Le charla-
tan qui est debouto doses domandos, s'il n'en domcuro point
la, et(|u'il veuille passer outre , je le recommanderai aussi a
M. le i)romier president, (juand vous mo le mandoro/. ; vous
faitos bien de vous dofendro contre cos pestos du genre lui-
main.
Morisset est toujours embarrasse, ot Blondel a toujours en-
vie de cliicaner et do plaider, ot cependant rien n'avance:
1'un sera toute sa vie badin ot ploin do vanite , ot I'antre sera
toujours obstino.
M. Ferrand n'ost pas mort , commo jo vous 1'nvnis mande,
e'est sa s<rur qui ost morte ot (jui a cause le faux bruit.
On tient que los Anglois ot los Hollandois soul tout pros a
S(! battro , et chaque jour on on attend des nou voiles.
Xous avons ici une saison fort tomporoe , mais los bios out
besoin d(! [)luie, *icc!t«ti-s imliribus snlubriwes, aussi n'avons-
nous guere do malades : Mcdirf juccnf , t/'i/ri innlnd/int. Je viens
d'onvoyor une lottro a mon (larolus , qui recommit qu'il vous
a des obligations particuliores. II etudie trop, ot jo lui dis sou-
vent que cela le rendra melancolique ot lui abregora sos
jours : il m'a promis de s'en corrigor (l).
,r (Diaries Patin no s'cn corri^ca point , aussi a-t-il laisse <lc bons cl
savanls oiivraj',os. On pout en voir la lisle e( la crili(|»e erudite dans le
dirtionnaire lnslori<|iio de Havle . ariicle <lui <>t Clxirlts Putin. \\. P.
\ I U.CONET. ;>•><»
On parle ici ill1 revolte dans les Klats du TINT, dans CON-
slantinople , an grand Caire et autres lieux de I'empire Ullo-
inan. Ce scroll la une he lie occasion a lous les princes cli re-
liens de s'unir contre cet ennenii comnum de noire religion
et de nos muses, inais fa/is na/ttfiittii njtntl >/o.\- nun Imhitut.
I, 'amour, I'avarice, I'ainhiliun et la vengeance occupenl tous
les Etats des princes de I'Europe, et chacuu ne songe qu'a
son profit et a son plaisir, interpd patitur Justus.!? vous haise
les mains, et snis dp tout inon cceur votre, ele.
l)e Paris, le 1" mai 1665.
I.KTTKK DCLXX. .I// w*W.
J'ai appris aujourd'hui , (> mai , (|iic la rcim1 men1 empire.
el c|iie les divers empiricjiies (jui out vu MHI mai , ne la sou-
la^eiit de rien , }>as mt-me co M. Alliol, medecin de Bar-le-
Ihic. Je pense(|iie vons save/ hien (|iie madame la premiere
presidente est sourde, divers charlatans yunt ele employes, el
ce du coiisenlement du maitre : I'atri'it pufrati , intc/ln/n rir«m
/.tun. /tnucijjein Sc'itntits. Quand leu M. Duret parloil de nos
magistrals, il disoit <|u'ils n'entendoient rien a noire jargon ,
et (ju 'ilsen parloient neaiimoiiis comme s'ils eussenl ele *mn-
ini dictatare&artisniedim*. 11 disoit d'eux, pour montrer le pen
(('intelligence <|ii ils avoient ; Domini di- /><ir/<i/ii<'nt<i tindtniu
iiln>st quilt xinf, iiK'iUi-i. (lomme je sortois aujounl'liui de m.i
lec.on , un hoinme , <|iie je lie connois point , ma prie de lui
la ire voir madame la presidente. II ma (lit (jue veritahle-
menl il n'etoit point medecin , mais (ju il avuil tin >ecrel
avt;c lequel il esperoit tie la guerir , et (pi il avoit iiiieri la
lievre quarte et lliydropisie a des paysaiis devcrs Hloi.s rl
Orleans. Je lui ai repondu <|iie je n Vtois point le nu'dcein de
madame la premiere president*' , ni de M . son mari ; jc !m
repondis (|u'il devoit s'adresser a (lUenaut, <|iii doit leni'mc
ileein il y ;i plus de trente ans : quc pour nioj j'aiirois man
in.' .".1
.VlO LETIHKS nt (.til
vaise grace; de m'en meler, vu (ju'il n'etoit point mrdeein et
(jue liii-meme I'avouoit. C'esl un homme qui a le caquet hien
allile el qui a quelque mine de prelre normand ou breton.
Je pense qu'il s'accordera mieux avec Guenaut qu'avec nioi ,
vu que je n'enlends rien en charlatanerie ; lout est bon a
Guenaut pourvu qu'il y ait a gagner ; il n'y a rien a faire
pour moi de ce cote-la.
M. Balthazar , maitre des requetes, jadis intendant de jus-
tice en Languedoc , est ici mort , il n'a ete que trois jours
malade , il etoit use , el avoit fort mauvaise poitrine el la
vue courle. Sa tern me mourut a Pezenas entre les mains de
M. de Belleval ; elle s'appeloit Louise du Laurens; elle etoit
saw de M. du Laurens le conseiller, qui est pres d'entrer en
la chambre , el niece de messire Andre du Laurens qui a si
bien ecrit 1'histoire anatomique.Cette t'amille desBaltha/ar est
fort aimee a Paris pour les honnetes gens qu'elle a produits .
el pour ceux qui vivent encore, dont j'ai I'lionneur d'etre le
inedecin.
Nous avons ici un de nos metkcins, nomme 1\J. deMauvil-
ain, Ills d'un cliirurgien , (pii s'en va aux eaux de Bourbon .
oil il mene madame la comtesse de Xogent, el un aulre un j>eu
plus jeune, nomine Francois Boujonier, age d'environ trente-
cinq ans , qui s'y en va pour soi ineme , d'autant (jii'il est
menace d'une paralysie vers les handles. Le premier a bon
appetit et court fort ; le second n'en manque pas el ne [teut pas
aller si vile; j'ai peur meme qu'il ne se rompe les jambes en
voulanttrop courir , et([U il ne meure bienlot. Son pere eloil
un savant homme et bonhomme, mais trop avai icieux. Celle
Tamil le esl malheureuse.
M.de Bussi Babulin est dans la Bastille pour avoir eerit li-
brement des amours de lacour(J), et y avoir nomine des
1; Kt MolainiiH at les Amours desdaules, ou Louis \\\ join- un role
asM1/. siiifjulior *ous lo noni clc {>raud A leu nd re; cc qui \alut a PaiiU'in
quflques anneos <le ]5a-ililli' . |>uis un Idii;; <•! rrurl t'Nil. inul^M- la li;is
•,r>si' de >cs fxcuscs. |{. \\
\ i/\u;oNKt. o'M
personnes de credit <|in s'en lieiiiicnt offenseeset qui s'en son!
plaintes. Toutelois, on (lit qu'il n'y aura point d'autre inui <pie
la prison , et que le roi n'en a 1'ait que rire.
La chainbre de justice est inaintenaut occupee au proces
des trois tresoriers de 1'epargne, et surtout a celni de M. de
Guenegaut.
On parloit 1'an passe d'une liistoire de la ville de Lyon ,
t'aiteparun perejesuite nomine de Saint-Aubin, laquelle sera
en deux volumes in-t'olio. N'en parle-t-on plus? ne viendra-t-
elle jamais? que savez-vous de eette affaire? j'aurais bien la
curiosite de la voir.
On a mis depuis trois jours a la Bastille six ecrivains qui
gagnoient leur vie a f'aire et a ecrire des gazettes a la main ,
kuminum genus auducissimum, niendacissimum, uuidissitnuin, u(
fuciuiit ran, etc. Us ineltent la-dedans ce qu ilsne savent in
nedoivent ecrire. On a imprime ici , fait vendre et debiter, et
crier tbrtement dans les rues la /tulle tic nutn.- Suint-l'vrc le
l>aj>e con/ re lesjnnsenistes, <;t trois jours apres on la delendue.
t:t menu;, mj quid dcesaet <nl rolinin'in t'ci'tc fubti/a', on a public
et fait courir le bruit que le eominissaire avoit charge de iaire
mettre en prison I'imprimeur s'il eut etc trouve en samaison.
Fen M. 1'eveque de liellay, (|iii a clc un hoinme incomparable .
m a dit en 1632 : l^idtticu t.'tif a/'* //</// fnm I'l'ijcudt t^wnn lulli'ndi
/tontines, et tout cela n'est jioint d'aujourd'hui ; c'esl le meme
jeu qui se juui! t.-l cjue Ton jouoit autrefois ; c'c>l la meme co-
medieet la menu1 farce ; niais ce sont des acleurs nouveaux :
le pis que j y trouve, c'esl »[ue ce jeu durera longlemps , el
que le genre humain en soullre tro[> ([).
^1] On ne saurail nior la vcritc clc la delinilion dr la puliliqut* par
Peveque de lielluy el ties rellexions dedui i'alin : I'liistoire des hotnnies
OH est la promo. Sans Irop d'anierlinne philusuphiijtio , c»n jteul dire , en
ellfl , que si le \»>ile clait le\c Mir tonics Its all.iiies des i'.oineinenienls,
si le jeu des obscures licolles tie la machine polilique clail bien cunnii ,
on verrail jiiriqif a quel point >oul >omenl sacritie.-. on ma! , ompris |t-»
inlert'-l* reels <|CN nation-- sou-- Ionics le- loMiii1- dr souveraiiii-lo. II en
;>3i I.KTTKES UK <.n 1'ATIS
L'on in a assure ee matin que lo Journal tics Stn<un/s ost
tout-a-lait condanme. II ost devenu sago, il no courra plus
los rues, le roi i'a a r re to par son commandement. M. lo ehan-
colior en a envoye redemander le privilege que M. de Sallo,
oonseillerde la coiir, lui a aussitot renvoye : c'est lui qui on
etoit lo premier entrepreneur, le direotour on I'inventour.
Pour le sieur do Hedouville, c'est un nom en 1'air (jui caoho
un cadet do Normandie et par consequent qui n'a guero
d'argent.
On tient ici pour certain que la jeune roine est grosse, qui
est line nouveile dont jesuis rejoui; car nous n'avons jamais
trop do princes du sang, ot des autres nous on avons ordi-
nairornent trop. Les Lorrains acquirent trop do credit on
France sous Francois I" , Henri II et sous la reine Catherine,
que Buchanan a appelee la Medee , et xcxOa^ua do son siocle;
inais le bon Henri 111 los attrapa , et ils en sont aujourd'hui ,
Dieu merci, fort eloignes; c/'s cade/s lor/aiiix , comme (lit le
(^atholicon d'Kspagne, sont aujourd'hui Irop f'oihlf* dc rein*.
Ct; nous sera assez, si Dicu nous conserve le roi otM. lo Dau-
phin , /// f/nort.nn liunbis nudti Intent fforbonri, sam-ti Lwlovici
itfj.dfcs , pint a Dion qu'ils vivent ot qu'ils regnent nxf/nr in
mums .\t>s/<>r(jtis . ot qu on en diso :
Mtinita perpetuo mnni'retur
Lo roi a fait parlir d'ici .">()<) cavaliers homines d'expodiUon.
sera de nieme jusqu'a re qu'on soil bien penetre de celle idee , que la
vraie polilique esl 1'application inlelligcnte des lumieie.- et des force-
tie 1'espiil hiiniain ii la direction de ses propres destinees. II y a loin
de la it eel art funesle d'inventer des raisons d' Kt<tl ', de ces inotif-
-pecieux qui n'ont jamais fait defaut aux gouvernenients lorsqu'ils on)
voulu juslifier des crimes uliles on lucratils. Kl les pourvoyetirs de <u-
plii.-uu's pourle coniple des jrou\<'i nanls ne inaiKpienl jamais, j>a> j)lu.-
dan- les republiques que dan- le.- monarchies. . \nssi .Napoleon, qui -'\
ronnai-sait , disail-il : « Y.\\ fail de i>;uiivernenient . il faul neeessaire-
inenl des compere- . san- cela la pieee n<- - aelieverait |>a-. I'«. I'.
v r \i.co.\t i . .*>?3
L'on croyait que ee tut pour aileron I'oitou, inaison ditaujour-
d'hui que c'est pour lo pays du Maine : cela est encore incer-
tain. M. le premier president a demande an roi une dispense
d'age pour M. de Lamoignon , son tils aine , laquelle lui a eto
envoyee avec un present de 12,000 ecus des le lendemain
de sa demande, danfur ojjes inil/i HHHC nisi divitibus. J'ai an-
jourd'hui perdu une heure de temps , m'etant laisse emmener
avec deux curieux voir la bibliotheque Mazarine. II y a la-
dedansbien des livres bien rares do di verses langues, de belles
miniatures bien onrieuses. Us ont aussi (|iiel(jiies mamiscrits
Tort precioux ; je ne vous on puis dire que eel;i. Le Jouninl <lr>
Sm'onfs sera retabli; mais il sera commis a d'autres sens (pio
ci-devant , qui an rout plus de retemio el moins d'int(M'et. Jo
vous baise tres liuinblomont los mains, ot suis do (out mon
cionr votre. etc.
DC Paris, lo 8 mai K5G,').
LKTTKK DCLXXI. -• .\u n«'w.
La chambre de jiistict! ost otu-upoo an procos do troi.s tro-
soriers de I'epargne , et principalement (l<; M. (luonogaut . quo
I'on dit otre lo plus en danger par plusieurs depositions rt
convictions.
(>es messieurs, que Ton a ci-devant appeles gens d'allairos
pour le roi, imbticani ^ <jiiid raniebnnt publicum, re/ /tirii(/incs
reipublicte , sont admis a trailer avee le roi. II y on a un (|ui
ofl're pour soi seul 700,00 ) ecus , un autre S()0,dO(). 11 est
permis de croire <pie cos gens-la ont rudement vole, puis-
(ju'ils ont tant a restituor sans ce (ju'ils out de resle.
On me vient de dire a Toreille (|ii on ost taclic ii lit cour <jue
le roi ait cite an palais, lo pape pouvant en pretendre (|iiol(|uc
a vantage pour sa pretend ue inlai II ibili toque Ton avoit oasseo.
tant on Sorbonno qn'an parlemeut. (Mi chorclie du roinodo
.I'M !!!!!>!- DK i.l I ,' \ | |\
pour unit ndcr I'aH'airo . et je m'en rapporte tort a M. Talon ; it
rst habile lioinnie , ct il en trouvera plus qu'il n'en faut,
pourvn (ju'on 1(3 laisse faire. Personne no croit mioux quo lui
la diUerenee d(3 la Home saint<3 ct do la profane, do la Jeru-
salem et de la Babylone. M. Piotre ost gueri do son aoces qui
I'a fort inaltraito cotto f'ois; il commence d'allerpar la ville
On no parle ici quo dc crimes t'aitscu divers endroits , ot do
plusieurs voleurs. II en t'ut hier pris cinq qui avoiont vole anx
Feuillants. Tout Paris so pent tantot entendre de ce passage do
Potrono : (J'tod in i>c*Hlcntin ram/i/ , >//»' rnrt'i i/ni Incumnt , ct
cadni'cra f/i<ff loci'ranfni' .
Je viens de recevoir unelettredn R. P. Hertetdu \ avril; jo
vousprio de lui dire <pie je lui baiso los mains , ot quo jc t'erai
tout ec (ju'll desiie dt; moi en favour do M. Rolon, ot partoul
ailloursou il voudra me faire riionnotir do m'employer.
La cliambre do justice fait voiulro toulos los maisons do
M. do Guenogaut. Jo vous baiso los mains, do momc (|ii'a
M. Spon, noire bon ami , ot suis do tout mon neur votrc. etc
Do Paris, to 10 mai 100S.
LKTTliK DCIAMI.
Jcvous ocrivishier, ce Kimai , el envoyai par memo moyon
un mot de lettre de mon Carolus. Voilaque je recois la votre
du I I mai ; si votre charlatan on appolle ct (pi'il aitrimpu-
denoe de vonir a la grande chambre , j'ou parlerai on temps
et lieu a M. lo premier president. Mais comment s'appelloeo
spagirinue, t/n<nl f/ciiiix , iDtda moiw'f
La plupart dos docteurs do Sorboime liaissont los jesuitos
fortement , et memo It1 P. Thoopliilo Haynaud , parce qu'il a
ecrit contro les jansoui>tos . et ipTun 1'y croit autour du livri1
d'Amoil.i-us C.uimeuius. Us n'aclielent guere de livros , parcc
qu'ils out on Sorboime line ties ample hibliothoqno
\ KAI.CONKI .
On (lit ici que 1'eveque de Macon . M. de Lingeiides , est
inort, et que Ic roi viendra dans pen de jours au parlenient
pour le rachat de son domaine , dont plusieurs se plaignent
deja par avance.
Je viens d'apprendre que M. Pietre est encore retombt1 dans
son mal, et qu'il est en danger depuis liier ii inidi. Bon Dieu
(jue de desordre dans cette miserable humanite ! et qu'Hippo-
erate a dil veritablement : tutus homo a nut urn mot'bus. II e^t
detail , et paroit vieux de septante ans , et il n'en a que cin-
quante-six ; car il est ne Tan 1609 que mourut le grand Joseph
Scaliger. II est vrai que nniltw cfiuw concurrnnf , insntiobilii
liabcndi rapid Has , <>t dai/mosa mcdicis omnibus <pi).apyuf tot tan -
inpere detestata ffippocrati ; pruva diathesis uiscenun , jtnvscr-
fint lienis, tnt'senterii ft rcrcbri. Addc dontexticum dirinoiu'm ,
I'li'iiiininwit, afc. } itn ijuid est? labor eat, ct /mdend i Vftna cupidu;
fristix ad extremum soil icitudo diem (1).
4e viens de chez M. le premier -president , oil j'ai eu le
moyen de lui faire la recommandation dont on m'avoil prie.
Douzedes plus celebres avocats du parlenient y etoient assem-
bles par son ordre; je pense (juec'est pour la bulle <lu pape
que le roi aenvoyee pour la faire examiner avec M. Talon.
(1) Gui Patin, naturellement (ior, sensible, irritable, blesse an c<rur
par la perte de ses enfants el 1'exil de son cher Carolns . tnmbe sou-
vent dans des acces de melancolie. II s'exprime alors avec amerlume
sur la brievete de la vie, sur la sottise des hommes, la vanit^ de leurs
pretentious , le pen de bonhenr reel qu'on tronve dans la society, cettc
deplorable hierarchie de vassalites. Bien avant lui le poe'te Jovian
Pen la mis avail dit :
\\. P.
.VI K i.KiniKs I»K t;n I'.VHN
LSI reine d'Angleterrelamererevient a Paris, en intention
d'aller aux eaux de Bourbon. Jo peuse pourtant (|ue telles
eaux ne lui valerit rien a cause de la foiblesse de sa poitrine ,
qui lui est nne maladie naturelle. On parleaussi d'une grande
consultation (|iii so doit fa ire a Saint -Germain pour la reine-
inere, savoir si on lui ouvrira la mamelle pour en tirer du
pus et de la serosite maligne cjui en consume la substance de
jour a autre. On parle aussi d'un certain nietlecin nomine
Cliatelain que M. de Besyns, inteiidant de justice, a id en-
voye de Frontignan ; on pretend qu'il guerit ces sortes de
maladies , et qu'il a de beaux secrets centre !es maladies in-
curables. S'il ne promettoit rien, on ne le f'eroit pasvenirde
si loin. Ce sont des impostures. Le cancer ne se guerit point
et ne se guerira jamais; mais le monde veut etre trompe.
If eat us vir qui intdliyit, cfr. ({).
On a ici transporte plusieurs prisonniers en diverses pri-
sons; on ditque c'est pour y en mettre de ceu\ <jui sont dans
la Bastille, oil on est trop presse.
On parle ici de deux dames de la coin1 qui se sont batluo
vl; II en hit do memo duns prcsque Ionics les maladies in or idles de>
princes el des rois. l.ouis XI V elail alleinl dans sa derniere maladie
d'une yanyrene senile a la janthe j'.aiifhe , maladie a pen pres inconnue
a cette epoque. On lit venir nne (bule de charlatans ((iii prelendaient le
!;uerir. Le due de Saint-Simon raconte , a ce snjel , avec sa \er\e mali-
cieuse ordinaire , line scene de ce genre : « i-e due du Maine, dil-il , se
Irouva a la consultation d'un charlatan arrivant de province qui donna
de son elixir an roi. 1* agon , accoulumc a regner sur la medecine avec
despolismc , trouva une espece de paysan fort Drossier qui le malineiia
fort brutalement. M. le due du Maine raconla le soir ehe/, lui, panni
sos confidents, avec le facetieux el cet art' de fine plaisanteric tpi'il
|)ossedait si bicn , 1'empire (jue le malotru avail pris sur le medecin .
I'etonnement, lescandale . 1'hmnilialion de Fagon pour la piemiere fois
' de sa vie, qui, a boul de son art el de ses esperances, s'eloil Innaconnu.
fii j'.ronimelant sur son baton, sans oser replitpier de peur dV^suyrr
jus. » Mtiinoircs. H. 1'. '
\ I U.l.ti.Nhl
en duel a coup depistolet; le roi (lit en riant <|u'il n en avoit
I'ait defense quo pour les homines et nun pas pour les f'einmes.
Je vous baise les mains, et suisde tout mon co?ur votre, etc.
LKTTKE DCLXX1II. .!// menu:.
Ce matin quatre prisonniers out ete mis , ce 2-'i mai , dans
le Chatelet par ordre de la chambre de justice, dont Tun est
M. Housset, ci-devant tresorier des parties casuelles et inten-
dant des finances.
Le roi afaitfaire a Saint (iermain une nouvelle consultation
pour la reine-mere parquelques medecinsde lacour, qui out
conclu qu'il n'y avoit rien a fa ire qu'a la purger, en attendant
que lemal fut plus decouvert.
L'eveehe de Macon a ete donne au I*, de. Hours, eveque
d'Acqs, et celui d'Orleans a M. I'abbe de Coaslin , petit-lils
de M. le chancel ier.
Lundi prochain , ce -29 mai , la charnbre de justice sen va
reprendrele procesdu nomine Lempereur, partisan insigne.
et receveur des tallies devisors, (jui a ci-devant etc condamne
par des commissaires a etre pendu , dont il est appelant. C.e
proces etant tini , Ton travaillera a celui de >F. de (luenegaut,
tresorierde 1'epargne, oil il y a bien du mai , et apres a celui
de M. deLorme, ci-devant commis de M. Foui|uet, et nieme
Ton dit (jue celui-ci pourra etre ramene a Paris de Pignerol .
oil il est
M. leduc de Vendoine est ici tortmalade; mademoiselle de
la Trimouille est morte a Thouars en Poitou vce dernier mai .
(hi parle ici de la mort de votre M. (iras et de sa belle bi-
bliotheque.
La reine-mere est empiree depuistrois jours; il est survenn
des erysipeles a set; deux mamel les a\ec de grandes douleurs
et de mauvaises units, a cau.-e de ijiioi elle a ete saignee des
,')38 I.K i IKK> UK 1.1 i IVMIN
bras et du pied; j'apprehende qu'il ne s'y mette bicntot la
gangrene, qui lui ouvrira le ciel pour 1'etornite. On dit au-
jourd'hui (ju'elle est encore plus mal et qu'elle a recu 1'ex-
treme-onction. Cette nouvelle sent le sapin et le plonib.
Notre M. Pietre etoit alle aux champs en intention de s'y
fortilier ; il est retombe inalade, et a ete ramene a Paris : tant
va la cruche a 1'eau , qu'enfin elle y demeure.
Je vous remereie du livre que vous me promette/ de feu
M. de Monconis; plut a Dieu qu'il iYit deja aeheve ! On dit que
les Anglois et les Hollandois se cherchent les uns les autres
pour se battre, et (|ii'il y a grande apparence que ce sera
bientot. Je viens de die/, M. le premier president , ce 5 jinn ,
lui recommander une affaire pour un marchand de Lyou ,
nomine M. Ferrari, oil j'ai trouvedeux jesuites , dontl'un est
le pere Hapin, avec lesquels je me suis entretenu , tandis que
M. le premier president etoit ent'erme en son cabinet avec
trois personnes de grande qualite. Le pere Hapin m'a dit que
le mois prochain on recommenceYoitle Journal desScwantx, et
<|iie ce seroit sous le meme chef, savoir, M. deSallo, con-
seiller de la cour ; mais <jue le sieur de lledouville ne s'en
meleroit plus II est survenu un gentilhomme qui venoit de
Saint-Germain, (|iii a rappoi'te (jue la reine-niere etoil tout
autrement mieux (|u'elle n'avoit etetlepuisdix jours, c/est-a-
dire inoins mal. Je pense i|u'il le la ut entendre ainsi ; mais
quoi <|ue Ton on dise, elle est agee . les forces lui manquent
pen a peu , sa mamelle est ulceree, el il y a de la pourriture
et dt1 la malignite; elle entrera dans sa soixante-cinquieme
annee le mois de septembre proc.bain, rltn' s/ninn<i ///vv/.s zppni
mix vcliif incliniirn lont/ani , et c'est celui-la meme ([iii a dit:
/'(/K/tfti i//nj-s ii'tfuo [ii'ilc juilxnt j>imi>t'i'\nn tnhernnx Ut'yinmjw
f/n'rt-s. On |)arle de la ramener de Saint-(iermain an bois de
\ incennes. Kn quolquo lieu (|u'on la mciie, cette bonne prin-
eesse porlc son mal avec soi , el j'ai bien |>eur pour elle. j'ai
aujourd'hui rendu visile a. M. Pietre, <|iii me semble asse/. mal
I a it Outre ses niaiix niaiiifesles, je soupeonne (|ii'il a la piei'i'e.
Hou him! tjiir ilc niaiix pour accabler un liomine! J'ai fort
mauvaise opinion tie sa vie, et j'en ai regret , tant pour son
beau savoiret son merite parliculier que pour 1'lionueur que
je porte a la memo! re de ses aneetres, ten M. Nicolas Pietre,
son pere, qui m'a antrefois volontiers appris le meilleurdece
que je sais, et le grand Simon Pietre, son onclo, qui mourut
I'an 1618, et que je me souviens d'avoir vu. II y avoit aussi
un autre Simon Pietre, son a'ieul , qui mourut I'an 1586. Ces
trois homnies out ete de tres excellents personnages et do
grand merite, qui out fait du bien an nionde. Celui-ci n'a
point degenere en science ni en esprit, mais il a ses defauts
particuliers (l).
11 y a douze conseillers d'Etat qui Iravaillent par commis-
sion du roi a reformer la chicane ou a L'abreviation des pro-
ees. Cela seroit fort bien , si le peuple en pent, etre soulage ;
mais il faudroit (pie les conseillers fussent aussi plus savants
et plus gens de bien. On refbrmera la rapacite des procureurs,
des grel'liers et des clercs de conseillers, qui est d<>gen<T<V en
volerie manifesto.
(1) Nousavonsdcja remarque coinbion ccltc t'amillc a jettid'eclat pen
dant deux sieclcs sur Li i'aculte de medccino do Paris Lo Simon Pielrc
qui mourut on 1018, avail dcja <lc hautos ideos d'hygiene publiinic qui
ne turent rcalisees quo louglemps apres. Ainsi il voiilut etrc onlorre
dans un cimetiere ol non dans une eijliso, coinmo c'ctail alors la cou-
tumo. Son epilaphe I'attoslc :
Son exrmple Int iniiu- plus lard par \ orlioyon , colel)ro medcoin ol
anatomislo do Louvain . (jtii nioiirnl le 28 Janvier 1710. Ses contcnipo-
rains lui on leinoiynerent lour rooonnni-saiioo par I'opilapho snivanto :
Philippus Verheyai , mcd. dad. ft profess. pnrl»n> siii mnterinlem .
hie in ccrmetcrio ron^i rolitit. nc tcmplvm rl c s honest a ret , <iul nnriris
lialitibiis inficcri'l. \\. 1*.
MO I.KIIKK> UK MI I-.UIN
On cliercbe ici des gueux et dcs miserables , taut lioinnu's
que lemmes, pour les envoyer a Madagascar ct autres lies
voisines, alii) de travailler et d'y peupler le pays; eela de-
ebargera un peu la France de tant degens oiseu\(jui y abon-
dent; niais II me semble (|ii'il seroit bon d'y envoyer aussi
des moines, car nous en avons beaucoup trop , et ici, et ail-
leurs; ilsn'aiinent pas a travailler, an moins serviroient-ils a
peupler, et iis in: servent ici a rien dn tout. Je vons bai.se les
mains , et suis de toiile inon aine vutre , clc.
De Paris, le'Jjuin llilio.
LKTTKK HCLXXIV. — Aumnnc.
J'ai vu depuis peu en consulte un gentilliomnie bi'eton , age
de dix-neuf ans, naturellement tort devot, (pji devint dans
peu de jours melancoHque , el a cette melancolie succeda une
espece de manie. avec une lievre continue et des convulsions
efl'royables. l'n inoine avoit peur <|u'il ne I'ut possede. II est
vrai qu'il avoit un grand scapulaire. II Cut si rudcment tour-
men tc de ce demon de tievre continue, qu'il en devint fre-
neticjuo, et qu'il f'allut le lier. A ce delire IVenetique succe-
derent deux autres symptomes , desniouvements epileptujues
et une passion hydrophobique , comme ceux (jui out et<'
mordus d'un cliien enrage, avec la soil' et I'aversion de>
clioses liquides. Pour tout cela , il I'ut saigne des bras et des
pieds jusqu'a vingt-deux Ibis ; il Cut purge de plus de vingt
lavements etd'environ trenteapozemespurgatifs avec la casse
e^t le sene , auxquels nous ajoutames a la tin le sirup de roses
et de Ileursde pecber , avec tel succes , (prenlin il est tout -a-
lait gueri et remis en son l>on sens II y a bien des gens <jiii
crient an miracle dt; rnoindres evenemenls, mais la nature
seule , la connoissancu des maladies et {'application des b(in>
remedes, vont bien loin.
\ FALCONET. 541
.!•' m'olonno (It- <v <pio voiis rliox. on poino do nioi. Jo ri'ai
pas manquodo vous ooriro do temps on lonips, a mosnro (jno
j'ai en do la matiere digne do vous. Jo me porte bion. Je vais
tonjonrs mon grand clieinin, co quo boauconp d'antres n'o-
sont on no vonlent pas laire, ulin do gainer davai'tage. Si je
mo plaignois do ma fortune, jo dirois avoc Martial :
Si'il me lilleriilu* stulli <locu<rt' parcitlr.*.
Los bonnes gens ont fait co qu'ds out pn pour moi , co quo
plusieurs no font pas pour lours onfants. La plnpartdos riches
sont Ions, tyrans, presomptueux ot ignorants. Jo vis sans
ambition. Je n'ai point do dosirs criminels. Kion ne m'em-
poche do dorinir , si co n'est la pitio cpio j'ai sonvont dcs pan-
vros gens <|iii sont dans la sonHVance.
Pour ct; (jui ost des eaux minoralos , jo vous dirai cjiie jo n'y
croisguere. ot n y ai jamais cru davantage; maitro Nicolas
Piotro in on a dotrompo il y a qnarantc ans. Fallopo los ap-
pollo nn romode empiriqne. Kilos lout bion plus do cocns
<|u'elles no gnorissont de malados (I .
Kilos sont plus colobres (|uo salubres. Jo m'en tiens a I'oxpo-
rienco journalioro . commo aussi ;i I'autorito d'Hippocrato,
d'Aristoto, (ialien , <pii los ont assex. improuvoos. .Pour 1'anti
inoine, jo m'en passo fort aisoment. Nous avons bion d'antivs
medicaments moillonrs ot moins matins ipie colni-la , dos<|uols
je ne me sers point. Jo laisse la pluralitc'dos romodesa conx ipii
font la modocino pour to t'asto ot pour la pompo, ot t|iii s'on -
lendont avoc los apothicairos. Cinonant a (lit ipiatro inillo lois
on sa vie <|ii'on no sanroit attrapor I'ocu blanc dos malados,
si (in IK- los irompo. Kst-co parlor on liommo do bion. id
1 K>t-il bt'>oiii do mnar«|uer i|iu- cos rciiiari|iios cl »•«•«. plai^.uitcrio.
Caitesd'aillenrs I'ion ;i \.-ml (iiii I'aiin . iiorloiil a l.m\ ' far If- caux ini-
hfralt's adniinisUft's a propo^ el s<>'mi I'hnlicalion prei'i^f «oni mi
pui<isiiil ino>i'ii <!<• .iii-i i-nii I' I*
tite I.ETTKK* I)K (ilM I'.VTIN
<juo doit ette mi medeciu ? Je laisse les eanx de Forges (I;.
I'emetique et tels autres I'alras (It1 venins a eeux tjui en abu-
sent et aux empiriques. Pour moi , je cbercbe a ne me repen-
tir de rien : aussi ne le (erai-je pas de vous avoir voue inon
amitie. Je suis de tout inon cd'iir votre, etc
Do Paris, Ic 30 juin 10<>;>.
LETTRE DCLXXV. — ,l// meme.
On parle tort ici du feu qui a pris aux poudres, et qui a
renver.se lacitadelle de Pignerol, en tuant bien dumonde, et
a epargne M. Foiujuet : on en parle diversenient, pourtant tort
en sa favour.
On dit cjue le roi s'en va donner du secours aux Hollandois,
en vertu de I'accord (ju'il a fait avec eux c.ontre les Anglois.
J'ai rencontre ce matin M. Kompli, inon hon ami, secretaire
de M. I'ambassadeur de llollande, <|ui m'a dit que snr les
coles de Normandie , on avoit pecln; deux mille liuit cents
corps de soldats qui avoient etc submerges dans ieur derniere
ilefaite.
On dit que les Portug-iis out eu de I'avanta^e sur les Espa-
gnols , et que le pape est bien facile d'avoii1 j)erdu dejtuis pen
sa pirlendiie infaiilibilite , tant par I'arret de la eotir (pie pai1
divers decrets de Sorbonne. L<^ pape el les jesiiitcs, <|IK>
31. Servien appeloit les janissaires de I'eveque de lioine, tra-
vaillenta laretablir, mais ils n'en peuvenl venir a bout. M/ilfn
( iiini n t'xf .'//'//'/ , I c /niiiidc ii t'xf jilux iji'i/t .
< >n m'a dit <|ue M. I'arcbeveque de Eyon vcut acbeler la bi-
1, LCS eaux ininorales dc I'orj'.o [Seine-liilV'ricuro) onl etc reci-in
incnl analysoes el onl liiit Tohjcl d'un rupporl ;i l\\c;u](Muio rojiilrdc
medicine. ( Kvlletin de I'Acnilemip rnyitlp ilr nii'di'rhir . l';iri<. is:'i.'>.
t. \ |.;i{',«- «»s:>ct -ni\. H !'.
A FAI.CONKT. 54.S
bliotlieque de M. (Iras, et la rend re publique a Lyon. Oieu
Ini en fasse la grace, eommeil (it a saint Charles Borromeea
Milan , et qu'apres sa mort il seroit canonise; voila ce (jne je
souliaite a M. votre prelat , et , en attendant cela, longue et
lieureuse vie pour lui et pour los siens Je vous prie de dire a
M. Spon que je lui baise les mains, et qu'il me semble qu'il
faudroit ajouter, au dernier tome du Sennertus 0/w« tncdirn ,
apres les Epitrcs medichwles , le petit et gentil livre de Mi-
r/Hif'/ Itorinyins , (It1 Medicina ct rued ids ; je I'ai a son service ,
in-octavo, impression deGiessen, 1'an Ib'i 1. Ce seroit un fort
bon Appendix pour gross! r ce volume, qui sera petit. Je vous
baise les mains, et suis de tout mon ccvur votre. etc.
De Parix, Ie7juillol 1(565.
LKTTHK DCLXXVI. - I// >nfimt>.
On parle ici de notre saint pere le pape , qui vent tachcr de
remonter sur sa bete pour sa pretendiie infaillibilite. (hi dit
que, pour se venger, il vent excommunier, et MM. du parle-
menl , et toute la Sorbonne; laissons-les fa ire, ils se defen-
dront bien. Ceux (jiii faisoient le Journal f//-s .SV//v////x avoient
espere de le continuer sous d'autres certaines condition>.
maislespuissanc.es superieures leur orit manqiu* , el ils an-
rout de la peine a ratlraper ce meine pouvoir iju'ils out en ,
de critiquer toutle monde a leur ^re. M. de Sallo, conseiller
de la cour, (jui en etoit le premier mobile, s'en est alle en
Poitou.
La reine-mere d'Angleterre est enlin arrivee ii Saint-(ier-
inain ; on dil (jii'elle n'a |ias envie de retourner jamais a
Loud res
Je soupai liiei1. ce -2| juilh-l , avec .M . le premier pre'sident ,
i|ui recut des nouvellesde M. de Lamoignon , son tils jiiiit'
t|iii t'»-t aujourd'liui iiAnvei's: il a vn I'. \iiii1elerre. |,i ||,,|_
544 I.KTTKKS DK 'ill ('MIX
lande el laFlandre; il s'en va passer par rAllemagne. il re-
viendra, Hieu aidant, a Paris snr la fin do rautoinne , pour
y etre recu conseiller de la cour ; j'ai ecrit pour lui a Bruxelles ,
a M. Cliil'flet, selou que M. son pere I'a desire.
Le roi a fait defense a MM. les prelats, assembles a Pon-
toise, d'aller che/ M. le nonce, et de le frequenter en aucune
maniere. Vous save/ la coutume des Venitiens an sujel des
ininistres etrangers.
Les Hollandois se preparent tout de bon a se battre de
nouveau contre les Anglois. MM. les Etats out puni ceux qui
ont ete cause de leur derniere defaite, et out mis UN nouvel
ordre pour le reglement de I'autorite de leurs chefs , (|ui avoit
mis la division parmi eux, co, <|ui causa leur malheur.
Voici la moisson (|ui approche, le iiombre de mes ecoliers
commence a diminuer ; j'en ai pourtant encore eu aujourd'hui
plus decent vingt; j'espere d'y metlre tin dans unmoisou en-
viron. J'ai plusieurs Provencaux et Languedocieus (|iii aiment
bien la drogue, et (juisont fort imbus des sotles opinions de la
polypharmacie, qui est I'idole et le gagne-pain des apothicai-
res et la tille de 1'ignorance. .le viensd apprendre deux morts :
la premiere est celle de madame Foucjuet, la mere ; la seconde
est celle d'un des plus vieux medecins de France, savoir,
de M. lirunier, medecin de feu M. (raston , due d'Orleans.
La chambre de justice a fait mettre dans la Uastille un ba-
bife et fameux avocat, iioniuit! M. Hurai, <[ui avoil ecrit en fa-
\eur de M. de (iuenegaut , tresorier de I'epargne. (^es prisons
sont glorieuses , et I'interel de la cour ue doit pas emptk:her
les avocats de del'endre leurs parties. Je vous baise les mains,
et suis de tout mon cteur votre. etc
!)«> I'aris. 1.--24 juillcl 1H5:j.
\ H.M.CONF.T.
LKTTRK DCLXXVII. - An
Je vous ecrivis hier , avee line lettre quo je joignis pour
M. de Lorme. Je lui baise les mains et vous prio de 1 'assuror
(|ue j'honorerai toute ma vie son inerite singulior. Je vous
prie aussi de m'excuser eiivers lui pour les simples qualitrs
<|ue je lui donne; je ne me counois pas en compliments ot no
les aime pas. Je le considere comrne un heros (jui n'a pas be-
som de litre; il yen a qui en prennent de leurs qualites ot
Brands offices, auxquels neanmoins ils font deshonneur par
lour peu de merite; mais M. de Lorme n'a besoin de rion om-
prunter. II trouve tout chez soi ; il ressemble a la vertu qui
est dans Claudien , ylorieuxa dc .w jirojH'CK ric/uws. Joseph
Scaliger a nomme quelque part tin certain glorioux pedant
(jni, par plusieurs artilices , avoit trouve le moyen de chan-
ger la couleur noire de son bonnet en rouge, lr chnrltitnn
ilc iii nmr d<- /'ranee. C'etoit le cardinal Duperron qu'il enT
tendoit et (jiti a jadis ete un terrible compagnon. Mais quo
diroit aujourd'hui M. de Lorme de voir dans le temple de la
fortune taut de gens etourdis de leurs grandes (jualites et qui
meritent une belle niche <lans le litre des Meffn/tnrjihosi's
d'Apulee , etant de la confrerie de ces gens quo le baron de
Keneste a ingenieusement nommes .\ncx d'nr '.'
J'ai autrefois ramasse bien des memoires pour fa ire des
rloges latins des Francois illustres en sciences, it limitation
de M. Scevole de Sainte-Marthe , it quoi je pourrois tra-
vailler 1'hiver prochain pendant les soirees ; mais le nombre
des malades me fait pour , c'est ce qui fail que je n'ose le
promettreabsolument. Vous m'obligerex dedemandera M. dc
Lorme s'il voudroit bien m'envoyer (juehjues memoires do
leu M. son pore , qiie je sais bien avoir ete un grand person-
uage et duquel je sais (juehjue chose de bon <jue j'y moltrai
hardiment touchant la maladio de Mario do Mt'dicis, dans
l;i{|iiolle M. du Laurens desapprouvoit la saijin«'0. ti'ompepar
HI. .".">
54(5 I.ETTKES DE (-11 PATIN
uu passage d'Hippoerate qui (lit qu'il ne taut pas saigner pen-
dant . le cours tit; venire , fhicntc a/ro, Miitn/t non swiibis , el
an contraire M. do Lorme sontenoil et pressoit la saignee. Sur
eette (littienlle la reine fut ramenee a Paris, et trois des no-
tres fin-en t rnandes an Louvre, savoir, MM. Jean Martin,
Jean Hautin et Simon Pietre. Ces gens-la n'etoient ni f'ourbes
in ignorants. Us ne jouoient point de finesse ni d'argent : anssi
n'avoient-ils rien achete. Ces trois messiiMirs f'urent de I'avis
de M. de Lorme , que M. Martin eonlirma en disant qne ce
passage d'Hippocrate . mat entendu , avoit coupe la gorge el
coiite la vie a cinquante mille j)ersonnes. La reine-mere f'ut
saignee et guerie. Elle avoit un Hnx de venire d'avoir trop
mange d abricots. Elle avoit la tievre et etoit grosse. Si Dien
me fait la grace d'en venir la , je ferai mes tilfxjcx pins beaux,
pins eurieux , et plus historiques que ceux de M. de Sainle-
Martlie , anx(juels ils ne cederont qne pom- I'expi'ession. Je
n'y mettrai que d'honneles gens et dont It; merite Cera la di-
gnite. Devinez si telles gens que (inenaut y anront place
avec le fameux el f'nmenx des Fougerais et ses consorts (1).
Je snis , etc
De Paris, le 28 juillet 16(>5.
LETTRK DCLXXVIII. A
La reine-mere empire , ex udtmctu do/o/r d in
fi'bi't'.. On dit qu'elle veut revenir bientot an Val-de-(lrace ,
dans le faubourg Saint Jacques, on Ton croit (pi'ellc vent
monrir. Elle est dans nne grande resignation a la volonti- de
Dien , et neanmoins saint Angnstin a dit : \/'inn mil tlrci/,/ .
n/'i/in t'H/f })<jrtnrh(iri , in'ino mil /nun
On vend ici la nonvelle bnlle de notre saint pere le pape ,
A K \I.CO\K I. .">4:
pour laquelle le parlement a ete assemble; M. Talon a ete
oui, qui a parle foil hardiment , el a porte I'all'aire hien loin,
ensuite de (pioi, pour regler 1'att'aire, arret s'est ensnivi , qui
a ordonne que la bulle sera supprimee , et (pie deux conseil-
lers de la cour se transporteront en Sorbonne , oil ils t'eront
enregistrer cet arret, qui detruit la pretend tie infaillibilite du
pape. Je ne sais a quoi songent les jesuites de reintier si mal
a propos, et si fort a contre-tem|)s, cette |)ierre de scandule.
Tout le monde est ici contre eux, et ineme on parle d'y reim-
primer et d'y vend re publiquement le livre de M. Kdmond
Kieber, ancien docteur de Sorbonne et syndic de la Faculte,
qui a ete un excellent liomnie que j'ai connu autrefois, et
qui mourut environ 1'an 16.33 , age de pres de quatre-vingts
ans. Ce livre est intitule : Ik> KrclwinMica ct politicu potestate.
Ce n'etoit qii'iin f'actum in-(jiiarto en latin, <jue MM. de
I'Universite preseriterent aux juges 1'an IGll, lors(jue le^
jesuites t'urent deboutes de leur re(iuete, pi'etendant ouvrir
It-ur college. Isaac Gasaubon etoit alors a Londres <jiii, ayant
appris cet arret contre les jesuites, s'ecria de joie : .\ lhn»iu»
1<I factum est.
Le p ret re Gendron, qui traitoit la reine-mere, est toinbo
tort malade, et Test encore. On a fait uue ouverture a la
mamelle de la reine-mere , pour un abces (|ui etoit a la rna-
melle droite ; la unit suivante elle s'»;st trouvee si mal, qu'il
t'allut lui donner ii ininuit 1'extrenie-onction; le lendemain,
troisieme d'aont, le bruit counit dans Paris cju'elle etoit
niorte, ce (jui etoit faux.
Avez-vous oui [tarler a Lyon d'tin vieux inedecin, noiiinie
M. Pavilion , qui avoit servi sous Henri IV? on (lit qu'il eloit
de Lyon et qu'il est mort a Paris. Je n'ai jamais oui parlerde
lui ; pourtant on me prie de in 'informer de lui: je vous prie
de in'eu apprendre quelqtie cliose.
La reine-mere se porte uu |»t-u mieux depuis lOuverture
de son abces, diKjiiel <»u tire beaucoup de boue; niais c'esl
de la inainelle dniile . el IIDII pas la uauclie , ijin est ulcen't;
.VIS
tin cancer Kile ;i etc soulagee (I nil purgalif iju Vile a pris ,
COIIIIIK: die u tonjours beaucoup mange, je crois qu'elle ne
inaiHjue pas de matiere a medicament purgatif. Pint a Dien
qu'elle guerisse et qu'elle f'asse diininuer la taille et les im-
pots avant que de mourir , que Ic cardinal Mazarin nous a
laisses ! Je tiendrois pour saint quiconque rendra ce bon ser-
vice ii la France , laquelle en a grand besoin ; c'est le sonhait
(|ue je f'ais a Dieu pour le soulagement dn panvre peuple, et
noj) pas ties moines qui sont Irop riches , ni des medeeins
parini lesquels il y a Irop de charlatans et de gens alteres :
Ot/tw in fjrcKcijtiti vitiiuu tti'tit.
On parle ici fort du proces de M. (iuenegaut, tresorier de
1'epargne. La peste continue nulement a Londres. M. le nonce
est ici fort einpeche pour les intrigues , 1'ambition et I'insatia
bilite des bons peres. Je vous baise ti'es huniblement le-
mains, et suis de tout nion cu-ur volre. etc.
I)'- I'aris , lo \ aoul
LKTTHK IH:L\\I\.
je vous envoie la reponse qne j'ai laile pour .M. de Korine
auquel je vous prie de, la lain; rendre avec mes tres humbles
recommandations et oll'res de services. On (lit que la reme-
inere empire tort , et (ju'elle a fait son testament que le roi
nieme a signe. On dit qu'autour de ses mamelles il y a force
glandules douloureuses : S/'ni/i/i/i/<r x/mf ///*/><iini' t/i'/ifi finni-
/ ////•(•>• , ('./' ijitilniK n'int ri r<''i iiiininii 10 12 nhux^i- >////////• i'/nx tttti-
it>r, i'<'iiiii<i 1 1 i^punitf . Les maladies de tels princes me seiiiblenl
etre for! remar(jual)les Philippe II , sou aieul , moiirut /n'lln-/,-
l/iri mo/ l>n ; voyex ce qif en a dil It; presidenl de Thou , dans son
llixtnriii sin' Tr/ii/xi/'/x , I'an I.")'JS. llerode niourul de ce menu1
mat, c'est pourquoi il a ete nomine dans les Actes des apolres
lx',»/y, .•.ov^-.iro; . " rcrinilin< /vv/.sv/V i'l /iff/l/filf/tri , /till h I i'i us/ cnn-
v K\II:O\KI. .Yf>
fumjitiis. Dominicus Haudius a (lit quo c'eloil la inaladic des
lyrans, au inoins est-ce 11110 marque d'une horrible corruption
d'humeurs. Coinmo lo premier ue convient |>as a la reine-
mero , et qu'elle a toujours ete trop bonne , on pout dire
qu'elle ineiirt du second , car ello nwugeoit trop et se pur-
gooit trop pen : voila les deux causes do sou grand inal, dont
on dit a la cour qu'elle inourra bientot ; elle a Ie visage fort
extenue. Commo Valot-parloit contiv (londron , M. Ic due
d'Orleaus se init en colere et dit de rudes paroles a ret ar-
eliiatre , ei/jue ilixit rcrlm pi-n'lc.i^ntn ; Ie roi iiirine en a te-
inoi^ue du niecontentenient. I, a loine-mere a une iioiivelle
tunieur dans son epaule gauche , (|iii est !<• cote du cancer :
Ions ces symptomos sont appeles dans Hippocrate, fyn-.-i.'it.fj
-'•^ Evflv-wv •/.*•/.'.>; E/OVTMV. On lit liier an f.ouvre niii' coii>n!ta-
tion des rabbins de la coin1 sin1 les ('HVes ipie (aisui! un
paysan pour la yiH-rison de la reine. inais il f'ut rei'iisi'-; il s'y
presenta pareillenient un nioine, qui fnl anssi rejeti'v On dit
aussi <pie la reiue-niere a line pustule nialijrue a la janibe.
gauche. Le roi adit ipie si la reiue-inen! niouroit il sortiroif
di; Paris «;t feroit un voyage jus(pi'aux froiitieres de son
royauine. -Ie viens de parlor au cure de Saint-dermam , qui
a vu la reine-inere ci,1 matin ; il (lit ipTelle se porto niieux el
(pi'elle n'est pas si inal quo diseut cetix tpii ne I'ont pas vue.
!•'<!,, it.
On dit (pie M. dt! Vendome se ineiirt. Mon lilsaint' viont dr
partir pour Bourbon avoe une malade dequalite; s'il pent
sen ecliapper pour quelques jours , il ira a Lyuii pour vous v
saluer avec M. de Lornie et nos autres bons amis. On tient
pour certain (pie les tresoriers de France seront supprimes ,
el on mo vient do dire plaisamniont rpie M. ('olher! Ie vent
tlevonir, mais <pi'il vent 1'etro tout seul.
II ne tiendra tpi'au roi, qui en est Ie niaitic. Je vou> bai>e
Ires lunnblement les mains , et sui> de toule umn ame
volre. etc.
DC Paris, lo IS 'out HXi.').
000 IKllKt> Dt (.1 I 1'AHN
LETTKE DCLXXX. - Au memc.
Je vous envoyai bier, ee 26 aoiit , une grande lettre avec
\* Histoire dc I'l nin-rxitr (!<• /•*"/•/>•, par M. du Boulai , et une
autre lettre pour M. Spoil.
On ne parle iei que du massacre de M Tardieu, lieutenant
criminel , et de sa femme. Les deux assassins out ete pris in-
continent: le pai lenient leur fait leur proces. Us sont deux
freres natifs d'Angers, nomnies Touchet. Je crois que ce sont
deux diables incarnes ; on esperequ'ds seront domain juges.
Tout It; peuple va comme en procession a 1'eglise Saint-Bar-
thelemy y prier Dieu pour fame tie ce malheureux lieutenant
criminel etde sa miser. ble femme, laquelle etoit si euorme-
ment avare, qu'elle n'avoit ui valet, ui eocher, ni servante ,
(ju'elle aimoit mieux se servir elle-meme pour epargner son
pain : c'est un exemple qui n a pas de comparaison. Mais
Dieu sail combien elle y a gague, /><'</oii<t' cni>i<lit<i* omnium
utnloriim i-fiflf.L- (IV Les deux assassins out ete roues tout vifs
aujourd'luii ausoir, ce jeudi 27 aout, sur le Pont-Neuf, devaut
lecheval de bron/e. II y avoit lant de monde, que je n'ai pu
en approcher. A neuf heui'esdu soir, ilsont eteetrangles. On
fait des commentaires sur ce que MM. du parlement ne les
out pas coiulamnes a la question , et ;i faire amende honora-
ble. Le grandeur de leur crime, dit-on , meritoit cela. Tuer
i'l) Cette catastrophe est , comme on sait . un episode de la cruelle
satire de Boileau contre les femrnes. Certes il avail beau jeu pour
par!er de la femme avare , aussi en fait-il une affreuse peinture . et qui ne
parait poinl exajjoree par ce cju'en (lit iei (iiii I'atin. l/liomme et la
femme ctaient digues Tun de 1'aulre , jnsqu'a ce que
lies vnlcnr.s i)ii: die/ cn\ jiifin-. .1 '(".|)ci .line cntrcrtTi! ,
Oc i-cilc !ri-.!c vie cutin Ic-. dclivrcrcnl :
Diync cl tiinoslc fVnil <lii lupiid Ic j)lus jill'ti -i.\
l>ont l'li\ men iiir j;iin;iis HIM deux inaihcuri'iix.
R.r.
i K .\LLo.\fcr. •'».') I
mi magistral tel que eelui-la est un crime de lese-majeste au
second chef.
On fait count1 le bruit que la reine mere se porte rnienx ,
niais j'en doute; cai1 die toussoit si fort avant-hier, quo
.MM. Ics rabbins (j'ai pen so. dire/'oAi/w, mais ils no sont point
moutons , ni.fi >•/«/ rv/Tcrra di'durnti } fmvnt obliges de lui
doiiiierde 1'opium, dont ellese trouva fort mal ; on ditqu'elle
a jure de n en prendre jamais.
On parle ici de la maladie du roi d'Kspagne et de la mort
du due de Mantoue, de la peste d'Angleterre , de 1'armee des
Hollandois, de 1'eveque deMnnster, deM. le due de Beaufort.
On avoit signifie les taxes bien bautes aquelques particuliers
i|iii se sont sauves et retires en Angleterre et aillenrs. Cela
fait (jue 1'onespere de la moderation . et memo <|iie la cliarn-
bre de justice pourra linir en favour des partisans qui seront
plus doucement trades, c'est a-dire que Ton les quittera a
meilleur marchc.
l^e roi donne ii M. le due dOrleans le ^onvernement de
Languedoc , et celui de (inyenne pom1 recompense a M. le
prince de (>onti. On j)arle des grands jours auxqnels pi'esi-
dera M. le president de Novion avec dix-huit (;onseillers
<|u'on lui adjoint. M. de Vendome est mort cette unit de la
retention d'urine ; entin le pape a vide et pisse beaucoup do
pus. II me seinble que c'est un ulcere dans le rein , />•/</
/it</'/s s//j>/tri'ss/o a mic til I'i's/fii (/n/nn's rn-f titrocisninttts , ft
inj'i-rf //is/ r/'sirtf (iisfujsitinin'in iiiflfi/itninfot'ifnti. J'ai <piel(|iie-
fois vu ce nial-la ; feu M. Hiolan on mourut , et nos anciens
auteurs Tout decrit. \e pense/.-voiis pas <pie c out i'te un
grand avantage a la cliretiente? Si ce pape IVit mort . ii m
fut arrive du bien a quelqu Un . et principalement a son suc-
cesseur, (]iii. pour en teinoigner line rejoilissance universolle,
nous cut doniK' un jubilr; mais n'importe . s'il nc vicnt bien-
h'tt . je tacberai de m'en consoler : s'il n'est mort a ce coup .
ce sera une antic lots. // in ml Inn- si'iii<'l unfits fa* , nt wini-!
i/nu'liil HI' . >'f Innili'ni iiiriiuiu Inrinn ri'lllHflllil nllrri , ifill /•///•//•//
.'>.VJ U-ITUKS I'K M! I'AI'I>
Inrinii cjitfi (ircijiii't I'inn /il'ftftti . ct lit(nr«'t (n/tm.< in i/'ii/din //>'
fin>t/f)tiK .W/v//w/V. Je salno de tout inon c<rur M. de Lonne,
et serai toute nia vie votre , etc.
|)e Paris, Ic \ seplembrc 16fi5.
LETTKE DCIAXXI. -
Kiilin ccs IMM. les archiatres ont chasse le prelro Gendrou
d'aupres do la reiiie-im:re, el y (,nt fait ontrer M. Alliot ,
inetleciiide Bar-le-Duc.Ceux tie la cour disentqu'elle amende
Ions les jours; je prieDieu (ju'elle en ^nerisse. On dit (ju'elle
ira bientot avec le roi et toute laconr au boisde Vincennes.
On a fait nn grand service dans Saint-Barthelemy pour feu
M. le lieutenant criminel et sa femnie; mais si elle n'avoit
point d'ame , qne deviendront ces prieres? car pour les
cier^es , ils sont brules et consiinu's.
.!'appremls (ce 10 septenibre ) quo volre M. de Kliodes a
perdu son proces; qu'il a etc ici malade, et qn'il s'en e -t re-
tourne. Jeluifisquelques difficulties sur le testament (|ui etoit
en question ; mais comme il se emit fort habile liomme, il me
dittprinfailliblement il legagneroit.Vous le voye/: vous-nH'-nie.
lesjugesout en cecas, comme en plnsieurs, des regies, et I'u-
sage est plus certain quele caprice d'un homme(|iii plaide, et
qui vent gagner JXT pi* ff ncfttn. I'rene/, la peinedevous souve-
nir d'un beau passage qui est dans Cnn>. f'c/stt* , I Hi. S, /•(///. iv,
ct vonsv verre/ votre jeune docteur, LIT'UI /nt/cni/i, ifnin ni'/til
liubcnt . niliil tiln detwhunt.
Knlin j'ai pris anjourd'hui mes vacances , et j'ai congedii'
meseeoliers parun adieu qui les a fait pleurer. J'en ai pense
pleurer aussi , mais j'ai ci'-ans bien pis (|iie mes lectms ct la
peine d'aller an Coll/'ge royal, j'ai ceans les macoiis, ijiii
in'ont tail remuer la me.itie de nioii etude, ct nter plus dc
(i, ()()(» volumes de leur |>laee pour les laisser Iravailler a mi
gros mur mitoyen (ju'il Taut rel'aire. qui est eutre M. le pre-
\ l\l.i"\M .).) >
sident .Mi run et nioi. J 'etuis asse/ bicu >an> <•»• malheur qui
m'est sni'venu ; niais il f'aut <|iie Lucrccc devienne prophetu,
puisqu'il a (lit :
inedio dc I unit' Itfiui <(in
Sitfi/il tinitiri illiquid i/Hod in ipxis futtcibus ainjul.
Par commandement tin roi , MM. de Sorbonup examinent
tort serieusement la derniere bulle du papr. II y en a qui
diseiil <jue Ic pape la desavoue . ct tpu: cettt* hullc a etc lain i-
(|iit'e a Paris par les jesuiles, ct supposes par M. Ic nonce.
tit: frnudibiis fin/' «<( ustru: pnliticn i'sf nrs , nun (am rt'ywtdi ,
qimm fal/endi lnnnin<.'x. I^os plus iins inenent los an Ires par
le nez en ce inonde , et Ic (liable les rc.tient en 1'aulro pour cc
qn'ils valent.
l.a rcine-incrc n'est pas conlente (pi'on hii ait (Me (icndroii ;
olle ne vt;ut puint voir Alliol; il nc la louche point , c'e.sl
Bertram!, sun cliinnpen , ipii la pause, par Ic consoil
ponrtant dc ce M. Alliot , niiindnx ninn/s fiictf /inffrfnnfnnt. .le
baise les mains a M. dc Lorme. et jc suis dc lout inon ciciir
votre , etc.
De l'ari>. Ic It >oplemlu-c U'i»M.
LKTTKK DCIAXXH. I
.le viens de rccevoir votrc lettrc du -i septembre avec c,clle
dc I'incuinparable M. de Lorme Jc Ini baise tees huinbU.'ineni
les mains t:t n'oM-rai lui ecrire doreiiavant Jc dois epar-
yner a un lionnne de son a^e la peine tju'il prcml dc me
laii'c rcponse. Mais pour repondre ace ipie vous me mandex. .
je vous dirai <pie liolduc, capucin, a cent, aussi bien <pie
Pineda, jesnitc cspa^nol , ipie Job avoit la verole. Je croiroi>
volontiers quc David el Salomon I'avoient aussi I . Je connois
I'ortce /todci-i'-K* fusfi •< •//>•/>-, d j'ai vn tout cc ipi'il a I'uit, comme
1 I'J Mir ijiifllos prcuu1- poinail-il loiulcr re lie siiipulicre rro \anre '
\\. \\
.').') i I KITKK> 1)K i
aussi Pineda, qui etoit 1111 horn me hardi et enjoue, inais fort
savant. Ces grands homines donnent quelquefois carriere a
leur esprit, et s'echappent quelquefois trop. Dans Hippocrate,
au IV des Epidemics et a la lin du l'r livre des Pronostics , el
dans Galien, se voient des bubons, ulceres veneriens et la
{•onorrhee. Mnrbus rmnjMims , dans Horace, est la verole. Kile
se trouve aussi dans Catulle, dans Juvenal et dans Apulee;
on (lit meme (ju'elle est dans Herodote et dans Xenophon.
M. Gassendi m'a dit que la lepre , dans la Bible, etoit la ve-
role. Luis rt'/ww <:<iux«. cst sc<i'/-fnfto (/if/its , catja, ^I'mni^cno
ntqm\ tails acurfcfio f*f oh oinni <t'cu. Ce serpent de laGenese,
disoit un liberlin , (itoit quelquejeune dameret qni donna la
verole a Eve, et voila IB peche originel de DOS nioines , ce nous
disoit M. de Malherbe. Au nioins est-ce chose certaine, (jue la
j»rosse verole etoit fort bien connue dans I'Enrope devant (|iie
(Charles V1I1 allat a la conquete du royaume de Naples. 7a-
cutus en a fait quelque part une conlroverse, et aussi un sa-
vant Italien, nomme Fnltins I'ticlus. II y a un I'Hrunius fort
rufiorinn , oil Ton voit plusieurs coinmentateurs (jui out tons
crn (jne celte maladie avoit ete connue par les anciens. Feu
MM. Pietre, Hiolan et Moreau t'toitMit dans le nu?me senti-
ment , aussi bien qu'Andre du Chcmin , (|iii mourut a
Bruxelles,en 1033, pres de la reine-mere, et cjuictoit un
honnete h;jimne fort savant, <|iii alloit du pair avec M. .Nico-
las Pietre (l). Adieu. ,le suis, etc.
DC Paris, le 18 septembre 16(55.
(I) C.etlo grande ([iicstion dc Pori^iru- do la maladic venerienne a olc
dcpuis (iui Patin souvonl reprise el diseutee, mais elle esl reM^e sans
solution definitive, adhnc sub judicc lis esl. Eutre autres ouvragcs , on
pent consnller le savant traite de J. Aslrnc, de morbis vanereis, I'aiisiis,
1740, in-4°. 2 vol., Iraduit en fVancais par A.-F. Jault . nonvelle edition ,
a\ec de> notes par A. Louis, Paris, 1777, \ vol. in-1'2. ~ A.-.N.-H.
Sanchez, Dissertation sitr l'ori<jine do la inaladie venerienne, Paris,
17o2, in-12. - Examen liistnririiie, stir I'apparition de lit infiladievene-
ricnncun Europe , I.ishonne, I77i, in-12. A.-J.-I-. Jourdan , Traite
<-<nni>lct de la maladie, venerienne^ Pari< , 182(>, 2 vol. in-8". R. I*.
* I AI.I.O.NKl.
LETTKK DCLXXXIII. - .1
On a joue depuis pen a Versailles une comedie des mede-
cins de la coin1, oil ils out ete traites en ridicule devant le
roi , qui en a bien ri. On y met en premier chef les cinq
premiers medecins, et par-dessus le marche notre maitre Elie
Beda, autrement le sieur des Fougerais , qui est un grand
homme de probite et fort digne de louange , si Ton croit ce
qu'il en voudroit persuader.
Je vous envoie un extrait imprime des registres de Sor-
bonne , que je vous prie de donner a M. Spun , par lequel il
verra comment nos bons docteurs croient an purgatoire , et je
prieDieu queeela serve a sa conversion et au salutdeson ame.
On parle fort ici d'un seigneur piemontois , nomine le mar-
quis de Kleury, qui a ete surpi is eouche avec une maitresse
du due deSavoie, qui I'a fait mettre dans un carhot. Le roi
a fail inenaeer la duchesse de Mantoue d'une armee de
/i(),000 hommes , si elle mettoit la citadellede (^a/al cntre les
mains des Espagnols , couimeon lecraignoit. Adieu.
De Paris, le -22 scpteuibrc 1665.
LKTTHE DCLXXXIV. - .lw mnne.
On a tue iei un jeune homme, lils d'un president de (ire-
noble, nomine Lescot ; eelui (jui la tue est en prison.
Le premier medeein du roi d(> Hanemark . nomine Simeon
Pauli , (jiii a ci-devanf fait imprimer divers traites. m'a
mande (|ii'il fait impi'imer un livre. </r !////>•« tnlmri , ipi'il
ma di'dit' ; je le rec'.'vrai bientot. Son lils eluit ici Ian
passe nn de mes aiiditeurs ; e est un ellet de pure ainitie,
de gratitude, et , eonnne disent les Italiens . de gentillesse.
II me eroit ineilleur (|iie je ne Miis. taut sun tils lui a (lit dn
hii'ii de llioi
La Sorlxiniie ot aiijinird'lnii foil reiinie , el Ions lr> >iijc|-
,V)6 I.I. ITU1'> I)K i
loyolitiques y soul tort abaisses. Les janseuisles y romouti-nl
MIC lour bete, et les jesuites on sont ibrt eloignos; la coin- y
lieut la main, et ponsse con Ire la protondue iufaillibilito (In
pape, qui n'ost pas anjoiml'hni en ctat do so relevor <lo ootto
attaque eoulre trois puissances ad versa ires, (jui soul le mi, lo
j)arlement et la Sorbonne.
Le rui parle d'une annee de l.VOOO homines de pied ot do
10,000 chevaux , qu'il vu approter pour s'opposer a eenx qui
se remnent. On anginonto ciuuine regiment d'un tiers, c'est
ce qui fait sonpcomier la guerre tout de bon.
On. dit (]tie la these de Sorbonne, laquelle a excite cello
(piestion du purgatoire , out infaillibleinent ete consureo a
Home, si MM. du clerge lie 1'eussent approuvee, comme ils
out fait, en recevant favorablement la benigne interpretation
qu'on lui a donne'e, telle qne YOLIS verre/ par I'imprime que
jo vons envoie. II y aura bientot en Sorbonne une graude as-
seinbloe, dans laquelle on deliberera de fa ire un uouveau
syndic, on de eoutinuer cclui d'aujourd'hui, (jui est M. de
Breda, cure de Saiut-Andre-des-Arts; on verm la (jiiel credit
do resle y a LI rout les rove-rends pores jesiiitos. Le roi ost al-
Icnduce soirdu relonr de son voyage; dans pen il s'ou vaan
bois de Vinoonnes jus<ju'a la Toussaint. Le dessoin ost d'y
inener la i-oiue-iuoro, laquelle a souvenl de mauvaises units
ol dos songes faclieux. C/est uu beau petit traile (]iie celni
(jii'ltippocrato a fait dos songes; vous y trouvere/ ee (juo jo
jionso, ot (]ue jo n'oso vous eerire. On a nettoyo les fosses du
chateau a ce desseiu.
On joue preseulemenl a 1'hotel do Bourgogno l'A)ii<>/n-
iiKihuli' ; tout Paris y va en foule pour voir representer los mo-
decins do la cour , et principaleinent Ksj»ritet (luenaut , avec
dos inasquos fails tout o.xpres ; on ya ajouti- dos Kougo-
r.iis, olo. Ainsi on so UKMJUO do coux (jui tuent le nionde im-
punemeut ( l).
\ i Al.c.oXKI. .'»;>7
Si vous savii'/ en quel eta! je sui>, vous auric/, sails doute pi-
lit? demoi. J'ai ccans des mucous qui in 'out fait tanlot remucr
toute inoii ('tude; il n'y a presque que les livres de inedecine
anxquels il n'a point etc brsoin de toucher; mais je ne sais
ce (jui en sera a I'avcnir. Je me console des plaintes (jue fait
Joseph Scaliger dans sesEpitres, lorsqu'il se plaint des impri-
ineiirs (|ui travailloient a son Kusebe. Je vous baise les mains,
et suis de loute moil ame votre, etc.
Do i'aris. Io2) septembro 1(J(»i>.
LKTTRK DCLXXXV. — .\n mtmp.
Mon lils aine est revenu de Bourbon, Dien nierci. Je vous
rends j;ra(!es de I amitie que vous a vex. pour nous , et de la
cliambre que vous lui aviex. tail prcparer, s'il avoit pu aller
ii I, yon. Votre coniplimenl el volre courloisie me font
•lio-ltallt-l , (lonnee t'n KMio. Kst-il l>esoin de rappclor <|iif sous les iiotns
j-.recs de Tomes , Uesfonandres , Macroton et Ilahis , Moliere lourne en
ridicule qnatre nicdecins tie la cour, des Koiifferais , I'.sprit , (iiienaiit
fl Daquiii .J(_)Vsl lioilean (jui eomposa. dil-on, el adapla les uoius !;rei>.
niiirquant le caractere de cliacuii de ces uiedecin^. II doitiie a des l-'ou-
j'.crais lenomde Desioiiandres , qui si^uilie Incur d'l,oinines : a Ksprit,
qui brcdouillait, oelui de Ualiis, qui siguifiejo/^Kmt, alimj/int ,• Macro-
ton ful le nom qu'il donna a (iiienaiit pare*1 qu'il parlail foil lenle-
inent ; enlin celui de 'I'omes. (jui si^nitie un saiifttetir. ii Daquin qui ai-
inail bcaucoup la s.uVnee. (hi ^()it (|u<' la coinedie toiichait ici de Ires
pre> a la satire, (ini I'atin >'en r.-jonit parce qu'il ne s'aj;i>sait (|iie de>
inedeoins de la cour ; aurail-il jiriise de incnie lorsijue peu d'annees
apres parut le Muliule tinaijinaire , celle allatjue tlirecle el lonnelle
fonlre la inedecine ? An re>!c , comme je I'ai dil aillenr> . il e>t cruel
que Molieio , dedai '.iiant les nicdecins, ail reluse tie crouc an\ coii-
>eiU qii'iN lui dounaient,et notaninienl le docleur .Main illain son ami :
1" de ne point quitter I'tisa^e du lait ; •!" de ne plus jouer la coinedie ;
^5° de ne pas reprendre sa leinine, celle vlaii^eieu^e coquette, dre.-inde-
Armaiide-Bejarl. II ne Derail |>a< niorl ;i ciiu|uante el un ans , el nou*
aiirion- en de- clier*-d''i'ii\re di> |>!il-. I?. I'.
/>.">8 I.KTTKEs UK (.11 I'ATIV
souvenir de ee (jut1 mo raoontoit autrel'ois leu M Nicolas
Bourbon , do Bar-sur~Aube , (jui mourut Tan 1(544 , lo inline
join quo lo bon pape Urbain VIII , age de septante-six ans :
e'etoit un liomnie qui savoit tout , et qui otoit d'un admirablo
eiitretien.
II me disoit done (jn'lsaae Casaubon n'avoit jamais vu
.losoph Sealiger, et neanmoins cos deux grands hommes s'en-
tr'oerivoient toutes los semaines. Casaubon out plusienrs fois
envio d'allor on Hollando pour y ombrassor son bon ami ,
mais il arriva toujours quelque chose qui rompeoha. 11 avoit
mis dans une bourse do velours 20:) ecus d'or pour fa ire son
voyage. Scaliger le desiroit et I'attendoit fort, mais oe voyage
no so iit point. Jamais cos deux bons amis, qui etoient les
deux premiers horn mesde lour temps, nose sont vus. Scaliger
lui mandoit (pi'il lui avoit fait proparer uno belle cbambre :
Tul tuiHcn cttiun t'i'it ni'hilrii hi mcdin liijonc ri'iilrr, tjiinin ln-
cnlanto foco expuf/iittuHHUS , tjtii niim/itum dc.ficict in fiilncnln ,
ijnod tibi udoniabo : quad fini/cn indttun, jti'it'tcr ti>, ui'iiinni'iitntn
liiiliebit. Co sont les termos do Scaliger on sos opitros.
M. Nic. Morin, dont vous me parlez, est doeteur do notre Fa-
ciiltodo la licence demon second tilsCarolus.on i6;Vi. C'est tin
lionnote liomme bien savant ot <pii l)oit volontiors du moilleur.
M. lo prince do, Conti me ;;emblo fort dolicat ; jamais la \io do
personne no m'onnuya, mais jo n'aurois jamais cru <|uo oe
prince I'eutfaitesi longuo. C'ost un do mosotoimomonts parmi
tant d'incommodites qu'il supporto. J'ai vu ioi dos liovros or-
ratifpios ot cmelques (juartes, mais il y a pen do malades. (^e
jeune moderin , (jui a ici perdu son pwoos, no fora jamais
miracle; il a sa bonne part dans la .Wfftmoi'ji/Hjiif.' <!<> run' il'nr
d'Apulot!. II croit avoir bonne miiu1, mais il est charge de
mauvaise oouleur. Je saluo I'incoinparablo M. doLoi'ino, ot
suis toujours votro , etc.
De Paris, lo li urlolnv HMi">.
\ FALCON KT. D.»9
hKTTKK OCIAXXVI. - - AH >„>•„,<:
On clit quo la reine-mere est inieux, et qu'elle a muins tie
douleurs. Mais c'est par le moyen des narcotiques que je con-
sidere la conime des veninsqui etoulferonl le peu cle cbaleur
(|ni lui reste a 1111 age si avance. Louis Duret en a fait un bon
el savant chapitre : c'est un des plus tins points de noire pro-
uostic. II ne I'aut pas se tier a eelte bonace (|iii n'est peut-elre
pas eloignee de la tempete.
J'ai aujourd'bui rencontre un nomine M. (irisi,qui venoit
de Lyon, et (jui in'a fort parle de vous , que vous etie/ le iiie-
decin de 31. I'archtivetjue et de son conseil.
il in'a aussi parh'Mle M. Mo/e , 1'apotljicaire , qui me prise
fort , a <.'e qu'il dit , sur (jiioi je lui ai repondn <|ue je in en
etonnois, vuqueje n avois janiais rien fait pour me fa ire es-
tiiner de ces MM. lespharmaciens, que je n'avois janiais or-
donne de bezoar, d'eaux cordiales, de theriaijue ni tie ini-
thridate, de confection d'hyacinthe ni d'alkernies, de poudre
de vipere ni de vin emetique, de perles ni de pierres pre-
eieuses, et autres telles bagatelles arabesques; quejaimois
les petits remedes qui n'etoient ni rares ni clitns, et(|ue je
faisois la niedecine le plus simplement qu'il in'etoit possible.
Arlcin prufiti'inur sulu((U'o/i <-f bcnuficnin , nun i>i'd'dati'i<:i'>n >'f
loculwuni cntuiH.'lr/ca/i . Vous entende/ tout cela inieux (jue
nioi. Uuoi (ju'il en soil, les apothicaires de deca se plaignent
fort et out raison ; ear ils ne font j^uere de choses et }>res(|iie
rien; mais c'est encore plus (ju'ils ne meriteiil : s///// /////// m-
tjiutximi wlmlont.'s ft tm'iHssinn fiifrnnifs, utiwri iii'iii'/mni'it ,
si/rt/jitixfrt* ?t jnlti/iisffi' , eoninie les nomine noire Joannes
(i uinterius Andernaeus , qui etoit medeein He Paris de la li-
cence de Kernel (I I
1 Joan Gonthier , ne a Andcrnach , dan-* farchcvocjif il«> Colo^no.
t-n 1487. fill MM iiu'-decin trc* distingue do la faciilto dc Paris II s'a-
doiuia tclleiiKMil a Panaloniic , qiril CM tnl rej-.ardf romiw !<• r«"ilaiira-
j()0 I.I:TTUK.S DF. <;n i>\n\
II moimit iei bier un des e.onsoillers do la cbambiv de jus-
tice , nomme M. Heraut. II etoit du parlement do Itrelagne.
I'/etoit un de cetix qui opina a la mort eontre M Kouquet; et
rieanmoins voilala ohainbre renversee, it est mort lui-meme,
et M. Fouquet est plein de vie. O'estce (jii'a dit autretbis Se-
neque , qu'il y a eu des gens qni out survecu a leur bourreau.
Vnlr.
!>e Tarts, lo 13 oolobro IfifJJi.
I.KTTRK DCLXXXVII. .t// mf-inc.
M. Anisson est-il encore en proces pour rette inaison des
rhanips (|u'il a aelietee , ponr laquelle il a fait deja deux
voyages a Paris? Je prie Dieti qu'il en sorte a son profit , et
(|u'il me tienne sa parolt; pour des rnanusmts de (iaspar
Hofman qu'il m'a proinis d'iinpriiner : c'est un livretres lion
et precieux coinme de Tor
M. le cardinal Antoine, grand aunionier de France . est a
Home ; le pape y esi fort inal et tout cadnc. !.e chevalier Her-
nin s'en est retourne a liome cliarg*'1 des lilx'-raliles et des
bonnes graces du roi.
On parle encore bien Ibrt dr la pi^ste de Loud res , qui no
s'apaise point.
J'ai aujourd'liui consulte [tour un gentilboinine nonnand ,
qui est accable de quatro lerribles acc/idenls , lievre quarto,
bydropisie, epilepsie el |)litbisie. .It1 me souviens d'avoir vu
tt'iir a rUniversite dc 1'aris. (?cst Ic colebre Winslow i|ui lui <le-
ccina oc litre glorieux ; Primus anatomx? in Academid Pansiensi ,
restuitratoi', Guinterius Ande.rnacus (tlitiso 1717). An. ex analonn'
subtiliori , Ars meil.ca cerlior '.' .AHirin. On sail (|iicl inagnifiquc os^or
ct-s progres de 1'analoinie donuercnl a la chirurgic. Goiithier,d'Au-
dcrnacli , comble do j'.Ioirc cl dMionnmrs, niourut le \ octobre li>74 .
;l>'t» d<* tnalre \ iii.',l--rl ;in>-. H. I'.
V l-'M.»'.n.NKT. ',(>|
memo chose anlrel'ois on lino antre consultation que jo Us
avec M. Moroaii, I'an 10-11, pour 1111 I'roveiical chevalier de
Malte. Hippoerale a fait mention d'nno rencontre presque
pareillo en ses Conqnoi, ou Louis Dnret n'a point manque', sui-
vant sa coutnme, d'en la ire un bon eommentaire. Vons, 1'ad-
mirable M. de Lorme et moi , nous en lerions aisement le pro-
nostic, /»/x gradibusitur ad requiem sewpiternfnn. Je vons liaise
les mains , et suis de tout mon ca'iir votre , <MC.
|)c I'nris , IP 24 oclobre
LKTTRK DCLXXXVIII. - .\n „„'•„„'.
Je vous ai onvoye liier une lettre pour votis , nne pom1 le
revf'rend pore Compain , et nne antre pour M. Spon. Notre
M. Piotre so porte mienx et commence it sortir: mais vons
save/, que ce mal est periodique et (jn'il revient aisement ,
meme lorsjju'on ne I'attend point , <-*t fif/cr/n* </rn(///fi/i.s <-r
ft/mil fti/'is: il n'esl pas le premier de sa race qni en a eteatla-
qne. ("estce mal pour le(|uel Jean (>raton I'aisoit vu-n ;i Dieu,
alin (Ten pouvoir apprendre la vraie cause, c;t le remede pa-
reillement, avant (jue de mourir (l). Ilippocrate en a tail un
li\Te (ju'il a intitule : dc .Vnrlin xm:r».
I n capitaine du regiment ro\al m'a (lit anjourd Imi vpi'ils
n'attendent cpie I'lieure dn coinmandement pour partir et
s'en aileron Hollande y tronvor les autres tro-upos, maisqu'ils
no savont si on ne l<\s enibanpiera pas pour alter a leur ren-
de/.-voiis destine. On ne sail point ici qnel dessrin a cet eve-
qne de Minister ; mais on (lit <pie le roi d'Kspaiiiie d'aiijour-
V1 (le Jean Cratun don) Ic noin di- laiiiill.- rlait (liallt. tut un uic-
(K'ciu r.clebre «lu 10' sieclo. II a ocnl IIM j'.raiul iHiinlirc d'omra^c-J.
II nnmml Iros ;!;',(' en l.'iSi). I! t.uil le diro , --(Hi clern'u'r \<IMI i\\\
pas (Mo cxauce ; I'ppilepsii1 <•*! fin'on- unc tn.il.idic inconniit* (iaiix ».i
i'au«c el dans MIII rciiKMl,-. It. \\
;')(>•> I.KTTUKS OK t.lM I'ATIN
d'liui est mi petit prince iltiet el bien delieal, duquel on
n'oseroit esperer line longut1 vie
On dit que ties marchaiids anglois se sunt plaints a leur
roi conlre nous, inais <|n'il leur a repondu qu'il ne vuuloit
en aucune tacon entrer en querelle ni en guerre avec le
notre.
Le pere Labbe, jesuite, fait ici iinprimer un beau recueil
d'epitaplies choisies , latin, in-octavo; et M. H. Arnauld
d'Andilly, frere de 1'eveque d'Angers, comrr/e arssi de ce
Ires savant doctour de Sorbonne (jiie les jesuites baissent
taut , fait ici imprinter sa traduction de Flavins Joseplie, ///.-•-
ioire des Juif's , ou des Antiyuitpsjudaiques. iNous verruns , si
Dieu veut , comnieut il expliquera le passage dc C/n'isfo , (|iii
se lit an cliapitre l\r du dix-huitieme livre, (jue tons les
savants et vrais criticjues assurent y avoir ete ajoute, ct tun-
qwmi ineptwu ylossetntt , irrepsisse in taxtion ; niaisil y a long-
temps, il laut que c'ait ete avant le temps de saint ,ler6me,
par quelque calard, veritasmon ctjct i/icndncio. Je vous baisc1
les mains, et suis de tout mon etieur votre, ete.
De Paris, le 17 novembre 16(i5.
LKTTKE DCLXXXIX. — Ait memc.f
Voiei une nouvelle nouveaute : un lioimete bomme m'ace
matin apporte un present de la part de 1'auteur, (|u'il ne m'a
pas encore ose nommer, -2 demi-feuilles de papier imprime
sous le litre: .\ont'cll<'x .sw les sciences pour inerct'edi JS n<>-
rnnb/'t; 1GG6,/^"/' l>. /'<• !>• A.VCC pricitt'ye (In /'<>/'. II n'a parle
lii-dedans (jui1 des cometes et du lait. Je crois <m'il aenvie de
prendre la plac.edu Journal drx S</c</n/x , <jui a elc ari'elc des
le troisieme mois, lanl sur les plaintes du nonce du pape el
des jesuites que par les conseipuences que quelques uns
tiroient , de ce qu'ils prenoient le cliemin de juyer avec Imp
A FAU.ONE1. Ob.'i
(It1 Miperbe de Uuil ee qui paroL^oit en lunherr. C'eloil M. de
Sallo , conseiller au parltment , quienaxoil le privilege , el
qui , a crqu'on (lit , esprre d y revemr ft dr lane lever les
defenses de coutinuer, qui lui furent siyniliees des le inuisde
mars dernier. En ce eas , nous lie manqueions point de ya-
/ette de toute facon. Voila la leeondile i;es r&pi ila <ie France;
plut a Uieu que 1 on aimal autanl la probite el 1'equite, el
(jue 1'on lit autant d'etat de ('innocence des mu-urs que de
cette nouveaute , de laquelie taut de yens sonl li lands. On ne
parle plus lantol iei que de nuuce(uit<:s et d u/-ycn( , \oila les
deux charbons qui echaullent aujourd hui ies esprils de la
plupart dfs homines , uurua mr nunc aun( xccula. Dieu soil
loui- de lout !
Les Anylois, coinine les plus foibles, qu'il soil vrai ou non,
semblent s'etre retires dans ieurs ports; et les Hollandois ,
eoninif les plus lorts , font mine de ne rien eraindre , et sont
fort pie.- de lalainise; et neanmoiiii> on croit qu ils trailent
ensemble des moyens de s aceoider , el je pense que ee seroil
bien lait pour 1'un et pour 1'autre , sc/njji'i' citim fail UHLTJ/S et
dubius belli tccidus.
Je viens d'une consultation avec un medeein qui m'a (lit
savoir de bonne part que la reine- mere empiie fort, et que
M. Alliol est un ell'ronte charlatan, bien ignorant el bien im-
pudent. M. Seyuin n'y a yuere de credit ; Valot et Guenaut
n y en onl yuere davantaye, nml<: nad/unl ujtitd r> <j> m aultci
is/ 1 uytji'tn' et cc/'stficllcs iiicdieastri. Les prmcfb sont bien
malheureux d elre en de si mauvaises mains , en1 tilit terra,
tn ytiu jj/'tnctjjes ((tut fuetlc dectjjtttntu/', et in <j(«' media tain
I'tirdc dentfjtunt , atij^tu: dcctptunt rttmit ju'c/tripc* ct/'/is.
Le parti de cent di\ millions e^t tout a-lail ivyle et arrete,
il comnience a s'exeeuter : on a siymlie plusieurs taxes a (juel-
ques particuliers depuis trois jours, et on ira dorenavant en
continuant jusqu'au bout , a ce <jue me vient de dire un hon-
nele humnie, el un dr crux qui out eulrepris ce parti , et qui
.MM i. TURFS DK '.n I'ATIN
parle do traitor rndoment tons coux qui scront taxos , et au\-
quels on fora bien trouver do I'argent s'ils ii'on doiinonl.
M. do Alarillao , gondro do M. do Charnpigny, (|iii est an-
jourd'hui votro intendant , n'e>t point anx grands jours d'Au-
vergne; il ost ioi, on il fait sa charge an grand conseil , memo
durant rabsonce de M. Bailli, son eoinpagnon d'of'lico, (jiii
a <Ho envoyo on Champagne, a son abbayo do Saint-Thierry,
pour disgrace lorsque M. Fouquet fnt juge.
Je vons snpplio d'assin'or M. do Lormo <jiio jo Ini sonhaiti1
une belle vioillosse , avec line entiore privation do tons les
symptomes (jui suivent oidinaircinent ce grand age , et qni
out fait dire a Salomon, iff ex isff nun />!<ict'/>f , et au bonliomme
Plante, undo ini'i'.r , ma/n /rftix. Dieu le venille bien conservor
longtemps.
En continuant les taxes snr los gens d'affaires , on lours
heritiers, on a signifie a madame do la Cour-des-Iiois nno taxo
do 6, COO, 000; son niari ost tin inaitre des refjuotes , (jui a
pour snrnom (ierard , honnne fort riche, Ills du procuronr-
general de la cliambro dos comptes. Mais co n'est point tie la
([ue viont la taxe, c'est do Ion M. (iirardin, Xonnand , grand
partisan , qui (Hoit son jd'cniici' niari ; on on a paivilleinenl
signilio uno a C.atelan de 0, 000, 000 , et nno do -2^,000,000
pour los trois tresoriors do i'opargno ; a la vonvt> Bonrau
,1,r)00,()00 livros. Jo crois quo Ton on iinprimera la lisle. Jo
vous cnvo'u! un catalogue nonvoau do nos niodocins , ijiii ost
a la nouvolle mode, \tile i/xytte nd octiduwn, <'t itfinttm nu'-
lioi'u. .lesuisdo touto inon aine votro, etc.
DC Paris, Ic \'.\ novombro 1 (»(».'>.
LKTTIIE IHAC. - \nt
IA contiiiuo do vous ooriro, co \4 noveinbro . on attendant
'il nnu< vicniic qiioiquo boinio iumvollo apros (mil dcnian-
\ !•. \l.t.o.\K ! .*)().*)
vaises. I'n benelicicr niilaiiois, qui a quantite de reinedcs en
sou esprit , s'est presente pour guerir la reine-mere, et pour
prendre s'il pent la place de M. Alliot , qui u'a guere de credit
a la cour ; je ue sais ce qui en arrivera. On parle de trois dues
et pairs nouveaux, savoir, de MM. les marecbaux de la Ferte
Senneterre, du Plessis Praslin et d'Aumont. On dit (pie le roi
viendra bientot au parlement pour t'aire verifier les taxes que
1'on signitieengrande quantite a plusieurs particuliers, par-
tisans on heritiers de partisans, et aussi pour la polette. On a
signilie une taxe de 1,600,000 livres a M. du I'lessis (Juent'1-
gaut. 11 est secretaire d'Etat; il a repondu qu'il abandonne-
roitsa charge pour sa taxe. M. Nicolas Lambert , inaitre des
comptes(et frere aussi bien qu'lieritier del'eu M. Jeau-Bapliste
Lambert, commis a 1'epargne sons M. Fienbet , a reen deux
taxes, une de 200,000 livres, et 1'antre de 1, ()()(), ooo. II a
beritti de ^i,()00,000 de son I'rere : il est tils de la su-ur ain«'-e
de feu M. (iuillemeau le medecin. M. Longuer, aujourd'luii
grand audiencier, est taxe a ^00, 000 livres ; la veuve Gi rani in
a 4,000,000. I'ne dame m'a dit ce matin , IS Jiovembre , qur
Ton comptoit bier pour SI), 000,000 de taxes signiliees. Dans
I'ile Notre-Dame seule, on y en eompte pour S, 000,000. II \
a nn (piatrieme due et pair, qui est M. de Montau/.ier. M. du
Plessis Guenegaut a ete menace. S'il ne fait ce qu'mi desire de
lui , on vent qu'il premie une abolition , ce que son conseil nr
trouve point a propos qu'il fasse.
Voici une autre nouvelle de menu1 nature. On dit (pietr
n'est point la chambre de justici; seulenuMit ([iii fait les taxes,
que hi roi miMiie i-t la cbambre d'en bant en font aus>i , et
(jtie h1 roi en fait signilier a M. dela l''erte Semu'terre une de
ISO, 000 livres. et une pareille ;i M. de Mondejeu, gituvei'iitMir
d'Arras. autrement dit le mai'ecbal de Selmlendjerg. On
parlf aus>i de mademoiselle de (Ibavigny et de sa lille, qui
esl veuve dn mai't'-elial de ('lerembanl. On parli1 de M le ma-
n-dial d'Kstrees. On dit ipi'il y aura plusieurs i onseillers de la
com1 taxt's qui out trenipe tlans les pai'tis, ipu- les tniis In'--
*>(>() I KTTItKS I)!. (.(
soriers do I'opargno sont taxps a 22,000.000 , el qup p'pst
(I'line reserve qui n'entre point dans los 110,000,000. Tl y a
tin autre pretendu traitant qui s'olfre do prendre OP parti do
1 10,000,000 , et le fairo monter encore imp fois aussi haul ,
pourvu que le roi lui veuille donner la permission d'executer
son dessein. J'ai pour quo eolui-la no cberobe quo lo moyen
do s'eriger en bourreau ou lo dernier ecoreheur dps cbretiens.
II me somble quo M. Boissat no fait point bion do s'engager
pour la nouvolle edition des <vuvres do M. Meyssonfer. (|iii ost
aussi fou a Lyon qup notro Cl. Tardy 1'ost a Paris. S'i] lo fait,
j'aipour qu'il n'en soitmauvais marcliand. Pour IPS rpuvrosdu
P. Thoophilo Raynaud , on n'on voit point ici. (Juelqu'un m'a
dit que les pores no veulent point qu'il soit mis en vonto , si
premierement on n'on refait boaucoup do feuilles (jiii lour de-
plaisent. Voilaune tyrannio bien Brando sur les esprits dps sa-
vants et sur les ecrits des bommes morts. Jo n'en ai du regret
(jiie pour M. Boissat, qui manque a iiagnerot a distribuer son
grand onvrage par tout le monde ou il y a des eurionx. Jainais
jo n(> 1'acheterai que Ton no me Iburnisse les feuilles retran-
chees : c'est peut-etre le meilleur do tout IVtuvraii-o, ot j'en
ai bonne opinion , puisqu'il deplait ;i PI\S hons pores jtasse-
lins , niiji'ii. rii/torx
Nos troupes sont passoes au-dela do laFlandre, et ontdoja
fait pfiur a l'ev<V|ue do Minister . <pii ronile et qui aime mioux
s'aceorder. L'hiver proeliain rouvera dps (pill's do quolque
autre guorre. Ql|'(ist devenu le traito du pore do saint liigaud,
df nfrofjui' f-nmt'tn ? Jo vous baiso les mains, et suis do tout mon
cauir votre , etc.
De Paris . lo 20 novembro 1Gf>3.
LETTHK DCXCI.
.If vous dirai quodopuis ma dornirrp dn -.M) novembre , IPS
trois trosorioi's dp I'ppai'u'iip. qui sont dans la Bastille, <>iit nn
A KAI.CONK1. ~
pen plus de relaeho et Jo liberte, ft qu'ils sont visiles dr
leurs parents et amis. Neanmoins on Hit qu'ils sont taxrs a
22,000,000, M. Jaquier a 18, ot Ins deux Monorot a 13. Mais
co n'ost pas tout do los taxer, il faut tronvor lo moyen do los
f'airo payer.
Nous avions ici un certain Provencal , nommo Joan Mauriu ,
anssi mediant qu'uu Mauro. II f'ut rocu dans notro Faculte 1'an
1640, et est mort il n'y a que deux ans. II nous a laisse un
tils nomme Raphael , qui f'ut recu doctour il y a quatro ans.
Co fils avoit des benefices qu'il a vendus plusieurs f'ois , ot
tantqu'il a pu. II s'est marie a la fillo d'nn j)rocurenr qui
n'avoit guere de bien. Elle ost inorte do misero et de roprot
d'avoir epouso un Iiomme qui otoit un ofrango compapnon.
Cet Iiomme s'est fortement ondetto ot s'ost fourro an bureau
des Indes orientales pour y avoir qtielquc cmploi 11 a <''{<• rorii
en qualito do modocin avoc esporanco do (|iiel(|ues pages; • t
comme Ton disoit qu'il partiroit bientot . Jin niarchaud I'a
fait arreter prisonnier, t-t il ost aujourd'hui an rjiiartier du
Temple. On lui demando environ 1 ',000 francs. No voiis
semble-t-il j>as qu'il faut otre Provencal pour savoir jouor
tant desortes de personnages?Ulysse, dans Homere, so dopui-
soit et n'osoit dire son nom a celui qui lo lui demandoit ;
1'autre , de depit , lui dit : V<i, rof/uin , jp fr nmnois , ji> /v//.s-
bten flc (]iicl f)fii/s fn PS : fn >'/<'»s ftp rrtfp fp/-rp nnirc iin! tinnrrit
ffint dp chfirlnffirts pf ft'tnijtostcura. No pense/-vous pas (jno or
soil le pays d'fidfeusins? Jo lo croirois volontiers. Jr suis dr
tout mon cneur votro , etc.
DC Paris, lo 2i novembre 1fi6;j.
LKTTHE DCXCI1. — AH mtmc.
\IHIS u'rutos hior, co •> dociMiibro , lie moi qu'une |>age de
nouvrllrs, rncorr n'rtoienl -ellos pastro|> lioiiiirs ; car olios par-
,')|)S I.KlTIU--> UK lit I l'U'l\
loienl des taxes, (It; la guerre , el .quo le roi iroit au palais, ct
dp fait , il v a etc ce matin, oil il a fail rceevoir cinq dnc.s et
pairs, savoir, RBf.de Bouillon, du Plessis-Praslin, d'Aumont ,
de la Forte SonuoteiTo et de Moulauzier.
Co memo jour, la ohainbi'c do justice a envoyo garnison
(I, ins vingt-cinq maisons do ooux qui avoienteu dcs taxes, ot
lo lendemain , M. lo Tiller, ci-devant conseiller a Met/, puis *
inailro des reiHuHos, par apivs intendant des linancos, oiilin
rccevciii' dt's consignations de MM. du parlement, a fait unc
t;rosse banqueroute. II y avoit unetaxesur luide 900,000 Uv.
(.)ii a ct! matin scello die/ lui par ord rede MM. du parlement;
j'en ai regret pour lui , ear il m'a'unoit; il avoit ete un de jnes
juges lorstpie je def'eudis notre Kaculte , Tan 16-12, avant la
mort du cardinal de Kichelitui , fn phiidant moi-meme, et re-
poiidant a deux avocats cohtrerinfame menteuret imposteur
T/tf'ojthrtiste, on plut(')t Cacophraste Renaudot, ce vilain ne/.
poui'ri de ga/etier. (Quand le savant philosopheet bon mt'1-
deein Thomas Krastus, parle conlre le roi des charlatans, il
I'appelle f'finyi/u-uxfi/x. Yoyo/ ce qu'en (lit Sennert, lift. <!<•
cottxatxu c/iiinicoru/ii , ete. II y a la de belies choses et bien
ciirieuses dc I'liriwdtu , rn/i. iv.) La banqueroute de M. le
Tiller est de 8 millions.
M. Leelere de Lesseville, evequo de Coutauces depuis pen
d'annees, est mort subitement; il avoit regente en j)lnloso-
phiedans ITniversite de Paris; il etoit docteur de Sorbonne,
abbi! de queUjues bonnes abbayes, mais debauehe. II avoit
»''te conseillei1 de laeour, th^ la cinquieine des enquetes, <pii
est la ebambre deM. le jii't'sident Miron.
Laeour a donne un arret qui dt'lond ('ommercc avee eeux
de Calais, a cause de la peste t[iii y est, avcc injoiictioii aux
autres villes d'arnHer tout ce <jui en pourroit venir 1 . ,lc
(1; On consiiltorji sin cello Brando question de la jiesle \c remarqiia-
hle llu/i/ioil /nil it I' . \cdtlcniii' royale <h> medecine , stir In pesle rt lc*
(judriintd'tics \liullciin dc I' Academic royuledc tnedccine , I'ari.M, 18i(>.
I. XI , ]);>[;. oi.'i el >uiv,N. ' l\. I'
V lAl.CO.Nht. M).'
ih baise It's niaiiks , el la bibliotheque vivante , M. de
Lorme. M. Morisset est en liberte, mais Raphael Maurin n'y
est pas. Clarissiinuin S/juniuin nostrum mtlutn. Je vous prie de
lui dire que j'ai re(;u sa lettre , et qu'en attendanl que je lui
t'asse reponse, je lui recommatide le petit paquet pour M. Vol-
cainer, medecin de Nuremberg. 11 y a aujourd'hui vingt-trois
ans (|ue mourut le cardinal de Kichelieti , qui nuns laissa un
tres inechaiit successeur. (Jn peut dire de ces deux homines :
Sarcli venaics , alter allcro ncqtihn .
M. de Bussy-Rabntin, <|iii a I'ait l'///.s/o//r uHioureusc di'f
(inult'fi, pour laquelle il a rte, par coniinandemeiit du roi ,
mis dans la Bastille, en sortira demain. Notre niaitre des
Fougerais est canonise dans son livre en deux endroits,
en vertu du sennent dece (ju'Hippocrate a dit : Mulifri />/•<' -
f/imnti rciiieduin abort icum nun dalin. A bon entendeur saint.
Je vous baise les mains , et suis de tout rnon cu-ur votre , etc.
DC I'aris, lo 4 deccmbre Kitto.
LKTTKK IH'ACIII. - An »<>'•<„<;
Ma derniere t'ut du \ de oe mois , jour remarquubiu par la
mort du cardinal de Richelieu. On parle ici de la peste <lc
C.alais et aussi (ju'elh; au^mente en Angleterre. On dit qu«i
nous n ani'ons point de jjuerre , si ct^ n'cst la.
Li's iirands jours d'Auveriine out i'ait couper la tele ;i uiii'
ccrtaine madame de la Calj)renede, qni avoit en on sa vie
divers maris, mais accusiH; d'avoir empoisonne le dernier,
<pii eloit nn gentilhomme ^a>con , (jui parloit bicn et <pii
avoit fait des roinans , et cnti't' autres f'/ifu-tiniinifl .
M . le president de Noviou esl tort malade a Clermont. On a
envoye vers le roi savoir ipii presidera en sa place, oil le
570 I.KTTKKS I)E 1,1 I P.\ll> •
plus ancieu conseiller de la chambre, on un maitre des re-
quetes. Dieu veuille renvoyer la sante a M. de Novion , e'est
tin fort honnete honnne ; il u'est pas encore temps de mourir
pour lui , car j'ai bonne opinion de sa fortune. M. Blondel est
ici son medecin , pent-etre qu'on 1'y menera.
Onparlc icide quelques taxes nouvelles surquelques grands
seigneurs qui out participe, durant ledesordre du royaume,
it des levees de deniers; on les poursuivra (trticmv reprtundn-
rutn. On dit que Fete prochain le roi aura 500,000 homines ,
savoir, 300,000 pietons et 200, 000 cavaliers. J'aimerois mieux
qu'il n'y cut point de guerre, et que tout le monde fut en re-
pos, Les trois ambassadeurs que nous avions en Angleterre
en sont sortis , et sont ii Saint-Valery, ou ils font leur qua-
rantaine. On dit que le roi va rabaisser le prix de Tor, que les
pistoles reviendront ii 10 livres , et le reste en proportion.
Le pere Lahbe fait ici imprimer un livre qui sera bien cu-
rieux ; c'est le C/tronologiste frnnwtis , nbr^f/f' chrnnnloyique dr
t'ltixhiirc Kiirrf'f ft jtrufntic, 5 vol. in-douze , dont les deux
premiers sont ah .\tlnnm ml (.'/trisf um , et les deux autres a
(.'/in'xfo ml nottt'ti tmnjioi'ii • nous verrons lit connnent il aura
accomrnode Joseph Scaliger et le pere I'etau , et concilii' les
diflicultes de 1'histoire sacn'-e avec, la j)rofane. I'll jesuite ni'a
dit autrcfois qu'il en avoit voulu ecrii'e en latin contre tons
deux, inais (|iie ses snpi-rifuirs Ten avoieut empt'che. C'est
peut-etre qu'il favorisoit Joseph Scaliger plus que le pere Pe-
tau , coniuie il me 1'a temoigue fort ouverteineut. Je vous
baise tres humbleinent les mains, et suis de toute mon ame
votrc , etc.
l)c Paris, le 8 deccinbro I6fi5.
LKTTKK DCXCIV. — Ai
On parle tort ici d'uu certain pere le (Merc , procurenr-ge-
ueral (Irs ji'siiitcs , (|ni lenr a jonc tin I'trange tour, et apres
\ FALCONET. 5>~!
avoir amasse boatieoup d'argont s'ost onr'tii. Mais il n'a pas
ote bien loin , il a ete reconnu et arre'to. Jo pense qnoce bon-
bomme avoit le (liable au rorps do vouloir trompor les
jesuites.
Je salue I'incomparable M. de Lorme do tout mon cauir.
J'ai reeu deux de ses lettres , auxquelles jo forai reponse.
