/ -
COLLECTION
DE
DOCUMENTS INÉDITS
SUR L'HISTOIRE DE FRANCE
POBLlés PAR LES SOINS
DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE.
PREMIÈRE SÉRIE.
HISTOIRE POLITIQUE.
V',..
V V I - i ^i t
(^
^ LETTRES,
INSTRUCTIONS DIPLOMATIQUES
ET PAPIERS D'ÉTAT
DU CARDINAL DE RICHELIEU,
KECUEILLIS
ET PUBLIES PAR M. AVENEL.
TOME SEPTIÈME.
1642. — SUPPLÉMENT : 1608 À 16i2.
PARIS.
IMPRIMERIE NATIONALE.
M DCCC LXXIV.
O'd:i0
2)C
»23
ft5ft4-
\9S3
LETTRES
INSTRICTIONS DIPLOMATIQUES
KT
PAPIERS D'ÉTAT
DU CARDINAL DE KICHELIEU
CARDIK. DE niCBELIEC. — VII.
LETTRES,
INSTRUCTIONS DIPLOMATIQUES
ET
PAPIERS D'ÉTAT
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
ANNÉE 1642.
I.
Cabinet de S. A. W. M*' le duc d'Aumaie. — Original de la main de Gherré '.
Bibl. imp. Sainl-Germain-Hariay, 35 1, fol. ia4. — Copie. —
Sainl-Gemiain , ioa3, fol. 63 v*. — Copie. —
Missions étrangères , 1 70. — Copie. — Imprimée dans les Mémoires de Montrésor.
AU ROY^^
De Tarascoii, ce 2 juillet i6i2.
Il m'est impossible de demeurer davantage sans envoyer sçavoir des
nouvelles de la santé du roy. Je ne double point qu'elle ne s'augmente
' N'ayant point sous les yeux, au mo- ' Les manuscrits ne donnent point de
ment de l'impression , le manuscrit que suscription ; malgré la tournure indirecte ,
j'ai vu il y a longtemps, il est possible qu'il ce billet doit avoir été adressé au roi lui-
se rencontre quelque erreur dans l'indi- même. Il se pourrait cependant qu'il eût
cation que je donne , de souvenir, au sujet été adressé à Chavigni ou à de Noyers ,
de l'écriture; mais cette erreur serait sans qui, cliacun à son tour, ou tous deux en-
importance , toutes ces lettres étant de la semble , restaient à cette époque auprès de
main de Charpentier ou de celle de Cherré, Louis XIII et recevaient toutes les com-
qui l'un et l'autre écrivaient sous la dictée munications que Richelieu voulait faire
de Kichelieu et méritent la même con- à S. M. On lit, au dos de l'original, cette
fiance. note écrite par un secrétaire de Chavigni :
4 LETTRES
et ne s'affermisse, plus sa personne s'approchera de son air natal; ce
que je souhaitte avec beaucoup plus de passion qu'elle ne sçauroit faire
elle-mesme.
J'ay receu la lettre que Sa Majesté m'a faicl l'honneur de m'escrire' ;
comme je n'ay jamais abusé des honneurs qu'il luy a pieu me faire,
je la puis asseurer que j'useray du pouvoir qu'il luy plaist me donner,
avec la modération que je dois, et l'advantage que je pourray pour son
service, qui me sera tousjours plus cher que ma propre vie.
II.
Manuscrit du cabinet de S. A. R. M*' le duc d'Aumale. —
Original de la main de Cherré.
Bibl. imp. Saint-Germain-Hariay, n° 35i, fol. 126. — Saint-Germain, n° loaS, fol. 65 v°
— Missions étrangères, n° 170. — Imprimée par fragments
dans les Mémoires de Montrésor, p. 1 8i.
[A M. DE NOYERS'.]
De Tarascoii, le 2 juiilcl 16/12.
La pensée du roy pour M"" Duplessis Praslin est très-raisonnable,
il mérite d'estre lieutenant général; mais M' le cardinal Mazarin dit
qu'il craint que cette qualité fasse grande peine en sa personne au
marquis de Ville, qui prétendoit, en son voyage de Paris, le mesme
employ; et croid qu'ainsy que M'' de la Motte et M' de Turenne en ont
« S. Ém. au roy. » Ajoutons une fois pour
toutes que le manuscrit de M*' le duc
dWumale venant originairement de chez
de Noyers, lorsque la suscription manque
et qu'aucun indice ne laisse deviner le
destinataire, la présomption est que la
lettre va à de Noyers.
C'est celle où le roi informait Riche-
lieu qu'en retournant à Saint-Germain il
lui donnait, dans les provinces où il le lais-
sait , une autorité presque royale. (Tom. VI,
p. 957.)
' La suscription manque dans les ma-
nuscrits; mais cette lettre est la réponse
à une dépèche de de Noyers, datée de
Bagnols, le 3o juin; laquelle dépêche se
trouve dans les manuscrits de la biblio-
thèque cités aux sources.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 5
pris possession hors d'Italie après y avoir commandé, il faudroit en
user ainsy pour M"^ Duplessis Praslin.
M' Mazarin estime que M"" de Longueville, arrivant de delà, peut es-
tablir doucement M"^ Duplessis Praslin lieutenant général; mais que de
le faire maintenant il y a quelque hasard d'altérer certains esprits, et
croid que l'avis qu'a toute l'armée que M' de Longueville va la com-
mander maintiendra tout le monde en union jusques à son arrivée'.
Il adjouste que tous ohéiroient volontiers présentement à Monsieur
de Turenne, mais je ne croy pas que Monsieur de Turenne veuille aller
servir en ces quartiers là ensuite de ce qui est arrivé à son frère.
Quand M' de Chassé sera venu je luy bailleray ^ des mémoires.
Mon bras se porte mieux, grâces à Dieu, à ce que disent les méde-
cins et les chirurgiens.
Je viens de recevoir la lettre que vous m'avez escrite par le courrier
de Monsieur le Premier président, qui m'escrit en fort bons termes, et
•exprime fort bien Testât auquel estoit la France si les desseins de ce
misérable eussent réussy.
Je ne trouve plus estrange cpi'il en voulust à ma vie , puisque , comme
un monstre dénaturé, il désiroit la fin de celle du roy, ainsy que vous
me mandés que Sa Majesté vous l'a dit elle-mesme.
'J'envoye savoir des nouvelles du roy et vous m'avez ravy de me
mander qu'il se porte mieux, souhaittant sa santé mil fois plus que
ma vie.
' Ce paragraphe manque dans les co- trésor a mis «je luy demanderay;» c'est
pies.et aussi dans les Mémoires de Montré- une de ses bévues. Chasé, chargé d'ins-
sor, l'éditeur de cette compilation n'ayant truire le procès de Cinq-Mars , recevait des
pas connu les originaux des pièces qu'il a mémoires ; il n'en donnait pas.
publiées, d'où les lacunes et les fautes ' Ce dernier paragraphe manque dans
qu'offre cette publication. Montrésor.
' Le compilateur des Mémoires de Mon-
LETTRES
III.
Cabinet de S. A. R. M*' le duc d'Aumalc. — Original de la main de Cherré.
[A M. DE NOYERS.]
De Tarascoii , ce Ajuiliel i6i2.
J'envoie sçavoir des nouvelles de Sa Majesté, qvie je ne double point
qui ne soient bonnes ^
Il est temps, à mon avis, de commencer à interroger les prisonniers;
mais il faut avoir des commissaires.
Depuis deux jours le fils de Cliavagnac arreste icy autour, avec
3o chevaux; nous tascherons de le faire attraper, s'il continue ses
galanteries.
Je convicray M' le comte d'AUez d'aller luy-mesme à la coste.
IV.
Arcli. des Aff. étr. France, iG42 , juin-août, loi 162 —
Minute de la main de Charpentier.
AU ROY.
Du Ix jiiillii 1G42.
Ne pouvant estre content que je ne sois du tout asseuré que la santé
du roy soit telle que je la souhaitte, je renvoyé de nouveau pour en
apprendre des nouvelles.
Il n'y en a point icy que je puisse mander à Sa Majesté. Ceux de
Perpignan ne disent rien encore parce qu'on les entretient d'une fausse
espérance de secours. Ma pensée est que l'espérance qu'on avoit en
Espagne du changement qu'ils espéroient devoir estre faict à la cour,
' La lettre adressée au roi ne pouvait qu'elle ne devait pas rester dans les mains
se trouver avec celle-ci, dans le manuscrit de de Noyers; mais nous en avons eu la
du cabinet de M. le duc d'Aumale, puis- minute aux Affaires étrang-ères.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 7
et du mouvement qui devoit arriver du costé de Sedan, en may, par
le party qui estoil formé, est la cause des ordres qu'on leur donne de
Madrid de tenir jusqu'à la dernière extrémité. Quoy qu'ils facent, je
croy que ce mois ne se passera point que Voslre Majesté n'ait son
compte. J'en prie Dieu de tout mon cœur, et que je puisse luy revoir
autant de tendresse pour ses créatures qu'elles en auront toute leur vie
pour sa personne et pour ses intérests '.
Manuscrit du cabinet de S. A. R. M^ le duc d'Auaiale. —
Original de la main de Charpentier.
Bibl.imp. SaiatGerinain-Harlay, 35i , fol. i3i. — Copie. —
Saint-Germain, ioa3, fol. 70 v°. — Copie. — Missions étrangères, 170. — Copie. —
Imprimée dans les Mémoires de Monlrésor, p. 190.
[A M" DE NOYERS ET DE CHAVIGNI'.J
De Tarascon, le 4 juillet iGk-j.
Les énigmes les plus ob.scures commencent à s'expliquer, le perfide
public cognoissant, au lieu où il est, qu'il a eu de mauvais desseins
contre la personne de monsieur Amadeau^, mais qu'il n'en a point
eu que le roy n'aye consenty; le mal est que la liberté qu'il a eue
jusques à présent de se promener deux fois le jour* faict que ce
discours commence à estre bien espandu en cette province , ce qui peut
faire beaucoup de mauvais effects.
' Richelieu afiecte d'être sobre en pa-
role» avec Louis XHI sur tout ce qui con-
cerne Cinq-Mars , il s'en dédonunage avec
ses confidents , comme ou le verra dans la
lettre suivante, écrite le même jour que
celle-ci.
' Point de suscription , mais la lettre est
adressée à Chavigni et à de Noyers , comme
on le voit par cette lettre môme (ligne i3
de la p. 8). Un secrétaire qui avait accompa-
gné ces ministres auprès du roi a écrit au
dos , après la réception : « Son Eminence. »
(Voyez note i de la lettre du 2 juillet.)
' Ces premières lignes sont cliiffrécs
dans l'original. «Amadeau,» nom de con-
vention pour désigner Richelieu.
* Dès le lendemain , cette liberté lui
était ôtée. (Lett. du 5 juillet.)
8 LETTRES
' Vous aurés beaucoup de peine à raprivoiser l'esprit d'Amadeaii
qui, sçachant le consentement du Chesne^, aura toujours peur aux
lieux où ce que l'on a voulu faire pourroit estre faict tandis que ceux
qui estoient destinés à l'exécution seront présens '.
Céton a tousjours laissé promener M"^ le Grand deux fois le jour;
il n'y a que trois jours qu'il en usoit encore ainsy, ce qui me faict
croire que les premiers ordres que M'' de Noyers dit avoir envoyez
ont esté perdus.
Monsieur de Bouillon n'a demandé qu'un médecin et deux valets de
chambre; le perfide public a six personnes qui doivent estre, à mon
advis, retranchées; autrement il sera impossible qu'il ne fasse sçavoir
tout ce qu'il vouldia, et jamais prince n'en eust davantage.
Vous parlerés adroitement de ce que dessus, sans me mettre en jeu
en aucune façon.
Si j'avois icy un bon commissaire , je ferois interoger le dict perfide ,
et je voy qu'il est temps. J'attends M'' Chazey*, que nous essayerons
par M' de Thou. M' de Lavuson seroit du tout nécessaire.
Parlés au roy comme de vous mesme pour qu'il vous donne ordre
de me mander qu'on le fasse interoger, soit par M'' de Chazé, soit
par un autre.
Si M' de Chazé est habile, pour rendre l'affaii'e plus authenticque ,
on y pouroit joindre le premier président de Grenoble, qui est affidé.
Je le dis parce qu'il faut telles gens, estant seur, entre nous trois, que
le perfide dira beaucoup de choses à taire; et le roy doit adjouster le
premier président, parce que son service requerera peut-estre que le
' Ce paragraplie est chiffré dans l'ori- tion d'orthographe, à deux ligne de dis-
ginal. tance, parce que, outre l'exactitude scru-
' On a vu que ce mot désigne le roi. pulcuse dont nous faisons notre règle, cette
' Les copies mettent : « auprès du variation dans un mot diversement écrit .
Chêne » au lieu de : • présens. • On voit à tandis que la prononciation reste la même .
quelques variantes, peu importantes du prouve la dictée. — Ce M. de Chasé étail
reste, que ces copies n'ont pas été faites intendant de justice, police et finances, en
d'après l'original. Dauphiné.
* Nous ne rectifions point cette varia-
DU CARDINAL DE RICHELIEU. . 9
parlement fasse ce procez , parce que monsieur de Bouillon y pourra
estre amené aisément.
Je recognois de plus en plus la grâce que Dieu m'a faicte de ni'en-
voyer mon mal. Je ne vous en dis pas davantage , vous entendrés bien le
reste'. Faicte haster M' de Chasé par le Rhosne, car le temps nous
presse, et il est nécessaire que je sois icy pour l'aider à ces interro-
gatoires que je luy donneray touttes digérées.
Je ne responds point à ce que vous me mandés touchant la conduitte
de Monsieur hors du royaume, parce que vous avés veu mes pensées
sur ce suhject par mes dernières dépesches.
^ Il est bon que * M' de Chavigny die au roy que M' le Grand di-
soit que Fontrailles avoit dict vm bon mot sur ses maladies, sçavoir est :
(7 n'esl pas encore assez mal; pour nionstrer comme le dict perfide et
ses confidents estoient mal intentionnés vers elle*.
' Ici se trouvent, dans les copies, ces
mots que ne donne pas l'orip^inal : « vous
imaginant facilement le péril que je cou-
rois. » Peut-être est-ce la minute que les
copistes ont eue.
' Ce paragraphe est en partie chiffré.
■' Ici les manuscrits de la Bibliothèque
mettent : «que le fidèle marquis de Morte-
mart die au Chesne , comme le perfide pu-
blic disoit que Fontrailles » etc. Est-ce
encore ici une variante de l'original à la
minute ?
' Les confidents du cardinal n'avaient
pas attendu cette recommandation; Ue
Noyers lui écrivait, de Picrrelatte , le
i" juillet au soir: ■ S. M. est escliauffée
plus que jamais contre M' le Grand, et
avec grande raison, car elle a .sceu que,
durant sa maladie, ce misérable, que M' le
premier président nomme fort bien le per-
fide public , avoit dit : il Iraisnera encore,
tesmoignant du regret de ce que S. M.
avoit encore à vivre. Cela a exlresmement
picqué S. M. et elle m'a dit souvent depuis .
le meschanl, il eust voulu que je fusse mort. A
quoy je responds coumie il convient. J'ay
dit à S. M. le terme dont se sert le premier
président, qu'il a trouvé fort bon. J'ay eu
aujourd'huy , en deux fois , deux heures et
plus d'audience sur ce subject, et il me
semble que je ne les ay pas mal employées. »
El, dans un billet du 2 juillet, de Noyers
ajoutait : • S. M. continue de très-grandes
démonstrations d'amour pour monsei-
gneur, dans une exécration non pareille
de ce malheureux perfide public. » Chavi-
gni, à son tour, écrivait de Montélimarl,
le .? : « Le fidèle marquis de Mortemart
prendra son temps aujourd'huy pour parler
du dessein qu'on a eu sur M' le cardinal;
il a dit depuis deux jours des choses qui
ont faict un très-grand effect. u Un peu plus
tard, Chavigni mandait encore à Riche-
lieu : • Le roy s'aigrit tous les jours de
plus en plus contre M' le Grand; S. M.
en parla hier à son coucher comme du
CARDIN. DE niCHEI.ICD. — VII.
10
LETTRES
VI.
Cabinet de S. A. R. M'' le duc d'Aumale. — Original de la main de Charpentier.
[A DE NOYERS.]
De Tarascon, ce 5'juillet i642.
Je ne me souviens point du nom du bénéfice que j'ay accordé cy-de-
vant à M"^ Bontemps\ de quelle abbaye il deppend, ny par la mort de
qui il est vacant. Si il le sçait vous en ferés prendre un mémoire par un
de vos commis, que vous m'envoyerés par la première occasion; sinon
vous dires aud. s"" Bontemps qu'il escrive à Paris pour le sçavoir, que je
luy accorde encores de nouveau le d. prieuré, et que je luy en feray
plus scélérat et du plus grand traistre qui
ayt jamais esté, t Sur quoi Cliavigni , en-
chérissant, dit au roi que toutes les nou-
velles qu'il recevait de I lollande, d'Espagne,
d'Angleterre étaient des plus alarmantes;
que partout on croyait le cardinal perdu
et la France perdue avec lui. « Unie semble,
ajoute Chavigni, que cela fit grande im-
pression sur l'esprit de S. M, » (Ms. des
AIT. étr. I'"rance , juin-août, fol. 276 ; lettre
du 20 juillet.) Enfui dans sa lettre sui-
vante : Il Le roy m'a dit depuis deux jours
que, lorsqu'il fut si mal à Perpignan, M'
le Grand luy avoit tenu des discours qui
tendoient à luy laisser la tuleUe de niessei-
gneurs les enl'ans de France, sans pour-
tant le luy demander ouvertement. J'cxa-
géray, comme je devois, l'enVonteric du
* Je retrouve la m'mc nouvelle, presque mot pour
mol, dans une lettre suivante, datée du 28 juillet,
avec cette addition : «S. M. me dit : Si Dieu me met
en estât de penser à ce qui se fera après raoy, je ne
puis laisser une telle charge qu*à M' le cardinal.» On
se demande comment Chavigni a pu omettre, dans
jeune audacieux*, et je dis ensuite, en gé-
néral, tout ce que je crus à propos. Je
puis asseurer à M*' qu'il ne sçauroit sou-
baitter les choses en meilleur estât qu'elles
sont pour luy. » Et nous ne sommes encore
qu'au 22 juillet; qu'on se figure l'effet de
ces obsessions de tous les jours jusqu'au
jour du ijupplice.
' De Noyers disait le 2 , dans une lettre
écrite de Pierrelatte : « Le pauvre Bon-
temps a obtenu ce jourd'huy, avec un peu
d'aide, l'abbaye d'Ivernaux; il en a remer-
cié le roy et attendri le cœur de son
maistre. » Le nom d'Ivernaux est écrit en
surcharge , il y avait d'abord Desguipeaux ,
nom que nous trouvons encore écrit : de
Guespeaux.
son premier récit, une telle circonstance. Et rien
n'indique que l'une ou l'autre de ces deux lettres n'ait
pas été envoyée. Remarquons aussi que iUchelieu
écrit dans sa lettre du 22 : «le roy m'a dit depuis
diux jours; et, dans la lettre du 28, il dit depuis
ijoalre jours. (Mss. cités aux sources.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 11
donner les expéditions de tel jour qu'il voudra du temps que je luy
ay premièrement accordé.
Souvenés-vous, s'il vous plaist, de faire garder les lettres que Mes-
dames de Bouillon, la vieille et la jeime, escrivent à M"" de Bouillon ',
par lesquelles la vieille tesmoigne à son filz avoir esté fort surprise de
l'arrivée de sa belle fiUe; et la jeune à son mary, que tous ceux de
Sedan en sont estonnez et ne peuvent croire qu'il n'y ayt quelque
finesse en son voiage , parce que ces lettres pourront servir au procès
du d. s' de Bouillon et de ces autres M". Je vous prie de faire partir
sans remise M' de Chazé ^ parce que le temps nous presse , et que les
délays nous nuisent.
Je prie M"' Desdiguieres de demeurer tousjours auprès du roy jus-
ques à ce qu'il ayt passé Lyon; après quoy, s'il me veut venir voir, il
le pourra faire.
M"" le comte d' Allez est parly aujourdhuy pour aller visiter toute la
coste de son gouvernement, préparer les milices et la nol)lesse.
Ce qui deppendra de nos petits soins ira avec diligence.
M' de Vautorte partit des avant hier.
Si M"" de Chazé veut, il peut estre en un jour icy par le Kosne.
Si le roy veut aussy m'envoier le premier président de Grenoble, le
Rosne le peut apporter aisément.
Si , quand il sera icy, je juge qu'il ne soit pas propre , je m'en defferay
bien par quelque excuse.
'Ces lettres, adressées au duc de Bouillon sic au cardinal dans sa lettre du i" juiLlet.
en Italie, où elles n'arrivèrent qu'après son ' On a vu que Ricliclieu l'attendait |)oiir
arrestation, de Noyers en annonçait la sai- l'aire interroger les prisonniers.
12 LETTRES
VIL
Manuscrit du cabinet de S. A. I\ M^' le duc d'Aumale. —
Original de la main de Cherré.
Bibl. imp. Fonds SaintGermain-Harlay, 35 1, fol. i34v°. — Copie. —
Saint-Germain, loaS, fol. 75. — Copie. —
Missions étrangères, 170, vol. non cliilTré. — Copie.
[A CHAVIGNI OU DE NOYERS ^]
De Tarascon , ce 5* juillet 1642.
Pensant et repensant souvent à l'afFaire des conjurez, je me suis
advisé qu'il est impossible qu'il n'y ait un traicté particulier faict entre
eux, ce qui faict qu'il fauldra le demander à Monsieur, aussy bien que
le traicté général d'Espagne. Si l'on peut avoir ces deux pièces, le pro-
cès se fera aux prisonniers sans peine.
Il fault présuposer nécessairement, en parlant à la Rivière, que le
traicté est^, comme c'est chose hors de doute.
Puisque vous estimés du tout nécessaire de donner un acte, ou passe-
port, à Monsieur, pour sortir hors du royaume, je vous en envoyé un,
que j'ay dressé , aux paroles substantielles duquel il est à propos de s'at-
tacher pour beaucoup de raisons que vous jugerés bien.
^ Apres avoir faict représenter au duc d'Orléans, nostre frère, que
le vray lieu auquel il doit se rendre, est auprès de nostre personne,
particulièrement depuis la faute en laquelle il est tombé depuis peu ,
les instantes et réitérées suplications qu'il nous a faict faire, de luy
' Sans suscription. (Voy. ci-dessus, p. 3, paration. L'original de ce passe-port, con-
note 2.) serve dans le manuscrit de monseigneur le
^ Une légère variante dans la copie duc d'Aumale , est sur une feuille séparée ,
que donnent les Mémoires de Montrésor, et écrit, ainsi que la lettre, de la main de
p. 194, fausse un peu le sens : aie traicté Charpentier, auquel le cardinal l'a dicté,
est come une chose liors de doute. » ( Montrésor n'a pas connu les originaux, et
' Les deux copies transcrivent le passe- n'a pu suivre que les copies.)
port à la suite de la lettre sans aucune se-
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
13
permettre de sortir de nostre royaume, font que, puisqu'il n'a pas
voulu suivre nos conseils , ny satisfaire à ce à quoy son devoir
l'obligeoit, sans auctoriser sa sortie du royaume, nous voulons bien
la toUérer. En cette considération nous commandons à tous nos gou-
verneurs de provinces et de places, aux maires et eschevins de nos
villes, et à tous autres, nos officiers et sujets, de laisser passer libre-
ment nostre dict frère , avec son train , composé de ' pour
aller à Venise , d'où il ne poura revenir en nostre royaume sans nostre
expresse permission.
VIII.
Cabinet de M*' le duc d'Aumale. — Original de la main de Cherré.
[A M. DE CHAVIGNL]
De Tarascon, ce 5 juillet i642.
Tous les ordres que vous avés envoies à M' Seton, pour les prome-
nades de M' le Grand, ont esté receus et exécutez, à ce qu'il a mandé.
Le d. s' le Grand a autant de gens que M"^ le prince en avoit. Je
croy qu'il luy faut deux valets de chambre, un cuisinier et un somme-
lier; mais qu'il luy faut oster deux aides qu'a le cuisinier, et deux
aides au sommelier, comme aussy im cordonnier et un boulanger.
M' Seton est de cet avis, comme il amande à M' de la Vrillière.
Vous ne m'alléguerés point, s'il vous plaist-.
NOTA.
La réponse que fit Chavigni, le lendemain, à cette lettre de Richelieu, du
ô juillet, est assez curieuse et assez importante, dans cet exposé des procédés dont
' Le détail est resté en blanc dans l'ori-
ginal.
' Richelieu avait déjà fait, la veille (ci-
dessus, p. 8), à de Noyers la même re-
commandation , et il l'a répétée plusieurs ■
fois. On voit le soin qu'il prend de se tenir
toujours à l'écart, en même temps qu'il
ordonne tout jusque dans les moindres
détails.
Iti LETTRES
on usa, afin de perdre Cinq-Mars dans l'esprit du roi, pour qu'il soit à propos
de la donner icy. Elle est conservée en original dans le cabinet de M^' le duc
d'Aumale.
A Vienne, ce 6 juillet , à six heures du soir, i64r!.
Nous louons Dieu de tout nostre cœur de ce que M' le Grand commance à parler^
cela nous donne lieu d'espérer que, s'il a esté assés détestable pour concevoir de
mauvais desseins, Dieu permettra c[u'il se découvre luy-mesme.
Le roy trouve bon qu'on retranche ses gens et qu'on ne luy laisse que ceux que
Monseigneur estiniera à propos. Sa Majesté aussi juge très-nécessaire qu'on com-
mance à interroger les prisonniers, et elle est demeurée d'accord qu'on emploiast
à cet effect M" le premier président de Grenoble et de Lauzon , dont le premier doit
estre maintenant auprès de S. Em. M"' de Chazé y doit estre aussi , estant parti il y
a trois iours.
L'ordre pour reserrer M' le Grand a esté porté au s"' de Ceton, par M' de
Ghoupes, le jour mesme qu'il a esté commandé par le roy; en cas qu'il eust oublié
de le laisser en passant on en envoie le duplicata.
Nous avons parlé au roy de tout ce que dessus comme de nous mesmes, sans v
mesler le nom de Monseigneur. Sa Majesté est si animée contre le perfide public,
qu'il y auroit plus de peine à luy faire user de douceur qu'à la porter à la rigueur.
Nous supplions très-humblement Monseigneur de se mettre l'esprit en repos, et de
croire qu'il ne fut jamais aussi puissant auprès du roy qu'il est, et que sa présence
opérera tout ce qu'il voudra. Nous n'eussions jamais creu pouvoir estre obligés à
nous consoler de la longue et fascheuse maladie de Monseigneur, par les raisons
que nous jugeons, parce qu'il luy plaist de nous escrire; il fault louer Dieu de toutes
choses, et s'assurer qu'il n'a pas cominancé un si grand ouvrage pour le laisser
imparfait.
Le roy estime que lorsque Monseigneur jugera à propos de faire sortir M' le
Grand de Montpellier, pour le mettre ailleurs, il le faudra faire accompagner par
cinq cens chevaux, entre lesquels il nomme le régiment d'Anguien, il avoit pansé
à celuy de M' le mareschal de la Melleraie, mais il a changé d'advis à cause de M' de
Ruvigni, et tout cela de son proj)re mouvement. Si S. Em. veult emploier à cette
conduitte d'autres troupes, Elle peut estimer très certain que Sa Majesté n'y trou-
vera rien à redire.
Lorsque nous avons parlé au roy du fils de Chavagnac, il nous a aussitost dit
qu'il falloit le faire prendre et que S. Em. y pouvoit emploier la cavallerie qu'elle
avoit auprès d'elle. S. M. trouve bon aussi qu'on arreste Cioujac en quelque lieu
qu'on le puisse trouver.
La santé du roy ne va pas si bien que nous souhaitterions, il a esté aujourd'huy
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 15
fort foible, et a vuidé quantité de bile et de mauvaises matières qui iuy donnent
de la douleur en passant.
M'' Bouvard fait estât de le purger à Lion, où Sa Majesté arrivera demain, et y
séjournera mardi et mecredi pour attendre le retour de La Rivière, duquel nous
n'avons eu encor aucunes nouvelles.
Sa Majesté tesmoigne tousjours désirer passionnément la guérison de Monsei-
gneur, et de le voir auprès d'elle. Ses véritables créatures font tous les jours, du
meilleur de leur cœur, des vœux pour cela, et elles donneroient volontiers leurs vies
pour celle de leur maistre.
Cette lettre est signée «de Noyers, Chavigni » dans la copie que nous avons
vue à la Bibliothèque impériale , manuscrit de Harlay 35 1 , fol. 1 38 ; elle se trouve
aussi dans le fonds de Saint-Germain io23, et dans celui des missions étrangères,
n° 170.
IX.
Cabinet de S A. R. M'' le duc d'Aumale. — Original de la main de Cherré.
[A M. DE NOYERS.]
' De Tarascon, ce 7° jiiilipl 16/12.
Je VOU.S envoie une lettre dont vous dires le nom de celuy qui vous
Tescrit en trois lettres S après que vous Taures leue. Je Tay ouverte
pour voir ce qu'il vous mande, croyant que ce fust quelque chose de
conséquence.
De Loynes mande que le bonhomme commandeur des Goûtes Iuy
a escril , qu'il craint que l'armée navale ne manque de poudres à cause
de celles que le chevalier de Cangé a consommées, et qu'il seroit né-
cessaire d'en avoir un magazin à Barcelonne; à quoy vous avés desjà
pourveu. Le dict de Loynes mande c|u'il y a cinquante miliers de
poudre à Arles, et autant à Narbonne, qui sont destinez pour la mer;
que pour ceux qui sont en Arles, il a prié M' Amoul de les envoier
([uérir; mais que, pour ceux qui sont à Narbonne, elles sont entre les
' On sait le proverbe dont Molière a l'ait un piquant emploi.
I
16 LETTRES
mains du garde de l'arcenal nommé du Cos, qui en a donné son récé-
pissé, et promis de ne les deslivrer que par mon ordre. Je vous prie
de me mander si la dicte poudre est encores aux lieux cy dessus, et si
les cinquante miliers que M''le Grand Maistre a envoyez à Barcelonne,
pour l'armée navale, sont ceux qui estoienl à Narbonne entre les mains
du d. du Cos, garde de l'arcenal, ou si s'en sont d'autres; enfin ce
que sont devenus les cent miliers de poudre; et s'il y en a encores ou
en Arles ou à Narbonne. Je vous prie d'envoier promptement ordre à
ceux qui les ont en garde de les faire conduire en diligence à Barce-
lonne, entre les mains de celuy qui a desjà celles que vous y avés
faict porter, dont vous donnerés avis à M' d'Argemon.
' Je crains bien aussy que nostre armée ne manque de boulez après
un sy grand combat que celuy qu'ilz auront faict. Si vous sçavés le
moyen d'y donner ordre vous me ferés un très-grand plaisir.
X.
Manuscrit du cabinet de M'' le duc d'Aumale. — Original de la main de Cherré.
Bibl. imp. Fonds Saint-Germain-Harlay, 35 J, fol. lii. — Copie. —
Saint-Germain, 1023, fol. 83. — Copie. —
Missions étrangères, 170, vol. non chiffré — Copie.
['A MM. DE CHAVIGNI ET DE NOYERS?]
DcTarascoii, ce 7' juillet i64î.
^J'attends avec patience le succez de la demande du gouverne-
ment que vous sçavés ^ Je ne croy pas que cette affaire puisse man-
' Sans suscription. (Voy. la notes de la que Mortemart rendait, en ce moment,
page 3.) à Richelieu, auprès du roi : «la propo-
Ce premier paragraphe manque dans sition du gouvernement de Touraine , pour
l'original; c'est sans doute sur une mi- M' de Mortemart, a esté faite au roy (disent-
nute que la copie a été prise. ils), S. M. a remis la résolution de la
' Une lettre signée « Ciiavigni et de chose à monseigneur. » Nous lisons dans
Noyers , » du 8 juillet , explique cela ; il s'a- cette même lettre : > S. M. a grande impa-
gissait de récompenser les services secrets lience d'estre à Fontainebleau , et d'y voir
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
17
quer'; l'exemple de messieurs de Lesdiguieres et de Roussillon^ la
favorisent.
Monsieur de Thou, pour le premier interrogatoire, a suivy le stile
de tous les criminels, niant tout absolument.
Tay de l'impatience de sçavoir ce qu'aura faict Monsieur, et s'il don-
nera une bonne déclaration; ce que je désirerois grandement, car,
s'il fournissoit le traicté général faict en Espagne , et l'association par-
ticidière faicte entre lui et messieurs de Bouillon et le Grand, le pro-
cès scroit aisé à faire. Sans ces pièces on aura une claire cognoissance
du crime, mais il sera diflGcile de le justifier en un procez.
Monsieur de Chazé a fort bien interrogé monsieur de Thou et asseu-
rement il n'est pas incapable; mais, pour la conduite du général de
fallàire, il nous faut, à mon advis, monsieur de Lauzon, estant besoing
qu'un commissaire qui aura cette charge soit capaljle de philosopher
et songer pei-pétuellement aux moyens qu'il devra tenir pour venir à
ses fins.
Quand monsieur de Bouillon sera à Pignerol , je crois qu'il le fault
faire interroger par monsieur le Tellier; mais tout cela présupose que
nous sçachions ce qui se fera premièrement avec Monsieur.
Si ceux qui sçavent beaucoup de particularitez de cette affaire vou-
ioient estre alléguez, on n'auroit pas tant de peine; mais la raison veult
qu'on choyé ses amis , et qu'on s'en serve selon leurs gousts. Avec le temps
monsieur de Schomberg seroit nécessaire de deçà, car, outre qu'il
sçait quelques particularitez, il y a apparence que si monsieur le Grand,
estant resserré comme il est maintenant plus qu'il n'estoit, estoit pressé
monseigneur pour qui il a plus d'affection
que jamais.» (Autographe de Chavigni.
Arch. des Aff. étr. France, juin-août,
fol. iga.)
' Chavigni avait écrit au cardinal le 4 :
« M' de Mortemarl fera ce soir la demande
du gouvernement; il est serviteur de Son
Eminence, très adroit et très fidèle, il
mérite cette reconnoissance. »
CAKDm. DR niCHELIEC. — Ml
' Dans la même lettre nous lisons : « Le
roy a dit aujourd'hui à M. de Tournon
qu'il donno!t la lieutenance de roy de
Dauphiné à M. le comte de Roussillon; le
pauvre honmie a esté si surpris de joye
qu'il ne pouvoit parler. Il sçait à qui il a
l'entière obligation de cette grâce, et en
est tout à fait reconnoissant. » ( Arch. des
Aff. étr. Voy. ci-après, p. 19, 2' sous-note.
3
18
LETTRES
par un commissaire, son humeur le porteroil peut estre à parler au
dict s' de Schomljerg ' ; mais il fault attendre la prise de Perpignan
que monsieur de la Meilleraye juge devoir estre bientost, si le marquis
de Brèzé a esté assez heureux pour gaigner un grand 'combat naval ,
selon les espérances qu'en donnent les premières nouvelles qui sont
venues de la mer ^.
J'espère que le temps apportera l'esclaircissement que nous deman-
dons, et que le service du roy requiert en cette affaire.
Un cappitaine du colonnel Monty va trouver M"' de Noyers. Par son
discours M"' de la Mothe désire que ce régiment repasse de deçà. Gela
estant, je ne suis pas d'advis qu'il repasse cette année en Italie, mais il
est beaucoup meilleur qu'il achève cette campagne deçà les monts ou
en Guyenne, ou en Bourgongne, où il sera proche de la Ghaujpagne,
pour servir s'il en est besoing.
Monsieur de Noyers sçaura la volonté du roy, et luy donnera ses
ordres conformément.
Le d. cappitaine dit que le marquis de Leganez n'avoit point
d'ai'mée, qu'il n'a pas plus de quatre mille hommes d'infanterie payée,
et que Tortoze s'emportera fort aisément.
' Deux jours après la date de la pré-
sente missive, le 9 juillet, Richelieu ré-
pondant à une lettre du maréchal de
Schomberg, lui disait : «Lorsque le siège
de Perpignan sera fini , vous me lerés plai-
sir de venir icy le plus tost que vous
pourrés, et M' le cardinal de Mazarin vous
ira rencontrer devant que vous arriviez à
Montpellier, pour aviser à ce qu'il faudra
faire selon l'ouverture qu'en a faite le
présent porteur. » C'était sans doute un
homme envoyé par Schomberg à [\icheheu
qui remportait cette réponse; mais quelle
ouverture cet homme était-il venu faire ?
( La lettre adressée à Scliomberg sera notée
aux Analyses.)
^ Une note de la main de Charpentier
porte que M. d'Argenson a envoyé une
lettre du chevalier de la Lande , de Barce-
lonne, le 1" juillet, laquelle confirme le
bruit de cette victoire navale , et en donne
les détails. Le maréchal de la Meilleraie
en envoyait de son côté des nouvelles. La
note de Charpentier, non datée , est classée
dans le manuscrit de M*' le duc d'Aumalc
entre le 6 et le 7 juillet.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
19
XI.
Arch. des Aff. étr. France, 1642, juiii-aoùt, fol. lyû. —
Original, sans signature, de la main de Cherré.
Bibl. inip. Fonds Saint-Germain-Harlay, 35 1, fol. i^i. — Copie. —
Saint-Germain, 1028, fol. 82. — Copie. —
Missions étrangères, 170, vol. non cliiffré. — Copie.
[AU ROL]
De TarascoTi, ce 7' juillet i6'u.
Ayant sceu par monsieur de Chavigny la nouvelle descouverte qu'il
a pieu au roy faire du mauvais desseing que monsieur le Grand
avoit à Lyon contre moy', et l'indignation ([ue Sa Majesté en a conceue,
' 11 est nécessaire, pour mettre le lec-
teur au fait, de rapporter ici ce passage
d'une lettre de Ciiavigni , qui accompagnait
toujours le roi dans son retour vers Saint-
Germain. La lettre adressée au cardinal
est datée de Valence , le 4 juillet , et lui
rend compte de la scène vraiment curieuse
qui se jouait en ce moment à son profit :
« Mortemart a dit tout au long au roy le
coup qu'on avoit manqué à Lyon, et ce
que M. le Grand avoit dil , voyant S. Em.
malade. Le roy n'a pas manqué aussytost
de rapporter ce discours mot à mot à moy,
et je crois qu'il en a fait de mesme à
M. de Noyers. Le roy m'a commandé
expressément de le faire sçavoir à S. Eni.
et luy dire qu'il croyoit M. le Grand assez
détestable pour avoir eu une sy horrible
* Quelle apparence qae Cinq-Mars , quelque léger
qu'il lut, ait dit une pareille chose a un homme qui
non-seulement n'était pas son ami, mais qu'on pou-
vait croire une créature du cardinal.
•* La lettre de Chavigni est aux arch. des Aff.
étr. en minute (France, loi 2, juin-août, fol. i6i>),
pensée, et qu'il se souvient (|u'il avoit à
Lyon plus de cinquante gentilsliom. (jui
dépendoient de luy. Qu'un sy damnable
dessein estoit seul capable de le porter à
l'extrémité contre luy, et qu'il falloit luy
faire son procès jusqu'au bout. Mortemart
a adjousté encore que M. le Grand luy
avoit dit * que , si Monsieur fust arrivé à
Lyon , l'afTaire estoit faite. Sur quoy le roy
dit merveilles contre luy. On n'a rien
oublié pour entretenir S. M. en belle hu-
meur. Ensuitte de tout ce que dessus, le
roy a répété plusieurs fois que M. le Grand
estoit le plus grand menteur du monde. Je
l'ay fait encore souvenir, à ce propos, des
sermens qui furent faits à Ruel de part
et d'autre. . . il me semble que le roy est
demeuré très-satisfait". « Or ce dont le roi
chiffrée sans déchiffrement. Mais j'en ai rencontré à lu
Bibl. imp. trois copies en clair, fonds Saint-Germain-
Harlaj, 35i, fol. i35 v°. — Saint-Germain, 1028,
fol. 76; cl Missions étrang. fol. 170. La copie de
Saint -Germain présente quelques légères diffé-
rences.
20 LETTRES
je ne puis que je ne luy en tesmoigne le ressentiment que j'en ay.
J'avoue qu'il estoit aisé à monsieur le Grand d'exécutter son des-
seing, du quel je ne me fusse jamais douté, ne croyant pas qu'il eust
esté assez nieschant pour se résoudre à se souiller du sang d'un car-
dinal qui, depuis 26 ans, a, par la bénédiction de Dieu, assez heu-
reusement servy son maistre, et qui sera tousjours prest de mettre
mille vies, s'il les avoit, pour son advantage.
Plus la malice de ce malheureux esprit est grande, plus la bonté
de Vostre Majesté paroist elle. La raison veut bien que les roys pro-
tègent leurs serviteurs, mais c'est la bonté de son naturel qui a faict
qu'elle m'a protégé avec chaleur en toultes les occasions qui s'en sont
présentées. Quelles que puissent estre mes paroUes en ce sujet, mon
ressentiment sera bien plus grand. Toutes les actions de ma vie le
feront paroistre , ne désirant la santé que pour tesmoigner à Sa Ma-
jesté, et à tout le monde, que je ne veux point estre à moy, pour
estre entièrement à elle.
se hâte de faire informer le cardinal, c'est qu'on lui fait jouer. On pourrait trouver
précisément ce que le cardinal avait, en un côté plaisant à cette comédie, si ce
secret, chargé Mortemart de rapporter au n'était pas le bourreau qui en dût faire le
roi. Et Richelieu entre aussitôt dans la dénouement. La lettre de Chavigni est con-
comédie, comme on le voit par les pre- servée aux Afl. étr. France, juin-août,
miers mots de la présente lettre. Rien loi. i65, en minute chiffrée; des copies
d'ailleurs n'égale la perfidie du langage en clair se trouvent à la Bibl. imp, dans
qu'on tient au roi, si ce n'est peut-être la les trois mss. cités aux sources,
naïveté avec laquelle le roi remplit le rôle
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
21
XII.
Manuscrit du cabinet de S. A. R. M'' le duc d'Aumale. —
Original de la main de Cherré.
Bibl. imp. Fonds Saint-Germain-Harlay, 35 1, fol. i4o v°. — Copie. —
Saint-Germain, 1023, fol. 81. — Copie. —
Missions étrangères, 170, vol. non chiffré. — Copie.
[A CHAVIGNI OU DE NOYERS'.]
De Tarascon , ce 7 juillet 1 643.
Plus je pense et repense à l'airaire de la conjuration de messieurs
le Grand, de Bouillon et de Monsieur, plus je reconnois qu'une dé-
claration ingénue et entière de Monsieur seroit nécessaire. Partant, je
vous fais ce billet pour vous dire que si on peut l'avoir telle, en-
accordant à Monsieur quelques conditions plus advantageuses que
celles qu'on s'est proposé , je crois qu'il ne fault pas perdre l'occasion
d'avoir la dicte déclaration, qui emporte avec soy la dellivrance du
traicté faict en Espagne, et de l'association faicte en France.
S'il n'y a point d'espérance d'avoir une telle preuve de la conjm-a-
tion, il fault suivre ponctuellement les premiers projects ; mais, si on
la peut avoir, de l'argent davantage, et quelques autres conditions que
le roy jugera n'estre pas préjudiciables peuvent et doivent estre accor-
dées; tout est remis à la prudence du roy et de ceux qui ont l'honneur
d' estre auprès d'Elle*.
' L'original ne porte point de suscrip-
tion. Les copies mettent en tête : c A M. de
Chavigny. i (Voy. la note 2, p. 3.)
' Le jour même où Richelieu écrivait
cela. Monsieur mandait à Chavigni : «Je
ne puis desavouer d'avoir failli , la confes-
sion que j'en envoie en est la preuve ..
Je me résous de faire toutes les choses
dont je m'aviseray et que vous me con-
seillerez. . . Je vous conjure d'ouvrir à la
Rivière les voies qu'il faut qu'il tienne
près du roy et de S. Ém. pour obtenir que
je ne sorte point de l'Estat. Il n'y a point
de condition , ny de demeure que je refuse
pour cela.» (Arch. des Aff. étr. France,
1642, de juin-août, fol. 177.) On verra
qu'en effet Gaston se soumit à tout ce qu'on
exigea de lui ; mais en ce moment on se
fiait peu à ces promesses , et on prenait des
mesures en conséquence. De Noyers et
Chavigni écrivaient de Lyon , le 8 , au
cardinal : » On dit que M. est allé à
22 LETTRES
XIII.
Arch. des Aff. étr. France, i642, juin-août, fol. 191. —
Original, sans signature, de la main de Cherre.
A MM. DE CHAVIGNY ET DE NOYERS.
Du 8 juillet 1642.
Je suis extresmement aise d'avoir veu par vos lettres la bonne dispo-
sition de l'esprit du roy en mon endroit.
Mais je suis très fasché que sa santé n'est pas encore restablie jusques
au point que ses vrais serviteurs la désirent.
Quant à la mienne, chaque jour y faict trouver du changement.
. J'ay esté cinq ou six jours que la faculté me croyoit proche de ma
guérison; enfin l'ancienne piaye du ply du bras, dont les chairs sem-
bloient prestes à cicatrizer, s'est rouverte, et il s'est trouvé ce matin
qu'elle estoit plaine de chairs fongeuses dans les quelles, mettant la
seringue, l'injection a passé par la playe d'en hault. Maintenant ils font
estât de m'y mettre im ceton, à quoy je me résouds, tant j'ay envie
de guérir et d'estre en estât de servir le roy. Entre nous trois,
M. Juif est un chirurgien comme un autre, capable de grandes béveues.
Je vous prie n'en parler point à la cour, mais certainement je ne
voudrois pas qu'un de mes amis fust pansé par luy seul.
Je ne vous escris rien sur les affaires, parce qu'il faut voir ce
qu'aura faict la Rivière devant que de prendre ses mesures.
Aigueperce . . . on attend ce soir la Ri- Paris, le 9 : «L'affaire de Monsieur tient
viere . . . Nous préparons toutes choses les esprits en suspends . . . tous les passages
pour faire partir demain les troupes de sont fermés ; on a fait défense de luy rien
M. de Noailles. » (Orig.de la maindeClia- payer, aux receveurs des biens de Made-
vigni, au fol. 192 du ms. que nous ve- moiselle et à l'espai-gnc. •
nons de citer.) Henri Arnauld mandait de
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 23
XIV.
Manuscrit du cabinet de S. A. B. M^' le duc d'Aumale. —
Original de la main de Cherré.
Arch. des AIT. étr. France, iG^a, juin-août, fol. nj-j. —
Minute de la même écriture.
[A MM. DE CHAVIGNI ET DE NOYERS \]
DeTarascon, ce g juillet 1612.
La conclusion du combat naval a esté que les ennemis ont perdu
deux de leurs grands gallions et trois de leurs bruslots consommés
inutilement.
Et nous avons perdu le vaisseau du ch'" de Cangé ^.
Ainsy un de leurs grands gallions estant entre nos mains, il se
trouve que nous avons autant de vaisseaux de combat que nous avions,
et que les ennemis en ont perdu deux. Et, ce qui est à remarquer,
est que nos gallères n'estoient point au combat, ce qui nous doit faire
espérer que , s'y trouvant en une autre occasion , nous serons encores
plus heureux.
La personne du s' de Cangé est une grande perte.
Ayant leu les avis de l'amy Espagnol , envoyez par M' d'Argençon ,
je ne veoy rien à faire pour asseurer le siège de Perpignan que de for-
liffler M' de la Melleraie du régiment de Mouty dont M' de la Motte
demande d'estre affoibly.
Toutes mes playes sont maintenant en ime. H y a un ceton passé,
et les tentes qu'on met des deux costés se touchent.
' L'original manque de suscription, mais lion espagnol qui brûlait, les deux vaisseaux
Cherré a écrit au dos de la minute : « A Curent incendiés. La gazette du 26 juillet
M" de Chavigny et de Noyers, secrétaires en donne la nouvelle en parlant du combat
d 'estât. • (Voy. ci-dessus, p. 3.) naval livré devant Barcelonne, dont elle
' Le galion que commandait le chevalier avait déjà annoncé le succès le 12 et le
de Cangé s'étant trouvé accroché à un ga- 19 juillet.
24
LETTRES
Le fds de M"^ de Chavagnac est pris luy sixiesme, le reste de sa
troupe s'estant retiré en Auvergne le jour de devant sa capture.
XV.
Bibl. inip. Fonds Saint-Gcrmain-Harlay, 35 1, fol i53 v°. — Copie. —
Saint-Germain, lo-îS, fol. g5. — Copie. —
Missions étrangères, 170, vol. non chiffré. — Copie.
MÉMOIRE DONNÉ A M. DE CHAVIGNY,
S'EN RETOURNANT TROUVER LE ROT '.
De Taïascon , le i3 juillet iC42.
Autre chose est cognoistre un crime et autre le pouvoir prouver
en justice. Le roy sçait que le crime de monsieur le Grand, et celluy
de monsieur de Bouillon, ne peut estre plus clairement cogneu qu'il
est; si on peut vérifier ledit crime, en justice, des sieurs de Bouillon
et de Cinq Mars, sans l'intervention de Monsieur, je croy qu'il le fault
laisser aller à Venise; mais si son intervention est nécessaire^, le roy
' Chavigni , retournant auprès du roi ,
joignit S. M. à Roanne, et, de concert
avec de Noyers, écrivit au cardinal une
lettre datée dir 1 6 , où nous lisons : « Le
roy a approuvé entièrement l'advis que
Monseigneur luy a donné sur les affaires
de Monsieur. » Chavigni disait à la fin :
n Le roy part demain avec très grande
joye pour Fontainebleau. 1. L'autographe
de Chavigni est conservé aux Affaires étran-
gères, France, juin-août, fol. 22g. En
même temps Louis XIII écrivait à son
frère qu'une confession entière pouvait
seule le sauver. Nous trouvons la minute
de cette lettre du roi à la Bibliothèque
impériale, fonds de Béthune , gSSy,
fol. 59.
' Chavigni écrivait à ce sujet, au duc
d'Orléans , une lettre , dont la minute au-
tograph . se trouve aux Affaires étrangères ,
mais qui est en réalité une lettre de Ri-
chelieu lui-même , ainsi que nous l'apprend
cette note mise au dos : « Lettre que je
pourrai escrire à Monsieur , après en avoir
eu la permission du roy. » — Dictée mot
à mot, à Tarascon, par Monsg' le cardi-
nal, le 12 juillet i6da.»
« Monseigneur,
i Le roy m'a commandé de vous escrire
qu'au cas que vous paracheviés de con-
vaincre ceux qui vous ont voulu perdre,
en perdant Testât, par la dernière conju-
ration à laquelle ils vous ont porté avec
l'Espagne, en sorte qu'il n'y ait point de
difficultés à leur procès , il vous permettra
de demeurer à Blois, en réglant vostre
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 25
luy peut faire sçavoir que, pourveu qu'il fasse tout ce qu'il faudra
pour faire chastier des meschans qui l'ont voulu perdre en perdant
Testât, il luy penuettra de demeurer particulier' .en ce royaume,
aux conditions qu'il luy prescrira, qui est ce qu'il demande. Cepen-
dant avant de luy rien accorder, il fault que luy et quelques uns
des siens soient confrontés le plus noblement que faire se pourra
aux criminels, en sorte que la preuve de leur crime soit complette,
et cela doit estre faict promptement; et Monsieur ne peut appré-
hender cette confrontation^, parce que, la faisant hautement comme
il faiJt, elle passera pour im acte de la honte d'un prince qui tasche
de vouloir sauver* ceux qui se trouvent en peine avec luy.
Par exemple, quand on amènera M"" le Grand au lieu où sera
la personne de Monsieur, Monsieur luy doit dire : M' le Grand,
bien que nous soyons de différente qualité, nous novis trouvons en
mesme peine, mais il faidt que nous ayons tous recoiu-s au mesme
remède.
J'ay confessé nostre faute et suplie le roy de me la pardonner, c'est
à vous d'en faire autant. Ou M' le Grand prendra le mesme chemin
et demeiu"era d'accord de ce qu'aura dit Monsieur, ou il voudra faire
l'innocent; auquel cas Monsieiu- lui dira : Vous m'avez parlé en tel
lieu , vous m'avez dit cela ; vous vinstes de Saint-Germain me trouver,
en mon escurie, avec M' de Bouillon, tel etmoy, tels et tels, là nous
maison selon qu'il estimera à propos pour
vostre bien , celuy de Testât , et pour em-
pesclier que de mauvais esprits ne puissent
plus vous porter à de pareilles fautes à
celles que vous avés commises. Sa Majesté
m'a commandé de vous en bailler sa pa-
role et celle de S. Em. à qui il commande
de vous servir auprès d'elle , en l'exécution
d'icelle, aux susdites conditions. (France,
i6/i2 , juin-août, fol. 217.)
' La pièce jointe aux mémoires de Mon-
trésor met • particulièrement,» c'est une
faute qui dénature le .sens. Les copies dont
on s'est servi pour cette compilation sont
fréquemment incorrectes.
* Monsieur, au contraire, s'est toujours
refusé à l'huniiliation de porter témoi-
gnage en face de ses complices; le chan
cclier Séguier trouva un subterfuge pour
donner à une simple déposition la valeur
judiciaire d'une confrontation.
' La confrontation allait sans nul doute
à la perte des accusés. On ne comprend pas
que Richelieu ait pu faire sérieusement une
telle argumentation et y insister comme il
fait ici.
CARDIN. DE RICHELIEU.
26 LETTRES
formasmes l'union qui estoit entre nous pour faire la guerre au roy
conjoinctement avec le roy d'Espagne, où il fut résolu que Fontrailles
iroit, ce qui fut faict depuis; ensuite Monsieur dira tout le reste de
l'histoire.
Il fera de naesme lorsqu'on lui amènera M"' de Bouillon. Faisant ouïr
ensuitte le comte de Brion, et autres qui auroient cognoissance des
crimes, et ausquels il voudra faire pardonner. Il faidt aussy que Mon-
sieur déclare au roy tous ceux qui dévoient estre de ce party, soit
d'espée ou de robe longue.
Cela fait, Monsieur renonçant au gouvernement d'Auvergne, à ses
compagnies de gens d'armes et chevaux légers et consentant le règle-
ment^ de ses gardes, et desclarant qu'il ne prétendra jamais charge,
employ ou administration dans le royaume , en quelque temps et en
quelque occasion que ce puisse estre, Sa Majesté luy peut accorder
de vivre particulier à Blois, avec le train dont il sera convenu, sans
jamais pouvoir avoir aucune personne auprès de luy que Sa Majesté
luy tesmoigne luy estre désagréaljle , mon d. sieur se soubmettant
de deschoir de toute la grâce que le roy luy aura accordée s'il con-
trevient en aucune façon à la moindre de ces conditions.
Mais il n'est point besoin maintenant de faire sçavoir que le roy
désire toutes ces conditions de luy; il suffira de luy dire, en général,
qu'ayant convaincu ceux qui l'ont voulu perdre, le roy luy permettra
de demeurer en France, à certaines conditions qu'il advisera. Monsieur
se contentera présentement de cette promesse, et lorsqu'il sera temps
de l'exécuter on l'expliquera.
Après avoir bien philosophé sur celte affaire, qui peut estre celle
de la plus grande importance qui soit jamais arrivée dans le royaume ,
de cette nature, j'estime que M"^ le chancelier peut venir à Lyon pour
esviter toutes les acroches qui arriveront s'il n'y est point. M"' de Ma-
rillac fut à Nantes au procès de Chalais, M'' de Chasteauneuf à Thou-
' Cette leçon des manuscrits n'est pas contradiction avec ce qui suit : c vivre en
très-claire; mais celle du recueil de Mon- particulier, »
trésor, « conservant le régiment , » est en
. DU CARDINAL DE RICHELIEU. 27
louze à la mort de M. de Montmorency, et M"" de Bellièvre à Paris
au procès de M. de Biron.
L'auctorité et l'intelligence qu'ont ces messieurs des formes de jus-
tice est tout à fait nécessaire.
Il est à propos qu'il plaise au roy laisser à Lyon quelques compa-
gnies de ses gardes Françoises et Suisses et cent chevaux de ses gens
d'armes et chevaux légers; c'est chose du tout nécessaire, parce qu'il
faudra souvent mener d'un lieu à l'autre les prisonniers, ce qui ne se
pourroit faire seurement^ que parce aussy qu'il faidt qu'il y ayt quel-
que corps de trouppes qui puisse estre considéré de Monsieur, et avec
le quel on le puisse pousser s'il manquoit à sa paroUe.
Il faut aussy faire approcher les gens d'armes de Maurevert, ceux
de Pompadour, et les carabins de la Roque, qui sont en Bourgongne.
11 est besoing que M"" de Chavigny fasse mettre au bas de toutes
les pièces du traicté d'Espagne : Nous, Gaston, etc. certiffions que le
contenu cy-dessus est la vraye coppie du traicté original que Fon-
trailles a passé en Espagne avec le Comte-duc.
Que le contenu cy-dessus est la vraie coppie de la déclaration que
M' de Bouillon, M' le Grand et moy avons donnée à Fontrailles pou-
voir de faire remplir des noms des dicts sieurs de Bouillon et le Grand,
à M' le Comte-duc, après qu'il auroit passé le traicté avec luy, au quel
traicté ils ne sont exprimés que sous le nom de etc.
Il faut aussy que M. de Chavigny retire la lettre que M. de Bouillon a
envoyée à Monsieur pour le faire recevoir à Sedan ; enfin il est besoin
qu'il adjuste avec M' de la Rivière , et M' dé la Rivière avec Monsieiu-,
tous les moyens de rendre la preuve la plus complette qu'il povu-ra,
puisque de là seuUement deppend sa demeure en France.
Si Monsieur s'opiniastre de demeurer en France auparavant que de
voir M' le Giand face à face, je croy que le roy luy peut permettre
de venir à Trévoux , qui est sur la frontière , où on pourra luy faire
faire les mesmes choses et bien plus commodément que s'il demeuroit
' La phrase est défectueuse dans les semble qu'on doit lire : » Tanl parce qu'il
deux manuscrits, et dans Montrésor, il • faudra, etc. »
28 LETTRES
à Anlcy. Et au cas qu'il ne donne pas à Sa Majesté la satisfaction
qu'il doit et qu'elle peut désirer, on le pourra aisément faire sortir du
royaume suivant la résolution qu'elle a prise '.
Muni de cette instruction, Chavigni retourna trouver le roy; on négocia avec
Monsieur, et l'abbé de la Rivière signa, à Fontainebleau, le 2 août, au nom de
son maître, un écrit où nous lisons :
.' Au cas qu'il plaise au roy promettre par escrit de remettre son
A. R. en France, à dans la jouissance de tout son appanage avec
une déclaration pour le pardon de sa faute, vérifiée au parlement
S. A. R. m'a commandé de donner sa paroUe au roy qu'il recognoistra ,
devant M"^ le chancelier qui le viendra trouver à Trévoux ou Ville-
franche avec une lettre de S. M. que ce qu'il a escrit dans faveu de
sa faute est vray, et il recognoistra aussy le traicté faict avec
TEspagne Monseigneur m'a commandé aussy de dire qu'il désire
le secret en cette affaire.
Et à la suite vient la déclaration du roi qui accorde à son frère ce qu'il de-
mande, au cas qu'il exécute de point en point ce qu'il a promis.
XVI.
Arch. des AIT. étr. France, 16^2 , juiu-aoùt, fol. 218.
Minute de la main de Chorré.
AU ROY,
Dn 1 3 juillet 16 '12.
J'ay donné par escrit à M' de Chavigny tout ce que je pense sur
l'affaire de Monsieur. Il importe extresmement de bien achever.
' 11 y a ici une confusion tout à fait inin- l'écrit signé par l'abbé de la Rivière ; la
telligente dans les manuscrits : après les distinction est rétablie dans les pièces im
mots «qu'elle a prise,» ils mettent une primées, Métn. de Montrésor, p. 225.
virgule et ils continuent avec le texte de
pu CARDINAL DE RICHELIEU. 29
On a descoiivert une grande cabale que les gens de M'' le Grand
faisoient pour le sauver. Pruges est pris, le s' Siongeac et d'autres.
On tascliera de descouviir ceux qui estoient de cette intelligence
dans la citadelle et qui donnoient moyen au prisonnier d'escrire'.
Tout ce qui se pourra de deçà pour le service de Sa Majesté sera
fidellement exécutté.
La tendresse qu'il plaist au roy me tesmoigner avoir pour sa fidelle
créature et me promettre pour tousjours à l'avenir, me redonne la vie
et ne facilitera pas peu ma santé, que je ne désire que pour faire voir
à Sa Majesté de plus en plus la plus tendre , la plus ardente et la plus
fidelle passion que jamais créature ayt eue pour son maistre.
XVII.
Bibl. imp. Baluze, pap. des arni. leltr. paq. i, h° i, p. 106. —
Original de la main de Clierré. —
Saint-Gerniain-Harlay, 35 1, loi. ili-j. — Copie. —
Saint-Germain, ioa3, fol. 88 v°. — Copie. —
Missions étrangères, 170, volume non chiffré. — Copie.
SUSCRIPTION :
A MONSEIGNEUR LE DUC D'ORLÉANS,
FRÈRE DMQDE DD ROY.
1 3 juillet.
Monseigneur,
J'ay esté extresmement aise d'apprendre par la lettre qu'il vous a
'« S. M. estimequ'il faut changer l'exempt
et les gardes qui sont auprès de M. le
Grand, parce qu'il ne peut avoir escrit sans
leur participation ; elle a esté très-surprise
des billets que je luy ay fait voir, et a tes-
moigné une grande apréhension qu'il ne
se sauvast ; elle m'a commandé de conjurer
S. Ém. d'y faire plus grande garde que
jamais. • (Lettre autographe de Chavigni,
ms. cité aux sources, fol. a/ii.) Et dans
une autre lettre du même jour, Chavigni
disait encore : « Le principal entretien du
roy maintenant est de l'énormité du crime
des conjurés et des moyens de les con-
vaincre ; il nous a commandé de vous
envoyer deux lettres qui peuvent servir à
l'instruction». . . « V. Ém. trouvera jointe
à la présente lettre un mémoire de M. de
Bouillon , sur quoy le roy nous a dit à l'o-
. reille que Sedan valoit bien une abolition.
30 LETTRES
pieu m'escrii-e \ et par M' de Chavigny et M"" de la Rivière , que Vostre
Altesse prend le vray chemin qu'il faut pour se tirer du malheur et du
crime où les ennemis de Testât et du roy l'avoient précipitée. Je ne
doute point, continuant comme elle a commancé, f[u'elle ne reçoive
des effects de la bonté de Sa Majesté. — Je tiendray à faveur de vous
y servir, dans les termes de ce que je doibs au roy et à Testât , et
m'y porteray d'autant plus volontiers que j'oublie sans peyne les pro-
jects qui se font contre moy; pourveu qu'en ce faisant je ne préju-
dicie point aux intérests publics. Vous le cognoistrés tousjours. Mon-
seigneur, et que je suis véritablement.
Monseigneur,
de Vostre Altesse,
Le très Immble et IrîiS obéissant serviteur.
De Tarascon, ce i 3^ juillet i64'i.
XVIII.
Cabinet de S. A. R. M*^' le duc d'Auniale. — Original de la main de Cherré.
[A M. DE NOYERS.]
De Tarascon, ce i4' juillet 16/I2.
M' le chancelier m'escrit que l'on continue la levée des sergens, et
qu'ilz proposent, pour s'exempter de servir en personne, de donner
un homme à leurs despens, dont ilz respondront. Je trouve que cet
mais que pour M' le Grand il ne luy par- heureusement pour lui Cinq - Mars n'avait
donneroit jamais, et qu'il l'ahandonnoit pas de Sedan à donner au roi pour une
aux juges pour en faire selon leur cons- abolition.
cience. » Cette lettre, signée de Chavigni ' La lettre de Monsieur, datée d'Ai-
et de de Noyers, est de la main de ce der- gueperce, le 7 juillet, se trouve en copie
nier. (Même ms. fol. 247.) Ainsi on était dans les manuscrits précités de Saint-Ger-
parvenu à faire de Louis XIII le plus ar- main, fol. 86, et Saint- Germain -Harlay
dent accusateur de son ancien favori. Mal- fol. 1^5.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 31
expédient est fort bon et qu'on le peut recevoir, mais je n'estime pas
qu'on doive s'en servir cette campagne, à cause qu'elle est fort avancée
et que les hommes que donneront lesdits sergens ne peuvent estre
assemblez et conduictz dans l'armée qu'elle ne soit preste de se retirer
pour se mettre en garnison, ce qui apporteroil grande despense aux
sergens sans qu'on en tirast aucun avantage.
Il vaudroit mieux, ce me semble, réserver cette levée pour la cam-
pagne prochaine, et faire sçavoir dans les provinces, à tous les sergens
en général, de se tenir prestz pour y aller ou envoler servir, ainsy
qu'ilz le proposent. Vous sçaurés, s'il vous plaist, la volonté du roy
sur ce sujet, et la ferés sçavoir ensuite à M"" le chancelier.
S'il survient quelque chose vers la Champagne et la Picardie,
qu'on ne juge pas maintenant, il ne faut point différer lad. levée
de sergens. Je me remetz de cela à ce que vous en apprendrés de
delà.
XIX.
Cabinet de S. A. R. M^ le duc d'Auinale. — Original de la main de Clierré.
Arci). des Aff. élr. France, i642 , juin-août, fol. 226. —
Minute, même écriture.
A MM. DE CHAVIGNI ET DE NOYERS'.
De Tarascon , ce i5 juillet i6i2.
Si, par hasard, mon mal ne m'eust retenu en ce lieu, on peut dire
avec vérité que M. le Grand ne seroit plus à Monpellier, et qu'il se
seroit sauvé.
Les prisonniers que nous avons ont enfin tout déclaré.
11 a escrit et receu des lettres tant qu'il a voulu.
Son cordonnier, son blanchisseur et son boulanger, qui estoient
' Point de suscriplion ; mais au dos de la minute on lit , de la main de Cherré : 1 A
M" de Chavigny et de Noyers •
32 LETTRES
dans la ville, portoient les lettres, et les siens qui estoient dans la ci-
tadelle les recevoient et les luy donnoient.
Les confidens de dehors qui menoient la trame sont Sionjac et
Prugues. Prugues est pris. Nous sommes après à attraper Sionjac, qui
s'est longtemps retiré à Sommière, avec un lieutenant du régiment des
gardes, tellement attaché à M' le Grand qu'il recherche avec les
siens les moyens de le sauver.
Le dessein de M"' le Grand estoit de sortir la nuict de sa chamhre
par le moyen des gardes du corps qu'il a gaignés , que les prisonniers
croyent estre en bien plus grand nombre que ce qu'ils cognoissent.
Ceux qu'ils ont déclaré cognoistre de ceste faciende sont un nommé
Rodes, et l'autre Carpentier, lesquels seront arrestés aujourd'huy.
M. le Grand n'attendoit plus qu'à faire gaigner par ses gens quel-
ques soldats de la citadelle pour favoriser sa dessente dans le fossé
tout du long d'un bastion; Sionjac avoit des coureurs pour luy.
On a averty M. Céton de toute cette descouverte, et l'y a-t-on bien
recommandé de redoubler ses soins.
Comme il est extresmement fidelle, il est peu soupçonneux, et
ne croyoit pas que M. le Grand eust peu escrire n'y recevoir des let-
tres, et n'entroit en aucun soupçon des gardes, bien que nous crai-
gnions ^:ju'il y en ayt beaucoup de gaignés, auxquels M. le Grand a
faict croire des merveilles par luy et par les siens.
On a donné ordre au Repaire d'augmenter sa garnison de 5o hommes
pour un mois, et de tripler ses sentinelles aux lieux par où on pour-
roit dessendre dans le fossé.
Pour conclusion, il est du tout nécessaire d'oster promptement
M. le Grand du lieu où il est.
La question est de le faire si seurement qu'il ne puisse se sauver
par le chemin, ce qui semble assez difficile veu le soupçon qu'on a
des gardes, le peu qu'il y en a et les diverses couchées qu'il faut faire
entre cy et Lyon.
Cependant je me resouds de faire ainsy qu'il s'ensuit, aussy tost
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 33
V
que, par le retour de ce courrier, j'apprendray si le roy le trou-
vera bon.
On ostera tous les gardes accusés ou suspects au S" Céton, main-
tenant que cette descouverte luy aura ouvert les yeux davantage.
J'envoyeray de Mance avec vingt de mes gardes au dict S'' Céton
pour l'y obéir en tout et partout et supléer au manquement qu'il en
aura.
Marsal ira avec trente mousquetaires à qui je feray donner des bi-
dets pour garder les dehors de tous les logements qu'il fera, posant
des sentinelles sy bien à tous les lieux par où il pourroit sortir de
son logis, qu'il luy soit impossible.
M"" de Paluau et M"' des Marestz l'accompagneront jusques à Lyon
avec neuf vingts maistres complets.
Le tout est de jetter les yeux siu- quelqu'un qui soit vigilant, actif
et un peu rude pour la garde de ce seigneur, qui, parfois, crie, tem-
peste et faict l'enragé, et d'autres fois s'adoucit, selon la diversité de
ses humeiu-s.
Nos prisonniers persévèrent à dire que Sionjac reçoit toutes nou-
velles de la cour par leurs affidés. Le roy pourra mieux pénétrer que
personne qui ce peut estre, et, si on le descouvre, son service re-
quiert qu'il y mette ordre promptement , estant du tout nécessaire de
travailler également de tous costez , et de nettoyer la cour des aflidés
de ce perfide pidîlic, qui vouloit perdre Testât et le roy tout en-
semble.
Je ne me plains point, en mon particulier, de ce misérable, tenant
à grande vanité que ceux qui en veulent au roy et à Testât commen-
cent tousjours par tenter ma ruine, parce que c'est un signe asseuré
de ma fidélité et de la créance qu'ils ont que je ne suis pas inutile à
Tun et à Tautre.
CARDIX. DE niCHELIED
34 LETTRES
XX.
Arcli. des AIT. étr. France, 16^2, juin-août, fol. 2/13. —
Original de la main de (^herré. —
La minute , écrite de la même main, est au fol. 289.
A MM. DE NOYERS ET A CHAVIGNY'.
De Tarascon, ce 17 juillet i642.
Trois choses me font faire cette dépesche; la première est pom*
vous dire qu'il vaut mieux ne changer point M'' (]éton que de parler
de delà de son changement, en sorte qu'il en puisse sçavoir quelque
chose; et, en ce cas, on se pourroit contenter de changer les gardes;
ce qui , avec le chastiment qu'il faut faire de ceux qui se trouveront
avoir esté gaignez, pourroit peut-estre contenir les choses en Testât
qu'il est à désirer.
La seconde est qu'il est du tout à propos, selon l'ouverture qu'en
a faicte M' de Chavigny, qu'il plaise au roy, aussy tost qu'il sera à
Fontainebleau ^, envoier un gentilhoiume à M"^ de Beaufort ^, avec une
lettre de la teneur suivante :
« Mon Neveu, l'instruction du procès qui se faict du s' de Cinq Mars
m' ayant faict cognoistre que le s' de Thon vous estoit allé trouver, de
sa part, pour vous embarquer en ses mauvais desseins, ce que vous
n'aviés pas voulu faire, j'ay bien voulu vous tesmoigner par la présente
que vous avés commis une grande faute de ne in'en avertir pas, et
que, pour l'amour que je vous porte, je veux l'oublier, pourveu que
vous me fassiés sçavoir sincèrement comme le tout s'est passé. Je désire
qu'en cette considération, aussytost la présente receue, vous me veniés
trouver; vous asseurant, comme je fais, qu'en me disant la vérité, vous
recevrés tout contentement en vostre voiage*. »
' Cette indication se trouve au dos de la ' Voy. ci-après, lettres du 20 juillet, des
minute. 5, 10 et 23 août, et du 3 septembre.
^ « Mieux ne changer point M. Céton. » * Cette lettre a été imprimée dans le
Ces mots sont chiffrés. Journal de Kichelieu, p. 267 de la 2' par-
.DU CARDINAL DE RICHELIEU. 35
M'' de Beaufort estant venu, il faut sçavoir bien distinctement, sans
dissimulation, ce que luy aura dit M" de Thou, de la part de qui, les
instances et solicitations que de son mouvement il luy aura falotes pour
le porter aux lins de son voiage.
Après qu'on luy aura faict dire ce qu'il sçaura, le roy l'engagera à
l'escrire et à le signer, ainsy qu'il fit à la Rivière ; et ce tesnioignage
donnera grande ouverture à convaincre M'' de Thou et M' le Grand etc.
M' de Beaufort ne peut refuser de le rendre , parce que s'il n'entroit
en cette affaire comme un honune qui dit la vérité, il y entreroil
comme accusé et criminel, pour ne l'avoir pas dit.
Il ne faudra point faire cognoistre à M' de Beaufort qu'il sera besoin
de le confronter ' .
La troisiesme chose qui cause cette dépesche est qu'estant constant
que M' le Grand a parlé, dans la maison du roy, à plusieurs dans ses
colères, dans ses passions et dans ses mauvais desseins, il est impos-
sible qu'il n'y en ayt qui ayent cognoissance de ses crimes; et partant
j'estime du tout nécessaire encores, selon l'ouverture que M"" de Cha-
vigny en fit estant icy, qu'il plaise au roy parler à ceux qui paroissoient
amis du d. s' le Grand, ainsy qu'il s'en suit, et hautement, diverses
fois en toute sa maison :
« Personne ne peut plus ignorer les crimes de M' le Grand; ils vonl
non seulement contre ceux qui me servent, ce qui seroit assez pour
me les faire détester à jamais et chastier, mais ils vont contre ma per-
sonne et contre mon estât. En cesle considération je commande à tous
ceux à qui il a dict cpielque chose qui puisse importer à l'esclaircisse-
ment de ses mauvais desseins, de me le venir dire, ou à M"" de Cha-
vigny ou à M"" de Noyers, et déclare que s'il se descouvre, par le procès,
lie, avec la date «du a3 juillet, à Né- «que de sa vie il n'a eu confidence de
mours, ■ où le roi était en ce moment. On M. de Cinq Mars. »
a mis à la suite la réponse du duc de ' Ce petit paragraphe a été ajouté, par
Beaufort, lequel s'excuse sur une maladie réflexion, dans la minute.
de ne pas venir trouver le roi , et proteste
36
LETTRES
([lie le d. s' le Grand ayt parlé à quelcju un qui ne l'ayt pas dit depuis
que je i'ay commandé, non seulement le casseray-je, mais je le ferav
chastier rigoureusement. »
Ce discours peut estre de grand fruict estant faict en sorte que ceux
qui l'entendront voyent bien que le roy le faict avec affection.
XXI.
Arcli. des AIT. étr. France, 1 642 , juin-août, fol. 287. — Original
A MM. DE NOYERS ET DE CHA VIGNY.
Du 17 juillet 1 ati 2.
Puisqu'il plaist au roy avoir mon avis sur le sujet de la reyne sa
mère', ma pensée est qu'il doit y envoler un gentilhomme sage et
avisé, qui aille en diligence, avec une lettre semblable à la teneur qui
s'ensuit^ :
" Madame, Aussy tost que j'ay apris vostre indisposition, je n'ay pas
voulu manquer à vous dépescher ce gentilhomme pour vous tesmoigner
' De Noyers , alors à Saint-Saphorin avec
le roi, écrivait, le li juillet, à Chavigni
que , s'il était encore auprès du cardinal ,
il lui (lise que : « Le roy le prie de luy
mander ce que Sa Majesté a à faire pré-
sentement sur le sujet de la maladie de
la reyne mève. » Et de Noyers , posant la
double hypothèse de la prolongation de la
maladie ou de la mort de Marie de Médi-
cis , propose la double missive qu'on pour-
roit envoyer. Nous voyons par la présente
lettre que Richelieu a tenu peu de compte
du projet rédigé par de Noyers.
^ La reine mère était morte le 3 juillet;
on l'ignorait encore à Tarascon le 17,
mais il est visible , par la dernière partie de
la présente lettre , qu'on ne doutait pas que
cette princesse ne fût à l'extrémité. On
remarquera la froideur de la lettre que,
dans une telle occurrence, Richelieu dicte
pour le roi. Ce fut seulement le 19 que la
Gazette annonça le décès de Marie de Mé-
dicis. «Elle était, dit la Gazette, veuve de
Henri le grand, et mère des rois et reines
qui possèdent les principales couronnes de
l'Europe. Le regret de sa mort a été accreu ,
en cette cour, par celuy de l'aljsence qu'elle
s'e.stoit causée, suivant le conseil de quelques
esprits brouillons, ausquels la facilité du
sien avoit laissé prendre trop de créance. •
Voilà toute l'oraison funèbre. Est-ce le car-
dinal qui , dans la prévision de cette mort ,
l'aurait envoyée à Chavigni?
J)U CARDINAL DE RICHELIEU. 37
le desplaisir extresme que j'en ay et le contentement que ce me sera
d'apprendre, par son retour, que vous en soyés deslivrée, et que
vostre santé soit entièrement restablie. Je suplie Dieu de tout mon
cœur qu'il luy plaise vous la rendre et vous la continuer autant de
temps que vous pouvés le désirer vous-mesme. Vous le croirés, s'il
vous plaist, madame, et que je suis »
J'estime que ce gentilhomme du roy doit estre accompagné d'un
homme entendu et fidelle, qui ne porte pas plus haute qualité que
celle de commis de l'espargne, le quel ayt avec luy des lettres de
change ' de cent mil livres. Il me semble que le s' de Chantelou fera
bien ce voyage là.
Le gentilhomme du roy et celuy qui l'accompagnera doivent avoir
charge d'aller trouver M" les nonces, à qui Sa Majesté escrira un mot
de créance pour leur dire que le roy n'a pas voulu manquer de se-
courir la reyne sa mère en cette occasion , mais que son dessein n'estant
pas que Fabrony s'accomode de l'argent qu'il envoyé , au lieu d'en se-
courir la reyne, il leur a donné charge de voir, avec nos d. s'^ les
nonces, le moyen de l'empescher.
Qu'il leur semble qu'il faudroit sçavoir ce que la reyne despend
au vray, en Testât au quel elle est, et pourvoir au courant de cette
despense, comme aussy donner quelque chose aux pauvres petits offi-
ciers de la maison, lesquels Fabrony ne faict pas payer; et, du reste,
attendre les ordres de Sa Majesté sur ce qu'ils luy feront sçavoir par
l'avis de nos d. s" les nonces.
S'il avoit pieu à Dieu de disposer de la reyne quand ils arrive-
ront ils doivent s'addresser tout de mesme à mes d. s" les nonces
pour prendre lumière d'eux en leur conduitte. Cependant ils doivent
faiie haljiller toute la famille de la reyne de deuil, prier mes d. s"
les nonces de donner l'ordre qu'il faut pour la conduitte de son corps
jusques en France, dont ceux de sa famille demeureront chargés, et
où le roy le fera recevoir avec la dignité requise.
' H y a dans la minute cette phrase Couloigne , quoyqu'elles aillent jusques à
effacée : i dont il ne dira pas l'estendue à • cent mille liv. »
38 LETTRES
Il faudra qu'ils pourvoient aussy aux frais qu'il y aura à faire pour
la conduitte du d. corps.
Les d. envoyez doivent estre chargés des pouvoirs nécessaires pour
demander, en cas que la reyne fust morte, que ses meubles et pier-
reries soient inventoriez et mis hors les mains de Fabrony, pour estre
desposées entre celles de personnes solvables , pour en estre usé , par
après, ainsy que de raison.
Les d. sieurs doivent prier Messieurs les nonces de dire nettement,
de la part du roy, à Fabrony, que s'il se gouverne autrement qu'il ne
doit en cette occasion, il n'esvitera pas son indignation en ([uelque
lieu qu'il puisse aller.
Ceux qu'il plaira au roy y envoier diront, s'il leur plaist, à M" les
nonces, de ma part, que je les ay priez de leur tesmoigner l'extresme
desplaisir que j'ay de la maladie de la reyne, que je n'ay pas osé le
faire sçavoir à Sa Majesté , de peur qu'elle l'eust désagréable ; mais que ,
s'ils le jugent autrement, j'estimerois à très particulière obligation s'ils
avoient agréable de luy en donner cognoissance.
XXII.
Arch. des Aff. étr. France, iG/ia, juin-août, fol. aSA- —
Original de la main de Clierré.
[A MM. DE NOYERS ET DE CHAVIGiM.]
De Tarascon, ce 17 juillet i64ï.
J'envoie ce que je pense sur le sujet de la reyne mère, comme
aussy sur le sujet de M" le Grand, le quel nous ferons conduire par
d'autres troupes que celles que j'ay icy, si Perpignan se rend, ainsy
qu'on dit.
Il est certain que le gouverneur a demandé à capituler. M" les géné-
raux ne m'en ont faict sçavoir aucune chose , mais cette vérité est très
certaine, et je ne doute point que ce commencement n'apporte bien-
tost la redition de la place.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 39
Je croy que le s"" de l'Isie sera bien propre à faire le voiage de
Couloigne.
Le petit M. Gobert m'a escrit pour me prier de faire demander au
roy, pour luy, une prébande de ia S''^ Cbapelle, qui a vacqué par la
mort de l'abbé Desrivaux. Je ne l'ay pas voulu faire estant absent
comme je suis, parce que j'ay creu qu'elle auroit esté courue première-
ment. Je prie M" de Chavigny et de Noyers de me mander qui a obtenu
les d. bénéfices.
Ces M" aviseront s'ils devront proposer ce que je leur mande de
M' le Grand comme venant de moy ou d'eux ; j'estime le dernier
le meilleur, et en elTect c'est M"^ de Chavigny qui en a faict les ou-
vertures.
XXIII.
Cabinet de S. A. R. M** le duc d'Aumale. — Original de la main de Cherré.
[AU ROL]
De Tarascon, ce 19 juillet lôia.
Je mande à M" de Chavigny et de Noyers ce qui est de nouveau
de deçà , pour en faire rapport à S. M.
Ainsy il ne me reste que la suplier de me faire sçavoir des nouvelles
de sa santé, qui est le meilleur unguent dont je me puisse servir
pour avancer la mienne. Je ne doute point que l'air de Fontainebleau '
ne la luy rende tout à faict. Je suplie Dieu que ce courrier m'en
rapporte les nouvelles que je désire, et qu'il me donne occasion de
luy faire de plus en plus cognoistre quelle est la tendresse de mon
cœur envers elle, et que jamais aucune passion de sujet et de servi-
teur n'a point esgalé celle que j'auray toute ma vie pour un sy bon
maistre.
' Le roi y arriva le 2.3 juillet.
40 LETTRES
XXIV.
Manuscrit du cabinet de S. A. R. M'' lu duc d'Aumale. —
Original de la main de Cherré.
[A MM. DE NOYERS ET DE CHAVIGNI.]
DeTarascoii, ce 19° juillet i642.
La capitulation qu'ont voulu faire M" de Perpignan est pour se
rendre dans 2 mois, dont ils ont enfin voulu rabatre 20 jours, c'est
une pure moquerie. Je vous envoyé les lettres qvie m'escrit M'' de la
Melleraie pour ne m'engager pas à plus grand discours.
J'ay escrit à M' de Schomberg, selon ce qu'ils ont estimé tous deux,
ce qu'il estoit à propos de faire pour amasser la noblesse et la milice
des Eveschez^ La prise de Perpignan est si importante qu'il n'y a rien
qu'il ne faille faire pour en venir à bout. Si par malheur il ne se prenoit
pas (ce que je ne puis croire), ce mauvais événement seroit devh à
M"^ le Grand , de Bouillon et Monsieur.
J'ay des gens avec le régiment du baron d'Anduze pour le faire
avancer.
Vous verres des avis (jue M' d'Argençon donne à M"^ de la Melle-
raie.
Je vous prie me mander bien particulièrement des nouvelles de la
santé du roy, qui est ce que je désire le plus au monde.
' « Les considérations publiques devant gens de cheval et de pied que vous avés
estre tousjours préférées aux particulières , proposés vous-mesines. Vous serés sy proche
lui mandait Richelieu, trouvés bon faire de Perpignan qu'il n'y peut rien arriver
un tour dans vostre gouvernement et aux que vous ne vous y trouviés. • ( Lettre notée
frontières de Guyenne , pour y amasser les aux Analyses. )
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 41
XXV.
Arch. des Aff. étr. France, 1642 , juin-août, fol. 270. —
Original de la main de Cherré. Minute de la même main'.
A MM. DE CHAVIGNY ET DE NOYERS.
DeTarascon, ce 20 juillet i64a.
.l'ay receu les papiers que vous m'avés envoyez; jusques icy la
lettre de Monsieur à M"^ Mazarini est esgarée.
Lorsque M' de la Rivière sera de retour, auprès du roy, d'Anecy,
vous pourrés juger avec monsieur le chancelier certainement si la
preuve du procès sera complette.
Je croy que la coppie des traictés passez en Espagne , recogneus de
Monsieur, ne servira pas peu.
L'affaire de M'' de Beaufort estant bien conduitte sera de poids
contre M"^ le Grand, de la part du quel M' de Thou Test ailé trouver*.
Le commandement que le roy fera à tous ceux de sa maison, sur
peyne de disgrâce, peut produire quelque chose de bon, qui jusques
icy nous est incogneu.
Je vous ramentoy tout ce que dessus, parce que je ne voudroispas
que M' le chancelier partist de Fontainebleau pour venir à Lyon qu'il
ne juge la preuve suffisante pour l'effect que la justice et le bien de
la France requièrent. Il ne' faut rien oublier en cette affaire trop im-
portante pour ne s'y appliquer pas tout à faict.
Perpignan nous tient un peu en cervelle , mais j'espère que tout ira
bien.
Si ce sont les petites troupes que j'ay auprès de moy qui accompa-
gnent M"" le Grand, M'Céton sera le chef de la conduitte et comman-
dera.
' Cette minute n'a point de date , elle la collection reliée k nouveau , immédiate-
n est point cotée, n'étant pas comprise dans ment avant le fol. 237.
la collection primitive; on l'a placée, dans ' Voy. ci-dessus à la date du 17 juillet.
C&fU>I!(. DE RICHELIEU. — VII. 6
42 LETTRES
Je ne vous mande rien des lieutenans des gardes dont vous m'es-
crivés, parce que je ne veoy pas qu'il y ayt encores de résolution à
prendre par Sa Majesté pour faire changement, et j'incline à conserver
Céton autant qu'on pourra.
XXVI.
Manuscrit du cabinet de S. A. U. M^' le duc d'Auniale. —
Original de la main de Cherré.
Arch. des AfF. étr. France, i643, juin-août, fol. 268. —
Minute, même écriture.^ Au fol. 270 est une mise au net.
A MM. DE CHAVIGNY ET DE NOYERS'.
De Tarascon, ce 20 juillet i642.
Vous trouvères estrange que par le mémoire de M' de la Motte,
il die n'avoir qu'aprochant de trois mile chevaux et deux mile hommes
de pied pour la campagne.
Vous verres, par vos dépesches, que de part et d'autre ils sont,
avec raison, en quelque alarme qu'on veuille secourir Perpignan.
Tous les ordres partirent hier pour lever jusques à sept mile hommes
de pied et douze cens chevaux dans le Languedoc, et la frontière de
Guienne , pour estre prestz au 1 o*^ d'aoust.
Je croy fermement qu'auparavant ce temps, Perpignan sera es
mains du roy. Cependant comme la prise de cette place est un coup
décisif, je suplie le roy de me faire sçavoir diligemment si, en cas
qu'on voye que les ennemis y viennent, il trouveroit bon qu'on for-
tiffiast son armée des neuf compagnies de ses gardes , qu'il a laissées
à Lyon.
Si Sa Majesté l'approuve, le premier courrier que vous dépescherés
de deçà, leur portera ordre de s'avancer jusques à Valence, d'où on
' Ces mots, écrits entête de la mise au net, donnent la suscription, qui manquait.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
43
r
ne les fera point partir sans nécessité, et où ils seront fort bien parez
pour servir au Roussillon, ou à l'affaire de Monsieur, selon qu'il en
sera besoin. Je parle seulement des neuf compagnies des gardes, parce
qu'il est à propos que les cent chevaux que le roy a laissés à Lyon y
demeurent avec M"" de Nouailles.
Le marquis de Brézé est à Barcelone, où il faict faire aygade aux
gallères ' et radouber quelques uns de ses vaisseaux pour retourner
chercher les ennemis, selon que M'' de la Melleraye me le vient
d'escrire.
M' d'Amontot escrit de Gènes que l'escadre de Naples ne sçauroit
estre preste pour entrer en nos mers que vers le i 5 d'aoust.
Pour conclusion, je croy certainement que le roy sera dans Perpi-
gnan plus de huicl jours devant ce terme *.
XXVII.
Arch. des AfF. étr. France, iQ/ii, juin-août, fol. 287. —
Minute de la main de Cherré.
A MM. DE CHAVIGNY ET DE NOYERS,
SECRETAIRES D'ESTAT.
Du 3 S juillet 1642.
' Je suplie Dieu de tout mon cœur qu'il ayt donné un repos éternel
à l'àme de la reyne.
J'ay de la joye d'avoir veu par des lettres qu'elle ayt eu grande re-
' La fui de ce paragraphe a été suppri-
mée dans la mise au net.
' Perpignan ne fut pris qu'un mois
après l'époque assignée ici par Richelieu.
' La présente lettre est écrite en suite
d'une missive de Chavigni dont un extrait
nous semble nécessaire pour l'intelligence
de celle de Hichelieu. Chavigni . toujours
empressé de complaire aux passions du
cardinal , s'y excuse d'oser donner des
conseils, qui (Chavigni le savait bien) se-
ront fort agréables à Richelieu. Fabroni
était sans doute un personnage fort peu
intéressant et qui n'avait pas manqué de
mettre à profit sa fidélité à la reine exilée.
Marie de Médicis elle-même n'inspire au-
6.
44
LETTRES
pentance de ses fautes, et qu'elle ayt pardonné de bon cœui- à ceux
qu'elle lenoit ses ennemis. Je n'ay lien à adjouster au mémoire c{ue
j'ai envoie à Mercier sur son sujet.
Je croy que si on y envoioit cent mile francs on payera ce qu'elle
doit de pressé à Couloigne, on habillera sa famille, et amènera t on
son corps honorablement à Dieppe. J'estime que M"' de Meau\ sera
très-propre pour avoir commission d'aller recevoir son d. corps à
Dieppe, et l'amener avec honneur et dignité à Saint Denis.
Quand il sera là, on pensera à loisir à sa sépulture, faisant faire
préalablen)ent celle du feu roy. Quand nous serons à Paris chacun
ouvrira ses pensées, et on taschera de prendre les meilleiu-es, e1 je
serai ravy d'avoir soin de ces ouvrages '-
(■une sympathie; mais lui imputer à crime
I exil où on l'avait forcée , fouler aux pieds
ses dernières volontés, non-seulement à
cause de Fabroni , mais parce que son se-
cond fils vient en partage; et en même
temps lui faire de pompeuses funérailles,
pour faire éclater dans toute la chrétienté
(selon l'expression de Chavigni) la géné-
rosité de Richelieu, ce sont là des conseils
(|u'on voit sans surprise donnés par Cha-
vigni , et accueillis par le vindicatif cardinal,
ainsi que par le fils de Marie de Médicis.
La lettre de Chavigni est datée de o Desi-
ses.le 19 juillet. — On a eu, dit-il, nouvelles
de la reyne mère; on a apporté son testa-
ment. . . — La première pensée du roy est
de ne pas exécuter ce testament, s'il n'y
est absolument tenu en conscience, parce
(|u"il l'oblige à donner des sommes im-
menses; outre qu'il a peyne de voir Mon-
sieur nommé héritier avec luy, qui, par
conséquent, devroit partager les meubles
avec S. M. sur lesquels elle faisoit desjà
fondement. — Fabroni avant destourné les
principales pierreries de la défunte reyne , il
me semble qu'il ne le faudra point effa-
roucher d'ahord, pour le laisseï' aller clans
les estats du grand -duc, où on aura meil-
leur marché de luy que chez les ennemis
du roy, et si sa femme venoit apporter la
bague que la reyne-mère laisse à la reyne ,
on la pourroit obliger à faire restituer tout
ce qu'elle et son mari auroient pris. Il
semble que ce seroit une action qui esclatte-
roit dans toute la chrestienté que de rendre
à la reyne mère, après sa mort, tous les
honneur, deubs à une princesse de sa con-
dition, et que, si monseigneur vouloit
prendre quelque soin de sa sépulture, on
ne pourroit assez louer sa générosité. Je
n'aurois pas la hardiesse de dire mes pen-
sées avec tant de liberté, si je ne sçavois
que monseigneur escoute avec une extraor-
dinaire bonté toutes les choses qui partent
du cœur. »
' Il y avait trente-deux ans que Henri IV
était mort, et sa sépulture était encore à
faire; ni sa veuve, ni son fils, ni le ministre
qui gouvernait depuis dix-huit ans, ne s'en
étaient occupés. Richelieu y songeait un
peu trop tard, il n'eut le temps de rien
exécuter.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 45
J'ay leii son testament tout an long '. Rioland escrit doutant de sa
validité. Je cioy que M'ie Chancelier, bien entendu en telles matières.
y trouvera des nullités. Si cela est, je ne croy pas qu'il le faille exé-
cuter; mais bien que S. M. pourra par libéralité et générosité faire du
bien à ceux de ses gens qui l'auront mérité.
Ce qui est laissé , dans le testament , à la discrétion de Fabrony est
bien mal à propos. Je m'asseure que les dons faicts dans le dict tes-
tament, les promesses que la reyne aura laissées au tiers et au quart
monteront , sans parler de ses debtes de France , à plus de cinq ou six
cent mile escus; et c'est asçavoir s'il est juste (ju'une personne qui est
en l'eslat auquel la reyne estoit hors du royaimie, c'est-à-dire en
crime, face de tels dons.
F^a reyne devant comme elle faict, je croy que l'ordre veut, et
que c'est le plus couii;, de faire vendre tous ses meubles et pier-
reries, et le roy se rendra adjudicataire de tout ce qu'il y aura de
bon.
H faut promptement faire liquider toutes les debtes de la reyne,
commen^;ant par d'Argouges-, ce dont M'' de Rancé a une entière co-
giioissance. 11 faut aussy donner charge à ceux qui iront à Couloigne,
de faire un estât exact et bien justiffié de toutes les debtes de la
revne, et demander la deslivrance des pierreries ou, au moins, le
deppost en main asseurée.
La pensée de laisser venir Madame Fabrony en France apporter
le diamant à la reyne, et, par après', il l'y faudra retenir jusques à
ce qu'on soit sorty d'affaires avec son mary, est fort bonne.
.le croy qu'il est à propos d'envoyer à Monsieur la coppie du testa-
' Je le trouve en copie manuscrite dans lier de Rancé , frère du surintendant des
divers recueils : aux Affaires étrangères , à finances , et père du fondateur de la 'l'rappe,
la Bibl. imp. 5ooColb. 81, fol. 34i.t)upuy fut longtemps secrétaire des commande-
t. 590, fol. 2/(0. et toni. 869. Bibliotliè(|ue ments de cette princesse qui le congédia
Mazarine, H, 1718, fol. 191 , et ailleurs. après la journée des Dupes.
Cette pièce a été imprimée. ' Ce paragraphe a été estropié dans la
' Il avait été trésorier de la reine mère dictée; on voit que le sens est net, par
dès le lemps qu'elle était régente. Boutliil- après, l'y retenir.. . «
46 LETTRES
ment de la reyne, et, sur ce fondement, j'ay laissé passer le valet de
chambre.
Je voudrois de bon cœur que le roy peust faire faire des fossés à
Luxembourg, mais il est impossible, tant à cause que l'espace ne s'y
trouveroit pas sans perdre tout le jardin et beaucoup des rues, que
parce que les fondations du logis n'ont pas esté faictes à cette fin ; que
parce encores que ce sont toutes carrières qui font craindre qu'en
esbranlant le bastiment ne demeurast pas asseuré.
Vous sçaurés plus tost que moy si Monsieur fera ce qu'il faut
pour aller demeurer à Trévou, et partant vous escrirés, s'il vous
plaist, à M' de Champigny', de deslivrer le passeport quand il le
faudra.
C'est une bonne affaire de quoy M"" de Brion fust confident de
Monsieur, à l'entrevue de M"^ de Bouillon et le Grand , lorsqu'ils furent
trouver Monsieur à son escurie.
C'est aussy une bonne circonstance que Monsieiu- ayt dit à M' le
marquis de Villeroy que M" de Bouillon et le Grand lui ayent dicté
toute la substance du traicté d'Espagne.
Ce sera aussy une heureuse rencontre si le marquis d'Effiat prend
Aidîijoux'^.
' Richelieu avait de l'amitié pour M' de seure que cette grâce vous sera aussy tost
Chanipigni; à la date même de la présente accordée que la demande. » (Original au-
lettre, il faisait écrire, par Charpentier au tographe, du cabinet de M^' le duc d'Au-
secrétaire d'État de Noyers , un billet que maie.)
nous conservons ici parce qu'il a été dicté * Chavigni et de Noyers avaient mandé
par le cardinal :« De Tarascon, ce 22 juil- dans leur lettre du 17: «M' de Phe-
let 16^2. J'ay leu à S. Em. le mémoire ligonde vient d'arriver d'Auvergne, qui
qu'il vous a pieu m'adresser touchant M' de asseure que le marquis d'Effiat a faict
Champigny, sur quoy elle m'a dit qu'affec- investir le baron d'Aubijoux dans sa mai-
tionnant toute sa maison, et particulière- sonet ilespère qu'il neluy eschapperapas. »
ment sa personne, comme elle faict, elle Aubijoux était un des favoris de Monsieur
sera très-aise qu'il ayt une place de semestre et des plus ardents à la perte du cardinal ;
au conseil , où elle se promet qu'il servira il était alors en fuite. « C'est , ajoute la lettre ,
dignement; et que si vous prenés la peine un de ceux qui sçait le plus de nouvelles
d'en faire la proposition au roy (s'il en est de cette maudite conspiration »
besoin), ou à M' le Chancelier, elle s'as-
DU CARDINAL DE RICHELIEU. lil
Il semble que Dieu dispose toutes choses à un grand bien pour la
France.
Il faut bien se donner garde de laisser venir le médecin de M' de
Bouillon libre en France , c'est un moyen asseuré par lequel il pourroit
faire sçavoir toutes ses pensées à Sedan , et recevoir instruction de tout
ce qui se passe et de tout ce qu'il a à dire. Vous priant de croire, ce
que vous avés au faict de M' le Grand , que telles gens trouvent divers
moyens de recevoir et faire sçavoir de leurs nouvelles. J'escris à M' de
Champigny de faire arrester le dict médecin, s'il passe, jusques à ce
qu'il sache la volonté du roy.
M' de Bouillon a commencé à bien parler par le s' de Florimond ;
j'espère qu'il achèvera quand il se verra plus pressé ' ; et , quand il
' Le jour où Richelieu mandait cela, il
écrivait à la mère et à la femme du duc
de Bouillon en réponse aux supplications
(ju'elles lui avaient adressées. A la douai-
rière de Bouillon il disait : » Madame ,
pendant que j'ay creu M' vostre fils re-
cognoissant des grâces que le roy lui a
faites, et plein d'affection et de fidélité
pour son service , je n'ay rien ouljlié de ce
qni m'a esté possible pour luy estre utile ,
et pour procurer ses avantages auprès de
S. M. Maintenant qu'il s'en est rendu in-
digne par la nouvelle infidélité qu'il a
commise contre le roy et contre l'Estat au
mesme temps qu'on luy avoit donné moyen
de réparer le passé en servant l'un et l'autre,
vous me blasmeriés si je ne contribuois ce
que je dois à l'esclaircissement de sa mau-
vaise conduite et à la fin qu'elle doit
avoir i. De telles paroles étaient peu
rassurantes. A la jeune duchesse, Richelieu
écrivait à peu près dans les mêmes termes;
nous trouvons cette phrase dans sa lettre :
• Si vostre mari est innocent, ainsy que
vous tesmoignés le croire , il est en lieu et
en estât de le faire voir au roy, qui aime
trop la justice pour ne la luy rendre toute
entière.. . » On comprend ce que signifiait
toute entière, dans le cas où l'innocence ne
serait pas reconnue; Richelieu voulait évi-
denmient effrayer les princesses , qui étaient
encore maîtresses de Sedan. Ces deux lettres
ont été imprimées et seront seulement no-
tées aux Analyses. Dès le 3 juillet le roi lui-
même avait écrit de Montéliniart à la douai-
rière une lettre dont Richelieu avait sans
doute envoyé la matière , et qui ne laissait
pas d'être assez menaçante : « Empesches ,
disait le roi , qu'il n'entre et séjourne dans
Sedan aucun de mes sujets qui me puisse
estre suspect, et qu'il ne s'y fasse aucune
cabale préjudiciable à mon service, . . J'es-
père que je n auray aucun sujet d' estre mal
satisfait de vostre conduite , et de m'en res-
sentir par le mauvais traitementque je serois
contraint de faire au duc de Bouillon. C est
à quoy je désire que vous pensiés bien ...»
(Impr. dans Aubery, Mém. t. V, p. 21O.)
— M' de Florimond était capitaine de cbe-
vau-légers dans Casai; c était lui qui avait
apporté le mémoire dont il est question
. ci-dessus, p. a8, note.
48 LETTRES
sera à Lyon, on fera plus d'affaires en un jour avec luy qu'on n'en
feroit avec son médecin en six mois.
Je suis très-aise de l'avantage que l'admirai de Hollande a remporté
sur les vaisseaux ennemis.
Lorsqu'il faudra conduire M'' le Grand à Lyon, M' Ceton comman-
dera à toute l'escorte.
Je croy qu'il est très à propos de faire sortir de Luxembourg toutes les
bardes et les gens de Monsieur, et mander à madame d'Aiguillon, qui
en est cappitaine concierge , de faire sortir quantité de petites gens qui
y logent et qui gastent tout, ainsy que M"" de Noyers a fait du Louvre.
Après ce que Castelan escrit d'Italie \ j'estime qu'on peut faire, dès
à présent, M'' Du Plessis Praslin lieutenant général de l'armée du roy, et
donner au d. s' de Castelan la conduitte de la cavalerie françoise.
Fortiffication de la Rocbelle. Renvoyer le testament.
Vous aurés bien veu par la response que j'ay faicte à M' le Grand
prieur sur le sujet des fortiffications de la Rochelle, que je suis de
l'avis du roy, qui est qu'il ne les faut point faire.
De Tarascon, ce 23*31111161 i6/42.
^ Après avoir repensé à la proposition que faict M' de Castelan , de
commander la cavalerie françoise en Italie, je croy que personne n'y
peut estre intéressé. Saint André et Salles estans beaucoup plus jeunes
mareschaux de camp que luy. Partant je croy que le roy luy peut ac-
corder sa requeste, et envoyer déclarer M' Du Plessis Praslin lieute-
nant général, afin qu'il puisse employer une des plus belles armées
' Dans la lettre datée de Dijon , 1 7 juil-
let , Chavigni et de Noyers avaient mandé
au cardinal : « M' de Castelan escrit que la
croiance de l'armée d'Italie est que le roy
faict M' du Plessis Praslin lieutenant gé-
néral, et qu'il n'y a personne qui ne le dé-
sire. Il supplie en ce cas M*' de luy faire
donner le commandement de la cavalerie ,
personne ne luy pouvant disputer puisqu'il
sera le plus antien mareschal de camp de
cette armée là. » (Ms. cité aux sources £* 248.)
' Cette courte missive nous semble être
comme un post-scriptum de la lettre du 22.
C'est un original , de la main de Cherré ,
conservé dans le cabinet de M*' le duc
d'Aumale ; la suscription est : Pour MM. de
Chavigny et de Noyers , secrétaires d'estat ,
à Fontainebleau.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 49
qui ayt esté de longtemps en Italie, et non la laisser inutile comme
elle a esté jusques à présent à cause de l'infidélité de M' de Bouillon.
XXVIII.
Arch. des Aff. étr. France, iG^a, juin-août, fol. agi. —
Original de la main de Cherré.
SUSCRIPTION :
POUR M. DE CHAVIG\Y,
SEcnéTAir.E d'EStat.
DeTarascon, ce 22 juillet 1642.
Madame d'/Viguillon estant cappitaine concierge de Luxembourg,
je ne vous recommande point ses intérests en ce rencontre, sachant
bien que vous en aurés le soin qu'elle peut désirer; mais m'ayant
escrit que Bony , que est concierge du dict Luxembourg , n'a ny brevet
du roy, n'y de la reyne sa mère, que c'est un homme très-mal affec-
tionné , et qui faict entrer, pour de l'argent , tant de gens dans le parc
qu'il est presque tout gasté , et qu'elle seroit bien aise qu'il pleust au
roy de donner cette charge à Mariette, qui est extresmement lldelle et
très affectionné, et qui entretiendra toutes choses en fort bon estât,
je vous prie de faire addroitement ce qu'il faut auprès de Sa Majesté
pour luy faire recevoir cette satisfaction, qu'elle prétend deppendre
de sa charge. Quand vous la verres vous agirés ensenxbie, sur ce su-
jet, empeschant cependant que personne ne prévienne le roy.
M'^ les commissaires reviennent de Montpellier. M' le Grand nie
tout absolument depuis un bout jusques à l'autre toutes les véritez
les plus cogneues.
Il nie avoir escrit et receu des lettres, et ses gens le recognoissent.
Il nie avoir jamais porté autre couteau à son espée qu'un ordinaire
pour couper du pain, et le roy et vous sçavés ce qui en est.
Il nie avoir eu aucune intelligence avec M"' et M* de Bouillon.
Enfin il nie tout. Ce qu'il y a de bon est que n'ayant rien dit contre
Monsieur, il ne sçauroit plus luy donner de reproches valables.
CARDIN. DE niCUELIEC. VII. 7
50 LETTRES
Les commissaires croyent qu'il a esté instruit depuis qu'il est dans
la citadelle. Pour moy je ne sçay ([u'en dire, mais tout cela ne luy
servira de rien.
Le bonhomme Céton est fort coquelineux. Le premier président
de Grenoble m'a dit qu'en luy parlant de M'' le Grand il luy a veu les
larmes aux yeux. II se rend aysément mescontent. Je ne doute point
de sa fidélité; je vous manderay certainement, avec le temps, ce que
je penseray sur son sujet. Ce qui me fasche est qu'il n'advertit d'au-
cune chose, et dit que M'' le Grand ne luy dit rien, quoyque vous
sachiés bien que son humeur est de parler beaucoup.
XXIX.
Arch. des Aff. étr. France, i642 , juin-août, fol Sog. —
Minute de la main de Cherré.
A MM. DE NOYERS ET DE CHA VIGNY.
. Du 25 juillet i642.
Il me tarde extresmement que je n'aprenne l'arrivée du roy à Fon-
tainebleau, où je croy que son air natal le remettra en sa première
santé, ce que je désire et demande à Dieu de tout mon cœur, ayant
tant de tendresse pour sa personne et pour son estât qu'il ne s'y peut
rien adjouster.
Je vous avoue que toutes les lois que vous ni'asseurés par vos let-
tres que S. M. vous tesmoigne en avoii- poui- moy, j'en ressens une
grande joye, ne désirant rien autre chose en ce monde.
Pei-pignan ne dit rien encore; cette affaire nous tient en suspens.
On lève dans les diocèzes les gens dont je vous ay escrit, et j'espère
qu'ils seront prests devant le dix""' d'aoust.
11 est besoin' de faire promptement venir un officier des gardes du
roy à Lyon, pour garder M"" de Bouillon ; et, après y avoir bien pensé,
il nous vaut mieux des pères rustaux que des douillez. Cela faict que
je croy que S. M. doit trouver bon qu'on envoyé quérir en diligence
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 51
Boislouet, luy mandant que s'il y a quelques gardes desquels il se
fie plus que des autres, il les face venir, selon les ordres qu'on pour-
roit luy en envoier de M"" de Charost ou d'un autre , selon ce qui se
pratique ; ce c[ue je ne sçay pas.
Le bonhomme M' Céton est si bon, qu'il ne peut croire qu'un
garde du roy puisse estre gaigné. Il croit qu'y en ayant de couchés
dans la chambre de M' le Grand , c'est tout de mesme que s'il y estoit ,
et, en cette considération, ny luy, ny fexempt n'y couchent pas, et
M' le Grand a tenu si difficile de gaigner des gardes que le premier
ordre qu'il donna en arrivant à la citadelle de Monpellier, à son
maistre d'hostel qui luy parla, fut de dire à Siouzac qu'il asseurast
bien au dehors tout ce qu'il falloit pour le tirer de là, et qu'il ne
se mist pas en peyne du dedans où il gaigneroit autant de gardes qu'il
luy faudroit. Le bonhomme Céton a dit à quelque personne en qui
il a confiance à Montpellier, que le roy luy donnant la garde de
M' le Grand luy avoit dit : « Je vous le mets entre les mains parce
(jue je sçay que vous estes tout à moy. » D'où ce bonhomme, qui n'a
pas estudié comme le s"" de Lamont, peut tirer de fausses consé-
quences. Pour y remédier, il est à propos qu'il plaise au roy luy faire
escrire une lettre, de la main de Lucas, de la teneur qui s'ensuit :
« Je vous fais ces trois lignes pour vous dire que , depuis que j'ay
faict arrester M' le Grand, j'ay encores descouvert tant de malices et
de crimes que vous devés vivre avec luy comme avec im homme qui
est ennemy de ma personne et de mon estât. «
La lettre de Jars '■ à M'' de Thou se trouve d'importance , mais
M' de Thou a ime mesme responce pour tout, qui est qu'il ne sçait
rien. J'espère que quand M"" de Bouillon sera venu les choses s'esclair-
ciront encores davantage, mais le tout est de mettre des gens auprès
d'eux fidelles, affectionnés et mesfians.
Le roy se souviendra, s'il luy plaist, que M" de Loustre et La-
mont vouloient que le prestre qui disoit la messe à M" de Vandosme
-' Le chevalier de Jars, qui avait été on avait envoyé sa grâce sur l'écliafaud,
condamné à avoir la tète tranchée et auquel était alors en exil à Rome.
52 LETTRES
prononçast l'évangile haut, de peur de dire autre chose au lieu, et
que, quand il luy donnoit la communion, ils luy regardoient soi-
gneusement aux mains de peur qu'il luy donnast quelque hillet sous
l'hostie. Je croy qu'on se peut passer d'estre mesfiant jusques à ce
point, mais il ne le faut guères moins estre.
Mandés- nioy, je vous prie, des nouvelles de la santé du roy, et
vous asseurés de mon affection et de mon service pour jamais.
XXX.
Arch. des Aff. étr. France, 16^2, juin-août, fol. Siy. —
Minute de la main de Ciiarpentier.
A M. DE CHAVIGÎVY,
SECRÉTAIBE D»ESTAT.
Du 26juillet 1642.
11 est sy important de destromper les peuples des mauvaises impres-
sions qu'ils ont eues de l'affaire de M"" le Grand, que je croy qu'il est
à propos d'envoyer et aux pays estrangers, aux gouverneurs généraux,
aux parlemens et autres communautés, la lettre que je vous en-
voyé , si le roy la trouve bien ainsy ' . Je me feusse bien davantage
estendu sur l'affaire de Monsieur, descouvrant la déclaration qu'il a
faicte, mais le procès qu'il faut faire à M" le Grand et de Bouillon
ne le permet pas. Encore communiquerés-vous , s'il vous plaist, la
lettre à M" le chancelier et surintendant pour voir s'il n'y a rien qui
puisse préjudicier au dessein qu'on a. Il est difficile de passer entre
deux escueils sans en toucher quelqu'un; il faiit donner cognoissance
au monde de ce qui se passe , et cependant il ne faut pas en dire tant
que les accusés sachent ce que Monsieur a dit '■'.
' Voy. ci après, p. 70. cité, fol. agS, une pièce en tête de la-
^ La déclaration de Monsieur, au sujet quelle est ce titre , qui nous semble écrit
du traité d'Espagne , ne pouvait pas res- de la main de Mazarin : Memorie di qaello
ter bien secrète ; une fois l'aveu fait , lui- che il marchese di Vileroy ha cavato di Mon-
même ne s'en gênait guère. Nous trou- sieur, quando l' ha accompagnato, per ordini
vons aux AIT. étr. dans le manuscrit pré- di S. M. a Anissi. C'est le récit des princi-
pu CARDINAL DE RICHELIEU. 53
Il faut envoyer promptement Boislouet pour M' de Bouillon, et
donner les ordres, si vous ne l'avés desjà faict, qu'on l'amène jusques
à Lion.
M'' de Schomberg est sorty de l'armée pour venir lever la noblesse ,
et M' de Turenne a la fièvre , ce qui est fort fascheux pour M"" de la
Melleraie qui a la goûte, dont toustes fois la violence est passée.
Les médecins et chirurgiens m'asseurent que mon mal se porte
beaucoup mieux qu'il n'a encore faict.
Je croy qii'il suffit que le s' de Chantelou, ou quelque autre, aille
porter de l'argent à Coulogne sans envoyer le s' de flsle.
On peut et doit-on demander honnestement aux Espagnols le passe-
port pour faire venir le corps de la reyne par la Meuze , et ils n'ose-
roient le refuser.
Je croy que le roy peut faire response à l'électeur de Cologne.
Je vous envoie un petit mémoire de M' Riolan sur les nullités au
testament de la reyne.
XXXI.
Manuscrit du cabinet de S. A. R. M*" le duc d'Aumale. —
Original de la main de Cherré.
Arch. des AIT. étr. France, 16^2 , juin-août, fol. 33o.
Minute de la même écriture.
A MM. DE NOYERS ET DE CHAVIGNY,
De Tarascoii, ce ^ig juillet i()tf2.
Monsieur le premier président de Grenoble m'ayant rapporté, au
retour de son voyage de Montpellier, que Céton luy avoit parlé avec
grande tendresse de M' le Grand, et mesme les larmes aux yeux,
nous estimasmes qu'il estoit bien à propos que M' le cardinal Mazarin
et M' de la Vrillière fissent un voiage à Montpellier pour cognoistre le
fond de cette affaire.
paux incidents de -la conspiration , fait de Monsieur le moins possible. Les clauses du
manière à charger beaucoup Cinq-Mars , et . traité n'y sont pas oubliées.
54 LETTRES
En leur voiage ils ont faict pourvoir de plus en plus à la seureté
de la personne du d. s"^ le Grand, qu'ils disent n'y avoir pas lieu
de craindre qu'il se puisse sauver.
Pour ce qui est de Céton , ils ont recogneu la tendresse dont avoit
parlé le premier président de Grenoble très véritajjle, l'esprit du per-
sonnage fort petit, homme qui parle beaucoup et dit beaucoup de
choses contre les fins qu'il voudroit avoir luy-mesme, de façon que
M' le Grand, estant beaucoup plus fin que luy, l'engeoUe et tire proffit
de ce qu'il luy dict au lieu de luy donner prise. Il a persuadé à ce bon-
homme que le roy ne l'a mis là que pour un temps et rpi'enfin il sera
deslivré.
Ce qui est de pis est que nous sçavons certainement des choses que
Céton a dict à des personnes qui luy sont confidentes à Montpellier,
lesquelles choses il leur a dict avoir sceues de M' le Grand, lesquelles
il ne nous dict point.
En outre le d. Céton avoue franchement qu'il l'a prié de ne luy
rien dire par ce qu'il seroit obligé de le redire au roy, et M' Mazarin
pense avoir pénétré qu'il sçait mesme quelque chose qu'il ne veut pas
dire.
Il a dict au d. s' le Grand : « Mais que dires vous si vous voyés que
Monsieur ayt faict une belle déclaration au roy de tout ce qui s'est
passé? Que dires vous contre luy.-^ » Qui est le discours le plus préjudi-
cialjle qu'on pouvoit faire.
Il a dict encores à ces Messieurs : « Si M"" le Grand estoit asseuré de la
liberté et de sa charge , je croy qu'il parleroit; si vous voulés que je luy
propose ces conditions, je croy qu'il parlera. »
Pour conclusion, c'est un esprit foible, coquelineux et quinteux, qui
est emporté par l'autre plus fin que luy, et par ses propres quintes.
' Mon advis est que si la preuve que vous portera M"^ de la Rivière
est sy entière qu'il n'y aye rien à désirer, ou que si la déclaration de
M. de Beaufort ou celle de ceux de la maison du roy la mettent en
• Ce paragraphe est cliid'ré dans l'original.
pu CARDINAL DE RICHELIEU. 55
cet estât, on peut laisser Céton là où il est; mais s'il y a quelque chose
à désirer à vos preuves tpi'il soit besoin de fortiffier par ce que dira
l'accusé, je tiens du tout nécessaire de l'oster et croy qu'il le faudroit
l'aire si secrètement qu'âme vivante ne le peust pénétrer, et ce le len-
demain seulement qu'il seroit arrivé à Pierre-Ancise. Le roy est sy
prudent à ses affaires et a im sy bon conseil auprès de luy, qu'il ne
sçauroit manquer à prendi'e une bonne résolution en ce sujet, qui est
d'importance.
Après avoir veu le roole des officiers des gardes, je croy que Bois-
louet est propre pour M' de Bouillon, et qu'on aura peyne à en trouver
un autre que Quernel pour l'autre.
Je sçay cpi'il s'en mesfiera comme d'un démon, mais il vaut mieuK
qu'il se desfie de celuy qui le gardera que d'y avoir confiance , si celuy
en qui il se confiera ne luy veut pas nuire.
Je vous prie, encores une fois, que cette affaire soit secrétissime ,
<{ui n'est sceue ici que de M"' Mazarin, de moy et de celuy qui l'escrit.
Devant que de rien résoudre, j'auray lieu de sçavoir les pensées de
delà et d'y respondre.
11 n'y a point à douter de la fidélité de Céton pour la garde de la
personne de M"^ le Grand.
Souvenés-vous de donnei- tous les ordres nécessaires pour faire
venir M. de Bouillon bien seurement de Pignerol, où il est arrivé,
à Lyon. Je croy qu'il faut que ce soit M' de Castelan qui l'y amène.
Il nous est tombé un paquet de lettres intercepté entre lesquelles
il s'en est trouvé de Campis et de Ruvigny, qui font cognoistre un
attachement tout entier à la personne de M' le Grand , et que le roy
ne se peut asseurer d'eux en aucune façon contre luy.
On ne sçauroit prendre une meilleure résolution siu- f affaire de
M"" de Chevreuse que de suivre le jugement du roy, qui va, comme
vous m'avés mandé', à ne la laisser point revenir. Je croy qu'il faut
' Voici le passage de la lettre de Clia- et le principal service qu'offre de rendre
vigni : « Boispilié est de retour; Il ne Madame de Ch. est de maintenir l'esprit
rapporte , à mon advis , que des chansons , ^Je la reyne en bonne assiette , si on la re-
56 LETTRES
dire à Boispillé qu'elle avoit laissé espérer par luy de descouvrir beau-
coup de choses et de faire voir en quoy elle pouvoit servir, que jus-
ques icy ou ne voit que des paroles qui n'ont point d'effect, que c'est
à elle à trouver, par son bon esprit, cpielque occasion qui donne lieu
au roy de luy accorder la grâce qu'elle demande , et à moy de la soli-
citer puissamment. Que quand je seray auprès de Sa Majesté on verra
à faire un nouvel esfort pour son service. J'adj ouste ces mots afm de
la laisser en quelque espérance.
J'ay veu, dans des extraicts que Rossignol m'a envoyez, une négocia-
tion de trefve par le roy d'Angleterre avec M'' le P. d'Orange; je ne
croy pas qu'elle puisse avoir d'effect, mais il est fasclieux que le d.
prince n'ayt point averty de ce qui a esté négocié sur ce sujet et par
Mélander et par le d. roy. C'est à vous autres, Messieurs, d'avoir bon
pied bon œil.
Les avis que M" de la Motte et d'Argençon escrivent de Cata-
logne, du 2 2 de ce mois, asseurent sy pressament que le secours
que le roy d'Espagne faisoit préparer pour Perpignan s'avance, et
qu'ils ont divisé leurs forces en deux corps : celles qui sont à Ta-
ragone de dix mile hommes de pied et deux mile chevaux, com-
mandés par Taracousse, qui a S'-Aunais avec luy; et l'autre, com-
mandée par le marquis de Léganez, qui doit entrer par le costé de
Lerida, de deux mile chevaux aussy et de huit mile hommes de
pied, qu'il semble quil n'y a pas lieu d'en douter. On demande du
renfort, et nous ne sçavons où le prendre. J'y renvoyé, en mon parti-
culier, la petite cavalerie que j'ay auprès de moy, qui fera deux cens
chevaux. Nous hastons les milices de ce pays autant qu'il se peut; et,
voyant de quelle importance est ce coup, j'ay mandé au marquis de
met dans la cour. Nous voyons par les dont il faut , par conséquent , qu'elle ne
advis des espions en Flandres quelle est soit pas contente. 11 paroist clairement que
enragée contre D. Francisco de Mellos , qui cette bonne dame ne se veut raccommo-
n'a pas fait ce qu'elle desirolt ... et qu'elle der que pour brouiller. Le roy est d'advis
s'est vantée que pour se vanger du roy de ne la pas recevoir. •(Lettre du a a juil
d'Espagne elle se raccommoderoit avec let , ms. des Aff. étrang. cité aux sources,
Monseig', et qu'elle perdroit la reyne , fol. 276.)
, DU CARDINAL DE RICHELIEU. 57
Villeroy qu'en gardant les gens d'armes et les chevaux légers du roy,
qu'il a près de luy, qu'il face embarquer les compagnies des gardes
françoises et suisses pour venir jusques icy; d'où, si les avis conti-
nuent, on les fera passer jusques en Roussillon. Je m'asseure que
S. M. approuvera cette diligence comme nécessaire à son service.
XXXII.
Cabinet de S. A. R. M*' le duc d'Aumale. — Original de la main de Charpentier.
POUR M. DE NOYERS,
SBCRBTAIRE D'ESTAT, À FONTAINEBLEAU.
De Tarascoii, ce 29* juillet 16/12.
On m'escrit de Paris la mort de M' de Cordes, et que sa biblio-
thèque, qui est rare et curieuse, est à vendre. Je vous prie de vous
faire enquérir sous main de la quantité et de la qualité des volumes
qui sont dans lad. bibliothèque , et du prix qu'on la voudra vendre ,
parce que je serois bien aise de l'avoir, si on en vouloit faire bonne
composition'. Le d. sieur de Cordes a ordonné par son testament
que .sa bibliothèque ne soit point dissipée, et qu'elle soit vendue en
gros par l'avis de M"' Bignon et du S' Aubert, professeiu- du roy, qui
est exécutteur dud. testament. Vous pourrés leur faire parler, sur ce
sujet, comme il faut.
Je vous prie de dire à M' Rossignol^ qu'il face porter dans mon
logis, à Paris, tous les livres que le s' Stella m'a acheptez, afin que
je voye l'employ de mon argent.
L'abbé de Giu-on demande un prieuré nommé le prieuré de Prie ,
sciz dans l'isle de Mezières, vacquant par la tuort d'im flamant. Il dit
que le Pape y a tousjours pourveu des personnes de cette nation, et
' On voit que Richelieu conserve jus- ' Nous avons dit qu'il était l'un des se-
qu'à la fin le goût des livres , ainsi que le crétaires de Richelieu , spécialement pour
soin minutieux de ses intérêts d'argent. ■ le chiffre.
CARDIN. DE BICHELIED. — VII. 8
58 LETTRES
que M"' de Bussy Lamel, qui luy en a donné l'avis, liiy mande qu'il
est important à la sem-eté de sa place qu'il soit possédé par un Fran-
çois. Vous verres si c'est cliose que le roy puisse et doive donner, au-
quel cas vous en parlerés, s'il vous plaist, à S. M. en faveur dudict
s' de Guron.
XXXIII.
#
Cabinet de S. A. R. M^"^ le duc d^Aumale. — Original de la main de Charpentier.
[a m. de loyers ou a CHAVIGrvr.]
De Tarascon, ce 3o juillet' i642.
Je comniençois à me vouloir plaindre à moy mesme du ralentisse-
ment de vostre diligence à mon esgard, lorsque vos lettres des a 2
et ^k'^ en font une ingénue confession. Ne doutant point qu'elle ne soit
accompagnée de repentir, je vous donne de très bon cœiu" absolution
de cette faute , à condition qu'à l'avenir vous ne perdrés plus aucune
occasion de me faire sçavoir de vos nouvelles. Vous asseurant qu'outre
que c'est la plus grande consolation que puissent recevoir des absens ,
ce m'est un contentement particulier d'en recevoir d'une personne que
j'ayme comme vous.
J'ay esté bien aise de voir que M' du Hallier ayt pris Dieuze et Vi-
viers, car, bien que ce ne soit pas grand chose, c'estoit des espines
fascheuses pour Nancy.
L'extrait des propositions de M' du Hallier et de l'abbé de Gor-
jueille, dont vous me parlés, ne s'est point trouvé dans vostre pacquet,
mais la lettre que m'escrit M' du Hallier parle de faire quelques forts
auprès de la Motte, ce dont je me remets à ce que le roy sçaura bien
résoudre avec le conseil qu'il a près de luy. Si la Motte peut tomber
cet hiver, c'est toujours une nouvelle espine arrachée de la Lorraine,
' n n'y a point de suscription; cette ' «Receueie 4 aoust à Fontainebleau. »
lettre ne peut s'adresser qu'à l'un des deux (Note mise au dos.)
secrétaires du roi.
h
.DU CARDINAL DE RICHELIEU. 59
qlii doit estre désormais considérée comme un membre de la France
qui n'en peut plus estre séparé.
La proposition de Tenance est une chanson.
Je ne reçois point plus de joye que quand j'aprends par vos dépes-
ches l'amendement de la santé du roy, et la bonne disposition en la-
quelle elles me Font cognoistre qu'il est en mon endroit; je ne désire
la santé que pour le servir en servant Dieu.
Si i'abbé d'Ernavdt meurt, je seray ravy que S. M. tesmoigne sa
bonté en cette occasion à M'' le premier président.
Vous m'avés faict grand plaisir de me mander ce que vous m'avés
escrit de mes petits bastimens. Mon desplaisir est que j'ay pevir qu'ils
soient plus tost pretz à me recevoir que moy à les visiter. Mon mal va
toujours en amandant, mais lentement.
J'ay receu les lettres de M"" de Bouillon que je garderay soigneuse-
ment.
Les gardes arriveront demain icy d'où je les feray partir le len-
demain.
XXXIV.
Bibl. du Louvre, Emplois de M. d'Argenson, F. SaS, t. XU, fol. 67. —
Original de la main de Cherré.
SUSCRIPTION :
A MONS. MONSIEUR D'ARGENSON,
CONSEILLER DU BOÏ ES SES CONSEILS D'ESTAT ET PRIVÉ.
3o juillet |6'|2.
Monsieur, Le soin que vous avés pris d'envoier sçavoir des nou-
velles de ma santé ' ne me permet pas de laisser retourner ce por-
teur vers vous sans vous en remercier çt vous faire cognoistre par ces
lignes le gré que je vous en sçay. Mon bras me retient tousjours icy,
' Un billet autographe de Cherré était pour s'informer de la santé du cardinal,
joint à cette lettre ; c'est à ce secrétaire Cherré répond que le bras de S. Eni, la
que d'Argenson avait envoyé un s' Croze ■ relient toujours au lit.
8.
60 LETTRES
mais les médecins et les chirurgiens me font espérer qu'il sera biert-
tost guéry; ce qui ne deppend pas tant de leurs remèdes que de la
prospérité des affaires du roy aux quartiers où vous estes. Sa Majesté
y a desjà eu tant d'avantages qu'il y a tout lieu d'en espérer la con-
tinuation. Je les [sic) attends de la liénédiction de Dieu, du bonheur et
des soins de ceux qui y sont employez. Je ne vous convie point de con-
tribuer en vostre particulier tout ce qu'il vous sera possible à cette fin,
sachant bien que vous n'y oublierés rien. Je me contenteray seule-
ment de vous asseurer que je feray valoir vos services ainsy que vous
le pouvés attendre d'une personne qui vous ayme et qui est véritable-
ment, Mons%
Vostre affectionne à vous rendre service.
De Tarascon, ce 3o juillet 16A2.
XXXV.
Manuscri( du cabinet de S. A. R. M'' le duc d'Aumale. —
Original de la main de Clierré.
Arcli. des AIT. étr. France, 1642 , juin-août, foi. 33a. —
Minute de la même écriture.
A M. DE NOYERS.
' De Tarascon, ce 3o juillet 16/12.
J'ay tant de créance en ce qui vient de M' de Noyers qu'il n'est pas
besoin qu'il m'envoie des contrôles et des reveues des troupes qu'il
.sçait bien (jue je ne veoy jamais'. Il suffit qu'il prenne la peyne de
in'escrire ce ([ui est.
Il n)e fera plaisir de me mander des nouvelles de la santé du roy
et de sa bonne disposition en mon endroit le plus souvent qu'il pouira.
Ceux qui sont esloignez de la lumière du soleil prenent plaisir à sçavoir
que, s'il ne les esclaire de près, sa lumière leur est favorable de loin.
' J'ai rencontré plus d'une de ces pièces souvent les détails, il semble impossible
où l'écriture de Richelieu témoigne qu'il qu'il n'en vit |)as toujours les totaux et les
les voyait quelquefois, et s'il en négligeait résultats.
I
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 61
La Catalogne me tient en cervelle ; les ennemis se prépai-ent à y
faire un grand effort ; ils sont assez puissants en nombre , et nous nous
fions en la bonne fortune de M"' de la Motte et en la bonne disposi-
tion en la quelle sont les troupes qu'il a avec luy. Nous hastons le
secours des diocèzes autant qu'il se peut, dont M'' de la Mellcraie luy
fera part aussy tost qu'il l'aura joint.
M' d'Anguien va en personne mener tout ce que nous pouvons amas-
ser de noblesse icy autour' ; je croy qu'y comprenant Paluau, que je
luy donne avec sa compagnie entière, il y mènera /4oo bons chevaux.
Souvenés-vous tousjours des absens, qui vous aymeront également
en quelques lieux qu'ils soient et en quelque temps qui arrive.
XXXVI.
Manuscrit du cabinet de S. A. R. M*' le duc d'Aumale. —
Original de la main de Clierré.
Arch. des Aff. étr. France, 16^2 , juin-août, i'ol. 34 1. —
Minute de la même écriture.
A M. DE NOYERS.
DeTarascon, ce 3> juillet lOiî.
J'envoie à M' de Noyers ime lettre de M' de la Melleraie, ([ui me
met un peu en peyne.
Vous verres par icelle qu'il demande des troupes réglées, et je ne
sçay où on les peut prendre , si ce n'est qu'au lieu d'occuper Gransay
davantage dans la Lorraine, vous le feissiés venir avec son infanterie
par la Saône et par le Rosne , ce que le roy avoit desjà pensé à Nar-
bonne, la cavalerie demeurant à M' du Hallier, pour garentir tout le
' L'évêque de Rennes, Henri de la noblesse et de milice en Languedoc pour
Motte, frère du marécbal d'Houdencour, Perpinian. La noblesse de Guyenne y va
était alors k Tarascon , auprès de Riclie- aussy ; M' le duc Danguien part aussy de-
lieu . Nous avons une lettre de lui , datée du main de Terrascon avec la noblesse que son
même jour et adressée à d'Argenson, in- crédit et sa naissance luy acquerrent. •
tendant de l'armée de Catalogne. Nous y (Mss. de d'Argenson, Bibl. du Louvre,
lisons : « On fait de» puissante» levées de .F, 3a5, tom. XII, fol. 73.)
62 LETTRES
pays, le reste de la campagne. Je sçay bien que la demande que faict
M' de la Melleraie de troupes réglées supose deux choses, et que la
ville puisse tenir deux mois, et que les ennemis veuillent et puissent
commodément subsister autant de temps aux lieux où ils sont, devant
que de rien entreprendre.
La dernière de ces deux choses est difficile , et la première semble
du tout impossible.
Cependant Perpignan est de telle conséquence que je vous prie de
voir si la proposition de Gransay se peut faire, et s'il n'y a point
quelques troupes non employées qu'on luy peust joindre, en sorte
qu'il peust amener quatre mile hommes bien effectifs.
S'il avoit réussy quelque chose de vos Escossois, leur arrivée pour-
roit faciliter cette affaire remplaçant ' ce qu'on prendroit des troupes
plus prochaines pour fortifier Gransay; ce que je dis craignant qu'il
n'ayt pas les quatre mil hommes; car, s'il les a, c'est tout ce que M"^ de
la Melleraye peut désirer.
A la vérité , il seroit fascheux qu'une entreprise que le roy a faicte ,
à la quelle il a tant pené en personne, s'en allast en fumée.
Je ne sçay si Dieu veut que je demeure icy longtemps malade,
mais j'ose penser et vous dire que j'ay bien peur que ma présence y
soit aucunement nécessaire, car c'est chose très certaine qu'il n'eust
pas esté à Perpignan la moitié des milices qui yront quelque nombre
qu'on y en puisse faire aller.
Si le roy se résoud à envoier Gransay, il faudroit mander au mar-
quis de Villeroy de luy préparer quelques recreues de 3 ou lioo
hommes, qu'il peut trouver, à mon avis.
- La permission que M' de la Melleraye dict , dans la lettre , m'avoir
envoie demander, est qu'il me dépescha pour sçavoir si j'approuverois
qu'il traitast avec ceux de Perpignan pour rendre la place dans un temps
' Nous prenons ce mot de la minute, la minute, il a été supprimé dans l'origi-
1 original met « remplissant, » ce qui semble nal; le cardinal a-t-il voulu que le roi
une faute de copiste. ne fût pas informé de cette autorisation
' Ce paragraphe ne se trouve que dans donnée à la Meilleraye .■'
DU CARDINAL DE RICHELIEU. G3
»
préfix, sans les obliger à montrer s'il leur resteroit des vivres; sur
quoy je luy manday que le roy approuveroit tout ce qu'il feroit, et
cela pour le bien de son service.
Toutes les inquiétudes que me donne cette affaire sont un mauvais
ren)ède pour ma guérison.
XXXVII.
Cabinet de S. A. R. M^' le duc d'Auniale. — Original de la main de Cherré.
Arcli. des AIT. étr. France, 1 642 , juin-août, loi. SôS-ooy. —
Minute de la main de Cherré et de la main de Charpentier.
A MM. DE CHAVIGNY ET DE NOYERS'.
DeTaïascon, cp 2 aoust i64î.
Enfin nous avons eu avis de Gènes que l'escadre de Naples doit se
rendre à Ligourne le 3 , 4 ou 6 de ce mois. Elle est composée de
I 3 gallères de Sicile et de Naples et de quatre de Doria ; de 2 o vais-
seaux, dont il n'y en a que six de guerre, le reste estant vaisseaux
marchands qui portent des vivres et de l'infanterie, et l\ ou 5oo che-
vaux, pour desbarquer à Taragonne ou à Rose.
Aussy tost que j'ay eu cet avis j'ay dépesché au marquis de Brézé
pour l'en avertir, et luy ay mandé que la principale fin qu'il doit avoir
estant de favoriser la prise de Perpignan, si- tes ennemis, au lieu d'aller
à luy, vont droit desbarquer leur infanterie et leur cavalerie à Tara-
gonne ou à Rose, comme il y a grande apparence, ce sera à luy de
faire tout ce qu'il pourra pour les incommoder.
Jusques à présent quatre choses m'ont travaillé l'esprit, la maladie
du roy, le siège de Perpignan, le procès de M"' le Grand, et mon mal.
Par la grâce de Dieu les asseurances que vous me donnés de la
' La guscription manque, maison lit au mise au dos de l'original. La minute est
dosde la minute : « àM"de Chavigny et de écrite sur plusieurs feuillets; un passage
Noyers. » Ces deux secrétaires d'Etat re- est déplacé , un autre manque , et l'on re-
çurent cette lettre le 7 août, à la Maison- marque en outre quelques légères dififé-
Rouge, ainsi qu'on le voit par l'annotation - renées de rédaction.
64 LETTRES
santé du roy, et une lettre que j'ay veue de M' Bouvard à M"^ Citoys
m'ont tiré d'inquiétude sur le sujet du premier, qui est le principal,
lime semble aussyqueje commance à voir que ma guérison aproche^
Reste de pourvoir à Perpignan et au procès de M"" le Grand.
Pour Perpignan, nous avons faict tout ce qui se peut faire de deçà,
et tout ce qu'on doit attendre pour ne rien oublier pour faire réussir
cette affaire. Le reste deppend maintenant de votre costé.
J'ay veu les propositions^ que faict M" du Rallier de prendre Cirque
et Longvi; et bloquer, avec un autre petit corps, la Mote. Cette
proposition est raisonnable et avantageuse, et je la tiens d'autant plus
faisable que M"' du Hallier ne l'aura pas faicte sans avoir bien considéré
ses mesures. Cependant comme Perpignan est la pièce décisive de
cette campagne, la lettre que je vous ay envoyée, par Boispillé, de
M' de la Melleraie, m'embarasse en sorte que tout ce que je vous puis
dire est que peut-estre, dans deux ou trois jours, nous recevrons des
nouvelles qui donneront toute liberté à M"^ du Halier d'exécuter son
dessein. Jusques là je n'ose penser qu'il s'y doive embarquer, de peur
d'estre contrainct de le laisser l'aiant commance. Cependant il em-
peschera le dégast de Mets.
^ Si on en a affaire povu- Perpignan il suffira qu^il soit icy le
1 o""^ septembre. Vous verres avec le roy à faire la suputation du temps
auquel il devroit partir^.
' Chavigni répondait de Paris , le g août :
« Nous avons rendu compte au roy de toul
le contenu de la dépesche de M^' du 7 de
ce mois ; S. M. n'y a rien vu de plus
agréable que l'asseurance de la guérison
de S. Éni. r> Venant à la santé du roi , Cha-
vigni énumère toutes les médecines que le
roi a prises depuis six semaines : « avec
cela M' Bouvart ne craint rien , et espère
tousjours trouver le fond du pot. »
' Ce qui suit , écrit par Charpentier sur
un autre feuillet , devait faire une lettre sé-
parée, ainsi que l'indique une première
ligne rayée ; on en a fait la suite de la mi-
nute écrite par Cherré.
' Le secrétaire a écrit en marge de ce
paragraphe , sur la minute : « Armée navale
d'Espagne plus mal traitée. »
' Après avoir donné des nouvelles du
duc Charles et du pays messin, Chavigni
marque les étapes des troupes de M. Du
Hallier, « et quand elles , ne partiront ,
dit -il, que le 26 de ce mois du blocus
de Lamotte, elles peuvent arriver à Boc-
querre, ainsy que S. Em. le juge à pro-
pos. »
•DU CARDINAL DE RICHELIEU.
65
'Et pour conclure, Perpignan estant préférable à toutes choses, je
suis d'avis, le dégast du pays Messin empesché, ce que je croy main-
tenant faict, ou en estât de Testre bientost, qu'on face approcher les
troupes de M"' de Gransay de la Saône, et qu'on face tenir des bat-
teaux prests pour les embarquer.
Quant au procès de M. le Grand, je croy que M. le chancelier sçaura
sy bien trouver des expédiens d'accomoder les formes^ à la nouvelle
honte que pourra avoir Monsieur qu'il trouvera bien l'invention de
sortir de cette affaire. S'il se trouve quelqu'un dans la maison du roy
à qui M"' le Grand ayt parlé, comme il y en a certainement, qui que
puisse estre ce personnage, Brion et la déclaration de Monsieur rendra
la preuve complette^.
.l'attendray à vous mander au long mes pensées sur ce sujet après
' • Le roy (répond encore Chavigni) a
entièrement approuvé tous les sentimens
de S. Ém. sur ce sujet, ayant mesme ré-
solu d'envoyer à M. du Hallier mille
hommes de ses gardes françoises et suisses
pour continuer le blocus de la Motte, en
cas qu'il faille tirer de l'armée de Lorraine
trois mille hommes pour la continuation
du siège de Perpignan. »
" Ce paragraphe est chiffré , dans l'ori-
ginal, d'ici jusqu'à la fin. Le déchiffre-
ment interlinéaire met : nouvelle et décla-
ration là où , dans la minute , il y a : mau-
vaise et déposition. Il s'agit ici d'une con-
frontation entre Monsieur et Cinq -Mars
que prescrivaient , pour la condamnation ,
les formes de la procédure. Mais, malgré
ses lâchetés liabituelles , Gaston se refusait
obstinément à subir cette humiliation. 11
a déclaré , mandait Chavigni , « qu'il n'y a
point d'extrémité qu'il ne souffre plustost
que de se résoudre à voir M" le Grand et
de Bouillon en face ... il offre de ratifier
sa confession en présence de M. le Chan-
celier et de toutes autres personnes qu'on
voudra choisir, d'y ajouter tout ce qu'il
pourra avoir obmis et tout ce dont on le fera
souvenir, t (Ms.cité aux sources, fol. 335.)
Sur une pareille déclaration le chancelier
eut ordre de consulter les plus habiles , et il
trouva , dans son aiwme judiciaire , cet expé-
dient , de substituer une déclaration de Mon-
sieur à la confrontation. La consultation
fut donnée tout d'une voix, Chavigni l'an-
nonça au cardinal le a aoiît, et le chance-
lier lui en envoya le texte le lendemain.
On comprend pourquoi le mot déclaration
a été substitué, dans la lettre signée, au
mot déposition, que Richelieu avait dicté
dans la minute; on aura réfléchi que ce
dernier mot n'était pas de mise dans cette
singulière procédure. Au reste, quelques
autres mots de la minute ont été modifiés
dans l'original.
' Chavigni répond : « Persoime n'a parlé
jusques à cette heure dans la maison du
roy, quelque menace que S. M. ayt pu
faire. »
CARDIN. DE BICHELIED.
06 LETTRES
avoir veu celles que vous aurés puisées dans Tabisme judiciaire , dont
les chanceliers sont tousjours pourveus.
' Les Capucins sont en grande alarme d'un commissaire général
que le cardinal de Saint-Oneufre envoie encore en France avec pou-
voir, à ce qu'ils disent, de casser les supérieurs, et de faire beaucoup
d'autres changemens préjudiciables à l'ordre. On estime qu'il faut faire
delTense, de la part du roy, au dit commissaire général d'exécultei-
sa commission qu'avec l'avis des quatre définiteurs qui sont en France,
les quels l'advertiront de ce qui pourroit contrevenir aux coustumes
du royaume.
Nous croyons que c'est le P. de Fossés qui a porté M' le cardinal
de Saint-Oneufre à envoyer ce visiteur en France, et qui entretient
correspondance avec le chevalier de Jars et M"" de Thou, parce que,
dans la lettre que le d. chevalier de Jars escrit au d. s*" de Thou, il
luy mande que le d. P. de Fossés luy dira toute nouvelle; ce qui faict
que je juge du tout à propos qu'il plaise au roy faire escrire au d. père
de Fossés, qui doit estre à Lyon, de se rendre près de sa personne;
et lorsqu'il y sera de luy faire faire commandement de s'en aller de-
meurer au couvent d'Angers , sans en partir que par la permission du
roy et l'obédience de ses supérieurs.
^ On escrit de Barceionne que l'armée navale des ennemis fut
beaucoup plus maltraitée par celle du roy, dans le dernier combat qui
s'est donné, qu'on ne le manda d'abord, et qu'ils perdirent deux de
leurs plus grands galbons par le feu, lorsque Cangé se brusla.
M"" d'Arpajon a envoyé donner avis qu'il a arresté le jeime Flama-
reins et qu'il l'a mis dans le Chasteau-Trompette. Cette prise dissipera
toutes les caballes qui se pourroient former en Guyenne.
' Ce qui suit est écrit , sur un petit feuillet a été ajoutée en suite de l'annotation mar ■
séparé, de la main de Cherré. ginale mentionnée ci-dessus, note 3 de la
' Cette fin , qui manque dans la minute , page 63.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 67
XXXVIII.
Cabinet de S. A. R. M*' le duc d'Auinale. — Original de la main de Clierré.
Arch. des AIT. étr. France, 1642 , juin-aoùf, fol. 353. —
Minute de la main du même secrétaire.
POUR M. DE NOYERS.
Dé Taïascoii , ce 3° aoiist 1612.
Estant venu, depuis la dépesche que je feis hier par l'homme de
madame de Lanssac, un courrier dépesche extraordinairement par
M' d'Amontot, pour nous avertir que la flotte de Naples est partie,
et qu'elle apporte cinq mille hommes de pied Alemans et Napolitains,
et 5 , 6 , 7 à 8 cens chevaux pour mettre à terre , il n'y a point à
douter, à mon avis, à l'envoy de l'infanterie du s"^ de Gransay.
Les bruicts qui commencent à estre tenus quasy pour certains , en
ces quartiers, que les ennemis ont des vivres pour passer au delà de
la niy-septembre , et l'opiniastreté de Don Diégue Cavalier, doivent
conlirmer en ceste pensée, qui reçoit d'autant moins de doute, à mon
avis , que j'estime que la cavalerie qui demeurera à M"^ du Hallier, et
les milices du pays Messin, ou autres lieux où M' de Lorraine vou-
droit aller, sont suffisantes pour empescher les desordres.
Si le roy prend Perpignan, son année sera très glorieuse, et ses
affaires en excellent estât. Si, par malheur, il ne le prenoit pas, le
roy d'Espagne devroit tout ce qu'on peut devoir au perfide public ([ui
en seroit la cause, et on ne sçauroit croire, en ce cas, le déchet qui
arriveroit à la réputation des aflaires de la France. J'espère que nous
n'en viendrons pas là, et c'est pour l'empescher qu'il nous faut fortilfier
les armées de deçà; et, puisqu'il le faut faire, le plustost est le meilleur.
Ainsy je conclus à ce qu'il plaise au roy envoler quatre mile hommes
de Gransay, qui, à mon avis, pourront arriver à la fin du mois en
Rou.ssillon. à cause de la commodité de la Saône et du Rosne, si on
les faict partir bientosl.
9-
68 LETTRES
Je ne veux pas vous dissimuler qu'outre cela, me servant du pou-
voir que le roy m'a donné, je fais lever deux mile hommes par M' de
Lesdiguières, qui en amènera, selon ce que je croy, effectivement
quinze cens dans la fin du mois.
J'escris encore, par ce courrier, à M' de Villeroy, que je prie de
lever cinq cens hommes pour fortiffier son régiment, luy promettant
de luy payer la levée à mon passage à I.yon.
En un mot, comme je vous conjure de ne rien oublier de ce qui
se pourra de vostre costé, le roy sera, s'il luy plaist, asseuré que de
deçà rien de possible ne sera obmis.
Les grandes affaires ont de cuisantes espines; mais à la fin, avec
la fermeté et l'ayde de Dieu, on en sort.
J'ay prié M'' de la Malleraie, aussy tost qu'il aura commencé à re-
cevoir le secours des milices de deçà, d'envoier deux mile bons
hommes à M"^ de la Motte.
Aparemment le reste de cette campagne produira deux grands com-
bats, l'un de mer et fautre de terre. Je suplie Dieu qu'il favorise le
roy en tous les deux. Pourveu qu'il luy plaise confirmer de plus
en plus sa santé, et m'en donner assez pour le servir, j'espère que
tout ira bien, et que ma demeure de deçà ne sera pas inutile.
Je vous ay escrit louchant la bibliothèque de feu M"^ de Cordes,
la quelle il a ordonnée estre vendue en gros et non à diverses per-
sonnes, je vous prie de vous souvenir que, quand on vend ainsy de
grandes bibliothèques, on ne les vend jamais la moitié de ce qu'elles
ont cousté. j\l' du Bignon est un des vendeurs, vous pourrés vous
servir de M"" de Rheims en cette négociation, mais avec les précau-
tions nécessaires qui obligent à avoir bon pied bon œil.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
«9
XXXIX.
Cabinet de M*' le duc d'Aumale. — Original de la main de Charpentier.
Arch. des Aff. étr. France, 1642, juin-août, fol. SyS. —
Minute de la main de Cherré.
A M. DE NOYERS.
De Tarascoii, ce 4 aoust i6i2.
Bien que je ne parte point du lict, vous ne m'accuserés pas de pa-
resse, puisque tous les jours je vous escris'.
' Nous avons déjà eu occasion de remar-
quer que les souffrances du cardinal ne
lui étaient rien de sa prodigieuse activité ;
lui-même se rend ici ce témoignage ; et, à
ceu.x qui douteraient, nous dirions très-
précisément l'emploi de son temps au mo-
ment même où la présente lettre fut écrite.
« Monsg' le cardinal ( mande H. Arnault
dans une lettre du 10 août) se porte assez
bien quand il est dans le lict, mais il ne
se peult lever. Il n'a jamais plus travaillé
qu'il faict. Il travaille et faict escrire soubs
luy depuis 7 h. jusques à 8. Depuis 8 jus-
ques à 9 on le pense. Depuis 9 jusques
à 10 il parle à ceux qui ont à faire à luy.
Depuis 10 jusques à 1 1 il travaille; après
celia il entend sa messe et disne. Jusques
à 2 il s'entretient avec M. le card. Mazzarin
et autres. Depuis 2 jusques à 4 il travaille ,
et puis il donne audiance à ceux qui ont à
faire à luy. Il n'a jamais plus agi qu'il a
faict pour l'affaire de Perpignan , qui con-
tinue à tenir les esprits merveilleusement
en suspends.» (Bibl. imp. fonds Béthune,
9374. p. 3i.) Et cependant M. Bazin,
dans son Hist. de Louis XIII (t. IV, p. 3Ç9-
388), représente le cardinal comme ré-
duit à une impuissance absolue et laissant
au roy tout le fardeau du gouvernement.
Ainsi voilà près d'une année, la dernière
et l'une des plus remarquables de la vie
de Richelieu, supprimée d'un trait de
plume par un historien auquel pourtant
des mérites réels ont d'ailleurs concilié la
confiance. C'est le roi qui a tout fait quand
le cardinal, tombé dans un complet en-
gourdissement, avait tout abandonné!
(Mon VI" vol. p. 947.) S'il arrive parfois
que Richelieu laisse une décision à pren-
dre au roi , en alléguant sa maladie (même
vol. p. 926), c'est une forme de déférence
dont il a usé en tout temps pour ne pas
paraître s'imposer à la volonté royale. Ba-
zin va même jusqu'à faire cette singulière
supposition , que Richelieu a bien pu
« exagérer à dessein son mal « pour mieux
embarrasser le roi par sa complète inac-
tion; supposition tout à fait inadmissible
pour ceux qui ont la moindre notion de
la véritable histoire de cette époque. Écri-
vain élégant et judicieux, Bazin est un
historien mal informé ; il n'a su du temps
dont il écrit l'histoire que ce qu'ont pu
lui apprendre les livres ; il a fait tout ce
que peut faire le talent privé du secours
des sources originales.
70
LETTRES
Vous verres les nouvelles que m'escrit M'' de la Melleraye ; il croit
que les ennemis marchent pour venir en Roussillon.
M'' d'Argenson crie à l'argent, et dit que les troupes périssent et
que les peuples se plaignent. Cela faict que , encore que j'eusse résolu ,
depuis les bons offices de M"" le Grand, de n'avancer plus d'argent,
je n'ay peu m'empescher de luy envoyer promptement vingt mile
escus, et de vous en olFrir quatre vingt mile\ qui sont prests à Lyon
sur mon crédit, si M' le surintendant n'a desjà envoyé d'autres fonds.
C'est à vous à faire pourvoir à toute cette affaire, qui est très im-
portante en ce rencontre. Au nom de Dieu faites y mettre ordre sans
délay quelconque.
Vous ne m'avés point envoyé le nom du prieuré^ que j'ay donné à
M' Bontemps , pour en faire faire les provisions.
Au mesme temps que je vous escris ce billet, il vient d'arriver un
courrier^ d'Italie qui crye à l'argent. Je vous conjure d'y mettre ordre ,
en sorte que je n'aye plus la teste rompue de ces choses là, vous
avouant franchement que je n'y sçaurois suffire. Monsg"^ le cardinal
Mazarin vous escrit au long sur ce sujet*.
Je vous envoie une lettre en chiffre du gouverneur de Roze, que
vous donnerés au sieur Rossignol, afin que nous sachions toutes
choses ^. j
' Le cardinal en informait M. d'Ar-
genson par une lettre du même jour, la-
quelle sera notée aux Analyses; dans la-
dite lettre, la somme est portée à cent
mille écus.
^ La fin de ce paragraphe est restée en
blanc dans la minute.
' Ce courrier était envoyé par le maré-
chal de camp d'Aiguebonne, qui récla-
mait l'envoi des sommes destinées pour
l'exécution du traité des princes de Sa-
voie. M. de la Vrillière, secrétaire d'état.
qui était alors à Tarascon , eut ordre du
cardinal d'écrire à Champigny, intendant
de la justice en Lyonnais, de recevoir
des sieurs Dugué et Lumague 220,000
livres laissées en leurs mains pour cet
objet.
' La lettre de Mazarin , en italien , est/
classée fol. 876 du manuscrit des Affaires
étrangères; elle traite surtout des demandes
d'argent et de quelques détails d'affaires.
' Ce dernier paragraphe manque dans
la minute.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
71
XL.
liibl. inip. Baluze, pap. des ann. lettres, paquet i , n° i . — Original '.
Arch. du départ, de la Marne, dans les papiers de la famille de Prasiin. — Original*.
Arch. des AIT. étr. France,!, loi, pièce non cotée, entre les feuillets 344-3A6.
Bibl. imp. Béthune, 9276, fol. 248; copie; et 9277, fol. 1 ; copie. —
Dupuy, ogo, fol. 229-23: ; deux copies. —
Imprimée : Gazette extraordinaire du 27 août, p. 791 '• —
.Mémoires de Montrésor, p. 334 de l'édition de 1 663. —
Journal de M' le cardinal duc de Richelieu, i664, p. 2o5. —
Dans la collection de mémoires de Petitot, t. 54, à la suite de la relation de Fontrailles.
Dans le Bulletin de la Société de l'histoire de France, 4 avril i854.
DE PAR LE ROY.
Chers et bien amez ,
4 aoul 1642.
Le notable et visible changement qui a paru depuis un an en la
conduite du s' de Cinq Mars, nostre grand escuier, nous lit resouldre
aussy tost que nous nous en aperceumes, de prendre soigneusement
garde à ses actions et à ses paroles pour pénétrer et descouvrir quelle
en pourroit estre la cause. Pour cet effet, nous nous résolusmes de le
laisser agir et parler avec nous avec plus de liberté qu'auparavant.
' Les originaux de cette lettre de cachet
circulaire ne doivent pas être rares , la pièce
ayant été envoyée aux parlements, aux
corporations des villes principales , aux gé
néraux en chef des armées , aux ambassa-
deurs, etc. Celui que Baluze a conservé
est adressé aux maire et escheviiis de lu ville
de Tulle, le 4 août. La signature du roi
est contre-signée : Sublet.
' Cet original offre quelques variantes,
nous nolon.s les principales. Toutes les
circulaires ne sont pas datées du même
jour ; celle-ci porte la date du 8 août. Les
copies des manuscrits de Bétlmne et celles
de Dupuy sont datées , les unes du 5 août ,
les autres du 6.
' Je donne le texte de la Gazette , dont
la fidélité est garantie par Richelieu lui-
même , qui , écrivant à Chavigni le 1 3 août ,
lui recommandait de veiller à ce que cette
lettre fût imprimée par Renaudot, avec
toute la correction possible. ( Voy. ci-après ,
p. 92) La Gazette donne ce titre à la pièce
officielle : « La lettre que le roy a escrite
aux principales villes de ses provinces el
aux ambassadeurs sur le sujet de l'empri-
sonnement du duc de Bouillon et du s' de
Cinq-Mars, grand escuyer de France »
72 LETTRES
Par ce moyen nous descouvrismes qu'agissant selon son génie, il
prenoit un exlresme plaisir à ravaler tous les bons succez qui nous ar-
rivoient, relever les mauvais, et publier les nouvelles qui nous estoient
désavantageuses.
Nous descouvrismes qu'une de ses principales fins estoit de blasmer
les actions de nostre très cher cousin le cardinal duc de Richelieu,
quoyque ses conseils et ses services ayent tousjours esté accompa-
gnez de bénédictions et de succès, et de louer hardiment celles du
comté duc Olivarez, bien que sa conduite ait tousjours esté malheu-
reuse.
Nous descouvrismes qu'il estoit favorable à tous ceux qui estoient
en nostre disgrâce, et contraire à ceux qui nous servoient le mieux.
Il improuvoit continuellement ce que nous faisions de plus utile
pour nostre estât, dont il nous rendit un notable tesmoignage en la
promotion des sieurs de Guébriant et de la Mothe à la mareschaussée
de France , la quelle luy fut insuportable ' .
Il entretenoit une intelligence très particidière avec quelques uns
de la religion prétendue réformée mal affectionnés, par le moyen de
Chavagnac, mauvais esprit, nourri dans les factions, et de quelques
autres.
Il parloit d'ordinaire des choses les plujs' saintes avec une si grande
impiété qu'il estoit aisé à voir que Dieu n'estoit pas dans son cœur.
Son imprudence , la légèreté de sa langue , les divers courriers qu'il
envoyoit de toutes parts et les pratiques ouvertes qu'il faisoit en nostre
' L un des savants ouvriers de l'his- personne d'un prince que l'on devait plus
toire de France, Jean le Laboureur, qui respecter.» [Hist. du Comte de Gaébriant,
cite ce paragraphe, l'accompagne de ces p. 465, in-fol.) Ce blâme du style Riche-
mots : « Il y a cela de particulier dans la lieu est peu digne d'un historien ; Gaston
lettre qui fut envoyée au comte de Gué- méritait d'être traité plus sévèrement en-
briant. » Le paragraphe se trouve dans core que ne fait ici le cardinal. Mais en
tous les exemplaires de cette lettre com- i656, Gaston vivait encore , quoique bien
mune. Le Laboureur n'a pas osé rapporter oublié depuis ses dernières équipées de
la pièce , il s'excuse même de cette citation : la Fronde. Le Laboureur aurait -il parlé
<i Je fais difficulté de rappeler ici cette lettre de la sorte si ce fût Richelieu qui eût sur-
pour quelque chose de trop aigre contre la vécu ?
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 73
armée, nous ayant donné juste sujet d'entrer en soupçon de luy, i'in-
térest de nostre Estât (qui nous a toujours esté plus cher que nostre
vie) nous obligea à nous assurer de sa personne et de celle de quel-
ques xms de ses complices. Nostre résolution ne fut pas plustost exé-
cutée que , par la bouche des uns ou des autres , nous n'ayons eu con-
noissance que le dérèglement de ce mauvais esprit l'avoit porté à
former un party en nostre Estât; que le duc de Bouillon devoit don-
ner entrée aux estrangers en ce royaume par Sedan; que nostre très
cher frère ' le duc d'Orléans devoit marcher à leur teste , et que ce
misérable esprit devoit se retirer avec eux, s'il voyoit ne pouvoir mieux
servir ce parti et ruiner nostre cousin le cardinal duc en demeurant
auprès de nous.
Nous apprismes que le roy d'Espagne devoit fournir à ce parti
douze mile hommes de pied et cinq mile chevaux; qu'il luy devoit
donner quatre cens mile escus pour faire des levées en France; qu'il
donnoit à nostre d. frère six vingt mile escus de pension, au duc de
Bouillon soixante mile escus ^, et au d. s' de Cinq Mars vingt mile
escus, et qu'en outre il devoit munir la place de Sedan et en payer
la garnison.
Cette connoissance nous fit résoudre de faire arrester le duc de
Bouillon , et avoir tellement l'œil aux déportemens du duc d'Orléans ,
nostre frère, qu'il ne pust nous faire le mal qu'il avoit projette. Dieu
bénist tellement nos résolutions' que le duc de Bouillon fut trouvé
caché dans du foin où il s'estoit mis pour pouvoir ensuitte se retirer
dans le Milanois.
Au mesme temps, nostre d. frère le duc d'Orléans, pressé par sa
conscience et par le mauvais succez qu'a voient eu ses desseins, nous
' «Que mon frère.» (Lettre à M. de vais desseins des mal afTectionnés au bien
Praslin.) de ces Estais, que led. duc de Bouillon
' • Aud. duc de Bouillon et aud. s' de aiantpressenty (juej'avoisadvisdesesmau-
Cinq Mars , nostre grand escuyer, à chacun vaises intentions , n'a pu s'eschapper, quoy
quarante mille escus. « Autres textes : quel- qu'il se fust caché dans la ville de Casai , où
ques-uns, au lieu d'escus, mettent «livres. » il estoit, pour se retirer ensuitte dans le
' « Et confond, au contraire, les mau- Milanois. ■ (Lettre à M. de Praslin.)
CABDI>i. DE RICHELIEC VIL 10
74 LETTRES
envoya l'abbé de la Rivière pour nous dire en général qu'il avoit failly
et avoit besoin de nostre grâce, sans spécifier particulièrement en
quoy.
Nous respondismes que, bien qu'il deust estre las de nous offenser
et d'agir contre luy mesme , agissant contre nous et contre l'Estat , nous
ne voulions pas nous lasser d'user de nostre clémence envers luy.
Qu'en ceste considération, nous désirions qu'il nous donnast une entière
et sincère confession de sa faute , une déclaration particidière de tous
ses complices et de tous les desseins et projets qui avoient esté faits;
auquel cas il recevroit des effets de nostre bonté.
Nous aurons l'œil à sa conduite et agirons avec luy selon que le
bien de nostre Estât le requiérera, sans toutes fois nous séparer du
bon naturel dont il a tousjours receu des preuves.
L'importance de ceste affaire nous a obligé ' à vous en donner avis ,
pour vous convier à rendre grâces à Dieu de l'assistance continuelle
qu'il luy plaist nous départir pour garentir ce royaume des mauvais
desseins qui se font tant au dehors qu'au dedans d'iceluy pour en trou-
bler la prospérité.
■^ Au reste , les diverses expériences que nous avons faites de vostre
fidélité, en différentes occasions, font que nous sommes très asseurez
que si elle estoit capable d'accroissement, vous la redoubleriez en ces
rencontres, où la malice de ce mauvais esprit fait voir que nos bonnes
intentions ont besoin d'estre secondées.
' « M'a convié à vous en informer par
ceste lettre , pour vous faire cognoistre que
Dieu, par sa bonté, m'assiste continuelle-
ment pour garantir (Lettre à Praslin.)
' « L'affection et la fidélité que vous
avez pour mon service, dont vous avez
donné des tesmoignages en diverses occa-
sions, me rend très asseuré que vous veil-
lerez incessamment, dans l'estendue de
votre charge, à ce qu'il ne s'y passe rien
qui [me] puisse préjudicier, et que vous
redoublerez vos soings, s'il est besoitig.
pour cet effect, ce qui me convie de plus
en plus à vous faire paroistre ma bonne
volonté en vostre endroict; priant sur ce
Dieu, qu'il vous ayt. M' le marquis de
Praslin , en sa sainte garde. Escrit à Ver-
sailles, ce vni* aoust i64a. Locis. Et
plus bas : Bouthili.ieb. » Plusieurs exem-
plaires sont contre -signés Loménie; le
contre-seing varie selon la destination des
circulaires.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
75
Cependant nous vous asseurons qu'il n'y a rien que nous ne voulions
faire pour vostre avantage en tous rencontres.
Escrit à Fontainebleau, le 4* jour d'aoust iG^a'.
XLI.
Cabinet de S. A. R. M»' le duc d'Aumale. — Original de la main de Cherré^
De Tarascon , ce i' aousl.
J'ay leu à Son Eminence le mémoire qu'il a pieu à Monseig"" de
Noyers m'envoier par M"" de Figean. Elle désire que l'on continue les
peintures et doreures , tant du dedans que du dehors du Dôme de la
Sorbonne, dont le s' Tiriot s'est chargé, et qu'on alFerme la terre
de Trêve à son proffit.
Pour ce qui est de la justice et des droicts seigneuriaux de la terre
que M' du Rivau a vendue aux pères de la Mission , Son Eminence ne
se résoudra point si eUe les doit retenir ou non, qu'après avoir veu
l'advis (|u'il plaifa à Monseig' de Noyers luy dormer sur ce sujet.
' Quoique cette pièce ait été plusieurs
fois imprimée, nous avons cru ne pas pou-
voir nous dispenser de la placer dans ce
recueil , comme un singulier monument
de la faiblesse du roi et de la toute-puis-
sance de son ministre. Cette longue énu-
mération des méfaits de son favori n'est-
elle pas , de la part du roi , l'humiliante
confession d'un aveuglement que rien ne
dissipait, et qui ne s'est subitement éclairé
que par la découverte tout à fait inopinée
d'un crime d'état. Cette confession , dictée
par le cardinal et signée du roi , envoyée
aux parlements et aux grands fonction-
naires du royaume, cette confession n'est-
elle pas un des actes les plus caractéris-
tiques de ce règne ? Si l'on n'était déjà in-
formé que , dans les occasions de quelque
importance , Richelieu ne laissait jamais à
d'autres le soin d'exprimer sa pensée, on
saurait que lui-même a composé cette
pièce par le témoignage de Chavigni et de
de Noyers qui, dans une lettre signée de
tous deux, datée de Fontainebleau le
3o juillet, lui disaient : « La lettre qu'il a
pieu à monseigneur de dresser sur ce sujet
(la conjuration) pour envoyer tant dedans
que deliors le royaume, est si délicate et
si judicieuse, qu'elle fera sans doute le
bon effet, dans tous les esprits, qu'on en
attend avec raison.» (Arch. des AIT. étr.
France, de juin en août, fol. 335, orig.)
' Cette pièce, à laquelle on n'a point
donné la forme d'une lettre , est en réalité
un mémoire dicté à Cherré par le cardinal ,
et qui a du être envoyé à de Noyers.
76 LETTRES
lequel il prendra avec M' de Loynes, qu'il envoyera quérir pour cet
effect.
Quant à la compagnie (jui est vacquante dans le régiment de la
marine par la mort du s' des Genêts, fils du s' de Verton, M"^ la du-
chesse d'Anguien l'ayant demandée pour le s' de Gadagne, neveu de
la supérieure des Carmélites de S*-Denis, Son Eminence prie Monseig""
de Noyers de s'informer si led. s' de Gadagne en est capable. Son Emi-
nence ne rejette pas la proposition que M' de Charost faict du frère du
chl^""' de Rivière pour une compagnie aud. régiment, ayant dit que
celle dud,^ s"^ chl" est aussy à donner, s'estant battu en duel, et ayant
esté condamné; mais elle ne s'est point expliquée davantage sur ce
sujet.
Estant très important de justiffier que le lieutenant des gardes de
M' de Bouillon^ n'est parti de la cour que sept ou huict jours après
que Monseig' de Noyers l'eut expédié, et faict deslivrer ses dépesches.
Son Eminence prie Monseig' de Noyers de faire retirer des mains
de M' de la Barde toutes les d. dépesches qui furent trouvées sur
le d. lieutenant des gardes de M"" de Bouillon, lorsqu'il fut arresté,
lesquelles Saladin luy donna, et de les luy envoier, afin de justiffier
par les dattes que le d. lieutenant n'est party de la cour que le jour
que M' le Grand fut arresté, et que ses lettres estoient expédiées
() ou 7 jours auparavant^.
Son Eminence se porte tousjours de mieux en mieux, et les plays de
son bras sont en sy bon estât qu'elle pourroit aysément le remuer et
' L'abréviation est ainsi indiquée dans peu plus amplement. » Il doit y avoir quel-
le manuscrit. que erreur entre ces dates : 4 et 7 août.
' Ce lieutenant , nommé Dozonville , fut — Dans ce billet nous lisons encore :
arrêté ; sa déposition est conservée aux AIT. « Vous verres par les dépesches de M" de
étr. France, t. 101, avec d'autres pièces la Motte et d'Argenson, que je vous en-
non cotées et placées après le fol. 344- voie, que les affaires vont mieux en Ca-
Le manuscrit cité aux sources contient talogne que nous ne ccoyons , et qu'ils
un billet de Richelieu à de Noyers, daté n'ont que 6,000 h. de pied et deux mile
du 7 août, lequel répète presque en mêmes trois ou quatre cents chevaux qui se def-
termes la substance de ce paragraphe. Et font. — Ma santé va tousjours de mieux
■ le cardinal ajoute : «Je vous escriray dans en mieux, grâces à Dieu. »
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
77
mesme le porter en escharpe, si elle ne craignoit d'exciter quelque
nouvelle fluxion ou retarder son entière guérison, qu'on luy faict
espérer dans peu de temps, et à quoy il y a toute sorte d'aparence.
XLIl.
Cabinet de S. A. R. M*' le duc d'Aumale. — Original de la main de Cherré.
Arch. des AIT. étr. France, 1 64a , juin-août, fol. 38o. —
Minute du môme secrétaire'.
A MM. DE CHAVIGNY ET DE NOYERS'.
De Tarascoii, ce 5 aoust i6ii2.
Si la pensée de M' le chancelier pour le faict des crimes de lèze-
majesté a lieu comme elle semble bien raisonnable , tout ira bien.
L'importance est qu'elle soit dans l'esprit de ceux qu'il amènera avec
luy comme dans le sien , et qiie ce soient gens de probité et d'autho-
rité pour la maintenir.
On m'a dict qu'il a choisy M' de Marca, de Laubardemont ' et
' Cette dictée a été laborieuse , la pièce
est toute chargée de renvois. — Au fol. a g 4
de ce volume se trouve une copie , et deux
phrases ajoutées en font une seconde mi-
nut». Quoiqu'on y remarque quelques lé-
gères différences avec la première, ainsi
qu'avec l'original cette- pièce est parfai-
tement authentique, venant de Mazarin,
comme le prouve un titre écrit de la main
de ce cardinal , lequel était alors auprès de
Richelieu à Tarascon.
' Je trouve cette indication au dos de la
minute, l'original n'a point de suscription.
' Chavigni avait écrit, de Fontaine-
bleau , une lettre du 3 , que le cardinal ne
pouvait pas encore avoir reçue , et où il lui
i\ommait, outre ces deux personnages,
M. de Miromesnil et de Paris, et il disait
de tous les quatre que le chancelier les
amenait t comme gens très entendus et
auxquels il se fioit. » On verra bientôt que
l'un d'eux ne remplit pas tout à fait l'attente
du cardinal. On apprend par cette même
lettre , que Chavigni avait pressé le départ
du chancelier : • Nous avons estimé- qu'il
estoit du service du roy que M' le chance-
lier partist présentement pour se rendre à
Lyon, pour deux raisons : la première
parce que nous avons recogneu qu'il avoit
des ouvertures et des lumières qui , estant
dirigées par M"' le cardinal, pourroient
faciliter l'es^laircissement du crime des
conjuré^. La seconde pour faire cesser les
mauvais bruicts que son retardement , pour
atlêridre M' de la Rivière, avoit faict naistre
dans Paris à l'avantage des accusés. » (Ca-
78
LETTRES
quelques autres que je ne sçay pas; ceux dont j'ay cognolssance sont
de très-bonne réputation et affectionnés à l'Estat.
En effect, il y a des circonstances avec lesquelles la vérité qu'on veut
prouver est évidente et ne peut estre fausse.
Monsieur demande pardon et s'accuse luy-mesme en accusant autruy.
Sa propre accusation faict que celle qu'il faict conjoinctement de
ses complices ne peut estre suspecte.
Si on dict qu'il obtient son pardon et non celuy de ses complices,
lesquels par conséquent il luy est bien aisé d'accuser comme bon luy
binel de M^' le duc d'Aumale, minute de
la main de Cliavigni ; et Arch. des Aff. élr.
ms. cité aux sources, fol. 365, original.) Le
cardinal tenait à ce que ce fût le chancelier
lui-même qui conduisît ce procès; il avait
cliargé Cliavigni et de Noyers , qui accom-
pagnaient le roi dans son retour vers
Paris, de faire agréer cette mesure à
Louis XIII; et, dans une leltre signée de
tous deux, et datée de Roanne le 16 juillet,
ils lui disaient : « Le roy a trouvé bon que
M' le chancelier allast à Lion pour le
procès de M" de Bouillon et de Cinq
Mars, et nous sommes obligés de dire
qu'il reçoit très-agréablement tout ce qui
luy est proposé de la part de Monsei-
gneur. » (Ms, des Aff. étr. foi. 229.) El
quand ie chancelier eut préparé le procès
autant qu'il le pouvait faire à Paris, le roi
annonça son départ à Richelieu dans une
lettre dont la minute, de la main de Cha-
vigni , avait été faite sur une matière que
celui-ci avait reçue du cardinal, et qu'à
cause de cela il convient de donner ici :
«Mon cousin, je juge qu'il e.st si impor-
tant pour ma personne , pour celle de mes
enfans et pour le bien de mon Estât,
d'esclaircir entièrement les preuves du
crime du duc de Bouillon et du s' de
Cinq Vlars , que j'ay creu devoir donner
ordre à monsieur le chancelier de s'ad-
vancer jusques à Lyon, afin que, si vous
l'estimés à propos , il puisse conférer avec
vous et vous faire les ouvertures, par son
intelligence et par l'expérience qu'il a en
de semblables affaires , qui puissent mettre
celle-ci en lestât que je désire. Je vous
prie de voir avec luy tout ce qui s'y pourra
faire en conscience, et de résoudre tout
ce que vous verres estre du bien de mon
service. Je m'en remets entièrement à
vostfe jugement et je me suis trop bien
trouvé, jusques à cette heure, de la con-
fiance sans réserve que j ay eue en vous,
pour ne continuer pas à vous en donner
des marques en cette occasion. Je vous
conjure de faire tout ce que vous pourrés
pour hastcr vostre guérison, car jamais je
n'eus tant d impatience de vous voir. • La
minute, de la main de Chavigni, est con-
servée aux Affaires étrangères , France ,
tome 101. L'original se trouve dans le
manuscrit du cabinet de M'' le duc d'Au-
male, et au bas de la page on lit cette
note : « Cette lettre fut escrite par le roy,
de sa main , à M*' le cardinal , le k aoust
1642, à Fontainebleau, S. £m. estant à
ïaraseon. »
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 79
semble, cette instance ne peut diminuer la force de son accusation
contre ses complices, puisqu'il obtient son pardon à des conditions
ruineuses pour luy telles que sont celles auxquelles il se sousmet pour
demeurer en France, ce qui montre bien que le crime qu'il déclare
est d'autant plus véritable qu'il se sousmet volontairement, pour
peyne d'iceluy, à souffrir une mort civile qui luy est plus cruelle à
luy que la naturelle à ses complices '.
Il est encores à remarquer que Monsieur, déclarant son crime et
celuy de ses complices, ne le faict pas pour leur procm'er du mal,
mais au contraire demande pardon pour eux comme pour luy, ce qui
justifie que rien ne le faict parler, que la descharge de sa conscience ,
la vérité qui le presse , et le désir qu'il a d'éviter l'extrémité qu'il sçait
bien avoir méritée.
La déclaration de IMonsieur porte qu'ils dévoient se retirer à Sedan ,
et, au mesme temps, il se voit qu'il s'estolt mis en lieu de le pouvoir
faire par la Franche Comté.
11 se voit encores qu'au mesme temps M'' de Bouillon faict retirer
sa femme à Sedan, si inopinément contre les projets qu'ils avoient faicts
en partant de Sedan , qu'elle mesme escrit que la d. ville et madame
de Bouillon la mère en ont esté extresmement surprises, ce que la
mère confirme elle mesme.
Il se voit de plus qu'au mesme temps M'' le Grand a un gentilhomme
de M"" de Bouillon auprès de luy, qui demeure caché dans Narbonne
pour l'aller avertir de l'instant aucpiel il devroit sortir de la cour.
H se voit en outre qu'au lieu que le duc de Bouillon avoit charge
d'attaquer quelques places des ennemis, il se loge au delà de Cazal,
sy à propos pour se sauver quand il le voudroit, qu'en deux heures
il pouvoit se rendre en trois places du Milanois.
' Toute cette argumentation est peu tage ses complices; il ne pouvait ignorer,
sérieuse, et peu digne d'un esprit tel que surtout, qu'on ne tenait ?1 fort à son té-
celui de Richelieu; Monsieur savait fort moignage que parce qu'on y trouvait le
bien qu'il ne tarderait pas à recouvrer tout moyen le plus sûr de les faire condamner
ce qu'on semblait lui ôter en ce moment; à perdre la tête.
et d'autant plus tôt qu'il chargerait davan-
80 LETTRES
Il se voit encores qu'aussytost cju'il sceut que M" du Plessis Praslin
et de Castelan estoient arrivés à Cazal après iuy, sa conscience, sans
en avoir aucun avis, iuy fit juger qu'on le vouioit prendre et le fit ca-
cher dans du foin pour se sauver dans le Milanois^
Il est encores à remarquer que le traicté porte que devant que les
conjurés en France peussent estre obligés à agir ils prétendoient qu'on
eust chassé M"^ de Guébriant au delà du Rhin.
Et, au mesme temps, ce qui est du tout considérable, que Melos
eust gaigné une bataille ensuitte de laquelle il eust peu entrer en France
avec avantage ; il quitte ce dessein pour aller aud. s"" de Guébriant
selon que le traicté le portoit.
Ensuitte ayant esté destourné d'attaquer led. s"^ de Guébriant , par
la prise de M" de Bouillon et le Grand, Mesdames de Bouillon re-
cognoissent ingénuement que led. Melos leur a, par deux fois, faict
offre de son service et de toutes les forces de son maistre.
C'est, en outrp, chose certaine dont le roy poiura dire les circons-
tances, qu'en ce mesme temps M' le Grand travailloit aussy puissam-
ment qu'il le pouvoit auprès de Iuy, pour Iuy faire disgracier le car-
dinal.
- Je croy qu'il ne seroit pas mauvais de dire au roy comme M' le
Grand ne nie pas qu'il n'ay t rendu force mauvais offices au cardinal ,
et que mesme il a dict quelques fois Iuy avoir offert de l'en deffaire ,
ce qui paroist bien que le roy n'a jamais voulu, puisque M" le Grand,
désespéré de venir à bout de sy mauvaises fins, s'est jette dans le party
d'Espagne.
La déclaration qu'il plairoit au roy donner de ce que fautre peut
Iuy avoir dict sur ce sujet ne feroit pas peu d'effect dans l'esprit des
juges.
' «Ce que le s' de Florimond a dit, la première, ni même dans l'original,
escrit et signé au roy, par ordre de ^ Ce paragraphe et le suivant sont écrits
M' de Bouillon, est encore trés-consi- en marge de l'original; le second ne se
dérable. » Cette phrase , qui est dans la trouve pas dans la première minute,
seconde minute, ne se trouve ni dans
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 81
On laisse au jugement de M" de Noyers et de Chavigny de parler
ou de ne parler pas au roy du contenu en cet article , selon qu'ils l'es-
timeront plus à propos. Si on adjouste à tout ce que dessus les traittés
passés en Espagne et les contre lettres recogneues par Monsieur, l'ins-
pection des pièces fera voir clairement que ce ne peut estre une chose
supposée.
Il y a encores une circonstance que Monsieur a dicte à M' de Ville-
roy, que j'estime bien pressante ', qui est que M" le Grand et de
Bouillon luy avoient apporté le traitté tout formé lorsqu'ils le furent
trouver à son escm'ie la nuit, et qu'il croit, ce qu'il n'affirme pas posi-
tivement, qu'il estoit escrit de la main de M"^ le Grand.
Les 3o,ooo ^ en pistoles d'Espagne pesantes qu'il avoit faict porter
à Lyon est encore une circonstance qui fortiffie la cognoissance de
ce dessein.
Enfin, il y en a tant qu'il est impossible de n'en cognoistre pas la
vérité.
Si M' de Beaufort refuse de venir et de parler comme il doit, ma
pensée est qu'il n'y a point à marchander, et qu'il faut le rendre fu-
gitif ou le prendre ; cette affaire mérite d'estre poussée avec vigueur.
XLIII.
Archives de Condé, n' 135. — Communication de S. A. R. M*' le duc d'Aumale.
A M. LE PRINCE.
5 août.
Monsieur je reçois
tous les jours tant de tesmoignages de l'honneur de vostre souvenir
et de vostre affection en mon endroit, que j'en suis confus. Celuy qu'il
vous a pieu me donner par l'envoy de M' de Figean me touche sy
' Ensuite de tous les aveux de Mon- dont il avait fait faire la demande par
sieur, Richelieu lui envoya la promesse l'abbé de La Rivière. (Lettre du 7 août
que le roi lui accorderait les conditions notée ci-après aux Analyses.)
CARDIN. DE niCIIEUEn. — VII. 1 l
82 LETTRES
sensiblement qvie je ne sçaurois vous l'exprimer, non plus que le res-
sentiment que j'en ay. J'ay prié led. s'' de Figean de vous le représenter
et de vous dire, M"', que rien ne m'a faict oposer au désir qu'il vous
plaist me faire cognoistre avoir, de faire un tour en ces quartiers, à
mon occasion, que l'incommodité que je sçay que vous recevriés d'un
sy long voiage ; vous asseurant que j'ay une extresme passion de vous
voir pour vous remercier de vive voix de toutes les obligations que vous
avés acquises sur moy, qui suis véritablement, et seray toute ma vie,
autant qu'on le peut estre ,
Monsieur,
Vostre bien humble et Ir^s afi'eclioniu- serviteur.
De Tarascon, ce 5*^ aoust 16^2.
XLIV.
Arch. des AIT. étr. France, t. 101, pièce non cotée, placée après le fol. 38 1. —
Mise au net de la main de Cherré.
Bibliotli. inip. Baluze, pap. arm. lett. paq. n°' 2 et 3, fol. i4. — Copie.
MÉMOIRE DE M. LE GARD. DE RICHELIEU,
POUR M. LE CARDINAL MAZARIN'.
[7 ou 8 aoùl '. ]
Verra à Valence le lieutenant des gardes de M' de Bouillon.
Item le Cordellier.
Parlera à M' de Valence qui est icy pour sçavoir la preuve qu'il y
a du voyage du Cordellier.
Faut représenter au lieutenant que, si on luy demandoit quelque
' Ce titre semble mis en tète après cardinal a résolu de le faire partir pour
coup, de la main de Baluze. Lyon, où il s'abouchera avec le duc de
' Le manuscrit ne nous donne point Bouillon, et une autre lettre, du 12 , nous
de date, mais nous avons des lettres de apprend qu'il est arrivé à Lyon. L'instruc-
Mazarin qui nous l'indiqueront à peu près. tion doit être du 7 ou du 8 août au plus
11 écrit de Tarascon, le k août, que le tard.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 83
chose de secret qui peust nuire à M'' de Bouillon, il auroit raison de
ne le dire pas.
Mais cpi'en ne luy demandant qu'une chose qui est publicque , qui
est peut-estre recogneue par M' le Grand et M'' de Thou, la nier
faict paroistre de la dissimulation qui donne à croire qu'il sçait des
choses qu'il estime estre crime, ce à quoy on ne pense peut-estre pas.
Enfin il le faut convaincre par ses propres dépesches, luy deman-
dant pourcjuoy il n'est pas party aussytost qu'il fut dépesché par M' de
Noyers, et où il est demeuré depuis, et potu-quoy il partit aussytost
que M"" le Grand fut arresté.
Pourquoy il dist à celuy qui l'arresta que si c'eust esté Saladin qui
se fust approché de luy il l'eust tué.
Si ce lieutenant dit quelque chose d'importance, il faudra luy faire
dire devant M"' de Venes, ou quelque autre, et addroitement en faire
prendre la déposition par M'' de Sene (ou Sève) ou autre.
Faut sçavoir du Cordellier pourquoy il a esté à Turin sy diligem-
ment, qui l'y a envoyé, à qui il a parlé, ce qu'il y a faict; pourquoy
il est sitost revenu ' .•*
Verra M"" de Bouillon se faisant désirer de luy.
Luy dira le voir sans charge, mais d'estre bien ayse de s'estre trouvé,
par occasion, à Lyon puisqu'il a désiré le voir.
Fera le personnage d'escoutant et non de proposant. Battra fort froid
avec led. sieur, si ce n'est qu'il vienne à son poinct. Et si led. s' faict
le renchéry, il tesmoignera ne s'en soucier pas; et luy fera cognoistre
que le compte du roy se trouve plus à faire un coup de partie , en cette
occasion, qui asseure le repos de Testât, qu'à luy pardonner à quel-
ques conditions que ce soit.
Le coup de partie consiste à faire chastier M' le Grand et luy; et
mettre Monsieur hors du royaume, en estât de ne nuire jamais, pour
' Ici le manuscrit des AIT. étr. laisse seulement que commence la copie de Ba-
la fin de la page en blanc et met ce qui luze.
suit à l'autre feuillet; c'est à ce feuillet .
84 LETTRES
éviter toutes les récidives qui sont desjà arrivées plusieurs fois , et
aud. duc de Bouillon et à Monsieur.
Au reste il luy fera cognoistre que le roy pense avoir Sedan plus
seurement en le chastiant qu'en luy pardonnant , parce que sa punition
emportera confiscation de tous ses biens; ensuitte de quoy il sera plus
avantageux à ceux qui agiront pour ses enfans de tasclier de r' avoir
leur bien en quittant Sedan que de le livrer aux Espagnols, sur de
grandes promesses qu'il sçait bien n'estre jamais suivies de rien de
solide.
Enfin il lui tesmoignera qu'il n'est pas allé là pom' luy faire dire
quelque chose qui vérifie son crime, parce qu'on en a assez de preuves,
mais qu'il y est allé pour voir s'il luy voudroit dire quelque chose qui
luy peust ayder à luy en faire obtenir le pardon ; ce qu'il a faict d'au-
tant plus volontiers qu'estant intime amy de M"' de Turenne , il seroit
bien aise si, en servant l'aisné, il pouvoit tirer le cadet de la peine en
laquelle il est.
' Faut sçavoir de M'' de Castelan et de tous ceux qui ont amené M' de
Bouillon s'il n'a rien dict de conséquence.
Faut establir la garde bien seure avec M'' de ViUeroy ^, et voir si
on ne luy laissera point quelqu'un de ceux qui l'ont amené jusques à
ce que l'officier des gardes du corps soit arrivé.
Faut mettre ordre que M' de Bouillon ne sache point ce qui se passe
avec Monsieur '.
Donner ordre qu'on fasse venir à Beaucaire les gendarmes de M"^ de
Lesdiguières et les carabins qui ont escorté M"' de Bouillon jusques à
Lyon, où ils recevront les ordres du roy de ce qu'ils auront à faire*.
' Dans le manuscrit des Affaires étran- ' Ici finit la copie de Baluze.
gères , ce qui suit est écrit sur un troisième ' On voit que la mission de Mazarin
feuillet, et commence au milieu de la vers le duc de Bouillon était bien pré-
page, dont la moitié supérieure est restée parée, et que Richelieu laissait peu à faire
en blanc. à l'habileté de son frère coupe-chou, comme
' Gouverneur de Lyon. il appelle quelquefois Mazarin.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 85
XLV.
Cabinet de S. A. R. M'' le duc d'Aumale. — Original de la main de Clien-é.
[A M. DE NOYERS.]
Do Tarascon, te 8* aoust i642.
Ayant apris, par la venue de Citoys, que le duc Charles laict le
mauvais dans la Lorraine, et qu'on craint qu'il assiège Saverne et
Hagnau, et que M' du Hallier le suit; et voyant d'autre costé que les
ennemis ne sont pas si puissans en Catalogne qu'on le disoit, je vous
redépesche Citoys en diligence pour vous dire qu'on peut différer
l'envoy des troupes de Gransay de deçà , et que peut-estre n'en sera
t'il point de besoin. Ainsy M' du Hallier ne sera point empesché de
garentir la Lorraine et l'Alsace des mauvaises volontez du duc Charles,
et dans peu de temps il aura aparemment liberté d'agir comme il
voudra, croyant qu'on pourra se passer de deçà de ses troupes.
Je ne puis vous escrire davantage pour cette heure. Vous verres dans
la lettre de M' de Chavigny ce que je pourrois vous mander de plus.
Mes playes vont bien, mais je me porte mal.
Ne trouvez pas estrange s'il y a du changement en la demande (ju'on
faict des troupes de Gran.say et en ce qu'on vous escrit de ne les en-
voier pas, par ce que ces changemens ne deppendent pas de moy, mais
bien de la diversité des nouvelles qui nous arrivent du Roussillon et
de la Catalogne.
86 LETTRES
XLVI.
. Cabinet de S. A. R. M'' le duc d'Aumale. — Original de la main de Cherré.
POUR M. DE NOYERS,
SECRÉTAIRE D'ESTAT, EN COUR.
De Tarascon, ce 9° aoiist 16/12.
Je vous prie d'escrire au s' Mercier ', qui est à Richelieu, qu'il vous
envoie un plan de l'église de Richelieu, du bastinient qu'on a faict
tout proche , pour le logement des prestres de la mission , et de l'espace
qu'on leur peut donner joignant ce dit bastiment, pour faire un jar-
din ; afin que, quand je seray à Paris, je puisse résoudre ce qu'on fera
pour cela.
Je vous prie aussy de recommander qu'on ne mette pas les livres
que le s' Stella m'a acheptez dans ma bibliothèque, mais bien dans
quelqiie lieu de mon logis, parce que je les désire voir, à mon arrivée
à Paris, auparavant qu'on les mette dans ladite bibliothèque, et juger
avec vous si mon argent a esté bien employé ^.
XLVII.
Cabinet de S. A. W. M^' le duc d'Aumale. — Original de la main de Cherré.
POUR M. DE NOYERS,
SECRETAIRE D'ESTAT.
De Taïascon , ce 9' aoiist i642.
Mons'' des Marests, guydon de mes gendarmes, et qui commande
' On sait que c'était son architecte. santés douleurs nont jamais empêché Ri-
' Richelieu avait déjà fait cette recom- chelieu de donner quelques-unes de ses
mandation (ci-dessus, p. 67). — On voit pensées aux lettres, aux arts, à ses livre*.
par cette lettre, comme par celles du et aussi à ses moindres intérêts privé.s.
a 9 juillet, du 4, du 10, du i3 août, et Nous avons eu plus d'une fois l'occasion
d'autres encore , que l'accablement des af- de le remarquer.
fairos , les plus graves soucis , les plus cui-
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 87
la brigade qui est icy près de nioy, est l'un des cappitaines gardes
costes de la pi'ovince de Normandie. N'en pouvant pas faire la fonction
luy-mesme , à cause du service qu'il rend dans les armées durant les
campagnes, commet trois gentilzhommes voisins de la coste qui s'en
acquittent très dignement. Hz luy ont escrit depuis peu qu'on les a
compris au nombre de ceux qui sont commandez pour l'arrière ban
en ladite province de Normandie , et taxez pour ce sujet; et parce qu'ilz
ne peuvent pas servir en deux lieux, et qu'ils ont tousjours esté
exemptez de l'arrière ban jusques à présent, aussy bien que de toutes
les taxes faites sur les gentilzhommes pour ce sujet, je fais ce billet
à Monsieur de Noyers pour le prier de conserver lesdits gentilzhommes
en l'exemption dont ilz ont jouy jusques icy, en considération qu'ilz
gardent actuellement la coste, et leur expédier ce dont ilz auront
besoin pour empescher les poursuites qu'on pourroit faire contr'eux,
si c'est chose qui se puisse faire sans tirer à conséquence '.
XLVllI.
Arcli. des Aff. étr. France, i64a , juin-août, fol. âgS. —
Original de la main de Cherré.
POUR M. DE CHWIGNY,
SECRETAIRE O'ESTAT.
De Tarascon, ce lO aaiisl itt^s.
Je vous porte envie du voiage que vous faites à Pont-. Je voudrois
avoir esté de la partie , à cause de la maistresse du logis que j'estime
et honore de tout mon cœur '.
' Remarquons cette réserve habituelle * Nous avons dit que c'était une maison
chez Richelieu ; même dans les choses qui de campagne du suiintendant Bouthillier.
l'intéressent personnellement, il songe ' Chavigni répondait au cardinal le
toujours à l'intérêt public. On pourrait i f) août : «J'ay monstre à ma mère ce que
ajouter que de Noyers n'était pas homme M'' m'a faict l'honneur de m'escrire sur le
à dire non sur quoi que ce fût dont il lui voyage que j'ay l'aict à Pont, dont elle a
eût exprimé le désir, et Richelieu. le savait. jette des larmes de joye. Elle voudroit de
88 LETTRES
Je suis ravy de la bonne santé du roy, et recevray la mienne quand
il plaira à Dieu me l'envoier^
Je suis bien fasché que l'affaire du marquis soit accrochée; mais
j'espère que le temps la meurira.
Pourveu que M'' de Beaufort die franchement la vérité, ainsy que
vous me mandés qu'il y est résolu, j'espère que l'affaire de M' de Thou
ira aussy bien que les autres.
Je suis entièrement à tous mes amis , au nombre des quels vous ne
tenez pas une petite place.
Je n'ay point receu de lettre de madame d'Aiguillon depuis qu'elle
a veu le roy ^.
bon cœur avoir eu celuy d'y voir S. Ém.
en parfaitte santé, et que tout son basti-
nient fut renversé.» (Ms. précité, fol.
470.)
' Dans une lettre à Boutbillier, et qui
sera seulement notée aux Analyses , parce
qu'elle a déjà été imprimée, Richelieu
dit au sujet de sa santé : » Je vous puis
dire que l'on avoit chanté le triomphe avant
la victoire, le bruit ayant esté espandu à
Paris, comme vous me le mandés, de
ma convalescence avant qu'elle fust telle ,
en effet, que j'avois lieu de le désirer.
Vous aurez sceu, particulièrement par
M. de Chavigny, la suitte de mon mal,
c'est pour quoy il ne me reste maintenant
qu à vous dire que le dernier abscès qui
m'est survenu après les deux précédents
s'est, par la grâce de Dieu, percé de luy-
mesme, cette nuit, lorsque les médecins
et les chirurgiens estoient en peyne de
recognoistre l'endroit par lequel on le de-
voit percer, ce qui me faict attribuer cette
opération à la bonté de Dieu seule, de la-
quelle j'espère aussy la guérison entière. >■
Les recueils imprimés classent au hasard
cette lettre sans date; elle a été écrite très-
peu après la présente , vers le 1 2 août.
^ Chavigni, faisant un pompeux éloge
de la nièce de Richelieu, écrivait le 28
juillet : 0 Le roy devant demeurer encore
12 ou 1 5 jours à Fontainebleau , mad.
d'Aiguillon y viendra un jour pour le voir,
ce que S. M, a tesmoigné avoir très agréa-
ble. » El nous lisons dans la correspon-
dance de Henri Arnauld que la duchesse
avait fait sa visite le 3o juillet.
DC CARDINAL DE RICHELIEU. 89
XLIX.
Cabinet de S. A R. M'' le duc d'Aumale. — Original de la main de Clierré.
Arcli. des AfF. étr. France, 16^2 , juin-août, fol. Sgg. —
Minute du même secrétaire.
[A M. DE NOYERS'.]
De Tarascon , ce loaoïist 16/12.
La résolution que le roy a prise de n'envoier pas les troupes de
M' de Gransay de deçà a esté très judicieuse, voyant comme les
affaires alloient en Lorraine et Alsace; et, en effet, je tire à quelque
vanité, ce que vous verres par la dépesche que je vous ay faite par
Citoys^, qu'aussy tost que j'ay ouy parler du siège de Saverne et de
Hagnau, j'ay esté du mesme avis, que les troupes ne vinssent point
auparavant que d'aprendre la résolution qui en avoit esté prise à la
cour.
C'est donc à M' du Hallier à agir puissamment contre le duc Charles ,
avec toutes les troupes qu'il a, et à ces M" qui commandent de deçà,
à prendre Peipignan avec celles qu'ilz ont, et les renforts dont nous
pouvons les rafl'raischir de temps en temps. Et, en effet, pour ne laisser
pas le roy en peyne, je croy très certainement que le régiment de
Tavane , la recreue que fera M' le marquis de Villeroy et la levée que
faict M' de J^esdiguières suffiront pour mettre Perpignan à bout.
Je suis ravy de la confirmation de la santé du roy.
Quant à la mienne, je la souhaitte ardemment pour servir Dieu et
Sa Majesté tout ensemble, mais elle a bien de la peyne à venir; mes
playes vont bien, et cependant la foiblesse de mon bras et la diffi-
culté de me lever demeurent toutes entières. Je feray humainement
tout ce qui se pourra pour guérir, et attendray de Dieu ce qui est
ordonné dans sa providence.
' Ce nom écrit au dos de la minute " C est la lettre du 8 août. Voy. ci-
in'lique la suscription. 'dessus, p. 85.
CARDIN. DE niCIIELIKC. VII. IJ
90 LETTRES
J'attendray de vous le jugement de Biaise sur la bibliothèque de
M' de Cordes, le nombre des volumes et le prix.
Si je l'achepte, il se faut bien donner garde de la confondre dans ma
liibliothèque, mais la mettre en quelque lieu séparé dans le pallais
cardinal, avec les mesmes tablettes où elle est maintenant chez M"" de
Cordes. En tout cas, si on ne peut trouver de lieu, il la faudra mettre
dans ma petite gallerie, mettant les tablettes en sorte qu'elles ne
louchent point les murailles, pour ne gaster point nos peintures. Je
ne prétends pas, comme vous pouvés penser, qu'elle soit là pour y
demeurer. Au cas que vous l'y mettiez , Desbournais ' en aura les
clefs et n'y lairra entrer personne.
Je suis très aise du voiage que vous faites à Pont. Je voudrois bien
avoir esté de la partie plus à cause de la maistresse du logis que du
logis mesme^.
Je prie Dieu que M" du Halller batte bien le duc Charles, et mette
Saverne et Hagnau en l'estat qu'il faut.
L.
Arcli. des Aff. étr. France, iG42 , juin-aoùl, loi. 429. —
Original de la main de Cherré. La minute, de la même main, esl au loi. 428.
A M. DE CHAVIGNY.
De TaïascoM , ce 1 2 aoiisl 16^2.
J'av veu une lettre du s'' Rioland , qui escrit que si l'électeur de Co-
loigne veut entrer en l'exécution du testament de la reyne, ses domes-
tiques qui tiennent le bon party s'y opposeront et prétendront qu'il est
nul. Je croy que si on avoit la comodité de leur faire sçavoir que le roy
sera bien aise qu'ils suivent le mouvement qu'ils ont en cela , et qu'ils
exposent bien leurs causes de nullité, il seroit très à propos.
Il faudroit aussy, à mon avis, leur faire cognoistre que Sa Majesté
' Le premier valet de chambre du ' Richelieu avait dit cela et à peu près
Cardinal. , dans les mêmes termes à Chavigni, p. 87.
pu CARDINAL DE RICHELIEU. 91
désintéressera les bons; mais je croy qu'il ne faut pas leur escrire for-
mellement ce qu'on veut en cela, mais bien au sieur de Chantelou,
qui pourroit le leur faire faire.
Je vous envoie une lettre qui vient de Couloigne , par la quelle vous
verres les bons sentimens des domestiques de la reyne. Je croy ({ue
l'avis qu'ilz donnent de deujander à l'électeur que toutes les pierreries
de la reyne soient envoiées en France, est très bon, et que, si on ne l'a
faict , cela mérite l'envoy d'un second courrier, avec une dépesche fon-
dée en bonnes raisons, comme vous sçaurés bien faire.
' J'estime qu'il seroit bien à propos de faire payer les intérests du
Mont de Piété pour empescher la vente des pierreries de la leyne.
Le s' Rioland escrit qu'ils me gardent le perroquet de la reyne
qu'autresfois j'avois eu l'honneur de luy donner. Je suplie le roy de
trouver bon que je sois héritier de cet animal.
Je ne vous escris point de mon mal, à cause des petits changements
qui V arrivent souvent.
LI.
(labinet de^. A. W M'' le duc d'Aumale. — Original de la main de Charpentier.
POUR M. DE NOYERS,
&Er:nÉTAiRE d'Estat,
ET POUR M. DE CHA VIGNY.
De Tiirascoii, ce i3aoiisl i6l>2.
M' de Chartres dict cognoistre la bibliothèque de M"" de Cordes, et
croit qu'à vingt mile francs elle seroit bien payée. Elle est complète
pour l'histoire, les livres en sont curieux et bien choisis, mais fort
mal reliez. S'il en faut cependant donner vingt deux mile francs, j'y
consens.
' Ce paragraphe n'est point dans la ininule.
92
LETTRES
Il est bien important de donner la lettre que vous aurez escrite aux
provinces et aux ambassadeurs, au s"" Renaudot. Je vous prie luy
donner sy bien escrite et si bien ponctuée, qu'il mette dans l'impres-
sion a lignea tout ce qu'il faut, et qu'il n'y ayt point de faute.
Je suis ravy de la confiance qu'a M'' du Hallier d'empescher les
desseins du duc Charles. Toutes les troupes qu'il a ne sçauroient estre
employées à meilleur usage qu'à garentir Saverne et Hagnau.
LU.
Cabinet de S. A. R. M*' le duc d'Aumale. — Original de la main de Cherré.
[A M. DE NOYERS.]
De Tarascoii , ce li'aoust i642.
Je ne sçaurois mieux faire sçavoir au roy Testât des nouvelles de
Perpignan , qu'en vous envoyant la dernière lettre que j'en ay receue
de M'- de la Melleraie'.
Je vous puis asseurer que les Gardes^, Anduze, toutes les milices qui
sont excelentes, et 5oo hommes de M'' de Villeroy qui arriveront di-
manche icy, fortifient l'armée de 8 mille hommes bien effectifs.
Ils auront, en outre, pour ce qui est de la cavalerie, ma compagnie
de chevaux légers et la nol)lesse de Languedoc que meine M' d'An-
guien feront bien mil chevaux. J'ay prié M" de Schomberg et de la
Melleraie d'envoyer 2 mille hommes à M. de la Mote.
M' de la Luzerne est mort^; il a suplié le roy, en mourant, de
' C'est sans doute une lettre du i3 août,
conservée dans le ms. de M^' le duc d'Au-
male , et qui informait Richelieu des mou-
vements de troupes du marquis de Lega-
nez, de l'arrivée des milices franjaises et
d&la misère qui régnait dans Perpignan , où
il n'y avait plus de vivres que pour un mois.
* Le manuscrit met une majuscule à ce
mot; est-ce un lieu du département du
Gard, ainsi qu'An luze, sur le Gardon?
' La Luzerne était un officier qui ser-
vait en Catalogne sous le maréchal de
Brézé; il venait de succomber aux suites
de blessures reçues plusieurs mois aupara-
vant. Richelieu lui avait plusieurs obliga-
tions. Un autre officier. Le Terrail , venant
de la cour, était venu visiter la Luzerne
au lit, où ses blessures le retenaient, et lui
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 93
conserver à son fils le gouvernement du mont S'-Mlchel , en Norman-
die, et son régiment. Je croy que Sa Majesté ne sçauroit mieux faire.
Il a i4 ou i5 ans, à ce qu'on m'a dict, et 3o ou /io ^^ Je rente.
M"^ de Gordes est malade d'une grande apoplexie dont on n'atend
que la mort. Il suplie le roy de permetre la vente de sa charge , qu'il
a acheptée. Je croy qu'il y a de la justice à sa demande. Seulement
estimeroy-je qu'il faudroit en limiter le prix à 80 mille escus, et que
le roy doit avoir grand soin qu'elle tombe entre les mains d'un honeste
homme, point factieux, ny brouillon. Il suffira de faire cognoistre
l'intention du roy telle qu'elle est, si M"^ de Gordes [meurt] (?)
Après avoir faict tout ce que je puis pour le service de Perpignan,
quoy que je ne sois pas guéry, je me suis résolu de partir dimanche
pour gaigner Valence par le Rosne.
J'enmèneray M"^ de Thou avec moy, et feray partir 5 ou 6 jours
après M' le Grand avec la cavalerie qui a amené M"" de Bouillon d'Italie,
avec toutes les précautions requises pour une seureté entière.
Je fais faire demain un service fort solennel pour la reyne mère du roy.
LUI.
Arch. des AIT. élr. France, 1 64 a, juin-août, fol. A77. —
Minute ou copie de la main de Charpentier.
Bibl. imp. Baluze, pap. arm. lett. paq. ii, n"' 2 et 3, loi. i5.
Extrait de la main de Baluze.
A M. LE GARD. DE MAZARIN.
De Tarascon , ce 16* aoust i6/ia.
J'ay veu ce que vous a dict M"^ de Bouillon. Il n'est pas fin en con-
fessant une partie de son crime, suffisant pour le faire mourir, de
de-snier le reste. Cependant il est aisé à concevoir pourquoy il le faict.
avait répété des discours menaçants de lettre conservée aux Affaires étrangères.
Cinq-Mars contre le cardinal; la Luzerne (Espagne, t. XXI, fol. 176.) L'avis venait
en avait averti le maréchal de Brézé , qui à propos , au moment où Richelieu cher-
s'emprcssa d'en informer Chavigni, par cliait par tous les moyens à pénétrer les
une lettre datée de Barcelone le i6 avril, mauvais desseins de M. le Grand.
94 LETTRES
Il sçait bien que Sedan n'est à craindre qu'en tant que ceux qui le
posséderont voudroient s'entendre avec les Espagnols. En cette con-
sidération le désir et l'espérance qu'il a de pouvoir conserver cette
place luy faict desnier qu'il ayt voulu traicter avec eux, et dire ce qu'il
peut pour faire croire qu'il n'estime pas qu'on puisse rien faire avec
telle gens, afin que nous estant, par ce moyen, la crainte des intelli-
gences qu'il poiuToit avoir à l'avenir avec ces bons seigneurs, il nous
oste aussy l'envie de luy oster Sedan.
Au reste, si vous prenez garde à ce qu'il vous a dit, ladil in œqui-
vocis; car il est vray qu'il n'a pas veu le traicté d'Espagne arresté, veu
que Fontrailles, à son retour, l'a déposé entre les mains de Monsieur;
il peut estre vray encore qu'il a dict à Fontrailles, comme il alloit en
Espagne, qu'il prist bien garde à ne parler point de luy, et ne l'en-
gager pas; c'est-à-dire que tout le traicté ne fustbien asseuré, comme
il paroist que Fontrailles a faict, aiant dict dans le traicté au comte
duc, que Monsieur avoit deux personnes d'importance de son party, les
quelles il avoit charge de ne déclarer pas dans le traicté, mais qu'il
feroit cognoistre par après; ensuitte de quoy quand le traicté a esté
signé, il les a nommés par des contre lettres qui ont mesme vigueur
que le traicté.
Tous ces artifices sont grossiers et inutiles, le personnage vous
en a assez dict pour le faire condamner, et s'il perséveroit en sa con-
duitte il n'en dict pas assez pour obtenir sa grâce.
Vous sçaurés bien le mesnager petit à petit, et le faire estandre
autant que vous le pourrés sur le particulier des mesliances que M"" le
Grand luy a données, comme aussy sur la cognoissance qu'a eue M' de
Thou de tout ce qui s'est passé entre ces M"; et il est impossible, à
mon avis, que le dit s' de Bouillon n'achève pas, aiant commencé
comme il a faict.
Vous recommanderés, s'il vous plaist, à M' de Villeroy qu'il ne die
à personne que M"^ de Bouillon confesse la debte , mais qu'il est bon
qu'il tasche tousjours d'en tirer quelques nouvelles particularités quand
il le verra.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
95
Je paris demain, avec l'ayde de Dieu, comme je vous ay mandé,
et je n'atends que M"" d'Arziliers pour faire partir le prisonnier.
Ce 17 aoust, en partant de Tarascon.
Tandis que vous serés nécessaire de delà pour les affaires qui vous
y ont mené, ne revenés point, s'il vous piaist, car il les faut dépescher
le plus tost qu'il se pourra'.
LIV.
Arch. des .AfT. étr. France, 1642, juin-aoïit, fol. 48o. —
Original de la main de Cherré.
[A MM. DE NOYERS ET CHAVlGMlj
De Tarascon , ce 17 aoiist i6V-'-
IVl' de Cordes est mort à Paris, M' de Rhodes est mort en Limosin,
el M' de Gordes est mort en Provence. Ceux qui ont des noms en ordes
prendront garde à eux, s'il leur piaist'.
La famille de M'' de Gordes eust bien voulu conserver la charge de
cappitaine des gardes pour son filz; mais je leur ay dict que le roy ne
donnoit point ces charges à des enfans, et que tout ce qu'ilz pouvoient
prétendre estoit la récompense qu'il plaira au roy leur ordonner.
M"^ le comte de Caices s'ofiriroit volontiers poiu' cappitaine des
gardes, mais le roy jugera, à mon avis, que ce n'est pas son faict, et
' Ces lignes , que nous trouvons dans le
même manuscrit, fol. 479, écrites de la
main de Cherré, ne portent point de sus-
cription; il ne nous semble pas douteux
(|u'elles ne s'adressent à Mazarin , vt , quoi-
(|ue datées du lendemain, elles doivent
être une espèce de post-scriplum de la lettre
ît laquelle nous les joignons.
^ La suscription manque, mais la ré-
ponse élant signée : de Noyers et Cha-
vigni, c'est à eux que la lettre était
adressée. On lit au dos, de la main de
Chavigni : « Son Eminence. »
^ C'est apparemment à cause de ce jeu
de mots que de Noyers et Chavigni ré-
pondaient au cardinal, le 26 août: • Nous
avons esté ravis de voir la bonne humeur
en laquelle est M*' par sa dépesche du 17. >
(Manuscrit cité aux sources, fol. 55c).)
96 LETTRES
homme de bonne qualité m'a dict qu'il estoit partisan de M'' le Grand.
Je croy que le roy peut, s'il le veut, sans faire tort à son service, con-
server le gouvernement du S'-Esprit au filz de Gordes. Il est le maistre,
c'est à luy d'en user ainsy qu'il l'estimera plus à propos.
Je vous escrivis avant hier que le lilz de la Luzerne avoit i 4 ou
i5 ans; d'autres m'ont dict depuis qu'il n'en a que deux, vous le
pouvés sçavoir.
Mon hras va beaucoup mieux que de coustume, je pars aujour-
d'huy pour aller à Arramon ' .
Je fis faire hier un service pour la reyne sy solennel qu'on croid que
dans Paris on n'eust sceu mieux faire.
M"' de Bouillon commence à, parler comme il faut; on croit qu'il
achèvera.
Je suis, Messieurs, celuy qui est entièrement tout vostre.
LV.
Arch. des AIT. étr. France, i6ii2 , juin-août, fol. 5o8. —
Original de la main de Clicrré. — Minute de la même main, fol. ûog.
[AU m\\]
DeMonias, ce 20' aoiisl 16^2.
L'extresme désir que j'ay de m'aprocher de Sa Majesté m'a faict
avoir du courage et des forces pour quitter Tarascon, bien que je ne
sois pas encore guéry. Je gaignerai demain, s'il plaist à Dieu, le Saint
Esprit, où je séjourneray un jour, pour de là aller faire une pose à
Valence. Si j'avois autant de force qvie j'ay d'envie de voir Sa Majesté,
je serois bientost auprès d'elle; mais la nécessité n'ayant point de ioy,
' Aramont, petite ville surle I\hône, à minute, est écrit , de la main deBaluze(?).
quatre lieues environ de Tarascon. « à M. de Noyers. » Cette annotation signifie
' Point de suscription , mais au dos de seulement sans doute que la lettre fut en-
la minute Cherré a mis « au roy. » C'est voyée à de Noyers pour être remise au
donc par erreur qu'en tête de cette même roi.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 97
cet honneur m'est encores deffendu pour quelques mois , à mon avis ;
ce qui n'empeschera pas que je ne la serve en tous les lieux où je me
trouveray, ne voulant ny esprit, ny vie, que pour luy tesmoigner, au-
tant que je seray en ce monde, non seulement la passion et la fidélité
que ma naissance m'oblige d'avoir povu" ses affaires , mais , en outre ,
toute la tendresse que peut jamais avoir une créature pour son mais-
tre, de qui elle attend certainement le réciproque, par sa justice et
par sa bonté.
LVI.
Cabinet de M'' le duc d'Aumale. — Original de la main de Cherré.
Arch. des AIT. étr. France, i64a, juin-août, fol. 5i i. — Minute du même secrétaire.
A M. DE NOYERS.
De Mornas, ce 20 aoust 1642.
Je vous remercie de ce qiie vous me mandés de mes bastimens.
Je veoy que Ruel sera plus tost prest à me recevoir que moy à y
arriver.
Je suis bien aise que vous battiez froid sur la bibliothèque de
M*" de Cordes, car M' de Chartres qui fa veue estime qu'elle seroit
bien payée à 20 mil livres, et ce d'autant plus que les livres sont fort
mal reliez', qui sera une nouvelle despense.
Je ne m'attendois plus aux trouppes de M'' de Gransay ^, mais n'estant
pas nécessaire de delà je croy qu'elles ne seront pas inutiles de deçà;
et, entre vous et moy, je ne vous puis dissimuler qu'il y a im peu de
fair d'Arras à Perpignan, et s'il pouvoit arriver du mal à nos affaires
en ces quartiers, ce que je ne croy pas, il pourroit venir de n'y avoir
pas autant d'intelligence et d'adjustement entre nos généraux de Rous-
sillon et de Catalogne qu'il seroit à désirer plus tost qu'en d'autre
chose. Je n'ay rien oublié de ce que je doibs pour prévenir tels in-
' Richelieu avait déjà mandé à peu près la même chose à de Noyers et à Chavigni ,
p. gi. — ' Voy. ci-dessus, p. 85.
CARDIN. DE BICHELIED. VU. l3
98 LETTRES
convéniens. J'espère cjiie Dieu, qui faict toutes nos affaires, mettra
la main à celle là, à nostre avantage'.
Vous ne m'avés rien mandé des bastimens de Pont, ce que je
trouve un peu estrange.
LVII.
Arch. des AfT. étr. Franco, 16A2, juin-août, fol. 5o2. —
Original de la main de Clierré. Minute de la même main, fol. 5o4-
[A M. DE CHAVIGNr.]
De Mornas, ce 20 aoust i64-'.
Je suis exlresmement fasclié de ce que ia santé du roy ne va pas
tout à faict comme nous le désirerions. Puisque M'' Bouvard, qui co-
gnoist son naturel, estime quil tirera enfin le fond du pot, et qu'il
le remettra en son premier et bon estât, il m'est impossible de n'es-
pérer pas ce que je souhait te.
J'ay veu la lettre de Pujols; je croy ce qu'il dict de Testât d'Espagne
et de l'humeur du comte duc^, et vous sçavés que nous en avons tous-
' Le cardinal écrivait à de Noyers le 22
iju'il envoyait un exprès au roi pour lui
annoncer que le s' de Clioupes venait
d'arriver (au Pont-Saint-Esprit) de la part
de M. de la Mcilleraie , apportant que Per
[jignan avait demandé à capituler, « et que
c'estoit tout de bon à cette fois, que les
ennemis n'avoient plus que trois onces de
pain par jour, et n'auroient plus rien à la
fin du mois. Si cette nouvelle a suitte ,
comme je n'en fais nul doute, je ne luy
puis dire la joye que j'en ay. » (Notée aux
Analyses.) Le cardinal ne tarda pas à être
détrompé ; il reçut du maréchal de Scliom-
berg un mémoire qui lui exposait au vrai
f état du siège de Perpignan , « duquel
(disait Richelieu dans sa réponse) il faut
attendre avec patience le succez, qu'avec
l'ayde de Dieu, j'espère estre enfin tel
qu'on a lieu de se le promettre. » ( Lettre
notée aux Analyses, à la date du 28 août.)
Perpignan tint encore une vingtaine de
jours.
' Point de suscription. Jolis au dos, de
la main de Chavigni : « Son Eminence, •
' Il s'agit sans doute ici d'une lettre du
1 4 juillet, que nous trouvons aux archives
des Affaires étrangères (Espagne, t. 22,
fol. 2^7 ) ; on y lit : « Le comte-duc parloil
depuis trois ou quatre mois qu'il rendroit
son maistre le seigneur du monde par
voyes incogneties. » C'était le temps où il
avait signé le traité de Fontrailles, et où
i on ne pouvait savoir à Madrid que la
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 99
jours faict ce jugement, lors mesme que Pujols croyoit le contraire.
Je croy que le roy peut enfin permettre à ce pauvre Pujols de s'en
revenir chez luy, et qu'on iuy doit envoier mile ou douze cens escus
pour cela; ensultte de quoy cest à luy de voir si le comte duc le lairra
venir.
L'envoy des troupes de Gransay m'a surpris, venant lorsque je ne
m'y attendois plus, croyant le siège de Saverne ou de Hagnau; mais
ne faisant point faute de delà, peut estre ne seront elles pas inutiles
de deçà '.
J'ay veu les avis que donne M'' d'Harcourt de la marche des enne-
mis, il ne sçaiu-oit mieux faire que de les suivre.
La prise de la Motle ne sera pas inutile, si elle arrive; et le roy
montre bien le désir qu'il a de bien faire aller ses affaires par la dispo-
sition en la quelle vous me mandés qu'il est de faire fortilHer M"^ du
Hallier de mile hommes de ses gardes françoises et suisses, s'il en
est besoin.
Le voiage de M' le cardinal iVlazarin à Lyon a esté desjà très utile,
M'' de Bouillon ayant commancé à parler comme il faut.
M' le Grand a dict à M"" Céton, s'il eust tant soit peu continué à
estre bien avec le roy, qu'il eust faict sauter M'" le cardinal Mazarini.
M"" d'Arzilliers arrive aujourd'huy à Beaucaire pour aller quérii
M' le Grand. M' de la Vrillière ira avec luy à Montpellier pour le faire
partir, et tout ira avec seureté^.
conspiration de Cinq -Mars était décou
verte. Pujols «ijoutait : » Vous devés croire
à mon advis . . . sur l'homme qui avoit cor-
respondance isy; si vous aviés veu et ouv
i-e qui cest passé isy depuis quelque temps ,
vous le jugeriés ainsy soit en parlant de
la maladie de monseigneur, soit de sa mort ,
soit du danjer où il estoit de descheoir de
.son autorité. Il parloit avec des sircons-
tances qui ne pouvoient estre inventées
isy. et venoit de delà sans doute. . . » Pu-
jols était un liomme du Midi, qui écrivait
en un français fort incorrect ; mais , à travers
ce mauvais langage, on voit qu'il avait su
et annoncé des choses pleines de menaces.
' Richelieu répète à Chavigni ce qu'il
vient d'écrire à de Noyers ; le plus souvent ,
à celte époque, il leur écrivait des lettres
communes, lorsque tous deux étaient en-
semble auprès du roi.
" On a trouvé plus dramatique de mettre
Cinq-Mars dans une barque traînée par le
navire du cardinal , mais ce n'est pas de
riiisloire.
i3.
100 LETTRES
J'enniène M" de Thou avec moy afin que tout arrive à Lyon en
mesnie temps.
Le Boullay vient d'arriver icy de la part de Monsieur pour tes-
inoigner la joye que son maistre a de pouvoir demeurer en France.
Il dict qu'il est party pour venir à Villefranche satisfaire à ce qui a esté
arresté.
M'' le chancelier arrive aujourd'huy à Lyon, je i'ay prié d'aller à
Villefranche ' devant que de me voir, afin d'avancer les affaires.
Perpignan est toujours en niesme estât; on dict que leurs vivres
ne sçauroient passer le cinq^ septembre; si cela est (ce qui ne m'est
pas constant), quelques secours que les Espagnols voulussent tenter
ne sçauroient venir à temps. Je croy que dans le quinziesme septembre
on verra la fin de cette affaire'.
On n'a point encores veu dans les provinces de deçà la lettre que le
loy a trouvé bon d'y escrire', pour oster les mauvaises impressions
qu'on y a semées à son préjudice, par les artifices de M' le Grand.
Cependant il est important qu'elle ayt cours. M"^ de la Vrillière, qui
est près de moy, ne peut pas fenvoier dans les lieux de son départe-
ment. Il faut que ce soit celuy de vous autres MM" qui faict pour
luy*.
Cressentin estant pris, j'ay trouvé bien extraordinaire que M*" de
Longueville ne se mette point en campagne, parce que M' Mazarin
m'escrit qu'il vous mande qu'il ne le peut faire sans avoir la montre ,
je luy dépescheray demain un gentilhomme pour le prier de n'attendre
pas cela , et luy respondre , en mon propre et privé nom , qu'il recevra °
la dite montre; et, pour en faciliter le payement, si M' le surintendant
n'a son faict prest, je Irouveray bien, sur mon crédit, à Lyon, jusques
à cinq cens mile francs, afin de ne perdre pas un temps sy propre à
' Ici il y a dans la minute ; « trouver d'Etat avait dans ses attributions une por-
Monsieur i'. lion déterminée des affaires intérieures de
^ Elle fut finie trois jours plus tôt. la France.
■^ Voy. ci-dessus, à la date du U août. ' Il y avait dans la minute : « prompte-
* On sait que chacun des secrétaires ment, n
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 101
l'aire progrez en Italie comme celuy-cy, où les Espagnols y sont très
loibles.
Au nom de Dieu, faites pourvoir d'une façon ou d'autre à cette
affaire avec toute sorte de diligence et sans perdre un moment.
LVIII.
Arch. des Aff. étr. France, i64a, juin-août, fol. 5 16. —
Original de la main de Cherré.
SUSCRIPTION :
POUR M. DE CHAVIGNY,
SECBÉTMRU D'ESTAT.
De Mornas, ce ïi aoust i64a.
Je n'ay rien à vous dire outre la lettre que je vous escris en com-
mun', sinon que j'attends l'extrait que je vous ay demandé sur les
affaires de Hollande, afin de vous envoier mon avis, et vous faire
.sçavoir ce que j'estimeray à propos d'escrire à M' le prince d'Orange.
Dès à présent je vous diray qu'il faut mander à M" d'Estrades qu'il
se rende à Paris au commencement d'octobre, afin de l'instruire de ce
qu'il faudra qu'il face en Hollande, où il le faudra renvoier; mais vous
ne luy en manderés rien^.
LIX.
Ai'cli. des Aff. étr. France, 1 642 , juin-août, Col. 537.' —
Minute de la main de Ciierré.
A MM. DE NOYERS ET DE CHAVIGNY.
Du 28 aousl 1 6 '1 2 .
Selon ce que nous aprenons des affaires d'Italie, nous voyons que,
' Je n'ai point de lettre du 3 1 août adressée en commun à Chavigni et à de Noyers.
' Voy. ci-après, à la date du 26 septembre.
102 LETTRES
sans la nionlre , on y perdra l'occasion de prendre une place ([ui asseure
le passage de Cazal et desgoutera-t-on tout à falct le prince Thomas
qui s'est déclaré en prenant Cressentin. J'ay dépesché un courrier à
M'' de Longueville, pour le prier de n'attendre point la montre; et
j'escris par M'' le cardinal Mazarin à M" du Gué, Lumagiie, Vidault,
pour voir s'ils la voudront faire fournir, sur mon crédit. Je vous avoue
que je ne sçaurois voir qu'on puisse avancer les affaires du roy sans le
l'aire, quand mesme il m'en devroit couster ma ruine.
M'' le cardinal Mazarin est revenu de Lyon , où il a négocié si adroite-
ment que M' de Bouillon en a dict assez pour rendre nostre preuve
complette. Son intervention est sy nécessaire en toutes ces affaires,
que je l'ay prié de retourner demain , pour faire faire à Monsieur ce
qu'il faut, et au dit s"' de Bouillon aussy.
Dans la recognoissance que M"' de Bouillon faict, il déclare que les
principaux artifices dont M'' le Grand s'est servy poiu le perdre ont
esté de luy faire croire, l'un que je le voulois perdre, et qu'on pren-
droit la première occasion de l'arrester prisonnier et luy oster sa place;
et l'autre, que le roy estoit extresmement mescontent de moy parce
que je luy faisois faire le voiage de Roussillon contre son gré et à mau-
vaise fin.
Le roy sçachant bien que c'est luy qui se porta de son propre mou-
vement à faire ce voiage, sans que je luy proposast, je le suplie très
humblement d'avoir agréable que, la vérité en paroisse, selon le mé-
moire que je vous envoyé, au quel il ne sçauroit trouver de difficultés
parce que l'affaire y est desduite mot à mot, et qu'il n'est question que
d'une chose publique, qui ne nuit directement à personne.
En ce cas, il faut que le corps du mémoire soit transcint de la main
ord'^ de M' Lucas, et que le roy mette au bas, de sa propre main,
depuis ces mots : ce que dessus est la pure vérilé, jusques à la fin.
On ne sçauroit mieux faire que de poursuivre vertement P) M"^ de
Beaufort, fen voyant arrester, s'il se peust, s'il ne veut pas venir, car
non seulement en ce cas refusera-t-il de faire son devoir, mais il a
atliédy Monsieur, qui voudroit bien varier sa déclaration sur le sujel
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
103
du dit s' de Beaufort et de M' de Thou; mais le roy peut s'asseurer
que Monsieur fera tout son(?) devoir de deçà'.
LX.
Arch. des Aff. étr. France, i642 , juin-août, loi. 535. —
Original de la main de Charpentier. Minute de la même main , fol. 536. —
Bibl. imp. Extrait de la main de Baluze , pap. des arm. lett. paq. 6 , n" 2 et 3 , fol.
AU ROY.
Sire ,
2 3 août.
M"' de Bouillon ayant commencé à recognoistre ingénuenient .sa faute,
je supplie très humblement Vostre Majesté de trouver bon que je le
puisse assurer de sa grâce, au cas qu'il achève de faire une ingénue
déclaration de tout ce qu'il sçait, sans espargner personne, et qu'il re-
mette Sedan entre vos mains.
Je sçay bien que Vostre Majesté dira d'abord que je suis trop facile '-.
Mais quand j'auray l'honeiu" d'estre auprès d'elle, je me fais fort de
luy faire voir que cet expédient luy est plus utile et plus glorieux
qu'aucun autre qu'elle peust prendre '.
Elle m'a dit plusieurs fois qu'Elle ne s'est jamais trouvé mal de me.s
conseils, je la .suplie d'avoir encores la me.sme créance en ce .sujet.
' Le cardinal avait reçu tout rocem-
uient une missive du duc d'Orléans qui lui
donnait cet espoir, et à laquelle il avait
répondu la veille du jour où il écrivait la
présente lettre. Sur le remcrciment que
Monsieur adressait au cardinal pour les
services qu'il en avait déjà reçus dans
la position critique où il s'était mis, Fii-
clielicu lui disait : • Je seray très ayse de
continuer à servir V. A. dans la suitte de
celte fasclieuse affaii-e, pourveu qu'elle
m'en donne lieu , en satisfaisant religieu-
sement à ce à quoy sa conscience et sa
parole l'obligent. » (Lettre notée aux Ana-
lyses. )
^ Ce sera sans doute la première Ibis
qu'on aura fait ce reproche à Richelieu.
' Ici fin il l'extrait de Bnluze.
104 LETTRES
et^ que je ne désire la santé et la vie que pour continuer à luy rendre
des preuves de la fidélité de celuy qui est,
Sire,
de Vostre Majesté
Le très humble, très obéissant, très fidelle et très obligé sujet et serviteur.
Du Pont-S'-Esprit, ce 2 3' aoust 16A2.
LXI.
Cabinet de M*' le duc d'Aumale. — Original de la main de Cherré.
Arch. des AIT. étr. France, 16^2, juin-août, fol. SSg. —
Minute de la même main.
A M. DE NOYERS'.
Du Pont-Saint-Esprit, ce a 3 août 16^2.
Je remetz à M' de Noyers de faire, avec M' Bouvard et son fils, tout
ce qu'il estimera à propos, pour s'accorder avec eux sur le sujet de
Jardin ^.
Quant à Compiègne, je seray très aise qu'il soit secouru pour
mettre sa fille en religion; mais il n'y a que l'une de deux voyes : ou
que le roy donne ce secours, au quel cas il luy faut demander; ou si
M'' de Noyers juge que je doive faire cette charité, je serois bien
aise de n'en avoir point la vanité, et que celuy qui m'en auroit l'obli-
gation ne s'en ressouvins! que devant Dieu.
Je suis extresmement affligé de la maladie du bon père Sirmond.
Je croy, avec M' de Noyers*, qu'il faut aller au bon père du Milieu^
' 0 de croire. » Ce mot qu'on lit dans la ' Cliavigni mandait au cardinal le
minute rend la phrase plus régulière. 17 août : « M' de Noyers escrit à NP'^ lestât
^ L'original manque de millésime et de auquel est le P. Sirmond, et ce qu'il pense
suscription , mais la minute note l'un et pour son successeur. » Je n'ai pas la lettre
l'autre. de de Noyers.
' Voy. ci-après, p. 110. ' Dans la minute on lit toujours «le
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 105
que je ne vis jamais. Partant, si le cas y eschet, iuy et M' de Chavigny
feront ce cju'ii faut à cette fin, et s'il arrivoit que la fin du bon père
Sirniond fust sy sidaite cjue le père du Milieu ne peust arriver à la pre-
mière feste , on pourroit porter le roy à prendre quelque prestre sécu-
lier, ou quelque récolet, qui ne peust tirer à conséquence. Sa Majesté
avant premièrement déclaré qu'elle auroit choisy, pour son confesseur,
le père du Milieu.
Ayant sceu qu'on m'a envoyé deux hardes ^ de Barbes à Paris, l'une
de 2 2 et l'autre de i 2 , je prie M"^ de Noyers d'envoyer quérir Roques
aussy tost, et Iuy en faire choisir pour mon escurie huit des plus
beaux, masles ou femelles, ce que je dis parce qvi'on m'a dict qu'il y
a une jvunent extresmement belle; et, le choix estant faict, vendre les
26 autres à quelque maquignon, au quel, pour les vendre mieux, on
pourra donner six mois de terme, pourveu que le payement en soil
bien asseuré. Toutes ces despenses extraordinaires m'incommodent
et je n'en veux plus faire.
Je vous ay escrit ce que je pensois pour M' de Chandeniers pour la
charge de Gordes ".
Je ne responds point aux charges de Rodes, parce que vous me
mandés que le roy attendra mon retour, ce que je croy, en vérité,
estre à propos pour son seivice.
Je suis bien aise de vous voir disposé à ne vous haster point au faicl
de la bibliothèque de M' de Cordes de la quelle, n'y ayant point
d'inventaire, on peut soustraire tels hvres que l'on voudra.
Les variétés sont sy grandes au faict des nouvelles de la Catalogne et
du Roussillon ' que j'ay envoyé quérir les deux mile hommes de
M' de Gransay à St-Jehan de Laune; j'espère cependant que tout ira
bien, avec l'ayde de Dieu.
bon j)ère de Milieu. » Il ne parait pas que ' Voy. ci-après, p. m.
ce père du Milieu ou de Milieu ait été ^ Au lieu de lioussillon, il y avait Per-
confesseur de Louis XIII. pignan dans la minute. Nous remarquons
' Ce mot ne s'entend aujourd'hui que encore quelques légères différences qu'il
des troupes de bétes fauves; l'académie ne est inutile de noter ici.
l'a conservé que comme terme de chasse.
CARDIN. DF. RtCHELIEC. — Vit. ' J4
106 LETTRES
Il me semble que Melo prend bien de petits avantages en Picardie;
mais je ne dis rien sur ce sujet, parce que je craindrois qu'en voulant
faire plus qu'on ne faict il arrivast quelque accident; cette année il se
faut conserver.
Je trouve bien à propos que Roque me face venir son beau frère;
je luy escrissur ce sujet. Vous luy envoierés, s'il vous plalst, ma lettre.
LXII.
Arcli. des Afi'. étr. France, i642, juin-août, fol. 534. —
Original de la main de Charpentier.
A M. LE CARD. MAZARIN.
Du Pont-Saint-Esprit, ce 23 fioiist i6.'i2.
Ce billet est pour tesmoigner à monseigneur le cardinal Mazarin
qu'après avoir releu la lettre que M' le duc de Bouillon luy a escrite,
bien que je me sente d'autant plus offensé de son procédé passé que
je m'estois rendu respondant de ses actions au roy, la franchise avec
la quelle il a commencé à déclarer ce qu'il sçait me faict résoudre
à employer tout le crédit qu'il plaist au roy me donner auprès de lu^
pour obtenir sa grâce, pourveu qu'il parachève de déclarer tout ce
dont il a cognoissance , sans vouloir excuser personne, et qu'il re-
mette entre les mains de Sa Majesté ce qui jusques à présent a tous-
jours esté l'unique cause de ses malheurs ^
Son Eminence luy peut donner cette parole, dont il est en luy de
recevoir les effects.
' La souveraineté de Sedan.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 107
LXIII.
Arch. des Aff. étr. France, i6/j2 , juin-août, fol. 676. —
Minute de la main de Charpentier.
[AU ROL]
3o aoust 1642.
J'escris à Votre Majesté du lieu où elle m'a faict l'honeur de me
mander qu'elle désiroit que je feusse'. Sans le Rosne présentement
il me seroit impossible de faire voiage. Je seray, avec l'ayde de Dieu ,
dans 8 jours à Lyon; et dans ce temps j'espère que mon bras se
fortifiera, en sorte que je pourray gaigner la rivière de Loire.
M"" le Grand a failly à se sauver; M"" de la Vrilière qui estoit sur
les lieux en envolera une relation plus ample. On croit qu'il avoil
intelligence avec diverses personnes gaignées, entre les quelles ren-
seigne de la citadelle s'est trouvé coulpable.
Ceux de Perpignan qui avoient mandé qu'ils sortiroient le len-
demain pour capituler ont encore différé l'effect de leur résolution,
mais enfin ils y seront contraincts.
Le régiment de Tavane est passé avec 700 honunes, qui, avec la
recreue de 3oo du régiment de Villeroy, font mil.
Demain matin il part d'icy autre mil hommes, sans les officiers du
régiment de M"" le duc de Lesdiguières, et dans 8 jours, il en aura en-
core autant.
Tay arresté M"^ de Grancey à Lyon, jusques à ce que nous voyons
dans 4 ou 5 jours comme quoy iront les affaires.
Je croy qu'il y aura bien 1 5oo gentilshommes de service^ dans le
Roussillon; aussy il n'y a rien à craindre. Pourveu que Vostre Majesté
se porte bien, rien ne sçauroit aller mal, avec l'aide de Dieu, de qui
j'espère beaucoup de bénédictions sur vostre personne et sur vostre
' Le 3o août, le cardinal était à Va- ' Ce mot est douteux; mis en abrévia-
lence. tion, il n'est pas nettement écrit.
14.
b
108
LETTRES
royaume, pourveii qu'il y soit servy comme je sçay que vous le
désirés.
LXIV.
Arch, des Aff. étr. France, 1 6^2 , juin-août, fol. 577.-
Original de la main de Charpentier.
A M. LE SURINTENDANT.
3o aousf.
Monsieur, j'ay veu, par vostre lettre du 2 4 de ce mois, que ce
courrier m'a apportée, iajoye que vous me tesmoignés avoir receue
de ma meilleure santé, dont je vous remercie, sachant de longue
main la part que vous prenés à ce qui me touche. Je suis bien aise
d'avoir cogneu que la siatique qui vous a travaillé vous ayt donné
(juelque relasche. Si les médecins jugent que les eaux de Bourbon
vous y soient absolument nécessaires, je n'ay rien à vous dire, sinon
([u'au lieu de vous dissuader ce voiage, je vous conseille de le faire,
pour destounier le mal dont vous estes menacé ; mais si ce n'est seu-
lement que pour le désir de me voir, vous pouvés, à mon avis, différer
ce contentement jusques à mon arrivée à Paris. Cependant je vous
diray que j'estime à propos que vous et M'' de Noyers travailliés au
retranchement des despenses que vous jugerés moins importantes,
n'estant pas encore en estât de vacquer à des affaires de cette nature \
' Dans cette lettre du a^. Boulliillier
avait lait à Richelieu un triste tableau de
la situation financière de l'Etat. Nous
donnons l'extrait de cette dépèche, où l'on
ti-ouvera des détails curieux pour l'histoire
des finances à ce moment. Le cardinal
n'en dit qu'un mot, alléguant sa maladie;
mais tout le monde se préoccupait sérieu-
sement de cet étal de choses. 11. Arnauld ,
dans une lettre du 27 août, parlant de
cette assemblée à Chantilly, mande (jue
le surintendant avait dit « que la Catalogne
coûtait, par mois, 1 ,200,000 livres. >■ Dans
sa lettre à Hichclicu , il ne nomme la Cata-
logne que pour célébrer la glorieuse con-
quête. — .A.U dos , de la main de Bouthillier :
« A monseig' le Cardinal. De Paris ce di-
manche matin ili' aoust i6/i2. » —
u . . . Nous fiismes M" les intendans et nioy
jeudy dernier, suivant le commandement
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
109
Au reste, je n'ay point ouy parler ny d'un quatriesnie intendant, ny
d'un contrôleur générai, que par ce que vous m'en avés escrit' du bruict
qui en court à Paris; m'estant arresté à ce que vous m'en mandastes
incontinant après la mort de feu M' du Houssay, que les trois inten-
du roy à Chantilly, où M' le prévost des
marchands et les eschevins de la ville
avoient aussi eu l'ordre de se trouver, sur
lesuject du reculement d'un demi quartier
des rentes de la ville, sur les gabelles, les
aydes , et les cinq grosses fermes , et non sur
les autres natures des rentes qui sont celles
du clergé, celles des huict millions et les
antiennes sur les receptes générales. Le
roy leur parla très bien , je dis très bien , de
sorte que. Sa Majesté m'ayant commandé
de leur parler ensuite, je n'eus presque
autre chose à leur dire, sinon que Sa
Majesté avoit tout dict en trois mots, leur
adjoustant seulement que ce qu'elle desiroit
estoit fondé en raison et en exemple; ce
qu'aiant un peu eslendu, je leur dis
pour fin , qu'au moins ils voyoient les fruicts
des despences excessives à la vérité, mais
nécessaires et inévitables, et que toute
l'Europe voyoit avec estonnement le pro-
grès des armes du roy et ses glorieuses
conquesles en Allemagne , en Lorraine , en
Flandre, en Italie, en Catalogne; et que
nous espérions , avec l'aydc de Dieu , dire
bicntost dans le Roussillon. M' le prévost
des marchands aianlrcspondu selon le deuh
de sa charge, luy et les eschevins s'en
allèrent avec cette résolution du roy, et je
n'ay point sceu qu'elle ait esté improuvée.
J'ay signé l'arresl commandé par Sa Majesté
suivant le quel ce demi quart des rentes
sera retranché, c'est à dire reculé dans les
estais du roy, ce qui revient environ à
\iii° l" " par an. Je suis obligé de dire à
V. Exe. en cet endroict qu'il nous fault
bien chercher d'autres fonds ; mais ce qui
m'alDige est que les extraordinaires se
peuvent dire taris , et est à craindre que les
ordinaires nous manquent tout d'un coup
en beaucoup d'endroicts du royaume , que
la longueur de la guerre de 8 années , peu
s'en fault, a entièrement désolés. Il est
besoing, monseigneur, de penser à cela
sérieusement, et est du tout nécessaire de
régler les despences selon les fonds ,
n'estant plus du tout possible de régler
ni trouver les fonds selon les despences
faictes en l'année passée et en la présente ,
de la quelle il n'y a encore que 7 mois
a3 jours descoulés. Je n'oze presque
dire à V. Em. que les despences en mou-
lent à plus de Ixiiii millions de livres , je dis
despences effectives en argent comptant de
l'espargne , ou en assignation , promptes et
indubitables, sans les despences qui se
feront encore aux quatre mois huict jours
restans. Je craindrois d'esti-e ennuieux et
importun à V. Em. si je luy en disois
davantage. Si jeusse peu, je ne luy en eusse
pas tant dict , mais il fault cognoistre le mal
pour y apporter le remède. Nous parlerons
de tout cela M' de Noyers et moy, adin
([ue V. Em. voie le tout nettement , et ce
ipii se peut faire aux finances pour le ser-
vice du roy.. . » (Arch.des AIT. étr. France,
16^2 , juin-juillct-aoùt, fol. 55o. Minute
de la main d'un secrétaire du surintendant.)
' Douthillier avait laissé percer quelque
inquiétude à ce sujet, dans la lettre où il
rapportait ce bruit, avec le dessein assez
visible de savoir la pensée du cardinal.
110 LETTRES
dans qui restoient suffisoicnt pour faire ia fonction, tant de l'inten-
dance que du contrôle général.
C'est ce que je puis vous mander pour response à vostre dépesche,
à quoy j'adjousteray l'asseurance que je vous donne d'estre tousjours
certainement.
Monsieur,
Vosire très affectionné à vous rendre service.
De Valence ce 3o aoust 16/12.
LXV.
Arcli. des Aff. étr. France, ifi/ja, juin-août, fol. 58i. —
Minute de la main de Clierré.
A MM. DE CHAVIGNY ET DE NOYERS.
Du 3o aoust i6i2.
Je vous avoue que la hardiesse de M"' Bouvard' m'a surpris; ou
elle procède d'une estresme ignorance, ce que je ne puis croire, ou
d'une extresme confiance du pouvoir qu'il a auprès de son maistre et
du peu qu'il croit que j'y en ay, ce qui seroit très fascheux. Cette action
montre que la cabaile n'est pas morte, car asseurément, à mon juge-
ment, Bouvard n'a point faict de luy mesme ce qu'il a faict, mais il
y a esté fortiffié par quelqu'un.
Je ne luy ay jamais dit qu'il ne tenoit qu'au roy que le mariage no
se fist, mais je luy ay bien dict ce dont le roy et moy estions demeurés
d'accord, sçavoir est, que Sa Majesté m'avoit dict que M' Bouvard luy
avoit parlé de ce mariage et qu'il lui avoit tesmoigné ne l'agréer pas,
parce que M"" Bibier estoit un fascheux esprit, qui du temps de M' de
I^opès avoit tousjours brouillé.
Je prie M" de Chavigny et de Noyers de considérer si, ensuitte de
' On sait que Bouvart était le médecin du roi; je n'ai rien trouvé qui explique l'in-
trigue dont Richelieu se plaint ici.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 111
cette action, M"' de Noyers se doit accorder avec le dit s"" Bouvard sur
le sujet de Jardin ^
Je ne décide pas qu'il ne le faille pas faire ; mais ils verront si , en
ce cas, il n'en deviendroit point plus orgueilleux et plus entreprenant,
croyant qu'on l'apréhanderoit.
Quant à Tréville^, si le'roy le mettoit en la charge de capitaine de
ses gardes, il ne faudroit plus demander si la caballe demeureroit en
pied; les enfans le croiroient et ce seroit chose évidente, et cette action
seroit de telle conséquence que, si Dieu la permettoit, je croy qu'il
authoriseroit ma retraitte.
Il faut vuider le procès qui est à Lyon , et par après nous verrons au
reste.
Je ne veoy en conscience aucune apparence de ne donner aux
héritiers de M'' de Gordes' que 5o,ooo escus*; il a achepté la charge
quatre vingt six, et, s'il a vendu des charges, cela s'est consumé dans
le temps, et sa maison demeure obérée. Ma pensée est que le moins
(ju'on leur puisse donner est 200,000 livres, ou soixante et dix mil
escus; et, autant qu'on le peut juger, le roy ne l'auroit à cinquante
mil escus que pour en pouvoir disposer en faveur de ce personnage ^,
et le vray moyen de rompre son dessein, qui ne peut avoir effect sans
luy® porter grand préjudice, c'est de mettre la charge à hault prix.
Après tout je ne voudrois pas qu'une personne qui seroit recogneue
estre portée de moy y entrast pour 5o,ooo escus, tant à cause du peu de
justice qvi'il y auroit d'en user ainsy, que parce aussy que tous les cap-
pitaines des gardes croiroient que je serois cause de la diminution qui
arriveroit à leurs charges, en les mettant à sy bas prix.
J'ayme beaucoup mieux ayder M"" de Chandenier de 10,000 escus
s'il y peut entrer.
' Voyez p. 1 ol^ ci-dcs us. * Le signe que nous traduisons pur
' Riclielieu savait que cet officier s'était écus ressemble un peu à celui qui signilii"
offert, dans les conciliabules de Monsieur, /utm ; le premier est le plus vraisemblable.
pour le débarrasser du cardinal. ' Tréville.
"' On a vu que c'était l'un des capitaines ' La. phrase est obscure; » lui » ne peut
des gardes du roi. se rapporter qu'au roi.
112
LETTRES
Je vous envoyé une lettre que le d . s' * escrit à M' Citoys par la quelle
vous verres qu'il présuppose que j'ay consenty au mariage. J'admire la
simplicité de ce bonhomme. Il en faut demeurer là, à mon avis, et ne
parler pas davantage de cette aflairc.
Souvenés vous, s'il vous plaist, que je n'ay point d'aversion que
M'' de Noyers face son accomodement avec M' Bouvard pour le Jardin:
mais considérés seulement ce qui sera le meilleur.
M"" le Grand s'est cuidé sauver; s'il fust demeuré davantage à Mon-
peliier, je croy que nous ne tenions rien; le bonhomme Ceton est trop
pauvre homme pour ces choses là; mais il faut ensevelir la sinagogue
avec honneur. M" de la Vrillière enverra au long une relation de tout
ce qui s'est passé en ce sujet. L'enseigne de la citadelle de Montpellier,
qui estoit gagné, est prisonnier.
Les mil hommes de Tavanes et de Villeroy sont présentement au
moins à Narbonne , mile de M" Desdiguières partent aujourd'huy, e1
autre mile seront prests devant huict jours.
Gransay est à Lyon où je l'arreste jusques à ce que nous sçachions
de nouvelles nouvelles de Perpignan, qui n'a pas capitulé encores.
quoyque ceux de dedans eussent mandé à M"" de Schomberg qu'ils
sortiroient le lendemain pour le faire. Il n'y a rien à craindre qu'un
peu povir nostre armée navale, qui ne sera pas malheureusement sy
forte que celle des ennemis; mais j'espère bien de tous costez.
Je croy que le s'' Peny^ fera fort bien l'affaire de Coloigne.
Je suis très aise que les affaires aillent bien en Allemagne, et que
M'' de Chavigny espère bien de celles de Hollande^.
' Bouvart. Le cardinal revient ici, sans
transition , à la première pensée de sa lettre.
* Il avait été secrétaire de l'ambassade
de France en Espagne.
' Malgré toutes les belles protestations
du prince d'Orange, on avait à Tarascon
de sérieuses inquiétudes de son côté.Cha-
vigni s'efforçait de rassurer le cardinal;
il avait écrit le 2 1 août : « M*' verra , par
un extrait de lettre de M' de la Tuillerie,
combien il est satisfait de la conduite de
M' le prince d'Orange. Je me confimie de
plus en plus à croire qu'il n'a escouté les
propositions du traité de Ti-eve que parce
qu'il s'est imaginé, avec raison, que la
France estoit perdue si les détestables ca-
bales de la cour avoient le dessus , ou que le
mal de Son Ém. eusl un mauvais succès.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 113
Je ne vous escris point en particulier ' parce que je n ay rien à vous
mander et que je suis accablé.
La plus haute de mes playes est fermée, l'autre le sera bientost,
mais je ne m'ayde point de mon bras.
Je ne vous dis point que je suis entièrement à vous, parce que vous
le sçavés bien.
J'ay veu M' le prince, qui s'en est desjà allé; il est gaillard et bien
affectionné.
LXVI.
Arch. des Aff. étr. France, 16A2, de septembre en décembre, fol. i3. —
Minute de la main de Charpentier.
A MM. DE CHAVIGNY ET DE NOYERS.
De Condrieux, 3 septembre iGà.!.
Je dépesche ce courrier en diligence pour avoir prompte responce
et qu'à présent qu'il voit qu'il n'y a plus
rien à craindre, ny de costé ny d'austre,
il s'est remis dans le bon chemin. » Et le a6
Chavigni disait encore : • M' le mar'' de
Guébriant me mande qu'on ne peut pas
agir plus franchement , et avec plus d'affec-
tion pour le service du roy, que M' le
prince d'Orange a fait avec luv. Kt M. de
la Taillerie confirme la mesme chose, de
sorte que je croy de plus en plus que M*'
ne doit avoir aucune inquiétude de ce costé
là. » (Ms. cité aux sources, fol. 617, 56 1.)
' C'était une précaution dont on usait
en écrivant aux secrétaires d'Etat qui
étaient auprès du roi , lorsqu'on leur man-
dait certaines choses dont ils ne voulaient
pas que Louis XllI fût instruit; nous
voyons de Noyers reconuiiander encore
cette prudente réserve au chancelier, qui
CAIIDIN. DE niCHELIEC. — VU.
lui avait écrit des lettres fort embarras-
santes les 3 1 et 26 août : « I.e roy, lui
écrivait de Noyers le 2 septembre, me
demandant tous les jours si je n'ay point
reçu de vos nouvelles, j'estois assez em-
pesché à luy respondre ... Je vous prie
que nous observions cet ordre à l'avenir,
que je luy puisse faire voir vos lettres; et
quand il y aura quelque chose . .qui ne
devra pas estre vu, vous preniez la peine
de l'escrire dans une lettre à part. « On
sait qu'à ce moment le chancelier était
appelé à Lyon pour le procès de Cinq-
Mars, et l'on redoublait de précautions afin
que le roi ne reçût pas d'autres impres.sions
que celles que les confidents de Richelieu
étaient ciiargés de lui donner. Cette lettre
autographe de de Noyers est conservée à la
Bibl. imp. fonds St.-Germ.-Harl. 474-
i5
114 LETTRES
de ce qui s'ensuit : M"" de Bouillon a confessé tout ce qu'il faut de
son propre mouvement, et, par sa repentance, pour se faire trancher
la teste.
Maintenant il demande grâce au roy, moyennant qu'il luy remette
la place de Sedan.
Tous les serviteurs du roy, qui sont de deçà, jugent qu'il la luy doit
accorder; et, si ce dessein succède, ils seront ravis de la bonté de
Dieu sur la France.
Pour le faire réussir, le d. dvic estime qu'il faut aucunement
tromper sa mère et le peuple de Sedan, se conduisant en sorte qu'ils
croient qu'on ne doive faire aucun changement en ce qui est du gou-
vernement politique de la ville, ny des presches, escoles et sémi-
naires qui sont pour les huguenots dans Sedan.
Sur cet article nous le conduirons de deçà et auprès de M"° de
Bouillon comme il faut, pourveu que nous sachions la volonté de Sa
Majesté; car, en ce cas, je prieray M"" le cardinal Mazarin, qui s'est
conduit avec grande adresse envers M"" de Bouillon , de vouloir aller en
poste à Mézières pour empescher que les dames ^ de delà ne s'alarment
mal à propos.
M' de Bouillon, de son costé, faict estât d'envoyer M' le comte de
Roussy, qui est icy, pour faire entendre à sa mère ses intentions, et
Testât auquel il est.
Il estime qu'il faut mettre là dedans un gouvernevu merveilleuse-
ment sage pour se bien conduire avec les habitans, ministres et sa
mère qu'il ne croit pas qui en veule sortir sa vie durant, mais qui ne
demeurera pas dans le chasteau.
Il croit qu'il y faut d'abord une garnison forte.
Si j'adjoustois foy aux impostures par les quelles M' le Grand avoit
desbauché les esprits quil a révoltez contre le roy et contre ses créatures ,
je ne dirois point mon avis sur ce sujet, ce misérable leur aiant per-
suadé autant qu'il a peu que Sa Majesté avoit une telle aversion de
' La femme du duc de Bouillon et la duchesse douairière , sa mère.
I
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 115
«
moy que depuis que je luy nommois ou présentois quelques uns pour
des employs, leurs affaires estoient faites dans son cœur. Mais pour faire
voir la confiance que j'ay en Sa Majesté, j'useray de la mesme liberté
qu'il a tousjours approuvée, sans la quelle on ne sçaiuoit servir un
maistre, luy disant franchement ce que je pense, ensuitte de quoy il
fera librement ce qu'il luy plaira.
J'estime donc que l'homme le plus propre qu'on puisse mettre en
cette charge est Faber\ aiant, à mon avis, toutes les qualités requises
pour adoucir les aigreurs et d'une femme et d'un peuple qui d'abord
seront affligés de se voir sousmis à une domination sous la quelle ils
appréhenderont du changement pour leur religion.
Je croy que le roy doit envoyer commander aux onze compagnies
des gardes qu'il a envoyées à la Mote, d'aller droit à Rhétel, et nous
envoyer icy un ordre secret aux d. gardes pour faire ce qui leur sera
ordonné par M' le cardinal Mazarin.
Si le roy approuve le s' Faber, il me commandera de l'envoyer quérir,
et je l'envoieray en poste trouver mon d. s' le cardinal.
Cet affaire doit estre secrétissime , car on n'en peut commencer
l'exécution qu'après le jugement de M"^ le Grand; ensuitte du quel
M"" de Bouillon envoira prier M"" le chancelier de le voir; et, en présence
de la plus part des juges il le supliera de différer son jugement jus-
ques à ce qu'il ait peu envoyer conjurer le roy de luy donner grâce, à
condition de luy remettre Sedan.
Le roy se confiera, s'il lui plaist, que nous n'oublierons rien en la
conduitte, quand nous sçaurons ses volontez.
Il faudra que M'^le cardinal Mazarin porte la grâce de M"' de Bouillon,
pour la donner à M""' sa mère, lorsque la garnison entrera dans la
place.
Je ne vous dis rien du revenu de Sedan, parce que nous ajusterons
l'affaire quand le roy sera dans la place.
Il est temps qu'il plaise au roy d'envoyer M' de Vaubecour, qu'il a
' De Noyers répondait le 7, de Mon- la proposition de M'Faber pour Sedan. . . »
ceaux : • Le roy a parlaitenient bien receu (Ms. cité aux sources, fol; 87.)
I
116 LETTRES
choisy, pour Perpignan, et je croy qu'il est à propos qu'il vienne en
poste.
Thiault dict qu'il n'a point l'ordre pour les 3oo mil livres qu'il
présuppose devoir estre fournis par luy pour le ravitaillement de la
place; nous ferons le mieux que nous pourrons estans à Lyon, et ce-
pendant on y donnera ordre de la coxu'.
Vous sçavés ce que nous avons faict pour la montre d'Italie'. Nous
ne perdrons, s'il plaist à Dieu, aucune occasion de servir.
M'' le Grand arrive demain à Lyon.
Je renvoyé M"^ de Grançay avec ses troupes à la Mote.
Il faut bien prendre garde à ne mettre pas des Suisses huguenots
Sedan.
La résolution que le roy a prise de faire venir dire la vérité à M"^ de
Beaufort est excelente.
M''d'Hvulicourt ou M' Bourdonné me sembleroient bien propres pour
Landrecy. Je croy que M"' d'Hudicourt tiendroit sa garnison plus com-
plette et plus réglée, et ses fortifications plus parfaites.
LXVII.
Aff. étr. France, t. loi, 1642. — Minute de la mairi de Charpentier.
DÉCLARATION DU ROY
SUR SON VOYAGE DE ROUSSILLON *.
Vers le commencement de septembre i642.
Sur la fin de la campagne précédente , après la prise de Bapaume ,
' Voy. ci-dessus, p. io2, et ce que Ri- l'ut dans sou interrogatoire du 3 1 août que
chelieu ajoute dans une lettre du 9 sep- le duc de Bouillon parla du voyage du roi
tembre, p. 119. ~ en Roussillon, et l'on peut croire que
* Ceci est écrit au dos, de la ;nain de Richelieu se hâta de demander au roi une
Cherré. Le manuscrit ne nous donne point déclaration qui pouvait avoir quelque in-
la date de cette déclaration; mais nous fluence sur les juges de Cinq-Mars. Cha-
voyons , par les pièces du procès , que ce vigni et de Noyers , qui étaient alors au-
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 117
je dis un jour à mon cousin le cardinal de Riclielleu que j'estois en
peine et ne voiois pas quelles entreprises on pourroit faire doresenavant
en Flandres , veu la difficulté qu'il y auroit à faire porter des vivres
aux places avancées que l'on pourroit attaquer, et que je le priois de
me dire ce qu'il pensoit que l'on pourroit faire l'année suivante.
H me respondit que mes pensées estoient très fondées , qu'il croioit
qu'il faloit se mettre sur la deffensive du costé de Flandres, tant à cause
de la dicte difficulté des vivres, que par ce aussy que tout ce qu'on
pouvoit espérer de ce costé là, où les ennemis avoient des forces
aguerries, estoit de prendre une place en chaque campagne, ce qui
ne ruineroit pas les affaires du roy d'Espagne et ne l'obligeroit pas de
venir à la paix, qui est la seule fin qui m'avoit mis les armes en main.
Qu'à son avis, le seul moyen de contraindre le d. roy à ce à quoy
la raison ne l'avoit pu porter jusques icy, estoit de l'attaquer dans son
propre pays; et que, par cet effect, il estimoit qu'il faloit faire passer
pendant l'hiver lo ou 12 mille hommes de pied en Languedoc, et
2 mille chevaux pour fortiffier les troupes qui estoient dans le Rous-
sillon , et leur donner lieu d'ataquer puissamment au mois de mars le
pays , et passer plus avant si cette conqueste réussissoit heureusement.
J'approuvày cet avis; mais considérant que, par ce moyen, je n'au-
rois rien à faire en mon particulier, je demanday sur le champ à mon
d. cousin s'il ne vaudroit pas mieux que j'y allasse en personne.
A quoy il me respondit que ce n'estoit point à mes serviteurs à me
conseiller de tels voiages, mais bien à moy mesme à considérer ce
que ma santé, me pouvoit permettre et ce à quoy mon inclination me
portoit; que tout ce qu'il me pouvoit dire, en ce sujet, estoit que si,
après y avoir bien pensé, je me résolvois audit voiage, il m'y suivroit.
Sur cela je luy dis que j'aimois beaucoup mieux l'entreprendre que
de demeurer les bras croisez à Saint-Germain, ce qu'il savoit bien estre
contre mon humeur; mais que toute ma crainte estoit qu'il n'eust
près du roi, ne manquèrent pas de lui iniers jours de septembre. Dans ce temps-
faire donner prompte satisfaction; la dé- là un courrier exprès de Lyon à Paris
ciaration put donc être signée dès les pre- faisait la route en trois ou quatre jours.
18
LETTRES
pas assez de force pour en supporter la fatigue. A quoy il me dit qu'il
me prioit de n'avoir point de considération à sa personne en ce sujet,
tant parce qu'il estimoit que Dieu l'assisteroit en me servant, cjue par
ce aussy qu'il ne faisoit point de distinction entre mourir en un lieu
ou en un autre; que c'estoit à moy à penser à loisir à ce dessein, et à
luy de se conformer à ce que je résoudrois.
Depuis je me résolus de plus en plus à ce voiage, croiant qu'il me
seroit glorieux, et ne pouvant me résoudre à demeurrer à Saint-Ger-
main plustost qu'en mes armées qui agiroient.
Ce que dessus est la pure vérité, que j'ay voulu faire mettre par
escrit , sur ce que j'ay veu , par la recognoissance que le duc de Bouillon
faict de sa faute, que le s'' de Cinq-Mars luy a voulu persuader que
mon cousin le cardinal de Richelieu, qui m'a tousjours conseillé pour
mon bien, m'avoit porté à entreprendre ce voiage à mauvais dessein,
et que je le faisois mal volontiers, ce qui paroist d'autant plus faux que
c'est moy mesme qui en ay eu les premières pensées, et qui en fis
l'ouverture à mon d. cousin, en présence des s" de Chavigny et de
Noyers '.
' Cette déclaration du roi , faite évidem-
ment sur la demande du cardinal , a été
rédigée par lui. Richelieu met ainsi dans la
bouche du roi lui-même le démenti qu'il
donne à ses ennemis. Ils lui imputaient de
sacrifier aux succès de son ambition la
santé , la vie du roi ; c'est le roi qui déclare
l'accusation calomnieuse, c'est lui seul qui
a voulu faire ce qu'on impute à crime à Ri-
chelieu de lui avoir conseillé, et il l'a fait
presque contre l'avis de son ministre ; bien
plus, c'est le ministre qui risque sa santé
pour le service du roi. La vérité est que
Richelieu désirait vivement que Louis XIII
vînt au siège de Perpignan , car l'affaire lui
tenait à cœur, et la présence du roi était
toujours un grand encouragement pour ses
troupes ; mais , en même temps , le cardinal
avait pris ses précautions, afin que, s'il
arrivait quelque malheur, on ne pût le lui
imputer. Peut-être regretta-t-il la résolution
qu'il avait fait prendre au roi, lorsque, la
maladie le forçant de rester en chemin , il
vit Louis XIII entièrement abandonné à
l'influence de ses ennemis ; ce fut à lui que
le conseil faillit être funeste.
BU CARDINAL DE RICHELIEU. IJ9
LXVIIl.
Arch. des Aff. élr. France, 16A2, de septembre en décembre, fol. hi- —
Original , sans signature , de la main do Clierré ;
minute de la même main , au fol. U"]-
[A M. DE CHAVIGNI ET DE NOYERS'.]
De Lyon, ce 9 septenibic 1642.
Vous sçaurés par M' de Sevignl que si nous n'eussions envoie la
montre d'icy, rarmée d'Italie estoit perdue. A cela je vous diray que
la présence du cardinal de Richelieu et de son frère Coupechou
Mazarin n'ont pas esté inutiles. En affaires la diligence faict tout, je
vous lay dict cent fois, et vous nie lavés veu pratiquer toute ma vie.
Sur cela, je vous diray que vous n'en avés pas usé ainsy en l'envoy du
s' de Peny à Couloigne, qui a trop tardé d'un mois à partir, ce qui
a donné lieu à Falirony de s'en aller.
J'attends responce de Saladin. Les affaires de Lyon vont fort bien.
Le procès sera vuidé, comme je croy, dans cette sepmaine; et, si
l'affaire de Sedan réussit, je suplie le roy de considérer quel chemin il
y a depuis la Rochelle jusques à Pignerol, Nancy, Brizach, Arras, Per-
pignan et Sedan, sans compter ce qui est au dedans de ces limites. En
vérité, bien que tout soit deub à la bénédiction de Dieu, et à la vertu
du roy, le zèle et la vigilance de sa créature n'y ayant pas esté inu-
tiles, il me semble qu'il a fallu estre démon comme M'' le Grand pour
vouloir persécuter et perdre un homme qui a si bonne intention pour
la France et pour le service de son maistre.
Tay envoyé 260 bons chevaux à M' du Hallier, commandés par le
baron d'Arzilhers.
Je supplie le roy de trouver bon que M' de Noyers envoie, dès à
présent, de l'argent et un de ses faciendaires à Ardres^ pour faire tra-
' La suscription manque , mais une lettre de de Noyers du 1 1 dit que cette lettre
était adressée à tous deux, — ' Voy. ci-après , p. 1 3o.
120 LETTRES
vailler aux dehors tout l'hiver, et qu'on donne quartier d'hiver dans le
Boulonnois à deux bons régiments, parce que cette place est la seule
que les ennemis, sortant de bonne heure en campagne, comme ils
ont faict cette année, pourroient emporter, sans cette précaution,
devant cpi'on soit en estât de la secourir.
Je vous prie de ne négliger point cette aflFaire, et de croire que, si
on n'y prend bien garde, les ennemis nous préviendront à mettre en
campagne.
' M' le cardinal Mazarin vous escrit par M' de Sevigni, que je vous
prie de favoriser en ce qui vous sera possible.
LXIX.
Arch. des AfT. étr. France, iG42 , t. loi. — Mbe au net de la main de Cberré*.
Bibl. inip. Baluze, pap. arm. lett. paq. ii, n" 2 et 3, fol. i5 v*. —
Copie de la main de Baluze.
[AU CHANCELIER.]
[Vers le lo septembre '.]
Aussy tosl que M' le Grand sera jugé et que son arrest aiu-a esté mis
à effect. M' de Bouillon priera instament le s' de Boislouët daller
trouver M' le Chancellier pour le supplier qu'il le puisse voir.
M' le Chancellier ira, s'il luy plaist, accompagné de six des commis-
saires; et lors M"^ de Bouillon luy dira qu'ayant sceu le jugement et
' Ce dernier paragraphe n'est point procédure contre les trob accusés. La note
dans la minute. que Mazarin a écrite en marge du ms.
' Vovez la note 1 de la pièce du 26 prouve qu'au moins la pièce lui fut com-
seplembre, intitulée :• Mémoire de M. le muniquée; il est même vraisemblable
cardinal de Richelieu pour M. le cardinal qu'elle fut envoyée à tous deux. Riche-
Mazarin. • lieu dictait ici le langage qu'il voulait faire
^ La date manque ainsi que la suscrip- tenir au duc de Bouillon , et que Séguier
tion ; mais on voit que cela doit avoir et Mazarin étaient chargés de lui inspirer,
été écrit pour Mazarin , chargé d'une mis- Quant à la date . elle devait être très-voi-
sion non ostensible auprès de M. de sine de celle de la condamnation des deux
Bouillon, ou pour Séguier, qui dirigp.ait la autres accusés.
.DU CARDINAL DE RICHELIEU.
121
l'exécution de M' de Cinq-Mars, et cognoissant, par les charges qui
sont contre luv et sa propre confession, qu'il ne sçauroit éviter un
pareil événement, s'il estoit jugé, il le suplie au nom de Dieu de dif-
férer à mettre son procès sur le bureau jusques à ce qu'il ayt response
d'une proposition qu'il veut faire au roy.
Que la place ayant esté cause de tous ses malheurs, et estant extres-
mement importante poiu- la France, il suplie le roy de la recevoir et la
prendre en ses mains, et luy donner grâce'.
Qu'il n'a point de condition à faire avec son maistre; qu'il la luy
remettra purement et simplement pour en user ainsy qu'il semblera
bon à Sa Majesté. Et cependant- cpi'il dressera un mémoire particu-
lier de ce qu'il désireroit en remettant la dite place, lesquelles^ toute-
fois il somnet à la volonté du roy.
Qu'il ne faict point cette proposition pourgaigner temps et allonger
cette affaire, parce qu'il prétend, si Sa Majesté l'aggrée, luy faire re-
mettre la dicte place de Sedan dans dix joiu-s, envoyant expressément
à Sedan, comme il fera, l'un de ses beaux frères à cet effect*".
' Baluze s'arrête ici , et met en note :
■ Le reste est comme dans le procès-verbal
de M. le Chancelier du 1 3 septembre .
jusques à ses beaux frères à cet ejject. » ( Ma-
nuscrit de Baluze cité aux sources , fol. 1 6.)
' Mazarin a écrit en cet endroit, à la
marge : « qu'il prendra l'ardiesse d'escrire
un petit mot à M' ' le cardinal duc , pour faire
conobtreàS. Em. ce qui est de son
intention, la quelle seroit toutefois entiè-
rement à la volonté du rov. • Cette phrase
semble un changement proposé pour la fm
du paragraphe , dont une partie a été sou-
lignée. Nous laissons en blanc trois mots
en abréviation que nous ne pouvons lire.
' Ce mot n'a ici de relation gramma-
ticale avec rien ; mais la phrase se com-
prend : • les choses qu'il désireroit . . •
' On sait le résultai des conférences du
chancelier et de Mazarin avec le duc de
Bouillon ; celui-ci donna Sedan pour sauver
sa vie. On vient de voir que, deux jours
avant le jugement, Richelieu parle de
Gnq-Mars et d'Aug. de ïhou comme de
gens à qui on a déjà coupé la tète. 11 faut
convenir que Mazarin et le chancelier
avaient là un argument très-propre à se-
conder leur éloquence et à triompher des
hésitations du duc de Bouillon. L'abo-
htion fut donnée par le roi, et Sedan
fut remis à Mazarin par la duchesse le
29 septembre. Voyez plus loin, à la date
du 26, l'instruction donnée à Mazarin
allant recevoir la ville de iSedan des mains
de la duchesse. L'engagement qu'avait
pris Mazarin à l'égard du prince com-
plice de Cinq-Mars , portait : « Tout aussv
•tost que la ville , chasteau et citadelle de
CABSia. OB RICHELIEC. -
>6
122
LETTRES
LXX.
Cabinet de S. A. R. M^' le duc d'Aumale. — Original de la main de Cherré.
[AU ROI.]
De Lentilly, ce 12' septembre i642.
Vostre Majesté aura tout à la fois deux nouvelles bien différentes :
L'une est la rédition de Perpignan, qui est la plus belle et la plus
considérable place de la terre pour la France ;
L'autre est la condamnation et l'exécution de M"" le Grand' et de
M'' de Thou, qui se sont trouvez sy coulpables au jugement de tous
leurs juges- qu'ils ne virent jamais un procès sy clair.
Ces deux événements font voir combien Dieu ayme Vostre Majesté.
Je le suplie qu'il continue à verser ses bénédictions sur elle, et qu'il
me renvoie la santé que je désire pour la servir.