Jo no manquorai pas do parlor de son affaire a M. lo pre-
mier president , de la bien recommander en temps et lieu,
et , en attendant , jo vous prie de 1'avertir qu'en sa clou-
zieme lettre il appelle M. le premier president nnm .JAW/ms,
qui est un titro dont mondit seigneur no so pique pas, quoi-
qu'il soit fort savant et fort gonorenx. Pour moi , jo n'en eus
jamais aucun quevous, a pros le bon Dieu ot feu mon pore,
qui etoit un fort bon lionune. eta la memo! re duquol j'ai
toutos les obligations du monde pour les soins oxtraordinaires
(ju'il a pris de mon education . quoique cbarge de neuf enfants.
A propos de ce grand favori d'Auguste, ee grand patron des
Muses, de Virgile et d'Horaeo, laissa-t-il en mourant t|uel-
ques enfants , jo n'on ai jamais oui parlor. \('>anmoins jo
pense etre un pen ol)lige de eroire (jiie Francois I"', qui tut le
pore des savants dans un siede plein d'ignorance, ot qui a
fonde les professeurs du roi, ot aussi (|iio lo bon Henri IV, (jui
nous a donnas dos augmentations de gage, otoient desrondus
de cot illustre chevalier tosran , qui otoit do la race des rois
d'Ktrurie; rarc'estdo I ui-memeque Martial adit dans la plus
belle do toutos sos opigramrnes :
Hi. fit Thitsrits eqnps, paupprtatemque malifjuani
Iteppnlit et eeleri jnssil abire via.
Jo no voux pas oublier do vous dire (JIH; mon (>arolu.s cst
fort dans les bonnes graces de ce Meeenas du palais. II m'a
dit plusicurs fois (ju'il aimoit bien le tils , mais <ju'il aimoit
bien aussi le pore. Jo snis tonjours le bion-vonu die/ lui. On y
fait tonjours bonne chert1 , m.tis il faut so do|)edier a la modo
-')72 I.KTTUEh l)t I.I I I'All.N
des courtisans. Je no suis pas aecoutume a cos soupers quo
Henaud fie Baunie, archeveque de Bourges, appelle des sou-
pers do promenade, cosnasambulatoritts.
Ue Paris , Ic 18 decembre 16(55.
LKTTKE DCXCV. — .I//, mtmc.
Q.uand jo ponso au nialhour du pimvre M. do Cliampigny ,
jo lo vois ol ne lo coinprends pas ; je penis pied dans I'abimo
do la Providence, qui ost toute pleine d'obscurkes pour nous ,
taut pour les choses hinnaines quo pour les divines: JHeu
gouverne le monde , niais c'est a sa mode. La predestination
est un etrange m y stove , jivne unnf commoti pcdes mci , /jarcnt
pecentortt'i/t I'idens. Voye/ a votre loisir la Mttapliysique de
(Irassot , page 15/3 , et les Oraisuiis de iWuret sur le livre do
Seneque , de la Providence, cur lio^is mule sit , rum yif /'/•<>-
t.'ifh'ittia, etc. (Juand je pense a ce malheureux naul'rage , je
dirois volontiers apres le poote ancien :
Cum rapiant mala fata bonus, iyiwscitc /alo .
Sollicilor nullos cssc putarc Dcos.
Mais pourtaut je no le dis pas, ma raison retienf ma passion,
autroment je demanderois pourquoi Caligula, Neron , Doini-
tien et taut, d'autres tyrans et monslres du genre liumain ne
sont point morts au berceau , non plus <jue IMiilippe II , roi
d'Espagne , le cardinal de Kicholiou , ct «lii inurtutnrcs (0.
(I; Quoiquc la raison le retiennc, on voit pourlanl (itii I'alin so lipur-
tor ici a nno terrible question , cello du Itien et du inal . la plus Brando ,
la |)!us profondo . la plus insoluble de Unites les questions philosoplii
ques. A I'otudo depuis les temps les plus roculos, olio le sera orcoro
dans les !-iecles a vonir. L'incouipcloncc et 1'inipuissancc do Pospnl
liiiinain son! une desolante vorile. Ksl-il >rai oepondant qii'uii ciron
\ FALCONET.
On ne dit rien de nouveau de la reine-mere, unm an/
nee (uiltnc i'iftilibi/s orcii/tnt i/ni/jris ; je prie Dieu qu'ellc giie-
risse , et que le roi diminue la laille et tous les impots en fa-
veur de son pauvre peuple ; il y a interne bien de la pauvrete
dans les villes , et il la pent empecher; je ne le dis pas pour
moi . je ne suis ni riche ni pauvre, flfrifiaa HCC j>(ii/j>er(«tcnt
fledt>ri$ mi/if. Le vieux Journal des Savants ne revient point, et
son retablissement est fort incertain ; pour 1'antre, je n'en ai
point oui parler depuis, je m'en informerai. Je n'ai point vu
la harangue funebre de M. (laches, faite par M. Morus ; mais
je I'aurai, si elle est imprimee ; en ce cas-la , je la lirai et je
vous en ecrirai mon sentiment. Je vous baise les mains, et
suis de tout mon cceur votre, etc.
De Paris, le 22 deccmbre 1fi<>.'>.
LETTRE DCXCVI. — An mtmc.
Le roi a ete an palais: on (lit que tout ce qu'il y fit sera im-
prime apres ces fetes. Tous les articles en sont considerables,
et font crier bien des particulters ; mais entre a ut res ce sont
les liypotheques et les taxes, car on dit qu'il y en a jusqu'au
nombre de vingt-cinq mille sur F^iris seul ; il y en a aussi
d'autres fort Caches dt> ce que mil ne pourra etre recu con-
seiller de la cour qu'il n'ait vingt-sept ans accomj)lis ; voila
le moyen de remedier &u\ juvenafus d'aujourd'hui, afin (ju ils
deviennent bientot wntifits.
J'ai aujourd hui rencontre un de nos libraires de la reli-
<|in patit accuse la divinile et ancanlit sa providence? Saint Thomas a
dit: Dens est atictor muli . quod <sl pvena ; nun tiutein tnali , quod eat
t'uli>n. (Stttnin. Thes. parsprima, qm'sl. '•'.). ] Oislinclioii ou d y a Itt-au-
coup pins de sublilitc (jnc de verite. A \ouoiis pltitot notre ij;ii(irance ,
plu lot noire faiblesi-e , noire in^uffisance . et puis ajoutons '
la volonle de Dien soil f'aite. H. P. ~
:>74 I.KTTKES UK <;i;i rvri.x
gion, a qui j ai demande des uuuvelles de I uruisuu limebre
dt; Ceu M. Gaelics, taite par 31. Alorus ; il in a repondu quc
Ton en iinprnne un tome entier in-quarto , lequel conliendra
duuze harangues 1'unebres dc diverscs personnes ; mais nos li-
braires vont bien lenlemenl a lout ce qu'ils eiitrepreiment, je
crois qu ils n'oiit pas plus d argent quc dc vertu.
31. Ogier in'a dil cc juatin qu'il va I'aire iinpriiner in-quarto
son oraison pour Ic ica roi d'Espagne, Philippe IV, dernier
niort, pere et Irere dc nos deux rcines, el qu'il la dediera au
roi, pour le rcinereier de la pension de oOu ecus qu'il iui I'ail
payer tous les ans. Je pcnsc quc cellc-la vaudra bien ceiledu
ininistre ; ear Ai. Ogier esi un des plus savants homines dc
Paris , sans en excepler nieine les pcres passeiins.
Les jesuitesont i'ait arreter leur pere le Clerc dans Orleans,
oil il est peut-ctre encore ; il avoit iait un voyayc a Home, et a
son relour avoit sejournc quclquc temps a Turin, en qualitc de
conf'esscur de la duchesse , et coinmc il revenoil a Paris , ils
I'onl I'ait arreter a Orleans . On a su ses 1'redaines , entrc au-
tres qu'il cntrctenoit unc certaine 1'einme, nominee inadame
dc Saint-Martin, dans la rue des Ecoull'cs, j)res de la rue des
Hosiers. Elle laisoit la devote el la dame de yrande conse-
quence; elle avoit carrosse et beau Irani, elle hantoii les dames
du quartier , avec grand uppareil et bonne mine; des qu'elle
a su <|u il avoit etc arrelc a Orleans , elle s'est cclipsee , et a
dispai'u fincment el lorl a propos. Les bons pcres ia lontchei-
cher ; on asaisi tous ses ineubles, qu'ils out I'ait vendre. Voila
un tciriblc coup dc massuc sur la lelc des loyolites. Oh ! qae
j'aime cc beau vers dc AI. de Lorme :
Nigra cohors , <ju<>nun quiclijnid iton di<:itur, ars csl.
AI. de Bussy-Kabutin , par commandeinent du roi , s'est dt'--
lait de sa charge ; et de la Bastille, oil il etoil , a (He conduit
dans les l*etile.s-iMaisons , on on met Irs ions, cl il \ a dcii\
chambi'es.
A FALCONET. 5/5
II y a ici des lettres, lesquelles portent que la mer a de-
borde en Hollande , el qu'il y a eu plusieurs villages sub-
merges.
M. le due d'Orleans apprend les mathematiques ; ii com-
mandera notre armee la campagne prochaine.
Le decri des monnoies fait bien reinuer de 1'argent et pur-
ler du monde; mais la derniere declaration du roi lait encore
bien pis. L'ambassadeur d'Anglelerre prit hier conge du roi;
il s'en retourne a Londres, ce qui fait soupconner qu'il y a
du malheur. MM. du parlernent s'appretent de la ire au roi
des remontrances par ecrit sur lews offices et les hypothe-
ques , etc.
La reine-mere a eu cinq mauvaises nuits toutes de suite ; il
ne taut pas s'etonner que ses forces diminuent , et suis Cache
qu'elles ne reviendront jainais. Je vous baise tres humble-
ment les mains, et suis de tout inon cu'ur votre, etc.
De Paris , le 28 decembre 16(io.
LETTRE DCXCVII. — Au mhnr.
Hier, M. Gon , (jui est un gros garcon , glorieux , age de
pres de soixante ans, natif de Tours , et par ci-devant inar-
cliand et insigne banqueroutier, qui a marie deux lilies, Tune
a M. de Hauterive , partisan, et 1'autre ;i un conseiller du
parlement de Houen , Cut arrete par trente archers et mis
aussitot en prison, d'oii il ne sortira point qu'il n'ait paye sa
taxe de cent mille ecus , ii laquelle il »:st condamne. -Nous
voilii arrives au nouvel an 16b'6 , «|ue je vous souhaite lieu-
re ux de tout mon cu'iir. Tout le palais est moriondu et ex-
traordinairement mortilic de la derniere declaration du roi.
Ces messieurs unt ivsolu de fa ire des remontrances au )'oi par
ecrit : mais je ne sais si dies en amenderont leur marche. On
till que dans leurs chambres ils ne font rien et s'entre-regar-
;)7() I.F.TTKKS I)!', i, I I I'VTIN
dent 1'un I'autre , tanl ils soul ctonnrs el rtourdis du bateau,
tjuelques mousquetairps el dauphins quo le roi avoit envoyes
contro I'evequc (It; Minister out ete altraj)t''s on une embus-
cade. II y en a eu plusieurs de lues, dont les ennemis ont les
casaques, et dont ils seglorifient fort a notre desavantage. Le
roi en est, dit-on, fort facbe ; je le suis aussi. \'«l<'.
DC Pari* . If 1" Janvier 1i>(>i>.
LETTIIK W:\CVIII. — An n^,,c.
Vous avez vu , par ma derniere, le pen de iiouvellos qw
nous avons. Apres ces fetes on prcssera tori le paiement des
taxes , aulremeiil il y aura bien des emprisonneinenls. Le
mois procliain, le roi ira a (jOinpiegne, a Soissons, a Amiens,
a Arras ; de la il visitera sa frontiere; cliaeun devine la suite
a sa i'antaisie ; notre paix s'en va se fa ire avec les Anylois.
L' Histairc de /'/ iiicci'xitt' dv I'urix se vend rue Saint-Jac-
ques, chez M. le Petit; j'entends les deux premiers tomes du
grand ouvrage. Le troisieme est sous presse , les autres sui-
vront immediatement sans aueune discontinuation , a ee que
m'en a dit I'anteur meme, Al. du Honlay vl;.
On dit id que nos affaires ne vont pas bien du ecMt- du
commerce des Indes oeddentales. ;i eause du trop ^rand me-
nage qu'on a voulu ap|)orter.
La reine-mere est beaucoup plus mal , etextremementexle-
nuee ; de grasse tpfelle, (''toil , elle n est plus (|u'un sijuelette.
On est fort mal content de ce M. Alliot , et meme on dit qu'il
n'y fait plus rien ; on n'a pas ti-ouve oontre ses douleurs de
ineilleur remede qtn; les petils grains de ecs messieurs les ar-
eliiatres , (jui ne sont fails, ace que disenl nos seen'-tistes ,
que d'opium pr<'ipai')' avec la rosi'-c de mai. Knfin , noire
1 \'iiyc/. I.I iioti- I. III. |Ui;;c 277.
A FALCONET. 577
M. Boujonnier ( fils aine du bonhomme qui vit encore , agede
soixante-dix-sept ans) est mort chez sa belle-mere, ii Ciicn-
sur-Loire , a son retour do Bourbon-Lancy ; 11 n'avoit quc
trente-trois ans ; il laisse cinq petits garcons. C'est grande
pitie de raourir si jeunc et laisser tant d'enfants qni sont en-
core si petits. Si la mere leur vient a manquer . Diou et les
lois y pourvoiront.
J'ai vu ce matin passer le roi dans son petit carrosse, ac-
compagne de cavaliers fort lestes. JVtois dans la rue de la
Venerie, et j'ai crie de bon coeur : Vive le roi. On disoit qu'il
alloit aGrosbois; mais il est revenu des apres midi , et de
bonne heure : c'est que Ton est alle le chercher a cause d'un
vomissement qui a pris a la reine-mere : Faxit DC us ut ad
majorem sui gloriarn , totiusquc Gallia: multiplici nuxlo op-
pressed et gravatcK levamentum optima mater intcf/ra' caletudini
restituatur, et in hoc voto desino.
Le Journal des Savants recommence ici de paroilre. Un
honnele homme m'est aujourd'hui venu dire que j'etois prie
de prendre ma part de la satisfaction qui m'etoit due dans la
preface de la semaine presente, et que dorenavant personne
n'auroit occasion de s'en plaindre. Je 1'ai prie d'aller fa ire ce
compliment a mon fils Charles, qui avoit ete 1'oflense, et <jiii
pourtant, par mon conseil , s'en etoit moque et 1'avoit int'1-
prise, voyant le peu de raison que cet impertinent gazetier
avoit de reprendre ce qu'il n'entendoit point, et meme avec
calomnie et double faussete. Le meme m'a dit que Ton tra-
vailloit pour y mettre le grand recueil du pere Tli«'oj)hile
Rayuaud , dont j'avois presente moi-meme le nit-moire 1'an
passe, des la fin du mois de Janvier, il y a bien pres d'un an.
Je serai bien aise de voir le jugement (me feront ces MM. les
critiques reformes de ce grand ouvrage. Le pere Uriel , je-
suite, (mi 1'a vu dans leur bibliotheque , en e^ tout glorieux
et le loue fort. Je vous baise les mains , el suis de tout mon
cirur votre, etc.
Do Paris, lo 8 Janvier 166«.
III. 37
^ i. LITRES Dfc. (il I I'.Vll.l
LETTRK DCXC1X. — An mi-mi'.
M. Pietreest toujours foil mal. On en (Jit autant de la re i no-
mere; on clit queses plaies sontseches, et qu'il y a un grand
danger de la gangrene prochaine. Le roi etoit pret a partir ;
niais son voyage est encored! Here , et neanmoins les troupes
marchent toujours jusque sur la frontiere de Pieardie ; on dit
qu'elles vont vers Calais et Gruvelines. On parle ici d'une Ireve
entre le roi d'Kspagne et les Portugais pour vingt ans; niais
cela meseinble encore bien incertain , et si elle se fait, e'esl
marque de grande foiblesse an roi d'Espagne. On a ici de
nouveau fait commander aux paroisses de recommencer les
prieres pour la reine-mere , niais vaille que vaille: l)cm cst
immutabilis , /nanet volttnfas JJo>/t/nt in n'tcrnam. Ce qui doit
arriver, ce queDieu a ordonne , ne manquera pointd'arriver.
Lucrece a dit du dieu des Epicuriens : Ace bate ju'u merit ix
cajjitur-ncc tangitur ira. Mais moi pourtant je prie Dieu qu'elle
en echappe, et que le roi diminuela taille des pauvres gens
des champs et les impotsdes villes.
Nous avons encore ici un medecin dangereusement malade :
c'est M. Puylon , savant liomme , qui sail bien son (ialien et
son Hippocrate. Je m'en lierois bien plutot a lui qu'a taut
d'aulres (jui font les sul'lisants avec leurs pretendus remedes
nouveaux, le laudanum reduit en petits grains, et prepare
avec la rosee de mai , le vin emetique , le (iilla Thcoimriisti , et
autrestels venins. La reine-mere est fortempiree; elle a recu
la nuit passee Notre-Seigneur. Apres 31. Alliot et le Piemon-
tois ou le Milanois , il y en a encore un autre tjui se presente ;
il dit qu'il la guerira ; Dieu lui en fasse la grace, niais j'ai
peur que cela n'arrivc point. Dieu communique-t-il sa grace
de faire des miracles a des charlatans et ignorants? Je ne le
saurois croire : ainsi je me defie toujours d'eux ; je pense (jue
telles graces ne se prodiguent pas si aisement.
M. Pit'trevient de mourir tige de cinquante-sept ans; il est
A UI.COMKT. 679
le dernier d'uuu graiule I'amille , savanteet honorable, <jiu a
bien eu plus cle verlu, de science et de probite que de fortune,
qu'elle a toujours meritee et toujours meprisue. Nous en
avons encore trois bien nialades. M. Pietre est inort le 18 jan-
vier, a quatre lieures du matin (1; , d'uu catarrhe suffocant,
ensuite d'un rude acces epileptique. La substance du pouinon
etoit toute pourrie, avec beaucuup de serosite dans la poilrine.
II a etc porte de sa maison a Saint-Mederic, sa paroisse, oil t>|i
lui a fait un grand service ; puis a ete porte a Saint-Nicolas-
des-Champs . oil il a ete mis aupres des os de son pere Nicolas,
mon cher maitre. Je n'ai pu m'empeeher de pleurer en le,ur
jetant de 1'eau benite. Ce tombeau contient les corps de deux
homines qui out ele bien savants , et le fils bien plus quo le
pere : Uterque iwjuicscut in pact-.
L'ambassadeur d'Espagne a dit a un des notres que la
reine-mere n'en avoit plus que pour huit jours.
M. le president Lelievre a regu commandement tie sortir
de Paris pour avoir dit quelque chose contre les taxes. Je vous
baise les mains, et suis de tout mon cceur votre , etc.
De Paris, le 19 Janvier 1660.
LETTRE DCC. — An uu'inc.
Je vous ecrtvis hier la mort et renterremenl du panvre
M. Pietre. Aujourd'hui, ce -20janvior, jc vousecris la mortde
la reine-mere, qui est arrivoe cette unit du -20 Janvier. Mais
je ne sais quel chemin elle peut avoir pris; lrouvera-t-elle en
1'autre monde le cardinal Mazarin? c'etoit nn mediant
homme. J'aimerois mieux qu'elle rencontrat M. Pietre , car
il est mortengrande devotion. II pourroit lui dire, <»n chemin
faisant, de bonnes chosespour mieux gouverner sun Elat en
1'autre monde, si elle y devicnt reine , comine en (-elni-ci.
is Voye/. la note 1. I, pa^c 'fl\>.
580 LETTRES DE GUI PAT1N
Elle ost morte aujourd'hui a six heures et dcmie du matin ;
on travaille a i'embaumement dc son corps; on voit di'-ja sa
representation dans le Louvre pour tons ceux qui sont pousses
de curiosite de la voir ; le peupleest friand do tclle ceremonie.
DOS qu'ellea etc morte, le roi est alle a Versailles : c'est pra-
tiquer le precepte du Seigneur : finite scpclire inortiiux. II a
emmene quand et soi la jeune reine sa femme; ct M. le due
d'Orleans et sa femine s'en sont alles a Saint-Cloud.
M. Blondel m'a envoye sa reponse contre M. Alliot, et j'en
ai ceans aussi deux exemplaircs pour envoyer a Lyon pour
vouset pourM. Spon , dequoi je m'acquitterai a la premiere
commodite. On parle toujours de la guerre des Anglois , ce
qui fait peur a nos marehands ; mais elle est encore fort in-
certaine. Aujourd'hui, 21 Janvier, est mort a Paris un des
plus savants hommes qui fut au monde; c'est M. Jean Tarin ,
jadis professeuren rhetorique et recteurde ITniversite, puis
professeur du roi en eloquence grecque et latino. II etoit de-
venu facheux et bourru , peut-etre a cause de son grand age,
car il avoit quatre-vingts ans ; pliit a Dieu que je susse autant
de grec et de latin qu'il a su. II savoit tout ; il etoit vraiment
J'd.nc/jislanon , aussi bien qu'Afiyclits Pulitianus.
Le roi et la reine seront demain a Saint-Germain-en-Laye ,
et le corps de la reine-meresera portesans ceremonie a Saint-
Denis.
Le roi a remande M. le marquis de Vard.es; mais la com-
tesse de Soissons n'est point remandee. II n'y aura cette annee
ni foire de Saint-Germain , ni bal, ni comedie ; tout cela est
defendu a cause de la mort de la reine-mere. On dit que
AI. Seguin, son medecin, s'en va tout quitter, (ju'il va se
retirer dans son abbaye, qu'il ne veutplus voir de ma lades,
pour prier Dieu . etc.
Je la is reponse a M. Meyssonier en pen de mots pour cello
qu'il in'aecrite ; je vous suppliede la lui envoyer; je voudrois
bien qu'il gardat ses paperasses et qu'il no m'onvoyat rien du
tout : il ost plus fou qu'il no ponso.
A FAI.CONKT. .')bl
On porle aujourd bui en ceremome le caiur de la reine-
mere au Val-de- Grace, et demain son corps a Saint-Denis
sans eoMir. On ditque le prince de Mecklembourg , qui avoit
ici epouse madame de Chatillon , a renvoye trois choses au
roi , savoir, sa feninie , son collier de 1'ordre et sa religion
papistique, et s'est ref'ait lutberien : je le tiens un conte pour
rire. Je vousbaise treshumblement les mains, et suisde toute
mon a me votre , etc.
De Paris, le 21 Janvier 1660.
LETTRE DCCI. — Au
On fait des services dans toutes les eglises de Paris pour le
repos de 1'aine de la reine-mere, a la memoire de laquelle
beaucoup de particuliers sont obliges. On (lit qu'elle a fait de
belles remontrances au roi , son Ills , en particulier, pen avant
quede mourir, et qu'il n'y avoit qu'eux deux. Je crois qu'elle
n'a pas manque de lui donner de bons preeeptes pour regner
sui'ement et longtemps , et je prie Dieu (jue cela lui reussisse;
etd'autant (jue lemondenesegouverne guereplusque par des
linesses. Je ne doute pas qu'elle ne lui ait marque eeux a qui il
se pent iier, et ceux desquels il sedoit delier ; c'est le temps oil
1'on emploie la plus line politique, (jui n'est pas toujours si
cliretienne que les preeeptes quelebon Louis IX je veux dire
le bon saint Louis) dicta avant quo de inourir a son Ills aine,
Philippe-le- llardi. Mujores i/li Host ft, ulmri <•( nfur/ ijmunris
(.TIKIS >'l all inni cdcbunt , IH'IU' lumen (niiiii/t/t rivi'lxmt ; ils etoient
grossiers en leurs habits, mais ilsavoient 1 esprit bien tourne;
1' esprit tie tbnrberie etoit encore bien jeune , et quasi en
maillot, leurs actions sentoient les preeeptes de I'Kvangile;
mais depuisce temps la Macbiavel et Pomponaeesont venus,
(jui out revele auxministves des rois et des princes souverains
d'etranges maximes, qui sont la plupart refutees par le pere
Nic. Caussin , en son ouvrage In ('our white ; si bien qu'aujour-
582 I.ETTIU'S I)K <;n I'ATIN
d'htii la phis belle politique, el la plus cliretienne, est deve-
iluc , nrs n<m tarn rajcndi , qvnm fa/lcndi /IUHU'WS : et voila
oil malheurensement nous en sommes venus. 0 mores! o
tcmpora !
M. Colbert, maitre des requetes, frere du grand Colbert ,
vient d'etre envoye par le roi en Hollande , pour traiter avec
MM. les Etats-gciieraux, tant de 1'affaire des Anglois que
des Suedois, et pour empecher que cos messieurs ne fassent
ensemble quelque accord sans notre consentement , et a notre
prejudice.
On parle ici de la mort de M. le prince deConti, qui laisse
deux petits princes du sang de la niece du cardinal Mazarin.
Voila un beau gouvernement vacant, qui est celui du Lan-
guedoc; celui de Bretagne vaquoit par la inort de la reine-
mere; on dit que !e roi 1'a tlonne au due Mazarin, auquel il
retire la charge de grand-maitre de 1'artillerie.
F^e roi a fait present an roi d'Angleterre de deux cents
muids de tres bons vins, savoir : de Champagne, de Bour-
gogne et de 1'Hermitage. Je prie Dion qu'il le boive en saute
et en joie, a la charge qu'on nous laissera aussi en repos
boire le n6tre.
La treve n'est point faite de 1'Espagne avec le Portugal. L'on
parle d'une nouvelle election d'un roi des Komains.
M. Annibal Sesteed, ambassadeur extraordinaire du Dane-
mark, est ici arrive depuis trois jours incognito. M. 1'electour
de Hrandebonrg traite avec les Hollandois, pour lour donner
du secours contre les Anglois. Je vous baise les mains, et suis
de tout mon cirur votre, etc.
DC Paris, le 5 fevrier 1606.
LKTTRK DCCI1. — An
Le service de la reine-mere fut hier fait <a Saint-Denis; le
sermon y I'ut fait par le reverend pere Faure, jadis cordelier
\ FALCONE r. .')83
limoiisin ; je UK: troinpe , je devrois dire plus vraiincut angou-
moisiu , du pays do Havaillac. Co moino a gagno cot eve'ehe
par des sermons comiques ot haladins, ou au inoins 1'a at Ira pi'*
par IBS bonnes graces de la feue reine-more, aux louanges dc
laquelle ilomploya liier fort rnal deux grandes heures dc bon
temps dans un lieu sacre e't en belle eompagnie, a Idles en-
seignes qu'il y fit fort mal, et qu'il n'y a plu a person no. On
dit que toute la ceremonie de 1'eglise ne fut achevee qu'a six
lieures (hi soir, d'oii tons n'etoient point encore revenus a
ininuit.
MM. les grands jours d'Auvergne sont icide retour. M. Ta-
lon arriva liier, M. le president de Noviou etoit arrive devant.
Hcaucoup de gens parlent ici eoniine s'ih etoient faches de la
paix avec les Anglois, et inoi je voudrois qu'ello Cut par tout
le monde; mais c'est qu'il y a des gens qui n'aiiiKMit <|iie le
trouble et le desordre. Je suis en peine de la sante du grand
M. de Lorme; je vous prie de lui ecrire que je suis son tres
humble serviteur. Pint a Dieu quo 1'liivor fut dejii passe, taut
pour lui (jue pour inoi , et que nous pussions dire avec
Horace : ItifJ'nyw iriws , rrdcnut /inn f/nnn/na ciuiipi* , nrbn-
riliuwjitP ccirnir.
FeuM. Pietre n'a laisse (ju'unelillt1 ; la veuve desire vendro
ses livres, et me les lit voir hier pour en avoir mou avis; il y
en a de fort bons, et environ pour 1,000 ecus. J'aimerois bien
inieux avoir sa science que ses livres, et son bon esprit quo
tout son bieu ; il etoit tils d'un des plus hahiles homines do
son siecle dans son metier; mais ce dernier avoit quehjuo
chose dans sa t<He , (jni etoit trop violent , et qui lui a produit
iiinrbuin Hewnlwnn , dont enlin il est mort. C/est un malheur
a un homtno d'avoir taul d'csprit : <:sf hi'minnn iraOo; : Jides-
(>esar et Charles-Quint en out en lour bonne part, etplusieurs
autres illustres tyrans, commc aussi Armand-Jean, cardinal
de Hichelieu.
11 y a ici du bruit contre la cour des monnoios; on a me-
nace de les interdire ; on dit qu'on vent mettre tons les quarts
oSl I.KTTUKS I)K (il I I'ATI.N
d'ecus en billon, et que Ton s'en v;i fa ire line nouvello mon-
noie. Tout cola fora bien crier du monde, qui est deja assez
afflige; il y a dans les adages d'Erasme un beau proverbe :
Aid futuwn , ant rctjc in , nusci opurtat. 0 que le bonhomme
Erasme efoit un excellent . person n age (l) ! On dit que le comte
de Saint-Paul est a Home, et que M. de Longueville, son frere
aine, se meurt en Languedoc, on il est aupres de M. le prince
de Conti , son oncle. Je vous baise les mains, et suis de tout
mon cocur votre, etc.
De Paris , le 16 ievricr 1666.
LETTRE DCCI1I. — Aumeme.
Ma derniere fut du 16 fevrier, avec une de mon Carol us.
On ne parle ici que de vaisseaux et que de galores que Ton
apprete, et que Ton fait avancer centre les Anglois, s'ils
osent entreprendre quelque chose contre nous. On parle aussi
du due Charles de Lorraine , qui s'est remarie depnis quelques
mois avec une jeune belle dame, madame d'Aspremont , et
qu'elle est deja grosse. Si cela est vrai, et que eel enfant vive
aged'homme, il j)ourra terminer les guerres et les miseres de
son pays ; mais ce sera quelque jour que je n'y serai plus. Pour
(1) ("c trait de satire politique se trouve, jc crois, AansY Encomium
morloi , elofte dc la folie , par Krasme. On etail alors dans cede pe-
riode de discussion, d'examen, d'indcpendance, resultat du proteslan-
tisme naissant, et qui sc conlinua jusqu'au supplice de Cliarles I" en
Anjjleterre. 11 est evident que ce sarcasine pent s'appliqutr a tons
!es homines a la tele dcs gouvernements quelles qu'cn soienl d'ailleurs
les (brines. Au foud , il s'a^it toujours de 1'ordrc el de la liberte , dont
I'intime, la profonde union , Paclion encrgique el rqpiliere, sans em-
pielement de 1'un sur 1'autre , esl un problemc dont les homines clier-
chent en vain la solution il y a nonibrc dc siecles. En France, nous
sonuncs en marche vers cctlc terre promise depuis pres de soixanlr
an*. fH. i\
A FALCONET. 08,')
vous , monsieur, je prie Dieu quo vous y soyez encore sain cl
joyeux.
Toute la frontiere de Normandie, qui, conime vous savez ,
est de grande etendue , est pleine de soldatesque qui veille
sur 1'ennemi, afin qu'il ne nous surprenne rien. Les Anglois
ne sont pas puissants aujourd'hui comme ils etoient jadis
quand ils nous donnoient des batailles, et quand ils avoient
la Guyenne, le Poitou et la Normandie; les temps out bien
change. Ils ne feront jamais rien de pareil aux balailles de
Crecy en J340, et d'Azincourt en \4l4, ni a celle de Poi-
tiers, oil notre roi Jean fut fait prisonnier et mene en Angle-
terre.
On fait ici un grand preparatif a Notre-Dame pour le ser-
vice de la feue reine-mere; mais on dit que M. 1'archeveque
fie Paris est malade, et quo ce ne sera pas lui qui y ofliciera.
On dit que c'est de regret de quelque ecrit que MM. les janse-
nistes out fait courir contre lui, joint qu'on a mis dans la
Bastille un imprimeur qui a etc surpris imprimantsa vie, qui
etoit un libelle scandaleux. On dit que les Anglois sont fort
adoucis, et qu'il y a grande apparence aussi bien qu'espe-
rance de paix entre eux et nous. J'ai vu ce matin, 23 (evrier,
le roi passer au bout du Pont-Neuf , en carrosse, avec le due
d'Orleans , son frere , suivi des Cent-Suisses, et de plusieurs
autres carrosses ; il alloit a Notre-Dame pour y assisler au
service , et prier Dieu pour le repos de Fame de la reine , a (]iii
il doit la vie et la royaute. Kile n'a pu nous laisser en repos
durant sa vie; je prie Dieu qu'elle y soil en 1'autre mondi'. Le
pere Faure, eveque d'Amiens, fera imprimer son sermon fu-
nebre , (ju'il a recite a Saint-Denis en riionneur de la reine-
mere, inonackus factun cinscofjus cs( an/Dial incndtu: , ndulatn-
riwn , inaidiofinn , etc. Dieu conserve leroi et monseigneur le
dauj)hin; jeprie Dieu tons les jours pour eux, et qu'il les illu-
mine pour le bien public.
Personne n'a mieux entendu ni explique le secret de 1'apo-
plexie ijue Duret sur l<;* C'IHHJW* <•( >n I/u/lernu/i ; c'est tine
.VS6 I.F/l IRES I)E <.n PATIN
maladie du sang eonteuu dans les vaisseaux dti cerveau ,
quoi qu'cn disent IPS charlatans. Je vous baise tres liumble-
ment les mains, et suis de tout mon caw votre, etc.
De Pari* , le 26 fevricr 1666.
LETTKK DCCIV. —Aumemc.
Les satnrnales sont enfin passers , et voici le careme venu ,
lequel peut-etre nous produira plus de nouvelles que je ne
vous en ecrivis par ma derniere. 11 est mort un maitre des
comptes nomine M. Mendat. Un de nos compagnons est
echappe d'une inflammation de poumon apres seize bonnes
saignees, age de plusdesoixante-dixans. Je ne m'etoime point
de la mort de M. le prince de Conti. II avoitlataille fort gatee.
Tons les bossus ont le poumon mauvais. Hippocrate a dit
quelque part que c'etoit un grand deshonneur a un m^decin,
si le rnalade mouroit le meinejour qu'il avoit pris medecine.
Dans toutes les entreprises de notre metier, la prudence y est
toujours requise. M. Nic. Morin , sonmedecin , est un bon gar-
con , savant et compagnon de licence de inon lils C-arolus. II
aime le bon vin , et j'ai pour que cela ne 1'empeche de vieillir.
L'ilippocrato de van der Linden n'est guere propre a etu-
dier. II est en deux gros volumes in-octavo et de petite lettre.
Van der Linden etoit un bon bomnie et riche, mais qui etoit feru
de la chimie et de la pierre philosophale. N'est-ce pas la pour
fa ire un bon niedecin ? aussi haissoit-il notre bon (ialien. II
louoit Hippocrate , Paracelse et Vanhelmont , en quoi il imi-
toit cet empereur ([ui avoit dans son cabinet les portraits de
J.-C. , de Venus, de I'riape et de Flora ; n'etoient-ce pas la des
tableaux bien assortis? II voyoit pen de malades et ne faisoit
jamais saigner. II faisoit profession d'un metier qu'il n'enlen-
doit guere. En (in il tomba malade d'une fluxion sur le pou-
mon, pour laquelle il ne voulut pas etre saigne. Mais le
A FALCONET. ,'»87
sixiemejour, cetliomnie qui entendoit si bien Hippocrate prit
(Icuxonccs de vin erne tique dans une medecine, avec laquelle
ce me'me jour il passa en 1'autre inomle, age de cinquante-
quatreans. Et faire ainsi, n'est-ce pas faiie triompher Hip-
pocrate et (Hre homicide de soi-meme en depit de (lalien ? 11
est mort deux jours avant que son livre cut paru ; et sans
1'antimoine, son Hippocrate cut ete beaucoup meilleur. J'en
suis pourtant faclie, le reconnoissant plus honmMo honime
qu'il n'etoit eclaire . II y a de ces Hollahdois qtii sont rudes et
qui lie se polissent qu'en voyageant. Van del- Linden auroit
bien fait de prendre un pen a Paris de notre bonne methode ,
qui 1'auroit tire do beaucoup d'erreurs (1).
Un des notres m'a dit aujourd'hui que M. Nic. Morin a etc
fort blame d'avoir laisse mourir le prince de Conti sans avoir
recuNotre-Seigneur, disant qtie son mal n'etoit rien, com me
aussi de ce qu'il lui avoit fait boire de 1'eau de Sainte-Keine (2).
On presse ici le paiement des taxes, et Ton met plusieurs gar-
nisons en diverses maisons. MM. les prelats dti elerge de
France ici assembles out fait aujourd'hui grand service pour
le del lint aux Grands-Augustins du Pont-Neuf , on il y aura
bien des ceremonies et des cierges. On dit qu'il route 10,000 fr.
II me semble qu'il vaudroit mieux employer cela en aumdnes
adespauvres gens de la campagne , qui out tant de peinn a
gagner leur vie, et a qui 1'on fait si loiirdement payer la taille.
Jesuis, etc.
DC Paris, le 12 mars l(i<)(5.
(1) Cc jiiftcmenl esl severe , et oeprndant ne manque pas de verilp.
Haller I'avait en partie adople , car il dit dc van der Linden : K»>
I/rare doctns et latine; in praxis ad clicnticam sectatn inclinans et pn-
nim clinicus , ex judicio Guidonis Palini, amid Lindeniani , acuti
c<rterum inyenii scriptor. Voyez la note t. II , page 497. ( R. 1". )
(2) Voyez, sur ces eaux, Meral et Delens, Dictionnaire dc matiere
medicate, Paris, 1834. t. VI , pa;;. 31.
58$ I, El'TlltS UE lil'l PATIM
LETTRE DCCV. -- Au metne.
On no parle ici , ce 13 mars, que cle services pour la f'euc
reine-mere et de plusieurs harangues funebres pour honorer
sa memoire , mais on n'en a encore imprime aucune. Nean-
moins , on espere d'avoir bientot celle du pere Senaut, qui
est le general des peres de 1'Oratoire , et celle que le pere
Faure, eveque d' Amiens, a prechee a Saint-Denis. Toutes
les paroisses , les monasteres et les chapitres ont fait fairc de
somptueux services a leurs depens , et entre autres , les be-
nedictins, les chartreux , les feuillants et autres moineries,
exeepte toutefois les jesuites, qui n'ont point branle. ,Ie crois
neanmoins qu'ils n'ont point laissede bien prier Dieu pour son
ame, pour tant d'affeetion qu'elle a cue pour eux, en les de-
fendant comme elle a fait de son autorite contre les janse-
nistes, qui autrement les auroient maltraites sur leur morale
et autres livres de theologie avec lesquels ils s'en vouloient
faire accroire.
J'ai rencontre ce matin notre M. Blondel a la messe dans
les Blancs-Manteaux, et nous en sommes sortis ensemble. II
m'a dit que le mois prochain il commenccra a faire imprimer
quelque chose contre 1'abus de rantimoine.
11 fait ici IVoid comme en hiver, et il y a quanlite de rhu-
matisnuis et de gouttes, et plusieurs feimnes en couche fort
malades pour avoir neglige de se faire saigner dans le temps
de la grossesse. Galien a eu raison de dire <jue le fii'tus est
souvent (itoufle par 1'abondance du sang; mais DOS sottes
fe mines n'entendent pas ce secret, et pourtant files veulent
toujours faire bonne chere, faire beaucoup desang, et ne
songent guere aleursante.
M. Foii([uet, le surintemlant de jadis, a eu soin de se faire
plusieurs amis particuliers, <[ui voudroicut bien encore le
servir, et en attendant roccasion, ils travaillent a faire un
grand recueil de diverges pieces qui peuvent servir a sa jus-
A FALCONET. S80
tilication. En ce rccucil , il y aura quatre volumes in-folio,
dans les(juels sans doute le cardinal Ma/arin no trouvera pas
de (juoi etre canonise.
On tient ici pour certain que 1'or et 1'argent ne dtminueront
point , et, dit-on , que c'est que Ton a apprisqu'on avoit em-
porte hors du royaume , et principalement en Angleterre ,
beaucoup d'or d'ici , et que 1'or valoit la davantage. Je vous
baise les mains, et suis de toute mon time votre , etc.
Do Paris, le 16 mars 166(i.
LETTRE DCCVI. — Au mtme.
On continue de pendre des faux monoyeurs , ensuite de
M. Delcampe , qui est prisonnier dans la liastille.
Je parlerai de votre proces a M. le premier president en son
temps, quand il aura ete distribue a M. le Routs , qui est tin
fort bonjuge. Je le lui ferai aussi recommander par son me-
decin , qui est M. Mathieu. Les charlatans out trop de credit
au monde , et les bons juges n'en savent pasassez I'impor-
tance.
L'OEconomia de Foesius est pour I'Hippocrate seulemcnl :
mais c'est un excellent livre, aussi bien (jue celui de Mari-
nellus.
Feu M. Nicolas Pietre avoit peu de livres ; mais ce dernier
mort en avoit encore moins de la moitit?. Je crois (jue la bi-
bliotheqne fut divisee et partagee entre les enfantsde M. Ni-
colas Pietre; les savants coinme lui n'aiment guere les livres
nouveaux. Nicolas Pietre avoit I'esprit doux et mansuet ;
mais Jean son lils I'avoit dur, apre et trop echaulle : aussi
n'a-t-il guere vecu apress'etre donne beaucoup de peine, < it<>
raptum'st, >tt' mat /ffti iitntiiri't intellectum. C'est une mauvaise et
malheureuse constitution (jne I'alrabilaire ; ellej'ait Irop de
peine a son snjef .
590 LETTRES DE GUI I'ATIN
Lc roi ira au parlement luiuli prochain pour la ire passer
une declaration qui lui apportera plus tie seize millions ; on
n'en sail pas encore le detail , quoique les interesses s'en
doutent.
J'ai appris aujourd'lmi que la bibliotheque de feu M. Pie-
tre n'avoit point etc vendue 4,000 ecus. Feu M. son pere ne
lisoit, apres llippocrate et Galien , que Ciceron, Plutarque,
Pline et Seneque, Virgile et Horace , et de tous les modernes,
que Scaliger et Turnebe.
La cour des monnoies setremousse fort a i'aire pendre des
faux monoyeurs. Le sieur Delcampe est loujours en prison ;
son affaire est bien dangereuse, et il n'y a pas d'apparence
qu'il en echappe. .levous baise les mains, etsuis de tout mon
cueur votre, etc.
DC Paris , le 9 avril 16tiG.
LETTRE DCCVII. - Au nit me.
Comment se porte 1'incomparable M. de Lorme? est-il vrai
que sajeunefemme est morte d'nne mort subito? Si celaest,
je le plains bien fort. Quand un homme esl jenne, il a besoin
d'une femme; quand il est vieux , il en a besoin de deux.
J. Ces. Scaliger a dit en ses fc'.a'rriffifin/ti'x d>s xtthtilitnte
contre Cardan : Rapientes coeunt ne caeanf; inais il n'est plus
temps quand un bomme est si vieux.
On parle d'une revue que le roi veut fa ire de nouveau ; les
uns disent que ce sera a Troves , d'autres disent siir la fron-
tiere de Picardie.
La reine de Portugal partira bientot ; et Ton parle de I'aire
M. le due d'Enghien roi de Pologne ; on dit (jue le roi
d'Espagne veut prendre notre roi pour arbilre de la eonlro-
verse (ju'il a avec les Portugais.
On ;i pendu dou/e faux mommyetirs dcpuis (juinze j
A FALCONET. 691
qui en out accuse plusieurs autres , et entre autres le sieur
Delcampe , qui est dans la Bastille. On (lit quo les quarts
d'ecus, les testons et les pieces de vingt sous s'en vont etre
decries , que Ton ne touchera ni aux ecus blancs , ni aux
louis d'or (l).
On nous promet apres Paques une declaration du roi pour
la re forme des abus du palais et de la chicane , que les pro-
ces par ecrit iront tous aux enquetes, que la grand'chambre
en jugera plus qu'aux audiences, et qu'ils n'auront plus
d'epices.
Uu maitre apothicaire de Paris vient de sortir de ceans, qui
m'a dit que dans trois jours le comte de Koenigsmarck arrivera
ici , et qu'il me prie de le faire son apothicaire ; j'ai fait 1'e-
tonne , et lui ai dit que je ne savois pas si je serois son mede-
cin, et il m'a repondu qu'il savoit bien (jue j'etois deja retenu:
je lui ai promis de le servir dans 1'occasion. Voilii comment
on a introduit la coutume d'aller briguer des pratiques. C'est
un ambassadeur de Suede qui est ici attendu pour les a ft a ires
publiques. On dit ici que la reine-merede Portugal est morte.
La nuit passee la marechale de Turenne est morte ; on dil
qu'elle etoit furieusement huguenote , et que dorenavent son
(1) Le lesion elait unc ancienne monnaie qu'on a commence a
fabriquer sous Ic regne de Louis XII, el qui fill abolie , au nioins
pour sa fabrication, en 157i>, par Henri III. Kile valait cm iron quinze
sous , et etait apnelee lesion parcc qu'elle represenlait an revers la tele
du roi. Le lesion elail la valenr d'niie visile ordinaire de medecin a cetle
, si Ton en jujve par les versde Matliurin Uegnier (Sal. IV] :
Si j'ensse I'tiulic ,
Jeiiue , laburifiix , Mir un l)anc :i 1'iVolr .
('.alien , Hi[)|)(iiTate , on JaMJii , nu llartolc .
I 'lie cornelle an roi , Jcbont ilaus nn i)ar(|iict ,
A tort ct ii t raters, jc vcndrois tnoii cai|ticl :
( )u bit-u 1. 1 -.1,1 n[ h- i>oulx , le venire on la poilriiu' .
J'aiirni.<> nu Iti-an ifstoii |>nnr juj-er il'nnc mine.
K. i*. ;
592 LETTRES DE (it'l PATIN
mari pourra bicn se fain; catholique; il a 1'cspril doux et est
fort raisonnable. Je vous baise tres humblement les mains,
et suis de toute mon ame votre, etc.
DC Paris, Icl3avril 1666.
LETTRE DCCVIII. — An nteme.
On (lit que le roi veut f'aire sa revue generate (levers Arras;
toutes les villes de Picardie rcgorgent desoldats qui niangent
le peuple , qui n'a plus que la peau et les os , pellis ct os.sv
sunt pro miscra macritudine. Tout est mine en notre pays de
Beauvais, BoneDeus, usque quo, Domine ! Nous avons ici le
temps fort beau, ma is les maladies s'accroissent : crachements
de sang, fievres continues, inflammations du poumon , rou-
geoles ; quand 1'ete sera venu, les petites-veroles ne manque-
ront pas de venir ; ainsi le monde ne manquera pas de maux
et d'afflictions de diverses sortes.
Hier mourut ici un des notres , age de cin(|iiante-quatre
ans, nomine Pierre Moriau , qui etoit malade il y a fort long-
temps ; il y a plus de vingt ans qu'il etoit tout languissant et
ne bougeoit presquedu lit. 11 mourut ici hier quatrepersonnes
difTerentes de mort subite et imprevue, sice ex <n>o])l<>.i:ui, xicc
ex syncope curdiaca ; ista contingunt ex tnotu sniiyin'nia , qni
verna terni>est(ile liqnatur ac se di /fund if. Le sieur Delcampe
a eu la tele coupee a la croix du Traboir, a sept beures du
soir, en tres grande compagnie: il y avoit bien trois cents
archers a 1'entour de 1'ecbafaud ; mais il y avoit tant de peu-
ple, qu'il y a eu plusieurs homines lues et de blesses,
hommes, femmes, soldatset aulres; a la presse vont les fous.
Ses amis n'ont pu obtenir sa grace : aussi un faux mon-
noyenr en est fort indigne; je le trouve plus criminel (ju'im
homicide, le mal qu'il fait etant plus universel. Jo vous
baise les mains, et suis de tout mon co'iir votre, etc.
Pe Paris, le 16 avril 16(i<J.
A FALCONET. .MU
LETTKE DCCIX. - An wt'mc.
J'ai vu aujourd'hui M. le comte do Kojnigsmarek , ambas-
sadeur de Suede, qui n'est que mediocrement malade. Ces
messieurs du Nord ne sout pas sujets a de si grandes clialeurs
(jue nous en avons eu depuis un mois, mais ils ne soul pas si
regies quedes capucins. II sont souvent nialades de la maladie
polaire , qui est de trop boire.
On fait ici en deux tomes le recueil de toutes les comedies
de Moliere. Enfin , M. de Mezeray approelie de la iin de son
Abregt de I'Hi&toirc da France. II est a Henri IV, et iinira a
1'an 1635, quand le cardinal dc Kicbelieu lit declarer la
guerre au roi d'Espagne , rompant la paix de Vervins, ([tit1
MM. de Bellievre et de Sillery avoient si bien t'aite ; mais il
taut qu'il y ait des 1'ous et des mediants par le nionde , comme
il est des singes, des limacons et des grei.ouilles ; aulremeut
le monde liniroit. Adieu. Je suis, etc.
De Paris, le 24 avril 1660.
LETTRE DCCX. - Au men*.
Nous somnies ici en al'lliclion domestique pour mon collo-
gue , M. Hommets, qui est le beau-pore de mon C.arolu.s :
Labwut illi' 'inurlxi immcdicnhtlt , ncmjic fcbrr nssiditn ct/i/t
ins/i/iti ct iiifini frsfn fn/'/'/iji/i'l'i stiltslftntup pidinonts. II u'a
point manque de medecin, mais le mal est incurable, /»///iiu-
tiuii <'$t <u'ti' niedendi , cxitiinn xiiju-nit'tt '///'•///, (jmp t'tr/n jn-
ci'bnt . iNous Tuvons vu a toule houre, ot nt-anmoins il (>u
moui'l'a , cnnfru run ///o/V/s nun > sf int'dicnuicii in ln,rtt*; soil
poumon est all'ecte danssa propiv substance, ct la nicdociiio
ne le pent secourir. I'orni'l on sa pathologie a i'oi't bicn dt'-crit
ce malheureux mal . sur loipicl ji1 jmis vmis dire : l-.'jnn i<t
m. .'^
o(M i.Kmti'S DI; i,n I-ATIX
/'/V/YY//Y' (/in r/'ffirtf ; Mlmni entm posititm in $nbstnntift jiftrtittni
cmendnrc , umi cut humuwt' r>'rtutia. Le temps des miracles esl
passe et no reviendra peut-elro plus.
Depuis hi mort de la reine-mere de Portugal , on dit ici que
les Portugais out resolu de se bien defendre contro le roi
d'Espagae, et que les Espagnols se trouvent bien einpeches,
joint que Ton parle de la saute de leur roi coinmc d'une chose
bien irele.
On dit que le chevalier d'llocquincourt a ete noye stir la
mer Mediterranee , et que c'est doinmage. Je viens de voir
une dame de vingt-deux ans , qui avoit hier pris du sirop
de roses pales , et qui a vide un ver dc la grosseur d'une
bonne plume et long d'une demi-aune ; les corps humides
et ple'ms font des vers aisement , mais la longueur et la gros-
seur de celui-ci m'etomie. J'ai peur cpie celte annee nous
n'ayons bien des lievres et autres maladies de cette sorte de
pourriture ; neanmoins j'espere (ju'il n'en mourra quo les
plus malades.
[,e l)on M. llommetsest mort le sixieme jotirde sa maladie;
nous 1'avons I'ait ouvrir, et nous lui avons trouve le poumon
adherent aux cotes, tout purulent et presque creux; ee sont
les ell'ets de la lievre et de la chaleur eontre nature. J'ai au-
jourd'hui salue 1'ambassadeur de Suede , M. le comte de
Kocnigsrnarck , <[ui m'a Fait grand accueil ; il n'a pas trente
ans. On m'a dit qu'il me veut prendre pour son inedecin ; il
a la reputation d'un fort adroit et habile negociateur, quoi-
que Aristole ait ecrit : Ad rcspoliticas gcrendas iin'nttn iduiit'ox
cw jni'cncs; mais il y a des gens pour <jui Dieu fait des
miracles , joint qu'il y a ordinairement quelque exception
pour ees regies generates. Je vous baise les mains , et suis de
tout mon cu'iir votre, etc.
De Paris, le 4 mai !<)(!<>.
A KAI.CON'ET. 595
LETTKE DCCXI. — A,, m/W.
Les pores cle la societe out en It; credit de lain1 arreter pri-
soniiier un savant janseniste, IVere, de leu M. Lcmaitre, cece-
lebre avocat qui nous a donno do si beaux plaidoyers. II y a
longtemps ([lie j'ai out dire a feu inon pere un bean inol qui
est dans les epitres de Lipse : I ?/•/.«.• boitix duU-mhuii <-*t <juorf
tamnndtn nhnis liceant iinprobis. J'ai ceans le nieme tome qne
feu mon pern avoit de ces epitres dont il avoit coniin 1'aii-
tenr. II disoit que Lipse lui avoit conseille. de me lain: elu-
dier. Dieu soil lone dc tout. II avoit grande amitie. |»our
Lipse , et certes il le meritoit. Tout re iju'il a errit est bon ,
inais son style no Test guere. Pour les niec.lianls, ils out (rojt
de credit, et lesmoines trop d'ambition eld'envie de se ven-
ger de ceux qui no sont pas leurs amis, et <iui n'ont point
fait le pain be.nit dans leur cabale.
On a ici publie quelques oraisons limebres j)our la reine-
mere , Anne d'Antriche. L'eveqne d'Ainiens lit fort mal a
Saint-Denis et deplut a tout le inonde ; et neanmoins il I'a
fait imi>rinier : aussi dit-on (ju'il I'a tort rliangee, el elle de-
plait encore. Voici ce (ju'en a dit un de nos poetes :
Cc coiclelicr mitre qui pronietloit incrvrillos,
Uos liants fails dc la reine oratcur cnnayctix .
No s'es! point conti'iite do lasser nos oirilliv-,.
II vent au.-si lassor no.s youx.
L'ambassadeur de Suede a fait ici son entree le Hi de ce
mois. J'ai ete invite de la fete, maisjen'y ai point ete. J'ati-
I'ois eu pcur cni'il ne m'eut fallu boire la en Allemand. ,Ie ne
bois jilus (ju'en philosoplie , qui a lanliH soixante-ciiKj ans.
J'ai cette obligation a la vieillesse el a tin |»eu de pliilox)-
phie. Adieu. Je suis, etc.
De Paris, le 18 inui lG(i(5.
5% LETTRES DE (JUI I'ATIN
LETTRE DCCXII. — Au meute.
.J'ai vu ici quelques jours I'ambassadeur d'Angleterre , a
qui j'ai (lit aujourd'hui adieu , d'autant qu'il dull partir dans
deux jours pour s'en retouruer a Londres. Son inal (Ho it la
you tie aux pieds.
On dit qu'il taut so re'sondre a la guerre, puisiju'il i'aut
dompter par les unnos la fierte de cello nation angloise. Mais
il f'erti beau voir sur 1'Ocean tant de princes armcs ; le roi de
France, d'Angleterre et de Daneniark, les Ilollandois aver
1'electeur de Brandebourg.
Notre M. Blondel est un lioinmc fort savant, maisqui ecrit
d'un style obscur et embarrasse ; il esl plaideur et chica-
neur, et ainic les proces ; il aime inicux plaider ([u'aecorder
et terniiner les querelles. II a un proces con t re Thevurt le Ca-
mus, ([ui est un aulre mediant chicaneur; il a fait un grand
fact um pour sa defense, inais il n'y en a encore quo deux
feuilles imprimees ; il m'a dit qu'il y en aura hait; il se plaint
fort de M. le premier president, qu'il croyoit , a ce qu'il dil ,
etre son ami. Je ne sais ce que c'est que tout ce galimatias de
gens chicaneurs. Des que le factum sera acheve , je vous le
ferai tenir, comme aussi un livre <]u'il promet , ((/' \'<»////>/
t<(ibft></i«' rc'ttciio, par lequel il veut prouver que J'antimoine est
poison , puisqu'il fait vomir.
J'ai grand regret du pauvre M. Hommels; il etoit bon et
savant homme, inais il n'eloit pas besoin dejeuner le careine
<>t de S(! tuer pour aller en paradis, caitun stultltia iictinius.
Un medecin, (mand meme il ne seroit (jue mediocrement sa-
vant, doit etre guc'ri de cette devolion meurlriere ; la vie de
rhomme est assez courte , sans se couper la gorge par d(';vo-
lion : lot on lard nous devons tons mourir. Qiiand t!sl-ce (juc
viendront les Voyagt^s de .Af. de IMonconis? VA\ viendra-l-il
encore quehjues volumes .' car le Journal (tcx .SV/ I/H/H en a dil
(|uelque chose.
,Ie ne sais qui est ce M. Hat. dnquel vous in'i'crive/. mais
\ KAKONKT. .V.C
jo t'erai tres volontiers tout ce quo jo pourrai pour lui a cause
dc vous.
J'ai bonne opinion do votro Ahrt'-yi'' fit- ('//istnirc (i'/,'s/t<i</n<>,
par M. (hi Verdier ; il y a <le holies chosos a dire. Mariana , lo
jesuito, i|iii a ete un grand personnage, a (lit on son Hixtairc
d'fc'spftync (i\i"\\ y a deux Aviconne, etc.
Vous m'aviez ci-devant promis do m'envoyor lo livre
nouveau de 31. J. Daille,ete Dionysio Arcopayita , cf ff/nntiu
.\nlioc//io ; jo vous on remercie do tout inon co-ur, j'en ai
un. Un honnete honimc do co parti in'a (lit quo, dopuis Cal-
vin, ils n'ont point eu dc si grand hoinnic (JLIO 31. Daille, ct jo
le connois. Lesjuil's disent do lour rabbin, Muses iMninwm'des,
(pjo a .)/ON'' tnititji/o od Mo.wtn noKlrmii nun SH/'/T.I// innjnr .\/ose :
jo lo voux done bion.
On dit ioi(jiiolo niois prochajn lo roi ira a laliocln-llo, otijuo
dos domain il quitte Saint-Germain; <ju'il s'on va a Versailles
pour (iuol(|uos jours , do la a Fontainebleau , a P.lois , a (lliam-
bord ot a la Kochello. Tout oola ost one-ore inoortain.
M.lemanjuisdeVardesestbienmaladc on sa prison ; ccsc-
roit bion dommagequ'il y mourut.carc'est un brave seigneur.
Nous avons ici force crachemenls do sang avoc fiovres conti-
nues; jo vois pourtaut bion quo nos niodecins so plaignent
do 1'avarice do uos malados : c'ostquo la guouserie s'introduit
inorvoillousomoiit partout, on verlu du tostaniont du cardi-
nal Ma/.ai'in ct dt> sa suite.
La roino d<^ Portugal, ci-devant mademoiselle d'Aiunale ,
doit partir d'ici domain, Ic roi mrni.o I'a commando; rile s'on
va d'ici ;i la Uoelielle; tout s'apprete do doca pour un vova"o
ii Fonla'mehleau.
Jo vious do I'oncontror 31. IMoiult-l , loquel m'a dit qn'il
avoit sursis 1'improssion do son I'aclinn, dont il n'y on a quo,
doux leuillos imprimoos; (|ii'il y a un grand proccs , dont il
sera domain communique an parquet, (lot liomme aime trop
a plaidor; c'ost pourtant grand dommage, caro'ost un liv^
savant liommo.
«>(.)8 I.E'lTltES UK (il'l I'AIIN
On me vient de dire que le debanelie M. des Karreaux ost
mort, belle ame (levant Dieu , s'il y croyoit! an moins il par-
loitbien comme un homme qui n'avoit guere de foi pour les
affaires de 1'autre monde; mais il a bien infecte de pauvres
jeunes gens de son libertinage ; sa conversation etoit bien dan-
gereuse et fort pestilente au public. On dit qn'il en avoit
quelque grain avant qu'il fut en Italic, mais a son retour il
etoit acheve. Un rieur disoit qnela trop grande conversation
des nioines 1'avoit gate, non pas de ces anachoretes de la
Thebaide, on de DOS bonnes gens qui s'emploient a la devo-
tion et a 1'etude, mais de ccux <[iii sont en si grand nombre
dans les villes d'ltalie, (|iii no songent a rien moins qu'a
Dieu. .le vous baise les mains, et suis de toute mon ame
votre, etc.
De Paris, !c 28 ma i 16(50.
LETTRE DCCX111. — Au
Kn attendant des nouvelles qui soient bonnes et agreables,
et qui soient fondees sur le soulagement public de toute la
France , je ne laisse pas de vous ecrire. On s'en va vendre la
grande bibliotlieque de M. Fouquet, les alfiches en sont pu-
bli(jues par les rues. La mauvaise fortune de cet homme me
deplait. Si je voyois eeans de ses livres, cela me feroit mal au
Cd'ur. II eu a pourtant de tres beaux , dont je 1'erois peut-etre
mieux mon profit que person ne. J'ai d'ailleurs si pen de
loisir d'etudier, que jem'en console plus aisement.
On dit que le pape n'est pas en bonne intelligence avec le
roi, (jue cela cst cause que nous n'avons pas de jubile. Voilii
un grand malheur pour la chretiente et pour tant de peclieurs
qui out besoin de remission.
L'accord du mariage de 1'empereur avec Tinfante d'Fs-
pagne est fait. Cette princesse partira bientot pourVienne,
oil 1'on dil (|ue 1'einpereur I'attend avec beaucoup d'impa-
A FAI.CONKT. .MKI
tience. On parle aussi d'un grand debat (jiii est en Espagne
entre don Juan d'Autriehe d'une part, qui a la reine de son
cdte, ct le duo de Medina-Sidonia de 1'autre. Ce dernier est
un grand seigneur d'Espagne qui a bonappdtit, et qne 1'ou
dit tHre descend u des ancions rois d'Espagne avant que la
maison d'Autriehe y fut entree i>cr Innci-mn rcn-nis, c'est-ii-dire
par alliances et manages. Un certain poete, faisunt reflexion
sur cette pensee, a dit sur cette maison d'Aulriche, qui est
venue a un si haul degre de puissance :
llella gerant alii, (u , feli.r Austria, nube 1).
Vous savez que le commencement de leur grandeur est
venu dece que Maximilien I", ills de Frederic III, epousa
Marie de Bourgogne , lille uni<jue de Charles, due de Hour-
gogne, qui fut tue 1'an 1477 devanl Nancy. C'etoit a elle que
les dix-se|)t provinces du Pays-Has appartenoient,ct ainsi elle
nous les a emportees par la 1'aute di; noire roi Louis XI, duquel
1 ) Voici le cclebre di.stiqno :
llelln gerant alii ; tu, J'elij.' .-tustriiit null*' :
\iiin IJIKU .Muis aln.-i , diit til'i ri'ijiiti I :'nuf.
(Jn'nn antre suivc les combats ,
l.'ll vnicii tc sort inic'iix t[iic liollniK';
llcllonc iloniptc It's Ktnts ,
Sans combat ^ cnus tc lc> ilouiif,
( I'aihlr trailiii'tion il'linlicrt . )
l)u rc.«to,si on doutail do la vcritc enonceo dans ccs voi <. il fatidrah
:-c rappclor I'liistoire dc noire li-nips. Deux foi-* los Francais s'cinpa-
rcnl de N ienno , deux loi.-> la puissanlo inaixin df llapsbourj; est
abaissee , huiiuliee ; die pord tine j;tainlr par lie de »es po>so>.-ions :
reinpereur d'Allciiia;',ne n'e.-l plus tjue I'eniperrnr d'Aulriche. Mai*
Napoleon s'avise de vouloir ineler son san;; a eelni de^ C.e'»ars jjtM'ina-
nicjues, des lors loul change de face ; la iiuiison d'Aulrielie sr relevc ,
devicnl pin? pnissanle (pie jamais. Oh! oui : Tu, fcli.r Austria , nubc.
l\. IV
()()() I.KI IKICS hK 1,1 I I'ATIN
Philippe de Cominines a (lit trop do bien. Ce Maxiinilien , due
d'Amriohe , out de Marie de ttourgogne Philippe-le-Beau , qui
epousa Jeanne de Castillo, Jeanne la Loque, autrement la
Folle. Ce Philippe niourut jeune, ct laissa Charles-Quint, (jui
fut archiduc d'Autriche, emporeur et rui d'Espagne, lequel ,
assez jeune encore, fit avreler prisonniere sa propre mere, de
peur qu'elle ne se remariat, ct ce par le conseil du plus ruse
prince de son temps, Henri VII d'Angleterre. Mais 1'Espagne
lui vint par la mort de son onclc, infant de Castillo, qui
torn bit de cheval a la chassc et se rornpit le cou, comme avoit
pareillement fait Marie de Bourgogne Tan 1482, et voila le
destin de ceux qui gouvernent le monde. Mais, me direz-vons,
pourquoi cette histoire? C'est quo jc vous en ecris de vieilles,
puisque les nouvelles nous manquent, tandisque nous en at-
tendons de bonnes touchant la paix des Anglois et des Sue-
doif , avec les Hollandois , les Danois et les Francois. Amen.
De Paris, le 'ijuin 1G66.
LETTKE DCCXIV. -- Au meme.
Jo viens de recevoir la votre , du 8 juin, ct les deux livres
de M. Dailleque vous m'avez onvoyes. Ouand vous avez dit a
M. de Lormo qne M. Blondel vouloit prouver (jue rantimoine
est poison , vous dites (|u'il a fait un grand saut. 11 n'est point
mal , si a son age il saute encore si bien , et Dieu soil loue
qu'il saute encore; mais I'anttmoine en a bien fait tombcr qui
ne se releveront jamais et ne sauteront plus. Dieu le veuille
bien conserver et raniener de Bourbon en bonne sante; et
puis(iu"il iicnse a se nnnarier, je lui souhaite tine belle feninie
telle (ju'il la voudra choisir. 11 n'est rien tel (jue de niourir
d'une belle epee. II i'aut entrer avec honneur dans la sainte
synagogue. Je I'lionore fort, mais moil bon genie m'empeche
d'etre de son sentiment touchant ranliinoine. Je n'en ai ja-
mais donne a porsonne , parce quo je ne hasardc rien , et sin'
A FALCONET. (i()|
les instructions que m'en a donnees, il y a plus de quarante
ans, f'cu M. Nicolas Pietre, qui m'etoit conimo un autrc Ga-
Hen ou Hippocrate, les mains nc m'ont jainais demnngc pour
en donner a qui quc ce soil, ct , en verite, je crois avoir
raison : c'est une mechanic drogue, et le peu qui en a pris et
n'en est pas mort n'en avoit quo faire. II n'y a rien de si aise
que de dire que 1'antimoine n'est pas un poison; mais il n'est
pas si aise d'enguerir toute sorte de malades, conimedisent
nos faux prophetes. Quand il ne sera (juestion quc d'aller
vile , et la ire tout ce que fait 1'antiinoine , voire encore
mieux, nous ne inanquons point de remedes. Les apolhi-
caires'se melent de la partie, et enragent centre le Mcdcchi
charitable, et centre les medecins qui, pour empeclier leur
tyrannic, ordonnent en francois et font faire les remedes a la
maison ; ce que j'en fais n'est que pour le soulagement des
families. La casse, le sene, le sirop de lleurs de pecher, de
roses pales et de chicoree, compose avec rhubarbe, suffisent
presque a tout. Jen'ai jarnais vu de maladie guerissable qui
ne put guerir sans antimoine, quoiqu'a la verite je me serve
aussi , pour les plus sots , tels que sont quelquefois les etran-
gers, de nos confections scammonees , commedu diaphenie,
diaprun solutif, diacarthame, dipsyllium , dc citro et dc
succo rusarwn ; mais il faut regarder de pres , et ne pas
prendre martre pour renard. Les corps bilieux et atral.tilain-s
dont noire ville est pleine n'ont pas besoin de cos remedes
beaucoup acres, moins de coloquinte, ellebore, aiitimoine ou
autres venins semblables. Ces messieurs m'ont queltjui'lois
demandopourquoi jcne mevoulois point servir de ce vini'ini'1-
ti(jue, qui est un si bon remeile. A <|uoi j'ai souvent repondu
<|ue je ne mettois point la vie de mes malades dans des risques
sidangereux,oubien je lespaiedecet apologuedu bon Horace,
et de la reponse du renard, a <[ui le lion malade demandoit
pounjuoi il ne le venoit pas voir. C'est, dit-il , o mon roi !
(iiieje vois les vestiges des pas de ceux qui Ic sont alles voir,
qui sont tons tournes du cole de ta taniere, et je n'en vois
(K)-2 I.KTTKKS DK <;ri I-ATI.N
point de ceux (|iii sont revenus. Mais Dieu soil lone de tout
en attendant le f'actum et le livre de M. Blondel. Nuns verrons
tout ec qu'il dim, s'il vient bientot , car s'il tarde tant a venir
je n'y serai peut-etrc plus; je pourrai^tre parti pour ce gite,
dont M. de Lorme, non plus quo les courtisans, no savent
pas mieux la carte quo moi.
On ne dit plus rien do M. des Barreaux ; je ne sais on il est
a present. 11 a vecu de la seete de Crotnonin. Point de soin de
leurame etguore deleur corps, si cen'est troispiedsen terrc.
II n'a pas laisse de corrompre les esprits de beancoup de
jeunes gens qui se sont laisse inl'atiier ;i ee libertin (1 .
M. Morisset, qui rtoit en prison pour ses dettes, n'y est
plus. II fait toujours bonne mine. II a du temps quelui a fait
donner le president de Bnilleul. La reflexion quo vous m'en
f'aites qu'il I'aut avoir du bien en la vieillesse me fait souvenir
de ce quo dit Juvthial en pareil cas, lui-memc ayant pcur dc
mourir de f'aim en sa vieillesse. C'etoif, nn honnete homme de
grand esprit, et qui connaissoit le monde, aussibien qu'Ho-
mere , Aristote , Ciceron , Taeite et Si'neque. Ajoutex-y les
deux Pline. Je mets en parallele pour la force d'esprit Lucien
et Juvenal, qui otoit en son temps lo Soci'ate de Home, et a la
vert n duquel la tyrannic meme deDomitien portoit honneur
et respect. Ce siecle ne valoit pas grand argent, excepte la
(1) Cretnonini, ot non Gremonin, ctail nn philosophe pcripaleticien.
II naqnit a Qento , duchc dc Modcnc , en 1ooO , el mournt do la pcste
;i Padoue en 1031 , a 1'ajjc de cjuatrc-vingls ans. Coinme il soutenait
(pron ne pent , par la raison .seule, dcmonlrcr 1'iramortalitc de 1'aine ,
on le .son])conna d'irrcli{jion el d'athcismc. « (le Crernonin , dil (r.
Nando , clait nn ^rand iiersonna^e , nn esprit vi( el capable de (out ,
nn liommc deniaise et yucn dn sol , qni savail hien la verile , mais
(pfon n'ose j)as dire on italio.... Crernonin cachail linemenl son jenen
Italic ; Nihil habcbat pietalis , et tamen inns lutbcn volebat. I'no do
scs inaxiuies clail : Jntns id lil/at , for is ul ntnris csl. fl y on a hien on
Italic qni n'on croienl pas phis (pic (.remonm. » (.online Nando avail
sejonrno doii7,c ans dans re pays, .-on opinion iTest pas sans \rai-
semblance. K. I*.
A KU.OONKT.
lumierede 1'Evangile : neaumoins il valoit encore mieux que
le notre , quoiquc nous ayons bien dos bigots. Ynli- ft me HI/HI.
De Paris, le 18 juin 1060.
LETTKE DCCXV. —An w-mr.
La nouvelle est ici ibi't grande do la bataillo gagnoo sur
inor par les Hollandois contro les Anglois. On dit qu'ello a
du re quatre jours, et que les Anglois y ont perdu plusieurs
vaisseaux , outre ceux qui out ete emmenes en Hollands avec
3,000 prisonniers. On attend do jour a autre un detail plus
certain ; mais neanmoius on ost ici fort rejoui do re que les
Hollandois ont en gain do bataillo; car oil ospere quo los
Anglois f'eront plus aisement la paix. J'ai vu ee matin M. le
comto de Seested , ainbassadoiir extraordinaire do Dane-
mark , lequel m'a dit qu'il no croira rien de tout oo (jn'on en
dit qu'il n'ait reou sos lettres do Calais, lesquollos il attend
aujourd'liui. II y a pourtant des relations a Paris qui sont
venues depuis trois jours, lesquolles assurent quo los Anglois
y ont perdu 25 grands vaisseaux , ot qn'on lour a emnieno
en Hollando plus do 3,000 prisonniers ; mais, (juoi quo Ton
en diso, jo suis d'avis do n'on rroire quo oe que les Anglois ,
nature! lenient glorieux , avoueront on otre vrai.
\AI reine ost grosso , ot jo le souhaite fort pour le bion do
foute la France. II n'y aura jainais trop do tils <fun si bon
roi que le notre.
Ceux qui veulont exeusor la jitM'ttMlos Anglois disont <pie
lour niallieur ost arrivi- do oo qu'ils ontdiviso liMir arnuV , ot
(ju'ilsen avoient tiro -25 frogates qu'ils avoicntenvoyoesrontrr
M. do Beaufort; mais j'ai ou'i dire a d'autros quo rela n'est
pas vrai. Notre M. Hrayor a aujourd'liui ir.ario sa lille a un
eonseiller tit; la cuiir, noinnii'1 M. Lochassicr, nrveii do M. lo
president Mirou, a huiuolle il a doinu' 80,000 eons argent
'•omptant. 11 en a bion do irste. ot enrore deux autros enl'ant>
(;(H I.KT1KKS DE Cl"! I'ATIN
qui on aui'ont pareillement beaucoup. Co M. Lescbassier est
Ills (1'iin niaitrc des comptes , excellent homme qui aimoit
notre Caroliis comme son propre ills. Us out souvent etudie
ensemble, et ce jeune marie est tres savant. Outre la belle
jurisprudence, il sail 1'antiquite, le grec et les belles-lettres,
au-dela de sa condition.
Le roi a donne a M. de Ruvigni 13 vaisseaux pour conduire
mademoiselle d'Aurnale en Portugal, et apres il a charge de
s'aller joindre a Tarinee de 31. de Beaufort , alin qu'il soil si
fort, quo les Anglois ne le puissent attaqucr. MM. les Khits
deHollande out pareillement envoye plusieurs vaisseaux. vers
le Danemark , alin d'empecher (jue les Anglois n'aillent dece
cote-la I'aire (|iiel(|ue surprise.
On dit quo les Anglois out fait faire des feux de joie sur ce
qu'ils out gagne la bataille sur mer contre les llollandois;
mais il fait bon battre un glorieux. Us out perdu 2."> grands
vaisseaux , et les Hollandois n'y en out perdu que 4. Cepen-
dant on amuse lepcuple, et on donne ainsi le courage a des
miserables soldats de s'embarquer, comme s'ils etoient surs
d'en rcvenir. Jamais les Kspaguols ne perdentde batailles que
leurs fu yards n'aillent dans leurs villages crier : \'ict«ir<-
conti'c ccs gouaches dc Francois (l).
On dit que le roi s'en va faire I'aire une grande revue a
I'eiitour de Fontainebleau avee tout 1'apparat d'un siege, CM;
([ui coutera beaucoup; mais c'est pour rejouir les dames de la
cour. On dit que nous verrons bientot cetle grande reforma-
tion de la justice , et qu'elle sera publiee le mois prochain , et
(jue les proces en serout bien abreges a\'ee grand retranclie-
ment de taut de chicane qui est aujourd'lmi dans les parle-
ments el dans les presidiaux de France : /i"( , li<d ; mais cela
ne se fera jamais qu'au grand regret de taut de gens <|ui en
vivent, etcjuecette chicane entretient avcc tantde luxe.
(1) Gavachos , expression injurieusc tres usitec en Kspa^ne conlre
les Franrais. (R. P."
A FALCONET. 60.'»
L'inf'unte d'Espagne est encore en Espagne. Quand elle
sortira de la , elle viendra ii Milan , oil seront les ceremonies ,
et de la elle sera conduite en Allemagne jusqu'ii Vienne.
La ratification du traite que le roi a fait avec ceux d'Alger
et de Tunis a ete reeue avec grande joie ii Fontainebleaii. Us
nous rendront nosesclaves; nous y aurons toute la liberte du
commerce; niais il ne se faut guere fier a ces yens-la, qui
n'ont d'autre religion quecelledu profit, ijHornm /J<-//s ci-nti-r
rsf. Jo vous baise les mains, et suis de tout mon cirur
votre , etc.
Do Paris, le 22juin 16GG.
LETTRE DCCXVI. — An
M. rambassadeur de Suede m'a dit ce matin qu'il n'y a
imlle apparence de paix entre les Angloiset les Uollaiulois,
<|ue les uns et les autres n'aient encore mis une fois en mer,
et qu'ils ne se soient derechef battus apres la victoire que
les Hollanders ont remportee sur mer. Les Anglois firent aus-
sitot courir le bruit qu'ils avoient gagne de beaucoup; mais
ce f'ut un stratageme qui leur a retissi. Ce ne fut que pour eni-
pecher une sedition que cette mauvaise nouvelle eut can see
dans Londres.
(Deux qui viennent de Fontainebleaii , ceGjuillet, disent
(juela goutteest venue a M. Colbert , et qu'il se porte mieux.
II est vrai (jiie la goutte est quelquefois criticpie, /•/•/•/•/•// oifm
a mar/iris inorbis libt'i'nf, tif/iiluiufnna tinm-n nntritmrinn I'/m'f-
/'l/in i/t'iirniii (liat/tcsini I'tnuqnc finuli'iit li'l/Hili'iit nidicaf (l).
^1) Lo coiiiiuenceineiit do cv p<is>ai:o prouvo quo dm Patin rt\',;ir-
dail la jjouHo commo uuo inaladie oriliquo. C'o>l aussi Pupiiiiuu tlo
boauoou]) do inodooiiis niodornos ; do la cello famon>e i|iio>tion : /Ant-
on ijuerir la (joullr ? qu'on doil poser avanl celle-ci : I'c'it-on ijuerir
In «<nttle'? It. \*.
GOG I.F.THIES I)K (,UI 1>ATIN
Meat i nis! iiie ti/i/iiii'is,!,/ hnri.'tiuni'.' Quand vous avc/ la gout to,
vous etes a plaindre ; quand vous uc 1'ave/ pas, vous etes a
craindre , nintinim re/I ait st-mm vindcntum ct mnliynwn it
visceribtis intonjieratis ct male murutis a.il jtulnionetn , </uf imlc
in/icilin ct inemendabile citituu cuiici/iif. Kntiu c'ost chose
certaine que les Anglois out perdu 28 grands vaisseaux le
mois passe, doutsept out ete emmones en llollande, et tons
les autres out ete enfonces et soul alles au fond de la iner.
Les Hollandois sont aiijotird'hui les plus forts , ft ilwninimtm-
man', inais la paix ne so fait point, ct n'est pas en etat d'etre
f'aite. II f'aut (ju'ils se lienneut sur lours gardes, car lesAnglois
disont bieu <pi"ils en vouloiit avoir leur revanche. Quand les
loups sont enrages, ils mordent bion serre , dwitjne rcni'mim
dantis , cf udmorso sKjnuta, tn ^///'pc ctctit/'t.i- , inoine il v en a
ici qui liennent qu'ils sont deja aux mains.
On avoit parlo du re tour du roi ii Yiiiceunes vl a Versaillos ;
inaiscela est change, le roi s'en va a Chnmbord, et peut-etre
de lii bien plus loin , jusqu'ii la Ilochelle , ou Ton (lit quo doit
aborder dans quiuze jours M. de Beauibrt avec son arinee.
J'attendrai le [>lus patiomment qu'il m^ sera possible les
voyages doM. do Monconis avee 1'antre livreijiu: vous m'ave/
destint; jiar M. de Taix; puisseut-ilsbioiilot vonirii IJOD jtort !
Je suis ravi do ce (jiie 31. votre liis est toul-ii-i'ait rocu et
agrege dans votre college; Diou lui i'asse la grace do n'y ac-
([uerir quo du bien et de riionneur, ot do n'cn inourir que
1'aiicion niaitre. 11 a de 1'esprit ct de tort bonnes qualites ; lo
temps lui en acquerra d'autres, et j'espere ({u'il reussira
bien dans sa profession.
,le ne sais (puand le roi ira au parlonient pour sa declaration
contre la chicane et la reformation de taut d'abus qui sont
au palais ; mais on en menace ici fort tons les procurours et
les grcfliers ; los conscillers monies, ot los avocats en sont-
('•pouvantes; los marchands disont (jue cola servira a rabatti'o
I'oi'guoil et la braveriedes femmes desprocurcurs.
[/ambassadour de Suede commence for! a fa ire diminuer
A FALCONET. (KT
son train; il en pnrlil encore liicr -2-2 ol'liciers qui s'en vont a
Bruxelles, en Hollands, el de la a Brcme. Unit jours an-
paravant on avoit decharge la inaison de pared noinbre de
domestiques ; niais, |)our I'ambassadeur nieme, on dit qu'il
n'est pas encore pres de s'en idler. Ilier apres-midi , tandis
quej'etois en ville , et peut-etre au College Uoyal , un cro-
cheteur m'apporta un paquet, qui est sans doute de votre
part , dans lequel j'ai trouve eet Abrt'-t/f' d<- I' lli*t»ir<' (/'k's/j<i</nt'
de du Verdier, et les VIHJUIJCS da M. dc .l/o//r;o/</.>-, et pour le
tout, je vous en rends graces tres humbles.
M. Blondel me dit liier quo son factuni viendroit bientot.
Comment se porte M. de Lorme? est-il remarie? fm-jm .v-
ncx miles, turpe senilis ainur. Je vis liier, die/ 31. Cramoisy,
deux tomes in-lblio d'un medecin espaynol , nonirni'1 da j/c-
radia , imprimes ehez MM. Arnaud et Jiordes ; mais dans ee
peu de temps qu'ils Curent entre mes mains, j'y vis taut de
fautes de la pai tde I'imprimeur, que j'en (us bientot degonte;
cela pourtant n'empeche point que je n'en desire un exem-
plaire ; il y a la-dedans un traite qui me les fait desirer, mal-
gre les lautes typographiques : c'est un commentaire sur les
Jlistuircs epidemiques d'I//i>jnj<:r«(c. Je vous en lerai rendre
le prix par le commis de M. Troisdames , qui, Dieu inerei,
est en bonne sante.
On ne parle plus d'aueun voyage du roi , mais seulemeut
que la cour sera encore trois mois a Fonlainebleau , <|iie I'ain-
bassadeur de Suede a fait son accord avee nous , et <pi'il a
louche ^0(),0(!() livres. Je vous baise Ires lunnblenient les
mains , et suis de tout mon cu'ur votre, etc.
DC Paris, le !(• juillct K>(iC».
LKTTIiK DCCXVll. -- .lw mniv.
Pour satist'aire a ee (|iie vous souhaite/. de moi , je vous di-
rai <|ue Julius Ci'-sar Buleiigvrns i''loil nulil' de Loiidun . lil>
60S LETTRES DE GUI PATIN
d'uii modecin natit'de Troves. II so lit ici jesuite assez jeune ;
etcomme il etoit savant, il y faisoit lecon le matin, ot le pore
Jacques Sirmond , ce grand hommequi mourut en 1G.">1 , age
decinquante-quatre ans, y enseignoit 1'apres-dine.L'liabit do
Bulenger etoit tanne et non pas noir, et parce qu'il n'etoit
pas encore pretre , il n'etoit nomine que maitre Jules. J'ai
ceans un petit livre ecrit do la main de feu mon pore, qui
sont des lecon s qu'il lui a die tees 1'an 1586. II sortit des je-
suites et enseigna dans Paris en divers colleges , et on Ire au-
tres a Harcourt et aux Grassins; puis il devint aumonier du
roi , puis alchirniste , I'ripon et debauche , et enfin allant a
confesse a tin jesuite en un certain jubile , il fut reconquis et
regagne apres unc parentheso de vingt-deux ans; et il so re-
mit aux jesuites, chez lesquols il est mort environ 1'ari 1G28 ,
a Tournon ou la aupres. II etoit savant , mais tout ce qu'il a
ecrit n'a pas reussi. Los jesuites le vouloiont obligor d'ecrire
centre 1'bistoire de 31. le president de Thou et centre Ca-
saubon.
Jo connois fort ce M. Colladon , dont vous me parloz ; il so
dit medecin de la reiiie-mero d'Angleterre. II m'a (lit qu'il a un
lils qu'il veut fairo medecin , ot qu'il me recommandera pour
otre mon auditeur, qu'il otoit plusieurs fois venu au College
Royal y entendre mes explications , et qu'il aimoit bien ma
metbode simple ot facile ; mais je sais de bonne part qu'ils
n'observent pas de metbode en Angleterre. Los apotbicaires y
sont grands coupeurs de bourses , et les medecins los y aidont,
/tic ct alibi rendilx/- )>ijx>r. Pour M. dcMayorne, qui otoit me-
ckcin du roi , c'otoit un grand charlatan. Mais qu'ost dovonu
ce Provencal chimiste nomine Arnaud ? A-t-il (Ho pondti
pour i'ausse monnoie? car on nous 1'a dit ici. Jo no sais pas
qui est cclui dos notres (|ui a ocrit a Lyon ([tie co n'ost pas sans
mystere que 1'antimoine a prevalu. Donnez-vous un pou do
patience , il en sera parlo. II viondra nil factum , un anvt ot
un livre latin. II est ici pen do malades, mais le vin <'m<'ti-
quo y ost fort docrio. La cabalo de cetto dornioiv assemblt'-o a
A FALCONET. tk)(.)
tail tort o sa reputation 1 1). Ces messieurs disi'iil t|u'un poison
n'est point poison dans la main du bon medecin. 11.; parlent
contre leur propre experience ; car la plupart d'entre eux out
tue leur femme , leurs enfants et leurs amis. Quoi qu'il en
(1) L'antimoine , proscrit il y avail cent ans par deux decrels (Voyez
Ces decrets, t. I, note page 191 ), f'ut aulorise dans Passemblec dc la
Facullc de medecine du 16 avril 1066. 1,'arrel du parlcuient es»t
transcrit sur les registres de la Facultc , ou nous Ic copious en marge
de cclui du 3 aoul 1566.
Extrail des reyistres de parlement.
Uecu par la cour le proces- verbal de MM. Henri de llci'uge et Jean
duTillet, conseillcrs d'icelle, du 2'J mars dernier, en execution des
arrests rendus le 16 fevrier ct le 6 dudil niois dc mats, enlre M. Jacques
Thevart, docleur-regenl de la Facultc de medecine de ITiuverMle de
Paris, professcur es-cscholles de ladite Faculle ; el Francois Ic Yignon ,
doveu de ladite Facullc, d'unc part; el M. Francois Blondel , aussi
doclcur-regent de ladile Faculle, conlenanl les comparilioiin, diies,
requisitions, opposilions ct conleslalions desdils Thevart, le Vignun
el Ulondel, el requisition de M" Nicolas Doe, subslilul du procureur-
general, avec lequel lesdits conseillers sc seraienl Iransporle's el eschnlles
de ladile Faculle ; ensemble les ad\is et suiirages de cent deux medc-
cins, assembles en ladile Faculle, sur le vin emetique, dont il s'en esl
trouve qualrc-vingl-douze, lesquels out esle d'adxiide mellre le vin
emeliquc enlre les remedes purgalifs ; el les huil aulres , an conlrairc,
qtie c'estoit un venin. Fl le decrel de ladile Faculie , (ail de suite , avec
leur permission, par ledil le Vignon , doyen d'icelle, donl lesdils
conseillers auraient doiine acle et ordonne qu'ils en feroient rapport.
Ouy ledicl rapport, le loul rons'nlerc, ladite cour a eiilheriine et
enlherime ledicl advis el decrel : ce laisant, permit a tons docleurs-
me 'ecins dc ladite Faculle de se servir dudil vin emeliquc pour les
cures des maladies , d'en escrire el disputer, fail neanmoins inhibitions
el deffences a tonics personnes de s'cu servir que j>;tr leurs advis.
Ordonne que le present arresl sera I u en la Faculle do medecine , et
inscrit dans leur regislrc a cosle du decrel de 136(5 , qui deifend et pro-
bibc de se servir dudit vin emelique; el seronl , L-s oppositions dc
Thevart el llureau, ensemble I'arresl de Charlier, remis dans lesdiu
registres a la diligence du doyen. Fait en parlement , k- 10 avril 16 ;<>.
Si<jnc: duTillet, r( coUal'onne . !e Vignon, doyen. ( H. \\]
III. .•?',>
610 i.K'mti-s DK GI i r.vm
soil, pour tuvoi'iser les apolliicaires ils disentdu bien d'nne
drogue dont eux-nu-mes u'oseroient gouter. Je me "console
parce qu'il taut qu'il yait des heresies, atin que lesbonssoient
eprouves , mais je n'ai jamais ete d'humeur a adorer le veau
d'or, ni a considerer la fortune coinine une deesse, Dieu m'en
preserve a 1'avenir. Je suis content de la mediocrite de la
mienne. Paix et peii. Des quo le vent aura change , tons ces
champions de 1'antiinoine se dissiperont comme la fumre de
leur fourneau. Ijtsi peribuiit : dii iiidinrapiis. Vale.
De Paris, l*> 30 juillet 160(5.
LETTRE DCCXVIII. — AH menu:
M. Defita , procureur du roi aux requetes de 1'hdtel, et qui
etoit naguere a Lyon , a ete recu lieutenant criminel a la place
de M. Tardieu , qui fut si miserablement assassine I'annee
passee dans sa maison. M. le lieutenant civil est ici fort ma-
lade , comme aussi M. de Noailles, premier capitaine des
gardes.
On fait avaneerM.de Beaufort, et les Hollandois le vien-
nent joindre avec cent cinq voiles , que les vaisseaux du roi
de Danemark viendront joindre tot apres.
Hier mourut ici un president des comptes, nomme Girard
du Tilly ; il etoit gendre de feu M. le president de Bailleul ;
c'est lui qui avoit chasse sa femme , et die/ laquelle fut trou-
ve I'annee passee le pere Faveroles , jesuite, qui fait aujour-
d'hui chez ces bons peres rude penitence, a ce qu'on dit, dans
line cave , les fers aux pieds avec les limacons.
II y en a qui croient que 31. de Beaufort est iei a la cour , et
qu'il est venu voir le roi in^oynito.
On commence iei a voir plusieurs nmux extraordinaires ,
tels que sont dysenteries, fievres ([iiartes , hydropisies ; je
crois ({ue e'est le malheur du temps qui fait taut de mi'lan-
coliques , rar font le inonde se plaint.
A FALCONET. 611
Comme j'etois aujourd'hui , sur les on/e beures , avec M. le
premier president dans son cabinet, qui m'avoit envoy*? que-
rir pour diner avec lui, on est venu lui dire que Ton avoit
donne I'exlreme-onction a 31. le lieutenant civil ; tdt apres il
est venu une grande troupe de ses parents qui lecherchoient
pour I'einmener , ego vcro clam me subdujci , coniine dit quel-
que part Erasme, et m'en suis venu diner avec in a laniilln. II
y aura eu quelque affaire secrete. Nous avons ici un des nolivs
fort malade, qui estM. Charpentier , qui est un des plus lia-
biles, mais la science n'y fait rien , fom docfi , quarn hidm-ii ,
d'qw ocniunt in rntionem libitince. Je vous baise les mains , et
suis de tout mon cceur votre , etc.
De Paris , le 9 seplembre 1666.
LETTRE DCCXIX. — Au meme.
Notre 31. Morisset etoit alle en Flandre pour la princesse
d'Espinay, et je ne sais ce que ce voyage lui causera debien,
car on dit qu'elle est morte. II mourut aussi hier un ce'lebre
avocat , nomme 31. Gauthier, qui s'est autrefois fait bien en-
tendre dans le palais avec grande attention; il avuil soixanle-
seize ans (1).
Le roi d'Espagne et celui de Portugal sont enlin d'accord
ensemble, eton dit que la paix est faite avec un notable avan-
tage pour le Portugal. On pretend que la paix se (era aussi
entre ces memes Espagnols et les Anglois, qui auront pour
(1) Serait-cc le inemc avocat Gautliier dont N igncul-Marville , ou
plutot dom Bonavcnture d'Argonca trace le .-iu[;ulicr portrait dans >e^
Melanges, etc.? «L'a\ocat Gauthier, celebre par ses plaidoycrs sati-
riques, avail des cpialilcs j-in^ulieres. Sa tele cliauve, les rides do son
large trout, ses yeux cliucclanls , son nex d'ai»!e , une grando Louche
armec de dents canines , avec la voix d'un corbeau qui croasse sur une
proie qu'il a ensanglaulee de ses ongles, composait un tout assez parl'uit
avec sa vehemence uatuielle , son humeur aigre et bilicusc. » ,U. P.
til '2 I.KITHES bE .in |-ATI>
ennemis les Francois, Hollandois, Danois , Suedois , aver
1'elecleur do Brandebourg et autros princes do 1'Allemagne ;
Dicu nous preserve decctte guerre qui ruineroit toute 1' En ro-
pe, id bcllo pax , sic pad bcllttm sibi inricem succcJunt, car apres
que les princes sc sont bien tourmentes , Dieu fait aussi sa
guerre , oil il fait paroitre son ponvoir a son tour. On parle de
grands jours nouveaux. On parle aussi du f'rere Annet, recollet,
et d'uri Buis , qui sont morts a L\on en belle conipagnie, de
cette anginc que fait le bourrcau. Mais (juedcviendra Buaton?
Je sais toute 1'aifaire ; apparemment vous la save/ aussi bien
que nous; c'est aux depens de M. le marquis deChateauneuf,
frere aiiie dc M. le marecual de Senneterre, Je vous reconi-
mande la lettre de mon Carolus ici incluse.
On vient de publier a cris publics par les troinpettesj lire's
que le roi retablit les louis d'or a 11 livres, les ecusblancs a
60 sous , ct le reste a proportion ; plusieurs s'en rejouissent
de deca ; les medecins n'y perdront rien. Je vor.s baise les
mains , et suis de tout mon coaur votre, etc.
De Paris, le 17 septembre 1CGO.
LETTHK DCCXX. - .4
Je vous remercie de taut de peine que vous prenez pour
mcs petites affaires. J'attendrai votre nouvelle edition , et
apres je satisferai M. Uavaud, a qui cependant je me reconi-
mande. Tanaquillus Faber s'en est retourne a Saumur (i\
(Vest un excellent homme ct de la premiere classe des savants
d'aujourd'hui. Nous dinames ensemble a Saint-Victor avec
(\ ) Tanncguy Lefevre, en latin Tanaquilliis Faber, philolo^ue fra;i-
cais , no a Caen en 1015, prolesscur do ('Academic de Saunuir, mort
dans cctte villc en KJ72. Madame Daeier (Anne Lefevre } <a lille, nee
a Saunuir en Ifiol , niorle le 17 aout 17-20, a inerite, par ses onvrajcs
et se^ iradiielions, d'etre placee parmi le.< sa\;uil< de la France.
it. r.
quelques bons religioux ct iles plus savants. Nous nous on-
tretiimies troib hcures enlieres dans leur jardin. Notre con-
versation fut fort melee, maiscomme a dit I'etrone : cri/dito
luxu. II sail les poetes anciens (jui, cominc vous, entendoient
bien la raillerie. Les moines qui nous ecouloienl furent fort
contents de nous, et nous a peu pros d'eux. Mais ils out fait
a M. Mentel, noire collegue, un jugement sur notre entretien,
dont je me plains; car ils me preferent audit Faber, en quoi
on voit assex qu'ils ne s'y connoissent pas. Vous savcz bien
que dans les adages d'Krasme il y a : indoctus nt MMturhus ,
et voila mon ecot pave. Je ne voudrois pas pourtant citer ce
passage en lenr presence ; on diroit que je me veux do fend re
d'un compliment par une espece d'injurc.
Nous avons ici M. Charpentier , notre collegue , fort ma-
lade. J'en ai regret, parce qu'il est habile homme et qn'il n'y
en a plus guere de sa trempe. Nous en avons perdu depuis
huit mois des meilleurs, savoir , MM. Pietre, Lecomle et
Hommets. Ces trois-la en savoient plus quo cinquante autres.
Le due d'Albe disoit que cent grenouilles ne valoient pas une
tele de saumon. Nous avons aussi perdu M. d'Aubrai , lieute-
nant civil. C'etoil un honnete homme , qui etoit merveilleu-
sement intelligent pour 1'exercice de cette grande charge. On
n'a pas bien ronnu sa maladie, et de plus un charlatan lui a
donne deux prises de vin emetique aveclesquelles il a bientot
passe an pays d'ou personne ne revient ; mais il n'y a pasde
quoi s'etonner decela. II estmortde la main d'un charlatan ,
lui-meme dont la charge etoit de chasscr cette sorte de gens
qui se disent impudemment et faussement medecins de Mont-
pellicr. Ce ne sont que de miserables gredins , gens sans lieu
et sans aveu , moines defroques , fraters, apothicaires et bar-
biers gaseous, qui promotion! des secrets contre loutos sortes
de maladies, el plusieurs an Ires : tiMiioin notre abbej. d'Au-
bry, natif deMonlpellier, qu'on prend pour un grand docteur.
Nous n'avons rien ici de nouveau ni de certain de la guerre
do la part des Angloisni des Hollandois. Jo ne lis aucune ga-
614 I.ETTKES DE GUI PATIN
/ette etrangere, ni meme do mannscrits ; mais j'apprends
qu'e ceux qui les font mentent aussi hardimcnt qu'a Paris,
pour complairo a ceux qui les metlent en besogne. Adieu.
Je suis , etc.
De Paris, le 21 scptorabre 1660.
LETTKE DCGXXI. -- A
Je ne vous ecrivis hier, ce 25 septembre, que par occasion
de la mort de notre bon ami Hannibal Seested. L'ambassa-
deur de Danemark a ete embamne et remporteen son pays ,
on il avoit bien envie de retourner snr la fin de cet automne.
Plusieurs lettres portent que !e feu s'est pris dans Londres,
qui a briile la moitie de la ville : voila une horrible affliction
pour un pays agite de guerre , de pestes, de tempetes , de pen
d' argent et de pen de commerce ; je crois qu'enfm ils se
trouveront reduits a fa ire la paix avec les Hollandois, ceque
je souhaite pour le bien public.
M. de Beaufort est revenu avec sa llotle, de Bretagne a
Dieppe; aujourd'lmi I'on dit qu'il cst a Dunkerque ; le voila
done avec de bons et grands vaisseaux . joint aux Hollandois,
qui ne peuvenl manquer dorenavant d'etre les plus forts ,
avec lant de secours, taut Francois que Danois. Mais d'linc
autre part, il me seinble que voila 1'Angleterre dans une
grande affliction , ou il est a ci-aindre qu'apres taut de pertes
signalees il nc lui arrive encore (juelque chose do pis, savoir,
la famine, qui feroit son accablement. 11 y a de quoi craindrr
une sedition dans taut de mauvais esprits, et tant de disposi-
tions de revolte en un pays ou il y a tant de gens enrages et
tanl de diversite de religion. Je pensc que tout cela est bien
capable de donner du martel en tele au roi d'Angleterre , car
ce peu[)le est bien mediant. Je vous remercie des u'uvres de
lleredia, medecin espagnol ; M. Spon vient de me 1'apprendre,
et on vient de m'en envoyer le ballot. On ne doute plus ici de
\ iAu;o\hi. 6l.f)
I'horrible incendie (It: Londres; il y a bien des niarchands a
Paris qui en oat des lettres. On ditque c'est line horrible
perte. La flotte des Anglois s'esl retiree vers lours Dunes; el il
semble, a la contenance des deux armees, que les uns et les
autres n'ont guere envie de se battre ; pent-etre sont-ils las
dt; la guerre; qu'ils s'accordent done.
On ne parle id que de morts snbites.On a enterrece matin
nn ricbe marcband de la rue Saint-Denis, nomine Kellavoine ,
qui , etant a deux lienes d'ici en sa maison des champs, ne tut
que quatre heures malade; 1'apoplexie le prit par un rale-
ment dont il est mort. Cette mort e?t a eraindre a un ehretien.
Plusieurs curieux out remarque que les reverends peresde
la societe n'avoient point , coimne d'autres, I'ait des harangues
i'unebres a 1'lionneur de la f'eue reine-mere Anne d'Autriche ;
mais je viens d'apprendre , ce 8 septembre , (jue dimanche ,
',\ octobre, un de leurs prof'esseurs en rhetorique f'era une
harangue latine en son honneur ; peut-etre qu'on 1'impri-
mera.
Notre M. Charpentier est tonjours en mauvais etat, etourdi
et assoupi comnie en enf'anre; n'est-ce pas grande pitie (pie
la vieillesse?
Notre M. Blondel a fait aehever son factuin ; mais il ne le
public pas a cause de quelque chose qu'il y veut ajouter; Ton
verra de fortes pieces contre I'antimoine, et entre autres un
arret de la cour, donno il y a cent ans, coiilirmatif du decret
donne sous le decannat du grand Simon IMetre, et vous le
pouvez lire dans Hofmann en son livre di- Mfdii-nmcntis offici-
iiulibus, page 093 (l). 11 se trouve aussi imprime en plusieurs
autres livres. Je vous baise tres humblement les mains, et
suis de toute mon a me votre, etc.
IV P(iris, le 1" oclobro 10()6.
1) Voyez cc decrel . t. I, note pap/* I'M.
616 Mil HIES 1)K (it:i I'ATI.N
LKTTRE DCCXXII. — Au ,nnnr.
Dion soil lone quc vous etes en meilleur etat, car jc vicns
d'apprcndre quo vous avez etc bicn malade. Donuez-vous
loisir do guerir parfaitement avant quo de vous remeUrc a
travail Icr et a emlosser le harnois do misere de notre profes-
sion , qui est capable d'accabler les plus robustes ; et puis-
que vous n'etes pas de ce noinbre , prenez la peine de vous
bien clioyer, en conservant ct rnenageant prudemment le pen
qui vous rcste de forces. SoulFrons et resistons , et en nous de-
fendant , pratiquons le precepte de Virgilc :
Durate ct vosmcl rebus scrvate secundia.
Peut-etre qu'apres la pluie viendra le beau temps, et ceux
qui seront morts ne pourront jouir du benefice de la paix.
M. le lieutenant criminel travaille ici a fa ire justice par de
tres frequentes executions, a pendre et a rompre des voleurs
et des faux monnoyeurs. Depuis huit jours il a fait aussi
mettre en prison force garces tirees de divers cndroits do
Paris et surtout des Marais du Temple, qui est un lieu dr-
venu desert au prix de ce qu'il etoit autrefois , par le mauvais
temps auquel Dieu nous a reserves et par les taxes que la
chambre de justice a raises sur les partisans et leurs heritiers.
Je suis , etc.
De Taris, le 1" octobre 1666.
LETTRE DCCXXIII. — Au
J'ai fort bonne opinion du livre que vous avez sous la presse,
Index librnrum prohibitorum ct cxpiirgatomm , en deux tomes
in-folio; r'est un ouvragebicn curicux. Des livres dedroit . jf
A KAI.CO.NKl. C)17
ii'cn ai quo lairc; mais pour eeuxqui regardent votro religion,
je les aimc ; car il y a a savoir, principalement quand ils sont
du merite de ceux de M. Daille.Tous ces bons livres-lii (iciinont
bien letir place dans unc bibliolheque; un honnete hommc a
toujours bonne grace d'apprendre la verite et dc se de-
tromper, et memo delivrer de la bigoterie du siecle, et de se
garantir des impostures , dcs fraudes et de la cabale des ca-
fards.
On deplore Ibrt ici 1'horrible perte qu'a faite 1'Angleterre
dans 1'incendie de Londres, qui cause une perte inestimable.
Jo suis de toute mon ame votre , etc.
De Paris, Ic 8 octobrc 1666.
LETTRE DCCXX1V. — A» mtmc.
Pcrmettez-moi de vous temoigner la joie quo j'ai de volre
convalescence ; je prie Dieu qu'il vousrende bientot une sanh:
parfaite.
On parle ici d'une chose qui me somble bien etrange : c'est
de remettre sus le proces de M. Fouquet, et de le fa ire revenir
de deca pour le juger de nouveau sur des lettres que Ton a
recoimves; je ne sais si cela s'est jamais fait. II est vrai qu'un
huguenot a an trefois fait un livre intitule: /{crisioii flnconci/f
(if T/TlttC.
On dit que le roi va demeurer a Saint-(iermain-en-Laye
pour un mois, c'est-a-dire jusqu'a ce que le gros pavilion des
Tuileries soit acheve, auquel on travaille jour et nuit, fetes
et dimanches.
On parle ici d'une foret qui bruin depuis trois semaines
pres de Belesme au Perche , et personne ne pent deviner
d'ou vient ce feu.
Le roi n'a pas encore pourvu a la charge de lieutenant
civil ; il y apparence que cc sera M. d'Oflrenmnt , maitre des
618 I.ETTKKS DE (, (I I'ATIN
requetes , lils du demnt ; d'autres la donnent a un parent de
M. Colbert; mais qui que ce soil qui 1'ait, je crois (ju'on ne la
donnera jamais avec tant d'aulorite qu'elle en a eu jusqu'a
present; car on parle d'etablir une chambre de police , a la-
quelle presideront plusieurs maitres des requetes.
On parle aussi d'oter toutes lesfontaines des particuliers et
de fa ire etablir une si bonne garde toute la nuit par toutes
les rues , qu'il ne s'y fasse plus de vols ni de massacres. J'ai
vu aujourd'hui une inaladie <[ui est assez commune dans les
bopilaux, mais qui est bien rare cliez les bourgeois : c'est le
seorbut . duquel tant d'Allemands out ecrit, Eugalenus ,
Uonsseus , Horstius , Sennertus , Salomon Albertus , etc.
Celle-ci ji'en echappera non plus que les autres, nwrltns est a
inta substantial, ct rere immcdicabilis propter fifit/i/t. impresswn
ran' is p«rtibus ; mais tous les scorbutiques ne sont pas si ma-
lades; quand ils sont confirmes par beaucoup de temps, et
que le corps en est abattu , je les tiens incurables. Je vous
supplie que 1'incluse soit au plus tot et surement rendue a
M. Anisson. J'attends impatiemment des nouvelles de votre
sante et parfaite convalescence , utinmn hoc insura nptatissi-
ntiriu, cito ct per ft', propriaque tua inanu rec/piam. .le salue toute
votre famille et tous nos amis, principalement M. Spon ,
notre bon ami. et M. fiarnier, et suis de tout mon conn1
votre, etc.
De Paris , le 18 oclobre 16(5(5.
LETTKE DCCXXV. — Au
.le suis fort en peine de votre sante, n'en apprenant rien de
certain, ni par vous ni par les votres; au moins donnez-
m'en quelque assurance par M. votre fits : six lignes me suf'ii-
ront , mais plutot six mots, tels que ceux de Ciceron : Si
iw/es , benc est , pf/o quidem vnf.cn. Je suis inquiet de votre sante ;
A FALCONET. 610
ia perte d'un vienx ami est irreparable ; il n'en est pas de
meme do 1'argent ; il en peut vcnir tons les jours; Ic soleil
s'en va et revient, mais 1'ami no revient point.
On commence ici a executer la police premeditee sur les
revendeuses, receleuses , ravaudeuses , ot savetiers qui ocru-
pent des lieux qui incommodent le passage public ; on vent
voir les rues cle Paris fort neltes. Le roi a (lit qu'il veut f'aire
de Paris ce qu'iVuguste Jit de Home, Lnterifium />•//£•>•/, ///"/-
ntoreamrelinquo. On viendra ensuite aux bouchers, boulan-
gers, cabaretiers et autres. Apres la Saint-Martin, on publiera
au parlement 1'abreviation des proces , dont se sentiront les
gret'liers , les procureurs , les a vocals et meme les conseillers,
mais surtout ceux de la grand'chambre.
On s'eu va aussi donnerordre pour les voleurs de nuit , en
quoi on imiteia, a ce qu'on (lit , la police de volre ville de
Lyon. On parle aussi de lusfranda ttnirernu i:iritn/et de visitor
toutes les maisons, d'en cliasser toutes sortes de vagabonds
et gens inutiles, et meme le nombre superllu des garcons
barbiers , chirurgiens , apolliicaires. Plui a Dieu que cela
reussit pour le bien du public , en y comprenant tant
de charlatans, se disant la plupart et le plus souvent me-
decins deMonlpellier, qui neanmoins ne sout le j)lus souvent
<|ue des ignorants empiri(jiies, chimistes eilrontes , moines
detroques, nr/nt/m xmii'inn i>tir<j<iimnt<i , suit* yi'iifis (le/mm'Stn-
iiH'it/tt , pauvres mahjtrus, (jui sont gueux et (jui n'ont qu»'
bon appetil : (/HI ricinm nustrot'Uin [wricnlts ilisrunt, <•( c./;//r;v-
mi'iila fjtiolidic jH'i' innrlm aijtint , fraud il/us, mijxmtuns, I'aru'-
/<ifc , mitlfijilicitate ct Huvitvli1 rented mt'imt ^ *(I/H<> , t'lnterio,
unli'i'i'i: Pi'i'iii'/ii/io , srtii/iiiKiiito , wid trr indirtt, etc.
Enfiu , je viens d'apprendre, par la votredu 1 1 octobre, (pu-
vous etes en meilleur etat ; Dieu soit loue de tout: j^urgi^/-
vousbien, mangex pen, ct nc vous; rt'incttc/. jms sit«'it a tra-
vailler, aut'inn dum ymprimus, n'viun jH'i'dnmif. Je suis ravi
du conlentemenl que vous donne M. votre tils aiue, el je ne
doute pas que cela n'aille toujours. en continuant et en aug-
620 LKTTUES DE GUI i'ATIN
mentant. Je vous baisc les mains , ct suis de tout mem cocur
votrc, etc.
DC Paris, le 19 oclobrc 1666.
LETTRE DCCXXVI. — Au meme.
J'ai rendit votre lettrc a M. Morcau. M. Courtois est un
liomme fort sage et fort habile , doux et accort , adroit et sa-
vant , qui entend bien Hippocrate et Galien , et sail fort bien
la medecine. II est age de quarante-huit ans , et n'est point
marie , vivit. sine impedimenta. Je le trouve trop fin pour se
charger d'une femme, cum omnibus suis armament is , comme
dit Lipse en pareil cas.
La mort de votre horloger , arrivee a Geneve , est fort
etrange. La vie humaine n'est qu'un bureau de rencontre et
un theatre sur lesquels domino la fortune. J'ai coiniu un
hommequi disoit que la sagessedeDieu et la folio des homines
gouvernoient le monde (1).
On parle ici d'un livre qui s'imprimera bientot, touchanl
les droits de la reinc sur le Brabant ; cola a etc fait par 1'avis
des meilleurs jurisconsultes et avocats qui soient ici ; mais
nos raisons seront bien trouveos meillenres quand on les pu-
bliera en Flandre a coups do canon , ct avec unc armec do
t rente ou quarante mille hommes du c6te de deca , et une
autre du cote de 1'Allemagne pour empecher le secoursque
pourroit envoyer centre nous 1'cmpereur, qui est 1'autreboau-
frere.
(1) Heureusement qu'il n'cn est ricn , an moins pour la seconde ,
autrcmcnt on arrivcrait a cello absurdc et hontcusc aberration tie
1'esprit humain , le malcrialisme. Voici qui est plus vrai : « Toules les
fois qu'il m'arrive de penser a un elre premier et souverain , et de
tirer pour ainsi dire son idee du trcsor de mon esprit, il est neces-
sairc que jc lui allribue toules sortes de perfections. (Descartes,
Meditation fr.) (R. I1.)
A FALCONET 0-21
J'appris hier par la votre la inert do M. liavaud. Dion
veuillo avoir son ame, s'il en avoit unc : erat mint biblln-
jjola; et de ces gens-lii tout cst ii craindre. Je me rejouis de
1'uvancement de M. votre lils a Montpellier. Dieu lui lasse la
grace de bien continuer, taut pour son profit que pour volre
contentement. II nesauroitraanquer debien f'aire, tandisqu'il
vous croira. All ! qu'lieureux sont les enfants (jui ont de tels
peres que vous! J'espere que la poslerite ne nous accusera ni
1'un ni 1'autre de charlatanerie.
Un mtklecin de Nuremberg m'a ecrit que M. Hollink eloit
fort en peine d'une chose, c'est qu'il a oui direqu'on vouloit
imprimer a Lyon un ivcueil de loutes ses teuvres. 4e vous
prie pour lui de FempScher taut <|iie vous pourre/ , parce
qu'il y veut inettre la derniere main. II nuTite d'etre oblige,
car il est savant et Ires galant hoinine, (juoiqu'il n'entende
pas bien ni la saignee ni I'antimoine.
J'api)rends (jueM. de Lonne est parti de Lyon et qu'il s'en
retourne a Bourbon ou a Moulins, oil il a dessein de se reina-
rier. II fait bien , si c'est pour le salut de son aine; car pour
son corps je crois qu'il n'a plus guere besoin de ce ineuble de
menage. Adieu , je suis, etc.
DC Paris, le 20 oclobrc 1660,
LKTTHK DCCXXV1I. - .1" uiemc.
Mon cher Carolus vous baise les mains; il est ravi d«' votre
convalescence ; dans jieu de jours vous rccevre/ un jKiquct
<[n'il vous envoie par le coche d'eau . et la-dedans vous trou-
vere/. un ties petit paquet pour M. Spon , que je voas pnc de
lui envoyer des <pie vous 1'aurc/ nvu.
On parle ici d'tme grande dame encore jeune , laqiu-lle il a
lallu etoull'er eistre deux matclas jiarce qu'elle rtoit rnragt-e;
le peiij>le (lit (|u'el!«' avoit rti- monluc d'tm pi-lit cliii-n. ma:s
t)22 LETTUES DE GUI PATIN
cela se dit a credit et sans demonstration de temoins : aussi
no le crois-je pas : ad populum plialeras : (Kquc nascitur hydro-
phobia , sire rabies a coma itttcrna , quoin, ah externn , pracus
fn/ in humor facile degenerat , et per corruptionem induit natu-
ram vcneni : je 1'ai vu plusieurs fois en mu vie, et entre autres
il y a dix ans en not re M. Guillemeau, qui etoit vieuxet use,
malsain et delicat, et de plus Ires fache d'une banqueroute
qu'un de ses allies lui avoit faite de 40, 000 ecus, sansmettre
en ligne de compte les grains d'opiuni qu'il prit fort inal ;t
propos, et centre notre consentement : et ainsi les plus (ins
y sont pris avec leur iinesse.
Hier au soir raourut M. de Vertamon , conseiller d'Etat.
M. 1'ambassadeur de Suede , le comte de Koenigsmarck , a eu
son audience de conge ; il Cut hier dire adieu a MM. les secre-
taires d'Etat , et des qu'il aura fait ses autres adieux. il s'en
retournera.
On commence ici a fa ire des taxes, que Ton fait signitier a
des gens qui ne s'y attendoient point , ou plus : undique cala-
ittitas, undique naufrogium. Je vous baise tres humblement
les mains, et suis do tout mon cueur votro, etc.
DC Paris, le 22 octobre J()()6.
LETTKE DCCXXVIII. — Au n«>,n<>.
Jesuis toutjoyeux de vous ecrirede votre convalescence, el
je prie Dieu qu'elle aille toujours en augmentant ; mais j'ai
bien du regret que je n'aie quelques bonnes nouvelles ii vous
mander cjui pussentvousrejouircomme bon cbretien, bon phi-
losophe et bon Francois tel que vous etes. On n<> parleici que
de taxes, d'impots et de reformation. Les pauvres gens se con-
solent de ce que le pain n'cst pas fort cher. Les bons compa-
gnons se rejouissent que le vin est excellent cette annee ;
mais toutes les autres denrees sont dans une grande chert)',
A FALCONET. 6*<
peuHHre qu'entin le bon temps review) rn. Kt en attendant il
taut quo jc vous disc le retranehcinent de dix-sept fetes que
M. noire arclievdque a medite de fa ire par une ordonnunce
expresse en loul son arehevecbe pour 1'annee procliaine et
les aulres qui suivronl. II y a longtemps qu'on avoit parlede
ce retranchemenl. M. deThou en a parle quelque part, coinnie
aussi le cardinal d'Ossat dans ses leltres; et il me semble que
cela est fort raisonnabie, car le petit peuple et les artisans
abusent de ces fetes et ne font que se debaueher en jouant
a laboule et allant au cabaret , au lieu de prier Dieu et aller
au sermon , a la messe de paroisse , a ve'pres et an salut. Ne
dire/-vous point que je suis bien savant en matiere eccle-
siastique ?
Je viens de recevoir la votre, du 19 octobre, dont je vous
en rends graces. Je vous prie de ne point precipiter votre
sante ; laissez-la revenir tout a loisir ; dormez beaucoup ,
mangez peu , et rien que fort bon ; tenez votre esprit en re-
pos, cherchez-lui une tranquillite entiere; tene/. pour maxime
tres certaine que tout Tor, 1'argent et la fortune du monde
ne vandront jamais une sante mediocre ; ne vous etonnez pas
si la votre revient fort lentement, car c'est ainsi qu'elledoit
revenir pour etre ferine et assuree. Je me tiens bien oblige a
MM. G. et S. du grand soin qu'ils out de vous en votre mala-
die. Us doivent souhaiter que vous ne leur rendiez jamais pa-
reil office en telle rencontre. Au restt; , Dieu soil lour que
vous etes en bon etat , niais tiichez de vous y tenir. Vult:
De Paris , le 26 octobre 160(5.
LETTUE DCCXXIX.— ,l?//wW.
On (lit ici cjiie M. le cardinal de Hetz revient a Paris, et
que c'est M. le Tellierqui en est cause.
t'n voleur qui tnoit ef massacroit dans la foret de S;iint-
6-14 I.ETTRF.S DE GUI PATIN
Germain, habille en capudn, fut hier rompu tout vif, et
brule, par sentence de M. le lieutenant criminel.
On continue de signih'er des taxes a quelques particuliers
qui se sont meles autrefois d'affaires; on dit que c'est un
nouveau parti de sept millions.
M. 1'ambassadeur de Suede, le conite de Koenigsmarck, eniin
s'en est alle ; j'eus I'honneur de lui dire adieu hier au matin ,
etle vis partir; le roi lui a fait present d'un bijou de 2000 pis-
toles.
On traite de la paix entre les Francois , les Anglois , les
Hollanders et lours allies, et les gens de bien esperent qu'elle
se fera cet hiver, ma is on a peur qu'apres cela nous n'ayons
la guerre en Flandre le printemps prochain. Madame Fouquet
la mere est fort malade, et le pape a Rome. II est survenu a
Londres un grand ravage d'eau , qui a acheve de miner ce
que Ton avoit sauve de 1'cmbrasement. 11 y a id un jeune
conseiller de la cour, qui se meurt, nomme M. Tudert , qui
a ete ci-devant chanoine de Notre-Dame.
On travaille diligemment a nettoyer les rues de Paris, qui
ne furent jamais si belles; on parle aussi d'etablir un grand
ordre centre les lilous et volenrs de nuit pour I'h'u'er prochain.
Pour la suppression des fetes, on la tient pour certaine au
nombre de dix-huit. On ne neglige rien au pavilion du
Louvre pour en avancer le bailment; on dit qu'il y a 2,000
macons et 600 menuisiers; ce n'est pourtant point encore la
le temple de Salomon , oil les rabbins disent qu'il y avoit tous
les jours plus de 20,000 ouvriers : il me semble pourtant (jue
noire roi est en meilleure condition que ne fut Salomon, bien
(ju'il cut 1'esprit de Dieu et qu'il fut rempli de grande sagesse,
Malo case quani [uissc , ceux qui sont morts ne voient plus
goutte , (jut carcnt uliquo scnsu , careiit ulifjua senfcntift. Je
vous baise les mains, et suis de tout mon ca'ur volre, etc.
Do 1'aris , le 30 oclobre 1G66.
A I Al t.u.NKT. GJ.')
LKTTKE DCCXXX. .\<> /wW-.
Je votis salue an nom dt: tons les saints dont on rrlrbni
hier la fete avec grande devotion. Bremc est ass'it'^e par les
Suedois ; mais divers princes interviennent, qui veulcnl em-
pecher qu'on lie la prenne ; 1'empereui1 d'une part . rt I'elee-
teur de Hrandebourg d'une autre. Les Hollanclois out envoye
trente vaisseaux sur 1'Klbe, pour occuper d'ailleurs Ics Sue-
dois. Je pause quo votis aure/. bientot le faetum de M. Blondel ;
je 1'ai adresse a M Spoil , qui vous le dcliviera, en aUendanl
aulre chose de cette nature que je vous prepare.
J'apprends que vous etes aux champs, d<»nt ji; suis I'ort
aise, vos forces en reviendront plus tot ; tandis <[ue vous nian-
gez peu , volre ventre est paresseux; inais Tun et 1'autre est
prop re pour un convalescent ; que seroit-ce si vous aviez un
ilux de ventre? vous vous referiez encore moins; donne/
beaucoup , ne niangez Hen quedebon, et peu souvent , et
prenez un lavement de deux jours 1'un, mais garde/.-vous de
vin nouveau, et no mangez guore le soir ; un bouillon, un
(L'uf frais suftisent, avec un verre de peu de vin vieux et
beaucoup d'eau.
On reforme ici les auvents des boutiques qui etoient trop
grands, a quoi les commissaires du Chatelet sont fort occu-
pes; il y en a meme deux d'interdils de leurs charges pour
n'y avoir pas vacjue avec assez d'exactitude, mais on nt^ di-
minue pas la taille, ni les impots du Mazarin. Vi<lt> Mnr/in/fiit
Epiyr. 60, lil>. vu.
7'on?or, caupo , coquu* , lanius sua limina tcrcunt ,
.\nnc Koma esl , nupcr matjna tabcrtiu fit it.
Uh qu'H cut dit \f9\,jnrtgitinn IttjHiimr : eomme (lit Buchanan
le siecle passe , dans son epigramme l» litniunn! Je vous baise
HI. -i<)
<)-'<) I.F.TTKES 1)K ,.( I I'ATIN
ires liumblement les mains, et suis de tonte mon f
votre, etc.
Do Paris, re 2 novembro Klfifi.
LETTRE DCCXXX1. — An mfiw.
On a envoye deux grosses taxes a deux presidents an mor-
tier : $/ x/V: /» r/V/<7/, c/wV/ //* x/Vvo/ J'apprends une nouvelle
qui m'attviste, et neanmoins j'ai bien peur qu'elle ne soil
vraie : o'est de M. de Lorme, quo 1'on dit etre fort nialade it
Moulins, (ju'il a recu ses sacremcnts, et qu'il a quatre-vingt-
trois ans passes; pen de nialadie avec beaucoup d'age est 1111
tres grand poids. ()t«nn tot us /toinwicio nil cat! Les savants
ineurent comme les betes , inm <-t cii/h'ni cst conditio hot/tints
et jumentoruiit (1).
A propos des morts , en voici deux illustres : la premiere,
de M. le mareclial d'Estrees , age de quatre-vingt-neuf ans;
la secoiule, de M. de Brienne , lebonliomnie , aussi fort vieux ,
jadis secretaire d'Etat, dont le fils, <|ui lui avoit succede
en sa charge, s'est fait pere de TOraloire apres avoir perdu sa
femme , qui etait fille de M. de Cliavigny, secretaire et mi-
nistre d'Etal du cardinal de Richelieu.
Votre sante est un tresor. ayez-en soin ; depechez-vous de
"•'ous fortilier, car voici le (Void qui approche.
Notre archeveque est enlin venu a bout de son dessein; it a
reforme les fetes , et en ote jusqu'a dix-sept pour Tannee pro-
chaine. On vient d'imprimer a (ieneve un livre franvois in-
octavo , intitule Scal/t/er/a/iti. , (jue j'ai vu ce matin entre les
mains de M. Ogier mon bon ami. Je sais fort bien ce que
(1) Charles Delornic, ne a Moulins en tofl'i , elait Ills do Jean Dclorme,
qui exer^ait sa profession avec taut de desinteressemenf . que Henri IV
disait qu'il yentilliommait Id medi'dne. \ o\e/, la nole I. N, pajj. 39S.
H J'
A FALCONET. 62?
c'est quecet ouvrage , et j'aicunuu celui qui 1'a transcrit sous
le premier uuteur, qui est Joseph Scaliger, ii Leyden , en
Hollande, I'an 1603 et 1604. J'en ai ceans une copie inanus-
criteque j'ai tiree de 1'original que me preterent, l'anl63G,
MM. du Puy, qui etoient de fort honnetes gens de la vieille
trempe , de bons Francois , ultimi liomanorum , connne
Brutus et Cassius dans les Annul es de Tncite. Ce livre sera
infailliblement defendu; c'est pourquoi je vousprie d'cn faire
de bonne heure provision de quelques exemplaires pour vous
et vos amis. Je serai ravi qu'il y en ait deux pour moi, n-ntitutu
pretio. Je vousprie d'en dire autant a M. Spoil, qui sera bien
aise d'en avoir 1'avis s'il ne 1'a deja. J'ai vu aujourd'luii
M. Kat , qui vous baise les mains, comme aussi M. Colot ,
qui venoit de tailler un petit enfant de trois ans. Je traite ici
nn jeune homine fort spirituel, marchand de Lyon . nomme
M. Sibus ; j'espere qu'il guth'ira bienlot. Je vous baise les
mains , et suis de tout mon ca'ur votre, etc.
De F'aris, le 6 uovembrc
LETTRE OCCXXXII. — An
Je suis ravi de m'entretenir avec vous; mais j'ai regret que
je n'aie quelques bonnes nouvelles a vous mander. Je vous
envoyai hier, ce 13 novenibrc!, une lettre pour vous et une de
mon Carolus. La maladie la plus commune aujourd'hui de
Paris est la fievre (juarte avt;c la pelite-verole. On parle d-1
retrancber 1'excessif nombre des carrossej de I'ai'is. Notre
M. Charpentier se porte un pen mieux; la memoire lui est
revenue; mais il a soixante onze ans passes, (jiii est un grand
age pour un liomme tel que lui. La nature fait quelqueibis de
ces ellbrts-la , et lot apreselle nelaisse point d'y succoinber,
et inemc notre Hippocrate raremanjue dans ses (.'uuqnes.
Vons trouverex ici des vers snr 1 emhrascmenl de Londres,
6->8 I.ETTKES DE OH 1'vTI.N
(jue Ton me donna hier. Le franeois est de M. do Bensorado ;
pour le latin, on 1'atlribue au pure Vavasseur, jesuite.
On (lit quo les Anglois ne veulent point entendre a aucuri
traite de paix que tout le commerce ne soit retabli , comme
il etoit ci-devant; qu'une seule province d'Angleterre oll're au
roi d'Angleterre dix-lmit millions pour continuer la guerre ;
que les Anglois ne veulent plus s'habiller a la francoise , mais
a 1'espagnole et a la moscovite, lupus pilum ntutat, mm tncntcm.
N'est-ce point qu'ils nous feront grand depit de s'habiller
autrernent que nous ? Ah ! qu'ils seroient heureux de pouvoir
s'amender ! mais quoi qu'ils fassent, qnamdiu homines, tamdiu
errores. Je salue toute votre famille, et particulierement
M. votre fds le medecin, et suis de toute mon ame votre, etc.
J)e Paris , le 16 novembre 1666.
LETTRE DCCXXXIII. — A,i mente.
Je vous avois mande par ci-devant la raort de M. le mare-
clial d'Estrees , qui est fausse , car il vit encore ; mais il est si
vieux que Ton croit qu'il n'ira plus guere loin. Nous avutis
tout proche quatre mois de mauvais temps aussi dangereux
aux vieillards qu'aux convalescents.
II y a ici un Italien qui dit avoir ete mande expres pour un
certain secret, qui est d'une terre composeequi ecliaufFe in-
continent une chambre sans odeur et sans fumee. Plusiems
out etc nommes pour en voir 1'epreuve, dont il y a eu deux
mtidecins, savoir, M. Mathieu et moi. M. Blondel , Guenaut,
Braver et Morisset s'y sont aussi trouves. Nous avons sigue
que ces boules de terre faisoieut un feu beau et clair sans
t'umee et sans aucune mauvaise odeur. II nous dit qu'il en
donnera un cent pour dix sols. Chaque boulc est ]>lus grosse
qn'une balle de tripot. (Mi a ordonne (ju'on en chaufferoil If
lour, et quo I on nous donnera a ehacun mi (\&> pet its pains
quis'ycuiront, pour en later (l).J'y aisalueM. le premier pre-
sident et rien davantage , car il y avoit plus dc 300 pcrsonnes.
Jo suis, etc.
l)e Paris , le 22 novcrabre 16(56.
LETTRE DCCXXXIV. — An whne.
Je ne me mets plus en peine du Scaliycriana , je m'alten-
drai a votre promesse. J'en ai ceans un manuscrit. C'est un
livre fort curieux, mais un peu dangereux. Jele lis transcrire
il ya trente aus surl'original quo m'en preterent MM. Dupuy,
qui etoicnt mcs bons amis et de fort honnetes gens. Voici de
la maniere que le livre a ete fait. Un jeune hommc qui n'avoit
pas vingt ans , nomine Jean de Vassan , de Champagne ,
huguenot , qui avoit etudie a Geneve, prit a Paris des leltres
de recommandation du grand Casaubon pour Joseph Scaliger,
et s'en alia en Hollande. Ce Jean de Vassan e'toit neveu de
MM. Pilhou, grands amis de Scaliger, qui etoit visite toutes
les semaincs par toute sorte de gens savants. Jean de Vassan
ecoutoit tout ceque disoit Scaliger et 1'e'crivoit; de la vint ce
livre ([iii est aujourd'hui dans la bibliotheque du roi. Jean de
Vassan, etant de retour de son voyage, fut fait ministre ;
puis, par le moyen du cardinal Du perron et d'une bonne
jtension , il se lit catholique; mais la pension n'allant pas
bien , il se lit moine feuillant, et avant d'y aller, lit present
de ee manuscrit a M. l)ii[>uy. Je 1'ai connu et visilt; -tux
feuillants , oil il est mort environ en 1617, fort vieux et
I»res(iue dans un delire de vieillesse. C'etoit un liomme ties
iin , bien ruse et prudemment dissimule : aussi avoit-il bien
joue de dillerents personnages en sa vie. Je ne veux pas ou-
(1) II y a six ans environ quc la menic invculion fut annoncoo avt c
fracas dans 1'aris et avee tout au?si peu tie succe* quo tin temps tie
<jui Patin, |{, ]>
630 LKTTKES DE GUI PATIX
blier a vous dire que si vous avez , en i'etat de convalescence
oil, Dieu merci , vous etes presentement , le Scaligeriana ,
c'est un livre fort propre a vous divertir. II y a bien la-
dedans des mouvements d'esprit d'un gascon echauffe et eva-
pore , dont vous ne ferez que rire. II y en a d'autres qui sont
fort hardis, et qui donneront de re'tonnement. 11 y a aussi
quelques articles et quelques points d'erudition qui ne sont
point communs ; car ce demon (fbomme-la savoit tout , et
pint a Dieu que je susse ce qu'il avoit oublie ; mais il est
niort en 1'an 1609. Je n'avois que sept ans (1). Scaliger a (He
par ses bonnes parties un des plus grands bommes qui aient
vecudepuis les apotres. Mais de memo que lesautres bommes
il a eu ses defauts, qu'on ne pent bair sans bair les bommes
qui en sont composes. Je suis, etc.
i)c Paris, le 27 novembre 1666.
LETTKK DCCXXXV.— An mrmr.
Je vous ecrivis bier, ce 27 de novembre, I'bistoire de dom
Jean de Vassan , qui avoit compile de la boucbe meme de
Scaliger les fameu\Scaligeriana. Dieu les veuille bien amener
par sure voie.
Les Suedois continuent le siege de Breme, mais on croit
que c'est pour obliger 1'empereur d'entrer dansquelque traite
de paix.
Le roi est a Saint-Germain, et on croit qu'il y sera encore
tout le mois prochain, pour obliger d'autant plus la reine a
garder le lit encore longtemps que pour empecber ainsi 1'ac-
coucbement avant terme. M. le premier president et le parle-
ment out revu la pretendue reformation de la cbicane ; ils
out pourtarit renvoye le cabier a Saint-Germain avec tres
1 Jl en a\ait huit, ctanl no en ItiOl. R. P. f
A KAI.<0\H 6.'U
humble priere an roi (It- vouloir bien revoir quelques obser-
vations (ju'ils y out faitcs.
On travaille a un livre pour les drolls de la roine sur If pays
(In Brabant et le comte de Hainant : il sera imprime en latin
et on franeois.
Le resident de Danemark ni'a dit ceans aujourd'hui que
les Suedois ont enfin leve le siege de Breme par accord fait
avec les habitants, et qu'il y a grande dis])osition pour voir
une paix generate en I'Kurope le mois d'avril prochain : inais
s'il arrive quo les Anglois ne s'accordent pas, ils doivent at-
tendre une rude guerre des Danois, Hollandoiset Francois,
qui tous sont bien puissants sur la mer.
II yaquelque temps quemourut iciM. Ilincelin, maitrede
la chambre aux deniers ; le bruit court que lui et tin archi-
tecte, maltre Bourgeois, nomme de Verdun, etoient niorts
en trois jours, pour avoir trop mange de cerneaux; cela Cut
aisement cru. Mais depuis pen un certain pretre a depose
(pie le valet de chambre dudit Ilincelin an lit de la mort lui
avoit conf'esse, et donne charge de reveler, mais seulement
un an expire apres son trepas, (jue c'etoit lui qui avoit em-
poisonne son maitre dans des cerneaux, pour avoir if), ()()() li-
vresqu'il lui avoit promises par testament. Le venerable valet
de chambre s'appelmt, dans 1'ile Notre-Dame, M. de (len-
nesson. Ne voila pas un cas bien etrange, et bien capable de
nous persuader I'immortalite de Tame? Uuoi (ju'il en soil,
tous trois sont niorts, et quelque jour nous mourrons aussi .
mais Dieu nous preserve de telle mort ! Je vous baise les
mains, et suis <le tout mon cd-ur votre, etc.
DC 1'aris , le 30 noveinbrt1 KWifi.
LETTKE DCCXXXV1. — AH
Le roi a dit a M. le premier president que des le mois de
mars il ira fa ire un voyage en Brelagne. On dit aussi que
M. le chaucelier y ira, ct qu'il partira avant le roi. On dit
qu'il y a cu du bruit en Angleterre entre la noblesse et la
chambre bassc; on en dit autant du Portugal et merne de
I'lispagne aussi. Tout ce qu'on a dit de la maladie du pape
etoit une liction.
On a on vert le cote a maitru Elie Beda des Fougerais,
homme d'honneur, si jamais il en fut, a ce qu'il dit; on lui
a tire bien de la boue, il s'en porte mieux. Voila comment
Dieu envoie du secours aux gens de bien, non vult mortem
jwccaturis, sad mag is ut convertalur et vimt.
II y a ici des plaintes contre notre nouveau lieutenant cri-
minel, M. Detlta, et au Chatelet et a la cour; on dit qu'il a
fait donner le fouet a un marchan;! de ble sans autre forme
de proces, sur le simple rapport d'uii commissaire, el pour
cc fait il en est appele au parlement , comme aussi pour avoir
fait sortir de prison une certaine femme dont le proces e'toit
distribue a un conseiller du Chatelet, nomme M. Duret, sans
que le rapporteur ait ete oui : le dernier fait est juge taut plus
liardi et violent que cette. femme meritoit une rude punition,
et plus que la corde, quoiqu'on ne soit pas inforine de son
crime.
On parle ici d'un nouveau manage a la cour, savoir, dela
lille deM. Colbert, qui est aujourd'hui le Ta panto Ca'saris ,
avec M. le due deChevreuse, qui est iils de M. de Luynes,
et petit tils du conne' table, qui mourut Tan 1621. M. Albert
de Luynes etoitun petit gentilhomineprovencal, de noblesse
fort mince, qui lit fortune aupres du roi Louis XIII, par le
debris du marquis d'Ancre, 1'an 1617, et pour avoir aide a
apprendrc a de petits moineaux a voler apres, eta attraper
des mouches.
M. Colbert, fils de marchand, est devenu grand seigneur,
et gouverne sous main toute 1'Europe, au moins est-il comme
le maitre de la France. Voila deux favor is qui font de leur
cole cliacuu un grand pas, et qui clierchent a se rencontrei1 ,
iininl ill iiKiin tiiccrdiit iilrtfiur /mi'l i , rt>)-fi /u/»l ".</ ffunfl
A lAl.CuNhl. 6.*3
c/'t'ilere de sc nun jjosxit , quunt Inudatur iJt-urnin u-qua jiu(t'it/as,
Je vicns d'apprendre quo vous e tes echevin de Lyon ; j'en
suis ravi, et j'en loue Dieu, le priant d'augmenter vos hon-
neurs et votre prosperite , mais surtout de vous faire vivrc
longtemps en bonne sante, (jcnerado Justonuu bcnedicvtur. La
niece du cardinal Mazarin , mariee an lils de M. de la Meille-
raye, a quitle son mari, et a ecrit au roi les causes de son
divorce. Je ne sais si cette fnmillc fera bonne fin, aussi bien
que celle du cardinal de Richelieu ; car en fin Dieu est juste et
hait rinhumanite et la cruelle philargyrie. Je vous baise les
mains, et suis de tout mon coeur votre, etc.
l)e Paris , le 29 d^ccmbre 1666.
LETTKE DCCXXXMI. - \u
Je dois reponse a vos deux dernieres lettivs. Je rendrai les
services qu'il me sera possible a votre M. Vollebuis, <jui est
un jeune liomme fort aimable, comme aussi ii tons ceux qui
me vieiidront de votre part.
J'ai re^u de Heredia Opera oninin mcdica; ils sont plus que
barbares clans la doctrine et dans IVlocution. S'il n'a quel([ue
chose de Ibrt bon et de nouveau a nous dire sur la doctrine
des fievrcs, qui ne soil ni dans (lalien ni dans Kernel , c'est
bien perdresou temps; mais on ne so lassera jamais de la ire
des livres. Les fous en font plus que les sagos Ce que vous
me mandez du Train'- des ///r/vx de (iuttierez , (jui est aussi nn
medecin Espagnol , me degoute deja. Je ne sais comment les
ecrivains de cette nation ecnvent si mal ; ils en devroient etre
honteux et se taire. II y a eu des temps qu'ils ecrivoient bien
mieux.
J'ai su (pi'on meditoit ii Lyon une nouvelle edition desii-u-
vres de(l. Kondelet , qui a ole, a mon avis, le plus habile do
son temps a Montpellicr. II a »4o bon praticii'n et a pass.' j>lu
634 I.KTTIlhS UK (.11 PAT IN
sicurs a litres qui sont venus depuis lui. J'ai dans nut biblio-
theque le Petrus fastt'llamis qui a ecrit Yitu> illustrh.ua inc-
dfcortnii; inais jo n'oi pas le I'olfgangus Jitsfits. Je 1'ai une Ibis
vu, aux enseignes il ya bien des fautes de chronologic, il
no s'y fail I pas fier. La querelle de M. Menjot et d'Hadrianus
Scaurus n'est pas encore finie. .le pense que ce Scaurus est
Pierre Petit, docteur de Mont pel lier et bachelier de Paris, que
j'ai vu ci-devant precepteur des enfants de M. le premier pre-
sident. C'est lui qui a fait dc Modt fniimftlhtnt, dc l.ucri/mis <>t
ffc Lure (I'lversiis VuMtinn. II est fort savant et a cpiitte la me-
deeine pour se donner tout entier aux belles-lettres. Vulc.
De Paris, le 21 Janvier KiliT.
LETTHE UCCXXXVIII. — An menu.
En continuant not re petit commerce de lettres , qui est fort
innocent , je vous dirai (pic le roi n'ira point an parlement
pour la reforme des abus de la chicane , et (ju'il a remis cette
all'aire a M. le premier president , aux conseillers de la grande
chambre , et a messieurs les presidents des enquetes; aussi
bien la chicane ne merite-t-elle pas un tel reformateur que
le roi , qui a bien d'autres affaires : \<DI meat exit/vis rcktis
ftflfffisc Jnci : Aqi/ilfi noil f'fiji/t i/iu.icttx. Ttt refjcrc hn^crio //o-
/it/los, JtoiiHtnc, manriifo, jtorccrc subjcctisctc debdlaresupcrbos.
c'est la veritablement son emploi , et je prie Dieu <pi'il y
reussisse.
J'ai aujourd'bui parle a M. de Marolles, abbe de Villeloin.
qui a traduit presque tons les poetes latins, qui m'a dit que Ton
imprime de sa traduction les six petits historiens latins, qu'on
appelle ordinairement lllsturin' Auf/ustir Scrijifu/rx , (jui sera
un gros in-octavo, et dregoire de Tours, qui sera in-quarto.
On ne parle ici (juc de voleries , massacres et autres crimes.
II y a ici un notaire de Paris qui sera pendu pour l'ausset<\
A FALCONET. 6M
On paiTe <le trois moincs qui sont dans la Conciergerie pour
des crimes abominables. Un jeune homnie natifde Limoges,
nomme Deschamps , a ete rompu ( ce '2? Janvier aujour-
d'liui dans la rue Saint- Denis pour un assassinat de guet-
apens qu'il a connnis hier. Nous avons un lieutenant rriminel
qui fait merveille d'executiou. On parle encore d'un autre
mediant et enrage garnement , nomine Trainel , Ills d'un pa-
petier, qui est par appel ii la cour: il a ete condamnedo 1'aire
amende honorable devant Notre-Dame , d'avoir la langur
percee d'un for chiiml , puis d'etre pendu et brule. Ne pour-
roit-on pas dire qtie It1 diable est deehaine?
On parle icid'une grande revue de cinquante mille homines
que le roi a dessein de fa ire le mois prochain en Champagne;
ne seroit-ce point pour passer de la dans la Klandiv ou en
Allernagne?
On parle encore douteusement de la saute de la petite .Ma-
dame, iille du roi , d'autant qu'elle a eu quelque mouvement
convulsif. On dit que le roi a sur pied atijourd hui quatre-
vingt mille hommes; mais on ne sail pas ce qu'il vent en
fa ire.
Ce qui fait le plus parlor le nionde , est I'infamo banquo-
route de madame de Fouquesolle. Kilo emporte boaucoupdr
bien a plusieurs particuliers avec beaucoup d'infamie , sans
(|ue Ton ait encore pu deoouvrir oil elle est allee; plusieurs
croient qu'elle est cachee dans quelque monastere ; n'est-cc
pas le moyen d'etre bien cachee?
Hier fut tiree de la Conciergerie line jeune Iille de Tours ,
et de la menee a la drove, oil olio fut pondue »>t (-trangloo,
pour avoir, a ce (jn'on (lit, dofait son iMifant. .Mais aussitot
un carrosso arriva dans la Creve . dans lequel fut mis cr
corps et emporte dans le Louvre, 011 quohjuo grand on vent
avoir la demonstration. On (lit qui' 1<1 roi no vent plus voir
taut de gens (jiii portent des epees , et <jue pour en (Her la
mode, il veut fjue les gentilshommos, pour marque de lour
636 LETTUliS DE GUI I'ATLN
noblesse , portent pendue a leur coup uiie medaillc d'or oil
sera son portrait.
,Vai ceans des portraits do mon Carolus en taille-douce pour
vous envoyer; ils sont tres bien i'aits; on lui en demande de
toutes parts , taut a cause de lui , qu'on aime, qu'a cause de
celui qui i'a grave, qui est excellent en son art, nomme
Masson. Quinze soldats de la compagnie dite des royaux out
etc noyes au lac de Gonflans , pres de Saint-Germain et An-
drezy, qui venoient pour la revue quo le roi a fait fa ire pres
de Saint Germain , dans la plaine de Houille. Le vaisseau , qui
etoit trop charge, s'est entr'ouvert par le milieu; ils en sont
tons morts, et out etc repeches le lendemain. Le roi est fort
tache de cette pertc. Je vous baise les mains, et suis de tout
mon cceur votre, etc.
De Paris , le 4 fevricr 1667.
LETTRE DCCXXX1X. - Au memc.
On clit ici une chose qui me fache fort, bien que je n'y ai<>
aucun interet : c'est que la Pologne est toute en feu d'une
guerre civile, et par-dessus, est menacee de deux puissants
voisins, savoir, du Moscovite, qui est deja entre de son cote,
et qui y fait dc grands ravages, sans compter plus de 30,000
anies qu'il a deja enlevees ; 1'autre est le Turc , qui les attaque
par un a litre androit. Si Dieu n'y met la main , voila un bou-
levard de la chretiente en grand danger d'etre ruine par des
nations barbares ; je ne sais si cela ne reveillera pas tous nos
princes Chretiens , pour y envoyer quelques armees qui fassent
relirer ces infideles.
On attend de Londres le milord Germain, grand seigneur
anglois, oil la rcine d'Angleterrc la mere I'a envoye pour le
traite de paix qu'on rroit <Hre en l>on otat. On dit que nous
A FALCONET. t»3?
n'aurons guerre ni avt-c les Anglois ni avoc les Espagnols,
que M. de Colbert ne veut point entrer en cette depensc, et
qu'il est bon manager.
Le cardinal de Retz est presentement a Saint-Germain au-
pres du roi ; on n'en sail pas davantage.
II court ici de certains vers satiriques, dont les auteurs sont
tres malcontents de 1'etat present de nos affaires : ces plaintes
ne servent de rien , quoi que Ton disc et quoi que Ton fasse :
tempora sunf semper tempora, nul changement n'en arrive.
II y a tin principe d'en haul qui fait aller les affaires selon
leur train : sic Immana, sic sept's , prudent ia. Entre autres ar-
ticles qu'on refbrme dans la police, en voici tin qui a ete fort
conteste , qui est que Ton ne recevra plus personne dorena-
vant ii faire profession de moinerie si jeune. Les garcons ne
pourront faire profession qu'a vingt-cinq ans , et les filles qu'a
vingt ans ; quelques uns disent que cet article ne passera
jamais. M. le nonce du pape avoit tache de 1'empecher, mais
le roi 1'a voulu ainsi, et 1'a foil conclure. Si cette ordonnance
est gardee, il ne se fera plus taut de moines ni de moinesses;
le nombre des soldats du pape diminuera, et il n'y aura plus
dorenavant tant de corps et d'ames devoues a la papiiuanie;
les monasteres feminins ne s'enrichiront plus si aisement ni
si tot, comme ils faisoient; mais 1'autorite du pape me fait
encore douter de la verite de cet article.
On parle ici de la mort du prince de Guemene , et du ma-
I'iage de M. de la Feuillade avec mademoiselle la fille du due
de Houannois.
On m'a dit ce matin qu'avant tin an on imprimera ii Paris
tine ffistoire du cardinal de Hicltclicu, in- folio, faite par le
pere Lemoine, jesuite, natif de Cliaiiinont eu Bassigny, sur
les memoires qui lui out ete founds par madame d'Kguillon
et autres gens (jui out ete interesses dans la fortune de ce ini-
nistre, dont la France se f'tit heureusement passee, aussibien
(juede son successeur. Je no sais si le pore Lemoine sera bien
pay»' de :;<m travail : mais rett(> damc-la ((iii le met <MI he-
G3S LETTRES DE GUI PATIN
sogne ost etrangemenl avare ; d'ailleurs jo ne sais si ce pere
dira vrai , car toutc 1'histoire do ce temps-la est fort diverse,
et il me semble quo ces bons pores sont plutot portes a Hatter,
a mentir ou a deguiser la verite, qu'ii nous enseigner ronde-
ment ce qu'il taut croire des princes.
II est ici mort depuis peu un savant homnie qui parloit
bien : e'est le bon M. de Silhon , (jui a fait le Ministre d'Etol
et un gros in-quarto de I'Immortalife <!<> l'<nnf> (1). Je vous
baise tres humblement les mains et suis de tout mon crrur
votre, etc.
DC Par is, Ie21 fevrier 1667.
LETTKE DCCXL. — Aw meme.
Tra'mel , lils d'un papetier devant le Palais , age d'environ
vingt-huit ans , apres avoir eto condamne an Cliatelet , a ete
transfere a la Conciergerie. Eniin, apres environ un mois de
temps, son appel aetejugo a la Tournelle, etla sentence con-
firmee ; tot apres on a apporte au president de la Tournello,
qui est M. le Coigneux, une lettre de cachet , par laquelle le
roi vent quo 1'execution suit sursise. Des le lendemain (ce 2r>
fevrier ; messieurs de la Tournelle out envoys des deputes au
roi pour lui i'aire entendre la justice de lour arret. M. le pre-
sident le Coigneux a done eto a Saint-dermain , on il a ete
bien recu du roi et bien ecouto. M. Renard , conseiller de la
grand'chambreet rapporteur du proces, y etoit aussi. Ce rap-
porteur est un des plus homines de bien du palais , et fort
bon juge. Comme Ton faisoit au roi une enumeration des
crimes de ce malheureux , le roi les interrompit et dit : /;'//
vailii />ra//c<»t/) Imp, fiiftcxjusfire. Ensuite de la volonte du roi,
il a et*^ ce matin ( samedi 26 fevrier) enleve de la Concier-
(1) Otnra^e qui cut dans son temps une sorte dc sucoes , mais au-
jourd'hui totalement onblic , ct qui le merite bien. (Vest un gros livre et
une petite <ieuvre. (R.P/
A KAI.CONET. 039
gerie , et ramene dans une chaise an grand Chatelet , el mis
dans la chapolle oil il est presen lenient. II n'a plus qu'a son-
ger a sa conscience, pour etrc pendu aujourd'hui apres niidi
au bout du pont Saint-Michel, et il le vient d'etre apres avoir
fait amende honorable devant Notre-Dame ; il y avoit deux
cents archers , tant a pied qu'a cheval , mais il y avoit une
horrible qtiantite de monde. Ce inalheureux a encore son
pere et sa mere vivants : Jh>atus qui f'acit jiistitiam in ontni
femjwi'. Feu M. 1'abbe de Saint- Cyran , qui a ete le vrai 1'e-
trus Aurclius, duquel il est parle dans les epitres de Lipse ,
sous le iiom de Joannes Veryerius Aunmits , qui avoit ete un
des adorateurs de Lipse et son pensionnaire les trois der-
nieresannees de sa vie, utcrque fttit catholicissinws , bien qtic
Lipse soil mort entre les mains du pere Lessius , jesuite , et
que 1'autre haisse bien cette societe; M.de Saint-Cyra«,dis-je,
m'a dit autrefois , en parlant de ces executions criminelles,
qu'il mouroit a Paris plus de monde de la main tin bourreau
que presque en tout le reste dc la France , ce qui u'est pas
absolument vrai; maisilparlait avec horreur et extreme do-
leance de tant de meurtresetassassinats qui se faisoientii Paris,
etil approuvoit fort les punitiorisexemplaires que lesjugesen
font fa ire : aussi Paris en a bien besoin , car il y a trop de lar-
rons, de vauriens, et trop de gens oiseux (mi ne clierchent
qu'a faire bonne chere et a etre braves aux de-pens d'autrui 1 ).
(1) 11 est probable que Tabbe de Saint-C.yraii . Jean Duverfjier de
Hauranne , le celebre ami de Corncille Janseiiius, et qui n'ouvrait le
livre d'un lieretique qifaprcs avoir fail le sijjnc de la croix Mir la cou-
verture , eut ele de Tavis de M. de Maistre , faisant du bourreau la
clef de votlle de Tedilice social. Hesle a >avoir si ees supplices multi-
plies ont jamais corri^e les mn-urs el arrete les crimes. I. 'experience a
prouve le conlraire a toutes les epoques. 1'eut-elre vaudrait-il mieux
que les proletaires. ces crucifies de toutes les civilisations, lu»sent eclai-
res , guides , soulages , qu'ils eussent aussi leur part des biens de ce
monde en lumieres coinme en besoins materiels, pour diminuer cette
masse de crimes qui accnscnt noire elal social actuel comuie celui de-*
iiges precedents. Voyer. le- notes 1. I. paj1;. 11T et 'MM. . H. IV
0-iO l.KTTHKS DE C.Cl PATIN
Enlin le roi d'Angleterre est d'accord avce le notre du lieu
ou les deputes s'assembleront pour trailer de la paix ensem-
ble , y joints les Dariois et les Hollanders ; ce ne sera point,
eomme Ton disoit, aDinan, au pays de Liege, inais a la
Haye en Hollande. Nos deputes seront M. Colbert, le maitre
cles requetes, et M. Coin-tin; je prie Dieu qu'ils s'aceordent.
On dit ici que le pape a uneliydrocele, et qu'il a grand'peur
de se soumettre a 1'operation qui y est necessaire. Je 1'ai vu
souvent f'aire a Paris sans aucun mauvais accident; s'il a peur,
c'est qu'il csl vieux ct qu'il voudroit bien ne pas silot quitter
sa place , en lacjuclle honrit <iqn<i>> In yawl to f/f jnnliliKu Sut~
rntoris.
II y a ici une grande banqueroute d'un nomine Jacques
Heron , par le malheur d'un certain marchand d'Amsterdam,
nommeBelot, Lyonnois. Je vous baise tres luimblement les
mains, et suis de tout mon co^iir votre , etc.
DC Paris , le 1" mars 1667.
LETTUE DCCXL1. — An
J'ai une nouvelle a vous dire qui me rejouit ; c'est que ,
quelques seinaines apres le jugement de M. Fouquet , un des
juges de la chambre de justice , nomine M. de Roquesante ,
conseiller au parlernent de Provence, fut exile et envoyeen
Basse -Bretagne, ou il a demeure jusqu'a present. Sa femme
est venue solliciter sa delivrance, et 1'a enfin obtenue, si bien
qu'il a permission de s'en retourner en sa maison. C'est une
grace que le roi lui a f'aite, dont je suis bien aise ; car quoi-
que je ne 1'aie jamais vu, je 1'honore , sur ce que j'apprends
(m'il est fort homme de bien , grand esprit et tres savant ,
ma is, comme beaucoup d'autres, malheureux. On dit qu'il
n'est pas riche, ce qu'il a de commun avec quantite d'lion-
n»Hes gens. Abdolonimus , roi des Tyriens, ('toil fort
A FALCONET. 041
homme do bien , niais il etoit pauvre , el la cause de sa pau-
vrete etoil sa Brando probite. On parle ici dodix mille homines
que le roi vent envoyor au duo do Savoio ; mais on no sail
pas encore si c'est contre Geneve ou Genes. Je me lions au
dernier pour plusieurs raisons. Dopuis quatre jours il est mort
ici un grand serviteur do Dion , c'est 1'abbe Lenormand ,
grand hableur, et acequ'on dit, grand fripon. II t'aisoit le plii-
losoplie Lullisto ot se meloit de prechor, mais on n'alloit
point a ses sermons, parce qu'on lo oonnoissoit pour un grand
hypocrite. 11 dit un jour on chaire que tons les jansenistes
seroient damnes et qu'ils meriteroient d'etre pendus. Enfin il
est mort apres avoir bien Courbe du inondc et s'etre fait con-
naitre a tout Paris. Je suis , etc.
De Paris, It- 8 mars 1667.
LETTRE DCCXM1. — Au
Lo roi adouno 1'ovoclio do Nantes a M. I'abbodo laValliere,
frere do la dame qui est en credit. On parle aussi do la mort
de I'evoque do Condom, ol Ton dit que lo roi s'ou ira en
Champagne vers la liu du mois pom1 y Cairo line grando re-
vue devers Chalons , ot (jue de la il s'on ira on Bretagno voir
son armec navale.
II y a ici bien vies marchands malcontents, taut a cause
du commerce interrompu par la guerre olrangoro ot la pau-
vrete publique , <jue par los banqueroutes arrivoes et tjui pen-
vent arrivor le mois prochain. .Mon Ills (^arolus vuus salue; il
me vient de dire qifil a rocu une lottr»i do Pologne, par la-
iiuolle on lui mandecjue los (Cosaques out onlevo en un coin
de la Pologne plus do trento millo ames qu'ils out onvoye
vondre a Constantinople.
M. do Vardos ost romis on lihorto. Lo roi viondra au parle-
mont sur la tin du mois. avoo. sa declaration pour la re-
iii. •<!
H-k2 I.KlTUKS I>K ell I'AIIN
formation de la chicane , en depit des procureurs et des
greftiers.
M. Jean Chicot , ci-devant mcdecin dn roi, et <)ui traita
Louis XIII, I'an 104-2, avec MM. Bouvardet Baralis, au voyage
de Perpigimn, qui derneure a Senlis, et tort vieux, fait im-
primer son \\\\'QE[>istol(r <-t dissertation's mcdirce, queje vous
enverrai quancl il sera acheve. II est la-dedans de 1'opinion
commune, que I'antimoine peut etre bon, pourvu qu'il soil
bien prepare et bieu donne, Irwisiwl mnjor ; mais il n'ote pas
la diiticulteel n'enseigne pas cette preparation innocente, ni
les precautions pour le bien donncr. Je vous baise tres hum-
blement les mains, et suis de tout mon etjeur votre , etc.
l)e Paris , le 12 mars 16ft7.
LETTRE DCCXLIH. — AH mrme.
On ne parle que de plaintes, de taxes et de grande cherte.
M. Colbert, interroge sur le (/f'jjri.c des monnoies , a repondu
qu'il le falloit demander au roi, et qu il n'y uvoitque lui qui
le siit. Tout le monde est ici merveilleusenient consterne et
abaltu. Nous aurons bientot besoin de direcomme cetancien :
liejuduj Aiitt'yoituin ; mais pourtant Dieu nous preserve et
garde d'un autre Mazarm. \ tdc Lt/tsium Cvnturtd 1. L'/iixtulu 4.
On dit ici que la paix est f'aite entre nous, les Angloiset
les Hollandois. Si cette iiouvelle est vraie, les partisans el
leurs heritiers en seront plus rudement traites ; car on exr-
cute bien du monde pour les taxes, et I 'argent en est extre-
menient presse par les poursuites qu'on en fait. Des archers
duns Rouen out voulu prendre un receveur du Domaine par
ordre tie la chambre tie justice. Lui et les siens se sont dt;-
1'endus, quatre desdits archers y sont demeures sur la place,
et le leceveur n a pas eie pi'is ; plainte en a de laite au 101
A KM.CONFI. <M'l
commed'une rebel lion it justice, surquoioii a term conseil a
Saint-Germain.
Le roi s'en va pour six jours a Versailles. >l. le due d'Hi
leans ademande le gouverneruent de Languedoc, vacant par
la niort du prince deConti. Le roi le lui a refuse, Im a aujj-
mente son apanage en recompense , el I adonne a M. ledur
de V'erneuil. Onditque le voyage de M. le due de Cliaunes a
Romeest encore diliere pour trois mois. Cela i'ait soupeonner
que le roi et le pape ne sont pas en bonne intelligence en
semble. J'irai voir M le president de Blancmesnil pour votre
proces, lorsqu'il sera temps , et quelfjues autres juges aussi
le mois prochain.
Lecomte de Ku'iiigsmarek, ambassadeur deSued*:, viendra
ici pourofl'rir au roi, de la part de son inaitre. tine mediation
entre les Francois, les Anglois et les Hollandois. Les Danois
sont de nouveau entres en une nouvelle alliance avec les
Hollandois. 4e vous baise les mains, et suisdetont mou eunir
votre , etc.
De Paris , le 20 mars I(i67.
LKTTKK OCCXLIV. - ,\u WHIP.
i lii parle fort de la baiKpieroute des <leu\ .MM. de Varan lies,
j'entends le votre et le nntiv.
Ill1 matin, ,')(> mars, on a tail le service en noseeoles |Miur
fi'ii .M. Cliarpentier, notre eolle^ne. Sa lamillf y a a^^ist,• ; ||
y avdit grand nomlire di- docteui •> : il n a lais>r (in'mie lill<- ,
qni esl furl riehe , et laijuelK' a fait amend1 M-.> petit^ »-n-
I'aiils. Tout ce .spectacle de deuil m'a fail pitie , et in a Iait
verse r des larmes : e'est grand'pitie que tout untie Iait. Toute
la vie liumaine e>I pleine de vamtf , de miscres. (|,- malice
044 I.ETTUKS DK (il'l I'ATIN
ou de soltises , ft, qui pis est , Ton n'en est pas quitte pour
eela ; eareniin Pallfdanturs intvrrcnii (I).
MM. eh; 1'Academie de la langue IVaneoise (Hit donne a
M. Colbert la place vaeante par le deces de M. do Silhon , si
bien que IPS voila honores du premier nrinistre d'Etat. Je viens
d'apprendre que le voyage du roi au parlement est remispour
a pros Paques.
Tout le monde parle ici du prod's de I'Universite contro un
certain Normand , nomine Lisot, qui , en vertu des provisions
de Koine contre les droits protendus de lUniversite, vent
<Hre cure de Saint-Cdme. Le proces a deja occupe sept belles
audiences : c'est demain <[iie M. Bignon , I'avocat-general ,
pavlera, et que le proces se jugera. Le recteur et les deux
pretendiis cures ont tons trois ce matin harangue dans la
grande cliambre. Je souhaite (ju'il soil adjuge a celui qui en
1'era mieux son devoir.
Qu'estdevenu M. de Lorme? Est-il a Moulins ou a Lyon?
Songe-t-il a se reinarier pour la troisieme ibis? Veut-il tout
(It; bun etre Trimnrlr'f Theodore de Beze le fut comme cela a
(leneve , ou il est mort I'an 1005. Voici les quatre vers qu'K-
titMine Pasquier lit sur ce sujet :
i'-ji'ores eyolri'x rurio sum l<.mporc
I'um jurtnis , lni» r//-, fuclnstt imle scncj'
I'l'opler opes prhna csi falidis tnihijnncta mil) annis ,
Alkra }>roplt r opus , /< rliu proplcr opciu.
Su/i'f ubuliun, hiihuisti ftibiilaiit. .le vous baise les mains, et
suis de tout mon cieur votre , etc.
Do Paris, IP 31 mars KJfiT.
; 1 On aimo a \oir oe c<r.ur si haul, ce caraclere si roide el si lennc ,
vereer des larmes au\ fiiuerailles d'nn do ^es confreres ; c'e-l qiTil y
avail dans (lui Palin un j',rand tond de sen«ihili|p uni a cello force
d'ame tjui fail le- homines hois de li^ne. \\. P.'
LETTKK DCCXLV. -- Au mem".
Tout le monde est ici en devotion a cause de la bonne fete ;
mais il y a bieii des malades a cause de la saisou du prin-
tenips <jtii Ibnd et agile le sang. Yoila le temps venu pour les
estaliers de Saint-Come. Nous avons deja dcs fievres tierces
priulanieres et des lievres continues. Le nionde etoil assez
inal sans cela; car on ne parle ici que des bauqueroutes,
malheurs, desordres ct pauvrete. Je n'ai vu le vrai tctnn (\
(JUG trois Ibis en ma vie, et une quatrieme Ibis depnis huit
jours, (jui venoit d'une plenitude de vaisseaux et intemperie
cliaude des entrailles avec un danger evident de cettesuffoca-
tion (|iie les anciensont appelee ii-fuxxiniuuiitt*, qui est la vraie
et proprcmenl noinmee apoplexie. Le inalade en est heureu-
senient ecliappe ; mais il a ete saignedix Ibis en quatre joinx
sans (juoi il sera it mort avant ce temps-la. L'experience nous
fait voir a Paris tous les jours combien est vrai tout ce quc
(ialien a ecrit de la saignee et de ses admiralties vertus , prin-
cipalement dans les trois livresqu'ilen a fails expres. Le ma-
lade est u n homme de quarante ans , (jui est fort content de
notre precede el de noire metliode.
J'ai vu ici renfant a deux ttMes <!(> M. Girardet (-1 , et Ini ai
donne 1'attestation (ju'il m'a demandee pour avoir la |H>rmis-
sion de notre nouveau juge de police de le montrer en public
On parle ici de la maladie du rot et de l.i reine dc I'ologue .
et de- la grossesse de la reine de Portugal. Je ne sais rien du
pape. Adieu.
Uc I'aris , le lo avril KM57.
'1) Tefanos , horrible maladic que non> oonn;iisson« inicux ipic du
lcni[)s dc (lui I'atin ol (juo nous IIP j;iicri-soiis j).-!** davanla^r. H. I'. ^
^•2] Voyoz sur ce sujct : Scrrcs , Kcrherrlies d anatomic trunsrt'iitlmile
fit palltoloyique , apptiquee n I'anatomie de la ilnplii-ite imnistrto'ime .
Paris, ls;{2. in-i". alia*. I-i<l. (it-otlroy Saint-llil.nri- . Ilistmrr </<•.«
iinoiniilic'i <lr I'oryanisalion . Paris. \X'M\. I. III. pa;1,. I'.MI
F.EITRES DE i.l I PATIN
LKTTRE DCCXLVI. - .l«
Madame Talon, inert: de I'avocat-gen6ral , est morte. On
(lit (ju'elle a laisse dans sa maison un grand proces pour avoir
fait un insigne a vantage par son testament a urie de ses filles
aux depens das aulres (infants , et ainsi est vrai ce qu'a dit
Alciat en ses emblemes. Quod noncnpit f'hri$fi<s, m/nt fiscus.
M. Talon , son fils aine. qui est vraiment un il lustre, person-
nage , et avocat-general an parlement , est , a ce qu'on dit ,
fort mal content de oe testament , et pretend le faire casser
par un arret solennol qu'il en vent ohtenir.
Le roi veut faire faire la revue a ses 10,000 homines quatre
ou ciii(| jours durartt dans laplainede Houille entre Saint-
Germain , Sartrouville et Argenteuil, ou il fera voir une belle
representation de la guerre aux dames de la cour, quiaiment
de tels combats, ou Ton s'eclmuife jusqu'a la sucur merne,
mais ou Ton rie tue personne. Apres cette revue 1'aite , on dit
(|ue les troupes auront ordre de marcher au rendez-vous qui
leur sera assigue. Mais on sera-ce? Persoune ne le sait que
cenx <]iii commandent , et je n*1 puis encore mo persuader que
ce soil en Flandre, et pint a I>ieu <]ue ce fut plutot contrele
Tui'c.
Nous avons ici un de uos jeunes mi'decins tres malade ,
nommeJacques Boujonuier. 11 avoitun frere aine qui mourut
il y a tantot deux ans. (jenr pere est encore vivant, agtMle
septante-six ans, a qui la tete branle bien fort sans tomber.
J'ai ici un medecin de Laon , nommt' M. Colin, qui a la
pierre, et que je ferai tailler demain matin : Dieu lui en donne
Ijonne delivrance. Deux freres laquais out ici fait un grand
volfiepuis pen die/, leur maitre, secivlaire du roi : I un des
deux a etc attrape avec 700 pistoles , dont il etoit charge:
I'autre en a davantage. (lelui qui est pris sera peiidu bientot
ap|iareniment : I'autre fera bien de sesaiiver en A?neri(|ue <vt
il'y devenir roi , de peur d'<Hr« ici pum coimne MIII IVf>re. L»»
vers de Juvenal n'a-l-il pas parle d'eux :
Hit crucetn pretium sci-'tii* tulit , /u'r <iiadeina ?
Je vous baise les mains, et snisde tout moneu'urvotre, etc
De Paris, le 19 avril 1M7.
LETTKE DCCXLVll. - - An »,*>,».:
Le roi a ete an parlement, ou il a fait passer une ample
declaration pour plusieurs edits , et cut re antres pour le code,
pour son domaine, etc., dont vousaurez le detail ci-apres.
Nous avons perdu . <'<• -22 avril , un (if nos jeunes docteni-s,
JacfjuesBoujonnier, dont le I'rere aliui inourut il n'y a*|uedeux
ans. Ce petit dernier n'avoit que vingt-huitans; mais il etoit
bien savant, eutete riionnenr de sa t'amilie; il en avoit 1'obli-
gation anx soins de son pei-e. Le roi est en son ramp de
Houille, ou il fait s:i revue. II est aujourd'hui venu c^ans un
fort honnete liomme , el qui sail bien des ehoses : c'est
M Th. lionet, medecin de Geneve, (|ui est ici venu pour un
proces qu'il a pour une terre qu'on lui dispute. Hier il etoit
venu a ma lecon au college de ('ambr;ii. II a un fils medecin
quand a soi. II y a bien des medecins en France et dans la
Champagne et dans Paris qui n'en savent pas taut que lui.
II est fort savant et fort spirituel , il ne tient guere du Suisse
ni de rAllemand ; mais il a bien de I'esprit ; il vaut mieux
qu'un Italien. On dit <|u'a|)res la revue (|iii se fait pre'sente-
ment le roi fera un voyage a Foritaineblean. Outre I'edit
verifie au domaine , qui fera bien du bruit, on parle fort ici
de toutes les douanes et df mettre d'autres ofticiers aux (ia-
belles. i\l. C.oiirtiu , nolfe depute , est parti pour Breda; mais
il me semble qu'il n'y a point apparcnce d'esperer que nous
ayons de cette aimee la [>aix avec I Angleterre . vu les diverses
tilS I.E11KKS Dli >-|i| I'AlIN
pretentious que les Anglois y apportent. On (lit qu'ils y fav co-
nsent fort l'Espagnol,qui leur olfre tons les anscinq millions,
s'ils veulent continue)' la guerre centre nous et les Hollan-
clois. Oh ! que le moncle est malheureux par 1'ambition et
1'avarice des princes ! Les princes qui font 1' am our traitent
plus doucement leurssujets; car 1'amour est un peche de
1'humanite au lieu que les deux autres sont diaboliques (1).
Juvenal a ditquelque part, mais avec bonne grace , en par-
lant de Domitieu , qui etoit un mediant coquin, ittquciiti-
nam itis nuyis />o(/ns fofa ilia dcdissct (cntpura ncquitid', etc.
Le 23 de ce mois est mort ici M, de Sainte-Helene, conseiller
de Rouen a la chanibre de justice ; il etoit un des rappor-
teurs de 31. Fouquet , et le condamna a mort; mais 1'autre
rapporteur, M. d'Ormesson , 1'avoit absous : i^sc mis ad hue
vivit ; et eelui qui 1'a condamne est mort: sn/jf-rstcii aliquh
fait suo cwnifici , c'est Senetjiie qui 1'a dit.
11 y a aujotird'liui cent ueuf ans (]ue mourut ii Paris, 1'an
15J8, Jean Fernel , 1'ornement de la France et de la mede-
cine; j'ai meme atijourd'hui parle de lui en ma lecon au col-
lege royal , mais il est au-dessusdes louanges cjue je lui puis
donner, et comrne on dit : SH/H-H nnnics tihdo*.
Le roi a nomine (juatre lieutenants -generaux , savoii ,
3IM. de BeU'onds, de Duras, d'Huinieres ei dePradelle, pour
la guerre qu'on va faire , (juoiiju'on ne sache encore on. M. le
chevalier de Crequi , qui est rentre en grace, sera employe
dans 1'armee navale. 3J.Hal'lin est ici, qui a pris la peine de
venir ceans pour ni'assurer que M. Spon a recu les 100 livres
que je lui ai envoyees j)our (ieneve.
J'apprends que M. votrelils, Noel Falconet, commence a
voir des malades , et (ju'il y veussit; j'en suis ravi , et je prie
Dieu qu'il continue toujours en augmentant , et qu:ii fosse
bonne guerre aux imposteurs de notre profession et it taut
entro honour H Paiiibilion . <|ui n'avail point cnoorc
e fait<'. el qui inorilo d'etre rcmarqucc.
A m.r.oNM tti'J
dc charlatans qui se rencontrent partoul. //«/.< vnnn non ricm*
ubundat tristibus obscu'nis.
Nous avons ici quantite de fievres tierces , et meme des
continues de meme nature , qua: n»<> nut alteru die
f'ebris typwn ac indolem rctim-nt , fiend en t istn'c oh i
primes region is , qucr in cuds /le/iafis circa fiaitcreas et mcscufe-
riinn stubitlutur. Nous saignons pour la continuity, et pour
1'intermission nous purgeons avec casse, sene et sirop de
roses pales , et cette metliode nous reussit fort bien (l).
On dtt que nos troupes marcheront le 20 inai. On soupconne
que ce sera quelque cliose comine on tit a Marsal il y a quatrc
ans. Je vous baise tres humblement les mains , et suis de toute
mon ame , etc.
De Paris, le 29 avril 1667.
LETTRE DCCXLVIH. - .l
Si j'etois a Lyon aupres de vous tete a tele , je pourrois
bien vous dire plusieurs clioses parlicnlieres (jue Ton dit ici ,
et que je ne puis vous ecrire : aussi ne le faut-il pas.
M. de Roquesante, conseiller au parlement de Provence t-t
a la chambre de justice, qui parla si fortement et si lien-
reusement pour M. Fouquet , est ici de retourde Bretagne, on
il a etf' exile quelque temps ; il est rnalade , j'y ai etc appele
en consultation. J'espere (jii'il guerira ; je le trotive fort ha-
bile homme , et [(lus (jue ne sont ordinairement les Proven-
caux , car ces gens-lii pipent plus t-n esprit on en fourberie
qu'en science ; ils sont trop jjlorieux jiour apprendre avec
peine et par etude; celui-ci |>asse tons ceux <jue j'ai cdiinus.
Je 1'ai mi pen eutretenu en secret et en particulier : jr le
Iron ve tort resolu ct tort savant , c'est ce qui m'en a bien pin
1 II aurait pn ilirt- , rninmc SOHMHI.- Saniitiuiiirii« .
I'IMI- -ini/n .' fiuiiiifi Hii-tlicaininc iiiiii'n
«. I'
650 I.KTIUKS DK (II I I'M IN
et qui m'a fait refuser son argent , bien que sa femme m'en
ait fort presse , et qu'elle ait fait tout ce qu'elle a pu pour
m'en faire prendre; mais je lui ai dit que la vertu de sou
mari , que j'liouore fort , m'empeeberoit de faire cette faute
Cette dame proven<;ale a fort bonne grace , et parle fort agrea-
blement , et en verite elle est digne de louange pour le soin
qu'elle a eu et pour la peine qu'elle a prise de solliciter la li-
berte de son mari, a presenter taut de requetes an roi , et a
lui parler si sagement et si pathetiquement , comnie on dit
qu'elle a fait. Vivent les gens de bien qui out dn courage et
de 1'esprit lily en a bien qui n'on'i rii I'un ni 1'autre.
On ne parle plus ici que de guerre ; on dit que les troupes
inarcheront le 15 de ce inois vers la Flandre ; mais on nedit
encore rien de la declaration de cette guerre , etc. On dit que
la reine demeurera a Compiegne ; que madame la duchesse
d'Orleans demeurera avec la reine sa mere a Coulombe ; que
M. le due d Orleans suivra le roi ; que M. le marechal de Tu-
renne sera le grand commandant , duquel les (juatre lieute-
nants-generaux recevront les ordres; queM. le due d'Orleans
a recu 200,000 livres pour son voyage ; que mademoiselle de
la Valliere demeurera a Versailles. Je viens de recevoir avec
beaucoup de joie une lettre de notre bon ami M. Spon : Dieu
soil loue de ce qu'il se porte mieux; je vous rcmercie du soin
que vous avez pris de lui.
Messieurs du Parlement furent assembles samedi dernier ;
on dit qu'il y eut trois de ces messieurs qui parlerent bieu
hardiment , savuir, MM. Miron . de la Grange et de Nointel ;
ce qui n'a pas plu a M. Colbert. .I'ai peur pour 31. Miron de
quelque exil , (jiii d'ailleurs n'a pas de sanlc; les deux autres
sout j>areillemenl fort honnetes gens : ^ ///o/v.-x.' /) t/'////></i'<i ! Je
vous baise tres liumblement les mains, et snis dc tout mon
cu'iir votre, etc.
DP I'.iri* . Ic ;{ mai HHi7.
\ KAU.ONKT. G6I
LET IKK DCCXLIX. — ,\u nibnr.
II y a aujourd'hui cimjuante-sept ans que ce niaudit Ka-
vaillac avec son coutcau trop fatal a la France fit un mi-
serable assassinat sur le bon roi Henri IV ; mais laissons lace
malheureux coup , pax sit tonti regin ntanibns. Le roi Charles V
et le bon roi Louis XII, qui tous etoient ties Valois, et qui
out fait grand bien a la France, chacun en leur temps, n'ont
pas taut merite de la posterity que le seul roi Henri IV. Ce
matin a etc legitimeeala chambredes comptes la h'lle de ma-
demoiselle de la Valliere. La declaration du roi pour la guerre
de Flandre a ete veriliee en parlement. Le petit M. de Guise,
encore fort jeune et qui n'a, a ce dit-on, guere que seize ans ,
est marie avec mademoiselle d'Aleneon , fille de feu M. le due
d'Orleans (ce 15 mai). On ne voit dans Paris que compa-
gnies de soldats partir, qni s'en vont en Pieardie et de la en
Flandre. On dit que le roi partira demain pour aller coucher
a Champlatreux , le lendemain a Liancourt . on il y a de si
belles eaux, et ensuite a Amiens , de la a Arras. La reine et
.\f. le Dauphin demeureront a Compiegne , oirils attendront
les ordresdu roi. Si le cardinal Roberli devient jamais pape ,
nous aurons un sot pape; c'est un pauvre homine , etourdi
d'avarice et d'ambition , i«m injiiitd'ni inridi'o, ntirnr i/mf/i*. Je
suis ravi que M. votre lils vouscontenle ; il I'aiitqu'il lise bien
la Pathologic de Fernel, la Praticpie de llollier, I'Anatomie
de M. Kiolan et L. Duret sur les Coaipies d'Hippocrate, anssi
bien ([ue Hollier sur les Aphorismes, ijuoi faisant . la matiere
ne lui manquera jamais.
On voit ici un petit livre intitide : l)i<iln<in<' sur //•>• ih-nitx '/<•
/n rt-fiii1 irf't rliri'-l icniii' . in-doii/e , !(>(>?, qui u est que I'abrege
du grand livre que le roi a fait fa ire sur ce sujet, ct qui
viendra bient('»l taut en latin (|u'fii francois in-(juarto. On dil
ici que les Flamands et Valons se mettent en etat de se bien
defend re contre nos gens , et qu ils sont resolus tie perdrr
b"62 [.El IKES DE I, I I PATI>
plutot tout , de miner lews places et d'y mettre le leu , avant
que de nous laisser aucun avantage.
Aujourd'hui au matin , ee 1(5 inai , est mort a Saint-Ger-
main M. Guenaut (1) d'une apoplexie; Dieu n'a pas permis
que le vin emetique le sauvat , lui qui en aautrefois tant tue
avec ce poison et avec \e.laudamim chymisticum.
Le roi estaujourd'hui parti de Saint-Germain, et a pris le
ehemin d'Amiens j>our fa ire un grand voyage. Dieu le veuille
bien conduire et le ramener charge de lauriers et de triom-
plies : 0 utinam ! Je vous baise les mains , etsuis de toute mon
aine votre , etc.
De Paris , le 17 mai 16G7.
LETTRE DCCL. — Aumtme.
II y en a ici qui promettent quelque adoucissement a
MM. les trois Fouquet; mais je n'eri croirai que ce que je
verrai; car tout ce qu'on (lit est trop incertain , tant de la
paix que de la guerre. II est vrai que les troupes marehent
toutes a leur rendez-vous. II y avoit tant de garnisons dans
toutes les villes de Picanlie, que Ton pouvoit en fa ire line
armee de 20,000 homines : on a tout enleve. Jeudi dernier
2,000 homines sort! rent de Beauvais, <jui s'en vont passer par
Amiens, et apres marclieronten corps d 'arm.ee, etcamperont
jusqu'a Arras, en attendant lecourrier et la derniere resolution
dc lareine on plutot du conseil d'Espagne. On en a faitautant
en toutes les villes au-dela de Beauvais , Clermont , Hove,
Montdidier. Corbie, Senlis, Compiegne, Noyon , Soissons ,
Saint-Quentin , Peronne , Ardres, J^aon , Chaiini , Vervins.
Marie. Ham, Dourlens, etc. Je prie Dieu <|u'il dirige et fa.^se
reussir les desseins de noire bon roi. On (lit bien qu'en ce
grand a[>parat il y a eu du secret, peut-e'tre qu'il est vrai.
1 N oyez la nole lonio II . paj\<; W\$.
A FAl.l.ONKT. I>5J
setl guts novit constliunt Jiomiiu .' Kemeltons-nous en lu provi-
dence , ft jiiissiilf'tiinns nt fjatifiitin nntiiius nostras , (/oner trun-
nefit iniquittis. Le prince de lloiuie n'a pas d emploi en celte
guerre: inais son Ills, due d'Enghien, y va en qualite de chef
des volontaires. Le pere est tort maigre el casse desgouttes :
c'est le peche des princes, (jui sont gens de chair et d'os, sujt-ts
et esclaves de leurs passions : cela s'appelle maladie m«Titee.
Ce n'est point le meine que Didon , eette bonne reine de Car-
thage, a la (in <iu quatrieme livrede rEneide, Mnm yuia nfc
fnfii , inrrifa nee morta jwrihut , m'd misera nnle diem. Je veux
du inal a Virgile , qui a fait passer cette pudique reine pour
tine eoureuse, et qui sVtoit laissee debaucher au prince
troyen , (jui avoit vecu avant elle plus de 3(K) ans; mais ex-
cuse/ cette digression. Quand nous aurons des triomphes a
vous inander pour les victoires du roi , des villes qu'il aura
prises en Flandre , je ne manquerai point de vous en ecrire
la verili: de bon ca'ur.
On dit (|iiti mademoiselle de la Valliere se retire a Fontai-
nebleau en attendant les ordres du roi; mais re sera apres
qu'elle aura vu la marche de 1'armee du roi jusqu'a Arras;
car de 1'henre que je vous |>arle , elle est a Amiens en qualite
de grande duchesse.
M. le marechal deTurenne a (lit an roi qu'il y avoit en son
armee trop de chariots, trop de chevaux ft trop de bagage ,
(ju'il en t'alloit renvoyer la moilie , autremcnt que duns un
defile cela pouvoit la ire perdre une bataille ou miner line
armee. On dit que le roi et les Hollandois out renouvele leur
alliance , el (jut1 cela tail mal de ca-ur aux Espagnols.
MM. les trois ministres, MM. de Colbert , le Tellieretde
Lionne , sont aiijourd'hui partis pour Amiens. M. le chance-
lier partira samedl pour Compiegne.
Nos troupes, en Picardie, out commis plusieurs insolences,
et If mal cut t'-ti'1 bien plus grand , si le roi ne s'en Jut mele,
»>t n'eut reprime I'insolence d»'.s soldats <|iii preteiulent que
tout leur doit rtre permis.
(i.Vi I.K11HES F)E KM I'ATIN
M. le marquis de Vivonne est parti ce matin ; son train est
de So ehevaux.
Les trois tresoriers de 1'epargne seront mis en liberte dans
liiiit jours avec ordre pourtant de se retirer a Limoges. Je vous
baise les mains , et suis de tout mon cceur votre , etc.
Do Paris, le 23 mai 1667.
LETTRE DCCLI. — An
On dit id tant de nouvelles et la plupart t'ausses, <|iie je ne
sais que vousecrire. Je vous mandai bier tout eeque je savois
vrai ou non. M. d'Artagnan est entre dans le pays enneini
avec 2,000 chevaux. Le roi a envoye ses marechaux-de-logis
a Valenciennes pour y marquer les logeiuents, coinine s'il
n'y avoit qu'a y entrer; niais j'ai peur que quand on viendra
a 1'execution, ledroit civil n'y suf'tira point. Jl i'audra y a Her
avec le clroit canon , et 1'y employer de la bonne sorte. Pen-
dant quele roi fait la guerre en Flandre, la mort nelaissepas
de t'aire la sienne a r ordinaire. Voila quej'apprends la mort
dun des plus savants homines qui fut -au monde dans les
langues orientates : c'etoit M. Uochart ( I ) , ministre de Caen en
Normandie, (in'une apoplexie a emporte en pen d'lieures; il
n avoit que soixante-dix ans. 11 n'est mort que d'une troj)
grande contention d'esprit et debauclie d'etude. II etoit pres
de laireimprimerson livredu paradis terrestre. J'ai ceans les
deux beaux livres (ju'il a fails de la geographic sacree et des
aniinaux de la Sainte-Ecriture, et je les lis quelquefois aver
plaisir. Tels homines ne devroienl jamais mourir. Je 1'ai
connu en cette ville Tan Kii8. 11 m'a fait I'lionneur de diner
avec inoi deux t'uis avec mon boil ami M. Xaude , avec lequel
il lit le voyage de Suede Tan 165*2, et en partirent tons deux
jiuur reveiiir de deca; mais le pauvre M. Xaude Cut attrape
A FM.MiNKI. 6.'»f>
(1 une lirvre en chemin , donl il I'm .inrir. <•[ nioiirut dans
Abbeville le 29 juillet |(k">:i , et six semaines apres mourut le
brave M. Saumaise d'une eolique bilieuse aux eaux do Spa,
f'aute d'etre saigne. II I'aut encore niettre au ran- des morts
M. deScuderi, qui a fait tant do beaux livres et de beaux
romans. II est mort depuis peu ici d'une apoplexie.
J'entretins hier au soir M. le premier president, <jui m'y
avoit invite par lettre. II me manda si les aneiens avoienl
connu le Sucre. Je lui dis <jue oui, que Theophrasle en a
parle dans son fragment du miel , oil il en fait de trois sortes :
I'line qui est des fleurs, et c'est le miel commun; I'autre d«'
I'air, qui est la marine des Arabes , et la troisiemedes roseaux.
tv TO?.- xaXapot;, qui est le sucre. Pline la connu aussi, et en
parle sous le noin de sel des Indes. Galien et Dioscoride 1'ont
nomme Sacc/tar, et c'etoit en ce temps- la une chose bien rare.
Al. Saumaise en a fait d'autres remarques dans ses
tiims sur Sol/». ,le suis, etc.
De Paris , le 27 mai 1<><)7.
LETTRE DCCLII. — An
La lerreur est si grande en Flandre, que les pauvres gens
ne savenl a (|uel saint se vouer. QueUjues villes sonl aban-
donnees; les autres se veulent rend re au roi. On dit ici que
meme ceux de Cam bra i parlementeiil , principalenient les
bourgeois; mais (jue jusqu ici le goiiverncur I a einpecbe, >i
L»ien <|ue tout ce que n'a pu fa ire jusqu ici la raison naturelle,
la force I'emportera peuteti'e, autorisee du canon, <|ui est,
selon la devise de MM. les inarecliaux de France et de la
guerre, ml in itlttnm t't't/t////.
M. le ducd'Orleans est parti d ici, ce .'}() mai, avec un beau
train pour alter joindre le roi. t[ui est devers Arras. l,e> let-
Ires de l);tnt/ik d'nujoiii'd'lini portent que la reine de I'ologn,-
e^t nitM'tf a Varsovie. On parle d'une nouvelle tradnctlun du
<)56 I.ETTHES HE r.l'i PATIN
.\iti(n><i>< Testament t'aite pur les janst'-nistes du I'ort-Boyal,
imprimee en deux tomes in-douze, qui ne se vendent qu'en
cachette, parce que M. le chancellor la faitchereher pour la
saisir.
Le roi adonne la place de medecin de la reine que tenoit
Guenaut au jeune Daquin, a la recommandation de M. Valot,
dont la t'emme est tante de la f'emme de ce M. Daquin : Sic
Vara sequitur Vibiam. S'il y a quelqu'un de trompe en ce
ehoix , je n'en dirai rien. On dit que M. Brayer s'y attendoit,
que B. des Fougerais en a fait parler, et Le Vignon en avoit
offert de 1'argent. Le premier est liomme de grand merite ;
mais pour les deux aulres , je n'en oserai dire du bien , car
je n'aime point a mentir. Quoi qu'il en soit , du temps de
Ma/arin, les charges se donnoient au plus offrant et dernier
encherisseur ; mais aujourd'hui c'est le roi qui les donne a la
priere et a la recommandation de ceux qui ont I'lionneur de
1'approcher.
Jeudi prochain, M. de Harlai , Ills de M. le procureur-ge-
neral , sera recu a la place de M. son pore ; le roi lui en a
accorde la demission. J'ai ce matin recu la votre avec les
deux feuilles de M. Anisson, dont je vous remercie. Je vois
bien comme il a commence; mais je prie Dieti qu'il lui f'asse
la grace de bien achever. M. Julien est un vrai bon homme ,
vrai Israelite, hi quo non est (lulus. Je vous adresse ma lettre
pourM. votre ills; je ne 1'ai t'aite qu'a la bate I'aute de loisir;
mais j'ai cru (ju'il falloit lui repondre, et le remercier de sa
courtoisie. Je prieDieu de bon ccrur qu'il lui fasse la grace de
lui ressembler, c'est-a-dire d'etre bon medecin , fort liomme
debien et bien savant, mmmceprobitatis , ei profundfp erudi-
t i<»n's, qui sont les qualitesqui conviennent fort a un homme
de notre profession , at in hoc roto dcsino. Je vous baise les
mains, et suis detout mon cd'ur votre, etc.
De Paris, le 3t mai 1667.
A FALCONET. f>;>?
LETTHK DCCLIII. -- An indue.
Je vous ai mande la reddition de Duiiay. Le roi viendra
dans peu do jours ii Compiegne y voir la reme, qui cst un pen
malade. On dit qu'il veutlaisser un peu rafraicliir sonarmee,
et ensuite assieger quelque autre place. Je voudrois (jue nous
tinssions Ostende et Namur. Ces deux extremites nous don-
neroient bientdt le dedans du pays : Anvers, Bruxelles, Cain-
bray, Lille, Mons , Valenciennes et Louvain ne tarderoient
guere avenir aupouvoir de la France. II y a apparence que
la maison d'Autriche est bien abattue. Je souhaite que Dieu
donne de bons conseils a noire bon et grand roi , <•( initial <i
ciuxiliuin de Sfmcto et Sion tueatur cum. Quelques uns disent
que la premiere ville que le roi assiegera sera Cambray.
On chanta , ce 12 juillet, le TV Ik-uin a Notre-Dame hier
avec grande solennite et les ceremonies accoutunices pour la
prise de Douay. Je suis bien aise (jue Ton imprime 1 Hygii'iif
de M. Gontier. II vous a bien ile 1'obligation de lui avoir pro-
curt} un libraire: il n'en auroit jainais pu trouver a l^iris ,
lant les choses y sont miserables.
Lejeune M. Daquin n'est pas de notre faculle , mais il a
epouse la niece de la fetnine de M. Valot. Si fin-tuna rnlrl ,
fics de r/ietore consul , si colet /uec eadcm, etc.
Le roi s'eii retourne en Flandre, oil bien ties villes so
rentlent Tune apres 1'autre. On parledetjueUjues troupes (|iic
1'enipereur doit envoyer, mais rela ne fait petir encore a per-
sonne. La paix est f'aite , tlit-on, avec les Anglois et les
Hollandois; si cela est, Ostende on Namur sauteront cettc
annee.
Le marechal tie Grammont est parti pour Hayonne, el se
retire de lacour, de regret i[u'il ne pent obtenir ilu roi le rap-
pel de son lils, comte tie Guiclie. Les (iantois tint tlemande
an roi la neutralite, qu'il leur a refusee. M. le Dauphin et le
conseil reviennent u I'aris. La ivine va sur !;i frontirre. La
in. -<->
(i;')H I.KTTIlES DE GUI I'ATIN
trancliee est ouverte ii (lourtray. Jo vous baiso les mains, et
snis df tout nion coeur votre, etc.
De Paris, le 15 juillet 1G67.
LETTRE DCGLIV. — Au menie.
On chanto aujourd'hui le Te Dewn a Notre-Dame pour la
prise tie Courtray. L'armee du roi marche (ce 20 juillet)
avec de la provision pour huit jours , ce qui fait soupconner
un grand dessein.
M. le chancelier et le conseil retournent a Compiegne,
parce quo M. le Dauphin y est, et qu'il ne peut etre surement
ramene ni a Paris, ni a Saint-Germain, ni au bois de Vin-
cennes , parce qu'il y a de la petite -verole.
Les Anglois out fait leur paix avec nous et les Hollanders ;
elle est signee et ratifiee ; ils y ont etc obliges par lemauvais
etat de leurs atfaires , mais pourtant elle n'est point encore
publiee.
On a public, par toutes les paroisses de Paris, un moni-
toire tres important, lequel contient plusieurs chefs d'aceu-
salion centre une certaine quidante , etc. C'est un in on i to ire
hardi, violent, medisant el diifamatoire ; e'est une piece
dangereuse et ditlamante pour les horribles choses qu'elle
contient. On 1'explique ici de madame de Fouquesoles ,
niece de M. le president de Nesmes , iille et sceur de MM. Der-
bigny , maitre des requetes ; elle faisoit ici la devote et la
tresoriere des jtauvres ; elle a emprunte plus de 700,000 liv.
a plus'eurs particuliers, et apres elle a fait un trou a lalune,
et s'cn est allee, ou s'est si bien cachee que Ton ne sail ou
elle est aujourd'hui. On lit ce monitoire a loutes les portes
des eglises, et des que Ton en a arrache un, on y en met un
mitre , udt'd t'i>ru>// tllud Domini ll/iu<lii , jtojH/(t/$ , Av, yrcj.' ,
A FALCONE!. t,6!»
utuiulus ui/tnts (im:tt liistriuniuin. Je vou> baise Its mains , fi
suis de toute niou time votre , etc.
De Paris, le 29 juillet 16(i7.
LETTKE DCCLV. - A.
M. le premier president me retint liier a sou per avec mon
lils Carol us , apres qu'on tut sorti de son academic de belle
htterature. 11 nous a mis tous deux dans ce noinbre avec
sei/e autres honnetes gens , qui coinposent cetle coinpagnm,
(pji se tiendra tous les lundis depuis cinq heuies du son jus-
qu'a sept, liier, mon lils aine, Robert 1'atin , put possession
de la charge de professeur royal , dont je lui ai obtenu la sur-
vivance. Cela est arrive de bon augure , car il a celebre
par sa harangue son jour natal , etant ne le ir d'aoul 102'J.
Je prie Dieu qu il en jouisse longieinps. J'ai fait clever mes
enfants avec grand soin et grande dcpense, j'cspere qu ils en
cueilleront d'agreables fruits. II est vrai que nous sommes
dans des temps asse/ Jiialheureux ou la vertu , denuee de
1'appui de la fortune, ne promet rien d'assure. Brutus crieroit
encore aujourd'hui s'il vivoit (l).
Monseigneur le Dauphin est malade. Un fait ici des prieres
publiques pour sa sante. Uh ! Seigneur, (pie le malhcur de sa
inort n'arrive jainais de nos jours! j'aimerois inieux mourir
que de voir mourir a Compiegne ce petit prince , qui est ne-
cessaire a la France et memea toute 1 Europe.
Un tient ici pour assure (pie les eaux lachees des ccluses
par les habitants de Termonde en out empcchc le siege ,
^1; lit dans quelle epoque ne crierait-il pa> ? les conleuiporams suiit
eteinelleuienl les monies , le sieclc ou ils >i\ent est le pue de tuns; a
lenr> jeux , il y a tuujours de.s eluble.- d'Atij;ias a nelluyer. .Mai> on a
beau dire et se plaindre , par la loiee ineine des choses , au de>Mi-> du
tail se trouve le droll, au-des^u.•> du succo >e place la justice j >'il en
elait auliviuent, luule sociele peiirait. Jl. I1.
(500 LET-HIES nfi on PATIN
et qne c'est Lille on Flandre qui est aujourd'lfui assie'gee .ie
sals , etc.
DC Paris , !e 12 aoiit 1GG7.
LETTRE DCCLVI. — Au meme.
Nous avons ici un de nos collegues fort nialade de difie-
mits symptomes qui le menacent de mort. Ce seroit ponr-
tant grand dommage . car il est grand serviteur de Dieu ,
exceple le corps et I'ame. C'est notre maitre le venerable Elie
Beda, autrement nomine, parson nom de guerre, le sieur
des Fougerais.
On parle ici d'nn certain Parisien , uomme Saint-Genis ,
jadis conseiller an Chatelet , qui, apres avoir in a I fait ses af-
faires, a ete surpris et pendu dans Collioure, au cointe de
Houssillon , atteint etconvaincu d'avoir voulu solliciter a de-
fection et trahison, pour le roid'Espagne, lesprincipaux ofti-
ciers de ladite ville. Oh! nmudite nation, que tu es inalheu-
reuse de tant aimer 1'argeiit! C'est ce que 1'enipereur Charles-
Ouint rcprochoit a nos Francois (i).
On ne fait point tie dit'iiculte de croire ici que Lille se ren-
dra bientot au roi. C'est unc graude ville , belle etriche, dans
laquelle sont beaucoup de niarchauds a leur aise , qui aime-
ront mieux se rendre que de se laisser prendre et piller par
nos soldats. Autre nouvelle : le tonnerre totuba avant-hier
au niarche aux chevaux , qui (Jtoit plein de monde. II y a tue
un inarchand , une fennne , lu mulet des cordeliers et celui
qui le nienoit vendre. Si bien que voila saint Francois reduit
a alter a pied , puisque le tonnerre a tue son mulet. Aujour-
d'liui nous avons encore eu un grand orage de lonnerre et de
pluie qui a fait peur a bien du monde; niais , IHeu merci ,
person ne n'en est mort. Je suis , etc.
Do Paris, le 19 aout 1007.
•^1) Mais (ni'aurait clil uolro nulcur s'il rut vecu cn Tan de jjrace ISifi ''
inc'Drt1 UUP ttii-; , sic ol'tti »unc Indie. ' \\. 1'. N
A IM-COMl r>(i|
LKTTUK DCCLYII. - .i« »«/-•/«/•.
Je vous mniulni hier (co 24 uout ) la mort du sieur dps Fou-
gerais et de M. le president Viole ; nous avons une autrc niort
1'ort etrange , c'est de M. du Buisson, contrdleur de la nmison
de M. le due d'Knghien , qui a ete assomme a coups de
maillet par ses domestiques , dont il y en a trots prtsoiiniers
ct qui out deja confesse le fait ; cela est arrive en Flandre.
On dit quo c'est une chose surprenante de voir cuiiiinent cet
assassinat a ete decouvert ; inais je ne m'eii etonne pas, car
Dieu fait des miracles a toute heure et a toute occasion, tant
sur les mediants quo sur les bons.
Les nouvelles de Flandre portent que le roi presse fort le
siege de Lille, et que les Espagnols s'efforcent d'en empecher
la prise, qu'on la prendra ponrtant dans peu de jours. Notre
armee va grossir de plusieurs cotes, tant par les six inille
homines de 1'armee navale que M. de Beaufort a envoyes a
Dunkcrque que par I'armee de M. le marquis de Oequi, qui
etoit dans le Luxembourg, comme aussi par quelques autres
regiments (jui viennent de Bourgogne et de Champagne ; si
bien que voila une grande crise qui s'apprete pour une se-
maine on deux. Je serai ravi de voir ce qu'a t'jcrit votre
M. IJ. Barra sur lesAbusde latheriaque ct de In confection d'/ii/ii-
finf/tc. On ramene M. le Dauphin de Compiegne a Saint-Ger-
main ; on dit qu'il se porte bien etqu'il n'a gueret'-te malade;
il est u n peu trop melancoli<jue; je souhaiterois fort qu'il
ressemblat au bon roi Henri IV, son bisai'eul, et non jtas au
roi Louis XI, qui etoit un homme d'esprit, inais dur, dange-
reux et meme cruel ; il n'avoit pilie de personne , et traitoit
trop rudement son peuple , />ro/>f''/- jwcndi ftf/m/orum Ik'H*
stnit t'ctjniire fynntnum.
Ceux de Lille parlemeiitent; je prie Dieu <pie nous I'ayons
bientot etqu'elle nous demeure a jamais avec toutle restedes
Pays-Has. Lesllollandois se delientde nous, etont noire voi-
.sinagt! pour bien suspect : ils en ont tvrit uu roi d'Anglelerre,
Gh'l 1.1'ITUKS DE (id 1'ATIN
(|iii a t'uvo\e lour lottro a notre roi, qui aussitot 1'a envoyeo
ici a M. do Lionno, pour on Cairo sos roproches a 1'ambassa-
dcur (i'Hollande, M. do Bouningberi.
La capitulation ost faitc pour Lille; le roi y doit entrcr
dans trois jours. Le prince do Conde est dans Douai avecson
fils malado.
Lo roi vent donner des ordres a son armee plus utilos qu'on
n'a jamais fait; et sachant qu'il mouroit un grand nombre de
soldats, memo d'officiers, faute d'etre bien secourus, il a on-
voyo quorir trois habiles chirurgiens de cette villo , les sieurs
Turbiere , Gayant et Bienaise, gens tres eritendus en la gue-
rison desplaies(l). On dit qu'il iraaussiquelquebonmedecin,
pour gouverner cette barque medicinale, pour presider a
I'hopital de 1'armee. Jo vous baise treshumblement les mains,
et suis de toute mon ame votro , etc.
l>eParis,le2Gaoull667.
LETTRE DCCLVIII. — Au nwme.
Jo vous mandai bier, ce 31 aout, comment Lille s'etoit
rend ue au roi malgre les efforts des Espagnols. On parle ici
do 7 1? Deuw et de la magnificence dont on recevra lo roi a
son retour de la campagne, apros tant de villes prises. Dieu
lui f'asse la grace de continuer ses victoires , et eiiiin de sou-
lager son pauvre pouple do la campagne , qui gemit si mal-
boureusement.
On va recommencor 1'impression de VJJistotM du cardinal
do ftir/tf/ieu , faitc par le reverend pore Lemoine, jesuito ,
sur l<^s mornoires dudit cardinal, qui lui out etc fournis par
^T La chirurgie militairc existail a pcino; cc no fut quo longtomj)s
aprc> (iifuii Hvrc dc quelquc valour pnrul sur colto hrillanlo partio dc
Part <lc init'-rir : cYsl le Varfdit chirnrgicn d'armee, par Scipion Abeillo,
Paris, t(i«)(i. C'cst le inoinc (pui avail fail iniprimcr une Nouvellc kittoire
des os, orneodc vcrs. H. IV
A KALCO.NBT. 6(>3
madamc d'Eguillon , niece dudit cardinal ; cVst le premier
tome que Ton commence , il y en aura deux in-folio. Dieu
sail comment cette histoire sera platree , tant de la part de
1'ecrivain , qui m'est fort suspect, que de celle du heros , qui
veritablement a etc un homme d'esprit , grand et releve ,
mais emporte et passionne au dernier point . de la fortune
duquel la France se futheureusement passee. II y a apparence
que cette histoire sera refutee par celle que nous promet
M. Mathieu de Morgues , sieur de Saint-Germain , qui com-
mence a la naissance du roi Louis XIII jusqu'a sa mort. Ce
M. de Saint-Germain ne veut point que son histoire soil im-
primee de son vivant , mais setilement t6t apres sa mort , et
m'a dit qu'il 1'a mise entre les mains de gens qui ne lui man-
queront point. Notez qu'il est age de quatre-vingt quatre ans ;
je ne souhaite point sa mort, et j'en serois bien fache , mais
je voudrois bien avoir vu cette histoire, de laquelle je lui ai
oui dire de tres belles particularites, et d'etranges veritcs,
tant aux depens du cardinal de Richelieu que pour la defense
de la reine-mere.
Nous avons ici un honnete homme qui travaille a un autre
ouvrage fort different : c'est la vie du bon Erasme , qui a etc
un grand et excellent personnage , qui mourut a Bale Fan
1536, le 12 juillet. II a eu le malheur de ne pas plaire aux
moines ; mais cela lui est si commun avec tant d'honnetes
gens, que je ne conseille a personne de s'en affliger. Id cinr-
rc-m ant manes credit curare scjiultus. Je ne serois point niarri
de voir tout cela avant que de mourir; mais quel(|u'un (lira
<jue dans ces livres d'histoire il y aura bien des faussetes, peut-
etre que oui ; mais on repondra avec Si'iiecjue : (Juis mit/u<nn
rib liistoricn fidein exeyit? hoc habet vitimn ttiiwn t/mrfnliftm,
nt rcris f'alxa Hiultii iiiterdum miscrantiir. Tertullien a nomine
en deux endroits Corneille Tacite, mewlncinnnn iMjuacifsi-
ntiu/i. llt'las ! quediroit-il aujourd'hui de tant d'histoi ions qui
out fcrit en France depuis tantot cent ans ?
On a mis prisonnier un gentilliomme qui t'aisoit des demi-
(>()4 I.K1TUKS I)K (it'l PATIN
ecus d'oi faux. II v a bien tics gens en France qui font tie la
fausse monnoie en tli verses faeons. Le roi est attendu le 6 de
ce inois a Saint-Germain. On a aujourd'hui chante le Te Dcum
pour la prise de Lille en grande ceremonie. Je vous baise les
mains , et suis tie tout mon coeur votre , etc.
De 1'aris, le 2 scptcinbro 1667.
LETTttK DCCLIX. — Au memo.
On parle. ici d'une grande ligue faite cut re Francois ,
Anglois ct Portugois. Les Hollandois doivent aussi etre tie la
partie; mais ils no parlent pas encore bon f'rancois. 11 y a
encore quelque chose qui les retient du cote d'Espagne. Mais
n'est-ce pas aussi quelque interet tjui les toucbe par notre
voisinage de Flandre. 11 y a un vieux proverbe dans Avcntin
qui ditqu'ilfaut avoir le Francois pour amietnon pour voisin.
On tlit qne le pape se fait fort aimer a Rome en otant des im-
pots t[iie son predecesseur avoit mis sur la gabelle. Plut ii
Dieu <jue nous puissions bientot voir ici la meme chose, de
tnnt d'impots quo nos denx bonnets routjcs out par ci-devant
mis sur nos tlenrees.