Sedan seront entre les mains de Sa Ma-
jesté, on donnera tous les ordres néces-
saires pour faire sortir le s' duc de Bouil-
lon du chasteau de Pierrencise , pour aller
à Roussy, Turenne ou autre de ses mai-
sons telle qu'il luy plaira. Faict à Lyon,
le i5 septembre 1642. Le cardinal Maza-
rini. » (Voy. l'Hist. de Mazarin, d'Aubry,
p. gS de l'éd. de 1688.) L'acte d'aboli-
tion, dont Richelieu a sans doute donné
le thème, et qui même emprunte quelques
passages à la présente pièce , a dû être ré-
digé à la chancellerie. J'en ai vu le texte
aux Affaires étrangères (France, 1 642 , de
septembre à décembre, fol. 69). Une copie
se trouve à la Bibliothèque imp. dans un
manuscrit de Béthune (9237, fol. 1 r4) , où
cette pièce est précédée d'une lettre du duc
de Bouillon au cardinal, datée de Pierre-
Encise, le i3 septembre. Dès le lendemain
de l'exécution , le duc écrit « qu'il a fait le
matin au chancelier une ouverture ; il offre
de céder la vill« et le château de Sedan au
roY à condition qu'on lui accordera la vie et
la lilserté. Il dépendra toute sa vie du roy
et du cardinal. » (France, septembre-déc.
fol. 39. Copie de la main de Cherré.)
L'abolition fut enregistrée au parlement le
5 décembre. Le 23 octobre, la Gazette
avait informé le public , en termes magni
fiques, de la cession de Sedan. (P. 985.)
' Le mot cruel imputé à Louis XIII au
sujet du supplice de son ancien favori est
évidemment inventé. Non-seulement le roi
n'a pu savoir à l'avance l'heure de l'exécu-
tion, il est même tout à fait impossible
qu'il ait su le jour du jugement. Le P.
Griffet (p. 536) ie rapporte sur la foi de
Montglat, et celui-ci ne peut l'avoir cité
que sur quelque ouï-dire qu'il n'a pas
pris la peine de vérifier.
* Pour de Thou les juges n'ont pas été
unanimes; deux ont refusé de conclure à
la mort. (Voy. ci-après, p. ia5.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
123
LXXI.
Arch. des Aff. étr. France, 1642, de septembre en décembre, fol. 59. —
Original de la main de Clierré.
SUSCRIPTION:
POUR m. DE CHAVIGNY,
SECRÉTAIRE D'BSTAT.
De Leiitilly, ce 1 2 septembre 16/42.
J'ay tant de choses à vous escrire que je ne le sçaurois faire. Ces
trois mots vous apprendront que Perpignan est ez mains du roy, et
que M' le Grand et M"" de Thou sont en l'autre monde', où je prie
Dieu qu'ils soient heureux. Je vous en diray davantage une autre
fois *.
M' du Lieu, maistre des coiuriers de Lyon, demande à establir un
bureau de la poste dans Perpignan, et prétend que cela luy appartient,
tant comme maistre des courriers des pays estrangez, que parce que
les bureaux du bas-Languedoc , dans lequel Perpignan est comme en-
clavé, luy appartiennent. Il dit que cela luy donnera moyen de bien
servir. Vous verrez si c'est chose qui se puisse sans faire préjudice à
vos intérests ou à ceux de M' de Nouveau '.
' Nous avons une lettre autographe de
Séguier à Cliavigni, datée du 10, où nous
lisons : « Demain vendredi on procédera au
jugement . . . l'on diffère le jugement de
MM. de Bouillon et de Thou après la con-
damnation du sieur le Grand. »Que signifie
cela? C'est que le 1 1 septembre, la veille
du jugement , on ne croyait pas encore pou-
voir faire condamner de Thou à la peine
capitale. Cette lettre, que nous ne voyons
citée nulle part, jette une lumière nou-
velle sur la fin de ce procès et sur le récit
assez peu clair du P. Griffet (p. 5ia et
suiv.), où l'on entrevoit quelque perfide
manœuvre employée au dernier moment
et lorsque Cinq-Mars allait être interrogé
sur la sellette, pour obtenir de lui un té-
moignage contre de Thou. Nous lisons
encore dans la lettre du chancelier : » Je
demeure en cette ville pour achepver
le procès tellement que je ne crois pas
partir qu'au commencement du mois qui
vient. » Pourquoi la prévision de ce long
retard ? tout devait être fini le lendemain
pour Cinq-Mars; tout fut fini le i5 pour
M. de Bouillon, qui consentait à tout, et
le chancelier le savait bien.
* Voy. p. 1 25 , la lettre du 1 5 septembre.
' M. de Nouveau était général des postes
de France; mais quel intérêt .y avait
Chavigni ?
■ (>.
124 LETTRES
LXXII.
Cabinet de S. A. R. M*' le duc d'Aumale. — Original de la main de Cherré.
POUR M. DE NOYERS,
SECnÉTAlBE D'RSTAT, EN COUR.
De Lantilly, près Lyon, ce i 2' septembre i6ii2.
Madame d'Aiguillon m'a escrit qu'on vendra les meubles de la
reyne, et que le roy ayant quantité de belles tapisseries ne prendra
pas celles qu'elle avoit. En ce cas, je seray très aise de les achepter
et je prie M' de Noyers d'adjuster cette affaire avec ma niepce, ne les
prétendant qu'en les payant comme un autre; et, à dire le vray, je
les conserveray mieux qu'on ne faict celles du roy dans les galletas
où elles se pourrissent; et, si jamais le roy les vouloit avoir, je les luy
bailleray poiu" le mesme prix qu'elles m'aïu-ont cousté.
Il y a aussy quantité de cristaux, et, entre autres, des pièces qui
n'ont point de semblables dans la chrestienté. Le roy en a desjà beau-
coup. La raison veut qu'on joigne le tout ensemble pour en faire un
beau cabinet dans le Louvre, qu'on puisse montrer aux estrangers.
Je n'ay pas loisir de vous escrire plus au long.
Perpignan est es main du roy;
Et M' le Grand et M' de Thou en l'autre monde.
Ce sont deux effets de la bonté de Dieu pour fEstat et poiu" le roy
qu'on peut dire estre bien esgaux.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
125
LXXIII.
Bibl. imp. Saint-Germain-Harlay, n° 47/4. volume non chiffré (vers le quart). —
Original de la main de Cherré.
SUSCRIPTION:
POUR M. LE CHANCELIER.
De Lentilly, i3 septembre 1642.
Je remercie M"' le Chancelier du soin qu'il a pris de me faire savoir
ce qui s'est passé en l'exécution du jugement de M" le Grand et de
Thou'.
Je le conjure de me mander confidemment quels sont les deux
d'entre les juges qui n'ont pas opiné à faire moiuir le dit s' de Thou.
Je conjiu-e aussy M' le Chancelier de se reposer et d'avoir soin de
sa santé.
LXXIV.
Bibl. imp. Baluze, pap. des arm. lett. paq. i, n° 1, fol. 182. —
Copie de la main de Baluze.
A iMESSIEURS DE CHA VIGNY ET DE NOYERS l
De Tarare, ce 1 5 septembre i64î.
M' le Grand est mort avec constance et quelque affectation de
mespriser la mort; il a porté son humeur hautaine jusques à l'escha-
faut, ayant désiré d'en avoir un séparé de celuy auquel seroit exécuté
M' de Thou et qui eust plus de dignité, ce qui n'a pas esté, comme
' C'étaient MM. de Sautereau et de
Miromesnil; ce sont des noms que l'his-
toire doit conserver. Le P. Griffet dit que
M. de Sautereau changea d'avis, pour se
rangera celui de la majorité; la lettre du
chancelier au cardinal prouve le con-
traire.
' Nous avons la réponse du roi à Ri-
chelieu dans une lettre de Chavigni du 1 9 ;
Louis XIII donna pleine satisfaction à son
ministre : « Sa Majesté a esté bien aise
d'apprendre , par la veue des mémoires de
M'' du 1 5 de ce mois , les circonstances
de la mort de M' le Grand. »
126 LETTRES
vous pouvés croire. Jusques à la prononciation de son arrest il avoit
apparemment peu pensé en Dieu. Son confesseur tesmoigne estre
fort content de sa repentance et de Testât auquel il est mort. 11 a
parlé sur la selete, de son propre mouvement, fort avantageusement
de moy ^
M' de Thou est mort avec plus d'inquiétude, grande dévotion et
grande humilité.
Le dit s'' le Grand a voulu parler deux fois en particulier à M' le
Chancelier; en l'une il prenoit le chemin de vouloir parler de son
maistre, mais M"' le Chancelier le rembarra sy vertement et sy forte-
ment qu'il s'arresta ^ ; à l'autre , il a , pour la descharge de sa cons-
cience, déclaré que Fontrailles luy conseilla de me faire tuer, et que
F s' estoit envoyé offrir à luy de le faire , et que B ^ luy avoit apporté
cet offre.
Cette cognoissance ne passera point le roy. M' BouthiUier, M' Cha-
vigny et M"' de Noyers; autrement il seroit impossible de prendre F,
ce qui est du tout nécessaire.
Je laisse à la prudence et à la bonté du roy, et à ceux qui sont au-
près de luy, de penser aux moyens d'attraper cet homme, lequel a
mandé qu'il sçavoit le moyen d'exécuter sa proposition, et qu'il ne
demandoit au dit s'' le Grand que protection. On dit qu'il vient cpiel-
quefois chez son beau père à Paris; si cela est il sera bien aysé de
le prendre.
Je croy qu'il va assez souvent à Chartres, il faut s'en enquérir bien
secrètement. Il faut prendre garde s'il n'ira point voir Monsieur.
' Richelieu exagère; le procès -verbal à dire maintenant que Cinq -Mars était
constate que Cinq-Mars a parlé de lui en mort,
termes convenables seulement. ' « Sa Majesté ayant veu le deschiffré
' «Sa Majesté eust fort désiré que M' le du mémoire a tesmoigne une grande im-
Chancelier luy eust laissé dire tout ce qu'il patience de veoir les deux personnages v
vouloit contre elle; cela eust confirmé tout dénommez pris, et l'on fera pour cet effecl
le monde dans la croyance de sa mes- toutes les diligences imaginables. » (Lettre
chanceté et de son extresme ingratitude. » de Chavigni.)
(Lettre de Chavigni.) Voilà qui était bon
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 127
Je croy qu'il se faudra fier de cette afifeure au prevost de l'Isle, iuy
recommandant le secret extraordinairement.
Quant à B, s'il paroist de delà, il faudra le faire prendre aussy, et
dire qu'on le prend pour n'avoir point esté à sa compagnie.
M"" le Grand a escrit une lettre à sa mère , et un billet de ses debtes.
J' envoyé le tout afin que le roy en fasse user comme il l'estimera à
propos. Il convie sa mère à demander les cent mil escus qu'il a em-
ployés en sa charge, mais je me rencontreray sans doute en ce point
de mesme advis avec Sa Majesté, et ceux qui sont auprès d'elle de
delà', la raison ne permettant pas qu'un tel crime ayt esté commis sans
quelque diminution en ime maison pleine de biens par les bienfaits du
roy, et ce d'autant plus que la diminution est petite au respect des
richesses qu'elle possède.
Je croy qu'après avoir donné trois semaines ou un mois à madame
d'Effiat de demeurer à Chilly, puisqu'elle y est encore, pour vérifier
les dettes de son fils, si elle le veut faire, ce dont je doute, il la faut
envoyer en Tovuaine, ainsy qu'on avoit premièrement résolu. Tels
esprits ne font rien de bien proche de Paris, où toutes sortes de nies-
chancetés se projettent d'ordinaire.
Mademoiselle d'Espesses, c'est-à-dire, autant qu'on peut juger, ma-
dame d'Effiat sous son nom, avoit envoyé un Espagnol déguisé en
gueux, avec deux billets dans un bouton et dans une plume, pour
donner à M' le Grand; le tout a esté pris. Ces billets estoient des
conseils à leur mode.
Le joiu- auparavant que M' le Grand momut, sa pensée et ses dis-
cours estoient du prix qu'il vouloit vendre sa charge , dont il ne vou-
loit pas moins, à son compte, que quatre à cinq cens mil escus.
A ce propos, je croy que je me rencontreray encor volontiers dans
' 0 Sa Majesté a veu la lettre que M. le par le mémoire. Hle se passera de cent
Grand escrit à sa mère, et a tenu indif- mille escus. Sa Majesté n'estant pas ré-
fèrent de Iuy rendre ou non; ainsy l'on solue de les Iuy rendre. • (Lettre de Cha-
luy a envolée, avec le commandement de vigni.)
se retirer en Touraine , dans le temps porté
128 LETTRES
la pensée du roy, luy conseillant de faire de cette charge comme il a
fait de celle de grand maistre , c'est-à-dire de la retenir en ses mains.
Sa Majesté prendra plaisir à en faire le destail, et gaignera cent mil
livres tous les ans^
M' de Bouillon a eu sy grande peur de. l'exécution de ces Messieurs,
que s'il avoit trois Sedan, il les donneroit pour sauver sa vie.
M"" le cardinal Mazarin partira demain avec M'' le comte de Roussy et
M' d'Estrade, et je croy que, la vieille madame de Bouillon estant
morte, cet affaire ne recevra point de dilliculté.
J'ai envoyé quérir M' Fabert auquel je diray ce que le roy veut tou-
chant sa compagnie.
Je ne sçaurois assez admirer le profit que le roy tire de cette mal-
heureuse conjuration qui estoit faite pour sa ruine.
Vous ne m'avez point mandé si on a envoyé ordre au P. de Fossés
de se retirer à Angers; je persiste à l'estimer nécessaire^.
Je croy qu'il seroit bon aussy d'oster de Paris la vicomtesse de
Fruges^ et sa fille, bien dangereux esprits; et que Bourges seroit im
vray lieu à les envoyer. Si on ne nettoyé la cour et les lieux circon-
voisins des esprits qu'on cognoist mal intentionnés, il seroit impossible
de faire subsister les affaires.
Joubliois à vous dire que je croy que l'abbé d'Effiat mérite d'estre
abaissé. C'est im mauvais petit esprit qui ne vit pas selon Dieu. Ma
pensée est que le roy peut et doit révoquer le brevet de l'abbaye du
mont Saint-Michel S estant chose assez ordinaire que les crimes de
lèze-majesté privent les familles de beaucoup de grâce, voire mesme
leur attirent des peines, ce dont il n'est pas question en ce fait icy.
' «Sa Majesté retiendra la charge de comtesse de Fruges, et à sa fiHe, de s'en
grand escuyer en ses mains , suivant l'advis aller à Bourges.» (Lettre de Chavigni.)
de M*'. » (Lettre de Chavigni.) Cette dame de Fruges est-elle celle dont le
* « Aussytost que M^' manda son avis cardinal de Retz parle dans ses Mémoires ?
sur le P. de Fossé , il fut exécuté , et il par- ' «Sa Majesté a ti-oùvé fort à propos
tit de Paris deux jours après...» (Lettre darrester l'expédition des bulles de l'ab-
de Chavigni.) Vov. ci-dessus, p. 65. baye du mont Saint-Michel pour l'abbé
' • L'on fera commandement à la vi- d'Effiat. » (Lettre de Chavigni.)
DU CARDINAL DE RICEIELIEU.
129
Sa Majesté, par cette abbaye, pourroit gaigner le cardinal des Urslns,
ou quelque autre des plus importans cardinaux, de Rome; et les
brevets n'obligent point après six mois, lorsqu'ils ne sont point exé-
cutés, principalement quand il arrive de nouveaux sujets, comme il
est arrivé en cette occasion.
M' d'Argenson demande avec grande instance un pouvoir pour faire
faire le serment aux évesques de Catalogne' qui ne l'ont point faict,
afin que l'on face ensuilte chasser ceux qui ne le voudront pas faire.
11 est du tout nécessaire de le luy envoyer.
Il est important que M'' d'Estrades croye que le roy accorde prin-
cipalement la grâce à M"" de Bouillon en considération de M"' le prince
d'Orange. Je luy en ay parlé ainsy; et, pour lui faire croire, je luy ay
dit que Sa Majesté estimoit que pour avoir Sedan, ce qu'elle voit
bien lui estre du tout utile, le moyen de faire trancher la teste à M' de
Bouillon estoit un moyen plus asseuré que de luy faire grâce, mais
qu'elle a changé sur finstance de M' le prince d'Orange ^. Vous parlerés
ainsy, s'il plaist au roy, et Sa Majesté mesme jouera conformément
son personnage.
J'ay envoyé les deux mille hommes de M' de Lesdiguières en Italie,
parce que M' de Longueville demandoit du secours. Il se promet qu'il
y en passera quinze cens effectifs.
M' le Chancelier et moy avions résolu, deux jours avant le juge-
ment de M'' le Grand, qu'il seroit condamné à estre appliqué à la (jues-
tion, mais qu'on ne la luy feroit que présenter^; ce qui a esté faict. Il
a esté condamné tout d'une voix.
' Cliavigni répond qu'il a expédié ce pou-
voir il y a quelque temps, et que M. d'Ar-
genson doit l'avoir. (Lettre du ai sep-
teml)rc, fol. loi du même nis )
* Pour appuyer ce que d Estrades devait
faire croire au prince d'Orange , lliclielieu
fit mettre, dans l'article précité (ci-dessus
p. 12 1 ) de la Gazette, la phrase suivante :
• La miséricorde de Sa Majesté accorda la
vie et la liberté au duc de Bouillon par
l'intercession de quelques alliez de cette
couronne , et notanientdu prince d'Orange ,
et aux grands services que luy a rendus
le vicomte de Turenne, son frère. » 11 est
douteux que le prince d'Orange ait bien
voulu être dupe de cette petite ruse.
' Séguicr avait déjà mandé cela à Clia-
vigni le lO septembre : «Je vous mande
CARDIN. DE niCHELIED. — VII
130 LETTRES
Je supplie le roy de commander à M' de Noyers d'envoyer un de ses
laciendaires actif et entendu à Lerida pour faire foitifier cette place '
le plus diligemment qu'il se pourra. Cette affaire est de telle impor-
tance que le roy d'Espagne ne peut ruiner les Catalans que par la
prise de cette place. Je ne m'estends pas davantage sur ce svijet,
parce que le roy et ceux qui sont près de luy scavent fort bien ce
que je leur en pourrois dire.
LXXV.
Cabinet de S. A. R. M'' le duc d'Aumalc. — Original de la main de Cherré.
[A M. DE NOYERS.]
De l.a Fonlaiiic, ce i5* scplenibie 1642.
Ce courrier vous va trouver de la part de M" les généraux de
Tannée de Roussillon, pour pourvoir aux nécessités de Perpignan et
de Roussillon.
Les trésoriers de l'extraordinaire des guerres méritent une ani-
madversion puissante. Hier leur commis me vint trouver pour me dire
que les trois cens mile escus, destinez au ravitaillement de Perpignan,
estoient à Narbonne ; et cependant vous verres bien qu'ilz n'y sont pas ,
quoyqu'ilz l'aient receu, par sa confession, dès le 8^ juillet.
Je vous envoie la lettre que les dits trésoriers m'ont escrite et celle
de M' de la Melleraie. Je vous prie de mettre ordre à tout, car je ne
suis point capable de cela.
celte parlicularité par avance, disait-il, afin ' Richelieu avait fait la même reconi-
fjuc , si l'on faisoit quelque discours au roy, niandation pour Ardres , dans sa lettre du
vous puissiez luy faire cognoistre la vérité. » 9 septembre. Chavigni répond que M. de
(Arch. des Aff, étr. France, 16^2 , de sep- Noyers a fait mettre en bon état l'une et
tembre en décembre, fol 49) I autre place.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 131
LXXVI.
Cabinet de S. A. R. M^ le duc d'Aumalc. — Original de la main de Cherré.
Arch. des AIT. étr. France, 1642, de septembre en décembre, fol. 87. —
Minute, même secrétaire.
[A M. DE NOYERS'.]
De La Fontaine, ce 16 septembre tèii.
L'empire de la raison devant avoir lieu partout, je suis bien aise de
vous dire que quand je vous ay mandé que j'achepterois volontiers des
vieilles tapisseries de la reyne, j'entends si le roy ne les prend pas;
et, à vous dire le vray, je ne mets pas grande différence entre n'avoir
point le palais de Luxembourg et l'avoir démeublé. Ainsy ma pensée
est que le roy doit prendre tous les meubles au pri\ de l'estimation
et du parisis, et que M' de Noyers face en sorte qu'on me laisse seule-
ment venir, pour mon argent, quelque vieille tapisserie, non des pre-
mières, mais de la seconde cla.sse, ce que M"" de Noyers sçaiua bien
choisir.
Je me trouve bien empesché pour mon logement de Ruel, et je ne
sçay comment je pourray faire. Je pourray bien loger ma personne en
la chamljre où j'ay accoustumé de manger, en l'accomodant; mais il
faudra que tous mes gardes couchent en un nouveau bastiment où
j'ay peur qu'ils tombent tous malades.
Je puis loger chez M' de BuUion; mais je ne sçay comme logera toute
ma fanùUe-, et oii se pourront faire mes cuisines; il faudra prendre
les logis de devant. Je croy que ce dernier party sera le meilleur, et
je vous prie d'avertir M' de Bonelle' de faire mettre de bons châssis
' L'original n'a point de suscription; xvii' siècle. La Fontaine en oflj-e peut-être
mais le nom de de Noyers se trouve au dos un des derniers exemples dans sa fable :
de la minute. Cette minute porte la date du L'alouelle et ses petits avec le mattre d'un
18 septembre; Richelieu était à Roanne. champ; le poète v met nettement en oppo-
' Les domestiques, sens latin du mol sition lafumille et les parents.
famille; il est maintenant passé d'usage, ' Le fds de feu Billlion.
mais on s'en servait encore chez nous au
'7-
132 LETTRES
partout; autrement il me faudroit tousjom-s demeurer à Paris, ce qui
seroit terriliiement contraire à mon humur ^
Je suis très fasché de la maladie de M' de Fours, et seray très aise
de tesmoigner à ses enfans, par la continuation de la charge qu'a le
père à Honfleur, combien j'estime toute la maison.
LXXVII.
Cabinet de S. A. R. M^' le duc d'Aumale. — Original de la main de Cherré.
[AU ROI.]
De La Fontaine, près Saint-Saphorin , ce 16' septembre 1642.
Je ne sçaurois ny assez me louer de la bonté qu'il plaist au roy me
tesmoigner, par le soin qu'il veut prendre de ma conservation, ny
trop estimer celuy qu'il a de pourvoir, dès cette heure , à ses armées
de l'année qui vient ^. Ce sont des effets et d'un bon maistre et d'un
grand roy. Je tascheray de recognoistre les uns comme je doibs, et je
n'oidalieray rien de ce qui deppendra de moy pour seconder les autres.
J'espère que tous réussiront au contentement de Sa Majesté, que je
désire plus que ma propre vie.
' Cette ligne n'est pas dans la minute,
à la marge de laquelle on lit : 0 ce qui se-
roit très incommode pour mon escurie. »
' Le 1 o septembre , le roi , qui était à
Monceaux, envoyait à Richelieu, dans un
mémoire autographe , un projet des opéra-
tions militaires pour 1 6^3. > Si vous trouvés
ledit projet bien (écrit Louis XIII) , je feray
les logemens du cartier d'iver sur iceluy. »
Puis dans un P. S. il ajoutait : « M" de Cha-
vigny et de Noyers exécuteront de point
en point les deux derniers mémoires que
vous avés envoies. » Quant à l'établissement
des quartiers d'hiver , chose si nécessaire à
une époque où l'indiscipline des soldats
ruinait les provinces , le roi tint la pro-
messe qu'il faisait de s'en occuper. Dans sa
lettre du 1 9 octobre , Henri Arnauld ap-
plaudit à cette mesure : « Le roy a envoyé
les routes pour les quartiers d'hiver , et en
chaque province , un intendant et un gen-
tilhomme pour les faire observer; avec
ordre de cliastier sur le champ ceux qui
logeront autre part qu'aux étapes qui seront
eslablies. Si cela est bien observé, le plat
pays aura un peu de repos. »
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 133
LXXVIII.
Arcli. des Aff. étr. France, i64a, de septembre en décembre, fol. 91. —
Original de la main de Cherré. Minute de la même main , fol. 88 et 89.
Bibl. imp. Baluze, pap. des arm. iett. paq. i, n° 1, fol. i34. —
Extrait de la main de Baluze.
[A M. DE CH.\VIGNI\]
De Rouanc, ce 18 septembre 16^2.
Ayant communiqué ma pensée à M"" le cardinal Mazarin, qui est
icy, sur l'eschange des prisonniers, il le renchérit bien sur moy, et
tous deux ensemble avons formé l'avis qui s'ensuit :
Il n'y a point d'apparence, en Testât auquel sont les affaires d'Es-
pagne , que Dom Francesco de Meloz , demandant une injustice, con-
traigne le roy, en la souffrant, de faire ime bassesse.
Ayant beaucoup plus grand nombre de prisonniers que les Espa-
gnols et de plus grand tiltre, et le défaut des nostres qui sont pris
ne rendant pas nos armées sy deffectueuses comme celles d'Espagne
(qui n'en sçauroient faire une bonne de ce costé là sans les prisonniers
que nous avons), il est plus important à l'Espagne de ravoir ses pri-
sonniers qu'à nous les nostres.
N'y ayant point de quartier général faict et arresté, et les Espagnols
ne l'ayant jamais voidu jusques icy, il n'y a point de raison de ne
vouloir pas consentir à l'eschange des prisonniers qu'ils ont, selon le
nombre et la qualité, mais vouloir d'authorité aljsolue, estans les plus
foibles, donner la loy selon leur volonté et leur utilité.
Ainsy nous estimons que le roy doit demeurer femie en la proposi-
tion qu'il a faite d'eschanger prisonnier pour prisonnier, selon sa qua-
lité, y ayant apparence que les Espagnols retirant, par ce moyen,
' La suscription manque; la lettre est- réfère? Un secrétaire de Chavigni a écrit
elle adressée à Chavigni et à de Noyers , au dos : « Son Eminence. n
comme celle du i 5 , à laquelle celle-ci se
134 LETTRES
grand nombre d'ofiiciers en Espagne, ils entendront à la raison par
leur utilité.
Si les Espagnols veulent establir un quartier général, le roy le peut
et le doit faire, pour l'avenir; mais il ne seroit pas raisonnable qu'ils
voulussent en retirer l'effect pour un temps auquel il n'estoit pas
arresté, la France demeurant pour l'avenir au hazard de leur foy,
qu'ils ne gardent jamais.
^ Je vous ay mandé que M. le Grand avoit porté sa hauteur ju.sques
sur l'eschafiaut; ceux qui l'ont veu mourir en rapportent la con-
firmation. En montant sur l'eschalïaut, un archer du prévosl luy osta
son chapeau , parce que les condamnés n'y paroissent jamais couverts.
Il le reprit brusquement^, le mit sur sa teste, et fit deux ou trois
tours sur l'eschaflaut, les deux mains sur les costés, regardant tout le
monde couvert; par après, il salua le peuple, et jetta son chapeau.
Ensuitte il s'essaya sur le billot, y mettant le col pour voir s'il seroit
bien il se releva par après, et se promena encore sur l'eschaflaut, tenant
la croix sans se desganter; il ne voulut pas estre bandé. En venant à la
place en carosse avec M. de Thou et leurs confesseurs, M. de Thou
demanda à son confesseur si on luy donneroit le temps de prier Dieu
sur l'eschaflaud. M. le Grand luy respondit : « N'avez vous pas prié
Dieu? »
On dit qu'il avoit dit souvent qu'il tesmoigneroit plus de résolution
en mourant que M. de Montmorency et M. de Saint-Preuil ; mais, à
mon jugement, les autres sont morts bien plus chrestiennement. Ce
n'est pas que je ne croye qu'il ne soit mort en bon estât, son confesseur,
qui est icy venu de sa part pour me dire beaucoup de choses, tesmoi-
gnant en estre satisfaict. Son confesseur a eu charge de luy de me de-
mander pardon, et je me suis chargé de le demander au roy de sa part.
' C'est ici seulement que commence la leçon de la minute, qui offre quelques
l'extrait de Baluze. légères variantes avec l'original; Baluze a
^ Dans Baluze il y a : «le remit;» c'est copié sur la minute.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
135
LXXIX.
Arch. des AIT. étr. France, i643, t. loi, pièce non cotée, classée après le feuillet 28/4.
— Minute de la main de Clierré.
A MM. DE CHAVIGNY ET DE NOYERS.
1 8 septembre i6i2 '.
Quand le dessein que propose le sieur de Courtelle - seroit le meil-
leur du monde, il n'est pas de saison, à mon avis. Le roy a trop de
besoigne taillée pour ne la coudre pas avant que d'en entreprendre
d'autre. Je ne m'estends pointa en dire les raisons, parce que celles
c[ue M. de Noyers m'a mandées de la part de Sa Majesté sont sy bonnes,
(ju'il faudroit les répéter inutilement.
Il faut, par nécessité, prendre, l'année qui vient, Rose et Tortose, et
M. de Turenne doit estre, à mon avis, employé au premier dessein.
Quant à ceux qui se doivent faire des costez de deçà, je n'en sacb(>
point d'autres que ceux que propose Sa Majesté, Cambray et la Franche-
Comté, et je croy que Sa Majesté s'attachera au dernier plustost qu'au
premier. Ainsy, il faut faire les projets de quatre armées, l'une pour
le Roussillon, l'autre pour la Catalogne, l'autre pour la Bourgogne,
et l'autre pour la Picardie. Celle du Roussillon requiert peu de cava-
lerie; mille à douze cents chevaux y sulTuont; mais il faut dix mile
honuues de pied effectifs.
' Celte pièce a été vue par Baluze :
nous avons remarqué , dans ses papiers ,
qu'il en a copié , de sa main , un paragraphe ,
le second (Bibl. imp. pap. des arm. lettres ,
paquet il , n" 2 et 3, fol. 1 li). Cette pièce se
trouve classée dans le manuscrit des Affaires
étrangères , entre deux autres du lyjuillet;
c'est là une date évidenunent fausse; celle
du 3o août, dont Baluze a marqué le frag-
ment qu'il a recueilli, est également
inexacte. Tout au bas de la première page
du manuscrit des Affaires étrangères on
peut lire: « le 1 Sseptembre 1 6^2 ■ » Quoique
cette annotation soit d'une autre main et
semble avoir été mise après coup , la date
doit être bonne, la lettre a été écrite peu
de temps après la prise de Perpignan,
où les Français étaient entrés le 9 sep-
tembre.
' C'était un olllcier récemment revenu
de l'armée et dont parle le roi dans les
mémoires cités noie 2 de la page i32.
136 LETTRES
Je ne dis rien de celle de Catalogne, parce qu'elle est desjà sur
pied. Tandis qu'on attaquera Rose , on pourra se contenter de la faire
de trois mile chevaux et de six mile hommes de pied à la campagne,
parce que Rose prise , elle sera fortifiée des troupes du Roussillon.
Pour la Bourgogne, il en faut commencer et poursuivre l'attaque
puissamment; ainsy il faut au moins douze mile hommes de pied, et
trois mile chevaux.
La Picardie requiert une armée assez puissante pour combattre les
Espagnols, qui feront sans doute quelque attaque en ce pays. Partant
je crois qu'elle doit estre de huit mile chevaux et de quinze mile
hommes de pied.
Je me resjouis des règlemens qu'il plaist au roy de faire pour
avoir de l'infanterie l'année qui vient; mais il se souviendra, s'il luy
plaist, que si on ne chastie ceux qui ont mal faict cette année, quoy
qu'il face n'aura point de lieu. Il faut mettre cinq ou six mestres de
camp des plus coulpables dans la Bastille, quantité de capitaines; on
les deslivrera devant la fm de l'hiver, à la charge de réparer leur
faute.
Les desseins de Catalogne et du Roussillon requièrent une armée
navale; en cette considération, j'ay mandé, de la part du roy, au mar-
quis de Brézé, qu'il évitast, maintenant que Perpignan est pris, autant
qu'il pourra, un combat général. Que quand M. de la Motte ne juge-
roit point qu'il fust nécessaire à la conservation de Barcelonne , il se
retirast en Provence, où les galères sont contraintes de s'en aller pour
éviter les tempestes et le péril du golfe de Lion. Mais il est nécessaire
d'envoyer diligemment deux monstres pour le désarmement, parce que
l'année qui vient on ne trouveroit pas un matelot.
La reyne d'Angleterre m'a envoyé M. d'Angoulesme avec une lettre
de créance qui abboutissoit à me prier de porter le roy à la recevoir en
France. Je luy ay dit qu'il n'estoit point besoin de soliciter Sa Majesté
d'une chose où son bon naturel le porteroit tousjours quand les affaires
de la reyne le requerr croient; que je luy conseillois de retourner en
Angleterre le plus tost qu'elle pourroit, si les affaires duroysonmary
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 137
lui (lonnoient lieu de cela. Mais que, si elles ne le permettoienl pas, je
ne doutois point que le roy ne luy donnast retraite. J'ay demandé à
M. d'Angoulesme ce qu'elle prétendroit en ce cas. Il me fit cognoistre
qu'elle se contenteroit de 5o mil escus par an, parce qu'elle en
recevoit tousjours d'Angleterre. Je n'estime pas que cette somme soit
excessive en une occasion qu'on ne peut desnier à une sœur.
LXXX.
Cabinet de M*' le duc d'Aumale. — Original de la main de Cherré.
[A M. DE NOYERS.]
Du port de Digouain, ce 21 septembre i6ia.
Je ne sçaurois mieux vous faire sçavoir ce qxii se passe en Catalogne
et en Roussillon qu'en vous envoiant les dépesches que j'en viens de
recevoir et la response que j'y fais. Je vous prie de pourvoir effecti-
vement et diligemment à ce que ces messieurs désirent, et qui dep-
pend de vous, et de messieurs des finances, afin de maintenir les
affaires de tous costez.
Je vous envoie aussy une lettre que le bailly de Forbin m'escrit,
par où vous verres le besoin qu'ont les gallères de ce qui leur est deub
de reste de cette année. Vous ferés, s'il vous plaist, ce qu'il faut en-
vers les trésoriers à ce cpi'ils les secourent promptement.
Je mande à M. de la Melleraie de donner à M. de Turenne les deux
mile escus que vous verres dans la copie de ma lettre, parce que je
sçay bien qu'il n'a pas un sou, et qu'il avoit envoie chez ses fermiers
pour luy envoier quelque argent, sans qu'ils luy ayent envoyé un
teston.
CARDIN. DE RICHFXieC.
138 LETTRES
LXXXI.
Arch. des AIT. étr. France, i6ia. de septembre en décembre, fol. io5. —
Orit^inal de la main de Cherré. Minute de la même main, fol. 107.
Bibl. imp. Baluze, pap. arni. letf. pq. 1, n* 1, fol. i35. —
Extrait de la main de Baluze.
A M. DE CH A VIGNY.
Dr Bourbon-Lancy, ce ïi septembre i6ii.
Je prie M, de Chavigny de se souvenir de faire nommer aux goii-
vernemens de Perpignan , Colioure et de Salces , des gouverneurs ca-
talans, selon que le porte le traité, car il faut prévoir et prévenir de
loin les plaintes que peuvent faire les Catalans et les inconvéniens qui
en peuvent arriver.
' Sa Majesté a pris une bonne résolution sur le sujet de fabbé
d'Effiat , c'est à vous ensuitte à envoier ime révocation à M. de Fon-
tenay, comme aussy de faire signifier la dicte révocation au monastère
de l'abbaye du mont Saint-Micbel , et faire deffences au fermier de
rien payer au d. abbé d'Effiat en vertu de l'œconomat qu'il avoit
obtenu, lequel vous révoquerés aussy.
Je croy qu'il est bien à propos de fortiffier, autant qu'on pourra ,
l'armée de M. de Guébrianl, d'infanterie, et qu'il vaut beaucoup mieux
la lever aux quartiers où il est . que de fenvoier en France , tant parce
que la despense en sera moindre, que parce aussy que les soldat.^
tiendront beaucoup mieux.
Je suis ravy de voir la bonne disposition en laquelle est le roy en
toutes façons*; poiureu qu'il y demeiu-e , comme je n'en doute point, et
qu'il plaise à dieu fortiffier sa santé en Testât au quel elle est. j'espère
que tout ira à souhait.
' C'est ce paragraphe qu'a extrait Ba- minute et l'original; la pbrase: «pourreu
hue, qu'il y demeure ■ n'est pas dans la mi-
* H y a ici quelque différence entre la nute.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 139
La nouvelle de la capitulation de Salces resjouira Sa Majesté.
.rarrivay hier en ce lieu, où je séjourneray, à mon avis, i o ou 12
jours.
.Te me resjouis avec vous de l'heureux accouchement de madame
vostre femme , et du choix que vous avés faict de M' de Noyers pour
vostre compère. Il tesmoigne en avoir un grand ressentiment.
Asseiu-és-vous de mon affection et de mon service pour tousjours.
LXXXII.
Cabinet de S. A. R. M*' le duc d'Aumale. — Original de la main de Clierré.
[A M. DE NOYERS.]
De Bourbon-Lancy, ce 22* septembre 1642.
La redition de Salces resjouira Sa Majesté, qui sçaura bien y mettre
un bon et sage gouverneur, car cette place estant telle qu'elle est, et
pouvant ayder beaucoup à contenir le pays dans l'obéissance du roy,
j'estime que Sa Majesté ne doit pas penser à la raser.
Je suis très aise que vous ayés envoie fortilTier Lérida et Ardres.
Souvenés-vous , dans Testât des armées que vous ferés pour l'année
cfui vient, que vous ne trouvères pas vostre compte, si vous ne faites
dix ou douze mile hommes de pied de deniers revenans bons.
•le suis d'avis, pour le service du roy, qu'il vous donne à vous mesme
la garde de la bibliothèque', et vous aurés soin, je m'asseure, de la
faire bien changer^. Si vous approuvés cette pensée, comme vous le
devés. M' de Chavigny en fera volontiers la proposition au roy.
' Richelieu avait pensé aussi à de
Noyers pour une autre dépouille des con-
damnés de Lyon , le don des cartes qu'avait
Cinq-Mars. (Voy. ci-après aux Analyses,
a4 septembre.)
' C'est M. de Tliou qui avait eu cette
place; méritait-il le blâme qu'exprime ici
Richelieu? Homme du monde, et ayant
des emplois qui l'éloignaient de Paris, il
est possible qu'en effet il se soit peu occupé
de la bibliothèque; mais on peut douter
que de Noyers eut fait mieux. Aug. de Thou
140 LETTRES
Vous pouvés disposer du prieuré de Saint-Thibault comme bon
vous semblera, soit avec réserve d'un tiers de pension, soit sans icelle,
désirant celuy qui vous contentera le plus, c'est-à-dire avec pension ou
sans pension.
Je trouve très à propos que vous envoyés M' de Chantelou ' en
Italie.
Vous m'avés faict très grand plaisir de faire travailler en Sorbonne
aux despens de Thiriot.
Je suis aussy très aise que vous fassiés abattre les maisons qui em-
peschent la veue de la chapelle de Sorbonne ; mais je voudrois bien
que M'' de Mauroy^fist exécutter le marché qu'il avoit faict à quinze
mile francs pour les démolitions des logis que j'ay acheptez, car ce me
seroit chose fascheuse de donner de l'argent de ce dont j'en devois
recevoir.
M' de Mauroy me fera très grand plaisir de letirer tout ce qui m'est
deuh de la Marine , afin que nostre fonds , qui se desballe bien viste ,
se remplace autantqu on pourra.
On ne sçauroit mieux faire que de faire chasser M' de Lorraine
hors de l'Alsace par M"^ du HaUier. Je suis ravy de voir la facilité qu'il
plaist au roy apporter maintenant à ses affaires. S'il continue,
comme je n'en doute point, j'espère que tout ira comme il le peut
souhaiter.
Je suis bien aise du baptesme que vous avés faict depuis peu ^.
Je suis icy pour i o ou 12 jours à mon avis.
iivait succédé à son père; bien que, par
son instruction variée, il fût capable de
remplir convenablement cette charge, il
n'y apportait pas sans doute les mêmes
titres que le savant historien.
' On a déjà vu que M. de Chantelou
était un des employés supérieurs du minis-
tère de de Noyers; il avait été chargé, en
1 64o , d'une mission en Italie concernant
les arts (p. 69 1 de notre VI' volume) ; et, l'an-
née précédente , de Noyers , qui le nomme
« mon commis , » l'envoyait à Turin , dont
on faisait mettre en état les fortifications.
' Il était devenu premier commis de de
Noyers; il est plusieurs fois nommé dans
les lettres de Richelieu.
^ Il avait été parrain d'un enfant de
Chavigni. (Lettre précédente, p. iSp.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
141
LXXXIII.
Arch. des AIT. étr. France, i64a, de septembre en décembre, fol. 116. —
Original de la main de Cherré. Minute de la même main, fol. i52.
[A M. DE CHAVIGNI'.]
De Bourboii-Lancy, ce aâ' septembre 1642.
Il m'est impossible de prendre tout seul résolution sur la dépesche
de M" d'Avaux. Je seray très-aise que M"" le cardinal Mazarin, destiné
par le roy pour traitter la paix, soit de retour, et que vous y soyés
aussy, pour porter à Sa Majesté ce que nous aurons pensé. En celte
considération, je croy qu'aussy tost que M" le cardinal Mazarin aura
faict à Sedan ^, et qu'il aura veu le roy, vous devés tous deux me
venir trouver, amenant M" d'Estrades , dont nous aurons besoin pour
Sçavoir particulièrement ce qu'il sçait des pensées de M" le prince
d'Orange ', et l'envoier aussy tost le trouver.
' On lit au dos : « Son Éminence , » de
la main d'un secrétaire de Chavigni ; ainsi
c'est à celui-ci que va cette lettre sans
suscription.
* H y avait été envoyé pour recevoir la
place que le duc de Bouillon abandonnait
au roi, et qu'il avait chargé sa femme de
lui remettre. Mazarin en prit possession le
39 septembre.
' Une instruction fut , en effet , donnée
au comte d'Estrades le mois suivant; elle
commence ainsi : « M. d'Estrades tascliera
de pénétrer les sentimens de M. le prince
d'Orange sur le sujet de la paix... à quelles
conditions il estime qu'elle peut et doit
estre faite, tant pour les inlérestsde M" les
Estats que pour ceux de la France et de la
couronne de Suède. » On recommande à
d'Estrades de persuader aux Etats • qu'on
ne peut faire une paix seure qu'en la faisant
à des conditions si cuisantes pour l'Espagne
qu'elle appréhende de rentrer en guerre. »
Il devra rappeler à ce sujet les dispositions
du traité fait à la Haye, le i5 avril i63A.
et que, par une conséquence nécessaire du-
dit traité , tout ce que la France s'est acquis
lui doit être conservé dans le traité projette.
11 insistera sur ce que la pensée de la France
est qu'on doit combiner les plans de la pro-
chaine campagne de sorte que la Hollande
ait en ses mains quelque place importante
qui lui reste à la paix. ' — Nous noterons aux
Analyses cette pièce dont nous ne donnons
ici qu'un extrait, parce qu'elle a été impri-
mée. Remarquons cependant que la pré
sente lettre de Richelieu peut nous aider
à établir la date de l'instruction donnée à
d'Estrades. Le cai-dinal Mazarin ne revint de
142 LETTRES
M'^ le cardinal Mazarin vous aura dict ce que nous avons pensé sur
le sujet de la dépesche de M'' de Lyonne.
Je ne sçay encores quel proffit me feront les bains dont je me sers,
seulement pour mon bras.
LXXXIV.
Cabinet de S. A. R. M'' le duc d'Aumale. — Original de la main de Cherré.
Arcli. des Aff. étr. France, 16^2 , de septembre en décembre, fol. 1 i5. —
Minute de la main du même secrétaire.
A MM. DE CHAVIGNY ET DE NOYERS'.
De Bourbon-Lancy, ce 25 septembre i642-
J'escris au roy qu'il est impossible de n'approuver et ne louer pas
le depparlement qu'il a faict de trois armées projettées pour l'année
qui vient, pour la Picardie^, Champagne et autres lieux voisins, et
(ju'il ne reste qu'à faire les quatre autres d'Allemagne, d'Italie, de
Roussillon et de la Catalogne. Je le suplie d'en vouloir faire les projets,
avec l'ayde de M'' de Noyers.
Destinant trois armées, comme Sa Majesté faict, pour les frontières
voisines des lieux où vous estes, je croy que cela suffira, principalle-
menl si elles sont complettes, ce que le chastiment des délinquans de
cette année peut faire asseurément.
Vous vous souviendrés, s'il vous plaist, qu'il faut que l'armée du
Roussillon travaille dès le premier de mars; et que celles de Picardie
et de Champagne soient prestes au 20™^ d'avril, et celle qui devra
Sedan que dans les premiers jours d'octobre lyses. Nous devons dire la même chose
(lettre du 7 aux Analyses); il fallut le temps d'une lettre du cardinal que M. d'Estrades
de s'entendre et de préparer les dépêches était chargé de remettre au prince d'Orange
du comte d'Estrades; la date du /i que en lui expliquant ce qui s'était passé au
donnent un manuscrit et l'imprimé ne sujet du duc de Bouillon,
peut donc èli'e véritable, et il convient ' L'original n'a point de suscription.
d'adopter celle du 1 5 , ainsi que nous le On trouve les noms au dos de la minute,
montrerons en classant la pièce aux Ana- ' Voy. ci-dessus, p. i35.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. U3
agir où vous sçavés, au i''"' de may, à cause que les herbes sont plus
tardives de ce costé-là.
Je vous prie de me mander si le régiment des gardes escossaises est
venu voyant que vous en faites estât asseuré.
Forces gens me desconseillent d'aller à Ruel passer l'hiver, dans
un autre logis que le mien. Pour moyje me desconseiile de le passer
tout- à-fait à Paris, et prends résolution de le partager entre Paris
et Ruel.
Je ne sçay encores quel profllt me feront les bains dont je me sers
seulement pour mon bras.
LXXXV.
Cabinet de S. A. R. M*' le duc d'Aumale. — Original de la main de Clierré.
Arch. des AIT. étr. France, i642 , de septembre en décembre, foi. 120. —
Minute de la main du même secrétaire.
[AU ROI'.]
De Bourbori-Lancy, ce 26 septembre xiiii.
J'ay veu les projets qu'il a pieu au roy de faire pour ses armées des
frontières proches de Paris; sur quoy je n'ay rien à dire qu'à louer la
vigilance et la prudence de Sa Majesté. Ensuitte de quoy j'oserois
bien luy respondre que , si elle a les troupes telles qu'elle se les propose ,
il ne luy peut rien arriver^ qui ne la contente.
Reste à faire les projets des armées d'Italie, de Roussillon, de Ca-
talogne et d'Alemagne. Elle a sy bien réussy en ce qu'elle a faict, que
j'ose la suplier de vouloir travailler au reste.
En l'armée d'Italie il n'y aura pas grand changement à faire , à mon
avis.
En celle d'Alemagne, j'estime qu'il n'y a autre chose à faire qu'à
' li'original manque de date et de sus- * H y avait dans la minute ; « en ces
cription; la minute est datée, el au dos quartiers ; n cette restriction a disparu dans
est écrit : « au roy. • l'original.
144 LETTRES
donner moyen à M"" de Guébriant de faire de nouvelles levées sur
les lieux, ainsi que le propose M' le prince d'Orange.
Celles de Catalogne et de Roussillon seroient un peu plus pénibles;
mais Sa Majesté, qui est intelligent en toutes ses affaires, entend sy
particulièrement celles de ce genre-là, qu'elle en viendra à bout, sans
beaucoup de travail.
M"' de Noyers sçaura sy bien la soulager en ce qu'elle iuy comman-
dera qu'elle me pardonnera bien, s'il Iuy plaist, si je Iuy propose de
prendre cette peyne.
Je suis ravy d'apprendre la confirmation de la bonne santé de Sa
Majesté, et de voir comme, dans ses divertissemens, elle songe à ses
affaires. J'espère que Dieu continuera à les bénir, comme il a faict par
le passé, et qu'elles iront, par sa grâce, à souhait; c'est ce que désire
ardemment la plus passionnée et la plus fidelle créature que jamais
jnaistre ayt eue.
Je suplie Sa Majesté se souvenir des chastimens qu'elle a résolu de
faire des officiers de cavalerie et d'infanterie qui n'ont pas faict leur
devoir durant cette campagne.
LXXXVI.
Arcli. des AIT. étr. France, i6li7 , de septembre en décembre, fol. i24. — Copie.
MÉMOIRE A M. LE CARDINAL MAZARIN,
S'EN ALLANT X SEDAN PAR ORDRK DD ROY '.
2 6' septembre.
La place de Sedan est de telle importance à ce royaume, pour sa
situation sur la rivière de Meuze qui borde la frontière de ce costé là
' Ce long mémoire n'a certainement seulement quelques passages ou nous cher-
pas été dicté par le cardinal; mais il a été cherons la pensée de Richelieu. (Voy. au
dressé d'après ses instructions, dans le sujet de cette mission de Mazarin, ci-des-
cabinet d'un des secrétaires d'Etat , de Cha- sus , p. 120.)
yigni ou de Noyers. Nous en conserverons
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 145
et pour ses fortifllcations, que racquisition n'en peut estre qu'avanta-
geuse à la France.
Il s'en présente maintenant une très juste occasion qui a esté si
bien mesnagée par led. s"' cardinal avec M"" le duc de Bouillon, qu'il
est tombé d'accord de mettre cette place entre les mains du roy.
Le plus difficile reste à faire qui est l'exécution ; Mad"^ la duchesse
de Bouillon est dedans; les Espaignols en sont voisins qui luy veulent
faire comprendre qu'au lieu de la donner au roy, elle doit y recevoir
garnison de leur part, etmespriser toutes choses pour conserver cette
pièce à ses enfans. Ses haljitans sont affectionnés à la maison de
Bouillon et, pour la pluspart, de la religion prétendue refformée qui
n'ont pas peut estre grande inclination à estre soubz l'obéissance de
Sa Majesté.
Pour surmonter toutes ces difficultés, il est besoin que cette affaire
soit conduitte par une personne de grand addresse et capacité; c'est
ce qui a convié le roy à donner ordre à mon d. s' le cardinal Mazarin. . .
d'y mettre la dernière main, espérant qu'il n'y sera pas moins heureux
qu'en plusieurs autres de très grande importance, qu'il a maniées, par
sa prudence et dextérité, avec beaucoup de succès
Et Finstruction rappelle avec de grandes louanges la paix faite devant Casai,
en i63o, l'occupation de Pignerol par la France, et
les signalés services que le d. s'' cardinal a rendus au roy despuis
qu'il s'est attaché à la France, et particulièrement pendant ces années
dernières dans la négociation de la reconciliation des princes de Savoye
avec Sa Majesté et Madame
Une partie de l'instruction est ainsi consacrée au panégyrique du négociateur
et au récit de ses succès passés, circonstances assez nouvelles dans le style des
instructions diplomatiques.
, Venant à l'objet spécial de la mission , on trace à Mazarin la conduite qu'il doit
tenir du moment de son arrivée à Rethel. Il faudra beaucoup d'adresse pour dé-
terminer la duchesse à livrer la ville où elle est encore maîtresse
CARDlti. DE niOlElIEC. VU. 10
146 LETTRES
Le dit s' cardinal sçaura bien luy faire cognoistre que , si elle s'oppi-
niastroit à vouloir cette place, elle mettroit la vie de M' le duc de
Bouillon en péril certain, et feroit perdre, en mesme temps, à ses
enfans les biens qu'il a en France; qu'elle ne peut conserver la place
avec ses propres forces contre celles du roy, et que si elle y reçoit
une garnison espaignoUe , ce sera la perdre à l'iieure mesme avec son
mary. . .
De sorte que le meilleur party qu'elle puisse prendre est de quitter
Sedan pour conserver la vie et les biens aud. s'' duc, et éviter l'entière
ruine de sa maison.
Si la duchesse se rend à ces raisons, il s'agira de faire avancer les
troupes qui devront occuper Sedan, et d'user d'adresse pour tromper
les Espagnols qui poiu-roient tenter de s'y opposer '.
L'instruction règle les circonstances de rocciipation de la place, celles de l'en-
trevue du cardinal avec la duchesse, qui en doit sortir; le langage à tenir aux
habitants : il faut leur parler au nom du roi, les rassurer sur les craintes qui les
ont agités.
Le cardinal parlera particulièrement à ceux de la religion prétendue
réformée en sorte qu'ilz n'ayent aucun sujet de croire que le change-
ment arrivé dans cette place leur en doive faire appréhender aucun en
ce qui les concerne.
Fait à Noisy-le-Grand , le 26 septembre 1642.
Signé Louis.
' Les Espagnols avaient imaginé autre
cliose. Henri Arnaukl écrit dans sa corres-
pondance , le 5 octobre : « Il n'y a rien
au inonde que les Espagnols n'aient fait
pour rompre cette aflaire (de Sedan); et
pour une dernière extrémité, ils avoient
fait dessein de prendre M. le cardinal Ma-
zarin sur son passage; et, sans une dili-
gence extraordinaire qu'il fit , cela pouvoit
réussir. Ils s'estoient imaginés que la vie
dudit s' cardinal pouvoit respondre de celle
de M. de Bouillon... C'estoit le comte de
Buquoy qui conduisoit l'entreprise avec
1,200 chevaux choisis, et il devoit passer
la rivière à un gué près de Sedan. » (Bibl.
imp. fonds Béthune, 9274, fol. 68.)
pu CARDINAL DE RICHELIEU. Hil
LXXXVII.
Arcl). de Condé. n° laG. — Communication de S. A. R. M»' le duc d'Aumale.
A M. LE PRINCE.
27 septembre.
Monsieur L'intérest
que vous avés aux prospérité/ de l'Estat, et l'afFection dont il vous a
tousjours pieu m'honorer, ne me permettent pas de douter de la joye
que vous me tesmoignés avoir de la prise de Perpignan, de ce qui
s'est passé à Lyon, et de ma meilleure santé. Je vous supplie de croire
que je ne la désire entière qu'affin d'estre plus en estât de continuer
mes services au roy, et de vous donner des effects du ressentiment
que j'ay de vos soins en mon endroit. Nous n'avons point encores de
nouvelles de M' le Gard. Mazarin, qui est allé proche de Sedan, de
ce qu'il aura faict; on les attend de jour à autre, et j'espère qu'elles
seront telles qu'on les peut désirer. Je vous suis bien obligé de la
bonne volonté qu'il vous plaist me faire cognoistre avoir pour mon
cousin de la Melleraie. Je vous puis asseurer. Monsieur, qu'il n'oubliera
rien de ce qui deppendra de luy pour mériter vos bonnes grâces par
les services qu'il vous rendra et à Monsieur d'Anguyen, en toutes
sortes d'occasions. En mon particidier je n'en perdray jamais aucune
de vous faire voir que je suis véritablement et seray tousjours, autant
que je le peux estre.
Monsieur,
Voslre bien humble et très alTectiouné serviteur.
De Bourbon-Lancy, ce 2 7* septembre i643.
>9-
148 LETTRES
LXXXVIII.
Arch. des AfT. étr. France, i642, de septembre en décembre, fol. i3o. —
Original de la main de Cberré.
A MM. DE CHAVIGNY ET DE NOYERS.
De Bourbon-Lancy, ce 27 septembre 16/11.
Mons'' d'Anguien estant party d'icy pour s'en aller à Paris , j'estime
qu'il est du service du roy que Messieurs de Chavigny et de Noyers
facent souvenir Sa Majesté de luy faire bonne chère, tesnioignant luy
sçavoir gré de l'amas qu'il a faict de six cens gentilshommes pour
Perpignan.
Tay veu, dans des mémoires de M' Rossignol, divers desseins que
font les ennemis pour l'année qui vient; à quoy, s'il plaist à Dieu, on
trouvera remède.
Je ne respondray point aux dépesches de M'' d'Avaux, que M'' de
Chavigny ne soit icy, avec le cardinal Mazarin ', et M' d'Estrade, ainsv
que je luy ay mandé qu'il estoit à propos que je les visse tous au re-
tour de Sedan.
Depuis que le roy a pris la résolution de priver l'abbé d'Effiat de
l'abbaie du Mont S'-Michel, il m'est venu, de la part de religieux
bien refformez et autres, de grandes plaintes des scandales qu'il a
faicts à Angers et à Tours ; lesd. personnes qui m'ont donné cet avis
demandoient à mains jointes ce que le roy a faict.
Les mesmes croyent que la fille qui est religieuse a faict profession
par force, au moins est-il vray .qu'elle a souvent foulé son voile aux
pieds.
Ils estiment qu'il seroit de la piété du roy, devant qu'elle entrast
dans l'abbaye que Sa Majesté luy a donnée, de commettre deux ou
trois évesques pour sçavoir si elle en est capable, et si en effet elle
' Mazarin ne tarda pas à revenir auprès roi à la fin de septembre. (Voy. aux Ana-
de Richelieu, Sedan ayant été remis au lyses, 3 octobre.)
pu CARDINAL DE RICHELIEU. 149
est vrayment religieuse et le veut estre. Les évesques pourroient estre
M" de Rheins, de Lisieux et de Meaux. Je reniez le tout à la piété
et prudence du roy.
LXXXIX.
Cabinet de M*' le duc d'Aumale. — Original de la main de Cherré.
A M. DE NOYERS.
De Bourbon-Lancy, ce 27" septembre i6i2.
Je prie M"' de Noyers de faire différer, selon qu'il me le propose,
l'ouverture de l'inventaire des meubles de la reyne , jusques à ce que
nous soyons à Paris ; luy et M'' le surintendant en trouveront cin-
quante inventions, sans faire tort à personne.
Mad"^ d'Aiguillon m'a dit qu'il y aura des tapisseries pour meubler
tout Luxembourg, sans y comprendre le Scipion et les triomphes de
Pétrarque et Tobie '. De façon que toutes choses pourront fort bien
s'accommoder.
On me mande de Richelieu que Prévost n'a plus rien. à faire que
les tableaux de la chapelle d'en bas, à quoy il ne travaille pas pour
ne sçavoir pas cpielle histoire on y veut mettre. M' de Noyers luy fera,
s'il luy plaist,sçavoirqueje désire qu'il y mette la vie delà sainte Vierge.
XC.
Arch. des Aff. étr. France, 16^2, de septembre en décembre , fol. 160. —
Original de la main de Cherré. — Minute de la même main, fol. 167.
A M. DE NOYERS l
De Bourbon-Lancy, ce 3 octobre i64s.
Ces trois mots sont pour vous dire que je parts demain pour m'en
aller.
' Voy. ci-après, lettre du a5 octobre. une annotation, au dos de la minute, dit à
* L'original n'a point de suscription ; mais <jui va la lettre. Cette minute est datée du i ",
150
LETTRES
J'iray en cinq jours avec l'ayde de Dieu à Briare ; de Briare je con-
tinueray mon voiage sur le canal pour me rendre par eau, le plus
proche que je pourray, de Fontainebleau.
De là je me rendray par terre à Fontainebleau, puisqu'il plaist au
roy que j'aye l'honneur de le voir là, selon que M' de Chavigny me
l'a mandé.
11 m'est impossible de vous dire particulièrement quel jour j'arri-
veray à Fontainebleau, parce que je ne sçay pas quelles journées je
feray sur le canal ; mais en contant cinq jours d'icy à Briare , un jour
de séjour pour me;, purger, je présupose qu'en cinq ou six jours je
seray à Fontainebleau ^
Je ne vous dis point la joye que j'auray de voir Sa Majesté ^, bien
' Richelieu y arriva le lundi i3. «Plus
de soixante carrosses à six chevaux allèrent
au devant de luy jiisques à Nemours; il
alla descendre à l'hôtel d'Albret, et on
l'apporta à l'ordinaii-e clans son lit. Il ne
fut pas sytost dans sa chambre que le roy
y arriva; il estoit dans une chaise de la-
quelle il se leva, appuyé sur les bras de
M" de Chavigny et de Noyers. S. M. l'em-
brassa étroitement par deux fois , et furent
tous deux assez longtemps sans parler, ce
qui s'attribua à l'excès de la joie. Enfin le
roy commanda que tout le monde se reti-
ras! et demeurèrent seuls trois heures. »
(Lett. de H. Arnauld, du 19 octob. Bibl.
imp. Béthune 927/4, fol. 76,) La Gazette
du i8 (p. 976) informa le public de cette
entrevue, dans un court récit envoyé sans
doute par ordre du cardinal. Ce journal
annonce «l'entière convalescence du mi-
nistre. » La présente lettre , plus vraie que
la Gazette , n'est pas si rassurante. Richelieu
partit de Fontainebleau le 1 6 et arriva le
17a Paris , Il où il fut roccu , dit la Ga-
zette, avec tous les tesmoignages de la
bienveillance publique deûe aux grands
senices que S. Ém., nonobstant les incom-
moditez d'une longue et très -périlleuse
maladie , a renduz au roy, à la France et à
la cause conmiune à la meilleure partie de
la chrestienté. » La correspondance de H.
Arnauld , qui nous a fidèlement raconté les
vives émotions de l'entrevue royale , se tait
sur ces témoignages de la bienveillance
populaire , et se borne à nous parler des
prescriptions de police : « Son Em. arriva
à Paris avant hier, et les commissaires des
quartiers eurent ordre de faire nettoyer les
rues depuis le port S'-Paul, où il quitta
son bateau, jusqu'à l'hostel de Richelieu.
Il fut porté dans son lit. » (Lettre précitée.)
^ Richelieu était toujours inquiet des
tristesses du roi et de l'impression que les
amis de Cinq-Mars pouvaient faire sur l'es-
prit de Louis XIII ; aussi les confidents du
cardinal s'appliquaient sans cesse à le ras-
surer; Chavigni lui avait écrit le 26 sep-
tembre : « 11 y a longtemps que je n'ay veu
le roy en meilleure santé, ny mieux dis-
posé pour iVP'. Il m'a parlé toute la ma-
tinée de la tendresse qu'il avoit pour sa
personne , et de la résolution dans laquelle
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 151
fasché qu'elle ne me trouvera pas en Testât que je désirerois, c'est-à-
dire en disposition d'aller et de venir comme je désirerois, mon bras
estant tousjours de laine.
On me faict croire que je recevray à l'avenir du soulagement du
séjour que j'ay faict aux eaux; mais, pour le présent, je n'en veoy pas
grand effect, quoyque je sois mieux que quand j'y suis arrivé.
J'ay prié le s' de Beauregard, qui est à M"^ d'Anguien, de vous
donner seurement cette lettre, afin que, l'ayant receue, vous me faciès
sçavoir de la part du roy ce quej'auray à faire.
Je n'escris point à M' de Chavigny parce que je le crois en chemin
pour venir icy.
XCI.
Cabinet de S. A. R. M*' le duc d'Aumale. — Original de la main de Cherré.
POUR M. DE NOYERS,
SBCRETtlnE D'ESTAT.
De Perrière ', ce 1 1° oclobre 16 à 2.
J'ay esté très aise de voir les nouvelles d'Alemagne que vous m'avés
envoiées, lesquelles je ne sçavois point ^; je vous remercie du soin
il est de vivre à l'avenir avec S. Ëm. avec
une ouverture de cœur toute entière, et
de ne se plus embarrasser l'esprit de ceux
qu'il verroit le vouloir entretenir dans ses
mauvaises bumeurs. Ensuitte il a fait des-
sein d'aller dans toutes les maisons de Brie
où il pourroit trouver des loups , en s'ap
procbant de Fontainebleau, afin d'aller
jusques là au devant de M** . . . . • ( Ms. cité
aux sources , fol. 1 a 1 .)
' Bourg entre Montargis et Nemours.
' Il s'agissait de la prise de Stockem,
de Dalem et du cbâteau de Steckenbog
par le maréchal de Guébrianl, et de la
déroute d'une troupe de Jean de Werth ,
qui faillit être fait prisonnier. La Gazette
en donna des nouvelles le 1 1 octobre et en
fit le récit dans un extraordinaire du a 1 .
On ne comprend pas trop que Richelieu
dise ici qu'il ne savait point les nouvelles
d'Allemagne, puisque quatre jours aupa-
ravant il écrivait à Chavigni : « C'est un
grand coup que les affaires d'Allemagne
aillent comme M. d'Avaux le mande. »
(Lett. du 1 octobre notée aux Analyses.)
Peut-être s'agissait-ii de quelques détails
nouveaux.
152 LETTRES
que vous avés pris de m'en faire part. Si Jean de Wert ne se fust
point sauvé, c'eust esté une bonne affaire; mais il faut se contenter
de ce qu'il plaist à Dieu nous donner.
Je seray demain au soir, qui est dimanche, à Nemours où vous
pouvés venir, si les affaires le peuvent permettre ; vous asseurant que
je n'ay pas peu d'impatience de vous voir, pour vous asseurer de nou-
veau d'une chose de laquelle je veux croire que vous ne doutés pas,
qui est que je suis tout à vous.
XCII.
Bibl. du Louvre, manuscrits de dArgenson, t. XII, fol. 261. —
Original de la main de Cherré.
[A M. D'ARGENSON^]
j4 octobre [1642]-
Monsieur, je ne sçaurois assez vous tesmoigner la joye que j'ay de
l'avantage que M"' le maréchal de la Motte a remporté sur les ennemis
du roy en la dernière bataille qu'il a gagnée ^. C'est un effect de la
bénédiction de Dieu, de son bonheur et de sa valeur tout ensemble.
Je vous prie de luy recommander de ma part de se mieux conserver
qu'il n'a faict par le passé, lui représentant que le service de S. M.
le requiert ainsy.
Je luy escris pour le prier de ne rien oublier de ce qui se pourra
pour faire promptement fortiffier Lerida. Je vous conjure d'y tenir la
main; vous promettant que, si les cinquante mil livres que M. de
Noyers a envoyez pour cette despense ne suffisent pas, j'auray soin
d'y faire pourvoir de nouveau, aussy tost qu'ils seront employez.
Je luy escris aussy qu'il est important de faire sortir du pays les
évesques de Barcelonne, de Gironne, et tous autres mal-affectionnez.
' Il n'y a point de suscription , le second tobre. La Gazette en donna, le 2A, un
feuillet étant enlevé. - ample récit.
' La bataille de Lérida, livrée le 7 oc-
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 153
Vous vous en souviendrés , s'il vous plaist , comme aussy de la bonne
police qui doit estre gardée dans toute la Catalogne; à quoy je me
prometz que vous n'oulilierés rien de tout ce qu'on peut attendre de
vostre affection, de vostre prudence et de votre adresse.
M. de Noyers vous escrivant amplement de toutes choses, je ne
vous feray cette lettre plus longue que pour vous dire que ma santé
se fortifie de jour en jour, et que je serois très-aise qu'elle me donnast
lieu de vous faire cognoistre que je suis véritablement,
Mcns^
Vostre très affectionné à vous rendre service.
De Paris, ce 2 A octobre.
XCIII.
Arch. des Aff. étr. France, 16^2, de septembre en décembre, fol. 21 4. —
Original de la main de Cherré.
[A M. DE CHAVIGNr.]
De Paris, ce samedy au soir, 3 5 octobre i643.
Mons' Bouthillier doit aller trouver le roy pour luy porter l'inven-
taire des meubles de la reyne mère. Songeant, comme il faict, à l'es-
pargne, son intention seroit de faire tout vendre. Quand à moy je suis
contraire , et persiste en ce que j'ay mandé de Lyon , que c'est chose
égale au roy de n'avoir point le pallais du Luxembourg ou de l'avoir
sans meubles, puisque, par ce moyen, on n'y sçauroit loger personne.
Ma pensée est que le roy doit choisir de quoy meubler ce palais hon-
nestement, et laisser vendre ce qu'il ne voudra point.
Je seray bien aise d'avoir, pour la prisée et le parisis au dessus , une
tapisserie de Tobie que j'ay autresfois donnée à la reyne. Elle m'avoit
' Au dos de cet original , sans suscrip- tation de la main de Chavigni : « Son
tion ni signature, se trouve cette anno- . Eminence. »
CAItDI>'. DE BICHELIEC. — VU. 20
154 LETTRES
cousté dix mille francs de M"^ de Langres; et, si elle me revient, elle
en coustera autant. Si le roy ne la retient point je la prendray.
J'iray demain coucher à Ruel.
XCIV.
Arcl). des Aff. étr. France, 1642, de septembre en décembre, loi. 21 3. —
Original de la main de Cheiré.
[A M. DE CHAVIGNI.]
De Paris, ce 25 octobre i6ia.
M"^ le chancelier s'en allant tantost trouver le roy, je vous fais ce
hillet pour vous dire qu'ayant servy, comme il a faict, au voiage qu'il
vient de faire, j'estime que Sa Majesté le doit bien recevoir, luy faire
bon visage et luy tesmoigner gré de ses soins.
M'' de Noyers m'a rapporté au long tout ce qu'on a dit au roy sur
le sujet de la reyne', à quoy je vous avoue que je ne puis adjouster
aucune foy, et croy fermement que ce sont impostures et inventions
de Frontrailles, qui est, comme vous sçavés, capable de toutes sortes
de malices.
Cependant, en faisant venir ceuv qui ont parlé au genlilhomme qui
a parlé au roy, on esclaircira mieux cette alfaire.
' Chavigni , alors à Saint-Germain , avait
écrit la veille, ilx octobre, à Richelieu:
« Le roy fist hier assez mauvaise chère à la
reyne , mais elle ne soupçonna point pour-
tant qu'il eust quelcpie chose de nouveau
dans l'esprit contre elle , estant accoutumée
à recevoir souvent de semblables traitte-
ments. Il est toujours fort animé contre
elle, et en parle à tous moments . . . u ( Ma-
nuscrit cité aux sources, fol. 206.) — Il s'a-
gissait de la part qu'on prétendait que la
reine avait prise dans la conspiration de
Cinq -Mars. On voit qu'en démentant ces
bruits, Richelieu ne laisse pas de vouloir
s'en éclaircir. Il ne paraît pas qu'il ait eu
le temps de donner suite à cette enquête.
Dans cette même lettre autographe de
Chavigni , je trouve encore cet incident :
« Sa Majesté a esté fort estonnée du cofFret
plein de poisons qui s'est trouvé dans
Luxembourg ; elle approuve qu'on en fasse
un procès-verbal , et puis que le tout soit
bruslé. » Est-ce une insinuation contre la
reine- mère ? Elle avait très-peu habité le
Luxembourg, et depuis douze ans elle en
était absente.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
155
xcv.
Arcli. des Afl". élr. France , t. 1 02 . — Minute de Ja main de Charpentier.
Bibl. iiup. Baluze, pap. des arm. lett. paq. i, n° i, fol. 120-1 33. —
Copie de la main de Baluze '.
M. LE GRAND'.
[ octobre i642 ? ]
Lne foiblesse eslevée est rarement exempte de malice ; parce qu'ainsy
que la foiblesse et l'eslévation sont les vrayes sources de la jalousie,
la jalousie et la puissance sont celles de la malice, et produisent
presfjue tousjours tout le mal qu'elles peuvent faire, si elle n'en est
destoumée par la timidité, perpétuelle compagne de la foiblesse.
' Baluze ne dit point la source où il a
puisé ses copies, et il donne seulement
cette indication: vol. i23, n° ia6. Or
nous trouvons sur trois des feuillets de la
minute des Affaires étrangères les numé-
ros 126, 127, 128 notés anciennement
au bas desdits feuillets ; c'est donc sur cette
minute que Baluze a copié.
' La pièce en tète de laquelle est écrit :
« M. le Grand » se compose de sept feuil-
lets qui ne se trouvaient pas primitivement
dans ce volume de la collection France.
Lors du remaniement qu'on en a l'ait après
l'époque de mon premier examen, ils y
ont été intercalés entre les feuillets 69 et
60, sans avoir été numérotés. Ces sept
feuillets , dont plusieurs ne sont écrits que
d'un côté, d'autres dans une portion de la
page, où le reste est en blanc, sont sans
ordre et ne présentent pas un sens suivi;
c'est un premier l)rouillon dont les frag
ments paraissent avoir été réunis comme
au hasard; la pièce d'ailleurs n'est point da-
tée; les deux lettres entre lesquelles elle
se trouve sont du 1 2 septembre. C'était le
jour même de l'exécution de Cinq-Mars. Il
est bien certain que ce mémoire, médité
et composé à loisir, ne saurait porter cette
date. Rien n'indique s'il a été écrit pendant
le procès ou après l'exécution , soit pour
étouffer dans le cœur du roi toute velléité
de clémence, soit pour justifier une sévé-
rité dont on craignait qu'il ne s'inquiétât.
Toutelois , si le cardinal a mis ce mémoire
sous les yeux du roi , il a dû modifier quel-
ques phrases de ce brouillon , qui évidem-
ment n'étaient pas écrites pour être lues
par Louis XIII. Au reste , il me semble vrai-
semblable que Richelieu destinait cette
pièce à entrer dans la suite de ses mémoi-
res , dont il n'a pas cessé de s'occuper. —
L'absence de date et l'impossibilité où nous
sommes d'en proposer une avec quelque
certitude nous font placer cette pièce
dans le voisinage d'autres mémoires égale-
ment composés contre le favori, et dont
cette pièce semble comme un premier
cravon.
156 LETTRES
Il y a des esprits sy malheureux qu'ils ne peuvent se contenter en
leur bonne fortune.
Il y a des esprits qui ont une malignité sy naturelle qu'ils ont peine
à vouloir et à consentir ce qui leur est le plus nécessaire , lorsqu'il est
utile ou agréable à ceux qui leur proposent, et à d'autres.
Ces trois trahisons furent trovivées sy extraordinaires, qu'il n'y eut
personne qui n'estimast qu'elles avoient esté faictes à l'envy, ou pour
voir si ceux qui les avoient commises emporteroient le prix de l'in-
famie. L'illustre sang de Monsieur, le nombre de pareilles actions
qu'il n'avoit jamais manqué de faire lorsqu'il avoit veu le roy occupé
pour le bien de son Estât, sembloit rendre son infidélité présente,
qui estoit la quatriesme, supérieure à toute autre.
Mais le duc de Bouillon ' pouvoit dire que , bien que la trahison qu'il
commettoit ne fust que la troisième , elle estoit d'autant plus noire qu'il
la faisoit sans prétexte , au sortir d'une oiiligation en vertu de laquelle
il estoit redevable au roy et de son bien et de la vie. Il la faisoit dans
un employ de confiance qu'il avoit pieu au roy lui donner, qui fobli-
geoit, par ce nouveau lien, à une estroite fidélité, et qu'il favoit pro-
jettée au mesme instant qu'il recevoit abolition de son premier crime.
M"" le Grand disoit que bien qu'il ne fust d'une naissance pareille
à ceux avec lesquels il entroit en dispute, que bien qu'il n'eust pas
commis nombre de trahisons comme eux , la sienne pouvoit estre esga-
lée aux leurs, en ce qu'en son apprentissage il faisoit un coup de
maistre, ne se pouvant trouver en ce genre un chef d'oeuvre plus par-
fait que l'entreprise qu'il avoit faicte de faire oster l'autorité, la liberté
et la vie, non seulement à son bienfaiteur, mais à celuy de toute sa
maison; s'attaquer à son roy, ruiner son maistre, renverser la prospé-
rité de ses affaires, et se joindre impudemment à son ennemy capital;
n'y ayant point de chef-d'œuvre plus parfaict en ce genre que celuy
qui, tout d'un coup, le rendoit ingrat envers son bienfaicteur, traistre
à son maistre, et rebelle à son roy;
La minute des AfTaires étrangères ne que quelques lififnes plus haut, M. pour
met ici que l'initiale du nom , aussi bien Monsieur.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 157
Ingrat à son bienfaicteur jusques à conspirer contre sa fortune et sa vie;
Traistre à son maistre jusques à déceler ce qu'il sçavoit de ses prin-
cipaux secrets à ses ennemys capitaux, et à parler de luy avec un
etïroyable mespris et des injures outrageuses ;
Rebelle à son roy jusques à former un party puissant en son Estât
contre son service , et se joindre à l'Espagne pour luy faire plus cruel-
lement la guerre.
Peu s'en fallut que cette année, qui de longtemps avoit esté prédite
devoir estre une année de miracles, ne fust une année de funestes
prodiges pour l'Estat et pour moy.
Cognoissant Thumeur du roy jalouse, il luy persuadoit continuelle-
ment que ma réputation estoufoit sa gloire , et que l'autorité qui l me
donnoit rabaissoitla sienne, bien qu'il n'y eust personne qui ne sceust
fort bien que je ne prétendis jamais autre honneur que celuy qu'une
créature peut recevoir à l'ombre de celuy de son maistre , et qu'il est
impossible qu'un ministre face de bonnes actions dans un Estât sans
en remporter de l'estime, aussy peu préjudiciable à celle de son
maistre que la lumière des estoiles l'est à celle du soleil.
Le cognoissant peu libéral de sa nature, il luy représentoit fpi'es-
tant d'un naturel contraire, j'estois cause de beaucoup de despenses
qu'on pouvoit espargner, luy faisant croire qu'on donnoit de l'argent
au tiers et au quart, à son insceu; et cependant ce misérable sçavoit
bien que l'on avoit une pratique contraire; n'ayant rien oublié de ce
(ju'il avoit peu pour persuader qu'on luy en devoit donner ainsy, sans
cju'il eust jamais peu parvenir à ses fins.
Cognoissant le roy soupçonneux , il le mettoit en ombrage de toutes
choses.
Il luy disoit, avec autant d'impudence que peu de raison, que
l'alliance contractée entre M' le prince et nioy, huict ans après que
le roy nous l'avoit permise, luy devoit estre fort suspecte.
Sa malice alloit jusques à ce poinct de persuader au roy que M' le
prince, en son absence, pourroit attenter sur la vie de ses enfans; le
roy, dont la facilité est esgale à la lx»nté, receut cette impression à tel
158 LETTRES
poinct que , lorsqu'il fut question de venir au voyage , il désira que M"' le
prince n'allast point voir mess'* le Dauphin et d'Anjou accompagné.
Je sçavois bien que cette impression esloit dans l'esprit du roy, mais
je ne me mettois pas en peine d'y remédier, me semblant qu'il n'y a
personne qui peust ignorer qu'outre qu'un tel crime ne peut eslre
conceu que par un démon d'enfer, il n'y avoit point de prince au monde
qui voulust commettre un crime exécrable pour qu'un autre en re-
ceust le fruict, ce qui fiist arrivé. Monsieur estant en ce cas héritier
de la couronne.
Ce Démon prévoyant cette response avoit dict au roy qu'il falloit
considérer que Monsieur n'avoit point d'enfans, et que partant M' le
prince ne seroit pas destourné d'une telle pensée par la considération
des droicts que Monsieur avoit à la couronne. Mais outre que M. le
prince a vingt ans plus que Monsieur, ce qui faict qu'il ne pouvoit
pas prétendre la couronne après luy, je voudrois biensçavoir s'il n'eust
pas fallu estre plus que fol pour ne sçavoir pas que , s'il eust commis
un crime impossible à exécuter. Monsieur, en recevant le fruict, eusl
esté obligé d'en estre le vengeur, et pour faire cognoistre qu'il n'en
estoit point complice, et pour asseurer sa personne qui, en ce cas,
eust deu craindre qu'on luy en eust faict autant.
Enfin ces accusations estoient sy ridicules, que j'eusse quasi faict cons-
cience d'y respondre , ne le pouvant faire sans penser qu'elles fissent im-
pression en l'esprit du roy ^ , qu'on ne les pouvoit croire sans luy faire tort .
Ce misérable disoit au roy qu'il le voidoit faire respecter, et il par-
loit de luy, et le traictoit avec un effroyable niespris, et le portoit à
des résolutions qui l'eussent rendu le mespris du monde; au lieu
que le cardinal avoit tousjoursvescu avec luy avec une extraordinaire
révérence , et le faisoit estimer et redouter de tout l'xmivers.
Il disoit à Sa Majesté et se plaignoit dans toute sa maison qu'on
' La phrase est embarrassée; faut- il rects; il y en a même qu'un texte, sans
entendre , malgré la construction : si ridi- doute interrompu , rend à peu près inintel-
cules. .. qu'on ne le pouvait croire , etc. ? — ligibles; nous notons le mauvais état du
11 y a d'autres passages obscurs et iacor- manuscrit, du reste très-facile à lire.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 159
ne faisoit rien pour ses domestiques, et lorsque je parlois au roy
pour quelqu'un, il luy faisoit trouver mauvais, en disant que je vou-
lois gaigner contre luy-mesnie.
Si je donnois de l'argent à quelques pauvres officiers blessés dans
les armées, il me l'imputoit à crime, et en empruntoit de tous costez
pour faire le mesme, quoyqu'il n'eust aucune fonction qui l'y obligeas!
comme la mienne.
En ce voyage Dieu voidut me visiter d'une grande maladie , qui me
tint quatre mois au lict, non sans péril de ma personne au commen-
cement; et, au mesme temps, la malice des hommes, favorisée par
celle des démons, n'oulîlia rien de ce qu'elle peut pour me perdre.
IVI' le Grand projeta, avec ses complices, diverses entreprises sur ma
personne , dont une cuida estre exécutée , à Lyon , à ce qu'il a dit depuis.
Il n'oublia ny calomnie , ny imposture, ny autre moyen pratiquable
poiu" me faire perdre les bonnes grâces du roy et le porter aux extré-
mitez contre moy.
Il semble que Dieu m'envoyoit cette maladie expressément, pen-
dant de sy grandes persécutions, pour me mettre en un estât auquel
je ne peusse ignorer qu'estant inutile à môy-mesme, je ne pouvois
estre redevable de ma défense qu'à sa bonté.
II m'osta l'usage du bras droit, à mon avis, pour faire voir que
c'est de sa dextre dont il se sert pour protéger les siens, que ceux
qui en sont assistez n'ont rien à craindre , et qu'il n'y a point de puis-
.sance humaine qui puisse prévaloir à sa force.
Il me mit en estai de ne pouvoir sortir de mon logis et du lict
pour me mettre en estât de ne pouvoir aller au logis du roy, qui
estoit le seul lieu auquel ils poxivoient me tuer facilement, et auquel
ils avoient projeté d'exécuter lem- mauvais dessein.
Je courus trois périls notables en ce voyage ; le premier d'estre tué
dans Lyon, sans que j'eusse peu m'en garantir, si Dieu n'eust an-esté
fpielques-uns de ceux qui estoient de cette conspiration , et dont fau-
torité estoit du tout nécessaire pour la mettre en exécution. Je dis sans
que j'eusse peu m'en garantir, parce que le dessein estoit faict de m'as-
160 LETTRES
sassiner dans le logis du roy, lieu auquel on ne va pas en estât de se def-
fendre", et auquel, mesme quand on y seroit, le respect arreste la force.
Ce misérable esprit avoit porté Monsieur à consentir ce détestable
dessein, et à luy faire promettre qu'il l'authoriseroit par sa présence.
La bonté de Dieu se servit de sa timidité et de sa foiblesse pour le
destourner de ce voyage, et en rompit l'effect par ce moyen.
Le second péril fut de ma maladie, de la grandeur de laquelle je
ne parle point, mais dont la malignité fut telle dès son abord qu'il me
fut impossible d'en sortir qu'au bout de quatre mois.
Le troisiesme fut un second dessein que ce démon infernal fist de
me faire tuer dans Narbonne, dans mon lict', dessein d'autant plus
détestable qu'il fauthorisoit du nom du roy dans l'esprit de ceux
qu'il rendoit ses complices, leur faisant croire meschamment et fausse-
ment que le roy seroit bien ayse d'estre delFaict de moy.
Par quel moyen n'a-t-il tesmoigné l'immortelle baine qu'il portoit
au roy qu'en le privant d'une créature qui l'a servy si utilement depuis
longtemps , et en l'en privant par une violence d'autant plus exécrable
qu'en ostant la vie au cardinal, elle eust entièrement terny la répu-
tation de son maistre, bien qu'elle eust esté conuiiise à son insceu.^
Qui eust peu ne croire pas qu'on n'eust osé attenter, dans le logis
du roy, sur la vie de son principal ministre , cardinal et prestre tout
ensemble, ministre dont les services ont peu de pareils, et dont la
réputation est espandue par le monde, sans que Sa Majesté en eust
esté participante.»*
L'esprit humain, voire mesme celuy du démon, peuvent-ils conce-
voir deux crimes plus exécrables, l'un de tuer un cardinal innocent,
et l'autre de faire perdre à un prince vertueux la réputation par une
action criminelle dont il eust esté innocent? et le tout pour l'ambi-
tion de l'esprit le plus déréglé qui eust jamais esté au monde , de l'âme
la plus impie, en un mot d'un homme qui, ne cognoissant point Dieu,
On parle souvent, dans le procès de nous ne voyons pas qu'il y ait aucun in-
Ciiiq-Mars, du dessein qu'il aurait conçu dice, ni même qu'il ait été question de
de faire assassiner le cardinal à Lyon ; mais cet autre projet d'assassinat à Narbonne.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 161
eust peu à peine recognoistre son roy, après avoir traitté son bien-
l'aicteur comme il le projetoit.
Le moyen dont se servit ce malheureux esprit pour s'affermir pre-
mièrement dans l'esprit du roy, se mettre en estât de luy faire mal,
et d'y entreprendre tout ce qu'il voudroit contre luy-mesme, fut de
luy représenter qu'il y alloit de son honneur de ne souffrir jamais
qu'il fust esloigné de sa personne , qu'il devoit bien prévoir qu'on ne
eognoistroit pas plus tost qu'il eust une entière confiance en luy, et que
luy prit la liberté de luy parler de toutes choses , qu'on ne fist toutes
sortes d'efforts pour le perdre, ce qui le priveroit du moyen de sçavoir
beaucoup de vérités qui luy seroient souvent grandement importantes.
Siu- ce fondement spécieux le roy hiy promit qu'il mourroit plus-
tost que de l'esloigner; ce dont l'autre luy fit faire tant de sermens,
et en tira sy souvent des confirmations, de vive voix et par escrit,
comme aussy de luy garder le secret, à l'exclusion du cardinal et de
toutes autres sortes de personnes; ce qui e.stoil proprement obliger
le roy à le garder contre luy-mesme.
Ce fondement posé, et la liberté de luy faire toutes sortes de mau-
vaises ouvertures, lant parce qu'il luy faisoit à toutes heures renou-
veller le serment de son secret, que parce aussy qu'il croyoit que
quand mesme on eust descouvert quelque chose de ses malices, rien
n'estoit capable de le faire cbasser; le roy prenant sa conservation au
poinct d'honneur, sans considérer que, lorsqu'il avoit esloigné quel-
qu'un de sa cour, ce n'avoit point esté ses ministres qui en avoient
esté la cause, mais les crimes et les fautes de ceux qui en avoient
esté esloignez ; qu'il ne les avoit point esloignez pour faire plaisir à
personne, mais pour son seul intérest et pour son service'.
' Baluze termine ici sa copie , et il donne sorte qu'ils ne font aucun sens ni avec les
à la suite, sous les cotes 12.4 et i3 5, et feuillets précédents ni avec ceux qui sui-
écrits de sa main , les deux fragments qu'on vent ; et l'on se demande s'ils appartiennent
va lire , en tète de chacun desquels il a mis : à la pièce aux feuillets de laquelle on les
le cardinal de Hichelieu. Dans le manuscrit a mêlés ; seulement le sujet est le même,
des Affaires étrangères dont nous avons et ils sont écrits , comme les autres , de la
indiqué le désordre , ils sont placés de telle • main de Charpentier.
CAHDIK. DE BICHELIEC. — VU. 3 >
162 LETTRES
Je ne dois pas oublier entre vos victoires celle que vous rempor-
tastes sur vous-mesme, lorsqu'aiant esté combatu par l'espace déplus
de deux ans par les artifices d'un esprit qui, en sa jeunesse, avoit les
derniers dégrés de malice, pour changer la face du gouvernement de
vostre Estât et l'abandonner à ses dérégleniens, vous vous surmons-
tastes vous-mesme , en postposant ce qui estoit de vostre inclination à
la raison. Il est vray qu'il y eut beaucoup de peine à vous faire voir
l'injustice de ses desseins, le préjudice que vous en receviés en vostre
personne et en vos affaires ; mais enfin Dieu vous esclaira de telle
sorte que vous mistes sous les pieds l'ancienne inclination que vous
aviés pour luy, vous surmontastes les mauvaises impressions qu'il vous
avoit données de vos vieux serviteurs.
Jamais ceux qui sont chargés de l'administration d'un Estât n'au-
ront seureté auprès d'un prince facile, lorsqu'il aura des favoris. La
raison est que depuis que le monde est monde , à peine se trouvera-t-il
un favori qui se soit contenté de la raison. Ce qui faict que les mi-
nistres d'Estat qui n'ont autre but que de contenir un chacun dans ses
bornes, les ont tousjours nécessairement contraires ; d'où s'en suit que
leur fortune ne peut estre stable, veu qu'il n'y a point de différence
entre choquer et renverser un homme en l'esprit d'un prince facile,
lorsque le choc est donné par celuy qui possède ses atfections.
Y ayant peu de bien qui n'ait quelque apparence du mal, il est sou-
vent aussy aisé de ruiner un homme auprès d'un prince facile pour le
bien que pour le mal mesme; par exemple, un général d'armée pourra
gaigner deux ou trois batailles avantageuses à l'Estat ; on le représen-
tera au prince comme sa réputation allant au préjudice de la sienne.
Un ministre , par sa bonne conduite , aura le cœur des peuples , on dira
le mesme. Et cependant il se trouvera que le général et le ministre
n'auront faict que ce à quoy ils auront esté obligez pour le service de
leur maistre, et qu'ils luy référeront leur estime et leur réputation.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
163
XCVI.
Bibl. imp. Fonds Saint-Gerinain-Harlay, 340, pièce /jy.
Fonds Cangé, 80. - — Copie.
MÉMOIRE DU CARDINAL
CONTRE M. DE CINQ -MARS.
POUR LE ROY^.
— Copie. —
27 octobre i642 '.
M' le Grand n'ayant oublié aucune adresse ni artifice imaginable
pour faire croire à ceux qu'il vouloit engager dans ses intérests que le
roy commençoit à se lasser du service du cardinal ', bien qu'il n'y ayt
pas lieu de croire ce qui sort de la bouche d'un menteur et d'un im-
posteur, le d. cardinal n'estimeroit pas satisfaire à la passion qu'il a
de plaire au roy en le servant, s'il ne le suplioit très-humblement de
luy permettre de se retirer de la court au cas que cette impression,
que le d. s' le Grand a insinuée dans beaucoup d'esprits, dedans et
dehors le royaume, ait quelque fondement dans le sien.
' Cette date est donnée par la pièce
même , dernier paragraphe.
* Richelieu n'était pas entièrement ras-
suré par le supplice de Cinq-Mars. Les
tristes préoccupations du roi, ses souve-
nirs, et surtout l'influence des amis de
l'ancien favori qui conservaient la bien-
veillance de Louis XIII, inquiétaient pro-
fondément Richelieu. Il se mit à combattre
les souvenirs d'amitié, s'il en restait en-
core, par d'autres souvenirs, rappelant
tous les vices, tous les méfaits qu'on pou-
vait imputer à Cinq-Mars, dans des mé-
moires adressés coup sur coup à Louis XI 1 1 ,
et dans lesquels il demandait obstinément
le renvoi de quelques-uns des serviteurs
les plus intimes du roi , les capitaines des
gardes de Tilladet, des Essarts, de la Salle
et le lieutenant des mousquetaires, Tré-
ville. Il voulait qu'ils fussent forcés de
vendre leurs charges et exilés de la cour ;
sinon il déclarait sa résolution irrévocable
de se retirer. Ce mémoire, écrit six se-
maines environ après la mort de Cinq-Mars ,
est le premier que nous ayons trouvé. Ri-
chelieu y expose d'ailleurs très-nettement
ses principes en matière de justice poli-
tique.
' Vis-à-vis cette phrase on lit, à la
marge , de la main qui a corrigé la pièce :
■ Qu'il commençoit à naistre dans l'esprit
du roy quelque aversion et dégoust contre
sa personne. » — « Qu'ensuite de l'aversion
que la trop grande puissance du cardinal
avoit fait naistre dans l'esprit du roy il
. avoit tesmoigné se lasser de son service. 1
164 LETTRES
Par cette oiFre, le cardinal pense tesmoigner au roy qu'il ayme
cent fois mieux sa personne, ainsy qu'il le doit, que la sienne propre,
puisque, pour rendre Sa Majesté contente, il se soubmet à estre mi-
sérable, ne pouvant se séparer d'un maistre auquel il a donné son
cœur et toutes ses plus fidelles pensées, au bien et à la grandeur et à
l'avantage de son service , sans se priver du contentement qu'il peut
avoir en cette vie , ce qu'il fera toutefois avec satisfaction , puisque ce
sera pour luy complaire , et qu'il laissera ses affaires au meilleur estât
qu'elles puissent estre.
Comme le véritable et le seul respect qu'il doit au roy luy tire cette
offre et cette suplication du cœur et de la bouche, si Sa Majesté, au
lieu d'estre importunée de son service, en désire la continuation, il
obéira volontiers à ses commandemens ; mais il la supplie très-hum-
blement de considérer que, pour le faire utilement, il faut cinq
choses :
La première, qu'elle n'ayt point d'autre favory que le bien de ses
affaires, qui seul luy doit occuper l'esprit.
La deuxiesme, qu'elle n'ait confiance à qui que ce puisse estre à
l'exclusion de son conseil, et qu'il luy plaise promettre à ses créatures
de ne leur rien celer de tout ce qui luy sera dit à leur préjudice ; à
condition que, si ce sont vérités, ils se condamneront eux-mesmes,
sans vouloir mal à ceux qui les auront descouvertes; au lieu que, si
ce sont des calomnies, Sa Majesté en fera punir les autheurs, ainsy
qu'ils l'auront mérité.
La troisiesme, qu'elle garde un secret inviolablement à son d. con-
seil, et luy oste tout lieu d'apréhender que ce qu'il luy communiquera,
pour le bien de son service, puisse estre descouvert à son préjudice.
La quatriesme, qu'il commande à son d. conseil de luy dire libre-
ment , sans crainte et sans retenue , ce qu'il estimera estre de son ser-
vice sur le sujet de ses affaires ; Sa Majesté se réservant à faire ce
qu'elle estimera plus à propos ensuitte.
La cinquiesme , qu'elle ayt agréable de nettoyer de temps en temps
la court des esprits mal intentionné?., la raison voulant qu'ils ne soient
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 165
pas plus tost connus que banis, pour prévenir l'efFect de leur malice,
qui produit souvent des maux presque irrémédiables (ainsy qu'il a
paru en l'affaire du d. s'' le Grand) , quand on est négligent à y apporter
le remède.
Sa Majesté considérera, s'il luy plaist, que, sans l'exécution de ce
dernier article, il est impossible d'empescher que de nouvelles factions,
qui ne feront pas peu de peine, ne se renouvellent fort souvent.
Après avoir faict trancher la teste à M' le Grand, retiré Sedan des
mains de monsieur de Bouillon, privé Monsieur de l'authorité dont il
a plusieurs fois abusé et avec laquelle il pourroit se rendre très-préju-
diciable à l'Estat, il est de la prudence du roy d'affermir tellement la
subsistance de son conseil, dans l'esprit des peuples, et pareillement
des estrangers, que tous perdent la crainte qu'ils ont eue qu'il puisse
arriver du changement en la conduitte de la France.
Jusques à présent Sa Majesté a affecté d'oster tout lieu de croire
<[ue l'indignation qu'elle a eue contre M"^ le Grand ayt esté causée par
la mauvaise volonté qu'il portoit au cardinal, et jusques à ce que
toute la chrestienté .soit persuadée que le roy ne sçauroit ni aimer, ni
souffrir ceux qui n'ayment pas le cardinal, on n'estimera point que la
France soit en e.stat de consistance ferme et asseurée.
Sans cela, tous les remèdes dont on a usé ne serviront que pour
peu de temps, et leur effect sera perpétuel, s'ils sont .suivis du soin
proposé.
Pour ce faire , au lieu que les meschans esprits ont tasché de
persuader à Sa Majesté qu'elle ne peut, sans préjudicier à son hon-
neur, esloigner quelques-uns de ceux qui sont auprès d'elle, par
l'advis de son conseil, elle ne peut manquer à le faire, sans s'exposer
à sa ruine, quand ils sont mal affectionnez à ses principaux ministres,
contre lesquels ils ne peuvent agir sans agir contre l'Estat.
Et, en effect, les anciens empereurs et tous les plus grands poli-
tiques ont tousjours estimé qu'avoir mauvaise volonté contre leurs
principaux ministres et n'estre pas affectionnez à leur propre personne
est tout une mesme chose.
166 LETTRES
Et Sa Majesté trouvera bon que je luy die que, Mons' le Grand
ayant faict esloigner par sa pure passion madame de Hautefort ' ,
qu'elle honoroit d'une honneste affection, et diverses autres per-
sonnes de moindre considération, par ce simplement qu'elles ne luy
estoient pas favorables, ce seroit chose bien estrange que Sa ditte Ma-
jesté fist difficulté d'esloigner présentement quelques mauvais esprits
qui sont auprès d'elle, parce qu'ils sont contraires au bien de ses
affaires autant qu'ils sont recogneus de tout le monde mal affectionnez
au cardinal.
Le roy s'est tousjours servy de pareils remèdes en tout temps.
Du temps de M"" de Luynes il seroit difficile de nombrer combien
de gens ont esté esloignez, et Sa Majesté en a trop bonne mémoire
pour qu'il soit besoin de luy rafreschir.
J'ay veu de mon temps esloigner des ^ des Sennetere , et des
Marsillacs fort à propos ; et l'esloignement forcé , ou volontaire , de
beaucoup de grands qui sont sortis de la court et de la France sont
la vraye cause du repos de cet Estât.
Monsieur le Grand a dict deux choses fort considérables en ce
sujet :
L'une, que, pourveu qu'il n'y eust personne auprès de Sa Majesté
qui parlast contre le cardinal, il n'en auroit jamais mauvaise satis-
faction.
L'autre, que Sa Majesté cognoissoit mieux que personne les esprits
qui sont près d'elle peu affectionnés au cardinal.
Si cependant elle ordonne qu'on nomme ceux qu'on pense plus
considérables, on n'en fera point de difficulté.
Il n'y eut jamais de grande conspiration qui ne fust suivie de
beaucoup de débris en suite des chastimens de ses principaux au-
theurs.
Il n'y en eut jamais une si grande que celle qui a esté descou-
verte, et toutesfois il n'y en eut jamais à qui on veuille donner
' Le cardinal pouvait-il avoir oublié ce que lui-même avait lait pour mettre Cinq-Mars
à la place de M°" de Hautefort? — ^ Ici un blanc dans le manuscrit.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 167
moins de suitte, n'estant question que d'esloigner quelques particu-
liers qui se sont ouvertement déclarés contre le cardinal.
En telles affaires de si grande importance les soupçons légitimes
doivent quasi tenir lieu de preuves, ou bien en approcher, et princi-
palement lorsqu'il n'est question que de remèdes innocents, comme
un esloignemenl de la court; à plus forte raison, ce qui est dans la
réputation publique doit estre tenu pour véritable , quand mesme on
n'en auroit point de particulière cognoissance , parce que le gouver-
nement et la seureté des grands Estats requiert bien souvent des pré-
cautions qui dispensent des formes qui s'observent au cours de la
justice ordinaire.
Le cardinal mesme, après la mort du mareschal d'Ancre et la re-
traite de la reyne mère à Blois, fut, avec ses parens, bien que tous
innocens, esloignez non seulement du roy et de la reine sa mère,
mais du royaume, sur des soupçons qui n'avoient autre fondement
qu'une faidce apparence ; et cependant il ne voudroit pas dire qu'on
eust mal faict d'en user ainsy, parce que les grands Estats ont de temps
en temps besoin de tels rigoureux exemples, pour ne pas dire vio-
lens, pour contenir par la crainte chacim en .soii devoir.
Ensuitte de ce que dessus, que le cardinal représente au roy avec
la mesme sincérité que s'il estoit presl de rendre son ame à Dieu, Sa
Majesté sçaura bien prendre une bonne résolution pour son service;
et ses créatures feront religieusement ce qui est leur debvoir.
Ce papier fut présenté au roy par le cardinal, cinq jours devant la Tous-
saints. Sa Majesté le receut sans aigreur; et cependant, parce qu'elle différoit d'y
prendre une bonne résolution, advantageuse à son service, le cardinal fut con-
trainct de luy faire présenter, le lendemain de la Toussainct, celuy qui s'ensuit '.
' Cette observation est dans les deux niss. de Harlay et de Ciing-é.
168 LETTRES
XCVII.
Bibl. imp. Fonds Saint-Germain-Harlay, 3^9 , pièce 5o. — Copie. —
Fonds Cangé, 80. - — Copie.
MÉMOIRE
CONTRE LE SIEUR DE CINQ -MARS.
[2 novembre i64a '.]
Puisqii' après qu'il a pieu à Dieu délivrer le cardinal des pernicieux
et abominables dessins que M"' le Grand avoit de le perdre , non
seulement par la perte générale de l'Estat, mais, en outre, par atten-
tat particulier sur sa personne, le roy faict encore difficulté d'esloi-
gner quelqu'uns des principaux adhérans que ledit s' le Grand avoit
auprès de sa personne , ce qui est touttesfois du tout nécessaire pour
empescher de retomber en de nouveaux inconvéniens, aussy préju-
diciables à l'Estat que contraires à la seureté du cardinal; Sa Majesté
est très humblement supliée de considérer s'il ne vaudroit pas mieux
qu'elle laissast retirer' le cardinal qu'esloigner ceux qu'on luy propose,
avec les difficultés qu'elle y faict; veu que, si- elles estoient cogneues,
leur esloignement ne seroit pas un remède suffisant aux maux qu'on
veut éviter à l'advenir, dont le roy ne se peut garantir qu'en faisant
croire, par sa conduitte, qu'il aime si sincèrement le cardinal, que
non seulement esloigne-t-il ceux-cy comme estans contraires, mais
qu'il n'en souffrira jamais auprès de luy qu'il sache ne faffectionner
pas.
Le cardinal désire qu'il plaise au roy le retenir près de sa personne
pour le servir ainsy qu'il a tousjours faict. Quoiqu'il ayt honte de parler
de luy à son advantage, il ne peut qu'il ne die franchement au roy
qu'il croit que son service requiert qu'il en use ainsy. 11 croit de plus
' Quoique les manuscrit.s sépareni celte que c'est le mémoire présenté le lende-
pièce de celle du 2 7 octobre , il est évident main de la Toussaint , indiqué dans l'obser-
qu'elle doit la suivre immédiatement , et vation écrite au bas.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 169
qu'ii seroit responsaJjle devant Dieu, s'il pensait à se retirer de la
court, y pouvant servir Sa Majesté; mais il n'y a personne qui ne soit
capaJ)le de voir que , Dieu n'obligeant pas à l'impossible , le cardinal
n'est pas obligé de désirer la continuation d'un employ où il ne sçau-
roit bien faire, et que la prudence et la charité qu'un chascun doit
avoir pour soy-mesme ne luy permet pas de demeurer en un lieu où
il n'auroitpas seureté de sa personne. Sa Majesté sçaura, s'il luy plaist,
qu'on a appris beaucoup de choses de M. le Grand dont jusques icy
on n'a pas voulu luy donner cognoissance. Elle sçaura de plus
qu'expressément on ne voulut pas luy faire donner la question de
peur qu'il dist en public ce qu'il avoit faict cognoistre en particulier.
Elle sçaura enfin que son confesseur eut bien de la peine à l'em-
pescher de parler sur l'échafault, Conformément à ce qu'il avoit dict
plusieurs fois en prison, que lorsqu'il seroit pressé et n'auroit plus
rien à espérer qu'il n'espargneroit personne.
Par les cognoissances qu'a données ledit s"^ le Grand, on a apris
que le cardinal n'avoit rien à craindre auprès du roy, pourveu qu'il
n'y eust point de mauvais esprits qui pussent luy parler contre luy,
et que le principal de ceux que le cardinal a désignés au roy estoit
celuy qui faisoit plus de vanité de luy estre contraire^
Tel est impuissant à nuire de soy-mesme qui en est plus que ca-
pable quand il agit à l'ombre de l'authorité d'un puissant monarque ;
et il n'y a rien sy aysé à de mauvais esprits que de perdre de cette
sorte les plus gens de bien, à l'insceu et mesme contre la volonté de
leur maistre, dont les bonnes intentions leur sont inutiles, faute de
les tesmoigner en prévenant les maux qu'on machine.
Aussy c'est chose claire qu'il est de la prudence du roy d'esloigner
ceux qu'un chascun sçait estfe mal affectionnez à son conseil.
Agir ainsy est une preuve asseurée de l'affection du roy envers le
cardinal, et du soing que Sa Majesté veut avoir de faire continuer la
prospérité de ses affaires.
' Tréville.
cAnoiN. DE r.:cuELiF.r. — th. ii
170 LETTRES
Faire autrement est donner un honneste congé au cardinal, qui se
retirera avec larmes de sang dans le cœur, pour la passion qu'il a pour
vSa Majesté, et le désir de servir Dieu en la servant; mais avec con-
tentement, puisqu'il n'aura rien oublié de ce qu'il aura peu pour em-
peschèr cette disgrâce.
Il plaira à Sa Majesté ne différer pas davantage à prendre une
bonne résolution; et, en considération de sa santé, qui patit par l'irréso-
lution en laquelle elle est, et pour l'amOur de celle du cardinal, qui n'en
est pas peu altérée , et qui le seroit bien davantage s'il n'avoit cette
consolation que, s'il cause quelque peine au roy, c'est pour procurer
son salut , et pour l'advantage de son Estât , au lieu que celle qu'il re-
çoit vient des difficultez que faict Sa Majesté, èsquelles elle ne peut
persister sans causer la ruine d'ime créature qui ne désire conserver
sa vie que pour l'employer à son service.
Trois jours après ce second mémoire présenté au roy. Son Éminence envoya
la lettre suivante à M. de Chavigni pour la faire voir à Sa Majesté.
XCVIII.
Bibl. imp. Fonds Saint-Germain-Harlay, .^Ag- — Copie sans numéro, jointe à la pièce
précédente cotée 5o dans le manuscrit. — Fonds Cangé, 80. — Copie.
A M. DE CHAVIGNY.
[5 on 6 novembre 16^2 '.]
Quelques esprits commencent à soupçonner de deçà que je sois en
quelque mésintelligence avec le roy, sans en sçavoir le destail. Comme
l'effect de cette pensée est un fort mauvais moyen pour me rendre
la santé , le bruict n'en est pas trop advantageux aux affaires du roy.
' Cette copie n'est point datée, mais on jours après le 2 novembre. Etvoy. ci-après,
vient de lire que la lettre a été écrite trois p. 173. note 2.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
171
Je vous prie de conjurer Sa Majesté de ne se mettre point en peine à
mon occasion, puisque je suis résolu à tout ce qui la contentera le
plus au faict dont il est question; l'assurant que, en quelque lieu
que je sois, j'y seray avec la mesme passion et la mesme fidélité que
j'ay tousjours eu pour ses affaires et pour sa personne. Je croy, devant
Dieu, ce que je luy ay proposé du tout nécessaire pour iaire conti-
nuer les prospérités de cet Estât.
Quand il ne le seroit point, j'ay creujusques à présent que Sa Ma-
jesté ne me le déniroit pas par amitié, en le luy demandant, comme
j'ay faict, pour mettre mon esprit en repos.
En un mot, je seray content de tout ce qu'il luy plaira; et, s'il
ayme mieux que je sois loin de luy que ceux dont il s'agit, à ce que
ce changement n'aporte point\ s'il se peut, au bien de ses affaires, je
prendray les moyens de ma retraite les plus innocens qu'il se pourra,
en les concertant avec Sa Majesté.
Pour conclusion , vous luy tesmoignerez ma passion , et la confiance
que j'ay en son amitié; et vous asseurerez de moy pour jamais.
XCIX.
Imprimée : Aub. Méni. V, 5oo. — Rec. de 1696, II, 100.
A M. DE CHAVIGNY.
[Vers le commencement de novembre i64a.]
Madame de Savoye ayant voulu m'adresser le courrier qui porte la
nouvelle de la prise de la ville et du chasteau de Verrue^ par les
' Le copiste a oublié ici un mot, pré-
judice, ou autre.
' La Gazette du i" novembre, p. io36,
dit qu'un courrier apporta au roi la nou-
velle de la prise de Verrue ; mais le jour
de l'arrivée de ce courrier est fixé d une
manière ambiguë, on ne sait si c'est le a 6
ou le 3o octobre. Dans tous les cas, nous
ne nous éloignons pas de la véritable date
en proposant pour la présente lettre les
premiers jours de novembre. Ce fut le 7
au matin que le roy reçut l'ambassadeur
172
LETTRES
troupes du roy, afin que le mesme courrier m'asseurast de sa part que
si, jusques icy, je n'avois pas creu que Son Altesse m'aimast, j'en prisse
une autre créance à l'avenir, dont elle me donnoit toute certitude sur
le rencontre de cette bonne nouvelle , j'estime que M'' de Chavigny se
peut servir de la mesme occasion pour, en la faisant sçavoir au roy,
luy faire cognoistre qu'il est de sa bonté de contribuer à la santé et
au repos de l'esprit et du corps de ses créatures, ainsy qu'il voit que
font d'autres, qui semblent n'y avoir pas tant d'intérest que Sa Ma-
jesté y en a voidu prendre jusques icy par sa pure bonté'.
de Savoie chargé de lui annoncer la nou-
velle. La Gazette avait publié le 5 la Re-
lation de la prise de la ville et du ctiasteau de
Verrue; ce récit commence sur un ton so-
lennel • « Il faut que l'Italie sente , aussi
bien que tous les autres Estats de la mai-
son d'Austriche , que le chapelet d'Espagne
est défilé. » Ce sont peut-être là les der-
nières lignes que Richelieu ait fait impri-
mer dans la Gazette; le fameux ministre
n'avait plus un mois à vivre, le chapelet
de ses jours aussi était défilé, et la fierté
de ces paroles est comme le magnificat du
grand œuvre de sa vie.
' On voit avec quelle persistance Ri-
chelieu poursuit un dessein , et comme tout
lui sert pour en venir à ses fins; voilà
qu'un compliment arrivant de Turin lui
devient un nouvel argument pour obtenir
un exil qu'on ne lui accorde pas assez
promptement, et son impatience se mani-
feste dafis cette phrase entortillée d'une
des dernières lettres aussi qu'il ait dictées.
Je n'en ai trouvé la minute ni dans les
manuscrits de Turin, ni dans ceux de
France; j'en donne néanmoins le texte
parce qu'elle offre cet intérêt de présenter,
pour ainsi dire , jusqu'à la dernière heure ,
le caractère des relations entre le roi et Ri-
chelieu.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
173
C.
Bibl. imp. Fonds Saint-Germain-Harlay, S/ig, pièce 48. — Copie. —
Fonds Cangé, 80. — Copie.
AUTRE MÉMOIRE DU CARDINAL
CONTRE LE DICT CINQ- MARS'.
[Vers le 1 3 ou 1 (i novembre 1 642 ^. ]
Le cardinal de Richelieu ayant tousjours eu en singulière recom-
mandation de se conduire auprès du roy avec une entière sincérité,
' Les mémoires qu'on a pu lire (p. 1 55,
i63, 168 ci-dessus) n'ayant pas produit
l'effet que Riclielieu prétendait obtenir, il
revint résolument à la charge , et , résumant
dans le présent mémoire ses griefs contre
Cinq-Mars , appuyant principalement sur ce
qui était plus propre à irriter Louis XIII,
il envoya de nouveau Chavigni au roi avec
cet ultimatum , et la demande formelle que
le roi s'engageât immédiatement. Le roi,
après avoir exhalé sa mauvaise humeur
contre Chavigni, et longtemps bataillé
pour conserver ses olEciers , céda enfin de-
vant l'exigence obstinée du cardinal , ainsi
qu'on le voit par la réponse qu'il fit à ce
dernier mémoire. Seulement Louis XIII
n'obligea pas ses officiers à vendre leurs
charges, il se contenta de les éloigner, en
les assurant secrètement de sa bienveil-
lance, leur laissant leur traitement, et leur
promettant de les rappeler le plus tôt pos-
sible. On comprend les résistances et l'im-
patience du roi ; n'avait-il pas fait assez en
abandonnant la tète de son favori ?
pour
quoi le forcer encore à châtier d'anciens
et fidèles serviteurs, dont le dévouement
éprouvé donnerait à ce châtiment toutes
les apparences de l'ingratitude ? quelle
crainte pouvaient causer à Richelieu des
hommes sans position ni capacité poli-
tiques, et qui d'ailleurs n'avaient pas sur
l'esprit du roi l'inQuence que pouvait avoir
un favori? Louis XIII ne voyait dans
l'acharnement de cette poursuite que les
exigeants caprices d'une vengeance qui de-
vait pourtant être satisfaite. Néanmoins,
malgré ses répugnances, le roi montra,
une fois de plus, que le ministre était
encore le maître. . . Ce triomphe du car-
dinal devait être le dernier; les officiers
étaient éloignés le lundi ilx novembre, et
le vendredi 28 Richelieu sentait le suprême
accès du mal auquel il succomba le jeudi
suivant.
' Ce mémoire n'est point daté dans les
manuscrits; il nous semble avoir été écrit
peu de temps après la lettre du 5 novembre
à Chavigni, et il est probable qu'il fut pré-
senté au roi vers le 1 3 ou 1 4 novembre ,
au moment où nous voyons la résistance de
Louis XIII commencer à failjlir, et comme
un dernier effort sous lequel la volonté
royale finit par céder. Quant à la réponse
du roi que le manuscrit place à la suite du
174 LETTRES
estime luy en devoir donner une nouvelle preuve en luy faisant
cognoistre tout ce qu'il a descouvert de M' le Grand pendant qu'il a
esté détenu prisonnier à Montpellier et à Lyon.
11 a dit que, depuis qu'il estoit auprès du roy, Sa Majesté avoittous-
joiu-s tasché de le mettre mal avec le cardinal;
Que Sa Majesté n'avoit rienobmis de ce qu'elle avoit pensé pouvoir
servir à cette fin;
Qu'elle lui avoit dit souvent que le cardinal avoit perdu tous ses
semblables, et qu'il avoit tasché deux ou trois fois de le faire chasser
pareillement au dernier voyage d'Amiens;
Il a dit que le roy observoit tout ce que le cardinal disoit, et y
donnoit un sens qui alloit contre led. sieur le Grand, pour le picquer
contre le cardinal ;
Il a dit que le roy luy avoit tesmoigné plusieurs fois, dans les cha-
leurs qu'il avoit pour luy, qu'il voudroit avoir donné la moitié de
son royaume, et que led. sieur le Grand fust destaché du cardinal;
Il a dit qu'il n'a rien entrepris contre le cardinal que le roy n'ayt
consenty ;
Il a dit que le roy luy avoit dit qu'il voudroit qu'il y eust un party
en France , ainsy qu'autrefois il y en avoit eu un contre le mareschal
d'Ancre, auquel temps il s'en fallut peu qu'il ne se retirast à Soissons;
II a dit que le roy luy avoit dit qu'il avoit autres fois aymé le
cardinal , mais que , depuis qu'il avoit cogneu qu'il avoit plus d'affec-
tion pour le mareschal de la Meilleray que pour luy, il ne l'avoit
plus aymé;
mémoire, nous n'avons pas non plus de
date précise; mais le renvoi des officiers
l'indique approximativement. — Nous trou-
vons aux Afifaires étrangères plusieurs
lettres deChavigni écrites pendant le mois
de novembre au cardinal, que sa maladie
empêchait de se rendre lui-même à Saint-
Germain. Chavigni , chargé de ses instruc-
tions, l'informait jour par jour des diffi-
cultés de sa mission, et des mauvaises
humeurs du roi. Nous donnerons , à la suite
de cette dernière pièce , un extrait de ces
lettres; bien mieux que tout récit ces
courts fragments mettront la situation sous
les yeux du lecteur, et achèveront de mon-
trer par quels moyens le cardinal venait à
bout de la volonté rétive de Louis XIII.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 175
Il a dit encore que le roy luy avoit dit souvent qu'il ne pouvoit
plus supporter la contraincte que luy donnoit le cardinal ;
[1 a escrit en divers lieux qu'il avoit tant faict que le roy avoit con-
senty à la ruine du cardinal ;
Il a dit que quand il a faict des brigues parmy les grands et dans
l'armée de Roussillon, ç'avoit esté par le commandement et par
l'ordre du roy, qui luy avoit dit que le cardinal estoit trop puissant,
et qu'il ne pouvoit s'asseurer d'autres amis que ceux que led. sieur
le Grand acquereroit pour luy;
Il a dit que le roy avoit en telle adversion le cardinal qu'il sçavoit
des gens qui ne subsistoient auprès du roy que parce qu'ils luy tes-
moignoient estre du tout contraire aud. cardinal ;
Il a dit que pour miner le cardinal auprès du roy il s'estoit servy
de divers moyens, selon que les diverses occasions luv en avoient
donné lieu ;
Que cognoissant que l'humeur du roy se portoit à l'espargne , il luy
avoit persuadé, autant qu'il avoit pu, que le cardinal faisoit faire lar-
gesse de ses deniers;
Que sachant aussy que Sa Majesté estoit d'humeur jalouse de son
authorité, il avoit tasché de luy faire croire que le cardinal en avoit
trop, et qu'on luy donnoit plus de part qu'il ne falloit à la gloire des
bons succez cjui arrivoient en ce royaume;
Que, sur ce mesme principe, il luy avoit donné ombrage de l'al-
liance qui estoit entre led. sieur cardinal et monsieur le prince de
Condé, taschant mesme de luy faire croire qu'elle estoit contraire à
la seureté de M" ses enfants ;
Il a dit aussy que, voyant quelques fois que le roy s'ennuyoit de la
guerre, il n'avoit rien oublié de ce qu'il avoit peu pour luy persuader
que le cardinal en estoit seul la cause;
Enfin, qu'il n'avoit point perdu d'occasion pour profiter des cha-
grins que le roy avoit souvent contre le cardinal , es moindres choses
qui succédoient autrement qu'il ne désiroit, luy faisant imputer tous
les mauvais événements qui arrivoient.
176
LETTRES
Bien qu'il n'y ayt aucune apparence de croire ce qui vient de la bouche
d'un menteur', et que le cardinal ne doubte point des bonnes inten-
tions de Sa Majesté en son endroict, les faulses impressions que ce
mauvais esprit a espandu dedans et dehors le royaume font que le
cardinal estime qu'il est de son devoir et de son respect de suplier
Sa Majesté de luy faire cognoistre franchement ses intentions.
Bien que le cardinal ne puisse s'absenter de Sa Majesté sans estimer
qu'il se sépare de soy-mesme , il le fera pourtant avec contentement ,
si Sa Majesté le désire, parce que ce sera pour luy complaire, et qu'il
laissera ses meilleures affaires au meilleur estât qu'elles puissent
estre.
Si Sa Majesté veut aussy qu'il continue à la servir, à ce qu'il le puisse
faire avec succès , cinq choses sont du tout nécessaires :
2 "...
Sa Majesté est très-humljlement suppliée de mettre franchement
ses intentions axi pied de ce mémoire, sur l'asseurance qui luy est
donnée qu'elles seront aveuglement suivies par le cardinal, qui n'a
autre dessein que de la servir utilement aux despens mesmes de sa
propre vie.
Elle est aussy supliée d'y vouloir adjouster les conditions auxquelles
elle se veut relascher pour faire la paix ^, afïin que si la guerre con-
tinue , parce que les Espagnols ne seront pas assez raisonnables pour
les consentir, il y ayt de quoy justiffier que leur seule injustice empes-
chera la paix et non pas la conduitte du cardinal, qui suivra tousjours
très religieusement les intentions du roy.
' On a déjà lu ces mêmes mois, ainsi
que la pensée exprimée dans plusieurs
autres passages , notamment dans le para-
graphe suivant; Richelieu ne se faisait pas
faute de répéter, dans ses factums contre
Cinq-Mars , les mêmes duretés et les mêmes
arguments.
* Ici le cardinal reproduit presque dans
les mêmes termes, mais en ahrégcant un
peu , les cinq conditions déjà formulées dans
la pièce du 27 octobre (ci-dessus, p. i64).
' Au moment où Richelieu offre sa dé-
mission au roi , il lui laisse à résoudre un
des points de la politique actuelle dont la
solution était le plus difficile , et que lui
seul pouvait donner. 11 n'est pas malaisé
de voir où tend cette conclusion du mé-
moire de Richelieu.
DU CAUDIiNAL DE RICHELIEU. 177
'Ayant veu le papier cy-dessus, je n'ay rien à dire à mon cousin le
cardinal de Richelieu, sinon qu'il a trop cogneu, pendant que le s'"de
Cinq-Mars a esté auprès de moy, sa malice , ses impostures et ses ar-
tifices, à ce qu'il puisse adjouster foy à ce qu'il a dit de moy au pré-
judice de l'amitié que je porte à mond. cousin, et de l'estime que je
fais de sa personne.
11 faudroit que je fusse etc pour mescognoistre les services qu'il
m'a rendus depuis que je fay employé dans mes affaires. Tant s'en
faut que j'aye jamais souhaitté qu'il se retirast, ny que je puisse jamais
consentir à une telle résolution , qu'au contraire je désire qu'il conti-
nue, et veux qu'il agisse, sous mon authorité, avec plus de liberté et
de pouvoir qu'il ne fist jamais. En cette considération, je m'engage
de n'avoir jamais d'autre favory que celuy qu'il me propose , sçavoir
est le l)ien de mes affaires, comme aussy de n'avoir secret, ny con-
fiance avec qui que ce puisse estre à son exclusion.
Je luy promets de plus que je luy garderay un secret inviolable en
tout ce qu'il désirera de moy.
Je luy commande de me dire librement ses pensées en toutes choses;
ensuitte de quoy je luy feray sçavoir sincèrement mes volontés.
Il se peut asseurer que j'auray un soing particulier de netoyer de
temps en temps la court des esprits mal intentionnés, ayant [trop] ex-
périmenté combien cela est nécessaire pour y manquer.
Pour ce qui est de la paix, il faudroit que je m'exposasse à la risée
du monde, et que je donnasse lieu à mes ennemis de me faire de
nouveau la guerre cpiand bon leur sembleroit, s'ils ne payoient les
despens de celle qu'ils m'ont contrainct de leur faire.
Il ne faut point parler de rendre la Lorraine, Arras, Hedin ny Ba-
paume , Perpignan et le Roussillon , Brizac et les places de l'Alsace qui
conjoignent avec la Lorraine.
J'ay acc[uis Pignerol à titre trop légitime pour penser jamais à le
rendre.
' Le manuscrit de Harlay n'indique ici à la suite du mémoire de Richelieu la ré-
aucune séparation , et met immédiatement ponse qu'y fit le roi.
CAROIV. DE r.ICHKLIEU. — VU. " ^3
178 LETTRES
Le restablissement de mon nepveu, le duc de Savoye, est trop
juste pour que jamais je puisse consentir à la paix sans qu'il soilfaict.
Ces conditions accordées, je seray bien aise qu'on trouve toutes
les inventions qui se pourront pour fajciliter une paix généralle en la-
quelle je ne puisse, en aucune façon, me séparer de mes alliés.
EXTRAITS DE LETTRES DE CHAVIGNI AU CARDINAL.
AU SUJET DU RENVOI DE PLUSIEURS OFFICIEBS , DEMANDE AU lîOI PAU SON ÉMINENCE '.
A Saint-Germain , du 5 novembre à six heures du malin.
Après que M. de Noyers fut parti hier, le reste de la journée se passa en con-
testations à diverses reprises, mais ce fut, de la part de la créature de M^% avec
la fermeté respectueuse que doit avoir une personne qui soustient une cause
juste, et qui ne craint rien pour le service de son maistre à qui il doit toutes
choses. L'esprit du roy me parut le soir fort adouci, et j'espère, pourveu que la
santé de M^'' aille bien et qu'il ne s'inquiette point, que toutes choses se termine-
ront comme elles doivent . . . hier je receus une grande dépesche . . . dont j'envoye
l'extrait à M^', par lequel il verra. . . qu'on craint une ligue entre les princes
d'Italie et les Espagnols. . . je pris occasion d'en rendre conte au roy, et je luy
fis voir cette ligue presque conclue, et les grands obstacles qu'elle apporterait à
la prospérité de ses affaires. Ce discours me parut assez utile pour l'estal présent
des choses , et fit un effect tel que je me l'estois proposé ; la crainte estant le plus
seur moyen pour venir à bout de ce qu'on prétend. Quoyque je n'aye encore que
des choses générales à mander à M*\ je n'ay pas voulu manquer de luy donner
des nouvelles ce matin pour le soulager de la peine en laquelle il doit estre pré-
sentement
A Saint-Germain, ce jendy 6 novembre 1642, à cinq tieures du matin.
.Je ne fais ce billet à M^"' que pour ne pas manquer à luy rendre conte de ce
qui se passe, et je différay tout hier à le faire, espérant tousjours luy mander
quelque chose de bon. Le matin, le Chesne (le roi) s'cstoit rendu assez traitable,
mais sans rien conclure; l'aprèsdisnée il fut à la chasse où les parties intéressées
l'accompagnèrent. Je croy qu'il eut bien de la peine à leur pouvoir parler en
' Voy. ci-dessus la note 2 de la page 17.3.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
179
particulier, s'il le fist; mais au moins leur veue ie rendit le soir moins raison-
nable. Il va ce matin à neuf heures à la chasse- Je le verray aussi tosl qu'il sera
esveillé, et incontinent après j'yray à Paris pour rendre conte à S. Em. de toutes
choses qu'on ne j)eut escrire. Je la conjure, au nom de Dieu, de ne se point
inquietter et de bien espérer. Je fais estât, si M^' ne me commande autre chose,
de pouvoir estre de retour ici presque au mesme temps que le roy reviendra de la
chasse.
A Sainl-Germain, ce 7 novembre i642.
Je trouvay hier à mon arrivée' le roy couché et endormi; je l'ay veu ce matin
à son lever, mais lorsque je luy ai fait des complimens de la part de Ms"', il m'a
demandé comment il seportoit, et s'en est allé aussy test pour esviter, à mon advis,
que je ne luy parlasse, et je n'en ay peu trouver l'occasion jusques à cette heure,
parceque je ne croy pas qu'il la faille prendre en tesmoignant trop de foiblesse et
d'impatience ... je n'ay pas creu devoir monstrer au roy la lettre de S. Em. ^ que
je ne voie un peu plus clair à la disposition en laquelle est son esprit que je
trouve plus couvert que de coustume; peut-estre sera-t-il en autre assiette ce soir.
Le principal des adverses parties est icy, qui vit, ce me semble, comme il avoit
accoustumé. On parle que le roy va à Triel dans deux ou trois jours; je supplie
M^ de me commander, en ce cas, ce qu'il veut que je face, et si je dois demander
à S. M. si elle veut que je la suive. En&n je n'ay jamais souhaitté si passionné-
ment qu'à présent d'estre habile pour pouvoir servir M^ comme je doibs; au moins
j'exécuteray très-fidellement et très-ponctuellement tous ses commandemens . . .
j'envoie à M^ son dernier mémoire'; le premier est dans une cassette que j'ay
laissée à Paris, où sont tous mes papiers d'importance; quand il plaira à M^j'iray
exprès pour l'en tirer
A Saint-Germain, ce 8 novembre i642.
Le roy commence à se remettre de meilleure humeur, ainsy que M. de Noyers
l'aura peu dire à M'>'^ Aussylost après qu'il a esté parti S. M. est allée à la chasse.
' Je lis dans la correspondance de
Henry Arnauld, à la date du 9 novembre:
«M. de Chavigny vint jeudy (le 6) de
Saint-Germain, fut tout le jour chez S. Em.
et vendredy, dès cinq heures du matin, il
retourna trouver le roy ; il se traitte quelque
chose qui pourra bientost esclatter. »
' C'est sans doute celle du 5 ou 6 nov.
ci-dessus, p. 1 70.
' On a vu ci-dessus plusieurs mémoires
de Richelieu contre Cinq-Mars; quel est
celui que Chavigni nomme ici le dernier i*
Est-ce le mémoire du a (ci-dessus, p. 168),
ou celui que nous supposons avoir été
communiqué au roi vers le 1 3 ou 1 4 no-
vembre , mais qui aurait été composé avant
celte date, et communiqué à Chavigni
lorsqu'il n'était encore qu'en projet ?
23.
180 LETTRES
Ce soir, à son retour, je luy l'eray voir la lettre de S. Ein. laquelle, je m'asseure,
fera un très-bon effect, la matière, à mon advis, estant mieux disposée qu'elle n'a
point encore esté. Les adverses parties ne sçavent rien asseurément, et il n'y en
a plus pas un icy. J'espère que le démenti ne nous en demeure pas. . . Si le roy
va à Triel je l'y suivray sans rien dire; il me suffit d'avoir mon ordre, que je
suivray tousjours très-ponctuellement
A Saint-Germain, ce i3 novembre i642.
. . .L'incertitude des choses m'a empe.sché de me donner l'honneur d'escrire
ce matin à M^"'; l'esprit du roy est tousjours dans la raesme disposition , il cognoist
qu'il ne peut esviter de faire ce qu'on luy demande, et a d'extresmes peines à s'y
résoudre. Je n'ay point veu de temps pour parler du Pont-Saint-Esprit parcequ'il
vault mieux demeurer serré que de s'avancer trop.
On répète tousjours les mesmes discours, et lorsque je jiresse dans les termes
que j'ay dit à Ms', on me demande une preuve, laquelle je soustiens n'estre point
nécessaire quand on veult esloigner seulement une personne avec récompense,
sans luy faire mal; mais contra negantem principia on est bien embarrassé
Je verray ce que S. M. voudra dire ce soir, si je luy puis parler en particulier,
car j'ay beaucoup de peine à la séparer de ses gens, qui jugeroient sans doute
mal à propos s'ils voyoient faire des discours avec action
A Saint-Germain, le i i novembre i6i2.
Je n'ay rien à dire à M*^' de ce qui s'est passé ce matin , M. de Noyers qui y
estoit présent luy en ayant fait le rapport. Le roy est sur le point de faire quel-
que proposition, mais il a peine à s'y résoudre. Je croy qu'il voudroit essayer
de sauver Des Essarts en l'envoyant en Italie, quoyqu'il ne i'ayt pas dit distincte-
ment. L'ouverture du gouvernement, qui a esté faite ce matin, a, ce me semble,
foit soulagé son esprit et aidera à mettre fin à l'afTaiie. Enfin il dit nettement
qu'il veult satisfaire M.^\ mais qu'il veult mettre son honneur à couvert. Surquoy
on lui respond ce qu'on doit; je presseray dans l'occasion pour avoir une prompte
résolution.
— Le roi de guerre lasse finit par céder, et je lis dans la correspondance de Henri
Arnauld, le 23 novembre : « M. de Chavigny va quitter un peu de son assiduité
auprès du roy, maintenant que le congé de tous ces messieurs est résolu. • -Mais
la résolution prise à contre cœur ne s'exécutait qu'à moitié et lentement. H. Ar-
nauld nous dit encore le mercredi 26 : « Beaupuy est parti il y a déjà un mois,
DU CARDINAL DE RICHELIEU. '181
mais Tréville et Tillaclet étaient encore dimanche à Saint-Germain , le roy ne
leur a\ oit point encore hier fait donner leur congé . . . Gela embarrasse le monde.
M. de Noyers alla dimanche à Saint-Germain; il ne put aborder le roy pour luy
parler de cela; S. M. dit qu'elle estoit malade, et ne vouloit estre importunée, et
se fit saigner. M. le cardinal Mazarin et M. de Ghavigny y allèrent lundi; je ne
sçay point encore ce qu'ils ont fait. » — Ils avaient obtenu une victoire complète,
et Ghavigni en alla remercier le roi de la part du cardinal auquel il écrivait le
29 novembre : « le roy a fort bien receu le compliment que je iuy ay fait de la
part de M^' ; je l'ay trouvé en assez bonne humeur sans me parler de visite. J'ay
faict la maladie telle qu'on me l'a commandé. » En lin nous avons dans la corres-
pondance de H. Arnauld le dénouement de l'affaire : « Mardi sur le soir (écrit-il
le 3o novembre) , le roy fit appeler V et Guitaut, et après avoir fait retirer
tout le monde leur dit que, pour certaines considérations, il vouloit que Tréville,
Beaupuy, Tilladet, La Salle et Des Essarts se retirassent, • et H. Arnauld rapporte
les paroles bienveillantes dont le roi accompagnait ce congé, leur faisant dire à
tous qu'il était satisfait de leur service, qu'il leur conservait leurs pensions, ainsi
que les avantages qu'ils pouvaient retirer de leurs charges.
Les lettres autographes de Ghavigni où nous avons puisé ces informations sont
conservées aux archives des Affaires étrangères (France, i642, de septembre en
décembre, fol. 235, 237, 238, 2^2, ih-j, ib\ , 267). Il convenait de nous arrêter
un instant sur cet incident qui fut, pour ainsi dire, la principale affaire du
dernier mois de la vie de Richelieu et qui reste un exemple frappant des obses-
sions que subissait Louis XIII de la part du cardinal, ainsi que de l'adresse obs-
tinée avec laquelle Richelieu forçait la volonté du roi, se tenant toujours à l'écart,
et, dans ses relations directes avec Louis Xill, couvrant habilement sa tyrannie
des semblants d'un humble respect et d'une soumission dévouée.
SOMMAIRES DES LETTRES
DONT LE TEXTE N'EST COMPRIS NI DANS LE TOME VI
Nf DANS LES 178 PREMIÈRES PAGES DE CE TOME VII.
DATHS
et
LIBDX DR DATES.
bUSCRIPTION
DES LBtTRBS.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOCBCES.
U)38.
1*' janvier.
0 janvier.
Rueï.
() janvier
Ruel.
Idem.
a 8 iaovier.
3o janvier.
Rael.
février.
IWiel.
Richelieu lui envoie la copie de la lettre qu'il ëcrit à la reine
d'Angleterre. {T. VI, p. 3.) H explique qu'il a tenu ses
engagements '.
Orig. — Bibi. Irap. Sainl-Germain-Harhy, 264^', fcl. 6v.
Envoyer un duplicata du passe-port donnt^ pour dom Michel
de Salamanque, pour 1 envoyer à Pujols.
Original saiis signature, (le la maiu de CLerré. — Arch. des
Aff. étr. France, de janvier à juillet, fol. 1.
Envoyer à Richelieu un duplicata du passe-port pour tahleaux
et autres bardes que le cardinal infant envoie au roy d'Es-
pagne.
Orig- — Arcb. des AIT. étr. France, de janvier à juillet,
fol. 7.
Arrangements faits avec le prince d^Orange pour la campagne
de i638.
Copie. — Arch. de Médicïs k Florence, 3* série, carton 5i
( corti d'Europa'). — \in'pTimèe.-~ Ambatiadêtet néyociaùons
de M, d'Ettradêi, 1716) p. 31.
Que Chavignl lui apporte ce qu'il a reçu du côté de Rayonne
avant le départ de l'ordinaire de demain.
Orig. — Arch. des AfF. étr. France, de janvier en juillet,
fol. 3o.
Le relard du voyage du comte de Cumiane vers le roi nuit
extraordinairemcnt aux atïaires. Y remédier promptement.
Original «ans signature, de la main de Charpentier. — Arch.
de» Aff. étr. France , de jauvier en juillet , fol. 33 .
Prière instante de faire pourvoir au payement des sommes
nécessaires pour les fortifications, autrement il n'y a per-
sonne qui puisse respondre des frontières.
Minute de la main de Cherré. — Arch. des Aff. étr. France,
Je janvier en juillet , fol. 38.
' .r.ii trouvé , aux Archives des Affaires étrangères, Angleterre , tome Â7, folio 3 , la minute d'une lettre , de myme
date, à M. de Bellièvre, où Chavigni développe, soua l'inspiration de Richelieu , la pensée de cette lettre. «S. Ém.
dit Chavigni , n'a pas accoutumé de faire les choses par menace. . . Si la reyne de la Grande-Bretagne contïnae à suivre
la voie qu'elle a prise, il n'y a pas apparence qu'elle ayt contentement de ce qu'elle désire*. »
' Voy. lettres de Richelieu , t. V, p. 885, note 3.
A M. de Bellièvre, con-
seiller du roy et son
ambassadeur en An-
gleterre.
Pour M. de Chavigny,
secrétaire d'eslat.
Idem.
A M. le comte d'Es-
trades.
Pour M. de Chavigny.
secrétaire d'estat.
Idem.
A .M. Comuel.
184
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTHES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1038.
8 février.
Rue!.
1 o février.
Ruel.
Sans date.
[Vers^ la mi-fé-
vrier. ]
20 février.
Ruel.
26 février.
RucK
26 février.
28 [?] février,
on pourrait lire
26.
Ruel.
Il mars.
Ruel.
Pour M. de Ghavigny.
A M. de Bellièvre, am-
bassadeur en Angie-
A M. le comte de Gué-
briant.
Au mareschal de Schom-
bersr.
Pour M. de Chavigny»
secrétaire d'estat, à
Saint-Germain.
A M. de Bouillon.
Pour M. de Ghavigny
Au mareschal de Schom-
berg.
On me donne favis que l'abbé des Marots est mort; l'un de
ses bénéfices est à ma coUation . je le donne au cardinal
de Bichi '. Demandez l'autre au roy pour le s' de Boisrobert.
Orig. — Arcli. des Aff. étr. France, de janvier à juillet,
fol. 35.
Je vous conjure de donner deux chambres, dans voslro mai-
son , au vicaire de l'évesque de Chalcédoine, afin qu'en son
absence il puisse vaquer plus seurement ' à ce à quoy sa
charge l'oblige
Orig. — Bibl. imp. Saiot-GcrmalD-Harlay, SGi'", fui. 72.
Le roi l'a choisi pour secourir le duc de Weymar.
Copie. — Bibl. imp. Cinq-Cents Colbert , 1 j G, fol. J . — Im-
prioice. — Hist. de Gaébriant, par le Laboureur, p. 5i.
Plainte de ce qu'il n'a pas encore fait réparer les fortificatiojis
de Leucate.
Des catinets des »'* de Wiquefori et BoJin. — Imprimée. —
Aubery, III, p. 5ôi. — Recueil de iGg5, p. 1 jg.
M. de Chavigni aura dit au roy ic malheur de Rispe; il sup-
pliera Sa Majesté de conserver à son père une charge de
sénéchal ou baillif de Kismcs, et de faire rigoureusement
chastier ceux qui sont cause de ce combat. — Nouvelles de
la défaite de Galassc.
Original sans signature, de la main d© Cherré. — Arch. des
AfF. ctr. France , de janvier à juillet , fol. 65.
Sa Majesté, comme témoignage de sa confiance, le prie de
favoriser par son autorité les levées qu'elle fait faire à
Liège. 0 ^L de 'I urenne , vostre frère , va pour en prendre la
conduite. »
Minute de la main de Chcrrc, — Arch.
de janvier à juillet, fui. 06.
des Aff. élr. France .
« Jesuis bien fasché de l'indisposition du roy, consolé cependant
que ce n'est que la goutte, qui est plustost tcsmoignage de
la vigueur des parties nobles ([ue malatlie. J auray l'hon-
• neur de voir le roy après disner. »
Orig. — Arcli. des AiT. étr. France, de janvier à juillet,
fol. 67.
Faire que les élals de la province donnent l'argent nécessaire
pour achever le port d'Agde.
Impi iracc. — Aubery, III , 55 i . — Recueil de 1 695 , p. i 5o.
* Richelieu a écrit à la marge : « C'est le prieuré du S'-Esprît qui vaut i o.uoo iiv. de rente. ■
turc : « peut cstrc que cet avis c8t faux. »
^ On sait les difficultés que rencontraient à Londres tes prêtres allachcs à la reine.
^ Cette date est indiquée par le P. S. d'une lettre au duc de Weymar. Ci-dessus, p. i3.
Et
ipres !
NO^ IMPRIMÉES DANS LE TOME VI.
185
LIErX DE DATES.
1638.
5 mars.
6 mars.
Riiei.
7 mars.
Uuel.
Idem,
Dimanche
7 mars.
Rud.
17 mars.
Rurl.
1 7 mars
15 mars.
Ruei.
SUSCHIPTION
SES LETTRES.
Lcltre du roy aux é\é-
ques.
Au uiarcscbaldc Scliom-
berg.
A Mons' M' le Comte.
A M. de bellièvre, am-
bassadeur CD Angle-
terre.
Pour M. de Cbavigny,
à Paris.
Au duc de Weymar.
A M. le comte de Gué-
briant.
Au duc de Wevmar.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOORCES.
Priez pour obtenir de Dieu la paii. — Nécessité de la rési-
dence.
Imprimée. — Gaxetle du 5 mars, p. io5.
Faire transporter, sans perdre aucun temps, à Narbonne, les
canons que les Espagnols ont perdus à Leucate.
Imprimée. — Aubery, III , 553. — Rec. de 1 695 , p. i5i.
. . . «Je ne doute nullement de la joie que vous ressentes de
la grossesse de la reyne, cognoissant la passion que vous
avez pour rafTermissement de Testât et le contentement de
LL. MM.). ...
Orig. — BibL imp. Foulettc, portefeuille a i , pièce 78.
Le roi accorde la liberté du chevalier de Jars, aux conditions
proposées par la reine d'Angleterre.
Orig. — BiLl. imp. SaÎDl-Germain-Harlay, 364*'» foL gS-
Avertir M"' la comtesse d'Alais que je m'en vais aujourd'buy
à Paris, coucher, pour demain sou bapte&me on la cha-
pelle de rhostel d'Angoulesme. Je la supplie que ce soit
précisément à deux lieures, afin que je m'en puisse revenir
icy. — Si le chevalier de Jars n'est pas encore délivré,
attendre lorsque le roy reviendra de Chantilly.
Original sans signature, de la main du secrctairo de nuit. —
Arcli. des Aff. étr. de janvier à juitlel , fol. 76.
Compliment sur te gain de la bataille de Rheinfeld *.
Copie. -- Bibl. imp. Béthune , 92791 fol. -tg,
«Vous voyés la confiance du roy en vostre affection à
son service, . . Ce ne vous est pas peu d'avantage que
S. M, vous ayt choisi pour une telle occasion , comme celie
de secourir M. le duc de Weymar. . . De Graves, qui est
à moy, vous délivrera deux mille cscus que le roy vous
envoie pour aider aux dépenses de ce voyage. Je cognoîs
ce que vous valés, et je n'oublicray rien pour faire valoir
au roy vos services.»
Imprimée. — Histoire da maréchal de Guébriant, par lo La-
boureur» I vol. in>foi. p. âi.
Le cardinal envoie un gentilhomme à lui j)Our aider à ra-
masser et faire passer les troupes de secours qu'on envoie
au duc.
Orig. — Bibl. imp. Baluxe, arm. vi, p^q- 4 > n^'
— Copie. — Bétliune, 9379, fol. 3o.
et 3, t. a.
' Lue jellre do roy an parlemeol , pour le Te Deam du lendemaîu , esl imprimde dans les mémoires de Mole , II , 694 •
— Lp récit d? la bataille a été publié dans un eitraordînaiie de la Gazette du 1 1 mars.
' Dans une longue lettre datée du i3 mars et cotitre-signée Subict , ce secrétaire d'Etat de la guerre donne au maré-
chal de Guébriant uoe instruction détaillé» au sujet des troupes mises sous son commandement, et destinées i renforcer
l'armée du duc de Wevmar. .\ la suite de cette dépêche vient uo état desdites troupes si^né durai, avec la date du 17 mars.
• Le même j jur, ajoute le Laboureur, le cardinal de Richelieu écrivit au maréchal ■ et il transcrit la présente lettre.
CARDIN. DE niCUELIED. VU.
186
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX PB DATES.
1638.
1 8 mars.
Ruel.
Celundi a 2 mars
à une heure
après minuit.
Ruei.
■-y 1 mars.
RupI.
I "^ avril.
Ruel.
6 avril.
Ruel.
I avril.
Idem.
20 avril.
SUSCRIPTION
DES LBTTftES.
Pour M. de Chavigny,
secrélairf d'estat, à
Paris.
Pour M- Routhillier.
Au mareschalde Schom
berg.
Au duc dp Wpymar.
Pour M. de Chavigny,
secrétaire d'estat, à
Paris.
A M. le Prince.
Au s^ Gueffier.
A M. le comte d'Es-
trades.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
Écrire au mareschal d'Kstrées de tout faire pour que le pape
n'envoie pas un légat en Italie, pour procurer une trêve
et une suspension d'armes particulière pour l'Italie. — Il
faut sortir promptcment du traite avec l'ambassadeur de
Savoie. — Retirer des mains de M. Le Gras un projet de
lettre que la reine devait écrire à M""* de Chevreusc '.
Original sans signature, de la main de Chcrre. — Arrli. des
AfT. étr, France, de janvier à juiUot , fol. 89.
«Je laisse l'affaire de M""* d'Elbeuf à voslre conduite *. — Il
sera bien à propos que vous et M"" d'Esguilion voyés
M"*' de Pontbriant et ses enfans pour tascher d'accommoder
leur contrat selon la raison.»
Original sans signature, do la main du secrétaire de nuit. —
Arch. des AtF. étr. Kraoce, de janvier â juillet , fol. 96.
Que les troupes de l'armée d'Italie qui sont dans son gou-
vernement repassent promptement les monts.
Inaprimée, — .^ubery, III, p. 558. — Hec. de 1696 , p. ' 5i .
Nouvelles félicitations sur les grands avantages qu'il a rem-
portés.
Copie. — Bibl. iinp. Bctbune , g'jyg, fol. 3i.
Presser le cardinal de La Valette de partir en poste pour
l'Italie, à cause de la perte de Rrcsme. — Envoyer au car-
dinal les lettres du P. (Pujols), si l'ordinaire d'Espagne
en a apporté.
Orïg, — Arch . de» Aflf. clr. France , janvier à juillet , fol. 1 13,
M. de La Valette retourne en Guyenne. H a promis de faire,
sous les ordres du prince , tout ce qui dépendra de lui
pour le service du roi.
Mise au net de la main de Cberrc. — Arch. do l'Iînip. K 1 34-
— Guyenne, !■■' piirlie, pièce 54-
Envoyer aussitôt qu'elle sera achevée une relation de toutes
les affaires qui ont été traitées à Rome, depuis qu'il y est '.
Copie
Bibl. iœp. Cinq-Cents Cclbert, 356 , fol. 783.
Dispositions militaires pour la campagne. Presser la lenteur
du prince d'Orange.
Co; !e. — Arch. des Médicis , 3* série, ciiit. 67. — Imprimée.
Ainba$iadt$ da comte d'Estrades , 1718, p. 99.
' M. Cousin a fait, dans son livre sur -M'"* de Chevrcuse [p. 73), l'histoire des ncgociations qui s'étabWrml entre
cette damo et Richelieu , on 1 638 , et il donne la date du i**^ juin au commencement de leur correspondance. L'n curieux
incident , c'est que trois mois plus tôt Richelieu avait songé à se servir de la reine , dont on connaît la liaison intime avec
M"'* de Chcvieuse, pour préparer ce* teLlatives de rapprochement ; c'était là un aaseï bon moyen d'inspirer à la fngi-
li\e une connance qu'elle n'avait pas. Le projet de lettre que nous avons donné dans uotro VI* vol. p. ' 7. ajoute uni*
eirconfctaDce assez piquante au récit de M. Counin.
= Voyei t. VI, p. i4, i5, 16.
' Voyea ci-apris, p. 191, sâjuin.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
187
DATES
et
SUSCUIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIEUX DB DATKS.
DES LETTRES.
soniicEs.
1638.
a 3 avril.
Huel.
Au duc (le Weymar.
Préparatifs pour la campagne.
Copie. — Bibl. imp. Fonds Bôthune , 9279. classée entre lo
foK 3i et le Toi. 33.
2 4 avril.
A M. le comte U'Alais.
Richelieu lui envoie un pouvoir «pour avoir l'œil et ordonner
dans les isles dépendantes de ma charge de grand maistre
qui sont dans l'es'endue de voslre gouvernement.» (La
Provence.)
Minalo de U main de Cherré. — Arcli. des Aff. élr. France,
de janvier à juillet , fol. iSÔ.
28 avrU.
De Royaumont.
Four M. de Chavigny,
secrétaire d'estat, à
hicbelieu le chaire de prier M. de Bullion de porter remède
à certaines difficultés venant des receveurs du clergé.
Paris.
Original sans signature, de la main de Clierré. — Arcli. des
Aff. étr. France, âe jauvier à juillet , fol. i3S.
idem.
Pour M. de Chavigny,
secrétaire d'eslat.
Apporter au cardinal le projet de traicté de S'-Georges.
Original sans aignalare, de la main de Cherré. — Areh, dos
Aff. étr. France, de janvier à juillet, fol. iSg.
3o avril.
De Royaumont.
A M. le gueux.
Le cardinal lui donne avis du passage de dcu« galères de Gènes
chargées d'argent, et lui envoie des lettres pour le comte
d' Allais et le général des galères , afin qu'ils l'assisleut au
besoin.. . «Avoir l'œil à ce qu'en cas d'arrest des d. galères ,
iln'y ayt pas un solde diverly,» (Voy. t, VI, p. 3i , note 2.)
Mise «u net. — Arch. des Aff. élr. France, de janvier à
juillet, fol. ï5i.
AvrU? '.
A M. de Vandy '.
Le roi a choisi son régiment pour le joindre aux troupes de
M. de Guébriant, dans l'armée du duc de Weymar. —
«Vous recevrés par de Graves, qui est à moy, mil cscus
|»our vous aider à supporter la dépense.»
Imprimée. — Aubery, Mèm. V, 534- Bec. de 1696, II, i45.
5 mai.
Ruel.
Au mareschal de La
Force.
Il lui envoie un gentilhomme pour savoir l'état auquel est son
armée.
Imprimée. — Mém. dt La Force . IIl , 44i.
8 mai.
Compiè^ne.
A M. le mareschaJ de
C bas ti lion.
... «Sa Majesté s'attend que vous marcherés dimanche sans
faillir; et que vous ferés cognoittre à ses ennemis ce que
vaut un mareschal de Chastlllon.» . . .
Copie. — Bibl. imp. Cioq-Ceut» Colbert , 118, fol, ag v"*. —
Imprimée. — Aubery, III, â75. — Recueil de 1696, p. lÔs.
9 mai.
A M. d' A vaux.
Compliments sur la négociation du traité passé avec les mi-
nistres de Suède. — On lui envole l'argent qu'il doit
payer au 1" juillet, ainsi que la ralîiication du traité signé
avec M. Salvius.
Minute de la main de Cherré. — Arch. des Aff. étr. Alle-
magne, t. XV, pièce 3 1*.
' San» dite. —
* Eat-cc U baro
Le corps d'année arriva près
a da Vandy. D«veu da inarlcl
du duc da Weymar à Nenboorg le a mai.
al à» Manllac i
34.
188
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIKVX DB DATES.
DES LETinKC.
BT SOURCES.
1038.
9 mai.
Compiègnc.
A M. de Bordeaux.
DiflTiculté d'avoir un bon maréchal do camp. oSi M. le Prince
vous pouvoit donner M. d'Espenan, ce seroit le meilleur
que vous pcussiés avoir..» «Je voudrois 'avoir donné
beaucoup que vostre armée fust réunie à l'escadre de Hol-
lande. ..m
Minute de la main de Chprré. — Arch. des AfT. ctr. Frûoce ,
de janvier àjuîDrt, fol. 200.
lo mai.
Compiègne.
Pour M. de Chavigny,
secrétaire d'estat.
«M"'" de Guimenée m'a tesmoigné désirer une pension pour
le prince Loys , son mari. S. M. l'a accordée de 8,000 francs ,
au masle, en considération de femelle. Vous luy fcrés valoir
le petit service que j'ay voulu luy rendre.» — Faire partir
la ratification et la lettre de change pour Hambourg.
Original sans signature, de la main de Chené. — Arcli. des
Aff. étr. France, janvier à juillet, fol. ao6.
1 1 mai.
Compiègne.
A M. de Chavigny.
Examiner un mémoire du marquis de Mo\ ; luy donner le
coutentement qu'il désire, il importe de ne le pas mécon-
tenter.
Original sans signature, de la main de Cherré. — Arcli. des
Aiî. étr. France, de janvier h juillet , fol. a 1 1 .
Idem.
Idem.
Le roy a accordé la liberté de La Porte ' ; le faire sortir de la
Bastille. Tirer de luy une promesse par écrit d'aller droit
à Saumur et de n'en partir point sans permission de S. M.
Orig. — Arcli, des Aff. ctr. France, de janvier à juillet,
fol . a i a .
12 mai.
Compiègne,
A M. Bcuthillier, surin-
tendant des finances.
Bemerciement de ce qu'il a accommodé l'aifaire d'eulrc son
neveu le général des gallères et M""" de Brissac. , «L'excès
de la courtoisie de M°'° d'Elbeuf me donne un extrême
désir de la servir. » — « Asseurés-vous que je ne suis pas
capable de rien croire à vostre préjudice.»
Orig. — Arch. drs Aff. étr. France, de janvier en juillet,
fol. 3 15.
i& mai.
Compiègne.
Pour M. de Bullion,
surintendant des fi-
nances.
«Le roy a accordé aux s" chev, des Roches et de Ternes, à
chacun 2,000 liv. pour payer ce qu'ils doivent de la cons-
truction des deux gallères qu'ils commandent. Je prie M de
BuUion de ne point faire diiEculté de viser les ordon-
nances.»
Orig. — Arch. des Aff. étr. France, de janvier en jaîllet ,
fol. aaa.
Idem.
A M. le mareschal de
Brézé.
«Mon frère, j'ay prié M. de Bu^sy de vous aller trouver,
pour vous assister dans l'exécution des desseins que vous
pourrés entreprendre...» — «Je vous envoie aussi le s' de
S*-Estienne, gouverneur du chasteau-Regnaut.»
Copie. — Arch. des Aff. étr, France, do jauvier à jaîllet »
fol. aa3.
' Voy. t. VI,p
3Î,
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
189
DATES
LtT.VX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET socncES.
1038.
1*3 mai.
17 mai.
Df Mouchy.
Idem.
19 mai.
3 2 mai.
Compiègnp,
38 mai.
De Kuel.
[...mai?'
A M. de Bordeaux.
Pour M. Ooulbillior,
surintendant des fi-
nances, à Paris.
Pour M. Boutiiillier,
surintendant des fi-
nances.
Au mareschal de Chas-
tiUoD.
A MM. le cardinal de
La Valette et d'Ué-
merj'.
Au mareschal de Chas-
tilloD.
Pour M. Bouthillier,
surintendant des fi-
nances, à Paris.
.\u'roi de Pologne.
Acliat de vaisseaux. — Traitement du général des galères.
— S'entendre avec M. le Prince. aSouvenés-vous qu'il
faut faire des actions dignes de la bruscosité des Sourdis,
et de la prudence que je peropte en l'archevesque de Bor-
deaux.»
Minute de la maîu de Clierré. — Arch.
de janvier à juillet ) foL aa6.
des Aff. élr. France,
«... J'aimerois mieux que la cession des petites debtes que
vous négociés avec M. de Brissac fust faite à d'autres qu'à
moy. Je ne désire point me meslerdans les affaires de cet
lionneste gentilhomme, ny laisser à ceux qui auront part
a mon bien lieu de rien démesJer avec sa personne. ...»
Original sans signature, de la main dj Cherré. — Arcti. des
Afl". étr, France, de janvier en juillet, fol. aa8.
Ne laissez pas partir M. et M°" de Brissac sans terminer l'ac-
commodement que vous avez fait, si vous estimez qu'il
faille leur faire faire la cession dont vous m'avez écrit.
Original sao» signature , de 'a main de Cherré. — Arch. des
hS. élr. France, de janvier à juillet, fol 317.
On avait promis au prince d'Orange que l'armée serait en
campagne le 10; réparer ce retard par une extrême dili-
gence.
Copie. — Bib). imp. Béthnne , 9369, fol. Go. — Cinq-Cents
Colbert, 118, fol. ^7, — Imprimée. — Aubery III, Ô8i.
— Recueil de 1695, p. lôj.
Mémoire sur les affaires du Piémont, deMantoue, de Casai.
Copie. — BtLI. imp. Dopuy, 538, fol. 111. — Imprimée. —
ibery, lU , 585. — Recueil de i6g6. t. II, p. 391.
iopie.
Aab'
M" de Saiiit-Preuil et de La Ferté ont querelle; les accorder.
Copie. — Bibl. imp. Bétlmno, gaôg, fol. 76. — Cinq-Cents
Colbert, 118, fol. 53 v**. — Imprimée. — Aubery, III,
577. — Recueil de 1696, p. ibà-
J'ay écrit à M. de Brissac. Le voir pour savoir si une fois pour
toutes celte affaire se pourra terminer.
Orig. — Arch. des AIT. étr. France, de j.iQvîer à juillet,
fol. a4i.
Le prince Casimir a été arrêté» parce que traversant la
France, «pours'allacbcrcn Espagne, .. il visitoitles places
et les ports de Ucosle de Provence sur lesquels l'Espagne
a fait plusieurs fois divers desseins.»
' Aat>ery oe donne point de date à celte lettre, dont je n'ai m minute, nî original. Le prince Casimir fut arrêté en
i638. Je trouve aux Arch. des Aff. étr. (Pologne, t. III, fol. ikS et 460) deux lettres de lui , en italien , adressées au
roi , datées de Salon , l'une do aS mai, I autre du 30 juillet. Dans ta première il réclame contre une injuste arrestation ,
n'étant veau en France, dît-il, que dans le dessein de voir lo pays- Dans la seconde, il se plaint de n'avoir pas de
réponse depuis trots mois qu'il est détenu. Ce nu-iue manuscrit nous donne aussi deux lettres du roi de Pologne, écrites
(en liittD ) au roi et au cardinal , jiour demander la liberté de son frère ; elles ne sont point datées ( on les a classées
par erreur en 1637, fol. 387 } , elles ont dû arriver k Paris en juin; mais la lettre de Ricbelieu , qui ne semble pas être
une répontt, a probablement été écrite en mai, ptn dt temps après l'arrestitioD du prince Casimir.
190
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
SCSCRIPTION
ANALYSES DES LETIBES
LIEni DE DATES.
DBS LETTRES.
ET sonacBs.
1038.
i" juin.
Pour M. Boulhillier,
U faut sortii de rafTaire avec M. et M'"' de Brissac, si on le
De Ruel.
surintendant des fi-
peut, mais à conditions justes et raisonnables.
nances « à Paris.
Original sans Bignalurc. — Arcli. des Aff. ctr. rraDcc, de
janvier eo juillet , fol. 34S.
Idem,
Pour M. de ChavigHy,
Richelieu demande des nouvelles fie diverses affaires. «Enlin
à Paris.
souvenés vous que non seulement les affaires d'estat re-
quièrent qu'on n'y perde point de temps, mais de plus
qu'il est nécessaire que ceux qui ont part à leur conduite
sachent à tous moments ce qui s'y passe.»
Minute de la main de Citoys. — Arcli. des Aflf. ctr. Fraocc ,
de janvier à juillet, fol. 349-
Idem.
Au maresclial de Chas-
Félicitations sur le bon ordre qu'il a mi.s dans sou armée. —
lillon.
On lui donnera les troupes qu'il demande.
Minute de la roaiii de Cherré. — Arch. de» Aff, étr. France,
de janvier en juillet, fol. aÔo. — Copies. — Bibl. imp.
Bélhune, 9269 , fol. 83. — Cinq-Cenla Colberl , 1 18 , fol. 60.
— Imprimée. — Aubpry, III, 607. — Recueil de i6g5,
p. 54.
2 juin.
A M. le duc de La Force,
«...Les ennemis sont exlrcsmement foibles, s'il y avoit
RueL
pair et mareschal de
quelques petites places auprès de vous, qui ne peusl durer
France, lieutenant
que huicl [ou dix jours, ce scroit un grand avantage de
général de rarmée
du roy.
l'entreprendre], auparavant que Picolominy [qui est encore
en ses quartiers d'hiver] s'y peusl opposer. [Cet avis ne vous
obligera, s'il vous plaist, qu'à ce que vous jugerés [lossiblc
par vous-mesme.] Le désir que j'ay de vostre réputation
joint à cfcluy du service du roy, me porte à vous faire
cette proposition en général]...»
Minute de la maio de Cliarpentïer et de celle de Richelieu '.
Arch. des Aff. élr. Pays-Bas, t. XIII.— OHg. — Arch. Je
M, le duc de La Force, commUDication de M. le marquis de
La Grange.
2 juin.
A M. Mole, procureur
Pendant l'absence de M. Beauregard-Champroud , on lui dis-
De Ruel.
général en la cour du
pute certains droits. «Luy donner les plus favorables con-
parlement à Paris.
clusions, en considération du service actuel qu'il rend à
S. M. en ses armées et de l'affection que je luy porte de
longue main.»
Orig. — BibL imp. CfnqCents Colbert , t. VI, fol. a68.—
Imprimée. — A/cm. de SIoU . Il , p. 4o3.
U juin.
Au mareschal de Schow
Desseins des Espagnols sur le Languedoc. Prendre garde de
De Ruci.
berg.
ne pas se laisser surprendre.
Imprimée. — Autery, III , p. 616. — Recueil do 1695, p. i56.
7 juin-
Lettre du roi a Madame
Envoi du s' Duplessis-Praslin pour servir en llahe. — La du-»
Sain t-Germain-
de Savoie.
chesse eût dû renouveler plus tôt ses traités avec la France.
en-Lay.
Minute. ~ Bibl. imp. Béthnoe, 9337, fol. 5o.
' Le» passages i
crits par le cardina] sont enf
erroés entre crocbets.
NON LMPRIMEES DANS LE TOME VI.
191
DATES
et
UECX DE DATES,
SUSCRIPTIOS
DES LBTTBES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1638-
8 jain.
De Ruel.
1 • juin.
i3 juin.
De Rue».
[Vers
le 1 5 juin '. ]
I7JU
3 3 juin.
De RucJ.
A M. le marcscbai de
La Force, lieutenant
général.
Au mareschal de Chas
tUlon.
A M. de Beilièvrc, ani'
bassadeur on Angle-
terre.
A Madame de Che-
vreuse.
Au mareschal do Chas-
tillon.
A M. Gueffier.
Ne perdre pas un moment pour aller joindre l'armée du ma-
reschal de CliastiUon '.
Orig. — Arch. de M. le duc de La Force,
de M. le marquis de La Grange.
- Communication
... Je ne peux m'imaginer c immcnt vous avés laissé un canal
ouvert , par où l'ennemi a fait entrer un secours dans Saint-
Omer. .. J'ay esté bien aise pourtant de voir (jue dans ces
mauvais accidents vous ayés résolu de continuer vostre
siège. . . 11 y va de vostre réputation et du service du roy. . .
quand S'-Oraer seroil un Oï.lcnde, le roy est résolu de
l'emporter. ., vous serés secondé autant que vous le nourrés
estre d'une personne qui vous aime et vous honore parti-
culièrement. , .
Copies. — Bibl. imp. Béttinne, gaSg , fol. 107 v". — Cinq-
Cents Colbert, 118, fol. 78. — Imprimée. — Aubery,
Mèm. t. III , p. 6i4 et Recueil de 1695 , p. i 68 , el en partie
dan» l'Histoire de Louis XIII, par le P. Griffet, t. III,
p. 136.
Favoriser cl protéger Mons' Erskin , s'en allant en Kcosse
lever un régiment ])Our le service du roy.
Orig. — B.bl. imp. Saint^erraain-Harlay, 36i", fol laS.
Richelieu ne veut pas répondre a ses lettres de peur de luy
déplaire.
Copte». — BiW. imp. Cinq-Cents Colbert, i6, foL 6 v". —
.Saint-Germain-lI:irlay, 3^6) t. II, fol. 8. — Imprimée. —
Hitt.de Uait Mil. du P.GrlOel, III , 173, et dans M"* de
Cbe«reu80, par M. Cousin, p. 3o3.
Compliments.
Orner.
Presser le plus possible le siège de Saint-
C'>pies, — Bibl. imp, Bélhune, 9359, fol. 1 14 v*. — Cinq-
Cent» Colbert, 118, fol. 84- — Imprimée. — Auliery, III ,
653. — Hccueil de iGgô, p. )6o.
Remercîments pour la relation des affaires de Rome, qu'il a
envoyée à Richelieu sur sa deuiande '.
Copie. — Bibl. imp. Cinq-Cents Colbert , 356, fol. 796 v°.
' Le roi et .M. de Nojcr» érrivircîit le même joui :.u maréchal de La Force. I^a lellrt du roi est imprime'e dan» les
mémoires do ce mjrrchal , III, p. j145.
' La date manque à celte lettre, elle a été écrite vers la mi-juin. Digby, que la reine d'Angleterre avait envoyé en
Francf , écrivit à Monlagu le 18 : • Boispil>^ et du Dorât vont voua visiter dans deux ou trois jours , mais gardez-vous
do les croire. ■ {Arch. dfs Aff. élr. Angleterre, t. XLVIl , fol. i38.) Tous deux étaient envoyé* par le carcliiKil.
— De retour en Angleterre, M°" de Chcvreuse faisait mine de vouloir se rapprocher du cardinal. Notre manuscrit
nous Jonnp une lettre do Chavigni éc-ite à l'ambassadeur Belliévre, le i4 mai : ■ Ndus attendons avec impaticucc, dit
Chavigni , ^c» aouveiles de ce qui se sera passé entre M"'* de Clicvreuse el vous, cl ai vous jugerez que sou intciiliou
aoit de rendre quelque bon «errice au lieu où elle est, pour se rcmeltre bien avec la ("rjuce. ■ [i'VI. 1.7.) Nous
trouvon> dans ce mrme manuscrit des lettres qce , dans le même temps. M"" Je Chevron se écrivait à diverses per-
sonres pour qu'on lui envoy&t • ses lianle», la vaisselle quVIIit avait h. Tours, de l'argent, etc. 1 Les préparatifs d'éta-
blissemrnt s'accordaient peu avec les paroles de la dame, hichelieu ne pouvait pas se laisser prendre à cette nouvelle
intrigue si mal déguisée. Il y a là des renseignements qui auraient pu profiter à M. Cobsio, dans ion exposé de U cou-
daile de M"** de Chevreuse à cette époque. [P. 76 et suiv.)
' Voy. rî-ilfstas, 10 avril, p. 186.
192
SOMMAIRES DES LETTRES
LIEUX DE DjITES.
SUSCniPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SODRCES.
26 Juin.
3o juin.
Iden
Au marcsclial de Chas-
tillon.
A la reyne d'Angk'lcrrc,
Pour M. de Chavigny,
secrétaire d'estat , aux
Caves.
1638.
) juin. A M. Bouthillier. «M. Boutliiilicr ne manriuera pas, s'il Iiiy plaibl, aussv lost
De Uuel. qu'il aura receu ce bilicL, daller Irouver M"'" do llohan,
de la pari du roy, pour luy parler du mariage de M"' sa
(ille , avec M. de Nemours, et luy faire cognoistre que
Sa Majesté sera bien aise qu'elle y veuille entendre et qu'elle
a promis à M. de Nemours de l'y favoriser '.»
Original sans sigaature , Je la main de Clierrc. — Arch. de»
AfF. etr. France , de janvier en juillet , foi. 369.
«Je vouscmjure ,au nom de Dieu , de redoubler vos diligences
pour Iiaster l'exécution de vostre entreprise. Souvenés-vous
que rien n'est si cher que le temps aux grandes affaires.»
Copies. — Bibl. imp. Bclhunc , 9'' 69 , fuL >36. — Cinq-Ccnls
Colbert, 118, foi. 100 %". — Imprimco. — Aubnry, III,
G79. — Recueil de 1696, i6/|.
Richelieu répond à une recommandation 'le la reine: «Je m'as-
scure que Vostre Majesté ne me croit pas sy incivil que de
manquer à servir les dames lorsque je le j)onrray iaire
dans le service du roy. . . »
Minute de la main de Cborré. — Arclilvcs des Aff. étr. An-
gleterre, t. XLVII, fol. i4o.
« Ayant appris que vous vous estes trouvé ruai de nouveau , je
suis en peine de vos nouvelles, et en envoie sçavoir, vous
conjurant d'avoir soin de vous sans vous précipitera revenir
que vous ne soyez tout à fait guéry. — Toutes choses sont
icy à Taccoustumée , r^races à Dieu. »—...« M. le Prince est
entré depuis trois jours dans l'Espagne, et ce (pii est de
meilleur est que M. le cardinal de La Valette a jeté deux
mil hommes dans Vcrceil...» — «Mil recommandations à
M"" Bouthillier et une paire a son petit peuple.»
Original sans signature«de la m^iu d(^Chcrré. — Aich. des
Aff, étr. France, de janvier à juillet, fol. 376.
J'espère que le mal de vostre fils ne sera rien. — «Quant à
l'affaire dont vous m'escriviés que M. de Villesavin " me
viendroit parler s'il n'avoit la fièvre tierce . je ne désire pas ,
s'il vous jjlaist, que nous en facions un procès qui soit sujet
à prorluclions,sa!vations etconircdîcts... \ ous avés fort bien
fait de li'en jiarler point à vostre belle fille et de n'en escrire
iîoint à son mary, l'cslat auquel ils sont ne permet pa5; qu'on
eur rompe !a leste d'aucunes affaires , beaucoup moins de
celles qui leur peuvent desplaire. — Vous n'avez pas sujet
de vous nu tire en peine do ce que je vous ay dict , parce
que cela n'itère en aucune façon l'affection que je porte a
mes amis , et que rien ne me peut empescber de rocognoistre
les bonnes qualitez qui sont en vous, et d'aimer non seule-
ment vostre personne, mais tout ce qui vous touche...»
Original sans signature, de la main de Charpentier. — Arch.
des Aff. élr. Friinte, de janvier à juillet, fol. 275.
' Marguerite de Rohan n'accepta pas le mari que le roi lui offrait; die avait alors vingt et uu ai<s et se maria sept
ans plus tard , contre la volonté de sa mère , à Honri comte de. Chabot. Marguerite était la seule survivante de neuf en-
fants (l'arrêt du Parirment ne permet pas de compter Tancrcdc} , et elle porta clans la famille des Cliabot U fortune
immense des Rohnn et leur illustre nom , qu'elle imposa à son mari.
^ C'était lelieaii-pèio doChavigni; y avait-il en ce moment quelque difficulté d'intérêts entre Richelieu et cette famille,
pour laquelle il est toujours si affectueux?
3o juin.
De Ruel.
Pour M. Bouthillier,
surintendant des fi-
nances.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
193
DATES
LIBUX DE DATES.
SLSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOCRCES.
1638.
•' juillet.
] o juillet.
1 1 juillet.
Do Ruol.
1 2 juillet.
De Ruel.
Idem.
Idem.
1 3 juillet.
1 5 juillet.
A M. le Prince.
Au cardinal de La Va-
lette.
Pour M. Bouthillier,
surintendant des fi-
nances.
A M. BoutbiUier.
Au duc de Weymar,
Le roi satisfera au désir (jue témoigne M. le Prince, au sujet
de la vacance de l'archevêché de Bourges.
Minute de la main de Cberré. — Ârcli. des Afi". étr. de janvier
à juillet, fol. 287.
Bonne espérance du succès de Verceil ' ,
Orijç. — Arch. des AiF. etr. Tarin , t. XXVL — Copie. —
Bibl. imp. Saint-Germaîn-Harlay, Sà'j, fol. 476. — Fonds
Dupuy, 767, cahier Kk,
LMntention du roi est que M. Bordîer ne soit plus intendant
de la reine , à cause des désordres des affaires de Sa Ma-
jesté. — Bonnes nouvelles de M. de La Force ^. Espérance
d'eu avoir de pareilles du maréchal de Chastillon.
Original » saus signature , de la main de Chcrrc. — Arcb. des
\S. etr. France, de janvier à juillet, fol. 3oo.
Sur le présent à faire au gentilhomme venu pour le compli-
ment du roi et de la reiue d'Angleterre, à l'occasion de la
grossesse de la reine de France.
Original, sans signature, de la main de Cherré. — Arch. des
Âff. étr. France, de janvier à juillet, fol. 3o3.
On lui envoie Turennc pour le fortifier. On a pourvu à ses
payements.
Copie. — Bibl. inap. Fonds Béthunc, 9379, fol. 35.
A M. le mareschal de; Diverses dispositions concernant l'armée qu'il commande en
Schomberg. Languedoc.
Minute de la main de Cherré. — Arch. des AIT. étr. France,
de janvier à juillet, fol. 3oi '. — Imprimée. — Auhery,
]I1, 70Ô. — Recueil de 1695 , p. ]64>
A M. Le Grand Prieur .
A M. le Prince «.
« Bien fasché du mal de M. de Villemontée*; il seroit à désirer
qu'il eust esté tacitus ; mais puisque l'affaire est publiée , ses
amis auroient grand tort s'ils n'aprouvoient ce qu'il a fait. »
— ... Ne pas laisser sans troupes les îles de lié et d'Olé-
ron. — oj'av t.int de despenses à faire pour des œuvres
publics [sic] auxquels je suis engagé, qu'il m'est impos-
sible de me lier pour l'bostel dont vous m'escrivés.» , . .
Minute de la main de Chcrrc. — Arch. des Aff. étr. France ,
de janvier à juillet, fol. 3o3.
«Je me promets que vos bons succès nous aideront à réparer
les mauvais (jui nous sont arri\és ailleurs.» — Levée du
siège de Saint-Omer. — «La lenteur de M. de Chastillon
est la première origine de nostre mal. . . »
Minute de la main de de Noyers. — Arch. de l'Empire, K,
i34- — Guycone, i" partie, pièce 4:.
' Voy. t. VI, p. 56, 57, 65.
' Voy. les Mémoirtê de La Force. III , ao3 ; et le Mêreartfrançoii , t. XXII , 198. Le président Hdnault , n'ayoot fait
attention qu'à un des incidents de l'an'aire, a changé en défaite le succès dont s'applaudit ici Richelieu,
' Ily a quelque différence entre la minute et la piicc imprimée, celle-ci ayant sans doute été prise sur l'original.
* Lo commandeur de La Porte, oncle du cardinal. Il commandait dans Brouage, dont Richelieu était gouverneur.
^ Maître des requêtes; il avait été l'un des commissaires au jugement du maréchal de Marillac.
• Voy. t. VI, p. 55 et 67.
CARDIN. DE UICHELIED. — VU.
35
194
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DE DATES.
Ï038.
[ Vers le milieu
(le l'aniK^e ?! '
19 juillet.
1 g juillet.
De Royaumont.
a o juillet.
De Clermont.
22 juillet.
Ida
a.S juillet.
D'Amiens.
2/1 juillet.
D'Amiens.
SUSCRIPTION'
DES LETTRES.
A Madame la duclicsse
de Savoie.
Au maresclial de Clias-
tillon.
Au mareschal de La
Force.
Au mareschal de Scliom-
berg.
Ail mareschal dn Chas-
tillon.
A M. le duc do La Force,
A M. Bouthillirr. ]
A M8' le duc d'Orléans,
frère unique du roy.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUnCES.
Richelieu l'engage à ne plus se laisser tromper par les Es-
pagnols.
Iniprîméo, — Aubcry, V, ^09. — Recueil do 1696, t. I,
p. 338.
«iiicn que le mauvais événement du siège de Saint-Omer
apporte un très-grand préjudice aux aflaires du roy.» il ne
faut pas perdre courage '. . .
Copies. — Bibl. imp. Bel!. une, gaSg, fol. i6i. — Citq-Ccnls
Colbcrt, 1 18, fol. 120. — Imprimée. — Auberj, IIÏ , 71a.
Recueil de lOgS, p. 166.
Félicitations sur le combat de Zouafques.
Imprimée. — A/cm. da maréchal de La Force, t. III , p. 45i .
Qu'il se prépare à s'opposer à une irruption des Espagnols
en Languedoc. Dans celte longue lettre sont expliqués les
mouvements de troupes elles mesures prises pour les vivres.
Uichelieu annonce au maréchal que de Noyers lui envoie
en outre des instructions détaillées, et il justifie l'évéque
de Nismes dont se plaint Schomberg fpa'il prie de vivre en
bonne intelligence avec cet évéque.
Imprimée. — ■ Aubery, III, 719. — Recueil de 1696, p. 167.
«M. de Saligny s'en retourne bien inlormé des volontés du
roy... L'affaire que vous allés entreprendre consiste en
secret et diligence '. »
Copies. — Bibl. imp. Bétbune, 9269, fol. 169 v*. — Cinq-
Cents Colbert, 118, fol. 124 >>''• — Imprimée. — Aubery, 111,
•jii. — Recueil de 1690, p. 169.
Même sujet et presque mêmes termes que la lettre au maré-
chal de Chastillon.
Orig. — Commuoicalîon de -M. le manjuis de I-a Grange. —
Arcli. du duc de La Force.
Richelieu le remercie du soin qu'il donne aux affaires de son
neveu le général des galères. (V. t. VI, 68.) — «J'cscris
à M. le chancelier au sujet de l'arrcst que M. Lanier a fait
donner au grand conseil contre mon neveu ; je vous l'en-
voie ouvert, afin que vous faciès agir MM. de la Galisson-
nière et de Saint-Denis, et que vousenparliésvous-mesme. s
Original sans signalure de la main de Cherrc. — Arcb. des
AIT. ctr. France, de janvier en juillet, foL io6.
Remercimeots d'une lettre où le duc lui promettait son ami-
tié. Grandes protestations de la passion du cardinal pour
les intérêts de S. A.
Orig. — Bibl. imp. Baluie, pap.
n* 1, fol. 90.
Ictt,
paq.
' Date probable, le comte Camerano , qui fut porteur do celte lettre, était vonii à Tari» pour complimenter, tlv la
part des princes de Savoie , sur la grossesse de la reine , annoncée aux cours étrangères en mai ; le retour du comte Ca-
merano à Tuim dut avoir Heu on juillet. (Ms. de la bibliolbèquc de Sorbonnc. M. S. h. i , 26 , fol, -jg. )
^ Malgré ce langage indulgent , Ricbelieu fit bientôt renvoyer le maréchal dans sa maison. ( Voy. t. VI , p. i3i et
iSa , la lettre du 3i août, où le cardinal exprime encore son déplaisir avec une grande vivacité. Le siège avait été
levé le 16 juillet. )
^ Il s'agissait d'une jonction de troupes. Vov. t. VI , p. 7a.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
195
DATES
-
f t
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIEOX DE DATES.
DES LETTRES.
ET S0CBCE8.
1638.
[Vers
A M. de Bullion.
«Le roy ayant accordé 5o,ooo livres d'augmentation à la reyne
le 25 juillet '.]
pour l'entretcnemout de sa maison» je prie par ce billet
M. de Builion... de faire jouir Sa Majesté delà grâce cpi'il
a pieu au roy lui faire. L estai auquel elle est donne tant
de lieu de luy faire recevoir ce contentement, du tout
nécessaire à la subsistance de sa maison , que je ne doute
point que M. de Bullion ne s'y porte volontiers.»
Imprlraw. — Aubcry, Mêm. V, p. 497. — Recueil de 1696 ,
II , 95.
3o juillet.
Au mareschai de Chas-
User de diligence pour réparer le malheur qu'il a eu jusques
tillon.
icy.M. de Noyers lui a fait connaître les volontés du roi.
Copies. — Bibl. iiiip, BéthuDe, 9269, fol. i84 v". — Cinq-
Cents Colbert, 118, fol. i36. — tmprimée. — Aubcry, III ,
740. — Recueil Je 1695, p. 170.
Idem.
.\ M. le duc de La
Encouragement pour l'exécution des ordres du roi que lui
transmet de Noyers, môme affairt; que celle dont il s'agit
Force , pair et mares-
chai de France, lieu-
dans la lettre précédente au maréclial de CbâtiUon.
tenant g<?nc'ral de
l'armée du roy.
Orig. — Arch. du duc de La Force. Communication de M. le
marquis de La Grange,
3 août.
A M. de L'Orl-Sëri-
Félicitations de sa conduite lors de l'attaque du pont du Pas-
gnan.
sage. Le gré (jue le roi lui en sçait «et la joye que j'ay en
mon particulier de la réputation que vous avés acquise en
ces occasions. . . Vous avés desjà tesmoigné , en tant
d*autres, ce tpie vous valés, que vos amis natteudoient
pas moins...» Richelieu fera valoir comme il faut ses ser-
vices auprès du roi.
Imprimée. — Cabinet historique, mors 1857, p. 71. La
source o'cst pas indiquée.
3 août.
A M. l'archcvesquc de
Félicitation de ce qu'il est arrivé pour fortiGcr M. le Prince.
Abbovillo.
Bordeaux, lieutenant
Le but est de prendre Saint-Sébastien après Fonlarabie '.
généra] de Tarmée
Orig. BibL imp. Suite de Dupny, t. XVI, fol. 826. — Mi-
navale du roy.
naic, — Arch. de l'Empire , K, i34. — Guyenne, T' pari.
83, pièce 81. — Imprimée. — Correspondance de Soardis ,
in-4MI,38.
Idem.
A M. le maresclial de
«Le roi désire que le siège de Renty soit m<né chaudement,
Chasiillon.
et je vous conjure en mon particulier de n'y perdre un
moment de temps.» . . .
Minute de la main de Citoys. — Arch. des AIT, ctr. France,
a'>ût à décembre, fol. 6. — Copies. — lîibl. imp. Béthane,
9369, foL i85 v". — Cinq-Cent» Colbert. 1 18, fol. 137 v**.
Imprimée. — Aubery, III, 74t. — Recueil de 1695, p. 170.
i août.
A M" du Hallier et
M. l'évêque d'Auxerre leur dira que Sa Majesté désire qu'on
d'Arpajon.
mène chaudement le siège de Renly,
Minute de la main de Citoys. — Arch. des Aff. clr. France,
d'août à décembre, fol. 6,
' L» lotire l'rap
rîmée oVst point datée ; ello
dû être écrite vers le 35 juillet, date d'une missive adressée à M"" de
Lansac, au morne
t où , en TOC du prochain a
ccouchcmcQt de la reioe, on s'occupait d'augmenter sa maison. (Voy.
l.VI,p.,3.)
' Lcltre à M, 1
E Prince, 1. VI, p. 8i.
25.
196
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
, et
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1038.
3 août.
Abbevilïc.
3 août.
Idei
Idem .
Idem.
5 aoûU
'i août.
AbbeviHe.
1 5 août
i6 août,
AbbcviH".
Pour M. Bouthillier,
surintendant des fi-
nances.
A M. de La Force.
A M. (le Monligny.
A M. de Saint-Gi
eorges
A M. de Longueviïie
A M. le procureur gé-
néral.
A M. le duc de La
Force , pair et ma
reschal de France.
Au cardinal de La Va
lettn.
Instruction au s' de
Sainl-Pé.
Pour M. Bouthillier,
surintendant des fi-
nances.
' Voy. l. VI, p. 73 et bu.
- Voy. ci-après, p. 197, une leiUe au même.
3 Voy. t. VI, p. 86.
"Je suis bien aise que Madame de Lanssac ait été bien receue
par la reine '.»
Original saos sigDalure. — Arcli. des Aff. étrangères , France,
d'août en décembre, fol. 5.
«Sa Majesté trouve bon que M.l'ëvéquc d'Auxcnc vienne icy
pendant le siège de Uenty.»
Minute de la raaîn de Ciloys. — Arch. tics Aff. étr. de janvier
à juillet, fol. 6.
Favoriser en tout ce qu'il pourra la levée de cent hommes
dans l'étendue du gouvernement de Dieppe.
Minute de la main de Citoys. — Arcli. des Aff. c'tr. France,
d'août CD décembre, foL 7.
Qu'il laisse lever cent hommes au Pont de l'arche.
Minute de la main de Citoys — Arch. des Aff. étr. France,
d'août en décembre, fol. 7,
«Je le conjure de mener le siège qu'il veut entreprendre chau-
dement, pour réparer le malheur de Saint-Omcr^.»
Minute de la main de Citoys. Arcb. des Aff. étr. France,
d'août en décembre, fol. 7.
Richelieu désire l'accommodement d'une affaire , suite d'in-
sulte faite publiquement au fils de M. de Nouveau , par le
fils du procureur général^.
Minute de la main de Chcrrc. — Arcli. des Aff. élr. France,
d'août en décembre, fol. 8-
Venir après le siège de Renty pour conférer avec Sa Majesté
sur la campagne prochaine.
Orig. — Arcb. du duc de La Force, communication de M. le
marquis de La Grange.
Lettre d'amitié. Fabert qui s'en retourne lui dira l'état des
affaires , et les secrétaires d'état lui font des dépêches.
Copie. — Bibl. imp. Saint-Germain-Harlay, 347, fol. iyS v°.
Le s' de Saint-Pé ira à Lisbonne, et si les Portugais veulent
se révolter, il conviendra avec eux de ce que la France
aura à faire.
Imprimée. — Aubery IIl , p. 759. — Le Vissor, t. IX, iaô.
Lo roy s'en va pour estre aux couches de la reyne. — J'cscris
à Madame vostre femme pour la remercier du soin qu'elle
a pris d'amener mes petites nio|îces. — Je vous prie vous
ressouvenir, M. le cliancelier et vous , de la dis|M)sition testa-
mentaire que vous sçavés.
Original sans signature. — Arch, des Aff. étr. France, d'août
en décembre, fol. 47.
NON IMPRIMÉES DANS LE TOME VI.
197
DATES
et
StîSCRIPTJON
ANALYSES DES LETTRES
LIEOX OS DATBS.
DES LETTRES.
ET SOURCES.
1638.
Classée
entre le 1 6 et le
) 7 août.
A M. le duc de Longue-
ville.
Comme il n'a pas assez de troupes pour exécuter son dessein
sur Gray, le roy désire qu'il aille en Lorraine prendre
Remiremont et autres petites places. — Laisser en Bour-
gnoigne le s*^ de La Motte , avec un corps de troupes auquel
M. le duc d'Anguien joindra les milices.
MÎDUte de h main de Cherré. — Dépôt de la guerre,
t. XLVIII, pièce 3751.
Idem.
A M. le duc d'Anguin.
Avoir l'œil tant en Bourgogne qu'en Bresse , pour que les
ennemis n'entreprennent rien. Assembler les milices s'il en
a besoin,
Miiiate.écrîte sur le même feuillet que la letlrc au duc de Lon-
gueville.
Idem.
A M. de La Motte-Hou-
dancourt.
Envoyer vers M. d'Anguiu pour lui donner avis de l'ordre
que M. de Longucville lui laisse.
MinDte écrite sur In même feuillet que les deux pièces précé-
dentes.
17 août.
A M. de Bellefonds.
Aller à Rocroy pour jeter son infanterie dans les places iron-
tières; tenir ta campagne avec trois régiments de cavalerie.
Joindre ses troujws à celles du s' de Saint-Pol, maréchal
de camp. Ils commanderont tour à tour. Si le s' de Vau-
becjurl amène les milices qu'il assemble, ils commande-
ront tous trois ^.
Minute de la main de Cherré. — Défôt de la guerre,
l. XLVni, pièce 375 &«.
18 août.
A Piccfiiignv.
.A M. rarchevesque de
Bordeaux.
Aucune raison ne peut empêcher d'attaquer Fonlarabie '. Il
faut ensuite prendre Saint-Sébastien.
Minute de la main de Ctierrc. — Aich. de l'Empire * K , i3/i,
p. 4i , pièce ia6*. — Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy.
1. XVI, fol. 83o, — Imprimée. — Correspondance de Soar-
dii. in-i% (. 11, 46.
2 1 août.
D'Amiens.
A M" les marcschaux
de La Force et de
rhaslillon.
Bataille gagnée par le duc de Weymar sur Gœtz et Savelly,
M.' de La Motte-Houdaucourt a cbassé de Polignî les en-
nemis. — Blâme du retard qu'on a mis à partir de Renty.
— Les ennemis savent tout ce que font les deux maréchaux.
Orig. — Arcli. du duc de La Force. Communication de M. le
marquis de La Grange. — Copie*. — BiLl. imp. Béthune,
9369, fol. aïo v". — Cinq-Cents Colberi , 118, fol. i55 v".
— Imprimée. — Aubery, III, 773. — Rocueil de 1696,
p. 171.
i2 août.
D'Amiens.
A M. de Cbavigny.
« Vous verres le cours des nouvelles belliques par ce que j'escris
au roy.» — Richelieu veut envoyer M. de Nantes en
Guyenne , pour faire fortifier Fonlarabie s'il est pris. Faites
que M. de Bullion luy donne, sans délay, namerata pecu-
' Ce oiéoioîro f
du roi conçap à pe
= Voy. t. VMe
> Voy. l. VI.p
it covoyé à M. Je Noyer», (
u près «Ions les mêmes terin<>g
lire au roi , p. 91 .
87. à M. U- Prince.
l un des commis de ce secrétaire d'Etat de la guerre en a fait une lettre
. (Piècr 7-j^ his du même manuscrit du dépôt de la guerre.)
198
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
SCSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIEUX DE DATES.
DES lETTBES.
ET SOCnCES.
1638.
-
nia, mil escus pour son voyage; «s'il en fait difTiculté , je
vous prie les emprunter, je vous les feray rendre.» — ...
Expédient pour contenter Messieurs d'Abbcvîile et asseurer
leurs fortilications ' avec le contcnlement de Barbier.
Original sans signature, de la inain de Clterré. — Arch, des
Aff. élr. France, d'août en décembre, foi, 77.
2 3 août.
D'Amiens.
A M. l'archevcsquo de
Bordeaux.
Diverses considérations sur la campagne d'Espagne =.
Original sans signature , de la main de Cbcrré et de celle du
cardinal. — Bibl. imp. Suite de Dupuj, t. XVI, p. 833. —
Imprimée. — Correspondance de Soardis, in*^", II, 5o.
2/1 août.
[Chauliios.]
Au baron d'Ambres.
aLc roy n'a pas plustost sceu la mort de M. de Cacbac qu'il
ne se soit souvenu de la promesse qu'il vous a faite du
gouvernement de Carcassonne. Parla vous cognoistrés fad
vantagc qu'il y a d'exposer sa vie pour un prince si plein
de bonté... '»
Imprimée, — Mcmoirei de l'Acadiimie de Toulouse. 3*^ série,
t. III, p. loi.
26 août.
Au duc de Weymar.
Compliments sur sa nouvelle victoire. On fera tout ce qui se
peut faire pour le fortifier de troupes. Les ordres sont
donnés pour h- payement du troisième quartier *.
Copie. — Bibl. imp. Bélbanc, 9279 , fol. 4o.
29 août.
De Kucl.
A M. de Bordeaux.
Aflfaires de la marine — . . .«Je vous prie de vous en venir
icy, afin que nous résolvions tout ce qu'il faudra faire
l'année qui vient et pourvoyons aux moyens de l'exé-
cuter ...»
Aliouto de la main de Cherré. — Arcb. de l'Empire, K , i34 ,
Guyenne, T* partie, fol. gg. — Orîg. Bibl. imp. Suite de
Dupiiy, t. XVI , fol. 868. — Imp. Corrcspohdance de Soardis ,
in-r, 11,86.
29 août.
De P(îronnc.
Aux mareschauK de La
Force et de ChâtU-
Ion.
Richelieu renvoie de farmée et à sa charge le marquis de
Brezc, rétabli d'une maladie. Il recommande aux maré-
chaux de finir la campagne plus heureusement qu'elle n'a
commencé,
Orig. — Arch. du duc de La Force. Commanïcation de M. le
marquis de La Grange.
3o août.
De Péronne.
A M. de Cbavigny, se-
crétaire d'estat.
«Vous présenterés ce courrier au roy, qui luv porte une bonne
nouvelle de l'armée navale qu'il vous dira'.w
Original sans signature, de la main de Cberrc. — Arcb. des
Aff. étr. France, d'août en décembre, fol. i3i.
' Voy. t. VI , p
' Voy. l.VI.p
^ Voy. p, lia (i
V" vol. On a mis G
" Voy. t. VI,p
' La bataille de
99-
87.
a V* vol. et une lettre da i<
tiâinbord à la date; il faut C
ii5.
Gattari. Voyez t. VI, p. ia5
) octobre 1637, p. 1060 du tome V*. Voy. aussi p. 163, note a* de ce
liaalnes , où le cardinal est allé en quittant Amiens le 3^ août.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
199
DATES
et
UEOX DE DATES.
SUSCRII'TION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1038.
5o août.
De Péronne.
3 1 août.
. août.
août.]
" Mfptembre.
De HaDi.
Idem.
A M. de Cbavigny, con
soi lier du roy en ses
conseils d'estat et
privé, et secrétaire
de ses commande-
mens , à Paris.
Aux mareschaux de La
Force et de Chasti!-
Ion.
A M. de Chavigny.
A la princesse d'Orange.
A M. l'arcbevesque de
Bordeaux , lieatenanl
général de l'armée
navale du roy.
[A M. de Cbarigni.J
«Ce gentilhomme qui vient de la part du roy de Pouîoigne
a débiré que je luy donnasse ce billet pour vous tcsmoigner
qu'il a passé par icy, ce que je fais. H vous dira le sujet
de son envoy . . . ' »
Orig. — Arch. des Aff. élr. tl'août en décembrCj fol. l3o.
Ricbelieu leur annonce la victoire navale de Gattary. Le roi
défend de laisser plus aller aux fourrages, les ennemis
ayant pris quantité de cbevaux des fourrageurs.
Copies. — Bibl. imp. Béthone , 9269, fol. ai S. — Cinq-Cents
Colbert, 118, fol. 159. — Imprimôe. — Aubery, III, 779.
— Recuril de 1696, p. 17a.
«\'ous avertirés le roy qu'il n'a jamais été possible de faire
partir M'* de La Force et de Chastilloir^ de Ranty qu'au-
jourd'buy qui est samedi. On apprend tous les jours de
nouvelles qualités de M. d'Arpajon , qui le font juger digne
de se reposer doresnavant ... ^ Je voudrois de bon cœur
qu'il fust hors du lieu où il est. Cette année nous fera
sages, s'il plaist à Dieu. — Nous faisons partir l'évesque de
Nantes avec un ingénieur pour munir Fonlarabie. — Vous
nous renverrés à Péroune l'ingénieur Le Muet, à présent
résidant aux Caves.»
Origtual aans aignalure, delà tnain de Cherré. — .\rch. des
AfT. ^tr. France , d'août en décembre, fol. i53.
Richelieu envoie à la princesse d'Orange un présent de la
part du roi *. . . «Les ennemis communs de ce royaume et
des provinces unies ne pouvant nous faire mal que par les
oreilles. Sa Majesté l'a choisy expressément pour vous tes-
moigner qu'elle n'escoutera jamais aucune chose qui puisse
eslre au préjudice du bien commun ; elle est assurée que
le prince et fa princesse feront le mcsme. . . »
Imprimée. — Aubery, V, 43i. — Recueil de 1696, II. 11.
Dépêche touchant la prise future de Fontarabîe. {Trois pages
de la main de Richelieu. )
Minute écrite aox trois quarts de la main do cardinal. —
Orig. — Bibl. imp. Suite do Dupuy, t. XVI, foi. 836. —
Imprimée. — Conetpondance de Soardtt , in-j**, II , 5a.
«M. de Longueval ap|K)rte, de la part de M. du Hallier, la
nouvelle d'un petit échec rcccu au Castelet. . . Il dit que
Folleville, aide-de-carap , Saint-Paul, des gardes, Moro-
court et Bclon , du régiment de Rambures et cinq ou six
autres officiers ont esté olessez; et sept ou huit soldats tuez '.
Voilà ce que j'ai pu tirer de luy avec bien de la peine. —
Il rapporte aussy qu»; les ennemis sont logés entre Cam-
bray et Crévecœur, si cela est, on peult aller les attaquer.»
Original , sans signature, de la main do de Noytrs. — Arch.
des Aff. élr. France, d'août en décembre, fol. i54-
' Il t'agiisait de la détention du prince Casimir. (Vov. nne lettre du 3o août, t. VI, p.
» Voj. t. VI, p. i3i.
' Vo^. l. VI, p. i56.
* C'étaient des petidanls d'oreille en Ji.imai)t.
' Nouvelle rectifiée. [Voy. t. Vï , p. )3i.)
200
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DE DATES
1638.
2 septembre.
De S'-Quentin.
3 septembre.
Idem.
Ix septembre.
6 septembre.
SUSCRIPTION
DES- LETTRES.
A M" ies marescbaux
de La Force et de
Chastillon.
Idem.
Aux marcschaux de La
Force et de -Chastil-
lon.
A M, ic président Cor-
nuel ^.
Au roy ^
ANALYSES DES LETTRES
ET SODRCES.
«Je vous prie de m'envoyer, demain soir, 3oo mousquetaires
à cheval pour un petit voyage que je veux faire faire.. .»
{ Richelieu désigne les compagnies.) — Avcrtirde la marche
des ennemis. — «La monstre arrive après demain icy, ce
qui ne resjouira pas peu l'armée.» Avoir soin qu'on ne
manque pas de fourrages.
Orig. — Arch. du duc de La Force. Coiumonication do M. le
marquis de La Grange.
Ce billet n'est qtie pour vous prier de ne pas envoyer les
3oo mousquetaires; je n'en ay pas alTaire maintenant.
— «L'argent que vous demandés pour les travaux part
présentement »
Original de ia main de de Noyers. — Arch. du duc de La
Force. Communication de M. te marquis de La Grange.
«Ces trois mots ne sont que pour vous prier de faire tirer
demain au soir force canonnades pour apprendre aux
eimcmis la victoire de M. de Bordeaux, par la mesme
voye par laquelle ils nous ont voulu faire savoir qu'ils ont
eu cpielque avantage sur les Hollandois en tirant force
canon à Cambray'.n — Vous loger si seurement qu'on ne
puisse rien entreprendre sur aucun de vos quartiers. —
M. de Noyers vous envoie l'argent pour les travaux à faire
à Crévecœur.
Copies. — Bibl. imp. Bélhune, gaÔg, fol. 17. — Ciuq-Ceiils
Colbert , 118, fol. 160. — Imprimée. — Aubery III , 780.
— Recueil de 1696 , p. 173.
Témoignag;e d'entière satisfaction à Mons' le P. C. du soin
qu'il apporte à l'acquittement des assignations données
pour les fortifications; «je le conjure de continuer à faire
en sorte que le reste soit promptement pavé.»
Minute de la main de Cherré. — Bibl. imp. Supp!. franc.
203651' «•t- fol. 5i v^
« Sire , la naissance de M. le Dauphin * me ravit. J'espère que ,
comme il est Théodore , quant au don que Dieu vous en a
faict , il le sera à raison des grandes qualités qxi'onl eues
les empereurs qui ont porté ce nom. J'en prie Dieu de tout
mon cœur et qu'il comble Vostre Majesté d'autant de béné-
dictions que luy en souhaitte celuy qui sera a jamais. . . *»
IMinule de la main de Richelieu. — Arcb. des Aff. élr. France,
d'août eu décembre, fol. 197. — Imprimée. — Histoire de
Louis XllI du P. Griffol, III, i44.
' Voy. t. VI, p. làï
^ Le manuscrit ne donne point de suscription, mais le nom qu'on lit dans la lettre aux surintendants du à sep-
tembre (ci-après au supplément) explique les initiales de celle-ci.
^ Voy. l. VI, p. i48, note 3.
'' Le cardinal avait mis Dauphin; il a efl"acé la fin du mot pour écrire Daufîo.
" A la fin de la minute, Richelieu a écrit cette ligne, qui ne semble pas avoir pris place dans la lettre, et
qu'on ne trouve pas dans la pièce imprimée : u Je ne saurois exprimer ma Joye. » C'est la pensée qui commence la lettre
à la reine.
NOûi IMPRIMÉES DANS LE TOME VI.
201
DATES
cl
LIECl I>E DATES.
SLSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1038.
6 septembre '.]
A la I
6 septembre.
De S'-Queutin.
A M*' le duc d'Orléans
frère unique du roy.
Idem.
Idem.
8 septembre.
Saint-Qucnlin.
Pour M. de Cbavigny,
secrétaire d'estat.
fAM.deCha
Vigny.
Pour M. liouUnlIier,
surintcndaut des li-
nanccs, à Paris.
« Madame , les grandes joi^es ne parlent point , c'est ce qui faict
que je ne saurois exprimer à V. M. celle que je ressens de
son beureux accouchement, et de la naissance de M^' le
Dauphin. Je souhaitte et veux croire que Dieu l'a donné
à la chreslienté pour en apaiser les troubles, et y apporter
la bénédiction de la paix. Je luy fais veu , dès sa naissance,
d'autant de passion que j'en ay tousjours eu pour le roy et
pour V. M. de laquelle je suis et seray éternellement. . . )>
Imprimée, — Aubery, V, i3a. — Rec. de 1696, II, 11. —
Histoire de Louis Xllt du P. Griffct , III, i45.
Compliments. «Je supplie V. A. de croire que, la naissance
de M. le Daufin Tempescbant d'estre la seconde personne
du royaume . elle sera la troisiesme avec tant d'avantage
Qu'elle recevra de la bienveillance du roy qu'elle aura sujet
'estre content '.»
Imp. Baluze, pap. des
Miuute de la main de
arm. Iclt. paquet i,
Cherre. — Bibl.
Il" ■« fol. 9^.
«J'escnts au roy que j'estime qu'il est à propos qu'il donne
plus d'asseurances que jamais à Monsieur de son aflection
et de son amitié. C'est a vous à l'en faire souvenir. J'ay faict
auprès de S. M. ce qu'il a désiré pour l'argent.» Tous ceux
qui viennent de la cour m'asseurent que l'indisposition du
roi ne sera rien ... «Je suis sy hors de moy que je ne vous
en puis dire davantage.»
Original sans signature, de la main do Clierré. — Arch. de»
Aff. ctr. France, d'août en dccenibrc , fol. ao6.
Faire voir au roi des dépeschcs apportées par Saladin don-
nant l'asseurance de la prise de Fontarabie. — M. de Cbas-
tillon vient d'arriver icy. ayant jugé à propos de lui faire
savoir moy-mesme les intentions de S. M. i\ faict estât
d'en repartir tlemain pour se rendre en sa maison sans
s'arrester en aucun lieu.
Original sans signature, de la main de Cberré. — Arch. drs
Aff. elr. Fracce, d'aoât en décembre, fol. ao3.
La convalescence du roi, la naissance du Dauphin. — uJe
suis très aise que LL. MM, ayent la satisfaction de M"" de
Lanssac que vous me mandés. Je m'asscure qu'elle n'ou-
bliera rien de ce qui deppcndra d'elle pour les contenter et
les servir comme elle doit. » — (1 n'y a rien à faire mainte-
nant, sur les affaires dont les ambassadeurs d'Angleterre
vous ont parlé \ Lorsque nous serons tous ensemlMe nous
en conférerons plus amplement.
Orig. — Arcb. des Aff. étr. France, d'août en décembre,
fol. i3 1.
' La date manque, nous propoMOS celle de la lettre «dressée au roi i~ir le même sujet.
^ On disait à la cour que la oaiisaoco d'nn héritier de la couronne était un grand sujet de tristesse pour Monsieur,
et on s'efforrait de le consoler par des largesses, anxquelles ce priuc« n'était pas insensible. { Voy. ]jk lettre suivante, et ,
dan» le tome VI , les pages i4g et i55. )
^ Je n'ai point trouvé ta lettre où BoutbilHer cxpliqaait le sujet de cette conversation.
CARDIN. DE RlClIELli;!}.
36
202
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
libux de dates.
SUSCRIPTION
DES LETTBBS.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOCnCES.
1638.
9 septembre.
1 o septembre.
Saint-Quentin.
A M . le duc de La Force ,
pair et moreschal de
France , lieutenant
général de l'armée du
roy.
Au
10 septembre '.
Saint-Ouentin.
A M. le duc de La Force.
i3 septembre.
Saint-Quentin.
A M" de BuUion et Bou-
ihillier, suriniendans
des finances, à Paris
Ida
[A M. (le Chavigni.]
1 h septembre. 1
Au s"^ Loppez.
L'orlgiual cat date du :
Voy. tome Vï , p. i58.
Violation des règles de la discipline. — '«Le roy vous ayant
laissé le soin entier de toute son armée, je vous conjure
d'en prendre un soin si exact que vous puissiés en bannir
les désordres qui s'y sont introduits cette campagne. . . il
y va de voslre honneur.» , . .
Orîg. — Ârch. de la maison de La Force. ComniunicatioD de
M. le marquis de La Grange.
Accident de siège qui relarde la prise du Castelet. — «Je
fais partir demain les deux compagnies de François et de
Suisses que Vostre Majesté à désirées. — Je demande à
Dieu, de tout mon coeur» que Sa Majesté soit délivrée de
sa ficbvre. »
Arch. des
Original , sans signature, do la main df
AIT, ctr. Francp, d'août en dôccmbre ,
Cherré. -
fol. au 8.
Faire faire une partie au s' de Gassion pour incommoder les
fourrageurs de l'ennemi. — Recommandation de discrétion.
«Les ennemis savent ce qui se passe dans l'armée du roy
presque aussytost qu'il est résolu.»
Original devenu minute, le cardinal ayant fait des correc-
tions et biffé sa signature. — Arch. des Afi". étr. Pays-Bas,
t. X1U. — Original , arch. de la maison de La Force.
Communication de M. le marquis de La Grange.
. . . K Estant près de partir de cette ville , je désire , a vant que
d'en sortir, leur donner le contentement qu'ils désirent si
justement qu'on ne peut lem* desnier sans injusiice, la
parole du roy y estant engagée et la nécessité de cette iron-
tière telle que le service de Sa Majesté requiert absolument
ce que ces pauvres gens demandent. — Je vous conjure
donc encores une fois de me donner moyen, tandis qu'on
fortilTic les villes de la Somme, d'en affermir les cœurs au
service de Sa Majesté.»
Orig. — Arch. des Aff. etr. France, d'août m dccerobre ,
fol. 349.
Nostre entreprise sur le Quesnoy n'a pas réussi, c — M. d'An-
goulcsmc vient de l'armée; il dit que c'est une pitié de
voir le désordre et l'abandonnement où sont toutes clioses.
— Aussitost que le Castelet sera pris, je partirai pour
m'en aller trouver le roy. — Pourveu qu'il tienne autant ,
si on l'attaque jamais sur le roy , nous serons contens ^. »
Original sans signature, de la main de Cherré. — Arch. des
Aff. étr. France, d'août en décembre, foL 266.
Je désire que le s' don Lopcz vienne me trouver pour le
voyage dont je luy ay escrit... «Il lui faut une bonne lettre
de change; j'escrits à M. de BuHion pour luy en faire
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
203
LIEl'X DE DATES.
SUSCRTPTION
DBS LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
KT SOURCES.
1038.
1 i septembi'e.
Saint-Quenlin.
j 9 septembre.
[A M. de Cbavigni.]
A M. de Schomberg.
i I septembre.
De Magnv.
2 2 septembre.
De Magny.
A M. l'archevesque de
Bordeaux.
Au rov.
domier une de 1,100,000 livres, ce à quoy je m'asseure
qu'il satisfera.»
Mioulede la indîn de de Noyers. — Arch. des Aff. ctr. France,
d'août en décembre, foL a6i v". — Cette minute est écrite
sur U même feuille que la lettre de Richelieu à Bulliou , où
nous voyons que Loppei était envoyé à Dantzic (tome VI ,
p. 173] ; elle doit porter la même date.
Mécontentement de M. le Prince contre M. de La Valette —
J'ai ordonné de lui envoyer toutes les poudres de Brouage,
deux tiers de celles du château Trompette et de Blaye. —
Sur l'ordre donné à M. d'Epernon de retourner à Plassac.
— «J'ay le cœur gros du procéder de M. de La Valette; je
prie Dieu qu'd luy fasse paix '.'•
prie Liieu quil luy lasse pa
Original , sans siguature, de la maio de Cherré. —
Aff. étr. France , d'août en décembre, fol. 262.
Arcli. de;
Envoyer en Italie le régiment de Quelus. — Désobéissance
de la cour des comptes, aydes et finances q qui le roi avait
ordonné d'assister à la procession générale du i5 aoust
pour la protection de la Viei^e. Je verrav l'ordre qu'il y
faut apporter pour l'avenir. — ' Achever avant l'hy ver les
travaux de la citadelle de Montpellier ; y empiover les fonds
qui lui ont été envoyés pour lever dix compagnies. --
Qu'il fasse réponse au sujet du Roussillon.
Mise au net corrigée et devenue minute , de la main de Cherré.
— Arch. des Aff. étr. l''raoce, d'août en déceuibre , foL 288.
Envoyer six vaisseaux, deux au Havre, deux à Dieppe, deux
à Calais, bons cl bien artillez. De plus, deux bonnes pa-
taches dont on aura besoin dans la Manche. — Douleur
du cardinal pour le malheur de Fontarabie. — Parmi les
capitaines des vaisseaux à envoyer, le cardinal demande
le chevalier de Monligni , le sieur Dumé et ceux qui co-
gnoissent mieux la Manche.
Minute de la main de Cherré. — Arch, de l'Empire, K, i3^,
Gayenno, i""* partie, p. 1 44 ftis . pièce aS*. — Orig. —
Bibl. imp. Suite de Dupuy, t. XVI, fol. 847. — Impriniéo.
— Corrtipondance dt Soardis , in-i", Il , 76.
«Aussytost que Houdinière ' est arrivé je le redépesche à
Sa Majesté , qui luy dira la vérité de ce qu'il sçait. Je suis
au désespoir de penser à la lascheté qui s'est commise, et
au peu de zèle de ceux qui n'ont pas faîct leur devoir.
D'autre part je suis ravy de m'estre rencontré dans vos sen-
tiniens, comme la lettre que M. de Chaviguy m'a escrite
sur le sujet de Fontarabie me l'a faict cognoistre. » Actions
de grâces des bontés du roi, protestation de la continuité
de son dévouement.
Original sans signature, de la main de Cherré. — Arch. dos
Aff. étr. France, d'août en décembre, fol. 3o3.
' Celte lettre doit être une addition à celle do i3 septembre, tome VI .p. 166, et se rapporte aux httrei adressées
à l'archevêque de Bordeaux et au prince de Condé, p. 170, 171, 17a.
' Cette dernière partie de la lettre a été imprimée comme une lettre entière , et avec la date du a4 octobre, dans
Aab?ry, III, p. 784 , et tépctée dans le Recueil de îBgô , p. 174.
^ Voy. tome VI , p. 2o3. Tort que le duc de La Valette impute & Houdinière.
36.
204
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DB DITES.
SL'SCniPTION
DES LBTTnES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUnCES.
Ï638.
2 5 septembre.
De Magny.
5 octobre.
De Paris.
6 octobre.
De Paris.
7 octobre.
De Paris.
2 1 octobre.
De Ruei.
■XX oclobre.
De Uuel.
2 3 octobre.
De Ruel.
We.
Au marquis de La Force.
A Madame Bouthillier,
la surinlendante, à
Pont.
A M. Tarcbcvesque de
Bordeaux.
A M. de Buiiion.
A M. de Bellièvre, am-
bassadeur du roi en
Angleterre.
Pour M. Bouthillier,
surintendant des fi-
nances.
Idem.
A M. de Chavigny.
Levée du siège de Fontarabie : «Si chacun cust agi avec le
mcsmc soin et aOection que vous avés i'ait, en cette occa-
sion, asseurément nous ne serions pas tombés eii ce mal-
heur »
Imprimée. — îâèmuireê da duc de La force, l. III p. ijg.
Lettre de politesse. (Voy. une lettre à la même, tome VI,
(). 2l3.}
Orig. — Aich. des Aff. e'tr. Kraiico, d'aoûl en drcombrc,
fol. 33 1.
Mesures à prendre après l'exécution des ordres donnés et le
désarmement {voy. p. 2o3, au a) septembre). — -Donner
des petits vaisseaux de l'armée aux capitaines qui en de-
manderont pour faire la guerre aux Espagnols le long des
côtes d'Espagne tout l'hiver.
Minute de la main de de Noyers. — Arch. de l'Empïre, K ,
i34 1 p. 85. — Orig. — Bibl. iinp. Suite do Dupiiy, t. XVI,
fol. 855. — Imprinico. — Correspondance de Saurais ^ ui-k°,
11,84.
M. de Bullion est prié de pourvoir si bien au pavement des
pensions de M. le cardinal Anthoine qu'il n ait pas occa-
sion de croire qu'il n'a rien à espérer de la France. Cef(e
affaire est très-importante.
Orig. — Arch, dos AIT. élr. Rome, t. LXIV, fol. 39.
M. Digby m'a faicl trouver en Angleterre des livres (|ui ne
se trouvent point en France; le remercier de ma part, et
faire payer à un de ses gens ce qu'il a déboursé pour lesd.
livres, n'ayant accepté sa courtoisie qu'a cette condition. —
Le cardinal écrit sur ce sujet, à M. Digby, une lettre que
je n'ai pas.
Orig. — Bilil, imp. Fonds Ssiot-Gcrraain-Harlav, 364 ,
fol. 37.
«Je feray faire toutes les lettres que vous désirés et les en-
voyeray à M"" d'Esguillon. Je vous remercie du soin que
vous avés de cette affaire ' , et prie Dieu que vous faciès
vostre voyage bcureusement aux Caves ...»
Original tans signature. • — Arch. des Aff. élr. France, d'août
en détenibrc , fol. SgÔ.
«Je ne puis présentement faire autre response à vostre lettre,
si non que M"' et M"' de Boban me peuvent voir quand
il leur plaira. Je souhailte que vostre petit voyage vous
rapporte le contentement que vous désirés. «
Original , sans signature , de Ij main de Clierré. — Arcli. dcit
Aff. étr, France, d*août en décembre, fol. 4o3.
J'envoie à M. de Chavigny une lettre que M. de Bellièvre '
m'a escrlte, qu'il est important qu'il face voira M. Kenuit
confldemment , le priant que personne que !\L le prince
d'Orange ne sache ce qui y est contenu, et que c'est Ger-
bier qui en a donné l'avis. — «Vous pourrés dire qtie nous
' Cela se rapportc-t-il à la visite dont il est gucstion dans la lettre suivante ?
- Celte lettre de M. de Bellièvre, datée do i4 oclobre, est aux arch. des Aff. élr. Angleterre, 1. XLVII , p.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
205
DATES
et
LIEUX EB DITES.
1638.
2 3 octobre.
De Ruel.
■i!i octobre.
De Ruel.
a 9 octobre.
3o octobre.
De Rucl.
3o octobre.
De S*-Gennain.
SUSCRIPTION
OKS LETTRES.
[A M. de Cbavigni.]
Au mareschal de Sciioin
berg.
Lettre du roi à M. le
marquis de Prasiin.
Au marescbalde Schom-
berg.
A Ma<lame de Savoyc.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOVRCES.
ne faisons autre jugement de cette lettre, sinon que les
Espagnols ont dessein de nous diviser, mais qu'on ne croit
pas que M. le prince d'Orange, n'y M" les Estais soient
capables de leur malice. -- S;ichés de M. Kenuil en quelle
forme M'* les Estats désirent les passeports des Espagnole. »
Original, sans signnlure, de la main de Cberré. — Arch. des
Aff. elr. Franco, d'août en décembre, fol. 4oa.
Il n'y a rien à dire de nouveau à M. Kcnuît sur le voyage de
la reîue mère en Angleterre. «Il aura veu la bonne res-
ponse qu'on avoit faite au cas que la royne cust voulu aller
en Italie, ce qui donnera à M" les Estats les impressions
qu'ils doivent avoir de la pïété du roy. . . » — « Le R. P. Jo-
seph s'en va à Paris, vous y pouvés faire ensemble la res-
ponsc à M. d'Avaux.» — «Je vous envoie la copie d'une
petite déclaration que lioispiié m;*a donnée, dont vous
pourrés envoyer autant à M. de Montaigu.»
Original, sans signalutc, de la main de Clierrc. — Arch, de^
A(I. ctr. France, d'août en dcccrobre, fol. 390.
Ce que l'on donne comme une lettre entière, avec la date
du 2ii octobre, est à peu près la répétition de la moitié
d'une lettre du 19 septembre. (Ci-dessus, p. 2o3.')
Imprinrée. — Aubpry, III, 784- — Recueil de 1696, 174-
Reproche du mauvais ordre qu'il a laissé s'introduire dans la
cavalerie, a Je ne veux point vous voir jusques à ce que vous
ayez l'année qui vient réparé cette faute.. . Vous vous re-
lirerés clicz vous jusques à ce que vous alliés visiter les
quartiers de cavalerie qui seront dans l'estendue de ma
province de Champagne.»
Minute de la main de Cherrc. — Dépôt delà gucrrr , t. XI^VIl ,
pièce 191*.
«Dans la crainte que vous n'ayez pas reccu une lettre (|ue je
vous escrivis dans le temps que j'cstois à S*-Quentin» , je
vous prie de nouveau de me faire faire une carte bien
exacte du pavs de Roussillon; et de me mander tout ce
que vous croyez nécessaire pour l'entreprise de Perpignan.
Imprimée. — Anbery, III , 785. — Recueil de 1696 , p. 1 76.
Lettre de condoléance sur la mort du jeune duc François
Hyacinthe, son fils. Promesse de ne rien éparj^ncr pour
Tassister ainsi que le fils qui lui reste. M. de Palluau lui en
donnera de plus amples asseurances'^
Minute. — Bibl. imp. Fonds Béthuiie, gSî? , fol. m?.
' Il 40 pourrait que ctda eût été écrit de nouveau en octobre , In lettre du 17 septembre n'ayant pas été reçue, { Voy.
ci-après la Irttre du 3o octobre au même marccbdl de Sclioaibcrg. )
^ Celle lettre de coodoléanc« à une mère nui virnt de perdre aon enfant ne pouvait pas contenir autre choie que des
témoignages o'amilîé ; mais à ce moment on était fort mécontent à Paris do la duchesse de Savoie , qui se laissait gou-
verner par tes ennemie de la France. Une Icltre écrite par Cbavigni , le 9 octobre , à Mazarin , alors à Rome , cl qui
avait une certaine influence sur ta duchesse de Savoie, peint au vif les sentimeuts du cardinal à cet égard , et il est
ailé de vo'r que Cbavigni écrivait sous son inspiration. (Arch. <le^ AiT. étr, Rome, tome LXIV , fol. 4o-43.]
206
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
LIEUX DB DATE
1638.
.^1 octobre.
[3 novembre.
à novembre.
De Ruel.
8 novembre.
De Ruel.
8 novembre.
[lo novembre ^]
SUSCRIPTION
LES LETTRES.
Lettre du roi
Bois-Rufin.
M. df
A un ami de l'arcbe-
vesque do Rouen.
Au rov.
A M. l'archevesque dt
Bordeaux , lieutenant
général de l'arraêe
navale du roy.
Au rov.
A M. de Longueville.
ANALYSES DES LETTRES
BT souncss.
Son régiment est rt;duit à si peu d hommes qu'il est hors
d'estat de servir; le roi a résolu de le licencier. Renvoyer
chez eux tous les officiers et soldats qui restent, deux à
deux, ou trois au plus, aCn qu'ils ne commettent pas de
désordres.
Minute de la main de Cherré. — Dépôt de la guerre, t. XLVII ,
pièce ao3.
«Voir doucement avec M. l'archevesque de Rouen ce qui se
peut faire pour que sa conduite donne autant d'édîiication
en Tâge où il est qu'il en a donné en son commence-
ment.. . . '»
Imprimée. — Aubcry, V, A39. — Recueil de 1696 , Il , 50.
Richelieu remercie le roi de lui avoir donné des nouvelles de
M. deWeymar... «Il n'y a rien de nouveau en vos af-
faires... Je suis ravy de sçavoir que Vostre Majesté a
perdu son rhume; je prie Dieu qu'il en soit ainsi de toutes
ses inquiétudes, et que toutes ses affaires publiques et
particulières aillent lousjours de mieux en mieux.
Original f sans signature, de la main de Cherrc. — Arch. des
AfF. ctr. France, d'août en décembre, foL ^-ib.
...Enlever les Irlandais à l'Espagne et les acquérir au roi.
l*romesse qu'on peut faire aux mestres de camp et aux
capif aines qui amèneront le plus d'hommes; si on ne peut
débaucher les chefs, il faut tâcher d'avoir les soldats. —
H Je seray fort aise que vous remettiés la fonderie a Xaintes
en attendant que celle de la Rochelle soit réparée.»
Original. — Bibl. iinp. Suite de Dupuy, t. XVI, foK 869.
Des nouvelles de Genève du 3o octobre el de Lyon des 2 et
il de ce mois, que les impériaux ont attaqué les retran-
chements du duc de Weymar par trois divers jours, dont
le 28 en est un, avec grande perte. Le duc a poursuivi
Goeutz, auquel il a fait beaucoup de prisonniers.
Minute de ia main de Charpentier. — Arch. des AfF. élr.
France, d'août en décembre, foi, ^43.
Si M. de Longueville n'a pu défaire Savelly. ou lui faire
rebrousser chemin , qu'il envoie à M. de Weymar 1 2 a
i,5oo hommes, à Saverne ou autre lieu assuré; et qu'il
nettoie les places de la Lorraine; enfin qu'il saisisse toute
occasion de combattre le duc de Lorraine et Savelly, el de
favoriser la prise de Brîssac.
Minute de la mai» de Charpentier. — Dépôt de la guerre,
t. XLVIII, pièce à^o.
' Voyez la lettre de Richelieu à l'archevcque , ci -après , au suppliment , 3 novembre.
^ La pièce, qui n'est point datée, est classée au 10 novembre» et elle se trouva mentionnée dansia lettre du i
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
207
DATES
USUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DBS LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET socnCES.
1638.
1 novembre.
De Ruel.
Idem .
Au duc de Weymar.
Avant le i .
vembre.
décembre.
A Rueï.
5 décembre.
De Uupï.
7 décembre.
[Ruel M.
lo décembre.
De Paris.
A M. le cardinal de La
Valette.
Au R. P. Joseph.
Instruction jiour M. le
comte d'Estrades, al-
lant à Turin.
Pour M. de Chavigny,
secrélaire d'estat, à
Paris.
Au duc de Weymar.
Au cardinal de l.a Va-
lette.
Compliments sur ses succès et sur le rétablissement de sa
santé «si nécessaire au bien public.» Sur les secours
d'hommes et d'argent qu'il a demandés. Sa Majesté a pris
soin de lui donner contentement. On l'informe des ins-
tructions données à M. de Longueville.
Copie. — Bibl. tmp. Fonds Béthunc, 9379, fol. 55.
Le baron de Paluau ' est chargé de lui porter les assurances
d'une entière et immuable affection , que rien ne pourra
altérer.
Orig. — Arch. des Aff. élr. Tarin, t. XXVI. — Copie. —
Bîbl. imp. Fonds Saint-Germaio-Harlay, 3^7, fol. ^Si.
Richelieu ayant envoyé plusieurs fois à Paris pour savoir des
nouvelles du P. Joseph , l'engage à venir à Ruel et lui offre
sa litière.
Iroprimée. — Autcry, V, 4i3, — Recueil de 1696 , Il , p. 'JÔ.
-^ Le véritable P. Joseph, t. Il , p. 277. — Hist. de Louit XllI
du P. GrifFet, III. U6.
Demander l'arrestation du P. Monod. — Proposer le mariage
du Dauphin avec la fille de la duchesse de Savoie ^.
Copte. — Arch. dos Médicts à Florence, 3' série, carton 61
(Corti d'Europa). — Imprimée. — Ambassades de M. lo
comte d'Estrades, etc. p. 3i ^.
«Loppcz est un moqueur de demander un passeport pour
aller par terre ; qu'il s'en aille avec M. le comte ae Nassau ,
ou qu'il renonce au voiage ^. »
Original , sans signature , de la main de Charpentier. — Arch.
des Aff. étr. France, d'août à décembre , fol. A88.
Lettre de compliments. -Appréhensions du cardinal: u lorsque
je sçay (lue V. A. s'expose tous les jours à de nouveaux
périls. »
Copie
Bibl. imp. Fonds Béthuue , 3767 , fol. ti3.
La mauvaise conduite du duc de La Valette «ne me faict
pas changer le désir extresme que j'ay de vous servir, ny la
passion que j'auray tousjours pour vos intérests, »
Orig. — Arch. des AIT. étr. Turin, t. XXVI. ~ Bibl. imp.
— Copie. — Sainl-Germain-Hartay, 347, l**'- ^^^ ^''- ~~
Dapov, 767, cahier Kk ^.
Il atait été euvojé à Turin. ( Voy* ci-<IeMus, p. aoâ, 3o octobre.)
^ Les imprimés ne donnent point de qnaulième, maib ce fat le \k novembre que le P. Joseph vint à Buel daii^i la
litière du cardinal ; il mourut le 18 décembre, Agé de soixante et un ans.
* Voy. tome VI , p. a5o-a53.
> Voy. t. V, p. 885 de» ioltrcs de Rtcholicu.
^ Le compte de Loppez qne fait Richeliro [ p. 261 du tome VI ) so rapportc-1-il à cette mission
^ Le manuscrit met Lyon ; c'est une faute de copiste, le cardinal n'a pas été à Lyon en i638.
' Voy. lome VI , p. 56 , noie 3.
208
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
LIEDX DE DATES.
SUSCllIPTION
DES LETTIÎES.
ANALYSES DES LEÏTR1;S
ET SOURCES.
1638.
i5 décembre.
2l\ décembri
De Rucl.
i5 décembre.
De Ruel.
5 janvier.
Ruel.
6 janvier.
6 janvier,
Vilieroy.
A M. de Cliavigny.
Pour M. de Chavigny,
secrétaire d'estat , à
Paris.
AumareschaldeSchom-
berg.
A M""' de Chevreusc.
Au duc de Weymar.
Instruction au sieur de
Lisle , l'un des ordi-
naires de la maîsoi
du roy.
Sa Majesté ne délivrera point le prince Cazimir, «sur les
simples asseurances du roi de Pologne,» ni sans faire «de
fortes et efficaces instances jjour la liberté du prince Ro-
bert.» ...«Ce sera à M. de Bellièvre à bien faire valoir la
bonne volonté du roy.»
Minule de la main de de Noyers. — Arch. des Aff. clr.
P'rance, i 638 et iGSg , fol. 29,
Envoyer le congé du s^ Stella^ pour le faire revenir et le
mander au s' d'Avaux.
Origioal sans signature, de la main de Charp''ntier. — Arch.
des Aff. étr. France, d'août en décembre, fol. 617.
Pacifier la querelle survenue entre le capitaine Valleras et
quelques gentilshommes ses voisins. Châtiment que mérite
un des gardes de Scbomberg «qui, avec vostre casaque,
a esté luy-mesme faire un appel au d. s' de Valleras.»
Imp. — AuWy, m , 789, et Recueil de 1696 , p. 176.
1639.
M Les continuelles instances que Monsieur de Chevreuse fait
pour vous garantir de vostre perte, joint à rafTection que
j'ay (ousjours eue pour ce qui vous touche, m'ont porté a
obtenir du roy un passeport pour M. l'abbé du Dorât et le
sieur de Boispilé, qui vont vous trouver en intention de
vous servir, et de vous faire plus penser à vous que vous
n'avez jamais faict n Richelieu l'invite à lui donner
lieu de répondre au roi qu'elle se conduira désormais
mieux que par le passé.
Copie. — Bibl. imp. Cinq-Cents Colbcrt , 46, fol, j3 verso ''.
Félicilations sur la prise de Brisach ^ .
Copip. — Bibl. imp. Bélhunc, 927g , pièce non cotée , classc^c
entre les fol, 56 6167.
«S. M. désirant tesmoigner au sieur duc de Weimar le con-
tentement parfait qu'elle a receu de la prise de Brisach.
faite par les forces qu'elle entretient et qu'elle a fournies *
audit sieur duc, envoie, etc.»
Copî(
• Bib!.
envoie,
imp. Cinq-Cents Colbert, 46, fol. 365 verso.
' Voy, cî-dcssus , p. 2g, sous-nole.
^ Le manuscrit de Colbert met cette note : « Faite sur uue minute originale de 1.» main de Cherrc. «
' Brisach avait été pris le 17 septembre 1688} cette ville, dont les fortifications ont été rasées en 1741 , ét^it au
ivii" siècle un dcsboulevards de l'Allemagne, et cette conquête causa une grande joie à la cour; Richelieu en donna
la nouvelle, comme un encouragement ou une couaolation, au P. Joseph, ngonisant dans son château de Ruel.
* C'était là la principale pensée qu'on voulait faire comprendre au duc Bernnrd , en même temps qu'on ne lui épar-
gnait pas les compliments et les éloges. Le courrier était chargé de lui remettre une lettre du roî qui disait à peu près
la même chose que celle île Richelieu. Il devait aui>i rendre au maréchal de Guébriaul l'instruction suivante.
NON IMPRIMÉES DANS LE TOME VI.
209
DATES
LIEUX DE DATES.
SL'SCRIPTIO\
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1639.
6 janvier.
Villerov.
7 janvier.
Ruel.
i& janvier.
Ruel.
17 janvier °
Ruel.
A M. le comte de Gué-
briant.
A M. le comte de Gué
briant.
[A M. BcuthUlier.
Cette pièce est intitulée : Instruction au s' comte de Gué-
briant, commandant les troupes de S. M, vers le Rhin,
sous l'autorité de M. le duc de Weymar'.
Copi(
■ Bibl. imp. Cini[-CeDt.s Colbert, 46, fol. 36o.
Richelieu le complimente sur les soins extraordinaires qu'il a
apportés pour faire réussir l'entreprise de Brisach, et illc
félicite de la réputation qu'il a acquise en cette occasion'^.
Copie. — Bibl.
jmprinide. —
p. lit.
inip. Cinq-Cents Colbert,
Hi$t, de Gacbrianty par le
t. 116, fol. 5. —
Laboureur, in-fol.
A M. l'archevesque de
Bordeaux.
0 Je vous renvoyé la lettre que vous m'avez envoyée sur le
sujet de laquelle je n'ay rien à vous dire, sinon que je
pne Dieu que M. ie G. des G. ^ et sa femme soyent aussy
sages que je le désire. — Quant à Madame d'Elbeuf, je
seray très ayscde la voir et M" ses petits enfans, lorsque
je seray à Paris *. »
Original , sans signature > de la main de Charpentier. — ArcL.
(les Afl'. étr. France , i63g. Suppl. fol. i4-
11 s'aeit d'une entreprise dont Richelieu veut laisser à cet
amiral toute la responsabilité. «Au reste, lui dit le car-
dinal, ne vous imaginez point qu'un homme qui n'entre-
prend rien que par raison, et qui, en l'exécution d'un
<lessein faict ce que la prudence et l'heure ' conseillent , soit
resi>onsable des événcmens quand mesmc ils n'arrivent
pas bons; qui faict fidèlement ce qu'il peut, faict ce qu'il
doit, et (|ui faict ce qu'il doit n'est pas garant des mau-
vais succès. . . »
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy, l. XV, fol. a 10. — Mi-
nute delà main de Charpentier. — Arcli. de l'Einptre, K,
i34. Guyenne, etc. iGSg, ï*" partie, p. 3, pièca 164. —
Copies, Bibl. imp. Béthune, gi^i, fol. 4g 1 et 934g >
fol. 1 39 «". — Imprimée. — Correipondance de Souriii { Doc
inéd.}, t. Il, p. 89.
' Celte instmctioD traçait au maréchal la conduite qu'il avait à tenir au sujet de la prise de Brisach ; il devait ustT
de toDtc son adresse po^ r persua<ler au duc Bernard qu'il importait à la cause commune que la place, conGée ù un
f[0uverneur français, reçût une garoîsnc ,' dont la moitié aa moins serait composée de troupes françaises. Dans cette
ongue înstractioo , une argumentation asseï habile se noio dans un style diffus , qui me semble appartenir à Chavigai ,
chargé de développer la pensée de Richelieu. Noua noua bornons donc à en donner celle simple indication. Ajoutons que
le duc de Weymar entendait garder Brisach comme une cooqQete personnelle et »*y créer une souveraineté héréditairi*.
Sa mort, survenue i six mois de là, mit Gn à ses prétentions. L'historien de Guébriaut ne donne point cette pièce;
mais, à celte même date, il met une lettre de Louis XIII sur le même sujet et une autre de de Noyers, datée du 7 jan-
vier, p. io4 cl io5. Le P. GrilTet ne dilque quelques mots de cette instruction dont il indique f.iutivemcnt la source.
On peut voir comment il raconte la prise de Brisach , t. III , p. i34 d 3o6.
' Cette lettre était jointe à celles dont le sieur de Lisie était charge.
■* Le général de» galères Du Pont de Courlay ; Richelieu était alors fort mécontent des profusions de ce neveu , doi:t
Bouthillier tâeliait de mettre les affaires en ordre.
* Il s'agissait en ce moment d'une alliance da comte d'IIarcourt avec une cousine de Richelieu. (Voy. t. VI , p. a63.)
* La minute et les copiei sont da'téos du 16.
^ U y a dans la minute, ainsi que dans le» copies : «La prudence, la fidélité et I7 cœnr consc:ll«nt. ■ Le mot du
texte signifie-t-it l'heare. I« moment, la circonstance ? ou bien csl ce une abréviation pour Vhonnear, ainsi qu'on l'a im-
primé daosia corrcspoidance de Sourd is ? Cependant nous ne trouvons point au-dessus de ce mot le trait que me. tant
toujours les mss. pour marquer l'abré\idtion.
CAItDIN. DE RICHELIED. ■
210
SOMMAIRES DES LETTRES
LIBQX DE DATES.
SUSGRIPTION
DBS LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1 8 janvier.
A M.lej)rinced'Oraiigc.
i9ja
A M. Knuyt.
6 février.
A M. d*Ëstrades.
I.c s' Kcnuit a emporlé un mémoire de Richelieu, pour le
]>rince d'Orange; la réponse n'arrive pas; crainte que le
mauvais temps ne le retienne, le cardinal envoie par terre
un courrier. « Le temps presse , dit-il au prince , de prendre
les résolutions pour la suitte de cette année, dans le cours
de laquelle j'espère que nous aurons de sy bons succez
3u'on pourra espérer une bonne et juste paix; je prie
onc Vostre Altesse de nous faire sçavoir de ses nouvelles
promptement. . . »
Minute de la rnaio de Cherrc. — Arch. des Aff. clr. Hol-
lande, t. XXI, pièce 6. — Copies. — Bibl. imp. Saiiit-
Gcrmaiu-Harlay, 346, l. H, fol. 191 '. — Cinq-Cents Col-
bcrt, t. XLVl, foi. ij3 V.
«On n'a veu ny sa personne, ny de ses nouvelles, cependant
tous les desseins pressent d'autant plus que la saison est
avancée, et que le roy a faict venir ses généraux de terre
et de mer ; et Sa Majesté ne peut prendre résolution que
par un concert avec ce que le prince d'Orange doit faire. . .
On attend les responscs aux mémoires qu'il a emportés. . .
Les affaires des années passées ont esté gastées par un pro-
cédé semblable. . . ' »
Brouillon do la main de Chsvîgn
Hollande, t. XXI, pièce 11*.
Arch. des Aff. clr.
Le d. s' d'Estrades ira, en la plus grande diligence qu'il
pourra , trouver M. le prince d'Orange. — Se plaindre de
ce qu'on n'a fait aucune rcsponse au mémoire porté par
Knuyt. — Les ennemis laissent souvent entendre que les
Estats traitent secrètement avec les Espagnols. - — Repré-
senter tout ce qui est contenu en la lettre du 19 janvier.
Mécontentement contre d'Estampes. — Le roy est tous-
jours résolu de maintenir toutes ses promesses. Réclamer
instamment du prince l'exécution des siennes. — Le roi n'a
pas chargé le comte d'Estrades de passer le traité qu'on doit
faire , parce qu'il ne seroit pas bien séant que S. M. fit offrir
aux d. s" des Estats une somme aussi considérable que celle
qu'elle leur accorde. La moindre chose qu'ds puissent faire
c est de supplier le roy de leur faire cette grâce par un
envoyé exprès, ou d'en charger leur ambassadeur à Paris.
Mise au net, de la maïu d'uu secrétaire de Chavigui. — Arch.
des Air. étr. Hollande, t. XXI, pièce 18.
. . « 11 est impossible de ne vous lesmoîgner pas que le roy
tient un peu estrange qu'après ce qui s'est passé icy
avec M. Knuyt, il se soit écoulé un sy grand temps saïis
en avoir response déterminée. . . ' ]I s'agit pour le moment
autant de l'intérest de MM. les Estais que de ceux du roy
' Copie faite sur uuc copie ou brouillard , de la main Je Clierré. (Note du ms. de Harluy. )
~ Sur cette inalière un scciétairc a écrit la lettre à Kiiu^t dont la minute est cotec 10 dans ce manuscrit. Le 1"^ et
le i4 janvier, Chavigui avait écrit au prince d'Orange à peu près dans les mêmes termes. Le prince répondit au car-
dinal, le ai janvier, que Knuyt, employé à d'importantes afl'aircs pour les Estats, ne pouvoit retourner en France ;
pourquoi l'amhassadcur du roi à La Haye n'aurait-il pas mission de traiter les affaires dont il s'agissait ? Eiifio M. d'Es-
trades ayant été envoyé à La Haye, on lui donna un mémoire (6 février} où les mêmes plaintes étalent répétées. ( Aïs.
précité, pièces i, 4t 8, 11 et 18.)
^ Voy. ci-dessus à la date dn 18 janvier.
8 février.
A M. le prince d'Orange.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
211
DATES
rt
LIEtX DB DATES.
SUSCniPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
BT SOTTRCES.
1639.
9 février.
Ruff.
i5 février.
Saint -Germain-
on-Laye.
Au duc de Wejrmar.
Inslruclion j>oiir M. l'ar-
chevesque de Bor-
deaux, commandant
l'armée navale du roy
en Ponant.
A Madame d'Haliuin '
qui envoie le s' d'Estrades pour apprendre d'où provient
ce retardement et adjusteravec Vostre Altesse les desseins
communs de la campagne prochaine. . . »
Minute de la maïn Je de Noyers '. — Ârch. des AS", étr. Hol-
lande, t. XXI, pièce 35- — Bibl. imp. — Copies^. — Cioq-
Cents Colbert , 4^ > f^ol i^4 ^^ Saint-Gormaîa-Harlay, 346 ,
t. Il, p. 193.
Lettre de compliments et de remercîments pour Taffcction
que le prince témoigne à Richelieu.
Copie. — Bibl. imp. Béthane, 937g, fol. 68.
C'est le projet de la campagne maritime pour le printemps
de l'année iGSg.
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy. t. XVI, fol. 861.—
Minute*. — Arch. de l'Emp. K, i34. Guyenne, i"^* partie,
i63g, p. 5, pièce i65. — Bibl. imp. Copies. Bélliuue,
9a4ii fol. 4à ^° cl 9349 , fol. i3o. — Imprimée. — Corres-
pondance de Sourdis , t. JI , p. 90. (Documents iocdits.)
Richelieu a su, par M. d'Alluin, les terreurs paniques qui la
travaillent quelquefois au sujet de son mari : «J'ay creu
devoir vous asseurer qu'il n'a rien à craindre, et que se
conduisant comme je m'asscure- qu'il fera, on ne sçauroit
Iny rendre aucun mauvais office. Je l'ay particulièrement
avcrty de ce que j'ay estimé qu'il devoit faire, et pour
avoir les cœurs de la province dont il a la conduite, et de
ceux de toute la cour. Je me promets que vous fcrés tous
deux estât des avis d'une personne qui vous honore comme
moy. . . »
Miouto de la maio de Charpentier. — Arch. des Aff. clr.
Fraoce, 1639. Sapplément, fol. 56.
u Madame, ces trois mots ne sont que pour vous dire qu'une
lettre que j'oscris à M. du Dorât servira de response a celle
que j'ay reçeu de vous; me contentant de vous faire co-
gnoistre que je suis. . . p [Si la demeure du Verger et
d'Angers n'est pas agréable à Madame de Chevreuse, on
en pourra trouver quelque autre; mais il est impossible d'ob-
tenir qu'elle demeure àDampierreplusdehuit ou dix jours.]
Copies *. — Bibl. ïmp. Cinq-Cents Colbert , 46 , fol. 1 9 v" et
Sa in t- Germai D-Harlavt 346, t. II , p. 36.
' Lettre dictée à de Noyers, qni a écrit h la marge Je cette roioute : «Son Eni. au prince d'Orangt!. •
' On lit cette note dans l'un et l'autre manuscrit ■ .Copie faile sur une copia ou broaillard entièrement écrit de la
main du cardinal. • C'était probablement la raain de do Noyers qu'on prenait pour celle de Richelieu.
^ Celte minute est écrite de la main d'un secrétaire do l'archevêque de Bordeaux et de la main de Cberré , ce qui
indique que la rédaction fut faite de concert entre le cardinal et l'arcltevéquc. Riclielien, qui a donné la pensée prin-
cipale de cette instruction , a dû , en effet , se servir des connaissances pratiques de Sourdis pour les détails de l'exécu-
tion. Qaaut à l'original , il est écrit de la main du secrétaire du canlioal , Cberré. Cet original est à peu près conforme
à la minute ; seulement dans celle-ci on dit loujouis : • Ccluy qui commandera l'armée de Sa Majesté ; • ce qui , dans
l'original , est remplacé par ces roots : • M. l'archevesque de Bordeaux. . Les copies de la collection de Béthune n'ont
d'autre date que le millésime , et portent celle note marginale ; . Minute originale apostillée et corrigée de la main de
Cherré. • Ce qui indique qu'elles auraient été faîtes sur la minute dos archive»; et, en effet, on y remarque comme
dans cette minute la vague désignation du commandant de l'armée navale.
* Elle avait été mariée en première» noce» (16 J 1) au duc de Caodale ; ce mariage ayant été déclare nul , elle épousa
(i6ao) Charles de Schomberg, duc d'Halluin. Elle mourut eu i6/|i,dan8 son château de Nantcuil-le-Haudouin.
' Les dcuï manuscrits avertissent que la copie est • faite sur une minute originale de la raain de Cherre, »
ih oiars.
A Madame de Che
vreuse.
27.
212
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DE DATEit.
SUSCRIPTION
DBS LETTRES.
ANALYSES DES LETTHES
ET SOrRCES.
1639.
ili mars.
A M. l'abbé du Dorât.
26 mars.
Saint-Germain -
en-Laye.
Instruction au vicomte
d'Arpajon, allant en
Languedoc.
26 mars.
RueK
A M. i'arcbevcsque de
Bordeaux, lieutenant
général de l'armée
navale du roy.
I.a dernière lettre de Madame de Clievreuse n'étant (ju'une
lettre de reprocbc, «la civilité qui est due aux dames
m'empcsche de luy faire re&ponse. » C'est donc à l'abbé du
Dorât que le cardinal écrit. — Richelieu a entre les mains
la preuve de griefs fort sérieux qu'on a contre celle dame;
cependant il a obtenu pour eÛe une abolition pure et
simple, mais on ne lui permet pas d'aller partout où il lui
pïaît, on lui assigne une demeure. — A l'entendre, il fau-
drait augmenter les grâces à proportion de l'augmentation
des fautes, — Le temps et sa bonne conduite peuvent
seuls lui donner tout le contentement quelle désire.
MiDulc (le la main Je Charpentier {espèce de roode) , avec
des corrections de la moin de Cherré el ile relie du cardinal.
Supplément franc. 4067, fol. 107. — Copies'. — Bibl.
imp. Cinq-Cciils Colbcrt , 46, fol. 18. — Sainl-Geriuain-
Ilarlay, 346 , t. II , p. 23. — Impritrce. — Aubery, V, 45o,
et Ilecueil de 1696, t. II, p. 34. — Ilist. de Louis .17//,
parle P. GriiFet, t. III, p. 176. — Madame de Chevrcuie de
M. Cousin , p. 3i 1 '.
M. d'Arpajon est chargé d'aller en toute diligence voir l'état
des troupes qui composent l'armée dont M. le Prince est
général en chef et M. le maréchal de Schomberg lieute-
nant général. On l'informe des principales dispositions des
ordres donnés a ces deux généraux, de la conduite qu'il
aura à tenir selon certaines circonstances. «Le s' vicomte
d'Arpajon aura un soin particulier, dès qu'il sera arrivé en
Languedoc, de presser tellement tous les préparatifs néces-
saires à agir qu'en quelque façon que les entreprises soient
disposées, les forces de Sa Majesté soient prestes à entrer
dans le pays ennemi le lo du mois de mai prochain'.»
Copies. — Bibl. imp. Cinq-Cents Colbcrt, 45 ', fol. a3f>, et
Bclbuue, 9265, fol. 6.
Richelieu l'avertit de divers mouvements des l'orces navales
d'Espagne et des dispositions prises en France pour faci-
liter l'exécution des ordres qui lui ont été donnés; «espé-
rant plus que je ne vous puis dire, ajoute le cardinal, de
la bonne fortune du roy sur la mer... tout ce qu'on a peu
désirer de deçà pour bien faire a esté accordé, reste à
ceux qui en auront l'exécution à n'oublier rien, de leur
part, de ce qu'on en doit et peut attendre.. . Au nom de
Dieu, mettés-vous à la mer le plustost que vous pourrés,
et croyés qu'il n'y a personne qui vous ayme, ny qui soit
plus certainement que moy, etc.»
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy, t. XV, fol. 33a. — Im-
primée.— Correspondance de Sourdis , II, 96. (Doc. iuéd.)
qui se Irouv
' « Faite sur une mïuute originale du la main de C.Iiirorgien , corrigée du cardinal et de Cherré. ■ Note
dans l'un et l'autre manuscrit delà Bibliotbcqiie.
- Dans Madame de Ckevrcuse, la lettre est datée du 17 ; c'est apparemment une faute d'impression. Quant à l'ccri-
lure attribuée à Richelieu , c'est celle de Cherré.
' Nous n'ayons ni l'original, ni la minute de cette pièce, signée par le roi, et dont Ij matière donnée par Richelieu
a ftans doute été développée par le secrétaire d'Etat de la guerre.
" On lit au dos de ce volume : ■■ Mémoires venus de chez le cardinal de Richelieu. »
NOfi; IMPRIMÉES DANS LE TOME \ 1.
21o
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTBES.
ANALYSES DES LETTllES
ET 50DBCES.
" avril.
Uucl.
j avril.
Ruel.
Mémoire au s' d'Amon
tôt, s'en allant de la
fjart du roy en Hol-
ande.
1639,
3i mars. A M. l'archevesque de «M', j'ay reccu deux lettres de vous pleines de difiicultez qu'il
Ruel. Bordeaux. est bien aisé de résoudre.» — fUclieiicu résout ces difii-
cultés dans une lettre de trois pages de détails qu'on ne
peut présenter en analyse.
Orig. ' — Bibl. imp. Soitc de Dupuy, t. XV, fol. laj. —
Minute de la main de Cherré. — Ârch. de l'Eiup. K, i3j.
Guyeiine , i" partie ^ p. ai, pièce 171 ■ — Copies. — Bibl.
imp. BéthuDe , 93 Ai, fol. 69 v^ et gSig , fol. i36. — Im-
primée. — Correspondance de Soardis , t. Il , p. g6.
i" avril. Mémoire au s' d'Amon- Dans la lettre de Richelieu à l'archevêque de Bordeaux (ci-
dessus), le cardinal lui disait : «Le roy s'est résolu d'en-
vo>er le s"^ d'Amontol en Hollande, pour faire tous les
eûorts possibles pour faire que M" les Estats envoient
quinze vaisseaux joindre l'armée navale du roy.» M. d'A-
montot était dépêché pour celte pressante aifaire, l'ambas-
sadeur, M. d'Estrades, étant retenu à Paris par une
indisposition. 11 était chargé de porter le traité récemment
conclu avec l'ambassadeur de iVr* les Estats; il devait
ex|>oser les artifices dos Espagnols pour entraver les
négociations de la paix générale, et détourner la Hollande
de son alliance avec la France, union dont il faut faire
rcssoi-tir les avantages également importants pour les deux
pays.
Mise ao net*. — ÂrcL. des Aff. elr. Hollande, t. XXI,
pièce 63*. — Bibl. imp. ipistre copies; Cioq-CenUColbcrt ,
Q* 46, fol. 1^7 et i55 v". — Saiut-Germain-Harlay, 3^6,
t. 11 , p. a33 et 162. — Extrait , soppl. franc, fol. 370.
Il serait bon de prendre Aupoulx ^ par surprise , mais cette
place ne vaut pas un siège, «estant un chasteau assez
inutile, sciz sur un roc qui n'ouvre point l'entrée du pays.»
Imprimée. — Aubery, IV, 3-j, et Recueil de i6g5 , p. 17g.
A M. te c£rdinal de Satisfaction des progrès du siège de Turin; déplaisir de ce
La Valette. que tout le Piémont se jette du parti des beaux-frères d<
la duchesse. «Si elle eust voulu croire ses serviteurs, elle
ne scroit pas en la pcyne où elle se voit maintenant. 11 ne
luy reste plus pour se sauver que de se confier au roy. . . Si
clic est ca|>abfe de prendre un bon conseil, le roy mettra
le tout pour le tout pour la garantir; si, au contraire, elle
se veut perdre de gaieté de cœur. Sa Majesté sera bien aise
d*estre déchergé devant Dieu et devant le monde. Le roy
' Dau> cet original, Hichelicu parle d'une petite escadre de pinanscs «que je vous ay veu faire e^at d'amasser et
d'armer, dît-il , pour le detseio que vous sçaves de V. <• L'éditeur de la Correspondance de Soardis a imprimé Fiual ,
sans avertir Je sa conjecture; cependant notre minute et les copies mettent en toutes lettres Footarabic. — Au sujet
île cette nouvelle entreprise sur Fontarabie , je trouve , dans fcs manuscrits de la Bbliothèque, une double copie d'un
■ mémoire inslroctif à M. le marquis d'Alluys , scr lequel on attend les commaudomcns de Son Km. ■ ^Mss. de Bctliuii^ ,
cités aux sources, fol. 76 et fol. ii3 \''.) Le marquis d'Alloys était le frère de l'arcbevéque de Bordeaux.^ Dans cet
original , écrit de la main «le Cherra, on remarque quatre lignes do la main de de Noyers, et ce secrétaire d'Ltat avertît
qu'il écrit sous la dictée du cardinal.
' Cette mise au net est delà main d'un commis de Cliavigni ; et c'est sans doute d'après cette pièce qu'ont été
faites les copies de la Bibliothèque, lesquelles portent cette note : > Copies faites sur une copie de Darïdol. » On sait
que c'était un des premiers commis des Affaires étrangères,
^ Opoul, très-petite ville située i quatre lioues de Perpignan. Un château , bâti sur la montagne au pied de laquelle
se trouve Opoul, défendait le passage du Roussïllon cn'Langucdoc.
Au maréchal de Schoin<
berg.'
214
SOMMAIRES DES LETTRES
DATliS
cl
LIEUX DE DATES.
1039.
6 avril.
Saiiit-Germaiii-
en-Laye.
7 avril
8 avril.
Ruel.
10 avril.
1 5 avriJ.
Ruel.
SUSCIUPTION
DES LETTKES.
Le roi à ta reine d'An-
gleterre.
A la reyne d'Angleterre.
A M. l'a relie vescjue de
Bordeaux.
A M. le comte d'Har-
court.
A M. l'archevesque de
Bordeaux.
ANALYSES DES LETTHES
ET SOtJllCES.
désire que vous luy parliés franchement, suivant la dc-
pcscliC que je fais, par son ordre, à M" les ambassa-
deurs '. »
Orig. — Aff. étr. Turin, l. XXVIII , fol. i-j5. — Copie. -
Bibl. imp. Saiul-Germaiu-Harlay» S^y, fol. Aga \°.
Le roi lui renvoie une réponse par le s' Germain , «luy ayant
fait sçavoir mes intentions, je me remets à luy pour vous
en dire le particulier.» Déplaisir que le roî éprouve de ne
pouvoir faire les choses que la reînc d'Angleterre désire.
Minute. — Bibl. imp. Fonda Bcthuin? , 9337 , fol. 3a.
Madame, j*ay reeeu avec tout le respect que je doibs le com-
mandement qu'il a pieu à Vostre Majesté me faire. . . Je
m'estimerois infiniment heureux si j'avois peu, en cette
occasion, luv faire voir des marques de l'obéissance que je
luy veux rendre toute ma vie. . . Je la supplie très-huoible-
ment de croire qu'elle n'honorera jamais personne de sa
bienveillance , qui soit avec plus de soubmission , de respect
et de passion que moy. Madame , etc. ^
Mise au net. — Arch. des Aff. étr. Angleterre, t. XLVII ,
fol. 443. — Copies. — Bibi. imp. Cinq-Cents Cnlbert ,
t. XLVI , fol. 63 V**, etSuppl. franc. 370.
On a satisfait à presque tout ce qui est contenu dans la lettre
de l'archevêque du i" avril... «Afin que rien ne vous
manque de ce que vous désirés pour bien faire.»
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy, t. XV, fol. aSl. — Im-
primée. — Correspondance de Sonrdii , t. Il , p. io3. (Doc.
inédits, in-i". )
M. le Prince demande que M. d'Harcourt aille avec sa flotte
aux côtes du Languedoc et à Colioure, mais il n'y a pas
là de port "OÙ vous puissiés sauver vos vaissaux en cas de
lempestes.» — Avant un démêlé avec Gènes à cause de la
galère qu'il a prise, il faut remettre le voyage d'Alger à
l'année prochaine, et rester sur nos eûtes où l'euncnii pour-
rait faire quelque entreprise.
Copie ^. — Bibl. imp. Saint-Germain-Hariay, 3/17, foL 635.
Satisfaction de ce que rarchevéque a trouvé les troupes de
Guyenne en bon état. — On lui a envoyé i,ooo mousquets
et douze cents paires d'armes de elievau-légers. . .
Orig. — BibL imp. Suit? de Dupuy, t. XV, foL 334- — Im-
primée. — Correspondance de i>ourdi$ . t. II, p. loà. (Doc.
iuéd.]
' Voy. t. VI, p. 3l3 et 3i8.
^ Nous trouvons, dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale, cette autre version : «Madame, M. Germain de-
vant rapporter à Vostre Majesté ce qui s'est passé en son voyage , je ne prends la plume que pour l'asseurcr de 1? passion
que j'auray tousjoHrs à son service, et du conlenleiuent que je recevrai lorsque je pourray luy en rendre la preuve en ce
qui dépendra de moy, qui scray à jamais, etc. » Collection de Bétbune, 9^34 , foL ao. — Saint-Germain-Harlay, 346,
l. II, p. 84. — Inijirimcc. — llisl. de Louis XÏU . t. III , p. 171. — Richelieu a voulu mettre dans son refus plus
d'apparence de bonne volonté, mais eu réalité il se souciait fort pen d'être agréable à la reine d'.'ingleterre , et cette
autre Ictlie était l'oxpressio^i plus sincère tie sa pensée; c'est pourquoi il ne !*a pas envoyée. L? P. Grîffet , qui n'avait pu
consulter le manuscrit des Affaires étrangères, donne cette dernière comme la véritable.
'' «Faite sur une minute originale de la main de Chirurgien , avec le titre <Ie la main de Clierré. " [ Note du ms. de
Harlay.)
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
215
DATES
LIEU]i DE DATES.
SUSCmPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1639.
20 avril.
Rucl.
A M. l'arche vesquc de
Bordeaux.
Instruction donnée à
M. de Chavigny, al-
lant en Piedmont.
Ou lui a envoyé de l'argent. On a fait partir M. le comte de
Tonnerre , son neveu , pour faire la charge de maréclial de
camp , comme il l'a désiré. — On n'ouLlie aucune chose
pour ie mettre en état de bien faire.
Orîg. — Bibl. imp. Suite de Dopuy, t. XV, fol. a35. — Im-
prime'e. — Correspondance de Sourdis , t. II, fol. io5. (Doc.
ioéd. în-i*. )
Les affaires de la duchesse de Savoie étaient arrivées a une
crise inquiétante; ses beaur-frères , armés contre elle,
s'étaient emparés de plusieurs places importantes et mena-
çaient Turin ; une partie de la population s'était soulevée
pour eux; Richelieu voulut profiter de l'occasion pour
mettre cet Etat, au moins temporairement, dans une dé-
pendance complète de la France. Son plan consistait à
s'assurer, 1" du pays, parla remise, entre les mains du roi,
des châteaux qui gardent l'entrée de l'Italie, et par l'in-
troduction de l'armée française dans les places les plus
considérables; 2" des principaux personnages du Piémont
par l'appât d'une grande fortune. «Madame leur faisant
cognoistre qu'elle se met tout à fait entre les mains du roy,
et qu'elle désire qu'ils s'attachent à la France par bien-
faits qu'ils reçoivent de S. M.»; 3° de la duchesse elle-
même par l'envoi en France de ses enfants confiés à la
garde du roi. — Tels sont les points principaux de l'ins-
Iruclion dont nous ne donnons ici qu'une idée sommaire.
Cbavigni était chargé de déclarer à la duchesse que , si elle
n'acceptait pas ces conditions , la France l'abandonnerait et
que sa perte était certaine . « En Testât que sont les choses ,
écrivait Richelieu, Madame doit penser aux extrêmes re-
uicdes, se représentant que, si elle est une fois à l'extré-
mité, son mal ne sera plus capable d'en recevoir aucun.»
Mise un Dct, (le la main de Cherré, devenue minute, ayant
ét^ corrigée par Richelieu. — Arch. des Aff. élr. Turin,
t. XXVIII, fol. 134. — Autre mise au net, même ins.
fol. an '. — Copie. — Arch. des Aff. étr. Home, t. LXVIII.
— Bibl. irop. — Copies. ~ Dethune, 9267, fol. ni. —
Saint-Gerraiin , jaS. — Saint-Germain-Harlay, Si?, fwl. 65
cl 86. — Extrait. — Dupuy, n* 767, cahier Mm. — Im-
primée. — Aubery, t. IV, p. 170. — Hist. da miniitère da
cardinal de Richelieu, par Vialard , t. II, p. 63 du siip-
plément.
Déplaisir des malheurs de la duchesse; promesse de la se-
courir; conseil de se mettre «entre les bras de Dieu, dont
le secours vaut mieux que eeluy des hommes. » u Le s' de
Cbavigny s'en allant instruit de toutes mes intentions, je
vous prie de prendre en luy l'entière créance que vous
pourries prendre en moy mesme.»
Minute. — Bibl. imp. Bélhane» Q^S?, fol. iiÔ-
' Dans cette srcoDflv version , le préambule , composé de cinq paragraphe» , a été supprimé , et il est remplacé par
ane seule ligne pour entrer tout de suite en matière, La copie du folio 86 , dans le manuscrit de Harlay, est conforme
à cette version. Ici la date est ao avril , SaintGermaio-on-Lave.
avril.
Lettre du roi à Madame
de Savoie.
216
SOMMAIRES DES LETTRES
LIEUX DE DATES.
ir)39.
2 1 avril.
2 1 avril.
Ruel.
SUSGRIPTION
DES LETTRE.^.
A Madaran.
2 2 avril.
2 3 avril.
A M. le cardinal dt
La Valelte.
A M.leprinced'Orangc.
ANALY.SES DES LETTRES
ET SOUECES.
Ori vient de voir t
«Je ne suis point en doute que Vosire Allessc ne soit en ujie
extrcsmc peine de ce qui se passe en Picdmont; mais elle
trouvera bon , s'il luy plaist, que je lu) die qu'elle ne dnit
pas s'estonner pour cela, ny perdre le courage, puisqu'oJe
a un frère comme le roy, qui est résolu d'employer toute
sa puissance pour la protéger, la secourir et empesclier C[ue
M" ses frères ne viennent à bout de leurs mauvais des-
• seins.» Le cardinal ne parle point des conditions de ce
secours et renvoie la duchesse à Chavigni, aux paroles du-
quel il la prie d'avoir toute créance.
Orig. — Arch. des AIT. clr, Turin, t. XXVIII, fol. aai. —
Copie. — Homo, t. LXVIII. — Copies. — Bibl. imp. Bé-
tliuuc, 9267, fol, 111. — Saint-Germaio , 723. — Saiiit-
Germain-Harlay, 347, f"!- 68. — Imprimée. — Aubery,
l. IV, p. 68. — Recueil de i6g6, p. 181. — ///•(. rfu
minittère de Richelieu , par Vialard , t. II , p. 66 du supplé-
ment.
«M. de Chavigny estant une lettre ])arlante ', je ne vous fais
celle-ci que pour vous suplier de prendre une cnliére
créance en ce qu'il vous dira de ma part; et pour vous
asseurer que personne du monde ne vous estime et affic-
tionne avec plus de sincérité que mov. ..»
OrIg. — Arcli. des AIT. Ar. TuriD , l. XXVIII, fol. aai. -
Copie. — Bibl. imp. Saint-Germain-Harlay, 347, fol. 494.
«J'ay faict voir au roy la continuation de vostre franchise ^
par l'avis que vous luy donnés de la nouvelle proposition
qui vous a esté faicte de la part du cardinal infant ; Sa Ma-
jesté a telle confiance en Vostre Altesse qu'il ne s'y peut
rien adjouster. Pour moy. Monsieur, je seray loùsjours
caution de vos paroles et de vosire sincérité. Ce n'est pas
de celte heure que les Espagnols frappent à toutes les
portes pour tascher de mettre de la division entre le rov
et ses alliés; je vous responds asseurément que ce sera
tousjours inutilement du eoslé de la France ; et je liens la
mesme chose si certaine de vostre part, que je ne suis pas
capable d'en entrer en doute — Le sieur d'EsIradcs
part demain ^. . .
^liuute de la main de Clierrc. — Arcb. des Aff. clr. Hollande,
t. XXI, pièce 7a. — Copies.— Bibl. imp. Cinq-Cruts
Colbcrt, 46, fol. l5a. — Sainl-Gerraain-Harlay, 346 , t. H,
pièce 253*. — Supplément français, 170,
«Madame, ayant sceu par les s" Du Dorât et Boispilé l'exl ré-
mité !i laquelle vous vous trouvés, le désir que vous
avés d'estre en un lieu où vous puissiés mettre ordre
il vos aiîaires. .. vos bonnes intentions, et la passion
que vous avés de faire quelque chose qui puisse estre
utile au service du roy, je n'ay point faict de difficulté
(igni avait clé envoyé en Piémont, en niiss'on extraordinaire. fVov. une lettre du 2c avril
A Madame de Che-
vreuse.
adressée aussi au cardinal de La Valelte, t. VI , p. 3j6.)
' Voy. l. VI, p. 285, une Ictlrc au même, du 22 février, dont quelques pensées sont répétées ici.
- L'instruction donnée l M. d'Est.'ades , daléc du 28 avril, est à la page 328 du même »olumf.
' Le manuscrit do Colbert et celui de Harlny portent cette noie marginale : .Copie faite sur une minute c
lard de la maîo de Cherrc. »
brouil-
NON* IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
217
DATES
et
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOriîCES.
ra6 avril '.
A M. d'Hémorv.
1030.
de supplier le roy d'adjouster fov a vos |>aroles et de vous
donner la liberté de venir demeurer à Dampierre. . . » Le
cardinal ajoute que M™" de Chevrcuse peut jouir en toute
sécurité de la permission qu'on lui donne '.
Copies. — Bibl. irap. Cinq-Cents Colbert, 46. fol. ao v°. —
Saint-Germain-Hariay, 346, t. Il, p. 27^. — Imprimée. —
Madame de Cheirease de M. Cousin, p. 3i6.
Félicitations sur le soin et Taffeclion qu'il témoigne. . . Espé-
rance que les Espagnols recevront un anront devant
Turin... Avertir Madame du grand secours qu'on lui
prépare... (Ici sont répétées les informations données dans
les lettres analysées ci-dessus}. . . Diverses places doni il
est important de s'assurer. . . Garnir Casai d'argent.. . Il
ne faut pas avoir M. de Savoie en France, si Ton n'est
maistre des places par lesquelles on peut conserver ses
estais... Il faut que Madame soit privée de sens si elle
n'envoie le P. Monod en France... Il faut faire savoir au
cardinal de la Valette que tout est perdu si on ne parvient
à faire entrer les François dans les places... M. de \overs
fait response a ce qui est de l'argent.»
Minuit de la main de Clierrc (très-raturée). — Arch. des Aff.
élr. Turin, I. XXVIII, fol. 160. — Copies, Rome,
t. LXVIII. — Bibl. imp. Bélhune, 9567, fol. 131 \°. —
Sainl-Germain- Harlay *, 347, ^°'* 7^ ^°* — Saint-Ger-
main, 7a3. —Extrait. Dtipuy, 767, cahier Nd ^. — Im-
primû. — Aobery, t. IV, p. 74. — Recueil de 1696,
p. i84. Ilitl. da minûtèrt t/u cardinal de RicktlUa (pnr Via-
lard ] , I. Il , p. 69 da aupplémcnl.
Richelieu lui envoie un mémoire en réponse à ses dépêches :
«J'attends un bon succès, dtt-il. ne croyant pas qu'avec
quarante vaisseaux de guerre et vingt brusiots vous puissiés
rien trouver à qui vous ne faciès peur et mal tout en-
semble.» Richeliru ajoute diverses recommandations pour
fies travaux a faire à Brouage et à Saujon.
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy, t. XV, fol. a4o. — Mi-
nute de la main de Cherré. — Arch. de l'Erap. K , i34. —
Gayeime, 1" partie, 1639, p. 54. — Imprimée. — Correi-
pondance de Soardît . t. II , p. 106 (Doc. ioéd. iD-4'*)>
' A la soitc de cette lellre le» deux mânuAcril» donnent nne pièce dont voici le titre : «Déclaration do Du Dorat et
Boispilé que M""* de Chevrcu»e , estant en France , n'aura communication directement , 01 iudirectenient avec les cstran-
ger», et de ne point venir à Paris connne ou inconnue. — Ru«l , 12 avril lÔSg. ■ (Original.) — Cet engagement que
Bicbeliru «'était fait donner à l'avance par les deux agents n'engageait guère une femme telle que M"* de Clicvreusc ;
il eut du moins un effet que peut-être Richelieu avait prévu et désiré , le* conditions déplurent à M""* de Chevreuso et
elle ne revint pa^ en France.
^ Les deux maDuscrils mettent cette annotatiou : • Minute originale de la main de Cbcrré. >
' La pièce , qui n'est point datée, a été cUssée dans te manuscrit des Aiïairea étrangères au 39 avril ; c'eat un classe-
ment inexact , elle a été écrite le mardi 36 , c'est comme une continuation de la dépêche adressée ce jour-là à d'Hémery
(t. VI , p* 33i ) . à la fin de laquelle on lit que le cardinal fait réponse à la lettre de M. d'Hcmery, du a 1 ; elle ne
peut avoir été écrite plus tanf, puisqu'il y est dit que M. de Loogucville devait partir le mercredi; cependant il ne
partit que le jeudi 28 ; la Gazette du 3o , en annonçant ce départ, dit : b Le roi alla , le a6 , tenir conseil à Ruel , d'où
Son Em. pstoit venue en cette ville le jour précédent , afin de presser de tout son pouvoir le secours d'Italie , pour lequel
on n'obmet ni soin . ni de^pense aucune. ■
* L'écrivtio du manuscrit de Harlay ne aavait pas à qui cette dépèche était adrcsaée, il a écrit en marge : «Copie
OD pluitoftt brouillard d'une lettre de M. le cardinal de P.ichelien , à écrit de la main de son secrétaire Cherré.
— Un autre annotateur a ajouté : «Je croy qae c'eat ao aienr d'Hcmery, Manu , ut ai'anf , D. Maclovient. epUc. ■ On ne
voit pas ce que l'cvéqae do Saiot-Malo avait • faire ic'.
5 Voy. t. Vi , p. 66, note î.
37 avril.
Ruel.
A Mons. rarc]icves<|u
de Bordeaux.
CARDIN. DE niCHELlEC. — VII.
28
218
SOMMAIRES DES LETTRES
LIEUX DE D;1TES.
SLSGKIPTION
DES LETTItES.
1039.
28 avril '.
28 avril.
Idem.
Iden.
Mémoire pour respou-
dre aux dépesches de
M. rarclievesquc de
Bordeaux.
Mémoire pour M. l'am-
bassadeur de Savoie.
A M. de Chavigny.
A M. de Cbarost.
ANALYSES DKS LETTRES
ET ftOCBCES.
Les détails de celte campagne de mer et des préparatifs pour
un siège de Fontarabie ne se comprendraient pas dans une
analyse. Nous ne pouvons qu'indiquer la pièce.
Orig. — BibL >'"P- Suite de Dupuy, t. XV, fol. 227. —
Copie. — Bcthuue, 93/11, foL 81 et gSig , foL 147. —
Minute de ta main de Clierrë. — Arcli. de l'Emp. K, i34.
Guyenne, l""" partie , )63g , p. ^9, pièce 178. — Imprimée.
Correspondance de Soardit , t. Il , p. lOJ.