M. le premier president a marie sa fille ainee, comme vous
savez , aM. le comte deliroglio , jeune seigneur de vingt-lrois
ans. J'ai aujourd'hui appris que sa seconde lille est accordee
ii M. le procureur-general , dont le bisai'eul etoit un tres il-
lustre personnage, M. Achille deHarlay, premier president
du parlement sous Henri III , et tpii ftit le premier gendre
de ('hristoplie do Thou, perc de Jacques-Auguste de Thou ,
qui fiit president an mortier, et qui nous a laisse sa belle
histoiro. Ce M. le president tie Thou, qui monrut 1'an 1617,
a ('•(('. peredeFranQois-Augustc de Thou, (jui eut la ItMe tran-
clicc ii Lyon 1'an l()i"2, et pere aussi tie M. le president de
Thou (I'aujounriuii et <le madame de Ponfac , fern me tie
>l. Ic [nvmier president tit; lioi'deaux. .le suis, etc.
DC P.iri-, Ic y soplpinbrc IGCtT.
A FALCONET. 065
LETTKK DCCLX. - .\n
On fit hier, ce 14 septeinbre, do grandes rejouissances dans
toute la ville pour la publication de la paix d'Angleterre. Le
chancelier de ce pays-la est accuse de plusieurs fautes,
comme d'avoir ete cause de ce que les Hollandois out fait sur
la Tamise, il y a environ deux niois, d'avoir, durant son
autorite , confirrne j)lusieurs ventes que Cromwell avoit au-
trefois faites , et d'en avoir pris de 1'argent, d'avoir i'ait vend re
Dunkerque.
Le roi a fait regler I'affaire des contributions pour la
Flandre, et en a domic 1'intendance a quatre grands sei-
gneurs, savoir : MM. de Duras , du Passage, de Bellbnds et de
Grandpre. Le roi a donne liuit jours de vacances a MM. du
conseil , Colbert, le Tellier et de Lionne. Lui-meme vouloit
aller ii Villers-Coterets , en Picardie , y passer quelques jours
avec M. et madame la duchesse d'Orleans , mais ii n'ira point
a cause de quelque petit demele inter utramquv junonon.
L'empereur leve des troupes en Allemagne pour envoyer
hiverner en Flandre ; mais on prendra encore quelque bonne
ville avant qu'elles soient arrivees. Ce pourra bien etre Valen-
ciennes ou meme Cambray; d'autres disent Aire, qui em-
pechele commerce de Saint-Omer.
On cnvoie des troupes en Catalogue pour y fa ire unc armee
de 10,000 liommes. alin d'empecher les Espagnols de nous
pouvoir nuire de ce c6tc-la.
L\\l>rt'ij>' <lc /'//isfoirf 'If France in-quarto en trois volumes
de M. de Mezeray est en etat d'etre acheve bientot ; il n'y a
plus que deux leuilles <jui avoient t'te laissees et reservers
pour quelque raison particuliere; il a lini en I'an Kill), it la
mort de Henri IV, et n'a pas ose entrer dans le tempetueux
regne de Louis XIII. Je crois (ju'il a suivi le conseil d'Ovide
an premier livre des Fastes :
///.« die l it, poslquain noslros pcrvcnit (id an nun ^
Substttil in midio pra-scia lingua sono.
(Jfifi I.KTTIIKS DE (ill! PATIN
Je vous baise tres humblcment les mains, ct suis detontc
mon amc votre, etc.
De Paris , le 16 septembre 1667.
LETTRE DCCLXI. — Au meme.
,1'ai vu aujourd'hui trois quartanaires en divers endroits ,
dont le plus jeune a plus de soixante aris , mauvais manteau
pour I'hiver, scnex chronicis morbis commoriuntur, quart (inn
jttmti/jtt* fonncnfmti, senibmmors. Un deces trois malades est
taxe a la chambre de justice a un million, qui est un mal que
le quinquina ne peut oter, qui pareillement n'ote guere la
fievre quarte. Les moines et les empiriques font trop valoir
cette poudre , mais le monde veut etre trompe (l). Nous avons
aussi cle'ja plusieurs rhumatismes fort douloureux. Ce sera
bien pis I'hiver prochain , quand,le fro id aura empeche 1'in-
sensible transpiration , qui est si necessaire , et quand on
commencera a boire du vin nouveau. II y a clu bruit a Lon-
dres , ou le prince Robert a donne un sou f fie t a un secretaire
d'Etat, nommeM. Hamilton. On dit que cette affaire sera
cause qu'il y en aura de pendus , ce qui arrive souvent en ce
pays-la par la felonie de ces insulaires , <|ui sont ordinaire-
ment genscruels , mediants, pousses d'interet , et de diverse
religion , ftt'ligio prpo'/f scelcrom fift/w fm/iia fnctn.
Nous avions en Pologne un de nos medecins , nomine
M. Germain , bomme d'honneur et savant. II y etoit alle pour
la definite reine , et y a derneure <[uel(}ues annees aupres
d'elle; enfin , des (ju'elle est morte xi/ncojX' cfirdidcu , il est
revenu a Paris. II m'a aujourd'hui, ce 8 octobre , rendu vi-
site, et m'a appris <me tout ce pays-la est bien barbare pour
1 -M.-iIi'.rc IPS analhcmes do (iui Patin . on voil que le quinquina
n'plait iiiillcincnl abandonnp. Ce Cut tiuolipio temps apres (jue Louis XI V
adirla vin^t-quatre mille francs, du incdrrin anglais Talbot, uuc Ires
bonne preparation de ce medicament. (K. P.I
\ FALCONET 66?
la medecine. Henreux sont ceux qui vivent on France, et qui
y demeurent dans les grandes villes , telles que sont Paris et
Lyon ; les autres memo sont encore bien grossiers.
Un des ndtres , nomme Raphael Maurin, qui etoit en
Flandre, medecin de I'hopital de 1'armee, y est mort de
fievre continue. En voila six en dix mois; si Dieu veut, il
n'en mourra plus; au moins je souhaite de bon cneur qu'il
n'en meure aucnn d'ici a dix ans. Ce Raphael Maurin etoit
filsde Jean Maurin , Provencal, qui mourut ici tout tabide, il
y a quatre ans passes : c'etoient des Provencaux qui avoient
bien plus d'esprit qued'argent. Mais, s'il vous plait, appre-
nez-moi qu'est deveriu M. de Lorme. J'avois oui dire qu'il
avoit dessein de venir a Paris; Dieu le veuille bien conserver
et vous aussi, et tout ce qui vous appartient.
Les Espagnols out attrape le courrier Heron , et lui out pris
un memorial important, que le roi, qui est a 1'armee, envoyoit
a M. de Lionne, qui est a Paris. Ce memorial etoit apostille de
la main du roi sous tous les articles dont M. de Lionne etoit
en peine, si bien qu'ils en ont deeouvert beaucoup de clioses
qui devroient etre secretes, et ils en sont tout glorieux. Le
roi, de sa part, en est bien fache et moi aussi. Je vous baise les
mains , et suis de toute mon ame votre , etc.
DC Paris, le 11 octobrc 1667.
LETTRE DCCLXII. — An I<«]»K'.
M. le prince de Conde ira bientrtt vers la Franche-(x)inte .
la ire revue des troupes que nous avons en re pays -la, et
apres avoir fait ici un tour, il partira tot apres pour taire la
guern; en Allemagne, avec M. It1 due d'Kngliirii , >on tils
uni<|ue. Les Sut'-dois sc sont dt'-claivs poui1 nmix, a la cliai-gt1
(|ue , (juand noti'e roi voiidra , ils iMitivnint dau< les terres de
1'empire. On (\\( aussi tjue les Auglois sont de iiotie |>arti , et
DOS amis. Nous aurous pan-illtMiient une arcn«'le en Catalogue,
de sorte (|ii'on pent croire (|u'il (era bien cliaud I'ete procliain
60S I.K11HES DE (,ll PATIN
dans toutlc voisinage do la I'Yance. L'imperatrice est aecou-
choe d'liii lils: voila la inaison d'Autrielie I'ortiliee d'unetete
dont clleavoit besoin ; mais eel enfant est encore bien petit;
quin'en a qu'un n'en a point, units homo, nullus homo : Jes
males , dans une grande famille, sunt fulcra et colummc din-
tnrnitutis, quamvis non a'ternitnt.ls : I'eternite n'appartientqu'a
Dieu, c'est un privilege qui est fort au-dessus de la condition
mortelle.
Srous avez sans doute oui parler d'nne nouvelle traduction
(pie les jansenisles de Port-Royal out faite du J\'uuvenu Testa-
ment , qui a deja ete impriine plusieurs f'ois : plusieurs gens
s'en louent fort ; mais il y a ici , ce 1(5 octobre, un savant je-
suile lorrain , pere Maimbourg, qui tache de la deerier, et
qui preche contre tous les dimanches dans Saint-Louis, avec
beaucoup de chaleur, d'animosite, ct pcu d'avantage, car
les I'ieurs no sont point de son cote. II attaque des gens qui
sont tres habiles et qui se defendront bien, outre qu'ils ont
bien des partisans. II court deja quelques feuilles de critiques
contre lui ; mais on dit quo tout cela ne sera rien aupres d'un
livre qui viendra ci-apres contre lui , et contre toutes les es-
capades qu'il a faites en la chaire, depuis qu'il a entrepris dc
refuter cette nouvelle version du Xoitci'iiu Testament , et tout
an moins il a affaire ad'etranges gens, qui ecrivent fort bien,
et qui sont fort savants. Les jesuites ne maiKjueronl pas tou-
jours de reprendre ceux qui les liairont, comme les precep-
tcurs du gt'nre humain; maisje ne sais pas quand ils feront
mieux(jue les autres, tout leur fait est trivial •.cotiunimi ctidmtt
(.•tirnicii triri'ile mow/tu. Je vous baise tres humblement les
mains, et suis de tout mon ccvur votre, etc.
Do Paris , le 18 oclobrc 1C67.
LKTTKK DCGLXI11. — Au
On parle ici dc la paix , mais on ne laisse j>as de penser a la
guerre; il y a quelques niesintelligeuces entre nous ct les
A FALCONET. GG9
HoDandois ; ils voudroicnt derneurer neutres dans noire guern1
avcc les Espagnols, mais le roi Icur a mande (ju'il no vcut
point de cette neutrality. M. de Belfonds a defait 700 hom-
ines de la garnison de Cambray qui alloient a In picoree.
La peste est bien forte a Lille en Flandre; ils ont envoye
au roi des deputes pour le prier de retirer de ladite ville la
moitie de la garnison , qui est , disent-ils, si grosse, qu'elle y
est superflue. II est ici mort un conseiller de la grand'cham-
bre, nomine M. Benoise; il n'u etc que quatre jours malade,
et est rnort aux champs ; il etoit fils d'un maitre descomptes,
qui en sa jeunesse avoit ete petit secretaire de la chambre de
Henri 111. Co conseiller etoit aux champs, il a etc surpris d'un
rhumatisme interne dans la poitrine; il n'a pas ete assez tOt
secouru et a ete etouffeen quatre jours , sans avoir ete saigne,
ce qui 1'auroit pu guerir et empecher la suffocation.
Madame laduehesse d'Enghien est accouchee aujourd'hui ,
ce 5 novembre, d'un gareon. Voila grande rejouissance a la
maison de Conde, et meme a la maison royale par ce nou-
veau prince du sang ; le roi en a temoigne une grande joie,
et en a aussitdt envoye fa ire son compliment a M. le Prince,
a M. le due d Enghien et a I'accouchee. II n'est jamais trop
de princes du sang quand ils sont sages; mais de ces autres
petits principions, tels qu'utoient ceux de Lorraine, il y a plus
de cent ans et au-dessous, il n'y en a eu (jue trop, 1'histoire
de 1588 et les Etats de Bloi> en font ample loi, aussi bien que
1'histoire de Charles VI , desdeuxducs de Bourgogne, Jean et
Charles , et de Louis , due d'Orleans, traitreusement massacre
Tan 1-107, qui I'ut grand-pere de Luuis XII , pere du peuple,
([ui a ele un des meillcurs rois t|ui aient jamais ete en France.
Je vous baise les mains , et suis de toute mon ame votre, etc.
Do Paris, le '21 noxcmbrc 16C7.
(i7(J l.ETTRES DK <ii;i PATIN
LETTRE DCCLXIV. -- An meme.
II y a ici do bonnes yens qui disent que Ton traite de la
paix , et je prie Dieu qu'elle soil bientot conclue au soulage-
meni de tant d'honnetes gens qui soulfrent trup durant la
guerre, a 1'avantage de toute la France et meme de toute la
ehretiente; inais il y en a d'autres qui veulent passer pour
bien plus tins, qui se inoquent de eette prevention de paix;
ils disent que ie roi aura 8, ,<JUO homines le mois de mars
prochain , et que quelque oii're qu on i'asse au roi, conime il
est le plus fort, 1'Espagnol n'en aura point meilleur marche
que d'abaiidonner les Pays-Bas.
11 y a ici des yens bien elonnes pour la taxe que le roi a
nouvellement faile sur diverses charges, comine des huissiers
de ia cour, procureurs de la eour, procureurs du Chatelet et
commissaires meme. Les conscillers du Chatelet sont taxes a
Jo,uOO livres , et neanmoins il y en a d'entre eux qui out paye
22, GUI) ecusde leur charge. Ce qui en tail encore crier d'autres
en une autre maniere, c'c-st qu'apres cette Saint-Martin, le
roi veut que les nouvelles ordonnances de son Codesoientt-xac-
teinent observecs, de <|uoi se plaignent fort hautement les
procureurs ulriunyuc fort. M. 1'archeveque de Paris a de-
I'eudu (ce '10 nou:nibrey la lecture de la nouvelle version du
Ponceau Testament^ faite par J\LM. les jansenisles de Port-
Hoyal , et menace d excommunication ceuxcjuiauront la har-
diesse d y cojitrevenir. On ne 1'ait pas grand etat de cette de-
fense ; inaitre Gonin est mort , le monde n'est plus yrue ; cette
excommunication cat bnituni julincn , dont il n'y a plusyuere
que les sots cpai en lassent etat. Je pense que les jansemstes
lei'unt la-de&sus tie belles reflexions, et peut-etre aussi de
I tonnes reponses.
.1 ai ete aujourd'hui (ce J8 novembre) chez M. le premier
a I a.^semblee de cetle Academic qu'H tient tons
OU I on nil de fort bonnes choses. Lei*. Kapin, (jui
A. FALCONET. 6TI
est un jesuite Ires savant, y a discount sur la preference de
Virgile a Homere, et a fait des merveilles. M. le premier
president a demaude si person ne ne s'opposoit a ce sentiment :
voyant que tout le monde se taisoit, il a voulu que moil Ca-
rolus parlat, se souvenaut qu'il 1'avoit autretois entretenu
sur la gloire d'Homere. Je I'us ravi de lui entendre dire que,
se voyaut force de repondre a un advursaire de la force du
pere Kapin, il se trouvoit bien embarrasse; qu'anime pour-
tant du commaudernent qu'on lui en faisoit, et de 1 'au-
dience dont on 1'honoroit, il feroit souvenir la compagniede
quelques avantages d'Homere sur Virgile; qu'il n'y auroit
jamais eu de Virgile s'il n'y avoil point eu d'Homere ; que ce-
lui-ci a fait le plan, que 1'autre n'a que poli; qu'Homere a
ete universellement reconnu pour le pere de la philosopliie ,
de I'histoire, de la poesie et de la iitterature ; que tous lessie-
cles lui out decerne des honneurs qu'on n'attribuoit qu'aux
rois ou aux dieux; qu'on lui aeleve des statues par toute la
(irece; qu'on s'y est servi des monnoies qui portoient son
nom et son portrait , etque les plus grandes villes du munde
se sont toutes attribue la gloire de sa nait>sance ; qu'il avoit
des medailles des Smyrniens et d'autres peuples en sa laveur,
et qu'eniin rieu ne se trouvoit de pareil dans la fortune de
Virgile , dont la laveur cl'Auguste faisoit le plus bel endroit.
Qu'eu direz-vuus , monsieur, pour un plaidoyer fait sur-le-
cluunp ? M. le premier president lui en temoigna beaucoup de
satisfaction , et meme en soupant , il lui (lit : Je ne sais com-
ment votre pere I'entend, il vous cievoit laisser an ban can ,
nous vous aurions donne d'autres emplois (jue desoutenir la
reputation d'Homere.
J'ai vu ce matin malade un capitaine qui prend interet a la
guerre , et qui a peur de la paix ; mais il dit pour consolation
que, si le roi fait la paix, il enverrades troupes en Pologne et
en Candle coiitre les Turcs ; amsi a (juelque chose malheur
est bon ; les grands Ktats ressemblent a ees corps sanguins
ii7;> l.ETTHF.S DF. C.UI PATI.N
qui out bcsoin d'etre saignes souvent ot desemplis on diverses
t'acons pour empeeher qu'ils n'etoulfent.
M. do Brousselle , conseiller anx requetes du palais , est
inort de la pierre qu'il avoit en la vessie ; il n'a point voulu
etre taille, a quoi il etoit exhorte il y a longtemps. II etoit
neveu do celui pour qui on fit des barricades 1'an 1648. Je
vous baise les mains , et suis de tout mon coaur votre , etc.
DC Paris , lc 24 novcnibre 1667.
LETTRE DCCLXV - Au mtme,
,le suis bien aise d'apprendre qu'on acheve I'edilioii de la
I'hysfolnffie et Pathologic de Gaspard Hot'mann, chezM. Anis-
son ; car j'ai encore de lui deux autres manuscrits tres bons,
qui pourront quelque jour paroitre quand j'aurai ete assez
heureux de trouver quelque libraire qui en voudra entrepren-
dre 1' impression.
Dans pen de temps le roi , la rcine et M. le Dauphin iront a
Saint-Germain, d'oit, apres quelques jours , ils partiront
pour aller plus loin, et ils ne reviendrontque longtemps apres.
On dil qu'ils iront vers la Lorraine , et qu'on a arrete tous les
grands bateaux qui sontsur la riviere pour y envover du ca-
non, et que cela menace la Frariche-Comte. On dit aussi quo
1'electeur de Brandebourg donne an roi douze mille homines.
On dit de inauvaises nouvelles de Ganclie , et qu'enfin les
chretiens la perdront, ])uisque les Turcs s'y obstinent si fort,
et(jue les Venitiens ne la peuvent conserve!1. L'Europe est an-
jourd'hui , ce 16 Janvier, presque en pareil etat qu'elle f'ut
1'an 1-15.'^ , lorsque Mahomet prit Constantinople. 0 do/or .'
('.online le roi va bientot sorlir de Paris , il a mande a mes-
sieurs du parlement qu'ils vinssent le trouver an Louvre pour
recevoir ses ordres avant que do partir ; ce sera pour deinain
a ilt'ux hciires.
A FALCONET. ()»;{
On a soupeon de la lidelile <lu due dc Lorraine, et on
craint (ju'il n'ait traite dc nouveau avec la rnaison d'Aulridie,
etc'est ce qui fait aller le roi dc cc cote-la. Je vous baisc les
mains, ct suis detout nion cuuir votre , etc.
l)e Paris, le 17 Janvier 16(>8.
LETTRE DCCLXVI. — Ax „„••„><•.
Je vousecrivis dernierement touebant I'aHaire de nion Ills,
a laquelle je m'altendois (jue la connoissance dc la veriteet le
secours de nos buns amis pouiraient remedier; niais I'espe-
rance, selon le sentiment de Seneque, est l<- Mini/f <l'un
Inniinie qui ci-i/lv. Neaiiinoins. puisqu'elle est une vrrtu. j»; ne
la voulois pas abandonner (|uoi ([ii'il en dut arriver. car it est
permis meme aux plus mediants de sonjjer et de se t romper.
Tout le monde le plaint , personne ne I'accuse, et liors de
quehjues libraires, il est aime de tout le monde. Cependant il
est absent et nous I'avons oblige' de s y resoudre mal^re sa
sloieite. 11 avoit toujours espere ipie la justice du roi s'eten-
droit justpi'a lui , mais nos ennemis out en trop de credit.
Cependant , pour adoucir notre plaie, on ilit : T'cjue c'est par
contumace (jue son proces lui a etc I'ait, comme a mi hoinme
absent (jui n'a pu se del'eudre; -2 <pie (,-a etc par commission
souveraine et particuliere sans droit d'appel , ce ipii e>t ex-
traordinaire et marque d'autant plus le dessein (ju'on avail
de le perdre ; .'V quc la plupart desjuyes out recu des lettres
de cacliet t't de recommandation sur ci- qu'on avail besoin
d'nii exemple. Mais a ipioi pent servir eel exenqile? K>t-ce
que landis <jiie les Hollandois et autres impriment des livres
d histoire , et princi|»alement de la noire, dont le> auteurs
sont a Paris, on [»ourra (Her aux parliculiers 1'envie el-la cu-
liosile de lire ces nouveautes? 4" On alle^ue que c\-*( mi
liomme tit; yrand credit, (^111 eloit noire parlie secrete, qui
(J'.f I.RTTHKS DE (id PATIN
poiissoil ;i la roue et qui briguoit contre nous (I), parce
ijii On a trouve parmi cos livres quelques volumes du t'aetum
do M. Fouquet et do I'histoire de 1'entreprise do Gigeri. Que
uc pu:)issont-i!s done les an tours de ces livres? Que n'en em-
pechent-i!s 1'impression en Hollande, ou quo Ton n'en ap-
jiorto on France? Tons ces livres et d'antres pareils ont etc
vendus a Paris par les libraires an Palais et a la rue Saint-
Jacques. C'est t'aire venir 1'envi;1 de voir ces livros (pie Ton
vent supprimer et caclier avec tant de.rigueur. .le m'en rap-
porto a co qu'on (lit Tacite dans ses Aitmdes , livre quatre ,
chapitro 154 , en parlant de Cremutius Cordus. (Vest done a
bon droit que tant do gens demandent ce <|ue Juvenal a (lit
quelque part de Sejan : Sad </n<> redd it sub cri mine? ou est
co grand crime? (ju'a fait cet lionmie pour etre si injusteinent
traitr? On u nomine trois livres, savoir, un plein d'impioti'1 ;
c'cst mi livre ImgiKMiot , intitule : t'At:nt<nni<' di- In .l/^w, par
Piori'o Dumoulin , ministre de (lliarenton ; com me si l'in<pii-
sition otoit en France ; c'est nn livre de six sous. Paris esl
plein do tels livres, et il n'y a guore de bibliotheques ou Ton
n'en trouvo et memo die/ les inoines; il y a liberto de con-
science en France, et les libraires en vendent tons les jours. II
est memo permisaun homme de changer de religion etdoso
fa ire huguenot , s'il veut, et il nesera paspermis a un homme
d't'-ludo d'avoir un livro <i<; cetttjsurte, car il n'en avoit(pi'nn
soul oxomplaire. f^e second otoit nn livro, a co (ju'ils disenl,
cnntre le service du roi; c'est !<• /iouclu'rd'J^tfift[m s'est vendu
dans le palais publiqueinent, et aiupiel on imprime ici deux
re|>onses. Lo troisieme est Vlfistotw (julantc df In cour , <pii
sont do ])etits libelles ])lus dignes de mepris que do colere. -l(^
penso (jne ces trois livres no sont (pi'un pi'otoxte, et qu'il
y a (piehpio partio secrete <pii en veut a mon lils et (pii est la
canst' do notre malhour. J'ospore <pie Dieu , lo temps et la phi-
1 Ot lioninio <U- j',rand credit clait Colbert, (|iii ne pardonna ja-
\\\,\\- ;i MUCIIII <lc-- partisans de Koiujuel. H. I*.
A FALCONET. 6?.'»
losophie nous delivreront et nous niettront en repos ; et en
attendant, Seigneur Dieu, donnez-nous patience. 11 Caul etre
en ce monde enclume ou marteuu. Je ne me >ni> jamaisdonne
grand souci ; mais en voici bien tout d'un coup a inon age
de soixante-sept ans. 11 taut supporter paliemment ce a
<juoi on ne peut apporter uucun remede. Kntin , Dieu 1'a
voulu ainsi.
On dit ici quo les Hollandois sont bien einpeches a donner
contenteinent au roi , qui leur adit en parlant a leurambas-
sadeur extraordinaire , M. Beuninglien : /.'' /<•// /•<" m<>n <j/'<iutl-
jiM'e volts a ('lit t'f's , itiuu jtrrc fonts <t cinixi-ri'i'^ :, /•( HU>I /'• runs
rutnerat quo ml jf roufh'ui t si cons iCi'-h-s mnjt*. Noila pai'ler
(liguement et en grand prince tel <|u'est lc roi, t:t ('onnne l.oii-
gin le sojihiste, en son livre <la .S'///y/////t- , lone Mi>i>e d 'avoir
dignement laitparler Ju'eu en la creation , loixpi 'il 1'introduit
en disant : (Jw ma parole suit fait e, Dieu nous veuille, jiar sa
sainte grace conserve!' un si l>on et si sage prince. On dit ijiie
si la paix etoit 1'aite nous verrions bientot le siecle dor. Jc
consens de inourir des cjue je 1'aurai vu ; et cependant j'espei e
(|ue le roi par sa bonte et sa justice me rendra un jour inon
ills Carolus, en qui je niets toule ma consolation Jj. Je
suis, etc.
De 1'flris , lc 7 mars 1068.
LKTTIIK DCCIAMI.
Iliri' inourut ici un taineux avocat en p:n lenient
.M. Lauglois. MM. lirayer, I'ijart et Petit I'avim-nt trait*-. II
Ifiir dit , par line lantaisie de malade , qu'il ne vouloit pins
I'icii f'aire. It prit M. Datjiiin le prre qn'il a encon- ipiitd'- , r[
se mil entierenieiil entre les mains de votir M. I'iiote de l>e-
vl) Sf.s \iru\ no iiiront point realises rl il en inuurii! de chagrin.
(,7(> I.KTTIlKS DE (.fl I'ATiN
laistrc , <|tii lui proinit do IP guerir biontot : aussi lui a-t-il
tcnii parole, car on peu do jours il 1'a envoye on lautro
niondo : ///»«.- v/.s ''/ ff/tiui'im nebula dtsct'tum jMti'u/tunt ntixtl ///
t-u'liiin. Co lielaistre esl etourdi cunmio un hanneton; il tache
do payer do mine ot no sail ce qu'il fait. II dit lo mois passe
olioz un do inos maladcs, qui etoit apoplectique, quo si los me-
deeins do Paris vouluiont consultor avec lui , il lour appren-
droit a guerir toutes cos maladies do tote : toutel'uis ce malade
mourut quatre heures aprcs.
On parlo ici do iinir la ehambre do justice, do supprimer
tons los givHiors , ot do rotormer la ohambro dos eomplosen
y f'aisant suppression de grande (piantito d'ofliciers, et nionio
tons los of'liciors dos cours souvorainos qui out oto ci'('os do-
[>uis Tan 163.'). On }>arleaussi d'une suppression do la plnparl
des ol'lioiors do la galiollo , dont lo grand nonibre est cause
do la grande clierlo dn sol. (lola I'ora bion parlor du uiondo ;
Mais il \ a ici bion des plaintos depuis trois jours con Ire un
grand IVoid <|iii a golo" los vignos d'ici alonlour, ot qui s'ost
communique jusqu'en Cliampagne ot on Bourgogiie ; mais ce
qui cst bion facheux pour d'autros , c,'ost (pi'on dit qn'il ji'y
aura aussi cotto aunoo gnoro do fruits, qui cst une autre
manne [tour do pauvros gens (l). I^a paix est faitc; onditque
e'est la paix do M. (lolbert. Jo suis , etc.
Do Piii-is, lo 12 inai 1<><>8.
1) I/iiiconstancc du cliinal do Paris, on lo voil. hit do loulos los opo-
(juos; lo prinlonips \ osl surloul la saisou la plus dan^orou-o ol la plus
I»orlido. Los ancions otil \,inlo lo moix do inai parro (pfil osl ma^nilupio
dans los climats ou ils ccrivaienl. lion ost toul aulremcnt dans nolro
pays, ct Ton coimait a co ,-ujot le inol do Vollairo. A Paris, on
a consorvc la tradition ipio lo IH inai 17U3, lo jour ineino oil la Con-
\ontion nalionule condamna si odiousomonl los (jirondins. il y cut une
Ijcloo si forto, (juc tons les iruils do la torro perirciit on parlio; los
vij'.nos surtout on cprouverenl un dominate considorable. N'ojez la
unto I. II , l>a-;. ~(\ . '.W,\. \{. I1.
\ i- \i.co.\Ei. 67 r
LKTTKK DCCLXV1I1. -- Au mf-me.
J'ai recti le livre de M. Gontier, qu'il vous a dedie, etdont
jo suis bien aise. Mais, a propos dc livre, qui est rt'lui quo
M. Spoil m'a mande etre aclieve ii Lyon , savoir, l'//istnirr <ltt
ministf-r? dn cnrd'nml Mazfirin . ot tin antre d<- /•'»///•////«, in-
I'olio, im prime depu is pen a Lyon, fait par un medecin italien?
J'cn ccris un mot a M. Spoil , ot lo prio do 1110 los onvoyor.
On voit ici force soldats coup-dies <|ui out une epro an
cote, point d'argent etqui demandent rannioiio; ils truiivent
j)lus de charite dans la ville de J'aris (ju'lls n'en out Irouvt-
en 1'armee.
Le roi a re^-u du pape un chapeau rouge pour faire un car-
dinal, diKjuel il t'era present a ()ni il vondra ; plusienrs croient
quo ce sera pour M. 1'archeveque do Paris. I^e roi envoit; an
pape six mille hommos pour les employer on il vondra ; on
croit qu'il les donnera aux Veniliens pour les employer
contre les Turcs en (>andie; ils no le sanroient etre plus uti-
lement.
Le carrousel, destine pour les plaisirs d<; la conr, a Ver-
sailles, est remis an inois prochain, quelques uns disent jus-
(ju'apres les couches de la reine.
Nous avons ici un des notres extreinement malade , qui
est M. (icnnain Preaux, age de soixante-quatre ans, et i|iii pis
est, c'est d'une rechute ; ce seroit dommage qn'il inournt,
car c'est un savant lioniine, lionnettiet digntMle \ivre .M. votre
lils le ini-decin, quo jo salue de tout mon c<rur, le connait,
il a ete son protesseur en botanique. L'.i maladie de Soissons
cesso , niais il y en a bien antour d'Aniieus : c'est jienl-etre
le passage des soldats qni en est cause. Itou Dien! qu'il arrive
bien des nialheurs an inonde, dont les gens dc bien no sont
point coupables! Je lisdansmes mauvaises lienres, et a mon
loisir, [tour taclier de nii^ consoler, le livre de Ju>tns Lipsins ,
di- fniisfiiiitiii; niais tout cela m'etonne et pres jue me ren-
fJ7S 1.K1TKKS 1)K MM r.VTlN
verse 1'esprit , .<fr >nr f/^mit f/fri/tni , al rideo ////-, je u'ai bcsoin
que do patience , car tout lo nionclc est plein d'embiiches, do
malice »>t d'aflliction.
Madame de Villequier, fillo do M. leTellier, ageo do vingt-
six ans, est ici fort nialade, ; je soulwite fort qu'elleguerisse.
Je vous haise tres huinbleincnt les mains , et suis de toutc
inon ame votre , etc.
Do Paris, lo 22 juin 1668.
LKTTKE DCGLXIX. — An mcinc.
Queli pie on vie <pie j'aie do vous eerire et de vous donnerde
nos nouvelles , j'ai demeurt! la fanto do matiere. II y a quatre
jours (pi<; niournt iei m ad n me de Villejjuior, lille do 31. lo
Tellier, secretaire d'Ktat. Elle a ete emporteo de la petite
verole et tUoit grosso de trois mois. Voila line grande affliction
pour eette famille, el moi-niiMiie j'en ai grand regret. Mais il
fa u I prondro patience, la inort n'epargno personnc. L'on dit
ipi'il v a oil sedition dans Dole par la populace contro MM. du
parlenient. llelas! tpie lo monde est niallieuroux sons lo
masque d'une fausso politi<pie avec laijnelle il est anjourd'hui
gouverno ! MM. du parlenient, les trois chainbresasseinblees,
out condamno it inort j)ar contninace AF. Tilier, recevour des
consignations, <pii s'en alia il y a tantot trois ans bors du
royaumo, sans dire adieu apersonne, en einportantbeaucoup
d'argent a j)lusiours a qui il otoil du. (^et hoinmo etoit ills
d'un avoeat. II a olo conseiller a Mt>l/. , puis maitre des re-
quetos , puis inteudant des finances ; onfin rec(?veur des con-
signations, et puis banqueroutior. Jadis tin enipereur roinain
disoit : Chi v iv KIM KT Mini, KXIM-IMT. J'oi [nit toufc w>/'te </<' /><'/'-
•:i:in,"i//i x, ft i-riii in- m',1 s/'/'ri ilc )'icn. M. Tilior poun'oil au-
jojird'hui en dire presque autanf. On tiiMit pour certain qu'il
rsl a Venise , quoiquc la plupart le ci'oient en llollande. 1 «/'••
D(> l';iri-.. lo liTjuin 16(>S.
\ FALCONET. f>?(>
LKTTRK DCCLXX. - Au
Vous anrez pour nouvelle de ce pays qne \c. lieutenant-
criminel travaillcau proces d'un pretre accuse do sorcellerie ;
mais je ne crois point a ces bagatelles. Delrio n'en a quc trop
dit, dem6mequeBodindanssa Deinnnomnnic , quoiqii'il n'y
crut pas lui-m^me et qu'il soil mort jnif (l .
Un savant Hollandois, nomme Martinus Schoockius , pro-
fesseur a (ironingue en philosophic, est mort die/ I'electenr
de Brandebourg, oil il avoit ete appele par ce prince pour y
decrire I'histoire dn pays. II a fait beancoup de livres et etoit
fort savant en diverges sciences; mais il etoit grand ennenii
de M. Gronovins , qui est aujourd'hui le dortenr de Leyde le
phis eminent. Ce Martin Schoockius est celni (jni avoit rent
entre plusienrs traites nn de I'aversion (|iie plusieurs out pour
le fro mage , nn traite de la biere qu'il m'avoit dedi*'1, et nn de
la fermentation.
II fait ici fortchaud, mais il y a pen de rnalades; la raison
en est dans Hippocrate ; c'est qtie les saisons sont eumme
elles doivent etre qnand il fait bon etc ; car alors il n'y a \>>^
de dere^lement des saisons qui cause bien des maladies.
Deux voleurs d'eglise et de saints-ciboires out ete cc matin
condamnes an (Platelet a avoir le poirig coupe et rtre brnlrs
tout vifs , ce(jui a ete execute aujourd'hui. Je suis , etc.
DC Paris, le 27 juillol 16G8.
(1) Cot ouvrn^c do Hodin rst rn cffcf rornpli <lc prrjii^t'"* c( tic MI-
porslilions ridicules ; ee qui est d'autant ]>lus rtoiuinnt (juc I'autciii
iravait (jut1 dcs principes roli.^ionv lies rcMchcs , hicn ipril in- «oii pas
mort jnif ainsi epic le dit noire autetir. O ineiiie Hodin e-t I'.inlriir d'tm
livre intiliile In Republique, on 1'on pretend quo . Montesquieu a pris oe
•lu'il a dil des oliin.ils ; inai> l>odin, lui-iiiome , n'a fait »pio r<-|icl< r, ol
souvenl fort inal , los ideos d'Hippocrato sur ce <njct. \ Oy< /. le Trui it-
tie I'air, des eau.r cl des lieu.r , dans le-> OKuvres completes d'llij>i>n-
rratc, par M. Litlre , Paris, 1810, t. II , pai;. l~2. \{. I'.
LKTTIIK DCCIAXI. -- An
11 y a ici bien des gens qui parlent d'uno nouvelle guerre;
mais j.1 crois que c'estqu'ils la desirent, et qu'ils s'ennuient
deja de la paix ; car autrement il n'y a nulle appareuce.
II est ici niort ee matin un vieux marcliarul de grande repu-
tation, age de presde quatre-vingts ans , nomrne Kobert Po-
qiielin , et apres-midi on a mis un tableau a la croix tin
Trahoir pour Imit Norrnands qui out fait un vol insigne de
28,000 livres enlre Coutances et Caen; ils sont condamnes
coninu', insignes voieurs a etre rompus tout vit's , niais ils ne
I'ont ete (ju'en peinturo.
On parle de M. le prince pour etre roi de Pologne; mais le
grand-due de Moscovie demande la eouronne pour son fils
aine. qui sera queltjuc jour grand-due, et en cas de cette
election , il ollVe de se fa ire catholique romain.
11 y a de la peste a Rouen en sept maisons , et en qualre a
lu.'ims; il n'y en a plus ii Soissons. On parle aussi du due de
Xeubourg pour roi de Pologne , et du prince de Hade-liaden.
La tjucrelle des jansenistes et des jesuites continue ton jours ;
mais ceux-ci ne peuvcnt venir a boot de fa ire condanmer les
(|iiatre cve(]iies. On (lit (jue M. 1'evequo de Beauvais, <[iii est
eomle et pair de France, ne ])cut etre condamne a liome. 11
n'y a que MM. du parleinent qui puissent lui fain1 son proces.
II y a un livre nouveau contn; les jesuites intitule : Ln titeoloyii.'
I//U/-/I//' dr.* /V;,sv///i"x , in~quarto; on 1'imprime en divers endroits
in-octaYo et in-dou/e. ,)(! YOUS baise Ires Immblement les
mains, et stiis de lout mon cirur Yotre, etc.
De Paris, le 4 aout IWiS.
LKTTlli; IH:CLXXII. AH rnhne.
11 y a\'i)it ici un medccin <pii ctoit Ycnu d'Amiens tout
exprcs pour fain-, fortune ici . et qui avoit de grands secrets
v i \I.CU.\K i. «>SI
ilc la belle ehimie, a cequ'il disoit , (jui est murl iei en deux
lieures d'une line el forte apoplexie. Le medecin s'appeloit
du Moulin , grand charlatan el fort aflame C'est dominate
<ju'il soil mort pour lui-meme et pour les siens. Ilsii vanloit
d'avoir un certain sirop de mars, avee lequel it promettuit
des merveilles et vendoitdes pilules a qui il pouvoit.
l"n des notres, nomine Antoine Huflin, s'e>l fait cliartieux.
Les cliartreux et les capucins sont los deux espeees de moines
que j'aime le mieux. Us ne se melent point des affaires du
monde. On ne les voit point an palais, et je n'entends per-
sonne qui se plaigne d'eux. M. Sequin, medecin de la feue
I'eine-mere Anne d'Aulriclie, s'est fait pretre pour le saint
de son ame. L'ondit (ju'il s'en va anssi renoncer a la Facultr.
11 a les mains Cannes ; il ne sort pas de la , eomme l>elisaire,
les mains vides. 11 a de bons bent'lioes el bien de 1'aryent.
J'rd'niiwn tacitwnitatis <•{ fi del it at is.
In hac. tti'fjc' noatrn pnfjiilftrftei' nunc yrasmtln/' effect us (juidum
niflliynus , scfl nondwn pestilcns <~t conffu/iusua^ (h/scntci'in c(
mcsenterica, et hcpa/ica, quo.' ran? section? , wfi'iyci'iintiuin ?t
Icniter astrinyentium /<*it indiyet et bl<iHdiin'ilms cntlmrtiris:
dicoiH vert) , et di/scntci'ia, intestinontm (iffrrti/s febrilis^ /'/•'•-
qucntibus indiget enemuti* , ted refriyenmtibas <\r
ccntinodia , et<". \ <de.
DC Paris, Ic 28 aout 1GG8.
LETTKE DCCIAXIII. .\n
On parle d'une ambassade du grand-due de Moseovie. Le
roipartirale ISseptembre pourCMiambord, quiest unemaison
royale pres de Hlois. M. de (luenegaud , secretaire d'Ktat . a
reeu ordre de se defaire dt1 sa charge. On eroit <pie e'e»t jio-.n1
M. Colbert , qui est aujourd liui , ce -2 septembre , /' /irmn'/n.
el toiit-a-fait dans le credit. Ondit que lui seul fait tout , et q nil
va fa ire trois nouveaux tresoriers de I'epargne , de nouveaux
inleiulanl> de linances et de nouveaux ^ri fliers du con>eil.
()82 LETTKES DE GUI I'ATIN
i\ous avons ici un ibrt savant hommc, de condition ct de
probite, qui a presque acbevela vie d'Erasme, etpar la vous
voyez qu'il y a encore d'bonnetcs gens au monde qui cherissent
la vertu. il y a 200 ans qu'il etoiten nonrrice, car il naqnit
Tan H67, et a mon gre , il a ete dans le cliristianisme le plus
bel esprit apres Saint-Augustin et Saint-Thomas-d'Aqnin ,
n'en deplaise a quelques moines qui nel'aiment point , parce
qu'il les a trop decries et trop bien depeints.
II n'y a point ic: de tnalades , sinon quelques dysenteries.
Pour de la peste, il n'y en a point du tout, Celles de Bruxelles
et de Bouen out fait grand bruit, mais, par la grace de Dieu,
guere de mat. Je vous avertis que je n'ai point recu le livre
de M. Bonet , medecin de Geneve , que 31 Spon vous avoit
delivre pour moi. Un dit qu'il y a un certain abbe qui com-
pose la vie du cardinal Mazarin. S'il decouvro tons seslarcins
et ses tromperies, il faudra plusieurs volumes..
J'ai eu de bonnes lettres d'Allemagne; j'y apprends (pie
mon cher His Carol us s'y divertit en voyageant et visitant les
honnetes gens. II a depuis peu etc 'a Francfort , ou notre bon
ami M. Schelfer I'a tres bien recu, ainsi que M. Lotichius,
M. Ilurstius et autres gens de lettres. On m'ecrit (ju'il ne fait
(|u'('tudier, et t|u'il ne s'al'flige point trop d'avoir (juitte son
pays. Xeritt'us tine r/'iiitinc ririr . L'electeur Palatin lui vent
beaucoup de bien , et 1'invite deux fois la sernaine a diner
avec lui, et le fait appeler a tons les divertissements de la cour.
II s'est meine oll'erl d't'crire au roi en sa favour; mais Carolus
est un sto'Hjue (jui dit ne vouloir son retour a person ne, qu'au
roi : c'est un prince sage , dit-il ; on m'a persecute en son norn ;
il me (era revenir quand il voudra. Si cela n'arrive pas, je
dirai avec Cujas et quelt|ues autres: 0 inywda patria , noit
luihcbit HUSH nii'ti. J'ai bien plus d'envie de le voir <ju'il n'en a de
Mourner. Mon DitMi , <|uand sera-ce? Je vous baisc les mains,
et snis ile tout mon co'iir votrc;, etc.
!><• I'aris, Ic i:j septemhrc l«(iS.
A FALCONET f>83
LETTRE DCCLXXIV. -- AH mime.
Le roi est encore a Cbambord , ce 18 octobre, mais, on (lit
c|u'il serade retour a Saint-dermain le 23 de co mois. On (lit
(jue 1'atfaire des jansenistes est terminee malgre tout lo credit
dos jesuites , puisque lo pape et lo roi 1'ont ainsi desire1, dont
les bons peres sont fort en colere. M. Arnault) a vu le nonce
du pape, qni lui a fait grand accueil , et lui a promis incr-
veilles ; mais le pere Annat est fort mal content de cet accord,
qui s'est fait sans conseil , et meme sans son consentement.
Madame la dtichesse d'Engbien est accouebee d'un second
Ills. Voila la maison royale , et en particulier celle de M. le
Prince fortifieo d'nne tete.
^1. Colbert a fait arreter prisonnier un de ses principaux
comnn's, nomme J\f. Dcschiens, et 1'a fait metier a la Hastille,
mais on n'en sait pas encore les raisons. I.es grands sont su-
jets a ^tretrompes, et d'etre infulelement servis : hm-i intnr
i't nu)'i color nntltas hvb<n\t illccebrns <nl pewnndum : \\ avoit
autrefois depose centre M. Fouijuet , qui avoit ('-tr son mai-
tre. M. Koulier le jeune , niaitro des requetes, a (ce-20oc-
tobre) la commission de lui fa ire son procos, et a dejit com-
mence de 1'interroger.
M. le marecbal de Turenne s'est enfin convert!: il a abjure
son heresie dans Notre-Dame, entre les mains de M. larcbc-
vei|ue de Paris. On dit qu'il deviendraconne'table, t'tqu'il s(>
remariera, car il esl veuf de la lille de M. It1 due de la Force;
c'est un excellent boinme, et (|ui est aime tie tout le monde.
M. le due tie Verneuil, age de soixante-buit ans. ricbe de
]>lusieurs bonnes abbayes, sera entin marie ii la lilli^ de M. le
cbancelier, <|iii est veuve de feu M. de Stilly. Ku tout Age
on fait des fautes, mais ce n'est pas a nous de Irs examiner.
Le roi a nujourd'lmi (ce 23 octobre ' rendu une visito ecla-
tante a M. Colbert ; il avoit tons ses gardes avec I'ejWv nur.
On dit (jue M. Colbert a , ce ->4 (K'tobre, la goutte et un pen
(iSf i.i-/mU'> ui; <;i i I-ATIN
de dysenteric; e'est qne sa tele travaille Irop. II y a plusieurs
grosses depositions centre ce M. Ueschiens, qui le pourront
aceabler; il est si riche qu'il a fait cnvic : cifo <ln:cs vat cs(
ini(/HH!* , re/ nmjiii htsrcs.
31. le cardinal Aiitoiue, grand aumonier de France, et ar-
cheveque de Keinis, est ici attendu pources fetes procbaines
pour sacrer 3f. 1'abbe le Tellier, qui est coadjuteur de Reims.
(In dit (pie it; roi donnera an roi de Pologne, (-asimir, les
benefices tie 31. de Verneuil. Le roi sera ici le 7 noveinbre. Je
vous baise les mains , et suis de tout mon ca'iir votre , etc.
De Paris, le '2 novcmbre 1068.
LETTKK DCCLXXV. — A
Je vous remercie de la votre que je viens de recevoir. I)i-
nianche prochain, 31. le Tellier sera sacre en Sorbonne pour
coadjuteur de 1'archeveque dt; Heinis , par 31. le ii'raiid aumo-
nier. 1*011:' 31. de Turenne,les huguenots, (\u\ sont en peine du
motii'de sa conversion, demandent en riant, si , en qualite de
calholi<pie roinain , il trouve le \ in meilleur qu'auparavant.
11s sont pourtant bien fach(;s de ce chaiigement. Je suis bien
aise d'apprendre que 31. de Lorine soil votre voisin a Lyon, et
(|ue 31. votre lils le lrequente,carje me persuade qu'il lui aura
1'ait part de quelques belles connoissances , mais je le prie
(jii'il ne se laisse point emporter a ses hyperboles, quand il
s'agira de 1'antinioine. Je sais bien qu'il purge beaucoup. ot
ineme ti'oj). 11 purge souvent le corps et Tame en meme
temps. 11 doit y avoir grande difference entre un homine
sage et un charlatan. Vous save/ quo 1'on ne pent proceder
et aller trop sunMiient en besogne quand il est question de
purger les corps malades , principaleineiit ii Paris, oil les
corps sont merveilleusement delicats. Aos remedes doux y
agisscnt tout autrement et bien plus surement ip.ie les chimi-
A IAI.CONF.T. 08")
ques. Jo vous puis juror qu'ils out ici pordu lew credit, (luo-
naut , des Fougerais, Rainssant sunt en plomb ; ceux qui
restt.'iit do la cabale sunt etourdis du baloau. \ al<:.
L)e Paris, le 10 nuvcmbrc 1608.
LETTKK UCCLXXVI. — An
Los boulangers dc petits pains out ici un gros proe.es conlro
los cabarotiers ot hoteliers. Coux-ci aeeusenl los boulangers
do Cairo lour pain avec do la levrire do bier.1, ot non avoc du
franc lovain Los cabarotiers sont accuses do f'relator ot mix-
tionner lour vin. C'est M. du Lanrons, consoillor do la Brando
ohainbro, (jiii est lo rapporteur de cc prom., dans lequel
sont aussi enveloppes plusiours autros cbofs ; outre quo U-s
charcutiers y sont aussi moles, qui sont accuses pour lour
sale. Yoila trois metiers do 1'ai'is (jui sont bien ochaull'fs les
mis conlro los autres. MM. du parlement out dojiute six nif-
deeinsdo notro Facultedtisquelsje suis rancien; MM. Hrayor,
Blondel, Foraut , Courtois et Rainssant; eo dernier est tout
joune, et n'cst encore yuere capable do juger; inais e'est
(ju'il esl inedecin de la Conciergerie. Nous nous asseinblo-
rons un de cos jours la-dessus, et lerons lo proces a cello
lovure de biere , qui n'est (ju'uno vilaine <'cuine.
M. 1'abbo lo Tellier a otesaci1*: en Sorbonno , pour eoadju-
leur do Hoiins, par M. It1 cardinal Antoine, ^rand auinonier
do Franco. M. A. Ainauld, docteur de Sorbonno , fait ici plu-
siours visiles die/ ses amis en Unite liborte; son livro contro
le ministre (Claude ost sous la p rosso Lo roi ira bienl<)t an pa-
lais pour ('extinction ile la chainbro do justice, a la reserve
do quelques parliculiors pour la suppression do plusiours of-
fices , ft outre autres do secretaire du roi. M. Dosoliiens esl
hors de prison , et a pave sa taxe.
M. (lolbert est an lit de la youtto : le roi H M. le due d'Ur-
(58G LETTRES DE (.t"t PATIN
leans lui out rendu visile. Je vous baise les mains, et suisdo
toute mon atne votrc , etc.
DC I'aris, Ic 13 siovembre 1668.
LETTRE DCCLXXVII. — Au mhne.
On dit quo le roi viondra an parlement le 8 do fevrier, et
ce pour la polette, et que sur la fin du meme mots, il partira
d'ici pour un voyage de Provence. On dit (pi'il nous vient ici
de la part du Grand-Seigneur unchiaoux. Je vous envoie avec
la present e line these nouvelle qui n'est point mal f'aite , et que
j'espere qui vous agreera.
Nous avons ici perdu depuis pen un honnete hommc ,
nomme M. Cramoisy, age de quatre-vingt-qualre ans, (jui
etoit le roi des libraires. On parle fort ici des amourettes de
la eour et des courtisans. .ladis tin savant Anglois, nomme
,/nannfs Sarisberiensis , eveque do Ghartres, lit un livre da
nitijis Curiniium; s'il vivoit aujourd'liui , il auroit assez de
matiere pour en faire deux autres (l).
On dit ([u'enfin nous perdrons Candle , fanfa full iynavia
ntqtd' sociii'dia corunt qiifinii/t interest. Les Turcs se mo(|ueront
de nous, et nous pilleront ; et puis sera vrai ce qu'a dit Clau-
dien in. Ruffimun , lib. 2. Mais n'ont ils pas raison. puisiju'on
les laisse faire? (it-.ticix fcuroixi. cafcrfis ludihriu imt'da'qw
(lutur.
Knlin le roi accorde la polette a AIM. du parlement et a
plusieurs autres officicrs , hormis a MM. les tresoriers de
France, et aux deux parlements de Bretagne et de Met/;
mais elle n'est accordee qu'avec beaucoup de restriction, etc.,
et pour troisans seulement , apres lesquels le roi ne veut plus
qu'il y ait de polette. Je vous baise tres bumblement les
mains, el suis de toute mon ame votre, etc.
DC l'ari> . lo 0 fevrier 1669.
I \ oyex la note ci-dessus, pay. 3-21.
A FALCONET. 687
LETTKE DCCLXXYIll .I// m,-mc.
IMusicurs ofiicicrs tremblent ici de peur, latite de la polrtte
que Ton attend de la bonte du rui. On parle ici d'une nou-
velle guerre entre 1'empereur d'Allemagne et le grand-due de
Moscovie, centre les Turcs. L'epigramme latino quo vous
avez trouveedans ma derniere, AniitrYwnnis, a pour auteur
Stc'i>li. Itac/tot, i/K-il. df /*flm(l), surun ecuyer du comte de
Cursol, qui, de regret de n'avoir pas ete correspondu en
amour, d'une demoiselle qu'il aimoit, se poignarda devant
elle; il n'est pourtant pas encore inort : s'il en ineurt, on le
(1) Cet Etienne Vackol elait un medecin aussi cclebre par son aa-
voir quc par son espril et son uicrite litterairc. Sos eiii^ramuies la-
lincs lui lircnt .surtout une Brando reputation. II elait nii a Scn-
cl il niourul a Paris le 18 niai 1(188 , a^e de qualrc->iii(;l» an>. II a pu-
blic beaucoup d'ouvrajjes et des theses as»ez oiuieu.-e-. Nou- nVii ci-
lerons quo les sui\ anles :
En ne medicus pltilosophus la-Jh'^ ? Allinn. Kii»>.
An pair um in natos uiteant semine mores? Alfinn. IG'i'J
An Yenus liystericis ? Allinn.
Celte derniere these fit scandale ; on n'osa la soulenir aux eeoles.
Kile ful imprimec en 107i.
Son ouvrajjc ayant pour litre : Apologie on defense pour let $iii<jne?
contre lescalomniateurs, I'aris, Ki'ifi, in-12, lit sensation d;m> le temp-,
niais l'ouvraj;e le plus rcmarquablc de Hachot est celui qui porle c<-
litre : Purenja sea hora1 sitbicesiva- , I'aris KiS<», in-12. C/c-t un nruei!
de poesies latines , aujourd'liui lies rare. L 'auteur le dedia a i^oui-
JJouclierat , chancelier el j'.arde des >ceau\. Uaeliol «le>inl de- lor-
celebie. Uenserade lui adressa une epiijramine qui eonuncnce par i%e»
vers •
GiauJ [>oi:U: ft i;rai;il mcilcciu ,
(x)uci j;cuii; t-st «'-^ul .ui \,',tn- ?
Charpentier va phis loin . il s'ecrie :
H. I1
(JSS I.KTl'UKS DK <-li PATIN
meltra d:ins la oonl'rerie do cos amouretix tons dont parlo
Viryile, 6 Kneid. en cos boanx mots :
I'ro.riina delude latent mcasli /oca, qui sibi Icthum,
Insontes pepcrere manu , lucemque perosi,
I'rojeccre animas : quam vellent (('there in alto ,
Nunc ct pauperiem cl dnros perfcrre laborer.
Madame d'Eguillon , niece du cardinal do Richelieu , faisoit
travailler sur ses Memoires un jesuite, nomine le pore le Moine,
pour prouver a la posterite lo credit que ce t'avori avoit eu
sur 1'esprit du roi. Le premier tome otoit sous la |)rt'sso , (jui
out ote bientot suivi du second, mais on a change d'avis, et
on a tout-a-t'ait quitte la besogne. Madame d'Eguillon payoit
I ,.")()() livres par an pour la pension cludit ])ere et do celui <|ui
('•crivoit sous lui. Kst-ce <|u'il falloit un josuite pour ecriro
riiistoire d'un cardinal? ou p In tot n'ost-ce point quo les
bons pores passoiins no so voiont guore plus en credit, ot
qu'ils ne pourroienthonnotemont soutenir lantde mensonges
et do (latteries qui seront la ?
I'lusieurs Francois revionnent do (landie, ot outre autres
M. le comto do Saint-Paul etM. le due do Rouennois. Jo vous
baisi! los mains , et suis do tout mon canir vutre, etc.
l)c Paris, le 22 fevricr 1GG9.
LKTTKK nCCIAMX. .\>< iwrnc.
La |>auvrott'' t>t la [xilotto I'ont belle pom1 a bien du mondo,
ot on empoehcnt bien do dormir a lour aiso. Jamais lo mondo
no Cut si pauvro ni si miserable do momoiro d'liomme, ot
iicaninoins la villo ost ploine do f'ous <jui couront los rues
euiimiedes coi'ybantos masipies ot non masques, tandis (pie
Ics ^ciis de bien prient Mien dans lest'^lisos, on son! caclies
A FALCONET. f»K<)
•I in- IPS maisons. On se plaint ici tout haul <li> la misere tin
temps ; mais it y en a bien plus qni nesavent comment sen
meltre a convert. Pour nioi , j'ai toute ma vie pn'sente a Dieu
la reqtiete de Salomon, (ju'il ne me donnat ni pauvrete ni
richesse, inais je tremhle quand je vois tant de desordres.
I'n honnSle liomme m'a dit aujonrd'hui que monseigneiir
le dauphin apprend merveilleusement bien, qu'il est fort
Dentil , et qn'il sera quelque jour bien savant. Dieu Ini
fasse la grace de passer Louis IX en sainlete, Louis XII en
probite, ct Henri IV, son bisaieul,en vaillance, en bonteelon
raison , pour ne pas dire son prop re pere, noire bon roi
Louis XI\r en tout. Les pt>res de la societesont ici fort liumi-
lies: les jansenistes out remonte sur leur bete l>t>pnis mi
mois en c,Ji , plusieurs ouvriers out travaille a I'dicr It; livre
de M. A. Arnanld contre M. Claude, ministre de (lliarenton.
II en a presente un au roi, et apres aux grands de 1'Ktat.
Anjourd'hui on en promet la vente dans j>eu de joirrs. On
dit que le ministre Claude a promis de se rend re calholique ,
et d'aller ii la messe comme M. de Turenne, si on pent Ini
repondre a deux objections qu'il a I'ailes dans son livre, et
surtout il pretend qu'il y a eu changemenl de doctrine en-
viron le xe siecle.
Enfin nous avons passe la tele des tons. Les jours grassonl
passes, le careme est venu, et pint a Dieu (ju'il s'en fut aussi
alle. Le bruit court deja qn'on a talt- le poids an ministre
Claude, et qu'il branle au manclie. Vous save/, bien (ju'il y a
divers moyens desquels Dieu se sert pour attirer a s<ii les
hommes ; la vertu des ministi'es n'est pas plus a rr-pi'dive <jue
celle des peres de la societe, qui n'en rel'usent <pie le moins
(jii'ils peuvent, ni les capucins non plus. Le /'/»/«* d' A risto-
j)hane est un Dieu <pii est aujdurd'lmi fort invo(|iie dans ce
siei^le. Je suis, etc.
!><> I'jiris, lo S mars 1(W>.
(,((() I.KTTHKS DK '. II PATIN
LETTHK IMICLXXX. .\n im>im-.
Dopnis le 9 mars , j'apprewls que pen do gens esperenl la
poll-tit1 , bicii quo plusieurs la souhaitent.
J';»i vu anjoiird'hui, en consultation avec MM. Braver el
Morean , ;in joune lionnne do Lyon , Ills d'un riclie mar~
cliaild nomine M. Beli, Irilitii'tit /nft'/ti/ici'/c ctiliila <•/ siccu L'is-
i'1'i'uin cum muni iti'tiff sicritate pulmoiiis : f /////•<, ^//f/i/s/m nnif
ti'ttntcm , iniii ntnitiu it/l/ii vifffiifn/1 />i<'/>t<'iifl<i.
La cour va p rend re le deuil pour un inois a cause do la
rnorl do la princosse d'Inspruek, parenlo du roi el do la
reine; elle otoit dans 1'age do troize ans. d<' xtcnnnttte Aw-
Inin-i}.
Xoiivolle ost arrivoo d'Espagno quo lo petit roi s'y purto
nioins inal , il no pisse plus do sang , il ost ponrlanl hion I'oi-
hlo, <»• rifi-fi/' rfil<>linl!nix. Bon Dion ! quo nous vorrions dc
roinueinents et dc ohangements en Europe , si re petit prinoo
mouroit ! il y en a doja asso/..
On no parle ioi ([no du livro do M. Arnauld, doolenr do
Sorbonno , qui osl un gi'os in-qnarlo bit-it iinprinit'-, (jnc I'oi:
vend 10 livros tout volit'-; inais taut dt- gons on aoliotonl qnr
Ton in1 pout t'ournir d'on relior; ils dist'iit (jii'il on out \endii
K.MK) doji'i, ot (juo Ton fait uiiiMiutro t'-diliou.
On dit aussi qu'oD a talt- lo [)onls dt; la bonne sorto an ini-
nisti'o, ('laudo, t!t (jn'il branlo dans lo inanclio. Si nous
pouvons voir nno. I'ois co ininistro convert! , cola iora un hor-
rible scandalt1 an parti huguenot, ot noamnoins t't-la poul
arriver ; car il y a Ijion dos gens an inonde, i/ni /"/'•/// ri'im/i'm
linlit'iil , i'l ijinhiix in/mini* iii>:lur i'sl iiiiiinntin //>sr (\j.
On dit quo M. le due dc CJie\ reuse, gendro do M. (lolherl,
s'en va etre grand inailre de rarlillorio a la place do M. le due
Mii/arin . qui lui vend sa charge. \ous no voiis otonnertv p;ts
cos ehangcinonts qni arri\eDl dans le nionde . /-//////,//
e ons c
A FAUIONET. (;<u
in rebus mortal win tnm ticrfftli t/wn/i c.tf*ii*t iitratmjw fin >>
fniyiitam, ea. /ViWo.
On dit que AI. de Lnynes, pure de re gendre de M. Colberf ,
s'en va 6tre gouverneur do liuyenue.
Dans pen do jours nous aurons nne nonvelle these dp
AI. Blondel , a laquelie il president bientot. Je vous I enverrai
avec celle de AI. (i. Preaux , '(»• Xuntn<i.
Le roi s'en va passer I'ete tout en tier a Saint-dennain. on
Ton fait bfttir quantite de belles inaisons , atin que la rour.
qui est fortgrosse, y puisse commodenient lo^er. l>(»in Jean
est entreavec 4()0 clievanx dans .Madrid, et a oblige la renie
d Espagne de cliasser le I*. Nitard, son con lessen r, <|iii etoit
jtisuite , et de I'envoyer, /// ti-ni-hrtt* i-.r/t-rnn-rs . liors de s«-s
royaumes, en Italie ou en Alleina^ne.
Je vous baise tres hunibleinent les mains, cl snis de lont
inon ctjeur votre , etc.
De Paris, le 19 mars 16W».
LKTTI;K DCCLXXXI. -• .u «<««'.•.
Knfin la polelte est-arrivee pour plusieurs ol'licieix . mais
avec d'asse/ ( In res conditions. II y en a plusieurs an I res qui
n'y sont pas sonnn's ; c'est qn'il n'a pas plu an Sainl-Ksju-il in
an roi. 1'lusienrs se plai^nent ici . el les inedeeins au>si , vu
(jii'il n'y a ni inalades ni ardent. II n'y a phis ipic Irs mine
diens qni ga^nent an /'///•////<• de Muliere: lirand niunde \ va
-onvent. II ne s'en I'aiit pas etunner , il ny a j'n-n qni res-
seinble lanl a la vie hninaine qne !a c(»ine<iie i I .
1} Cettc pieci1 till doimer en U'.tiT pom la prcniKTr \»i* , d 1 1- n n.
poinail las.-iT la ciiiio.-ilc tin piiblir. On K in. i i|ii< i.i .jur (n:i I'.rm
Ci-t finu'ini coiislanl <!••$ laii\ <|CM)!-. nc dil poinl ocpciitlaitl ipi'il a
MI rrllc rclchrc coined i(- . i! n'< n p;ii !c «pi.' d'aprr- lc- 1>1 ;nl pnMu- !<•>
ini»'in- dcs iiu-derins avaidil ,iloi- inn- *i<\(>- d'.m-frrili- pnrlirnlitTi1.
It. I'.
f,<)l2 I, KIT II KS UK (.ri I'MI.X
La cour dos momioios otoit exceptoo de la pole-tie ; mais
aiijotinriiui on dit qu'ils out assurance de 1'avoir. M. le comle
do Saint-Paul a ecrit do Malto au roi qu'il y aole bien malade,
t-t ((ii'ii en e>t , Dion morei , heureusement echappe avec 1'aide
de son medeoin , qui on a on grand soin ; c'est M. Tullier,
medecin de Paris. M. le Cotnte so, met on ('tat de rovonir
a Homo, do voir toute 1'Italie. ot de s'on rovenir on Franco
par le pays dos Suisses, on il passera a Nenl'cliatel . dont il
ost soiiiiituir, ot de la par la Bourgogne a Paris, oil il ost Corf
attondn d(i madame sa mere ot antres. C,o prince ost bien spi -
ritnol ot on Ixinno reputation ; il ost le oadet do M. do Lon-
^novillo, (|ni ost tout-a-t'ait dans la devotion , et qni ci-devant
s'etoit fait jesnite, mais cettc onvie lui a clianije. l*n vionx
nit'-doi in liii^nonot, nomine M. dn Four, age de soixante-dix-
linit ans , ost mort do|)iiis pen do jonrs. II avoit et»; lon<^--
temps a Ion M. do Veixlomo; pnis s'etoit retire ii lilois sa
patrio; onlin . etanl revoim a Paris, il y est mort aveo nno
prise de vin (Miietique (pi'nn badin Ini donna fort inal a
propos, car il n'y avoit ancnne indication; son mal I'loit nno
excoriation <lo la vossie . dont il m'avoit anlrofois domandt'1
mon avis. ,le vons prie do lo dire a M. Spon ; jo crois qn'ils
t'-toient amis. Je vons enverrai snr la iin dn caiV'ino los theses
(|iio je vons ai dostini'os et qnolques auti'os nonveantes.
On parlo ici d'une nonvelle reformation pour los rentes do
I llotel-do-\ ille ; il court anssi tin petit pormo Irancais in-
titnlo : \'A)'i'tf'M-/ifin //>'* iiioiiif'ii. Adieu, monsieur, el con-
sole/.-vous-en : le monde ost si foil, (|irils in1 sevont jamai>
liannis. Je suis de lout mon ('(our volre , etc.
lt«- I'jiris, !e-2tl mars 1 (><»'.».
.lo viens d'apprendre quo M. do la Have, ambassador do
ranee a llonsianlinoplo . on csl narli . ot mi'll vionl do la a
\ i AI.O'.NKI. Wi
.Malic y prendre M. !»• comte de Saint-l'aul pour s'en revenir
•MI France.
Le roi n'est pas content cles parlements , et outre la polette
qui ne leur est guere avantageuse au prix qu'elle leur est
aecordee , on prend encore le clieinin de les miner. Yoila qui
fait belle peur a tuns les ot'liciers du parlement; mais outre
ces messieurs, les ot'liciers des cours souveraines, lous les
rnarchands se plaignent fort ici de ce qu'il y a peu d'argent et
de commerce. On ne parle plus que de manufactures nou-
velles, de gros impots que Ton met sur les marchandises
etrangeres, alin qu'on n'en amene j>lus.
On dit que le due de Savoie viendra a Paris l'ete prochain ,
et que le roi lui fera une fort belle et somj)ttieuse entree, et
qu'il viendra voir le camp et les revues que le roi fait dans la
campagne (levers Saint-Germain.
Nous avons ici un des not res , nomme I'ierre Vvelin, prc-
mier medecin de niadame la duebesse d'Orleans , qui est fort
maladed'une intlammation de poumon. On dit que la reine-
mere d'Angleterre est fort malade, que le roi d'Anglelerre
et MM. les Etats de Hollande appretent une grande ambassade
pour e'lvoyer ici vers le roi, lui proposer qu'il rende au\
Kspagnols ce qu'il a pris en Flandre, en recompense de quoi
on lui donnera (lambrai et tout eequi en depend.
On dit que le roi veut oter les jtrivileges a MM. du parle-
ment , cliambre des comptes et courdes aides, en leur otant
le franc-salt'1, le droit de noblesse, etc. Ln declaration fut hie
[nibliquenietit hier devant tout le monde en la chancellerie ,
et c'est ce qui fait bien parler du monde. II y a aussi un arret
du conseil j)our le retranchement de tons les convents de
moineries qui out ele batis ici alentour de[iuis trente ans.
Votre M, Yvelin se porte un pen mietix, ce (5 avril, et il y a
bien de <|uoi esperer (ju'il guerira : mais il a le poumon bien
foible, et en contre-change en vuici un autre qui est tombe
dans une atteinte d'apoplexie , in u-ium tnni/niiii* , d'ou il est
deja paralytHjuede la moitti- du corps. (Vest I'rbain Hodinc'tii
(JUi I.KI IIlfc> L>K LI ! i'AHN
(jiii a etc inon eompagnon de licence , et qui est aujoimi'hui
age de soixante-douze ans. M. liodineau est moi't de son apo-
piexie; en lui a tronve du sang dans sa teterepandu en plu-
sienrs endroits, we /'/(if ictus sanyitinis , de quo Anrclius
\ irfa,', in I I'i'O /!/>!>., etc.
II nous viendra bientot un jubile de Rome pour obtenir la
grace de Oieu et victoire contre les Tnrcs par le moyen des
troupes quo Ton va embarquer en Provence la veille do
Paques prochaine. Le pere Nitard, jesuite allemand, qui est
chasse d'Espagne, doit passer pai1 Lyon pour retourner a
Vienne. On dil quo le roi va mettre les rentes an denier 24,
alin quo Ton inette son argent a LI commerce. Je vous baise
tres humblement les mains, et suis de toute mon ame
votre, etc.
De I'aris , le 9 avril 1609.
LKTTKK DCCLXXXIIl. .\n <»f'w.
Pour t'cpoisse a la votre du 8 avril que m'a envoyeeJJ. Trois-
daiues , je vous dinii (jue c est grand'pitie <|u'un jeune me-
decin inliabile et inexpert, <|ui n'entend pas 1'importance de
la saignee dans toutes les maladies aigues, sA principalement
celles dupoumon. Je me souviens de ce jeune medecin dont
vous me parlez , <jui a pecbe si lourdement et si malbeureu-
sement. Uu'il liseHippocrate, (ialien, Kernel, lift. 2, Mrt/todi,
Botal et la belle tliese de AJ. de (iorris, An nicflironnti jmri-
sH'timtnn i>lilt'hi>1ijiiint' /HI''' rcl rniiii'ui. awusnnttir't II y pouri'a
apprendre ce <)u'il ne saif pas encore, (lette savant)1 tliese
aver, ^es connnentaires in (iiiarto contient [ilus de bonne et
veritnliie inedecine et plus de doctrine pour guerir les mala-
die^ aigues qtie tons les livres de [tliariiiacie i't de cbimie ,
dans leMjiiels il y a Iron de forl'aiiterie arabesque. Vivent le>
drees, et siirtout le divin dalien' Je suis ravi de ce que
\ K \l.i.o\K I ti!»;,
M. votre lils le medecin vous seconds et \oiis mule M bu-n ;
ii gaguera des combats, uiairliant ainsi a votrt; coU-. II »|«-
prendru en vous ecoutant ct vous vovant fahv pins en mi
moisqu'il n'en feroit a Montpcllier en dix aus : r'esl jMjiirquoi
jc It; |>rie de cuntiiiuer, et le conjure de vous croiiv en toot.
Je vous prie de lui dire que je le salue trescordialerneul. (In
recherche los maitres des compt<>s , sur <juoi on fuit un parti ,
dont on oll're dix inillious.
I n conseiller du la grand'chainbre , I'ucorc JIMIHC, umiiiiit'
M. Dorat, niourut liii-r cc iiavril) d'apop|i-\ic , d.M.C.Iia-
I'ou, oiiclt! de inudaijif (lolhrrt.
Le roi a fait sou juliih'- tort devotfiiient . .•( a donnr tort
bon exemplede ces devotions, el a iiieme visiu- I ll('»ti'l-l>ien;
tout le inoiide esl satislait (Je taut de piele. Je (>rie Uieu iju'il
lui premie envie de soulager sou peuple qui >out!Ve ti<»p ii \
a loilgtemps : I tit im-linrn yy/'/s .'
Moil Carolus est |»arti (Ir Heidelberg et est .tilt- voir Icdnc
de Virtemberg, qui I'a inaude jxnireu avoir du se»-(Mir.-» nif-
dieiual ; il y avoit deja fait un autre vo\a^e. dont il etoit I'nrt
content, comnie M [irinee 1'etoit anssi de lui et il la ivu-
voyeavee de beaux prestMits, a la charge (pi'il le ivtoururroit
bientot voir. II m'ecritijue s'il a'unoit I'ar^ent, il auroit la oc-
casion de se satisl'uire , et qu'outre su profe>.si<»u on mi I lio
nore tort (^ vous save/, ci.1 (|iie e e>t que Yliunni-iii-iij^i do jnedf-
eins et des avocats ',e.es princes aiinent fort a jouer au Irictr.n
avec lui , et qu'ils perdent volontiers. II dit «pie ce soul le>
plus honnetes joueurs el les uieilleuivs ^eus du uiond>'.
Un dil quc le roi d Kspagne a troi> eautrn^ . ni;»i-> ipi d sc
porte bit 'II , et que nonob.slant sa >anlr delicate d pom ia \ i\ re
t'tieore louytt'inps. Les Neuitiens out envoy .HI ro, dc l»cllc>
arilies tort eui'ieuses , et elles onl i •(•• lor! bicn rccucx. ||v,,nt
soin par ccs marques daHection de reuolivi'ler I'aiuilie ^m-
cere ipie tons Ics I'V.mcois out ponr ciix . 1-1 particulit'rement
;i la cour. ilcjiitis qu 'ils prctcrciit dc I ardent a limn l\
des coiijouctures lVu:heU5*-'5. .\o> tioiipo de l'ro\encc
.m
barquo'.'ont hientol avee grande esporance de oliasser les
Ti.res do ('audio. L? pape a envoye I'etendard dc 1'Kglise a
iM. do Beaufort, qni 1'a envoye au roi.
Jo vis liior M. do Lorino , c'ost un merveilleux honuiie, ot
toujours lui-meme, j>li/m alia*. Je vous remercio do vos
donx beaux livros quo M. do la Fille nio viont do rendre. Jo
vous baise Ics mains , ot suis do touto moil ame volro , oto.
l)o 1'ari^ , lo 26 avril 16C9.
LETTHE UCCLXXXIV. — Au m<>m<>.
l.o roi a donno a i\I. dc Chaulnes , ci-devaut ambassadeur
a Koine, lo gouvernement de Hrotagne , il est oncle de M. It-
duo dcChevreuso, <jui est tros nolle ot gendre de M. (lolbert.
IA> i'oi est tuiijours a Saint-Germain , a Vorsaillos on an camp
do Saint-Sebastien.
Los Hollaiidois font co<pi'ils ponvont pour s'opposcr a IK»
dossoins , nous Ics avons autrclbis aides dans lour revolte
contro lo roi d'Espagne ; anjonrd'hiii i!s s'ontondent avoo
onx oontro nous. Voilii la politiipio do cos nouveanx rojtubli-
oains , (jiii no veulent j)as so souvenir do lour obligation.
.Nous avons iei (juantite do rlinmcs ijni otouHont le pon-
inon en quatre jours par un catarrhe sufl'oquant, si on n'en
pro.viont lo danger par la t'rotjucnte saignec; j'on ai fait sai-
gnor un dix Ibis on deux jours, <jui est houreuseinont guori ,
ct (|iii nc pouvoit guerir (juc j>ar la. Tout ee cju'on lui tii'a
ii'i'-toit (jue du pus au lieu do sang , et une especc d'huilo foil-
due .,' I ). II nous est ioi venu depuis pen de ("lonrvo un petit livre
asso/ inal imprinie, /'/m/'i/s iHeditwum, tn/rf. 77<C't>/>/<ili /fu>ie(i,
i|iii sont des lieux ooinniuns de inedooino tires dos (ouvres de
leu M. llaillou , «|iii niourut ioi I'an KilG. 1'aueieii de noire
eoni|iagnio. M. Spoil sail bieii oo (juo c'ost quo oo li\re ; il est
1 Vcriliiblr esi)[',cralion d'nn phlcbotcunaiK1. 11. P.
\ t Al.t.o.Nh I. ()<>?
excellent pour lout medecin (jui vent raisonner de son metier
avec science et uutorite ; je vous prie clc l'indi(|uer a M. votre
Ills aim';, alin qu'il s'en serve et (ju'il le lise soigneusement ,
et le porte dans sa poclio comine un cent tucnnn , on plutot
comine un petit Iresor de belle science et de bonne methode.
Le bon Erasme (jui , tout Hatave (ju'il etoit , etoit tres unit et
Ires lin, a ecrit quelque part: Snadca ut Mircrduti-s <•( monnclii
habcant exemplar /Jiri /'null />ro cunru/jina : faites-en ['appli-
cation vous-meme.
31. le cardinal Antoine , grand-aumonier de France, s'en
vent retournera Koine, d'autant (}ue 1'air de ce pays bit est
1'ort contraire pour sa sante. Le roi a dit que noire secours
doit etre niaintenant arrive'1 en Candle , oil les Venitiens out
perdu cet excellent general , nomine Cornaro. C/est le noin
d'une de leurs meilleures I'timilles, (pi'ils font luenie descendre
de la i'ainille romaineCoRNEUA : s'll est vraije m'en rapporte.
.le vous baise les mains, et suis de toute mon ame votre, etc.
Ue 1'aris , le 7 juillet 166«».
LETTRK DCCLXXXV. -- .\n menu:
Enlin, Dieu a- fait un roi en Polo^ne, qui est d<; la Polo^nr
meme. J'api»rends <jue la France y a reussi , ne s'en etant
melee que pour donner 1'exclu.sion ait due de Lorraine, (|iii
('•toil porte par la maison d'.Vutriclie. C(! prinet* (pi'ils out fait
roi est de fort bonne maison ; mais il n'ctoit pas ricbe : la
t'eue reine-inere lui faisoit present tons les ans de G, ()()() livres ,
parce que sa maison avoit et(': ruinee par les Cosaques. II s'ap-
pelle Michel Caribou IVIitznoviscki ; nous en saurons rincliiia-
tion avec le temps.
IMusieurs out ici belle jteur de ee que le roi ira bient('»t an
parlement pour plusiuurs ivgloments, et (Mitre autres de la
chambre de justice, des proces, de Brands et de petits (-0111-
missaires (|ii'on vent leur oter; du retranchemeiil des \a-
eanees, taut de I'automiie (jiie de I'atpies, et de plusieiir>
<;<J8 I.KI rnh> DI-. *•( \ PAIIX
suppressions en la diambre des eomptes. On dit meme que
le r< ,'i \eut i'aire le parloineiit de semestre , ee qui Cut sous
Henri II, I'aii ir>ji, et tons nos coiiseillers en sont alarmes.
I'n prisonnier d'etat s'estempoisonne dans la Bastille, epou-
vante 'In supplice <jui ne lui pouvoit manquer, pour avoir
parle fort nial (//' Dmninn l>:i»rtl.
On parle ici d un chiaoux , capigi on bacha du grand sei-
gneur, <|ui vient de la part de son grand seigneur saluer le roi,
en taut (ju'il est le plus grand et le plus puissant roi de la
eliretieiite. On s'enquiert deju de 1'entree (jii'on lui t'era, mi
l>i'r jKiriuin S«r,-nn! , in, i/cr Cainpuiiam'f (\G\\\ (jui viennent de
Saint-liei'inain disent queM. In Dauphin est malade. Je prie
Dieu (ju'il guerisse bientot ; la France a grand besoin de ee
petit prince, <j«t cut culuinna fumiliw fcynn ct /in/ianientuttt.
On dit (ju'il est tort gentil , qu'il a bon esprit et qu'il etudic
hii.'n : !>>' Hostns (unit** ith Jiijutei' «ugt'(t/ auuox. C'est un ver>
• Tun paien a un einpereur, dont Tertullien a tail mention
quelque part. ,le prie Dieu que 31. le Dauphin ait les vertus
<!u bon roi Louis XII etdu grand Henri IV, et qu'd soitaussi
lieureux que Trajan.
l'n jeune pi'ovencal . noinnie 31. de Hlain, in est ici venu
ronsiilter. Yous 1'ave/ vu a Lyon , et 31. Meyssonier, tjiii !ui
a doiine s<jn \lni(uiuclt in -folio, n y a-t-il pas nioyen que j'en
aie un j>ai'eil par votrc nioyen ? ,li; vous baise les main;., d
>uis de toul mon cu'ur \otre , etc.
l>p 1'aris, le Kijuillet iO(iy.
u:nm-: DCCLXXXVI. - .\
.\oii> n'avons rien ici <h; noiiveau depuis ['('lection du i'oi
de Pitlogue, sinon (jue 31. le Dauphin est inaiade a Sainl-
< ifi'inain ; il a e'h: yaigne trois I'ois. ,1'ai peur pour ce pelit
prince i|in nous est taut nece^aire: car il t.'.st a craindre <pie
('e ne soit Li pt'tne verole. .I'opcre i|iie Dieu le conserve!1;)
iMiur Ic bt.'soin uuc nous en ;tvon>.
\ I M.t.OMil W:'
J'apprends que quelqu'un a fait I'hisloire de la regenct:; je
IK; doute point i[iie ee in: soil quelque tin et ruse ecrivain.
Mais coinnie on alioit commence!1 I 'edition de 1'inipriinerie
du Louvre, 1'on a change de desseiu , et e-ela est remis pour
uiie autre Ibis, i'eut-etre que uotre siecle n'est pas encore
capable de tantde verites qui doivent etre revelees la-dedans.
Toutes choses out leur saison. L'J/intoiir dcs j/wm-.s <!' Ituli'-
de Guichurdin est un fort beau livre; niais il ne le voulut pas
i'aire imprinier de son vivant, et meme ne le fut elle que
longtenips apres. L'//<Vo//r imicrwlli' de M. le president de
Thou est i>elle et plus que belle; niais elle deplut si Ibrt au
cardinal de Hichelieu , qu'il en lit perdrela vie au Ills ainede
I 'auteur, qui etoit un Ibrt honnete lionnne , et cela pour un
passage d'Antoine du Plessis tie Hichelieu , qui est dans le
tome I , sous Francois II , 1'an lf>60, apres qu'il a parle de la
conspiration d'Aniboise, oil tut tue la Henaudie tjiii eji etait
le chef, et qui , par sa faute, t'ut lui-rneme la cause de son
malheur et de plusieurs autres Ce passage coninience ainsi :
\ntonius Riclti'liua rnly<> dicti/n MiMUtc/ttin , <•><'. l> liistoire de
(•uicliardin a etc ecrite en italien ; niais la ineilleure traduc-
tion franvaise est en deux tomes iu-octavo <le (ieneve. Vive
Tile-Live et Corneille Tacite avee Suetone, et i»our les 1110-
dernes 1'illustre M. de Thou , (iuichardin et liuchanan. Fai-
sons-y le septenaire entier, et y ajoutons I'// />•/<,//•<' 'In i-mifil"
<li I ii'ntc de Fra-Paolo Sai'pi (I). Je stiis u son egard del'avis
1' I.o celebrc Sarjii , plus ooiinu «oti« Ic noui dr [ra J'uolo , ii;u|iiil
a \ (Miisc on 1.'J5'2. Son llistoii'ti </t< Concile de T rente, lui iicqiiil uiif
C.randc reputation, niais on memo tomps botiucoup liYiint'mis. I.os
(juorollos do la Ucpubliqne avot; lo papo I'aul \ lui suscileront dos
ailairofs exlrcnit'iiiont iac!iou.-o.x . car il ctait lo lhculo.;icn ot lo oou>oil
ilrs \ onilions. Lo p;i]>o lui ordomia do \onir a Homo on lliiKi . ot . sur
>on rclus , il I'oxoommuitia : iuai> Ira J'aolo no s'on onitit pas autrcmonl .
i-luji-o oxlraordinaiio pour ropoqiio. 11 hit un jour atla(|uo, -\\r lo pont
St-Marc , par I'iiKi a.»^a->in« , qui no lui liront auoiino hlo^siiro mortollo :
il dit a oe snjcl . par allusion . iju'il rot'onnais.-ait la lo s/y/o roinuno.
II niuurut eit 1023, ;i{;c do »oixanto-on/,o an? Lo cardinal Palavicini .
dont parlo ici (iiii I'atin , oori\it aus>i VHiitoire du ^unc>le rf// Trenlc
(it's Yeititiens , i|iioi qu'en diseiit les jesuiles ct le cardinal
Paiavicini.
L'on d't iei <[iie M. le due Ma/ai'in n'cst plus grand-iiiaitrc
de 1 arlillerie, que leroi a revetu de cette charge le comte de
Lude, qui etoit grand-maitre de la garde-robe , en la place
duquei a etc mis M. le marquis de (iesvres , qui etoit premier
capitaine des gardes. En sa place, le roi a etabli M. de Pe-
(jtielin. La cour est un pays on Ton joue tons les jours a bou-
tehors (l) , et a prendre la place de son compaguon. On dit
• me la maladie de M. le Dauphin a rendu le roi fort chagrin ,
et meme la diversite d'opinions de ses medecins les a rendus
ridicules. Sidonius Apollinaris a remarque la meme chose;
car il aditquelque part: Consentient?* et dissentient cs medicos,
minntd' coiitroversi(P quibns <t><jri nr>n indigent , 'iifpntc (/>//>'
ni fill facifnif n'l depulsiunem inorboruin. II y en a un qui pro-
posa an roi la saignee du pied, mais il la ret'usa et s'en nuxjua.
II se porte presentement un \wu mieux. C'etoit une tievre
continue avec assoupissement , (nii faisoit soupconner quelque
malignite. II a etc saigne (juatre (bis. Dieu lui donne les au-
nees de Nestor ! I '«.le.
Do Paris, le 'M juillet 1(569.
LETTKE DCCXXXVll.
J'ai rev u P;i'' M Troisdames le Hvret (pie m'eiivoieAI. votiv
lilsde .Al. Louis de Serres , <pie j'ai tout parcouru : c'cst uu
liomme (|ui se plaint, et il y en a bien d'autres (|ue lui qui se
plaindroient aussi bien <pie lui, et encore avec bien plus de
raison (pie lui , si on gagnoit quelque chose a se plaindre,
niais dans nn tout antro esprit quo f'ra Paolo Sarpi ; il trouvc, en conse-
quriieo, ]>his de 3(5(1 errenrs dans I'ouvrajye do co dernier. Et pui^
rlicrche/, la verile dans les liisloriens. i,H. 1'.)
t C.c niol so Ironvo soiivent dans les anciens aulenrs, et notaininenl
diins Montaigne . m.iis il a Milii de> alterations d'orlhoj'.raphe el do sen--.
Han-- le x\ in" -iec !c on di-ail on coiiji de houloir. , K. I1. '
A FALCONET. TO I
.W l'i'iixti-n. Qni est-ce (|in Cera droit a lant dc gens <|iii sr
plaignent? Qui les jugera? Lesjugesqui sont la plnpail Ills
de marchands , et eux-memes marchands dc leurs offices,
taut en Ibnds qu'en detail , qui n'ont etudie que pouracheter
«;t pour revendre , conimc ils font tons les jours, (jui n'ai-
nient (pour me scrvirdu terme de M. Amyot) In fliose fiubliqite
<|ue pour leur profit, qui sont la plupart ignorants, el ne sont
pas meme assez gens de bien pour regler tant de desordres
qui sont par le monde ; ces messieurs, dis-je, reforment-ils
les abusdu siecle? J'ai vu quelquefbis M. le premier presi-
dent deplorer son malheur de ne pouvoir empecher taut
d'abus qui sont dans le palais, et qui retombent tous les
jours sur le public. Je vous dirai , en un mot, ce quej'en
pense. II ne faut parler de ce livre en aucune faron , ni en
bien, ni en mal , nt Itoilif sunt rex , et ut ciritnr. On lui dira
tout a l'h(!ure (ju'il n'en parlequepar envie. 11 n'en Caul done
rien dire du tout , ni meme le censurer et le condamner ; car
il n'en vaut pas la peine, joint que eela lui pourrait donner
(|uelque credit clie/ lt;s sots. Que t'aire done? Ne dites niol ,
ce livre ne sepeutsoutenir. Les medecins, (lit IN'trone, assu-
rent qu'un homme ne peut marcher sans nerf: aussi vous
puis-je dire que ce livre n'ira jamais guere loin , finite de
bonnes jambcs. Mais si 1'auteur est jeune, je veux bien espe-
rerdclui (ju'il s'amendera a la charge (ju'il 1'era quelque jour
nne dou/.ieme edition de son livre , dans laquelle il nous en-
seignera quels sont ces remedes chimiques etspeciti(|ues <|ii il
lone aver tant d emportement. S il me prouve cette proposi-
tion, je me soumets , et lui promets de passer de son parti et
de me i'aire de sa conlVerie. 4(J vous remercie de la bonne
affection qne vous me temoigne/. pour mon (-arolus, (|iii , en
verite, la merite , et de tons les honnetes gens, .('attends de
srs nouvelles, et je ne sais s'il est encore a Vienne. Je ne sais
point encore quand il reviendra, peut-etre (jue vous le verrex
a Lyon pln> t(H (jue moi. Jc vous baisc les mains, d snis de
lout mon co'iir \otie . etc.
Dt^ I'jiris . !<• '( noul HM>(t.
702 i.KTTHES DE lil.'l PATIN
LKTTHK IH.CLXXXVIII. -- .U >//'W.
Je vous reinercie de lout mon euMir <le eelle qu'i! vous a
plu m'ecriie. Host vrai quo j'ai traite M. Remy avec joift et
allegresse, , et j'en stiis fort content. II ni'a fait I'honneur de
me entire et s en est I>KMI trouve. La plupart ties qiiin-/<mtiir<^
sont ordinairement melancoliqnes, obstines, et ne croient
guere volontiers les medeeins. C'cst la cause qui fait souvent
diirer ce ma! plusieurs mois etnienio |ilnsieui's annees. Us
sont ('(Hilents de moi. Mademoiselle Heiny est tine brave dame,
st's deux filles belles el bien sages ; et M. Ueuiy est un maitre
liuinnie, de la elassi de ces^ens nvsolus, dont il n'y en a pas
lrei/e a la dull/., tine.
II est dt^s es[)i'its des homines cumme des nitHaux. II y on
a de plus precieux les mis (|ii<! les autres. L(;s uns sont d'or
on d'argeut, les aiilres n<i soiit <jue de terre on de cuivre
dun''. Parnii ees derniers , il y a bien des Tai'tid'es el des hy-
pocrites. Au reste, je vous reinercie de votre bon souvenir.
.le vous supplie de m'aiiiier toiijoiii's . el de ei'oil'e que je Veiix
et re loute ma vie votre , etc
DC Tans, lo 28aoul l(i(i(.».
LKTTIIK hCCLXXXIX. — .t///mW-.
II y a iei beaucoiip de nionde a filial'' de la mori de M. de
Heaiil'orf : on dif quc les pretres y ijagiieront , d'autant <|ue
plusieiii> font prier Dieu pour son anie : ainsi (piand I'lin
perd , 1'auti-e y ^aiiiie; inais ipioi (pi'il en soil, x<nn-t<i <-t W//-
hrix '•>'/ <;,<jiffitii> nrui'f j>i'i> llcj'ini(-f>K , ill a ni'crutjn ftnlrtniliii\
• 'fla ne sauroit niaii(|uer d'etre bon pour un prince, pour un
_'i'iirral d.u'inee, pour un coiirtisan . inais en avoit-il ^rand
U'som , vu rpi'i! coudtaltoit coiilre le Tmr , et qif il defendoit
l.i cliretiente, i,»r /!« ,,/,„,;,•„,„ . ,|Ii;> j,, |ajsserai a
i - •-' indre ,i me.v-,irur.s dr la Sorbonne.
Nuns ;IV""- "''• '''' •& '""'if • un iiK'decin dan-.M'eusemenl
\ FALCONET. 7():<
(unlade r.r flu.rn dysfnffriro cum v-'.-A* lirpfitis, outre qu'il est
detenu d'une maladie incurable a cause des annees passees,
il a septante-deux aus, c'esl M. Jacques Mentel , meilleur
medecin (ju'il n'est eloquent.
Nous allons avoir un nouveau cardinal , qui sera M. le dur.
d'Albret, neveu de M. deTurenne, et qui sera nomme le
cardinal de Bouillon. II est doctenr de Sorbonne, savant,
liberal, agreable, airne et prise de tous ceux qui le connois-
sent; Dieu lui fasse la grace de faire autant de bien ii la
France que les deux derniers lui ont fait de mal !
II \ a ic.i bien du monde qui veut que M. de Beaufort ne
soil pas mort, mais sen lenient bless*'1 et prisonnier a Candie;
pint a Dieu que cela fut vrai !
Le 25 de ce mois est mort un des notres , nomine M. Ph.
Chartier, age d'environ trente-cinq ans ; il avoit heureuse-
ment vendu sa charge de medecin par (juartier, il n'y a pas
six rnois; il restoit professeur du roi ; la charge est aujour-
d'hui perdue, an moins est-elle au pillage. II etoit, a ce que
j'entends, fort debauche, incidvmt in jln.rma dysentericiim ,
ensuite la fievre continue Tattrapn, dont il est mort le neu-
viemejour, tant faute de ^on appareil qu'autrenient , il n'a
«';te guere saigne; on (lit cpi'il a ete purgi- trop t('>t , tant il y a
que, n/'i/ii, in/it pcssimn sun f"f<> trnnsiit (id /tlures, into ilium
reyiiinoii peiietittvit , itndc ncf/nnf rndit'C t]ii<-i/////«n/t. ,1'ai vu Ic
pere , les deux Ills, qui tous trois sont passes; de ces trois on
n'auroit su en faire la moitie d'uu bon medecin , mais en ce
monde , et les anes et les ehevaux meurent aussi bien que les
m u lets et les charretiers. -le vous baise les mains, et sui- dc
toute mon ante votre, etc
Do I'arisjo 28 aout 1(i69.
LKTTHK DCCXC. -- t// w:/m>.
I'n de DOS inedecin.s des plus eloiirdis roiiseilla a Philippe
I'.hai'tit1!', anln1 jeiine foil , dc prendre un ri'iurde purnatif
7(H I.KlTHIiS I)H (.11 I'\TI.\
dans s;i lievre (|iii 1'ti lit aceompagnefi d'nn llux dysenlerique,
el ensuile il lui tit avalor du vin emetique . dont il monrul
pt'ii d hetires apros , i:/(» S/i/u/ox cbntts /tuusit itf/uas. Aujour-
d'hui s;i charge est an pillage, plusieurs la demandent, il y
a ciiicj competiteurs pour lesquels des plus grands de la conr
s emploient ; on a donne avis au roi que cc seroit le plus
court de la mettro a la dispute, et la donner a celui <pji y
montreroit plus do merito : nous ne sommes pas encore assez
sages pour prendre de ees regles-lii (I). Mademoiselle la prin-
cesse de Conti etoil ici pres, a 1'Isle-Adain, a 1'intention d'y
passer le reste de 1'ete; elle y est tombee malade , et a etc
ramence a Paris : tout le monde plaint cette princesse, (|ui
est la tleur des dames de la cour, en sagesse, en piele , en
probitii, et dont la inaison est reglee tout autrement niieux
<[iie toutes les autres : elle est niece du feu cardinal Mazarin,
niiiis elle vaut inillu t'ois niieux (jue lui. Cette princesse esl
une autre sainte Catherine de Sienne. II y en a qui disent
(ju'elle est sainte eomnie saint Charles liorromee , <//(/ [nil
M'i'w chi'tsfidiius, bien ([u'il lut neveu d'un nu'diant hoinine,
savoir, du pape Pie IV, lecpiel eut pour snccesscnr Pie V,
diupiel 1'ut fait c.e disli(jue :
/'fl/'O /'/MS quinlus mofilitr, rex mira l«l inter
I'onti/ii-es , lanlum quinque f'ttiw />/o.v.
On parle ici tort diversernent du malheur arrive a M. de
Beaufort , quelques uns disent que le roi en a eu grand regret ,
ft ([ii'il en a ecrit en colerc ;i M. de Navailles, avec comman-
deinent de tout quitter et de venir de deca incontinent ; le
mi t-nvoie en sa place M. le marechal de Belfonds avec
•i,()<i() homines.
1 Si dm 1'atin ciil vecn tic DOS jour*, il aurait \u son desir ac-
f(nii|ili ; tout .<"> me! « /« di'spute on an concours. II y a <los avanlajjos
inai> ;uis>i bion dr« incoincn cut- dans I'cniploi dc c.c mode d'clcrlion:
|ilu«- <l unr liii-- cc fiit mi vci ilahlc ;>,ncl-ii|MMis |inur le nicntc cl Ic savoir.
R. l>.
A KAI.f.ONET. ?()">
Jelraile, malade, im de nos medecins. <|in osl M. Mentel.
age de seplante deuxans; il «sl lieuren.soment echapptt ri'uiti*
dangereuse el sotle dysenteric, et d'nn degorit etrange de
tuute sorte de liqueurs, inais il a bion do la point1 a revenir,
tautest vrai ce quo Ciceron a dit , .sv//<rr///.s- ///>v< mm /tits fsf.
Mais 1'autcur francois a encore (lit autrenient : //»// jiroc/miit ,
rii'tllt'ssc sera nialudie incui'ftble a i-mw <!<•* minces y>«,v.\vv'.\-.
M. Mentel est ravi d'etre saigne, el porte bien ce reinede .
ma is il hait fort toutes series de medicaments , et particulie-
rement tous les purgatifs.
M. le Dauphin est encore raalade , il a eu quelques trissoiiN
et de mauvaises units ; si cela continue, on croit (jue le mi
n'ira point a Chambord. On dit que inadame de Vendoine,
mere de feu M. de Beaufort, vient de mourir; cllf etoil 1'. lie
de feu M. le due de Mercu'ur, qui niourul 1'an !(>(>! , ;i Nu-
remberg, a son retour de llongrie. Je vous baise les mains,
et suis de toute nion ame votre , etc.
l)e Paris , It- 8 scptcmbrc 1069.
LKTTHK DCCXCI. -- An >/«W.
Kntin madam*' de Yendome esl morle, et les iiu'-dccins out
boil temps, car il n'v a point ici de malades , si ce n Cst qiicl-
(jues dysenteries. La reino d'Anglnterre est aussi morte a
Coulombe d'nn inodicament narcotiqiie. Dieu nous venille,
par sa sainte grace, preserver de ro|)ium et de I'untimoine !
Le roi est en colere eon t re Valot, de ce qn'il a donnt'1 tine
pilule de laudanum it la f'eue reine d'Angleterre. Les charla-
tans tadient, avec leurs remedes rhimiques, de passer pour
liabiles genset plus savants <pie lesautres; mais ils s'y from-
pent bien souvent, et , an lieu d'etre medecins, ils deviennent
empoisonneurs. Ils se vanlent de preparations, et ce n'est que
de rimposlure. Thais etoit ancienneinenl nne belle putain (|iii
,-<){J I.KITIIES DE i.l'l I'ATIN
laclioil de passer pour lemme de bien , et qui se deguisoit
!;'iit qu'eile, pouvoit.
Ainsi fait la chimie aupres do la rnedecine. 11 court ici des
vers sanglauts centre Valot , et entre autres cette epigramme :
LC croirez-vous, race future,
Que la (ille du grand Henri
Kill en m on ran I meme aveniure
One feu son perc el sou mari ?
Tons Irois sonl morls par assassin ,
Ravaillac, Cromwell, tnedecin.
Henri d'tin coup de bayonneite ,
Charles finil sur un billot ,
Kt inaintenant menrl Henrielte
Tar 1'ignoranco de Valoi.
Un me vient de dire qi.ie M. le Dauphin n'est pas encore
hien , qu'il est fort inaigre et a les jainbes bien foibles. Dieu
iui redonne bientot la sante ! la France a grand besoin (|ue
cet enfant vive. Fi'aneois 1" perdit son Dauphin a di\-!iuit
ans, et en meine temps sa bonne fortune. Cette deesse aveugle
aime les jeunes gens et ne fait point de miracle pour Us
vieux. Adieu.
Do Paris, Ic 18 septembre KiG«).
LETTHE DCCXCII. — Ait
Je vous ai mande comme j'avois rencontre sur le Pont au
Change votre M. de Belaistre, ijui a pris la peine des'arreter
et de me saluer de votre part, et de me fa ire beaucoup de
compliments : apres un pen de conversation nous nous en
allames chacun de notre cote; nos chiens n'ont garde de
chasser ensemble, Sutnuritnni KOH coutuniur Judtuis.
On ilit ici (pic lc roi ;t mande a M. de Navailles (pi'il re-
A FALCONET. !0?
viemie de Candle , et qu'il ramene ses troupes , puisque le*
Venitiens et le pape n'y font pas leur devoir pour en chasser
le Turc. On dit pourtant que le pape avoit envoye pour eel
efl'et des pardons et des bulles : IJnidquid Kama dobit , nuyas
dabit , ucciftit ftunim. Les Tures ne sont-ils pas de mechantes
gens, et bien incredules, de ne rien delerer a ces bulles, in-
ventions italiennes et papalines?
On dit que le roi va fa ire du changenient en la grand'cham -
bre par le retranchement de quatre presidents au mortier ,
qui sont fort oberes, et qui ne paient point leurs dettes ;
MM. de Bailleul et de Novion sont les deux premiers, les
deux autres ne se nomment pas si haul; pourtant je ii'eu
erois rien , et le prends pour un bruit de ville , et tin son qui
n'a pas d'eflicace.
Le marechal de Bel funds va commander en Candie , et il
y mene quand et soi (juin/.e cents hommes. 11 y en a qui
eruient que I'accord est fait entre les Venitiens et les Turcs.
D'autres disent que nos troupes revenoient , mais que le roi
les a contremandees , et (ju'ils out ordre de s'y en retourner.
J'ai ce matin ( 2-'> septembre ) rencontre pres de la porte Saint-
Michel M. le cardinal de Bouillon, qui etoit seul dans son
carrosse; il est ici en grande estime d'erudition et d intel-
ligence.
Nous avons ici des dysenteries qui ne sont pourtant pas
fort cruelles, et plusieurs lievres quartes. Je penseque 1'hiver
sera fecund en maladies , a cause des grandes clialeurs de
I'ele qui out bien echauffe les corps , et a cause du vin nou-
veau qui sera terrible, a ce que disent les buns biberons ;
de la viendrunt les inflammations de poumon , les rhuma-
tismes et les gouttes , sans uublier Les doubles tierces et les
quartes.
J'ai donne cunge a mes audileurs des le 12 juillet , et nc
recommeucerai qu'a la lin de novembre selon la coutume.
.Nous avons en noire college deux places vacantes , 1'une dt>
pliilosoplue , I'aulre de mcdecine : plusieurs les out deman-
'OS ir.TTHK> DK <;!'! PA TIN
ilns, el ce par les plus Brands dn royaume; le roi n ei,
;i voulii contV'i-cr aticnne , il vent qu'elles soieni mises a la
dispute. On commencera par relic dc philosophic , en exern-
tion d'liii arrct du conseil donne sous Charles IX, I'an lf>(>(>,
et (|ui pourtant u'a janiais etc observe. Uuoi qu'il en soil ,
nous obeirous au prince , <|ui ost le grand inaitre, qui esl
le patron deces chaires royales. II y a un an ([in; celle-ci va-
que par la mort do M. des Anbcries, prol'esseui1 en philoso-
phic an college d'Harcaurt. Celle de nicdecine vatjue \)nr la
niorl de Philippe Cliavtier. Un des notres, nomine liut'fin, sc
rendit chartreux I'an JKISSC ; il a fait profession depuis (piin/e
jours en Hasse-Bretagne ; et voila roininent le noinbre se di-
ininue par la mort on autreniont. .le vous baise les mains, et
Mils de tout moil eu'ur votre , etc.