«J ay veu le mémoire de M. l'aniLassatleur qui contient tout
ce qui se peut et doit faire, tant pour le secours de Turin
que pour le salut du Piedmont...» Uichclicu recommande
surtout qu'on ne mette aucun relard à faire entrer les
Français dans les places et à les pourvoir.
Minute de la main de Cherrc. — Ârcb. des AîT. étr. Tarin ,
l. XXVIII, foi. 356. — Copie». — Rome, t. LXVIIL —
BibL Imp. BélhuDe, 9267, foL i36. — Saint -Germain -
Hariay, Zl\'], foL 80 v". — SaiiH-Gcrmain , 173. — Im-
priincc. — Aubery, IV, p. 80. — Recueil de 1696, t. I ,
p. 186.
Richelieu lui envoie le mémoire dressé par M. de Saint-Mau-
rice, en lui recommandant de faire l'impossible pour assurer
etliàler l'exécution : «Je vous avoue que l'estat des aOaires
du Piedmont me tue..'( M. de Longueville part demain...
On apourvu à l'argent . . On fera l'impossible. . . En même
temps que toutes les troupes du roy passenl en Italie, faites
faire des recreues en Dauphiné, Lyonnois, Auvergne et
provinces adjacentes, . . Au nom de Dieu faites pourvoir au
mémoire de M. de Saint-Maurice...»
Minute de la main de Richelieu. Arcli. des Aff. étr. Turin,
t. XXVIU, fol. a6-j. — Copies. — Rome, t. LXVIIL —
Bibi. imp. Bctliune, 9267, foL i37 v". — Saint-Germain-
Harlay, 3^7, fol. 81 v". — Saint-Germain, 733. — Im-
primée. — Aubery, IV, p. 81. — Recueil de 1696, t. 1,
p. 187.
Les Espagnols ont cliargé des troupes d'infanterie sur des
vaisseaux anglois pour débarquer a Dunkerque, comme si
c'estoit de la marcliandise ordinaire, contre les lois de la
neutralité... Cette marchandise est bien pire que celle de
contrebande. . . Avertissez en toute hâte le vice admirai qui
commande la Qotte de M" les Estais, ahn qu'il observe
soigneusement le passage de tous les Anglois...
Minute de la main de Cbcrré et de celle du cardinal. — Arcb.
des Ad. êlr. France^ i63g. Supplément, fol. 109.
' L'original n'est point daté , non plus que les copies. On a mi» en têle de la minute : « 28 avril ; » c'est sans doute le
jour de l'envoi , car la lettre précédente donne la date du 27. L'édilcur de la correspondance , qui n'avait pas la mi-
nute , sans faire attention que la Icllre d'einoi donnait la date , a placé ce mémoire À la iîn de mars.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
219
LIECX DE DITES.
1639.
29 avril.
29 avril.
Rael.
29 avril.
Du cabinet du roy
à Saint-Germain
3o avril.
SUSCRIPTIOX
DES LETTliES.
A M. de Cliavignv '
A M. le cardinal d(
La Valette.
ANALYSES DES LETTHES
ET souncES.
«Je vous escris si amplement^ par Gardon, voslre commis,
qu'il ne me reste autre chose a vous dire sinon que j'estime
3u'il est très à propos def.iire sortir le nonce de Turin, et
'animer de telle sorte M. le comte Philippe qu'il ne puisse
porter Madame à faire un mauvais accord avec ses frères,
dans lequel elle trouveroit indubitablement sa perte as-
seurée... Faites entrer des poudres dans Turin...»
Minute de ta main de Cherré. — Arcli. des Aff. élr. Turin ,
t. XXVIII, fol. a58. — Copies. — Romo, t. LXVIil. —
BibL imp. Bélliunc, 9267, jot. 139. — SBint-Germain-
Harlay ', 3/i6 , fol. 8a v". — Saint-Gerraain , •jiS, — Im-
primée. — Hist. du minitthre dt Richelieu (par Vialard],
t. II , p. 80 du Siipplémont. — Aubery, t. IV, p. 8a
et dans ie Recueil tte iGgÔ, p. 186,
Esp(^raoce que les ennemis de Madame ne lui feront pas tout
le mal qu'ils lui veulent faire. . . M. de Guiche assemble
des troupes aux environs de Pignerol. M. de Longueville
est parti ce matin on poste, il aura iOtOoo hommes de
piea et 2,000 chevaux; ordre est donné au s' de Lamotle
Iloudancourt de s'en aller promptement, et on a dëpesché
le marquis de Villeroy. .. On a pourvn à tout l'argent que
M. d'Hémcry a demandé. M. ae Chavigny a été envoyé
extraordinairement auprès de Madame; il a ordre de se
concerter avec vous... On fera icy l'impossible pour res-
tablir les atl'aires du Piedmont... On compte sur vostre
zèle et vostre afiection.
Orig. — Arch. des AfT. étr, Turin, t. XXVIII, fol. aSg.
«Ces trois mots sont pour vous asseurer qu'on faict l'impos-
sible pour seconder vostre générosité et secourir Madame,
ce que j'espère qui sera bientost» selon que M. le marquis
de S' Chaumont vous dira particulièrement... Si j'estoîs
ca[)able de servir Madame en personne, je serois fort heu-
reux d'esire auprès de vous à cet effecl. . . '. »
Original autographe. — BifaL imp. Danuvi 538, p. 137.
«Monsieur, estant de ceux qui désirent plustost servir ceux
qu'ils honorent que de leur faire sçavoir par autre voye que
celle des effects , je m'cxemptcrois volontiers de vous donner
advis de l'abbaye dont il plaist au roy de gralilier Vostre
Eminence, si je n'estois obligé de luy iairc cognoistre, par
mesroe moyen, avec quel contentement S. M. a pris cette
occasion de Inv lesmoigner sa bonne volonté...»
Minute de la moin de Citoy». — Arch. des Aff. ^tr. France,
1639. Sapplemeot, fol. 111.
' Le ntanoscrtt des Affaires étrangères ne donne point de suscriplion , mais Chavigni eltit iitors en mission extraor-
dinaire en Italie.
' Les trois imprimés ont refait la première phrase : «Je von» ay escrit simplement par Gardon , vostre commis, il
ne me reste.. . ■ et tons trois ont supprimé le mot ■•s>eurée>. .
' En marge de la copie de Harlay : • Manu Cherré secret, dd, cardinalis d$ R>»
* Après avoir dicté ta lettre prcrédente à Cherré, le cardinal a voulu, pour lui donner plus d'.iutorité, ajouter ce
billet de sa main.
28.
Idem.
A M. te cardinal An-
toine.
220
SOMMAIRES DES LETTRES
LIEUX ME DATES.
SUSCÏUPTIOX
DES LETTRE».
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1039.
3o avril.
A M. le mareschal
d'Estrées.
3o avri}.
Saint-Germain-
en-ï.avc.
Le roy à M. d'Avaux.
Jdem.
Instruction pour le s'
comte de Guébriant.
[Versleaoavrii'.
Insti-uctiou à M. le
comte d'Harcourl ,
commandant l'armée
navale du roy en Le-
vanl.
Richelieu lui envoie la lettre pour le cardinal Antoine; il
n'ajoute rien , M. de Chavigni ayant écrit au maréchal tout
ce (ju'on a fait pour le contentement du cardinal Antoine,
au sujet de ses pensions et de l'abbaye de Saint-Evrou que
le roi lui donne.
Minute de la main de Gîtoys. — Archives des Aff. étr. France ,
i63g. Supplément, fol. iii.
Il s'agit de traiter avec la couronne de Suède pour entretenir
en Westpbalie une armée suédoise. — Si les Suédois n'en
peuvent faire les frais, le roi veut bien continuer le sub-
side jusfiues à 3oo,ooo livres. L'armée, dont on détermine
la composition , sera au service commun des deux cou-
ronnes et le serment sera prêté aux deux par les géné-
raux. . . — Le roi envoie des pouvoirs à M. d Avaux.
Copies. — Bîbl. imp. Cinq-Cents Colbert , i6 , fol. 807 v" ',
Bclhunc , 9266 , fol, 79.
M. de Guébriant, commandant les troupes du roi sous M. le
duc de Weymar, est chargé de négocier avec ce duc au
sujet de la demande qu'il a faite à Sa Majesté , par le baron
d'Erlach , général major de son armée, de conserver en
ses mains la ville de Brisach, comme une place d'armes
pour son armée. Sa Majesté, considérant que cette con-
quête a été faite avec le concours des troupes du roi et avec
l aide des subsides de la France , « trouve bon qu'il garde
lirisacli et les autres places qu'il tient à présent... sous
cette condition que le duc déclarera par écrit (|u'il les
tient sous l'autorité de Sa Majesté , sans qu'il puisse y être
admis aucune force que par le consentement exprès de
Sa Majesté... Le roi, voidîmt d'ailleurs lui témoigner de
plus en plus sa bonne volonté, lui accorde la somme de
3oo,ooo livres d'extraordinaire, outre les subsides stipulés
par les précédents traités. Sa Majesté lui fait témoigner
qu'elle a une entière satisfaction de sa conduite et qu'elle
approuve pleinement les opérations (|ui lui ont été pro-
posées par le s' d'Erlach , de la part du duc ^.
Arch. des Art', étr. Saxe, t. II, pièce 81. — Mise au net. —
Copie. — Bibl. imp. Cinq-Cents Colbert , 46, fol. 376 v".
L'armée s'assemblera dans la baie de Toulon avec telle dili-
gence que dans le mois de may elle puisse faire voile. . .
M.d'Harcourt se mettra en relation avec les généraux de
l'armée de terre.. . Plan des opérations a faire sur les côtes
d'Espagne... Empêcher que l'ennemi ne secoure le Uous-
sillon. . . Vers le mois de juin ou de juillet , si le Languedoc
' Le manuscrit met en luargc : «Copie Daridot. > Nos manuscrits nomment quelquefois ainsi l'un des premiers com-
mis des Affaires étrangères, Darîdol ; la rédaction de la pièce dont Richelieu avait donné la matière appartient sans
doute à Chavigni, . ,
'•^ Comme po|ir la pièce ci-dessus, le développement de la pensée de Richelieu est l'œuvre du secrétaire d'Etat des
Affaires étrangères.
' Le manuscrit ne donne que le roitlésîme, mais le comte d'Harcourt quitta Pari» nn peu après le ?.o avril , c'est la
date approximative de cette instruction, qui a dû être rédigée par le aecrétairc d'Etat. Mais Hirrheliou qui, en sa qua-
lité de grand maître do la navigation, s'occupait avec nn soin particulier des affaires de la mer, en a donné la matière.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
221
DATES
LIEUX DE DATES.
SUSChlPTlOS
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOOttCES.
1639.
[Vers le loavril'.
Méoioiro particuJier à
iM. le comte d'Har-
court.
t" mai.
i;uçi '.
Au duc de Wcvmar.
n'est pas attaqué, les vaisseaux ronds pourront passer eu
Alger pour y exécuter les ordres du roj donnés la précé-
dente année... et au mesme temps les galères viendront
aux isles Sainte-Marguerite, fwur empesclier les commu-
nications des ennemis entre l'Kspagne et Gênes
Copie. — Bibl. imp. Saînl-Germain-Harlay, 3^7, fol. 563.
— Autre copie au fol. 58g > avec do légères variantes.
«Parce que les Génois, après avoir faict Tannée passée dos
promesses spécieuses au d. s' comte d'Harcourt , de satis-
faire le roy sur le sujet de la galère la Patrone d'Espmjne ,
qu'ils retenoient dans leur port, et ont depuis rendue aux
Espagnols. . . Le d. s"^ comte cherchera l'occasion de prendre
sa revanche d'un tel manquement, et s'y conduira avec
tant d'adresse que nul ne puisse cognoistre son dessein,
qu'après qu'il aura faict quelque coup important, soit en
prenant quelque vaisseau dont la charge soît considérable,
soit en prenant quelcjue galère d'Espagne, nonobstant les
escortes qu'elles pourroient avoir de celles de la république
de Gênes. » — Le mémoire trace la conduite que doit tenir
le comte d'Harcourt et indique certains moyens d'exécution.
Copie. — Bibl. inip. Saint-Gerraain-Harlay, 347, fol. 564 ,
et au fol. 591, autre copie avec des variantes sans impor-
tance. — Kxtiait. — Dupuy, 767, cahier Vv, (Voy. l. VI ,
p. 56 , uote 3.)
Le colonel d'Erlach lui porte des témoignages particuliers
de l'aiTection et de la confiance du roi ; le colonel est si
bien instruit de toutes les affaires, que Richelieu se
borne a exprimer au duc son ressentiment de l'affection
dont M. d'Erlach lui a donné l'assurance de la part de
Son Altesse. Richelieu, de son côté, n'oublie rien pour
porter le roi à assister puissamment le duc dans l'exécution
de ses desseins, dont le succès est assuré avec l'aide du
roi. — Compliments sur la réputation et la gloire qui
récompensent les exploits.
Copies. — Bibl. iiup. BélbuDe, 937c) , foi. 63. — Ciaq-Cents
Colbert, A6 , fol. Syi v". — Saiçt-Gerroain-Harlay, 346,
t. II, p. 699».
n Bien que je vous ayc escrit amplement depuis deux jours. . .
Je ne laisse de vous envoyer ce courrier exprès pour donner
une dernière bénédiction à vostre armée , a l'heure de son
partement, à latjuclle cette lettre arrivera, à mon avis.»
— Suivent divers renseignements et conseils : les vaisseaux
d'Espagne ne sont pas réunis à ceux de Dunkerque. . ,
L'Espagne est dans un grand étonnement de votre arme-
ment. . . C'est à la Corogne que se fait l'amas de leurs
vaisseaux... Si vous prenez pied en quelque lieu, l'argent
que vous désirerez sera à la Roclielfc aussitost que vous
^ M^iiic- oLservatioQ que pour la date de la pièce prccéJeQte.
^ Le^ maDuscrits de Colbcrt et de Harlay dooneot h cette pièce la date du 3o avril. 11 y a entre les divers maaus-
crit^ 'les variaotes sans importaac«.
' Ce manuscrit met en note tjue sa copie e«t fait« »ur un original de la maïn de Cherré.
idem.
A M. I'archeves<|ue de
Bordeaux , général de
l'armée naval*' du
roy.
222
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
el
LIErX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
KT SOUBCRS.
1639.
2 mai.
Ruel.
A M" les Estais.
I may.
Ruel.
A M. le comte d'Es-
trades.
l'aurez mandé.., «Faites donc voile au plus tost avec la
coniiance que vous devés avoir en Dieu, en la bonne for-
tune du roy cl eu ta vostrc, et asseurés toute l'armée, en
leur disant adieu de ma part, que je serav ravy de faire
valoir leur bonne ucllon auprès du roy.. .
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy, t. XV, fol. aid- — Im-
prïtncc. — Correspondance de Soardîs . II, 107 (Docum.
inéd. in-ii''].
Le cardinal répond a une dépêche de M" les Estais , que sur
la parole que M. d'Estrades a apportée au roi, que l'armée
de Hollande entrerait en campagne au i" mai précis,
l'armée du roi y est entrée ponctuellement ce dit jour.
Sa Majesté s'étonne des difficultés que présentent M" les
Estais et réclame l'exécution de leurs engagements, le roi
ayant rempli les siens.
Orig. — Arch. des Aff. clr. Hollande, t. XXI, pièce 7^ '. —
Copies. — Bibl. imp. Cinq-Cents Colbert , t. LXVl ;
fol. ifro v". — Saint-Germaiu-HarJay, 3^6, 1. II, p. 277 ^.
...Il est arrivé aujourd'hui un courrier de M" les Estais,
apportant de nouvelles propositions, quelques-unes con-
traires à celles de M. le prince d'Orange; ils parlent d'en-
trer en, campagne le 1 5 mai. . . M. d'Estrades n'oubliera rien
pour que les engagements pris soient exécutés, el pour
presser les Estais de mettre leur armée en campagne, si
elle n'y est déjà.
Orig. — Arch. dos Aff. ctr. Hollande, t. XXI, pièce 75. —
Copies. — Bibl. imp. Cinq-Ccnta Colbert, 46, fol. 63. —
Saint-Germain-Harlay, 346 , l. 11 , p. 278. — Mêmes anno-
tations que pour la pièce précédente.
M. e comte avait envoyé un gentiiliommc pour s'informer
des nouvelles de la santé du roy. Richelieu écrit une lettre
de compliments au nom du roi et en son propre nom, pour
rendre grâces au prince «des tesmoignages que vous avés
eu agréable de me donner de vostre souvenir.»
Orig. — Bibl. imp. Fontette, portefeuille îj, pièce 84.
Protestations d'estime pour sa personne et son mérite. —
C'est une simple lettre de compliments.
Orig. — Bibl. imp. de Saint-Pétersbourg. Communication de
M. Léouzon le Duc.
Ëtonnement de ce qu'il ne se prépare que pour le mois de
juin à entrer dans le pays ennemi; c'est donner tout le
temps que les ennemis peuvent désirer pour rendre cette
entrée inutile. Qu'il se diligente et fasse paroistre ce qu'il
vaut. — On n'a pas été content ici du retard apporté aux
recrues d'Italie; «cela donne lieu À beaucoup de per-
' En tjte de cet original de la main de Cherrc, on lit : «Duplicata. •
^ Les copies de Colbert et de Harlay mettent en note : ■ Sur un original de la main de Cherré.
o may.
Ruer.
6 mai.
Ruel.
9 mai.
A M. le comte.
Au chancelier Oxens-
tiern.
A M.d'AUuin.
NON IMPRIMÉES DANS LE TOME VI.
223
DATES
LIEUX DE DATES,
SUSCBIPTION
DES LETTRHS.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1039.
9 mai.
A M. d'Arg encourt.
Idem.
Idei
Idem.
A M, (TArpajon.
A M. le marquis di
Sourdis.
A M. <l*KspciiaD.
sounes de philosopher sur vos aclioDs. Au nom de Dieu
réparés le [>assé par l'avenir. »
Copit^s. — Bibl. imp. Cinq-Cents Coibert, 45, fol. 370. —
Saint-Gormein-Harlay, 346, t. I, fol. 377. «D'après une
inioute (le la main du chirurgien du cardinal.» Note mar-
ginale du manuscrit de Colbert ; celui de Harlay met:
■ D'après une mîuute de Chirurgien. ■
«Vous scavés sy Lien tout ce qu'il l'aut faire, et tout ce que
ratrectiou que je vous porte m'oblige de vous faire co-
gnoistre quon trouvoit a redire en voslre procédé, qu'il
ne me reste qu'à vous prier d'eu tirer profit. — Au nom de
Dieu, faites paroistre ce que vous valés et vous as-
seurés, etc.»
Copies. — Bibl. imp. — Cinq-Cents Coiberl , 45 , fol. ajo v",
— Saiat'Germain-Harlay, 346, t. I, fol. 377 v" '.
«Je vous conjure de faire voslre profit de ce que je vous ay
dit avant vostre parlement: faites paroistre ce que je sçay
bien que vous valés, Appliqués-vous à des desseins qui
puissent réussir; vives, pour Tamour de moy, eu si bonne
intelligence avec le monde, qu'on ne puisse dire que les
courages gascons sont aussy difficiles qu'ils sont relevés.»
Copies. — Bibl. imp. Cinq-Cents Colbert, t. 45, fol. 270 v".
— Saiot-GeimaiQ'Harlay, 346, i. I, fol. 377 v*.
" Mon cher marquis, vostre capacité m'empcschc de vous ins-
truire de loin <Ie ce que vous avé^ à faire... Pré parés- vous
a ce c[uc vous devés laire, vous et M. de Bordeaux , quand
il sera de retour de son voyage... Faites cognoistre ce que
vous estes à tout le monde. . . J'espère que M, de Bordeaux
rendra cette année le nom de Sourdis si célèbre <jue le
bruit en frappe et pénètre les oreilles des plus sourds. »
Copies. — Bibi. imp. Cioq-Cents-Colbert , 45, fol. 370 v". —
Saînl-Germain-Harlayi 346, t. I, fol. 377 v".
«...Je vous avoue que le roy et ses serviteurs sont extresme-
ment fasciiés de ce que M. le Prince se met si tard à la cam-
pagne.. . Je vous ])rtc de faire ce que vous pourrés pour
rcscbaufler et Taniuier à agir diligemment... Je ne doute
pas que vous ne fasciés cognoistre, au lieu où il vous mè-
nera , vostre ardeur, vostre diligence et voslre courage tout
ensemble ...»
Copies. — Bibl, imp. Cinq Cents Colbert , 45, fol. 271. —
SaÎDt-Gcrraain-Barlay, 346, t. I, fol. 378.
\ns. soQTces, rodnK annotation qu'ù la lettre adressée à M. d'Halluin (p. :i-Ja), ainsi que pour les trois lettres
qui siiivcut cel
ille-ci
224
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEDS DE DATES
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
F.r socnCEs.
1639.
9 mai.
A JM. d'Air.-.
Vers la mi-mai?]
Au cardinal Antoine
A M. le Prince.
«...Je vous prie d'animer, autant que vous pourrês, M. le
Prince, et de faire en sorte que rien ne manque de ce qui
dépendra de vos soins. Je me promets que de qucl([ue costé
que M. le Prince porte son attaque , vous aurés pourveu
aux pinasses ou barques nécessaires pour porter les vivres
et les munitions.» Félicitations sur ce qu'il a déjà fait.
Copies. — Bibl. imp. Cioq-Cenls Coibert, àb , fol. 571 v". —
Soint-Gcrmain-Harlay, Z&S , t. I, fol. 578 v" '.
Satisfaction de LL. MM. pour l'envoi de M. Martinozzi', qui
s'en retourne en Italie; personne ne pouvait leur être plus
agréable. — Richelieu remercie, en son nom, le cardinal
Antoine «du beau préscntw qu'il lui a envoyé par M. Mar-
tinozzi.
linpriraée. — Histoire de Mazarin . par Aubcry, t. I , p. 76. —
Dans les mémoires poor l'hisloire da cardinal de Richelieu ,
par le mcinr, t. V, p. 5à&. — Recueil de 1696, t. II,
p. i58. «
Richelieu n'a rien à ajouter à la lettre qu'il a envoyée il y a
deux jours par Mayoia (voy. t. VI, p. 3i5); seulement il
l'invite à agir diligemment , afin de surprendre l'ennemi. . .
Il est bien aise (|u'ils se soient rencontrés sur la pensée du
Boussillon... «Tout est en vostre disposition; c'est à vous
à exécuter diligemment vos résolutions et à moy a faire
valoir auprès du roy vos serv^iccs et vos actions.»
Copies. — Blbl. imp. CiD^-Ceots Colbert, 45» fol. 374 n". —
Saint-Gennain-Harlay, 346, t. I, fol. 379 v" ■'.
Vostre lettre du 6 may se réduit à quatre points : 1° incon-
vénient des armements des vaisseaux qui vont en course;
je crois comme vous qu'il le faut éviter à l'avenir. — 2" In-
justice qu'éprouvent les capitaines dans la livraison qu'on
leur fait des poudres, M. de Noyers escrit aux commissaires
a ce sujet. Il a donné ordre au s"" Lequeux de vous fournir
à Marseille celles dont vous avés besoin. — 3" Si un
6'^ bruslot vous est nécessaire, on escrit à Lequeux de le
faire fournir. — /i" Je juge avec vous qu'il est à pjropos que
vous ayés des fonds extraordinaires, M. de Noyers escnt à
M. Lequeux qu'il fasse satisfaire aux ordres que vous don-
neriez.
Copie, — Bibl. imp. Saint ^erinain-Harl-iy, 347» '^'^L -^96 •.
' Aux sources, iiiérae annotatiou qu'à la lettre à .M, d'Halluin, (p. 333).
* Martinozzi, tcau-frère de Mazarin, avait été envoyé par le pape pour faire un compliment sur la naissance du
Dauphin. Aubery dit, à ce sujet, «qu'on ne pouvoit pas dénier au roy très-chrétien, fils aîné de ï'é^ise, quelque dis-
tinction et quelque prérogative , » et que le Saint-Père voulut ajouter cette mission spéciale à celle du nonce chargé ,
eelon l'usage, d'apporter les langes bénits- — Les imprimés ne nous donnent point de date. Nous voyons, par une
lettre de Mazarin à Chavigui, écrite de Rome le 19 mai (AflT. ctr. Rome, t. LXV), qu'à ce moment M. Martinoiiï
était attendu à Civîta-Vecchia ; ce qui mettrait son départ de Paris vers le lo mai; mais n'était-il pas bien tard poor
remercier d'une politesse faite depuis six ou sept mois peut-être qu'avait eu lieu la venue do Martinoizi ? Pourtant l'on
ne peut guère napposer que , dans cet intervalle , il ait fait deux fois le voyage de Rome à Paris. Au reste une date ici
est sans importance et nous ne nous en occuperions pas, si ce n'est l'obligation où nous sommes de donner à celle
lettre sa place dans l'ordre chronologique.
^ « Minute de la main de Cherré. > Note des deux manuscrits.
^ A la marge du manuscrit : ^Minute originale de la main de M. de Noyers. ■
A M. le comte d'Har-
courl.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
225
DATES
MEtrX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
Instruction donné*; au
s'de Vilio".
A M. d'Estrades.
i<; mai.
Ruel.
1639.
12 mai. Instruction donné»; au En supposant la sincérité des sentiments que le duc de Lor-
raine a fait témoigner au roi par le s' de Ville, Sa Majesté
pourrait consentir à remettre le duc en ses états, à Tune
des deux conditions suivantes : La remise de Nancy en
dépôt entre les mains du roi, pour dix ans, après la paix,
avec la cession du Barrois et de plusieurs places; ou la
cession à perpétuité de Nancy et des susdites places; le
roi rendant au duc le Barrois et le reste de ses états. — On
demande au duc une prompte réponse.
laipriméc. — Aulery, Sdém. t. V, p. ôyi ; et Rec. de 1696,
t. II,36i.
Les pluyes continuelles n'ont point, comme je vous l'avois
escrit et comme tout le monde l'avoil cru, empesché
M, de la Meilieraie d'assiéger Charleraont; sa fermeté
a passé par-dessus toutes sortes d'obstacles... «La belle
saison qu'il a fait en Hollande aura autant avancé les des-
seins de M. le prince d'Orange, comme la mauvaise qu'il
a fait icy a retardé les nostres pour un temps. . . Asseurés
le prince d'Orange que de deçà on n'espargnera rien ,
et (|u'on ne laissera point les ennemis en repos toute cette
campagne.. .»
MinuU de la main de Charpentier. — Arch. des AfF. cir.
HoHaDdp, t. XXI, pidce 3i3*.
«Bien aue j'ay tousjours affaire de M. Citoys,je ne laisserois
pas de l'envoyer aux Caves, encore que je sache (jue
M" Du IVé Mcriel et Dacier feront a la petite malade tout
ce qui pourra être faict, si M. le Daufin n'estoit miiiadc,
et si présentement le d. s' Citoys ne partoit pour aller a
S'-Gcrmain. Je vous prie donc de faire partir sans luy les
autres médecins en diligence...» - — (Suivent quelques
lignes où le cardinal dit a Oouthillier ce qu'il répéta deux
jours après à sa femme*.)
Orig. — Arch. des Aff. élr. France, iGSg. Supplément,
foL 174.
En l'extrémité où sont les affaires de Madame, il ne lui reste
d'autre moyen de salut pour elle et pour le jeune duc son
fils, <|ue le dépôt des places du Piémont entre les mains
du roy... «L'esprit que Dieu a donné a V. A. luy fera
clairement cognoistrc que son intérest est le seul motif <iui
me faict parler comme je fais... *»
Origiual de la main de Cherré , «levenu minutr. — Arch. des
AIT. ^Ir. Turin, t. XXVIII, fol. 385. — Copie. — Bibl.
imp. Saiot-Gertuain-Harlay, 3^7, fol. i5o. — Imprimée.
— Anbery, Mém. V, p. 4o8 ; et Recueil de iGgS, p. 337.
' Heurt Je Livroa , marquis de Ville , était prisonnier à Viaceones; il avait la confiance du duc de Lorraine, et il fut
.-iiiployé aux négociati<ir.$ eutamées avec ce prince alors déposséda de ses état». Nous avons un engagement du marquis
•If Ville («îgiie le i4 mars) promettant, dans un temps donne, de se reconstituer prisonoier à Vincennes. Il était
chargé (le porter au duc un sauf-rouduil , dont le teitc est conservé aux Affaires étrangères . avec la date du i4 mars ;
r'esl la reproduction d'un autre .daté do a 5 janvier. (Arch. des Aff. étr. Lorraine, t. XXXl , pièces 5' et la". )
* L'it feuillet de la main de Chat igni e^l joint à celte piére. C'est un ■ extrait do l'armée qui doit être contre les Hol-
i.indoia, ■ envoyé par ■ un homme que le roy a auprès du duc tie Lorraine... et qui nous a souvent donné de bons avis. ■
* Voy. t. VI , p. 36o , note 3.
* Voy. I. Vl , p. 370, niic drpéchc au cardinul de La Valette, ou la pensée de Hicbelieu par rapport au Piémont est
cipos -f avec plu* Je développement , et la uote où noua avons cité le passage principal de la présente lettre.
22 mai.
Utiel.
Pour M. [joulbîllîrr
surintendant des li
nançi's. à Paris.
A Madame de Savoie.
CARDIN. DE niCHELlEU. — VII.
ag
226
SOMMAIRES DES LETTRES
D\ li.:
LIEUX DE DATES.
SL'SCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTni.S
ET SOQBCBS,
1039.
26 mai.
ÎSaint-Germain-
en-La ve.
Mémoire au s' d*A\aiix.
l'onloise.
26 mai.
Pon toise.
A M. de la Meillei
raye,
A M. Mole, procureur
général.
Le roi envoie une instruction à M. d'Avaux, ambassadeur en
Allemagne, à l'effet de négocier, au nom de la France»
en même temps tjue le s' Salvius pour la Suède, avec
M"" la Landgrave de Hesse, et la faire rompre avec le
roi de Hongrie. Il s'agit de conclure un traité sur les bases
de celui de i636, fait entre le roi de France et feu le
Landgrave , toutefois avec certaines modifications avanta-
geuses à la Landgrave, par exemple, l'augmentation du
subside donné par la France. Il sera bon en même temps
de se débarrasser de quelques clauses gênantes de l'ancien
traité '.
Mise au iict d(! ia maio il'uii commis de Chavigni. — Arch.
des Aff. ^ir, Allemagne, t. XV, fol. 11 a. — Copies. —
Bibl. imp. Cinq-Cents Colbert, ^6, fol. 3o8. Béthane^
9365, foi. 81.
...uAu nom de Dieu fortifiiez vostre camp de tous costez...
On mande à M. de Cliastillon d'entrer dans le pays ennemi
pour faire diversion... M. de Feuquières est dans le
Luxembourg. , . Les Affaires d'Allemagne sont , pour l'empe-
reur, en pire estât que vous ne sçauriés vous imaginer '. . . »
Copie. — Bibl. de l'Arsenalf HUt. franc. t86, în-^", p. i34<
Désordres dans l'abbaye de Saint-Savin, «où non seulement
il ne se fait plus aucun service divin depuis dix mois, mais
où il n'y a plus de religieux, qui en ont esté chassez au
préjudice de plusieurs arrests du parlement... Je vous
conjure de contribuer ce qui dcppend de raulliorilé de
vosïre charge pour restablir toutes cltoses dans ia d. abbave ,
ainsi qu'elles y doivent estre pour raison...»
Ortg. — Bibl. imp. Cinq-Cents Colbert, t. VI, fol. ai3. —
Imprimée. — A/e'm. de Alolê , t. II , p. 4i8.
«Ne vous excusés plus si vous n'escrivés souvent; un général
qui agit beaucoup doit peu escrire. Mandés seulement à
M. de Noyers les choses nécessaires. — Envoi d'infanterie
et de cavalerie, — Vous faites bien de bastir un fort pour
asseurer vostre camp,.. Mettez tout vostre soin à garantir
vos dehors... Si la place n'est pas secourue, elle est prise
indubitablement. . » ( Ici quelques conseils et aussitôt Riche-
lieu ajoute :) «Ncprenés pas garde à ce que je vous mande
en cet article, parce que ne sachant pas la situation des
lieux , j'en parle comme un aveugle feroit dçs couleurs. . .
Conscrvés-vous. .. et dites au marquis de Coislin qu'il en
face autant.»
Minute tle la main de Cherré. — Arch. des AIT. étr. Pays-Bas ,
t. Xlll. — Copies. BibL imp. Bctbuue, 9266, fol. ai v".
— Cinq-Cents Colbert, 45, fol. 98*. — Saiol-Gprmain-
Harlay, 3A6 , t. I, fol. 99 v". — Bibl. de l'Arsenal, HUt.
franc. i86,in-ï", p. laS.
' Cette pièce, de la uiain d'un des premiers commis des AfTaires étrangères, nous donne la pensée de Richcliea
habillée , sans doute , du style de Chavigni. Une note da manuscrit de Colbert avertit que sa copie est faite sur nnc pièce
de Daridol; c'est apparemment celle des Affaires otrangères.
^ Nous avons cité des fragments de cette lettre à l'occasion d'une autre écrite 1« 2 a mai , t. VI , p. 302 , note 1 .
^ Hoiident, village, commune de Tours (département de la Somme).
'' Les manuscrits de Colbert et de Harlav avertissent que leur copie est faite sur «une minute originale. »
uy mai.
De lloudan ^
A M. de la Meillerayf
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
22:
DATES
et
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LBTTKES.
ANALYSES DES LETTKES
ET SOCRCES.
1639.
29 mai,
à 9 hi^ures du soir.
De Sainl-Manny.
A M. de ]a Meilleraye.
3i mai.
D'Abbevdle
Ide^
Idem,
Iden
Idem
A M. de Scliomberg.
Demain matin le s' d'Oysonville partira avec la monstre ries
Suisses qui eouclieronl mardi à Abbeville , et vous les aurés
jeudi ou vendredi; jespère que vous aurés les gardes mer-
credi... Annonce d'autres troupes encore. «Cela estant,
je croy que vous serés en estât de ne craindre aucune puis-
sance et que le succez de vostre entreprise sera asseuré. . .
Après ce secours là il ne nous reste autre chose au monde
que l'armée de M. de Cbastillon qu'on laisse reposer main-
tenant.. .»
Copie. — Bibl. (io l'Arsenal , Htst. franc, i86, în-/|'
!»■
138.
11 part aujourd'huy 800 paysans de Pontliieu pour aller ii
Hesdin avancer les travaux; nous vous en enverrons da-
vantage si vous en avez besoin, on en assemble 2 ou
3,000,.. «Le roy trouve très mauvais que M. le grand
maistre entre dans les tranchées à cheval , tant à cause de
sa personne cpie du mauvais cxemjile... Je le conjure en-
core une fois de s'exempter de telles coustumes qui ne
peuvent servir qu'à acquérir un mauvais vent et peuvent
luy faire perdre la vie et le moyen de servir tout en-
semble '. S'il me veut faire plaisir, il consrrvera sa santé
pour faire encore quelque plus grande entreprise que celle
de Hesdin.
Copif. — Bibl. de l'Arsenal , fiTiit.yranf. iSfi , 1^4°, p. 1 3o.
Mon cousin, le roy aiant donné le gouvernement de Charle-
ville et du mont Olympe à M. de Biscarat, cet ofiicier nie
laisse une compagnie de chevaux légers; dites à M. de
Paluâu que je lui donne cette charge, je m'assure qu'il en
aura le même soîn que M. de Biscarat. Vous aurez demain
an soir des paysans de Vimcux...
Copie. — Bibl. do l'Arsenal, Hftf.yrâRf. i86,in-4°, p. i3i.
Jusques icy M. le Prince n'a fait aucune plainte de vous...
Ayant montré au roy la lettre que vous m'avés escritc, il
a jugé que la précaution dont vous aviés usé avec M, le
Prince était fort mauvaise, parce qu'en lui mandant que
vous ne sériés presl à entrer en campagne qu'uu i5 juin
«vous pouvés relarder l'eilect de toute l'armée, perdre
cette campagne et ruiner les affaires de S. M.» — Quant
à la monstre, il ne seroit pas raisonnable de la donner à
des troupes au sortir de leur ([uartïer d'hyver, «temps au-
quel elles sont pleines d'argent.» 11 ne faut la donner qu'au
1" juillet. Richelieu l'engage «à ne trouver difficulté et à se
souvenir que, a la (in de la campagne, le roy sera con-
traint de distinguer ceux qui auront bien fait d'avec ceux
qui se seront gouvernés avec peu de chaleur et d'affeclion.
Vous serés de ceux qui auront lesmoigné zèle et ardeur
tout ensemble.»
Copies. — Bibl. imp Béthunc, ga6â , fol. 1 9 v" '. — Ciofj-
Cent» Colbert , 45 , fol. i^d v" '. — Saint-Gcrmaiii-H.trl.ij,
346, l. 1, fol. a55. — Imprimée. — Aubery, Mèm. t. IV,
p. 101. — Recueil de 1695 , p. 189.
Richelieu lui a plusieors fois renouvclc cette recommaadation. [ Voy. t. VI, p. 3fi4 1 note -x.)
Va dos do volume : •Mémoires venus de chez le cardinal de RicbeitL-u. ■
• Sur une minute de la miin de Cherré- ■ Note des manucerits de Colbert et (te Harliiy ,
29.
228
SOMMAIRES DES LETTRES
D\TES
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
]039.
i.juin.
AbbeviUe.
A M. de la MeiHora>c.
; OU 3 iuin
5 juin.
Abbeville.
A M. de Longueville.
A Monsieur le Comie.
((Je suis 1res aise (|ue vous aies gaigné vostre contrescarpe,
et des conciusious que je tire de là de raccourcissement de
vostre siège, dont je désire que vous aies bicntost bonne
iss,ue, et pour le service du roy et pour vostre gloire. Con-
servés-vous, je vous prie, pour de plus grandes choses.»
— Dessein du cardinal de donner au baron de Palluau,
«outre ma compagnie, la lieutenance colonelle de mon
régiment de cavalerie.» 11 faut tenir secrètes les dispositions
que prend le cardinal au sujet de ses gardes.
Copie, — Bibl. de l'Arsenal, Hisi.franç.M. i86 , iu-4'',p. loa.
Recommandation de bâter le passage de ses troupes en Italie.
M. le cardinal de La Valette l'attend avec impatience, et
vivra avec lui dans la meilleure intelligence, Ricbelieu lui
en répond et lui en donne avis, «de crainte que quelques
uns ne vous eussent faict entendre ie contraire.»
Copie. — BibJ. iiiip. Saint-Gerraain-Harlay, Siy, fol. iSSx"*.
Lettre de politesse pour un message envoyé au roi par le
comte de Soissons, qui avait intercédé auprès de Sa Majesté
en faveur de M. de Rheims; sur quoi Richelieu ajoute :
«Pour ce qui regarde M. de Rbeinis,je n'ay rien à vous
dire si non qu'il aura tout le temps de recognoistre le pré-
judice qu'il s'est faict et la mauvaise résolution qu'il a
prise, non seulement comme sujet du roy, mais comme
ecclésiastique ■'. »
Copies. — Bibl. imp. Cinq-Cents Colbert , 46, fol. 55 v*. —
Saint-Gcrmaîn-Harlay, 3^6, t. II, p. 6g '.
A la lettre que nous venous de lucntiouner, Richelieu jugeai conve-
nable d'en ajouter une du roi, et ii faisait dire à Sa Majesté :
...icLa conduite de M. l'archevesque de Rheims a esté si
mauvaise tant qu'il a esté dans Paris, et sa retraite u Sedan
si fascheuse pour un ecclésiastique, que je n'ay rien en ce
rencontre qu'à prier Dieu qu'il le rende plus sage à l'avenir
qu'il n'a esté jusqu'à présent. »
Minute de la main de de Noyers. — Bibl. imp. Fonds Bétbuue ,
gSSy, fol. 5i.
On inquiète mal a propos M""' de Cbevreuse; elle n'a rien
à craindre en France, si quelqu'un luy veut persuader le
contraire , il la trompe méchamment. — «Le d. s' de Bois-
pillé peut faire voir ce billet à M'"* de Cbevreuse, à quoy
j'ajoute ces trois mots de ma main , afin qu'elle en co-
gnoisse plustost la vérité. »
Copies. — Bibl. imp. Cinq-Cents Colbert, 46, fol. 3o. —
Saint-Germaiu-Harlay, 346, t.II,p.39^. —Imprimée. —
Madame de Ckevrea.se. parM. Cousin, appendice, p. 335.
' Voy. l. VI , p. 376, une lettre adressée à Chavigni du a juin ; elle donne à peu près la date de celle-ci
'^ « Copie faite sur une pièce de la main de Cherré. » Note du manuscrit.
3 Voy. t. VI, p. 378.
" Les deux manuscrits mettent cette note marginale : <; D'après une copie originale. »
^ « Faite sur une rainule originale de la main de Cherré. " Note des deux manuscrits.
G juin.
Abbeville
Le roi à M. le Comte.
8 juin.
Au s' de Boispillé.
NON^IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
229
DATES
LIECI DE DATES.
■j juin.
AbbeviUf
/(/cm.
m jujn.
I I jiiio.
Abbeville.
SUSCRIPTION
DBS LETTRES.
A M. le mareschal de
Cliastillon.
Pour M. BouthiUier,
suriutendani, à Paris.
A M, de la Meiileraye.
A M. de Longaeville.
A M. de la MeîHcrave.
ANALYSES DES LETTRES
ET SODRCES.
163*).
(^juiii. A M. le mareschal de Satisfaction de Richelieu sur le bon état de son armée. Il a
désiré l'assistance «le l'armée du maréchal de La Force, on
donne ordre à celte armée de s'avancer eu diligence vers
Thérouenne. . , On ne veut rien négliger pour un prompt
succès.
Minute de la main de Clierré. — Arch. de» Aff. ctr. Pays-
Bas, t. Xin. — Copies. — Bibl. imp. Béthuiie, g3 5y,
fol. 97. — Cioq-Cents Colbert , 118, fol. 76 y". — Im-
primée.— Aubery, 111, 639. — Recueil de iGgô, p. 157 ',
où on a mis cette fausse suscription au maréchal de Schom-
berg.
Quand Saladin '■' sera arrivé rien ne vous empeschera d'aller
aux Caves. — Envoyer quérir Berthemet auquel Richelieu
a des ordres à donner pour le service du roi. — « ^ J'accu-
seray laj-éception de vos lettres quand elles seront impor-
tantes. .. Asseurés-vous de mon affection. Je seray très aise
de voir vostrc iils quand il sera venu, je croy qu'il aura
faict un bon traitté et le désire avec passion''.»
Oriy. — Arch. des Aff. étr. Frauce, 1639, Soppl. fol. ao5.
Envoyant ce porteur pour apprendre des nouvelles dont je
suis en peine, je vous fais ce mot pour vous dire qu'il est
nécessaire que Toflicierdes Gassies, quis'estoit donné aux
ennemis et qui a esté prisonnier, soîl pendu, pour donner
exemple, et (ju'on fasse mesme d'autres actions semblables
pour contenir chacun en son devoir.
Copie. — Bibl. de l'Arsena) . Hitt.fr. 186, iD-4^ p. i36.
Assurance d'affection. ■ — Satisfaction de ce que son armée
a commencé a passer en Piedmont le 3 du mois. Le roi
ayant confiance en lui et au cardinal de La Valette, on ne
prescrit rien, seulement, «autant qu'on p-ut voir de loin ,
il semble qu'il est important de chasser tes ennemis de
Cbivas et de reprendre Villeneuve d'Ast, du tout néces-
saire à la communication de Casai.» Mais ce n'est qu'une
pensée qu'on lui laisse à examiner.
.\rinuto do la mai» de Cberrc. — Arch. des Aff. étr. Turiu ,
t. XXVIII. fol. 5ia. — Copie. — Bibl. imp. Saint-Ger-
raaia-fisriay, 345, fol. i85.
J'espère que nous réparerons l'accident arrivé à M. de Feu-
qtuères '. J'envoie de Ville voir si nos travaux sont aciievés,
SI bien que vous n'ayés pas a craindre les ennemis... Je
souhaite avec passion le succès de vostre entreprise. «Au
nom de Dieu, conservés-vous ; et peut eslre Dieu veut-il
que vous ayés la gloire de réparer les malheurs d'un gentil-
homme qui a faict des merveilles de sa personne; je re-
prends force en celle occasion. . . »
Copie. — Bibl. de l'Arsenal, HUt.Jr. 186, in-4S p. i38.
' Le» copiet présenteot qoelquc» légères diOerences avec ]a miaute.
' S.iladin avait été envoyé à Cbavigni , qui le renvoya avec un mémoire daté du 10 juin , où il expliquait amplcoiont
IVtal des affaires d'Italie et de la misaion dont il était chaigé. Ce mémoire est conservé aux Affaire» étrangères ( France,
1639, Supplément, fol. ao8. — .Minute; l'original est dans Turin , t. XXVllI, fol. 618). Voy. t. VI , p. 673 et 4 1 4.
,' Iri le cardinal a pris la plume; le commencement de ce billet est de In main de Cherré.
'' Cbavigni partît de Turin à I:i mi-juin.
' La perle fie la bataille do 'l'hionville.
230
SOMMAIRES DES LETTRES
LIRUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
F.T SoUltCSS.
1630..
1 1 juin ,
9 lieurcsdu soir.
Abbeville.
i juin.
A M. de h MeiUeravc.
Au mareschal dv Clias
tiHon ^
A M. de la Meillerave.
Ne m'escriv(js plus de grandes lettres; je me contente d'un
billet ou de (juelqu'un qui nous dise de vive voix comme
les choses se sont passées... 11 est très à propos de faire
travailler aux foi-ls <jue vous avés ])rojet(îs entre les deux
rivières deCanclif et d'Hautie; ne plaignes point l'argent
pour faire diligenter vos travaux..
Copie. — Bibl. de l'Arsennl , /fi5j./r. i86, in-A°, p. i3g.
Vous aurés sceu le mallieur arrivé à M. de Feuquières, par
la lâcheté de sa cavalerie, il mérite de grandes louanges,
car il a fait merveille... les ennemis y ont perdu presque
toute leur cavalerie. . . M" de Lorraine et Picolominl sont
allés droit à Verdun... Le roi désire que de Mézières'* où
il croit que cette dépesche vous trouvera, vous alliés droit
aux ennemis. . . Au nom de Dieu faites diligence.
Copies. — BibL imp. Béthune, 9260, fol. 5i v". — Cinq-
Cents Colbert, lig, foL 36. — Imprimée. — Aubcry, IV,
p. JQ7; et Recueil de 1696 , p. igi .
Détails sur le combat de ïhionville; nous y avons perdu
3,000 hommes et les ennemis 0,000. — M. de Feuquières
blessé et pris. — Notre cavalerie a manqué. — On a jeté
des canons à la rivière et brûlé des poudres par ordre de
M. de Feuquières, quand la bataille a été perdue. — «J'es-
père que nous aurons revanclie, avec l'aide de Dieu ^.».
Copie. — Bibl. de rArsenal , Hiit.fr. 186, in-4'', p. i43.
«Je vous ay mandé comme le roy ne désire pas que vous
souffriez que Monsieur aille dans les tranchées.» Je luy
recommande de ne pas s'exposer non plus * ; « c'est à vous
de demeurer tousjours auprès de Monsieur, et de faire
conduire ses braves par quelqu'un aux tranchées.)'
Copie. — BibL de l'Arsenal, Hitt.fr. 186, in-i", p. i44-
Le roy ne veut pas s'engager à présent en l'affaire des Gri-
sons; il faudioit trop de dépense pour rétablir les choses
au point où elles étoient lorsqu'ils obligèrent l'armée de
Sa Majesté à se retirer de leur pays. Néanmoins il faut les
tenir bien persuadés de la bienveillance, pouvant arriver
' Au moment où Richelieu faisait cette lettre, le maréchal écrivait : «Le malbeur arrivé à M. de Feuquières est
très-fâcheux. . . il ne faut s'estouner de cola. . . J'oy une armée fraischc et gaillarde , remplie de bons hommei. Je marche
GTi diligence vers la frontière de la Meuse. . . Je souhaitte avec passion qu'il se présente occasion où je puisse ai<]cr à
cITacer le desplat sir que vous avés à présent. . ■ » ( Copie , Bibl. imp. Béthune , g 3 60, fol. 53 v". — Cinq-Cents Colbert,
J19, fol. 37. ) ^
^ Le maréchal répondait le 16 juin : «Le s' de Varennes, qui m'a rendu la dépesche do roy avec une lettre qu'il a
pieu à Vostre Emincnce m'escrire , m'a trouvé phi»* avancé que vous ne me croyés , car je jugeay bien , eu partant de Ver-
vins , que d'aller à Mczières ce seroit autant Ac temps perdu , je suis venu au pins droit pour m'approcber de Verdun ,
Slenay ât Mouio» , qui avoienl plus besoin d'estrc soutenus que Cliarleviile et Mciières Châtillon a mandé ii
M. de Noyers «toutes les particularités» de l'a (Taire cl il expose lo» mesures pour s'opposer «ai entreprises que ponrroît
tenter l'ennemi , en suite de sa victoire. Mômes sources que pour la lettre que nous venons de citer (fol. 65 v* do Bé-
thune et d5 de Colbert).
' Voy. t. VI, p. 38o , nn passagt; cité.
* Voy. t. VI, p. 364.
Le jour
de la Pentecôte.
1 3 juin,
10 il. du matin.
10 juin.
Abbeville.
1 6 juin.
Abbeville.
Idem.
Mémoire au s' Mélian ,
ambassadeuren Suisse,
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
231
tlZV\ OR DATES.
1639.
16 juin.
AbbtmHc.
17 juin.
SUSCRIPTION
DSS LBTTBES.
MémoiiH' a M. Da-
moDtot.
I^ roi au marcschal do
Chastillon.
ANALYSES DES LETTRES
ET 50DRCSS.
telles conjonctures où il paraîtrait utile «de s'embarquer
de rechef en celle affaire, n ... « Le roi pourroit accorder
au capitaine Menestrala pension de 1,000 livres, s'il rend
des services dignes de cette récompense. . . » M. Meiian peut
promettre aux Grisons que «s'ils viennent à estre attaqués
par ies rois d'Espagne ou de Hongrie, S. M. les assistera
comme bons alliés...» s'ils parvenaient à se remettre eux
mêmes en possession de la ^^alleline, les difficultés qu'il v
a a ies assister disparaîtraient . « La conjoncture ne sera , pour
cette entreprise, jamais aussi iavorabïe qu'aujourd'buv. ..»
Le roy envoie un pouvoir au s' Meiian, pour s'en servir le
cas échéant; «en un mot, il iaut tout rejeter sur l'avenir
et ne promettre rien , qui oblige présentement , que généra-
lement. ..»
Copies. — Bibl. imp. Cinq-Cents Colbert, i6, foL 410. —
Saint-Gcrraain-Harlay, 346, t. II, p. ^Sg '.
L'ne lettre de M" les Estais a fait connaître au roi que
M""" la Landgrave de Hesse acst résolue à rentrer en rup-
ture a\ec le roy de Hongrie, moyennant que le roy luy
donne la mesme assistance que Sa Majesté donnoit à dé-
funct M. le Landgrave, son mary. » Le roi agréant cette
projMsition , charge M. Damontot de conclure un traité
avec celui que députera M"' la Landgrave. — L'instruction
porte le détail des conditions de la subvention et l'injonc-
tion de traiter au meilleur marché possible. — «Si Da-
montot traite avec Milander, luy promettre 20 ou mesme
3o,ooo livres de pension, et commencer par là, afin de
le rendie plus facile en ce qui sera de l'assistance d'argent
qui sera [wrtée au Iraitté.. .» Il convicndroit de faire un
nouveau traité au lieu de celui de Vesel où plusieurs
articles sont inutiles. — Si l'on réclamoit pour le jeune
fils du Landgrave les mêmes avantages qu'on faisoit a son
iière, il faudroit contester et ne «passer carrière» que si
'on ne peut sans cela conclure le traité ^.
Mise au net par un secrétaire de Chavigni . — Arch. des AiT.
etr. Hollande, t. XXI, pièce 87. — Copies. — BibL iiup.
Cinq-Cents Colbert, 46, fol. i44. — Sainl-Germain-Harlay,
S46,l. II, p. a36 ^. — Eitrait, SuppL franc. Sgo.
«Mon cousin. .. j'adjouste cette lettre à mes précédentes dé-
pesches pour vous dire que Tordre qu'elles vous portent
de venir, avec toute mon armée que vous commandés, en
deçà, ne doit avoir Heu qu'au cas que Picolomini prenne
sa route vers le cardinal infant d'Espagne...» (Ici le roi
donne des ordres au maréchal de Cfaâtillon, selon ies mou-
vements divers (^uon peut supposer que fera Picolomini.)
« Si Picolomini vient avec le cardinal infant, j'espère que
Dieu nous fera la grâce d'avoir la revanche de Tbionville.»
Minute de la laaio de Cherré. — Dépôt de la eucrre , t. LU ,
fol. 469.
La copie, dan^ cliaquo manuscrit, porte : «Foilo sur une pièce de la naain de Daridol. * La rédaction nous semble
eo efTct l'œuvre de Cbavif^ui , d'aprè» une matière donnée par Hicbelïcu.
' C'est encore une pièce rédigée dans les bureaux do Chavîgui, sur un mémoire du cardinal.
' • Faite sur une copie de Daridol. » Note commune ta mannserit de Colbert et de Harlay.
232
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
I.ISrX DE DATES
1639.
i8 juin,
a /i l)eurcsdusoir,
Abbrville.
1 8 juin ,
à 8 heures du soir.
Ahbcviilr.
j 9 juin.
AbbeviUe.
SUSCRIPTIOX
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
BT SOURCES.
19 juin.
Idem.
A M. de la Meilleravr.
Idem.
Ida
Des nouvelles du i5 mai nous informent que Picolomini est
vers Melz. .. sur les avis qu'ils peuvent avoir eus des mal-
heurs de Thion ville, ils veulent faire les mauvais; renforcez
vos gardes de la tranch(;e '. . .
Copie. — BibL de l'ArseDal, Hiit.fr, 186, in-4°, p. lôo.
...^Attendu la marche de Picolomini, il faut avancer vos
travaux. — Conservés-vous sans vous tourmenter. — Indi-
cation de divers moyens de défense, palissades, abatis,
fossés. «Des soldats qui seront tant soit peu couverts du
parapet mousqueteront avec plaisir ceux qui voudront
jïasser par dessus fabatlis. ..»
Copie. — BibL de i'ArscDol , Hisl.fr. 186, in-i", p. lôi.
. . . ^ Les ennemis peuvent être aujourd'hui à Arras. — Tenés-
vous sur vos gardes... Le cardinal infant a donné n-n-
dez-vous aux milices du pays. Vous aurez demain de
bonne heure vos canons et vos chevaux. M. le cardinal
vous envoiera cent chevaux qu'il a à soi, avec le pot et
la cuirasse. Le roi en fera autant des siens. .. (Annonce
d'autres renforts)... Le cardinal infant n'a que 10,000
hommes... Mesures à prendre si l'ennemi vient, en corps
d'armée, pour passer la Canche et fAuthie. .. «M^' m'a
fait l'honneur de me dicter ers lignes , n dit de Noyers en
signant ^.
Copie. — BibL de l'Arsenal , Hist.fr. 186, in-4*, p- i53.
M. de Noyers vous escrît si amplement au sujet de l'approche
de l'armée de M. le mareschal de La Force que je n'av qu'à
vous conjurer de considérer les raisons qui sont estenoues
en sa lettre. Je les trouve de très grand poids, non seu-
lement pour le service du roy, mais aussy pour fintérest
de vostre réputation. . .
Minute de la maîn de Cherré. — Arcb. des Aff. étr. Pays-
Bas, t. XllL — Copies. — Bibl. imp, Bethune, 9369,
fol. 118. — Cinq-Cenls Colberl, 118, fol. 87. — Imprimée.
— Aobery, t. III , p. 656. — Recueil de 1696 , p. i6!i.
Le roi a trouvé très-mauvais le retard apporté à l'entrée dans
le RoussilloD. . . Sa Majesté estime qu'on pouvait entrer
plus avantageusement avec 10,000 hommes, les ennemis
n'estant pas assemblés, qu'avec le double, quand ils le
seront. . . Indications de divers desseins à exécuter. «Tant y
a que je vous conjure d'animer toutes choses autant que
vous pourrés, et de faire l'impossible pour que le roy ayt
' Nous avons donné un extrait , t. VI , p. 890.
^ Quelques lignes du commencement ot de la fin do cette pièce sont mises en note, 1. VI, p. 3qo.
^ Extrait en note , t. VI , p. Sgo.
* On avertit, en tête de cette pièce, que la copie a été faite sur un original qui n'est pas de la main de Ricbehec;
faut-il en conclure que les autres copies de lettres à la Meilleraie dont le manuscrit de l'arsenal est composé, et pour
lesquelles on ne donne aucune indication de source, sont faites sur des autographes du cardinal ? Nous ne le pensons
pas; mais sans doute ces pièces étaient de la main de Charpentier, qu'on a cru être celle de Richelieu.
' Cherré a écrit sur la minute que la lettre va aussi à M. do La Force, et en elTet un original se trouve dans les
archives dudit duc, lequel nous a été communiqué par ^L le marquis de La Grange.
Au mareschal de Chas-
tilion ^
A M. d'AHuvn,
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
233
DATES
MBri DE DATES.
1639.
19 juin.
I(len
20 jinn.
ai juin.
idem.
SDSCRIPTION
DES LETTRES.
A M. d'Espenan.
A M. d'Arpajon.
Instruction au s' de Cor-
nillon.
A M. de Fcuqoi«>rc3.
Au marescha! de Chas-
tillon.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
tel succez, au lieu où vous estes, qu'il le doit attendre et
que je me promets de vostre zèle. . .
Copies. — Bibl. imp. Béttiunc, 9365 , fol. a5. — Cinij-Cenls
Colliert , 45 , fol. aSo. — SaiDl-Gcrmain-Harlay, 346 «t. I »
fol. aôSv"*.
«Le roy a trouvé très mauvais qu'on ayl altendu jusqu'au
10 de ce mois à entrer dans le pays des ennemis. . . Je ne
puis comprendre quelle raison peut avoir eu un tel délay. . .
pïus tost vous eussiez obtenu de plus grands avantages
sur l'ennemi avec la moitié des forces du roy, que mainte-
nant avec toutes celles qu'a M. le Prince. Au nom de Dieu ,
pousses avec vostre cUalcur ordinaire à réparer ce man-
quement. »
Copies. — Bibl. imp. Cioq-Cents Colbert , t. 46, fol. ^78.
Saint-GermaÏD-Harlayt 346, t. I, fol. i$2.
«Je me promets tant de vostre courage et de vostre zèle au
service du roy, que ces trois mots ne sont que pour vous
conjurer d'employer l'un et l'autre pour que Sa Majesté
puisse avoir un bon succez des armes que commande M. le
Prince.» — Mécontentement du roi comme dans les deux
lettres précédentes.
Copies. — Bibl. imp. Cinq-Cents Colbert , 4ô , fol.
S«iat-Germain-HarU>, 346, 1. I, fol. :18a.
'77 '
Le roi envoie le s' de Coruillon |X)ur traiter avec Picolomini
de la rançon ou de l'échange des prisonniers faits dans la
bataille de Thionville, pour lesquels 00 offre aussi des ol-
ficiers et soldats, pris dans d'autre-s circonstances^.
Copie. — Bibl. imp. Cioq-Ccnts Colbert, 45, fol. i'j(> v**.
Lettre de condoléance sur le malbeur arrivé à ce général de-
vant Thionville. Richelieu le console, et lui annonce la
mission de M. de Cornillon '.
Copies. — Bibl. imp. Cinq-Cents Colbert, 45, fol. 333. —
Saint-Germaio-Harlay, 346, t. I, fol. a3o V*.
Richelieu l'informe du voyage de M, de Cornillon; il es|)ère
que le maréchal «prendra la revanche du malbeur de
'l'hionviUe. »
Copies. — Bibl. imp. Cinq-C<*iils Colberl, 119, fol. 56. —
B^thuoc, 9360, fol. 83. — Imprimée. — Aubery. Mcm.
i. IV, p, i64. — Recueil de i6y5, p. 192.
' • Sur une minute do la main de Cberrc. » Noie du manuscrit de Colbert el de celui de Harlay. Mèm" apcalille pour
Iff deux lettres qui suivent. *
' Voy. le t. VI , p. 399, note a.
' Voy. t. VI, p. 399. — Feuqnières nVspérait pa» graad'chose de l'envoi de H. de Cornillon; et, co effet, il
mourut en captivité le i3 mars de l'aouée soivanle. La lettre toucbante qu'il écrivit ^'se* enfants, une heure avant
sa mort , est imprimée dans le recueil de M. Et. Gallois, t. I , p. 357.
CARDIN. DE RICHELIEO. — Vil.
234
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIBUl DE DATES-
1639.
2 1 juin
2 3 juin.
■iS juin-
Abbeville.
■26 juin.
Abbeville.
Idem.
SUSGHIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SODBCES.
Au mareschal de Cbas-
tillon.
Étonnement de Richelieu de ce que le maréchal a demanda
au duc de La Force l'adjonction à sou armée de l'armée
du maréchal de La Force, pour le siège de Saint-Omer'...
«Le roy est plus touché que je ne vous puis dire des lon-
gueurs que vous apportés à vostre entreprise et des variétés
qu'on remarque on vos effects. . .
Minute de la maio de Charré. — Arcb. des Aff. ctr. Pays-
Bas, t. XIII. — Blhl. imp. Cinq-Cents CoIWt , 118,
fol. ga v". — lîôthnne, 9269, fol. ja5. — Imprimée. —
Aubery, Mém. IIÏ , p. 664 cl Recueil de iCgS, p. 161.
« Le roy veut estre informé de ceux qui n'ont pas faict leur
devoir au combat de Thionviile ; distinguer nommément les
officiers qui auront refusé de combattre et ceux qui s'en
seront enfuis laschement.»
Orie. — Arch, du département de la Marne. — Imprimée. —
Bulletin de la Société de i'histoire de France, i854.
«IHcolomini, enflé de sa victoire, estoit allé assiéger Mou-
zon... Il n'a pas fait comme M. de Feuquières, car, aussy
tost qu'il a veu l'armée de M. de Chastillon, il a levé dili-
gemment le piquet.» Il a perdu 1,000 ou 1,200 hommes.
Copie. — Bibl. de l'Arsenal , iïtst. yV. 186, p. lyitin-A".
Le roy trouvera bon ce que vous résoudrez avec M. de Noyers
pour vostre siège. — Envoyez un trompette pour savoir
où est Picolomîni , pour traiter de la rançon des pri-
sonniers ^.
Copie. — Bibl. de l'Arsenal, Ilist. fr. 186 , fol. i33 , în-i" '.
Avis de la prochaine arrivée en Espagne de la flotte des
Indes, tâcher de la rencontrer... Avantages de M. le
prince dans le Iloussillon *. ..
Mise au net tic la main de Cherré. — Arch. de l'Empire K ,
1 34 , Guyenne , 1" partie, p. 7Ô , pièce 186. — Orîg. —
Bibl. imp. Suite de Dupuy, t. XV , foi. aôa. — Bétbunc ,
gaii, fol. io5 et gS^g, fol. 167 v". — Imprimée. — Cor-
respondance de Sourdii . t. II, p. 110. (Doc. inéd. in-4**.)
...Je veux vous avertir, comme vostre ami, que le roy a trouvé
à redire deux choses qui, à la vérité, ne me semblent pas
excusables : » 1° votre régiment devrait avoir 2,000 hommes
et n'en a pas 1,200; a" votre compagnie de gendarmes n'a
que 5omaistres. — «Je vous prie de remédier à ce mal
qui vous fait tort ; et faites estât des conseils d'une personne
(lui, voulant vous tenir lieu du Weil mareschal de Schom-
' Lomêmc jfinr 21 j»in , une lettre du roi, contre-signcc SuMet , était adressée ati maréchal de La Force, pour
îipproiiver le refus qu'il avait fait de se rendre à l'invitation du duc Je Châtillon. tlmprimée. — Mém. de La Force,
t. 111, p. i46.)
- Voy. ci-dcs8us, à la date des ao et a 1 juin.
' La copie est placée, jrtr erreur, dans le raannscrit, entre une lettre du a juin et une du 5.
" L'arrhevêque de Bordeaux était alors à la nier; cette lettre lui a été adressée à divers endroits, et le manuscrit de
la suite de Dupuy en conserve trois originaiix; outre celui que nous venons de noter, daté du ad juin, il y en a deux
autres datés du ao , fol. 2^6 et 248, dont l'on est un duplicata de l'autre ; ils sont conformes à la pièce des Archives.
Quelques additions ont été faites à la pièce datée du oà.
2li juin.
A M. de Praslin.
A M. de la Meilleraye.
Idem.
A M. l'archevescpie d<
Bordeaux , comman-
dant l'armée navale
du roy.
A M. de Schomberg.
NON IMPRIMÉES DANS LE TOME VI.
235
DATES
tlECZ DE DATES.
SUSCRIPTION
DBS LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1639.
ah jnin.
A M. le Prince.
3 5 juin.
.■\bbe ville.
A M. de la Meilleravc.
Idem.
26 jiiiji,ausoir.
Abbeville.
Idem.
Idem
berg, doivent cslro receus de vous avec telle révérence
qu'on les voye suivis d'effects. . . »
Copies. -~ Bibl. imp. Béthuoe, 9265* fol. 27 v" '. — Cinq-
Ceuts Colbert* 45» fol- aSi v" ^. — Saint-Gerinain-Harlay,
346, t. I, fol. a6o.
M. de Noyers vous escrit du fond des affaires. « . . .L\j roy,
désirant que vous thciés de grands progrès , se remet à
tout ce que vous estimerés estre possible.. . et que vous
cognoislrés estre raisonnable par vousmesme et par l'advis
de ceux (jui sont auprès de vous. . . » — Estât du siège do
Hesdin , ce qui s'est passé au siège de Mouzon, etc. '
Copies. — Bibi. imp. Ciaq-Cents Colbcrt, 45, fol. 387 v*. —
Saint'GprroaÎD-Harlay, HB , t. I , p. aga v** '.
« . . .Vous voulés renvoyer les paysans pour espargner l'ar-
gent du roy, je ne désire point qu'ils partent que tous les
travaux ne soient achevés; ce n'est pas vostre argent qui
se dépense, et partant vous trouvères bon que j'en use
a ma mode, sachant les volontez du roy...» S. M. a
ordonné a M. de Saligny de s'avancer entre Abbeville et
Hedin avec 3,000 chevaux et 2,000 hommes de pied, ahn
que vous les puissiés avoir à coup près, si vous en avés
besoin. . .
Copie. — Bibl. de l'Arsenal, Htêt. fr, 186, in-4'*, fol. 17g.
Avis succinct sur le jeu de ses mines.
Copie.— Bibl. dfi l'Arsenal, Hùl./r. i86,in-4°, p. 178.
c Bien qu'on ne puisse donner avis de loin des choses que l'on
necognoist pas. l'appréhension quej'ay que le jeu de vosin;
luinc ne rompe votre pont de mats ' faict que je m'imagine
(|ue, lorsque la mine jouera, on peut le tirer un peu a
costé, ou avec une corde du bord au fossé, ou en l'y pous-
sant de dessus le pont de fascines. Vous sçaurés bien pra-
tiquer tout ce qui se pourra faire, et mespriser tous les
adVis qui, semblant bons de loin, se trouveront non pra-
ticables de dessus les lieux.»
î, in-4", fol. iHi.
2t> juin,
B 9 heures du soir.
Iden
Copie. — Bibl. de l'Arsenal, ilitt.fr.
Nouvelles recommandations, faites de la part du roi, au sujet
du jeu des raittes. . . — uJe ne puis que me plaindre de
vostre simplicité si vous avés eu pensée qu'avant que Pico-
lomini viDstl'on vous voulust donner un compagnon...»
Copie. — Bibl. dei'ArseDal. Hitt.fr. 186, iD•4^ fol. 183.
' An dos du volume ett écrit : ■Mémoires venu» de M. le carilinal de Richelieu. ■
'' Copie faite ■ aur une minute de la main de Cberré. > Note des manuscrits de Colbert et de Harlav-
^ Le récit indiqué ici était joint, en ce moment, comme une e»pèce de circulaire à plusieur» lettres que Ricliciieu
crivait aux généraux commandant les années de France.
^ Fait sur une minute «de la main de Cberré. ■ Note des deux manuscrite.
' Voy. ci-aprèiH, lettre do 37 juin.
236
SOMMAIRES DES LETTRES
LIEUX UE DATES.
1C39.
26 juin ,
a 10 h. du soir.
26 juiu.
Abbeviïle.
27 juin.
Abbeviïle
9.S juin.
Abbeville.
Jde>
SUSCRirïIOX
DES LETTBE8.
AM.delaMeilli
erayc.
A M. Mol*-, conseiller
du roy en ses conseils
d'estat et privé , el
son procureur géné-
ral au parlement de
Paris.
A M. de la Meilleraye.
Idem.
A M. de la Meilleraye.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
«Je suis bien aise de quoy vous faictes charger la mine Lam-
bert, afin que le roy veit la diligence que vous faictes
auparavant mesme que d'avoir receu son ordre.» — M. de
Noyers vous envoie la monstre;, . . nous ne jugions pas
quil la falust donner auparavant la fin du siège, de peur
que les soldats se débandassent.. . Avertisses vos prévosts
d'estre sur leur garde pour empescher les déserteurs. . . »
— «Ne vous mettes point en peîne de ce que diront les
uns et les autres. . . Hesdin étant pris , nous nous resjouirons
ensemble. »
Copie. — BibL de l'Arsenal, Hitt.fr.
in-4**, p. i85.
« L.e s"^ Cottereau ayant une affaire au parlement touchant le
don que le roy lui a faict de la justice de Villejuifve près
Paris , dans lequel ii est troublé par un trésorier de France ,
nommé le s"' de Courlay, je vous fais cette lettre pour vous
en recommander la justice et pour vous conjurer de luy
vouloir donner vos conclusions sy favorables et sy promptes
qu'il puisse avoir, au plus tost, le contentement qu'il a lieu
de se promettre de vostre équité et de l'estime que vous
faictes de la recommandation d'une personne qui vous
affectionne et qui est véritablement comme moy, etc.»
Orig. — Bibl. imp. Cinq-Cents Colbcrt, t. VI, foi. a5o.
«Je suis extresmemcnt fascfaé que vos ponts vous ont faict
faux bond. . . il faut combler le fossé queU^ue coust qu'il y
ait et quelque temps qu'il fasse. J'ay toujours craint que
les ponts estant vis-à-vIs des mines, ils feussent rompus
quand elles joueroient. '» Richelieu indique trois moyens
de réparer ce mal. . . «J'envoie Maiola " expressément pour
me rapporter des nouvelles.. . ^»
Copie. — Bibl. de l'Arsenal, Hist.fr. 186, in-4", p. i85.
«La lettre que m'a apportée le s' de Chouppes m'a fort con-
tenté.. . Je désire vous voir en estât de donner une bonne
venue à Picolomini, qui a passé le 26 à Givet pour venir à
nous.» — 2,000 liommes de cavaleiie et 2,000 hommesde
pied sont partis de Guise el viennent à grande journée.. .
« Si dans deux ou trois jours la place n'est pas encore prise ,
le Picolomini pourra prendre quelque passe temps, et si
elle est prise, M. deChasliilon, qui le costoye, estant arrivé,
il faut tascher de luy donner encore plus de divertissement.»
Copie. — Bibl. de l'Arsenal, Hist.fr. 186, in-j", p. 187.
«Je suis extresmcment aise de l'asseurance que vous me
donnés des succès de vostre entreprise.. . N'avés-vous pas
besoin de petites échelles, soit pour monter au rctrancbe-
ment des ennemis.. . soit pour monter sur la courtine où
le canon a faict brèche ?.. . Vous prendrés tout ce que je
vous mande pour chimère, si ce n'est qu'estant sur les lieux
vous en jugiés quelqu'uns de praticables.»
Copie. ~ Bibl. de l'Arsenaî, Hij(./r. i86,ia-4°. p. lyi.
' Voy. ci-dessus, la lettre datée da a6 janvier au soir.
^ Cet oiFicier y fut tué le lendemain matin. (Voy. t. VI , p. 4o6.)
^ Voy. l. VI, p. 4o6 , note 3 , où la fin de cette lettre est eîlce.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
237
DATES
et
LIBDK DE DATES.
1639.
29 juin.
AbbeviUe.
Idem.
Ce<lcmier juin.
AbbeviJfe.
1 "Juillet.
Abbt'vilie.
SLSCRIPTION
DES LETTRES.
A M. de la Meillera^e.
Idem.
Idem.
Idem.
ANALYSES DES LETTUES
ET SOCRCES.
«Ma nièce m'escrit que le jeune Canillac est parti de Paris
en poste , pour aller à Hesdin , où est M. de Vaillac , pour
se battre avt-c luj. M. le grand maistre les fera, s'il luy
plaist, arrester tous deux, il les envoiera icy séparément.
Si le roy est au camp, M. le grand maistre prendra ses
ordres sur ce sujet.»
Copie. — BikI. de l'Arscoal , Hist.fr. 186, in-4**, p. 189.
«Picolomini a passé à Givay le 26 et vient joindre le cardinal
Infant.. . Hastez vostre capitulation, ne donnés aucun
temps inutile aux assiégés, parce que peut-estre seroit-ce
un artifice du cardinal infant, qu'on dit y avoir faict entrer
hier un homme à la nage, pour gaigner temps. Quelque
capitulation qu'on fasse , si elle n'est exécutée aujourd'huy,
travaillés jour et nuit, plus que jamais, à vos ponts et à
vostre circonvallation.» — Sa douleur de la perte de Fré-
selière '.
Copie. — BiLI. de l'Arsenal, Hist. fr. 186, in-4°, p. 190.
«Je suis ravi de ce que les ennemis aient capitulé, mais je
le seray encore davantage quand la place sera effectivement
rendue, ce qu'il faut presser extraordinairement; aiant
advis , non seulement par la voie que le roy sçait de l'aspic ,
que toute la cavalerie de Picolomini doit coucher aujour-
d'huy à Arras , mais , qui plus est , par Saint-Preuil , (pi'il y
a desjà passé. . . » Inquiétudes de ce que la capitulation ne
inexécuté |>as;.. . dispositions éventuelles.. . «Je suis seur
que toutes ces diligences sont sans besoin, mais ne pouvant
rien gasicr et j>ouvant servir, si j'en pouvois faire de plus
grandes, je n'en n'obmettrois aucune. Selon les nouvelles
que j'apprendrav aujourd'huy de ce qui arrivera et de ce
que Sa Majesté fera, je verray ce à quoy mon courage et
ma valeur porteront une mauvaise santé.»
Copie. — Bîbl, de l' Arsenal , Hitt.fr. 186, iu-4*', p. 196.
...«Comme vous avés bien mérité l'honneur qu'il a pieu au
roy vous faire ' ; je suis ravy qu'il vous l'ait donné comme
il a faict; et ne vous imaginés pas que je sois capable de
croire que vous le vous soyés procuré par autre voye que
par celle de vos services.. . J'ay parlé au roy pour M. de
La Ferté Senneterrc, Sa Majesté l'a faict marrschal de
camp de très bonne grâce... Quant à la Bartette^ iï
mérite bieu ce qu'il demande, mais je croy qu'il appar-
tiendra au gouverneur.»
Copie. — Bibl. de l'Arscital, HiH.fr. 186, io-d", p. 198.
' Voy. t. VI , p. 4o6 , note 1, l'exprcssioD inéme de Bichcliou sur la perte de cel officier.
* Voj. le tome VI, p. 407. — I.o roi était allé à Hcsdin le ag juin , et co jour même la ville rapilula; le roi voulut
y cDlrer par la brèchn , et an liaut tic cette brèche il donna le bâtou do maréchal de France à la Meilleraie. La Gazette
raconta le fait et donna le texte de la capitulât ion le 3 juillet , p. 36g et saivunte», tt dans la Gazette du 9 , p. 38t,
Richellflu fit mettre un nouvel article à la loaange du roï et de la Meilleraie.
' Major an régiment de la marine. Voy. la Gazette, p. 870.
238
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETxr.BS.
ANALYSES DES LEÏTHES
ET SOURCES.
1639.
1*' juillet.
Abbe ville.
A Madame de Savoie,
...Il ne lui reste d'autre moyen de salut que de suivre le
conseil que Richelieu lui envoie Il n'est plus temps de
délibérer, il n'en reste qu'autant qu'il en faut pour exécuter
une bonne résolution '."
Orig. — Arch. des Aff. étr. Turin, t. XXVII. fol. 3. — Copies.
— Bibl. imp. Saint-Gcnnain-Harlay, 347, fol. ^iSiv"^. —
Imprimée. — Aubery, Afem. t. V, p. 3og. — Recueil Je
1695, p. 339.
fi juillet*. A M. d'Hémery *. Détail d'opérations et de mesures a prendre indiquées par
Richelieu. . . — En P. S. « M. le comte Philippe ' a eserit de
grandes plaintes de vous à M. l'ambassadeur; mais, comme
vous pouvés croire , on s'en moque de deçà...»
Minute de la main de Cherré. — Arch. des Aff. etr. Turin,
XXVII, fol. 6. — Copie. — Bibl. îrap. Saint-Germain-
Harlay, 3^7, fol. 236 v° ^. — Extrait. — Dupuy,
t. DCCLXVII , cahier Qq '. — Imprimée. — Aubery, Mém.
V, p. ago, et Recueil de 1696 , p. 281 .
/juillet. Response aux faicts pro- Ces propositions consistaient à faire le siège de Fontarabie.
Abbeville. posez par le s' de Me- — Prendre Gattary. — Tenter une entreprise sur Saint-
Ander. — Attaquer la Corogne. — Dans ses réponses Ri-
clielieu apprécie les avantages et les inconvénients de ces
diverses propositions.
Minute de la main de Ch«rré. — Arch.de l'Empire, K , i3d ,
Guyenne, l" partie, p. 95 , pièce 193. — Original*. Bibl.
imp. Suite de Dupuy, t, XV, fol. aS^- — Copies. — Fonds
Bélhunc , 9t>4 > , fol. 1 ao \° et, gS^g, fol. 16^. — Imprimée.
— Correspondance de Soardis , t. II , p. 1 1 a. (Doc. Inèd. in-iS°.)
' juillet ". A M. l'archevesque de Richelieu lui envoie le mémoire en réponse aux propositions
.\bbevilie. Bordeaux , comman- apportées par le s' de Menillet ; il espère que sans hasarder
l'armée l'estacade de la Corogne pourra être rompue. Dans
l'imprimé, on 0 supprimé ce passage que donne le manus-
crit : « Il vient d'arriver une espouvantable nouvelle d'Alle-
magne, dont je vous envoie la copie; si elle est véritable,
comme nous le croyons, les affaires de l'empire sont en
mauvais estât '".n — En revanche, l'imprimé met ici ces
mots, que nous ne trouvons ni dans l'original, ni dans
la minute: «Notre flotte du levant rivalise avec le ponant, m
Minute. — Arcb. de l'Empire, K, iS^. Guyenne, etc.
i'" partie, p. 10a, pièce ig4- — Original. — Bibl. imp.
Suite de Dupuv, t. XV, p. ii5. — Copies. — Béthune,
93^ 1, fol. I !t^ , et 93^9 , fol. i56 V*. — Imprimée. — Cor-
retpondance de SoardU . t. II , p. ii5, in-A". ( Doc. incd.)
'' Cette lettre remarquable ayant été imprimée , nous n'en donnons que ces quelques mots. Un passage est cité en note
d'une autre lettre à la même princesse. (Voy. t. VI , p. à^à- ]
^ ■ Sur une minute raturée de la main de Cherré. » Note du manuscrit de Harlay.
^ Les imprimés mettent le 6.
" Cette lettre de Richelieu est la réponse Si une missive d'Hémery du a8 juiu , laqaellu missive se trouve dans le ma-
nuscrit de Dupuy cité aux sources.
' Le favori de Madame. On sait que Richelieu le fit prendre et conduire en France un peu plus tard. Vovez , à son
sujet , une note de la page 54o du tome VI.
'^ a Minute de ta main de Cherré. ■ Note marginale de la copie du manuscrit de Harlay.
' Voy. t. VI, p. 56, note a.
'^ L'origitiat contient plusieurs passages qui ne sont point dans la minute.
^ C'est la date de la minute, écrite au dos par Cherré : on a mis à Toriginai ■ d'Abbeville , 8 juillet,! mais Riche-
lieu avait quitté Abbeville le 7, en même temps que le roi.
"* S'agit-il de « la défaîte de di\ régiments impériaux et de la prise de leur général , » racontée dans une lettre de Ba-
nier que donne la Gazette , p. SgS ? Dans ce cas , la nouvelle répondrait mal à l'emphase de l'annonce.
Response aux faicts pro-
posez par le s' de Me-
nillet , de la part de
M. rarcheves<[ue de
Bordeaux.
A M. l'archevesque de
Bordeaux, comman-
dant l'armée navale
du roy.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
23Q
DATES
LIEUX DB DATES.
1639.
9 juillet '.
1 1 juillet.
Corhie.
\li juillet.
De Ham.
1 7 juillet.
Saint -Quentin.
19 juillet.
Saint-f^uentin.
SDSCRIPTION
DBS LKTTIIBS.
A M. d'Hémerv.
Au mareschal de la
Meilleraye.
Idem.
A Madame la Comtesse.
Au mareschal de la
Meilleraye.
ANALYSES DES LETTRES
BT SOURCES.
Richelieu recommande « de dtisarmer en diligence , sans perdre
aucun moment de temps,» les habitants de trois places
remises entre les mains du roi , par la duchesse de Savoie ;
«il falloit commencer par là , ne l'avoir pas faict est un pur
aveuglement."
Imprimée. — Aabery, Mcm. t. V, p. 198. — Recueil de 1696,
t. 1 , p. 383.
«Je vous prie de me mander, conËdemment et sans qu'on
en sache rien, quelle réputation a dans l'armée lu i' de
Sioujac, ca[)itaine, dans le régiment de mon neveu de
Brezé. Je ae suis pas en doute de son courage, mais je
désire sçavoir quelle est estimée sa conduite. Je sçay que
son humeur est gaillarde, à quoy je ne trouve rien à re-
dire; mais je désire sçavoir si cette gaillardise est accom-
pagnée de prudence et de conduite *. »
Copie. — Bibl. de l'Arsenal, Hîst.fr. 186, in-i", p. 199.
On l'informe de la marche de I^ambov. «Le roy est d'avis
que vous ne rompîés pas la circonvallation qui protège
• vostre camp, . . Conclusion : il est besoin de nous conserver
dans nostre victoire, et ne rien hasarder cette année...»
Recommandations pour le cas où Picolomini s'approcherait ,
ainsi que pour la subsistance de son armée. . .
Copie. — Bibl. de l'ArseDal, Hiti.fr. 186, in-i", p. aû/i.
«Madame, j*adjouste plus de foy à la lettre qu'il vous a pieu
m'escrire que non* pas aux mauvais discours que Ton pour-
roit avoir faicts a vostre préjudice. Je n'ay pas manqué
d'asseurer le roy de rafTectiqn (|ue vous tesmoignés avoir
|>our son service. Sa Majesté n'eu est pas en doute. . . »
Copie. -~ Bibl. dct'Arseaal, collcct. Conrard , iu-fol. t. VU,
p. 1900.
«Nous |)artons pour aller à Guise, où l'on dit que nous trou-
verons en chemin un corps de cavalerie de 2,000 chevaux ;
si cela est, vous entendrés parler d'actions extra ordinaire-
ment héroïques.. . L'avis de Pailotjue* ne vous doit pas em-
pescher le dessein que vous a porté le s' de Cbouppes, car
les ennemis ne sont pas si forts que le d. avis porloit. . .»
— (Ici quelques chiuTres indiquent les forces de Picolo-
mini]... «Les ennemis ont fait de grands retranchemens à
Arras, prenés vos mesures pour la seureté de Hesdin , et
le dessein que vous avés.»
Copie. — Bibl. de l'Arsenal, Hîtt.Jr. 186 , iii-i", p. a 1 1 .
' Aubery lialc cette lettre d'Abbeville, c'est nnc iadication inexacte, non» venons de le remarquer. Nous n'avons
point te menuscrit de cette lettre, mais eo quittant Abbeville le 7 , pour aller à Péronuc où il arriva le 11, Richelieu
s'arrêta à Péquïgny et à Corbie.
- Une autre lettre sur le même sujet, adressée aossi à M. de la Meillcraie, se trouve Jans le même manuscrit de l'Ar-
Hcnal (p. 21g) , où, faute de date, on l'a cla«spe an hasard entre le a i et ie a? juillet. Richelieu y exprime les mêmes
pcnséeit, ii peu près dan» les môm'^s termes : «Je ne suis pas en donto de son cœur, mais je serav bien aise d'avoir
esclnircissemcnt de sa leste. Je no demande point si c'est un sénateur, maia seulement sçavoir s'il est capable d'une
politique militaire raisonnable. » Dan» cette seconde pièce le nom de l'officier est ëcrit Sionrac ; n'ayant ni minotc, ni
onginal, nons Qc pouvons rccliûer le copiste. Noos n'avons point l'explication de cette double lettre, mais il est pro-
bable qu'une seolc aura été envoyer.
' Voyez, sur cette affaire , plusieurs lettres, t. VI , p. i36 , 4ii et autres.
2ll0
SOMMAIRES DES LETTRES
HATES
LIErX DE DATES.
1639.
2 2 juillet.
A Marlr.
24 juillet.
Relhel.
SUSCIUPTION
DES LETTRES.
Au inareschai do La
Force.
ANALYSES DES LETTIiES
ET sonncEs.
26 juillet.
Mëzières.
Idem.
27 juillet.
Mézières.
Le roy à M. le Comte.
A M. le Comte.
A Madame la Comtesse,
Remercîments des témoignages de la joie que le maréchal a
ressentie de la prise de Hesdin et de la récompense qu'a
obtenue son cousin de la Meilleraie. «Les termes de la
lettre que vous m'avés faict la laveur de m'escrire sur ce
sujet sont si obligeans, que je n'ay point de paroles pour
vous en remercier comme je désirerois. . .«
Iroprimiîc. — Mêm, du ductU La Force, t. III, p. 463.
<i Mon cousin, approchant de Sedan... je ne sçaurois assez m'es-
tonner de l'appréliension qu'on tesmoigne en ce lieu de
mon approche, veuque je n'ay aucune intension qui puisse
eslre préjudiciable ny à vous, ny a ceux avec lesquels vous
estes... Mon affection vous est asseurée, en vous condui-
sant comme je me le promets.»
Minute de la main de Cherré. — BibL imp. Bétbiiae^ gSSy,
foL 11. — Copie. - — Fond» Dopuy, ôig , fol. 2a6.
Réponse à une lettre de coraplimenls adressé ; au cardinal
par le comte de Soissons, et qu'avait apportée un de ses
gentilshommes, M. de Sardini. Richelieu ajoute en P. S. :
«J'ay dit à M. de Sardini plusieurs choses, sur vostre con-
duite , que je m'asscure que vous Irouverés bon , puis(|u'elles
n'ont autre fin que vostre bien'.»
Orîg, — Bibl. imp. Foolelte, porteL ià , o" 85.
«Madame, si vous m'eussiés faict la faveur d'avoir quelque
créance en la lettre que je vous escrivis de Saint-Quentin,
vous n'auriés pas pris, je m'asseurc, des ombrages de la
venue du roy en ces quartiers, comme vous avés faict,
Sa Majesté n'ayant autre intention que de vous proléger... »
— P. S. «J'ay prié vostre secrétaire de vous dire particu-
lièrement ce que j'estime pour vostre bien. C'est à vous.
Madame, à rendre vostre conduitle si prudente que le roy
ayt accasion de s'en louer.»
Copie. — Bibl. de l'Arienat , collcct. Conrard , in-fot. t. VII,
p. 1903,
«Le roy aîant eu avis de la mort de M. le duc de Weymar S
et désirant pourveoir à ce qui regarde son service et le bien
de la cause commune, sur un accident sy imprévcu et de
sy grande conséquence, dépcsche au s' comte de Gué-
briant le baron d Oysonville. . . Avantages que le rov fait
aux troupes du feu duc de Weymar pour les retenir a son
service, et à M. d'Eriach... Procédés à suivre par M" de
Guébriant et d'Oysonville dans cette négociation. . . Di-
' Richelieu qui, l'avant-veille, avait fait adresser, par le roi, un rcproclie au comte de Soisaons , évite de mettre
nn nouvel avertissement à nne lettre de compliments, mais il charge le gentilhomme d'un message verbal { cî-après ,
:i8 juillet) , et puis il n'use pas do la même réserve avec Madame la Comtesse ( lettre euiv. ) .
* Ce même jour, 37 juille'. , Richelieu mandail à M. dr la Meilleraie l'élonnemenl et les regrets que la mort inat-
tendue de ce prince , arrivée le 17 juillet , après une très-courte mahidie , ciasait à la cour. (T. VI , p. 45o. J Le Mer-
cure, en l'aDDOnraiil , publia des vers à la louange de l'illustre défunt. [T. XXIll , p. Si.) Des bruits d'enipoisonuement
□e tardèrent pas à se répandre , et nous avons une lettre du procureur général Mole à son ami P. Dupuy, où il en parle
comme d'un fait qu'on ne révoque pas en doute : a Si vous sçavez les particularités de l'cmpoisooDcmeDt du duc de
Weymar, vous m'obligerez de m'en faire part. » Bibl. imp, PoniU Dupuv, 792 , lettre 70.
Instruction à M. le ba-
ron d'Oysonville , s'en
allant à Brisacb.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
241
1639
[,639'.]
a8 juillet.
Mézîèrcs.
1639.
28 juillet.
M bières.
SUSCRIPTION
DES LETTRE^.
Pour M. (le (-havignv,
secrétaire d'estat , è
Laoïi.
A M. ie Comte.
Idem.
\^9\y
luillct.
A M. le comte de Gué
b"ianlS '
ANALY.SES DES LKTTRES
ET SOURCES.
verses lettres de cachet pour les chefs des il. troupes, mises
es mains du d, s' d'Oysonville '.
Mise au net. — Arch.des Afl'. étr. Allemagoe , t. XV, pièce i3o.
Copie. — Bibl. imp. Cioq-Cents Colkrrt , 46 , fol. Zqo v**.
...«Vous avés très bien fait de vous faire porter à Laon , le
changement de lieu et la bonté de Tair contribueront a
vous relirerde Testai où vous estes maintenant. Cependant
je vous conjure de ne penser à rien qu'a vous guérir, et ne
vous impatientés joint, n'y ayant rien si contraire au m;d
que vous avés, que le chaprin et la mélancolie^. M, de
La Barde, qni est icy, aura soin des allaires qui rej^artlent
vostre charge en \ osire absence , qui ne vous sçauroil nuire
auprès du roy, ny auprès de moy, qui ne vous ayme pas
moins que par le passé ...»
Orig. — Arcli. des Aflf. etc. Fraiicr, i638, de janvier ù
juillet , foi. 43 I.
«Je n'ay pas manqué d'asseurer le roy de la déférence que le
s' du Plessis m'a faicl cof^noistre que \ous avés rendue
au conseil que j'ay pris la liberté de vous donner, par
M. de Sardini, sur le sujet de; fortifications de Se<lan.
dont Sa Majesté a tesmoigné la satisfaction que vous pouvés
désirer.» S il se conduit bien, il ne recevra jangaîs que !)on
Iraiiemenl du roy... — «J'ayreceii comme un tcsmoignage
de vosire amitié la personne du s' de Crousille . . Je veux
croire qu'il se rendra tel qu'il doit estre, cl en prie Dieu de
tout mon cœur. C'est un homme que je ne cognoissois point
particulièrement et que j'ay plustost désiré pour vostre
considération que pour la sienne; cependant je m'en tiens
grandement obligé. . . »
Orig. — Bibl. iœp. Fonlelte , portefeuîllf 34» u* S-J.
Afiliction de Richelieu à cause de la mort du duc de Wcy-
mar. Les déix-sches de M. de Novers vous ont porté les
ordres du roy au sujet de ce que vous devés faire de concert
avec M. d'Oysonville. Vous n'oublierés rien pour engager
les principaux chefs des troupes du duc de Weymar à se
rendre au désir du roy.
Copie. — Bibl. imp. Ciaq-Cen(s Colbcrt , 1 1 6 , fol y. — Im-
primée. — Hiit. de G aèbr tant p:tr le Laboureur, p. i4i| oij
cette lettre est fautivement datée du a6.
Sur la mort du duc de Weymar, et le désir (!u roy que tes
chefs de l'armée du feu ciuc restent au service de Franc,
' Voy. t. VI , p. 45i et 453 , les Ijttres de Riclflieu aux rolooels du feu di.c de Weymar et à .M. d'Erlach. Nous
DOU> boriion» ici à indiquer cette iuKirucliou ass*"! longue, où Boui trouvons »culemrnt la reosee du cardinal, c' (lui
doit avoir été rédigée par Cbavigni.
* La pièce vhl de lii main de Cherré , sauf le millésime, qu'une autre main a écrit : i638. Celte fausse data a fait
insérer la pièce d.nis le manuscrit dfl 1 638 , aux Affaires étrangères.
^ Je trouve , dans 1rs manuscrits de IlotlanJe , .lux AlTtiires étrangères, tome XXI , folio 11 4) une lettre du a8 juillet où
ChavIgDÎ maude au cardinal qu'il • va se faire saigner du pied , à cause des douleurs dont il souffre. ■ Il euvoic en mJmo
temps des dépêches remues de Hollande , où d'Estrades ni^nde que le prince d'Orange exécutera ce qu il a promis par sa
troisième proposition. [Voy. t. VI, p. 455.)
* Voy. t. VI , p. 453 t UD« leîtrc adressée à M. d'Erlicb , snr Ir mime sujet.
CARDIN. DE RICHELUIU — VII.
242
SOMMAIRES DES LETTRES
nATES
LlKVl DE DATES.
1639.
3i)jniHt't.
3o juillet,
Doncliery.
âi juillet.
i" août.
Dp Motizoïi.
2 août',
Mouzon.
SUSGRIPTION
r>ES LBTTUKS.
ANALYSES DES LETTRES
ET 80ÏBCES.
A M. de Picolomini ^.
A M. de Cboisy ''.
Au maresclial de
tillon.
Chas-
pour raccom|)lissement de ce que M. de Weymar avoit sy
bien commtncé, et dans Tintérest de la cause commune.
Copies. — BltiK iinp. Ci'nq-Cciits Colberl, 46i foL Sgo. —
Saiiil-Germain-Harlay, 3^6 ,1. 11 , p. 725 '.
M. de Cornlllon est envoyé de nouveau pour l'échange de
M. de Ft'uquîèrcs. 11 est aussi question dans cette lettre de
l'échange de Jean de Wcrt et cfe celui du maréchal Horn.
Copie», — Bibl. imp, Cinq-Ccots Colbert , ^Ti , fol. 226, —
Saint-Gcnuain-Harlay, 346, t. I « fol. 334 ^•
On est inlormé d'une entrevue secrète du duc de La Valette
avec le cardinal infant. Voir avec M" de Koquepine, de
Campelz, de Grançay, s'il reste quelque chose a faire pour
garantir Melz. . . «C'est chose 1res certaine que M. D. L. V.
promet au roy d'Espagne de faire une entreprise sur Metz
et de luy mettre celte place entre les mains, mais son pas-
sage à Bruxelh'. est douteux. Faites voir ma lettre a M" de
Roquepine et Campelz, pour leur tesmoigner la confiance
qu'on prend en eux...»
Imprimée. — Aahery,Mém.t. IV* p. 200, elRec. de 1695, p. 198.
Picolomini coucha avant-hier 29 à Maubeuge; on croit qu'il
va passer à Namur. «C'est à mon d. s"^ mareschal à voir s'il
veut faire les deux retranchements dont il m'a parlé, aux
deux costés de la montagne où il faict estât de prendre son
champ de bataille.» On lui en voie des troupes et des mineurs.
«Tout consiste à diligenler autant qu'on pourra le siège. .. »
Copies. — Bibl. imp. Bétbane , 9360. foL i4i. — Cimj-Cents
Colbert , 1 1 9 , foL 91 . — Imprimte. — Auberv. Mém. i. IV,
p. 303. — Recueil tic 1695, p. 194-
On lui envoie tous les secours qu'il a demandés. . . «Je ne croy
point que Picolomini vienne icy,mais il faut faire tout ce qu'il
faut comme s'il y venoit certainement. » Se souvenir qu'il vint
à M. de Feuquières par des bois à Thionville; il me semble
qu'il pourroit faire le mesrae icy. ..» Conseils à ce sujet...
Copies. Bibl. imji. Bc(hunc , 9360, fol. i4a. — Cinq-Cenls
Colbert, lig, fol- 91 v°. — Iraprimcc. — Auliery, Mém.
t. IV, p. aoa , et Recueil de iG^ô , p. 1 94-
Un sommaire de cette instruction a été donné dans notre
VI" volume, page hbà. Uichelieu a écrit en marge de la
pièce originale {[nel(|ues lignes de matière * pour cette ins-
truction , qui a dii être rédigée dans le cabinet du secrétaire
d'État des Affaires étrangères. Nous nous bornerons ici à ces
seules indications.
Copies. — Bibl. imp. Cinq-Cents Colbfvl , ^S , fol. 894 v*. —
Saint-Gcrmaiii-Harlay, 346 , t. II , p. 733. — Imprimée.
Aubery, Mém. i. IV, p. 368.
' Les deux manuicrila mettent cette note margiualc ; «Ceci est escrit de la main de Cberré. — Ce doit estre une
lettre de M. le cardinal de Ricbelieu à quelqu'un des olïiciers de feu M. de Weymar ou à plusieurs d'eux. {Voy. le
mumoire cy-dcsaus. ) ■ Ce mémoire ainsi indiqué se trouve dans notre VI* volume , page 45i .
^ Pièce mentionnée p. Iib-j du VI' volume, note l.
^ « Sur une copie de la main de Chcrré. > Note commune eux deux manuscrils.
* Voy. retirait, t. VI, p. 43o.
" On a mis en tête : u le 4 ; » c'est sans doule la date de l'envoi.
* Indication des deux copies dans les manuscrits de la Bibliothèque impériale.
îdei
Instruction pour M. de
Choisy.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI
243
DATES
LIBDX DE DATES.
1039.
' 8 août.
Moujton '.
8 août.
Mouzon.
12 aoûl.
A Mouzon.
I ^ août ~.
A S" Meneboult,
ili août.
S*" Meneboult.
SUSCHIPTION
DES LETTBE.<i.
Au uiaresclial de Ctias-
(illon.
A M. le cardinal do
Valette.
Lettre du roi a M. !o
Prince '.
Lettre du roî à M"
Savoy*' ".
A M. de La Grange aux
Ormes.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOCRCES.
Un g^entilhomrae île M. de la Meilleraie apporte la nouvelle
d'un combat qu'il a gagné contre l'armëc du marquis do
Fueotes, avec peu de perte des siens et grand désastre des
ennemis^. «Le pauvre Monteclair a eu le bras gauche
cassé, et M" de Gassion et de Senneterre qui comman-
doient l'avïint-garde ont fait des merveilles...'*»
Copies. — BibL imp. Ciaq-Cents Colbert , iig, fol. gS. —
SainUGcrmain-Harlay, 3^7, fol, 5oi. — Bcthune , 9360 ,
fol. 145 v". ~- Imprimée. — Aubery, Mém t. IV, p. 20^ ,
et Recueil de iGgS, p. 19a.
Piéponse à une lettre du 3i juillet. — Satisfaction «de voir
la résolution avec laquelle vous et M, de Longncville mar-
chés pour secourir Turin.» — Richelieu lui envoie la rela-
tion du combat de M. de la Meilleraie. «J'espère que les
armes que vous commandés nn seront pas moins heureuses
en Italie, et que vous nous raanderés au premier jour qu'il
leur sera arrivé quelque bon succez... Je remets le surplus
à une dépesche que M. de Chavigny vous fait de la part
du roy *. . . •
Oritr. — Arch. de» Aff. étr. Turin, l. XXIX, fol. 90. —
Copie. — Bibl. imp. Saini-Germsin-HarUy, .1^7, fol. 5oi v°.
Sa Majesté le félicite de ce qu'ensuite de la prise de Salces ",
il s'est emparera la vue des ennemis, de la ville de Ca-
nette. . . « Il ne se pi?ut rien adjouster a l'estime que je fais
de vostre personne et à l'alféction que j'ay pour ce qui
vous touche. . . » (,e roi va en liourgogne , « où j'auray beau •
coup de contentement de voir mon cousin le duc d'An-
ghien, vostre lils, de la conduille et des services duquel
j'ay aussy une |)articulière satisfaction...»
MinDte. — BibL imp. Fonds BéthoDe, 93S7, fol. 67.
Malgré ses fautes, qu'il sera bien difficile de réparer, le roi
marché à son secours. «Je vous envoie le sieur de Cha-
vigny pour sçavoir vos intentions et vous faire cognoistrc
les miennes. . .■
Autographe. — Arch. de» Aff". fit. Turin, l. XXIX * fol. 101.
— Miniilfl dp la main de Cherra , même collection , (, XXVII ,
fol. 63. — Mise au npt de la main de Cberrf'. — Bibl. imp.
Fonda Bélbune, gSS;, fol. 70.
«Le s' de La Grange ayant rapporté au roy le désir qu'a M. le
duc de Lorraine de rentrer dans les bonnes grâces du roy.
Sa Majesté le renvoie vers le d . s' duc Charles de Lorraine ,
' La copie do Harlay seule donne le lieu de date.
' Lei manuscrits que suivent lo» imprimés dirent que ce combat fut donnil près de Mauquerques; le récit do la
Gatetle [ p. 4S7) nous permet do rétablir ce nom entropte ; il s'agit d'une ■ forte église nommée Sa in le -Mu rie Querque ,
dont on chfsaa les ennemis qni >Vn étaient emparés ta nuit précédente. ■
' Voy. ce «jn'pn écrit llicbelteu à M. delà Meilleraie, t. VI, p. ^f)^■
^ L'original chiffré de la lettre de Cbavigni est aui AH'airpa étrangères, folio 38 du manuscrit priSoité.
^ Nom et date notés nu do« par Charpentier.
' \oyeï, au snjet de Saice» , une nt<tre lettre à .M-. le Prince, t. VI, p. 573.
' C'est la date de la rainule ; l'original est daté du 1 5, jour du dépai-t ; la copie de Bétbuiie met le i3 , c'est sans
doute un quantième inexact.
' Noua on avons dnniié an extrait en note d'une lettre au cardinal de La Valette , t. VI , p. A^g.
3i.
2i'i
SOMMAIRES DES LETTRES
DATK-S
LIEOX Dr. DATES.
SUSCRIPTION
DES I ETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
KT sooncBs.
1639.
Sans (îatf.
[ Un peu avant le
) b août 1 639 ^.]
1 5 août .
1 5 août ■^.
20 août.
Joinvillr.
2 o août.
A M. lecouiinaudcur de
Guilaut , commaa-
fiant pour le rov de;
isles S'* Marguerite
el S' Fionorat.
A M. le commandeur de
Guitaut , comman-
dant pour le roy des
isles S"' Marguerite,
A M. le
t rades-
comte d'Es-
Inslruclion aux s" de
Gu6brianl , de Cboisy
et d'Oysouviïle , pour
négocier avec l'en-
voyé des généraux du
feu duc de Wcymar.
A M.d'Erfacb.
pour l'asseurer que , s'il est en IVslat auquel il luy a mandé ,
il oubliera très volontiers sa conduite passée, luv donnant
toute seureté pour s'aboucher avec M. le cardinal de Riche-
lieu, proche de I.angres '. Faict à S" Menehoud.»
Imprimée. — AuLcry, A/cm. t. V, p. .^76, et Recueil tle 1696 ,
t. II, p. 363.
uAusfiitosI que i'ay appris les nécessitez de la place où vous
estes , j*v ay faict pourveoir. . . vous verres par là le soin que
je veux avoir de vous et l'affection que je vous porte...
asseurés-voiis tpi'on vous mettra en estai de faire recevoir
un aflront aux Espagnols s'ils vous vont attaquer. .. J'ay
remis tous les méuioires que vous m^avés envoyés entre les
mains de M. Le Queux.»
Orig. — CommuDicatioa de M. de Guitault.
Commission donnée à un gentilhomme sur la rrcomuianda-
liou de M. de Guitault : «J'ay veu les nouvelles que vous
avés envoyés à Cherré, touchant ce qui se passe à Naples
et en Piedmont. . . Veillez à la seureté des places que vous
avés en garde et dont je mn rej>ose sur vous, de sorte qu'il
ne puisse arriver aucun inconvénient...»
Orig. — Comniuoication de M. de Guilaull.
« .(e vous dépescbe ce courrier sur des ayis certains, qtie le roy
d'Espagne assemble sa flotte à la Corogiie, qui sera forte
de cmquante grands vaisseaux qui seront commandez par
D. Antonio Doquendo, le plus habile homme de mer qui soit
en Espagne...» Presser le prince d'Orange de sortir pour
le conâbattre, il ne peut jamais trouver une occasion meil-
leure.
Copie. — Arcliives de» Alcdici* à Florence, cart. 5i (coiti
d'EuropaJ, indication de M, Caneslrini. — Imprimée. —
Ambassudes et négociations de M. le comte d'Estrades . p. 44 *■
Nous avons donné, tome Vï , p. /i8i, note i , un extrait suc-
cinct de cette pièce, dont la matière seule appartient au
cardinal.
Mise au net. — Arch. des Afl". ctr. Allemagne, t. XV, fol. i3S.
— Copie. — Bibi. iiiip. Cin(j-Cents Colbert , jJG , fol. 4oi.
— Imprimée. — Aubery, Mcm. t. IV, p. 3g3.
«Le roi a eu /ort agréables les asseuranees de fidélité et affec-
tion a son service, qui lui ont esté données par le colonel
Flcrsheim, au nom des ofliciers de M. de VVevmar. .. Le
roy jjrend autant de confiance en vous qu'en ses naturels
' Un saiîf-condiùt fui rédigé le même jour; après uii prcdmhule où est répète à peu près ce qui précède, «Sa Majeslit
promet en foy et parole de roy que le doc pourra \enir l\ Langres, y demeurer cl s'en reloarner en toute seureté, soit
qu'il y soit conclu quelque chose avec luy ou non , ensemble ceux qu'il amèrcra avec luy. » (Mômes sources que ci-dessus.}
' Cotte lettre doit avoir précédé de peu de jours celle du i5 août, dont nous la rnpnrorhons , uc pouvant indiquer
le jour précis de la date. Toutes deux font mention du gcntilbomme envoyé par M. de Guitaut ; et nous savons que ie
s' Le Queux, dont il est Ici qurstiou , était alors employé par Ricliplïcu pour les affaires de la marine en Provence.
■* On a mis mal à propos à la dale de cette lettre : de Ruel.
» Voy. t. V, p. 885, note a.
NON- IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
245
DATES
LUUl l>£ DATES.
1639.
2$ août.
Langres.
3o août,
SUSCRIPTION
DES LETTBBS.
Le roi à Monsieur.
ANALY.^ES DES LETTRES
BT SOCRCBS.
et plus aiTidc-s sujets... Vous recevrés, dans le service de
iia Majesté, tous les avantages que vous y sçauriés dé-
sirer '. . . »
~ Arch. des AfT. etr. Allcmaguc
Dp. Cmq-Cpnts Colbert , 46, fol.
■■ • "■- II,
le
34'.
Copies.
BiU.
Gcrmiiio-Harlav, 340 , l.
Mèm. kilt, roncrniant M.
dun, 1784. t. 111, p.
U XV, p. j35. —
399 T°. — Saiiil-
p. 74a ^. — Iiiipriiuée. —
;éBéraI d'Erlach , etc. Yver-
.A M ad aune
vreusr.
de Che-
septembre.
A M. di' <^.ouvongcs,
gouverneur de la ci-
taflcll)' df Turin.
«...Vous aymaut comme je fais, j"'allriids de vou;; tout ce
(]ui se jjeul désirer tl'un frère -de trt-s bon natureL..M. Du
Boullay vous dira les nouvelles d'icy. Envoyez-moy le jdns
lost possible les deux mil hommes que vousm'avés promis.»
Minute de ta main dp Clierré. — Bibt. îinp. Fonds Béllutnr-,
9337, fol. 66.
« Le roy a trouvé fort estrange qu'aiant receu vostre abolition ,
il y a plus de trois mois. . . vous ayés fait difficulté de \ ous
en servir... est-ce un dessein formé de ne plus revenir en
France.^» Les faux avis tpron lui a donnés en sonl-ils
cause. . . «Vous estes trop judicieuse pour ne pas cognoistre
que le roy ne voudroit pour rien du monde vous faire
rechercher après une abolition donnée... Reste donc à
vous. Madame, de faire ce que vous estimés plus à propos
pour vostre avantage...»
Copti^. — Bibl. imp. C!ii(|-CenlB Colbert, 40, fol. 44*' —
ïiaiiit-Grrniain-H^irUv, 346, I. 11 , p. â3. — Imprimée dans
i'WiK. de Louis Mil. par ie P- Griffet, t. 111, p. 179, .t
par M. CouitD, p. 33S.
n Puisque vous estes dans la citadelle de Turin, je la tiens
asseurée. Faites travailler nuit et jour aux fortiiications ;
les soldats de la garnison gagneront à ces travaux. M. de
Chanteloup vous porte l'argent. — De celte place dépend le
succès des alfaires d'Italie. L'attachement d'amitié que vous
m'avés tesmoigné vouloir prendre avec moy, me donne la
liberté de vous envoyer 2,000 escus j>our vous ayder aux
frais auKjuels la guerre d'Italie vous engage.»
Ttliiiiile t\f la main de Chrrré. — Aich- des Aff. ôlr. 'l'urin ,
t. XXVII , fol. 117.^ — Cojiio. — Bibl. imp. S-iint-Germain-
Harlay. .'147, fol 33).
« Ma sœur, vous verres mes |>en8ées pour vostre bien par fins-
truclion que j'ay données fabbé Mondain... Il n'est plus
question de délibération, mais d'exécution. Au nom de
Dieu, conservés un lieti où vous puissiés vous retirer en
sûreté avec vostre lils, mon neveu '. ..»
Minute de la main de Cherré, — Arch. des Aff. étr. Turin ,
t. XXVII, fol. ii3. — Copie. — Bibl. imp. Saint-Germain-
HarUy, 347, fol. 339 v".
' Le rui avait donné . )« 30 avril précédenl, à M. d'Ertach nne peDsioo de t 3,000 livre». Le brevet a éti- ioiprinic dans
Ivs raérooirea de d'Erlacli , p. i3 , ainsi qu« le^ Icttr^'s de naturalisa tioo doouéen à ce f(énéral , la même année (1639] ,
p. lâ. Sans nom de moia et sans quantièmes, ce» lettres sout contro-signécs : Sdblet.
^ «Copie de la main de Cl)irur(;ien. ■ Noie commune aux deux nianuscrili do \i Bîblîotb^ue impérial*-.
' L'imprimé offre quelques légères variantes avec lo manuscrit.
* • Sur nne minute originiile de la main de Clicrrc. • Note du manuscrit de Colbert.
' Voyez le tome VI . p- âo3 , lettre .lU cardinal de La Valette^
Idem
Lettre du roi à M"
Savoie.
246
SOMMAIRES DES LETTRES
1(539.
5 septembre.
S' Jeau de l'Aune
(de Losne).
DATES
LIEUX DE DATES.
G septembre.
7 septembre.
lo septembre*.
Chalon
sur-Saône.
SUSCHIPTION
DES LF.TTRBS.
A M°" la Princesse,
Au s' Mondain.
[AM. Boulhillier^]
Mémoire au s' Damon-
tot , estant pour le
service du roy
Hollande.
ANALYSES DES LETTRES
ET 80DRCKS.
«Bien que je ne doule pas que vous ne soyés fidellement
avertie des bonnes qualitez de M. le duc d'Anguien , je ne
serois pas satisfait si je ne vous asseurois. , . » (et Richelieu
répète à peu près ce qu'il écrivait la veille au prince de
Condé, 1. VI, p. ôo/). «Vous en devez avoir grand con-
tentement... ce m'en sera toujours beaucoup de rencon-
trer les occasions de le servir et tout ce qui vous touche. . . n
Orig. — Arch. de Comlfi , i Sy. Communication de M*'' le duc
d'Aumalo.
Cette lettre porte une rectification faite à l'instruction donnée
le 2 ', et confirme en même temps d'autres parties de la-
dite instruction.
Copie faitf^ sur une pirc« de la main de Cberré. — BibL iiitp.
Saint>Gcrinain-Harlay, 3J7i fol. 344*
Richelieu le prie d'achever une affaire concernant son neveu
du l'onL nC*est une afi'aire du cours ordinaire, qui n'exi;;e
point de comptant, et où il (le d. neveu) n'est gratiffié
que comme les autres capitaines des galères. — H faut
user de prudence quant à la taxe des aisés ^.
Orig. — Manuscrit du cabinet de M<' le duc d'Âumale.
La nécessité de faire une suspension d'armes en Italie ne vient
d'aucuniî faute tju'on aurait commise , mais uniquement de
la mauvaise conduite de la duchesse de Savoie, tandis que
l'intention du roi était de pousser vigoureusement les af-
faires, et de se rendre lui-même en Italie avec de nouvelles
forces. C'est ce qu'il faut bien faire comprendre au prince
d'Orange et aux députés des Etats, il faut présenter en
opposition les brillants succès que la France a obtenus
partout ailleurs, en Allemagne, en Artois, sur les côtes
d'Espagne où l'armée navale s'est signalée. Enfin, «le d.
s' Damontot se plaindra doucement , de la part du roy, à
M. le prince d'Orange, de ce qu'il a laissé passer celte
longue campagne sans rien faire contre les ennemis com-
muns, fnioyque dès le commencement il en ayt eu bon
moyen... Il pourra doucement insinuer que le manque de
renfort de 6,ooo hommes en Italie a esté aussy en partie
cause que nos généraux ont esté obligés de faire la susd.
suspension...*» — «Le roy faict estât de tenir ses armes
en campagne jnsques à la Toussaint... s'asseurant Sa Ma-
' Voy. t. VI, p. 5o6.
^ Ce billet manque de sHscriplion , mais c'était Houthiliior qui s'occupait loujours des affaires coDceroànt M. du Pont
de Conrlay.
^ Voy, t. VI > p. 496 et p. 986 (aux additions ) , où mention est faite du présent billet.
• C'est sans doute à ce moment que Hichclieu a fait rédiger un exposé des manquement» que la France pouvait re^
procber au guuvornoraent de Hollande. Je trouve ce document, sans date, parmi les pièces de 1639, dan* le mânus^
crit des Affaires étroDgèrci, Hollande, tomo XXI, coté aii , avec ce titre . «Extrait des contravention» faietes pv
M" les Estât» aux Iraittés qu'ils ont faicts avec le roy, » C'est une mise au net de la inaîn d'un socrét-iire de Cbavigni.
Il y en a deux copies à la Bibliotbèquc Impériale (Cinq-Cen>s Colbert , 46* fol. aug , et Saint-GriT'nain-Harlay, 346 ,
t. il, p. 385) , et l'une et l'autre portent cette annotation marginale : «D'après une pièce de la_ main do Daridol dont
le titre est de la main de Cherré. « On reprend l'histoire dos convention! cooclucs entre les deux Etats depuis le traité du
8 février i635, époque où tous deux prirent part à la guerre de trente ans.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
247
DATES
LIBl'X EB DATES.
1639.
1 1 septembre.
Cbalon-
sur-Saùue.
1 3 septembre.
Màcon.
I h septembre.
Màcon.
17 septembre.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
A M. le cardinal de La
Valette.
A M, le Prince.
AumarescbaldeSchom-
berg.
Pour M. de la Tli.iil-
lerir.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUItCES.
jeslé que le d. prince en usera de mesme... et ïuy en fait
taire instance bien expresse, comme aussy aux d<5pulez de
M'* les Estais... C'est la moindre correspondance qu'ils
doivent rendre aux grands efforts que Sa Majesté a laicls
pendant cette année pour le bien commun, et que s'ils y
auportoicnt de la difficulté, elle auroit très grand sujet
destre mal salisfaite '.»
Mise îiu net delà iiiaiu il'un secrclaire de Chavigni. — Arch.
des AïF. élr. Hollaude , t. XXI, pièce 1 aS. — Copies. —
Bibl. imp. Ciocj-Cenls Colbert , 46, fol. i48. — Saint-
Germaiu-Hailay, 346, t. 11, p. 344- — Suppi. fronç. 370.
Pressantes recommandations pour munir Turin de vivres et
de munitions de tontes sortes, pendant la suspension.
M. de Noyers a envoyé un commis qui fournira tout l'ar-
{;ent nécessaire... Achever tout ce qui reste à faire aux
fortificatious des places que nous tenons en Piedmont^. —
P. S. «Nous savons, il y a longtemps, que M. de La Va-
lette a fait partir un gentilhomme d'Angnterre pour aller
voir ce qu'il pourra négocier à Mclz.n
Orig. — Arch. des Aff. ëlr, Turin, t. XXIX, fol. îo3. —
Copie. — Bibl. imp. Saint-Gfrmain-Harlay, 347, fol. 5oa v°.
.. .%i Toute la cour a esté satisfaite de ta conduite de M. vostre
bis.» — Féiicifalions sur la continuation des progrès de
M. le Prince.
Orig. — Arcli. de Coodé. CommunicatioD de M<' le duc d'Au-
inale.
Je réponds aux plaintes que vous faites de M. te Pripce,
«qu'en bien faisant vous n'avés rien à craindre... Il est de
vostre prudence de rendre à NL le Prince tout ce c(ui est
deu a sa qualité. Le roy t'affeclioniu' à cause du zèle qu'il
a à son service; je l'honore pour la mesme raison...)» —
«N'ayez point de noises avec luy, je vous en conjure...»
Imprimée. — AuLery, t. IV, p. 34 >■ — Recueil de 1695,
p. 196.
Instruction au sieur de la Thuillerie. — ... Le principal but
de son voyage est d'empescher la trêve et les négociations
qui se pourroienl faire à celte fin, mais il iir doit pas le
faire cognoistre de delà, ny lesmoigner que nous lapré-
hendions. . . Le prétexte de son voyage doit estre que le
roy n'a pas voulu laisser davantage M" les Kstats sans un
ambassadeur. . — Que le roy est résolu decontiuuer puis-
'sammenl la guerre. — Le s' de la Thuillerie verra par les
traittés faits depuis i63i que «le prince d'Orange se peut
flire avoir presque manqué en tout ce à quoy il s'fstoit
obligé,» et il fera valoir les grandes assistances que les
Kstats ont tousjours receus de la France... — Le prince
' Ce mémoire, très-loogueruciit développé, où la pensée de Rirticlieu »c montre partuul , a été rédigé dao» laça-
billet du secrétaire d'Etat des Affaires ctrangêref; les copies de Colbert et de Hariay raetleni eo note : «D'après une
copie de Oaridol. ■ ( Vo^. l. VI , p. ôiS, ia dépêche adressée à M. d'K»lradcs.)
' Voy. (. VI , la lettre du . . . septembre, ft la page âi6.
248
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
SDSCRIPTIOX
ANALYSES DES LETTlil-.S
LIEUX DE D4TF.S.
DES LETTRKS.
ET SOURCES,
.1639.
'
d'Orange est fort couvert; tàclier de le péntjtrer adroite-
ment.— Faire qu'on ne mette point l'armije en quartier
d'byver avant novembre. — En tâcbanl de pénétrer les
négociations secrètes qu'on pourroit faire en Hollande, dis-
siper les soupçons qu'ils auraient qu'on en fait en France.
— Bien vivre avec le prince et la princesse d'Orange. . .
Mise an net do la main l'un secrétaire de CUavigui. — Arch .
de» A(F. élr. Hollande, t. XXI , pièce 336.
19 septembre.
De Lyon.
A M. le Prince.
,..«Le roy est extraordinairement satisfaict de la façon avec
laquelle vous agisses pour son service.»
Orig. — Arch. de Condé. Cotiimunicalion de M*' le duc d'Au-
luale.
2 3 septembre.
Grenoble.
A Mons' MoMs'^de Tbou ,
conseiller du rov en
ses conseils, maistre
des lequestes de son
liostel.
Richelieu le remercie des nouvelles quM lui a données du car-
dinal de La Valette '. . . «Je vous conjure de faire qu'il croye
l'avis des médecins, je luy envoie ceiuy de M. Bouvard, par
le seul médecin qui estoit auprès de mov. Asseurés vous,
s'il vous piaist, de mon affection...
Orig. — Bihl. imp. Fond. Dupuy, t. DLXXIII, fol. 197.
si septembre.
Grenoble.
A M, le Prince,
«Ayant apris par le courier que vous avés dépesclié à M. de
Noyers que les ennemis ont assiégé Salcci,. je me suis aussy
tost résolu de vous envoyer Houdinière. ,. pour servir en
toutes choses où vous i estime ré s propre...» La lettre se
termine par de vifs eneourageiaents ^
Orig. — Arcli. de Ctndc , i35. Communication de M^' le duc
d'Auinale.
27 septembre.
A M. le comte d'Har-
court.
«Le roy vous ayant choisi, dans l'extrémité du mal de M. le
cardinal de La Valette, pour soustenir, le reste de cette
campagne, les affaires d'Italie, je vous fais cette lettre par
son commandement » a ce qu'aussy tost que vous l'aurés
receue vous veniés... en poste recevoir les ordres de
Sa Majesté.»
Copies. — BibL iinp. Sainl-Germain-Harlav, 347, fol. Oôg v" -*. —
Dupuy, t. DCCLXVII, cahier Vv ".'
28 septembre.
Au mareschal de Schom-
berg.
Encouragement à contribuer de tout son pouvoir au secours
de Saiccs. Nous avons donné les principaux passages de
celte dépêche en note à une lettre du G octobre, tome VI ,
pages 573-67/1.
Iraprîmcc. — Aubery, t. V, p. a56. Recueil de 1696, p. 197.
— Fragment dans VHist. de UuU MU. par le P. Griffe ( ,
t. lîl, p. 33o.
38 septembre.
De Grenoble.
A M. le Prince.
Importance de la conservation de Salées. — «J'escris à
M" d'Halluin , d'Arpajon, d'Argencourt et Ce Lecques,
pour les animer **. »
Orig. — Arch. de Condé. Coaimunication de M^'' le dnc
d'Aumale.
' Le cardinal Je
^ Voy. t. VI , p
^ Minute origin
* Voy. t. VI, p.
' Voy. t. VI, p.
La Valette \cnjit d'être alte
572 , lettre à M. le Prince,
le de la main de Cherré. —
66 , note a .
672 et suivantes , les notes à
ni de ta maladie dont il mourut le aS septembre.
note a.
fote du manuscrit de Harlay.
la lettre du 6 octobre.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
249
DATES
et
MEUl DE DATES.
SUSCRIPTIOS
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SODnCES.
1039.
29 septembre.
A M. le Prince.
3 octobre.
Grenoble.
Idem.
Idem,
Au maresclial de Chas-
lillon.
i octobre.
Grenoble.
A M. rarchevesc|ue de
Bordeaux , lieutenant
général de l'arinéu
navale du rov.
I II octobre.
Lvon.
A M. If Prince.
' Voj. t. VI, p. 573 , uot« 3.
» Voy. t. VI, p. 673, 575, uotes.
' Vo). t. VI, p. 676 , note I.
«Les dépesches que j'ai reçues de \oslre part m'ont exlres-
mement resjouy, veu la bonne espérance que vous avés de
desfaire les ennemis au siège de Salces.... vous pouvés
attaquer les eunemis avec un sy grand avantage que je ne
croy pas qu'il vous en puisse arriver mal ...»
Orig. — Arcli. de Coude *. — Copies. — Bibl. imp, Cinq-
Ceats Colbcrt, 45, fol. 3a6, — Saiot^Gcrmain-Harlay,
346, t. I, fol. 3a6 v".
«Le roy donne au prince de Conty, son fils, l'abbaye de
Granselve , la plus grande qui feust possédée par M. le
cardinal de La Valette. . . Pùclielieu a escril aux marescbaux
de camp pour les porter à seconder vigoureusement les
bons desseins du prince '^. . . »
Orig. — Arch. de Condé , 1 ^o. Commuuicatioii de M*' le duc
d'Aaiualc.
« Le roy eust esté bien ayse qu'avant que vous mettiés
vostre armée en garnison , vous eussiés peu deslivrer Metz
des petits chasteaux qui sont portés dans vostre iuslruc-
tiou comme Sancy. Il remet pourtant tout a vostre juge-
ment. . . »
Bibl. imp. Béthuae , 9260, fol 3 1 1 v". — Ciuq-
Colbert, 119, fol. i3l. — Imprimée. — Aubery,
t. IVfp. a6o , et Recueil de 1696, fol. 198.
lopi<>9. -
CenU
Hicbelieu approuve sa résolution d'aller à Brest faire radouber
les grands vaisseaux, et à iNantes établir des ateliers; mais
le cardinal désire qu'il ne s'y arrête pas longtemps, non
plus qu'a Uordeaux, et qu'il fasse diligence pour le venir
trouver à Lyon ; ou aura besoin de lui dans les occurrences
présentes. « Nous prendrons ensemble résolution de ce
qu'U faudra faire l'année prochaine...» — «La mort de
M. le cardinal de La Valette m'afflige de telle sorte que je
ne m'en sçaurois consoler, ayant perdu en sa personne un
des meilleurs et des plus généreux amis que j'aye au
monde. . . » — « Sa Majesté vous a réservé une de ses ab-
bayes. »
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy, t. XV, fol. a^S. — Im-
primco. — Corrttpondanct de SoardU , t. II, p. i3i.(Doc,
lu^d. ia-i«.)
Satisfaction que lui apportent les lettres du prince de Coudé
«par la bonne espérance que vous avés de la fuite ou de
la dcOaite des ennemis, et par tes préparatifs que vous
faites à cette fin. Nous ferons prier Dieu à Lyon- à ce que
le succez de vostre entreprise soit tel que tous les gens
d<- bien le souhaitent avec voua pour l'avancement de la
|)aix'...*
Orig. — Arch. de Condé, i^t. CommunicttioD de M*' le duc
d'Aamale.
CAKDIN. DE HICHELICL'. VII.
33
250
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DE DATES.
1 039.
19 octobre.
Lyon.
* octobn
Lyon.
27 octobre.
3 novembre.
De Uuel.
SUSCRIPTION
DBS LETTRES.
A M. ie duc d'Épernon,
Mémoire pour traitter
avf^e M. (le Hansau
et l'engager an ser-
vice du rov '.
A M. le comle d'Har-
court.
A M. l'archeiesque de
Rouen.
ANALYSES DES LETTRES
BT SOUliCES.
Condoléance pour la mort du carditial de La Valette : « Comme
je ne suis point capable de recevoir de consolation de cet
accident, je le snîs encore moins de vous en donner, veu
l'extraordinaire sujet que vous avés de ressentir sa perte
qui m'est commune avec vous'...»
Impriniée. — Vie da dac dBpemon . t, IV, p. SyS.
L'état des affaires du roi ne lui permettaul pas d'accor<ler
tout ce que demande M. de Handzau, «Sa Majesté se pro-
met qun se contentera de 60,000 livres comptant, plus
la continuation de la gratification annuelle de .^6,000 livres
dont 6,000 en une terre de ce revenu que Sa Mnjcsté lui
donnera. En outre on lui promet tels emplois «qu'il aura
sujet d'en estre salisfaict.M — On ne ptut lui rendre le
régiment qu'il avait, «Sa Majesté en ayant disposé lors-
qu'elle croyoit qu'il ne voulust pas revenir en France,»
mais s'il veut lever un bon régiment de i,5oo hommes, on
lui payera les levées, 6 écus par hommes, condition ordi-
naire pour tout régiment estranger. . . «11 peut considérer.. .
que c'est là un avantage tel qu'il ne se Ironve point que
Sa Majesté en ayt faict seniblable à qui que ce soit depuis
longtemps.»
Copie. — Bibl. ïiup. Cinq-Cents Colbert , ^6 * fol. 3^0 ^.
«On écrit au long, en chiffre, à M. d'Argerison ', pour vous
en rendre compte, toul ce qui s'est passé avec le s' Masse-
rati;n... «l'écouter ne vous doit pas détourner d'un seul
moment de faire ce que vous aurés entrepris...»
Copie. — Bibl. imp. Saint-Germaiii-Harlay,3'i7, fol. ôiSy*".
L'archevêque de Rouen avait écrit au cardinal pour se plaindre
de la désobéissance des leligieux de Saint-Vandrille ''; le
cardinal répond : «L'affaire dout il s'agil est la question
générale d'entre M* les évesqnes et les religieux, laquelle
on ne peut pas décider si proraptemenl... En attendant
la décision, continuez vos visites sans faire le scrutin, ne
S rendre cognoissance de tout ce qui regarde la conduite
es religieux et la régularité, a moins qu'il ne soit arrivé
quelque scandale public. . . Je suis bien fasché de la con-
duite de ceux de Saint-Vanilrille a vostre égard... Je vous
supplie de leur vouloir pardonner pour l'amour de moy,
et révoquer les jugements que vous avés donnés contre
eux...*
Imprimt^e. — Mercure tie GaiUon . p. 17. Voy. l. IV, |). 816,
addition • la page bu-».
* Voy. l. VI, p. 53i, uuic -2.
^ A la fil) de In pièce on ;i mis 72 octobie.
^ Ce titre do dit pas qui était chargé lie traiter. On voit i'inipoilaiicc que meltail Hichelïeu à attacher le bra\e
R.^nLzau au service de la Fr.Tncf.
* «Copie Daridot. •> Note du manuscrit de Colbert.
' Voy. l. VI , p. ûgg et aux additions , à la fin du volume.
* Lit letlre de l'aichevèquc, qui précède celle-ci dans le Mercure, est d;it('e du 7 octobre i638; ce niillcsime est
évidemment une faute d'impression, laquelle se répète dans la date de l'absolution donnée aux religieux par l'archc-
piècc irapiimée à b suite des trois antres, page 2 u
NON IMPRIMÉES DANS LE TOME VI.
25 [
DATES
LIEUX DE DATES
lt)39.
3 novembre.
Rntl.
33 [novembre]
' décembre.
Ruel.
2 décembre.
Uuel.
f\ décembre.
De Ruel.
1 6 décembre.
Paris.
SUSCRIPTIOX
DES LETTHES.
Aux religieux de l'ab-
baye de .Saint-Van-
drille.
 M. le prince d'Orange.
M. l'évesque de
Misnies.
A M. le Prince.
Mei
A M. de La Cour.
ANALYSES DES LETTRES
BT âOUBCES-
H Mes frères , ayant appris ce qui s'est passé dopuis quelque
temps en vostre maison, au sujet d'une visite que M. Tar-
chevesque de Rouen y a faite, je luy escrits pourle prier
{ici Richelieu répète à peu près la lettre précédente)...
En attendant un bon règlement, vous devés recevoir
M. l'ar, heves;[ue de Rouen, lor qu'il voudra faire sa visite,
avec tout le respect et l'honneur qui est deu à sa personne
et â sa dignité , ponrveu qu'il fasse ses visites sans faire le
scrutin , etc.
laapn
, — Mercure (U GaiUi
.on. p. 19.
«Monsieur, je n'ay pas manqué de fai.e sçavoir au roy les
propositions dont vous avés chargé M. d'EsIrades sur le
sujet des desseins de l'année qui vient ^... La diligence avec
le secret des d^seius que vous voudrés faire m'en font
promettre un succès aussy avantageux que je le désire.»
Minute. — Arch. des Afl". étr. HoltaDJe, t. XXI. pièce itig.
— Copies. — Bibi. imp. Cinq-Cents Colbert, 46, foL -lai.
— .Sainl-Germain-Hartay, 34ti,l.n,p>4i6^.
M. d'Espeuan * avant donné l'assourance qu'il pourroit tenir
plus d'un mois dans Salces, Richelieu attend de son zèle
au service du roy qu'il contribuera au secours de cette
place. «H n'est pas question de mener un grand corps,
comme vous avés faict de voslr.; diocèse, (|uc je sçay bien
qu'il seroit diflîcile, mais seulement un petit corps bien
affectionné : au mauvais estai où sont les ennemis peu de
gens pouvant faire un graml corps.»
Orig. — Arcb. de l'lk6tr) de villo d« Nîme». — Imprimée.
— HUt. de Nitneê par Ménard , t. VI, p. 11 des preuves.
«Bien que je vous aye escrit deux fois di.'puis deux jours, je
ne puis laisser partir M. deCoislin.. sans vous faire encore
celte lettre pour vous conjurer, ainsy que j'ay desià faict,
de contribuer tout ce qui deppend de \ostre crédit et de
vostre autliorité pour le secours d.- Salces. . . »
Orig. — Arch. de Condé , 89. CommaDicatiou de M'' le duc
d'Aumale.
On lui renvoie M. de Rogles. Le cardinal n'a rien à ajouter
aux précédentes lettres.
Orig. — Arch. de Coûde. Communicition de M'** U duc d'Ag-
male.
* «Quant aux plaintes du marquis de Sainl-Germaîn de
n'avoir pas receu des bienfaits du roy, tandis que Sa Majesté
estoit à Grenoble, ainsy que les autres tpii estoient auprès
de madame; je ne sçaurois as.sez m'estonner de ce qu'il
ne recognoisl pas luy mesme qu'on l'a faict exprès ^ de peur
' Pour la date , voyex ootrc reiiiart[ue , t. VI , p. 610, note 1 .
• Vo). t. VI, n. bio, note.
' < Sur une minute on brouillard de la main de Chirurgien. • Note do manntcr't Je Colbert et de celui de HaHay.
* Dans rHittoire de Nîmes on a imprima par erreur : •d'Eapernon. ■
» VoY. t. VI. p. 5j&.
33.
252
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIEDX DE DATES.
DBS LETTRES.
ET SOUBCES.
1039.
de le rendre suspect.,. Je vous recommande tousjour les
fort de la Peroiize. . . i>
Imprimée. — Aubery, t. V, foi. 398, cl Recueil de 1696 , 1. 1,
p. 383.
1 () décembre.
Billet envoie à M, de
Cliavigni au sujet de
la défense faite aux
nîclieliêu lui envoie «l'ordre qu'il faut que M. de La Barde
et son collègue' monstrent à MM. le.s prélats qui sont à
Pari;"...).
prélats de conférer
avec le nonce Scoti.
Mise au net de la main de Cherré. — Arch. des AIT. élr. Rome ,
l. LXVII. — Copies. — Bibl. imp. Dupuy, 535 , fol. 83. —
Saint-Germain-H-trlay, 3/17, fol. 696 v*. — Imprimée. —
Aubery, IV. 346. — Recueil de 1 figS , p. aoo.
1 7 décembre.
Au cardinal Bagni.
Richelieu se plaint du nonce Scoti, il envoie au cardinal
Bagni la relation de la mauvaise conduite de cet ambassa-
deur'... «Je prie Dieu, ajoute-t-il, que vostre Eminence
soit capable de rendre cet esprit autre qu'il n'a paru jusques
icy à beaucoup de gens *. . . »
Mise au nel de la main tic Charpentier. — Arcli. des AIT. ('tr.
Rome, LXVII. — Copies. — Bibl. Imp. Dupuy, 535,
fol. 83 v". — Saint-Grrmain-Harlay, ^147, fol. 697 v". —
Imprimée. — Aubery, t. IV, p. 34?. — Recueil de ) 695 ,
p. SOI. — Extrait, Hist. de louis Xlll parle P. Grifiet,
t. m, p. 247.
17 décembre.
Ruel.
A M. de Xoailles, éves-
que de Saint-Flour.
«Le roy envoyant M. le comte de Noailles, vostre frère, en
vos quartiers, pour amasser ce qu'il pourra de gens pour
le secours de Salces que Sa Majesté a résolu de faire tenter
de nouveau... je vous conjure de contribuer tout ce qui
vous sera possible à cette lin. Vous ne sçauriés rendre un
service au roy dont il vous sache plus de gré, ny dont,
en mon particulier, j'aye plus de ressentiment en vostre
endroit. . . »
Orig. — Arch. de M. le duc de Noaîlles.
2/1 décembre.
lîuel.
An maresclial do Schom-
berg.
Le cardinal avait déjà écrit, le 28 novembre, au maréchal
pour le presser de secourir Salces ' ; citle seconde letfro a
le mt'-me obje!. Nous en avons donné un extrait dans la
note d'une lettre au prince de Condé".
Imprimée. — Aubery, t. IV, p. 3i3. — Recueil de 1696,
P- »99-
27 décembre.
A M. l'archevesque de
Bordeaux.
0 Je seray demain à Paris, où je feray donner les cent mil francs
au Picart. Vous pouvés continuer de voir le prisoouior
' Ce collègue et
marginale des inao
' Voy. l'extrait,
' Voy. t. VI, p.
* Une réponBe c
remplie d'excuses
ait J. P. de Bcrlicr, ahhé de
uscrît» (1 ' Dupuy et de Harla
t. VI, foi. f>5i", note.
649.
u cardinal Bagni i>e trouve
pour fe langage inconvenan
Saint-Vincent; tous deux élaîenl les agents du cierge. (Voy. une noie
y-)
, en copie, dans !« manuscrit précité de Harlay, fol. 706; elle est
t et les vîvacilés de ce nonce que Bagni avait recommandé à Riche-
* T. VI, p. 629
« T. VI, p. 638
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
253
DATES
UEUX DB DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1039.
Sans date.
Vers la iin
espagnol qui est chez le chevalier tlu guet , et le prier d
sVsclaircir avec vous de ses propositions. »
Origiual sans sîgnftture, de la main de Cherré. — Bib)
Suite de Da[>o>f, t. XV, fol. 313 '.
...p.
A M. le commandeur
de Guitaut,comDiaii
dant pour le roy des
isles S "-Marguerite.
«Le loy aprouvc rarrestatioii que vous avés faite du s' de la
Tatonière, et di-sire que vous le remetliés entre les mûi's
de M. de Charapigny , intendant de la justice, pour l'inter-
roger. . . Mon oncle , le grantl prieur, a grande satisfaction
du bon traitement que vous faictes au s' de Hérisson et
de la bonne intelligence qui est entre vous et tous les oflfi-
rnisoD des isles. ..»
ciers de 1
Orig
- Communication de M. de Guitautt.
[ Commence Qieot
(!c janvier.]
7 janvier.
Rucl.
A M. S^guier, chan
celier.
Pour M. l'archcvesque
de Bordeaux.
1640.
Richelieu complimente le chancelier sur la mission qu'il
remplit en ^orm&ndie, et lui en rappelle l'objet : «Je vous
conjure de vous souvenir lousjours qu'on ne sçauroit faire
un trop grand exemple... outre le chastîment des particu-
liers, n est exp^iant de razer les murailles des villes'...»
Imprimée. — Aubery, Mêm. I. V, p. igS. — Renieil de 1696,
t. !I, p. 93. — H«(. de Uttis MU du P. GrilTet , t. III,
p. 3âÔ.
M. de Bordeaux aurait dû préférer l'un des enfants de Renier
Jance à l'ingénieur Saint -Clair, au sujet du don fait
par le roi d'une partie du domaine de Oeaucaire à ta
veuve de feu Desroches. — «J'escris un billet pour l'afiaire
du clergé, afin que M. de BuUîon face cesser les pour-
suites. . . M
Original sans «ignature, d« la main de Charpentier. — Bibl.
imp. Suite deDopuy, I. XVll, fol. 5.
' Il n'y a point de suscriptioo, mais 9*nl«mfnt Dne annotation au dos do re billet. La pièce cBt mal classée dans )c
mannscril, onlro nne pièrc do 17 janvier et une autre du 6 fi-vricr.
' Dans «a ladre du 10 août (t. VI , p. ii67 ) , Richelieu avait prié M. de Goiianlt d'avoir toLte l'indulgence possible
poor le aieur de Hérisson i la présente lettre n'a pu élre écrite qu'après certaines infortualions qui ont dû prendre dcu»
ou trms mois, attendu la lenteur des correspondances de ce temps-lji. Hieti n'indique une diitc précise.
' Il s'agit do la réroite ani éclata en Normandie à la fin de l'anoée 1639. La Gaze'.te du 3 décembre annonçait *li>
défaite de 3 00 hommes de Jean~Va-nuds>pird9. • (.'élait le nom que s'étaient donné 1rs recollés eni-mèmes. Après qoe
le colonel Gdssioo les eut i j ea près exterminés , on envoya le rhdDcclier pour .icbever, avec If s formes de la justice,
l'oeavre de la gaerr«. Ségaier était disposé à ei^gérer ces rigueurs plutôt qu'à ifs tempérer. Dans un mémoire que lui
avait demandé RichelieD , il proposait des mesurr» d'une sévéïité sauvage, et entre autres de • r.-izrr l'Iiostel de ville et
mettre à la place une pyramide ou seroit gravé l'arrest dn conseil *. • Malgré «on pf-ncbant aui cbàttmrnts rigoureux,
Ib cardinal recula devant cette eiétutiou et fit écrire par Clierré an bas des propositions dn chancelier : «Ce mémoire
me semMe bon, à l'exception du raxement de l'hostcl de ville de Honen. • On s ètounait à Paris de voir le chef de la ma-
gislralore faire un tel métier. H. Aruanld , dans la correspondance que rons avons plusieurs fois citée, écrivait le
39 janvier : «M. de Bullioo luy procnre tant qu'il peut ce» beaux employs , indignes d'un chancelier de France.! La
Guette du commencement de celle année C'iisacra une cinquantaine de pages à l'inseilion des déclarations du roi , des
arrêts du conseil et des autres docnmeuls relatifs à la répression de cette révolte.
* C« m^oMire tit conservé à !■ BibUolk^ua înpénal* , Fondi dai Cin^-Ceats Celbarl
ebaneclifr. _
t. \LVI , parmi dci papieri vcnaat île ehci U
254
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEU\ DE DATES.
SUSCRIPTION
DEB LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1640.
i o janvier.
Ruel
A M. de Bcllièvrc, am-
bassadeur en Angle-
terre.
Idem.
A M. de Chavignî.
10 janvier.
26 janvier.
[Ruel».]
A M. le marquis de La
Ferti- ImbauH, ma-
reschal de camp.
A M. le commandeur de
Guitault.
3fév
Pour M. de Chavigny.
Le roi consent, sur sa demande, à ce qu'il revienne en
France. «Avant que de partir de Londres je seray bien
aise que vous preniés le soin de me faire faire deux dou-
zaines de paires de gants blancs de cuir d'Angleterre, sans
garnir, de ia grandeur et tout semblables à celuy que je
vous envoie, et que vous me les faciès apporter avec vous.
Je ni*asseure (jue vous ne serés pas fascbé de prendre cette
peine pour moy, qui tascheray de recognoistre cette cour-
toisie aux occasions... — P. S. Je nVnvoie ces gants que
pour faire voir la grandeur et non pour la couture, car ils
sont beaucoup mieux cousus à l'anglaise ',»
Orig. — Bibl. im[). Saint-Germaïn-HaHay, !
, fol. 3û
Il lui recommande «de faire en sorte que M. le baron de
Rorté soit satisfaict de ce qui luy est justement * deu
pour ses appointements, afin qu'il s'en puisse promple-
ment retourner en Allemagne, ce qu'il dicl ne pouvoir
faire sans cela '.»
Orig. — Arch, des Aff. ctr. France,
mois, fol. i4.
i6io, sept premiers
Ricbelieu le prie d'épargner, daus ie passage et le logement
des gens de guerre, les teiTCs de M. ïe président Viguier,
en Champagne et en Bourgogne *.
Catalogue d'une vente d'autographes faite le 38 janvier i8ô6.
Richelieu le remercie de ses sentiments d'affection; «vous
n'en pouvés avoir pour personne qui vous ayme et honore
davantage que je fais. Vous cognoistrés mieux cette vérité
par les offices que par les paroles, et vous m'obligcriés de
faire naistre les occasions qui me puissent donner moyen
de vous faire paroistre, etc »
Orig. — Communication de M. Je Guitault.
«On oublie tousjours quelque chose ,j'ay oublié de faire donner
de l'argent à mon trompette, et j'ay peur (|ue vous en
aies faict autant; et il sera bien fascheux qu'il soit sur les
bras de celuy qu'il mène...» — «Avertisses M. d'Angon-
lesme (jue le roy le prie d'estre demain , à midy, sans
faillir, à Saint-Germain.» — «J'ay veu M. l'ambassadeur de
Venise, mais il ne me parle point de M. de Caudale.»
Original sans sigoalure.
t. XCUI, fol. 3g.
Arch. des Aff. ctr. France,
' Richelieu chargeait (réqaemuiGDt les ambassadeurs en Angleterre, cl surtout en Italie, de ces petites commissions
pour étoffes de soie, objets de toilette, parfums, etc. avec le soin rainulieux qu'il portait toujours dans ses propres
affaires; les commissions qu'il donnait en Allemagne se bornaient à l'achat de livres.
' Richelieu a ajouté ce mot.
^ Sur Rorté , voy. t. VI , p. 676, note i.
* Voy. ci-après à la date du 3 avril.
' Le manuscrit met : Marseille, à la date; on ne comprend guère cette distractioo ; le cardinal était à Ruel.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
255
DATES
et
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIEUX DE DATES.
DES LETTRES,
rT socr.Cî:s.
1640.
5 février.
Lettre du roi au comte
d'AUetz.
«L'archevesijuede liordeaux ayant le commandement de l'ar-
mée de ttrre et de l'armée de mer en Provence, je luy
ay donné Tordre bien exprès de tenir étroite corrcspon-
(ïance avec vous ; contribués de vosire part à maintenir la
bonne intelligence *.»
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupny, t. 2X1, foL 3. — Im-
primée. — Correspondance de Sourdis . t. II, p. i^à. (Doc.
ioéd. io-^".)
■j.'l février.
Mémoire au roy.
«L'abbaye de la Vernucc est vacante, à ce que l'on dit;
Ruel.
Sa Majesté se souviendra , s'il iuy plaist , du dessein qu'elle
a eu de la donner à M. de Sponde. L'abbaye ne vault que
3 à i.ooo livres de rente ^.»
Oiig. » — Arch. des Aff. étr. France, t. XCIII , foi. 67.
26 lévrier.
Au marcschai de Schom-
C'est une chose estrange qu'encore que l'on ayt envoie plus
nuei.
berg.
de 80,000 liv. pour les travaux u faire a l.encate, il n'y
ayt encore rien d'avancé; la place est d'une extrême im-
portance, et elle est menacée par l'ennemi; j'envoie df
Mance expressément jMur voir ce qui se peut l'aire.
Imprimée. — Aubery, t. IV, p. 473. — Recueil de 1696,
p. ao3.
29 févri<'r.
Pour M. de Chavigiiy.
«Le roy peut aller à Cbantilly sans préjudice de ses aflaîies,
Ilucl.
et je croy qu'il ne sçauroit mieux faire que de se divertir.
Le prince Casimir le jwurra voir a son retour'. — Ce
billet se termine par quelques lignes sur Cinq-Mars que
nous avons citées ailleurs '.
Original sans signature, de la ntaiu de Charpentier. — Arcb.
de» Aff. étrangères, France, 1. XCIII, fol. 70.
Février.
hUm.
M. de Cbavigny verra aujourd'buy, sans faillir, ce qui se
Pari».
peut faire avec le député de M"** la Landgrave, pour Iuy
donner quelque conlenlemcnt qui l'empescLe de se perdre
elle-mesme en quittant la France*. — Que M. de Fon-
tenay pressé S. b. sur l'aflaire de Parme. — Escrire à Bi-
dault pour voir quel mouvement le succez de Monaco don-
nera à la république de Gennes.
Orig. — Arcb. de» Aff. étr. France, (. XClll, fol. 71.
1" mars.
A M. le commandeur
Hichelicu le remercie des a\is qu'il lui a fait donner. — J'es-
Des Tliuileries.
de Guitault, com-
mandant pour le roy
aux isles Saint -Ho-
cris au »' Le Queux qu'il vous fournisse le canon nécessaire
a la deffensc de vosire place. M. de Bordeaux , (|ui est prest
a partir, avisera avec vous lequel sera plus utile de faire
l'ortiflier ou razer le fort de Sauit-Honorat.
norât et Sainte-Mar-
^erite.
Orig. — Communication de M. de Guilault.
' Voyei ci-sprês
, » It date du 33 mar».
' Quelques Hgii*
più deUa aetu som
•5 au crayoD sont écrites ici
et eu partie effacées, ou y peitl tire encore : t S. M. crede che vaglia
ma. •
' Richelieu a tij
né ce» ligues qu'il a fait ecri
€ par de Noyers.
* Le frère du ro
i de Pologne aortil de VÎdc
cnne.s & la fin de février; il fol reçu par te ro>, à Saint-Germain, le
8 aiitis, ft par le c
aniinal , à Roel. H. Aro^uld
écrivait le 1 4 mars : ■ Le prince Casimir a visité lea dames ; il alla hier
BU soir cliez M"' d
R Ci'avisnv, ou tout csloit nr
éparc magnifiquement.* Le priuce quitta Paris vers la fin de mars.
' Voj. ». VI. p
645.
• Un IraiU fat b
ienl^t conclu. (V. (. VI, p.
68., note I.)
256
SOMMAIRP^S DES LETTRES
DATES
et
LIEUX DE DATES.
1040.
5 mars.
Ruel.
1 3 mars.
Rncl.
2B mars.
Ruel.
2 h mars.
Ruel.
Idem.
SUSCRIPTION
DES LETTBBS.
A M. de Nesmoud, pré-
sident en la cour de
parlement.
Pour M. l'arclievesque
de Bordeaux , à I*aris.
Inslrucùon donncîe
M. l'arclievesque de
Bordeaux, s'en allant
commander l'armée
navale de Sa Majesté
en Levant , et celle de
terre en Provence,
durant la présente
année.
Pour M. l'arclievesque
de Bordeaux.
A M. Mole, procureur
général.
ANALYSES DES LETTRI.S
ET SOURCES.
«Ces trois mots sont pour vous prier de vouloir accompagner
M. le Prince la première fois qu'il aura agréable de venir
en ce lieu, estimant a propos de canverscr avec luv de
certaines choses qui sont aussy utiles au public (|u*avanta-
geuses à sa personne, que je désire servir avec sincérité.»
Orig. — Arch. de Condé. CommunicatioD de M'' le ducd'Au-
Richelieu presse son départ. — «Quant à Giron, amenés-le
icy , alin que nous taschions de pénétrer ce qu'il est allé
faire pour la seconde fois en Angleterre... pour ensuite
prendre une résolution de ce qu'on fera de ce personnage.
Vous vivres en sorte avec luy qu'il ne cognoisse point (lue
nous le soupçonnions '.»
Orig. — BiLl. imp. Suite de Dupuy, l. XVII , fol. ao.
Entière confiance de Sa Majesté dans M. de Bordeaux... Son
principal soin doit estre de descouvrir les moyens de faire
l'entreprise de Viilefranche et de Nice*... Vivre en bonne
intelligence avec le comte d'AUetz^, lieutenant général en
Provence*...
Orig. — BiW. imp. Suite de Dupuy, t. XVII, (o\. a8. —
Copie. — Fonds Dupuy, DCCXLIV, fol. igi. — Imprimée.
— Correspondance de Soardîs , l. Il, p. 1/16. (Doc, iuéd.
iu-ii"-)
Partir à temps pour l'entreprise dont il est chargé. . , Bon
espoir de succez contre la flotte espagnole.,. Désir que
M. Aiier «achève luy mcsme son ouvrage et luy donne
la forme comme il a faict la matière, ne sçachant en vérité
aucune personne qui soit propre à cet effect *. »
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy, t, XVII , fol, 32. — Im-
primée. — Correspondance de SaardU , t. II , p. i48.
«La cour a faict justice au livre qu'elle a faict brusKr; et il
le méritoit non seulement pour la mauvaise lin qu'en a
l'autheur, mais aussy pour ce qu'il est très mal faict.» Dé
sir qu'on en découvre l'auteur ^
Oiig. — Bibl. Il
— Imprimée.
jp. Cii.q-Cpnls Colbert. t. CLIII , fol.
- Mem. Je MoU. t. Il, p. 489.
463.
' Mentionnée t. VI , p. 6^9 , note j .
^ Nous trouvons , dans ce mcnie manugcril ( t. XVII de la suite de Dupuy ) , diverses pièces relatives à cette entre-
prise dont OD s'occupait depuis quelque lemps, fol. 6-8-10,
* Mention de celte pièce est faite t. VI , p. 679.
* Voy, ci-dessus, à la date du 5 février.
■ Lettre notée à la page 679 du 6" volume.
' L'arrêt du parlement avait été rendu le a3. Dans ce pamphlet intitulé : Optait GalU de cavendo scffsmate, ad. etc. on
signalait comme une attaque contre le pape un projet de Hirhelieu de se faire déclarer patriarche de France. L'auteur ,
Ch. Hersent , ancien oratorien , s'effraya bieutôt de l'audace de son pamphlet , et afin de dérouter ceux qui cherchaient
son nom , il composa luî-mcme une réfutation : Optait Gulli libellas penitentiee . ad , etc. où i! s'efforce de démontrer que
c'est faussement qu'où a attribué un tel projet au cardinal.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
257
DATES
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
IGAO.
, .mars.
2 avril.
Huel.
à avril.
Rud.
6 avril.
1 h avril.
Paris.
.8 avril'. j
fAM. de Cliaviîî
A M. de Grémonville,
intendant de la jus-
tice, police et finances
en Champagne.
A M. de la Cour.
Pour M. de Cliavi
^^y-
Pour M. de Chavigny,
secrétaire d'estat.
A la ducbesse de Sa-
voie.
n Je vous renvoie la promesse de Jean de Wert^que je trouve
bien. Je vous envoie aussy un mémoire pour escrire à M. de
lalhuillerie'.»
Origïual sans signature , de la maiD de Charpentier,
des Aff. ctr. France, XGIil, fol. 86.
Arch.
«M. le président Vignier s'en allant poursuivre devant \ous
la justice des désordres qui ont esté commis dans ses terres
par les gens de guerre. .. je vous conjure de luy estre fa-
vorable, et contribuer tout ce qui deppendra de vous, et
que la raison et l'équité vous pourront permettre...»
Orig. — Arch.
M. Chéruel.
de la famille d'Esneval Communication de
Richelieu rinforme des avis qu'on a sur les pratiques du
prince Thomas et du cardinal de Savoie dans la cour de
Madame, et il lui envoie un mémoire des intentions de
Sa iMajesté.
t. V, p. 3o3. — Recueil de
Imprimée.
1696, t.
- Aoberv,
, p. a84"
...«Le Père Valère nous a confessé tout ce qu'il a faict. .. Je
seray très avse ([ue vous t'aittiés avec l'amoassadeur d'An-
gleterre. M, de Bullîon et vous... Faites l'affaire du comte
ÎMaurice. — L'alTaire du voyage de l'abbé de Mouzon est
du tout nécessaire.»
Original sans aigaature, de la rotin de Chcrré. — Arch. des
Aff. ctr. France, t. XCIII . fol. 98.
«Si Saladin n'est point parti, il est besoin qu'il porte une
lettre de M. l'ambassadeur de Venise, qui escrîve (|uo
nous nous plaignons extraordinairement du retardement
et arrest des courriers qu'on faict en Italie...»
Original sans signature. — Arcli. des .Aff. élr. Venise, t. LU.
«Bien que je vous aye escrit depuis 8 ou 10 jours... le com-
mandemcnt que vostre Altesse me faict de luy donner mon
avis sur les nouvelles projwsitioiïs (|ui luy ont esté apportées
par le patrimonial Moneti et le P. Micbcl-Ange d'Aglié
me donne lieu de reprendre la plume.» Le cardinal lui
conseille de se remeltr*; elle et son fils entre les mains du
roi, c'est son seul moyen de salut, ce que Richelieu dé-
veloppe dans une lettre de quatre pages.
Imprimée. — Auberv, t. V, p. 3i3. — Recyil de i6g6 , t. I ,
p. 3»7.
' Vuj. t. VI , p. 679 , note I .
^ Les imprimés ne doniieDt point de date; mais celle que nous proposons est clairement indiquée par la lettre sui<
vante à M. de la Cour.
CARDIN. DE UlCHEUEi;. — Vil.
33
258
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIBCl DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTHES
BT sovnCES.
1640.
18 avril.
Ruel.
19 avril.
Riiol.
26 avril.
Ruel.
36 avril.
Chanlilly.
[i64o K]
3o avril.
2 mai.
De Saint-Bricc,
G mai.
Réaumont.
A M. de la Cour.
Poiir M. de Cbavigny
A M. l'arclievescjut' de
Bordeaux.
Le roy à Ires-illustre el
magnifique seigneur
le Baclia d'Alger.
A M. le Princf.
A M. l'arclievesijue de
Bordeaux , lieutejianl
général des armées
du rov en Provence
A M. le Prince.
Le car<linal envoie à cet amiiassadeur l'avis qu'il donne à
Madame, au sujet des impertinentes propositions dont
parle la leKre précédente : «Je ne sçais comme il se trouve
des gens assez cflrontés pour vouloir porter Madame à
signer quelque cliose avec ses ennemis, sans l'avoir pre-
mièrement consulté avec le roy, duquel seul deppend sa
protection...»
Imprinico. — Aubcry, Mêm. t. V, p. 3io , et Recueil de 1696 ,
t. I, p. 285.
«Vous aiant escrit il n'y a pas une heure, etc.'n — Je par-
leray comme il faut au P. Valère et à l'abbé Paul de
Fiesquc. — «Nous avons dépescbé aujourd'huy des cour-
riers à toutes les troupes d'Italie pour les haster de
passer. »
Original , sans siguature, de la main Je Charpculier. — Arch.
(Jes Aff. ctr. France, t. XCIII , fol. ii3.
Richelieu répond à sa lettre du 1 6 avril. — Aussitôt que ses
vaisseaux seront partis de la Rochelle et de Brouage , il le
conjure de [lartir lui-même pour aller droit en Provence
«où vostre présence est plus que nécessaire.» Quelques
passages de cette lettre sont cilésen note, l. VI, p. 679.
Orig. — BiU. imp. Suite Jç Dupay, t. XVII, fol. 383. —
Duplicata , mêiae us. fol. 385. — Imprimée. — Correspon-
dance de Soaniis , l. II, p. 1^9. (Docuiopnts inédits, in-j". )
Demande d'un échange des sujets français capiiis en Alger.
Orig. 2 — Bibl. imp. Suite de Dupuy, t. XVII, fol. 6Ga. —
— Imprimée. — Correspondance de Sonrdit , t. II, p. iig.
( Doc. incd. in-i".)
Je vous supplie que ce qui est deu au régiment de La Motte-
Oudancourt soit payé sur les deniers du pays, afin qu'il
puisse aller où le loy l'envoie.
Orig. — Arclu\cs de Condc. C<iniinuiiicalion de M^' le duc
d'Auinale.
J'ay receu vos mémoires. J'ay résolu de ne point faire le re-
tranchement nouveau , mais de revestir les anciens travaux
selon que vostre avis le porte, et faire une demi-lune k la
teste. J'envoie les ordres au s*^ Bergeron.
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy, t. XVII , fol. 54-
Richelieu le prie, comme l'année dernière, d'exempter du
logement aes gens de guerre les maisons et domaines de
M. l'évéque d'Acs.
Orig. — Arch.
d'Aumale.
dr Condé. Communication de AI'' te duc
' Lettre imprimée l. VI» p. 68a.
' La pièce est signée Louis, et contrc-signéc Bouthillier. La lettre n*a-t-ellc pas été cnvojée, ou bien est-ce un du-
plicata de l'original ?
Le millésime manque; la piècr est classée, dans les archives de Coudé, entre une pièce du 33 Jécertibrc i64o et
une autre du 8 février i6^9.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME Vf.
259
DATKS
et
LIEDX DE DATES.
SLSCRIPTIOX
DBS LETTKES.
ANALYSES DES LETTRES
ET 80CRCES.
1640.
7 mai.
Ilcâumont.
[Cn peu avant
le 12 mai'.]
1 5 mai.
De Soissons.
10 uiai.
De Soissons.
A M. le Priucf*.
Au rov.
A M. le Comte.
En considération de l'affection que Richelieu porte à Tévêque
de Lavaur, il prie M. le prince d'exempter du logement de
gens de guerre la ville de Lavaur et les maisons et terres
qui en dépendent,
Orig. — Ârcli. de Coudé. Communication de .M*' le duc d'Au-
male.
Le cardinal lui exprime sa joie pour la victoire remportée
devant Casai, la plus glorieuse que Sa Majesté eust scou
désirer. . .
f?w. V, p. 463. — Rpcueit de 1696 ,
Imprimée. — Aabery, J
II, 5a.
A M. Tarchevesque de
Bordeaux.
Idem,
Le roy à M. le comte
d'AlleU.
«Le roy envoyant M le baron de Ciré à Sedan pour le sujet
qu'il vous dira, je ne l'ai pas voulu laisser partir sans vous
asseurer par luy de la continuation de mon affection et de
mon service. . . »
Orig. — Bibl. imp. Fontetle, portefeuille 34* n" 87.
«Je ne suis pas tant en peine de la foiblessc de vos troupes
comme de la peste qui est en Provence. — Quant à la
foiblesse, nous estimons de deçà qu'au lieu de leur donner
de nouvel argent , il les falloit faire chastier. C'est la pra-
tique qui s'observe de deçà, sans laquelle il sera difficile
d'avoir des troupes à l'avenir. » — Richelieu conseille cer-
taines mesures contre la contagion.
Orig. — BibL imp. Suile de Dupuy, t. XVII, fol. 7a. —
Imprimée. — Correspcndance de Soardit , t. Il, p. 1 55. (Doc.
ioed. io-^".)
... « Mon intention est que vous preniés un soin particulier de
faire loger et subsister le plus commodément qu'il se
pourra les troupes <Ie mou année de Provence, sans vous
arresler à toutes les longueurs et difficultés qui pourroient
y estre faites de la part des procureurs du pavs et autres,
n'ayant pas moins desgard, en cela, au maintien des gens
de guerre qu'au soulagement du peuple*... Assistés l'arche-
vesque de Bordeaux on tout ce qui sera de vostre pouvoir, n
Orig. — Mûmes sources cfue pour la prér^deote lettre.
«J'ajoute ces trois mots pour vous dire que la continuation
et l'augmentation de la peste en Provence a obligé le roy
au changement que vous apprendrés par les dépcscheS de
M. de Noyers.. . *»
Orig. — Bibl. imp. Suile de Dupuy, t. XVII. fol. 81.
' Aoberv ne donne point de date. Il s'agit de la victoire gagnée le 3g avril , par le comte d'Hnrconrt, sur les Espa-
gnols, supérieurs en nombre i l'armée française. La conHrioation officielle en arriva le la. (Gazette, p. 3t6.} L'ne
relation rédigée par le comto d'Harcoort, avec an préambule de quelques ligues écrites saos doute par Hiclielieu , ne
trouve p. 3i7-324- L« roi, cn l'aonoiiçant aux géncraus dos autres armées, leur mandait ; «J'ay résolu do faire rendre
des tesmo-'gnagcs pablics de reajouissaoce pour une action si considérable pour mes armes... ■ Cette lettre du roî a dû
être ansst dictée par Ricbelicu. (Aubery, liv. \I , p. 319.)
' Quant an soulagement du peuple , il est vraisemblable que les procureurs du pays s'en préoccupaient plus cpie les
généraux.
* Six bon» régiments destinés partie à servir sous M. de Bor Jeaus , partie à rester eu Guyenne, sont envoyés à
l'armée d'Italie, que commande M. d'Harcoort, Une dépccbe du roi , contrc-signco Sublet et datée du 70 mai (imprimée
CiiTTtipondance de Soardiê . ]I, p. i58j, en même temps qu'elle portait divers ordres à l'archevêque , l'informait de cette
nouvelle disposition. Ce billet devait être une sorte de P. S. à ladite dépêche.
2 1 mai.
De Soissons.
A M, rapchcvesque de
Bordeaux.
33.
260
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
J.1EDX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRE.S
ET SOURCES
1040.
Do Soissons.
Idei
23 mai.
De Soissons.
26 mai.
■27 mai.
36 mai.
De Soissons.
A M. le Comte.
A la duchesse do Savoie.
A M. iarchevesque de
Bordeaux.
Aiiï maroschaux di
Chaulnes et de Chas-
tillon.
A Madame la duciicsse
de Savoie.
A la duchesse d'Aigiiil'
Ion.
Lettre de politesse en réponse à celle que le comte de Sois-
sons avait écrite au sujet «de l'heureux succès des armes
du roy en Italie.»
-Orig. — Bibl. imp. Fontelte, portefeuille ai, u" 86.
Richelieu s'étonne qu'on ait pu donner à Madame le conseil
de s'accommoder avec le prince Thomas : «Qui n'a d'autre
dessein que de se rendre maistre de vos eslats en vous
amusant par de belles paroles.» — Le cardinal, après
avoir très-judicieusement développé celte pensée, ajoute :
«Je supplie Vostre Altesse de considérer que tout vostre
avantage, après Dieu, deppend de la protection du roy, et
de suivre ses conseils.»
-y, Mém. t. V, p. Sas, — Rec. Je 1696,
Imprimée. — Aube
t. I, p, 390.
«... Si M. le cardinal de Savoie vous faict quelques proposi-
tions, au cas que vous les jugiés raisonnables, respondés
seulement que vous les ferés sçavoir au roy, sans vous dé-
sister en aucune façon de tout ce que vous estimerés pou-
voir faire réussir par la force.» — Grand déplaisir de ce
que «la peste de Provence interrompt les projets faicls en
ces costcz-là. . . »
Orîg. — Bibl. imp. Suite de Dapuy. t. XVII, foi. 80. — Im-
primée. — Correspondance de Soardit , t. II, p. 161. [Doc.
inéd. in-i".)
M. de Noyers^ vous faict savoir la résolution que Sa Majesté
a prise sur les propositions venues de vostre part.
Copies. — Bibl. imp. Bélhune, 9261, fol. 33. ~ Cicq-Cenls
Colbert, 120, foi. 18. — Imprimée. — Aubery, 1. IV,
p. 628 , tt Recueil de 1696 , p. 3o3.
«Je ne sçay qui conseille à Vostre Altesse d'aller présentement
eu Piedmont, en Testât que sont vos aifaires, puisque, sans
qu'un tel voyage les puisse avancer, il peut estre nuisible
a voslre personne. Lorsque Turin sera pris, vous pourrés
passer avec réputation en Piedmont.. . » — Conduite que
doit tenir la princesse avec le prîncc Thomas. — Mauvaise
foi de ce prince. — Renforcer le duc dTfarcourt par IVn-
voi des troupes piémontaises.
Imprimée. — Aubery, Mém. t. V, p. Saô. — Recueil do
1696 , (. I , p. aç|3.
Le cardinal charge sa nièce d'informer la princesse de Condé
de la bonne conduite du duc d'Enghien-.
Copie. — Archives de Coudé, 149- ConimuiiicE.tiûii do M^' le
duc d'Aumalc.
' La lettre do de Noyers se trouve dans te manoscrit de Coîbcrt , fol. 17 v°.
^ Voy. t. VI, p. 697, Dole I.
NON' IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
261
DATES
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
bE9 LETTRES.
ANALYSES DES LETTRKS
ET SO0I\CBS.
1040.
i" juin.
Le roy an prince df
Condé.
9. juiu.
Bléranconrt.
Aux marcschaux de
Chaulnes et de Chas
tillon.
6 juin.
idem.
9 juui.
De Blf^rancourl.
Pour M.
Paris.
Mazarin , à
Idem.
A M. de la Cour.
Satisfaction tie Sa Majesté au sujet de la diligence du prince à
faire assembler les six régiments pour forliUer l'armée de vont
Turin. — Retenir en Guyenne et en Languedoc des troupes
"pour les occasions qui pourront arriver.» — Vous ne pou-
viés rien faire de mieux, pour réduire en leur devoir ceux
du Périgord qui ont esté assez harflîs de continuer leur
mauvaise conduite , que d'y envoyer le s' marquis de
Sourdis, avec quelques troupes pour chasticr ceux qui se
trouveront coupables.»
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy, I. XXI, p. go. — Im-
primée. — Correspondance de Soardi's, t. II, p. i63.
Partir demain pour être au rendez-vous où sera M. de la Meil-
leraie. — Confirmer l'ennemi dans la cioyancc que celui-ci
va assiéger Avesnes. — Prendre en passant trois châteaux :
Olheim, Conlay, Brouay. — Pendre ceux (|ui sont dans
le premier, s'ils soufïVent le canon; les autres se rendront.
— Raser Brouay. — «Je supplie M" les marcschaux de
redoubler leur zèle, de sorte que les desseins du roy
puissent réussir.»
Copies. — Bibl. imp. BcthuDo. 9261, fol. ôi \'' '. — Cinq-
Cents Coibrrt, lao, fol. 37. — Irapriniéo. — Aubtry, IV,
bM. — Uecupil d« i6g5, p. io3.
«Il faut tousjours avoir deux cordes dans son arc. . ; si en
passant vous pouviés faire surprendre Saint Venant, il vous
seroit plus facile d'assiéger Aire, si vostre premier dessein
venoit à manquer.. , Je me remets à ce que vous ingérés
le plus à propos.»
Copies. — BibL imp. Belliuno , 9361, fol. 58. — Cinq-Cents
Coibrrt, 130, fol. 3o. — Iropriincc. — Anbeiy, IV, ÎJg. et
Reeaoil de i6g5, p. 3o4-
«Ce billet est pour dire au seigneur Colmar - i|ui: je le prie
de partir dimanche au soir, à la fraîscbeur, en poste , pour
cstre icy lundy malin à 9 heures, |>our quelcjue afiairr nuo
je luy diray. .. Il pourra retourner à Paris, si bon luy
•y ^
semble. .
Orig. — Arch. des Aff. étr. Trance
fol. 354.
i64o ,
^ept prcm, mois
Quoique le cardinal ait été fort satisfait de voir, par les dé-
pêches de M. de la Cour, que Madame est en disposition
de s'unir entièrement aux intérêts du roi, il craint qu'il n'y
ait là qu'une apparence '. . . mais « si elle continue à négliger
ses propres avantages, le roy prendra les siens selon que
ta raison et le bien public l'y porteront.»
ImpritiKie. — Anbery, t. V, p. Sag, el Recueil de 169*», l. I,
p. 194.
< L'origiujl est entre les maius de M. le doc de Cbaulnes. ■ ( \ote du ms. )
Noos avons dit que , dani le jargon intime, od nommait Mazarin Colmardo.
Celle lettre a élé nolit t. VI , p. 700.
262
SOMMAIRES DES LETTRES
DAÏIiS
et
LIKUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SODRCF.S,
1640.
10 juin.
De Blérancourt.
1 6 juin.
De Blérancourt.
A M. i'arclievesque de
Bordeaux.
Mémoire de la Coup aux
généraux.
»7 ju
Il n'y a rien à ajouter à ce que lui écrit M. de Noyers '. . . on
luy enverra autant de troupes qu'il en aura besoin. — «Le
roi a trouvé fort bon la permutation qu'il a faite d'une
abbaye contre celle do Sainte-Croix de Bordeaux.»
Orig. — Suite de Dupuy, t. XVII , fol. 1 16. — Impriirnic —
Correspondance de Sourdis , t. II , p. i 7^,
Faire les convois extrêmement forts. — D'ici à 8 jours il y
aura à Dourlens 700,000 rations, pain ou biscuit... —
Faire promptement travailler les paysans à la circonvalla-
tion, et y employer les soldats, en les payant.. , M. de
Sainl-Preuil a mandé qu'il y a de petits châteaux entre
Dourlens et Arras, dangereux pour la sûreté des convois;
M. de la Meilleraie les fera prendre et garder. — icM. de
Noyers sera le 1 8 juin à Amiens^ pour haster toutes choses;
et le roy le vingtiesme. »
Copies — Bibl. irap. Béthune, 9261, fol. 70 v**. — Cinq-
Cents Colbert , mo, fol. 36.
Empêcher par soins, vigilance et assiduité que rennemi ne
jette de nouveaux secours dans Arras; «je souhaitte avec
f)assioa que vous veniés à bout de vostre entreprise pour
e service du roy et pour vostre réputation ^»
Copies. — Bibl. iinp. Bethune, 9261, fol. 66 v». — Cinq-
Cents Colbert, ]30, fol. 34. — Inaprimée. — Aubery, IV,
558, el Recneil tic i6^5, p. 3o6.
Donner des lettres de cachet du roi aux maires et échevins
des villes circonvoisines du Havre, pour faciliter les levées
des soldats que le cardinal a donné charge de (aire. — Ri-
chelieu envoie «le chevalier de Cinq-Mars* et Survie au
Ha\re, pour amener à Abbeville les cinq compagnies qui
sont au Havre et la- sienne.»
Original. — Manuscrit de M^' le duc d'Aumale.
a Monsieur, vous ayant hier' dépesché un courrier par lequel
je vous conjurois de mener les troupes jusques à Grenoble ,
et ayant appris depuis qu'il y a un chemm plus court de
trois journées pour les faire passer, qui est celui de Crest,
Die et Baronnées. .. ne perdes, s'il vous plaisi , aucun
temps pour les conduire jusqu'à Crest.. . vous sçavés com-
bien il est important de gaigner trois ou quatre jours pour
faire avancer le secours d'Italie. . . » Ici quelques lignes
d'instruction pour les étapes de cette nouvelle roulée
Original. — Archives de Condé , ga. Communîcalion de
yi^' le duc d'Aumale.
' Voy . le VI* volume , p. 700 et note 1 ,
2 Les manuscrits mettent en tête : » Mémoire rapporté de la cour par M. de Cornillon , da a i juin , > et classent la
pièce à cette date; mais ceci montre que la date du 16 est la véritable. Le ai est-Jl celle delà réception?
' Notée VI* volume, p. 71a.
* Est-ce un sieur de Saint-Mars? Les manuscrits confondent souvent l'orthographe des deux noms.
^ La lettre que le cardinal rappelle est datée du ao , comme celJc-ci , qui , sans doute , ne fut expcdi^a que le lende-
main. (Voy. t. VI, p. 703.)
•* Lo cardinal fit écrire, au nom du roi, par le secrétaire d'Etat de la guerre, une nouvelle lettre du a6 juin , iDsistant
sur l'importance de hâter le secours d'Italie, Nouveaux conseils donnés an prince sur les mesures a prendre. (Imprimée,
Correspondance de Sourdis , t. II, p. ao4. )
18 juin.
De Chaulnes.
20 juin.
Amiens.
Aux marescbaux d(
Chaulnes et de Chas-
tillon.
Pour M. de Noyers, se-
crétaire d'estat.
A M, le Prince.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
263
DATES
LlEVl DE DATES.
1640.
:>i juin.
[ Amiens.
hit m.
a8 juiu.
1°' juillfl,
it (jl) (Mires du soir.
D'Amiens.
juillet.
SLSClilPTIÛN
DBS LBTTBES. .
Aux marescbaux de
Cbaulnes et de Chas-
tillon.
Aux marescbaux de
Chaulnes et de Chas
tillon '.
A M" de Cbaulnes
de Chastillon *.
A M" les marescbaux
de Cbaulnes ft de
Chastillon.
Au inarescbal de Cbas-
tillon.
ANALYSES DES I.ETTHES
ET socncEs.
Faire des convois si forts que les ennemis nt; les puissent dé-
faire, le succès du siège d'Arras deppend absolument de
là... ffJe vous supiie de me mettre l'esprit en repos fn
ce sujet, et de vous asseurer que je suis'.. . »
Copies. — BIH. imp. Bélhnne, 9361, fol. 70. — Cinq-Cciits
Colbcrt , lao, fol. 35 *". — Imprimeo. — Aubery, IV, 55 9 ,
et Recueil de 1695, p. 30S.
Conseil pour l'escorte que M. de Saint-Preuil doit faire d'un
convoi de Dourlens à Lucheu \ — M. de Nanteuil est a
Ancre Le jour que le convoi partira de Dourlens, on
le fera partir d'Ancre pour aller croiser le cbemin d'entre
Bapaume à Dourlens, avec 200 cbevaux.. . Le cardinal
demande, sur cette proposition, l'avis dt- M. de Saint-
Preuil et de MM, les généraux.
Même» sources que pour I.-1 pièce preccdoutc , sauf les folios 7^
de Béthane , — 36 v" de Coibert , — 56o d'Aoberv cl 202
do Recaeil de 1695.
Félicitations sur le bon état de leurs travaux. — «J'apprends
que les 200 Espagnols investis par M. de Ransau se sont
rendus à vous... Envoyés-lcs par le premier convoi à
Doulens, d'où on les fera venir en cette ville.. . Je vous
prie d'avoir un soin particulier <[u'il ne s'en sauve aucun, . .
Il y a grande espérance qu'il y aura entre eux des gens de
commandement déguisés. On saura cej^enHant de quelle
qualité ils sont et en quel |X)ids ils devront entrer en
écbauge d'autres prisonniers.» Ouvrir ks trancbées le
plus tôt possible et pousser l'attaque vertement.
Copies. — Bibl. imp. Bclhane, 9?6), fol. 8S v°. — Cinq-
Cents Colberl, no, fol. 45. — Imprimée. — Auborv, IV.
5 74 t «l Recueil de 1 69S * p. 309.
heprocbes sur ce que les précautions n'ont pas été convena
sujt
pour le dernier jour de juin . «Cette affaire est de conié
epn
oli^ment prises au sujet de l'escorte du convoi annonct';
I ur le dernier jour de juin . «Cette affaire est de conié-
ouence , et pour le «iëge d*Arras et pour le reste des affaires
du roy.*
Copies. —
Colbrrl
680. — Recueil d
Bibl. itnp. Béthuov, 9361, fo). 96. — Cinq-Cents
130, fol. 47 v°, — Imprimée. — Aubery, l\ .
" ' , p. 3 10.
Lettre de félicitation '. «J'espère que la lin de voslrt* siège
sera aussi benreuse que le commencement, rt le soubaite
de tout mon cœur.. . >•
Copie. — Bibl. imp. Bélhnue, 9361, fol. 96. — Cioq-Cenls
Coibert, lao, fol. 48. — Im|irimér. — Atibcry, IV, 58o ,
et Recueil de 1 695 , p. 311.
' hé Veille , lu juin , de Noyers écrivait , de U part du roi , aux deux marécbaiis puur lour dotiiicr quelques conseils
et leur promettre des vivres et de l'argent. L'édition du Recueil de i6g5 donne au cardinsl celte lettre du «ecrélaire
d'Etal de U guerre.
' Cette lettre et le^ aui vantes oui été notée» t. VI , p. 713.
' Lucbeui , bourg à deux lioues de Douleos.
^ Celte copie est signée : • Armand dac de Richelieu, ■ Signature que Je oc rencontre pa» ailleurs; Auberv ne la donne
) ;■<• , et , dans ta «uscfiplion , il a joint le nom de la Meilleraip aux deux autres.
* Citée en partie t. VI , p. 71a.
26/1
SOMMAIRES DES LETTRES
LIEUX DE DATES.
SCSCIUPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1640.
Sjuiliet.
Amiens.
à juillet.
De Cnrbic
10 juillet.
13 Jl
ill.-l ■
1^ juiliit.
Amiens.
quinzaine di
juillet ^]
A M. rarchevei.quc de
Bordeaux.
Le roy ii l'archovesque
de Bordeaux.
Pour M. de Noyers.
A M" les doyen et doc-
leurs de la faculté de
Théologie, à Paris.
Aux luarcscliaux d
Chaulnes eideChas-
tillon.
A M. de Gremonviile,
conseiller du roy en
ses conseils, maistre
des requestes de sou
liostel, et intendant
de la justice et police
en l'armée du rov.
M. de Noyers ' vous a répondu si particulièrement qu'il ne
me reste qu'à vous conjurer de n'oublier rien de ce qui
dépendra de vous pour faire réussir ce qui vous est mandé
de la part du roi.
Orig. — Bibl, imp. Suit« de Dupuy. — Imprimée. — Corres-
pondance de Soardiê , II, 199.
Son armée étant trop faible pour entreprendre quelque chose
de considérable du côté de la terre, le roi trouve bon qu'il
fasse par mer l'entreprise qu'il propose. — Il peut prendre
aussi la route de Sicile pour profiter de la mauvaise hu-
meur des habitants. — Il reviendra par la Barbarie pour
conclure le traité de paix depuis longtemps proposé ^. . .
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy, t. XXI, fol. igi —
Imprimée. — Corre$pondance de Soardis . l. 11, p. aoi .
«n fault dire à Cbouppes que Faber n'ira point au camp
parce que les troupes ne bougeront de Corhie, pour estrc
en estât d'aller a Dourlens à coup près s'il en est besoing. . .
Je vous escris ceci aGn qu'aucune mesprisc ne puisse cm-
pescher ce que nous vouions faire. »>
Orig. — Manuscrit tir M'' le duc d'Aiitnale.
Les llièies de M. Constantin ayant paru ambiguës, le car-
dinal lui a demandé une explication dont il a été satisfait ,
et qu'il envoie à la Sorbonne. «Mais je m'asseure, ajoute
Richelieu, que vous jugerés qu'd est à propos de ne parler
pas davantage de cette affaire.)-
Imprimée. — Aubery, itfc'm. V, 4i8, et Recueil de i€96, II,
3i. — D'Argentré, C.oîleclio , elc. t. III, i" partie, p. 38.
Le Coiute, t. IV des pièces, p. 619.
Conseils jwnr le siège d'Arras *. . . «Je suplie Messieurs les
généraux de penser d'autant plus sérieusement en celte
affaire , (|uc de là deppcnd la prise d'Arras, et le succès de
leur dessein, qui les comblera de gloire, et la France de
boniicur, s'ils xe peuvent conduire à bonne fin.»
Copies. — Bibl. imp. Bélliune, t,a6i, foi. 107. — Cinq-Cents
Colbert, 120, fol. 61. — Imprimée. — Aubery, Mêm. IV,
6o5 ; et Recueil de i6g5 , p. ai a.
Mauvais ménage des vivres.. . «Je vous conjure de pourvoir
a ce désorfirc, duquel deppcnd le succès du siège d'Arras.
Le roy envoie expressément le' s"^ de Compiègne, l'un do
ses domestiques, pour tenir la main a ce ([u'il ne s'en dis-
tribue pas plus qu'il ne faut ". . . i<
Copiée sur l'original. — Arch. de la famille d'Esncval. Com-
munication de M. Cbéruei.
' Cette lettre du secrétaire d'Étal de la guerre, datée du 3 juillet, est conservée en original dans If même ms.fol. 189.
^ L'entreprise dont il s'agit n'a pas été exécutée.
^ La date est donnée par le Coiiite et par d'Argeotré ; celui-ci a doBné la suscription. On trouvera ci-après, au sup-
plément (premiers jours de juillet i64o) , une lettre de Ricbelieu ao sujet de l'affaire du s' Constaolin.
* Voy. extrait de cette dépêche, t. VI , p. 718.
^ Cette lettre, sans date, fut écrite lorsque le siège d'Arras était déjà avancé; il avait commencé le i3 juio et la
ville capitula le 9 août.
^ Vov. l'extrait , imprimé, note de la page 709 du Vi' volume.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
265
DATES
(.lEL'X DE D&TXS.
1640.
17 juillet.
Aaiieos.
19 juillet.
Amiens.
23 juillet,
et 7 heures du soir.
D'Amiens.
26 juillet.
D'Amiens.
2 G juillet.
D'Amiens.
5 août,
D'Amiens.
SLSCRIPTiON
DIS LETTRES.
Aux marescliaux de
Cliaulnes et de Chas-
lillon.
A MM. les mareschaux
de Chaulaes et de
Chastillon.
[A M" les géa<-raux.
[Aux maréchaux.
A M. MoIé, procureur
général.
A M. I*arcbeves<|ue de
Bordeaux.
ANALYSES DES LETTHES
ET SOCnCES.
Dispositions à prendre au sujet des convois ' .
Copies. — Bibl. inip. Béthuoe, 9361, fol. 137. — Ciuq-Cciits
Colbcrt, 120, fol. 64 bis v". — Iniprimôc. — Auuorv, ÏV,
6i3. — Recueil de i6g5, p. ii4.
Envoyer par diverses voies des duplicata des dépêches don-
nées à Chouppes pour le cas où il serait pris... Si les
troupes de Leschelles^ sont revenues, elles peuvent aller
jusqu'à Miraumont. .. Mesures à prendre pour les convois.
Copies. — Bibl. imp. BéthunCf 9361, fol. 1^3. — Cinq-Cents
Colberl , 130, fol. 67. — Imprimée. — Auhcry, IV, 618,
et Reciioil de 1696, p. 3i5.
Nouvelles recommandations de prendre toutes les précautions
possibles afin cjuc les ennemis ne puissent avoir connais-
sance des convois ^.
Copies. — Bibl. imp. Béthurie, 9)61, fol, 1S2. — Cinq-Ceiils
Colbcrt, lao, foi, 70 >■". — Imprimée, — Aubpry, IV, 626.
— Ilecueil de 1693, p. liS.
Hichclieu les presse d'avancer leurs attaques *.
Copie. — Bib). imp. Bétliunc, 9361, fol, i54- — Cinq-Cents
Colbert , lao^fol. 70 v". — Imprimé?. — Auberv, IV, 637.
— Recueil de 1696) fol. 338.
Au sujet de la remise de M"' de La Forest entre les mains de
son frère '.
Orig. — Bibl. imp. Cioq-Ceols Colbert, 6 , fol. 369.
«... Empeschcr le secours qu'on peut donner à Leganez , soit de
Napics. soit d'Espagne. — On |>ourra rendre les galères
de Gcnnes quand cette république sera mise a la raison '.
— Juger en conseil de guerre les vaisseaux anglois et fla-
mands chargés de marchandises. Je vous prie de ne rien
faire qui puisse blesser vostre conscience nv la mienne.»
. . .Quant a la Barbarie, u traités civilement avec Isoudes,
sans que la civilité empesctie ce qui sera nécessaire pour
la délivrance de nos cbrestiens. . . n •-- P. S. «Depuis ma
lettre escrlte j'ay estimé qu'il seroit à propos que vous m'en-
voyassiés les procédures des prises que vous avés faictes,
si elles sont en estât, alin que je voye quel inlérest les
Anglois v peuvent avoir; parce cjue l'ambassadeur d'Angle-
terre en faict de grandes plaintes. Cependant vous surçoi-
' ExtraiU, t. VI, p. 713.
' Lescbelle escortait un petit convoi que l'ennemi avJtit pris aa moment où le cardinal écrivait. ( Lettre adressée à de
Noyer» par les marécbaui , fuf. 67 v** du ms. de Colbert.)
^ Voy. les extraits de cette dépêche, t. VI, p. 715 , note,
* Billet donné en note, p. 71a du VI* volume,
^ La mire de cette demoiselle voulait l'empêcher d'abjurer l'hérésie. (Voy. ud eitrait , t. VI , p. 711. noie. )
** Dans un mémoire signé du roî que Richelieu avait fait adresser la veille à l'archevêque de B^nleaui , il lui était
onlonoé, parmi d'autres mesures, de capturer les galère» de G^nes, Ce mémoire, contre-signe Boulhillier, se trouve en
original dans le supplément de Oupuy, tome XXI , page 398- Il a été imprimé dans la Correipondance d« Soardi$ , t. Il ,
p. 303.
CAKDIN. D£ RICHELI£0.
3/1
266
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DB DATES.
SUSCRIPTION
DES LBTTRBS.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1640.
fi août au soir.
D'Amiens.
8 aoùl.
9 août.
1 ô août.
1 S août.
D'Amiens.
19 août.
[A M. de Bordeaux.]
A M" de Chaulnes cl
de Chastillon,
Au maroschal de Chas-
tillon.
A M" les généraux.
A M. l'archevesque de
Bord •'aux.
Mémoire envoyé au
comte d'Harcourt en
aoust i6io.
rés le jugement des prises sur lesquelles par après je vous
manderay mon intention '.»
Orig. — liibl. inip. Suite Je Dupuy, t. XXI, fol. 3o3. — Ini-
prîtuée. — Correspondance de Sourdi s ^ t. II, p. a54 v".
Progrès du siège d'Arras, convoi bcureusemenl conduit au
camp par M. du Hallier.
Copie'*'. — Bibl, imp. Suilo de Dupuy, t. XXI, fol. 366.
Le roi a vu avec déplaisir que leur mîne ne seroit prête a
jouer que le 1 5 ^ ; «il m'a commandé de vous conjurer de
sa part de faire des efforts extraordinaires pour prévenir le
temps *. . . »
Copies. — Bibl. imp. Béthune, 9361, fol. jqo. — Cinq-Cents
Colbert , 120 , fol. 87. — Imprimée. — Aabery, IV, p. 65i ,
et Recueil de 1695, p. 219.
Lettre de félicilation sur ïa prise d'Arras *.
Copies. — BibL imp. Bétbane, 9261, fol. 191. — Cinq-Ccnls
Colbert, 130, fol. 87. — Imprimée. — Aubery, IV, 65i ,
et Recueil de i6g5 , p. 3 ig.
M. de Noyers va au camp; il vous porte le supplément des
monstres *. . . a Vous savés trop l'estime que je lais de sa
personne et l'affection que je luy porte pour manquer à
envoyer Tescorte. . . »
Copies. Bibl. imp. Bétliune, 9262 ', fol. 18. — Cinq-Cents
Colbert, lao, fol. 96. — Imprimée, — Aubery, IV, 658,
et Recueil de 1696 , p. sao.
[/archevêque a envoyé un gentilhomme à Richelieu, qui le
lui renvoie, rafin qu'il puisse entretenir les intelligences
cpril a sur les lieux ". . . »
Orig. ~ Bibl. imp. Suite do Dupoy, XVII , fol. 36j.
«Il est difficile de donner des mesures justes sur les proposi-
tions du prince Tliomas , parce que c'est chose certaine
que, s'il nest réduit à l'extrémité, il ne proposera rien que
pour tromper, et que^ s'il y est réduit, il n'en sçauroit faire
qui puisse esgaler l'avantage qu'on aura si on peut prt-ndre
' L'éditeur de la Corre^ipondauce de Sotirdis n'a poinl donne le P. S. lequel se trouve daus le manuscrit, sur un
feuillet séparé numéroté 3o5.
^ En tète de cette pièce on lit : n Eitraict de la dépescbc de M, le cardinal duc et de M. de Chavigni; • l'écriture
semble celle du secrétaire de l'arcbevêque.
^ Au moment où le cardiual écrivait aux généraux , ils mandaient i de Noyers : «Ceux d'Arras viennent de faire la
chamade à la brcscbe de la raine de M. de la Mcilleraie. « P. 87. Et le lendemain 9 la capitulation était signée; le texte
est conserve dans le manuscrit de Bétbune, fol. 89.
* Nous avons donné la fin de celle dépêche, t. VI , p. 717. Le P. GrilTet l'a cîiée, p. ayé , avec la fausse date
du 10.
* Citée tome VI , p. 717.
^ Voy. l'extrait , t. VI , p. 710.
'^ Ce manuscrit est intitulé : "Suite du Recueil des dépesches que M*' le maréchal de Chastillon . commandant 1rs
armées du roy dans l'Aithois, a faites en cour et n reçues pendant ta campagne de 16^0. >■
* Notrp tome VI. p. 7I9.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
267
DATES
et
LIECX DE DATES.
SUSCRIPTION
OBS LBtTRES.
ANALYSES DES LETTIiES
ET SOURCES.
1640.
j.b août.
2 7*aoust.
D* Amiens.
Au mareschal de Chas-
tillon.
A M. le Prince.
38 août.
Amiens.
Le roy à M. le Comlc.
■)i août. I Au mareschal de Chu-
' lillon.
*' septembre. Au mareschal de Schom-
D*Amiens. \ berg.
sa i^ersonne. ' — Néanmoins Richelieu examine, dans uu
assez long mémoire, les cas éventuels qu'on peut prévoir
dans une négociation avec le prince Thomas, et du reste
on renvoie le comte d'Harcourt à sou instruction du 2 8 mai '.
Mise au net. — Ârcb. des Âff. ôlr. Turin* t. XXX, fol. 727.
Une seconde mise au net est au fol. 768. — Imprimce. —
Aubcry, Mém. V, 34o. — Recueil de 1696 , 11 , 357.
Il Si les ennemis tentoient d'assiéger à leur tour Arras , ils ne
parviendroient pas à la reprendre, la place est bien fournie
de vivres et de munitions^., . C'est à vous de haster les
travaux, et de faire l'impossible pour maintenir l'armée
que vous commandés. . . '<
Copies. — Bibl. itnp. Bétbune, 9363, fol. Si v^fct Cinq-
Cents Colbert, lao, fol. 103 v°, — Imprimée. — Aubery.
IV, 663, et Recueil de i6g5. p. 390.
Richelieu charge M. de Maîgrin, qui va aux eaux de Bour-
bon, de porter sa dépêche à M. le prince.. . «11 s'est com-
porté de telle sorte auprès de M. voslre fils que je ne
doute |K>int que vous et luy n'ayés contentement de sa
conduite. »
Oriy. — Arcb. de Condé, g5. Communication de M*' le duc
d'Aumale.
Le roi le remercie de ses félicitations sur la prise d'Arras , et
des continuelles martiues de ses sentiments à l'occasion des
succès dont Dieu bénit la justice de ses armes.
Minute. — Bibl. imp. B^thane, gSSy, fol. 73. ,
Les Espagnols ayant rompu te traité projeté pour l'échange
des prisonniers, Richelieu demande qu'on lui envoie ces
prisonniers a .Amiens, où ils seront soigneusement gardés.
Assurer ceux qui en ont que le cardinal fera payer exac-
tement leur rançon.
Copies. — Bibl. imp. Béthune , 9363, fol. 46. — Cinq-Cenls
Colbert , lao, fol. 108 v". — Imprimée. — Aubery IV,
678. — Recueil de 1695, aia.
«Monsieur, je ne prends pas la plume pour respondre aux
louanges que vous me donnés sur le sujet de la prise d'Ar-
ras, parce qu'il la faut référer à la bénédiction que Dieu
donne aux armes du roy, à la justice de sa cause et à la
prudence et fermeté de Sa Majesté ^. . . »
imprimée. — Aiiberj-, IV, 679. — Recueil de iSgÛ, aaS.
' Je n'ai pas cette instruction.
^ Rîcbeliea expoac avec détail ce ravitaillement, et une lettre de de Noyer», écrite la veille, est plus circonsUnciee
encore ; même manuscrit. Le roi avait lai-méme donac des ordres eiprès dès le la , et il écrivait de nouveau ce même
jour a5 août, fol. gj. *
^ Ce compliment au roi revient évidemment . pour une bonnc^ part , au cardinal Itii-mciiie , et il n'y a rien là pour
ict généraux.
34.
268
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
n
LIEDX DE DATES.
1640.
Il srptembrr.
ïdem.
[i6/io.]
k septembre.
Amiens,
(y septembre.
I si'pLcmbrp.
1 o septembre.
SUSCRIPTION
iJES LETTRES.
Au mareschai <\ç Chas.
tillon.
idem.
A M. de GrémonviHe.
Au mareschai de Chas-
tillon.
/f/e.
[A M. de Guitault.
ANALYSES DES LETTRES
ET s(h:rcbs.
«Monsieur, je vous renvoie cent ou six vingts di^serteurs, entre
lesquels il y a plusieurs officiers. Je vous conjure de les
juger le [)lus jjromplenient que vous pourras au conseil de
guerre.» Le service du roi veut que justice soit faite, et
Richelieu l'avertit qu'il ne pourrait se dispenser de faire
savoir à S. M. la négligence qu'y mettrait le maréchal '.
Copies. — BIbl
Colbert, Jao
686. — Recueil de iGgS
uip. Béthmie . 9263 , fol. 61 ; cl Cinq-Cenls
fol. ii5 v°. — Imprimée. — AuberVi IV,
p. 233.
Plainte du mauvais ménage des vivres. . . a II n'y a nulle appa-
rence de prétendre n'avoir que i5,ooo hommes effectifs
dans vostre armée et donner plus de trente mille rations
rie pain par jour. Remédier à ce désordre, il v va de vostre
réputation ^.. . »
Copies. — Bill. inip. Bclhunc, 9362, loi. 61 v". — Cinq-
Cents Colbert, lao, foi. ii5 v". — Imprimer. — Aubery,
IV, 687 , et Recueil de 1696 , p. 234.
Plainte du mauvais ménage des vivres.. . Le roi s'en prendra
à lui qui «doit estre particulièrement chargé de ce soin-là '. n
Copie sur l'original , archives de la famille d'Esneval. Commu-
nication de M. Chéniel.
Plaintes du désordre dans les charrois, d'où il résulte que le
service des convois se trouve compromis. <ill est de vostre
propre intérest d'empescher ce mal *. »
Copies. — Bibl. imp. Bétbune, 9363 , fol. 72. — Ciiiq-Cciits
Colbert, lao, fol. 130 \°. — Imprimée. — Auberv. IV,
695. — Recueil de 1695, 326.
Bonnes mesures prises pour la discipline et le paJn ^; il faut
faire maintenant châtier les déserteurs. Le roi ne veut pas
que l'on fasse revenir l'armée en France avant la fin du mois.
Indication des postes où il faut placer des troujjes.
Copies. Bibl. imp. Béthunc, 9362, fol. 73. — Cinq-Cenls
Colbert, 120, fol. 121. — Imprimée. — Aubery, I\, 696,
et Recueil de 169a , 326.
Richelieu remercie des chevaux barbes que M. de Guitault
lui a envoyés; ïl lui en demande encore quelques-uns
beaux et forts; «mais vous vous souviendrés que je n'en
veux point qui n'aient au moins 3 ans et demi ou '1 ans. . . n
Orijî. — Communication de M. de Guitault.
' Elirait , tome VI , p. -j2'à.
^ Notée , aiusi que la réponse du maréchal , p. 733 du lomc VL
' Le millésime manque, mais cette lettre a été écrite le roéinc jour que la précédente , a^hossée au maréchal de Cbi'i-
tillon , sur le même sujet. Voy. les pages yao et 72/1 du VP volume.
* Notée t. VI, p. 723.
^ Le maréchal avait envoyé au secrétaire d'Etat de la guerre, le 5 septembre, uu «estât de la réformation du pain
de munition ; » la distribution journolière y est portée à 30,2/45 lalion», p. 1 19 v* du manuscrit de Colbert.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
269
DATES
LIEUX DE DATES.
1 .} septembre.
[Vers
le 1 2 septembre.
i3 septembre.
Saint- Germain-
en-La yo.
là septembre.
Ide>
SUSCRIPTION
iiKs lettre:»-
Au maresclial de Chas-
tillon.
/tien
Lettre du lov u l'archr'-
vesquc de Bordeaux
Le roy a l'archevesque
de Bordeaux.
Au uiareschal de
tillon.
Chas
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUr.CES.
«11 est important au service du roy que vous trouviés Tin-
vention de faire subsister vos troupes au poste tjue vous
occupés jus<(u'à la iin du mois, pour des raisons que je ne
vous puis escrire. Je vous pr.c donc, pour l'amour de
moy, d y faire l'impossible. . . »
Copie».— Bibl. imp. Bi-thiinc, (fiGn , {o\. •;^. — Cinq-Cculb
Ceibert , iso, fol. lai. — Imprimée. — Aubcry, IV, yco.
— Recueil (Je iSgS. aa6.
L'armée doit rester au lieu où elle est , ou lieux circonvoisins,
a cause du ravitaillement d'Arras, qui sans cela serait
compromis.. . «M. le marescbal de Cbastillon est conjuré
d'user de sa prudence, de son industrie et de son autorité
]>our que les choses aillent comme on le peut désirer en
ce point '.m
Copi». — Bibl. imp. Bélhunc , 956a , fui. 81 . — Cinq-Cents
Colbert, ïîo, foi. ii4 \°. — Iroprimro. — Aubory. IV.
701. — Recueil de i6g5, 337.
«Ne mener ny le vaisseau amiral, ny la galère capitaine ii
Gennes où la coustume, en entrant au [K>rl , est de .saluer
devant que d'citre salué; de cette sorte vous ne ferés
point de difficulté d'observer cette coustume.. . «
Orig. — BtbI. imp. SuppL de Dupuy, t. XXI, fol. 433- —
Imprimée. -~ Corrttpondanct de Soartlis . t. XI . p. 3o().
Parmi les prises faites dans les mers du Levant se trouvent
plusieurs balles chargées à Uome pour les pères procu-
reurs des Jésuites, pour les provinces de Portugal, d'Ks-
pagne et des Indes, pour envover aux pères qui travaillent ,
aux Indes, à la conversion des inlidèles; «ces balles ne
consistent pour la plus grande |)artic qu'en chapelels,
agnus, reliquaires et autres choses de dévotion; désirant
pluslost favoriser une œuvre sy sainte (pie d'y apporter le
moindre obstacle;» vous ferez restituer le tout aux dits
pères,
Orig. — Bibl. imp. Soi te de Dupuy, t. XXI, p. ^33. — Im-
primée. — (lorrttpondance de Sourd is . t. Il, p. Sog.
...«Monsieur, j'ai rcçeu avec un extreime contentement la
nouvelle que M. de Montbas ' m'a apportée de vostre part.
J'espère que toutes celles que vous nous dornierés ne seront
pas plus mauvaises, etc.»
Copies. — Bill. imp. Bel bu ne , giGu , ç)a \° . — Cintj-Cents
Colberl , 100, fol. i3o v*. — Impnmée. — Aubrrv, IV,
706, el Recueil dp 1696 , p. jaS.
spliijue ici les rai»ou) qu'il luisait dans sa lettre da 10 ; celle-ci u'est |K>inl datée ; elle a dû être écrifc
peu après U précédente; elle est classée dans les maDoscrits entre d«ux lettres de de Noyers, l'une du 10 septembre,
l'aotrc du 11. Nous l'avoDi citée, pn note, p. yti du VI* volume.
^ Le vicomte de Montbas rommandait le régiment dn cardinal. Une leltro dtt maréchal à de Noyers ( fol. i3odu ins.
de Colberl) nous apprend qu'il s'agissait d'un brillant combat ^oittenu contre un détacbement des ennemis venu pnnr
attaquer des fourra(;enrs. — Mention csl faite d'une aulro l.'ltre adressée le t3, par RîcbelicTi . an miiréchal. Non^ ne
l'avons pas trouvée.
Kiclieli*
270
SOMMAIRES DES LETTRES
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET sorncEs.
1640.
2 1 septembre.
De Cnaunes.
A M. i'archevesqnr- de
lîordeaux.
Idm
Idem.
2 2 septembre.
De Cbaunes.
ai septembre.
9.6 septembre.
De Cbaunes.
29 septembre.
Pour M. de Chavigny,
à Paris.
Au marescKalde Schom-
berg.
Pour M. de Chavigny.
Richelieu se plaint du mauvais succès de la campagne de
l'arcbevesque. Il ordonne diverses dispositions et finit
ainsi: «Après avoir fait vostre désarmement, vous [>ou-
vés aller vous rafraiscbir chez vous, ainsi ({ue vous le
désirés. Vous me ferés grand plaisir d'avoir soin de vostre
santé ' . »
Orig. — Bibl. iiiîp. Suite de Dupuy, t. XVII , fol. iôo. — Im-
primée. — Correspondance de Sourdts . II , 3ig.
Le cardinal envoie un gentilhomme savoir des nouvelles de
M"*" Bouthillier, malade. (Voy. t. VI, p. 782, note 1.)
Orig. — Arcli. des Ali. fttr. FraDCc, 1 64o , cinq derniers mois.
H It n'y a nulle apparence que les Espagnols viennent assiéger
Narbonne. . . Cependant i] se faut préparer comme si la
chose devoit estre, afin de n'estre pas surpris.. . »
Imprime*. — Auhery, IV, yai, et Recueil de 1696 , 129.
«J'envoie à M. de Chavigny un billet pour recevoir de M. de
Mauroy douze cents doubles justes , valant douze mil francs ;
lesquels il donnera, pour le service du roy, à la personne
qu'il sçait. Il doit les luy porter chez ïuy en deux bourses
différentes. . . » — Je prie Dieu que M""' Bouthillier se
porte bien.
Orie. — Arcb. des Aff. étr, France , i64o ,
:inc[ <
lerniers mois.
«Vous sçaurés par le s' de Heudicourt ce que j'estime pour
vostre campagne.. . Vous honorant comme je fais, je seray
ravy d'avoir sujet de faire valoir au roy vos actions. . . »
Copies. — Bibl. imp. Béthune, 9262 , lad v°. — Cinq-Cenls
Colberl, 120, fol. 1^7 v". — Imprimée. — Aubery, IV,
798 I el Recueil de 1695, p. 33o.
«... Les lettres de M. d'Alby \ous auront lesmoigné que j'ay
autant d'alfection pour vous que jamais... M. le Prince
retourne en vostre gouvernement... mais luy n'y aucun
autre dont vous puissiés appréhender les mauvais oflices
ne sont pas capables de vous nuire, ny d'empescher vos
amis de vous servir. . . »
Imprimée. — Aubrry, IV, 751, el Recueil de 1696 , p. a3o.
I « Monsieur, le désir que j'av de voir le canal de Loire en Seine
] en sa perfection le pluslost qu'il se pourra me fait prendre
! la plume pour vous conjurer de nouveau de favoriser cet
ouyrage dans vos terres suivant l'intention du rov, sans v
apporter aucun retardement.» Les entrepreneurs offrent
' Cette lettre a été notée t. VI , p. 719. — Le a 6 du même mois, de Noyers envoyait à M. de Bordeaux une lettre du
cardinal , portant : «M. vous sçaurés par la dépescbe que M. de Noyers vous faïct , de la part du roy, ce que S. M. dé-
sire de %ous. . . ■ Et le cardinal recommandait la plus prompte exécution des mesures prescrites, La dépêche du roi di-
sait ; «Les Catalans m'ont demandé ma protectiotj. . . ils olTrent de remettre eu mes mains le port de Roses dont ils
assiègent les forteresses. . . » Et le roi lui ordonne de ramener sans retard une partie de sou -armée navale vers les îles
de Marseille; «pour, selon l'avis que vous aurés du s' d'Espenan ou du s'' Doplessis-Besançon , aller recevoir, en mon
nom . iod. port et lesd , forteresses , et les asseurer entièrement à mon service , et pour le secours des Catalans. » Cette
dépôche du roi est imprimée, Correspondance de Soardis , t. II , p. 3ai.
Au mareschal de Chas-
tillon.
Au mareschal de Scliom-
berg.
An marescliai de Chas
tillon.
NON .IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
27J
HATES
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTBES.
ANALYSES DES LKTÏRES
ET SOURCES.
1640.
3 octobre.
De Rirel.
I S octobre.
De Paris.
:iC otlobrt%
De Kucl.
A M. rarchevesque de
Bortïeawi.
Idem.
1) octobre.
Rue!
A Monsieur le comman-
deur de Guitault,
commandant po-ir le
roy aux i&Ics Sainte-
Marguerite et Sainl-
Honorat.
o octobre.
D.' Ruel.
A M. l'archeve^jur de
Bordeaux.
A M. de Guébriant.
desdédommagcmeots, à dire d'experts'. . . « Laissés les donc
travailler.. >»
Copies. — Bibl. imp. Bclhuoe, 936a, fol. i3o v"; et Ciaq-
Ceots Colliert , iao,fol. i5o. — Imprimée. — Anbery, IV,
733. — Recueil de 1695, ia5.
«... L*affairc des Castelans ne vous doit [K>iDt divertir des
autres desseins que vous aurez fais. . . Je vous prie de noii-
veau de m'envoyer l'inventaire de tout ce qui s'est trouvé
dans les vaisseaux que vous avés capturi^s, ces prises ne
pouvant se juger que nous ne les ayons '.»
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy, 1 7, 48o.
«Monsieur, bien que je n'ay rien à adjouster à la lettre que
je vous ay cscrite , par le s' Courtin ■*, sur le sujet des man-
quemens qui sont arrivés durant vosire navigation, je ne
veux pas néantmoins laisser retourner vostre secrétaire vers
vous sans vous dire que je seray bien aise de voir la vérité
de cette aflaire et que vous me ferés plaisir de m'en faire
esclaircir. . . ■» — Richelieu lui demande pour la troisième
fois* l'envoi des chartes-parties nécessaires pour le juge-
ment des prises faites en mer.
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy. 17, fui. -^i.
Rtchclieu trouve bon qu'il vienne mettre ordre à ses affaires.
a Vous pourrés partir lorsque vous aurés sy bien pourveu
à la seureté de vostre place, qu'il n'en puisse arriver au-
cun inconvénient.»
Orig. — Commonicition de M. de Guitault,
Richelieu se rejwrte à la dépêche que M. de Bordeaux a dû
recevoir par M, Courtin ( i3 octobre). — Il l'entretient de
diverses mesures prescrites aux s" Picard et I.etpicux. —
Il demande pour la quatrième fois les chartes-parties des
prises.
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy, 17. fol. 001. -- im-
primée. — Correspcadancû de Soardis , II, 345.
«Le don qu'il a pieu au roy vous faire vous peut donner moyen
de subsister aux quartiers où vous estes. . . Je vous conjure ,
en mon particulier, de redoubler vos soins ponr maintenir
' •Ce* meMieurs-là ne m'ont fait des offre;» que bien esioîgiu'x de ce qui m'est Icgitimcmcnt denh , ■ écriviiit à ào
Noyers le maréchal peu disposé i ^e rcudre aux ioslauces de Richelieu. (Fo). 160 du ms. de Colbert. Lettre datée du
li octobre. )
' Le même mauuicrît de Dupuy doDue , fol. 533 , ua mémoire do l'arcltev^que de Bordeaux où te trouvent ptus'curs
queatiooB dont il demande la réponse à Richelieu , eotrc autres le jugement dv Sou Emioence 'sur des vaisseaux pris.
nicbeticD répond qu'il faut lui envoyer les chartes-parties et autres papiers qui sont restés enlro les main» de M. de
Bordeaux. Dans cette pièce, il les demande pour la seconde fois; ledit mémoire est donc anlcrtccr au 3 octobre.
Cependant la pièce porte U fausse date du i3 novembre, mise oprès coup, et adoptée par rédition de la Corres*
pondance de Sourdis, t. II , p. 3âi .
' Beau-frère du s' Picard , trésorier de la marine. (Lctt. du 20 oct. Au sojet des manquements , v. lett. du 3 1 sept. ? ]
* Voy. cî-dessut (3 " " "
à Biclielîeu. Le méconleni
temcQt.
)ct. ) et ci-après { ao oct.}. On remarquera la négligence que l'on mettait quelquefois à obéir
nteroent du cardinal contr** l'arclievèque de Bonl^aux rommençait à se manifrilor assez oiivcr-
272
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DE DATES.
1640.
Hi octobre.
Biiel.
i" jiovembn
Paris.
10 novembre.
De Ruel.
Idem.
ly novembre.
De Rnol.
SLSCRIPTION
DES LETTRES.
A M. le Prince,
Jde>
A M, Tarchevesque de
Bordeaux.
Idem,
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
les affaires d'Allemagne , et les troupes que Sa Majesié
paye... en l'absence de M. de Lon^ueville, qui revient en
France pour reprendre sa sauté...»
Copie. — Bîl)I. imp. Ciiiq-Cents Colbcrt , ii6, fol. i3.
11 faut que les troupes du Languedoc soient plus que com-
plètes ]>our assister les Catalans; «l'affaire estant d'impor-
tance comme elle est, je ne doute point que vous n'en ayés
un soin particulier; ce qui est d'autant plus nécessaire que
si le roy d'Espagne doit faire quelque chose contre les
Catalans, ce sera assurément cet hyver. »
Orig. — Arch. de Condé, Communication de M*'' le duc d'Au-
uJe vous iais encore ce mol pour vous conjurer de faire en
sorte que si les Catalans donnent lieu à M. d'Espenan de
passer en Catalogne , il y puisse entrer avec des troupes
suffisantes... Au lieu de 3,ooo hommes et i,ooo chevaux
3ue les Catalans demandent, vous pouvés faire passeï- le
ouble, ce sera un coup très-iroporlant , veu que si les
Catalans résistent cet hyver aux forces d'Espagne, l'affaire
ira de longue et donnera grand lieu à une bonne paix
généiale. S'il est besoin d'argent, n'y épargnés pas ce qui
sera nécessaire.»
Orig. — Arch.
d' Au ma le.
de Coudé. Communication de ,M*' le du
Ordre de Son Eminencc sur les vaisseaux qui ont a re[>asser
en I^nant, ceux qu'il faut vendre ou mettre en brûlots,
avec le projet des armements do Ponant et de Levant
pour l'année i6ii i .
Mise au ncl. — Arch. des Aff. ètr. Espagne, t. XX. — OrJg.
Bibl. imp. Suite de Dupuy, t. XVII , fol. 53i. —Imprimée.
— Correspondance de Sourdis , II, 3^9. (Doc. inéd. in-i".}
«Monsieur, j'adjouste ces trois mots à la <lépescho que je vous
ay faicte pour vous dire que tous les marchands de deçà
disent que si on ouvre les balles des marchandises qui
estoient dans les vaisseaux que xoxis avés arrestez, cela
diminuera de beaucoup le débit'. . . »
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupoy, XVII. fol. 53o.
Les Hollandais se plaignent d'un jugement de conliscatiou de
laines prises en mer par l'archevêque de Bordeaux ; I\i-
chelieu lui demande les pièces de la procédure, afin qu'il
j>uisse examiner ce jugement et les plaintes dont il est
l'objet.
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dnpuy. XVIÏ, 535.
' Je ne trouve poiut de dépêche du jo novembre dont ceci puisse être IcP. S. parmi
cliovêque de Bordeaux; mais plusieurs se rapportent aux prises faites en mer.
elles qui sont adressées à l'ar-
NON IMPRIMÉES DANS LE TOME VI.
273
DATES
et
LIEUX DE DITES.
1640.
20 novembre.
De Paris.
Ide^
27 novembre.
De Ruel.
28 novembre.
De Ruei.
de
novembre
a décembre.
De Ruel.
SUSCRIPTION
DBS LETTRES.
A M. i'archevesque de
Bordeaux.
A M. de Lambert, gou-
verneur pour le roi
de la ville et citadelle
de Metz.
Pour M. de Chavigny
à Paris.
A M. de Chavigni.]
A M. le Prince.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
S'il a trouvé de nouvelles pièces relatives à l'affaire des vais-
seaux pris dans la Méditerranée et qui ont été jugés de
bonne prise , il faut qu'il les envoie.
Orig. — Bibl. imp. Saite de Dupoy, t. XVII, foi. 64 j.
Richelieu a su du bon Père Pigeolet les mauvais bruits qu'on
faisait courir au préjudice de M. de Lambert; il lui mande
que le roi le maintiendra envers et contre tous; «pour-
voyez à la seureté de la place et ne vous mettez point en
peine du reste, . . »
Original '.
Richelieu accuse réception de mémoires que je ne trouve pas
dans ce manuscrit et dont l'absence rend cette lettre peu
intelligible... «Quand vous vous porterés bien tout à iait,
je seray bien ayse de vous voir, mais non pas plus tosl. . . •»
Original , saos sîgoaturc , <Ie la main de Charpentier. — 'Arch.
des Afl'. étr. France , i64c, rinq derniers mois, fol. 366.
. . .«M. de Bullion veut venir parler au roy de l'alTaire du
clergé; je croy <|ue Sa Majesté sera 3 ou .i jours entiers à
Saint-Germain; M. de Bullion peut choisir tel jour qu'il
luy plaira...» Je vous envoie ce qui a esté concerté entre
M. l'ambassadeur de Venise et moy, sur le sujet que vous
verres |>ar le mémoire ci-enclos'.»
Original, saus signature, de la maio de Cbarpeotier. —
Arch. des Aff. ^tr. France, i€io, cinq derniers mois, 169.
■ La recepte est de 56,oooH (wur trois années, i632 , 33 et
36. — Mise 18,000** à M. de Ponlchasteau, sans vérifica-
tion, et surplus en frais, la plupart non justiiîiez, réduits
à iii,ooo**. Ainsi doibt de débet clair 2/1,000^, sans la
partie de 18,000** mise en souQrancc pour les années sui-
vantes : 35, 36, 37, 38 et 39 *. . .»
Aatographe. — Arch. des Aff. etr. t'rance , 16^0, cinq der-
Diers mois
fol.
Richelieu lui demande de faire nommer M. de Saint-Aoust
député du clergé pour la province de Bourges. . . « Je pren-
dray part à l'obligation qu'il vous en aura, aïnsy que vous
cognoistrés en ce en quoy j'auray lieu de m'en revancher. . . *
Orig. — Arch. de Coodë , 96. CommunicatîoD de M'' le
dae d'Aumale.
' Je n'ai pa» vu la pièce , j'empronte ces quelques mois au catalogue d'une vente d'autographes (i8j4) , lequel in-
dique deux autres lettres a<lre5sées à M. de Lainbvrt , l'une de i635 (l 'i avril) , où de Noyers (Suhlet) lui donne l'ordre
d'arrêter le gouverneur de Donchery ; l'autre de Gassion (3 janvier 1637} , où M. de Lambert est qaalifié de maréchal de
camp à Charleville.
' J'ai iuutilement cherché ce mémoire dans le manuscrit France et dans celui de Venise de i64o-
' La pièce n'est point datée, j'indique la date que dooac le classement.
' Je ne donne ici que les première* lignes de ce compte , parce qu'il est écrit de la main du cardinal , et montre , ainsi
que je l'ai plusieurs fois remarqué, qne Richelieu, parmi les grandes affaires, ne négligeait pas tes siennes et s'en
(jccupait jusque dans les détails. On saitj que M. de Pootchlteaa était son cousin. La pièce voisine, dans le manus-
crit, de la main de Charpentier, se rapporte a la même affaire.
CAnDlH. DE RICHELIEU. VU.
35
274
SOMMAIRES DES LETTRES
DATKS
LIEUX DE DATES.
1640.
décembre.
■7 drîcenibre.
Do Paris.
9 décembre
De Rucï.
1 3 décembre.
De Ruel.
i3 décembre.
De Versailles.
1 8 décembn
De Paris.
SUSCRIPÏIOiN
DES LETTRES.
A M. l'arclievesque de
Bordeaux.
A M. le Prince.
A M. de Schomberfï.
Pour M. de Chavigny,
à Paris.
Lettre du
Comte.
•oy
M, le
A M. rarclievesqu
Bordeaux.
de
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
«Monsieur^je vous fais ces trois mots pour vous prier do con-
tribuer tout ce qu'il vous sera possible à l'ex'jcution de ce
que M. de Noyers vous escrit de la part du roy, comme
une chose importante au service de Sa Majesté et à vostre
honneur particulier "... »
Orig. — BiW. imp. Suite de Dupuy, XVJI , fol. 545. ~ Im-
priioép. — Corretpondaaee de Soardis , Jl , 5o4-
Richelieu lui recomman<le de tout préparer, avant de sortir
de sa province, pour la campagne prochaine : que les
troupes soient complètes;,., on pressera M. de Butlion de
fournir les fonds , tant pour la monstre que pour les nou-
velles levées ^.
Orig. — Arch.
d'Aumalc.
de Condé, t]5. CommuDJcatioD de M*'' le doc
«Le roi a sceu qu'il n'est pas en bonne intelligence avec
M. d'Espenan ; comme vostre ami, je vous en avertis ; le d.
d'Espenan estant employé comme il est en des affaires
importantes, vous ne le devés pas Iraitter avec froideur et
îndiffi';rence , mais au contraire contribuer ce qui deppendra
de vous pour faire réussir les choses que le roy luy a com-
mises. *
Impriinée. — Aubery, IV, 768. — Recueil de 1696, p. aSn.
uJe suis bien aise que vous ayés faict les affaires que vous
me mandés. Vous me fcrés plaisir d'achever celles d'An-
gleterre. Le roy faict estât d'aller demain à Villeroy. Cela
estant je me rendray à Paris.»
Original, sans signature, de la main de Cherré. — Arch. des
AIT. ctr. France, 1 64o , cinq derniers mois , fol. 3i4-
Campion, envoyé par le comte de 5oi?sons, a parlé fort dif-
féremment des avis qu'on a sur les comportements de ce
prince *.
Minute. — Bibl. imp. Bétliune , 9337. — Copie. — Dupuy,
549i fol' 367.
Divers ordres touchant la Catalogne. . . «Je prie Dieu que, si
vous y allez, vous ayés moyen, ensuitte de tant de pros-
pérités qui sont arrivées cette année à la France, de com-
mencer si heureusement la prochaine, que vos bons succez
soient un augure de ceux qu'on devra attendre durant le
reste de son cours. »
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy, t. XVII, fol. 55i.— Im-
primée. — Correspondance àt Sourdis , t. II, fol. 5o5. (Doc.
incd. in-'i^. )
' Dans un P. S. Richelieu rccomjuande à rarchevique ■ de s'y conduire avec prudence et de ue point tiasarder mal à
propos les armes du roy. » — il s'agit, dans la lettre de M. de Noyers annoncée ici , de la protection demandée au roi
par les Catalans ,> dont l'atTaire se relève avec plus d'éclat que jamais. ■ De Noyers euvoyait en même temps à M. de
Bordeaux une dépécbe du roi , contre-signéc Sublet , laquelle indi(|uo la conduite à tenir. 1 Vous fériés un singulier
plaisir à S. Em.,dit de Noyers, de faire tous les efforts raisonnables pour venir» bout de l'entreprise. » Ces deux pièces
sont imprimées dans la Correspondance de Soardis.
' Pièce notée t. VI , p. 734.
' Lettre employée en note ,1. VI , p. 736.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
275
DATDS
LIECX DE DATES.
1640.
2 3 décembre
Paris.
27 itéceuibre.
Rucl.
SL'SCRIPTION'
DKS LETTRES.
Au mareschat de Schom-
berg.
Pour M. de Chavigny,
secri-taire d'estal , à
Paris.
M. df la Thuilerie.
ANALYSKS DES LETTRES
ET SOURCES.
2 janvier.
De Paris.
A M. rarchevesqufï de
Bonleaiix.
Richelieu le cbarge d'user de son influence pour faire nom-
mer à TassembUe du clergé des députés dociles. Il mandait
à M. le Prince la même chose, le même jour, et presque
en mêmes termes, dans une missive <[ue nous avons donnée ,
t. VI, p. 7^1. Richelieu recommande aussi à Schombergj
de ne faire connaître à personne qu'il ait écrit sur ce
sujet. «Seulement leur pouvës-vous faire sçavoir que vous
ne doutés point que je ne sois bien aise que Sa Majesté
ait contentement en celle occasion... Je feray valoir a
S, d. M. le service que vous luy rendrés. ..»
Imprimée. — AuLcry, IV. 771, et Recueil de 1695, a33. —
Un fragment dans i'Hitt. de LoaU XUI par le P. Griffel ,
III, 3a I.
aM. de ChaWgny adverlira, s'il luy plaist, M. l'ambassadeur
de Hollande que , s'il se veut trouver à h heures ce soir a
mon logis, je luy donneray audience.. .»
Original, sans signature , de la main de Charpentier. — Arch.
des Ail. étr, Hollaadc, t. XXI, pièce 35a.
Raisons tju'a le roi de différer l'assemblée de Cologne. —
Considéra'ions sur les conditions dos passe-ports et sauf-
conduits... — «Comme le roy désire esWler une assemblée
dans laquelle il ne prévoit cpie des embarras pour !e trailté
de (>aix , lorscju'il verra qu'elle se pourra adopter de bonue
foy, il sera le premier a en presser une, ne souhaitant rien
tant au monde que de voir le repos de la chrestienté bien
estably. — Ce qui est mandé par ce mémoire au dit s' de
la Tiiuillerie doit eslre |)our iuy un secret impénétrable à
qui que ce soit , parce que ceux qui ne cognoissent pas les
bonnes et sincères intentions du roy les pourroient prendre
autrement qu'elles ne sont en eflect.»
Misfl ao net île la main d'un secrétaire de Chavigni. — Arch.
des Aff. étr. Hollande, t. XXI, pièce 3ô4-
1641.
Sur l'échange des Français captifs à Alger et des Turcs pri-
sonniers aux galères de Toulon, en vertu du traité conclu
par le s' du Cos(|uiel. — M. de Bordeaux consultera sur
les lieux tant pour la délivrance des chrétiens que pour
raffermissement du bastion... «Il fera tout ce que la cha-
rité et la raison requerront , la réputation du roy estant
conservée. Je luy déclare, en mon particulier, que s'il ne
tient qu'a donner quelque somme raisonnable d'argent,
pour aider à retirer tous nos François esclaves , j'y donneray
volontiers du mien jusques u vingt mil livres...» Si ceux
d'Alger ne le font de bonne volonté, il faut le leur faire
faire de force l'année prochaine.
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dopny, t. XVU, fol. 6go. — Im-
primée. — Correêpondance dé Sourdis. II, 43i. (Doc. inéd.
in-4». )
35.
276
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEDX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOORCE.'î.
1641.
10 janvier.
A R'ieL
lo janvier.
De Rue!.
17 janvier.
3 0 janvier.
De RueL
. janvier.
Instruction pour M. le
comte d'Estrades ,
s'en allant en Hol
lande.
Pour M. Bouthillior
surintendant des li
nances, à Paris.
A M. du IlaHier.
A M. t'archevesque de
Bordeaux.
Mémoire de ce qu'il y a
à faire en Catalogne.
A M. de Gassion.
«... Il dira à M. le prince d'Orange qu'il faut réparer les mal-
heurs de la campagne de Saint-Omer, et que je suivrai ses
avis; M.. d'Estrades tasclicra de porter ce prince à me con-
seiller de faire attaquer Aire... Il faudroit qu'il entrast en
Flandres dix jours plutost que i'armée du roy.. . S'il in-
siste à ne le vouloir pas faire à moins qu'on ne lui donne une
augmentation de suLside...àtoute extresmité il faudra lui ac-
corder 3oo,ooo d'avantage. . . — Il faut que les 5o vaisseaux
de l'amiral Tromp soient au 1 o avril sut la coste de Flandres.
— 11 donnera à M""* la princesse d'Orange, de la part du
roy, des pendans d'oreilles en diamens que Lopez. m'a ven-
dus 5o,ooo escus.. .et luy fera entendre qu'elle doit à mes
soins la gratification que le roy luy faict.»
Copie. — Arch. des Médicis, à Florence, 3" série, carton 5i
(corti d'Europa), — Imprimée. — Ambassade de d'Estradet .
p. Sa. ( Voy. lettre du la novembre 1637 , t. V, p. 885- )
i( . . . Je conjure M. Bouthillirr de faire acquitter promptement
l'ordonnance de la somme de 3o,ooo livres que le roy a
accordée à M. de Guébriant, sans quoy il lui est impos-
sible de subsister au lieu où il est. . . »
Orig. — Arcb. de la famille de Bouthillior.
Le s' de Leslang et les instructions de M. de Chavigni qu'il
vous porte vous apprendront ce qu'il y a à faire dans
l'affaire de M. le duc Cb. de Lorraine...
Minute de la main de Cherré. — Arcli. des Aff. étr. Lorraine,
t. XXXIÏ , pièce 6*.
Secourir promptement les Catalans;... M. de Forbin a pré-
paré dix galères. . . «Je vous prie de vous accommoder à ce
qui se peut et de ne trouver pas de diffieultez aux choses
où voslre soin et vostre industrie les pourront surmonter.
Le roy ne veut pas que le chevalier de La Valette aille en
cette expédition , à cause de l'estat où sont M" d'Espernon
et de La Valette. . . Ce n'est pas qu'on trouve rien à redire
à sa personne dont oji cognoist le cœur '. . . »
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy, t. XVIII, fol. 4o. —
Imprimée. — Correspondance de Sourdïs . t. II, p. 5o8 et
519. (Doc. inéd.)
Plan des opérations de deux armées jointes ensemble.
Copie. —Bibl. imp. Suite de Dupuy, t. XVIIl , fol. 3. —
Imprimée. — Correspondance de Soardis . t. II, p. 5o8.
(Doc. inédit», in-i*.)
«Toutes les heures de paix, vous serés souhaité icy; et le
roy, qui vous désire présent à ses armées quaud elles
doivent agir, n'entend point que vous ne goustiés pas une
' Une lettre de de Noyers, pour le détail des affaire», se trouve dan» le même maouscrit, folio 36, et une seconde
est au folio ^2.
^ La pièce n'est point datée, le millésime et 1« moii sont écrits eo marge, de la main de l'archevêque de Bordeaux.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
277
DATES
LIEnX DE DATES.
SUSCRIPTION
DBS LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUBCES.
1041.
6 février.
ChanliTly.
f-e roy à M"" la duchesse
de Vandosme.
y février.
De Paris.
10 f«îv
A M. le baroD d* Ambres,
\u pape.
A M. farchevesque de
Bordeaux.
partie du repos commun.. . Vous serés autant satisfait de
la cour qu'elle l'est de vous.»
Imprimée. — Fie de Gauion. — Le P. Griffet , t. III , fol. 3i6 '.
«Ma sœur de Vandosme, la mauvaise conduite de vostre
mary m'oblige à vous faire sçavoir que je désire qu'aussy -
tost la présente receuc vous vous en alliez à Chenonceaux,
avec tous vos enfans, pour y demeurer jusques à ce (jue
mon frère de Vaudosme soit justiiié, ou que vous receviez
autre ordre de moy'. .. — Loois.»
Copit
Bibl.
np. Fonds Dupuy, DXLIX, fol. 3i4 v".
Je ne puis que je ne vous tesmoigne trouver un peu estrange
que, vous ayant prié de vivre en bonne intelligence avec
M. de Lavaur*, vous luy donniés sans cesse de nouveaux
sujets de plainte. . .
Imprimée. — Mémoires de l'Académie de Toulousf , 3* série,
t. III, p. i6o. (Voy. notre tome V, p. 934) ligne 6.)
Ilicbelieu représente au S* Père «les grands maux qui arrivent
en France des longueurs qu'on apporte à l'expédition des
bulles des évéques nommés à \'oslre Sainteté par le roy *.»
Hiniita de U main de Charpentier. — Arch. des AfT. élr.
Rome, t. LXXVI , fol. j6. — Autre mise «u net, de la
maio de Cheiré, mêmes arch. t. LXXX. — Elle n'est point
datée et a été classée par erreur en i649. — Imprimée. —
Aobary, àlèm, V, 384 t et Recueil de 1696, p. 309.
«Je vous dépesche M. de Besançon pour vous dire que vous
ne perdiés plus aucun temps à secourir les Catalans ^..
Estudiés vous à trouver des remèdes plustost que des dif-
ficultés.. . Dans 1 1 pratique du monde, il n'est rien de plus
dangereux que certains esprits qui semblent n'avoir autre
but que de trouver des moyens de ne rien faire. . .» (Ici di-
vers conseils et promesses pour le secours delà Catalogne.)
— « Ainsy, comme je n'oublie aucune chose qui vous puisse
faciliter le moyen de servir, je me tiens très asseuré que
vous ferés ce que je me promets de vous. . . »
Orig. —Bibl. imp. .Suite de Dupuy, t. XVIII, fol. 79,-
primé*. — CorrtipondaRce de SouriU . p. 79. [Doc.
IO-4».)
inéd.
' L'historien de Loait Xlll explique que cet empreisement do cardinal parât luspect k Gasaion, il donne une lettre
tjue de Noyen loi écrivit i ce sujet, et i laquelle Richelieo ajouta * en son propre nom, deux apostillea, p. 44o du
troisième volume du P. Griffet,
* La lettre fut portée le 3 février par M. de Cavoy, Tan des ordinaires du roi ; une note rapporte les paroles de
M-
de Vendôme, pleine d'une respectoiuse soumission.
^ Par lettres du 2 a novembre iGSg et du 8 septembre 1640 , t. VI, p. 61 a et 736.
^ Dans un P. S. Richelieu dit au pape qu'il écrit au cardinal Barherini sur un autre sujet également important. Je
n'ai pas trouvé cette lettre.
' Cette longue pièce n'eat point datée; le secrétaire de l'arcbevâque a mis en marge 1 1 février. C'est la date vraie,
ainsi qu'on le voit par les lettre* soivantes. — Dans le mâme ma. folios 538, 53o, deux lettres du roi sur le même sujet.
' Le aifor de Besancon avait de plus une mission secrète dont Richciiea ne parle pas îri. (Voy. la lettre suivante.)
278
SOMMAIRES DES LETTRES
LIErX SB DATES.
1641.
i février.
1 1 février *.
Paris.
12 février.
Paris.
1 à février.
De Ruel.
2 1 février.
Saint-Germain -
en-l.ayc.
28 février.
SUSCKIPTION
Des lettres.
A M. de Forbin.
Au marcschaldeSclmm-
berg.
IJem
Pour M. (!o Chavigny,
a Paris.
Déclaration du roy, por-
tant défense au par-
lement de prendre
cognoissance des af-
faires d'estat.
Au cardinal Barbcrini.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
KMonsieur, M. de Besançon s'en allant par ordre du roy au
quartier où vous estes pour l'esclaircisscuient de la mau-
vaise conduite de M. de Bordeaux , je vous prie. . , de con-
tribuer tout ce (|ui vous sera possible pour faire cognoistre
la vérité de toute chose. ..n
Imprimée. — Corrctpoadance de Sourdis ', III , 36.
Richelieu , se référant à une lettre que de Noyers écrit au
maréchal, lui recommande de ne rien négliger pour hâter
le secours des Catalans.
Imprimée. — Aubery, V*, i, el Recueil de 1696, 234.
Donner pleine créance en ce que lui dira le s' de Besançon.
Nouvelle recommandation d'entrer immédiatement dans le
Roussillon et d'attaquer Colioure.
Imprimée. — Aubery, V* 5< — Recueil de 169Ô, a35.
. . .«Nous parlerons des difficultés de l'ambassadeur d'Angle-
terre à la première vue... Je suis bien aise que vous ayez
signé io traitté de Hollande et fasché de vostre mal. Gué-
rissez-vous, je vous prie'. . , »
Orig. — Arch. des Aff. étr. FTance, i64i, six premiers moi» ,
fol. io4>
Je n*ai trouvé pour cette pièce ni -original , ni minute ; l'écri-
ture des copies conservées au ministère des Affaires étran-
gères ne m'indique rien, mais il n'est pas douteux que le
chancelier, qui peut-être a rédigé cette importante dtjcia-
ralion, ne l'a fait que sur un mémoire du cardinal auquel
appartiennent au moins le fond et les principales idées. Ri-
chelieu n'a pu laissera personne, dans une affaire si consi-
dérable, le soin d'interpréter la volonté royale el sa propre
politique. C'est pourquoi nous la notons ici.
Copie. — Arch. des AflT. étr. France, i6ii, siJt premiers
mois, fol. i35.' — Imprimée, avec ce titre :« Lettres pa-
tentes du roy en forme d'rdtct, pub i ces en parlempiit,
Sa Majesté y estant présente, le -ai février i64i» à Paris,
par AntoÎDe Estietine, premier imprimeur et libraire ordi-
naipo du roy. » — Mémoires de Mole , t. II , p. 5oo.
«Le retard de la promotion met en grand hasard les inlérests
de la famille Barbcrini.» Le cardinal développe d>ins une
lettre de quatre pages cette pensée (|u'il importe surtout à
sa maison de se mettre bien avec la France, qui seule peut
' L'éditeur de cette correspondance n'indique point la source où il a puisé celte lettre ; je ne la trouve point dans la
Suite de Dupuy, d'oîi la CorresponJance de Sourdis a été tirée en grande partie. «Elle fut imprimée et distribuée par
les soins do M. de Forbin,» ajoute l'éditeur. Est-ce là une de tes pièces dont rarchevèque de Bordeaux a dit, dans un
mémoire justificatif : «Des copies imprimées des lettres injurieuses adressées au baillt de Forbiu , de la part du cardinal
de Richelieu, pour épouvanter tout le monde, le toiil faux et supposé. ■
' L'une des éditions imprimées, au lieu du 11, met le 3 1 ; c'est aoe erreur.
' Aubery avertit que la pièce vient du cabinet de M. Bodin.
* Lettre notée t. VI, p. 766.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
279
DATES
et
LIBOX DB DATB8.
1641.
S U SCRIPT JON
DBS LETTBB9.
a 8 février.
De Paris.
A M. Mazarii).
A M. de la Thuilleric.
A M. d'£strades.
A M. rarGfaevéf]ue de
Bordeaux.
ANALYSES DES LETTRES
ET S0UHCB8.
la protéger contre les Espagnols, si le pape, dont la sauté
est altérée, venait à mourir.
Minute de la maio de Cberrc , avec quelques mots ajoutes pjir
RicheHou. — Arch. des Aff. élr. Home , t. LXXVl . fol. g i .
— Copie , fol. 84. — Mise au net de la main de Clierré. - —
Marnes archives, t. LXXX , classée par erreur en i643. —
— Imprimée. — Aubery, Mèm. V, 387. — Recueil de
1696, Su.
«J'envoie à M. Mazarin , dans ce paquet, les copies des lettres
que j'escris à Sa Sainteté et à M. le cardinal Barberini',
et n ay rien à lui dire davantage, parce que je luy ay
escrit par son cher £rère.»
Orig. — Arch. des Aff. etr. i64i, b.x premiers mois,
fol. 13 0.
«Monsieur, c'est à ce coup que M. le prince d'Orange peut
faire un grand progrès dans la Flancire, et à ce coup aussy
que je ne doute point qu'il no l'entreprenne '. Vous l'un
solliciterés comme il faut ^. »
Minute doI« main de Cherré. — Arch. de» Aff. ctr. Hollande,
t. XXIII , pièce a4-
«Je ne doute pas que l'intérest de M. le prince d'Orange et de
M" les Kstats ne les portent à faire quelque entreprise fort
considérable ; jamais Son Altesse n eut et n'aura une si
belle occasion.»
Minute d» U main de Ctierré.
t. XXJJI , pièce ^i^ v°.
-Arcli. des Aff. étr. HolUndf
Cette lettre touche principalement à la mésintelligence de
i*archevé(|ue et de M de Forbîn. Le cardinal mande qu'il
a satisfait a l'avancf aux demandes de M. de Bordeaux par
l'envoi du s' Besançon, lequel doit être arrivé'. Le mé-
contentement de Uichelieu contre M. de Bordeaux, bien
que contenu, j>erce visiblement dans cette lettre, qui
caractérise à merveille la manière de Richelieu, lorsqu'il
ne veut pas laisser trop éclater sa mauvaise humeur : «Vous
voulés, dit-)l, deux galères de plus que les dix destinées
pour la Catalogne : deux ne sont pas capables d'un
grand eÛect, si ce nombre de deux n'a quelque vertu par-
ticulière que je ne sçays point encore, et que je veux
' On vient de voir que dans celle qui allait à Barberini Richelieu l'entretenait uniquement des intérêts de sa maison.'^
Je Dc trouve point la lettre adressée au souverain pontife; était-elle la réponse i nue missive de Sa Sainteté qui eihor-
tait le cardinal ï faire tous ses efforts pour parvenir À une paix si nécessaire à la chrétienté? La lettre d'Urbain VIII,
écrite en latîn , est datée du 16 février; elle est conservée aux Affaires étrangèrea, Rome, tnme LXXVI , fof. 5g.
' Ud traite pour la campagne de iG^i avait été ratifié par les Etats le ^5 février. 11 se trouve dans lo volume précité
de Hollande, coté pièce a3*, eo copie, avec cette annotation : . . .«Les originaux ont été placés dans la boîte des traités
de Holluude. ■
' En (c moment on était inqniet en Frtnce des inlcution» du prince d'Orange; le charge d'affaires de France k
Londres envoyait , te 7 mars , une copie dr» propositions que fâisatenl an roi d'Angleterre les arabassadears de Hollande-
Arch. de» Aff. étr. Angleterre, t. XLVlll , fol. 344-
' Cette mention du voyige de Besancon , envoyé pour examiner secrètement la conduite de l'archevêque (voy. ci-des-
soi au 1 1 février) , justifie la date mise , par le secrétaire de M. de fionlejux , en marge de cette lettre non ddtée.
280
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
cl
LIEUX DE DATES.
16/iî
r mars.
De fluel.
[6] mars ^.
Saint -Germain -
en-Laye.
1 5 mars.
Paris.
1 7 mars.
De Ruel.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
A M. de Chavigny.
A M, Chanue, ministre
de Nismcs.
Instruction au s' de S'-
Pé , consul en Portu
gai, s'en retournant
au d. pays. — Du ca-
binet du R. P. Domi-
• nique du Rosaire en-
voyé de Portugal.
[A Boulhillier.l
A M. Bouthillier.
ANALYSES DES LETTRES
ET SODRCES.
croire que vous n'ignorés pas.» ...«Quant à i 'artillerie ,
serves vous de celle que vous avés; quelques-uns pour-
roient croire que vous nous proposés des choses plus que
difficiles pour avoir occasion de ne rien faire... Pour le
moins vous priay-je de ne vous excuser plus sur le manque
de pouvoir, que vous avés sy ample que, pourveu que
vous ayés autant de bonne volonté et de sçavoir faire , vous
ne manquer(:s d'aucune chose nécessaire pour faire réussir
les bons desseins que je ne doute pas que vous n'ayés^»
Orig. - Bibl. irap. Suite de Dupuy, t. XVIII, fol. ii6. -
— Imprimée. — Correspondance de Soardii , II , 536.
Envoi du paquet pour M. le cardinal Bichi, et d'un autre
pour M. Mazarin; le faire tenir sûrement par le Quillet ^.
H ... Je le prie de faire sçavoir les premières nouvelles qu'on
aura de M. de Lorraine au roy, à la maison rouge, ou sa-
medi à Chilly. n
Orig. — Arcli. des AIT. étr. France, iGà^, six premiers mois,
fol. i43.
«Tous les estrangers habituez en ce royaume ayant esté com-
pris en la taxe que la nécessite du temps a obligé de faire
sur eux , on ne peut l'exempter non plus que ses confrères ,
sans faire conséquence pour les autres... c'est pourquoy
au lieu de l'arrest de descharge que vous avés demandé, je
vous envoie vostre quittance et celles de M" vos collègues... »
Minute de la main de Cherré. — Arch. des AfF. étr. France
(vol. vert), t. XLVII, pièce 63.
Paire savoir au nouveau roi de Portugal et aux princi-
paux du pa^s que la France est disposée à leur départir
toute l'assistance qu'il sera en son pouvoir de leur
donner.
Aubery, Mém. t. V, p. 5. — Le Vassor, t. X,
Irapriméc.
p. iig.
Raisons qui doivent porter Messieurs du clergé à ne pas
refuser les demandes du roi.
Orig, — Arch. des Aff. étr. France, l6ii, six premiers mois ,
foi. 162. — Copie. — BihI. jmp. Saint-Germain-Hariay,
1^4, ver» le tiers du 'olume non coté. — Imprimée. —
Mém. de Montckal , t. I , p. 296.
«Je prie M. le surintendant de donner satisfaction a M. de
Nyons sur le sujet d'une pension de 2,000 francs que le
roy luy a donnée il y a longtemps. Il s'en va servir Sa Ma-
jesté à la campagne, où il mangera bien cette partie et
davantage.»
Orig. — Arch. Je ta famille Boutliinicr.
' Le roi écrivit le même jour à M. d« Bordeaux pour lui dire qu'il eût à recevoir 1rs ordres du prince de Coudé,
n auquel j'ai donné , dît le roi , le commandement général et en chef de mes armées de Languedoc , de Roussillon et de
Catalogne. » (Mêmes sources. )
'^ Nous ne trouvons rien de ers dépêcliea dans notre manuscrit.
^ Le Vaasor, après Aubery, date cette instruction du 16 , en remarquant qufl ce quantième lui est susntct. (Voy. notre
tome VI , p. 769 , notes , "!* colonne. )
NON IMPRIMÉES DANS LE TOME VI.
281
DATES
et
SUSCniPTION
ANALYSES DES LETTRES
LlEtrX DE DATES.
DES LETTIIES.
ET SOCRCES.
1041.
1 7 mars.
De Kufl.
[AM. Boathillier.'
«Le roy ayant commandé a M. de Charrost de s'en retourner
promptement à Calais , je prie M. Boutbillier de luy faire
donner, eu argent, ce qu'il pourra sur ce qui luy est
deub. ..»
Orig. — Afctiivcs de ta famille Boutbillier.
1 8 mars.
De Kud.
Pour M. le surintendant.
«M. de Roussillon demande le restablissement de /i,ooo escus
rayez autrefois à M. le comte de Tournon , ensuite du don
gratuit que les estats de Languedoc luy en avoient faict ; je
prie M. le surintendant de luy donner satisfaction comme
à une personne que j'alfectionne particulièrement.»
Orig. — Archives de la famille Boutbillier.
2o mars.
De Ruel.
[A M. Boutbillier. ]
«Le roy ayant commandé à tous les gouverneurs de s'en aller
dans leurs places, et M. de Biscarat ne pouvant partir
qu'on n'ayt pourveu à la subsistance de sa garnison. . . je
conjure M. le surintendant d'expédier promptement ses
ordonnances et le traîcter comme une personne de mérite
que j'ayme et affectionne particulièrement et qui a besoin
d'estre assisté. »
Orig. — Arch. de la famille Bouttiillier.
2 0 mars.
Saint-Germain-
en-I,aye.
Le roy à M. de la Molle-
Houdencour.
Conformément a sa proposition de faire entrer dans la Cata-
logue toutes les troupes destinées pour l'armée du Lan-
guedoc, le roi donne des ordres aux généraux el envoie
les fonds nécessaires.
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dopuy, l. XVIII , fol. i4i.—
Imprimée. — Correipondaace de Soardit , 1. II, 54 j.
a 2 mars.
De Ruel.
A M. de la Motte-Hou-
dencour, lieutenant
général de l'armée du
roy en (Catalogne.
Lettre de compliments dont Richelieu accompagne la dé-
pêche du roi.
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy. t. XVIII, fol. ilii \°.
— Imprimée. — Correspondance de Sountis . t. Il, p. 5i3.
i" avril.
De Ruel.
A M. l'archevesque de
Bordeaux.
« Si vous ne pouvés accorder M'* de Baume et de 'f erne-s , vous
leur ferés deffense de la part du roy de ne se demander
rien pendant leur voyage, ny jiisques ace qu'ils me soient
venus trouver pour me rendre compte de leur action, el
subir le jugement que je rendray en leur affaire. . »
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy, t. XVIII, fol. 169.
6 avril.
De Ruel.
[A M.Bouthillier.]
Richelieu lui envoie une lettre de M. de Chartres pour faire
mettre ordre à ce <pi'elle contient. — • Il est nécessaire que
M. de Léon diffère son voyage. — Quant à Migenne (.•") ',
«je croy que M. le chancelier luy doit mander de le venir
trouver pour le service du roy, et ensuite l'empescher de
retourner. Cet expédient vaull mieux que d'y envoyer un
archer. »
Orig. — Artbives de la famille Boiilhillier
' .Mot mal écrit
ou nous ii»oDs Migennc, no
n d'ui) parent de Boutbillier. (Voy. ci-aprèa an 37 octobre.)
CARDIN. DE niCHF.LIEU VII.
36
282
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LISVX DB DATES.
SUSCRIPTION
CES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
El socncBs.
1641.
1 2 avril.
De Ruel.
Idem.
fA M. BoulhiUier.l
«M. Uoussignoi prie M. le surintendant de luy faire payer le
reste de son assignation pour son rembourseraeut. Le mé-
rite de ce personnage rccogncu illustre en des compagnies
souveraines fait que je vous conjure de Uiy donner le con-
tentement qu'il désire, a mon avis,
Orig. — Archives de la familii
par raison.»
Boutbillicr.
1 2 avril''.
Saint-Germain-
en-Laye.
Idem.
1 3 avril.
Ruel.
i3 avril.
[)e Ruel.
A M. l'archevesque de
Bordeaux .
Le roy au roy de la
Grande-Bretagne.
L<; roy à la reyne de la
Grande-Bretagne .
Au prince d'Orange.
[A M. Bouthillier.^
"Le s* de Cliaillonnay vous dira la joye que le roy a rcceue
de la bonne nouvelle qu'il a apportée de vostre part...
Empesclier les Espagnols de secourir de vivres la Cata-
logne et le Roussillon '...»
Orig. — Bibl. împ. Suite de Dapny, t. XVIII, fol. i5i. —
IiDpriroéc. -— Correspondance de Soardis , l- II , p. 553.
Réponse au compliment envoyé par le roi d'Angleterre sur la
naissance du duc d'Anjou.
Copie. — BibL imp. Béthunc, 9337, fol. 33.
Il la remercie du compliment qu'elle lui a fait faire, et lui
renouvelle les assurances de toute son affection.
Copie. — Bibl. imp. Bctbone, 9337, fol. 34-
«... L'armée française sera en campagne au terme convenu ; je
vous conjure de iaire le mesme, etc.»
Minute lie la raain de Cherrc. — AfT. c(r. Hollande, l. XXIII ,
pièce 63.
«... Le roy est prest de partir pour se rendre à ses armées , ce
qu'il ne veut faire sans la résolution de rassemblée du
clergé.» — M, le surintendant dira à M'* les commissaires
de conférer avec M" de Chartres et d'Auxerre, et d'agir
selon ce que ceux-ci leur diront'. (J'ai donné un extrait
de cette lettre p. 77$ du tome VI.)
Orig. — Arcbivcs de la famille Boutbillier.
Mesures pour le nouvel armement arrêtées avec le Irésorier
de la marine. — Donner à M. de Roussy le passe-port pour
tirer ses enfants de Sedan. — «Nous parlerons de l'affaire
du mareschal d'Estrées et de toutes les autres affaires à la
première veue.»
Original, sans signature, de la main de Cbcrrc. — Arcb. des
AIT. ctr. France, i64i»siz premiers mois, fol. sÔo.
' Le à uvrîl , le roi avait éciit à M. de Bordeaux une dépêche oit était discute le cboix de deux entreprises, ou le
si^ge de Colllourc , ou celui de Tarragone. Pièce imprimée dans la Correspondance de Sourdis , p. Sjg , d'après l'ori-
ginal de la suite de Dupuy, fol. 160.
^ Le duc d'Aujou était né le 31 septembre i64o (près de sept mois avant la date do ces letttes).
^ M. d'Auxerre envoyant à Ricbelieu, le 16 avril, la délibération du cïorgé , sur les livres des P. P. Cétot (l Bouy,
lui disait qu'avec les commissaires du roi on allait examiner les moyens de mettre fin à l'assemblée. « Le billet de
monseigneur a fait des miracles. . . le deppartcment va toujours son train , îl sera fort avancé dans six jours , mais on
rac veut bien du mal du d, billet. Tont cela n'importe , pourvcu que raouseigneur soilservy et satisfdicl. ■• ( Autographe
conservé aux Aff. étr. France, i64i, six premiers mois , fol. a 4 a.)
1 7 avril.
De Ruel.
Pour M. de Chavigny,
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
283
LIECX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
KT SOLHCES.
1041.
2 2 avril.
De RupI.
2 3 avril.
Uo Huel.
39 avril.
A Paris.
à mai.
Huel.
10 mai.
Pari*.
Pour M. de Chavigny,
à Paris.
Pour M. de Chav
igny-
PourM.Iesurinteudanl,
à Paris.
Au mareschal de Cbas-
tîllou.
Pour M. de Chavigny.
secrélaire d'estaL
. . . «Je verray le mémoire des Portugais et vous feray demain
respoiise.» — Je suis bien aise que ma niepce se porte
bien.u — M. de Brézé fait ce qu'il doit \
lUcbelieu le charge de traiter certaines affaiires avec le s"^ de
Bonnefond , envoyé de la reine mère ', et d'écrire en Hol-
lande ^.
Orig. — Arch. des Aff. élr, France, i64i, six premiers mois ,
foL 367.
M Le s' de la Ralière ni'a j)rié d'cscrire à M. Boutliillier (ju'il
peut mieux remettre l'airaire des aides qu'aucune autre. Je
le luy recommande volontiers , présupposé qu'il face la eon-
ditiou du roy aussy bonne ou meilleure qu'aucune autre,
et que sa compagnie soit asseurée.»
Oricr. — Arch. de la famiUc Bouthillier.
Le maréchal a désiré le régiment de Piémont , le roi l'ac-
corde. tiAinsy vous avés maintenant tout occlue vous avés
demandé pour exécuter le dessein (|ue vous avés, dont je
soubaitte le succez. . . »
Copies. — BîLl. imp. Bc(huDe,9a64 >**■ — Cinq-Cents Col-
bert, 111, foi. 109. — Imprimée. — Aobory, Mém. V, p, 4o.
— Recueil de iBgS, p. a36.
a Je prie M. de Cliavigiiy de faire que Monsieur envoyé quérir
Basoge *, qui est a l'assemblée;... Monsieur le retiendra,
sous prétexte de quelque voyage qu'il luy veut faire faire. »
Orig. — Arch.
fol. 3o6.
des Aff. élr, France, 164 1. six premiers mois ,
i3 mai. Pour M. de Chavigny. il est important que M. Matharel s'en aille demain. Deux
De Rut'l. choses le pressent; l'une est une lettre au s' Descoutures
pour aller a Ratisbonne. . . l'autre est de faire partir le s'
Stella , ou lui faire déclarer qu'il n'y ' veut pas aller. —
« M. Matharel fera travailler au razement de Marsal. Au nom
de Dieu, failes-Ie dépescher dès aujourd'imy, parce que de
la deppend la marciie des troupes de M. de Lorraine» qui
doit estrele 26 où vous sçavés.»
Orig. — Arch. des Aff. étr- France, iSii^i six premiers mois,
fol. 3og.
' lla'agil de la réparation d'una impoiilesse de M. de Brézé à l'égard do M. de la Meiltcraie. Voy. t. VI , p. 777,
note 3.
• Voy. t. VI, p. 780.
^ Je trouve ddos Clairarobault (Mélanges, 697, p. 4i) roriginal do rinalruction donnée à M. d*Estrades. Celte
ÏDstruction , signée du roi et contrc-signce tioulhillier (Chavigni) , eal datée du 33, le jour même que Richelieu adressait
à ce secrétaire d'Etat la présente lettre dont elle reproduit les propres expressions. (Voy. le passage que nous avons cité
en note, p, 773 de notre VI* volnme.) On annonce en outre à d'Estrades «que M. de Bouillon faîct cause commune
avec les ennemis; en conaéqucnce» la France demande aux Eslats de traiter ce prince en ennemi loi-même , ol de lui
oter le gouvernement de .Maeslric*
* Quel est ce Baaoge? sans doute on ecclésiastique faisant partie de l'assemblée du clergé, oit il gênait le cardinal.
^ Est-re aussi it Ratisbonne?
36.
284
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIECl UE DATES.
SL'SCRIPTION
DES LETTRES.
AN.^LYSES DES LETTRES
ET SOCHCBS.
1041.
[Avant le li '
[A M. de Cbavigai.]
i5 mai.
[A M. de Noyers?
«Si M. de Gliavigny sçait, comme je n'en doute point, que
Monsieur ayt assez de iorce pour envoierles lettres qui luy
sont escrites de Sedan, au roy, et le gentilhomme , je
croy qu'il luy faut envoior.» (Ici, il y a un blanc de quelques
lignes.) — «Si ce n'est qu'on ayme mieux adjuster avec
ce gentilhomme qu'il servira à Sedan ^, ainsy que M. de La
Barde, peu iiistruict de ce qu'il sçait et de ce qu'il peut
faire, me l'a proposé; et, v.n ce cas, se contenter (jue
-Monsieur envoie les lettres au roy qu'il aura données au
s"^ Oumont ^ ; et qu'au mesme temps que le d. gentilhomme
anrâ donné les lettres à Dumont, qu'il se sauve sans at-
tendre la response de Monsieur, et qu'il s'en vienne icy
traicter avec vous de ce qu'il faut faire pour le service du
roy.» . . . «Je vous prie d'avoir soin de vostre santé. — Je me
resjouis de quoy madame vostre femme se porte mieux.»
Orig. — Arcli. des Aff. étr. France, i 64 i » si" premiers mois ,
fol. 37,.
"Monsieur, le roy ayant donné charge à M. le Prince de con-
férer particulièrement avec vous sur ce qui se passe, i>our
se porter ensuitte à ce qui sera plus utile à son servie.^.
Sa Majesté vous ordonne d'aller trouver M, le Prince à
celte lin.»
Arcli. des AIT.
dp Ctierrc.
ctr. France, t. XCVIIl. — Minute de la main
1 5 mai.
De Uuel.
A M. farchevesque de
Bordeaux.
3o mai.
D'Abbevill*'
Pour M. Bouthilli
surintendant des ii-
nances , à Paris.
Satisfaction du roi à cause des prises dont M. de Bordeaux a
donné avis, «Je souhaitte et veux espérer que les vaisseaux
du roy auront tousjours le mesme succez.» Les dép<;-schcs
de M. de Noyers satisfont à toutes les particularités des
voslres, — N'oubliez rien pour avancer les afi'aires,
Orig. — Bibl. iinp. Suite de Dupiiy, t. XVIII , fol. 3oo. —
Arcl». des Aff. étr. France, l. XCVJJI. — Minute de la inatu
de Cberri'.
L'aft'aire du clergé demeurera aux termes des 700,000 livres
qu'ils ont accordées de nouveau *. — Il est raisonnable de
donner à Madame de Lorraine les dix mil escus qu'elle de-
mande en argent comptant pour son quartier. — Il ne
faut point donner les gages du conseil a M. de Sardignv ;
sa pension de i,ooo francs avec autant d'extraordinaire
suffit ^ — «Quant a Monseigneur, je n'ay autre chose à
vous dire sinon que vous estes encores en droit : Virililcr
âge.» — h H n'est pas besoin mainlenanl que M. de Tours
vienne icy. Je suis et seray ce que je vous ay tousjours esté. »
Orig. — Arch. de la famille Bouthillier.
' Cette pièce manque de dale et de suscription ; Chavîgni a écrit en tête : «mai i6ii. Nous avons établi (t. VI,
p. 787, note, où nous en donnons un extrait) qu'elle a été écrite un peu avant le i4 mai.
^ C'est-à-dire qu'il y fera l'û£Gce d'espion.
^ Un des domestiques de Monsieur, u le petit Dumont, » commn on l'appelle dans la lettre du i4 mai , t. VI , p. 787.
* Voy. t. VI , p. 78/1. Le 3o mai , Richelieu faisait dissoudre l'assemblée du clergé dont il avait été mal satisfait.
(Voy. deux pièces à cette date du 3o, t. VI, p. 801 et 80a.)
'■ Voy. t. VI. p. 795.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
285
DATES
LIKCX DE D.^TE$.
1041.
3o mai.
Abbeviile.
3 juin.
Idem.
8 juin.
D'Abbeville.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
A M. (le iNicoiaï, pre-
mier prcsiclenl de la
chambre des comptes.
Au mareschal de Clias-
tilloD.
Au duc de I/orraine.
A M. du Hallier.
A M. 1 archi'vesquc de
Bordeaux.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOCI\CBS.
Richelieu le prie de faire passer à la chambre son acquisition
des greffes de Saumur.
Orig. — Archives de ta famille de Nicolaï.
«Les ennemis veulent fortifier Torcy; en avoir seulement le
dessein à vostrc vue est une chose sy honteuse pour les
armes du roy, que je ne doute point que vous ne leur
donniés sur les doigts» s'ils tentent l'exécution *. . .
Copies. — BiU. imp. 9263, fol. 68, et Cioq-Cents Colbert ,
131, fol. 35 v°. — Imprimée, — Âubery* Mcm. t. V, p. 77.
— Recuo'l de 1696 , p. 387.
«Monsieur, je ne sçay qui peut vous avoir dit que le roy eust
changé de résolution à vostre égard. Sa Majesté a tousjours
faict estât de joindre vos troupes à une de ses armées fran-
co! ses , dont les chefs recevront les ordres de vous.» — Le
cardinal le presse de se réunir sans délai à l'armée de
M. de Châtilion , qui a passé la Meuse.
Mimile de la main deClierré. — Aff. étr. Lorraine, 1. XXXIf ,
pièce S6.
Richelieu n'a rien à ajouter a ce qu'il lui a écrit "par le
s' Barille vostre capitaine des gardes.» Tâchez de faire agir
M. de Lorraine selon que le service du roy le rcqucrrera.
Nous vous considérons, en cette armée, comme une per-
sonne qui animera toutes choses.. .
Minute de la main do Chcrré. (Mime source que pour la pièce
précédente. )
Dix vaisseaux qui étaient à Toulon vont le joindre....
«J'espère que vous sçaurés si bien prendre vostre pair
que les ennemis, avec l'ayde de Dieu, n'auront point
d'avantage sur vous. Je le désire avec passion , et que vostre
conduite soit sy prudente et sy heureuse (jue je puisse la
faire valoir comme je souhaittc. » Il n'y a aucune occasion
qui vous doive faire quitter le dessein de contribuer à
faire périr l'armée qui est dans Tarragonne, . . «S'agissant
en ce faict de summa reram ^. . . »
Orig. — Bibl.
Imprimée. —
Imp. Suite de Dupay, t. XVIII , fol. 345. —
Correspondance de Soardis . t. II, p. Gog.
Iden
A M. l'archevesque de J'écris à M, le Prince pour le prier de vous envoyer des
Bordeaux. ^ poudres*.. . Quelques-uns de vos plus afljdés ont mat agi
à l'assemblée du clergé '.
Orig. — Bibl. imp. Suite d« Dupuy, t. XVIII, fol. 36Ô.
' Le maréchil de Châtilion crut saiiS doute avoir besoin de justifier aa conduite; nous trouvous dans les manuscrits
do Bethune (9363 , foL 45) on fragment de Mémoire daté du 1 3 juin , où il rendait compte de ce qui s'était passé
depuis le départ de Mézièrcs. Ce fragment commence au i" juin et est interrompu d^s le a. Le mémoire do maréchal
satisfit peu sans doule le cardinal, ainsi qu'on en peut juger par sa lettre un peu sévère du a 2 juin , t. VI , p. 8a 5.
■' Quelques eitraits de cette lettre ont été mis en note, t. VI, p. 8ii.
^ C'est un bill't ajouté à une dépêche; je n'en trouve point de celte date écrite par Richelieu à l'arclicvéque de Bor-
deaux. Peut-élre s'agit-il de celle du 3 juin qui aura été envoyée tardivement. Une missive de de Noyers, du 8 juin,
relative aux mêmes affaires, se trouve dans ce manuscrit au folio 306; elle a été imprimée, t. Il, p. 619 de la Corres-
pondance de Sourdis. (Doc. inéd. in-^". )
' Nous avons donné un extrait de cette lettre t, VI, p. 8i4-
* Sur cette *ss^mb!ée du clergé, voy. t. VI , p. 769 , où nous avons noié ce que Richelieu mande à M. de Bordeaux.
286
SOMMAIRES DES LETTRES
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOORCES.
I04K
1 2 juin.
Au marcschai de Chas-
tillon.
Idem.
Idem.
1 /( juin.
A M. du Hailior.
Le roy au marquis de
Praslin.
A \ï. de la Motte-Hou-
dcncour.
1 0 juin.
n'Abbeville "
1 7 juin.
A M. ie surintendant des
finances.
A M. du Hallier.
i8 juin.
n'Abbeville.
Pour M. le surintendant
Iviclielieu lui donne des conseils que nous avons mentionnés
en note, au 22 juin'. Il finit par ces encourageantes paroles :
«L'affection que je vous porte, outre ma passion aux in-
téresls du roy, me faict vous conjurer do ne perdre aucun
instant de faire valoir voslrc nom, aiusy que la mémoire de
vos ancestrcs vous y convie.»
Copies. — BibL imp. Bcthun
Colbcrt, lai , foi. 3ô v°. -
Recueil dp 1 696 ,
V- 77-
, 9^63 , fol, 68. — Cinq-Cents
- Imprimée. — - Aubery, t. V,
p. 337.
«Monsieur, je n'ay rien à ajouter à mes précédentes lettres;
je vous conjure seulement de faire ce que vous pourrez
pour que M. de Lorraine joigne promptement ses troupes
à celles de M. de Cliastillon.. . »
Minute de la main de Cherré. — Arcli. des Âff. élr. Lorraine,
t. XXXIl , pièce III.
Bruits de nouvelles factions.
Imprimée, — Bulletin de la Société de l'hiBtoire de France,
4 avril i864. (Voy. t. V, p. 764 , note 1.)
J'écris à M. le Prince pour le conjurer de ne pas vous laisser
manquer d'argent, ni de munitions^.. . «Je vous envoie
trente mil francs de mon argent pour que vous puissiés
vous en servir quand l'argent du roy Rendra à man-
quer ^. . . »
Copie. — Bibl. (lu Louvre, mss. d'Argentan, V, 330, t. X,
foL 84.
«11 neseroit pas raisonnable de taxer M" de Malte à5oo,ooofr.
Il seroit injuste de les taxer sur un pied plus haut que
celui qu'on a j)ris pour ie clergé. . . Quant a les taxer séparé-
ment,je crains queM"du clergé y facent grande difficulté, »
Orig. — Archives de la famille Boulliillicr.
«Le duc de Lorraine est prince de trop de foy pour manquer
à ce qu'il a promis, surtout le roy ayant exécuté ce qui est
porté dans le traitlé. Son Altesse n'y sauroit manquer sans
perdre l'honneur. Je vous conjure de lui représenter vive-
ment nos pensées, dont je veux croire qu'il fera estât.»
Minute de la main de Chavigni. — Arch. de» AIT. élr. Lor-
rain p, t. XXXII , pièce 117.
Richelieu prie de nouveau M. le surintendant d'être le plus
favorable qu'il pourra au s' de la Ralière, touchant la ferme
des aides. (Richelieu répète ici les conditions portées dans
sa lettre du 29 avril sur le même sujet.)
Orig. — Archives de la famille BonthiUîor.
' Tome VI, p. 8a5.
'^ Tome VI , p. 819.
^ Notée sur une lettre adressée à M. d'Argenson (t. VI, p. 8a
* C'est le cardinal qui a écrit la date.
, lar|ueHc lettre répète à peu près cello-<
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
287
DATES
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DBS LETTRES.
.4NALY.SES DES LETTRES
ET SOURCES.
1041.
22 juin.
0'Abbe>iHe.
[ A M, Bouthillier.
23 juin.
D'Abbeville.
Idem.
ià Juin.
iVAbhfviUe
Pour M. le surintendant,
35 juin/
D'AbbevilIr
Idem.
27 juin.
ryAbïwviile.
2g juin.
De Corbie.
Pour M. le surintendant
des finances.
Pour M. le surintendant
« Le bon homme Pérou , pourvoyeur, se plaint que les m*' de
la chambre aux deniers ne luy remboursent pas les avances
qu'il faict encore tous les jours pour la maison du roy, ce
qui luy oste les moyens de continuer le service de Leurs Ma-
jestés. — Je prie M. le surintendant de se ressouvenir de
la promesse qu'il m'a faicte d'avoir en recommandation les
int^rests du d. Pérou.. . »
Orig. — Archives de la famille Bouthillier.
Il J'ay escrit à M" du clergé de l'affaire de M" de Malte. . . Je
vous prie de faire convenir à M" de Malte de la somme
qu'ils doivent porter raisonnablement, afin qu'on puisse
unir promptemeiil l'assemblée dô clergé. — La taxe de
5oo,ooo livres qu'ils vouloîent faire estoit ridicule à mon
avis; celle de 3oo,ooo est trop foHe, voyés si on peut les
faire convenir à 200,000.»
Orig.
■ Arch. lie la famille Bcnthitlier.
«Les ennemis au nombre deiSou i6mil hommes , commandés
par le cardinal- in faut en personne, s'estant présentés pour
attaquer la cîrconvallation d'Aire.. . se sont retirés, lais-
sant 800 ou mil fascines.. . et deux ou trois cents soldats
prisonniers, qu'ils avoient enivrés de brandevin pour leur
osier la cognoissance du péril. » — Le siège va fort bien ;
«j'espère qu'avec l'aide de Dieu , le roy en aura contente-
ment dans le i5 juillet.»
Orig. — Arcb. de la famille Bouthillier.
«Monseigneur m'a escrit que pendant que le roy n'estoit
point à Paris il estoit accoustumé d'avoir des gardes. Mal-
gré la nécessité du temps, je croy qu'il est bien à propos
qu'elles soient sur pied.. . et que M. Bouthillier subvienne
aux misères de sa grandeur, qui empescbe qu'il ne puisse
les mettre sur pied à ses despens; satis est,n
. — Arch. de li
,e la iQsisou
Bouthillier.