IV I'aris. le 2(5 sepleinbrc 1(5(50.
LKTTKK DCCXCIH. -- An mf*nir>.
l.a saute de M. le Dauphin va loujonrs en amendant.
On (lit quc la ga/.cttc de llollande assure qne les Turcs onl
levt'1 le siege de (laudie ; je n'cn !is janiais IUHMIIIC, pas menu1
des n<Attres , mais je sonhaite qne eelle-la ait (lit vrai.
M. le chanoelicv etoit bier si fort nialade, (jut1 I'on |iar!oi(
deja de son stiecessenr, et nuMiie on le nommoit , d/i's <!!<• //•//-
(lit HI , (I us (//c/i/ du:/'! : j/ii;t'ii<'s ni/i/'i jitissrt/if , s/'itcs <//// rln-i'i-
nun /i<tss//i/f. On public (|ue M. de Beaufort n'cst point mort ,
qu'il est prisonnier die/ les Turcs, qu'il a ecril au roi sa dt'1-
route et son dcsastre ; on dit (ju'il esl aujourd'hui a Larisse ,
villc de (irccc , dans laqnelle esl jadis mort notre grand llip-
jioerate , ulcm /j/xr >///'//// //if Larissctt1 cujnsfttmi I //Y/////.V, ////. ,'i.
Ejriddn,) n/jus /nstu/'itt rsf ftdinofhnn nu'inornbilis, //t//ofc tjitit-
/ml ii-iilii lint st-.rfo ill/' , i'f ft/i//''// j'l'l iriti'r tT/txif /'ri/i/trtK i-ni -
ciiutniiii* hi'iii'fi/'ii,. LP fail est rare , ct merveilleusement re-
i I- A I. CONK I. 70.'
inarquable ; sur quoi moritent d'etre lus le.1- commentaires de
(ialicn, Foesius , Mercurial, Valesius et Phrygius ; je vous
prie de les f'aire lire a M. votre His Noel Falconet, (jue je salue
do tout moil co3ur. Cette histoire vient fort a propos , et sou-
vent die/, nos unlades et en consultation. Depuis huit jours
est ici inorte une l)onne veuve de plus de quatre-vingt-trois
ans, lille de M. Riolan , qui inourut 1'an 1GOG, et sa>ur de
inadame Houvard , comine aussi de i'eu M. Jean Kiolan mon
predecesseur que vous avez connu. L'automne est appelee par
Tertulien : ti'iitator valetudinurn.
On dit tjue le vin nouveau est fort bouillant ; cela t'era later
le pouls aux (jHttr/'iiMuvs et aux dysenteriques , et lera venir
ici ties rhumatismes et des peripneumonies : le bon ami d'A-
grippine a tort bien dit a ce propos , t/ravis amta* mwlicis in
f/nii'iifu caf. 11 y a de la [>est(; en Flandres, et une mechantc
lievre epideinique en Hollande (jui emporte beauconp de
nionde ; ils sont si sots en ce pays-la et si ^rossiers, (ju'ils
aiinent mieux so laisser mourir que d'etre saignes , i:d> ini-
wi'is !
M. le inarechal de Hellbiids est parti pour Candie. Jl est
alle par Chambord pour prendre conge du roi ; puisse-t-il
etre plus beureux ([Lie les autres ! Madame la duchesse d'Or-
It-ans ti ecrit an roi de grosses plain les contre Valot de ce
(|ii il a tue la reine d'Augleterre sa mere avec sa pilule d'o-
pium , et demande <[u'il soil chasse de la cour. M. le due
d'Orleans est dans le meme sentiment , et 1'a menace pareille
ment ; jc ne sais ce (jui en arrivera , mais on dit que cela est
remis au rckiur du roi. Voilii le bruit de la cour. Feu M. Merlct
disoit quo I'opium et 1'antimoine etoient deux mechanics
drogues, qu'il ne vouloit ni de I'un ni de 1'autre; il a vecu
(jualre-vingls ans, el n'en a jamais pris. II eul en une meme
annee deux grandes maladies, avec lievre continue, en clia-
cunedes(juelles il futsaignedix-lmit Ibis, c'est trenle-six f'ois
en an an , et purge pi usieurs ibis avec casse ct sene, tihstjuo
«'////(>, /inniiin i:t wiii/niui/miti*.
; |O l.l-.l I l(h> l)h I.I I I'AilS
Kulin l< I'ni a voulu (ce ii octobre) quo la chaire de philo-
Mtpliie vacante par la uiort do M des Auberies tut disputee.
M. I'abbo de Bour/e en a ote otabli le juge avec six homines
savants, et six professeurs dn roi. La dispute a ete publiee
par alliches; sept bommes se sont presentes , qui ont de-
niande a la disputer. Cos Mi\I. les treize juges , etablis par
le roi , les ont voulu voir, et les out entendus parler en leurs
pretentious: trois d'iceux ont ete congedics douceraent, en
lour faisant eoiinoitre qu'ils n'y etoient pas pro pros , les quatrc;
aulrcs ont ete retenus pour parler publiqueinent cbacun une
licure d'horloge ad clcpsydram , savoir, cbaoun sur tin point
different, tire de la doctrine d'Aristote, dc innn<>rtniito,f,t>
twit/it.", dc muff , df prtestnntia ////il(>so/i/n'a> peripatetics. Le
(|iiatriomo a ete eoutre la pretendue nouvelle pliilosopbie de
M. Descartes, //i>> tlictnx est n/nt/is indulaissr nocifa//, fjuinn
rrrifnfi (l). ,le les ai entendus tons quatre fort attentive-
inent , et tons quatre ont fort bien fait; neannioins il y en a
deux qui ont plus paiu quo les deux antres, savoir, eeux<|iii
ont agile les denx j)remiers points : niaintenant ils attendent
lo jngoment qui en sera fait par MM. les trei/e juges deputes
du roi, niais nous IK; savons pas quandce sera ; peut-otre quo
Ton attendra le retour du roi, <[iii sera, a ee (ju'on dit, lo 1?
de co inois.
Le roi de Pologne doit biontot arriver ; il est depnis (|uel-
(juos jours a Gbantilly, oil M. le prince de (joude est alle lo
reccvoir : Ton dit (ju'il n'entrera pas dans Paris en grande
c.erenionie, d'autant (|u'il a desire (pie le roi lui dounat la
droite, ce qui lui a etc refuse ; ainsi il no fera quo passer, et
s'(!ii ira passer 1'hiver a Avignon.
On no parle ici qucde voleurs de receleurs et de gens (jui
1 (,'<>! nnisi ijiie bien dcs gens a cello epo(|ue jugeaienl le grand
Desearlcs, l'lu«> lard memo ce philosophe el ses disciples les plus illuslres
lie lurch! p;is micux apprecies. Sur nn exemplaire de Malebranche,
appiirtenanl a llossne! , ce grand liommc a\aitecrilen nole marginale:
. nor it . falsa ' [\. P.'
A I Al.i:o.\KI . 71 I
tuent; las executions publiques ne nianquent point pour
I'exemple, et neanmoins il y a to u jours qiielqu'un qui y est
attrape; les frequents supplices m'etonnent et me font con-
noitre la malice des hommes, et la vigilance des juges qui
travaillent pour le bien public. Je vous baise tres humblement
les mains , et suisde tout mon cu'ur votre, etc.
De Paris, le 12 octobre 166U.
LETTKE DCCXCIV. --An ineme.
Le bonhomme M. Nicolas Ellain , 1'ancien de notre ecole,
(jui mourut d'une pleuresie, I'an 1621 , age de quatre-vingt-
sept ans, avoit aussi ete taille deux annees avant sa mort.
\ous avons ici quelques petites veroles et quantite de rou-
geoles. A 1'une et a 1'autre , la saignee , laite dans le commen-
cement, estd'un grand secours pour prevenir I'intlammation
erysipelateuse du poumou, qui est mortelle (1).
Pour ce qui est de 1'usagede la glace dont vous me demandez
(1) Cest une graude question que la saignee dans les lievres «;rup-
tives. Du temps de Gui Patin on n'hesitait pas ; plus lard menie , Chirac ,
le medecin du regent, s'ecriait : « Petite- verole, je t'accoutumerai
a la saignee. » Et pourtant il n'en fut ricn. L'heureuse decouverte de la
vaccine a singuliereraent diminue Tinleret de la question , sans pour-
lant la resoudre enticrement. Pendant le regne de Louis XI V, cette
question fut >ivement controversee , meme dans le public. Madame
de Sevigne , plus tard uctime elle-memr de l;i petite-verolc . nous
apprend que le chevalier de (irignan mournt des accidents de la va-
liole et peut-etre de la saignee. « II a ele rude men I saigne . dit-elle ; il
\oulut resistor a la derniere , qui fill la on/.iemc , mais les medecins
lYmporterent. II leur dit qu'il s'abandonnail done et qtrils voulaicnt le
tuer par les formes. La mort de M. de (iuide . qu'on a cru <|ui de-
vait etre saigne , a bieu fail mouriv du monde apres lui. » ^du 10 fe-
Irier 1672.) Voycx note t. II, pag. -21K, el le remarquable rapport fait
sur eel important sujel a PAcademie de medeeine, par iM. le docteur
Housquet. ^Bulletin de I' Academic royaU de medeeine, i. XI , pag. 5fi9.
(K. P.^
• I 2 I I. I I HK> DI-, i.l I !' \ I IN
iiinii a\i>. |« IK' !<• blame point, ni celui do 1'eau rafrairliie ,
inais jo n'on ai jamais approuve 1'excos , qui est dangeroux a
tons ceuxqui n'y sont pas accoutumes. Cette fraicheur subite
est ennenn'o dt' 1'estomac (l), (lout les tuniqufis doivent etre
couserveos dans lour juste temperament, (|ui ost toujours ae-
compagne d'unc clialeur considerable. El les ne peuvent sans
soull'rir porter ee {Void extreme. Tot ou lard on s'en doit ressen-
tir. Philippe Chartier etoit un gros garden de trente-six ans ,
qui niangea force melons en un diner, lint rudement a la
»laee beaucoiip de vin , tint table longtemps, maugea quan-
tit(; do cei'iieiiux, et tomba malade ensuite. Des le lendemain
son eonipagnon de debauche fut son medenn; pen saigne ,
purge inal a propos dans un flux dysenteri(jue qu'il avoit , il
n(> tarda pas a inourir. Le pere , qui faisoit I'entendu en cbi-
cane , est niort gueux avec son Galien grec et latin qu'il avoit
commence de fa ire imprimer. Le second Ills ne valoit pas
mieux <|ue son frere, et est mort de {'aim; ainsi voila trois
Chartier ren verses.
On voil ici une relation de Candie, on il est dit <]u'il n'a
pas tenu a nos gens que tout ifallat bien en ce pays-la contre
lesTuros ; maisque quelques troupes ri'ont pas voulu seconder
de leur coto, coinme elles avoient promis. Oiiloueneanmoins
les Venitiens deleur fermete et de leur conduite. Feu M. Naude
m'a autrefois dit (jue Constantinople ne Cut prise . 1'an H5,'5,
par les Turcs , que par la faille des pretres et des moines de
cette ville, (jiii ne voulurent rien eontribuer pour la levee des
soldats et pour la defense de la ville; que toute 1'Kurope
etoit alors en fort mauvaisetat. L'Angleterrebrouillee paries
factions d'Vork et de Lancastre; la France divisee par la foi-
bhssc d'espril de Charles VII . outre qu'elle etoit occupee a
I'M. Ic doclcur Alpli. (iiicrard a dcmontrc la vtM'ilo ilo co> jirt-ooplfs
<lan-- un linn lia\ai! ayaiil pour lilrc : Mcnioiri1 sn>' les arridcnts '/'"
)>an'Knl siu'ciilcr a t'in(/estion tics Itotssons froidcs, lorsyuc Ic <'<>r}>s cst
c<-ii(iu/lc. .ln,mlcD d'lnftfi.ene fiublifjnc . 1'ari'-. |.Si2. t. XX. N II , p. -i!?
H siii\. K. P.
\ I A I. M •Mil. 71. >
repousser le n^tr de.s Anglois de r'rance , dcpuis que la Pu-
celle d'Orleans cut si braveinent reussi a le.; chasser. L'Kspa-
gne etoit part a gee on diverses principautes ; les princes d I ta-
lus, iii le pape meme, ne iirent aucun ell'ort pour repousser
au dela du inont linaiis cet eiineiiii connnun de la chretiente,
Mahomet II , qui t'ut un vaillant prince et uu grand conque-
rant, et (jui avoit bien envie de venir jusqu'en Italic et
de pousser sa bonne fortune plus loin. Mais ses debauches
I'empecherent de passer outre. Ce tyran inourut presque des
meines eauses (pje ce Philippe Charlier dont je vous ai parle,
de vin,defemmes,de melon et de glace. (Vest lui cpii ordonna
qu'onmitsur son tombeau , Manx crut stqici'iirc lilioditm <•/ '/>-
hfll'trc tuiicrlxiiii Ilulium. Mais quoi(jue toute 1 Europe aujour-
d'hui soil dans un etat assez dissemblable , (juelque etlbrt
(ju'on ait fait a repousser le.s Turcs,ils n'ont pas laisse de
s'avancer en leurs desseins, et de se reudre maitres de toute
I'ile de Candie; Dieu veuille <[u'ils en puissent deineurer la ,
et qu'ils n'approchent pas ilavantage de la Sicileet de Home.
de peur qu'entin on n'y ilise , s'ils y viennent jamais, nntr>'
Saiiit-Pet'e le Turc , aussi bien (jut; Ton (lit aujourd'hui notre
Saint-Pere le pape. Tels prog res de nos ennemis nous doivent
bien epouvanter, \ u qu'ils ne se font que par punition divine.
L)c Paris , le (i noveinbre
LKTTHK DCCXCV. -- A
,le vous envoyai hier. ee 7 novembre , une U^ttre de <|iiativ
pages , en recompense de ee que je ne vous avois eerit de-
jiuis longteinps. Je vis hier M. dc Lorine. par visile clie/ lui ;
il me lit grand accueil , nous eausaines ensemble une bonne
lit'inc, nous ne lYmirs inuels ni 1'un ni I'auiii'; il csl admi-
rable en son entretirn , au>si bien qu'en Ionic anlrc chose .
il a une meim.'ire admirable pour son age dequatre-vingt-
ciiKj ans. Je rrois qu'il mourra en sa vieille peau , avec son
antiinoinc dans le cu-ur et dans la tete; et rieanmoins ee qui
me console, c'estque j'espere qu'il n'en prendra jamais, aussi
n'en a-t-il pas besoiu.
On parln fort ici de trois homines qui sont en prison , sa-
voir d'nn marquis et de deux faux temoins qu'il avoit subor-
nes pour perdre certain offieier qui avoit une belle femme,
et avec iaquelle 11 avoit intelligence secrete ; on tlit qu'ils
sont contlumnes au Chatelet, et qu'il y a appel an parlement.
On parle d'un traite tie grande importance qui detruiroit la
triple alliance . c'cst entre nous et le roi d'Espagne, auquel
nous vendrions 1'Alsace et le Roussdlon , et qui nous quitte-
roit le reste des Pays-Has. Si cela arrive jamais, I.Meu puisse
liien garder les bourgmestres de la riche cite d' Amsterdam ;
car , eoinme nous serious en ce cas-la les plus proches voi-
sins des Hollandois , on leur feroit bientdt connoitre ce <|ue
vaut et ce que pent notre voisinage. Kginard en la vie de
Charlemagne , et Aventinus in .{nnnHbiis Bajorutn , out raj)-
porti'1 int proverbe qui est pour le moins aussi vrai qu'il est
conunun : (idlhnn Imln'iix /niiictnn, iinn riclmnn ;mais la science
est reservee pour ceux (jui s'y trouveront alors : \ it<i> smtnim
ft/'ci'/K x/x'itt 1 1 ox fi'tnf i nclioiii'i' loiii/init : \\ n'y a (|U<1 le temps
t[iii IKUIS puiss(! apprendre les secrets d'Ktal et de telle consr-
(pience ; et de plus je vous assure que je ne cvois ricu de tout
cct ('c.liange, mais il taut laisser purler It1 monde.
l"n Hollandois. fort honnete et savant, m'a aujourd'hui parlr
d<! quelques livres franeois imprimes en llollande, qui tons
sont conUr la cour romaine, du cardinalisme, du nepotisme.
i^tdes ('-loges des cardinaux vivants. depuis M.FraneoisBarbe-
rini jusqu'a Maldachini. On imprime preseutement a Geneve
mi livre nouveau de 31. Daille, ministre de(-liai'enton , que les
Huguenots disenl (Mre le plus grand liomine qu'ils aient en
depuis Calvin : pour rnoi , je crois <|iie, M. A. Arnauld les sur-
pHNse de beaucoup.
11 y a ici un proees devant M. le lieutenant-criminel pour
7J.">
tin do nos doc tours nomine Oesse , tils d'un chirurgien i'a-
meux. II a dans son voisinage, vers la rue de la Venerie, un
burbwr btirbant , nomine (iriselle, (jui avoit line fern me fort
jolie , a ce qu'on dit. Le medecin a ete appele chez le barbier
pour y voir quelqu'un malade ; des qu'il fut entre dans la
chambre oil il faisoit sombre, quatre homines se jeterent sur
lui , et lui mirent une corde a 1'entour du cou, lui voulurent
Her les mains et les pieds ; il se mil en defense et se remua si
bien contre ces quatre hommes , qu'ils n'en pouvoienl venir
a bout. Le bruit et sa resistance vigoureuse lirent que les voi-
sins vinrent au secours et frapperent a la porte; celaobligea
ces (juatre hommes de le laeher et <le s'enfuir. Le medecin
alia aussitot porter sa plainte chez le commissaire , apres
(|iioi le barbier a ete mis en prison, oil il est et sera jusqu'a
la tin du proces. Quelquesunsdisent qu'il y a ((uelques amou-
rettes cachees et quelque intelligence secrete entre le mede-
ein et la femme du barbier . qui en estjaloux. Quo! qu'il en
soil, on blame le barbier de sa violence; il a tout loisir de
s'en repentir. Charron , en sa Sayrsae (oh! le beau livrc, ! il
vaut mieux que des perles et des diamants), a dit quclque
part qu'uu avare est plus malheureux ((u'un j)auvre, et un
jaloux qu'un cocu. II me semble que ce grand homme a dit
vrai la aussi bien qu'ailleurs. ^utn (jue ledit medecin est ma-
rie, et de plus qu'il est bien glorieux; mais quoi qu'il en soil,
hie ft, alilii ri'tiil itiir pi JUT, ft Itabent (tl<ut(l(voinnr.'s xi«nit crixtmn.
Ouelques mis pretendent que le barbier sera peudu pour
avoir voulu ainsi trailer une personne publique : ilii'x >l i<-m
>l off hit.
Depuis trois jours le plus ancien ministre de (lharenlon ,
nomme M. Drelinconrt , <|iii avoit jtres de quatre-vinijls ans
( c'est lui (jui avoit un tils medecin, ([iii est aujourd'hui pro-
fesseur a Leyden, a la place de M. Van der Linden, mon bon
ami), a ete enterre. Xolre bon ami, M Spoil, ii <|ui je baise
les mains , connoissoit bien ces deux 1MM. Drelineourt.
II v a encore ici un autre ministre de Charenton, nomme
7 H; I I. I I '!(!•> Dh (.1 I I'A ! IN
.M. Maille, '|iu esl fort vienx , et lort savant, i:t do Brando re-
putation , memo oho/ ceux qui sont du parti contraire.
An sujet do la liullaiide, jo vous dirui que co pays-la est mal-
heureux , ot fort sujet a plusieurs calamites. Vive la France,
vivc Paris , vivo Lyon ! Kn llollande , la plupart des nialadcs
no croient point a la medecine ct ne so servent point do me-
dccins , en vortu do quoi la plupart dos malades ineuront
aiissi. Los medecins n'y saignont quo tres raroniont, parco
qu'ils n'oii savont pas 1'importance : aussi l<?s nialados y sont
si >tnpidos . v/' lUcum ml en liu.taii, ot si sots, qu'ils no veulent
point olro saignos. L<;s tnodocins y pnrgont d'ordinairo avoc
dos pilules ot dos poudres chimiques, avoc, I'antirnoine ot lo
vin onietique, dout ils sont 1'orl mauvais inarohands. (Vest oo
ipii loin1 a fort aide a los docrier ; ils nooroiont point a la ino-
tliodo do (ialion, a la plaoo do laqiielle ils chorohont tl<\s so-
crots do chiinio qui los rondont ridicules et meprisables. Tout
le pays ost snjet aux ocrouollos ot an scorbut. Los ehirurgiens
n'eiitendent rion ;i la vorolo. 11 n'y a la ni bun pain , ni bon
vin , ot (•-(• qui ost encore bion j)is , il n'y a pas memo de
bonne eau. Joseph Scaliger a dit (jntsltpio part do la llollande
a son bon ami Janus l)ou/,a . /// f/>/</i'"i/ntt<i!<', <!<' ii.diniruwlis
In Hicditu liabilainus (iqnig, </«/.< credere possil '?
I'A lamcn hie nulia' , Dou:-a , l/ibnnlur aqua.
Co pays-la ost exlremciiienl fro id , expose a do mauvais
vents meridionaux qni y aj>portent la poste fort souvont. On
n'yboit tpio do la bioi'o, ot on n'y manre ipio du biouf sale.
Vive le pain do (ionesso avoc lo bon vin do Paris , do Hour^o-
{i'lio , do Champagne , sans oublior colui do ('ondrioux ot lo
muscat do Languedoc ot do Provence , do la Cioutad , do Saint-
l.-iiirent , etc. Mais oxciisiv. ruon babil . jmn suf/s rs/ nnyn-
i'1/in , inn^nr hiht'iit ili'siiin , nf nii'l Kn'n H'tftmn/ fir . ft xo/'N di'-
A F\l.rONET. 71?
Le pelit Francois Cil<>t ;i dopuis pen tail!*'- iei M. le mai1-
quis do Haiilorivo . IVore do M. lo garde des sceanx do CliA
teaunenf, (jui s'on porlo bion a 1'age dequatrc-vingl cini|aii.s.
11 est alle en Flandro y tailler un ricbe bourgeois (I).
On parle fort ici d'uii ol'ticier turc (pii est envoyo ici par
son inaitre, on ne sail pour quelle affaire il vient en France ;
il a (He quelque temps a Fontainebleau et est maintenant a
Issy, a deux lieues de Paris, cliex M. de la Baziniere , ci-
devant tresorier de 1'epargne.
M. I'eveque de Beziers , qui etoit en Pologne, est ici, oil il
s'apprete pour s'en aller en Espagne y trailer de 1'accord quo
le pape tache de fa ire entre la France et la inaison d'Au-
triclie : jo prie Dieu (juo cette affaire roussisso.
Lo roi de Pologno, Casimir, est a Saint-Taurin d'Kvreux,
qui est une des liuit abba yes (jue notre roi lui a donnoos; on
dit (ju'il viendra demeurer a Saint-Germain dos Fosses , qui
en est uneautre, dans Paris memo et proclie du Louvre.
L'illustre M. A. Arnault! , docteur tie Sorbonn'o , travaille a
ref uter l« Morali' d<-s rc?/r////.sVrx, et on m'a dit qu'ello seroit
bientot faite. Jo vous baise Ires liiinibloinont los mains, ot
suis tie tout inon co'iir votre, etc.
De Paris , le 21 iiovcmbrc 1 69.
vl) I, a iainillc dos Colol , nous 1'avons dit >>ouveiil , se rendit illustre
pendanl plus de deux siecles dans la speciality de I'operalioii de la
laillo parle grand appareil. ("e Francois (lolot , qui motirut le 25 juiu
ITO<5 rt dont parle ici (itii I'alir), ne ftil pa^ un de> moins remarquables
par son lalenl el par <on desinteressemenl. II a laisse un excellent
ouvrage, public aprcs sa inorl par Scnac, <|iii Pa enrich! d'une longue
et honne preface. ('.? livre est intitule : Trtiite <lc I' operation <h- la
ttiillc , avec des observations sur la formation de In jiii'rrc , i-t la si/yj-
pression d' urine , elc. I'aris , 1T'2T. H. I*.
7 |S IKTTHES DE t'.lM 1'ATl.N
LKTTKE DCCXCVL -- Au
Les lettres de Hollande portent (ju'il y a en toutce pays-la
line mechanic iievre qui emporte quantite de malades. Ces
bons Bataves sout bien badauds de n 'entendre pas la saignee
des galenistes , et de s'airiuser cependant ii aller a la chass-e
des secrets ehimiques. Les beaux et bons secrets de notre me-
tier sont dans les Ap/wrismes et le Pnmostic d'Hippoerate , el
dans la methode de (jalien , avec le livre de la saignee ; que si
ecla ne suflit pas , qu'on y ajoute !e Botal. 11s se piquent de
vanite dans ce pays-la, quand on dit d'un liomme qu'il est
doctenr en medecine , theorieien et nun pas praticien , (jui est
a proprement parler ee que disoit Jules Cesar de la republi-
que di.' Koine : .\onn--n xiiit- re , 1111 noin sans ell'et , on bien ,
coinine Galien a dit dans la methode de la debilite d'estomae ,
quec'etoit un simple noin qui nesignitioit rien , si on n'ajon-
loit la cause de cette debilite.
Jeconsultai hier avecM. Fr. de la Chambre, notre collegtie,
lils (lu medecin de M. It; cliaiicelier et inedecin ordinaire du roi,
qui a achete cette charge 7(),00()liv., el qui esl I'rere de Pierre
de la Chambre cure de St-lJartheleniy en cette vilie. Ce M. de
la Chambve nie dit tout al'ilige (jne son pere se mouroit. C'est
mi grand liomme melancolique, <uii a beaucup ecrit, et prin-
cipalement Lux carfictfa'es des passions. J'ai peur qu'il n'aille
guere loin a cause de son grand age d(> soixante-seize ans. i)
t'sl savant, toutce qn'jl a ecrit est fort bun. Mais les hon-
iit'-tesgeus meurent cornme les autres, et encore quelquelois
(this in\. La mort n'epargne personne , pas nieme les savants ,
(|iii viveul souvent moins que les autres.
II n'y a encoiv rien de juge toncliant I'aifaire de 31. C.ressi'-.
Lf proces est seuhnnenl snr le bureau , mais tout le monde
fii [tarle ici, et se raille du inedecin (|ui se devoit contenter
de ce (ju'il avoit en. sans s'en plaiiidre en justice; et inrinc
1)11 dil que M -Moliei'e en vent f';iire line eomedie. C.ehi poiil'i'.i
A FALCONET. 719
bien arriver, car dorenavant 1'on est las fit1 pleurer, on ne
rherche qu'a rire, a 1'exemple des dieux de la terre qui rient
taut qu'ils peuvcnt du malheur d'autrui. Ceux qui ont bion
pleure en sont las , et ne savent plus quelle mine faire , quoi-
(|u'on en cut encore assez de raison. Martial a (lit fort a pro-
pos, sur cesujet, une chose qui est aujourd'hui tres veritable
par toute la France :
Pars major lacrimas rntet, el inlus habtt.
II n maitre cbirurgien de Paris, nomine Pierre Cbenard,
sot el glorieux comme un barbier, et d'ailleurs mediant,
fripon et fort vicieux , tout marie qu'il etoit , a debauche nne
lille devote, et la voyant pres d'accoucher, il 1'a tuee. 11 s'e-
toit sauve , mais il a etc trouve , pris et mis en prison au Cha-
telet, oil son proces lui a ete fait. II y a ete condanme d'etre
pendu et etrangle pour 1'expiation de son crime. Appel a la
cour, oil il n'a ete condamne qu'aux galeres perpetuelles. Les
juges font leur metier en conscience quand its veulent , et
d'autres tbis ils quittent la rigueur de la loi pour yratilicr <(iii
il leur plait, et passer a une moderation charitable (pie les an-
(;iens Grecs ont nommee iKui/.tta-j.
On a fait le service de la fcue reine d'Angleterre, dont le
corps a ete mis dans la cave des Bourbons, qui est dans le
ehu'iir de 1'eglise de Saint-Denis. Mais la voila maintenant
loute pleine : oil mettra-t-on tons les autres (pii suivront, et
qui par ci-apres mourront comme les autres, aussi bien (pie
Cyrus et Alexandra -le -Grand? On (lit seulement qu'il y a une
place relenueetdestineea Saint-Denis, dans humelleon batira
une chapelle pour y mettre les liourbons, a commencer par
Henri IV, Marie de Medieis, l(^ feu roi i^ouis Xlll, Anne
d'Autriche sa I'emme, le due d'Orleans et cette reine d'An-
gleterre. Dieu pourvoira avec le temps d'une autre cbapelle
pour les autres princes qui viendront apres(l). Je souhaite
t On voit i|iie cetlc rcmarquc <i elt- fail*1 un an .i\anl \r »r;nul
7-20 I.KTTKKS 1'K til"! I'\T1\
ponrlani (|n'oii n'y joigne pas de longtemps notro bon roi.
ijiii nous esl iit'vessnire. I »!i'.
DC 1'aris, le 2:5 novembre 100U.
LKTTKK DCCXCVII. - An meme.
Je voiis ;ii ci-devant ecrit d'nn eveque de Vence; il y a en
eel endro',1 de la 1'aute , c'est 1'eveque de Valence, en Dau-
pliine. (|iii (Hoi I ci-devant abbe de (lonar, ct premier aumonier
de Af. le due, d'Orleans. !l f'ut dis^racii'1 il y a environ deux
ans; il avoit I'ait (|uel<|iie brigue pour revenir a la coin1, mais
ses ed'orts ne lui onl pas reussi pour en coup. On dit quo It1
roi 1'a envoye a 1'Jle Jourdain, en Lauguedoe.
l-o proces de M. deCourboyer, gentilhomine normand ,
de ^0,000 livivs de rente, est Mir le bureau. On dit qu'il est
cousin de M. le niarechal de Grance.
Bossuet, qui nc pronoiu-a son oraison iimebre de Madame, duchessc
d'Orleans , (pic le 21 aout 1070. Qui nc sc rappelle cc celebre passage:
« Kile va descendre a cos soinbres lieux , a cos demeures sonterraines,
pour > dormir <laus la poussiere aver Ics Brands de l.i terrc parmi
lesquels a peine peul-oii la placer, lant les ran^s y sont presses, lant
la mort est proinple a remplir ces places." Tl etait d'ailleurs connu (pie
les caveaux de Saint-Denis re^orgeaienl de cadavres de rois, dc reines,
de princes , etc .Mais sur la lin du siecle suivant , un vent de tiireur
populaire sV-leve stir la France; bientot ces sepulcres sont brises , les
osseinents des rois «onl mis an jour, profanes , moques , disperses ; a
l)cine siit-on aujourd'hui 011 existent ces tristes debris el celle pous-
siere des i/ranih tie la terrc , pour qui la niorl n'a pas etc le dernier
inol des chnses huniaines. Maintcnant viennent de nouveaux cadavres
tie rois , d*' princes : les caveaux sont \ides , les rangs n'y sont phis
/n-esscs , el la niorl y Irouvera de larj;es places. Qui sail encore si la
toudre des revolutions nc viendra pas un jour briser ces tombeaux de
nouxelle tabrique el Iraielieinenl recrepils '.' Jtii'ti xi'til rut yrnnd , in?!
freres'. \\ |>.
A FALCONET. 7 '2 I
L'envoye du Ture osl tou jours id pros, a Issy, et lo roi no
lui veut pas donner audience qu'on n'ait nouvelle do Constan-
tinople, ou Ton a envoy*'1 un cotirrier.
M. 1'abbe Hossuet est fait oveque de Condom ; c'est un digue
person uage et tres savant. Notre M. de Cresso a rec.u nialgre
soi un ajournement personnel par-devant M. le lieutenant
oriminel , sur quoi , par conseil d'avocats , il en a appele, et a
evoque au parlement; nous verrous dans quelques jours quel
train prendracette affaire. (jui fait ici bien parler du monde,
(jui veut que ce medecin ait ete fouette, /r //".<, >/o//x, ////r m<
iiijuritt, etneanmoinson dit qu'il ne I'a pas ete, inais le bruit
n'en vaut rien :
l-'ama malum quo >wn aliiul velocins ullunt .
Mobitilute vigct, viresque acquirit eundo.
Cela est capable de decrier et decrediter ici un medecin. (Jn
dil qu'il est ricbe, inais aussi est-il bien glorioux , et ainsi
liai de bien du raonde qui so niotjue do lui , t«n!i rxt *<i/,i-rc ft
nbstinct'i'.
Le bonbommo, M. de la Cbambre, est niort ag«! de soixanto
seize ans (1); il etoit de I'Academie franeoise, et un des pre-
miers et des plus eminents, taut a raison de sa doctrine, qui
n'etoit point commune, (jue pour le credit qu'il avoil die/
(1) Maria Curcau do la Chambrc naquit au Mans en lo!(4 : medecin
ordinaire de Louis XI 11 , ineinbrc de I'Academie franoaise et de I'Aca-
demie des sciences, il a pnhlie : Mouvelles pensecs sur la lumiere el
It; del'Oi'dement du A'i/ , Paris, l(»3i, in-i°. ~ Trnite tie la i-unnnn-
xtince des aniinaux, Paris, Kii8, in-i". Specimen mel/iodi i>r<> ex-
lilanandis H^tpocrate et Arlslolele , I'aris , KiO.'i. in-i". .\otti-ellr*
conjectures sur la diyesliuit , Paris , lt>:i(i , in-'i . I.es caracleres dca
passions , Paris , l(iiU , in- V'. Xvuvelles observations sur I'iris . I ari> ,
tiii)2, in-'i". Discaurs sur Ics principes de la chiromanc e <>t de In
uteloscopie , Paris, l(i.'>:5, iu-'r. — l.i- systeme deiduu1. Pari-.. Kki'i .
HI-.'I . l.'urt tie conn ilrf Irs ! miuni's . I'ari-, l(i.')!» , in-4". Sin
i'uDtitie el In lniint>.<i u> s>' Iron re i/iixx /i'.< lirtf.t . Paris. KiliT, in-S".
in
7 •_>-.! I.KITHK:- DK uri r\n\
M. li> clianeelii'!1. en verlu dc tjtioi il eloit ollieieux- et bienfai-
sanl a ertix a i|ui il pouvoil servir, et <|ni avoient alia ire en
<v pays d<: chancellerie.
.le viens d'appreiulre, d'un des notres, que le sieur Griselle,
barbicr, so defend fort bien eoiilre M. Cresse, centre lequel il
produit plusieurs pieces qui 1'accusent d'incontinence, et de
quelques mauvaises rencontres qu'il aeues ci-devant en divers
lieux , pour memefaute et de inenie nature, vent urn dies w-
ti'/'c (loccbif , <.'t fin-nan fte/oni : au moins M. Cresse a cet avan-
la^e , que personne n'est de son cote , et que par provision on
s'eu inoque par tout Paris. Je ne sais pas ce (|ui en arrivera .
niais plusieurs des notres sont deja d'avis, par provision,
qu'il laudroit le cliasser de notrecompagnie, ce qui pourtant
ne doit etre fait qu'apres que le proces aura ete juge a son
desavantage, ul<(c/' anint suni oculati judices (jnnni vulyorff
/itni/iitt'x : ce n'est point notre metier de fa ire le proces aux
homines, nous ne sonmies que 1'avocat du nialade, et la
mort on la nature en sont les juges.
Le roi se trouve si bien a Saint-Germain, et il s'y plait
tant. ([u'il y veut passer 1'hiver, et ne revenir a Paris qu'a la
(in du careine.
Des (pie les juges, apres la Saint-Martin, out recommence
linirs exercices ordinaires, on a aussi fait plusieurs executions
criminelles , tit entre autres de plusieurs malheureuses femmes
receleuses et larronnesses , dont on a fait la dissection en plu-
sieurs endroits ; il y en a eu uneen nos ecoles qui a dure jus-
qu'au 2 de ce inois, et des le lendemain, qui fill bier (ce
;', decembre), j'ai recommence mes lecons au college royal, oil
j'c-us pres ch; trois cents auditeurs, et ce de di verses nations.
Anglois , llollandois, Allemands . Klamands, Suisses , el
int'-niej en ens deux Moscovites.
L Cnvoye du (irand-Turc n'est plus a Jssy, il est aujourd'lmi
logi'dans I'ai'is , derriere la Place-Hoyale, a ril<>tel-de Ville :
il a ete a Saint-Germain en ceremonie , niais on ne sail encore
rien de partieulier dc ITS a(l'aire>.
A FALCONET. , '2^
Je vis liier M. de Lorme, qui a encore 1'esprit bien vert et
une memoire prodigieusc; ces deux lacultes sont en lui tort
vigoureuses, et ne sentent rien tlu vieillard , mais pour le
reste je n'en reponds point , ttuu-intus cxt arctalogus. J'apprends
qu'il n'a pas bonne main pour la pratique , nonobstant sa
pretendue et assez mystique polypharmacie; ilestd'unepuis-
sante conversation ; il sail beaucoup de bonnes choses, et les
debite raerveilleusement bien , et , qui plus est , il est tort re-
tenu , quand il est question de juger du merite de plusieui>
savants qui ont vecu en France depuis tantot cent ans ; il y
eraploie heureusement son jugeinent et sa charite, nenu'ni
far it injuriaut , nulli quidquam detra/tit dt'bitd' laudis : a tout
prendre, c'est un grand homme, qui, pour ses perfections, a
de grandes obligations aDieu et ii la nature. Je voudrois seu-
lement qu'il tut moins hableur quand il est question de louer
(piielqu'uii qui le merite moins; mais il me semble qu'il 'tail
cela tout expres pourne point passer pour glorieux et medi-
sant , et a quelque chose cette retenue est fort bonne.
Hier samedi vce 8 decembrej par tout Paris on ne parle
que de ce qui devoit etre juge ce jour-la , le proces de ce gen-
tilhomme de Normandie, nomme Courvoye, avec les deux
pretendus faux temoins, 1'un desquels tut mis a la question ;
on envoya des archers en deux maisons ditlerentes pour y
prendre quelques dames qui ne se trouverent point; le i)ruil
c,ourut tot apres qu'il etoit condamne a elre decapitt': t'li
lireve 1'apres-diner, et ensuitetoutes les rues d'autourdu pa-
lais furent remplies de moiule, tout le pout Notre- Uame jus-
qiTa ladreve. L'apparat d'une telle execution y tut toutentie-
rement , et ineme on vit passer et aller an palais deux troupes
(1 archers qui devoient assisterace ministerede mort ; mais il
y en eut bien de trompes , car I'heure qu'on le devoit tirer de
la Conciergerie pour etre mene en (ireve un peu devanl cincj
lieures du soir, il survint une nouvelle que le roi vouloit
prendre connoissance de celle affair.- , et qu il y avoit sur-
seance , et ainsi chacun s'en retourna clit-z ->oi sans avoir \u
7-24 I.ETTHES DE t.H I' A TIN
quo quelques archers passer et repasser. On (lit quo e'ost nut
aflaire qui cst remise a la semaine qui vient , d'aulanl qu'il
taut deliboror denouveau sur di versos clioses quo cot liommc
a reponducs a la question.
M. Olier, grand audioncier do France, est ici inort subite-
mcnt; on dit aussi quo le pape est mort, et on ajoute a ce
conte quo les moines 1'ont fait empoisonner parce qu'il vouloit
les reformer.
M. le president de Champlatreux est ici fort malade. Vous
savez Lien qu'il est fils de defunt M. le premier president et
garde dos sceaux, M. Mattlrieu Mole. Ensuite de la mort du
pape, on dit ici quo le roi a aussitdt mande a M. le cardinal
do Ret/ do revenir en cour, pour etre envoye. a ttonie avoe
.M. le cardinal "de Bouillon a 1'election d'un nouveau pape.
Nous avons la aussi M. le cardinal Antoine, grand aumonier
d(! France , qui est arrive il n'y a pas longtemps , si bien que
voila de nouvelles brigues dans Rome qui s'en vont nous don-
ner un nouveau pape , et ensuite pro jiinmdn tif/wtifu ml />"-
iiiiluiii , un nouveau jubile. Le vin nouveau de 1'an present ,
qui est un jus tire de la vigne, ])roduira de plus sensibles ef-
lets dans la tote des homines, quo cetto nouvelle devotion
qui, en son espece, ne revient que trop sou vent , "/> ».vs/^v/\
nun df/ici nun- ; il n'en faut pas tant pour etre trouve boil .
niais le monde est fait ainsi , jx>/-it/l//s mil dciipi. Feu 1'eveque
de liollay, messire Joan Camus, digne et savant prelat s'il en
tilt jamais , disoit quo : I'nlifn-d <//'•< rs/ nnn Imn i't-yi'iidi, </*iin/<.
j'lilli'inli lin'mini:*. Jolui ai oiii dire line fois cola danssa cham-
l>re, en l(>;>-2, mais jt1 in'en suis plusieurs fois soiixenii de-
puis I
1) Gui 1'alin cite souviMit cello especo d'axioine qui nVn c^t pas plus
\rai, pi is ilaii« un sons absolu. II y a la |)olili(|iio otroilc , Mil^airo ,
\i\anl dYxpedienls, s'appuyanl do la necossito , oolto (iorjjone dos
parli- d <lc- mauvais j'/divonionionls : il y a la politique rlevee, gone-
n-ii-c , |)icMi>anto , oiiiananl do> pnncipos, ;|iii saisil ('occasion on qui
v;nl nlli'iidro. V dii'c \r;n oop<-ndanl . cdlc dornii'-fo <•'( la plu> raro :
\ t. \l.t.M.\L I. 72.")
Til abbe me vient de dire que M. le due de Cliuulues avoit
reru commaiidement du roi de partir au plus tot en poste ,
pour arriver de bonne heure a Rome , pour travailler a 1'elec-
tion d'un nouveau pape.
Dimanche et lundi, qui furent deux fetes, on ue fit rien au
palais; le mardi 10 decembre on remit sur le bureau le pro-
ces de ce faux temoin, qui avoit failli d'etre execute samedi
dernier; I'echafaud fut encore remis dans la Greve, et le
peuple encore en grand nombre assemble jusqu'au palais, et
avant les cinq heures du soir il y cut encore une surseance a
cause de plusieurs papiers trouves dans nn coffre, qui ne
peuvent etre visiles qu'avec grand soin etbeaucoup de temps.
Ce coffre appartierit au marquis de Courvoye; cela empeclia
encore une t'ois 1'execution , et les badauds qui s'attendoient
a voir passer ce criminel sur le pont Notre-Dame , n'eurent
que la peine de s'en retourner. IHf-Kntm- in istis folii* mnti-
neri mvlt'i hurribilia et crnt'itta, si bien que ce malheureux
faux temoin est encore en prison : on dit qu'il avoue qu'il a
bien merite la inort , cicif tauten , t-t fruitur rtiam bit's i rat in ,
intt'rea victrix provincia plorat ; toutefois on dit ici que bien-
tot s'ensuivra 1'execution criminelle.
Le pape , avant que de tombev malade , a fait sept cardi-
naux nouveaux, dont il y en a un Feuillant , nomme le pert;
Buna , les autres sont oi'ticiers de la l\ote ; on dit quo ce Feuil-
lant est honnete liomme, qu'il est Janseniste , quel<]ues inns
ello passe nieine pour duperie , et on la ronvoie au pays d'utopie .
lerre lot luiu'c qui ifappartient qu'a I'imagination. N'cst-cc pas la le
inoiide conuiio il est ot coininc il va ? CVsl alors (jifon trouve vraie la
definition deTevdque de llellay, messire Jean Camus. On a dit : II n'y
a pas de droil contre Ic droit ; sans doute, mais la violence , 1'audace ,
la ruse , I'lntrigue , la corruption , en sont les terribles ennemis , et leur
triumphe n'est que trop assure. C/esl au point qu'on pent dire, et
([n'on dira longtemps : .Mettez-vous loujours du cote du droit contre la
force , mai- parie/, toujour? jtour la force contre le droil. 'K. 1'.
~2<> i 1.1 i ui,-- in1, i.i i I'A rn
•liM'iil i|ii i! ii '.-si pas I'Vinllant, m;ii> de I'oi'dre du Citeaux .
diiquel soul sort is les Kenillants sous Henri 111.
Le jcudi 12 decembre un des faux temoins ;i ete decapite
en (iivve, fa presence do -200 archers et d'unc effroyable
quaiitile dc monde : il etoit Normand , aussi bien que les
deux autres.
On \n\r\f ici de la mort de la retne d'Espagne et du reta-
hlisscmcnl du commerce en Augleterre, et memo que I'An-
glois renonce a la triple alliance; </</<W tithm/n <?wt irrwu,
car les Suedois seroient bientot de notrc parti ; si cela est vrai ,
rurrnin' sift/ Unfurl , de peur <jue ceUe nouvelle Republiquc,
(|ui s'est ci-devant et avec notre moyen si heuretisernent ele-
v«'(> contre son souvei'ain , iu; perisse et ne s'en aille ii van
I'eau avec ses barques de pedhenrs.
Le manjuis de O)iirvoye, gentilhomme normand, de
-10, ()()() livres de I'ente, pom1 plusieurs crimes a eu en (ireve
la tt-te eonp('e, age de cinquante-quatre ans. II est mort Hu-
LMiriKit ; ti-ois docteurs de Sorbonne y out perdu leur latin. A
considen!!1 la vie et la moil de ce malbeiireux bomme, je
crois qu'il etoit enrage : />/")•// ti/ias. ,le vous baise tres hum-
blement les mains, et suis dt> tout rnon co'iir votre, etc.
De I'iiris, Ic 13 deccinhrc 1<>69.
LKTTKK DCCXCVIU. — .1" men*.
Les lettres de Leyde et d'Amsterdam portent (jti'il y a une
I'-trange mortalite en ce pays-la par la tievre continue rnaligne,
qui est d'autant [)lus daiigereuse, qu its n'ont pas asse/ d'es-
prit pour si1 servir de la saignee <pii les preserveroit.
On parle anssi de quelqnes banqueroutes de Londres et
d Amsterdam , dont (piehjue jioi'lmii pentitrera jusquici. a
• .HIM' du rapport (jiii e>t entre lc> inarchaiids d'Angleterre et
\ FALCONET. ?2~
do Hollande av(!t; oeux do Paris; les banqueroutes soul conta-
gieuses comnio la peste, le inal s'on communique aisement.
Nos cardinaux sont partis d'ici pour so rendre a Lyoii , et
de la s'en alter a Rome, pour y (Hre assez t6t a ('election du
nouveau pape, qui doit succoder ii Clement IX , en cus qu'il
soil veritablement mort, dont on no parle point encore assu-
rement ; M. le due de Chaulnes est aussi parti.
L'affaire do M. Cresse est a la Tournelle, oil en attendant
(|u'ello soil jugee on on parle fort a Paris , et memo tort desa-
vantageusement aux dopons du medecin et memo de la me-
decine. Vous savez que les actions et les t'autos sont person-
nelles, et neanmoins plusieurs des nitres sont d'avis qu'on
le chasse de la eompagnte ot ([u'on le privr dos honneurs et
des emoluments ; ceux qui no le plaignent point, disent ([lit-
c'ostbien employe, (]ii'il est trop glorionx oommo Ills do bar-
bier. Son pere a oto tin fort habile cliiruryion , ot ce lils cst
savant, mais en vt'i-itt; il a trop do presomption , nndt- >//// /><.'/-
/ws ridi'h/r ; iud<' infill labcs , tnde ifir <•/ Lncrifnui'.
Le (lej)ute du Grand Turc s'en rotourno malcontent. Hes
deux faux temoins quo le mar.quis de Courvoyo avoit yayno,
1'tin est mort en Greve et 1'autre en est ocbappe; il a eu sa
grace , d'autant que par son aide , son moyen et sa revelation ,
toute la calomnie a oto decouverte; tile fmt-mn /»-<-///vtt srcff-
/•/x fit/if , liic dindcina , nfinjx- rifinn -t.'t li/ifrfn/r,,/ , (|ui sont
deux cboses do prix inestimable. Jo vous baiso les mains, ot
suis do toute mon amo votro , etc.
De Paris. IP 18 decembre KidU.
LKTTHK HCCXCIX. - .(
M. I't'vvqiu,' do B»'v7.iers ost arcbovequo do Toulouse: il oloit
I'annoo jtassoo on Pologno, ot on (lit i|u'il ira biontot on Ks-
pagno. M. (lolbert , qui otoit capitaino des mousqtietaires, ost
l'\ i i\
.uijuiird Inn premier eapitaiue des gardes, a la place de M. le
cointe de (lliarost , qui est devenu premier gentilhomme de la
('hambre. On dii que I'areheveque de Kouen se meurt, pour
line anere qui lui a cte ouverte au lieu d'nne veine.
.le voudrois bien savoir si le pere de Kussieres , de Lvon , a
lait imprimer quelque tome in-folio de YHistoirede /''nntcr .
e'est u n de ines amis qui en est en peine , et a qui j'ai promis
de m'en informer, et j'en attends reponse de votre bonte; je
sais bien que ee pere a eerit uu abrege de notre histoire en
beau latin, en trois tomes in-douxe , mais je voudrois savoir
s'il a fait quelque chose in-folio.
11 y a id un charlatan prisonnier. se disant niedecin du
paysde Languedoc, qui a lait une f'ausse obligation ; deplus,
il est accuse de fausse monnoieet meme d'avoir mis le feu en
nne maison : voila un mediant coquin, il en a fait asse/ pour
etre pendu ; mais si on pendoit tous les charlatans, il me
semble (|ue la corde seroit bien chere . car il est bien de ces
gens-la par le monde, /<"./•, </t'c.r, mundus <;//////>• far if hixfrin-
nuini : les barbiers et apothieaires font tout ce (|u'ils peuvent
de notre metier pour s'enrichir et pour tromj)er le monde; le
magistral les laisse faire. pent -etre d'autant <pi'il ne les [iour-
roit pas empe.'her.
Le proces de M. C-ressi'1 est sur le J.»ureau , mais je n'entend.s
point dire (|u'il avanct1 : on nfa (lit tjue M. de Moliere pn'-tend
en fain1 unecomedie ridicule, sous le titri: du .l/Wrr/// fmii'tt*'
i't illi fjfli'/JK'l men (1 '•
iN'ous voila aux. plus courts jours de Tannce, c'est pourquoi
j'ai doiine congi'1 a mes ec.oliers (dont le nombre esl pres de
trois cents') jusqu'apres les rois; alors je recoiiimencerai de
bon eieur, si Dieu m'en donne la force el le loisir, car je n'en
ai miere. Le roi a domu'1 le gouvernement de (iuyenne a
M. de C.i'eqiii . ci -dcvant ambassadeur a Koine Knlin le pajie
1 ( .dtf i-niiH'dio n'a point rli- tait<- ; on a cm 1'asoir reli mnee dan»
• ••- ilfi nicr- tnn|» . mai* iv n'cMil ipi'nn pastiohc. K. 1'.
\ i \ i. COM. i 7-2<i
est toiit-a fail inort , voila un grand bieu pour le> bons com-
pagnons qui out trop bu tie viu nouveau , puis(|u'ils en auront
uii jubile tout neuf. M. le Maitre de Bel I ej a me, president a hi
quatrieme des enquetes, est ici inort en pen de jours de la
petite verole. (7etoit uu excellent homine ; voils line grande
perte pour le parlement. Je salue de tout niou cu-ur M. Noel
Falconet, anquel vous direz, s'il vous plait , que le 23 de-
cembre nous avons ici enterre M. Bourdon , nion beau-frere,
procureur de la cour, qui a toujours ete inalade depuis trois
aus ; il est inort c.r cornqrtela substantial jjulnionis , a mppressn
orthritide , quo. lebornvit "20 uiinfn; i'rnt nutns /it/rente urthri-
tin> , ft ft'it ilb- inorhas (/(•nft'litiua. (Jut rf/'cf in fin' its, vcnit n
rndicibus huntoi\ sic im.trnni m nntos ubeunt cum seniine inorbi .
Je vous baise les mains , et suis de tout mon ca'ur votre , etc.
De Paris, le 25 deceinbrc 1(>(W.
LETTRE DCCC. - Aa
11 y a ici un certain jesuite , natit'de Bourses en Berri , His
du doyen des conseillers de ce presidial , nomme Bourdaloue,
(jui preclie aux jesuites de la rue Saint-Antoine, avec taut
d 'eloquence et une si grande aftluence de peiiple , que leur
i^lise est plus que pleine. Son pere etoit parti de Bourses,
pour le venir entendre precher a I'aris, niais il est inort en
cbeinin. C-cs buns peres de la societc le pivchent ;i Paris
connne un anye descendu du ciel. Scali^er le pere, en ses
/•.',r('/'<-/tiitii>i<s contre Cardan, a dit : (les precheurs out un ^rand
avanla^e, (K1 ee qu'avec leur esprit echauffe et lour babil
[ti'etendu ('vang(''li(|ue , ils iiieiient le monde oil ils veulenl,
si grand est I'auiour qu'on a pour la vie eternelle.
\ousperdimes, il v a deux jours, nude DOS collegues noni-
nit' Antoine de Sarte , (|iii buvoit son viu loiil pur, quoi<|u'il
hV. atrabilaire et assez inlinne. En voila six de> uotres(|uiont
7;;o 1 1- 1
passe la barque do Caron depuis un an. Notre doyen vient de
me dire que M. Seguin , medecin de la I'eue reine mere, 1'a
avertiqu'il nous (juiltoit et se retiroit de notre compagnie, et
voila le septieme de notre catalogue depuis un an. C'est qu'il
va prici' Dion et eompter ses ecus qu'il aiine taut.
.le vis dernierement M. de Lornie , qui etoit un pen indis-
pose , mais avec la meme vigueur d'esprit qu'en parlaite
santo. Tout age qu'il est , on dit qu'il veut se remarier, et
([uel(|u'un pousse a lui mettre eette i'olie dans la tote pour
I'amener au iriumvirat , qui sera un dangereux joug pour lui
et peut-etre fatal. Je souhaite (pie ee soit pour le salut de son
ame et [tour la rlialeur de ses pieds. Vous souvenez vous
des (juatre vt;rs <[ue tit Estienno Pasquier sur les trois ma-
riages de Theodore de Beze, ministre ;i Geneve , qui y niourut
Ian 1605?
I'.rores <v/o trcs carlo sum I CHI pore nachm:
CHIH jnccnis , him cir, fad us ct indc ncnc.i'.
I'ropler opus priwa rxt caddis mihijunctit
.(ltt:ra propttrr ope." . trrlia proplcr opvm.
annis .
On dit que M. do Vivonne a par commission la charge do
vice-amira! do France pour vingt ans : mais il y en a encore
qui veulont (pie M. do Heaut'ort if est point mort, et qu'il est
sen lenient prisonnier dans nne ile de Turquie. Le croio qui
voudra. pourmoi je le tiens mort, et no voudrois point Tetre
aussi certainement <|ue lui, quoique je no. voulusse pas dire
'.'online cot ancien ; •!<• it*' voinlrois //ax iinmrii\ ntms /<• ne ni<'
>v,//r/Y/v//s- /n'/iif r/'e/re I/tor/. I1!! autre dit (pie, c'est quolquc
• •hose (p.ie d'<Hre mort , et quo la mort no Unit pas tout. Kt
i'ii tout eela, je suis do 1'avis de notre cure. I iw , I'n/t.1 , >:t rue
mini .
!>•' I'aii-. Ir I'l jamirr 1()70.
LETTRE DCCCI. - At<
Je vous envoyai , avec ma derniere du 28 fevrier, uue
excelleilte these, Ih /Jalneo (iqtur tt>pid<t: iii rariolis ii'yi'i-
Hrumpeiitibus. M. votre lilsne sauroit mieux fain; quc cle la lire
et d'en proliter , il y a longtemps qu'on n'en a fait de meil-
leure ; la savante famille des Pietre est finie avec tout son
merite, et leurs belles theses aussi. Per me sit eonnn memuria
in benedictions.
Le cinquieme tome de Vllistoirc da I'Unioersite d<- /'«/•/>-,
fait par M. du Boulav, etoitsous la i)i%esse, quelques docteurs
de Sorbonne, mal contents de eet ouvrage, out presente re-
i|iiete an conseil du roi, et lui en out fait del'endre la continua-
tion, jusqu'a ceque sa niajeste en ait autrement ordonne. Je
ne voudrois pas direque ces docteurs de Sorbonne aient tort .
niais j'en connois quelques uns qui so persuadentcjiie tout cc
(|u'ils veulent est juste, et quiseroient laches de rien defV-rer
an sentiment d'autrui ; les pretres n'airnent [>as assez le bien
public , j'en suis persuade, et ils sont plus attaches it lour
particulier que nous autres gens du mondeet maries.
Le roi a ordonne que le chevalier de Lorraine n'aille pas
plus loin que Marseille, et qu'il ait la ville pour prison. On se
loue fort des liberalites (jue le roi a faites (lej)uis peu a Mon-
sieur et a Madame, d'autant plus qu'elles sont des manjues
certaines de la bonne intelligence de la maison royale , et
qu'elles confondent certain gazetier napolitain (jui avoit inju-
rieusement ecrit que le roi etoit Bourbon , et par consequent
avare.
Je viens d'apprendre la mort de M. Tubeuf . president a la
cliambre des comptes.
J'ai aujourd'hui parle a notre niedecin (Iressi' , il m'a dit
qu'il etoit satisfait cntierement de son barbier Griselle , qu'il
lui avoit pardonne , et <|u'il avoit quitte toules ies procedures
judiciaires. Oh! le bon chretien !
-;V2 ! I- I HIK> I)K LI I I'M IN
.!»• consullai hier pour hi seeonde Ibis avec MM. Braver et
Bourgaud pour un jeune homme de Lyon nomme Hervieux :
il est tort nial , son poumon souffre cruellement , en fin il est
t'ii grand danger ; nous y ferons ce que nous pourrons.
Le pere Annat quitte la cour, les jesuites ont mis en sa
place le pere Ferrier de Toulouse. Les jesuites de ce pays y
eussent bien voulu niettre le P. Deschamps, mais Us n'ont pas
eu assez de credit.
Notre comes Archialron est mal, on rne vienl de dire qu'il
n'ira pas loin et qu'il mourra bientot ; sa charge regarde
M. Braver; le Saint Esprit 1'a dit , habenti dabitur. Je vous
liaise tres huniblement les mains, et suis de tout mon coeur
\otre , etc.
De Paris, le 8 mars 1070.
LETTRE DCCCII. — Au
Par ordonnancede 3J. le premier president et de messieurs
les administrateursde 1'Hotel-Dieu de Paris, les six medecins
de cet liopital 1'urent assembles il y a quelques jours chez un
des administrateurs, alin d'aviser ensemble ce qui se pourra
f'aire pour empeclier le progres du scorbut, qui devient si
corn in un dans les libpitaux. A ces messieurs on y a ajoute les
deux medecins de I'Hopital -General , Florimond Langlois et
Hobert Patin , et deux autres de notre faculte, M. Braver et
moi. La difliculte n'a ete qu'eflleuree, bien qu'il y en ait deux
qui ainient a pleurer, (jui aient bien tenu le tapis. Enfin , il a
(He resolu que Ton nous menera visiter les lieux et entre au-
tres le ciiateau de Bicetre , ou il y en a grand nombre, etfjue
la nous cxaminerons les causes de cette propagation du mal ,
cl I'erons rt'llexion sur la nature des eaux (jii'on y boit , dt;s
\nits i|ui y souftlenl et d(;s aliments dont on y est nourri
Pour HUM , il me scmble que ce mal est invr/ics f of inn xn/t*rrii>-
A FALCONET. ?3.'i
titi- , maladie de pauvres gens el inal nourris, une lepre sep-
tentrionale et marine, qui vient d'une corruption particuliere
du sang el des parties internes, qui bouleverse 1'economie na-
turelle. Le bon pain, un peu de vin, du linge blanc , un bon
air, et au coinmenceinent de cette maladie une purgation me-
diocrement forte, y i'eroient grand bien , de interne quo de ne
boire jamais de mauvaises eaux. Strabon appelle cette nia-
ladie Stomacace. Elle est commune sur la mer , aussi bien
qu'en Hollande , Danemark, Suede et Pologne. Les Allemands
en ont beaucoup ecrit. 4e pense en avoir vu en ma vie plus
de deux cents theses ; inais ce mal ne se guerit ni par paroles
latines , ni par secrets de chimie. Qui gueriroit la pauvrete du
peuple gueriroit bien le scorbut (l). II y en a qui disent qu'il
y faut trouver un specitique ; mais c'est comme parlent les
charlatans et les ehimistes qui se vantent d'avoir des speci-
fiques contre 1'epilepsie , la lievre quarte, la verole, la lepre,
la goutte , etc. Quand j'entends ces contes qui sont pires que
les Fables d'Exope,\\ me semble que je vois un homme qui me
veut faire voir la quadrature du cercle , la pierre philoso-
phale, la republique de Platon, on la maliere premiere dans
le globe de ce pedant dont a parle Regnier dans ses .sv////r>.
Vale.
De Paris, lei 3 mars 1670.
LETTKK DCCCIII. — Au infimc.
Le testament de M. I'iircJieveque de Langros ordonne qu'il
lui sera fait une epitaphe d'honneur, et trente pistoles pour
celuiqui en sera rauteui'. Les exeeuteurs du testament en onl
(1) Ainsi quo boaucoiip d'uulres maladies; il esl remarquable , en
ellet, qticlc pt-uplc de noire epoque elanl moins miserable que du temps
ilt- (iui I'iilin . le scorbut v i".l devemi Ires rare. \\. I'.
,;Vi I.KTTKF> IJK (ill I'M IN
fait prior M. Francois Ogier, qni , ayanl la 1'article <lu testa-
ment , a aussitot repondu qu il ne vouluit point accepter les
trente pistoles legnees; inais plut6t qu'il en oflroit trente
autres , a la charge <jue 1'epitaphe scroit sans rien changer
ni iijouler, c'est-ii-dire qu'il semoquede faire une epitaphe a
iin tol homme, qui avoit laisse 10,000 francs au\ Chartreux
pour etre enterre chez eux , ce ([ii'ils out sagement refuse,
disant qu'ils ne vouloient ni de 1'argent ni du corps d'un tel
homme, '/i'i difitur nbii&sc >-.f wferi syjj/iilide. Je vous envoie
mi sonnet quo M. Ogier a fait sur son refus de faire une epi-
taphe a ce M. 1'eveque de Langres. Tout le monde 1'approuve
fort. M. le premier president 1'a fortementloue, et le roi meme
la vu et la trouve bon.
M. Arnauld ecril un livre <i<- In Justification ^ cjui sera tout
contre la morale des calvinistes On le inettra bientot sous la
presse , et d'un autre ctMe les huguenots font grand bruit et
se promettent mervedles du livre (jue fail leur M. (Claude,
ministre de Charenton , pour servir de reponse an gros livre
de notre M. Arnauld. M. Ferri , ministre de Mel/, y esl mort
depuis un mois. II etoit un des plus savants de sa volet1. Si le
cardinal de Richelieu ne tut pas mort sitot , il alloit I'aire
accorder les deux religions. II y avoit plusieurs minislres
gagnes pour cela. (\\ M. Ferri eloit de la bande, et en avoit
une pension de ^(\() ecus tons les ans : voila comment les hu-
guenots enparlenl ici. J'aurois peinea comprendre comment
se Inssenl accordes les ministres et les moines sur le point tin
purgatoire. C.'estun fen tout miraculeux . un article d'ini-
porlance, et (]iii, /i.ir sun ///y>7'vv ////>//>/>///• dr litmuc(,u ^ <li-
/int'ssi', fait aujourd'hui bouillir taut de marmites ([iii servenl
a nourrir tant de venires oiseux et tantde faineants, qui, par
M»II iiioyen . font bonne chere a I'ombre d'un crucifix. Yalere
.Maxime, qui ne connoissoil point encore de ces gens-la, car
il \i\oit sous Tibere, a dit quelquo part de fort bonne grace
'I11'1 l;l ville de Marseille jadis etoit si bien policee, (ju'elle
n admettoit point dans IVm-riiife de M-S murailles telles gent.
A FVI.CONKI. ?3f>
oiseux : /is clfwsas fjfii'fas luilx-l ym ftcr ii/ii/u/un re/iyioius xt-
muln/ioneni alhnriitu /'///•/•////' umi'runi. Penneltez-moi que je
vous deerive par un seul vers de Virgile cet animal encapu-
ehonne (jui s'en va <le porto en porlo cherclier des bribes ,
mendier des inichcs pour eniplir sa besace, et en iiuurrir des
freresufrelons, qui, conmie des mouches guepes, sans lain*
aucun miel , ibnt trop bonne chere de 1'aumone , de la clia-
nteetde la simplicity de tantdebons Chretiens qui leurdon-
nent. Le voioi :
Ignacum fucos pecu* a prwsepibns circuit.
Buchanan, dans sun Fi'tinci'scanns , on Kralres Fraterrimi,
n'a pas mieux rencontre quand il a si naivement d«-peint ces
bonnes gens, que ce brave eveque M. de Bellay appeloitor-
ilinairemenl Ics yen* tie r<mtr<> n\ond<>. Mais c'esl assex sur ce
ton; laissuns lii ees gens avec leur capuclion <le peur qu'ils
n'aient t'roid a la tete , et qu'ils ne nous supposent quelque
miracle qui nous donneroit de la confusion (l). \'nl<\
L)e Paris , le 14 mars 1670.
(1) Celle haine centre les ordrcs monastiques n'a tail qucs'accroltre
jii.->qu'a 1'explosion do la revolution Irancaise. Dans le \vnir sierle ,
on n'employa pas centre eux des persecutions , rnais ils iiirent I'oljjet
des railleries perpeluclles des philosophes .t des auleurs conutpies el
ties poeles. Lue des plus singulieres dans ce {jenre est le petit omraye
du ('oinle dt 15orn , savant naluralisle qui \ ivail a la cour de Jusej>li 1 1 .
(.el ouvrage narul en 178'2 , et dej>uis il a etc Mjuvent reiinpi iuie.
l,e ooinle de Horn conqiare les inoines des dil'ft rents Klals a des in-
secles, qu'il examine, qu'il classe, (ju'il etudie d'aprcs lenrs caracleres
exlerieurs et speciaux. \ oici le litre de son oiivragc:
MoNACUOLOr,iA , fiyuris Injno inrisis illnstratu.
On lit dans la preface :
Inopinatum yenus novum delexi , quod hominem enliutn creato
ruin perfectissimum , cum simia , stultitsimo anintuli , ronnectut
arc tins • tanlum qiiK liiatnui lioininem inter et simiani repleat. Mona
736 i.KTTiU'S m-: en PATIN
I.ETTKK DCCCIV. An mnnc.
Ma derniere n'a <He qu'un pot-pourri deplusiours nouvelles
nial agencees ; j'espereque celle-ci sera un pen plus reguliere.
On me vient d'apprendre les deux vers qui suivent sur la
fortune du roi de Pologne , qui de jesuite est devenu rt>i , et
de roi abbede Saint-Germain des-Pres, ou il vit aujourd'hui
aver les moinesqui sontbien plus fins que lui.
DC won acini rec/en) , monachum de rcgc , Polone.
Hft'c tun I Caximirw fort id (jesla damns.
.)e iraite ici un bonnete bonnne de Lyon nommeM. Remy ,
(jui est dangereusement malade de la double maladie (jite
(juelques anatomistes et medecins italiens ont fort propremenl
appelee Pleuroperipneiniinniti , inflammation de la plevre cl
du poumon. On Ini a di^ja ouvert la veine plusieui's fois; mais
on ne lui a pas tire une goutte de sang, mais seulement de la
pourriture et de laboue. J'y ai fait encore appeler M. Blondel,
(jui n'en a pas bonne opinion non plus (jiie moi. Xeanmoins
Dieu est sur tout. l,es predictions (It's medecins ne sont p;is
des arrets d'un prevot. Le malade est un liomme cbaud el
clium /J»(o, yenus , liuinanam (brmnm mentiens , (juamris diver-
sissimum ab l/omine (Joannes pliysiophyhis lectori nalnlent. )
DEFIMTIO. Animal anthropomorphum ; cuculUilum ; noctu ejnlans:
$itiens.
DESCHIPTIO. Corpus itwnachi bipes , ereclum , ilorao incttrvato ,
capite ilepresso , semper cunillalum et nndequdtfue vestiliim , si in
specielus quibusdcim caput , jtcdes, annm , inanusqite nndas excipias.
Cirtprum : anitnnl arannn, fcptidtim , imunindum , siticiilosum . iners.
inediam jiotnis lalerans qiunn luboretn . ftc.
\ifinient ciisiiilc les differences, les espetvs , les variete> . etc.
(.et ouM-;i{;o . dViilleurs cnrieiiv . purle evideinnienl le cachet de I'e-
|mi|ue on il fit! |iidilie. 'H. P."
A KAI.CONF.T. T.T
violont, (|tii a encore de la vi^ueur, sur quoi jo fondo ee quo
j'on espere de reste.
On dit ([lie (jiielques cardinanx so s<mt baltus dans le con-
clave. Si cola est vrai , no pout-on pas appeler cela fain- mi
papeii coups depoing? I'"//-.
De Paris , le 20 mars H570.
LKTTRE DCCCV. — ,!// menu-.
Nous avons ici des malades quo I'liivor a fort incommodes,
el qui s'attondont au lait d'anesse, dii(|iiol jo n'ai pas encore
ose mo sei'vir qu'il n'ait lait un pou plus cliaiid , et (|iu; lo
soloil n'ait amende par sa chaleur la erudite du sue des
lierhesqui sont sur la terre.
On lait ici divorses loteries, tant richosquo mediocres; enlin
elles out ete defendues , sous ombre qu'il y a trop pen a dire
enlre lotorie ot lilouterie.
Je vions d'upprendre quo 1'ernpereiii1 vent ehasser tons les
jail's do ses provinces ot dominations , et quo cela so Cera nvunl
la Saint-Joan. Le parloment de Mot/ en a fait bruler un tout
vif depuis trois mois , dont les jail's en out fait do Brandos
plaintosaa roi par des deputes qu'ils out tout oxpres envoyes
ici. On parlo ici d'un certain M. de Varillas <pii sail beauooup
do clioses , (jui t'crit fort bion , ct qui s'on va nous donncr
I'liistoire do quolques uns de uos rois. On dit i|ii il cun:inen-
cera par Henri II , Francois II . (Charles IX et Henri III ; mais
(pi'il en domourora la sans lonelier a Henri IV ni aux deux
suivants, LIMIIS XIII et Loins Xl\ , iliiriiiu < n/n/ i-sf u<- jn'ru'ii
/I/Sit* ult'iiiuii njilix iilc/i' ln.<lnriiiin >v// ti'mjHii'i^ ntnsrrihi'i'i . Ken
M . le president de I'liou , qui a si bien fail , n y a reussi qu'aux
depens do la vie de son pauvrelils aine II tail tort dangeroux
de louiber enlre les mains d un tyran irrile. Apres que |t-
premier tome aura ele prodml , i! donnera les anlres rois .
~:;s i.m-i<K> I>K (.11 PATIN
limit ii conmieneera I'histoire a Charles V, el ensuile il
domier;, (Diaries VII, Louis XI, Chai It's VIII , Louis XII,
Francois I". Oh ! que 1 histoiie de ees six rois sera belle, s'il
en (lit cc (|iii est vrai , et qui n'est pas commmi , conime de la
maladie de Charles VI, qui Cut si longtemps t'ou , que la
France en pensa passer a Henri V, roi d'Angleterre, et des
amours de Charles VII , qui leuoit bien de son pere du cote
de 1'espvit , inais (jni tut bien plus heureux que lui a chasser
les Anglois de son royamne par le inoyen d'un batard d Or-
leans , eointe de Dunois, et de cette brave purelle d'Orleans ,
dans 1'histoire de la(puelle il y a bien du roinan ! Tout y est
ineertain ; jem'en rapporte a cequ'en out dit Kst. Pascjuier,
M. du Bel ley, Denis Lainbin , Du Haillan, ('.. \aude et plu-
sieurs autres qui disent qu'elle ne t'ut point brulee a Houen ,
el que I'on jeta dans le feu nn billot de bois ait lieu d'elle, et
qu'elle I'ut renvoyee en son paysde Barrois. Apres Charles VII
viendra Louis XI , qui fut nn etrange conipagnou , habile.
niais rude et ineehant , <pii lit empoisonner son t'rere, ipii
supposa un enfant qui re^ua apres lui sous le noin de
CJiai'les Vlll. Ce Louis XI fut un dangerenx inaitre, qui lit
bien des failles , et surtout <pii nous laissa perdre les dix-se|»l
provinces du Pays-Bas , (jui etoient le patriinoine <h> Marie,
lille unique do Charles, re inalheureux due de Bourgogne <pii
I'ut tue devant Xanci Tan 1 17? ^il la falloil niarier aim prince
du sang,, qui fut 1'aieiil de Francois l''r. Apres Louis XI parul
>ur le theatre Charles VIII , jeune iKjinine sans science et
experience, qri se laissa trop gouverner, et qui inoiirul
bienl<)l apres. Louis XII suivit , (jui fut le pere du peuple,
(ijitiinii^ hniioriiiii : j(! lappelle ainsi , tjtitu tifitnimx illc
iji/i ///in/ ;nis u/'(jt'/i<r, (lint <l until. i:<il nli/i illi nlij U'lniittii', i/nu/l
jiiiTit mnin'1'dSHs >•/ in'uriix , dont I un suit de pres Ihuinanite
el I'autre la iK'cessite. Pour Francois l'r, nous lui devons ceci.
qu'il a rendti la France sa\ ante , el (pi'il a fait et fonde les
professeurs du roi. Dim veuille leur iiardonnei1 a tons tanl
A KAU.ONET. 73'!'
qu'ils sont (I). Toules les villes frontieres tie notre J'ieardie sont
pleinesde gendarmerie, sans en savoir le [>oiirquoi, non plus
(jut: quand le roi parlira pour aller en Flandre. I'milf-ns ///-
turi tanjiuris rxitto/t cnl.iifinusn nocte ftremit I fans. 11 vient tie
sovtir de ceans un honnele homrne, (jui (lit <|ue le dessein du
roi est si fort cache que personne n'y peut rien connoitre.
On s'etonne ici de ce que les cardinuux sont si longtemps
dansle conclave sans t'aire un pape. Je pense que les brignes
de ces gens-la , et les iinesses politiques les plus rusees rie
manquent pas d'etre misesen ceuvrepour une affaire de telle
importance, et que la malice des homines y est autant em-
ployee, et aussi bien occupee , que le Saint-Esprif du(|iiel ils
se targuent ; et me me je crois que ce bon seigneur t'era bien
sagement de ne s'y rencontrer de pour de tomber en inau-
vaises mains (2).
Le roi vint hier, ce 9 avril , a Paris de Saint-Germain-en-
Laye, et le meme jour y retourne; il y fait quelques visites,
et entre autres, il tut an Louvre, ou il pronori(;a sur le dessin
du bailment et sur I'ordre qu'il veut etre garde pour en
acheyer le batiment, a tjuoi on vatravailler toutde bon. (m
dit partout que le voyage est certain, bien que la cause en
soil inconnue; car de dire que c'est une promenade pour le
roi et toute la cour, on repond que ce n'est point encore la un
temps proprepours'aller promenersi loin. II vaut mieux dire
1) ('e tableau d'tine parlic de Pliistoile de France, fait la Demerit « t
ii grands traits , ne inai)i|ue pourtanl ni de juslesse ni de ve'rile. 1{. P.
(•2 Cos reflexions do notrc autetir, liabiluelleinenl j^roiideur, fion-
deur, querollour, ne soul pourtanl ici que ['expression de ee qui e>(.
I'ersonne n'i^norc que souvenl dans rolertion des papes . la lutte des
(actions opposeos , I'inlrijjuc, les ruses, lescontre-ruses de la poliii(pie
la plus delict-, (onl un trisle conlrasie a\ec I'objet ineiiit' de ces
assemblers dc cardinaux. Duclos , dans >on Voyaye d'ltalie . prelend
neanuioins que loules ces ruses soul souvent inutiles . et quo le- au;yusle>
conclave* terininent el se separenl quelqueiois par IViiuui . la chaleur
et les punaises : « Car, ajoute-l-il, le Saint-1'.-pril se serl de tout. »
~ 1() I.KTTHES DK (il'l PATiN
qne persoime mi sail ee grand secret que In roi , et tons eenx
a (|iii it 1'a rcvele : e'est mi niystereetune enigme, dnqnel le
temps nous apprendra la verite.
.lc vousprio cledirea M. Spon qu'il ya bien deux moisqne
je lui inaudai <|iu: M. Sorbiere, son ancien ami , etoit hydro-
piqueetasthmatique. Jenel'ai vu qu'unefoisdepuisce temps-
la. Aiijourd'liui je puis vous direciu'il est mort ; je viens de
reeevoir son billet d'enterrement , et demain on fera son
convoi ;i Saint-Eustaehe (1).
Je viens ci'apprendreque le voyage du roi estremis au T> mai
a cause du manvais temps.
M. de la Hoguette, neveu de M. 1'arclieveque de Paris, a
tue de guet-apens nn gentilhomme, parent de M. le chan-
cel ier. Ce meurtrier est en prison ; son oncle n'en a })ii oblenir
la grace.
I! est ici mort depuis pen de jours un grand serviteur de
Dieu , nomine M. de Saint-Pavin , grand camarade de Dtvshar-
reanx , qui est un antre tort illustre israelite, x/r/w/^r /'us i>sf.
On )>arle Cort ici d'un sermon (piele pere Bonrdalouea I'ait
ccs (liM'iiiei'cs (V'tes toucliant nn cure d'Angleterre , et nn cer-
tain adultere a qui on donna absolution. On (lit que le sienr
Valot est hydropique et astlnnatiipie , et de j)lns, ipi'il a nnc
maladie ipie llabelais dil ctre incurable, a cause des amices
passees, <pii est la vieillesse.
Lc cure de Saint-Nicolas n'a pas voulu donnci' ['absolution
a M. (It1 Saint-Pavin , (jn'il n ait auparavant jete dans le ten
son testament , a cause de la vie scandaleusc qu'il a meiu'-e,
et <ju'ii n'ait fait des legs pieux du hicnijiii lui restoit.
llier moni'iit ici le coininandeni' de Jars, age de soixantc-
sci/e ans. Jevous baisctrcs humblemenl les mains, cl sins de
tout mon '.'n-ur votre , etc.
!)«• l>arii. !<• 11 a\ril 1(570.
A I'AU.OM.! . 7 I
LETTKK DCCCV1. -- .\u m<w.
J'ai entin rei;u la votre ot des nouvellesde votro saute. Dieu
soil lout'1 <|uc la goutte soil passee. Lc roi a bien ri des vers de
M. Ogier, (|iii me scinble bien vieillir. II n'a pourtant (jue
soixante-douze ans; il a toule sa vie eliulie, il est devenu
tort savant et fort vieux, et puis pour salisfaire la nature il
I'aiit inourir. Le cardinal de Richelieu lui avoit promis nn
eveche , mais il mourut quin/e jours apres. La reine-mere ,
Anne d'Aulriche, lui en avoit promis autant , Tan 1(543 , pom-
la harangue funebre du feu rui Louis XIII , (jii'il avoit recitee
dans Saint-Benoit, avec I'applaudissernent et 1'adiniration de
tout Paris, el neanmoiiis elle ne lui a rien doime ; mai> il a ele
(|iiel(|uet'ois pave d'une pension que le roi , par gratification ,
fait tons les ans payer a quelques savants. 11 lit, il y aquelque
temps, une oraison funebre sur la mort de Philippe IV, roi
d'Kspagne, qui fut fort i*ien recue. Ses pauegyriques sont im-
primes en deux tomes. Href, il est fort use, grace a 1'etude
et aux veilles qui ruinent ordinairemeut la saute.
Je vous remereie de votre livredu scorbut, dont plusieurs
Allemands out ecrit. On ne voit point ici cette maladie che/
les bourgeois, mais settlement chez quehjues pauvres gens et
dans les hupitaux, comnie dans le chateau de Hicetre etdans
la Savonnerie, oil les pauvres gens ne buvoient (pie de mau-
vaiseseaux; mais M. le premier president et les aulres admi-
nisti'ateurs y out tlonne ordre , et en out retranche beaucoup
d'abus.
(]r medecin Michar, dout vous me parlex , est eelui <pie je
IK; vis jamais. .l'a|)prends (pi'il est du pays d'Adiousias, du
Dauphiut'' ou de Provence, bon vivanl , <pii boit el mange
comme un autre , et <pu est pen savant , si ce n'est du ci'ilc dc
la bouteille. Le vin pur n'a jamais giicri [)ei\soiine C.e sont des
routes et des chansons des ivrognes. Martial a dit d'un Phrv-
gie.n : I ittt'.iti I'liri/.i: orulux lii/nt ccitc/nnn. L'u un hydropiqiic.
7-1-2 1 I'.ITUO in. t,U I'ATIN
je dirois //'•//"/• >'t //''//. Knlin le roi est parti. IHou le veuillo
him condmre et ramener triomphant et en bonne sante! Pour
Ic conclave , c/est cbosc etrange quo ccs MM. Ics cardinaux
nc piiissont s'accorder dc laire un pape; pourtant, (ju'ils en
I'asM'iit nn s'ils veulent ; je uem'en soucie guere , et ucsuispas
dcs plus presses. Yale.
IV Paris, Ic30avril 1(570.
LKTTKK DCCCVII. — \u meme.
II y a ici tiuantitc dc liovros intermittentes et doubles tierces,
niais je vois bien soiivcnt , et prestjue tons les jours , do la
verole, dans la cnration de laquelle DOS cbirurgiens sont pen
intelligents, bion (pi'il n'y en ait pas deux qni n'aiont envie
do s'y Cairo apjtoler inaifi'e Jean. On pourroit accuser cos lial-
Iftliardiors de Saint-CxMne d'i'tre cause do la rn'ipionco de cc
inal , /i/'n/tff'/' mulf riimtfi* Imn )iniltns i/(iiio/T/i(('(is ct fiu/toncs rc-
iif/'ciift 5 iin.i In/' (/fiixxtin/i/f.
II in'est aujourd'bui tonilx; enti'e les mains nn livre im-
pviino a Lyon, intitule ./w</// /'/•////^/•os// , </c rnl.(ji t'rrui'ihiis in
ini'ilii-iiKi ( I . II y a la dedans do fort bonnes chases et bleu
ciirienses , et fort pen do mauvaises , sinon (ju'il ost trop bardi
dans rusago on plul<%>l dans Tabus des roniedos eliimiqnes ,
coinnie aiitiinoine . laiidaniiin , etc. (lot auteur eloit nalit'do
Bordeaux, tils d'uii ininistre (''('ossois, et <|iii avoit o.tudie a
Paris ^nus M Si'^nin , iivoc line pension quo lift donnoit lo
roi d . \nuleterre ,lac(|ncs . le roi dn savoir.
II y a du bruit enlre relectenr <'t los bourgeois do (lologue,
• pii ponri'a 1'ieii alluiuer la giiorre outre eux , dont le roi
>e pourroil bicn unMer en so declarant pour nn parti : inais il
v a apparcnco qne les eiincinis de la l'"raiico, et outre autros les
V KAI.Co.Nh T. ~'^
Hollandois, prendront I'aulre. Si Ton en vient jusque la. I e-
veque de Minister, les Anglois et quelques princes d'Alleinagnc
nti inanqucrunt point de se declarer et de s'intiiresser pour la
raison d'Etat (jui gouverne aujourd'hui le monde, rjui est ton-
jours I'iiiteret de chaqne pai ticulier, et la chemise de lYune
dii .genre hnmain. Pour un pape, ce sera quand il plaira a
Dieu ; j'attendrai cette election le plus patiennnent <pi'il me
sera possible. 31. le Marechal est mort le 5 inai , age de qua
tre-vingt-dix-sept ans , d'antres disent cent deux (MI tienl
faux le bruit que le cardinal Fachinelti etoil pape, d'autres
nomment le cardinal Altieri , a quoi il y a plus d'apparence
Vale.
l)e I'aris, le 1-2 mai 1070.
LKTTRE DCCCVIII. — An nrinv.
Jt1 vous inandai tout ce que je savois par ma lettre du 1-2.
Madame la dnchesse d'Orleans n'est point encore partie pour
aller en Angleterre , (it il n'y a encore rien de certain sur
I 'election d'un nonveau pape. Pour le roi, il est constant que
son voyage ne durera pas si longtemps (jue Ton disoit il y a
un mois. Us out tronve en ce pays-la beaucoup d'enipeclie-
rnents en leur passage a cause des eaux. Sa Majesle a aujour-
d'hui couche dans Arras.
Eulin le bonhomme cardinal Altieri est pape, age de
S2 aus. On dit qu'il est romain . il<- ///////////• i/itit/nn. et que
celui (jui le suivra (\st manpie sous 1'epitliete de hcllnn rurn./-.
(Mi! que ce litre convieudra au (irand Turc ! s'il vit^it en
Italic pour y fa ire la guerre, comme elleen est bien inenaet'-e ;
el si cela arrive , ipie deviendronl tanl de colonies d»i gens
oiseux . de venires paresseux , tant de troupes de moine> qm
son! en ce |»ays-la, et <|iii vivent sans rien t'aire a Idinbre
d'un crucilix, i/m f»'i' alii/nnm relit/nuns ?uini({rtfi<ini')n alinwnffi
IHCrt It I' ffltlKt'Hllt '?
" i i IK I I liK> l)h i,l I I'A I I.N
Hi: parle ici d nne nouu'lle assembler du clerge qui sera
composee de plusitMirs arolieveques , eveques, disputes du
second ordre et ties agents <pii sont deja relenus. Les lettros
d" la com' portent quo le roi sera de rclour de son grand
voyage de Klandrele 1(5 juin prochain a Saint-Germain. Dieu
veiiille hi. MI les ramener tons en bonne saute; mais nous ne
suvons p;is encore si niadaine la dueliesse d'Orleans est en
ctal d'idler a Douvros |)onr y voir le roi d'Angleterre son
i'reiv.
.le vons I'eniercie dc; votre derniere lettre du {» mai. Depuis
i|iie le roi esl parti, j(; n'ai rien entendu dire de romitc ar-
chititi'nu , in de I'aiiire tpii est ici , sub fn'ii'tcjctu c<ih'id< : <ul cujus
('./_•( /'tirfitiiH'iii ,v/ di'ci'iiinhir , jt; ne sais lecpiel ties deux (^olot
sera clioisi, il ne in'iiii|»oi'tt: ; mais ce gascon est bien atra-
liihnre et me seinhle de niauvaise chair, .le vous trouve bien
lieiireiix d'(Hreanx bonnes graces de M. Denyau le Ills, puis-
ipi'il vous a envoye sa harangue. \'est-ce pas un chet'-d'auivrc
de I art oratoire? Notre College Ho val voudi'oit pourtant bien
qu'il ne 1'ent janiais Fait imprinier ; plusieurs autres out ete
Faites ;i intMiie dessein, <|iii n'ont pas vn le jour, (les impres-
sions appajiiennent a Tnrnebt! , a Lainbin, a 1'asseral , it
i'.ritoii, a .M. Bourbon, a MM. Valens el Granger, ;i MM. hu-
val el Moreau . du (Ihevreuil . I'adet et autres illustre>, avec
lesipiels ce petit inirmidon n 'enlrei'a janiais en parallele . .si
cc n'esl coinme tin petit luiiii^noi) de cliandelle . mil linn/nun/
lit/ii film it/mi* , avec le soleil ; mais que laire? Les aveugles
enragent de \oir clair, les boileux veuliMil courir ; iln'ya
jioinl de corps <pii n'ait sa partie honleiise. II nous Fant
prent Ire patience, pen t-etre (ju'il s'aineii(Jeraet((Li'il devientira
plus sai;iv II esl encore bien ignorant, bien sainit-l et bien
innocent : aussiest-il encore jenne et bien hadin.
.1 ai entre mes mams deux de nos coinjiagiions jiien ina-
l,idc> ipn languisseiit en attendant que le beau temps vienne.
!.'•> rhuinalismes de I hiver p:isx- mil de la peine a s'en alter.
pisie , in aticun dangereiix reste; pour It: scorbut, il n'y en a
tantot plus, il n'a point ete inalin cetle annee.
Quelques mis parlcnt du roi d'Angleterre (jui a epouse la
princesse de Portugal , il la veul repudicr a cause desa steri-
lite, comine cut I'ait Henri II a sa fennne Catherine de Me-
dicis , si Kernel lie s'en Cut lieureuscnient inele , de laquelle,
par une insigne liberalite , il recevoil chaque I'ois qu'elle ac-
couclioit 10,000 ecus , a ce que (lit Louis d'Orleans , en sa
Ptante humaine i et qu'il ni'a dit autrefois lui-meme ; je I'ai
connu 1'an 1626 , et je me souviens bien de di verses choses
qu'il ni'a dites(l). L'annee suivante il tombaen unepleuresie,
pour laquelle il fut saigne deux I'ois el en guerit, age de qua-
tre-vingt-cinq ans , el ne inourul que deux ans apres. M. le
ooinmandetir de Souvre, (jui est aiijourd'liui grand-prieur de
France, est niort agt'- de soi\ante-dix ans.
On me vient d'asstirer quo M. Colbert, le capitaine des
mousquetairrs , a ete disgracie dn roi pour (juelque pla'mte
f'aite eontre lui , et que M. de Louvois n'est |)lus gthieral des
postcs, ff nl in ijituqui' (Itcitntitr, ft c/m/i rircmiifc'i'itntu)' per r/t(-
ijn>; , <[iu<' tntd non jjuasftitf net- dcbctit C/iai'fct' cninnntti (2).
On dit (|u'il y a un code criminel nouveau que le roi a en-
voye cliezM. le ])remier president , et qui sera envoye an par-
lenient apres le retour ilu roi. Mon tils aine t'-toit alle a Lagny,
on il a tiut'hjue bien du cot/1 de sa lemnie, a la fin du caremo,
pour y prendre du lait d'aiiesse ; ce qu'il a tail et n'a gueri1
scrvi ; lasaison a ete contraire jusqu'a present, cela 1'a oblige
de re\ciiira Paris, oil je le trouve bien nial fail, avee une
fievre lente et de mauvais eracbats ijiii me font grand'peur.
Nous n'avotis encore en dejmis Piupics d»> beau temps (me
deux beaux jours , htfc/'p>i tnttjefid' ni»/'fiin< (jliscittjw nu-dcndn ,
vl (Ti'sl Ic M-ul aulcur qui allinno co iail . quo Pun peul n-^ardfi
ciiinnu1 apocryphc. ^H. 1*. ]
,'2, I, cite reflexion prouverail-elle <nie le calnnei notr cm 1'un dec;t-
clielail les letlres , exi^tnl ilcjii .' (,t>l iniaine al»u> «!»• confi.ince senible
a\oii rxiste de tuut temps el sou- ton? les j;ouu nieuients. Jl. P.)
r.Kirui> i»i: i.n I'ATI.N
/v/r.
ifiriiiuntiir. O me niiwrtim in /iliix //W.v.'Si Di
vent , il aura pitie do nous. Jo vous baise tresliumblement le
mains , et suis do lout mon cirur votro , etc.
I)r Paris , le 23 mai K570.
LETTKF DCCCIX. -- Au
Jo suis lotijours en peine do Tissue do la maladio de mon
tils aine , Hobert Patin; nos remedes 1'ont inerveide [)artout,
mais ii n'oii revolt guere do soulageineut. Mon Dion! que de
malheurs en la vie/1) ! On dit<|U(! le roi paroit t(jut relbnne,<;t
<|u'il s'en va viM'e dans uno Brando saintete; cela sera fort
bon [tour les paysans, si, on memo temps, il diminue la taille
ot los impots. Dion luion I'asse la grace , el do vivro encore
ijuatre-vingts anscn co bon etat! Dopuis Hugues Capet , <[ui a
ott: le cbof <le la troisieme race do nos rois, il n'y on a qn'nii
i|iii ait attoint 1'an soixanto de son age, qui veritablement
etoit un habile bomme, mais dangoreux ot mediant prince:
e'eloit Louis XI, par la laute do (jui nous avons perdu les
Pays-lias; s'il n'eut Tail parson maudit caprice cetle signalt'o
fan to , il auroit ('pargiK' la vie a plusieiirs millions d'hoimnes ,
et la uiaison d'Autriclie no seroit |>as si elevee. Tons les an -
tros rois out oto malheureux on debaucbos. Louis XII et
Francois lrr out mcrite d'etre loues par la posterite : mais
Henri IN' a sauve la Franco ot 1'a retiree des mains des liuguo-
nots et des ligueiirs, ipii eloionl devenus fiirieux , i ni'liriuti
II<K iiln cf -fin iTHi'utu rt-l i<ji»inx ; a ipioi its tHoient portes par
['ambition du |iape (i les pistoles d'Kspagne, n qim dnplwi
rt/t/sit linn ninth I'ntiii j'lii'rmil miwrc flfcct/ff. La famillo des
oi<eaiix niais etoit alors Ires grande: il n'y en a plus tai.t an
|ourd'liiii, le nioiide est bien deluHe, IHell inei'ci. et le> llloilie>
qui out raflint'- bien do gens.
1 N me/, la Icllrc snivanto.
\ i A i,( :«•>!•; i. 74?
On dit quo Charles, due de Lorraine, est mort. Voila un
prince qui a bien i'ait du nial ii ses propres sujets , et qui a
bien mine du niunde par sa laute, et incme son pays et sa
inaison ; personne ne perd a sa niort taut (|ue lui. M. Ii: car-
dinal de Ketz est parti de Koine, apres la creation du pape ,
pour revenir aCommercy, oil dans trois jours il est attendu;
inais la inort du due de Lorraine neoausera-t-elle point quel-
ques troubles ? il y a longtemps que ce pauvre pays-la est
al'flige par le mauvais conseil de ce dernier due , qui n'a pas
etc plus sage (jue Charles, dernier ducde Boulogne, qui tut
tuc Tan 1477, a Nancy, sous Louis XI.
Mon Ills aine vient de partir, ce inercredi 2S inai , a six
heures du matin, avee sa lenune et sa mere, dans deux car-
rosses , pour s'en aller en notre inaison a Cormeitles y pren-
dre du lait d'anesse taut qu'il voudra. L'air y est fort bon et
rien ne lui inaii(|uera, inais neanmoins j'ai bien peurdu reste;
pint a Dieu <jue j'en fusse mauvais prophete : nos aneiens
n'ont point trouve de nieilleur remede que eelui-la , je prie
Dieu qu'il lui profile. II est embarrasst'1 d'un pernicieux nial
qui a trop I'orteinenl attaqm; son pounion par sa faule. Son
obstinution t;t le grand hiver passe , qui a dure trop long-
temps . en out augmente le danger et retarde sa guerison.
Xos docteurs (|ui Tout vu a ma priere, ne peuvent esperer
son saint que par ce remede,, (inli-nus nuxfi-r lil>. .'), Inli'a <i>ijrn^
/n uiui i'i ri' <untin(ltit)(it ad imntti'iit Stohnntuin , ti/if/i- jin^li'ii ,«DI>
r<'r<')'t"l><intiir /{ninnin, ifinttl ulininn sir na/iiy fnii/hifjnf. 4e le re-
eommande anx bonnes graces et aux prieres de madame
Kalconet. Jt; vous baise les mains, et suis tie tout moil cunii1
votre , etc.
l)»- I'aris , le 30 rnai 1G70.
7-1 s i tmifc.- i>h (,i i I'.vm
LK1TKK IU;CC\. -- \umtnte.
.le vous ai ecrit , ie 30 inai, le mauvais etat oil etoit reduit
men lils aine , il esl die/ nous a Cormeilles avec sa temnieel
sa mere. II y prend du lait d'anesse <[uatre t'ois le jour et dans
mi grand repos , u peryunta de.rtru defend i jtvxsaitt, ef/n/// hoc
f/cfriiKd ftiiwiit. L'air y ost fort bon,bien pur, frais et sec, an
pied d unc. belle niontagne ; mais le inal esl grand el dange-
renx , puisqn'il esl dans le poumon , parlie necessaire a cha-
ijue moment de noire vie. Je prie Dieu qu'il nous assiste deses
graces , et qu'il veuille enlin avoir pilie de nous. (Vest un me-
diant metier que d'etre pere.
On parle fort ici de la langueur dans laquelle se trouve
M. le diancelier ; mais xatwftis i/wi. iimrbux cat. Si cette belle
place vient a vaquer, il y en a qui la designenl a 31. le grand
C.olbert , ;i M. Pussort son oncle, a MM. d'Aligre on le Tellier ;
pour nioi, '^ la souhaile a cdui des (jnatre cpii la meritera !«•
inieux ; c'est le solstice d'honnenr de nos honimes d'Etat, de
nns politiques el savants jurisconsulles.
Madame la dudiesse d'Orleans a passe la nier , el elle esl
pivsenteinenl en Angleterre.
Le (-ode criminel esl enlre les mains de quell] lies messieurs
de la grand chanihi'e , (jui le doivenl examiner avant qne de
It; verifier en parlement. Les a vocals el les procureurs en
grondenl deja, car il diininuera leur gain. L'interel e«sl an-
jourd'hui le jiremier mobile (jui enlraine avec; soi lous les
liomines. Je dirai avec Tertnlien : .\d hue WOHI/IIH I)t;us m^
lirtnl u.rit . II n'y a (pie bonhenr el mallieur en ce nionde.
f.es Hollandois out empedie quelque dessein ipie le roi
avoit en son voyage; penl-elre (pi'enlin ils s'en repentiront :
( cs iKiuveanx rt'publicains font les enlendus pour avoir lien-
reiisemenl secone le Jong de la soiireilleuse , supei'bi! el pres-
qiii1 maratre maison d Autriche, wd wijuilm' n l« ryn //n/s i/i
a lail iLaulrcb miracles et plus grands que
A FALCONET. 7^<>
celui-la. Dans les histoires do Taeite on deerie los Bii laves ,
pro^ter iimatam yenti ylariam ; ce sonl les monies qu'aiijour-
d'hui, les Hollanders.
Les marchands se plaignent fort ici , disant que le negoce
ne va point et que 1'argent ne ronle point , sed ejusnuxli ho-
mines Mercurin dcditi semper conqne>'untitr. On (lit (ju'il y a eu
cette semaine trois banqueroutes dans la rue Saint-Denis , d'un
nomme Hoileau, Neveu , etc.
Enfm , monsieur, je suis desole , o me miserum ! mai\ (Ms
alne est mort le premier juin (l) , Dieu veuille avoir son tune!
il est mort bon cbretien avec grand regret de ses fautes, <-t fin//
tnaximn in Ckristum fiducia. Je prie Dieu de bon cceur qifil
vous conserve et tous ceux qui vous appartiennent ; il ne faut
point aller si vite , on meurt assez t6t : Immodicis btvrts fat
wtas ft ram sencctns. Le poumon se gate trop aisement par
trop de sang. II est mort a Cormeilles oil il avoit ete mene pour
y avoir un air plus pur qu'a Paris. 11 est enterre aupres de
sa grand'mere maternelle et son frere Francois dans la clia-
pelle de Xotre-Dame pres du cha'ur. (Juiwtit hi puce. Je suis
si fort abattu de douleur de cette mort, et si fort fatigue des
voyages quo cette malarlie m'a fait faire, que je ne suis capa-
ble de rien ; je vous prie d'en temoigner ma douleur a noire
bon ami M. Spon, auquel je n'ecris rien de ce malheur taut
(jue je suis af'llige, et dont me me je ne demande point de con-
solation; il faut que je pleure toute ma vie un fils si savant ,
et que je puisse dire apres cot ancien (jui ne pouvoit plus
pleurer , plorando fcssus ITHIII. II laisse trois garcons et une
petite lille, dont 1'aine passe neuf ans et duquel j'espere quel-
que consolation , d'autant qu'il a bien de 1'esprit , <|u'il ap-
priMid bien, et qu'il est fort gentil ; nous en ferons ce qu'il
plaira a Dieu , (jui tienl en sa main la bonne et la mauvaise
fortune des homines.
On (lit que le roi sera de retour a Saint-dermain le S jii'm ;
1) Robert I'atiii. ne a Paris Ic 11 aoul
•;;>() IKTIKKS i)K (III I'AilN
que le grand-due de Toseane est mort aslhmatique, age de
soixante-un ans, et qiie M. de Chaiilnes revient avec M le car-
dinal dc l»oi:ill-->n On parle anssi d'nn ambassadeur extraordi-
naire de Hollands qui doit bientot arriver. Le roi sera Ie5juin
dans Kcauvais , oil il eelebrera la Fete-lMeu. Je vous baise les
luains , et suis de tout mon c<eur votre, t;tc.
Of Paris, Ie4 juin KiTO.
LETTHK DCCCXI.— AH
Un dit (jue le roi ira prendre Fair au bois de Vincennes, et
(ju'il cnverra son (lode criminel nonveau , (jui est aujourd'hui
die/. M. le premier president, ei> la grand'ehambre, pour etre
veritie avec diverses suppressions , n ijiiibu* <ilii nmlli sihi
ineftiunt.
On dit aussi queM. It1 chancelier est si vieux, (ju'il n'en [)eut
plus, et (jue la menioire lui inaii(|ue.
On dit (jue tout va it la gnei'i'e pour I'an prochain en Flan-
dre on en Hollande, et <|ue ces noiiveanx republicains sont
menaces pour leur supt-rbe et leur vaniti: bataviijue. lieaucoup
de gens veulent UK; console!1 dt1 la mort de mon aine , inais
cela n'apaise pas ma douleur tjui ne se pent guerir par de
trls liniments; >•///// rrrlxi i't rut-rn , y>/-'/v^/w/Y//r /////// : rien ne
me gnerira (jue la mort ; on si elle ifarrive, comme je n'en ai
point hate , s/ /n/xt fulu fruit (jlni-in , nun iirujifru , j attendrai de
la consolation ct du sccours des trois grands jnges dont a fait
mention Apollonius dans Pliilostrate , qui sont firs dicu,c , flu
/'•,,//>.< <f !/'• In /i/ii/<i*ii/i///>' ; ccs trois-la out bien apaisi'1 de la
diinleiii1 depnis le commencement du monde;cc sont trois
puissanls anodins , tout autremenl plus certains que la |)
dc la rcinc d'Angleterrt1,
r.lirisline, rcinc dc Suede, quitte Koine, a ce qu'on
A KALllONEl. 751
<|ue !•• pape ne vent plus lui continue)- la pension <|iie I.-
It'ii pape lui dunnoit.
M. Ksprit a tons les signes de la pierre en la vessie, et en
est enfin eonvaincu ; il songe a se la la ire tirer ; c'est une re-
solution (jiii ne se doit pas prendre legerement.
Le roi a envoye au Chatelet uji acte pour separer de corps
ft de biens M. et inadame de Monlespan , /-/ <ili<i mult a de (/?-
iierc hoc dicuntur , qwt' scribere non vst animus. Knlin , apres
avoir bien niarchaiule, le pere Lemoine, jesuite, a mis
sous la presse V Histoire dn cardinal <l? Ilichelicu ; on dit qu'il
y en aura trois tomes in-foliu; voila bien dn papier nial em-
ploye si cet Ariynius n a pas ecrit la verit«;. Jti vons baise les
mains, et suis de toute mon ame volre , etc-.
De I'aris, le 11 juillet 1070.
LETTRE DGCGXII. -• .\H
Knlin le pere Aunat , jesuite etconfesseur du roi, est mort
ici le 14 de juin(l). 11 avoit quatre-vingt-trois ans. M. le
chancel ier,(|iii est de cet age,-lii,est aussi dan^erensernent ina-
lade d'une nialadie incurable ii cause des amiees. Nousavons
aussi M. le lieutenant civil d'Aubrai I'ort inalade de vomisse-
menls et de^outs, <pii se plaint t'ortd'un medecin (ju'il a en par
ci-devant; c'est Kusebe Henaudot , (jui ne valut jainais rien.
Ce qui est encore pis , on dit ijue MM. Esprit et Braver lui
veulenl donner du vin emetique on enetiqut; , c'est ainsi qu'il
le I'aut nommer «b t'nt'candn. C'est pour aller encore plus tot
en paradis, on hien le conduise par sa*sainte grace! Knlin, il
est mort accable de symj)tomes et de cliarlatans.il est tombe
dans la loss*; qu'il avoit crensee. C'etoitdesa charge declias-
ser Ics charlatans de la ville , et neamuoins il leur a commis
vl) Voycz tome II , pajje 3W.
75-2 I.KTTHKS m: r.n PATIN
sa saute. Si les gens do qnalit*'- oloiont sagos, ils no so lioroionl
point a cux : inais ils no voiilcnl point inoni'ir method ique-
inont ot soloii les regies. Jo suis, etc.
DC Paris, lo )8 juin 1070.
LETTHK nCCCXIII. — An mhne.
M. V:\lot ost bion inalado ot on danger do nionrir biontot.
II a do l;i tii-vro, il ost asthmatiqne ot il a soixante-quatorze
ans. II avoit ete porto an Jard in-Royal ; mais ayant onlendn
quo sa presence (''toil roqnise a la coin1, oil il s'agit do. Inielioi-
-ir nn sneeessenr, il a anssitot (piitlo lo bol air do son boan
jai'din , ot ost revonn an Loimv. Ainsi , il n'osl pas ponnis a
Paris non pins qn'a Alhonos , do mourii1 a son also ni a bon
inaroho. ("otto l)ollo cliar^o no so vondra pas dorenavant
connno Ton lit dn temps do Ma/.arin , 1'an 164(5 ot Tan K5.V2 ;
M. Colbert a unjourd'lini bien plnssoin do riionneni1 ot d<- la
santo dn roi , quo Ton no I'aisoit on oo temps-la, oil Tavarico
dcs ministres e.mpovtoit ot vavaii'eoit lout, (hi parlodoMM.de
la Cliambre ot h.upiin le jouno : inais locionrdn roi ost on la
main dn Seigneur. M. Valotost ponrtant fetourne a son jardin
pour sa eominodite.
II y a eu dn desordre dans la I'amillo do M. Valot. Sa grande
fortune n'ost pas exenipto do tristosso ot do calamito. Sa tillo
aint''o, eininvoo pent-otro do n'otre |>as mavioo ot poussoed'nn
saint dosospoir , s'osl refugieo dans los Carmelites, dont Ton
dit tpie la more osl fort aftligoe. La prosporiti- des all'airos do
oo niondo ost bion passtigoro. Krasino a dit dans sos Ctillntjin's
>pio lo dosospoir I'aisoit nn soldat on nn moine. (/(''veipio do
Nt^vors, tils dndit Valot. y ost allo |)onr parlor a olio ot taeher
do la ramonor a la inaison : inais il n*1 la pas pn voir , si on-
t ii'iv olio ost dans ootto sainte resolution. Tout cola n'osl, se-
lon It- laiiL-a^o dos carols . oonnno dit Scari'on . <pie ipiittor la
.» FALCONET. T5.<
terre pour gagner le eiel. 0 lieurenx echange, pourvu quo I'on
y arrive an gite et (ju'il n'y ait point (If lausse monnoie dans
IP paiement !
Vous save/ que noire ville est pleine de gens curieux et
all'ames do nouvelles. On y parle fort du roi d'Kspagne sur
une lettre qui portoit que co prince etoit malade d'une iievre
double tierce continue. II est vrai que s'il inouroit , ce seroit
une etrange poinine de discorde dans 1'Europe. Pour tout ce
qui s'en dit , je ne m'en etonne pas ; car tout le monde enrage
de mentir (juand il parle de ces grandes nouvelles. Je crois
que vous save/, niieux que nous s'il est vrai d'une espece de
petite ve,role que i'on dit ici etre arrivee en Vivarais par les
marclmnds de vin, a cause d'un iinpot qu'on vouloit niettre
sur les cabarets de liuit livres par an , et dont quelques mal-
totiers out etc inaltraites. Mundus omui* <\i:erct't hish'tmiiant.
I '////'.
Do Paris, lo -20 juin 1«7d.
LETTKE UCCCXIV. — Au „»'„«•.
La lille de Valot esl retournee aux Carmelites de la rue du
Bouloi. II a qualre fils , donl I'aine est (;onseiller au grand
conseil sans enlants; le second est eveque de Xevers; letroi-
sienie, chanoine de Notre-Dame ; lequatrieme, capitaine aux
gardes , sans ent'ants ; trois lilies en religion , xlt- transit y/oria
iinuxli. Mais a (jui passera taut d'argent acquis Dieu sait
comment? ($ue deviendront taut de secrets clriiniqnes el
vegetaux , taut de tartre vitriole , taut de preparations <le
laudanum <;t de vin emetique ? Que deviendra la fortune de
ce geant? ninni/i /n//r/x crnnt.
Le roi se va baigner durant ()uin/.e jours a Versailles avec
une agreable compagnie. .Madame la duchesse d'Orleans est
I'evenuede presdu roi son IVere.
in. is
7")i I.KTTItKS DK ».l I I'M'IN
< lii <lit que M. If rlitUHJolier ompiro , r/.r r/r/ //;/•<//;/'•/• sum-
iini.ii i-i/'iiiin iiiilic/'illlinti'm ft viti'f.'tini wilcludiiieni. M. Pellelier
e.st homme (It1 grand merite, et <|ui esl dans I'approbatiou de
tonics les honnetes gens; il est meme cousin de M. leTellier,
secretaire d'Ktat.
.i'ai cu aujourd'hui ties nouvellesde nion Carol us; il est bien.
IMeu nierci , et eu bonne sanle ii Strasbourg , ou il voit sou-
vent It1 Ills tie M. Spon , suparandft im/n/s /u/iuim fwendu cxf .
On examine cbez M. le cliancelier les articles du cotle cri-
minel , oil M. Pusbort, <jui la dresse, se defend t'ortement
conti'e les objections que ces MM. les tleputes ne veulenl jioint
approuver. On croit (ju'il est bitn assure tie la Cavern1, et
<jiie nit if in- juri' sum : aussi veut-il tjue tout passe coinnie il est
ecrit.
M le lieutenant civil n avoit tjue trente-sept ans, unfit* i>n-
ri-nlf i/udtii/rird , /•( i/w /n/i/ /xji/ayricitx. II avail (He d(''baucli('' :
ii est moii , <•.!' rniititii iilnni/iiidhtl i ci>i/ijx>x/fct ctu/t fchrc li'iil.u ,
et d une extreme avai'ice par laquelle il vouloit tout I'aire
dans le Cliatelet. II etoit tort riche ; il pouvoit ne se point tuer.
In/// t'l.'cst nnt/'ii tj/i- il Itilhl't iinii/n iiuod inin liiihi't , t't h<n' jiii'tt I IHICX-
luin i>i'CHimr (Icstdt'i'tttiit 1'jnsniodi liuntnubus , <t minus //'///'•
njthil f/ui mm Imlii'l. Dieii soil lone de ce <ju'il y a encore an
inonde (riionnetes gens, tpii ne sonl pas atl'ames , el qui suj>-
portent plus iacilement m>e douce pauvrete, et inrmeipii stiit
fort eloignee de celle deSeueque, qui avoit plus de revemi
qne 1 elecleur de Saxe , qui est le plus riche prince tie 1'Alle-
niagne , ///'.• jiti/'n/u n> [i/tilnsuft/im jji'of'ectt , <{iit mm mulct jtutt-
jii'/'tiifi'i/i firn/iti'i'i .
.le traite malatle un des notres age de soixante-troizc ans,
f'est M. Mentel , t'orl malade. II a tie I'eau tlans la poilrine ;
il Caillit a inourir 1'an passe d'une cruelle dysenlerie atrabi-
laire; il est fort nielaiicolique et abattn. Le cardinal Mazarin
intiuriil de cette ineine maladie; M. Ulondel et moi sommes
les deux consultants oi'dinaires de M. Mentel. II y vient poiir-
lant il antres medecins coinnie ses amis.
A FALCONET. 755
On (lit que niadame Colbert a un I'rere conseille-r de la cour,
nomine M. Cliaron de Menard , qui pourroit bien venir lieu-
tenant-civil , mais je ne le crois pas. La fortune deM. Colbert
va bien par-dessus toutes ces (lignites populaires.
M. le eliancelier a eu depuis peu des douleurs nephreti-
ques , et a vide de petites pierres. On dit aujourd'liui qu il
estmieux, sed cotisture de calculo iatente in u em'cu , qitodmilu
ridetur esse pessimism. M. le eliancelier aete sonde; on a senli
la pierre , qui n'est pas aisee a lirer ; a tel age tout y est a
craindre , ami (us nbiqne jtwor , at /ilurhnd mortis iinayu.
M. le due d'Kngliien a eu deux tils (jui sont deux princes
du sang, deux beaux et precieux rejetous de saint Louis,
dont 1'aine, (jui est M. leduc de Bourbon , est ici tort malade,
ttrdentilnis votis exojrfo ut feliciter convalcscut ; maisje le liens
en danger, dttjiliri nuinini', no/i/n' ration*; inorbi, (jui vst [trawi
diathesis rtscax/ii emu febt'e, <-t rotioite inctiiri , qm nun supit
qmoituiit satisesl.l'euteiids M. Bourbelot, (jui est extravagantet
grand hableur. (ies gens-la sont ordinaireiiient trop bien reeus
cliez les princes , et bien souvent non sans regret, into nun sine'
l/n'it ifcnfia , pour me servir ici d'un terme que Ciceron n'a
jamais employe ui prononce, ?t mi ncc nunn>n '/ullius ipse
r/cdif , a ce (ju'eu a dit un des beaux esprits du siecle passe,
(jui aete Alciat, in Kinbleiiwta, (jui meritoit bien un chaj)eaii
de cardinal , mais un vieux renard le tromiia. .Nous n'avons
ici pour toutes maladies que (juehjues lievres tierces et des
fluxions sur la poitrine , qui sont de deca en usage des le mois
tic decembre passe , <:i: qnu umr/n yc/t'v tmtlh itet'ii'rmit ; mais
la plupart de nos malades out les jambes eiillt-es et les pieds
ti'di'inntuux , ce qui me fait apprehender lliydropisie, c.r />/<ir<i
i/iat/ii'xi risccri/nt , pour I automne procbairie et Iliiver sui-
vant les doubles tierces, et les quartes ne manqueront pas
aussi, car tout le monde est ici fort melaneolique.
Je viens de voir. ce -24 juin , notre M. Menlel ; son mal le
pri'sse et le menace trop souvent , outre lt\s manvaises units
i|iii Ini sont lro|) ordinaires. II a tonjours les jambes ct |,N
";,() I.KTlltKS OF. MM I'ATIV
piedsPnlU'S, ft Mf/if ti-nlnlnr riniiitn . fn'-iwriiin irritfifd rcii-
ti'icttln a iiu'diciinifiitis pW(/(intlbvst ijiKii'iiiii dan i'l nun fri'ijii' nt t
dnni'ii Iccntnr.
II est ici niort nil vieux medecin nomine; M. Dupuy, aije
do quatre-vingt-six ans; il I'etoit de inadame la princesso
Palatine II n'etoil point de notre i'aculte. II avoit autrefois
demeure a Nevers ; (''doit un liomme sage , (in, deniaise, 1'ort
savant et bon philosophe. 11 raisonnoit bien en notre metier
en bon f'raiieois , artcm rit«' in/cllt'.rit , et pourtant ilestmoi't
aussi bien que Patrocle. J'ai vu (juehjtie chose du manuscrit
(ju'il a\oit fait qui partoit du bonendroit; il pouvoit avec
raison dire apres Martial : Jlninincm jjnf/tita nosh'a ^'i/it.
On ne parle ici qne de M. le cbancelier, qui fait sonveut
des pierres. /.ajtis ttinplum Domini destntif, lupin adstruit ; >•//
n»>nn)i Uuinini benedictum. \^i roi fait balir ;i Versailles, oil
it y a quantite de bons ouvriers en toutes sortes de batimenls
et d'ornements de maisons royales.
On purge, ce 25 juin , M le cbancelier avec soulagement ,
niloi1 nnhrns in/inriW)' nt senibus iniKjimm. fin-it cxcrcnn'ntoi'inn
l»'nci'ntniit, inde major frequentts 'intt'f/utiiiii'is Hecdtxiiux. Je vous
haise tres buinblement Ics mains, et suis de tout mon cd-ur
volre, etc.
DC Paris, U1 25 juin 1070.
LETTKK DCCCXV. -- .\n mem?.
M. le premier president <ist de retour de (>onq)ie^ne, on il
••toil alle saluer It; roi av<H' (piel(|iies dt'-pntes d<^ ce corps, pour
se rejoiiir avec lui de ses victoires , el le prier de ne plus
liasarder sa j»ersoime, connne il a tail ci-devant en di verses
occasions en Klandre. Conrtrai esl rendu. On (lit <pie les Ks-
pa-iidls y avoient voulu envoyer d:i secours , mais il a ete
iviuissr ar IKK M,,,IS (,,j ,.,, U - > ',, -1
\ KAl.t.oM-M. 7;*)*
.nitre nouvelle porte quo Marsin y a altaquo fiosgens, et que
nous y avons perdu quelques liommcs. On dit que le roi est
venu a Saint Cloud dire adieu a madaine la ducbesse d'Or-
leans, et qu'il s'en retourne bientot a Arras, oil il enimenera
la reino pour lui fa ire fa ire par apres son entree dans Douai
et dans Tournai.
Le I'liinne a ici tue depuis pen quelques hounetes gens, tels
que sont M. do FUnquemarre , president en la seconde desen-
<|uetes; M. de Samson le geographe, M. de Drosses Guene-
gaud , maitre des requetos, M. houhlct I'aine, jadis partisan,
et autres.
On dit ici que le roi a pardonne an eomte de (iuirhc, j'en
suis bien ai.se, et <pie Ton va faire partir des troupes pour
fa ire la guerre en Catalogue.
Xous avons ici line espece do lievre continue, maligne et
mortelle, et qui einporte nos malades en sejtt on liuit jours ,
hain't xiifDit y.Tao^tv in comtptcln substantial jiulnmnfs t et tous
leurs crachats , sun( omenta pwulentu , tubtu/t et nerrnsiin >'f-
(lolent.
On a fait coininandement do faire aujourd'hui dans tous
les <|iiartiers de la ville des f'eux. de joie pour la creation du
jiape. On dit qu'il est enneini des jansenistes, jo crois pour-
taut (ju'il ne nous fera pas grand inal.
On me vient de dire que le roi a fait assieger Lille en
Klandre. .le vous baise les mains, et suis de tout moil fd-iii
votre , etc.
I).- Tiiris. lo !',» jtiilU-l 107(t.
LKTTUK DCCCXVI. .I// menu:
La disgrace de M Koucaut fait ici parlor le nionde mais
/leanmoins on croit qu'il sera retabli , et <iu'il rontrera dans
:.y, I.KI iiii'.> in. t.i i i'\n.\
les bourne graces tin roi par le moyeii deM. Colbert. Oui ,
tout est fail, M. It; chancellor lui a fait grace.
Hier (ce i aout , ii arriva une chose bien etrange dans
Notre-Dame. In pretre disoit la inesse clans la nef a un autel
ceiebre, uu homme s'en approcha pour lui aider; niais quaiul
il vint a 1'elevation tie !a sainte hostie , ce malheureux se leva,
mil la main al'epee, et voulut en escrinier. On tlit qu'il vouloit
percer cette hostie que le pretre tenoit ; il blessa le prtHre , qui
etoit encore jeune, tie deux coups. Ce malheureux assassin a
ete aussitot rnene en prison dans 1'archeveche , puis fut ein-
mene dans le grand Chatelet, II est huguenot, natifde Caen en
Normandie, et s'appelle Pierre Sarra/in ; il a ele quelqueibis
huguenot el quelquefois catholique; il etoit fou, ce me sem-
hie. (j. Naude disoit qu'il falioit deineurer connne Ton etoit,
el que c'etoit la marque d'un esprit mal tourne de changer si
souvent tie religion, <|iie letoutn'en valoitpas la peine; unhi ,
i|u'il avoit tlenieure treize ans en Italie aupres du cardinal
liagni , et qu'il avoit ele intime ami tie Cremonin, qui n'etoit
|)oint meilleur chretien que Pomponace . que Machiavel , (jue
(>ardan et telles auti'cs ames moutonnieres dont le j)ays
ahontle, j'entends I'llalie, t»ii il y a bien plusde ruses et tins
polititpies que de bons Chretiens, exeepte les jcsuites et les
moines, «|iii soul fort gens tie bien, gens d'honneur et tie
[H'obite . grands .serviteurs de Dieu , gens de charite el de
etjiiscience, ipii aiincnt et servent Dieu, et ne veulent (jiie
/.'i >/i'<' liii'n (I). Ce miserable Nonnantl a ete juge ce matin par
1 On rcconnaitra faciletncnt dans re passage los idoos de 1'aini lanl
iO!',rclU' di- (iiii Pal in. (i. Nando , qni . <-n ctlct , liahita I'ltalio pros do
don/.c an*. (",(• dornior so plai»ait a rilor dos anecdotes pronvant lanliM le
sceptici-ine do- j;on* instniit*. lanlol la superstition des habitants <Fau-
dola do- Alpes. « Los uns. dit-il, n'y croiont ]>as asso/. , los antros y
croionl Imp ; a louto lionro , sans raison el sans \orite , on y stipjtose
dos miracles. •> II assure qii'iin panvro hoinino nyant inaiiqno do se
noyoi . mi allnbiia MMI salul a nne inedaille do saint Philippe de Neri
• pi on trouva sin lui. Nando pretend (ju'il dit a la ionic cpie si saint
\ FAI.CO.Ntl. 7.V.I
IVI. Ic lieutenant criinincl a faire amende honorable (levant
Notre-Dame do Paris , puis d'etre mene en Greve, oil il aura
le poing coupe, et sera briile tout vif ; mais il y aura appel
au parlement, oil peut-£tre des demain le proces sera juge.
Les juges ont envoye a Caen faire saisir les livreset les pa-
piers de ce miserable Pierre Sarrazin , et prendre ses deux
(Veres, desquels il a parle en son interrogatoire. II n'a pas
encore vingt-deux ans : c'est un tbu calviniste, perce dn
divin trait d'une sotte superstition on folle opinion : n-ucnta
ri'lifjionc imlnittis animus nnn cst mi juris , wsrit qiiiwcre. (les
gens-la sontbien dangereux ; tel etoitRavaillac, qui tuasi mal-
heureuseinent riotre bon grand roi Henri IVJ'an 1010 ; il avoit
ete maitre d'ecole et moine feuillant , d'oii il etoit sorti depuis
quelque temps; il avoit la nuit des visions qui lui t'aisoient faire
du bruit dans le couvent, et reveilloient les autres moines; ses
meditations etoient trop noires et trop crim'melles. Ces gens-
la devroient etre mis en bonne garde , et etroitement enfermes
au pain et a 1'eau ; les fous se promenent par le monde avec
trop de liberte, n'nnis nniltn. lirent imprdbis cf infrn<is. Entin la
sentence du (Miatelet a ete confirmee au parlement (ce ;') aoiit),
et ce miserable f'ou a ete tire de la Conciergerie , et mene a
Philippe cut voulu faire un miracle, il out trou\e 1'occasion hoancutip
plus belle , il y a trois mois , quand sa propro e{;lise s'ecroula a Tra-
pani , en Sicilc, et ecrasa plus de douxe cents personnes (|ui y priaient
Dieii. C'eLait bit n la le cas a ce saint de prouver sa vertu miraculeuse ,
des lors attestee par une mullitude de tcMiioins. Voici ce (pie Naudc
raconte encore : « Un certain llieronymus Ro/./.o . professcur de phi-
losopliie a Pise, etait tort cheri du ^rand-due. (Detail un alliee parfait ;
il n'a pas ete brulc, mais il le meritait bien. II avail dit un jour quesn-
praoctavam splneram niltil est. L'iiH|iiisition le voulut dblijjer de se dr-
dire. 11 monta en cliaire le lendemain et dit a sesauditeurs : Messieurs,
je vous ai maintain et prouve <jue supra uctuvain sphiPi'am niliil est ;
on vent que je me dedise. Je vous assure quo s'il y a aulre chose , ce
ne pent elre qu'un plat de macaroni pour M.l'iiKpiisiteur. ()u<> dicto,se
fiiifa proripiens , snltili ronsuhtit. II out ete brule plusieurs fois san>
le ^rand-due <iui Paimait. II esl pourtanl mort en fuile. i> (R. P.)
"GO l.hnUfc,* UK (.11 I'ATI.N
Notre-Dame, on il a i'ail amende honorable, et de la mene
a la Greve en belle compagnie, on il a ete brule sans qu'il
ait jamaistemoigne aucun sentiment de piete, ni de religion,
ni de regret de mourir. Tout le monde est d 'accord que ce
jeune horn me etoit un esprit perdu , enrage et desespere. On
dit qne quand on Ini demanda de quelle religion il etoit,
il dit qn'il etoit Israelite; mais les Israelites suivent le Deca-
logue de Moi'se , par lequel il est precisement defend u de tuer
qui que ce soil , et beaucoup iiioins un pretre qui dit la messe
dans Notre-Dame ; d'oii je conclus que ce miserable ibu avoit
perdu 1'esprit, et qu'il meritoit d'etre mis dans les Petites-
Maisons , huit jours avant qu'entrer dans 1'eglise de Notre-
Dame de Paris, oil il a fait ce miserable assassinat.
M. de Louvois est alle a Pignerol, par ordre du roi , en
poste. Pour M. Foncaut, secretaire du conseil , qui est reta-
bli dans les bonnes graces de M. le chancelier et en ses char-
ges, c'est une affaire cachee, que Ton soupconne avoir (He
premeditee , et qui a seulement failli de reussir au gre de ceux
qui I'ucnmt nrtifin's f«bidm. Je vous baise les mains, et suis
de tout mon creur votre, etc.
De Paris, Ie6aout1670.
LETTRE DCCCXV11. - Au me me.
Nous n'avons rien de nouveau ni de certain des aifaires du
Vivarais. LesEspagnols ne disent mot, non plus que les llol-
landois; mais Ton parle ici d'un certain due de Buckingham ,
ambassadeur d'Angleterre, (jui est venu pour trailer d'une
affaire degrande importance, et 1'aire une belle alliance pour
1'avantage des deux couronnes. Oh! <[ue je serois ravide voir
c,ela bien acheve et bien entretenu ! Peut-etre que les Hataves
n'en seroient pas si fiers ni si orgueilleux.
Hier, sur les six heures du matin , est mort M. le ])resident
A I Al.CU.Nhl . 751
Miron , consomme d une fievre Ipnte el d mie mauvaise dis-
position des visceres , qu'un vieux et opiniatre rliuinatisim
lui avoit laisse, ct qui n'a pas pti elre corrige par IP regime
de vivre, IPS purgations, ni IPS eaux minerales. Kncoiv Caut-il
que je vous dise qup depuis son rptour dps eanx (jue je n'ai
jamais approuvees , je IIP 1'ai point vu comme medecin ; mais
il aetp visile par M. Braver, pt apres par Kenaudot, <|iii I'a
aclieve. Ce pauvre homine , attenue Pt desseche dedans pt de-
liors, n'avoit pas besoin de vin emelique, (jui lui a coupe la
gorge sans epee. II n'avoit que quarante-six ans. II no laissc
que deux tils fort delicats avec peu dp bipn, lionnis dc sa
lemme, qui pst riche; car de son cotp il prend beaucoup sur
ses deux charges de conseiller de la cour et dp president au
niortier. Mais si vous voulez savoir pounjuoi M. Rrayer I'a
vu, c'est que sa fille, avec 100,000 ecus, a Pt*' inariee a
M. 1'Echassier, conseiller de la cour, lils de Marguerite Mi-
ron , soL'ur du defunt president, lacjuelle mourut puhnoniqup
1'an 1063. Leur pere a etp M. Kobert Miron . anibassadeur en
Suissp , tVpre de M. Francois Miron , lieutenant civil , qui mou-
rut ici 1'an 1609. La memoire de ces messieurs est ici en fort
bonne odeur pour leur vertu et integrite. Ces deux derniprs
t'reres etoient de fort habiles gens, qui tons deux avoienl
passe par les belles charges avec grande reputation Us etoient
sortis d'un vieux medecin de Paris, nomme Francois Miron ,
inedecin de Charles VIII , et qui avoit PU le premier lieu do sa
licpnce Tan 1514 , sousle bon roi Louis XII , pere du peuple.
Mais voila toute cette bonne famille presijue eteinte , lionnis
ces deux petits qui restent aujourd'hui. Dieu les veuille bien
conserver. Vale.
l)c 1'aris le 19 aoul 1670.
"i>-2 I.Kl TUK> I)K <.l I I'All.N
»
LKTTRE DCCCXVIII. - An I,U>I,H>.
Depuis ma derniere, jo vous dirai quo les Hollanders sont
sur le bureau , et quo Ton parlo d'eux commo s'ils etoient
loiit-.t-l'ait declares nos onnemis : memo il y en a qui suppo-
sont (|iio le roi d'Angleterre sera do uotrecdte.
Le premier medocin , M. Valot, est ton jours bien malado. Jo
viens d'apprendrequ'il a ete saigne trois foisdepnis huit jours,
pour des redoublements, des frissons et des oppressions. C'est
une hydropisie do poinnon, selon mon sentiment, quM'e-
touffera. II a vendu tout ce qu'il a pu pour faire de 1'argent,
et il est en danger de voir bientot le moment de sa vie au-
(|uel son argent no lui servira plus de rien. Sfulfc , IKK- nnct<>
I'c/K'fcnt ttiihimiit tutint , cf. t/uic po.ro.sti , cujus crnnt? Le cardinal
Ma/arin etoit sujet a des douleurs nephretiques et podagri-
(|ues(|ui 1'affbiblirent tort, mais son dernier mal t'uteette hy-
dropisie de poumoii. L'eau qu'il avoit dans la poitrine I'e-
toutVa a la iin , par uu grand bonlieur pour la France, ot
Temporta en 1'autre monde , d'ou person ne no rovient : aussi
n'est-il pas revenu ; mais son esprit a regne et rogue encore
en quelque I'a^on. Les soldats d'Alexandre-le-(irand disoiont
delui a pros sa mort , en voyant son portrait, <|u il comman-
doil encore (juoiqu'll IVit mort. Je no veux pas les mettre en
comparison Funavec 1'autre, car toutes les comparaisons sont
odieuses. 11s etoient tous deux grands larrons et neanmoins
fort dissemblables. Sennjue appeloit Alexandre tin jeiine
«;vent«: et mi volour do tout le monde, Vfsnmis adolescens,
infi'li.r /n-ti'ffii nrbix ti'i'i'iiruni , etc..; pour lo Ma/arin, il n'a
fait quo ce qu'il devoit , puisqu'on le laissoit faire.
Nous avons ici un m<'dec,in fort malade , age de soixante-
d<m/o an.-. rVst M. ,lac(|ues Thevart , (lit le (laimis. 11 est un
des medei'insqui servent a I'Hotel-Dieu, et a un cltnl^rn mm-lm*,
autivment trimwijiilimt , dunt il maiujiia liier de mourir; et
i|iioi qu'il en arrive, il esl Toil uise de ci'oire (ju'il n'ira pas
\ KM.t.o.Ntl 7Gi}
loin. De notre licence, il n'y a plus que lui, Morisset et moi.
Jesuis, etc.
De Paris, le 10 .teplemhre 1(>70.
LETTKE UCCCXIX. -- AH
Le roi a ordonne la dissolution de son camp ; on on prend
15,000 honimes que Ton envoie a Saint-Quentin en Verman-
dois , d'oii ils seront commandes pour le rendez-vous qu'on
tient encore secret. II y a toute apparence que ce sera centre
les Hollandois; ils sont devenus si glorieux depuis leur com-
merce des hides, que ceux qui traitent avec eux disent qu'ils
sont insupportables. Le roi s'en est cm meprise, eton croit
qu'H en garde son resseritiment jusqu'a ['occasion de les en
la ire repentir. On a envoye encore (>,()()() hommes vers Sois-
sonsetd'autresailleurs. Vous voyez que tout cela va du memo
cdte.
La triple alliance va etre rompue. Les rois d'Angleterre et
de Danemark sont d'accord avec notre roi. \ »• /tosft'bns.
M. Yvelin, medecin de la duchesse d'Orleans, est ici fort
malade; il a soixante ans, et n'a jamais vecu sobrement. 11
buvoit son vin tout pur; il est tort rougeaud. Galien appelle
ces gens-la j^uOcoO: , ft (lit qu'ils out tons les entrailles trop
echauffees.
Je vous prie de me mander si MM. de Ton rues out aelievi-
d'iniprinier la second e parlie du livre de M. Daille, Iti- nhj<><-tc>
nidus fffn/ids/. Fn eonseiller de la cour huguenot m'a dit
(|iic dans leur reformation ils n'ont point eu de plus grand
liomme que lui depuis (Calvin : il est mort depuis pen. Ces
gens -la font bien anlrcment cludier leurs proposants ([lie It's
moines; c'est [)rc.sque assc/. pourceux-ci (jiiand ils saventlii'c
la incise : cela est bonteux. On en fait passer d'autres pour
savants quand ils out fait quelqiui mecbant livre, mais a|>-
puyt's du credit de 5(>,0() > hommes qui sont tons eiicapu-
7H1 I-KI IKK> I)K ',1 I I'AI l\
rhoniies df hi ineine sorte. Oh ! I" bel argument de la plupart
d'entre <MI\; c'est le panegyrique do qucl(|ue confrere on
quelque romnientaire, dc aniuiattus langue-ntibus in puryatoriv.
Copendaiif cola fait bion bouillir leur inarmite, et (jni en
diroit du nial seroit a pen pros exeommunie. Laissons ce dis-
cours , Sfti/fi/x est labor tin'/if/aru/it.
II est certain que le roi d'Angleterre a ecrit an roi en t'avcnr
de M. KonqueL ; mais il n'y a pasd'apparencecjue M. (Colbert
cdiist'iite a c(!tle liberte, contre hujiielle il a fait taut de nia-
cliines. /iift'i-wi //ti'/t/n- jiixfux.
AladaiiK! de Guise, lilie deilaston, due d'Orleans , est
a(;couchee d'un ills, dont la naissance rejouit fort la fainille.
Kile alloit en decadence faute de males , <|ui sont , connne
vons save/,, fulcra c.t <:oliunnw familiarmn.
M. de IV'i'igny, president aux enquetes, precepteur de mon-
seiyneur le Dauphin , est mort a Saint-Germain d'une apo-
plexio , et aussi 1'ainee desdenx filles de M. de Chevreuse ,
^endre du grand Colbert. La charge de precepteur se donne
ir.i snivant les passions d'un chacun. Les nns venlent le pere
Masraron , pretre de 1'Oratoire ; d'a litres M. de Bassompierre ,
t'veqne de Xaintes , el d'autres 1'abbe llossuet, <[iii est pri'sen-
tenient evequede Condom. Tons trois sont fort habiles; mais
je crois que ce dernier sei'a prefere. ret emploi est de grande
importance (I .
On parle ici fort d'un jtMine ImninK! de Lvon , nomnu'1 Gui-
naut , qui a et(' miserablemenl tue par des voleurs, dont on
ne sail pas encore les particularites. On a trouve beaucoup
d'ar^ent eliez lui , inaison croit (|ue Tor a ete derobi- , //<»//'•
Illllllllll /I'jII/X Kilt <35tr!tMOV.
II y a bien a dire que ce qu'on eerit de la rage ne soil vrai.
M. Pii'-tre s'en moquoit et moi aussi : on n'en gnerit point
1 Itossiiel lul en cift-t preterc, pour riioniicur do la religion. dt> la
I r;ni(T cl <lcs Ictlrc*. 1 H an apros. il M- dcinil «Jo rcvecho dc Condom .
" IIP riovant jia^ pouvuir Carder unc cpou-c a\oo la<|uellc il ne \ivait
pa-. H. I'.
A KAI.CONKT. 7f>."»
pour aller a la iner. (lette maladio, quo lo.s(irpes out nominer
Hydrophobia, esl uno espece do dolire cause par une atrabilo
tres pernieieuse qui ronverse Ins tbnctions dti corvean. Kernel
etoit un tres grand homme , mais il a trop donne dans les
qualites oeculles.
On avoit fait venir a la cour un capucin qui devoit guerir
tout le monde , c'etoit un demi-faiseur de miracles ; il a vu
le roi par le credit d'un grand. Youssavez que les nioines en
out totijours quelqu'un, memo plus que d'lionnetes gens. Un
ditqu'il est fort impudent, belle qualitepour un capucin, et
qu'il est fort ignorant, passe pour celle-ci.
M. Valot est plus nial quejamais, sa maison est en larnies.
On 1'a rapporte en litiere au jardin royal , et il veuttHre trait*'*
par trois niedecins de Paris. N'ayex pas pour qu'il prenne do
1'antiino'uie , (juoiqu'il en ait tantdonne. 11 diroit qu'il n'en
a pas besoin , et je le crois ; niais trois ou quatre niille per-
so lines qu'il a tueesen diroient bien autaiil, si elles pouvoient
parler. On (lit qu'il est en colon; contre M. Brayer , qu'il pre-
voit otre son succosseur. Celui-eien est tres digne, mais tin
et ruse ; il a deja 80,000 livres de rente; il n'ost ponrtant pas
encore content. Tria imatiabilia, nt<tn', /m/licr, iicm-ux. Les
nioines diroient in/ei'nu*. Je vous baise les mains, et suisde
tout mon ca*ur votre, etc.
De I'aris, lo M septciubre 1070.
LETTHK DCCCXX. — .\n ////:///c.
M. le maroclial de (Irecjui so rend maitro do touto la Lor-
raine sous I'autorite du roi , ot la puissance do sos armes.
Kpinal ost rondu , et onliu tout nous viendra , puistjiio nous
somiuos los plus forts, el quo porsonne nose declare pour oe
malheureux duo. I'u ol'licior du roi in a ilit aujouril'lmi , oo
A octobro, <|ue le roi fait lovor 18,000 homines do pied ot
0,000 olievaiix, et (jue !o.s lln|lainl(»is Ii-Vfiit IIO.IHIO lionnni'S.
7G() I.ETTRES DE fJUl I'ATIN
Notre M. Malhieu est morl, ayant passe soixante-dix-sept
aus. II a volt ete le plus fort el le plus robuste de son temps ;
mais la goutte 1'a mine , el entin f'aule de veriir 1'a lue. Vous
save/, monsieur, mieux que moi , cequ'a dil Uuret sur Hol-
I ier. est Ires vrai : Qmnul wiita aci'Z In f/oiitfc , vousetes « plaindre ;
<in(iud vow ne I'avez pas , rous i't<js <l craindre , et neanmoins
eontre toute fortune boncceur. Je voudrois etre oblige d'avoir
la goutte a tel age, je tacherois de m'en consoler ; je vous la
souhaite aussi en ce temps-la.
M. le Blanc, prot'esseur en droit canon , est ici rnort d'une
dysenteric atrabilaire , age de soixante-lreize ans. Je 1'ai vu
une t'ois dans le cours de sa maladie , en consultation avec
AI. lilondel ; il etoit de la connoissancedeM. votre tils aine, a
(|ui je me recomrnande.
M. Valot , qiiouiue fort foible et deja vieux , est alle a
Chambord a la suite du roi pour y prendre 1'air de la cour, ce
9 octobre.^
M. le chevalier de Bouillon s'est battu en duel a Bellisle,
et il y a ete blesse.
MM. du clerge, assembles ii i'ontoise. ont envoye a M. de
Sainte-Beuve, jadis docteur et prof'esseur en Sorbonne, que
les carabins du pere Ignace ont deshonore, une pension an-
niielle de !,()(>() livres, quoiqu'il n'en ait jamais demande.
M. Morns, ministre dedharenton , est morl, et il n'y a en-
core personne en sa place.
M. Pellisson , <jui a fait Y llixfnirc f/c i .\riidi-utii' fruiiroiw ,
iii-octavo, livre gentil et fort curieux, etoit ne huguenot , el
il s'est fait calholique. Ce t'ut lui (jui fut arrett'1 prisonnier avec
M. Fouquet, et (]iii a ete quelquesannees en prison; e'est un
dignehomme, Ires savant et qui a de grandes qualites ; c'est
de lui que Lachapelle a (lit : /-J I't'lli^nn n,, A/Jimi* (1;.
MM. du ck.rge ont demande an roi le retablissemenl des
I hn elfct, Pellisson elait d'unc Inidcur plnsique rcinaniuable ,
iiuiis il ;nail r.iine aussi hollo . l<> c<iMir aii^-i nohlc que son rspril flail
A FALCONET. 767
docteurs janseiiisles , <|iii etoientsortisdeSorbonne.Le roi les
;i removes a M. I'archeveque de Paris, qui a ete son pre-
cepteur, marque du bon uaturel et de 1'equitedu roi. Je crois
pourtant qu'ils y rentreront , pourvu que les jesuites ne 1'em-
|jt>chent point, qui n'ontpas aujourd'liui lunt de credit qu'au-
trelois. Us ii'en out pourtant encore que trop; car le nionde
est pleindesots, qui prennent pour hommes apostoliquesces
moutons d'Ethiopie.
M. le chancelier vit en grand honneur, mais il est bien
vieux ; on parle dejii de sa mort , de sa depouille , de sa
charge, de son suceesseur et du changement qui arrivera en
di verses charges; surquoi on parle de M. le premier president ,
de M. Pussort, de M. Boucherat , de M. le Tellier et a litres.
Charles Patin a fait deux dill'erentes Delations , I'line. deson
voyage de Yienne , et I'autre de Tyrol , et vous me dites que
vous if en avez vn (|u'nne ; il y a moyen d'y remedier. Tout
le mon.le aime ce Ills, et il ne fait qiif du bien ; (••'pendant au
nom du roi on la persecuui et on lui a fait quitter son pays,
et j espere lou jours que le roi connoitra son innocence et son
inerite.
M. Brayer m'a dit ce matin que M. le Dauphin n'est pas
giu'M'i , qu'il craint la recidive de son tnal ; c'est de quoi j(^ suis
bien inarri , car ce petit prince doit etre bien cber a toute la
France ; aussi est-il bien a craindre (jue le leu r.e s'allume
• I ins les hypochondres, dans quel(|U'un de ses visceres, loie,
rate , ou autres ; et ce qui me louche tort , c'est que I on (lit
qu'il est I'ort aimable et gentil de son esprit , mais qu'il est fort
delicat du corps , et d'nne saute bien Irele. Ceux qui Tout
approche nfont (lit qu'ils out remanpie en lui une tres
bonne volonte d'upprendre ce qu'on lui propose, et <jue rien
ne, le rebute.
(lislingue ; il en donna dos preuvos dans le celebre proces d»- Foiujuel.
Voyi'7. le ietiilleton du Constitutionnel, 20 septembre 1S46. Le dur,
.uiiliiiiruv , le liainenx Colbert ne lui par donna jainais >ou oourageiix
devnurmpnt. K. P.
7(iS I.KTTHES DK <
Void ID, reslo do him1 <|iii esl tout pliivioux , ot qui nou>
amoiie unc constitution loiit-a-fail (it/sfrinr , eliaude el hu-
mido, Idle quo nous I'a decrile on sos A/>//<ir/sincs lebon Ilip-
pocrate 1). Aussi avons-nous deja dcs rluimes, des catarrhes,
iles Ion A, dis I'lmniatismes, des gouttes, des iievres quartos;
mais si la saison devient pi re , comme il y a grande appa-
reuee, nous anrons des doubles tierces, des dysenteries, des
hydropisies.
II y a des gens qui pretendent qu'on a desseiu sur la Fran-
clie-(loinle , sur Dole et liesaneon , et quo les electeurs en-
voieul au roi un depute sur ces affaires. Ce sont des penseesde
gens qui devinent et qui veuleut s'eriger en politiques specn-
latit's sur les aflaires publiques . (jams hoinimou (//to// in ciri-
tufi' imxtrii wiitjit-i' vetabUur^ <:t xa///>a' rctinebitur , (jui est ce
qu'a dit C.ornelius Tacite des astrologues judiciaires do son
temps, quoiqu'il leur fasse 1'lionneur de les appeler mathe-
maticiens.
II court un bruit que Ton a decotivert en Beam un homme
de eeux (jui out assassine le pauvre (irimod , mais je doute
do tout ce (ju'on en dit; car les tins disent aussi en Savoie ,
les autres enSuisse, les autres pros d'. \vignon . et en ce cas-
la il n'y a rien d'assurt'1.
Jo rends graces a M. Falconet d'un livre qu'il m'a envoyi'1
]>ar M. Troisdames , qui est de M. lion. Bicaise , medecin
d'Aix en Provence. Quandje serai gueri demon rhunie, je le
pareonrrai, et apres j'en ecrirai pour les remercier tons deux.
lout co qn'on dit de ceux <pii out contribue an massacre
du panvre banquier de Lyon , Jean (irimod, so trouve au-
jourd'lmi lanx. On parh; d'un certain Florin el d'un a litre
nomine Lebeau , mais <jui no soul point pris, et d'un abbe
qu on dit avoir <''te premier inventeur de la Iragedie. (Juoi
ipio c on soil , on dil qu'ils sont tpiatre Lyonnois debauches ,
1 O/-;»rm il'ICwion-alr. liiid. p.-ir l.itlrc'-. Paris, ]81i, I. IV
a;';. i.'iK c| siii\ .
A FALCONET. 769
I'ripons el Ires dangereux garnements ; c'est a eux d'y pren-
dre garde ; car, connne le diable a commence 1 'affaire , le
bourreau pourrabien 1'achever. Dieu ne permettrapasqu'une
telle mechancete demeure impunie; car je n'ai garde de dire
avec ce poete ancien ce miserable mot :
Turn rapiant mala fata bonos , ignoscite fasso ,
Sollicitor nttllos esse putare
J'aime mieux dire avec un autre :
O bone Romule , ista videbi* et feres!
On dit que le roi a donne des gardes au due de Mazarin ,
qui n'a guere d'esprit et qui devient fou de bigotise (l). Cela
n'est-il point lionteux, etmeme devoir ce que deviennerit au-
jourd'hui les deux families de ces deux cardinaux qui out si
miserablement pille la France?
On m'ecrit d'Allemagne que le due de Lorraine a cherche
con t re nous du secours en divers endroits, et meme a la diete
de Hatisbonne, et qu'il n'en a pu attraper nulle part. Je vous
baise tres humblement les mains, et suis de tout mon cueur
votre, etc.
De Paris , le 30 octobre 1070.
LETTRE DCCCXX1. — Au mew.
M. le Dauphin seporte bien , etM. Valot aussi, hormisque
celui-ci est fort melancolique ; mais on dit qu'il 1'a toujours
eU: depuis qu'il donna de 1'opium a la reine d'Angleterre des
I'an passe, joint qu'il est vieux , et a pour le moins soixante-
quatorze ans.
Jerome Colot vous salue; il vient de sortir de c«'ans , en me
parlant d'un enfant qu'il doit tailler un de cos jours pour la
pierre (ju'il a en la vessie.
'1) N'oyez la note precedente, page
in.
770 LETTRES DE CUM PATl.N
M. de Louvois va en Flandre , y visiler nos villes, et peut-
etre aussi pour leur demancler de I'argent. On dit que depuis
deux ans nous y avons perdu deux mille liommes de maladie,
de pauvrete, de mauvaise nourriture, et surtout de me-
chante biere, qui a fait crever nos roldats, qui ne sont pas
accoutumes a ce maudit breuvage ; j'aimerois mieux de 1'eau
bien pure et bien nette de la riviere de Seine que toute la
biere Uu Septentrioii. Je suis de 1'avis de Buchanan , lorsqu'il
a dit : Sal»e beuta Ga/lia, etc. Lusituniai , valete lungum, etc.,
et de Joannes JJautivillensis in Archithrenio t lorsque, parlant
de Paris dans cette belle epigramme , il a dit :
Dives agris, fecunda mtro , mansueta colonis, etc.
Un grand personnage , qui a ete Hugo Grotius , Hollandois ,
avoit fait des vers en 1'horineur de la biere; M. Gujet, natif
cl' Angers, en fit centre par une epigramme latine qui com-
mence ainsi :
Trilicei latices mensix boreatibus apta
Muntra, std Cttlis lelra venena meis , etc.
Je suis tres volontiers de son avis, car je n'aime point la biere,
iii le vin emetique des chimistes , ni nieme le vin de cabaret ;
et meme de celui qui est fort bon, j'en bois peu ; je in'en tiens
a noire Fernel, qui a dit que vinum f'acit vitmii jucundiorcm, set/
brcciorem, et cela est fort bien et tres veritablemenl dit. I'n
autre savant clu siecle passe a fait un petit traite latin de \'ino,
qui vaut mieux erne tous les livres de chimie et astrologie.
Le gouverriemenl de Guyenne etoit vacant depuis la mort de
M . d'Epernon ; eniin, le roi la donne aM. le marechal d'Albret.
L'hiver nous louche de pres , mais il est tort humide , je
souhaite qu'il ne soil pas si froid el si rigoureux que nous en
eumes un 1'annee passee. Paris se remplit de beaucoup de
monde ; mais, Dieu merci , il n'y a pas de maladie conside-
rable ; jamais les medecins n'eurent tant de loisir , et menu;
ils s't'ii iHonnent tous tant qu'ils sont : ywiniom in it in «HH<I*
A FALCONET. ?7l
non est in qu&stu. Le bon Ovule , ce gentil clievalUr romain ,
a dit bien a propos :
Si valeant hominet , art tua , I'hfrbe , jacet.
Je viens d'apprendre une nouvelle qui me console , que 1'on
a pris undes voleurs qui ont massacre le pauvre JeanGrimod.
On dit qu'il s'appelle Lebeau; je dirois volontiers upres saint
Louis, principalement en tel cas, fiat just itta, vel pereat WUH-
dus. Cette nouvelle a aujourd'hui couru dans le Chatelet , et
vient de M. le lieuteuant-criminel , qui n'est point homme a
dire faux. Quoi qu'il en soil, omnes boni l&tantur t et utinam sit
vei'um, ut adimpleantur Scriptur® , que Dieu ne laisse rien
d'impuni.
On m'a dit aujourd'hui que le roi fait 6ter a MM. de Gueue-
gaut et Janiii , jadis tresoriers de 1'epargne , les deux charges
d'officiers de 1'ordre des chevaliers du Saint-Esprit, et qu'il
les donne a MM. le premier president et de Louvois, avec le
cordon bleu , avec les ceremonies accoutumees. Le bonhomme
Mathieu de Morgues, abbe de Saint-Germain , jadis aumdnier
de la reine-mere , Marie de Medicis , et qui fut le chaud en-
nemi du cardinal de Richelieu , est si vieux qu'il n'en peut
plus; on dit qu'il passe quatre-vingt-sept ans. Get homme
sail une infinite de particularites de la cour depuis soixante
ans, et en a vu uue partie , y etant aupres de la reine-mere ;
1'histoire qu'il a ecrite sera fort belle, il y aura divers rae-
moires qui ont ete caches jusqu'ici qui seront reveles ; il y
aura des verites fort sanglantes du gouvernement de ce car-
dinal qui a regente la France trop cruetlement, cum virgo
ferrea ; mais Dieu soil loue , je crois que je n'y serai plus. 11 y
a encore en notre histoire beaucoup de choses que Ton ne sail
pas bien : coname le fait de la pucelle d'Orleans ; la mort du
roi d'Angleterre , Henri V, dans le bois de Vincennes ; la mort
de Charles, due de Guyenne, frere du roi Louis XI; le regne
de celui qui lui sucoeda, Charles VIII , que 1'on dit avoir ete
;>> I.KTTHFS DK C,V\ PATIN
mi enfant suppose; la niorl dn grand roi Francois 1^; la prise
ct puis la levee (In siege de Mel/ ; la inort d'Anne du Bourg,
conseiller de la grand'cluimbre, qui Tut pendu et brrile en
lireve; la eonspiration d'Amboise; le massacre de la Saint-
Barthelemy; la mort du rui Charles IX; la mort des deux
(inisars dans Blois ; la mort du marquis d'Ancre et de sa
t'enime ; la mort du connetable de Luynes, eelle de M. de Cha-
lais, de MM. de Montmorency et de Cinq-Mars, etc.
Madame la duchesse de Saint-Simon est ici morte de la pe-
tite verole , agee de quarante-deux ans.
Enlin, M. le lieutenant - criminel vengera la mort du
pauvre Grimod, puisque par sa vigilance il a decouvert et
attrape mi des principaux et des plus mediants assassins qui
out commis un si horrible homicide. 11 s'appelle Florin, on
dit qu'il est Lyoimois ; il a etc pris le 9 decembre bien tard
en sonpant, dans le faubourg Saint-Germain ou il etoit cache
dans une quatrieme chambre. On travaille a son proees. Dieu
soil loueque les mediants soient punis , et la morl des pau-
vres innocents exemplairement vengee , ce qui en pent re-
tenir d'autres.
On parle aujourd'hui , ce 1-2 decernbre, d'un ambassadeur
des Indes. qui vient saluer not re roi comme le premier et le
plus grand roi de I'Europe; on croit que c'est pour etablir
quelque commerce en ce pays-la, malgre les Hollandois, qui
ont tache de 1'empecher el de le prendre pour eux-memes.
On parle a la cour d'un mariage de mademoiselle deThian-
pe, qui est encore fort jeune, et niece de madame de Montes-
pan , avec M. le due de \evers, qui est neveu du jadis cardi-
nal Ma/arin.
On parle ici d'uiie tragedie celebre et nouvelle, (pie les co-
niediens representent sur le theatre : c'est la /Jth^tiire , dela-
(judle Suetone , /// '///o, a fait mention , i/tii //irift/* hiritam
tliinixit, et n'osa I'l'pouser de peur de deplaire an p(Mjple ro-
niain a cause dc la diversitede religion. Kile etoitji/dm'cfft ri-
! il,ii< mid n-tii . -,i li'u'ii qn'cllc ne I'ut |»as impi'rati'ice . et qu'il
\ KAI.r.O.VhT. 77-1
I ui fallut magre soi retoiirner en la Judee. Deux divers porte>
y ont travaille; on \vrra eeux (|iii y auront mieux reussi (1 .
Nous aurons un livre nouveau en latin , fait par M. Joseph
Kabarde, ci-devant ainbassadeur en Suisse , dont le litre est
d< lif'hus Gnllicis hhtorin. On dit qne c'est 1'histoire de la re-
gence de noire defunte reine Anne d'Autriche.
M. Amelot, premier president de la cour des aides, est
niort d'une pilule que lui a don nee un charlatan nomine Ri-
viere; I'apothicaire qui 1'a prepares s'appelle Beaurains, et
est en fuite; on le poursuit criminellement. Je suis fache dc
la mort de M. Amelot, mais pourquoi desjuges eominettent-
ils leur vie a des f'ripons et a des ignorants? c'est a eux a les
ehasser et a les punir.
Le pere Menetrier parla hier dans 1'Academie deM. le pre-
mier president, et fit fort bien en parlant de I'eloquence. I/e-
ve(jue de Condom, M. Bossuet , harangua fortementde I'elo-
quence divine, qui est la Bible, surtout dans la (ienrsc et
dans les Prophetes ; il loua fort David , Salomon et 1'eloquenee
des patriarches , surtout celle de Moise. 4e vous baise le.s
mains, et suis de tout mon coeur votre, etc.
De Paris , le IIS d^cembre 1G70.
(1) On sail (|iie celte belle Iragedie de Racine tut admiree et rudement
rritiqucc a son apparition. Cependant Ic ;jrand Condc, aiKjitel on en
demandait son avis , repondit ]>ar ces deux vcrs ou Titus parle de sa
inaitresse :
Dcpuis <-iiHj aus euticrs, cliaquc jour ji- la vois ,
lit crois totijorirs la vnir |>onr la prcniirrc foil.
Ce jugement est hien different de celui qu'on lui attribue. In ecrivain
assure quo Racine ayant demandc a ee prince ce qu'il pcnsail do Here-
nice, il se mil a chanter ce refrain de chanson :
Marion j)U'inc , Marion uric,
Marion vent qu'on la in.nic.
11 passe pour avcre aujourd'hui (|iie cette rcponse est de (,haprlle.
H. I'.
:74 LEI IKES DE (H'l PATIX
LETTRE DCCCXXII. — Au m<hne.
Je vous envoyai hier une page de nos nouvelles, avec deux
de mes theses, dont vous en ferez part d'une, s'il vous plait,
a iVi. S., notrebon ami. Nous avons ici M. son fils, qui est un
jeune homme tres sage, multorum mores hominum qui viditet
urbes.
Hier fut enterre un de nos medecins nomme Claude Tardy.
Si j'etois aussi savant que celui-la pensoit l'e"tre , je passerois
Galien, Aristote et Kernel. Notre Faculte lui donnoit tous les
ans cent ecus pour 1'aider a vivre II etoit fait comme un
gueux , et se consommoit en proces a chicaner tout le monde.
Mais il n'avoit obtenu cette sorame qu'a la charge qu'il ne
I'eroit plus de livre, et ne feroit plus rien imprimer sans la
permission de notre Faculte. Un chirurgien de ses voisins
m'a dit aujourd'hui qu'on lui avoit bien trouve de 1'argent
dans son coffre. II passoit soixante-douze ans; il avoit ete
marie et sans enfants , qu'il eut laisses mourir de faim , s'il en
cut eu. II se vantoit un jour dans nos ecoles, mais en colere,
parce qu'on se moquoit de lui , qu'il etoit plus savant que
Simon Pietre, Nicolas Pietre et M. Riolan. C'etoit entin un
atrabilaire qu'il eut fallu Her, s'il n'eiit ete assez fou de se
laisser mourir de faim et de froid comme il a fait.
M. Mathieu de Morgues , sieur de Saint-Germain , jadis au-
monier de la reine-mere Marie deMedicis, et qui a tant ecrit
pour elle centre le cardinal de Kichelieu , est mort aux Incu-
rables dans le faubourg Saint-Germain , age de quatre-vingt-
huit ans. II a fait une liistoire de Louis XIII qui pourra
dorenavant 6tre imprimee, car il ne 1'a jamais voulu per-
mettre de son vivant.
On fait voir ici au sot peuple de Paris le cadavre de feu
M. 1'archeveque, (|ui y court comme au feu, ou comme s'il y
avoit des pardons a gagner d'avoir vu le visage fort boufli d'un
archeveque mort pour avoir pris trois fois du vin ernetique.
Le roi a dunnc sa place a M. de Chanvalon , archeveque de
A FALCONET . 775
Rouen. Pour M. le cardinal de Bouillon, qui a toutes les
belles qualites requises en un'honnete homine, on dit qu'il
est assez riche, et de plus jeune prince, cardinal , ueveu de
M. de Turenne ; avec tout ce qu'il lui viendra , il peut devenir
grand aumdnier de France et archev&jue de quelque bon re-
venu , et obtenir aussi quelques bonnes et belles abbayes ,
qui fassent bouillir la marmite en vertu du saint et sacre feu
du purgatoire. Les huguenots disent que Leon X , qui mourut
I an 1521 , disoit ordinairement avec une exclamation admi-
rative: Oh! combien nous a fait de bien cette fable du purgatoire!
Mais n'en pleurez point, s'il vous plait; il n'est peut-<Hre pas
vrai qu'il 1'ait dit de la sorte ; c'est peut-etre quelque charite
que ces mechants huguenots lui pretent , eux qui ont toujours
hai les papes.
Le 5 Janvier, veille des Rois, la conference ordinaire fut
tenue chez M. le premier president. Ce fut M. Pelisson qui y
parla de 1'histoire etdes historiens, sans faire le proces a au-
cun d'eux en particulier, ce que j'eusse pourtant bien sou-
haite. M. le premier president, qui est fort savant, y parla
aussi environ demi-heure. Enfin nous nous levames pour al-
ler crier le roi boit chacun chez soi; mais avant que de nous
separer, j'y saluai deux savants jesuites qui me parlerent de
vous, savoir, le pere Bertet et le pere Menetrier. L'un d'eux
me dit que vous lui aviez montre quelques unes de mes let-
tres , ce qui me fit rougir, vu qu'elles ne sont ecrites que tres
familierement , car j'y mets tout ce qui me vient en pensee,
sans choisir ou affecter des termes. G'est pourquoi je vous
prie de m'epargner une autre fois (1).
Nous avons perdu depuis un mois 1'ancien de notre Fa-
cult6, M. Pierre deBeaurains, age de quatre-vingts ans. II n'y
en a plus que six devant moi , a la tin il faudra partir. Snt
diu si sat benc (2).
(1) Voyez ce que nous avons dit a cet Igard. et la reflexion de
Bayle nur Ic style de liui Fatin , Notice biographique , p. 41. (R. P.
•2) Le tableau des m&iecins de la Faculte , ou leur *Re, la date de
776 I.KITKLS DK (.11 r.uiN
II y a trois semaines qu'un homme, qui a etc valet de pied
d<; M. le Prince, donna, dansVhdtel de Conde, a mademoi-
selle la Princesse, qu'il trouva a son avantage , un eoup d'e-
pee (jiii n'est pas mortel. On croit qu'il avoit envie de la voler,
mais il se sauva et n'est pas pris. Tous les diables ne sont pas
en enter, ni tous les f'ous dans les Petites-Maisons. 11 y a bien
des gens las de vivre sur la terre. Entin il est pris et s'appelle
Dnval. 11 lui demandoit de 1'argent qu'il pretendoit lui etre
dn Son proces est sur le bureau. On parle iei de eelte a Ha ire
a 1'oreille et fort diversement. Vale.
De Paris, le 14 Janvier 1(571.
LETTKE DCCGXXHI. ~Au wiw.
Madame la Valliere s'etoit retiree dans une religion de fdles
a Chaillot, mais le roi 1'a envoye querir par trois f'ois; enlin
elle en est sortie, et e'est M. Colbert qui 1'a etc querir de la
part du roi qui 1'a ramenee a la com1 : avant lui, c'etoit M. le
marquis de Belfonds et M. de Crequi, (jui n'avoient pas eu le
eredit de la tirer et faire sortir du monastere de la Visitation,
elle est done maintenant a la cour (1).
On m'a dit aujourd'hui que la reine d'Kspagne a eommande
que Ton rende re prisonnier, nomine le Beau , Lyonnois . qui
leur reception , leurs theses , leur defjre d'anciennete , etaient soi^nen-
senient relates , se consultant a chacjue instant. Gui Patin a souvent la
pensee de la mort , el quand il ecrivait celte lettre, la (in de sa carriere
approchait ; mais coiume il cut tonjours 1'esprit tremjxi de bonne et
forte philosophic, la vie Cut pour lui un enscignement o.onlinuel dont
il acceplai! a propos les oonseils et les lerons : il faisail recolte de tout,
il aurait pu dire aussi roinme le poele Martial, hominetn paijina tioslra
*<tl»t. (\{. P.)
\ On sail <|\ie ectle anecdote a fouriii le snjet du beau ronian de
raadame drdenlis, Mademoiselle dc la Vulliere- (K. I*.
A KAI.CONK1. 77?
etoit arrete dans Luxembourg. On a envoye ici des archers
avec un exempt , qui le doiverit amener a Paris , et 1'y rendre
dans dix jours, ou environ , pour lui faire son proces, et a
Florin , et a deux autres qui sont prisonniers dans le Chatelet ,
dont 1'un s'appelle Seguin.
Le valet de pied , norame Duval , qui avoit blesse made-
moiselle la Princesse, a etecondamne aux galeres, et mis a
la chaine avec les autres , mais ils ne sont point encore par-
tis, car il est encore a Paris; mais pour elle, on dit qu'elle
partira bientot pour etre menee a Chateauroux en Berry, par
commandement du roi , et ordredu mari ; on n'en sait pas le
secret.
M. Valot est au lit bien malade, a ce qu'on dit, d'une fievre
continue avec crachement de sang et assoupissement. Jen'osc
vous assurer de rien , mais on dit qu'il prit hier (ce 29 fo-
vrier) un grain d'opium ; cette drogue pourtant va plutot a
la vie qui est eternelle qu'au salut du corps. Pour son succes-
seur, on parle de M. Braver, M. de la Chambre, et encDre
d'un autre tiers : scd qitis futurna ille sit f/td/imr filius alba',
nidi us adhnc novit. tarn yrandc sccretuin.
Knfin le prisonnier de Luxembourg, nomine le Beau, aete
amene a Paris , et est dans le Chatelet ; ils sont quatre presu-
mes coupables de la mort du pauvre Grimod. M. le lieute-
nant criminel travaille a leur proces. De ces quatre, il y en a
eu trois d'expedies en Greve, et rompus tout vifsle 12 mars,
savoir, le Beau, Florin et son valet, en belle et nombreuse
compagnie : pour le quatrieme , je ne sais ce qu'il deviendra,
mais quelques uns disent qu'il aura sa grace, d'autant qu'il
n'a pas tue, et que memo il a aide a decouvrir les autres; il
s'appelle Seguin.
M. Valot prend quelquefbis des grains narcoliques, c'estce
queGuenaut appeloit des petits grains e.r <>/>io p/'tr/tfirtitu cdxti-
i/niu , mais le mieux prepare n'est guere bon , ximiti semper
xint/ti, etc. 11 a encore ete saigne de[>uis deux jours pour un
etouffement (|iii 1'a plusieurs luis repris la unit , ce n'est que
778 I.ETTRES UE iiUI PATIN
la huitieme Ibis. Vous voyez, monsieur, comme ces gens qui
se vanient chez les grands de savoir tant de secrets de chimie,
sont entin obliges, et bien souvent troptard, de recourir
a la saignee, quand ils sont presses. Le grand M. Colbert
s'en va en carrosse de relais faire un voyage de quinze jours
a la Hochelle , pour y visiter un nouveau port que Ton y a
fait.etque Ton dit avoir coute une horrible somme d'argent,
quelques uns disent quarante millions. Je vous baise les mains,
et suis de tout mon coeur votre, etc.
De Paris, le 18 mars 1671.
LETTRE DCCCXXIV. — AM
Je presiderai , Dieu aidant, bient6t a une these cardinale ,
laquelle conclura ainsi : Ergo fe.bri pestilent i Theriaco i*ene-
num pour refuter 1'erreur commune et populaire d'un tas de
barbiers ignorants et autres charlatans qui entendent mal le
mot de peste pour amasser de 1'argent , promettent sa guerison
par la theriaque qu'ils ne connoissent ni n'entenclent. La the-
riaque des anciens ne fut jamais inventee pour la peste, seu-
lement pour les morsures des animaux venimeux. Encore ne
voudrois-je point m'y tier. Andromachus , medecin de Neron,
n'etoit qu'un charlatan et fort ignorant , par consequent
digne operateur de ce tyran , qui lit tant de mal avant que de
niourir, et qui entre autres fit empoisonner son frere Britan-
nicus et assommer sa mere Agrippine, qui etoit une mechanic
chenille, indigne de si bons pere et mere. Elle etoit fille de
Germanicus, le meilleur de tons les bons princes, et de cette
Agrippine , qui t'toit si tern me de bien qu'elle en etoit glo-
rieuse , au dire deTacite, qui en a si illustrement parle dans
ses Annnlea. Je ne veux pas oublier d'ajonter a 1'eloge de
Neron qu'entre autres crimes, it tit bruler la ville de Home ,
qu'il fit empoisonner son brave gouverueiir Burrhus et niourir
son precepteur Sene<|ue, et qu'il Cut le premier persecuteur
* FALCOMBT. 779
des Chretiens, corn me assure Tertulien dans son Apolvfjetiqut;,
que Scaliger a nomme quelque part le Buuclier de I'anrien
christianisme. Mais laissons lace tyran.
M. Boucherat , doyen de la chambre des comptes , est ici
mort age de quatre-vingt-seize ans. II savoit par coeur son
Horaere grec, et etoit pereduconseiller d'Etat. Vale.
De Paris , le 17 mars 1671.
LETTRE DCGCXXV. — Au meme.
II n'y a rien de nouveau a Paris ni morts ni malades ; c'est
une espece de proverbe. Jamais le peuple ne fut si sain par le
moyen de la sobriet^ que la chambre de justice y a introduite.
On dit qu'il y a du bruit entre le pape et la republique de
Ge'nes. II menace cette republique d'excommunication ; mais
c'est une marchandise qui n'a plus d<e credit. Terriculamen-
lum puerorwn , brutwn fitlmen , qui ne fait du mal que lors-
qu'on s'en epouvante mal a propos. Si j'en etois en peine, je
m'en rapporterois a ce qu'en pense la republique de Venise.
Ses sentiments, durant la guerre de son interdit en 1'an
1605 , ont ouvert les yeux a bien du monde, et cet exemple
devroit bien retenir la cour romaine de semblables attentats.
M. Valot n'est guere bien; mais il craint si fort que le roi
ne fasse prendre sa place a un autre, qu'il a mieux aime
hasarder et entreprendre le voyage de Flandre avec lui,
comme il a fait depuis buit jours. Dieu soil lone de tout. Je
souhaite cetle place a celui qui 1'aura , mais a la charge qu'il
s'en acquittera en homme de bien et an profit du maitre, a
qui je souhaite les annees de Nestor.
Jamais Paris ne fut si sec ni si avare. Le desordre va jus-
qu'a la gueuserie. Les marcharuls se plaignpnt du commerce
et des manufactures; les ofliciers, du pen d'argent et de la
polette. Le peuple se plaint toujours, tant il est bete. Omnc
f/uent/um natura in/innum rsf.
780 r.KTIKKS I)K (,l'l PA UN
l-ne coliquo bilieuse a retenu pour quelques jours M. Col-
bert, comme il etoit en chemin d'aller trouver le roi a Diui-
kerque. On en a demands ici quelqucs consultes a divers me-
decins , mais il n'a pas ete nomme. Chaque medecin a eu un
louis d'or (I). On dit que si M. Colbert vient a mourir, il faut
dire adieu a toutes les manufactures qu'il a fait etablir en
France, Unit pour les tapisseries et bas de soie que pour ceux
d'estame qui se font en plusieurs lieuxde France , ce qui fait
travailier beaucoup de petit peuple en diverses provinces.
Pour moi , j'ai un interet particulier a sa convalescence:
outre qu'il a souvent dit du bien de moi , et qu'il a augment*'
mes gages de professeur royal, c'est que j'en attends la li-
berte de mon fils Carolus; car parce que beaucoup de gens
out CTU que c'etoit lui qui 1'a fait persecute!1, il a dit quel-
quefois , meme de son propre mouvement, que ce n'etoit pas
lui. Ainsi nous sommes reduits a n'en savoir ni 1'accusation
ni 1'accusateur. Mais, comine je vous ai dit, j'ai bonne espe-
rance que ce grand ministre contribuera a notre bonheur,
malgre les sollicitutions contraires de nosennemis (2). Vale.
De Paris, Ie2juinl671.
LKTTKE DCCCXXV1. — Au
Je vous ai ecrit environ le 12 de juin, et jc vous mandois
comme j'avois vu M. Meyssonier, qui est venu ici pour un
proces qu'il a a la grande chambreacaused'uii benefice qu'il
poursuit, sur quoi je vous dirai (me 1'auteur IVancois a dit a
propos sur ce sujet : Chnnw [tour /<• deinnndenr, clmnri' anafti
I ton i' le drfcndenr.
M. de Itarlay, ancien procnreur general du parlement, est
I l.r |>ri\ de cetle consultation pout »Mre estiinc relativemenl a ccnl
Irancs <lp notro opoqiic. (li- ''•)
2^ N o>e/, la note tome 111 , pajve ill*.
A FALCONET. 781
mort le 7 juin , age de soixante-quatre ans, d'un abces flans
le mesentere. 11 avoit un mois auparavant et6 taille pour la
pierre dans la vessie. II laisse son fils a sa place, qui est
gendre de M. le premier president, habile homme, de grand
sens , fort exact, severe , mais un peu trop melancolique.
Les Hollandois ont tached'obtenir du roi, par leur ambas-
sadeur, qui est fils de M. Grotius , le premier homme de son
siecle, la liberte et le retablissement du commerce ; mais ils
n'ont pas pu encore en venir a bout , et je crois qu'a la fin ils
se repentiront de ne s'etre pas tenus aux bonnes graces du
roi. Mais qui (lit Hollandois ditglorieux , et puis ils sont hu-
guenots et republicans. Ils ont reussi en leur revoke centre
le roi d'Espagne et sont gens de mer, qui sont des causes de
leur superbe : aussi dit-on qu'ils sont extr^mement riches et
tres puissants sur mer, et non sur la terre.
La diversite des etudes de Charles Patin me console en
quelque facon de son absence; mais les malices de son frere
aine Robert Patin me confondent. Get ingrat m'a trompe m<»-
chamment et m6me en mourant , ce que je n'eusse jamais
pense d'un fils aine a qui je me fiois entierement(l). Sa veuve
en tire ses avantages, et fait tout ce qu'elle peut pourruiner
notre famille a son profit. Le fils de M. Spon parle de son
retour bientot ; c'est un honnete homme, il vous portera de
nos theses.
M. le premier medecin est a Saint-Germain pres de M. le
clue d'Anjou , qui est malade d'une lievre hectique et en
danger de devenir tabide par une trop grande secheresse des
entrailles, et particulierement du poumon : c'est la /j/it/tor
des anciens Atheniens, une phthisic seche et la maladie de
consomption des Anglois , que quelqu'uif a appelee fort a
propos le fleau de l'Angleterre. M. le chancel ier, age de
quatre-vingt-quatre ans, est encore en vie et se porte bien :
(1) Quoi qu en en ail dii . on n'.i jamais su avcc certitude en quoi
( iia I'atin avail a se plaindre de son Ills aim'-; lui-meme ne sVxplique
»nr ce sujel i|ii'a\er beauonup tic re^orvo U. 1'.
782 I.ETTRES DK GUI PATIN
maisje pense que ce n'est qu'un beau jour d'hiver qui n'a
plus guere d'assurance ni de force.
On parle a la cour de rappeler mon Carolus. II y a beau-
coup de gens de bien qui raiment; mais un ou deux qui le
haisserit , sans meme qu'on sache pourquoi , lui out fait plus
de mal que ses amis ne lui peuvent faire de bien. Je sais de
bonne part que M. de C. a voulu avoir ses manuscrits ; mais
il aime mieux demeurer dans son exil que de douner la gloire
de son travail a un autre. II a trouve moyen d'achever 17m-
Iteratorum Romanoruin .\utnisrnata (l). Le livre est beau; mais
ne doutez pas que ses ennemis n'en disentdu mal. II 1'a dedie
a 1'empereur, auquel il m'ecrit qu'il a des obligations insignes
pour les honneurs et le bien qu'il lui a fails.
On parle ici d'un grand embrasement de rEscurial , en Es-
pagne, ou Ton dit qu'il y a bien de la perte, et meme une
grande bibliotheque oit il y avoit quantite de manuscrits
grecs, hebreux, arabes, et autres orientaux. On dit que
c.'est un moine qui a etc cause de tout ce malheur. Cela pour-
roit bien etre, car les moines ne sont que des animaux mal-
encontreux , comme le dit Rabelais. Le due d'Anjou est mort
a Saint-Germain le 3 juillet. Dieu conserve son frere monsei-
gneur le dauphin , puisse-t-il devenir aussi vaillant que le bon
roi Henri IV, son grand-pore, et plus heureux que lui ! Adieu.
De I'aris, le 23 juillet 1671.
LETTRC DCGCXXVII. — Au
On parle beaucoup ici de M. de Lionne, qui, avec la per-
missioii du roi , a fait enlever sa femme , et I'a fait mettre
dans un monastere ; on dit que c'est a cause de son jeu et
de ses profusions. La cour est en tristesse pour M. le due
d'Anjou , et dece que M. le Dauphin ne se porte guere bien.
M. de (iuise, age de vingt-deux ans , est mort d'une tievre
1; Aryentorati, 1G71 , iii-tol.
A FALCONET. 783
continue, avec une petite verole et une oppression de poitrine
sans avoir ete saigne, et sans medecin; il n'a eu pour se-
cours intrigue , qu'un grand charlatan d'apothicaire, nomine
Baurains, qui est, a ce qu'il dit, plus savant que tous les me-
deems, qui lui a donne des remedes cordiaux et des poudres
de perles, et un nomme du Fresne, soi-disant medecin , qui
etoit ci-devant valet de chambre de feue madame de Guise;
fits gradibus transeunt princijtes in terrain Australem , nulli
mortal ium adhuc cugnitam. Les sages ne saveiit rien de cette
geographic que par la grace des jansenistes, ou par la voie de
revelation.
On me vient de dire que Valot est fort malade , et qu'il s'est
fait raraener de Saint-Germain a Paris, ou il est presentement.
II est devenu si gros et si pesant, qu'il ne sauroit se soute-
nir, s'il n'est aide par deux homines; enlin il est fortement
asthmatique.
Deux eveques sont morts depuis peu, savoir, celui d'Auxerre
et celui du Mans. Un de nosmedecins, nomme Fabien Per-
reau, inourut pareillement bier ici (ce 4 aout) age de trente-
trois ans ; il est mort d'une iievre continue inaligne qui lui est
venue du mauvais air de I'llotel-Dieu , oil il etoit un des me-
decins. 11 a ete saigne douze lois, mais ce qui lui a bien aide
a mourir, ont ete trois jeunes medecins de sesamis, qui lui
out fait prendre plusieurs verres d'eau de casse , dans les-
(juels, par une tinesse ridicule et meme punissable , on fai-
soit mettre quelque once de vin emetique , pur poison en
cette conjoncture, car il etoit fort assoupi, et meme avoit
<les mouvements convulsifs ; mais crut in fads ut ntisi'i-e fn-rirct
iiiyi'atissiuius discipulus D. Francisci Hlondel.
Voici un autre malheur d'une autre nature. Un de nos me-
decins, M. de Launay, age de soixante-quatorze ans, est
tombe en enfance; son Ills unique, avocat celebre, a ete
conseille de faire une assemblee de parents, et par autorite
des juges il 1'a fait mener a Saint-Lazare , oil on a accoutume
ile inettre de tel les gens ; il y a de garde quelqne temps, d
784 I.KTTRES DE fir I PATIN
entin, le ma I augmentant, on 1'a mis oil on met les t'ous ,
savoir, dans les Petites-Maisons du faubourg Saint-Germain.
Valot est au lit fort presse de son asthme ; peu s'en fallut
qu'il n'etouffat avant-hier au soir, mais il t'ut delivre par une
copieuse saignee ; il a recu 1'extreme-onction , c'est pour lui
rend re les genoux plus souples pour le grand voyage qui lui
reste a faire. II n'a ete qu'un charlatan en ce monde , mais je
ne sais ce qu'il fera en 1'autre , s'il n'y vient crieur de noir a
noircir, ou de quelque autre metier ou on puisse gagner
beaucoup d'argent, qu'il a toujours extremement aime. Pour
son honneur, il est inort au Jardin-Royal , le 9 aout, a six
heures apres midi ; on ne 1'a point vu mourir, et on 1'a trouve
mort en son lit. Je vous baise les mains, et suis de tout mon
cit'ur votre , etc.
De Paris, le 10 aout 1671.
LETTKE DCCCXXVIII. — Au
On dit que le roi a toujours ete fort triste depuis la mort
de M. le due d'Anjou , et si fort melancolique du rencontre de
diverses affaires qui sont aujourd'hui a la cotir, qu'on ne 1'a
pu voir rire depuis ce temps-la; je crois que cela se doit un
peu entendre de la querelle qui est entre MM. Colbert et de
Louvois.
I'n de nos medecins me vient de dire qu'il y a une gramlc
brigue a la cour pour mettre M. Daquin le tils a la place de
M. Valot, et que cette brigue est si puissante, qu'elle fait
pour a celui <jui la desire tres ardemment , et meme on dit
que la reine est le chef de cette brigue. Toute la cour n'est
guere gouvernee que par intrigues oil les dames se melent
bien avant; mais quand je fais reflexion sur cette brigue, je
ne puis croire (jue la reine donne son medecin au roi, ni
memequand elle le voudroit, que le roi s'y laissat emporter,
pour (U's raisons que je pourrois alleguer , et (ju'il vaut mieux
IM'IIV: dies sun! dc dcnx Cortes, physitjiies et politi(|UPS, in;ii<
A FALCONET. 78f» '
il i'aut voir cequi arrivera; je erois pourtant quc M. Braver y
sera le plus puissant , tarit parce qu'il est connu du roi
comme habile hoinnie el savant medecin , que d'autant qu'il
osl tres riche, ce qui fait uri beau visage a la cour. Je vuus
dirai en passant qu'il a plus de 30,000 ecus de rentes; devinez
d'ou viennent tant tie biens? an ex Mammona ? J'ai vu aujour-
d'lmi (ce 14 aout), un homine quidit que M. Braver espere
si fort devenir premier medecin du roi, qu'il en inourra si
cela n'arrive; maisje n'en crois rien , car il est si riche qu'il
pent bien se passer de rien desirer. II a environ soixante-cinq
ans et bien de 1'esprit; il est merveilleusement adroit et bieji
propre a la cour, omuls Aristippum dccuit color, et status, t-f
res (i). On dit que cette place est merveilleusement briguee ,
ft qu'unc grande dame en a parle au roi en favour d'un me-
decin qui n'est point a Paris, et qui est huguenot: on parle
d'un autre qui a ofl'ert 10,000 ecus a une grande dame si
elle la pouvoit obtcnir pour lui; mais je crois que ni I'mi
ni I'autre ne 1'auront point; mais pour qui sera-ce done?
candid I pccloris vcrbion ex Julio Cinsarc Sculigero profenun ,
i-crte new to : je crois qu'il n'y a que le roi qui le sache , et le
futur de ce pays-la est toujours fort incertain.
On parle ici d'une autre affaire bien plus grande, qui esl
que le roi fait lever ties troupes en plusieurs pays pour fa ire
10,000 homines pour la fin de 1'hiver prochain, qui seront
employes sur mer et sur terre ; on dit aussi -25,000 homines
de cavalerie , et que M. le due d'Orleans s'en va epouser la
lille de M. 1'electeur Palatin, qui est huguenote, a la charge
i|u'elle se fera catholique, et (ju'elle ira bien denotement a la
(1) Ce medocin I^rayer n'ctait copendant ni un plal i-oiirlisan , ni mi
sot adoratour du voau d'or. On assure qifapres sa inorl on dccouvril
14110 pendant plus do vinyt-oinq ans , il avail fail rcmt-tlre diaquc inois ,
el secretement, an cure de Saint-Kustache , une soinnie do inillo Iraiu's
destinee au\ paiivros de la paroisso. Faire le bien et le bien l;iire, e>i
une chose si rare , si dillicile , que la po-terile doit tnujour* signaler le»
minis de eeux (|iii out Imuve ('(• beau vecivl. v |{. I*.
III. ."»!)
?8'.> I.KTTUES I)R CCI PATI.N
mosso; peut-etro que celaservira a nous aider a qnelquo on-
treprise du roll'; da Hliin et do I'Allemagne, car eYst aux
Hollandois que Ton en veut ; ces nouveaux republicans soul
trop glorieux , il fant <iu'il arrive quelque grande chose qui
les liuniilie. On leve pour nous dessoldats en Hibernie, en An-
gleterrc , on Kcosse et ailleurs atissi : on parle aussi do nou-
velles levees de deniers en France , et de inettre qnarante
sous d'entree a Paris sur cliaqno muid de vin. Lo roi conti-
nue ses grandes depenses en bailments, tant a Paris qn'a
Saint-Germain et a Versailles. Dieu soil beni, si le vin de-
vient si clier, au moins nous avons la riviere; de Seine <|ni ne
nous pent manquer, el qui est fort bonne. Jo vous baise les
mains, etsuis de toute mon ame votre , etc,.
DC I'aris, 1«« 14 aoiit 1(571.
LKTTRE DCCCXX1X. ~ .\u wwr.
,le vous ai ecril le IS d'aout. Aujonrd'hni j<» vous dirai que
le pero Lemoino , jesuili1, hisloricn du cardiiii;! de Uirlicliou .
aux depens et aux gages de madamo d'Aiguillon , est ici mort
le 22 aout , age do soixante-neuf ans. On n'a pas encore
pourvu a la chai'ge de premier inedecin. Lo roi a dit qu'il se
portt; bleu, <pi'il n a que fain; do medecin, <|u il en |)rendra
nn lorsqu'il sera inalade. et quo le meilleur de Paris ne lui
est pas trop bon, en quoi je trouve qu'il a bien raison. 31. le
president de Maisons (juitte le palais et cede sa place a son
ills, maitre des requctos. On dit cpie le roi la ainsi ordonne
a cause do sa durete d'oreille. L'//7.sYo/?Y' ^V/^'oyy/^wd'Helio-
dore dit quo la vieillesse est une maladiedes oreilles.
M. P. IN'tit, <pii a ecrit ci-devant da f.nci'iinis, et depuis peu
contre. les cai'tesiens, /v/w. d" imi'd. ]t<'n. Ctn'ta&n jj/ttlutioj/htd,
n'cst <pie bacholier en UH'decine el en a (piidc retude. II de-
Iiieiirc die/ M. do Nicolas, premier president de la eliambro
A FALCONET. 78?
des comptes. Celui-la ne songe pas a eleven ir premier mede-
cin ; il n'a jarnais vu de malades ; mais celui qui voudroit bien
letre.est un certain Guillaume Petit, age de cinquante-
quatreans, Normand, savant, doucet,lin, ruse et qui n'a
qu'un Ills qui le i'ait enrager. G'est un Tartuie pari'ait, it qui
tout est bon pourvu qu'il gagne; melancolique brule, qui ne
parle que de Vierge Marie et de conscience, et qui par toutes
voies ne chercbe que de la pratique et de 1 'argent. Pour cet
huguenot dont vous me parlez, c'est M. Bellay de Blois. On
dit que c'est M. Valot qui 1'a nomme dans un billet, qui est
tombe entre les mains du rot; mais on dit aussi que ce
billet est i'aux, et qu'il ne vient que dequelquesennemisde
M. Braver, qui a de grandes pretentious. M. Valot n'est pas
mort si riche qu'on pense. II laisse une I'einme quijoue, et
sept enfants , trois lilies a marier et quatre Ills. L'aine est
eveque de Nevers , qui n'a besoin (jue de science, d'esprit et
d'argent. Son IVere est conseiller an grand conseil , qui n'a ja-
mais rapporte proces et qui a bon appetit ; 1'autre est cha-
noine de Notre-Dame, et le quatrieme capitaine aux gardes.
Ces deux mariesn'ont point d'enl'ants, les deux derniers sont
honnetes gens. Les deux pretres n'en auront jainais. Les trois
lillesapparemment auront bien des ecus, et cela leur servira
a trouver des niaris; mais lepere qui avoit du credit n'y est
plus, il est en plomb a VAue-Mm-ia. Donnez-vous patience,
du reste, les homines font tous les jours des proces , mais
c'est Dieu qui les juge.
M. de Lionne(i), secretaire d'Etat, est mort le V sepfem-
bre avec plusieurs doses de vin enietique. C'est le passe-port
de ceux qui out hate d'aller en 1'autre monde , parmi plu-
sieurs grands de la cour. J'ai consulte ce matin avec M. Braver,
<{iii m'a zombie fort triste. iS'esl-ce point qu'il sennuied'at-
Iciidre ce brevet tant espcrc de premier m(xlecin?Le j-oi a dit
il) Hugucs do Lioniie, ministre-sccrctairc d'Ktal , nc a (imioMc
en 101 1. II iM ooniiu dans 1'hi-toirc <li- -.on lemps coiniiie 1111 ties lial>i|t-
(( ires lin nrgocialour. M. |'.
7SK I.F.TTIIF.S DE (.n PATIN
i|u'il no voudroit pc.iiil avoir un medocin si avarc etsi impor-
tun quo lo dcl'unt, (|ni <;toit insatiable. 11 yen a pourtanl plu-
sieurs (jiii si; Iremoussent pour cotte charge qui soinble otrr
an pillage (t). Ee roi a donne la place deM. deLionne a M. de
Pomponno, Ills do 3\I. Arnauld d'Andilly, ftgedequatre-vingts
ans. (lo M. do Pomponne est aujourd' liui notrc ambassadeur
en Hollando , et nevou do M. A. Arnauld , docteur en Sor-
bonne, et do M. 1'evequo d'Angers. II a cot avantage que tout
le inondo 1'aime el qu'il le mcrite. Peut-etre quelque jesuite
lo halt, mais il n'oseroit le dire. M. Jon(juet , professeur do
bolanique an Jardin-du- Roi , vient de niourir. En voila six des
notros depuis neuf mois. Vale.
DC I'aris, lo 7 septembre 1(571.
LETTRE DCCCXXX. — An mtmc.
.le viens de voir un officier de 1'armee <|ui dit que les Es-
pagnols olfront au roi Airo, Saint-Omer, le Cambresis et (juol-
(pios autres villos ; ot (jue nous lour rendions tout co <jue nous
avons pris sur eu\ colto campagne derniere. Toules cos con-
ditions sont au-dossoiis do nos conquotos ot dc la majesto do
notr*1 conquorant ; c'ost pourtpioi il fandra <|uo 1<^ Espagnols
clierclient do nouvoaux inovons do pacification , on (pi'ils
f'assont naitro do nouvoaux soldats pour so dof'endro raniK'o
proohaino contre nos attaquos ; car cos oilVcs-la no nioritont
point qu'on y ait ogard. Les Espagnols so picjuoiont autrolois
dc linesse, mais la mine est ovontoe, il y on a encore aujour-
d'hui on Franco de plus lins ipi'eux : Jam jirfdcm .S'/y/v/s in
1 ilii'i'iin (It'fl n.rit Orotiff'tt.
J'ai vu aujoiird'hui passer pros do Saint-Eustache , ou do
;l; Kile nc lul iloiinee qifii Fiifjoii . en 1(}(.>3; Louis XIV no 1 ;iv;ii(
;i|.|>rocli«:- que ('.radurllenienl de ce poslo eiiiineii! , car il ful meilrdn
<!<• hi daupliinc. (mis de la reine et de- rnfaiils de France \oye/ son
I'liti,!' juir Fonlenelle - |{ |> N
A KAI.CONKT 78'.)
sa paroisse, le corps de leu M. Maillet , riclie et ancien bour-
geois de Paris, qui etoit un ties direeteuis ct udministrateurs
de plusieurs maisons do communautes do Paris , conime de
1'Hdpital General , de la Trinite, et des Enfants-Bleus , des
Enfants Rouges , etc. II etoit presque octogeriaire. Le voila
mort , il n'y a plus de difference entre son corps et celui d'un
gueux : onmis caro fwnniii.
On prepare de belles comedies a la cour pour 1'biver pro-
chain ; et je ne doute pas qu'il ne nous vienue des le niois de
decembre prochain , en vertu do toutes nos conquetes en
Flandro, de beaux almanaclis. On dit que le cardinal Visconti
ost arrive ee soir a Paris, qui vient apporter an roi de la part
du pape des articles de pacification aver 1'Espagne , W ;/«•.•
l>udi't (of inept iarwn. Je vous baise tres liuinblement les
mains , et suis de toute mon Jinie voire, etc.
De Paris, le 27 scptembrc 1071.
LETTHE DCCGXXXI. -- A« //«W.
Je vous ai ecrit quo le roi avoit fait cboix de M. de Pom-
ponne pour etre secretaire d'Etat, a la place de M. de Lionne.
II est tort dans les bonnes graces du roi, et a ete prcten'1 a
M. 1'archeveque de Toulouse , i)ui est un fort babile Italien ;
a quoi on dit iju'il a ete seconde par MM. Colbert et leTellter
(jui craignoient 1'esprit de ce M. de Bon/.i.
Je fus mene en carrosse de relais le mois passe en Norman-
die pour un conseiller (jui y eloit demeure tort malade, et qui
en est revenu, Dieu merci, en boil lie sun to. Et depuis buit
jours j'ai ele mene en Brie , ii dix lieues d'ici , pour un capi-
taine qui, Dieu aidant, en rechappera ; mais ces voyages,
auxtjuels je ne suis pas aceoutume, me deplaisent ; ils me ta-
tiguent trop. J en lis un autre, au commencement de juillet,
vers Orleans, (|ui inedesorientafort. Les barbiers, qui sont tort
ignorants et grands ivrognes, se melent de donner du vii:
71K) LETllttS UE (il'I I'ATIN
emetique, el y tuent impunement bien des pauvres malades.
Nous avons ici un do nos medecins fort malade, c'est Eu-
sebe Honaudot, qui a fait autrefois I'Antimoine trion^ihant. II
a ressemble a celni qui pensa une fois en sa vie a 1'empire.
il a pense a la charge de premier medecin , esperant beaucour.
en M. de Montausier, gouverneur de M. le Dauphin. Mais son
epee s'est trouvee trop courte, il n'a pu y atteindre, dont on
allegue trois raisons : la premiere est <[u'il est puant de corps
et d'ame, je erois meme qu'il est punais; la deuxieme, c'est
qu'il a la vue presque perdue ; la troisieme qu'il est grand
charlatan, et il a eu raison d'intituler son livre, I'Antimoine
friuiiiji/taiit ; car pour triompher, il falloit en avoir tue pour
le moins six mille. Aussi a fait I'antimoine et bien par-dela ,
avec son ecrivain etsasequelle, qui sont plusieurs faux-freres
gagnes par les ajtothicaires, qui enragent que le peuple con-
noisse la casse , le sene et le sirop de roses pales, dont il est
ort soulage. Je ne saurois souilrir cette tyrannie , laquelle
nous fait passc'r pour des coupeurs de bourses. Pour souilrir
cela il {'ant avoir une ame venale et aussi mal faite qu'un
apothicaire, (jui etoit defini par M. Hautin : Animal /'(Mfbissi-
inuni , faciens bene jjwtes et luct'tirm mirabilitcr. Vale.
DC Paris, le (5 oclobro 1071.
LETTIiK DCGCXXXII. — An mime.
Le. roi de Danemark a fait publier dans tons sesEtatsune
liberte de conscience; n'est-ce point qu'il vent augmenter le
noinbre de ses sujetsen queUjue fa(,-on? S'il veut des moines,
il n'en manquera point pourvu <ju'il leur donne bien a diner
et de 1'argent de reste, pour ne pas dire autre chose, mais
laissons-les faire, ils en trouverontbien.
On parlc ici d'une grande revolte des Arahes contre le Tare ;
on dit queers Arabrs out pillr rt brule la JMeccme , el qu'ils
out fait un luitin de j)lus dr cinquante millions ; je crois qur
A K.VLCOXEI- 7*.)!
c'est une fable pour amuser lepeuple. II court 1111 bruit que le
roi fait venir d'Afrique uu regiment de cavalerie de negres
pour etre employes clans son ariuee; cela sera bon cuntre les
Hollandois quand nous conimencerons la guerre contreeux ,
ils se counoissent deja.
M. Colbert, qui etoit intendant de justice en Alsace, a etti
fait par le roi president de Met/ , et M. Colbert , eveque de
Lucon , est eveque d'Auxerre. Celui-ci est I'rere du grand
Colbert, sur-intendant des finances et secretaire d'Etat.
On ne parle ici que du mariage de M. le due d'Orleuns avec
la lille de M. 1'electeur Palatin, et les presents qu'on lui envoie
de dera , tant de la part du due son 1'utur niari, (jue du roi
meme. Madame la Palatine, tante decette princesse nubile ,
est allee au-devant d'elle. Le premier aumonier de M. le due
d'Orleans, qui est M. 1'abbe de Montaigu, a promis a M. dc
Kobineau , notre tres cher ami et allie , de s'employer apres
ce mariage pour le retour de 111011 cher Ills Carolus, et j'espere
que eela nous aidera; mais auparavant il faudroit savoir a
(jui nous avons affaire. II n'y a (jue la bonle de Dieu et la
justice du roi en qui je me fie : In /iliis lioininum nnn cst xnlux.
On dit iei tout haul que la reine est grosse; pint a IJieii
(ju'elle nous donnat un petit roi qui vaille quelque jour
saint Louis ou le bon roi Louis XII, ou tout au moins
Henri IV, qui delivra la France en son temps de la tyrannie
des Espagnols et de la Ligue , aussi bien <jue de la malice de
nos mauvais voisins, et surtout des huguenots.
Vous ti'ouverez ici une lettrepour notre bon ami M. Spon.
Je vous prie de fa ire en sorte (pfelle lui soil rendue avec
toutt' assurance a cause d'un papier qui est dedans, et qui
imporle fort aux all'airesde mon Carolus. Quand le verrai-je?
(Juand le roi aura-t-il le loisir d'y songer? Je vous baise les
mains , c;t suis de tout mon cn-ur votre , etc.
DC 1'ari^ , !c '23 oclobre 1G71.
70-2 i.inriU'S !)!•: <.n I-.VTIN
LKTTUK DCCCXXXIll. -- Au ,MHW.
Le roi a aceorde la polette a plusieurs officiers . et presque
a tons ceux quiavoient affaire.
M. >le Puyguilhem (l) a ete envoye au meme lieu que
M. Fouquet, a Pignercl , sans que nous sachions la cause tie
sa disgrace . on 1'appelle a la cour le cornte <le Lauzun.
M. de Bezon , ink-miaul dejustiee en Languedoc, a ete fait
par le roi premier president de Provence a la place de
M. d'Oppede.
Le roi d'Angleterre nous donnera du secours contre les
Hollandois , etant fort ami du notre.
II court ici beaucoup de Sevres catarrhales et des rhuma-
tismes; mais nous les guerissons aisement par la saignee el la
boisson d'eau. Le vin nouveau a deja fait des goutteux et des
hydropiques.
,le vousenvoie deux de nos theses , notre dernier catalogue
ct la derniere afliche de notre college royal. Au inois de no-
venibre de Tan IG"^, Jious aurons tin nouveau doyen et un
nouveau catalogue; mais <]iii y sera? Prudefts futuri li'inporit
r.i-itiint rd/ifj/itosti nortc jtrt'i/iif /Jr-utt. Les rabins disent que
Dieu s'est restM'Vt' trois clefs, don! la premiere est du beau on
du mauvais temps ; la seconde de la fertilite ou steriliti'; la
troisieme est la science du futur. (lei'tes voila trois beaux se-
crets, mais qui n apparliemient qu'a ci; grand maitre
M. de Puyguillieni a etc arrete le meme jour (pie le fut a
Londres le due de Buckingham. Madame la duchessed'Orleans
est ii Saint-Germain, oil tout est en rejouissance. Kile trouve
la cour fort belle; elle y fait bonne cliere et y trouve le vin
fort bon. Bientot on hi doit mener promener a Saint-dloud ,
I I'IIN [Miiilioiu : c'ol oe cadet do Gascogiic , If duo do I..-IU/IIM . i-i
{•flolirc |>ar MHI olrvalion, son lastf. sos inullieurs , lo> j-ii);;iilicro>
\iiriiilioii- do >a torluno: I. a MruyoiT ;i ilit do lui : « on no ro\o \*.\*
ooiiiinr it a scon » ; il n'oii inuunit p;i> uioiiis ajje do quatre-viii(jl-
dixan-. r\{ i>, )
A KU.CONKT. 703
logis deM. le due son mari, pour lui t'aire voir les belles cas-
cades et les Fontaines (jui y soul
Pour la guerre, on la tient certaine, si les Hollandois lie la
previennent par leur prudence republicaine. II est vrai quo
M. lechancelier est bien vieux , et qu'apparemment sa place
sera bienttit remplie par M. le Tellier, pere de M. de Louvois,
ou par M. Pussort, oncle de M. Colbert.
M. le cardinal de Bouillon est grand aumo'iiier de France.
Je me souviens bien de Damascene , ce n'est qu'un f'ou. Je
vous baise les mains , et suis de tout mon ca'ur votre , etc.
DC Paris, le 11 deccmbrc l(57t.
LKTTHK DCCCXXXIV. — Au i,u>mt.
Le roi est tout-a-fait resolu a la guerre, et il y a toute ap-
parence que nous 1'aurons; niais oil ? je ne sais. Peut-elre
conti'e les Hollandois ou ceux de Cologne, apparemment
contre tous deux. Quoi qu'il en soil , le roi a fait I'aire des
mag.isins sur le Hliin, de ble , de Yin, de poudre , etc., pom-
six mois , et 80,000 homines. Quelques mis disent que Ion
veut laire el ire M. le Dauphin , roi des Komains, quoiqu'il
n'ait que dix ans , et la loi en requiert dix-sept ; mais (Jitid
(uficnt Icycs , itbi tnntti jioti'iittfi regmit ? ^)uand le roi aura line
puissante armee commandee par M. le Prince, M. de Turenne,
M. deCrequi et ses autres f'oudres de guerre, s'amusera-t-on
a observer une loi ancienne qui lui est contraire? J'aime mieux
croire (jue le roi (lira ce que disoit cet ancien capitaine dans
Stace, (jui , ayant I'l'pee a la main et la puissance presente ,
disoit tort hardiment : 1 irtus tni/n ntuncn ct cnsig (/ncni tt'tim.
On tlit (jue les Hollandois s'oll'rent de donner an roi toute la
satisfaction qu'il voudra : c'est ^1. 1'ambassadeur dc Hollande
ijin me le (lit bier lui-inr-me. II est his de M. Hugo tirotins ,
qui me faisoit I'lionneur de m'aimer, etqui mourut I'an 16 io
7<M I.KTTHKS I)K 111 I I'ATIN
a Kostoc on revenantde Suede, oil il etoitambassadeur de la
n-iii" Christine vers notre roi. II a ete le plus savant homme
de son temps avcc, Saumaise. Us n'etoient pas tous deux du
memo avis en beaucoup de clioses , et particulierement en
matiere de religion; car M. Crotius etoit catholique en son
ame, et s'alloit declarer des qu'il cut ete arrive. Mais, au
contraire , M. Saumaise s'etoit fait de romain huguenot, et
disoit qu'il s'etonnoit de ce que tons les gens d' esprit ne
faisoient pas de meme , vu (jue c'eloit une religion fort com-
mode, qu'on n'y alloit point a coni'esse, qu'il n'y avoit point
de purgatoire, de pretres et de monies, grands coupeurs de
bourse, /// iimnim- Domini , ni depa|te. ni de chapelets , ni
de grains benits et autres bagatelles. I \iln.
DC Paris, ce 19 dccembre 1071.
LETTRE DCCCXXXV. - Au nwm<>.
Depuis le 19 decembre, que je vous ecrivis, toutes les
villes de Picardie et de Champagne sont extremement pleines
de soldats qui ne sont bons (ju'a la guerre ; mais contre qui ?
personne n'en sail rien. O:i dit (jue M. de Louvois est parti
pour (juel(|ue affaire, ct qu'il t;st alle en Lorraine, donton lire
diUV'rentes conjectures : il vaut mieux n'en rien dire. Le
mois de mars viendra (ju'on se mettra en campagne, et alors
on verra Peffet.
Nous fumes hier, tout le College-Royal , les dix-sept pro-
fesseurs du roi, ehe/ M. le cardinal de liouillon lui laire la
]'('V(''i'ence , comme ayant ete depuis pen noiiim«' par le roi a
la charge de gnuid-aumonier de France. Le rni cst notre
maitre et foiiiiateur, et le grand-aumiMiier est notre directeur.
C'e.sl de lui tjue nous relevons (>t qui nous donne nos augmen-
tations. M. J.-U. Moreau , (nomine notre syndic en 1'absencede
notre doyen , (jiii c.^t M. de I'lavigny, docteur en Sorbonne.
lui lit une petite harangue latine, a laijuelle M. le cardinal
\ KAI.CM.NEI. 7M
de Bouillon repondit sur-le-ehutiip, aussi en latin, lort eie-
gamment, nous promettant qu'il auroit grand soin de notre
college.
Nous avons perdu un des n6tres, qui est Florimond Lan-
glois, age de soixante-cinq ans. II a I'ait miracle en inourant;
il est mort sans rendre 1'esprit , an inoins n'en eut-il jamais
guere. II etoit devenu bete , et est mort de la poudre emett-
que d'un moine. II n'y a guere de maladies ; jamais Paris ne
I'ut si sain ni si sec. Si les medecins ne ineurent de faiin , au
nioins il y en a de bien empeches de leur contenance.
On crie ici la prise de Jerusalem par les Arabes, niais le
bruit des coups de canon ne pent pas venir jusqu'a nous. On
dit (jue le roi ira a Chalons et a Metz. II y en a qui parlentdu
siege de Strasbourg on de Cologne , niais d n'y a rien de cer-
tain. Tout ce (jiie je vous puis dire de tres assure est que je
suis tout a vous, etc.
l)e l'aris, le 31 decembre 1071.
LETTKK DCCCXXXVI. .{« ///,;//„<.
Je viens d'apprendre du jeune van der Linden , que M. (Iro-
novius est mort a Leyden. II restoit presijue tout seul du
nombre des savants de Hollande. II n'est plus dans ce pays-
la de gens fails comme Josepli Scaliger, liaudius, Heinsius ,
Salmasius et Grotius. .le viens aussi d'apprendre par des let-
Ires de Bruxelles, (jue M. IMempius, celebre proi'esseur en
inedecine, est mort le 1-2 decembre dernier. Adieu la bonne
doctrine en ce pays-la. Descartes et les cbimistes ignorants
taclient de tout gater, taut en philosophic (ju'en bonne inede-
cine (i). Ce M. Plempius etoit un savant bomme, llollandois
1, On nc coiK'oil pas conniii'Mt (iiii I'alin , Oft c^pnt si licr, >i eleve,
si (lej',;![',« do luvjiii'/'s, puisso purler ainsi de Pilluslre Descartes. O
philosoplic joui«sail iiourlant a!or> d'unc (jrande rrpulalion , >a Mc-
t/iude ayaul jtani en 1GI57 : il \ avail par consequent liente-rinq an> a
796 LKTTUKS UE l.L'I i'ATl.N.
de nation , et huguenot, qui BO (it cutholique pour etre pro-
fesseur a Louvaiu. 11 (lit un jour a M. Hiulaii , qui me le re-
dit : Si MM. les Elats veulent me clonner uue de leurs charges
de professeur en medecine a Leyden , je me ref'erai huguenot ,
et irai demeurer chez eux. Que ne feroit-on pas aujourd'hui
pour gagner sa vie? C'est qu'il ttoit des ce temps-la mal paye
de ses gages, et je crois que c'est encore pis a present a ceux
qui restent. Le roi a fort bien recu M. de Pomponne,qui a fait
serment de sa charge , qu'il exerce deja avec beaucoup d'hon-
neur. Le ciioix que le roi en a fait me semble presque mira-
culeux . parmi taut de competiteurs qui s'y presentoient en
t'oule. Je suis , etc.