«M. de Cbavigny vous envoie une ordonnance pour faire
remettre cent mil francs à Hambourg, dont l'importance
est telle que je le prie de ne perdre pas un moment de
temps à traicter avec le banquier. . . 11 est nécessaire que
la lettre de change soit vendredy au soir au lieu où nous
serons , qui sera Corbie. Cette affaire est importanlissime. »
Orig. — Archives de la famille Boalhillier.
« Encore que M. l'ambassadeur de Malte voulust bien que son
ordre fust entièrement descbargé, il passera condamnation
à 200,000 francs. — Il désire estre séparé du clergé, ce
que je ne croy pas desraisonnable. . . vous accommoderés ,
s il vous plaîst, l'affaire, en sorte que les parties ayent
sujet de contentement.»
Orig. — Arch. de la famille Bouthillier.
288
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LICrX DE DATES.
SL'SCHIPTION
DES LETTltES.
ANALYSES DES LETTUES
ET SOl'RCBS.
1041.
[Vers
la fin de juin '.]
[ \ ers
la fin de juin \]
A M. le comte de
nloso ".
Vi-
i" juillet.
De Pt^ronne.
3 juillet.
Au roy de Portugal.
Pour M. le surintendant,
A M. du Hallier.
I,es ambassadeurs rendront comj>te de ce qui s'est passé en
leur voyage; Riclielieu se borne à une lettre de politesse.
Contentement qu'il a eu do voir, à son passage pour Roaie ,
le frère de M. le comte de Vinioso.
Arch. des Aff. étr. Porliigal , t. I, fol. iiSg.
main d(^ Charpenlier.
- Minute de la
"Sire, la lettre que les ambassadeurs de Vostre Majesté luy
rendront m'engageanl a la servir en ce qu'il sera possible,
j'estime que la meilleure preuve que je luy en puisse
donner, est l'envoi de mon propre neveu , qui va la trouver
avec Tarmée de France. , . »
Arcli. des Aff. étr. Portugal, l
la main do Charpentier '.
1, fol. lig \°. — Minute de
«Je remercie M. le surintendant de ce qu'il m'a faict sçavoir
ce que M""" du Hallier luy a mandé de Nancy, du 22 et
du 26; je prie Dieu que le tout soit véritable ^» Félicitation
sur «la diligence avec laquelle vous expédiés les affaires
j>ubliquemcnt qnand on vous on envoie.. . 11 m'est impos-
sible de ne vous tcsmoîgner pas la i'acilité que cela donne
aux affaires, n
Orifï
- Arch. de la famille Bouthilli<
«Je ne sçaurois croire le procédé de M. do Lorraine que je ne
l'ayo vou confirmé par ses actions, l'obligation qu'il a au
roy, sa parole, sa foy, son seing et son seau, le tout donné
librement en divers lieux , et mosme en ceux où il estoit
maistre, luy ostant tout prétexte pour colorer sa conduite.
Gouvernés-vous en sorte que la mauvaise résolution qu'il
pourroit prendre soil le moins préjudiciable au service du
roy qu'il se pourra...»
Minute de la main de Cherrë. Arcli.
t. XXXII , pièce i33.
des Aff. étr. Lo
La Gazette du 39 juin aunouçait que les ambassadeurs portugais vecaiont de quitter J'aris.
- Neveu du roi de Portugal. [ Voy. ci-dessus , p. 794 , note a , où on le nomme Vimiose.)
^ On vient de voir que c-: fut seulement vers la fin du mois que partirent de Paris les ambassadeurs do Portugal. Cette
lettre doit d'ailleurs être postérieure à une antre lettre du cardinal au rtii Jean IV, datée du i5 juin , puisque Richelieu
no se prévaut pas dans celle-ci de l'envoi de son neveu avec une flotte su.- les rotes du Portugal. Richelieu avait bien
donné au jeune de Brézé l'ordre de pirtir le 10 juin (t. VI , p. 798). Mais la circonstance du départ des ambassadeurs
portugais à la fin du mois donne à peu près la date de la présente lettre, ainsi que celle de l'envoi du jeune de Bréié.
'' Au bas de cette minute Charpentier a écrit : « Faut une lettre du rcy pour le marquis de Brézé au roy de Por-
tugal, favorable, qui lesmoigoe qu'il s'asseure qu'il fera d'autant plus d'estat du secours qu'il iuy envoie, qu'il a voulu
qu'il fust commandé par le neveu du cardinal de Richelieu , qui luy est cher, comme il peut le sçavoir. i
^ Au moment où le duc de Lorraine donnait de nouveaux mécontentements, celte dame s'étiiit mêlée d'intrigues à
\anry. Le moment iftait critique, c'était ii la veille de la prise d'armes de M. le Comte. Les avis arrivaient, de toutes
parts, je citerai seulement ici une lettre de Henry de Saulx-Tavanncs à Chavigni : «La princesse Anne, qui se fait
appeler M"" de Guise, partit lundy de Bellegarde. . . elle a dit qu'elle esjiéroit demeurer à Namur avec M"" de Bouil-
lon, que sou mari commanderoit des troupes, qui se le^eroient partout où on en pourroit avoir, et que ou espéroit des
Liégeois et de l'argent d'Espagne, pour se mettre à lu campagne dans le moi» de juillet , ou du moins Jcffendre Se-
dan.. . " ( Aulographr, Arcli. dns Aff. étr. France , iCzti, six premiers mois, fol. 454. )
NON .IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
289
DATES
al
Lieux DE DATES.
I64Î.
8 juillet.
De Chaunes.
/</«<
8 juillet.
De Péronne.
9 juillet.
De Chaunes.
9 juillet.
De Péroiine.
10 juillet.
SUSCIUPTION
DES LETTRES.
Pour M. le surinten-
dant des finances.
A Messieurs le chan-
celier et le surinten
dant des finances.
A M. l'arche vesque de
Bordeaux.
A M. le Prince.
Au maresclial de Chas-
tillon.
Pour M. de Cha'
Vigny,
ANALYSES DES LETTKES
ET SODRCEb.
«Vous verres ' comme j"ay faict oster du conlract de Mess, du
clergé les clauses les plus préjudiciables au service du roy ,
dont vous m'avés cscrit'.» «Examinés le d. conlract et
expédiés ces messieurs, le plus prompleraent et lo plus
favorablement que le service du roy le pourra permettre.»
Orig. — Archives de la familie Boutlullirr.
«Messieurs, ces trois lignes sont pour vous dire qu'après
avoir veu le contract de Mess, du clerpjé, qui en ont osté
ce que j'ay estimé qui vous pouvoit blesser, je vous prie
de i'exanuncr promptement et de n'y faire aucune dilTi-
culté sur les choses qui, estant avantageuses au clergé, ne
peuvent estre préjudiciables aux affaires du roy... Sa-
chant la façon dont je me suis comporté en cette affaire
pour que Sa Majesté y trouvast son compte, je m'asseure
que vous n'oublierés rien... à ce que le clergé, à ma
prière, y trouve raisonnablement le sien'...»
Orig. — Archives de la faroi!lo Bouthillier.
Bichelieu rappelle tout ce qu'on a fait pour donner satisfac-
tion aux demandes de M. de Bordeaux; et il l'avcrùt des
inconvénients de son humeur difficile *.
Orig. — Bibl. imp. Soitp de Dupuy, t. XVIII, fol. ào-] . —
Imprimi-e. — Cornipondanct de SouriUê . II, 64 >■ (Doc.
inéd. in-d^.}
Le s' Feront, ayant perdu un vaissii^au qu'il commandait,
doit être mis en jugement; il faut l'envm'er prisonnier
dans la citadelle de Montpellier. «Cette afiaire regardant
le service de Sa Majesté et mon intérest particulier, je
vous la recommande autant que je le puis, n
Arch. de Condé, 97. Coinmontcation de M>' le duc d'Au-
male.
Sur la défaite de la Marfée. Le cardinal adoucit le reproche
autant qu'il peut '.
Copies. — Bibl. imp Bi'thune, 926^, fol. 37. — Cinq-
Cents Colbert , 131 , fol. 68 v*. — Imprimée. — Aubery
Mém. l. V, i-j8. —Recueil de iSgô, p. 338. — Le P.
GriSet, //lit. de LoaU XJI! . t. III, p. 36à.
... Recommander à Monsieur d'envoyer promptement ses Le-
vées au roy. Surtout faire ces levées avec ordre*.. .
Orig. — Arcli. des AIT. clr. France, 1641, six derniers mois,
fol. 4a.
' Billet servant d'envoi à la lettre suivante.
^ * Dont voos ra'avés escrit , > ajoute de U main de Richelieu.
^ Richelieu, avec foo habileté ordinaire, aprit avoir agi avec violence dans la lutte, devient conciliant lorsqu'il a
remporté ce qu'il voulait. C'est luî-mcnie qui exhorte le« secrétaires d'Etat à se montrer moins difBcultucux. (Voy. t. VI f
p. 844'845 ; et ei-apris, p. 291 et agS , lettre au suiintendant , des 3 et 4 août. )
' Voy. quelques passages de cette lettre cités en noie, t. VI, p. Sh!i.
^ Employée en note, t. VI, p. SSa , note 1.
'' Quelques passages sont cités, t. VI , p. 839 ( no'.e 2 )■
CARDIN. DE RICHELIEU.
37
290
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DE DATES.
SUSCniPTJON
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUacES.
1641.
lo juillet.
De Roye.
1 2 juillet.
De Soissons.
12 juillet.
1 7 juillet.
Rheims.
'7 J
uiHel '
1 7 juillet.
De Reims.
A M. le surintendant
des finances.
Pour M. le surinten-
dant.
A M, de Longueville.
Le roy à M""' la com-
tesse de Soissons.
A Madame la Comtesse
Pour M" les mares-
chaux de Cbastillon
et de Brézi^.
a Ce billet est pour prier M. le surintendant de faciliter, en
tout ce qu'il luy sera possible, le remboursement du prest
que M. de Chaunes a faict au roy ; tenant la main a ce que
les assignations qui luy ont esté données soient acquittées. »
Orig. — Ârch. de la famille Bouthillier.
Richelieu le prie de favoriser, de tout son pouvoir, les pères
de l'Oratoire pour l'exemption du droit de l'entrée du vin
à Paris, pour ta provision de leurs maisons de la rue Saint-
Honoré, et de Saint-Magloire , conformément au privilège
qu'd a pieu au roy leur accorder. . .
Orig. — Arch. de la famille Bouthillier.
Le roi ne permet pas qu'on rapporte en France le corps du
comte de Soissons'. «Je suis extresmement fasclié du mal-
heur où s'est porté M. le comte ; je plains extraordinaire-
ment M"" la Comtesse; je prcndray tousjours part autant
que vous-mesme à ce qui vous touciie comme estant de
cœur et d'affection. . . »
Minute (le la main de Cherrc. — Arch. des Aff. étr. France,
ï64i, six derniers mois , fol. 6i.
«Ma cousine, la douleur en laquelle je sçay que vous estes
me fait vous dépescher ce gentilhomme pour vous tesmol-
gner la part que j'y prends , et le desplaisir que j'ay de la
faute de celuy qui s'en est rendu la cause. Bien que je ne
le puisse plaindre, je vous plains extresmement, et suis bien
aise de vous en rendre ce tesmoignage. ..)'
Minute de la main de Charponlicr '^. — Bibl. irap. Bélhune ,
9337, fol. 7, et 9264 , fol. i53 ( copie peu exacte). — Du-
poy, 54g » f*jl- 371. On a donne à cette copie la date du 16.
— Imprimée : Gazette du 20 juillet, p. 443.
Condoléance sur la mort de son fils ''.
Minute de la main de Chavigni. — Arch. des Aff. etr. France,
i64i. six derniers mois, fol. 87. ■ — ■ Copies. — Bibl. imp.
Bcthunc , 9^64 , fol. i34 , et 937a , fol. Sa. — Cinq-Cents
Colbert, iQi, fol. io5 et 487, fol. ao3. — Dupuy, ôiig ,
fol. 371 v". — Imprimée. — Aubery, V, i34- — Recueil
de 1696, p. :'38. — Gazette, p. 443.
« Mess, les généraux auront aujourd'huy ou demain les 800
Suisses de la garde, et dans trois jours 700 chevaux de ren-
fort, et 5 ou 6 jours après le régiment de M. d'Aumont. Le
canon arriva hier à RétheL,. Je les conjure de ne perdre
' On peut lire, dans la Gazette dn i3, l'article qu'y fit mettre Richelieu , p. ii6,
'^ Celle note, d'une autre main, se trouve sur la minute : « Ceïuy qui ira trouver la d. dame, de la part du roy,
luy dira en ces termrs qui suivent et rien davantage : «Madame, le roy m'a commandé de voua venir trouver pour
vous tesmoigner le desplaisir qu'il a de voslre affliction , selon que vous le verréa par sa lettre, qu'il ne peut s'empes-
cher de ressentir pour l'amour de vous.
L^ minute n'est point datée, non plus que la plupart des copies î nous proposons la même date que
;clle do. la
lettre du 1
copi
î de Du-
puy (
! la date du 16.
Cette lettre a été citée dans notre tomo VI, p. 837
gnovîlle du 13 juillet.
note 3 , niusi que quelques passages de la lettre ù M. Je Lo
NON'IiMPRlMEES DANS LE TOME VI.
291
DATES
et
UBUX OB DATES.
1641.
18 juiHel.
Heims.
19 juillet.
De Reims.
idem.
20 jaillet.
Reims.
2 1 juillet.
Reims.
SUSCRIPTION
DES LETTBBS.
A M. de LonguevUle.
A M. i'archevesque de
Bordeaux.
A M. de la Motte Hou-
dencourt.
Pour M. le surinten-
dant , à Paris.
Au duc d'Épernon.
ANALYSES DES LETTRES
aucun temps à faire faire à Rëthel et à Chasteau-Porcieii
les travaux nécessaires'.»
Origiaal , papiers île Ij maisou de Brczé ^. — Copies. — Bilii.
imp. Béthune, 9264. fol. 98 v". — Cînq-Ccnts Colbert,
■ Aubery, V, p. i46. — Re-
lai , foL 84- — Imprimée.
cuGÎi do 1695, p. 339.
Lettre donnée en note, t. VI, p. 836, dans un exposé des
incidents qui suivirent la mort de M. le Comfe ^.
Mioate de la main do Charpenlîer. — Arcli. des AIT. étr.
FraDce, iti4i< six derniers mots, fol. 96.
«J'ay esté extrcsmement aise des douze gallères qui ont esté
bruslécs, mises à fond^ ou prises par vostre soin et par vos
ordres. . , » Détails de service, et nouvelles des aimées. ( Un
extrait, l. VI, p. 8i3.)
Orig. — BlbL imp. Suite do Dupuy, t. XVIII, fol. ia?. —
Imprimée. — Correspondance de Soardis , H, 65o. (Doc.
ioéd. in-4'-)
Ardent désir du succès de Tarragonne '.
Bibl. du Louvre* mss. d'Argenson , F, 3a5, t. X,
Copie,
fol.
36.
Richelieu répète à Bouthillier ce qu il a plusieurs fois dit à
Bullion, «que les postes périssent tout à fait, cl qu'elles
ne peuvent estre aucunement reslablics si on ne les faict
jouir de l'exemption qui leur a esté tant de fois accordée
et pour laquelle mesme ils [sic] ont linaucé..,Y pourvoir
promptemenl ainsy qu'en vérité le service du roy et la com-
modité publique le requièrent.» — «-l'ay tousjours estimé
que les postes et les prévosts des marescbaux, et les archers
estoient privilégiez; les uns courent les grands cbemins et
les autres les gardent.»
Orig. — Arch. de ta famille Bonthillicr.
Richelieu le félicite de sa prompte obéissance aux ordres du
roi ' et lui souhaite la continuation de cette bonne dispo-
sition.
Imprimée. — Vie liu duc d'Epernon . t. IV, p. 44o.
' Voy. un extrait, t. VI, p. 83ô.
* ' Parmi ces papiers* noDS avons va trois lettres du secrétaire d'État de ta guerre au beau-frère du cardinal. De
Noyers lui donne des eDConragemonls et des nouvelles, les a4 » 38 et 3o juillet.
' Ce billet semble annoncer quelque disposition à l'indulgence , sous certaines conditions; cependant une commis-
sion pour faiic te procès à la mémoire de M. le Comte est datée du ao juitlct , co qui peut paraître s'accorder mal avec ta
présente lettre; mais it est probable qu'en attendaut la réponse, et ponr l'obtenir dans le sens que le cardtaal voulait,
on se bâtait de commencer une procédure ouï pouvait produire ce résultat.
* Lettre notée t. VI, p. 84o.
' Le doc d'Epernon avait rr^o du roi l'ordre de quitter aa maison de Plassac , où il était déjà relégué , pour se rendre
à Locbes; U il pouvait être surveillé de plus prèa. Une accusation calomnieuse lui avait imputé, ainsi qu'au duc de
La Valette, d'avoir tenté de corrompre le sieur Dubuurg, commandant le petit fort de Socoa. Mais le cardinal ne
s'était pas donné le temps de vérifier l'accasatiou , et ta coïncidence de la révolte du comte de Soissoos lui persuada que
le pIuB pressé était de mettre le duc <rÊpernoQ sous la surveillance immédiate de l'autorité. La lettre du roi , dictée
saus doute par le cardinal , commençait ainsi : ■ Mon cousin , je suis bien fasché que la mauvaise conduite de vostre
fils et quelques avis que j'ay eus de Guyenne me donnent lieu de vous dire que je désire que vous quitliés le séjour de
Plassac. . . " Cette lettre est également imprimée dans ta Vie du duc d'Ëpernou , p. 439.
37.
292
SOMMAIRES DES LETTRES
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DBS LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES,
IG4I.
■J.2 juillet.
De Reims.
;j3 juillet.
De Reims.
L.3 juillet.
■aH juillel.
De Kéthel.
2 août.
3 aoùl.
M(;zièrcs.
Wei
Four M. l'arclicvesque
de Bordeaux.
A M. le Prince.
M. de Lorraine.
«J'adjouste ' ce peu de lignes à la dépesclie que je vous ay
faîte...» El le cardinal l'informe des succès obtenus en
Allemagne et ailleurs; Richelieu mandait ces nouvelles le
môme jour et dans les mômes termes à M. le Prince ^
Or'g. — Bibl. imp. Suite de Diipuy, t. XVIII, fol. 436.
Levées à faire. — On enverra l'argent pour rembourser les
avances '.
Archives de Coudé, fol. loo. Gomiuunicalion de M^'' le duc
d'Aumsle.
«Après ce que M. de 6aint-Aoust et M. Rolin vous portent,
vous ne sauriés douter que le roy vous afFeclionne, et par
vostre bonne conduite vous me donneras les moyens de
vous servir auprès de Sa Majesté. «
Mise au net de la main de Cherré. — Arcli. des Aff. étr. Lor-
raine, t. XXXII, pièce i5o.
Le s' Montant, dont le frère a été tué au siège d'Aire, de-
mande la charge d'aide-major du régiment des gardes
qu'avait ce frère, Richelieu le recommande vivement au
duc d'Epernon, qui était colonel général de rinfantcrie.
Imprimép. — Vie du duc d'Epernon. l. IV, p. 4^5-
Le s' d'Aurimont retourne auprès de M. de Guitault, ayant
obtenu ce que M. de Guitault a demandé pour lui. Riche-
lieu exhorte celui-ci à continuer le soin et la vigilance qu'il
apporte toujours à la garde des places qui lui sont com-
mises.
Orig. — Coniiiiunîc^itioii de M. de Guitault.
Richelit'u le presse de s'accommoder avec le clergé ^. — 5on
atlliction de la mort de M. de Coislin '.
Orig. — ArcIi. des Aff. ^tr. France, six derniers mois,
fol. iâ4.
Le s' Picaid, trésorier de la marine, mande qu'il lui est
encore dû, des assignations des gallères de l'année der-
nière, près de i 20,000 livres, de sorte qu'il ne peut payer
entièrement les capitaines des gallères «qui ont un extresme
besoin d'estre assistez;» je conjure M. le surintendant de
contraindre ceux qui doivent les i 20,000 livres a les paver
au plus tôt au s' Picard.
Orig. — Arcli. de la famille Boulliillier.
Est ce ù la lettre datée du 19 que celle-ci est ajoutée ? je n'en trouve pas d'antre, à ce moment, adressée à M. di'
liordeaux.
" Voy. t. VI, p. 843, note 3.
^ Voy. t. VI, p. 840, un extrait de cette dépécîie.
" Extrait, t. VI, p. 845, note a.
^ Extrait, t. VI, p. 85o. — Le manuscrit cité aux sources contient plusieurs lettres sur cehe mort ; tous ceui qui
approcliaieiit le cardinal en témoignaient un vif regret.
Au duc d'Epernon.
A M. le commandeur de
Guitault , comman
daut pour le roy aux
isles Sainte-Margue-
rite et Saint-Honorat.
Pour M. le surinten
dant.
[A M. le surintendant.]
NON «MPRIMEES DANS LE TOME VI.
293
DATES
et
LIEOX DB DATES.
1641.
3 août.
A Amiens.
U août.
Ix août.
De Mézières.
lo août.
Do Mézières.
1 2 août.
I(Um.
iG août.
A Blérancourt.
SLSCRIPTION
DES LETTRES.
A M. do Noyers.
A M. le surintendant.
[A M. Tarcbevesquc de
Bordeaux.]
[A M. le surintendant.
A M. d'Estrades , en
mission extraordi-
naire en Hollande.
Le roi à M. de la Thuil-
lerie , ambassadeur
de France à La Haye
Au duc d'EiM-riion.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOCBCBS.
*t ...Je prie M. de Noyers de renvoyer une lettre à M. Boii-
tbiUier adressée au s' d'Estrades pour le desmander ' »
Miuutc de U main de Charpentier. — Dépôt de la guerre,
t. LXVI, p. 88.
Sur l'atTaîre du clergé que Bichelieu conjure BoutfaiUier de
terminer ^.
Minute de la main de Cherré. — .\rcli. des Aff. ôlr. France,
sis derniers mots, fui. 163.
Longue lettre au sujet de l'entreprise de Tarragone, et des
besoins de l'armée navale commandée par l'archcvêtjue. Je
n'en désire pas moins le succès, dit Richelieu, que s'il y
alloit de ma propre vie ".»
Orig. — BibL imp. Suite de Dupuy, t. XVIII, ïo\. 463. —
linprlrncc, — Correspondance de Svurdis . II, 667. ( Doe.
inéd. iu-i$**.}
Donner «une bonne assignation à M. de la Chapelle pour le
payement de la récompense des gouvernemens de Char-
leville et de Réthel qu'il a remis entre les mains du rov. »
Orig. — Arch. delà faniille Boutbillier.
Presser les Hollandois de remplir leurs engagements *.
Orig. — Biiii. imp. ClairambaDlt, Mêlantes. 697, p. 85. —
L'a duplicata (envoyé à Chavigoi), fol. 87.
Dép^e conforme à celle qne Richelieu écrivait le même
jour à M. d'Estrades". (Chiffrée.)
Orig. — Bibl. imp. Conlrr-sigoée Bouthillicr. Clairamhnult ,
Mélangea. 697» fol. 91.
• Monsieur, la façon obligeante avec laquelle il vous a pieu
user envers moy sur lo sujet... du s' de Montant" me
touche si sensiblement que je ne sçaurois assés vous m
remercier. . . <•
Imprimée. — Vie Ua duc etV.pemon , t. IV, p. 44^'
' il s'agît des alTiiircs di' M . du Nemours, pour lesquelles il cal inutile de faire venir de Hollande M. d'EstraïUs
qu'on avait mandé. On peut voir ce billet que j'ai cité presqne tout entier, VI* volume» page 88u. — Mais voici ce
que je \cui faire remarquer ici. Eo marge de cette minnte dictée par Rîcbcliru , je trouve une note de de Noyers an
s' le Roy, aou premier commis, pour lui dire de faire, sur cette mntière, une lettre qu'il enverra ensuite à Boulhillicr,
qui l'expédiera à M. d'Estrades. Ainsi cette lettre, écrite par le premier commis de la guerre, xïent en réalité du cabi-
net de nicbflieu.
' Citée CD extrait, t. VI, p. 846. ■
' Nous avons donné plucieura passages de cette lettre t. VI , p. S-lft.
• Extrait, t. VI, p. b6û.
* Notée t. VI , p. 860.
' On a vu , à la date du ï8 juillet, p. agi , la lettre de Richelieu. Le duc répondit : > Monsieur, le s** de Montant
m'estant venu trouver avec une de vos lettres, par laquelle vous me demandei en sa faveur la charge d'aidc-major au
régiment de» gardes, qui a \aqué par la mort de son frère, je u'ay pas receu moins de joye que d'élonnemcut de voir
qu'en l'eitat où je suis il me reste encore quelque chose qui \ou» soit agréable. ... — Le duc , qui ne sentait nul pen-
chant à faire plaisir à Richelieu , mais qui ne croyait pas possible de lu! rrfuser une chose qu'ii la rigueur Richelieu
pouvait prendre, laisse percer un reproche amer sous l'apparence polie d'une exprrssion malicieusement étudiée. Et en
elTct , le vieux duc avait été aussi blessé que surpris de voir cette confiance de Richelieu à solliciter de lui une faveur,
do ton dont il aurait pu demander le prix d'un service , au moment où le cardinal accablait d'une ardente persécution
sa famille et loi-niéaie. Il est impossible que Richelieu n'ait pas senti la roanvaise grâce île la lettre du duc, nuis il
était plus commode pour ion amaur-propre de la trouver obligeaate.
294
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIKVZ DE DATBS.
DBS LETTRES.
BT SOOnCES.
1641.
i(i août.
De Ulérancourt.
Pour M. le surinten-
dant.
Ce billet est pour prier M. le surintendant d'exécuter ce que
le roy a promis à M. de Montbas , le faisant pourvoir d'une
des charges qu'avoit feu M. de Flcury. — Le père dudit
s"" de Montbas désire que son fils continue le service qu'il
a rendu jusques icy au roy dans ses armées. M. Boulhillier
verra ù adjuster cette afiairc. ..
Orig. — Archives de la famille Bouthillier.
16 août.
BI(;rancourt.
A M. de Nicolaï, pre-
mier président de la
cour des comptes.
Richelieu lui recommande de favoriser la réception d'un
officier à la Chambre. (Un s' Dalibert.)
Orig. — Archives de la famille Nicolai.
18 août.
De Roye.
A M. ie Prince.
«Escrivant à M" des Estats du Languedoc pour les convier
à faire fonds en leur prochaine assemblée d une somme con-
sidérable pour l'avancement des ouvrages du port d'Agde,
je vous suplie de les y vouloir porter autant que vous le
pourrés.» ...La province en retirera grande utilité...
«Comme c'est une affaire que j'ay commencée et que j'af-
fectionne pour leur propre bien, vous ne m'obligerés pas
peu, en mon particulier, d'y conlribuer.. . ainsy que je
vous en conjure. . . »
Orig. — Archives de Condé, loi. Comraanication de M^' te
duc d'Aumale.
2 1 août , au soir.
(De Roye'.']
A M. Du Piessis- Besan-
çon.
Il prendra la peine de venir demain matîn pour dire de qui
il a su le bruit qui a couru, que M. de La Motte a déiait
les Espagnols eu Catalogne.
Orig. — N" 8i3 3u Catalogoc d'une vente d'anlographcs ,
faite le i5 mai iS5à.
27 aoust.
A Amiens.
Le roi à Madame la du-
chesse de Lorraine.
«Ma sœur, je ne doute point que vous n'ayés beaucoup de
desplaisir de la mauvaise conduite de vostre mary... ce-
pendant vous vous asseurerés- .. que les extravagances de
vostre mary ue vous seront point préjudiciables'.»
Minute de la main de Cherrë. — Bibl, imp. Fonds Béthune,
9337, fol. 72.
i"" septembre.
D'Amiens.
Pour M. le surinten-
dant.
«L'affaire du clergé est finie, dont je suis très-aise, vous
asseuranl qu'elle me pcsoit beaucoup pour les difficultés
qui se rencontroicnt de part et d'autre. — On aura l'égard
qu'il faut à l'aff'aire de Dauphiné, donl vous m'avés escrit.
Nous y avions desjà pensé.» — Nous espérons de bonnes
nouvelles de Catalogne, non sans crainte de quelque
combat naval. Dieu conduira toutes choses , s'il lui
plaist.»
Orig. — Arcb. de la famille Boulhillier.
Idem.
îdem.
Gratifications accordées à quatre membres de l'assemblée du
clergé qui ont témoigné du zèle '.
Orig. — Archives de la famille Bouthiliier.
* Le Catalogue i
'■^ Un passage es
' Voy. la note,
net Ruel : il faut qu'on ait n
t transcrit p. 7^8 de notre te
p. 864 du VI'= volume.
al lu, le cardinal ^tait le 18 à Roye, et le 33 à Amiens.
mcVL
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
295
DATES
et
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIEUX DE DATES.
DES LBTTfiSS.
ET SOCRCSS.
1641.
i" septembre.
D'Amiens.
.A M. le surintendant.
«M. Tévesque de Grenoble m'ayant prié de le recommander
à M. le surintendant... pour le payement de ses appoin-
tements du conseil , je le fais d'autant plus volontiers par
ce billet que mondit s' de Grenoble a tousjours tesmoigré
grande aucctiou pour le service du roy '.»
Orig. — Arch. de la fainitle Bonthitlicr.
a septembre.
D'Amiens.
Pour M. te surinten-
dant.
Quarante mille livres accordées à M. Tévesque de Vabres
pour la réparation de son église *.
Orig. — Arch. de la famUle BoulhiHier.
Idem.
Au chancelier.
La harangue de M. l'évoque de Grenoble nv peut estre im-
primée qu'après cbrreclion '.
Imprimée. — Mèmoira de Montchal . p. 739.
/i } septembre.
(Au roi de Portugal. ]
«Sire, j'ay reçeu la lettre dont il a pieu a Voslre Majesté de
m'bouorer par dom Dionis de Lencastre, dépesché secrè-
tement de vostre j>art *. La proposition qu'il a faite a esté
favorablement entendue.» (Promesse d'assister le roi de
Portugal.) ... «Ordres ont esté envoyés à ce sujet au mar-
quis de Grézé, mou neveu.»
Arch. des Aff. ctr. Portugal, t. I, fol. 117. - Minut.> de la
maÎD de Charpentier.
7 septembre.
Au chancelier.
Au sujet des difficultés survenues [>armi les religieux de
Cluny.
Orig. — Bibl. imp. de Saint-Pétersbourg, collection Dain-
browskj. Note envoyée au ministère de riDstractioii pu-
blique, par M. LeoDxon-le-Duc, Voy. t. 111, p. î5î.
5 septembre.
A M. le chancelier.
Touchant les exigences de Messieurs de la Sainte-Chapelle;
le cardinal veut que M. le chancelier y uoppose un front
d'airain en la personne d'un Séguier. «
Orig. — Même source.
9 septembre.
D'.Àmiens.
A .M. l'archevesque de
Bordeaui.
Lettre de reproches *.
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy, t. XVIH , fol. 5o4. —
Imprimée. — Correâpondanct de Soaniis . II!, 73'. (Doc.
iaéd. in-^"- }
1 o septembre.
D'Amiens.
Jdem.
Ré{>onse aux justifications de M. de Bordeaux ^.
Orig. — Bibl. imp. Suite de Dupuy. t. XVIII, loi. 5oC.
' NolM p. 864
' Copiée 1. VI,
' Celle haraogi]
* Le roi de Por
Hirholica , pour a
fol. 36 cl io3.)
' Imprima lUn
• A fa page 7 1
' Leltrc notée t
du VI* votuiiic.
p. 86Â , note.
e a été mentioDDée Jaii» le r
tugal l'avait ainsi qualifié n
créditer ce religieux, qu'on
s Dotie tome Vl , p. 86 7, n(
o»t uue lettre du roi, de mi
VI, r 867 .
ésumé que iious avons donné , t. VI , p. 863.
lea emhaxador secreto . dans la lettre qu'il avait adressée le is juin k
nomme dans une autre pièce : ficre Dionii dal lnca$tro. (Ms. précité,
te.
me date, sur le même sDJct.
2»6
SOMMAIRES DES LETTRES
DATKS
et
LIEDX DB DATES.
SLSCniPTlON
DES LETTBES.
ANALYSES DES LETTRES
FT SOURCES.
1041.
1 7 septembre.
De Cbaunes.
Pour M. le surinten
daiit, à Paris.
Idem.
1 9 septembre.
[Chaidnes. 1
Pour M. I.-
dant.
sunnten-
[ Au duc de Lorraine.
Richelieu le félicite de sa diligence. «Moyennant cela et le
soin que vous prenés de régler vos fonds, j'espère que tout
ira bien. — Je suis bien aîse du secours que vous tirés des
trésoriers de Franco et des secrétaires du roy ; et de la dis-
position en laquelle vous estes d'aydcr et de iavoriscr aux
choses justes les compagnies souveraines et les autres corps
du royaume; c'est le moyen de les trouver favorables.. .
faites, en l'aflaire des aydes, ce que vous estiraerés plus a
propos; vous recommandant seulement d'avoir esgard aux
inlérests des particuliers lorstpï'ils seront justes, afin qu'au-
cun ne se puisse plaindre avec raison... Je suis bien aise
que la subvention générale s'establisse '... H y a charité
à favoriser \c s' Sabatier ^, en ce qui ne seroit point pré-
judiciable aux affaires du roy '■ • • "
Orig. — Arcli. de la famille Boulhillier.
Richelieu lui recommande d'acquitter un don fait par le roi
à M. de Chaumont *.
Archives cte la faroiUc Bouthillier.
«La conduite de Voslre Altesse, depuis le traité de Paris,
m'avait fait résoudre de ne me mcslcr plus de vos affaires.
Cependant , ce que vos gens m'ont dit de vostre part , m'a
disposé à leur faire sçavoir ce que j'estime capabli; de
porter Sa Majesté à oublier vostre nouvelle faute "
Mise au net de la main de Cherré. -
raÏDC , t. XXXII, pièce i86.
■ Arch. des ACf. étr. Lor-
Vers
le 2 0? septembre'.
2 3 septembre.
De RueP.
A la duchesse de Sa-
voie.
Pour M. le surinten-
dant.
Lettre de compliments à l'occasion de la prise de Coni. «Les
intérests de Vostre Altes.sc me sont aussv chers que ceux
du roy...»
Imprimée. — Auberv, Mém. V, Aïo. — Recueil de i6g6,
I, 34o.
«Les trois cents archers de Paris m'eslant venu trouver pour
me prier de vous escrire pour la conservation de leurs
privdéges , je vous recommande leur bon droit. . . vous
priant d'y avoir l'égard que la raison et la justice re-
quièrent.»
Oric. — Arch. de la famille Boulhillier.
' Voy. t. VI, p. 8S-2.
^ Voy. sur la fortune scandaleuse de cet homme, les additions au VI* volume pour la page 769.
^ Notée VI* volume, p. 867-869 {note i-a).
* Pièce employée t. VI, p. 86g, noie 2.
* Celle lettre n'est point datée, mais c'est la réponse à une missive du 1 2 , p«r laquelle M*"* de Savoie avait an-
noncé au cardinal le succès de Coni. {Orig. ms. de Turin , aux Aff. étr. t. XXXIV, fol. 46i.) — Ce mannscrit conserve
une autre lettre sur le même sujet adressée le même jour par la duchesse à Mazarin.
■^ Nous trouvons Richelieu en Picardie durant tout le mois de septembre; faal-il croire que les trois cents archers
de Paris soient venus jusque-là le chercher ? Faudrail-il lire novembre? alors Richelieu ctjit à Huel. Cependant il
convient d'ajouter que Boulhillier a écrit ou dos de cette lettre : «M. le cardinal, a3 septembre i64i.» On va voir
tout à l'heure que les religieux mendiants de Paris sont aussi alléi trouver le cardinal.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
297
DATES
LiErX DE DATES.
1641.
(Avant
le 29 septembre'.
De Cliaunes.
29 septembre.
D'Amiens.
[Fin
(!«■ septembre '.
8 octobre *.
D'Amiens.
1 3 octobre.
De Cbaunes.
1 8 octobre.
De ChauDCs.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
A M. le surintendanV
A M. le surintendant.
Le roy au ducd'Orléans
A M. le comte de Gu^-
hriant.
Idem
A M. le Princ*'.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
«Messieurs des finances n'ont pas jugé à propos de donner
l'exemption des tailles aux maistrcs des postes, mais seu-
lement d'augmenter leurs gages de cent francs. Je prie
M. le surintendant de les faire jouir de celte grâce,
moyemiant laquelle les dits maistrcs des jïosles , qui vou-
loient abandonner leurs charges, promettent de mieux
servir que par le passé. Cette affaire est de telle impor-
tance qu'on n'y sçauroit pourvoir trop tost.»
Orig. — Arcli, de la famille Boiithîliier.
«Les mandians de Paris estant venus pour la seconde fois
me trouver, sur le sujet de leurs exemptions et anticns
privilèges de l'entrée du vin.. . j'estime raisonnable de les
maintenir en leurs d. privilèges, leur accordant à raison
d'un muids pour chacun religieux ^. En leur donnant
moyen de boire modérément, je leur donneray moien de
prier Dieu pour la santé du roy et la prospérité des affaires ,
qui m'est plus chère que ma propre vie. »
Orig. lie la maio de de Noyers. — Arcli. de In fnmiUe Bou-
thilHer.
Louis XIII expose à son frère les raisons qu'il a eues de faire
arrêter Saint-Preuil.
Copie. — Bibl. imp. Footctte, portefeuille i3, o*" 33. —
Impriméo dans l'trrest fsit de la personne du s' de Saint-
Preuil. — Le Vassor, 38i. — Notice de M. Auguste Jan-
vier, p. 80.
Compliment sur le brevet de réserve du cordon bleu que le
roi loi a donné.
Copie. — Bibl. imp. Cinq-Cents Colbcrt , 116, fol. 17. —
Imprimée. — Hrtt. de Gaébriant par le Labonreur, p. 4ia.
Félicitations sur le commandement de l'armée d'Allemagne
que le roi lui donne pendant la maladie de M. de Longue-
ville.
Copie. — Bibl. imp. Cinq-Cents Colberl , 116, fol. 31. —
Imprimée. — lUtt. de Gaébriant par le Laboureur, p. 438.
M. Le Plessis- Besançon lui lera connaître les ordres du
roi... Faire remplir les régiments d'Anguien,de Conty,
de Roquebrune, de la Couronne, de Sérignan et d'Ëspe-
' Le quantiimc manque; la lettre peut avoir été écrite du i4 au tS ; au moius trouvoos-iious que Kicbelieu était à
Cbaunes les i4 , 19 1 30 , 34 et a8 septembre.
' Boutbillier répondit le 9 octobre qu'il urenait tout de bon ce que le cardinal lai avait écrit. Mais, ajoate le surin-
tendant, 'il ne faut pns accorder la mcsme chose anx maisons fondées; les révércod» pères jésuites ont demandé
l'exemption pour leur maison professe qn'ils disent vivre d'aumosnes.. . je diray à Vostre Éminenrc , pour fin de cet
* oit bien sooslenue, il ne faudroit plus guère faire d"
' (Arcb. de* Aff. élr. France. 1641, six dernier» moi^
article, que si la révocation des privilèges sur les aydcs n'estoit bien souslenue, il ne faudroit plus guère faire d'estat
de 11 ferme, qui doibt estre la seconde du royaume. -..--—.-.
fol. 401.)
-^ La date manque; mais, Saint-Prettil ayant ét^ arrêta la ^4 leptenibre, on peut sapposer que la lettre fut écrite
l'un des derniers joort de ce mois. Oo peut se^cmander dans quel bat le cardinal a fait écrire par le roi cette lettre o
Gaston, si ce n'est pour avoir un prétexte de faire publier avec éclat le sorn qu'il prenait de protéger les populations
contre l'oppressiou.
* L'Histoire de Gnébriant donne pour date 18 octobre.
CABDIN DE Rir.HKLttt. Vil.
38
298
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX CE DATES.
• SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET sonncEs.
1641.
2 fi octobre.
Dr r.liaiMies,
•?.-j octobre.
Chauncs.
A .\!. le Pi-incc.
Pour M. li; surinten-
dant.
iian. Faire la recrue do deux régiments de cavalerie. Fa-
voriser celle de deux régiments aux Cévcnnes '.
Orig, — Arch. de Gondc , i i6. Communication Je M*'' le duc
d'Aumale.
Richelieu lui recommande les afiaires de Catalogne et tle
t^oussillon. — U lui donne des nouvelles de sa famille.
Orig. — Arch. de Coude, n" io8. Communication tle M^' le
duc d'Aumale.
M. de Noyers vous envoie les ordres que vous désirez pour
faire prendre le beau CaniUac '; c'est à vous d'y faire Ira
vaiUer. — Je me remets à ce que vous estimerez devoir
dire n M. de Nemours \ — «Je suis extresmement fasché
que le s' de Migenne, vostrc bon parent, ayt voulu
prendre une compagnie dans le régiment de la marine,
pour n'y vouloir j>oint venir cette campagne. Maintenant
ce n'ginienl entre dans la Basséo avec apparence d'estre
assiégé.. . s'il manque encore à s'y trouver en cette occa-
sion honorable, vostre consldt ration faict que je ne luy
demande autre chose sinon qu'il me remette sans bruict
la compagnie, pour csviter la cassation que le roy va faire
contre ceux qui se sont conduits comme Iny. . . »
Orig. — Arch, de la famille Bouthillicr.
Je suis bien aïse de IVtat où sont les affaires de mon neveu.
— «iF^o retour de mon voiage ne doit point empescher
celuy que vous me proposés de faire, puisqu'il y va du
service du roy qui est préférable a toute autre chose.»
Arcli, do la farailio Bouthillicr.
«J'ay esté très aise de voir vos diligences aux affaires dont,
vous m'oscrivés. — Je suis de vostre avis au (ait de M. de
La Nauve; j'en parlay hier comme il falloit au petit M. de
Nemours, qui, à mon avis, est un perroquet qui dit ce
qu'on luy faict dire. — La première fois que j'iray à Paris,
M. le chancelier présent, nous enlendrons M. de La Nauve*.
— J'attendray le mémoire des bénéfices dont jouissoil feu
M. le Comte."
Orig. — Arch. de la famille Boulliillicr.
' Nous avons douiie un cuirait de cette lellte et de la suivante daii* iiotïe VI* vol. p. 885 et 887, notes.
^ Bouthillier avait écrit , le 5/1 , au cardinal une lettre qui mcriie d'être remarquée , car il ne s'agit pas , comme il
semble au premier abord, d'un Tait isole; ce document, joint à beaucoup d'autres, montre Tcppositiou que ne cessait
do rencontrer, dans les provinces , l'administration ilu cardinal , et cola jusqu'au moment où son œuvre était près de linir
avec sa vie. . . «J'envoie à présent ce courrier, écrit Oonthillier, pour un sujet aussy important qui est que la subvention
générale estant establic en toutes bonnes villes d'Auvergne , par le soin et à la diligence de M. de Chaulnes, très-habile
et courageux maistre des requestes , et fort homme de bien , nous la voyons sur le point d'estre toute renversée en ceslc
province par l'insolenre d'un gentilhomme, qu'on appelle le beau Canillac. Sur l'establissemcnt que M. de Chaolnes
vouloit faire en un bourg appartenant a son frère aîsnë, qui fist faire une sédition par le peuple... M. de Chaulnes a
décrété prise de corps contre le baron de Canillac , mais s'il n'a quelque force plus grande il ne le peut faire exécuter. . .
Ce beau Canillac e^t celuy qui tua Vaitlac , comme sçayt vostre Eminence ; il a faict bien d'autrr s | ires actions , à ce
qu'on dit, que celle-là, pour lesquelles il ne pourroil osviter la mort, son procès luy estant faict.. . Je voudroîs de bon
cœur qu'il fust dans la Bastille, qu'il en fust quitte pour cela , et que durant son séjour nostrc subvention générale
s'eslablist tranquillement dans la haute et basse Auvergne. • (Copie de la main d'un secrétaire de Boutbillier. — Arch-
des AiF, étr. France, 1 64 1 » siit derniers mois, fol. 436.)
^ Voy. ci-dessus, p. agS , à la date du 3 août, et ci-après au i3 novembre.
" Voy. t. Vï, p. 87<|.
3o octobre.
De Liancourt.
\ 3 novembn
!)p Ruel.
Idem.
idei
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
299
DATES
LIF.IX. DE DATES.
1 .1 novembre.
Dr Rue!.
36 novembre.
De Ruel.
,') novembre.
De Paris.
I décembre.
De Unel.
1 o dt-cembre.
De Ku.l.
1 /î décembre.
De Hue!.
SUSCHIPTION
DES LSTTBBS.
A M. le Prit!
A M. le siiriiitenflant.
A M. l'arcbevesque de
Bordeaux.
Pour M. le surinten-
dant.
A M. If duc d'E|>ernon.
Pour M.
dan t.
If suniiten
ANALYSES DES LETTRES
ET 80VRCB5.
La petite vérole ne doit pas empèciier sa famille de venir n
Paris '.
Orig. — Arcli. do ConcU- , 117. Comniunicatioii de M'' le iluc
d*Aumalp.
Hicbelieu répèle que si le s' de Migenne veut quitter le
ment de la marine, il le fera agréer au roi "
«J'a
rcgi-
ven
Testât des pensions qui ne monte que 2,800,000 livres;
il est imj)arrait. C'est à vous de faire retirer celuy de Tes-
pargne de l'année passée sur lequel nous verrons ensemble ,
par après, ce qu'on en pourra oster. »
Ofi^. — Arch. de la famille Boulhillier.
Lettre de reproches employée en notes, t. VI, p. 868.
Orig. — Bibl. irnp. Suite de Dupuy, XVIII, fol. SSg. - Iiu-
primce. — Corrc$pondance de SoardU . III , 68.
. . .«Il sulfit que M. le surintendant face donner asseurance
a M. Rioland' (pour en eslre payé un jour), de la somme
de f>,ooo escus, c|ui, avec rail qu'il luy donnert comptant.
font 21,000 libres, sur ce (pi'il pourroit prétendre luy
estre deub. Il ne faut pas s'embarcjuer à davantage pour
beaucoup de raisons que je luy diray à la première veue. »
Orig. — Aich. de la famille Bouthiltî'?r.
«Le s' Girard* vous dira la facilitéqu'il plaist au roy vouloir
donner à rcsclaircissement de la calomnie que vous avés
descouverte qu'on vous vouloit vous mettre à sus '. . .
Sa Majesté sera bien ayse qu*une sy meschante imposture
soit punie comme elle mérite.. . »
Imprimée. — Vie du duc d'Epernon . t. JV, p. 473.
«Je vous prie de m'envoier un petit estât, que je vis avant
hier entre vos mains, des diverses despenses (|ui ont esté
faictes en Allemagne depuis que le roy y entretient des
troupes, alin qu'en pénétrant les causes delà dift'érence, on
puisse mieux régler les dépenses de l'avenir.
Orig. — Arch. de I.-1 fnmlllp Boulliillit-r.
' J'ai douiié an extrait de ce billt-t ptge S85 du VI* volume. «
' Vojr. au 37 octobre, p. 398.
' Médecin de la reine mèrv.
* C'était U lecrélaire du duc. Celui-ci avait écrit de Loches à Ctia^tgui , le 1 1 iiuvciubro , à l'efl'et du deuiander,
pour ce Mcrétaire 1 atcès auprès du cardinal , ■ aflo d'éclaircir un« calomnie. ■ C'est ce secrétaire aoî écrivit , plus tord ,
la Vie de d'Epernon , ouvrage où il est trop facile de voir que l'histurien avait été doint^-ttique du héros.
' Un nommé Madaillan , gentilhomme de Guyenne, perdu de crimes, avait acrusé le duc d'Epernon d'ourdir un
complot contre la vie du roi et coolre celle du cardinal. Nous avons trouvé aux AfTaires étrangères le mémoire envoyé
aaiecrétaire par te sieur de La Rorbe , capitaine des gardes du duc, sur le^ coUtranien de cet homme; et aussi le mé-
moire que le lieur Girard rflmll à Chavigni. ( France , six derniers mnis de 16/11, fol. 469 ol ^70,) La calomnie était
manifeste; le roi autorisa le duc à faire arrêter Madaillan partout où il pourrait le trouver, » comme aiissy ic5 nommés
Le Sege* Boîsmartin, Seoigouz et un certain Kcrivaio , dcmearaDt à Lindc en Périgort , desquels on prétend qu'il se
vent servir pour une telle calomnie. . Cette lettre du roi porte la môme date que celle de Bichclicu. Madaillan liil pris
■t envoyé dans ta prison de la Conciergerie ; mais il ne fut condamné et ptini qu'après If. mort du duc d'I'îpernon , el
aussi après celle de Uichelieu , sur la poursuite du dac de ta Valette , revenu d'Angleterre , où ou se souvient qu'il avait
trouté UD asile, lorsque lui-même ét3it condamaé à avoir la tête tranchée.
38.
300
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
I.IEl'X DE DATES.
29 (iécembre.
Do Paris.
.Décenibro.l
[Vors la fin
de décembre. I
[Vers la Jiri
de décembre^.]
SUSCniPTION
SES LETTRES.
A Madame la suriutcn-
dante.
Au ro\.
Au cardinal Barberini.
A» cardinal Antoine.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
IG41.
17 décembre. Pour M. le surînteo- «.. .Japprouve,en mon particulier, lous les retranchements'
De Ruel. dant. cju'il m'a proposez, par ïa dernière lettre qu'il m'a escrite,
et qu'il [sic] trouvera que la despcnso d'Allemagne de cette
année ne monte pas à près de quinze cents mile livres de
cp qu'il a pensé.»
Orig. — Arch. de la famille Boutliillicr.
«Madame, ayant sceu que vostre cher fils va vous visiter, je
n'ay pas voulu le laisser partir sans l'accompagner de ces
trois mots qui vous asseureront de la continuation de mon
allection et de mon service; et vous feront cognoîstre que
je ne croy pas que vous déviés estre sy assidue à vos bas-
timens que vous ne veniés passer icy le reste de l'hvver,
pour plusieurs raisons qui importent au conlenlement de
toute vostre famille.. . »
Orig. — Arcb. des Aff. ctr. France, i64i, six derniers mois,
fol. 047.
'( Sire. . , j'ay estimé que les glorieux succès qui sont arrivés à
Vostre Majesté m'obligeoient à luy faire son histoire. . .
non seulement j'amassay avec soie la matière d'un tel
ouvrage, mais j'en réduisis une partie en ordre. . . les ma-
ladies auxquelles la foiblessc de ma complexion s'est
trouvée sujette, jointe au soin des affaires, me contrai-
gnirent de l'abandonner^.. . j'ay creu qu'au moins je ne
pouvois me dispenser de laisser à Vostre Aïajesté (juelques
mémoires de ce que j'estime le plus important pour le
gouvernement de ce royaume, sans en estre responsable
devant Dieu.. ; Cette pièce verra le jour sous le litre de
mon Testament politique "... »
IinprîiDce à la tclc du «Testameot politique »
Richelieu le remercie, au nom du roi, de la part qu'il a prise
à la promotion de Mazarin au cardinalat '.
Imprimée. — Aubcry, Mcm. i. V, p. 544. — Recueil de 1696,
t, Il , p. lÔg.
Le cardinal Antoine a raison de se réjouir de la promotion
du cardinal .Ma/.arin, lequel a toujours témoigné une
grande passion pour ses intérêts.
Imprimée. — Aubcry, Mèm. t. V, p. 545. — Recueil de 1696 ,
t. II, p. iSg.
' BoulhilHer avait écrit à Richelieu le 15 décembre, et proposait de commcucer les retrancbemeols par M"' la
Comtesse, a Cet exemple , eii la persouoe d'une princesse , fera que cliacuu s'y conformera. ■ Lettre rcmarquiLle en ce
nui toycbe l'admiulstration des finances, où !e cardinal proposait de pauvres expédients; il avait du moins le mérite
<récouter les avîs meilleurs du surintendant et la francbise de reconnaître très-»ponlancmr-nt qu'il s'entendait peu aux
matières de finance. Cette lettre se trouve en copie, de la main d'un secrétaire de Boutbillier, aux AIT. étr. France»
iG4it SIX derniers mois, fol. 5i8.
^ Il s'agit des mémoires do Ricbelicu , auxquels en effet le cardinal n'a pas mis la dernière main , et dont il n'a pas
mémo terminé la première ébauche, puisque le manuscrit original, conservé aux Archives dos affaires étrangères,
s'arrête à la iïn de i63îi.
^ La date mauque, mais Richelieu ta donne lui-même implicitement dans le premier chapitre du Testament, con-
sacré à l'histoire du roi, et où le dernier événement dont il fasse mention est la mort da cardinal-iofaot , qui cessa de
vivre le 9 novembre i64i> Cela a donc été écrit au plus tôt à la fin de ladite année.
* La promotion avait eu lieu le 16 décembre.
* Même date qu'à la lettre précédente.
NON IMPRIMÉES DxVNS LE TOME VI.
301
LIBII DE DATES.
1641.
SUSClilPT10\
DES LETTRES.
A...
ANALYSES DES LETTRES
ET sonacES.
1 janvier.
Au premier prûsideiil
de Nicolaï*.
27 janvier.
f 1642*.]
[Vers la fin
de janvier '.]
An cardinal Barberini.
A M. Mazarin (à Rome),
«Mon petit médecin m'importune de lelle sorte que sa mé-
lancolie, sa Iristc figure et sa raison me font, comme je
fais, vous prier par ce biUtt de trouver quLl(juc repli en
son affiire par lequel il puisse avoir cantenteraent; car, si
ce petit bonhomme perd sa noblesse, il perdra l'usage de
la raison , et la vie, qui est nécessaire à la conservation de
la mienne, que j'eraploïeray tousjours à servir mes amis,
et vous parliculièreifient.n
Imprimée. — Les rjuatre saisons da Parnasse . nutomiie , an xiT
(180Ô) '.
1642.
«Monsieur, ayant trouvé bon que Tun de mes secrétaires ^
qui vous rendra la présente eust l'honneur d'avoir une
charge en voslre chambre, je prends In plume pour vous
conjurer de le favoriser en sa réception, et d'emplojer à
cette fin voslre crédit sur la compagnie dont vous estes
chef, en ce qu'elle le traitte favorablement en ma consi'.lé-
ration.»
Arch, de la famille de Nicol«i. — Original.
«Monseigneur, je ne sçaurois assez louer le zèle que \'oslre
Kniinence me tesmoignc avoir pour l'Angleterre. !-c mau-
vais estât auquel y est la religion et la considération de
la rcyne. . . sont des motifs trop puissans à ce que je n'en
sois pas touché. . . j»
Arch. de» Aff. élr. Espagne, t. LXXVI , fol. 3-2. — Minute
de la maio de Cherré.
Le comte de Fiesqne, envoyé par M. le duc de Parme.
explique les alarmes causées par les dispositions du Pape,
et rembarras que suscitent à ce prince les conseils de la
France, pernicieux, selon lui, pour sa personne et ruineux
pour son état.. . M. de Lyonne est chargé de dépêches
' On De dit ni i qtiï cette leLtrc est adressée , ni où elle a été prise ; nous n'avons donc pas de preuve de son authen-
ticité ; maîa aussi elle n'est pas de celles qu'un Tatissaire ait intért-l <rimagioFr. Nous la donnons sous cette réserve. On
a mis en tète an mot qui en explique le sens : «Billet du cardinal de Richelieu en fnveur de M. Citoys, son médecin,
pour la noblesse de la mairie de Poitiers. ■
^ La famille de Nicotaî était en possession depuis plus d'un siècle et demi de la première présidence de la cour des
comptes , et l'a conservée longtemps encore après.
' C'était Cherré , qui fut en effet nommé conseiller maître te 1 6 janvier, charge dans laquelle sou fils loi SDCcéda en
1681. Un mknoscrit de la Bibliothèque de Sorbonne (M. S. h. il, 31, fol. 9) dit ■Pierre Cherré l'aisné. •
* Cette lettre* dont la date est sans millésime, a été classée fautivement eu 16^1; elle doit se rapporter û In
dépêche du même jour, ay janvier (i64a ), adressée au marquis de Eootenay-Mareuii , ambassadeur à Rome. {Tome VI ,
p. 894.) Il est évident, par la dépêche à laquelle nous renvoyoni , qne Richelieu , en déplorant le triste état des alTaires
d'Angleterre , ne jugeait pas à propos de rien faire poar y remédier. Et comme le pape alléguait , à ce sujet , les intérêts
de la religion, Richelieu troavait là un moyen de récrimination contre le Saint-Siège, qu'il ne pouvait décider à s'iiuir
i U France pour combattre les Espagnols et leur imposer une paix telle qu'il entendait la faire. Cette pensée , que Riche-
lieu évite d'exprimer dans l'insignifiante lettre qu'il écrit an cardinal Barberini , est clairement expliquée par ta dépêche
envoyée i M. de Footenay-Mareatl.
^ Les isiprimés no donnent point de date ii cette lettre , que je ne trouve pas manuscrite ; elle doit être de la fin de
janvier ; le comte de Kiesque , parti après l'excommunication du duc de Parme , qui est do 1 3 jnnvier, et avant l'arrivc?
de Lionne lequel dut être à Paime vers le 16 ou le 17, arriva sans doute à Paris avant la fin du mois. (Vov. t. VI ,
p. $91 f le nota.)
-J
302
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIKVX DE DATES.
1642.
3 iévrier.
Fontaînoblrati.
8 février.
A la Cliarifé.
n février.
Ne V ors.
1 !\ fi'bvrii'r.
De Varpnncs.
■1% iévnrr.
i)f' \"al<-nc.',
SCSCbIPTiON
DES LETTRES.
[A M. (le Noyers.
A M. le Prince.
A M. le comte de Gué-
briaiit.
A M. le Prince.
Pour M.
danf , à
le surinten-
Paris,
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
«circonstanciées comme il faut.» Le cardinal, en recon-
naissant la puissance temporelle du Pape, craint qu'on ne
l'exagère dans cette affaire de Parme.
Inifrimce. — Aiiîiery, l. V, p. ÔJÎy. — Recueil tir 1696 , t. II ,
p. i63.
Le roi voulant traiter favorablement M. de ISlaiicmesiiil ,
président en sa cour de parlement de Paris, lui a permis
cle se démettre en faveur du s' de Novion son fds, à con-
dition que le père exercera encore ladite charge pendant
dix ans.
Minule de la main cle Chcrrc, — Dépôt de la guerre , t. LXXI ,
pièce ail.
«Monsieur, la crainte qu'a Sa Majesté que les olEciers d'ar-
mée qui sont à Paris y mangent inutilement leur argent,
au lieu de l'employer à faire leurs recreucs, faict qu'elle m'a
commandé de vous escrire t[ue vous les en fassiés sortir au
plus tosl.» Les d. officiers doivent aller à leurs garnisons,
i( chose du tout uêcessairc pour bien faire réussir cette cam-
pagne de deçà , tandis que nous allons travailler à la faire
Donne vers fEf
ispagne. »
Orig. — Arch.dc Condé,
d'Aumale.
iç). CoiDQiunîcaliou de M^' I
«Monsieur, je ne sçaurois assos vous lesmoigner la joyc que
j'ay du gain de la bataille que vous avés remj>ortéc ', tant
pour la gloire des armes du roy que pour vostrc honneur
propre... n'y ayant personne qui vous aymc et estime
plus que moy, qui suis. . . »
Copie. — Bibl. imp. Cinq-Cents Colbcrt , 116, fol. -ib. —
Imprimée. — Hui. de Guébriant par le Laboureur, p. ^ôg.
Richelieu l'invite à bien rétablir les régiments de cavalerie
et d'infanterie d'Anguin et de Conti, qui sont en Pious-
sillon , et ses compagnies de chevau- légers et de gen-
darmes.— «Sa Majesté vous escrit pour n'oublier rien afin
d'arrester le cours des duelz.w — Grand combat arrivé en
Roussillon.
Orig. • — Arcb. rie Condé, 120. Coiu mu ni cation de M^' le duc
d'Auiuale.
« Eloigné comme je suis. . . et veu le peu d'expérience que j'av
' dans les affaires de finances, il me seroit imj)ossible de
juger si on doit recevoir ou rejeter la nouvelle enchère
faite sur la ferme générale des aydes;» mais Sa Majesté
avant remis à M'* de son conseil de faire, en son absence,
ce qu'ils jugeront plus à propos pour le bien de son service,
«Sa Majesté approuvera tousjours ce qu'ils auront résolu à
la pluralité des voix;» n'envoyés donc pas à la cour pour
cela... d'autant plus que je veux mesnager la despence
de vos courriers.
Orig. — Arch. de la famille Bouthitlier.
Lal.iaail
df Kf'mncn , gagnée sur Lambov, en janvier.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI.
:w6
DATES
LlEl'I DK DATES.
1042.
?.S février.
Valence.
I ;i mars.
iy\gd.-.
i <) m:irs.
I)'- Narhonne.
I tf man.
Narbonne.
SUSCRIPTION
DES LETTRFS.
io mars.
I)<' Narbonne.
A M. l'archevesqu
Bordeaux.
Pouvoirs donnés à M,
d'Aîguebonne.
A M. d'EHacl..
A M'" le duc d'Oriéans
frère unique du roy.
A M. !c Prince.
[A M. BoutbUlier.j
ANALYSES DKS LETTRES
ET SOURCES.
Maigre ses bonnes dis|)ositioiis pour M. de Bordeaux, le car-
dinal ne peut approuver sa conduile s'il arrive qu'elle soit
répp(5iiensible '.
Minute do Ja main de Cltaippiilicr. — Arcli. des AIT. clr,
France, 1G42 , de janvier en raay, fol, 68. — Imprimée. —
Corrftpond'incede Sourdit . t. III, p. 1 01 . ( Doc. inéd. in-4°-)
Le roi voulant donner U la maison de Savoie de continuels
témoignages de son affection , les princes cardinal et Tho-
mas de Savoie reconnaissant que leur réunion avec Ma-
dame et la bonne intelligence de toute celte maison avec
le roi de France, est le seul moyen de la tenir en s[)!eu-
deur, Sa Majesté consent qu'un traité .soit passé sur ce point ,
cl elle a donné, à cet eflfet, plein pouvoir à M. d'Aigue-
bonne, son ambassadeur, conseiller en ses conseils et ma-
réchal de camp en ses armées.
Orijf. — Parchemio , signe Louis; conlre-signé Phelypeaux.
fiibl. iiiip. Foods fr. 7064 . dernièrn pièce du volume.
Le roi lui envoie l'ordre d'échanger le maréchal Horn contre
Jean de X^'ert, avec toute la courloisic possible, et tle
témoigner au d. maréchal l'eslime que le cardinal fait de
sa personne.
Imprimer. — Mêm. concernant tT Herlach , t. III, p. .H.
ï.cltre de compliments sur une indisposition du Prince.
Orig. — Bibl. imp. Balute, pap. des arm. lett. paq. 1,
n" 1* foL 96.
«Le parlement ayant faïct quelque difHcalté de vérilier la
déclaration que le rov leur a envoyée sur le don de la
régale qu'il a accordée aux évesqaes aux mcsmcs considé-
rations que M'' de la Sainte-Chapelle en jouissoîl, je
vous prie de vous trouver au parleniejil loisqu'on délibé-
rera sur la jussion envoyée par Sa Majesté, afin d'en faci-
liter, par vostre authorilé cl vostre adresse, la vérificalioa. . .
M. le chancelier vous fera entendre la justice de celle af-
faire, d'autant plus importante qu'elle est avantageuse au
salut des âmes. . .»
Ofig. — .Arch. de Condc, iia. Communication de M^' le duc
d'Aumale.
«Il a été expédié pour les dépenses de la mer de l'année der-
nière une ordonnance de /if)7,ooo livres, dans laquelle est
compris 327,000 livres deubz au s*^ Loppès, j)Our avances
qu'il a faites pour le service du rov;» je prie M. le surin-
tendant de donner une bonne assignation , «soit sur la nou-
velle création des oCTtciers du Chastelet, ou autre nature de
deniers aussy pronipts a recevoir, n'estant pas raisonnable
que le d. s' Loppez, qui s'est engagé de tous costez, et qui
est passé par stîs créanciers , j)éris5e pour avoir servi Sa Ma ■
jesté sur ma parole. . . »
Orig. — Arcli. delà famille Bonthtllier.
Vo*. l. VI, p. 878, noie :
304
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DE DATSS.
1642.
[ \'crs
le mois d'avril '
2 avril.
De Narbonne.
lo avril.
De Narbonne.
[Vers
leioou ] 2 avril*.
SUSCRIPTIOX
DES LBTTnBS.
Au maroschal de Brézë,
A M. le marcschal de
Gnébriant.
A M'' h duc d'Orléans.
A M. BoulhiHier.
ANALYSES DES LETïnES
ET SOURCES.
Joie de Kiclielicu d'avoir vu par les lettres de M, de Brézé «le
ressentiment qu'il a pieu au roy tesmoigner avoir de mon
mal.» Le cardinal remercie aussi son beau-frère, «cognois-
sant vostre bou naturel...»
Imprimée. ■ — AnberV)
1696 , t. II , p. ) i4-
Mém. t. V,
«Monsieur, je ne sçaurois vous tesmoigner la joye que j'ay
de ce que vostre mc^rite et l'estime que le roy faict de ceux
qui vous ressemblent vous ont mis en main un baston de
roaresclial de France. Si j'y ay contribué pour quelque
chose, ce n'a est** que par mes vœux...»
Copie. — Bibl. ioip. — Cinq-Cpiits Colbert, t. 116 , fol. 29 ^.
— Iinprinice. — Iliat. du mareschal de Gaébriant par le La-
boure-ir, liv. VIII, p. 488. — Le P. Griffel, Histoire de
Loais Xm. l. III, .p. 438 '.
Uemcrciment sur ce que Son Altesse Royale lui a envoyé le
s"" de Belloy, pour avoir des nouvelles de sa santé. «Les
asscurances qu'il m'a données que celle de \ ostre Altesse
est au point que ses serviteurs le peuvent souhaiter, m'ont
causé tant de joye qu'elle est capable de me faire recouvrer
entièrement ia mienne. . .«
. — Bibl.
Iialuzc,pap. (les arin.
paq.
, fol. 98.
.Après lui avoir parlé de son mal, Bichelieu ajoute : «Je suis
bien ayse d'avoir cogneu, par vostre lettre, la façon avec
laquelle M""' d'Anguyen est entrée au lieu où elle est, ce
qui me faicl espérer qu'elle continuera à y vivre de
mesme '. »
Imprimée. — Aubery, Mém. t. V, p. 496. — Recueil de i6g6,
t- II, p. 94.
' La date manque; elle esl ici asïcz iiidinéreiile. Je classe cette lettre en avril, au momcut uù la sanlé de Richclieo
donnait do nouvelles iaquiëtudes, et où, en même temps, M. de Breze pouvait être auprès du roi , pendant la cam-
jtague du RoussilloD.
^ Ricbelieu fait avertir par un P. S. qu'il ne peut signer « à cause de l'incommodité de son bras. « f Voy. t. VI , p. goi.)
' Le P. Gridet rpmart[ue , en citant cette lettre, que le ton modeste que prend ici Richelieu lui était peu ordinaire,
et il explique cette singularité par le besoin qu'avait le cardinal de se garder contre les mauvais ofllces que le grand
écuyor lui rendait alors aupiès du roi. Nous avons vu maintes fois que cette modestie apparente a toujours été, aa
fontiaire , dans les habitudes de Ricbelieu , seulement il se ménageait aussi d'ordinaire, comme en cette circonstance ,
une compensation. Ainsi , en même temps que le cardinal écrit à M. de Guébriant qu'il n'a contribué à sa proinotiou
que par des vieux, Chavigni et de Noyers écrivent au marécbal qu'il ne la doit qu'à Richelieu, et l'on et l'autre s'ac-
quittent de celle commission nvec une chaleur passionnée qui fait mieux ressortir encore la modestie du cardinal.
' Madame d'Enghicn entra aux Carmélites le mardi 1"' avrils la lettre de Boutbillier qui en informe Richelieu dut
être écrite presque aussitôt; on peut donc proposer vers le 10 ou le 1 a pour cette réponse du cardinal, que les imprimés
ne datent pas , et dont je n'ai pas trouvé le manuscrit.
^ Mademoiselle de Brézé était mariée depuis un peu plus d'un an ( le 1 1 février i64 1 ). Le prince , auquel ce mariage
avait été imposé, el dont l'amour était aitleors, continuait des habitudes de vie qui ne plaisaient pas à son père :
"M. d'Anguien, écrivait {le g mars) notre fidèle correspondant Henry Arnanid, part dans peu de jours pour aller à la
cour. (La cour alors était eu Roussillon.] M^'' le Prince le presse exlresmement. Il ne veut point qu'il soit avec M"* la
Princesse; et voudroit l'empescher de voir ces messieurs qui le voyent ïe plus, comme M'* de Coligny, d'Andelot ,
marquis de Pisani , cl la Moussaye. » On voulait mettre à l'abri de toute séduction , pendant l'absence du mari , cette
jeune femme, (|ui, elle non plus , n'avait pas fait un mariage de cœur. « !\I. le cardinal et M. le Prince, dit encore
H. Arnauld , dusireut que, pendant l'absence de M. il'Anguin , M""" sa femme deracnre aux Carmélites de Saint-Denis;
de quoy elle n'est nullement satisfaite. « Mais on ne consulta pas son inclination , et elle se résigna , s'il en faut croire
!a lettre suivante adressée par Ricbelieu à la supérieure du monastère de Saint-Denis. En effet elle avait été menée au
couvent avec une espèce de corlége d'honneur : <■ M"" d'Anguin est dans les Carmélites de Saint-Denis de mardi; elle
y fut conduite par M'"* la Princesse, M"' de Bourbon , M™* d'Esguillon, M""' la Surinlendanto , M"* de Rambouillet el
M. de Longueville. u
NON IMPRIMÉES DANS LE TOME VI.
305
LIEUX DE DATES.
1642.
[Vers
ic 1 O OII 12
avril-
: 2 avril.
A Narbonne.
2y avril.
De Nàrhoniic.
G aiai.
SUSCHIPTION
DES LETTRES.
A lasuptrieuru des Car-
mélilcs de Saint De-
nis.
Le roy a la reync d'An
glelorre.
A M^' ie duc d'Orléans,
I* A M. de Noyers. 1
A M. le comte d'Es-
trades.
ANALYSES DES LETTRES
î-T SOIRCLS.
a Je ne jwuvois pas faire un plus digne choix que celuv do
vostre maison pour la relraitttt de M"'° d'Anguyen, ma
niepce, en l'absence de son mary, tant pour les bonnes
qualilës que je sçav de longue main qui sont en voslre
personne, que |)0ur la piété des âmes que Dieu a commises
a vostre soin. ." lUchelicu se réjouit de la facilité que
montre la jeune duchesse «à suivre les senlimens de ceux
{[ui désirent autant son bien qu'elle mesme, ..»
Imprimée. — Aubcry, Mém. V, 455. — Recueil Je i6i)C,
11. 4i-
U on\oie à celte princesse un gentilhomme au sujet de sa
sortie d'Angleterre : «Je vous avoue, lui dit-il, (pic celte
sortie m'a grandement surpris '. craignani que par la les
catholiques demeurent exposés à rabantlou.» Le roi lui
exprime son déplaisir du mauvais état de ses affaires. "Je
veut croire, ajoule-t-il, que Dieu en prendra une protec-
tion parliculière. ..»
Minute de ia inuiit t!e Clicrré. — BibL iiup. ijctliuiie, gSSj.
fol. 3i.
Joie qu'a eue le roi de celle que Son Altesse lui a lait lémoi-
gner par M. le comte de Brion, à roccasion «des avantages
qu'il a pieu à Dieu de donner aux armes de Sa Majesté,
en ces (utarticrs. . . Je vous rends très humbles grâces de la
part qn il \ous plaîst m'y donner, laquelle je sçay ne mé-
riter nullcmcul.. «
Orig. — Bibl. imp, Baluze, pap. des arm. lelt. paq. i, n" i,
fol. 111.
«M. de Nismes d'à présent m'envoie avertir que le viril
évesquc de \ismes, M. de Toiras, est mort, e( demande
au roy l'abbaye de Saint-Gilles qu'il posscdoit... c'est le
moven de mettre à son oise le pauvre M. deNismcs, qui le
mérite bien ^, et je vous prie de la demander a Sa Majeslt'-. »
— Il avait une autre abbaye. Longvilliers dans le Bon-
lonnois; «s'il pl^ist au roy en graliHier M. l'abbé d'An-
mont... c'est un très honneste gcntilliomme et bon ecclé-
siastique. K
Orig. Je la main de Charpentier. ^ MftDuscrit du caliint-t de
M" le duc d'Aumale.
Touchant les intrigues de Cinq-Mars contre Uichelieu (j'en
ai donné un fragment, t. \I, p. 917, note 2 ) ; le car-
dinal charge en outre M. d'Estrades de représenter au
prince d'Orange de (juclle importance il esl qu'il joigne
promptement ses troupes a celles du maréchal de Gué-
briant, pour s'opposer aux impériaux, commandés par
Lamboy et Axel. «Comme vous pourrés avoir besoin d'ar-
gent pour distribuer aux personnes qui contribueront a
' La r* ine d'Angleterre écrivait -rers ce Diêine tcmp» û M** de Sainl-Gcorgc4 une lettre d'amie , où elle eiprimaît h
léair el l'espoir de rclourDcr bioatût en Augletetrc. [ l'onds Bélhuiic , (jSi^ , fol. jt.} — (La datti tnaiiquc, )
* il avait aervl de son mieux dans la récente assemblée du clereé.
déair el l'cspo.. — . _,^„.„. ^„ ....g.-.v..^. ^ . „...
* il avait aervl de son mieux dans la récente assemblée d
Sor la date, voy. t. VI, p. 91**, note
CARDIN. DK niCHEI.IRU.
39
306
SOMMAIRES DES LETTRES
LIF.rx DE l>ATRfi.
i!Vi2.
h juin.
Agde.
, ■> juin.
Tronlignan.
SUSCniPTION
i>ES letthes
Au cardinal cIo I.voii.
Au niaresclial deiïrezO.
A M. \o Prince.
An niaresclial do Guiche.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
i'aire réussir los yil'airos qiii sont entre vos mains, j'ay
donne une IcUre de change de cent mil livres à Dalidor,
adressante au s"^ Matthieu Ilocuft à votre ordre... J'attenrls'
de voslre savoir faire un bon succez, et je le rcgarfleray
comme un eflcct de ramilié que vous avés pour moy '. ..d
Copie. — BihI. inip. Giairambaull , Mêlantes. G97, p. 179.
Imprimée. — Ambattade; et lu-gociattont de M. le cvmte d'Es-
trntlcê, etc. p. 65. — Fiagiuent imprime par le P, GrilTct ,
Histoire de ioals XIH , t. III, p. 448-
Lellrc de compliments, au sujet de l'intérêt que le cardinal
de l-yon porte à sa sanlc; il Tinforme du nouvel incident
«d'un abcès percé celte nuit.» J'ose vous asscurer, diaprés
les médecins, qu'il n'aura aucune mauvaise suite; c'est ce
dont je conjure la bonté divine et vous do croire , e"c. . .
Imprimée
ii3.
Aubery, Mêm. V, fjio. — llccucil de l'îyG , Il ,
« Vous avant mande par une de mes lettres que l'incommodité
de mon bras m'empeschoit de la signer, je ponsois avoir
esté au dcvaiit de la peine que ce manquement causeroît
à vostre esprit; mais celte précaution n'ayant pas eJté ca-
pable de guérir vostre appréhension , je ne puis l'attribuer
qu'à l'excès de voslre afiection en mon cndroict ^. ..«
Imprimée. — AukeryT Mcm. V,
ii3.
. — Recueil ile 1696 , il ,
Quelques mois de politesse tur ce que le Prince s'est informé
di! la santé du roi et de celle du cardinal. «Je ne sçav pas
(lui vous peut avoir mandé qu'on a icv parlé désavanta-
geusen-.cnt de vous; mais je vous puis asseurcr que cela
n'est pas venu jusques à moVi qui prends trop do part à
vos intéresls pour souffrir aucune chose où ils fussent
engagez. . . »
Orig. — Arch. de Condc . ii3. Communication de M^' Je
duc d'Aumale.
Lettre de consolation sur la perte de la bataille de Honecourt '.
Copies. — Bîbl. imp. Cinq-Cerils Colbrrt, l. Il, fol. 34i ^.
— Fond» Dupuy, 58i. — Foiitanieii , portefeuille 485-
486. — Imprimée , avec de légères varia oies , dons l'Histoire
de Louis XIII , du P, GrifTet ( III , 458) , qui donne h date
dii 6.
' Voy. t. V, p. 88.^.
* Voy. une lettre écrite le ménif jour ii de Noyers, t. V|, p. 917.
^ M. de Brézé , qui était d'une excessive susceptibilité, sVtaît sans doute plaint de ce qu'une lettre de Richelieu lui
était parvenue sans signature; il était assez étonnant qu'il en eût oublie la cause, c'est ce que semble faire entendre
l'ironie transparente soiis la politesse de celte lettre du cardinnl. Les imprimés n'en donnent point la date, mais nous
ta trouvons dans la «circonstance de l'abcèB percé la nuit précédente. (Voir t. VI, p. 917.
'' Employée en noie, t. VI , p. 936.
* Comprise dans une relation manuscrite de In bataille.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VI
307
DATES
et
LIEUX DE DATE».
SUSCRIPTION
DE5 LETTBG^.
ANALYSES DES LF.Ïl KES
ET SOURCES.
10/12.
De Mitr illa
Pour M. cIp \overs, se-
crêlaîre HVslal ; a
l'armée '.
lu juin.
D'Arles.
1 U juin.
De Tarascon.
A M-' le duc d'OHfians.
[A M. de ^oye^s.
[ Seroiide moitit^
de juin*.']
23 juin.
Tarascoir.
A Mudamc d'Effial.
A M*' le duc d'Orléani
Le canlinal n'a rien à mander que ce rju'd écrit au roi. Il est
en peine de la maladie du P. Sîrmond. — Faire lever des
Iroupes par M. de Longueviïle. — Quant à l'arrûl du par-
lement contre M. de Miossans, «le roy est le maisire. ..
vous hiy dires que je n'ay antre volonté que les siennes.»
— ^ Le roi jugera s'il faut renvoyer le régiment de Basion
en Picardie, ou le laisser venir ici. — M. Mazariu dit que
le s"^ de Varcnnes et plusieurs ordinaires sont allés faire des
levées en Anjou, il vaudrait mieux les envoyer en Picardie
<(u*ici. . .
Ortf{iii.il de la main do Clierré. — Manuscrit du cabinet de
y\t' le duc d'Âunialc.
Bicbelieu espère que Dieu lui renverra sa santé entière;
• elle me donnera Ucu de me rendre, par mes actions,
digne de toutes les faveurs qu'il vous a pieu me deppartir
sur le sujet de ma maladie. ...»
Original de ]a main de Chcrré. — Bibl.
arm. Ictt. paq. l, o' i» p. loe.
BaluK
, p;«p.
Avis de desseins des ennemis sur la Provence et les îles Sainte-
Marguerite; faire munir ces îles... «Je ne doute pas que
M. de Guitaut ne fasse ce qu'il doiL..» Riclielieu attend
l'accomplissement de ce que lui a annoncé le frère de M. de
Mauruy '. . .
Original de la roain de Charpentier,
de M'' le duc d'Aomale.
- M.inuscril du cabinet
Le cardinal accueillerait sa supplication si son fib n'était cou-
pable (|u'envers lui ( Biclielieu) , «mais Testant d'une infi-
délité inimaginable envers le roy.et d'un l>arty qu'il a formé
pour troubler la prospérité de son régne, en fiveur des
ennemis de cet estât, je ne puis en façon (|Uclconqne me
mesler de ses affaires, selon la prière ^uv. vous m'en iaîcles.
Je supplie Dieu qu'il vous console » et vous de me croire. . . »
Imprimée. — Aubcry, Mém. V, 455. Recueil de i6y6 , II , ào.
Riclielieu le remercie des nouvelles asseurances que lui donne
Son Altesse, de son affeclion ; «Vous ne les sçauriés dep-
partir à personne qui vous honore plus que moy ^...y>
Original de la main de Clierré. — Bibl. imp. Baluse , pap.
des arm. Ictt. pacj. i, ii" i, fol. loa.
' Le mûntc jour 5 juin , Richelieu arrivait an roi un« lettre oii il disait 1 peu près les mimes choses avec plus de
dAail. (T. Vï, p. 936.)
' Ce qui suit se trouve dans le manuscrit snr un. feuillet séparé, mais c'est évidemiccnt U suite de l'autre pièce.
* T. VI, p. t(35 , sous-note.
* Lettre non datée dans les imprimés. On oc peut proposer qu'une date approximative t partant du jour où M"** d'El-
fiut a dû être instruite de l'arrestation de «on fils, qui eut lieu le i3 juin.
* Extrait, t. VI, p. g'àt (note).
39.
308
SOMMAIRES DES LETTRES, ETC.
DATRS
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTnKS
LrEi;X tE DATES.
DRS LETTRES.
RT SOCnCES.
10/i2.
27 juin.
Pour M, (te Noyers, se-
«M. d'Krlac moscrit pour Ir faire payer du li^gal que feu
De 'l'arascott.
crétaire dVslal.
M. do Weymar iuy a ordonné par son teslamcnl,» ainsi
que d(' fournitures qu'il a faites aux lrouj)es de M. de Lon-
gueville; <(mande/--moi si vous y avOs pourveu , et ce qiin
vous Iuy avés rcspondu, alin ([ue je hiy escrive confor-
mément, n
Original <lc la main dp Cltarpciilicr\ — Manuscrit de M^*" le
duc trAumaÎp.
28 juin.
A M. .l'Krlach.
"Bien que Testât auquel M. voslre neveu m'a trouvé ne me
\)c Tarascon.
permette pas encore d'escrire.je ne puis le laisser retournrr
vers vous sans vous lesmoigner ma joie des bonnes nou-
velles qu'il nous a apportées; il \ous dira le contcnlement
du roy. .. M. de Noyers respond parfaitement à ce que
vous m'avés escrit. .')
Iniprimcc. — Mémoires cijncernant M. le gênerai d'Erlach .
t. m, p. 5o.
;in juin.
A M«' le duc d'Oriéans.
hichelieu l'invite à compléter ses aveux, «c'est à Vostre Al-
])p Tarasron.
tesse d'achever et à ses serviteurs à supplier le roy d'user,
en ce cas, de sa bonté en voslre endroicl '.. «
Orijj. — Bibl. imp. Balusf, pap. des arm. Ull. paq. 1, n" 1,
fol. io4. — Copie. — Sainl-Gcrniain , iO'.»3, fol. 5i. —
Impriiat'C. — A/cm. de Montrésor. t. I , p. 167. — Hist. (la
ministère Jn cjrdinal de RtehcliiU , par Jay, 1. 11 , p. 2o3.
Idem .
A M. le Princf .
Richelieu ne doute point de sa joie pour la découverte de la
conspiralion di; Cinq-Mars, et lui adresse de nouvelles
protestations de dévouement. «J'espère que Dieu me fera
la grâce de me rendre ma sajité assez bonne pour me
donner autant de lieu de vous servir que j'en ay et aurav
tousjours le désir -. ..«
Orig. — Apcli. deCoodé, la^. Coroniuni-^alion de X'-' le di;r
d'Aiima'e.
• Extrait, i. VI
' Notcp ) . VI , r
,p gSa (note «l sous-nole]
. ao3.
SOMMAIRES DES LETTRES
DONT LE TEXTE N'EST PAS COMPRIS DANS LE TOME VH.
i>\TES
SCSCRIPTION
ANALYSES DES LETTAES
LIEVX £>E DITES.
DES I.ETTAE».
BT SOORCKS.
i04i.
[ Con» inenci'men l
Ali prince Thomas.
Félicitations sur la paix conclue par les princes de Savoie
dejuillol.l
avec ïa duchesse leur belle-sœur et avec le roi. — Riche-
lieu lui représente que son intérêt est de servir les intérêts
de la France, aussi bien que par le passé il a servi ceux
d'Espagne. Le choix que le roi a fait de M. de Longueville
dont il est l'allié pour commander l'armée française en Italie
lui doit être agréable '.
Imprimée. — Aubcrv, Mém. t. V, p. Soi- — Hccucil de itigG,
..11, p. .7..
Idem.
A la (luclie^so »i<- Savoie.
Sur le traité fait avec les princes si's beaux-freres, et au sujet
du dnc de Bouillon '.
Itaprimce. — Aubery» A/tm. l. V, p. jii. — Recueil do
1G96, t. 1, p. 3ii.
9 juilK-t.
Au mareschal de Scbom-
Reniercîmenl de l'alfection qu'il tesnio'gnc par sa lettre. Invi-
tation a venir à Tarascon, aussitôt qie le siège de Perpi-
Tarascon.
berg.
gnan sera iini'.
IiDnriu)c«. — AuLery, JWt/n. t. V, p. aia. — Recueil de i6g5,
p. aio.
1 7 juillel.
Four M. dt' Cliavignif
M. !e maréchal de lirézé ayant écrit que les bains sont Ir
seul remède à son mal, je lui mande qu'il y peut aller,
Tarascon.
sccr(ilaire d'eslat.
quand vous l'aurez informé que l'aCTairc de AÎonsicur sera
accommodéo;je vous prie de lui écrire quand il pourra s'v
acheminer.
Original de ]a iiiain de CliarpenLier. — Arcti. des AIT. etr.
Frince, 16^1 , juin-aout , fol. 336.
É<j juillet.
Au mareschal de Scbom-
Richelieu le conjure d'effectuer la pensée qu'il a eue d'aller
larascon.
b^rg.
faire des levées en Guyenne *.
Imprimée. — Aùbery, Alèm. t. V, p. ii'i- — Recueil de
l'igj, p. a4".
ja juilIfL
Pour M. de Noyers, so-
M. de Sainte-Maure demande, comme capitaine» de la galère
Tarascon.
CTi^taire d'esfal *.
Patronne, d'êlre payé des ga^jes de 3,ooo livres et prétend
faire un lieutenant qui en aura mille et le sons-lieutenant
Doo. Son Éminence lui a mandé que son intention n'a
* Mt-iitioiiore t
VI, p. g^g.
' Un fi'rail en\
(Intiné rn DOte^ p. nÔQ du V
I* volorar.
' Voy. ct-des»u
, p. 17 (au 7 juillet).
• Voy. ci-df»$u
, p. 39.
* Ctiarpcnli^r a
(^crit p» »o:: nom felle IpHtp
dont RicIflif'U lui a ddiii i- !.: matière.
310
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
I.1BCX DE I>ATRS,
1642
;>2 juillel '.
[De Tarascon.
2 2 juillel \
[ Tarascon. 1
2 3 juillet.
De Tarascon.
28 juillet.
Tarascon.
Ix août.
Tarascon.
suscniPTio\
DES LETTllKS.
A Madame la douairièro
de Bouillon.
A Madauif la duchesse
de Bouillon.
A M. le mareschal de
Guébriant.
A M. \k'. baron d'Am-
bres '.
A M. d'Argensou, con
seiller du roy en ses
conseils , intendant
de finances et police
en Tarmée de Cata
logne.
ANALYSE.S DES LETTRES
FT SOUr.CES.
jamais (île qu'il eût autre (jualilû que celle de lieutenant
sur la Patronne. Son Enunenco l'oit dire à M. do Xoy* rs
d'examiner ces prétentions de M. de Sainte-Maure. — «Les
f)layes de monseigneur vont mieux qu'elles n'ont fait, et
es médecins et chirurgiens en font espérer une prompte
et entière guérison.»
Orig. — Cabinet de M^' le duc il'Aumale.
Le cardinal répond à ses snj)plicatious qu'il ne peut pas (''Ire
utdc à son mari, et que le roi lui fera justice '^.
Copies. — ArcU. «les Aff. élr. France, i645, jain-août,
ibl. 286 v**. — Bibl. imp. Bélhunc, 9276, fi)!. s^o. —
Imprimée. — Aubery, t. V, p. 45i. — Rcctieil de pièces
poor l'histoire de Louis XHI tic Le Coiote , t. III , p. A-j7.
Réponse à peu près pareille à celle que le cardinal adressait
le même jour à la belle-mère de la duchesse *.
A(F. étr. France, i6Âa, juin -août,
mp. Bëthunc, 9276, foi. îA5 v". —
. V.
Copies. — Arch. rh
fol. a86. — Bibl.
Imprimée. — Aubery, t. V, p. ji54. — Recueil de pièces
pour l'hisloirc de Louis XIII de Le Coinle, (. III , p. ^73.
Richelieu le remercie des témoignages d'affection qu'il a reçus
de sa part. Il l'assure de son amitié et de son estime parti-
culière.
Copie. — Bibl. imp. Cinq-Ccots Colbert , t. CXVI , fol. 33.
— Imprimée. -~ Histoire du maréchal île Gaébriant par le
Laboureur, p. 555.
«La prise de Perj)ignan estant de l'importance qu'elle est, je
vous conjure d'assembler le plus de vos amis et de no-
blesse de vostre déparlement que vous pounés, et de les
mener vous-mesmes dans l'armée du roy... je feray valoir
vos soins et vostre zèle ainsy que vous le pouvés désirer. , «
— Mémoires de l'Académie de Toulouse , 2' s'ric,
l6i.
Imprimée.
t. ni, p,
«Je n'ay pas plustost sceu que vous mauquiés d'argent que je
me SUIS résolu de vous envoyer.., vingt mil cscus qui se
sont trouvez dans mes coffres; et d'offrir à M. de Novers
de faire trouver à Lyon, sur mon crédit, cent mil escus
pour vous secourir,.. — Faites sortir tous ceux qui sont
suspects dans Barcelone. . . »
Original de la main de Chcrrc. — Bibl. du Louvf , Emplois
de M. d'Argensou, F, 335 , t. XII , fol. 84-
' Le mauuicrit des Affaires étrangères nous u donné celte date, oui ne se trouve ni dans ic manuscrit de Bétbune
ni dans les imprimés.
' Voy, ci-dessus f p. 46.
^ .Même observation que pour la lettre précédente.
* Voy. lettre précédente et ta note de ia lettre à Cbavigni do av juillet, p. 46 ci-dessuf.
' Voy. t. V, p. 934 , à la date du 3o aoûl.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME Vil.
31
LICC& DB OATES.
SUSCaiPTlON
DKS l.ETTllE'S.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOir.CES.
I6'i2.
7 août.
Tarascon.
i6 août.
Tarascon.
3 3 août.
Ou Pont-Sainl-
F.spril.
2 2 août.
Du Ponl-S.iinl-
Esprii ,
là 6 heures du soîr.
2H oaûl '.
De La Voûte.
28 août \
Dr la Voulr.
A M'' ic duc d'Orléans,
frtTO unique du i-ov.
A M. d'Argenson[mémc
suscription (ju'a la
Icltre du à août).
A monseigneur le duc
d'Orléans, frère uni-
que du rov.
A .M. dr Novers.
Riclielieu lui envoie un sauf-conduit pour venir à 'Jrévoux,
et la promesse que Tabbc de* la Rivière a demandée au roi ,
«cnsuitte des ofïres qu'il luv a laides de vostrc pari, m
ajoute Richelieu, en le félicitant du la soumission <|u'JI
montre '.
Orîg. de la main de Clicrré. — Bibl.
arm. I?ll. paq. 1, u° 1, fol. Jo8.
13p. Balti:
Lettre de politesse en r(':ponsc à une autre que d'Argensoii
avait envoyée par le s' Mondon. Richelieu dit de son mal
qu'il ne lui en reste plus autre cliose que la foiblesse^.
Original de la main de Clicrrê. — liibl. du Louvre. Emplois
de IM. d'Argensou , I", SaO , 1. XII , fo!. 108.
Réponse à une lettre de remercîment. Richelieu lui promet
«de tasclicr de le tirer du malheur où les ennemis defeilat
elles siens l'avoient faict tomber, u pourvu qu'il tienne ce
(pi'il a promis '.
Original de la main de Clierré. —
des arni. Ictt. yon. 1, n" i, îo\.
BiU.
Baluz<
pap.
Au mareschal de Scbom-
berîj.
Ia* cardnial dépeschc en toute diligence a Sa Majesté pour
lui annoncer que Perpignan a demandé à capituler. . «tin
ce cas M. de Gransay ne passera pas Lyon, mais je le ren-
vcrrav sur ses pas*.»
.Minute de U main de Chorrc. — Arcli. des Afl". «tr, France,
i6iï , juin-aouHt , fol. 53 1 .
Réponse à une Icllru du maréchal, qui lui envoyait un nn'--
moire sur l'état du siège de Perpignan *. — Richelieu
remercie Schomberjj du désir qu'il lui témoigne de le voir
avant sou départ; c'eU une marque de son aÛeclion, «en
revanche de laquelle je vous conjure de faire estât certain
de la mienne.»
Imprimée. — Aubery, t. V, p. :i-ju. —
p. ï^i. Recueil de i6g6, t. 1 , p. a^ 1 ■
?il de i6u
Au<t mareschaux di
Schombci^ et de la
MriHcraie.
. .Kpuisquc M, le mareschal de La Motte consent que vous
gardiés pour cette heure les 3,000 hommes de pied qui
iuy cstoient destinez , je n'ay ([u'a approuver h* concerl
qui s'est faict entre vous autres messieurs, de la bonne
conduite desquels j'attends la prise de Perpignan...»
Imprimée. — Aubory, t. V, p. rt-^o. — Recueil de iSgS,
p. ai^. — Bccueil de i6<j6 , t. I , p. a43.
1
d'Ai
1
note
Voy. ci-dtfftsiu, p. 78.
■ La foibIcMc ne rempcicltera pa« do partir dans deux jours, par te Rhône, pour aller g-igner Lyon , >> dit Cbcrrd ù
gpuson , daos une lettre qu'il joignit à celle du cardinal , fol. 1 10 du même manuAcrit.
C'cat'ii-dire lei aveux nécexsaires pour prouver le crime de ses complices. fVoy- ci-dessus, p. io3, texte, lig. 3, et
'.'
\oy. ci-dcs3u», p. 97.
Les divers recueil» de l'igô et 169^ disent le i3, la date véritable PSl celle que donne Auborv. Le cardinal était
• « Aramont, c'est le 38 qu'il était ii la Voûte, bourg sur le Rfaônc.
Voyrx ci-dessus, p. 97.
.Même observation que puur la lettre précédente.
312
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
LIEUX OB DATES
SUSCniPTION
DES 1-BÎTRES.
ANALYSES DES LETTRES
F.r SOURCES.
1642.
h septembre.
Oe \ ieiiiif.
A NPMnduc d'Orléans,
frère nni(|nc du roy
6 septembre.
De r.von.
Pour M. de Noyers, se-
rrétaîre d'cstat.
Wei
Aux mareschaux d<
Schomberg et de la
Meilleraie.
1 '6 seplenibrt
De Lentillv
A M. de Noyers.
1 8 septembri
Uoanne.
Pour M. de Chavigny
secrétaire d'estal.
Accusé de réceplîoii d'une Ictlrc que le Prince lui a envoyée
par l'abbé do la Rivière : «Je ne puis que je ne suplie
Vostre Altesse de se confirmer de plus en plus en la réso-
lution de continuer à agir avec sincérité envers le rov ....
c'est la conduite la plus avantageuse a vostre personne. . .>r
Orig. .
fol.
Bibl.
np. Baluio, pap, des arm. Ictl. patj, i, n'^
«Une compagnie est vacante dans le régiment d'Auvergne;
on propose, pour la remplir, le s' d'Ostin , brave gentil-
homme, et qui promet de la maintenir en bon estât... Si
Sa Majeslé aggrée le d. s"^ d'Oslin , M. de Noyers luv en
fera , s'il luy plaist , expédier la commission. Il m'est recom-
mandé par personnes que j 'aireclionne. »
Original de la main de
(l'Aumale.
Cherré. — CahÎDot de M^'' le 'liic
"Le roi ne pourra tirer avantage des milices (juc vous pro-
posés de faire passer par force en Catalogne; une autre
Ibis elles ne marcberont pas quand on voudra lever des
troupes, de peur qu'on ue les trompe comme on aura faict.'»
— «Ma [tcnsée seroit qu'on proaiisl aux milices qui vou-
droient bien aller en Catalogne, de les laisser revenir a la
fin d'octobre, ce qu'il leur faut tenir religieusement. > -
F.e cardinal règle ensuite l'emploi de piusieurs régiments
pour ie Pioussillon. 11 recommande de mettre bon ordre
au blocus de Salcos. — II proscrit tes vivres et les garni-
sons dont il faudra munir Perpignan.
Imprimée.
p. l43.
- Aubpry, A/i'm. t. V, p. a'J3. ~ Recueil de 169")
Uicheliexi lui envoie l'inventaire des canons, armes, etc. pris
dans Perpignan '. Il lui annonce une victoire du prince
Thomas, «qui a deffait à plate couture mille chevaux des
ennemis, dont il y en a Ixoo prisonniers avec tout leur
bagage, le reste s'estant noyé, ou ayant esté tué. — On
dit aussy que la garnison de Nice est toute dissipée.»
mata de Cbcrré.
Original de la
d'Âumale.
Cabinet de M«' le .k
«Les capitaines des compagnies des gardes qui doivent entrer
dans Sedan estant plus ..nciens que M. Fabert feront diffi-
culté de luy obéir, quand elles seront dans la place ^, s'il
n'a un pouvoir du roy; je prie M. de Chavigny de le faire
expédier et de l'envoyer à M. le cardinal Mazarin, qui le
mettra es mains du a. s' Fabert quand il sera temps."
Original de la main de Chern'. — Arch. des Afl". étr. Fraucf',
de septembre en décembre, fol. 90.
' Cet inventaire a cté donné au public dans ta Gaiettc du 6 octobre, p. 900.
' Fabert en avait clé nomme gouverneur.
NON IMPRIMEES DANS LE TOME VII.
313
1042.
2/1 septembre.
De Boiirbori-
l-ancv.
.1 octobre.
De Decize.
Idem.
SL.^CBiPTIO^
uns LETTSES.
ANALYSE.S DES LETTRES
ET SOURCES.
A M. de Noyers
Ponr M. le chancelier.
Au mareiichalHeSchom-
berg.
«M. le Grand avoil le don des cartes, dont partye avoil esté
tirée de l'espargne pour luy donner; je voudrois que vous
l'eussiés '. Mais si la considéra tien du lieu d'où ii vient vous
enipeschc d'y penser, coiurae je le croy, j'estime que si le
roy ne le veut remettre à son espargne, il seroit grande-
ment loué de le donner a M. de Guébriant, qui n'a autre
vaillant que i'bouneur. »
Copie. — Bibl. imp. Ctoq-Ceuls Cotberl, ii6, foi. 35. —
Irapriiuee. — liiiloire du maréchal de Gaébriant , par le La-
bouiear, p. 5ô5.
lin courrier envoyé par M. le cardinal Mazariu vous porte la
nouvelle de la remise de Sedan par la duchesse de Bouil-
lon. «Je iuy fais ce billet pour me resjouir avec luy de ce
qu'il sera deslivré des soins et de l'embarras où il a esté
depuis quelque temps"...»
Original de i» main de Cherré. — Bibt. d« l'iuslitut, coUoc-
lion Godefro\, pcrtefeuille 338.
Grande satisfaction du roi et du cardinal pour la capitulation
de Salces. — Il vous faut maintenant établir uu si bon
ordre dans le Roussillon , que le pays se remette et que les
troupes puissent se refaire. — Dans la disposition de di-
vers régiments, il faut secourir M. de La Motte.
Imprimée. — AoLt-ry. t. V, p. a^i, — Kecueil de 1695,
p. 3ii.
octobre. Pour M. de Cbavigny, «Je »uis extresmemeut aise que le cardinal Mazariu soit de
Briare. secrétaire fi'estat. retour. J'cstois, en vérité, aucunement en peyne de luy. —
Je seray demain à Rogny, sur le canal; jeudi ù Bony ^; et
vendredi à Montargis. — C'est un grand coup que les
affaires d'Allemague aillent comme M. d'Avaux le mande *.
• — JVspère que Dieu continuera ses bénédictions sur la
France , et I'cd prie de tout mon cœur. »
Original tie la main de Chern-. — Arch. d«s Aff. étr. France,
de septembre en décembre, fol. 177.
' Hicbelicu avait déjà dooné à Je Nojrers 1j garde de ta bibliotlièque du roi , nu'Aaguste de Tliuu avait vue aprèa 8uu
père. (Voy. ci-de»ftut, p. i3g.) La princesse Leonore de Lurraioc , en félicitant Hichejîeu du triomphe remporté sur
s€i euuciuif , lai demande • la taxe de la marque des cartes. • Est-ce la m^me cliosc que le ■ don de« cartes ? * [ Arch. des
AiT. clr. France, t. 10a.) La pièce est classée au i5 septembre; toutefois le chiffre est un peu douteux.
^ Le chancelier ne fut de retour à Paris que le a4 octobre. Ou sait qu'il avait été envoyé à Lyon pour diriger l'accu-
sntioa de crime d'état contre Ciiiq-Mart et de Thou ; eu tnènio temps il avait ordre de procéder à t'cgard du duc de
Bouillon, de manière à lui faire donner Sedan pour obtenir une abolition ; mais Maiarin , chargé de le seconder dans
c-tte dernière affaire , la fit presque à lui seul. II fut ensuite envoyé à Sedan pour recevoir la place que la duches.se devait
livrer. Nous en trouvons la noui/elle dans une lettre de Mazarin au cardinal, datée de Sedan, le 29 septembre. ■ C'est
uue chose estrange , ajoutait Matartu , les artifices qu'ont joué les Espagnols, en ce rencontre, et les offres qu'ils ont
faites pour gaîgner l'esprit de M"* de Bouillon , et desbaurber ceux des habttans do la vilie ; mais , pour cette fois , ils
ne tireront no) advaolage de leurs ruses , comme je croy qu'ils eussent faict si M"* de Bouillon eust eu moins de passion
pour i'U mary, asseurant Son Ëminence qu'elle est sy extraordinaire qu'elle eust donné cent places pour le sauver, si
elles eussent esté en Sa disposition. ■ ( Arch. des Aff. étr. France, de septembre en décembre , fol. i36. — La Gazette
du 3^ octobre, p. 98^ , a donné une ample relation de Ja ■ réduction de Sedan i l'obéissance du roy. ■
" Il y a en France plusieurs villages du nom de Bony, ou Boooy, un , entre antres , situé un peu avant Briare , tandis
que le Bonv nommé ici serait après Brîare^el avant Montargis. La Gazette, dans les nonvellea qu'elle donne da voyage du
cartlinal [ p. 976}, nomme le lieu où Son t)m. coucha le jeudi 9 : Montboûy, village qui se trouve, en effet, à mi-chemin
cntir Rogny et i^loatargls. Il est vraisen
c qw Hichrlieu a fait, dans l'itinéraire qu'il indique, une méprise de nom.
* Je n'ai pas trouvé la dépêche de M. d'Avaux ; lo tome XVI des manuscrits d'Allemagne, aux archives de» Affaires
étrangères , ne contient pa* une seule pièce touchant les affaires de la guerre pendant les àiz derniers jours de septembre
et le mois d'octobre. Je n'ii rîea trouvé non plus au dépôt de la guarre dans les volumes LXVIII-LXXII , qui se rap-
portent il l'année i6:ia.
C.\ROIN. DE niCHRLIBO. ■
4o
Mli
SOMMAIRES DES I.ETTUES.
LIIV\ DE DATES.
16/12.
5:3 octobre.
De Paris.
SUSCHIP'IKA
llES LF.TTllRS.
i'otir M. (le Chavigny
socrt'tairo rJVstat,
Au loy,
SNAI.YSKS DKS LKTl UES
F.r soriicr.s.
..«Je it'iMv sa\oii- ù ces Messieurs les |>rési(l<'ns lu \(>l*>iilt''
du rov ', attoiulani toutefois la venue dr iM. Ir chanccliiT
(levant (ju*- la divulguer.» — «Je ne sgay autre nouvelle
<|ue celle <]"'■ jp vous ai mandée ce matin d'Italie -. Je |nir
Dieu (|u'il les rontinu*' bonnes, et qu'il nous donne a Unis
sujet d'csfre joveux.rt
. AfT. ^ir. Vv»u.>-,
Oiigînal (le la main de CbiTiT. — Arch.
dp sepl"ml)rp en déceniliri^ , fol. ao.^.
«Vostre Majesté me pardonnera si je prends la hardiesse d-- la
remerrier de l'honneur cpi'il luy a pieu me taire en aa <ir-
flant a mon neveu ^ uno abbav*' dont l'air et le lien nrocinr
de Paris pourront grandemt-nl favoriser ses éludes. Je
la puis asseurer qu'il a dispense (h- Fiome bien autiit-n-
tique. , »
Impriitide. — Atibery,
I. Il, p. 6S.
t. V, p. 473.— Keciicil de i(u,(; ,
M"
lideiits de Baîlkul et de AU'siues reviureut vei*t ce Icnips à t'iiris de leur ciil. lislM
i'tJtcjsioii <!'■
,-_-._.. ...-, j,_ _ , _, „_.
otmir qu'il faut prendre la volonté du roi .^ Quant au chancelier, il arriva de Lyon le 'j4 octobrp
* Je n'ai point la Ictlie écrifc le iiiatîn dn 11Z. La ville dp Verrue av.iit capitulp le 30, maïs U nouvelle n'fti <
- être encore parvenue a Paris.
64a, l'alibayc de Saint-Ouen de Hoiicn à un petil-ncvcu de Hîchcliou , Atnador-Jo.io-Ba
.tz-ï^ jj].. ,i_ i-\ . .1. I- I... r?..:il .1., ftf A .. : :_..: :. _i
^ Le roi donn.- , _,_ , .
de Viguerot , né le 8 novembre i()3^
bénéfice, le résigna en faveur du jeune parmt du ministre. Maintenant les nfols "piutim ue 1 iuis» ptju»tiii-ii5
porter à Rouen ? Je ne trouve pas qu'un autre enfant, neven de Richelieu , ait été gratifié d'une abbirye. Qua
date . le G allia chri$tiana (XI , col. i 5.t ) ne donne pas le mois de l:i démission de l'ancien -^'•~ ■ ■ -■•*■■'- 1 • "-
tinii PU petit-neveu de Richelieu. Lu Neuitrii pîa ne les donne pas non plus.
■-■" "—• "' •■"■-«'■ - ■■'■ Y\'-^ «^.^» - ....»....«, ...A^^^.^. «^.... ^
lis lie Dupont de Courlay, Guillaume de Mootagu , qui jouissait alor
larrrit du ministre. Maintenant les nfols «proche de Paris» peuvent-ils
ptist';
de ce
ap-
abbé.
-étui de la colla
SUPPLÉMKiXT.
io.
SUPPLÉMENT.
ANNEE 1608.
I.
Bibl. imp. Dupuy, ig^.fol. ai8. — Original'.
A MOi\SEIG.\EUR MONSEIGNEUR LE CARDINAL DU PERRON.
[Vers la fin de mars 1608 ^.]
Monseigneur,
Ayant sceu, depuis voslre parlement, par le s"" Du Peyral^, que
vous désirés que j'officie à cette feste de Pasques * devant Sa Ma-
' Nous commençons ce suppiémcni par
une pièce qui aurait dû commencer la col-
lection tout entière des lettres de Riche-
lieu ; celle-ci , que nous n'avions pas trouvée
dans notre examen de la collection Dupuy,
nous a été indiquée par M. Pli. Tamizey
de Larroque. Nous en remercions ici ce
jeune écrivain, qui, possédé d'une heu-
reuse passion pour la science de l'histoire ,
l'a déjà enrichie d'excellentes publications.
* Cherchons la date qui manque à cette
lettre : nous remarquerons d'abord qu'elle
a été écrite à la fin du carême et du vivant
de Henri IV ; on y dit : Sa Majesté ; sous
la régence on disait : Leurs Majestés. L'é-
vêque de Luçon , parti pour son évêché en
décembre 1608, n'était pas à Paris pen-
dant le carême de 1 609 ; il n'y était pas
non plus en 1610; la lettre est donc de
1608. Richelieu y parle du prochain lave-
ment des pieds ; or, en 1608, le jeudi saint
tomba le It avril ; nous proposons donc
0 vers la fin de mars ; » d'autres circonstances
confirment cette date. Lorsque Richelieu
écrivait, le cardinal Duperron s'était ab-
senté de Paris, et nous lisons, dans une
lettre de ce prélat à Du Vair, lettre datée
du 1 8 mai , qu'il a fait t deux voyages pré-
cipités en Normandie et en Bourgogne,
pendant les mois de mars et d'avril. »
(P. 838 del'édit. in-4°.)
' Est-ce un abbé Guillaume Dupeyrat,
qui fut trésorier de la Sainte-Chapelle de
Vincennes, et connu alors par divers ou-
vrages ?
' Duperron, en sa qualité de grand
aumônier de France , désignait les prédi-
cateurs qui devaient prêcher à la cour.
:m8 lettres
jesté, j'ay creu vous devoir asseurer, par cette lettre, que faisant estât
d'obéir toute ma vie à vos commandemens, je tascheray, en cette
occasion, de vous en rendre preuve par effects, exécutant ceux que
j'ay receus de vostre part. Mais d'autant , Monseig', que depuis quinze
jours je suis travaillé d'une fièvre lente, réglée en tierce, dont je
souhaitte plus la fin qu'on ne nie la fait espérer, d'autant qu'elle
n'est pas violente ; j'ay creu devoir sçavoir de vous, si, au cas qu'elle
me continue, vous trouveriés bon qu'en la cérémonie du lavement
des pieds, qui sera le jour de mon accès, le père Cotton fist l'exhor-
tation au roy, me réservant à faire celle du jour de Pasques , qui me
sera libre, et la prédication l'après disnée. Vous m'honorerés, s'il
vous plaist, sur cela, de vostre volonté, et croirés, Monseig^ que je
forceray mon mal le plus qu'il me sera possible, pour tascher de la
suivre de point en point. Vous asseurant que les grandes et rares qua-
lités qui se trouvent en vous seul m'ont tellement gaigné , que je
veux faire gloire de vous admirer, et de me faire cognoistre en toutes
occasions,
Monseigneiu',
Vostre très humble, très affectiouné et très obéissant serviteur.
ARMAND ÉVES. DE LUÇON.
ANNEE 1616.
II.
Sorbonne, i i35, fol. 2o3 v". — Copie.
A...
[Commencement de février 1616 ' ?]
Monseigneur,
La confiance que j'ay eue que personnes qui n'ont point de bras
' Le manuscrit ne donne ni date ni le commencement de février 1616 ; à
suscription ; je place cette missive vers ce moment Richelieu adressait une sup-
DU CARDINAL DE KICHELIEL. 319
en guei'ie, mais bien un cunir et, une langue pour (ieinaïKler ia nai\
à Dieu ne recevroienl aucun mal de vos armes, ma porté à conseillei-
à ma mère (le ne point quitter sa maison, et m'a retenu en la mienne,
et, (|ui plus est, me met la plume en main pour vous supplier.
Mo^seig^ de daigner laire voir qu'en cette occasion je ne me suis
point trompé en mon jugement, et que vous sçavés au fort de la
guerre empescher ([ue les vostres ne troublent la paix de ceuv qui,
n'ayant que des prières pour armes, n'ont (|ue des armes de paix .
desquelles je me sei"viray sans cesse, en mon particulier, envers Dieu
pour luy demander repos pour la France; et envers vous pour vous
supplier de croire que je suis. . .
III.
Arcli. des Afl'. étr. France, f. 27, pièce ai'- — Miiiiile.
A M. LE PRLNCE'.
'1 juin lOi 6,
Monseigneur,
J'ay communiqué le contenu de vos lettres à la leyne et luv ay
représenté de nouveau, autant (ju'il m'a esté possible, la sincérité de
vostre alTeclion, et l'entière résolution que vous avés de demeurer
tousjours en une parfaite intelligence avec elle. Sur ([uoy je ne vous
diray rien autre cliose pour cette heure, sinon que S. M. a tesmoigné
une extresme joye des asseurances qu'elle en a receues ; qu elle porte
avec impatience le retardement de vostre venue, et qu'elle mesme
prend un soin particulier d'avancer ce qui la retarde. Elle a com-
mandé expressément (pi'on parachevast l'affaire de M' le baron de La
Chastre. qui jusques icy n'a point voulu se despouiller. sans voir sur
plique pareille à deux autres généraux. lieu ayant cessé de vivre ceUo annéeniême.
( Voy. notre premier volume.) Si celle lellrè ' Le secrétaire qui a écrit au dos la dale
a pu tire écrite plus tôt, du moins elle ne et le nom du prince, a ajouté : <• ensuite
l'a pas été après 1616, la mère de Riche- de la sienne. B. »
320 LETTRES
table une bonne partie de ia somme qu'on Juy doit donner. Son
brevet de mareschal de France est expédié, d'où vous pou vés juger
que, si l'argent se trouvoit aussy aisément que le parchemin, vous ne
sériés pas à recevoir le contentement que vous désirés en cette occa-
sion.
M""" la Mareschale' ne s'oul)lie pas de solliciter cette expédition,
désirant comme elle iaict, avec passion, vostre présence à la cour.
Le s" Du Tremblay se tient content d'elle, et véritablement elle
luy a faict voir ce qui se pouvoit o])tenir poui- cette heure, et je ne
doute point f[u'il ne vous l'aye tesmoigné.
Au reste, Monseig', je ne veux pas manquer à vous remercier de
l'honneur que vous m'avés faict d'avoir agréable ma franchise en l'ou-
verture que je vous ay faicte sur vostre arrivée en ce lieu ; vous pouvés
croire que je n'ay point oublié à faire valoir ce que vous m'escrivés
sur ce sujet.
J'estime que ce seroit chose inutile de m'estendre à vous repré-
senter le bon traittement que je voy desjà que vous recevrés de
LL. MM. puisque trois jours de séjour en ce lieu vous en doivent
donner plus d'asseurance que tout ce que je vous pourrois escrire.
Seulement vous diray-je, Monseig^ sans crainte de m'avancer trop,
que vous les trouvères mieux disposés que vous ne sçauriés vous
l'imaginer, et que vous advouerés que M'"" la Mareschale vous y a
soigneusement et fidellement servy, comme sans doute elle désire
faire en toute occasion.
Je prie Dieu qu'il confirme de plus en plus vostre santé, bénisse
les sainctes résolutions que je voy de toutes parts conspirer au bien
de cet estât, et me face la grâce, y contribuant ce peu que je puis
par mes .seules prières envers sa divine Majesté, de vous tesmoigner
que je suis véritablement-,
Monseigneur,
Vostre
' La inarécliale d'Ancre. les princes au comniencenienl de may;
' La paix de Loudun avait été- faite avec mais le prince de Condé, qui avait été
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
321
IV.
Arch. des AfF. étr. France, I. 28. — Autographe, pièce cotée 77.
[Seconde quinzaine d'octobre i()i6.]
Les troubles excités par les prétentions des princes, dont on avait largement
payé les révoltes, semblaient être paciOés, lorsque le duc de Nevers souleva de
nouveaux mécontentements. Deux lettres peu respectueuses qu'il fit imprimer et
qu'il adressa au roi les 5 et i5 septembre, menaçaient de révoltes nouvelles.
- La reine, dit Richelieu dans ses Mémoires, employa tous les moyens qu'elle put
pour lui faire connaître sa faute; elle dépécha vers lui M' Marescot, maître d*'s
requêtes, lequel n'ayant rien avancé, elle me fit l'honneur de me choisir pour y
faire un voyage' de la part de S. M. croyant que j'avois quelque dextérité, paria-
quelle je pourrois ménager son esprit et le ramener à la raison ; mais tout cela
fut en vain, car il n'en éloit pas capable. • (T. I, 36i.) Richelieu ne dit pas dans
ses Mémoires quelle avait été sa première pensée ; mais il semblait avoir d'abord
mieux espéré, si j'en juge par deux pièces que j'ai trouvées, sans date, aux Af-
faires étrangères, classées en Tannée 1617, quoiqu'elles se i-apportent évidem-
ment à la mission dont il parle dans le passage précité, et par conséquent elles
prendre le goiivernemenl de Berry, ne se
pressait pas de retourner à la cour, où la
reine mère désirait vivement sa venue. On
lui envoya coup sur coup les personnes que
l'on croyait avoir le plus de crédit auprès
de lui , et f on s'entendait toujours de moins
en moins ; les lettres de Richelieu lui-
même n'avaient pas plus de succès, i Ce
qui fit que, pour démêler ces fusées, la
reine me dépêcha vers lui , croyant que
j'aurois assez de fidélité et d'adresse pour
dissiper les nuages de la défiance que les
mauvais esprit? lui donnoient d'elle contre
la vérité; ce qui me réussit, non sans
jieine.» (Mém. de Richelieu, t. I, p. 3o3 )
On peut conclure d'une lettre du 20 juin
(aux Analyses) qu'à celte date févêque de
Luçon était de retour de la mission qu'il
avait remplie en Berry auprès du prince,
lequel n'arriva à Paris que le 20 juillet.
Il faut lire dans les Mémoires précités ,
p. 3o2-3^2 , ce que Richelieu raconte du
séjour de M. le Prince à Paris, depuis le
moment de son arrivée jusqu'à celui où il
fut emprisonné (1" septembre). Nous ne
trouvons rien dans le Mercure français de
l'envoi de févêque de Luçon vers le prince
de Condé. C'est un fait, si fon veut, peu
considérable dans l'histoire , mais qui n'est
pas sans intérêt pour la biographie de Ri-
chelieu. Voy. I. I", p. 171, la lettre que
lui écrivit Richelieu lorsque ce prince fut
revenu à la cour.
' Richelieu avait été récemment envoyé
vers M le Prince, il est envoyé maintenaiil
vers le duc de Nevers; c'était déjà l'homme
nécessaire dans les affaires présentes,
aussi va-t-il ^tre bientôt secrétaire d'EtnI.
CARDIN. DE RICIIF.LIED.
il
322 LETTRES
doivent avoir la date de la seconde quinzaine d'octobre ; c'était déjà pour i'évêque
de Luçon une habitude qu'il a conservée toute sa vie (et dont j'ai eu occasion de
< iter plusieurs exemples) dans les affaires qui présentaient de sérieuses difficultés,
do les étudier la plume à la main , et de préparer à l'avance le langage qu'il aurait
■I lenir. Ainsi dans la première des feuilles dont je viens de parler, cotée pièce 77
ol dont les quatre pages sont écrites de sa main, la première page contient un
résumé des avis reçus contre le duc de Nevers et des griefs qui lui sont reprochés.
Ilirhelieu a intitulé ce résumé : Sahjects de mesfiances. Au verso nous lisons :
Le roy ne tient pas tous ces advis certainement asseurez ; mais
d'autant qu'un prince doit tout escouter, et eslre tousjours prest à
mettre ordre à tous les desordres de son estât, il a estimé que le
moins qu'il pouvoit faire estoit d'envoyer M' de Praslin sur tous ces
advis, avec troupes dans la province, pour, au cas qu'on y fist quelques
levées sans ses commissions, ce qui se pourroit bien faire sans que
\î', etc., le sache, les tailler en pièces.
J^e second feuillet de la même feuille , coté pièce 78 , doit faire suite à ce qu'on
\ ient de lire; c'est le sommaire des raisonnements que Richelieu se propose d'ex-
poser dans l'accomplissement de sa mission auprès du duc de Nevers.
Haisons à représenter par l'évesque de Lusson, comme de luy
mesme :
11 perd le fruict et l'honneur de sa négociation passée s'il est contre
le roy;
Faict cognoistre, par tels comportemens, qu'estant aux mouvemens
passés neutre en apparence, il estoit, en effect, dans le cœiu-, contre
le roy, puisqu'il se déclare avec moins de prétexte ;
Faict contre sa conscience, et perd ainsy la réputation qu'il a de
grande religion;
.Se met au hazard d'estre nommément excommunié, comme plu-
.sieurs subjects armés contre leurs princes ont esté déclarez tels en
l'jance , Angleterre et autres pays ;
Ruyne sa maison, quelque issue qu'il puisse avoir, nid particulier
ne pouvant supporter les frais d'une guerre principalement contre
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
323
son maistre, et un maistre puissant, contre lequel il n'y a rien à
gaigner que la perte de ses biens, de son honneur et de sa propre
personne.
Qu'au reste s'il se maintient en son debvoir, outre l'honneru" et la
gloire, tpi'il aura la bénédiction de Dieu. Il peut plus facilement que
jamais conduire à heureuse fin son entreprise de Hongrie' :
Le pape y estant du tout disposé selon qu'escrit le père Joseph.
Estant aysé de reporter la reyne, s'il demeure en son debvoir, et à
donner argent à cette fin, et les hommes tous levez.
Et d'autre part, la paix de Savoye se faisant, beaucoup de ceux qui
V sont se deschargeront là.
Arcli. des Aff. étr. France, I. a8, pièce 187. — Minute autographe.
[.Seconde quinzaine d'octobre 1616.J
Cette autre pièce qu'on a placée, dans le manuscrit, si loin de la précédente,
doit la suivre immédiatement puisqu'elle présente le résultat de la visite faite
par i'évéque de Luçon au duc de Nevers : ce sont quatie pages écrites aussi de l;i
main de Richelieu ; dans la première , qu'il intitule ; Plaintes de M' de Nevers ,
il expose les griefs articulés par ce prince ; la seconde est remplie de notes di-
verses touchant les affaires de la guerre; dans les troisième et quatrième pages,
Richelieu formule les expressions mêmes de l'acte de soumission que le duc doit
envoyer au roi, il rapporte quelques paroles du duc de Nevers, et il termine par
sa propre opinion sur cette affaire.
' Ceci doit se rapporter à un singulier
projet que le duc de Nevers s'était mis en
tête, et que Riclielieu rappelle dans ses
Mémoires : t II vouloit démembrer de
l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem celui
du Saint-Sépulcre, et s'en faire grand
maître .... il désiroit l'assistance de la
reine pour faire réussir son affaire del'ins-
litutiori de» chevaliers du Saint-Sépulcre,
par laquelle il se promettoit de se fairt;
empereur de tout le Levant.! (T, L
p. 3i4.) Richelieu, pour gagner le duc.
semble entrer dans sa manie , dont au fond
il se moquait, et U lui laisse entrevoir une
assistance qu'assurément on ne lui aurait
pas donnée . pour sa fantastique entreprise.
;i24 LETTRES
CONCLUSION.
Qu'il remercioit le roy de l'honneur qu'il luy avoit faict d'envoyer
vers luy;
Qu'il demeureroit aux termes d'un fidèle subject et serviteur, ne
periiiettroit aulcunes levées en son gouvernement, sans ses commis-
sions, contre son service;
Qu'il supplioit S. M., ayant cogneu les advis qu'on luy avoit don-
nés, à son préjudice, faux, de faire porter à ceux qui en estoyent au-
theurs telle peine qu'elle jugeroit raisonnable ;
Et en outre de tesmoigner à tout le monde qu'elle avoit appris, par
mon retour, ce qu'on luy avoit mandé de luy, calomnieux, qu'elle le
recognoissoit pour homme de bien asseuré à son service; et daigner
luy en escrire un mot, si elle l'estimoit digne de cet honneur. Il ad-
jousta qu'il verroit bien par le bruit de la cour, qu'on luy mandoit de
jour à autre, si V. M. luy rendroit le contantement tout de bon, ou
seulement en apparance;
Enfin de contremander M'' de Praslin, parce que c'est chose gran-
dement rude à un homme de sa qualité d'envoyer en sa province un
sufFragant avec trouppes, sans qu'il ayt déservi; qu'en ce cas il cognois-
troit qu'on luy voudroit lever l'honneur et le perdre tout à faict.
Voilà les termes auxquels il demeure; sur quoy je l'asseuray avoir
tellement cogneu la bonne volonté de V. M. en son endroit que je
ne doubtois point qu'elle ne luy donnast contantement à mon arrivée.
Or, d'autant qu'autre chose est souvent ce qu'on dict et autre ce
qui est, je diray franchement à V. M. ce que je juge :
Les advis qu'on a donnez à V. M. ne sont pas vrays; il n'a faict aul-
cunes levées.
.le luy ay trouvé l'âme extraordinairement ulcérée sur les subjects
de plainte que vous avés veus.
.le l'ay laissé asseuré quant à la fidélité, mais distinguant la fidélité
de l'affection, c'est-à-dire, etc.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. yib
Son affection se peut gaigner par plusieurs moyens qu'il désire
tous, mais en sorte qu'il en demande quelques-uns ouvertement, et
ne veut pas demander les autres, ny estre estimé les désirer.
Ceux qu'il demande sont ceux dont j'ay parlé à V. M. de sa part.
Ceux qu'il désire, sans les demander ouvertement, sont qu'on es-
crive à Chaalons pour réparer l'affront qu'il estime avoir receu;
Et qu'il plaise à V. M. embrasser le voyage de Hongrie, et pour
cet effaict, y disposer le roy d'Espagne par le voyage du chartreux,
et procurer la paix en Savoye. Sur ce voyage V. M. croit bien que je
n'ay point oul^lié à le chastouiller de bonne sorte, et cet expédient
m'a fort servi.
Sur ceste paix, j'estime <levoir dire à V. M. avoir recogneu que
ceux qui sont mal affectionnez l'appréhendent et y désirent la conti-
nuation de la guerre, estimant que si elle dure elle attirera celle de
Flandres, les Hollandoi.s prenant leur temps, auquel cas le roy d'Es-
pagne ne sauroit que penser à ses affaires et donneroit plus de lieu
aux malcontants de remuer en France.
Ce que je vous dis je le coUige de la conférence que j'euz le soir
à mon arrivée, où son esprit n'estoit point addoucy par le voyage de
Hongrie'.
VI.
lîibl. imp. Baluze, pap. arm. lett. paq. 4. n" U et ."), loi. 6.^. —
Mise au net.
LETTRE DU ROI AU P.\PE'.
10 décembre i6i(>.
Le cardinal Ubatclini, nonce du pape, retournant à Home, le roi ne veut pas le
' Voy. ci-après, une lettre du 23 déc. le 29 novembre (voy. t. I , p. 188). C'est
à M. de Tresnel; l'accommodement avec lui qui va maintenant écrire les lettres au
M. de Nevers n'était pas fait. nom du roi.
' Richelieu était secrétaire d'Etat depuis
326 LETTRES
laisser partir sans l'accompagner des éloges que mérite la manière dont il a rempli
sa mission.
(C'est le résumé de la première moitié de la lettre au Saint-Père; nous en don-
nons seulement la fin ici.)
En un mot, Très-sainct-Père, nous pouvons asseurer vostre Sainc-
leté tous ses comportemens nous avoir esté si agréables qu'il nous est
impossible de trouver à redire à aucime de ses actions, si ce n'est en
la dernière, celle de sa retraite, qui toutefois ne peult nous déplaire
puisque la cause n'en est autre que la volonté de vostre Saincteté, à
laquelle nous conformerons tousjours la nostre. Sur ce, Très-sainct-
Père, nous prions Dieu qu'il luy plaise conserver longues années
vostre Saincteté, pour le bien et utilité de son église. Escrit à Paris
le X* décembre 1616'.
VII.
Arch. des AflF. étr. Rome, t. 2 3. — Minute.
A M. DE TRESNEL-.
28 décembre i6i6-
M^ vous aurés sceu le différend qui estoit entre M"^ d'Epernon et
ceux de la Rochelle; maintenant vous en sçaurés l'accommodement.
M' d'Epernon ayant entièrement obéy, rendu Surgères et Tonnay Cha-
fente, que les exempts des gardes de S. M. ont, jusques à ce qu'autre-
ment il en ayt ordonné et licentié ses troupes. Cela met ceux de la
religion prétendue réformée bors des apprébensions et opinions qu'ils
avoient qu'on leur en voulust; ayant bien cogneu , par la sincérité du
procédé de LL. MM., qu'ils n'ont aucun dessein contre eux, comme
quelques séditieux leur voidpient persuader.
' Le départ du cardinal Ubaldini fut 10 n'a pas été annulée, la date a dû être
retardé ; une lettre du roi au pape montre changée au moment du départ du nonce,
«ju'ii était encore à Paris le 24 décembre. ' Sur M. de Tresnei, voy. note 1 de lu
(Voy. le I" vol. p. 198.) Si cette lettre du page 266 du premier volume.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 327
Reste maintenant l'affaire de M. de Nevers qui ayant asseuré
force gens, actuellement levé assez bon nombre, grossy ses garnisons,
nmni ses villes, et, en fort mauvais termes, donnant, par ce procéder,
de grands et justes sujets de plaintes à S. M. qui, par la grâce de
Dieu, est en estât de le faire obéir.
On ne .sçayt encores comment cette affaire se terminera, si dou-
cement ou par les armes. Tout ce que je vous en puis dire est que
véritablement LL. MM. désirent avec passion que mond. s"" de Nevers
se recognoisse , et leur donne sujet de n'employer point leurs forces
contre luy. Mais s'il ne le faict, ils sont obligés, par raison d'Estat, de
le mettre à raison , et s'y sont résolus , comme tous autres qui vou-
droient s'eslever contre leur autorité. On a parlé de quelques remue-
mens vers le Perche , mais au liruit des armes qui seront portées sous
la conduite de M' le comte d'Auvergne, au cas que l'on continue,
cela se dissipera incontinent.
Voilà pour ce qui est de ce qui se passe au dedans du royaume.
Pour le dehors je n'ay rien à vous dire, sinon que M. le comte de
Schoml)erg ' part pour aller en Allemagne , pour rompre toutes les
menées qu'on voudroil faire au préjudice de S. M. Pour la Savoye, le
roy veut, avec l'entremise de S. S. entreprendre plus que jamais cette
affaire, voulant non-seulement conserver la paix en son Estât, mais
l'establir par toute la chrestienté.
' Voyez t. 1", p. ao8, l'instruction don- M. de Baugy, accrédité auprès de l'Empe-
iiée à Schoniberg, le 29 décembre; et reur; p. a5o, à M. de Pericard, en Flaii-
p. 2li/i , la lettre à M. de Léon, ambas- dre; et p. 265, à M. de Bétbune, à Rome,
sadeur à Venise; p. 3^7. à M. de la Tour, Voyez aussi plusieurs lettres ci-après à
ambassadeur en Angleterre; p. 2^9, à MM. de Léon, du Maurier, de Baugy.
328 LETTRES
VIII.
Arcli. des Art', étr. Angleterre, l. 26, fol. 87, 1612-1624. — Minute.
LETTRE DU ROI A M. DESMARESTS.
[28 '] décembre 1616.
Nous avons donné, clans notre premier volume (p. 246) , le commencement de
cette lettre dont nous avions trouvé un extrait dans les manuscrils de Harlay.
Dans le manuscrit des A flaires étrangères, où nous trouvons la minute, ce com-
mencement de dépêche est immédiatement suivi de ce paragraphe :
Touchant les pratiques qui se continuent pour le mariage d'Es-
pagne, je veux bien qu'on sache que je n'y porte point envie; tani
parce que c'est choses libres, que parce aussy qu'il servira à faire
recognoistre l'artifice de ceux qui, descrians la France pour un sem-
blable mariage, attirent sur eux le blasme qu'ils nous vouloienl
donner.
Louis XIII remercie son frère de la Grande-Bretagne de ce que l'afFaire du s'
Villiers Houdan a été terminée à son contentement; ce prince peut attendre la
même chiose du roi au procès qu'un nommé Abot a au Conseil d'Etat , le garde
des sceaux ayant ordre de lui faire droit sans user de remise.
Pour ce qui concerne le vaisseau qui a esté arresté en allant aux
Indes, il faudra redoubler les poursuites que vous en avés faites,
comme estant une affaire d'importance, d'autant qu'elle regarde la
' Cette minute ne donne point le quan- réception des lettres du roy du a8 du passé,
tième , mais c'est sans doute de la présente soussignées de vous » (nis. cité aux
lettre que parle Desmarests lorsqu'il écrit sources, fol. 90). Le fragment du manus-
à Richelieu le la janvier : «Ne s'estant crit de Harlay est daté du 5 janvier, ces!
rien passé depuis que vous estes en exer- une erreur du copiste que nous n'avions
cice qui méritast interrompre vos plus se- pas alors le moyen de rectifier,
rieuses airaires, j'ay différé , jusques à la
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 329
liberté du commerce, auquel tous les princes ont un commim inté-
rest'.
Mais d'autant que vous me faites cognoistre qu'il sera mal aysé d'en
tirer raison, si on ne veut subir la jurisdiction d'Angleterre, envoyés-
moy un ample mémoire de Testât auquel est cette affaire, et ce que
vous estimerés y devoir estre faict, afin que sur cela je vous mande
ce qui sera de ma volonté.
Au reste j'envoie le s' baron du Tour aux quartiers où vous estes,
pour voir et conférer avec vous d'où peut procéder cette altération ,
qui semble estre en la volonté du roy mon frère , et tascher de déli-
vrer son esprit en chassant les mauvaises impressions qu'on luy a
artificieusement données. Pour cet effect, je l'ay chargé de particu-
lières instructions sur tout ce que les esprits mal affectionnez à mon
gouvernement y trouvent à redire. Et de plus luy ay commandé d'en
donner part aud. roy mon frère (quoyque je n'y sois point obligé,
un prince ne se devant point mesler des actions de son voisin), luy
tesmoignant en cela combien je désire entretenir la bonne intelligence
qui jusques icy a esté entre nous; si le roy mon frère y contribue,
j'en seray bien ayse; si non, cette consolation me restera d'avoir faict,
de ma part, ce que j'auray peu pour l'y convier, et sauray bien me
garantir de ceux qui, sans sujet, me voudroient mal.
\
' Dans sa lettre précitée du 12 janvier, succédé l'évèquu de Luçon) du mauvais
Desmarestsrépondqu'iladéjàrenducompte accueil fait à ses réclamations, et qu'il les
à M. Mangot (secrétaire d'Etat auquel avait a même renouvelées sans plus de succès.
CARDIN. DE RICHELIED Vil.
.iî
330
LETTRES
ANNEE 1617.
IX.
Arch. des AIT. étr. Espagne, I. 12, fol. 35 1. — Minute.
LE ROY A M. DE SENECEY '.
1" janvier 1617.
J'ai veu par la voslre du 2 5 novembre que Testât de la maison de ma
sœm-, la princesse d'Kspagne, n'approche pas de celuy de la maison de
la royne, ma femme, ce que j'attribue à la différence des coustumes
des pays et à la différence des conditions des personnes, ma sœur
n'estant royne comme est ma femme. Cependant je vous diray que
je serois extresmement ayse que le roy catholique, mon frère, fîst
traitter plus favorablement les François qu'ils n'ont pas esté jusques ici.
Le roi charge l'ambassadeur de faire instance à ce sujet ; et quant aux mesures à
prendre à l'égard des Français et des Espagnols qui doivent retourner dans leur
pays respectif :
Vous mettrez ordre qu'il demeure autant de François en Espagne
que je retiens d'Espagnols en France ^.
L'ambassadeur d'Angleterre qui est en Hollande a proposé aux
' Voy. t. I", p.'aGô, note 2.
' L'évèque de Lucon écrivait à ce sujet
le 1 5 janvier à M. de Sénecey : « .l'ai receu
vos deux lettres du 28 décembre et 4 jan-
vier. Vous aurés veu maintenant parcelles
(|ue je vous ay escrilles des 1" et 4 de ce
mois (cette dernière n'est pas dans ce ma-
nuscrit), ce qui a esté accordé avec M' le
duc de Montéléon pour les Espagnols qui
doivent estre en France et les François
qui doivent demeurer en Espagne. » ( Ecri-
ture du même secrétaire , fol. 3 5/j du même
ms.) Le 3o janvier, nouveau billet qui
n'est que de politesse ; l'évèque de Luçon
profite de l'occasion d'un courrier pour
l'assurer de son affection. Mise au net,
fol. 356 du même ms.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 331
tlstats de faire exécuter le traitté qui fui faict à Xanten par mon en-
tremise, et ainsy terminer le différend qui est pour la succession de
(]leves et de Juliers. . . Le s'' duc de Montéléon m'a asseuré que fam-
bassadeur d'Angleterre s'estoit avancé sans charge. . . Faites entendie
au roy d'Espagne que je désire grandement l'exécution du traitté de
Xanten, mais qu'il est raisonnable qu'ayant eu la peine et les frais
potu" le faire, j'aye l'honneur d'estre le principal entremetteur pour
son accomplissement.
Vous parlerés aussy à mon frère le roy catholique de la paix de
Savoye que je désire moyenner. . . Le duc de Savoye luy doit deffé-
rence, mais d'autre part il est raisonnable qu'on luy donne seureté. . .
11 est à propos qu'il escrive de bonne encre à Dom Piètre pour le
porter à cet accomodement. Cependant je vous diray que , pour con-
clure plus asseurément ce traitté de paix, je me suis résolu de tascher
d'en attirer la négociation auprès de moy.
M. de BéthuQC est chargé d'y faire consentir le duc de Savoie, et aussi la répu-
blique de Venise, « pour tascher de composer ces deux différends tout à la fois. »
Sondés le roy d'Espagne pour cognoistre son sentiment. J'ai faict
faire cette proposition au s"" duc de Montéléon qui la gouste grande-
ment, cognoissant bien que, par ce moyen, on pourra plus aysément
esteindre le feu de ritalie. Le roy mon frère le pourroit commesire
à cette fin. La difficulté que je prévoy viendra du costé de l'empereur,
qui difficilement voudra laisser aller la cognoissance du différend de
l'archiduc de Gralz avec les Vénitiens à d'autres qu'à luy. . . En tout
cas, j'ay pensé un expédient qui ostera toute difficulté, qui est que
l'Empereur, mon frère, voulant se réserver la cognoissance de ce qui
touche l'archiduc de Gratz, je me réserve d'envoyer un ambassadeur
extraordinaire vers luy, pour, au mesme temps que cette affaire se
traitteroil icy, de la part des Vénitiens, la négocier auprès de luy
par l'entremise de celuy que j'y aiirois. . . Vous vous gouvernerés selon
vostre dextérité accoustumée pour faire gouster doucement et de loin
cette proposition.
i».
332 LETTRES
Je seray bien ayse que vous me mandiés ce qui se passe au Iraitté
qui se faict entre l'Angleterre et l'Espagne pour raison du mariage
du prince de Galles. LesAnglois m'ont longtemps celle cette recherche,
ce qui faict que je ne serois pas fasché d'en sçavoir sans eux toutes les
particularités.
X.
Arch. des AfiF. étr. Venise, t. iia , fol. 287. ' — Minute.
LE ROY A M. DE LÉOIV.
i janvier 1617.
Avant d'avoir connaissance de cette minute du manuscrit de Venise , aux Affaires
étrangères, nous avions trouvé, à la Bibliothèque impériale, dans les manuscrits
de Harlay, un extrait assez ample de cette dépêche , lequel nous avons donné t. l",
p. 244- Après la première phrase, je lis dans le manuscrit de Venise :
Je vous diray sur cela que, sçachant bien que souvent les affaires
plus déplorées prennent un succès tout autre qu'on ne se l'est promis,
je ne pei'ds pas courage pour les difficultez qui se rencontrent en
celle-cy'; au contraire, je désire continuer à y apporter tout ce qu'il
sera possible pour la faire réussir. Pour cet effect, cognoissant que la
paix de Savoie peut donner un grand acheminement à celle-cy, et
voyant que quelque chose que j'aie peu apporter etc.
(Continuer, avec ce paragraphe, après les trois premières lignes de la page a 45
de notre premier volume.)
' Richelieu s'est servi à peu près des à M. de Béthune le 18 janvier, p a6i du
mêmes expressions dans une lettre écrite premier volimie.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
333
XI.
Arch. des Afï. étr. Hollande, t. 8, fol. g. — Minute.
LE ROY A M. DU MAURIER.
5 ' janvier 1617?.
M' Du Maurier, pour response à vos lettres du 2 o novembre , 1 6 et
2 0 décembre, je vous diray que sçachant, comme de tous temps il
se trouve de mauvaises langues qui descrient les meilleurs gouverne-
mens, comme La Fontan et quelques autres dont vous me parlés^,
ont l'audace de semer des bruits désavantageux de celuy de mon
royaume, ce qui me console est que tels discours n'ont autre fonde-
ment que la malice de leurs autheurs.
Vous savés quelle est l'autorité d'un ambassadeur; c'est pour quoy
si led. ec* ou autre se licencie jusques à ce point qu'il vous fasse beau
jeu, vous le ferés prendre prisonnier, puis informer de son insolence,
afin qu'il soit chastié selon qu'il le mérite. J'ay plusieurs plaintes de
plusieurs brigues et menées qu'on faict à mon préjudice, tant pamiy
les Estats, que les régimens que j'entretiens en leur faveur. S'ils sont
tels qu'ils doivent estre envers moy, je le verray par le chastiment de
quelques uns de ces brouillons que vous devés poursuivre avec cha-
leur et prudence toutefois.
J'ay eu advis que, depuis (jiielcjues jours, un nommé La Roche, qui
' La minute n'est point datée ; une aiain
étrangère a écrit en tète 1 5 janvier ; cette
date est impossible , car nous avons la ré-
ponse faite au roi par Du Maurier, lacjuelle
est datée de La Haye , le 1 6 janvier. C'est
sans doute une erreur de celui qui a classé
les pièces de ce volume.
' Notre manuscrit ne contient point de
lettres de Du .Maurier des ao novembre et
a 5 décembre, mais seulement trois lettres
du ib décembre adressées au roi, à la
reine mère et à l'évêque de Luçon ; dans
ces trois lettres il ne nomme personne;
seulement , dans celle qu'il adresse au roi ,
il parle en général des «mal affectionnez,
« des perturbateurs de vostre estât • qui l'ont
des menées en Hollande.
' Cela signifie-t-il etc. ou sont-ce les
initiales d'un nom ?
334 LETTRES
est à iiia cousine, la printesse de Condé la mère, et un Rochelois,
ont passé par Bruxelles sans y coucher, pour aller en Hollande, pour
traitter avec les HoUandois, par l'entremise de ma cousine la princesse
d'Orange, qui y est, quelque chose au préjudice de mon service,
faites tout ce qu'il vous sera possible pour les faire arrester prison-
niers, et prendre les papiers dont ils se trouveront chargez.
.le n'ay point encore nouvelle que les cinq vaisseaux qui vont à
Bordeaux soient fort avancez; ils m'eussent esté bien plus utiles s'ils
feussent partis plus tosl.
Quant au capitaine qui a commis une insolence en la rivière de la
(iharente, je n'ay rien à vous dire sinon qu'il eust esté plus à propos
d'y en envoyer un autre, estant de mauvais exemple de voir un
homme employé vers les lieux où il a commis un crime ; son voyage
ne vous empeschera pas d'en poursuivre la justice à son retour.
Je m'estonne grandement des plaintes que ceux des Estais font de
moy pour le retardement du payement des troupes que j'entretiens
auprès d'eux, veu qu'ils savent bien que rien ne m'empesche de les
payer que la nécessité de mes affaires, en laquelle j'eusse estimé
devoir recevoir d'eux du secours et non des plaintes. Vous leur avés
deu représenter l'obligation qu'ils ont à cette couronne , pouvant dire
que rien ne les a tant fait subsister que l'assistance du feu roy mon-
seigneur mon père. Ils sçavent comme, devant sa mort, il leur donna
près de 17 millions tout d'une fois; qui n'est pas, à mon advis', une
petite obligation. Pour moy je puis dire entretenir les régimens que
j'ay en leur pays sans y estre obligé, puisque le traitté en vertu duquel
j'y estois astreint ne parloit que de deux ans. Je ne remarque pas
particulièrement les obligations pour leur en faire reproche , mais seu-
lement pour leur faire cognoistre que c'est sans raison que quelques
âmes mal aifectionnées leur voudroient persuader estre mal traittés de
moy. Au reste, de 2 miUions de livres que je leur doibs jusques à la
fin de cette année, je les ay faict assigner de 260 mille livi'es, et suis
' « Avoir peu faict pour eux. <• Ceci est seulement on a souligné : une petite obli-
en interligne, sans qu'on ait rien effacé; gation.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 335
prest à leur faire donner nouvelle assignation de i /;o pour l'entier
payement de 1 6 1 5, de façon que je ne seray en arrérages que d'une
année. Sur cela je n'ay rien à vous dire, sinon que j'atlendois plus
tost des remercieniens de la continuation de ma bonne volonté, que
non pas des tesmoignages de leur mescontentement', que j'attribue
véritablement, non à tout le corps, mais à quelques esprits malicieux,
qui, mal affectionnez à mon service, taschent d'en desbaviclier d'autres.
Quant à la proposition faicte par l'ambassadeur d'Angleterre, je l'ay
trouvée fort estrange, ne pouvant concevoù- comme on voudroit, ny
pourroit parachever sans moy un traitté que je puis dire avoir esté
faict par mon autorité et mon entremise. L'ambassadeur d'Espagne ,
qui est auprès de moy, m'a en trois mots tiré de peine, soustenant
ouvertement que son maistre n'a jamais donné au roy d'Angleterre la
parole que soustient son ambassadeur. J'en ay escrit au roy catholique ,
mon frère, pour recevoir confirmation et adveu de ce que m'a dict le
s' duc de Montéléon; vous vous gouvernerés en sorte qu'en cas qu'il
y eust de la tromperie en cette affaire, on ne puisse toulelois rien
traitter sans mon intervention. Je désire fort que le traitté de Xanten
se paiachève, mais par le moyen par lequel il s'est commancé. J'en
escris pour cet effect en Espagne, et feray tousjours les poursuites
nécessaires quand je jugeray qu'elles doivent estre avec li-uit. Vous en
asseurerés les Estats, et je leur tesmoigneray, par preuves plus cer-
taines que les paroles, quand l'occa-sion s'en présentera.
Je seray tousjoms plus ayse que Viletard ayt la compagnie de
hains qu'un autre, tant parce qu'il est exempt de mes gardes, que
par ce aussy qu'estant son heutenant, l'ordre requiert qu'il succède en
sa place. S'il s'en accorde avec Bains, puisqu'il s'en veut desfaire, j'en
seray fort content. Sur cela je prie Dieu. . .
' Dans sa lettre du 1 6 janvier, Du Mau- le roi peut tenir la Flollande pour attachei-
rier explique qu'il n'a voulu parler d'aucun à la France par le plus fort lien , celui de
mécontentement de la part dos Etats, et leur intérêt (loi. il du manuscrit cité aux
(|ue , d'après les assurances qu il a données . sources ) .
336 LETTRES
xn.
Arch. des AIT. étr. Allemagne, t. V, fol. 2&2. — Minute.
[A M. DE BAUGY.]
2 2 janvier 1617.
Richelieu accuse réception de ses lettres des 24, dernier décembre et 7' de ce
mois, et se référant à la lettre du roi du 5 janvier, il ajoute :
Je vous diray en trois mots que S. M. ne s'estant rien proposé que
le bien de la chrestienté, il luy est indifférent à qui des deux archi-
ducs, Maximilien ou Ferdinand, cette couronne eschera, pourveu que
l'on puisse retrancher au\ Espagnols les moyens d'effectuer le dessein
qu'ils ont de longue main d'y parvenir. Je seray très ayse que vous
continuiés à me faire pari des nouvelles que vous jugerés méi^ter de
venir jusques icy, tant pour ce que nous ne devons pas ignorer ce
qui se passe au loing, que par ce aussy que bien souvent nos intérests
estans meslez avec ceux de nos voisins, nous ne sçaurions y pourvoir
si nous n'en avons la cognoissance.
Je ne vous mande point particulièrement ce que vous devés faire
en ce traitté de mariage, d'autant qu'estant affectionné comme vous
estes , je ne doute point que vous n'y aportiés tout ce que vous
jugerés nécessaire pour maintenir l'autorité du roy, et empescher les
factions contraires'. Vous pouvés juger sur les lieux mieux que per-
sonne du monde, lequel est plus à propos des deux, et nous en
mander vostre advis, car deçà nous n'y faisons pas grande différence.
M. de Schomberg, qui court l'Allemagne, est amplement informé de
' M. de Baugy ne comprit pas cela: «Je cité aux sources.) Richelieu lui explique
ne say, répond il à Richelieu, de quel l'énigme, que Baugy nous semble assez
mariage vous entendez parler; je n'ay au- excusable de n'avoir pas devinée. (Voy. lettre
cune nouvelle de M. de Schomberg à ce du 10 avril, ci-après.)
sujet, » ( Lett. du 1 8 février, fol. 827 du ms.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 337
la volonté du roy sur ce sujet, il vous en fera part, et vous pourrés
prendre correspondance avec luy. Vous apprendrés , par une lettre que
je vous escris particulièrement, Testât auquel sont les affaires de deçà*...
XIII.
Arch. de- \S. élr. Hollande, t. 8, fol. 34— Minute.
LE ROY A DU MAURIER.
[23 janvier 1617.]
Un manuscrit de la Bibliothèque imp. fonds de Harlay m'avait donné un frag-
mentde cette pièce (t. 1°', p. 272) avant que j'eusse trouvé cette minute, non datée,
mais qui est du 2 3 janvier. Le roi répond à une lettre du 16, où Du Maurier
l'avertit des « menées et pratiques que le s' l'Autheur (le duc de Bouillon) tasche
de faire en Hollande contre la France. •
Le roi répète ici ce qu'on a mandé aux autres ambassadeurs, « qu'il n'est point
permis à un sujet de demander secours et assistance qu'à son prince , ny à un
souverain qui est en la protection d'un autre, qu'à celuy qui est obligé de le
protéger. »
Le roi espère que la conscience du duc de Bouillon et le désir de conserver
son repos le ramèneront à son devoir. Ici se place le fragment imprimé dans le
premier volume. A la suite de ce fragment la minute met un paragraphe linal où
Louis XIII exprime l'espérance que les Etats et le prince Maurice ne se mêleront
point des troubles de la France, et ne douteront point de son désir de les assister,
« considérant, dit le roi , ce que j'ay faict par le passé. .
XIV.
Arcli. des Aff. étr. Venise, t. 4a , fol. aSg. — Minute.
LETTRE DU ROI A M. DE LÉON.
23 janvier 1617.
M' de Léon, j'ay receu vostre- lettre du 3 janvier ^ et cogneu par
' Cette lettre est datée du a 3 janvier. ' lille est conservée dans notre manus-
Voyez t. I", p. a68. crit, fol. aoa, où se trouvent aussi une autre
CARDIN. DE BICUELieC. — VII. /i3
338 LETTRES
icelie l'instante poursuitte que faict le ministre de Julien (la seigneurie
de Venise), près de Joachim (les Grisons), pour l'establissement d'un
esturgeon (une alliance). Siu- quoy je vous diray qu'ayant appris la
inesme chose par le s'' Gueffier, je luy ay mandé qu'au cas que l'on
ne vueille insérer en cet esturgeon les articles que je luy ay envoyez ,
il s'oppose ouvertement à ce que telle chose ayt lieu, pour le préju-
dice qu'elle me causeroit^
Que sur ce qu'il m'escrivoit que ce ministre, non-seulement tentoit
toutes sortes de moyens, mais, qui plus est, se servoit de mon nom
pour parvenir à ses fins, je voulois bien, qu'en le désavouant de ma
part, on sceust que je n'approuvois point tel procéder, tant parce
qu'il contrevient à ce que j'avois arresté avec les Verdemers (ambas-
sadeurs) des Ebada (Vénitiens), que parce aussy que je ne sçaurois
jamais trouver bon que mon authorité serve de couverture à des
desseins qui ne tendent qu'à y faire bresche.
Ma bonne volonté a esté telle envers les Ebada , que j'ay voidu
changer le 16^ article : « eccettuate le arme di Francia, a le quali, per
quai si voglia causa ^, non possi esser impedito ne ritardalo il passo
per la présente alianza, » qu'ils disent n'avoir sceu faire passer par les
Grisons, à cause de leurs anciennes alliances à quoy il préjudicie.
Les Ebada ne procèdent pas en cette négociation si sincèrement
qu'il seroit à désirer, ne voulant pas néantmoins pour cela laisser de
continuer mon affection envers eux.
Rappelant ce qu'il a dit dans sa dépêche du i janvier touchant le moyen de
terminer la guerre de Savoie, le roi ajoute :
Pour fermer la bouche aux ministres du Jardin (roi d'Espagne) en
Anada (Italie), ...je désire que vous sachiés que, tant s'en faut que paye
lettre adressée à la reine mère pour l'avertir ' Ceci est répété dans une lettre adressée
de la dépêche faite au roi et une troisième au même le 8 février,
pour Hichelien. (M. de Léon écrit ordi- * Per quai si voglia causa, de isi main de
nairement ninsi aux trois personnes.) Richelieu, en interligne.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 339
donné empeschement au passage de mon cousin le duc de Nemours,
qu'au contraire je luy ay facilité, ayant, pour cet effect, envoyé vers
luy Lassé, que j'ay chassé de ma cour, lorsqu'y estant retourné, j'ay
appris qu'il n'avoit pas exécuté en cela ce que je luy avois prescript.
...Que chacun sçait ce que j'ay faict envers mon cousin, le mareschal
Desdiguières , pour le destourner de passer les monts...
Que pour ce qui est de la promptitude avec laquelle j'ay embrassé
les intérests de Julien , soit en l'alliance , les passages ou les levées des
Cjrisons, j'ay creu devoir rendre ces offices d'amitié à une seigneurie
alliée de longue main avec ma couronne ;... qu'entre deux amis on doit
se mettre au milieu lorsqu'ils se brouillent, et tenir la balance avec
esgahté.
Que si Julien se plaint, je puis me dire peu heureux en l'esturgeon
que j'ay faict avec luy, puisque , n'estant pas contant de mon procé-
der, beaucoup de mes subjects et de mes voisins l'estiment néant-
moins tellement avantageux pour luy que c'est maintenant d'où ils
tirent le prétexte du trouble qu'ils veulent exciter en mon royaume.
XV.
.^rch. des AIT. étr. Espagne, t. la , fol. 355. — Minute.
LE ROY A M. DE SÉNECEY.
De Paris, ce 23 janvier 1617.
Les François qui sont en Espagne au service de ma sœur la princesse n'ont pas
encore d'establissement certain ^ ; réclamer à ce sujet , et demander dès cette heure
la délivrance des François qui ont esté mis en galères. . . .
Pour ce qui est du mescontentement que pourroit avoir le roy
d'Espagne, mon frère, de ce que mon cousin le mareschal Desdi-
' Voy. lettre au même, du 1" janvier, p. SSy.
43.
340 LETTRES
guières a passé en Savoye , vous pouvés luy remonslrer que c'est
contre ma volonté, et contre les delTenses expresses que j'en ay
faictes. . . , ce qui ne laissera pas lieu de douter aux esprits soubçon-
neux. . ., c'est que j'envoie le s' de Créquy, quoyque nécessaire en ce
temps auprès de ma personne , pour le faire revenir.
Vous n'oid)lierés point d'exagérer ces offices que je rends en ces
occasions, en faisant cognoistre que si on se plaint de moy, c'est vé-
ritablement sans cause.
Le voyage du s' comte de Larochefoucauld vous aydera à le laire
voir et à confirmer à mon frère, le roy catholique, la bonne volonté
que j'ay pour luy, qui est et sera tousjours telle qu'il la sauroit dé-
sirer.
xvr.
Arch. des AIT. étr. Gonstanlinople , l. '6, fol. 65. — Minute.
[A M. DE SANCY '.]
Du 2 5 janvier 1617.
Monsieur, Vous ayant , par une lettre que je vous ay
escrite depuis deux jours*, donné part de ce qui se passe en la France,
j'ay creu que vous sériés bien ayse que je fisse le mesme de Testai
auquel sont les affaires des pays estrangers.
Je vous diray que le désir qu'a le roy de pacifier les tioubles de
l'ItaUe et establir un repos par toute la chrestienté , l'a faict résoudre de
traitter par luy -mesme ce que jusques icy il a faict par ses ambassa-
deurs. Pour cet effect, il s'est résolu d'attirer la négociation de la pai\
de l'Italie auprès de luy, estimant qu'on déférera à sa présence, ce
que jusques icy on n'a pas faict à ses ambassadeurs. Il envoie à cette fin
' Le secrétaire a écrit au dos ce nom ' Cette lettre n'est pas dans le manus-
ainsi que la date. Sur M. de Sancy, voy. ia crit de Gonstanlinople.
note 3 de la page 35(j du I" volume.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 341
le s"^ comte de Larechefoucault en Espagne, pour obtenir que cette
affaire se traitte ainsy qu'il le désire et juge expédient. S. M. a sem-
blabiement escrit au duc de Savoye , aux Vénitiens et à tous ceux qui
y ont intérest, pour leur faire gouster cette proposition, que Sa Sainc-
teté agrée, trouvant bon ou d'envoyer extraordinairement un légat à
cette fin , ou de donner commission expresse à son nonce qui est au-
près S. M. Nous espérons que ce traitté réussira au bien de toute la
chrestienté, au repos de l'Italie et à la gloire de Sa Saincteté et du
roy qui l'entreprennent.
Tous sont bien las de cette guerre, qui a de beaucoup amoindry
la bourse des Vénitiens, auxquels S. M. a tesmoigné tant de bonne
volonté qu'elle a voulu non-seulement leur accorder le passage des
Grisons, qui leur est nécessaire pour avoir du secours de droit, mais
en outre leur permettre de contracter alliance avec eux.
On ne sçait encore ce qui réussira de cette permission, le temps
nous le fera voir.
Les Espagnols ne sont pas trop contents de cette grâce cpie S. M.
faict à la République de Venise. On tasche aussy de leur faire trouver
mauvais que M"" le duc de Savoye aye la plus grande pai-t de son ar-
mée composée de François, bien qu'il n'y en ayt aucun qui n'y soit
contre la volonté et l'expresse deffense du roy'. M' de Lesdiguières y
estant allé encores depuis peu, S. M. luy envoie M. de Créquy, son
gendre , pour le convier à ne rien faire contre sa volonté , joint aussy
qu'il y a apparence de croire que le temps le rendra plus nécessaire
au dedans de cet estât qu'au'x autres.
Le roy estime faire beaucoup s'il peut tenir les choses en telle ba-
lance que, sans rompre avec le roy d'Espagne, il empesche la perte de
' On voit par les corrections dont les coup plus formels : « La vérité est que les
marges soni chargées, que cette lettre a été uns (les Français) y sont allés contre ses
presque entièrement refaite ; une page a été expresses deflenses ... , et fautre (Lesdi-
effacée, dans le reste on n'a guère modifié guières) nonobstant ce qu'elle a apporté,
que la forme ; seulement ici la désapproba- tant par lettres que de vive voix , pour le
lion du roi était exprimée en termes beau- divertir de ce voyage. •
342 LKTTRES
M' de Savoye , qu'il est obligé de conserver par raison d'estat. C'est ce
qui luy faict et vouloir retirer ledit s"" Lesdiguières, et tout ensemble
faire la paix., estant à craindre que, si le feu s'allume davantage en
Italie , il feust impossible de l'esteindre qu'après qu'il auroit consumé
une partie de ce à quoy il se seroit attaché.
Ceux qui veulent troubler le repos de la France taschent de s'as-
seurer du secours des pays estrangers, particulièrement en Angleterre,
Hollande, Liège et Allemagne. Nous ne savons encore asseurément ce
qu'ils feront en Angleterre, mais nous avons subjet d'espérer que , ny
là ny ailleurs, ils ne feront pas grand chose. Pour rompre leurs des-
seins on a envoyé extraordinairement : en Angleterre, M"" le baron du
Tour; en Hollande, M' de la Noue; en Allemagne, M. le comte de
Schomberg.
Voilà, Monsieur, tout ce que je vous puis dire.
Au folio 67 du même manuscrit se trouve la minute d'une lettre du roi à
M'de Sancy, de la même écriture que la minute précédente, sans date, mais qui
doit aussi être datée du 26. Quand le chaoux du grand seigneur repartira, S. M.
le chargera des réponses aux lettres qui lui ont été apportées par ce chaoux et par
un soldat de Thanis. En attendant , le roi se dispose à délivrer les prisonniers que
réclame le grand seigneur.
Quant aux Morisques', S. M. a donné des ordres à son conseil, lequel, dit
le roi, « a desjà jugé ce procès en leur faveur contre mon cousin le prince de
Condé. »
XVII.
Arch. des Aff. étr. Angleterre, t. a6, fol. 101. — Minute.
LE ROI AU BARON DU TOUR.
Du 26 janvier 1617.
J'ai trouvé tardivement cette minute, dont j'avais vu un fragment dans les ma-
nuscrits de Harlay, lequel j'ai donné 1" vol. p. 2^7. Faute de date, on l'avait
' Voy. t. I", p. 333.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
343
placé à la suite d'une lettre du 5 janvier, et nous avons à tort suivi le manuscrit;
ta véritable date est donnée par la présente minute. Ce fragment était le com-
mencement de la lettre, qui continuait comme suit :
Vous ne nianquerés point d'exagérer envers mond. frère, le roy de
la Grande-Bretagne, les comporteniens du d. s'' i 16', que vous re-
cueillerés du mémoire que je vous envoie^, y adjoustant ce qui paiti-
culièrement sera venu à votre cognoissance sur ce sujet. Pour conclu-
sion, vous luy insinuerés dextrement en l'esprit, que j'ay tant de
confiance en luy que tant s'en faut qui! veule protéger des sujets
rebelles contre leur souverain^, qu'au contraire il joindra ses armes
aux miennes pour faire qu'ils me rendent l'obéissance qu'ils me
doivent.
XVIII.
Arc'i. de» Afl'. étr. Venise, t. 43, fol. il\i. — Minute.
A M. DE LÉON.
7 février 1G17.
Monsieur, vostre dépesche du 18' janvier m'ayant esté mise es
mains le 5* de ce mois, je ne puis que je ne vous rende grâces tant de
l'instruction que vous m'avés envoyée, que de celle que vous me
donnés par vostre lettre*. Il faut que j'advoue vous en avoir double
' Nous avons expliqué (I" vol.) que le
personnage dont il est question dans cette
lettre est le duc de Bouillon. Nous ajoute-
rons que le mot» aulruy, »lig. 9, p. a48 du
même fragment, a été mis en interligne
Hi-dessus tdes Hollandois», mots effacés.
' Ce mémoire manque dans le manus-
crit.
' L'incorrection de celte phrase prouve
que la lettre a été dictée, ainsi que nous
l'avons plusieurs fois remarqué en cas pa-
reil.
* Dans sa lettre autographe du 18,
M. de Léon, après un compliment fort
poli , ajoutait : ' Vous me permettrez de
vous dire que voilà deux ordinaires passés
sans que j'aye receu aucune response du
roy en response des miennes. . . Ce qui
désoriente et met en peine les ministres
qui servent au dehors . . . Cela vous don-
344 LETTRES
obligation, en ce que non content de satisfaire au désir que j'ay de
prendre cognoissance du subjet de votre ambassade, vous avés voulu,
par un excès de bonne volonté, me prescrire comme quoyje me dois
gouverner en toutes les autres. Il est bien vray que, comme je confesse
ingénuement ce en qnoy j'estime vous estre redevable , aussy ne puis-
je pas me tenir de vous dire, qu'ayant appris de ceux qui m'ont pré-
cédé en la charge où je suis, qu'ils avoient accoustumé de recevoir
toutes lettres, mais respondre seidement à celles qui estoient d'impor-
tance, je m'estois contenté d'en user de la sorte envers vous. Mainte-
nant que vous me faites cognoistre le contraire, je veux bien tellement
déférer à votre rapport, -que je tascheray à vous donnertout sidajet de
contentement. Avec protestation toutefois que, comme je m'oblige à
ne laisser passer aucune occasion qui requierre de vous faire sçavoir les
intentions de LL. MM. si en autres, de peu de conséquence, je m'en
dispense, vous attribuerés ce manquement à la surcharge des affaires
qui sont aujourd'huy au dedans de l'Estat, qui ne permettent pas
qu'on pui.sse vacquer à celles du dehors comme on voudroit. Vous
verres une preuve de mon dire en une autre lettre que je vous escris'.
C'est ce qui faict que je n'adjousteray rien à celle-cy, sinon que, etc.
liera, avec le temps, de la peyne à vous
iiiesme . si vous laissez accumuler dé-
pesches sur dépesclies, à quoy, pour re-
médier, il faut règlement expédier pour
Venise de quinze jours en quinze jours . . .
La coustume est d'escrire à chaque mi-
nistre une lettre au nom du roy et une
autre au nom de la royne sa mère , puisque
sa prudence manie le gouvernement ; il est
à propos d'accuser en icelles la réception
dés lettres desdits ministres. . . Voylà en
gros ce que je vous puis dire pour cette
heure. . ». (Même manuscrit, folio 211.)
L'ironie fine et polie du cardinal dut faire
comprendre à M. de Léon sa pédantesque
gaucherie, et que ce n'était pas à un
homme tel que Richelieu , quoique récem-
ment entré aux affaires, qu'on pouvait
écrire comme à un novice.
' C'est celle que Richelieu écrivait au
nom de Louis XIII, et que nous donnons
ci-après. Nous remarquons qu'elle com-
mence par une réprimande mise sous la
plume du roi; c'est un piqujint à-propos
après la lettre qui précède.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 345
XIX.
Arch. des Aff. étr. Venise, I. 4a, ibl. a42- — Minute.
LETTRE DU ROY A M. DE LÉON.
7 ou 8 février 1617.
M' de Léon, j'ay veu, par vostre lettre du 18 janvier, que
les Vénitiens recognoissent mon entremise leur estre nécessaire à la fin
qu'ils désirent; sur quoy je vous diray, en premier lieu, que je ne
puis que je ne m'estonne grandement, ou de ce que leurs effects, du
tout contraires à leurs paroles, ne sont venus à vostre cognoissance ; ou
que, l'ayant eue, vous ne m'avés donné advis de ce que vous auriés
veu en cela se passer à mon préjudice. L'affection que vous m'avés
tesmoigné avoir en ce qui me concerne , ne me pouvant permettre d'en
douter, je suis asseuré. . . que ce qu'ils ont faict a esté à vostre desceu. . .
néantmoins le s"" de Baugy a su et m'a averty, le i Ix janvier, qu'à leur
prière , le roy catholique a escrit à l'Empereur, pour le prier d'envoyer
vers luy des ambassadeurs, afin de traitter du différend que mon
cousin l'archiduc de Gratz a avec eux. Par là vous pouvés juger com-
bien j'ay juste subjet de me plaindre de leur procéder, voyant qu'au
mesme temps que je travaillois avec plus d'affection à cet accommode-
ment, ils se sont pourveus à mesme fin par devers le roy catholique ,
pour luv attribuer l'honneur d'estre venu à bout d'une chose qui sem-
bloit particulièrement m'estre réservée. . .
Témoigner à la république que le roi n'a pas lieu d'être satisfait des moyens
dont elle a usé en cette occasion , de telle sorte cependant à ne pas faire croire au
roi d'Espagne que je trouve mauvaise son entremise.
J'ay appris, par le s'' de Montéléon, que le roy catholique veut, en
ma considération, consentir entièrement l'exécution du traitté d'Asti.
Il sera bon que vous faciès valoir au nonce de notre Saint-Père le
contentement que j'ay de ce que, à cause de la déférence due à Sa
CARDIN. DE RICHELIED. — VII. 44
346 LETTRES
Saincteté, on a choisy Rome pour l'accomplissement d'un sy bon
œuvre
XX.
, Arcli. des Afl'. étr. Allemagne, t. 5, loi. 3i i. — Minute.
A M. DE BAUGY^
Du I o" )'(■ vrier 1617.
Monsieur, vostre lettre du i If janvier qui m'a esté rendue le Ix" de
ce mois, m' ayant faict cognoistre ce qui se passe au lieu où vous
estes, tant pour la négociation de la succession de S. M. impériale,
que celle du roy d'Espagne touchant l'accord des Vénitiens et de l'ar-
chiduc de Grats, je prends la plume pour vous dire qu'en ce qui
regarde l'Empire, S. M. n'a autre intérest que celuy qu'elle vous a
mandé par ses lettres des 5 * et 23 * janvier C'est ce (jui faict que je
me dispenseray d'en faire icy aucune redite.
Quant à ce qui concerne l'acconniiodement de l'archiduc de Grats
et des Vénitiens, je vous diray que, bien que pour y parvenir S. M.
eust pris une voye contraire à celle que vous me proposés par vostre
lettre, ainsy qu'elle vous a faict sçavoir par sa dernière, le désir
néantmoins qu'elle a de voir une bonne paix entre ceux qui ont tes-
moigné estre las de la guerre, faict qu'il luy est indifférent par quel
moyen ils l'obtiendront, pourveu qu'eniin ils joui.ssent du bien qu'elle
a désiré leur procurer.
Si en cela, etc. (comme à la page 290 du i*^' vol.).
' Sur un feuillet séparé, coté 24A, et j'ai eu depuis la pièce entière conservée
daté, au dos : 8 février, le roi répète ce aux Affaires étrangères; j'en rétal)lis ici ce
qu'il annonce (dans une lettre du aS jan- qui manque au fragment imprimé, t. I,
vier, ci-dessus, p. 338) avoir écrit an p. 290.
sieur GuelBer. Ce feuillet séparé semble ^ Voy. t. I", p. 249.
appartenir à la présente lettre. * Ci-dessus , p. 336 , au 22 janvier, date
' J'avais recueilli à la Bibliothèque im- de la minute,
périale la dernière moitié de cette pièce;
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 347
XXI.
Arcli. des Ail. etr. France, t 28 , pièce 76. — Minute.
AU MARESCHAL D'ANCRE'.
[ i5 fi'vrier 1617.]
L'évêque de Luçon envoie au maréchal d'Ancre fa déclaration royale qu'il ;i
été chaîné de rédiger, nous avons dit dans quelles circonstances (t. I, p. ,^02);
ajoutons quelques lignes :
Les princes réunis à Soissons avaient résolu de prendre les armes, et le duc de
Nevers publia, le dernier jour de janvier, un manifeste qui ne parvint au Gou-
vernement que le 7 février, et contre lequel une déclaration du roi, contre-signée
de Ix)ménie, et datée de février, sans quantième, fut enregistrée au Parlement
le i3. Cependant les ducs de Vendôme, de Bouillon et de Mayenne avaient de
leur côté publié un manifeste, en forme de lettre au roi, daté du 2 février, mais
qui n'arriva que tardivement ainsi que le constate cette annotation : « Receu ce-
jourd'huy 1 4 février, sous la couverture d'un paquet à M. de r,a Vieuville^. » Note
mise au dos de l'original, qui se trouve aux Archives des affaires étrangères, coté
pièce 6', dans le tome XXVIII de la collection France, ("est pour répondre à ce
manifeste que l'évéque de Luçon • taille ses plumes , » comme il dit. Je n'ai trouvé
ni l'original, ni la minute de cette réponse aux princes; le volume manuscrit
précité des Affaires étrangères n'en a conservé qu'un exemplaire imprimé, coté
pièce 10. La déclaration est signée du roi et contre-signée : de Richelieu. «Je n'ai
pas voulu, dit le cardinal dans ses Mémoires, l'insérer icy pour n'interrompre le
filde l'histoire; mais je l'ay ajoutée à la fin de ce livre, tome I", p. 369. » Après
l'original du manifeste des princes, notre manuscrit eu donne une copie écrite
par le Masie, en marge de laquelle je trouve des observations d'une écriture qui
ressemble à celle de Richelieu; sont-ce des notes préparatoires pour la déclaration
qu'il allait écrire au nom du roi? Cette pièce est datée du i8 février; Richelieu la
promet au maréchal d'Ancre pour trois ou quatre jours, la présente lettre doit
donc être du i5 février; c'est, en effet, le lendemain du jour où on avait reçu le
manifeste des princes. L'importance de cette pièce nous a engagé à la donner
(tome I", p. 3oi), quoiqu'elle ait été plusieurs fois imprimée. Il convient d'indi-
' Ce nom a été écrit au dos; la date " 11 était lieutenant général du roi eu
manque. Champagne. {Mém. de Richelieu , I, 362.)
44.
348 LETTRES
quer ici une autre pièce , qui se trouve clans le Mercure après la déclaration du roi
enregistrée le 1 3 février : » Les principaux poincts de la remonstrance que les
• ducs de Vendosme , de Mayenne et mareschal de Buillion [sic) envoyèrent au roy,
• avec les responses que l'on y fit; » ces réponses, divisées en cinq paragraphes,
ne sont autre chose que la déclaration rédigée par Richelieu, le sens est le même,
mais le style est différent ; serait-ce un premier crayon du travail de Richelieu ?
Monsieur,
Je vous envoie la lettre que MM" de Vendosme, de Bouillon et de
Mayenne ont escrite au roy. Hier au soir on me commanda d'y faire
response; je cominence à tailler mes plumes à cest effect, et espère
de la vous faire voir dans trois ou quatre jours ; si ce n'est qu'il faille
attendre à la mettre en lumière que les quinze jours portés par la dé-
claration contre M'' de Vendosme et les autres soyent expirez '.
Nous avons des nouvelles d'Angleterre par lesquelles le baron du
Tour mande qu'il ne peut encores descouvrir quel dessein a le roy
d'Angleterre , mais qu'il faict un grand armement , sous prétexte des
Indes, qui est sans apparence. Il en descouvrira les particularités. Ce-
pendant vous prendrés, s'il vous plaist, garde aux ports de vostre Gou-
vernement.
XXII.
Arch. des Aff. élr. Hollande, t. 8, fol. io. — Minute.
A M. DU MADRIER.
ig février 1617.
M", les trois lettres que j'ay receues de vous, du 3 1 janvier, le 8"
de ce mois, me font cognoistre clairement le soin que vous avés à ce
qui regarde l'intérest de LL. MM. Je n'ay pas manqué de leur en
rendre tesmoignage, les informant des advis que vous me donnés,
dont elles ont été très-ayses, particulièrement poiu" ce qui est de l'af-
fection que MM" des Estats font paroistre avoir en ce qui les touche,
' Richelieu la lui envoya le 22. (Voyez tome I", p. 3 16.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 349
nonobstant les artifices de ceux qui voudroient s'efforcer de l'altérer.
Le roy acceptant les offres qu'ils luy ont faites, par le s"" de Hauterive,
leiu-escrit comme il désire avoir, à ce printemps, quatre mil hommes,
se contentant qu'il y aye quatre compagnies de chaque régiment de
ceux qu'il entretient auprès d'eux et le reste de HoUandois. Vous
tiendrés la main, je m'asseure, à ce que la volonté de S. M. soit effec-
tuée en sorte qu'il puisse avoir ces troupes le plus tost que faire se
pourra.
Je ne doute point que vous ne continuiés aussy la sollicitation que
vous avés desjà faicte povir faire appréhender ceux dont vous m'avés
escrit ', LL. MM. trouvant bon non-seulement que l'on ayt pourveu à
la charge de mareschal qu'avait l'un des deux en leurs trouppes, mais
aussy qu'on en use de mesme à l'endroit des autres ofticiers qui les
imiteront en leur faute. Elles exceptent de ce nombre ceux que, par
leur exprès commandement, elles retiennent auprès d'elles; estant bien
raisonnable que, les employant pour leur service, ils soient dispensés
de se trouver aux lieux où leurs charges les obligent de résider.
' Dans l'une de ses lettres du 3i jan-
vier, où Du Maurier avait informé l\iclie-
lieu de l'arrivée de la princesse d'Orange
à la Haye, bientôt suivie de son mari,
dans le dessein de solliciter les Etats de
s'entremelire pour procurer la liberté du
piincc de Condé, Du Maurier ajoutait :
• Il y en a par deçà qui commencent d'y
monstrerles griffes en faveur des princes;
le restably (Mad. de Nevers) et le pauvre
(M. de Vendôme) ayant délivré commis-
sion et argent à deux qui ont servy en ce
païs , pour faire k compagnies de chevaux-
légers de 5o chacune, auquel effect ils
ont avancé i,ooo escus, comme on dit, à
quelques-uns de ceux qui sont porteurs de
leurs commissions, dont l'un a suivy ces
princes au dernier mouvement, nommé
le Cadet Baudet , qui n'a point de charge
par deçà; et l'autre nommé le Cadet,
lequel estant mareschal des logis d'une
des compagnies de chevaux-légers entre-
tenues par LL. MM. en ces païs... s'est,
contre sa foy et son devoir, chargé d'une
des dites commissions... «Dans une seconde
lettre du même jour. Du Maurier rend
compte d'un entretien qu'il a eu avec le
prince Maurice, lequel lui a promis d'é-
tendre l'interdiction de la sortie des gens
de guerre « au pays de Julliers qui est le
plus proche de la froiitièrede Champagne. ..
et d'ordonner que , si ce Cadet Baudet et
l'autre nommé le Grand Cadet mettent le
pied en lieu de l'obéissance de MM" des
Estais, il soit mis en arrest, et cependant
leurs prétendues levées erapeschées. (Ms.
précité, fol. 25-37.)
350 LETTRES
S. M. ayant ci-devant escrit audit s' de la Noue touchant le s"^
Aerssen, elle a trouvé bon, suivant vostre advis, d'en faire autant aux
principaux chefs de ses troupes, ayant estimé que c'estoit assés de les
infornier de sa volonté pour ce regard, afin de la faire savoir par
après à ceux qui sont sous leur charge.
Quant à la poursuite que vous m'escrivés par vostre lettre du 26*
janvier, que fait l'ambassadeur du roy de la Grande-Bretagne pour
l'exécution du traitté de Xanten, je n'ay rien à vous dire, sinon que
je suis très-ayse d'avoir cogneu la disposition en laquelle vous me
tesmoignés que sont ces messieurs de ne rien faire en cela au préju-
dice de S. M. n'y ayant point de doute que ce traitté, qui a esté faict
par l'entremise de S. M. ne doive s'accomplir par la mesme.
Au reste, LL. MM. désirent non-seulement que vous vous opposiés,
autant que vous pourrés, aux pratiques de , mais en outre
que vous .solicitiés MM" des Estats de faire ime response à f Autheur
(le duc de Bouillon), telle que le sujet pour lequel il leur escnt le
mérite. Cependant je vous prie de croire que je suis...
XXIII.
Aroli des AH. élr. Venise, t. /la , fol. ■i/tb. — Minute.
LE ROY A M. DE LÉON'.
22 février 1617.
J'ay esté très ayse que vous ayés fait cognoistre à la République
que ce qui l'empesche de parvenir à l'alliance des Grisons est le seul
procéder de leur ministre, et non le man([uement de ma foy qui est
inviolable.
L'envoyé de la République au pays où est le s' GuefFier, malgré les ordres qu'il
a reçus, continue ses poursuites contre ledit GuefFier, « ne laissant en arrière aucun
' Réponse à une lettre de M. de Léon, du 1" février, cotée 2 i .H dans le manuscrit
précité.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 351
moyen pour gaigner un peuple à qui le vin et l'argent commandent du tout. »
Ainsi les paroles des Vénitiens sont contraires à leurs actes.
Selon les advis que j'ay eus de Pragues, l'Empereur mon frère a
envoyé procuration, tant pour liiy que pour mon cousin l'archiduc de
Gratz, pour traitter, par devant le Jardin (le roi d'Espagne), Tacconio-
dement du différend des Ebada (les Vénitiens). C'est une nouvelle
contradiction entre les paroles et les actes des Ebada
XXIV.
Arch. des Aff. étr. Venise, t. /(2, fol. ikl- — Minute
A M. DE LÉO\.
2 2 février 1617.
Richelieu répond à uue lettre du 1" février ', où M. de Léon se plaint d'être
sans dépêches de la Cour; cependant le cardinal lui a écrit les l\ et ik janvier et
le 8 février; c'est sans doute la faute du courrier de Lyon. Richelieu désire avec
passion se montrer digne de la confiance de Leurs Majestés, et il sait combien
il est important que les agents employés au loin soient exactement informés.
Depuis ses dernières lettres il n'y a rien de nouveau que la déclaration que le
roy a faite contre MM" de Vendosme, de Mayenne et de Bouillon , et celle qui
concerne les mouvements présents en réponse au manifeste des princes , « et à
tous les bruits qu'ils font semer par leurs partisans parmi le peuple, pour, des-
criant nostre Gouvernement, desbaucher la fidélité qu'ils doivent à leur roy. »
Au reste les affaires du roy sont, grâces à Dieu, en bon estât tant
dedans que dehors le royaume. Les estrangers ne branlent point,
M' de Schomberg nous ayant donné asseurance du prince Palatin,
qui est celuy dont les ennemis devroient se prévaloir davantage. M"^ de
Thémines a battu M. de Nevers; M. de Guise est allé à l'armée de
Champagne; le roy va dans 8 jours à Reims pour en estre plus proche.
' Celle lettre est dans ce manuscrit, fol. 216,
352 LETTRES
XXV.
Arch. des AIT. étr. Hollande, t. 8, fol. /i8. — Minute.
A M. DU MÂURIER.
jS février 1617.
M', ayant amplement respondu à vos lettres des 26 et 3i janvier,
par la mienne du 19 febvrier, je prends maintenant la plume pour
vous dire comme j'ay receu celle que vous m'avés escrite du 4^ de
ce mois , le 2 1 "^ d'iceluy. J'ay esté très-ayse d'y cognoistre que le
poulmon et le foye ', voyant tous leurs efforts n'estre pas assez puis-
sant pour esmouvoir l'oyseau (les Etats) et l'aile (le prince Maurice)
à ce qu'ils désirent, soyent résolus de s'en retoruner comme ils sont
venus, c'est-à-dire ayant aussy peu avancé au dessein qui les a amenez
au lieu où ils sont que s'ils ne feussent point partis de chez eux. Us
apprendi'ont par là à ne s'embarquer pas une autre fois sy facilement
sur la créance d'autruy, considérans qu'il ne leur a succédé rien
moins que ce que l'autheur (le duc de Bouillon), selon sa bonne foy
accoustumée, leur avoit faict promettre.
Je ne suis pas estonné qu'il ayt eu pouvoir de tirer une lettre de
l'électeur Palatin à l'oyseau, ne doutant point que son crédit envers
luy n'aye peu .s'estendre jusques-là; mais bien que S. Ait. ayant
promis à M. le comte de Schomberg de n'assister ny de gens, ny d'ar-
gent les ennemis du roy, elle contrevienne maintenant à sa parole
et à la déclaration qu'elle en a donnée par escrit. La lettre toutefois
par laquelle ledit s' de Schomberg m'en adverlit, qui est du 29* du
mois passé, estant, à mon advis, postérieure à celle de S. A. que
vous m'escrivés avoir esté leue à la Haye le 2 febvrier, me faict croire
qu'elle aura changé le dessein qu'elle a^ peu avoir de favoriser celuy
' Je n'ai point l'explication de ces deux - Il v a «ont» dans le manuscrit, c'est
mots du chiffre, je suppose qu'ils sijrni- sans doute une erreur du secrétaire ou de
fient : l'ambassadeur d'Espagne, et celui dictée; ce mot doit se rapporter à Altesse.
d'Angleterre.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. , 353
de MM" les princes. Je suis bien ayse que vous en ayés fait surseoir
Ja responce jusques à la venue de M. de la Noue; mais vous ferés
maintenant un grand coup si vous luy pouvés faire respondre autre-
ment que les ennemis du roy ne le désirent. Cependant je juge bien,
avec vous, que s'il n'y a point de considération plus forte que celle
de la religion qu'on met en avant pour la délivrance du Tenant', il
sera en danger d'estre plus longtemps qu'il ne voudroit au lieu où il est.
Je me resjouis aussy de voir, par la longueur que MM'* des Estats
apportent à respondre à la proposition de l'ambassadeur d'Angleterre,
touchant le fait de Juliers, le peu de disposition qu'ils ont à luy donner
la satisfaction qu'il pourroit désirer, et m'affermis en la créance que
vous me tesmoignés avoir que l'honneur de mettre la dernière main
à ce traittc doit estre réservé à Sa M. Vous en ferés poursuite de sa
part, afin qu'ils voyent que nous le désirons plus que tout autre, et
que, si nous n'en avons poursuivy jusques à cette heure l'exécution,
c'est que nous n'estimions pas que ce leur fust chose agréable. Voilà
tout ce que je vous puis dire pour le présent, sinon que je suis...
XXVI.
Arcli. des Alï. élj-. Espagne, t. 12, fol. SSy. — Minute.
A M. DE SENEÇAY.
28 février 1617 (au dos).
L'évesque de Luçon a répondu aux lettres de M' de Seneçay, des i5, 20 jan-
vier et 5 de ce mois; il renouvelle les plaintes au sujet des officiers de Madame.
" Si le s' de la Pause demeure auprès d'elle, le roy entend qu'il soit véritablement
aulmosnier de la dite dame. »
Quant à ce que vous me tesmoignés que le duc de Lerme vous
avoit dict qu'il luy sembloit que la France n'avoit pas désiré que le
traitté de Xantin s'achevast, on pourroit luy demander à qui il a tenu
' C'est sans doute le prince de Condé, qui était prisonnier depuis quelques mois.
UABDIN. DE RICHELIEC. — VII. 45
354 LETTRES
qu'il ne s'exécutasl, ou au roy qui, pour le conclure, a employé une
puissante armée et beaucoup d'argent , ou à ceux qui , ayant promis
de restituer les places qu'ils tiennent, ne veulent point se deppartir de
leur possession.
Le roi a répondu au sujet de la plainte touchant Tassistance rendue au duc de
Savoie.
Quoy que vos lettres fassent paroistre la paix d'Italie estre fort
acheminée, je ne la tiens pas sy asseurée, en efFect, qu'on le pom-roit
penser, ayant eu advis de Venise que leur ambassadeur, qui est près
du roy d'Espagne, avoit seulement requis d'avoir par son moyen une
suspension d'armes, et non parlé d'accommodement; et sceu d'ail-
leurs que le roy catholique levoit en Flandres mil chevaux et trois-
mil hommes de pied pour la guerre de Savoie
Richelieu s'occupe de faire payer le traitement des ambassadeurs sur les fonds
les plus clairs qu'on puisse trouver.
XXVII.
Arcli. des Aff. étr. Espag^ne, t. 12, fol. SSy. — Minute.
LE ROY A M. DE SENEÇAY.
28 février 1617.
Déplaisir de ce que les Français qui sont auprès de la princesse sœur du roi ne
reçoivent pas le même traitement que les Espagnols qui sont auprès de la reine
de France.
Satisfaction de ce que le roy catholique, à la prière du pape et à celle du roi,
• se soit résolu d'exécuter le traitté d'Ast, et qu'il ayt remis l'accomplissement
d'iceluy comme aussy l'accommodement des Vénitiens à sa Saincteté. »
Le respect que comme fils aisné de l'église je dois au Sainct-Père,
fait que, quand le roy catholique n'auroit point tesmoigné désirer le
recognoistre juge de ces différends, je luy aurois tousjours rendu
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 355
cette déférence, principalement en une occasion comme celle-cy où
il est question de redonner à l'Italie la paix qu'elle désire et sans la-
quelle elle semble ne pouvoir plus longuement subsister. Une chose
en cela ne me peut 'contenter, qui est qu'ayant fait faire le traitté
d'Ast, pour l'exécution duquel je me suis employé, ainsy qu'il est
notoire à chacun , maintenant que le roy catholique , mon frère , se
porte à le vouloir consentir, il ne puisse souffrir, comme vous m'es-
crivés, que mon authorité y intervienne. Ce que je n'eusse pas attendu
de luy, estant certain que si les offices d'amitié qu'on rend à ceux à
qui on est uny par alliance se payent de telle recognoissance , il vau-
droit beaucoup mieux se tenir sans rien faire, que non pas de tra-
vailler à procurer leur repos. Cependant j'ay à vous dire que le duc
de Monléléon me tient tout un autre langage que vos lettres
Quant au mariage qui se traitte maintenant au pays où vous estes,
j'auray tousjours à gré qu'il se conclue, si tant est qu'il en puisse re-
venir du bien à la chrestienté ; veu que c'est la seule chose qu'en cela,
comme en toute autre, je me propose pour but.
XXVIII.
Bibl. imp. Gaignières, Fonds fr. ao65i. fol. loi. — Original.
A M. LE BARON DU TOUR,
COXdlLLIa DO ROT l* lOII COISEIL D'CSTtT ET SOU AVBt>5iOEDH BR AICLITEMB '.
i" mars 1617.
Monsieur, j'ay veu par nos lettres comme
vous avés esté receu de delà , les traverses qu'on vous y a données et
comme enfin M"" le milord de Hests^ a esté vainqueur au combat qu'il
' Voy. tome I", p. a^y. note a, et Mé- lui, à Rocliester, fort accompagné, et l'a-
moires de Richelieu , t. I , p. SgS , /iyA. vait ensuite bien servi à Londres. En 1 6a4
* Hay, comte de Carlisle. M' du Tour il vint à Pari» pour le mariage de Hen-
avait mandé le a 1 février les bons procédés riette de France. (Woy. Mercure français ,
de M. de Hay, qui était venu au-devant de p. ^79.)
45.
356 LETTRES
a eu pour vous. Le roy et la reyne luy en savent plus de gré que je
ne vous puis dire, ainsy que vous verres par les lettres de remercie-
ment que leurs MM. luy escrivent'. Comme elles ont du tout sujet
de se louer de sa courtoisie , elles trouvent bien estrangë la mauvaise
volonté qu'a le s' Edmond pour cet estât. Elles ont esté bien ayses de
voir ce que vous avés gaigné sur l'esprit du roy de la Grande-Bre-
tagne, mais il monstre bien de n'eslre pas du tout guéry, puisque,
quand il s'engage à n'assister point ses ennemis couvertement, il
suppose les assister ouvertement, au cas qu'on ne luy accorde cer-
taines propositions qu'il veut faire. Sur cela S. M. prévoyant qu'il veut
s'entremettre de quelque traitté , désire que vous luy fassiez entendre
^qu'elle ne capitulera jamais avec ses subjets, et qu'il n'aprouveroit
pas luy-méme, par raison d'estat, qu'un prince estranger voulust se
rendre protecteur des subjets d'un autre.
Pour cette elTect, LL. MM. le prient de ne point vouloir se mesler
de cette affaire, veu mesme qu'elles ont fait tout ce qui leur a esté
possible pour ramener ces gens-cy à la raison. Vovis luy ferés voir
particulièrement par la déclaration que S. M. m'a commandé de
faire, comme on leur a encore oflert, depuis huit jours^, d'oublier le
passé, pourvu qu'ils quittassent les armes. Vous y verres plusieurs
autres choses importantes à remarquer qu'il scroit superflu de vous
mander.
Après avoir faict vostre dernier efîbrt pour regaigner ce prince,
LL. MM. entendent que vous reveniés les trouver. Et sera bon, si vous
pouvés, lo 69 2 44 61 64 i3 i6 3i 63 42 28 4o 3 8 28 16 64 8
3o47 4io 28 i3 16 38 44 19 10 i3 54 i3 4711 8 64 4i3
44 63 54^
Au reste nous vous attendrons le plutost que faire se poxura, en
intention de pourveoir à ce que vostre voyage vous aura faict juger
à propos*; vous verres, par une autre lettre que je vous escris. Testât
' Voy. aux analyses du i " mars. ' Je n'ai point trouvé le chiffre de Ri-
^ Page 3oi de notre premier volume , à chelieu avec le baron du Tour,
la date du 1 8 février. ' Dans le manuscrit cité aux sources .
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 357
présent de nos atFaires; c'est ce qui me faict finir celle-cy, vous asseu-
rant que je suis,
Monsieur,
Vostre très humble serviteur,
DE RICHELIEU.
XXIX
Arcli. dies Aff. étr. FVance, t. 38, pièce 80. — Mise au net.
[AU MARÉCHAL D'ANCRE.]
[Commencement de mars itii7?]
Monsieiu", vous ayant cy-devant envoie la déclaration
que le roy a faicte contre M' de NeversS je prends la plume mainte-
nant pour accompagner les deux qui sont survenues ensuite. Par l'une
vous verres comme M" de Vendosme, de Mayenne et de Bouillon
l'aiant imité en sa rébellion envers leur roy, ont contrainct S. M. de
faire contre eux la mesme déclaration qu'elle avoit faicte contre luy.
Par fautre vous cognoistrés qu'aiant artificieusement publié leurs
manifestes, et non moins malicieusement espandu mille bruits parmy
le peuple pour descrier le gouvernement de FEstat, il estoit très-im-
portant d'apporter im prompt remède à ce mai. Et d'autant qu'en
vain S. M. opposeroit du papier aux armes qu'ils ont osé prendre
contre elle, si elle ne forùffioit des siennes les raisons par lesquelles
elle les condamne, elle augmente tous les jours ses forces pour en
plusieurs pages, depuis le fol. gS, donnent réchal d'Ancre, qui était en Normandie; la
le sommaire de diverses afifaires entre la présente lettre, écrite quelques jours après,
France et l'Angleterre, peu avant l'entrée est sans doute des premiers jours de mars
de Richelieu au ministère. quand M'deThémines assiégeait Cuffy. Le
' Voy. ci-dessus au i5 février, et i. I", . i mars, le roi lui ordonnait de le raser
p. 3oi et 3i6. Le 22 février, l'évêque de quand il serait pris (t. I", p. S/iy).
Luçon avait envoyé la déclaration au ma-
358 LETTRES
composer une armée telle qu'elle puisse chaslier la désobéissance de
ses sujets. Pour cet effect, outre les recreues qu'elle a faict faire de
ses vieux régimens et les compagnies de chevaux légers qu'elle faict
mettre sur pied, elle a délivré des commissions pour lever quatre mil
hommes de pied. Qui plus est, elle a trouvé bon d'adjouster aux
Reistres, Landsquenets et Liégeois qu'elle attend, quatre mil hommes
qu'elle faict venir de Hollande. De sorte que aiant assemblé toutes
ces troupes tant françoises qu'estrangères , il est impossible que ses
ennemis puissent résister à sa puissance , ce qui paroist d'autant plus
certain qu'outre la foiblesse en laquelle ils sont maintenant, rien ne
lemue en leur faveur aux pais estrangers. L'Allemagne estant le lieu
d'où, avec plus d'apparence, ilz pourroient tirer du secours, nous
sommes, grâces à Dieu, en repos de ce costé-là. M" le comte de Schom-
berg aiant escrit qu'il n'y a pas un homme pour eux; M' le Prince
palatin, qui est celui dont ils se devroienl prévaloir davantage, s'es-
tant mesme engagé à luy, et de bouche et par escrit, de ne les assister
en aucune façon au préjudice de S. M. Ainsi estant asseurée du de-
hors, elle se dispose à se mettre en estai de se faire craindre par
ceux que la douceur dont elle a usé envers eux n'a pas esté suffisante
de porter à l'aimer. Ses armes commencent desjà à leur donner de la
terreur. M' le mareschal de Thémines aiant, en une rencontre, faict
prendre la fuite à la cavalerie de M' de Nevers et faict rester douze
ou quinze d'icelle sur la place. M' le mareschal de Montigny tient
assiégé un chasteau en Nivernois nommé CuiFy, qui ne se peut ga-
rentir d'estre emporté , quoy qu'on die que M"' de Nevers face mine de
le vouloir venir deffendre. M' le comte d'Auvergne aiant nettoyé le
Perche de ceux qui vouloient s'y eslever contre S. M., mis garnison
dans leurs maisons, asseuré pour son service le Mans et autres places
qu'on soupçonnoit n'y estre pas, revient trouver, avec ses troupes,
S. M. Si tost qu'il sera arrivé, elle le laissera autour de Soissonspour
réprimer les courses que ceux de dedans osent venir faire aux envi- •
rons de cette ville. Tandis qu'elle sera en Champagne , où elle se résoult
de s'ascheminer dans huit jours, aiant encore M. de Guyse en qualité
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 359
de lieutenant général de Tarniée qui y est. C'est tout ce que je vous
puis dire pour le présent, si non que je suis.
Monsieur,
Vostre., .
XXX.
Arch. des AU', étr. Constantinople, l. 3, fol. 71. — Minute.
LETTRE DU ROY A M. DE SANCY '.
8 mars 1617.
M' de Sancy, j'escris au Grand Seigneur, tant sur le tribut qu'il
exige de mes suJjjets et de ceux des princes chrestiens, pilleries faictes
par les siens sur les marchands en Barbarie, outrages qu'ils exercent
à l'endroit des consuls, qu'emprisonnemens des dragomans. Vous luv
présenterés ma lettre, et vous joindrés avec les ambassadeurs d'An-
gleterre et de Hollande aux instances que je sçay qu'ils doivent faire .
de la part du roy de la Grande-Bretagne, mon frère, et de M" des
E.stats touchant ce tribut, afin <{ue, comme nous y avons un commun
intérest, nous en paissions aussy tirer une satisfaction esgale.
La minute continue par des' conseils de prudence dans la conduite de ces négo-
ciations*. Le roi recommande « de faire valoir la bonne volonté que S. M. a tes-
moignée, tant à ceux d'Arger, au soldat deThunis, qu'au chaour du Grand Sei-
gneur, ayant délivré les esclaves Turcs qui m'estoient légitimement acquis. . . »
La dépêche est terminée par ce paragraphe :
Au reste, vous n'oublierés pas de faire cognoistre au Grand Seigneur
' Ceci est écrit au 3os , ainsi que la date. de Harlay, avant d'avoir eu communication
' Nous en avons donné un fragment de la pièce entière conservée aux Affaires
( page 359 de notre premier volume ) ; étrangères. On peut voir à la page précitée
nous I avions trouvé dans les manuscrits ■ une note sur Sancy.
360 LETTRES
le sentiment que j'ay du restablissement, que vous m'escrivés, de
quelques pères jésuites, luy en faisant, de ma part, le remerciement
plus affectionné qui vous sera possible, et l'asseurant qu'en toute
occasion, je tascheray à prendre revanche de ce bon office. Sur cela. ..
XXXI,
Arch. des Aff. étr. Constantinople , t. 3, toi. 68. — Minute.
A M. DE SANCY.
Du 8' mars 1617 ' .
Ceux de Marseille se sont plaints de M' de Sancy, au sujet de la déposition du
vice-consul d'Alep ; l'ambassadeur réclame contre ces plaintes injustes. Richelieu
lui répond : « N'ayant point de cognoissance de ces plainctes que par ce que vos
lettres me tesmoignent, je ne puis maintenant vous rendre en cela l'assistance
que je désirerois, pour vous en faire avoir la satisfaction que vous requérés. . .,
les Marseillois estant intéressez, ils y mettent un excès de leur passion.
«... Quand j'auray esté plus particulièrement instruit de cette affaire, si j'y puis
contribuer quelque chose pour vostre contentement, vous pouvés croire que
j'auray à faveur de vous y servir. »
Richelieu fera son possible pour qu'il soit payé de ce qui est dû de ses appoin-
tements, «... mais il sera difficile de vous faire reml)0urser, pour cette heure, de
ce que vous avés avancé pour le retour des pères jésuites en Constantinople , attendu
la nécessité présente de nos affaires. » Richelieu mande à IW de Sancy ce qui a
déjà été écrit aux autres ambassadeurs sur l'entier accomplissement du traité
d'Ast, « qui est ce pourquoy on estoit venu aux armes, ^et dont l'exécution , à mon
advis, se fera à Rome, les ambassadeurs de S. M. y assistans et la poursuivans. »
. . . .Quelques mots sur le différend qu'ont les Vénitiens avec l'archiduc de Gratz,
et une page sur l'alliance des Vénitiens et des Grisons. Cette page, que nous avions
' Le secrétaire a noté au dos le nom et effet, s'en voulant remettre, S. M. pour
la date. le respect qu'elle pOrte à Sa Saincteté a
" Cette phrase qui finit le paragraphe creu luy devoir céder l'honneur de mettre
est écrite en marge, pour remplacer celle- à fin un sy bon œuvre f
ci , barrée dans le texte : « et pour cet
DU CÂHDINAL DE RICHELIEU.
361
trouvée en fragment dans les manuscrits de Harlay, a été imprimée dans notre
premier volume, page 36o.
La lettre se termine par un paragraphe sur Texpédition de Lesdiguières en
Italie, et sur « la parole donnée par le roi de la Grande-Bretagne de ne rien faire
pour les princes au préjudice de S. M. •
De sorte qu'estant asseuré, tant de ce costé là que d'autres du
dehors, il y a tout subjet de croire qu'elle viendra aysément à bout
de ses ennemis qui sont au dedans de son royaume.
Richelieu finit en annonçant à M"^ de Sancy une autre lettre, oii il verra «en
quel estât la France est aujourd'huy '. »
XXXII.
Arcli. des Aff. étr. Hollande, t. 8, loi. -5. — Copie.
A M. DE LA NOUE.
17 mars 1617.
.le vous mande par une autre lettre^ ie cours des affaires de la
France, par lequel vous verres le progrès de celles du roy^.
Depuis ma lettre escrite, etc.
' Est-ce la lettre du 17 mars dont on
trouvera ci-après l'analyse à sa date ?
' Sans doute celle qui porte la même
date , 1 7 mars , et qui , dans ce manuscrit ,
est cotée 7.5, aussi aux analyses ci-après.
' Ces trois premières lignes sont de la
main d'un des secrétaires ordinaires de
Richelieu, ce qui suit est d'une main que
je ne connais pas. C'est une sorte de P. S.
que m'avait fourni un manuscrit de Har-
lay (voy. t. I", p. 4ii); ce manuscrit ne
donnait point de suscription, j'avais pense
que la lettre devait être adressée à l'ambas-
sadeur ordinaire, Du Maurier; je vois, par
le manuscrit des Affaires étrangères , qu'elle
allait à fenvoyé extraordinaire.
C\nOIN. DE RtCHELIEO.
46
362 LETTRES
XXXIH.
Arch. des Aff. étr. Hollande, t. 8, fol. 67. — Minute.
LE ROY A M. DE L4 NOUE.
I ï mars 1617.
Je vous diray que toutes vos dépesches ont été perdues , etc.
J'ai donné cette pièce dans le premier volume, page 327. Le manuscrit de
Harlay, où elle se trouve en copie, l'a mise à la suite d'une autre, du 26 février,
comme si c'était une seule et même pièce. La minute, que nous avons eue au\ Ar-
chives des affaires étrangères, nous a montré l'erreur où nous avait induit le ma-
nuscrit de Harlay, et nous a donné la véritable date, 1 7 mars.
XXXIV.
Arch. des Aff. étr. Venise, i. ai , fol- 261 — Minute.
LETTRE DU ROY A M. DE LÉON.
Du 22' mars 1 H17.
..... I)ien que je n'aye point de paroles qui puissent exagérer
l'indignité du procéder des Ebada (les Vénitiens), je trouve bon né-
antmoins l'advis que vous nie donnés de remettre en un temps plus
opportun à faire paroistre le ressentiment que j'en ay . . . Cependant
le désir que j'ay de voir la paix aussy bien establie entre mes voysins
qu'en mon royaume mesme, faict que je seray très-ayse qu'ils l'ob-
tiennent . . . mais peut-estre ceux qui ont creu pouvoir se passer de
moy, en cette occasion, en pourront-ils encore avoir à faire. . .
Bien que je désire que vous vous prépariés à partir, le temps de
vostre aiîibassade estant expiré, je n'entends pas toutefois que vous
parties qu'on ne voye l'événement de cette paix, le bien de mes al-
liez requérant qu'ayant eu cognoissance du commencement de ce
différend, vous ne bougies de là que vous n'en voyiés la fin.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 363
XXXV.
Arcli. des Aff. étr. Venise, t. txi, fol. 261 v°. — Minute.
A M. DE LÉON.
11 mars 1617'.
Richelieu a vu par la lettre de M. de Léon du 28 février, reçue le ao mars,
ce que cet ambassadeur a écrit touchant les Ebada (les Vénitiens); étonnement
de leur procédé.
Le l)on est que quelquefois en pensant tromper autruy on se
trompe soy-même; et, à ce que j'apprends, tant par vos lettres que
d'ailleurs, cette affaire est encore en tel estât qu'il pourra bien
leur en prendre en cette sorte. En un mot, il est indifférent à S. M.
par le moyen de qui ils obtiennent la paix, pourveii qu'ils l'ayent.
Mais, en effect, ils ne peuvent nyer qu'ils ne luy ayent lait tort d'avoir
tiré de ses mains cette affaire, qui estoit en tel achèvement qu'ils n'en
pouvoient espérer qu'une heureuse issue.
S. M. a eu du contentement de savoir la disposition que vous me
tesnioignés qu'a le jardin (le roi d'Espagne) à redonner la tranquil-
lité aux lieux où il y a desjà longtemps qu'il n'y a que du trouble.
Le refroidissement que vous remarqués qu'il y a aux préparatifs de
guerre qu'il faisoit avec tant d'ardeur, estant un indice de la paix
qu'il se promet y establir.
S. M. sera très-ayse quand toutes choses seront tellement compo-
sées au dehors qu'estant délivrée du soin qu'elle en prend , elle n'aura
plus qu'à penser au dedans de son estai, pour ranger ses ennemis à
leur devoir. Pour le progrez de ses affaires que vous verres en la
' M. de Léon était alors sur le point ajoutait quelques nouvelles des avantiiges
de quitter son poste; le roi lui avait écrit remportés sur les princes par l'armée du
le 8 mars que le temps de son nmbassade " roi. Ces deux lettres, en minute de la
étant expiré, M. de Boissy allait le rem- main du même secrétaire, sont dans ce
placer. Richelieu lui écrivant le même jour manuscrit, fol. 2^9 et a5i.
364 LETTRES
lettre que je vous escrits sur ce subjet \ vous pourrés concevoir quel
en sera l'événement, n'y ayant point de doute que Dieu, rjui protège
les rois, ne favorise les armes de S. M. contre ses subjets rebelles.
Au reste, je ne veux pas oublier à vous tesmoigner le desplaisir qu'a
la salade (le roi) de voir le peu de gré que les Ebada (les Vénitiens)
luy savent de ce qvi'elle a fait en faveur de leur esturgeon (alliance);
et n'ay rien à adjouster à cela, *inon que s'ils payent de telle re-
cognoissance ce qu'elle a faictpour eux, en cette occasion, il vaudroit
autant les désobliger qu'obliger, puisqu'ils n'auront pas plus le sen-
timent de l'un que de l'autre. Voilà tout ce que je vous puis dire pour
le présent, sinon que je suis. . .
XXXVI.
Arch. des AfF. élr. France, t. 28, pièce 8^. — - Mise au net.
[AU MARÉCHAL D'ANCRE?]
[Vers le 27 mars 1617 '.]
Monsieur, le désir que j'ay de vous informer de temps à autre de
ce qui se passe d'important pour le service du roy, me faict prendre
la plume pour, ensuitte de mes lettres précédentes, vous faire part
de ce que les armées de S. M. ont faict de remarquable. En premier
lieu j'estime estre à propos de vous dire que l'armée de Champagne,
dont M. de Guyse est lieutenant général , est dès cette heure com-
posée de sept mille hommes de pied et mil chevaux. Celle de l'Isle
de France, commandée par M. le comte d'Auvergne', de cinq mil
' C'est sans doute la lettre signée du l'annonce des villes que venait de ])rendre
roi le même jour et qu'on vient de lire. le maréchal de Montigny.
■ Celte mise au net ne donne ni sus- ' 11 s'est appelé depuis duc d'Angou-
cription, ni date; mais la lettre parait lème, et il signait Charles de Valois. C'était
adressée au maréchal d'Ancre. Quant à la un fils naturel du roi Charles IX et de Mario
date , elle se trouve indiquée à peu près par Touchet.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 365
[hommes] et de mil chevaux et celle duNlvernois, que M. le mareschal
de Montigny conduit, de trois mil [hommes] et de cinq cents chevaux,
sans compter toutes les troupes , tant de cavalerie que d'infanterie , dont
tous les jours elles se grossissent. M. de Guyse a pris Richecour et
faict estât d'aller assiéger Réthel ou Chasteau-Porcien ', la garnison
duquel estant sortie, M. le mareschal de Thémines en a faict resler
dix ou douze sur la place, et pris autant de prisonniers. M. le ma-
reschal de Montigny a pris Culfy, Donzy, Antrain et Clamecy, où il
s'est saisy de la personne d'un des filz de M' de Nevers, qui, par ca-
pitulation, doit remettre en l'ohéissance du roy quatre places du Ni-
vernois. Le d. s' mareschal est allé secourir S'-Pierre le Moustier, que
les ennemis ont assiégé, et, au retour de là, faict estât d'aller atta-
quer Nevers, dont il croît se rendre maistre, veu l'affection que les
hahitans tesmoignent porter à leur roy. Cette ville estant prise il n'y
aura plus rien dans la province qui luy face teste que Decize, qu'en-
core il se promet d'emporter, quelque résistance qu'il y rencontre
par la quantité de gens de guerre qui sont dedans. Il reste à parier
de M' le comte d'Auvergne qui , par le bon ordre qu'il a mis à esta-
blir ses forces aux lieux où les ennemis avoient la campagne libre, a
ressen-é les coureurs de Soissons nui venoient jusques à nos portes'-.
Et parce que le Roy, de jour à autre, remet à partir pour aller à
Rheims, il se tient en estât de favoriser son passage. Après quoy il
faut croire qu'il ne se tiendra pas sans respx)ndre, par effects, à l'o-
pinion qu'on a conceue de luy. Je ne vous puis dire l'estonnement qui
a saisy les ennemis du roy jugeans, par le progrès de ses afïaires,
([uelle fin ils doivent attendre de leur rébellion. Veu mesme que,
pour en laisser une marque à l'advenir, il a desjà faict raser entière-
ment les places qu'il a prises sur eux, et continue en la volonté de
faire faire le mesme de toutes celles tju'il prendra cy-après. Je ne vous
' Pris le 29 mars, la capitulation est " Le comte d'Auvergne prit Pierrel'onds
datée du 3o avril; le duc de Guise avait • lésa avril et investit Soissons le 12. [Méin.
investi la place le I 5 mars [Mercure , l. li , de liichelieu, t. I, p. 3g5. Voy. aussi le
p. 166 de 1617.) Mercure français , p. 16^ et suiv.)
366 LETTRES
dis point comme chacun, tournant le dos aux ennemis, suit les armes
victorieuses de S. M. le lieutenant de la compagnie du s*^ marquis
de Queuvres^ l'aiant quitté, avec trente maistres, pour se ranger du
parti du roy ; laissant à part leurs soldats qui , se desbandans tous les
joins de leurs troupes povir l'extrême nécessité qui y est, se viennent
rendre en celles de S. M.
Je continueray à vous mander en suite ce qui surviendra de nou-
veau, et me diray, avec vérité,
Monsieur,
Voslre. . .
XXXVII.
Arch. des Afi. étr. Venise, t. ^2 , fol. 254. — Minute.
LETTRE DU ROI A M. DE LÉON.
Du 5' apvril 1617.
M'' de Léon, j'ay esté très-ayse de voir par vos lettres du 1 7"= mars^
que les Vénitiens ayent maintenant sul^jet de recognoislre la franchise
dont j'ay usé en leur endroit pour leur donner moyen de parvenir à
l'alliance des Grisons. Je désire me comporter de telle sorte que tout
le monde pouvant juger de la sincérité de mes intentions, je donne
plutost occasion à un chacun de se louer de moy que de s'en plaindre.
. . . Quant à ce que vous m'escrivés que ce traitté , ainsi que celuy de
Madrid^, est remis à S. S" qui a tesmoigné avoir agréable d'en prendre
' Le futur duc et niaréchal d'Estrées; de faire. L'évêque de Luçon, dans une
on écrit ordinairement Cœuvres. lettre écrite seulement pour accompagner
' Ce manuscrit conserve cinq lettres de celle du roi, répond que S. M. autorise
M. de Léon à la date du 17 mars (fol. 228- volontiers cette absence, et il ajoute la re-,
235), la première adresséeau roi, les autres commandation à M. de Léon d'user dedis-
à Richelieu. Dans i'une de celles-ci, M. de crétion, alin que les affaires du roi n'en
Léon demande un congé de vingt-cinq reçoivent pas préjudice. (Fol. 2 56 du même
jours pour aller à Notre-Dame de Lorette, manuscrit.)
accomplir un vœu , ce que la nécessité des ' Le secrétaire , qui sans doute avait mal
affaires du roi ne lui a pas encore permis entendu , a écrit : Marie.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 367
cognoissance , vous pouvés croire qu'ayant un désir passionné de voir
terminer ces diiFérends selon que les parties le désirent, on ne peut
pas souhaitter les voir tomber en meilleures mains que celles du S'-
Père l'événement fera cognoistre ce qu'on peut et doit espérer
de cette négociation ...
Au reste vous avés prudemment faict de ne pas faire paroistre aux
El)ada (les Vénitiens) le ressentiment que j'avois du procéder qu'ils
ont tenu en ce que vous sçavés, estant certain que le temps, qui amène
toutes choses, me fournira quelque occasion de le leur faire cognoistre;
et que cette affaire, tirant un long trait, pourra aboutir à tel point
qu'encore les Ebada seront-ils bien ayses d'y rechercher mon entremise.
XXXVIII.
Arcli. des AfT. ctr. Angleterre, t a6, fol. i35. — Minute.
A M. DESMARETS.
6 avril 1617.
Monsieur, j'ai receue, par M' le baron du Tour, vos lettres des i o,
1 3 et I 7 de mars, et appris particulièrement de luy ce qui s'est passé
en son voyage. Je suis extresmement fasché que le succez n'en a esté
tel qu'il eust esté à désirer; mais n'aiant pas rencontré au subjet de
qui il dépendoit la disposition requise, ce n'est pas merveille s'il n'en
a recueilli autre fruit que celuy que vous aviés préveu. Quand vous
ne me rendriez point les tesmoignages que vous faictes, par vos lettres,
comme quoy il s'est comporté en son ambassade, sa sufïisance et l'af-
fection qu'il a au service 4» l'oy m'auroient tousjours faict croire qu'il
s'en seroit acquitté dignement. S'il n'a peu desraciner de l'esprit du
roy de la Grande-Bretagne les impressions qu'il a prises au désavan-
tage de nostre gouvernement, il y, aura tousjours apporté quelque
acheminement, et je m'asseure enfin que le temps fera peu à peu en
luy ce dont on n'a peu tout d'un coup venir à bout. Les bonnes qua-
308 LETTRES
liiez que vous remarqués en ce prince, et les raisons d'eslat que vous
cotés par vos lettres, font que là où les unes, pour estre changées,
l'enipescheroient de venir à ce point, les autres seroient suffisantes
de l'y porter, A quoy y servira grandement la prospérité de nos af-
faires, que je puis dire estre en tel estât que nous le sçaiu-ions dési-
rer, ainsy que vous verres par la lettre que je vous en escris^ Cepen-
dant je vous diray que si tant est, comme vous me faictes cognoistre
par les vostres, qu'il ne donne point ouvertement de secours à M" les
princes, je ne vois pas qu'ils doivent beaucoup se promettre de son
entremise pour moyenner leur accord; attendu qu'aiant faict proposer
la mesme chose par M" des Estats, à l'instance de son ambassadeur
({ui réside auprès d'eux. M' de la Noue leur déclara que le roy ne
pouvoit, en façon quelconque, ouïr parler d'intercession pour des sub-
jets de qui il vouloit chastier la rébellion. Cela estant, et S. M. conti-
nuant d'autant plus en cette résolution, qu'ils se sont plus rendus in-
dignes de la clémence qu'elle leur a offerte, il n'y a pas d'apparence
de penser que S. M. se relasche d'entendre à une chose à laquelle,
depuis leur obstination, elle a refusé de prester l'oreille à tous ceux
qui luy en ont voulu parler.
Vous vous acquitterés, s'il vous plaist, de la promesse que vous me
faictes de me donner advis de ce à quoy le pourparler que vous avés
eu avec celuy dont vous m'escrivés sera abbouty, si tant est que vous
jugiés que cela importe au service du roy^.
4
' Cet exposé de la situation ne se trouve parler de telles affaires, mais je luy pro-
pas dans notre manuscrit. mis de le voir demain pour en discourir
" Desmarets avait mandé à Richelieu le tout à loisir; je verray ce qu'il voudra dire
17 mars : «Après 12 ou 1 3 ans de prison et, si c'est chose qui mérite, je ne man-
et confiscation, le s' Quatre Rallé (Walter queray pas à vous en avertir. ■> (Ms. cité
Raleigh) a esté mis en liberté, et on va aux sources, fol. iSA^O" ie voit pas trop
l'employer à une expédition pour la des- quel parti Richelieu eût pu tirer à cette
couverte de terres qui sont aux Indes. . . heure du mécontentement de sir Walter,
il est fort mescontent, et très-afl'ectionné mais ce commencement d'intrigue n'eut au-
à la couronne de France. » — Le lieu ou cun résultat. On sait d'ailleurs que Raleigh
Desmarets voyait le célèbre navigateur périt l'année suivante sur un échafaud,
anglais a estoit, dit-il, mal commode pour condamné pour un prétendu crime d'Etat.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
369
Je me suis Informé des combats que M' le baron du Tour et vous
avés soustenus contre le s' Edmond ', sur quoy je n'ay rien à vous dire ,
sinon que la victoire vous esloit toute acquise , estant deux contre un ,
et que la vérité et une bonne cause sont plus fortes que tout ce qui
s'y voudroit opposer. Vous fériés vm grand coup si vous pouviés em-
pescher qu'il revinst de deçà^, quoyque je n'ose me le promettre,
M' le baron du Tour n'y ayant peu parvenir. Si vous voyés que sour-
dement vous n'y avanciés rien, vous ne vous y opposerés pas ouver-
tement, afin de ne luy donner cet avantage qu'il se puisse prévaloir
de venir en France contre l'instance et la volonté de Leurs Majestez;
vous sçaurés bien ménager cette occasion. La cognoissance particu-
lière que vous avés de l'humeur de ceux avec qui vous avés à traitter,
vous servant de meilleure guide, pour vous conduire en cecy, que
tous les advis qu'on vous y pourrolt donner.
Au reste, je ne manqueray pas de vous rendre aux affaires qui vous
concernent, dont M"" le baron du Tour m'a parlé, toute l'assi-stance
que vous sçauriés désirer de moy, qui auray à faveur de vous tes-
moigner. en cela et en toute autre chose, que je suis. . .
' Ce personnage accusait Desmarelzde
lui avoir imputé faussement d'exciter le
roi d'ATigleterre à prendre le parti des
princes révoltés contre Louis XIII ; l'accu-
sation était calomnieuse , Desmaretz n'a-
vait rien imputé au sieur Edmond, mais
ceiui-ci prenait volontiers ce prétexte de
poursuivre le gouvernement français de
ses invectives (Lettres des 21 janvier et
17 mars). «Le baron du Tour vous dira
comme il a esté attaqué (écriyait Desma-
retz le 1 7 mars) aussy bien que moy, par
M. Edmonds , sur nos affaires de France
... il a trouvé un rude adversaire dans
M. du Tour, qui l'a rembarré comme il
faut. »
' Il revint pourtant; dès le 26 février
M. du Tour avait annoncé à Richelieu qu'il
était de nouveau désigné pour l'ambassade
de France ( Manuscrit cité aux sources ,
fol. lao).
CARDIN. DE RtCHELlEC-
47
370 LETTRES
XXXIX.
Arch. des Aff. élr. Espagne, t. 12, fol. 364. — Minute.
A M. DE SENEÇAY.
8 avril 1617,
Réponse à la lettre de M' de Seneçay du 1 3 mars
Bien que les advis que nous avons eus de divers lieux soient con-
formes à celuy que vous m'avés donné , que les traittés' de paix qui
se dévoient faire à Rome sont transférés au lieu où vous estes, le dé-
sir qu'a le roy de voir ses voisins en repos faict qu'il sera tousjours
très-ayse (ju'ils l'obtiennent par le moyen de qui que ce puisse estre,
quoy qu'il semble que les parties soient moins propres à estre juges
de leurs causes qu'aucun autre ^
Seneçay se décourageant de ne rien obtenir au sujet de rétablissement de la
maison de la princesse d'Espagne, Richelieu lui recommande la persistance :
Vous sçavez trop mieux que je ne vous le puis dire que qui quitte
la partie la perd, et qu'avec le temps on vient à bout de toutes choses.
Cela estant , vous continuerés , s'il vous plaist , les sollicitations que vous
avez commencées. . .
Pour le retour que vous me tesmoignez désii-er. . . LL. MM. ne pouvant, pour
cette heure, envoyer personne en vostre place qui y soit si utile à leur service que
vous, vous préférerés, je m'asseure, en ce cas, leur intérest au vostreparticulier . ..
' Richelieu fait en ce moment toutes tard, devenu premier ministre, user en-
les concessions possibles pour arrivera la core avec l'Espagne de ménagements, et
paix , il savait que l'état des affaires inté- lui faire assez longtemps une sorte de
rieures ne lui permettait pas d'entre- guerre sourde, jusqu'en 1 6.35 où la guerre
prendre autre chose. Nous le verrons plus l'ut solennellement déclarée.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
371
XL.
Arch. des Aff. étr. France, t. 28, pièce 83. — Minute de la main de Le Masie.
[AU MARESCHAL D'ANCRE.]
g ' avril 1617.
Monsieur,
Depuis vostre partement nous avons eu des nouvelles de M"" du Ples-
sis-Mornay, par le s' de La Perte qui en est maintenant de retour,
qui nous asseure que M"^ du Plessis et ses amis travaillent, le plus
qu'ils peuvent, pour faire que LL. MM. ayent contentement en l'as-
semblée de La Rochelle^. Ce qui est de meilleur en cela est qu'il a
bonne espérance de venir à ses fins. M' de Sully toutefois a escrit à
la Reyne une lettre de son style ordinaire qui descrie le gouverne-
ment; mais, à mon advis, ses humeurs se deschargeront par sa plume.
En tout cas, désirant passionément (jue ceux de la religion K. ne re-
muent point, et leur donnant tout sujet de se tenir en leur debvoir
LL. MM. se tiendront sur leur garde, et seront en estai de les y
ranger s'ils ne s'y contiennent eux-mesmes. Je croy indubitablement
qu'en ce cas l'a-ssemblée du clergé, qui se tiendra en may, donnera au
' Le maréclial était alors à Vernon,
d'où, ce même jour 9, il écrivait à Riche-
lieu une lettre qui se trouve en original
dan» les archives du département du Cher.
(Voy. notre i" vol. p. 535.)
' Le Mercure français rapporte qu'au
mois de mars 1617, • M"* de FJouillon fai-
soit des pratiques aux pays de la Marche ,
au bas Limousin et provinces voisines , solli-
citant une assemblée générale de ceux de la
religion prêt. réf. pour les exciter à se sous-
lever et prendre les armes. » Des députés
de six provinces, réunis à La Rochelle,
avaient arrêté entre eux qu'une assemblée
générale se tiendrait en celte ville, et ils
envoyèrent demander l'autorisation du roi ,
qui ne fut point accordée, i Nonobstant,
ceux de ladite religion ne laissèrent de
s'acheminer à ladite assemblée. » {Mer-
cure, t. IV, p. 174 de 1617.) Et ils firent
imprimer une « déclaration des plus im-
« portantes et principales raisons qui font
« recognoistre la nécessité d'une assemblée
• générale des églises réformées en la ville
«de La Rochelle, pour le service du roy
■ et conservation desdites églises. » Le Mer-
cure donne le texte de cette pièce.
/I7.
372 LETTRES
roy le secours d'argent que vous sçavés. Tous les jours je parle à
quelqu'un de ceux que je prévoy qui en doivent estre, qui, de plus
en plus, s'y disposent.-
Quant à ce que vous nous cliargeastes devant vostre partement de
traitter de cette mesme affaire avec M"" le Nonce et M'' l'ambassadeur
d'Espagne, nous n'avons pas jugé qu'il en fust encore temps, d'autant
peut-estre jugeroient-ils qu'on appréhendast plus ce mal qu'on ne faict
pas. De plus la difficulté qu'il y a de voir le premier pour la pré-
séance, empesche d'agir avec luy sy commodément; mais on poiura
bien, ce semble, passer sur cette difficulté, si la reyne le trouve
bon, à qui nous en parlerons en temps et lieu; et, en ce cas, je ferois
entendre à M' le Nonce comme vous estes autbeur de la décision de
cette cause, affm que cela favorise l'affaire de M' de Tours'.
Pour ce qui est particulièrement du traitté d'Espagne, on croit qu'il
préjudicieroit plus qu'il ne serviroit, d'autant que d'ordinaire leur as-
sistance est plus grande de parole que d'effects, et qu'ils préten-
droient volontiers nous payer, par l'assistance qu'ils promeltroient,
beaucoup de choses qu'ils doibvent pour l'establissement des François
qui sont en Espagne, dont jusques icy on n'a sceu avoir raison. Da-
vantage , le secours dont on pourroit avoir affaire venant de Flandres
où nous trouvons toute bonne disposition, en recevant tous les jours
des lettres par lesquelles nous apprenons qu'ils ont ordre de faire ce
qu'on désirera. On fera tout ce qui sera possible pour n'avoir point
besoin de secours , auquel on ne sera forcé d'avoir recours qu'au cas
que ceux de la religion p. r. remuassent.
L'affaire de M"^ de Thianges se conclut aujourd'huy. M"' le control-
leur-général pourvoyant à une partie du payement, et le reste se
' Sébastien Galigaï, frère de la mare le 20 avril; mais la catastrophe du maré-
chale d'Ancre, On lui avait donné en 1610 chai arriva avant que le nouvel archevêque
la riche abbaye de Marmouticr, et plus i'ùt sacré , et il se sauva en Italie. L'affaire
tard le roi le nomma à l'archevêché de dont il s'agit était sans doute le gratis des
Tours, pour lequel il prêta serment le bulles qui avait dû être demandé pour lui
9 mars. Il prit possession, par procureur, au pape.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
373
donnant en parchemin , de façon que demain le gentilhomme qui est
venu pour cet effect, s'en retournera.
On a receu nouvelles que quelques-unes de ces troupes de Lyon-
nois, quoyque les régimens ne soient pas complets, s'advancent pour
grossir M' de Montigny. Cela estant, quinze jours après qu'il aura
mil hommes il aura faict quelque effect. Vos gensd' armes en firent
un l'autre jour à Soissons, où, de jour à autre, on recognoist vos
troupes liégeoises meilleures ^
XLI.
.^rch. des AfiF. étr. France, t. a8, pièce 17'. — Minute de la main de Le Masie.
A M. LE MARESCHAL D'ANCRE.
1 o avril 1617.
Monsieur,
Vous me pardonnerés, s'il vous plaist, si je fais une faute jugeant
que les lettres que vous aviés commandé au courrier que je vous dé-
peschay ii y a deux jours de porter à l'armée de MM" de Contenan
et de Moimon (?) sont peut estre sur le mesme sujet que celles qu'il
vous a pieu m'escrire. J'ay creu en devoir différer l'envoy jusques à
' Richelieu faisait là au maréchal d'Ancre
un compliment f|ui dut lui être agréahle
dans la circonstance. Avant de quitter Pa-
ris le maréchal avait dit au roi qu'au con-
traire des seigneurs qui levaient des troupes
à des condilions onéreuses pour S. M. , lui,
• dans ce besoin où il voyoit le roy, le ser-
viroit avec 6,000 hommes de pied et
3oo chevaux, quatre mois à ses propres
despends. • Dans une lettre du 1 3 mars, en
rappelant au roi ces paroles, il annonçait
la levée de ces 6,000 hommes, dont un
corps de Liégeois de /j-ooo environ. Mê-
lant à d'humbles protestations d'obéissance
absolue un certain air de sufli.sance, il
priait le roi de ne pas se gêner avec lui :
« Ne retienne Vostre Majesté aucune consi-
dération de la qualité qu'elle m'a donnée,
ny de la despence que j'y fais pour son
service, de m'ordonner librement là et
comme elle veut que je la serve. « Le ton
d'insolente vanité qu'osait prendre Concini
en écrivant au roi, provoqua de nouveaux
pamphlets satiriques et surexcita les sen-
timents de haine populaire contre le fa-
vori. L'extrait qu'en donne le Mercure
à la suite du texte de la lettre, prouve que
ces soldats étrangers n'y étaient pas ou-
bliés : » Les petits livrets qui couroient en
faveur des princes, faisoient sonner haut
ceste entrée de Liégeois en France , etc. »
p. i55.
374 LETTRES
tant que vous me fassiés sçavoir vostre volonté , après que vous aurés
scevi ce que M' le comte d'Auvergne m'a escrit de ce que firent vos
troupes. Si je fais une faute, je vous supplie, encore une fois, de me
la remettre. Mais j'ay creu que vous trouveriés fort bonne l'intention
que j'ay en usant ainsy. Je vous renvoie les deux lettres dont il est
question , alRn que , si vous trouvés bon ce que j'ay faict, vous les rete-
niés. Si aussy vous voulés qu'on les porte il vous plaise me les ren-
voyer. Sur cela je vous supplie de croire. Monsieur, que je suis et
seray toujours . . .
XLII.
Arch. des Aff. étr. Allemagne, t. V, fol. 343. — Minute.
A M. DE BAUGY.
10 avril 1617.
(Je n'avais pu donner dans le i"' volume que des fragments de cette pièce, dont le
nis.de Harlem ne conserve qu'un extrait sans indiquer de lacune, et dont j'ai trouvé
depuis la minute. Après le i" alinéa de la page 5o8, la dépêche continue ainsi :)
J'ay communiqué à LIj. MM. fadvis que vous me donnés touchant
r3om Baltasard de Cuniga; elles m'ont faict cognoistre estre fort sa-
tisiaictes de la disposition qu'il a à les servir, et n'en avoir pas moins
à luy faire tout faccueil et le bon traittement qu'il sçauroil désirer.
Pour vous relever de la difficulté que vous avés d'entendre de quel
mariage j'entends parler par ma lettre du 28^ janvier', si vous pre-
nés la peine de la relire vous trouvères qu'y ayant faict mention de
deux qui aspiroient à fempire, et adjoustant qu'il estoit indilférent à
S. M. qui de l'un ou l'autre y parviendroit, j'ay voulu désigner cette
succession par ce mot de traitté de mariage , ensuitte d'une lettre que
je vous avois escritte auparavant"^, par laquelle je vous mandois que
je l'appellerois ainsy '
,3
' Voy. ci-dessus, p. 336, c'est la lettre Baugv .^ je ne la trouve pas dans le nia-
dont la minute est datée du 22. nuscrit des Affaires étrangères.
' Cette lettre esl-elle parvenue à M. de ' Ces affaires d'Allemagne sont expli-
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 375
Quant aux poursuites. . .
(Ici se placent les deux paragraphes des pages 5o8 et 509 du 1" volume. La
lettre est terminée par ce qui suit : )
Je conçoy aussy peu que vous que les différends de M' le duc de
Savoye et des Vénitiens soient vuidez à Rome, quoy qu'on me l'es-
crive de Venise et de Piedmont, le d. s"" duc et cette seigneurie ayant
envoyé leurs procurations en Espagne pour y traitter, et l'ambassadeur
de l'Empereur ayant passé par cette ville pour y aller à mesme lin.
C'est ce qui faict que, pour asseoir un jugement certain sur cette af-
faire , il en faut attendre l'événement.
Au reste je ne suis point estonné que les ennemis de la France
descrient le procédé de la Reyne, ainsy que vous me cottes par une
de vos lettres; je n'ay rien à vous dire, sinon que S. M. acquerra
tousjours autant de gloire de ses actions, comme eux et leurs parti-
sans se mettront sur le front une tache que le temps ne pourra effacer.
XLIII.
Arcli. (les ,\ll'. elr. Hollande, t. b, loi la-. — Minute.
A M. DU MAURIER.
1 2 avril 1617.
Richelieu accuse réception des lettres des 11, 17, 25' mars et 1" apvril.
F^a première me faisant soubçonner l'obligé (M' de Chastillon)
avoir intelligence avec l'aulheur (le duc de Bouillon*), je n'ay rien à
quees avec de fréquentes répétitions et du i i mars. Du Maurier avait mandé :
beaucoup de détails dans les lettres de • M. de Bouillon a escrit à la mère du prince
M. de Baupy des 18, a5 février, 4, i i et Henri que M. de Chastillon va en Langue-
18 mars qui se trouvent dans le manuscrit doc, qui monstre bien qu'ils sont d'iiitel-
cité aux sources, fol. 837, 829, 3.3 1 , 333, ligence ensemble; le s' Du Maurier a veu
3io. la lettre par laquelle sont dicls outrages
' Dans un P. S. chiffré de la lettre odieux au mareschal d'Ancre. »
376 LETTRES
vous dire ià-dessiis, sinon que si cela est, comme je le croy asseuré-
meht, on peut dire cet homme estre bien double, ayant asseuré
LL. MM. qu'il alloit pour leur service au lieu où il est.
Pour ce qui est de la division des esprits, causée par la maladie
dont vous m'escrivés , il faut attendre du temps les remèdes qui y se-
roient inutiles maintenant. Cependant je conçois quelque espérance
d'amendement, voyant que la partie plus saine se rallie en faveur de
la France.
Quant au changement que vous avés remarqué en l'aile (le prince
Maurice), je ne suis point en peine d'en savoir l'origine, mais bien la
fin. C'est pourquoy vous ferés, s'il vous plaist, en cela, la guerre à
l'œil, afin de descouvrir, s'il se peut, à quoy la chose doit aboutir,
pour, selon ce qu'on en apprendra , tascher à destourner l'effect de sa
mauvaise volonté.
Poiu- les lettres que l'autheur a escrites à Toyseau (les Estats de
Hollande) et à l'aile, il paroist bien de ce costé là qu'il ne bat que
d'une aile, puisque son crédit ne s'est pas peu estendre à avoir seule-
ment un mot de response. Et, en cela, il faut advouer que l'obéis-
sant (Du Maurier) n'a pas peu faict de l'empescher, ayant bien jugé
combien la conséquence en seroit dangereuse.
On n'est point estonné d'apprendre par lettres que le résolu (Aers-
sens.»*) ne soit pas si ferme pour nous qu'il seroit à désirer, celuy qui
le pratique depuis quelques jours nous ayant confirmé de vive voix
la mesme chose. Il suffit que, pour nous délivrer de l'appréhension
qu'on nous voudroit donner de sa part, on sache que le pouvoir en
luy ne respond pas à l'intention qu'il auroit de nuyre; et que, quand
il auroit ce dont il est destitué, on est, grâces à Dieu, maintenant
en estât de luy oster le moyen de nous faire du mal.
Je ne feray point icy une apologie pour justifier les actions du
cœur ' que celuy dont vous m'escrivés s'efforce de blasmer, pouvant
dire avec vérité estre telles qu'elles desmentiront tousjours ce qu'on
voudroit publier à leur désavantage.
' Je n'ai point l'explication de ce mot, qui paraît signifier : le maréchal d'Ancre.
DU CAT\DINAL DE RICHELIEU. 377
Je respondray aussy peu pour ce en quoy il trouveroit à rediie en
ma condition', ayant rencontré en vous un si bon advocat. C'est poiu-
quoy, après le remerciement que je vous en doy, et que je vous en
lais, s'il me reste quelque chose à adjouster sur ce sujet, c'est que
je tascheray à me rendre digne de l'eslection que LL. MM. ont faicte
de moy en la charge en laquelle elles m'ont daigné appeler.
La cognoissance que j'ay de vostre sincérité et de la portée de a^Q
faict que je croy facilement ce que vous m'en mandés, sans que vous
vous mettiés en peine d'en chercher autre caution que vostre parole,
ny qu'autre que moy vous puisse accuser pour ce regard.
Ayant eu de diverses parties des advis conformes aux vostres tou-
chant les trouppes que le colonnel Guent et autres amènent pour
les Princes, nous avons escrit en Flandres, à l'archevesque de Co-
logne et au duc de Lorraine, poiu- leur empescher le passage par leuis
terres.
Le roy escrit à M" des Estats et à M. le prince Maurice, pour has-
ter le secours qu'il attend de Holande , ainsy que vous verres par les
copies des lettres que je vous envoyé.
Vous tiendrés, s'il vous plaist, la main à ce que S. M. puisse avoir
ce secours au plustost qu'il se pourra, attendu que le temps presse et
qu'elle en a besoin en son armée de l'Isle de France.
Vous ne ferés point de difficulté d'arrester les gens mentionnés au
mémoire que vous m'avés envoyé , sur l'asseurance que j'ay qu'estant
tels que vous me les figurés, le roy sans doute en sera bien servy en
ce en quoy il les veut employer.
Il me reste à vous dire qu'en ce qui regarde le payement de ce qui
vous est deub vous trouvères qu'embrassant vos intérests comme les
miens propres, j'auray à faveur de vous faire cognoistre par lés effects
plustost que par les paroles que je suis ...
' Mot en surcharge, Richelieu avait d'abord dicté : » En ma personne..»
CARDIN. t>E RICIIEUEO. — Vit. 48
378
LETTRES
XLIV.
Arch. des Aff. étr. Rome, t. aS.
Minute.
A M. L'ABBÉ O'AIJMALE'.
Le i3 apvril 1617.
Richelieu a faict remettre le s' Bernardin Nary^ sur lestât des pensions. . . .
M' de Lesdiguières, de retour en Daulphiné, a donné à LL. MM. asseurance de
sa fidélité '.
« ... Sa Saincleté et S. M. ont sujet d'estre aussy contentes l'une que l'autre
du procéder qu'on a tenu pour arracher de leurs mains une négociation qui sembloit
' Du Nozet, abbé d'Aumale, avait été
envoyé à Rome peu de temps avant l'avé-
nement de Richelieu au ministère; et il lui
adresse ses félicitations dans une lettre du
1" janvier 1617. Il en a appris la nouvelle
par un extraordinaire, et l'a annoncée au
pape , qui n'en savait rien ; « S. S. tesmoigna
de savoir très bon gré à la Reyne d'avoir
choisy un si homme de bien, et si zélé à la
religion catholique , pour s'en servir en une
charge de si grande conséquence. » L'abbé
d'Aumale annonce qu'il a fait, en passant à
Mantoue , le message dont le précédent se-
crétaire d'Etat des Affaires étrangères l'avait
chargé. 11 a informé le pape des motifs de la
détention du prince de Condé, «lesquels
S. S. jugea plus que raisonnables. » Riche-
lieu s'était mis tout d'abord en relation avec
cet agent diplomatique , et nous indiquons ,
aux Analyses, deux missives écrites par l'é-
vêque de Luçon a du Nozet , les 1 F) et 28 fé-
vrier. Le ms. cité aux sources renfenne plu-
sieurs lettres (jue l'abbé d'Aumale adressa
à M. de Luçon , durant ce court ministère.
Richelieu tombé, cet abbé devint suspect
au ministère; et le vieux duc de Villeroy,
qui avait re])ris sa place de secrétaire d'Etat
sous le duc de Luynes , écrivait , le 1 gjuillet,
à l'archevêque de Lyon, ambassadeur de
France a Rome : « L'abbé d'Aumale est
à présent tenu icy pour un homme de la
foy duquel, pour le service du roy, il y a
à l'advenir peu de fiance, comme nous vé-
rifions « (Sommaires des négociations de
M. de Mar(|uernont, etc. Arch_. de I Em-
pire KR i383.) Cependant cette méfiance
ne nuisit pas à l'abbé d'Aumale auprès du
pape; nous trouvons, dans le tome 37 de
la collection de Rome citée aux sources,
qu'en 1 62 1 cet abbé fut sacré évêque de
.Séleucie, et envoyé à Avignon, en qualité
de '^ice-Légat
" L'ambassadeur, marquis de Tresnel ,
avait écrit à la reine mère le 22 février :
« Bernardin Nary, qui est serviteur particu-
lier de V. M. a esté osté de l'estat des
pensions de 1616; il est 1res bien en cette
cour, très affectionné au service du roy et
de V. M. Il esl cousin germain du prince
de Sulmone neveu du pape.» (Manuscrit
cité aux sources.)
' Dans le même manuscrit nous lisons :
« S. s. a esté fort mescontente de l'arrivée
de deçà les monts, de M' le marescbal Les-
diguières. . . Si la guerre dure, il y a
danger que les Espagnols embarquent le
Pape à s'unir avec eux. » ( Lettre de l'abbe
d'Aumale du 22 février.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 379
ne devoir sa fin qu'à leur entremise commune.. . » — «Depuis la prise d'Albe,
M' le duc de Savoye s estant abstenu de tout elTet de guerre, on conçoit meilleure
espérance de la paix qu'on n'a faict encore jusques icy. •
Je suis extresmenient fasché des plaintes que fait Sa Saincteté
touchant la préséance, de son nunce sur les ministres du roy, et n'ay
rien à dire la dessus sinon que je n'ay point eu de cognoissance de
cette affaire par le passé. Rien vous diray-je, que Sa Saincteté se re-
mettra aysément de l'altération qu'elle a peu recevoir à cette occasion ,
si elle considère que S. M. n'entreprendra jamais aucune chose contre
elle, luy devant et voulant rendre toute sorte de defférence, et
qu'elle ne désire, au faict dont il est question, que ce qui se pratique
aux autres royaumes . . .
Les affaires du roy, grâces à Dieu, prospèrent de jour à autre;
M' de Guise ayant pris Chasteau-Porcien et tenant Rethel assiégé, et
M' le comte d'Auvergne emporté Pierrefonds et investy Soissons, et
tous les jours se fai.sant des rencontres où les ennemis perdent tous-
jours deux contre un.
XLV.
Arch. des Aff. élr. France, t. 218, pièce i8. — Minute de In main de Le Masle.
A M. LE MARESCHAL D'ANC BE.
i3 avril 1617.
Monsieur,
Pour vous faire part de ce qui se passe ès-armées du roy qui sont
en Champagne et en l'Isle de France , je vous diray comme M' de Guyse ,
faisant ses approches à Rethel, s'engagea en un combat où Dieu vé
ritablement favorisa les armes du roy. On tua par hasard d'un coup
de pièce le cheval d'un valet de Descures. La risée qu'en firent les
ennemis piqua ceux qui estoient les plus proches d'eux, de telle
sorte que le marquis de Thémines-, avec quelques autres, part de la
main, et va se mesler parmi eux. M' le mareschal de Thémines, son
père, fv voyant engagé, le suit à toute bride; M" de Praslin, de Ma-
is.
380 LETTRES .
rillac et de Beloc et autres font de mesme. Enfin M"^ de Guyse, luy
cinquiesme , s'y trouve , et poussent tous ensemble les ennemis sy ver-
tement, qu'ils les menèrent battans et tuans jusques sur la contres-
carpe.
M"" de Guyse mande qu'il est demeuré sur la. place trente hommes
de pied, dix gens d'armes, chevau-légers ou carabiniers, douze pri-
sonniers ; et le roy n'a perdu un seul homme. Il y en a seulement de
blessez, et le marquis de Thémines l'est à un bras, mais légèrement.
On espère que dans peu de temps Rethel sera rendu en l'obéissance
du roy. Les ennemis sont sy estonnez qu'il ne se peult rien en dire
davantage. Marolles a envoyé un trompette à M"^ de Guyse pour pou-
voir parler à luy. M"" de Guyse escrit qu'avec l'advis de tous ceux qui
sont auprès de luy, il luy a permis. Nous ne sçavons encore ce qui
se sera passé. Il leur vient quelques reistres ; nous avons escrit par-
tout pour leur empescher le passage, ce qui sera toutes fois assez
difficile.
Il n'est rien arrivé de nouveau en l'Isle de France ; M. le comte
d'Auvergne y commence un travail pour empescher que Soissons ne
reçoive aucun secours, ny rafraischissemens de La Fère, ny de Laon
et autres villes ennemies. Dans quatre ou cinq jours il sera achevé;
mais les pluyes incommodent fort et dissipent un peu les armées, soit
par maladie, soit en chassant les soldats qui se dérobent; c'est pour-
quoy. Monsieur, s'il vous plaist de haster vos nouvelles levées, elles
viendront fort à propos.
M' de Vaudemont a faict prendre un courrier qui s'en alloit trouver
Sa Saincteté et tous les princes d'Italie, de la part de M"' de Nevers
pour les implorer à son secours, et leur porter un manifeste fort
honeste que je ne vous envoie point ; ces choses-là ne valant pas la
peine d'estre veues.
Voilà tout ce qu'il y a icy de nouveau, à quoy je n'adjousteray
autre chose sinon que je suis.
Monsieur,
Vostrc. . .
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 381
XLVI.
Arch. des Aff. étr. France, t. 28, pièce 81. — Minute de la main de Le Masle.
AU MARESCHAL D'ANCRE.
i4 avril 1617 '.
Monsieur,
Je vous envoyé la proposition que le s"" de Marolles a faicte à
M' de Guyse , de la part de M. de Nevers , coniine aussy la response
de M*" de Guyse. Par ià vous verres comme les ennemis du roy sont
plus bas qu'on ne sçauroil s'imaginer-. M' de Guyse ayant envoyé un
courrier au roy pour sçavoir au retour de Marolles, qui le doit venir
retrouver encore une fois, ce qu'il auroit à faire, S. M. luy a mandé
que si M' de Nevers vouloit présentement luy remettre, non pas seu-
lement Rétliel, qui, dans quaftre ou cinq jours' sera pris, mais en
outre Mézières, il pourroit par après la venir trouver en asseurance.
Et cependant d'autant que peut esire ces propositions pourroient elles
estre feintes artificieusement pour arrester le cours des armes du roy,
LL. MM. ont mandé à M' de Guyse qu'il continuast son siège, sans
interruption ny retardement; que Réthel pris, il allast droit à Mé-
zières, sans pouvoir estre diverti du dessein de prendre ces deux places
que par la remise actuelle d'icelles qu'en feroit le dit s' de Nevers.
Ainsy s'il a intention de se recognoistre, la bonté de LL. MM. luy en
donne lieu. Si aussy il n'a autre but que d'arrester par artifice le
cours de ses armes, il ne viendra pas à ses fins. Peut-estre voudroit-
il par là gagner temps pour attendre les reystres, ou bien pensoit-il
' Date écrite au dos d'une autre main. Marolles étant revenu à l'heure fixée par
' C'étaient bien plutôt les ennemis du le duc de Guise pour traiter de la reddi-
maréclial d'Ancre; dix jours encore, et un " tion de cette place. {Mém. de Richelieu,
assassinat va les relever. t. I, p. Sg^ , et Mercure françois , t. IV,
" Hetliei capilulale dimanche i6à midi, p. 186 de 1617.)
382 LETTRES
faire une proposition avantageuse dans ie monde qu'on n'accepteroit
pas. Par l'événement, nous verrons quel a esté son dessein.
Les forces commencent à venir en l'armée de Nivernois , de façon
que je croy que bientost M. de Montigny occupera cette armée comme
il doit.
Verdoin est revenu d'auprès M' de Lesdiguières qui a quitté la
Savoye pour revenir à Grenoble. Il promet de servir LL. MM. en tout
ce qu'elles désireront; mais il met sourdement en son marché une
condition fascheuse, car il demande un gouvernement, ne veult aucun
de ceux des princes rebelles, et veult avoir response dans six jours.
Ainsy il paroist que ses prétentions vont à la Guyenne, qu'en aucune
façon on ne peult luy donner. S. M. pour le satisfaire a pensé estre
à propos de proposer à madame la Comtesse l'eschange du Daulphiné
et de la Guyenne pour le contenter du Daulphiné à une condition
qui ne seroit pas fort périlleuse, savoir est en donnant la survivance
de ce gouvernement à un catholique, au mesme temps qu'on luy en
donneroit les provisions, et ce du consentement de M' de Lesdi-
guières.
Voilà, Monsieur, tout ce que je vous puis dire, sinon que je suis et
seray tousjours. . .
Je ne sçay ce qui arrivera de ce traitté qui n'est pas à mon advis
encore commence '.
' Depuis cette lettre nous n'en avons
trouvé que deux adressées par Richelieu
au maréchal d'Ancre, l'une du 16 avril,
l'autre sans date, mais écrite peu avant la
catastrophe du 24. Nous en don n,ons l'ana-
lyse ci-après. — Au moment de son exil
la reine mère demanda que l'évèque de
Luçon (ùl autorisé à demeurer près d'elle.
A ce désir de sa mère, le roi répond que
« il sera bien aise que l'évesque de Luçon
l'accompagne à Blois , s'asseurant sur sa
probité et affection. » L'extrait de cette
pièce contre-signée Loménie est aux afch.
des Aff. élr. France, t. 28, pièce ia3. La
première lettre de Richelieu que nous
trouvons ensuite est du 8 mai ; l'évèque
de Luçon annonce au duc de Luynes l'ar-
rivée de la reine mère à Blois, et il écrit
le même jour à Deageant; ces deux lettres
sont, à leur rang, aux Analyses.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
383
XLVII.
Arch. des Aff. étr. France, t. a8, pièce 87. — Minute.
[A M. DEAGEA^T^]
[Vers le 10 mai 1617 '
Monsieur, je vous envoie ce gentilhomme pour vous porter la copie
de la lettre que la reyne escrit au roy sur le sujet de la Bastille^,
par laquelle vous cognoistrés l'affection qu'elle a pour i 58*, et qu'elle
faict plus d'estat des advis de jaS (Richelieu) que quelques-uns ne
voudroient faire croire volontiers. Si cette lettre ne guérit la plaie,
envoyés moy telle copie qu'il vous plaira el vous ne inanquerés d'avoir
contentement. La reyne cognoist bien que, par cette vove, elle offense
1 59 jusques au cœur; mais elle ne s'en soucie pas, estant du tout
' Deageant, qui avait aciielé en 1610 une
charge de secrétaire du roi , . ne larda pas
à s'en défaire el devint premier commis
du contrôleur général des finances Barbin ;
il fut ensuite attaché à Arnauld d'Andilly,
qui le plaça auprès du duc de Luynes.
Entré plus lird au service du maréchal
d'Omano , Richelieu le lit mettre à la Bas-
tille, comme ayant trempé dans les in-
Irigues de Clialais. Pendant qu'il étiit en
prison, le cardinal lui demanda des mé-
moires. !.,uynes était mort, Richelieu était
premier minisire et tenait les ciels de la
Bastille; on comprend que le récit fut
tracé de manière à faire ouvrir les portes
de la forteres.se. Deageant fut mis en li-
berté , et , en l'éloignant de Paris , on le
récompensa par la présidence d'une cour
des comptes de province. 11 y mourut
avec la réputation d'avoir trahi tous ceux
qu'il avait servis. — Au moment où nous
sommes, Deageant était dans les bonnes
grâces de M' de Luyne.s, «pi'il avait aidé à
perdre le maréchal d'Ancre.
" Cette date est indiquée par la lettre
suivante.
' Presque aussitôt son arrivée à Blois , la
reine mère fut invitée à se démettre de la
capitainerie de la Bastille, que le roi dé-
sirait donner à Luynes. Suivant te conseil
de Richelieu , elle se prêta de bonne grâce
à celte cession, c|ui pouvait lui rendre plus
favorables le roi et le ministre alors lout-
puissant. Au reste, l'alTaire ne se termina
pas proniplemont ; la capitainerie de hi
Bastille ne lut remiNP au duc de Luyne.s
qu'en septembre. {Mém. de BassoTupierre ,
t. Il, p. l52.)
' Le duc de Luynes. - Pour l'explica-
tion des chiffres , voyez page 39 1 , notes.
386 LETTRES
portée et résolue à favoriser entièrement i58 contre liiy et autres.
Depuis le voyage du s' de la Brosse, sur ce qu'il m'avoit dict paçti-
culièrement, qu'on avoit rapporté à Cii (le roi) que Cxiiii (la reine
mère) avoit escrit à quelque prince, je m'en suis enquis particulière-
ment, et vous puis asseurer que c'est chose très-fauce, et que jusques
icy nous n'avons esté tentés de personne du monde. Je le saurois
certainement, estant impossible qu'il se fasse aucune menée ou cabale
dont je n'aye cognoissance d'une façon ou d'autre ^ Je croy qu'elle
a voulu escrire à la mareschale^, car j'ay sceu qu'un soir elle avoit faict
à sortir une de ses femmes de chambre, et avoit demandé de l'encre et
du papier; et du depuis un nommé Bainche, qui a esté au mareschal,
est venu icy, lequel elle a envoyé aujourd'buy, luy ayant proposé
d'estre expédient de le faire, et certainement elle ne luy a point
escrit.
Plusieurs au partir de Paris luy ont faict force civilités, mais cela
n'aboutit à autre chose.
Maintenant, nonobstant mes ennemis et envieux, la confiance qu'on
a désiré que je prisse auprès d'elle est establie, de sorte que, s'il n'ar-
rive du changement, que je ne prévoy point, ne voyant point icy
(l'esprit qui ayt ascendant sur moy, il est impossible qu'il arrive incon-
vénient quelconque. Car je m'oblige à Cii, sur ma teste, d'empescher
toute caballe, menée et monopole; ou, si je ne le puis, non seule-
ment m'obliges-je à luy en donner advis, mais luy donner à temps
pour y apporter remède. Et je vous l'escrits maintenant absolument
pour que cette lettre serve de tiltre contre moy au cas que je manque
' Ceci répond à l'avis que Deageant Deageant lui écrivit, avec peu de siiicé-
avait donné à l'évéque de Luçon dans sa rite peut-être : « Je mettray peine à fermer
lettre du lo mai : «Je ne vous lairay point la bouche aux inventeurs de faux bruits...
Monsieur, qu'à toutes heures on a les Le roy et Luynes n'y ajoutent pas foy ;
oreilles battues de ne se point asseurer à mais il faut, s'il vous plaist , Monsieur, que
la personne à laquelle vous sçavez que j'ay Lusson continue à veiller.» (Pièces 28'.
voué tout service; et veut on persuader 32° et 34'-)
qu'elle est du tout portée à la caballe. » ' La maréchale d'Ancre.
Et sur la réponse que fait ici Hichelieu ,
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 385
à ce (jue je promets, m'asseurant que mon affection sera cogneue de
telle sorte à Cii, qu'il ne me laissera pas au rang des peschez ou-
bliez.
Au reste , je vous suplie de remarquer que la mesme chose à quoy
je m'oblige pour Cii, je m'y oblige aussy pour i58, ce que vous
cognoistrés particulièrement par une fianchise que ce gentilhomme
présent porteur vous tesmoignera de ma part, pour que vous en usiés
ainsi que vous jugerés à propos, vous asseurant que la chose ou ar-
rive, soit qu'elle n'arrive pas, cela ne changera rien en moy, n'aug-
mentera ou ne diminuera l'affection que j'ay de servir ceux que vous
savés.
J'ay chargé encore ce porteur d'un autre point qu'il vous dira , dont
nous avons parlé premier que de partir, auquel il est nécessaire de
prendre garde. Tout ce que je désire pour mon particulier est que
Cn et 1 58 prennent une entière confiance en moy, car l'ayant de
deçà il ne me reste plus, pour que je travaille avec repos et con-
tentement, sinon d'estre asseuré que mes ennemis et mes envyeux,
et ceux qui désirent le trouble, ne puissent me faire aucun mau-
vais office dans fesprit de ceux que j'honore et veux servir toute
ma vye.
Depuis ce commencement de lettre, Cxnii a dict à 128 qu'un
homme d'affaire et de conseil luy estant nécessaire, elle louoit Dieu
de quoy elle l'avoit auprès d'elle, le tenant sy plein d'honneur qu'il
ne voudroit pas luy donner aucun mauvais conseil. Vous voyés comme
je vous escris franchement, ce qui vous obligera à tenir mes lettres
pîirticidières entre vous et ceux que vous savés.
CARDIN. DE RICHELIEU. — VII. ig
386
LETTRES
XLVIII.
Arch. des Afl. étr. France, t. 28, pièce 98. — Minute.
A M. DE LuyrsES.
[Vers le 10 mai 1617 '.]
Monsieur,
Je vous rends mille grâces des bons ofïices que de plus en plus
vous continués journellement à me départir, et particulièrement de la
confiance qu'il a pieu au roy me tesmoigner par vostre moyen, en
aggréant l'honneur que la reyne mère a voulu me faire en m'establis-
sant chef de son conseil, et me mettant ses afifaires entre les mains.
Je me promets faire cognoistre à tout le monde que je m'acquitteray
de cette charge au contentement de S. M. et de tous les gens de
bien, en despit de mes envieux, qui ne sont pas en petit nombre.
Je ne vous mande rien, Monsieur, de la boutade de M' de Bres-
sieux^, si non qu'elle s'est passée à mon avantage et m'a afferniy en
l'esprit de la reyne.
' Une des premières pensées de la reine
exilée fut d'attacher à sa personne Riche-
lieu, le compagnon de son exil. L'évêque
de Luçon voulut tout de suite en informer
le roi et l'écrivit à Luynes. Nous n'avons
ni sa lettre, ni la réponse du favori, mais
la présente missive nous fait connaître
l'une et l'autre. On peut voir d'ailleurs ce
que Richelieu dit à ce sujet dans ses Mé-
moires (t. J, p. 46^). — Noire minute
n'est pas datée ; mais la reine mère ayant
quitté Paris le U mai, ce fut presque aus-
sitôt que l'évêque de Luçon demanda la
permission dont il remercie ici le roi.
^ Premier éeuver de la reine mère —
Nous ne savons comment M. de Bressieux
avait facile Richelieu, mais il paraît qu'il
était sujet aux boutades, et, à tort ou à
raison , Marie de Médicis suspectait sa fidé-
lité. Nous lisons dans une leltre écrite de
Blois à Richelieu , lorsqu'il venait de quitter
la reine mère ( la lettre es) datée 1 8 seule-
ment , ce doit être 1 8 juin) : « ... la reyne
est enfin résolue de se défaire de Bressieux :
M"" la marquise (sans doute M"" de Guer-
cheville) et moy avons tasché de la dé-
tourner de celte résolution, mais il n'a pas
esté possible * » Cette lettre était d'un
• Arcb. des AIT. étr. France, t. 28, pièce lig.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
387
Je vous supplie me garentir de mes ennemis au lieu où vous estes.
La reyne est fort satisfaite et fort contente, grâces à Dieu ; seulement
luy déplaist-il d'apprendre quelquefois, par ceux qui vont et viennent,
qu'on parle diversement d'elle : quelques-uns en discourans comme
Italien nommé Tantucci. Deux mois après
(le 3o août), M. de Bonzi, évèque de Bé-
ziers , mandait aussi de Blois à l'évêque de
Luçon ; a J'ay receu par courrier exprès
des lettres de M. Tantouche qui m'escrit
que l'on travailloit contre vous fort et
ferme à la cour, sur une dépesche de la
reyne à M. de Luynes. . . la reyne a opi-
nion que c'estoil de faux avis et que Bres-
sieux sollicitoit contre nous et qu'il cstoit
d'accord avec Tantouche .....' • Qu'était
ce Tantucci? Il faut dire quelques mots
de ce personnage que nous rencontrons
sans cesse, à ce moment, dans nos ma-
nuscrits ; qui , d'ailleurs , reparaîtra de
temps en temps dans l'Iiistoire de Ri-
chelieu et ensuite dans celle de Mazarin.
Tantucci était un abbé employé par le
cardinal des Ursins pendant que ce cardi-
nal était protecteur des affaires de France
à Rome. La protection ayant élé donnée,
en septembre 1 6 1 6, au cardinal de Savoie,
Tantucci vint chercher fortune en France.
Le marquis de Tresnel , ambassadeur à
Rome, écrivait le \k décembre i6i6:
« Sa Majesté sera bien informée de tout
ce qui se passe ici p.ir Tantucci qui part
" Arch. des Aff. étr. France, t. 28, pièce 63.
•• Arch. des AIT. étr. Rome, t. 3 3.
*** «Letlere diplomatiche dî GuidoBentivoglio...
opcra per la prima voila publicala, per cura dî Lu-
ciaiio Scarabelli ; Torino, i853, 3 vol. în-i3.B Ces
lettres sont toutes adressées au cardinal Borgiiese ,
neveu du pape. L'éditeur averti! qu'il n'a pas eu les
originaux, mais seulement des copies faites 56 ans
après la date des lettres. Le copiste nous semble
n'avoir pas toujours su lire l'écriture de Benlîvo-
pour Paris ". » Depuis l'exil de Marie de
Médicis nous le voyons à Blois, tâchant de
gagner les bonnes grâces de Richelieu et
de la reine mère. Le nonce Bentivoglio en
parle quelquefois dans sa correspondance
diplomatique"* ; la reine mère , dil-il (lettre
du 1 g juillet 1617). n'ayant point de Fran-
çais à qui elle piit se fier, faisait faire ses
affaires par deux Italiens : « Fantucci s'è
introdollo colla regina madré per trattar i
negozii di S. M. qui in Parigi, con provi-
sione di Ixoo scudi doro, non avendo la
M. S. Francesi di che fidarsi, e non avendo
perciô trovato altri in mano de' quali possa
métier le cose sue ch' il coadiulore di Bi-
siers, ed il Fantucci. » (Ce propos du nonce
pourrait être mal compris; il aurait dit
dire que M. de Luynes ne soufl'rait per-
sonne de confiance auprès de la reine
exilée; nous aurons bientôt occasion de le
montrer nous-mênie.) Bentivoglio peini
Tantucci comme un homme disposé à
prendre de toutes mains : outre les 4oo écus
d'or de la reine mère , dit Bentivoglio, il
tâche encore d'attraper quelque chose de
Luynes, de se faire donner quelque abbaye ,
« e fa conto insieme di tirar la provisione
glîo; nous avons remarqué plusieurs fautes, cuire
autres ce nom Fantucci que donne constamment le
recueil imprimé; l'orthographe est celle que nous
trouvons dans nos manuscrits , où sont beaucoup de
lettres autographes ; la barre du caractère initial de la
signature peut donner auT un faux air de l'F, ce qui
"sans doute a trompé le copiste , mais c'est certainement
un T. L'italien Bonzi et Charpentier, le secrétaire de
Richelieu , avec les(]uels il était à Blois , écrivent tou-
jours ce nom Tantucci, et , en le francisant ; Tantouche.
388
LETTRES
si elle avoit autre dessein que celuy du repos de Testât; elle dicl qu'il
luy fasche de voir que, se gouvernant comme elle faict (qui est, en
vérité, comme vous le sçauriés désirer), on interprète sinistremenl
ses actions. Nos responses sont que ce n'est pas le roy, ny vous , qui
estes auprès de luy, qui avés cette pensée ; qu'au contraire S. M. s'en
moque et vous aussy. Cela luy faict supporter ces bruits plus patiem-
ment. Il sera à propos, à monadvis, Monsieur, que le roy luy escrive
degli Orsini, clie è di 600 scudi l'anno. »
Tantucci lui-même nous fait très-bien con-
naître sa position dans une lettre du 8 sep
lerabre , adressée à Richelieu : « L'on a dit à
Blois que je suis plus porté pour M. de Bé-
ziers que pour vous ; l'on me tient donc pour
un traître et un ingrat. . . Je m'en rapporte à
votre bonté pour une petite recommanda-
lion aujjrès de la reyne. . . Je n'ay plus les
affaires de M" des Ursins ", ce qui veut dire
600 écus tous les ans , parce qu'on a escrit à
Rome qu'estant à lareynejeruinerois leurs
affaires. Considérez en quel estât je suis;
j'ay tousjours esté malheureux. . .*' » Ainsi ,
lorsqu'il fait cette triste pétition, il était
déjà l'obligé de Richelieu , et nous le voyons
en effet, depuis près d'une année, tantôt à
Blois, tantôt à Paris, écrivant à la reine
mère, à Luyne», a Richelieu, se mêlant
de tout, non sans quelque soupçon d'in-
trigue équivoque. On voit que Marie de
Médicis ne se fie à lui qu'à moitié. L'é
vèque de Béziers, qui faisait fort l'em-
pressé pour les intérêts de la reine mère
et de l'évèque de Luçon , ét;iit soupçonné
de travailler sous main pour supplanter
Richelieu auprès d'elle , et cette princesse
croyait que Tantucci pouvait bien s'en-
" Si Tantucci dit ici la vcritc, iientivoglio s'est
trompé sur cette dernière circonstance.
'* Arch. des Afl. étr. France, t. j8 , pièce 66.
*** Lettre du 1 3 juin. Arch.desAff. étr. Rome, t. 27.
tendre avec ledit évêque ; cette petite cour
était un nid d'intrigues compliquées. Quant
à Tantucci, nous le retrouvons à Rome
en 1622, dans le temps qu'on y négociait
l'affaire du cardinalat pour l'évèque de Lu-
çon, et une lettre de l'ami de Richelieu,
l'abbé de la Cochère, nous apprend qu'il
fut nommé alors évêque de Grossetto '" (en
Toscane). Cet évêché ne l'empêcha pas de
se mêler de toutes sortes d'affaires étran-
gères à son caractère ecclésiastique, sur-
tout au service de Mazarin, qui s'égayait
ijarfois sur son compte. Il est qualifié de il
résidente Tantucci , en 1 6 33 , dans une lettre
du cardinal Bagni à Mazarin **". 11 avait
obtenu en France une pension qu'il ne rece-
vait pas bien régulièrement, ce que nous
apprenons de Mazarin qui écrit au cardinal
Barberini que Tantucci sera payé : « Non
è piii il tempo clie il daiiaro habbi cosî
grand sparcio alla corte di Francia """. » Il
ne manquait pas les occasions de se rap-
peler au souvenir du grand cardinal , et à
l'époque de l'ambassade extraordinaire du
cardinal de Lyon, Tantucci lui adressa ses
félicitations sur le bon accueil et la grande
approbation que son frère avait trouvés à
Rome""".
"•• Ibid. t. 46, fol. i7i.
•**" Lettre du i"aoûti636. Ibid. t. 58, fol. 112.
""*• Lettre du 8 ocl. i636, Ibid. fol. 283.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 389
sur ce sujet, et qu'il luy mande qu'il a une telle créance en eUe, qu'il
sçait fort bien qu'elle ne peut avoir que des desseins avantageux pour
son bien; qu'il la prie de vivre en cet estât, et, quoy qu'elle oye, de
demeurer en cette créance.
Elle m'a commandé de vous asseurer de son affection*. J'escris
amplement à M' du Hagen ; c'est ce qui me faict finir en vous suppliant
de croire que je suis et seray tant que je vive.
Monsieur,
XLIX.
Arch. des AIT. étr. France, t. 28, pièce 94. — Minute.
A MOIVS. DE LUYNES.
[ Vers |p 12 mai 16x7'.]
Monsieur,
Aiant sceu par M' du Hagen la dilHculté qui s'est présentée sur
la démission que la reyne a faicte de la capitainerie de la Bastille en
' Richelieu était parti de Paris , avec la
reine mère; à peine arrivé à Blois, le 8,
il informa de Luynes et Deageant des
bonnes dispositions de Marie de Mcdicis
(aux Analyses); la présente lettre dut
suivre de près ; il se hâte de demander à
Luynes sa bienveillance et s'efforce de lui
faire entendre que la reine mère ne con-
serve aucun ressentiment de la catastrophe
du maréchal d'Ancre. L'évèque de Luçon
comprit tout de suite que le seul parti
rai$onna])lc que put prendre cette prin-
cesse était de se réconcilier avec le roi son
fils, et avec le favori qui avait su s'emparer
de l'esprit de Louis XIII. H n'est point de
lettres de celte époque écrites au roi, à
Luynes et à Deageant , qui ne montrent les
précautions infiuies que prenait Richelieu
pour arriver à cette heureuse réconcilia-
tion. Il n'y avait là, comme les ennemis
de Richelieu l'ont écrit à tort et comme
l'ont répété des historiens peu attentifs .
aucune trahison. Ce que l'évèque de Luçon
a fait alors , il l'a fait au grand jour ; ajou-
tons que son propre intérêt était en cela'
d'accord avec l'intérêt de Marie de Mè-
<licis, ce qui n'a pas empêché Vitt. Siri
d'écrire à l'occasion du retour de Riche-
lieu près de la reine mère : « Lussone ,
come vedremo per la série délie cose se-
guenti , parve fatatamente nato ali' estermi-
in'o délia regina. « ( Memorie racorni, t. IV,
|). 624 de l'édition de Cramoisy, in -4°,
.677.)
' Voir la note i de la page 386.
390 LETTRES
vostre faveur, je vous envoie ce gentilhomme pour vous faire entendre
le remède que j'ay estimé à propos d'y apporter, ensuitte de l'advis
de M*^ du Hagen. Vous verres la copie de la lettre que, sur ce sujet,
la reyne mère escrit au roy, et, dans deux jours, vous recevrés l'ori-
ginal. Si vous ne la trouvés à vostre gré , vous vous plaindrés de moy
qui l'ayt faicte pour le mieux, et non d'autres. En effect, je vous puis
asseurer que la reyne désire que cette pièce (la Bastille) vous tombe
entre les mains , et que , si elle y peut encore contribuer quelque autre
chose , elle le fera de bien bon cœur.
J'escris amplement à M' du Hagen, le suppliant, pour vous des-
charger de l'importunité d'ime longue lettre, de vous rapporter tout
ce que je luy mande. Par là vous verres le vray estât des choses, le
jugement que j'en fais, escrivant expressément amplement de toutes
choses, afin que celte lettre vous serve de tiltre en vertu duquel je
puisse estre plus authenliquement obligé à mes paroUes.
Surtout ne vous estonnés point de ce que vous orrés, car je veus
mourir si le roy, et vous en vostre particulier, n'avés contentement de
la reyne mère , et si vous n'avoués un jour que j'auray faict auprès
d'elle ce que doit faire un homme de bien.
Je remets le tout à M'" du Hagen, me contentant de vous asseurer
que je suis. . . .
' Je ne veux pas oublier de vous dire qu'il est important que vous
nous donniés toutes sortes de petits contantemens. Par exemple, si
vous trouvés bon que le roy escrive à la reyne sa mère , qu'ayant sceu
qu'il manquoit à son appartement un cabinet, qu'il a bien voidu la
prier d'y en faire bastir selon qu'elle le jugera à propos, ayant donné
ordre pour cet elTect à ceux qui ont charge de ses bastiments en ce
quartier, de faire faire promptement tout ce qu'elle leur commandera,
voidant qu'elle dispose de ce qui luy appartient comme de ce qui est
à elle mesme. Cette despence n'ira pas à grand chose et la contantera.
' Ici Richelieu prend la plume, laissant un blanc d'un tiers de page entre ce qui
précède et cette espèce de P. S.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
391
Arcli. des Aff, élr. France, t. 28, pièce 91-92. — Minute de la main de Richelieu.
[A M. DEAGEANT.]
[ Blois , vers le 1 8 mai 1617 ' . ]
Monsieur, je vous envoyé la lettre que vous désirés pour i58^ que
Cxiiu a réformée de bon cœur. Vous verres en toutes occasions comme
nous nous gouvernerons, en despit des ennemis. La lettre de i58 et
la vostre receues par le gentilhomme que je vous avois envoyé, m'ont
mis l'esprit à repos, et les artifices de i48', qui me vouloit nuire et
me perdre vers Cxiiii, m'ont tellement servy et afiermy envers elle.
' Nous pouvons donner à cette lettre
non datée une date approximative ; dès
rarrivéeà Blois, Richelieu et la reine mère
s'étaient mis en rapport avec Luynes , qui
assurait vouloir servir cette princesse exilée.
Richelieu avait envoyé à Deagcant, poin-
la communiquer à Luynes , la minute d'une
lettre que la reine mère se proposait d'é-
crire au favori ; sur quoi Deageant mande
à Richelieu : « Vous trouverez icy la lettre
dont vous avez envoyé la minute, à la-
quelle il a esté changé quelque chose que
vous agréerez, s'il vous plaist, et la ren-
voyerez à Luynes ou à moy, signée en
bonne forme, afin d'y adjouster la pièce
que j'ayen main, et nous servir de la dé-
pesclie au temps qui sera jugé à propos ,
estant ung affaire de grandissime impor-
tance , spécialement au roy et à la reyne. »
Or Deageant écrivait cela le 1 5 mai ; Riche-
lieu dut répondre immédiatement. On peut
donc placer la présente lettre vers le 18.
' Deageant mandait à Richelieu , le
1 o mai : (I Vous trouverez cy enclos le
chiffre que vous me commandastes à vostre
départ.» (Aff. étr. t. 28, pièce 28.) Nous
n avons point trouvé ce chiffre que nous
avons en partie recomposé à l'aide de plu-
sieurs lettres de cette correspondance.
1 r)8 signifie Luynes ; Cxi m la reine mère.
' Ce chiffre doit signifier l'abbé Ruc-
cellaï. Richelieu a raconté, et nous l'avons
rappelé (t. 1", p. 536) sans avoir à citer
sur ce point d'autre autorité, que le maré-
chal d'Ancre , ne trouvant pas assez docile
le ministère dans lequel il avait placé l'é-
vèquc de Luçoii, songeait, peu avant sa
morl, à en composer un autre où devait
entrer Rnccellaï. Richelieu avait ainsi plu-
sieurs fois rencontre sur son chemin ce
personnage. En ce moment , à celte petite
cour de Blois. et en i6iq, lorsqu'il est
rappelé de son exil, Richelieu se plaint
de ses intrigues, et parle de lui comme
de l'un de ses plus incommodes adver-
saires. [Méni. 1. 1", passim.] Enfin, à l'épo-
que de la mort de Ruccellaï , en 1 622 , il en '
fait un portrait qui n'est point tracé de In
main d'un ami (t. IF, p 22/1).
392
LETTRES
que je ne peus pas y pouvoir désirer plus de créance. Dieu me con-
duist et me conduira, s'il luy plaist. Je reçoy de très-grands tesmoi-
gnages de sa bonté et en espère de plus en plus. Je suis grandement ,
et plus que/je ne puis dire , obligé à Cii (le roi) et à 1 58 de la confiance
qu'ils ont en moy; s'ils y sont trompés, je supplie Dieu qu'il ne me
le pardonne jamais. L'esprit de Cxiiii est et sera tel que vous sauriés
désirer. iSy' a envoyé vers elle comme aussy Ciiu ; ils luy mandent
force civilitez, à quoy je vous asseure que les responces sont fort
bonnes. S'il se trouve quelques-uns qui veuillent, pour faire ses al-
faires, donner de l'ombrage aux despends de Cxim, croyés qu'il n'y
gaignera autre chose que cognoistre comme Cxiiii a les sentiments
qu'on sauroit désirer pour Cii , et nous aurons cet advantage , que si
nous sommes tentés nous ne serons point esbranlez. De cela dormes
à repos, car je vous en asseure. La descouverte des artifices de i48
m' ayant tellement servy que je ne croy point qu'on me dissimule
aucune chose. Voire mesme depuis cete descouverte, Cxiiii a voulu
faire tenir publiquement son conseil à i23 (Richelieu) comme chef
d'iceluy, ce qu'il n'a faict, attendant que Gii l'ayt aggréé, quoy qu'il
' Pour l'explication des cliifFres i Sy
et CHU, dont nous n'avons point le dé-
chiffrement , nous sommes réduit aux con-
jectures. Nous trouvons bien , à--ce mo
ment, dans les Mémoires de Richelieu,
l'indication de deux visites faites à Blois :
« La maréchale envoya à la reine le capi-
taine Beiiche qui avoit été autrefois à son
mari, mais la crainte que l'on eut de dé-
plaire à ces messieurs fit que S. M ne fit
point de réponse. Depuis, le duc de Mon-
téiéon désira que l'ambassadeur de l'em-
pereur, qui avoit vu le roi, vit la reine à
Blois, et en écrivit sur ce sujet; la reine
pour s'en exempter, fit la malade et ne le
vit point. » (T. I, p. 4G7.) Mais si la visite
de l'ambassadeur était capable d'inquiéter
« ces messieurs, » comme dit Richelieu, et
si l'on peut supposer que ie nom de cet
agent diplomatique soit caché sous l'un
des deux chillres (voy. ci-après p. 3q4;.
nous ne voyons pas que la phrase qu'on
lit ici puisse en aucune façon se rapporter
à la pauvre Leonora Galigaï, prisonnière
et sous le coup d'une sentence capitale.
Les mots : 0 Si nous sommes tentés nous
ne serons point ébranlez,» donnent bien
plutôt l'idée de la comtesse de Soissons,
ou de tout autre de ces grands seigneurs
que l'on vit en ce temps-là, ardents à la
guerre civile , prendre parti pour la reine
mère. Nous sommes forcé de nous borner
à cette demi-explication des deux chiffres,
que l'on verra reparaître dans quelques
pièces suivantes.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 393
sache bien en générai estre envoyé icy par Cn pour servir Cxiiii ainsy
qu'il luy plaira. Dieu conduira la barque de Cxiiii à bon port ne voyant
aucun escueil qui luy puisse faire faire nauffrage. 1 48 a esté si aveugle ,
après ne m' avoir peu perdre par calomnie fausse que mon secrétaire
vous dira, que de supplier ouvertement Cxiiii de chasser i aS ; à quoy
elle a respondu de telle sorte qu'il n'y a rien à redire, concluand
qu'elle se lioit à 1 2 3 , qu'elle le tenoit d'autant plus homme de bien
que lout ce qu'il luy avoit mis à sus le justiffioit ; qu'il luy avoit dict
ses intentions toutes tendantes à repos ; qu'en cette considération elle
s'en vouloit plus volontiers servir, et qu'elle y estoit s'y résolue qu'il
pouvoit bien se fermer la bouche, d'autant qu'elle ne changeroit point
de dessein pour ses rapports, mais qu'au contraire elle l'asseuroit de
n'en prendre aulcun autre. Après cela, elle me fist l'honneur de me
dire que je n'appréhendisse point, qu'elle estoit bien aise que cela
fust arrivé, parce que bien que plusieurs rapports qu'on luy avoit faicts
ne l'eusse aulcunement mise en doubte , veu la franchise avec laquelle
je luy avois parlé, elle avoit grande satisfaction d'avoir descouvert
l'origine de ces calomnies, et que, povu" me le tesmoigner, elle vouloit
fermer doresnavant les aureilles à tels discours, voyant bien qu'elle
estoit leur cause. Et de faict, depuis ce temps-là, la bonne chère de
S. M., qui m'a tousjours fort bien traicté, est fort augmentée.
M"' de Villesavin ' chemine bien , comme aussy madame de Guerche-
ville. J'ay dict au premier connue, sur quelque faux rapport de luy,
vous l'avés obligé, et à Cxiiii le soin que vous avés de ce qui la touche.
Asseurés vous qu'il ne sera jour que je ne me ressouvienne des offices
que vous me rendes, et que, si je n'en prends revanche, il en faudra
accuser mon impuissance. Quant à l'affaire dont je vous ay faict parler,
j'ay creu que vous ne blasmeriés pas ma franchise , et qu'on ne pou-
voit trouver mauvais le dessein que j'avois de m'unir à personne que
j'honore entièrement. S'il réeussit j'en seray très-ayse, s'il ne réeussit
point je n'en seray pas moins affectionné, je vous en asseure sur mon
' C'était alors le secrétaire de Marie de Médicis.
CARDIN. DE RICUELIEC. Vil. 5o
394 LETTRES
anie. Je commets le tout à vostre prudance et demeure sincère-
ment,
Monsieur,
Vostre très affectionné serviteur,
La reyne escrit pour M' Barl)in, j'ay tesmoigné à ces gens qui
estoyent venus icy en mesme temps, comme vous vous rendes sollici-
teur des offices qu'il reçoit de deçà.
LI.
Arch. des Afl'. étr. France, t. 28, pièce 8g. — Minute.
A M. DEAGEANT.
[Blois, 21 ou 22 mai 1617'.]
Monsieur, je commenceray cette lettre en vous disant que la reyne
mère du roy est extresmement contente de celles qu'elle a receues du
roy et de M' de Luynes par M' de Presles, recognoissant la bonne vo-
lonté du roy de plus en plus, et l'affection de M"" de Luynes. ,Ie la
suivray en vous faisant cognoistre la joie (jue j'ay que vous soies en
une charge en laquelle vous ne doutés point que je ne vous aye désiié\
puisque je vous souhaittois en plus grande, comme je fais encore avec
autant de passion que je me désire du bien à moy-mesme. La reyne m'a
commandé de vous tesmoigner qu'elle en a du contentement comme
vous tenant très-capable de servir le roy, et ne doutant point que
vous ne luy soies affectionné à elle-mesme.
Quant aux bruits qu'on faict courre des brouilleries et menées qui
' Cette lettre , dont la minute n'a point ' 11 avait été nommé intendant des li-
de date, est la réponse à une missive de nances ; c'est apparemment la charge de su-
Deageant, du 19 mai, et Deageant y ré- rintendant ou contrôleur général , qu'avait
pond à son tour le 24; elle doit donc être eue Barbin, que Richelieu aurait désirée
datée comme nous le proposons ici. à Deageant,
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
395
se traittent', je vous supplie de croire, quoy qu'on die, que jamais on
n'aïu'a but ny dessein que le contentement du roy, et si la chose arri-
voit autrement vous savés bien ce que je vous ay mandé. Je vous prie
de lire quelquefois la lettre que je vous ay escritte par Papinière^,
m'asseurant que si vous la considérés bien , vous serés garanty de toute
appréhension, m'obligeant par icelle ou à empescher le mal que je
sçay bien qu'on ne veult point faire , ou à advertir à temps d'y apporter
remède, et ce sur peine de ma teste.
Je vous ay mandé comme Ciiii et iSy' avoient envoyé icy rendre
des complimens, que si on nous tentoit nous aurions cet avantage
de n'estre jamais esbranlez*; tenés-le pour certain et en asseurés, s'il
vous plaist, Cii (le roi) et i 58 (Luynes) sur vostre vie, et je vous
desehargeray de cette response.
L'homme de 187 est encore icy, nommé ^, je le pré-
sentay hier à Cxiiii (la reine mère) : sans doute qu'il y pouvoit estre
pour luy donner de l'ombrage, et, pour cet effect, s'il ne s'en va
aujourd'huy, il recevra le desplaisir d'estre civilement licencié.
Quant à celuy qui parle par ouy dire" de 128 (Richelieu), qui-
conque qu'il soit c'est un imposteur qu'il fera rougir, sans sçavoir de
quoy il est question, quand on voudra. 1 28 ne sçait pas ce qu'il dict,
' Dans sa lettre chiOrée du 19, Dea-
geant disait : • A toute heure on a des avis
de brouilleries et menées soubs le nom et
en faveur de la reyne ; le roy et Luynes
n'y ajoutent pas foy, mais il faut, s'il vous
plaist, que Lusson continue à veiller.»
( Aff. étr. manuscrit cité aux sources ,
pièce 3i4.)
' La lettre du 1 8 mai. — M' de la Pa-
pinière était un gentilhomme attaché à
Richelieu, qui le chargeait alors de ses
messages de confiance.
"' Voyez page Sgi, note a.
' Ci-dessus, ligne 6 de la p. Sqa.
Ce nom de sept lettres est écrit ici en
caractères d'un chiffre dont nous n avons
pas la clef
" Dans la lettre précitée du 19, Dea-
geant mandait encore : « Les rapports et
artifices contre Lusson redoublent tous les
jours, sans effect toutefois, encore qu'il y
en ayt de si effrontez de parler comme
pour avoir ouï. » Richelieu , qui résume à
ce moment, dans ses Mémoires (t. 1,
p. 465-407), toute cette correspondance,
laisse entendre que, malgré les bonnes
paroles qu'il recevait de la cour, le roi et
Luynes n'étaient pas fâchés de trouver
dans loutes ces calomnies un prétexte pour
l'éloigner de la reine mère.
396 LETTRES
mais il sçait bien qu'il ne peut dire chose véritable qui soit, ny en
apparence , ny en eiîect , contre son devoir ; et les événemens de tout
le gouvernement de Cxiiii feront mentir et ceux qui taxent Cxiiii, et
ceux qui taxent i 2 3. Vous pouvés croire que je ne parlerois pas de la
sorte si je n'estois bien asseuré de mon baston [sic] dont je suis sy seur
que je rends ma vie caution de mes paroles.
Quant aux intelligences d'Espagne, je n'ay rien à vous dire, si non
que je suis d'advis qu'on die que i23 traitte avec le grand turc par
ce qu'il a communiqué avec son Chaours qui est à Paris. Le duc
de Montéléon m'escrivit dernièrement pour faire que l'ambassadeur
venant d'Allemagne, qui avoit salué le roy au bois de Vincennes,
peust saluer la reyne en passant. M' de Villesavin et moy en confé-
rasmes ensemble , et estimasmes que la reyne luy devoit accorder cette
veue; ce qu'elle ne voulut jamais, et de faict elle fisl la malade; et
moy, de peur de le voir, je fus me promener à Bury\ maison de
M"' de Villeroy. Si par ce procéder on est coulpable, je le suis. i23
veillera continuellement, soiés-en asseuré. Pour 162, s'il vient icy,
soies asseuré que vous le sçaurés incontinent; et s'il y vient pour
parler en cachette, soies asseuré qu'il n'aura point d'audience. Si on
faict des menées sans le sceu de Cxiiii, vous sçavés qu'elle n'en peut
respondre, mais en ce cas elle est résolue de s'offrir à servir Cii tout
ainsy qu'il luy plaira. Voies si cela est avoir dessein de mal faire. Cxiiii
a véritablement en 1 2 3 plus de créance qu'il ne mérite , c'est pour-
quoy, s'il arrivoit mal, il seroit beaucoup plus coulpable, les choses
estant en ce point qu'il ne s'en peut faire sans luy. Cxiiii a establi le
dit 123 en sa maison aux charges qu'il a pieu au roy aggréer; ce n'est
pas, comme vous pouvés croire, au contentement de tout le monde,
particidièrement de 1 /i8 (Ruccellaï) , qui , ayant perdu tous ses artifices
de deçà, ne les espargnera pas de delà. Véritablement son entreprise
a esté jugée inconsidérée de tout le monde, mais Dieu l'a voulu pour
' Il y a dans le département de l'Oise, est sans doute un château, auquel était
à i3 lieues de Paris, un village de ce alors attaché un domaine seigneurial situé
nom ; mais le Bury dont parle Richelieu à Margency.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 397
l'entier establissement de i23 clans l'esprit de Cxiiii. En un mot,
dormes en repos et sçachés que ce que je vous mande est si vray que
rien ne le peut estre davantage. Je vous prie de continuer les asseu-
rances de mon affection au service de Cii et de 1 58, à qui je me lie
comme vous sçavés, et de croire que je suis véritablement,
Monsieur,
Vostrc tris affectionné serviteur.
LU.
Arch. des AfF. étr. France, t. 28, pièce 88. — Minute.
A M. DEAGEANT.
[Commencement de juin 1617'.]
Monsiein-, M' de Bonzy vous dira tout ce qui s'est passé à son ar-
rivée. Je suis le plus malheureux de tous les hommes sans l'avoir mé-
rité, si je n'eusse pensé estre garenty de l'envie et de la rage par
l'appuy que vous sçavés, je ne me fusse pas embarqué au vaisseau où
je suis. Ayant, comme je vous ay dict, avant que de partir de Paris,
bien prévu toutes les difficultez et les obstacles qui se sont rencontrez
et rencontrent en l'affaire dont est question. Dieu sçait à quelle fin il
la doit mener. S. M. jugera ce qu'elle doit faire; M"" de Luynes et
' Cette lettre sans date répond à une
missive de Deageant du a 4 mai, et doit
avoir été écrite à la fin dudil mois ou au
commencement de juin. Nous y lisons :
«... Lusson reçoit de très-mauvais oflices
de l'assemblée du clergé*. Je ne m'esten-
dray point icy sur le sujet du voyage de
M' de Bésiers**. Il vous en dira toutes les
particularités , et n'oubliera pas à vous mar-
quer le desplaisir que l'on a de ce qui s'est
• £eite assemblée se tint à Paris pendant le» moi»
de mai et de join.
•* Nous le voyons à ce moment faire de fréquents
passé , qui n'altérera néantmoins en aucune
chose l'affection qui vous a esté promise. . . «
{ Manuscrit cité aux sources , pièce 3 5*.) On
n'explique pas ce que signifie « ce qui s'est
passé , » mais nous savons que , depuis sa
disgrâce, Richelieu était poursuivi sans
relâche par les calomnies de ses enne-
mis. On verra tout à l'heure les suites
fâcheuses de ces continuelles persécu-
tions.
voyages entre Blois et la cour. (Sur ce prélat, voy.
ci-dessus, p. 387, note.)
3^8 LETTRES
vous luy conseillères, et moy je feray voir que je suis vray et fidelle
serviteur, non considérant ces intérests, quoycpie ceux de l'honneur
soient bien chers, mais seulement ceux de son maistre, à qui on doit
toute obéissance. La rage et l'envie me combattent d'une part; d'autre,
une hayne qui, m'ayant pour objet en partie, ne laisse pas de porter
sii- d'autres. On me mande que M"" de Vitry est fort animé contre moy,
et que le sujet qu'il prend est une lettre que je vous ay escrite. Je
ne le puis croire , sachant bien que mes lettres sont en bonnes mains
estant es vostres ; que je ne vous ay rien mandé, sinon sur le sidjjet
de la Bastille, ce qui estoit arresté entre nous. Rien ne me changera
en quelque lieu que je sois ; partout je serviray le roy si ingénuement
et avec tant de passion, que mes ennemis en recevront de la confu-
sion. M' de Luynes recognoistra en toutes occasions si je suis asseuré
à ceux à qui je promets du service comme à luy; vous m'en dires
aussy des nouvelles, ne m'estimant pas sy homme de bien devant
Dieu que j'ose, comme un capuchin, mettre mes prières en jeu pour
en servir ceux que j'honore. Je sçay bien qu'il ne me reste que la pa-
role à cet effect, mais en quelque façon que ce soit je feray mon
possible. Je suis estonné de ce que vous me mandés du clergé, et suis
asseuré que ce n'est point le corps, mais quelques particuliers que
M"" de Béziers vous nommera. Quels qu'ils soyent, je leur souhaitte
du bien pour le mal , et à tous mes ennemis sur mon honneur et sur
ma vie.
Pour vous que je tiens pour un de rnes meilleurs et plus asseurez
auùs, je vous en souhaitte avec plus de passion que vous ne sçauriés le
désirer vous mesme. Je vous suplie de le croire, comme aussy que
je suis
Vostre 1res affectionné.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 399
LUI.
Arcli. des Aff. étr. France, t. 28, pièce 5'j'. — Minute
A M. DE LUYNES.
[8 ou g?juin' 1617.]
Monsieur,
Je me sens vostre obligé, plus que je ne le puis dire, de l'honneur
qu'il vous plaist me faire, me promettant vostre assistance comme vous
faictes par vos lettres, et m'en rendant des preuves par effects, comme
vous avés faict en cette dernière occasion. Je ne puis empescher les
calomnies, mais je vous puis asseurer que, si on veut prendre la peine
de les esclaircir, on ne dira rien à mon désavantage qui ne me soit
enfin avantageux. En im mot. Monsieur, mes actions vous confirmeront
au l)on jugement que vous faites de moy, et feront honte à ceux qui ,
contre leur conscience, tiennent des langages à mon préjudice. Je
suis combattu de toutes parts, comme M' Du Fay vous pourra dire '\
En cela je n'ay autre chose à faire qu'à supporter avec patience, comme
je fais, les assauts qu'on me donne, et m'armer de mon innocence,
qui sera, je m'asseure, tellement cogneue de toutes parts que je ne
le sçaurois désirer davantage
Pour ce qui est des intentions de la reyne , je n'ay rien à vous
dire, si non que le roy en aura tout conlenlement, et vous aussy.
Monsieur. Le temps vous le fera voir, comme aussy que j'ay tel res-
' Le secrétaire a écrit au dos le nom ay jurée sera très- véritable, et les services
du mois, sans quantième. C'est la réponse que je vous ay voués certains. »
à une lettre de Luynes, du 6 juin , envoyée ' Ce M' du Fay, dépêché par le duc de
par exprès (pièce 36 du manuscrit cité aux Luynes à Blois, porteur sans doute de
sources) au sujet de quelque incident qui quelque message, avait mécontenté la reine
(Xîcupait Richelieu: «Je m'asseure, lui mère, qui écrivit : «Je prie le s' de Luynes
mandait de Luynes, que vous avez eu de n'envoyer plus devers moy le s' Du Fay,
beaucoup d'impassience atendant caste aiant tenu des langages céans qui ne m'a-
froide response; vous en sçaurez le sujet gréent en aucune façon. » (Manuscrit pré-
par la bouche de ce porteur, et cognois- cité, fol. ii/J.)
Irez à l'avenir que l'affection que je vous
400 LETTRES
sentiment que je doits de l'honneur que vous me faictes, et que je
suis et seray tousjours.
LIV.
Arch. des AIT. étr. France, t. a8, pièce 38. — Minute.
[AU P. SUFFREN'.]
lO'juin 1617.
' Mon Père, j'ay receu beaucoup de contentement du commande-
ment qu'il a pieu à la reyne me faire de vous advertir de la venir
trouver au plus tard à la my-aoust. Auquel temps, ou plustost, elle
vous envoyera lui carosse pour vous amener plus à vostre ayse.
Je vous laisse à penser si le sesjoiir de Blois me sera plus doux
quand il y aura icy une personne avec qui je poiu-ray ensevelir tous
les desplaisirs qui peuvent arriver, aux pieds de la croix de celuy que
nous servons, vous comme vous devés, moy comme je puis dans
l'embarras du monde ^.
Vous trouvères l'esprit de la reyne selon vostre souhait, entière-
ment despouillé du sentiment du passé. Vous asseurant que l'entrete-
nant le jour de la Pentecoste, elle me fist l'honneur de me dire,
après sa communion, qu'elle n'avoit plus de pierre sur l'estomach, et
qu'elle n'avoit plus, ny n'auroit à l'advenir, aucun ressentiment contre
ceux qu'on pourroit estimer de l'avoir offensée. Je luy dis, sur ce
' Le secrétaire a écrit au dos , avec la
date : « A M' le président Janin , et le père
Suffrant. » Mais le feuillet où devait se
trouver la minute au président n'est pas ici.
" Richelieu, qui avait été un véritable
évêque, résidant et appliqué aux soins de
son diocèse jusqu'en 161 5, et même jus-
qu'à ce qu'il entrât décidément aux affaires
en 1616, comprenait déjà très-bien , quoi-
qu'il ne fût engagé à ce moment qu'au
service particulier d'une princesse exilée,
et dans les obscures Intrigues d'une petite
cour de province , qu'il lui serait impossible
de concilier les devoirs sérieux de l'état
ecclésiastique avec les préoccupations du
siècle; que sera-ce lorsque, devenu pre-
mier ministre d'un grand royaume , il se
verra aux prises avec la politique et les
affaires de toute l'Europe?
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 401
subjet, ce que vous pouvés estimer que je devois, la confirmant au
saint dessein auquel elle se fortifia jusques à ce point que de souhaiter
du bien à tous ceux qui estoient meslez en celte affaire. Je vous rends
compte particulier de ce que dessus , estimant que vous serés bien
ayse de sçavoir Testât auquel estoit une personne dont vous gouvernés
la conscience.
Je me recommande particulièrement à vos sainctes prières, et vous
asseure que vous ne les despartirés jamais à personne qui les mérite
mieux que moy, pour estre. . .
NOTA.
On vient de voir, par sa lettre du lo juin au Père SufTren, que l'évêque de
Luçon se promet une douce consolation de son exil, dans la société de ce bon
père, appelé à Blois, auprès de Marie de Médicis; mais, à peine a-t-il exprimé cet
espoir, qu'il se voit frappé d'un exil nouveau. Il y a là, dans la vie de Richelieu,
un incident qu'il convient d'expliquer. Nous l'avons déjà indiqué dans le I" vo-
lume; mais des documents nouveaux nous permettent de le faire mieux connaître,
et d'ajouter ces détails auxquels s'intéresse la curiosité qui s'attache toujours aux
commencements d'une grande fortune et aux premières époques de la vie d'un
personnage illustre.
Les calomnies dont on poursuivait incessamment Richelieu, et peut-être aussi
le mauvais vouloir de M. de Luynes, qui, malgré ses protestations, ne le voyait
pas sans inquiétude auprès d'une princesse qu'il avait cruellement blessée, ne se
reposaient pas. I! a écrit, dans ses Mémoires, que ses ennemis, trop timides pour
l'attaquer de front, avaient pris un détour pour le faire éloigner de la reine
mère. • Leur ruse, dit-il, suppléa à leur défaut de hardiesse '. » L'évêque de Luçon
avait-il donc déjà une importance telle qu'un favori tout-puissant eût besoin de
beaucoup de précautions pour le renvoyer dans son évêché.'' Nous avons remarqué
ailleurs, et l'événement le prouva bientôt, qu'on pouvait oser l'envoyer plus loin.
Le sentiment vaniteux qui perce dans cette pensée nous semble inspiré par le
souvenir d'une autre époque. Voici au vrai ce qui était arrivé.
Une accusation de pratiques séditieuses -et de levée de gens de guerre, imputée
à Marie de Médicis obéissant aux suggestions de l'évêque de Luçon, ayant été lue
' Mémoires de Richelieu, t. I, p. 467.
CARDIN. DE niCHEUEC. — Vil. 5l
402 LETTRES
dans le conseil des dépêches, il fut résolu que l'on conseillerait au roi d'ordonner
à Richelieu de se rendre dans son diocèse. Un des membres de ce conseil , s'imagi-
nant que la résolution qui avait été prise serait approuvée par S. M. en prévint
le frère aîné de Richelieu; et celui-ci, sans attendre autre éclaircissement, crut
devoir avertir l'évêque de Luçon. C'est ce que raconte Deageant ' ; et son récit est
conforme à ce (jue nous apprenons du marquis de Richelieu lui-même. Sur l'avis
qu'il avait reçu de son frère , l'évêque de Luçon écrivit tout de suite à M. de Luynes
qu'il demandait permission à la reine mère de la quitter et de se retirer en Poitou.
Ne voulant pas attendre l'effet de la menace, il partit immédiatement. « Jugeant,
dit-il dans ses Mémoires (l. c), qu'il étoit mieux séant de les prévenir, je deman-
dai congé à la reine de m'en aller pour quelque temps à Coussay, où, dès que
je fus arrivé, ils prirent occasion de m'envoyer une lettre du roy, du i5 juin,
par laquelle Sa Majesté me témoignoit être bien aise de la résolution que j'avois
prise de m'en aller à mon évêché , et que j'y demeurasse , ou en mes bénéfices ,
jusqu'à ce que j'eusse autre commandement d'elle. » Richelieu partit, en effet,
très-promptement; car, dès le i4 juin, à Fontainebleau, on savait son départ.
Nous avons, à cette date, une lettre écrite de Paris par l'abbé Tantucci ^. Après
des protestations d'attachement et de grandes démonstrations d'affliction de ce
que Richelieu s'est éloigné de la reine mère, il témoigne l'espérance que l'affaire
.se rhabillera; «à quoy, ajoute-t-il, je travaille, ainsy que font tous vos parens et
amis. J'ay dépesché un courrier exprès à la reyne pour cela, affui qu'elle envoie
devers le roy Vous avez des ennemys, mais aussy des amis, et particulière-
ment M. de Luynes et M. de Agen , auxquels vous pouvez escrire en conformité
de ce que vous mandent MM. du Pont et de Richelieu '. » Nous avons la lettre
que ce dernier écrivit à son frère; elle est datée du 1 4 juin *, comme celle de Tan-
tucci : «Je suis au désespoir, disait-il, de vous avoir donné l'advis de ce que je
vous ay mandé, bien qu'il fust v'ray et que je l'eusse appris de M. de Chasteau-
neuf, qui m'a dit qu'il avoit esté présent à la résolution qui eu fut prise
mais le changement des choses ayant fait changer celle-là, excusez mon affection
et la passion que j'ay à vostre service J'ay veu M. de Luynes, qui nous a
tesuioigné grande affection et toute assistance pour vous si j'eusse sceu tout
ce qu'il m'a dit depuis, qui avoit esté convenu entre vous deux, je vous eusse
j)arlé d'autre façon M. du Pont et moy avons jugé à propos, sur ce qu'il
' Dans ses Mémoires, p. io4. ' Le manuscrit dit : mai ; c'est une faute
' Sur ce personnage, voy. ci-dessus, d'attention; l'avis que le marquis de
p. 387 (noie). Richelieu s'excuse d'avoir donné à son
' Archives des Affaires étrangères, l'rèrc , c'était vers la fm de mai qu'il l'avait
France, t. 28, pièce 4o. envoyé.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 403
nous a dit que vous ne tuy aviez rien mandé, que vous luy escriviez, et au roy,
que vous vous en estes allé chez vous pour tesmoigner vostre obéissance avant
d'escrire j'espère que tout se remettra. .. ' • C'est eflectivem.ent ce que
l'évêque de Luron manda à Louis XIII, le 18, comme on verra ci-après; mais
il n'avait pas attendu pour écrire le conseil de Tantucci ni celui du marquis de
Richelieu; il s'était empressé d'informer le roi de son obéissance prématurée;
et au duc de Luynes, ainsi qu'à Deageant, il avait adressé ses plaintes. Ces
trois lettres sont nécessairement du 1 a ou du i3 juin, et l'on voit par le texte
même qu'elles furent faites aussitôt l'arrivée de Richelieu à Coussay ^.
Cependant, dès la première alarme, la reine mère avait expédié à la cour M. de
Bonzi, évéque de Béziers, pour avoir une explication sur ce qu'avait écrit le mar-
quis de Richelieu. M. de Bonzi était porteur de deux lettres adressées au roi et
à M. de Luynes.
Au roi, Marie de Médicis disait : •. Si la qualité de mère a du pouvoir
à l'endroit «l'un fils de si bon naturel comme le vostre, je vous suplie de tout
mon cœur de ne me desnier pas la continuation de la faveur que vous m'aviez
faicte de retenir led. s' évestjue de Luçon près de moy ' ne me faictes pas
faire des alfronts que j'aimerois mieux mourir que de les endurer ce que je
désire avec telle passion, qu'après le bien de vostre service, je ne désire autre
chose en ce monde ^ »
Nous donnons en son entier la lettre au favori :
LA REINE MÈRE A LUYNES ^
« Le roy luy ayant |)emiis d'avoir auprès d'elle l'évesque de Luçon, l'éloigner
c'est tesmoigner qu'on ne la lient plus en lieu de mère, mais d'esclave; on finira
par la rétluire à estre forcée de quitter le royaume et d'aller en lieu où il n'y aura
pas moyen de l'accuser de cabales.
» Après avoir mis le roy au monde, f avoir élevé et avoir travaillé sept ans ()our
son establissement, je suis réduite à voir mes ennemis, mesme mes domestiques
me faire tous les jours des affronts -Je deviens la fable du peuple.. ... je
' Arcli. des Aff. étrang. France, l. 28, ^ Mise au net de la main de l'évêque
pièce 3i. de Béziers, corrigée et devenue minute;
' Voy. ci-après p. 409 et Aie, et aux fol. iiydu t XXVIII précité.
Analyses, vers le 1 5 juin 1617. . ' Même manuscrit, p. 1 i3. Mise au
■ La lettre autographe du roi , datée du net de la main de l'évêque de Béziers.
2 mai, est conservée aux Arch. des AIT. élr. avec quelques correclions, devenue mi-
France, t. V, fol. I de la collection verte. nule.
404 LETTRES
sei'ois l)ien plus affligée si ce n'est l'espérance que j'ay que vous ne m'abandonnez
point en cette occasion , remontrant au roy le tort qu'il se fait toutes ces
difficultés n'estant point pour l'évesque de Luçon, ny pour le s' de Liancourt i,
mais pour me faire apprendre que je n'ay rien à attendre du roy.
« Puisque le roy a confiance en vous, c'est à vous à luy remontrer qu'il ne doit
pas craindre de desplaire à quelques particuliers pour donner contentement à
sa mère.
« J'envoie l'évesque de Béziers vers le roy, il vous dira le reste. »
A cette lettre était jointe une instruction pour l'évêque de Béziers, où sont
développés les arguments employés dans la missive, et la reine ajoutait : «Sur-
tout le s' de Béziers ne partira de la cour que le roy ne m'ayt faict l'honneur de
me donner du contentement sur ce qu'il m'a desjà accordé et sur les choses cy-
dessus mentionnées^. »
Mais bientôt Marie de Médicis, informée de la méprise et instruite au vrai de
l'état des choses, se hâte d'écrire à Richelieu pour le rappeler; elle lui mande que
«ayant su le sujet pour lequel il lui avoit demandé congé pour huit jours, elle
trouve mauvais qu'il le lui ait dissimulé et le convie de revenir subitement ^. »
La reine mère écrit ensuite au ministre de Louis XIII :
«Monsieur de Luynes, ayant esté advertie qu'on avoit escrit à la cour que
j'avois osté M. de Luçon d'auprès de moy et que je l'avois envoyé en sa maison,
j'ay esté fort faschée qu'on ayt ainsy interprété son voiage. Il est vray qu'il m'a
demandé congé pour huict jours; et luy ay volontiers donné, sur ce que M. de
Béziers m'avoit dit que vostre advis estoit qu'après la permission du roy, il seroit
à propos qu'il se retirast pour quelques jours. Ces donneurs de faux advis me fas-
chent à la fin , sachant que ci la vient de ma maison. Je vous ay voulu escrire pour
vous dire que M. de Luçon sera demain auprès de moy, et pour vous prier d'avoir
l'œil que, si ses ennemis et les miens vouloient prendre quelque advantage de son
esloignement, que vous l'assistiés, comme vous avez faict jusques icy; vous protes-
tant que je mourray plustost qu'endurer qu'après la permission que le roy M'' mon
fds m'a donnée de le retenir près de moy, que mes ennemis eussent le pouvoir de
me faire un sy grand affront, qui me seFoitdu tout insupportable. Pour cela, M. de
' Marie de Médicis l'avait choisi pour ' Je n'ai trouvé aux Affaires élrangères
chevatier d'honneur et le demanda au qu'un extrait de cette ietlre (fol. il\à du
roi, qui le lui refusa. même manuscrit). L'original a été compris
' Cette instruction est une mise au net dans une vente d'autographes faite le
de la main de M. de Bonzi lui-même, et 26 janvier i856. Le catalogue proposait,
se trouve cotée 1 1 4 dans le manuscrit pré- pour cette lettre non datée, la fausse date
cité. de 162b.
o
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 405
Luynes, ayant tousjours recogneu vostre bonne volonté en mon endroict, je vous
prie de me la vouloir tesmoigner en ceste occasion icy, vous asseurant que vous
ne me pouvés obliger en chose qui me touche davantaige, et ne seray jamais in-
grate de ce que vous vous emploies pour moy et pour mon contentement, vous
asseurant que je suis et seray tousjours ' >>
M. de Bonzi ayant eu Tordre de ne revenir qu'après qu'on aurait fait droit au
message dont il était chargé, on se débarrassa de lui en lui donnant de bonnes
paroles, auxquelles il crut, et, de retour auprès de Marie de Médicis, il envoya à
Richelieu un exprès porteur de cette curieuse lettre :
« \ Blois, ce 17 juin 1617.
» Monsieur, « Nous sçaurez par le présent porteur
comme tous les diables sont deschenez contre nous et que nos ennemis ont pro-
fité de vostre absence. La reyne escrivit hier à Luynes que vous seriez icy aujour-
d'huy; c'est pourquoy, si vous n'estes party, il faut nécessairement que vous par-
tiez en diligence, et qu'à Tours vous preniez autre chemin que celuy de la poste,
afin que si quelqu'un venoit devers vous de la part du roy, il ne vous trouve pas.
Si le roy ne despesche qu'un homme seul, la reyne le retiendra jusques à vostre
arrivée, luy disant que vous serez icy d'heure ii autre. H ne faut |)as que vous
laciez trouver la reyne en mensonge. Il n'y a autre moyen que vostre venue qui
puisse destromper le roy et toute la cour, que vous n'aviez pas pris congé de la
reyne pour tousjours, car c'est icy dessus qu'ils prennent le prétexte contre
vous
« Si M. Mulot nous eust rendu la lettre de M. de Richelieu à (juatre heures du
matin quand il la reçeut, on eut eu plus de loisii- de meurement consulter ce
\oyage, et M. Tantouche eut dit à Luynes que vous ne seriez que huit jours à
vostre voiage.
« Vostre très-humble et obéissant serviteur et confrère.
<■ DE BoNZI.
« Je vous réplique de rechef que la dépesche du roy sera rendue vaine par voslre
présence. «
Richelieu ne jugea pas à propos d'user de l'expédient que luy conseillait l'évéque
' Celte pièce est cotée 1 1 6 dans le mu- voyé son brouillard , mais il estoit tout
nuscrit précité; c'est un double écrit de gaslé d'encre; c'est pourquoy S. M. m'a
la main de l'évêquc de Béziers, lequel a commendé d'eu faire une copie. »
mi» en marge : « La reyne vous auroit en-
406 LETTRES
de Béziers; les ft^licitations qu'il avait reçues du roi sur sa sage retraite ne leri-
courageaient pas à essayer ces petites supercheries; et il resta à Coussay.
On voit que, dai;? tout ceci, il n'y a pas eu de ruse, comme le prétend Riche-
lieu , et on ne lui a point tendu de piège pour le tirer, sans avoir l'air de s'en mê-
ler, d'auprès de la reine mère; c'était la pure vérité que lui écrivait Tantucci,
lorsqu'il lui disait : « Nous nous sommes fait le mal à nous-mesmes '. » Tout le mal
vint, en effet, d'une trop grande précipitation de la part de son frère, et, de sa
part k lui , d'une susceptibilité d'amour-propre qui le jiorta à devancer un ordre
qu'on ne lui aurait peut-être pas donné. Mais on profita avec joie de sa retraite
inopinée. Une fois qu'on le vit séparé de la reine mère, on se mit à l'aise avec
lui, et, non sans quelque apparence d'ironie, en même temps qu'on déplorait le
malentendu, ,on lui i'aisait adresser par le roi des félicitations sur la sagesse de sa
retraite , et, en lui exprimant le regret de son départ , on lui interdisait le retour. En
réalité, les bonnes paroles données à l'évêque de Béziers n'étaient qu'un leurre;
ceux qui travaillaient à arranger les affaires de Richelieu s'en doutaient un peu;
le sieur Tantucci, en ce moment à la petite cour deBlois, lui écrivait le 19 juin ^ :
« Monseigneur, il semble que toutes choses sont conjurées contre nous; M. de Bé-
ziers devoit partir à celte heure mesme pour aller à la cour, et la fiebvre l'a pris ;
il partira demain vous verrez, par les lettres que la reyne a escrites, de
quel pié elle marche en ceste affaire je m'en vins icy pour avertir de tout
ce qui se passoit mon voyage n'a pas esté inutile Sy M. de Luynes ne
nous trompe, au pys-ailer, quand vous aurez esté quelque temps absent, il procu-
rera que le roy vous permette de revenir au reste, la maison est tellement
divisée et enragée que c'est un vray enfer; M. de Béziers en est en telle fascherie
que n'estoit le service de la reyne et l'espérance de vostre retour, je ne sçay ce
qu'il feroit »
M. de Bonzi revenant de la cour lui écrivait encore de Blois , le 2 8 juin : « Luynes
m'a encore donné sa parole d'espier le temps pour vostre retour icy. . . M. de Messi
est parti ce matin pour aller trouver le roy de la part de la reine mère » Riche-
lieu, de son côté, faisait faire- de fréquents voyages à un sieur de' la Papinière;
mais toutes ces allées et venues, toutes ces promesses continuées pendant plusieurs
mois furent vaines; Richelieu n'eut pas la permission de revenir à Blois. La reine
mère s'en plaignit à M. de Luynes; mais ses plaintes furent beaucoup plus calmes
que ses précédentes réclamations, et nous terminons le récit de cet incident par la
lettre qu'elle écrivit au duc de Luynes sur ce sujet, laquelle n'est point datée.
' Lettre du 22 juin, manuscrit précité, pièce i45- — " Ibid. pièce 4o.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 407
LA REINE MÈRE A M. DE LUYNES.
• Monsieur de Luyiies, il faut que je vous confesse que j'ay esté fort estonnée
(ju'on ne m'ayt pas voulu donner du contentement sur le sujet de M. de Luçon,
c^r cela me faict croire qu'on ne se mesfie pas de luy, mais de moy c'est
faire beaucoup de tort à mon intégrité de s'imaginer que je me veuille servir
dud. évesque pour brouiller Je désire me servir de luy pour mettre quelque
bon ordre à mes affaires particulières Vous ne devés pas préférer les animo-
sités de quelques particuliers à mon désir ' »
Non-seulement la reine mère n'obtint pas le retour de Richelieu, mais on le
trouva encore trop près d'elle dans son évêché et, quelques mois après, on l'exila
jusqu'en Avignon, qui, dans ce temps-là, était une terre papale.
La situation ainsi expliquée, on va voir les lettres écrites par l'évêque de Lu-
çon pendant cet incident.
LV.
Arch. des Afl'. élr. France, t. 28, pièce loa. — Minute.
Monsieur,
A M. DE LUYNES.
Av.int le I 2 juin i (i i 7 '.
Je recevray tousjours ce qui viendra de vostre part ainsy que je le
dois. M. de Béziers, qui a veu de ([uelle façon j'ay porté ce que vous
l'avés prié de me dire, vous en rendra tesmoignage, et de plus, comme
aussitost j'ay esté supplier la reyne de me permettre de me retirer,
avec toutes les circonstances nécessaires poiw parvenir à cette lin , luy
demandant enfin congé pour quinze jours. Vous sçaurés comme le
tout s'est passé, quelles sont mes intentions et mes desseins, et je
m'asseure que toutes mes actions vous feront cognoistre que l'envie
' Manuscrit précité, pièce 118; mise (t. 1, p. i()4) une analyse de cette 'pièce,
au net de la main de l'évêque de Béziers , et l'on voit qu'elle a été écrite un peu avant
corrigée et devenue minute. que l'évêque de Luçon se retirât d'auprès
' Richelieu a donné dans ses Mémoires de la reine mère.
408 LETTRES
et la rage de tous ceux qui me traversent ne peuvent rien altérer en
un homme de bien comme moy. On me veut. Monsieur, faire perdre
l'honneur. Je me suis mis en vostre protection, pour ne rien considé-
rer que le service du roy, de la reyne sa mère et le vostre. Jesouffri-
ray très-volontiers toutes les persécutions qui m'arriveront en cette
considération, sans qu'elles facent changer en quelque façon que ce
puisse estre la résolution que j'ay prise de tesmoigner à ceux à qui je
dois service et que j'honore comme vous, Monsieur, que je me donne
entièrement à ceux à qui je m'engage, quoy qu'il puisse arriver. Si on
pense que Dieu m'ayt donné quelqu'esprit qui n'est pas grand, il ne
me doit pas estre imputé à crime, en usant comme les bons et les
meschans seront contraincts par mes actions de le recognoistre.
Je ne sçay. Monsieur, ce qu'a faict M. de la Curée, mais je vous
asseure qu'il ne peut avoir rien dict à mon désavantage, l'appelant à
tesmoin luy-mesme, si je ne luy ay pas respondu à quoy qu'il m'ayt
dict de la part de la reyne, qu'ayant cet honneur de la servir, je n'ac-
cepterois aucune charge que premièrement le roy ne l'aggréast, ce
que vous avés veu par effect. M. de Bonzy ayant sceu premièrement
la volonté du roy par vous, que de prendre aucune cognoissance de
ses affaires. Je veux bien. Monsieur, avoir de la faute en mon procé-
der; toutefois, si vous considérés quel il est en luy mesme, et non
dans les artiQces de personnes mal affectionnées, je m' asseure que
vous ne le condamnerés pas. Mais je suis bien empesché, ayant à me
deffendre en divers lieux, là où je suis présent et absent, de diverses
personnes foibles et puissantes. Dieu voit tout. Je suis enfant d'obéis-
sance. Je vous supplie d'adviser à ce que vous estimerés pour le
mieux, et contribuer à la conservation de l'honneur d'une personne à
qui véritablement on ne le peutoster.
J'ay ouï dire que M. de Vitry est fort animé contre moy; je ne
sçay ce qui en est; vous sçavés si c'est avec subject et quel prétexte
on peut prendre^. C'est, Monsieur, tout ce que j'ay à vous dire, re-
' Richelieu explique dans ses Mémoires (I, à'Ji), la cause du mauvais vouloir de
Vitry.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 409
mettant le reste à M. de Bonzy, qui vous asseurera, comme moy sur
ce papier, que je suis véritablement.
Monsieur,
Vostre très humble et très affectionne serviteur.
LVI.
Arcli. des Aff. étr. France, t. a8, pièce loi. —
Minute de la main de Le Masle.
Monsieur,
[A M. DE LDYNES'.]
[Le 12 ou le 1 3 juin 1617.
Vous verres, par la lettre que j'escrits au roy^, ce qui m'a faict
supplier la reyne sa mère de me permettre de faire un tour chez moy
pour huict jours, avec intention d'envoyer à S. M. et à vous, Mon-
sieur, ce gentilhomme, comme je fais, pour vous tesmoigner le désir
que j'ay, et auray tant que je vive, de complaire aux volontés de celuy
à qui je doibs tout, et qui plus est de le conjurer, et vous aussy, de
me mettre à couvert des calomnies et impostures par lesquelles j'ap-
prends tous les jours qu'on me travaille. 11 fasche véritaJjlement à un
homme de bien, qui n'a d'autre but devant les yeux que le service
de son prince, de voir qu'on veuille mettre tous les jours son hon-
neur en compromis. Mais ce qui me console est que je sçay l'opi-
nion que S. M. et vous avés de moy, et que je suis fort seur que la
fin couronnera l'œuvre. La créance qu'il a pieu à la reyne mère du
roy prendre en moy, sans que je la méritasse, m'a donné des envieux
' Celte niinule n'a ni suscription ni de la reine mère , mais seulement celle du
date; la lettre ne peut s'adresser qu'à M. de 1 8 juin répondant à la dépêche du roi du
Luynes; quant à la date que je propose, i 5. La lettre qui est imprimée dans notre
voir le nota ci-dessus : Richelieu écrit le premier volume , p. 54 1 , à la date approxi-
mèrae jour à Deageant.(\'oir aux Analyses.) mative de la lin de juin, a été écrite un
' Je ne trouve pas cette lettre adressée peu plus longtemps après cette séparation
au roi au moment où Richelieu se sépare qu'elle rappelle.
CARDIN. DE RICHELIEU. — VII. 02
410 LETTRES
et des ennemis. Les intentions qu'on sçayl que j'ay toutes portées au
service du roy m'en donnent d'autres, y ayant force gens, comme
vous pouvés croire, qui voudroient avoir l'honneur que j'ay par la
confiance de la reyne', pour en user autrement que je ne feray ja-
mais, quoyqu'il leur fust impossible , l'esprit de S. M. estant tellement
retenu dans les bornes du contentement et du service du roy que
nul ne sçauroit la porter à en sortir.
Je vous supplie de me départir vos conseils, comme vostre protec-
tion, que je sçay particulièrement par mon beau-frère^, en qui j'ay
toute confiance, que vous me départez de plus en plus; en revanche
de quoy je m'oblige à vous rendre tout le service que vous scauriés
jamais attendre de la personne la plus passionnée du monde à vos
intérests. Vous pouvés voir si j'en fais estât, ayant d'autant plus hasté
ce voyage que j'ay faict chez moy, que j'avois sceu que vostre advis
estoit qu'il seroit bon que jy lisse un tour après la permission du roy.
En un mot. Monsieur, vous me cognoitrés en toutes occasions pour
estre véritablement ,
Monsieur,
Vostre très humble et très affectionné serviteur.
LVIL
Arrli. des Ail', étr. France, collection verte, t.d, pièce io8. —
Minute de la main de Le Masie.
AU ROY.
18 juin iGi'j.
Sire ,
N'ayant jamais eu, ny ne pouvant avoir autre intention que de servir
V. M. et obéir à ses commandemens, je n'ay rien à respondre à la
lettre qu'il luy a pieu me faire l'honneiu' de m'escrire^, sinon que
' Allusion à l'abbé Ruccellai. parlé dans le nota précédent. Richelieu
' Du Pont de Courlay. rappelle dans ses Mémoires (I. 467) la re-
^ C'est la lettre du 1 5 juin , dont il a été ponse qu'il y fit; c'est celle qu'on lit ici.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 411
j'observeray si religieusement ce qui est de ses volontés, que cette
action , comme toutes celles de ma vie , feront advouer à tout le monde
que je suis véritablement.
Sire, deV. M.
Le très humble, très obéissant et très passionné subjet et serviteur.
De Richelieu, le 18 juin 1617.
LVIII.
Arch. des Aff. étr. France, t. a8, pièce 119. —
Mise au net de la main de Le Masle.
A M. DE LUYNES'.
[ComQiencement de septembre 1617^.]
Monsieur,
J'avois estimé que, depuis trois mois, m'occupant icy es seules
fonctions de ma charge, ceux qui, sans sujet, me veident moins de
bien que je ne désirerois, se lasseroient de me mettre à sus des ca-
lomnies; mais voyant que je me suis trompé en cette pensée, la faveur
qu'il plaist à S. M. vous donner auprès de luy et l'amitié ([ue vous
m'avés tousjours promise , me font prendre la plmue pour vous sup-
plier de me protéger, auprès de S. M. contre les mauvais offices que
j'apprends qu'ils m'y font tous les joius.
Je vous proteste devant Dieu que j'aimerois mieux mourir que de
manquer au service que je doibs au roy, auquel j'ay et auray toute
ma vie ime vraie et entière passion. H m'est impossible d'empescher
que quelques-uns ne me prestent des charitez; mais je suis seur, en
ma conscience , que jamais je n'en donneray aucun siAjet et que mes
actions seront telles que les plus animez confesseront qu'elles sont
' Vovcz dans notre premier volume, à ^ Il s'était retiré dans son évêché vers
la page 55i, une lettre adressée au roi. le 1 2 juin, ce qui indique à peu près la date.
52.
412 LETTRES
comme elles doivent estre. Je vous supplie, Monsieur, d'en asseurer
S. M. et de croire que j'auray d'un si singulier office toute la reco-
gnoissance qu'en peut avoir une personne pleine de volonté de vous
tesmoigner qu'elle est véritablement,
Monsieur,
Vostre. . . .
LIX.
Ai'ch. des Aft'. étr. F'rance, t. 28, pièce 121. —
Mise au net de la main de Le Masle.
AU P. JOSEPH.
[ Fin de septembre 1(117.]
Mon Père, je veuv vous tesmoigner par cette lettre que j'ay de la
confiance en vous, puisque, bien qu'il y ayt plus d'un an et demy que
nous ne nous soyons vus, je vous veux escrire avec la mesme fran-
chise que si nous n'avions bougé d'ensemble. Je suis si gros de des-
plaisir des calomnies que tous les jours on me met à sus que , pour
n)'en soulager, je vous veux ouvrir mon canu-. Il y a quatre mois*
que je receus du roy commandement de m'en venir icy, où j'ay de-
puis, pai' la grâce de Dieu, vescu de telle sorte que j'estimois (lue,
non-seidement sérois-je innocent devant Dieu, mais exempt de soub-
çon devant le monde. Cependant on me dépeint à S. M. des plus étranges
couleurs qu'il est possible et me représente-t-on tout autre que je suis.
Je me suis du tout attaché aux controverses et n'ay, sur mon honneur,
autre but que de servir Dieu et le roy en cet exercice. Je ne recherche
' La dépêche du roi qui prescrivait à n'est pas encore achevé; or l'approhation
l'évéque de Luçon de se retirer dans son des docteurs en théologie, pour ce livre, fiit
évôché étant datée du i5 juin, si nous donnée le 9 octobre; cette circonstance
prenions à la lettre ce que dit ici Richehcu , met la date de la présente missive quelques
nous aurions pour la date de la présente jours auparavant. On peut donc proposer
lettre le i5 octobre. Mais nous voyons ici pour date approximative la fin de sep-
même que l'ouvrage contre les huguenots tembre.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
413
que le repos pour cet efFect. Je vous proteste devant Dieu n'avoir eu
ny n'avoir autre pensée. Ce qui paroistra parle temps, ayant entrepris
une œuvre contre l'hérésie que je n'acheveray point sans veilles. J'ay
sceu que vous voies et estimés grandement M. Deageant, que j'ay
tousjours tenu pour estre un de mes amis. Pour cet eflect, je vous
supplie de le conjurer, de vostre part et de la mienne , de contribuer
ce qui est en luy pour qu'il plaise au roy prendre une impression de
moy conforme à la sincérité de mes actions, et de croire, ce qu'il verra
tousjours par effects, que j'aimerois mieux mourir que de manquer à
son service. Vous en pouvés donner vostre parole pour moy, et je
vous asseure que n'en serés point en peine, ayant ce que je doibs
en cela en telle recommandation, que je me man([uerois plutost à
moy-mesme que d'y manquer. Je n'eusse jamais creu que la passion
de quelques-uns, qui ont entrepris de me faire de mauvais offices, eust
eu tant de force contre mon innocence. Je vous proteste, entre vous
et moy, que, par prières, j'ay souvent fermé la bouche à un de ceux
qui y est le plus eschauffé sur le sujet de M. Deageant. Le temps fera
cognoistre letirs bonnes intentions et justifiera les miennes. Ce m'est un
grand crèvecœur de voir que, travaillant contre fhérésie', les hugue-
nots prennent occasion de rabbaisser ce que je fais contre eux par les
mauvais bruits qu'ils espandent (pi'on faict courre de mov dans la
COUI-. Je vous asseure encore une fois que je mouiTois plustost ^ue
de manquer à mon devoir envers le roy, et à tesmoigner par toute
sorte d'elTects à ceux (jui m'obligeront tant (jue de luy faiie perdre la
' Allusion il son livre contre l'escrit
udrcssii au l\oy pur les quatre ministres de
Charenton. (Voy. notre Introd. p. i.xxii.)
Ajoutons ici qu'on fit de cet ouvrage, au
moment où II parut, en 1618. deux édi-
tions successives. En iGaS, un certain
Rodolphe Gaziiiers le traduisit en latin.
L'évèque de Luçon envoya à Rome quel-
ques exemplaires de cette traduction qu'il
ofTril à plusieurs cardinaux et au pape
Urbain VIII; nous avons trouvé le bref
par lc(|uel S. S. l'en remerciaitàla date du
2 mars i()2^. Mais la grande Corlune du
livre arriva avec celle de l'auteur. Séb.
Cramoisy en donna une édition iti-/(" en
1629 ; uneaulre parut à Rouen en i63o;
et enfin l'imprimerie du Louvre publia en
'i(i42, peu de temps avant la mort du car-
dinal, une niagnilique écUlion in-fol. .le ne
vois pas qu'il en ait paru depuis.
414 LETTRES
mauvaise impression qu'on luy donne de moy, que j'auray de cette
obligation tout le ressentiment qu'ils sçauroient s'imaginer. C'est tout
ce que je puis vous dire, sinon que je suis,
Mon Père,
Vostre. . .
LX.
Arch. des AIT. étr. France, t. 29, pièce i36. — Minute.
A M. LE GARDE DES SCEAUX'.
[Vers le i5 octobre 1617 -.'
Monseigneur,
Ayant esté convié à revoir mes livres, et à traitter les principaux
points delà foy, par des occasions qni se sont présentées en ce pays,
sur le sujet de l'escrit adressé au roy par les ministres de Charenton.
j'ay estimé que ce ne seroit pas chose du tout inutile, en ces quar-
tiers où l'hérésie a pris plus forte racine qu'en aucun autre endroit
de ce royaume, de faire voir ce que j'en ay faict. Deux des plus ca-
pables docteurs de la faculté de théologie de Paris qui soyent en ce
pays^, ayans veu ma minutte, ont approuvé mon travail. Ce qui me
faict vous suplier très-humblement d'avoir agréable de m'accorder un
privilège pour le mettre au jour.
Je me promets d'autant plus cette faveur de vous que je sçay com-
bien vous favorisés les lettres et l'Eglise. C'est pourquoy, sans vous
importuner davantage, je vous suplie de croire que je suis.
Monseigneur. . . .
' C'était alors levècjue de Lisieux, du mi-octobre. Le privilège du roi est du 1 " no-
Vair. vembre. La minute a été classée fautive-
■ Nous venons de dire que l'approbation ment en 1620 dans le manuscrit des Af-
des docteurs fut donnée à Poitiers le 9 oc- faires étrangères.
tobre. Ce fut peu de jours après sans doute ' Le prieur provincial des Cordeliers
que Richelieu demanda le privilège; cette de Touraine et Nie. Berger, tjiéologal en
missive doit donc avoir été écrite vers la l'église de Cliinon.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 415
ANNEE 1618,
LXI.
[AU ROLJ
[Premiers mois de 1618.]
Nous avons doniH-, dans notre premier volume, p. 564, une lettre de l'évêque
de Lucon au roi, d'après une copie d'un manuscrit du foqds de Sorbonne. Nous
en avons trouvé plus tard la minute, de la main de I,e Masie, aux archives des
Affaires étrangères, France, tome 28, pièce 99". Nous avons mis cette lettre, non
datée, vers le commencement de 16 18. Cette date se justilie parie texte même de
la lettre, ainsi que par les autres missives que nous trouvons à cette époque. Toutes
sont remplies des mêmes plaintes : • les mauvais bruits qu'on fait courir de lui, .
les ombrages f|u'on donne de sa conduite, • les fausses accusations sur les conseils
qu'il donne, dans ses lettres, à la reine mère. » Excédé de tant de persécution , Ri-
chelieu , écrivant à son frère aîné, s'écrie : • Je ne puis assez m'estonner des calom-
nies qu'on me met à sus. •■ Richelieu s'est d'abord éloigné de la reine mère; retiré
dans son évêché, ses ennemis n'ont pas cessé de l'y poursuivre; il demande au
roi de lui assigner un lieu où il soit à l'abri du soupçon et des inimitiés dont il
est victime. C'est bientôt après qu'on lui donne ordre d'aller à Avignon. — Nous
remarquons qu'une autre main que celle de Le MasIe a mis en tète du feuillet :
• Non envoyée; » cependant Le Masle a conservé, dans son recueil, la copie d'après
laquelle nous l'avons imprimée. — Il y a, entre cette copie et la minute dictée par
Richelieu, quelques différences que nous allons noter.
Dernière ligne du texte, p. 564; ce passage est ainsi dans la minute :
• Tel autre qu'il luy plaira pour ma demeure [mesme la Bastille, s'il 1<? juge
estre à propos], l'asseurant ([ue, que! qu'il soit, je l'estimeray grandement heu-
reux si j'y puis vivre aussy exempt de calomnie que je le suis de coulpe et s'il me
garantit, etc. »
L'incise enfermée ici entre crochets est ajoutée à la marge du manuscrit, de la
nuiin de Richelieu.
P. 565, ligne 9, au lieu de : « d'en rompre le nombre, » la minute met : « de
rompre le moindre, •• et donne comme suit le reste de la lettre : «Le jugement
et la bonté de V. M. font que j'ose me promettre qu'elle adjoustera foy à mes pa-
roles, que toutes mes actions justifieront, en faisant voir que je suis, con)nie je
dois, et autant que [)ersonne du monde. . . »
416
LETTRES
LXII.
Arcli. des Aff. étr. France, 1618-1619,1.29, pièce 1 g°. — Minute de la main de Le Masie,
de celle de Cliarpenlier et d'un troisième secrétaire,
avec quelques lignes de la main de Richelieu '-
CAPCT APOLOGETICUMl LUSSON.
[Avril 1618.]
Qui a jamais ouy parler que des civilités fussent crimes?
Si c'est crime, qui en est exempt? Quel seigneur, quel officier, quel
prince n'est point tombé en cette faute?
Si on considère les temps, on trouvera que celuy auquel iP s'est
enrichi est celuy des vieux ministres", et qu'il n'a eu nidle dignité,
nul office, nulle charge depuis qu'ils ont esté ostez.
De leur temps, il avoit Amiens, qui a donné lieu à tant de brouil-
leries; depuis il l'a quitté.
' L'authenticité de cette pièce, comme
œuvre personnelle de Richelieu , n'est pas
douteuse; il y parle à la première per-
sonne, elle est écrite de la main de trois
de- ses secrétaires intimes , qui prennent la
plume tour à tour; et l'écriture de Riche-
lieu lui-même vient confirmer cette au-
thenticité.
^ Ce titre est écrit sur un premier feuillet
blanc, où se trouve seulement cette note,
dans un coin de la page, de la main de
Charpentier : « Faudra insérer ce discours
lorsqu'on fai.soit le procès à Barhin et que,
l'évesque de Luçon estant en Avignon , on
parloit de le faire comparoistre ; ou quand
il fust arresté prisonnier à Lyon, qu'il es-
crivit au roy qu'il ne désiroit rien que de
paroistre pour se justifier. » Cette annota-
tion nous apprend que ce morceau a été
composé pour entrer dans les Mémoires que
préparait Richelieu ; on y marque même sa
place. On ne saurait dire l'époque précise
où Richelieu l'écrivit; est-ce pendant son
exil d Avignon ou plus tard, quand il son-
gea à composer ses Mémoires? Nous plaçons
celte apologie (voy. la page 568 de notre
premier volume) à la date à laquelle les faits
se rapportent ; on sait que l'ordre de l'iexil
en Avignon est du 7 avril. Au reste, la pièce
conservée dans le manuscrit des Affaires
étrangères est un simple projet qui atten-
dait quelques développements, mais plus
curieux que la rédaction définitive, laquelle
a été fort abrégée, ainsi qu'on le voit dans
les Mémoires manuscrits de Richelieu, aux
Affaires étrangères , page 8 de l'année 1 6 1 8
( 1" vol. p. 495 de l'édit. de Petitot].
' On voit qu'il s'agit du maréchal
d'Ancre.
' Au lieu des vieux ministres, Richelieu
a rais dans ses Mémoires : les sieurs Bru-
lart, Villeroy et Jeannin.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 417
Eux, (jui avoient pris racine du temps du feu roy, qui tenoient le
timon des affaires, pouvoient aisément empescher l'accroissement de
cette plante; il leur estoit aisé, veu qu'ils estoient en auctorité de
longtemps et qu'il n'y estoit pas encore, le feu roy l'ayant tousjours
tenu bas.
Tous les biens; toutes les charges et dignités qu'il possédoit, c'est
de leur temps, voire mesme à la sollicitation de quelques-uns qui luy
donnoient la main. Pourquoy n'est-ce pas crime de l'avoir laissé
avancer lorsqu'on pouvoit l'empescher, si c'est crime à ceux qui l'ont
trouvé en cet estât de l'y avoir laissé, quoyqu'ils ne peussent autre
chose ?
Est-ce crime d'avoir habitude avec luy, si cela n'a point esté à un
personnage de mérite et de sagesse, y contractant ime estroicte al-
liance, mariant ses enfants avec les siens.^*
Si estre venu en charge de son temps c'est un crime, qu'a faict le
s"" du Vair qui l'en exempte ?
Si estre sorti de sa charge, en estant osté contre son gré, luy
donne cet advantage, en avoir voulu sortir par cinq fois, avec ins-
tance, de son propre mouvement, ne doit-il point donner le mesme
à juste tiltre?
Quelle animosité est-ce de refuser au sceau ce qui est signé d'un
nouveau secrétaire d'estat faict de leurs majestés, si on reçoit aux cours
de parlement et ailleurs ce qui est scellé d'un garde des sceaux du
tout nouveau en sa charge ?
M' le garde des sceaux, qui faict profession d'égalité en soy-mesme,
ne devoit pas garder si longtemps une rancune comme celle qu'il a
contre luy, et pour un subjet illégitime.
Fault rapporter le différend qu'on eust avec luy pour M' de Nantes.
Jamais je n'ay rien faict que je n'aye creu certainement en ma con-
science estre avantageux au roy, et" je puis dire devant Dieu avoir
tousjoiu-s eu une passion très-grande de luy complaire , je ne dis pas
seulement à luy comme roy, mais comme Louis XIIP.
CAnOIN. DE 1IICIIELIF.U. — VII. 53
/Jl8 LETTRES
Querelle avec le mareschal d'Ancre sur le subject des gardes qu'il
voidoit envoler à Solssons.
Querelle parce qu'il disoit trop d'habitude [sic) avec le roy et la
reyne sa femme.
Querelle pour là paix.
Querelle pour M"" de Villeroy.
Qu'on ait voulu procurer la paix, qu'on soit venu à la guerre contre
son gré, l'entremise de M. de Bérulle et le voyage du P. Loys le jus-
tifie. M. le cardinal de la Rochefoucault le sçayt.
Qu'on se soit voulu retirer, M. le cardinal de la Rochefoucault,
M. de Bérulle, M. de Nantes, M. d'Aire, M. de Gamaches, le P. Souf-
fren le sçavent; je nomme ceux-là pour estre moins suspects.
Si avoir signé deux comptans, sur lesquels on n'a rien receu, quoy
qu'ils l'ayent esté par contrebas, est de peu de conséquence en un
temps où la guerre devoit emporter beaucoup plus de despense se-
crette que celle qui s'est faicte, ceux qui en ont signé tant d'autres ne
sont-ils point coulpables.»'
On a tant crié que le mareschal d'Ancre s'estoit grandement enrichi
par la voye extraordinaire de dons et de comptans ; si cela est , il fault
qu'ils ayent esté signez. Pourquoy ceux qui ont signé ces dons et
comptans sont-ils en grâce .'* S'ils se couvrent du conuiiandement de
la reyne, comme ils le peuvent, pourquoy cette mesme couverture
ne mettra-t-elle pas à l'abry les autres.'^
J'ay ôbéy à la reyne, il est vray; mais de qui tout le monde rece-
voit-il la volonté du roy que de sa bouche ? Les particuliers , petits et
grands , les communautés ne les ont point pris d'autres ; nul n'a ja-
mais révoqué en double ce qui sortoit de la bouche de cette prin-
cesse, et je proteste devant Dieu ne luy avoir jamais ouy dire parole,
ni cogneu aucune intention qui peust déplaire au roy, mais, au con-
traire, toute affection. Que si en quelque chose le roy ne fa pas co-
gneue, les artifices de ces malheureux en sont cause.
A un homme malheureux, on luy impute tout à faute.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 419
U despendoit en sa charge, on l'en estimoit en ce temps; mainte-
nant on luy impute : il faisoit le prince !
Il estoit libre, franc et ferme; il en estoitloué; cependant mainte-
nant il en reçoit blasme : tout se tourne en violence.
Il n'estoit point intéressé : maintenant c'est vanité.
Faisoit sa charge avec splendeur : c'est gloire.
En un mot, les vertus d'un homme en faveur luy sont vices en
disgrâce.
Les vieux ministres furent déposez pour le subjet de la paix, cette
déposition ayant esté demandée par les princes [disant qu'ils sont
cause des désordres de la France].
Au reste, ils se sont deffaits les luis les autres.
L. de L. ' par son establissement, n'a osté personne hors de charge ,
il succède à Mangot; de façon que s'il y avoit du mal, il estoit faict.
M. du Vair, nouveau ministre, demeure. M. de Suiliy, vieux mi-
nistre, n'est pas restably; ce qui montre que le roy n'improuve pas la
mutation des ministres.
L. de L. a esté estably par le commandement de la propre bouche
du roy.
Les ministres sont-ils Espagnols qui suivent les pas tracez par d'au-
tres qui sont réputez bons François.-^
N'est-ce pas les vieux ministres qui ont traitté le mariage d'Es-
pagne? Quand M. le prince s'en plaint, ne respondent-ils pas pour le
roy, qu'il importe à S. M., pour le bien de son estât, et mesme de ses
alliez, de se maintenir bien avec l'Espagne.^
L'argent de la Bastille n'a pas esté despendu du temps des nou-
veaux ministres; les grands dons estoient faicts quand ils sont venus.
[M. de Villeroy tesmoigne à l'évesque de L. qu'il approuve sa pro-
motion, le visite, l'employé, reçoit de luy sa déclaration.]
Servin voit l'évesque de L. le prie de demander une pension pour
luy, luy faire rendre l'abbaye de la Victoire; demande fort judicieuse,
' L'évêque de Luçoii. Les passages enfermés entre crochets sont de la main de Ki-
clielieu.
53.
420 LETTRES
puisqu'il y a voit longtemps que le s' de Portes en estoit en pos-
session.
Il voit souvent le mareschal.
Sa conscience, son honneur et si peu de cognoissance qu'il a des
alFaires du monde ne luy permettent pas de rien penser qui ne soit
avantageux au roy :
Sa conscience, n'y ayant point de plus estroict devoir devant Dieu
que celuy de subj et envers son prince;
Son honneur, estant clair que tout homme le perdant qui manque
à rendre ce qu'il doit à son souverain;
La cognoissance des affaires du monde, n'y ayant personne d'en-
tendement qui ne recognoisse que c'est cracher contre le ciel que d'en-
treprendre quelque chose contre les puissances supérieures.
Fault s'estendre' sur ce point de la conscience et de l'honneur,
qui ne pei mettent rien que d'avantageux à un prince; sa grande affec-
tion, qui a tousjours esté et sera plus grande qu'il ne peut représenter.
Tout le conseil qu'il a donné à la reyne, depuis ({u'il est hors de la
cour, est de n'avoir nul sentiment de ce qui s'est passé , que ces misé-
rables s'estoient attiré, par leurs mauvais comportements, leur peine.
Que tout ce que S. M. avoit à faire estoit à se gouverner si modé-
rément que ses actions présentes justifiassent celles du passé; taisant
paroistre une totale différence, c'est-à-dire qu'on recogneust une sy
grande différence entre elle possédée par la mareschale d'Ancre et
non possédée , qu'on jugeast clairement que tout ce qu'on pouvoit re-
marquer d'odieux au passé venoit de la mareschale.
Si c'est violence que de prendre les armes, pourquoy ceux qui les
ont faict prendre aux premiers mouvements n'en sont-ils pas taxez .>*
N'est-ce pas M. le garde des sceaux qui a faict la première décla-
' Cette pièce était donc un tliènie qui de suite qu'on remarque en que'ques en-
attendait des développements; ce qu'on droits. Ce ne sont même parfois que des
doit conclure également des blancs laissés pensées détachées,
dans le manuscrit, ainsi que du manque
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 421
ration sur l'emprisonne ment de M. le piince, contre luy et les autres
princes ?
M. de Villeroy n'a-t-il pas dit plusieurs t'ois à la reyne, sur ce pro-
grès des armes du roy, qu'il ne restoit autre chose qu'à poursuivre,
(lu'il ne manquoit rien en ses conseils, qu'il estoit seulement question
de les exécuter.
Fils de père qui a tousjours servy les roys, et, en sy peu qu'il l'a
peu, l'a tousjours faict luy-mesme, en son diocèse, dès le commence-
ment, le feu roy y a eu confiance; depuis la reyne l'a continuée.
Aux estats sa fidélité a paru, aux emplois qu'il a eus depuis;' et
depuis la reyne estre à Blois, il a dit qu'il failoit confesser cpi'on avoit
cette obligation à la reyne et à ses nouveaux ministres d'avoir ouvert
le chemin de conserver l'Estat et empescher les troubles, ne trou-
vant rien à redire en leurs conseils et en leur conduite; mais seide-
ment en l'introduction, n'estimant pas leiu' autorité légitime, parce
qu'elle luy estoit préjudicialile.
Il est libre aux princes d'oster qui bon leur semble quoyque gens
de l)ien; le père Coton a esté osté.
« Meliora utique sacerdotibus dan)na qiiam lucra saeculi sunt. « (Am-
bros. tom. IV, lib. vi, epist. ^Q-)
■' Multifidœ sunt et varia; mendacii semitse. « (Theodor. p. 22.)
Il n'y a personne qui ne recognoisse que le vray serviteur doit di-
riger les volontez de son maistre à une fin avantageuse pour luy, mais
que loi-squ'il ne peut les conduire où il veut , il doit les suivre où
elles vont.
Fault conuuencer dès sa jeimesse , qu'on trouvera accompagnée de
bons présages.
S'est tousjom's conduit selon sa profession et selon les divers degrés
es quels il s'est trouvé.
A esté tel que la bonne opinion que le feu roy en avoit conceue dès
' A partir des mub ■ et depuis » ce pas- le faut placer. Il doit d'ailleurs y avoir
sage est ajouté à la marge par Charpentier, (|uelques fautes dans ce paragrapiie , qui
sans indication de l'endroit précis où il manque de clarté.
422 LETTRES
son jeune âge luy doit eslre une marque de grande approbation. Le
feu roy l'a voidu prosmouvoir' à la charge en laquelle il est devant
([u'il eust l'âge requis.
A Rome , il a esté receu avec contentement et obtenu plus de grâce
qu'il ne désiroit, ny mesme que le feu roy n'en demandoit. Le pape
en ayant rendu des tesmoignages singuliers , l'ayant dispensé à vingt-
deux ans, remis pour plus de six mil escus de bulles. La Sorbonne a à
faveur de l'avoir en sa société ; il a faict estimer son banc célèbre pour
la quantité de célèbres personnages qui y ont paru.
En tous lieux où il a vescu, il s'y est comporté avec estime.
Dans son diocèse, faisant sa charge sans donner lieu de plaintes aux
huguenots ;
Il a remis plusieurs églises;
Avancé le bien de la religion, sans toutefois que ceux qui en sont
divisez s'en puissent plaindre.
Il se trouve aux Estats; il y faict sa charge, estant ferme dans le
service du roy.
Faudra mettre la deffense de Barbin : mains nettes, courageux:
Mangot, excellent pour le sceau.
On laissera le jugement au lecteur, si des gens peuvent estre con-
danmés à juste tiltre s'estant gouvernés comme dessus.
Ce procès a esté vuidé autrefois à Rome, du temps de Séjan. Ce
pendant on en laisse encore maintenant la décision non-seulement an
jugement d'un sénat, mais celuy d'un chascvm.
' L'épiscopat; mot écrit d'abord et rayé.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 423
LXIII.
Arch. des Aff. étr. France, t. 28. pièce 107. — Minute.
AU ROI.
[Seconde quinzaine d'octobre 1618.]
Sire ,
Ayant religieusement obéy aux conuuandenîens de V. M. j'ay tous-
jours espéré qu'il luy plairoit prendre asseurance de la passion que
j'ay et auray toute ma vie à son très-humble service. Mais me voyant
jusques icy privé de mon attente, le désir que j'ay de ne rien oublier
de ce qui est en moy pour ne l'estre pas à l'advenir, et le desplaisir que
je ressens de voir mes frères, en ma seule considération, en Testât
auquel ils sont, m'ont faict estimer que, sur le dernier accident qtii est
arrivé à l'un ', V. M. n'auroit point désagréable la supplication que je
luy fais de leur vouloir donner quelque temps pour mettre ordre à
leurs affaires, et à moy me prescrire un lieu proche d'elle, tel qu'il
luy plaira, n'en exceptant aucun où je puisse demeurer pour caution
de leurs actions et des miennes. Outre cette asseurance, V. M. leur
donnera, s'il luy plaist, telles personnes qu'elle aura agréable, pour
avoir esgard à leurs comportemens. Je ne doute point. Sire, que V. M.
ne uj'accorde ma très-humble requeste, ne pouvant qu'elle ne la
trouve juste et raisonnable , puisqu'elle n'a autre lin que de me faire
voir à V. M. par mes actions tel que je suis, et délivrer mes frères*
d'une partie de leurs afflictions, qui me doivent estre et me sont plus
sensibles que les miennes propres. V. M. aggréant ma supplication or-
donnera ce qu'elle jugera à propos pour savoir comme nous vivrons en
' La femme de Henri de Hiclielieu était ' Henri de Richelieu etdu Pontdo Cour-
morte le i5 octobre; celte lettre, qui sans lay, son beau-frère; cela ne doit pas se
doute fait allusion à ce malheur, doit avoir rapporter à son frère, le chartreux,
été écrite dans la seconde ([uinzaine dudit
mois.
424
LETTRES
nous rendant où elle daignera nous prescrire, et establira au lieu de ma
demeure tel ordre qu'elle trouvera bon pour estre informée de la fa-
çon aveclaquelle je m'y gouverneray', n'y désirant autre contentement,
outre celuy d'obéir à vos commandemens, qu'estre pourvu des livres
que j'y feray porter, pour faire une réplique^ à la response que quel-
ques ministres de la religion prétendue réformée ont faicte au livre
que j'eus l'honneur de dédier à V. M. l'année passée. Voilà, Sire, la
très-humble supplication de celuy qui sei'a éternellement, de V. M. . . .
ANNEE 1619.
LXIV.
Arch. des Aff. étr. France, tome VI de la coHeclion verte, fol. i. — Original
'SUSCRIPTION :
A MESSIEURS MESSIEURS DU CHAPITRE DE LUCON.
8 février 1819.
Messieurs, nul ne sachant quel doit estre le cours de la vie et ne
' Fontenay-Mareuil a dépeint la vie que
menait Richelieu dans son exil d'Avignon :
Il Pour lever tous les ombrages que l'en-
gagement qu'il avoit eu avec la reine mère
pouvoit donner, il prist un logis à part et
ne pratiquoit que des gens d'estude et de
piété, fuyant toutes autres compagnies,
jusques à celle de ses frères mesme , qu'il
ne voyoit que rarement et en public, d
(T. I", p. 44i, éd. Petitol.)
- Un ministre protestant, David Blon-
del , a fait au livre de l'évêque de Luçon
une réponse intilulée : Modeste déclaration
de la sincérité et vérité des églises réformées
de France, contre les invectives de l'évesqae
de Luçon et autres docteurs de l'église catho-
lique, Sedan, 1619. Richelieu aurait il pu
connaître cette réfutation avant cette date
d'impression ? Ou s'agit-il de quelque autre
réponse ? Quoi qu'il en soit, nous ne
voyons pas que la réplique dont il est ([ues-
tion ici ait jamais paru , ni même que Ri-
chelieu l'ait écrite. (Voy. t. I", p. 608,
lettre à M. de Guron.)
' En tête de cette pièce , on lit : « Lettre
de Mgr. à MM" du chapitre de Luçon, du
8°febvrier 1619.» Cette note, de la main
de Cherré, doit avoir été écrite longtemps
après cette lettre, peut-être pour un clas-
sement ; au moins nous ne trouvons que
plus tard lécriture de ce secrétaire.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 425
pouvant prévoir en mon particulier comme il plaira à Dieu disposer
de moy, le désir que j'ay de ne quitter pas ce monde sans vous laisser
des tesmoignages de mon affection me faict dresser ce peu de lignes
pour vous estre mises es mains, au cas que je sois privé du bonheur
de me trouver moy-mesme parmy vous devant que de passer de cette
vie à une autre meilleure.
Je n'emploieray, Messieurs, aucunes paroles à vous asseurer de la
passion que j'ay pour vous, sachant bien que vous n'en estes point en
doute, et aussy que je désirerois vous la tesmoigner par effects.
En cette considération, je vous laisse mon corps, affin de reposer
mort au lieu mesme où je me désire vivant, pour vous servir en ser-
vant Dieu, ainsy que j'y suis obligé.
Le lieu de ma sépulture sera, s'il vous plaist, immédiatement au-
dessus du pulpitre des chantres, désirant que le plus haut du chœur,
comme plus honorable, soit conservé pour mes successeurs qui vien-
dront après moy.
Je vous laisse aussy toute l'argenterie de ma chapelle, mes orne-
ments et trois tentes de tapisserie de Flandres, pour en tapisser le
chœur sans vous obliger à quoy que ce puis.se estre, "me remettant à
estre secouru de vous par vos prières (que je mandie avec affection),
ainsy que vous l'estimerez à propos.
Si je pouvôis vous laisser davantage, je le lerois très-volontiers;
ma volonté surpassant ma puissance, mes désirs suppléeront au def-
faut de mes ellects.
Le premier bien que je vous souhaitte esl de vivre tous avec le plus
de cognoissance qu'il vous sera possible de vostre condition, vous re-
mettant devant les yeux que ce monde n'est que tromperie, et qu'il
n'y a contentement ny proffit qu'à servir Dieu, qui ne manque point
à ceux qui le servent.
Je vous désire ensuitte un évesque qui, m'esgalant en affection, me
passe en toutes autres qualités, le souhaittant aussy accomply que
je me recognois plain de deffauts. Je le conjure, quiconque il soit,
de résider avec vous, visiter son diocèze, eschauffer, par son exemple
CAROIM. CE niCUELIED. VII. 54
426 LETTRES
et ses instructions, ceux qui soubs luy ont charge d'ame, à leur de-
voir, maintenir et augmenter le séminaire commencé à Luçon, auquel
je laisse mil livres' et ma bi])liothèque toute entière, pour donner
plus d'occasion à des gens de mérite de s'y arrester.
Nul corps ne pouvant subsister sans l'union du chef avec ses mem-
bres, je vous supplie de vivre en estroite union avec celuy qui me
succédera, vous asseurant qu'outre l'édification qu'en recevront ceux
à qui vous devés bon exemple, vous n'en retirerés pas peu de profïit
les uns et les autres.
Cela fait, Messieurs, il ne me reste qu'à vous conjurer d'aimer ma
mémoire comme d'une personne'qui vous aime tendrement, et qui,
souhaittant avec passion vostre salut, sera éternellement,
Messieurs,
2 Vostre bien afifectioniié confrère à vous rendre humble service.
ARMAND ÉVES. DE LUÇON.
D'Avignon, ce 8" febvrier 1619.
LXV.
Arch. des Aff. étr. France, t. 29, pièce 25. — Mise au net.
AU ROY\
10 mars 1619.
Sire,
Comme j'obéissois aux commandemens que V. M. m'a faicls d'aller
trouver la reyne sa mère*, M. d'Alincour m'a mandé que vous dési-
ries que je demeurasse à Lyon et y attendisse vos volontez. J'y seray,
' 11 y avail « escus » ; le mol « livres « a ' Voy . notre I" volume , p. 58o , note 2 .
été écrit en surcharge. La reine mère s'était évadée de Blois le
' Cette formule et la date sont de la 22 février, un peu avant le jour. Fontenay-
main de Richelieu. Mareuil donne quelques détails sur cette
' Richelieu a mis au dos : « Lettres es- évasion (t. I, p. 435); mais le récit est
crittes au roy sur l'arrest qui fut faict do plus complet dans la Vie du duc d'Epernon,
l'évesque de Luçon par M. d'Alincour. » par Girard.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
427
s'il plaist à Dieu, demain matin, pour y apprendre plus particulière-
ment ce qu'il sçaura de vos intentions et les suivre religieusement.
Le changement. Sire, de la première résolution de V. M. me fait
cognoisire que quelques personnes, qui ne me veulent pas de bien,
m'ont rendu de mauvais offices auprès d'elle'. Sur quoy je n'ay rien
à luy dire, sinon que je me tiendray très-lieureux si V. M. veult obli-
ger tels gens à vérifier ce qu'ils peuvent dire contre moy. Je me pro-
mets, Sire, cette grâce de vostre justice, la raison requérant que vous
fassiés voir la malice des uns et des autres, et que vous punissiés ceux
qui l'auront mérité. C'est, Sire, ce dont je supplie très-humblement
V. M. comme aussy de croire que je seray jusques au dernier soupir
de ma vie.
Sire, de Vostre Majesté
Le très humble , 1res obéissant et très Gdèle sujet et serviteur.
Devienne, ce lo"' mars" 1619.
' Richelieu était dans l'erreur; le roi
n'avait pas donné l'ordre de 1 arrêter, il n'y
avait là qu'un excès de zèle de la part du
gouverneur de Lyon. (Voy. t. I". loc. cit.)
' Le même jour, la reine mère écrivait
d'Angoulême au chancelier : Elle a expli-
qué au roi les causes de .son évasion et se
plaint « des rigueurs et violences inouïes ,
coimne celles que j'aprends , d'artner puis-
samment contre la personne qui l'a mis au
monde». Malgré la présence des mauvais
conseillers , « Villiers n'a pas laissé de re-
cognoistre, en l'esprit du roy, les tendres
sentimens de la nature». Elle envoie au
chancelier la copie des deux lettres qu'elle
a écrites au roi et le prie de faire son de-
voir en représentant à S. M. le péril de ce
que l'on luv fait faire. Pièce 26. — Nous
trouvons dans le tome V du Mercure fran-
çais, p. 174 et 176 de l'année 1619, deux
lettres adressées au roi par la reine mère.
les /| et 11 avril. La reine proteste de la
sincérité de ses intentions; personne plus
qu'elle ne peut avoir intérrt à la prospérité
du règne du roi son fils; cependant elle
se voit entourée de soldats; elle supplie
Louis XIII de considérer les funestes con-
séquences d'une telle guerre pour la mo-
narchie et le repos des peuples. L'armée
du comte de Schomberg la menace « pour
supprimer la voix de ses fidelles remon-
trances et opprimer sa condition et sa li-
berté ». Nous n'avons point le manuscrit
des lettres, mais il est impossible que
l'évêque de Luçon, revenu dans les der-
niers jours de mars auprès de la reine mère,
n'ait pas pris part à la rédaction, d'autant
que le premier de ses conseillers d'alors,
le duc d'Lpernon, avait été envoyé par
elle avec des troupes pour l'opposer aux
entreprises de Schomberg.
54.
/i28 LETTRES
L'ÉVÈQUE DE LUÇON ET LE CONNÉTABLE DE LUYNES.
Nous abordons ici une période de la vie de Richelieu où la conduite et le carac-
tère de cet homme célèbre ont été mal appréciés et peints de couleurs peu fidèles
par quelques historiens qui ne connaissaient pas les documents que nous allons
publier et qui ont accordé à des apparences trompeuses et à des témoignages alors
acceptés une confiance trop facile. Nous devons donc au lecteur, soit pour rectifier
d'inexactes notions sur l'évéque de Luçon , soit pour la parfaite intelligence des
lettres qui vont suivre , quelques explications sur deux circonstances importantes
de la vie de Richelieu, que ramène sous nos yeux l'époque où nous nous retrou-
vons :
1 ° Les négociations entre le roi et la reine mère exilée par le duc de Luyne» ,
après le meurtre du maréchal d'Ancre;
2° L'élévation de l'évéque de Luçon au cai-dinalat.
Lorsque la dignité de cardinal fut promise par Louis XIII à Richelieu, celui-ci
chargea un intime ami, Séb. Bouthillier, abbé de la Cochère, de se rendre à Rome,
afin de hâter par ses soins vigilants et ses officieuses démarches le succès de cette
difficile affaire. Dans le dessein d'entourer de plus d'autorité cette mission parti-
culière, l'évéque de Luçon obtint qu'on donnerait à son messager un caractère
officiel; et, dans notre l" volume (p. 655), nous avons publié la lettre du roi
qui l'accrédite. Depuis nous avons obtenu aux Archives du ministère des affaire»
étrangères communication des manuscrits de Rome se rapportant aux année»
1619-1622', et nous y avons trouvé, sauf quelques pièces absentes, toute la
correspondance de l'abbé de la Cochère pendant son séjour à Rome (environ
deux ans) soit avec son frère Claude Bouthillier, soit avec Richelieu. Cette corres-
pondance, qui n'est citée nulle part et que personne ne paraît avoir connue,
nous raconte avec une exactitude minutieuse les vicissitudes de cette affaire, si
lente à s'accomplir, si contrariée dans sa poursuite, dont l'évéque de liuçon atten-
dait le dénouement avec une anxieuse et secrète impatience , avec une apparente
et vaniteuse froideur.
A l'aide de ces documents inédits , de diverses pièces également nouvelles : lettres
originales de Richelieu, du duc de Luynes, du P. Ariioux, de M. de Blainville, de
l'archevêque de Sens (Jean Davy Duperron), et autres personnages considérables
employés dans les négociations de 1619 à 1622; à l'aide enfin d'une correspon-
' Vol. 23-27.
DU CARDINAL DE RICHB^LIEU. 429
dance récemment imprimée de Bentivoglio', nonce en France, et qui nous révèle
des intrigues que l'abbé de la Cochère a longtemps ignorées, nous pouvons achever
de faire bien connaître ce point initial et décisif des grandes destinées de Richelieu :
sa promotion au cardinalat, et aussi les négociations entre la mère et le fils, où la
mémoire de l'évèque de Luçon est intéressée.
La demi-obscurité qui a enveloppé ces deux événements n'a reçu qu'un jour
faux et douteux des mémoiies du temps, sans excepter ceux de Richelieu lui-
même. On comprend que l'évèque de Luçon a pu être plus discret qu'on ne vou-
drait sur certains points; et les autres historiens ont, à leur tour, méconnu parfois
son caractère dans la poursuite du cai-dinalat , ainsi que dans les négociations
entre la mère et le fds. Occujwns-nous d'abord de cette courte période de querelles
qui allèrent jusqu'à la guerre civile, et de réconciliations peu sincères mêlées de
brouilleries nouvelles; période qui n'a pas été suffisamment étudiée, où la con-
duite de l'évèque de Luçon a été l'objet des conjectures les plus contradictoires et
souvent, selon nous, les plus injustes.
Ce n'est pas ici le lieu de faire l'histoire complète des années 1619 et it)2o;
nous ne voulons que dégager le rôle de Richelieu, au milieu des intrigues compli-
quées dont elles furent remplies.
L'évasion du château de Blois , qui eut lieu dans la nuit du 2 1 au 2 2 février,
jeta la cour dans une profonde inquiétude et dans un trouble facile à concevoir.
Après la catastrophe du 2 4 avril 1617, la reine mère avait passé près de deux ans
au château de Blois, à demi captive, et en butte aux sourdes persécutions de
I^uynes. Bentivoglio, qu'on ne peut soupçonner de malveillance contre le favori,
dont il avait la confiance, et pour lequel il parait en toute occasion favorablement
disposé, écrit dès le mois de juillet 1617 : « Sono più che mai grandi i sospetti
che s' anno délia regina madré, onde S. M. passa una misera vila'-. • Et il ajoute,
au sujet de Richelieu : « Questi ministri sono suoi nemici e son quali che nudriscono
principalmente i sospetti. Luine dà buone parole, ma non si fida. » Paroles dont
il faut se souvenir et que Bentivoglio lui-même a parfois trop oubliées dans cer-
taines appréciations de la conduite de Richelieu. Luynes avait mis près de la reine
mère le sieur de Modène, un de ses parents, pour la surveiller de près, et cet
espionnage, dont elle était singulièrement irritée, n'était pas une de ses moindres
misères. Non-seulement on l'environnait d'espions, mais on éloignait d'elle tous
ceux en qui elle pouvait prendre confiance. Après qu'on lui eut enlevé l'évèque
' Letlere diplomaliche di Guido Beiitive- Torino, i853. — ' Lettres de Bentivo-
glio. . . ora per la prima voUa publicule per g^lio, 19 juillet 1617, p. i56.
cura di Luciano Scarabelli. a volumes in- 1 3.
430 LETTRES
de Luçon, le roi refusa de lui donner pour chevalier d'honneur M. de Liancourt
qu'elle avait demandé. On lui interdisait même le choix de ses serviteurs les plus
intimes : « Modena, dit encore Bentivoglio, ha avuto ordine parlicolare di far che
la Regina non pigli al suo servizio un secretario propostole da Lusson'.» Tels
étaient les commencements de cet exil; et deux années déjà s'étaient écoulées dans
cette vie de persécutions et d'outrages dont la reine mère ne pouvait espérer la fin ,
car elle n'y voyait d'autre terme que celui des soupçons et de la liaine de Luynes^.
Cependant la voilà libre à Angoulême, entre les mains de Ruccellai, qui avait
monté le coup, et du duc d'Epernon, qui l'avait exécuté; celui-ci disposant d'une
armée, ayant une position à reconquérir; l'autre, méchant esprit, dévoré d'ambi-
tion et fécond en intrigues. Une guerre civile semblait imminente.
Avec son bon sens et son génie rusé, Luynes vit tout de suite que le plus
pressé était de mettre la reine mère sous une autre direction ; et il comprit , en
même temps , que l'évêque de Luçon était seul capable de substituer son influence
à celle des dangereux libérateurs de Marie de Médicis. L'évêque de Luçon fut en
toute hâte rappelé de son exil et réuni à la reine mère^.
Le fait ainsi posé, examinons la situation des deux personnages dont l'histoire
doit juger la conduite.
Le duc de Luynes , qui craignait avec raison les rancunes de Marie de Médicis
pour les injures qu'elle avait reçues de lui, ne sentait nulle envie de la voir récon-
ciliée avec le roi , mais il convenait qu'il eût l'air de le désirer; aussi affectait-il
de déclarer à tout le monde que celte réconciliation était le but de sa politique*.
' Lettre du 2 août, p. i63. et prédestiné à la ruine de la reine mère :
' Il l'avait bannie avec la ferme ré.solu- « Conosciuto liabilissimo raggiratore d' af-
tion de la tenir éloignée : «La sua mas- fari et dintrighi. . . fat;itanienle nato ail"
sima è di tener lontana la regina e Condé. » esterminio délia Regina. » {Mém. rec. t. IV,
(Bentivoglio, lettre du 19 juillet précitée.) p. 628, G24, in-4°-)
l'jt le 6 se|)tembre le nonce écrivait en- * Bentivoglio nous l'apprend ; « Quanto
core : «Modena mi disse liberamente che alla sua vcnuta in Angiers, tutlo si crede,
non s' era pensato, ne sipensavaal ritorno ch'ella siapervenirci presto. Quanto al total
délia regina. » acconimodainento, se ne spera sempre nie-
' VittorioSiri, chroniqueur vénal et par glio, ed ultiniamente il cardinale di Retz,
conséquent peu sûr, quoique fort adi-oit ed il padre Arnoldomidissero che Luines
à se procurer des informations et des era di già venuto intieraniente in qucsta
documents, écrivant après la mort de Ri- risoluzione che il re vedesse la madré e
chelieu, dont il avait .sollicité et reçu les che vivessero insieme, e feci anch'io, tre
bienfaits, l'asouvenlfortinjustenienltraité; di sono dope f audienza del rè, un buon'
dès qu'il le voit arriver en scène, il l'annonce oBîcio col uiedesinio Luines sopra l'istessa
comme un très-habile tripoteur d'intrigues, materia, che fu molto ben ricevuto da
DU CARDINAL DE RICHELIEU. Ii3l
Il négocia donc la paix, jugeant avec une subtile perspicacité le double nœud
qu'il lui fallait dénouer :
Ennemie déclarée, la reine mère était dangereuse pour la paix publique; fran-
chement réconciliée, vivant auprès du roi, et reprenant sur ce faible prince son
influence passée, elle était dangereuse pour le favori.
11 fallait donc faire promptement la paix , et différer le plus possible la parfaite ré-
conciliation. Rien d'ailleurs n'était plus facile , avec l'esprit soupçonneux , contumace
et opiniâtre de la reine mère , que de contester longtemps sur l'exécution d'un traité.
La même politi({ue qui tendait à tenir Marie de Médicis séparée du roi, Luynes
la jugeait plus nécessaire encore à l'égard de Richelieu , qui lui inspirait une si
juste défiance. Plus on supposait à Tévêque de Luçon d'empire sur la reine
mère, plus il était important de l'éloigner lui-même. L'influence de la reine
mère sur le roi était redoutable pour Luynes principalement à cause de l'in-
fluence de Richelieu sur cette princesse.
Tous ceux qui voyaient, en ces derniers temps, la reine mère rendent témoi-
gnage de son désir de réconciliation; le prince de Piémont venant d'Angoulême
l'adirme; «Mostra di aver la.sciata la regina molta disposta ad accomniodarsi in
tutto alla volontà del re,» écrit Bentivoglio; et, racontant le résultat d'une
mission du P. Bérulle vers Marie de Médicis, il dit que ce bon père aussi la
trouva toute prête à se confier à l'amitié du roi, • ne voulant d'autre place de
sûreté que le cœur de son fds. • Les favoris, ajoute Bentivoglio, furent épou-
vantés de la voir disposée à un si prompt retour : « i favoriti se ne mostrano molto
commossi. . . sono restali come attoniti. . . temono che la regina voglia venire addi-
ritura in corle per rovinarli. » Cela était écrit le 2/1 mai, et huit jours après,
le 2 juin, Bentivoglio nous apporte une preuve frappante de l'inquiétude que
causait au duc de Luynes la seule pensée du retour de la reine mère auprès du
roi : « La verità è che Luynes va cercando qualche maggior stabilimento per tutte
le niutazioni che potessero nascere in caso che il re e la regina si rimettano ben.
insieme, e a questo ha procurato di aver la Brelagna ed ultimamenle la Provenza,
(kI ora tratta délia Picaixlia provincie tutte dove egli avrebbe délie piazze maritime
e che lo terrcbbero lontano dalla corte, laddove il suo governo présente délia
Francia è sulle porte di Parigi. » (Lett. di Bentivoglio , t. II, p. i53.)
lui. » (Dép. du 2 juillet 1619.) Luynes les rappel auprès de la reine mère : On atlend
trompait tous, et l'on voit, ici comme de lui de bons offices, dit Bentivoglio,
presque toujours , la disposition de Beiiti- « piaccia a Dio che non sia il contrario,
voglio à donner au (avori une confiance cssendo egli stato traltato si maie. » (Lett.
sans examen. Il était porté , au contraire , à du 1 3 mars, p. 111.)
mal parler de Richelieu ; en annonçant son
432 LETTRES
Certes de telles précautions ne pouvaient être inspirées que par un profond
sentiment d'effroi, et n'est-il pas évident que Luynes a dû prendre avec lui-
même la résolution de ne laisser revenir la reine mère que s'il ne trouvait aucun
moyen de l'empêcher?
Cependant si l'événement trompait son espérance et ses précautions, si une
réconciliation sincère ramenait la reine mère à la cour, accompagnée de Richelieu,
Luynes était bien résolu do ne pas s'abandonner lui-même, et s'il lui fallait comp-
ter avec l'habile conseiller de Marie de Médicis, il se disait que du moins l'évéque
de Luçon n'avait point d'armée, et que de plus il redoutait lui aussi, sur la
reine mère, l'influence de ceux qui disposaient des troupes, comme le duc d'Eper-
non. Ainsi, dans ce moment, la présence de Richelieu auprès d'elle en éloignait
une armée; et, quant à l'ambition du prélat, Luynes avait des promesses toutes
prêtes dont l'exécution restait dans sa main. Gagner du temps, c'est quelquefois
l'habileté des génies supérieurs; c'est plus souvent la ressource des caractères
qui manquent de la sûreté du coup d'oeil et d'une prompte résolution.
Il ne faut pas perdre de vue ces secrètes combinaisons du duc de Luynes.
Quant à l'évéque de Luçon, qui sentait sa supériorité sur le favori du roi, il
devait souhaiter au contraire de se rapprocher de la cour avec non moins d'ar-
deur qu'en mettait Luynes à l'en écarter. Richelieu, qui n'avait rien à attendre
d'une princesse exilée, pouvait tout espérer de la mère du roi, assise à la droite
du trône et intimement unie avec son fds. Seulement il fallait qu'elle revînt à la
cour dans une position convenable; c'est ce que voulait obtenir Richelieu et c'est
précisément ce que Luynes ne voulait pas.
Telle était la disposition réciproque de Luynes et de Richelieu lorsque la paix
fut signée à Angoulême le 3i avril, et ratifiée à Saint-Germain le 2 mai.
Cette paix n'avait pas entièrement satisfait la reine mère; elle s'était montrée
exigeante et l'on fut défiant à son égard. Elle avait dû abandonner le gouvernement
de Normandie pour celui d'Anjou, et on lui avait donné trois places de peu de
défense. Elle voulait Amboise ou Nantes qu'on lui refusa'.
Dès les premiers temps Luynes causa à Marie de Médicis une mortification à la-
' u La regina c condicesa ad acceltar il (la Loire), ed a queslo tffetto è venuto il
governo d' Angio. . . e di lasciar il governo padreBerul. Sopra quesin demanda ^i sono
di Normandia . . ha fatto ricercar il re, faite lunglie consulte in San Germano, e
COI) grande istanza, a volerle dar di più in somma è slato concluso che la regiua
la città c castello d'Ambuosa, o la città e si dehba contentar délia prima offerla. t
oasteilodi Nantes in Bertagna , che hanno (Dfp- du 6 mai 1619.)
buoni ponli di pie'ra suUa stessa riviera
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
433
quelle cette princesse se montra extrêmement sensible. Ruccellai, trompé dans
son ambition, humilié dans son orgueil, jaloux surtout de voir la confiance
de la reine, dont il se vantait d'être le libérateur, donnée tout entière à Riche-
lieu, la quitta subitement, et alla offrir ses services à Luynes. Celui-ci les ac-
cepta avec d'autant plus d'empressement que cet infidèle serviteur lui appor-
tait tous les secrets de sa maîtresse. Avec quel amer dépit ne dut -elle pas le
voir accueilli, récompensé à la cour pour prix des trahisons dont elle serait vic-
time.-'
La reine mère fut aussi informée que la première pensée de Luynes , lorsqu'il
apprit qu'elle était libre , avait été de délivrer M. le Prince de la prison d'État
où elle l'avait fait enfermer du temps du maréchal d'Ancre. Marie de Médicis
était sortie de Blois le 22 février; dès le 2 mars Luynes était à Vincennes, où il
eut un entretien avec le prince de Condé'; et le 8 avril il lui faisait remettre une
lettre du roi par Cadenet son frère; Cadenet, lui rendant son épée, lui laissait
espérer la fin prochaine de sa captivité*.
Luynes ignorait les sentiments de la reine mère, et dans le trouble où, en ce
premier moment, l'évasion de cette princesse avait jeté la cour, il put la croire
animée d'un ardent désir de vengeance; on ne devait donc pas trouver étrange
que le premier ministre se ménageât le prince de Condé pour l'opposer aux géné-
raux du parti de la reine mère; c'était même une mesure de prudence dont il est
juste de le louer.
Néanmoins la liberté promise en ce moment au prince de Condé, c'était plus
qu'une mortification infligée à la reine mère, c'était une menace dont elle fut pro-
fondément irritée'; elle eut l'adresse de renvoyer le coup k de Luynes. Dans un
' « L uines quattro d\ sono visité Condé. »
(Dépêche de Bcntivoglio du 6 mars.)
' Bibl. iiiip. fonds Dupuy, 92. — Vit-
torio Siii, Menu, recondite, IV, 611 elsuiv.
La reine mère considérait ce procédé
comme une insulte personnelle : « Non
per altro molivo che per dispeltarla ed
offenderla direttamente. » Voyez aussi les
Mémoires de Deageanl (p. 218), souvent
cités, mais qu'il faut lire avec précaution
puisqu'ils ont été composés sur l'invitation
du cardinal , et dans l'espoir de sortir de
la Basiiile, où Deageanl les écrivait
Luîmes s'efforçait de faire croire à
Marie de Médicis que ce prince n'avait
que des sentiments de bienveillance pour
elle, mais elle n'en crut rien el avec rai-
son. Dans une longue conversation que
M. le Prince eut avec l'ambassadeur de
Venise, aussitôt qu'il fut sorli de pri.son,
il lui déclara ses véritables sentiments , que
l'ambassadeur résume en quatre points ,
l'un desquels il exprime ainsi : « Deside-
rio che il mondo sappia che la sua incli-
nasàone sia di star unito con Monsù di
Louiiies, corne ail' incontro contrario alla
regina niadre. » (Dépêche du a 1 novembre
.6.9.)
CAIIUIX. HE lUCIlKMEC.
434 LETTRES
mémoire de ses griefs', elle-même, instruite de ce qu'on voulait faire, demande
avec instance la liberté du prince, elle se plaint des rigueurs exercées contre lui,
et de cette détention jadis nécessaire, et maintenant si inutilement prolongée.
Il n'est pas difficile de reconnaître là l'ingénieuse subtilité de Tévéque de Luçon.
Ce n'étaient pas les seuls déplaisirs qui vinssent aigrir les mécontentements de
la reine mère. Au moment où il était le plus nécessaire de l'incliner aux senti-
ments pacifiques, le comte de Schomberg s'empara violemment de la petite ville
d'Uzerches, où se trouvaient des troupes à elle. Marie deMédicis se plaignit vive-
ment au roi de ce que ses généraux la traitaient encore en ennemie^.
Enfin, sans énumérer tous les griefs de la reine mère et sans reproduire ici son
mémoire, arrêtons-nous sur ce dernier fait :
Pendant qu'on négociait cette paix, un odieux incident vint compliquer les
embarras de la négociation. Un misérable tenta de faire sauter la citadelle d'An-
gers où logeait le duc d'Épernon. Le criminel fut jugé et pendu, et certes personne
n'eut la pensée que Luynes ait eu la moindre connaissance du crime. Mais on
compi'end combien il était facile aux intrigants qui entouraient Marie de Médicis
et qui ne voulaient pas la paix, d'éveiller, dans cet esprit soupçonneux, des dé-
fiances et des craintes capables de déconcerter les efforts des sages conseillers qui
la portaient à la conciliation.
Des procédés qui auraient inquiété la personne la plus confiante devaient sin-
gulièrement alarmer Marie de Médicis.
Celui qui cherche la vérité parmi toutes ces intrigues où, pour juger des faits
douteux, le seul moyen est de pénétrer les intentions, celui-là doit tenir grand
compte des hu meurs et d u caractère des person nages dont il apprécie les actions. C'est
ce que n'ont pas fait quelques historiens qui, dans cette circonstance et dans celles
qui vont suivre, ont porté contre Richelieu une sentence sévère. On oublie que
les difficultés lui venaient de ceux dont il défendait les intérêts autant au moins
que des adversaires. On juge un homme devant lequel s'élevaient des obstacles
de tous les côtés, comme on le jugerait s'il eût dominé la position, comme s'il
eût été maître de tous ses actes.
Cependant, nous l'avons dit, Richelieu parvient à triompher de tout mauvais
vouloir, de toute obstination, de toute méfiance; le traité est signé.
Parviendra-t-il également à en obtenir toutes les conséquences ?
Ici le succès ne dépend plus de lui seul, et il y faut le concours, la partici-
pation loyale et la bonne volonté du duc de Luynes.
' Bibl imp. Mss. de Dupuy, 92, ' Leltre du 4 avril, t. V du Mercure
fol. i33. français , p. 172.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. tiS5
Le point important, c'était la réunion de la mère et du fds.
Est-il besoin de dire toute la répugnance que devait éprouver Marie de Médicis
à retourner à la cour? Depuis la sanglante matinée du 17 avril elle n'avait pas
revu Luynes, elle lui devait tous les chagrins de sa captivité; que pouvait-elle
attendre de l'effroi dont il avait été saisi à la nouvelle de son affranchissement ?
Quelle confiance pouvaient lui inspirer les paroles adoucies de Luynes, lors-
qu'elle savait qu'on s'efforçait de détacher d'elle tous ses amis, lorsque les prin-
cipales conditions du traité d'Angoulême ne s'exécutaient pas? Avec le carac-
tère de Marie de Médicis, et dans une position où de légitimes défiances tourmen-
taient son esprit, il fallait se hâter de paraître sincère, et Luynes laissa s'écouler
près de deux mois sans donner une sanction nécessaire aux engagements con-
tractés; c'est le 20 juin seulement qu'on enregistra au Parlement l'amnistie
promise à ceux qui avaient servi sa cause. Elle se résigna pourtant à retourner
auprès du roi ; et qui lui fit prendre cette résolution , dont tout le monde autour
d'elle la détournait, si ce n'est l'évêque de Luçon?
La voilà à Cousières, château qui appartenait au duc de Montbazon, le heau-
père de Luynes, où le roi arriva le lendemain.
L'entrevue de la mère et du fils fut pleine de larmes et de tendresses; la nature
reprit un moment ses droits, en dépit des griefs de la politique. Cette affection,
qui sembla renaître avec quelque vivacité, fut précisément l'une des causes d'une
rupture nouvelle. Ce n'était pas Richelieu qui avait pu s'alarmer de ces heureux
symptômes; rien n'était plus favorable à ses desseins secrets, à ses ambitieuses
(espérances, que de voir ce sentiment maternel et filial, dans sa chaleur nou-
velle, promettre à la reine mère le retour de son ancien ascendant sur le roi;
tandis que de Luynes en conçut une méfiance désespérée.
Aucun historien n'a su précisément les incidents (jui. durant les quelques jours
passés à Tours , ont fait qu'une entrevue commencée avec une ferveur d'amitié
pleine d'heureux présages se termina dans des démonstrations d'une froideur in-
quiétante. Il paraît que, quelque temps auparavant, le bruit courut, bruit renou-
velé peu après l'entrevue, que la reine mère et le prince de Piémont, son gendre,
avaient concerté ensemble de s'unir à l'Espagne pour renverser le puissant favori,
et qu'on troubla l'esprit du roi de ces perfides menées. Bentivoglio avait écrit le
2 juillet : « Tornô poi d'Angoulemme il principe di Piemonte. . . ha mostrato. . .
d' avère lasciata la regina molto disposta ad accommodarsi in tutto alla volontà
del re. • Kt c'est seulement quelques jours après que le même Bentivoglio, dans
une nouvelle lettre, vient jeter l'alarme. Comment comprendre un changement
si brusque dans les sentiments de la reine mère ainsi que dans les résolutions
du prince de Piémont, qui d'ailleurs n'était pas retourné auprès de Marie de Mé-
55.
436
LETTRES
dicis? Et puis on n'apporte en preuve aucun fait, des paroles et c'est tout ^ Ben-
.tivogiio a écrit ici à ]a légère; d'oîi viennent ces bruits? ne peuvent-ils pas avoir
été répandus par les ennemis de la reine mère? On ne lui épargnait pas les
calomnies inventées pour empêcher la réconciliation. Bentivoglio lui-même l'écrit
à ce moment : « Malcontenti non mancano, e non mancano cattivi, che fanno
quanto possono che non segua lariconciliazione intiera fra il re e la regina -. » Nos
manuscrits de Turin et de France, aux Affaires étrangères, ne nous ont donné
aucune information sur ces relations si amicales, sur cette alliance politique et cri-
minelle entre la reine et son gendre, que rapportent les ambassadeurs seulement
sur des causeries de salon. Ce sont là de ces nouvelles dont les agents diploma-
tiques remplissent au hasard leurs dépêches, sans prendre soin d'en rechercher
la vérité. L'évêque de Luçon n'y est d'ailleurs pas nommé. Et puis la suite des
événements donne à ces bruits hasardés un formel démenti, puisque, à quelques
mois de là, Marie de Médicis faisait la guerre sans aucune assistance ni de l'Es-
pagne, ni du Piémont, sans même qu'aucun indice révèle une tentative quel-
conque de la reine, ni de ses prétendus alliés à ce sujet. Nous insistons parce
qu'il importe de montrer qu'il faut pourtant choisir parmi ces nouvelles diplo-
matiques, qu'on ne doit certainement pas négliger, mais où le véritable historien
puise ses informations, tout en se gardant d'y croire aveuglément.
Très-habile écrivain , esprit plus vif et plus fin que solide et réfléchi , d'un
génie bien inférieur à celui de Richelieu, s'imaginant que l'alliance avec l'Es-
pagne et avec l'empire était la meilleure politique que pût adopter la France,
le nonce Bentivoglio était d'ailleurs beaucoup plus sympathique au caractère
dé Luynes qu'à celui de Richelieu. Il recevait et il donnait les conlidences cal-
culées de Luynes pour d'incontestables vérités, et ne tenait aucun compte de
l'esprit de Marie de Médicis dans son jugement des affaires présentes. C'est ce
que fait à son tour M. Cousin , qui accepte comme des faits avérés ■' ce qu'écrit
' B Ho inteso da buona parte , » dit Ben-
tivoglio, dépêche du 16 juillet 1610. —
« Mi è stato detto ...» écrit à son tour
l'ambassadeur vénitien , dépêche du 1 7
septembre. Mais qui a dit cela? quelle
créance méritent ces ouï- dire anonymes?
et peut-on les admettre comme de sérieuses
autorités historiques ? Bentivoglio a dans
Luynes une confiance absolue, impertur-
bable, il ne soupçonne pas que le favori
puisse avoir rien de caché pour lui : « Ve-
ramenle mi aperse il cuorc, » dit-il ailleurs
avec une candeur peu diplomatique. (Dé-
pêche du 2 juillet 1620, p. 3^7 du a' vol.)
* Letlere diplomatiche. . . t. II, p. i56.
■' M. Cousin tient en grande suspicion
les paroles de Richelieu et il met en celles
de Luynes une confiance absolue; lui-
même le dit en termes exprès, que nous
citerons tout à l'heure, et il déclare qu'il
se « renferme dans les faits avérés. » (Jour-
nal des savants, juin 1861 , p. ^à"]-) Mais
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 437
Bentivoglio, c'est-à-dire ce que Luynes a déclaré. L'histoire peut -elle ratifier
cette condamnation prononcée sur le témoignage d'un rival, presque d'un en-
nemi .''
On se sépara donc; le roi partit de Tours pour Compiègne; la reine mère se
rendit dans sa ville d'Angers. La séparation froide , mais sans aigreur, laissait
encore l'espoir d'un futur rapprochement. Toujours attentif à sauver les appa-
rences, Luynes écrivait des lettres fort soumises et suppliait la reine de revenir,
en même temps qu'il agissait de manière à prolonger son éloignement. Marie
de Médicis avait, nous l'avons dit, accepté de bonne grâce la délivrance du
prince de Condé, mais on la blessa profondément en affectant de dire et répéter,
dans la déclaration, que M' le Prince était innocent, que sa détention était un
acte inique, qui n'avait été ordonné que par un audacieux et coupable abus de
l'autorité du roi , et par un misérable que le roi avait eu le courage de châtier. On
semblait ainsi ne frapper que le maréchal d'.Ancre, mais l'insulte atteignait direc-
tement la reine mère, qui avait signé l'ordre en un temps où elle exer<;ait l'auto-
rité du roi; sans être nommée, elle recevait le coup à la face de toute la France, à la
face même de l'Europe, attentive aux événements qui troublaient le royaume.
Luynes s'excusa, mais, comme toujours, par de vaines paroles, et l'insulte était
un fait solennellement enregistré en cour de parlement'.
Et puis si, comme nous l'avons remarqué, on ne devait pas reprochera Luynes
de rechercher, pour la couronne, l'assistance du prince de Condé, eu un moment
où la guerre civile aurait pu subitement éclater, maintenant Marie de Vhklicis ne
pouvait pas voir, sans en être inquiète et blessée, qu'on travaillât à se faire de
M. le Prince un appui contre elle, et qu'on le lui présentât comme un adversaire
il n'y a pas d'autres faits que les paroles
de Luynes et le refus obstiné de la reine
mère de revenir à la cour. M. Cousin
dit encore : « Le tcipoignage le plus dé-
cisif contre Richelieu est celui de Fon-
tenay-Mareuil; or voici le passage: «Déjà
on soupçonnait qu'il (Richelieu) voulait
gouverner, et qu'on n'aurait point de repos
que cela ne fût. Mais soit qu'il connût l'a-
version de la reine mère trop ijrande pour
lui en faire la proposition, ou plutôt qu'.-'-
veugié de son bonheur. . . il voulût le
pousser jusqu'au bout. . . • Ainsi ce témoi-
gnage le plus décisif tsi fondé sur un doute :
« DU soupçonnait; » Fontenay-Mareufl n'ose
être afliruiatif, et, tout en penchant vers
l'une des deux opinions, il pose l'alterna-
liv(>. H reconnaît d'ailleurs, comme nous,
que fintérêt véritable, manifeste, de l'évè-
que de Luçon était que la reine mère re-
vînt à la cour. iNous aurions bien de la
peine à croire que Richelieu n'ait pas vu
une vérité si évidente et qui le touchait de
si près. Concluons : si le témoignage le
plus décisif nous permet le doute , les autres
témoignages moins décisifs nous per-
mettent davantage.
' Mercure français , I. VI, p. .'53 7.
438 LETTRES
et un ennemi, lorsqueUe ne semblait plus avoir que des sentiments pacifiques,
et lorsqu'on négociait avec elle une réconciliation.
Plusieurs historiens ont résumé les griefs dont la reine mère se plaignait
aux ministres et au roi son fils; il est inutile de les répéter ici, remarquons
seulement qu'on y répondait par quelques satisfactions sans importance, accom-
pagnées de force lettres très-polies', portées par des personnages considérables,
que Luynes envoyait coup sur coup, les uns après les autres; et tout cet empres-
sement semblait calculé pour faire paraître aux yeux du public la bonne volonté,
l'entière soumission du favori, et en même temps l'obstination et les injustes
résistances de Marie de Médicis. Ceux qu'on chargeait de messages ne lui of-
fraient d'ailleurs aucune satisfaction réelle, citons entre autres une lettre de l'un
d'eux, de celui qui, par le caractère dont il était revêtu, pouvait avoir plus d'au-
torité sur elle, le P. Arnoux ; il écrivait à Richelieu : « .. .11 n'y a rien qui doive
retenir la reyne mère qu'elle ne se rende près du roy au plustost. . . pour mettre
fin au scandale public qui s'espend par toute la chrestienté. . .; tout ce qu'elle
souhaite luy est asseuré dans rapprochement de son soleil. . . On a, ce me semble,
jusques icy, pris en cette affaire, dès le commencement, le contrepoint Le
roy ne contribue rien à tout cela; celui qui l'approche de plus près en est
marry^. . . » Le P. Arnoux continue ainsi pendant trois grandes pages, pleines de
phrases vagues et générales, sans venir au fait d'aucune des choses que deman-
dait la reine mère, comme gage des promesses qu'on lui avait faites. Enfin un
dernier incident vint accroître encore l'irritation de cette princesse. Luynes fit
avancer le roi jusqu'à Orléans, avec des troupes, dans l'intention apparente de
contraindre par la force sa mère à quitter Angers et à revenir à la cour. Rien
ne pouvait être mieux imaginé pour l'encourager dans son obstination et la pro-
voquer à la lutte.
Il est bien certain que la plupart de ceux qui entouraient Marie de Médicis
s'étudiaient à fomenter ses soupçons , à aigrir sa mauvaise humeur, et la dispo-
saient ainsi à la guerre; ils flattaient sa passion, contre laquelle Richelieu com-
battit longtemps presque seul ; enfin convaincu que sa résistance devenait inop-
|)ortune, il céda de guerre lasse, et se vit forcé d'obéir à la passion de la reine
' Parfois ces politesses devaient la blés- perché se le niandava a dar parte d' una
ser plus que lui plaire; ainsi lors de la cosa fatta, più in guisa di dargliene la
promotion des chevaliers do fOrdre, en nuova clie pcr domandare il sue parère. »
1619, on lui envoya la liste lorsqu'elle (T. V, p. 70.)
était arrêtée, coinnuinication qu'elle reçut ' Lettre du 2^ janvier iGao. Aulo-
avec dédain, dil Vitiorio Siri : « Di questa graphe. Arch. des AIT. étr. France, t. 3o,
ambasciata mosfro dissapore la regina, pièce li'.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
439
mère, qui sans cette obéissance se croyait trahie par ses conseils. Richelieu ne le
dissimule pas, et ce qu'on sait de plus positif à cet égard, c'est lui-même qui
nous l'apprend : « Je voyois bien qu'il y avoit beaucoup à espérer pour la reine
dans la cour, et rien dehors; mais parce qu'il y avoit beaucoup à craindre dans
la puissance des favoris, j'aimai mieux suivre les sentiments de ceux qui la dé-
tournoient d'aller trouver le roi, que de faire valoir mes raisons; ce que je fis
cependant, avec ce tempérament, que je suppliai la reine d'envoyer recevoir les
avis des personnes affectionnées à son service, avant que de prendre une dernière
résolution'. » Et continuant, dans cette mesure, à défendre le parti de la paix,
il donne des conseils de prudence, représentant «qu'en toute affaire, avant d'y
entier, il failoit considérer comment on en pourroit sortir^. » Mais quand les
princes, le petit comte de Soissons avec sa mère et le duc de Vendôme furent
arrivés auprès de la reine, févêque de Luçon n'eut plus qu'à se taire.
Nous le savons, lorsque, dans leurs mémoires, les hommes publics parlent
d'eux-mêmes à la postérité, ils ne lui font que des conBdences discrètes, et il les
faut lire avec une certaine défiance; mais, outre toutes les autres raisons qui nous
engagent à croire ici Richelieu, nous avons une lettre confidentielle, écrite la
veille de la bataille du Pont-de-Cé, à un homme qui savait sa conduite, et au
quel il ne pouvait déguiser sa pensée, l'archevêque de Toulouse, depuis cardinal
de La Valette; cette lettre laisse voir une sorte de découragement, et un réel
sentiment d'inquiétude' : «Toute l'espérance de traitter est rompue (mandait
i'évêque de Luçon à cet ami, le 2 août), ces messieurs n'en veulent point ouyr
parler. En cette extrémité nous sonmies résolus de faire ce que doivent faire des
gens à qui la nécessité apprend à se défendre'' . . . » N'est-ce pas le langage triste-
ment résigné d'un homme contraint de suivre un parti qu'il a désapprouvé.^
La vérité est qu'en abandonnant forcément son opposition en face d'une vo-
' Lisez la page 676 des Mémoires de
Richelieu, t. I", édit. Pelitot.
• /fciJ. t. II,p. 63, 66.
' 1 Richelieu était, comme la reine
mère, rempli d'espérance*,» dit, au con-
traire, M. Cousin, tout préoccupé de celle
fausse idée que I'évêque de Luçon avait
conseillé la guerre, et vojait avec joie le
jour de la bataille arrivé.
* Orig. Bibl. imp. supplément français,
920. Voy. notre 1" vol. p. 653. Quelques
• JonmaJ dei Savants, i86^, p. 338.
jours après l'cvcnement et la signature du
traité d'.\ngers, révè(|ue de Luçon écrivait
encore: «11 semble maintenant que ce qui
esloit le plus esloigné soit le mieuv réunv,
tant les réconciliations sont entières. Je
croy que, comme la raison les a faites,
qu'elle les maintiendra. » C'était bien là
ce que désirait Ricliclieu, et la salislattion
qu'il exprime ici n'est certainement pas
feinte. {Ibid. p. 653, note A)
440 ' . LETTRES
lonté irrésistible, il ne changea pas d'opinion, et aussitôt qu'après la déroute
on est revenu au parti de la paix, c'est lui qui a été chargé de la négocier.
Nous ne saurions trop le répéter, les intérêts de Richelieu étaient intimement
liés aux intérêts de Marie de Médicis; il ne pouvait, en ce moment, arriver au
pouvoir que par elle, et pour qu'il devînt puissant il fallait qu'elle-même fût
puissante; la trahir alors c'était se trahir soi-même. La paix qu'il avait voulue
l'année précédente, il la voulait encore; mais la question n'était plus à Angers
telle qu'elle avait été à Angoulême, lorsque l'évêque de Luçon emporta la réso-
lution de la paix. Ici, tout à fait impuissant à faire triompher son système pa-
cifique, que voulait-on qu'il fit? fallait-il qu'il abandonnât la reine mère au mo-
ment du péril ? C'est alors qu'avec bien plus d'apparence on viendrait l'accuser
de l'avoir trahie.
Vitlorio Siri , qui, lui aussi, n'a d'autre autorité que le duc de Luynes, justifie
de son mieux celui-ci, et rejette tout le mal sur Richelieu, en rapportant une
conversation du favori avec le nonce : « Nel ragionamento mostrô che'i maie venisse
di Lusson , il quale per posséder più la regina non la vedeva venire volentieri in
corte. Et perche non mancavano di quelli che dicevano che vi fosse una intelli-
genza sécréta frà lui et il medesino Lusson allin che la regina non venisse, H disse
Luines che non valicarebbono due o tre giorni ch' egli metterebbe in chiaro la ve-
rità et farebbe restare confusi i malevoli , et più d'ogn' altri il medesimo Lusson ' . •
Que Luynes ait accusé Richelieu d'avoir fait tout le mal , nous n'en sommes pas
surpris, c'était le rôle de Luynes; ce que nous comprenons moins facilement,
c'est qu'on ait accepté ce témoignage d'un ennemi comme une vérité incontes-
table. Voilà pourtant ce que fait Bentivoglio, lequel répète toujours : «Luynes
m'a dit. . . » Il invoque aussi les propos du cardinal de Relz et du P. Arnoux,
mais tous deux ne font que rapporter ce que leur avait dit aussi Luynes; de sorte
qu'en définitive Luynes reste toujours le seul témoin. Et notez que les paroles
de Luynes rapportées par Bentivoglio se contredisent fréquemment ^ sans que
celui-ci ait l'air de s'en apercevoir. Une contradiction manifeste n'est-elle pas un
indice certain que la vérité n'est pas là.''
Au reste, les contradictions sont perpétuelles et viennent de tous côtés dans
cette période assez obscure de la vie de Richelieu.
' Memorie recoiidite , t. V, p. Aa , édil. de tenir la reine mèi-e séparée du roi.
in-^° de 167g, in Lione appresso Anis- Benlivoglio dit au contraire, d'après le
.sou. — Mous croyons qu'il eût été dil- propre aveu de Luynes , que c'était son
ficile à Luynes de réaliser cette menace, intention déclarée. (Ci- dessus, p. àSo,
et il ne fa pas tenté. noie 2.)
' Luynes se défend d'avoir eu la pensée
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 441
Nous verrons bientôt les opinions diverses touchant la promotion au cardi-
nalat; sur le point qui nous occupe, on n'est pas mieux d'accord.
Les uns, comme on vient de le voir, ont accusé l'évéque de Luron d'avoir, de
concert avec Luynes, donné à la reine mère de perfides conseils pour la pousser
à la déroute du Pont-de-Cé; de l'avoir, à dessein, séparée de tous ceux qiii pou-
vaient faire la force de son parti. La veille de cette bataille , dit-on , i. Luynes était
tout à fait rassuré, par ses intelligences avec févéque de Luçon, qui lui promet-
tait que Marie serait bientôt en son pouvoir '. »
Les autres lui ont imputé d'avoir porté la reine mère à former, par une entente
coupable avec la comtesse de Soissons, une ligue formidable avec l'Espagne, le
Piémont et les Huguenots, pour perdre le duc de I^uynes. Ces deux accusations
sont évidemment contradictoires, et, à mon sens, fausses l'une et l'autre. Riche-
lieu s'est bien gardé de jouer le jeu de Luynes; il a voulu jouer son jeu à lui, et
faire que la reine mère pût reconquérir son influence auprès du roi. S'il lui a
cherché, dans ses démêlés avec Louis XIII, de grandes alliances, comme celle
de la comtesse de Soissons, Richelieu voulait rendre le parti de Marie de Médicis
plus considérable, afin d'obtenir pour elle de meilleures conditions, non en vue
de faire une guerre oii il ne présageait que la défaite. Et lorsque, réduit à l'extré-
mité, la veille de la bataille, il obtient de la reine mère fautorisation d'envoyer
encore des négociateurs^ à Louis XIII, il leur donne ces instructions d'une laco-
nique énergie : accepter toutes les conditions du roi. Un seul point embarrassait
encore la négociation; il s'agissait des seigneurs qui avaient suivi le parti de la
reine mère, et qu'elle ne consentait pas à abandonner. On finit cependant par con-
clure un traité ; les négociateurs le rapportèrent à Angers, et Richelieu le fit signer
à la reine mère. Cependant le duc de Rellegarde, chargé de le remettre au roi,
n'arriva pas à temps, et la bataille s'engagea', mais l'évéque de Luçon avait fait
tout ce qu'il avait pu pour la i)révenir; il voulait donc réellement la paix. Il la
voulait à tout prix, ne pouvant l'avoir au prix qu'il avait d'abord espéré.
Il semble qu'il suflirait d'un mot pour faire taire ces accusations, maintes fois
répétées, d'une intelligence de Richelieu avec Luynes, [)our sacrifier à sa propre
ambition les intérêts d'une reine à laquelle il devait tout; c'est que cette intel-
ligence n'était pas un secret, et que Richelieu ne s'en cachait pas.
En quittant Paris pour suivre la reine, Richelieu n'avait certainement pas
négligé de se ménager quelque ouverture à la cour, et un moyen de corres-
pondance avec ceux qui tenaient en leur main le sort de la reine et le sien. Et
' Vie de Marie (le Médicis, l- m, p- >}"/■ ^ Le P. Griffel, t. 1, p. a66, édition
' Le duc de Bellegarde, l'archevêque in-4°-
de Sens et le P. de Bérulle.
CARDIN. DK IIIGHEL1ED — VU. .S6
442 LETTRES
d'ailleurs personne ne croirait qu'un homme aussi prudent que Luynes eût con-
senti à laisser Tévêque de Luçon accompagner la reine sans avoir sondé ses sen-
timents, sans s'être assuré qu'il ne mettait pas un ennemi auprès de la reine
exilée. Mais, et c'est là, nous le répétons, le point décisif, ni Richelieu, ni de
LuyneS ne faisaient mystère de cet accdrd. Le fait de leur correspondance n'était
ignoré de personne, seulement chacun pouvait l'interpréter à sa fantaisie; aujour-
d'hui que leurs lettres ouvertes sont entre nos mains, nous savons qu'elles n'offrent
pas la moindre apparence de trahison ; Richelieu y parle beaucou|) moins de lui
que de la reine sa maîtresse, dont il défend la cause avec chaleur et qu'il sert
fidèlement. On verra ci-après quelques-unes de ces lettres.
Quoi qu'il en soit , et malgré , selon nous , les efforts sincères de Richelieu , la
guerre éclata et fut aussitôt terminée; la bataille dura deux heures. Un second
traité fut signé entre le roi et sa mère, à Angers, le lo août.
Maintenant arrêtons-nous un moment sur ce qu'on vient de lire : ne sommes-
nous pas fondé à conclure de la simple exposition des faits que , dans ces négocia-
tions entre la reine mère et le roi, après la délivrance de Rlois, Richelieu a marché
d'un pas droit et a travaillé loyalement à l'œuvre de la réconciliation? Il l'a fait
(et nous ne prétendons pas en faire un méi'ite quelconque à l'évêque de Luçon j ,
il l'a fait parce que c'était son intérêt. «Les témoignages les moins suspects, dit
M. Cousin, ne permettent aucun doute sur la sincérité de Luynes, mais celle de
Richelieu est-elle aussi certaine' ?» On le voit, c'est un parti pris chez M. Cousin
d'accueillir toute parole de Luynes avec une pleine confiance, et comme une irrécu-
sable vérité, tandis que toutes les paroles de Richelieu, il les récuse, les jugeant
artificieusement calculées. Est-ce donc le procédé d'un historien vraiment impar-
tial? Nous avons montré que Bentivoglio ne sait rien que ce qu'il apprend de
Luynes, qu'il n'a d'autres témoignages contre Richelieu que la parole de ce témoin
suspect, de cet ennemi; et Bentivoglio est à son tour l'unique témoin de M. Cou-
sin; de sorte qu'en définitive c'est Luynes tout seul qui est entendu dans celte
enquête. J'avoue que cela ne me suffît pas pour rester convaincu de la dupli-
cité, de la perfidie du conseiller de Marie de Médicis, non plus que de la bonne
foi, de la parfaite sincérité du favori de Louis XIIL Sans doute, je n'espère
pas trouver l'exacte vérité dans les Mémoires de Richelieu, pas plus que dans
les déclarations du duc de Luynes ; tout cela peut être également arrangé pour
l'histoire, ou pour la politique; mais j'examine les actes, et derrière les actes je
cherche, il faut le répéter, les intérêts, parce que c'est une considération qui,
sur des hommes tels que Richelieu et Luynes, exerçait une incontestable in-
' Journal fies Savants, 1861, p. 346.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 443
fluence. Malgré l'admirable talent d'exposition qui recommande les articles sur
le duc et le connétable de Luynes, on est frappé de l'embarras visible qu'éprouve
M. Cousin dans l'accomplissement du labeur qu'il a entrepris de rabaisser le
caractère de l'évèque de Luron pour relever celui du connétable, de donner un
noble rôle à celui-ci, tandis qu'il fait jouer à celui-là le plus triste personnage;
dans l'affaire du cardinalat, l'un est un habile mystificateur, l'autre une dupe
dont on se moque; dans les négociations entre le roi et sa mère, Luynes est loyal
avec Richelieu et dévoué à son maître; Richelieu immole la reine mère à un
égoïsme hypocrite; il est de mauvaise foi à l'égard de Luynes en _ même temps
qu'infidèle à sa royale maîtresse. Richelieu paralyse les puissantes armées des
ducs d'Epernon et de Mayenne « qui seules pouvaient bien faire la guerre ' ; • et il
fait combattre Marie de Médicis au Pont-de-Cé, « avec la petite armée d'Anjou^, •
sans aucune chance de succès. Il a obstinément fait échouer toutes les tentatives
de réconciliation entre la mère et le fils, uniquement pour assouvir son ambi-
tion; enfin " il a traité sous main pour son compte, moyennant un prix convenu'. «
Ne voilà-t-il pas tous les signes de la trahison ?
Cependant quelques pages plus loin, et lorsqu'il ne place plus l'évèque de
Luçon en présence de son h^ros, M. Cousin s'indigne contre ceux qui accusent
Richelieu de trahison : «Il avait perdu sa maîtresse, dit-il, il ne l'avait pas
trahie*.» Et presque aussitôt, après quelques considérations pleines de sens, il
s'écrie encore : • N'est-il pas tout a fait absurde de prétendre qu'il l'a trahie ? ■■
D'où vient cette contradiction que tout le prestige du style de M. Cousin ne
parvient pas à dissimuler, si ce n'est de cette lutte intime, dont peut-être lui-même
ne s'est pas bien rendu compte, entre le désir de donner en ce moment à Luynes
tous les mérites de loyauté, de patriotisme, d'habileté, et la crainte de dégrader
ce grand caractère de Richelieu, pour lequel, après tout, M. Cousin avait une
admiration véritable?
Une autre contradiction non moins manifeste, c'est de soutenir que Luynes avait
un désir sincère de rappeler auprès du roi la reine mère*, qui ne pouvait revenir à
' Journal des Savants , i86a,p. 3i3. trop éveillé sur tout ce qui pouvait menacer
' Jbid. p, 338. la faveur dont il jouissait, pour ne pas
' Ibid. p. 3i3. comprendre qu'une fois rétablie à la cour,
* Ibid. p. 337. vivant près du roi son fils, et sous la con-
' M. Cousin a reconnu (Journal des Sa- duilede Richelieu, larcine mère reprenait
vanls, 1863, p. 57) que Luynes craignait forcément une place considérable dans les
surtout de voir la reine mère réinstallée affaires, et qu'alors il serait tout a l'ait im-
dans le conseil; mais Luynes était trop puissant à tenir fermées devant celle prin-
intelligenl et trop prévoyant; il avait l'œil cesse les portes du conseil.
. 56.
444
LETTRES
la cour qu'avec Richelieu ; en même temps qu'il démontre avec la dernière évidence
et par des preuves certaines la crainte profonde qu'éprouvait Luynes de l'in-
fluence de la reine mère, et surtout de celle de Richelieu la guidant de ses con-
seils. Est-il possible de n'être pas frappé de telles contradictions et de ne point
apercevoir l'embarras qu'elles révèlent?
Nous arrivons au second des points sur lesquels nous essayons d'apporter
quelque nouvelle lum;ière.
Nous avons dit qu'une seconde paix avait été signée le lo août 1620. Une des
conditions de. cette paix fut certainement la promesse des deux chapeaux, déjà
promis, pour l'archevêque de Toulouse et pour l'évêque de Luçon.
l.a promotion de l'évêque de Luçon éprouva de longues et pénibles vicissi-
tudes. Il y a pour cette affaire, comme pour celle que nous venons d'exposer, un
fait obscur à éclaircir, afin de bien distinguer ce que les historiens ont dit de
faux ou de vrai sur cette circonstance importante de la vie du cardinal.
Nous avons trouvé, dans le manuscrit du fonds de Sorbonne compilé par
Le Masle, trois lettres du roi; l'une au pape, l'autre au cardinal Borghèse, neveu
du pape, la troisième à l'ambassadeur de France à Rome, le marquis de Cœuvres.
Le roi réclame avec instance la dignité de cardinal pour les deux protégés de sa
mère, MM. de La Valette et de Richelieu. Le manuscrit ne donne à ces copies ni
suscription, ni date; il nous a été facile de suppléer les suscriptions ; quant à la
date, nous avons éprouvé quelque incertitude, et nous nous sommes décidé à la
mettre en 1619'. M. Cousin veut qu'elles soient du mois d'août 1620, et il se
peut qu'il ait raison.
Mais M. Cousin ajoute qu'en 1619 « la France ne demanda point de chapeau
' En mellant ces lettres au mois de
septembre 1619 (l. I", p. 619), nous sup-
posions qu'elles avaient été écrites ensuite
de promesses faites alors, et d'ailleurs
croyant peu vraisemblable qu'elles eussent
pu être adressées à Rome, en 1620, une
dizaine de jours seulement avant le 2 9 août ,
jour où le roi renouvelle au pape la même
demande, et dont, pour celle-ci, la date
est certaine. — Quant à savoir si ces
trois lettres , qui sont imprimées dans le
I. 1" de notre collection , doivent ou non
figurer parmi les lettres de Richelieu , nous
avons dit ( loc. cit. ) les motifs qui nous ont
engagé à les admettre, ne les considérant,
pas comme l'œuvre exclusive de Puisieux,
et nous répétons que, si le prieur des
Roches, le meilleur juge à cet égard, les
a copiées dans son recueil des missives de
son illustre patron , c'est qu'il a su que
l'évêque de Luçon n'avait pas été étranger
à la rédaction. Sans doute il était de la
charge du secrétaire d'Etat de les faire si-
gner au roi , de les envoyer et aussi de tenir
la plume; mais il ne sond)lc pas douteux
que, dans la position où étaient en ce mo-
ment la reine mère et son protégé, celui-
ci n'ait à peu près dicté ces trois lettres.
DU CARDINAL DE KICHELIEU. 445
pour lY'vêque de Luçon; » et ici nous ne saurions nous rendre à cette affirmation
de l'illustre écrivain. Nous avons sur ce point le témoignage de l'abbé Mourgues
de Saint-Germain qui était alors auprès de la reine mère, et qui depuis a écrit
sur les souvenirs de cette princesse aussi bien que sur ses propres souvenirs. Ce
défenseur de Marie de Médicis, dont les pamphlets calomnieux ne méritent
nulle confiance, devient un témoin sérieux dès qu'il ne s'agit que d'un fait qui
n'implique aucun blâme contre Uichelieu. Or que dit l'abbé de Saint-Germain .3
« La paix [d'Angouléme] fut faicte avec la promesse secrette d'un bonnet de car-
dinal pour l'évesque de Luçon'. » Outre cet irrécusable témoignage et d'autres
indices, nous avons un document que M. Cousin ne connaissait pas, et qui prouve
que le manque de foi dont l'évèque de Luçon se plaignait en 1620 n'était pas le
premier qu'il pût reprocher au favori. Nous avons une lettre signée : Saint-Caiiste,
adressée de Rome à l'évèque de Luçon, en janvier 1621 2, à l'occasion de la pro-
motion qui venait de se faire, et dans laquelle Richelieu encore n'avait pas été
compris. Nous y lisons : « Maintenant qu'il ne s'agit point tant de l'honneur que
l'on vous veut promouvoir que de la dignité du roy et de sa couronne, qui est
entièrement engagée à obtenir ce tfue depuis dix-huict mois S. M. a continuellement
faict demander par M' l'ambassadeur, et depuis si vivement poursuivi par l'envoi
de tant de courriers. . . • Ces dix-huit mois nous reportent précisément au traité
d'Angouléme. Saint-Caliste était d'ailleurs un personnage auquel on doit s'en
rapporter; il était à Rome, et il écrivait à Richelieu lui-même; comment croire
qu'il lui ait écrit ce qui n'était pas^.^ Il ne saurait donc exister le moindre doute
sur une demande de chapeau faite à Rome pour Richelieu en 1619.
Au reste la nouvelle demande faite en 1620 n'eut pas plus de succès que
la première, quoiqu'elle ait été en apparence mieux accueillie. Une lettre du car-
dinal Borghèse adressée à l'évèque de Luçon le 1 5 septembre, à l'occasion de celle
que le roi lui avait écrite le 29 août, félicite Richelieu de l'éclatante justice
rendue à son mérite éminent; le cardinal neveu promet d'appuyer la demande
de tout son pouvoir : «In quello che potrà derivar da me, obbedirô al comman-
' Les lumières pour l'histoire de France, communique vers ce temps au P. Jcjsenli
etc. p 70 de l'éd. in-4' de i636. une lettre dud. s' de Saint-Caiiste; c'était
" Classée dans le manuscrit en i6ao; probablement celle-là même que nous ci-
inais le texte même offre plusieurs preuves tons,£e//resrfe7Jic/ie/ie«, 1. 1", p. 63Q.Cette
certaines qu'elle est de 1621. (Archives Icltre de l'évèque de Luçon au P. Joseph
des Affaires étrangères; Rome, l. XXIII, (Eïécliiéli) a été mal classée par nous. H
volume non numéroté.) faut voir l'errala général où nous indi-
' Nous voyons que févèque de Luçon quons sa véritable place.
446
LETTRES
damento di lor maestà^ » On verra bientôt que ces protestations étaient peu
sincères.
Mais Richelieu était trop perspicace pour compter beaucoup sur les assurances
f)olies du cardinal neveu, dont la bonne volonté, eût-elle été même aussi vive
qu'elle paraissait, devait rencontrer plus d'un obstacle.
A quatorze ans de là en arrière, Richelieu ne voyant pas venir l'insti-
tution pour l'évêché de Luçon, que lui avait donné Henri IV, l'alla cher-
cher lui-même. Il n'en pouvait faire autant pour le cardinalat. Si aujourd'hui
il y avait à prendre à Rome un chapeau, à Paris il y avait à espérer autre
chose, et Richelieu ne pouvait, en ce moment, quitter la reine mère. Il
envoya donc près du pape un autre lui-même, ainsi que nous l'avons dit plus
haut 2. •
L'abbé de la Cochère partit peu de temps après la date de sa lettre de créance.
11 écrit de Turin à son frère Claude Routhillier, le 3o septembre, sur le point
de se rendre à Rome; il a bon espoir, mais il ne se fait pas d'illusion sur les
difficultés; et il ne connaissait certainement pas les plus insurmontables :
«Je vous supplie, dit-il à son frère, de vous rendre actif plus que jamais,
afin de prévoir à tout ce qui peut altérer tant soit peu la bonne intelligence
que nous avons tant désirée . . . Aidez à lier de plus en plus les cœurs, à quoy
vous servira d'entretenir le plus souvent ceux qui sont le plus dans l'action de
la Cour. . . » L'abbé de la Cochère nomme les personnages dont il faut solliciter
les bons offices : « Surtout M. de Sens^, lequel sans doute a un grand pouvoir
sur les esprits ... Il est raisonnable de soulager en cecy M. de Luçon qui porte
presque seul tout le faix de la maison de la reyne ... Il est bon aussy que vous
' Orig. Arch. des AfT. élr. Rome,
t. XXIII.
' P. 438. Ajoutons ici, au sujet de la
lettre qui accréditnit fabbé de la Cochère :
La copie de cette lettre dont l'original est
au British Muséum avait été envoyée au
ministre de l'instruction publique par un
homme de lettres alors en mission à
Londres , avec cette note : « D'après l'ori-
ginal autographe.» — Autographe, j'en
doute, mais il se peul que la plume ait été
tenue par Lucas, le secrétaire de la main.
Je pensais que la lettre avait dû être à peu
près dictée au secrélaire du roi par Riche-
lieu, lequel était alors à Tours, avec la
reine mère, auprès de S. M. dans la pre-
mière ferveur d'une récente réconciliation.
M. Cousin, qui n'a connu que le texte im-
primé dans notre I" volume, a dit que
cette dépêche était de Puisieux et non
de Richelieu [Journal des Savants, 1862,
p. 686). Son assertion vaut-elle mieux que
ma conjecture? Je n'en sais rien; je ne
puis nier, ni affirmer, n'ayant pas eu entre
les mains l'original, qui m'aurait peut-être
offert quelque indice.
' C'était le frère de feu le cardinal
Duperron.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 447
disiez librement à M. de Luynes ce que vous jugerez plus nécessaire pour main-
tenir les choses au bon estât auquel elles sont'. »
Et ces recommandations, Tabbé de la Cocbère les renouvelle constamment
durant deux ans qu'il a sollicité à Rome cette grande afTaire du chapeau pour
révéque de Luçon. Sans cesse il demande qu'on aide Richelieu , qui ne s'aide pas
lui-même. Nous n'avons pu trouver une longue lettre qu'il lui écrivait en ce
temps-là, mais nous en avons le sens dans une autre missive, adressée le même
jour, 3i octobre, à Routhillier, son frère : « J'ay bonne opinion ,. disait l'abbé de la
Cochère, de l'affaire de M. de Lu(;on, pourveu qu'on face à la Cour exactement ce
que je iuy escris, et dont je donne l'air; et en celles que j'escris à M. de Luynes
et en celle que j'escris à M. de Puisieux , à qui M. l'ambassadeur en escrit fort
amplement, et mesme M. de Chasan, qui est un très honneste homme, et avec
leijuel j'ay faict une particulière amitié. »
Quel était ce personnage dont l'ami de Richelieu semble espérer le concours?
Bentivoglio va nous l'apprendre. Ghassan avait une mission secrète, déguisée
sous l'apparence d'une mission avouée, laquelle n'était qu'un prétexte.
Luynes, de |)lus en j)liis inquiet de l'inlluence que pourrait prendre la reine
mère, guidée par Richelieu acci-u de cette grande dignité de prince de l'église, ré-
solut de les tromper tous deux; et, en même temps qu'il adressait au Pape, au
cardinal neveu, et à l'ambassadeur de France à Rome, les lettres contenant la
demande formelle et pressante de deux places de cardinaux pour l'archevêque
de Toulouse et pour l'évéque de Luçon, Luynes imagina de faire signer au roi
une déj)éche mystérieuse ^i par I;K[uelle on avertissait S. S. que la demande faite
pour M. de la Valette était seule sérieuse, et qu'on ne voulait pas de chapeau
pour l'évéque de Luçon. Aûn de ne pas ébruiter la duplicité de cette manœuvre
souterraine, on abandonnait pour ce moment le droit qu'avait la France à deux
places dans le sacré collège. Or ce fut M. de Ghassan qu'on chargea de porter
cette dépêche annulant en partie les trois dépêches ollicielies , dont aussi sans
doute il était en même temps porteur.
On comprend de combien de précautions dut être entourée cette perfidie poli-
tique; si la reine mère eût pu s'en douter, le ressentiment de se voir ainsi jouée,
' Autographe. Arch. des AIT. étr. Turin, P. GrifFet, nous avions voulu penser que le
l. III , fol. a I 4. loi n'avait pas trempé dans celte l'ourberiu
' Nous avions bien soupçonné, de la et surtout ne l'avait pas autorisée de sa si-
part du duc de Luynes, quelque souVde -ïnalureoflicielle. Nous nous étions Irompé,
et déloyale pratique, ourdie contre l'évéque et c'est avec pleine raison que M. Cousin,
de Luçon [Lettres de Richelieu, t. 1", s'appuyant sur une dépêche de Bentivo-
p. 6 1 8, note) ; mais , d'accord en ceci avec le glio , a relevé cette erreur.
448
LETTRES
animé encore par le dépit de Richelieu, aurait pu, dans l'état actuel des affaires,
amener de déplorables résultats; aussi, peu de personnes furent mises dans la con-
fidence à Paris; et, à Rome, le pape et le cardinal neveu auraient dû être les seuls
informés'; l'ambassadeur fut trompé comme les autres, et on lui fit jouer ce rôle
ridicule de poursuivre avec chaleur, et par ordre de sa cour, une affaire pour
laquelle il était officiellement désavoué. Cet ambassadeur était le futur maréchal
d'Estrées.
Cependant Chassan était arrivé à Rome avant l'abbé de la Cochère, qui , comme
on a vu, chercha à lier avec lui amitié, bien loin de se douter qu'il fût venu tout
exprès pour faire échouer l'affaire dont lui, la Cochère, poursuivait l'accomplis-
sement.
L'intrigue contre Richelieu suivait son cours; et dans les premiers jours de
novembre un gentilhomme de la chambre du roi, Marsillac, chargé olliciellement
d'aller annoncer au Pape la nouvelle des succès obtenus en Béarn contre les pro
testants, portait encore un message secret de Luynes, confirmant les résolutions
qu'on avait déjà envoyées par Chassan^.
' Bentivoglio dit dans sa lettre : « Ec-
céttuate quelle persone délie quali Chias-
san devra valersi, che sarà particolar-
mente l'Eschnard. » (Dép. du6 septembre.)
Le S' Eschinard n'était point, comme on
l'a dit, un agent secret, c'était un fonc-
tionnaire entretenu par la France près le
gouvernement pontifical , avec le titre
d'expéditionnaire eh cour de Borne. Nous
le rencontrons quelquefois dans la corres-
pondance de Richelieu. — On ne com-
prend guère qu'un secret qu'il était si im-
portant détenir profondément caché*, qui,
en France était resté entre Luynes, Pui-
sieux et Bentivoglio, fût livré, à Rome,
à des employés subalternes, tels qu'Eschi-
nard. Chassan ne devait avoir besoin de
personne pour le succès d'une intrigue à
laquelle le saint -père était tout prêt à
donner les mains ; le difficile alors , c'était
* «Mi hanno prcgato islanlîssimamcnte Luynes
p. Pisius a lener segretissima quesla parle piii intima
del negozio, ed a procnrare che si guardi il medesimo
segreto in Borna con ogni maggior diligenza. . . »
d'obtenir la promotion de Richelieu , et rien
n'était plus aisé au contraire que de le faire
exclure. Il suliisait que la mvstérieuse dé-
pèche fût donnée au cardinal neveu sans
mettre aucun intermédiaire dans la con-
fidence; et, selon les usages diplomatiques,
Chassan n'aurait pas dû être instruit du
double message dont il était porteur. —
Cependant il paraîtrait, d'après les lettres
de Bentivoglio, qu'on avait tout dit à Chas-
san. Quoi qu'il en soit, le secret fut assez
bien gardé, dans le premier moment , pour
que ni Hichelieu à Paris , ni le marquis
de Cœuvres à Rome, n'en eussent pas le
moindre vent ; et , grâce à la discrétion des
archives romaines, nous n'en saurion.s en-
core rien aujourd'hui, si la dépèche iiu-
priméede Bentivoglio ne nous f eût appris **.
^ 1 Del vero segreto intorno a Lusson ha
nioslralo iiieco d' esser informalo Marsi-
Cc sonl les termes mêmes de la lettre de Benti-
voglio.
** Voir cette curieuse dépêche dans l'édition de
Scarabclli, p 376.
DtJ CARDINAL DE RICHELIEU. 449
Cette persistance dans l'exclusion donnée à l'évêque de Luçon semble assez sin-
gulière lorsqu'on voit, quatre jours après le départ de Marsillac, et aussitôt
l'arrivée du roi à Paris (7 novembre), la cour s'occuper d'unir les familles
de Luynes et de Richelieu, par le mariage de la nièce de celui-ci, Marie Vigne-
rot de Pont-Courlay, avec le marquis de Combalet, neveu du connétable, union
qui fut célébrée dans la demeure royale le 26 novembre et qui étonna bien du
monde.
Luynes, qui avait une si grande et si légitime appréhension de l'influence de
Richelieu, pouvait-il espérer d'enchaîner son ambition par cette alliance? Parce
que M'"' de Pont-Courlay épousait M. de Combalet, Richelieu allait-il s'arrêter
tout court à l'entrée de la carrière où il brûlait d'entrer.'' Luynes était trop avisé
pour le croire. Comment donc expliquer l'inconséquence de sa conduite? Quoi
qu'il en soit, un mois ne s'était pas écoulé depuis le départ de Marsillac qu'un
nouveau messager était expédié porteur de dépêches qui sollicitaient la promo-
tion de Richelieu avec la même insistance que l'on avait mise tout récemment à
demander son exclusion; el le nonce fut prié de joindre ses dépêches aux
dépêches oUicielles.
Bentivoglio, qui avait applaudi de tout son cœur à la ruse dont on l'avait fait
confident, qui s'y était associé avec beaucoup de zèle, qui avait taxé le projet de
cette promotion de cosa stravagiinlissima', qui avait affirmé que le roi estimerait
faire en cela une action trop indigne (un azione troppo indegna)^, qui enfin , un
peu plus tard, s'était moqué de l'ambition effrénée de l'évêque de Luçon et de
Vextravagance de la reine mère', fut bien étonné et un peu blessé peut-être de se
voir pressé, au nom de Luynes et au nom du roi, de mettre son zèle au service
de cette ambition el de cette extravagance, et d'être invité d'écrire à Rome préci-
sément le contraire de ce qu'on lui avait fait écrire quelques semaines auparavant.
C'est alors qu'il aurait pu répéter, et plus à propos, l'exclamation que lui avait
inspirée le début de l'aflaire : « Sono dunque mirabili sempre più le mutazioni
délia Francia''! •
gliac mandate ora coslà e clie si persista comme une iiuniiiialion pour sa couronne :
conie prima il non volerlo cardinale. . . » «Comprare, per co.si dire, da Lusson, con
(Dép. du 3 nov.) Ainsi ce grand secret, s'il questa dignità, la pace cli' è seguita colla
en faut croire les lettres de Bentivoglio, sua madré.»
on le disait à tout le monde. ' « Stravagante islaiiza è quella délia
' Dépêche du 6 septembre, p. 877 Je regina madré, e ben si vede la sfrenata
l'éd. Scarabelli. ambizione di Lusson. ■ (Dép. du 7 oct.
' P. 376. Et Louis XllI expliquait ainsi p. 385, t. 11.)
sa répugnance à un acte qu'il considérait ' Dépèche du 6 sept. p. 377 précitée.
CARDIN. DE RICHELIRC. — VU. 67
650 LETTRES
Aussi Bentivoglio se garda bien de s'associer à cette politique étourdie, sans
suite comme sans prévoyance, et qui défaisait un jour ce qu'elle avait fait la
veille. Bien loin de mettre ici la bonne volonté et l'entrain avec lesquels il avait
secondé la première intrigue, il se borne cette fois à mander tout simplement au
cardinal neveu le revirement qui s'était opéré, mais sans un mot d'assentiment
ou même de conseil '.
Les mystérieuses machinations ourdies contre lui, Richelieu les soupçonnait sans
|)ouvoir les pénétrer tout à fait ; mais s'il n'en avait pas le secret , les indices au
moins ne lui manquaient pas. L'un de ses meilleurs amis, Charles de l'Aubespine,
évéque d'Orléans, frère de Chàteauneuf, et que ses liaisons de famille mettaient
à portée d'être bien informé des choses de la cour, lui écrivait d'Orléans, le
12 novembre 1,620, précisément dans le temps de l'envoi de Marsiiiac à Rome.
« Vous ne trouverez pas mauvais d'estre adverty qu'un chevalier de l'ordre medist
hier que vostre promotion n'estoit pas encore asseurée , et que le pape estoit bien
adverty de trois choses qui vous peuvent nuire : qu'aviez juré avoir l'âge es-
tant à Rome et que ne l'aviez pas. Que durant vostre charge de secrétaire d'estat
qu'aviez fait le pis contre le Saint-Siège qu'aviez peu. Que nouvellement aviez
reciierché les huguenots pour prendre les armes et servir avec la reine mère;
qu'on avait envoyé exprès à Rome pour les tenir advertys de cela; que luy-mesme
l'avait dit à M. de Luynes. Qu'il ne pensoit pas que le pape voulust changer de
f-yon^, et que Ghassan n'avoit pas opéré si bien qu'on se promettoit, et que fex-
pédient estoit de fort différer. Vous estes assez advisé pour en faire vostre profit.
Ensuitte de cela je recognus qu'ils font ce qu'ils peuvent pour M. de Sens; advisez-y
et m'a^seure qu'y prenant garde vous trouverez de ce costé là de mauvaises inten-
tions. — Le secrétaire du marquis [de Cœuvres] est icy, à qui je parle souvent
de vostre fait; il eu parle bien et devez vous l'affider, car il peut vous servir. Je
suis marry que mes affaires ne me permettent d'aller à Paris pour voir de petites
choses qui ne vous seront pas dittes et qui servent, et à veiller à cela pour vous
servir d'affection, estant vostre affectionné confrère et serviteur, Gabriel évesque
d'Orléans^. »
Cette lettre montre, et d'autres documents achèveront de le prouver, que
l\ichelieu n'était pas la dupe de ses ennemis comme ledit M. Cousin et comme
l'ont cru quelques historiens.
Quant à la Cochère, qui ignorait le secret des missions confiées à Ghassan et
' « Nostro Signore e V.S. iliust. famniio Lyon, lequel avait été proposé, et ne fut
le riflessioni che conviene sopra qiiesti cardinal que fannée suivante,
particolari. »(Dép. du 17 décembre, p. 4o3 ) ' Arch. des AIT. étr. Rome, t. XXIII.
^ VI. de Marqueniont, arciievêque de vol. non coté.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 451
à Mai-siUac, il conservait tout son espoir el s'elForçait de le faire partager à Riche-
lieu dans une lettre de quatre pages, écrite le 25 novembre'.
L'événement ne tarda pas à le détromper; la promotion parut le i i janvier,
l'archevêque de Toulouse y était seul compris pour la France. Les dépêches de
décembre n'avaient point prévalu sarcelles d'août et de novembre; le pape s'en
était tenu à celles-ci, beaucoup plus conformes à ses propressentiments. Peut-être
aussi n'était-il pas fâché de faire sentir au ministre de Louis XIII que le Sainl-
Siége n'entendait pas se soumettre aux étranges légèretés de ses caprices.
Cependant quelques bonnes paroles suivirent bientôt sans doute l'échec du
1 1 janvier, car, dès le iG, l'abbé de la Cochère mandait à sou frère :
" Vous pouvez voir, par mes dépêches à M. de Luçon^, tout ce qui s'est passé
en son affaire, en laquelle je vous puis dire que je n'ai rien oublié, et que, sans
avoir esté assisté de delà, ainsy que je l'avois si souvent escrit^, elle est en bon
train. Je tiens que dans trois mois nous aurons un cardinal de Richelieu , la lleui'
de nos amis, et, sans controvei-se, icy tenu le plus accompli et le plus digne
prélat de France*. • Et dix jours après la Cochère répétait : « Qu'un chacun tenait
l'évesque de Luçon pour devoir estre. fait seul cardinal à la première place va-
cante*. " Puis il ajoutait : • La mort du pape pourra apporter quelque traverse. »
Le surlendemain, Paul V, valétudinaire depuis quelque temps, mourait frappé
d'une attaque d'apoplexie.
il est assez difficile de savoir si, dans ses nouvelles protestations, de Luynes
était plus sincère*; l'alliance de famille contractée avec Richelieu ne devait pas,
nous l'avons dit, le rassurer contre l'ambition sans frein qu'il redoutait naguère.
Cep«ndant peut-être l'obligea-t-elle à quelque retenue dans la trahison, et de
Luynes pouvait encore laisser faire ce qu'il n'osait plus faire lui-même. Puisieux,
le secrétaire d'Etat des affaires étrangères, était merveilleusement propre au rôle
que de Luynes nous semble lui avoir laissé jouer, sans paraître l'approuver, et
avec une indifférence hypocrite. Puisieux, qui exerçait alors la charge qu'avait
eue l'évêque de Luçon sous le maréchal d'Ancre, craignait une rivalité nouvelle,
el plu» il était médiocre, plus le génie de ce futur rival lui inspirait de jalousie
et d'inquiétude. Bentivoglio, qui recevait ses confidences, ne nous les laisse pas
Arch. des Aff. élr. Rome, t. XXlil. et de ce qu'on n'a pas tenu compte de ses
' Nous n'avons point trouvé celles-ci conseils,
dans les voluiDes de Rome. ' Arcli. des Aff. étr. Rome, t. XXVIU.
' Sans cesse, en effet, fabbé de la Go- ^ Mêmes archives, t. XXVll.
chère indique quelque lettre à écrire, '' Bentivoglio le crut alors : • Luynes
quelque démarclie à faire , et le plus sou- in somma dice ora da dovvero nelle cose
vent il se plaint de l'apathie de Richelieu, di Lusson. • P. 4o2, (Dépêche du 17 déc.)
452 LETTRES
ignorer'. Les ennemis de Richelieu avaient donc encore carte blanche, et
liUynes, qui ne s'opposait plus directement à l'élection, la voyait différer sans la
moindre impatience.
Loin de se laisser décourager par le mécompte de janvier dernier, l'abbé de
la Cochère redouble d'ardeur et d'activité ; le 1 8 février il fait dire à Richelieu
qu'il a • rompu le coup » d'une intrigue qui lui pouvait nuire 2. Il lui rappelle de
quelles mains il faut se servir pour donner plus d'autorité aux dépêches faites
en sa faveur. Un autre jour (25 avril) il recommande surtout qu'on n'oublie pas,
quand la reine mère écrira, de donner à Richelieu le titre de son grand aumô-
nier. L'affaire particulière de lui, la Cochère, est terminée, il est évêque d'Aire,
mais il restera à Rome tant qu'il y pourra être utile à l'évêque de Luçon. Du
reste il espère que six mois ne se passeront pas qu'il ne soit cardinal^. H doit se
faire une promotion vers le i5 avril, Richelieu n'en sera pas, dit l'évêque d'Aire
à son frère Bouthillier, mais «vous verrez par celle que j'escris à M. de Luçon*'
que les deux premières places qui viendront maintenant à vaquer le rendront
infailliblement cardinal.» Toutefois «il faut que le roy escrive chaudement^.»
On voit que ce bon abbé (maintenant évêque) est doué d'une espérance qu'aucune
déception ne déconcerte.
Cependant la reine mère, moins inactive que Richelieu dans ses poursuites,
avait écrit au nouveau pape, elle avait écrit au nouveau cardinal neveu Ludo-
visio; nous avons la réponse de celui-ci, qui promet ses bons offices^, ce qui n'em-
pêche pas que les déceptions de l'évêque d'Aire ne continuent, aussi bien que les
menées souterraines de Puisieux :
« Je croyois (écrit d'un ton mélancolique Séb. Bouthillier à son frère) , je croyois
l'affaire de M. de Luçon faite lorsque je sçus la mort du cardinal de Guise arrivée
' «Tutti questi ministri f odiano (Ri- ' Ce passage est chiffré, et l'on ne voit
cheiieu) grandemente, e Pisius più d' ogni pas nettement ce dont il s'agit; mais il ne
altro ; ed a me ha delto il padre Arnoido parait pas qu'il soit question de la promo-
che egli pose in conscienza* al re di non tien.
lasciar far cardinale Lusson .... Dép. du ' Dépêche du 1" mars. T. XXVII de
i4 janv. 1621, p. 4o4; et dans une autre Rome.
du lendemain : «Délie cose di Lusson ah- ' Celte lettre n'est point dans les ma
biamo parlalo Pisius ed io, e mostra an- nuscrits de Rome conservés aux Affaires
che egli di restiir maravigliato délia insta- étrangères.
bililà di Luines, in essersi rimosso dagli ' Dépêches des 4 et 5 avril. Rome,
officii suoi di prima contre di Lusson. • t. XXVII.
P- 4o5. ' Ibid. i" juillet 1621.
L édition Scarabelli met ; «conoscenza;» c'est ceptainement une faute de copiste.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 453
après celle du cardinal de Bonzy. Un courrier de Lorraine estant venu demander
le chapeau pour un prince de la mesme maison, le pape prit cette occasion de
faire une promotion pour luy. J'en ay faicl un long discours à M. de Luçon , et
vous laisse à penser mon desplaisir extresme d'une si malheureuse rencontre. Le
pape a rempli les deux places d'un sien parent et d'un vieux archevesque de ses
anciens amis. La mort du cardinal de Guise méritoit bien qu'on envoyast icy un
courrier exprès pour l'affaire de M. de Luçon, et appuyer les instances continuelles
quej'ay faictes depuis cinq mois. Nous n'avons receu les ordres que la veille de la
promotion . . . Mais il faut que je me plaigne à vous de la trop grande retenue de
M. de Luçon , qui pour n'avoir pas pressé les ordres dont je luy avois donné avis
de sy bonne heure est encore à attendre ce qu'il devroit desjà posséder i. » Et,
quinze jours après, il répétait, dans la ferveur de son espérance : « Je tiens main-
tenant pour certain que, dans peu de mois, nous aurons pour M. de Luçon ce
que tout le monde iuy devroit désirer; pourveu que M. le Connestable continue à
escrire comme il a faict ^. »
Le connétable s'était sans doute excusé lui-même de ces éternels retards auprès
de l'évêque de Luçon, qui lui répondait : « . . .Quant à ce qu'il vous plaist m'es-
crire de l'affaire de Rome, je me tiens grandement vostre obligé de l'affection que
vous avés pour moy en cela; mais je vons suplie de croire que j'attendray avec
grand contentement et patience l'effet de vostre bonne volonté, etc. ' •
Tous ceux qui auraient pu contribuer au succès de la promotion présentaient
à Tenvi les mêmes excuses, tant il semblait étrange qu'on fît attendre ainsi un
homme d'un tel mérite. Le nouveau nonce, successeur de Bentivoglio, l'arche-
vêque de Tarse, écrivait de Moissac à Richelieu, le i" septembre : « Gli offizi
fatti dalla regina madré. . . sono stati cosi caldi et efficaci quei del re e del sig.
contestabile . . . Non sia stato possibile a S. S. il gratificarli , ma s' assicuri ella
che sono cosi note a S. B"°. le ottime qualità di lei, che non che stimarla degnis-
sima di cosi eminente grado nelia chiesa, ma le porta etiandio notabile affezione,
intanto che se alcuni accidenti necessaiii non si fossero frapposti, ella non avrebbe
ad indugiare a godere del meritato honore *. »
Cependant Séb. Bouthillier, tant de fois déçu , finissait par se douter de perfidies
' Arch. des Aff. élr. Rome, t. XXVH, qui devine les mensonges dont on cherche
aq juiliel. à l'abuser et qui dédaigne de s'en plaindre ;
' Ibid. 1 3 août. explication que confirment pleinement
' Voj. p. 691 dul" vol. des Lettres de tous les documents que nous avons Irou-
Richelieu, publié en i853, celte letlre et vés depuis.
la note où cetle apparenle indifférence est * Arch. des Aff. étr. Rome, t. XXVII.
expliquée par la juste lierté d'un homme
454 LETTRES
qri'il ne pouvait surprendre : « Si on fait à la cour (mande-t-il le 2 1 septembre) ce
que j'ay desjk phisieui-s fois escrit, et que je continueray tousjours à escrire, je vois
indubitablement M. de Lusson cardinal à la première place qui vaquera; mais il
seroit besoin qu'une personne conlidente tinst la main à retirer de M. le Connes-
(able les dépesches telles que je les désire' ...»
Quoique la défiance du bon abbé de la Cochère fût à demi éveillée, il était
si peu expert au fait des ruses de la politique et de la sincérité du langage des
hommes d'Etat, qu'il ne peut se décider à soupçonner la bonne foi de M. de
Luvnes : « Il y en a (mande-t-il à Bouthillier le 3o novembre) qui ont escrit icy
que c'estoit Tarchevesque de Lyon et non M. de Luçon qu'on nommeroit au car-
dinalat. . . mais quelle apparence y a-t-il que M. le Connestable ne garde pas la
parole qu'il a donnée à la reine mère du roy, et qu'au contraire il porte le roy
à ne luy tenir pas une promesse qu'il a faicte à sa mère avec des démonstrations
publiques? • Et l'abbé continue pendant toute une page son raisonnement sur
l'invraisemblance d'une telle déloyauté 2.
Quelque invraisemblable qu'elle put paraître à cet honnête esprit, la déloyauté
était certaine. Et comment Séb. Bouthillier ne se doutait-il pas que si, par une
raison quelconque , Luynes ne s'opposait pas ouvertement à la promotion de Riche-
lieu , il pouvait se trouver derrière lui quelque personnage considérable dont les
sourdes intrigues étaient tacitement autorisées .•> Comment ne savait-il pas que la
famille des Sillery était ennemie de Richelieu, et que Puisieux, le fds du chance-
lier et le neveu de l'ambassadeur de France à Rome, qui lui-même avait en main
les relations étrangères, pouvait être, comme il était en effet, la cheville ouvrière
de ces intrigues? Comment pouvait-il écrire avec une si parfaite sécurité : « Le
cardinal Bentivoglio m'est venu voir ; je crois qu'il marche d'un très bon pied
dans l'affaire de M. de Luçon ... Il m'a fait voir la lettre que M. de Puisieux luy
escrit, qui ne peut estre meilleure, qui exclut clairement M. de Lyon si le pape
ne fait qu'un cardinal. »
Mais un événement considérable dans les affaiies flu moment venait de se
produire; le connétable était mort le lA décembre, et ceux qui pensaient que
de Luynes était le seul obstacle à la promotion de Richelieu ne tardèrent pas à
être détrompés, car cette promotion , il fallut l'attendre plus de huit mois encore.
L'évêque d'Aire se hâta de mander à Paris que le moment était venu de re-
doubler d'efforts, et, dans son impatience, il écrivait quelques jours après : » \n
cas que vous ne m'ayez pas envoyé les lettres de la royne au pape et à M. le
' Arch. des Aff. étr. Koine, t. XXVII. — ' Lettre du 3o iiov. Oiii;. Arcli. des AIT. étr.
Rome, t XXVIII, fol. 46.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. ^55
cai-clinal Ludovisio pour M. de Luçon, du style des dernières que S. M. escrivit
à Paul V, et qui ne luy furent pas données, ne manquez pas à me les envoler
par le premier courrier. . . J ay meilleure espérance que jamais. . . Je vous prie
de prendre un soin très particulier que la dépesche que j'attends du roy soil
telle qu'il le faut. Et puisque M. de Luçon est sy retenu, en ce qui regarde ses
intérests, parlez de vous-mesme à ceux que vous cognoistrez y pouvoir'. . . »
Cette lettre était du yi janvier; le aô, nouveau témoignage d'un vif espoir:
nouvelle demande de lettres écrites «de bonne encre.» Le card. Ubaldini, l'un
des amis sincères de Uichelieu, parle comme l'évêque d'Aire : » Il temjx) e la for-
tuna hanno fatto, un gran pezzo, guerra a V. S. 111°°% e ella si è difesa, se non
utilmeute, al meno constantemente e con moite sue Iode, l'are che l'uno et l'ai-
tro vogliono farequaiche tregua"''. . . » Bentivoglio lui-même semble enfin s'éloi-
gner de l'intrigue dans laquelle il avait si bien rempli son rôle.
Quant à Puisieux, il ne demandait pas mieux (jue de continuer la comédie
qui se donnait depuis longtemps déjà, à Paris et à Rome, aux dépens de l'évêque
de Luçon, et il l'essaya; mais il n'avait ni l'importance, ni l'habile savoir-faiif
du duc de Luy nés, et nous le verrons bientôt, à peu près abandonné de tous,
forcé de renoncer a ce double jeu que le feu connétable, aidé de la faveur royale,
avait mené avec une si subtile dextérité.
A ce moment Bentivoglio est décidément passé à Richelieu; de retour à Rome,
il n'attend [las même (ju'on lui envoie les lettres favorables à l'évêque de Luçon,
il les demande; aussitôt ([u'il les a reçues, il se hâte de lui mander, sur la parole
même du pape et du cardinal Ludovisio, que sa promotion ne rencontrera plus à
Rome aucune diiliculté : « Puô ella ben ci-edere che il suo avanzamento non havià
tlifficoltà alcuna qui in Roma; hoggi apunto io ho |)arlato alla S. di N. S. di <|uesta
inateria comc; dovevo. . . e col S. cardinale l^udovisio; conoscono la premura del
re, il desiderio délia regina madré, et il merito di V. S. ill°"; onde non si puô
dubitare che ben presto siamo per ricever la sodisfalione che desideriamo ' . . . ■
Une nouvelle ruse des ennemis de Richelieu restait pourtant à déjouer; aliti
d'ôter toute autorité aux poursuites de la reine mère, ils avaient imaginé de faire
courir à Kome le bruit que cette princesse était en train de former en France un
tiers parti, de réveiller, entre la mère et le fils, des animosités récemment assou-
pies, et de rallumer la guerre civile à peine éteinte. L'évêque d'Aire, alarnié de
Peffet que pouvait produiie sur l'esprit du pape une telle imposture, supplie
qu'on la démente officiellement : • Une bonne dépesche de la main est bien né-
' Arch. des AIT. élr. Rome, t. XXVII dépêche du 8 janvier 1632. — 'Dépêches
(1622). du i3 février et du 10 mars 1622. Ivi.
' Arch. des Aff. étr. Rome, t. XXVII. Scarahelli.
456 LETTRES
cessaire, dit-il, sur le sujet de ce tiers party, et l'intelligence du roy et de la
reyne. » Et puis il ajoutait : » Je ne vous répète point ce que j'ai tant de fois es-
crit, touchant M. le Nonce, à qui il faut que le roy die franchement et ferme-
ment ce qu'il veut que le pape croie . . . mais il est besoin de recevoir une bonne
dépesche devant les quatre temps de Pasques '. » Le cardinal Ubaldini redoublait
d'ardeur dans ses offres de service, comme dans ses vœux; il mettait, de sa
main, ce post-scriptum à une lettre amicale : «Je désire à par (à l'égal) do ma
vie vostre exaltation, et pour le public et pour ma satisfaction; et j'espère que
Dieu me fera la grâce de vous y servir^. »
Et le pape lui-même déclarait enfin au cardinal de Sourdis « qu'il ne feroit point
de cardinaux sans M. de Luçon ^. »
La reine mère et Richelieu gagnaient ainsi du terrain à mesure que leurs adver-
saires en perdaient; les amis de l'évêque de Luçon redoublaient d'eiforts en
voyant décroître le nombre de ses ennemis; enfin Puisieux, à bout de ruses et
de malices, n'ayant plus le favori pour soutenir la volonté chancelante du roi,
comprit que la lutte devait finir; et il se vit réduit à cette alternative : Quel
serait le plus redoutable pour lui de Richelieu cardinal, ou de Richelieu irrité,
mécontent et ardent à la vengeance? Le dernier était certainement fatal, tandis
que l'évêque de Luçon, obtenant le chapeau après les instances pressantes et dé-
sormais sincères, du moins en apparence, de Puisieux, serait peut-être moins
ennemi. Pour ceux qui connaissaient Richelieu, la chance n'était pas grande,
mais enfin c'était la seule.
De ce moment Puisieux marcha franchement à la promotion. Séb. Routhillier,
que sa disposition imperturbable à la confiance avait si souvent trompé , pouvait
maintenant établir sur un fondement réel et solide ses espérances si longtemps
chimériques; et il écrit résolument : «Nous sommes maintenant hors de peine,
M. de Puisieux ayant escrit non seulement afin que M. de Luçon fust faict cardi-
nal à la première promotion , mais afin que ce soit promptement ... Il faut
que M. de Luçon se jette entre les bras de M. de Puisieux*. »
Toutefois l'évêque d'Aire n'est pas encore content; on demande, c'est vrai,
mais non de ce ton d'autorité qui convient au roi de France; on presse, mais on
ne presse pas avec cette chaleur dont l'amitié de Séb. Routhillier voudrait voir
tout le monde animé comme il l'est lui-même. « Depuis la convalescence du pape,
écrit-il à l'évêque de Luçon , le cardinal de Sourdis a parlé à S. S. pour faire va-,
' Epoque de la future promolion. — ^ Arcli. des Aff. élr. Rome, t. XXVIII,
Arch. des Aff. étr. Rome, t. XXVII. Dé- fol. 3a.
pêche du i5 février 162a. ' Ibid. dépêche du 9 avril, fol. 19.
' Ibid. dépêche du 12 mars.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 457
loir les ordres qu'il a receus, un peu plus exprès que les premiers; mais, pour
vous dire la vérité, il s'en faut beaucoup qu'ils soient tels qu'ils doivent estre. . .
nulle lettre au cardinal Ludovisio. . . J'ay trouvé le moyen de voir la lettre de
M. de Puisieux au cardinal de Sourdis, du 10° de mars, qui dit fort clairement
([ue le roi veut qu'on fasse instance pour vous obtenir le premier lieu ... Il escrit,
en apostille, de sa main , que la reyne mère du roy désire que cette promotion
se fasse au plus tost. . . voyez combien froidement on escrit. . . Pardonnez-moy
si je vous dis que vous estes trop retenu en ce qui vous touche. . . veu principa-
lement qu'ayant esté veu cy-devant des ordres contraires, et ayant esté montré
peu de ressentiment du temps du pape Paul, il y a de la peine à persuader que
ce soit maintenant tout de bon. Il faut que le roi et la reine en escrivent et que
le roi parle un peu rudement au nonce sur ce retard . . . qu'il parle en roi . . .
Il faut prendre garde à M. le nonce, afin que l'espérance qu'il a luy niesme
d'estre bientost cardinal ne l'empesche de vous rendre ses bons offices'. ■>
Ainsi l'on avait fini par savoir à Rome le secret des doubles lettres; Richelieu
ne pouvait manquer d'en être informé.
Mais enfin il n'y avait plus moyen de reculer; Puisieux, qui avait commencé
a marcher lentement et d'une allure tortueuse, était bien forcé maintenant de
doubler le pas et d'aller droit; ce qu'il faisait encore d'assez mauvaise grâce,
comme on vient de voir; mais tous les Sillery devaient, bon gré mal gré, mettre la
main à l'œuvre, le chancelier à Paris, le commandeur à Rome, où il était alors
ambassadeur.
L'évêque d'Aire écrit à son frère, le i3 juin : «Sur l'occasion des premières
despesches qui viendront à M. l'ambassadeur pour M. de Luçon , il fera un grand
effort; falTaire est du tout entre ses mains, et de M. de Puisieux''. >• Et quelques
jours après : «Je vois (pie M. l'ambassadeur s'y emploie de bonne affection, et
que c'est chose toute certaine que la grâce ne taixlera plus guère à se faire'. »
C'est à ce moment (jue Richelieu adresse à M. de Puisieux cette lettre du
.'iojuin : « M. l'évesque d'.Aire m'ayant escrit la disposition qu'a M. le commandeur
de Sillery a m'assister en mon affaire, je ne puis que je ne vous tesmoigne par
ces lignes le ressentiment que j'ay de ce qu'il vous a pieu l'y porter; ne doubtant
point que cette bonne volonté qu'il a ne vienne de vostre mouvement *. •
' Dépêche du ao avril 1622. Arch. ' L'original se trouve à la bibliotiiètjue
des AIT. étr. Rome, t. XXVIII, fol. 26 de l'Institut, collection Godel'roy, porte-
' Ibid. t. XXVII, où la pièce a été mal feuille 269. — Cette lettre est imprimée
classée en 1621. t. I", p. 71.^ de la collection iii-4° des
' Du ^juillet, arch. desAfî. étr. Rome, Lettres de Richelieu,
l. XXVII.
C\nUIN DE RICHELieC. — ¥11. 58
kbS
LETTRES
La lettre est convenable, mais Richelieu ne cède pas aux inspirations de son
ami, il ne se presse point de se jeter dans les bras de Puisieux, et il garde ce ton
de politesse calme et peu empressée qu'il a conservé dans toute cette affaire.
Maintenant que tout est en si bon train, l'évéque d'Aire propose de porter un
dernier coup; il écrit à Tévêque de Luçon une «ample lettre» que nous n'avons
pu trouver, mais nous avons celle qui était adressée, en même temps, à Bouthil-
liei-. « La reine, dit l'évéque d'Aire, n'a point encore écrit sur ce sujet à l'amijas-
sadeur depuis son ambassade; il faut qu'elle écrive. . . » il faut qu'elle écrive aussi
S à divers cardinaux que Séb. Bouthillier désigne , et il va même jusqu'à marquer
les termes dans lesquels il convient que ces lettres soient conçues ^ Séb. Bouthillier
mandait cela le 19 juillet; le !"■ août, nouvelle missive à Richelieu^. C'est après
ces deux lettres qu'ont été écrites celles de l'évéque de Luron à Puisieux, dont
nous avons trouvé les originaux à la bibliothèque de l'Institut •*, et qui ont été
imprimées dans notre premier volume ; Richelieu remercie le secrétaire d'Etat
avec des paroles un [)eu plus vives cette ibis , dans la confiance et la certitude qu'il
a maintenant de n'être pas trompé. En effet, la victoire était remportée, et l'évéque
tl'Aire pousse ce cri de triomphe, ou plutôt le digne prélat entonne le Nunc dùnittis
du saint vieillard de l'Ecriture :
« Mon très cher frère, il me semble que je n'ay plus rien maintenant à désirer
en ce monde, puisque M. de Luçon est cardinal. . . Il faut bien que Dieu le
destine à la continuation des grandes actions auxquelles il s'est déjà plusieurs
fois employé, puisqu'il l'a élevé à la dignité qu'il mérite contre les plus puissants
empeschemens qui se soient peut estre jamais rencontrez en une pareille occa-
sion . . . Geste œuvre est tenue en ceste court pour un miracle par ceux qui sa-
vent les oppositions qu'on y a apportées *. •
' Arch. des Afl'. élr. Roiue, t. XXVIII,
Ibl. 39.
? Ibid. t. XXVIl.
' De la fin dfe judlet et du 6 août. Col-
luction Godefroj.p. 718, 719 des Lettres
de Richelieu.
' Arch. des Afi'. ctr. Rome, l. XXVIII,
loi. 76 el 80. Ni le Gallia chrisliuna, ni le
Gallia purpurala de P. Frizon, ni Ciacon-
nius dans son Histoire des jiupes et-descardi-
iiaux, no donnent la date de la promotion de
Richelieu; ils se copient les uns les autres,
et disent vaguement : Septembre; la pré-
sente lettre , écrite aussitôt , et celle que l'é-
véque d'Aire adressa , en même temps, à son
frère Boutiiillier, nous indiquent une date
rigoureusement exacte : « v' septembre à
cinq heures de l'aprè.s-disnée, » ainsi que
nous l'avons donnée page 780 du 1" vo-
lume. Nous remai'quons dans la collection
France (t. XXXll, fol. 5i3) la lettre par
laquelle Mariliac, qui était alors à Avignon ,
en informait à son tour Richelieu, elle est
datée de mercredi à midi ; c'était le 1 4 sep-
tembre; Richelieu se dirigeait alors, avec
la reine mère, sur Lyon. La nouvelle lui
DU CARDINAL DE RICHELIEU. /i59
Voilà l'histoirp dans ses plus simples et plus menus détails, dans sa vérité toute
nue et puisée aux sources les plus pures et les plus certaines.
Cependant M. Cousin a écrit que « Richelieu était alors aux pieds de Luynes; ■
que, lorsqu'il se vit trompé, «sa fureur fut égale à l'ardeur et à la violence
de ses désirs et de ses poursuites;» et que «dès lors il voua à Luynes une
haine qu'il a répandue dans ses Mémoires, en ayant soin de la masquer sous
un mépris affecté. . . ne voulant pas paraître avoir été dupe une fois en sa vie. »
Il y a dans ces paroles plus d'imagination que de vérité historique; et la con-
duite comme le caractère de Richelieu sont, à ce moment, tout à fait mé-
connus; mais, nous l'avons déjà dit et il faut le répéter, car c'est la seule
explication possible de cette étrange appréciation de la conduite de Richelieu
durant deux années, il convenait au grand écrivain qui a composé la très-
intéressante histoire du duc et connétable de Luynes de sacrifier en ce moment
l'i'véque de Luron à son héros.
On a vil que Ton conserve aux Affaires étrangères, et l'on peut lire, dans ce
Vil" volume, la plupart des lettres écrites par Richelieu au favori, depuis son retour
de l'exil d'Avignon jusqu'à la mort du connétable; elles sont toutes marquées au
coin d'une digniU- assez froide, accomj)agnée |)arfois de cette expression de po-
litesse exagérée et banale, selon l'usage du temps, mais sans la moindre appa-
rence de cette attitude servile que M. Cousin fait prendre à Richelieu ; s'il eût
connu ces lettres, il n'aurait pas abaissé ainsi devant Luynes ce grand caractère.
On a fait à Richelieu bien des reproches injustes, personne encore ne l'avait mis
à genoux devant un favori pour en obtenir une grâce. Il a demandé souvent, mais
sur un autre ton; et notamment dans ces négociations entre la mère et le fds,
l'évêque de Luçon, en s'adressant au premier ministre du roi, se souvient tou-
jours que c'est au nom de la reine mère du roi (ju'il parle; il aflirme sans
cesse que sa conduite est exempte de blâme , il proteste de 8on dévouement au
service du roi, mais il n'en demande pas la récompense, et, en cela, il semble
s'oublier lui-même; c'est uniquement de Marie de Médicis qu'il s'agit, el
l'évêque de Luçon ne cesse de presser Luynes de ménager la reine mère, d'éviter
de blesser ses susceptibilités, de donner satisfaction à ses justes prétentions,
parvint à la Pacaudière, bourg entre la Pa- luy plaist, que vous estes cardinal, car je
lisse et Roane; nous supposons que ce fut n oserois entreprendre sur S. M. de vous
le i6; il fallut bien ce temps au messager annoncer ceste bonne nouvelle. . . Tout
pour arriver d'Avi(jfnon à la Pacaudière. Ce Avignon s'est venu resjouir avec mov de
courrier était adressé à Marie de Médi- vosire promotion . . » On se souvient que
cis. Marillac disait à liiclielieu : • Monsei- Richelieu conservait des amis à Avignon,
gneur, lareyne vous dira de sa bouclie, s'il où il avait été en exil.
58.
460 LETTRES
d'accomplir fidèlement les promesses des traités conclus avec elle; enfin de con-
tribuer, de sa part, à rétablir la bonne intelligence et l'union intime dans la
maison royale.
Sans doute Richelieu avait un ardent désir d'être cardinal; sans doute, lorsqu'il
s'aperçut qu'on s'était joué de lui, qu'on avait violé les engagements pris à son
égard, pour la promotion de janvier 1621, il en conçut un profond dépit, mais
il usa de l'empire qu'il savait prendre sur lui-même', et il se garda bien de don-
ner à son ennemi le triomphe d'une impuissante colère; il n'entra point en fureur
pour un mécompte auquel l'avaient préparé et les avis qu'il recevait de toutes parts
des trames ourdies contre lui, et plus encore la défiante sagacité qui lui faisait
pénétrer le mauvais vouloir des gens à qui il avait affaire. Si le célèbre auteur du
travail sur de Luynes avait vu, dans les manuscrits de Rome, aux archives des
Affaires étrangères, la correspondance de l'abbé de la Cochère avec Routhillier
son frère et avec Richelieu, ainsi que les réponses de celui ci, il se serait con-
vaincu que, durant les deux années que cet ami de Richelieu passa à Rome, il ne
cessa de se plaindre du peu de chaleur que mettait l'évèque de Luçon dans ses
d('-marchcs pour l'avancement de sa j)iomotion, et de sa négligence à suivre les
conseils qu'il lui donnait, dans toutes ses lettres, avec l'obstination d'une amitié
(|ui se désole d'être si mal écoutée. Il y a loin de cette paresseuse sollicitude à la
violence des poursuites qu'on lui reproche.
Non assurément il n'a pas joué ce rôle de dupe qu'on lui prête ; il savait, conmie
le savait l'abbé de la Cochère, et mieux certainement que ce confiant ami, il savait
que pour croire aux dépêches il fallait les lire soi-même. Sans avoir connu dès
l'abord le fait matériel et la perfidie des doubles lettres, il était parfaitement
informé des mauvaises intentions de ceux qui lui donnaient de bonnes paroles
et dont dépendait l'accomplissement des promesses qu'on lui avait faites; et il
épargnait à sa fierté des sollicitations dont il savait d'avance l'inutilité.
Richelieu a été trompé, il n'a j)as été dupe. On n'est dupe que des gens à qui
on se fie, et Richelieu a toujours eu pour le favori une dédance profonde. Ahl s'il
s'était, en effet, ye/é aux pieds de Luynes, s'il se fût abandonné à ces violences,
à ces fureurs qui lui sont imputées, c'est alors qu'il aurait joué le rôle humiliant
et ridicule dont son rare esprit l'a sauvé, et qu'il redoutait avant tout. Enfin,
pour preuve irréfutable de l'opinion que nous soutenons, n'avons-nous pas le
témoignage de M. Cousin lui-même, qui, par une heureuse et dernière con-
' Richelieu écrivait un jour à l'arche- Et Richelieu se rendait justice; l'ambition
vêquc de Sens, qui s'occupait de sa pro- était grande, mais la main qui tenait la
motion : « Mon ambition n'est pas si grande bride était forte.
que je n'en tienne la bride eu ma main. »
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 461
tradiction, fait de l'humeur de Richelieu la juste et excellente appréciation que
nous citions tout à l'heure, et qu'il importe de citer encore en finissant, car elle
décide la question : « L'orgueil lui suggéra de garder le plus absolu silence sur
toute cette affaire, ne voulant pas paraître avoir été dupe une fois en sa vie'. »
Enfin nous ne saurions protester trop vivement contre cette fausse opinion qui,
dans ses aspirations au cardinalat, fait Richelieu emporté, faible, vulgaire sollici-
teur, tandis qu'il fut constamment calme, ferme et candidat respectueux de soi-
même.
On se trompe encore quand on attribue à ces mauvais offices de Luynes l'ori-
gine de l'antipathie de Richelieu pour le favori; la haine vouée à Luynes par
l'évéque de Luçon est de plus ancienne date, et si, comme on peut le croire, elle
acquit, de la déloyauté dont il était victime, un degré de plus de vivacité, il n'en
parut rien dans les relations entre les deux personnages; il est impossible de
découvrir la moindre nuance d'une différence de ton lorsque l'on compai'e les
lettres écrites avant et après la promotion de ifiai. où La Valette seul fut élu,
et où Richelieu put se convaincre qu'on se faisait un jeu de lui donner de fiiHa-
cieuses promesses. Pas plus avant qu'après, Richelieu ne fut aux pieds de Luynes;
c'eût été, avec son caractère et les dispositions où il était à l'égard du favori, une
bassesse dont il ne faut pas lui infliger la honte.
Ce sont là des choses que ne doit pas taire l'éditeur des lettres de Richelieu;
plus nous tâchons d'être fidèle au devoir que nous nous sommes imposé de ne
rien dissimuler des justes reproches que l'on peut adresser à l'illustre cardinal ,
plus est impérieux pour nous cet autre devoir d'éloigner de sa mémoire jusqu'au
moindre blâme qui ne semblerait pas mérité.
Nous admirons toujours, dans ses ouvrages historiques, le magnifique langage
de M. Cousin, et souvent l'heureux succès de ses recherches; mais précisément
à cause de sa grande autorité, il est nécessaire de se tenir en garde contre le
charme de cette belle imagination qui a quelquefois pris l'historien lui-même au
piège de ses séductions, et ne lui a pas laissé voir quelques personnages et certains
événements sous leur véritable jour. La plume de M. Cousin est une baguette
de fée, elle sait douer merveilleusement tout ce qu'elle touche; sous cette puis-
' Journal des Savants, 1862, p 6gy. el celte vaniteuse réserve en écrivant poui-
Nous ne voudrions pas laisser ici i'ombre la postérité , les lui a imposés bien plu.s
d'une équivoque, et nous devons faiie inipérieuseinenl encore en présence de
remarquer qu'il s'agit dans cette phrase ceux qui l'avaient trompé, el pour qui ses
des Mémoires de Richelieu; mais n'est-il plaintes, ses violences, ses fureurs eussent
pas évident que le sentiment iV orgueil nui été un objet de risée?
a dicté à Richelieu ce silence prudent
462 LETTRES
santé fascination , Madame de Chevreuse devient presque une sainte ' , et M. de
Luynes |)resque un grand homme; heureusement le mal n'est pas contagieux , peu
d'historiens sont capables de pareils miracles.
LXVI.
Arch. des Aff. étr. France, t. 29, pièce As. —
Original de la main de Le Masle.
A M. DE LUYNES*'.
19 juin 1619.
Monsieur,
Ce n'est pas seulement par mon inclination, mais encore par le
commandeinent exprès de la reyne, que je prends la plume pour vous
asseurer de mon très-humble service.
Je ne vous puis assez remercier des asseurances qu'il vous a pieu
me donner de vostre amitié par M" de Bérule et Bouthilier^, aumos-
nier ord° de la reyne ; j'en souhaitte la continuation avec une très-
sincère affection, laquelle je désire faire tousjours paroistre au service
du roy et au bien de Testât; auxquels je sçay très-certainement que
le contentement de la reyne est inséparablement attaché. J'ay une
joye particulière de voir que le repos et la paix de la France soient es-
tablis et asseurez, et que l'union des cœurs s'avance et s'affermisse
tous les jours de plus en plus.
La reyne ne désire rien tant que de tesmoigner l'amour et le re.s-
' Est-il besoin de citer ? Tout le monde ' Le P. de Bérule fut envoyé plusieurs
aluréloquenlépiloguede W"'rfe//att<e/brt. fois à la reine mère; il était déjà venu
' Un secrélaire a écrit au dos : «non avec M. de Béthune avant le i3 de juin,
.envoyée,» la signature est à moitié dé- date d'une lettre de M. de Luynes à la
chirée ; on a dû remplacer cette lettre par reine mère , dans laquelle le favori annonce
une autre; serait-ce par les deux mots de à cette princesse la visite du prince de
politesse écrits sur le second feuillet de Piedmont et du duc du Maine qui , après
cette pièce , que nous renvoyons aux ana- les deux autres , seront ses cautions auprès
lyses, et que la note mise au dos semble d'elle. » (Ms. cité aux sources , pièce Sg.)
pourtant désigner comme adressés à Dea- — Quant à ce Boutbillier, c'était Sébastien,
géant plutôt qu'à Luynes ? abbéde laCochère. (Voy. ci-dessus, p. 448.)
DU CARDINAL DE KICHELIEU.- 463
pect qu'elle porte à S. M. Elle se promet, M^ vostre alï'ection sur les
asseurances que vous luy en donnés, et vous pouvés faire estât de sa
bienveillance estant si généreuse qu'asseurément elle ne se lairra point
surmonter par courtoisie. Pour mon particulier, Mons"", je vous supplie
croire que je n'oublieray point à confirmer autant que je pourray les
asseurances que vous donnés à S. M. de vostre affection; et, en vous
rendant pieuve de la mienne, vous faire voir que je suis.
Monsieur,
Vostre 1res humble et très affectionné serviteur.
ARMAND, EVKSQUE DE LUÇON.
D'Ang"", ce I 9* juin 1619.
LXVIi.
Arch. des A£F. étr. France , t. ag, pièce 95.
INSTRUCTION DE M. LE COMMANDEUR
(... juillet (?) iCig.]
11 est à propos de voir M. de Luynes pour qu'il ^ présente au roy.
M. le commandeur dira à S. M. comme la reyne luy a commandé,
de luy baiser les mains de sa part, fasseurer de son affection et de
son service, avec toutes les belles paroles qu'il pourra, en peu de
mot^.
Il donnera à M. de Luynes toute assemance de l'affection de la
reyne, qui le veut aymer et assister en ce qui luy sera possible.
Sur quelque chose qu'on luy puisse demander, j'estime que le meil-
leur est de respondre peu, cl (fu'il doit avoir ce but que toutes ses
' Il lui nommé au commencement de (page Byo des Mémoires de Hichelieii).
juillet (pièce ^7'). La reine ne lit son ' La phrase est incomplète ; est-ce seu-
entrée à Angers qne le i /j octobre leuient « le • qui est oublié ici ?
464 LETTRES
responses aboutissent à ce à f[uoy il sçait que la reyne est portée : à
honorer le roy, au repos de Testât, ne désirant rien que liberté et
repos.
Si on luy demande ce qu'il estime touchant le voyage de la reyne
à la, cour, sçavoir si elle y doit pas aller; il respondra, en général, que
tous les gens de bien l'y désirent.
Si on l'enquiert pour sçavoir ce qu'estime l'évesque de Luçon sur
ce sidyject, il dira que c'est le lieu où la reyne doit estre, mais que
c'est un conseil qui doibt venir d'elle.
Si on l'enquiert plus outre de ce qu'il estime qui en est, il dira des
choses qu'il sçait bien : que la reyne aime et honore le roy et veut le
repos et la pai\. Du reste, vous sçavés bien que je suis bourgeois qui
ne me soucie pas de grandes nouvelles.
Il sera à propos qu'il die au roy et à la cour, selon le subject qui
en viendra , qu'à la vérité il est homme qui parle librement , mais qui
laict tousjours bien.
Il faut demander à la cour à M" de Luynes et de Sceaux, l'esta-
blissement des garnisons par estats, les 4oo hommes accordez par la
reyne, et 6 compagnies, l'une de i5o hommes, l'autre de 60; une
autre de Ao, et trois de 5o chacune, et en apporter les estats ainsy
qu'ils ont esté mis ès-mains du dit s"^ commandeur.
Il faut demander aussy qu'il plaise au Roy faire remettre les armes
qu'on a ostées des places, M. de Béthune ayant donné parole qu'on
n'en osteroit rien, et n'y en ayant point demandé peiTnission pour
deux mil tant piques et mousquets, pour les trois places. Se plaindre
doucement de ce qu'on a osté non-seulement les mousquets, mais les
bleds, vins et autres provisions.
M. le commandeur yra chez M. le garde des sceaux prester son
serment, dont il retirera acte sur ses lettres de provision. Ensuitlc
il verra M. le chancelier, M. le président Janin, le cardinal de Rets,
et partout, s'il me croit, il doit parler peu et brider sa liberté.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 465
LXVIII.
Arch. des Aff. étr. France, t. ay, pièce 99. — Minute de la main de Charpentier.
[LA REINE MÈRE] A...
[premiers jours de juillet 1619.]
J'ay receu d'autant plus volontiers ia lettre que vous m'avez escrite
que je sçais qu'elle vient d'un homme qui m'affectionne. Vous me
le tesmoignés par l'advis que vous me donnez touchant ma conserva-
tion et ma vie. Je ne sçay quel est celuy de (jui vous l'avez receu, et
comiuent il peut sçavoir ce qu'il mande. Je vous prie de vous en en-
quérir, car désignant l'esprit et les marques singuhères d'un homme
comme il fait, il faut ou que ce soit un donneur de faulx advis, ou
qu'il en sache davantage; auquel cas il m'ohligera de descouvrir cet
attentat qu'il dit qu'on veut faire à ma personne. Vous en aurez soing
.s'il vous plai.st. Vous sçaurez les raisons pour lesquelles le marquis de
Mosny et Rousselay s'en sont allez ' ; je ne leur en ay donné .subject.
Rousselay prétendoit, à ce qu'il a dit plusieurs fois à M. d'Espernon,
me posséder à l'exclusion de tout autre. Il m'a pressée aussy pour
avoir la charge de chevalier d'honneur; vous sçavez si je l'ai deu faire.
Ils peuvent dire tout ce qu'ils voudront, mais rien qui me préjudicie
avec vérité. Je ne donneray aucun mesconlentement à personne, je
vous en asseure, mais jugez ce îfue je puis faire quand on prétend
plus que je ne puis donner et que je n'ay vaillant.
Vous .sçavez quelles sont les humeurs du monde; je vous asseure
que si j'avois de quoy donner à tous ceux qui m'ont assistée , je le
ferois tout d'un coup de bon cœur. J'ay esté bien aise de voir les as-
seurances que vous me donnez de l'affection du P. Arnoid, et de la
Le marquis de Mosny partit le pre- quilta aussi la reine mère, mais un peu plus
niier parce que la reine inère lui avait re- tard , jaloux de la fave.irdont jouissait d'É-
fusé le gouvernement d'Angers qu'elle pernon et ensuite l'évêque de Luçon. (Voy.
donna au marquis de Richelieu ; Ruccellai Fontenay-Mareuil. t. I p. ItUU, Ulib.)
CARDIN. DE RICUF.LIEC. — V|J. 5q
466
LETTRES
volonté qu'il a de m'assister envers le roy '. Il le peut faire asseurance,
puisque je ne désireray jamais que ses bonnes grâces, le repos et la
paix de soh estât, le mien; mon but n'estant, pour esviter l'embarras
du monde, que j'ay expérimenté mesme depuis quatre mois, que
Faire une vie du tout particulière.
Quant à ce que vous désirés sçavoir de la satisfaction que j'ay de
mon fils le prince de Piedmond^, je vous le diray en un mot, vous
asseurant qu'elle est entière. Pour ce que vous me mandez de l'é-
vesque de Luçon,je vous diray que je sçay fort bien son dessein; son
but va à conserver la paix, et [sic) m'est asseuré et fidelle.
LXIX.
Arch. des Aff. élr. France, t. ag, pièce bi'. — Mise au net. —
Analyse de la main de Chaipentier, même volume, pièce 94.
A M. DE LUYNES.
[3' dizaine de juillet 1619.]
Monsieur,
N'ayant jamais rien désiré avec tant de passion que de voir une
estroite intelligence entre le roy et la reyne sa mère, il m'est impos-
sible de vous exprimer la joye que j'ay de voir qu'elle s'avance tous
les jours, de telle sorte qu'on doive espérer de la voir bientost à sa
perfection. La reyne est tellement pbrtée par son inclination à voir le
roy qu'il n'est pas besoin d'aucime persuasion envers elle. M. de
' Sur le P. Arnoux, voy. t. I, p. SgS.
~ Voy. t. I, lettre /192. Le Mercure fran-
çais dit à cette époque : « Durant li s mois
de juillet et d'aoustle roy envoya plusieurs
seigneurs de qualité vers la royne sa mère ,
pour la semondre à une entrevue de leurs
majestez;. . . M. le prince de Piediuond
ayant désir, avant que de s'en retourner en
Savoye, d'aller saluer lad. dame royne. . .
le roy eut très-agréable qu'il allast à An-
goulesme. . . » (T. VI, p. 298.) De retour
à Paris, il envoya un présent à liichelieu,
dont celui-ci le remercie par la lettre que
nous venons de citer. Ce passage, qui met
la présente letlre vers le commencement
de juillet, nous servira à proposer une
date approximative pour plusieurs autres
lettres qui ne sont point datées.
\
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 467
Montbason vous dira' ce qui sursoit, pour le présent, l'exécution de
son désir. Et nioy, Mons., pour satisfaire à ce qu'il m'a tesnioigiié que
vous désiriés de moy, je vous diray ingénuement que , pour conserver
la bienveillance de la reyne, que vous trouvères sincère en vostre en-
droit, je ne sache autre chose nécessaire, sinon qu'il vous plaise luy
donner, ainsy que je ne doute point que vous ne le vouliés faire,
des effects de votre affection aux occasions qui s'en présentent et s'en
présenteront. Je sçay certainement ses intentions estre entières pour
S. M., et que ses désirs n'ont autre but que la paix et le repos de cet
Estât. Vous pouvés estre certain d'avoir une vraie part en son affec-
tion, et si d'autres vous persuadent le contraire, qui est ce fjue S. M.
dit qu'on a tousjours faict par le passé , je vous puis asseurer que ce
sont artifices de personnes qui, sous couleur de vous aymer, non-
seulement vous veulent empescher de vivre avec repos et contente-
ment, mais en outre vous porter préjudice. Ce que je vous dis est
chose vraye, que je vois avec une clarté si évidente, qu'il est impos-
sible d'en douter. Je vous supplie de le croire, et en outre que je ne
manqueray jamais à rendre au loy et à l'Estat ce à quoy je suis obligé
poiu" mon honneur et ma conscience , les plus forts liens qui soyent
au monde. Pour votre particulier. Monsieur, en vous rendant très-
humbles grâces de l'honneur qu'il vous plaist me faire de prendre
part à mon affliction*, vous me permettrés, s'il vous plaist, de vous
asseurer que je souhaite avec passion de vous faire voir, par mes
services, que je suis, etc.
' M. (le Montbazon avait été envoyé à retour du duc de Montbazon, qu'anitonce
Marie de Médicis porteur d'une lettre du la présente lettre, peut être mis dans la
roi, datée d'Amboise le 17 juillet. «Je dé- troisième dizaine du mois de juillet,
sire, dit Louis XllI à sa mère, que vous ' Sans doute il s'agit de la mort du
veniez, avec une entière confiance, re- marquis de Riclielieu, tué en duel vers la
prendre vostre place en ma cour, aussv (in de juin,
bien que vous l'avez dans mon coeur. • Le
09.
468
LETTRES
LXX,
Arcli. des Aff. étr. France, t. a8. pièce io4. — Minute.
LETTRE DE LA REINE MÈRE AU ROI'.
[ 1 " quinzaine d'août 1619'.]
Monsieur mon fils, je ne sçaurais assez vous remercier de la faveur
' J'ai trouvé dans la même collection ,
tome 29, un premier brouillon très raturé
et une copie cotée 106 et 107. La pièce
que nous donnons ici nesl pas tout à fait
conlorme à ce premier brouillon.
' Les conditions de la paix faite à An-
goulême ne s'exécutaient pas, la reine
mère ne se décidait pas à venir à la cour.
On envoya de nouveau vers elle le beau-
père de Luynes. Nous trouvons aux Ar-
chives des Affaires étrangères un « mé-
moire contenanl l'intonlion du roy sur
chacun des articles contenus au mémoire
qui a esté apporté par M. de Montbazon ,
revenant d'Angoulesme, de la part de la
16) ne mère.» Ce documenl est daté du
16 aoiit, ce qui indique, pour la mission
de M. de Montbazon, et, par conséquent,
pour la présente lettre , la date de la
première quinzaine d'août. — La minute
de la réponse que fit le duc de Luynes,
au retour de M. de Montbazon, est con-
servée aussi dans les papiers de Hiche-
lieu ; nous y remarquons ce passage ajouté
en marge, de la main de i'évêque de Lu-
çon, avec un renvoi pour intercaler: «Sa-
chant si bien les intentions du roy que
je ne crains point de l'asseurer (la reine
* Nous avous déjà vu (ci-(lessus p. 391, note 1)
EUchelieu envoyer un brouillon à de l^uynes dans la
mère), au péril de mon honneur, de font
ce que dessus , el que tant au voyage qu elle
vient faire à la cour que aux autres qu'elle
y pourra l'aire à l'advenir, elle n'y demeu-
rera que tant et si peu qu'elle voudra ; je
luy en donne ma parole comme aussy de
la servir. » ( Pièce 1 1 o du tome 2 9 .) Ainsi la
minute de la lettre que devait écrire de
Luynes à la reine mère ,ivait été envoyée
à Richelieu pour être modifiée de manière
à ce que chacun fijt satisfait et que l'on
pût s'entendre*. En même temps on
voulut que le P. Arnotix, confesseur du
roi , confirmât , à son tour, par un engage-
ment personnel, les promesses du duc de
Luynes; à cette fin Richelieu envoya la
matière de la lettre que devait écrire le
P. .Arnoux à la reine mère, et que le P.
Suffren était censé avoir rédigée", mais qui
au moins en partie était l'œuvre de Riche-
lieu. Nous la donnons ici à la suite de la
lettre par laquelle Richelieu l'annonce. H
en a fait mention dans ses Mémoires (t. I,
p. 55g), où il a aussi analysé la lettre de
de Luynes sans mettre le lecteur dans la
confidence de ce que nous apprend le
manuscrit.
même pensée ; le procédé était récipro<|ue.
la lettre 71 ci-après.
" \ov.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 469
qu'il vous plaist me faire de désirer rue voir. L'honneur que j'ay
d'estre vostre mère faict qu'il n'y a chose au monde que je souhaitte
à l'esgal de votre veue et de vos bonnes grâces. J'ay conjuré mon
cousin, le duc de Montbason, de vous représenter l'intégrité de mes
intentions et l'équité de la prière que je vous fais de trouver bon
qu'auparavant que je pense à mes contentemens, entre lesquels le
principal est de vous voir, je procure [sic) qu'd vous plaise pourvoir à
ce qui concerne ceux qui m'ont assistée, ainsy qu'il vous a pieu me
le promettre, et que ma conscience et mon honneur m'y obligent.
Cependant je vous supplie me faire l'honneur de croire. Monsieur
mon fils, que mon cœur est toujours avec vous, et que je ne désire
rien tant au monde que la faveur de vostre bienveillance, que je tas-
cheray de mériter par une suitte sy sincère de toutes mes actions que
vous avouerés, je m'asseure, que je .suis véritablement, Monsieur
mon lils,
Vosire ' . . .
Arcli. des Aff. .étr. France, t. 29, pièce loà. —
Miaule de la main de Ciiarpentier.
PtMN'lS DE LA LETTRE UU P. ABNOUX A LA REYNEV
[a"* quinzaine d'aoOt 1619'.]
Le P. Arnoul escrica une lettre à la reyne pour la convier efficacement d'aller
à la cour, l'asseurant qu'elle y recevra tout contentement; et pour vaincre les
obstacles qui se présentent à S. M. il l'asseurcra puissament des points suivants :
Qu'il respond que M' d'Espernon et ceux qui l'ont servie en ces dernières oc-
casions seront très-bien traitiez.
Que la libre disposition de sa maison et de sa demeure qui luy a esté pro-
mise par M" le cardinal [de la Rochefoucauld] et de Béthune luy sera conservée
inviolablement, luy promettant <]u'elle ne sera à la cour que tant et si peu que
bon luy semblera.
' Richelieu cite quelques lignes de cette ' La date manque à celle minute ; elle
lettre dans ses Mémoires, t. I, p. bhS. doit avoir été écrite après la mission du
' Le secrétaire a écrit ce titre au dos duc de Montbazon.
de la minute.
470 LETTRES
Qu'elle ne doit point appréhender qu'on prenne des jalousies et des ombrages
d'elle, et que les calomnies luy puissent nuyre, estant obligé en conscience de
remédier à tout cela.
Qu'il luy donne d'autant plus volontiers ces asseurances qu'il recognoist qu'on
ne sçauroit manquer à ce qui luy a esté promis en tout cela, et à ce qu'elle
désire sans un notable préjudice de conscience.
Qu'il engage sa foy, son honneur et son ame qu'en cela, et en toute autre
chose, elle aura contentement '.
LXXI.
Arch. des Aff. étr. France, I. 29, pièce 127. —
Minute de la main de Charpentier.
AU PÈRE ARNOULT.
[ 1 " quinzaine d'aoiîl i ti 1 g. ]
Monsieur,
Nous avons tous pour but ia gloire de Dieu, le bien de la France
et le contentement de leurs Majestés. Nous sçavons particulièrement
comme vous vous employés pour venir à ces fins. Ceux qui sont de
deçà taschent aussy d'y travailler en ce qu'ils peuvent. Vous en rece-
vrés un témoignage en ce que les bons pères SufiFrant, Bérule et
Joseph et moy ayans jugé une lettre de vous nécessaire, nous envoyons
exprès pour l'avoir. Le R. P. SulFrant vous en envoie la substance;
c'est pourquoy je n'ay rien à vous dire sur ce subjet. Dieu parachè-
vera, s'il lui plaist, son œuvre. A nostre première veue je m'asseure
que nous verrons tous deux une mutuelle ouverture de nos cœurs,
que nous unirons par un tel ciment que rien ne les pourra séparer.
' Quelques jours après, le P. Arnoux ce qu'on luy a promis pour elle et pour ses
écrivait de lui-même à la reine mère, en serviteurs. . . Je voudrois de mon propre
lui exprimant son vif contentement de sang signer ce que j'en crois .. quelle
l'accord : « Comme confesseur, je responds dissipe tout ombrage. 1 (Lettre du aa août,
volontiers des intentions que je recognois pièce 5g' du ms.) — Le r> septembre, la
cstre telles au fond de leurs consciences reine mère partit d'Angoulême pour se
(du roi et de Luynes). On accomplira tout rendre auprès du roi.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
471
A ceux qui donnent des effects, peu de paroles; croyés-nioy donc,
s'il vous plaist, autant en un mot qu'en mille, cordialement . . .
LXXII.
Arch. des AIT. étr. France, t. ag, pièce ii4'
Minute de la main de Cliarpentier.
A M. DE LUYNES.
Monsieur,
[Vers la fin d'août 1619.
L'affection que j'ay vouée à vostre service ne me permet pas de
laisser retourner vers vous le R. P. Joseph sans vous ' en donner de
nouvelles asseurances et vous tesnioigner la joye que j'ay de voir
l'union de leurs majestés tant désirée, estre si proche de sa perfection
que dans peu de jours elles auront le contentement de se voir. Le
bon père vous dira plus particulièrement la bonne volonté que la
reyne a pour vous, qui est telle qu'en vérité je ne croy pas qu'il y ail
rien à désirer.
' A partir d'ici le texte est écrit en
marge d'une minute primitive qui n'a pas
été barrée et qui pouilant n'a point de
place indiquée dans cette rédaction nou-
velle. J'en conserverai seulement ce pas-
sage; Richelieu disait à M. de Luyncs :
• Le P. Joseph vous fera entendre aucunes
particularitez que nous avons jugé gran-
dement importer au bien du service de
leurs majestés. Je me promets. Monsieur,
que vous uurés d'autant plus de créance
en luy, qu'il cognoist de longue main ce.
qui est en mon cœur. ■ — Le P. Joseph
avait été envoyé par le roi , au mois d'août,
vers la reine mère qui différait de se
rendre auprès !e Louis XIII depuis plus de
trois mois qu'avait été conclu l'accord
d'Angoulême; Richelieu chargea ce Père
retournant vers le roi , de la présente lettre,
dont la minute est sans date, mais qui doit
être de la fin d'août, puisque la reine
mère partit d'Angoulème le 5 septembre.
L'auteur de la V ie du P. Joseph dit : « le
ag août. • Le j" septembre, Marie de Mé-
dicis envoya l'évèque de Luçon vers le roi
pour préparer leur entrevue. Leurs Ma-
jestés se rencontrèrent au château de Cou-
zières près Tours où elles se rendirent le
6, et y passèrent oniie jours ensemble.
(Mém. de Richelieu, l , bh-j, 568 et .S69 ;
Mém. de tontenay-Mareuil , t. I , p. 4/|8:
l'ie de Marie de Médias, t. III, i/i, 16 )
4-72 LETTRES
Pour moy, Monsieur, je ne vous diray pas la passion que j'ay à
vostre service, aimant mieux vous la faire cognoistre par mes actions
que par mes paroles, qui toutes fois vous suplient de croire que je
suis sans feintise ,
Monsieur,
Vostre très humble et très affectionné serviteur.
LXXIII.
Arch. des Aff. étr. France, t. 29, pièce 76. —
Minute de la main de Charpentier.
A M. BARBIN'.
2J octobre 1619.
Monsieur,
Je me promettais un mot de lettre de vostre part au sortir de
Paris, pour apprendre vos intentions sur le sujet de vos affaires. J'avois
prié M. vostre frère, non de vous asseurer de mon affection, ne dou-
tant point qu'elle ne vous soit cogneue , mais de vous conjurer de me
donner moyen de vous la pouvoir tesmoigner en chose qui vous fust
agréable, en me faisant sçavoir ce en quoy je porrois vous servir uti-
lement. On m'a mandé de Paris que vous vous plaigniés de moy par
la bouche de M. de Brois, pour n'avoir point receu d'argent de la
part de la reyne au sortir de la Bastille , ce que je ne puis comprendre,
veu que le s' d'Argoiiges a eu charge très-expresse de vous en porter.
Par la grâce de Dieu, si j'ay plusieurs deffauts, je ne suis pas accusé
de celuy d'abandonner mes amis, et m'asseiu-e qu'il n'y en a pas un
qui n'ayt occasion de croire, par effect, que nul en ce genre ne vaut
mieux que moy.
Je ne vous en diray pas davantage sur ce sujet, aymant mieux em-
ployer'ce reste de papier à vous asseurer qu'il n'y aura occasion en
' Le secrétaire n mis ce nom au dos, ainsi que la date.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
473
laquelle j'aye moyen de vous servir, que je n'embrasse avec désir très-
sincère de vous faire voir que je suis véritablement. . .
LXXIV.
Arcli. des Aff. étr. France, t. acf, pièce 87. —
Minute de la main de Charpentier.
A M. DE LUYNES'.
Monsieur,
2 décembre 1619.
M. de Marossan^ ayant exposé à la reyne la créance dont il avoit
pieu au roy le charger, sur la résolution qu'il prend touchant
ceux de la religion prétendue réformée, S. M. l'a grandement
approuvée, estimant qu'il ne sçauroit mieux faire que de les empes-
cher de toutes sortes d'entreprises au préjudice de l'esdit, et les con-
tenir en l'obéissance que tous ses subjets luy doivent. Elle a entendu
aussy ce que led. s' de Marossan luy a dit sur le subjet de la lettre
(le M. le Prince'. Je ne vous celleray point. Monsieur, qu'elle n'en
ayl esté un peu touchée. Quant à la déclaration, elle ne l'a point
' Le secrétaire a écrit ce nom au dos ,
ainsi <|ue la date; on y lit encore : «em-
ployé. »
'' C'était une créature du duc de Luynes,
dont Richelieu parle deux ou trois fois
dans ses Mémoires, notamment au sujet de
l'achat d'Avignon que de Luy ne» avait,
dit-on , projeté : « On a découvert ceci après
la mort de Marossan, une cassette ayant
été saisie à Lyon par ses créanciers et mise
ès-mains de M' OUier, intendant de la
justice, pour voir s'il n y avoit point de
papiers importans au service du roy, à
cause des charges publiques cp'il avoit
eues.» (Mém.i II, p. 168.) Richelieu lui
CAIIDIN DE ItlCHELIEU.
VII.
impute encore un dessein bien plus ex-
travagant que l'achat d'Avignon : «Il eut
dessein, dit-il, de se faire roi d'Austrasie,
en érigeant ïoul, Metz et Verdun en
royaume.» [Ibid. p. 167.) La fortune
n'avait pas exalté l'imagination de Luynes.
au point de lui faire concevoir cette fantas-
tique ambition. Richelieu ne donne pas
le moindre air de vraisemblance au ridi-
cule dont il veut couvrir la mémoire d'un
homme contre qui ses rancuiie.s sont im-
placables.
■^ Il avait écrit à la reine mère des
lettres « peu respectueuses , « dit l'historien
de Marie de Médicis, t. III, p. 37.
(ir)
/|74 LETTRES
encore leceue ' ; elle vous tiendra lousjours trop affectionné à ce qui
ia concerne pour croire que vous sachiés aucune cliose qui luy puisse
porter préjudice sans y apporter les remèdes que vous jugerés à
propos. Sur ma conscience, Monsieur, je le dis devant Dieu, vous
devés i'aymer, car ses intentions sont saines et entières pour vous, et
plus je vas en avant, plus je recognois que, si son cœur est grand, sa
bonté l'est aussy.
Je ne doute point, comme il vous plaist me mander, qu'il ne se
trouve partout des gens qui voudroient brouiller les caries; mais
ainsy que vous estes seurs de vostre part asseurés vous aussy, s'il
vous plaist, de la nostre. 11 est impossible d'empescher les discoins
et les divers desseins des personnes, mais il est bien aysé, à qui a
bonne intention, comme nous avons tous, de se garantir du venin de
tels esprits. Au nom de Dieu, quoy qu'on vous die de deçà, esclair-
cissés les, estans sy asseurez de nous mesmes, qu'im des grands con-
tentemens que nous puissions recevoir est de nous donner lieu de
faire voir la malice de ceux qui vous voudroient faire de faux rapports.
Je vous ay dit plusieurs fois, Monsieur, qu'il se peut bien rencontrer
des occasions qui ne plaisent pas à la reyne, mais que rien ne peut
détraquer du bon chemin, je vous le dis encore et est chose vrave.
Soyés doncques asseuré des bonnes intentions de la reyne, et suives,
s'il vous plaist, l'inclination que vous avés de rechercher les moyens
de luy tesmoigner vostre affection , sur peyne de m'en faire reproche
devant Dieu et devant les hommes, s'il ne vous réussit à bien. J'es-
père que nous vous verrons bientost, et toutefois je ne puis encore
.vous mander le temps préfixe; mais bien vous asseure-je que ce ne
sera jamais sy tost que je le désire, sachant que ce sera le contente-
ment du roy et de la reyne sa, mère, le bien de l'Estat et vostre sa-
tisfaction particulière.
En quelque lieu que je sois, je me promets. Monsieur, la continua-
tion de vostre amitié, dont il vous plaist m'asseurer, et je vous suplie
de croire que je seray très-véritablement...
' Voy. ci-après vers la fin de décembre de cette année.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. Ii75
Monsieur, j'ay dit particulièrement à M. de Marossan les raisons
pour lesquelles il estoil à propos que vous empeschiés qu'il n'y ayl de
mauvaise intelligence entre la reyne et M. le prince; vous approuverés
ma franchise qui sousmet tout à vostre empire'.
Monsieur, la reyne désire tant vous tesmoigner l'affection qu'elle
vous porte, qu'incontinen» que je luy ay parlé de l'affaire du s"^ Mahé,
elle s'est très volontiers portée à gratifier ses alliez, en vostre recom-
mandation , de la somme de quatre mille escus.
La lettre est terininéc par quelques lignes de politesse.
LXXV.
Arcli. (les Aff. étr. France, t. 2<j, pièce i i5'. —
.VI imite de la main de Charpentier.
A M. DE LUYNES.
[ Vpis la fin de décombre 1619'.]
Monsieur,
J'ay veu par celle qu'il vous a pieu m'escrire ce que vous aviés eu
agréable de me mander des mescontentemens qui sont à la cour,
et de ce que vous ne désireriés pas que de faux rapports donnasseni
des mauvaises impressions à la reyne. J'ay desjà respondu à un article
' .Mot écrit assez lisiblement; toutefois puis il avait obtenu du roi une déclaration
l'al).sence du point sur \'i (omission qui se rendue à Fontainebleau le q novembre el
rencontre très -fréquemment), jointe à la enregislrée au parlement le afi. En y pro
configuration indécise de jilusieurs lettres, clamaiU l'innocence du prince . on faisait
permettrait de lire aussi : censure. retomber sur la reine mère le reproche
* (>e|te lettre , dont la minute n'est point d'une injuste détention *. On a vu , dans une
datée, doit avoir été écrite vers la fin de lettre du 2 décembre, qu'à ce moment la
décembre 1619. Le prince de Condé, em-" reine mère ne connaissait pas encore cette
prisouné à la Bastille eu 1617 sur l'ordre déclaration; la présente lettre témoigne
de Marie de Médicis, avait été mis en li- le mécontentement qu'elle en éprouva,
berté le ao octobre par le duc de Luynes; (Voir ci-après, date du 26 janvier 1620.)
* ï.a déclaration ftil iniprimée en iSti dans le tome VI du Uercure Jiançois , p. ^^•j.
60.
/i76 LETTRES
qu'en ce genre M. de la Cochère ni'avoit mandé de vostre part , lou-
chant quelques personnes qu'on disoit avoir esté icy à mon desceu,
par où vous cognoistrés la malice de certains donneurs d'advis qui se
font de feste , sans se soucier que leurs discours ayent fondement ou
non II est vrai, Monsieur, que toutes les intentions de S. M. sont sy
nettes, qu'il est impossible que la calomnie y puisse mordre. D'em-
pescher que chacun ne parle selon sa passion, vous sçavés que c'est
chose qui ne se peut, mais tout cela ne sçauroit faire que vous ayés
lieu de douter qu'il arrive aucun inconvénient de la part de S. M.
Depluis que vous luy avés promis vostre affection, et qu'elle vous a
asseuré de la sienne, elle a esté en divers estats. Au commencement
elle a esté très-satisfaite et très-contente , a creu fermement que vous
vouhés prendre confiance en elle ; ensuitte de quoy ce que vous sçavés
qui s'est passé a troublé son contentement, et luy a faict appréhender
de s'estre mesprise en ses premières pensées, et qu'on vous destournoit
de prendre confiance en elle, comme elle la méritoit, non-seulement
par sa qualité, mais pour son affection. Cela a ralenty le désir pas-
sionné qu'elle avoit d'aller à Paris, disant que, n'y voulant aller que
pour la satisfaction du roy et la sienne, et le contentement de ceux
qu'il ayme, elle n'y veut pas aller qu'elle ne juge y en devoir recevoir.
Voilà, Monsieur, quel a e.sté le cours des choses. Que tout cela
puisse destourner S. M. du bon chemin , c'est chose qui ne peut de-
vant Dieu entrer en la pensée avec fondement. Que S. M., dans ce
dégoust, ayt changé le dessein de désirer vostre affection et vous
aymer, on ne le peut dire avec vérité. Aussy peu qu'elle ayt rompu
celuy d'aller à Paris; mais elle a retardé son voyage pour les considé-
rations susdites.
Je vous dis en cela le propre sens des paroles que je luy ay ouï
dire plusieurs fois, que vous croirés, s'il vous plaist. Monsieur, si vous
daignés considérer que je ne suis ny d'humeur, ny de condition de
tromper personne, et que désirant passionnément le service du roy
et de la reyne , je suis véritablement vostre serviteur. Le but de la
reyne est de vivre en paix et en repos, rien ne peut apporter chan-
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 477
gement en ce dessein. Je vous suplie de m'en croire, car je le sçay;
mais il est impossible qu'elle n'ayt du ressentiment des actions qu'elle
estime se passer à son préjudice. Je ne vous diray point la façon avec
laquelle je m'y comporte; Dieu le sçayt, et mes actions le feront tous-
jours paroistre.
Je vous suplie, 1V1% vous ressouvenir de ce que j'ay pris la hardiesse
de vous dire à Tours, que, poiu" les choses essentielles, il n'y avoit
rien à craindre, mais cependant il estoit important que S. M. receust
de vous les offices qu'elle s'est promis de vostre amitié, afin que son
esprit fust content. Je vous le dis encore, vous asseurant que je voy
clairement que vous recevrés une très-franche et très-sincère affec-
tion de S. M. Je vous dis ce que je cognois tous les jours, voyant dans
ses mescontenlemens toutes ses pensées portées au bien.
Voilà, Monsieur, tout ce que je puis vous dire sur ce sujet qui est
très-véritable, comme aussy la passion que j'ay et auray toute "ma
vie de vous tesmoigner, par toutes mes actions , que je suis sincère-
ment. . .
Monsieur, M' Tarault m'a dit ce dont il vous a pieu me charger,
touchant la réconciliation de M^"" le prince avec la reyne. Je m'asseure
que luy. M" de Marossan et Toiras vous auront dit comme , à tous les
voyages qu'ils ont faits icy, je les ay priés de vous faire sçavoir que
j'estimois important pour le bien de l'Estat et votre contentement par-
ticulier, qu'il n'y eust point de division entre eux. 1/humeur de S. M.
estant d'éviter toutes contestations, je contribueray, de ma part, tout
ce que je pourray à un sy saint dessein.
Monsieur,
Vostre très humble et très affectionné serviteur.
478 LETTRES
LXXVI.
Arcli. des Aff. étr. France, t. 29, pièce \/ti'. — Minute de la main de Charpentier.
AU P. AR>OUX.
[Fin de dccembrc 1619 '.]
Monsieur,
J'ay receu vos lettres pleines de tesmoignages de vostre zelle au
bien commun, et au particulier de la reyne. Vous pouvés croire que
je n'ay pas manqué de les luy faire voir, et luy dire, sur ce sujet, ce
que j'ay estimé devoir à la passion que vous avés à son service, dont
le s' de la Cochère nous a rendu divers tesmoignages et qui m'est
assez cogneue d'ailleurs. Quoy qui arrive, je vous suplie de croire que
rien n'est capable de destotirner S. M. du bon chemin. Plusieurs
choses le sont de donner desgoust à son esprit; et ce genre de ma-
ladie est celuy seul qui la travaille. Vous sçavés qu'il s'est passé di-
verses choses qui iuy ont despieu, cela a retardé son voyage, son
esprit ne voulant point de contestations, et ayant préveu en pouvoir
recevoir à la Cour, f.e bon père Suffrant et moy avons faict ce que
nous avons peu et deub sur ce sujet, jusques à en estre accusez,
comme il vous pourra dire, de simple créance.
J'ay tousjours estimé qu'il estoit important que M?' le prince fusl
avec S. M. en sorte qu'elle n'en receust aucun tesmoignage d'aigreur,
parce qu'ayant le cœur grand, son esprit s'altère par telles voyes au
lieu de se gaigner, et qu'au contraire sa bonté faict (jue par douceur
on ne^ la peut vaincre. Je vous dis cecy particulièrement parce que
' La date de la présente lettre doit être une lettre où l'évèque de Luçon donne
de la fin de 1619, d'après ce qui est dit déjà au P. Arnoux I espoir de cette visite
louchant le prince de Condé. Nous trou- de la reine.)
vons d'ailleurs, dans cette minute même, ^ Cette négation fait un contre-sens; ce
trois lignes effacées qui confirment celte doit être une faute de copiste. Les mois :
date : a La reyne estoit preste de partir « ou ne la peut vaincre » sont écrits en in-
après ce jour de l'an,» avait écrit Riche- " terligne, au-dessus de ceux-ci qu'on a
lieu. ( Voyez dans notre tome I", p. 638, barrés : « elle se porte à ce qu'on désire. »
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
^79
j'estime très-important que S. M., en toutes occasions, reçoive par ce
moyen contentement, afin que son esprit soit satisfait et qu'il n'y avt
pas seulement union entre les cœurs, mais qu'elle paroisse à tout le
monde. Son voyage n'est nullement rompu ', mais il est à propos que
certains contentemens la reconvient à s'y porter d'elle-mesme. Voyant
clairement que rien ne l'a arrestée que la pensée qu'elle a d'y pouvoir
recevoir du trouble qu'elle veut éviter, puisqu'elle n'y veut aller que
pour donner du contentement au roy et à tout ce qu'il ayme . . .
Voilà, Monsieur, ce que je sçay du cours de nostre petit monde.
A quoy je n'adjousieray rien, sinon les asseurances que je vous donne
de mon affection , que vous trouvères tousjours entière à vous tesmoi-
gner, en toutes occasions, que je suis sincèrement...
ANNEE 1620.
LXXVII.
AIT. ctr. France, I. 3o, pièce l". — Mise au. net de la main de Charpentier.
MÉMOIRE DONNÉ A M. DE BRANTES '.
16 janvier iliio.
Le mémoire des affaires de la reyne baillé à M. de Brantes le
36*" janvier 1620, contient :
' Cependant il n'eut pas lieu; divers
sujets de mécontentement et les soupçons
<|ue lui iiispir.iienl Clianteloube et les plus
iniluenis de ceux qui entouraient cette
princesse, l'en détournèrent, quoique l'é-
vèque de Luçon lui conseillât la concilia-
tion. (Voy. Vie (le Marie de Médicis. III, 27
etsuiv. Mém.de Richelieu, I, Sya et suiv.)
' L.1 pièce n'a pas de titre dans le ma-
nuscrit ; elle est écrite immédiatement à la
suite d'une autre intitulée : Extrait d'ins-
truction donnée au sieur de Chanleloube.
( Voy. aux analyses à la date du 1 3 janvier. )
Toutes deux sont relatives aux réclama-
tions de la reine mère, mais elles n'ont
été écrites ni le même jour, ni pour lu
même circonstance. Le copiste n'a indiqué
aucune séparation. La première pièce a
été imprimée dans les Mém. de Bichelieu,
t. II, p. Sa. Quant à la seconde, les Mé
moires disent seulement : • La reine cb^r
gea Braiites de prier son Irère, le duc de
Luynes, de lui donner des effets et non
des paroles. »
'480 LETTRES
Qu'elle le prie de suplier le roy de luy accorder une déclaration
qui face voir que, par celle faite sur la délivrance de M. le prince, le
roy n'a point entendu donner lieu à aucun d'imputer du blasme à la
reyne , ayant satisfaction de la façon avec laquelle elle s'est gouvernée
en l'administration de ses affaires '.
De luy faire donner satisfaction touchant le payement de ce qui luy
a esté promis; pour raison de quoy il y a trois mois que son thrésorier
poursuit; et prier M. de Luynes de luy faire donner quelque partie
des 600 mil livres qui lui ont esté promises sur les deniers extraordi-
naires.
Suplier le roy que sa compagnie de chevaux légers soit mise sur
pied.
De permettre que le s' marquis de la Valette jouisse de son gouver-
nement de Mets comme il a toujours fait , et par conséquent luy laisser
renouveler la justice, ainsy que l'on a acconstumé de faire tous les ans.
Cette déclaration avait profondément
blessé Marie de Médicis ; le roi avait tâché
de prévenir ce mécontentement. En l'infor-
mant de la résolution prise en conseil sur
ce point : « M. le prince (mandail-il) ho-
norera la reyne mère comme il doit ; le
roy le luy commandera et sçaura la faire
respecter et aymer par qui que ce soit
comme il appartient. » Dans une lettre sui-
vante, du 16 décembre, Louis XIII s'ef-
force de l'apaiser; il explique les raisons
qui l'ont contraint d'agir ainsi , et il s'étend
« sur le ressentiment des obligations » qu'il
a à sa mère pour la façon dont elle a gou-
verné ses affaires; et puis, le 26 février
i6ao, il revient sur ce chagrin, qui tour-
mentait toujours la reine sa mère; • Il est
fasché d'apprendre que son desplaisir . . .
n'ait point été calmé par les considérations
qu'il lui a représentées . . . que s'il jugcoit
* DaDi le noaveau classement : fol. 1 16.
que la déclaration qu'elle désire en sa fa-
veur sur celle de M. le prince lui fust
utile, il seroit très-prompt à la luy octroyer.
... Il luy envoie ces lignes de sa main
pour la prier de nouveau d'effacer ces im-
pressions de son esprit, et par ses messa-
gers comme par ses lettres, il lui renou-
velle ses instances pour la rappeler auprès
de lui. > Tout cela , dicté au roi par de Luy-
nes, montre combien le favori avait a
cœur de ne point animer encore contre
lui l'humeur de la mère du roi. Mais on
comprend aussi que ces réparations confi-
dentielles ne suffisaient pas à guérir la
blessure que lui avait faite une déclaration
publique. Les divers extraits que nous ve-
nons de citer el quelques autres des lettres
de Louis XIII écrites alors à Marie de
Médicis se trouvent réunis dans le manus-
crit cité aux sources, avec le n° i35 bis *.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
481
De prier M. de Luynes de faire payer les personnes qiii luy onl
esté recommandées, de la part de la reyne, de leurs pensions, mesme
de faire donner rescompense au s'' de Marillac de la chaige de la-
quelle le roy luy avoit permis de traitter avec le feu s"" comte du
Lude'.
NOTA.
Les pièces que nous avons trouvées touchant les négociations qui eurent lieu
pendant la première moitié de l'année 1620, ont un véritable intérêt pour l'histoire
de Richelieu; elles démentent péremptoirement les accusations de trahison à
l'égard de la reine mère dont on a voulu le charger; elles montrent combien
Richelieu avait à cœur une réconciliation qui seule pouvait rétablir les affaires
de la reine, et que rendaient surtout difficile l'humeur obstinée de cette princesse
et ses excessives susceptibilités. L'évêque de Luçon , d'ailleurs, quel que fût son
vif désir d'arriver à une prompte pacification, ne cédait rien des droits de la
reine mère, ne sacrifiait aucun de ses intérêts sérieux et veillait scrupuleusement
à ce que la dignité de la mère du roi ne fût pas compromise.
Nous devons indiquer quel<[ues pièces qui servent de commentaire et d'éclair
cissement aux lettres qui vont suivre. Après M. de Brantes, frère du duc de
Luynes, M. de Montbazon, son beau-père, fut envoyé vers la reyne mère, au
commencement d'avril. Son instruction'^ témoignait du vif désir de Louis XIII de
' Les promesses faites à la reine mère ,
dans le traité d'Aiigoulème , dont elle ré-
clamait sans cesse l'accomplissement, et
qui n'étaient jamais ni formellement re-
fusées ni sincèrement consenties, onl été
un sujet perpétuel de différends et d'ai-
greur entre le roi et sa mère, tant que
M. de Luynes a vécu.
* Cette instruction se trouve aux ar-
cliives des Affaires étrangères, tome 3o,
pièce 118, ma! classée à la fin de l'année
1620; elle fut dressée au commencement
d'avril, comme on le voit par la mention
de la lettre du duc de Mayenne, écrite
au roi le 3o mars et datée de Précigny,
où était alors le duc, qui avait quitté Paris
dan» la nuit du 27 au 28 mars. (Vie de
Marie de Médicis , t. III, p. 87.) Le titre :
Instrnclion de M. de Montbazon quant il
vient à Angers, 1620, a été mis après
coup en tête de cette pièce, dont je ne
connais pas l'écriture. C'est peut-être une
copie fournie par Monibazon lui-même,
lequel i montra son instruction, ou par
simplicité , ou par industrie , » dit Riche-
lieu qui en donne une analyse p. /i 1 et
suiv. du tome 11 de ses Mémoires.
CARDIN. DE RICHELIEU. -
482 LETTRES
voir la reine sa mère auprès de lui. M. de Montbazon devait donner à cette princesse
l'assurance «qu'elle ne seroil contrainte en quoy que ce soit;» il avait charge
de « dire au s' de Lusson que le roy treuve fort estrange la procédure de la
reyne , et que l'on n'en peut attribuer la cause qu'à luy seul. »
On calomnie par toute l'Europe la conduite du roi; « la reyne ne peut justifier
de ses ])onnes intentions qu'en se rendant promptement à la coui- ou en publiant
dedans ou dehors le royaulme le contentement qu'elle a du roy et de ceux qui
ont l'honneur de l'approcher de plus près. »
« Et asseurera le s'' de Lusson qu'il n'j a rien de grand qui soit convenable à sa
qualité qu'il ne puisse attendre du roy . . . c'est à luy seul qu'on impute tout le bien
ou le mal qui en proviendra à la France. »
«... Pour M. de Luynes.il ne manquera jamais aux protestations qu'il a faites
à la reyne mère. . . qu'elle ne croye point tout ce qu'on luy pourra dire au con-
traire. »
La mission du duc de Montbazon n'eut point de résultat; un nouveau négo-
ciateur fut envoyé quelques jours après et fit près de la reine-mère trois voyages
successifs. Les lettres relatives aux trois missions de Blainvilie, ainsi que d'autres
lettres écrites à cette même époque, se trouvant sans date, ont été mises péle-
méle à la fin de ce So" volume. La missive du a i mai qu'on va lire fut écrite
lorsqu'on avait à la cour de nouvelles inquiétudes sur les manœuvres de Marie
de Médicis, et lorsque, incertaine encore du parti qu'elle prendrait, elle pouvait
nier ses desseins avec quelque vraisemblance. Le roy, écrivant à sa mère le 7,
lui annonce la mission de M. de Blainvilie, allant vers elle comme messager
de paix ; il y allait sans doute aussi comme observateur de ce qui se passait dans
cette petite cour. Mais cette nouvelle ambassade ne réussit pas mieux que les
autres, Blainvilie y avait d'ailleurs montré assez peu d'adresse; et, dans le
compte qu'il en rendit , il se flatta sans doute d'un succès qu'il n'obtint pas. C'est
ce qu'il faut conclure d'une lettre de l'archevêque de Sens à Richelieu (3o mai) :
«M. de Blainvilie s'est dignement acquitté de sa légation; il donnera encore
un meilleur cours aux affaires de la reyne toute la cour en recognoist les
effets ' » et de la réponse que fit Richelieu les premiers jours de juin (ci-
après aux analyses). On voit le faible progrès de ces premières négociations de
M. de Blainvilie, dans une missive de Richelieu à Luynes, que nous datons ap-
proximativement de la mi-mai (ci-après aux Analyses), dans la lettre du 21 qui
suit et dans une autre encore de la fin de mai (ci-après, p. 484 )• De Luynes écri-
vait à son tour le 1" juin à l'évêque de Luçon : « Je n'ay plus rien à vous mander,
vous avez le fond de mon sac par M. de Blainvilie; apportés ce que vous pouvés
' Même manuscrit, fol 3o
DU CARDINAL DE RICHB:LIEU, A83
et clevés pour l'accommodement de cette désirée afitùre. . . et que le diable em-
porte ceux ou celuy qui n'y faira ses efforts. . . quittons tout prétexte puisquf
noscuers et nos dessaints vont d'esgale façon ; j'engage ma vie pour cette vérité;
le roy la conflrme. . . tout dépend de vous, car, pour la reyne, nous sommes
trop asseurés de ses bonnes et saintes intentions, pourveu que ces vérités aillent
jusques à ses oreilles. Nous avons jusques à cette heure creu de vous ce que l'on
doit d'un homme de bien. « (Autographe, mêmems. fol. 36.) Le 1 3 juin, troisième
missiondeM.de HIainville; le roi le renvoie à la reine sa mère « pour iuy donner
le temps qu'elle demande à l'effet de Iuy faire sçavoir sa résolution. » Le 6 juillet,
les choses avaient marché, mais non du côté de la conciliation, et le roi exprimait
à la reine mère son déplaisir de ce que, « au lieu de la satisfaction qu'il attendoit
dans le temps qu'elle avoit demandé par le s' de Blainville, elle se préparoit à la
guerre; «de nouveaux députés envoyés vers elle revenaient à la cour, le 5 août,
« avec espérance d'accommodement , «dit avec quelque légèreté Bassompierre(l. IL
p. 191), qui trois jours après assistait à la bataille du pont de Ce. Kn envoyant
ces députés, Luynes élail loin de partager cet espoir, et il écrivait à Richelieu :
«Si nous panssions, en vous envoiaftt la châsse Sainte-Geneviève , vous [)()u\()ii-
toucher le cœur, nous le ferions, tant nous désirons la paix; c'est pourquoy nous
nous servons de ces Messieurs dont la calité, expériance et fidellité vous anpe-
cheront de douter». . . «Pour nioy, après avoir fait ce que j'ay l'ait, j'an suis
(juitle devant Dieu , justifié devant mon roy, et hors d'accusation devant les
hommes : .Fe prie Dieu qu'il mette la main à l'œuvre. . . » (Lettre autogiaphe
du 7 juillet, fol. 4i.) Ainsi on se préparait à la lutte tout en faisant semblant de
n'aspirer qu'à la paix. La guerre ne pouvait manquer d'éclater. Heureusement
celle-là nedura qu'un jour; le 7 août la vit naître et finir en moins de trois heures.
LXXVIII.
Arcli. des AIT. étr. France, t. 3o, pièce i33.
Minute de la main de Charpentier.
A M. DE BLAINVILLE'.
Monsieur,
J'ay receu ce 2 1'' à 4 heures après niidy une lettre datée du 1 7 de
' Sur -M. de Blainville, voy. l. 1 , p. 68.').
TLe 2 I mai i6'.!0.
liSk LETTRES
ce mois, à laquelle je n'ay à respondre autre chose que ce que ce
gentilhomme vous dira avoir appris par sa propre cognoissance. On
n'a jamais ouy parler d'un advis plus faux que celuy que vous me
mandés qui a esté donné depuis vostre arrivée à la Cour. On n'a , sur
ma Iby, pas pensé à chose aucune qui en approche. Vous sçavés Testât
auquel vous avés laissé la reine; dans quelque mesfiance, mais dans
le désir de n'oublier rien de ce qu'elle pourra pour conserver le repos
et la paix. Vous sçavés ce qu'elle vous en a dit; croyez que ses pa-
roles sont conformes à ses pensées. 11 seroit bon de récompenser ceux
qui donnent de bons advis, et chastier ceux qui sèment tant de ca-
lomnies , sans autre dessein que de faire du mal à ceux contre qui ils
les espandent. Au nom de Dieu apportés ce que vous pourrés en ceste
occasion, asseuré qu'il n'arrivera aucun deffaut de nostre part. Pour
moy je n'oublieray point d'y apporter tout ce qui me sera possible.
Le bruit court qu'on faict avancer des trouppes vers la reyne, mais
S. M. ne le croit pas sur ce que vous luy avés dit. Voilà tout ce que
je vous puis dire pour le présent, sinon que je vous. . .
LXXIX.
Arch. des Aff. étr. France, t. 3o, pièce iSa. —
Minute de la main de Charpentier et de celle de Richelieu.
A M. DE BLAINVILLE.
[Vers la fin déniai 1620'.]
Monsieur,
Vous ayant mandé depuis peu la fausseté des bruits qu'on avoit
fait courre, toutes choses, grâces à Dieu, estant de deçà en mesme
estât auquel vous les avés laissées, M. de Bréauté^, que la reyne dé-
pesche vers le roy, vous confirmera plus particulièrement cette vérité;
' La date, qui manque, est à peu près ^ Voyez, aux Analyses, lettres à M. de
donnée par celle de la lettre précédente Luynes et de Montbazon, vers la fin de
au même. mai.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
485
et qu'elle ne voudroit pour rien du monde donner des effecls con-
traires à ses paroles. Il vous dira aussy comme S. M. persiste au désir
qu'elle a de longue main de jouir de la présence du roy, ^ et qu'en
ceste affaire il n'est question que de lever les ombrages de part et
d'autre. Cela faict, M. de Luines en retirera une grande gloire et un
grand avantage, estant certain que l'amitié de la reyne ne luy sera
point infructueuse.
Ayant comme vous avés commencé (51c) utilement cette négociation,
je me promets que vous ne lairrés en arrière rien de ce qui pourra
servir pour faire qu'elle ayt une fin heureuse. C'est ce qui m'empes-
chera de m'estendre davantage en ce discours. Seulement vous diray-
je que la Reyne m'a commandé de vous remercier du soin que vous
en prenés; et qu'en mon particulier, je m'estimeray heureux de vous
faire voir que nul n'aura plus de recognoissance des tesmoignages
qu'il recevra de vostre amitié que moy qui suis vostre très-humble
serviteur ^.
LXXX.
Arch. des AfiF. étr. France , t. 3o , pièce i a 1 . —
Minute de la main de Le Masle.
[A MESSIEURS DU PARLEMENT'.]
[Vers le 30 juillet i6so.]
Messieurs, ayant cogne u l'affection que vous avés tousjours eue
' D'ici à la Qn du paragraphe, de la
main de Richelieu.
* Sur les diverses mission.s de Blainville
vers ta reine à cette époque, voir les ex-
traits des lettres du roi à la reine mère
des 7 mai, 3o mai, i3 juin, une lettre
sans date classée entre ces deux dernières.
Manuscrit précité, fol. i35 his.
' On a mis , après coup , en tête de
cette pièce : « lettre de la reine en envoyant
son manifeste au parlement. » Ce mani-
feste n'est certainement pas l'œuvre de Ri-
chelieu, qui, dans le conseil, était opposé
au parti de la guerre. L'évêque de Lu(;on
avait, en ce moment, peu d'influence
dans ce conseil, il l'a déclaré lui-même :
« Depuis leur arrivée (l'arrivée des princes
auprès de Marie de Médicis) je n'eus pas
486
LETTRES
au bien de cet estai, et le courage avec lequel vous vous estes portez
en toutes occurrences à maintenir l'autorité royale et empescher l'op-
pression des subjets du roy, Monsieur inon fds, j'aybien voulu vous
faire part des avis que je luy donne sur [la nécessité] des affaires pré-
sentes, et vous prier de les appuyer par vos sages et fidèles conseils,
qui sont d'autant plus nécessaires que l'ambition et violence de ceux
qui abusent de l'Iionneiu- de sa coniiance portent les [choses] à une
extrémité déplorable à tous les gens de bien.
Je vous conjure de toute mon affection de seconder flntention que
j'ay d' empescher l'embrasement universel de la France, et d'y ap-
porter le règlement que je sçay que vous souhaittés vous mesmes.
En cela, comme en toute autre chose, j'auray tousjours vos sentiments
en telle considération que méritent les continuelles preuves que vous
avés rendues de vostre zélé au bien de Testât, aux occasions où il
estoit plus apparemment n>enacé de sa ruine. Et fortifiée de vos
[bons avis] je feray cognoistre à tout le monde que je ne respire
autre chose que de voir régner heureusement le roy, Monsieur mon
fils, avec famour et fobéissance de ses peuples.
La présente n'estant à autre fin, je ne la feray plus longue que
pour prier Dieu, Messieurs, qu'il vous tienne en sa sainte et digne
garde. Escrit à Angers, le jour de juillet 1620'.
grand pai't dans les résolutions publiques. »
(Méni. t. iï, p. 66.) D'ailleurs, la manière
dont Richelieu parle de cette déclaration
suffit à prouver qu'il n'y est pour rien :
« les uns vouloienl qu'on écrivit un mani-
feste sanglant , sans s'armer, afin de rendre
l'affaire irréconciliable ; les autres ne vou-
loient point signer le nianiiéste , etc. »
(p. 65). Nous nous bornons donc à faire
ici de cette pièce une simple mention , en
indiquant qu'elle se trouve à la Biblio-
thèque impériale dans les manuscrits de
Dupuy, 92. — Quant à la présente lettre,
la minute est de la main du secrétaire le
plus intime alors de l'évèque de Luçoii ,
et nous y marquons par des parenthèses
quelques mots écrits de sa propre main.
' L'auteur de la Vie de Marie de Médicis
dit que cette princesse adressa .son mani-
feste au duc de Vendôme le ao juillet;
nous plaçons cette lettre à peu près à la
même date, notre manuscrit ayant laissé
le quantième en blanc. — Quelques jours
avant la publication du manifeste , le
6 juillet, le roi s'efforçait encore de dé-
tourner ce coup qu'il prévoyait. Il expri-
mait à sa mère ■ son déplaisir d'apprendre
les menées et pratiques qui se l'ont dans
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
487
LXXXI.
Arch. des Aff. étr. France, t. 29, pièce i3(j. —
Extrait de la main de Cliarpentier.
A M. DE SENS'.
[Vers le 25 octobre i(J2o.]
Je ne voudrois pas pour beaucoup que M. de Roches n'eust faict
le voyage qu'il a faict à la Cour, pour quelques raisons dont je vous
les provinces sous son nom. » Il la conjure
de ne pas chercher à profiler de ces fac-
tions; il lui envoie encore les ducs de
Monthazon et de Bellegardc, l'archevêque
de Sens, le président Jeannin. (Manuscrit
précité, fol. i35 bis.)
' Le secrétaire a écrit au dos : « Extrait
d'une lettre à M. de Sens», mais il n'in-
dique point de date; la lettre a été écrite
peu de temps après le retour de Des
Hoches , oUîcier attaché à la reine mère :
je suppose vers le 2!) octobre. La mis-
sion de Des Roches avait pour principal
objet un nouveau mécontentement de
Marie de Médicis, dont nous sommes in-
formés par une lettre du chancelier à Pui-
sieulx, son fils, lequel, en sa qualité de
secrétaire d'Étal, étail alors auprès du roi.
Cette missive est datée du sa octobre;
elle montre assez bien l'esprit diflicultueux
el Iracassier de la reine mère, aussi à
l'égard de la reine sa bellelille, c'est ce
qui en fait une véritable pièce historique :
«... Nous sonuiics tous attendant lareync
mère, mais il semble que son mal con-
tinue ... M. de Luçon qui devoit estre de
retour lundy ne viendra que la semaine
prochaine, il n'y a plus de jour certain
pour l'arrivée de la reyne . . . On ne sait
.si c'est. . . qu'elle ne soit pas contente de
l'honneur et déférence qui a esté accordé
à M. de Luçon et à l'abbé de Foix, qui
ont eu grand soin de s'enquérir et de sol-
liciter pour luy rendre tout fhonneur
qu'ils ont peu penser. J'estime qu'on s'est
accomodé pour fhonorer et la contenter
en tout ce qui se peut désirer avec raison.
Pour le mot qu'elle a fort désiré donner,
on a advisé que la reyne commanderoit à
l'exempt d'aller prendre le mot de la reyne
uière. 11 .semble que par l.i il est satisfait à
l'une et à l'autre. On insiste encore pour
avoir le logement où sont les filles de la
reyne et la cuisine qui sert pour la bouche.
Il semble un peu dur et contre la dignité
de changer et desloger ce qui est estably.
. . . Toutefois la reyne se contente de luy
bailler le choix du logement nouveau pré-
paré pour les filles et pour la cuisine de
bouche, ou luy quitter ce dont elle est en
possession. Il y aencore quelques difficultés
pour la maison de ville , pour le parlement
et autres compagnies souveraines; ils ont
leurs registres et les exemples du passé ,
ils en sauront bien user comme on a ac-
couslumé. « (Arch. des AIT étr. France,
488
LETTRES
diiay les tenans et les aboutissants. En un mot il a levé un soiibçon
qu'un certain esprit , que Dieu absolve \ avoit voulu donner par une
voye colorée. Il est certain qu'on ne l'avoit pas creu, mais j'ay reco-
gneu nonobstant que cela ne laissoit pas de faire peine. J'y estois
meslé fort délicatement et meschamment. Je n'ovdjlieray rien de ce
que je pourray pour esclaircir cette affaire, et lors on advisera avec
M. le connestable aux moyens qu'il faut tenir pom- se garantir à
l'advenir de tels artifices, plus pernicieux que je ne vous sçaurois
escrire.
t. 3o , pièce 99".) H faut rapprocher de cette
lettre quelques passages de celle de l'ar-
chevêque de Sens touchant la plainte qu'a-
vait portée Des Roches; il écrivait de Pau
le 1 8 octobre : « On désire de donner tout
contentement à S. M. mais la crainte d'of-
fenser l'une en contentant l'autre, faict
souhaitter d'éviter cette occasion.» Il pro-
pose comme expédient, afin d'avoir le
temps d'arranger cette difficulté , « la conti-
nuation (pour Marie de Médicis) d'un peu
de séjour aux champs. » Ce serait d'ailleurs
de sa part une convenance louable , » le roy
ayant monslré cette confiance à la reyne
mère que de trouver bon qu'elle allast à
Paris, luy s'en esloignant, et après toutes
les choses qui se sont passées , il luy sera
imputé à prudence et à respect d'avoir
voulu différer d'en user jusques à qu'il
feust de retour. . . » (Ms. cité aux sources,
pièce 96.) Ce fut une des difficultés de la
politique de ce règne de s'accommoder avec
les prétentions et les susceptibilités de
cette humeur quinteuse.
' Il est probable que ce certain esprit
est l'abbé Ruccellai, que l'on a vu cabaler
contre Richelieu, disgracié par ia reine
mère, et chercher auprès du duc de
Luynes une faveur dont il usait pour
nuire à cette princesse et à l'évêque de
Lucon.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
489
ANNEE 1621,
LXXXII.
Arcli. des AfT. étr. France, t. ag, pièce i33. — -
Minute de la main de Charpentier.
A M. L'ARCHEVÈQLE DE SENS'.
[ 7 ou 8 jullk't i6ii ".]
Monsieur,
.Pay receii voslre lettre dans la solitude d'un lieu riche de nom
' En tète de cette minute se trouvent
trois lignes qui n'ont pas été elTacées, c est
un commencement de lettre annulé.
' Plusieurs circonstances nous autori-
sent à placer cette lettre, dont la minute
n'est point datée, vers la fin de la première
dizaine de juillet; elle est postérieure à la
capitulation do Saint-Jean-d'Angely (a^
juin), après laquelle la reine mère retourna
vers le Poitou et la Touraiue. L'évèque de
Luçon, revenant avec elle, passe huit jours
dans son château de Richelieu, puis il se
dirige avec la cour de cette princesse vers
Chinon. Tout cela nous conduit au moins
jusqu'au 7 ou 8 juillet. Cependant on re-
marque, dans cette même lettre, que Ri-
chelieu mande à l'archevêque de Sens,
comme une nouvelle, le mécontentement
qu'aurait éprouvé la reine mère à Saumur,
en allant à Saint-.Iean-d'Angelv ; non-seu-
lement, dit Richelieu, «on ne lui donna
pas un logement tel qu'il lui appartenoit,
mais elle n'en eut pas du tout. » Luynes prit
le logement qu'elle devait avoir « ayant l'ait
connnandement aux maréchaux des logis
de le loger immédiatement après le roy et la
reine sa femme. » ( Mém. t. II , 1 70 et 1 73.)
Or le Mercure français (p. 3o6) nous ap-
prend que les fourriers arrivcreut le 1 o mai
à Saumur, où le roi resta du 1 a au 16. L'é-
vèque de I.uçon semble croire que l'arche-
vêque de Sens n'est pas encore informé de
cette particularité; nous ne pouvons pour-
tant pas assigner à cette lettre une date
plus voisine du 1 a mai. Au reste on voit
que, dans cet intervalle de deux mois, le
ressentiment de la reine mère s'était calmé.
Toutefois les six derniers mois de cette
année, jusqu'.i la mort du connétable, se
passèrent en négociations impuissantes ,
en continuelles picoteries et récrimina-
tions; la mauvaise volonté d'une part, les
soupçons et les exigences de l'autre tinrent
le fils et la mère constamment séparés.
Loin de désirer un acconuriodenient ,
Luynes le craignait sans doute; il avait un
intérêt tout contraire à celui de Richelieu
qui sentait le besoin de l'influence de
CAHOm. DE RICIIEI.IEO. — Vir.
Ga
490
LETTRES
mais non d'effet, où je me suis retiré depuis 7 ou 8 jours. Vous pouvés
vous vanter d'avoir faict un petit miracle, puisque le contentement
qu'elle m'a apporté m'a guéry une grande douleiu- de teste que j'avois
acquise à feuilleter d'autres papiers moins agréables. Quoy que je
Marie de Médicis sur ie roi, tandis que
Luynes redoutait cette niciiie influence.
Cependant, tout en travaillant, avec peu
d'envie de réussir, à une réunion , Luynes
laissait volontiers des sujets d'inquiétudes
à la reine mère. Toutefois il làtliait de sau-
ver les apparences, et lui dépêchait assez
Iréquemnicnt des messagers au nom du
roi. Nous avons, dans le manuscrit des
Affaires étrangères précité (France, t. 3o),
des extraits de lettres de Louis XIII, où
nous voyons que le 20 mai il envoyait un
gentilhomme à sa mère pour l'informer
« de ce qui se passait aux lieux où il était
(en Poitou). ï — Le lyjuillet, de Bergerac,
il lui envoie le sieur Bourgleroy. ■ — Le
8 août, il lui fait annoncer par un exprès
la reddition de Clérac. — Du camp de
Monlauban, le 29 septembre, il lui envoie
« Lafontaine pour luy dire les particularitez
, de la défaite du secours de la ville. » —
Les maladies qui depuis trois mois déci-
maient son armée l'ont obligé de changer
d'air ; aussitôt Sardini esl dépêché de Tou-
louse pour en donner avis à la reine mère,
qui le mois suivant reçoit par le sieur de
la Folaine la nouvelle de la prise de Mon-
lauban. — Deux jours après , le 1 5 dé-
cembre , le sieur des Ouclies est chargé de
lui annoncer la mort du connétable : « le
desplaisir qu'a le roy d'esire éloigné d'elle
luy donne une extrcsme envie de retourner
bientost à Paris » Enfin , arrivé à Bordeaux
le a 3 décembre, Louis XIII se hâte de
taire savoir à sa mère le choix qu'il a fait
du sieur de Vie pour garde des sceaux :
«comme elle l'ayme plus que tout autre,
elle en aura plus de contentement. • Ainsi,
à peine de Luynes a cessé de vivre (juc
Louis XllI retourne vers sa mère. Et le
même jour (i5 décembre), Scliomberg,
qui était auprès du roi , écrivait à Richelieu :
« Vous sçaurez par M. de Cusiojoux les
causes des remises de son voyage. Il em-
porte à la reyne le contentement qu'elle
désire et auquel vous avez part. La mort
de M. le connestable remplit le roy et la
cour de deuil, et comme S. M. se trouve
chargée de beaucoup d'affaires qu'elle con-
fioit à sa suffisance , elle s'est résolue aussy
de travailler plus assiduement à ce qu eUe
juge estre du bien de son estai, n Le 26,
BuUion mandait au secrétaire dElat Pui-
.sieux : « M. Desdiguières désire avec pa.s-
sion qu'il plaise au roy de prendre le prin-
cipal timon de ses affaires. . . c'est le
principal souhait de tous les gens de bien. »
(.Arch. des Aff. étr. France, t. 01.) L'au-
teur de l'Histoire de Marie de Médicis dit
que, dans une lettre du 22 décembre , cette
princesse elle-même le lui avait conseillé.
Marillac , qui avait été envoyé à la cour,
écrivait : n II veut doresnavant gouverner
sa personne et son estât par luy-mesme et
non plus par autruy ... Il dit que jamais
plus il ne tasteroit de favorit, ny de con-
nestable , qu'il agiroit par luy-mesme. •
(Aff. étr. France, t. 32, pièce 64% auto-
graphe.) C'était là une résolution que
Louis XllI pouvait bien être tenté de
prendre , mais qu'il était incapable d'exé-
cuter.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 491
trouve par iceux que mes prédécesseurs ont receu beaucoup de bien
par le passé, ce qui me satisferoit beaucoup si ce n'avoil point esté à
condition de le rendre.
Pour satisfaire à l'ordre que vous me donnés de vous mander des
nouvelles, bien que vous en sachiés plus que moy, je ne lairray de
vous dire que M. du Plessis-Mornay est fort estonné de voir que l'es-
prit de Dieu, qui parle en luy et en ses frères, et qui l'advertit de
toutes choses importantes à son salut et au maintien de sa religion,
ne l'ayt point adverty des accidens qui luy sont arrivez. Ce qui faict
que, bien qu'il demeure en son erreur, il est résolu de faire employer
la première assemblée, non à faire traitter d'affaires politiques, mais
à faire rayer cet article de leur créance; en quoy bien qu'il trouve
beaucoup d'esprits disposez , il ne lairra d'avoir de la peyne , tous ses
Irères recognoissans que, bien qu'il soit leur pape, il n'a point le
don des miracles. Ils crient harault sur luy, et recognoissent qu'il a
esté toute sa vie très-mal propre à deffendre des passages, tesmoin
l'action delà conférence de Fontainebleau'.
M" de la Rochelle ont autant de division parmy eux qu'il y a de
contrarietez en leur créance, et leurs ministres, pour éloquens qu'ils
soyent, ne sçauroient empescher, à ceux qui ont tant soit peu d'esprit,
de voir clairement que l'affaire présente qu'ils ont à démesler est
aussi mauvaise à leur party que leur erreur est préjudiciable à leurs
âmes. Tout ce que je plains en* cette affaire est vostre bon parent'^ que
j'aime de tout mon cœur nonobstant son hérésie. Je souhaitte qu'il se
tire bagues sauves pour sa personne, comme je n'en doute point.
Je laisse ce discours pour vous dire le souvenir que la reyne a
souvent de vous, accompagné de tout plein de tesmoignages avanta-
' Où Mornay eut pour adversaire vie- * Quel était ce parent .^ Nous voyons du
torieux Jacques Davy Duperron, évèque moins, par un mot effacé deux lignes
d'Evreux et depuis cardinal en 1600. Ce' plus bas, que c'était un officier alors à
n'était pas sans intention que l'évèque de l'armée; le paragraphe suivant conimen-
Luçon rappelait ce souvenir à Jean Davy çait ainsi sur la minute : « Je laisse le dis-
Duperron , frère de Jacques , auquel il avait cours de guerre pour, etc. »
succédé sur le siège archiépiscopal de Sens.
63.
492 LETTRES
geux à mon protecteur', qui ne perdra jamais cette qualité, m'asseu-
rant qu'il ne la voudroit pas changer en une autre estant très-certain
que jamais je n'y consentirois.
Je me resjouis de l'espérance que vous me donnés de vous voir; ma
. joye seroit entière , si vostre voyage m'apportoit les occasions de vous
servir.
Nous avons maintenant force dames en cette cour, et entre autres
une dont vous escrivistes de Fontainebleau, qui en vaut cinquante^.
Nous nous en allons à Chinon demeurer trois ou quatre jours, pour
de là prendre la route de Poitiers , auprès duquel s'il se trouvoit un
Cousières*, la reyne en mesureroit volontiers les allées pour 8 ou
1 o jours. La demeure de Poitiers n'estant pas des plus agréables, s'il
se trouve quelque maison à une ou deux lieues de là qui soit belle ,
je croy que jusques à temps que le roy retourne à Poitiers, nous y
passerons quelque temps. Nous n'irons point voir si tost le maire
d'Angers* dont vous parlés. Il a esté fait authentiquement avec la
contradiction de quelques-uns, mais par l'eslection de la plus grande
part. Je m'imagine qu'il y [a] ^ tous les jours quelque bras ou jambe
cassée sur le pavé de vostre gouvernement, ne croyant point que ce
cheval halesan que vous sçavés demeure tousjours à l'escurie. Quant
à ce que vous m'ordonnes de vous mander si tout va bien pour le
contentement de la reyne, nostre bonne maistresse, je vous diray ^
qu'il y eust à Saumur quelque difficulté pour les logements par la
faute des mareschaux des logis; mais que jamais la reyne et M. le
connestable ne se sont séparés en meilleure intelligence, comme je
m'asseure qu'il vous tesmoignera luy-mesme. Elle prend une très-
grande part au succez du voyage du roy. Le porteur vous dira le reste.
' Serait-ce l'archevêque de Sens? reine mère d'Angers. Voir ci-après, p. ^94-
^ Sans doute la marquisedeGuercheville. ' Ou « aura», le mot a été oublié.
' Souvenir de l'heureuse réconciliation ° Richelieu avait dicté «je vous diray
de la reine mère et du roi au château qu'ainsy que l'éclipsé du soleil fut accoui-
de ce nom, en 1619. pagnée. . . » et il s'est interrompu pour
' H y avait encore une autre considéra- faire effacer cette comparaison et conti-
tion qui pouvait en ce moment éloigner la nuer tout simplement.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. /i93
Cette lettre est un peu longue, parce que la vostre n'estoit pas
courte, et que, quoy que je vous cède en toutes choses, je ne veux
pas me laisser vaincre en ce genre, à vous niesme, ny à personne du
monde , en vous tesmoignant que je suis . . .
LXXXIII.
Arch. des AIT. étr. France, t. 29, pièce i3o. — Minute de la main de Charpentier.
AU P. AR\OUX.
[Vers le tiers du mois de juillet 1631 '.]
Monsieur, Vous cognoistrés plus par eflets que
par paroles la continuation des bonnes intentions de la reyne. Ellle a
esté touchée du peu de cognoissance que les mareschaux des logis
ont tesmoignée avoir de ce qui est deub à sa personne, mais cela ne
la de.stournera point de contribuer, si peu qu'elle pourra, aux bons et
saincts desseins du roy son fils. Elle sçait bien le desplaisir qu'il a eu
de ce qui s'est passé en son logement, comme aussy celuy de Mons'
le connestable; mais il luy fasche que le monde ayt occasion de juger
qu'elle soit à mespris.