De Paris , le 22 Janvier 1672 (1).
1'epoque de celte leltre de Gui Palin. Triste exctnple du jugement dcs
hommes sur les genies contemporaias ! (U. 1'.)
(1) Cetlc letlre est la dernierc que nous commissions , elle fat ecrite
quelque temps avant la inort de 1'auleur. On voit aisement que , mal^re
I'ener^ie de son caractere , inal^re ses vivaciles , ses iougues d'indi-
gnation et de colerc , Gui Palin avail pourlant unc amc tendre et affec-
tueuse ; il en donne souvenl des preuvcs pour les siens, pour ses amis,
ses bienlaitcurs , ses proteges ; el lui aussi aurail pu dire : Personne
ne m'a aime que je ne le lui die bicn rendu. Mais la inort de ses en-
iants , lingralilude de rainc , Texil dc son cher (larolus , les conli-
nuellcs atta(iues de ses ennemis, allererenl sa sanle. Force d'approcher
de ses levrcs cellc coujte d'amertume , fatigue par 1'age , les travaux
ct le chagrin , il succomba a la suite d'unc pleuresie , an mois d'aoul
suivant. On 1 inhunia dans 1'eglise de Saint-Gcrmain-l'Auxerrois sa
paroisse. C'esl la que sont ses reslcs , si , apres deux siecles, il reste
quclque chose dcnotrc miserable corps.
I'auvre Gui Palin ! qu'il repose en paix dans 1'eteinile, el que son
notn soil longlemps encore illuslrc parmi les homines ! (H. P.)
KIN DU TROISIKME ET UE11MKK VOLUME.
TABLE ALPHABETIQUE
DBS PEHSONNAGES ET DES MUNCU'AUX FAITS
MKSri()»KS D^NS CKT Ot:VRAOF..
ABF.U.LF. (Scip. ), chirurgien. Ill,
663.
Academic francaise ( I' ). — ties
beaux csprils. 11, 382 el note.
AIUM (le pi-re), jesuile. I, 268. II,
I , 164.
ADF.II (Guill. ), medecin do Tou-
louse. II , 177, note.
Administ rat curs rfcs hdpitaux.
Question tie preseance entre eux el
Ics medecins. 11 , 538, 539, 540, 541.
Nonius, Corbolieiisis ( Gilles de
C.orbeil), inedccin tin \iuc siecle. I,
80 et note.
Ar.i-F.ssB.ti: (d'). Sa morl. I, 2/15.
AIGLILLON (ducliesse d') , .Marie de
Vignerot , niece de Richelieu. 1 , 226,
«2/i,494, 522. II, 22, 213, 2(i, 214.—
Son proci's conlrc le duo d'Orleuns,
30 1, 331.
AkAKi.t (Martin), me. .loom de Paris.
F, 367. II, 155, -168 et note, 228.
AI.AIS (cointe d' ) , gouverneur tie
Province . Troubles de Provence. I ,
155, 175, 466, 492, 494, 526. II,
(il, S2.
AutF. (due d'). I, 521. Ill, ISO.
AI.HUKT (marechal d'). Ill, 770.
AI.IIHF.T (ilur d'), rardina! de Uoiiil-
lon. Ill, 703.
Ai.niiox AMU s. Publication de scs
irinrer*. II, 401.
\I.I\\MH;K VI , papc. II, 481.
AI.K.\VM>I:F. VII (Clii.u;i). Pape. II,
Hill, 23'.», 3'J'i, •"•'.|">, 'il 'i- HI, I I7-
ALIBOLX (d'). II, 509.
ALICRE (d*), directeur des finanres.
II, 310.
\ I.K.I. i, (,'0, lc capitaine, His du
chancellor. II, 418.
AI.I.NCOLRT (d1). I, 326.
ALI.U.N (U.), medecin de Paris, I,
217, 264, 453. II, 211. Ill, 51, 55.
AI.I.EN. I, 57, 58, 59, 63, 66, 67.
ALLIOT, medecin dc Bar -le- Due.
Maladie de la reine-mere. Ill, 526.
AI.MF.UA.S (le chevalier). II, 13.
ALSTF.DHS ( J.-H. ). Encyclopedia,
1, 166, 262, 504. II, 547.
ALTIF.IU, cardinal, elti papesous le
noin de Clement X. Ill, 743.
ALIS (des), partisan. II, 32(5.
AMANT (de Saint-), poetc. I, 295.
AMF.LOT, premier president dc la
Conr des aides. I, 471. Ill, 387, 773.
AMIOT, medecin, i Gien. I, 42;i.
AMOLK (de Saint-), janseniste. I,
195. II, 488.
AMVOT, traducteur de Plutarque.
I, 342.
AMVISAII.T ( Moise ) , minislre de
Saumur. II, 146, 48!>, 495. Ill, 95,
445.
ANCHK ( le marquis d'). Concino
C.oncini , uiarechal tie France. J, I0(».
428, 471. II, 135, 203. Ill, 2SS cl
note.
AM;F. ( du Saint-). I, 290. II, 1ST.
AMIFAOT. I, 22.
AMI i .1.1.0 (Thorn.). II, ITii.
.\ntl'l,ii.'i (h's). I, cur caracti'-re. II,
4 is. Ill, I3'i, 1 'is, as;, ()<;<;.
\MSSIIN, lihraire, a I. MID. Ill, '|9I.
70S
TAIU.K.
AMIOTI.KMF. (dncd'), Ills nature)
do diaries 1\ et de .Marie Toucliet.
I, ;?L'L>. -- Sa limit. II, 50.
A vim (due d'). Sa nai^sancc. I,
(iS, .'59(5, /iTO. II, 227, 240, ."20, 408.—
Son maria^c avec la scrur du roi d'An-
Rleteire. Ill, 262, ">2S.— Saniorl, 782.
A WAT ^le pere), jcsuite, confes-
senr du roi. II, 130, 170, 190, 231,
268, ;i92cl note, ill, 751.
A>M:i>1Ai THICHK, reiue-nicre. 1.58
et note, ><8, 90, 150. - Ses liberalites
envcrs les conrtisans, 291. — Sa puis-
sance, 298. — All'aires dcs barricades,
.'i 05, ,'|07. — Saretraito a Saint-Cer-
maiii, /i2/i, 427, 428, 430.— Knlrevue
aver les deputes du Parh nient a Saiul-
(iermain, 433. — Pai\ conclue aver le
Parlenicnt , dite paix de Hevel, 470.
II, 70. — Son iiicljrunlablc altachc-
incnt pour Maza riii, .'551 nole, 58i>,
588. Ill, 307, 310, 345, 4'iO. - Sa
maladie, 493, 494, 498, 499, 512.
— Sa mort, 579, 580.
Aiinccs climatfriques, I, 391.
AMT.III. (d'). I, 104.
Anliiiidinr (I1). I, 77, 175. — Dem-Is
dn hi Faculte et arrct du Parlcmcnl
roiilre, I'.U ; c-t pour rantiinoinc. Ill,
009. — I, 514. II, l.'iii, 192, 198 e!
nole, 443 et note, 459, 475, 550,5(53,
56 '4, 572. — Stibii nc.rtf rind/CHC, 577.
III, 12. — 1/antimoine trioiiipliaut
et la le^endc anliinoniale, 18,20,23,
27, 8li, 88, 89, 90, 257, 258, 600,
(iOl, 60'J.
A-STIN ( le marquis d' ). Ill, 39<i.
A>TOI\E, cardinal, grand-aumonier
de France. I, 192, 198, 227. II, 232.
Apothiniircs. I, 11, 23, 31, 173.—
Proces c outre Gui Patin , leur ron-
dainnalion. 136, 2C8, 214, 518, 219,
228, 229, 356, 453, 454, 455, 506,
")!<i. II, 196, ."79, 459, 475,503,
5(i 'i, 507. — Us devaient preter srr-
nuiil an\ medecins. Ill, I7'i, 18(>,
ll'l , 203, 25S, 559. — I), liuili le
Anu;o, nieinhre do 1'Inslilui. II,
189 nole.
ARKKNCOI-UT (mademoiselle d'). II,
373.
AncKNSo'. (d'). I, 155. Troubles de
Bordeaux. II, 521.
Anoorcr.s ( d' ) , inailro des re-
quotes, etc. Ill, 350.
AHMAGNAC (conite d'). II, 94, 142.
AIINUD, medecin de Montpellier,
anlenr d'lui litre contre (I. Putin in-
tilule : I'iilinus rcrlicralns. I, 479.
II, 52, 136, 42'j, 552, 563, 564, 565,
572, 575.
AR.VAIMI (Antoine), docteur en
theologie et philosophe, surnoinmele
p;rai)d Arnauld. I, 1 12. — S;i lulte eon-
Ire les jesuiles, 1 19, 3?2. II, 1 '|9, 199
229, 233. - Son portrait, 237, 239.
323. ill, 91, 689, 734.
AKNALI.D D'AMMI.I.Y (Robert), frere
du pircedeiit, traduct. de Fl. Josephe.
III, 562.
AICNAILO D'AXDILLY, seigneur de
Pomponne, ne\eu du celebre Ant. Ar-
nanld. Ill, 397.
Ai;riA(:\\\ (d'), guerre de Flandre.
Ill, 651.
ASSKIIU; (marquis d'). II, 201.
ASTISIC (.1.), celebiv medecin de
Paris. Ill , 554 nole.
ArnciiY (I,. Don.), t'-veque d'Au-
tun, Misloire ('es cardinaiix. I, 487.
II, 87, 301, 382.
AriiKiiis (des). II, 199.
Arnr.ia (Anl.), Histoire du car-
dinal de niche-lieu. I, 488. II, 331,
460.
(marquis d'). J, 404.
HTiN. I, 359.
NK (Francoise d'), feinine de
Scarrou, [niis inadaine de Mainlenon.
III, 275, nole.
AI:I;K;M;: ( Theodore- Affrippa d').
| II, 1:'0, 123 et note, 121.
Ai iM.ioi \ (citnile d'). II, 1 06.
AM;I:\I (d'), lieutenant civil. Ill,
613, 751.
Ai r.iii, (lit I'lobcrl-le-Diable, presi-
dent des coniptes. II, 27(1.
TABLE.
Ai'Biiv (Pabbe J. (P), inedcciii do
Mnnl|N>llitT. II, 326, 327, 332.
Arc.iKi!, pr&licateur. II, 98.
AIMAI.K (I'abbe (P). II, 72.
AIMU.K (mademoiselle d'), reine
de Portugal. Ill, 597.
UAI.I.Y, rliirurgien d'Alenron. I,
.175, /iH9.
liu.rii \/. u; , mailre des requcUs.
Ill, 530.
B.u./.u: (de). I, 34, 47, 115, 140,
142, 181. II, 25. — Pnrnllele enlre
AIMO.NT ( le inareohal d' ), gouver- i Bal/.ar el Voilnre, 559. Ill , 95. — Sa
ncMir (h- Boulogne, fait prisonnior a
Ostonde. I, 197. II, 394, 395, 427.
Ill, 568.
Auiricke (la maisnn d'). Ill, 599
morl, I, 203 ct note. II, 115.
BAR (de), gonvcrnourdo Vincenne-.
II, 16.
BA 11 ADAS (de), t'veque de Noyon.
III, 169.
AVALX (d'), premier president. I, | BARADAS. II, 267.
460. BAHAI>\T (marquis de) , pond re de
AVAIX (d') , snrintendanl des fi- ! Tarlai in , Papolliicaire. Ill, 460.
nances, plenipolcnliairo a Munsler. ' BAHUI.I.ON ( le president). I, 52,
I, 104, 175, 290, 299, S29, 395, 401, i 363.
407, 420. 11,21. — Sa mort et son BARXLIS, inedecin de la Conr. 1,
apologio, 60, 61. ; 12, 14, 168, 240, 286, 453, 488. II,
Arocals (les). I, 490. HI, 178. ! 416. Ill, 137.
AVOGKOUI (Marie d' ), ducbcsse de
Mnntbazon. Sa mort. II, 309 ot note.
AXTIIS (J.-C.). Notice XI.HI.
AYHAUT ( le pore). Sa doctrine. I,
BACC.ILS (And.), medecin de Rome.
J, 182, 189.
BACHOT ( filienne ) , inedecin el
poete. Notice, XLIX. 11, 101. Ill, 687
Bvcox (Fr.), le cliancelier. I, 20/i,
BAISAVCI. 1, 508.
Bum, membredn (lollepe de<me-
decins de Tro\es. 1, 22, 68, 73 et
note, 245.
I! M;I;I IIIN (Antoine), le cardinal ,
arrheveqiie de Beiins. I, 193, 339.
II, 317.
BARBKIUN (ieprefet). 11,520,521.
BAIIRKKINK (la fainiHe). 1,71.
BAHUF.L in; Bornn. I, 391 nole.
BARUIKR (A. -A.), bibliolliccaire de
Napoleon. Ill, 161 note.
BAI<I:IKK, imprimetir de Lyon. I,
331. 11, 120, 215.
236. — Jugemcnl de (lui 1'atin. II, ] BAUCI.W (J.). I, 25 'i, 3H2. II, 318.
Ul. HI, 189.
BADKV ( marquis de). II, 115.
BAGXKAI x (de). Ill, 186.
BAC.NY (le cardinal). Sa mort. I, 81.
Ill, 213et nole.
DAKKION. I, 113, 114, 116, 118,
119.
BAIUOT (Phi'ippe), mailn1 des re-
quotes, pendre de Keniel. HI, 85.
(le president de ). 1,72, I B \HJOT (madame), fi lie de Kernel.
290, 2'.<9, 309.
liui.i.i. 1, 199.
BAH.LOL ((Jnill.). Jnpcmenl snr ses
oinraKes. 1, 27, 28, 31, 63, 65, 4:19,
1/|3, I'l/i, 31/i. Ill, (i96.
l5\ii.i.Y, axocal ffeneral. I, 38 'i.
li M.KSUKM. I, (i<».
l> M.I.KSTK. , neven (III pen- \nnat.
II, 392.
HI. 54.
Buti.nT (Ann.). II, 170.
Bun. ores ((ias|>ard), pnele
dais. I, 37 'i.
BMIMKS ( le p>'re). 1, 25.'>.
Bu;o> ( Hyacinllie-Theodore), me-
(lecin de I'aris. Notice, i\.
BVI-.OMIS ((ii^ar), cardinal. 1. 139.
II. 1 97. .V_>3. Ill, I77.
800
TAHI.K.
BARRA, do Lynn. II, 245.
BAHREUA (ties). Ill, 5l»8.
Ihirricadcs ( journees des ). 1 , de
403 a .'i2l ot note, 426.
BAIIIIIIIS (Gaspard). I, 251.
BAHTIIOUN (Thomas). Notice, \i.
J, 100, 204, 251. II, 75, 141 , 488.
BAIIY. II, 170.
BASSET (B.), medecin de Lyon. II,
29H, 336, 350, 435. Ill, 74.
BASSTGM (comic do), gouveriicur de
Sainl-O.'Jier. II, 122.
B \ssoMriEiiiiE (de). I, 104, 293.
BASSOMPIERIIE (de), eveque de \ain-
les. Ill, 764.
BATAILLE, avocat de llenaudot dans
son proces contre la l-'aculle. I, 324.
BALDHS (D.). I, 246. II, 368, 532.
Bunoui.v, medecin. II, 159.
BAIIHHIN (J.). II, 287.
BAUII.N (Jerome). II, 14, 24, 409,
484.
BAIHIN (J.-C. ). 1, 377.
BAI •QtKMARHK (do), president. Ill,
757.
BUTRI (Bernard), avocat du Con-
scil , auteur d'un lihelle conlre le
prince de Comic et M. le premier
president. 1 , 153, 443.
B A i" TIU , niembrc de I1 Academic
francaise. II, note, 19, 20.
BAITIU-SERY (de), Ills du \ieux
Baulru. II, 185.
BAMEKE (leducde). J, 72, 385. II,
183.
B\YI.E (Pierre). Notice, \\\i.
BAZIN. I, 14.
BA/IMEUE (de la). II, 379. Ill,
717.
BAZI.MERE (mademoiselle de la). II,
185.
BA/.IMKKF. (madanicde la). II, 185.
BE/OI T (E. ), matheinalicicn. II,
356, nole.
BE (M. le). I, 48.
Br.AirouT (dnc(k-), surnomme roi
ties froiuleurs on roideshalles. 1, 153,
175, 179, 29S. — Barricades, 404,
40S, 415, 'i5S, 462, 470, 4SI , 50S.
II, 1 li, 55, ."'Hi. — S:l "rare, 513. 51 'i,
520, 545, 553, 568. Ill, 003. — IV-
faite des Anglais, 696, 702, 708.
BEAII.IEI.' , minislre geno\ois. I ,
238. II , 439.
BEAUMONT DE PKIIKUVF. (H.), pnS-
cepteur de Louis XIV. I, 335, 447.
II, 244, 452. 111. 303.
BEALIUI.NS (Pierre), mcdecin de
Paris. Ill, 773, 775.
BEAIVAIS (madame de), premiere
femme d-- chambre de la reine. I, 163,
500. II, 331. Ill, 433.
BECKEU. I, 457, 466.
BEDA DES FOLGEUAIS (filie), mt^de-
cin de Paris. I, 233, 245, 392,401. II,
39, 63, 154, 473, 587, 595. Ill, 130,
134.— Maladie dc Mazarin, 339, 556,
et nole 660, 661.
BEGIN (L.-J.), nicmbre de 1'Acade-
inie royale demedccine. Ill, 181 note.
BKGIIV, I, 178.
BKJAKT ( le comedicn). Ill, 138.
BEJ.ART ( filisabeth-Armandine-Cre-
/.inde-(',laire), femme de Moliere. Ill,
138 et nole.
BELA'ITHE (Picole dc). II, 227, 322.
III, 235, 676.
BI.I.VY (N.), deBlois. II, 247. .
BKI.KOMW (de), lieutenant-general.
Ill, r,.',s.
l>i i. IN (pere (t (ils), inedrciiis, a
Troycs , correspondanls et amis de
(iui Patin ; il leur adresse les Leltn s I
a CLJ1I. I, 1 a 25S.
BF.I.LAKMIN, cardinal. 11, 364, 478.
BEI.I. VY ( (luillaume du). II, 480.
BEI.I.AY (Tevequo de). I, 273. —
Delinition de la politique. Ill, 531 el
nole.
BEI.I.EIIULNE ( de ) , gouverneur do
llesdin. II, 378.
BEI.LETILI.E ( le pere). Ill, 158.
BKI.I.K.VAI. (Martin-Richer, de), pro-
fesseur et cliancelier de la Facullc de
Monlpellier. I, 78, 80, 207. II, 259,
498. Ill, 35. — Sa inorl, 463 ct nole.
r>i.i.i.ii\ in. , premier president du
Parlemenl. I , 35, 192, 223, 22 'i. II,
169, 225, 2S6. — Sa moil, 32. Ill,
TABLE.
801
RF.U.IEVRE (Pomponne de), p'lre du
precedent. II, 32. — La famille de '
Bellievre, 201.
BELLKGET, professcur au College dc
Navarre. II, 478.
BEXARD DE RE/E. II, 225.
BEXXKT (Chrislophe), medccin. II,
276 note.
BEXOISE, consciller. Ill, 305, 009.
BE.XOIT, medecin de Sauumr. II,
120, 134, 498. Ill, 37.
BE.XSERAOE (de), liiteraleur. Ill, 628,
G87.
BEXTKOGLIO, cardinal. I, 120, 339.
BKRUT, medecin de Paris. Sa
raort. I, 130.
BERXAGE, aumunicr du roi. Barri-
cades. I, 407.
BERNAY (de) , conseillcr de la
Grand'Cbambre. II, 70.
BKIIXIKH, voyageur. II, 277.
BERKIER, premier commis dc Col-
bert. Ill, 447.
BERSI-MALOX. II, 147.
BEKTAU.T. II, 7H.
BERTKT ( e per.-). II, 171. Ill, 435.
BERTHKUX. I, 469.
BERTIF.X, libraire. I, 257.
BERTIER, eveque de Monlauban. II,
275.
BERTHS (P.). I, 247.
BERTRAM), cliirurgien de la rcine-
merc. Ill, 553.
BF.RVI.LE (de), cardinal. I, 493.
BESS utiov, cardinal. Ce qu'il pen-
sail des miracles. I, 223 note.
BESSET. II, 112.
BETHCNE (mademoiselle de). 11,301.
BKTIHXK (de). I, 3(>7.
BEINIM:III:X (de) , ambassadeur de
Holland.-. Ill, 6ii2.
I'KHE (de Sainle-), professenr de
Ihcologic a la Sorbonnc. II, 240.
BF.VF.KOMCH s , medecin de Dor-
drechl, auteur dedi\ors ouvrap'S de
medecin.', et en parliculicr d'un li\r.
inlilule Mrdirii' f/ia'.s/u'/if.s episliilictt;
I, 114. 279.
BEYF.KI.I.XCK (L.), anleur du '1'hcu-
triDii rittv Ituiitanu; I, 216, 394.
BE/K (Theodore de), ministre pro-
Ill.
leslaiil a Geneve. I'ic ile Cnthrrinr dr
Mftlicis et Mcmaircs dc Charles 1\. I,
227,256. II, 30(5, 400. Ill, 51, 730.
BE/O.NS (de). I, 192. Ill, 79 1'.
BIASSAC (madame de). 1, 102, 104,
290.
Ilibliomanic. II, 123, 144etno;e.
II, 30.
i:;bli,:l/i,;iitc M<t:<irhic (la). Ill,
1, 2 ( t note, 533.
BICAIS, professeur a Aix. Ill, 525.
BICIII, cardinal. I, 227. II, 324.
BIDAL. II, 37, 324, 3'i7, 386.
BIKNUSK, riiiriir^ion de Tanneede
Hiindre. Ill, (502.
Bi(;xoN, inocat-^eneral. Lcs barri-
cades. I, 417, 423. II, 47, 143.
Bir.or, eoinnienlateur de l-'l. Jose-
plie. Ill, 77.
BII.LAIXE. II, 165, 169.
BINET lep're). Ill, 258.
BintrET. I, 17.
P.IKON (la pie.^ideiHe de). Ill, 433.
BITAI r (de), conseiller a la C^our.
1, 431. II, 604.
BITUT OK CiiiSK, grand frondeur.
III, 150.
Bi. VET, libraire liollandais. 1, 25(i.
Iti.AisE, libraire a Paris. I, 21S.
BLAMPIG.VO.N, doclcur en medicine
et syndic du college des inedecins a
Troyes. I, 15, 54. — G. Palin lui
adresse la xi.vic letlre relutive a une
alFaire ilr preseance entre les membres
du college medical dc Troyes. 73, 77,
79, 137, 140, 142 ti note, Kill, 195.
BLAXC (Ic), docteur en droil. Ill ,
430.
BI.AXCMESMI. (Ic president de), I'mi
des principauv frondeurs. I, 15S, 225,
260, 524. — I.es barricades, 404. II,
555.
Bi.oMu-.i., prof.'ssciir au (lollege de
France. Ill, SO.
r.i.oNDK.i. (l)a\iil), minislre prolrs-
lanl a Cbnrenlon. I.ixre </<• l,t I'ri-
in nil, d, • r/-;:;lis<: I, j;is, 139, 421.
— (ionlrela p;ipe»e Jeanne. II, 172
et note, 199.
BI.OXDEI. (Tr.), medecin de Pari<.
I, :M'i el note, 220. II, 1 1 9, 2'47, 454,
51
Sii'2
40:1. Ill, 71. — Kin doyen, *'S. — ! dc ix.mln-iiscs galiVcs sur les Kspa-
Ailaire Con-is, 204, 277, 280, 287, ! Rimls. I, 72. — Sa disgrace, 8.1.
:118 cl note, 52,'i, 590, (iOO nolr.
Mori:, i, 54.
lloi'.ni.i. Ill, 07 notp ; 429 nolp.
MoiuiiKii, iiilcndanl dps finances r t
lioiii MIT (Samuel), minislrp pro- I grand parlisau. ill, 205.
leslant dc Caen. I. 25 let note. II, .'17, I UOUN (Ic cointp rlc). Onvrage sur IP
.'it. Ill, 102, 408, 'i.'i.'i ct nolp, 051.
lloniN (.1.), aulcur dc lii Dcnmno-
iixini,: I, 30'1. II, .180. HI, G7i)i'l nolc.
moincs. Ill, 7.'S5.
Dosoi i-.r, i'M"'(|iio ileMonlpellicr. Tl,
7.
l!ossrr.r (.1. I5enip;ne), L-vi'qup dc
cour. 1, 17, LOS. II, 218, ,'i.">7. Ill, M«'au\. I, :>:>:', nolf. 1 1 1, 720. 72 1 , 70'i,
li'.Ki, 09 1.
r.OKHIlAVVK (II.). I, 27, 20f)t)OtOS.
BOII.KM:, ^rollicr, pore du porloce- |;OTAL, tnedpcin. I, 2(i5 ctnolo, .'i.'iO.
11(11 ,11 Mill. II, 1 10.
HOII.KM , pot'-tp. I, 51P. Ill, 172,
lioii.i:u::, intcndant des finances. II,
233, 4,'J8. Ill, 393.
lioii.F.vr. , evcqiip d'Avranches. II,
l!ois-Mon\Nn (dc). II, 99.
llois-HonKiu (Talihe). II, 179.
Mi i^siia (S.), premier president dc
la Cluunbre des Comptes. II, 135,
4:11. Ill, 288.
llo.MI'AIN. 1, 54.
MoMivvuT (Marcellin). I, '171.
UONV ( le pcre), cardinal. Ill, 725.
HONI.T (Tit.), mederiu dc Ccnc\e.
Ill, 017, 090.
15i)Mi-:i:, medecin. T, 1 3.
MoNM.At, famciix partisan. I, .41 .'5,
4S2. II, 477, 552. Ill, 415.
HoNNF.FOi s (dc). Popine sur la niort
(!u rloyen Tarticr. I. 03.
Mo.N-M'.ssON ( Ic marquis rlc), chef lie
la conspiralion dile des Sahoticrs. Ill,
101, -170.
liovm s, mcdi ciu. I, .'S8S.
li().\/i ( dc ) , arclic\c<[iic dp Tou-
louse. Ill, 7h9.
I'.ooi (. \ni.), nmlpe'm anglais. II,
29. Ill, 19.
I'looi i.r, iiioiiic. 1 1, .'108, .'177.
Ron .IIKIIAT, maitrc des comptcs.
Ill, 408, 779.
iioi CIIKT, inedecin dp Paris. II, 8.
l)0i (. i : i. r, president dc Dijon. II, 105.
Mot .1101 us (le pcrc). ]\~olice, \\x\r.
lloru.i.vi n, professenrde la Faculle
dc merlpcinede Paris. Ill, 399 notp.
Hoi M.I.O.N (le cardinal rlc . Ill, 775,
79:i, 794.
Mm ii.i.oN-Si:i)A\ (due dc\ I, 92,
."2S. — P.arricades, 404, 410, 420,
520. 11, 9, 13, 11, 508.
llrii II.I.«IN-S!.I>\\ madanic de). I,
412, 519. II, 2, 333, 513.
Moi.ioNNir.ii .' lf'ranciiis ) , mcdecin
dc Paris. Ill, 530.
hoi .loNMi i; (.lac(|iics , nicrlpcin de
P.u-is. I, 19, 453. Ill, 017.
Moii. VNU--.II .x IP pr&idenl), prtivot
Mot i. vi (du), aulcur do rilisl. dc
I'oii. ur. (marquis dp la). Uarri-
cadcs. I, 401, 415, 508. — Son am-
niMip. II, i;i.
Mm 1. 1:. 1 1, 2rt7.
lloi I'.IION (mademoiselle dp), fille
rln |)rincp dc Conrlp. Ill, 2li.'i.
Iliu ni!o\ (Ic due dp). Ill, 755.
I)0i r.ijov (Nicolas de), jmi'csspur an
'S. — S/s \cr-
mu.F
Bmnnu.oir. (Ic pere), cclclire pre-
dicalcur. Ill, 729.
BOIRDKI.OT (Pierro-Miclion), niede-
( in lie 111 ii'ilic < .III isline , Alilir. I, .'..'>,
145 note, 107, 275, 2!)7, 51. '5 el note.
II, 5, 7",, 87, 88, Hil, 207, 430. Ill,
52, 01.
BofiiDON, procurcnr do la four,
bean-frcre de (.',. Putin. Ill, 729.
Boi KCKOIS (Henri), medecin. I, 2.'i5.
BOURGEOIS (J.), medecin. Ill, 22.
BOURGEOIS (Louise), sagc-femme
de Marie de Medids. II, 8.
BOCRC.ES (D. de) , medecin de Paris.
I, 51. Jl, 1:55, 232, 248, 'i/O.
BotnzKY (I'alil.e dc). Ill, 490.
BOISOIKT, menibre de I'Academie
royale de medecine. Ill, "II nole.
BoiTA.vr, eveque d'Aire (barri-
cades). 1, /i 17.
BOLTKMI.I.K (de). I, 413.
BOUTEVII.I.K (de), gouverncurdeRo-
eroy. I, 427. II, 78, ,Vjy.
I?OLTE\ II.I.E ( niadanie de ). Barri-
cades. 1 , A l/i.
BoiTHii.iKits, sur-inlendanl des fi-
nances. I, 104, 290.
BOUTROM -CiiARi.AiiD, iiieinbre de
1'Acadeinie royale de inedecine. I ,
26i note.
Boi"rs(le pure Le) , prexlicaleur.
II, :i79.
BotvAiU) (C.liavles), premier inede-
cin de Louis XIII. 1, 27, 32, 35, 71,
8'4, 220, 22/i, 289, 312, /i()9, /i53. II,
203, 242, 243, 285, 588. Ill, 7<i, 427,
428. — Sa inort. I, 23(i. Ill, 9(i.
l)0i\or, conseiller de la ('.our des
Aides. Allaire de l'ini|K)t du vin. Ill,
350.
BOXHOIIMIS (ZHcrius) , phiiolo^ue
liiillandais. II, 131.
BO/./.O (Ilieron.), profcsseur de phi-
losophic a Pise. Ill, 7.VJ.
IiiiAtiiET(Theoph.). I, 238. Ill, 150.
I5HASAVOLK (MtSV-A.M'.). II, 21)9.
Bit \ss\c (madainede). I, 102, lO'i.
BI>A\O (J.), niededii espasnol. 1,
200. II, 370.
HiiAt'En, medrrin de Paris. I, 3iil,
453. Ill, 318. — MaladiedeMaiorin,
339, 437, 785 et note.
BIU.DV (de' , cure de Sainl-Aiulr£-
des-Arls. Ill, 55(i.
BIIW.ET, medecin de Paris. I, 18r>.
II, 1<>3.
BIIET, niedocinde Paris. I, 183.
liner (Le'', doyen des coixeilleis
d'f.tat. Ill, 4fi.
BIIETE. II, 343.
BIIETEIII. (<le'. Ill, 157.
BRETF.L'II.-TO\\EL1RR. II, 352.
BRKTO.\ ((Jcor^es). II, 319.
BHETON Le), niL'decin. II, 103.
BiiEToixvii.i.iK.ns (niadanie de). II,
98.
BIIKVAL (le marquis de). II, 354.
BIIKZE, inareclial de France. 1 , 29,
32, 35, 88, 520.
BHIASSO.N (Anloine , libraire. Xo-
tice, i. in.
BIUCO.WKT, maitre des requetes. I,
431.
UiuniKr, gouverneur de Guise. IF,
28, 135.
liiiiE.\.\E (le comlede). II, 231. Ill,
455, 020.
BHIEWK (niadanie de). II, 207.
15iiis.vcii.u (de), inleiidanl des fi-
nances. 11, 438.
HIIISSU; (due de). II, 417, 401.
liuissu; (niadanie la duchessu de).
II, 417. Ill, 377.
BKISSE, partisan. 11 1, 47 'i.
Biiu.r (lepeie). Auteur d'nne geo-
graphie. 1 , 1 '(2, 230.
BHIQUET, avocat-general. 1, 308.
Biioni.io (lecomte de), gendre du
president de Lamoi^non. 11, 245.
III, 0(i'i.
I)i;ossr.^-(ii KM-OM i) (de). Ill, 757.
Br.ossKTiE , eclieun de L\on. No-
tice, i. in.
BniissiEii (Marllie), prelenduc de-
nioniaqiic. I, 30;'..
BIUHSSK. II, 59S.
BiiotssEi. (de) , conseiller en la
Ciaiid'Clianihrc. I, 158,211,200,
40 i, 52 i. Ill, 3s, !!ii.
BIII>ISM-I. (de) 111-. Barricades. I, 40'i.
804 TABLE.
:i, , dortour do Navarre ell CAMKIMUH s i'.L . If, I'M.
rhanoinc de Saini-IIonoro, jansenisle.
11, 1.
Buowx (Thomas'), mededn a Nor- ('.AMIS (Le), uumonicr (hi ro'. IFF,
\\ieh, aiilour de I'tfl!(/i>> medic/. 1, •!.'
3'iO ct note, o5/i. II, 35 note, oil. C \MI s f.F ••;•,;! i.i',\ ('u'qiiode Boll.iy.
Bin N\;i-:n, premier medeeiii flu due
d'Orleans. II, 52, 103. Ill, 55.1.
I'.iasits, ir.edi'c'm eeossai?. II, 7l;,
3 i a.
BiiuYKH, niedeein. I, II 9.
r,iT.UA.s-\N (<i.)» hisloricn e.t po;";e.
],-2::.H, iT.'i. ll,olS. Ill, lo.'i, 321,609. j i, :;:?, '48.
BITKIXGIIAM (due de), ambassadeur (!•. \nvi.i-: (do), I'd.-1, du mairclia!
d'An-loloiTO. II, 20.'!. Ill, 7<iO. fri-Npornoii. II, 10G, ,'500, ;$73, 37ii.
BIDK ((Juillaumi-). I, :!.">9. I III, :',!.
(! \insvr, iiji'-dooin do Troves. I,
72, S7.
(!AMISVT ( lo rlianoine) , cilo jiotir
son onuiilio!). I, 7!), SO, K.">, S,").
('.\-.\M-. Ph. do), plenipolenliaire.
BIISSON (du). Ill, 120.
Bt:i.K\cKui:s (Julius-Cesar). 111,007.
BULLION ( do ) , suriiitendimt dos
linances. 1 , 35, 09, 70, 350.
BINCKKN (Christian), mudecin. II,
355.
Bi DAT , avncat. Ill, 5.1.1.
Candldalx. I, 49.
C.U'KL, ministre ponevois. I, 238,
C\r<i\. inedecin do I'aris. II , 173.
C'.i; \i.i.\r. (marquis do), }voi!or,i!
espagno!. I, 217.
CAUHTK (Charli s), cardinal. IF,
d'une llish'lrc dr /'Vc./icc. I, 25(5. IF,
400. Ill, 728.
BISSV-LAMF.T, I, 'i7.
5(59.
BrzK\VAi. (do). II, 2<i.
CACIIKT, modeoin de Lorraine. 1, K'i.
C \DF.AI. II, 230.
CAUI>V:\ (Jerome). Autour du I'tili-
tdtc c,r (tdcei'siii cupicndii, I, 29, IIS,
227 iiole, 2.17. — I'uMicaliou de s< .
do). HI, 525, 530, | u-uvres. 11, 105, 312, 1S7 it note.
Curdiiiiil deliuilion i'u ). 11, 37i),
533, 597. Ill, 202.
C.AKi.ir.r,. lie volt;1 de liosdiu. 11.383.
CAUVAVAI.F.T (de,. 1, 519. II, 3.
CAIIM:AV, moine eoleslin. II, 92 et
93 note.
Cuii'r.vriKii ,' Jacques;, |)rofcs^onr
(in College do l''rance. I, 178. - Saint-
Barlhelemy, 300. 11, 337.
C.Yiii'KNTiKR ( le pi-re), moine au-
-uMii!. Ill, 218.
CAHTKKON , impi imcur a Lvon. I,
(',AI.PHI-:M':I)I: (madaine do la;. Ill,
du Daiiphino , Ills de Sofroy do Cali-
i. Ill, .131. (', \SAII;O\ (Isaac), philolocfue. Siv
fi'iivres. 1, 51), 139, 222. — I'lihlio nni
250. — Jiipfemeiit sur Calvin par Mo- edilion do I' .\i!n'itcc , 230, 302. II,
rus, Turin, Sralif?or, J. Tapiro-Masson, 131, A7S, ,181. — Sou ainilie aver
Joan de Moulluc, el par Gui Patin. II, Si-alii;er. Ill, 55S.
550, 551. C \SIMIII (le prince), roi do Polonne.
CAMMIO. II, 19.",. I, 227, 232. II, 1SS, j«f), 211, 211.
TAIJI.K.
K05
218, 22-i. AbU'deSatiil-ticriuu'ii- I CHAMPIER (Synipliorieii), niedeciii
dcs-Prcs. Ill, 73f.. ' de l.yon. Ill, lO'i, K.M> d iiolc.
C.ASTM. \\, docti iir de l.i Facnlle tic i CimipioM Me.', hileiid.isit do jus-
I'.iris. premier HH- iecin de Hani II \ tiro dc Lynn. II, 153. lii, 572.
apnsFernel. — Jn-opari;. Palm. I, i Cimii'i.vsniF.i \ (do), president a
1 12. \ milt-tier. I, IH2.
OASTKI.I.I (Bailli/, ;ni!t";r ilu /.r.n- Cis >.MI>I.OMI 'Ic priSiik-nl). I, 52. 11,
cun nittiiricm, etc. II, 'tl>5.
C.ASTELVVL UE MACMSJIKRE ( Mti-
inoircs dc;. 11, ;;()'), .101.
CASTKKS (Auderit: do). 1, 51 1.
(]\IKH>, partisan. Ill, 393.
CATTIKH, inuJuciii. II, 137, 138.
(lAlMAKTIN ((!('. I, 4~(). 11, 3o2.
, uiailro di'S ix'tpuMis. —
Vcrs stir l;i Diblioilii'qiic .Mazurinc.
Ill, 2.
(>AIS Sitloniaii tie). — .Machine u
vapt'iir. 1, .H'|8 c'l iH'k1.
C\LSS;N (le IK'I.', , ji'-Miilc. I, !i'J ,
105, 115, iiiU, K>3, 17'J, oU'J. 11,
i!>, 5:>7, 555. Ill, .'Jl'.t.
CF.I.I.I -.!'.. 1!, 271.
(!r.i.(ii;;i.\. I, 51.
CKI.OT Mi; pi'iv), jil-uile. I, 72, 258.
II, 1-jii.
15'i, 2()l». Ill, 87.
(iiiA\;:r 1!., , nirdecin dc La Ho-
chrlic. I, L"J5, 'i7:i. II, 2'iO.
(iii\M r. Ill, J3I.
(in \\VAI.ON (di1), archevcijuc tie
Iioiu'ii. - - Noiuiiio a Paris. Ill ,
77/i.
(iii\i>r.i.Ai\, aiilnir du pni:inc la
/'//<•<•//(• d' Orleans. II, 133, Ib8, 222.
cointiiciHiilccr lit: \ ir^ilc ct ile'l'oilul-
Ci;r.isi;-.i; (Ic p;T<> II, 202.
(j-:sAi.i'iN (Andre), incdrriii. I,
aot>.
(li:\ \, cardinal. 11,1 <>'i.
<.!i-:/i (ccinlc di ;. 11, Al'J.
(in M.MS ' li- cn:n I c tli'.. Ill, o'Jli.
(in u'l-i.AiN '.!.}, premier mt-dccin
do Francois II Ct dc (iharks IX. I,
112.
(in U'i-iz:.u. II, 2.'i5.
(.'li<irtiit'>n ,lcs r.iiniilrcs dc }. II,
250.
Clmi-Ltliitm. I, 17(i. li, 10 ct note,
5<»5. ill, I ss el note, 5.'i(i el nolc.
(iiiAr.i.Ks lcr, roi d'Aujjlelei re. I ,
ten''1, lu'7, o'J3 el noU'. — S>i moil. I,
2<i! el '|27.
(iiiAiu.i.s II, roi d'An^leleire. I,
252. — Son i-\ii. i I ,. 1 1'i. — Son se-
jonr a 1'atis, 121. — Conspirulion
conlrc >a pe!>:)M!i ' el ca fainille, 'i5.">.
Piojcl de reiahlis^einenl. !1! , 1»1,
I'j5, I'.iS. — S.in reloureii Anglclerre.
CIIAL \\up.\t. II, l">'i. 1, J52. - SMI (liirec dans Londres.
(iiiAUMi.M. I, i'8l. j'l, i>JO, _>j>i. — Son ni.iri.::;e ,i\ce la
'iii \M \u \\'t i;. 1 1, 373. I >d-i: r du io; lie i'oilu^ol, "">s. — Son
(in \ \M. xiir.T {'•'<<.',. 'I'rouhlo •!•.' !5i:r- i citinun:ii ni; ut , o(.«.';.
aiiv. I, 153. CuuiLts \ I. HI, 7,'i^.
(in\Mi;ii:: ( Marin-( inrcan de I/.i), (in \j;i.i.s \ 1 1. 111,712, 73S.
(iii.Viii.'.sVll!. Ill, 73S.
(iii'>:.LF.s '!c due; de Lorraine. 1,
niedccin de Louis Xlll, de rAeadeinie
raneaiso li des si'icnccs, elc. 1, 2 JO.
II, 5, 15, V.HI. Ill, 18, 721.
(iiiiMi.ui: (I'r. de La , medecin de j C.IIUU.F.S ((il.;, inedecin, ancien
Paris. Ill, 718. j doyvii. I, i,">, 3'i'i.
(in \\iu.i.\iut, n;:iilrc d:'« rcnu'l. •<. ; (iii\:;i.i IMN ('Ji M.TF.IU^ , ni.i'ileci
III, A'i7. i an;;l.iis. II, 5o5.
Cn VMII.LVKII, doclcnr dc Sirrhonnv', I (iiiAi;o>r ,Je eoiule tie;. lii, 7_'S.
uiili-jauscnihU'. Ill, Vi/.
riiAian,MiLii, eoiK-eilkr. Ill, 100.
806 1AIH.E.
CiiAiii'i'.vriEii, do I'Acadeniio fran-
( inadame do). I, l\\k,
/i 50. II, (i2, 222. —Sa disgrace, 2'J'i.
s (le marechal do\ p;ouver-
caise. Notice, \\\ in.
CHAIIPKN nr.ii, medooin de Paris. I,
160, 153. II, .135. Ill, 6.'i3.
CiiAiin-.H (J'abhe). II, 155.
('.IIAK('\, inteiuhuit des finances. I,
500.
CiiAiuiON (Pierre . — Notice, xxvi.
I, 252, 267, 135 note. II, 180. Ill,
51 0 et note.
CiiuriiKn (Hone), professcur deme-
docine an College de Franco, edilenr
(Tune edition gn cque et Inline d'flip-
pocrale et do Galien. I, 1 \ , is. — -Sa
inort, 211 ct note; 336, 376. Ill, 12.
CiiAKTiKii M.), fiis de Rene, niede-
cin do Paris. I, 111). — Cliasse do la
Faculle do Paris pour avoir eerit nn
lihelle snr rAntintaine, 186. HKI el
111, (500 note. 11, 85, 137, 171, 170, i CIIKM or, avocat de la Faculle dans
599, (503. — Son proces. Ill, 102. j le proces contre les chirurgiens. Ill,
CiiAirriKii (Pli.\ niedecin a Paris,
lils del'.cne. Ill, 703, 712.
CHASI.KS (II.), niedecin de Paris. I,
217. II, 211. Ill, 55.
C.iiAsi.i-s (Philaretc), profossenr au
College do France. II, .107 note.
Cn \ssKuiiAs, cure do la Magdeleine.
nenr de Brelagne. 1, 152. Ill, (51)(j.
(jiAtLM-:s fmadaine la niarechale
do). I, /j'j'i.
(liiAtJioM 'de), lieutenant-general.
II, .129.
CiiAi'Mn.N/ (de SAINT-). 1, 209.
(JIAV ACNAC. I, 91.
CIIAMC.NV 'de), secretaire (ffilat. I,
(it, (i-?, IfiO, 292. II, 589.
(•iiKMKiiAi u DK. BAIUIEZIKIIES. II, 317,
3/i/i, 3/i5.
(iiirNAii.i.KS (Vallee de), conseiller
de la conr. I, 221, 225. II, 268, 2(59,
270, 282, 290, 29/i.
CHEN ABD (Pierre), chirurgien. Ill,
(In \s: I.I.AIN J. , mi-deem do Monl-
poilier. I, 2/iS. II, 53(i.
CHATl-AU-.lllAM). II, /1 70. Ill, 22(i,
notes.
CIIKSXK (Fr. du), lils. I, 226.
( hci'tilici's dc Miilic. — Lour por-
trait. II, /i25.
(iiiKvitr.ii. (do), prortireur fiscal de
ITniversile. I, 50S. ]|I, 7V'i.
(!nr.\ iir.i SK ( inadainc de). I, 123,
(InicoT ( J.), inedecin deLonis Mil.
sceatix. 1, 25, 101 , 102, 167, 168,
1S1, 185.- Soiiexi), 290, 523.— Sa
murl, 1 99. U, 7(5, 77, 5 '18.
CIIATKI.MN, docleur de Sorbonne et
elianoine de Notre-Dame. Ill, 291.
CM AT'.. i. UN, niedecin. — Maladie de
la reino-mere. Ill, 536.
CHA II:I.\P. . secretaire du conseil.
C.M \MI.I.ON (do; inareclial dc Fran-
ce. I, 32, 52, 53, 5ii, (i3.
C.IIATH.I.ON (do), lils. — Sa inorl a
(Inico^ M: u (Fr.), professeur de la
Faculle do Monlpellier, niedecin du
roi. I, 2'|S el iu>te.
C.iiirri.i:i (Jean). 1,328. — Lc quin-
/i 13. — I'Atiiiction de celle fauiillo.
('IHCI ( lo cardinal), elu pape sons
le iioin d'Alexandro VII. II, 169.
Cnici (les), nevenx du pape Alexan-
dre VII. Ill, 40(5.
r/«Jmis^s(lcsM,447,fi48.III 1 1 'i,
/U 0, 5(i3, 56/1, 572. Ill, !\1 el note.
(ilium. (''.), premier merdecin de
Loui- \\. I!, 207, 219 111,711 notes.
Chirurgiens. — Lour reception :
TABLE.
examen dc lours droils; Iriir dcpen-
dancc di-s mexlecins. I, 172, 173. II ,
170, 104, A33, 459. — Chirurgiens
barbiers. II, 190. — C. Patin les ap-
pcllrlaquais bottes, 327, 328.— Lcur
proces. Ill, 112, 11(5, 100. — Anvt
du 7 fevrier 1600. — Formule du ser-
inenl qu'ils prctaie.nl aux medecins,
J7'i el note, 178, 17'.i. — Us doivenl
fairc parlic dc ('Academic, royalc des
sciences, 180 et note, 187, 191, 194,
202. — Distinctions enlre les chh ur-
gicns dc Saint-Cosine et les chirurgiens
barbicrs, 213, 244, 201, 208, 280.
— Cbirurgiensmilitaires. II, 402 note.
Voycz Facultc, Medecins.
CHOISV in. C.UT (madamc dc). II,
417.
CHOMI.L (Francois ), me,dccin d'An-
nonay. II, 220. — Famille des Cho-
incl, medccinsa Paris, 220, note.
Ciioxr.T. IF, 219.
CIIIIKTIE.N- (Florcnt). I, 274, 30(J.
CiimsTiEiiN V, roi du Dunemark. II I,
790.
CHKJSTI.NE, rt'inc dc Suede. I, 20<i.
II, 17, 143, 14(i, 140, 204, 208. —
Sa conversion, 220, 231. — Son entree
a Paris, 249, 254, 278. — Ksl pen-
sionnce du pape. — Fait ussassiner
Monaldeschi ii Funtaincbluau , 355 et
nole, 379,380, :583. — Son dep.nl de
Fontaincbleau, ."85. — S;i reception a
Hume, 390, 400, 402, 400, 'ill, 418.
- Son abdication. I, 232. Ill, 29,
(id. — Son portrait, 01 et note, !>9,
203 , 287. — Ueliree 11 Stockholm ,
750.
C.i \CC.II.MLS ( AIpli.). I, 245.
Civ.i-Muis (de;. 1, 91, I'll , 277.
Ciri'i/.littivn dn sany. I, 51.'!. Ilf,
39 I .
(!m>is (l''v, inedetin de r.iclielien.
I, (i2, 308, 3'!:).
Ci. \M.I-:I (de). Affaires des Uairi-
cailcs. I, 413, 1 15.
(!i. \ii)K, ininistre a tlharenton.
111. (iS'.i, 73 'i.
(ii.iiur V'J. du}, medeciii de 1'ari-.
II, 173, 350. Ill, 241, 314, 439.
Cu'.Mi:vr V1I1, p;ipe. I, «(i. 1 I'.'.
(ii.KMK.NT IX, pape. Sa moil. Hi,
724, 727, 729.
CLEMENT, editeur des let I res de Sau-
maise. II, 325.
CLKMKNT , apothicaire de Troyes.
II, 105.
Ci.KN.tm> (N.). II, L-J.
Ci.KiiEMii.tLT, marechal de France.
II, 23H.
Ci.iNni.tnp, lieutenant. II, 74.
COCHLOF.IS (J.). II, 141.
(jOCorr.T (Francois). I, 355.
Codex medicament arius. I, 22. II,
192.
CoonoNciiis. I, 391 note.
Conu'.K. II, 103.
COIIONS, evcque de-NSmes. 1, 417.
II, 300.
Coir:NKi\ ' le president). I, 102. —
Affaires des Barricades, 405. HI , 474.
Coisi.ix (de;. I, 20.
COI.DKKT (J.-I5. ), ntinistre sons
Louis XIV. Notice \i.. — Inlcndant de
la maisoii de Ma/arin. If, 445, 471.
— Surintendantdcs tinances. Ill, 345.
— Sa faveur pivs de Louis XIV, 419
et note. — Persecution de Fouquet,
492 et note. — Chef dc la coinpagnie
des Indes orient:iles, 521, 522, 549,
032. — £lu de TAcadeinie francaise,
044, 081, 083, 084, 780.
COI.IIKUT, president de Met/, ,'fiere
du grand Colbert;. Ill, 791.
Coi.nKi-.T, eve(jii(.' d'Auxerre (lYcre
du Ri-and Colbert;. Ill, 791.
COLBKIIT I)K S.UM-1'ol ANI.E. Ill,
433.
Coi.i;r.iiT, premier capilaine des
gardes. Ill, 728.
Coi.uiNY (C-aspard dc . I, 450.
Coi.uiNV (de;. 1, 300. II, 399.
COI.IN, procureur du Chalclel. II,
308.
Cm i \IKIN, nii'-dccin de la reined' An-
glelcrre. Ill, OOS.
COI.NET, ancien libraire a Paris. I ,
519 in'!.'.
Coi.o>ir,r.i , cunscilln- de la cour.
COI.OMIIH. (mademoiselle;, lille de
ilombel. conM'illcr. U, 15'i.
S S IMS
Cor .\M: 'Viiiinelalile). sa n;oil a
CO.I.OT, rltirirgieii de Boi der.ux.
II, 2(i«i.
Co:. or 'Jerome), chinirgien lilho-
lomisle. Ill, 107. — Famllle de thi-
rurgieii.s lilholomisle.s, 155, 717.
COI.OT (I'll.), fliirnr'-rien lilhoto-
m'sle. II, 70, 2(;6.
O'l.i MI: \>rs. I, 272. 507.
Cii'.ii: u.r.r (madamo de} (Marie de
Yi;.'ii -re.1 , niece de Hi< helieu. J, 359.
- Af.airr s des Marrieade--, 'il 1, A9A.
11 , 382. I'uycz AH. i II.I.O.N.
Cov,ii:i;r.s (ie eomte de). II), A39.
cification de Bordeaux. II, 52!.
CoMi'F.ii, iiiedecin de Troves. I, ll'i.
Coii'i. UM ILI.I:. I, 13.
(io.\ci.\o-Co\ciM, marccliii! d'A:i-
cre. Ill, _SS, note.
COMII: (ie prince de). I, S8, 151,
4 52, ! 5 A, 1 (50, 1 (5 1 , 1 79, 1 80, 1 85,
192, 19A, 203, 21 1, 227, 255 el note,
259, 261, 52 'i. 367. — l)e\;ml Ypres,
A01. —Affaires des Barricades, AOti,
A07, A08, A 12, 'i!3, A 1(5, A 19, A28,
A38, A57, A 70, A80, ASA. II, .13, 16.
— Son aiTeslalion, el cinprisonnemenl
a Yincennes, 5'i'i, 5'i7, 568. — Sa
sorl'e de prison cl sa nnlree a Paris,
70. — Prise de Boeroy , 77. — Son
pi ores, 95, 10(5, 116, 125. — Arretdo
niorl, 126, IA7, 1 '|S. 190. —Siege de
I.andrecies, 193, 3(il, 377. • — Re-
\o!le de Ilesdin, 238, 387, 399. —
Balaiile de I)unken|iie, V) I , Au2,
A I 2, A-">3, A5(5, 520, 5'i'i. — Prise de
Yervins. Ill, 10. — Sie^e de .lamels
J I. — Traitti :!e |;ai\ <ie I5o;:;'d\, 1 18.
I'enlree a IV.ris. Hi, 17(i. — .Nomine
clief d;i con^eil, 177, !8!l, 270, ;illi,
()53, 667.
(io.Mn': In prince^so de1}. I, lv'3, A70.
CMVC.N \I;D , ,ivoe;it do l«niien. II,
1911.
('.OMiAi-.n, de !'Aeadem:e francaise.
11, 153.
( '.DM, \DK, meilei in de !a cour. I, 1 6s.
COMJI.V us ( il. 't , metlecin do
llehnstad. I!, 1 i 7, 5! 8, A95. Ill, A87.
Ill, 226, 229, 232, 258.
CO.MAHIM. II, 2'i.
Covn (prince de). I, 185, 200.
— Affaires (hs Barricades, A'-'A, A1A.
11,22, 115, 1!(), 203. — Son ma-
nage aver line niece de Ma/.arin (ia
.Marliiiossi), 118, 1AO, 258, 251. ^~
Son arreslalion , 5A'i, 5'i7, 568. —
Tro!!!.!e< de !5ordeau\. Ill , I 1 , 107,
119, 5'i7, 558, 582, 5S«i, 587.
C.ovn (la p:-ince:-se de'. If, A50.
1M, 70',.
(.oi'is ('.iiiillaiiiDc), medecin de
Francois 1". I, 559.
COOIKIMV, ])cincipal dn college des
(ira^ins, direclenr des (iarmeliles.
i, 81. HI, 55.
Coiii:o\. 1!, 288.
(loisfiKs (lie , "hanoine de Limoges.
I, 103, iOS, 289.
COH:.I;:I;. 11, 586.
CoiiNAiio, f-eneral venilieii. Ilf, 697.
Coi.MiiLi.r. (Pierre). II, 291 note.
Ill, 15 d nete.
('OKM: 'lepeie). If, 256, 265.
Co:-,M ia.;d(\, partisan. 1.51. 11,353.
COIIM TV, medecin de Paris. 1, 186,
285. I!, 587. 592.
Coisi'i'.A-v, eveqnedi-I.isii n\. f, 109.
( «r/>.s tli-s incdfflux de Tro\cs. I,
75, 99, 1 22.
COKMSM-.T (Nic.), medecin de Na-
poleon. !. 135 note, lii, 599 iuUe.
Cos-, '.i;r je pen •), jesnite. I, 189.
COST'.!;, philclogue, pu!)!icalion de
pes !.<•!! rr.t. I, 238, 256. Ill, 95.
566. i!, 50 I. Ill, 3!8.
CoTT.Mii), niedecin a Paris. I, 16,
19, 20.
C.OTTi'.nr. \r, cordelier, «e fail 1m-
i COIIII.AI:!) (Jos. Onillard), cliirur-
| «i"n. II, 129.
('our (la). Les u'lii ti*<ni?. I, 292.
— .V,M(/-.s (/<• /«/ cuitr, II, A2i, 021,
T.ufi.i-;.
52«i. Ill, 118, 2A3, 3M, jDi', /»><>.
CoiniiEiiiN (le president de). i, 136.
CounnEuo\, dt1 Troves. I, 110, 2."''.
COIIU.ELLES ((!c). Ill, 122.
Coir.TAiD, (loyi'n do la facullc do
.Montpellier. Conlrovorso ;ivrt: (juillr-
meau. I, lil, A2, /I.'}, A'l, A8, All, 12A,
120,126, 127, 128, 120, 172, 204,
205,208,368, AAA. II, 1/ii, 151, 152,
251), 50A. — Controverse conlre Hio-
i;;.i iiu sujet du gazetticr llcnaudol.
II, 587. Ill, 35.
CoiiiTALn de Paris, frcre de Cour-
taud dt1 Moutpcllier. II, 17A.
CoiiiTEXAi (1'abbe dc). II, 302.
Controls, niedeciii do Paris. II,
588. Ill, 358, 361), 620.
COIUVEE (J.-C1.), medociii. II, 205.
CoL'iivovE, gcnlillioiunie noriiiuiul.
III, 723, 726.
Coisix, inedecin c!c Paris. I, 65.
Cousi.NOr (Francois) , medccin d-
Paris. I, 1A, 35,36,56, 78, 100,200,
281), 3A6, 3A8, A53. II, A6i, A87, 588.
(loisi.Nor Ills, inedecin do Paris. I,
Ay 7.
CoiTA.\(.r.s (revi'qiif di\. II, 221.
— llefonnaliou du college du Franco.
Ill, 206.
COI;TLIIES (des). II, 13.
(luAMoisY, dirccteur de rinipriiue-
rie royule. II, A36.
CUAMOISY (G.), libraire de Paris.
II, 57, 87, 372,37/1. Ill, 321.
(liiAio.N (JoanJ, inedecin du xvicsie-
cle. ill, 561.
CKEMO.MM, philosophc (!e Moduno.
III, 602, note.
C.iii'x.iLi (le chevaliur de). Ill, 6 18.
(liiKoii, niarcflial de 1'ianct1. —
(ioiu|uele de la Lorraine. 1, 51.11,
A12. Ill, A06, 765.
CKKSPI.-V, inedocin do Par!'. I, 153.
CIIESSE (P.), rliirur^icii a Paris. 1!,
35'J. Ill, 2S5.
CKESSE (!'.), chirur^ii n a i\!iis. HI,
7 IS, 721, 722, 727, 731.
(iuicAiT ^Jeiui;, pivlro. II, 3'iO.
Ciaro.v, philulogue. Ill, T'i'i.
(de). I, 326.
Ci.oisM-lt.ioiKi (do,. 1, 102. II,
106, AftS.
Ci.ni.i.iis Oswald), cliiiuisto. II,
ll'ii'l ir.li'.
Ci;oMWF.i.t. 'Olivier). — Notice, x\i.
I, 20 'i, 21'fi, 21 A, 217, 225, 2AO, 252.
II, 70, 10(i, 116. — Iiocoiinaissance
do la noinelle ii'-|)u!jli(|iie d'Anplr-
lerro, I2'i, 131, 1 'iO, I'i7, 155, 167,
183. 1HO, 20 'i, 218, 231, 251, 285,
2l)S, 302, 303, 311), 331. — Accepta-
tion dii litre dc prolecleur, 378. — Sa
niorl, 133 ct note. Ill, Ao. — Chute
do sa faniille, l.'5'j, 187. — K\il dc sa
faiuilie, 220.
CII^K (i.a), celrhre accoucheur ii
Paris. II, 8 el note.
f.i MO.\T (do), councillor dc la cour.
II, 2i5.
CM;\N (Tahbe do SAINT-) (Polrus
Aurolius). Sa inort. I, 300. II, 150,
220.
CZAI;M-:SKI. Ill, 522.
DAC.iEn. !, 'i, 5, 7, 21.
DAI.IEU ( madanio). ill, 613 note.
IKu;KAir in; Li WES ( Charles-Al-
bert), favori do Louis MIL HI, 288.
DAILI.E, niinislre do Cliaronton. I,
257. II, '210. Ill, 5H7, 71A, 716.
DAI.AME, chiniii>ieii. If, A02.
DAI.ECHAMP, nicdccin. I, 273, 306,
330.
DALE<;AMIIE (le pore). II, 385, 388.
DAMASCENE i^.l.-lL;, charlatan. 11,
73.
DAI.!. --so, coiisoiller, pore de 1'Ora-
toiro. Ill, >7.
DAMYH.I.K. ;duc do). II, 238.
D.VMH.i.OT. I, 106.
DAM>I;K. II, A67.
I)AM;EU. 11, 135.
D.IN- M. (iiiaduino'. I, 1 OA.
i).\\>i; (mademoiselle). — Allaires
dr- i'.iirricailos. I, V),'>.
Dv\ I-A\, luiii bivu iir. II, 193.
DAMS (llhinlius .1.), I, 238.
DAOU.N t\.), nicdccin deLouis XIV.
810
TAUI.K.
II, 107, 209, 2'i8, :>l/i, /i07, /|55. — 1 lour d'nn trailo do I'linwortnUtc dc
Maladie dti roi. Ill, S5, 557, 1)50.
Dvvnue, partisan. II, '|55. Ill, 309.
1) ms>o.\ ( William ), chimisto ecos-
s;iis. I, 253.
DKC.AKN, iiicdcnn do P;iris. Ill, .">01 .
DKCIIAMP, doLjon. I, 272.
])KHT\, iiculcn. ciini'm;]. Ill, 032.
Di: LA HAIK, orfevre. 1, .':70.
DKLAVICM: (.Michel), modccm do
Paris. I, I't, 1)8. H3, 200, ';0|, '-5:5.
II, 505. Ill, 5'i.
])K L'ISI.K (madame). II. 'i'i.
Di: i/lsi.K in. SALI.CS. \otiee, \\\\ in.
DELORMK (Charles), medecin, Ills
do Joan Dolormo, incdocin eelehresoiis
Ilonri IV. II, 398 ct note. Ill, I ',!>,
DKLHIO (Mart.). I, .'iOfi.
])I;I.ISSKI.. 11, 148.
;;05, ;iO(i. in, 21 1:
DI-: .Nii.i.v. II, l(i.
DKMSK. I, A7.
DEXVAT, inodccin do Paris. II, 155,
Ki8, lilt). Ill, 580.
Dr.Nvvr lo Ills, inodocin do Paris.
Ill, ;W(i, 7.U.
I)i;s BoiiDES-Gnoix , prand partisan.
Ill, 2(il).
DKSI-.AHTKS (Hone), philosophc. Xo-
tico, xxin. 1, Ki7, J(i9 ot notf, 'ilil
noto. If, l\'M. — Sa philosophic. Ill ,
020, 7JO ot unto, 795.
I)KSCHAMPs(Ieporc), jesuite. 11, lOO.
l)i-:si.AM)Es-P \\ I:.N , consoiller do la
Crand'Cliainhro. I, :58'i. II, 7.
Di.SMAiir.rs. 1, 522.
DKSPU Ti'.iiK '.loan). Ill, 99.
Dr.s PIIK/. (locho\alior). II, 208.
!)i.\ i.M'.r, lihi'airo do Lvon. 1. 25.'i.
Dn:i \I\IMK, incdcciii do Paris. 11,
Ki'iielm k' clio\alier , an-
i\imc. II, .Vi ct nolc, 35.
DIGUV (Kvcrard) pore do Kenclin
Dighy. II, 35 nole.
DlN'CKKI,. II, .'i'lO, /|01.
DIM:T flo pcTo), josuito, confossonr
DIOMS, cliirur^ic!). N'otico, \n.
DUMI.I.U. II, o(»8.
DODAIIT (Denis), inodorin do Paris.
Ill, 231 et note; 277, 293.
DONCI.I.I: (Tli.), inodocin do Paris,
antour d'nno tin' so sur itiltus dcs lute-
I)oii\T. conseillor. Ill, 61)5.
D'OSSAT (cardinal). I, /i!>. 300, 30:5.
Doii;i.r.r, partisan. Ill, 757.
Doi IU.I:T ( inadanic), lille do Camn-
sal. I, 17S.
Doulcur nwralc. II, 305.
DoriiLANS, apothicaire d'Ainions.
II, A2, 357.
Jioijch dc la Ftic nl It- dc I'urix. —
S;\s droils et attrihutions. I, 35, 30,
Icdoyoii. I, 187. 11, 3V.) note. — Modo
d'oleclio:i. 1, 502. II, 505, 500.
DuiKsciiK (Jean dc la), president do
la conrdos coinptes. I, 37 noto.
DiiKi.iMoi in-. II, 30S. Ill, 715.
I)i( in.MiN, inodocin do Paris. I, 12,
Di ciir.sxi: ( A.;. I, 308.
DLCHESM: (Jost'pli , (lit Onorcota-
nns, sionr do la Yioletlo, inodocin do
Paris I, 509 el noto.
Di i LOS (ih. PIMIT), do 1'Acadoniio
francaiso. Ill, 7-">9 note.
ii, inodocin do M. do Nen-
DIIIAMI.L, cine do Saint-Modi'ric.
Di HAN, lihraire do L}on. II, 59,
DILUI;I-.\S (Andre), ])rofosscur a
TAULE.
811
dicis el tie Henri IV. 1 , 509. 11 , 533,
534 et note. Ill, /i 13.
DILALKENS (Anloine), avocal, frere
d'Amlre Dulaiirens. Ill, /i!3.
Di i.Ai'iiEAS, conseiller, neveu tl'An-
dre. 1, 18, 71, 93. II, 416.
DtLAi HENS (inadameAunc-Robcrl).
Ill, 358, 413.
IK MESML, pseudonymc du cardi-
nal delict*. II, 380.
l)i MOIST. — Prise do la citadelle de
Saiiinm. I, 521.
DLMOIVT (madame). I, 384.
DLMOLLIN (Pierre), ministre a
Cliarenlon. I, 241. Ill, 674.
Di'JiCAx, medeciii <le Saumur. Af-
faire des religieuses de Loudun. I ,
305 note.
DL.NOIS (le cointe de), fi!s du due
de Longueville. — Allaire des buni-
tades. 1, li 04. Ill, 407.
DL\sScons(J.), cordelier. 111,138.
DcpEiino.N, cardinal. I, 139, 493.
Ill, 545.
DLPLEIY (Scipion), bistoriographe
de France. I, 17, ID, 21, 30, 46, 65,
273, 310, 336. 11, 551. Ill, 357.
Du'LESsis-BELLiKii (niadume). Ill,
393.
DLPLESSIS-PHASLIN, niarechal de
France. I, 464.
Dtpovr, charlatan. Ill, 384.
DIPORT (Fr.), mi'decin de Paris.
11, 456.
Di-i'iiAT, dc Lyon. 1, 382, 479, 51 1.
II, 44, 210.
DLPHE, inedecin dc Paris. 1, 353.
II, 166. Ill, 39.
DiTi v, garde de la Bibliolhcque
ro\ ale, conseiller d'Ktat. I, 187, 446,
473. II, 108, 234, 263, 602.
Dii'n, inedecin de Paris. Ill, 756.
l)i HAM. 1, 124, J26.
l)i HAS ;<le), licut.-gem'Tal. 111,6'iS.
DI.IIKT (Jean), inedecin de Paris.
1, 368, 453. 11, 240, 256.
DIUKT (Louis), inedecin de Paris.
I, 41, 190 note, 209.
Di'HET i)E CiiKMiv. Son epilaphe. 1,
43.
KH (P.), de 1'Academie fran-
caise. I, 218, 512. II, 3'j, 438.
DISAISOI, inedecin d'Abbeville. No-
lice, xi.i\. — Maliulie du roi ; discus-
sion sur la saignee. Ill, 85.
DL SAI SSAV (1'abbe , cure de Saint-
Leu, ollicial de Paris. II, 75, I '|9.
DIVAL ((iuillaume ), medccin de
Paris, professeurau College de France.
Notice, v. I, 51, 98, 100, 128, 27;>,
309. Ill, 74'i.
DL VKRUIF.U, auteur d'line llistuire
d' tispuyne. Ill, 597.
Kauf inincnilcs (opinion deG. Pa-
lin sur le>). II, 583. Ill, 470, 541.
F.I.BKLF (due d'). I, 29, 102, 231.
— Allaire des barricades, 404, 414.
II, 125, 354, 416.
ELISABETH , reine d'Anglelcrre. l.n
reinc Jaqucttt. II, 365.
lii.zhvius (les), libraires hollaiulais.
1, 165, 230. II, 57, 447.
KMEitt (Particelli d1), surinlendcnl
des linances. I, (51, 10';, 143, 163,
398, 492, 494, 521. 11, 1. Ill, 199.
- Sa nio! t. II, 18, 19 et note.
Kvi:n\ fd'; le 111-. I, .">71.
Einjii-niir (!') d'Allcinagne. II,
300, 440.
K.NGIIIEN (le due d'). 1, 73, 98. —
Defaile des Kspagnols a Rocroy, 100,
101, 102. — Siege deTliionxille, Hl'i.
— Prise de Philip«.bourg . 119, -125,
127. 29.".. 30(1.— Prise de Tre\es el
CoMenlz, 341. II, 5. Ill, 590, (i53.
l'.\(;iiiK\ (la duclicsse d' . I, 32'i.
MiiASMi:. — Jtigeint'iil de ses Kpilres.
I, (:7. — S> s (i-uvres, '200. — Sa \ ie ,
21(5, 2'i(i, 330,359, 381. II, 536. III.
79, 406, os't, di;;;, iisi'.
l.i; \--IK Thomas}. Disputes contre
Paracelse. 1, 231, 23 1, 4'i7. II, 36(>.
I'.iii; un, inedtcin de Paris. — Sa
iimrl. 1, 1^9.
KHLAC (le general \ 1, 457. II, 5'i3.
Kn\ vi. , d' , conlrOleur general des
linances. Ill, 34 '(.
TABLK.
K:n u. (d'), tils. II, 24.>, 352.
L'si.Aioi'i::!1. 'madamr 1'% 11, 35.
F.M'"M\:; (If p.'iv). "> -''•"> II01''-
!'',s(.;)T ( 1' ), doch iir tic SorhoiuiP,
iii;mme a revi'die dc Charlres. I, 8S.
Ksc; M'.K (T). I, 431.
I:S\M (1'abbe d'). I, 192.
F MI KUT ( Dominique), imprimcur.
II, 422 note.
F.MiuicF. UK HU.DKN ( Guilluumc ].
I, 194. IH, 295.
FAUUO.M, aslrologuc. I, 593.
FAIillOTt'S. I, 300.
FAIJIIY, do Castelnaudary. I, ."05,
Ksi'Ac.M- (Infante d').— Conclusion | 409.
(in imriaL,e do I'lnfante avee Louis Fiicitltc dc mcdccinr dc Paris. --
xiv. i, 2:><». in, ; 17, ;;.!s.
Ksi-AisK (I:', ri.-inc ,!'). I, Ii'2.
I''.s!'i:n\(!N (due (i'), "(.uvenu'ur do
Locale. — la'\ol!e drs Catalans ronlro
Sa puissaiico. I, 37, ">'i7 et note. —
Si's slaluK If, 5(i(i. — ilistoriquc do
la l-'aculle, 57S. — Derrc't dc la Fa-
rullr contrc Irois dc scs menihres,
(juunaut, Hi <la, Cornii!}, an sujel dc
1'aiiliinoine, 587. Ill, 21. — I,es
522. 11, 22, /ji. — Sa vie, 205, 2'JH, j theses. I, to3. — Heception des liecn-
,'il2, ;37:5, /i/t(5, /'iG9. — Sa inort. Ill, | cit'-s. Ill, 18"., .'501.— 1'roris contrc Ics
cliirurgicns ; arn't do ia ('our. 17/i ot
note. — Tableau dcs mc.lecins do la
Faeulte , 775. Yoyc/ Mcdccins.
Fdcitllcs. — Onerellc dc la Faculle
KSPKIT 'Andre), medccin (lit r!::e
d'Anjon. — Maladio du rui. li, 27.'i.
IH, 88, 89, 15(i, 2$'j. — Maladic de I des arts tonlro les trois antrcs Facul-
'.Fazarii!, 29(i. — Son role dans P.-l- tO^. Ill, 17J, 3<iS.
FACO.N, r.iedecin dc Louis XI \'. —
.Xolice, \i.iv. Ill , 5,'5() note ; 788 note.
FAIDK \u. I, (i.
FAIUFAX, ircneral anglais. I, 427.
FALALIO, docteur de Sorbonne. II,
!-ST (d';, cardinal. II, 141. 111,521.
FAI.CONT.T ( Andre), medeeiu de
KSTII.NM: 'Nii-ole), ni.'ce de Ilobert j L\on. I, 2S.'i, 'i(iS, 5 i 5. — Les L-llres
F.s!ieiinc, fennne du medetii) Licbaud. i c.(.e.i.ix a DC.CIAXXVI Ini sont adressees.
' II, 502.
FAIXO.NKT Xoel). 11, 105, 108, 109,
i', • HI';:-!!: ( Ic prince u'). I, 53, 55.
I'.! •<;! •• i:, comic de Smssons. i I, 27-.
\-.i\\ n:1; i-:ts (.i.-.X.). I, 574.
l'\M:r.iiT i Abraham), imprimeur a
FAUCI F.S ,'de). — Hevolte de Hesdin.
11, 385. Ill, 522.
FAIU:IES (madiiitio). II, .'>0ii.
FALCIIKCII (Lc), ininistre de Cha-
i-enlui). 1, 359. II, 299.
FAI CON ii". His. Ill, 424.
FA\UI; (le pere), eonielier, eveqnc
d'AmiiMis. I, 188, 225, 4 'il. 11,72.—
Me!/, pere du nuueclial 1'aberl. !i,,Son dix-onrs funebre sur ia reiii'>
422 iii>le. i mere. Ill, 5S2, 58.">, 595.
l'\'>n»us (les). Ill, 143 et note, 373,
FF.RIIINANIH-S (F.piplianns). I, 21.
FKII.\AXI>FZ (Matth;eus). I, 299.
FKU.NKI. (Jean), celeb re medecin. I,
3, 9, 10, 13, 70, 280, 281. — Snr la
denionomanie, .'505, 300. II, 317, .110,
558, 588. — La haute estimc que prn-
fessc pour lui (•. Palin. Ill, 59, 100,
199, (5.18. — Snr I'cpoque tie sa niorl,
8.1.
KERNEL (Madeleine), lille tie Jean
Fernel. II, 3.1.
FKIIHAMJ, medecin de Paris. Ill, 85.
KERRAM>, president de la Cratur-
Chambre. II, 209. Ill, 527.
FKIUUKII, tie .Mines. II, 278.
FiT.nif.ii (le pert1), confessenr du
roi. Ill, 732.
FKUOI; (le president Le). 1, 112.
KEHitf, minjstre de Mel/. Ill, 7:51.
KERTE-IMBAIT (La), marechal de
France. I, 175.
FKRTE-SEXXETERRE (tic La), mare-
dial de France. I, 175, 2 lit. II, 2 .1 ,
54, 190, 2.19, 399.— Sic^c de (Jra\e-
lines, /i ]5. — Fait pair de France.
Ill, 508.
FKTIIK (de La). Ill, 390.
FI.I n.i.Ai)iv(leconitedeLa). Ill, 228.
FKroiiKRKs(tle). I, 03.
FF.MIF. (Le), avocat. I, .431. If, 281.
KKVRK (Le), medecin. I, 95, 17:5.
II, 172.
FI^NKS (Francois), medecin de
Montpellier. I, 111, 109, 300. 11, 10
ct note, 507.
FICHKT 'le pcrc). I, /ilO.
Fii:\M.s (madamede . II, .112.
F n. so IT. (comte de). II, 155 29.1.
FII.KSAC. I, 51.
Fir.iT.KiiT (de), tresorier de lYpar-
<rne. I, 350. II, /i38. HI, 382.
l'"iminci,-rs les). 1, 25.1, 302, I.-.3.
III, 251, A 05.
FLVVIC.\\ (de), doyen du C.ollepe
royal tie France. II, 300. Ill, 791.
Vi.F.cr.i.i.i s. I, 32.
FI.OI;F.M:K (due tie). I, 80.
FOKS ( \.\ incilecin, tradurleur ct
commentatenr d'Hippocrale. I, 209.
II, 219. Ill, 50, 5 SO.
For." (Franct.i-, , mede< in tie Met/.
Ill, 50.
FOIN. l+, 307.
FOI.IKTA 'llulieiK I, 223.
FOMAIM: (Jean de I.;;'. II, 117.
FO\TU.M:S 'I'oKi; de), secretaire dn
Conseil. II, .110. Ill, 71, l^S.
FO.VTAMS (liabrii I ;, medecin dc
Marseille. — H-fiiKitinn di- Van-IIfl-
mont. I, 225. — •Demonomanie , 305.
II, 100.
I'oNTKv \v-IloTM\\. maitre des re-
qnetes. Ill, .117.
FO.NTI! ui.i.r.s (de). I, 111.
FOIICK (de I. a . — Allaire de IJor-
deaux. II, 9, .11.
FOKC.OAI. (i'al:l)e). II, 371. Ill, 120,
121.
FoiiKSTts (Pierre \'an-Fo:-eesl). II,
.110 ct note.
FOHMKY, secretaire porpctuei de i'A-
cademie de llorlin. Notice, i.ir.
Fos (tin), conseiiler di' Tune ties
cinq (llia'nbrcs des ('iH|uetes. !, 71.
Fot<:ui.r (cointe de I)i, £11011), in;;-
rechal de l-Vance. II, 3ii, 275.
FOLC vi I,T, conseiiler en la (l.nir. I,
52. Ill, 757, 75S.
FOIT.KIHIS (des). T "(>_?/. 15i:in.
Fori.ii, maitre tics requt-les I, 10S,
527. II, 32.
ForoiEs \LI.I: (niadame tie). Ill,
035.
Foi 01 KT (Francois), aimateur tie
Uretaivue, pC-re <!u surinleirlant. Ill,
502, note.
Foroi r/r ( \ii oias , procnivnr pi;-
nerai, sminii n(i;'nl des finances. II,
(>2, I 1:>, 157, 10';, 270, 103, .101, 171,
.175, /|SS. Ill, 29ii, 310. .",--5. — Sa
disgrace, 389, 391, 1592, ,10'i. -- Son
proees, .10S, 123, 'i',:!, /,(||, /,;)s. —
Sa condaniiiatioi!, 5i>2 el iinif. - !)is-
•jrace de sa fainill.1, 502. 503, 505.
FlIL'olT.T (llKKi.-'.Ill'1). Ill, 2S9.
Foi '01 i.r (Talslie), e\ujiie d'Ap;de.
II, ! 10, 127, 128. HI, ;;!.;.
I'oi (ii irr IM: (!l;()lss^ , antenr du
Cmirricr du toitj^. II, 5.",S.
Form i (de), president. Ill, 29.1.
SH TAHi.K.
Fot TMI, iinprinuurdeLyoii. 1, 230.
IF, 1M.
FHACASTOII, niedecin. I,*9.
FKAMHOISIKIIE (La), c-hiriirgien de
Paris. J, J.'i, It'i, -'77. II, 115.
FKA.M.OIS I''r, fonclaleur du College
Rojal. II1, 225, 7:58.
Kr.F.s (Tlu'-opliile de), nie-
decin de l.ondrcs. IF, 97.
GAIIC. vvr, inlondant des finance?.
TI, 2S:5, 287.
GAIUF.I. ( P. ) clianoinc de Montpel-
lier. I, 20 'i.
GAIIMKH, niedecin de Lynn. Les
FRANCOIS (Fr. des), inedecin do Pa- Leltres ( i.iv , ci.v , c.i.vi ct c.i.vn lui
ris. 11,08, 220, .'5A2. I sont adressccs. 1, 259, 506, 515.
FHA ,<;i:r/r\s (Ic comic do). I, .'580.
FUEDI'-KK: ill, roi de Daneinark. II,
A.'15. II!, 15i.
FHEHON. I, 285.
FKKSM: (Du). I, .'580. Ill, 78.'!.
FHF.V. I, 1."..
FHOMKNT, llieologicn dcLnnvain. I.
1 6:5.
FKOMKMIN. I, 'i7.
FitoMOM)i:s (Libortus), theologien.
1, 1.65, 'i8l.
Fn'/idi'iirs (les). Guerre do la
froiide, 1, 10.'! a 'i28. II, 5A5, 577.
FLT..NSAU>AC..NE (le comte dcj. Ji,
115, note; /jo 8.
Fi USTKMIIKHG (Ic comic dc), favori
de I'empereur. II, A'tO.
G
GADDIL-S (Jacob). IF, 128.
(i\i K\i;r.i., voyagenr. 11, 'i(>5,
GAOEIU (lo), niedecin du prince
do Conti. II, l'i, 1(3 , 180.
(lAiu.AC, (1'abbO do). HI, -);i9-
GM.AM), avocat. 1 , 17.">.
GALAS. I, 3. '5.
GU.VTKIN, niedecin dc Rordeaux.
1 1 , 52.
GU.U.KK. Notice, \\x.
(!AI.I.VM>, socretaiie du conseil.
All'airos iles Barricades. 1, All.
G.u.i.r.s ( prince dc). 1, 152 -.'580.
(IM.I.II.N, (oii^eiller a Troves. 1,
1'>7.
GAM vitR, niedecin dc Paris. 1, 18.'5.
(, VNOTON. II, 15(5.
GAIUSSK. (le 1'ere) , jesuite. Sa doc-
rine. I, 7!>, 2<i7. IF, 292.
GMMII-, niedecin do Paris. IF, 2'jS.
GUSMKH (le clian('olier). I, A2A.
(JAIIMI-.U, ])eaii -fivre de !\f(»16 de
Cliamplaslrenx. II, ,'57'i.
GAUMI-.R UK Mu -RIVET, president de
la Conr dcs Aides. I, 202.
GASSKMH (Pierre), philosophp. ]\"o-
lico, XM. I, 82, 8.'5, 150, 2.'55, 38.".,
'i2.'5, /|(i8. II, 15:;. - Sa niorl, 216 et
nnle, A05, 505, 508, 5IG, 521, 522.
Ill, 05.
G ASSIGN (de), mareclial de France.
I, :5.'5J.
(i.vssrox (le colonel). I, AO, 88,
10(5.
GAIMI\, doyen des mailres des re-
f[iietcs. J], 25(5, 287. Ill, 96, I'iO,
.'552.
G \IMO\T, envoye en Italic pour
I'execution du traile de paix avec
I'Lspa^ne. Ill, JfiO.
GAI i ini'.r,, celrbiv avocal. Ill, 01 1.
GA^ \M, president. I, :16:5, :568.
GAYAIT, cliirurgien de I'annee dc
Flandrcs. Ill, 662.
GA/EAU (Madame de). II, OX
(iit:i-llc dc France. Sa fondation.
I, 2(11 note.
Gi,M)iio\, cure de \an\re. II, 516.
Gi.\o\, conseiller. II, 106.
(ji:oi i.-iiOY-Sr-i!ii,Aiiu. (K.), inem-
bre de rinslilul. Ill, ISI note.
Gi:o;-|-itov-Srr-Ilir,Mr.K [Isid.), meni-
bre de rinstilut. 111,52, ,527 note,
GEOHGKS (Madame dc Sainl-). I.
77.
(Jr.r.Ai'.D, de Troves. II, 212, 2.'!2.
(ir.iniMN, a\ocal. 11, l.'i.
(JiaiMMN ((-I.), niedecin. I, 180,
li»(), A7:1. II, 228. Ill, 1:>.
T \IU.K.
(Jiiuiii), prand-archidiaerc d'An-
Ill, ill.
(JiiiAiio «L TII.I.Y, president. Ill,
GIO.
(JIR\RD. Vieded'Eapernon,l\t l.'i.'i.
(iiii viii)i\, £r;in(l partisan. II, 316.
HI, M:\, 56 'i.
(.Jl.VSSKH. II, VH'l.
(ii.Ainr.ius, eliiinisle. II, 'ilO.
CI.OIKSIKII (dur de). Ill, L'L':., 507.
CJoAB (\v pere Jac.). II, 77.
K I'F/I rr-M in \ts, con^cilier.
Ilistoirc dc I'Eijlisc. 1, I 17 nole, 1ST.
II, llMi.
(!ODI>, j)rofe<senr au college do
Franco. II, 190.
(lonr.riio^. I, '|97.
( lovr.KRMLi.K (do;. Mii>it>in's dn
(/.'(:• (/<• Yfi-crs. II, V.i'i.
<;o>i)Y, pore dn cardinal de UoU.
, inedecin de lloanne. II,
/i7(>, ;>o:<. ill, 'iO;>, (;.")".
Nonius do), niodocin de la eonr. I,
11, 108, 217, 220. II, 120, U2, U7,
205, 170. Ill, 21, 99 el note, 193,
197, 201,292.
Got i. is, secretaire dn due d'Or-
lejns. 1, :!80.
Goi I.L (Ic pore\ I, 181.
GontMELE* (K.), chirnrgien. I, 210,
."S7.
(ioi UVII.I.F. (do). II, 2(53.
CF.KM.AIN PRKUA, medccin dc Pa- j GovTiurn (Jean), d'Andcrnacli,
ris. III. (577. i niMecin de Paris an x\' siecle, res-
GEKMUX (lord), rnvove d'\ng!e- tauraleur de I'mialomio. Ill, 559 note.
l.-rro. Ill, 636.
GERM UN (de St-) , aumonier de la
reine. — Recneil de pieces contre Ic
c.rdinal de Richelieu. I, 10(5, 108,
7, 110, 298.
< F.BVAIS, medccin de Paris. I, 155.
GKRVAIS, moine de saint Augu^l'm.
II, 393.
GF.HVAISE, bacliolier en medecine,
poele lalin. Ill, 630.
GERZE (marquis de ) . Prise de la
citadello de Sanmur. I, 5_M. - II, .">,
2.H, 617, 500.
GF.SVKR, natnraliste. I, 25:>. II,
GEVBKS (marquis de) , morl devnnl
Thiomille. I, 100. Ill, 700.
CII.I.IKBS (Madame de'. II, fi3.
(iiN\\sio, cardinal, lils du medc-
cin de Clemen I VIII. 1, 02.
GIORDANO Biu NO. Notice, \\i\.
GIUAC (de) , conseiller au presidial
(;ii\>ci:v, mareelial do France,
gouverncur de Thionville. 1, 175. II,
637.
GRANDIKR (Lrbain). \olice, \\\. —
Allaire dos religieusos de Londnn. I,
302. II, 002.
GiiAM)is(Jo.-Fr.). 11,290, 292.
GiuMM'iiK (de), intendani do Flan-
dr, s. Ill, OO;,.
GH\\(;E (de la), mailre des complos.
II, 127.
GRAXGIER, professcur du College de
Frame. I, 15. II, ',:;:,. Ill, 711.
(in UMKMU:K, medocin de Narbonne.
Ill, 98.
GRAMMONT (de), mareelial de
Franco. 1, 227. II, 25, I ',8, 190, :50:<,
.'Mi'i. Ill, 202, 057.
GBAMO\D (B.), president dn parle-
ment de 'J'onlonse, anlonr d'nno ///«-
tiiiir dc Louis Mil. I, 102, 101, 289.
(iitvs, medocin do I. urn. 1, .'H)2. H,
fJn \ssKtr vi , consoiller (In Palais.
II, 225.
(iu\s-i\ (consei'ler . I, 01, 110.
( . i; u i \\ MKNAKIU: vi . 1 1, ."> 1!'.
(HIVM-: I, \i\v\, affaires des Barri-
cades. !, 110.
(ii;i<-i, cardinal. Sa moil. 1, (52.
(.KIM vi.ni, cardinal, nomine eveque
T.M'.I.K.
Gi;i>ron (.lean). Ill, 70S, 7/1, 772. Gnnr., inedecin. I, 200. II, (il.
Gr.isr.i.i.K (I.arbier). Son moces Gi ;I,I.I:MI:AI (Charles), medecin de
contie Gresse. HI, 7:'2, 7:)1. ' Louis Ml 1, a Paris. I, /i, 29, 89, 1 .V5,
Gr.o.Mivii:, , savant philolnjrue de '• 205, 2 I 5. '|53. Ii, 152, 100,271. 250,
Leydc. Ill, 079, 795. | 200, 271, 507, 588. ill, 0:<, 09 el
GHOTILS ( Iliuvo), ainbassadeiiv de | 110le. — Gonlroverse avcc Courlaiid ,
Snede, auleui du traile I.c di'aii data ',), /,',. /,,">.
(jnerrc ei dc Itipiti.r. 1,111,11 0, I .'59,
/i52. — Son opinion Mir ks nioines ct
Ics jesuite*. '18.:-. II, -I'd, 197, ;50't
ct note, /i4S, 'i78, 5,'iO. Ill, 79."., 7(J/i.
GIUPHES, celebre imprinicur. I,
296.
GiKinsiAvr (i!Kir(|nis do). — Sa \ic.
I, 218, ,'500.
GIK]',KIAXT (ia marechale dc). I,
2 'if). II, 57. Ill, I'i9.
GLJi.Lf.\ii\ . inedecin dc L\on. I,
A75. — Sa querclle avcc A. Falconet
an snjet dcs pnrgatifs. II, 557, 57.'!,
57/i. 575, 570. Ill, 77. ,'! I 'i.
GLII.LEI, conseiller d'e^lisc de In
Grand'Cliambre. II. /i.'iS.
GLISK (due de). — Son proces. 1 ,
du parli jansemsle. I, 220. Hi, 70.
Gi KXALT, iiK'decin do Paris. — No-
458, 10:5, lO'i, 180, 209, 2!'*, :>12,
.'i.'i'i, -Vi8, ;.5tiO, .'i.'io, /i 50, A59, /i7i,
/i70, 587, 000. — Maladie de Louis
XIV. ill, 05, 85, 89, 90, 1 17, 180.—
557, 052.
GUKXACT lc jcune, niedccin. I, /i2.'!.
GL'KXKGAI:I), conseiller. Ill, 290.
Gi'KKAui) (A.), int'decin a. Paris. Ill,
712.
(ji'KKc.ni (mademoiselle de). TIT.
j'l, /i8S. 11, ;',1. Ill, 172.
de (inenaui. 1 1 , /i59.
(ii i:s(;i.ix 'de), conseiller. If, 89.
(ii ir.Ki,i.;-.loi iii)Ai\ , niedccin a K-
vrtMix. II. •') i 0 nole.
(\\ icii \iii)i\ . hisloricn. - Hi.tlinrc
d,s r/itcnrs d' italic. I!!. 0;i9.
(It icsii: ( cc.inle de , , inarcchal de
France. I , 5 I , 0 I . 02 , 88. 1 1 , :50l.
111.519.
155, 2/iO. Ill, .17.'i, /i75. — Sa inort,
82.
Grisi-: (madame de). IF, 2/iO.
GVISK (mademoiselle). II, 2'iO.
GUISE-LE-BALAFKE (de). il, /i/i5.
Sa mod. II, "A.
de la reine. Prise <!e la ciladelK' de
Sannuir. I, 521. II,."., :i2:;. :!9i), ,'|27.
(ii'iio:> (de). 1. 108.
GLSTAM; , roi dc Suede. 1. 200. —
Son elevation an trdne, 225,227, 2.'i2.
GiSTAVK-Ai)Oi.piiK, roi de Suede. II,
EiiK/, medecin cspagno!. Ill,
Giv Di: Lv BKOSSI:. inedecin de
I.onis \lll , fondalenr du Jardin des
Plantcs. Sa mort. 1, 8 I. — Diatribede
(J. Patin contrc lui. 82 el nole, t.">7.
(Jivox (Louis) , sietir de la Nauclie.
i, :iO'i, r>;57.
Gi.'ioxxKT, conseiller du Parlenienl
dc Bordeaux. II,! 89.
(kyor, inedecin de Dijon. II, A2I.
Giu HI. T, cliirurg'ic'ii lilholoinisle.
II, 200.
H
JI'AC.I KNOT (P.), niedccin dc Afont-
TABLE.
81?
HACIEXOT (H.)» professcur de la
Faculle dc Montpellier. II, 200 note.
1! ULLAX (G. (ill). II, '|M>.
HALL (Joseph,. II, 82.
HALLE (J.-N.), iiii'deciii dc Paris.
II, 378 note.
II M.I. n. u (du), defaite dcs Espa-
gnols a Rocroy. I, 100.
HAMON, medecin dc Paris. II, 260.
HABCOIHT (comic de). I, 70, 125,
150, 203, 237, 277, 3'i2, 308. —
Affaires des Barricades, 405. — Siege
deCambrai, 456. II, 27. — Son ac-
cord avec leroi, 97, 110, 120, 545. —
Gouverneur dc Normaudie. Ill, 33.
HAUDOUN Saint-Jacques), medecin
de Paris. 1, 258, 497. — Accuse d'a-
voir introduit le vin emetique dans le
Cudcai sans avoir consulte la Faculte.
II, 192, 285. Ill, 286, 299.
HAUISSO.N (le colonel). Ill, 286.
HAULAY (Arhillc de), premier pre-
sident du parlemciil sous Henri HI.
II, 286. Ill, 66',.
HAHLAY (madame de). I, 223. II,
280.
UAKLAY (de), maitre des requetes.
II, 286.
HAHLAY (de), procureur-generaldu
parlement. Ill, 780.
HARLAY (de), fils du procureur-ge-
neral. Ill, 656.
HAUVEY (G.) , celebre medecin an-
glais. 1, 143. — Decouverte de la cir-
culation du sang. II, 64 et note, 537
el note.
HAUTIN (Jean), medecin de Paris.
I, 449 et note, i53. II, A77.
HALTEFOKT (madame de). I, 102,
329. II, 43.
HALTERIVE (le marquis de). Ill,
717.
HAYE (de la}, ambassadeur a Con-
stantinople. II, 430. Ill, 102, 309.
HEBEBT, cliiriirgiendeLyon. I, 479.
HECQLET (Ph.), medecin de Paris.
1 , 1 33 note.
HKDOIN, medecin de Lyon. II, 2'i6.
HEINSILS (Daniel), philologue. I,
139, 167, 22r>, 300. II, 172, .")12.
III.
HKI.NSHS (Nic.) , fils du precedent ,
coinmc lui philologue. I, A87. II, 188.
Hutior (Nicolas,, medecin de Paris.
I, 422. II, 65, 386.
HKLOT, auteur de L'ecolc dcs (illex.
II, J9'j.
HKNAILT (J. ), libraire. Notice,
XXVIII.
HKMII IV. Ill, 651, 7'i(i.
HKMUETTE, rfine d'Angleterre. I,
116, 119, 120, 121, 167. — Son se-
jour ft Paris, 336. II, 434. — Sa ren-
tree i Londres, 470. Ill, 308. — Sa
mort, 705.
HENKY, de Lyon. I, 143, 511. II,
29, 400.
HEK \LDIS (Desiderius), celebreavo-
cat. I, 163, 263, 360, 491.
HEIIALT, conseiller de la chambre
de justice. Ill, 560.
Ifcrboi-istc.t (les). II, 563.
HEBE (de , intendant de justice. II,
247.
HEBEDIA (Gaspard-Caldera de), me-
decin deSe\ille. II, 447 et note.
HEBELIA (Pierre-Michel de), mede-
cin espagnol. II , 447 note. — Publi-
cation de scsceuvres. Ill, 633.
HEBMANT (Godefroi), recteur de
TuniversiLe de Paris , chanoine de
Beauvais. I, 101,293.
HEKOABD, medecin de Louis XIII.
III, 48, 346, 428.
HEKVABT (i\\ , contrulenr general
des iinanccs. 1,412,500. II, 463. Ill,
198.
llcsdin (revolte de). II, 379, 380,
383, 384, 385, 386, 387.
HF.LIIMLS ;J.) , on V.\> HEI-BNE. I,
230, 236. — Publication de ses iru-
vres. II, 324, 410.
HILAIBE, avocat. I, 389.
HOBDES (Thomas) , philosnphe an-
glais. II, 470, 593 etnote.
HocQUixcOfHT (d') , inareclial de
France. I, 175, 194, 197. II, 380,
390, 398. — Sa mort devant Dun-
kerque, 413.
HocQti.NcoutT (Ic chevalier de), III,
594.
sis
TABLE.
HocQiiNcoriiT (<!') Ills, gonvcrnour
do Peronne, prisonnier an hois do Vin-
ccnnes. I, 73, 456. II, '2-2-2.
lloiiM\>.\ (Frederic ) , celebre me-
di'cin. I, J '|3, 391 notes.
lion M.i>.\ ('iaspard). Jngeincnl do
si's (L'uvi'js (Institutions mediae), I,
109, 123. 124, 126, 128, 436, 144,
150, 286, 322, 376,381,406.11,
410, 505, 506, 533.
UMandc (la). Ill, 716.
HOLLIEK (,'.), celebre mcdccin do
Paris. II, 410, 476. Ill, 410.
HOLMAN , niuilrc dcs com pics. I ,
283.
HuHiji-ic (le roi (!••). II, 306.
HOMMETS, medecin de Paris, bean-
pere de (lliarks Putin. Ill, .'Ki7,
594.
JIoi-iTAi, (del1), mar£chal deFrance.
I, KiO. II, 360.
(niadame la mnrechalo dc
I1). Ill, 447.
HOUSTH s (Gregoire), nioilociii, snr-
noniniu 1'Kscnlapo de rAllemagni'. II,
:'72 cl note, 4GO.
llonsTirs (Jean-Daniel), inedecin
allemand. II, 272 et note, 288.
HOSPITAL, cliancelier de I''i'anee.
II, 369. Ill, I'i2.
HoTTiNdEius ( Jo. - Henr. ). II ,
I '. '..
lloissrr, inli iidanl des linanccs.
II, 438.
Ho/.iFii P. d'), savanl geiiealogisle. Jr.\\ J\ (due de Mragancc), roi de
Portugal. Sa morl, II, 2G!».
Hi MI-IK (J.), inedecin espagnol. II, j JKVNNK (la papesse). II, 172, III,
JKVNMN (le president P.). 1, 218,
Italic (T). Ce qn'en (lit (J. Palin.
Ill, 80.
It aliens (les). Lcnr earactere. Ill,
1 34.
IVKS (le pere), cupncin. II, 201.
INXOCKM- \, pape (PamphilioJ.
I, 338, 341. — Projet de docrel conlre
les inoines, 451. II, 213.
JACOR (le pere Louis). I, 116 el note
185, 11,321).
JveoiKsV, roi d'ficosse. Ill, 123.
JAOQIJEH, partisan. Uf, 393.
•/unscnixiex. I, 183, 194. — Decla-
rations conlre eu\. II, 313, et III,
527. Ill, 93, 94, 556, GG8, 680, 683,
689, 7G7.
JA.NSK.MLS, eveque d'Ypres, 1, 352,
II, 102, 103.
JWKI.MS, moine jacobin. II, 366.
J\MN i IK o vsm.i.i;, liesorier de 1'e-
pargno. II, 471, III, 415.
JANOI, cliirnrgien de Paris. 11, 147,
26li.
JuimcK ( le pere) , j'esnite, aiilenr
.1 VSSIN (I'abbe), eveque de Leon.
lliiiui (A.), inedecin de Paris.
I, 301.
II, 2G2 et note.
Hi I;KI:T le chevalier tleSaint-). Ill, JKUOME, modecin de Paris. I, 13.
470. .fcsitili-K (les). I, 33, 48, V.». — La
lltii/iti-nt'ts, troubles a Montaiihan. Jesuituyraphie, 54 , <il, GO. — One-
I, l.")0. rello qn'ils out a\e<: les e\i(|iies, les
Hii;iF,[\N, uvocal. I, 9(i, Ki'i, 215, : cures et la Sorbonne au su jet. do Tad-
257. II, •>. I iiiinistralion des saereinenls, 72, 79,
HiMii-.UKs (d'), lieiitenanl-jrcnera!. ' 90, !''i, 102, 112, 113, 1 1 '( , |:is.
III,G'|H. _ 1.,-n jcsiiilrn fair l\'chnf,ind, 1 'i 'i
lli'UKM, inedecin de Paris. II, 2'|S. el note, 145. — 1(,(7, 220, 222, •'•Mi.
Hi i TI;MS (I Iriens). II, ',10. Ms s'insiinienl parlonl, font prolil
TABLE.
SMJ
de tout, 254, 255. — 268, 269, 301.
- Theuloyie morale dot jtsuilf.i,
325, 451, 452, 453. Jl , 102, 103,
145, I'OO. — Assimiles aux pliari-
siens, 2J3. — Les Lcllns prvrin-
n'o/i.v, 253, 254, 207, 278, 3J3. —
ConquOle duns rAmerique iiieridio-
nalc. — Lour i&ablis&euienl a \enisc,
338. 349, 375. — 1'ublicutioii du
livre DCS cas dc c unscii ncc , 391,
395, 397 el note, 439, 440, 448.
Ill, 98, 101, 102, 134,140, 388,
289, 369, 370, 442, 574, 080, 707.
I "!/c: MOIM.S.
JOLI, conseiller au Chalelet. 1, 443,
504, 11, 13, 78.
Jon, cure dc Saint -iNicolas- des -
< .lump-. Ill, 337.
JOLI, librairc a Paris. 11, 18<>.
Jo.\ytKT (I).), inedecin, prolcsseur
df bolanique au Jardin-du-Koi. 11,
444, 111, 788.
JOSEPH (le Pcre), Leclcrc du Trem-
l>la), capucin. 1, 30. — Sa moil, 59
ei note. — .Manoiivs tl instructions
politicoes, I 02. 11, 400.
Josi , libraire, ii 1'aris. I, 495. 11,
04.
Joi'BBiri (L. ) , cclfhre inedecin dc
Monlpellier. 1, 127, 209, 210. II, 241,
200, 504.
JOLUOLI.V, inedecin a Ai.v. J, 5.
JOIUDAS ^A. J. I,.), ineinbrc dc 1'A-
cadfinic royaledc iiK'dccine. Ill, 57,
554 notes.
Journal dcs .\iiriints. Sa fondalion.
Ill, 517 el note, 527, 532, 533, 577.
Jin \JN, inedecin. Ill, 283.
Jovus (P.). II, 482.
JOH.LSI. ( Ic cardinal de), arclievc-
que de Toulouse el de llouen. 11,
371.
.Ii v\ n'Ai i iticin; (don). If, 390,
3119. 433. Ill, 599.
Jubilc (le). 1, 7S, 80.
Jin/at (les) el la Jtistiu: 11, 81, 85,
S(i. Ill, 701.