Croyés que jamais princesse n'eust les intentions meilleures qu'elle
a, et que, comme sa bonté est indicible, son cœur est sy grand qu'elle
est facilement touchée des defiFauls des respects qui luy sont deubs'^.
Le bon père Suffrant, qui est plus homme de bien que moy, vous
asseurera plus particulièrement de la bonté de ses desseins. C'est ce
qui faict que je ne vous en dis pas davantage, joint aussy que j'espère
avoir le bien de vous voir . . . '
' Même date à peu près que la pièce pré- été coupée; mais la minute d'une lettre
cédenle. adressée sur le même sujet au cardinal de
' Richelieu fait valoir de son mieux les Retz et qui se termine par ces mots :
qualités de la reine mère ; il explique de - « l'honneur que j'auray de vous voir de-
manière à les justifier ses susceptibilités; main fait que je ne vous diray autre chose
ce n'est pas là le langage d'un homme qui sinon , etc. » indique à peu près ce qui
trahit sa maîtresse. manque ici. (Lettre notée aux Analyses. )
' Le sens n'est pas fini, une ligne ayant
494
LETTRES
LXXXIV.
Arch. des Aff. étr. France, t. 32, pièce 66. —
Minute de la main de Charpentier.
[INSTRUCTION POUR M. DE MARILLAC]
[Vers le 10 juillet 1 62 1 '.]
M. de Marillac fera entendre particulièrement ce que c'est que la
fortification d'Angers, tant célèbre dans l'histoire, en fera voir le plan
et poursuivra instamment pour qu'on envoyé promplement quelque
homme fidelle et seur sur les lieux , pour justifier fimposture de ceux
qui ont donné des advis pour donner des mauvaises impressions des
actions et intentions de la reyne, qui est allée à Tours, pour n'aller
point à Angers qu'après que le roi aura justifié cette calomnie^. Ledict
' Louis de Marillac fut envoyé par la
reine mère vers le roi, occupe alors à la
guerre de Languedoc. Dès le commence-
ment de ce voyage Marillac fut pris par des
coureurs de la Rochelle; il écrit aussitôt, le
lajuillet, pour prier la reine mère de le ré-
clamer. On voit, par une lettre du 24 , qu'il
était arrivé le 17 auprès de Louis XIII,
mais les affaires du siège n'ont pas encore
laissé à de Luynes le moment de traiter de
l'objet de sa mission. L'archevêque de Sens
écrit aussi de Montauban le 27 août; il a
su par M. de Marillac les intentions de la
reine mère; «c'est la vérité, dit-il, qu'il y
avoit un peu de rumeur sur le faict d'An-
gers. » (Ms. cité aux sources, fol. 24 et
49.) Le présent mémoire a donc dû être
écrit vers le 10 juillet. Richelieu informe
de cette mission le P. Arnoux et le duc de
Luynes. (Voy. à la même date ces deux
lettres , aux Analyses ci-après.)
^ Marie de Médicis avait accompagné
le roi en Béarn ; au retour et après le
siège de Saint-Jean- d'Angely (cette ville
se rendit le 24 juin) , la reine mère s'éloi-
gna de la cour. Elle croyait avoir à se
plaindre du duc de Luynes qu'elle soup-
(j^onnait de contrarier par de mauvais of-
fices secrets la demande officielle qu'on
avait promis de faire d'un chapeau de car-
dinal pour l'évèque de Luçon. Richelieu
ne parle pas ici de ce sujet de méconten-
tement, mais nous 1 apprenons de Bassom-
pierre , qui dit : « Le roi s'acheminait vers
Montauban, quand la reine mère, qui
était revenue à Tours, pour nous animer
contre le connétable, envoya par M. de
Sardini une lettre, etc.» [Mém. t. Il,
p. 275.) Au reste Richelieu fait à ce mo-
ment, dans ses Mémoirei (t. II, p. 169 et
suiv.) , de grandes plaintes du connétable ,
sans parler du grief qui le touchait profon-
dément. La reine mère se plaignait d'ail-
leurs de ce que , durant son séjour à Mata ,
elle n'avait pas été traitée avec les égards
dus à sa dignité.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 495
sieur de Marillac ayant, comme il a, le plan d'Angers dans la teste,
fera voir aussy comme, quand on y auroit faict tout ce qu'on peut
imaginer, on n'en feroit pas la citadelle de Milan, ny rien qui rendist
S. M. ou ses serviteurs plus considérables, comme on a dit à la cour;
par où il est aysé à juger quels desseins on peut avoir.
Il est question d'une muraille de six pieds d'espais et de dix ou
douze toises de long, qui couste, à tout rompre, quatre ou cinq cents
escus, quoyf[ue le roy en ayt donné deux mil accordez dès Angou-
lesme.
Le surplus des deux mil escus est destiné pour ime autre muraille
nécessaire pour boucher un endroit du fossé qui a crevé.
Il est important de faire concevoir l'occasion qu'on auroit de se
plaindre, si on recevoit ainsy tous advis, et qu'on envoyast des gens
dont le naturel est d'en donner de mauvais , pensans se renrlre néces-
saires; en quoy ils font un très-grand tort, et à ceux dont ils donnent
les advis, et à ceux à qui ils les donnent, qui désireroient qu'ils feus-
sent bons. Sur cela il confirmera ce que du Mont aura dit de Bourg-
leroy. Il est aysé de justifier, par la suite des choses passées, combien
de fois on en a donné de pernicieux et mauvais; et, sans aller plus
loin, par celuy de la prise dud. s"" de Marillac.
11 est important que le roy cscrive à la reyne qu'il se moque des
bruicts qui courent de la fortification d'Angers; qu'elle ne s'en mette
point en peine ; qu'il approuve toutes ses actions et intentions, sachant
bien qu'elle n'en peut avoir que de bonnes pour luy '.
Au reste, quiconque voudra considérer et les intérests généraux de
la reyne, et ceux qu'elle et les siens peuvent avoir en particulier, co-
gnoistra qu'ils deppendenl tous de l'avancement des affaires du roy,
et d'une estroite liaison avec S. M. et M' le connestable, et que ce qui
manque à son contentement consiste en ce qu'elle voit que cette
union n'est pas telle qu'elle désireroit.
Depuis qu'elle a esté de retour auprès du roy elle a faict tout ce
' Ce paragraphe est écrit à la marge, sans renvoi. ,
496 LETTRES
qui iuy a esté possible pour s'unir de plus en plus à M. le connes-
tahle, et tant s'en faut qu'elle ayt entretenu aucune cabale, que, con-
servant une amitié honneste avec ses amis, elle n'a rien oublié de ce
qu'elle a peu poui- éviter non-seulement les ombrages, mais oster
toute espérance à ceux qui pourroient avoir dessein de mono-
poles ' .
Il fera cognoistre qu'il importe grandement au contentement de la
reyne que le roy ait asseurance de ses actions, et que si, récompen-
sant ceux qui donneront de bons advis, on en punissoit un de ceux
qui treuvent des calomnies contre elle, M. le connestable feroit faire
une action très-avantageuse pour Iuy.
Il fera voir à M. le connestable la lettre de Madame de Vézint, et
le priera de terminer cette affaire avec La Ferrière.
Priera aussy M. le connestable de faire régler le rang de la compa-
gnie de chevaux légers de la reyne, en sorte que, quand elle se trou-
vera en l'armée, sans contestation on la laisse marcher comme elle
doit 2.
N'oubliera de parler du dégast que les troupes qui s'amassent ont
faict en Anjou en l'absence de la reine, et de la considération que la
reyne a eue pour les en empescher, veu qu'il se trouve des gens qui
voudroient tousjours faire mal interpréter ses actions, quelque bonnes
qu'elles soyent. De façon que si la reyne les eust faict charger', ce
qui Iuy estoit aysé, les meschants eussent dit que c'eust esté pour
retarder le service du roy. Si on les laisse, Bourgleroy craignoit qu'il
n'y eust de l'intelligence. Ainsy il se trouve inconvénient partout,
dont on n'est relevé que par le jugement de Monsieur le connestable,
et l'affection qu'il a au service de la reyne.
' En marge le secrétaire a écrit : « Hu- marge du haut de la page , l'autre en un
guenots rcflusez. On ne va point à Paris coin du bas , sans nulle indication de la
exprès. » Mots que peut-être on voulait dé- place qu'ils doivent occuper; nous les
velopper dans la lettre à expédier. donnons ici à la suite les uns des autres.
' Ce paragraphe et le suivant sont à la ^ Cette expression s'explique par le»
marge, sans renvoi. Des deux paragraphes mots : t faire battre le tocsin,» quelques
qui viennent ensuite, l'un est écrit à la lignes après.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 497
La reyne désire qu'on mette ordre à ces troupes, qu'elle ne peut
voir loger ainsy sans faire battre le tocsin.
M. de Marillac fera souvenir M. le connestable de l'ombrage qu'il
luy a dit qu'on avoit eu de ce que la reyne avoit offert des troupes,
quoy qu'elle l'eust faict à très-saine intention, pour tesmoigner que
non-seulement approuvoit-elle le conseil du roy, mais qu'elle y vou-
droit contribuer tout son pouvoir.
M. de Marillac verra M. le cardinal de Retz, M. de Sens, le P.
Amoux , M. le garde des sceaux, M. de Schomberg et tous ces M" du
Conseil pour leur donner une impression véritable de l'affaire d'An-
gers.
Ne se plaindra en aucune façon du duc d'Espernon; mais, au con-
traire, tesmoignera qu'il sçait bien ce qui se doit en cela, mais que
pour se descbarger d'envie, il a voulu faire juger par la cour.
M. de Marillac poursuivra, s'il lui plaist, le brevet de trois mil
livres de pension pour Madame de Vitry, (pie M. le connestable a
promis à la reyne par l'évesque de Luçon, à Coignac'. Cela importe,
afin que la reyne voye comme l'évesque de Luçon n'a pas avancé une
chose de luy mesme.
Il retirera, s'il luy plaist, aussy une ordonnance pour les s" de
Roches et du Tremblay, pour estre payez des appointemens de ca-
pitaines de chevau- légers, selon que M. le connestable l'a aussy
promis aud. s'' de Luçon, à Coignac.
Retirera les lettres-patentes portant commandement au comte de
La Rochefoucault de tenir main forte à ce que le service soit restabll
nomément en l'église de Mouchamp, et toutes les autres au diocèse
de Luçon , où jusques icy il n'a point esté remis. L'adresse en pourra
estre faicte au sénéchal de Fontenay, ou quelque autre de Poitiers,
selon les formes ordinaires.
Me fera aussy cette faveur de retirer le renvoy du conseil, donné
au rapport de M. de Marillac, son nepveu, pour M. de Brésé, et me
' Le roi était à Cognac du a6 juin au Ix juillet.
CtRDM. DE ItICIIEUEn. — Vil. 63
498 LETTRES
l'envoyer ; et retirer du secrétaire dudit sieur de Marillac le nom des
tesmoins et l'information par extrait.
LXXXV.
Arch. des AfI. étr. France, I. 32, pièce 35. —
Minute de la main de Cliarpentier.
A M. DE SENS'.
23 ou 2/1 juillet 1621.
Monsieur,
Si je vous escris quatre fois contre une, vous ne le trouvères pas
estrange , veu qiie nous n'avons pas beaucoup à faii'e , et que vous
estes en des occupations continuelles dans le grand monde où vous
estes. Tout est ])ien, pourveu que vous ne soyés pas diverly de vous
souvenir de vos amis, particulièrement de moy, qui ne cède à per-
sonne en affection. Mais j'appréhende d'estre mis au rang des péchés
oubliez. La reyne se tient bien asseurée qu'il n'est pas de mesme
d'elle; je luy en responds sans qu'il en soit besoin, v(;u la conliance
' (je nom est note au dos par Char-
pentier. Le secrétaire des Mémoires a
ajouté : «Cette lettre a esté envoyée par
Bourgleroy. » Qu'était rc Bourgleroy ?Nous
lisons dans tin extrait des lettres de
Lguis XIII à la reine sa mère : «Il luy
envoie Bouleroy pour lui offrir tout ce qu'il
pourra pour la délivrance de M. de Ma-
rillac. » (France, t. XXX, pièce i35 bis.)
Marillac avait en effet été arrêté par un
parti de huguenots (ci-dessus, p. à^à,
note 1 ) ; mais l'objet de sa mission , indiqué
par le roi, semble n'avoir été qu'un pré-
texte; Hicbelieu est plus explicite dans ses
Mémoires : « Eu ce temps l'abbaye de
Redon, qui étoit en Bretagne à la nomina-
lion de la reine, ayant vaqué, le coune-
* Voyez lUie lettre au duc fh) ï.uynes, L I, [>. <><)o.
table lui envoie Bourleroy poiu- lui en ôter
la disposition'. Cet homme, dès qu'il est
arrivé, répand de tnauvais bruits de tous
côtés contre la reine; qu'on étoit à la cour
en grande méfiance d elle ; qu'il en avoit oui
[)arler au connétable, etc.» (l. II, p. i 7^.
-— Voy. ci-après, p. 5oi, note 1 ). Cepen-
dant la mission de Bourgleroy nous servira
à donner ime date à cette lettre. Il est en-
voyé vers la reine mère le 17 juillet, en
la quittant il emporte ta présente lettre,
et dans une mirsive subséquente du 27
juillet (ci-après, p. 5oo), Richelieu doute
qu'elle soit encore parvenue; on peu!
donc supposer qu'elle fut écrite à une date
très voisine du 27 juillet.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 499
qu'elle a en vous. La différence qu'il y a entre le niaistre et le valet,
fait que cette considération ne m'asseure pas en mon particulier. Ce-
pendant, non obstantmes appréhenlions, je suis content, sachant bien
que vous ne pouvés estre envers vos amis autre que ce que vous avés
toujours esté; c'est-à-dire tel que leur affection et leur sincérité en
vostre endroit le méritent.
Après cela je vous diray que M. le connestable me fait fhonneur
de me mander que quelques-uns philosophent siu- le voyage de la
reyne; et il me le mande obligeamment pour S. M., veu qu'il dit qu'il
en fait im jugement contraire '. A cela je dis à vous, qui estes comme
vous sçavés mon confesseur, qu'il n'y a, en ce voyage, autres causes
que celles que S. M. vous a dites elle-mesme. De cela je vous en puis
asseurer, ne cognoissant point que la confiance qu'elle a en nioy soit
diminuée par les bons offices qu'on m'y peut ou veut rendre.
Vous cognoislrés, par expérience, que la franchise et la fidélité de
la reyne et de ses serviteurs ne peut estre plus grande. Je dis par
expérience, parce cpie vous ne vous verres point trompé aux paroles
qu'on vous a données.
Tout le desplaisir de la reine n'aboutit que de ce qu'elle pense que
M. le connestable mesprise d'avoir son amitié jusqu'au point auquel
elle le désireroit, m'ayant dit plusieurs fois, depuis son partement,
sur ce qu'on peut repartir pour adoucir son desplaisir, que, s'il en
faisoit Testât qu'elle désire, il la tiendroit entre le mespris et le pou-
voir-. Parfois ses pensées luy donnent de la mélanchblie, dont on
' M. de Luynes avait écrit à l'évêqiie
de Luçon , le 9 juillet : « Je voudrois avoir
donné de mon sang et que vous feussiez
avec nous. . . Il est très-certain que l'on
tr[ouve à] * redire que vous soyés venu
jusques à Sain[t-Jean] pour retourner tout
court; nul ne peut en savoir la cause et
chacun en filosoplie à sa fantaisie, et tous
avec un jnauvais jugement; pour nioy je
* Il ^ a quelques déchirures.
ne vous dis pas ce que je dis et ce que je
fais; vous le sçaurés par d'autres.» (Ms.
cité aux sources, pièce 11'). Dans la lettre
du 27 juillet, IHichelieu rappelle celle ci
à l'archevêque de Sens.
' La reine mère veut qu'on respecte sa
qualité sans demander part dans le gou-
vernement. — J'explique ainsi cette phrase
où la concision jette quelque obscurité.
63.
500 LETTRES
tasche, autant qu'il est possible, de la divertir. Mais elle attribue
tout à ceux qui luy rendent de mauvais offices auprès de M. le con-
nestable, et estime qu'agissant en cela par son inclination, il y auroit
bien du changement à son avantage.
Quant à l'affaire des Huguenots, je puis respondre devant Dieu
qu'elle désire la ruyne de leur party. Elle affectionne la personne de
M" de Rohan et de Soubise, mais elle donnerait de son sang pour
voir le party du tout à néant.
Voilà tout ce que je vous puis dire, sinon qu'en la vie que nous
faisons par la campagne, je n'y trouve contentement que celuy qu'on
a d'avoir deux ou trois heures à soy. Je voudrois bien en prendre da-
vantage poiu' aller passer douze ou quinze jours chez moi, mais je
n'ay pas encore recherché d'avoir cette licence.
Mandés-moy si vous estes encore en volonté d'achepter une terre
en ces quartiers ', car si cela est je m'enquerravparticidièrement d'une,
laquelle on m'a dit qu'on veut vendre, qui n'est qu'à quatre petites
lieues de Richelieu.
Pour moy, mon désir va, non à payer mes debtes, ny à faire ac-
quest, mais à achever un meschant bastiment commancé, et à vous
tesmoigner que je suis plus que personne. . .
LXXXVl.
Arch. des Ail. étr. France, t. ag, pièce do. —
Minute de la main de Ciiarpenlier.
A MONS. DE SE!VS\
27 juillet 1 C5 I '.
Monsieur,
Vous recevrés ou aurés receu une de mes lettres par le s'' de Boulroy,
' L'archevêque de Sens avait prié Hi- dos de la minute, qui manque de suscrip-
(lielieu quelques mois auparavant de se tien,
charger dune telle commission. ' Au bas de la minute le secrétaire a
* Annotation mise par Charpentier au mis: «27° juillet» sans année. Une main
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
501
parce qu'il a pris un pacquet de M. Bouthillier où elle est. Aucun
autre n'en recevra par cette voye , d'autant qu'il s'est oublié de prendre
mon pacquet.
Après ce préambule , je vous diray que la reine envoie ce gentil-
homme pour se plaindre du procéder diid. Boidroy, qui, à la vérité,
est très-mauvais, ainsy que ce gentilhomme vous fera entendre. C'est
un esprit recogneu dangereux de longtemps, à ce qu'on dict, grand
causeur et ([ui recherche à s'establir une négociation par laquelle il
puisse tirer quelque utilité en rapportant des nouvelles. Mais son des-
sein sera trouvé aussy mauvais de delà que de deçà, je m'asseure '.
Il est très-important de réparer ce qu'il a faict, rien n'estant plus
nécessaire que de faire cognoistre une bonne intelligence entre le roy,
la reyne et M. le connestable, qui est un but que cestuy-ci ne s'est pas
proposé. Le vray moyen est de renvoyer, quand il plaira au roy,
quelque homme sage et discret, qui die non-seulement à la reyne,
mais publie hautement que le roy agrée ses comportements, trouve
bon qu'elle demeure en son gouvernement, et partout où il luy plaira,
et y face ce qu'elle jugera à propos pour le bien de son service et de
son contentement à elle.
Je vous puis asseurer que la reyne n'a point creu que tout ce qu'a
dit led. Bourgleroy vienne d'autre personne que de sa leste , et que
moderno a écrit en tête, sans doute pour
le classement , tay juillet 1619. » Ce mil-
lésime est fautif; diverses circonstances
de la lettre donnent clairement 1C21, une
seule sulTisait : Luynes ne fut fait conné-
table qu'en avril de ladite année.
' Nous avons dit (p. 498) les motifs
de mécontentement de la reine mère
contre Bourgleroi; à ce sujet l'ardievêquc
de Sens mandait à Richelieu , le 7 août :
«J'ay failles plaintes que vous avez dé-
siré pour le voyage qu'on a fait vers
vous; M. le connestable m'a tesmoigné
de nouveau cstre en pleine confiance pour
ce qui regarde la reine et vous. » De son
coté Luynes écrivait, en déplorant les
méfiances qui jetaient le trouble partout :
I Employez plus tostvostre esprit et vostro
soin à bien faire, comme vous faites, qu'à
toutes ces peliles filosopliies qui ne servent
à rien qu'à nous donner de l'alarme. . .
Le lîoiirleroy jure et proteste «ju'il n'a
rien dit que ce qu'il a entendu en vos
quartiers s'il a dit ([uelque chose
qui vous peust fasclier, c'est de quoy je ne
l'advoue pas. (8 août, France, t. XXXII,
pièces i4 et 28. )
502 LETTRES
la civilité contenue en cette lettre , que je vous mande qu'il est im-
portant de faire, satisfera grandement son esprit.
Du reste, laissés-moi faire, et vous verres que nous nous compor-
terons non pas mieux que vous pensés, mais mieux que les meschans
et les envieux ne voudront dire. Asseurés-en, s'il vous plaist, Monsieur
le connestahle, et croyés que je manqueray plustost à moy-mesme
que de manquer à la franchise et à famitié qui est entre nous.
Je ne veux pas oïdjlier de vous dire, comme à mon cher amy,
que ' depuis Matta je n'ay eu aucune des petites disgrâces que vous
sçavés, et que je suis assés bien pour empescher que quelques uns,
qui m'envient en la condition en laquelle je suis, n'ayent occasion de
rire.
J'ay bien de quoy vous entretenir, mais j'ay peur que nous soyons
longtemps sans nous rejoindre.
27® juillet.
LXXXVII.
Arch. des Afl'. étr. France, t. 29, pièce iSlt. —
Minute de la main de Cliarpentier.
A M. DE MARILLÂC?
[Vers ic 17 ou 18 août 1621 *. ]
Monsieur, Je viens de recevoir des lettres de
M. de la Cochère, lesquelles je vous envoie pour que vous preniés
la peine de donner cognoissance de la substance d'icelle à M. le con-
' Pendant le siège de SaintJean-d'An- qu'elles ne le soient pas, estimant que la
gely la reine mère habitait le château de moindre colère d'un maistre mérite aucu-
Matlia, bourg de Saintonge, situé à peu de nement ce nom. »
distance. — Il y a ici quelques lignes effacées ^ Nous avons trouvé une lettre de Ma-
où cette phrase avait été dictée de diverses rillac à Richelieu au moyen de laquelle
façons; Richelieu avait mis : « Depuis Matta nous pouvons donner à celle-ci une date
je n'ay encouru aucune disgrâce de mon à peu près certaine .... « Quant à la lettre
lijaistre. Je les appelle disgrâces quoi- de M. de la Cochère (mandait Marillac),
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 503
neslabie, qui ne peut qu'il ne le sache desjà par autre voye; à la
volonté duquel je me rapporte entièrement de ce qui est de mon
faict particulier en ce subjet. Outre mon intérest qui n'est mdlement
considérable, celui de la France ne l'est pas peu, qui recevroit deux
affronts tout de suitte. Vous verres aussy Tevtrait d'une auti-e lettre
que m'envoye led. s' de la Cochère qui se rapporte à une mesnu'
chose.
Siu- tout cela je vous laisse faire ce que vous estimerés à propos.
Je vous prie commimiquer de cette affaire à M"^ de Sens, et si vou^
trouvés grande difficulté à ce qui seroit nécessaire pour l'autoriser
du roy, ne faire aucune instance qui seroit importune, vous asseuraol
(jue mon ambition n'est pas si grande que je n'en tienne la bride en
ma main.
LXXXVIII.
Arcli. des Ail. olr. Fimiicc, I. 39, pièce iu2.
Minute (Je la luain de Cli.irpenlicr.
Monsieiu
A M. DE SENS,
[Vei-s le 1- im 18 août iG'
Comme ayant toute conllance en vous, je vous envoyé la inesnie
lettre que M. de la (lochère me vient d'escrire. Vous la verres, s'il
vous plaist, et je m'asseure que vous n'en ferés point différent juge-
ment. A l'advis de Rome l'affaire peut estre bientost réparée, si on
prend le chemin tju'il faut. De donner conseil là -dessus, votis stavés
.M. de Sens n'a pas esté d'advis ([n'en si il .s'agit, était datée de Rome, le 19 juillet;
peu de temps que j'avois à parler à liiv or c'est entre ces deux dates ([u'il l'aiil
(M. de Luynes), j entamasse le propos, placer la présente lettre de lîiclielieu.
mais je la remetlray samedi. » (T. XXXII, ' Même date que pour la lettre à M. de
fol. DO.) Marillac écrivait cela le a 5 août, .Vlarillac.
et la lettre de l'abbé de la Cochère, dont
504 LETTRES
que je ne le puis; vous seul le pouvés faire en mon absence, si vous
le trouvés bon. Surtout je vous prie prendre la peine de voir M. de
Luynes de vous-mesme , svu^ un bruit qui court que M. le Nonce de-
mande que M. l'ambassadeur revienne pour luy faire entendre le tort
que cela feroit au roy, puisque en cela les battus payeroient l'amende.
Je sçay bien que M. l'ambassadeur demande luy-mesme de venir pour
retourner, mais souvenés-vous que, si on prend ce temps, les Italiens
publieront que ce qui se fera pour une raison se fera pour l'autre; et
ainsy le désavantage en demeiu'eroit à la France.
Vous verres par la lettre plusieurs remèdes qu'on présente ; je vous
suplie de tascher de faire gouster ceux qui sont nécessaires pour l'hon-
neur de la France et poiu- l'intérest de M. l'ambassadeur, vous avouant,
entre vous et moy, que ce me seroit un extresme desplaisir qu'il ne
fust pas soustenu, comme il mérite, en ce qu'il a faict, mon intérest
en estant du tout séparé, non-seulement en cette occasion, mais en
d'autres.
Je vous prie donc. Monsieur, voir M. de Luynes ce soir, et agir de
vous selon vostre industrie et vostre prudence, ainsy que vous le
jugerés à propos en ce sujet, et de croire que je suis plus que per-
sonne du monde . . .
Je vous suplie de donner comnumication de la lettre de M. de la
Cochère au bon père Joseph.
LXXXIX.
Arch. des Aff. étr. France, t. 29, pièce laS. —
Minute de la main de Charpentier.
A M. LE CON.NESTABLE'.
[ août 1621.]
Monseigneur,
Il m'est impossible de vous exprimer le contentement que la lettre
' Note mise au verso par le secrétaire.
DU CARDINAL DE RICHEiJEU. 505
que M. de MariHac m'a rendue m'a apporté, pour y voir de nouvelles
asseurances et de vostre affection au service de la reyne, et de vostre
bienveillance en mon endroit, cpie je tascheray de mériter, par tous
les services fjueje pourray jamais vous rendre.
S. M. se porte, par la grâce de Dieu, fort bien. Quant à sa retraite ',
je vous supiie de croire qu'elle n'a point d'autre sid^ject que celuy
que je vous ay dit, qui est, en partie, sa santé; en partie, moins de
satisfaction particulière qu'elle ne désireroit aux points dont je vous
ay parlé ingénuement. Mais je vous responds que cela n'empesche, en
aucune façon, qu'elle ne désire tous les jours, de plus en plus, la
prospérité des affaires du roy, et à raison de sa propre personne et à
raison de la cause dont il s'agit. De cela. Monseigneur, je vous en
asseure, comme le sachant très-certainement. Et croyés, s'il vous
piaist, que tous ceux qui philosophent au contraire ne tirent pas leurs
conclusions de bons principes, et que vous, qui en jugés à son avan-
tage, ne serés point trompé en attendant d'elle tout ce que vous en
sçauriés désirer de concours de volonté et de son pouvoir, si elle en
avoit, en la ruyne de l'hérésie.
Quant à vostre personne, M. de Sens sçayt aussy bien que moy
qu'elle a de l'inclination à vivre avec vous en parfaite intelligence.
Elle vous lient très-bon ; j'use de ces mots parce que je luy oys dire
fort souvent en faisant jugement de vous; mais elle croit que vous vous
rendes facile à recevoir de mauvaises impressions en ce qui la touche,
et que vous estes destourné par autruy, et non par vous, de beau-
coup de choses qui pomroient luy apporter tout contentement.
Après cela, il ne me reste rien à vous dire, sinon à me resjouir du
progrès des armes du roy'^, et de vous conjurer, non-seulement comme
' La reine mère quitta le roi après la des mépris (selon son expression), que
prise de Saint-Jean -d'Angely (voye^ ci- la reine mère eut à subir dans ce voyage
dessus, p. 49a)- Cette circonstance donne, ' au siège de Saint- Jean-d'Angely. (T. II,
pour la présente lettre, une date peu p. 177.)
éloignée du retour de Marie de Médicis " 11 s'agit sans doute de Clèrac, assiégée
en Touraine. Richelieu se plaint amère- après Saint-Jean-d'Angely, et prise le
ment dans ses Mémoires des dègoùt», 4 août.
CABniN. DE RICBELIED. VU. 64
506 LETTRES
ecclésiastique, mais comme François qui aime le bien de Testât et
vostre serviteur particulier, de parachever ce que vous avés desjà sy
heureusement commencé, et ce dont la fin couronnera indubitable-
ment l'œuvre. Tous les gens de bien le désirent ainsv. A ce souhait
j'adjouste encore celuy que je fais de la continuation de vostre bien-
veillance, et de vous pouvoir tesmoigner que je suis. . .
XC.
Arcli. des Aff. étr. France, t. 39, pièce iSa. —
Minute de la main de Charpentier et de celle de Hiciielieu.
LKTTRK DE LA REINE MÈRE
A M. DE SENS'.
[..... août 1621 ".]
M" de Sens, envoyant^ tesmoigner au roy Monsieur mon fils la joye
que j'ay de l'avancement de ses affaires, *[je ne puis que vous tesmoi-
gner le souvenir que j'ay et auray tousjours de vous.] Le s'' de Ma-
rillac m'a rapporté qvie mon cousin le connestable luy avoit dit que
quelques-uns faisoient mauvais jugement de mon voyage. [Mais je
me mocque de leurs jugemens; si c'est faute de chercher repos
lorsqu'on est inutile et qu'on ne peut rien que par souhait, que j'auray
aussy bien tels qu'il faut, en quelque lieu que je sois, que dans les
chaleurs du Languedoc, j'ay tort, mais non pas autrement. Mes actions]
feront cognoistre à tout le monde qu'il n'y a personne qui affectionne
la personne du roy Monsieur mon fils et désire le bien de son estât
à l'esgal de moy. Vous avés tousjours respondu de cette vérité, vous
n'en serés jamais en peine. Ayés donc cette créance puisqu'elle est
très-certaine et que je suis ...
' Ce nom esl noté au dos. ' Une ligne raturée dit que ce messa^jer
' Marillac était de retour de la mission était le sieur Desbordes,
qui lui avait été donnée auprès du P. Ar- * Les passages enfermés entre crochets
uoux en juillet. (Voy. ci-après., juillet, aux sont de la main de Richelieu.
Analyses. )
DU CARDINAL DE RICHEf.IEU. 507
Au verso, Richelieu a écrit ces lignes, qui peut-être ont été introduites dans
l'original :
[Sij'estois utile à ce qui se fait, je mespriserois ma santé. . .
Vous savés jusques à quel point je désire m' unir avec mon cousin
le connestable, j'ay faict tout ce que j'ay peu pour cela; il ne trou-
vera jamais d'amy plus asseuré en sa parole; mais je ne puis digérer
le mespris; j'ay le cœur grand, mais je ne suis point trompevise, et ne
le seray jamais. Je m'asseure qu'enfin il me cognoistra et m'aymera.
Je me descharge à vous , comme j'ay faict plusieurs autres fois. Et sur
cela, etc.]
XCI.
Arch. des Aff. étr. France, t. 3i, pièce 182. —
Minute de la main de Charpentier.
A L'ARCHEVESQLE DE SENS.
[ août 1621.]
Monsieiu',
Je vous escrits moitié par commandement, moitié de mon instinct.
Mon commandement va à vous dire que la reyne cognoist bien qu'on
se mesfie d'elle, et qu'on verra bien que c'est sans sujet. Ensuitte je
vous diray que plusieurs discours que j'ay entendus me font juger que
S. M. n'est pas trompée au jugement qu'elle fait de ceste mesfiance.
Or je vous dis, suivant la franchise que vous avés tousjours cogneue en
vos amis, que ces ombres sont sans corps'. Le dégoust de la reyne gist
en ce qu'elle vous a dict et que j'en ay parlé ^ à M. le connestable,
qui aboutit à peu d'honneur et non ultra. En un mot, je vous dis,
internos, que nous sommes et serons à l'espreuve de toutes tentations.
Ce n'est pas qu'il nous en soit venu; mais souvenés-vous de ce que
' «Que ces ombres sonl sans corps,» niier volume, p. Gfji), laquelle a dû être
ces mots sonl écrits de la main de Riche- écrite en même temps que celle-ci.
lieu, et je les trouve répétés dans une ' L'incorrection de cetle phrase vient
lettre à M. de Luynes (voy. notre pre- d'une surcharge mal faite.
64.
508 LETTRES
je vous en dis [pour les occasions qui se pourroyent présenter] : un
procéder de confiance est capable d'obliger grandement la reyne. Le
porteur, qui se sera enquis dans le pays, pourra dire s'il s'y faict aucime
chose de mal à propos. J'ay veu un temps que la reyne appréhen-
doit les mauvais rapports; mais depuis quelques temps elle ne s'en
soucie plus; d'autant, dit-elle, que n'ayant point de pensée qui luy
puisse nuire vers ceux à qui on les pourroit rapporter, le temps es-
claircit tout. Hier au soir elle usa de ces termes et me commanda de
vous les mander. Entre vous et moy, je ne vous puis celer que le
porteui- ne m'ayt dit une chose qui ne me plaist aucunement, qui est
qu'on persuade à M. le connestable que la reyne lui veut un extresme
mal. Par là jugés si je n'ay pas deub entendre et craindre tout en-
sen)ble que M. le connestable en peusl avoir quelque impression. Si
cela est véritablement, il feroit tort à la reyne, dont vous sçavés la
sincérité aussy bien que moy; et ensuilte je prétendrois avoir grand
sujet de plainte, dont je luy demanderois raison à luy-mesme , sçachant
bien qu'il ne le trouveroit point mauvais. On ne sçauroit recevoir vm
plus grand desplaisir que de voir, lorsqu'on faict tout ce qui se doit, et
le mieux qui se puisse faire, que la recognoissance qu'on en a con-
siste en mesfiance. Je voudrois que nous poussions nous entretenir
une heure. Cependant ma conclusion sera (jue la reyne souhaitte pas-
sionnément la ruyne de Ihérésie, et y voudroit contribuer tout ce qui
luy seroit possible. Je vous dis plus, la voir en telle disposition que,
pour tesmoigner son affection au service du roy, rien ne l'empesche
de suivre au bout du monde, que ce que vous sçavés qu'elle a dans
l'esprit de n'estre pas traittée selon sa qualité de mère du roy.
Je voudrois de bon cœur avoir donné de mon sang, et qu'il y eust
remède à ce mal. Tous les esprits seroient plus contens; la naturelle
demeure de la reyne est d'estre auprès du roy. Je le souhaitterois
encore particulièrement parce que M. le connestable y auroit de l'a-
vantage , estant impossible qu'avec le temps il ne s'ajuste avec la reyne ,
en sorte qu'ils vivent avec confiance l'un avec l'autre. Je ne sçay, voyant
les dispositions de part et d'autre, d'où peut venir l'empeschement.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 509
Dieu le dissipera, s'il lui plaisl, et lors M. le connestabie vei-ra qu'on
ne l'aura point trompé.
Elle vous aime sincèrement et vous tient d'une franchise incompa-
rable à tous ceux à qui vous la promettes. Il n'y a pas deux jours que
je luy ay ouy dire de vous ce que vous m'avés dit deux ou trois fois
de celuy qui vous escrit, savoir est, qu'il n'aime pas tout le monde,
mais que ceux qu'il aime il les aime entièrement. C'est, Monsieur,
tout ce que je . . .
XCII.
Arcli. des Aff. étr. France, t. 3i, pièce i83. —
Minute de la main de Cliarpentier.
INSTRUCTION POUR LE SIEUR DES ROCHES'.
[ î 1 octobre 1621 '. ]
M. de Roches va pour sçavoir des nouvelles du roy, luy tesmoi-
gner l'impatience que la reyne a du succès de ses affaires, etl'adverlir
comme elle s'en va à Paris, la saison la chassant de la campagne.
11 n'oublira pas à dire que si elle pouvoit estre utile en quel(|uo
lieu du monde au .service du roy, ce seroit celuy qu'elle ['choisiroit
pour sa demeure,] n'avant dessein quelconque que de luy complaire;
mais qu'estant asseurée qu'elle fera partout ce cpi'elle doit, elle n'a
point de distinction de lieux pour son sesjour.
Il remerciera S. M. et M. le connestabie de la façon avec laquelle
' Cet officier au service de la reine icy- • — lo septembre, manuscrit cité aux
mère fut, dans ce temps-là, chargé de sources, pièce 109'. Ces lettres (•laicnt-
ptusieurs missions pareilles. Nous le elles interceptées ?
voyons, deux mois auparavant, auprès du ' Cette date est donnée par une lettre
roi, à Montauhan, d'où Marillac écrivait . de Uiclielieu àdeLuynes, écrite le même
à Marie de Médicis : • M. de Roches va pur que cette instruction. Voir aux Ana-
Irouver V. M. si elle ne reçoit pas de lettres lyses, ci-après.
de luy, ce n'est pas sa faute ; c'est la sep- ' Je mets entre crochets les mots écrits
liènie dépe.sche (|u'il fait depuis qu'il est de la main de Richelieu.
510 LETTRES
ils se sont gouvernez pour l'abbaye de Redon, et tesmolgnera à tous
les deux que la reyne leur en a d'autant plus d'obligation qu'elle
avoit remis à la discrétion du roy d'en user comuïe il luy plairoit.
Il n'oubliera ])as de rapporter le brevet pour M. Barbin, au nom
de Cliarles Barbin, et l'œconomat en blanc, pour estre remply du
nom d'un de ses amis.
Il consultera avec M. de Marillac s'il y auroit mal de proposer à
M. le connestable l'escliange de Redon avec Réaidmont, sur deux
subjets, l'un que Réaulmont est procbe d'une maison que j'ay en
Picardie, qui me la feroit désirer pour estre toujours plus en son
gouvernement; l'autre que Redon est en Bretagne, que la ville est
une place de quelque conséquence qui peut estre seroit plus consi-
dérable pour son beau frère.
Il faut prendre garde à ne rien proposer en cela qu'on n'ayt les
brevets, et qui plus est qui peust accrocher l'expédition de Rome.
Mais ayant les brevets je n'y juge point de mal.
Il faut se souvenir que le s' de Sainct-Luc a obtenu une commission
pour se saisir de la place de Redon, et que l'abbaye me demeurant, ce
seroit un afïron là la reyne et à moy si cette commission n'estoit révoquée.
Que la place ne m'importe point puisqu'on la veut permuter, mais
que l'ayant ce seroit une honte extraordinaire.
Si cette permutation ne se peut faire, M. de Roches se souviendra
de Rabat et de Livry.
Si M. le connestable parle de l'affaire de M"" de la Cochère, ou que
M. de Marillac et luy jugent à propos d'en parler comme d'euv-
mesmes, ils se souviendront qu'il y a lieu maintenant de la faire, et
qu'on sçait asseurément de Rome que si on le veut absolument la
chose est faicte, qu'Amadeau^ amy de M. de la Cochère s'en repose
sur cela, n'en veut faire ny pas ny planche, d'autant qu'il sçait asseu-
' Nous avons dit que c'était un des noms lieu l'avait envoyé à Rome, la promotion
sous lesquels on désignait Richelieu dans de l'évèque de l.uçon au cardinalat. Son
son intimité. Quant à ï affaire de l'abbé de affaire, à lui, la Cochère , était déjà faite, il
la Cochère, c'est celle pour laquelle Riche- avait été nommé évêque d'Aire en février.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 511
rément que si on le veut cela sera, et que si on ne le veut pas, il ne
le veut pas luy mesme, ne désirant rien qui se fasse avec inescontente-
ment. Mais qu'il suplie de croire que ny l'attente , n y la possession ne
le peut faire changer de procédure , veu qu'elle sera tousjours telle
qu'elle doit estre.
Il dira à M. le connestable que M. de Marillac a mandé à M. de
Luçon qu'il se plaignoit de luy, de ce qu'il ne luy avoit pas escrit le
voyage de la reyne , de Tours à Blois. Sur quoy M. de Luçon le suplie
de se souvenir que la reyne de sa propre bouche , et luy, luy ont dit
tout ce que S. M. faict maintenant devant que partir de Matta.
Que M. de Marillac luy a redit plusieurs fois, M. de J^uçon luy en
ayant escrit.
Que M. le connestable doit considérer que S. M. n'auroit sceu se
conduire plus innocemment et mieux qu'elle a faict depuis qu'elle est
partie d'auprès du roy, quand on luy auroit prescrit sa conduite.
Qu'elle n'a poùil esté à Angers à cause des faulx bruits des lorti-
lications encore imaginaires à présent.
Qu'elle est allée à Tours, lieu non suspect, où elle a demeuré
deux mois entiers.
Que de là, s'estent acheminée pour aller vers Paris, la rumeur
qu'elle a entendu y estre arrivée l'a arrestée tout coiut, attendant
que tout fenst passé.
Qu'il sçait mesme que longtemps auparavant elle a iuy de s'ache-
miner en ces quartiers cy, pour éviter certains ombrages; enlin que
sa disposition a esté telle que si les huguenots qui estant en Testât
auquel ils sont cherchent des appuis de tous costez , l'avoient sollicitée ,
non-seulement les eu.st-elle refTusez, mais qui plus est, dit tout ce
qu'il faudroit pour les réduire en l'obéissance [qu'ils doivent au] roy.
Que, se gouvernant de la façon ..elle tiendroil à grande injure qu'on
pensast qu'elle fust capable de machiner (juelque mal, et qu'elle en
voulust produire en quelque lieu qu'elle fust , sa bonne conduite
(ïstant attachée à sa personne et non aux conseils qu'on luy peut donnei
ou à la nature des lieux.
512 LETTRES
Quanta M. de Luçon,il tesmoignera, de sa part, qu'il auroit grand
sujet de se douloir, si, en se gouvernant comme il fait, au lieu d'en
sçavoir gré on en prétendist subjet de plainte.
Que le but qu'il a est qu'on ne trouve rien à redire en [ses actions].
Que la reyne est tellement jalouse de sa liberté que, s'd l'avoit
mandé , comme rendant compte de ce qu'elle doit faire , il se ruine-
roit manifestement auprès d'elle, et avec raison, puisque ce n'est pas
l'hvmieur de S. M. et que sa liberté [a esté trouvée bonne du roy],
et est le seul privilège dont elle veut jouir, et dont elle n'abusera point.
Qu'au reste, il est plus important à M. le connestable qu'à la reyne
qu'on croye qu'elle l'ayt entière, veu qu'on ne sçauroit oster de l'es-
prit des peuples qu'il ne luy soit defl'endu d'aller soit en un lieu, soit
en l'autre, d'où ils prennent occasion de blasmer led. s' connestable
et le s' de Luçon, qu'ils estiment y contribuer; et bien qu'on les
asseure que cela n'est point ils ne le veulent pas croire.
Il luy dira en trois mots que M. de Luçon n'oubliera rien de ce
qu'il [pourra pour seconder la ferme résolution que la reyne a de se
conduire en sorte] que le roy et luy en aient tout le contentement
qu'ils en doivent attendre. Mais que, comme il aimeroit mieux mourir
que de manquer de fidélité à la reyne, ainsy qu'il a dit plusieurs fois
à mon dit s"' le connétable, il n'y a rien après cela qu'ils veuillent plus
fuyr que d'avoir cette réputation, quoyque sans effet.
[En ceste considération,] il le suplie de ne désirer point des choses
qui pourroient donner cette mauvaise pensée, bien que sans sujet,
parce qu'il aymeroit mieux perdre la vie que la réputation, qui est
la seule chose qu'on doit avoir chère au monde.
Il luy représentera que la conduite de M. de Luçon seroit fort
aysée si l'intelligence estoit telle entre la reyne etmond. s' le connes-
table que la reyne la souhaitte et qu'il [la doit] désirer pour luy-mesme ,
mais que la confiance ne paroissant pas telle qu'il est à désirer, cela
donne lieu à beaucoup de personnes de tesmoigner que mond. s'' le
connestable n'ayme pas la reyne comme il doit, et de parler autrement
qu'ils ne feroient si on voyoit une estroite correspondance entre eux.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
513
Les libériez de parler qui naissent de là mettent en peine pour ré-
sister aux impressions qu'elles pourroient produire, non en l'esprit de
la reyne, qui, d'elle-mesme, distingue fort bien le blanc du noir, mais
en celuy de tout le monde. Au lieu que, s'il estoit auti'ement, la vérité
et l'apparence parleroient d'elles-mesmes et feroient en cela ce qu'il faut
faire par discours, taschant de faire voir que ce qu'on met en avant ne
peut avoir lieu. Au bout de quoy, le plus souvent on est contraint,
pour toute conclusion, de payer, en disant que la reyne [ne croit point]
estre au mespris qu'on représente ; ce qui faict dire à beaucoup de gens
que c'est M. de Luron qui l'empesclic (en luy déguisant les affaires et
la trompant) de le recognoistre , bruits que M. de Luçon veut esviter
sur toutes choses, ne voulant ny un tel elléct, ny la calomnie '.
[Il ne faut pas oublier de faire] entendre qu'on ne peut [brider les
langues], ny empescher que chacun ne parle selon son sentiment;
mais qu'il y a différence entre les intentions et les effects du maistre et
les paroles des indiscrets, qui auroient gain de cause si on prenoit
pied à leurs discours, veu qu'on sçait certainement qu'il y en a qui
n'ont autre intention que de brouiller par fausse apparence , lorsqu'ils
voyent ne le pouvoir faire autrement.
' Cela est embarrassé et peu intelligible ;
Kichelieu est bien plus clair et plus précis
dans SCS Mémoires, où il fait allusion à la
présente lettre : « Pour s'excuser envers les
peuples du mauvais traitement quil f'aisoit
à ia reyne, le connétable essayoit de faire
croire (pi'il agissoil de concert avec moi , et
publioit une étroite intelligence entre nous
deux. Je m'en plaignois à lui et lui disois
que, comme je n'en voulois |X)int l'eiïet,
je n'en voulois point l'apjMrence ; que d'au-
tant plus il donneroit cette impression-
là aux grands , d'autant plus m'étudierois-
je à faire voir le contraire. • El ces mêmes
paroles sont répétées à cinquante pages
de distance (i3i-i8i. éd. Pelitot). Riche-
lieu écrivait cela après la mort du duc de
C.4!'.D1\. CF. niCIIEI.lF.U. — VII.
Luynes, et ce langage direct, ferme et dé-
cidé ressemble peu aux paroles nuageuses
et timides qu'il avait chargé Des Roches
d'expliquer. Nous douions que ce messager
ait osé être plus net et plus hardi que ses
instructions. Ce que nous savons, c'est que
la lettre qu'il devait remettre au duc de
Luynes, et dont nous dominns l'analyse,
à cette date du 32 octobre, ne contienl
rien de pareil à ce passage des Mémoires.
Dans toutes les lettres que nous avons
vues de Richelieu à de Luynes , ce ne sont
que des protestations de services et des
sollicitations dainitié plus utiles assuré-
ment aux intérêts de la reine mère que
les dédaigneuses susceptibilités dont Ri-
chelieu fait parade dans ses Mémoires.
G5
514 LETTRES
xcrii.
Arcli. des Aff. étr. France, t. 3o, pièce 126. —
Minute de la main de Charpentier.
A
[Vers la fin de 1621 '.]
Monsieur, il y a sy longtemps que je vous attends pour avoir ce
contentement de me descharger sur vous d'une partie du faix de
beaucoup d'affaires fascheuses qui travaillent un esprit qui aime son
repos comme le mien, qu'impatient du trop long délay de vostre
retour, il m'est impossible de m'empescber de vous faire part par es-
crit de ce que je vous dirois de bouche ^ [si j'estois en ces quartiers].
Depuis que vous estes party les affaires ont changé deux ou trois
fois de face. Les premiers deux mois nous avons vescu en espérance
d'un accomodement parfait, c'est-à-dire d'une confiance réciproque,
et asseurance que chacun ne voudroit pas faire mal à son compagnon.
La reyne l'a tousjours désirée avec passion, et j'ose dire n'avoir rien
oublié de tout ce qui m'a esté possible pour, suivant ses inclinations
et ses commandements, parvenir à cette fin.
Le roy a toujoiu-s fait très-bonne chair à la reyne sa mère , et on a
recogneu que M. le connestable a esté fort combattu de faire liaison
avec la reyne. Il en a eu diverses envies; mais comme il est bon de
sa nature, il est fort facile à préoccuper et destourner de ses pre-
mières pensées; de façon que ceux qui n'aiment ny le bien de Testât,
' Richelieu fait à un ami absent le récit Luynes, on pourrait penser qu'elle a été
de ce qui s'est passé à la cour depuis cette écrite vers cette époque; cependant le
absence, par rapport à la reine mère. Il troisième paragraphe indique que M. de
est impossible de dire la date précise de Luynes vivait encore quand l'évêque de
cette pièce; quelques fragments se trou- Luçon écrivait. Ce mémoire aurait donc
vant insérés dans les Mémoires de Riche- été composé vers la fin de 1G21.
lieu lorsqu'il parle du temps (jui a suivi ' Ces derniers mois du paragraphe sont
presque immédiatement la moi't du duc de de ta main de Richelieu.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 515
ny celuy du roy et de la reyne , ny le sien particulier l'ont empesché
de mettre à effect, en cet article, ses bonnes inclinations.
Ainsy se sont passez trois et quatre mois ' dans des espérances que
le temps enfin apporteroit ce qui estoit tant désiré de nostre part, et
qui n'estoit pas déterminement rejette de l'autre.
Après cela est venu un autre temps où , nos désirs estant demeurez
les mesmes, nos espérances se sont grandement refroidies, la reyne
ayant tenu presque pour tout constant qu'on ne vouloit point d'intel-
ligence avec elle, ce que véritablement elle a eu occasion de préjuger
par diverses circonstances qui seroient trop longues à escrire , et qu'il
est plus aysé à recognoistre que d'exprimer.
Cela a produit diverses mesfiances et plaintes de part et d'autre ,
où je n'ay pas manqué d'avoir autant de part que le bonheur accous-
lumé que vous savés que j'ay, l'a requis. Mais tout ce temps n'a pas esté
lascheux, parce que s'il y a eu des mesfiances et des plaintes, les
acommodements et réconciliations ont esté fréquents et faciles^.
Depuis il s'est passé un autre siècle; la désobéissance des hugue-
nots est arrivée, le voyage du roy s'est résolu et faict. En tout cela je
vous puis dire la reyne avoir eu des volontés très-parfaites de mettre
jusques à sa propre vie, s'il eust esté possible, pour faire cognoistre
au roy la passion qu'elle a à son bien. Mais nous avons esté sy peu
heiu-eux que cela n'a pas réussy, ny eu isseue telle qu'on eust peu se
la promettre. Car si la reyne eust pensé qu'il estoit bon de ne rien
esmouvoir, on eust creu que c'estoit im monopole '. Si elle a dit que
le roy viendroit à bout de la guerre qu'il entreprenoit , on a creu
qu'on l'y vouloit embarquer plus aysément; si elle a demandé 1,000
ou 1,200 hommes au nom de ses serviteurs, afin qu'on veist ouver-
' Depuis le retour du roi du voyagn de qui précède. C'est quelque incident de
Guyenne. Louis XII arriva à Paris le 7 no- ■ copiste ; il n'est pas à croire qu'on ait voulu
vembre 1620; il y trouva la reine mère; annuler cette partie de la lettre,
il en partit le 29 avril 1621 pour la guerre ^ Les Mémoires de Richelieu ont eni-
contre les huguenots , où Marie de Médicis prunté plusieurs paragraphes à cette
l'accompgna. lettre. T. XXXI, fol. 127 du manuscrit
' Une barre a été passée sur tout ce des Aff. étr. p. 177, t. II de l'éd. Petitot.
65.
510 LETTRES
femenl qu'elle veut estre tousjours du party du roy et non d'autre , on
a pensé que c'estoit pour avoir main forte. Si elle a dit qu'elle y con-
IriJjueroit volontiers sy peu de pierreries qu'elle a, on a dit que c'estoit
pour tirer vanité de cet offre. Si de plus elle a tesmoigné qu'elle
prendroit part, en apparence, à tous les conseils dont on voudroit
que la France la creust participante , on a pensé que c'estoit pour
prendre pied aux affaiies'.
Cependant je vous puis jurer devant Dieu qu'en tout cela la reyne
n'a eu autre intention que celle [que ceux] qui sont auprès de luy
eussent peu désirer justement, et que toute la pensée qu'elle a eue
en son particulier depuis qu'elle est icy, est de venir à ce point que
la France cogneust une grande confiance [estre] entre le roy et elle,
et ceux qui sont auprès de S. M.
Comme cela n'a pas réussy, elle a creu estre mesprisée, et s'est
confirmée en cette opinion par diverses actions qui se sont passées
où je croy qu'il y a plus de négligence, quoyque non excusable, que
de mauvaise volonté; veu que je ne voy pas le profïit qu'on pourroit
tirer de commettre telles actions expressément.
La reyne va au voyage de Saint-Jean. De Paris on luy promet con-
tentement; à Fontainebleau on se moque. De là à Saumur on ne luy
donne point de logis. A Saint-Jean elle n'entend parler en aucune
façon de ce qui se passe; on la loge à quatre lieues du roy.
Le siège faict, la reyne ennuyée de tant de mespris, ayant demandé
congé au roy ^ de s'en venir en son gouvernement, et de là se rendre à
Paris, passant par Tours, Blois et Chartres, où elle a voit faict un
vœu pour le bon succès de son voyage. S. M. ayant approuvé le des-
sein qu'elle avoit faict, par favis de M. le connestable, qui empescha
néantmoins de luy venir dire adieu; la reyne pensant exécuter en
paix ce qu'elle avoit proposé, elle ne fust pas plustot partie d'auprès
du roy, qu'incontinent ceux qui ne faffectionnoient pas voulurent, à
' Dans les Mémoires on a ajouté cette on a supprimé ce qui suit, jusqu'au para-
ligne au paragraphe : «il fit défense à graphe : «le siège fait, etc.»
Monsieur, frère du roy, de la visiter.» Et ' Ici un autre secrétaire prend la plume.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
517
son préjudice, faire croire qu'elle faisoit fortiffier exlraordinairement
la ville et chasteau d'Angers, sans autre prétexte que celuy d'une
petite muraille de six pieds d'épais, qu'elle faisoit faire aux deppens
du roy, qui luy avoit donné 3,ooo escus pour y faire les réparations
nécessaires. Sur ce bruit elle envoie en cour le s"" de Marillac suplier
le roy d'envoyer sur les lieux avérer la fausseté de cette accusation.
Marillac est pris en chemin par les huguenots '. Onfaict soubçonner
au roy qu'on l'a faict prendre à dessein, pour, avec plus de seureté,
traitter avec eux de la part de la reyne.
La reyne , non contente de se garantir de toutes ces choses dont elle
puisse cstre reprise, désireuse encore d'oster tout soubçon, au lieu
d'aller en son gouvernement , s'en va à Tours dont la demeure est
agréable ; mais pensant y estre en asseurance de la malice de ses ennemis ,
elle trouve qu'au contraire elle n'est pas sitosl arrivée que l'on semé le
bruit d'un tiers party que M. le prince vouloit former avec elle"^.
ANINEE 1622.
XCIV.
Arcli. de l'Empire, M. aSa , n' i8. — Orig. de la main de Chaq)enfier.
A MONSIEUR MONSIEUR DE BÉRULLE,
acpeniEVii Des piiESTiiBi de L'oratoire.
56 mai i62î.
Mon père, je croy que nous perdrons nostre latin en l'affaire que
vous sçavés '; la reyne m'a dit que le jour qu'elle partit elle vous vit
' On l'a raconté ci-dessus, p. 498.
' I^ pièce finit ici, mais sans doute
elle n'est pas terminée; peut-être la 3uite
a été égarée, car Hichelieu l'a composée,
le récit continuant dans ses Mémoires où
il explique (jue ce tiers parti se formait au-
tour du prince de Condé ; puis il poursuit
l'histoire de l'année 1621.
' 11 s'agit d'une réconciliation de Rue-
cellai avec la reine mère, qui allait re-
trouver à la cour cet infidèle serviteur ; le
P. de Bérulle désirait cette réconciliation,
et Richelieu feint de s'y prêter; mais rien
sans doute n'était plus loin de sa pensée,
et cette lettre le laisserait deviner si nous
ne le savions d^à.
518 LETTRES
fort bien dans son cabinet, mais que doutant que vous luy vouiussiés
parler de cette affaire , elle esvita de vous dire adieu en particidier.
En un mot elle est, comme nous l'avons veue, très-affermie en son
sentiment. Au reste, ce qui m'a le plus estonné est quand je luy ay
dit qu'elle auroit le desplaisir de le voir dans cinq ou six jours à la
cour, elle m'a tesmoigné en termes exprès qu'elle ne s'en soucioit
point , parce qu'en voyant jusques où son insolence pouvoit aller, elle
verroit aussy jusques où yroit sa patience. Cependant je n'ay pas jugé
à propos de la presser davantage en cette humeur. Ce qui m'en fasche
le plus entre vous et moy, est qu'elle a esté sur le point d'en estre
grandement malade, et encore elle n'en est pas hors. Cela me faict
craindre grandement que ceste affaire se termine mal en tout sens. Le
P. Suffrent ne se peut consoler sur le desplaisir qu'il a recogneu estre
en la reyne. Parmy tout cela je hazarde encore cette diligence de
vous faire ceste dépesche, et vous envoyer la coppie d'une lettre, la
plus douce qu'il se peut, qu'il faudroit que R. escrivit, afin qu'a-
près luy avoir monstrée comme venant de vous, vous me la ren-
voyiés, et m'escriviés qu'il est prest d'escrire cette lettre et en meurt
d'envie. Sur cela je feray encore un effort, de l'événement duquel je
ne vous responds pas, mais bien vous asseurc-je que l'affaire sera se-
crète, et comme n'estant point arivée, au cas qu'elle ne réussisse pas.
S'il manque quelque chose au désir de la reyne, pourveu qu'elle en
gouste l'ouverture , tout se pourra accommoder. Après avoir tenté cet
expédient, s'il ne réussit, je m'en lave les mains. Voilà tout ce que
je vous puis dire sur ce subjet, sinon que je suis véritablement.
Mon Père ,
Vostre trës affectionné serviteur.
ARM. ÉVESQ. T)E LUÇON.
Je m'oubliois à vous dire qu'on m'a dit que ce que nous faisions en
cela, vous et moy, venoit devons, et non de ceux qui ont intérest en
l'affaire. C'est pourquoy la dépesche que je vous demande est nécessaire.
D'Orléans, ce 2 6*may 1622.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
51Q
xcv.
Arcli. de l'Empire, M. -4, 11° afi. — Autographe '.
SUSCRIPTION:
A MESSIELRS MESSIEURS DE SORRO^NE,
À PARIS ^.
là septembre 1622.
Munus a vobis, doctores Venerandi , niihi publicis vestris siiffragiis
delatum, non minus gratum quani honoriGcimi, libens ego suscipio.
Xec bonae nieœ fortunse id tantum , sed et divino numini tribuo , quod
tam vêtus , tanique celebris in ecclesiœ catholicae campo societas, cujus
et fama et fructus toto orbe Xpiano innotuerunt uberrimi , in me po-
tissimum dignata sit oculos conjicere , idque cum et a vobis et ab bac
cogitatione longissime essem. Haîc verô sunt praecipua momenta quae
mihi verba eripiunt, quibus et nieritas gratias agam vobis, et intimum
animi niei sensuni patefaciam. Mihi pro soialio est quod non staluo
bac verborum specie vestruni bimc demereri lavorem, sed providendo
potius et consuiendo societafis anipbficationi et ornamentis, nec non
singulorum commodis, qui huic collegio accenseri sua virtute et in-
dustria merebuntur. Haec est mensmea, doctores celeberrimi, oui, si
cœiestis adspiraverit aura, vestnim de me judicium spero ab onmibiis,
' « 5' pièce de la cote 4 1 de la liasse des
pièces concernant les proviseurs de la
maison de Sorbonne • (écrit au verso) ; elle
en a été détachée pour lexposition du
musée des archives sous le n* 800.
' L'évêque de Luçon fut élu proviseur
de Sorbonne le 39 août, et, selon l'usage
de cette maison , l'élection • fut agréée et
confirmée » le a septembre ; ce sont les
termes de la lettre du docteur Roquenaut,
doyen (senieur) qui écrivait à Richelieu
le 4 septembre, au nom des docteurs et
Ixicheiiers, pour lui annoncei- .sa nomina-
tion. Cette lettre du doyen est conservée
aux Archives de l'Empire, même source,
n° a5. Selon celte missive, l'évêque de
Luçon avait déjà été le bienfaiteur de cette
maison : «Continuez, Monsieur, cette
bonne volonté envers nous, lui mandaient
les docteurs, et de confrère très-lionorable
que vous nous avés esté jusqu'à présent,
veillez doresnavant estre notre bon père,
noslre puissant patron et saige proviseur. •
La lettre se termine par un ample éloge
de l'évêque de Luçon.
520
LETTRES
niillo repugnanle, comprobalum iri, meque dignum cui vestra, ut
pro cadiicis sic pro cœleslibus, sufFragia non denegetis. Valele, patres
ornalissimi, et me vestri amanlissiniiim redamate.
Vobis in omnibus addictissimiis.
ARMANDUS EPISC. LUCIONENSIS ».
Molinis Borbonioiuni, postridie id. sept. 1622.
XCVI.
A M. BOUTHILLIER^
[Premiers jours de novembre 1622 '?]
Je suis bien aise que vous ni'ayés escrit;je crois très-certainement
' Richelieu, qui avait été créé cardinal
le 5 septembre, ne le savait pas encore; il
se dirigeait avec la reine mère vers Lyon ;
lui-même a écrit qu'il apprit la nouvelle
de sa promotion à la Pacaudière; il dut
arriver le 16 à ce bourg, situé un peu
avant Roanne. Ce fut là, ainsi que nous
l'avons dit ci-dessus, page 458, qu'il
reçut le courrier dépêché par M. de Ma-
rillac.
* Nous avons copié cette pièce sur l'o-
riginal, vendu le 17 décembre i855, à la
salle Silvestre. Le catalogue l'annonçait
en termes pompeux : « autographe signé ;
lettre fort importante, de toute rareté et
d'une authenticité incontestable. » Elle fut
vendue 235 francs, s'il faut en croire le
Moniteur du 20 décembre. Quoique plu-
sieurs lettres ne semblent pas dans les ha-
bitudes de la main de Richelieu, je crois
en effet cette pièce autographe. C'est là
d'ailleurs In seule importance qu'on lui
puisse attribuer. — Dans une vente faite
Tannée précédente (décembre i854), par
un autre collectionneur d'autographes,
avait paru une lettre, de même texte que
celle-ci, et que le catalogue annonçait
comme signée, avec la date du 1 2 juin
1 6 2 2 . » Cette date était évidemment fausse ,
Richelieu n'était pas cardinal le 1 2 juin ,
et de plus il ne songeait à aller ni à Va-
lence ni à Avignon , puisqu'il était auprès
de la reine mère à Fougues , où cette prin-
cesse prenait les eaux ; la lettre ne pouvait
donc être qu'une copie, et la signature
une imitation.
■' Cet original n'est point daté; une
main moderne a mis en tête sans examen la
fausse date de juin, empruntée sans doute
à la copie dont nous venons de parler. Sui-
vons l'itinéraire de Richelieu; il avait ac-
compaRne la n
eine mère de Pougues
ipag
Lyon , voyageant à petites journées , passant
le \U .1 Moulins, et arrivant le 20 à Lvon.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
521
que ce gentilhomme veut bien faire; je me gouverneray de sorte
qu'il sera très-content de mov et attendra de la reine toute l'amitié
qu'il s'en sçauroit promettre; reste que S. M. luy face grande caresse,
dont je la suplie autant qu'il m'est possible.
J'ay bien peur d'aller jusques en Avignon', mais j'en manderay des
nouvelles à la reyne , de Valence , ne voulant pas faire im pas qu'elle
n'en soit advertie, puisque je despends, comme je dois, de ses vo-
lontez et de ses commandemens^; sur cette vérité, je suis. . .
M
XCVII.
Arch. des aff. étr. France, t. Sa, pièce 177. —
Minute de la main de Charpentier.
A M. BARBIIV'.
1" décembre 1623.
onsieur, j'avois creu jusfjues icy que vous vouliés en efiFect de
d'où il écrivit au roi, le aS, pour le re-
mercier du chapeau qu'il venait d'ohtenir.
(T. I, p. 730.) Nous avons une lettre de
Marie de Médicis au cardinal de La Va-
lette (37 septembre), où elle se félicite de
son influence sur le roi : « la promotion
de mon cousin, le cardinal de Richelieu,
faisant cognoistre à un chascun la bonne
volonté que le roy, Monsieur mon flls, a
pour moy, aiant soin d'élever à cette di-
gnité mes serviteurs* qui le méritent, m'a
apporté beaucoup de contentement " »
RicheUeu était auprès de la reine mère
lorsqu'elle écrivit cette lettre. Après
quelques saniaines passées à Lyon , il ap-
prend le procliain retour du roi, et part.
dans les premiers jours de novembre, pour
aller à sa rencontre et remercier S. M. de
vive voix ; le 9 il était à Valence , et pour-
suivant sa route, il trouva Louis XIII à
Tarascon le 1 3 novembre. La présente
lettre , écrite avant l'arrivée à Valence , est
donc des premiers jours dudit mois.
' On vient de voir qu'il alla même plus
loin.
' Le nouveau cardinal était alors dans
toute la ferveur de sa reconnaissance pour
sa royale protectrice.
' Après un long emprisonnement , Bar-
bin avait été banni; depuis longtemps il
demandait à Luynes qu'on reconnût enfm
son innocence, et il sollicitait l'appui de
* Le cardinal de La Valette, attaché au parti de
la reine mère, a\ait contribué a son évasion du
château de Ijlois.
** Original conservé à la Bibliothèque impériale ,
dans la collection Gaignières, 3o65i, fol. i3o.
CAIiDIN. DE niCIIELIF.U.
66
522
LETTRES
moy ce que vous me tesmoigniés en désirer, etainsyje me suis tous^
jours employé à ce que vos lettres m'ont convié; mais maintenant
qu'elles m'ont faict paroistre le contraire, et sy clairement que les
moins clairvoyans n'en sauroient douter, je ne puis que je ne m'en
plaigne à vous mesme, ne pouvant à quoy attribuer cette façon d'agir,
veu la sincérité avec laquelle je me suis tousjours employé en ce qui
vous a touché. Vostre lettre me faisant cognoistre qu'il y a des per-
sonnes (pour user de vos termes) dont je ne me sçaurois douter, qui
vousveident donner l'apparence d'un personnage qu'ils jouent en effect,
ou contre le service de la reyne, ou contre mon particulier, je veux
croire que leurs artifices sont cause de cette procédure, qui ne me
J^iclielieu pour qu'on l'aidât du moins à
se défaire de sa charge d'intendant de la
reine mère, qu'on ne lui permettait pas
de garder. Nous trouvons dans notre ma-
nuscrit une série de lettres écrites au con-
nétable , à la reine mère , surtout à Riche-
lieu sur ce même sujet. (T. XXXII, pièce
i63 et suiv.) EnOn , en mars 1622, Ri-
chelieu lui mande que jusqu'alors la reine
more n'avait pas été en position de rien
demander au roi pour lui , mais qu'elle va
maintenant tenter quelques démarches.
(Aux analyses, janvier et mars.) Cepen-
dant Barbin, n'ayant encore rien obtenu,
se lassa de cette longue attpnte et de ces
inutiles sollicitations; le ai août, il man-
dait de Spa à Richelieu que reconnois-
sant qu'il est importun et ennuyeux pour
M. l'évêque de Luçon il cessera de lui
écrire. Richelieu , ayant été fait cardinal ,
l'annonça à Barbin qui ne se pressa pas de
le féliciter; je note ici cette lettre de Ri-
chelieu que je n'ai pas trouvée; quant à la
réponse de Barbin , elle est datée de Besan-
çon le k novembre : n Devant que respondre
à la lettre que vous m'avés faict l'honneur
de m'escrire du 1 8 octobre (dit Barbin}, je
vous guplie très-humblement de croire que
si j'ay esté le dernier à vous tesmoigner
la joie que j'ay receu de vostre nouvelle
dignité, que j'ay néanmoins esté un de
ceux. ... « Après ce préambule Barbin se
plaint de la diminution de la bienveillance
de Richelieu, que lui enlèvent des intri-
gants et des calomniateurs : « Il n'y a per-
sonne sous le ciel qui ne puisse estre
trompé. ... il fault par nécessité que l'on
m'ayt faict jouer le personnage que plu-
sieurs jouent, dont il y en a de qui vous
ne vous doutés point. Mon retour de Spa
et les procédez de celuy que je ne vous
nommeray point encore , m'ont donné la
créance entière de ce dont j'avob desjà
quelque doute; mais, de plus, la rigueur
(permettez. Monseigneur, cette liberté à
ma misère) que l'on nie tient, tant en la
pension que en ma charge, dont on ne
me donne pas la liberté de disposer. . . »
(Pièce 176 du ms. des AIT. étr. précité.)
C'est à cette missive que répond celle qu'on
va lire , où Richelieu se montre fort piqué
du reproche de se laisser duper par des
intrigants.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
523
fera jamais perdre le désir de vous servir, mais bien le moyen, puis
qu'il n'y a personne qui puisse descouvrir les intentions d'autriiy quand
ils les cachent.
S. M. qui aveu vostre lettre tout au long, a estimé que vous déviés
franchement nommer ceux que vous cognoissés estre si industrieux
en vostre endroit pour brouiller les espiits , que vous jugés du tout
important de les cognoistre pour se garantir de leur malice.
On sçait bien en général que le monde est plein de telles gens;
mais ne les cognoissant pas en particulier, il est impossible d'esvitei'
leurs mauvais offices que par la candeur des actions, qui se cognoist
tousjours avec le temps. En tous ceux qui se sont passez j'ay tasclié à
vous tesmoigner mon affection; je continueray à faire le mesme, ne
voulant point considérer ce que l'affliction produit en vous, mais bien
suivre l'inclination que j'ay d' estre . . . '
i" décembre 1622.
' Barbin avait été puissant sous le gou-
vernement du maréchal d'Ancre, dont il
possédait la confiance, ainsi que celle de
la reine mère. C'est à lui en grande partie
que Richelieu dut d'entrer dans le minis-
tère de 1616. Tombés l'un et l'autre à la
chute de Concini, Barbin avait été bien
ptus maltraité que Richelieu; la Bastille,
l'exil, la ruine de sa fortune lavaient ac-
cablé durant plus de cinq ans de malheurs ,
qui avaient mis sa patience à bout. Cette
infortune et le sentiment de la reconnais-
sance que lui devait Richelieu le rendaient
soupçonneux et un peu exigeant peut-être.
Dès 161g (lettre du 22 octobre ci-dessus,
p. 472), Richelieu relevait quelque amer-
tume dans ses paroles. Cette lettre chagrine,
dont Barbin avait d'ailleurs adouci le re-
proche par ses protestations à f égard de
Richelieu , méritait plus d'indulgence de la
part de son ancien protégé , qui , devenu car-
dinal , se retrouvait lui sur le chemin d'une
grande fortune et en position de se montrer
moins susceptible. Mais Barbin était parti-
culièrement désagréable à Louis XIII, et
Richelieu craignait, en le protégeant troj)
ouvertement, de se compromettre auprès
du roi. Toutefois il est juste de ne pas
oublier qu'en reconnaissance des obliga-
tions cpi'il avait à Barbin, Richelieu laissa
à la mémoire de cet ancien ami un sou-
venir dans son testament : tJe donne au
baron de Broyé, héritier du feu sieur
Barbin que j'ay sceu estre en néces.sité,
la somme de trente mil b'vres. »
66.
52.'i
LETTRES
ANNEE 1623.
xcvin.
Bibl. imp. fonds fr. 2o65i , fol. 21 4- — Orig. do la main de Charpentier.
A MONSIEUR MONSIEUR DE ROUVILLE,
GOCVEKNEUR DES VILLE ET CHASTEAU DE CHINON.
I /) avril 1623.
Monsieur, je vous asseure sur ma foy de n'avoir donné charge
quelconque de rompre le posteau qui a esté mis à Nué '. Je n'en veux
point d'autre preuve que celle que vous tirerés de la remise que je
vous ay faite de cette affaire entre les mains, estimant trop vostre
amitié pour faire une action pareille à celle-là. J'ay tousjours désiré
l'amitié de M"^ de Puygarreau^, et si j'ay recogneu quelque circons-
tance en leur procédé, tesmoignant clairement peu de désir en eux
de vivre avec moy de la sorte que je souhaitois, j'ay faict ce qui
m'a esté possible pour ne le regarder pas, afin de n'avoir occasion quel-
conque de me destourner du dessein que j'avois de bien vivre avec
eux. Ils n'ont jamais inquiété mon père,ny mes prédécesseius , en ce
qui est du droit que nous avons de fondation en l'église de Nué; de
gayeté de cœur ils s'adressent à moy, et ce d'autant plus volontiers,
ce semble, que je désirois peut-estre plus ardemment leur amitié. Je
vous ay tesmoigné quelquefois combien cela me sembloit estrange.
' Il y avait deux paroisses de ce nom,
l'une aux environs de Tours, l'autre en
Poitou , près de l'Ile-Jourdain ; la première
était plus voisine du château de Richelieu ,
niais il paraît qu'il s'agit ici de la seconde.
(Voir note suivante.)
' Nous voyons dans l'histoire généalo-
gique du P. Anselme, t. III, IV, VU, que
d'anciennes alliances avec les Hochechouart
et les Laval unissaient entre elles les la-
niilles de Puygareau et de Richelieu.
MM. de Puygareau possédaient , en Poitoil ,
une seigneurie d'où relevaient quelques
domaines de Richelieu. « Je les recognois
pour mes seigneurs supérieurs, » dit celui-
ci dans une lettre du 18 juin (ci-après,
p. 628). Voyez une note de la page 755
de notre premier volume.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 525
vous priant de faire de cette affaire ainsy que vous trouveriés que la
raison le requerroit, ne désirant autre chose que paix et repos avec
toutes sortes de personnes, et particulièrement avec eux. Je vous dis
encore une fois que je n'ay point faict abbattre le posteau, et que,
bien que l'offense que j'ay receue de ces Messieurs en le faisant planter
soit très-grande , j'estimois avoir assez de satisfaction de vous avoir
remis l'affaire entre les mains pour en passer tout ainsy qu'il vous
plairoit, je suis fasché que cela soit arrivé, mais sans sçavoir qui Ta
faict (comme sur mon honneur je n'en .sçay rien), il ne seroit pas
raisonnable que j'aljandonnasse ceux qui, quoy qu'avec im zelle im-
prudent , ont faict cette action en ma considération. Si M. de Puy-
garreau les poursuit, je suis obligé de les delfendre ; s'il conteste le
droict que j'ay à Nué par justice, j'ay pareille obligation à le justifier;
mais s'il veut vous remettre cette affaire entre les mains, je passeiay
tel compromis que vous jugerés à pi-opos, sous telles peines qu'il
vous plaira, pour vous croire et de l'accessoire et du principal. Par
après chacun vous mettra de quoy justiffler ses prétentions, et vous
en jugerés. Pour moy, outre que je suis bien ayse de vous recognoistre,
en cette affaire, pape, puisque c'est luy qui juge des cardinaidx, je
suis bien ayse aussy de vous faire voir que je recherche la paix avec
mes voisins et désire conserver famitié de personnes qui ressemblent
à ces Messieurs. C'est assez vous ennuyer de cette affaire après laquelle
je ne puis que je ne vous die la folie que j'ay faicte d'achepter Limours,
en vendant Anssac et ma charge de grand aulmosnier'. Vous m'en
blasmerés peut-estre, mais les choses qui sont pour la santé d'une
personne ne doivent jamais estre estimées vrayes folies. Je vous envye
le contentement ([ue vous avés d'eslre aux champs, quoyque nous y
soyons maintenant, vous asseurant qu'en quelque lieu que je sois, je
seray tou.sjours, Monsieur,
Vostre bien affectionne parent et serviteiii-.
Le Gard. DE RICHELlKLi.
De Fontainebleau, ce i /|^ apvril iG2 3.
' Voy. ci-après, p. 53o.
526 LETTRES
XCIX.
Arcli. des Aff. étr. France, 1619-1641, Collection verte, tom. VI, fol. 3. —
Orig. de la main de Le Masle.
SUSCRIPTION :
A MONSIEUR MONSIEUR BOUTHILLIER,
CONSEILLER DC ROY ET SECRETAIRE DES COMMANDEMEÎIS DE LA RETHE MERE Dli hOY.
26 avril 1623.
Monsieur, jay esté très-aise de recevoir de vos nouvelles, et infini-
ment d'apprendre la bonne disposition de Leurs Majestez et l'intelli-
gence et familiarité en laquelle ils continuent d'estre.
Vous avés bien promptement expédié f affaire de Montlehéry '
dont vous m'escrivés. Il fault confesser que la diligence est niaiotenaut
extraordinaire, je dis maintenant de peur que vous me pensiés flatter,
vous ayant quelquefois accusé, non de paresse, mais d'une qualité
moyenne entre ces deux. A présent il est vray qu'il ne se peult rien
ajouster au soin que vous prenés particulièrement quand vous estimés
que cela apporte du contentement à vos amis, qui en recevront tous-
jours autant de vostre avantage que du leur propre. Je seray vendredy
à Fontainebleau, quoyque j'aye licence jusques à samedy, encore y
eussez-je esté jeudy sans mon frère le chartreux à qui je donne un
jour parce qu'il s'en retourne en ses montagnes^. M. Dupont a esté
icy avec sa fille ^, il est maintenant dans les termes d'une si profonde
humilité et submission que s'il y a différence entre celle des capucins
et la sienne, c'est seulement en la durée. Puisque l'espérance est une
' Voy. sur l'achat de Limours, la lettre ' Madame de Couibalel; son mari avait
précédente. été tué, le 3 septembre 162a, devant
^ Voy. au sujet d'une autre visite faite Montpellier,
à Richelieu par son frère, t. I, p. 709.
DU CARDINAL DE RICHEIJEU.
527
vertu des chresliens , je ne puis en désespérer. Ma niesse se porle tort
bien. Au reste pour vous contenter je vous diray que je crois qu'elle
se laissera persuader d'estre de la religion de sa mère'. J'ay veu ce
que vous a dit \l' de Marillac, sur quoy il y a un petit mot de répartie
à laire. Quant aux prétentions de Madame du Fresnoy, il ne s'en l'ault
guères mettre en peine, les bonnes gens donnent à tout, mais ne gar-
dent pa,s' bien leur prise et ne choisissent pas bien leur gibier. 11 fauil
que je vous confesse que nostre acquest réussira mieux que nous ne
pensions encore^, car ayantTaict les réparations à qiioy on n'eust point
commencé sans mon voiage , le lieu sera honeste. Au reste tant s'en
fault que la maison soit triste quelle est fort gaye au beau temps.
Vous le jugerés à la première veue après les réparations dans qualie
mois.
Cependant croies que je suis de tout mon cœur vostre trè.s-affec-
lionné à vous servir.
Le Gard. DE RICHELIEU.
Ce mercredy 26' avril 1623.
Je croy que Sa Majesté ne trouvera pas mauvais que je premie la
hardiesse de l'asseurer par vous que, connue je suis la plus obligée
créature (jui soit au monde, aussy n'estimay-je ma vie heureuse que
par le désir que j'ay de lemploier pour son très humble service comme
je doibs'.
' Madame de CoiiilKilet voulut, dit-on.
entrer en religion, ce dont Richelieu la
détournait; ceci veut-il dire qu'on espé-
rait qu'elle consentirait à se remarier?
' C'est sans doute Liniours, dont il esl
question dans les deux lettres précédentes;
nous voyons dans celle-ci que Richelieu
avait eu la permission de s'absenter quel-
ques jours d'aupros de la reine niere.
' 11 reste ici , dans le manuscrit , quel-
(|ues traces d'une ligne qui aurait été ro-
gnée à la reliure.
528 LETTRES
C.
Bibl. imp. fonds fr. 2o65i, fol. 216. — Orig. de la main de Charpentier.
A MONSIEUR MONSIEUR DE ROUVILE,
GOUVERNEUn DES VILLE ET C1!\STE\U DE CHINON.
De Paris, ce 18 juin 1623.
Monsieur, j'ay veu par vostre lettre ce que vous avés faict en l'al-
laire pour laquelle vous avés pris la peine de m'escrire; je vous rends
grâce du soing que vous avés de ce qui touche vos amis, au noinbre
(lesquels je sçay bien ne pas tenir le dernier rang pour mon affection
en vostre endroit. Quant au faict dont il est question, je seray bien
ayse d'en sortir par vostre moyen, et vivre avec ces Messieurs ainsy
qu'il leur plaira, ne demandant qu'amitié et concorde avec ceux que
je recognois pour mes seigneurs supérieurs. Mais vous m'avouerés, je
m'asseure, qu'il n'est pas raisonnable qu'ils mangent leurs petits vas-
saulx qui s'humilient devant eux comme je fais. Je ne doute point que
vous ne contribuiés à cette fin tout ce qui sera en vous, ainsy que
vous devés croire que je me porleray tousjours en ce qui vous con-
cernera, avec toute la bonne volonté que vous sçauriés désirer.
Quant au payement des garnisons \ je vous diray que le s' Goyer
a les ordonnances pour six monstres de l'année dernière, de M. de la
Vieuville, qui a promis de satisfaire aux quatre monstres restant de
lad. année, en quoy je me promets que l'on recevra bientost conten-
tement. . .
Le Gard. DE RICHELIEU.
Madame vostre femme verra en cet endroit, s'il luy plaist, que je
luy baise bien humblement les mains.
De Paris, ce 1 8 juin 1628.
' On sait que la reine mère avait le gouvernement de l'Anjou.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 529
CI.
Bibl. imp. fonds l'r. 2o65i, fol. 217. — Orig-. de l.i main de Charpentier.
A MONSIEUR DK ROUVILLE.
1/1 juillet 1633.
Richelieu lui envoie l'éclaircissement de son affaire ' « par personnes
qui s'y entendent mieux que moy . . . Je ne sçay ce que M" de Puyga-
reau peuvent alléguer pour fonder leur prétention; en cela, comme en
toute autre chose qui deppendra de moy, je vous en croiray tousjours
volontiers. Je seray Irès-ayse (pie vous terminiez cette affaire, et affm
de n'avoir plus ce différend, et affin aussy de sçavoir ce que je dois
attendre de l'amitié de ces Messieurs, estant résolu de prendre la loy
d'eux, en sorte que, .s'ils font estât de mon amitié, je seray très-ayse
de leur rendre la pareille; si aussy ils la mcsprisent toiil à faict,
prendre patience.
« La peste s'augmente icy beaucoup . . . Le roy et la reyne ne se
portèrent jamais mieux; pour mon particulier j'ay maintenant assez
de santé pour vous tesmoigner, si j'en avois l'occasion, que je suis.
Monsieur,
Vostre 1res afiectionii(!> parent à vous rendre service.
Le Gard. DE RICHELIEU.
De Paris, ce 1 4^ juillet 1 62 3.
' Voy. ci-dessus, p. 5a/i.
( Alim.N. DE lUCIir.LlF.L'. -
530
LETTRES
Cil.
Arch. des AIT. étr. France, i6i()-i64i, t. 6 (vert). Lettres de Richelieu, fol. 8. —
Orig. de la main de Le Masle.
suscniPTiON:
A MONSIEUR MONSIEUR BOUTHILIER,
CONSEILLER DU ROY EN SES CONSEILS , ET SECRETAIRE DES COMMANDEMENS DE LA REYNE MÈRE DE SA MAJESTK.
9 septembre iGaS.
Monsieur, ces trois lignes sont pour vous dire que mes affaires par-
ticulières m'ont contraint de faire ce petit voiage pendant lequel je ne
doute point que Monseigneiu- l'évesque d'Alept ne vienne icy. C'est
pourquoy je vous prie de le mettre en possession de la charge de
laquelle nous avons traitté ensemble'. Vous retirerés de luy le récé-
pissé de trente mil livres qu'il a de M"^ Lumague, et croirés que je
suis,
Monsieur,
Vostre trhs affectionné è vous rendre service.
Le Gard. DE RICHELIEU.
A. Monceaux, ce 9* septembre 1 623.
' Voy. ci-dessus, p. D25. Richelieu
annonce qu'il vend sa charge de grand
aumônier pour acheter Limours. — L'évè-
(|ue d'Alet était, depuis 1607, Etienne
de Polverel, dont le Gallia christiana dit :
Magisler capellœ regiœ, Ludovico XI II
régnante , ac Mariée Mediceœ reginte major
eleeniosynarias [1612), t. VI, col. a83,
et il n'est rien dit, en iGaS, de la grande
aumônerie de la reine régnante. Nous
ne voyons pas que ce traité fait avec
l'évêque d'Alet ait été rompu; cependant
Le Clerc raconte que le maréchal d'Ancre
ayant fait donner cette charge à Richelieu
obtint pour lui, dès i6i5, «la permission
de la remettre à Zamel. évêque de Lan-
gres, de qui il tira une bonne somme
d'argent. » (T. I, p. 20.) Mais Le Clerc, qui
a coimnis plus d'une erreur dans la "ie de
Richelieu, n'est pas une autorité à laquelle
on puisse se fier. Le Gallia chris I in n a, dans
sa notice sur l'évêque de Langres, ne fait
aucune mention de la charge de grand au-
mônier. Quant à Auberv (I, 17), il nous
dit que Richelieu, après les états de 161 5.
« ayant pris dessein de tenter s'il pour-
roit réussir en la politique et dans l'intri-
gue des affaires. . . se lit pourvoir de fof-
fice de grand aumosnier de la reyne ré-
gnante. » Mais il se tait sur la vente. L'acte
que nous publions est resté inconnu .t ces
divers historiens.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 531
Vous retirerés aussy, s'il vous plaist, le compromis que j'ay faict
avec le dict sieur évesque d'Alept, comme estant exécuté de part et
d'autre, et supplirés la reyne, de ma part, de le recevoir à servir en
sa charge.
NOTA.
Un peu avant que Richelieu eùl vendu sa charge de grand aumônier de la reine
régnante, il faisait affaire de son évêché de Luçon avec M. de Bragelogne. L'acte
original, notarié, se trouve dans le manuscrit cité aux sources, immédiatement
avant la lettre de Richelieu à Bouthillier, fol. 4-7- Nous en donnons ici un ex-
trait :
« Nous, Armand, cardinal de Richelieu , évesque de Luçon, et Emery de Brage-
longne, doyen de l'église de Saint-Martin de Tours, recongnoissons que, pour par-
venir à l'accomplissement de la permutation que nous entendons faire des susdits
bénéfices, avoir faict les accords qui ensuyvent, lesquels nous promettons d'exé-
cuter de bonne foy, soubz le bon plaisir du roy et de nostre Saint-Père le Pape :
« C'est à sçavoir que moy, cardinal de Richelieu , passeray et délivreray audict
s' de Bragelongne dedans quinze jours une bonne et valable procuration pour
résigner, entre les mains du pape, soubz le bon plaisir du roy, mon dict
évesché. . . .
«Et moy, s' de Bragelongne, promects de délivrer aud. seigneur cardinal,
dedans le mesme temps, trois procurations
" Ij'une pour la résignation du doyenné, chanoinie et prébende de Saint-Martin
de Tours, d'un revenu de cinq mille livres, toutes décimes et toutes charges
payées. . . .
• La seconde, pour la résignation de l'abbaye de .Saint- Vast de la valeur de deux
mille trois cents livres, également exempte de toutes charges.
« La troisième, pour l'allocation de cinq mille livres de pension que le cardi-
nal de Richelieu se réserve sur l'évêché de Luçon. »
Suivent diverses clauses éventuelles et secondaires.
■ Faict à Fontainebleau, le vendredy 19° jour de may 1623 '.
. Armand Card. DE RICHELIEU.
• DE BnAGELONGNt:. •
' Voy. 1. 1 , p. 764 , la lettre par laquelle que. La date que nous avons proposée ap-
Riclielieu annonce à Messieurs du cha- proxiniativement : Jin de mai, doit sans
pitre de Luçon qu'il cesse d'être leur évê- doute être « le 5 juin. »
«7.
532 LETTRES
A la suite, même feuillet, 7 v°, se trouve la ralillcation par-devant notaire
(lu sous seing privé, signé encore des deux contractants, du notaire Petit, du
clerc Bourgroys et de l'huissier au Cbâtelet de Paris, Le Maire.
Fait au château de Fontainebleau, dits jours et an, heure de midi.
« Le nouvel évêque avait grand' peine à payer cette pension ^, le tiers du revenu
de l'évêché », dit l'historien des évêques deLuçon (p. 434, 454 de la 2° partie).
On voit que Richelieu, en cédant son évêché, se réservait plus de 12,000 livres de
revenu; le cadeau n'était pas fort désintéressé. Cependant M. de Bragelogne était
cousin issu de germain de Madame Bouthillier (née Marie de Bragelogne). On a
dit que Richelieu avait fait avoir cet évêché à l'abbé à cause de cette parenté; et
Amelot de La Houssaye fait entendre, à cette occasion, qu'une liaison intime
avait existé entre Madame Bouthillier et Richelieu ; que même celui-ci pouvait
bien être père de Léon Bouthillier (depuis comte de Chavigni).
Cette insinuation, quelquefois reproduite, a été rappelée et trop timidement
contredite dans Y Histoire du monastère et des évé'ques de Luçon, écrite par M. de
la Fontenelle de Vaudoré, sur les matériaux qu'avait réunis M. de Beauregard,
ancien chanoine de Luçon, et depuis évêque d'Orléans; l'un et l'autre auraient
pu nier hardiment cette calomnie. Léon Bouthillier naquit en i6o8, la liaison
dont on accuse Richelieu aurait donc été de 1607; mais Richelieu avait été à
Rome une partie de cette année , il avait alors 2 2 ans à peine , et Claude Bouthillier,
qui n'avait qu'un au plus que lui, s'était marié tout récemment; sa jeune épouse
avait 16 ans. Ces rapprochements rendent de la dernière invraisemblance la
liaison que quelques-uns ont soupçonnée, sans en apporter, non une preuve,
mais le moindre indice. La protection du cardinal pour Léon Bouthillier s'ex-
plique tout naturellement sanscette supposition. Richelieu avait fréquenté encore
enfant la maison de Denis Bouthillier, il avait été le camarade de Claude et de
ses frères, Sébastien, Victor et Denis, depuis baron de Rancé, qui lui rendirent
plus d'un service; il avait vu naître Léon et l'avait traité dès sa jeunesse comme
le fils d'un ami; le jeune homme ne manquait pas de capacité, il professait d'ail-
leurs un attachement enthousiaste pour le cardinal, qui de bonne heure le forma
aux affaires, et le considérait comme sa créature la plusdévouiîe. Faut-il d'autres
motifs pour faire comprendre la précoce et haute faveur dont jouit Léon Bou-
' Le Gallia chrisliunu ne parle point de puis les états qui finirent en iGi5, et sur-
celte retenue. L'auteur donne à Richelieu tout depuis 1616, on a vu quelle était
la louange d'une résidence assidue pen- cette assiduité. (« ... Custodiendo gregi et
dant seize ans; c'est une complaisance a lupis tulando, sciiicet calvinis haereticis,
assez mal jusliiiée; l'éloge est mérité pour assidue invigiiavit per annos xvi ecclesias
sept ou huit années tout au plus; mais de- sibi subditas luslrans. »)
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
533
ihillier auprès de Richelieu, faveur qui, malgré quelques rares et passagers accès
de mauvaise humeur, ne se démentit jamais?
cm.
Bibl. imp. fonds fr. 2o65i, fol. 219. — Original.
LA REINE MÈRE A M. DE ROU VILLE,
18 octobre 1623.
M. de Rouville, ne désirant rien davantage que de tenir la main à
ce que le roy Monsieur nion fils reçoive, aux lieux où il luy a pieu n)e
donner autorité ', l'obéissance entière qui est deue à ses comniande-
mens, vous ne me pouviés faire plus grand plaisir que d'y porter les
habitans de Chinon en ce qui regarde le faict du sel, et les contenir
comme vous avés faict sur l'occasion de l'assemblée de la noblesse qui
s'est faicte, dans les fauxbourgs de leur ville , pour le sujet de la cotn-
mission de laquelle le s' deThurin est porteur. Le roy a trouvé cette
grande assemblée de gentilshommes fort mauvaise, ainsy que vous
verres par la lettre qu'il vous en escript*. Je feray tout ce qui me
sera possible pour obtenir de luy qu'il ne se souvienne plus du passé,
niais je vous prie que, poiu' l'advenir, il n'y ayt plus de sujet de
plainte, et que chacun juge ce qui se peut et se doit rai.sonnablemenl
faire; en .sorte que les gentil.shonmnes n'estant pas recherchés pour le
sel en la quantité, le roy recognoisse aiLSsy que leur intention n'est
pas de diminuer .ses droits, sans la conservation desquels il seioit im-
Ln reine mère avait le f^ouvernement
de f Anjou, et la noblesse voisine de Chi-
non avait pris grande part au désordre
arrivé dans cette ville.
' La lettre de Louis XIII, contre-signée
Potier, est en original dans ce même
nianuscril, fol. 218 : Le roi a eu très-
agréable la conduite tenue par M. de Rou-
ville • pour empesclier le désordre qui
pouvoit arriver d'une grande assemblée
de la noblesse du pays; je loue et approuve
le tenipéramment que vous avez apporté
pour rompre et séparer ladite assemblée,
laquelle estant tres-dangereuse, j ay or-
donné qu'il en soit informé, voulant ce-
pendant que vous advertissiez ceux que
vous cognoissez y avoir participé de ne
retuniber plus en telle faulte. »
534 LETTRES
possible de supporter les charges de l'Estat, qui sont plus grandes
qu'elles n'ont point encore esté . . .
Le roy auroit très-désagréable que le s' de Thurin continuast à
faire chose quelconque qui fust, contre raison, au préjudice de sa
noblesse , et à la foule de son peuple . . .
MARIE.
BOUTHILI.IF.R '.
Saint-Gerinain-en-Laye, le 18" octobre 1628.
ANNEE 1()24.
NOTA.
Dès le commencement de l'année iGa/i ou pensa à l'union de la .sœur du roi,
Henriette Marie, avec le prince de Galles. La négociation qui avait été entamée
avec l'Espagne pour le mariage de l'héritier de la couronne d'Angleterre avec une
princesse espagnole était près de se rompre; un sieur Poitevin écrivait de Londres
h Richelieu le 2 janvier : • Les nouvelles sont que le mariage de M. le prince et
de l'infante est tout à fait rompu,. . . le dernier courrier qui vint samedy au soir
ayant rapporté que S. M. Catholique ne voulait pas entendre à rendre le Palatinal
qui est ès-mains de S. A. de Bavière .... On doit envoyer le mylord Kinsington
en France. . . » (Arch. des AIT. étr. Angleterre, t. XXVI, fol. 209.) Cependant la né-
gociation traîna encore et l'ambassadeur de France à Londres , le comte de Tillières ,
mandait à M. de la Vilie-aux-Clercs le 9 avril : • Il semble que depuis la déclaration
du roy de la Grande-Bretagne touchant la rupture des deux traittés avec l'Espagne,
les choses s'acheminent au grand gallop à la guerre ... M. Carlile a l'ordre de se
tenir prest pour s'acheminer en France. » (Mêmes arch. t. XXVII , fol. 172 v°.) Mais
lorsque la rupture était encore douteuse, Richelieu épiait l'occasion de reprendre
un des desseins de Henry IV, et avant qu'il fût rentré officiellement dans les
affaires il dirigeait la pensée de la reine mère vers ce but. Une lettre de cette
princesse, dictée par Richelieu, et qu'elle envoyait, vers le milieu du mois de
' Boutliillier a contre-signe, en sa qua- tance, c'était alors Richelieu. Le cardinal
lité de secréttiire des coniniandements ; écrivit lui-même deux mots à M. de Rou-
mais le véritable secrétaire de la reine ville (aux Analyses, à la date du ay octo-
mère, pour les aflaiies de quelque inipor- hrc i623).
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 535
janvier, au comte de Tillières, témoigne que de sourdes négociations s'enta-
maient déjà à ce sujet. Marie de Médicis y dément le bruit qu'elle eût donné
mission à un récolet anglais « de traitter du mariage de sa fille, » et elle ajoute :
• ce religieux ne m'a parlé, de la part du s' marquis de Boukingham, que du
désir que son maistre prist l'alliance de France.» (Ms. d'Angleterre précité,
loi. 217 v°.) Cette lettre sera rioté<; aux Analyses. Dans son factum contre la
Vieuville, écrit vers le milieu de 1624, Richelieu, à propos du mariage d'Angle-
terre, «l'accuse d'avoir voulu tout faire sans le sceu du roy, et contre Tordre
du conseil.» (France, t. XXX\I, fol. 17.) Toutefois le projet du mariage ne
sera officiellement traité que quelques mois plus tard; mais il n'est pas dou-
teux que dès ce moment Richelieu n'y ait pensé, et n'ait sérieusement examiné ,
sous toutes ses faces, celte importante affaire. Nous trouvons dans notre manus-
crit d'Angleterre plusieurs morceaux écrits de la main d'un de ses secrétaires et
qui nous offrent le résultat de ses réflexions à ce sujet :
Raisons pour lesquelles le roy d'Espagne doit désirer le mariage d'Angleterre ' .
Raisons pour lesquelles le roy d'Angleterre doit plustosl désirer l'alliance de France
que d'Espagne '■'.
De l'alliance d'Angleterre et de France; savoir si la France la doit prendre ^.
Nous ne faisons qu'indiquer ici ces trois pièces, qui ont été fondues dans les
Mémoires de Richelieu , la première en partie , les deux autres à peu près in ex-
tenso. Nous n'y trouvons pas une quatrième pièce; nous la donnons, en avertis-
sant que Richelieu, ne l'ayant pas conservée dans ses Mémoires, a eu pour cela des
motifs qu'on peut deviner.
CIV.
Ardi. des Aff. étr. Angleterre, t. 26, fol. a3o. —
Mise au net, de la main d'un secrétaire de Hiclielieu.
RAISONS
l'OL'Il I.KSQDEI.LES LA FRANCE DOrr S'OPPOSER AU MARIAGE D'ESPAGNE ET D'ANGLETERRE
ET PROCURER CETTE ALLIANCE PODH ELLE.
La première est que l'Angleterre est scituée coninie un boulevard
' Archives des Affaires étrangères. An- ' Même source, fol. 229. Méindire»
glelerre, t. XXVL fol- 227, mise au net mss. t. H, fol. as/i-aaS v°.
dc'/enue minute. Mémoires mss. de Hi- ' Ibid. fol. 23). .Mémoires mss. loi
chelieu. I. II. fol. -^23. 326-229.
530 LETTRES
dessus la France , ce qui convia les ducs de Boiugogne de faire grand
estât de l'amitié du roy d'Angleterre et du royaume , pour donner un
Irein aux forces de la France.
La 2' est que le roy d'Angleterre s'allianl en France, le roy d'Es-
pagne perdroit de grandes occasions avec lesquelles il peut tempérer
les mouvemens et prétentions de la France, ayant de son party le
roy d'Angleterre , sy voisin de la France , qui a des prétentions contre
elle, bien mieux justifiées que ne sont celles des François contre le
roy d'Espagne.
La 3° est que l'Espagnol n'a conquis le royaume de Navarre que
sous Louis XIP, après avoir fait ligue avec l'Anglais contre la France,
et s'estans unis pour l'attaquer des deux costez'.
CV.
Arch. des AfF. étr. France, t. 3G, fol. 8. —
Mise au net , de l'écriture ronde de Charpentier.
[ 1 ou 2 mai iGsJ.]
Que pour soulager seulement ceux de son conseil dans la ren-
contre présente de tant d'affaires, et attendu l'absence de M. le car-
' Ces mémoires ont dû, comme nous voir. Quel est ce personnage? serait-ce le
l'avons dit, êlre composés dans les pre- prince de Condé ? Nous l'avons vu, da-
miers moiiide 162/4; nous les indiquons rant le règne du favori Luynes, constam-
au début de cette année, dans l'impossi- ment opposé à ce que la reine mère eût
bilité où nous sommes de leur assigner aucune part dans les affaires; et Marie de
une date plus précise. Médicis, de son côté, considérait comme
' Cette pièce ne porte , dans le manus- une rivalité dangereuse pour elle l'in-
crit, ni signature, ni suscription, ni date. fluence de M. le Prince. On peut lire, à
On voit que c'est un message envoyé par la page 5 de notre second volume , une
lliclielieu pour informer de son avéne- lettre de Richelieu au prince de Condé,
ment au ministère un personnage consi- laquelle a été écrite à l'occasion d'une
dérable, le([uel était alors en soupçon des réponse que le Prince aurait faite lorsque
dispositions de la reine mère à son égard, lui fut annoncée la promotion du cardinal,
et qui, à cause de cela, pouvait voir de Toutefois nous remarquons dans la pré-
rnativais œil l'entrée de l\ichelieu au pou- sente lettre deux ou trois expressions qui
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
537
flinal de La Rochefoucault , à cause de son indisposition, S. M. s'est
résolue de se servir de M. le cardinal de Richelieu, qu'elle a recogneu
capable et très affectionné à son service.
Dira comme la chose s'est passée, et comme S. M. n'en a donné part
à personne, que lorsqu'elle a amené le d. s' cardinal en son conseil'.
pourraient faire naître quelque doute. —
La date de cette pièce doit être très-voisine
de celle de la nomination de Richelieu
(ag avril), elle nous est donnée d'ailleurs
par cette circonstance de l'arrivée des am-
bassadeurs d'Angleterre, tdans dix ou
douze jours; • ils arrivèrent à Compiègne
le i3 mai, la pièce doit donc être du i"
ou du 2 . — Quant au nom de la personne
à laquelle cette espèce d'instruction était
donnée, il est inutile de le cliercUer.
' Nous avons dit, à la date de février
1654 (I- I, p. 783), comment les proposi-
tions de La Vieuville au cardinal n'avaient
pas convenu à Richelieu, et nous avons
montré qu'au moment où il venait d'entrer
aux affaires (4 mai, note 1 de la page 4 de
notre second volume), on se demandait à
la cour quelle part La Vieuville pouvait
avoir à cette promotion. Le P. Griffet a
écrit (p. 426) que le cardinal lui devait
son entrée dans le conseil ; mais le cardinal
lui devait réellement très-peu de chose;
nous savons que La Vieuville ne consentit
qu'à grand' peine à l'admission de Riche-
lieu , et qu'il dut céder à l'insistance dé-
ridée de la reine mère, non sans présager
ces fâcheuses conséquences qui en devaient
résulter pour lui-même. On voit qu'ici
Richelieu ne nomme pas La Vieuville , et
donne à entendre que le roi n'aurait obéi
dans cette circonstance qu'à sa propre vo-
lonté, — La Vieuville fut destitué et empri-
' Voj.t. II, p. so, Icllre da roi à M. d'EfCat. — '
de CharpcDticr. — *" T. II, p. 3a 1 ft suivantes de
CàltDI.N. DE niCUELlEO. VU.
sonné en août 1624*- Richelieu, qui avait
contribué, autant qu'il avait pu, à sa dis-
grâce , le poursuivit aussitôt qu'il fut tombé
de toutes sortes d'accusations où le zèle
de l'animosité est poussé à l'excès. Notre
manuscrit des Affaires étrangères est rem-
pli de factums et de fragments de pièces où
on impute à ce ministre déchu toutes
sortes de méfaits , et parmi les plus graves
imputations Richelieu n'oublie pas ses
propres griefs. Dans l'un de ces pamplilets
nous lisons cette phrase: .1 11 hayl mortel-
lement le cardinal de Richelieu; a voulu
donner de l'argent à deux près du roy
pour luy en dire du mal ". • On peut
croire que le cardinal n'était pas en reste
de haine. Les plumes qu'il employait le
servaient à souhait, et l'on trouve çà et là
dans ces écrits la main de ses secrétaires.
Les diverses pièces de notre manuscrit ont
servi à composer une quarantaine de pages
des Mémoires"'. Aux satires se mêlent les
pièces d affaires; et ce qu'il faut surtout
remarquer ici, ce sont les conseils que
Richelieu donne au roi à ce moment où la
chute de La Vieuville le faisait réellement
premier minisire , quoiqu'il n'en eût pas
encore le titre. La profonde habileté ainsi
(juc le génie impérieux du cardinal ont
marqué là leur vive empreinte. Les Mé-
moires ont également réuni ces fragments
épars "". Nous n'y trouvons pas pourtant
ce paragraphe qui mérite d'être conservé :
* Arcli. des AIT. étr. France, t. 36, fol. 17, de la maia
l'édil. de Pctitot. — "" Ibidtm, p. 33? et suivantes.
68
538 LETTRES
Et d'autant que par cette action ses ennemis pourroient faire effort
de le mettre en soubçon, comme desjà S. M. a sceu qu'on avoit tasché
de le faire cy-devant, de peu de bonne volonté de la reyne sa mère
en son endroit, qu'elle pouvroit plus puissamment luv rendre de
mauvais offices, S. d. M. luy a donné charge expresse de l'asseurer
bien particulièrement qu'il n'a recogneu la reyne sa mère que très
bien intentionnée pour luy, et que comme S. M. prend entière
croyance en son affection à son service, elle veut et désire qu'il face
estai de ses bonnes grâces et de sa bonne volonté qu'elle luy tesmoi-
gnera volontiers, aux occasions qui s'en présenteront et où elle jugera
le devoir employer.
Luy dira après les nouvelles en gros :
Que les ambassadeurs d'Hollande nous demandent un grand se-
cours d'hommes et d'argent.
Que le comte de Carlisle vient, dans dix ou douze jours, donner
part à S. M. de ce qui s'est passé en Angleterre, de leur rupture
avec Espagne, et qu'on apprend qu'il doit proposer le mariage de
Madame; comme aussy d'entrer en ligue, pour la Valteline, à condi-
tion réciproque pour le Palatinat.
Dira le traicté de M. le commandeur pour les passages de la Val-
teline, et la résolution que le roy a prise de dépescher M. de Bé-
thune pour cet effect, vers Sa Sainteté, pour demeurer précisément
aux termes du traicté de Madrid'.
Et de tout ce que dessus , que le roy sera bien aise d'en recevoir
son bon advis.
Cependant que S. M. s'est avancée à Compiègne pour asseurer et
pourvoir à sa frontière de Picardie et Champagne , et en estendra les
« S. M. parlera souvent, s'il luy plaist.avec faire obéir vertement; tels discours don-
ses* princes et mareschaux de France, leur neronl à S. M. la réputation qu'elle me-
tesmoignant qu'il vent bien l'ortiffier ses rite, et tiendront les grands contents.»
frontières, policer ses gens de guerre, ' Concluen 162 i . LeMcï-carey/wifOiide
trouver invention de soulager sou peuple, iGa/j en a donné le texte, à l'occasion de»
faire du bien «ux gens de mérite, et se négociations qui se faisaient alors à Rome.
' Sic , dans le ms. Irès-soigncuscment écrit.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
539
particularités comme il faut; et finalement luy tesmoigner de rechef
que le roy est content de sa conduitte ; maintenant qu'il continue et
qu'il s'asseure qu'en occasion de l'employer, S. M. ne l'oubliera pas,
et cependant de très bonnes paroles.
GVI.
Arch. des AIT. étr. France, t. 36, loi. i48. —
Minute , où le préambule est de la main de Charpentier et ce qui suit de celle de Richelieu.
EXTRAIT DES PROPOSITIONS DU S" DE JUVIGNY '.
[Seconde moitié de 162I '.]
Les faux emplois et divertissemens contre Beaumarchais, à com-
mencer depuis 1 6 1 1 ; il se trouve dans le compte du d. s' de Beau-
marchais de la d. année un faux employ de deux cents quarante
mil livres, ou environ. Autres, que M. Desportes prendra la peine de
vérifier.
' Aussitôt que La Vieuvillc fut tombé ,
le cardinal se mit à s'occuper avec ardeur
des affaires , qu'il avait l'ambition de di-
riger seul , en répétant sans cesse qu'il
Toulail s'en mêler le moins possible, et
que « S. M. prenoit elle mesme les soins
du gouvernement et la conduite de son
Estât. » Ce furent surtout les questions
de finances dont, en ces premiers mo-
ments, le cardinal s'empara avec le plus
d'activité , parce que c'était de ce côté sur-
tout que La Vieuville était vulnérable, et
que le plus pressé pour Richelieu était
alors de perdre sans ressource celui qui
venait d'être le chef du conseil. Nous
avons, dans notre manuscrit, un grand
nombre de mémoires sur diverses parties
de l'administration, parmi lesquels il y en
a nu moins une dizaine sur le sujet des
finances , ainsi que sur les griefs reprochés
aux financiers, et où La Vieuville et Beau-
marchais , son beau-père , sont sévèrement
recherchés. Citons seulement celui qui
porte pour titre : Extraits d'un discoun
par lequel paroment les abus qui fe com-
mettent aux finances , et qu'il est nécessaire
d'y apporter reformation (p. 1 73-1 76). Plu-
sieurs de ces mémoires sont l'œuvre d'un
sieur de Juvigny, et entre autres la pièct
sur laquelle le cardinal a fait les observa-
tions dont nous donnons ici quelques-unes.
Richelieu prend les mots indicateurs du
siijet de la plupart des paragraphes du mé
moire et met au-dessous, ou à côté, uni
note laconique : «bon; • ou : «je n'ay pa^
le détail. » L'extrait qu'on lit ici suffit poui
offrir un spécimen du travail de Richelieu.
' La pièce n'est point datée, mais cette
date peut être proposée pour la plupart
des écrits faits contre La Vieuville
«8.
^
540 LETTRES
' Achapt de rentes, — Bon, mais de peu de valeur
Recherches des partis ^ faicts par fraude contre le roy. — Ne faut
oublier Bertaut. — Bon. — Je n'ay le détail
3 millions francs fiefs et nouveaux acquêts. — Faut voir M. Du
Lis. — Quand un roturier achepte des biens nobles
Imposer une rente sur les officiers de pohce. — Cet advis qui va
à inféauder ces offices semble de périlleuse conséquence; mais faut
l'examiner.
Prendre le tiers des deniers d'octroy des villes
Diminuer la despense. — Oster les parties casuelles. — Supprimer
les offices supernuméraires et inutiles.
Règlement des tailles. Révocation des exemptions des esleus.
Cinq millions voilés sur les comptes de B. (Beaumarchais) par luy
et la W. (Vieuville).
Faut mettre à chaque advis le menu de chaque affaire, les preuves
ceitaines et les moyens d'exéquution, et les temps et les occasions
propres.
GVll.
Arch. des AIT. étr. Angleterre, t. u6. fol. 33o. — Minute.
MÉMOIRE DONNÉ A M. DE RÉRIJLLE,
TOOCHANT LA DISPENSE DU MARIAGE D'ANGLETEBRE \
[Fin (le juillet ou coiimiLucouient d'août jôai-j
Donner l'impression d'Amadeau telle qu'il jugera le devoir; en
Ici Richelieu prend la piuino et se- lieu ayent lait aucune mention de cette
parc chacun de ces articles par une barre. pièce qui semble tout à t'ait confidentielle,
' Les traités faits avec les partisans. et ne s'occupe point exclusivement de l'af-
•' Titre mis au dos par le secrétaire de faire du m:\riage. Elle n'est point datée, et
Richelieu qui a écrit la minute. On Ik en- le manuscrit la classe fautivement à la fin
suite : «employé.» Cependant nous ne de novembre; mais elle a dû être remise au
voyons pas que les Mémoires de Hiche- père de Bérulle au moment de son départ,
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
541
quelle considération il est, en l'Estat, en l'Eglise et en toutes les com-
inunautez.
N'oubliera la dispense.
et nous lui donnons la même dale à peu
près que celle de l'instruction officielle.
Celte instruction, intitulée : t Mémoire au
P. de Bérulle, pour son voyage à Rome, »
est datée du dernier juillet. Je ne l'ai point
trouvée dans les manuscrits de Rome aux
Affaires étrangères, mais l'original est con-
servé aux Archives de l'Empire', et il y en
a une copie aux Affaires étrangères '*. Cet
original est une pièce de treize pages , et la
signature du roi est contrc-signée : « Lo-
nienic ». Le cardinal a certainement donné
ses indications pour cette instruction , mais
il ne l'a pas dictée; il en parle très-suc-
cinctement dans ses Mémoires'", et dans
les pièces elle-mêmes nous n'avons remar-
cjué aucune trace de sa participation.
Parmi les considérations que l'on recom-
mande au P. de Bérulle de faire valoir
auprès du pape sont, au premier rang,
les conditions à stipuler au sujet de la re-
ligion professée par la future reine s'unis-
sant à un prince hérétique. Il n'était pas
moins nécess-.iire de persuader le roi que
le pape sur ce point, qui importait à la
fois aux intérêts de la religion et à la di-
gnité du roi; Louis ne voulait pas être
traité plus défavorablement que ne l'avait
ét^ le roi d'Espagne dans le projet avorté
d'une union entre le prince de Galles et
l'infante. Ce point de l'instruction du
P. de Bérulle est plus approfondi et
" M. 23a , liasse B 3; lettre rouge F.
" .'\ngleterre, t. 3o, fol. 199.
•" P. 234 v' dams, des Aff.étr. et p. 3 10, t. II,
de ya. Petitol.
**** Celte (Scriture n'est pas sans analogie avec
celle du cardinal et n'est point de Charpentier; mais
beaucoup mieux développé dans un écrit
spécial, qui parait appartenir plus en pro-
pre à Richelieu , qui est de la main d'un
de ses secrétaires, lequel a mis au dos :
Mémoire de M. le cuj'dinal de Richelieu,
pour monslrer à S. M. "" L'objet de ce
mémoire est d'examiner • cinq articles que
les Anglois proposent de mettre au traitté
de mariage aucunement différons de ceux
d'Espagne,» et de montrer comment,
malgré cette différence, ils peuvent être
acceptés par S. M. sans blesser la cons-
cience ni la dignité du roi de France. —
Vittorio Siri , qui a donné dans ses Memone
recondite'"" la traduction d'un fragment
de l'instruction de Bérulle, remarque que
cette difficulté ftit un grand embarras pour
la France et l'habileté avec laquelle le
cardinal s'en tira. — Le carton des Ar-
chives que nous venons d'indiquer, et qui
provient originairement de l'Oratoire , con-
tient beaucoup de pièces officiel les (dont
un certain nombre de la main de Bérulle)
relatives à cette importante négociation
du mariage d'Angleterre. Nous devons
noter aussi les manuscrits des Affaires
étrangères intitulés Angleterre , Rome, se
rapportant aux années i6a4 et i6a5.Qu;int
au mot Amadeau qu'on lit au commence-
ment de cette lettre, nous avons déjà dit
(jue c'étciit un des noms dont on se servait
dans l'intimité pour désigner Richelieu.
je l'ai rencontrée de temps en temps dans les |>api(;is
de lUclielieu. Aii^i que Cliarpenticr, d'autres secré-
taires ont voulu imiter la main de Richelieu; ce
peut être la cause de quelque erreur dans l'indica-
tion des -écritures.
***** T. V, p. (i27, édil. de l'iyg, in-'C.
542 LETTRES
Représentera que la grande indulgence qu'on trouve à Rome en
beaucoup de choses qui esclatlent nuit grandement. V. G. : mariages de
î^esdiguières, de Créquy, jugez très extraordinaires; de M"^ le Prince,
de faire son patrimoine d'une des plus belles abbayes de France; et ce
pour nulle cause solide, si non de donner quelque petite chose aux
.•lésuites. En considération de quoy on abolit 4o ou 5o religieux.
Dispenses à divers princes et princesses de faire tenir des bénéfices
en leurs maisons, sous le nom d'autruy. Le comte de S., la P. de C
A beaucoup d'évesques et simples abbés qui ayant la moindre con-
noissance de quelques cardinaux, les mesmes induits qu'aux cardi-
naux, ce qui faict que les cours de parlement et autres compagnies
souveraines s'en scandalisent grandement, et font des assemblées pour
révoquer tout en doute; tesmoin la dernière où on a faict tant de
bniit pour l'induit de M. de Bourges.
Sçavoir s'il estime à propos qu'il ayt tant de multiplicates (.•*) de
couvents et de divers ordres, dont il semble à propos d'arrester le
coins.
S'il penseroit utile de fortifier les ordinaires, mais avec cette mo-
dération-«/ ne (juid nimis.
Pense de grande édification de renouveler les décrets pour \r
résidence des évesques, exhortant les princes à les faire observer,
déclarant par la d. rénovation le temps que les conciles donnent aux
évesques pour leurs affaires, afin que les princes qui peut-estre
l'ignoreroient ne voulussent les contraindre à y estre assiduement.
Une action pareille à celle-là gaignera le cœur des parlemens de
France et produira un grand fruil, la licence des non résidences
estant très grande.
Voir si on ne peut apporter quelque ordre à l'abus des desma-
riages, ce qu'on sçait bien estre très difficile.
Se souvenir qu'on se plaindra plus en France des dispenses extraor-
dinaires que de la rigueur des canons, parceque les parlemens font^
dans leurs desréglements, grand estât des canons.
' Le comte de Soissons, la princesse de Condé ?
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
543
Conférer avec Sa Sainteté des remèdes qu'il estimeroit plus con-
venables à la fureur des duels.
Maxime qu'à cause du peu d'affection que les parlemens ont à ce
qui vient de Rome, qu'il faut accorder les moindres choses qu'il se
pourra où ils puissent trouver à mordre quoy que sans subjel
légitime.
Dignité de cardinal humiliée'.
CVJU.
Arch. des Aff. étr. Hollande, t. 9, pièce 89. — Minute.
[Vers le mois d'août i6a^.]
* En matière de religion, la paix ne peut estre de durée, parce
quon ne la faict pas pour establir un asseuré repos, mais pour cher-
cher les moyens de prendre quelque avantage l'un sur l'autre par
ruse et tromperie.
Le roy d'Angleterre pourroit moyenner une trefve perpétuelle
entre le roy d'l£spagne et les Eslats, portant le roy d'Espagne à dé-
' Cette ligne est en tète du deuxième
feuillet, dont tout le reste est en blanc.
' Ce sont ici quelques réflexions déta-
chées sur les intérêts communs ou op-
posés de la France et de l'Espagne. Dès
les premiers temps de son ministère, le
cardinal s'occup.T de rechercher avec quels
Et:its il importait le plus à la France de
former des alliances. La pièce, sans date,
a été classée en i6a4; elle doit, en effet,
appartenir à cette année , et sans doute au
moment où, débarrassé de La Vieuville,
Kichelicu commença à gouverner seul les
affaires de l'Etat. — La pièce qui suit,
dans le manuscrit, cotée 90, est certaine-
ment de la même époque; on y examine
« s'il est licite de secourir les llollandois; i
et l'on conclut que, sans blesser la loi di-
vine, on peut faire alliance « avec les héré-
tiques, voire même avec les infidèles. «C'est
un mémoire de dix-huit pages, de la main
d'un secrétaire de Richelieu, dont l'écri-
ture ressemble un peu à celle de Charpen-
tier. Les marges sont couvertes de nom-
breuses citations, tirées, pour la plupart,
de l'Ecriture sainte; ainsi, dès le premier
paragraphe, on lit à la marge : « Le rov
."Salomon a eu alliance avec le roy Hiren ,
et a baillé et assubjetty une des villes du
peuple de Dieu à un roy idolâtre. . . » 11
n'est pas probable que le cardinal ait rédigé
lui-même ce second mémoire; c'est un
travail dont il s'est borné, .sans doute, à
donner le thème.
54/1 LETTRES
clarer absolument, ainsy qu'il a desjà commencé à faire par la pre-
mière trefve, qu'il ne prétend rien sur les Estats; qu'il les tient pour
république et peuples libres. . . ' déclarant qu'il ne leur deniandoit
que l'engagement de n'avoir à l'advenir que mesmes amis et ennemis.
Par où nous serions exclus et demeurerions seuls entre le roy d'Es-
pagne, le roy d'Angleterre et tous ses Estais.
(]ette ouverture fut faicte dès la première trefve, mais rejettée par
les Estats à cause de la France et d'Angleterre qui les secouroit lors.
J^e mariage d'Angleterre produira de deux choses l'une poiir l'Es-
pagne , ou que le roy d'Angleterre abandonnera les Estats pour res-
tablir son gendre , ou qu'il moyennera la trefve entre le roy d'Espagne
et les Estats qui s'y disposeront à sa prière, de peur d'estre aban-
donnez de luy, ce qu'il pourra d'autant plus aisément qu'ils auront
peu de confiance en nous, et que, bien que fbumeur de ce prince
ne leur en face pas espérer grand support, ils ne laissent toutefois
d'avoir quelque croyance en luy, comme professant la religion en
laquelle ils vivent.
Le prince d'Orange estant absolu dans les Estats, ne semble pas
pouvoir trouver son compte en la trefve, si ce n'est qu'il se contentas!
que le roy d'Espagne le déclarasl gouverneur perpétuel des d. pro-
vinces.
Quoy qu'il y ayt du péril à se déclarer contre l'Espagne pour les
Estats, il y en a plus à les abandonner et les contraindre à se mettre
par nécessité enti'e les mains des Espagnols . . . alors nous devrions
beaucoup craindre d'eux, tant parce que c'est im peuple aguerry
proche de nous, que puissant en soy mesme. . . que parce aussy qu'ils
seront plus animés contre nous qu'aucun autre, l'expérience nous
laisant cognoistre qu'un amy abandonné est ennemy plus irréconci-
liable qxie ceux qui de tout temps ont esté ennemis.
' Le cardinal donne à sa pensée quel- dans les Mémoires de Richelieu. Manus-
ques développements que nous omettons, crit des Affaires étrangères, feuillet i38
parce que ce paragraphe, saut' les pre- du deuxième volume; dans les imprimés,
mières et les dernières lignes, a été inséré page oi5 de l'édition Petitni.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
545
Richelieu rappelle que le feu roi a toujours reconnu que l'alliance des Hollandais
importait grandement à la France et a toujours méprisé les inconvénients qui
pouvaient en résulter de la part de l'Espagne. Nous résumons une demi-page qui
se trouve insérée dans les Mémoires (Manuscrit des AIT. étr. t. 2 , fol. 287 ; p. 3 13
de l'édition Petilot).
Aj)rès un intervalle de quelques lignes de blanc, le manuscrit cité aux sources
met ce paragraphe, qui a été barré, peut-être par celui qui a préparé la pièce
pour les Mémoires :
Quand on est parvenu par beaucoup de peines, plusieurs périls et
hasards, au comble d'une grande réputation, la prudence veut qu'on
se mette à couvert de l'inconstance de la fortune, qui, tournant
tousjours, montre en un temps le derrière à ceux qui, en un autre,
l'avoienl tousjours veue au visage.
CIX.
Arcli. des AÇf. étr. Suisse, t. 17. — Mise au net de la main de Charpentier.
LE ROY A M. DE BÉTHliNE.
Du 5 ' septembre 162/1.
M' de Béthune, ne pouvant plus différer l'exécution de l'entreprise
' Une annotation mise en létc, d'une
autre écriture que celle de la pièce, dit
le 6; c'est le jour du départ de la dé-
pêche écrite le 5, date que Richelieu a
soin de constater lui-même à la fin. Je
trouve, dans ce manuscrit, une autre lettre
du roi , datée de Saint-Germain , le /( sep-
tembre , adressée à M. Myron , ambassa-
deur de France en Subse , et au marquis
de Cœuvres, le futur maréchal d'Estrées,
qui y avait été envoyé en prévision d^
opérations militaires qu'on supposait devoir
êlre bientôt nécessaires. (Voiraux Analyses,
10 juin.) Ladite lettre du roi a sans doute
été rédigée dans le cabinet du secrétaire
d'Etat d'Herbault. J'en donne un extrait
CARDIN. DE niCIIELIËD. VH.
succinct qui nous apprend la pensée de
Richelieu , peu satisfait de ne pas trouver
dans le gouvernement de la république
helvétique assez d'empressement à secon-
der ses desseins dans f affaire de la Valte-
line. Le roi commence par témoigner aux
plénipotentiaires sa satisfaction sur ce
qu'ils ont obtenu des canlons catlioliqups la
ratification et la garantie du traité de Ma-
drid , d'autant plus que « il a fallu apporter
une grande industrie pour surmonter les
difficultés qui s'opposoient à cette résolu-
tion. ... Quant au point qui concerne
l'exécution de nostre dessein, ajoute le roi,
je m'estonne que les cantons protestans
soient si tièdes et si peu animez pour eni-
69
546 LETTRES
que vous sçavés que j'ai faicte pour délivrer les Grisons de la subjec-
tion et oppression en laquelle l'archiduc Léopold les tient, et rendre
aux Valtelins la liberté qu'ils désirent et attendent de moy, le respect
que je porte à Sa Sainteté faict que, devant que d'en venir à l'extré-
mité, il n'y a voye que je ne veuille tenter pour sortir de cette affaire
par son entremise.
Elle la peut terminer par l'un de deux expédiens que je vous
mande par cette lettre , afin que vous preniés le temps de les proposer,
ou faire proposer par quelque antre, selon que vous le jugerés plus
à propos. Si le pape ne les gouste pas, au moins en recevré-je cet avan-
tage que toute la chrestienté verra la déférence que j'auray rendue à
Sa Sainteté, à ce qu'elle conserve la paix à favantage de l'Eglise.
Les Espagnols ont toujours prétendu qu'ils n'avaient autre intérêt en cette
affaire que celui de la religion, et cette considération a retenu le pape; le roi
explique comment ce prétexte, allégué par les Espagnols, n'a plus aucun fon-
dement, et puis les Espagnols ne sont pas en état de faire la guerre; ils ne la
désirent pas.
Et par conséquent Sa Sainteté doit voir clairement qu'elle leur
feroit plaisir d'user de son authorité paternelle pour les tirer de celte
affaire quand mesme les Espagnols tesmoigneroient ne le consentir
pas ouvertement.
Si Sa Sainteté faict difficulté de se porter à ce premier expédient,
elle pourroit en prendre un autre qui, non moins asseuré pour l'etfect
que je désire, sembleroit plus doux aux Espagnols.
Il faudroit que , sur les sollicitations pressantes que vous fériés au '
pape de restituer la Valteline selon le traitté de Madrid, maintenant
que les Suisses sont intervenus cautions pour le faict de la religion,
brasser les occasions présentes mais les yeux, ils mettront forlement la main à
j'espère que lorsque les affaires seront en- l'œuvre Je vous recommande de
tamées, et que ces peuples seront délivrés pourvoir de bonne heure à vous asseurer
de la ciuiute que l'oppression de leurs voi- du passage pour entre.'' en Suisse et pour
sins leur représente incessamiuent devant aller aux Grisons des premiers •
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 547
Sa Sainteté, pour éviter le trouble de la chrestienté, vous donnast
parole et asseurance par escrit que si , dans trois mois , les Espagnols
ne veulent consentir à l'exécution entière du traitté de Madrid
Sa Sainteté ne lairra de faire raser tous les forts sans délay et remettra
actuellement les choses en Testât qu'elles estoient avant le différend.
Ne donner aucune connaissance du second expédient qu'au cas où le premier
ne pourrait réussir.
Si le pape estoit arrêté par la crainte de n'estre pas favorisé par les
Espagnols en l'affaire d'Urbin,je ne ferois nulle difTiculté de m'obliger
à l'assister ouvertement et si puissamment, quelqu'obstacle qui se
puisse présenter en cette affaire, que l'événement n'en pourroit estre
douteux; vous luy en pouvés donner parole de ma part, et l'asseurer
que je passerois bien plus volontiers en Italie pour ce subjet que
pour aucim autre. . . Je luy en donnerois mesme une promesse escrite
s'il le désiroit.
11 est bon que vous faciès cognoistre à Sa Sainteté que si les deux
voyes d'accord ne peuvent réussir, elle n'aura pas lieu de me blasmer
si j'entre en liaison esiroite avec divers princes et communautez, sans
considération de leur religion et des intérests qu'ils pourront avoir
peu favorables pour l'Eglise, que je désire, en mon particulier, 'servir
au prix de mon sang et péril de ma vie.
Jusques à présent , j'ay escouté toutes leurs propositions sans m'en-
gager à aucune; mais je ne puis différer à le faire, et j'estimeray ne
faillir pas, si j'y suis contrainct par le refîis des expédiens proposés.
Ne pouvant sortir de l'affaire de la Valteline par la voye du pape
je seray contrainct de me joindre à celle du Palatinat et toutes celles
des alliez de ma couronne.
Je ne doute pas que Sa Sainteté ne vous donne de belles paroles
mais mon entreprise se doit exécuter au commencement du
mois qui vient Sans faire cognoistre au pape la cause pour la'-
quelle je ne puis attendre sa résolution, vous lui dires absolument
que je suis sy las de voir les longueurs avec lesquelles les Espagnols
69.
548 LETTRES
ont trainné cette afFaire, qu'il m'est Impossible d'attendre plus long-
temps un eflFect de sa justice et de sa bonté paternelle.
Faire bien remarquer au pape, dans le cas où il n'embrasseroit point les
ouvertures que vous luy ferez, que le traitté de Madrid ne se pouvant exécuter,
c est en vain qu'il conserve le deppost des places.
Je ne crains pas de vous dire que je serois bien ayse que cette af-
faire se peust terminer sans venir aux. extrémitez, auxquelles toutefois
je suis résolu, au cas que je n'en puisse soi'tir par autre voye.
J'attendray response de ce courrier qui part le 5^ de" ce mois, dans
le 2 6 ou 2 7 du présent ' .
ex.
Aroliives de l'Empire, M, 232. — Oriffinal, de la main de Charpentier
AU RÉVÉREND PÈRE DE BÉRULLE,
Sl'PÉniEUR DE LA CONGBÉGITION DE L'OBATOIBE , ESTANT DE PRESENT À BOME.
13 septembre iCal.
Mon père, je prends la plume pour vous dire qu'on vous envoyé
les articles du mariage d'Angleterre ' plus avantageux encore que vous
' Dans l'intervalle, une longue dépêche aux articles qu'il luy avoit portés de ma
fut écrite à M. de Béthune au nom du part". ... n Dans lasecondo :« Depuis vostre
roi. (Ci-après, aux Analyses , à la date du départ après bien des difficultez
\à septembre.) les articles ont esté arrestez en la forme
' Nous avons , aux Archives de l'Empire , que je vous les envoyé Il est mainte-
dans le carton cité aux sources, une pièce • nant question de poursuivre vivement la
intilulée : « Articles du mariage pour en- dispense » La présente lettre de Ri-
voycr à M. de Bérulle', » et deux lettres chelieu se place entre ces deux dépèches
originales du roi, l'une du i i septembre, du roi. On ne s'explique cette double mis-
contre-signée Loménie, l'autre du 1 3, con- sive qu'en supposant que l'une a annulé
tre-signée Phélypeaux. Dans la première l'aulre et qu'une seule a été envoyée. Il ne
nou.s lisons : « Depuis que vous estes party faut pas oublier qu'à ce moment , quoique
le Mylord Rich est revenu chargé des res- Richelieu fût bien réellement le maître des
ponses que le roy, mon frère, avoit mises aflf.iires, il laissait encore aux secrétaires
* Oratoire. Liasse B, lettre rouge F - " Même carton, liasse E, u"" 6, 7
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
549
ne les avés emportez, ainsi que vous verres. Je ne vous en mande
point parti culièrejuent les raisons, parce que le petit papier que je
vous baillay, avant que partir', les contient assez clairement.
Pour faire le traitté à souhait. M' le nonce mesme n'y désireroit
qu'une chose , qui est qu'il feust permis aux catholiques d'Angleterre
d'aller liljrement avec Madame au service divin; mais ce que nous
n'aurons pas par contiact, nous l'aïu-ons, s'il plaist à Dieu, par le zelle
de Madame ; j'attendray de vos nouvelles sur ce sujet. Mais j'estime
du tout important au bien de l'église que Sa Sainteté accorde cette
dispense promptement ^.
Je vous remercie de ce que vous m' avés mandé de la part de 20,
1 1, 37, 32, 3i, 27^; mais je ne veux en aucune façon y entendre.
C'est ce que je vous puis dire pour cette heure, sinon que je suis
véritablement, mon père,
Vosti'e très affeclioDiié à vous siMvir.
Le Gard. DE RICHEUEU.
De Saint-Germain-en-Laye , ce i 2*= septembre 162/i.
d'État une certaine part d'initiative; mais
il ne manquait pas de refaire ce qu'il ju-
geait devoir être réformé. De là il peut
arriver qu'on rencontre deux pièces diffé-
rentes sur Je même objet et de même date.
' Ce petit papier serait-il l'écrit que nous
donnxms ci-dessus p. bào ?
' Il ininortiit d'en finir : dès le 1 9 juin ,
le roi écrivait au marquis de Tillières : t Les
ambassadeurs d'Angleterre ayant désiré
qu'il fust pris un délay pour obleiiir de Sa
Sainteté la dispense <jui est nécessaire,
j'ay consenti à leur désirai pris, pour tout
delay etprelicion, le tenue de Irois mois,
pendant lequel j'espère d'obtenir ce i|ui
est si avantageux pour la religion calho-
lifiue. • Et les négociations suivaient leur
cours , ce qui n'arrèlait pas les persécutions
à Londres. Le comte de Carlisle les excu-
sait à sa façon. «De quoy certes j aurois
peine à me payer (mandait le roi à M. d'Ef-
liat le 1" août) si je pouvois faire davan-
tage que les prier, et si je croyois qu'il
y eust autre voye que celle-là , et plus
prompte pressés donc le prince et le
duc de Buckinghain de me donner con-
tentement en cette occasion. • La réponse
ne se fit pas attendre ; et le roi écrivait à
M. d'l'fliat,le7 août : «J'apprends (jue le»
onze articles sont accordez, ce ([ui me sa-
tisfaict beaucoup. . . tuscliésà obteuii' dei ca-
tlu>li<|ues anglais une lettre à moy pour me
remercier, adin que je la puisse envoyer à
Rome, ce (|ui faciliteroit la dispense.. . «
Enfin , on vient de voir que, le 1 2 septembre,
Richelieu envoyait les articles à Rome; les
trois mois étaient sur le point d'expirer.
' Je n'ai pas l'explication de ce cliifire
550 LETTRES
CXI.
Arcli. des Aff. étr. Rome, t. Sy, fol. 495. —
Minute de Ja main de Charpentier.
[Vers le 12 septembre 162/i.]
A iVI. de Bérule, que j'ay receu ses lettres du qu'on luy en-
voie les articles beaucoup meilleurs qu'il ne les a portés, et tels
qu'on n'y peut trouver de différence entre ceux d'Espagne , puisque le
dernier article permet, comme il verra, en termes exprès, plus de li-
berté pour les catholiques, en tout ce qui concerne la religion, qu'ils
n'eussent eu en vertu de tous les articles d'Espagne; que je ne croy
pas que le pape puisse faire difficulté en cette affaire, et véritable-
ment, .s'il y en faisoit, je croy que la chrestienté y trouveroit quelque
chose à redire.
Je juge très-difficile d'obtenir plus de l'Angleterre que ce que nous
avons. Toutefois nous n'oublierons rien de ce ([ui se pourra pour avoir
la parole du roy de la Grande-Bi-etagne , qu'il fermera les yeux aux
personnes de qualité qui iront au service avec Madame. Par traicté
cela ne se peut espérer; mais je crois bien que la pratique n'en sera
pas desniée.
Tout est ici comme vous l'avés laissé. Si l'aflaire de la Valtehne
e.stoit vuidée , nous pourrions faire de bonnes choses pour l'Eglise et
pour l'Estat. Dieu sçail bien ce qu'il veut faire. Je ne vous recom-
mande point l'affaire que je vous ay mise en main; il est meilleur de
la faire à la lin qu'au commencement.
Je vous prie aussy de demander au pape une permission d'opiner
aux affaires de guerre et justice, où, estant question d'effusion de
sang , ou de mort, sur quelque subject que ce peust estre, il pourroit
s'ensuivre quelque irrégularité. Cette affaire n'estant pas secrette, un
expéditionnaire ' vous dira ce qu'il faut et en quelle forme.
Expéditionnaire en cour de Rome; un de ces employés lelsqu'était le sieur Eschinard.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 551
Je vous prie de dire à M. de Lyon' que quand son affaire sera faite ,
il ne face jamais cognoistre que je l'aye sceu; au contraire, il faudra
que chacun croye ce qui est présent [sic) de dire à M. de Béthune sui-
ce subject, qui sera en un mot qu'il s'est relasché à la nomination
de , sur ce que Sa Saincteté ne vouloit faire autrement des
François ; chose qui lui avoit esté ordonnée avant son départ de France ,
généralement parle roy, et particulièrement par La W. (Vieuville) de
la part de Sa Majesté.
Je le prie que personne vivante ne sache rien du contenu de ce
billet que le mesme Lyon ^.
NOTA.
Octobre 1634.
Nous plaçons ci-après, aux Analyses, à la date du 10 juin, Vindicalion de
deux instructions, l'une patente, l'autre secrète, données au marquis de Cœuvres,
concernant la Valteiine. Elles marquent l'influence de Richelieu dans le conseil,
presque aussitôt qu'il y fut entré, et avant même qu'il y eût la direction des ai-
faires. Ce ne sont encore que des projets, des opérations préliminaires; mais dès
que la chute du marquis de la Vieuville eut rendu le cai-dinal complètement
maître du pouvoir', sa première pensée fut d'en unir avec cette aflTaire de la
Valteiine si impoi-tante, et si maladroitement traitée jusqu'à ce moment. La ques-
tion était fort délicate, non-seulement parce qu'elle touchait d'un côté aux dé-
' M. de Marquemont, archevêque de
Lyon.
' Cette matière de lettre répèle quelque
chose de ce que le cardinal avait déjà
mandé au P. de Bcrulle dans sa missive du
12 septembre; mais on voit que celle-ci
était secrète, tandis que l'autre pouvait
être montrée; elle n'est point datée, mais
le texte prouve qu'elle doit avoir été écrite
vers le temps du départ du P. de Bérulle
pour Rome, et presque au même moment
que la lettre du la septembre, soit avant,
soit après. De plus, le P. de Bérulle man-
dait à Richelieu, le a a octobre: «J'espère
que le premier courrier vous [)ortera la
nouvelle de la dispense obtenue dans les
affaires d'Angleterre. » (Arch. des Aff. étr.
Angleterre, t. aG, loi. 3ia.) C'est la ré-
ponse à la lettre du cardinal. La pièce
porte en tête-. « Rome , 1 6a 5. » Cela a sans
doute été mis pour le classement, lequel
est fautif aussi bien que ce millésime. En
i6a5, le P. de Bérulle était en Angleterre
et non à Rome.
' Voy. t. II, p. 20. Lettre du roi à
M. d'Effîat.
552 LETTRES
mêlés du catholicisme et de la réforme, mais surtout parce qu'on y avait donné
au pape une intervention politique qui en augmentait les difficultés. Richelieu
conduisit cette épineuse et longue négociation avec une habileté fort discrète.
Toutes les lettres de lui que nous avons sur ce sujet en sont un témoignage. On
lui en a prêté une qu'on pourrait s'étonner de ne pas trouver dans ce recueil et
qu'il ne faut point passer sous silence, parce qu'elle a fait un bruit auquel le
nom de Voltaire a donné du retentissement; et on l'a maintes fois citée comme
un des signes du caractère de Richelieu.
lia Vieuville était renvoyé le i3 août; dès le 23, Richelieu écrivait à M. de
Marquemont, alors en mission à Rome, une lettre que nous avons donnée ', et
où le ministre annonçait la ferme résolution du roi « de se retirer avec honneur de
cette affaire de la Valteline , par quelque voie que ce puisse estre. » Dans cette lettre
et dans celles qui suivent, adressées au même Marquemont, il n'est parlé du pape
qu'en termes toujours respectueux. Enfin, le 23 octobre: «Je suis profondé-
ment aise (mande Richelieu à Marquemont) que les propositions que M. de
Béthune est chargé de faire au pape aient été jugées à propos. Je m'estonne gran-
dement si S. S. ne contribue à terminer cette affaire, comme elle doit, veu les
grands inconvéniens qui en peuvent arriver. Si le conseil du roy eust esté, il y a
six mois, tel qu'il est maintenant, on auroit commencé de meilleure heure ci prendre
de bonnes résolutions , et ainsy l'afiaire seroit aux termes que nous la pourrions
tous désirer; mais lors il étoit impossible. Ce qui me fasche le plus en cela, est
que nous perdons de belles occasions pour avancer la religion par cette malheu-
reuse affaire, à laquelle j'espère enfin que Dieu mettra la main. Je vous puis
asseurer qu'on n'oubliera rien de deçà de ce qu'il faut pour en sortir 2. »
C'est toute la lettre. Voici maintenant ce qu'on lit dans V Essai sur les mœurs :
» Marquemont, ambassadeur de France à Rome, écrit à Richelieu une longue
dépêche, dans laquelle il étale toutes les difficultés de cette affaire (la Valteline).
Celui-ci répond par cette fameuse lettre ; < Le roi a changé de conseil et le mi-
nistère de maxime; on enverra une armée dans la Valteline, qui rendra le pape
moins incertain et les Espagnols plus traitables'. »
Voltaire ne cite point son autorité. J'ai cherché partout celte fameuse lettre
dans les manuscrits de Richelieu; je n'avais garde de l'y trouver, elle n'est pas
du cardinal, elle est de Saint-Evremond; je fai rencontrée, saiis la chercher,
dans la dissertation sur le mot Vaste ''.
■' Je veux rapporter une chose peu connue, mais très-véritable, dit Saint-Evre-
' T. II, p, 27. — " 4bid. p. 37. copié Voltaire, qui avait copié Saint-Evre-
' T. XVlil, p. 199 de f édition de Vol- niond.
taire de Beuchot. — Jay (l. I, p. dg) a ' T. I, p. i48,de fédition de M.Giraud.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 553
mond; M. de Marquemont écrivit une grande lettre au cardinal de Richelieu sur
les affaires de la Valteline pour réponse, le cardinal de Richelieu lui écrivit
quatre lignes, dont voici le sens : « Le roi a changé de conseil et le conseil de
maxime. On envolera une armée dans la Valteline qui rendra le pape plus facile
et nous fera avoir raison des Espagnols. »
Voilà ce que Voltaire a copié en modifiant quelques mots; et voyez le progrès
naturel de l'erreur; Saint-Evremond avertit qu'il rapporte seulement le sens de
la lettre de Richelieu ; Voltaire dit que c'est la lettre elle-même. Or on voit par
le véritable texte que nous avons donné et où nous avons souligné la phrase
transfonnée , combien l'expression diffère de celle de la lettre imprimée dans
Saint-Evremond; il suffit d'avoir étudié un peu attentivement la manière de
Richelieu pour reconnaître qu'une telle lettre était impossible. Le cardinal qui,
en elTet, envoya une armée en Valteline avec l'intention d'exeicer une salu-
taire influence sur les résolutions du Saint-Père, n'était pas homme à écrire
qu'il forcerait la main au pape par l'envoi d'une armée. C'est là du style de
Saint-Evremond, ce n'est pas celui de Richelieu. Le cardinal, qui n'a jamais rien
cédé au pape, a toujours parlé du souverain pontife avec la plus sage circons-
pection, constamment attentif à mettre autant de ménagement dans ses paroles
que de fermeté dans ses desseins; à soutenir les droits et les intérêts de la
France, tout en conservant dans son langage les convenances que lui imposaient '
sa dignité de cardinal et le respect dû au chef de l'Eglise.
cxir.
Arch. de l'Empire, M, aSa, liasse : Angleterre, n° 6, B '. —
Originnl de la main de Charpentier.
AU RÉVÉREND PÈRE DE RÉRULLE,
SDPÉRIGCn DE LA CONGnÉCATION DE L*OBATOIRB , ESTANT DE PRESENT À ROME.
8 novembre i6î4.
Mon père, j'ai esté très-aise de cognoistre, par vostre lettre du
7 d'octobre, que l'afiaire de M. Schmith soit en l'estat que vous me
' Nous devons à M. l'abbé Houssay, qui cieuses recherches, la connaissance de ce
prépare une histoire (lu cardinal (le Bérulle, carton de l'Oratoire; nous ne l'avions pas
avec une grande application el de conscien- eu dans notre ancien travail aux Archives.
CARDIN. DE niCHFXIEC. — V». 70
554 LETTRES
mandez \ et que , pour la faciliter davantage , M' le cardinal de la
Valette ayt voulu se charger de voir les papiers qui concernent cette
affaire. Ne doutant point que les considérations que vous me tesnioi-
gnés avoir représentées sur ce sujet à Sa Sainteté ne soient assez
fortes pour surmonter les calomnies que l'on y apporte, pour lascher
d'en empescher l'effect. Je ne vous prie point de continuer à y contri-
buer vostre soing, sachant que vous n'y obmettrés rien de tout ce que
vous estimerés y estre nécessaire pour faire que l'on en ayt le conten-
tement qu'on désire, puisque, outre le bien que vous savés qui en
peut revenir à l'église , c'est chose que j'affectionne particulièrement.
Seulement, vous conjuré-je de faire estât très-asseuré que personne
n'est plus que moy.
Mon père,
Vostre très affectionné à vous servir.
Le Gard. DE RICHELIEU.
De Paris, ce S"* novembre lôaA-
cxni.
Arch. de l'Empire, M, a3a, Angleterre, E, 17. —
Original de la main de Le Masle.
AU RÉVÉREND PÈRE RÉRULLE,
SDPÉRIEUR DE LA CONGREGATION DE L'ORATOIRE, DE PRESENT À ROME.
36 novembre 162^.
Mon père, vous verres, par les articles du mariage d'Angleterre,
qu'on vous envoyé comme ils ont été accordez et signez soubs le bon
' Le comte de Béthune , alors ambassa- temps au pape le litre d'évesque pour un
deur de France auprès du Saint-Père , écri- Anglois, Richard Smith. J'ay descouvert
vait au secrétaire d'Etat d'Herbault, le que l'opposition venoit des Jésuites, qui
9 septembre, avant l'arrivée du P. de Bé- allèguent qu'il ne les ayme point; mais, en
rulle à Rome : « On demande depuis long- effet, c'est qu'ils ne veulent point en cette
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 555
plaisir de Sa Sainteté , qui , je m'asseure , accordera promptement la
dispense, puisque les conditions qui regardent la religion sont si
bonnes et si advantageuses^ Beaucoup de considérations font souhai-
ter qu'il n'y ayt point de délay en cette dispense, et je vous prie de
croire cpie cela est très-important. Je nie promets aussy que vous y
veillerés très-soigneusement.
^ Je ne suis pas assez bon courtisan pour faire valoir ce que je fais,
principalement quand je cognois qu'il n'en vault pas la peine. Cepen-
dant, puisque vous avés désir de voir ce qui se passe entre moy et
lAngleterre, je vous envoie les lettres que le roy de la Grande-Bre-
tagne et le prince de W. ^ m'ont escrites et les responses que j'y ay
faites. Vous verres que le roy me faict l'honneur de m'escrire avec tous
les tiltres qu'on donne aux cardinaux , et plus de civilité que tous les
autres roys n'ont accouslumé de leur faire. Sa Sainteté ne sera pas fas-
chée, je m'assem-e, de le voir; vous les luy monstrerés, s'il vous plaist,
et à quelc[ues-uns de MM. les cardinaux, comme de vous-mesmes. Je
suis ,
Mon père,
Vostre très affectionné à vous servir.
Le Card. DE RICHELIEU.
A Paris, ce 26 novembre 1624.
place d'homme vigoureux. . .J'espère que Sa nommé évêque de Chalcédoine inpartibus.
Sainteté consentira à le faire évcsque. Cette ' Voy. notre 2° vol. p. 3o.
partialité, qui est entre les uns et les au- ' On a cru à tort qu'à partir d'ici l'écri-
trcs , porte grand préjudice à l'avancement ture était celle du cardinal ; l'encre est dif-
de la religion catholique en Angleterre. » férente, et peut-être la plume a changé,
[Arcliiv. des Ajf. élrang. Rome, i. XXXV.) mais c'est la même main.
Cet ecclésiastique fut, quelque temps après, ' Galles. (Walies.)
70,
556 LETTRES
CXIV.
Arch. des AIT. étr. Angleterre, t. 26, fol. Sa/j. — ■
Copie de la main d'un secrétaire de Richelieu.
[Vers la fin de novembre 1624 ' .]
Il faut adjouster au papier de confiance^, qu'on aura pour but prin-
cipal d'extirper l'hérésie et ruiner le party; ce qui se fera incontinent
que l'affaire de la Valteline sera terminée.
Faut représenter combien l'on désire qu'elle se finisse, de peur
qu'elle ne ilonne lieu de s'einbarquer en quelque ligue qui divertisse
un sy bon dessein.
Le roy pourra désirer, par déclaration particulière, que, devant
d'acomplir le mariage, le roy de la Grande-Bretaigne fasse expédier
lettres nécessaires à son chancelier pour empescher à l'advenir la per-
sécution des catholiques, et, de plus, que ces lettres soient actuelle-
ment effectuées en Angleterre auparavant que rien parachever.
Le roy peut désirer de plus que Madame obtienne, par prières,
que nul catholique ne soit recherché pour assister, en ses chapelles,
au service divin avec elle.
Le roy peut encore désirer non-seulement que les catholiques
anglois ne soient point contraints à faire le serment auquel, jusques
à présent, on les a voulu astreindre, mais qu'ils soient receus à en
' La date manque, mais cette pièce est et franchise en tout ce qui regarde la re-
hien classée dans le manuscrit en no- ligion, qu'ils n'eussent faicl en vertu d'ar-
vembrc. (Voy. dans notre 2° vol. p. 5o,un ticle quelconque accordé par le Irailté de
mémoire auquel celte pièce se rapporte.) mariage faict avec l'Espagne. « . . « On ne
Nous trouvons aussi, dans le manuscrit cité le% astreindra à aucun serment contraire
aiax sources, fol. 286, un écrit signé des à leur religion.»
ambassadeurs d'Angleterre Carlisle et Hol- " Je ne trouve point de pièce récente
land, une autre pièce datée du 18 no- à laquelle ceci se rapporte; il s'agit s;ms
vembre et intitulée : éciit parlicalier. C'est doute encore du a petit papier » dont il a
une promesse du roi d'Angleterre de don- été question dans la lettre du 1 2 sep-
ner à ses sujets catholiques « plus de liberté tembre, p. 549 ci-dessus.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 557
faire un qui , asseurant le roy de la Grande-Bretaigne de leur fidélité ,
ne contienne rien contraire à la religion catholique.
Le roy de la Grande-Bretaigne [asseure-bien] qu'on ne présen-
tera point à ses sujets catholiques le serment auquel, jusques à pré-
sent, on les a contraints; mais il ne veult pas les recevoir à faire un
autre serment, ce qui montre bien qu'il peut avoir intention de les
contraindre, à l'avenir, au premier serment.
CXV.
Arcli. des Aff. étr. Espagne, t. i3, fol. 349- —
Mise au net de la main de Charpentier.
[ novembre 162/1 '.]
Madame du Fargis m'a dict que le comte d'Olivarez avoit tesmoigné
à M' du Fargis une extresme passion d'estre bien avec moy; qu'il
avoit prié M' du Fargis instamment de me le faire sçavoir; qu'il avoit
esté sur le point de me l'escrire luy-mesme.
Elle m'a dict, de plus, que M' du Fargis lui mandoit que la grande
passion qu'il avoit d'estre bien avec moy feroit qu'il se porteroit volon-
tiers à rhabiller quelque chose du traitté qu'il envoyoit au cas qu'on
ne le trouvast pas bien.
Je luy ay demandé d'où venoit ce changement, veu qu'il n'y a pas
un mois qu'elle m'avoit dicttpie led. comte et les Espagnols désiroient
pas.sionnément ma perte; qu'ils n'oublieroient volontiers rien de ce
qu'ils pourroient pour la procurer, mesme n'y plaindroient pas leur
argent.
Elle m'a respondu que les Espagnols estoient de ce naturel que
quand ils voyoient ne pouvoir esbranler l'establissement et la fermeté
d'une personne, ils la recherchoient, et qu'il falloit que le comte
' Lesecrétaire n'a pointdalé cette pièce; en tout cas, que ceci doit avoir été écrit
on a mis en tète : « novembre 1 624 , » et on lorsque Richelieu avait déjà une part con-
l'aclasséeaprèslemoisd'octobre. Il semble, sidérable dans les affaires.
558 LETTRES
d'Olivarez jugeast que les affaires de son maistre requissent estre en
bonne intelligence avec la France, ou que luy estimast cela nécessaire
aux affaires de sa personne, et qu'en quelque cas que ce feust, ayant
le crédit que j'avois, il désiroit passionnément esire bien avec moy.
Après luy avoir dict plusieurs fois que j'honorois le comte d'Oli-
varez , et serois bien aise de le servir dans le service du roy, mais que
je ne voulois point d'intelligence particulière avec luy, comme desjà
je luy avois dict à son arrivée, elle m'a dict en riant qu'elle voyoit bien
que je craignois de dire des paroles qui m'engageassent, mais que ce
n'estoit point son dessein, et qu'elle me prioit de luy dire si M. du
Fargis ne devoit point respondre à cette grande passion qu'il tesmoi-
gnoit, ou s'il devoit dire quelque chose.
Je luy ay respondu qu'il estoit vray que le nom d'Espagne estoit
suspect; mais qu'alin qu'il n'y eust point de mesprise, je luy donne-
rois par escrit ce qu'elle devoit respondre , ce que j'ay faict exprès
pour avoir le temps de le sçavoir du roy, qui m'a commandé de luy
dire ce qui s'en suit :
Il faut mander à M' du Fargis qu'il remercie, de ma part, s'il luy
plaist. M"' le comte d'Olivarez de festime qu'il tesmoignoit faire de
moy, et du désir qu'il avoit de mon amitié, dont il recevroit toutes
sortes de tesmoignages dans le service du roy mon maistre. Qu'il pou-
voit beaucoup contribuer à l'union de ces deux couronnes, à quoy, de
ma part, je n'oubiierois rien de ce qui deppendroit de moy. Que je
sçavois bien qu'il croyoit que j'eusse aversion à l'Espagne, ce qui
n'estoit point , en effect. Que bien estois-je sy passionné François que
toutes fois et quantes qu'ils entreprendroient quelque chose au pré-
judice des intérests du roy mon maître , ils me trouveroient sy affermy
à m'y opposer que rien ne m'en pourroit destourner; mais que, hors
cela, il verroitje m'asseure que je me resjouiray tousjours de leur
contentement dans une bonne intelligence et correspondance avec cet
estât. Que si les différends qui sont entre ces deux couronnes pou-
voient une fois estre terminés, il me seroit aisé de luy faire voir avec
quel ressentiment je reçoy l'offre qu'il me faict de son amitié; estant
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 559
très-asseuré que le roy me commandera de le faire souvenir de toutes
les occasions es quelles il pourra luy tesmoigner sa bienveillance,
et de n'en perdre aucune de le servir en mon particulier, en quoy il
me cognoistroit très-diligent.
ANNEE 1625.
GXVI.
Arcli. des AIT. étr. Constantinople , t. 3, fol. ii6. —
Extrait d'une lettre chiffrée.
LE ROY A M. DE CÉSY '.
Ue Paris, ce 3o'juin lôaS.
La fin de votre dernière lettre- est très -considérable, voyant
quelque espérance d'establir le patriarche Antimo, et déposséder
Cirille, lequel estant esloigné de la doctrine de l'Église, en pro-
cure la ruine, dont mon service puis après souffriroit extresmement.
Ceux qui en Levant ont pour but de la ruiner, se trouvans attachez
d'intérests contre la religion, desquels vous avés à vous garder, et me
conserver l'alliance du Grand Seigneur pour m'en pouvoir prévaloir
en mes affaires, et pour la conservation de tant d'âmes desquelles je
.suis touché de compassion, et dont je déplore la condition; à quoy,
du costé de Rome, je seray assisté, le nonce de Sa Sainteté nVaiant
desjà faict entendre qu'ils contribueroient de l'argent pour faire dé-
posséder led. Cirille. Ce que, de mon costé, je feray en mesme pro-
portion , et ainsy pour six ou huict mil escuz , la chose se pouvant
' Philippe de Harlay, comte de Césy, . nople. Né en i56i, il mourut à soixante
l'un des membres distingués de cette nom- et onze ans, le 4 juin i632.
breuse famille des Harlay; il était cousin ' Je ne trouve point la lettre de M. de
d'Achille. Il fut, pendant plus de vingt Césy dans ce manuscrit,
ans, ambassadeur de France à Constanti-
560 LETTRES
exécuter, vous la pouvés entreprendre, et, me le mandant, je donneray
ordre que celte somme vous soit envoyée.
CXVII.
Arch. des Aff. élr. Rome, six premiers mois, I. 36, fol. i35.
ESCRIT RAILLÉ A M. LE NONCE'
' LE FÉVRIEB 1626.
[Commencement de février '. ]
Sur les instances faictes au roy au nom du pape par M"^ son nonce
et par le sieur Nary, envoyé exprès par Sa Saincteté sur les affaires
présentes de la Valteline,
Sa Majesté a faict response (jue, pour le respect qu'elle porte à
Sa Saincteté, et pour luy faire cognoistre que ce que le marquis de
Cœuvres a entrepris dans lad. Valteline a esté plustost'par occasion
et nécessité que par ordre exprès qu'il en eust de Sa Majesté, bien
qu'il se peust faire justement par les raisons qui en ont esté réputées.
Sa Majesté fera commandement aud. marquis de n'entreprendre au-
ctme chose d'ici à deux mois, à comencer du i5 du mois de février,
sur les forts de Rives et de Chiavennes, par la seule considération
des enseignes du pape. Si toutefois les Espagnols et leurs adhérens
attaquoient les forces du roy en la Valteline , ladicte surséance n'auroit
point d'effect.
Cette préfixion doit estre agréable au pape
M"" le nonce jugera combien il importe que cette affaire soit tenue
' Je trouve celle annotation sur le ma- ' Le quantième est resté en blanc , mais
nuscril : « Note faite pour le nonce et qui la pièce est de la fin de janvier ou du com-
ne luy a pas esté baillée, led. nonce s'es- niencement de février, puisqu'il s'agit d'une
tant contenté de la parole semblable qui mesure dont on prescrit l'exécution à par-
luy en a esié donnée. » (Voy. ci-après aux tir du i5 février,
analyses, i5 février.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
561
très-secrète, pour faire réussir les bonnes intentions de Sa Majesté
et de sa Sainteté.
L'union de la jeune sœur du roi avec le prince de Galles, non moins que la
Valteline, occupait alors la cour de France; c'était aussi une grande affaire àRome;
le manuscrit cité aux sources est rempli de documents dont nous citerons seule-
ment les suivants, qui, faute de date, ont été classés à la fln de février :
• Conditions qui se doivent entièrement et absolument promettre. »
• Conditions utiles à la religion catholique que S. M. s'efforcera d'obteuir. •
■ Obligations à faire par le roy très chrestien en faveur du Saint-Siège, etc. »
cxvm.
Angleterre , t. 33 , fol. 1 3 1 . — Minute de la main de Charpentier.
[A M. D'EFFIAT'.]
lo mai 1625.
J'ai reçeu le billet que vous m'avés envoyé, louchant le dessein de
60 et 6 1 2, pour la liberté et lé rétablissement de 48 ^ . . . pour la com-
position * de Beaumarchais, je les^ favorise autant que je puis, selon
l'humeur que vous cognoissés un peu glorieuse de l\Ç> (le cardinal de
Richelieu), et un cœur que je puis dire ne se plaire pas aux actions
ordinaires. Pour la liberté de 48 je le voudrois; mais ce n'est pas
chose qui soit preste à estre meure. Pour le restablissement, s'ils
' L'ambassade de M. d'ElEat est con-
servée en copie aux Affaires étrangères,
t. XXX, XXXI, XXXII, XXXIV, XXXV
d'Angleterre.
' Les ambassadeurs d'Angleterre, lords
Carlisie et HoUand.
' Ce doit être un chiffre fautif: partout,
dans celte correspondance, ^8 signifie le
roi. 11 s'agit sans doute du marquis de
La Vieuville, gendre de Beaumarchais, et
qui, après sa disgrâce, fut enfermé au
château d'Amboise. Il avait, pendant son
ministère, rendu des services aux deux
CARDIN. DE niCIIELIED. — ,- VU.
ambassadeurs qu'on vient de nommer.
[Mém. de Rich.t. II, p. 333, édit. Petitot.)
' Ce mot est écrit en abrégé dans le ma-
nuscrit; il signifie arrangement; Beaumar-
chais avait des comptes à rendre comme
trésoriar de l'épargne. Il s'était enfui lors
de la chute de son gendre; condamné à
être pendu, il fut exécuté en effigie. Mais
cette condamnation précipitée , rendue sur
des accusations qui ne purent être prou-
vées, n'eut pas de suite, et Beaumarchais
s'en tira avec de l'argent.
' On pourrait lire : « l'v. >
7>
562 LETTRES
peuvent changer le cœur du roy et universellement de toute la
France, ils peuvent faire cette affaire, mais non pas autrement. Ces
gens ne prennent pas bien leurs mesures. Pour ce qui est de la ligue,
asseurés-vous qu'ils ne feront rien^ Le partement de votre flotte sera
bien tardif à mon advis, et cela nous donne quelque occasion de
croire que ce n'est pas tout de bon que de vostre costé on veut atta-
quer l'Espagne.
Vous dires à Sg (Buckingham) un advis que j'ai donné à M. Gor-
ring seul, à la charge de n'en parler qu'à luy, qui est que M. de
Baugy, résidant en Flandres , a escrit au Roy qu'on tramoit là un des-
sein contre luy, pour pratiquer quand Gondemar auroit pris ses me-
sures en Angleterre. L'advis doit venir de Flandres, et doit porter
que 69 veut faire empoisonner le roy, pour faire le Palatin roy, à
condition que le fils du Palatin espousera la fille de Buckingham.
Gorring m'a dit que 69 sçait bien qvi'ils ont desjà eu ce dessein du
temps du feu roy La reyne enchargera particulièrement ^4
(Madame^) de le dire à 55 (le roy d'Angleterre) devant 69 mesme,
comme on a descouvert qu'ils ont dessein d'user de cette extresme
mahce et imposture pour ruiner 59 Cet advis donné de Madame
frappera un grand coup dans l'esprit, du roy
Quand 44 sera arrivée, je seray parfaitement ayse qvie vous veniés
icy. Les ambassadeurs se laissent entendre sourdement que le roy
fera une action de cavalier venant à Bologne quérir sa maistresse et
voir les reynes qui vont jusque-là. Je vous prie me mander ce qui en
sera sans que personne sache que je vous en aye escrit.
' Buckingham, venu en France à l'oc- faire mention. Le sujet plus développé, et
casion du mariage de la sœur de Louis XIII, avec une rédaclion différente, a été traité
était chargé de mettre à profit cette circons- dans les Mémoires de Richelieu ( Manuscrit
tance pour négocier certaines affaires po- des Affaires étrangères , t. II , folios 33 1 ,
Htiques, et notamment ce projet de ligue. 337; édit. Petitot, t. II, p. Itbg-ièi. Voy.
Nous trouvons aux Affaires étrangères (An- aussi notre 2* volume, page 72, note 3).
gleterre, t. XXXIII, fol. 2o3) un avis sur ^ Henriette - Marie , dont le mariage
les propositions de Buckingham; la pièce allait être célébré à Notre-Dame, le len-
estdelamaindeCharpentier,avecquelques demain 11 mai.
notes du cardinal ; nous nous bornons à en
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
563
CXIX.
Arch. des Aff. étr. Angleterre, t. 33, fol. 188. —
Minute de la main de Charpentier'.
A M. DE BÉRULLE.
20" juillet 1625.
Je loue Dieu de ce que la reyne faict tout ce que l'on pourroit
désirer de son âge. Par ce moyen elle acquerrera grande gloire devant
Dieu et grand honneur devant le monde, estant certain que si elle fai-
soit autrement on l'accuseroit ou de foiblesse natiu-elle ou d'avoir
tant de passion pom- le mary que Dieu luy a donné en terre qu'elle
n'en auroit point pour celuy qti'elle doit avoir pour jamais au ciel.
On vous envoyé les lettres que vous demandés sur le sujet des
Dames du lit '^. Je trouve quelque péril à accorder la femme; il y en
' Celte minute se trouve, ainsi que la
suivante, sur une feuille où Charpentier,
écrivant sous la dictée de Richelieu, a mis
quelque désordre; la première page con-
tient, dans la première moitié, des phrases
isolées; devaient-elles être intercalées dans
une lettre à faire aux ambassadeurs, ou
dans l'une ou l'autre des matières de let-
tres écrites sur la même feuille ? En voici
un extrait : » Le roy est extresmement fasché
du peu de facilité que vous trouvés à l'exé-
cution des choses promises Il com-
mande à M" les ambassadeurs de ne partir
point que l'establissenient de la reyne ne
soit faici , et que le parlement ne soit
pQssé Le roy envoie quelqu'un exprès
pour hâter l'exécution qu'il désire avec
passion »
' L'évêque de Mende avait écrit le
1" juillet (date douteuse) : « Buckingham
a placé sa mère , sa femme et sa sœur au-
près de la reyne. (Ms. cité aux sources,
fol. 186.) Les Mémoires de Richelieu ne
disent qu'un mot de l'affaire des dames du
lict, mais elle n'était pas sans importance
à ce moment, car il ne s'agissait pas seu-
lement de donner des places d'honneur à
la famille de Buckingham, l'intérêt sérieux
de ce choix , pour la jeune reine , était de ne
pas voir remplacer auprès d'elle les dames
catholiques venues avec elle de France par
des dames anglaises huguenotes. Aussi
cette affaire occupe une certaine place dans
les correspondances du temps , et elle n'est
pas très-facile à débrouiller, soit à cause de
l'incertitude ou de labsence des dates , soit
à l'égard des personnes. Les Mémoires' de
Richeheu (t. II, p. /I97) disent la femme,
la sœur et la nièce de Buckingham; et,
dans les lettres, nous trouvons tantôt ces
564 LETTRES
a aussy avec le temps à ne l'accorder pas, de peur que l'on face pis.
Parlant on vous envoyé doubles lettres, les unes pour demander la
mère, les autres pour accorder la mère et la fille, afin que vous
usiés de celles qui seront plus à propos, estant raisonnable que vous
qui estes sur les lieux, faciès la décision de cette affaire.
Je serois bien fasché qu'estant nécessaire là, il fust icy '.
Je luy mande entre luy et moy [qu'avec] M. le légat on n'avance
ny ne recule, et que le traitté avec luy est extresmement délicat, luy
pouvant dire avec vérité que souvent lorsqu'on pense le plus l'obliger,
c'est lors qu'il se met le plus en colère. Qu'en effect, s'il eust esté icy,
je croy qu'il eust beaucoup servy, mais qu'il est de là si nécessaire...
CXX.
Arch. des AIT. élr. Angleterre, t. 33, fol. 188 v°. —
Minute de la main de Charpentier.
A M. DE MENDE.
20' juillet 1625.
Pour M. de Mande. Contre la légèreté et le peu de foy des Anglois,
en telles occasions comme celles qu'ils ont à traitter avec luy, je ne
sache point de meilleur remède qu'une grande fermeté à ce qui est
et ce qu'on estime juste, et pour la gloire de telles gens,
une grande douceur en son procéder ordinaire, telle aussy que, quand
ils en voudroient abuser, ils cognoissent par l'événement, que quoy
qu'ils facent, cela n'est pas capable de faire désister des choses entre-
prises.
Quant à M°"^ de Ch. je ne vous puis dire autre chose, sinon que
mêmes personnes, tantôt la mère et la ' Richelieu , en dictant ces matières de
belle-mère du favori. Enfin, quatre dames lettres, change ainsi quelquefois de forme
furent établies en 1626, et nous avons et passe du langage direct à la troisième
vu les plaintes qu'on en fit alors (t. I", personne, et vice versa; dans la ligne sui-
p. 244). vante, nous substituons le mol avec oublié.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
565
l'opinion de beaucoup est que, quand elle sera de retour, on n'aura
plus de besoin d'envoyer chercher de guilledines ^ d'Angleterre ; nous
sçavons tous ses mauvais comportemens , qui tesmoignent grande co-
quélerie en elle et grande foiblesse en son mary.
Je vous prie d'asseurer la reyne de la passion que j'ay à son sci-
vice et luy tesnioigner qu'encore qu'à son départ j'en eusse autant
qu'on peut avoir pour personne du monde, la façon avec laquelle
vous et M' de Bérule me mandés qu'elle se comporte , me la fait re-
doubler, estimant plus le zelle qu'elle a de ce qui luy peut apporter
honeur en ce monde, et gloire solide en l'autre que toutes les cou-
rones du monde, lesquelles elle ne posséderoit point avec honeur, si
elle ne se gouvernoit comme elle faict.
J'ay faict voir à la reyne ce que vous m'en mandés tous deux , qui
' Ce mot, qui ne se trouve point dans
les dictionnaires du temps, cst-il fabrique
par Richelieu, ou était-il alors dans l'u-
sage populaire ? La langue ne l'a point
conservé, mais le mot guilledou, qui est
resté français, l'explique suiTisamment ;
l'expression est dure, mais les rapports
que le cardinal recevait de l'évêque con-
fesseur de la reine n'en justifient que trop
la rudesse, n Je suis honteux, mandait M' de
Mende, des impudences de madame de
Chevreuse et de la simplicité de son mari.
Iloland presse Chevreuse de lui faire ac-
cepter son logis pour y faire ses couches ,
ne se réservant pour lui-même qu'un petit
appartement, à quoi Chevreuse consentit
facilement; et estoit la chose résolue, si
honteux de ce qu'il ne festoit point, je ne
lui eusse donné à entendre qu'on
se picqueroit si elle ne logeoit dans sa mai-
son. C'est une farce publique, et ne sert
qu'à déshonorer l'Estat Elle demeure
tous les jours cinq ou six heures enfermée
avec Buckingham, Holandluy ayant laschc
sa prise Quand on eust voulu tout
perdre, on n'en pouvoit choisir de pire. »
Après quelques mots concernant la ma-
réchale de Thémines, l'évêque ajoute:
« et semble que toutes y soient plustost ve-
nues pour establir le h que la reli-
gion. » Le temps où M. de Mende écrivait
lui a permis de mettre en toutes lettres le
mot dont nous conservons seulement l'ini-
tiale. Le sentiment qui animait l'évêque
confesseur de la jeune reine a donné à ses
paroles une exagération qu'on ne peut guère
lui reprocher; il est trop vrai que la plu-
part des dames qui accompagnèrent Hen-
riette-Marie ne firent pas l'édification de la
ville de Londres. Dans un autre- mémoire,
M. de Mende disait encore : « M. de Che-
vreuse joue icy un très-mauvais personnage ;
mon desplaisir est qu'il serve de fable aux cs-
trangers aussy bienqu'aux François. »i\ous
ne devons pas omettre que M. de Mende,
sur le fait de la mission diplomatique, lui
donne ce bon témoignage : « Chevreuse
s'est porté avec courage sur la fin de sa né-
gociation. » (Ms. cité aux sources, fol. ig2 ,
193, 196.)
566
LETTRES
en a un extresme aise, et m'a dict qu'elle veut commencer à faire faire
pour elle la courone de sainte qu'on luy a prédit qu'ime de ses trois
filles auroit un jour.
Elle m'a commandé de vous mander que vous continuiés de luy es-
crire la disposition de la reyne sa fille , mais sans dissimuler ny flatter.
Quant à ce que vous me mandés de la cognoissance qu'il faut
avoir des afî"aires, j'y apporteray doucement ce que je pourray, mais
je seray bien ayse que M" de ia Villeauxclercs revienne avec cette
impression, ne pouvant mander ce qui se pourroit dire sur, ce subjet.
CXXI.
Arch. de l'Empire, M, 74, n'ay (Sorbonne). — Original-autographe.
Imprimée, Musée des archives, p. idà-
SUSCRIPTION :
REVERENDIS SACR^ THEOLOGI/E
APUD SORBONAM DOCTORIBDS.
26 juillet 1625.
Reverendi doctores, perculit me vehementius communis jactura
quam ex obitu eminentissimi viri ^ experti sumus. Non modo nos,
sed universa omninô ecclesia gravissimam ex eo funere tulit plagam,
feretque acerbe sublatum sibi fatorum invidia sidus illud, quod tam
pure, tam altè omnibus et in domo et extra domum praelucebat. Ce-
dendum tamen Dec, gaudendumque magis quod habuimus quàm
mœrendum quod amisimus, praesertim in grandi illa segete virorum
doctissijnorum quos ex celeberrima sua schola alumnos felicissimè
emisit. Hoc unum nobis ad spem el solatiumrelictum est; quaerendus
' C'est Philippe dé Gamaches, célèbre
docteur de Sorbonne, et l'un des plus sa-
vants professeurs de théologie de son temps.
11 venait de mourir (le 21 juillet iGaô)
lorsque cette lettre l'ut écrite. Gamaches
avait osé déplaire à Richelieu, en prenant
la défense du livre De ecclesiastica et poU-
tica potestate, du syndic de Sorbonne Ri-
cher, écrit composé contre les doctrines
ultramontaines et dont le pape se plaignit.
Le cardinal se souvint sans doute alors de
l'admiration enthousiaste que le docteur
Gamaches avait fait éclater à l'occasion des
actes que l'évêque de Luçon avait soutenus
jadis en Sorbonne, et il rend ici à Philippe
de Gamaches une justice méritée.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
567
niniirum lanto prœcessori digniis successor. Res gravis, nec luviter
pertractanda, cuj \ ut intersim ego, et rei pondus, et societatis
dignitas, et officii mei ratio suadent. Idcirco quia jam mihi inte-
griuTi non est hinc niigrare , postulo a vobis uti me ad id expectetis
aliquandiù. Vacabimus Imic operi , Deo favente , ante studlorum im-
minentis anni renova tionem. Sum intérim, eroq. semper,
Reverendi doctores.
Vest oium totiusq. societatis amautissimus.
Armandus Gard, de RICHELIEU.
De Courance, le 26 juillet 1625.
CXXII.
Arch. des Aff. éfr. Turin, t. 6, pièce 63°. —
Mise au net d'une écriture que nous rencontrons quelquefois.
MÉMOIRE DES AFFAIRES RÉSOLUES AU CONSEIL DU ROY,
LE 7 AonsT i6a5, son le siège d-ast, qoi wa esté envoyé le 8 à limolrs'.
7 août i6i5.
Examen du bien et du mal qui peut arriver à propos du siège
d'Ast, si la nouvelle apportée par Bachelier est vraie, ce que j'ay peine
à croire, le duc de Savoie n'en ayant rien mandé.
' C'est ocui, » écrit avec unj. l\ous re-
produisons cet autographe avec une rigou-
reuse exactitude.
' Ce titre, écrit au dos de la pièce, de
la main de Richelieu, ne semble pas per-
mettre, au premier coup d'oeil, de lui at-
tribuer ce Mémoire; cependant le texte
même porte si bien son cachet qu'on ne
sait comment supposer qu'il soit d'un autre
(jue lui. Bien que dans les premiers temps
de son ministère il n'ait pas pris toute
l'autorité qu'on n'a pas tardé à lui recon-
naître, nous ne voyons pas quel est celui
des secrétaires d'Etat qui aurait pu donner
des conseils au roi sur ce ton. Ne peut-on
pas admettre que les résolutions prises au
conseil , en l'absence de Richelieu , l'aient
été sur un mémoire envoyé par lui, ou sur
des notes données à l'un des secrétaires
d'Etat? Cette considération nous engage
à conserver cette pièce au moins en ex-
trait.
568 LETTRES
Le bien :
Ce siège empesche Tenneini de rien entreprendre sur la Valteline,
du costé de Milan.
Il y a chance qu'une armée espagnole se ruinera.
M"^ de Savoie est deux fois plus fort que l'ennemi, et si les Fran-
çois et les Vénitiens contribuent ce qu'ils peuvent, il n'y a rien à
craindre de l'événement, la place pouvant tenir deux mois. ....
« Et il sera plus aisé que jamais d'entrer dans Testât de Milan »
Le mal :
Les Espagnols jettent la guerre hors de leurs pays, et de la defFen-
sive passent à l'oEFcnsive.
La conclusion de la paix de la Valteline différée.
Le roy estant obligé do soutenir les Colleguez en Testât de Milan,
peut estre forcé d'entrer en rupture ouverte avec les Espagnols.
Les huguenots seront moins portés à la paix, voyant le roy engagé
au dehors.
« Ce qu'il semble qu'il faut faire : »
Accroistre la réputation de Sa Majesté; délivrer immédiatement des
commissions pour lever des troupes; tirer une partie des forces de l'ar-
mée de Champagne, les mettre sous la conduite de M. de Vignolles.
Le duc d'Angoulesme devra tousjours demeurer sur la frontière,
avec 6 ou 7,000 hommes de pied et 5oo chevaux.
Levée de 4, 000 Suisses.
L'affaire de Mansfeld.
Voir la proposition de Tambassadeur de Savoie pour l'Angleterre,
et éviter que, dans ce traité, le roy ne s'engage au recouvrement du
Palatinat.
« Quant aux huguenots, je suis d'opinion que le roy ne s'arreste pas
avec eux aux petites difficullez, qui ne peuvent consister qu'à augmen-
ter les conditions d'argent pour M. de Soubise, et deux ou trois de ses
supposts, et à abréger le temps du rasement du fort. »
« Car, pour ce dernier, le roy estant dans six mois maistre de la mer,
jcomme il sei^a avec ses vaisseaux, la flotte se pourra aller loger en Ré,
■DU CARDINAL DE RICHELIEU. 569
au temps que les Rochelois prétendront Teffect de la démolition du
fort, et l'on les empeschera bien d'en parler, craignant pis. »
Ne point parler au légat de l'entreprise des Espagnols, mais l'at-
tendre
Le marquis de Cœuvres estant si foible qu'il ne peut faire autre
chose que conserver la Valteline, disposée à la révolte, il ne faut pas
convier l'armée vénitienne à entrer dans l'état de Milan; mais seule-
ment qu'ils se tiennent prêts à y entrçr et qu'ils veillent soi-
gneusement à la défense de la Valteline leur donner avis des
2,000 hommes que M"" de Feuquières conduit en ce pays.
« fay quelque opinion que l'armée d'Espagne n'est entrée dans le
Piedmont que pour y rappeler le prince Major, lequel s'en allait avec
6 ou 7,000 hommes vers la rivière de Gennes, pour conserver ses
conquestes, dont l'armée des Gennevois ' a desjà repris une partie. »
CXXIII.
.\rch. des Aff. étr. Angleterre, t. a6, fol. a 10. — Minute.
Quelques mots de la main de Richelieu.
AVIS.
CE QU'IL FAUT FAIRE SOR LE VOTAGE DE BOUQDINGAN *.
[ . . . novembre i6]5.]
Il sera difficile d'empescher que Bouguingam ne vienne icy; car
' Génois, à cause de l'italien Genova. dace de l'homme à bonnes fortunes de la
' Buckingham qui, dans son voyage du cour d'Angleterre. C'était en novembre*,
moia de mai, avait affecté, non sans quel- et l'avis dont nous publions ici un extrait
que insolence, de témoigner pour la reine a dû être donné à ce moment. Richelieu,
une folle passion , montrait quelques mois ne considérant ce nouveau voyage do Buc-
après un vif désir de revenir en France; et kingham qu'au point de vue politique,
Louis XIII, que les bruits indiscrets de la " manda à notre amlsassadeur en Angleterre,
scènedu jardin d'Amiens avaient inquiété, le baron de Blainville, «que si Buckin-
voyait avec un déplaisir facile à com- ghani continuoil le dessein de son voyage
prendre et une légitime colère cette au- de France, il lui dit franchement... que
* La pièce porte le millésime de 1654, et elle a été classée a cette fausse date.
CARDIN DE BICHEI.IEP. — VII. 72
570
LETTRES
s'il a passé la mer après avoir receu tous les avis qu'on luy aura
donnés en Angleterre sur le sujet de son voyage, rien ne l'arrestera,
s'il y vouloil aller comme ami de l'étal et
affectionné au roi, il y seroit le très-bien
venu , mais que s'il y alloit après avoir re-
fusé au roi tous les contentemens qui ne
lui pouvoient être déniés... il pouvoit bien
juger qu'il ne pourroit, ni ne devroit y
être bien reçu*. » Buckingham , qui n'était
nullement disposé à donner satisfaction à
la France, partit pour la Hollande, où il
signa, le 9 décembre, une alliance pour
le rétablissement du Palatin. Le cardinal
explique ici les mesures qu'il prit pour
parer aussitôt aux dangers dont la France
pouvait être menacée par ce nouvel et fâ-
cheux incident. Il se plaint de ce que
« l'ambassadeur du roi en Hollande a com-
mis une grande faute au refus absolu qu'il
a fait , de la part du roi , au duc de Buc-
kingham de venir eu France , ayant pensé
que la dépêche qu'il avoit reccue de la cour
i'obhgeoit de parler ainsi, au lieu que
l'ordre du conseil avoit été simplement
qu'il tînt au duc un langage qui le conviât,
en venant en France , d'apporter conten-
tement au roi ". » Ainsi Richelieu ne s'op-
posait pas , sauf certaines conditions , à l'ar-
rivée de Buckingham. Ce regret qu'il
exprime dans ses Mémoires s'accrut sans
doute de ce que lui mandait alors l'évêque
de Mende, grand aumônier de la jeuqe
reine. Après avoir annoncé que Buckin-
gham s'était embarqué le 1 5 novembre ,
l'évêque ajoutait , dans une lettre posté-
rieure : « Je croy que s'il eust passé en
France, vous eussiez peu, par un accom-
modement, trouver ses seurelez et les
vostrcs '". » Il faut dire aussi qu'outre la
mauvaise humeur que pouvait éprouver le
favori des empêchements que l'on appor-
tait à sa visite projetée, il avait des motifs
politiques pour lier l'Angleterre à la Hol-
lande el ne paraître pas faire cause com-
mune avec la France L'évêque de Mende
écrivait dans la lettre précitée : « Buckin-
gham m'a dit qu'il n'y avoit point de grâce
à espérer pour luy, si les vaisseaux anglois
servoient à la ruine des Rochelois. » Il
paraîtrait même que certaines appréhen-
sions personnelles , et la crainte de trouver
en France un sort funeste, se mêlèrent à
tout cela. Un intime ami, lord Holland,
alors ambassadeur en France, que Buc-
kingham avait chargé de sonder le terrain ,
lui écrivait, après quelques explications
politiques : « Je trouve beaucoup à craindre
pour vous, et point de certitude d'un ac-
cueil sincère et sûr. Le "^ (loi) persiste
dans ses soupçons, en parle très-souvent,
et se laisse dire par les vilains que (J? (la
reine) a des tendresses infinies, vous ima-
ginez vers qui. . . Je ne puis donc, ni pour
les affaires, ni pour votre sûreté person-
nelle, vous engager à venir; sachez pour-
tant que vous êtes à la fois le plus heureux
et le plus malheureux homme du monde ,
car (>) est pour vous au delà de toute ima-
gination, et ferait des choses qui la per-
draient plutôt que de ne pas satisfaire sou
désir. Je n'ose parler comme je voudrais
et je crains d'en avoir trop dit , tant je sai.s
quelles sont les mauvaises pratiques de
ces gens-ci... Je n'ose vous donner un
* Mém, de Richelieu, l. II, p. Soi.
fol. 262.
-- *• tbift. p. 5i 1. — '** Archives des Atf. élr. .Angleterre, t. \X\I1I,
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
571
et il y a grande apparence qu'il surprendra le roy, lorsqu'on y pensera
le moins, tels tours estans ordinaires en Angleterre , et, qui plus est,
à son honneur '.
Mais il faudroit qu'il eust perdu la raison pour venir sans dessein
de contenter le rov
11 ne laissera pas de parler pour les huguenots et pour sa ligue
offensive et défensive; mais il faut estre aussy ferme à refuser comme
luy à demander
Il semble qu'on ne sçauroit faire autre chose que le loger chez
conseil; venir est dangereux, ne pas venir
est bien malheureux. Ainsi que j ai tou-
jours vécu avec vous , et que j'y ai mis tout
mon bonheur, de même je mourrai avec
vous, et je vous rendrai, j'en jure devant
Dieu , tous les services possibles *. » Ce
chevaleresque dévouement n'est-il pas plus
ridicule que touchant, et ce péril d'assassi-
nat est-il plus vrai que celte passion effré-
née dont lord Holland flatte son ami ?
Qu'Anne d'Autriche ait é|)rouvé un sen-
timent assez vif pour Buckingham, voilà
ce qui paraît vrai; mais des folies à se
perdre, c'est ce que la reine n'eût jamais
fait. Ce sont pures imaginations de cet
Anglais, homme de mœurs fort peu scru-
puleuses. Cependant Buckingham s'obsti-
nait dans sa folle fantaisie. Un an à peine
après le refus qu'il avait essuyé, il eut
l'idée de se faire nommer ambassadeur,
s'imaginant forcer, avec ce titre, la porte
de la France. Bassompierre , à son retour
d'Angleterre, à la fin de i6a6, • fait tous
ses efforts pour persuader le roi d'avoir
pour agréable que Buckingham vienne
ambassadeur du roi son mailre,> dit Ri-
chelieu, qui ajoute ; « Il y avoit de grandes
raisons qui comballoient au contraire, et
* Cabota, 1, 198. M. Guizol a imprinKS cett#Tettre
qui délournoient le roi de condescendre à
ce qu'il proposoit; le cardinal représente
à S. M. que. . . l'arrivée de Buckingham
étoit honteuse au roi et préjudiciable au
repos de cet état.» (Mém. t. III, p. 378.)
On voit que le cardinal modifiait en cela
l'opinion qu'il avait exprimée naguère; et
il faut dire qu'il y avait alors plus de rai-
sons encore que l'année précédente de ne
pas recevoir Buckingham ; Richelieu conclut
donc à ce qu'il fût informé qu'on ne vou-
lait pas de son ambassade; et il n'eut pas
de peine à faire accepter sa conclusion à
Louis XIII. La reine elle-même, soit de
son propre mouvement, soit peut-être
obéissant à des conseils qui étaient des
ordres , s'associa à celte exclusion : « La
reine me commanda, dit Bassompierre,
d'écrire à Buckingham pour lui faire sça-
voir que sa venue ne lui serait pas agréa-
ble, et qu'il s'en désistai.» [Mém. t. III,
p. 78.) Quoi qu'il en soit, lorsque deux
ans plus tard un assassinat , véritable cette
fois, arrêta Buckingham sur le rivage an-
glais, il revenait en France, non plus
comme amoureux de la reine, mais comme
ennemi du royaume.
' Buckingham.
dans Un projet de mariage royal, p. 3^8.
7».
572
LETTRES
M"" de Chevreuse luy tesmoignant ne se soucier pas beaucoup,
quelque résolution qu'ils prennent
On peut accorder aux Anglois continuation de la paye qu'on donne
au Mansfeld pour un an, plus ou moins '
' Ernest de Mansfeld, fds naturel du
comte Pierre Pjfnest, fut un des généraux
assez nombreux qui se firent un nom dans
les phases diverses de la guerre de trente
ans ; placé par sa naissance dans une posi-
tion précaire , n'appartenant à aucune des
grandes puissances belligérantes, général
sans maitre et sans armée, espèce de con-
dottiere , il était à la solde de qui voulait
payer ses services. Le roi de France, le
roi d'Angleterre et le roi de Danemark
ont subvenu à l'entretien des troupes qu'il
levait et commandait ; plus habile qu'heu-
reux, il a rarement réussi dans ses entre-
prises. A bout de ressources en Allemagne,
il allait chercher fortune à Venise , lorsqu'il
mourut leaonovembre 1626, à quaranteet
un ans environ. 11 était né la même année
que Richelieu. On a vu dans notre second
volume, page 58, les instructions données,
vers la fin de l'année 1624, à l'agent du
comte île Mansfeld, M. de Villars. Il avait
suivi précédemment la cause du prince
palatin, gendre du roi d'Angleterre, et
allant à Londres, il avait passé par la
France , où le cardinal l'avait bien ac-
cueilli. Nous trouvons dans les manuscrits
de Danemark , aux Afiàires étrangères, une
lettre qu'il lui écrivait, de Calais, le
•ili septembre, toute remplie de reconnais-
sance : " Pour tant de faveurs et grâces que
vous avez contribué en mon endroit. . .
et mesme aurez subject de vous re.sjouir
d'avoir esté mon bienfaiteur et protecteur. »
(T. I, fol. 26.) Et dans les manuscrits
d'Angleterre (t. XXVI, fol. 3ig), à la date
du 7 novembre, on conserve le «pouvoir
donné au comte de Mansfeld par le roy de
la Grande-Bretagne, pour estre son lieu-
tenant des troupes pour le recouvrement
du Palatinat. » Le marquis d'ElEat, alors
ambassadeur à Londres , mandait à Riche-
lieu, le 3o novembre, la conclusion des
arrangements faits avec Mansfeld : • Il m'a
avoué librement ce qui en estoit, ce que
je croy devoir estre dissimulé, n ajoute
M. d'Efllat (fol. 328). Nous devons indi-
quer deux lettres du roi , faites sans doute
d'après les instructions du cardinal . écrites
à ce sujet à Mansfeld, l'une datée du 10 dé-
cembre i6a4, l'autre sans date (fol. 270,
et 270 v° du t. XXXII des Affaires d'Angle-
terre; III' de l'Ambassade du marquis d'Ef-
llat. ) Dans le moment où les négociations
du mariage de la sœur de Louis XIII avec
le prince de Galles tendaient à rendre plus
intimes les relations réciproques, il était
de la politique de la France de faciliter les
arrangements du roi Jacques avec Mans-
feld. Richelieu ne pouvait manquer cette
occasion d'engager l'Angleterre avec nous
contre l'empereur. Et dès le commence-
ment de 1626, Mansfeld témoigne une
vive gratitude à Richelieu, «pour avoir
avancé si chaudementdevoslreaulhorité et
créditl'exécutiond'uneaffaire que l'on tient
estre si importante l'obligation que
j'en ay est au-dessus de toute recognois-
sance. « (Angleterre, t. XXXIII, fol. 28.)
Dans les instructions précitées, données à
M. de Villars , le cardinal l'avertit que pour
pénétrer en Alsace il ne convient pas au
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 573
L'on croit qu'il est utile de faire avec eux un tel traité, pour ce
que, par ce moyen, on entretiendra, soubs leur nom, la guerre en
Allemagne, etpeul-estre y remettra-t-on les affaires en la balance où
elles doibvent estre, chose du tout nécessaire
11 faut obliger les Anglois à exécuter ce qui est promis, tant pour
les catholiques que pour la maison de la reyne, et rendre tous les
vaisseaux, tant pris par M' de Soubise' que par eux; et de plus, s'il se
peut, à vous assister contre les rebelles Mais, quoy qu'ils
disent ou facent, il faut bien se donner garde de joindre l'affaire de
la Valteline avec le Palatinat. . . . . c'a tousjours esté le but des An-
glois
Il faut despescher les depputez des huguenots devant la venue de
Boukingham.
CXXIV.
Arcli. des Aff. étr. Allemagne, t. 6, fol. 87. —
Mise au net de la main d'un secrétaire de Schomberg.
MÉMOIRE'.
[Vers lii fin do i(J25.]
Le roy ne s'esloigne pas des propositions de l'archiduc Léopold,
roi de F'rance que l'armée de Mansfeid hant, et, dans une lettre écrite de Gertruy-
|)assc par l'Arlois, comme l'entendait le demberg, il expose sa détresse et prie
roi d'Angleterre, et il donne les raisons qu'on écoute M. de Villars, qu'il a de
qui doivent engager Mansfeid à passer par nouveau envoyé vers le cardinal (Aff. étr.
la Hollande et le Brabant Nous voyons t. 1 de Danemark, fol. 2() et 3«.) — Voy.
ici que le plan indiqué par le cardinal a sur Mansfeid, dans notre a' volume, plu-
été suivi: le 1 1 février i6a5, Mansfeid sieurs pièces de l'année iQalt.
écrivait à Richelieu : « Me trouvant en mer ' 11 s'était emparé, en janvier i6a5, de
avec mon armée, et à la veille de l'exécu- six vaisseaux mouillés à Blavet. [Mém. de
tion de l'affaire que vous avez tousjours si Richelieu., t. 11 , p. /ji5.)
affectueusement favorisée » Et en don- * En l'année i6a5, où la France con
nant cet avis à Riclic'ieu, il le supplie de dut la paix avec les huguenots, on lit
lui continuer sa protection. La lettre est aussi diverses tentatives de paix étrangères,
datée: « Dans le vaisseau devant Ostende. • lesquelles Richelieu n'accueillait qu'avec
Deux mois plus lard. Mansfeid est en Bra- une grande circonspection; un mémoire
574
LETTRES
très-louables en ce qu'elles tendent à lever la jalousie que l'Alle-
magne et tous les princes, tant amis et alliés de la France qu'autres,
ont des Espagnols et de leurs confédérez.
Mais Sa Majesté estime qu'il y a à redire à la voye que l'on propose,
et que peut-estre produiroit-elle un effect contraire à celuy que l'on
désire, faisant appréhendera tous les princes, autres que les quatre
que l'on prétend faire entrer en une ligne, qu'ils seroient en plus
de péril que jamais , se voyant comme abandonnez de ceux avec qui
auparavant ils [sic) auroient eu liaison.
Cependant , pour ne perdre point le fruit d'une si bonne proposition ,
qui peut apporter de très grands avantages à la chrestienté, à l'Eglise
et à la religion, l'on estime qu'il faust commancer par terminer rai-
sonnablement les dilTérens d'Italie, Suisse et Allemagne. Etpar après,
faire que les deux roys, reprenant les erremens du traitté de Vervins,
se promissent de nouveau solennellement de vivre en bonne paix et
amitié, et n'entreprendre rien sur les estats amis et alliez les uns des
autres.
que nous trouvons aux Affaires étrangères
nous apprend que «l'archiduc Léopold,
de concert avec l'empereur Ferdinand II,
le comte d'Ossonne, ambassadeur d'Es-
pagne , et le prince de Kiniberg , proposa
au roy, par le sieur de Marcheville , une
ligue entre l'Espagne, l'empereur et les
deux roys.» (Allemagne, t. VI, p. 84-)
C'est à l'occasion de ce mémoire que la
présente note fut écrite ; on voit que , dès
les premières années de son grand minis-
tère , Richelieu , s'appuyanl sur le traité de
Vervins, voulait, à l'exemple de Henri IV,
mettre les petits Etats à l'abri de l'ambition
des grands. — Le 2 i mai de cette même
année, ainsi que nous l'avons dit page 1 1 g
de notre 2' volume, le neveu du pape,
Fr. Barberini , était arrivé à Paris chargé ,
au moins en apparence, d'arranger les af-
faires de la Valteline , dont l'archiduc Léo-
pold s'était déclaré protecteur; le cardinal
de Richelieu s'était adjoint, pour ces né-
gociations, le maréchal de Schombcrg, se-
crétaire d'Etat (que nous avons déjà vu
envoyé en Allemagne par Richelieu à la
fin de 1616, t. I, p. 208), et Phelypeaux
d'Herbault, secrétaire d'Etat des Affaires
étrangères. C'est pourquoi nous trouvons
dans noire manuscrit d'Allemagne, à ce
moment, diverses pièces de l'écriture de
Schomberg et de celle de son secrétaire,
aussi Ijien que de la main des secrétaires
du ministre. Il y a surtout plusieurs ins-
tructions au sieur de Marcheville, dont
nous aurons à faire mention en 1626. Les
négociations au sujet de la V alteline , dans
lesquelles l'archiduc Léopold était inté-
ressé, se continuaient en i6a6. (Voyez
p. 192 de notre 2' volume.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 575
AINNEE 1626.
L'ambassadeur de France en Espagne, le comte du Fargis, avait signé, le
("janvier 1626, un traité préjudiciable à la France. «Il falloit, dit Richelieu,
proposer à l'ambassadeur d'Espagne deux partis : ou de raccommoder mainte-
nant le traité, ou de le tenir secret jusqu'à temps qu'on eût fait venir l'ambassa-
deur, pour être informé plus particulièrement des motifs de son action et,
dans ce dernier cas, si l'affaire se divulguoit, la dire en grand secret aux ambas-
sadeurs de Savoie et de Venise » {Mém. t. HI, p. 6.) La présente pièce
était écrite dans l'éventualité de cette seconde résolution. A-t-el!e été envoyée?
Quoi qu'il en soit, la première résolution prévalut, et l'on écrivit les dépêches du
/i février. (Voy. à ce sujet le Nota qui va suivre.) Il convient néanmoins de con-
server à l'histoire cette lettre du roi.
CXXV.
Arch. des Afl'. étr. Turin, t. 7, pièce 178. — Mise au net de la main de Le Masle.
Response que le roy fera au prince de Piedmont et à l'ambassadeur de Venise,
si Sa Majesté l'a aggréable.
i . . .Janvier i6ï6 '.]
Le roy mandera au s' du Fargis qu'il s'en vienne pour luy rendi'e
compte de l'action qu'il a laite.
Sa Majesté respondra à l'ambassadeur d'Espagne que, outre que
le traitté apporté est défectueux en sa forme, il l'est encore en .sa
matière, y ayant à désirer plusieurs choses pour la satisfaction de ses
alliez, entre autres en l'article qui exclut les Grisons d'estre magis-
trats en la Valteline, et en ce qui concerne la satisfaction que les Gé-
nois doivent à M"" de Savoye.
' Après la réception du traité parti de " pièce doit avoir été écrite quelques jours
Madrid le 7 janvier, et arrivé à Paris le 16, auparavant. (Voir, pour létat de faffaire,
on prit le temps de délibérer. La réponse les Mém. de Richelieu, t. III, p. i et 8, et,
ne fut envoyée à M. du Fargis que le 4 fé- ci-ajirès, le Nota, à la date du 3 mai.)
vricr (voy. le Nota qui sujl); la présente
576 LETTRES
Sa Majesté adjoustera qu'elle ne refuse point la paix; au contraire,
que n'ayant jamais eu aulre dessein que de conserver à ses alliez ce
qui leur appartient, elle sera bien ayse que le roy son frère luy donne
contentement en ce que dessiis.
' Sa Majesté escrira au pape pour luy donner part de ce qu'a
laict Fargis. Et après que le sieur de Béthune se sera plaint parti-
culièrement des 6,000 hommes qu'il a envoyés à la Valteline, et luy
aura faict cognoislre comme les Espagnols l'ont traicté en ce faict,
extorquant de luy ce secours, lorsque, traictant de paix, ils savoient
bien n'en avoir plus à faire, il luy fera grand compliment de la part
de Sa Majesté, qui ne laisse, nonobstant cela, de vouloir sçavoir et
avoir grand esgard à ses sentimens sur'ce subjet.
Ensuite led. s' de Béthune concertera avec M' le cardinal de Sa-
voye les contentemens qu'on peut procurer à Son Altesse auprès de
Sa Saincteté, qu'elle y disposera par après fortement, lui faisant co-
gnoistre, pour humilier l'Espagne en Italie, et y rendre le sainct
siège et particulièrement ce pape plus puissant, que le meilleur moyen
est d'y élever Son Altesse, qu'elle s'attachera, par ce moyen, pour
deppendre absolument de ses volontez.
Le s"" de Béthune aura charge aussy d'offrir la puissance du roy au
pape sur le subjet de la mort du cardinal Farneze, pour aider à Sa
Saincteté à conserver les droits qui luy peuvent appartenir en la tu-
tèle du duc de Parme.
^ Mander à M"^ de Rohan qu'il se tienne presl pour passer en Italie. — Les rc-
gimens de Normandie et d'Aiguebonnes iront en la Valteline. — On mandera à
M' de Vignoles de border toute la frontière des estais de M. de Savoye du costé
des Milanois. — On envoira la monstre à l'armée. — Si l'Espagne refuse à don-
ner contentement sur ce qui est en ce traicté instamment désiré d'elle, l'armée
du roy sera en estât de faire grand elTect dans le duché de Milan.
' Ici le cardinal a écrit à la marge : « Ces ' Nous résumons le reste de la pièce ,
deux articles accolés ne seront point dicts cette fin étant imprimée dans les Mémoires
à Venise. » Les deux articles accolés dans le de Richelieu j p. 8 du t. III.
ins. sont ce paragraphe et le suivant.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. . 577
NOTA.
4 février 1626.
Nous avons donné, dans notre second volume, p. 187, une dépêche du roi au
comte du Fargis, dont nous avions pris le texte dans le manuscrit des Mémoires
de Richelieu. Depuis nous avons trouvé aux Affaires étrangères ' la minute de
cette même dépêche, sans date, et mal classée au commencement de lôaS. Il
convient d'ajouter ici quelques explications, avec l'indication de pièces conser-
vées dans ce même manuscrit des affaires d'Espagne.
Des instructions vagues avaient été données, il y avait quelques mois, à l'am-
bassadeur de France près la cour d'Espagne. En évitant de préciser nettement
des conditions, Richelieu semblait vouloir laisser au négociateur plus de liberléd'ac-
tion; mais, comme il comptait assez peu sur son habileté diplomatique, il voulait
surtout se ménager la ressource d'un désaveu, si les clauses du traité ne conve-
naient pas à sa politique au moment où il serait signé. Les négociations étaient
déjà fort avancées, lorsqu'une dépêche du roi, datée du 6 décembre^ 1626,
porta au comte du Fargis un supplément d'instructions un peu moins indécises :
Le comte d'Olivarez veut vous surprendre, disait le roi, «j'auray à plaisir que
vous traictiés avec luy avec retenue. • La dépêche n'arriva à l'ambassadeur que le
27 dudit mois, et le traité, dont les préliminaires déjà à peu près convenus
furent définitivement arrêtés les 3o' et 3i*, fut signé à Madrid le i" janvier
1626. En l'envoyant par le secrétaire d'ambassade Lingendes, M. du Fargis
manda qu'il n'avait eu connaissance que tardivement {le 27) de la dépêche du
roi datée du 6 : «Alors, écrit-il, je me suis trouvé tellement engagé qu'il m'a
semblé ne me pouvoir retirer sans causer beaucoup d'ombrage et même de
dommage*.» Du Fargis, le protégé de la reine mère, était, nous l'avons dit,
un diplomate peu habile. Richelieu, qui ne savait conunent s'en débarrasser
à cause de cette protection, ne demandait pas mieux que de le trouver en
' Espagne, t. XIV, fol. 4o. E^e répond de Flandres, • note qui, sans doute, a été
à une lettre de l'ambassadeur, du 7 janvier, mise à dessein et pour préparer la justifi
et la minute a dû être écrite aussi en jan- cation de l'ambassadeur, qui n'obéissait
vier, car le roi dit à du Fargis : « Vostre pas à cette nouvelle instruction,
lettre du 7 de ce mois. • Cependant elle n'a ' Signé d'Angennes, nom du comte du
été expédiée que le 4 février, en même Fargis. (Ms. précité, fol. aS v°.)
temps que la dépêche de Richelieu, datée ' * Signé El Conde y Duquc de SanLu-
dudit jour 4 , et qui accompagnait celle du car. Ces deux pièces, et quelques autres
roi. concernant ce traité, sont classées, parer-
' Manuscrit précité, fol. 271. La pièce reur, au commencement de l'année i6a5.
porte celte annotation : • Rec. par M' du ' Manuscrit précité, fol. 3i5, à la date
Fargis, le 37 décembre, par l'ordinaire du 7janvier.
CAIIDIX. DE HICIIEUEU. — VH. 78
578 LETTRES
faute; du Fargis, d'ailleurs, se livrait lui-même: il avait conclu un traité dont
il n'apercevait pas les inconvénients, mais qui était réellement inacceptable';
les vices eu sont exposés dans une pièce intitulée : « Mémoire contenant les
observations faictes sur le traicté envoyé par M' du Fargis pour luy servir
d'instruction de ce qu'il aura à traicter avec le comte d'Olivarez ^. » Un autre
mémoire, plus succinct, au dos duquel nous trouvons cette annotation de la
main du cardinal : « Envoyé de Noisy à M"^ d'Herbault, pour estre délibéré de-
vant le roy ', » ne pouvait manquer d'êtn; approuvé par ceux auxquels il avait
été soumis, et le cardinal conseilla à Louis XIII de refuser sa ratification. En
conséquence, il fit écrire par Sa Majesté à M. du Fargis la dépêche que nous
avons donnée (t. II, p. 187). Le roi joignit à sa lettre les considérations qui mo-
tivaient le refus de ratification, ainsi que les articles réformés que l'ambassadeur
devait tâcher de faire accepter au comte duc*. Le tout fut remis au sieur de Lin-
gendes, renvoyé à Madrid. En enjoignant à l'ambassadeur de faire réformer le
traité, on lui ordonnait de quitter immédiatement l'Espagne si on ne donnait
pas entière satisfaction à la France.
Cette affaire, l'une des plus considérables de cette année, et que nous ne
faisons qu'indiquer ici, a été racontée par Richelieu dans ses Mémoires (p. 4- 10
du IIP vol. édit. Petitot). — Le traité fut en effet réparé et signé à Monçon,
comme nous le dirons ci-après, p. 58o. — Nous trouvons, dans notre manuscrit,
plusieurs copies de cet acte diplomatique ainsi que des articles secrets ^.
cxxvr.
Arch. des Aff. étr. Allemagne, t. 6, fol. i5i. — Minute de la main de Charpentier.
MÉMOIRE \
[Février ou mars 1626'.]
11 semble qu'il faut attendre la réponse de la dépesche secrète
' Richelieu explique les motifs du dé- ' Espagne, t. XIV, fol. 3i6, pièce sans
saveu dans un écrit en partie de sa main, date, classée en janvier,
et qui est conservé aux Archives des Al- ' Ibid. fol. 28 v° et 3i v°.
faires étrangères, Espagne, t. Xlll, fol. 35o. '' Ihid. fol. 33o, 35i, 366, 37/1, 385,
mal classé en 1624. Il est intercalé dans copies. Nous en avons vu une autre aux
les Mémoires, I. II 1, |). 6-10, édition Pe- Archives de l'Empire (Carton M, 232,
titot. liasse 3, n° i4).
^ Espiigne, t. XIV, fol. 9; unccopiesans ' Ce mémoire doit avoir été donné pour
date et cotée /»4o se trouve placée en juin , instruction au P. Joseph, spécialement
nom écrit au lieu de janv. pour le classe- chargé des affaires d'Allemagne,
ment. ' Deux dépêches secrètes furent écrites
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 579
faite en Espagne, devant que rien conclure, de peur que ce traitté
rompist l'autre.
On peut et faut prendre ce délay, sans en dire le sujet, sous pré-
texte d'attendre le consentement des eslecleurs catholiques qu'on doit
envoyer au P. Alexandre.
Il semble que devant que conclure et signer un tel traitté, il faut
envoyer une ambassade en Allemagne pour demander la paix et la
proposer au Danemarck, qui, autrement, avec tous les protestans, se
tiendroient [sic) fort olFensez qu'on les eust obligez à conditions non
trop avantageuses, sans en avoir eu leur consentement et leur en avoir
donné part. Cela n'empeschera pas cependant qu'on ne puisse, dès
cette heure, ajuster les articles.
Faut prendre garde que tous les articles sont avantageux pour Ba-
vière, nuls pour les protestans, auxquels on ne veut pas s'obliger de
restituer les biens pris par l'empire, de façon qu'il semble que ce n'est
pas la paix qu'on face en Allemagne, mais bien un traitté par lequel
Bavière se délivre des appréhentions qu'elle poiuroit avoir que la
France favoriseroit ses adversaires.
Faut considérer si, en ce traitté, l'Espagne ne se tiendi-a point of-
fensée, ce que je ne considère pas si on obligeoit toute l'Allemagne
et qu'on y procurast une bonne paix, mais que je tiens fort considé-
rable si on n'oblige que Bavière et qu'on ne procure que ses intérests.
Faut considérer si la suspension d'armes qu'on demande n'aura
point le mesme efFect que celle que procura M"' d'Angoulesme à
Ulmes, cpii fut cause de la ruine de tous les alliez de la France, en
ce qu'ils désarmèrent de bonne foy, et le party contraire demeura sur
pied, qui les ruina.
NOTA.
[3 mai 1626.]
Le résultat des négociations entamées pour rectiûer le traité signé le 1" jan-
à propos du traité fait en Espagne, l'une dépêches que fait allusion cette pièce non
le U février, l'autre le 3i mars. (Voy. le datée et en tête de laquelle on a mis, après
Nota qui suit.) C'est à l'une de ces deux coup, i6a6, pour le cla»sement.
73.
580 LETTRES
vier (ci-dessus, p. ôjS), fut le traité conclu à Monçon, en Aragon, où était
alors le roi d'Espagne, et auquel on donna la date du 5 mars. Les intérêts et la
dignité de la France y étaient encore assez mal ménagés, et nous avons aux
Archives de l'Empire > une série de documents venus du cabinet du secrétaire
d'Etat d'Herbault, des lettres de M. du Fargis au P. de Bérulle, des notes de
celui-ci, et diverses autres pièces, où l'on peut voir tous les détails de cette af-
faire. Nous avons remarqué, entre autres, un mémoire au dos duquel se trouve
cette annotation, qui semble écrite de la main du cardinal : Observations sur le
second traité de At du Fargis. Cette pièce, d'une écriture qui m'est inconnue,
n'a pas moins de seize pages ; elle est chargée de corrections et d'additions ajoutées
sur de petites bandes de papier attachées aux feuillets, et se divise en vingt ar-
ticles; on lit au deuxième : « Ce traitté semble meilleur en sa substance qu'il ne
paroist en ses paroles mesmes ; il est couché en si mauvais termes qu'il paroistra évi-
demment tel qu'il est, c'est-à-dire dressé non au cabinet du Louvre, mais au cabi-
net deMadrid. . . Il est fait par surprise du zèle de l'ambassadeur et sans communi-
cation en France... Il est pourtant meilleur que celuy de Madrid et que celuy de
Rome. » C'est sans doute l'appréciation du secrétaire d'Etat d'Herbault. Quoi qu'il
en soit, le cardinal conseilla encore au roi de ne pas accepter ce nouveau traité.
• Le Fargis , dit-il dans ses Mémoires, se relâcha encore par une légèreté d'esprit et
hardiesse non excusable à quelques conditions contraires à la volonté et aux ordres
qu'il avait de Sa Majesté. . . Le roy fut si offensé de ce procédé qu'il eut volonté
de punir Le Fai^is de sa présomption et elle dit à l'ambassadeur espagnol
que, pour prouver son désir de la paix, elle renverroit un autre traité en Espagne,
signé d'elle, où elle apporteroit le moins de changements qu'elle pourroit »
Nous trouvons aux Archives de l'Empire l'instruction que le P. de Bérulle fut
chargé d'envoyer à M. du Fargis « touchant les additions qu'il faut encore faire à son
traitté de Madrid réformé à Monçon^... Ce traité, ainsi corrigé, fut enfin reçu et
ratifié en Espagne, où ils avoient bien préjugé que le roy ne l'accepteroit pas
nuemenl, tel qu'ils le luy avoient envoyé.» Du Fai^is n'avait encore rempli
qu'à moitié les intentions du roi , et il adressa à Sa Majesté un « Mémoire de ce qui
s'est obtenu en la réformation du traitté, suivant l'instruction envoyée parle roy
le dernier jour de mars 1626; et des raisons pour lesquelles certains points ne
se sont pas obtenus. » Du Fargis accompagna ce mémoire d'une lettre d'excuses
dont les premiers mots font juger le ton : «Sire, j'ai tant de confusion de mes
fautes passées'... » Quoique ce troisième traité eût été conclu à Barcelonne, en
mai, ces négociations ayant été enveloppées d'un certain mystère, on lui laissa
la date du fécond : Monçon , 5 mars. Richelieu donne, sur cette affaire, des détails
' Carton M , aSa. — ' Ibid. liasse 3, pièce 9. — ' Ibid. pièces numérolées i5, 16.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 581
assez curieux dans ses Mémoires ^ ainsi que ie P. Griffet^ et surtout Levassor*;
Ces détails sont complétés par les documents manuscrits que nous venons d'in-
diquer.
I^s manuscrits de Gênes, aux Affaires étrangères, conservent* une pièce qu'il
faut mentionner à propos du traité de Monçon. Ce traité, conclu depuis plus
d'un an, n'étant pas pleinement exécuté, «les deux rois (dit le document que
nous citons) ont convenu et résolu ensemble que M' le duc de Savoie et la répu-
blique de Gênes seront compris au traicté de paix faict à Monçon entre les deux
couronnes, le 5 mars de l'année dernière, qu'ils feront toute instance et pro-
cureront avec effect, pour que lad. paix soit par eux acceptée dans un mois à
compter du jour que les ministres de Leurs Majestés le feront entendre chaquun
au prince son allié. » Après ce passage, que le cardinal a écrit de sa main, on
indique les conditions concernant spécialement la Savoie et Gênes. La pièce, sans
date, est mai classée, dans le manuscrit, en 162 4; on voit qu'elle est de 1627,
l'année qui a suivi le traité de Monçon.
CXXVII.
Arch. des A£F. étr. Turin, t. 8, pièce 4i- — Minute de la main de Charpentier.
A M. MARINI.
[Vers le i5] may 1616 '.
Monsieur, j'ay veu la lettre que vous avés escrite au roy, par laquelle
il semble que les Anglois se plaignent de nous comme si nous leur
avions manqué de parole, bien qu'il soit notoire à un chacun que ce
sont eux qui ont violé la foy publique en chassant les François au pré-
judice des traittés et contracts faicts sy solennellement avec eux, et
prenant tousles jours, comme ils font, les vaisseaux et les sujets du roy.
Quant à ce que vous me mandés que Leurs Altesses vous ont tesmoi-
' Eklit. Petitot, t. m, p. 37. la missive de Marini au roi; mais c'est
* Hisl. de Louis XIII , l. I , p. 48 1 -484 • sans doute celle dont led. Marini fait merf-
' Hist. du règne de Louis XIII, t. V, . tion dans une lettre du a8 avril, adressée
p. 4o6-4a8. à M. d'Herbault, envoyée en même temps
* T. I, fol. 76. quecelleduroi.» J'estime, dit Marini, qu'il
* Le nom et la date sont notés au do» ; sera bon véritablement de trouver moyen
le quantième manque, et on a classé la .de terminer promptement les différends
pièce à la fin de mai. Elle doit avoir été qui passent entre la France et l'Angle-
écrite vers la mi-mai. Je n'ai point trouvé terre. » (Pièce 27 du œs. cité aux sources.)
582 LETTRES
gné désirer s'entremettre d'accommoder ces difFérens, pourveu que
le roy le trouve bon', vous aurés receu la response que M' d'Her-
bault a eu commandement de vous faire. L'entremise de Son Altesse
sera tousjours agréable au roy, mais la fierté des Anglois est telle main-
tenant que volontiers ne cognoistront-ils pas la raison; et vous sçavés
cependant que les grands princes tels que le roy ne souffrent ny les
violences sans s'en ressentir, ny que ceux qui les ont faictes prennent
des avantages pour cesser de les faire à l'advenir. Le temps nous fera
voir quel sera l'événement de cette affaire.
Cependant je. vous conjure d'asseurer Son Altesse et Messieurs ses
enfans de mon très-humble service, mop affection estant telle en leur
endroict que, quoyque quelques-uns la leur voulussent desguiser, ils
en recevront des effects en toutes occasions où je pourray dans le
service du roy qui les aime et les affectionne et fera tousjours grand
estât de leurs intérests.
J'ay grandement à vous remercier des orangers et citroniers, et des
douze pots que j'ay receus; ils sont les plus beaux qu'il est possible.
Je vous en rends un million de grâces.
CXXVIII.
Arch. des A£F. étr. France, t. ko, fol. 53. — Minute de la main de Le Masle,
avec quelques mois de Richelieu '.
PAROLES DICTÉES A M. LE PRINCE DE CONDÉ ^
[3o mai 1626.]
[Mons' le Prince dira partout qu'il est] asseuré de la bonne volonté
' D'ici à la fin, i« tcxle est une correc- ' Dans la première forme de cette œi-
tion mise à la place d'une première rcdac- nute , M . le Prince parlait lui-même ; la pièce
tion plus courte, et où nous remarquons commençait : « Que je suis asseuré, etc.»
cette phrase: «Sa Majesté ne voudroit pour Le cardinal a substitué partout la troi-
rien du monde entendre à un accommo- sième personne à la première ; nous indi-
dement qui ne fust entièrement convenable quons par des crochets les quelques mot»
et à la réputation de sa personne et à la écrits de sa main,
dignité de sa couronne. » 'M. le Prince, conservant au fond de
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
583
du roy et de la reyne sa mère, [et qu'il sçait bien qu'il ne recevra]
jamais de mal de Leurs Majestés, mais tout bien.
Qu'il n'a point parlé de son retour, qu'il le remet à la volonté du
roy, lequel sçaura bien l'employer aux occasions , selon qu'il luy plaira ,
cognoissant mieux ce qu'il luy faull que luy mesme.
[Il dira encore c{ue] le cardinal luy a communiqué toutes les,
affaires passées et présentes, et qu'il en a dict son advis.
Que le cardinal l'a asseuré de son amitié , ayant eu commandement
du roy de ce faire , selon qu'il luy a dicl ingénument.
[En particulier] il a asseuré le roy et la reyne sa mère de son
affection [et service] envers tous et contre tous, selon [qu'il y est
obligé et qu'il n'y manquera].
Le roy et la reyne parleront, s'il leur plaist, conformément à ce
mémoire, et n'en diront pas davantage.
l'àine le souvenir d'anciens griefs contre
la reine mère et le cardinal, s'était retiré
de la cour depuis que la mort du duc de
Luynes avait rendu quelque influence à
Marie de Médicis; et il était, à ce mo-
ment, compté parmi les mécontents qui
tâchaient d'empêcher le mariage de Mon-
sieur avec M"' de Montpcnsier. Avant de
partir pour Nantes , où Chnlais devait payer
de sa tète sa participation à celte intrigue,
Richelieu voulut désorganiser la cabale :
« Entre plusieurs avis que le cardinal
donna au roi pour anéantir cette épouvan-
table faclion (c'est Richelieu qui parle dans
ses Mémoires, 111, p. 76), un des princi-
paux Jut qu'il falloit diviser ceux qui
étoient liés ensemble. . . en les mettant
tous en jalousie et en soupçon les uns des
autres. . , 11 conseilla au roi de lui per-
mettre une entrevue avec mond. s' le
Prince, qui la demandoit. .. S. M. l'eut
agréable; M. le Prince vint à Limours. »
Le cardinal lui (it liabilement comprendre
<|ue son' intérêt était de s'attacher sincère-
ment au service du roi; et, l'ambition du
prince aidant, le cardinal lit d'un ennemi
un admirateur passionné du ministre, el
un sujet dévoué au roi. Aubery donne la
date précise de cette entrevue, le 3o mai;
c'est ce jour-là que furent convenues les
paroles dictées à M. le Prince. (Hist. de
Richelieu, liv. II, ch. viii , p. 88 de l'édit.
in-18.)
584
LETTRES
CXXIX.
Arch. des Aff. étr. Allemagne , t. 6 , fol. 1 45.
MÉMOIRE \
Mise au net.
[Vers le mois de mai 1626.]
Vallembourg ira à la diette de Nuremberg, si elle se tient.
' Ce mémoire a été écrit pour être sou-
mis au roi, et donner une direction aux
employés supérieurs chargés des Affaires
étrangères sous Richelieu. 11 n'est point
daté ; une pièce du mois de mars (fol. 1 65
de ce manuscrit), intitulée: Advis d'Alle-
magne receus hier, annonce : • que la journée
de Nuremberg, intimée pour le i" juing,
se tiendra pour certain » L'on avait
dû préparer à l'avance les lettres et les ins-
tructions à donner à l'envoyé chargé de
s'y rendre. Cependant cette diète ne s'est
pas assemblée ; notre manuscrit donne plu-
sieurs minutes de lettres que devait porter
M. de Vallembourg (fol. 160-1 64), et,
au dos d'une pièce voisine (fol. i56),
nous lisons : « Plusieurs lettres escrites
auxprinces d'Allemagne, en l'année 1626,
lesquelles n'ont pas eu lieu. » Nous nous
bornerons à faire cette mention. Ces
lettres sont également sans date ; elles
doivent avoir été écrites , ainsi que le
|)résent mémoire, vers le mois de mai
1 626. On les a classées ici au mois de sep-
tembre , mais le classement des pièces non
datées est fait au hasard. Ce manuscrit
d'Allemagne, pour 1626, contient diverses
instructions assez développées, dont nous
n'avons à donner qu'une simple indica-
tion : « Mémoire et instruction qui a esté
baillée au s' de Drouart estant présente-
ment envoyé en Allemagne. » (Sans date,
fol. 119.) — Je ne trouve nulle part men-
tion de ce Drouart; serait-ce un pseudo-
nyme ? serait-ce le sieur de Marcheville
(lequel devait avoir une mission secrète)
qu'on désignait ainsi ? ou , si Drouart est un
personnage réel , la mission n'aurait-elle
pas été accomplie ? Je remarque au fol. 1 48
une note qui pourrait être en partie la ma-
tière donnée pour cette pièce diplomatique.
Au fol. 126 est une autre in.struction pour
une mission en Allemagne, mise au net,
de l'écriture du secrétaire de Schomberg,
pièce signée du roi; S. M. a écrit au-des-
sus de son nom : « Instruction au s' de
Marcheville. • Celle-ci est datée du 1 8 sep-
tembre : « Le s' de Marcheville partira de
la cour, feignant un voyage en sa maison ,
et s'en ira secrètement en Bavière, ...» On
rappelle , dans cette instruction, tout ce que
le roi a fait et veut faire pour la liberté des
Allemands, qu'il veut soustraire à l'op-
pression de l'Autriche. . . Le sieur de Mar-
cheville devra s'aboucher avec le P. Hya-
cinthe, ou le P. Alexandre, correspondants
du P. Joseph. . . Le principal but de la
mission est de gagner le duc de Bavière,
auquel le roy n'a pas encore reconnu la
qualité d'électeur. . . Il faut chercher un
moyen de conciliation entre ce duc et le
prince palatin. — Au 6 décembre , nouvelle
instruction au même Marcheville, signée
du roi, et contre - signée Phelypeaux. Le
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 585
Il ne pourra rendre les lettres du roy ailleurs qu'en cette diette.
Sçavoir si le roy aiu-a agréable de lui donner 3oo livres par mois,
pour les frais extraordinaires de son voyage.
Il semble qu'il n'est pas à propos de traiter le duc de Bavières
d'eslecteur, parce que le roy ne l'a pas recogneu pour tel , et que ce
seroit juger le différend contre le palatin, qui prétend cette eslectlon
nulle.
Il semble aussy qu'il n'est pas à propos d'escrire aud. palatin comme
électeur, aussy qu'il ne recevroit pas la lettre s'il n'estoit traitté de
roy de Bobème. Joinct qu'il ne se trouvera pas en l'assemblée.
Il semble n'estre pas aussy à propos d'escrire au fils de l'empereur
roy de Hongrie.
Considérer ce qui se doibt faire sur la poursuit te qu'il fera de la
couronne de Bohême, qui est eslective, ou si l'on doibt seulement re-
garder les oppositions du prétendu roy de Bohème et des estats du pays.
plénipotentiaire est encore envoyé vers le
duc de Bavière dont on attend toujours
des nouvelles. Le sieur de Marcheville ira
ensuite vers le roi de Danemark, pour
obtenir que ce prince désarme. Toutefois,
« si le duc de Bavière ne faict point veoir
au sieur de Marcheville le consentement
des autres électeurs à ce traitté , et si le
duc faict difficulté de signer luy-mesme,
le roy ne veut pas s'engager plus avant en
cette affaire, ny convier le roy de Dane-
marck au désarmement. Le s' de Marche-
ville se rendra enfin vers le nouvel électeur
de Mayence. Bien entend Sa Majesté qu'il
apporte toute industrie pour sonder et pé-
nétrer les sentiments du d. Electeur. • Le
cardinal a consigné, dans ses Mémoires
(t. m, p. i84 et suivantes de l'édition
Petitot), l'exposé qu'il avait fait, en con-
seil du roi, des affaires d'Allemagne, « avis
que Sa Majesté trouva, dit-il, très-judi-
cieux et très-utile,» et il rapporte l'objet
CAROM. DE UICUEUED. — VII.
de la mission confiée au sieur de Mar-
cheville. Sans que son récit reproduise
textuellement les instructions dont nous
venons de faire mention, il en est le ré-
sumé; nous n'avons donc qu'à renvoyer
auxdils Mémoires. Ces instruments diplo-
matiques sont sans doute l'oeuvre du se-
crétaire d'Etat des Affaires étrangères,
Phelypeaux d'Herbault, auquel, dans les
premières années de son ministère, le car-
dinal laissa une certaine part des affaires,
dont il ne s'empara pas entièrement tout
d'abord, ainsi que nous l'avons déjà re-
marqué. De plus, le P. Joseph et Schom-
bergs'occupaientspécialement, avec d'Her-
bault, de ce qui concernait l'Allemagne.
Au bas de plusieurs dépèches de cette
époque, nous lisons dans ce manuscrit:
« reveue ; » c'était sans doute la marque
que Richelieu avait examiné le travail,
. préparé, d'après ses instructions, par les
personnages que nous venons de nommer.
74
586 LETTRES
COMMERCE ET COLONISATION.
. . .Juillet 1626.
Dans ses vues générales de bon gouvernement, le roi bien-aimé que Ravaillac
assassina avait donné une grande place au commerce; mais l'inliabile régence
qui lui succéda ne s'en occupa guère. Cependant, quelques esprits moins oublieux
(les intérêts de l'Etat avaient encouragé, en 1611, une compagnie formée pour le
commerce des Indes orientales; un édit fut rendu, qui donnait aux gentils-
hommes la faculté de s'associer à cette compagnie, sans rien perdre des privi-
lèges de leur noblesse, et une nouvelle déclaration parut en i6i5 '; mais ces
impuissants essais n'avaient amené aucun progrès dans les relations coimnerciales
de la France. Dix ans plus tard, lorsque le cardinal eut en main la direction
des affaires du royaume, des projets plus sérieux occupèrent ce grand ministre.
Richelieu professait cette double maxime : « Les états s'agrandissent par la guerre
et s'enrichissent, dans la paix, par le commerce. » Son gouvernement a fort bien
prouvé le premier axiome; mais le second est resté sans application, la paix
n'ayant point trouvé place dans les dix-huit années de ce gouvernement. Cepen-
dant, malgré les circonstances défavorables, il saisissait avec empressement
toute occasion de montrer combien il avait à cœur d'ouvrir pour la France
cette source de richesse; et nous avons à résumer icy quelques pièces que nous ne
devons pas donner in extenso. Durant le séjour qu'il fit à Nantes, pour le jugement
de Chalais, en 1626, une grande entreprise lui fut proposée, et il fit rendre
au roi un (îdit pour V établissement du commerce au havre du Morbihan. Cet édit que
Richelieu rappelle dans ses Mémoires^ en termes magnifiques, «dont l'exécution
seule, dit-il, est capable de remettre le royaume en sa première splendeur, » se
compose de vingt et un articles, précédés d'un préambule écrit sans doute par le
cardinal, et que nous devons noter ici; une copie seulement est indiquée dans la
Bibliothèque du F. Le Long^; mais le véritable texte en était inconnu, lorsque
M. Dugast-M atifeux , de la société des Antiquaires de l'Ouest, l'a trouvé et repro-
duit dans un curieux travail publié à Nantes en iSSy *. Toutefois, les édits res-
' Recueil des anciennes lois françaises, du Morbihan , ou plutôt ces édits , car il y en
par Isambert et Taillandier, t. XVI, p. 78. a deux, l'un du mois de juillet et l'autre
" T. III, p. 127, édit. Petitol. du mois d'août 1626, bien qu'ils ne dif-
' N° 28179, édit. de Févret de Fon- fèrent entre eux que comme une seconde
tette. édition, revue, corrigée et augmentée,
* Le commerce honorable et sonauteur, elc. diffère de la première. Nous les reprodui-
« Nous réimprimons lextuellemcnt (dit sons, non d'après l'espèce de fusion incor-
M. Dugast), à la suite de ce travail, cet édit recte des deux pièces qu'on trouve dans
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
587
tèrent sans effet, le parlement de Bretagne ayant mis obstacle à l'établissement
de la compagnie ; mais Richelieu ne tarda pas à réparer cet échec. De retour à
Paris, et revêtu alors du titre de grand maître de la navigation et surintendant
du commerce de France, il signa, le 3i octobre, les statuts d'une compagnie nou-
velle, lesquels se trouvent aux archives des Affaires étrangères', sous ce titre :
« Acte d'association des seigneurs de la compagnie des Isle de l'Amérique. Paris. •
Les signatures sont en blanc, et au-dessous de ce blanc: «Signé le cardinal de
Richelieu pour lo.ooo livres. » Cette fois nous ne trouvons point d'édit; Richelieu,
craignant peut-être encore quelque résistance, se contenta de constituer une
compagnie commerciale dont il se mit lui-même, et de lui faire donner, par les
lois de sa constitution, l'appui du gouvernement.
Bientôt le cardinal tourna ses regards vers le Canada. Notre manuscrit conserve
de très-longues lettres patentes, où nous lisons dans le préa"mbule : • Le roy, con-
tinuant le même désir que le roy Henry le Grand son père, de glorieuse mé-
moire, avoit de faire rechercher et descouvrir es pays, terres et contrées de la
Nouvelle-France, dite Canada, quelque habitation capable pour y establir colo-
nies Monseigneur le cardinal de Richelieu, grand maistre, etc., par devoir
de sa charge de faire réussir les sainctes intentions et desseings desd. seigneurs
roys, ayant considéré, etc. Le premier point est de disposer les peuples à la co-
gnoissance du vray Dieu; puis, après un blâme sur les désordres et l'incapacité
des premiers colonisateurs, les lettres patentes énumèrent les obligations de ceux
qui se chargent maintenant de coloniser, ainsi que les engagements de toutes
sortes pris par le gouvernement à leur égard. Après la signature du roi, vient
une ordonnance de Richelieu pour l'exécution de ces lettres patentes (fol. 55-63).
le Mercure Jrançois (t. XU, p. Itli à 45) et
dans les Recherches sur les finances de France,
par Forbonnais (t. I, p. 573 à 578 de
l'éd. in-4°), mais d'après l'exemplaire im-
primé du temps , appartenant aux archives
de la mairie de Nantes, qui est peut-être
unique. » (Page 1 1.)
' Les pouvoirs conférés le même jour
aux sieurs d'Esnambuc et du Roissy sont
conservés dans notre manuscrit, fol. 45.
Il faut noter aussi la « commission donnée
par le cardinal, le 24 janvier 1627, auxd.
sieurs d Esnambuc et du Rossey, capitaines
du roy dans les mers du Ponant , pour es-
tablir une colonie françoise dans les An-
lisles (tic) d'Amérique , » fol. ig. Il faut lire ,
à ce sujet , un écrit plein d'intérêt publié en
i863 par M. P. Margry, où fauteur a res-
titué à Belain d'Esnambuc la gloire dont les
précédents historiens favaient dépouillé.
Cette étude fait vivement désirer le grand
travail que préparc, depuis plusieurs an-
nées , M. Margry, et pour lequel il a re-
cueilli , dans d'infatigables recherches, des
documents neufs et précieux. M. Margry a
pu vériGer que fodicier compagnon d'Es-
nambuc, dont le nom est écrit de diverses
manières dans nos manuscrits, signait:
Urbain de Roissey.
7i.
588 LETTRES
— Quant à la compagnie constituée le 3i octobre 1626, ses vicissitudes furent telles
que nous verrons le cardinal créer, en i635, pour la rétablir, une compagnie
nouvelle, avec de plus larges concessions (fol. 112-122 du manuscrit précité).
cxxx.
Arch. des AIT. étr, Angleterre, t. lu, fol. i46. —
Minute de la main de Charpentier.
A M. DE MENDE.
26juillct 1626.
Monsieur, nous avons quelque lumière que vos Anglois veulent se
prévaloir du mescontentement d'Hébertin ^ , et voudroient, en sa fa-
veur, exciter les Rochelois. Je croy que le voyage du clerc dont vous
nous avés parlé est à cette fin, et nous pensons que celuy qui manie
cette affaire est l'ambassadeur de Savoye. Au reste, nous avons surpris
un paquet de Madame de Rohan la mère à M'' de Soubise , en Angle-
terre, qui l'excite comme une mégère à faire ce qu'il pourra pour re-
commencer la vie qu'il a faicte. Nous ne doutons pas de sa bonne
volonté, mais bien de sa puissance. Pour les Rochelois, ils se flattent
que Soubise aura part à un armement anglois , et que , sous ce prétexte ,
il les pourra ayder. Descouvrés ce que vous pourrés et me mandés vos
advis. Nous avons descouvert de très-grandes cabales par la prise de
Ghalais. Nous ferons ce qui se doit pour y remédier.
CXXXI.
Arch. des Aff. étr. France (vol. vert), t. VI, fol. 5i. —
Minute de la main de Charpentier.
AU RÉVÉREND P. JOSEPH.
[Après juillet 1626'.]
Mon Père, pour response à ce dont vous m'avés escrit touchant
' On a déjà vu que c'est Monsieur, ' La date manque; une main étrangère
comme, dans ce jargon, la reine mère est a mis en tête i63o,date fausse sans doute.
Hébert. UichelieunommeChaudebonne parmi ceux.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 589
i' de Chaudebonne, je vous diray librement que je l'estime beau-
coup. Je le tiens homme de parole et de cœur, et vous asseure qvie je
seray bien aise de le semr auprès du roy. Au reste vous cognoissés
mon humeur, si je ne faisois cas de luy, je ne le dirois pas. Je le re-
mercie des offres qu'il vous a faites , tant pom' le service du roy, de la
reyne sa mère, que poiu* mon particulier. Quand il plaira au roy le
tirer du lieu où il est, ce sera sans stipuler aucune condilion parti-
culière avec luy, et ceux qui l'assisteront le feront sans dessein. Il est
en lieu de tout promettre, il seroitpeu honneste d'exiger des paroles
d'une personne qui est en Testât auquel il est. La conscience d'un
homme d'honeur luy faict faire plus que tous les serments du monde
faicts en lieu contraint.
Monsieur est parfaitement bien auprès du roy. Sa Majesté en est
fort contente. Pour mon particulier, voiis sçavés bien que je ne
souhaite rien au monde come la tranquillité de cet estât, et de voir
Monsieur grand et heureux dans la prospérité et le bonheur des af-
faires du roy. Par ce moyen , il sera bien aisé à tous ceux qui servi-
ront Monsieur de servir le roy et l'Estat, puisque ces deux choses ne
requièrent rien qui ne soit advantageux à Monsieur.
Les intrigues des femmes nuisent plus à M' de Chaudebonne
qu'autre chose '. Je suis, côme vous sçavés, mon père, tout ce que
vous voudrés pour vous. (ptp
qui trempèrent dans les intrigues de Gas-
ton au temps de l'affaire de Chalais, et il
fut arrêté le 4 mai i6a6, et mis au bois
de Vincennes. Nous le trouvons en liberté
en 1 628. (Mém.de Richelieu, t. III, p. 6 1 -73 .)
Ce«t donc dans cet intervalle que vient se
placer cette lettre. Nous y voyons qu'au
moment où elle fut écrite • Monsieur était
parfaitement bien auprès du roi , » et nous
savons que l'accommodement de Louis XIII
et de son frère se fit le dernierjuillet, jour
où fut sig^é le don de l'apanage du duché
d'Orléans. La présente lettre ne peut donc
être antérieure à celle date; quant à la
date précise , rien ne l'indique.
' Voy. sur Chaudebonne notre t. IV,
p. 368. Ajoutons que le duc d'Orléans le
fit chevalier d'honneur de la duchesse lors
de son mariage secret avec Marguerite de
Lorraine. C'était un homme à la mode et
de la société de l'hôtel de Rambouillet. On
le rencontre dans les lettres de Voiture et
autres écrits du temps.
590
LETTRES
CXXXII.
Arch. des Aff. étr. Angleterre, t. 4i, fol. 208. — Mise au net.
A M. DE MENDE.
27 aoust 1626 '.
Monsieur, je ne sçaurois assez m'estonner de la perfidie dont les
Anglois ont usé envers la reyne vostre maistresse, envers la France,
toute la chrestienté et eux-mesmes , puisque ceux qui violent la foy
publique manquent autant à eux comme à autruy.
Je plains la misère de la reyne ; je la pleure de larmes de sang et
prie Dieu de tout mon cœur qu'il l'assiste par im redoublement de
ses grâces ^. Je l'espère , avec confiance en sa bonté et en sa justice ;
et croy que nous verrons un jour ceux qui sont auteurs d'une sy per-
fide barbarie porter la peine de leur crime.
Je suis bien ayse que vous aies pris la résolution de ne partir point
de là que par force, ou par le commandement du roy; cela tesmoigne
vostre jugement et vostre courage. Je m'exposerois volontiers au mar-
tyre en une telle cause , où il s'agit clairement de la religion. Je n'es-
time pas les auteurs de vos persécutions estre assez hardis pour en
procurer la gloire à ceux qui résisteront, comme vous faites, forte-
ment à leur violence.
' Cette date, ainsi que le litre, a été
écrite en tête, par une autre main.
' Nous trouvons, dans ce même ma-
nuscrit des Affaires étrangères, fol. 216,
une lettre de la reine mère à sa fille, au
sujet des chagrins qui l'affligent. Elle n'est
point datée, mais elle appartient évidem-
ment à cette époque, et il convient de la
noter ici. Dans cette lettre, toute remplie
de larmes maternelles et de conseils pieux
donnés en slyle un peu diffus , Marie de
Médicis exprime à la jeune reine sa pro-
fonde douleur; elle l'exhorte à suivre les
avis du P. Philippe. Elle a été bien heu-
reuse d'apprendre par le P. de Sancy
qu'elle remplit assidûment ses devoirs de
religion. La reine mère ne peut être sans
crainte en sachant sa fille au lieu où elle
est : « Ne prenez , lui dit-elle , ny confiance ,
ny plaisir de la pluspart des gens qu'on
m'a dit qui vous approchent. Dieu vous
préservera de leurs paçoles. » Richelieu a
dû être consulté pour cette lettre qu'il n'a
certainement pas dictée. ^
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 591
Le roy envoie M'' de Bassompierre ' pour tesnioigner le juste res-
sentiment qu'il a de cette perfidie, en laquelle on prendra tous les
conseils que vous pouvés vous imaginer pour la dignité d'un si grand
prince , et pour empescher que l'âme d'une si vertueuse princesse ne
soit en hasard. Vous âvés parfaictement bien faict de maintenir parti-
culièrement son médecin et son apoticaire, afin d'empescber qu'il n'y
ayt pas de facilité à exécuter un mauvais dessein sur sa personne.
Sur cela, etc.
Au nom de Dieu, trouvés des inventions pour donner courage à la
reyne, et fasseurés qu'elle sera assistée et servie comme elle le sçau'
roit désirer ^.
Quelques jours avant la date de cette lettre, le roi avait parlé à l'envoyé d'An-
gleterre sur un ton où l'on sent l'inspiration de Richelieu :
« Je n'ay aucune occasion de croire que les François se soient mal gouvernez en
Angleterre; et quand ainsy seroit, le roy mon frère m'en devroit faire plainte.
L'on a faict une violence inouïe; l'on a rompu la foy publique et manqué à ce à
quoy le contract de mariage de ma sœur obligeoit. J'envoie le maréchal de Bas-
sompierre pour m'en plaindre et tesmoigner au roy de la Grande-Bretagne,
' On a vu , dans notre deuxième volume , Bassompierre et les ministres du roy de la
p. a4i, l"instruction donnée à Bassom- Grande-Bretagne, sur le restablissement
pierre. Il partit le 27 septembre, et re- des officiers françois près de la rcy ne» (du
vint en France à la fin de décembre. En 21 nov. fol. aag). — «Mémoire envoyé
réalité, son ambassade avait été sans suc- par M' de Scbouiberg,» où on lit : «Il
ces, et, « le lendemain du jour où il quitta faut premièrement songer à ne pas rendre
Londres , il fut donné un commandement la reyne d'Angleterre malheureuse en son
«ecret par toute l'Angleterre d'arrêter les mariage. . . que la reyne sa mère et le roy
vaisseaux et les marchandises des Français ; luy escrivent de bonne encre qu'elle se
c'estce que ditRichelieudans ses Mémoires, doibt accommoder aux volontez du roy son
où il parle de Bassompierre avec un nié- mary, et user de complaisance plus qu'elle
contentement visible (t. lll,p. 27 1). Le ma- n'a faict jusques à cette heure » (pièce
nuscrit cité aux sources contient, touchant sans date, fol. 937). — Enfin, un cahier
la mission de cet ambassadeur, diverses intitulé : • Histoire de ce qui s'est passé en
pièces, panni lesquelles nous indiquerons : Angleterre depuis le voyage de Madame
« Propositions de M' de Bassompierre jusques au bannissement des François (fol.
et responses de M" les commissaires de 2/i7-32i).
Sa Majesté britannique» ( i3 nov. fol. 323- ' Cette espèce de post-scriptum est de
228). — « Escrit passé entre le maréchal de la main de Charpentier.
592 LETTRES
mon frère, mon sentiment. Je m'asseure qu'il réparera promptement la vio-
lence qui a esté faicte. Je le désire. Quand j'auray des nouvelles de Bassom-
pierre, je vous diray mon sentiment, qui sera tel que vous sçavés bien que je le
doibs avoir.
« En un mot, j'aimerois mieux mourir que de souffrir une indignité. » (Arch.
des Aff. étrang. Ms. cité aux sources, fol. i83.) — En tête de cette pièce on lit :
«Paroles dictes par le roy à M. Carleton, en l'audience qu'il eust à Nantes le
2 2 aousl 1G26. »
CXXXIII.
Arch. des Aff. étr. France, t. 64, pièce 43*. — Copie.
JUGEMENT DU CARDINAL,
SUR LES PROPOSITIONS DE M. LE GARDE DES SCEAULX '.
Décembre 1626.
Toutes ces propositions sont fort bonnes, mais elles feront que l'as-
semblée durera jusques à Pasques; et il semble qu'on les peut com-
prendre en im mot, ensuite duquel elles recevront force de cette
assemblée, sans y estre particulièrement expliquées. Outre qu'il im-
porte à Sa Majesté de ne faire rien résoudre qui ne soit exécuté au
niesme temps, ce qui faict qu'il faut s'abstenir de beaucoup de choses
qui sont à désirer, mais non à espérer, ny à faire en cette saison.
Il y auroit encore plusieurs autres propositions à faire en l'assem-
blée; mais d'autant que la pluspart ont esté proposées en celle tenue
à Rouen en l'an 1617, et qu'il y a advis de la compagnie sur icelles,
il suffit que celle qui subsiste maintenant supplie le roy de faire exé-
cuter les advis qui luy furent donnez à Rouen en temps convenable à
iceux , selon que Sa Majesté le jugera à propos.
' Le titre esl écrit de la main de Riche- même année. L'assemblée des notables
lieu , sur un petit feuillet qui précède celle dont il s'agit doit être celle qui s'ouvrit en
pièce. Elle n'est point datée, et elle se décembre 1626. Les sages réflexions du
trouve dans un volume où, avec quelques cardinal s'appliquent à des propositions du
pièces de 1682 , on en a mis pêle-mêle garde des sceaux Marillac, lesquelles sans
beaucoup d'autres sans date, classées sans doute n'ont pas été conservées.
examen , et qui ne peuvent appartenir à la
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 593
Il faut cependant proposer le remède aux rébellions ' ; celuy des
larcins des financiers , résidences des évesques et curez , augmentation
du revenu des cures.
Faut raccommoder l'article des grands jours *.
ANNEE 1627.
CXXXIV.
France , t. 6à, pièce ùW- — Copie de la main de Le Masle '.
ALLOCUTION.
[ . . .Janvier iGjy. ]
Messieurs, jusques à présent je suis venu en vostre assemblée de
la part du roy, pour vous faire sçavoir ses bonnes intentions et vous
' La pièce 4a' du môme manuscrit, in-
titulée : n Touchant le repos de l'Estal,
amas d'armes, armement et levées, fac-
tions et conjurations, » satisfait à cet ar-
ticle. C'est une mise au net de trois pages,
soigneusement écrite : La fréquence des
rébellions doit être réprimée; on invoque
à ce sujet les avis de la dernière assemblée
tenue à Rouen. Défense aux particuliers
de communiquer avec les ambassadeurs
étrangers. Renouveler la sévérité des an-
ciennes ordonnances. Dans les articles sui-
vants sont énoncés les cas qui constituent
le crime de lèse-majesté, de rébellion , et,
parmi ceux qui sont châtiés pour ces
crimes, on comprend les calomniateurs,
auteurs de libelles diffamatoires et ceux qui
les sèment. A la fm de la pièce on lit : « Sa
Majesté demande, sur ces propositions,
l'advis de l'assemblée. •
' La pièce ii' mérite également d'être
notée comme un indice de l'esprit qui
CABDIN. DE niCUXLlEU. -
animait alors une bonne partie de la no-
blesse ; elle doit aussi appartenir à l'année
i6a6, quoiqu'elle porte en tête, comme
les deux autres, le millésime i63a, écrit
au crayon, et sans doute pour ce faux
classement que nous venons de signaler.
Elle est intitulée : « Articles que présentent
au roy les notables du corps de la no-
blesse. » Elle remplit cinq feuillets et est
divisée en vingt-deux articles : le premier
demande l'abolition de la vénalité des
charges; le second établit que les nobles
méritent la préférence pour les charges les
plus élevées. Ne donner certains bénéfices
ecclésiastiques qu'à ceux dont la noblesse
est bien prouvée ; diminuer le nombre des
collèges pour la bourgeoisie, etc. Toute la
pièce a pour but de reconstituer la no-
blesse qui dépérit. On y propose la créa-
tion d'un ordre de Saint-Louis.
' Nous avons donné, dans le second
volume , la harangue prononcée par Riche-
75
594 LETTRES
conjurer à les suivre. Maintenant vos désirs et les commandemens de
Sa Majesté m'y donnent entrée d'une autre sorte, puisque c'est pour
seconder vos louables desseins et conspirer avec vous à former des
advis utiles à cet estât, pour estre portez de vostre part au roy. Il
semble d'abord que ces fonctions ayent quelque cbose de contraire;
mais en effect, il n'est pas vray, puisque vos intentions, les volontés
du roy et le bien de cet estât ne sont qu'une mesme chose.
Je ne viens pas icy, Messieurs, pour vous entretenir à l'advenir
d'aucuns discours, mais bien pour soubsmettre mes pensées aux
vostres, suivre vos bonnes ouvertures et obéir à ce qu'il vous plaira
m'ordonner.
Le roy attend vos advis avec impatience. Le bien de cet estât re-
quiert que vous les donniés promptement. Le temps presse, la néces-
sité parle et me faict taire , puisque sa voix est plus forte que celle de
tous les plus éloqviens humains du monde.
NOTA.
[ Un peu après le 22 juin 1627.]
On a pu lire, dans notre second volume (p. 478 et A79), deux lettres de
Richelieu au sujet de la condamnation de Boutteville. Nous avons à ajouter ici
quelques lignes. Le Parlement usa, à l'égard des condamnés, de quelques adou-
cissements dont le cardinal se plaignit vivement, et ce qui le mécontenta surtout,
c'est qu'on fit différer l'exécution jusqu'au lendemain, afin de donner aux fa-
milles des condamnés le temps d'implorer la clémence du roi. Nous avons ren-
contré aux Affaires étrangères ^ une note pleine d'amertume contre les magistrats.
C'est une pièce de la main de Charpentier, avec quelques mots de l'écriture de
Richelieu, qui a mis au dos : « Touchant le Parlement au garde des sceaux. » Et
oh lit à la mai^e : «Renvoyés-moi, s'il vous plaist, mon billet par le porteur. »
Ce qui explique comment nous l'avons trouvé parmi les papiers du cardinal.
lieu le Jour de l'ouverture de l'assemblée autres; nous la plaçons au mois de jan-
(p. 397) et la courte allocution accompa- vier. Comme la pièce précédente, elle est
gnant les propositions envoyées par le roi fautivement classée dans le tome 64-
(p. 3i5); les premiers mots de cette pièce ' France, t. 64, fol. 45-
montrent qu'elle est postérieure aux deux
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 595
Les réflexions que fait ici Richelieu, il les a conservées dans ses Mémoires',
où il les attribue , en quelque sorte , au roi. La pièce des Affaires étrangères com-
mence ainsi :
• Le procéder du Parlement est insupportable.
« Ils justifient leurs bons desseins en toutes occasions »
Et on lit dans les Mémoires :
• Le roi trouva ce procéder insupportable , et remarqua qu'ils faisoient paroître
leurs mauvais desseins en toutes occasions •
Cette autre phrase : « Je vous avoue que le Parlement mérite une touche; reste
à voir comme il la faut donner », devient, dans les Mémoires : « Qui ne voit que
le Parlement mérite une touche, si la bonté du roi ne le retenoit de la lui donner. »
Notons encore que cette petite phrase : « Il fait bon estre parent de M' de
Mesme *, » est ajoutée sur le manuscrit original , de la main de Richelieu.
C'est aussi une pièce digne d'être lue que la réponse du roi à une supplique
du duc de Montmorency en faveur de son cousin. Il n'est pas douteux que cette
réponse du roi ne soit l'œuvre de Richelieu. Le lecteur la trouvera dans le
tome XIII du Mercare français (p. Ii22), à la suite de la lettre du duc de Mont-
morency.
cxxxv.
Arch. des Aff. étr. Turin, t. 8, pièce 107 '.
OBSERVATIONS DE RICHELIEU
SDR DME LETTRE DE M. DE SAINT-CHAMOND À M. D'HERBACLT
ET SDR LE PROJET DE RÉPONSE DE CE SECRÉTAIRE D'ÉTAT.
■ 26 décembre 16J7 '.
Les deux pensions sont né- Le comte Strigio s'est tellement déclaré
cessaires François qu'il ne s'en peut plus desdire.
' Édit. Petitot, t. III, p. 3oa-3o3. ' Dans le manuscrit cette pièce est
' • Us osèrent absoudre la mémoire du .classée, par erreur, après celle qui est
mort,! dit Richelieu dans sa note. Ce datée des 3o et 3i décembre,
mort était Bussy-d'Amboise , qui, comme * Ces réponses marginales sont de la
on sait, fut tué par Deschapeile dans le main de Richelieu. — Nous avons déjà dit
duel à six de Boutleville. Il était fils de la que, dans les premières années de son mi-
femme du président de Mesmes. nistère, le cardinal laissait au secrétaire
75.
596
LETTRES
Cela est nécessaire.
Cela est juste.
il faut escrire au grand
duc par nécessité.
M. de S'-Ghamond seroit d'advis , {jour le
confirmer en cette affection , que Sa Majesté
l'honorast d'une pension qui lui fust effec-
tivement payée', et de faire payer aussy
celle du comte Gazaldo, qui n'est que de
600 escus
Il est d'advis c[ue le roy écrive fortement
à M. de Nevers , pour s'accorder avec M' de
Savoie, lequel, sans cette espérance, fera la
guerre au Montferrat; et les Espagnols, sur
cette occasion, voudront l'envahir soubs
prétexte de le deffendre .*
La mort du duc de Mantoue arriva la
nuit du 25 décembre. Le duc de Réthelois
espousa la princesse à mesme temj)s et au-
paravant que l'on en peust donner advis à
M' de Savoye et à la duchesse de Mantoue.
Toutes choses sont bien disposées de ce co&té
Ik , attendant l'arrivée de M. de Nevers.
M^ de Saint -Ghamond demande son
deuil et sa pension de l'année passée
^ J'estime que, pour respondre à cette
depesche , il fauldra suivre le mémoire que
M' de Nevers a envoyé. Sçavoir s'il y a
quelque chose qui empesche d'esbrire au
grand duc, parce que l'article dud. mé-
moire n'est point approuvé de monsei-
gneur le cardinal?
d'Etat des Affaires étrangères une assez
grande part dans la rédaction des pièces
diplomatiques ; mais , dans tous les cas de
quelque importance, il était consulté, et
les dépèches étaient soumises à sa révision ;
aussi le mot « reveue » se trouve assez
souvent au bas de la minute des dépèches
de ce temps-là. Nous donnons , dans cette
pièce et dans la suivante , un spécimen de
la manière dont ce travail se faisait. Nous
ne conservons de la lettre de Saint-Cha-
motid, ainsi que de celle de Marini ci-
après, que les passages auxquels se rap-
portent les apostilles du cardinal. On a vu
que M. de Saint-Chamond était alors en-
voyé extraordinaire à Turin.
' On sait que, sous Louis XIII, les bre-
vets de pension étaient assez fréquemment
un titre sec.
' Ce qui suit est le projet de réponse,
écrit au bas de la lettre de Saint-Chamond,
et soumis au cardinalparlesecrétaired'E(at.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
597
Il faut escrire, comme il
est dict ci-dessus ', à M. de
Savoye, et commander à Saint-
Chaumond qu'après avoir eu
parole de M"" de Nevers pour
l'accord, il se transporte en
Savoye et advertisse de ce
cpi'il estimera à propos.
Il le faut faire puissam-
ment.
Il suffit de les prier d'in-
tervenir en cette affaire pour
empescher qu'elle ne trouble
le repos d'Italie, comme Sa
Majesté le veut faire.
11 fault attendre la fin de
l'affaire de Gennes^.
Ce voyage méritte bien un
bomme exprès et entendu,
capable de destremper l'amer-
tume de l'esprit de M. de Sa-
voye par belles parolles et
promesses de l'intervention
du roy.
' Nous venons de dire que cette pièce
est classée dans le manuscrit après celle
du 3o ; c'est ce que signifie le mot ci-dessus.
Richelieu renvoie à l'apostille de ladite
pièce ci-après , p. 696 , deuxième observa-
tion marginale.
Sçavoir de quelle sorte on escrira au duc
de Savoye, si le roy se vouldra mesier de
caste affaire , pour donner quelque conten-
tement aud. duc et adoucir l'aigreur où il
est, de crainte qu'il ne s'unisse avec les Es-
pagnols ou si on laissera cette négo-
ciation à faire aud. s' duc de Nevers et à
M' de Saint-Ghamond ?
Escrire aud. s' de Nevers suivant ceste
résolution et le presser d'accorder ces dif-
férens pour le mal qui en pourroit arriver.^
Escrire à Venise et sçavoir si l'on fera
inslance à la Seignerie d'envoyer de leurs
forces s'ils en sont requis ?
Je n'estime pas que l'on trouve à propos
d'escrire aux Genevois (Génois) , pour la
délivrance du s' de La Grange, et qu'il sera
plus expédient d'attendre la fin de l'affaire
dud. duc avec eux.
S<javoir si l'on envoiera un homme exprès
à M. de Savoye, ou seulement à Mariny .■>
' Nous notons ici une pièce, corrigée
de la main de Richelieu , où le cardinal
s'occupe des affaires entre Gênes et la Sa-
voie. (Arch. des Aff. étrang. Gènes, t. I,
fol. 7(1; sans date, classée entre septembre
et octobre.)
598
LETTRES
CXXXVI.
Arch. des Aff. étr. Turin, t. 8, pièce 106. —
Les observations marginales sont de la main de Richelieu.
RÉPONSES DU CARDINAL
A DIVERS POINTS SOUMIS AU SECRÉTAIRE D'ÉTAT D'HERBAULT,
PAR M. MARINI, AMBASSADEUR DE FRANCE EN ITALIE*.
Cet article est d'impor-
tance.
Il est bon.
Il est à propos de mander
à M' de Savoye que le roy
veut promptement faire cet
accort.
Le roy doibt respondre
qu'il est bien fasché que la
mort de M"" de Mantoue ayt
' Voyez la note a de la page 695.
3o et 3i décembre 1617.
M' le comte de Soissons se resoud de
faire quelques levées pour Sa Majesté , doibt
escrire au roy pour luy permettre de les
faire en France, donner ses régimens à
Montauban , Saint -André, Blacons, au
comte de la Suze et au baron de la Frette ,
qui commande le régiment de ses gardes,
composé de 600 François et autant de
Suisses. L'on parle qu'il lève aussi quelque
cavalerie en Dauphiné
Led. sieur Marini estime à propos que le
roy tesmoigne à M' de Savoie que le siège
de la Rochelle ne l'empeschera de donner
les ordres nécessaires pour le duché de Man-
toue
Son Altesse luy a faict dire que le roy
est informé de tout ce qui touche l'accom-
modement du Montferrat avec M. de Ne-
vers, et que Sa Majesté peut faire résoudre
un prompt accord. Pour l'offense dont le
duc prétend réparation , un petit avantage
le pourra adoucir.
M' de Savoye escrit au roy ; il se piaiuct
du mariage précipité et forcé de la prin-
cesse sans consentement de sa mère et de
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
599
prévenu l'accord qu'il vouloit
faire entre M"" de Savoye et
luy.
Que cet accident n'empes-
chera pas qu'il ne travaille
puissamment à cet accord, et
ce d'autant plus volontiers que
l'occasion le requiert. Qu'il
s'y employera chaudement, et
escrit pour cet effect à M. de
Nevers ^.
luy, ce qui touche son honneur et sa répu-
tation ; doibt espérer en cette occasion toute
protection de Sa Majesté. Il en poursuivra
de luy-mesme sa satisfaction , et espère que
Dieu favorisera ses droits '.
ANNEE 1628.
CXXXVII.
Arch. des A£f. éfr. Angleterre, t. Aa, fol. aog.
A M. DE BULLION.
[Commencement de 163S.]
M. de Bullion sçaura, incontinent la présente reçue, la continua-
tion de la malice de Scaglia *.
' Voyez p. 696, troisième paragraphe
de la pièce i34.
' Richelieu, sans barrer ce nom, a écrit
au-dessus: Mantoue.
* La pièce qui suit celle-ci dans le ma-
nuscrit, cotée 310, est la copie d'une
lettre adressée à l'abbé Scaglia par son
frère, lettre interceptée et que le cardinal
fit déchiffrer. Elle apprenait que Scaglia
continuait à desservir la France dans l'in-
térêt de la Savoie et de l'Angleterre. On a
vu que cet abbé piémontais s'est mêlé , en
toute occasion , aux intrigues ourdies contre
la France et contre le cardinal. Deux
années avant la date de cette lettre , il était
déjà en Angleterre , et Richelieu , dans ses
Mémoires (III, i46), disait : > Scaglia
vivoit en Angleterre, non comme ecclé-
siastique, mais comme vêtu de cour, ni
comme catholique, mais refusant absolu-
ment de s'employer à faire plaisir à aucun
d'eux, et en ses discours les scandalisa
beaucoup. » A ce moment Richelieu le
trouvait dans la conspiration de Chalais.
600
LETTRES
Launay R [Razilly], estant prisonnier en Angleterre, prit familia-
rité avec luy, et led. Scaglia luy fist cognoistre plusieurs mesconten-
temens vrais et réels qu'il avoit de Buckingham.
En partant il le pria de sçavoir si le roy, la reyne et Calori ' estoient
tellement irréconciliables avec luy, qu'il ne peust jamais espérer leurs
bonnes grâces^.
11 offroit de les servir, qu'il savoit le secret des Anglois qu'ils abandonneroienl
la Rochelle si on tenoit à en faire une condition de la paix. Qu'on envoyoit Aquin
en France sous prétexte de ramener les prisonniers, mais en effet pour sonder
certaines dames de France, si on vouloit la paix ou la guerre; et qu'il estoit vray
que toute cette affaire n'estoit qu'une passion de Bukingham Il avoit gagné
quelques-uns de ses confidents; que si on luy envoyoit à lui Scaglia un homme
comme estant au comte de Verrue, « il manderoit tout Testât d'Angleterre et ce
qu'ils pourroient faire contre nous. » Le cardinal voulait surtout être informé de
ce qui concernait le secours que les Anglais devaient envoyer à la Rochelle.
Quand on sut ce qu'on voulait savoir, on ne donna point de suite à cette inter-
vention. — Le cardinal continue :
J'estime qu'après le retour du courrier d'Arsens, il faut rompre
tout commerce avec ces gens-là, qui impudemment disent des men-
songes pour des vérités, et ne taschent de faire aucun establissement
que par leur perfidie. M. de BuUion prendra garde que les Anglois,
sous prétexte de la négociation avec Arsens et de cette supposition de
Razilly, ne donnent impression en Espagne qu'on veuille entendre à
la paix.
' Le cardinal.
^ Notons ici une relation donnée par
Launay-Raziliy à son retour d'Angleterre,
datée du i" février 1628. Nous la trou-
vons , écrite de la main de Bouthillier,
copiée sans doute sur l'original, dans le
volume d'Angleterre cité aux sources,
fol. 207.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 601
CXXXVIII.
Archives de Condé, communication de M*' le duc d'Aumale. —
Original.
SDSCRIPTION:
A MONSIEUR MONSIEUR LE PRINCE.
5 janvier 1628.
Monsieur,
J'ay reçeu deux de vos lettres et un grand mémoire auquel je feray
response, par la première voye, de poinct en poinct'.
Le roy est fort content de vostre procédé , et ne doute pas que vous
n'avanciés ses affaires au pays où vous estes, ainsi qu'il le peut dé-
sirer.
Sa Majesté vous dépesche, sur une occasion que vous verres, à quoy
je m'asseure que vous pourvoierés promptement. Le mal dont eUe
vous escrit estoit certainement prémédité et résolu; vous sçaurésbien
apporter le remède et pénétrer quels pouvoient estre les autheurs
d'une telle entreprise, ce que nous ne voyons pas d'icy. Vous con-
duirés le tout, s'il vous plaist, secrètement.
M' de Chamblay aura son voiage comme vous le désirés. 11 le mé-
rite bien.
Le reste de la lettre est relatif à une place de conseiller honoraire que M' le
Prince demandait pour M' d'Alby, et à l'élection présumée de M' de Mende
comme député [aux Etats] de la province de Bourges 2.
' Nous n'avons ni ce mémoire ni la dit Richelieu, commanda au cardinal, au
réponse . commencement de janvier, de l'entretenir
' Pendant que le cardinal semblait uni- de l'état présent de toutes ses affaires et
quement attaché au siège de la Rochelle, lui en dire son avis. Pour lui obéir, il lui
les affaires générales du royaume étaient dit, clc. » El le cardinal fiut, dans une dou-
pour luy le sujet de grandes préoccupa- zai ne de pages, un remarquable exposé de
tions. iSa Majesté, qui en étoit en peine, la situation du royaume au commencement
CARDIN. DE BICBBLIEn. VII. 76
602
LETTRES
CXXXIX.
Vers la fin de janvier 1628.
Nous avons donné à cette date (p. 12 de notre troisième volume) une lettre
de Richelieu à M. du Fargis, au sujet de laquelle nous devons ajouter quelques
éclaircissements :
En commençant l'entreprise de la Rochelle, le cardinal avait bien prévu qu'il
pourrait rencontrer l'Angleterre comme auxiliaire des Huguenots, et il avait songé,
malgré ses répugnances, à nous ménager, pour cette conjoncture, Talliance de l'Es-
pagne, alliance que le comte d'Olivarès semblait d'ailleurs désirer ardemment,
ainsi que le mandait notre ambassadeur à Madrid, le comte du Fargis. Pour
plaire à la reine mère, et aussi dans la pensée qu'il pouvait être avantageux d'em-
ployer en cette affaire un négociateur sincèrement partisan de l'alliance espagnole,
il choisit le P. de Bérulle : « Le cardinal lui commit la chaîne d'écrire au Fargis, et
lui donna la charge particulière de ce traité. » [Méni. de Richelieu, 111 , 287.) Nous
trouvons dans le tome XV des manuscrits d'Espagne aux Affaires étrangères plu-
sieurs pièces de la main du P. de Bérulle, notamment un mémoire intitulé: «Raisons
à considérer devant que de faire l'union de France et d'Espagne contre l'Angle-
terre ' • (fol. 22 ). Et il envoya à l'ambassadeur un projet de traité dont la minute
de 1628* (p. 2-1 3 du t. IV des Mémoires,
éd. Petitot). En rapprochant de la présente
lettre, où rien n'est expliqué, un passage
de cet exposé, nous comprenons qu'il s'agit
des protestants et du midi de la France :
« Le principal du dedans du royauiue, di-
sait Richelieu , étoit de pourvoir à Valence
et au Puy ; qu'il étoit aisé pour le Puy,
puisque c'étoit le gouvernement de Lan-
guedoc; qu'il l'alloit avertir M' le Prince et
le duc de Montmorency , et les commettre
pour y mettre ordre» (p. 4), et un peu
plus loin : «Le prince de Condé, que Tau-
née précédente le roy avoit dépesché en
Guyenne et en Languedoc pour comman-
der ses armées, arriva à Toulouse le 18 jan-
vier, accompagné des ducs de Montmorency
etde Ventadour. Le duc d'Epernon s'y étoit
rendu un jour auparavant (p. 21).»
' Il faut noter ici une pièce assez cu-
rieuse (ms. précité, fol. 3o4), en tète de
laquelle le cardinal a écrit de sa main :
« Esclaircissement sur le pacte faict, en
i6a6, entre les deux couronnes, contre
Angleterre , lequel a esté commencé en
Janvier 1628, au passage des marquis
Spinola et Lleganès, et achevé le 8* juillet
1628." On y remarque cette clause: «Il
est du tout convenable que chacun des
deux roys retienne et fortilie un port en
Angleterre qui .soit à leur bienséance. »
Celle pièce est incomplète , les quatre
derniers paragraphes y sont indiqués seu-
lement par les premiers mots de chacun ,
' Comparez avec ce tableau celui qae traça Uichelieu quatre mois après. (Notre tome III, p. 77 et suiv.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 603
est conservée dans le même ms. (fol. 23), accompagnée d'une pièce en copie, au
dos de laquelle Richelieu a mis : « Lettre escrite par M. de Bérulle à M. du Far-
gis» (fol. 26). Le comte du Fargis fit le traité, et, selon sa coutume, sans égard
aux instructions qu'il avait reçues', t Le Fargis, peu caut et fort chaud en ses
désirs, se laissa tromper à ces belles paroles (un discours d'OJivarès), et signa, le
20 mars 1627, un traité... (ici l'explication des défauts de cet acte diploma-
tique). Bien que le roi n'eût pas le traité agréable en cette manière-lk, qui n'étoit
celle qu'il avoit proposée, et que son ambassadeur, qui pour la troisième fois
étoit retombé en pareille faute, méritât punition, néanmoins S. M. ratifia le
traité le 20 avril; ce que le roi d'Espagne fit aussi de sa part. • {Mém. III, 286.)
Cependant le bon P. de Bérulle adoucit de son mieux le reproche, et, en envoyant
cette ratification, donnée à contre-cœur, il lui dit : «Je suis bien Tiiarry d'estre
obligé de continuer envers vous notre style ordinaire de plainte et de blasme de
voslre facilité à signer oultre les ordres qu'on vous envoie. . . » La pièce n'est
pas signée, mais elle est de la main du P. de Bérulle (fol. 58). Cependant les
Espagnols ne tenaient pas leurs promesses, et l'empereur menaçait notre fron-
tière, par une entente secrète, mais assez évidente, avec l'Espagne.
t Le cardinal de Bérulle eut commandement d'en écrire au Fargis , • disent en-
core les Mémoires de Richelieu (III, 38i), et nous avons cette lettre dans notre
manuscrit d'Espagne, fol. ii5, à la date du 28 seplembre. Le cardinal de Bé-
rulle, dans sa parfaite loyauté, et un peu revenu de sa prévention en faveur des
Espagnols, écrit: «Les avis de toutes parts disent que l'empereur approche et
veut attaquer Verdun , c'est-à-dire l'Hespaigne, sous le nom de l'empereur. . . et
ce seroit une tromperie insigne, peu honorable à l'Hespaigne. » Cependant Ri-
chelieu , avec la patience d'un politique habile , restait ferme dans sa résolution
de ne pas rompre avec les Espagnols: «Toutes ces choses, mandait-il, faisoient
assez clairement voir la duplicité avec laquelle ils procédoient, et le peu de sincé-
rité en leur union avec nous; mais néanmoins, il nous étoit à propos de le dissi-
muler pour lors. ■ [Mém. t. IV, p. 33.) C'est dans cette disposition qu'il écrivit
la lettre imprimée dans notre troisième volume, p. 12, dont la minute, de la
main de Charpentier, est conservée dans le tome XV, fol. 1 33 , des mss. d'Espagne.
écrits delà main de Richelieu; mais une ' Il est conservé aux AIT. étr. nis. pré-
copie enlière se trouve dans le même ma- cité, à la date du 20 mars, fol. 43.
niiscrit, fol. iffj.
76.
604 LETTRES
CXL.
Arcli. des Aff. étr. Turin, I. 8, pièce 122. —
Minute de la main de Charpentier.
Bibl. irap. Fonds Béthune, 9827, fol. 66. — Copie.
INSTRUCTION DE M. DE GURON
S'EN ALLANT EN FIEDMONt'.
23 février i6-j8.
Le s' de Guron, après avoir parlé avec M"" de Savoye de l'affaire
de Manloue, dont M'' d'Herbault a dressé une particulière instruction
fjue je n'ay peu voir pour estre accablé d'autres affaires, doit repré-
senter
Ces lignes ont été effacées, et la pièce continue telle que nous l'avons donnée
dans notre 3° volume (p. 70) , d'après une pièce conservée dans les manuscrits de
Béthune. Nous ne la reproduirons donc pas ici; mais nous notons la pièce des
Affaires étrangères, que nous ne connaissions pas alors, parce qu'elle donne lieu
à quelques observations.
D'abord les lignes effacées nous fournissent la preuve que cette instruction est
l'œuvre tout à lait personnelle de Richelieu, et qu'au contraire le cardinal n'a pris
aucune part à une première instruction, datée «du camp d'Aytré, devant la
Rochelle, le 16 janvier, » laquelle est l'œuvre du secrétaire d'Etat des Affaires
étrangères, et qui n'a pas même été revue par Richelieu. Cette première ins-
truction se trouve dans le même manuscrit des Affaires étrangères, pièce 128.
C'est une mise au net de la main d'un commis; l'original avait été signé de la
main du roi.
Quant à cette seconde instruction, faite par Richelieu, il semblerait, en s'en
rapportant à la minute imprimée dans notre .^° volume, que la pièce ne serait
pas terminée; après la phrase finale, « led. s' de Guron agira avec M' le prince
de Piedmont tout ainsy qu'avec M' de Savoye, » cette minute met les premiers
mots d'une autre phrase : « Quant à M' le comte. .'...» mais ces mots n'appar-
tiennent pas à la lettre du 2 3 février; ils sont le commencement d'une autre
' Cette annotation, écrite au dos de la minute et de la même main que la pièce,'
nous donne aussi la date.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 605
dépêche ' ; la pièce imprimée dans notre 3' volume est donc entière ; seule-
ment il faut rectifier la date du 19 avril qu'on lit dans le manuscrit de Bétliune;
celle que donne la minute des Affaires étrangères, le 23 février, est la bonne.
Nous constatons, par une lettre que Saint-Charaond , déjà envoyé en Italie, écri-
vait au secrétaire d'Etat d'Herbault, que Guron arriva le 28 mars à Turin, où
son arrivée était annoncée, et il était même en retaixl.
On vient de voir que Richelieu se plaignait de l'accablement des affaires. Il
était alors au camp devant la Rochelle. Toute cette année i6'.).8 fut singulière-
ment laborieuse: outre le siège de la capitale du parti protestant, siège qui était
la grande affaire de ce temps-là, les affaires d'Italie avaient aussi une haute impor-
tance, à cause de l'ouverture de la succession de Mantoue. Le niartjuis de Saint-
Chamond y avait été envoyé, comme ambassadeur exlraoïxlinaire, dans la pré-
vision de la mort du duc Vincent, qui cessa de vivre vers la fin de 1627, sans
laisser d'héritier direct. Le vieux et rusé duc de Savoie, Carlo-Emmanuele, don-
nait surtout dans ces circonstances beaucoup d'inquiétude à Richelieu : malgré
les liens de famille qui devaient l'attacher à la France, il était tout Espagnol, et
il convoitait une partie de la succession de Manloue, le Montferrat, Son âpre
ambition, sa politique tortueuse, exigeaient de la part de la France les plus ac-
tives et les plus vigilantes précautions. Aussi, non content d'avoir adjoint le mar(|uts
de Saint-Chamond à l'ambassadeur ordinaire, le sieur Marini, on envoya M. de
Guron , et quelques mois après un quatrième agent, le commandeur de Valençay.
(Voy. ci-après, aux Analyses, date du 22 décembre.) Ce tome VIII, de Turin, con-
tient les dépèches de ces quatre diplomates.
CXLI.
.\rcli. de Condé. Communication de M*" le duc d'Aumale.
SUSCRIPTION; ''
A MONSIEUR MONSIEUR LE PRINCE.
9 avril 1618.
Monsieur,
Je vous envoyé un mémoire que je viens de recevoir présentement
de M' le mareschal de Schomberg, qui est allé en Limosin pour dis-
.siper quelques factions qui s'y font. J'en ay envoie autant à M'' d'Es-
' 11 est [jpobajjle que le cardinal en aura avons fait mention dans lu note de la
donné la matière à Boutliillier, et que c'est page 70 de notre 3' volume.
l'instruction datée du 1 1 mars, dont nous
606 LETTRES
pemon, avec advis de se saisir de ceux qiiî se préparent, dans son
gouvernement , à desservir le roy. Les affaires sont icy en estât que
si la Rochelle n'est secourue dans deux mois au plus tard, le roy en
sera le maisti'C. Vous pouvés croire qu'on n'oubliera rien de ce qui est
possible au monde pour empescher ce secours. Cependant, comme il
ne faut respondre d'aucun événement, j'estimerois, Monsieur, qu'il
seroit à propos que vous ne vous engageassiés à aucun siège que le
mois de may ne soit passé , afin que vous soyés en estât de courre
sus à M"" de Roban, en quelque lieu qu'il veuille aller pour se joindre
à ceux qui se préparent pour y grossir son corps. J'espère que, par ce
moi en, on dissipera les desseins des factieux, et que Sa Majesté viendra
à bout de ses desseins. Quoy qui arrive , quand la Rochelle seroit se-
courue, je vous supplie de croire que Sa Majesté l'aura; puis qu'elle
est résolue, quand le siège devroit durer des années entières, de ne
l'abandonner point qu'elle ne soit maistresse de cette ville rebelle. Le
roy arrivera dans huit jours icy, où il trouvera toutes choses en estât
de luy donner du contentement.
Je vous suplie de croire que j'en recevray tousjours un très-parti-
culier lorsque j'auray lieu de vous servir et vous faire cognoistre que
personne n'est plus véritablement que moy. . .
Depuis ma lettre escrite, j'ay reçeu la vostre du 2^ de ce mois. Pour
response, je vous diray que M' Defossé ne fera nidle difficulté de vous
bailler les régimens de Picardie et Normandie, en retenant six ou
sept compagnies de chacun, à son choix. Vous jugerés bien. Monsieur,
que ceux qui gardent des places et en doivent respondre au roy,
doivent avoir particulière confiance en ceux qui leur sont donnés pour
leur aider à les conserver. Quant aux estrangers de la descente des-
quels on vous menace, je ne croy pas qu'ils vous facent grand mal;
bien est-il vray qu'on dit que M'' de Savoye s'est accordé avec les
Espagnols pour att le Montferrat, et que M'' le comte et le
prince Thomas sont passés de Piedmont en Savoye. Le roy s'est
résolu, à telle fin que de raison, de faire lever vers le Daulphiné
8,000 hommes et 600 chevaux. Incontinent que le roy sera arrivé icy,
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 607
je ne manqueray pas de luy parler du régiment de monsieur vostre
fils ' et vous en faire response,
Monsieur,
Vostre 1res humble el très afTectionné serviteur.
Le Gard. DE RICHELIKU.
Ce 9 apvrii 1628.
CXLII.
Arcli. des Aff. étr. Turin, t. 8, pièce a58. —
Minute de la main de Charpentier.
[A M. DE GURON^]
[ 19 avril i6ï8.]
Vous me mandés que la paix est es mains du roy, qu'on peut atta-
cher pour jamais M. de Savoye et M" ses enfans à la France, et qu'on
peut tirer M"" de Mantoue de l'affaire où il est avec son contentement.
Les moyens que vous proposés pour gaigner M. de Savoye , par lequel
le reste doit réussir, selon que vous n)e l'escrivés, est de l'asseurer
du tiltre qu'il désire , et luy donner non avant que l'affaire soit laicte ,
mais après qu'elle sera eflécluée.
Vous représentés que M. de Savoye peut faire ce qu'il propose
avec son honneur sauve , en ce qu'il a faict un traitté avec Gonzalve ,
par lequel il est porté que, s'il ne demeure dans les termes d'iceluy,
M. de Savoye s'en peut retirer.
Vostre lettre veut dire de plus, à mon advis , que, pour venir à
cette lin, il faut que le roy arme en Daulphiné comme il faict; que
sur cela M. de Savoye tesmoignera de l'apréhension d'estre attaqué ,
et demandera secours. Si Gonzalve luy accorde, le siège de Casai
sera levé; et s'il luy refuse, M. de Savoye sera libre de faire ce qu'il
plaira au roy pour contraindre à le lever par force.
Voilà le sens de vos dépesches, à mon advis.
Pour y respondre je vous diray que quand M. de Savoye aidera à
Le futur grand Condé, qui avait alors ' Pour la suscriplion et la dale que nous
six ans et demi. suppléons ici, voyez la note, page"6io
008 LETTRES
continuer la guerre en Italie, et à dépouiller M. de Mantoue, il aidera
à sa ruine luy-mesine, ayant trop d'expérience et de jugement pour
ne cognoistre pas la foy des Espagnols , pour ne sçavoir pas ce qu'ils
ont laict à Naples, et enfin ne voir pas clairement que la fin de la
ruine de M. de Mantoue est le commencement de la sienne.
Si l'Allemagne, si les Grisons, si les Suisses et le reste des princes
d'Italie sont dépossédez de leurs estats, je ne sçay sur quel fondement
M. de Savoye s'imagineroit pouvoir subsister.
Je laisse toutes ces considérations à part pour vous dire que le roy
aime M. de Savoye, et l'a tousjours aimé; que ses intérests sont autant
à le conserver comme ceux d'Espagne à le perdre, qu'en mon particu-
lier je l'honore, mais qu'il est vray que toutes les descouvertes qu'on
a faictes depuis im an du peu d'affection que luy et MM. ses enfans
tesmoignoient vers la France, ont empesché cpie S. M., et par con-
séquent ses serviteurs, y peussent prendre confiance.
Maintenant ils vous ont avoué ouvertement la mauvaise disposition
où ils ont esté pour prester l'oreille à toutes choses contraires à la
France et à ceux qui servent le roy, et asseuré de vouloir servir le
roy et aimer ses créatures; cette franchise a faict que S. M. s'est ré-,
solue de bon cœur d'oublier tout le passé, et entendre aux ouvertures
qu'ils vous ont faictes.
S. M. demeure d'accord, si M. de Savoye et M" ses enfants se
veulent attacher à la France pour toujours, de leur donner le tiltre de
roy, à condition qu'elle ne s'en déclarera point qu'après que la paix sera
faicte en Italie, et l'affaire de M. de Mantoue terminée, qui est ce que
vous proposés, et qui est nécessaire, de peur qu'il semblast que ce que
le roy fera par bonne volonté , il le fasse par nécessité de ses affaires.
Pour la seureté, le roy, dès cette heure, donne sa parole à M. de
Savoye, la reyne sa mère l'engagera à madame la princesse de Pied-
mont; et si M. de Savoye estime qu'une créature de sy grand prince
doive estre meslée avec ses maistres, je luy donne , par commande-
ment du roy, la mienne, que ce que je dis sera effectué.
S'il doute de ce que je vous mande, qu'il envoyé quelqu'un en
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 609
poste, le roy luy donnera parole de roy, la reyne fera le semblable,
et leurs serviteurs s'y engageront nettement.
Sur ce fondement il faut travailler sans délay.
Si M. de Savoye veut effectuer ce que vous m'avés mandé de sa
part, il est nécessaire qu'il commence à demander le secours qu'il
vous a proposé à Gonzalve , tesmoignant avoir apréhension des troupes
du roy, et qu'en cas de reffus signe promptement l'accord avec M. de
Manloue, aux conditions de Triait des douze mil escus de rente
sur le Montferrat. A quoy le roy modérera M. de Mantoue ' ; après
quoy le roy joindra ses foices avec M. de Savoye pour délivrer M. de
Mantoue des armes qui le veulent perdre.
C'est à vous de voir si Leurs Altesses veulent exécuter de bonne
foy tout ce qu'ils vous ont promis; car, en ce cas, je vous asseure
qu'on ne manquera à un seul point en ce que dessus. Je m'asseure
qu'ils croiront qu'estant près du roy comme je suis , je ne leur en
donnerois pas ma parole, comme je fais, par conunandement, pour
leur manquer.
Au reste, la reyne désire sy passionnément avoir trois fdles reynes,
que cette considération ^ est merveilleusement puissante vers le roy.
Cette union se faisant, il la faut faire à chaux et à ciment, pour
qu'elle dure à jamais; et partant, il seroit à propos, pour regarder
les conditions plus estroiles qu'il faudroit establir, que M. de Savoye
envoyast un homme icy, confident tout à fait, avec lequel nous" pous-
sions ajuster toutes choses.
Ma pen.sée seroit que cet homme ne fust pas un ambassadeur ex-
traordinaire , mais un gentilhomme envoyé sur le suject de l'ombrage
que M. de Savoye doit prendre des trouppes de M. de Créquy; nous
ajusterions avec luy la lettre qui .sera faicte pour le tiltre, les nioyens
pour faire que le pape suive et authorise ce que nous aurons faict ;
et, en effect, on fera tout ce qui sera possible en ce sujet pour l'a-
vantage de M. de Savoye.
' Ce mot est en partie déchiré dans le ms. • considération » a été barrée sans qu'on ail
' La portion de phrase qu! suit le mot rien mis à la place.
CAIIDIN. DE niCilELIEt. — TU. 77
610 LETTRES
Cet envoy ne doit pas arrester l'exécution de ce que M. de Savoye
vous aproposé; car, dès cette heure , je vous donne ma parole qu'il aura
le tiltre qu'il désire, pourveu qu'il exécute ce qu'il vous a proposé , et
Testât des affaires ne peut souffrir de délay. Mais le voyage d'un tel
homme est nécessaire pour establir ce qui peut lier à jamais Leurs
Altesses avec la France, et empescher qu'elles et nous ne puissions
plus avoir soupçon les uns des autres.
Leurs Altesses verront que, s'attachant au roy, je le serviray puis-
samment; vous sçavés ce que Valent mes paroles, et elles le cognois-
tront par effect.
Je vous envoyé une lettre du roy pour M. de Savoye qui vous donne
toute créance.
Pour cognoistre si M. de Savoye marche de bon pied, vous consi-
dérerés s'il veut tirer en longueur vostre négociation , car, en ce cas, ce
seroit pour donner temps à Dom Gonçale de faire ses affaires ; et je
ne le crois pas, car ces Messieurs seroient aveugles s'ils ne voyoient
pas que les Espagnols les mangeront après avoir mangé les autres.
Souvenés-vous qu'on ne vous tient pas icy sy délié que ces Mes-
sieurs; et si vous vous laissiés tromper aux choses es quelles vous
mandés avoir des paroles si nettes et sy précises, il faudra vous cacher
dans Maran ou la Lymonière [?) pour ne paroistre plus.
Tenés cette dépesche secrète entre M. Marini et vous, en sorte
que, si elle ne devoit point réussir, personne n'en sache rien que
Madame la Princesse, à qui il est bon que vous vous adressiés afin
qu'elle soit la première qui die à Leurs Altesses ce que le roy veut
faire en leur considération pour l'amour d'elle '.
' A la suite de cette minute , le même (noire t. IIl , p. 70 , note). Ces deux minutes
secrétaire, Charpentier, a écrit les minutes sont ici sans date, aussi bien que celle de
de la leltre du roi au duc de Savoie, an- la présente lettre à Guron ; mais nous en
noncée ici , pour accréditer Guron (voy. avons trouvé une mise au net , datée du
ci-après, aux Analyses du supplément, à ig avril (ms. cité aux sources, fol. i65),
la date du 19 avril) , et de celle où le roi ce qui donne une date certaine à l'impor-
ordonne à Guron d'avoir une entière con- tante dépêche écrite à Guron.
fiance en ce que lui mande Richelieu
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
611
CXUII.
Arcli. des AIT. élr. Turin, t. 8, pièce i65. — Mise au net de la main de Charpentier.
[a m. de guron?]
[Vers le a6 avril i6a8 '.]
J'ai veutout ce qiie vous me mandés de M. le comte, que j'ay tous-
jours honoré particulièrement, et seray très-ayse de le servir dans le
sei-vice du roy. Je ne sçay à quel dessein Montaigu, Savignac et Val-
quier- auroient inventé ce que vous luy avés dict franchement. Si on
s'en vouloit ressentir, il seroit hon de le nier, mais il est inutile aux
termes où l'on est. Madame la comtesse a tesmoigné que M' le comte
seroit bien aise que Seneterre vinst pour dire et s'esclaircir de beau-
coup de choses, et asseurer de l'affection qu'il a maintenant; le roy
luy accorde.
Je n'entends point ce que vous me voulés mander de M" de Ven-
dosme. S. M. a permis qu'ils se promenassent dans le dongeon et
jouassent à la paulme; mais cela n'a rien de commun avec M. le
comte, ny n'a jamais rien eu; l'affaire de M. le comte est une affaire
séparée.
Quant à M. de Senelere, quand je le verray, il cognoistra que
tout ce qui me touche en mon particulier ne me touche jamais, et que
j'oublieray volontiers tout le passé. Je lui diray franchement les subjets
de plainte que j'ay.
' Cette pièce manque de suscription et
de date. Celui qui a classé les pièces de
ce volume a écrit au dos du feuillet :
» Lettres du roi à M. de Savoye et à M. île
Guron , 19 avril i6a8. • Mais cette anno-
tation , mise à ce 1 " feuillet par erreur, se
rapporte au a* feuillet de la feuille , sur
lequel sont écrites, en effet, deux lettres
du roi, dont l'une est citée dans.une note
de notre tome 111, p. 70, et l'aulre se
trouve ci-après au.\ Analyses du supplé-
ment, à la date du 19 avril. — Une
lettre du roi à M. le comte, du 36 Avril
"(p. 91 du tome précité), nous apprend
que la permission demandée pour M. de
Sennetère était donnée; c'est donc vers le
aG que la présente lettre a dû être éorite.
' Voy. notre tome III, p. 67.
77-
612 LETTRES
Quant à M. de Sardiny, je plains Testât auquel il s'est mis luy-
mesme; je contribueray tousjours de bon cœur à l'en tirer autant que
je pourray. Il sçait bien que je l'ay tousjours aimé, et partant il se
repentira plus aisément de n'avoir pas tousjours faict le semblable en
mon endroit'.
CXLIV.
Arch. de Condé. Communication de M'' le duc d'Aumale.
SUSCRIPTION :
A MONSIEUR MONSIEUR LE PRINCE.
9 mai 1628.
Monsieur,
Bien qu'il y eust de très fortes liaisons pour vous faire passer en
Vivaretz, trois considérations font résoudre Sa Majesté à vous laisser
poursuivre là où vous estes le dessein que vous avés commencé;
la première est le désir que vous en avés, la seconde, que Mons"" de
Montmorency escript avoir assez de force pour prendre le Pousin , la
troisième, que la saison commençant à s'advancer, il fault que les
' Je ne trouve pas la lettre à laquelle Nous lisons encore dans une lettre du duc
Richelieu répond ; je vois dans une mis- de Créquy au roi, écrite de Grenoble le
sive de Saint-Chamond au roi, datée de 9 avril, «que le prince Thomas a passé
Turin, le 2 avril : «M. le comte de Sois- les monts et est arrivé à Chambery avec
sons est allé en Savoye, et a laissé icy des troupes. . . que M. le comte de Sois-
Aï. de Senetaire qui dict tous les jours sons y est arrivé trois jours après ...» Le
qu'il le va treuver. M. de Guron a parlé duc de Créquy, confiant dans les assu-
avec luy, et pourra mander à V. M. ce rances de bon vouloir que donnent ces
qu'il luy aura faict cognoisire des inten- princes, ne juge pas qu'on en ait rien à
lions de mon d. s' le comte; mais je luy craindre; «néanmoins, dit-il, cette cou-
peux bien asseurer que les E.spagnols joncture, quoy qu'inopinément arrivée,
traictent avec luy et l'ont ce cju'ils peuvent n'a pas laissé d'aporter quelque émotion
pour l'embarquer à prendre les armes parmy ceulx de la r. p. r. , qui font sem-
dans vostre royaume contre vostre service, b!ant de se vouloir esmouvoir et joindre
ce que jusques icy il n'a voulu consentir aux troupes de M. de Roan. . . » (Même ms.
pièce 1 47' du ms. cité aux sources). » — pièce 161, autographe.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 613
forces du roy en tous ces quartiers de delà soient divisées en sorte
qu'en mesme temps le dégast puisse estre faict à Montauban, Castres
etNisines, qui peut estre faict par vostre armée. Mens' de Montmo-
rency et Mons' d'Espernon. Pour cet effect, le roy envoyera au pre-
mier jour des commissions à Mons' d'Espernon pour lever deux mil
hommes aux despens du pays , selon que l'avés proposé. Il pourra
avec cela, ses gendarmes et la noblesse du pays, faire le dégast de
Montauban; Mons' de Montmorency celuy de Nismes, et pour vous,
Monsieur, il vous sera aisé de faire celui de Castres.
Le roy escript à M"" de Créquy que si Mons' de Montmorency a
besoin de trouppes, il lui donne celles qu'il a, aflin que rien ne puisse
empescher que le Rosne ne soit promptement netoyé. il vous est donc
libre de poursuivre vostre dessein, pom- le service du roy, sans vous
en divertir pour aller en Vivaretz. Qui pourroit acculer Mons' de
Rohan à Nismes, ce seroit une bonne affaire, mais, à mon advis, il
s'en donnera bien garde.
11 n'y a rien de nouveau icy. Le roy poursuit le siège de la Ro-
chelle, que rien n'interrompra que la prise de cette ville rebelle.
Mons' le cardinal de la Valette m'a tesmoigné particulièrement
fhonneur que vous me faites de ni'aimer, dont je ne suis point en
double, aussy vous pouvés vous asseurer que je seray très-aise de
vous servir aux occasions qui s'en présenteront. Il a rapporté au roi
si advantageusement les progrès que vous faites et estes capable de
faire en ce pays de delà pour son service qu'il ne s'y peut rien adjous-
ter. S. M. se porte fort bien, grâces à Dieu, et est allé se promener
à Surgères. Pour nioy, en quelque lieu que je sois, je seray tous^
jours,
Monsieur,
Vostre très liuinble et très affectionné serviteur.
Le Gard. DE RICHELIEU.
Au camp devant la Rochelle, ce g* may 1628.
614
LETTRES
CXLV.
Arch. des Aff. étr. Espagne, t. i5, fo). 166. —
Minute de la main de Cliarpentier, avec quelques lignes de la main du cardinal.
A M. DU FARGIS.
4 juin 1628.
Après avoir veu la dépesche de M. du Fargis ' et la proposition du
comte d'Olivarès touchant l'affaire de Manloue, on peut dire avec
vérité qu'elles sont sy grossièrement captieuses qu'il n'y a point d'es-
prit, pour peu clairvoyant qu'il soit, qui ne soit capable d'en cognoistre
la fin et la tromperie.
Cependant parce que la plus grande finesse en matière d'estat est
de profiter de tout , et de ne jamais rompre une négociation si on
n'a bien préveu et pourveu aux inconvéniens qui en peuvent arriver,
et si on n'est en estât d'obtenir par la voie de force ce qu'injustement
on désire par négociation, mon advis est de faire une response qui
convienne à tous les événemens^ . . .
M. du Fargis tesmoignera au comte d'Olivarès « que ses propositions n'ont pas
esté approuvées en France, mais que la substance n'en a pas esté inapprouvée, p
il faut lui envoyer une déclaration du roi portant que S. M. veut contribuer de
tout son pouvoir à terminer à l'amiable les différends qui surviendraient en Italie,
' Je ne la trouve pas dans ce manus-
crit.
' Il faut se souvenir de la lettre que le
cardinal avait écrite au comte de Fargis le
ig avril (noire troisième volume, p. 78 ).
Ajoutons que, dans la dépêche du ig , Ri-
chelieu rappelle qu'en vertu du traité de
Mouçon, ce n'était pas seulement l'affaire
de Mantoue qu'il fallait accommoder, mais
celles de toute l'Italie. A ce sujet, nous
noierons ici un mémoire du marquis de
Mirabel, où nous trouvons quelques mots
de la main de Richelieu , et qui tendait
à ménager un accord entre les deux rois
pour arranger le différend de Gênes et
de Savoie concernant Zuccarel. Ce mé-
moire, daté des 2 5 et 26 avril, est con-
servé dans le manuscrit d'Espagne précité,
fol. 149 et i5o. — Le 25 juillet, une
convention fut signée ; nous en trouvons
les articles de la main d'un secrétaire de
Richelieu dans notre ms. fol. i84.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 615
« ne voulant prendre autre intérest en l'affaire du Montferrat que celuy du repos
de la chrestienté, empescher que nostre cousin le duc de Mantoue ne soit troublé
en façon que ce puisse estre dans la possession de son duché. »
Le cardinal examine la double éventualité : si l'Espagne accepte ou n'accepte
pas la déclaration du roi.
S. M. offrant de terminer cette affaire à conditions équitables,
pour estendre le sens de cette promesse indéfinie selon le pouvoir ou
la volonté en quoy il se trouvera lorsqu'il sera sorti de ses affaires; et
les Espagnols qui entendent que ces mots : en sortir à conditions équi-
tables, signifient en sortir par eschange, se trouveront peut estre
trompez.
Enfin, par ce moyen on ne faict que ce qu'il est impossible de ne
faire pas, n'estant pas présentement en estât d'entreprendre autre
chose '.
CXLVI.
Arch. de Condé. Communication de M'' le duc d'Aumale.
SUSCRIPTION :
A MONSIEUR MONSIEUR LE PRINCE.
8 juin 1628.
Monsiein-,
J'ay veu par une lettre que vous avés escrite au s' de Saintou'' les
mauvais bruits qui sont venus à vos oreilles, et les impressions que
vous avés prises d'un traitté de paix qui se négocie , à vostre compte,
par M' de Montbason, M' de Chevreuse, M. de Fossé, le s' de Gri-
' Nous notons ici deux pièces concer- Olivarès. — 2° Mémoire du marquis de
liant la même affaire , classées l'une au Mirabel , en espagnol , avec des observa-
lol. 160, sans date, l'autre au i 65, 1" juin : tiens marginales du garde des sceaux et
1° Mémoire de la main du garde des sceaux du cardinal de Richelieu. (Voy. ci-après,
Marillac, qui expose son avis sur la cor- aux Analyses, a3 et 27 juillet.)
respondance échangée entre du Fargis et ' Saint-Aout.
616 LETTRES
mault et le Père Rodel'. Je n'eusse pas creu qu'un esprit si fort et
si pénétrant que le vostre eust estimé qu'après la prise de la Rochelle,
qui arrivera sil plaist à Dieu bientost, on eust esté capable de par-
donner à M'' de Rohan qui a tant faict de mal à la France, sil n'a
qvielque secret pouvoir, que nous n'entendons point, de remettre au
roy Montauban, Castres, Nismes, Mlllaud et plusieurs autres villes re-
belles , où il n'a pouvoir que pour mal faire. J'ay veu aussy particu-
lièrement la plainte que vous faites sur le sujet de Monsieur le comte,
comme si vous croyiés qu'on luy eust mandé quelque chose à vostre
desavantage. Je vous avoue, Monsieur, que cette pensée m'a extraor-
dinairement piqué, tant pour l'intérest du roy que pour le mien par-
ticulier, veu que tel procédé est indigne de ceux qui font profes-
sion d'honorer et de rendre non-seulement service à ceux de vostre
qualité, mais bons offices à tout le monde. Il n'y a personne qui vous
eust peu donner im tel advis qui ne l'ait faict à très meschante in-
tention.
Et pardonnes moy si je vous dis que ce seroit chose bien rude
si vous adioustiés foy si légèrement à tout ce qui pourroit estre
mandé au préjudice de la bonne volonté que le roy vous porte , et de
la sincérité de ceux qui le servent qui auroni tousjours à faveur par-
ticulière de vous servir. Je me promets qu'une autre fois. Monsieur,
telles nouvelles ne vous surprendront plus et que vous croirés que je
suis véritablement.
Monsieur,
Voslrt! très humble et très aft'eclionné senitcur.
Le Caïd. DE HICHELIEU.
Ce 8^ juing i 6â8.
' ,Ie n'ai jamais vu ce nom; ne .serait-ce pas un mot mal lu? ne faut-il pas: Josef ?
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
617
CXLVU.
Angleterre, t. 42, fol. 36 1. — Minute de la main de Richelieu.
MÉMOIRE '.
[Vers le mois d'octobre 1O28?]
L'Angleterre ne pourra donner soubs main à nostre insceu aucun
acte de protection aux huguenots , au général ou aux particuliers ,
comme ils firent lors du dernier traicté, estant nécessaire de demeu-
rer en ce principe qui est le fondement du traicté projette, que la
France ne peut pardonner à ses subjecs rebelles par l'intervention d'iui
prince estranger, ny souffrir que soubs main il leur baille protection,
pour uiaintenir un parti qui empescheroit que le roy ne peust travailler
aux affaires estrangères comme il désire.
Faut tirer esclaircissement de ce qui se faict et se fera avec l'Es-
pagne, où un nommé Porter est allé de la part d'Angleterre pour
traitter, estant certain que bien que la paix entre l'Angleterre et l'Es-
pagne ne soit pas incompatible avec celle de la France et d'Angleterre,
elle le seroit avec les obligations où les deux couronnes de France et
d'Angleterre veulent entrer, de secourir l'Italie et l'Allemagne, de fa-
çon qu'il faut obligation réciproque de ne point s'accorder avec ceux
qui la troublent directement ou indirectement , ou nous ne pouvons
demeurer obligez au secours de l'Allemagne que les affaires n'y soient
' Les Anglais , qui n'avaient pu protéger
la Rochelle par les armes, essayaient de
la diplomatie. Montaigu fut chargé de cette
négociation. Telle fijt l'occasion de cette
matière de dépèche éci ite par le cardinal
peu de temps avant la prise de la Rochelle
et sans doute vers le mois d'octobre ; c'est
ce qu'indiquent à peu près les Mémoires
de Richelieu : « Le s' de Montaigu , An-
glois , obtint permission de venir trouver
CARDIN. DE BICUELIEU. -
VII.
le cardinal pour proposer quelque ac-
commodement . . . On lui dit que les Ro-
chelois étoient sujets du roi, qui savoit
bien ce qu'il avoil à faire avec eux , et que
le roi d'Angleterre ne s'en devoit mêler
(t. IV, p. 169).» Et notre nis. contient
(fol. 358) « un project de trailté faict avec
l'Angleterre, avec Montaigu, > qui n'eut
pas d'autre suite.
78
618 LETTRES
restablies, et la paix, et un juste repos bien asseuré d'Italie et d'Al-
lemagne ^
CXLVIII.
Arcli. des aff. étr. Mantoue, t. 2, pièce i33. —
Note de la main de Richelieu.
DIVISION DU MONFERRAT
ET RAISON DE L'USURPATION D'ESPAGNE ET SAVOYE.
32 octobre 1628'.
Le Monl'errat est divisé en trois :
Une partie dq ça le Pau, dans laquelle il n'y a rien de considérable
que Trin.
La 2* partie est entre le Po et le Tanaro, dans laquelle est Casai,
Moncalve et Albi.
La troisiesme est au delà du Tanaro, du costé de Gennes et de
i'estat de Milan, vers Alexandrie, dans laquelle est Nice de la Paille ,
bonne place , et Aqui , grand village , et Altare , village proche de la mer.
Les Espagnols ne veulent du Monferrat que Casai, Moncalve et
Nice de la Paille. Casai, parce que ceste place, qui est excellente,
couvre Testât de Milan du costé dePavie et d'Alexandrie , et pour tenir
en bride M. de Savoye, et penser à l'advenir à ses estats, comme ils
font maintenant de ceux de Mantoue dont ils s'approprient [sic)
soubs le nom de l'empereur.
Moncalve et Nice , pour estre maistre quand ils voudiont du reste
de la campagne qui ne peut s'opposer è ces deux places ; et pour que
Nice leur donne chemin de Milan à Gennes.
' Il y a quelque embarras dans cette terre , laquelle ne sera donnée « qu'en cas
dernière phrase, où il semble manquer que tout s'accommode. »
quelque chose. — Le ms. ajoute ici trois ' Richelieu n'a point daté ce mémoire;
lignes de la main de Charpentier; on y la date est écrite au haut de la page , d'une
indique une lettre à faire au roi d'Angle- autre main.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 619
M. de Savoye prétend rendre Trin meilleur que Casai , et qu'ainsi
l'augmentation que faict l'Espagne ne luy sauroit préjudicier.
CXLIX.
Arch. des A£f. étr. Mantoue, t. 2, pièce igS. — Minute.
POUR M. D'HERBAULT.
[Au commencement de novembre 1638 ]
Aussitôt que la Rochelle fut prise, Richelieu se hâta de s'occuper de l'Italie; il
fit annoncer à tous les princes étrangers, et particulièrement dans la Péninsule',
la victoire éclatante du roi, en faisant entendre que l'armée victorieuse était dis-
ponible maintenant pour d'autres conquêtes. Cependant Casai , quoique vaillam-
ment défendue, était en péril, faute de secours suffisants. Plutôt que de la laisser
prendre, il se résigna à ce que le nouveau duc de Mantoue demandât l'investiture
à l'empereur. Il céda plus encore , comane on le voit par cette addition qu'il fit
faire à des dépêches du secrétaire d'état d'Herbault. La fermeté de Richelieu
n'était ni de la roideur, ni de l'obstination , c'était une fermeté singulièrement
habile et qui savait le point précis où doit faiblir et même s'arrêter la résistance.
Si l'empereur ne vouloit se contenter des conditions cy-dessus, on
pourroit proposer que la ville de Casai fust mise es mains de Dom
Gonçalez avec garnison modérée , et le chasteau en celles de Sa Sain-
teté, à condition cpie led. Gonçalve s'oblige par escrit à rendre lad.
ville selon que Sa Sainteté l'ordonneroit.
Cette condition est si raisonnable qu'avec justice on ne peut la
refuser.
Mons' d'Herbault adjoustera, s'il iuy plaist, ce que dessus aux
advis sur le sujet de Mantoue.
' Le tome II de Mantoue, aux AIT. élr. tion du cardinal. Mais le» Mémoires de
(pièces 190-193), conserve la matière Richelieu reproduisent à peu près ce que
donnée pour faire ces lettres; elles sont donne le ins. (t. IV, p. 19a et suiv.). Quant
d'une écriture que je ne connais pas, et à la note destinée à d'Herbault, elle est
je n'y trouve aucune trace de la participa- de la main de Charpentier.
78.
620 LETTRES
CL.
Arch. des AIT. étr. Mantoue, t. 2, pièce 144. —
Minute de la main de Charpentier.
A M. LE NONCES
[Vers la fin de novembre 1628 '.]
J'ay veu le mémoire cy-enclos fort bon pour montrer que la France,
Venise , le pape et les princes d'Italie peuvent et doivent penser, pour
leurs intérests , au secours de M. de Mantoue. Mais il est question de
sçavoir, sans discours, ce que chacun peut et veut faire en cette oc-
casion et de le mettre en pratique ; autrement, tandis que nous par-
lerons, M. de Mantoue se perdra.
Ce qu'il faut faire, à mon advis, est d'avoir positivement, par les
courriers que le roy envoie en Italie , résolution de ce qui s'ensuit :
De Venise, si le roy s'obligeant à 20,000 hommes et deux mil
chevaux pour le secours de l'Italie, la république ne s'obligera pas à
1 5 mil hommes et i,5oo chevaux pour la mesme fin.
De Rome, si, en cas susdict, le pape ne s'obligera pas à 8 mil
hommes de pied et 800 chevaux.
De Mantoue, il faut sçavoir si Casai peut tenir deux mois, pour
attendre le secom's ; s'il ne le peut, luy conseiller de déposer la place
entre les mains du pape , de Bavières ou Florence , avec obligation
qu'il soit restitué à celuy à qui il appartiendra.
' Charpentier a écrit au dos de la pièce ainsi que la pièce elle-même le dit pour
cette indication , à laquelle il a ajouté : Venise.
«Touchant l'union des Coleguez pour le ' Le manuscrit ne donne point de date ;
secours de, Casai, v Et ensuite le secrétaire mais on voit que la lettre est écrite à un
des Mémoires de Richelieu a mis : « après moment où l'on se demandait si Casai
la prise de la Rochelle. » Mais ce n'est tiendrait bien encore deux mois. Or, au
pas seulement au Nonce que le mémoire commencement de décembre on avait une
fut envoyé, c'était sans doute une sorte réponse à peu près affirmative; on peut
de circulaire destinée aux divers prin- donc proposer pour date de cette lettre la
ces dont on pouvait espérer le concours, fin de novembre. (Voy. ci après, p. 622.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 621
Il faut voir si, en Savoye, on peut ramenei- M. de Savoye, en luy
prommettant la garentie d'une partie du Montferrat, comme Trin et
autres choses adjacentes.
M. le nonce escrira, s'il luy plaist, conformément à ce que dessus
à Rome, et M. l'ambassadeur de Venise à Venise.
Il n'y a point de temps à perdre, si on veut faire quelque chose, il
faut agir présentement'.
Ici notre manuscrit laisse une demi-page en blanc, et ensuite vient, écrite de la
main du même secrétaire, cette espèce de délibération sur le pour et le contre de
la question :
Ce qui peut divertir la France du secours d'Italie est :
Que la saison n'y est pas propre.
Que Casai est si pressé qu'il ne pourra attendre.
Qu'on s'attirera ime guerre d'Espagne en France par la Picardie et
la Champagne.
Que les armées de France sont harassées du siège de la Rochelle.
Que ses finances y ont esté espuisées.
Que les alliez de la France qui promettront beaucoup ne tiendront
rien.
Au contraire on peut dire :
Que si l'on laisse perdre l'Italie , l'Espagnol sera ' si puissant qu'il
nous attaquera après comme il voudra.
Que le péril est moindre maintenant qu'il ne seroit lors si on se
peut bien ajuster avec les princes d'Italie, l'Angleterre et la Hollande.
Une barre est passée sur ces réflexions , nous les conservons néanmoins comme
' Je trouve dans le même ms. une pièce amis à entrer en cette confédération qui
sans date, intitulée : «Projet de traitté fait se fait pour la manutention (le maintien)
par l'agent de M. de Mantoue ; » ce projet " des estats dud. s' duc de Mantoue , conser-
présente plusieurs des dispositions insé- valion et accroissement de la liberté d'Ita-
rées au présent mémoire; on y prévoit lie. Ils seront receus avec les conditions
l'éventualité d'un partage de conquéles , et susdites , et à la proportion de l'aide qu'ils
l'on ajoute : « les coléguez inviteront leurs auront donné. •
622 LETTRES
un spécimen du travail de Richelieu; le débat qui s'établissait toujours dans sa
pensée entre les arguments favorables ou contraires à une résolution qu'il avait à
prendre, il l'écrivait quelquefois , ou pour en faire part au roi ou pour y apporter
lui-même une attention plus arrêtée. Nous en avons rencontré plus d'un exemple.
CLI.
Arch. des Aff. étr. Mantoue, t. 2, pièce 160. —
Minute de la main de Charpentier.
MÉMOIRE POUR LE SECOURS DE CASAL.
1 o décembre 1628.
Deslandes Payen dit asseurément que la ville de Casai peut tenir
jusques à la fin du mois, et se laisse entendre que, si elle espère se-
cours, elle peut aller jusqu'à la fin de janvier.
Guron, par lettre du 20 novembre \ confirme la mesme chose.
De Savoye, de Venise et de Rome, on escrit qu'elle peut aller
jxisques à Pasques.
Tous conviennent que le secours de cette place est extraordinaire-
ment pressé , en ce que ceux qui donnent plus d'estendue à cette ré-
sistance ne la fondent que sur l'espérance asseurée qu'elle aura d'un
secours qu'il est partant nécessaire de haster autant qu'on pourra.
Tous les pays estrangers demandent la personne du roy sui- la
fi-ontière , pour rendre, par sa présence, le succès de ce secours in-
faillible.
Ceux qui sont en peine proposent hardiment tout ce qu'ils es-
timent les pouvoir soulager, sans en examiner les conséquences.
Le grand voyage que le roy vient de faire s'oppose à en entre-
prendre un de nouveau , la saison y est contraire , la peste de Lyon
en destourne ; l'incertitude de l'événement de cette affaire doit faire
aller avec retenue , n'étant pas à propos d'embarquer le roy, après
' Dans le manuscrit cfté aux sources, pièce i56.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 623
l'heureux succès de la Rochelle , à une entreprise douteuse et incer-
taine.
D'abandonner aussy Casai, s'il est capable d'estre secouru, il n'y a
pas d'apparence.
Partant, il semble qu'il n'y a que deux expédients à prendre : l'un,
que M. de Guise entreprenne d'embarquer 8 mil hommes et 200 che-
vaux à Tapan , qui est l'embouchure du Rhosne , selon qu'il le pro-
pose, et débarque lad. armée à Aresso, place de Testât des Genevois,
proche de l'isle d'Albingue ', distante de Casai de 1 5 ou 20 mil.
L'autre, que Monsieur s'avançast dès cette heure à Valence, pour-
veu de bons officiers pour commander en son absence, et, sous luy,
une armée composée de 1 2 mil hommes et i,5oo chevaux, outre les
gens de guerre de M. de Guise, pour qu'avec lad. armée, Monsieur
entrast, dans le commencement de janvier, dans la Savoy e et le Pied-
mont, par tels endroicts et ainsy qu'il sera jugé plus à propos.
Si Monsieiu-, à qui le roy, à mon advis, doit faire cette offre, l'ac-
cepte, il est de son honneur et de sa réputation de bien penser à
n'entreprendre pas une action si importante à cet estât, au bien de
la chrestienté et à sa gloire particulière , sans la faire réussir.
S'il ne l'accepte pas, et que le roy veuille, à quelque prix que ce
soit, tenter ce secours, S. M. verra, s'il luy plaist, si elle estimera à
propos d'en donner le commandement à M. de Créquy ^, usant d'une
extraordinaire bonté, en luy donnant lieu, par ce moien, de réparer
la faute qu'il a faicte ', ainsy qu'il tesmoigne le vouloir faire.
' Albinga , petit port du golfe de Gônes ,
est à 25 ou 26 lieues de Casai. Quant à
cet Aresso, je ne le trouve point sur les
côtes de Gênes, non plus que Tapan aux
bouches du Rhône. Les noms propres sont
sans cesse défigurés dans les manuscrits.
— Nous avons dcijà eu occasion de remar-
quer que Richelieu dit ordinairement Gé-
oevois, pour Génois, à cause du nom ita-
lien de Gênes (Genova).
' Le roi agré.i la proposition, ce que nous
apprend une lettre de Richelieu du 22 dé-
cembre , laquelle sera notée aux Analyses.
' Le duc de Créqui avait commis, en
effet, une faute grave; le roi lui avait
donné le commandement de l'armée en-
voyée au secours du duc de Mantoue,
qu'il avait désiré ; en lui accordant cette fa-
veur, S. M. lui recommanda une activité
zélée et ime extrême promptitude, et lui
624
LETTRES
En ce cas il faudroit envoler diligemment commandement aux
trouppes de luy obéir et s'avancer; argent pour les payer et les offi-
ciers nécessaires, sçavoir est, deux mareschaux de camp, un inten-
dant , deux mareschaux d'armée , et faire partir en poste l'argent néces-
saire pour la monstre de cette armée ; publiant à tout le monde que
cette armée est plustost destinée pour le Languedoc que pour l'Ita-
lie , afin que si, lorsqu'elle sera avancée, on a des nouvelles qui
renouvela ses recommandations dans plu-
sieurs lettres successives. Le duc de Man-
toue, de son côté, envoyait au roi et à Ri-
chelieu des dépêches où il réclamait assis-
tance à cor et à cri, déclarant qu'il était
perdu si on ne le secourait. Et cependant
le duc de Créqui mit tant de lenteur et de
négligence dans ses opérations , que ,
faute d'avoir reçu le secours attendu ,
M. d'Uxelles, général de l'armée française
dans le Mantouan , fut battu de telle sorte
■ que Sanguin , un des ordinaires du roi ,
écrivait de Grenoble à Richelieu : « 11 faut
avouer qu'il ne s' est jamais veu une pareille
déroute*. » Les accusations tombaient de
toutes parts sur le duc de Créqui, auquel
on imputait même une véritable trahison
et une entente coupable avec les Hugue-
nots sur le point de se révolter. Nous avons
trouvé dans ce ms. de Mantoue plusieurs
de ces mémoires accusateurs , dont deux au
moins ont passé dans les mains de Riche-
lieu , car S. Em. a écrit au dos de l'un :
« Contre le mar*' de Créqui , » et au dos de
l'autre : « Extrait de la conduitte de M. de
Créqui , au faict de M" de Mantoue el de
Savoye (pièces i8i-i83).» Au lieu de se
justifier, le paresseux général récriminait;
il écrivait au roi: «Quand il vous plaira.
Sire, envoyer des arméçs en Italie, il ne
suffira pas seulement de les faire fortes,
mais de les pourvoir de toutes les choses né-
cessaires pour durer** . . . » La liberté de ce
discours , qui semble passer la mesure , s'ex-
plique un peu lorsqu'on lit celte autre lettre,
écrite peu de jours auparavant à Richelieu ,
par M. de la Ferté , dépeignant toutes les mi-
sères des troupes de M. d'Uxelles : • Nous
avons esté contraincts, dit-il, de nous re-
tirer, n'ayant eu pain dans nostre armée y
avoit huict jours*". » La défaite était dans
ce temps-là un double malheur; la disci-
pline était si mauvaise que les populations
redoutaient le passage d'une armée en
marche réglée; qu'étaient-ce donc que des
soldats débandés qui allaient faire une ar-
mée de pillards prête à tout ravager? Aussi
l'épouvante était grande dans le midi de
la France, et les gouverneurs de province,
le marquis d'Halincourt dans le Lyon-
nais, le duc de Bellegarde en Bourgogne,
fermaient leurs frontières à ces soldats
vaincus comme à des voleurs : « ordre était
donné, s'il en vouloit passer, de sonner
le tocsin et de leur courir sus (pièce 80*,
ofllciellemeut imprimée). » Ce deuxième
volume du ms. de Mantoue contient sur
toutes ces affaires des documents pleins
d'intérêt, la plupart sans date, et qu'on a
classés pêle-mêle à la fin de l'année 1628.
* Ms. cité aux sources, pièce 79, leUre du i3 août. — " Lettre autographe écrite de Grenoble te 18 août,
pièce 86 du dis. — *** De Grenoble , le i ï août , pièce 74 du ms.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
625
obligent à changer de dessein, on ne cognoisse pas qu'on en ayt eu
d'autre que celuy du Languedoc, auquel on peut et doit on travailler
dès la mi-janvier, selon le dessein qu'en prendra S. M.
Le meilleur expédient seroit qu'on creust que le roy voulust aller
au printemps sur la frontière d'Italie, pour de là faire passer les monts
à Monsieur, qu'on pensast maintenant que S. M. n'eust point de pen-
sée de faire secourir l'Italie présentement, et cependant envoier, en
toute dilligence, pouvoir à M. de Créqui d'entrer avec ce qu'il a,
luy, et ce qui est en Auvergne. Par ce moien le duc de Savoye ne se
prépareroit point à faire l'opposition qu'il pourroit faire aux trouppes
du roy, on le pourroit aucunement surprendre et faire effect.
Si on faict autrement, et que Monsieur vueille faire la pre' entrée,
l'occasion et Casai seront perdus. Au reste ce n'est pas prudent de
commettre sa réputation et ses premières armes à un événement si
douteux comme estceluy-là; au lieu que, le premier chemin estant
fraie, il pourra, avec réputation et succez, avoir la gloire de la fin de
l'exécution^.
' Mot douteux , on pourrait à la rigueu r
croire qu'il y a un i mal formé , et lire pire;
ou bien est-ce première, par abréviation?
' Richelieu envoyait coup sur coup en
Italie des personnages chargés de lui four-
nir les informations utiles au succès de
cette grande aGTaire, la succession deMan-
toue. Je trouve à ce même moment dans
noire ms. (pièce 164) une instruction
donnée au s' du Lande, chargé d'aller
instruire le duc de Mantouc des ordres
donnés au duc de Guise et au maréchal
d'Esfrées dans la vue de mettre ses affaires
en bon train. La mission du s' du Lande
consistait, en outre, à s'enquérir au vrai
des ressources dont pouvait disposer le
duc de Mantouc, adonner des renseigne-
ments précis sur l'état du siège de Casai ,
à faire reconnaître les divers passages du
Tanaro; il devait revenir par Gênes, en
faisant une reconnaissance exacte de la
côte et des lieux propices au débarque-
ment. Enfin, de retour à Mnrseiilc, il de-
vait instruire le duc de Guise de tout ce
que lui aurait appris sa mission. Cette
pièce, dont nous ne citons aucun passage,
était sans doute l'œuvre du secrétaire
d'Etat d'Herbault; elle est datée du 1 5 dé-
cembre, cinq jours après la date du pré-
sent mémoire, et la lettre de créance du
s' du Lande, conservée dans ce même ms.
porte la date du 18.
CAIIDIN. DE niCUELiei'. — VII.
79
626
LETTRES
ANNEE 1629.
CLII.
Imprimée dans le livre de Bertius :
De Aggeribus et pontibus hxiclenus ad mare exstructis digestam novum, p. 244- Paris, 1629.
AD P. BERTIUM'
GEOGHAPHUM ET PROFESSOHEM REGIl'M.
.Janvier 1639 •.]
Inscriptionem portiis Rupellani ^ meo nomine a te exaratam accepi ,
elegantem quidem illain, et quœ publiais tabulis consignari meretur.
Eam suo loco et tempore afEgi curabo. Laudo proposituni De Aggeribus
et pontib. ad mare exslractis inter quos Rupellanus non infimum locuni
occupabit. Non dubito quin et stylus et argumentum famae atque exis-
timationi tuae abunde responsura sint. Tuos libros et liberos mihi sum-
mopere commendatos scito , sed hune praesertim , quem Ecclesiœ dicasti
optimis moribus et doctrina ornatum. Placet typus calculi bistorici*
cum epigrammate a filio tuo mihi ostensus. Denique placent omnia
quia tua sunt, et genio atque ingenio magno digna. Vale.
Tu
us ex aninio
' Né en Flandre, Berlius se fil un nom
dans la science géographique. Mais s'étant
compromis dans les querelles ihéologiques
des Gouiaristes et des Arminiens, il perdit
toutes les places qu'il avait en Hollande.
Venu en France en 1618, Louis XIII le
nomma son cosmographe. Bientôt con-
verti au catholicisme, P. Bertius obtint,
avec une chaire royale de mathématiques,
le titre d'historiographe du roi. La lettre
du cardinal fut sans doute une de ses der-
nières joies; il mourutquelques mois après.
' La pierre gravée (calculus historiens)
que Bertius fit ofifrir par son fils à Riche-
lieu porte la date de 1628, et le privi-
Cardinalis DE RICHELIEU.
lége du livre est du 17 janvier 1629. Le
cardinal en eut certainement un des pre-
miers exemplaires; on peut donc mettre
le remercîment qu'il en fit vers le com-
mencement de ladite année.
' Cette inscription latine, destinée à être
gravée à l'entrée de la ville, est imprimée
et longuement expliquée dans le dernier
chapitre du livre De Aggeribus , etc.
' L'empreinte est reproduite sur le
frontispice du livre et dans le texte du
chapitre précité. La face présente un plan
de la Rochelle, avec l'exergue : Rupellu
capta, 28 oct. et la légende : Omnes qui te
vident egentibusobstapescent super te. E^ech.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
627
CLIII.
Arch. des Aff. élr. Turin, t. lO, pièce aa6. —
Minute de la main de Cliarpenlier.
INSTRUCTION POUR LE S" DE L'ISLE.
[Derniers jours dejauvier ou commencement de février 1619.]
Le roy est très-content de ia négociation du s' de Valençay'.
S. M. désire qu'il renvoie et escrive à M. de Savoie pourl'asseui-er
de nouveau de ia bonne volonté qu'il a pour luy et sa maison, qu'il
affectionne grandement et pour l'amour d'eux et pour l'amom- de
Madame qu'il aime plus qu'il ne sçauroit Texprimer.
Que S. M. ne doute point que M. de Savoye ne luy ouvre son pas-
sage, et pour le respect qu'il luy porte, et pour ses intérests qui l'y
convient.
Cependant qu'elle est estonnée qu'il ne luy en ayt donné une ou-
' Le commandeur de Valençay avait
été envoyé en Piémont à la Hn de i6a8;
une instruction, dont la minute est de la
main de de M. Chàteauneuf, lui avait été
donnée le a 1 décembre et se divisait en
in>truction générale et en instruction par-
ticulière. L'une et l'autre sont conservées
aux AfiF. élr. (Turin, t. VIII, pièces lAg et
i5o). Valençay avait ordre d'obtenir une
prompte résolution , et on lui avait adjoint
M. de Lisie pour rapporter la réponse. Mais,
écrivait do Turin à iîichclieu M. de Valen-
çay, le 8 janvier, • le duc de Savoie a donné
tardivement les dépesches au s' de LisIe,
parce qu'il a voulu faire partir un courrier
pour avertir son ambassadeur des choses
qui se sont passées icy avant que vous en
soyez instruict; prenez garde à ce qu'on
vous pourroit proposer devant que led.
s' de Lisle soit près de vous. . . • Kt M. de
Valençay indique quelques moyens d'ar-
rêter le courrier du duc, de sorte qu'il
n'arrive qu'après le courrier de Valençay;
• c'est une procédure qu'ils pratiquent
très-soigneusement en leur pays • ajoute-
t-il (tome IX de Turin, pièce 1). Le s'
de Lisle ne larda pas à retourner en Italie
avec la présente instruction, non datée
dans le manuscrit, mais qui doit être des
derniers jours de janvier ou du commen-
cement de février, puisqu'on y donne
J'a\is que le roi est proche de Dijon, et
sera le 5 ou 6 février à Valence; c'est
donc par erreur qu'on a classé cette pièce
à la un de l'année 1639. Au reste. M" de
Lisle et de Valençay lirenl coup sur coup
plusieurs voyages en Piémont.
79-
628 LETTRES
verte asseurance. Que s'il l'eust faict, dès cette heure S. M. luy eust
mandé ouvertement toutes les pensées qu'elle a pour l'Italie , ce qu'elle
remet à faire lorsqu'elle sera sur sa frontière , et que led. s"" duc luy
aura donné l'asseurance qu'elle luy demande pour l'ouverture de ses
passages.
Celuy qui ira vers M. de Savoye le pressera extraordinairement
d'un ouy ou d'un non; si c'est le s"" de l'Isle, comme on croit qu'il est
bien à propos, il lui tesmoignera comme il a laissé le roy proche de
Dijon , qui sera le 5 ou 6® de febvrier à Valence , et agira avec tant
de retenue que M. de Savoye ait lieu de croire qu'on ne luy veuille
pas faire les forces du roy plus considérables qu'elles sont, mais tout
subjet de penser qu'on die moins encore qu'on ne veut faire.
Le but où il faudi-a tendre est de faire venir le prince de Piedmont
au devant du roy, et d'avoir asseurance et ouverture des passages ,
prenant fexcuse que ces messieurs trouveront plus à propos avec
l'Espagne.
Cependant le s" mareschal de Créquy tiendra toutes ses trouppes
prestes et tout ce qui luy est nécessaire pour faire par force ce qu'on
ne pourroit obtenir de gré. Et dès que led. mareschal sera en estât
de faire exécution, il n'attendra aucun nouvel ordre du roy pour le
faire, S. M. ne désirant autre chose sinon que Casai soit secouru.
Le s"" de l'Isle adverlira M. le M"' de Créquy et le s"^ de Valençay
comme le roy a envoie le s' Sanguin pour faire que les régiments de
Picardie, Normandie et Falsbourg viennent rejoindre promptement
farmée du roy à Valence, et pour faire aussy que si M. de Guise
n'est du tout asseuré du succez de son entreprise qu'il luy renvoie
toutes les trouppes qu'il a.
Il dira aussy aud. s"" M"' de Créquy qu'il fasse faire force pics ,
paesles, hostes, civières, tranches* et autres outils nécessaires.
Il pressera M. BuUion de mettre ordre aux vivres nécessaires pour
estre portés pour Casai, lesquels on croit maintenant devoir estre
arrivés à Valence.
' Furetière donne ce mot avec le sens de ciseau propre à couper le fer.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
629
CLIV.
Arch. des Afl'. étr. Turin, t. 9, pièce 33. — Minute antographe.
A**
16 février 1629 '.
Accepl litteras tuas morteni deffiincti dolorem fratris et lachrimas
pientisslmae uxoris^ nuntiantes. Obitus et pœnitentia a Xpto jaiïi ju-
dice(?) varie me affecerunt : placuit penitentia; mors vero summopere
displicuit. Id testatus sum non solum verbis sed opère. Maximam
partem bonoriim illius' rex obtulit mihi; recusavl ob rationes in epi-
stola ad ipsum scripta* contentas. Inter cardinalem Beruleum meritis-
simum et fratres*, sacramento non firmo(?)natos*, divisa sunt spolia.
' Annotation mise au dos de ia main
de Charpentier. La pièce est écrite sur la
même feuille où se trouve la minute de la
lettre à Rancé, déjà donnée, tom. III,
p. a33. — ' Le grand prieur était mort
dans l'après-midi du 8 février, ainsi que
Richelieu le marque dans ses Mémoires
(t. IV, p. 398); le cardinal était alors à
Grenoble avec le roi, et ne reçut la lettre
à laquelle il répond que quelques jours
après. A qui celte réponse est-elle adres-
sée ? C'est certainement à quelqu'un qui
avait lui-même écrit en latin. Serait-ce
l'évéque de Nantes , qui avait assisté le
prince à son lit de mort ? Richelieu a con-
signé dans ses Mémoires [lac. cit.) un ex-
trait un peu détaillé du procès-verbal d'au-
topsie; était-ce un démenli indirect donné
au bruit calomnieux qui se répandit alors,
(]ue le grand prieur était mort de poison?
' L'épouse du duc de Vendôme, née
duchesse de Mercœur; elle fut sensible-
ment affectée d'une si triste fin , et fit éle-
ver à son beau-frère un tombeau dans l'é-
glise des Oratoriens de Vendôme.
' Richelieu avait mis suomm; illias est
écrit eu interligne et semble d'une autre
main.
* Nous avons donné cette lettre adressée
au roi , lf)m. III, p. a3o; le manuscrit,
sans ponctuation, met : ' contenlus , » fort
nettement érrit, mais ce ne peut être
qu'une erreur de plume, un a mal fermé.
' Il avait quatre abbayes : Marmoutiers
ut Saint-Lucien de Beauvais furent données
au P. de Bérule; les deuxautres, laValasse
de Me(z et Saint-Faron de Meaux , à Henri
de Bourbon , prince-év^que de Metz, et au
comte de Moret, tous deux frères naturels
du défunt ainsi que du roi.
■ ' Richelieu avait écrit « fralresspurios; »
il a sans doute trouvé l'expression un peu
dure, il l'a effacée et a mis en surcharge
un mot que je ne lis pas, lequel mot,
effacé à son tour, a élé remplacé par la
périphrase qu'on voit ici.
630 LETTRES
Pulat rex omnes filios Vendomenses' Marti, non altaribus, dicatos
esse. Si quid possim in ipsorum gratiam, libens praeslabo ubi dabitur
occasio
. Vale. Tibi addiltissimus.
CLV.
Arcli. des Aff. étr. Turin, t. 9, pièce 32. —
Minute de la main de Richelieu.
16 février 1629 '.
Instruction de L'Isle. Botrii a eu charge de la Rochelle de faire
diverses propositions non acceptées en Espagne, que le roy ne veut
plus puisqu'il s'est acheminé. Veut secourir Casai ouvertement, et ne
point s'accommoder avec Espagne.
Voira volontiers M. deSavoye, ou prince de Piedmont et prince
Thomas.
Est bien ayse qu'ils se désaveuglent de l'Espagne.
Veut oublier les mescontantemens qvi'il a juste suject d'avoir d'eux
pour ce qui s'est passé avec les Anglois et huguenots, pourveu qu'ils
luy en donnent suject par leurs actions avenir.
Veut entreprendre les affaires d'Italie au temps et lieu, et en con-
férer avec eux.
^ Led. s' de Lisle dira franchement à M. le prince de Piedmont
que le roy s'est trouvé piqué des lettres que M. de Savoye luy escrivit
après que le dessein du marquis d'Uxel n'eut pas réussy, mais que
l'entrevue remédiera à tout, comme l'on espère.
Il est question d'arrester promplemenl, avec M. de Savoye ou le
prince de Piedmont, ce qu'ils veulent faire; parce que si le roy entre
en Piemond comme en pais amy et concourant au dessein de S. M.
' Les ducs de Mercœuret de Beaufori, lier (sa petile ronde). Charpentier a écrit
iils du duc de Vendôme, et par consé- ces lignes dans un espace blanc, entre la
(juent neveux du grand prieur. minute, pour de Lisle , et une autre pour
' Date mise au dos par Cliarpentier. Rancé ; nous avons donné la lettre adressée
' A partir d'ici, écriture de Charpen- à l\ancé, i.lll, p. a33.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
631
il n'y entrera qu'avec lo ou 12 mil hommes, au lieu qu'autrement
il meneroit toutes ses forces '.
Le roi, arrivé à Embrun , tint, le 27 février, un conseil pour résoudre ce qu'il
y avait à faire sur les propositions que le s' de L'Isle lui avait apportées. Le cardi-'
nal transcrit dans ses Mémoires* l'avis qu'il donna dans le conseil, en conformité
duquel avis la résolution fut prise , et il ajouta qu'on pouvait encore envoyer le
s' de Vaienray à M. de Savoie. L'instruction qui lui fut donnée, et que nous nous
bornons à indiquer ci-après aux Analyses , se résume en ce peu de mots :
Le roi use de franchise envers le duc de Savoie, cependant S. M. a quelque opi-
nion que ce prince le veuille amuser. M. de Valençay a ordre de lui exposer com-
ment S. A. peut concourir aux bons desseins du roi sur l'Italie, ainsi que les
avantages qu'elle en retirerait. Enfin le roi arrive sur la frontière des Etats du
duc, et il veut savoir • si on fermera les portes à ses mareschaux des logis, ou
non , voulant tenter les voies de civilité avant que penser aux autres. »
Le commandeur de Valençay revint, le 3 mars , vers le roi, à Oulx , apportant la
nouvelle que le duc de Savoie était disposé à donner au roi toute satisfaction, et il
annonça la visite du prince de Piémont. Ce prince se présentait, en effet, le 4 à
Chauniont, où le cardinal était arrivé; il venait » offrir au roy tout ce qui dépen-
doit des estais de M. de Savoie, lequel ne désiroit autre chose que d'ajuster, avec le
cardinal, un moyen honorable de se d^ager d'avec les Espagnols. • Mais on vit
clairement alors ce qu'on avait soupçonné, t que le cal)inet de Turin ne voulait
qu'amuser le roi, » car le lendemain, au lieu de venir, le prince de Piémont écri-
vait à Richelieu que, n'a}ant pas trouvé son père à Suze, il demandait du
temps pour recevoir et transmettre sa réponse. Le cardinal envoya immédiate-
ment au prince la lettre suivante.
' Richelieu a écrit sur cette même
l'cuille les indications suivantes : « Lettre à
M. Niepce, de compliment. — Lettre à
M. le cardinal de Bérule, me resjouissant
de ses bénéfices. — Lettre à Sainl-A. — A
\l. d'Ëffîat, pour deux gardes choisis de sa
main, cogiieus de luy, bcunnc mine, cou-
rageux, point glorieux. — Faut respondre
à M. le prince Thomas pour le roy et pour
moy civilement. • (Je ne trouve point les
lettres du prince Thomas, lesquelles sans
doute étaient écrites avec l'intention de
dissimuler les desseins de la cour de
Turin.)
' Tome IV, p. 338-3/(1.
632 LETTRES
CLVI.
Arch. des Aff. étr. Turin, t. 9, pièce 43. —
Minute de la main de Charpentier.
A M. LE PRINCE DE PIEDMONT'.
5 mars 162g.
Monsieur, ayant fait sçavoir au roy ce qui se passa hier, et l'asseu-
rance qu'aujourd'huy à midy on pourroit avoir la dernière résolution
de M. vostre père, il a pieu à S. M. me mander qu'elle le trouvoit
bon, pourveu que, sans nouvelle remise, ses troupes commençassent
à passer dès le jour mesme. Cela fait que vostre lettre laissant en
incertitude de vos résolutions, je ne puis vous asseurer que le roy
veuille attendre davantage; [mais bien vous conjures je de ne faire]
aucune difficulté au désir de S. M. Persistes en la volonté que vous
me tesmoignastes de luy donner contentement.
L'honneur que j'ay de servir le roy il y a longtemps, et de cognoistre
son humeur, fait que je puis vous dire qu'après avoir atendu 5 jours,
contre son inclination, il tiendra le délay que vous [prenés], s'il passe
cette journée, pour un reffus. Pour mon particulier, M"^, je seray très-
fasché de n'avoir peu contribuer à une œuvre sy utile pour vous comme
est l'union de Vos Altesses avec Sa Majesté, ce que j'avois lieu d'es-
pérer sur vos paroles. Cependant je vous suplie croire que je suis^. . .
' La suscription et ia date sont notées peut lire dans ses Mémoires, t. IV, p. 348.
au dos. Cependant le duc de Savoie comprit qu'à
' Le soir même le comte de Verrue ce moment il n'était pas de son intérêt de
arriva avec des propositions exorbitantes, se brouiller avec la France, et le 6 avril il
dont le cardinal dit «qu'elles n'estoient s'était rendu auprès du roi. (Voy. notre
pas honneslesn et qu'il jugea ne mériter tom. III, p. 272.)
d'autre réponses que des railleries, qu'on
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
633
CLVII.
Arch. des A£F. étr. Turin, t. g, pièce 107. —
Minute de la main de Richelieu '.
A M. L'ARCHEVESQUE DE PISE.
Du 2/4 avril 1629 '.
Monsieur, M" les ambassadeurs de M' de Mantoue venant d'adver-
tir S. M. qu'on leur mande qu'il y a encore deux lieux dans le Mont-
ferral nommés Altare etRovignole, où il reste quelques garnisons qui
n'en sont pas encores deslogées, je vous en donne advis pour satisfaire
entièrement au désir que vous avés eu de savoir tout ce qu'on pou-
voit désirer de Dom Gonzalo pour establir et affermir de plus en
plus une bonne intelligence entre les deux couronnes. Je vous prie
d'en advertir Dom Gonzalo à ce que, conformément à ce qui a esté
arresté, il retire les dictes garnisons, s'il est vray qu'il y en ait encore
quelques-unes des siennes. Je ne doute pas qu'il ne satisface promp-
tement à ce que la raison et sa paroUe et seing requièrent en cette
occasion. Aussy se peut-il asseurer ' que , de la part de S. M., le
mesme sera fait en ce qu'il doit désirer pour la seureté des estais du
roy son maistre. J'y contribueray sincèrement tout ce que je pourray.
Cependant'
' Le cardinal a écrit 8ur une page ou
était un projet de lettre concernant celte
aQ'aire, de la main de Bnllion, lequel
projet est barré.
' La suscription et la date ont été no-
tées au dos par Charpeulier. Au-dessous
de celte annolalion on a mis : « employé. >
' L'artlievcque répondit en envoyant
une lettre de Gonzalo, que nous nommons
Gonzaive , auquel il avait communiqué celle
de Richelieu. Gonzaive fit une réponse
évasive, et l'on peut voir ce que dit à ce
sujet Richelieu dans ses Mémoires (t. IV.
CABDIX. DE RICHELIEU. — VII.
p. 4o2J. Mais ce que nous remarquons
ici el que ne disent pas les Mémoires,
c'est que Gonzaive, pour prouver qu'il est
dan» des dispositions toutes pacifiques,
avertit qu'il a reçu du duc de Rohan com-
munication d'un ordre d'Espagne pour
assister ledit duc, et que lui, Gonzaive, a
répondu que l'ordre est ancien, que les
circonstances sont changées el qu'il avait
besoin à ce sujet de nouveaux ordres du
cabinet de Madrid. — La lettre de Gon-
zaive, en espagnol, est conservée dans
notre ms. de Turin, t. IX, pièce iii.
80
634 LETTRES
NOTA.
L'affaire dont il est question dans la lettre suivante pouvait, sans la prudence
de Richelieu, amener de graves conséquences; j'ai déjà eu l'occasion (t. III,
p. 334) d'en dire quelques mots; il convient d'y revenir ici. Christine, était ma-
riée depuis dix ans au prince de Piémont; la sœur de Louis XIII se trouvait au
milieu de cette autre famille dans une position délicate et quelquefois pénible.
Entre un beau-père qui, dans ses inclinations espagnoles, lui savait assez mau-
vais gré d'être Française, un mari peu empressé, des beaux-frères malveillants,
il lui arrivait parfois de tourner de tristes regards vers le pays de sa naissance.
Nous avons précisément à cette époque plusieurs lettres d'elle où , épanchant ses
plaintes et ses chagrins , elle invoque les secours de Richelieu. « Elle n'a pas de
passion plus grande que celle de mériter les bonnes grâces du cardinal , qui est
toute son espérance. • Elle le consulte comme un ami : « J'attendray vostre vo-
lonté et vostre advis devant que de parler de rien. » La princesse approchait
alors du terme d'une grossesse , la première après dix ans d'une union stérile , et
elle priait le cardinal de supplier la reine, sa mère, de lui envoyer la dame Pé-
ronne, sage-femme en qui elle avait confiance; elle craint que Marie de Médicis
ne l'envoie de préférence à la reine d'Angleterre, qui était aussi enceinte. « Quelle
considère en cela où je suis, et que je serois tout à fait affligée si je croyois que
moy, luy estant plus afectionée que mes autres seurs, je neusse aussy melieure
part en ses bonnes grâces, » La princesse continue pendant toute une page la
confidence au cardinal de ses doléances. Toutes ses lettres, à ce moment, sem-
blent mouillées de ses larmes, et elle invoque ardemment la protection du roi
son frère contre les ennuis dont elle est accablée dans cette cour étrangère. Po-
meuse, qui avait été naguère son page, était alors un des officiers de sa maison,
et elle l'envoyait au roi pour le féliciter de la paix faite avec l'Angleterre. C'est
pendant ce voyage qu'il tomba dans le guet-apens de l'un des beaux-frères, le
cardinal de Savoie. Ce prince imputait à Pomeuse d'insolents couplets contre le
duc, son père, et contre lui. S'il faut en juger par un fragment conservé'dans
nos manuscrits, ces chansons, écrites à peine en français, sans un grain de sel,
sans une pointe d'esprit, étaient d'une grossièreté si révoltante, qu'il est impos-
sible qu'on ait osé les chanter en présence de la princesse. Quoi qu'il en soit ,
Pomeuse fut outrageusement battu et même , écrit la princesse, laissé pour mort
sur la place. Outre le châtiment que le cardinal de' Savoie voulait infliger à ce
gentilhomme de Madame, c'était une bonne occasion de s'emparer des lettres
dont il était porteur et de surprendre les relations secrètes que la princesse pou-
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 635
vait entretenir avec la cour de France ; mais le valet de Pomeuse put soustraire
la valise où ces lettres étaient renfermées.
Richelieu venait de quitter l'Italie pour aller rejoindre le roi au siège de Privas.
Il était lui-même un peu intéressé dans FalTaire, car une des lettres dont Pomeuse
était porteur lui était adressée; Christine se hâta de lui faire connaître cette insulte
et sa douleur: « La mauvaise volonté (disait-elle) est grande contre moi... Je fais
cette lettre en cachette... Je n'eus jamais une afaire si sensible, je la remets
entre vos mains... Je vous prie d'avoir pitié de moy, je puis bien dire ce mot,
puisque je suis tout à fait misérable, • (Lettre du 19 mai, pièce i45.) Le lende-
main 20, nouvelle lettre; Christine « suplie que le roy la venge et face cognoistre
an monde ce que je luy suis... Je me remets entre vos mains comme une per-
sonne désespérée... Je vous prie d'avoir soin de ce pauvre Pomeuse... »
Les panégyristes, tels que l'historien de la maison de Savoie, Guichenon, font
de Christine une princesse accomplie; la vérité est que c'était une femme dis-
tinguée, unissant aux charmes de la figure les grâces de l'esprit et quelques-unes
des qualités qui honorent le trône; toutefois quelques légèretés de conduite don-
naient au moins un prétexte à la malveillance dont ses beaux-frères l'ont toujours
poursuivie et qui, plus tard, lorsqu'elle fut devenue veuve, alla jusqu'à la chasser
de Turin et à lui disputer le pouvoir suprême. Elle avait compris dès longtemps
qu'elle aurait besoin contre eux de l'appui de la France, et, dans ce moment de
détresse, nous la voyons demander la protection de Richelieu, du style d'une
cliente implorant un puissant patron. Au fond, Richelieu se souciait assez peu
des chagrins de la princesse de Piémont et bien moins encore des aventures
de Pomeuse; mais Christine était sœur du roi, et c'était la politique natio-
nale et la dignité française qu'il entendait faire respecter en cette fille de
France.
Plus tard, lorsque son beau-père et son mari n'y seront plus, lorsque, régente
et tutrice de ses enfants mineurs, assise sur le trône ducal et dans des circons-
tances d'une bien autre gravité, Christine appellera encore le cardinal à son
secours, alors il lui faudra en même temps se défier de ce génie ardent à sacrifier
tous les intérêts aux- intérêts de la France , et elle aura à disputer obstinément
avec lui du prix des services qu'il consentira à lui rendre.
Mais maintenant le cardinal était fermement résolu de la prot^er, en usant
toutefois de la prudence qui ne l'abandonnait jamais; il entendait faire rendre
raison de l'outrage à la princesse offensée, mais, en même temps, il avait à
prendre garde de jeter tout à fait dans le parti espagnol des princes qui, jusqu'à
présent, n'avaient pas osé se déclarer ouvertement pour l'Espagne. 11 commence
par déclarer qu'il ne parlera point de l'affaire au roi, dont le prompt ressenti-
80.
636 LETTRES
ment aurait pu contrarier les ménagements qu'il voulait garder; mais il écrit à
Turin avec une fermeté dont sa modération ne diminuait en rien rautorilé. Le
prince de Piémont, dans sa lettre du 20 mai, paraissait, au premier moment,
donner tort à Pomeuse : «déjà, écrit-il, je voyois qu'il ne prenoit pas le bon
chemin , » mais il se hâta de changer de langage et déclara dans ses lettres sui-
vantes qu'il voulait que satisfaction fût donnée à la princesse ; «je ne souffrirai
jamais, dit-il, ce qui peut déplaire à Madame.» Quant au vieux duc, de son
style cauteleux, il proteste de ses tendresses pour la sœur du roi de France et
semble promettre satisfaction en termes qui, au fond, ne promettent rien. Ce-
pendant, quatre mois plus lard, Christine exhalait des plaintes plus lamentables
encore et implorait la protection de Richelieu avec une douleur voisine du
désespoir : « Ce qui m'a le plus touchée au cœur, écrit-elle, c'est m'avoir dit qu'il
falloit bien que je changeasse d'humeur et que jusques à cette heure j'avois esté
Françoise, mais qu'il falloit estre Piedmontoise... L'on m'arrachera plutôt le
cœur qUe de changer jamais... Je vous suplie donc d'avoir pitié de moy et que
S. M. me prenne sous sa protection; je ne vous mande point toutes les parti-
cularitez des mauvais traitemens que l'on me fait, ny des mesfiances que l'on
a de moy, car le nombre en est infini.,. Si cela dure, je croy que je seray
contrainte à me mettre dans un monastère et d'attendre là le commandement
de LL. MM... Mais c'est à vous à qui est mon i-ecours. • Elle supplie, si on
l'envoie complimenter à l'occasion de sa couche, que ce soit une personne d'au-
torité, qui parle haut pour elle et à qui elle puisse confier des choses qu'elle ne
peut écrire (lettre du k septembre, pièce 58). C'est que Pomeuse avait éprouvé
un nouvel accident : « J'ay receu encore (écrit-elle dans la même lettre) un
desplaisir par la mesme personne aiant esté cause que l'on ayt mis Pomeuse en
prison, qui s'en aloit à Casai travesti pour passer plus facilement et aussy pour
se batre avec un traistre qui m'a deservie. »
Richelieu vit dans cette continuité de procédés injurieux une intention
politique; il le dit dans ses Mémoires : «Pour montrer encore plus claire-
ment aux Espagnols la mauvaise inlelligence en laquelle il vouloit estre avec la
France, le duc de Savoie fit prendre Pomeuse, gentilhomme de Madame, sur le
chemin du Montferrat et le fit mener prisonnier à Yvrée » (t. V, p. i^k). C'était
là pour le cardinal un nouveau motif de prendre fait et cause pour la princesse
de Piémont, et l'on verra bientôt une lettre où il renouvelle au maréchal de
Créquy l'ordre de poursuivre chaudement la réparation due à Madame (ci-après à
la date du 8 novembre). De pareils détails, qui appartiennent au genre des mé-
moires plus peut-être qu'à l'histoire, ont du moins cet avantage qu'ils font bien
comprendre la dépendance dans laquelle la future duchesse de Savoie se plaçait
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
637
elle-même à l'égard de Richelieu, et qu'ils peignent au vif le caractère de cette
princesse, ainsi que sa situation dans la cour où elle devait régner.
CLVIII.
Arch. des Aff. étr. Turin, t. 9, pièce i85'. —
Minute de la main de Charpentier.
AU PRINCE DE PIEDMONT.
26 mai 1639.
N'avons eu aucune nouvelle de la ratification d'Espagne que par
ce qu'il mande ^. Si les choses continuent ainsy, le roy en sera très
aise, afin de pouvoir terminer plus promptement les différends d'I-
talie.
Pour mon particulier je m'en rcsjouy pour la mesme raison.
J'ay fait savoir au roy le contentement qu'il me tesmoigne avoir
receu de la paix d'Angleterre, dont S. M. ne doute pas.
Le porteur de sa lettre m'a faict savoir particulièrement ce qui s'est
passé en l'affaire de Pommeuse. Honorant, conune je fais, toute leur
maison, je n'ay pas estimé k propos en devoir parler au roy^
les circonstances de cette affaire sont fascheuses, en quoy je remarcjue
' Ce manuscrit n'est pas coté; cette
pièce, la dernière du volume, se compose
de deux feuillets contenant la minute ou
seulement l'indication de plusieurs lettres
à faire. C'jest la petite écriture ronde et
assez dilTiciie de Charpentier écrivant sous
la dictée. Il règne d'ailleurs , dans ces deux
feuillets, un certain désordre, quelques
phrases se trouvant tracées à divers coins
du papier, sans aucun signe indiquant où
il les faut placer. Le secrétaire a mis au
dos du deuxième feuillet, avec la date du
26 mai : • M' de Savoye, M' et M* la prin-
cesse de Piedmont, M' de Gréquy. » Nous
donnons seulement ici la lettre adressée au
prince de Piémont ; les autres seront notées
aux Analyses.
' La lettre du prince, n'étant point da-
tée , a été classée au hasard à la fin de mai.
Richelieu y répondant le a6, on peut sup-
poser qu'elle a été écrite vers le ao; elle
ne peut d'ailleurs être antérieure à cette
date , puisqu'il y est question de l'aiTaire de
Pomeuse. Le prince, en annonçant la ra-
tification , ajoute : « Les dépesches sont
adressées à D. Gonzalo ; aussytost que au-
rons des nouvelles, S.A. dépeschera vers
S. M. pour luy faire sçavoir toutes les par-
ticularitez» (pièce i64).
' Je passe deux mots que je, ne peux lire.
638 LETTRES
deux choses bien considérables, à mon advis: l'une qu'outre que le
gentilhomme est à Madame, il venoit trouver le roy avec des dé-
pesches pour S. M.; l'autre que Madame estant grosse, comme elle
est, cela ne s'est peu faire sans la mettre en péril par le desplaisir
quelle en doit avoir receu. Je vous suplie. Monsieur, faire en sorte
que celte affaire s'accommode promptement, si elle ne l'est desjà,
devant que ce gentilhomme arrive.
Si M. le cardinal eust demandé raison à Madame de l'insolence
qu'on dit que Pomeuse a faicte, comme la raison et la civilité le re-
quéroient, à mon advis, je croy qu'elle n'eust pas manqué de la luy
faire telle qu'il la méritoit en effet, et sans doute il eust eu beaucoup
plus de contentement d'en user ainsy, que d'obliger Madame à désirer
satisfaction de l'action qu'il a fait faire.
J'escrits à Madame sur ce subjet, la supliant ne prendre pas si à
cœur cette affaire qu'elle puisse préjudicier à sa santé, et luy tesmoi-
gnant que je m'asseure que le desplaisir que M. de Savoye et vous
aurés eu d'une telle action vous aura porté à luy en faire avoir tout
contentement.
Incontinent que j'ay esté arrivé j*ay faict satisfaire à tout ce que
vostre commissaire a peu désirer pour les bleds.
J'escrits à Lumague pour satisfaire au contract que l'on a passé
avecBaronis '. Le roy a envoyé querre la personne [?) de M. du Halier
pour sçavoir de luy comme les choses vont au passage de Grezins,
et voir ce qu'il y faudra faire pour vostre contentement, s'il est vray
([ue quelques troupes se soient aprochées du costé de Bourgoigne pour
y prendre passage.
J'ay rendu à celuy que vous m'avés envoyé un mémoire qu'il m'a-
voit donné, avec les responses. Vous pouvés vous asseurer qu'en tout
ce qui vous concernera réellement vous trouvères la disposition du
roy tout entière.
' Dans une lettre du 2/i juin, le prince est absolument nécessaire qu'il le soit, ou
se plaint que Baronis n'a pas été payé: il il perdra tout son crédit (pièce i8i).
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 639
CLIX.
Arch. de Condé. Communication de M"* le duc d'Aumale. —
Original.
A M. LE PRINCE.
Usea, I 4 juillet it>2g.
Monsieur', Leroy
ne doute point que vous n'aies faict tout ce qui vous a esté possible
pour faire accepter la paix à ceux de Montauban *. Au commencement,
ceux de ia ville de Nismes firent comme eux; ils ne voulurent pas
accepter la paix que M. de Rohan avoit premièrement acceptée par
despit de ce qu'il ne les avoit pas advertis à temps à leur gré; et, le
lendemain, aiant demandé permission au roy de luy envoler des dep-
putez, ils se sousmirent à la volonté du roy plus avantageusement
pour S. M. que les autres '. Si Montauban ne fait la mesme chose ,
il servira d'exemple pour terminer à la rigueur la rébellion des hu-
guenots. Le roy a envoie, par le nepveu de Dupuy, un passeport;
c'est à eux, ou à accepter simplement la paix et vous le déclarer, au-
quel cas vous reoevrés leurs oslages , ou de se servir du passeport pour
envoier leurs depputtez pour faire icy ce qu'ils feroienten vos mams;
ou, incontinent que S. M. sera partie, elle m'a commandé d'y mener
son armée, qui est le mesme advis que vous donnés. Je croy que cette
' .lusqu'à la fin d'avril 1629, le cardi- la renommée de Richelieu et donna à sa
nal a toujours rais Monsieur en tête dans personne une importance qui marque une
ses lettres au prince de Condé ; la lettre du des grandes époques de sa vie.
ai mars (ci-après aux Analyses) est la pre- ' Dans une lettre du 16 juin à M. le
niière que nous ayons où le cardinal ne prince, le cardinal lui annonçait que le
lui donne point la ligne, comme on disait duc d'Epernon devait « l'asister au dégast
alors. Ce changement se trouve marqué, de Montauban.» On a vu dans une autre
dans nos manuscrits, par un petit incident lettre du 3o (t. III, p. 36a) qu'on était dis-
de rédaction que nous avons indiqué noie 2 posé à moins de sévérité,
de la page 862 de notre troisième volume. ' Voyez t. IV, p. Syo.
Le triomphe de la Rochelle mit le sceau à
640 LETTRES
ville ne voudra pas demeurer seule en sa folie. Si elle accepte la paix ,
vous prendrés s'il vous plaist promptement ses ostages tels que vous
saurés bien choisir, et ferés entrer, sans délay, M. le Président de
Calvières, commis par le roy pour le rasement, pour y faire travailler
avec cet ordre, que tous ceux qui auront contribué à la fortification
contribuent audict rasement '.
J'ay faict entendre au roy ce que vous me mandés touchant le
duché de Rohan; S. M. m'a dict qu'elle avoit bien préveu que vous
vous y gouverneriés comme vous faites, vous remettant tout à fait à
ses volontez. Tout ce que je vous puis dire, sur ce sujet, est que sa
main puissante n'est pas racourcie, et sa bonne volonté pour vous est
telle que vous sçauriés désirer. En mon particulier. Monsieur, je ne
sçaurois assez vous remercier des complimens que M. le comte de
Charlus m'a faicts de vostre part. J'attribue à la piété que vous avés
envers l'Eglise les efiects de vostre courtoisie, et ay tous les sentiraens
que je puis avoir d'en prendre revanche aux occasions. Le roy, qui
s'en va aujourd'buy coucher à Nismes, partira de là pour s'en aller à
Paris, en sorte que vous ne sçauriés le joindre devant son volage. Je
demeure icy pour quelque temps avec toute l'armée de S. M.; MM. le
mareschal de Schomberg et Defiat y demeurent aussy, M. le garde
des sceaux y sera quelques jours après le roy, en sorte qu'on pourra,
par le commandement de S. M., résoudre avec vous tout ce que vous
désirés. J'apporteray tousjours tout ce qui me sera possible pour vous
tesmoigner que je suis véritablement,
Monsieur,
Vostre très humble et très affectionné serviteur.
Le Gard. DE RICHELIEU.
D'Uzez, ce 1^'^ juillet 1629.
Sur l'issue de cette affaire de Montauban, voyez notre Iroisième volume, p. 4o2,
4o3, 4o5.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 641
ANNEE 1630.
NOTA.
Le cardinal, en commençant le récit de l'année i63o et en remontant près de
deux années en arrière, expose l'état des relations de la France avec l'Allemagne,
la paix faite entre l'empereur et le roi de Danemark, la trêve entre la Pologne
et la Suède « qui laissait au roi Gustave • la liberté de se tourner contre Tempe
reur, enfln les circonstances de la mission de M. de Charnacé vers les électeurs,
vers le duc de Bavière, chef de la ligue catholique, et vers le roi de Suède dès
le commencement de 1629 ^ En juillet, M. de Sabran avait été envoyé auprès de
l'empereur pour obtenir que S. M. I. donnât l'investiture au duc de Mantoue. On
sait que l'usurpation des Etats de ce prince, dont la France avait embrassé la dé-
fense contre l'Espagne, était une des principales causes de la guerre qui menaçait
d'embraser l'Europe. M. de Charnacé n'avait lien obtenu de l'empereur; mais
ce résultat était prévu, et le voyage de ce diplomate en Allemagne avait aussi
pour objet, s'il n'obtenait rien de ce prince, de fomenter les aspirations vers la
liberté qui animaient plusieurs souverains allemands, de les exciter à secouer le
joug sous lequel les tenait le chef de l'empire. Les quatre électeurs catholiques
résolurent d'envoyer à l'empereur une déclaration dans laquelle ils demandaient ,
entre autres choses, « que justice fût rendue au duc de Mantoue et que tous sujets
de jalousie fussent ôtés à S. M. très-chrétienne. » Dans cette déclaration, les élec-
teurs parlaient avec une telle autorité que l'électeur de Trêves dit au comte de
Marcheville, envoyé par le roi aux électeurs*, «que les choses pourraient aller
jusque-là, qu'usant des droits que leur donnaient les lois de l'empire, ils dépo-
seraient l'empereur et en éliraient un autre'.» L'affaire n'alla pas si loin que
les espérances de l'électeur de Trêves, tout dévoué à la France.
Cependant, au commencement de i63o, les négociations avec les princes de
l'empire mécontents prirent une nouvelle activité, en même temps que Riche-
lieu allait avec le roi en persoime descendre en Italie, à la tête d'une armée,
pour la protection du duc de Mantoue. Nous trouvons aux Affaires étrangères,
dans les manuscrits d'Allemagne*, une pièce dont la rédaction est sans doute du
' T. V, |). 107-158, éd. de Pelitot. ' Mém. de Richelieu, V, 819.
^ Il avait été envoyé l'année précédente ' T. VII, fol. i, original. Ce septième
avec des instructions du 8 août. volume des afiiaires d'Allemagne contient.
CARDIN. DE RICUELIEU. VII. 8|
642 LETTRES
père Joseph, chargé spécialement, comme nous l'avons déjà dit, des négociations
avec l'Allemagne et les puissances du Nord. Richelieu qui, dès Je i" janvier, était
parti pour l'Italie, avait certainement donné au père Joseph ses instructions pour
la direction des affaires d'Allemagne et la mission de Marcheville. C'est donc sous
l'inspiiation de RicheUeu que l'instruction a été écrite, et nous devons consigner
ici la pensée du cardinal dans un résumé succinct de cet acte diplomatique. H
est intitulé :
« Mémoire pour servir d'instruction au s' de Marcheville, conseiller du roy en
son conseil d'estat, S. M. le renvoyant en Allemagne. ■
M. de Marcheville était chargé de remettre la pension du roi à l'électeur de
Trêves, de lui exposer « que le roy estoit porté d'une volonté très-sincère de déli-
vi-er l'Italie et l'Allemagne de l'oppression à laquelle la manifeste violence et
ambition de la maison d'Autriche les ont réduits; • que le roi envoyait en Italie
une puissante armée sous la conduite du cardinal de Richelieu; qu'une autre
armée, sur les frontières de Champagne, serait prête à s'opposer aux mauvais des-
seins de la maison d'Autriche et à contribuer à rétablir la liberté de la Germanie
et des électeurs, nos bons voisins et anciens alliés de la couronne de France; • que
S. M. se résolvoit de se trouver en personne à celle des armées où il seroit plus
à propos pour le bien commun. ■ Jamais ils n'auront meilleure occasion de faire
cesser les maux sous lesquels gémit l'empire ... «Se contenter de faire des re-
montrances il l'empereur, c'est l'aigrir inutilement. . . Il fault venir aux effects et
aux armes. » Toute l'Allemagne les appuiera, si l'empereur refuse les conditions
suivantes (l'instruction en pose quatre, parmi lesquelles) :
Faire retirer Valstein, « cet estranger, » hors de l'Empire.
Rendre la paix à l'Italie en en rappelant son armée.
« Le roy désire sçavoir si, au cas que l'empereur refuse ces justes demandes,
les princes de la ligue catholique sont résolus de porter leurs armes contre Val-
stein, qui est proprement dissiper les troupjjes de l'empereur. . . ou bien s'ils
jugent estre plus à propos de s'employer à faire sortir les Espagnols des lieux
qu'ils tiennent dans l'Allemagne. . . »
«En mesme temps qu'ils feront une de ces attaques, le roy s'obligera, pour
appuyer leur dessein, ou de faire entrer une puissante armée, entretenue à ses
despends, en quelque partie de l'Allemagne. . . ou de faire une diversion
ailleurs. »
On explique ensuite aux électeurs le^^avantages qu'ils trouveraient à se joindre
à la ligue que S. M. a faite avec les princes d'Italie.
pour cette année i63o, beaucoup de documents intéressants dont nous citerons quel-'
ques-uns.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
643
« Toutes ces choses seront tenues grandement secrettes de la part du roy, comme
elles le seront du costé des électeurs. . . »
t Le s' de Marcheville priera led. s' électeur de Trêves d'informer de ces pro-
positions les électeurs catholiques, et, au cas qu'ils ne les approuvent, de sçavoir
d'eux positivement ce qu'ils veulent faire, afin que S. M. prenne ses mesures en
connaissance de cause. » ,
Cette pièce, datée de Paris, i5 janvier, est signée du roi et contre-signée Bou-
th illier'.
CLX.
Arch. des Ail. étr. Mantoue, l. 3, pièce 29. —
Minute autographe.
A MONS. LE GARDE DES SCEAUX l
3 may i63o.
Escrire au garde des sceaux qu'il a bien pris ma pensée fjue j'ay
mandé [sic) ce me semble assez clairement. J'ay eu crainte, estant es-
loigné et employé en cette affaire, ([u'on jugeast que je me déclarasse
trop enclin à la paix; que j'ay mandé et représenté véritablement et
aussy fortement que j'ay peu tout ce qui pouvoit arriver; que cela
m'a deu suffire, n'ayant autre but que de suivre les ordres qui me
seroyent donnés par le roy, conseillé de la royne sa mère et de tous
ceux qui sont auprès de luy. Estant auprès du roy on peut et doibt-
on donner conseil; en estant esloigné on doibt représenter Testât des
chosQ3 et recevoir ordre ^.
' Au moment où cette instruction était
dressée, les Allemands venaient d'éprouver
une défaite devant Manlouc (t. III, p. 5 1 5).
' Cette suscription est indiquée au dos
par Charpentier, ainsi que la date.
' Le soin que met le cardinal , en ce
moment éloigné du roi, à expliquer ses
pensées et sa conduite laisse deviner
quelque secrète inquiétude des mauvais
oflîces qu'on pouvait lui rendre à la cour.
Ou n'a pas oublié que c'est à l'issue de
cette campagne qu'éclata l'intrigue dont le
dénoûment fut la journée des Dupes. Le
cardinal , dans une lettre à Bouthillier,
écrite de la Bastie le 6 au soir, témoigne
un extrême empressement de se retrouver
auprès du roi : « Je seray jeudi à Grenoble,
écrit-il, et si j'estois homme de poste, je
8>.
644
LETTRES
CLXI.
Arch. des Aff. étr. France, t. 55, pièce 53'. —
Autographe.
A M. BOUTHILLIER,
TOUCHANT 1,'AFFAIRE DU CLERGÉ'.
[Premiers jours de juillet i63o*.]
Nous avons veu et ouy M" du clergé amplement. Ils n'ont point de
pouvoir de rien donner présentement au roy, mais bien seulement
de consentir une assemblée à cette fin. Nous ne jugeons qu'en Testât
que sont les choses on la doibve faire , le roy estant absent de Paris ,
le parlement mal content, et beaucoup de villes peu satisfaites.
On estime que le roy doibt trouver bon qu'on leur die de sa part,
par son commandement , que le roy n'a eu intention de leur faire la
serois vendredy à Lyon, tant j'ay un ex-
trême désir de voir LL. MM. Je vous con-
fesse que le voyage en litière et à cheval
m'a grandement harassé. — Si la royne
ne vient point à Grenoble, j'auray l'hon-
neur de l'aller trouver après que j'auray
eu celuv de recevoir les commandemens
du roy . . . Je me drogueray vendredy pour
estre en estât d'aller au-devant du roy di-
manche. » — Sur le dessus , auprès du ca-
chet, le roi a écrit: t M' Boutliillier^ j'ay
ouvert vostre lettre pour voir si il n'y avoit
rien qui pressast, » et sans doute aussi pour
une autre raison que le roi ne dit pas. La
lettre de Richelieu est un original sans si-
gnature ; pièce 3 1* du ms. cité aux sources.
' Ce titre est de la main de Cherré, au
dos de la pièce. Nous y trouvons aussi ces
mots écrits p-ir le cardinal : Guise. — Pis-
seux. — Venise. — Alliance. — Suisse. —
Boulay. — Ce sont des notes de souvenir
dont Richelieu eut toujours soin d'aider sa
mémoire.
' La date manque; il est facile de la
trouver approximativement. Nous avons
une lettre de BuUion qui écrivait de Saint-
Saphorin, le 3 juillet, au cardinal: «J'ay
rencontré entre Tarare et Lyon l'évêque
d'Orléans, avec les députés qui vont trou-
ver le cardinal pour résoudre la somme
que le clergé accordera , en conséquence de
la proine.<'Se faite au siège de la Rochelle, y
(France, t. LUI, fol. 268.) Or ces députés,
qui étaient près de Lyon quelques jours
avant le 3 juillet, devaient, à cette date,
être arrivés à Sainl-Jean-de-Maurienne ; de
plus , Richelieu leur donnait audience lors-
que l'armée passait le mont Ceois qu'elle
acheva de franchir le 6 juillet. La date que
nous proposons n'est donc pas douteuse.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
645
demande qu'il a faicte qu'en tant qu'ils luy avoyent promis à la Ro-
chelle que, s'il prenoit cette place, ils luy donneroyent le double de
ce qu'ils faisoyent. Qu'il croyoit qu'il n'estoit point besoin de nouvelle
assemblée pour cet effect; mais, puisqu'il est ainsy, qu'il ne désire
point qu'on en fasse une maintenant, parce qu'elle seroit à trop grande
charge au clergé; qu'il ayme mieux se priver présentement de leur
secours bien qu'il l'ayt bien méritté, et qu'il en aye grand besoin; mais
qu'il remet à la première assemblée qui se tiendra à recevoir l'effect
de levu- bonne volonté'.
Si le roy aggrée ceste response , vous me le manderés en sorte que
je le sache demain, s'il se peut; car ils veulent s'en aller ^.
Je vous ay desjà mandé les raisons pour lesquelles il faut faire
advancer les trouppes. 11 ne faut pas à nostre advis donner la monstre
aux officiers que lorsqu'ils auront passé le Mont Senis. Il leur faut
faire donner du pain à Champaraillan pour trois jours, et leur ordonner
les lieux où ils camperont jusques icy à cause de la peste. Et lors (?)
on leur donnera du pain jusqu'au Mont Senis, et nous les ferons cam-
per. La Molière ' sembleroit bon pour conduire ces trouppes jusques
icy et leur faire esvitter la peste.
' Personne ne fut plus impérieux que Ri-
chelieu à imposer sa volonté et personne
plus li.tbile à la laisser plier devant la né-
cessité. De toutes ses qualités , la prudence
était peut-être celle qui l'a le mieux servi.
Richelieu ne cédait pas , il attendait ; et
ainsi l'obstacle qu'il aurait pu être dan-
gereux de forcer s'évanouissait de lui-
même. Nous avons déjà eu l'occasion de
remarquer chez Richelieu celte sorte d'ha-
bileté que certains historiens jugent incom-
patible avec le caractère connu de cet
h'jmme célèbre ; cette pièce en est un nou-
vel exemple.
' 11 paraît qu'en cette circonstance , avant
de se rendre à l'avis de Richelieu , on vou-
lut encore négocier, car les députés sem-
blent aller alternativement du roi au car-
dinal ; le ait juillet, Marillac mande de
Grenoble : « Les prélats sont partis pour
aller voir S. E. ;» le 27, Bouthillier, qui
était auprès de S. M. écrivait à Richelieu,
de la Rochelle : • Le roy donna hier au-
dience à MM. du clergé, qui s'ahurlent à
ne rien accorder pour cette année ... Le
roy leur a fort bien parlé.» (Manuscrit
précité , t, LUI , fol. 307 et Sa 1 .) Et enfin le
roi écrivit au cardinal le i" août, pour con-
gédier lu députation , une lettre entièrement
confonne au texte que le cardinal avait
proposé. (Mêmes archives, orig. t. XLIV,
pièce i34, ancien classement.)
' On lui donne « l'ordre de se rendre
en diligence > à Saiot-Jean-de-Maurienne,
fi46 LETTRES
CLXII.
Arch. des AfiF. étr. Turin, t. XHI, fol. 177.—
De la main de Richelieu.
DESSEIN
POUR FORTIFIER LES PASSAGES
PODR EMPESGBER D'ENTRER DE PIEDMONT EN SAVOYe'.
[. . . juillet ou août i63o.]
Pour fermer tous les passages du Piedmont en Savoye par la val
d'Aosle, il faut premièrement coupper le ponl de l'Esteppe et y faire
un pont levis.
Puis raser le moulin qui est au delà et mettre une barrière en (?)
Cledat au bout de delà.
Il faut faire des retranchemens depuis le pont d'Esteppes jusqu'à
l'emboucheure de Lizère du long de la rivière de Versoy en tous les
lieux où elle est guayable, et coupper les bois qui sont sur le bord
de delà.
Il faut coupper un pont qui est sur Lisère entre cy et Sainte Foy
qui s'appelle Valaroge , et un autre qui est au delà de Sainte Foy.
Il faut faire un bon pont vis à vis de Saint Maurice pour passer
Lisère et aller au revers de Saint Maurice.
Il faut faire des parapets au deçà de la Lizère, dans le revers de
Saint Maurice, vis à vis des ponts qu'on aura couppés, affîn qu'on ne
les puisse refaire.
Il faut coupper le chemin qui vient de Cormayeu par l'Allée blanche
et les glacières à Beaufort et Saint Maïu-ice , et le faut coupper avant
qu'il se divise pour venir en ces deux lieux.
dans une lettre que nous avons placée à la ' Ceci est écrit au dos , de la main de
seconde quinzaine de juillet et qu'il faut Cherré. — La date manque, la pièce est
plutôt mettre à la première (t. III, 766). classée en août i63o, date vraisemblable.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
647
Il faut encore coupper le chemin rpii descend du haut du petit
Saint Bernard au pont de Bonneval et entrer delà dans le grand che-
min de Roselan à Saint Maiurice.
Il faut coupper les chemins qui viennent de Limongne ' aboutir à
Sainte Foy, s'il n'est jugé plus à propos de garder la maison du chas-
telain de Sainte Foy, où l'on dit que tous les chemins abboutissent.
11 faut voir si l'on peut faire un fort sur le haut du petit Saint
Bernard, qui ferme le grand chemin de la vallée d'Aoste, pour plus
grande seureté.
Il faut envoyer recognoislre vers Tnounon et Abondance un lieu
propre pour fermer le passage de la val d'Aoste par Valeys^.
Depuis ce qui est de l'autre costé a esté^
NOTA.
Kichelien avait quitté Saint- Jean<le-Maurienne * toul préoccupé des menaces
d'um? contagion quj semait la mort autour de lui; mais d'autres inquiétudes plus
' Mol douteux. 11 faudrait être sur les
lieux pour suivre le cardinal dans ces petites
localités dont la plupart «ont inconnues aux
géographes; on sait d'ailleurs qu'en ce
temps-là on ne se piquait guère d'exacti-
tude dans l'orlliograplic des noms propres.
' Cette pièce est autographe ; c'est, nous
le croyons , une preuve que cette étude est
l'œuvre de Richelieu; U aurait certaine-
ment fait faire par un secrétaire la copie
d'un travail qui lui aurait été fourni et
qu'il eût voulu conserver. Il doit avoir tracé
ce plan de fortification sur les lieux mêmes
et pendant son séjour prolongé à Saint-
Jean-de-Maurienne. Cette considération
nous engage à recueillir une page à la-
quelle on ne saurait attacher d'autre inté-
rêt. Elle peut venir à l'appui d'un mémoire
publié sous le titre de : Richelieu in'jémeur,
lu à l'Académie des sciences morales et
politiques, en 1869, par un oITicier supé-
rieur, M. de la Barre Duparcq. C'est une
étude intéressante de cette grande ligure
du cardinal , considérée sous un aspect dont
on s'était peu occupé.
' Cette ligne est en tête du verso de ce
feuillet, et semble commencer une addi-
tion qui n'est pas achevée.
' Richelieu a écrit dans ses Mémoires
qu'il partit de Saint-Jean-de-Maurienne le
17 août, et nous avons donné, tome III.
p. 873 , une lettre adressée à Bouthillier,
où on lit : «Je vous dépesche pour vous
dire que je suis party de Saint-Jean de
Morienne qu'il e^toit fort temp de quitter
avec une grande famille. . . >
648 LETTRES
poignantes sans doute tenaient sa pensée attachée sur Lyon. Là, depuis quelque
temps, loin de lui, le roi était entouré de gens dont le cardinal se méfiait. L'in-
trigue qui éclata dans les premiers jours de novembre, à l'arrivée de la cour à
Paris, et qui se' termina par la journée célèbre que tout le monde connaît, la
journée des Dupes, se tramait en effet; et, quoiqu'il ne fût pas informé de toute
la gravité des desseins que la reine mère formait contre lui, il était trop pénétrant
pour n'en pas avoir quelque pressentiment. Toutes les précautions prises afin de
ne pas porter la peste à Lyon , il se hâta d'y arriver, avec la résolution de faire
quelques jours de quarantaine dans un village voisin • pour monstrer exemple
aux autres; » mais, ajoute-t-il, S. M., qui avait une extresme impatience de voir le
cardinal de Richelieu, le contraignit de venir en la ville dès le 22. [Mém. t. VL
p. 261.) Malgré la dissimulation de la reine mère, Richelieu s'aperçut tout d'a-
bord du changement de cette princesse à son égard. Il s'en indigne, et lui, qu'on
a si souvent traité d'ingrat, se plaint amèrement deVingratiiade de Marie de Mé-
dicis. Le passage est curieux :
« La reine mère , à laquelle ses services étaient communément rendus avec le
roi , l'éloigné de sa bonne grâce et , au lieu de la reconnoissance qui lui en était
due, le paye d'une ingratitude inouïe» (p. 426).
Et les Mémoires continuent par un éloge si complaisamment fait de Richelieu
qu'on a peine à se figurer que cette page ait été écrite par lui-même; l'on est
tenté de croire que celui qui tenait la plume pour la rédaction des Mémoirçs ' a
mis là quelque chose du sien.
Nous l'avons dit, le cardinal ne doutait point du péril qui menaçait sa fortune, .
mais il se garda bien de laisser paraître ses soupçons, et il s'efforçait même de
conjurer, par toutes sortes de respects, le mécontentement secret dé la reine mère.
De son côté, celle-ci dissimulait des desseins qui, pour tout le monde, hormis ses
confidents, étaient encore un mystère. Les plus intimes même s'y trompaient.
Bassompierre a écrit qu'au retour à Paris « le cardinal était revenu dans le même
lîateau de la reine mère en grande -privante, et que lui-même na su que depuis la
sourde mésintelligence qui couvait alors entre la reine et le ministre. » [Mém.
t. m, p. 274.)
La maladie du roi qui, depuis le 22 septembre jusqu'au 3o, jour de la crise
salutaire, excita la plus vive inquiétude, avait été mise à profit par Marie de
Médicis; elle crut un instant le cardinal jierdu. Le rétablissement du roi vint
On sait que le manuscrit des Mémoires, nuscrits autographes ou dictés et rasseni-
parfailement authentiques d'ailleurs, n'a blés par lui, tous ces matériaux ont été
pas été écrit de la main du cardinal. Com- coordonnés entre eux et arrangés en forme
posés sous ses yeux, rédigés sur des ma- de récit par un secrétaire.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 649
troubler cette espérance , sans diminuer son antipathie toujours couverte sous de
trompeuses apparences.
Cependant le cardinal quitta Lyon le 19 octobre à la suite du roi.
Il faut rectifier ici une inexactitude des Mémoires de Richelieu : • La reine
mère, disent ces Mémoires, part de Lyon; il (le cardinal) l'accompagne dans son
voyage. » Les souvenirs de Richelieu l'ont mal servi; ses propres lettres, que nous
avons sous les yeux, ont conservé les faits avec plus de certitude que sa mémoire,
et les choses s'y trouvent racontées par le cardinal lui-même avec une précision
qui manque au récit composé depuis. Marie de Médicis, au contraire, était restée à
Lyon avec Anne d'Autriche. Celle-ci partit le lendemain, et la reine mère dut
rester encore à Lyon , atteinte en ce moment d'un de ces troubles nerveux qu'elle
éprouvait quelquefois. Routhillier s'empressa d'en informer Richelieu (voyez notre
3* volume, p. (j/i3, note 1, et gbb, note 2). Mais avant de recevoir la lettre de
Routhillier, le cardinal, arrivé à Saint-Sympborien , s'était hâté de lui écrire,
tourmenté d'une inquiétude que sa lettre trahit à moitié.
"Je vous prie, lui écrit Richelieu, me mander Testât auquel est le s' Hébert ',
n'y aiant rien au monde qui me tienne l'esprit comme ce qui le touche; vous ne
trouvères pas estrange, bien qu'il n'y ayt pas longtemps que je l'aie veu, que je
vous en demande des nouvelles . . . S'il plaist aud. s' Hébert remédier aux om-
brages qu'on taschera maintenant à luy donner de toutes parts qu'on pense qu'il
y a ouverture, je seray très-heureux, et luy très-content. . . »
Au moment où Richelieu adressait cetti.' lettre à Routhillier «le 20 octobre au
soir, «celui-ci lui écrivait de son côté; il avait à lui donner une grande nouvelle:
le P. Joseph et M. de Léon avaient signé le traité de Ratisbonne. Leurs dépêches
étaient arrivées à Lyon deux heures après le départ du roi, mais il en fallut faire
le déchiffrement, et Routhillier ne put expédier son courrier que le dimanche
20 octobre, à quatre heures du soir*.
Le cardinal n'eut pas plutôt lu les dépêches qu'il vit l'impossibilité d'accepter
les conditions de ce traité dont on lui demandait d'envoyer incontinent la ratifica-
tion ■'. Il se hâta d'écrire à la reine mère pour la prier de venir à Roanne, • se
trouvant, lui mandait-il, plusieurs résolutions d'importance à prendre sur le sujet
du traitté de paix. » Louis XIII, que celte grande affaire n'arrêtait pas dans son
impatience de revoir Paris, était parti de Roanne. « Le roy (ajoutait Richelieu) a
trouvé bon que M. le garde des sceaux et moy demeurassions icy pour attendre
V. M. afin de résoudre avec elle tout ce que l'on estimera nécessaire en cette oc-
' Nous avons déjà dit qu'Hébert . daiib étr. France , t. II de la coll. verte , fol. 458.)
le jargon convenu, signifie la reine mère. ' Voyez, sur celte affaire, notre troisième
' C'est la date de sa lettre. (Arch. des AIT, volume, p. g^^■
CARDIN. DE niCIIELIEC. — VU. 8]
650 LETTRES
casion'. » Mais l'affaire pressait , et, sans attendre l'arrivée de la reine mère et la
réunion du conseil , Richelieu envoie à Bouthillier, avec injonction de faire partir
immédiatement le courrier Nazin, l'ordre provisoire aux généraux de l'armée
d'Italie de poursuivre leurs opérations '^, nonobstant tout traité dont ils pourraient
avoir connaissance. En même temps, le cardinal écrit à M. de Rancé, secrétaire
des commandements de Marie de Médicis, au sujet de la maladie de celte prin-
cesse, et il adresse à Bouthillier une seconde dépêche du 22 (ci-après, p. 653),
dépêche que nous n'avons connue que tardivement , et qui témoigne une fois de plus
sa vive inquiétude que le courrier envoyé en Italie ne soit pas atteint par Nazin '.
Les généraux ne tardèrent pas à rassurer Richelieu; ils avaient vu le vice du
traité que leur avaient envoyé les plénipotentiaires, et ils écrivaient au roi dès le
2 2 octobre : « Le 20 de ce mois, M' Mazarin nous est venu trouver. . . » Les clauses
qui pourraient faire accepter le traité sont exposées. . . « Nous ne nous sommes
pas pour cela arrestés une heure et avons marché dès le lendemain droit à Casai. . .
consentant néanmoins à observer le traitté si les Espagnols remettaient présente-
ment Casai , ville et chasteau , entre les mains de M. du Mayne. » M. Mazarin s'en
est retourné avec cette réponse trouver Colalte et le duc de Savoie*. — Les Mé-
moires de Richelieu (Vi, 827) omettent les détails contenus dans la dépêche que
nous citons , et reproduisent une lettre de Servien au roi , datée aussi du 2 2 oc-
tobre et conservée en copie dans le tome XIV de Turin, fol. ii3.
Cependant Marie de Médicis se trouva mieux et partit dès le 2 3 pour Roanne ^.
Cetle grave affaire y retint quelques jours la reine mère et le cardinal. On con-
firma avec détail l'ordre provisoire envoyé aux généraux d'Italie, on expliqua aux
plénipotentiaires d'Allemagne pourquoi leur traité ne pouvait être ratifié •"; on se
hâtait d'écrire partout où l'on craignait les effets de la fâcheuse impression du
traité. C'était surtout auprès du roi de Suède qu'il importait de dissiper les mé-
fiances et les inquiétudes que devait causer la faute des négociateurs de Ratis-
' Cette lettre , datée du 2 1 octobre, est envoyé pour rattraperle porteur des malen-
impriinée dans le volume précité, p. 946. contreuses dépèches) bien avancé et qu'il
^ Lettres du 2 2 octobre. Le roi venait de devoit estre arrivé en l'année jeudy ou
partir le matin , à six heures , et Richelieu vendredy dernier, de sorte qu'il n'y a plus
lui avait fait signer cet ordre provisoire aux de lieu de douter que les choses n'aillent,
généraux. (Voy. le 3' volume, p. gSS-gSS.) avec l'aide de Dieu, à souhait. (Arch. des
' Bouthillier fit toute la diligence pos- Afi". étr. France, t. XLIV, fol. /i68.)
sible pour réparer sa faute; il le dit au * Aff. étr. Mantoue, t. 3, fol. 1 19.
cardinal avec menus détails dans ses lettres ' Lettre de Bouthillier, même manus-
des 2 3 et 27 octobre. Dans cette dernière, crit, fol. 46.^.
il mande: « Un courrier, de retour d'Italie, " Lettre à M. de Léon. Notre t. III, p. 960,
asseure qu'il a rencontré Nazin (le courrier et autres lettres écrites en même temps.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 651
bonne; le volume des alTaires de Suède correspondant à cette époque est rem-
pli de pièces relatives à ce snjet. Une lettre du roi écrite de Roanne le 22 octobre
à l'ambassadeur de France, baron de Charnacé, lui ordonne de faire connaître
au roi de Suède le mécontentement que S. M. a éprouvé d'une clause « conçue en
termes qui pourroient, dit le roi, donner prétexte de dire que je voudrois aban-
donner mes alliez. . . • » Et cette dépêche de Louis XIII était accompagnée d'une
lettre où Bouthillier explique le malentendu du traité de Ratisbonne et s'efforce
de bien persuader le roi Gustave que le malencontreux article signé par inadver-
tance et contre la volonté expresse de S. M. sera formellement désavoué ^. Une
copie dudit article (en latin) était jointe à la lettre de Bouthillier adressée à
Charnacé. (Fol. 420.) — Nous avons remarqué en son lieu" que, sauf la dépêche
envoyée par le courrier Nazin, les lettres, datées du 22 parce qu'elles devaient
porter la signature du roi qui avait quitté Roanne ce jour-là, furent en réalité
écrites et expédiées les 25, 26 et 27 octobre'.
Tout cela fait, le cardinal continua sa route, et alors sans doute avec la reine
mère. .Arrivé à Marcigny (dix lieues environ de Roanne) le 27 octobre, il écrit à
Bouthillier encore à Lyon : t Je viens de recevoir une lettre de M. de Schombei^,
du 1 8 de ce mois , de Raconis * . . . Il mande qu'il ne lairra de passer outre qu'il
ne voye Casai asseuré par la retraite des Espagnols. . . Je luy escris pour luy
donner courage d'exécuter ce qu'il promet. Je vous prie mettre ma lettre dans
vostre paquet . . . Toute mon appréhension est que Nazin ayt esté pris et que ce
courrier cy ne puisse passer librement dans le Piémont. . . Envoyés (un dupli-
cata seroit trop long) une dépeschc d'une page à M" les lieutenans généraux par
une autre voye. . . afin qu'ils continuent le progrès des armes du roy, qui est le
seul moyen de réparer cette faute ^. . . ■ Schomberg écrivait de nouveau au car-
dinal, le 22, de Ravignano : «Je crois... que nous eussions très-mal faict icy si
nous eussions relasché ce point, qui eust esté la perte infaillible de Casai, de
l'honneur du roy, et de toute la grande despense que S. M. a faicte pour la
sauver. • Sur un coin du verso do celte lettre, que le cardinal avait envoyée au
' Arch.desAfr.étr.Suède,t. l,fol.4i8, 'Voyez t. III, p. 956-968. Riche-
original. La minute, de la main de Bou- lieu les avait annoncées à Schomberg
thillier, est au fol. 427. Il y a deux copies, dans sa lettre du aa: «Je vous en es-
cotées 4^3, ^25. criray plus amplement dans quatre jours •
' Même ms. fol. ^25 v" ; et au fol. 4 1 7 se (p. 958).
trouve une copie, au dos de laquelle Bou- * Raconigi, ville de la province de Sa
tlùllier a écrit : • sur le sujet du premier luzzo.
article du prétendu traitlé de paix lou- ' Notée ci-après aux Analyses,
chant le^ alliances. •
8s.
652 LETTRES
roi, nous lisons, de la main de S. M. : «Je me réjouis bien fort de quoy M. de
Chomberg ne s'est point arresté. • (Aff. étr. Turin, t. XIV, fol. 108.)
Quelques jours après, on expédia aux commissaires qui étaient en Italie des
instructions sur les précautions à prendre au sujet des vices du traité de Batis-
bonne. On y voit, par ce passage, écrit de la main de Richelieu, qu'en rejotani le
traité on était disposé pourtant à certaines concessions : • Est à noter qu'en Testât
auquel nous sommes, si toutes choses qui concernent Texéquution de la paix es-
toyent bien accomplies , on se pourroit contenter de quelque légère réparation des
contraventions et de promesse de parachever le reste, plustost que de rompre, non
que la raison le permette, mais parce que les divisions arrivées depuis peu le re-
quièrent. » (Aff. étr. Turin, t. X, pièce 209 notée au 20 novembre. Analyses.)
Maintenant nous n'avons plus de lettres du cardinal jusqu'à l'arrivée à Paris, où
la cour était revenue dans les premiers jours de novembre; mais nous savons qu'il
était à Digoin le 28 octobre, et le 3o à Nevers, oîi il reçut de Bouthillier une lettre
écrite de Moulins le même jour.
On peut se faire une idée du travail qui occupa Richelieu durant les quatre
jours qu'il passa à Roanne, par le détail des pièces qu'il avait fransmises à Bou-
thillier pour les faire expédier ou contre-signer, et dont, sur sa demande, Bou-
thillier lui renvoie les minutes. (Arch. des Aff. étr. France, I. LUI, fol. 472.)
Notons qu'au milieu de tous les embarras de ces graves difficultés politiques et
des inquiétudes de ses propres périls, Richelieu trouvait encore assez de temps et
de liberté d'esprit pour s'occuper de toutes sortes d'autres affaires et, entre celles-
ci, de la réforme des ordres religieux, chose qu'il eut toujours fort à cœur.
Nous avons sous les yeux des patentes sur parchemin, données à Roanne, le
26 octobre, pour la réforme de Cluny, « presentibus Dionisio Charpentier, secre-
tario régis et nostro, et Petro Cherré , nostro domestico , teslibus nobiscum conamo-
rantibus. . . » (Arch. des Aff. étr. France, t. LUI, fol. 467.) On comprend que,
de passage à Roanne, il fallut faire cela en famille.
CLXIII.
Arch. des Aff. étr. Turin, tom. XIII, fol. 322. — Minute'.
[NOTE DONNÉE] PAR LE NONCE PANSIROLE,
ACCEPTÉE PAR LE COtALTE.
[Vers la fin d'août i63oî]
Que la suspension dure un mois. Si M"" de Créqui accorde cet
' Les réponses sont de la main de Ri- deux premiers mots, entièrement cachés
chelieu, ainsi que le titre, écrit au dos; les par la reliure, ne peuvent être lus. On sait
pendant lequel on choisira le
lieu pour faire le traité. Le mois
expiré, la suspension se pro-
longera, à moins qu'une des
parties ne déclare qu'elle ex-
pire; laquelle déclaration doit
se faire quinze jours à l'avance.
Les deux armées restent
dansleurs positions respectives.
On pourra faire entrer des
vivres dans Mantoue purche
ditti viveri si pigliano pure
dello stato di Mantova (à con-
dition que ces vivres ne se
tirent quedel'étatdeMantoue.)
Règlement sur les entrées
et les sorties de Mantoue du-
rant la trêve.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 653
article, mon voyage est inutile, et il
paroi.st bien par iceluy que la suspen-
sion n'est demandée que pour gaigner
temps.
La fin de cet article est honteuse et
préjudiciable, veu qu'd empesche les
Vénitiens, qui sont assez forts pour se-
courir Mantoue pendant la guerre, ou
ils ont tousjours faict de le faire ' pendant
la suspension.
Les Vénitiens firent entrer par force ,
le de décembre, 600 hommes dans
Mantoue, et par la suspension il n'y en
peut entrer que vingt à vingt. Mais cet
article seroit de peu d'importance si la
suspension d'ailleurs estoit supportable.
CLXIV.
Archives de la famille de Bouthiliier. — Original.
A M. BOUTHILLIER,
COIMEILUl DU ROr EH SES CONSEILS ET SECRÉTAIRE DE SES COMliAIIOEIIEnTS.
' 2 2 octobre i63o.
Monsieur, j'envoie en diligence sçavoir des nouvelles de la santé
que Colalto était le général de l'empereur.
— Cette pièce n'est point datée; nou.s
proposons : vers la fin d'août; la suspen-
sion dont il s'agit fut conclue le 4 sep-
tembre jusqu'au i5 octobre. La suite des
événements que nous venons de résumer
nous a conduit à un temps postérieur à
celui où fut écrite la présente note; mais
elle vient, dans l'ordre chronologique,
après la pièce 1 6a , et elle offre cet in-
térêt, de donner la pensée du cardinal sur
l'incident de la suspension.
' Il y a ici, dans le texte, une rature et
un mol en interligne ; en faisant une cor-
rection, le cardinal a laissé une phrase
qui n'a pas de sens.
654
LETTRES
de la reyne , dont je suis en peine beaucoup plus que je ne vous sçaurois
tesmoigner. Je vous prie de m'en mander de bonnes et certaines.
Si son mal continue, je ne manqueray pas d'y aller en diligence.
Je vous ay desjà mandé que le traitté faict à Ratisbonne est très
mal entendu, M"^' le garde des sceaux, de Chasteauneuf et moy en
sommes du tout estonnez, n'y ayant aucun article conforme au projet
qu'on y avoit envoie. La ratiffication ne peut aller si vite que vous
pensés, et je suis en extresme peine des deux lettres que vous me
mandés que vous avés envolées pour les ducs de Parme et de Mantoue.
Cela est de telle importance que je vous prie de renvoier un corurier
exprès après pour les retirer et empescher qu'elles ne soient données.
Cela importe à l'affaire et vous importe particidièrement; je vous prie
d'y mettre ordre. Ditte's, s'il vous plaist, à Mess" les intendans et
trésorier de l'espargne, qu'il ne faut changer aucune chose en l'ordre
qui a esté donné, tant pour les finances que pour l'achapt des bleds.
A M. de Savoie qu'il continue ses fortifications et le siège de Mont-
meillan, et généralement tous ses ordres pour la Savoie. Qu'il laisse
passer la recreue de la compagnie des gendarmes de Monsieur, et
que, pour le reste de la cavalerie liégeoise et autre qui pourroit
venir cy après, il la loge dans la Savoie ou la Bresse, comme il le
jugera plus à propos. Au nom de Dieu, tenés la main soigneusement
à ce que l'on ne discontinue aucuns ordres de ceux qui ont esté
donnés pour l'Italie K
C'est tout ce que je vous puis mander, si non que je suis, etc.
De Roanes, ce 22'^ octobre i63o.
' Dans une lettre , déjà citée , du a a oc-
tobre, Schoniberg s'efforce de coçsoler le
cardinal de ce mécompte du traité de Ra-
tisbonne, en exaltant les avantages de la
France sur ses puissants ennemis : « ... Nous
voirons dans aujourd'liuy ce que ces Mes-
sieurs nous respondront. . . Nous les pres-
sons de sorte que leurs artifices ne leur
servent plus de rien . . . Ces deux forces
unies (Colalto et les Espagnols) sont plus
grandes beaucoup que les nostreseu cavale-
rie et égales en infanterie , mais non pas ,
je crois, en valeur de courage, vous jurant,
sur mon honneur, qu'il n'y a soldais dans
l'armée qui ne croye valoir quatre Alle-
mands ou Espagnols.» (Aff. étr. Turin,
t. XIV, fol. 108.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 655
fLXV.
Arch. des Affaires étr. Hollande, t. XII, pièce 236.
MÉMOIRE
SDH LEQDF.I, IL FAIT DBESSER L'INSTRUCTION DE MONS' D'HAL'TERIVE '
Paris, 27 décembre i63o.
La mission a pour objet les difficultés survenues au sujet d'Orange,
et le moyen d'en sortir au contentement d'un chacun.
Mettre en l'instruction toutes les raisons qu'il y a pour maintenir
les droits du roy dans cette place. . . Le feu roy ne la rendit qu'à la
condition qu'il y auroit tousjours un gouverneur catholique. . .
L'autre sujet de son voyage « abboutit à empescher la paix ou la
trefve, et porter les affaires à la guerre. Cela se peut faire à diverses
conditions. . . » Il suffit « qu'ilz soient une fois embartpiez , puisqu'un
engagement en attire un autre... Pour en venir là, leur payer le
million de cette année devant qu'ilz viennent à prendre les armes au
printemps; et le million de l'année qui vient, à la Toussaint de la
dicte année. »
« Le s' de Baugy doibt avoir pouvoir avec le s' de Haidterive de
distribuer jusques à XX" ^ pour cet effect. »
ANNEE 1631
NOTA.
L'année i63o avait fini dans les orages, et la cour, profondémenl troublée par
la rupture de la reine mère et de Richelieu , voyait commencer l'année 1 63 1 sous
' Richelieu a écrit ce titre au dos de la pièce.
656 LETTRES
de soml)res auspices. Le mécontentement de Marie de Médicis ne faisait que s'ai-
grir depuis la journée des Dupes; Monsieur, dont on craignait toujours les dan-
gereuses escapades, trouvait dans la disgrâce méritée de sa mère un prétexte à
des uienaces de révolte ', et, de son côté, Anne d'Autriche n'était pas loin d'unir
ses chagrins particuliers aux ressentiments de sa belle-mère.
Richelieu s'était d'abord efforcé de conjurer la colère de Marie de Médicis; il
s'était résigné aux plus humbles soumissions, mais s'il consentait à faire fléchir
son orgueil, il n'abandonnait rien de sa vengeance, et en même temps qu'il met-
tait aux pieds de la mère du roi ses supplications et ses larmes, il exilait le garde
des sceaux Marillac, il emprisonnait son frère le maréchal, dont la tête était sé-
rieusement menacée, et les amis les plus dévoués de la reine mère se voyaient
tous exposés à une disgrâce et à des châtiments dont plusieurs furent bientôt
frappés. Aussi, malgré quelques apparences de réconciliation, on n'espérait guère
une paix sincère. La reine avait consenti à marquer moins de haine et à paraître
au conseil avec le cardinal; de son côté, Richelieu semblait laisser un peu amollir
sa dureté; La Rarde, cousin de Léon Routhillier, lui écrivait le 3 janvier: «La
reine mère s'est résolue à souffrir le cardinal dans le conseil. . . Le cardinal
semble vouloir, par la douceur, faire revenir la reyne mère. On luy a promis
d'oster les gardes du garde des sceaux et de luy permettre de se tenir avec sa
famille dans une \alle du royaume. Si on reconnoist sincérité en la réconciliation ,
on croit que le maréchal de Marillac sera sauvé ^. »
Mais il est probable que Marie de Médicis était peu disposée à quitter sa haine
irréconciliable; il n'est pas moins difficile de croire que Richelieu eût un désir
bien sincère d'accommodement. Quelque embarras que pût lui causer l'exil de la
mère du roi, il préférait encore la voir éloignée, au risque d'être exposé de nou-
veau lui-même au péril auquel il venait à peine d'échapper.
' Monsieur avait paru un instant vou- son esloignement et des causes qui luy
loir se réconcilier avec le roi et le cardinal ont porté. 11 luy en a dit, en grande conli-
(t. IV, p. 79) ; il lie tarda pas à donner de dence, quatre qu'il a charge de représenter
nouvelles inquiétudes. D.ins un rapport de à M. de Lorraine. » Et Bouthillier expose
diverses aiïaires adressé par Bouthillier au ces quatre motifs de mécontentement, qui
cardinal vers le commencement de février, se rapportent aux griefs de la reine mère
il disait: «Hier, peu après que vous fustes et de Monsieur. (Arch. des Aff. étr. France ,
parti, M. de Bréval me vint donner advis, t. LIV. fol. 266, où la pièce est mal classée
pour vous le faire sçavoir (avec supplica- en octobre i63o.)
tion de ne point le nommer) , qu'il est passé ' Arch. des Aff. étr. France, t. LVI.
un gentilhomme de Monsieur, nommé Nous avons déjà eu foccasion de citer cette
Tudesquin, par luy envoie vers M. le duc lettre, t. IV, note a de la page 80.
de Lorraine pour luy donner compte de
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
657
Au reste, Richelieu prenait grand soin de détourner l'esprit du roi de ces dé-
plorables affaires, il sentait la nécessité de l'en distraire. Nous trouvons au dos
d'un de ces mémoires de police ', que lui adressait Châteauneuf sur les deux reines
€t leurs partisans, cette ligne écrite de la main de Richelieu: «On a résolu de
faire passer le temps au Chesne (le roi) en comédies en changeant de conduitte. •
Et puis nous lisons aussitôt dans une pièce voisine : « La reine n'a pas voulu aller
à la comédie, et la reine mère n'a pas permis à ses filles d'y aller. • C'est La Barde
qui écrit cela à Léon Bouthillier^. Dans plusieurs autres lettres', La Barde informe
son cousin , voyageant alors en Italie, des graves incidents comme des plus menus
détails de cette grande querelle. On en connaît les suites, et il en sera plus d'une
fois question dans ce supplément. Remarquons seulement ici avec quelle infati-
gable activité, dès le début, Richelieu, menacé de toutes parts, faisait tout sur-
veiller. H suffirait de la pièce suivante pour en donner une idée.
CLXVI.
Arch. des Aff. étr. France, i63i-i63a , t. i3' de la collection verte, pièce
• Original.
IL PLAIRA AU BOY DE VOIR CE MEMOIRE ET ME MANDER, S'IL LUY PLAIST.
S'IL APPROUVE LES RE6P0NSES QDI SONT AUX MARGES *.
On estime cet advis
du tout nécessaire si
le roy le trouve bon.
Cet advis semble
aussi fort bon.
1 3 janvier 1 63 1 .
J'attends sçavoir si le roy trouve bon que l'on
envoie faire delTences à la noblesse de Daulphiné de
s'assembler. Il le fault, s'il vous plaist, résoudre
promptement; le jour de l'assemblée est au XX' du
présent.
Le conseiller de Provence* auquel j'avois faict
comandement de ne partir de ceste ville jusques à
' On a pu lire dans ce même volume
IV, p. 91, un extrait de ce curieux mé-
moire, conserve dans le lomc LVI de la
collection précitée, fol. 7.
' Même manuscrit. Arch. des AIT. étr.
France , l. LVI , fol. 1 3 ; lettre du 8 janvier,
' Ibid. fol. ai, a6, a8, Sg, 5a, 95.
' Ceci a été mis par Charpentier dans
un espace blanc laissé en tête du mémoire.
Les réponses marginales sont de la même
main. — Le texte du mémoire est écrit
par un secrétaire de Châteauneuf, garde
des sceaux; celui-ci fa corrigé lui-même et
y a fait une addition avant de l'envoyer à
Richelieu. On ne voit pas de réponse du
roi; S. M. aura sans doute répondu en
approuvant verbalement les réponses pro-
posées.
' Les mots « de Provence • sont de la
main de Châteauneuf; il y avait « Pithou , »
nom qu'on a effacé. Ce Pithou était-il un
des neveux du célèbre Pierre ?
CARDIN. DE BICHELILC. — VH.
83
658
Il semble du tout
nécessaire d'esloigner
M"" du Fargis ; envoier
la petite Lavau, de
Lingendes et sa femme
au loing.
Il est fort à propos
de faire prendre des
lettres.
Il sera bon de voir
comme Bordier se gou-
vernera.
' Nos manuscrits écrivent Lavau et La
Vau.
^ Le s' de Lingendes avait été attaché à
l'ambassade de France en Espagne. On l'y
trouve à plusieurs époques faisant les af-
faires de Monsieur.
' Séduit par cette enchanteresse, Châ-
teauneuf, à deux an» de là, perdra les
sceaux et la liberté pour être devenu com-
plice des intrigues qu'il dénonce aujour-
d'hui.
' Un mot peu lisible , qui semble être :
• et à Pont , » a été ajouté par Châteauneuf
en interligne sous le mot Villepreux.
LETTRES
ce que je luy en eusse faict entendre la volonté du
roy.se trouve absent depuis trois jours, et croy qu'il
a eu advis que Ton le désiroit retenir en son logis,
attendant les comandemens du roy, afin de réprimer
son insolence, aussy que, partant mal satisfaict
d'icy, il ne peult que mal servir de delà. .
La petite Lavau ' a faict response au chevalier du ■■
guet qu'elle ne sçavoit où estoit son mary^ et qu'elle
ne se pouvoit retirer qu'icy es environs. C'est une
cabale et une négociation perpétuelle que d'elle avec
M""" de Chevreuse^ comme de M°^ du Fargis, qui
escript tous les jours deux feuilles de papier à la
reyne. Elle faict la malade à Villepreux *. J'ay donné
ordre de faire prendre de ses lettres par les chemins
qui se sont adressées jusques.icy chez la dem"' de
Lingendes, qui dit n'estre pas à elle et estre mariée
en ceste ville et solliciter ses aEFaires. Il fault sçavoir
s'il plaist au roy que l'on commande à de Lingendes
[sic] la femme de sortir la ville. Pour la Lavau, si
elle ne s'en va , j'ay donné charge au chevalier du
guet de la faire mettre, avec deux de ses archers,
dedans le coche de Poitiers et l'y conduire.
Je vous avois mandé que l'ambassadeur d'Espagne
avoit esté vendredi au Val de Grâce ^. Ce feust Bor-
dier * qui parla longtemps à la roine au parloir d'en
' D^ans le mémoire que nous venons de
citer (p. 656), Châteauneuf disait au car
dinal : n La reine fait tous ses efforts et m'a
envoie deux fois Bordier pour empes-
cher que la Lavau sorte de Paris ; je luy
ay respondu qu'elle debvoit suivre son
mary . . . J'ay mandé au chevalier du guet
qu'il feist obéir le roy . . . M° de Fargis est
à Noisy où elle fait la malade ... La reine
feust tout hier au Val de Grâce , elle se fit
accompagner par M' de Vendosme , l'am-
bassadeur d'Espagne s'y trouva et Lavau
la femme. •
" Le copiste avait laissé ici un espace
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
059
La confession de
l'ambassadeur justifie
l'action du roy, bien
que ce ne soit pas son
intention, qui ne va
qu'à regaigner l'entrée
du Louvre, dont il se
faut bien garder.
Il n'y a rien à res-
pondre à M. le garde
des sceaux sur cet ar-
ticle.
hault; cest son confident pour M"" du Fargis et la
Lavau.
Ledit ambassadeur m'a envoie parler par Bon euil '
et par d'Argouges de ce que le jour des roys il avoit
esté au Val de Grâce , afin de l'excuser envers le roy,
disant que c'estoit pour occasion par" qu'il avoit à
traitter avec une religieuse; et à d'Ai^Otiges il a dit
franchement qu'il ne pouvoitque louer grandement
la résolution que le roy avoit prinse d'esloigner
M°" du Fargis et la Lavau d'auprès de la roine;
que souventes fois hiy, sa femme et la Catherine^
avoient parlé ensemble d'en advertir le roy, pour
les mauvais conseilz qu'elles donnoient à la roine, et
les caballes et brouilleries où elles l'entretenoient ,
l'asseurant que son maistre en seroit très content.
Il tesmoigne estre en peine qu'en Espagne l'on blasme
sa conduitte de deçà quand l'on verra que l'on luy a
£fiit commandement de n'aller plus chez la roine, et
qu'en mesme temps l'on a chassé ses femmes qui
sont mal notrésen Espagne; mais qu'il ne peult croire
qoe de deçà l'oo le veuille accuser d'avoir eu part
ans mauvais conseilz qu'elles donnoient à ia roine.
Les deux roine» sont en grande allarme du bruict
qui court icy que le roy veult mettre M"" de La
Flotte* prez de la roine. Elles s'en enquierrent à tout
le monde. Néantmoins leur conduitte est tousjours
semblable, et croient avoir eu quelqu'advantage du
refus qu'elles firent au roy d'aller à la comédie ; et ceux
qui les considèrent conçoivent des espérances de leur
fermeté et de leur hardiesse , que tout le peuple et
le bourgeois blasment et en murmurent, et feroient
Inen davanttige si le roy estoit plus longtenaps dehors.
blanc qui n été rempli par Cliâteauneuf
avec ce nom.
' Itlem.
' l.ia Barde (lelli'e précitée, page 656 y,
.iprùs avoir parlé de féloignement de
M°" du Farcis et de la petite L^vau . ajoute :
• La pauvre princesse en est bien do-
lente ; la Catherine espagnole est ausei du
nombre. ■
' C'était la grand'nière de M"' de Hau-
tefort. On lui donna, en elTet. Li piac« de
M"" du Farjfis.
83.
660
La diminution du
bled est un fort bon
article pour Paris.
Le voiage de M. le
grand prévost est du
tout nécessaire.
11 est bon de garder
le Pin pour quelques
jours.
LETTRES
Le bled est diminué de 2 4 livres par muid, de-
puis le dernier marché, par le soin que l'on a a[)-
porté à en faire venir, et sur ce prétexte les mar-
chans qui nous en debvoient fournir quatre mil
muids se desdisent et font monopolles pour en em-
pescher l'abondance; et croy qu'il fault envoler le
grand prévost à Abbeville, S' Valéry et le Crotoy,
faire saisir tous les bledz qui y sont ez magasins,
enjoindre aux marchans à qui ils appartiennent de
les faire conduire incessamment à Paris, par mer,
jusques au Havre, et les faire remonter la rivière,
car il y en a quantité; et ceste diligence fera que
les marchans qui sont sur les rivières d'Esne (Aisne)
et Oyse, voians le soin que le roy y apporte, érain-
dront de tomber en mesme inconvénient et feront
descendre leurs bledz icy. Car il ne se fault attendre
ny au prévost des marchans, ny à la police du par-
lement, qui va tousjours mal pour la paulette.
Je ne me suis point assemblé avec Montaigu,
Mess" de Schomberg et d'Effiat n'y estans point et
M. Bouthilier malade.
Le Pin a esté interrogé suivant le mémoire et ne
confesse rien, dénie avoir esté en poste, ni à Pa-
ris (?) 1.
De Paris, ce' i3 janvier i63i.
CLXVII.
Arch. des Aff. élr. Manioue, t. 4, pièce 29. —
Minute de la main de Charpentier.
A M"" LE MARESCHAL DE TOIRAS ET SERVIEN.
21 avril i63i '.
11 faut mander qu'après avoir veu le traicté qu'ils ont faict^, sa-
' Ce paragraphe est de la main de Chà- ont été mb en tête de la pièce par un autre
teauneuf ; le dernier mot est douteux. secrétaire.
' Les noms de suscription et la date ' Cn premier traité de Cherasco avait
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
661
chant les diffîcullez qui se trouvent en telles affaires, principalement
avec des esprits pareils à ceux avec qui ils ont eu à négocier, on ne
peut qu'on ne leur mande que, pourveu que le traicté s'exécute fidel-
lement, il n'y a rien qui ne doive estre approuvé.
Le cardinal donne ici le détail des mesures à prendre pour assurer rexécution
du traité; et, à la suite de cette pièce, le manuscrit contient une page qui semble
en être le supplément; elle est écrite tout entière de la main de Richelieu. Le
cardinal dit :
• Faut mander qu'il ne faut restituer Pignerol que les prétentions de Gastaia
ne soyent terminées ', parce c[u'autrement les Espagnols feroyent une nouvelle
querelle sur ce sujet quand ils voudroyent.
« Qu'il faut prendre garde que quand les impériaux sortiront des estais
des Grisons, les Espagnols, qui en sont proches et qui n'interviennent point en
ce traicté, ne se rendent maisires desdicts passages, auquel cas les impériaux
pourroyent prétendre, par chicanerie, qu'ayant satisfaictde leur part, les Suisses
qui seroient dans Veillane et Suze* seroyent obligez de restituer les places, ce qui
ne seroit pas juste.
« Qu'il importe fort que les Espagnols soyent au moins obligez de désarmer,
et qu'en eflect ils fassent actuellement sortir d'Italie ce qu'ils ont de trouppes
été signé le 3i mars; celui-là réglait spé-
cialement, entre la France et le Piémont,
l'affaire de Pignerol; il resta secret. Il s'agit
ici du second , patent et plus général ; c'est
celui qu'on cite ordinairement. Il fut signé
le 6 avril et envoyé immédiatement à Paris,
Il donna lieu à deux transactions conclues
lime le 3i mai, l'autre le i g juin, (Voir la
pièce du 9 mai ci-après.) Nous avons déjà
dit quelques mots de ces traités, p. \fi^
et 1 74 de notre quatrième volume.
' A côté de ce paragraphe, Bouthillier
a écrit en marge : « Il n'en est rien dict
par le traicté du 6 apvril 16.Î1. »
' Le» Espagnols donnaient alors de vives
inquiétudes. ■ J'apprends comme chose
certaine, avait mandé Mazarin au cardinal
fiarberini le 7 avril , que les Espagnols ont
traité, et le feront de nouveau, avec Mon-
sieur, Sa retraite hors de France excite
beaucoup les Espagnols à la guerre. » Et
contre ces bruits, (|ui venaient de divers
côtés, Richelieu cherchait partout f appro-
bation de sa conduite , et surtout à Rome.
L'ambassadeur alors auprès du pape , M, de
Brassac, lui écrivait le a 9 mars: « La ré-
solution que S. M. a prise de se séparer,
pour quelque temps , de la reine sa mère
est louée de tous en cette cour . , , Le pape
vous en loue plus que je ne puis l'e.xprimer.
S. S. parle continuellement de vos grandes
et belles actions. » ( Arch. des Aff. étr.
Rome, t. XLIV, fol, 3o, et au fol. 35 se
trouve la copie de la longue lettre ita-
lienne de Mazarin que nous venons de men-
tionner. )
662
LETTRES
(jutre les garnisons ordinaires, parce qu'autrement le moyen qu'ils auroyent de
fausser leur foy leur en donneroit envie.
« Qu'il faut prendre garde, lorsqu'on restituera Suze à M. de Savoye, de faire
auparavant acluellement desmolir le Montabon, et n'user pas en ce suject de
la négligence ordinaire des François qui estiment avoir faict une chose quand ils
l'ont ordonnée.
» Qu'ils sont trop advisez pour faire retirer les trouppes et entrer en la resti-
tution des places que l'investiture ne soit délivrée.
" Qu'ils prennent garde à n'oublier pas de faire restituer tout ce qui a esté pris
par les ennemis, soit à la république de Venise, soit à M. de Mantoue, soit aux
Grisons, dont on les faict souvenir, parce que, par l'article 5* de l'escrit envoyé
par le pénultiesme courrier, il est dict que tout ce qui se doit restituer sera
nomme
' Une dépêche, signée du roi et contre-
signée Bouthillier, a été faite sur cette
matière (cotée 28 dans le ms.). Ayant été
corrigée , elle est restée minute ; sauf un pas-
sage ajouté et quelques légères différences ,
cette dépèche est conforme à la matière
qu'on vient de lire. La dépêche est datée
du 1 8 , la matière doit donc porter cette date
ou môme une date antérieure; cependant
on a rais en tête 21 avril, c'est sans doute
le jour de l'expédition de la dépêche re-
faite.— Parmi les pièces de ce volume de
Mantoue se rapportant au même sujet, et
où l'on peut cherclier la pensée de Riche-
lieu, citons la lettre de créance donnée
par le roi à ïoira», Servien et d'Hémery,
pour négocier le traité qui fut signé à Che-
rasco le 6 avril; elle a sans doute été
rédigée par Bouthillier, uliargé d'appuyer
fortement sur le désir du roi de donntT la
paix à la chrétienté. Pièce 5" datée du 7 fé-
vrier. — Citons encore un mémoire en-
von?é le 2 3 avril à Toiras et Servien. Au
dos d'un des feuillets de cette pièce on
lit : a sur leurs dépesches du 1 4 avril. » Il
s'agissait, dans ces dépêches, de pourvoir
à l'exécution dudit traité de Cherasco,
et des instructions données par les pléni-
potentiaires à M. d'Estampes, qu'ils en-
voyaient vers le duc de Mantoue pour
cet objet. Les plénipotentiaires transmet-
taient exactement à Bouthillier, pour les
soujuettre au cardinal, des copies de tout
ce qu'ils écrivaient dans ces négociations
pleines de dilTicultés. La mise au net de
ce mémoire du 22 avril est d'une écriture
qui ressemble à celle de Cherré; on v
remarque de nombreuses corrections de la
main de Richelieu; les quatre feuillets qui
composent cette pièce sont couverts de ra-
tures, de changements et de renvois qui
en font un brouillon dont il est diflicUe de
former un ensemble intelligible, d'autant
plus que ces feuillets ne se suivent pas et
qu'on ne sait comment en rétabUr l'ordre.
— Notons encore une dépêche adressée à
Bouthillier parles plénipotentiaires ; datée ,
après coup, 1" juin, elle a dû être écrite
à la fin de mai; ils disent: «Nous avons
receu les deux dépesches qu'il a pieu au
roy nous faire des 18 et a.3 du mois
passé , » dépèches données ou indiquées
dans notre 4° volume, p. 1 43, conservées
dans le 4' tome de Mantoue, pièces 28 et
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
663
CLXVIII.
Arch. des Aff. étr. Espagne, t. i6, fol. agi. —
Minute de la main de Charpentier.
AL SIEUR ÎVAVAZE'.
[ . . .may i63i '.]
Le .s' secrétaire Navaze respondra, s'il luy plaist, de ma part à
M. le c" duc d'Olivarez, que je n'ay jamais pris aucun chemin con-
traire à celuy de rintelligcnce de LL. MM. très chrétienne et catho-
37. — Nous trouvons dans le même ms.
cotée pièce itb , une dépèclie du 9 mai à
1 adresse des deux plénipotentiaires, la-
quelle semble une sorte de développement
de la présente matière. C'est une mise au
net de h main de Charpentier, qui a écrit
au do» : 1 Envoyée par le courrier Nazin. •
— Et le roi , se rapportint à cette dépèche
du 9, mandait le 16 aux deux plénipoten-
tiaires les dilficultés que taisait l'empereur
«le rectifier leur traité de Quérasque. Cette
lettre, que nous ne faisons qu'indiquer, a
sans doute été rédigée par Boulhillier; elle
est cotée ^9 dans le manuscrit cité aux
sources.
' Au dos : « Response donnée au s' se-
crétaire Navaze [sur ce que le conte d'Oli-
varez luv a mandé sur le suject du cardi-
nal]. I Ces deux lignes, de la main de Ri-
chelieu.
' Cette pièce n'était point datée-, on a
inscrit en tête «... may 1 63 1 ,> et elle se
trouve classée sans motif au milieu de
décembre. Dans l'absence d'une indication
plus précise , nous la Laissons à la date de
mai, qni ne nous semble pas loin de la
véritable. A ce moment. Monsieur, près
du duc de Lorraine, était réellement en
état de révolte ; la reine mère s'obstinait à
nu pas accepter les résidences que le roi
lui offrait, et, sur le point de se réfugier
dans les Pays-Bas espagnols, menaçait de
faire cause commune avec son second fils.
Depuis la journée des Dupes, l'ambassa-
deur d'Espagne , marquis de Mirabel , ne
cachait pas ses sympathies pour le parti de
la reine mère. Inquiet de ses assiduités
auprès de la jeune reine, trop disposée
peut-être à écouter ses mauvab conseils .
Richelieu lui avait fait interdire l'entrée
libre du Louvre, et cet ambassadeur ne
pouvait voir la fille du roi son maître qu'à
certains jours marqués. Dans cette situa-
tion l'Espagne, donnant son appui aux
mécontents, eût présenté un danger sé-
rieux, et pouvait provoquer une guerre
qu'il n'était pas dans les plans de Riche-
lieu d'accepter encore; il profite donc
d'une ouverture qui paraît lui ('-tre faite du
côté de l'E-iipagne , pour protester de son
désir de voir les deux couronnes solide-
ment unies. Ajoutons, quant à la date,
qu'au moment où Richelieu écrivait, l'ex-
pédition de Mantoue était encore récente.
664
LETTRES
lique. Qu'il a bien paru que le roy mon niaistre désire l'amitié d'Es-
pagne en ce qu'il n'a pas voulu toucher à la moindre partie de ses
estats en Italie, lorsque la deffense du duc de Mantoue l'y avoit
amené ... Le roy suivra tousjours le mesme chemin si l'Espagne
ne le met par force en un autre. Que ce n'est rien à l'Espagne d'avoir
donné une ratiffication spécieuse en apparence, si les trouppes d'Al-
lemagne entrent, en effet, en Italie.
NOTA.
Le reproche que Richelieu adresse au secrétaire de l'ambassade espagnole était
parfaitement juste; mais Navas aurait pu répondre par un reproche pareil. Tandis
qu'on faisait des deux côtés des démonstrations pacifiques et que les ambassadeurs
étaient ostensiblement chargés d'accommoder les différends, les sourdes menées
témoignaient de part et d'autre les intentions les moins amicales; la paix était
dans les paroles, la guerre dans les esprits. La politique du caljiriet espagnol
était animée d'une ardente et jalouse haine contre la France, et quant au car-
dinal, il n'a voulu sincèrement la paix que jusqu'en i63o; depuis la soumission
définitive des huguenots, il n'a maintenu la paix que pour préparer la guerre et
en choisir le moment.
Les manuscrits sont remplis des témoignages de ces manœuvres souterraines
que dissimulaient mal les procédés diplomatiques. Ils nous montrent Richelieu
cherchant de tous côtés des ennemis à l'Espagne ', et l'Espagne en usant de même
à l'égard de la France.
' Nous trouvons dans le tome XVI des
manuscrits d'Espagne, fol. 28, f original
d'une adresse des députés des habitants
de la vallée et ville de Barcelone , lesquels
demandent au roi « d'être réunis sous sa
sacrée couronne. » Ils stipulent leurs con-
ditions , et la réponse du roi de France est
écrite à la marge de chaque article de la
main d'un secrétaire de Richelieu. Cet ori-
ginal, revêtu de la signature des cinq dé-
putés, ne porte point de date; mais une
main étrangère a mis à la suite des ré-
ponses marginales (dont f original a dû
être envoyé à Barcelone) : « Faict el arrestc
par le roy au camp d'Annecy, le 28' jour
de may i63o. Signé Louis, et plus bas.
Bouthillier. » Et la pièce est placée dans
ce manuscrit à cette da(e tout à fait invrai-
semblable; il est impossible qu'en i63o
on ait eu la moindre idée, en Espagne,
d'offrir à la France, el en France d'accep-
ter la souveraineté de Barcelone; c'est un
anachronisme de dix années. Cette fausse
date aura été mise pour un classement par
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 665
Mais il ne faut pas oublier le caractère différent dont resteront marquées dans
l'histoire Tune et l'autre politique. Le duc d'Olivarez, qu'emportait une impuis-
sante ambition, prétendait continuer la conquête, désoniiais impossible pour
l'Espagne, de la monarchie universelle. Le cardinal de Richelieu luttait, avec un
patriotisme égal à son génie, pour en préserver la France et lui constituer une
nationalité invulnérable en face de tous ses voisins. Ajoutons que la passion espa-
gnole, — et l'on n'en saurait infliger la honte au cabinet de Saint-Germain, —
allait jusqu'à l'assassinat; une lettre était adressée de Madrid au P. Joseph; elle
disait : • Certaines personnes de celles qui sont auprès de la reync et de Monsieur
ont escrit à Olivarès, aux marquis de Saintç-Croix et de Mirabel, que le roy
d'E»pagne ne devoit non plus espérer de repos dans ses estats, ([ue la reyne mère
et Monsieur de retour et de seureté en France, tant que M. le cardinal vivroit,
et qu'il convenoit de le faire mourir. Cette affaire a esté projMJsée dans le conseil
du roy d'Espagne. » Il s'éleva quelque dissentiment, et la décision du conseil fut:
• Asseurer qu'en quelque chose ([ue la reyne mère et Monsieur se trouvassent
engagés par quelqu'exécution qu? ce fust, le roy d'Espagne les assisteroit de tout
ce dont l'on auroit besoin '. •
Excepté ce triste incident, les deux cabinets usaient de procédés réciproques
et qui, après tout, n'ont rien de bien étrange, si ce n'est que tout cela se passait
entre deux pays qui se disaient ann's et que la guerre n'appela sur les champs de
bataille que quatre ans plus tanl.
Notons seulement, à cette occasion, quelques-uns des documents conservés
dans nos manuscrits.
L'ambassadeur, comte de Barrault , écrivait le i" juin 1 63o :
• Le duc de Feria, gouverneur de Catallongne, a mandé par un courrier venu
depuis deux jours que si on luy pouvoit fournir quatre ou cinq mil hommes de
guerre et de l'argent, il se rendroit maistre de deux bonnes places du Languedoc
qui sont à la frontière d'Espagne. • Kt à la marge de ce paragraphe, Richelieu a
écrit : • M. de la Vrillière donnera promptement advis à M. de [S'] Luc de ce que
mande M. de Barrault pour qu'il y pourvoye*. •
un annotateur étourdi qui , sans faire atten- dite ni signature , mais une main étrangère
tion à l'absurdité du fait, ne s'est souvenu a mis en tète: là mars i63i, et M. de
que des mauvais procédés dont usaient Peny, secrétaire de la légation de France ,
réciproquement fune envers fautre, en a'écrit celte suscription : • A M' Ezéchiély,
i63o, f Espagne et la France. auprès de M'' le cardinal duc de Riclic-
' Manuscrit précité, fol. 237. La lettre, lieu, pair de France. »
datée du là mars, est chiffrée d'un bout ' T. XVI |)récité, fol. .3o. — M.deSainl-
à fautre; le déchiffrement est de f écriture Luc était lieutenant général pour le roi en
attribuée au P. Joseph , elle ne porte ni Guyenne.
CàRDIII. DE HICIIELIEU. VU. 84
666 LETTRES
Nous trouvons aussy à cette époque, dans nos manuscrits, divers mémoires qui
, indiquent les préoccupations de Richelieu par rapport à l'Espagne; ainsi il faisait
établir, dans des traités composés par Dupuy et par Godefroy, la légitimité des
droits du roi sur diverses provinces de la naonarchie espagnole :
Droits du roy sur le royaume d'Arragoit, de Navarre, contre le ruy d'Espagne,
1630^; et Trailté du droit légitime que le roy a sur tout le royaume de Navarre-.
Un auditeur espagnol « affectionné à la France et qu'il faut récompenser, » écri-
vait le comte de Barrault, communiquait à cet ambassadeur les délibérations du
conseil d'État : « Le 6* et le 7° article de la consultation font voir avec quelle
haine on forme des desseins contre le repos et l'honneur de la France; je n'en
puis pénétrer d'autre que la surprise des isles d'Hyères , ou du port de Villcfranche
et Nisse, pour asseurer par le premier leur passage d'Italie, et, par le second,
avec la garnison de Monaco, qui est à leur disposition, avoir l'entrée du Pied-
mont'. » Nous trouvons encore au fol. 298 une pièce livrée sans doute par l'audi-
teur cité plus haut : Advis des desseins des Espagnols; et un autre mémoire sans
date, en espagnol, intitulé : Articles envoyés par le roy d'Espagne à son conseil d' estai
sur les moyens de s'opposer à la France (fol. 295). Et quand les informations reçues
des agents corrompus ne suffisaient pas, on interceptait violemment les correspon-
dances de ce gouvernement dont on se disait toujours ami. Nous trouvons un ordre
signé du roi au sieur Testu, capitaine et chevalier du guet, « d'envoyer le s''Bou-
nefoy, son lieutenant, avec trois archers, présentement et avec la plus grande
diligence qu'il se jKJurra, sur la route de Bayonne, pour détrousser un courrier
d'Espagne, luy oster tous ses papiers et son argent''. • Et plus tard le comte de
Barrault, demandant son rappel et se plaignant des violences exercées à Madrid
contre les gens de sa maison, écrivait à Bouthillier : « Us les courent non seule-
ment l'espée à la main, mais encore avec les pistolets et autres armes à feu, où
ils les rencontrent, de jour et de nuit, comme si s'estoient des loups garons. . .
par ordre d'Olivarès ^. «
Voilà quelle était en i63o et i63i la situation respective de ces deux cabinets
qui, dans leurs relations publiques, protestaient de leur bon vouloir et du désir
d'établir entre les deux pays une bonne intelligence solide et durable. 11 faut dire
que le langage et la conduite des agents diplomatiques n'étaient pas 'toujours cou-
formes à la réserve prudente que recommandaient les gouvernements. On a \ u les
vivacités du comte de Bautru, et l'on verra, par les reproches du ix)i au marquis
de Mirabel, les justes griefs que donnait contre lui cet ambassadeur.
' Manuscrit précité, fol. 119-17.Î. * T. XVII des manuscrits d'Espagne,
' Ibid. fol. 20 1-21 3. foi. 200, à la date du i4 février i633.
^ Ibid. fol. 290 (7 décembre). ' Ibid. fol. 293, 23 mars i634.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 667
CLXIX.
Arch. de Condé. Communication de M'' le duc d'Aumale. — Original.
A MONSIEUR MONSIEUR LE PRIIVCE.
5 juillet i63i.
Monsieur, le roy
a receu le pacquet que vous luy avés envoie. Il en avoit desjà leceu
de semblaljles par autres voyes. Sa Majesté vous le renvoie, afin que
vous le voies. Je m'asseure que vous ferés le inesme jugentent qu'elle
a faict de cette pièce, qui est qu'elle est non- seulement digne de
risée, mais en outre de chastinient, pour ceux qui en sont autheurs
sous le nom de Monsieur. Pour mon regard. Monsieur, quelque
mauvais traitlement que je reçoive en cela, je ne lairray de continuer
à servir le roy et Testât aussy passionnément que j'ay faict jusques icy,
sachant que les actions sincères sont tousjours capables de destruire
les calomnies. Cependant je vous suplie me faire rhonneiu" de me
croire entièrement,
Monsieur,
Vostre bien humble et très affectionné serviteur,
Le Gard. DE RICHEUEU.
De S'-Germain en Laye, ce 5 juillet i 63 1 .
La pièce dont il s'agit est sans doute celle dont nous avons donné des fragments
tome IV, page i53. A ce moment, les partisans de la reine mère et de Monsieur
jetaient dans Paris toutes sortes d'écrits dont l'injure atteignait le roi en même
temps que le cardinal, et des menées coupables faisaient craindre de plus graves
atlentats. Le roi en était sérieusement préoccupé, conmie le témoigne cette lettre
qu'il écrivait de Saint-Germain à Richelieu le i8 juin :
A MON COUSIN I.E CAiRDINAL DB BIRHELIEO.
Mon cousin, j'ay pencé cette nuit à mes afaires. Je désire tandis que vous estes
84.
668
LETTRES
à Paris que vous faciez ouir en bone forme la dame Le Bœuf, Senelle et du Val '.
Cela me touche de telle sorte que j'ay ocasion d'y bien pencer. Vous tenant plus
à moy que à vous mesme, je m'asseure que vous n'y manquerés pas, et que vous
me raporterés ce que je désire. Je finiray celle cy en vous asurant de mon amitié,
qui sera toujours telle que vous la pouvés désirer ^.
Louis.
A St Germain en Laye, ce i8' juin i63i.
NOTA.
La dernière lettre que nous avons vue du roi à sa mère (t. IV, p. i5o) est du
2 juin. Louis XIII, empruntant la plume de Richelieu, tentait un dernier effort
pour faire accepter à Marie de Médicis le séjour de Moulins ; elle s'obstina à rester
à Compiègne, et, jugeant qu'on finirait par user de la force, elle se décida à s'é-
chapper de sa royale prison. Elle partit, dans la nuit du 18 juillet, pour se rendre
à La Capelle, où le fils du marquis de Vardes lui avait oDTert une retraite sans
l'avis de son père , gouverneur de cette place. Le vieillard , plus sage que ce che-
valeresque étourdi, fit savoir à la fugitive que son devoir ne lui permettait pas
de lui ouvrir les portes de sa ville. Marie de Médicis se réfugia dans les Pays-Bas ,
où l'infante, qui gouvernait pour le roi d'Espagne , lui fit un accueil magnifique^.
' Nous ne savons ce que c'est que la
dame Le Bœuf. Senelle et Duval étaient
deux médecins qui furent condamnés en
cette même année i63i, par la chambre
de l'Arsenal , aux galères perpétuelles , ac-
cusés d'avoir fait des pronostics sur la mort
du roi. (Le P. Griffet, t. II, p. 2i4.) Les
pamphlets les nomment dans leurs accu-
sations contre Riclielieu. «Marcel, Vau-
tier, Senel, Duval et plusieurs autres que
vous avez fait amener chez vous de nuit,
ayant fait tout ce que vous avez pu , tantost
par espérance, tantost par menaces puur
faire dire aux trois derniers quelque chose
contre la reyne mère du roy, ou contre
Monsieur, afin d'avoir un moyen de les
ruiner dans f esprit de S. M. et les diffamer
dans le public,» a écrit le pamphlétaire
Morgues de Sainl-Germain, Charitable re-
monstrance, etc. Sur Marcel, voyez notre
tome II, p. 23g-3Ai. L'un des plus intimes
confidents de Richelieu , Guron , lui man-
dait dans une lettre du 1 3 juillet : « M. Fou-
quet. . . est en douleur de Senelle, parce
qu'il ne songeoit point d'aller à Nancy. . .
Sa faute a esté par accident et non de des-
sein formé de mal faire. Pour Duval, il ne
se soucie pas de dire ce qu'il en sçaura. »
' Cette lettre autographe est conser-
vée aux Archives des Affaires étrangères,
France , t. V, folio 1 1 de la collection verte.
' La sortie de la reine mère hors de
France fut un sujet de triomphe à Madrid .
ainsi que le manda l'ambassadeur de
France, M. de Barrault. Dans une dépèche
du i3 août, adressée au secrétaire d'Etat
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
669
D'Avennes elle envoya , le 2 1 juillet, au roi son fils un message , auquel Louis XIll
répondit en reprochant à sa mère d'avoir cherché un asile chez les ennemis de la
France. Nous n'avons point trouvé dans les manuscrits cette dernière lettre que
le Mercure français a publiée (t. XVII, p. 342). Les récriminations de Marie de
Médicis ne se firent jjas attendre; elle écrivit de Mons, le 5 août, au roi une
nouvelle lettre, pleine d'accusations injurieuses pour Richelieu, et dont l'insulte
frappait le roi lui-même que l'on représentait comme un prince crédule, docile
instrument d'un ambitieux et insolent ministre ^ Le roi répondit par une décla-
ration publique, où les adhérents de la reine mère et de Monsieur étaient traités
en criminels de lèse-majesté; Louis XIII la fit enregistrer en lit de justice le
i3 août, et le lendemain il adressa à sa mère cette réponse plus directe où la dure
sévérité de Richelieu a marqué son empreinte :
CLXX.
Arch. des Afl". élr. France, i63i , t. 67. —
Mise au net de la main de Cherré.
[A LA REIXE MÈRE^]
1 4 août i63i.
Madame , Je sçay, grâces à Dieu , fort bien ce
que je fais, et vous trouverez bon que je vous dise que les conseils
que vous avez pris de vous mesme et que vous avez receus d'aulruy
vous ont mise en lieu et en estât où la raison, qui ne me permet pas
d'en recevoir de vous, vous doibt empescher de prétendre m'en
donner.
Je vous renvoie encore pour cette fois le gentilhomme que vous
delà guerre Servien, il raconte l'affectation
que mirent les ministres à lui vouloir per-
suader que le cabinet espagnol n'était pour
rien dans cet acte blâmable de la reine
mère; mais ils dissimulaient mal leur con-
tentement sous les apparences d'une dé-
sapprobation peu sincère. Cette dépêche
est conservée en original au Dépôt de la
guerre, t. XX, pièce 20.
' Cette lettre , habilement faite , n'était
point du pampldétaire ordinaire de Marie
de Médicis, Morgues de Saint-Germain;
elle avait été écrite par le P. Chanteloube .
ecclésiastique attaché à Marie de Médicis ,
et qui fut de l'Oratoire. Le Vassor l'a im-
primée, t. VI, p. 760, de l'édition in-ia.
' Le manuscrit ne donne ni suscription .
ni note au verso.
670 LETTRES
m'avez envoyé '; il vous pourra dire que je me porte fort bien, et que
mes affaires, grâces à Dieu, qui m'a tousjours assisté, sont en fort
bon estât. Cependant je vous puis asseurer que je seray tousjours, etc.
A Monceaux, le i A'= jour d'aoust i63i.
CLXXI.
Arch. de Condé. Communication de M*' le duc d'Aumale.
A MADAME MADAME LA PRINCESSE.
2 1 septembre 1 63 1 .
Madame,
Il paroist bien la defférence que les princesses qui vous ressemblent
rendent k ceux à qui elles sont liées par un sacrement, puisque,
pour complaire à Monsieur vostre mary, il vous plaist me faire une
proposition que, vous sçavés bien, je m'asseure, que le roy ne peut
effectuer. Si la qualité donnoit la capacilé aux charges ecclésiastiques,
la naissance de Monsieur vostre fils luy donneroit dès cette heure
plus que ce que vous désirés; mais les constitutions ecclésiastiques
el la raison en ordonnant autrement, vous trouvères bon. Madame,
je m'asseure, que le roy pourvoie l'évesché d'Auxerre d'une personne
qui en puisse faire présentement les fonctions^, et qu'il se réserve le
désir de vous tesmoigner son affection en d'autres occasions; et moy,
' Le roi fait entendre assez clairement en temps quelques messages. Cette minute
à sa mère qu'il ne lui répondra plus; dans est sans date; on l'a classée à la fui de i63i.
une autre lettre , il lui dit nettement de se ° H y avait à peine un mois que Richelieu
dispenser de lui envoyer désonnais aucun avait sollicité une complaisance auprès du
messager: «J'ay commandé à Jacquelot de prince de Condé. Le prince en réclame
vous faire cognoistre que les voyages que une récompense qu'il n'aurait pas dû de-
vous pourriez faire faire de deçà ne me mander, et Richelieu le lait sentir avec une
seroienl pas agréables, veu que vous n'estes louable fermeté. Le petit prince de Conti
pas di-sposée à ce que la raison requiert n'avait pas encore deux ans; on sait qu il
alinqu'ils vous feussent utiles. » Cependant était lilleul du cardinal. (Ci-après, à la
cette princesse a encore envoyé de temps date du i" septembre, aux Analvses).
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 67f
la volonté entière de vous faire voir, par toutes les voies que je
pourray, que je suis.
Madame,
Voslre très humble et très affectionné servitcin-.
Le Gard. DE RICHELIEU.
De Monceaux , ce 2 i "^ septembre i 63 i .
CLXXU.
REMERCIMENT A LA RÉPURLIQUE DE VEMSE '.
Seconde quinzaine de novembre i63i.
Depuis la publication de notre quatrième volume, nous avons trouvé plusieurs
pièces relatives à ce titre de noble vénitien que la république donna à Richelieu.
Assurément il put se glorifier de cette marque d'honneur, surtout à cause de
l'unanimité des voix qui la lui décernèrent; mais elle ne fut pas si spontanée qu'il
a l'air de le croire. La vérité est que la république ne songeait pas à inscrire Ri-
chelieu sur son livTe d'or. C'est une pensée qu'eut d'Avaux, l'ambassadeur de
France à Venise. Il écrivait à Charpentier le i3 janvier au sujet du cardinal :
• Je vous diray que l'estime extraordinaire en laquelje il est icy m'a donné une
pensée pour son service, que j'ay estimé à propos de vous communiquer. C'est
que, s'il avoit à plaisir que la république le fist noble vénitien, qui est la plus
haute marque d'honneur qu'elle puisse rendre à un prince, et que le feu roy
inesme receut avec grands remercimens et tesmoignages de satisfaction , je croy
que je n'y serois pas inutile, et mesnagerois l'alTaire en sorte qu'il réussiroit selon
mon désir. •
Cependant, ajoute d'Avaux, «il s'y rencontre une difficulté, • c'est que per-
sonne n'obtient ce titre sans le demander; on ne le donne pas même aux neveux
des papes, qui le souhaitent avec passion, • s'ils n'en font instance formellement.
Or, comme je croy bien que de le rechercher, il ne seroit pas du goust, ny de la
dignité de mond. seigneur, aussy me sembleroit-il fort avantageux s'il n'avoit qu'à
l'accepter; et, à l'aventure, j'en trouverois le moyen. » D'Avaux prie donc Char-
pentier de lui donner un avis, « mais sans aller jusqu'au cardinal, car aux grands,
il faut faire service sans le dire^. . . »
' Vo)ez t. IV, p, 22t), lettre CXIII. — ' Arch. des AIT. étr. Venise, t. L, 4' des
dépêches de M. d'Avaux.
672 LETTRES
Charpentier n'y fit pas tant de façons, il dit tout bonnement l'affaire à Riche-
lieu et se hâta de répondre à d'Avaux. Celui-ci n'ayant pas immédiatement donné
de ses nouvelles, Charpentier, sur le soupçon que sa lettre pouvait s'être égarée,
récrivit à d'Avaux le 28 mars:
«... Pour la proposition qui le concerne, dont il vous a pieu m'écrire, il remet
à vostre prudence d'en faire l'ouverture comme de vous mesme , et mesnager cet
affaire en sorte que, sans qu'il y paroisse, l'événement en soit deub à vostre dex-
térité ' . . . »
L'affaire traîna un peu, et ce fut seulement le 1" novembre que la république
chargea son amljassadeur de porter au cardinal ce témoignage solennel de son
estime et de son admiration. Le même jour d'Avaux en annonça la nouvelle à
Charpentier et à Bouthillier^.
«... La république, dit d'Avaux à celui-ci, ne s'est pas contentée du remer-
ciement dont elle me chargea l'autre jour envers M*' le cardinal , ny des louanges
publiques qu'elle luy a données icy plusieurs fois au sujet des dignes actions qu'il
a faictes pour la lil)erté d'Italie; elle J'a voulu tesmoigner à tout le monde par la
plus grande démonstration d'honneur et d'estime dont elle puisse user envers les
roys mesme, et qui l'ont receue avec contentement, l'ayant uni au corps de cette
noblesse et déclaré gentilhomme vénitien. Mais si le présent mérite d'estre con-
sidéré, pour n'avoir jamais esté fait qu'à de grands princes, ou des hommes très
illustres, la fasson de le douer cette fois le relève bien de prix, car il a passé à
toutes balles dans le grand conseil assemblé au nombre de 83o gentilshommes
dont un seul n'a doublé de se donner un tel confrère. Ce qui est tenu icy pour
miraculeux, et le doge m'a dict qu'il n'y en a point d'exemple, m'ayant mesme
faict veoir l'eslection du feu roy qui est marquée dans le registre avec quatorze
balles contraires. C'est un grand tcsmoignage de l'affection publique et de la véné-
ration en laquelle il est icy, veu que d'ailleurs on luy défère cette dignité sans
qu'il y pense, et que l'on dépesche un courrier exprès à l'ambassadeur Contarini
pour luy en porter la nouvelle au nom du sénat. . . »
A Charpentier, d'Avaux explique avec quel ménagement il a insinué la pensée
qu'il avait eue : « J'y ay esté si sobre qu'il y a eu opposition dans le sénat, fondée
sur ce que moud, seigneur, bien loing de requérir, comme veut la loy, n'en tes-
moignoit pas la moindre pensée, et que , de ma part , je ne m'en estois pas mesme
ouvert en sorte qu'on y peust prendre pied; mais ceste remonstrance ne trouva
qu'une balle en sa faveur ^ . . . »
D'Avaux écrivit au cardinal en même temps , et presque dans les mêmes termes ,
ce qu'il avait écrit à Bouthillier et à Charpentier, sans omettre la circonstance
' Arch. des Aff. étr. Venise, t. L. — ' Ihid. — ' Ibid.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 673
d'une opposition : « H est vray que clans le sénat, où la chose fut premièrement
proposée, selon l'ordre accoustumé, le procurateur Zin, personnage fort renonmié
pour estre tousjours seul de son advis, et qui se veut attribuer l'office de censeur
en cette république, s'y opposa, sur ce que Vostre Eminence n'en avoit point
escript à la seigneurie, ny parlé à leur ambassadeur. . . »
Le manuscrit de d'Avaux a conservé aussi copie de la lettre du doge à Richelieu :
• Incarrichiamo al amb" nostro Contarini di portar a V. S. ill°" et rev'°° il pieno
testimonio del interno de' cuori divoti cou che siamo concorsi al connumerar la
persona di lei nella nostra nobiltà. . . «
Quant à l'hérédité, quoique le cardinal n'eût point d'hoirs mâles et qu'il fût
sans exemple que les femmes eussent succédé à ce droit, d'Avaux mandait à Char-
pentier : « Si S. Em., vous ou M. Boutliiliier en touche quelque chose à M. Con-
tarini, je me promets de faire le reste, nonobstant que la loy y résiste'. "
Nous ne trouvons pas qu'on ait profité de cette ouverture , et il ne paraît point
que le cardinal ait tenu à mettre ce titre de noblesse dans son héritage.
Les lettres de d'Avaux n'ont pu guère arriver à Paris que vers le i5 novembre;
ainsi la réponse de Richelieu doit être de la seconde quinzaine dudit mois.
ANNEE 1632.
CLXXIIL
Arch. des AIT. élr. !\Iantoue, t. 4. pièce 97. — Mise au net.
LE ROI A M"' DE TOIRAS ET SERVIEN.
A Meti, le ai janvier i63j.
Réponse à leurs lettres des 3' et 19* du mois passé*, contenant les objections
du duc de Savoie aux communications que lui ont faites les ambassadeurs d'une
dépêche du roi, du i3 novembre.
• Personne n'a cogneu mieux que moy combien il importait de garder le
secret de l'affaire de Pignerol. Si on a pu en tirer quelque lumière, c'est de ceux
qui estoient avec mon cousin le cardinal de Savoie, non de ceux qui sont em-
ployés en mes affaires.
« Le duc propose de donner une nouvelle forme au premier traicté fait pour l'es-
Arch. des Aff. élr. Venise, t. L. manuscrit de Mantoue, non plus que celle
* Ces deux lettres ne sont pas dans le du 1 3 novembre.
CARDIH. DE HICUELIED. — VII. 85
674 LETTRES
change de Pignerol ; j'y trouve un grand inconvénient . . . Mais pour que mon frère
ait le contentement qu'il demande, sans que j'en puisse recevoir aucun préjudice,
il se pourra faire , à mon advis , en la forme qui suit :
« Le traicté de Querasque demeurera en sa force et vertu par i'eschange de Pi-
gnerol, ainsy que pour tout le reste, et l'on en pourra faire un simulé, datte de-
puis la paix, pour estre monstre aux Espagnols; le dit duc donnant déclaration
que ce traicté a esté simulé seulement pour luy faire plaisir.
« Les nouvelles que je reçois de toutes parts portent que tout ce que font , en
ce moment, les Espagnols n'est que pour la deffensive.
« Mon frère le duc de Savoie sçait assez que la principale partie dans la con-
duite des affaires du monde est de savoir bien prendre son temps. C'est ce que
j'essaye d'observer, et il m'a par le passé assez bien réussi. Pour le présent, ma
pensée est d'empescher que la religion catholique se ruine en Allemagne, de
garantir les électeurs catholiques du naufrage, retenir l'archidue Léopold
d'exécutter les desseins qu'il pourroit avoir d'entreprendre sur le pays des Gri-
sons, mes alliez; mesme conserver et protéger le duc de Lorraine. C'est la tâche
que je me suis donnée pour la présente année, et n'estime pas à propos d'en-
tendre à autre dessein.
« Je ne puis et ne veux me descharger de la despense que je fais pour l'assis-
tance de Suède et des Estats, parce que j'y suis obligé et engagé par traictez; et
si je ne l'estois pas je serois convié de le faire, non seulement pour mon intérest
mais pour celuy de tous mes alliez et particulièrement dudit duc mon frère, qui
sentiroit peut-estre le premier le contrecoup de la mauvaise volonté des Espa-
gnolz , si l'on ne tenoit leurs forces diverties par les armes de Suède et de Hol-
lande.
« Quant à la guerre d'Italie, je ne juge pas qu'il en soit temps, et je n'y suis pas
obligé. Ce traicté qui concerne la guerre de Gesnes donnant trois ans de terme
pour en prendre une bonne occasion, que je sçauray bien considérer pour
l'avantage dud. duc. . . En effect, vouloir faire la guerre maintenant ce seroit en-
treprendre sans apparence de succez ... au reste je ne sçay comment le peut en-
tendre led. duc, mon frère, qu'au mesme temps qu'il propose d'entieprendre la
guerre en Italie, ses ministres ont terminé par accord, en la cour d'Espagne, le
différend qu'il avoit avec Gesnes.
« Mon cousin le duc de Rohan , que j'ay déclaré mon ambassadeur dans les Gri-
sons, a ordre d'empescher, par tous moyens, le renouvellement d'alliance d'Es-
pagne avec les cinq petits cantons; d'ailleurs j'ay envoyé le s' de Comblât vers
l'archiduc Léopold pour empescher qu'il ne fasse aucune innovation et entreprise
dans les Grisons. . .
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 675
o Je ne désire rien tant que de voir la République de Venise bien unie avec mon
frère le duc de Savoie , et que led. duc eust contentement d'elle en ses préten-
tions, mais je l'en veoy jusques à présent bien esloigné; vous aurés à vous em-
ployer pour adjuster ces diflicultez, ce que vous aurés eu occasion de faire en
traiclant du projet de ligue que je vous ay envoyé du dixiesme du mois passé',
en mesme temps que j'en ay faict l'envoi au s' Davaux . . .
«Pour ce qui est du mariage de la princesse de Mantoue, je ne doubte point
que mon frère le duc de Savoie ne le désire pour le prince cardinal son frère,
mais je ne tiens pas le duc de Mantoue si privé de jugement d'y entendre. Il
est bon de continuer à rendre tousjours aud. duc l'Infante Marguerite suspecte,
ainsy qu'elle le doibt estre par diverses considérations.
«Je suis bien aise que mon cousin, le maréchal de Toiras, ayt mis bon nom
bre de François dans la citadelle de Casai; je renaets à luy de faire toutes les
choses qui seront jugées nécessaires pour la seureté de lad. place.
■ Ayant veu ce que vous m'escrivés sur le sujet de l'abbé Scaglia, je ne puis
consentir qu'il passe en Flandres; je désire que vous le déclariés aud. duc de
Savoie, mon frère, luy laissant, en son libéral arbitre, de faire ce que bon luy
semblera; comme de ma part il me sera libre de faire tel jugement de ses in-
tentions qu'elles mériteront. . . •
CLXXIV.
COMMERCE.
Mars i633.
Nous avons donné, à la date du 27 mars (vol. IV, p. 264), une lettre du car-
dinal à son amiral de prédilection, farchevèque de Bordeaux, qu'il envoyait en
mission au Havre. Il est remarquable que dans cette lettre , où les détails abon-
dent, il n'y ait pas un seul mot du commerce, dont le développement devait,
plus tard, donner à cette ville une prospérité si florissante et auquel , précisé-
ment à cette heure, Richelieu prétait une attention toute particulière; ici il ne
' Celle dépêche du 10 décembre n'est lay. C'est une minute qui nous semble de
pas dans ce manuscrit. Il faut indiquer ici la main du premier commis de la guerre,
des considérations sur la ligue générale, où le s' Le Roy; elle est mal classée en i635.
Ton en expose les inconvénients, surtout Le roi de Suède était mort en i632. (Dé-
par rapport au roi de Suède, qui pourra pot de la guerre, t. XX, n° 219.)
prendre celle ligue pour une déclaration contre
85.
676 LETTRES
paraît pas soupçonner les avantages que ce port pouvait offrir à la navigation
marchande, et il s'occupe uniquement des fortifications et des travaux nécessaires
pour faire de la ville du Havre une importante place de guerre.
Cependant il convient de rappeler, dans ce supplément, qu'à cette date du
29 mars le cardinal était sérieusement préoccupé des affaires commerciales du
royaume, et, par son ordre, un traité était signé à Saint-Germain-en-Laye , entre
la France et l'Angleterre, par Bullion et Bouthillier, d'une part, et de l'autre , par
l'ambassadeur d'Angleterre , Isaac Wake. Cette pièce est conservée aux Affaires
étrangères (t. XLV d'Angleterre, fol. 4o) : « Traicté pour la restitution de la
nouvelle France La Cadie et Canada, 29 mars i632, » et au fol. 18 : « Articles
arrestez entre les députez des deux rois pour la liberté du commerce entre leurs
sujets. » Une copie , ou plutôt une autre minute , présente quelques différences , et
des observations sont écrites à mi-marge (fol. 86). Nous trouvons encore (fol. 22)
un autre acte diplomatique, corollaire du premier et de même date, 29 mars :
« Articles arrestez entre les sieurs Wake, Bullion et Bouthillier pour la restitution
des choses prises depuis le traicté de 1629.» Indiquons aussi une convention
« touchant les lettres de représailles et pour empescher les déprédations »
(fol. 53); enfin, un projet de règlement pour le conmierce (fol. i/i)-
Dans son mémoire sur les Anciens traités de commerce entre la France et l'An-
gleterre, M. Wolowski n'a pas manqué de signaler l'importance du traité de
mars 1629; et, à cette occasion, le savant économiste a consacré des pages remar-
quables au cardinal de Richelieu ' .
On peut s'étonner que, dans la section de son testament politique où il expose
ses idées générales sur le commerce, Richelieu n'ait rien dit de ce qu'il a fait
pour cette portion considérable de l'administration d'un grand État ^. C'était peu
de chose sans doute, mais il n'était guère dans les habitudes du grand cardinal
de s'oublier lui-même, et de passer sous silence rien de ce qu'il pouvait mettre
au compte de sa gloire.
CLXXV.
[Commencement de juillet i632.]
Il faut à la pièce qui suit quelques mots d'explication.
En i63}, des ferments de mécontentement se développaient dans de sourdes
agitations parmi les populations des Pays-Bas soumises à la domination de l'Es-
pagne. Richelieu ne pouvait manquer d'être attentif à ces symptômes de rébellion
apparaissant dans les États d'une puissance qu'il tenait pour l'ennemie la plus redou-
^ Compte rendu des travaux de l'Académie novembre i86i. — * Tome il, p. 126.
des sciences morales et politiques, t. VIII, édit. de 1764.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
677
table de la France et contre laquelle il se préparait à engager une lutte suprême.
Il embrassa ce projet avec une passion d'autant plus vive qu'en ce moment
Bruxelles, où la reine mère tenait une sorte de cour, où Monsieur trouvait dans
ses révoltes un royal asile, était, sur nos frontières mêmes, un foyer ardent et
perpétuel d'intrigues dangereuses, de trames politiques et même de projets d'as-
sassinat qui menat^aient à la fois le royaume et le grand ministre auquel ses des-
tinées étaient confiées. Nous trouvons dans les papiers conservés aux Affaires
étrangères une pièce intitulée ; Exhortation aux Flamands pour secouer le joug de
la domination espagnole '. C'est une violente excitation à reconquérir leurs libertés.
Cet appel à l'insurrection, dont rien n'indique l'auteur, manque de date et a été
classé en 1 63 1 . 11 y eut certainement dès ce temps-là des ouvertures entre la France
et les Pays-Bas; les relations que nous trouvons établies l'année suivante en
laissent soupçonner d'antérieures-. On lit dans les Mémoires de Richelieu' :
« Le s' Carondelet, doyen de Cambrai, vint secrètement trouver S. M. à Amiens,
le 3o mai, et lui témoigna, de la part des plus grands seigneurs de Flandres, le
mécontentement qu'ils avoient des Espagnols, le désir de s'en délivrer et le re-
cours qu'ils avoient à sa bonté et à sa grandeur royale pour les assister. »
Ce doit être ensuite de ces communications et de certaines résolutions concer-
tées avec les gens des Pays-Bas que le cardinal a dressé le mémoire que nous
donnons, lequel est écrit de sa main. Ce mémoire, que Richelieu n'a point daté,
doit avoir été composé peu après l'entrevue du 3o mai. Nous présumons que le car-
dinal n'a pas perdu de temps, et nous ne croyons pas nous tromper en mettant
cette pièce au commencement de juin. C'est un original autographe; il se trouve
placé dans le IX" volume des Pays-Bas; parmi les pièces du mois de juillet, c'est
la 119'.
Cause.
Perte de privilèges, mescontentement universel*
' Arch. des AIT. élr. Pays-Bas, t. IX. Le
volume n'est pas coté ; cette pièce est la 7^'.
' Dès la fin de 1629, Baulru, chargé
d'une mission diplomatique à Bruxelles,
écrivait à Richelieu que, « s'il vouloit lour-
ner tête vers les Pays-Bas , » il trouverait An-
vers el toutes les places de notre frontière
dégarnies; « ces peuples sont outrés de dé-
sespoir. . . les grands seigneurs délestent
cette usurpation en public et en particu-
lier. I) Arch. des Aff. étr. Pays-Bas , t. VIII ,
à la date du 3 décembre.
' T. VII, p. 97.
' Le cardinal a écrit à la marge les lignes
suivantes que nous mettons en note, aucun
signe ne leur assignant une place dans le
texte : « Misère et manque d'argent. Le
tout jusqu'à tel point que flnfante dict que
s'ils sont attaqués de deux costés ils sont
perduz sans ressource. » — « Ne peuvent
078 LETTRES
Fin.
France. — L'Artois, le Haynaut, Cambré, Camljresis, Doué, l'isle,
Orchies, Luxembourg, Nauïur, la Francbe-Comté.
Estais. — Brabant, Malines, la Flandre, Gueldres et Limbourg.
Moyens.
Secret, diligence, despense.
I o" hommes de pied et mil chevaux vers Guise , Quesnoy, Landrecy.
Armée royalle. La personne du roy.
26"" hommes, /t™ chevaux vers la Capelle. Pour de là passer à Mar-
chien {sk') au Pont, pays de Liège, sur la rivière de Sambre, passage
qu'il faut forlilTier.
Emporter d'amblée Philipsville , Charlemont et Mariembourg des-
pourveues d'hommes et de munitions.
Guides se trouveront à Marchien au Pont pour advertir et conduire
en Havnaut et Brabant.
Devant, le prince d'Orange "attaquera Anvers avec So" hommes de
pied et 5"' chevaux.
Peu après 1 0" hommes et mil chevaux se desbanderont pour atta-
quer Bruges, qui sera despourveue.
. Bruges pris, l'armée qui aura faict cette expédition viendra par
Mesnin , l'isle , Tourné et Anguien à Brusselles , où, en mesme temps, le
conte Henry de Bergues, avec 2™ chevaux et 3™ mousquetaires à che-
val, après avoir passé la rivière Demer, proche de Diest, se rendra à
Brusselles, et prenant la ville veulent se saisir de tous les ministres et
prier l'Infante de se depporter du gouvernement et la bien traitter.
Anvers pris, le prince d'Orange viendra joindre toutes ses forces
avec celles du roy dans le Luxembourg ou à Cambray, où il y a peu de
vivres et munitions de guerre.
Messieurs les Estats serviront le roy en la Franche- Conté, avec
inetlre à la campagne que 1 6 mil hoinmes 4"° Espagnols naturels. — Tous les gens de
(le pied et 4" chevaux, dont il n'y a que guerre mescontanfs. »
DU CARDINAL DE RICHELIEC. 679
une armée de 20" hommes de pied et /i™ chevaux, pourveue de tout
à leurs despends, et ensuitte partout où le roy voudra.
Ensuitte ligue deflensive entre Messieurs les Estats et la France
contre les Espagnols. Faut dire contre qui que ce soit.
Conservation de la religion en lestât auquel elle est dans le partage
de Messieurs les Estats, qui admettront des depputés catholiques des
provinces nouvellement conquises dans l'assemblée des estats géné-
raux.
Demandes particulières des révoltés tant au Roy qu'aux Estats , qui
consiste en charges, pensions, hérédités, gouvernements et argent'.
Nous indiquons ici une pièce qui doit trouver place à la suite du mémoire qu^on
vient de lire. Elle se trouve classée, au hasaitl, dans ce volume (pièce 82). Cest
une triple liste, disjrosée en trois colonnes, en tête desquelles on a mis :
«Seigneurs. — Places asseurées. — Troupes que les seigneurs peuvent avoir. »
Le cardinal a écrit au dos: « Affaire importantissime », et il a ajouté quelques
mots dans le texte, lequel est de la main de Charpentier. Au verso sont énumé-
rées les forces réelles des Espagnols dans la Flandre et dans le Palatinat. — No-
Ions aussi un mémoire, écrit en minute de la main du garde des sceaux Château-
neuf, « sur les propositions du prince d'Orange, du comte Henri de Bergue et du
comte de Warfusée, où il s'agit de certaines mesures d'exécution • (pièce 120).
On vient de lire qu'après avoir déterminé le partage, projeté entre la France
et les Etats, des provinces qui devaient se révolter, le cardinal a fait mention des
demandes particulières. On se figurerait diflicilemenl, si notre manuscrit n'en don-
nait le détail, à quel prix chacun mettait ses services. Des pièces que nous cotons
121, 122, 123, X24, 125, 128, 129, portent en tête : « Pour M. le comte Henry
de Bergue. — Pour M. le comte de Waifuzé*. — Pour les Estats généraux ; » et
aussi : • Prétentions du comte de Warfusée. — Prétentions de M. le comte Henry
de Bergue. » Trois pièces sont au nom de chacun de ces deux derniers personnages.
On pense bien que Richelieu n'était pas oublié; voici la pièce, que nous co-
tons 126 :
« PODR M. LE CARDINAL DE RiCBELIED.
• Le roy, venant estre maistre deQuesnoy.sera servi de donner à M. le cardinal
' En bas de la page, dans un coin du ' Sur la fin tragique du comte de War- /^
feuiliel, Riclieh'eu a écrit ces mots de sou- fusée, devenu partisan de l'Espagne en
venir: « Bergues. Varfusée. Espinoy. Bar- 1687, voyez la note de la page 736 de
bancon. Aygucmont. » notre 4* volume
680 LETTRES
la ville, terre et seigneurie de Quesnoy, avec tous les villages en despendans, et la
forest de Mormal ; avec tout ce qui est compris en la recepte générale , lesquelles
pièces par ensemble rendent plus que cent mil florins par an.
« Les contes de Haynauld ont souventes fois faict leur demeure là.
« L'archevesque de Canibray estant homme d'âge , monsieur le cardinal se pourra
faire chanoine et coadjuteur, si ce n'est que led. archevesque pourra estre pour-
veu ailleurs, auquel cas led. sieur cardiual se pourra faire archevesque, duc et
prince de Cambray et Cambresis. »
Parmi les pièces conservées dans ce manuscrit qui montrent combien, à cette
époque, le cardinal s'est préoccupé de cette affaire, et en général des Pays-Bas,
citons un mémoire portant en tête : Carondelet, cahier de 32 pages, lequel n'est
qu'un fragment , une réclame au dernier feuillet annonçant une suite qui manque.
Notons surtout luie dissertation intitulée : Comté de Flandres. De la nullité des
traités de Madrid, de Cambray et de Crespy, 1631. Ce sont soixante feuillets in-fol.
d'une écriture figurant les caractères d'imprimerie, comme il y en a beaucoup
dans la collection de Dupuy à la Bibliothèque impériale. Le nom de ce savant, qui,
comme on sait, travaillait pour Richelieu, écrit sur le manuscrit, a été effacé;
mais nous pensons que ce travail est, au moins en partie, de lui, peut-être en
collaboration avec Théod. Godefroy. Plusieurs traités de ce genre et d'une forme
toute pareille sur diverses questions d'histoire et de droit public se trouvent
dans les papiers de Richelieu.
CLXXVI.
Arch. des Aff. étr. Hollande, t. i3, fol. 8i. — Minute de la main de RicheHeu.
INSTRUCTION A M. BERRUYER'.
[Vers te milieu de i632 '.]
L'armée du roy qtii est à Trêves ne peut que de trois choses l'une
pour le secours du prince d'Orange.
' Voyez ci-après p. 684 ■ note i . placée dans le manuscrit à la fin de ladite
^ La pièce n'est point datée, et Ton a année. Mais ce classement n"a aucune au-
rais au crayon i63i, sans doute pour un lorité. Nous voyons dans les Mémoires de
classement; et en effet la pièce se trouve Richelieu, t. VII, p. 1 88, que le roi envoya
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 681
Ou s'advancer et se joindre à l'armée dudict prince, auquel cas les
deux seroyent si fortes que celle des ennemis ne sauroyt s'opposer à
leur passage '.
Ou s'advancer seidement dans le Liège par le costé de Trêves, où
elle est, non pour se joindre tout à faict, mais donner jalousie aux
armes ennemies. Mais ou cette advance seroit inutile, si elle n'estoit
assés proche pour favoriser le passage du dict prince; ou, si elle l'es-
toit, elle demeureroit seule en proye à celle des ennemis, qui sont
beaucoup plus forts que l'armée de France, qu'on peut mener au se-
cours des Hollandois, laquelle, en effect, ne peut estre que de lo mil
hommes de pied et 2" chevaux.
Ou s'en revenir en France diligemment par Metz, et y estant se ve-
nir loger en nostre frontière, ou dans le Liège vers Marchien au Pont,
pour donner à penser aux ennemis. Ce secours est désiré du prince
d'Orango, du comte Henry de Bergues; mais j'estimerois meilleur que
l'armée revînt droit en Picardie se joindre aux six mil hommes et
800 chevaux qui y sont, et qu'au mesmc temps on fist déclarer les
5 villes, auquel cas le coup seroit de très grand poids pour les Holan-
dois; estant certain que les ennemis, estonnez d'un tel coup, seront
contraints de se diviser pour pourvoir aux accidens qui leur pour-
royent arriver en divers lieux.
le s' Berruyer au prince d'Orange au mo- ture ouverte , ce qu'il faut esvilter en celte
ment où l'on s'occupait beaucoup de l'in- occasion, ayant trop d'affaires sur les bras
surrection des seigneurs des Pays-Bas. pour faire une telle entreprise, quand
Celte circonstance mettrait celte instruc- mesme le mauvais procédé des Espagnols
tion vers le milieu de iGSa. nous y forceroit. — Le troisième est que,
' Ici un signe renvoie à la marge , où le quand l'armée du roy seroit jointe à celle
cardinal a écrit : t Maus à cela il y a trois des Elstats, elle ne sauroit plus revenir en
inconvénients : le premier, qu'on ne sau- France , qu.lnd elle seroit dans leurs estais ,
roit faire celte jonction sans passer par le que par mer ; ce qui seroit proprement à
Luxendïourg, ce qui ne seroit pas beau- dife perdre et la meilleure et la plus vieille
roup considérable, si, en l'eslat que sont les cavalerie cl infanterie du royaume, ce qui
armées, il n'y avoit autre chose. — Le se- ne se pourroit, en quelque temps que ce
cond, que celle jonction d'un corps d'ar- fust, estre sans grand préjudice, et parti-
mée des vieilles trouppes de France ne culièrement en celuy-cy sans une entière
se peut faire sans eslre pris pour une rup- ruine. ■
CARDIN. DE niCHELlEO. VU. 86
682 LETTRES
Qui plus est, rien ne peut davantage favoriser la révolte des sei-
gneurs du Pays Bas que de se voir appuyez d'une armée Françoise
proche d'eux.
CLXXVII.
Arch. des Aff. étr. Pays-Bas, t. 9, pièce 80. —
Mise au net de la main de Charpentier.
MÉMOIRE
[Septembre? i63i'.l
Le sieur Camin^ estant venu asseurer le roy à Amiens de la révolte
de plusieurs seigneurs de Flandres, de nombre déplaces qu'ils dé-
voient faire déclarer pour eux et des troupes qu'ils pouvoient mettre
sur pied, S. M. résolut, le T'^juin 1 632, de les assister de 8 milhommes
de pied et mil chevaux, pour favoriser ceux qui s'y révolteroient.
Que pour y parvenir ils s'assembleroient sous prétexte d'un ma-
riage.
Qu'en cette assemblée ils jureroient une union aux fins de chasser
les Espagnols, et d'appeler les François à leur aide; causant* celte ré-
solution des mauvais traitemens qu'ils ont receus des Espagnols et la
crainte de perdre la religion par les progrès des Hollandois.
Qu'en appelant le roy ce sera à condition de se mettre sous sa sou-
veraineté en conservant lems privilèges, ou seulement sous sa protec-
tion, avec une ligue offensive et deffensive, y adjoustant de le remettre
en possession de ses anciens héritages.
' Ce litre est écrit par Cherré. — Voy. été faite un peu après cette date. —
ci-dessus la pièce clxxv, page 676. ' Nom de convention, qui désigne le s' de
' La date manque; mais les faits rap- Carondelet.
portés dans ce mémoire nous conduisent * ("Sic) donnant pour cause à cette réso-
jusqu'au 28 août; la rédaction doit avoir lution les. . .
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
683
Qu'ils feront assembler les Estais généraux du pays , et auparavant
se rendront maistres en un jour de toutes les villes dont un chacun
d'eux se prévaut, afin de convier toutes les autres à faire le mesme.
Que ce mesme jour le roy, avec son armée , entrera dans la Flandre
et se présentera devant Cambray, dont l'attarpie luy sera favorisée par
Bouchain ', qui est sur l'Escaut et sur la Sensée, rivières non guéables,
par Doué, par Avesne, par Landrecy, Quesnoy et Marciennes, places
qui couvrent et empeschent qu'on ne piùsse secourir Cambray, et des-
quelles ces messieurs se tiennent asseurez.
Qu'ils enverront au roy pour ostages les enfans du prince d'Espinoy,
du comte d'Egmont et autres.
La suite contient des détails que nous abrégeons :
Le 2 1 août le roi envoya à Saint-Quentin le s' d'Hauterive pour faire entendre
au s' Carnin et à ses adhérents qu'on l'avait chargé d'assembler les troupes pro-
mises, mais que, comme on ne remplissait point les promesses faites au roi, S. M.
ne donnerait ni hommes, ni argent que lesd. cinq places ne fussent ouvertement
déclarées^. . .
Led. s' d'Hauterive écrit à M. le garde des sceaux, de Saint-Quentin, le 28*',
que «le prince d'Espinoy et autres seigneurs liguez, voyant que le gouverneur
' Celait un frère de Carondelet qui
commandait dans celte place , et , ainsi que
son frère, il était engagé dans la révolte.
Un peu plus tard, lorsqu'on eut vent des
menées ourdies contre l'Espagne, ordre
fut donné cle se saisir du gouverneur. Un
soldat, «bon flamand, non françois,» dit
la relation, fut chargé de l'arrêter. Caronde-
let le tua et fut lui-même assommé à coups
de crosse de fusil dans la bagarre qui s'en-
suivit. (Voy. Mémoires de Richelieu, t. Vil,
p. 368, où le fait est raconté un peu dif-
féremment.)
' L'instruction donnée à M. d'Haute-
rive se trouve en minute dans ce manus-
crit, pièce 81 ; nous donnerons seulement
les huit dernières lignes , dont quatre sont
de la main de Charpcnl ier, et quatre de celle
de Richelieu : « Si les villes veulent se dé-
clarer, offrir de nouveau des hommes pour
les garder, et les cent mille livres qu'ils ont
désirées : si led. s' de Haulerive ne voit au-
cun effcct de ce que le s' de Carondelet et
ses associez ont promis, il demeurera à
Saint-Quenlin, donnera advis au roy de ce
qu'il aura fait, sans s'engager davantage
avec led. Carondelet [ses associez. Le s' de
Hauterive n'oubliera pas de faire entendre
a\jd. Carondelet ce que le prince d'Orange
peut et veut faire pour eus].» On a mis
en tète ai* avril, et la lettre se trouve
classée à cette fausse date.
'^ Eu original dans notre manuscrit, non
coté ; nous l'avons marqué : pièce 84.
86.
684 LETTRES
de Bouchain s'estoit. trop liasté, ont faict les accommodemens , afin d'avoir temps
d'ajuster leurs affaires et laisser prendre Mastric. . .
« Le roy envoya le s' Berruyer^ au prince d'Orange le pour con-
certer jusques où il désire que son armée s'avance. »
Discussion sur les choses qu'on pourroit faire et sur les inconvénients, dont
voici les conclusions : « Rien ne pourroit davantage favoriser la révolte des sei-
gneurs des Pays-Bas que de se voir appuyez d'une armée françoise proche
d'eux. »
Le mois suivant , après la victoire de Castelnaudary et la prise de Maestricht , Ri-
chelieu fait savoir à M. d'Hauterive « le bon estât des affaires du roy. . . rien ne sçau-
roitplus remuer en France ; » qu'il anime les Gamins (les associés de Garondelet) et
les engage autant qu'il pourra à la révolte . . . qu'il promette gens de guerre et
munitions. . . enfin, s'ils commencent une puissante révolte, cela donnera lieu
au roi d'entrer en Artois. . . « qu'il ne face point de difficulté de donner deux mil
pistoles au gouverneur d'Anvers, parce que qui prend s'engage-. " — Deux ou trois
mois après, dans les premiers jours de décembre, le cardinal reçut du comte
d'Egmont, l'un des seigneurs les plus considérables associés pour la révolte, la
proposition «d'amener proche d'A venues 4,000 hommes de pied et 1,000 che-
vaux, si le roy de France consent de son costé à faire avancer ses troupes. » 11 de-
mande un secours d'argent et des sûretés pour sa personne^. La réponse de
Richelieu ne se fit pas attendre ; « Lorsque led. s' comte aura eu nouvelles asseu-
rances de ses associez, ainsy qu'il le propose par son mémoire, le cardinal ne
manquera pas de luy faire sçavoir déterminément les volontez de S. M. — Cepen-
dant il peut bien asseurer dès à présent qu'au cas que M. le prince d'Espinoy et .
autres que led. s"^ comte d'Egmont a nommez aud. s' cardinal veuillent se décla-
rer avec les gens de guerre et places portées dans led. mémoire, le roy les assistera
des six mil hommes de pied et cinq cents chevaux demandez, et de plus, si les
occasions qui paroistront lors le requièrent. — Pour ce qui est de la personne dud.
s' comte d'Egmont , le roy le protégera envers et contre tous *. »
Ce grand complot des seigneurs des Pays-Bas, dont la France et la Hollande se
' Il se nommait aussi s' de Manselmont; restée en blanc est sans doute : septembre,
on lui donnait le titre de conseiller du roy * AIT. étr. Hollande , t. XIII , pièce 217.
et intendant; il était alors employé à Elle est insérée dans les Mémoires de Ri-
Bruxelles pour l'affaire des domaines du chelieu, t. VII, p. 188.
roi. Il fut envoyé au prince d'Orange après ' Mêmes archiv. France, pièce 72 du
le retour à Bruxelles de M. d'Hauterive, tome XIV de la collection verte,
lequel était encore, comme on vient de le * Ibidem, p. 73.-
voir, à Saint-Quentin le 28 août. La date
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 685
faisaient les complices, pour le démembrement et le partage des provinces espa-
gnoles, s'évanouit en fumée. Néanmoins le projet de révolte et le partage sont assez
curieux dans les détails, qu'aucun historien, nous le croyons, n'a fait connaître.
Ces pièces conservées par Richelieu dans ses papiers tirent de cette source une
authenticité irrécusable et disent assez ce qu'il y avait de sérieux dans ces teuta-
tives d'une révolution , qui pourtant ne devait pas s'accomplir.
Il paraît que Richelieu ne tarda pas à s'apercevoir que sa politique avait peu
de fondement à faire sur les aspirations révolutionnaires et sur la force effective
des seigneurs des Pays-Bas. Déjà, on vient de le voir, il n'espérait guère l'exécution
des promesses sur lesquelles il avait compté d'abord; nous ne trouvons plus qu'il
ait donné suite à la correspondance dont nous avons fait connaître les commen-
cements, et nous lisons dans une lettre de Gerbier, écrite le 1 1 mars i633, que
• depuis quatre mois on n'a pas eu une seule réponse de M. le cardinal sur l'af-
faire du sousièvement ^ » C'est que Richelieu , sans abandonner le dessein d'af-
franchir les Pays-Bas de la domination d'Espagne, avait songé, sans doute, que
pour venir à bout d'une si difficile entreprise il valait mieux s'entendre direc-
tement avec une nation, et la nation intéressée au partage, qu'avec des sujets ré-
voltés. Nous avons montré, en effet, qu'au mois de janvier i633 il envoyait à
l'ambassadeur de France en Hollande un projet de partage peu différent de ce-
lui qu'il avait établi en juin i632^; et dans sa dépêche à M. deCharnacé, il ne
fait aucune mention ni de l'insurrection , ni du secours des seigneurs. Nous voyons
encore en i634 cette proposition du partage concertée avec les Hollandais^.
i5 décembre i632.
La mort du roi de Suède ne produisit pas sur le cabinet de Saint-Germain
l'impression à laquelle on aurait pu s'attendre. Richelieu à qui toute puissance
nouvelle s'élevant dans son voisinage, au dedans comme au dehors de la France,
inspirait toujours une défiance instinctive, n'avait pas vu sans quelque inquiétude
cette grande renommée de Gustave- Adolphe croître avec une si merveilleuse rapi-
dité; et, malgré le puissant secours que les victoires de ce prince apportaient à
la cause de la France, le cardinal prévoyait déjà, de la part du vainqueur de
l'Allemagne, quelques difficultés pour sa politique.
' Arch. des Afl. étr. Pays-Bas, t. IX, collection, t. XII, avec la cote 24i, une
pièce 209. autre pièce concernant le partage, pièce
' Notre 4* volume, p. 424, pièce ori- mal classée en i63o.
ginalc conservée aux Aff. étr. Hollande , de ' Ci-après aux Analyses (commencement
1 572 à 1 663 , pièce 1 4'; et, dans la même de juin).
686 LETTRES
Gustave avait été frappé sur le champ de bataille de Lutzen, le 16 novembre.
Lorsque la nouvelle parvint à Paris, le cardinal n'y était pas. Au retour du Lan-
guedoc, il avait pris son chemin par la Guyenne dans le dessein de faire, en pas-
sant, une visite à son château de Richelieu. Une maladie qui le mit à deux doigts
de la mort le retint à Bordeaux une partie du mois de novembre. Dès qu'il put sup-
porter la litière , il continua son voyage. Mais ni la fatigue ni la douleur ne pouvaient
le rendre oisif; les affaires étaient sa vie, et revenant ainsi, à petites journées, aux
diverses étapes de sa route, il envoyait des lettres qu'il faisait écrire par Char-
pentier, et quelquefois les lettres étaient au nom de ce secrétaire; nous en avons
donné une dans notre 4" volume; il y a là, à ce moment, des dépêches du roi
concernant Monsieur, dont les minutes sont certainement l'œuvre du cardinal.
Les ministres en sous-ordre étaient d'ailleurs ses organes dociles; ainsi, quoique
absent , son esprit était dans les conseils de Saint-Germain. Il ne fut donc étranger
à rien de ce qui se fit alors.
La dépêche de l'ambassadeur de France en Allemagne, M. de la Grange-aux-
Ormes, qui annonçait la mort de Gustave- Adolphe ne parvint à Versailles que le
jeudi, 2 décembre. Louis XIII convoqua les secrétaires d'Etat à onze heures du
soir pour le lendemain de grand matin. Les résultats de la délibération du con-
seil sont consignés dans un mémoire écrit entièrement de la main de Bouthillier,
qui a mis cette annotation : «Mémoire fait à Paris le 4 décembre, » et il le date
du 4 au soir'.
jNous y remarquons ces passages : » Le roy de Suède avoit parlé si avantageu-
sement, en diverses occasions, soit sur le sujet de la reyne mère du roy, soit sur
celuy de Monsieur, et autres rencontres, que l'on pouvoit dire que S. M. n'y
avoit peut-être pas beaucoup perdu à la mort du roi de Suède. C'est l'opinion de
M. le maréchal de Brézé, qui l'a pratiqué assez longtemps pour en juger, et qui
dit qu'il n'avoit aucun bon dessein pour les intcrests du roy; qui est, en effect, ce
que le s' de la Grange veut dire par les iS" et 20" articles de sa lettre. — M. de
Bullion a dit la mesme chose que moy. — S. M. là dessus a commandé d'envoyer
promptement la dépesche à Monseig' le cardinal pour avoir son advis sur les
points qui sont à résoudre, et que cependant, pour ne laisser en suspends le s' de
la Grange, on luy envoyast en mesme temps un courrier, et qu'on luy donnast
ordre , par lettre de S. d. M., d'encourager le chancelier Oxisterne , et donner bonne
parole de la continuation de la bonne volonté du roy . . . pour la liberté de la Ger-
manie. . . M. de la Grange a fort à propos désiré se conduire en cette conjonc-
ture selon les senlimens de M. de Charnacé, auquel S. M. escrit par le mesme
courrier, qui part présentement. . . En attendant des ordres plus précis et plus
' Arch. des Aff. étr. Allemagne, t. VIII, fol. oSy; la date est du 22 novembre.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
687
amples suivant les advis que M. le cardinal envoiera au roy. . . S. M. attend la
response avec grande impatience, surtout pour avoir nouvelles de la santé de
M. le cardinal. »
Le courrier porteur de ce message dut rencontrer S. Em. à Brouage, où le
cardinal était arrivé le 7 ou 8 décembre et où il se reposa quelques jours dans
son gouvernement.
L'avis qu'on demandait à Richelieu, il ne tarda pas à le donner; il écrivait au
roi le 1 5 décembre . « J'ai envoie à M. Boulhillier ce que j'estime sur les affaires
d'Allemagne, etc. » Cette lettre est imprimée dans notre ii" volume (p. ^lb); mais
nous n'avons trouvé le mémoire annoncé ' ni dans la collection France, qui nous
a donné la lettre que nous venons de citer, ni dans le 8* volume des mss. d'Al-
lemagne''. Toutefois, on peut conclure de quelques expressions de cette lettre
même du i5 décembre, ainsi que de deux seuls mots jetés dans les Mémoires
de Richelieu^, parmi les éloges mêlés de critiques sur la vie militaire du roi
conquérant, que le cardinal ne considérait pas comme un malheur pour la France
la perte de ce prince, et que les membres du conseil, sans parler assurément
comme aurait pu faire Richelieu, avaient pourtant exprimé sa pensée secrète.
Nous regrettons néanmoins de ne pas avoir l'écrit du cardinal, d'autant plus qu'il
n'a pas été conservé dans le manuscrit des Mémoires, contrairement à sa cou-
tume d'y insérer les morceaux de quelque importance sortis de sa plume *.
En cherchant cette pièce dans le 8° volume des mss. d'Allemagne, nous en
' Richelieu fit même à ce mémoire une
addition que nous n'avons pas non plus,
mais dont nous sommes informés par une
lettre du père Joseph , qui écrivait à Bou-
lhillier CIs, le 16 décembre : « Vous aurez
receu l'ample mémoyre de M. le cardinal
par le retour de vostre courrier. H adjouste
de nouveau ce qu'il a remarqué de consi-
dérable en la dernière lettre du s' de la
Grange , qu'il a fait lire tout au long. Vous
y trouverez quelques points conformes au
susd. mémoyre que vous sçaurez trop mieux
accomoder en la sorte qu'il faut. » (Arch.
desAff. étr. France, t. XIII, fol. laSdela
collection verte.)
' Consultez dans ce même manuscrit les
folios 344, 346 des dépêches de M. de la
Grange-aux-Ormes,au sujet de l'assistance
que le roi veut continuer de donner à In
Suède.
' T. VU, p. 367, éd. Pelitot.
' On doit retrouver quelque chose de
ce mémoire perdu dans un autre avis dont
Richelieu parle ainsi : ■ Peu de jours après
que le cardinal fut arrivé, ne jugeant pas
que les affaires requissent que l'on perdit
temps au conseil que l'on devoit prendre
sur celles d'Allemagne , il représenta au roi ,
le i" janvier [i633] . . etc. » (P. 371-277
du tome VII de l'édition Pelitot.) Il y a ici
dan» les Mémoires une erreur manifeste ;
le 1" janvier, le cardinal était à Thoury,
entre Orléans et Etampes, U n'arriva à Pa-
ris que le 10; il faut donc lire : « avant que
le cardinal fût arrivé, » ce qui est d'ailleurs
plus conforme au sens de ce passage.
688 LETTRES
avons rencontré une autre du i4 décembre, — singulier rapport de dates et de
sujet, — c'est un advis au roy sur les affaires présentes, signé H. de Rohan. « Si le
roi veut, dit l'auteur, protéger le parti opposé à la maison d'Autriche (le roy de
Suède estant mort), il se rend maistre des affaires d'Allemagne. . . » Et le mé-
moire trace la marche à suivre pour atteindre ce résultat par les opérations de la
guerre et les négociations diplomatiques.
Voici la conclusion : « Le roy se trouveroit aussy bien arbitre des affaires
d'Italie comme des affaires d'Allemagne. »
Parmi les divers mémoires qui se remarquent dans les manuscrits de cette
époque sur ces importantes affaires dont tout le monde s'occupait, nous citerons
seulement les « Instructions au s' du Hamel ^ gouverneur des ville et citadelle de
Saint-Dizier, s'en allant de la part du roy trouver la reyne de Suède. » Cette mis-
sion, d'un vif intérêt politique, puisqu'il s'agissait de maintenir sous un nouveau
règne et sous une régence l'alliance conclue avec Gustave- Adolphe , était donnée
en l'absence de Richelieu ; je ne connais point l'écriture des instructions , et je n'y
trouve aucun signe matériel indicateur de la participation du cardinal; mais il
n'est pas douteux que ce mémoire, daté du 23 décembre, n'ait été dressé dans
l'esprit du mémoire envoyé par Richelieu, le i5, et aussi peut-être d'avis qu'il
aurait depuis adressés au roi^.
Nous lisons encore dans la lettre du père Joseph du 16 décembre, que nous
venons de citer :
« M. le cardinal juge à propos de retarder le partement/le M. de Saint-Etienne
peu de jours après que vous aurez fait la dépesche pour les deux susdits (La
Grange-auxOrmes et Charnacé), et dans trois ou quatre jours Lambert (le père Jo-
seph) en voyera à Linet (Routhillier fds) un escrit fort considérable de la part
de Duboys (Richelieu), que Saint-Etienne doibt porter.» Cet écrit fort consi-
dérable que nous n'avons point trouvé dans les papiers d'Allemagne, nous le
reconnaissons dans une vingtaine de pages des Mémoires, que l'on peut lire
dans l'édition de Petitot, t. VII, p. 297-319. Dans ce moment où la mort du
roi de Suède risquait de causer une crise dangereuse aux affaires d'Allemagne,
' OnavaitpcnséàLaGrange-aux-Ormes élr. Suède, t. II, fol. 35o.) Dans celle même
déjà employé en Allemagne; une lettre de lettre, le garde des sceaux entretient le
Châteauneuf à Richelieu du a 1 décembre cardinal de beaucoup de choses d'Alle-
nous dit comment on changea de pensée : magne, d'après uneconversationavecM.de
« Charnacé propose d envoyer vers la reyne Charnacé.
de Suède le s' du Hamel , n'approuvant pas ' Ce mémoire est conservé dans les pa-
l'envoy du s' de la Grange -aux- Ormes, piers de Suède, t. II, fol. 355.
comme homme peu estimé. «(Arch.desAff.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 689
Richelieu, à peine remis de sa maladie, redoublait d'activité, de zèle et d'efforts
d'intelligence pour faire face à tout. A la fin de i632, conxme on vient de voir,
et pendant le premier mois de i633, il prépara les missions qui furent envoyées
de toutes parts, confiées à des ambassadeurs ordinaires ou extraordinaires : le
marquis de Feuquières vers Oxenstiern et le maréchal Horn , l'ami et l'un des
plus habiles généraux de Gustave; de Miré vers les princes protestants; Saint-
Etienne au duc de Bavière, aux princes de la ligue catholique et à l'empereur;
La Grange aux Ormes déjà accrédité auprès de divers électeurs et villes libres;
enfin , le baron de Charnacé en Hollande.
CLXxvnr.
Arch. des Aff. élr. Turin, t. 31 , foi. 344. —
Minute de la main de Charpentier. Mantoue, t. 4, pièce i^a. —
Mise au net de la main de Cherré. Turin, t. ao, pièce 157. — Copie.
TOIRAS.
Dès que l'on eut appris la participation des frères de Toiras à la prise d'armes
de Monsieur, le maréchal j)rofesta hautement qu'il n'avait eu nulle confidence de
leur faute, et Richelieu lui écrivait, le 9 août, que le roi n'avait pas cessé d'avoir une
entière confiance en sa fidélité '. Mais ce n'étaient là que des paroles, et Toiras ne
tarda pas à s'apercevoir que les procédés dont on usait à son égard témoignaient
d'une défiance aussi injurieuse que mal fondée. On lui ôta le commandement de
l'armée de Piémont, et, en couvrant ces soupçons des démonstrations d'une appa-
rente faveur, on mit une obstination visible à le tirer d'Italie et à le faire venir sous
la main du cardinal^. Après des retards qui commençaient à paraître de la déso-
béissance, Toiras finit par se rendre d'assez mauvaise grâce, et il envoya au roi le
sieur de Castclane, porteur de sa soumission et des demandes dont il l'accompa-
gnait. De Paris, M. de Castelane fut dépêché à Brouage, où Richelieu était con-
valescent de la grande maladie qui l'avait -retenu à Bordeaux en son retour de
Toulouse. Nous avons donné ^ la lettre qu'il écrivait au garde des sceaux Chà-
tcauneuf : «Je vous envoie, disait-il, le mémoire que le sieur de Castelane m'a
' \oll-e quatrième volume, page 34i. ' A la date du 10 décembre 1682 (t. IV,
* Ci-après, aux Analyses, date du 3 1 oc- iii3).
lobre.
cvnnix. Dr. niciiELiEn. - vu 87
690
LETTRES
donné, avec mes pensées. » Ces pensées du cardinal , nous les avons trouvées depuis
aux ai'chives des Affaires étrangères :
20 décembre i632.
Advis de m. le cardinal de bichelieij snn les demandes que le s' de castelane pro-
teste QUE M. de rOinAS FAICT, non comme conditions nécessaires pour QU'IL OBÉISSE,
MAIS COMME grâces DEMANDEES PAR UN SDJET QUI VEUT OBEIR SANS CONDITION*.
Le roy ne veut plus de général d'armée en Italie, mais bien peut-il
permettre au mar^' de Toiras d'y demeurer quelques mois, s'il l'es-
time ainsy à propos; et mesme de tenir le filz de Mons' de Savoye^,
pour asseurer son esprit. Et, au cas que ce temps escoulé il ne veuille
pas revenir en France, d'aller à Rome et autres lieux agréables au
roy, comme particulier.
Le roy escrira la lettre demandée pour la descharge des cinquante
mil escus promis aux enfans de feu M. le mareschal d'Effiat^.
Quant au serment que led. s"' mar^ demande de faire entre les mains
des s" de Villeroy et d'Estampes*, M. le Garde des sceaux sçait s'il
' Quelle dale faut-il donner à celte
pièce? M. de Castelane avait apporté les
demandes de Toiras au mois de décembre ;
le cardinal dut donner son avis un peu
après le i5, car le mémoire, en réponse
à Toiras, dressé par Léon Bouthillier,
ensuite de cet avis, est du 2i décembre,
et les pièces qui devaient l'accompagner
sont du 18. La date du 20, que donne
une copie de bureau, semble pouvoir être
adoptée. Les modifications que Richelieu
fil subir à son avis et que nous remarquons
dans un projet de réponse écrit par Bou-
■ihillier fils, nous les indiquons en note. (]e
projet est inlituléMi^moire à M. Servien, et
contenant les volontés du roy sur les demandes
de M. le mareschal de Toiras. Minute,
pièce 145 du manuscrit de Mantoue, non
* L'original, signe Louis, est conservé dans la
collection îe Turin, t. XVIII, loi. 55i, classé par
coté' ; immédiatement avant sont placées la
minute des brevets touchant le serment, la
décharge des 5o,ooo écus et l'abolition en
faveur de l'évéque de Nîmes.
■ «Quant au baptesnie, M. le duc de
Savoie ne pressant point encore le roy de
luy envoyer personne, S. M. se réserve à
le faire quand il en sera temps. » ( Mémoire
adressé à Servien.)
' Pour la récompense du gouvernement
d'Auvergne.
* «S. M. fera expédier deu^c brevets :
pour les 5o,ooo escus et pour la dispense
du serment jusqu'à ce que S. M. luy com-
mande la revenir trouver, le serment ne
pouvant estre preste que devant le roy. »
(Mémoire adressé à Servien.)
erreur en 16.^1 ; et des copies sont dans les 20' et
21" volumes de la même collection.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 691
se peut faire à autre qu'au roy. Il me semble luy avoir ouy dire que
non, mais qu'on peut bien dispenser un gouverneur de province de
le faire pour un temps.
Mons"" le Garde des sceaux, qui est chancelier de l'ordre, sçait bien
ce qui se peut sm* l'article demandé par led. s' mareschal touchant
l'ordre. Mons' de-Leuville m'a dict que, quand il luy en parla, il luy
dist absolument que cela ne se pouvoit. Je luy ay ouy dire la mesme
chose sur le sujet du marquis de Malateste et autres.
Quant aux prétentions du navire perdu et vivres de Ré et ime par-
tie de 11™^ de Casai, messieurs les garde des sceaux et surintendant
les examineront avec soin pour y faire toute la raison que la justice
requerra.
Je croy que le roy peut permetire de vendre le régiment de Cham-
pagne comme il me semble qu'il l'a accordé de longtemps à une
personne qui est agréable.
Je croy qu'il est raisonnable de payer les soldats de Casai sur le
pied du nombre eCFectif qu'ils ont esté.
Le roy a desjà résolu de faire venir en Champagne le régiment du
s' de S' Aunais et la comp"^ de chevau-légers dud. s"^ mareschal.
II a esté promis de donner récompense à M. de Nismes de son
évesché. Le roy a retenu expressément une des abbayes de M. de-
Moret, qui est en Picardie et s'appelle Nonvilliers, à mon advis pour
cet elîect '.
L'article demandé pour le remboursement de la seneschaussée de
Montpellier est de sy grande conséquence , veu le crime de Rostinclair,
que niond. s' de ïoiras ne voudroit pas que le roy se fist un sy no-
table préjudice qu'il se feroit s'il luy accordoit ce qu'il demande sur
ce sujet*.
' 'Le roy fera expédier pour cela un que M. de Toiras n'obéisse; mais ce sera
brevet par lequel il permettra aussy aud. à M. de Toiras et non à son frère, qui est
s' évcsque de revenir en France.» (Mé- en crime. (Mém. adressé à Servien.) —
moire adressé à M. Servien.) La lettre écrite à cette occasion par Léon
* «Escrireen chiffres à M. Servien qu'on Bouthillier »e trouve dans le ms. de Tu-
accordera cet article, s'il ne tient qu'à cela rin, t. XX, pièce lôo.
87.
692 LETTRES
Il n'y a personne qui puisse empescher le roy de tenir ce qu'il pro-
met par capitulation ou autrement; par conséquent il est superflu de
demander l'efTect de la capitulation de Lunel qui sera exécuttée ^
^ Led. s'' de Toiras demande de pouvoir aller à la cour et dans son
gouvernement en toute seureté, ce que le roy accorde et peut, pour
cet effect, donner la lettre proposée par le s"" de Leoiville à cette fin.
En conséquence de ce mémoire le roi écrivit à Servien pour l'informer de ce
qui avait été résolu ; il lui envoya le mémoire qu'avait apporté Gastelane avec les
réponses qu'on y avait faites; on y joignit les lettres et brevets « dont je croy que
vous aurez besoin » dit le roi. Le tout fut porté par le sieur de Roquemont, « lequel
j'ay clioisy, ajoute Louis XIII, exprès pour porter mes commandemens à mon
cousin le mareschal de Toiras, afin de luy ester tout prétexte de n'y pas obéir. »
M. de Roquemont était en mcme temps autorisé à faire quelques concessions.
{Fol. 147.) Enfin le roi adressa à Toiras la lettre suivante :
«Mon Cousin, si l'on vous a dit que j'eusse pensé que vous trempassiés à la
désobéissance de vos frères , on vous a asseurément trompé. J'ay trop de confiance
en vostre fidélité, de laquelle ces trois mots vous feront cognoistre que je suis sa-
tisfaict et content. Je trouve bon que vous veniés dans quelque temps à la cour, ou
dans vostre gouvernement, ainsy que je vous feray sçavoir plus particulièrement.
Sur ce. . . »
Le même jour une seconde lettre du roi disait à Toiras : « Aiant veu par vostre
mémoire, que m'a présenté le s' de Castelane, que vous désirics recevoir mes
commandemens par quelqu'un qui vous les portast de ma part , je vous envoie
le s' de Rocmont vous asseurer de mon affection » Et la lettre du cardinal
que nous avons donnée page àili àa quatrième volume dut accompagner celles
du roi.
Malgré tout ce qu'on faisait pour rassurer le maréchal, fafTaire ne finit pas là;
Toiras qui savait le cardinal très-peu bienveillant, qui avait trouvé dans Servien
un surveillant fâcheux, presque un ennemi; Toiras, dont la loyauté d'ailleurs
n'était pas exempte d'une disposition marquée à la méfiance, ne se tint pas pour
satisfait. M. de Roquemont écrivait de Casai, le 2 janvier i633 : • A mon arrivée
' Ici finit la pièce du tome XXI. graphe : « M. Servien n'exécutlera rien du
^ Cet article n'est point reproduit dans contenu au présent mémoire que M. le
le projet de lettre écrit par Bouthillier fils, maresclial de Toiras n'ait obéi aux com-
lequel projet se termine par ce para- mandemens du roy. »
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 693
en ce lieu j'ay trouvé M. de Thoiras en volonté d'obéir au commandement de
S. M. . . il n'a fait de difficulté qu'au payement du régiment de Saint- Aunais,
ses chevau-Iégers et le payement de ses appointeniens, qu'il dit vouloir recevoir
avant que de changer de garnison; M. Gagnot lui a proposé tous les expédiens
que vous m'aviez ordonnés, il n'a point voulu entendre. . . ■ (Fol. lyS.) Lui-
même, s'excusant auprès du roi le i4 janvier de n'avoir pas encore e.xécuté les
ordres de S. M. écrivait en même temps à Bouthillier : «Il n'a pas tenu à moy
que les conunandemens que M. de Roquemont m'a aportés de la part de S. M.
n'aies esté exséceutcs. » (Pièce 180.) Mais enfin Toiras obéit, ainsi qu'on le voit
par sa lettre du 27 janvier (pièce 182), à laquelle L. Bouthillier répondait le i4
du mois suivant : t Le roi ne doute pas de votre fidélité; vous n'avés eu besoin
de personne pour vous rendre office auprès de S. M. » (Pièce 192.) Cette missive
de Léon Bouthillier a dû accompagner la dépêche du roi, que nous avons donnée
tome IV, page 383, où elle est mal classée, et qu'il faut mettre à la date du \lx fé-
vrier, ainsi qu'il est dit à l'errata général. (Voy. aux Analyses, date du 20 avril.)
ANISEE 1633.
r.Lxxix.
Arch. des Aff. ttr. Home, t. ^7, fol. ia. —
Copie de la main d'un secrétaire de Léon Bouthillier. Une seconde copie, fol. 45.
MÉMOIRE PARTICl LIER
POUR M. LE DUC DE CRÉQUY...
S'EN ALLANT AMDASSADEUit EXTRAORDINAIRE \ ROME, POUR RENDRE i S. S'*
L'OBÉDIENCE FILIALE, SCR LE SCJET DE SON ASSOMPTION AU PONTIFICAT '.
[Vers la mi-février iC33.]
Une autre instruction avait été donnée au duc de Créquy, dans laquelle, par
' Ce même manuscrit contient ( fol. ^9) Créquy écrit une colonne de questions sur
une pièce au dos de laquelle Clierré a mis : quelques points de son ambassade qui lui
• Copie du mémoire respondu à M. le m'' semblent avoir besoin d'explication. Dans
de Créquy quand il partit pour aller à la colonne voisine Cherré, sous la dictée
Rome, ■ et qu'on peut qualifier d'instruc- du cardinal, donne la solution de chacune
tion par demandes et réponses. Le duc de des difficultés qui embarrassent le diplo-
694
LETTRES
respect pour le Saint-Père, le roi ne voulut pas qu'aucune autre affaire que celle
de l'obédience fût mêlée ^ Un second mémoire fut donc dressé pour instruire
l'ambassadeur. des autres affaires dont il aurait à s'occuper durant son séjour à
Rome. Au premier rang de ces affaires, le cardinal mettait une ligue des princes
d'Italie que depuis longtemps il avait à cœur d'établir. Cette grande conception
politique n'a attiré l'attention d'aucun historien, apparemment parce que le car-
dinal n'a jamais pu parvenir à l'exécution. Mais la pensée seule mérite d'être
enregistrée par l'histoire , et il convient de recueillir les notions que nos manus-
crits ont pu nous fournir sur cet important sujet. Quant au mémoire dont nous
venons de transcrire le titre, nous n'en donnerons que ces quelques lignes rela-
tives au projet de ligue.
Après un court préambule , le cardinal vient au détail des affaires que l'ambas-
sadeur aura à traiter :
Et premièrement S. M. luy faict mettre entre les mains le projet
mate. Ainsi le duc de Créquy se servant de
la 3' personne pour se désigner lui-même :
«Si on luy parle de la reyne mère ou de
Monsieur ? » Dans la colonne correspon-
dante, Richelieu : «Il faut respondre lu
vérité, qui justifie assez clairement que le
rov n'a rien obniis de ce qu'il a peu pour
empescher les désordres qui sont arrivez. •
— Créquy: «Dois-je prendre une extrême
confiance dans le s' Mazarini ? » — Riche-
lieu : « Mazarini est tenu pour afl'eclionné à
la France ; M. de Créquy se peut confier en
luy, luy disant qu'il en a la charge expresse
du roy . Il luy tesnioignera aussy la confiance
que M. le cardinal prend en luy et l'ordre
qu'il a exprès de solliciter la nonciature en
tout et partout. » — - Créquy : « Jusques à
quel point dois-je me confier au cardinal
Benlivoglio ? » — Kichelieu : « Ceci est de
la prudence d'un ambassadeur. . . Cepen-
dant il dira au cardinal Bentivoglio qu'il a
charge de se confier en luy et le fera comme
il le jugera à propos. » — Créquy : « Quels
comoiandemens il plaira à M. le cardinal
me donner en son particulier ?» — Riche-
lieu « Le cardinal n'a rien à prier M. de
Créquy que d'agir en ce qui le regarde
selon sa sincérité eî son affection envers
luy; asseurer le pape et toute sa maison
des services qu'il leur désire rendre , et tous
les princes par où il passera, des bonnes
intentions qu'il a pour le public. » et ainsi
du reste. — Quant à la date du présent
mémoire, nous proposons la même que
celle de finstruction.
' On a voulu donner à cette ambas-
sade d'obédience d'autant plus de solen-
nité qu'elle avait été plus tardive. L ins-
truction explique les circonstances qui
avaient occasionné ces retards. Nous sup-
posons qu'elle a été rédigée dans le bureau
des Affaires étrangères. La copie que nous
trouvons dans notre manuscrit de Rome
est sans date. On a mis plus tard au bas :
« 1 U février, date probable, quoiopie le duc
de Créquy ne soit arrivé à Rome qu'au
commencement de juin. »
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 695
d'une ligne générale pour la liberté de l'Italie, pour laquelle S. M. luy
commande de faire toutes sortes d'offices auprès du pape pour faire
condescendre le pape non-seulement à y entrer, mais à s'en rendre
autheur et promoteur. . .
Le comte de Brassac, ci-devant ambassadeur de S. M. à Rome, et
le s' Mazarini ont desjà faict quelque ouverture à S. S" de lad. ligue. . .
Le pape et les Vénitiens sont deux puissances considérables en
Italie, la ligue ne peut sid)sister sans leur bonne intelligence; S. M.
a fait savoir aux Vénitiens qu'elle desiroit qu'ils demeurassent dans
le respect du au souverain chef de l'Eglise, et elle supplie S. S*" de
correspondre de son costé à une affection cordiale . . .
L'ambassadeur a commandement d'employer le nom et l'authorité
de S. M. à composer tous les différens existans, ou qui pourroient
survenir. . .
LIGUE D'ITALIE.
Richelieu n'a jamais songé à constituer un grand Ktat en Talie; il n'a même
jamais eu le dessein, comme quelques personnes l'ont cru, d'unir les diverses
souverainetés de ce pays dans les liens d'une fédération ; mais une des pensées les
plus persévérantes de sa politique fut de former, entre plusieurs de ces Etats, une
ligue qui, sous l'influence et la protection de la France, aurait anéanti la domi-
nation qu'exerçaient, au delà des Alpes, les Espagnols avec le concours de
l'Autriche.
11 ne lui était pas possible alors d'en exclure entièrement ces deux puissances;
il s'efl'orra du moins de leur y laisser la moindre part possible.
Les Espagnols possédaient le royaume de Naples; ils avaient une armée autri-
chienne à Milan; ils étaient alliés de la république de Gênes; ils travaillaient opi-
niâtrement à établir à Rome leur influence fîur le Saint-Siège et à tourner contre
la France les inclinations du pape et du sacré collège; enfin l'Espagne et l'Empire,
faisant cause commune, voulurent s'emparer de la succession de Mantoue pour
donner ce duché à une créature de la politique espagnole, en spoliant l'héritier
légitime, prince de race française.
Avant même que Richelieu fût admis ofiiciellement dans les conseils du roi,
son influence y pénétrait déjà, grâce à celle qu'il exerçait sur la reine mère.
696 LETTRES
Lorsque cette princesse, un peu plus d'une année après la mort du duc de
Luynes, commençait à reprendre quelque chose de son autorité perdue, nous
voyons tenter l'essai d'une ligue d'Italie, formée sous la protection du roi; au mois
de février iCaS, un traité de ligue était conclu entre la France, Venise et la
Savoie, pour affranchir les Grisons et s'opposer aux entreprises de l'Espagne. Il
n'est pas douteux qu'à ce moment l'esprit de Richelieu n'inspirât la reine mère,
et que déjà le futur ministre ne négociât, pour ainsi dire, le traité auquel, en
apparence, il n'avait aucune part.
Mais quand le jour fut venu où, sans avoir encore la suprême autorité qu'il
ne tarda pas à conquérir, Richelieu prenait déjà dans le gouvernement des
affaires l'ascendant qui appartient toujours au génie, alors nous le voyons expri-
mer sur l'Italie une grande pensée qu'il n'abandonna jamais, bien que, dans la
pratique des affaires, il se vît forcé d'en tempérer l'audace.
Dans un mémoire écrit pour le roi, vers le commencement de mai 1626, Ri-
chelieu disait : « Le vray secret des affaires d'Italie est de dépouiller le roy d'Es-
pagne de ce qu'il y tient pour en revestir les princes et potentats d'Italie qui,
par l'intérest de leur propre conservation, seront tous unis ensemble pour con-
server ce qui leur aura esté donné. . . > — Et « le seul partage que doit désirer
la France en toute cette conqueste ne doit estre que la diminution de l'Espagne', »
ajoute le cardinal, pressentant déjà, ce dont il aura bientôt la preuve, quelle rude
et impossible tâche ce serait de détruire totalement la puissance de l'Espagne en
Italie et aussi d'amener tous ces princes à un accord commun.
A peine la célèbre entreprise de la Rochelle fut-elle glorieusement terminée
qu'il songea à l'Italie. Dès le commencement de novembre 1628 il envoie savoir
les intentions du pape et lui propose de se joindre à la France et à Venise pour
le secours du duc de Mantoue ^.
Nous indiquons ci-après, aux Analyses, à la date de novembre 1628, des dé-
pêches envoyées à Rome; et nous avons donné, page 620 ci-dessus, un mémoire
adressé au nonce, où l'on voit que Richelieu envoie une sorte de semonce aux
princes d'Italie et tâche de les réveiller au bruit du péril que font courir à toutes
ces petites souverainetés les entreprises dont Mantoue est menacée par des puis-
sances telles que l'Empire et l'Espagne coalisés.
Le pape se montra peu disposé à prendre part à l'alliance proposée. Nous avons
donné, tome III, page 2 38, une dépêche de Richelieu à M. de Réthune, alors
ambassadeur extraordinaire à Rome, où le cardinal s'étonne de la froideur et des
refus du Saint-Père. C'était au commencement de mars 1629. Rientôt S. S.
' Voyez, notre deuxième volume, p. 81. — ' Arch. des Aff étr Rome, tome XLI,
fol. ,32/|.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 697
sembla revenir à de meilleurs conseils, et M. d'Avaux écrivait de Venise le 7 avril :
• Monseigneur, je viens de conclure le traité d'union avec la république, laquelle
le signera ce soir ou demain . . . L'affaire est résolue au contentement de S. M. ; •■
et l'acte diplomatique était joint à cette dépêche. Il est intitulé : « Traitté de con-
fédération et alliance à perpétuité entre le pape Urbain VIII, Louis XIII, roy de
France, la république de Venise et le duc de Mantoue, pour la conservation de
leurs estats contre qui que ce puisse estre, et notamment contre la maison d'Au-
triche. A Venise, l'an 1629, le 8 avril. » — Le roi le signa au camp de Suze le
1 9 dud. mois. Le cardinal de Richelieu et les ministres du duc de Mantoue au
nom de S. A. y mirent leur signature le 1 1 mai suivant. Quant au duc de Savoie,
ce fut par un traité particulier avec le roi qu'il adhéra au traité général '.
Cependant Venise se refroidit singulièrement , comme nous l'apprenons d'une
dépêche de M. d'Avaux, du 2/1 septembre 1629, et cette alliance, si laborieu-
si'ment préparée et poursuivie, semble déjà à ce moment presque abandonnée.
Mais , après la campagne d'Italie , on rejjrend le dessein de la ligue ; le roi s'as-
socie avec ardeur à la politique de son ministre, il écrit à Richelieu, qui n'était
pas encore de retour à Paris ; « Mon cousin , envoyant le comte de Brassac, mon
ambassadeur ordinaire à Rome, je luy ay commandé de vous voir en passant pour
vous communiquer l'instruction et-Ies ordres que je luy ay donnés et recevoir vos
bons avis sur ce qu'il aura à Iraitter avec les princes d'Italie, soit avec le pape^. »
Nous avons dit plus haut (p. 6/j2) que le cardinal avait même songé à établir
une entente entre cette ligue et ceux des électeurs d'Allemagne qui faisaient
cause commune avec la France. L'on a vu que le s' de Marchevilie, envoyé vers
eux, au commencement de i63o, était chargé de leur représenter tous les avan-
tages qu'ils trouveraient dans celte union; et le comte de Béthune, notre ambas-
sadeur à Rome, avait ordre de ne rien négliger afin «de faire effectivement la
ligue pour la seureté de la paix. . . ' »
Cependant de nouveaux obstacles s'élevèrent; le cardinal jugea convenable de
mettre moins d'ai-deur dans la poursuite de son projet. Mazarin, qui négociait
la paix au nom du Saint-Pèie, ayant représenté qu'une ligue de plusieurs princes
obligés à maintenir • M. de Mantoue en ses estats. . . semblait intéresser aucune-
ment la dignité de l'Empereur, • on se contenta qu'il plût seulement au roi de
convier lesd. princes à la défense du duc de Mantoue, lorsqu'il en aurait lie-
soin.. .* Et puis un mémoire présentant des considérations sur la ligue gêné- /
' Archives des Affaires étrangères, Ve- ' 16 avril i63o, notre troisième vo-
iiise, tome XLVIII. lume, page 634-
' Mèmesarch. Rome, t. XLIII, fol. 31, * Voy. Mémoires de Richelieu, I. VI,
i3 février i63o. p. a/ii.
C*P.Di:«. DE IlICIIELIED VII. .88
698 LETTRES
raie en expose les inconvénients, «surtout par rapport au roi de Suède, qui
pourra prendre cette ligue pour une déclaration contre luy. «
Mais à des difficultés sans cesse renaissantes Richelieu oppose une impertur-
bable constance, une ferme volonté. Sa grande pensée ne l'abandonne jamais.
Un projet de « conquête de Genève et du pays de Vaud à faire par le roy et par
le duc de Savoie' » avait été formé; nous trouvons dans un mémoire sur ce projet
un article A , où il est dit : « renoncer à l'entreprise de la guerre de Genève pour
donner lieu à faire la ligue générale d'Italie. »
Cette pièce, sans date, est classée en i63i2, et le 9 décembre, le cardinal
écrivait à M. d'Avaux : « S. M. qui considère les grandes actions qu'elle a faites
en Italie, et les heureux succez que Dieu luy a donnés, est tousjours en soin de
ce qui peut affermir le repos qu'elle a commencé à acquérir à tous ces princes
par ses travaux et ses veilles; et, en la continuation de ce dessein, elle a jugé
très-nécessaire par l'advis de son conseil , qui n'a point d'autre plus grand soin
que de l'accroissement de sa gloire et du bien public, de renouveler une ligue
avec eux pour maintenir les choses en bon estât et les acheminer encore mieux
pour le bien commun, ,1e vous envoie, pour cet effect, deux projets, l'un pour
une ligue defténsive sur le sujet de la paix d'Italie, l'autre pour la deffence des
Grisons. » Ces deux projets ont déjà été communiqués à la République. S. M.
espère qu'elle embrassera cette ouverture salutaire.. . L'ambassadeur de Venise,
n'ayant point d'instruction, est demeuré en termes généraux sur la communi-
cation qui luy a esté faite. • Et le cardinal indiquait les réponses que M. d'Avaux
pourra faire aux objections. Le projet fut envoyé au nonce, ainsi qu'aux ambas-
sadeurs de France à Turin. Et en même temps, une lettre du roi, datée du
10 décembre, autorisait, en en répétant les points principaux, la dépêche du car-
dinal. Le 2^ janvier de l'année suivante, Richelieu faisait écrire, par le roi, à
M" de Toiras et Servien, dans une lettre qu'on a pu lire plus haut (p. ôyô) :
« vous aurez à vous employer pour adjuster les difficultés du projet de ligue que
je vous ay envoyé du dixiesme du mois passé. » Mais on craignait que le Saint-
Père, de nouveau récalcitrant, ne fit traîner la négociation en longueur. «Je
doute, écrivait le comte de Brassac à Léon Bouthillier, le 8 mai 1682, qu'on
puisse porter le pape ... à aucun traitté d'union . . . f ayant tousjours veu affec-
ter de ne s'unir pas avec les uns de peur de mescontenter les autres 3. .
Cependant on envoya encore à Fambassadeur un projet de ligue entre le roi, la
république de Venise , les ducs de Savoie et de Mantoue , dans l'hypothèse de l'acces-
' Voy. ci-après aux Analyses, à la date ' Arch. des AfF. étr. Rome, lome XLV,
du 27 janvier i63j. fol. i4o.
' Aff. étr. Turin, t. XVII , fol. 338.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 699
sion éventuelle du Saint-Père, du grand-duc, des ducs de Parme et de Modène,
avec charge de ne rien négliger pour persuader au pape combien une telle ligue
était utile à la chrétienté et au Saint-Siège lui-même. La pièce, de la main qu'on
donne pouncelle du P. Joseph, est accompagnée d'observations marginales écrites
par Bouthillier et qui doivent avoir été dictées par le cardinal. On y indique trois
paragraphes • qu'il ne faut mettre dans aucune des copies; » et l'on y désigne les
personnages auxquels ces copies doivent être communiquées en grand secret. Ce
document, non daté, est classé en novembre i632 •, et nous devons indiquer ici
(juatre autres pièces du même manuscrit, également sans date, lesquelles, pour
celte raison, se trouvent placées à la fin du volume^. Le roi chai-ge le duc de Cré-
quy, ambassadeur extraordinaire, de faire toutes les instances possibles à Venise et
a. Rome, pour faire accepter la ligue, jxjur déterminer le pape à s'en rendre • pro-
moteur et chef, insistant sur les avantages qu'y trouvera l'Italie, et sur ce qu'il
n'en revient aucune utilité à la France. » — « Si, pour des raisons qui n'arrivent
pas jusqu'à moi (dit Richelieu) , le pape est couseiUé de n'entrer pas ouvertement
dans cette ligue, le roy offre de la faire avec les princes italiens qui voudront y
entrer, pourveu qu'il plaise à S. S. favoriser soubz main une si sainte résolution. . .
Le temps presse de se résoudre. . . car il s'agit de laisser perdre ou sauver toute
l'Italie.. (Page 373.)
Ces raisonnements ne persuadaient point les conseillers du pape, ni sans doute
le pape lui-même. Nous avons une lettre du cardinal Barberini, écrite à Mazarin,
le 8 mai i632 , où il témoigne ne pas bien comprendre la pensée de Richelieu et
affirme que le Saint-Père n'est nullement disposé à entrer dans de tels desseins :
«... Desideriamo assai di sentire come e con quali conditioni vada divisando il
sig. cardinale di Richelieu la lega che ficcennô a V. S. per uno delli assicuramenti
délia pacf d'Italia, nel che mi persuado ch' ella starà a udire,sapendo che nostro
signore è alieno da simili impegni tra principi catolici, quant' a se stesso. » « La mai-
son d'Autriche, coutinue'Barberini , est moins redoutable pour la France que l'ac-
croissement du Suédois et des hérétiques. . . Il n'a pas le moindre souci des intérêts
de S. M. Tr.-Ch. , ne cura un pelo gl' interessi di S. M. christianissima. . . ^ » Et,
le 5 juin, Barberini répétait à Mazarin que « le pape, père commun de tous, ne
voulait pas risquer de se trouver engagé dans une lutte entre les fidèles : Non vorrà
mai N. S. npplicarsi in lega la quale possa tirar seco occasione di intrar in guerra
ira principi catolici; essendo convenevole et espediente che il padre comune si
conservi taie sempre, per potersi intrometter corne mediatore nelle occorrenze*. •
' Aff étr. Rome, tome XLV, fol. a54. ' Arch. des AIT. élr. Rome, tome XLVI,
' /6.fol.37a,373,374,377.Cesontdes fol. 67. La pièce est chiffrée,
copies dont l'écriture ne m'est pas connue. ' /6i(/. fol. 87.
88.
700 LETTRES
Le cardinal ne laissait pas de continuer les négociations. Dans une lettre du
18 juin (chiffrée), il mandait à Servien : «On vous envoie un projet de ligue
tel qu'on peut le désirer pour le bien de l'Italie 1. . . » Et rien n'avançait.
Toutefois Richelieu ne se décourageait pas, et quelques mois plus tard il en-
voie de nouveaux projets de ligue à Servien : « Le roy désire surtout que le pape
ayt agréable de proposer la ligue. . . M. Mazarin fera ce qu'il pourra pour obtenir
cet article, sinon il s'en pourra relascher -. » Nous voyons en toute occasion que
^(Richelieu usait constamment de cette habileté des grands esprits: céder à propos.
A ce moment la négociation semble prendre plus d'activité; Mazarin s'en occupe
sérieusement, ainsi que Servien à Turin et M. de Brassac à Rome. Nous trou-
vons une copie du projet communiqué à celui-ci par Mazarin, en octobre^. Et
le même manuscrit* présente, sur ces projets d'alliance, des considérations qui
nous semblent être de Servien; au moins sont-elles de la main d'un secrétaire de
cet ambassadeur. Les avantages qui pourraient résulter de ces traités pour les
confédérés y sont soigneusement exposés. Enfin, en février, le roi envoie à
Rome le maréchal de Gréquy, ambassadeur extraordinaire « pour rendre à S. S.
l'obédience filiale sur le subjet de son assomption au pontificat. » A l'instruction
qui lui fut donnée^ on ajouta un mémoire oii il est dit : «Le roy n'ayant pas
voulu que l'instruction, laquelle S. M. a commandé estre donnée aud. s' duc,
touchant la prestation de l'obédience , fust chargée d'aucune autre chose que de ce
qui regardoit cette cérémonie, afFm de la rendre d'autant plus célèbre et aussy
qu'il s'est tousjours ainsy prattiqué , a ordonné qu'on luy dressast cette particu-
lière pour la conduitte de quelques affaires dont il aura à traitter avec S. S'^. »
La première de ces affaires est celle de la ligue, et l'on voit comme le cardinal
s'efforce de disposer favorablement le Saint-Père au moment oïl il lui fait présenter
un message qu'il sait trop bien, par expérience, ne lui être pas agréable. Aussi
en attendait-il peu de satisfaction.
Nous trouvons, dans le tome 52 de Venise, le texte, en italien, de deux déli-
bérations du sénat, des 27 septembre et 6 octobre, qui faisaient peu avancer les
affaires; mais l'importance d'une telle entreprise donnait à la constance naturelle
du cardinal plus de fermeté encore, et aiguillonnait plus vivement l'ardeur de ses
poursuites.
' Lettre sans signature. Turin, t. XX, étrangères, Turin, pièce335*dutoaieXXI.
pièce 65, notée ci-après aux Analyses. ' Ibid.
Plusieurs copies des projets de traités sont ' Ibid, pièce 365.
conservées dans le tome XXI, pièces i64, ' Arch. des AIT. étr. Rome, t. Xl.VII,
165,367. fol. .54.
" 19 octobre i632. Arch. des Affaires
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 701
Sans cesser de presser le gouvernement pontifical, il s'adresse directement aux
princes. Le sieur Bachelier est chargé d'aller « représenter vivement au grand-duc
ses intérests, tant en ce qui regarde l'honneur que tous ses autres avantages; luy
dira que tout le monde se remplit, d'une grande espérance qu'il sera un des prin-
cipaux auteurs de la liberté d'Italie Il taschera de le porter à convenir de
luymesme que les princes d'Italie doivent s'unir aux bonnes intentions du roy
|)our la conservation de la paix et de la liberté Il luy fera entendre ce qu'il
peut espérer du roy et craindre des Espagnols. . . » Le sieur Bachelier se rend en-
suite auprès du duc de Modène, muni des mêmes instructions. — Elles étaient
datées du 26 avril i633.
Vers la fin de l'année un nouvel ambassadeur, M. de la Saludie, est envoyé
au delà des Alpes. «Il proposera aux princes, dit son instruction, de former
une ligue dans le but de garentir leurs estais de l'usurpation dont ils sont mena-
cés par la convoitise d'Espagne. Il protestera que S. M. n'a aucun dessein de porter
la guerre en Italie, encore moins d'y acquérir aucun estât. Si les Espagnols forcent
à la guerre, l'intention du roy est qîie chacun des princes confédérez ayt, pour
sa part de la conqueste, ce qui se trouvera mieux en sa bienséance, sans se ré-
server autre chose dans l'Italie que le contentement d'ayder à y establir la paix
et oster aux Espagnols la prétention qu'ils ont d'y faire le siège de leur empire,
pour estendre de là leur monarchie universelle. » — L'exemple de l'Allemagne
dit aux princes d'Italie ce qu'ils peuvent attendre de la maison d'Autriche. —
« Les Espagnols ne pourroient se plaindre; la ligue est purement défensive et ne
les regarde point qu'autant qu'ils voudroient remuer'. » A Rome, l'ambassadeur
ordinaire, M. de Noailles, dès le commencement de i634, est chargé de faire de
nouveaux efforts auprès du Saint-Père, et de rappeler au pape ses promesses,
que • ne pouvant entrer dans la ligue comme père commun, il feroit cognoistre
aux ambassadeurs qu'il a auprès de lui, et à ses ministres qu'il a auprès d'eux
(les princes d'Italie), que la ligue estoit nécessaire, et qu'il l'approuvoit entière-
ment... • Led. s' ambassadeur (ajoute l'instruction^) «fera sçavoir à S. S'° l'im-
portance et le grand bien qui peut réussir de la conclusion de cette affaire. . . H
pressera S. S'" là-dessus. »
Après M. de la Saludie, un autre négociateur encore continue cette œuvre im-
possible de la ligue. M. de Sabran , qui avait des habitudes à Gênes où il avait déjà
' Celte inslruclion , datée de Ruel le ' L'instruction , signée du roi et contre-
aa novembre i633, est conservée en co- signée Boulhiliier, est datée du 2 janvier
pic, delà main d'un secrétaire de Léon i63/i. (ifciti.t L.fol. i),et le projet de lifjue
Boutliillier, aux Arch. des AIT. étr. Rome, défensive remis au gouvernement ponti-
l. XLVll, fol. 245. fical est au fol. ao5.
702 LETTRES
été ambassadeur, y est envoyé de nouveau. Une ample instruction datée du 5 juil-
let i63/t ' l'informe, en grand détail, des affaires diverses qu'il aura à traiter. A la
nainute, écrite par un des premiers commis des Affaires étrangères, sont jointes
deux pages de la main de Cherré; c'est une addition de Richelieu à une instruc-
tion dont il avait seulement donné la pensée principale; cette addition a pour
objet la conclusion de la confédération italienne.
« Pour tesmoigner la bonne volonté que le roy a pour S. A. , S. M. ne faict nulle
ditliculté d'accorder aud. duc (de Savoie) et aux princes d'Italie, s'ils veulent faire
une bonne ligue et s'unir contre l'Espagne, comme il semble qu'il y ayt en tous
grande disposition à un tel dessein, 10,000 h. de p. et 2,000 ch. payés aux dé-
pens de S. M. pour trois ans, pour leur ayder à conquérir le Milanois, au lieu de
faire l'entreprise de Gènes, sans que le roy y prétende aucune chose, la pensée
de S. M. estant qu'il se doit faire un partage où chascun aye sa part à proportion
de ce que on aura contribué, S. M. cédant, dès cette heure, toute la sienne à
M. de Savoie, non en luy demandant la Savoie et autres grandes récompenses
en eschange, comme on a faict parle passé*, mais sans autre condition que de
raser Monlmélian, après qu'il sera en possession de la part qu'il doit avoir au Mi-
lanois et de mettre entre les mains du roy Gahours , Revel et les vallées de der-
rière, ce qui luy est plus avantageux que préjudiciable, en tant qu'il donnera
plus de moyen au roy de le secourir quand il en aura ])esoin. »
Et Richelieu explique quelques mesures préparatoires : « 11 faut surtout faire
cesser tout différent entre Venise, le pape, M. de Savoie Il faut rendre les
Grisons maistres de la Valteline » Mais ces nouvelles négociations n'abou-
tirent pas mieux que les antres; l'abstention obstinée du pape, toujours soigneux
de ménager l'Espagne et l'Empire, redoutant d'ailleurs l'influence de Richelieu
dont la politique l'inquiétait, opposait à toute union un obstacle insurmontable.
Nous devons noter à ce sujet un mémoire intitulé : Des différens entre le pape
et les Vénitiens et de l'accommodement d'iceulx, et de la ligue proposée entre les princes
d'Italie 2.
La Savoie alors semblait marcher d'un bon pied; Bouthillier écrivait à M. de
Noailles : « La négociation avec M. de Savoie pour la ligue d'Italie s'avance *. h
' Mêmes archives. Gênes, tome II, fol. 3i5, v°. La pièce, datée de i63/i, est
fol. io4-i 12. Au fol. 1 13 est l'addition, de classée en i635.
la main de Cherré, au dos de laquelle on ' 10 juin i635. (Arch. des Aff. étr.
lit cette annotation : a Pour mettre avec Rome, t. XLIX, fol. Sg.) Notons que,
finstruction de M. de Sabran. » dans cette lettre, Bouthillier, en annon-
' Arch. des Aff. étr. Rome, tome LVI, cant à .M. de Noailles la déclaration de
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 703
Cependant le moment approchait où Richelieu allait enfin exécuter sa résolu-
tion de jeter la France dans la grande lutte de trente années et de faire aux Es-
jiagnols une guerre solennellement déclarée. \ous le voyons alors renouveler ses
tentatives pour la ligue d'Italie avec une persistance digne de son caractère et de
l'entreprise.
Dès le mois de février 1 635 M. de Bellièvre • fut envoyé vers les princes d'Italie;
les Mémoires de Richelieu^, l'Histoire de Louis Xill du P. Griffet', en parlant
de celte ambassade, ne font qu'une mention insignifiante de la ligue. Nous en
avons, à ce moment, donné quelques notions (t. IV, p. 665) que nous tâchons
d(î compléter ici. Il ne nous semble pas sans intérêt de présenter succinctement
l'ensemble des tentatives du cardinal pour constituer cette alliance qu'il avait
voulu former entre les princes d'Italie, avec le pape pour chef, et sous la pro-
tection de la France.
Prenant occasion d'un nouveau traité des Espagnols avec l'empereur, Riche-
lieu mande à notre ambassadeur à Rome de remettre sur le tapis la proposition
de ligue des princes d'Italie, faite naguère au pape par le maréchal de Créquy.
La lettre du secrétaire d'Etat des affaires étrangères Chavigni* concordant avec
la mission de M. de Bellièvre est pressante; on cède quelque chose au Saint-Père
sur une autre affaire qu'il avait à cœur. « Peut-être S. S'' se décidera à approuver
la ligue par la crainte des entreprises des Espagnols. » Mazarin fut encore con-
sulté et intervint dans ces négociations comme il l'avait déjà fait en i632. Un
traité fut conclu à Rivoli, le 1 1 juillet iG35^.
Malgré l'espérance que pouvait laisser concevoir une nouvelle dépêche de Cha-
vigni à M. de Noailles, du dernier juillet, quelques indices des mauvaises dis-
positions du pape à l'égard de la ligue ne tardent pas à se manifester; des menaces
du Saint-Siège contre le duc de Parme étaient alors un incident grave; le roi en
rérit aux ambassadeurs à Rome, le nlx août, une lettre inspirée par Richelieu :
« Ce fait touche si vivement S. M. qu'elle a creu estre obligée, pour en tesmoigner
guerre , dit que la rupture avec FEspagne et contraire aux plus simples notions do la
était faite contre le gré de S. M. justice de voir un roi président d'un Iri-
' Il était liis d'un président à mortier. bunal pour juger un de ses sujets.
Après avoir montré un véritable talent de ' Tome VIII, p. ayi.
négociateur dans plusieurs ambassades, il ' T. II, p. Sôg.
devint premier président du parlement ,' Arch. des AIT. étr. Rome.t. L.fol. 182
de Paris Un acte de courage civil recom- La dépêche est datée de Paris, le la mars
mande sa mémoire à l'estime des gens de iG35.
bien; ce fut lui qui, dans le procès du duc ' Voy. notre V* volume, pages io3-
de la Valette, osa, en présence de Riche- i i5, où nous indiquons les documents
lieu, représenter au roi qu'il était inouï concernant cette affaire.
704 LETTRES
son juste ressentiment, d'envoyer à Rome un ambassadeur extraordinaire pour,
conjoinctement avec les ambassadeurs, représenter à S. S'° les inconvéniens qui
pourroient arriver si S. S'° passoit plus outre en cette affaire i. »
En effet, Richelieu avait fait envoyer à Rome, en qualité d'ambassadeur extra-
ordinaire, son frère le cardinal de Lyon , lequel avait dû • faire de grandes plaintes
à S. S'* des offices qui estoient passés de sa part vers le duc de Parme pour le
dissuader d'entrer dans la ligue, que S. S'^ ne peut ignorer n'avoir autre fin que
la conservation des princes d'Italie que les Espagnols oppriment. »
Vers ce temps, un différend survenu entre le souverain pontife et la répu-
blique de Venise vint compliquer les difficultés ^.
Richelieu, pour tâcher d'en finir avec les refus persistants du pape, essaya
d'éveiller dans son esprit quelque inquiétude. Nous lisons dans un mémoire signé
du roi et contresigné Bouthillier, adressé aux ambassadeurs à Rome : « Il sera
bon que, sans rien exprimer, le pape conçoive que le roy se va mettre en estât
d(! porter les affaires à de plus grandes et dangereuses extrémités contre la mai-
son d'Autriche^. »
Cependant tout fut inutile; il fallut se résigner à n'avoir en Italie que des al-
liances particulières.
Toutefois, il faut tenir compte au cardinal de ses efforts pour réaliser cette
grande idée d'une forte confédération de plusieurs des Etats italiens, conception
d'une haute et sage politique, qui, sans constituer sur la frontière de France une
puissance formidable, mettait l'Italie à l'abri de ces dissensions intérieures et de
ces continuelles invasions dont elle avait été et fut depuis la victime.
CLXXX.
A M. DE FEUQUIÈRES.
[Mars i633.]
On a vu dans le IV° volume, page 426, une lettre où Richelieu annonçait au
chancelier de Suède la mission du marquis de Feuquières en Allemagne. Mais
nous n'avons eu que postérieurement à la publication de ce volume connais-
sance de quelques documents relatifs à l'ambassade de Feuquières. La lettre
précitée est datée du k février, et l'on peut lire, à la date du 3, dans le Recueil
' Arcli. des Aff. élr. Rome, tome L, ' fol. 8^4.) — ^ Mêmes archives, Rome,
fol. 307. tome L, fol. 333-329. Ce long et curieux
Lettre écrite au cardinal par M. de mémoire n'est ici qu'en copie; il est daté
Bellièvre, qui était alors auprès de la repu- du a 1 novembre i635.
bliquc (Arch. des Aff. élr. Venise, t 52,
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 705
des lettres inédiles de Feuqaières ^ plusieurs dépêches du roi aux généraux de l'ar-
mée suédoise Kniphausen et Gustave Horn ^ dont cet ambassadeur était porteur.
On lui remit aussi, avec ses instructions, diverses dépêches dont le dessus était
resté en blanc afin que, dans le cours de sa mission, il pût les adresser à ceux
qu'il jugerait à propos, dans l'intérêt de la négociation dont il était chargé. L'ins-
truction qui lui fut donnée se trouve dans le tome IX d'Allemagne , cotée pièce 4°
(arch. des APT. étr.). C'est une mise au net en tête de laquelle on a écrit, après
coup, la date du 6 février. Cette pièce, insérée dans les Mémoires de Bichelieu (t. VII ,
p. 278-291, édit. Pelitot), a été imprimée dans les Négociations du marquis de
Feuquières (Amsterdam, lyôS , t. I, p. 7-26), où elle p'orte la date du 3 février;
c'est la date véritable'. Feuquières rendit compte au roi le 5 mars de l'entrevue
qu'il eut à Wurtzbourg avec Oxenstiern; ce mémoire, que nous ne trouvons pas
manuscrit, est imprimé dans la même édition de 1758 (p. 3o).
Les manuscrits d'Allemagne nous donnent la réponse faite à cette communica-
tion de l'ambassadeur*. On y lit que» S. M. a considéré attentivement la proposition
que le s' Oxenstiern a faite au s' de Feuquières, et l'a jugée de grande impor-
tance. • Le grand chancelier de Suède aurait voulu ({ue la France fit immédiate-
ment une rupture ouverte avec l'Espagne, et pourtant ii ne se hasardait pas à pré-
.senter nettement une proposition que Richelieu n'accej)terait pas. La guerre contre
l'Espagne était bien certainement au fond de la pensée du cardinal, mais il en-
tendait i-ester maître du moment de la faire; il s'y préparait longuement avec
une patience et une maturité égales aux difficultés et aux périls de l'entreprise.
Dans le mémoire dressé pour répondre à Oxensliern, on insistait sur la nécessité
de resserrer l'union de la France et de la Suède dont la mort de Gustave- Adolphe
pouvait relâcher les liens; d'unir étroitement à la France et à la Suède les princes
d'Allemagne, qu'il fallait agrandir et fortifier et en faveur desquels Oxenstiern ne
paraissait pas très-bien disposé, les tenant peu favorables eux-mêmes aux pré-
tentions de la Suède; enfin d'incliner l'assemblée d'Heilbron à rechercher notre
alliance et celle des Hollandais en imposant aux confédérés la condition de ne faire
• jamais la paix l'un sans l'autre. Et en même temps il était recommandé à l'am-
' PubiiéparM.EtienneGallois,en i8AiJ- est écrit en latin. Il y en a une copie dans
' Une mission spéciale vers ce général ce même manuscrit, pièce ly".
fui alors confiée à M. de Miré. (Ci-après, * Tome X; minute, eu partie de la
aux Analyses, date du 1 1 février.) main du P. Joseph. A la marge : « Mémoire
' A la suite de cette pièce, notre nis. pour une dépesche à M. de Feuquières. •
en donne nne autre, cotée 5* : • Projet de La date nianque et on l'a classé au hasard
traitté avec les princes protestans d AI- dan» ce volume non coté après le 3 sep-
lemagne et les chefs suédois, pour joindre tembre i634. On voit que ce mémoire
a j'inslruciion de Feuquières. » Ce projel doit être du mois de mars i633.
ciknoiK or niCHEi.iF.r — vii. 89
706
LETTRES
bassadeur de jXHter tout doucement Oxenstiern « à nous presser de rompre avec
l'Espagne pour l'obliger à nous proposer des avantages à cette fin. » Nous ne don-
nons que cet extrait du mémoire fait par ordre de Richelieu et qui a passé sous
ses yeux, puisque nous y remarquons quelques mots de son écriture, mais que
nous croyons l'œuvre du P. Joseph.
La mission de Feuquiéres était à ce moment d'une haute iniportanc(; pour les
afTaires d'Allemagne. Les princes de la ligue protestante allaient se rassembler a
Heilbron et c'était, pour la politique de la France, un point capital de maintenir
leur union avec la Suède. Feuquières, arrivé à Heilbron le i3 mars, n'en partit
que le 27 avril, après la clôture de l'assemblée '. 11 avait j)uissamment contribué
à faire adopter des résolutions conformes aux intérêts communs^. En même temps
que la France consolidait, contre l'Autriche, l'union intime d'une partie des
princes d'Allemagne avec la Suède, elle sauvait de l'invasion suédoise l'électeur
de Trêves, qui, dej)uis quelque temps, j)our se soustraire à la domination impé-
riale, avait mis ses États sous la protection de la France.
Richelieu, voyant approcher le moment où il avait résolu d'engager sérieuse-
ment le royaume dans cette grande lutte de la guerre de Trente ans, redoublait
d'efforts pour maintenir notre influence de ce côté, et c'est à ce moment qu'il
écrivait à Léon Bouthillier : « Si on ne pourvoit à l'argent nécessaire pour Coblentz ,
Ermestein et Trêves, il est impossible d'empescher que tout n'aille à l'abandon-^. »
M. de Feuquières fut de nouveau envoyé au delà du Rhin l'aimée suivante.
' Le traité d'Heilbron esl conservé aux
AfF. étr. dans le tome IX d" .Allemagne,
pièce 26 , aS/i 3 avril , ainsi qu'un mémoire
adressé à Feuquières sur un projet « baillé
par Oxenstiern » (pièce 3i). — Il faut lire
aux mêmes arcliives (Suède, t. III, fol. i 43)
un long mémoire également adressé 0 Feu-
quières, le 17 mai , où le roi demande ex-
pressément (1 que les princes et les villes qui
ont intervenu à Heilbron subsignent led.
traité. » La France insistait sur ce point;
dans une inslruction donnée le 16 à un
autre plénipotentiaire employé en Alle-
magne, le sieur de la Grange aux Omies,
nou.s trouvons In même recommandation :
" Porter les proteslans à signer le traité
entre le roi et le chancelier Oxenstiern à
Heilbron.» (Pièce ()5 du tome IX d'Alle-
magne précité.) Citons encore un autre
mémoire, daté du 22 août, où Feuquières
expose au roi la suite des affaires depuis
le Iraité d'Heilbron. (T. IX d'Allemagne,
pièce 70 ) Ce mémoire a été imprimé dans
les Lettres et négociations Je Feuquières,
t. H , pages 34-78.
^ Voyez L. Ranke, Histoire de France,
t. III, p, 273 de la traduction française.
Paris, i8d6.
' Lettre du 20 avril i633, notre t. IV,
p. 455. Les trois villes ici nommées étaient
les principaux points de l'électoral de
Trêves. Ermestein est celle forteresse ré-
putée presque imprenable alors, bâtie sur
le Rhin en face de Coblentz, nommée de-
puis Ehrenbreitstein (Voy. aussi le Nota,
p. 471 du ''1' volume précité.)
DU CARDINAL DE RICHELIEL.