,li 11 (Jean), cliirur^ien du cardinal
de iliclielieu. I, 47, s«i. II, in.;
note.
JtLlKIlS I)K (JIAI.AM)EAI , COIISeillfl
du Pailenieiit. Sa prediction. 111,37.
JISTEL, secretaire du roi. 11,522.
km. in 1. 1. (J.-l).). Itcd'f ill inns iiu-
inistniitiiiucs. .Notice, \in, note.
KCK.MGSMAUCK (le cointc de ) , ain-
bassudeur de Suede. II, 211. Ill, 593-
94.
LAHAUII:, prclrc. 11, 352.
LAB.UIUK (Joseph), auibassadeur en
Suiise. Ill, 773.
LABIIK ( le pcre Ph.), jesnilc, de
JJourges. 11, 254. Ill, 214. 570.
J.U.KOIX. 11, ;>i4.
I.ACLNA. ank'iirdu lialeniEpilumc.
I, 207.
L AUISI.AS, 1'un des juges du roi d' A n -
glelerre (Charles 1"). 1. 152, 442.
L.U.VM.I; (II. -'Hi.), proffsseurde la
l-'acullti de medccine (If Paris. Ill ,
399 note.
LAFKKMAS (de), niaitre des requeles.
Jl, 250. :ib7. 289.
L \i i u.i; (Pierre), inedecin de Paris.
II. 31.
L.\i.\G(KLs(Juc(|.), autcur d'nne I '/',-
dc Lutlit-r. II. I'll.
I,AMi;i:itT (le colonel lord). 1, i\',s.
252. 11, 14S, 159 . 43',. Ill, oio,
220.
LAMBKIN (J.-l!.', inailre descuiiip-
les. I, 350. Ill, 474. »75.
I,\MI:I\ (J)enisj. II, 480.
LAMIJO) (le^encralj. I, 94. — Sic^(.
df (irau'lincs. II . 'il.>.
I, AMil.lli:iii;. 11, 349.
I. \.\IOK.\O\ (df), premier president
du Parlcmcnl. II. 291, 441. 'li;;. ',<i9?
472. Ill, 92,101, 124-1:10. lil. loU
198, 203 el nole. 290. - S.i m.iladie,
359. 370.
I. VMOK.NON ( (If). Ills <in premier
president. Ill, 5 Is, :>33, .V^i. ,v, ',,
l.\ \lii\\oir.. — .Notice, \\\ni.
820
TABLE.
L'MOTiiF.-IIoinANr.oruT, marechal i LA TOIT.HF. (It- pere II. do), jesuite.
dc h'rance. I, I'll', .Vi2. — Allaire des j I, ;S70.
barricades, /lO.'j, A09, A 1 3. — Sa mort,
II, 2110.
I, A MOTIIE I.K VAYKR (I1' ram;.), <k'
1 Academic franeaisc. I , A (JO et note.
K, 5, 2.V), 3.Vi, 523 et note. HI, (.ir>,
/i8'i.
LAMY, medecin de Paris. I, 282.
LA XALVK (de), conseiller des cn-
qncles. I, /i.5l.
LAM.I.OT DI Voisix. I, 222.
LA.NGI.OIS (niadanie). 1, '.'It. L01,
1 05.
LANCLOIS, avocat culebre. 111. 075.
LAMM.OIS (Feriinojul). 111,711.").
L\N<;I.OIS (le pere). drsi»ne sous le
psoudonyme de Saint -Hubert. III.
29, ;i().
LAXGLOIS, impriincur. li, .'S20.
LAM.I.KT, de lleauvais, recteur de
rUnivcrsile. — Sa harangue dans le
prncus des niedceins et des clMnir-
Siens. Ill, I7S.
L\ \on: (de). Ill, 201.
I. \\SAC ( nuulaine do). T, 227,
291).
L\ l'r,u:i--. (de), secretaire du roi.
II, ;32:;.
LA Ti ILLKIIIF. (de), ambassadenren
L\ii)viiDKMOM', niailre des reqne-
grand-prieur deKrance, J, .'i'i2.
I, A I'm NK, ^ouvernenr de Alanrini.
II, /i 20.
J.\ l\ Mii.ii.iii., partisan. I. '|OS.
LAIIDIKK , apotbicaire a Paris. II,
372.
'iS2, :>20. II, 150, I5'i.
L\ Puvir-.iii: (le chevalier de) , inven-
tcur d'uii proeede pour dissoudre les
^\t^\^ fir, \VK, partisan. II, JS2.
I,Ai.\n (de), medecin de i'aris. I.
,'|5.-). Ill, 783.
LVI.\OY (J. de), docteur de Sor-
bonne, (lit /t Dcitichfui' <lc suinls. I,
191, 25.",, 255, /i!Mi et nole. Ill, 155.
I. UIIKM. medecin de Moiilpullier.
L-U;K\T (Le Hrun), jesuite. II,
251.
L\i IUKI;, medecin de Provence. II,
Vi9.
L At/i .N (due de). Ill, 792 el note.
LAVAL (marquise de). I, Kil.
LAVAL (de), medecin de Paris. II,
/i'i8. Ill, 272.
L\ VAI.KTIK (due de). II, Hi.
LA YAI.KTTI-: (dc), cardinal. I, 29,
:i;], .'i5, 51, 58, (il. II, /,'|5. Ill, 82.
LA \ \Li.i.rn: (elievalier de). Affaire
dts Barricades. I, <U(i.
LA \Ai.i.ii.r,i: (inadeinoiselle la du-
cliesse de), niailresse de Louis MV".
Ill, 483, /i8'i, 520 clnole, (J5J, (i5;j,
770.
Lv VAI.I.IKKE (1'abbe de . Ill, C/il.
LA \IKL\ILI.I: (de). I, ',1)2. II, 18.
LAVOCAT (rabbe). II, ;J25.
Li; l!i;i, , medetin de Paris. |||
'i 1 2.
Lr. CI.KISC, medecin de Paris. II, s|
ducliesse d'Orleans. II. 109.
Li: (J.I.IK: DE LKSSKMM.K, eveque de
Coutaiice. Ill, 5(i8.
LE Cory, cbirnr^ion. I, 'i.'il. — Son
not an sujet de la maludie de l''r;in-
cois I1'1. Ill, 119.
LECOMIE, medecin de Paris. ], JS.'S.
I.K Coy KI: COKKKMLI.K. II, 2,"5.
LF.DIES (Pierre), recent du college
d'Harcourl. II, 102.
LEI i.\i',i:, medecin. I, 8i.
LI:I i:\iii; (Taiinequilliisl''aber), phi-
lolof?ue, profcsseiir 'In college deSau-
T.MM.E.
8-21
'lit'-*. Ill, 140, 012 ct note.
LF.GIEH, mcdecin de Paris. 1, 220.
I.K GUAM), avocat de Paris. II,
201.
LKOKIX, mcmbrc (In college medical
dc Troves. I, 7.'5, note.
LK JAY ( lo pere (I. Midi.). I, 250.
II, 30(5, 30:5. Ill, 4.
LF. LARGE (P.), chirurgion. II, 359.
LK MAITIIK, professeur du roi on
Sorboime. Ill, 344.
LK MMTUK DF, BEU.F..MMK, president
des empirics. Ill, 729.
LK M \ITIIK (. Anloine), avocat. II,
262, 4'r->. Ill, 98, 595.
LK M Msrnr. DK S\CY (Isaac), Ira-
ducleur de la Bible. Ill, 9S note.
LV:MOIXK, rardinal. I, 44.
LKMOI.NE, medecin. I, 214 nole.
LKM.OI.NK, pi-oeureiir de la (lour. I,
1 93.
LKMOINK (le Pt.ro), jesnite. Ilistoire
du cardinal de Kiclu'lieu. 1, 115. —
I. <i devotion niscc, I 45 note, 3'i2. II,
485. Ill, (i()2, (>S8.
LI-.MOINK, relienr. II, .'57/i.
LK N\IN, consoiller de la Grand'
rliambie. II, JS2.
LK IVoiii.K, conseiller do Honen. II,
109, 291, 121.
I.K Moisi.K, inedi'cin de Ilouen. II,
107, 1S|.
LKMONON, medccin. II, 17S.
LKNOUMIM) (l'abl)e). Ill, (i.'il.
LK<IN (le Pere), cai-ine. I, 59. .
LT.IIN \ , pape. II, .'ilS, 775.
LKON MID, inedecin de Paris, I, 2'i<>.
LKOI-AUIIIS (P.) II, 5 1.
Li:.oi'oi.i> (rarcliidur). — Siejro d'V-
pres en I'liinilre. I , 150, 151. -
.'i'il. — Sienc de Diinkerqne, VSI. II,
Li: Hot \ , de Troves. 1,187.
LI.I;D\, cliirurgieu. I, 55.
1. 1. KOI, premier commis. 1, 245.
LKSCALOPIKR, jesuite. 1, 245. II,
161.
LKSCIUKNIKR. I, 2<i8.
LKSCHASSIKH, conseiller. Ill, (50.'j.
LKSCII \SSIKII, 'J.), avorat. I, 4<i.'$.
LKSCHCHK ( L. de ) , professeur de
philosophic. II, 83.
LKSC.OICVAI , avocat. Ill, 1 'i.
LKSCOT, jesuite. I, 30.
LKSDICI IKKKS (duchesse de), II,
248.
LE Sores (D.), medccin de Paris.
LKSSHS 'le Pcre .11, 532.
LK TiN.NKMi, president des nion-
naies. Ill, 319.
LK TAII Tiiiiiii (Adrien), inedecin. I,
70, 85, 8li.
1.1:11:1.1,11.11 (Simon), inedecin de
l.i: Tr.i.i.iKii Tabbe , coadjutcur do
LK TKI.I.II.II ( Michel , secretaire
d'l-.tat. I, 23ii, 245. — Allaire des
Barricades, 415, 477. II, 51, 1 IS,
352, 438. Ill , ;2S3, 30 1, 3'iO.
LK VICNON (r'rancois) , inedecin de
Paris. Notice, i.. 1, I, 7, 123, 153,
222. II, 99, 248. Ill, 299, 'iU5.
I.I:/.DM (de) , coiiM'illi'r d'Klal. I ,
1 92.
Li \v:oi n i (dc). 1 1, 32.">.
/.//'/•((irr.s (IcO. (;riti(|iie f|n'en fail
(i. Patin. I, 337. — Leur silualion.
II, 15.- — Proces entre Ics lihraires de
Par!-. 55S. Ill, 375.
I.K.KI i s ij-'orlnnins). I , S7, ISO ct
note, 3S3.
LIC.KTIS (Joseph). I, ISO, note.
l.ii-.iain Jean), medccin bour^ui-
LK;.M: (le prince de). II, 438.
822
TABLE.
LOTHIIIIS (J.-P.), medocin el liis-
LicNKMi.i.F, (do), sonor.il. II, 125.
LIO,\Y (le chevalier do). 11, 209.
Liv.Kvir.s ( lo Pere ) , roctenr dn Lous XI. Obliont de la Faeulte do
college des Jesnilos, prodiealeiir 01^- Paris, moyennanl caution, lo maim
Ichre. I, 2A9, :i92. II, ,'iO. Ill, 30, 535 seril de Hliasis. I. :\1 nolo. Ill, 758,
Lous Ml. Ill, 708.
Lous Mil. I. IS. -- Emprunl
rju'il fail a la Faeiilte dc modecine do
Paris , 57 ol nolo, 53, 55, 57, (i2,
07, 08. 71. 7.'5, 78, 79. 81, 83. Hi,
80, 88. 89, 91, 95, 97. 98. — Sa
moil. 99. 100. — Son anlopsie. 28.S.
Loris XIV. Notice, XL. — Sa nnis-
saiiro. I, 5:5 c! nolc. 5(i. Sonavono-
inonl an tron», 98, 100, 211. — Sa
150, 217, 227. II, 155, 240, .'}(';5.
Ill, 2(iO, 780, 7S7 ol nolo.
LII-SI: (Jnsio , philnlogue. 1, 300.
II, /j80, 5;i2. ill, 505.
LitliotwrJe. I. /i 5 5. II, 300.
Litlutlrh,''. I, '|55 nolo.
Li mi it (Simoon). I. 235.
LIT run ( I-..), monihro do rinsliliil,
Ira.I'i'-lour ol rnminentalonr d'Hippo-
rrale. I, .",55, /i55. Ill, 28, 7'i, 079,
nialadio, 217, 2.">l. — Traile do paix
vr.T (lord), goiivprnour do ol nuiriage avec 1'infanle d'Espagnc,
Diinkorqvio. Til, 91.
2."9. 2'M, 2V'!. 2'i't. — Paix do T5or-
Loisi-.r. (Ant.), do Boauvais, avocat I doaux ; son onlroo dans oolto villo.
an I'arloinont. I, 29(i.
L V.LICS. I, .'50 'i.
80. Ill, 75.
LOM: (do), partisan. I, '( | 7.
l.midtTs. Ineondic doi olio villo. Ill,
01 'i, 015.
LOM-.I i-.\ 11,1.1: (de). !• 52. 01 . — Sio^i
M.5I. —Son sar.ro, 120. 1:59. l.'ill.
— Visile an Parlomont , 108, 197.
:)80 c( note. Ronlroo a Paris
apres ]es barrirados, /i70. — DOelara-
lion an Parlcmont , 592. 595. — Sa
majorile, 595. — Sa maladie a (Calais.
':07. 'il(i. '|I8, '|!!I..'|28, ,'|3 I.— • Dis-
oiission sur la saimiee. III. (i \. 05, S5.
do Casal, 02. S3, I0'i.57i"'. — Los bar- | — Sa constilnti-m el la nature d«'s;i
ricados, '|0'i, 'i!2. ',20, '|31, 'iSl, '|82. j maladio: discus-inn sur ranlimoino,
'|S3. I!, ."fi9. III. 'i"-7. i 8<i. P.olonra Paris. 88. \ituvoaiix
LO.NM r.Mi.i.r. (madamodoV I, ;i7, I details sur sa maladio, el liistoiro (In
108, 1S5. II, I",, 55.'5. vin t'nietirpie . Si). — Vina^o a l)i-
LoNfirr.vn.i.i-: (in idemoiscllc de). I, jon , 97. — Voyage a l.yon el retonr.
119. II, .'i I 7. I 122. — Conclusion de la paix ol dn
I.HM.I i:\ u.i.i-: (Charles Louis dc). I manage do Louis \l\' aver rinfanlo
comic do Saint-Paid. I. 'i I 2. j d'lvspa^no . 1 'i7 . i '18 , el 227. -
T.OM;I i.\ ILI.I-: (de), siour do Maisons, Lnlree a Paris a\ec la jeiino roino ,
president des Comptos. T, 'i'i-">. If, 18. 25'i, 255, 250. — Cession de Dim-
21 , 2'i'i.--Son arrrslation, '|27. 5'iO, I, crane a In l-'i-anco . :\'\'\. 3s|. ."S3,
5'i7. 508. Ill, 'i7'i. -Constrnrtion dos batinionls do Vor-
Loi'r.s (l''r.), medocin do Paris. II, sallies, '|OS. Procrs el eondainna-
•2\(-'. [ lion do l-'oii(|iiot . 502. 5ii.'i il nolo,
Lour. U>-K (due do). I, 72. 7.", IS'i, 505. — Declaration an Parlemont
.">2S. — Prisonnier dans P,i-u\i'||rs. II, conlre |es ianst'-nisles. 527. — 'iiierro
12.'!. 125, I2ii. 5'|S. HI, 270. .",70, de l''lamlre : priso do Douay, 057 ; —
"75. .".97, 5",2. dc Conrlray. (I5S; do Lille. (iii2.
I.CIKI.MM. (la dnclie-s-,- de). I. 221. ' Lous (A.), socrelairc porpotiiol dc
I. HI, i; \IM: ( lo chevalier de \ III, )' Academic do ehirun.' io. I, 135. Ill,
7") I. ; l^o nolos.
TAHI.E
823
Lot is, medecin Ac Monlpellier. I ,
212, 3'i8.
Lot is WE HAHO (doin), rninisire (!'!•'-
lat d'K.spagne. 1, 23'.i. 3<>3. III, 3<>3.
LOUVKAI:, partisan. Ill, 393.
Loivois (do), Ills do Michel LeTol-
licr. — Son manage a\ec mademoi-
selle dt* Cnurlamnnt. Ill, 'i01, 7'i5.
LIDK (comic (If). HI, TOO.
Li co (le cardinal), jesuite. I, 120,
LCSSALLD, medecin de Niort. I, 393.
11, '|89. Ill, Vi5.
LUY.NKS (Charles -Albert de) IU-
, fa\oride Louis XIII. Ill, 288,
Li VNKS (connetable de). I, AO'i.
Lrt\ES (de). 111. 091.
Li vi (K.), L 1*9.
LM>NNKT (H.), medeciu , autcur
d'u n Ihrc Oc morbis lucreditariis, 1,
13/i. II, 3i2.
MACK, librairc de Paris. I, .'i.'i7.
MACHAI;T (df), conseillcr. II, 2.'i5.
MACIIIIVKL compare, a Tacile. Ill,
255.
Mu;no\, clianoinc de Toul. Disctis-
sionsur la beautt' de J. -(;. II, (i, 551.
MADELIX, charlatan. I, J7(i.
MADKL MNK, conseiller aux enqiu'le?.
\IM;DKI. u\ (Antoine) , mcdecin dc
Montpellier. I , 2 Hi. II , 1:57, 17;5.
M \\i.\i i. is (marquis de). II, 'i.'l.
M\n.i.\\ I'.), ii'siiilc, confosciir
M MI.I.I:T, riche
I, 7S8.
;\K.NK (J. F. ) , chirurpini dp
I'liopilal Saint - Louis, editeur di-s
(Murrcs d'.Ambroisc I'are. I , AOO
note. II , 380 note.
MMMIIOI IK; (le Pero). Ill, (i()8.
MM.VKDV, mederin de Paris. I, 12.
Mti.TiiKT (le Pen- C.l. . II, /i2(i.
M \NCIM (le cardinal .bcaU-frere de
Mazarin. III,2f>2.
MANCIM ( Madame de), sa-nr de
Maznrin. II, 273.
MANCIM , crolier an\ Jesuites , IIP-
veu de Mazarin. II. 3<>7. — Sa mort .
MANCIM, neven de Mazarin , pou-
vernenr deCiravelincs. 11,238, '(2!i,
Vi3. Ill, 131.
MA.NCIM (Horlensc) . niece de Ma-
zirin. II. A.r>8. — Son mariape avec
le p;rand-niailre d'artillerie. III. 32s.
3 'i(5.
MANC.IM (la princesso Marie), niece
de Mazarin. I, 221, '|HO. II, is;; el
note, 'it>3. — Son mariagc avec le
prince Colonno. III. 353.
MANDAK, mcdecin de Paris. |||,
221.
MANKSSIKH (C.laire) , mere de (iui
Patin. I, 333.
MANGOH DR ViLLAiic.EAfX. II, 1>S.'!.
MAMOII: (le due de). I. 2s*. ."">. —
Cession de Cnsal anx F.siiajjnols . 231.
II, 201. — Sa mort. F,\tinclio!i de la
race des "Severs de (lOiizapuc. I .
83.
MAN/HI. 1.1 ( Piclro-Anpolo-Palinpr-
iiius-Slellalns-Marcellus) . aulenr ilu
MAIIMSSIS. lilierak'ur. II. 382. 111.
V.Hi.
M M;CI;I.. cliiruriricn . tradiicteur de
Cnilliit*. li. I I 'u
824
TABLE.
MviiciiKfn, arclie\cque d'Aix. II,
121.
MARCILUS (Theodorus), professcur
du roi. II, 48'..
MAIIF.«,IIU. (le pore), josiiite. II, 8.
MARKS, mcdecin dc Paris. II, 248.
MAHF.SOOT (Michel), medecin de
Paris. I.. 309, 405, 453.
M \iiKsr.OT, maitre des rcquetes, (ils
de Michel Marescot. 1, 405.
MARF.SIIS (Samuel}, minislre fran-
cais a noldue. I, 275. Ill, 101.
Mvr.cox.NK, partisan. Ill, 296.
MAIKIOTIX (1'abbe,. II, 203.
MAHCLF.IIITE (la princcsse), souirdu
ducdc Savoie. II, 183.
M \IIIE (la princcsse), fiancee du roi
de Pologne. I, 3C5.
MAUIE STI ART. Ill . 123.
M AIIIE-THKIIKSE, infante d'Kspagne,
fern mo de Louis N1V. Ill, 228.
Mvmi.i.u: (dc), maitre des requetes.
I, 168, 403.
MAIULLXC (madame de). 11,22.
MUIII.LAC (de), consciller d'Ktat.
Ill, 'i79.
MAUII.LVC (dc) . gardc-des-sceaux.
II, 87. Ill, 479.
M uui.j. AC, maroclial do Franco.
II, 87, 382, 4'i5.
Mvr.ui.M. II. 233. Ill, 100.
MUU.N, archevGquo. — Siege dc
Tarragono. 1,81.
Mvui>, formierdcsgabelles. 1,482.
M \inioiiiEii ,lc marquis dc). Ill,
MVIIION. I, 'i70. II, 9'i.
MAIIION-DKLOHMK, courtisane. I,
49A. Ill, •") 17 note.
MUIOI.I.I.S (de) , abbe do Yilloloin.
traduclciir. 1, 238. 11,117,159,317,
447. Ill, I'l.
MVIIOT ((',!.). 1, 267.
MARSH. i,\c. Ills de M. de la Iloclic-
foucault de Poilou. II, 307.
MVKSIN. II, .",99.
MVIITMM'S (Prosper), medecin de
M Mil IN, lieulciianl du prince dc
Conde. II- 335.
MAKTIN (.loan), mcdcciii de Paris.
I, 39, .'jO, V'5, A'l, 5011.
MAKTIX ( L. ) , medcciu de Paris.
Notice, xxxiu. 1, I 71.
MAKTIXKAL, conseillcr. II, 13, 100.
MAHTIMOSSI (Mademoiselle) , niece
dc Mazarin. 1, 203.
MAIITIU (P.), savant prolestanl, I ,
,r)(i.
MASCARO.\ (le Pi're), celebre predi-
cateur. Ill, 7(i'u
MASCON , auleur de ['Anti-demon.
II, 133.
Mvsiis. I, 25(>.
MVSSAIHA (Alcxandrc ) , mcdecin ,
profcsscur a Padoue. II, 558.
MASSON (Ant.), gravcur, auteiir
(Fun portrait dc G. Patin. Notice, i.n.
III, (i3(J.
MASSON (Papire). I, 25, 47, 70,
25(i. II, 551.
MASLRK, cure et docleur de Sor-
bonnc , grand enncmi des Jesuitcs.
Ill, 102.
MATIIIF.I , mcdecin dc Paris. I, 2l/».
Ill, 76(i.
MAK.KK. mcdecin dc Bcauvais. I .
223, 515. 11, 530.
M vi \oriu (do) , abbe dc Gailluc.
Ill, 229.
MAITF.OI; ( le chevalier dc ,, parti-
san. III. 393.
MAI IIF.NKUS (le comtc do). II - 299,
300. 311.
MVIRICF. 'le prince). 11.183.
MVIIIIN (Jean) , medecin de Pari^.
II, 2'iS. III. 430.
MAUIIN (Raphael ,mcdec.;n del'lio-
pilal do rarmcc dc Flandre. II, 483.
III, 5(i7, (i()7.
MAI \ ILI.AIN, medecin de Pans, ami
dcMolicrc. II, 248. Ill, 21 ctnote.—
Son dccanat; particularitc quo pro-
sonic le jcton (|ii'il lil fairo, 3V.' el
note, 'i!2 ct note. 53d.
MuviiiN (Ju'cs , cardinal, premier
minislre. Notice, \\i. I. 71,10(i, 120,
121, I'i7, 148, 149, 151, I5(i, l.VS,
15(1, Kill. 1 1) I, 11)3 , I ti7, 175, 177,
193, 217, 231 , 239. 200, 21)1 . 202.
TABLE.
— Sa puissance, 298, 345. 394 el
note. — Affaires des Barricades, 403
a 408, 411, 418, 442,456, 481, 521.
— Relour a Paris apres les Barricades.
470, 471, 520, 521, 525 ct note. II,
i>, 25, 48, 51, (51, 62, 208, 209. —
Siege deGravelines, 418. — G. Palin
lui rend une fois justice, 426, 454. —
Sa maladie. II, 456, 457, 458 et note,
459, 461, 462. II, 512, 519, 526,
545 , 567 , 586 , 591 , 600. — Arrels
de proscription du 16 fth'rier 1649et
de 1651. — Ventedesa bibliotheque.
Ill , 1 et note. — Sa rentnte ft Paris .
II, 92, 93. — Don des deux Alsaces,
116, 130, 131, 187, 229, 241, 243,
244, 247, 257. 276, — Sa maladie.
III, 314, 320, 327, 329 et note, 333
334. — Son agonie ; satyres et £pi-
grammes, 335. — Sa mort. II, 461.
— Son autopsie, 462. 111,339. —
Son testament, 3.40. 341. — Fonda-
lion du college des Quatre-Nalions ,
340. — tfpitaphes. 342, 348. — Paral-
lele avcc Richelieu. 357.
MAZAIUN (Michel), cardinal de Sle-
Cecile, frere dc Jules Mazarin. 111,337.
MAZAIIIN (le due), due de la Meil-
leraye, grand -maitrc de I'artillcrie,
epoux d'Horlense, niece de Mazarin.
Ill, 329, 332, 346 note, 769.
Mazuriiuidcs (les). 1.148, 261. II,
516, 517.
MAZVIUM (Pielro), pere du cardi-
nal, due de Rethelois. 11, 118, 121.
— Sa mort. Ill, .43.
MA/.IKVI, mudccin d'Orleans. II,
293, 367.
MKAD 'II.) celebre medecin anglais.
11, 422 note.
MKCKI.KMI;OI IK; .' le prince de ) III,
581.
Medecins. I, SO. — Lenr reception
d;ms Irs dillm-ntes universites. —
Alms. 1 , 200. — Parallelc des niede-
c'ms de Montpellier et des medecins de
Paris. 210 el note. • — Medecins de la
ronr, 222. II, 207 et note, 227 el 22S.
— Les detracteurs des medecins. 1,
Ii89 et note. — Venalite des places de
medecins de la coirr. II, 5, 8, 171. —
Honoraires des medecins. II, 6. Ill,
780. — Assemblies el statu Is des me-
decins de Paris. 11 . 234, 489, 490,
491. — Slatuts des meJeeins de
Paris, 496. — Couluuic des medecins
de Reims. 496. — Des medecins el
des chirurgiens , 328. — Queslions
de pr&eance enlrc les medecins des
hopitaux el les administraleurs el
bourgeois, 538 tl nole, 539, 540,
541. • — (iages des medecins des hopi-
taux, 540. — Sur 1'envie des mede-
cins, 556. — Denombremenl des mtf-
decins de Paris, 576. — Proces des
medecins de Paris conlre le> chirur-
giens. Ill, 174, 178. — Arret rendu en
faveur des medecins de Lyon , .'i la
sollicilation de (Jui Palin, 196. — Sur
Terml'ilion des medeciiis , 233, 235 el
note. — Trop grand nombre des me-
decins, abus des universites, etc.
451, 452 et nole. I'oj/c: Ciuitiiw.iF..\s,
FACU.TE.
Medecins dc Monlpdlier. I, 122
a 129, 203, 204, 207. 209. — Lrs
places de professcurs etaient donne'cs
an conrours, 248. II, 2.47. I, 323,
324, 325, 343, 344. II, 133. •- Lcur
upologie, 137. — Conlroverse an sujel
de Renaudot, 587. Ill, 32. — Apo-
logie, 35.
MEDICIS (le cardinal de). I, 195.
MEDICIS (Catherine de). 1, 3(>7.
MKDICIS (Marie de). I, 30, 57. 58,
68, 84, 91, 98, 100.
MKDINA -SiDO.M v (ducde), grand
d'lispagne. Ill, 599.
MKCUID, medecin de Troves. 1,
41, 68, 136.
Mr.moMiLs ( Jos.-IIemi) , medecin
dc Lubeck. II, 451 el nole, 452, 493.
Ill, 301, 302.
MEIIIOMUS i, fits , professeur a
Helmsliult. II, 493.
MKII.I.K (le comic de . 11, 399.
MKII.I.I.IUM: ( de la , marechal de
France, granrl-mailre de 1'arlillcrie.
— (Juerre de Flandre. 1, 63, 65,
81, 104, 125, 150, 103, 192, 292,
'TABLE.
ViO. II, 9. Ill, -JS37, '158. Voyc/
MA/.MIIN.
MKI.ANT.HTHON. Declamations Ot
oraisons. I, 229, 2.11.
MKI.MM), intendant du Languedjc.
D. Affaires des Barricades.
MEI.OS (don Francesco do). 1, ;j'il.
MENACE (Gilles), philologue. 1, 'i87.
II, V.Ki el nole. Ill, J5(>, 252 et note.
443.
MKM:TIIIF.H (!e l>e.re;. Ill, V*8, V')8
et nole, 77:>.
MENAUT, procureur du Hordeaux.
MKSNAHDEAU-CHAMPHE , controleur-
generai. I, Wl. II, r(7, ,'510.
MES.N AKDKAU - CHAMPUE < Mademoi-
selle dc). II, 278.
MKSTIIEZAT (J.;, minislrc a (lliaren-
ton. II, :iO!i.
MK'rrnir.ii, conseiller an parleinenl
de Bordeaux. II, ;!27.
MKTUUS. I, 'i(ii>.
.Mr.rMi-.ii DE LAHTICK. II, 289.
dcs Mazarinadcs. I, 'iiil .
MK^SSOMKK, inedecin del,\on. I,
A01. II, 2(i'j, 5'i7, .")'.»". Ill, 50, 81,
I, 'i'»0.
MI:\TI:I. (.1.) , nii'decin d.1 Paris. I, | MK/EKAY (liudes) , historien III ,
20. Dans mio maladie, il est saigne ' 5!>.!.
Irente-deux fois, (>;s el nole, 87, 230.
II, 52.
MKKVT ( F. V. ), inenibre de I'Aca-
demie ro\a!e de niedecine. Ill, 16,
I2U, 258, 290, 587 notes.
Mi';r, MT, fcrmier des Gabelles. I,
VS2.
Mi'iiriKii. I, 202, 20,'!.
MEIICIEII, inedecin a (lliateau-
Tliierry. II, 100.
Mr.nrot:rii (due de). I, 15'i, 15,"),
'|'|2, 'iSil. If, 55, '|I5,5I9. — Soiiina-
ria}?e avec la niece du cardinal Ma/a-
MEZERIAC (de:. II, .'!.
Mir.iiAii, inedecin. Ill, 7/il.
MK.IIKA, inedecin de Paris, i, .">55
MiLi.Kii , conservalenr des nianiis-
crils de la Bibliolhequc royale. Notice,
i. in.
MILTON (Jean), 1, 179 et note, Aiio,
— Reponse a Sauinaise. II, 18 el
note. Ill, 2:58.
Miraclrs. I, 90, 22.'!. II, 2til, 'i!H».
Ill, 758.
Snisse. Ill, 7(il .
inarcliands, siinioiiune trpcrcdti /'< •«-
MKIICOI:I 11 (dncliesse de), niece de
Ma/.arin II, 222. 227, 588.
MuncoEi r. lediicde , cardinal. Ill,
MI-KCI in M.IS, inedecin. I , .'51 1. j/i'i/i, Wi. II, '|5, ">79. Ill, Inn.
I, a famille NFirnn, 7(il .
\Ii-iu.i r .1. inedecin de Paris. 1,
roi de Polo^ne. Ill, (i97.
Mi/u u> \nloine , inedecin. I .
'i."'>. — Sa inorl. II , ii(i, 'i.">2 .
102.
\h.Mii> (i'al)be de . Sa moil.
'i '(•').
TABLE.
8-27
sculs faire carcmc. II, 155. — Us re-
sistent au Parlcincnt ; on fait le siege
d'une de lenrs maisons, /i2i, 431.
Jll , A7. — Lciir maiiiere de fa ire
jcune en careme, 83, 9:$, 114, 19'i,
207, 211, 212, ASO, — A quel Age ils
pouvaicnt fa ire piufessiun, (i.'iT , 73'i.
— Leur portrait el lenr classilication,
7.'J.") et note. Voyr: JKSUTES.
Moisso.v. U, 170.
MOLE I)K CHAMPLASTHKLX. Nc pCUt
fa ire recevoir son beau-frere au Parle-
inenl. II, 374.
MOLK, chevalier de Malte. IF, A25.
MOLK I>E JlSANYHl.VE. II, 372.
MOLE DK SAiXTE-f.nuix , inailrc des
requetes. 11, 'i2H.
MOLIKRK. Notice. \\i\. — IS amour
incdfcin. Ill, 252, 008 , 557 note;
593, 597. — l.c 7'«r/»/V, (ill I, 728.
Molinisl,-*. I, 191. Ill, A59.
MOXACO (prince de). Guerre d'Ks-
pagne : fait enlrer les troupes fran-
caises dans sa ville. I, SS.
Mo.\ ADKI.SCIII , ccuyei- de la reine
(iliristine. Ai-sassine par ordre de sa
inaitresse a Kunlainebleau. I . 2(i2.
II, .r>r>.
MO.NAXTIIOI.HS (Hcnricus), niedecin
de Paris. II, !2<J.
MOM:K (le general). Dissolution du
Parlemeul anglais. Ill, 181, 21.'!.
MONCOMS DK I.IKHCLKS (de) , licute-
nanl criminel de Lyon. I, J520, .'$.'51.
II, 5.'i3.
MOSCO.MS (de), frere du precedent.
11,211.
MONDI.N (l'abl)e), chanoine de No-
Ire-Daine. I, r>20, ;>2.'$.
MOXEUOT, partisan. II, /i'i2. Ill,
130.
MOMV, (111 Nivarex, niedecin. 11,
;$67.
MOXOD (le pere), jesuite. I, 5?.
MONSUVF, niedeein. I, .'il, .'>.'!, ."'i.
MONSIKIIII. (de), secretaire d'am-
liassade a Home. II, 170.
\Iovr \u in s. 1 1, /jOti.
MONT MI.NK (Mich. de). Notice, \\\ i.
I, :;i:$, :$6i>. Ill, 700.
Mo.M.tiui (Tahbe de), premier an-
iminier du due d'Orleans. Ill, 283,
3:$2, 791.
MO.NTAIBVN, avocal. II, 295.
MOST \UBOX, (lit le roi des partisans
I, 2!U note. II, 603 et note. Ill, 2.
MO.NTAISIEU (le comtc de), gouver-
neur du dauphin. Ill, 47A, 568, 790.
Moxr»AZo.> (de). Sa mort. I, !!»(>.
MONTIIAZO.N (madame de). II, fil,
294, 309 note.
MONTE, mthlecin. I, 182.
MO.MFJKU (de Schulemberg ), ma-
rechal de France, gouverneurd' Arras.
II, 182J 362, A13. — Reddition de
Gravelines, 428. III,/»5().
(le batard de). I, 3S'i.
X (de). Ill, 751.
N (madame de). Ill, 751.
MO.NFOKT (le comte de). Moil au
siege de Gravelines. II, A 19.
MOXTCAILLAKD (le chevalier de). II,
391.
MOXTC.OMMEBY (comte de). II, 77.
MOM-IRH (Francois), professeur au
College de France. I, 1S2, A97. Ill,
37/i.
MONTIGM (de), niedecin de Paris.
I, I'i3, 186.
MOMI.I.C (III. de). I, .V.»0.
MoxTM\rii (Pierre de), professeur
an College de France, celebre para-
site. I, 5I<) et note, :)2.'i.
MOXTMOR ( H. de), mailre des re-
quetcs. II, 107, .'517, 'iO:i.
MOXTMORKXCY (de), marechal de
France. I, IS, ,'|5!'.
Moxxonix (Hocher-Portail), maitre
des requetes. Ill, 2.
MoxTitEson (It1 comte de). I, li'.'i.
MonA\cis (de), direclour des li-
nanc.es. I, 52:$. II. 310.
Monr.u . conseiller. II, 183.
M(ii!i-\i I'.rne). profe^seiir du C.o!-
li^gede France. celM-re niedecin de Pa-
ris 1 . I 'i, 17, 18, 32, (50, (iii, '.'2, IDS,
172, '2 1 1). — Sa quei-cllea\ecT!ieo|>lir.
Henaudot, 77 - 79, 'i53. II , H52,
25ti, 2(il), 271, 3S1, iS3, 588.111. ti3.
828 TA
MOIIKU (.!.-!>.), Ills de Kcno, mc-
dccin do Paris. I, 390. II, 11 .'«, 2<iri,
27'., A83. Ill, 295, 79'i.
MOM.U UK ViLi.r.iiKc.is. II, 279.
Mor.i i,, imprimeur a Paris. 1, 297,
A<>8.
Moi'ET (oomlede;. II, 378. Ill, -153.
MOHET (comtesse clc). II, 410. Ill,
152.
MORCIES ( Matliieu dc), sicur <lc
Saint-Germain, historicn. II, 330. Ill,
A38, 520, (!().'!, 771, 77'i.
MoiiiAt (Pierre), medecin do Paris.
III. 592.
Mouix, professem- ilc malhemali-
qiics an College de France. I, 508. II,
Ki2, A<>0. Ill, ii~, 32'i.
Momx (Joan), pore de rOratoire.
Ill, 12(i.
MOIIIN (Me.), medeciii de Paris
111, 558.
Mor.issET (I'.-M.)i medecin de Pa-
ris J, 2 1 A, 383. II, 193, A'i8, A50,
A5'i, A85. Ill, All, AI2, Al.'i, Al'i,
A25, A2(i, A.'il, A-'i2, AIM, 521, 523.
MORI SOT (C.-tt.), a\ocat a Dijon.
J, 193. 11, 193.
MORISOT, medocin en I)our^o2;ne.
I 1 . I 93.
Moiii.ME ( Ic pcre Joseph dc). II,
387, 3H9.
MoitLKT, iinpriincur a Paris. I, 1 5<i,
157.
MOUONLS (Math.;, medocin. I. 371.
Moists (Alcxaudrc), mini sire pro-
tcslant a Charculon. II, 13, 309, A73.
III, 7(i(i.
MOSXIEB, tie Lyon. I, 'i79.
MOSCOVIK (le due tie). II, 188.
Moii. IN (Pierre du) , ministre pro-
test ant a Geneve. I, 9(i, 238, 25.°.,
302. 337. 383, A39.
Moi I.IN (du)' medeciii d'Amicns.
Ill, <i81.
Mn.oi, doctcur cl doyen delaSor-
honne, conlosseur du cardinal do Hi
dielien. II, 9'i. — Comltien il faul ill
inches pour tirer tine ame du purga
(dire, 297. Ill, 78.
es. 1, 325
KET (Ant.,. I. 30'i. 11, 25, A35,
MISTEL (V.), niedecin, aiilcurd'un
ivre dc Pcstilcntia. I, (>7. II, 32A.
NAXTKUIL, graveur. II, 359.
NIPOLKOX. I, 291 note. Ill , 50_'t,
532 notes.
NAI.DI '.!.). II, 190.
1\ usm, do Sienne, premier medeciii
In pape. II, 190.
>ALDK (G.;, bibliothecaire du car-
linal Ma/.arin. Notice, xvi. I, 5, (i,
i(), 87, 107, 197. — Sa morl, 199.—
'!9A. II, 39. — Sa querellc i\\cc.
J. Mentel, 52, 57. — Vive auntie de
j. Putin, et regrets (jiic lui cause sa
mort, 72, 73, 80, 81, A78, '(79. -
Scs principcs, A80. — Son scepticisme,
90, 508. — Ventc dc la bibliotlicqnc
de Mazarin. Ill , 2. — Scs opinions
religieuscs, 758 et note.
!\~u-i>iM, apothicairc-charlataiv. II,
1 32.
\AI:DIX, incVlccin, conspiration de
I.ondres. I, 1 AO, 2<)'i.
N \v\iLi.r.s (de). II, 12'i.
NUAII.I.ES (madanic do). Ill, A82.
NKMOI us due de), ci-devant arclie-
vcquc de Hoinu. I, 102, 105, 120,
293. — Son manage avec mademoi-
selle de Longuevi'.le. 11, 317. — Ac-
cord ties princes. Ill, I.
NEMOUKS-VENDOME (madamc do).
Ill, A73.
NESMOM (do), premier president de
la Tournclle. I, KiO, A'i3. II, «2, 289,
291.
.Nr.s.MOM) (madu me la preside!) tede).
Ill, 'i33.
NELFCHESE (do), eveque de (llialons-
sur-Saone. 1 1 , 307.
NI-.SLE Ic marquis de). II, 1, 55.'!.
,\KI iiisn s. I, 3(i2.
.\EriiE. 1, 50S. II, 353.
NI:M (inadamedo). 11, 337.
TABLE.
829
.Ver, dislinclion enlre Ics grands
nez ct Ics nez catnus. II, 42.
NICERON 'le pen\. Ill, 289.
NICOLAI (dc), premier president de
la chambre des coroptes. I, 471.
NIEKKMHERG (Jos.;. II, 132.
NINON DF. LENCLOS. Ill, 317 note.
NIPIIIS (Aug.;. I, 110. 11,318.
NISSOLE. I, 131.
NOAILLES (de), premier capilainc
des gardes. Ill, (510.
N'nEi.LE, auditeur des comptes. I,
397.
NOEL, professeurde philosophie au
college de France. Ill, 422.
NOSTIUI>AMIS. Ill, 50.
NOVAIUNTS. I, 409.
NOVION 'de), president au mortier.
I, 3US, 'j52. III. 569.
Nov, ministre anglais. II, 462
note.
NO>ERS (des), surinlendant des ba-
timents du roi. I, 73, 84, 8(5, 99, 279,
2H3, 339.
Onn\, medecin a Gien. 1, 423.
OGIER (Oil.), avocat, voyagcur. II,
252. Ill, 15, 3(5.
OCIER 'r'rancois), le prieur. I, 18'j,
212. II, 159, 343. Ill , 57/i. 741 .
734.
OI.YMIMX, belle-su'iir du p.ipe In-
nocent VI. 3(i3. II, 352.
Oi.i\Ar.ES (comic d'). Sainort, I,
362.
ONDKDF.I, secretaire deMazarin, fait
eveqiKMli- Krejns. IK 113, 121, 307,
371, A (53. Ill, 3'i'i.
()I;A\(.K 'le prince d' . 1,92. — Prise
du Sas-de-Cand, 119, 152, A20. 11,
39, 5'|3. 5(58.
On \.N<:E la princcsse d'). II. <i2,
237, A55. 111. 311.
Or.Fii.A , doyen de la Kaculle de me-
decine dc Paris. Notice, vi.it el note.
Oiif.KVAi. (d'), intendant de Pro-
vence. II, 27'i.
OIH.KVNS ' (iaslon due d'). I . I I."
I5A, 1(50, 102, 170, 175, 177, 299.
Affaires des Barricades, A07, A 1 2,
'i!9, A3S, '(57, A5H. A70, AK2. — Son
inrtruil. II, 3 el note. 7, A3, (51, 70,
2.'i, 238, 29(i, 301, 303, 5'j5, 5(58,
577, 58(5. — Sa morl. Ill, 177, 225.
OHLKANS (le due d'). Son manage
ivec la fillede 1'elecleur Palalin. Ill,
791.
ORLEANS duchessed'). I, 187, 217,
A07. II, A3. Ill, 484.
ORLEANS (mademoiselle d'). I, 195,
395, A03, A07.
ORLEANS (Louis d';, ligueur. I,
.'JG6.
OUMESSON (Ic pere d'), moine mi-
nime. Ill, 146.
OHJ?ESSO.N 'd'; , doyen du conseil.
Ill, 512, 516.
OILHY, correcteur des comptes. II,
(501.
PADET, proviscur du college d'llar-
court. II, 323. Ill, 511, 7AA.
PALATINE (la comtesse). II, A1A.
PACIET, intendant des finances. II,
A 38.
PALEH.NK. I, A6A.
PALINGEMIS ( Stellatus-.Marccllus) ,
pscudonyme de Manzolii, Pietro-An-
gelo, auleur du Xodincus riVir, clc.
II, 481, AS2 el note.
PALLAVIC.IM (Sforza), j^suite, car-
dinal. I, 250. II, 212, 295. Ill, 163.
PALLIOT, libraire de Dijon. II, 3'i5,
432.
PALLU (Victor), medecin. II, 101
— Sa retraite ii Port-Hoyal , 552.
PALi.tAi: (lecomtede), gouverneur
d'Ypres, puis de Dunkerque. 1, A02,
432.
PALLUAU, conseiller a la cliaml>n>
des cn(|iietes. I, 'i.'H.
PAI.OTTA , cardinal. I, 339. II,
5 A.
PAMIMIII.HS Jos.-Hapt.), le pape
Innocent \. — Son portrait. I, ll'.i,
8:50 TABLE.
PAXCIUOL (le cardinal). I, 120, 121,
:i:Ui, '.IS.
P\NMMIS (Onnpliiius). I, .'SA.'i.
/'<//;<• (/<•). I, 70. • — Appui qu'il
recoil des jnoiiK's et dos jesuiies ; ein-
J>arras qu'ils lui causenl. A 5 1 , A52 ,
A5.'3. II, oD.'i. — Jupiter capitolinns,
.195, 'il/i, A76. — Livrc sur rinfail-
libilile (In pape. Hi, '-'•>, 150, 159,
163, A05. AOO. — Arrcts el decrels
sur rinfail!il)ili!e du pape, 5:53, 5'i2,
5'i.">. — Huile concernanl 1'infailli-
liilile dii pape, 5A6, 5A7, 550.
i'ltpcsse (hi) Jeanne. 11, 172. Ill,
101.
PU>IN (Me.), inedecin tie Clois. II,
188 et note.
PUMN (Denis), inedecin, invenleur
des machines a \apeur. 1! , 188
null'.
PAOII.I.I>, (iepere), llieologa! de
Ijcaune, destine a li^urer panni Irs
lioniines eel el) re.-, tie son temp.-, donl
(,. I'alin se proposait de publier les
eloges. I, (i/i.
i '.\iiAcr.i.SK. I, iHiil. II. (J7. •-- Sortie
contre la reimpression de ses u'uvres,
'|7. Ill, 297, ;j(i(i, Z,^/,.
I'AKADI.N (Claude el (inill.). II, .V>.
I'AUK ( AinbroiM1) , cliinii^k'M. I,
'i'jS, Viii el note. — I'risonnier a
Hesdin. 11, 'MO et note. Ill , 2(JI.
PAKKM-DLCIIATELLT , nietlecin de
Paris. 11 , .'>7S note.
I'arix. Le sie^e de Paris. 1, 1 'i7,
1'iS, i.VJ, 201', 2(il, 2t>2, /iO;>, Aol,
/i'iO. — Stalislitiue. ll,22:> el note. —
Inondation de la Seine, .'_>77, .'S7S,
;>7'J, .-i<S.'i. — Le climat de P. iris;
maladies (|ui }• regnenl dans les dif-
(''•renles saisons, 7(i, 305 et note, 32/i.
Ill , ii7(i el note. — Kinbcllisscinents
el poliee. 1 1 1, (i2 'i, (i2.">.
PAHHS ((iuill. , eon lessen rdeFran-
.•ois !••'. I. :>,:>n.
PAUKLK, inedecin an^lai-. II, /jOl.
i'tirli an nl (le; , sun n'lic dans la
iiiierre de la l-'ronde el pendanl le
-.ieije de Paris; arrel eonlre Ma/.a-
rin, etc. I, 'iii.'i el passim. — Sa r*'1-
sistancp a Lonis XIV. II, 168. — Ses
alms; i-i'-formc des prores. Ill, 187. —
S.i (jiiert'llo avoc les mailresdes reqne-
les, 2(H). — Suppression des vacances,
698.
PAIIMK (due de). I, 86.
I'lirliMim (les). I, 1 A 9. — \:Edil
ilc a niiiixtni.i, ,')7I. — Lcurs portraits,
'i:;:i. Ill, 205, .-)',S, 589. — Lours lils
et Rendies < xelus dn parlement. Ill,
I 15, 1 V.l. — Lenr |)roces, .'!9.°>, A02,
508, 512. — La la\e, 5«5.
P\ssu,i: (dn), I'lindes inlendnnlsdo
Flandre. Ill, (565.
PiSsiaiA r (Jean), poele. I, :iO, A3,
A A. II, 117, A8'i. Ill, 7Vi.
PAIIN (CJui). Voliee, in et ]>ass. —
Ses opinions religienses et pliilosoplii-
ques. ], <), 90. — Sa famille, 15, 16.
— Mori do son pere, 22. — Son opi-
nion sur les miracles, 90, 22,"). II,2A2
el 261. — Sun opinion sur les demo-
noinaiiiaques ; qnels soul pour lui les
vrais demons. II, l."9el note. — Nom-
ine proTessenr an college de France.
I. 21.". Ill, AO el '18. • — Son opinion
surie regime de-.enr.mls el sur I'lisa^e
dela houillie. I, :il2, :Si:5. — Sa these,
."17, .'iis. — Son opinion sur la pe-
lile-\erole el son Iraileinent, .'{ I ,'i a
.'121. — Son hisloire par lui-ineine.
,".'i2, .'S.'i.'i, .".')'(, .'i.'>5. — Naissance
d'une lille, .').'i9. — Sa maladie et sa
lionne foi dans ses opinions inedieales
tonehanl la saipnee, ;i75. — Tou-
clianles jiaroles siir Familie, A02. —
Sim proces etmlre le i/.i:<-iirr el les
apolliicaires, 502. — Son amour dela
u'vile, 50 i et nole. — Ai'orl de sa beile-
mere. 11, .">2, .'i.'i. - Kslelu do\en de
la facnlle, devoirs de cetle I'onelion,
58, 5(i7. — Diner de reception,
571. — Son proces an sujel de
ranlimoine, SO, S'l, 85. — Sa hihlio-
inanie, IAA:el 111, .')(.). — Soncarac-
lere, el le honlieur qn'il liiune dans
ses li\res et s. s amis. II, Al I, A21 et
notes. Son opinion snr riiomme,i80,
- Sur la Pin-elle d'Orleans, ASJ. —
OiU'sli<tn de p'seance (,|] f;i\ciir des
mederins ;i la procession du Sainl-Sa-
crement, 539, 5/iO. — Son panegyri-
qne, 561. — Son opinion sur les ehi-
niistes, 572. — Achat d'une nuiiMin,
57/i. — Sa bibliolhcque el descrip-
lion de son etude, 577, 584 el note.
— Sa manic-re d'entendre hi lil>erle
philosopliique, 581 et note. — Son
opinion sur 1'epilcpsie, 579, 580. —
Conseils a Falconet sur la nephrite
caleuleuse, 582. — Description des
armi's de sa famille. Ill, l\. — Re-
flexions philosophiques sur la mort,
8. — Son opinion sur les eaux ini-
nerales, 10, 17. — Son refus d'aller
a Venise el en Duneinarck , 7(J, 80,
482. — l'our(|uoi il ne fail pas de li-
vrcs, 1UO. — Ses soirees die/ Miron cl
Charpenlier, '100. — Ses souperschc/.
le president Lamoignou , 100, 124,
I'll, 203.— Differencequ'il fait entre
les dieux de la tcrrc el le (lieu du ciel,
1 27. — Societe qu'il espcre en 1'aulre
inonde, 142. — Son grand credit die/.
It's magistrals, lt)0. — Jugemenl de
Konlenelle sur (iui Palin, 231 note.
— l''ait la debauche en lisant (iicernn
el Seiieqne, 233 et note. — Sa liuiue
font re ('imposture, surloul en matiere
de religion, 334. — Ses principes po-
liliques, 491 et note. — C.onsullalion
des trois Palin, 524. — Son opinion
sur ('usage dc la glace, 712. — I>e-
llexions sur le scorlxil 1 1 la inist-redii
pen pie, 7.').'!.
I'VTIN ^Charles). Ills do (,. Palin.
Notice XI.MII. 1, .'!.'S5. - Hreu a\o-
cal. II, .")!(). — liecu baclielierenme-
dccine. Ill, 29, 105, 1 09, 171, .">!7,
51 S, .")2'i, 528. — Son inni'iage a\<c
Madelmi, fi'le de 1'. Unmmcls, 4'iO.—
Sou proces el son exil, ()7.'i, 1)74, (>">"),
(182. — Publication de son HUM age :
liH)>e>'itU>runi ri>>n<i>iiirit>n itiiiiiisnni-
ln, 7S2.
l'\ n\ (Krancois), liis de (i. Palin.
TABLE. 831
Notice XI.MII. 1,335. 11,68. — Nomine
professem- du roi par survivance, 483,
el III, 659. II, 375, 515. — Son ma-
nage. HI, 217, 218, 524. — Sa ma-
ladie, 740, 748. — Sa mort, 749, 781.
PATIV (madame), fciiune de (>. Pa-
tin. — Sa maladie. Ill, 4 Hi.
PAII.M (1'Y.), pcre de (i. Patin. 1,
40, 333.
PAH. V, pape. I, 33. II, 427.
I' u I.MII i. (Julian), medecin, ancien
\alet de Kernel, el Tberilier de ses pa-
piers. 1, 280, 289.
PALLMIKU (Pierre), medecin, neveu
de Julian. I, 280.
PALLI (Simon), profcsseurde mede-
cine a (lopeiibagne, medecin du roi
de Danemarck , 1'un des correspon-
danls de G. Patin. .Notice, 1.11. Ill,
l'\ UN (Pierrot), lils de (J. Patin.
I, 335.
P\TI\ (Itoberl), lils a i lie dc(I, Pa I in.
PA i LIN (le pure), confesseurdu roi.
I, 163, 262.
PA\II.U>.\, evu|ue d'Alais. II, 471.
PA\ILI,O\. Affaires des Barricades.
1, 411.
PEAI -UK-Loi i>, pere du president
de Perrigny. Hi, 296.
1'iu I.ILKI (Jean), medecin el analo-
misle. 1, 216 note. 11, J32, 144, 152
et note, 160, 168, 171, ISO, 181, 353.
Ill, 50, 391 et note.
PKIHKSC (de), conseiller an Parle-
menl d'Aix. Notice, v\x. 1, 83, 84,
27S.
Pi. i. Air, Lyonnais, intendant de
justice. 1 1 , 3S5.
I'I.I.K II:K ((iuillaume), e\0(|iie de
Miinlpellier. I, 21(1.
PKI.ISSON, stcrelaire de Kouqnet ,
111, 13, 393, 400, 401, 7(ifi el note.
Pi .1.1. i: 1 11:1;. Ill, 754.
Pi.oi I-.I.I.N v.le;. Ill, 700.
PKHDH.I is, medecin. I, 62.
Pi.ur.rn, cardinal. I, 71.
I'KUI.K, lihraire a I'.u is. II, I (IS.
Pri;i(.\v-Pi( USD ^dt1) , la lamille.
Ill, _>9fi.
Pi.i;i(.Nt (di'S preci'ptcnr dn dau-
phin. Ill, 76 'i.
83-2
TAKLE.
PF.nir.NY (de), ronseiller de hi rnur, j gascon, autour dii llappcl ties Juifs
nomine president a la place dc M. Gne-
negaud. Ill, 296.
PKIUIAU), intendanlde la niaisondu
prince de Conde. • — SOD arrestation,
11, 546.
PEHIIAILT (le), president. II, 13,
417.
PEUIIEAL (r'al)ien), medeein. Ill,
783.
PEUIIKAU (Francois), auteurdulivre
da Ciiusis fcbriiiin intatnittcntivm,
II, 451.
PEKUEAI (Jean), medecin de la fa-
cnlle de Paris. I, 212. II, 451.
PF.RHEAL (Jacques), medecin de
Paris, antourdu llabat-Joie dcVanli-
rtwinc tninnplnnH. I, 206, 212, 228,
394. II, 237, 451. 1)1, 42, 44, 292.
I'KIUUN, medecin de la duchessc
d'Orleans. Ill, 442.
l)i:r.uoc.iiET, conseiller. Ill, 140.
PKUIU»- (dii), cardinal. I, 139, 493.
II, 319. Ill, 77, 545.
pKiiiiOT, conseiller. I, 72.
PF.IUIOT-D'AHLANC.OI UT, traducteur
de Tacile et de Lucien. Ill, 14,
496.
PKIHIV (le baron de). II, 13.
PETAL (le conseiller). II, 38.
PETU (le perc), jesuite. I, 138,
185, 187, 214, 258, 322, 351, 484,
488. Ill, 8, 318.
PETIT, conseiller dii roi, ingOnieur.
— Inundation de la Seine. II, 404,
413, 417.
PETIT (Guillaume) , medecin. II,
248. Ill, 787.
PETIT (P.), bachelier en medecine,
autenr de V l-^di/ptnnn de 1654. II,
287. Ill, 13, 50(5, 786.
PETIT (Samuel), minislre et profes-
seur de Mines. I, 301, 315. Ill, 78.
I'ctitt'-rcroli', opinion de G. Patin
sin- celte mahulie. I, 312, 319, 320,
321. II, 219.
PETITPIED, celehre avocat. II, 295.
III, 140.
PETI s. I, 256.
l'K>Kn;i (Isaarde la),
et du livre des I'readamites. I, 297,
352. 11, 175, 252, 263 et note. Ill,
83, 84.
PEYHII.HK (R.), professeur de la fa-
culle de medecine de Paris. Notice,
LV.
Philnrgyric. Nom sous lequel
(1. Patin stygmalise la puissance el
ramour de I'argenl. II, 150. Voye:
FINANCIERS.
Piiii.ii'i'r. IV, roi d'Kspagne. I, 150.
PIIKYC.H s, antenr d'un commenlaire
sur les Epidemics d'Hippocrate. 1,98.
Pic MID, tresoricr des parlies ca-
siulles, partisan. Ill, 188.
PICCOI.OMIM, nonce du pape. II,
277.
Picoi KS, resident de France a Stock-
holm. Ill, 29.
PIETHK (Jean), fils dc Nicolas, doyen
de la faculle de medecine. 1, 186, 265.
II, 388, 565.
PJETUE (Nicolas), medecin de Paris.
I, 14, 27, 29, 41, 147, 186, 265, 373,
376, 429, 453. • — Son opinion sur
ranlimoine. II, 564, 588. Ill, 409,
490, 510, 578, 583, 589.
PnVruii (Simon), ancien doyen de la
faculle de medeciiu*. Notice \i.\. I,
186, 265, 376, 453. II, 198.
PiETiir. (Simon), avocat. I, 181,
186.— La fani'dle des Pielrc. Ill, 539.
Pir.AMOL-DE-i.A-For.cE. Description
liistoriqup de la ville de Paris. No-
lice, L.
PIC.NERAMU (le comte de), plenipo-
lenliaire espagnol. 1, 151. II, 73, 1 15,
304.
PIJAIIT, medecin de Paris. I, 33.
II, 157.
PIMKNTEI., ambassadcnrduroi d'F.s-
pagne. 11, 444. Ill, 30.
PIXEL (Ph.). Ill, 183 note.
PIM.I.I.IS (Jounn.-Vine.). I, 278.
PIIIOT (le pereG.). Apologie des Je-
sitiies, etc. I, 246. 11, 439. Ill, 101.
Piso ((i.), medecin. I, 237.
PiTiioi, conseiller. I, 67. II, 2'il.
III, 180.
TABLE.
833
PITHOI- (Francois), destine it figu-
rer parmi les liommrs celebres (lout
G. Putin se proposail de publier les
cloges. I, 66, 67.
PITHOU (Pierre). II, 197.
PIEZAC (de), conseiller d'fitat. II,
397.
PLAMI.VS, imprimeurs. I, 282.
PI.EMPUS (N.), professeur de mexle-
cine a Louvain. I, 445 et note. II,
272, 288, 338, 367. Ill, 795.
PLESSIS-PHASLIN (dti) , marechal et
pair de France. II, 20, 54, 320. Ill,
568.
Pois (dc), medecin de Paris. 1, 119,
336.
POL (le chevalier). II, 13, 367. Ill,
237.
POLIANDER. I, 340.
I'olognc. II, 145, 146.
POLOGNE (la reine de). II, 8.
POME (le chevalier de la). Ill, 447.
POMPONACE (P.). II, 318.
PONS (J.), medecin. I, 283.
PoNS-DE-MlESSAXS (VCUVC du). I,
522.
PONTAC (madame de). I, 277.
PO.NTANCS (Gabriel). II, 141.
PONT-CARRE (de), conseiller. II,
106, 235.
PONT-DE-COURLAY (le), neveu du
cardinal de Richelieu. II, 382.
PONTCHAKTRAIN (de), president des
comptes. Ill, 297.
POXT-CHATEAU (de). I, 26.
POM-CHATEAU (mademoiselle dc).
I, 29.
Portugal (le) secoue le joug de
1'Espagne. I, 72.
POSSEVIN (A.), jesuite. I, 248.
POTKIUE (dela). II, 138, 403.
POTIEK (P.), medecin. I, 349.
POTIER (d'Oquerre), conseiller, frere
du president de Blancmesnil. II, 555,
598.
PRADELLE (de), lieutenant-general,
III, 648.
PHADILLES(J.), doyen de la Faculli
de medecine de Montpellicr. II, 245
260.
Pn'tres (celibat et moeurs des% I,
9. — Assimiles aux srribes de la loi
mosaique. II, 213, 466.
PKK\UT, medfcin. Ill, 15.
PREVOT-DK-SAI.NT-GERMAI.X, conseil-
er et chanoine. Ill, 376.
PiiEVOTits. I, 286.
PHICOELS (J.), editcur de YApulet.
I, 10.
PRIMEROSE (de) , me"decin. I, 240.
I, 366.
Princes (les) de Conde, Conti el
^ongueville. Leur arreslation. II,
544, 546, 547. — Kmprisonnement a
Vincennes, 546, 547. — Transferl an
iavre, 568. — Leur intelligence con-
re la reine, 588, 590, 591. — Leur
accord avec la cour. Ill, 1, 2.
PRINCESSE ( madame la) , mere du
srince de Conde. II, 4, 6. — RequiHe
au Parlement, 7, 11, 12. — Sa dis-
grace, 550. — Sa mort, 62.
PRINCESSE (madame la) , femme du
prince de Condd. II, 4.
PIUNCF.SSE (mademoiselle la), fille
de Conde. Ill, 776, 777.
PRIOLEAU (B.). Hist, de France.
Ill, 263.
Procurcurs. I, 490, 491. Ill, 539.
PUCEI.LE, avocat ; 1'avocat des bar-
biers-chirurgiens dans le proces avec
la Faculte. Ill, 178, 186, 210.
PICELLE D'ORLEA.NS (la). II, 480.
481. Ill, 713.
PLELLEZ (Thomas), medecin de la
reine Marie Therese. Ill, 246, 293,
390.
PusiEtx (de), ex-secretaire d'fitat.
I, 65.
PURES (I'abbe Michel de). II, 87.
Puryutifs, leur indiralion d'apros
Baillou, Fernel, N. Pielre et Gui
Patin. II, 557.
Purgtitoirc. II, 94, 297, 318. Ill,
78.
PLSSORT, oncle de Colbert, conseil.
ler de la cour, et redacteur du Code
criminel de Louis XIV. Ill, 350, 754.
PuYGtiLiiKU (de), ducdcLauzun.
Ill, 792 et note.
,r)3
834
Pi
TABLE.
I, 29, 31. | RAVALD ( P.) , libraire tic Lyon. I ,
l'i U.O.N (1).), inedecin dc Paris. II, I 167, 215, 328, 383, 442, 456, 498.
173, 19/u 111,318.
11, 24.
RAVNALU ( le Pere Theophile). I,
186, 187, 188, 189, 253, 338, 492.
II, 487. Ill, 285, 43U, 487.
REBE vle comle dej. Ill, 56, 438.
HI.I..MI.U (I'.), inedecin de Pans. 11,
66, 578.
REG.MEK (Math. ), poele. Ill, 591
nole.
RLI.M.SILS (Thomas;, inedecin. I,
244. Ill, 135.
QLATKEHOMMK, conseiller de laCour
des Aides. Allaire de I'impoldes vins.
Ill, 350.
QIELIX, conseilier de la Grand'-
Chambie. Ill, 110.
QLESMEL, peinlre. 1, 15.
QULLEI (Tabbed. ). 11, 235 el
note, 517.
(Quinquina (poudre des jesuiles).
II, J07, 112. Ill, 19,391, 666.
QLI.NTE- CUILE (Opinions sur), I,
478. 11, 558, 559.
QUCJIEBELF (CL), inedecin de Paris.
I, 13.
B.
iiubbins (les) 111, 127.
RALELAIS (Fr.), 1, 27, 245, II, 450,
451. Ill, 148, 223.
RACINE, conseiller de la cour. Ill,
285.
R ALIKE (Jean). Ill, 772, 773.
RAIISON. 1, 489.
RAINSSANT, inedeciu de Paris. II,
135, 146. 11, 248. Ill, 477, 509.
UAMUOUK, miiiistie proleslanl gene-
vois. 1,238. 11, 439.
RAMLLKLS. 1, 47.
llAMl'ALE. I, 490.
RAMLS (P.;, philosophe, assassine
lors de la Sainl- Barlhelcim, 1, 178.
li, 337.
RA.NUHA, inedecin de Munlpellier.
I, 18, 78, 127,322,445. 11, 5U6.
RA.VIZAL , niarechal de France. 1,
432, 459. Sa niorl, 11, 47.
RAI'AI.I.IOLI, cardinal, I, 227. II,
323. | 125. — Demission de I'archexeche de
RAi'iK Jc pere,, jesuile. Ill, 671. I Paris, 127, 141, 149, 251, 253, 254.
R \si-o.\i, cardinal envu\e du pape. ' 11, 303, 304, 323, 525, 36U, 5'J5. —
III, /!:35, 525. | beslellres, 460. Ill, 9, 31, 250,260,
RAT/.IWIL (le prince,. II, 195. | 297, 317 el nole, 341, 376. — Son
RUUI.LAI., assassin de Henri IV, accord avcc le roi, .395, 3u6, 402,
II, 3v.i. 11, '188 et nole, 759. i 517. Ainhiissudi1 a Homo, 521.
i, piol'esseur du roi. Ill, 443.
lit.NALDJii (cle iaj. 1, 3od.
RI..NALDOI (Euscbe) , iils de Tlieo-
plirasle, luedeciii a Paris. 1, 129, 327
el nole. 11, 80, 86, 185. Ill, 4i, 790.
RE.NALUUT ( Isaac), liis de J'heo-
plirable. 1, 327 el nule.
RL.NALUOI vllieupliraslej, uiedecin,
iondaleur de la dinette dc France,
desigiie sous le nom du Gazclicr, 1,
77, 107, 112, 137. — Apostrophe de
G. Palin, 42, 51U. Ill, 568. — Sa moil.
1, 201 el nole, 226. — Sa comlaiil-
nalion au Chalelel, 322, 326, 327,
357.
RE.NALX , couseiller de 1'une des
cinq chainbres des encjuctes. 1, 71,
152. Ill, 638.
Rt.\ou (J.) , uiedecin , aulcur d'une
phaiuiacopee. 1, 514. 11, 161.
llE.NOLAhi) ^A. A.;, ancien libraire
a Paris, ill, 445 note.
(L.), medecin de Paris.
ill, 14, 20.
REST A L u AM (II.;, medt'cin du Pout
Sainl-Espril. 11, 439. Ill, 98.
RLIZ (de;, cardinal, urcheveque
de Paris, .\olice, \\i\. 1, 193, 195,
211, 2J2, 217, 227. 11, 73, 74,
114, 116. — ha soi lie de prison,
TABLE.
835
RETI (la duchesse de). Ill, 4oi .
r.t 1 1 HUMS (Jean), dit Capnio. I,
315.
RHODES (dc), medecin de Lyon. II,
470. Ill, 188, 189, 190.
RHODIUS (J) , mOdeciu de Padoue.
I, 230, 238, 491. II, 11)3, 356. Ill,
79.
RIANT ( Denis ) , president. II ,
347.
RIA.M (Gilles dc), president, gcndre
de Fcriiel. II, 347. HI, 85.
RIANT (iMadaiiie Gilles de), lille de
Feruel. Ill , 54.
RIANT BE VILLEUAI. II, 347.
RICHAHD, Ills cle Croimvel, pro-
claim; protecteur. II, 437 el note.
Ill, 133.
RicuAKi) , inedeciu de Paris. II,
104.
RICUEBOIUG, feriiiier ties dabelles.
I, 482.
RICUELIEU (Annand , cardinal, pre-
mier minislre. .\ulicu\xi. 1, 19, 21,
25, 28, 33, 38, 51, 55, 68, ~rl, 77,
78, 79, 81, 84, 88, 89, (Jl, 97.
— Sa tiiurt, 98. —Details sur sa der-
niere maladie el sur son aulopsie, 307.
— Son impuissancu conlre la Faculic
del'aris, 347, 387. — Ses liois wai-
tresses vMarie de Yignerol, la Piearde
et Marion Delonne, , 493, 494. II,
297, 445. Ill, 78, 79 el note, 82,
294, 317. — Parallele avec Ma/arin,
357.
RICHELIEU (Antoine de), appele le
nwinc. Ill, 100.
RiciiKHEt (1'abbe de).ll, 331,390.
Ill, 237, 330.
RICHELIEU (le due de) .II, 22 , 23,
2(3, 27, 59, 274, 390. Ill, 377.
Uiun.Lii.i, (duchesse de). 11, 22.
RICHELIEU (le marquib de). 11,390,
409. Ill, 221, 433.
RictiEH, niedecin de I'aris. I, 111,
31(5.
RICHEII (Kdiiiond) , docleur en bor-
bonne. Ill , 547.
Ricou. 11, 78.
KK.ALD, doyen du parleineul de
Metz. I, 187. — Discussion sur la
beaute de J.-C. 11, 531.
RIUAUU, libraire de L)on. 11, 126.
Ric.uD(.Nicol.), pliilologuc. 1, 480.
II, 72. Ill, 37.
RIMALDUS, ptre de I'Oraloire, con-
; Initiation de iiaronius. 1 , 216.
RIOLA.N (pere), wedecin de Paris,
notice XLV. Vienl ii Paris pour sc faire
operer de la pierre. I , 68. — Pole-
uii(|iie avecTlieoplirasleRenaudol. 1,
78,80,80, 139, 102, 104, 180,204,
216 elnole, 220, 221, 305, 462. 11,
395.
RIOLA.N (madaiutv I, 498.
RiOLAA (Jean), uiedecin de Paris,
celcbre analomisle. 1, 462. 372, 498.
— De usu crneticoruni , litchcrchcis
sur Its A'IV/CA, etc. 11, 63, 162, 315,
280, 281, 480, 517, 522, 524, 525,
528, 537. — Ses affaires de I'ainille,
569, 588. Ill, 42, 43, 71, 76.
RIVET (Ant.;. 1, 254, 281, 331.
HIUEUK (La/are), medceia dc .\Ionl-
peilier, jugenii.nl de son ii\re l'fit.iis
iiuilu-it. 1, 65, 122, 210, 218, 514.
— Sa inorl. 11, 172, 175,260, 504.
III, 35, 773.
Ki/./.io vDa\id), secretaire de .Marie
Sluarl. ill, 123.
RouEiir, irofesscur a(Ji\ing\. II,
435.
liouKKT (Ann.), sasant a\ocat.
ill, 358.
HoiiKur v le prince ) d'Angleterre.
Ill, 666.
ROUEKTI, caidinal. Ill , 651,479.
Roiitiiv.vL ,P. cie). 1, 343.
I'.oiii.N, uiedecin de Paris. I, 13.
ROUI.VEAU ;de), ami et allie ile Gui
Palin, 111, 791.
ROBI.NET (uiadame) , sagc-femiiie.
II, 148.
Ruciit FLAME.N ^de la). 11, ;>&;>.
ROCHEFOUCAULT (de la). 11 , y, 13.
— Ses nieinoires , 460.
ROCHEFOIU.VLLT ( de ia , cardinal
II, 435.
lio( HKS (1'abbe ties), clianoine de
Notre-Dame. 1, 100, 281 , Ul. 401.
836
TABLE.
Hono\ (dc) , professeur a Orange.
II, 128, 220.
ROHAN (ducde), ci-devant Chabot.
I . 4'i, 53. II, 9, 156.
ROHA.\ (matlnme de) , III , MS.
ROLFINCK (Gucrncrus), medecin.
III, 99, 621.
RONDELF.T (G.) , medecin de Mont-
pellier, autenr de VIHstoirc dcs pois-
sotis. I, 21, 209, 218, 29'i el note.
II , 241 , 260.
1'vooi : EL AT; RE (le chevalier de). II ,
13. Ill, 295.
RoQLELAtiiE (Ic due de). I, 384.
11, 290 , 412. Ill, 410.
UoQiixAtiiE (madame de). II , 363.
ROQIESANTE (de), conseillor, proces
de Fouquet. Ill, 512, 640, 649.
ROSE , colonel. II , 14.
HOSIKKLS (de) , gouverneur de Mar-
sal. II, 387.
HOSTAIN (le marquis de). Ill, 111.
Hotci (comte de). II, 77.
ROULLVRD, avocat. I, 326.
RocssKAt, intendant de la inaison
du cardinal de Relz. II , 274.
ROISSKLET, de Lyon. Ill , 366.
Rois.iEr, medecin. 11 , 509.
RLKI.I.IUS (J.), medecin, 11,31.
RiFM.N (At/ , chirurgien de Paris.
II , 266.
Ru FIN (Anloine) , medecin cbar-
treux. Ill, 681.
(Janus). I , 487.
S
SACIIETTI. I, 268.
Sitiynecs prcconisees. Menlel, me-
decin, supporte trente-deux saignik's.
I, 63 noie, 82 , 157, 158. — G. Patin
full praliquer \ingl saignees a son Ills,
165, 224, 225, 226, 258, 266, 355.
- Consequent avec ses principes,
G. I'atin se fait saigner sept fois pour
nn i liume , 375 note. — Saignec dans
hi petite -vtirole el Ics lieM'es Orup-
li\»s. 11 , 219 el note, et 111,419,711
et note. — Saignees clicz les rn-
fants. II ; 420 note, 449, '\W. Ill ,
86, 137, 140, SCO, 369, 31fi, 417,
418.
SAINT-AXDKE ( mademoiselle de ).
Ill, 439.
SAIM-AN.NES (de), gouverneur de
Leucate. Ill , 521.
SAINT-AUBIN, bourreau de Paris.
II, 445.
S\I\T-fllIAUMONT (de). I, 30.
S VI.NT-CYIIAN (1'abbe Jean de) , Du-
vcrgier de Hauranne , auteur du l'c~
trus Aurclius, publi6 en 1635, contre
la doctrine des jesuites. I, 116, 117
et note , 118 , 300. Ill , 639 et note.
SAI.NT - EVREMOM , notice, L. Ill ,
946 note.
SAINT-GEMS, conseiller au Chatclct.
111,660.
SAINT-LUC (dc), marechal de France.
I , 239. — Troubles de Bordeaux ,
II, 56.
SAI.NT Lu: , patron des medccins.
II, 54. HI, 282.
SAINT-MARTIN ( le comte de ). II ,
376.
SAINT-MICALT (de), gentilliomme
de Bourgogne, 1 , 520 , II, 12.
SAINT-PAIL (le comte de). I, 412.
III, 438, 692.
SAINT-PAMN (de). HI, 740.
SAINT-PREHL (de). 1 , 84 , 86.
SAINT-SIMON (de). 11, 9.
SAINT-SIMON ( duchesse de ). Ill ,
772.
SAINT VINCENT-DE-PAUL ( le pere
Vincent). II, 177.
SAINT-YON (P.), medecin de Paris.
I, 186. II, 114,236, 592.
SAIXTE-BEUVE (de) , professeur de
tbeologie en Sorbonne. II , 240. Ill ,
766.
SAINTE-HEU.NE, conseiller de jus-
tice de Rouen. Ill , 648.
SAINTE-MAUIE-PAPILLON. II, 307.
SAINTE-MAUTHE (tie) dcs Eloges.
II, 46.111. 546.
SAINTOT, maitre des ceremonies.
I, 476.
SALV (Jos. Goncales de). II, 57.
SALIC.M, 11, 427.
TABLE.
SAI.IXS (J.-B.j, medecin a Ileaunc.
Notice LIV. — La letlrc C.LIX lui est
adressee. 1 , 264 note.
SALISBURY (Jeande), e"veque dc
Charlrcs. Revolution d'Angleterrc.
II, 176. Ill, 321.
SALI.O (dc), conseillcr, directcur ct
fondatcur du Journal dcs savants. I ,
52. Ill, 532.
SALMONET, Hislorien dc la Grandc-
Bri'tagne. II , 465.
SALVANDY, meml)re de r Academic
franraise. Ill, 266 note.
SAMSO.V, geographe. II, 119. Ill,
757.
SAMSO.-V , tresoricr dcs parties ca-
suellcs. I, 397.
SANCHE (Pierre) professeur de la
Faculty de medecine de Monlpe lier.
II, 259.
SANCHE lils, professeur dc Mont-
pellier. I, 248. II, 186, 241, 259.
SANCHEZ (A.-N.-R.), medecin por-
tug.iis. Ill , 554 note.
SvNGUix,evc'que dc Senlis. II, 604.
SVRUI.M. II, 369.
SUIPI (Fra-Paolo), autcurdc P//IS-
loirc du concile dc Trcnle, I, 250.
III, 699 et note.
SAKKAU (Cl. de) , conseiller de la
cour. 1 , 213 , 486. II , 175 , 200.
SuutAi (ils. II, 210.
SAIIHASIX, de Lyon. II, 65, 68.
SYURAZI.N, inedecin de Paris. II,
178.
SARRAZIN (Pierre). Ill, 758.
SAUTE ( Antoine de ) , inedecin a
Paris. Ill, 729.
Svicoun. II, 244.
SA.MON (de) , capitaine des gardes.
I, 395.
SAI:MAISE (de). 1 , 68 , 69 , 71, 86,
119, 120, 121 , 139,152, 163, 1(55,
167, 179. — Samort, 199 nole,2!i7,
301 , 302 , 240 , 351 , 360. — Amices
climalcriques, 391 ct note, 485,493,
501. II, 15, 512. — Apologie de
Charles Icr, roi d'Anglelerre, 518. —
Voyage a Stockholm, traduction de
1'Apologie, 554. — Lettre de Saumuisc
a G. Palin , 569 , 536. Ill ,14,16,
270, 794.
SAIMAISE (madame). Sa mort. II,
334.
SAIMAISE fils. II , 406.
SAUVACEON, libraire. I, 4'i6, 495.
SAIVAL 'Henri) , auteur de Vllis-
toire dc Paris. H, 223.
SAIVKBEIF rde), II, 28.
SAVOIK (cardinal de). I, 59.
SAVOIE (due de). I, 205.
SAVOIE (la duchesse de). II , 202 ,
298. Ill, 424.
SAXF. (le due de). Ill , 38.
SAXOMA , me"decin , professeur de
Padoue. II, 558.
SCAMC.ER (Joseph) , pliilologue. I ,
44, 66, 247, 381, 509. II, 98, 423,
484, 536. Ill, 77, 104, 162. —Son
amiti£ avec Casaubon, 558. — Scali-
geriuna , 629 ct 630.
Sc \nnoN (Paul), litterateur. 1 , 255.
Ill , 275 et note.
SCHAU.F.R, medocin suedois. 1,51 2.
SCHARP (G. ) ficossais, professrur
de mederine de Montpellier. II , 506
et note. Ill , 443.
SCHARP (Claude) , fils de Georges ,
professeur de Montpellier. 1 , 248. II ,
506.
SCHEFFER (Sebastien) , inedecin de
Francfort. II, 318.
ScHJiEinKRrs (Victor-Conrad) , miS-
decin. II, 486.
ScnoMitKiic. , marechal <lc France.
II, 43, 120, 231, 248.
SciioocKit s (Martin) , professeur ft
Groningue. Ill, 407, 487, (579.
SCIIROKDKRUS, inedecin, autcurdc
la Pharmacopea medico-chirurgica.
II, 161, 499.
Sciorncs (G.). I, 280, 374. II.
523.
SCRIBOMLS (C.), jesuitc. I, 366.
SCLLTKT (Jean), chirurgien. II,
355 , 356 et note.
SCLDERI, litterateur. II, 105. Ill,
655.
SEBASTIEX, roi de Portugal. II, 296.
SEIUZILS ( Melchior ) , medocin dc
838
TABLE.
Strasbourg. I, 244, 407. 11,152,
3is, 388, 389.
SKF.^TF.D (Annibal), ambassadenr do
Danoi]i:irck. Ill, 614.
SK'-.F.IM-S T,.), meflocin. II, 470.
SKOI'IKK lo pn'sidont). I, 25, 168,
525. II, 0, 93, 146.
SF.r.n, mod. oin. II, 596.
SF.r,n\ (Claude), medooin dc la
roino. I, 8, 11,12, 47, 315. — Vend sa
charge do premier medeein do la roino
aC. dolaf.hambro, moyonnant 22,000
(':rus. IT, 5, 228. — F.s! pnnrvii d'uno
abbayo, 351 o! nolo, 411 , 447. Ill,
453. ST roiraile oho/ IPS rnoinos do
Sal's!-1* ;r(or, 467 ot 681.
S:V;i <N 'Michel), niddeein du roi ,
pro'osscur an Collco;e do Franco. I,
11, 3", 30. A/,, 56. 136. 113. 453.
?rir,\onKT , do I, yon. II, 111.
Siam-NTS (.T.). II. 17.
SF.MF.U.F.S. mejloein do Paris, 1,12.
SENAULT Mo Pore), oraloricn. II,
S<;nc no}. Ill, 258.
SF.NCIF.IIF.KTJTS. I, 360
Sr.NNF.nr I).), modi'o.in. I , 11, 28.
87. II, 558, 354, 419, — Compare
aOalion, IN, 429.
SF.N TINF.I .? i, oniyc-r do Clivislino,
as<;,i>;<in do Alona'dosohi. II , 355 ,
375, 418.
Sv.i'i u.n (Tjid.\ mod -oiii. I, 21.
SKU MN, :\vnc;it do !a faonlle oontro
Paulniicr. T, 280.
Si :IM;> •:•; (!•',.), niombro do rinslitiit.
Ill, 6'|5 tioto.
SF. mi F.S (I,. do\ mtVlooin do I, yon.
I, 329, 388, 5I4. II, 10. Ill, 188, 700.
SF.UKIF.H (T.), inodocin. II, 474.
SF.UUF.N (Abol do), siirintondant.
dosfinancos. I, 150, 237, 299, 439.
II, 217. — Sii inort. Ill, 124.
SI-.HVIF.N (madomnisollo do). IT, 438.
Sr.r.viF.\, ronsoillor ft la rour. II,
0 ° .">
Si iivn s (P.), mi-doom. I, 328.
Si.iin 'Sinu'-on^. II, 2:>5.
S;\K. (ilcV ooiispillor do la firand'-
Cbambro. 11,300.
SF.VF.RIN (M.-A.), medccin de Na-
ples. II, 548, 553.
SEVIC.M, empirique italien. I, 36.
SKVIN, consoillcr dc la cour. I, 52.
II, 6.
Sinoxirs (Apollinaris), ih'cque ma-
rie de Clermonl. Ill, 364 note.
SILAS Trrrs (le colonel), sous le
pseudonymc dc Allen , auleur du
Traitc poliliqitc, elc. Ill, 160 note.
Sa.noN (do) litterateur. Ill, 638.
STI.I.F.IIY (do). IT, 28.
SII.VAIICIS J.-R. ), medccin, de
Morln:: simitliitis. I, 230.
SIMONIES (Simon). II, 337.
Sinr (VITTORIO), auleur du Mcrcure
illicit. I, 263. 194. II, 7.
SIIIMOXD (le Pore), jestiite. I, 49,
359. TIT, 318, 608.
SLF.IIUN (.!.). II, 293.
SOIUF.SKI ( Joan ) , roi dc Pologne.
III. 265 (1266 nolo.
SOCIM;S (Fauslus) , chef de la socle
sncinionno. T, 364.
SOFIIOY DP. CALIC.NOX, ohancclior do
IVivarro, Tun des auteurs dc 1'fidit dc
Nantes. Til, 431, 133.
SOISSONS (le comic do). I, 255. II,
36.",. I IT, 262, 522.
Snisso\s (la comtossodc), Mancini,
nirco do Ma/arin, dito In licciissc. I,
413, 336. II, 263, 303. Ill, 289.
SOI.F.X\M>ER (R.), Consultations. I.
110.
Sm.iNnc (L.), modccin dc Mont-
pcllior. 1, 207, 218, 259,331. Ill, 35.
SOMMEHSKT , revolution d'Angle-
lorre. II, 176.
Soitiui-.iiF, ( Samuel ) , medeein. I ,
377, 382, 512. II, 26, 128, 131, 160,
165, 193, 353, 100, 403 , 405 , 463.
Ill, 17, 24 ot noto.
SOHDF.S (P. ), m6dccin. Sou portrait.
Ill, 167.
S'iiir.1. (Ch.), litterateur. I, 41, 57.
11, 83, 317. TIT, 11. — Son portrait,
1 7 (I 1 8.
Son F.I, , medeein do Troyps. I, 48,
59, 63, 68, 87, 259.
Son. mi ("Jacques). II, 143.
TABLE
839
S'n i.r.n.i i., medecin d'Avipnon. U,
89.
SOOVBAY (de). I, 84.
SOUVRB (le commandeur dc), grand
prieur de France. Ill , 745.
SOURDIS (marquis de). I, 84, 487.
SPADA, cardinal. I, 120, 395. II, 54.
SPAMIEIM (Fred.), savant philologue
el ministre hollandais. I, 153, 442,
503. Ill, 51.
SPIFAME (Paul) , ev6que de Nevers.
I, 37.
SPON (Charles), medecin de Lyon.
Notice sur sa famille. I, 170 et note.
— Les lettres en a CCCI.VHI lui sont
adressees.
SPON (Jacques), fils de Charles,
m&lecin ct antiquaire. I, 271 note.
SPON (madame). I, 3:57. II, 346.
STENGF.LIUS (Luc), medecin d'Augs-
bourg. II, 370.
STEVARD ( Adam ) , plu'losophe de
Lcyde. II, 131.
STELLA. I, 358.
STOBEB (J.). II, 247.
STRADA ( Famanus) , auteur du dc
IMlo Belgico. I, 163, 263, 484.
SUE ( P. ), chirurgien do Paris. Ill ,
242 note.
SUEDE (le roi de). II, 188.
SUEDE (la reine de), mere, veuve
dii grand Gustave. Sa mort. II, 176.
SUEDE (prince do). I, 167.
Sitisscs (les). II, 18, 21.
SULLY (de), ministre de Henri IV.
Ses memoires. I, 162, 515.
SULLY (de) , fits du chancelier. II,
301, 438.
SYLVIUS (de la Boo), professeur de
medecine a Leydc. II, 491.
Syphilis, son anciennete. 111,5,53,
554 et note.
TACHEMUS (0.), medecin deVenise.
I, I'll.
TALI.F.MANT (l'al)be. do). Ill, 348.
TALON, premier president. I, 160.
TALON, avocat-gtinenil. 1,138,185
88, 322. — Proci-s de Renaudot, 324,
333, 334, 417. II, 143, 229, 443.
II, 7, 248, 345, 446, 447.
TALOM (madame). Ill, 646.
TALON 1'aine, conseiller d'fitat. I ,
396.
TALON, intendant de justice. II,
894.
TAMBONNEAO ( les freres ). Barri-
cades. I, 417.
TAMBCHiTf, casuiste. Ill, 146.
TARDIEC (madame). Ill, 550.
TARDIEU, lientenant-criminel. Ill,
550.
TARDIN (J.), medecin de Tonrnon.
II, 136.
TARDY (Cl.), medecin de Paris. I,
182, 401. II, 159, 175, 190, 195,
228, 248,1534.111, 774.
TARIN (Jean), professeur du roi et
recteur de PUniversite. II, 513. Ill,
580.
TARLOF.US(D.), medecin de Beau-
vais. I, 3, 21.
TARTAHTN, apothicaire. Ill, 460.
TARTEL. I, 102.
TAVANNES (J.-M. comte de). I, 520.
II, 292, 329.
The, son usage. 1 , 383. II , 293 et
note.
Theses. Excentricitesdes sujetstrai-
tes par les me'dpcins dans leurs tlu^ses.
I, 133. Ill, 183, 300.
THET , gentilhomme danois. Ill ,
449.
THEVART (Jacques), modecin de
Paris. I, 27, 139, 463. Ill, 596.
THEVEMN, medecin de Paris. I,
186.
THIBERT. II, 159.
TIIIESSF.T ( Aug. ) , mddecin de
Troyes. I, 72 note.
THOMAS (prince). I, 59, 61, 70. II,
115, 180, 202, 210. — Sa mort,
236.
THORE (lo president), fils d'F.mery.
I, 371. Ill, 199, 293.
THOU (do), president, historien. I,
18, 21, 24, 45, 112, 279. Ill, 699.
THOU (de), president et ambassa-
TABLE.
clcur en Hollamle, Ills do I'hisloricu.
I, 227. II, 2(55, 311, 336. Ill, 09.
THOU (de), lils do ('historic!). I, 91,
141. — Execute^ a Lyon. II, 513. Ill,
100.
THOU (madumc la pnSsidcnte do).
Ill, 457.
Tnoi VKNOT, medecin. Ill, 453.
THYKCKCS (P.). I, 306.
TIHELF, conseiller. I, 52.
TILIER, rcccvcurdes consignalions.
111,678.
TILLET (du), eonseiller. I, 214-
TILLADKT (do), capitaineaux gardes.
Ill, 46.
Tinox (Ic Pi-re), jesuitc, aulcur du
livrc DCS cas dc fotiscienrr. II, 392.
TlSSKUAM), I, 15.
TOXXKI.IRR (Zac. ), medeein. I, 21.
ToREAM(rabbe).III, 338.
TOICHET (Marie), femmc d'Entra-
gues, mailressede Charles IX. II, 50.
TOULIKU (de). II, HI.
TOURXES (de), libroirc de Geneve.
— La Icttre CLVIH lui est adrcss£c. I,
263. II, 310.
TOITAIX (Michel), medecin de Pa-
ris. I, 163. II, 537.
TREMBLAY (du), gouverncur de la
Bastille. I, 290, 405.
TRIC.LAXDIUS, theologien de Leyde.
11,131.
TnnroiiLLE (de la). II, 9.
TniMouiLLB ( mademoiselle de la ).
Ill, 537.
TuiiixcuRiAxcs ( Albcrius (II. ). II,
337.
TiioisoAMES. Ill, 202.
TROXCHET (du), eonseiller de la
Grand'Chambrc. II, 405. Ill, 297.
Tr.oxcmx, mc'dccin. I, 27 note.
TUBGELF, president, intendantde la
inaison de la reine. II, 21, 347. Ill,
731.
TinniiaiE, chirurgien de 1'armee de
I'iandre. Ill, 662.
TuiEXXE (inarei'lial de). I, 125,
167, 184, 219, 227, 231, 500. II, 13.
— C.oiidnit son armee sous Paris, 46.
— Balaille de Helhel, 66, 178, 190,
245, 255, 304. — Bataille de Dirn-
kerque, 399. —Siege de Gravelinrs,
415. — Prise d'Yprcs, 438, 543, 515,
548, 553. Ill, 99. — Son abjuration,
683.
TURKNXE (la marecliale de). Ill,
591.
TUREXNE (mademoiselle de). Ill,
434.
TLLLIKR, medecin dc Paris. Ill,
692.
TLRGOT, eonseiller d'fitat. Ill, 138.
TULLOUE (R. ), medecin dc Paris.
I, 220. II, 470.
TUHISAXLS. II, 393.
TuRXEBE(Ad.), philologue. Ill, 744.
TLT.OIET DF. MAYF.RNR, medecin du
roi d'Anglelerre. I, 280, 366, 514.
— Sa mort, II, 172. Ill, 608.
TYCHO-BKMIE, astronome. I, 511.
111,449.
Lcs pctitcs universites. III, 171,
173, 451, 452 , 455.
URBAIX- VIII, pape. 1 , 70, 86, 112,
303.
USSERILS, philologue. II, 406.
LTEMBEIIGAHI), d 'Utrecht, ami de
Gui Patin. II, 454.
UXELLES (le marquis d1). I, 194. II,
422.
VLAC. 1 , 469 , 495.
VACHEUOT, medecin du cardinal dc
Retz. II, 73, 74, 180. Ill, 38, 469.
VALEXCEY ( le commandcur de ). I ,
316.
VALLKE, sieur de Chenaillcs, con-
scillcr de la cour. II, 268, 269, 270.
292, 382.
VALESILS, philologue. Ill, 74 \.
VALLEIUOI.A (Fr.), miit'ecin. II, 177.
YALLKSUS (Fr. ) ou Vallf-s, profcs-
scur a Alcala de Henarez. Met/to-
il us medt-ndi. Commentuires xitr It's
Epidcmiques d' Hippocrate, 11,560,
561 et note.
TABLE.
841
VALOIS (due de), fils du due d'Or-
Sanaissance. II, 43. Ill, 480.
VALOIS (Henri de), philologuc. Ill,
32.
VALOT, mgdccin du Roi. I, 32, 193,
222, 521. II, 209, 217, 360, 421, 474,
498. — Maladie de Louis XIV, III,
65. — Surnom de Gargantua, 77, 85,
90, 103, 104, 153. — Maladie de
Mazarin, 284, 296, 339, 410. — Pro-
fesseur et chancelier de Montpellier,
463. — Maladie de la reine d'Angle-
terre, 705, 706, 752. — Sa fainille,
753, 767, 784.
VANDERLI.NDE.N, professeur de me-
decine a Leyde , (kliteur des OEuvrcs
d'llippocratc. I, 63, 165, 218, 230,
234, 375. II, 90, 366, 381, 497.
Ill, 79, 407, 462, 586, 587 et nole.
VANDI (de), gouverneur du Gale-
let. II, 24.
VAN DUEVEREN, m&lecin hollandais.
I, 63 note.
VAN HELMONT, medecin. Notice,
XHI. I, 155, 225, 355 et note, 503,
555. II, 461 et note, 117, 17b. Ill,
77.
VAN HOORNE (J.), ni6decin hollan-
dais. II, 249.
VA.MM. Notice, xxix.
VARAM>K ou Varandal (Jean), pro-
fesseur de la Faculle de Montpeiller.
I, 218, 227. II, 14, 241, 260, 335,
504.
VARDES (le marquis de), envoje en
Kspagne. II, 419. Ill, 152, 519, 521.
VARE.NNES (de) , lieutenant general
mort au siege de Gravelines. II, 419.
VARGAS 'Alphonse de). Pseudonyme
de Gasp. Scioppii. I, 280.
VARJLLAS, historien. Ill, 136, 737.
VAUIN, II, 601.
VASSAN (Jean de), Scaligeriaiia. Ill,
629.
VAIGELAS (Cl. F. de) , de 1'Acade-
mie francaisc. I, 195. II, 551.
VALUER (Franr.), medecin du pre-
mier ministre, promu premier mecle-
tin du roi. I, 122 , 124, 129, 163,
109, 175, 186, 190, 203, 345, 346,
347, 396, 397. II, 474. Ill, Gel nol.-,
429.
VALVRB (Marie). II, 121.
VAVASSOH (le Pere Fr.). I, 253, 480,
- Discuss, sur la beau 16 de J. - C.
II, 532.
Vr.ni.ER, gentilhomme anglais. I,
271 note.
VENDOMB (due de). I, 259, 328, 456.
II, 16, 21, 312, 514, 519, 545, 553.
111,551.
VENDOME (madame de). I, 476. Ill,
705.
VE.NDOMK (mademoiselle de). Son
mariage avec M. deNeinours. 1,105,
112, 293.
VENTADOLU (madame de). Ill, 294.
VERUA.\ DE GRAMOM, conseiller de
Tune des cinq cliambres des enqueues.
1,71.
VERDUN (le comle de). Ill, 369.
VEIUIEYEN (Ph.), niedecin celebre
de Louvain. Ill , 539 note.
VESLI.NGIUS (Jean) , medecin de Pa-
doue. 1 , 162, 166, 466 491. II , 541
et note.
VEHNECIL (leducde), gouvemcur
du Languedoc. Ill, 513, 643.
VKHXY, apolliicairc de Montpellier.
II, 474, 483.
VERO.\ ( le pere Fr. ). Controverscs
conlre les ministres de Cliarenton. I ,
504.
VEROSPI , cardinal. Sa mort. 1 , 62.
VERSAY (le marquis de). I, 462.
VERTAMOLR (de) , mailre des re-
queles. Ill, 284, 426.
VERTH (Jean de]. I, 50.
VERZASCHA (Bern.), niedecin de
Bale. II, 292, 4(Ja.
VEZOL ( Fr.) , niedecin de Paris. II ,
209. Ill, 313, 449, 450.
VIALART (le Pere), superieur des
Feuillanls. I, 108. II, it.
VIALD (Theophile). Ill, .'359.
VK;.\EIL-MAKULLE. Notice , XLVII.
VIGNOIU (la comlessedi1). I, 464.
VII.I.E vle marquis dc). 11, 41.'u
VII.I.KMONTUK de , conseiller. I,
167,527.11, 135, 235.
842
TABLE.
ViLLEQtiiER ( dc ) , manVlial de
France. I, 175. II, 5.1, /ilG.
VILLEQUIER (aiiidame de). Ill, 678.
VILLEHOI, mareclial de France. I ,
192, 432, 464, 470. II, 412.
VINGAUD ( Adrien ) , libraire de
Leyde. II, )2<J.
VIOLK, president de la chambre des
enqueues. I, 431. HI, 11(5, 117, 061.
VISCONTI, cardinal. Ill, 789.
VITRY (de), mareclial de France. I,
29, 30, 120, 339. Ill, 401.
VIVES (J.-L.). II, 11.
VIVENET, libraire de Paris. I, 495.
VIVONNE (marquis de). Ill, 131,
654, 730.
VOETILS (Gilbert), philosophe. I,
235.
VOISI.N (de), conseiller du parle-
ment de Bordeaux. II, 28. Ill, 297.
VOISIN, iiilendunt d'Auvergne. I,
199.
VOISIN (le Pere), jesuitc. II, 268.
VOISIN, pretre. Ill, 197.
VOITUBB (Vincent), litterateur. I,
505. 11, 599. Ill, 95.
VOLCAMEK (J.-G.), medecin holian-
dais. 1, 381, 406, 457.
VOLTAIRE. Notice, xxxvn.
VOUSTILS (Adolphns), professeur de
botanique a Leyde. II, 491.
Vossits (Gerard- J.) , philologue
hollandais. I, 144, 152, 441. II, 141,
511, 541, 559.
Vossius (Isaac) , philologne, lils de
Gerard-J. Vossius. 1, 167, 204. II,
34, 37. Ill, 481.
WAJLLY (de), medecin de Paris. I,
186.
WALLEUS (J.) , professeur d'anato-
mie a Amsterdam. I, 162, 466, 503.
II, 538.
WESDE, de Lyon. II, 448.
WKPKER (Jean), medecin, frere de
Jean Jacques. II, 463.
WEPKER 'J.-J.), medecin de Scaf-
house. II, 463, 492 et note.
WEYMAR (Ic due de). I, 50, 53.
WICERUS (Joan.), medecin. I, 253.
WICQLEFOUT (de), resident de
Brandebourg a Paris. I, 249. II, 176.
WIKH (Jean), libri dv prcestigiis
dccmonum. I, 303.
, general. II, 208.
YORK (due d'). I, 203. II, 116.
Ill, 225.
YSAMBEIIT , docteur de Sorbonne.
I, 30.
YVKLIN, medecin de Paris. I, 1()8.
— Maladie dn roi. Ill, 89.
Y\ES (le Pere), capucin, dc Jure
| natundi. I, 230. II, 342.
YVETEALX (des), precepteur do
Louis XIII. li, 522.
ZACCHIAS (P.) , medecin, anleurdu
;li\re (Juccst tones medico - legales, I,
! 256. Ill, 376.
ZACIIAUIE ( le frere), capucin. I ,
230. 11, 342.
ZACCTLS ( Lusitanus ) , medecin
I portugais. 1, 94, 95, 96.
ZAMET. evtique de Langres. II, 150.
ZA.NCHLS, pliilologue. 1, 2.'56.
ZAPATA , depute d'Espagne. 1. 331.
ZWELFEU (Jo.), medecin. II . 322.
FIN DE LA TABLE.
ERRATA.
Quoique nous ayons corrige une immense quantile de fautes de
frangais et de latin , restitue un grand nombre de nom propres des
editions precedentes, beaucoup nous ont encore echappe, sans
compter les fautes d' impression. Les lecteurs judicieux et inslruits ,
dont nous sollicitons 1'indulgence , savent du reste combien il est
facile de commettre de pareilles erreurs dans les ouvrages du genre
des Lettres de Gui Putin , queile que soil d'ailleurs la vigilance et
1'attention qu on apporte a la correction du texte et des epreuves.
Nous signalerons pourtant quelques fautes par trop evidentes.
TOME I.
Notice, page xni, la note, pcradojcum , lisez : paradujcuin.
Biographic, page xiv, ligne 22, Pichrucole, lisez : Picrochole.
Page 191, ligne 15, sapia', lisez : sa-pe.
Page 27, ligne 3 de la 2C note , Simon Lcttilicr, lisez : Simon Ic Lclhier.
Page 231, ligne 12, chiinis, lisez: churum.
Page 235, ligue 17 , idio , lisez : idco.
TOME II.
Page 35(5, la note (1), ligne 3, (irmcntarium, lisez: armamentarium.
Page 383, la note, lcr vers, sur I'F, lisez : dcssus VF.
Page 3(J8 , la note, ligne o', amuntcs, lisez : amentes.
Page 440, ligne 30, cucjciam, lisez : cncxium.
Ijage/i83, ligne 28, liic scycs , lisez : hie scges.
Page A80, ligne 15, hie vivimus, lisez : hie vivimus.
TOME 111.
1'age 10, ligne 14, I'M soliludinc et soliludine, lisez ; IK solitudinc ct sulli-
citudinc.
Page 32, ligne 13, virum , lisez : ricum.
1'age 75, ligne 4, ioa (sir), lisez : omnia.
1'age 70, ligne t), ex coi (sic), lisez : ix communi.
1'dge 91, tu si /tic six, lisez : fit si lite sis.
Page 188, ligne 12, Epitrcs de TEpsc (sic), lisez: Epitrcs dc J. Lipse.
Page 189, ligne 20, Itisturiam tucjcieam, lisez: hi* to riant mcjcicanam,
1'age 207, ligae 19, I'hiluryiric , lisez : I'hilargyric et I'arimanyis.
Page 230, ligne 20, social icii' Juco-fcrcie, lisez : socntticuc joco-scriic.
Page 243, ligne 17, Exemplar amccbcas , lisez: Epistolarum Ama'bearum,
Page ^55, ligne .'(2 , opus post humanum , lisez : up us pustlntmum.
Page 258, la note, apres Ic mot d'sllcji'aitdrie, lisez : (d, /'.).
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