707
Le touie X d'Allemagne, aux AfTaires étrangères, est rempli de pièces relatives à
cette nouvelle mission ; peu de ces pièces appartiennent en propre à Richelieu , et
nous les avons données dans notre quatrième volume'. Parmi les autres, nous
en indiquerons seulement quelques-unes : l'instruction donnée pour cette nou-
velle mission, le i" février (foi. lo); une lettre touchant l'assemblée des princes
et Ktats é\angéliques d'Allemagne réunie à Francfort (fol. ijg). Le cardinal se
préoccupait vivement des débats de cette assemblée, et nous devons noter une
pièce importante que nous trouvons à la date du 2 i juin dans notre manuscrit :
«Propositions faites, de la part de Louis XID, par le sieur de Feuquières à l'as-
semblée des quatre cercles de la province électorale du Rhin (fol. 1 1 2-1 36). » —
L'homme auquel Feuquières avait affaire dans cette mission exerçait sa patience
et son adresse; Oxenstiern avait grand besoin de la France, mais il se défiait du
cardinal; il i-edoutait l'ambition et les ruses de sa politique, et les soupçons qui
l'obsédaient faisaient naître de continuelles difficultés. Heureusement Feuquières
était un négociateur d'une éminente capacité, qui sentait ses avantages et savait
en profiter. - — La bataille de Nordiingue, perdue le 6 septembre par un général
habile et presque toujours heureux, le duc Bernard de Weymar, fut un de ces
accidents capables de compromettre une grande cause, mais auxquels Richelieu
savait faire tête. Aussitôt une ample dépêche est expédiée à Feuquières *; le roi
fait offrir aux princes allemands des secours sans lesquels tout peut-être était
perdu. • Cette déroule a tellement étonné tous les confédérés que , sans cette
espérance, ils se seroient accommodés avec les ennemis de la France,» écrivait
Feuquières à M. d'Avaux, ambassadeur en Danemark.
On peut lire dans notre quatrième volume, pages 607-6 17, plusieurs mémoires
adressés au roi par le cardinal pour rassurer S. M. sur l'état des affaires d'Alle-
magne. Néanmoins Richelieu ne s'endormait pas. Nous avons trouvé, dans ce
X" volume d'Allemagne, à la date du 1" octobre, un mémoire de dépêches à faire,
écrit de la main de CheiTé et que le cardinal envoyait au secrétaire d'Etat de la
guerre Servien, pour donnera chacun des ordres afin de pourvoir partout aux
difficultés du moment '.
' Pages bhlt, r)85, 589. 6o5.
" Tome X d'Allemagne, fol. ay/J-aSS.
C'est une mise au nel dont la moitié est
érrite de la main attribuée au P. Joseph.
Richelieu fit a celte dépèche une addi-
tion que nous avons donnée, tome IV,
p. 608.
' Notre quatrième volume, page 618.
89.
■os LETTRES
CLXXXf.
NOTA.
Arch. des Aff. éti'. Mantouc, t. 4, pièces 217, 222, 22 3, 227-230. 237, 289. —
Minutes et copies.
Juillet-août i633.
Un des incidents considérables de ia guerre de Trente ans, c'est l'affaire de la
succession de Mantoue, et nous avons à noter ici quelques lettres qui se rap-
portent à l'année i633. Ces lettres, nous ne croyons pas que Richelieu les ait
dictées, mais il est impossible qu'il n'en ait pas donné la pensée principale, et
nous allons tâcher de la conserver dans la mention que nous ferons de ces dé-
pèches. Quant à la forme, elle doit appartenir à Servien ^, qui les a écrites de sa
main. 11 était alors secrétaire d'Etat de la guerre, et il avait rempli récemment
en Italie une mission qui lui avait donné la pleine intelligence des affaires du
duché.
On sait que la succession directe des souverains de la maison de Gonzague fut
interrompue à la mort de Vincent II, qui régna après ses deux frères, Fran-
çois IV et Ferdinand. Nous avons dit (t. V, p. 874) que la fille de François IV,
nièce de Vincent, épousa, presque au moment de la mort du duc régnant, son
oncle le duc de Rethel , fils du duc de Nevers , Charles de Gonzague , le plus proche
héritier dans la ligne masculine. Les Espagnols voulurent profiter de cette interrup-
tion dans la succession directe pour donner le duché à une de leurs créatures, le
duc deGuastalla , aussi de la famille de Gonzague, mais parent plus éloigné. Riche-
lieu n'était pas homme à laisser perdre cette occasion de placer un prince attaché
à la France sur ce petit trône d'Italie, surtout lorsqu'il trouvait d'accoixl le droit
et l'intérêt politique de la monarchie. Il conseilla donc au roi de prendre en
main la cause du duc de Nevers, et, après une lutte de trois années, l'empereur
fut forcé de reconnaître ce prince pour duc de Mantoue à la diète de Ratisbonne.
(Octobre i63o.)
Mais si ce nouveau duc était porté d'inclination vers la France, la famille des
ducs anciens était restée espagnole de cœur. Marguerite , veuve de François IV et
mère de la jeune duchesse de Rethel, n'oubliait pas son origine; petite-fille de
Philippe II, elle avait eu pour père Charles -Emmanuel et elle était parvenue à
inspirer à sa fille leur haine héréditaire.
' Richelieu a souvent dicté des lettres nail d'entrer comme secrétaire d'Etal; mais
.1UX secrétaires d'Etat, à do Noyers , à Bou- Servien était un homme à l'habileté de qui
thillier et même à Chavigiii , qu'il avait tout Richelieu pouvait se fier,
jeune initié aux grandes aflaires, où il ve-
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 709
Le 28 juillet, la princesse de Mantoue, clans un conseil qu'elle tint et auquel
assistaient les ministres du duché , lut un acte écrit et signé de sa main *, où elle
déclarait qu'atteignant dans deux jours sa vingt-cinquième année, elle révoquait
ce qu'elle jwuvait avoir fait et signé, ou pourrait faire et signer à l'avenir préjudi-
ciant à ses droits sur le Mantonan et le Montferrat.
Sur les représentations que fit M. de la Tour à la princesse et à sa mère, celle-
ci, le prenant de haut, dit à l'envoyé de France : «Qu'elles n'estoient pas ca-
pables de faire comme la reine mère, ny comme M. le duc d'Orléans, qu'ils
avoient esté mal conseillez et qu'elles estoient de celles qui sçavoient bien que qui
quittoit la partie la perdoit, et qu'enfin elle estoit fille de Carlo Emmanuel et
qu'elle ne s'estonnoit pas pour le bruit. »
En même temps on apprenait que les Espagnols faisaient avancer un corps de
cavalerie sur la frontière du (jrémonois.
Le duc voyait son autorité compromise par le crédit de ces princesses; ses en-
nemis étaient proches et armés; il se croit obligé de leur céder en apparence, et,
dépendant, il se hâte d'écrire au cardinal :
« Comme les conseils dont il plaira au roy de m'honorer, dit le duc, me seront
tousjours lois très expresses aussy ay-je estimé à propos de luy envoyer le
s'' Baillot, présent porteur, l'un de mes secrettères '•', pour luy faire entendre qu'il
se présente une occasion assés favorable pour commancer à les exécuter,» et il
prie le cardinal de lui prêter son appui près du roi; il invoque « In bonté et la
générosité de S. Em. dont, ajoute-t-il, j'ay receu des effets en tant d'occasions. •
La lettre du duc est datée du i" août'.
Hichelieu n'avait pas besoin d'être fort excité à prendre vigoureusement en
main la cause du duc contre les princesses alliées des Espagnols , et il fit aussitôt
écrire par le roi plusieurs dépêches*.
' 11 est rédige en italien; il y en a deux chelieu, t. VI, p. 796-806. Dans fédilion
copies dans le nis. de Mantoue, tome IV. de Petitol, t. VH, p. /igô-ôoa.)
pièces 3i5 bis et 287. ' Arch. des AIT. ètr. Mantoue, t. IV,
' Le cardinal recul du sieur Baillot un pièce 217, autographe,
récit de tonte l'afTaire; ce récit est con- * Je trouve un feuillet (2 28), écrit d'une
serve dans notre nis. de Mantoue (pièce main que je ne connais pas, se rapportant
289), mais arrangé dans le cabinet de Ri- à cette affaire, où il est dit : «On croit
chelieu, écrit de la main de Cherré, et en- qu'il seroit à propos d'escrire trois lettres. »
suite mi» par le secrétaire des Mémoires Et celui qui donne ce conseil trace en peu
dans la forme accoutumée pour y être in- de mots l'idée principale des deux lettres
séré, et nous l'y trouvons en effet, suivi qui ensuite furent, ainsi qu'on va voir,
de l'analyse des diverses pièces que nous écrites par Servien. La troisième lettre in-
indiquons ici. (Mémoires manuscrits de Ri- diquée dans ce feuillet devait être à l'adresse
710 LETTliES
Au duc, le roi représente la nécessité de réprimer promptement les mau-
vais desseins formés contre lui et sa maison : « Ce que vous aurés à faire de plus
pressé est de mettre Tinfante Marguerite hors de voz estats de Mantoue et du
Montferrat Ny moy, ny tous les princes intéressez avec vous, ne sçanroient
estre en asseurance tant quelle seroit près de vous. Je suis bien marry, Taymant
comme j'ay tousjours fait, d'estre obligé de vous donner ce conseil, qui peut-être
d'abord ne luy sera pas agréable; mais je m'asseure qu'après ce qui s'est passé
elle-mesme jugera bien qu'elle doit cela au repos de vostre maison ' ■
A la princesse Marguerite, Louis XIII écrit : «L'acte que ma cousine la prin-
cesse de Mantoue a esté conseillée de faire est capable, si on n'y aporte quelque
tempérament, de remettre en confusion toutes les affaires de cette maison. . . Je ne
doubte point que, recognoissant que vostre séjour dans Mantoue ne peut qu'alté-
rer les espritz . . . vous ne ferés point de difficulté de vous retirer, pour quelque
temps, dans une de vos maisons, hors de lad. ville; » et le roi lui fait entendre
que, si elle ne se prêtait de bonne grâce à cet éloignement, il se verrait obligé de
l'y faire contraindre.
A la princesse de Mantoue, le roi explique les conséquences funestes de l'acte
qu'on lui a fait faire; elle s'associe parla à ceux •■ qui ont de tout temps conjuré
la ruyne de sa maison. . . tant de fois envaliy les estats de mon cousin le duc de
.Mantoue. . . et saccagé sa ville capitale. . . Pour moy qui ay tousjours eu autant
de soin de vos affaires que des miennes propres. . . je puis prétendre un crédit
plus légitime sur vostre esprit. « S. M. finit en priant la princesse « de faire con-
sidération sur ce que luy représentera le s' de la Tour^. »
Envoyant ces diverses lettres au chargé des affaires de France à Mantoue , le roi
lui trace, dans une instruction, la conduite et le langage qu'il doit tenir' dans
une affaire de telle importance: « En semblables occasions, il faut user d'une pré-
voyance et diligence extraordinaires. . . Toute cette pratique a esté conduite par
l'entremise de l'infante Marguerite, il faut qu elle sorte de Mantoue et surtout
qu'elle n'aille point s'établir à Casai.. . Cela estant fait, il ne faut rien oublier
pour tascher à descouvrir toutes les particularités des desseins que l'on peut avoir
du tluc de Savoie, auquel on manderait : ' Minute delà main de Servien,p. aaa.
«Qu'un plus long séjour de l'infante, sa Deux copies se trouvent dans le même ma-
sœur, à Mantoue pourroit apporter quel- nuscrit.
que divorce dans cette maison-là , et qu'on ' Minute de la main de Servien , p. aSo.
le prie de la persuader, comme S. M. croit ' Minutede la main de Servien , p. 237.
qu'il le fera volontiers.» Je ne trouve ni Deux copies sont dans ce manuscrit, et
minute, ni copie de cette troisième lettre: l'on en conserve une autre au Dépôt de la
je ne sais si elle a été écrite, ni quel est guerre, t. Xld, pièce i3.
celui qui donnait ce conseil.
DU CARDINAL DE RICHELIEU, 711
eus. . . Le duc ne doit point diflërer de mettre entre les mains de la justice le
secrétaire de l'Infante, afin de cognoistre par luy les personnes qui ont eu part à
une action de telle importance . . . user de toute la rigueur des loix contre les mi-
nistres qui ont signe Tacte. ■ Toutefois le roi permet quelque indulgence « envers
ceux qui auroient adhéré par une simple facilité et non par malice. . . Il faut
en même temps ne rien oublier pour regagner fesprit de la princesse en taschant
de luy faire comprendre que c'est dans son intérêt qu'on use de sévérité à l'égard
des ennemis de sa maison. » L'instruction ajoute que les ménagements conseillés
pour adoucir l'humeur aigrie de la princesse ne doivent pas empescher de prendre
gardp à ses actions, ni de veiller sur la personne du petit prince, sur laquelle il
ne faut point douter que, voyant le premier coup failly, on ne tasche de faire
(|uelque entreprise.. . U faut aussi redoubler de soins pour la garde et la seureté
de la ville de Mantoue et, au cas que la garnison ne soit suffisante, escrire au s' de
la Thuillerie, lequel a ordre de S. M. ' de faire tous les offices nécessaires auprès
de la rép. de Venise. . . afin «[u'elle ne refuse pas le secours qui seroit nécessaire
pour prévenir l'efléct de desseins qui ne luy seroieni guère moins pn'judiciubles
qu'au duc de Mantoue. »
« S. M. ne peut assez sestonner de ce que le duc de Mantoue diffère le chasti-
ment de Saint -Vincent, s'il est vray qu'il ayt intelligence avec les Espagnols, et
qu'on layt trouvé muni d'un chiffre avec eux. . . si c'est à cause qu'il est sujet de
S. M. , comme elle croit que les traistres sont indignes de porter ce nom et que
l'on ne sçauroit offrir une victime plus agréable à Dieu, ny plus nécessaire pour
la seureté des bons, qu'un mescliant homme, elle aura très agréable qu'on luy
fasse souffrir la punition qu'il se trouvera avoir méritée , et mesme elle le désire. . . ■•
" Fait à Monceaux, le 16 aoust 1633. »
Dans une lettre jointe à cette instruction, le loi dit à M. de la Tour qu'il lui
envoie, tout ouverte, sa lettre à la princesse, afin qu'il sache dans quel sens il
lui doit parler; ■ surtout il faut luy faire bien entendre combien il importe que
l'affaire se termine amiablement. . . autrement il .seroit à craindre que ce dif-
férend, estant démesié avec aigreur.. . n'atlirasl de nouveaux' malheurs dans
La lettre du roi à M. de U Tliuillerie il est pour la république de Venise elle-
L'st conservée ici, en minute, de la main même, aussi bien que pour la cause com-
de Scrvien (sans date, pièoe 229). Le roi mune, qu'elle assiste de troupes le duc de
lui envoie copie du mémoire adressé à Mantoue. (On a vu que M. de la Thuillerie
M. de In Tour, par lequel il sera instruit était ambassadeur de France auprès de la
de l'état des choses, et S. M. lui donne République.)
ordre de représenter de quelle importance
712 LETTRES
leur maison.. . le roy iuy promet son entremise auprès du duc, si elle avait
avec Iuy quelque difficulté pour ses prétentions. . . » (Pièce 22/4.)
ANINEE 1634.
CLXXXll.
[Conimeiicement de janvier r63/i.]
Une des principales affaires de Richelieu au commencement de celte année,
relie dont il s'occupa avec plus d'ardeur et avec une sorte de passion, ce fut le
mariage clandestin de Monsieur avec la sœur du duc de Lorraine. Cet attentat
contre les lois du royaume et surtout contre la dignité du roi, dont on avait ma-
rié le frère sans le consentement de S. M., excitait l'indignation du cardinal et lui
inspira la patriotique pensée de faire tourner le châtiment du duc à la grandeur
et à la sécurité de la France. On a vu, dans notre quatrième volume, à cette date
de janvier i63/i, la mission de M. de Brassac, dont l'objet occulte était de recher-
cher tous les moyens de nullité du mariage de Gaston. Mais faire casser ce ma-
riage n'était pour le cardinal qu'une satisfaction secondaire, et l'acquisition d'une
bonne part du duché de Lorraine était le but réel qu'il se proposait. Il résolut
de transformer en une frontière formidable pour le royaume ce petit Etat qu'un
prince turbulent, un vassal indocile, offrait comme un asile à tous les artisans
de complots, à tous les sujets factieux, et comme un passage pei"pétuellement ou
vert aux ennemis extérieurs de la France.
On a déjà vu naître cette pensée de Richelieu, on la verra se développer peu
à peu.
Nous trouvons, à ce moment, dans les manuscrits de Lorraine, une pièce sans
date, mais du commencement de janvier, et qui est, comme le thème de l'instruc-
tion précitée de M. de Brassac, écrite en partie de la main du secrétaire auquel
Richelieu dictait les lettres qu'il écrivait la nuit; elle est terminée par ces lignes
de la main du cardinal :
« Faire tout ce qu'il pourra pour faire revenir M"" la princesse Mai^uerite, et la
mettre entre les mains du roy où elle sera bien traittée. «
«Cilo cito expediaUir '. »
Ricbelieu avait affaire, dans ces négociations, à un prince aussi fourbe que légej-,
et dont il était difficile de pénétrer la pensée et de prévoir les résolutions. Aussi,
' Arch. des Aff. élr. Lorraine, t. XIV, ici. 29
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 713
recommandait-il à ses agents d'user, en traitant avec lui, de dissimulation et de
ruses. Au moment où le duc s'apprêtait à tromper Richelieu, celui-ci écrivait à
M. de Brassac : « M. de Lorraine a tesmoigné vouloir se porter à donner conten-
tement au roy ^ . . » Mais en même temps Richelieu , qui ne se laissait pas prendre
à ces semblants, s'efforce d'inspirer la défiance à M. de Brassac; il insiste sur la
nécessité d'agir par surprise, de tirer certains .aveux du duc en présence de
témoins, de tâcher de le faire écrire au roi en un certain sens, de l'attirer dans
quelque piège, enfin de mettre ici « toute sa prudence et dextérité. » Nous ne faisons
qu'indiquer cette lettre qui reproduit, en les abrégeant, les recommandations de
l'instniction que nous avons donnée tome IV, page 5 12.
A huit jours de là, le duc avait joué cette comédie de la cession de ses Ktats
à son frère, et il s'était retiré avec ses troupes parmi les ennemis de la France.
Kt de ce moment Richelieu fait étudier par les historiographes et les publicistes
les droits du roi sur le Barrois et les autres États du duc. Les manuscrits de Lor-
raine de l'an i634 , aux Affaires étrangères, sont remplis de ces travaux :
' Mémoire portant que !e roy peut retenir ce qu'il jiossède des duchés de Lor-
raine et de Bar, veu les dommages causés à la France par les hostilités du duc. •
(Tome XV, fol. 4 10-419.]
« Droits de feudalité du roy sur la Lorraine et Bar. • (Deux mémoires, fol. 448-
453.)
« Sur les tiltres de Nancy et sur la vérification du testament du duc René. •
(Fol. 3 13-327.)
Inventaire des tiltres de Lorraine, par Godefroy. Même vol. fol. 261 , 524, 692.
On a écrit sur la marçe : • Transporter au Trésor des chartes, à Paris. »
CI.XXXIII.
Arch. des Aff. élr. France, t. jit- — Autographe. —
A la fin de ce volume 74 on a mis plu.sieurs pièces sans date et non cotées;
celle-ci est la première.
SUSCBIPTION:
A. M. BOUTHILLIER,
[Vers la fin (le janvier i634.]
Paucis le convenire cupio. Pater adoiescentulœ de cujus nuptiis agi-
' Arch. des AIT. étr. Lorraine, t. XIV, * Vincennes. La suscription est fort lisi-
10 janvier. blement écrite; celle orthographe est-elle
CABDIH. DE RICHEUCC. VU. QO
714
LETTRES
tnr, mecuin egit ita ut melius oplari non possit. Videor enim miKi
matrem aiidire qnaernlam quasi filiae grandis fiât injuria. ^Cquo animo
une gaieté de Richelieu sur celte prison
(l'Etat? Il est tout à fait dans la tournure
de son esprit et dans les habitudes de son
langage d'appeler maison sanitaire une pri-
son de correction. Ce jeu de mots s'accorde
d'ailleurs très-bien avec la plaisanterie nar-
quoise de la lettre. Parmi les prisonniers
d'Etat, dont la liste est longue sous ce
règne, le plus grand nombre fut séquestré
uniquement parce qu'ils professaient des
opinions malsaines dont Richelieu crai-
gnait la contagion; il 'e disait lui-même
sans nul détour. Ainsi le comte de Cramail
fut, en ce temps-là, mis à la Bastille, non
qu'il eût commis quelque crime ou quelque
délit, mais par cette seule raison que c'était
un homme incommode, «un mauvais su-
jet, qu il était dangereux d'employer en
. province , ou de laisser libre à Paris. . .
hormis la liberté, ajoute le cardinal, il
eut à la Bastille le meilleur traitement qu'il
pouvait désirer. • (Mém. de Rich. t. VIII,
p. 397 et /lag. ) Vers la même époque, un
autre personnage considérable, Puylau-
rens,fut conduit à Vincennes. Celui-là était
un seigneur qui menait aussi une très-mau-
vaise vie politique, quoique le cardinal lui
eût donné en mariage une de ses cousines.
Etre en mauvais air est une des expressions
dont se sert volontiers Richelieu à l'égard
de ceux qui fréquentaient les mécontents,
et nous la trouvons écrite de sa main dans
une lettre adressée à ce même Puyiaurens
peu de temps après celui où dut être
écrite la présente lettre. (Notre tome IV,
624.) — Ce mariage projeté dans la famille
du cardinal , dont Riciielieu semble se
moquer lui-même et où il appareille dans
une piquante ironie la hosse du prétendu
et la beauté de la future, c'est le mariage
de son cousin, le marquis de Coislin, avec
Madeleine Séguier. On a pu lire dans notre
quatrième volume, pages ho'] et Bog, deux
lettres de Richelieu au sujet de cette
union. Le contrat fut signé le b février
1634. La mère de la fiancée, qui, parait-
il, trouvait cette alliance peu digne de
sa famille, se nommait Madeleine Fabrv;
son père, Jean Fabry, seigneur de Cham-
pauzé, était trésorier de l'extraordinaire
des guerres. Le cardinal s'amuse de cette
vanité des Fabry, en faisant plaisamment
marcher cette petite noblesse financière
avant celle des Richelieu. — C'est par Tal-
leiuant des Réaux que nous avons connu
la bosse du jeune homme : » Le marquis de
Coishn autre bossu , » dit-il dans son histo-
riette de la Meilleraie. Pour la beauté de
la demoiselle, nous nous en rapportons à
RicheUeu. Au reste, la bosse du marquis
de Coislin ne l'empêchait pas de se battre
vaillamment. Après s'être distingué dans
plusieurs combats, il mourut en 16/ii de
blessures reçues au siège d'Aire, ainsi que
nous l'avons dit , loc. cit. Quant au Révérend
Robert, c'est sans nul doute Arnauld d'An-
dilly , dont le prénom était Robert. Le cardi-
nal ,qui appréciait son mérite , lui témoigna
de bonne heure une grande bienveillance. .
malgré ses liaisons intimes avec Du Verger
de Hauranne et tout Port-Royal. D'Andilly
se croyait en ce moment un peu oublié de
l'Eminence. C'est de lui-même que nous
apprenons la solitude où il vivait alors
retiré. «J'étais à Pomponne, où je passais
avec ma famille et avec mes livres une
DU CARDIiNAL DE RICHELIEU. 715
omnia pendo. Richeliorum et Fabriciorum familise pari passu anibulare
non possimt, possiint tamen gibbus adolescentis et forma juvenculae
nostrse. ^ '.
Keverendi Koberti nostri reditum peropto; si lamen spiritu divino
afflante afio vocetur, non repngno. ^.
CLXXXIV.
Arcli. des Aff. élr. Lorraine, t. XIV. fol. 2.S7. -
De 11 iii;tiii (lu secrétaire de nuit.
[li février i634.]
Le s' Espenan dist hier que le mariage du cardinal de Lorraine a
esté faicl sans dispense^. Que la princesse Claude avoit en cette con-
partie de l'année dans une grande tranquil-
lité. {Mém. p. 38, éd. Petilot.) C'est là que
Richelieu vint le chercher quelques moi.s
plus tard lorsqu'il eut besoin de lui pour
organiser finlendance de l'armée d'Alle-
magne. — En tête de cet aut"graphe une
main étrangère a mis 1 635 , et on l'a classé
à cette date; les circonstances que nous
venons de noter indiquent clairement la
lin de janvier i634. Remarquons que le
P. Anselme, après avoir donné au tome IV,
pour la date du contrat du marquis de
Coislin, le a5 janvier, dit le 5 février au
tome VI; il varie aussi sur le prénom :
.Marie à une place, Madeleine à l'autre.
— Nous avons déjà dit que le gouverne-
ment deVincennes avait été donné à Cha-
vigni en juillet i633.
' Voyez, dans notre V' volume , p. 255 ,
une lettre du a3 septembre, adressée à
Chavigni, où Richelieu indique ce carac-
tère comme un signe que la lettre doit
rester secrète. Voyez aussi, page 35a, la
note d'une autre lettre de même date: à
ce moment Chavigni ne cessait d'avertir
le cardinal que le comte de Cramail obsé-
dait le roi de mauvais conseils.
' Il y avait eu récemment quelques
pourparlers d'un mariagedu cardinal Fran-
çois de Lorraine avec M"' de Combalet.
Richelieu accueillit la proposition avec
une certaine froideur, et quelle que fût sa
véritable raison , il donna à ses refus des
motifs de délicatesse qui se trouvent consi-
gnés dans ses Mémoires (t. VII, /ji5). Les
relations entre la France et la Lorraine se
brouillaient d'ailleurs de plus en plus, et
la nièce de Richelieu, resta M"" de Com-
balet, en attendant qu'elle devint duchesse
d'Aiguillon. Le duc de Lorraine, à bout
d'expédients dans sa lutte contre la France,
imagina de faire an cardinal François,
son frère, une cession simulée de ses Etals
( l'acte du 1 9 janvier à Mirecourt se trouve ,
en double, aux Aff. élr. Lorraine, t. XIV,
fol. 93) , et de le marier à leur jeune cou-
sine, Claude de Lorraine, sœur de sa
femme Nicole, et qui, attendu la stérilité
90.
716
LETTRES
sidération fort pleuré, et eu si grande peine à se résoudre, que il avoit
fallu luy faire venir trois prestres pour luy persuader que, non obstant
de celle-ci , était hérilière présomptive du
duché. Cette union dérangeait les desseins
secrets de Richelieu, qui, d'ailleurs, avait
imaginé d'avoir en France les deux prin-
cesses. Le a5 janvier, il envoyait à M. de
Brassac une dépêche accompagnée d'un
mémoire * relatif, à cette aflairc , et le 8 fé-
vrier, il lui écrivait : a de recevoir M"" de
Lorraine et sa sœur et les porter, autant
qu'il pourra, à leur faire prendre cette ré-
solution". » Cependant le 19 du même
mois M. de Brassac annonçait le mariage
de la princesse Claude. C'est nécessaire-
ment avant la réception de la dépêche de
M. de Brassac qu'il faut placer une lettre
que Richelieu eut l'idée de faire écrire au
roi par la duchesse Nicole et dont il avait
dicté le modèle : «Sire, ayant desjà plu-
sieurs fois supplié V. M. d'interposer son
authorité pour me tirer du misérable estât
où je me vois réduite , dans l'appréhension
que j'avois que Mons' mon mari ne m'em-
menast avec luy hors de mon pays pour
me forcer à faire des choses contre ma vo-
lonté Je conjure V. M. de donner
ordre à ceux qui commandent ses armes
dans la Lorraine, de me recevoir et proté-
ger en son nom, pour que je ne sois pas
violentée à me démettre du droit que j'ay
• Lorraine, t. XIV, fol. 126. Minute de la main
de Charpentier, de celle de Chavigni et d'un seeré-
taire des Affaires étrangères , lesquels ont successive-
ment tenu la plume. Au fol. i2lt se trouve une dé-
p^he conforme au mémoire; et, au fol. 128, une
simple lettre d'envoi de Chavigni.
" Lorraine, t. XIV, foi. 1 yi. Aux Analyses, à la
date du 8 février.
*** La lettre de M. de Brassac, du 19 février, que
nous citions tout à fheure, dément cette plainte de
sur cet estât. . . entre les mains de Ma-
dame la princesse Claude , ma sœur, pour
faciliter son mariage avec M. le cardinal de
Lorraine *" . . . » Cette singulière letlre ,
écrite de la main de Chavigni '"*, n'a sans
doute pas été envoyée ; tout en exprimant
en partie les sentiments de Nicole, elle en
faussait ou exagérait l'expression, et la du-
chesse n'etit certainement pas voulu l'écrire
en ces termes. Blessée des infidélités con-
jugales d'un époux auquel elle gardait sa
foi et qui ne régnait que par son mariage ,
car c'était la princesse qui était l'héritière
légitime du feu duc, son père, elle sentait
celte plaie du cœur encore irritée par les
violences dont le duc usait envers elle,
dans 1 appréhension qu'elle ne fit valoir des
droits qu'il lui contestait; elle n'était pour-
tant pas encore décidée à en venir à cette
extrémité. Et puis la princesse Claude,
as.seï brusquement mariée à son cousin,
contribua à l'ébranler dans sa résolution.
— Il faut ici dire un mot des circonstances
assez singulières de ce mariage. Le cardi-
nal de Lorraine n'était pas engagé dans les
ordres, mais néanmoins il lui fallait une
dispense du pape et aussi une dispense
des bans; celle-ci, il se la donna lui-même
en sa qualité d'évêque de Toul , sur l'avis
Nicole contre sa sœur que Richelieu voulait lui faire
écrire. « Depuis le mariage de Madame Claude , mande
M. de Brassac, la duchesse refuse absolument de la
quittiT et ne veut plus entendre parler de voyage a
Paris qu'elle pressoit trois jours auparavant , elle est
du tout sous le joug de sa sœur.» {AIT. étrang. Lor-
raine, t. XIV, p* 206.)
*"' Minute. Lorraine, l. XIII, fol. 7j4. Mal clas-
sée en 1 633 parmi plusieurs pièces sans date.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 717
le manque de dispense, le salut de Testât requéroit qu'elle passast
outre.
de deux ecclésiasliques qu'il consulta pour
la forme. Et le jourmême, ig février, la
bénédiclion nuptiale leur fut donnée à Lii-
néville. Les scrupules religieux de la jeune
épouse , qui voulait rester séparée de son
mari jusqu'à l'arrivée de la dispense de
Rome , furent vaincus par la nécessité po-
litique , et elle se laissa persuader aux rai-
sonnements du prince, qui lui fit entendre
que le salut de la maison de Lorraine dé-
pendait de la consommation du mariage ,
seul moyen de déjouer les pratiques du
cardinal de Richelieu et d'éviter la violence
qu'il méditait contre eux. Le cardinal eut
d'abord la pensée de faire casser ce ma-
riage , canoniquemenl peu régulier ; il com-
mença par donner l'ordre au gouverneur
de Nancy de faire arrêter les deux époux,
puis, revenant sur cette première résolu-
tion, il se contenta d'une séparation en
prescrivant de retenir seulement la prin-
cesse Claude; enfin il comprit l'inutilité
de ces violences et fit écrire le a. avril
par Ckavigni' à M. de Brassac : «Le roy
pense qu'on pourroit trouver estrange
qu'on séparast le cardinal de Lorraine de
sa femme-, il faut les labser à Nancy en-
core quelque temps pour laisser un peu
amortir celte furieuse passion qu'ils ont
l'un pour l'autre Vous continuerez
fousjours à garder la princesse pour qu'elle
ne s'escliappe pas . . . • — Quant à la du-
* Tome XIV, fol. 3io. C'esl une léponsc à trois
lettre» ([ue M. de Brassac avait adressées » Cha-
Wgni les lo, i3 et 30 mars. La lettre n'est donc pas
du cardinal, cooime l'a cru M. d'IIaussonville (t. 1,
p. !ti^ de V Histoire de la rèunionde la Lorraine), Cha-
vigni d'ailleurs a mis Monsieur bors ligne, ce qae le
cant . ne faisait jamais , même pour le prince de Condé.
cliesse Nicolle, ce fut seulement quelques
mois après qu'elle reprit le dessein de se
réfugier en France; elle arriva à Paris le
7 mai, et l'on peut lire dans le Mercure
françois le récit de la solennelle réception
que le roi lui fit faire*". Nous avons un
mémoire du cardinal à Louis XIII, oii sont
exposées diverses demandes faites par la
duchesse , et les réponses écrites , de la main
du roi , en marge de ce mémoire montrent
l'empressement avec lequel S. M. satisfait
aux désirs de la princesse soit pour les
personnes qu'elle recommande, soit pour
son habitation à l'hôtel de Lorraine , ([u'il
faut réparer, ou à l'hôtel de Nevers * * *.
Toutefois l'accueil fait à la duchesse de
Lorraine ne la consolait guère de ses mal-
heurs el de la fausse position où elle était
placée. Cette fuite de la duchesse fut blâ-
mée de plusieurs; Claude lui écrivait le
9 juin : « Je ne puis m'empescher d'adver-
tir V. A. des discours qui se tierment par
toute l'Italie à son préjudice "". » Nicole
repousse avec indignation ces calomnies :
« Je ne sçaurois m'imaginer, écril-elle, que
M. le ciird. de Richelieu trcnipast en une
action si noire, et qu'il voulust ternir en
cette sorte la gloire qui luy a tant cousté
à acquérir. • La jwuvre princesse termine
par ces mots d'une mélancolique et pieuse
résignation : « Il faut aller jusques au bout
et souffrir tant qu'il plaira à Dieu'"". »
'.* Tome XX , page 1 36.
*•' Cette pièce sans date doit être du 17 ou dti
18 juin i63/i. Original de la main du secrétaire de
nuit. Lorraine, t. XXVII, pièce 260.
'"* Lettre autographe. Lorraine, XIV, 534.
**•"* Lettre du ai juillet. Ibid. tome XV, fol. 71.
718
LETTRES
Faut mander à M. de Brassac qu'il est besoin d'esclaircir ce faict,
et justifier ie plus authentiqueinent et par plus de tesmoins qu'il
pourra .
Faut tascher d'avoir la déposition des trois prestres par douceur,
ou civilement se saisir de leurs personnes.
Faut aussy tascher d'avoir le prestre qui a faict le mariage et esclair-
cir si les solennitez y ont esté observées; ce qui assurément ne peut
estre, veu que le seul cardinal, comme ayant l'authorité spirituelle
en I^orraine, a peu donner dispense des bans qui n'ont point esté
faicts, mais qu'il ne les a pas peu donner pour soy mesmé.
CLXXXV.
Arcli. des Aff. étr. Trêves , t. II , fol. 85. — • Minute de la main d'un secrétaire de Cliavigni.
INSTRUCTION AU SIEUR DE GOURNAY'
3 1 mai's 1 63 'j
Instances pour faire mettre Philipsbourg entre les mains du s' de Feuquières.
— Réponse aux objections des Suédois qui prétendent que le traité avec la Suède
« n'a plus lieu à cause de la mort du roi de Suéde. » — Le roy a donné ordre au
' Le manuscrit de Lorraine cité aux
sources donne, foi. "ikti-, deux lettres de
Louis XIII, datées du a 5 février, l'une
adressée à la princesse Claude, l'autre à
l'ex-cardinal François, que la cession de
ïon frère faisait uiomentanément duc de
Lorraine , au moins en apparence. Le roi ,
en se retranchant derrière l'autorité ecclé-
siastique, insinuait que la légitimité d'un
tel mariage lui était fort suspecte. (Nous
remarquons quelques mots de la main de
Richelieu dans la première de ces lettres.)
M. d'Haussonvilie écril même que le car-
dinal «donna ordre à M. de Brassac de
dire au duc François que la conscience
du roi ne lui permettait pas de supporter
qu'il demeurast davantage avec la princesse
Claude sans la dispense du pape. ■ Et l'his-
torien de la réuniun de la Lorraine à la
France cite une lettre de Richelieu du
ao mars ; mais il n'en indique point la
source. (T. I, p. ^og.) Ne serable-t-il pas
qu'ici Louis XIII outrepassait un peu ses
droits de suzerain ?
' Nous avons noté une autre instruction
du 9 décembre pour M. de Gournay, en-
voyé alors vers l'électeur de Trêves et le
chancelier Onenstiern.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 719
maréchal de la Force de s'avancer pour faire retirer les Espagnols des terres de
Trêves.
« Sur les offres que fait Télecleur de moyenner, en faveur du roy, que M*' le
cardinal de Richelieu soit nommé coadjuteur en Tévesché de Spire, et qu'il soit
pourveu de la dignité de grand prévost en l'église de Trêves , le s' de Gournay
tosnioignera aud. s' électeur combien le roy luy en sçait gré ; mettant haultement
en considération l'utilité que le d. archevesque et ses estats en recevront, pour
estre à l'advenir plus respecter et assistez par le concours de la France. » (Ici on
pose plusieurs jioints touchant la promotion à la coadjutorerie de Spire, et à la
gi'ande prévôté de Trêves, dont on charge l'envoyé de s'éclaircir. )
Le sieur de Gournay fera toujours bien entendre aud. sieur électeur « que jamais
M. le cardinal ne veult penser à prendre aultrc titre que de coadjuteur, ny avoir
aultre prétention que de se joindre plus fortement avec led. sieur eslecteur pour
luy aider à maintenir la religion catholique en ses Fstats soubs l'autorité du roy. »
« Après toutes ces choses i>ien esclaircies, led. s' eslecteur fera bien d'envoyer
par deçà le s' de Tavigny ' pour en porter une résolution certaine, avec pouvoir
de traitter et de conclure pour la dernière fois, n'estant à propos que cet affaire
Iraisne plus longtemps pour certaines grandes considérations. . . •
Nota. Cet extrait, très-succinct, d'une instruction diplomatique écrite par
ordre de l\ichelieu nous conduit à l'examen d'un incident remarquable de l'his-
toire du cardinal, et poui'tanl resté inconiui à tous les historiens.
Richelieu a dit dans ses Mémoires : « L'archevesque de Trêves, se sentant obligé
au roi de l'assistance qu'il lui avoit donnée et de sa protection qu'il avoil reçue
utilement contre les armes des Suédois et celles des Espagnols , ne pouvant trou-
ver un meilleur moyen de reconnoîlre toutes ces grâces que de faire son coad-
juteur celui par les conseils de qui il avoit reçu tout ce bien, en envoya lesexjjé-
ditions au cardinal pour les faire agréer à Sa Sainteté, laquelle les agréant, reçut
une si grande opposition de la paît de l'Espagne que, quoique le chanoine de
Trêves, que l'électeur y avoit envoyé, fît entendre que cette coadjutorerie n'avoit
•■lé recherchée ni du roi ni du cardinal, mais estoit venue du mouvement libre et
de la pure inclination dud. Electeur, qui jugeoit cette sienne postulation nécessaire
|)0ur le bien des catholiques. Sa Sainteté néanmoins se retint de passer outre et
pria le roi d'avoir agréable qu'en ce point-là elle n'offensât pas les Espagnols, lui
semblant que l'Empire pouvoit prétendre y être intéressé, en ce qu'on donneroit
Ce nom, que le secrétaire avait sans le s' de Tavigny était un des chanoines de
doute mal entendu, n'est guère lisible, l'église de Trêves qui furent couslamnieiit
mai» ce doit être celui que nou» écrivons ; employés dans toute celte affaire.
I
720 LETTRES
à un autre que de nation allemande une des premières dignités de la Germanie. »
(T. VIII, p. 171, édit. Petitot.)
Voilà ce que disent les Mémoires de Richelieu et ce que, faute de documents
publiés à ce sujet, on a pu prendre pour la vérité; or, tout est controuvé dans
ce récit donné comme officiel , et voici ce que nous apprennent les corres[)ondances
intimes et les documents demeurés secrets.
La première mention que nous trouvons de la coadjutorerie de Trêves, c'est
le 21 juin 1 633, dans une lettre adressée au cardinal par M. de la Grange aux
Ormes, l'un des agents diplomatiques du roi en Allemagne, lequel, notons cette
circonstance, était alors à Paris. Il écrit au cardinal une lettre où nous lisons :
« M^', je prens hardiesse de dire à V. E. que l'aage et l'esprit de M. l'électeur de Trêves
pressent fort qu'on asseure de bonne heure l'authorité de S. M. dans cet électorat,
contre les effects que la mort ou l'inconstance de ce prince y peuvent causer. . .
le plus seur remède est de luy procurer ung successeur aggréable, affectionné et
fidelle à S. M. Cette dignité, après celle du Papat, est sans contredit au-dessus de
toutes les autres de l'Eglize, et dans les diètes de l'Empire. . . ; . donne la pré-
séance au préjudice des roys et de leurs ambassadeurs. . . V. E. pourroit de beau-
coup advancer la gloire et la réputation de la France si elle ne desdaignoit pas de
remplir ceste place de sa personne, comme elle le peut, sy elle a pour agréable d'y
penser. L'estre né françois ne l'en exclud pas, et, par son extraction, elle a les
autres qualités requises. . . Il faut travailler promptement à ce que les Domhers,
autrement chanoines, dont on se pourra asseurer, soient rappelés à Trêves, du
moins au nombre de sept ou huit , et gaignez et acquis par toutes sortes de faveurs;
les autres espaignolz aussy rappelez et la place des non comparaissantz remplie
par de nouveaux affidez; et que V. E. prenne dès à présent une place de chanoine. . .
H faut faire stage, mais on peut eslre dispensé par Sa Sainteté de la résidence de
Trêves.
« Ayant bien examiné ceste affaire, j'en ay parlé (sans nommer Vostre Eminence)
à personnes s<;avantes et de crédit, qui m'ont dit qu'ils feroient bien que sept ou
huit Domhers reviendroient et s'obligeroient j)réalablement à servir le roy fidelle-
ment et à l'exclusion de tous autres, et à donner leur voix à celuy que S. M. dési-
rera. Que si avec cela on pouvoit gaigner l'esj)rit de l'électeur, il pourroit, avec le
consentement du chapitre, faire Vostre Eminence son coadjuteur dès à présent,
y ayant certains expédients par lesquels il y pourroit estre obligé ' . . . »
Nous ne savons quelle réponse le cardinal a faite à cette ouverturef assez mala-
droite, ou même s'il y a répondu ; mais , à quelques mois de là (le 4 février i634),
un autre diplomate moins gauche que la Grange aux Ormes, Bussy-Lamet, en
' Orig. aulogr. Arch. des AfT. étr. Allemagne, I. IX, pièce k"]-
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 721
mission spéciale près de l'archevêque de Trêves, mandait au cardinal que la perte
de Philipsbourg et les contributions que les Sutklois avaient envoyé demander à
M. l'électeur • estoient des moyens puissans pour le faire résoudre à pourveoir
d'un successeur ses évesché et archevesché de Spire et de Trêves. . . Je laisse à
M. de Montault, ajoute Bussy, à vous faire connoistre ces moyens lesquels seront
confirmés par le s'' de Tavigny, à l'instant qu'il sçaura que Vostre Eminence y voul-
dra penser'. » Il paraît que ce Montault, au moins Bussy le crut, ne remit pas les
dépêches qui lui avaient été confiées, car le 26 mars, sur la réponse de Ciiavigni
à Bussy : «Je vous envoie, lui mande celui-ci , les copies de mes dépesches que
j'avois faites à S. E. , au R. P. Joseph, à M. vostre père et à vous, dont le sieur
de Montault estoit porteur. » — • C'est une affaire de laquelle il y a six mois, dit
Bussy, je vous ay mandé les ouvertures que j'avois faictes, sur quoy n'ayant eu
nulle resj)onse, je laissay tout en mesme estât qui me donna lieu de renouveler-'
ceste penst-e après la perte de Philisbourg. . . bref, je le porte (l'archevêque) à
offrir le tout purement. . . je luy fais espérer que par cette voie S. E. prendra
tous ses intéresis en main comme les siens propres^. •
iVIalgré ces incitations, l'archevêque, tounnenté de perplexités qu'il ne dissi-
mulait pas, faisiiit des objections : «Je puis bien pourveoir au spirituel, disait-il
à Bussy; mais, pour le temporel, il semble qu'il soit des dépendances de l'em-
pereur '. »
Cependant Dussy transmet, de la part de l'Electeur, un projet que le cardinal fit
renvoyer incontinent (le 11 avril). «Dans la copie de l'acte que M. de Trêves a
envoyée, mandait Chavigni, ])ortant la nomination et présentation qu'il fait au
jKipe de Monseigneur le cardinal pour la coadjutorerie de Spire, l'on remarque une
notable défectuosité, en ce qu'il n'y est jwint faict mention que les chanoines du
chapitre de Spire ont faict eslection canonique de la personne de M*^ le caixl. dé
Richelieu, estant seulement dict par led. s' Eslecteur que led. chapitre autrefois
luy a donné son consentement pour la nomination d'un prince de la maison de
Lorraine, ci-devant évesque de Toul, d'où il infère qu'il peut faire piaintenant
le mesme par un tacite consentement dud. chapitre *. »
Le malin aichevêque dont Bussy dit : « Ses humeurs extravagantes \ont à s'at-
tacher avec tout le monde et tromper un chacun , » était bien capable d'avoir glissé
la clause défectueuse pour retarder, autant que possible, le succès d'une affaire k
laquelle il ne se prêtait, comme il était assez clair, qu'à son corps défendant :
« Il s'échappa de me dire, écrivait Bussy le 2 3 mai suivant, que le cardinal infant
gouvernant les Pays-Bas, l'électorat de Trêves, estoit à sa bienséance; se reprenant
' Arch. (les Afl, étr. Trêves, I. Il, foi. 76. ' /iiV/. TrÉives, t. Il, pièce 86, 3 avril.
' Ibid. fol. 82. * Ibid. pièce 87.
CARDIX. DE HICIIELIF.C. — TU.
9'
-•12 LRTTRES
me clist : s'il ne le poiivoit faire tomber entre les mains de M*' le cardinal. <je
qui me donna liberté de luy dire qu'il n'estoit plus temps d'avoir autres visées et
qu'il falloit achever ce qu'il avoit commencé '. »
A Rome , on ne rencontrait pas plus d'empressement; l'ambassadeur de France,
le comte de Noailles, était chargé d'exposer à S. S'^ «que le cardinal de Riche-
lieu n'est nullement intéressé, n'ayant jamais ny demandé, ny prétendu icelle
coadjulorerie. » — Raisons qui militent pour celte proposition, et, au premier
rang « l'intérest des catholiques. » Ce mémoire, sans signature ni dale^, est classé
vers le milieu de i634. Un autre mémoire, également non signé et non daté,
est placé dans le manuscrit immédiatement avant celui que nous venons de
noter, c'est un brouillon où sont déduites à peu près les mêmes considérations;
je n'en connais pas l'écriture. M. de Noailles avait trouvé dès l'abord le pa[)e
très-peu favorable aux ouvertures qu'il avait été chargé de faire. « Peut cstre une
autre fois, lui écrivait Chavigni le 26 septembre. Sa Sainteté mieux disposée ne
s'éloignera pas tant de la coadjulorerie *. »
Le 10 octobre, Chavigni insistait et répétait le thème officiel : «Pour ce qui
regarde la coadjutorerie de Spire, écrivait Chavigni à l'ambassadeur, vous don
nerez à entendre à N. S. P. le pape que ny le roy, ny W le cardinal ne l'ont point re-
cherchée; que cela est venu du mouvement libre de M. l'Electeur de Trêves. . .
c'est à Sa Sainteté à examiner si la considération des catholiques doit prévaloir à
celles que l'on allègue pour empescher cette affaire *. »
Le pape, qui savait assurément la pensée de l'archevêque, ne pouvait guère
être dupe de cet argument, et l'on ne comprend pas même qu'on osât le lui pré-
senter. Le comte de Noailles devait savoir d'ailleurs à quoi s'en tenir, et il résulte
évidemment de sa correspondance que les démarches faites à Rome par l'envoyé
de l'Electeur n'étaient pas bien pressantes : « M. de Tavigny, écrivait l'ambassa
deur à Chavigni le 10 octobre, n'attend point d'argent de l'Electeur son maistre,
et il s'en ira de Rome si vous ne luy en envoyez pas ^. »
Il n'est pas étonnant qu'avec de telles dispositions l'affaire marchât lentement.
' Arch. des Afl'. étr. Trêves, t. H, pièce poursuivie par l'agent de M. l'Electeur, si
90. son niaistrc le désire comme il a tes-
' Mêmes archives , tome L de Home , moigné , et vous le devez appuyer, en sorte
folio 92. néantmoins qu'il paraisse que celte affaire
^ Ibid. fol. 98. procède de la libre et franche volonté
' Ihid fol. 1 08. dud. Electeur, parce que telle est la vé-
^ Ibid. Rome, tome LV, loi. 129. Et lilé. » Lettre du 24 octobre, collection de
cependant Chavigni écrivait à M. de Rome, t. L, foi. 112. Cette vérilé diplo-
Noailles, à peu près dans le même temps : matique que Chavigni s'efforce de persua-
« L'aiïaire de Spire doit esire chaudement der à l'ambassadeur, y croyait-il lui-même ?
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 723
Le 3 novembre, Richelieu en était encore à faire écrire à Bussy «de tenir l'ar-
chevesque en bonne volonté, et de luy faire cognoistre combien M»' le cardinal
se sentait son oljjigé '. »
Cependant M. deTavigny était rappelé à Trêves, et il manquait d'argent pour
s'en retourner^. Chavigni lui en enverra; mais, écrit-il au chanoine, vous ne vou-
driez pas partir de Rome tant qu'il y aura quelque apparence d'avancer quelque
chose ^. Il partit néanmoins, et M. de Noailles lui donna ce satisfecit : « Si raffaire
dont il estoit chargé n'a réussi plus heureusement. . . ce n'est pas faute de l'avoir
bien sollicitée. » Lettre à Chavigni dji ii décembre*.
Quelques jours après, le 18, l'archevêque mandait à l'ambassadeur de France
auprès du pape que, son agent quittant Rome, il en envoyait un autre à sa
place *. Nous ne trouvons nul indice que cette nouvelle mission ait été effectuée.
Mais les affaires de Trêves devenaient de plus en plus graves. Depuis quelque
temps le chapitre était en révolte contre son archevé([ue; une partie s'était
letirée à Luxembourg; nos manuscrits nous parlent de chanoines coupables, de
chanoines de la faction espagnole. M. de Bussy avait imaginé de créer un autre
chapitre par certains procédés qui mettaient les voix à la disposition du cardinal , et
« pour ruyner tout ce que fait celuy qui demeure à Luxembourg. . .j'estime, ajoute
Bussy, que dans le chapitre formé de cette sorte, Son Éminence pourrait estre
receue promptement coadjuteur de Trêves''. » Mais Bussy comptait sans le pape.
De ce moment les volumes de Trêves restent muets sur cette affaire; il faut
aller à Rome pour en avoir le dénouement. Nous le trouvons dans une lettre de
l'ambassadeur de France : « Le pa])e résiste a consentir que Neptune soit coadju-
teur de l'archevesché de Trêves, c'est-à-dire cvesque d'Espire. Nous avons eu de
grands discours sur cela. Quand nous aurons l'hilipsbourg, nous ferons bien
venir le monde à raison. Je vous prie de tenir cet article secret'. »
M. de Noailles en parle ici un peu légèrement; le pape ne se montra pas si do-
cile. Il refusa formellement la proposition de donner au cardinal la succession
éventuelle de l'électeur de Trêves, et il ne fut plus question de mettre Richelieu
au nombre des princes de l'empire germanique.
' Arcli. (\e<i Aiï. étr. Trêves, I. IL pièce ' Ibid. l. L, foi. i4a-
10/i. ' 8 janvier iG35. Trêves, t. Il, pièces
' Lettre de M. de Noailles à son frère preinière.
févèque de Saint-Flour, du 5 deienibre. ' Cette lettre, adressée par l'ambassadeur
Rome, I. XLVIII, fol. 36o. à son frère févèque de S.iiiit-Flour, est sans
Arch. des AIT. èlr. Rome, l. XLVIII, date, et on l'a clussée vers la fin de i03ù-
loi. 365. (Arch. des Afl". étr. Borne, tome XLVIII,
' Ibid. tome LV. fol. aây. ' fol. 3o4.)
9'-
72/1 LETTRES
(]elte étrange idée de faire du premier ministre de Louis XHI un électeur
d'Allemagne est-elle née, presque au même moment, dans le cerveau de deux
petits ambassadeurs de France, La Grange aux Ormes el Bussy-Lamet, comme
le disent les lettres de ces deux diplomates, lesquels, s'il faut leur prêter foi, au-
raient osé mettre en train cette importante affaire sans consulter Richelieu, sans
même avoir essayé de connaître son sentiment? Personne ne le croira.
Que l'appât de cette grande dignité ait pu tenter le cardinal malgré sa haute
raison et sa profonde intelligence des affaires politiques, peut-être n'est-ce pas
fort invraisemblable, à un moment où le bruit plus étrange encore était répandu
qu'Oxensticrn méditait de se créer un établissement princier en Allemagne, et
d'introniser un général suédois luthérien sur le siège électoral et catholique de
Mayence. Admettons qu'alors quelque flatteur de Richelieu ait éveillé dans son
esprit cette ambitieuse espérance, le cardinal aura laissé faire, et Chavigni ser-
vant d'intermédiaire, les agents diplomatiques en Allemagne auront été autorisés
il agir d'eux-mêmes et de manière à ne compromettre en aucune façon la personne
flu cardinal.
Quant à l'initiative de fKlecteur, au mouvement libre et à la pure inclination
dont parlent les Mémoires, c'oet une fable nettement démentie parles documents
que nous venons de citer; ils expliquent de point en point comment l'arclievêque
récalcitrant, mais qui avait besoin de la France, se vit forcé de céder à la pres-
sion exercée sur sa volonté. On a vu aussi la valeur historique de cet agrément
donné d'abord si spontanément par le Saint-Père à l'idée de cette coadjutorerie.
— Le Vassor qui a raconté avec l'expression du doute l'ambitieuse prétention
imputée à Oxenstiern , et qui pourtant cherche à l'expliquer, ajoute : « Le cardinal
de Richelieu a formé des plans de fortune, en France, aussi chimériques ^. » Cette
vague assertion ne fait aucune allusion à l'affaire de Trêves dontLe Vassor n'a rien su.
L'annaliste allemand de l'électorat de Trêves, Browerus, presque contem-
porain, el qui était à la source des informations, a tout à fait ignoré lui-nième
les secrètes intrigues que nous venons d'exposer; il a écrit que l'Electeur s'était
efforcé (accersere sil molitus, etc. ^) de faire promouvoir le cardinal de Richelieu
à la coadjutorerie de l'évêché de Spire et à la succession de l'électorat de Trêves;
les meilleurs historiens allemands l'ont répété, sur la foi de Browerus. (Ranke,
t. III, p. 272 de la traduction.)
Nous avons cru qu'il convenait de rendre à l'histoire, dans ses détails les plus
authentiques, un fait dont les Mémoires de Richelieu ne se sont souvenus que
pour en donner un récit tout à f;iit contraire à la vérité.
' Hist. du règne de Louis Xlll , t. Vil, ° Antiquilaluin et annalium Trevirensium
|). 55 1 de l'édit. in-i2. lib. XXV, etc. t. II, p. i.'J5, éd. de 1671,
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
725
CLXXXVI.
Arch. des Aff. étr. Turin, t. XXII, pièce 247- —
Minute, plusieurs passages de la main de Richelieu.
A MADAME LA DUCHESSE DE SAVOIE'.
2 may i634.
Madame,
... Je ne sçaurois assez m'estonner de la mauvaise volonté de
jyjmc jg princesse de Carignan^, et des mauvais discours qu'on m'a
dit qu'elle fait à vostre préjudice. . . Je n'ay rien oïdjlié pour faire
cognoistre au roy la faulceté de telles calomnies. . .
Je vous confes.se, Madame, que ceux qui seroient bien aises de
s'avantager au préjudice de voslre vertu tasclient de colorer leurs
calomnies de tant de circonstances qui , bien qu'elles n'ayent aucun
fondement, ne laissent pas d'avoir quelque faulse apparence' dans
leur malice ; et je ne serois pas serviteur de V. A. au point où
je le suis, si, obéissant au commandement qu'il luy plaist me faire
de luy mander ce que j'estime à propos pour son service, je ne luy
disois que la première et principale chose qu'elle doit faire, à mon
advis, est de régler sa conduite en sorte que ses ennemis ne la
puissent faire mal interpréter à qui que ce puisse estre. . . Je juge
bien avec V. A. que les desseins de ceux qui ont voulu ternir vostre
vertu par leurs médisances vont plus loing que ce qui paroist de prime
face *, mais j'espère que Dieu conservera Monsieur vostre mary plus
' Celte lettre, imprimée dans le recueil
d'Aubcry, sans date, et sans aucune indi-
cation de source, est notée dans notre
IV' volume , p. 784 ; nous avons depuis
trouvé la minute dictée par le cardinal, et
nous nous décidons à la reproduire presque
en entier, comme un exemple de l'adresse
de Richelieu à faire entendre ses conseils
aux princes dans les circonstances les plus
délicates.
' Femme du prince Thomas , helle-.sœur
de la duchesse de Savoie.
' La jeune princesse put regretter un
peu plus tard d'avoir oublié ces avertisse-
ments si discrètement donnés ; de fâcheuses
légèretés de conduite lui ont causé de
sérieux chagrins.
' Ils allaient non-seulement à cflleuier
sa réputation, mais à lui faire perdre sa
couronne; après la mort de son mari , on
726 LETTRES
longtemps qu'eux, et je vous puis asseurer que si jamais l'Espagne, à
la suscilation de qui que ce puisse estre , entreprend rien contre luy,
V. A. et les enfants qu'il a pieu à Dieu vous donner à tous deux., le
roy vous protégera si puissamment qu'elle ne recevra que de la honte
de son entreprise. . . Je tiendrois à grand honneur de repasser encore
une lois les monts pour vous tesmoigner la passion que j'ay tousjours
eue à vostre service et à celuy de M. de Savoie, qui n'oubliera aussv,
je m'asseure, aucune chose de ce qu'on peut attendre de sa bonne
conduite pour convier S. M. à luy deppartir sa protection. . . Beaucoup
ont estimé que la retraitte de M. le prince Thomas en Espagne a
esté concertée avec luy, mais je vous puis aussy asseurer que le rov
ne l'a jamais creu, et qu'aucun de ceux qui ont l'honneur de le servir
n'en a eu la pensée. . .
CLXXXVIt.
Arch.des Aff. étr. Hollande, t. 16, pièce 170. — Minule de la main du secrétaire de nuit.
Un long fragment de ce mémoire, écrit de la même main, est classé à la fin
du volume, pièce 226, parce qu'on n'a su où le placer, n'y trouvant point de date.
CONSIDÉRATIONS A FAIRE
SUR LES TRAITTÉS DE HOLLANDE'.
33 juillet i63V
Après avoir considéré cent et cent fois, à diverses reprises, le traitté
qu'on peut faire avec les Hollandois en toutes les façons imagi-
nables;
On estime qu'il ne se peut faire que de quatre choses l'une :
Le meilleur expédient qu'on puisse prendre est de demeurer avec
M" des Estats dans les termes du traitté du i5 avril. . .
Les mauvais desseins jDrojectez contre nous par l'Espagne et les
mauvais François ne sçauroient avoir aucun effect . . .
la verra un moment ciiassée de sa capitale cette dissertation qui n'a pas moins de six
])ar ses beaux-frères révoltés. feuillets et dont il importe de noter sur-
Ceci est écrit au dos, de la main de tout la conclusion.
Clierré. Nous ne donnons qu'un extrait de
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 727
Nous ne sçaurions nous engager présentement à rompre ouverte-
ment avec l'Espagne ' sans avoir le descri d'estre causes de la guerre,
sans estre blasmez de beaucoup de gens du royaume, et sans avoir
le pape contre nous au lieu que si l'on la conmience contre
nous, nous ne pourrons estre blasmez des cagols du royaume, le pape
nous favorisera et nos voysins voyant que nous ne venons aux armes
que par nécessité . . . demeureront au moins dans la neutralité . . .
Partant je concluz que le meilleur party que nous puissions prendre
est de faire concevoir à M" les ambassadeurs des Estats qui sont icy
([ue. . . l'entreprise de la coste de Flandre est du tout impossible
par la descouverte qui s'en est faicte par la surprise des dépesches
({u'on escrivoit en Hollande. . . nul autre dessein ne peut avoir eflfect
cette année. . . que la meilleure résolution est de convenir du par-
tage qui debvroit estre faict en cas de guerre et sans autre traitté . . ,
à ce qu'on entre en rupture d'autant plus avantageuse qu'elle pourra
estre inopinée-. . .
' Ces considérations répondent à une
opinion contraire du prince d'Orange, dé-
veloppée dans une longue lettre d'Aersen ,
qui avait écrit à Chavigni de la Haye, le
5 juin : • J'ay faict veoir à M'' le prince
d'Orange seul vos lettres du 2 5 et du
a6 may. . . S. Exe. tient que la vraye et
plus courte voye de r'avaller la grandeur
d'Autriche, en relevant celle de France
pour tout jamais, seroil de rompre avec
le roy d'Espagne et de l'assaillir vivement
et conjoinctement avec nous aux Pays-
Bas ... M' le prince d'Orange a tout son
faict près pour marcher et sera ayse d'ap-
prendre au plus tost ce que le roy déli-
l)ércra de faire. . . S. Ex. est picqiiée de
celte ambition.» (Ms. ci(c aux sources,
pièce i55.)
' Notons ici trois pièces concernant un
arrangemcnl à faire avec les Estais, en suite
du traité du iS avril : « i° Remarque des
moyens d'accommodement sur les dirticul-
tfz du traitté proposé par M" les ambassa-
deurs de Hollande. » iSjuilIct. — u 2° Projet
de traitté de la main d'un commis des .Aff.
étr. avec de nombreuses corrections de la
main de Richelieu. »20Juillet. — <■ 3° Projet
de traitté entre la France et les Hollan-
dois. • 22 juillet. (Pièces 167, 168, 169.)
— Autre projet de traité résolu le 8 août
et « Mémoires donnés par les ambassad"
de Hollande.» Derniers jours de juillet,
8 août (pièce 179)- — En celle année
i634, Richelieu, à la veille de la guerre,
approvisionnait nos arsenaux. Nous trou-
vons ici une pièce signée de lui et adressée
aux ambassadeurs de Hollande , cù nous
lisons : a pour la sortie de 3oo milliers de
cuivre et 3oo pièces de canon de fer, pour
le service de la marine, achetés en Hol-
lande. » Sans date (pièce 222).
728 LETTRES
Quelques semaines auparavant Richelieu écrivait : « Revenant à l'opinion du
roy qui non-seulement me dist, il y a quelques jours, à l'occasion des difficultés
que je faisois d'adhérer aux pensées qii'il avoit sur le sujet de la guerre, que je
serois contrainct d'y revenir, [mais qui a voulu depuis m'en envoyer son advis
très-judicieux par escrit] j'estime qu'il vaut mieux s'y résoudre En ce cas,
la meilleure résolution que l'on puisse prendre, à mon advis, est de signer le
Jiouveau traitté projette entre S. M. et les sieurs les Estais [qui asseure le roy que,
s'il veut entreprendre la guerre au printemps, il sera secondé des Holiandois à
des conditions raisonnables, et ne l'oblige pas toutefois à rompre déterminément
en ce temps, ains luy laisse la liberté de le faire ou ne le faire pas, et est couché
de telle sorte qu'offrant une paix juste aux Espagnols, si l'on vient à la guerre, il
paroistra qu'ils en seront la cause puisqu'il est en eux de l'esviter à des condi-
tions qui ne sont pas rudes pour eux]. «Cette demi-concession faite au sentiment
du roi a donné le temps à Richelieu de revenir à son propre sentiment, sans brus-
quer une contradiction qui aurait pu blesser Louis XIII. Cet avis de Richelieu au
roi sera noté aux Analyses, commencement de juin.
CLXXXVIJI.
Orig. Arch. municipales de la ville de Rennes. —
Communication de M: Pijon, archiviste.
INSTRUCTIONS DONNÉES A M. DE LA MEILLERAYE
PAK I.E CiBDIXAL DE RICHELIEU.
3 novembre i63.'i.
Monsieur de ]a Meilleraye allant, de la part du roy, tenir les estatz
de Bretaigne, aura pour seul but l'advantage du service du Roy, le
bien et soullagement de la province.
Il considérera que ce qu'il m'est l'oblige d'autant plus estroictenient
à s'acquitter avec une satisfaction générale de cette commission que
cbacun estimera que ses actions auront pour principe mes conseilz et
mes sentimenz, et partant l'honneur ou le deshonneur en retournera
autant sur moy que sur luy mesme.
Il remettra les estatz en leur ancienne liberté, permettant à un cha-
cvm de ceux qui ont droict d'y assister d'y venir librement pour don-
ner leurs suffrages aux choses qui y seront proposées, sans que di-
rectement ou indirectement leur soit donné aucun empe.schement.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 729
Il les laissera délibérer de leurs affaires comme ils verront bon estre ,
sans s'y intéresser en faveur de qui que ce soit, mais les laissant dé-
mesler leurs intéresfz entr'eux, selon qu'ilz jugeront que le bien du
pays le requerra, pourveu que, soubz ce prétexte, il ne se fasse au-
cune chose qui puisse estre desagréable au roy.
II aura un soing très exact de faire que les estatz assistent le roy
en la nécessité présente de ses affaires de la somme la plus notable
que la province, en Testât qu'elle est, pourra accorder à Sa Majesté.
II prendra garde soigneusement qu'en la ferme du debvoir qui
sera estably pour la levée de lad. somme et pour le payement de par-
tye des debtes de la province, selon qu'il est accoustumé, il ne se
fasse aucune grivelée , mais qu'il soit libre à un chacun d'y mettre ses
enchères, et que la ferme ne soit adjugée qu'à celuy qui la portera
au plus hault prix affin que tout ce qui se lèvera vienne dans les coffres
du Roy, ou en l'acquict du pays.
Pour ce que la province, ainsy que l'on m'a dict, est endebtée de
grandes sommes, et qu'une partie de ses debtes n'est pas liquidée,
ce qui faict soupçonner à quelques uns qu'il y en a qui proffiltent in-
justement dans cette confusion, il aura grand soing, selon la commis-
sion que le roy luy a donnée, d'esclaircir lesd. debtes, avec l'advis
des députez qu'il fera commettre par lesd, estatz sur ce subject, allin
que la province, voyant nettement Testât de ses affaires, y puisse ap-
porter Tordre qui y sera convenable.
Et bien que je sçache que la coustume ordinaire soit qu'à chasque
tenue des estatz on propose à Tassemblée de faire un présent pour le
gouverneur, je ne désire pas que Ton en face aucune pour moy, ne
voullant avoir autre intérest en la province que son soullagement et le
service du Roy'.
Falot à Paris, le troisiesme jour de novembre mil six cent trante
rjuatre.
Le Card. DE RICHELIEU.
' Richelieu ne s'est jamais accommodé assemblées du clergé. La circonstance par-
dc la liberté des assemblées, même des liculière que c'était son cousin qui allait
CARDIN. DE HICHELIEU. VII. 92
730
LETTRES
CLXXXIX.
Arch. des Aff. étr. Alsace, t. VI, pièce i i3. — Minute de la main de Charpentier.
[A M. DE BRÉZÉ.]
...Décembre i63'i.
. Mon frère, Tous ceux qui viennent de l'armée se
louent de la façon avec laquelle vous vous y gouvernés ^ . . Les dé-
pesclies que j'ay veues de vous m'ont aussy fort contenté ^. . . si vous
voulés continuer, en faisant tous les soirs réflexion un moment .sur
vous-mesme, vous respondrés asseurément à l'attente et au désir de
vos amis. Je ne sçaurois vous dire l'ayse que j'ay d'avoir appris la
courtoisie avec laquelle vous vives avec tout le monde. 11 n'y a rien
de si aisé que de servir son maistre sans acquérir la haine des parti-
cidiers, veu que pour parvenir à cette fin il ne faut que faire les
choses avec raison et sans passion, vous rendant assidu et appliqué
aux affaires, accessible, esgal et courtois à tous les particuliers; indif-
férent à la perte ou au gain qui se fait au jeu. Vous serés tel que je
souhaite et mérilerés la continuation d'employ dans les armées du
rov, qui est le vray élément de ceux de vostre profession. Vouç
aimant comme je fais, je ne puis que me resjouir d'avoir lieu d'espérer
ce qui vous est du tout avantageux.
Je suis. . . '
présider les États de Bretagne, et peut-
être aussi le besoin que sentait le cardinal
de se concilier l'assentiment des popula-
tions à la veille d'engager la France dans
une grande guerre, ont dû avoir quelque
influence sur le ton de cette instruction,
qu'on a eu soin de déposer dans les ar-
chives de la ville de hennés. Cette pièce
mérite d'autant plus d'être remarquée qu'il
y en a peu de pareilles dans les papiers du
grand ministre.
' Arnaukl d'Andiliy, intendant de l'ar-
mée, avait écrit le 17 novembre au car-
dinal; après lui avoir rendu compte de
l'état des choses, il ajoutait : a M. le mares-
clial de Brézé se conduit de telle sorte que
jamais général ne fut receu avec plus de
joye.. . » (Même ms. pièce 97.)
' Boulhillier fils mandait à M. de Brézé
le 1" janvier i635 : «M. le cardinal avoue
qu'il ne se peut pas escrire ni plus nette-
ment, ni plus fortement d'affaires que
vous faites.. . » {Ib. pièce 1 16.)
' Cette lettre, non moins remarquable
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 731
cxc.
Arcli. des AfT. étr. France, t. 70, pièce 5-]'. — Copie de la main de Cherré.
Celte pièce se trouve jointe à un brouillon du contrôle général,
écrit par plusieurs secrétaires, avec des correclions et additions de la main de Richelieu.
ABRÉGÉ
DU CONTRÔLE GÉNÉRAL DE TOUTES LES ARMÉES DU ROY.
QDI EST CY-APBÈS TOUT AU LONG.
Sur le point d'entreprendre la grande guerre qui sera déclarée au mois de mai
prochain, Richelieu étudie la composition des armées auxquelles il confiera
l'honneur de la France. Cet extrait est fait par lui-même, d'après -un contrôle
général qu'il a couvert de ratures et de notes. Les considérations jointes aux
chiffres dans cet extrait sont écrites ou dictées par lui, et le travail personnel
dont cette pièce porte le témoignage en fait un document doublement précieux
pour l'histoire. Le millésime de i634 est inscrit en tète du contrôle, et c'est
vers la fin de ladite année qu'il a été dressé. C'est à ce moment aussi que
Richelieu faisait visiter par le secrétaire d'État de la guerre, accompagné d'un
officier du génie, les places de la frontière nord-est du royaume : « M. Bouthillier
escrira à M. de Vaubecour et à M. de Noyers , s'il est encore à Metz , qu'en pas-
sant par Verdun ils aillent visiter les garnisons de Steuay, Clermont et Jametz;
après avoir tout inspecté soigneusement, ils feront leur rapport à .M. Bouthillier. •
Le secrétaire a écrit au dos de cette pièce : « Mémoire de M^ le cardinal. • (Arch.
des Aff. étr. France, t. LXVIII, fol. 10, original.)
que la précédente, est un vrai modèle de ' Cette pièce est classée en i634 ; nous
convenance et de sagesse. Les conseils que la plaçons à la fin de ladite année , faute
donnait le cardinal à ceux de sa famille d'en avoir la date précise; elle est suivie,
qu'il admettait au service du roi sont tou- dans ce même volume, de plusieurs pièces
jours ainsi remplis d'un admirable bon également non datées, relatives à l'orga-
sens et d'un sentiment exquis de déiica- nisation et à l'administration d'armées en
tesse. campagne.
92.
732 LETTRES
ANNEE 1635.
cxcr.
Arcli. de la famille de Bouthillier. — Original, sans signature, de la main de Charpentier.
[A M. BOUTHILLIER.] '
Du Bois le Vicomte, ce 8 juin i635.
J'envoie sçavoir des nouvelles du roy, ne pouvant estre à mon aise
que je ne sache Testât de sa santé ^ et s'il sera délivré de l'appréhen-
sion qu'il avoit hier d'un petit accès de fièvre.
Vous verres en la page suivante Testât auquel je suis, mais cela
n'est rien au prix de la moindre incommodité que puisse avoir Sa
Majesté^.
J'ai hien veu des gens s'estropier à coure la poste, mais je n'en vis
jamais recevoir pareille incommodité pour aller en litière. Cependant
/l journées que j'ay faites m'ont faict descendre une grande fluxion au
lieu où j'ay tant esté incommodé, et m'ont mis en une grande appré-
hention. Je ne crois pas que ce mal aboutisse à un pareil à celuy de
Tannée passée, mais j'ay fluxion et douleur sur cette partie et me voy
en estât de ne pouvoir de longtemps aller que couché. Tout mon des-
plaisir sera que cela me contraindra peut-estre de demeurer longtemps à
Ruel , où je me feray porter dans un brancart dans 3 ou 4 jours. Le roy
estant à Fontainebleau et autres lieux voisins, il aura souvent de mes
nouvelles, et les expéditions plus pressantes ne demeureront pas. Jus-
ques icy mon incommodité ne paroist qu'une fluxion de cérosité et
non de sang. Je viens d'estrc saigné pour empescher qu'elle ne croisse
' Cette première phrase est à peu près ' Après ces premières lignes, le cardi-
la répétition du commencement d'une nal a fait écrire ce qui suit sur le second
autre lettre à Bouthillier du 6 juillet. Notre rcuillet, apparemment pour que celte por-
tomeV, p. 923. lion de sa lettre pût être donnée au roi.
DU CARDINAf. DE RICHELIEU. 733
et ne prenne autre nature. Le roy ne prendra point, s'il luy plaist, ai-
larme de ce mal, que je ne fais passer dans le monde que pour in-
commodité, et, en effet, je n'oublieray rien de ce que je pourray
pour faire qu'il en demeure là.
Je vous prie de me faire savoir ce qu'apporte le courrier d'Angle-
terre.
On est bien fondé à renvoier le gentilhomme de la Fianche Comté ,
luy disant qu'on ne le peut laisser aller trouver le cardinal infant, non
pour qu'on veuille rompre la neutralité avec eux, s'ils se conduisent
comme ils doivent, mais parce que le roy a déclaré la guerre au dit
cardinal. S'il se peut, il ne luy faut rien donner par escrit. Si aussy
ils ont escrit au roy et qu'on soit contraint de leur faire response, on
leur peut escrire aux termes que dessus, bien qu'il fust meilleur de
ne leur faire réponse que verbale.
CXCII.
JEAN DE GASSION.
Vers le milieu de i635.
Nous n'avons pas rencontré une seule lettre de Richelieu à Gassion , dans nos
manuscrits, quoiqu'il soit quelquefois question de ce personnage; mais nous en
trouvons quatre dans sa vie écrite par l'abbé de Pure. Cet auteur les avait
sans doute reçues de la famille de Gassion; une exceptée, elles n'offrent que
peu d'intérêt. Nous nous bornons à les indiquer à leur date, en quelques lignes.
Mais l'estime que Richelieu faisait de cet officier, et la conGance qu'il lui témoi-
gna au temps de laconspiration de Cinq-Mars lui donnent, dans la vie du car-
dinal, une place que nous devons marquer ici.
Après avoir servi en Piémont dès sa première jeunesse, Gassion, voulant se
former sérieusement au métier des armes, se mit à cette grande école de Gus-
tave-Adolphe. Le vaillant roi prit tout de suite pour ce jeune homme, qui, à
vingt-trois ans à peine, annonçait déjà ce qu'il fut un jour, une estime et une
affection méritées. A la mort du grand capitaine, Gassion servit d'abord dans
l'armée que commandait le duc de Weimar, et, en if)35, il s'offrit avec son
régiment au service du roi Louis XIII. C'était le moment où la France entrait
dans la guerre de trente ans.
Non moins bon juge que Gustave-Adolphe, instruit d'ailleurs de la réputation
■34
LETTRES
conquise par Gassion clans l'armée de Suède, Richelieu accueillit avec empresse-
ment l'élève du roi suédois.
Le jeune colonel s'était trouvé en relation avec plusieurs princes d'Allemagne,
et connaissait bien les affaires de ce pays; on songea à lui donner une mission
diplomatique. Les lettres de créance, datées du i" juillet i635 et adressées à
six princes de l'Empire, lui avaient été remises; dans cl'S dépêches le roi disait :
" L'état présent des affaires d'Allemagne m'oblige d'envoyer vers vous le s' colonel
Gassion, pour vous faire entendre mes sentimens sur ce sujet, et le soin que je
continuerai de prendre pour le bien de mes confédérés.. . »
Nous avons donné, page 87 de notre V volume, une leltre du cardinal, re-
commandant à Servien de « ne rien oublier à l'instruction du s' de Gassion. • Et,
à la suite de cette lettre, un mémoire adressé au cardinal par ce secrétaire
d'état de la guerre, où il dit : « Le colonel Gassion fut hyer dépesché avec des
instructions pour les princes d'Allemagne ^ » Mais à peine élait-il parti qu'on
changea d'avis à la cour, on fit courir après lui; les lettres de créance, datées du
1" juillet, dont l'une est imprimée dans la Vie de Gassion (H, p. 33), lui furent
redemandées, le P. Joseph n'ayant pas trouvé, dit-on, dans le jeune colonel un
inslrumeijt assez docile.
La contrariété que dut éprouver Gassion fut fort adoucie par les faveurs conti-
nuelles dont le prévenait Richelieu, qui voulait, dit le biographe, « se conserver
le colonel et s'en faire une créature dévouée. » — «C'est un homme qu'il faut
bien traitter, mandait Chavigni à M. de la Meilleraie, le 3 novembre, puisque
c'est presque le seul cjui agisse dans l'armée. Tout ce que vous ferez avec luy
sera fort bien fait^. » De telles paroles adressées au général cousin de Richelieu
' C'est, dans le volume -jk de la col-
lection France, la 8' pièce d'une série de
documents placés à la fin du volume, sans
avoir été cotés. Le volume 71 de la même
collection nous donne, à la date du
3o juin, un billet de Servien, mandant à
Bouthiliier le surintendant : « Par ordre
de M*' le cardinal , il faut donner à Gassion
lôoo** pour son voyage.» Dans les vo-
lumes d'Allemagne, nous n'avons rien
trouvé qui se rapporte à cette mission
avortée. Le tome 2^ de Turin conserve
une pièce au dos de laquelle Chavigni a
mis : Mémoire pour escrire en A llcmaçjne
par le colonel Qassion. Et puis, sur le pre-
mier feuillet on lit: «Il faut envover le
colonel Gassion vers les confédérés
pour leur représenter les choses que le roy
fait présentement, et les porter à ne point
perdre courage. » Mais on a bàtonné ces
quelques lignes, et Chavigni a écrit en-
suite deux pages cù il s'agit seulement
d'une négociation avec les ambassadeurs
de Savoie, dont Tobjet est de faire céder
au roi par M. de Savoie le chcraia qui
va de la vallée du Pô à Château-Dauphin.
Cela n'a aucun rapport à Gassion.
^ Arch. des AIT. étr. Lorraine , t. XXVIf,
pièce 8'.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 735
annonçaient assez les dispositions du grand ministre, cl nous trouvons, dans
une ieltre de Gassion, le témoignage que les bontés du cardinal ne lui laissaient
rien à désirer :
« Monseigneur,
> J'oseray croire à présent soubs le bon plaisir de Vostre Éin. que j'ay atteint le
comble de félicité puisque je suis venu à bout de tou(s mes souhaits, ayant
apprins au retour du s' de La Roche, qu'elle agréoit l'offre de mes très-humbles
services, et qu'elle me faisoit l'honneur de me prendre entièrement à soy; ceste
heureuse nouvelle ne m'a pas apporté moins de satisfaction que la reconnois-
sance qu'il a pieu au roy de me faire par la pension qu'il m'a octroyée. De l'une
et l'autre grâce j'ay l'entière obligation à Vostre Em. à laquelle je proteste, avec
meure délibération, que j'ay attaché tous mes soings et mes services à ses inté-
rests, et que je me despouille de toute autre passion pour suivre celle que j'ay
pour luy en donner les preuves infaillibles'. » — Gassion explique l'emploi des
sommes qu'on lui a données, il propose la création de nouvelles compagnies
dans son régiment, et termine ainsi sa lettre : «Je ne voudrois pas, pour tout ce
que je possède de bien et d'honneur, promettre rien à V. Em. que je ne puisse
effecluer, car ce serait me rendre indigne de l'honneur de sa bienveuillance, qui
est la chose que je tiens la plus chère dans ce monde , et laquelle je tascheray de
m'acquérir de plus en plus par les soings que je prendray de paroistre, comme
je suis vérilablement. Monseigneur, de Vostre Em.
Trhs-hamble, très obéissant et très-fidèle serviteur,
DE Gassion. •
Neufchasteau , ce 9 décembre i635'^.
Quelque bien disposé que fût Richelieu en faveur de Gassion, il ne laissa pas
de témoigner un mouvement d'humeur contre lui, au sujet de recrues qui ne se
faisaient pas assez vite à son gré. Heureusement, le soin de son avenir conseilla
la prudence au jeune colonel, qui ne répondit aux reproches que par d'humbles
soumissions; et, en envoyant au cardinal une note sur ses services, il lui disait :
« J'ay appris par une lettre de mon frère' qui est en cour, que Vostre Em.
' Nous avons cité à dessein, et nous fai- Écriture tros- nette et très - régulière. )
sons remarquer les termes de cette lettre, ' Jacob de Gassion, seigneur de Ber-
oij Richelieu a dit voir les signes d'un dé- garé, frère aine de Jean. Il suivait aussi
vouement sans réserve. Un peu plus tird la carrière militaire, où il devint maréchal
nous aurons l'occasion de prier le lecteur de camp. M. de Bergère, comme on l'ap-
de se le» rappeler. pelait, fut presque toujours, avec un grade
' Archives des Affaires étrangères , Lor- inférieur, compagnon de son jeune frère,
mine, t XXVII, pièce 119'. (Autographe. d'abord simple olficier dans le régiment
736 LETTRES
disoil qu'il n'y avoit point d'apparence que je puisse faire de nouvelles levées. . .
Si je suis si malheureux que Voslre Em. me juge incapable de faire plus de
troupes, je serai contrain de me consoler dans la volonté qui me restera à jamais
de bien servir le roy et Voslre Em. n'en ayant pas les moyens nécessaires. Elle
fue pardonnera si je prends la hardiesse de luy déduire mes intérests, d'autant
que c'est à elle seule à qui j'ay voué ma vie et mes services, et de qui j'espère
tout mon bien et advencemen t. . . »
A cette lettre était joint un mémoire oii Gassion, entrant dans le détail des
pertes qu'il a subies, et des sacrifices qu'il a faits pour l'entretien de son régiment,
arrive à cette conclusion : " Delà il conste que le peu de troupes que j'ay menées au
service du roy, a esté à mes frays et despends. .. et qu'à présent mon régiment est
extresmemenl beau et bon , là où toutes les autres troupes de l'armée sont ruinées. »
« De Neufchasteau , ce 3 janvier i636 '. »
cxcin.
Arch. des AIT. étr. Hollande, t. i 5. — Original.
MÉMOIRE
A M" LE MARESCHAL DE BRÉZÉ ET DE CHARNAGÉ,
AMBASSADEURS EXTBAORMNAInE ET ORDINAIRE AUPRES DE MESSIEURS LES ESTATS DES PROVINCES UNIES.
Saint-Geimain-en-Laye, 7 novembre i635.
S. M. a esté bien surprise d'apprendre par la dépesche desd. s" am-
bassadeurs que M. le prince d'Orange a commencé une négociation de
trelVe avec le cardinal infant. . . S. M. aiant monstre à Messieurs les
Estats l'exemple d'observer religieusement les choses qui avoient esté
traictées entre elle et eux ... ce procédé en méritoit un plus sincère
de leur costé. Mais puisqu'ils en ont pris un autre tout différent, il
est nécessaire d'y remédier promptement ^ . . .
du colonel de Gassion , et enfin lieutenant en chiffres , au baron de Charnacé , au sujet
du roi de la place de Courtray en même des mêmes affaires. Il lui disait : « Failes
temps que le mart^chal de Gassion en était le voir aux Estats que le prince d'Orange les
gouverneur. Tous deux moururent la même trahit.» (Même collection de Hollande,
année. Le secrétaire d'Étal de la guerre , de t. XVII, pièce 90.) — Quelques jours plus
Noyers, leur était très-affectionné. tard, on envoyait au prince d Orange et
' Arch. des Aff. étr. Lorraine, t. XXVIII, aux deux ambassadeurs le s' Heufft , ban-
pièce 206. quier hollandais établi à Paris depuis long-
' J^e même jour le P. Joseph écrivait, temps et continuellement occupé des né-
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
737
Ce n'est là que le résumé tréssucciiict d'un mémoire de quatre pages, lequel
est suivi d'un second, daté du y et qui traite, comme le premier, de ce ([u'il y a
gociations d'argent entre la France et la
Hollande. Il avait, dit notre manuscrit,
une instruction verbale du cardinal. Une
instruction écrite est conservée ici en co-
pie à la date du i5 novembre (pièce 97);
elle porte en substance que le roi n'a ja-
mais songé à traiter sans comprendre ses
alliés; que les Etats s'inquiètept à tort du
séjour de Mazarin à la cour; il n'a parlé
qu en termes généraux du désir qu'a le
pape de voir une bonne paix dans la chres-
lienté. Que les pensées du roi sont bien
éloignées de la paix quant à présent, et
que le s' HcufTt est chargé d'informer les
Etats c|ue le roi veut contribuera la guerre
en assistant la Hollande d'hommes et d ar-
gent. Ce qu'il y a d'assez singulier, c'est
que cette mission semble à part de celle
des deux ambassadeurs. Nous trouvons
dans nos mss. que l'instruction, dont la
copie est d'une main que nous ne con-
naissons pas, était l'œuvre de M. de Bul
lion, et il parait que le P. Joseph n'y était
pas étranger. Il est curieux de lire à ce sujet
(juelques passages des lettres du mar"' de
Brézé. Il écrivait à Richelieu de la Hâve,
le 19 novembre : «Enfin Heuffl, après
avoir eu durant trois jours de longues
conférences à Arnheim avec M. le prince
d'Orange et M" les députés des Estais qui
sont auprès de luv, est venu en cette ville.
— Il nous a monstre son instruction, si-
gnée de M. de BuUion, par laquelle on
luv donne ordre de Iraittcr de beaucoup
de choses dont nous n'avons p?s mesme la
* Pièce 1 1 3°. C'est une copie ; l'original chiffré est
conserve dans ccUc même collection de Hollande ,
t. XV.
■* L'humcar toujours dilBcile et chagrine de ce M. de
Brézé était encore aigrie alors par la maladie et un
CAIVDIN. DE RICIIEUEO. — VU.
cognoissance . . . » et, poursuivant, Brézé
fait une critique amère des • pensées ex-
traordinaires du P. Josef. » Il envoie à Cha-
vigni une copie de cette lettre « par laquelle
(lui dit-il) vous pourrez voir combien sont
judicieuses les vizions qu'a eu le P. Josef
touchant les levées qu'il prétend qu'on
face en Poulongne pour mener en France ;
je vous jure que non-seulement elles sont
chimériques et dignes des petites maisons ,
mais encore criminelles,» car cela coi'i-
terait des sommes immenses pendant qu on
laisse nos soldats mourir de faim. (Hol-
lande, t. X\'1I, pièces i3i et iSa.) — Et
puis, parmi 1rs observations écrites par
M. de Brézé , aux marges d'une dépêche du
roi, du 7 décembre, lettre fort étudiée , qui
n'a pas moins de 1 6 pages *, nous lisons :
«Il faut, pour nous mander telle chose,
n'avoir pas leu nos despesches. » El encore :
« Ça esté une belle pensée et qui a fort bien
réussi de commettre les affaires du roy à un
marchand estrangcr, y ayant deux ambas-
sad" de S. M. de la fidélité et affection
desquels on ne peut non plus douter que
de la capacité de fordinairc. » Il n'y avait
peut-être que M. de Brézé pour envoyer
au cardinal de telles réflexions sur une dé-
pèche signée du roi ". Le commenlaire
est écrit sur ce ton satirique d'un bout à
f autre, salif un seul endroit oii il est fait
mention d'une lettre du cardinal, jointe à
la dépêche du roi : « La lettre de M"' est
excellente , a esté très bien receue et a fait
très grand cffecl. • Je ne trouve point cette
séjour en Hollande qui lui déplaisait fort. Il écrivait
le 12 décembre à Chavigni : «Ma santé est irès-
mauvaise. . . et mon intelligence pas assez grande pour
comprendre les ordres que l'on m'envoie {pièce 126).
93
738
LETTRES
à faire dans les circonstances présentes. Nous allons extraire aussi quelques mots
de ce second mémoire; ce passage est chiffré :
... Le s'' Pauw a tousjours esté contraire à M. le prince d'Orange. . .
On avoit pensé de gaigner led. Pauw, de le piccjiier en luy disant que
c'est luy qui a eu l'honneur de conclure le traicté faict avec M""* les
Estatz , le porter à s'en retourner pour traverser les desseins dud. prince.
Sur cela, les aniliassadeurs manderont leur avis, parce que l'on n'est
pas hors d'espérance de gaigner led. de Pauw.
(]e mémoire est, ainsi que l'autre, un original signé du roi et contresigné,
IJouthillIer (Chavigni).
CXCIV.
Arcli. des Aff. étr. Alsace, t. VI, pièce 186. — Mise au net, de la main de Cherré.
SECOURS DE COLMAR.
iG35 [vers la fin]?
II iaut se résoudre à de deux choses l'une :
Ou abandonner Colmar, Schelestat, Hagnau, Monliéliard et Poran-
Iru, ou à les conservera
lettre de Richelieu dans les volumes de
Hollande; mais j'y vois que le cardinal
envoyait à Charnacé, le 28 décembre, une
missive adressée au prince d'Orange, en
laissant aux ambassadeurs la faculté de la
rendre ou la supprimer, selon qu'ils le
jugeraient à propos. Etait-ce la lettre en
question ? Quant à la dépêche si maltraitée
par M. de Brézé , elle n'est pas sans doute
de Richelieu , elle ne doit pas même être
de Léon Bouthillier qui l'a contre-signée ;
M. de Brézé était ami intime de la famille
Bouthillier; nous supposons qu'il l'attri-
buait au P. Joseph, contre lequel il avait
une aversion particulière.
' Plusieurs villes d'Alsace s'étaient mises
depuis quelque temps sous la protection
de la France : Haguenau et Saverne (voy.
ms. précité, pièce 28, du 28janvier i634)-
Un traité conclu entre le secrétaire d'Etat
Léon Bouthillier et J. Henry Mogy., syndic
et député de Colmar, portait au préam-
bule : « La ville impériale de Colmar dé-
clare s'pstre résolue de persévérer dans
l'alliance faicte à Heilbron, le 19 avril
i633, et depuis ratifiée à Francfort, le
6 septendjre mesme année, entre la cou-
ronne de France et celle de Suède, et les
princes, villes et communautez des quatre
cercles de la Haute-Alsace. » Ce traité, en
douze articles, est conservé dans notre
manuscrit en plusieurs copies. ?<ous trou-
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 739
Le premier est aisé, mais honteux et très-préjudiciable au service
du roy, à la conservation de la Lorraine et des frontières de la
France.
Le second est nécessaire, mais très-difficile.
Reste à voir si on le veut tenter, par qui , et par quel moyen.
On avoit jette les yeux sur le duc Bernard de Weymar, mais il
s'en va vers Mayence pour servir les gens qui sont dedans, et con-
server la citadelle.
On avoit mandé à M. de La Force de le faire entreprendre par
Gassion, mais il a mandé qu'il ne le sauroit faire avec ses troupes,
qui sont trop fatiguées, et dit qu'il faut que ce soit les troupes
fraisches qui sont en Champagne, avec de la cavalerie estrangère qu'il
peut donner.
Il présupose aussy qu'on prenne les chevaux d'artillerie et des
voitures de Champagne, lesquelles, cessant par ce moyen, expose-
roient Nancy à sa perte.
Reste donc pour tenter cette affaire d'entrer en corps d'armée
dans la Bourgoigne, tant parce que tout le monde demeure d'accord
qu'il n'y a point de troupes qui entendent seulement parler de passer
par un autre chemin qui ne se dissipent tout à l'heure, que par ce
aussy que c'est le seul pays où elles peuvent suljsister, et où on peut
trouver des chevaux de voilure, soit qu'on les loue, soit qu'on les
prenne par force.
L'événement de ce dessein est incertain, mais on en sçayt pas de
meilleur, et il est certain que si on ne" secourt les places elles sont
perdues, et qu'ensuitte ayant perdu tous ces dehors, on apportera
aisément la guerre au dedans du royaume.
S. M. jugera mieux que personne ce qui sera nécessaire à faire en
cette occasion, et qui sera plus propre à l'exécution de ses volontés,
ce qui est indifférent pourveu que son service se face.
vons à la Bibliollièque nc-ilionale, dans la ment receues en la protection du roy.»
collection Baluzc ( I. ]}.v,n" 4 el 5, fol. i38). Daté de Strasbourg, 4 décembre iCSiJ.
un « estât des places de l'Alsace nouvelle-
93.
740
LETTRES
ANNEE 1636.
cxcv.
Arcli. des AfT. élr, Rome, t. LVUI, fol. 386. — Minute.
ADDITION
A L'INSTRUCTION DU MARESCHAL DESTRÉES,
EN FAVEUR DU P. JOSEPH.
i/i ou 1 5 janvier i(i36.
Outre les choses contenues en l'instruction qui a esté desjà baillée
au sieur mareschal cVEstrées ', que le roy envoie son ambassadeur
extraordinaire à Rome, led. sieur mareschal sçaura que S. M. a
donné ordre ci-devant au sieur comte de Noailles, et depuis à M. le
cardmal de Lyon, de nommer, au pape, le R. P. [Joseph] pour astre
faict cardinal à la première promotion, et que l'intention de Sad. M.
est que led. sieur mareschal fasse à cette fin, lorsque l'occasion le re-
querrerà, les plus pressantes instances et poursuites qu'il luy sera
possible afin qu'elle obtienne ce qu'elle désire, led. R. P. estant per-
sonne qu'elle affectionne, tant à cause des services qu'il a rendus et
rendra encore au public et particulièrement à l'Eglise, que pour les
autres bonnes et grandes qualitez qui sont en luy.
' Cette instruction, que nous ne fai-
sons qu'indiquer, se trouve, en minute,
à la date du i4 janvier i636, dans le
tome LVII de Rome, aux Affaires étran-
gères. Riclielieu n'en donne, dans ses Mé-
moires, qu'une idée sommaire (IX, io3),
sans rien dire de l'addition que nous con-
servons ici. Cette addition , n'étant point
datée, a été mise au hasard parmi des
pièces également sans date, dans le toinc
LVIII de Rome, et cotée 386. Elle a dû
être faite presque en même temps que
l'instruction principale. Le maréchal d'Iîs
trées n'arriva à Rome qu'à la fm de mars ;
c'était le comte de Noailles qui était alors
ambassadeur. On sait que , trois ans plus
tard , une apoplexie mit hn aux pour-
suites plusieurs fois renouvelées en faveur
du fameux capucin.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
741
CXCVI.
Arch. des Aff. étr. Rome, t. LVIII, fol. SyS. —
Mise au net de la main d'im commis de Cliavigni.
MÉMOIRE AU ROY
POUR RESPONDRE AUX NONCES DU PAPK,
SUR L'ENVOY DE M. I.E MABESCHAI. D'ESTBÉES
ET ADTRES POINTS.
[Vers le 2 0 janvier 1&36 '.]
Le roy dira, s'il luy plaist, à M" les Nonces, que l'instance qu'ils
luy font de ne pas envoier le mareschal d'Estrées ambassadeur ex-
' Nous ne trouvons point la minute de
cette pièce; mais on a 'vu que Richelieu
avait toujours soin de préparer ainsi le
langage que devait tenir le roi dans les
occasions délicates, où il fallait prévoir
les arguments auxquels il serait néces-
saire de répondre iiiiinédiatement. La
pièce n'est point datée, et elle a été clas-
sée , comme la précédente , à la fin de
l'année >636. Les pièces de ladite année
sont disséminées, non sans quelque dé-
sordre, dans plusieurs volumes de Rome ,
qui contiennent des pièces de i634 ■
i635 et 1637; un certain nombre, sans
date, ont été classées au hasard, ce qui
augmente la confusion. Quant au présent
mémoire , il doit appartenir au commen-
cement de i636. On v fait dire au roi
que le maréchal d'Estrées était parti de-
puis dix jours; or, l'instruction donnée au
maréchal est du i4 janvier". On peut
donc proposer, pour la conversation avec
les nonces, la date approximative du a 5
janvier. A la vérité, je trouve aux Ar-
chives un résumé des affaires de i635,
écrit de la main de Cherré **, où il est dit
à la date du 4 décembre : • En ce même
temps. M" les Nonces furent trouver le
roy, auquel ils feirent de grandes ins-
tances, de la part de Sa Sainteté, pour
empeschcr que M. le mareschal d'Estrées ,
que S. M. avoit nommé pour son ambas-
sadeur extraordinaire «à Rome , ne feit pas
le voyage. • Mais il est prouvé par la pré-
sente pièce elle-même que la date de dé-
cembre est fautive, puisque les nonces
ne se sont présentés au roi qu'après le
départ du maréchal d'Estrées. Seulement,
dès le mois de décembre, on se préoccu-
pait vivement à Rome de cette affaire.
* 11 n'arriva à Home que vers la lia de mars;
mais nous avons vu maintes fois les amLassat^urs
faire très-lentement leur voyage, s'aiTÔtant en che-
min, soit pour remettre quelque message, soit |)Our
leur propre plaisir.
" C'est DQ cahier de ib feuillets (Itg pa^s).
dont on s'est servi pour la composition de l'histoire
de Richelieu , et on a barré chaque article après en
avoir fait usage. Ce cahier a été relié dans le VIT vo-
lume du manuscrit des Mémoires de Richelieu . où
il se trouve entre les années i635 et i63Ç.
?42
LETTRES
traordinaire à Rome est hors de saison, puisqu'il est party il y a dix
jours; et que, pour rien du monde, i! ne voudroit faire une chose
qui seroit si fort contre sa dignité et sa réputation; mais qu'il ne leur
veut pas celer que,) quand mesme ils auroient faict cette mesme ins-
tance avant que led. mareschal eust commencé son voiage, que pour
cela il ne l'cust pas rompu, Sa Sainteté n'aiant nulle raison essen-
tielle de désirer qu'il ne le fîst pas, puisque la principale commission
que le roy luy a donnée est de servir le siège apostolique. Sa Sain-
teté, M" ses neveux et toute leur maison. Ce dont il s'acquittera très-
dignement, aiant toutes les qualités nécessaires pour cet effet.
Que le roy sçait que c'est une fantaisie particiilière de M"' le cardi-
nal Barherin, qui luy tesmoigne le peu d'affection qu'il a pour sa
personne et pour la France en plusieurs occasions dont il ne perdra
pas la mémoire.
S'ils disent à S. M. que le pape se plaint particulièrement de ce
que led. sieur mareschal a porté les armes contre Sa Sainteté dans la
Valleline , le roy aura agréajjle de leur dire qu'il est bien fasché que
les conjonctures de ce temps là aient esté telles qu'elles aient causé
du desplaisir à Sa Sainteté, mais qu'il ne fault pas en accuser led.
sieur mareschal, qui ne pouvoit pas moins faire que d'obéir à ce qui
luy estoit commandé, et de procurer tout ce qui luy estoit possible
Dès le 6 décembre, l'ambassadeur, M. de
Noailles, écrivait à son frère, l'évèque de
Saint- Flour : «Le cardinal Bichi m'esl
venu trouver, de la part du pape, pour
me faire entendre que S. S. n'a nulle-
ment agréable que le mareschal d'Estrées
vienne ici ambissadeur. » Et le même
jour, il écrivait également au cardinal.
(Arch. des AIT. étr. Rome, t. LVI , fol. 233 ,
3 49.) Et le frère de Richelieu, l'arche-
véque-cardlnal de Lyon, qui était alors
en mission extraordinaire ta Rome, en-
voyait à Chavigni une dépêche dans la-
quelle était inséré un billet cacheté, des-
tiné à Richelieu. L'archevêque de Lyon
lui disait : iLe cardinal Antoine m'a fait
avertir que le pape ne recevroit point le
mareschal d'Estrées. . . Il a ordonné aux
nonces d'empescher qu'il ne parte , mais ,
s il est parti, de le laisser venir comme
extraordinaire. • Le cardinal de Lyon en-
voyait cette dépêche par un courrier qui
avait ordre de faire la plus grande dili-
gence, afin qu'on se hàtàt de faire partir
le maréchal. «Quand il sera ici, ajoute-
t-il. Dieu y pourvoira.» (Même volume,
fol. 275.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
7^3
pour le service du roy. Qu'en un mot, si le pape ne recevolt pas le
mareschal d'Estrées, et (ju'il ne le traittast pas corne les ambassadeurs
doibvenl cslro traittés, que cela l'obligeroit à des ressentiments qu'il
veull éviter autant qu'il pourra pour le respect qu'il porte à la per-
sonne de Sa Sainteté el au Saint-Sié^e '.
Ensuitte M"^ les nonces feront instance à Sa Majesté que l'on en-
voie le procès, à Rome, du sieur d'Elbene, cy-devant évesque d'Alby,
affin que Sa Sainteté voie si les formes y ont esté gardées, désirant
en estre éclaircie avant que d'expédier les bulles de l'évesché d'Alby
pour l'abbé de Lude; S. M. aura agréable de leur dire que ce que
Sa Sainteté désire en cette occasion est contre ce qui a tousjoui's esté
pratiqué; et que jamais, quand le pape a nommé des juges, on n'a
accoustumé de luy envoler que la sentence qu'ils ont donnée, et non
pas le procès qu'ils ont instruit. Qu'elle ne sçauroit assés s'estonner
que led. d'Elljcne, estant atteint et convaincu d'avoir voulu attenter
sur sa personne, estant notoire à tout le monde qu'il a révolté M"^ de
Montmorency et la province de Languedoc, dont il esloit gouver-
neur, contre son service; qu'elle ne sçauroit encore assés s'estonner
qu'un homme sy criminel que celuy-là trouve quelque sorte de pro-
' Les répugnances du pape ne cé-
dèrent pas vite; ces volumes de Rome
contiennent divers mémoires , instruc -
lions, lettres, qui témoignent des diffi-
cultés que cette affaire souleva entre les
cabinets de Saint-Germain et du Vatican.
Citons un mémoire envoyé à Rome par le
courrier Nazin, le 19 mai, où nous li-
sons : • Le cardinal de Richelieu parla
hier au nonce de l'alTaire du mareschal
d"Elstrées et luy déclara ouverteniejit, de
la part du roy, que si S. S. faisoit diffi-
culté d'admettre le mareschal d Estrées à
luy parler sur toutes sortes d'affaires dont
il auroit charge du roy, S. M. feroil mesme
refus aud. s' nonce. » (T. LVll de llomc.
fol. i46.) Cliàvigni, en envoyant ce mé-
moire au cardinal de Lyon , lui dit qu'il
• a été dressé en présence du cardinal.!
(Lelt. autogr. du 20 mai, fol. i5o.) Le a5
juillet suivant, Richelieu adressait à 5. S.
une nouvelle et pressante missive sur le
môme sujet. Nous nous sommes borné a
l'indiquer en quelques mots (voir t. V,
p. 980) , parce qu'elle a été imprimée.
Le pape linit par recevoir l'ambassadeur
extraordinaire du roi. Deux lettres, du 8
octobre, où le cardinal le charge de trai-
ter diverses affaires, ne font plus aucune
mention de la répulsion qu'il avait d'a-
bord éprouvée (p. 610 et 614 du volume
précité).
744
LETTRES
lection auprès du pape. Mais que c'est une suite continuelle du soin
qu'a M. le cardinal Barberin de la déservir.
Sa Majesté tesnioignera , s'il luy plaist, le desplaisir qu'elle a du
rappel de M"" Mazarin; combien elle estime sa vertu et son mérite,
et l'affection avec laquelle il a servi le pape, le Saint-Siège et toute
sa maison , dans les diverses occasions qui se sont rencontrées ;
qu'elle avoue qu'elle ne le peut voir partir sans regret, estant un des
sujets les plus capables qu'elle cognoisse pour estre employé dans les
grandes et importantes affaires qui sont maintenant dans l'Europe'. -
NOTA.
Nous avons, aux Archives des Affaires étrangères, un volume de Parme, ren-
fermant les documents de i6oi à 1642; nous n'y trouvons, jusqu'en iG33, au-
cune pièce où nous reconnaissions la participation de Richelieu. Nous avons in-
diqué, dans notre 111° volume (p. Sag), un mémoire envoyé à l'ambassadeur
de France à Rome, le comte de Béthune, où nous voyons que, dès i63o, le
cardinal, préoccupé de son projet de ligue entre les princes de la haute Italie,
voulait y faire entrer le duc de Parme. Les Espagnols, de leur côté, s'efforçaient
d'attirer vers eux ce prince, dont les petits Etats n'étaient pas sans importance
dans la prévision d'une lutte entre la France et l'Espagne.
Au moment où ces manœuvres diplomatiques étaient le plus pressantes,
' Richelieu tenait beaucoup a conser-
ver en France Mazarin, qui, de son côté,
avait grand désir de s'attacher au cardi-
nal (voy. au Suppiém. addit. à ia p. 61 4
du V° volume). Nous avons, à la date du
5 janvier, un mémoire dicté par Riche-
lieu et signé du roi , où le mécontente-
ment de Louis XIII s'exprime avec une
vivacité qui va jusqu à une sorte de me-
nace : «Au moment qu'il y a lieu de
traicter de la paix, retirer de cette négo-
ciation Mazarin. si bien versé dans toules
les affaires de la chrestienté, c'est com-
plaire aux Espagnols... Si le pape s'obs-
tine au refus. Sa Sainteté trouvera bon
que le roy voye ce qu'il doit faire aupara-
vant que de s'embarquer plus avant avec
si peu de démonstration de sa faveur. »
(Rome, t. L, fol. 364.) Richelieu fit même
écrire par le roi, de la propre main de Sa
Majesté, au pape et aux neveux de Sa
Sainteté (Rome, t. LVII, fol. 34) ; on n'ob-
tint rien. Mazarin prit congé en mars
(lettre de lui en italien, fol. 5o du ms.
précité), et il fut envoyé à sa vice-légation
d'Avignon, ou nous le retrouvons toute
cette année.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 745
notre volume de Parme nous donne (date du i5 janvier i633) un mémoire du
sieur Bachelier, envoyé par le roi auprès du duc de Parme.
Dans cette pièce chiffrée, sans suscription ni signature, nous lisons : -«Le
duc de Parme supplie S. M. , avenant qu'il soit nécessaire que le roy porte ses
armes en Italie pour remédier à l'insupportable tyrannie et oppression des Es-
pagnols, qu'il plaise à S. M. luy faire grâce et faveur de luy donner charge de
général d'armée en Italie.. . aussy il plaira à S. M. de prendre soubz sa protec-
tion luy et ses Estats envers tous, et contre tous ceux qui le voudroient mo-
lester. . . •
Une instruction est adressée au sieur Bachelier le 2/1 mars. Le roi promet sa
protection; il enverra des troupes au duc de Parme, et on fixe le nombre des
soldats que, de son côté, le duc doit entretenir. Le manuscrit donne le texte ita-
lien d'une convention conclue à Plaisance, le 7 juin, entre le roi et le duc; une
traduction française est jointe.
L'année suivante, les relations deviennent plus intimes. On envoie un nou-
vel agent diplomatique, M. de La Saludie. Une note du 10 avril i634, écrite
de la main attribuée au P. Joseph, est conservée dans notre manuscrit :
« Le roy escrira : Mon Cousin, j'ay receu la vostre du 2^ mars, et mon cou-
sin le cardinal de Richelieu m'a communiqué celle que vous luy avez escritte,
sur quoy vous verrez, dans un mémoire à part, mes intentions. »
Le mémoire, de la même écriture, porte : • S. M. a appris avec contentement
celuy que le duc de Panne dit avoir receu par l'arrivée du s' de La Saludie, et
de ce qui s'est passé entre eux pour la confirmation du traité d'alliance. • Le roi
conseille au duc de donner aux Espagnols, avec les précautions requises, le
passage qu'ils demandent à travers ses Etats, et d'éviter toute hostilité, «atten-
dant les résolutions de S. M., qui sçaura bien prendre le temps plus propre
pour le bien de ses amis et spécialement dud. duc... •
Un secrétaire de Chavigni a mis ensuite : « Il faut avec cela une lettre de
M*' le cardinal pour response à celle que le duc de Panne luy a escritte en
date du 26 mars, se remettant à la response de S. M. » — « Une autre lettre de
Monseigneur au comte Fabio Scoti, disant même chose qu'au duc. »
Bientôt le roi, envoyant M. de Sabran à Gênes, lui ordonne de remettre une
dépêche au duc de Parme; c'est une simple lettre de compliment (5 juillet).
Mais on ne néglige aucune occasion d'entretenir bonne intelligence dé ce côté.
Le duc n'était pas en reste de compliments. Ayant appris que le frère de Ri-
chelieu est envoyé en ambassade extraordinaire auprès du pape, il offre pour
lui, à Richelieu, son palais Farnèse à Rome, où une habitation convenable
pourrait être, en ce moment, difficile à trouver (lettre du i3 octobre); et le
CARDIN. DE niCUEUEU. VII. 94
746
LETTRES
i3 novembre, nouvelle lettre du duc pour féliciter le cardinal de ce qu'il a rendu
la paix au royaume par la réconciliation de la famille royale et le retour du duc
d'Orléans. Le prince ne tarissait pas de louanges pour le grand ministre : « Le
nom de V. Em. (écrivait M. de Bellièvre, alors à Plaisance), glorieux et res-
pecté par toute la terre, ne peut être en aucun lieu en plus haute vénératiou
qu'il est dans la bouche de M. le duc de Parme, .de M, le comte Scoti, son pre-
mier ministre. »
En même temps, le duc ne s'oubliait pas; nous trouvons ici un mémoire de
huit pages rempli de toutes sortes de demandes et de sollicitations : « Memoria
di quelle cose che S. A. Serenissima desidera che il sig. de la Saludi rapresenti
a S. M. e al sig. cardinale di Richelieu. »
Une lettre du duc, où surabondent les protestations du plus profond dévoue-
ment, de la plus vive reconnaissance, répond à une dépêche de Richelieu du
16 juillet. Celle-là, nous ne l'avons pas; mais elle avait sans doute satisfait le
prince italien. S'il avait besoin de la France, Richelieu aussi avait besoin de
lui pour cette ligue italienne qu'il aspirait à constituer. Le moment était venu
où une liaison intime était plus nécessaire, où la réserve que le cardinal con-
seillait naguère n'était plus de saison. La guerre était déclarée, et notre manus-
crit nous donne un manifeste imprimé du duc de Parme contre le roi d'Es-
pagne ^ Le duc pensa qu'au milieu de cette crise, une visite qu'il ferait au roi
contribuerait à serrer plus fortement une union qui lui était si nécessaire. Il
vint à Paris; le roi et le cardinal lui firent une réception assez magnifique pour
rendre jaloux le duc de Weimar, venu vers le même temps; la vanité du
prince italien dut être satisfaite, malgré certains incidents que peut-être il n'a
pas connus. Ainsi, il fallut un ordre exprès du roi pour contraindre les ducs et
pairs à lui rendre visite '^.
Nous avons seulement indiqué ici des lettres où Richelieu n'a guère fait que
' Du 1 a octobre; c'est une feuille qu'on
dirait détachée de la Gazette.
' Nous trouvons, dans notre ms., une
lettre autographe du duc de La Valette,
« suppliant qu'on le dispense d'aller au-
devant du duc de Parme.* » Les raisons
qu'apporte M. de La Valette sont évidem-
ment des prétextes ; on n'y eut aucun
égard. La Gazette , qui donne un pompeux
récit de la réception faite au prince de-
puis Orléans, dit : t Le duc de Parme. . . ,
estant arrivé le 1 6 à Chilly, y fut visité le
mesme jour, de la part du roy, par le duc
de La Valette, accompagné du marquis de
Duras , et suivi des carrosses de Son Em.
et des princes et ambassadeurs, etc. " •
* Celle lolfre, sans date el sans suscription , est
classée avant le i o février.
** P. 118, ij/i i33, i56. — I,e P. GrifTcl se
trompe, mettant au 1 1 février l'arrivée du dn
Parme a la cour (t. Il, 68i).
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
747
mettre sa signature; mais le mémoire adressé au roi à cette occasion est assuré-
ment de son stjle.
CXCVII.
Arch. des AIT. étr. Parme, t. I, i6oi-i642. — Mise au net de la main de Charpentier'.
AU ROI.
De Ruel , ce 22* février 1 636 , au soir *.
J'ay envoyé présentement Cinq-Mars' parler à M. de Montbason et
de Chaunes. En vérité, c'est chose estrange que des gens eslevez en
un jour par vostre seule grâce disputent, dans la maison de Vostre
Majesté, la préséance avec un prince souverain, d'illustre et ancienne
maison, et qui ne vient en France que pour se donner entièrement à
NOUS.
H importe que Vostre Majesté soit le maistre on ceste affaire,
comme en toute autre. Et ce seroit chose desavantageuse à vos inté-
rêts si ceux que vous eslevez se servoient de l'honneur que vous leur
donnez, à vostre préjudice.
Mon cousin de la Melleraie, que Vostre Majesté a fait officier de
la Couronne, l'a visité, et yra encore. Je croy que M. le Premier, qui
est plus particulièrement attaché à vostre personne que les autres
ducs, doit faire le mesme.
M. le Chancelier, qui ne pensa jamais à présenter la main à M" les
ducs en sa propre maison, y est ailé aujourd'huy ou yra demain.
' Cherré a écrit en tête de cette pièce : gnie dans le régiment des gardes; il ovail
« Sur la difiîculté que les Ducs et Pairs
faisoient de visiter le duc de Parme. »
' Cette date , et celle de deux lettres de
M. de Bruslon, le maître des cérémonies,
introducteur des ambassadeurs, concer-
nant le logement à préparer pour le
prince, donnent la date de son arrivée à
Paris et rectifient les Mémoires de Riche-
lieu, qui disent le 16 février (IX, 107),
et le P. Griffel, qui dit le 11 (II, 684).
' Dès i633, iefds du maréchal d'Effiat
avait été nommé capitaine d'une compa-
treize ans à peine. C'est ici la première
fois que son nom parait dans cette cor
respondance. Nous le verrons un autre
jour chargé de porter au P. Caussin la
nouvelle que le roi fa choisi pour son
confesseur. Richelieu approchait peu à
peu son jeune protégé de la personne de
Louis XIII; et bientôt, le 27 mars i638,
le simple capitaine aux gardes obtiendra,
à dix-huit ans, une des principales charges
de la cour : Cinq-Mars sera maître de la
garde-robe du roi.
9^.
748 LETTRES
Pour conclusion, c'est chose honteuse que les champignons* veu-
lent disputer de profondeur de racine avec les vieux chesnes.
J'estime que le bien des affaires présentes et vostre authorité re-
quièrent que Vostre Majesté parle vertement et hautement en ceste
occasion, par laquelle, en obligeant M. le duc de Parme, vous vous
obligerez vous mesme en humiliant ceux qui prétendent s'eslever
contre leur devoir et vostre service. Je proteste que si j'estois seule-
ment duc, et non cardinal comme Vostre Majesté m'a fait, je ne se-
rois pas si outrecuidé d'avoir cette prétention.
Un autre incident, qu'a certainement ignoré le duc de Parme, ne doit pas
être oublié ici, d'autant que nous n'en avons pas trouvé la mention ailleurs
que dans notre manuscrit. Un mémoire, de la main de Charpentier, suit !a
pièce qu'on vient de lire; un extrait le fera suffisamment connaître :
« Le jeudy de la mi-caresme, 27 février, M. le duc de Parme proposa au car-
dinal de Richelieu de prendre l'ordre du Saint-Esprit dès cette heure. . . M' Ma-
zarin, qui a esté autheur de cette proposition , par le moyen du comte Scoty, ne
sçauroit estre assez loué pour son zèle; mais je n'estime pas que lad. proposition
soit utile ny au roy, ny aud. duc. L' estât des affaires d'Italie est incertain , et il faut
estre plus grand astrologue que Nostradamus pour prévoir quel en sera l'événe-
ment. .. » — «Il faut envoyer M. Bouthillier direau duc que le roy tient la proposi-
tion pour une chose résolue; qu'en cette considération, il désire donner présente-
ment au duc une pension de cent mil livres qu'il attache, en sa personne, à son
cordon , mais qu'il n'estime pas qu'il soit à propos maintenant qu'il prenne ou-
gertement l'ordre du Saint-Esprit, pour plusieurs raisons.. . » Le cardinal en dé-
duit quatre plus ou moins spécieuses; la véritable, c'est que, craignant le chan-
gement du duc, il ne voulait pas risquer que «le prince fît de ce cordon un
sacrilice à la vanité et à l'orgueil des Espagnols en s'accommodant avec eux. » ~
L'événement ne justifia qu'à moitié la prudente prévision de Richelieu; le duc
de Parme fut forcé de faire un accommodement avec les Espagcols, mais sans
qu'aucune parole, aucun acte pût blesser le roi, et il n'en resta pas moins dévoué
' Ce mot avait été jadis appliqué aux ne nous semble pas que Richelieu ait voulu
trois Luynes, dont il ne restait plus, en désigner le duc de La Valette, quoique ce
i636, que le second, aulrefois Cadenet, fils du duc d'Epernon fût un de ceux dont
maintenant duc de Chaunes. Il pouvait la vaniteuse abstention lui avait causé le
certainement convenir à d'autres ducs et plus de niécontentement.
pairs de la création de Louis XIII; mais il
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 749
de cœur à la France. Il écrivait au roi le 4 février iGSy : « La nécessité des vivres,
après cinq mois du blocus de Parme et de Plaisance par les ennemis, qui ont
bruslé et pillé tout le plat pays, m'ont (d)ligé de faire une paix avec le roy d'Es-
pagne. . . sans que je me sois voulu destacher du service de Vostre Majesté. » Le
cardinal lui tint compte de la nécessité à laquelle il dut, pour un temps, se
soumettre, et ne cessa pas de le considérer au fond comme un allié.
CXGVIH.
Arch. des Aff. étr. Lorraine, t. XXIX, pièce 84- — Minute de la main de Cherré.
A M. L'ÉVESQLE DE MENDE '.
32 mars i636.
Richelieu approuve sa conduite, et prescrit diverses mesures pour le muni-
tionnaire :
Maintenant que la Mozelle est rendue navigable depuis Toul, il
vous sera bien aisé de munir Nancy et Metz abondamment, à quoy
vous ne perdrez point, s'il vous plaist, de temps, estant chose du tout
nécessaire au bien du service du roy. Si vous pouvez (Nancy estant
bien garni) rendre Metz plein de bledz pour faire subsister l'armée
de M. le cardinal de La Valette quand elle aura besoin d'agir en ces
quartiers-là, vous me donnerez la vie. Au nom de Dieu, faites l'im-
possible pour venir à bout de cette entreprise. Il faut trouver l'inven-
tion de faire porter à Toul les bledz qui seront à Ligny et pour de là
les mettre sur la rivière. C'est à vous et à M" Gobelin et de Villar-
ceau, qui estes sur les lieux, à la chercher; vous les en solliciterez,
ce dont je vous prie, et d'aller vous mesme de fois à autre sur les
lieux, pour, par vostre activité, haster toutes choses. J'escris auxd.
sieurs Gobelin et Villarceau, ensemble à Gargan et à Roze, pour les
rendre soigneux d'exécutter ce qu'ils ont promis*. Je veux croire qu'ils
' Il avait été employé au siège de la ment chargé de fimportante opération des
Iloclielle lorsqu'il n'étiit encore que l'abbé approvisionnements,
de Marsillac; il est fréquemment parlé de ' Ces approvisionnements n'étaient pss
lui dans notre deuxième volume, et, dans alors chose si facile que pourraient le faire
cette affaire de Lorraine, il fut spéciale- croire les premières lignes de cette lettre;
750
LETTRES
n'y manqueront pas, et je vous puis asseurer que, comme ceux qui sa-
tisferont à leurs promesses m'auront pour solliciteiu- en leurs intérests,
ceux qui y manqueront m'auront partye contraire en toutes choses.
Ordre concernant quelques mesures de détail.
Lorsque toutes ces places seront ainsy munies de bledz, vous ferez
entendre à ceux qui y commandent que le roy leur deffend d'y tou-
cher, ny d'y laisser toucher pour quelque prétexte que ce soit, sans
un ordre exprès de sa part, sinon en cas de siège, les munitionnaires
estant obligés de fournir à la subsistance journalière des garnisons. . . '
CXCIX.
Arch. de Condé, communication de M'' le duc d'Aumale. — Original.
A M. LE PRINCE.
29 mai i63G.
Monsieur, Je
prie Dieu de tout mon cœur que vostre entreprise soit heureuse, et
la Lorraine, ravagée, était réduite au der-
nier degré de la misère. Les volumes ma-
nuscrits des Affaires étrangères se rappor-
tant à ce pays en offrent partout le triste
et trop authentique témoignage. Non-seu-
lement les populations étaient ruinées et
mouraient de faim , mais les places man-
quaient de munitions aussi bien que de
vivres. Citons, entre autres, parmi nos do-
cuments, Une suite de dépêches de Mes-
sieurs de Nettancourt , dans le tome XX VllI
de Lorraine (pièces 1 i^-iSy) : « J'ay escrit
à Vostre Eminence , mandait l'un des deux
frères à Richelieu le 7 septembre , comme
il n'y a point de poudre dans les maga-
sins du roy. .., aussytost que j'en auray,
j'attaqucray et prendray les deux retraites
des ennemis, qui est Sain-Mihel et Es-
tain... je ne veux que quatre jours pour
prendre et razer ces deux retraites de vo-
leurs. . . » Le cardinal envoyait au grand
maréchal de l'artillerie cette lettre, au dos
de laquelle il fit écrire par le secrétaire
de nuit : « M. de la Meilleraie verra celte
lettre et y pourvoira sans perdre un mo-
ment de temps, et m'en rendra response
tout aussytost. »
' lUchelieu , qui ne reconnaissait de
bon gouvernement que le gouvernement
absolu , en adoplait aussi les conséquences
avec une courageuse logique. Sauf le cas où
il iaissaitla liberté d'action , il se considérait
comme responsable de tout; il ordonnait,
et, autant qu'il pouvait, surveillait tout lui-
même jusqu'aux moindres détails. Nous
en conservons à dessein les preuves dans
quelques pièces de ce recueil ; on les y trou-
verait par centaines si nous n'avions pas
dû nous borner à donner, en laconique
analyse, un grand nombre de ces pièces.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 751
il mest impossible de n'en espérer pas un bon événement, quand je
considère la justice de la cause du Roy, ses bonnes intentions , le peu
d'ennemis que ses armes ont en teste dans la Franche Comté, et l'affec-
tion, le zèle et la prudence de celui qui les conduit. Bien que vostre
bon esprit soit plus capable qu'aucun autre de penser à tout ce qui
peut avancer vosire dessein, je ne lairray pas de vous faire souvenir
que deux choses ont particulièrement ruiné l'année passée l'entreprise
de Flandres. Le désordre commis à Tirlemont en est une, et la trop
grande considération avec laquelle on voulut marcher en toutes choses
est l'autre. Bien qu'il y eust peu d'ennemis devant les forces du Roy
et celles de ses confédérés, on les considéra de telle sorte, et marcha-
l-on si lentement au lieu de les pousser avec vigueur, qu'on leur
donna temps de se fortiffier et se recognoistre , ce qui les encouragea
de telle sorte, que ce qui estoit facile au commancement fut impossible
à la fin. Les grands desseins du Roy de Suède luy ont tous réussy en
profitant du grand étonnement qu'il donnoit d'abord à tous ses ennemis ,
et se portant à ce à quoy on ne s'attendoit pas lorsqu'on pensoit qu'il
fust attaché ailleurs.
Je ne prétends pas. Monsieur, par cette lettre vous convier à en-
treprendre avec témérité ce qui ne doit estre faict qu'avec grand
jugement, mais bien vous dire que la raison et la prudence veulent
qu'on profite du temps, et qu'on se serve avec promptitude du premier
esfonnement qui surprend tousjours d'abord ceux qu'on attaque.
Surtout j'estime que vous devés , par courses de cavalerie , empescher
les levées de gens de guerre, et union de noblesse et de peuple qui
se pourront faire aux lieux esloignez de vous, pour par après vous
tomber sur les bras.
J'estime aussy que vous devés donner grand ordre à ramasser les
bledz pour vous en servir pour vostre armée , et qu'il vaut mieux que
vous en donniés quelque prix raisonnable aux soldats qui vous en
apporteront, que de les laisser dissiper. Je croy encore que vous devés
avoir un grand soin de faire amasser le plus grand nombre de chevaux,
dans le pais qui en est plain, que vous pourrés, tant parce que nous
<p
752 LETTRES
en manquons en France pour l'artilierie et pour les vivres, et que
c'est le seul lieu où on en peut recouvrer pour rafraischir toutes nos
armées, que parce aussy que, par ce moyen, on empesche les ennemis
d'espérer s'y remonter et se mettre en équipage avec grande facilité
quand ils y viendroient.
Je vous ay desjà mandé, Monsieur, que quelques avis qui vous
soient donnés de la Covu, ils vous laissent toute liberté de faire ce
que vous jugerés plus à propos. Cela fait que je vous escriray mes
pensées plus librement, veu que sy elles ne vous peuvent servir, au
moins ne vous sçauroient-elles nuire. D'une chose vous puis-je asseurer,
que sy mes souhaits ont lieu, vous acquerrés cet esté toute la gloire
que vous pouvés prétendre et que je vous désire.
Monsieur,
Vous n'oublierés pas, s'il vous plaist, de faire que vostre cavalerie
allemande estant dans un pays abondant en chevaux, profitte de
l'occasion de se rendre bien complette. Je ne puis que je ne vous suplie
de ne bazarder pas mal à propos vostre personne. Et bien que je ne
sois pas assez contemplatif pour prétendre de vous faire de grandes
exhortations de conscience, je ne puis que je ne vous convie à vous
tenir en si bon estât, que quand vous auriés quelque péril à courre,
vous ayés aussy peu d'occasion de le craindre, selon Dieu, comme je
sçay que vous ne le craindriés pas selon le monde. Je fais la mesme
exhortation à M. de la Meilieraie , que j'ay bien peur qu'il ne soit pas
si dévot qu'il devroit estre^
t Vostre bien humble et très affectionné serviteur.
Le Gard. DE RICHELIEU.
De Conflans, ce ag'^may i636'^.
' Ce conseil donné au prince de Condé ' Voy. notre V* vol. p. 97A, 20 mai; et
de penser à son âme, Richelieu l'a écrit le 37, Richelieu écrivait au roi : « Aujour-
après la lettre signée, dans l'espace blanc d'huy M. le Prince fait estât de se mettre
laissé entre le texte et la signature. en campagne. » (P. AyS.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
753
ce.
Arch. des Aff. (!tr. Turin, t. XXIV, fol. 587. —
Minute de la main de Citoys.
[A M. D'HÉMERY?']
[2' quinzaine de juin i636.]
M. de Grave est revenu sans apporter aucune nouvelle qui put con-
tenter le roy. J'espérois que M. de Parme empescheroit les ennemis de
secourir Testât de Milan, et y feroitle dègast; que M. de Savoie occu-
peroit le poste d'Olege et passeroit le Tesin ^, au mesme temps que
M. de Rohan exécuteroit ce qui auroit esté convenu entre eux ... on
pouvoit se promettre un grand effet. . . on a fait sur cette espérance
tous les efforts que vous avés désirés. . . vous sçavez bien que qui
veut tout profit des François les doit employer à la chaude . . .' M. le
cardinal de La Valette a secouru Haguenau, M. le duc Bernard a repris
Saveme et autres lieux.
M. le Comte a de très-notables avantages dans le Luxemboiu-g, que
' Cette minute n'indique ni suscription ,
ni date. M. d'Hémery est le seul auquel la
lettre semble devoir aller. Quant à la date ,
il ne serait pas aisé d'en donner une pré-
cise, le retour de M. de Grave d'une
mission en Italie , et la mention de la prise
de Saveme par le duc Bernard, semblent
devoir mettre sur la voie ; mais M. de Grave
fit à ce moment plusieurs voyages en Italie ,
et Saveme fut prise par morceaux, si l'on
peut ainsi dire. Dès le 1 1 juin le duc Ber-
nard s'était emparé d'un des forts qui dé-
fendaient cette place, et puis on distin-
guait dans Saveme , comme dit le P. Grififet ,
la petite, la moyenne, et )a grande ville,
qu'il fallut attaquer l'une après f autre. La
place ne fut entièrement occupée que le
1 5 juillet ; la lettre de Richelieu était écrite
CARDIN. DE BICHELIED. TH.
avant ce dernier incident; enfin le siège
de Dole par le prince de Condé , le progrès
des alliés en Allemagne, tout cela se passait
dans le cours du mois de juin; nous pro-
posons donc , comme date approximative ,
la seconde quinzaine de juin.
' Oleggio fut pris par le duc de Créquy
le i3 juin.
' Ce qui suit est répété dans une lettre
adressée au P. Monod dont on sait fin-
fluence sur la duchesse de Savoie. Le car-
dinal exprime et le regret des espérances
trompées , et f espoir que 0 la fin de cet esté
produira des fruits qu'on n'oseroit quasy
se promettre. » Minute de la main de Char-
pentier, sans date, même ms. fol. 53^
verso.
95
754
LETTRES
M. le Prince a assiégé Dole et que les alliés du roy en Allemagne, et
entre autres le landgrave de Hesse, agissent le mieux qu'il leur est
possible; et les armes d'Italie ne feroient aucune chose de considé-
ration . . . mais M. de Savoie est prince ambitieux et soigneux de sa
réputation ... Je croy asseurément que les premières nouvelles que
nous aurons de vous annonceront qu'il se fera des effets tels qu'on se
les peut promettre. . . Je m'asseure que, malgré ses appréhensions,
Madame Sera la première à désirer qu'une personne qui luy est si
chère puisse revenir à la fin de l'esté dans ses Estats avec autant
d'honneur qu'il en mérite ^
' Richelieu avait fait nommer le duc de
Savoie général en chef de l'armée réunie
de France et de Piémont, afm d'aiguil-
lonner son allure en satisfaisant sa vanité.
Le duc n'en servait pas mieux la cause
commune; « il trouvoit tous les jours quel-
que nouveau prétexte pour différer la
marche des troupes , » comme s'en plaignait
sans cesse Richelieu, et comme l'a écrit
le P. Griffet. Le maréchal de Créquy,
commandant l'armée française, supportait
impatiemment de se voir soumis à un chef
si inutile, et malgré les prudentes recom-
mandations de Richelieu , il vivait en assez
mauvaise intelligence avec le beau-frère du
roi. On comprend que les affaires n'en
allaient pas mieux. Vers le 20 mai le duc
se décida à entrer en campagne , mais il
ne donnait à l'armée française qu'une
assistance sans bonne volonté, et son ac-
tivité paresseuse était presque aussi ineffi-
cace que son complet repos. Cependant il
prit part à la bataille du Tésin et à quel-
ques autres affaires. Toutes les fois que
Richelieu pouvait lui adresser quelque fé- "
licitation, il n'y manquait pas. Ce fut en
* Celte lettre, dont nous avons donné une courte
analyse {t. V, p. 97.T, commencement de juin), doit
fune de ces occasions que le cardinal,
soupçonnant la duchesse de contribuer à
retenir son mari loin du péril, lui écrivait :
... • V. A. préférera les intérests du roy
et la réputation de M. de Savoie au con-
tantement qu'elle auroit d'estre tousjours
auprès de sa personne. Je me confesse
d'une faule dont elle m'absoudra aisément ,
puisqu'elle ne consiste en autre chose qu'en
la crainte que j'ay eue que la tendresse de
V. A. l'auroit fait différer de se mettre en
campagne. Je me condamne d'autant plus
en cette pensée que je ne doule point que
le courage de V. A. surpasse toutes les
bonnes qualités que Dieu a mises en elle*. »
— La tendresse de Christine pour son mari
ne semble pas avoir jamais été fort vive.
Pourtant Richelieualtribueauxinquiéludes
de cette tendresse les lenteurs du duc de
Savoie, peut-être pour éviter d'adresser au
duc lui-même un reproche plus sérieux.
Toutefois la duchesse, soit inquiétude,
soit tout autre motif, voyait avec grand dé-
plaisir son mari mêlé à cette guerre ; voici
comme elle s'en plaint dans une lettre auto-
graphe adressée à Mazarin, et que nous
avoir ëlë écrite un peu plus tard que la date proposée
par nous.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 755
CCI.
Arch. des Aff. élr. Lorraine, t. XXIX, pièce Sa. —
Minute de la main de Charpentier.
RESPONSE DE MONSIEUR A M. LE NONCE.
3o juillet i636 '.
Je reçoy avec grande révérence la faveur avec laquelle il plaist à
Sa Sainteté procéder avec moy. Il me sera bien aisé de luy faire sçavoir
mes senlimens, puisque ceux du roy et les miens sont les mesmes.
J'estime la vertu de la princesse Marguerite; mais les lois de l'Estat,
approuvées de l'Eglise, me faisant cognoistre que je n'ay peu faire ce
que j'ay fait, j'ay résigné ma volonté à celle du Roy. D'une chose
pouvés vous asseurer Sa Sainteté , que ny luy ny moy ne voidons rien
que ce que nous pouvons en conscience.
Cherré a écrit au dos de celte minute : • Coppie d'une lettre que Monsieur
frère du roy doit escrire à M' le Nonce sur le sujet de son mariage, du 3o juillet. »
Monsieur a-t-il consenti à écrire celle lettre préparée par le cardinal? Nous ne le
pensons pas; mais le projet, où est la pensée de Richelieu, n'en a pas moins son
intérêt. L'année précédente , le parlement et l'assemblée du clergé s'étaient occupés
de cette épineuse affaire; les théologiens, ainsi que les hommes d'Etal, avaient été
mis à l'œuvre, sans qu'on pût parvenir à une solution; ce mariage était devenu
un des grands embarras de la politique du temps, et il était l'objet de sérieuses
préoccupations dans les premiers mois de i636*. Il était nul selon les lois du
trouvons dans notre manuscrit, fol. 639, ' La pièce est mal classée dans ce vo-
sans date, classée un peu au hasard : t ... Je lume à la fin de janvier,
suis enragée de voirie roy si mal servi, et ' Notre manu.scrit (pièce 79) conserve
la réputacion de ses armes si engagée et ce billet : • De Ruel, ce 12' mars i636.
qu'il leur semble que pour la sauvé il ne — M. Boulhillier le surintendant est prié
soit otre que mettre S. A. R. en asard, de chercher parmi ses papiers l'instruction
pour afin qu'il répare leur folte, ou bien donnée à M' l'évesque de Montpellier s'en
qu'il aye part à la honte qui .«ont prêt à allant à Rome sur le sujet du mariage de
recevoir un de ses jour», si Dieu ne les en Monsieur, et de m'en faire faire une coppie
nenpaiche. . . . Vous qui faite profession parce que j'en ay besoin. M. de Chavigny
destre de nos amis, sest maintenant qui ne l'a point, ny pas un de ses commis,
nou.s le fost faire paroistre; et M. le car- — Le card. de Richelieu, b
dinal en qui j'ay rais mon espérance. . . •
95.
756 LETTRES
royaume, l'héritier présomptif de la couronne s'étant marié sans le consentement
du roi; et le roi le voulait faire casser. Le pape le jugeait canoniquement légitime
et refusait de prononcer la dissolution. Le caractère bien connu de Monsieur faisait
espérer à Richelieu qu'on obtiendrait du prince lui-même le désaveu de cette
union. Chavigni s'y employait de son mieux, et le cardinal lui écrivait le 18 avril :
« Je suis bien aise de voir par vostre lettre que Monsieur soit résolu pour son ma-
riage, car c'est le meilleur chemin qu'il puisse prendre pour sortir d'une mau-
vaise affaire. »0n s'efforçait en ce moment de gagner Monsieur par tous les moyens
possibles' ; on était parvenu à obtenir de lui qu'il éloignerait de sa personne la
plupart des artisans de cabale contre le Gouvernement de Richelieu 2; le roi pro-
mettait, à son tour, de consentir au mariage, à la condition de certains engage-
ments que devait prendre Gaston '. La pièce que nous publions prouve qu'on se
croyait à peu près sûr de son consentement; mais bientôt ses liaisons avec le comte
deSoissons,et les criminelles intrigues de Corbie , avaient rejeté dans la révolte cet
incorrigible étourdi *. Les mémoires publiés sous le nom du duc d'Orléans nous
auraient sans doute donné des informations utiles, mais ils finissent avec l'année
i635. Nous en rappelons ici les dernières lignes, où Monsieur semble se ménager
une excuse pour les nouvelles fautes qu'il devait commettre : « Le roi avait permis
à Monsieur d'envoyer la subsistance à Madame durant dix-huit mois. Sur le refus
que S. M. fit depuis de la continuer plus longtemps. Madame fut obligée par la
permission de Monsieur de la demander aux Espagnols, et de congédier les offi-
ciers que Monsieur lui avoit laissés, qui fut à la fin de janvier i636. ■ (Page xyô.)
Remarquons que Monsieur donne ici une misérable excuse de sa complicité avec
les ennemis de la France, car Madame, étant princesse de Lorraine, pouvait bien
vivre sans l'argent des Espagnols.
CCII.
Arch. des Aff. étr. Lorraine, t. XXVIII, pièce i58. — Minute de la main de Clierré.
A M. L'ABBÉ DE COURSAN*.
a8 septembre i636.
Après avoir veu et reveu vostre dépesche, la première chose qu'il y
a à vous dire est que vous vous estes fort bien conduit en la conférence
' Notre tome V, p. 444 et 445. * Mém. de Richelieu, t. IX, p. 828.
' Hist. de Louis XIII, par le P. Griffet , ' L'abbé de Coursan était chargé d'une
II, 682. mission à Nancy, où il avait été envoyé
. ' Mém. de Richeliea, t. IX, p. 290. vers le commencement de cette année; Ri-
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
757
que vous avés eue avec Salins . . . . ' il semble que son maistre désire
dans ses bons intervales faire quelque chose de bon. On voit bien que ,
selon qu'il est bien ou mal traitté des Espagnols, il se reschauffe ou se
refroidit au dessein de s'accorder avec la France. ..l'expérience^ dupasse
nous faisant cognoistre que ce seigneur est fort changeant et subit en
ses résolutions, on croit qu'il est à propos que vous preniez occasion
de demeurer encore jusqu'à nouvel ordre sur le désir qu'il en a.. .
Si le duc ne veut s'accomoder aux conditions dont vous avés charge,
je ne veux pas qu'on en puisse accorder d'autres.
Cependant vous nous manderés soigneusement s'il vous fait quelques
nouvelles propositions ; mais de s'imaginer que nous luy rendions ses
Eslats, sur la foy qu'il nous donne qu'il n'en abusera plus, c'est une
erreur sy grossière que je m'asseure qu'il ne le croit pas et dont vous
le devés détromper ....
Asseurez vous que si vostre affaire réussit vous serez traîlté en
honneste homme ' . . . .
chelieu écrivait le a3 juillet : i M. de Clia-
vigny apportera , s'il luy plaist , ou envolera
prompleinent dans un paquet fermé, l'ins-
truction qui fut donnée à Ruel à l'abbé
de Coursan louchant l'affaire de M. de
Lorraine, parce que cela presse » (pièce 170).
Nous n'avons point cette instruction, mais
une suite des lettres de l'abbé de Coursan,
du 37 mars au la octobre, se trouve dans
ce volume (pièces 1 53- 162) ; les premières
ne sont guère que des éloges du marquis
de F'ossés, et les autres (M. de Fossés étant
mort) des critiques de l'évêque de Mende,
qui l'avait remplacé en Lorraine. Les deux
lettres du i8 juillet et du 12 octobre sont
à pen près les seules où il soit sérieusement
traité des négociations avec M. de Lorraine ,
celle du la octobre est chiffrée, signée
Buisson (Coursan), et la suscriplion : à
M. du Lis (le cardinal). — La présente
dépêche répond à une lettre de l'abbé de
Coursan au P. Joseph, du 18 juillet; le
me me jour l'abbé écrivait à Richelieu pour
le prier de se faire lire attentivement sa
lettre au capucin. Richelieu en (it faire un
extrait, que nous trouvons ici de la main
de Charpentier (pièce 169); cet extrait
remplace la lettre au P. Joseph que nous
n'avons pas.
' C'était un gentilhomme du duc de
Lorraine qui avait été quelque temps em-
prisonné à la Bastille et que Richelieu ^n
avait fait sortir récemment. « Celui que vous
avés sorti de la Bastille m'est venu trouver
de la part de son maistre. . . • disait l'abbé
de Coursan dans sa lettre à Richelieu.
* n y a « l'espérance • preuve de dictée ;
Cherré avait écrit ce mot avant d'avoir en-
tendu la plirase.
' Dans un post-scriptum de sa Ictire du
758 LETTRES
Le roy ayant chassé ses ennemis du costé de la Picardie à sa seule
veue, et Corbie desjà en estât de ne pouvoir nuire à la France, le duc,
qui verra bien que de delà luy et Galasse ne feront pas grands progrès ,
n'aura pas occasion de se tenir ferme aux propositions derraisonnables
qu'il a faites jusques icy, veu principalement que les Suédois ne sont
pas mal en Alemagne et que les Hollandois se remuent de leur costé
comme il fault.
CCIII.
Arch. des Aff. étr. Allemagne, t. XIV, pièce 58. — Copie.
LE ROY A M. DE SAINT-CHAMONT.
1 1 octobre i636.
Louis XIII est satisfait de la négociation de M. de Saint-Chamont avec le roi de
Danemark; il faut tâcher d'établir la neutralité entre ce prince et la couronne
de Suède. — S. M. approuve la proposition de déférer la médiation au pape dans
la négociation de la paix : « il ne seroit pas convenable que le roy de Dannemarc
eust la qualité de médiateur commun avec le pape. >• — Donner avis au roi de
Danemark que c'est en décembre qu'il devra envoyer ses députés à Cologne. Et
prendre de là occasion pour obtenir qu'il s'oblige de ne s'entremettre d'aucun
traité particulier. — Donner le même avis à la reine de Suède. — La pensée du
roi est que le marquis de Saint-Chamont fera bien d'envoyer à la diète de Ratis-
bonne quelqu'un capable de donner de bonnes informations sur ce qui s'y
passera; cet envoyé devra insinuer adroitement aux membres de la diète que
par l'élection du roi de Hongrie à la dignité de roi des Romains, «l'Empereur,
suivant les conseils du roi d'Espagne son beau-frère, réduiroit l'empire en un
estât fort éloigné de l'ancienne liberté germanique, .... et peu à peu la maison
d'Autriche anéantiroit l'authorité des électeurs, tant catholiques que protes-
tants. ...» L'élection du roi des Romains se faisant en temps de paix, il sera
plus facile aux électeurs de régler la puissance de l'Empereur pour le présent et
pour l'avenir. — L'envoyé doit surtout faire entendre que S. M. ne prétend rien
en Allemagne, n'ayant autre but que de protéger ses alliés. ... — Quant au
traité de Prague, s'il était confirmé, il en résulterait un grand préjudice pour les
princes et États protestants. — Le roi espère que M. de Saint-Chamont a entière-
i8au cardinal, l'abbédeCoursanmandait: nence jugera, s'il luy plaist, à qui on
« Le primat est mort de peste, Voslre Emi- donnera ses bénéfices
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 759
ment conclu, avec le landgrave de Hesse, le traité ci-devant signé par les com-
missaires. ... — Cela fait, M. de Saint-Chamont retournera à sa résidence de
Hambourg. . . .
Fait au camp Demuein {sic) le 1 1 octobre i636, signé : Louis, contre-signe ;
Bouthillier.
Dans une autre lettre au même Saint-Chamont, du 3 novembre, le roi lui
prescrivait de dissiper les ombrages qui passaient par l'esprit d'Oxenstiern , et
d'envoyer M. de Rorté pour s'assurer des dispositions de l'électeur de Brandebourg.
Manuscrit d'Allemagne cité aux sources, pièce 63.
La grande affaire, en Allemagne, cette année, c'était l'élection du fils de l'em-
pereur comme roi des Romains, gage de la succession au trône impérial. Cette,
élection, Ferdinand la poursuivait avec ardeur, tandis que Richelieu l'entravait
par tous les obstacles qu'il pouvait imaginer. Dès le mois de mars, le cardinal,
craignant que les Suédois ne s'accommodassent avec l'empereur, avait ordonné
à M. de Saint-Chamont de les payer largement, afin de les retenir dans l'alliance
française (28 mars i636, aux analyses), et il s'efforçait de persuader aux élec-
teurs qu'ils ne pouvaient attendre de l'Empereur d'Allemagne que l'oppression
de la liberté et la ruine de leurs intérêts. Richelieu faisait composer, dans ce but ,
des mémoires qu'on ne saurait lui attribuer, mais dont il était l'inspirateur. Le
volume 7' d'Allemagne en contient plusieurs; nous en citerons deux seulement:
La conjuration de la maison d'Autriche contre la liberté de l'Europe en la dernière
eslectionfaicie à Ralishonne , le 22 décenihrc 1636 . . . copie de 16 feuillets cotée 69
dans ce volume; et cet autre : Discours sur Vinlérest des Princes et villes impériales
d'Allemagne. . . . Surtout limiter la puissance impériale. — Que les États pro
testants veillent à ce qu'on ne parvienne à les désunir. — Quatre royaumes
dépendent en quelque sorte de l'Allemagne : la Pologne et la Hongrie, qui par
divers intérêts demeurent attachées à la maison d'Autriche; la Suède et le Dane-
mark, qui doivent resteiunis à l'Allemagne et protéger sa liberté," craignant qu'a-
près que celle-là sera opprimée la leur ne soit en danger (pièce yS'. Copie sans date).
De son côté, l'empereur Ferdinand ne s'endormait pas; et, à la diète qu'il
avait convoquée àRatisbonne, il adressait des mémoires où la cause de l'Empire
était chaudement plaidée. Les électeurs fidèles à l'Empereur faisaient des réponses
dont plusieurs sont conservées dans les papiers de Richelieu; l'une se termine
par une conclusion qui tire un singulier intérêt des désastreux événements dont la
France était frappée au moment même où nous écrivions ce qu'on va lire (1871) :
"La raison veut, disaient les électeurs à Ferdinand, que le roy de France
ayant, sans sujet, envahi l'Empire, qu'aussy il face desmancher et desloger toutes
760 LETTRES
ses armées sans aucune prétention telle qu'elle soit, et restitution de toutes les
places qu'il tient ^ »
Mais les électeurs en furent pour leur bravade; il y avait alors un grand mi-
nistre en France, et Richelieu répondit à cette demande de restitutions par la
con<juête d'une partie de la Lorraine et de l'Alsace; celle-ci ne fut pas difficile,
l'Alsace nous ouvrait les bras; et, quant à la Lorraine, le roi de France, suzerain
du duc, avait le droit de châtier, par la confiscation , un vassal coupable de félonie.
CCIV.
COMPLOT D'AMIENS.
[...Octobre i636.]
Un des événements à noter dans l'année i636, c'est le complot ourdi entre le
duc d'Orléans, le comte de Soissons et quatre de leurs principaux favoris : Mon-
Irésor, Saint-Ibal, Campion et Varicarville , pour assassiner Richelieu. On sait
que les deux princes et leurs complices avaient choisi pour l'exécution le mo-
ment où le cardinal sortirait du conseil que le roi tint plusieurs fois à Amiens
pendant le siège de Corbie. Le cardinal devait être frappé sur un signe donné
par Monsieur. Le jour fixé, les deux princes sortent du conseil avec le cardinal,
le retiennent, comme il était convenu, dans un entretien un peu prolongé; les
gentilshommes sont là près de leurs maîtres, la main sur le poignard, attendant
avec anxiété le signal, que Monsieur ne donne pas, et Richelieu s'éloigne sans se
douter qu'il échappe à la mort. Nous n'avons rien trouvé dans les papiers de Ri-
chelieu sur ce tragique incident.
La plupart des mémoires du temps en font mention sans qu'aucun ait précisé
le jour marqué pour l'exécution du complot; ceux qui ont essayé de le faire ont
donné une fausse date. A défaut de la date véritable, cherchons-en une ap-
proximative. Campion écrivait le 26 septembre une lettre où il en parle comme
de chose déjà passée^; or le cardinal n'était pas encore à Amiens en septembre.
Ainsi l'un de ceux qui savaient le mieux l'afiaire, soit oubli, soit autre raison, se
' Ilesponse des électeurs à la proposition dont les premières répètent la pièce que
/aide de la part de l'Empereur à l'assemblée nous venons de citer. Or, cette réponse des
de Ralisbonne le. . . 1636. Cette pièce, de électeurs est datée du mois de novembre.
9 pages et demie, est une copie où la date C'est aussi une copie,
est restée en blanc; mais nous trouvons, ' Recueil de lettres qui peuvent servira
dans le fouie XIII d'Allemagne, une pièce l'histoire. Rouen, iGSy.
coléey, laquelle n'a pas moins de 2 3 pages,
DU CARDINAL DE RICHELIEU. , 761
trompe sur ce point. M. Monmerqué dit simplement, en parlant du conseil après
lequel le crime devait être commis : « Ce conseil eut lieu dans le cours du mois
d'octobre » [Mém. de Montrhor, p. 296 , note, édit. Petitol). Mais quel jour d'oc-
tobre }
Le cardinal partit avec le roi, le 29 septembre, deRoye (la Gazette dit ailleurs,
page 63 1, que le roi partit le 3o). Quoi qu'il en soit, le premier conseil tenu à
Amiens par le roi, et où le cardinal assista, eut lieu le 2 octobre; nous en voyons
un autre le 5, et il dut y en avoir plusieurs entre ce dernier et ceux dont les
Mémoires de Richelieu font mention, tenus, l'un le 2 A octobre (p. aSi), et
l'autre le 25 (p. 247 du tome IX de Petitot). • C'est après ce conseil, dit Petitot,
que Richelieu courut un des plus grands dangers auxquels il eût été jamais ex-
posé. » Nous allons montrer que celte date du 26 octobre est impossible.
Monlrésor, l'un des acteurs, note une circonstance qui nous aurait mis certai-
nement sur la voie : « Il est à remarquer que le roy s'en retournoit à son quartier
incontinent après que le conseil étoit levé; ce qui fit prendre avec plus de cer-
titude les mesures que l'on pouvoit aisément ajuster pour achever le dessein
projeté et résolu contre la personne du Cardinal. Son .Altesse et M. le Comte se
rendirent à Amiens avec 5oo gentilshommes à leur suite, et quasi tons les offi-
ciers de l'armée avec eux. • (P. 296.) Mais l'auteur des Mémoires n'indique pas
le jour de l'événement; et nous n'avons trouvé cette particularité dans aucune
autre relation; seulement nous pouvons conclure de ce pass.ige que les conjurés
ne fixèrent un jour qu'après la tenue de plusieurs conseils.
Nous lisons dans YHistoire de Louis XIII du P. GrifTet (t. Il, p. 778) que Mon-
sieur quitta l'armée pour retourner à Rlois le 20 octobre; si la date est exacte
(et elle l'est certainement, car elle est donnée par la Gazette du 25 octobre,
p. 667), ce ne peut être le 25 qu'eut lieu la tentative avortée.
Montglat, qui ne donne pas non plus de date précise, dit que l'on crut pou-
voir réparer la faute commise en manquant l'exécution quand le cardinal vien-
drait dans le camp, comme il fit trois jours après, et descendit dans la tente de
Fontenay-Marenil (Montglat, p. 1/16).
Mais Fontenay-Mareuil est loin de nous tirer d'embarras. Selon lui, il faudrait
mettre en novembre ce projet d'as.sassinat, après la prise de Corbie Corbie ca-
pitula le 10 novembre; la garnison en sortit le i4. Or voici ce que raconte Fon-
tenay-Mareuil :
• Le cardinal de Richelieu vint voir la place et ordonner ce qu'il y faudroit
faire. Monsieur ni M. le comte n'y ayant pas voulu entrer à cause qu'il y avoit de
la peste. Après quoy il retourna à Amiens, où ils estoient desjà allés, et ce fust
là et dans un conseil qui se tint chez luy, où l'on dit que Monsieur et M. le Comte
CARDIN. DE nrcllKLIEL. VII. 96
762 LETTRKS
avoienl résolu de le tuer, et qu'ils le pouvoient faire quand il fust les conduire,
ayant force gens auprès d'eux qui n'attendoienl que le signal. . . •
Fonlenay-Mareuil fait des objections : « C'est dont je ne puis parler assurément ,
ajoute-l-il , car je n'y estois pas ...»
« Joint (|ue je sçay qu'ils ont aussy dit l'avoir peu faire quand ils vinrent tous
disner dans la lente de M. de Fontenay, un peu devant qu'on ouvrist les tran-
chées, » (T. II, 268, 269.) Mais quel jour ouvrit-on les tranchées.^
On n'avait voulu d'abord que bloquer Corbic ; on résolut ensuite do prendre celte
ville de force; le roi en donna l'ordre avant de quitter la Picardie, d'où il partit le
28 octobre. Le cardinal partit le lendemain pour aller visiter les places de celle
province. Les lignes de circonvallation étaient achevées (P. Griffel, p. 779), et
on commença les approches immédiatement après le départ du cardinal [kl.
p. 780). Douze ou treize jours après la ville capitulait.
Fontenay-Mareuil parlait seulement par ouï-dire, il le remarque lui-même, il
n'y était pas; il ne faut donc pas s'étonner que son récit soit confus, contradic-
toire et ne nous aide nullement à trouver la date que nous cherchons.
Ainsi, entre un des acteurs de la scène (Campion) qui la place avant le 25 sep-
tembre et F'ontenay-Mareuil qui la met après la prise de Corbie, laquelle eut lieu
le 10 novembre, il y a près de six semaines. Au reste, nous ne citons ces autorités
que pour montrer tout ce qu'il peut y avoir d'incertitude dans les faits de l'his-
loire, même lorsqu'on a le témoignage de mémoires contemporains et de témoins
oculaires.
Ce que l'on peut donc recueillir de certain des remarques précédentes, c'est
que les auteurs du complot prirent jour après s'être soigneusement informés des
habitudes du conseil, et qu'ils n'ont dû fixer l'exécution que postérieurement au
conseil tenu le 5 octobre et avant le 20, jour où Monsieur quitta Amiens pour
retourner à Blois.
CCV.
Arcli. des AIT. étr. France, 1637, de septembre en décembre, t. 86, fol. 17. —
Original, de la main du secrétaire de nuit.
[A M. DE CHAVIGM.J
[i636, vcr.s la fin, ou conimcnccinciit Je 1637.]
' M. de Chavigny dira à M. de Noyers qu'on n'affecte rien
en matière des régimens, ou le roy se contentera, s'il luy plaist.
' Nous ne donnons qu'un extrait de le faisait quelquefois, affaires et intrigues,
cette note où le cardinal mêle, comme il latin et français.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 763
Faut renvoyer M. de Saint Simon à la Valteline .... que M. le
Premier s'oblige à avoir sa garnison bien complette ....
Faut dire au roy l'affaire de Madame de Roban « Quid spei afful-
gebat, et que maintenant latet anguis in herba, quœ remédia.. . ' »
Faut montrer à M. le Premier les lettres de M. le Prince et de
M. de La Meilleraye ....
Faut dire les bruits qu'on laict courre.
Dame chassée [par bruict]-.
Prélat esloigné. . . ^
Ce qui n'est pas [comme M. du Cbesne* sçait fort bien].
Jésuite esloigné^ [à quoy on n'a pas pensé].
.... Le sieur du Chesne a appris à ses créatures [cardinalesques
que] la créature [féminine] improuvait fort l'intelligence de ses
proches'"'.
ANNEE 1637.
CCVI.
.\rcL. des AIT. étr. France, iGSy, de janvier à mai, fol. i85. —
Original, sans signature, de la main de Cliarpentier.
An folio 186, copie aus^i de la main de Charpentier.
SUSCRIPTION :
POl R M. DE CHAVIGNY,
SECP.ÉTMHK DTSTAT.
D'Orléans, ce 3' février 1637.
Monsieur envoie vers le comte de Soiâsons pour rengager à faire sa paix avec
le roi; lui-même s'est réconcilié.
' Ceci est sans doute écrit au temps ou '' Apparemment l'évêque de Limoges,
le mauvais succès des affaires de la Val- oncle de M"* de La Fayette,
teline mettait le duc de I^olian en sus * Nous avons dit que ce mot désignait
picion. le roi.
' 11 n'est guère besoin d'avertir que c'est ' Le P. Caussin ne fut exilé qu'à la fin
M"* de La Fayette, qui se retira à la Visi- de 1G37.
talion en mni i63-. Les mots mis entre ^ L'oncle, le frère. M"" de Senecey pa-
crocliels sont ajoutés par nicliclieu. rente de M"' de La Fayette.
gfi.
764 LETTRES
S'il eust pris une autre route, il eust faict ia plus grande faute
qu'il eust jamais seu faire, Dieu conduist cette affaire et beaucoup
d'autres.
Quand cet accord sera bien cimenté, les meschans seront deses-
pérez et les sots bien eslonnez, faxil Deus ut omnia succédant ex volo.
Si cela est, nous aurons bientost la paix, le roy sera le plus heureux
prince du monde, et Monsieur le plus content qui ait jamais esté '.
Après cela je voudrois de bon cœur, en maison
Trouver un hermitage
Pour y passer le reste de mon aage *.
Je n'ay pas parlé au roy de M"^ le cardinal de La Vallelte, mais il
ne fera point de difficulté , je m'asseure, de luy envoyer aussy tost que
Monsieur aura signé tous les papiers nécessaires.
Le roy est très-ayse que les esprits forts minutent leur départ, et
cela fait grande impression sur l'esprit de Sa Majesté, que Monsieur
veut marcher de bon pied, et en vérité sans cet article il y eust eu
peut-estre de la peine à le luy persuader.
On fit signer à Monsieur ia promesse de se mieux conduire désormais. L'en-
gagement, pris en présence de Chavigni, de Léon Brulart, Charles de Condren
d'Estampes, La Ferté et l'abbé de la Rivière, fut signé par eux; et Chavigni l'en-
voya immédiatement au roi, qui était à Orléans. Le cardinal répondit aussitôt :
" Vostre lettre est venue fort à propos; S. M. a esté fort aise de voir par icelle
la bonne disposition de Monsieur. Je vous puis asseurer que S. A. ne trouvera
que des roses dans le chemin que vous me mandés qu'elle veut prendre, au
lieu qu'elle n'eust sceu faire un pas sans marcher sur des espiues dans celuy où
on la cuidé traisner contre sou gré. • • • • ( Orig. de la main de Cherré ; ms. cité
aux sources, fol. 2/n et 2/i3. — Voy. notre V° vol. p. y/iA-ySS.)
' Dès le lendemain , le cardinal témoi- ^ Ainsi écrit dans la copie en lignes ri-
gnait un peu plus d'inquiétude , ainsi qu'on mées. Richelieu a prirlé plusieurs fois de
l'a pu voir dans sa lettre du A février, se retirer des affaires sur un ton plus sé-
p. 760 de notre V volume. rieux.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 765
CCVII.
Arcli. des Aff. étr. Hollande, t. XIX, pièce i65. —
Original chiffré, contre-signe Boiithillier. (Chavigni.) —
Minute de la main du secrétaire de nuit, t. XX , fol. 1 48 '.
MÉMOIRE
QUE LE ROY A COMMANDÉ ESTRE ENVOYÉ A M. DE CHARNACÉ,
SON AMBASSADEUR EK HOLLANDE.
20 juin 1637 '.
Ledit s' ambassadeur sçaura trois choses: l'une que M. le cardinal
de La Valette s'est mis en campagne le 1 2"^ de ce mois dans le pays
des ennemis, par Cliasteau-Cambresis, aGn de les attirer loin des
lieux que le prince d'Orange propose d'attaquer.
L'autre, qu'on a faict satisfaire les s" d'Usquerque et Heuff siir le
sujet des i,5oo,ooo^ que le roy donne à M" les Estais; de sorte que
dès à présent ils touchent' 3oo,ooo** comptant, et de temps en temps
jusques à la fin de l'année, le reste.
La troisiesme, que le roy a descouvert par une personne affidée
qu'à Sedan on se dit à l'oreille les uns aux autres qu'on propose à
M. le comte le mariage de la fille de M. le prince d'Orange; qu'on
ne sçait pas s'ils font courre ce bruit par artifice et pure invention
dont ledit s'' comte est plein; mais qu'il est vray que la vanité dudit
s' comte va jusque là que de mettre ce party entre tous ceux de la
chrestienté qui luy sont offerts. On a desjà veu sortir divers artifices
de cette boutique, estant certain qu'il y a un mois qu'il manda posi-
tivement à Monsieur que M. le prince d'Orange ne mettroit point en
' Cette minute sans date a été mise à la nacé ; l'une, etc. ». Sauf les légères diffé-
(in de iGSy, celui cjui a classé les pièces rences notées ci-après, l'original est con-
de ce volume n'ayant point trouvé son forme.
ordre chronologique. Elle commence ainsi : ' Voy. la lettre écrite le même jour à
• Il faut mander trois choses à M. de Char- M. de Charnacé, t. V, p.. 790.
766 LETTRES
campagne et qu'il l'en avoit faict asseurev par M. le duc de Bouillon,
dont on ne sçauroit nier que le procédé ne soit bien eslrange.
On dit dans Sedan que ledit s'' de Bouillon ne faict rien sans le sceu
et le consentement de M. le prince d'Orange \ mais on ne le croit en
aucune façon, et estime-t-on tel langage et autres qu'ilz pourront in-
venter de telle nature, n'avoir autre fm que de séparer ce qui sera
tousjours uni, c'est-à-dire M"^* des Eslats et M. le prince d'Orange de
la France. Il est bien vray qu'on ne peut concevoir comme M. de
Bouillon a la hardiesse de faire ce qu'il faict, le roy estant en guerre
avec M""^ des Estais contre un ennemi commun.
Ledit s"^ de Cbarnacé agira en tout ce que dessus selon sa prudence,
mais on juge qu'il est néces.saire qu'il donne advis à M. le prince
d'Orange des bruits qui courent à Sedan, qu'on offre M"'' sa fille à
M. le comte.
Il est bien important que M. le prince d'Orange sache que, depuis
deux mois ou six semaines, on faict sourdement coure le bruit à
Bruxelles qu'on a pris une dépesche de l'admirai Dorpt à M. le prince
d'Orange, qui leur a donné lieu de tenir un corps à Gravelines, et
qu'ils commencent à travailler au port de Gravelines, ce qui est de
grande conséquence; qu'il importe fort de sçavoir quelle attaque fera
M. le prince d'Orange, parce qu'en cas qu'il ne veuille pas aller à
Dunkerque, il faudroit un moyen de rompre leur travail, ce qu'on
n'ose faire de peur d'y attirer les ennemis davantage.
Depuis ce que dessus escrit, le s"" d'Aigueberre est arrivé; on ne
manquera pas d'exécuter, précisément au temps porté, ce que ledit
s' d'Aigueberie a rapporté, que M. le prince d'Orange désire favoriser
son entreprise. Pour cet effect, il y a deux jours qu'on a faict partir
' La princesse ne négligeait rien pour princesse d'Orange l'a informé très-secrè-
dénientir ces rumeurs; notre manuscrit, tement des intrigues de Bruxelles , du duc
1. XX , pièce 88, conserve une lettre auto- de Bouillon et de M. le comte. «Je voussup-
graplie de Charnacé, datée de l'île de Zé- plie, ajoute Charnacé, que personne autre
lande, devant le fort de Ranikens, le 12 juil- que S. E. ne sache que M"" la princesse
tel, ou il mande à Chavigni que M°" la d'Orange m'aye parlé de ce que dessus.»
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 767
les troupes nécessaires à celte fin'; les quatre mille hommes de pied
et les cinquante chevaux effectifs seront le 26 de ce mois, sans faillir,
au lieu où le s' d'Aigueberre a tesmoigné que M. le prince d'Orange
désiroit qu'ils fussent, pour leur donner de ses nouvelles et les envoyer
quérir. Le s' de Charnacé peut asseurer de cela.
Le s" d'Aigueberre a dit qu'on avoit mandé d'Angleterre en Hol-
lande qu'on avoit envoyé un capucin, nommé le P. Basile, en Espagne,
pour faire des négociations secrettes; led. s"" de Charnacé peut s'as-
seurer que c'est une pure invention qui n'a fondement quelconque et
qui est sans prétexte. On est sy accoustumé à ces artifices naturels
aux Espagnols et à ceux qui sont à Sedan qu'on ne s'en eslonne plus.
L'année passée, l'équipée que M. le Comte fit faire à Monsieur, l'un
s'en allant de la cour et l'autre se retirant à Sedan, fit penser le roy
plus que jamais à désirer des enfans. Cette pensée aboutit à divers
voyages de piété, l'un àNostre-Dame de Lorette, en suitte d'un autre
que l'évesque de Grenoble y avoit desjà faict de la part du roy, l'autre
à Nostre-Dame de Liesse, et un autre à Notre-Dame des Ardilliers.
Il fut lors proposé, par quelques femmes de la reyne, qu'il y avoit
un St Isidore en Espagne qui avoit faict de grands miracles en genre
de fécondité. On consulta s'il y avoit danger d'y envoyer, avec des
lettres de la reyne, pour demander ouvertement lesdites reliques. Il
fut trouvé que non. M. ^ le cardinal fut de cette opinion comme les
autres, afin que la reyne ne pensast pas qu'il s'opposast à ce que ses
femmes proposoient estre utile à luy donner lignée. On ne sçait .si
c'est sur cela qu'est fondé ce qu'a rapporté le s' d'Aigueberre'; mais
' Les lignes d'ici à la fin de l'alinéa ne
sont point dans la minute. Cette troupe
devait s'embarquer à Calais. Notre manus-
crit, t. XVll, fol. 177, contient un mémoire
de M. de Cadenet concernant divers mou-
vements militaires à opérer en même
temps.
* Dans la minute il y a simplement n le
cardinal. • On voit que Richelieu dictait.
' Dans une lettre écrite de RucI, le
7 juillet suivant, Chavigni répétait à Char-
nacé une partie de cette dépêche du roi,
et à l'occasion du bruit répandu sur la mis-
sion secrète du moine, Chavigni ajoute :
« Ce grossier artifice des espagnols fait
douter icy si la reyne ne pourroit pas estre
en intelligence avec eux et avoir désiré le
voyage de ce religieux pour leur donner
768 LETTRES
si cela est, l'effect de la négociation de ce bon religieux est l'entre-
prise que fait la France conjoinlenient avec M''" les Estais d'attaquer
fortement la Flandres.
Ledit s"" de Charnacé sçait les diverses alarmes qu'ils ont voulu
donner de M. le prince d'Orange, comme on lui a mandé par le
passé; maintenant ils en veulent donner de la France, ce à quoy ils
réussiront aussy peu qu'ils ont faict à en donner de M" des Estats.
Lorsqu'on donna liberté au comte de Salazar, les mauvais François
firent coure sourdement le bruit dans Paris que c'estoit pour quelque
négociation, et cependant, comme il a paru, on n'y pensa jamais.
Bien espéroit-on par ce procédé que les Espagnols rendroient le se-
crétaire Peny, qu'ils retinrent contre la foy publique, lorsque la rup-
ture se fit entre les deux couronnes, et qu'ils retiennent encore, bien
que ledit Salazar eust promis qu'il ne seroit pas plustost là qu'on ne
manqueroit pas à renvoyer ledit secrétaire. Cependant il a eu loisir
d'y demevirer un an et d'y mourir encore, ce qui luy est arrivé de-
puis un mois, et le secrétaire du roy demeura tousjours prisonnier.'
Ledit s"" de Charnacé asseurera le prince d'Orange de nouveau que
le roy ne traittera jamais sans luy, et que les intérests de M"^' des
Estats marcheront tousjours, en telles occasions, de mesme pied avec
ceux de la France.
Le procédé que gardent les Espagnols monstre bien qu'ils n'ont
autre but que d'employer toutes sortes de voyes pour séparer ceux
qui sont liez avec le roy les uns des autres. Vous le verrez en ce que
jusques icy on n'a peu obtenir ny de l'Empire, ny de l'Espagne, ny
de Flandres, les passeports pour aller conjointement à Cologne.
moyen de fonder un tel artifice. Ce qui
pourroit donner lieu à cette opinion , c'est
que depuis peu on a surpris une lettre
d'un Espagnol à la reync qui ne peut cslre
bien interprétée à son esgard et qui fait
douter que ses affections soient aussy fran-
çoises qu'espagnoles. Ceci est un secret
pour vous, car pour l'affaire, il s'en fault
moquer, telle ruse n'estant pas bonne en
un temps où nous attaquons si puissam-
ment la Flandre. » Suivent quelques détails
sur les événements de la guerre. Quant à
ce qui concerne la reine, il faut se souvenir
que cela était écrit peu de temps avant
l'affaire du Val-de-Grâce. (Ms. cité aux
sources, t. XIX, fol. 179.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 769
L'on envoyé audit s"^ de Charnacé copies de trois lettres, deux es-
crites au Nonce, l'autre à l'ambassadeur de Venise, qui justifieront
bien qu'au mesme temps qu'on voudroit faire soubçonner des négo-
ciations secrettes, le roy déclare ouvertement qu'il ne traictera jamais
qu'avec ses alliez ^
L'intention du roy avoit esté que les s" de Charnacé et de Charost
commandassent le secours qu'il donne à M. le prince d'Orange, mais
S. M. juge à propos de laisser le dernier dans la place pour y donner
les ordres, comme aussy à toutes les choses dont on aura besoin dans
l'année.
Faict à Fontainebleau le 20*^ jour de juin lôSy. •
LOUIS.
BOUTHILLIER.
CCVIH.
Arch. des Aff. étr. Turin, t. aS, fol. laa. —
Minute de la main de Clierré.
[A M. D'HÉMERY.]
27 juin 1637.
J'ay veu vostre dépesche du i 7 de ce mois.
Il ne se pouvoit mieux agir avec M. de Savoie que vous avés faict,
ny avec Madame aussy. Je ne sçay quelles intentions a eues le bon
P. Monot, mais par la franchise dont M. de Savoie a usé en vostre
endroit, en vous descouvrant certaines choses que nous ne sçavions
pas de deçà , il est à craindre qu'elles n'ayent pas esté telles que je les
souhaitte, et pour le service de M. de Savoie et pour luy-mesme.
Je n'ay jamais ouy parler ny en pensée que Senantes voulust atten-
ter à ma personne ^ . . .
' Ici finit la minute.
* Senantes était un gentilhomme de
Monsieur. Richelieu l'avait fait mettre à la
Bastille en 1 635 lors de l'emprisonnement
CARDIN. DE niCHELIED.
de Puyiaurens, mais il lui rendit bientôt
la liberté. Nous le trouvons plus tard en
Piémont, mestre de camp dans l'armée de
la duchesse de Savoie (Guichenon , p. gSo).
97
770 LETTRES
Quant aux conseils que le P. Monot donne au P. Caussin sur le
sujet de M""" de La Fayette, j'ay pris cela comme effect du peu d'ex-
périence qu'il a de cette cour, où les intrigues ne servent plus d'au-
cune chose. Vous sçavez , grâce à Dieu, que je suis sy asseuré de la
bonté ' du roy que je n'appréhende point qu'aucun artifice puisse
changer la disposition de son esprit à mon esgard.
... Si vous n'avez pas eu les troupes à temps, c'est vostre faute
et celle de M. de Créquy, lequel a escrit (ju'on n'en envoyast point
sans nouveaux ordres. . . Les fonds avoient esté faits à comencer du
i"juin. . . On a envoyé depuis vostre partement plus de trois cour-
riers à toutes les troupes pour les faire avancer. . . mais à mesure
que nous les hastions de deçà, on retardoit de vostre costé. . . Je
vous prie de faire des efforts non pareils pour réparer le mal que ce
retardement a apporté. — ... Nous vous enverrons de l'argent, lequel
ne sera pas plustost despensé que nous vous en enverrons encore ;
mais au nom de Dieu faites travailler autant en effet comme vous
sçavez que je vous accuse de faire beaucoup d'affaires en paroles.
Richelieu informe d'Héoieiy comment il pourvoit à tout et nomme les per-
sonnes à qui diverses sommes sont envoyées.
J'ay fait aussy donner une assignation , pour cette année courante
1687, de la pension qu'avoit M. le cardinal de Savoie que le roy a
donnée au second fils de M. de Savoie, ce qui est du tout extraordi-
naire. Les pensions ne se payent point qu'à la fin de l'année.
BILLET À PART.
Vous ne sçauriez prendre une meilleure conduilte que de ne vous
déclarer point contre le P. Monot, et laisser agir M. le comte de Verrue
« C'estoit un homme de service et il eust avait à peine un mois que M"' de La Fayette
fait fortune, 1 dit Henri Arnauld en an- était au couvent, et il ne tarda pas à faire
nonçant sa mort. Lettre du 1 6 novembre emprisonner le P. Monod , dont il craignait
16/ii. 'les intrigues auprès de la duchesse de Sa-
' Quand Richelieu écrivait cela, il y voie.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 771
et Baronis. Maintenez vous bien avec Madame et avec le comte Phi-
lippe , auquel je ne vous conseille point de parler ouvertement du
P. Monot, mais vous pouvez insensiblement luy faire cognoistre quel
il est sans luy tesmoigner aucune passion.
CCIX.
Arcli. des Aff. étr. Koaie, t. LX. —
Mise au net et Minute, de la main de Charpentier. —
Sans date, classées à la fin de juin.
AU NONCE.
. . . Juin 1G37.
Tout ce qui vient de la part .du Pape estant considéré par S. M.
avec révérence , la proposition qui luy a esté faite par M. le nonce,
au nom de S. S., d'une trefVe générale pour longues années, en a esté
bien receue. Cependant, comme il s'agit des intérests des alliez de
S. M. aussy bien que du sien, elle ne peut rendre autre response,
sinon qu'elle a besoin du consentement de sesd. alliez, vers lesquels
elle a desjà dépesché expressément pour en avoir plustost response.
S. M. trouveroit, à son esgard, le lieu de Rome proposé par S. S.
pour trailter de ladite suspension, fort bon, mais elle craint et pré-
voit que ses alliez n'en pourront convenir tant à cause de la diversité
de leur créance que de l'aversion que les ministres de S. S. ont tes-
moignée avoir jusques à présent à se mesler de leurs affaires, mesme
de celles qui ne .sont que purement politiques, ce qui n'altère pas
peu leurs esprits ; au lieu que si S. S. prescrivoit aux siens un autre
procédé, il avanceroit présentement le repos de la chrestienlé, et je-
teroit pour l'avenir une semence qui pourroit estre utile à leur salut.
Cologne semble le lieu le plus convenable; il est déjà désigné, et le légat de
S. S. y est depuis longtemps, mais il plaira à S. S. de faire que les passe-ports
nécessaires, et qu'on n'a pu obtenir jusqu'à présent, soient délivrés.
Quant à la provision proposée par S. S. pour les princes despouiilés,
97-
772 LETTRES
S. M. supplie S. S. de considérer la différence qu'il y a entre le duc
de Lorraine, vassal et sujet de la France à son esgard, le Palatin au
respect de l'Espagne et autres à l'esgard des empereurs . . . Alors S. M.
ne s'esloignera pas de luy donner contentement, en cette occasion,
proportionné à celuy qu'elle recevra d'ailleurs.
CCX.
Arch. des Aff. étr. Pays-Bas, t. XII. —
Minute de la main du secrétaire de nuit.
A M. LE MARESCHAL DE CHASTILLON.
16 août 1637.
Mons^ les grandes affaires requiènent diverses pensées, et elles ne
sont jamais mauvaises quand on peut revenir aux premières, lorsqu'on
trouve que les nouvelles ne sont meilleures. Vous m'avez mandé le
dessein que vous avez après le siège d'Yvoy, il est fort bon; je vous
ay escrit pour sçavoir si vous ne pourriez point entreprendre celuy de
Thionville^ auquel, bien qu'il fust meilleur, nous trouvons de l'incon-
vénient représenté par ma précédente dépeschc. Maintenant j'envoye ,
pour vous en proposer un autre, non plus difficile, mais plus com-
mode au dessein présent, veu le pied que nous avons dans le Hainaut.
M. le cardinal de La Valette ayant pris le poste de Maubeuge, où il
se veut maintenir avec quatre mille chevaux et quatre mille hommes
de pied, s'en va tasclier de nettoyer tout ce qui est entre la Sambre
et la Meuse, depuis Maubeuge jusqu'à Mons.
Si, au mesme temps, vous pouviez prendre Charlemont^, où le
passage de Givait, qui est le plus commode que les ennemis ayent
sur la Meuse, est conjoinct, nous serions en estât de faire faire par
force la paix aux ennemis, ou de prendre l'année qui vient de bien plus
grands avantages sur eux, et toutes nos conquestes seroient joinctes.
Je vous prie de considérer cette proposition, voir ce qui s'y peut
' Le manuscrit met seulement ïhion. — ^ De la main de Richelieu; il y avait Ma-
riambourg , qu'on a barré.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 773
faire et m'en faire prompte response. Cependant au cas que vous y
trouviés de la difficulté, je vous déclare dès cette heure, de la part
du roy, qu'il vous est libre de demeurer dans l'exécution de vos pre-
miers desseins.
CCXI.
Arch. des AS. étr. France, i638, d'août en septembre, foi. 73. —
Minute de la main du secrétaire de nuit.
AU ROY.
Du 22 aoiist 1637 '.
Aussy tost que j'ay esté arrivé pour satisfaire aux commandemens
de S. M., La Porte a esté interrogé ^.
Après avoir veu ses responses et les sermens qu'il a faicts, c'est
asseurément quelque autre par les mains duquel passoit le commerce
des lettres de Flandres, et sans doute toute cette négociation se fai-
soit dans le Val de Grâce, en quoy il semble que la reyne ayt voulu
encore user de dissimulation pour descharger ce couvent.
M. le chancelier escrit une lettre à V. M., qu'elle peut faire mons-
trer à la reyne, comme aussy l'interrogatoire de La Porte, afin qu'il
luy plaise dire ce qu'elle sçait de vray en ce sujet, pour le garantir
de la question qu'il ne seroit pas raisonnable de donner à un pauvre
garçon innocent, s'il est vray, comme je le croy', que ce ne soit pas
luy qui portoit lés lettres chez Auger *.
' La date notée au dos de la pièce donne
le millésime de i638, où ce document se
trouve classé.
° Il y avait ici une ligne qu'on a effacée :
• Asseurément Buglosse n'a pas dict la vé-
rité. •
' On voit qu'en ce moment Richelieu
était dupe de Laporte, et remarquons qu'il
hésitait à faire subir la question à im
homme qu'il croyait innocent. Le cardinal
confirme ici les Mémoires de Laporte
(p. 359 et suiv.) ; le récit de ce fidèle ser-
viteur n'exagère rien lorsqu'il raconte avec
quelle énergie de dévouement, quelle in-
croyable et intelligente fermeté il déjoue,
pour sauver sa maîtresse, toutes les ruses
des plus habiles interrogateurs. — Voy.
notre V voimne, p. 835.
* Nos mss. écrivent encore ce nom Oger
et Ogier
774 LETTRES
Le courrier de Flandre est venu; S. M. aura l'extraict des dépesches
aussytosl qu'il sera faict.
CCXII.
Arcli. des Aff. étr. Rome, t. LX. —
Lettre préparée pour la signature et non signée. —
De la main de Cherré.
AU PAPE.
Conflans, ilx août 1637.
J'ay tant de joye et tant de sujets d'en avoir pour le recouvrement
de la santé de V. S. que l'un et l'autre sont inexprimables, et beau-
coup plus encore le dernier que les sentiments dont il est cause. En
effet, l'église et toute la chrétienté, les lettres et la vertu ont un si
notable intérest à la conservation de V. S. qu'il faut estre sans reli-
gion, sans érudition et destitué de toute teinture d'honnesteté pour
ne le concevoir pas. Comme il y a des oyseaux qui fuient naturelle-
ment la lumière, s'il s'est trouvé des hommes assez misérables pour
souhaitter que celle de V. S., un peu obscurcie par quelque nuage
des incommoditez qui sont inesvitaljles aux hommes, s'esteignist tout
à fait, je supplie Dieu de tout mon cœiu- qu'en punition d'un tel
crime ils soient contraints de la souffrir encore trente années, avec
d'autant plus de peines qu'ils verront que ce qui leur tiendra lieu de
supphce fera les délices des gens de bien, entre lesquels V. S. me
permettra, s'il luy plaist, de prendre place en quahté de la personne
la plus passionnée qui puisse estre aux intérests de V. S. dont je seray
à jamais ,
Très Saint Père ,
De V. s.
Le très dévost, très humble et très obéissant serviteur.
De Conflans, ce 2 A'' aoust 1687.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 775
CCXIH.
Arch. des AIT. étr. Hollande , t. XX , pièce 1 1 1 . —
Minute de la main du secrétaire de nuit.
A M. DE CHARNACÉ.
36 août 1637.
Nous prenons tant d'intérest à ce qui concerne M. le prince d'O-
range et M" des Estats, qu'y ayant un homme dans la maison de la
reyne mère du roy, affectionné à son debvoir, qui jusques à présent
nous a donné quelquefois de bons advis, nous vous dépeschons ex-
près ce courrier pour vous en donner un qu'il nous mande '. . .
[Il nous escrit déterminément que les ennemis] tiennent si asseu-
rément Breda perdu qu'ils n'ont plus d'espérance qu'en la diversion
d'un nouveau siège d'une de ces deux places (Venloo ou Mastrich);
c'est [ce dont nous vous donnons advis en diligence, parce qu'un
renfort de garnison peut leur empescher leur dessein]. — Je vous
prie que cet advis ne soit pas communiqué à M" des Estats, mais seu-
lement à M. le prince d'Orange, de peur qu'on peust venir à descou-
vrir l'autheur, tpii nous seroit un très grand préjudice. . . .
Le cardinal expose ensuite brièvement l'ensemble des afTaires militaires, les
opérations du maréchal de Châtillon, celles du cardinal de La Valette, du duc
de Longueville, du duc Bernard de Weymar, qui vient de battre Jean de Wert.
Tant y a que si les Espagnols sont si mauvais qu'ils ne veuillent
' En même temps que Richelieu faisait deur en Hollande, écrite le 4 mars i638
écrire par le roi à M. de Charnacé une (ci-après aux analyses), nous apprend que
ample dépêche dont il avait donné la ma- ce serviteur inlidèle donnait ces iaforma-
tière (notre V* vol., p. S^a), il adressait à tiens depuis trois années; nous n'avons
notre ambassadeur cette lettre plus con- point découvert son nom, mais nous ver-
cise et plus confidentielle, dictée à son rons plus tard le médecin Riolan jouer le
secrétaire de nuit. Une autre missive de Ri- même rôle auprès de la reine exilée,
chelieu à M. d'Etampes, aussi ambassa-
776 LETTRES
pas une bonne paix cet hyver, je vous prie d'asseurer M. le prince
d'Orange que nous serons encore mieux préparez pour la campagne
de l'année qui vient que nous n'avons esté pour celle-ci, qui, avec
l'ayde de Dieu, ne sera pas mauvaise. Et en effet, si M" des Estats
veulent penser de bonne heure à se préparer pour le printemps , j'es-
père que nous ferons des merveilles.
Je vous prie d'asseurer particulièrement M. le prince d'Orange de
mon affection et de mon service, et que, soit paix, soit guerre, nous
ne la ferons jamais que conjointement, quelques artifices dont les
ennemis puissent user.
CCXIV.
Arch. des Aff. étr. Espagne, t. XVIII, fol. S/jy. —
Mise au net, de la main de Clierré, devenue minute.
[A M. DE PUJOLS '.]
Ce 1 2' .septembre^ 1637.
On a descouvert icy une pratique bien infâme du marquis de Mi-
rabel avec la reyne, qui avoit grandement altéré la bonne disposition
du roy, auquel on a représenté que c'estoit sans doute un effet de
l'imprudence et de la malice de Mirabel et non des ordres d'Espagne,
où les conseils sont trop sages pour approuver telles pratiques ^.
La reyne a receu des effects de la bonté du roy, et si l'Espagne
sçavoit le particulier de la procédure de Mirabel, il en recevroit asseu-
rément le chastiment de la part de son maistre. Cette affaire estoit
capalile d'altérer la disposition qu'on a à une bonne intelligence,
' La suscription manque. Nous rappe- ^ Ce quantième de la main de Richelieu ,
Ions que le cardinal ne \oulait point pa- le millésime ajouté après coup,
raître dans cette correspondance avec l'a- ^ C'est )à un compliment qu'on appré-
gent équivoque qu'on entretenait à Madrid ; cie ce qu'il vaut quand on sait ce que pen-
Chavigni était, en apparence, le corres- sait Richelieu de la politique espagnole,
pondant de Pujols, en réalité c'était Ri- L'indulgence pour la reine s'explique parce
chelieu. que c'est en Espagne qu'on écrit.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 777
mais cela ne sera pas, estant clair que la faute tombe sur Mirabel
seul.
Le duc Bernard de Weymar a passé le Rhin et a eu par deux fois
de notables avantages sur Jean de Wert.
Banier, Wrangel ont plus de vingt- cinq mil hommes et sont en
estât de ne pas craindre Calasse, dont l'armée diminue par la nécessité
des vivres.
Par les dernières nouvelles, Banier estoit à Garts sur l'Oder, qu'il
a grandement fortiffié, comme aussy Stetin. Il luy vient tous les jours
de nouveaux secours de Suède, et on mande qu'il se dispose à reme-
ner Calasse dans l'Allemagne, comme Calasse l'a amené dans la Po-
méranie.
Breda ne peut estre secouru.
M. le cardinal infant a pris Venelo [sic] et Ruremont. M. de Lon-
gueville continue ses progrès dans Bourgoigne et a, depuis trois jours,
emporté Bleteran [sic), place considérable.
M. de Chastillon est au siège de Dampvillers. [La Chapelle sera
prise dans huit jours par M. le cardinal de La Valette'.]
Voilà [le vray] estât des affaires.
Ici, dans la mise au net, Cherré a laissé un blanc'', et il continue :
Si le Comte duc approuve les propositions de la trefve, les deux
couronnes se mettront en estât de traitter avec repos de la paix. —
Rome a faict une proposition que ceux qui possèdent le Palatinat, le
Wirtemberg et la Lorraine donnassent une pension aux propriétaires,
en attendant la décision de la paix. Bien que cela feust rude pour la
France, qui n'a pas seiJement le droit de la guerre sur la Lorraine,
mais en outre celuy de seigneurie sur son vassal rebelle, s'il ne tenoit
' Phrase ajoutée par Richelieu, ainsi envoie à Pujols une lettre de change de
que le mot « vray. » ^oo écus , laquelle on a mise au porteur,
' Dans ce blanc , une note de la main de afin qu'on ne sache pas à qui elle va.
Richelieu et de celle de Chavigni dit qu'on
CARDIN. DE HICBELIEU. — VU. 98
778 LETTRES
. qu'à cela, on ne lairroit pas d'y entendre, si on sçait que M. le comte
duc veuille marcher de bon pied au reste.
Cette addition, depuis le blanc, a été barrée, mais il peut être intéressant de
connaître la pensée qu'on y avait exprimée.
CCXV.
Arch. des AIT. étr. Rome, t. LX. — Mi?e au net, corrigée, devenue minute.
MÉMOIRE
ENVOYÉ A M. LE NONCE SUR LE SUJET DE LA TRÊVE ET DE LA PAIX.
i" octobre 1637.
Mons' Bologneti, nonce en France, ayant fait sçavoir au roy que
le roy de Hongrie a respondu au nonce de S. S., qui est près de luy,
qu'il approuvoit et entendroit volontiers à la proposition qui luy es-
toit faite de la part de sad. S. d'une trêve générale de plusieurs an-
nées, et qu'il l'estimeroit d'autant meilleure qu'elle seroitplus longue,
désignant mesme sa durée pouvoir estre de i5 à 20 années;
S. M., pour correspondre aux désirs de S. S. et aux bonnes inten-
tions que le roy de Hongrie tesmoigne en cette occasion avoir pour
le repos public, déclare aud. s"" Bologneti, pour le faire sçavoir à S. S. ,
qu'elle est preste d'entendre à la trefVe proposée cy- dessus, de la
durée qui a esté désignée par le roy de Hongrie, comme aussy de faire
toutes les diligences nécessaires envers les [Suédois et Hollandois et
autres], ses alliez, pour les y faire consentir. Et pour tesmoigner que
ce n'est point seulement pour éviter le blasme de vouloir la guerre
que le roy acquiesce à cette proposition et se fait fort d'y porter sesd.
alliez, mais en effet pour procurer de tout son pouvoir un repos ef-
fectif à la chrestienté, si les Espagnols ne veulent pas en ce point
déférer aux propositions du pape et s'accorder aux sentimens du roy
de Hongrie, S. M. ne feroit aucune difficulté de porter sesd. alliez,
en ce qu'elle pourroit, et les Estats, à faire lad. Irefve poiu- 1 5 années
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 779
avec le roy de Hongrie et tous les princes et potentats d'Allemagne,
si led. roy de Hongrie, lesd. princes et potentats d'Allemagne pro-
mettant de n'assister en aucune façon les Espagnols contre la France,
les Suédois, Hollandois et autres ses confédérez, il se pouvoit trou-
ver quelque moyen si infaillible d'asseurer l'exécution et l'effet de
telle promesse que les Espagnols ne peussent tirer d'Alemagne ny
hommes, ny argent. Et afin qu'on ne pense pas que par telle déférence
à S. S., S. M. vueille affoiblir l'Espagne, par la privation du secours
qu'elle peut recevoir d'Alemagne , elle déclare estimer plus à propos
que la trefve générale se face entre tous les princes qui sont mainte-
nant en guerre qu'entre quelques-uns seulement, ainsy qu'il est dict
cy-dessus.
Et lad. trefve générale se faisant entre tous les princes qui sont
maintenant en guerre, selon le désir de S. S., S. M., pour se confor-
mer entièrement à ses sentimens, estime que quand mesme elle se-
roit accordée et faicte, il ne faudroit pas laisser de travailler inces-
samment et sans discontinuation dès le lendemain à l'avancement et
à la conclusion d'une bonne paix, laquelle la France désirera tousjours
plustost pour le bien de la chrestienté que pour aucune crainte des
événemens de la guerre.
Faict le i " jour d'octobre 1687.
CCXVl.
Arch. des Aff. étr. Espagne, t. XVIIl, fol. SgS. —
Mise au net de la main de Cherré, devenue minute, le cardinal ayant ajouté trois mots.
[A M. DE PUJOLS.]
Du 8' novembre 1637.
Pour ne perdre aucune occasion, rencontrant celle de cet ordinaire,
on veut bien encore vous asseurer qu'on veut traitter de bonne foy
et sans prétendre autre avantage que celuy que la raison doit accorder
à un chacun.
98.
780 LETTRES
Je vous atteste devant Dieu qu'on ne préfère la négociation de la
trefve à celle de la paix que parce que c'est le seul moyen de sortir
proniptement d'affaire et parvenir ensuitte, sans gi-and delay, à une
bonne paix.
Je vous proteste de plus que bien que la trefve qui se propose soit
de longues années, on ne pense pas de deçà à se conserver, par ce
moyen , la possession de ce qu'on a maintenant à l'Espagne , puisqu'on
faict estât que la trefve estant faite, on peut promptement terminer
toutes choses entre les deux couronnes [par une paix suivante] et res-
tituer aussytost ce que l'on tiendra de part et d'autre.
Je vous proteste encore que le cardinal' brusle de désir de faire
faire quelque bonne entreprise contre les infidelles en l'Orient, et que
la France veut demeurer pour l'avenir en bonne union et intelligence
avec l'Espagne.
Après ces asseurances, il ne nous reste plus qu'à sçavoir les inten-
tions d'Espagne, que vous nous ferez grand plaisir de nous mander
au plus tost.
Hier au soir, M. le nonce fit une nouvelle instance sur le sujet de
la trefve générale, sur ce qu'il avoit receu le mesme jour des lettres
du nonce qui est à Vienne, qui portent que l'Empereur luy avoit dé-
claré, pour la seconde fois, qu'il approuvoit la trefve générale et y
consentiroit volontiers, pourveu qu'elle feust pour longues années.
Au mesme temps, led. s"' nonce nous a dict qu'il y avoit quelques
jours que le nonce qui est en Espagne luy avoit mandé que M. le
Comte duc luy avoit dict, sur le sujet de la suspension ou trefve géné-
rale, qu'ils s'accommoderoient en ce point aux intentions de l'Empe-
reur et qu'ils avoient dépesché en Allemagne pour l'en asseurer.
Cela estant, on peut bientost sortir d'affaire et donner repos à la
chrestienté.
' Voy. la note i de la page 776.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 781
CCXVII.
Arch. des Aff. étr. Espagne, t. XVIII, foi. 699. — Copie.
[A M. DE PUJOLS.]
Du 10 décembre 1637.
Bien que nous ayons lieu de croire le peu de volonté qu'a l'Espagne
de l'accommodement qu'on proposoit, n'ayant pas faict de response à
tant de lettres que nous vous avons escrites, on ne laisse pas pourtant
de vous dire parcelle-cy qu'on est tousjours par deçà dans le mesme
sentiment. Après cela nous aurons cet avantage que Dieu, qui est tes-
moin de la vérité de nos paroles et qui cognoist la sincérité de nos
intentions, voit bien qu'il n'a tenu qu'à l'Espagne, et ne tient encore
aujourd'hui qu'à elle, que la chrestienté ne soit tout d'un coup délivrée
des misères qui la ravagent, et ne jouysse du repos qu'on luy peut
donner en un instant. Faictes nous response une fois pour toutes.
CGXVIII.
Arcli. des AIT. étr. Hollande, t. XX, pièce lig- —
Mise au net, corrigée par Richelieu qui a écrit la dernière page. —
Copie de lu main d'un secrétaire de Chavigni, pièce i4'î-
MÉMOIRE
POUR M. DESÏHADES.
3i décembre 1 687 '.
Tous les desseins qu'on peut faire du costé de M. le prince d'Orange
.sont ou Anvers, ou Hulst [ou Bruges et Dam], ou Dunquerque, ou
Gueldrs, et ensuite Venlo et Ruremont.
' La mise au net est restée sans date; c'est à la copie que nous prenons le titre que
nous mettons en tête de la pièce.
782 LETTRES
Dunquerque est le principal' qui vuideroit toutes sortes d'affaires;
mais on ne croit pas que M. le prince d'Orange le puisse entreprendre.
Cependant s'il le veut faire , sans y venir en personne , on luy fournira ,
outre les douze cent mil livres du traitté faict par M. de Vosbergue,
six mil hommes de pied et douze cent chevaux, tant que durera le
siège.
Les entreprises de France peuvent estre depuis la coste de la mer
jusques à Landrechy, sçavoir est, Gravelines, Saint-Omer, Hedin,
Arras, Bapaume, Monts, Cambray, le Quesnoy, Valenciennes; le Ques-
noy estant premièrement pris.
On pourroit encore attaquer Namur, si Charlemont ne coupoit les
vivres.
Si M. le prince d'Orange attaque Dunquerque , on est d'avis d'aller
à Monts ou Valenciennes pour destourner les ennemis.
S'il attaque Hulst [ou Bruges ou Dam, on attaquera la place qui
sera jugée la plus convenable de deçà pour favoriser ce dessein].
S'il attaque Anvers, en quelque lieu que la France face son attaque
il est indifférent, pourveu que ce soit une bonne place dans le Pays-
Bas, ce à quoy elle ne manquera pas.
Pour ce qui est de Thionville, on l'entreprendroit volontiers, à
cause que cela traverse la communication d'Allemagne , si M" des Pro-
vinces-Unies tenoient une telle attaque pour suffisante diversion, mais
croyant qu'ils n'en seroient pas contens, S. M. s'engage dès cette
heure à faire faire une attaque dans le corps du Pays-Bas.
' Voy. Mémoires de Richelieu, t. IX, le sujet des entreprises qu'elles peuvent
p. /i8 1 . La pièce qui précède ce mémoire faire, je ne prends la plume que pour vous
est une lettre de Richelieu au prince d'O- supplier de prendre entière créance en ce
range : qu'il vous dira. . . « ( Mise au net de la main
deCherré. Ms.cité aux sources, pièce i45.)
«Monsieur, Le prince , renvoyant M. d'Estrades le
« Ce gentilhomme n'allant trouver V. A. 1 3 février 1 638 , mandait à Richelieu qu'il
que pour adjuster le temps auquel préci- l'avait chargé « de propositions qui , j'es-
sément l'armée du roy et la vostre se met- père , ne seront point désagréables à S. M. •
tront en campagne, et recevoir vos avis sur (Même ras. pièce i63.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 783
Quoy qu'on face, l'importance est de mettre précisément à la cam-
pagne en mesme temps.
S. M. asseure qu'elle ne manquera pas de faire entrer son armée
au pays ennemi dans le dixième avril, stipulé par le traitté, tant parce
qu'il est ainsy arresté que parce aussy qu'elle est avertie de toutes
parts que les ennemis font estât d'estre de bonne heure en campagne ,
ce qui faict qu'il faut les prévenir si l'on ne veut estre tout cet esté
sur la simple deffensive, auquel cas les ennemis auroient revanche du
mal qu'ils ont receu cette année.
[En tout cas, il faut tirer parole et asseurance de M. le prince d'O-
lange que depuis le i " apvril jusques à la fin de l'esté , il fera tenir
3o ou 4o vaisseaux devant Dunquerque et la coste de Flandres, et
que l'admirai fera ce qui luy sera mandé par S. M. pour le bien
commun.
Il faut stipuler un extroict secret et, pour cet effect, feindre des
attaques qu'on ne voudra pas faire.]
ANNEE 1638.
CCXIX.
Arch. des Aff. étr. Espace, t. XVIII, fol. 387. —
Mise au net de la main de Clierré. Trois mots écrits en interligne par dichelieu.
PROJET DE DÉPESCHE,
COMMANDÉE PAR LE ROY,
QU'IL PLArBA \ S. M. CONSIDÉRER, POOR VOIR SI ELLE KST SELON SON INTENTION.
6 janvier i638.
Les dépêches de Pujols ' font connaître le grand désir qu'a le comte duc de
faire la paix.
' Cette lettre sans suscription est adres- de celui-ci , reçues le 2 janvier, quoique
sée à Pujols; elle répond à trois dépêches datées du a4 octobre, a 5 novembre et
784
LETTRES
Le cardinal duc a Je même désir, après la trêve. Considérations à ce sujet.
Conditions principales.
«Le cardinal duc s'offre, la trefve estant conclue et cstablye, de s'avancer cet
esté jusqu'à Bayonne pour la trailter en personne avec luy, et conclure, eii
mesme temps, une bonne et forte union contre les infidèles. »
Pour négocier, sans éveiller le soupçon des alliés, on imagine l'expédient
d'un personnage envoyé par le comte duc, passant en France sous prétexte
d'aller en Flandre. «Led. envoyé sera logé chez M. de Nouveau, général des
postes, parce que tous les courriers y descendent; et de là il sera mené, la nuit,
chez celuy qui escrit', qui le fera voir à M. le Cardinal Duc, si c'est pour con-
clure, comme on s'asseure qu'il ne viendra pas autrement. »
On envoie à Pujols un passe-port en blanc pour le personnage qui doit venir.
« Il y a plus d'un mois qu'on a donné à M. l'Ambassadeur de Venise, qui est
en ceste cour, le passeport pour D. Michel de Salamanque^; pour tesmoigner
qu'on marche de bon pied , on vous envolera encore un duplicata. »
« On n'a point receu les dépesches que vous dites avoir esté adressées à Gala-
retta pour me faire tenir. Il est à désirer que ces paquets ne soyent ny perdus,
ny veus , pour la conséquence de l'affaire. »
M""" de Chevreuse est partie sur la fausse crainte d'être arrêtée . . . Son voyage
en Espagne iuy donnera • ce contentement d'eslre cogneue en peu de temps
dans les trois plus grands royaumes du monde. »...
(Quelques lignes terminent la pièce, au sujet des conditions du projet qu'on
envoie '.)
9 décembre. Ces dépêclies chiffrées sont,
en duplicata, dans le i8' volume d'Es-
pagne, fol. 563, 570, 585.
' Chavigni.
" Don Miguel de Salamanca arriva à
Paris le 6 mai. (Voir mon Vf vol. p. 34-)
' Ce projet n'a eu aucune suite ; la lettre
même a peut-être été annulée ; il n'en est
pas moins intéressant de conserver le sou-
venir de cette proposition de Richelieu
d'aller s'entendre avec le Comte duc au pied
des Pyrénées. — Tout ce 1 8' volume d'Es-
pagne est rempli de pièces qui témoignent
un désir, peu sincère sans doute , de faire la
paix. On négociait avec zèle en apparence,
et rien n'aboutissait. Notons , entre autres .
un projet de traité , pour la paix universelle
de la chrestienté, écrit de la main de Cherré,
fol. 297 et suivants; et puis un projet de
trêve où il est dit : « La conclusion de la
paix devant être longue et difficile, on
propose de faire une trefve qui donnera le
temps de s'.iccommoder. » Suivent les con-
ditions. La pièce est aussi de la main de
Cherré, cotée 384- Une première minute
est au fol. 555. Elle est corrigée de la
main de Richelieu , qui a mis en tète : « ce
projet n'a pas été envoyé. »
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
785
ccxx.
Arcli. des Afl'. étr. Turin, t. XXVI, pièce i/li. —
Minute de la main de Cherré.
[A M. D'HÉMERY.]
[Commencement (le juin i(i38'.j
Mons', on ne se pouvoit mieux conduire en l'affaire de Monteii que
vous avés fait, non-seulement pour avoir une preuve convamcante et
Irréprochable contre M"" de Mantoue de la part qu'elle a eue en la
trahison dud. Monteii, mais aussy pour renvoyer ses comissaires et les
empescher, par ce moyen, d'assister au jugement du procès, comme
c'estoit, à mon advis, leur principal dessein, afin de le sauver plus
aysément.
Les raisons pour lesquelles vous avez fait surçoir ledit jugement
sont fort considérables; mais comme cette affaire pourroit enfin passer
dans l'esprit du monde pour une supposition et un artifice de la
France, afin d'avoir un prétexte de s'asseurer de Casai, si on n'en
faisoit voir clairement la vérité et les circonstances, il est absolument
nécessaire de le juger promptement '^ et faire chastier ceux qui se
trouveront coupables, selon la grandeur de leur crime, afin de justi-
fier le procédé du roy : n'y ayant point d'autre moyen de sauver Mon-
' M. d'Hémery avait envoyé le 6 mai
au Cardinal un courrier annonçant la dé-
couverte de la trahison de Montiglio , et le
1 5 , même avant d'avoir reçu la réponse
de Richelieu, il mandait qu'il faisait com-
mencer les poursuites. (Pièce 85 de notre
ms.) Et puis d'Hémery insiste sur les mau-
vaises dispositions des sujets (Je Mantoue
à l'égard de la France : a Le nom de la-
princesse de Mantoue est capable de faire
sur l'esprit des peuples desgoutez de nous
un mauvais effet. . . «D'Hémery va jusqu'à
appréhender qu'on ne fasse empoisonner
ceux qui ont révélé le complot ; et il expose
les précautions qu'il prend. Ce doit être à
la réception de ces dépêches datées du
20 mai (pièce go) qu'a été écrite cette
lettre sans date, et nous la mettons aux
premiers jours de juin. (Voy. sur cette
affaire de Montiglio , notre VI* vol. p. 980 .
et au supplément, addition à la page 1 3.^.)
' Le cardinal avait d'abord décidé qu'il
('tait à propos de feindre avec la duchesse
de Mantoue et de paraître ignorer qu'elle
eût part à la trahison. (Lettre du 20 mai,
aux Analyses. )
CtllDIN. DE niCHEUEU. — VII.
99
786 LETTRES
teil, ny les autres ses complices, si non que Madame de Mantoue
intercède envers le roy pour obtenir leur grâce, se charge de leur
faute, et qu'elle avoue ingénuement la chose comme elle est' et
qu'elle est vérifiée par des informations que ses commissaires ont faites
eux-mêmes de sa part; etensuitte esloigner d'auprès d'elle ceux qui
se trouvent coupables, autheurs et conducteurs d'une telle meschan-
ceté, ainsy que vous le proposés.
On suivra vostre avis pour ce qui est de la récompense de M" le
chancelier Guissardi, Comte Mercurin, Prat et autres, et dès à présent
on va travailler à trouver des terres pour eux. Cependant on vous en-
voyé des brevets d'asseurance de la grâce que le roy leur veut faire ^.
Le reste de la lettre répond aux demandes de fonds pour les fortifications de
la place, rarmement et fapprovisionnement , le payement des garnisons, etc.
Richelieu répond que, dans les dispositions déjà faites, il y a suffisamment de
fonds pour tout. En louant le zèle d'Hémery pour Casai et le service du roi, il
l'avertit que « il pourroit mander Testât des choses, sans en exagérer la perte
infaillible, comme vous faites par toutes vos lettres. »...
' Richelieu savait fort bien qu'elle ne tiltre de marquisat , en engageihent rachep-
le ferait pas. Le cardinal de La Valette table de la somme de cent mil livres, en
avait écrit le 1 7 mai : « L'on a mandé de considération du service par eux rendu au
Venise que la princesse de Mantoue ayant roy, en l'occasion de la descouverte de la
sceu que l'entreprise de Casai estoit dé- trahison de Casai. » — « Un autre brevet
couverte, l'a desadvouée et blasmé Mon- pour le s' Prat, d'une terre de deux mil
teil.» (Pièce 89 du ms.) La duchesse de livres de rente, racheptable de 3a mil
Mantoue agit dans cette affaire avec autant livres, en considération du mesme service,
de lâcheté à l'égard de ceux qui s'étaient — Autre pour le s' Zola, major de Casai,
dévoués pour elle, que de perfidie envers pour la mesme considération, une terre
la France, dont elle était l'alliée. ( Voy. aux de 1,000* racheptable de 16,000. » — Qui
Analyses, la août.) est ce Zola? Le nom est sans doute mal
' Nous trouvons , dans le volume 88 de écrit; serait-ce le Gaya ou Goyae (dont
la collection France, ce billet adressé le nom aussi semble estropié), aide du
à un premier commis des affaires étran- sergent-major de Casai, et pour lequel
gères : t Pour M' de La Barde. B — iM.de Hémcry avait demandé un emploi en
La Barde expédiera, s'il luy plaist, promp- France, supposant qu'après la révélation
teinent un brevet d'asseurance à M' le qu'il croit faire il ne pouvait plus, sans
Chancelier Guiscardi et comte Mercurin péril pour sa vie, demeurer dans son pays
d'une terce de six mil livres de rente, en de Mantoue?
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 787
CCXXI.
Arch. des Alf. étr. Turin, t. XXVI, pièce iSa. —
Mise au net, de la main de Cherré.
MÉMOIRE POUR LE ROL
De Ruel, ce 22* juin i638.
L'ambassadeur de Savoie mène au roi l'abbé de la Monta, qui ap-
porte le traitté que Madame a signé avec M. le cardinal de La Valette
et M. d'Hémery '. Sa Majesté luy peut dire qu'il vaut mieux tard que
jamais. Qu'elle est bien faschée que Madame ayt preste l'oreille à des
négociations capables de la perdre avec les Espagnols, mais qu'elle est
résolue d'oublier le passé pourveu que l'avenir luy en donne sujet. Sa
Majesté pourra adjouster s'il luy plaist : Auparavant j'eusse creu de
ma sœur tout ce qu'elle m'eust peu dire, maintenant j'en croiray ce
que je verray par effects.
L'abbé de la Monta est cousin du comte Philippe ^, Sa Majesté luy
fera bonne chère et luy tesmoignera croire que le comte Philippe est
son serviteur.
L'ambassadeur d'Angleterre mène le s' Tartareau. 11 ne s'agit que
de remercier du compliment qu'il est venu faire sur la grossesse de la
reine.
S'il parle de Madame de Chevreuse, le roy dira que, quand elle
recognoistra sa faute , il sera prest de la luy pardonner.
S'il parle du mariage du jeune Palatin avec M*** de Rohan, Sa Ma-
' Le traité avait été signé le 3 juin. 11 n'avait pas été sans diflicultés, et on était
est en original dans notre ms. pièce 1 1 i.Le pressé de conclure; d'Hémery écrivait au
même jour, 3, la duchesse de Savoie écrit cardinal le i5 mai : • Il est à propos de
à Chavigni qu'elle l'envoie par l'abbé de la signer le traité de la ligue pour oster à
Monta. Et le 7, le cardinal de La Valette Madame l'occasion du mal.» (Ms. cité aux
mande, du camp de La Vertole, que sources, fol. 84-)
M. d'Hémery en envoie un exemplaire par ' On sait que c'était le favori de la du-
Guérapin. (Pièce lai.) Cette négociation chesse de Savoie.
99-
788 LKTTRES
jesté dira que la pratique de tous les royaumes est de ne souffrir point
que telles héritières soient mariées hors de l'Estat, et qu'elle est desjà
engagée à favoriser le dessein que M. de Nemours a en cette re-
cherche '.
Si! parle du Tabouret qu'on refuse à l'ambassadeur d'Angleterre,
parce qu'on ne le donne pas à Madame de Bellièvre, bien que Ma-
dame de Chevreuse l'ait, Sa Majesté respondra que, pourveu que le
roy d'Angleterre déclare que Madame de Chevreuse ne l'aura plus,
elle le fera rendre volontiers à l'ambassadrice d'Angleterre.
Quant à l'ambassadeur de Mantoue, Sa Majesté doit, s'il luy plaist,
reculer son audience, afin qu'on ait lieu de retirer de Mantoue M" de
la Thuillerie et de la Tour qui y sont.
ccxxir.
Arch. des Aff. étr. Pologne, l. IV, fol. \bà. —
Mise au net, de la main de Cherré.
[AU ROI DE POLOGNE'.]
[Juillet ou août i638 ?]
Je m'asseure que lorsque Votre Majesté sçaura particulièrement les
circonstances sur lesquelles le prince Casimir a esté arresté en France,
' M. de Nemours ne réussit pas auprès
de M"* de Rohan. (Voy. la leltre du cardi-
nal à M. Bouthillier, du 2,'i juin, p. 192
ci-dessus. )
■' Nous avons indiqué cette lettre d'a-
près Aubery, à la date de mai , ci-dessus
p. 189; depuis nous avons trouvé la pièce
elle-même, sans date, classée à la fin de
1639; nous pensons qu'il faut la mettre
dans la seconde moitié de 1 638 , après les
premières plaintes du roi de Pologne. Le
* Quand ie prince se vit arrêté , il feignit d'avoir
»rîé conlralnL <ltî prendre terre: L'na burassA di marc
prince Casimir, son. frère , avait débarqué
à Saint-Tropez*, au commencement de
mai , et ne tarda pas à être arrêté. Notre
ms. nous donne, à la date du dernier août,
une note sans signature ni suscription.
mais qui est de ' la main du secrétaire de
de Noyers et que celui-ci transmettait très-
certainement à Chavigni de la part du car-
dinal : « Pour la response à l'agent ou se-
crétaire du prince Casimir, Son Éminence
est d'avis que vous lui donniés , de la part
ci getto aile rive di San Turpè. (Fol. H8 du
tome m de Pologne.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
789
elle ne le trouvera pas cstrange, puisqu'il s'en alloit pour s'attacher
en Espagne , entre laquelle et la France la guerre est depuis quelques
de Sa Majesté, la mcsnie response qu'Elle
a faicte à l'envoyé du roy de Pologne qui
l'est venu trouver à niesme fin, etc.*»
(Fol. 465 du tome III de Pologne.) — Le
baron d'Avaugour, ministre de France en
Pologne, écrivait au cardinal, quelques
mois après : « J'ay creu devoir envoyer à
Voslre Éminence copie d'une des lettres et
plaintes que je reçois , parce qu'elle tient
un peu de l'invective contre le roy et son
conseil. J'y ay faict une response assez
ferme dont j'espère que la lecture ne vous
déplaira pas. » D'Avaugour ajoute qu'il
attire sur lui • l'envie publique de tout un
royaume, où j'estois auparavant en sy
bonne considération. Je n'y suis pas moins
exposé en Danemarck, où le roy et toute
h cour ne l'ont pas celé à M. Saint-Ro-
main, me blasmant avec aigreur de la
continuation des troubles d'Allemagne. »
(T. m, p. 4i3.) Cette irritUion n'inti-
midait pas Richelieu, toujouis résolu à
lout braver quand il s'agissait du salut
lie l'Etat. Il retint le prince c.iptif près
d'une année encore, malgré les diverses
ambassades qu'envoyait le roi de Po-
logne pour obtenir si délivrance. Cepen-
dant un adoucissement se produisit; Bois-
louel, qui commandait à Vincennes, sous
Cbavigni, reçut ordre de rendre son épée
au prince et de faire cesser, tout en le bien
gardant , les rigueurs de sa prison; octobre
iG3g (fol. laa). Enfin, au mois de fé
vrier 1 64o, après avoir soigneusement pris .
toutes ses garanties, le cardinal se décida
à fiire rendre au roi une espèce d ordon-
nance en sa faveur : « Nous , etc. . . ne
doutant point que le prince Casimir n'ob-
serve religieusement la parole qu'il nous
a donnée de ne porter point les armes
contre nous, ny contre nos confédérez, en
faveur des princes avec lesquels nous et
eux sommes présentement en guerre, que
l'Ambassadeur du roy et de la république
de Pologne s'y est obligé de la part du roy.
(le la république et de la diette, nous
avons bien voulu , pour le désir que nous
avoi)s de donner pleine et entière satisfac-
tion au roy, à la république et à la diette,
mettre en liberté le prince Casimir. . . .
(Minute'de la main de Cbavigni, Afi". étr.
Pologne, t. IV, fol. log, pièce sans date,
classée fautivement entre septembre et oc-
tobre 1 639.) — Un peu plus loin , dans ce
ins. (fol. 163-173), nous avons plusieurs
pièces sans date, en marge desquelles est
écrit : • Projet d'actes pour k liberté ilu
prince Casimir de Pologne. » On voit que
le cas avait été étudié, et que la décision
n'avait pas été prise à la légère. L'engage-
ment de l'ambassadeur de Pologne, daté
du a 5 février i64o, est écrit en latin et
muni du sceau ; celui du prince , écrit
aussi en langue latine, et également re-
vêtu de son cachet, est daté du a 6 (Voy.
ci-après à lad. date.) — Durant le cours
de cette lâcheuse affaire, qui risquait de
désaffectionner la Pologne de la France,
on eut une inquiétude qu'il faut noter. On
parlait d'une entrevue prochaine des rois
de Pologne et de Hongrie ; on sait que ce-
lui-ci était le prince auquel la France et
La pens^ principale de la dépéclie est écrite à la marge : iilnscio rogc inlerceptus est, scicns jani
«letiret , etc."
790
LETTRES
années ouverte, comme sçait Votre Majesté, et qu'au lieu de passer
par mer, comme il le pouvoit faire seurement, il visitoit les places et
les ports de la coste de Provence sur lesquels l'Espagne a desjà fait
plusieurs fois divers desseins.
La seureté des Estats ne permettant pas qu'en telles occasions on
ait esgard à la qualité des personnes, il a esté impossible à ceux qui
estoient dans la province de faire autre chose que ce qu'ils ont fait,
sans en avoir ordre particulier.
Maintenant la prudence ne veut pas qu'il soit deslivré sans des pré-
cautions si asseurées qu'il n'agira point contre la France, ny directe-
ment, ny qu'il n'y puisse contrevenir. Il est et sera traitté avec le res-
pect qui est deub à une personne de sa qualité, et non à celuy qui
est en Testât auquel il est, et je tiendray à grand honneur de le voir
en un autre estât pour pouvoir faire voir à Votre Majesté, en sa per-
sonne, la révérence que je rendray tousjours à son nom comme
estant. . .
ses confédérés ne voulaient pas accorder
le titre d'Empereur. Un s' de Kanasilher,
employé par la France à Dantzig, écrivait
à Chavigni le 6 septembre 1 638 , et cher-
chait « quel pouvait être le vrai sujet du
voyage du roi de Pologne à Vienne. On
croit, disait-il, que «la maison d'Autriche,
voyant le roi de Pologne maladif et sans
espoir d'avoir des enfants, jette les yeux,
sur la princesse de Pologne» (fol. 467).
L'entrevue eut lieu en octobre, non à
Vienne, mais à Nicolsburg, petite ville sur
les confins de l'Autriche et de la Mo-
ravie ; notre ms. en conserve la relation
(fol. liik, /186). Le mariage ne se conclut
pas alors, mais on le craignait encore un
an après, et Chavigni mandait au baron
d'Avaugour de « destourner les Estats du
mariage proposé de la sœur du roy de Po-
logne avec le fils de l'archiduchesse. » On
lui recommandait en même temps d'insis-
ter sur ce point, «que la détention du
prince Casimir ne doit pas estre un signe
que l'affection entre les deux nations soit
moindre. » Enfin il devait tâcher d'obtenir
ce gage de bonne intelligence : « Que dé-
fense soit faite aux Polonois sous des
peines sévères, d'aller servir au dehors du
royaume» (fol. i44). Une grande partie
de ce IV' volume de Pologne est remplie
de documents concernant cette affaire du
prince Casimir.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 791
CCXXIIl.
Arcb. des Aff. étr. Hollande, t. XX, pièce aïo. —
Minute écrite par Cherré, corrigée de la main de Richelieu '.
MÉMOIRE
QUI DOIT ESTRE ENVOYÉ A M. D'ESTAMPES'.
23 septembre i638.
[Après que M. d'Estampes] aura parlé à M. le prince d'Orange
sur le sujet de la reyne mère, ainsy que je vous l'ay desjà mandé
par deux fois, il est à propos qu'il adjouste que les mauvais esprits
qui sont auprès d'elle veulent tascher ou d'introduire quelques négo-
ciations de trefve entre M" les Estats et l'Espagne, ou au moins d'en
donner espérance aux Espagnols et soul)çon aux François, [affin de
venir, par] tels artifices ordinaires à telles gens, à leurs fins, qui ne
sont autres que de tromper tout le monde [et agir contre la France].
Il dira de plus que nous sçavons d'ailleurs que les Espagnols veulent
[aussy] introduire des négociations secrettes aux mesmes fins de la
trefve, et que leur prétention est de ravoir le Brésil, Mastrich et un
passage sur le Rhin, moyennant une somme notable d'argent. [Mais
(|ue sçachant que] M. le prince d'Orange est prince de parole [et de
foy, et, de plus, que luy] ayant desjà respondu que M" les Estats ne
sont pas capables d'entendre à de telles conditions, nous [ne craignons
' Celte pièce commence au verso du pre- ainsy ; mais bien les luy remettre entre les
mier feuillet; au recto, il s'agit de toute mains, pour qu'il les garde jusqu'à ce que
autre chose : • Il y a encore un extraordi- nous ayons asseurance qu'ils laisseront
naire de Flandres à Paris, mandait Riche- passer les nostres en Italie. — Le nonce
lieu à Chavigni ; je ne sçay si vous avés verra dans ce procédé le respect qu'on
donné l'ordre d'envoyer tous les paquets porte au pape. . . •
bien fermez, entre les mains de M. le ' Cherré a écrit au dos :« à M . de Cha-
Nonce, et de lui faire dire que bien que vigny pour escrire en Hollande , du aa sep-
nous peussions les ouvrir pour droit de tembre i638. » (Voy. p. 187 de notre
représailles des nostres qu'ils ont pris et VI* volume, une lettre à Chavigni, où
ouverts en Italie, le roy n'en veut pas user celle-ci est annoncée.)
792 LETTRES
pas que les desseins des Espagnols puissent réussir en ce sujet. Us re-
présentent encore audit s"" prince d'Orange qu'il doit bien prendre
garde que , par] les voyes indirectes que les Espagnols prendront pour
traitter avec M" les Estats, ils ne gagnent quelques particuliers par
argent, lesquels s'y iaisseroient peut-estre d'autant plus volontiers
aller, qu'en ce faisant, ils ne croiroient agir que contre la guerre,
[bien qu'ils ne puissent incliner à la trefve à de mauvaises conditions,]
sans faire contre leur estât, contre M. le prince d'Orange et contre
leur propre seureté , estant certain que , si on le détacbe une fois de
la France, on les perdra aisément, quand on voudra, sous divers
prétextes, [dont les Espagnols ne manquent jamais,] estant destituez
de protection [et d'assistance].
M. d'Estampes pénétrera autant qu'il pourra, en suitte de tels dis-
cours, quelles peuvent estre les pensées de M. le prince d'Orange et
sa fermeté dans les liaisons de la France.
Pour cet elfect, il verra quelles sont ses pensées en général pour la
guerre de l'année qui vient, s'il faict de grands préparatifs, et en quel
ressentiment il est des malheurs qui luy sont arrivez cette année , et
l'asseurera que le roy fera de plus grands efforts qu'il n'a point encore
faicts, et mettra ses armées en meilleure main qu'il n'a faict cette
campagne, qu'au bout du compte, ce qui doit consoler M" les Estats,
et ce qui nous console nous-mesmes, est que nous n'avons rien perdu,
mais seulement manqué à gagner.
Ensuitte M. de Chavigny doit encore recommander particulière-
ment à M"' d'Estampes de faire sçavoir à M" des Estats, et en général
et en particulier, et à M"" et à Madame la princesse d'Orange et à tous
ceux à qui il en parlera, le contenu aux deux mémoires que je luy
ay envoyez sur le sujet de la Reyne mère, estant important que tout
le monde sçache que si le roy ne luy faict autant de bien qu'il désire ,
c'est qu'elle ne se met pas en estât de le recevoir '.
' Nous n'avons point ces deux mémoires, mée dans la lettre précitée du cardinal à
mais la pensée en est très-nettement expri- Chavigni. (Voy. notre VI' volume, p. 187.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
793
NOTA.
La reine mère, ayant résolu de quitter P-ruxelles, annonça l'intention de se
rendre en Angleterre'. Dès que Richelieu fut informé de ce dessein, l'alarme
le prit, il fit écrire par Chavigni à notre ambassadeur à Londres, de représenter
au roi delà Grande-Bretagne l'étonnement qu'on éprouvait de le voir, au mo-
ment où il annonçait l'intention de se lier, plus étroitement avec la France, per-
mettre à Marie de Médicis d'aller établir à Londres le foyer de ses intrigues ^. La
direction que prit cette princesse par la Hollande ajouta aux inquiétudes du
cardinal. On y accueille la reine mère avec honneur; tout le monde s'intéresse
aux malheurs de l'exilée. Les Etats généraux mandent à Richelieu : « Nous avons
véritablement recogneu eu la reyne un si sensible amour pour le roy son fils,
tant de bonne volonté pour ceux qu'il honore de sa confiance, et de peu de sou-
venir de ce qui s'est passé en son endroict. . . Vostre Éminence aura l'honneur et
la gloire d'avoir contribué plus que personne à une solide et cordiale réunion entre
les personnes de la famille royale'. » Le i3 septembre, second message des Etats;
ils envoient, à cette occasion , un ambassadeur extraordinaire, un des leurs, le
sieur Knuyt. (Pièce 2o4.) La princesse d'Orange écrit à son tour et prend avec une
chaleur de femme la cause de la reine mère*. Le prince ajoute son intercession,
sans toutefois oublier sa discrétion d'homme d'État : « J'ay enchargé au s' Knuyt,
que les Estais ont trouvé à propos d'envoyer en France pour les affaires de la
reyne mère du roy très chrestien , de ne proposer, ny faire rien , en cette sienne
négociation , que ce qui vous sera agréable, et se gouverner selon ce qu'il plaira
à Vostre Eminence luy en ordonner. . . *» Celte espèce d'obsession irrite le car-
' Le Vassor, qui ne va jamais aux sources
manuscrites, dit que Marie de Médicis
quitta Bruxelles sur des insinuations se-
crètes de Bichelieu, qui lui fit conseiller
d'aller en Hollande, voulant la tirer du
pays de la domination d'Espagne, afin que
le roi Philippe ne se crût plus engagé
d'honneur à la protéger. C'est là une de
ces méprises dans lesquelles lombe fré-
quemment Le Vassor. (T. IX, a'paxlie,
p. 27, éd. in- 13.) Sa manie de conjec-
turer, sa prétention à deviner les inten-
tions secrètes lui font présenter connue
inspirés par Richelieu des faits qui étaient
pour ce ministre la cause de vives contra-
riétés. Ici c'est le contraire de ce qu'ima-
gine Le Vassor qui est vrai. Le cardinal
trouvait très-commode d'alléguer contre la
reine mère qu'elle résidait dans un pays
en guerre avec le roi. Le séjour de Marie
de Médicis dans les Pays-Bas espagnols,
en réalité sans danger pour la France , était
le meilleur argument qu'il pût faire valoir
contre cette princesse auprès du roi el
devant la nation.
' Notre VI" voL p. lai, i38.
' Arch. des Aff. étr. Hollande, t. 20,
pièce 198, lettre originale.
' Jbid, pièce 2o5.
' Lettre originale , 1 7 sept, (pièce 207).
C\IIDIN. Dï HICHELItC. — VU.
»oo
794 LETTRES
dinal ^ il perd patience; «la lettre de M" les Estais est assez impertinente,»
écrit-il à Chavigni, il ne veut point qu'on leur réponde. Et en même temps il
dépêche lettres sur lettres à notre ambassadeur, M. d'Estampes, pour luy sug-
gérer tous les arguments, toutes les raisons qu'il doit faire valoir en Hollande,
afin de justifier la conduite tenue à l'égard de la reine mère. Et c'est surtout
dans leur propre intérêt que notre ambassadeur est chargé de représenter aux
États et au prince d'Orange tous les inconvénients pour eux du séjour de Marie
de Médicis en Hollande^. C'est le sujet des lettres du 8 septembre^, du 12*,
du i3 ^, du 22 (la présente lettre), du 10 octobre''. Malgré la résolution et la
fermeté de Richelieu, malgré sa confiance absolue en lui-même et son dédain
de toute opinion qui n'était pas la sienoe pour la conduite des grandes affaires,
il tenait pourtant ici à sauver les apparences, à éloigner de lui autant que pos-
sible l'odieux des mauvais traitements infligés à la reine mère. Sa pensée in-
time et inquiète se révèle parce mot de la pi'ésente lettre, qu'il a répété plusieurs
fois : « 11 faut que tout le monde sache. » Il aurait voulu que l'exil de Marie de
Médicis parût volontaire, et il avait fait de sorte qu'elle-même s'était sauvée à
Bruxelles lorsqu'on lui offrait de résider eu France. Cette princesse une fois sortie du
royaume, il évitait autant que possible de réveiller le souvenir de la mère du roi;
ce qu'il désirait surtout, c'était un exil silencieux. Tout ce bruit qu'on faisait en
Hollande autour d'elle, toutes ces triomphales ovations qui l'accueillaient dans
les villes où elle passait, lui causaient une poignante irritation. Dans un premier
mouvement de dépit, il avait déclaré qu'on ne répondrait point aux Etats; mais
quand leur ambassadeur, le s' Knuyt, s'en retourna, on lui donna une réponse
où se trouvaient résumés tous les arguments que notre ambassadeur à la Haye
avait été chargé de faire entendre aux Etats, au prince d'Orange et surtout à la
princesse. Nous ne donnons qu'un extrait de cette pièce ", parce qu'elle est im-
primée dans les Mémoires de Richelieu *, et, en partie, dans {'Histoire de Louis XIII,
du P. Griffet". Cette réponse fut soigneusement étudiée dans le cabinet de Ri-
chelieu : à côté de la pièce dont nous venons déparier, notre manuscrit conserve
deux autres projets de réponse faite sur le même thème; l'un en brouillon, de
' Notre VI* volume, p. 187, 21 sep- " Notre Vil' volume. Supplément, aux
tembre. Analyses.
' Au supplément. Analyses , à la date du ' Ci-après , aux Analyses , date du 1 8 oc-
8 septembre. tobre 16 38.
* A M. d'Estampes. Notre VU" volume, ' T. X, p. àSi. Vingt-cinq pages (463-
aux Analyses. ' 488) y sont consacrées à ce qui se passa
A Chavigni. ÎNolre VI' volume, 16a. alors au sujet de la reine mère.
' Ibid. p. i63. ' T. III, p. i58.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
795
la main de Ghavigni, où c'est le roi lui-même qo'on fait parler; on y insiste da-
vantage sur les griefs du cardinal, et nous y remarquons ce passage : « J'ay tous-
jours consuhé avec mes confesseurs ce que je devois à la reyne ma mère. . . ils
m'ont tous dit que je devois plus à mon Estât qu'à ma mère ^ » Dans l'autre
projet de réponse, dont nous ne trouvons qu'une mise au net, de la main d'un
secrétaire de Ghavigni ^, le commencement, jusqu'au mol « les estrangers, » est
identiquement le même que le commencement de la pièce insérée dans les Mé-
moires de Richelieu. Du reste, l'on s'y étend un peu plus sur les liaisons de la
reine mère avec les étrangers. Ces deux derniers projets de réponse nous pa-
raissent avoir été abandonnés.
CCXXIV.
Arch. des Aff. étr. Turin, t. XXVI, pièce 269. —
De la main de de Noyers.
MÉMOIRE
POUR M. DE CHAVIGNY.
26 octobre i638.
Fault escrire à M. le mareschai d'Estrées que l'accident qui est
arrivé de la mort de M. le duc de Savoie nouveau ' debvroit faire
penser à ce qui peut arriver à l'advenir. On estime important de tas-
cher à ramener M. le cardinal de Savoie, et l'attacher aux intérests de
la France. II faut mesnager cette affaire en sorte que M. le cardinal
Barberin, ny le pape n'en sache rien. Le premier médiateur qui doit
estre employé en cest affaire est M. le cardinal de Bagne, ou M. Ma-
zarin , qui luy doibt représenter que maintenant qu'il n'y a plus qu'une
teste qui l'empeschc d'estre duc de Savoie , il doibt penser à se pré-
parer luie entrée paisible à une telle dignité, si le cas y eschéoit.
' Arch. des Aff. élr. t. XX, pièce aî6.
' Ibid. pièce 227.
' Ce fut le baron de Palluau qu on char-
gea, le 3o octobre, de porter le compli-
ment de condoléance. Exprimer au nom
du roi, dit f instruction, les sentiments de
la plus vive tendresse pour Madame. Le
roi la conjure de se conserver pour le fils
unique qui lui reste et qui a si grand
besoin de ses soins maternels. « Le roy ne
peut avoir plus grand contentement que
d'employer toute sa puissance pour la def-
fense et favantage do Madame. » Mise au
net, pièce 178 du vol. cité aux sources.
796 LETTRES
Que la contiguïté qui est entre la France et cesdits estats lui doibt
bien faire cognoistre qu'il ne peut jamais les posséder paisiblement
que par l'assistance de la France et la protection du roy. . . qu'avec l'as-
sistance de l'Espagne il ne les posséderoit qu'en guerre et en misères
par conséquent. . . traitter cette affaire si adroitement « que ce soit le
cardinal de Savoie qui soit le recherchant. »
Outre ces considérations générales, il faut luy présenter un estât
présent où il trouve son compte.
il faudroit à cette fin qu'il tirast un bon partage de sa maison en
quoy Madame l'obligeroit.
Le marier en France, ce qu'on pourroit faire avec M"*^ de Bourbon ',
M. le prince luy donnant quelque belle grande terre proche de Paris
qui luy pourroit servir de divertissement.
Le roy, pour le bien traitter, luy donneroit une pension esgale à
celle de ses princes du sang, auxquels il donne l" escus à l'un et xl™ à
l'autre.
On pourroit mesme encore luy donner quelque gouvernement de
province, comme le Maine ou la Touraine, qui sont les plus beaux
lieux du royaulme.
Si l'on craint « les appréhensions pontificales » il faudroit que le
cardinal Barberin et le pape ne pussent rien pénétrer de cette négo-
ciation, et alors ne faire agir que M. Mazarin seulement, à condition
de n'en parler à qui que ce puisse estre.
' Celle qui fut plus tard M"" de Lon- écrivait de Turin, le 5 novembre : « 11 est
gueville. On avait pensé aussi à la prin- parti de Rome vêtu en chevalier de Malte...
cesse Marie, la future reine de Pologne. Madame et ceux qui la servent sont fort
On peutvoiraux Analyses (lettre à M.d'Hé- en peine et craignent de le voir arriver ici
mery, du 26 octobre) qu'on parla même un matin.» Le la novembre, le roi man-
d'un mariage du cardinal de Savoie avec dait au cardinal de le faire arrêter s'il en-
la duchesse sa belle -sœur. Le fait est que trait en Piémont; et à M. de Malisy de
ce prince ambitieux était un véritable em- le garder à Pignerol si on l'y menait,
barras pour Richelieu, qui le faisait sur- (Pièce aga du ms.)
veiller de près. Le cardinal de La Valette
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 797
CCXXV.
Arch. des AIT. étr. Hollande, t. XX, pièces aa4 et 226. —
Minute de la main de Clieiré.
A M. LE PRINCE D'ORANGE.
[27 octobre i638.]
Monsieur,
... M. Kenut dira à Votre Altesse les propositions qui se sont
faites entre nous, pour faire, l'année qui vient, la guerre plus heu-
reusement que nous n'avons pas faict celle-cy. . . le renvoyant
au plustost, s'il vous plaist, dans peu de temps ce qui se devra faire
sera si bien résolu entre nous qu'il ne restera plus qu'à l'exécuter de
part et d'autre. Le roy y est extrêmement bien disposé ; j'apporteray
pour faire réussir ses volontés tout ce qui deppendra de moy; et ayant
sceu par ledit sieur Kenuit la passion qu'a Votre Altesse de faire
le mesme, je ne doute point que nous ne réduisions les ennemis à en
venir à des termes plus raisonnables que ceux auxquels ils sont main-
tenant. . .
Propositions faites entre le cardinal de Richelieu et le s'' Kenuit sur les moyens
de faire utilement la guerre Tannée qui vient'.
Qu'on entrera en campagne à jour préfixe sans faillir, et de si
bonne heure qu'on ne puisse estre prévenu par les ennemis pour les
raisons que représentera le s' Kenuit.
Que le secours que le roy a donné cette année à iM" les Estats sera
continué pour l'année qui vient*, et que, dès cet hiver, les payements
seront si bien asseurez qu'il n'y ayt pas lieu d'en douter.
Que nonobstant le paitage de la Flandre projette entre la France
et M" les Estats, si M" les Estats prennent quelque chose en cette
' L' ne mise au net, de la main d'un se- ' Note des sommes payées par le s'
crétaire de Chavigni, est au fol. 220. On u Heufft; de la main de Clierré, pièce 22.Î.
mis en marge : • 27 octobre i638. » (Manuscr. cité aux sources.)
798 LETTRES
province, ils le pourront garder pour certain temps, conformément
à ce qui a esté résolu sur le sujet de Dunkuerque.
Que le roy et M" les Estats composeront une armée navale de cha-
cun 3o vaisseaux pour aller faire la guerre à la coste d'Espagne, tant
par mer qu'en mettant pied à terre dans quelque poste qu'on jugera
pouvoir estre pris et gardé.
Bien qu'en ce dessein Sa Majesté et M" les Estats doivent fournir
autant de vaisseaux l'un que l'autre , Sa Majesté fournira /i,ooo hommes
de pied, et M" les Estats, 0,000 pour mettre pied à terre.
Que pour faire la guerre aux Indes occidentales, si la compagnie
ne se sent pas assez forte , on y fera entrer des particuliers de France
aux mesmes conditions que poxu" tous les autres de la Compagnie
jusques à 5 ou 600™ w, pour luy donner moyen de faire, l'année qui
vient, quelque entreprise signalée, pourveu qu'on soit asseuré qu'ils
y veuillent employer cet argent.
Que la response au présent mémoire sera promptement renvoyée ,
afin que chacun pense à ce qu'il devra exécutler de son costé.
ANNEE 1639.
CCXXVI.
Imprimée : Aubéry, Mémoires, V, 5o8. — Recueil de 1696, t. II, p. 110. —
Le P. GriflFet, extrait, Histoire de Louis XIII, t. 111, 192.
A MOÎVSIELR DU PONT DE COURLAY '.
[Vers le mois de mars 1689 ?]
J'ay esté importuné de tant de divers lieux, de favoriser la demande
que vous faites , de certains extraordinaires que vous désirez avoir sur
' Nous avions d'abord réservé pour les norable pour le caractère de Richelieu
Analyses cette lettre, déjà publiée, mais manquât à ce recueil. — Richelieu n'écri
nous regretterions que ce document ho- vait guère à ce neveu qu'il n eût quelque
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 799
les galères, que je prends la plume pour vous dire que je ne sçay
sur quoy vous fondez vostre prétention. Je ne doute pas que la plus
grande raison que vous ayez, est celle de vostre nécessité; mais
comme elle est causée par vostre seul mauvais ménage, je ne suis
pas résolu d'importvmer le roy pour y remédier. Je croy que vous
sçavez bien que les droits de vostre charge, à la rigueur, ne sont
que de dix huit mil livres, de façon que le surplus que vous en tou-
chez, qui monte jusques à quarante huit mil livres, est un extraordi-
naire que vous recevez par avance ; ce qui fait que si on vous en don-
noit encore un autre, tel que vous le demandez, ce seroit tirer d'un
sac deux moutures.
Au reste, si on permettoit aux chefs des charges d'en demander les
deniers revenans bons, ce seroit leur donner lieu d'en faire tout autant
que bon leur sembleroit, et empescher par ce moyen que le roy ne
réprimande à luy faire, et il n'en ména-
geait pas les termes. On peut voir les
lettres des 6 juin, lo juillet, ao et a6 août
i636. — Les imprimés n'indiquent point
la date de In présente lettre; serait-elle des
premiers mois de 1639? 'uars peut-être.
[iOrsqu'elle fut écrite, Dupont de Courlay
était encore général des galères, et Ri-
chelieu lui ôla ce commandement pour le
donner à un autre neveu au mois d'avril
1689 : • J'envoie le marquis de Brezé
pour commander les galères celte année , »
écrivait-il au prince de Condé, le a8. 11
est vraisemblable que c'était la suite du
mécontentement que le cardinal exprime
dans cette lettre. Ajoutons que , cette année
1639, Richelieu eut plus encore qu'à l'or-
dinaire à .se plaindre de ce neveu, qu'ai-
grissait la perte de son commandement.
Le 10 juillet, Boutliilliers mandait à de
Noyers, de la part de la duchesse d'Aiguil-
lon, qu'elle le priait de s'occuper des dé-
plorables affaires de son frère. Le 3 août ,
nouvelle lettre de Boutliilliers à de Noyers :
« Si vous ne faites que M. le cardinal mette
la dernière main à l'affaire de M. le mar-
quis Dupont , je ne vois pas qu'il en puisse
sitost sortir, et peut estre point du tout. . .
Vous savés que cette partie est pour payer
quelques-uns de ses créanciers de Paris
qui pressent à outrance ceux qui ont res-
pondu pour luy ... il ne touche pas un
leston,.., sa \Tiisselle d'argent est en
gage à Avignon. . . • et enfin, le ai oc-
tobre, la duchesse d'Aiguillon écrivait à
Chavigni que son chagrin des extrava-
gances de son frère était tel qu'elle ris-
quait d'en perdre la tèle. On peut lire une
partiede celte lettredans notre VI* volume,
note a de la page 607. — Richelieu dut
être singulièrement importuné de cette
affaire, dont se mêlaient à la fois Bouthil-
her, de Noyers, Cliavigni, Bullion, la
duchesse d'Aiguillon, et, sans doute,
d'autres encore. (Voyez la note de 1*
page /j8a de notre V vol.)
800 LETTRES
fut servy. Si vos galères avoient toutes esté à la mer, ainsi qu'on le
proposoit lorsqu'on fit le fonds, et qu'il y eut des deniers revenans
bons, en ce cas on pourroit faire en sorte auprès du roy de vous faire
accorder quelque gratification; mais n'y en ayant eu qu'une partie,
et qui encore n'y ont demeuré que fort peu de temps, il ne seroit
pas raisonnable que le fonds qui reste entre les mains du thrésorier
soit employé de cette sorte, et je vous déclare, par cette lettre, que
vous n'aurez jamais de gratifications sur telle nature de deniers.
Je vous prie aussi de vous détromper de la pensée que vous avez,
que vous puissiez jamais disposer des deniers de vostre charge, au-
trement que conformément à Testât du roy, qui vous en sera envoyé. Je
n'en use pas autrement en la charge de la mer, et tous les chefs des
charges en font ainsi. Je ne sçay sur quel fondement vous prétendriez
avoir plus de prérogative. La seule chose que vous avez à faire est
de régler vostre maison en sorte que vous puissiez vivre de ce que
vous avez. Si estant à Marseille vous ne pouvez subsister de cinquante
mil livres, tout le bien du monde ne vous suffiroit pas. Une des pre-
mières choses que vous avez à retrancher en vostre despense est
l'extraordinaire du papier et des courriers. Je suis si las de vous voir
faire des propositions de réformation, sans en voir aucune, que je
vous prie de ne me repaistre plus de telles espérances. Cependant je
vous asseure que, pourveu que vous changiez de vie, je suis encore
tout prest d'oublier tout le passé.
CCXXVII.
Arch. de Condé. Communication de M^' le duc d'Aumale.
A M. LE PRINCE,
27 avril lôSg.
Monsieur, Rencontrant
cette occasion de M-^ le Comte de Toulouzon, j'ay estimé en devoir
proffiter pour vous faire sçavoir le cours des nouvelles du monde,
qui est tel qu'il s'ensuit :
DU CAHDINAL DE RICHELIEU. 801
Le Ro^, après avoir eu trois accez de ficbvre tierce, se porte forl
bien, grâces à Dieu, et en est entièrement deslivré. Monsieur le daufin
est aussy en parfaite santé.
Les progrez inopinez que les ennemis ont faicts en Italie ont obligé
le Roy à y envoier M' de Longueville avec i o régiments et deux mile
chevaux.
M' le Grand m" de l'artillerie entrera dans quatre jours dans le
pays enneniy.
L'armée de M"' de Fequières est en estât de voir ce que les ennemis
feront pour se conduire ainsy que l'occasion le requierra.
Nous gai'dons M"" de Cliastillon pour l'arrière saison. '
M"' le Comte de Harcourt est party pour l'armée navale de Levant.
J'envoie le marquis de Brezé pour commander les galères cette
année.
M"" de Weymar est plus satisfait de la France que jamais, et plus
ardent a bien faire.
Les Hollandois seront en campagne le dixiesme du mois de may.
Banier fait merveilles en Allemagne.
Voilà au vray ce que je sçay des affaires.
Reste à vous à agir maintenant selon que vous l'estimerez plus à
propos.
Cependant M' de Bordeaux, ayant ordre de mettre à la voile pour
aller voir ce qu'il pourra faire dans les costes d'Espagne, je croy, Mon-
sieur, que le meilleur dessein que vous puissiez prendre, est d'exé-
cuter le premier que vous avez projette, d'entrer dans le Roussillon.
En ce cas, vous aurez M" d'Alluin, d'Arpajon, Argencourt qui m'a
promis de faire des merveilles, Lecques et Espenan, si vous voulez,
pour agir sous vous. M" de Gramont et d'Alluye suffisant avec quatre
mile hommes et quatre à cinq cens chevaux pour garder la frontière
de leur costé.
Tout est remis à vostre jugement, et je vous asseure que je feray
ce que je doibts pour faire valoir vostre zèle, vostre affection et vos
services. Surtout je vous conjure autant que je le puis de gagner
C.\BDIN. DE RICHELIEU. VII. 101
802
LETTRES
temps, et de croire qu'en matière d'entreprises la diligence et le se-
cret sont l'àme des bons succez. Je m'asseure que vous observerez
l'un et l'autre, et sur ceste créance je vous suplie de croire que je suis
et seray tousjours,
Monsieur,
De Ruel, ce 2 7'' avril 1689.
Vostre bien humble et très affectionné serviteur.
Le Gard. DE RICHELIEU.
MENTION DE PLUSIEURS NEGOCIATIONS ET ME.MOIRES.
Arch. des AIT. étr. Allemagne, t. XV, pièce 176. — Minute.
.639.
« Divers projets selon lesquels ou peut accommoder les différends qui sont
entre la France et la maison d'Autriche '. »
Il est dit, en marge, que ces projets seront remis aux plénipotentiaires et
envoyés à l'assemblée de la paix , « afin qu'ils ayent une idée de ce qui pourroit
estre fait, sans pouvoir de Hen conclure. •
Il y-a six projets.
Substance du « premier party. »
Le roi retiendra la Lorraine. — Pignerol demeurera entre les mains de Sa
Majesté. — Le roi tiendra garnison dans la ville et la citadelle de Casai, ainsi-
que les Espagnols Ibnt à Sabionnette, Piombino, Corregio et autres lieux [« qui ne
leur appartiennent pas, et dont on pourroit plus justement demander la resti-
tution aux princes auxquels ces places appartiennent que celle de Casai, veu
que Casai a esté volontairement mis entre les mains du roy par feu Mons'' de
Mantoue, et que son petit fils n'est pas en aage de conserver une place de ceste
importance. » — Le duc de Mantoue jouira de tous ses droits. — « Le roy gardera
toutes les places conquises ^J tant es Pays-Bas que Luxembourg, Bourgoigne,
' Depuis plus de trois ans on s'occupait
de la future assemblée de Cologne, que
tout le monde paraissait désirer, et à la-
quelle chacun, selon ses intérêts, appor-
tait des entraves. Bien que ces négocia-
tions soient restées sans résultat du vivant
de Richelieu, elles méritent dès ce mo-
ment l'attention de l'histoire , et sont d'une
importance véritable pour l'histoire parti-
culière du cardinal , puisqu'on y découvre
sa pensée sur le traité de Westphalie dont
ces négociai ions sont les préliminaires.
(Voy. notre tome V, p. 706 et passim.)
' Le passage enfermé entre crochets est
une addition marginale de la main de Ki-
chelieu.
' DU CARDINAL DE RICHELIEU. 803
Roussillon , Alsace et Allemagne. » — Trouver des tempéraments pour Cata-
logne et Portugal.
Les cinq autres projets reproduisent le premier avec quelques modiflcations;
à la marge du sixième projet, nous lisons : « Ce party est proposé pour n'obmettre
aucune chose qui semble pouvoir establir le repos dans la Xpienté, afin que s'il
estoit du tout impossible de faire présentement une paix, on voye si on pourra
plus aisément parvenir à faire une Irefve non manifestement captieuse comme
sont toutes celles de peu de durée que les Espagnols ont proposées , non pour
faire cesser les troubles de la Xpienté, mais pour se mettre en estât de les recom-
mencer plus que jamais . . . •
Et puis on paraît désespérer de parvenir à s'entendre. « A la suite de tous ces
projets (dit une dernière page, cotée 178), après les avoir bien considérez, on
peut dire avec vérité que maintenant on n'en sçauroit faire aucun qui ne soit
chimérique, parce que les affaires ne sont pas en estât qu'on puisse trouver
un tempéramment par lequel elles puissent estre justement composées. . . Elles
sont à présent trop avantageuses pour la France et ses alliez. . . et elles ne vont
pas encore assez mal pour la maison d'Autriche. . . »
Ce volume d'Allemagne contient grand nombre de pièces relatives à ces futures
négociations, nous en indiquons quelques-unes auxquelles Richelieu a eu plus
ou moins de part : \
■ Instruction donnée aux s" Mazarin et comte d'Avaux, choisis parSa Majesté
pour estre ses ambassadeurs plénipotentiaires en la négociation de la paix » di-
visée en 24 sections.
C'est une première mise au net, de la main de Cherré, devenue minute par
grand nombre de corrections interlinéaires, d'additions aux marges, de feuillets
intercalés, de la main de Riphelieu et de celle de Charpentier {pièce i52). Elle
se termine ainsi : ■ Si les Espagnols veulent ensuite se mesler des affaires de
quelques-uns des mescontens de France, il faut faire cognoistre aux ambas-
sadeurs que leur prétention est tellement contre le droit des gens qu'elle mérite
pluslost une risée qu'une response. •
Et à la marge, Richelieu a écrit cette liste : «Elbœuf. — La Valette. —
Vendosme. — Soubise. — La Vieuvilie. — Le Coigneux. — Saucour. — Baron
du Bec. — Saint-Aulnais. — Monsigot. »
Une nouvelle mise au net, cotée i88 (35 feuillets), de la main d'un commis,
où se trouvent encore quelques corrections de l'écriture ronde de Charpentier et
de la main du cardinal, qui a mis en tête : Brouillard.
A la suite de celte instruction il s'en trouve une autre, non cotée, intitulée :
• Instruction particulière pour terminer les différens d'entre la France et la
804 LETTRES
maison de Savoie. » Il s'agit d'une précaution diplomatique : « Faire couler, dans
le traité général, qu'il n'y est point parlé des diflcrens meus, ou à mouvoir,
entre la couronne de France et la maison de Savoie. . . ou sujet des droits que
le roy a sur les Estats du duc. » Pièce de la main de Charpentier, avec quelques
corrections de Richelieu, qui a aussi écrit le titre.
Nous trouvons ensuite un mémoire sur cette question :
«Sravoir s'il faut faire la paix en renonçant aux anciens droits de la France,
ou non. »
Ce mémoire traite desdits droits sous les diverses rubriques : • Navarre. — Ca-
talogne. — Roussillon. — Flandre. — Hesdin. — Duché de Bourgoigne. —
Droits sur le comté de Bourgoigne. — Milan. — Naples. — Sicile. » Après ce
dernier titre, rien n'est écrit; seulement, à la marge, Richelieu a mis : «Il faut
laisser trois pages blanches. »
Dans ce mémoire, on range en trois classes les droits du roi :
«Ceux auxquels il n'y a point renonciation;
«Ceux auxquels nos roys ont renoncé; "
« Ceux auxquels nos roys ont renoncé par des traictés qui sont nuls. •
Cette pièce de dix-neuf feuillets, cotée 189, est d'une écriture que nous ren-
controns quelquefois; on y remarque des corrections de la main du cardinal.
Nous avons trouvé dans les manuscrits d'Espagne, t. XIX, fol. 417, le pre-
mier brouillon de ce mémoire sur lequel il suiïit de jeter un coup d'œil pour se
convaincre que nous avons là l'œuvre propre de Richelieu : c'est un cahier de
i3 feuillets in-fol. rempli de ratures, de renvois, de corrections, d'espaces
laissés en blanc; écritures de Charpentier, de Cherré, de Citoys, d'autres encore,
et à tout moment apparaît celle de Richelieu ; c'est un curieux spécimen de son
travail personnel.
NOTA.
Avant de quitter l'année 1689, indiquons quelques documents relatifs aux
opérations militaires dont cette année a été remplie et qui témoignent du soin
que prenait toujours Richelieu de préparer une campagne longtemps à l'avance.
Nous trouvons aux Affaires étrangères, dans le XIIP volume des Pays-Bas, une
pièce intitulée : Project des desseins de la campagne de 1639. «Tous les desseins
du costé de Picardie, écrit Richelieu, aboutissent ou à Saint-Omer, Gravelines
et Bourbourg; Arras, Hédin , Cambray ou Valenciennes. » Et le cardinal examine
les inconvénients ou les avantages de chacune de ces entreprises. Le mémoire
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 805
est terminé par ces deux lignes : «Reste, après beaucoup de diffîcultez, au roy
à prendre la résolution qu'il luy plaira. ■■ La pièce, écrite par Cherré, est clas-
sée, dans ce XIII" volume non coté, au commencement de Tannée lôSg. Les mss.
de la Bibliothèque nationale nous fournissent, sur ce même sujet, des informa-
tions que nous nous bornerons à noter en indiquant seulement les titres :
« On peut faire quatre desseins : ou de Gravelines , ou de Saint Orner, ou Aire,
ou Arras. » — • Pour le dessein de Saint-Omer. • — « Instruction pour le dessein
d'assiéger Gravelines. » — « Instruction pour le siège d'Arras. » — « Aire ; ordre
pour l'attaque du costé de Flandres. • — «Fautes commises au siège de Sainl-
Omer et les remèdes; advis pour faire led. siège. » — • Autre instruction pour
le dessein d'assiéger Saint-Omer. • — [Cinq cents Colbert, t. XLV, fol. 79, 81 v°,
82,83, 83 v°.— Sainl-Germain-Harlay, 3A6, t. I, fol. 84. 84 v°, 85, 85 v°, 86.)
On ne saurait donner ces pièces pour l'œuvre de Richelieu, mais il y a cer-
tainement mis la n)ain, ainsi que l'indiquent les sources d'où elles proviennent.
Conservées en copie dans les manuscrits de Colbert et de Harlay, on a eu soin
de constater leur origine par ces notes : « Minute originale de la main de Cherré, •
ou • minute originale, partie de la main de Cherré , partie du C. de R. , » ou bien :
• minute originale de la main de M. de Noyers, partie de la main du C. , » ou en-
Qn : «minute originale, partie de la main de chirurgien du C. de R. , partie
de la main dud. cardinal. »
Il convient de rappeler ici la pièce que nous avons donnée p. 269 de notre
VI' volume, autre preuve de celte sage prévoyance de Richelieu; il s'en félicitait
lui-même, non sans un mouvemenlde satisfaction vaniteuse, assurément bien jus-
ti6é, lorsque, s'adressant au roi dans la succincte narration^, il écrivait : « Les pré-
paratifs de l'année i64o étonneront sans doute la postérité, puisque, lorsque je
les remets devant les yeux, ils font le mesme effect en moy, bien que, soubz
voslreaulhorité, j'en aye esté le principal auteur. »
Les documents de cette espèce ne sont pas inutiles à l'appréciation d'un des
points de l'histoire de Richelieu; c'est un jour ouvert sur un côté de sa vie.
' Celte succincte narration a été impri- politique, restée inconnue aux premiers
mée à la suite de l'Histoire de Louis XJII, éditeurs; Foncemagne, dans son édition
d'après un ms. des Cinq cents Colbert , donnée quelques année» après , a pu corn-
par le Père Griffel; ce Père s'est aperçu que pléler ainsi ce premier chapitre,
—c'était la suite du i" chapitre du Testament '
806 LETTRES
ANNEE 1640.
NOTA.
Nous avons donné dans notre Vl° vol. p. 689 et suiv. un résumé delà situation
des affaires entre la France et le Piémont dans l'année 1689; on a vu la coalition
des deux frères du feu duc de Savoie contre la duchesse, leur belle-sœur, et sœur
de Louis XIIL Le prince Thomas et le cardinal de Savoie étaient maîtres à Tu-
rin , et des négociations avaient été entamées principalement avec le premier,
plus ardent dans sa haine contre la France et plus étroitement lié avec les Es-
pagnols, au service desquels il était en sa qualité de général. On a vu que le sieur
Masserati, homme appartenant au prince Thomas, était l'agent de ces négocia-
tions , qui devaient être ignorées des Espagnols. Le mémoire envoyé par le car-
dinal au comte d'Harcourt le 22 novembre (p. 609 du vol. précité) montre toutes
les complications et les difficultés de ces obscures négociations, dont la pénétra-
tion de Richelieu lui faisait assurément prévoir le peu de succès. Aussi, en même
temps qu'il s'efforçait de séparer le prince Thomas des Espagnols, il essaya se-
crètement de désunir les deux frères et de gagner le cardinal de Savoie, dont il
espérait avoir meilleur marché que du prince Thomas. Il lui envoya un religieux
qui, sous sa robe de moine, cachait un véritable ambassadeur politique.
Pour mieux persuader le prince-cardinal, Richelieu employa Mazarin, tou-
jours bienvenu de la maison de Savoie. Mazarin , alors à Rueil , accompagne le
religieux d'une lettre en italien remplie d'éloges pour «Il Padre di Lisla agosti-
niano scalzo, persona di molto merito. "'La lettre est conservée en copie dans
le même manuscrit que l'instruction, fol. l\!\.
CCXXVIII.
Arch. des Aff. étr. Turin, t. 3o, fol. 2g. —
Copie de la main d'un commis de Chavigni.
MÉMOIRE AU PÈRE DE LISLE,
S'EN ALLANT À NICE.
2 2 janvier i64o.
Tous ceux qui désirent le bien de la maison de Savoie déplorent la situation
où l'a mise la division entre la duchesse et les princes ses beaux-frères. " Le roy
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 807
ayant eu advis que M. le Cardinal de Savoie n'est pas aliéné de la France, pense
que c'est aud. Cardinal à y apporter le remède, puisque, après le jeune duc, la
chose le touche de plus près : le prince Thomas ne tend qu'à s'approprier une
partie des Estats de cette maison, et il est assez aveuglé pour ne savoir pas que
les Espagnols ne se servent de luy que pour l'entière ruine de lad. maison, et
leurs conquestes ne peuvent estre qu'au préjudice dud. cardinal. »
Le cardinal de Savoie ne peut se faire un establissement solide que par la pro-
tection du roy, et le P. de L'Isle lui proposera les conditions suivantes :
Premièrement le roy prendra led. sieur cardinal en sa protection
envers et contre tous.
Le maintiendra dans Nice et dans les autres places qui sont en sa
puissance, en sorte néanlmoins que cela ne préjudicie point à la sou-
veraineté de M. le duc de Savoye son neveu.
Et au cas que led. duc vint à manquer, Sa Majesté l'assistera en
tout ce qui despendra d'elle, pour le mettre en la possession et jouis-
sance de ses Estats.
Que led. sieur cardinal estant uni avec le roy, et favorisant les des-
seins de Sa Majesté et de Madame, il aura part au gouvernement
selon qu'il en sera plus particulièrement convenu.
Et en cas que Thurin soit repris il pourra, s'il veut, y aller de-
meurer avec Madame.
Que le roy le restablira dans ses pensions, et d'abord on luy en
avancera une année.
Que s'il désire se marier en France, comme luy estant une chose
importante, pour diminuer la considération en laquelle sera tousjours
le prince Thomas, s'il n'a point d'enfans pour luy succéder, et pour
oster le prétexte aux Espagnols de protéger ceux dud. prince Thomas,
lesquels tout le monde sçayt estre retenus en Espagne avec intention
de s'en prévaloir en temps et lieu , Sa Majesté luy fera trouver un
party en France, qui respondra à sa naissance, et dont il sera satis-
fait.
Le roy s'obligera à ce que dessus à condition que M. le cardinal
de Savoye promette de quitter la protection d'Allemagne, renoncer
808 LETTRES
aux alliances qu'il a contractées avec la maison d'Autriche et à tontes
autres qui pourroient estre préjudiciables au service de Sa Majesté.
Qu'il donne asseurance de favoriser en tout ce qui despendra de
luy les desseins du roy, qui n'estant que pour le bien de l'Italie en gé-
néral, et pour celuy de la maison de Savoye en particulier, led, sieur
prince-cardinal y est plus intéressé que Sa Majesté mesme.
Que les gouverneurs des places tenues tant par Sa Majesté que par
led. sieur prince-cardinal vivront en telle intelligence et correspon-
dance ensemble, qu'ils s'ayderont réciproquement, tant pour la sub-
sistance des trouppes communes, que pour les autres choses qui re-
garderont le service de Sa Majesté et dud. sieur prince-cardinal.
Led. sieur cardinal, pour marque de la sincérité avec laquelle il se
détache des intérests des Espagnols, pour embrasser ceux de Sa Ma-
jesté et pour luy donner moyen de faire passer des troupes en Italie par
plusieurs endroits, remettra présentement entre les mains de Sa Ma-
jesté la terre et le chasteau de Revel, pour estre tenu en dépost par
Sa Majesté tant que la guerre durera.
Led. sieur cardinal donnera libre entrée et sortie aux vaisseaux
de Sa Majesté dans le port de Villefranche et n'y recevra aucun de
ceux des ennemis de Sa Majesté et de leurs adhérents.
Il faudra faire cognoistre aud. sieur prince-cardinal que ce traitté
est entièrement avantageux pour la maison de Savoie et pour sa per-
sonne, d'autant que les Espagnols n'ont autre but que d'en procurer
la ruine pour s'en avantager, et que la France en doit pour son propre
intérest désirer la conservation et l'avancement.
Que le prince Thomas, flatté des espérances de s'establir en son
particulier par le moyen des Espagnols, contribue par toutes sortes
de moyens à leurs progrès dans le Piémont, sans s'appercevoir qu'ils
se servent de luy pour l'entière ruine de la maison de Savoye,
et que, quand mesme ils feroient part de leurs conquesles aud.
s' prince-cardinal, cela ne peut estre qu'à son préjudice.
Cette iDslruction , que nous ne trouvons indiquée nulle part , achève de donner
6U CARDINAL DE RICHELIEU. 809
la complète intelligence des procédés de la politique de Richelieu à l'égard de la
maison de Savoie. Cependant, avant que le P. de Lisie eût accompli sa mission,
on dut apporter certaines modiflcations dans ces instructions; son voyage l'ut in-
terrompu , et un courrier lui remit un mémoire où Richelieu lui faisait expliquer
la situation nouvelle des affaires dont il était chargé.
• La raison qui a obligé de donner ordre au P. de L'Isle de s'arrester à Lyon,
et dé n'aller point jusques à Nice, a esté parce que Madame la duchesse de Sa-
voie avoit fait sravoir au roy que M. le cardinal de Savoye désiroit de s'accom-
moder sincèrement avec Sa Majesté et avec elle. . . » Il est donc nécessaire de mo-
difier sa première instruction , mais « il se servira de toutes les raisons qui es-
toient dans lad. instruction pour porter led. s' cardinal à s'accommoder. . . » A
la même date notre manuscrit contient divers projets de conciliation entre les
princes et Madame. Parmi les diverses pièces relatives à ces négociations, nous
donnons la suivante, qui appartient plus directement à Richelieu ; elle est datée
du 2,3 février iG4o.
CCXXI.X.
ADVIS DU ROY
SDR L'ACCOMMODEMENT DES PBINCES DE SAVOIE ET DE MADAME ROYALE.
Il n'y a rien que le roy désire tant qu'un bon accord entre Madame
et les princes de Savoye, tant parce que c'est le bien de la maison,
que parce aussy que c'est un moyen de parvenir à la paix, privant les
Espagnols des avantages qu'ils ont en Italie plus par l'intelligence
(lesd. princes que par la force de leurs armes. Mais comme Sa Ma-
jesté désire passionnément un accord raisonnable cl seur pour Ma-
dame et le duc son filz, elle appréhende extrêmement qu'il s'en fa^e
un qui n'ayt autre fin que la perte de l'un et de l'autre sous de
belles apparences. — Après avoir veu tous les articles du traitté pro-
posé entre Madame et les princes de Savoye, deux choses sont prin-
cipalement à considérer. . .
Quant à la seurelé de la personne de Madame et du duc son filz,
il est certain qu'en quelque lieu qu'elles puissent estre conjoinctement
avec les Princes, elles n'y seront jamais en seureté veu que le crédit
CAnDI!). DE RICHELIEU. — VII. 102
S!0 LETTRES
des princes dans leurs estai/, prévaudra tousjours à celuy de Madame.
Et quand mesme les gardes de Madame et du duc son filz seroient
françoises (ce qui ne peut estre autrement pour avoir aparence de
seureté), encore sera il à craindre que l'industrie desd. princes pré-
valle à la seureté que Madame pourroit avoir de telles gardes.
Partant, le meilleur advis et le seul que Madame doit prendre est
de demeurer en Savoye jusques à ce que l'engagement des princes
avec la France contre les Espagnols soit tel qu'il n'y ayt pas lieu d'en
douter.
Quant aux places, il est à considérer que si Madame change les
gouverneurs qu'elle a mis dans celles qui luy restent, outre que c'est
chose indécente, tout l'avantage sera du costé des princes, parce que
Madame ne sçauroit trouver d'autres gouverneurs en qui elle puisse
avoir tant de confiance qu'en ceux qu'elle a establis. Et parce que
Madame ne peut avoir aucune seureté plus grande que l'engagement
de ses deux beaux-frères ou du cardinal seul avec la France, c'est à
elle à prendre garde de ne faire aucun accord avec eux que con-
joinctement celluy desd. princes avec la France ne se fasse aussy en
mesme temps. (Arch. des Aff. étr. Turin, t. 3o, fol. 82; mise au net
de la main d'un commis des Aff. étF.)
Opendant l'envoyé de Richelieu put accomplir sa mission, qui ne fut pas
longue; le 18 mars il mandait à Chavigni : • Je fus inlroduil dans Nice le i3 au
soir et en sortis le i5 au matin. . . Il n'y a pas moyen de traitter avec un prince
sans résolution; il vaudroit mieux traitter avec le prince Thomas; celui-ci est
comme insensible au bien et au mal selon que l'on luy persuade; il seroit plus
facile de le gagner avec quelques avantages. » C'est le résumé de cette lettre
signée : « P. Archange de Lisle, Aug'° déch. indigne » (fol. i84 du ms. précité). —
Le 28 du même mois, le comte d'Harcourl mandait de Pignerol , aussi à Chavigni :
«Le Moneti, patrimonial du cardinal de Savoye, est allé de Nice à Turin, et
Ferragalli est passé hier revenant du mesme lieu. . . Le prince cardinal de
Savoye ne semble pas avoir intention réelle de s'accommoder avec Madame n\
avec le roy. . . » (fol. i65). Et Richelieu écrivait officiellement le !\ avril à l'am-
bassadeur accrédité près la duchesse de Savoie :
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 811
CCXXX.
M. de la Court doit sçavoir que le roy, ayant envoyé un bon reli-
gieux près de Ms' le cardinal de Savoye ... Sa Majesté a recogneu
que led. s' cardinal n'a autre dessein que d'amuser Son Altesse par
concert fait entre luy et le prince Thomas. . . Il doit presser Son Al-
tesse de lever le masque. . . d'exécuter ce qu'elle a promis au roy pour
Montmélian. . . de faire un examen exact de ceux qui estant auprès
d'elle sonfassez lasches pour estrc gagnez par les promesses ou par
les menaces de ses ennemis. . . Suivre les conseils que ses beaiix-
frèrcs luy font donner, c'est proprement consentir à sa perte . . .
(Ici Richelieu nomme les personnes dont la princesse doit prendre ombrage,
el celles à qui elle peut se confier.)
On envoie le s' Mondain avec de l'argent. . . Un bruict est venu
f|ue Madame a retardé lo passage des troupes qui vont en Italie . . .
Si cela est, il faut qu'elle soit déclarée contre elle-mesme, et je m'as-
scure que M. de la Court n'oubliera pas de l'exorciser de telle sorte,
qu'en quittant son mauvais esprit, elle ayt suivy celuy que la raison
doit donner à tout le monde. . . (Minute de la main de Cherré,
fol. 278.)
Ci-'penilant on continuait ces négociations qui semblaient aller plus lentement
et s'embrouiller davantage à mesure que plus de monde s'en mêlait. Nous trou-
vons dans notre manuscrit (fol. 364) une pièce datée du 20 avril, et écrite par
un secrétaire des Affaires étrangères, avec ce titre : « Mémoire donné à l'abbé de
la Monta s'en retournant en Savoye. » Sans reconnaître tout à fait dans cette
pièce le style de Richelieu, nous y voyons assurément sa pensée et ses indi-
cations; ou y lit : «Madame a envoyé l'abbé de la Monta au roy pour l'informer
de propositions d'accommodement avec les princes, que luy faisoit le cardinal
de Savoye; le roy ne voit pas que cette nouvelle proposition avance les afi'aires,
et Sa Majesté juge à propos que l'abbé de la Monta, après avoir vu Madame à
Chambery, s'en aille ii Nice vers le prince cardinal . . . puisque le prince Thomas
veut demeurer ferme avec les Espagnols, c'est au card. de Savoye de se retirer
812
LETTRES
d'avec luy et d'avec eux . . . luy représenter que les Espagnolz l'amusent et ne
^veulent que s'agrandir de la ruine de leur maison; il est doue de son avantage
de s'accommoder promptement avec Madame et avec la France, faisant le ma-
riage proposé entre luy et la princesse de Savoye »
On voit par plusieurs lettres de Richelieu dont nous donnons l'analyse, que
ces tentatives d'arrangement, aussi vaines que multipliées, se traînèrent ainsi sans
résultat sérieux jusqu'en septembre, lorsque les princes vaincus furent obligés
d'abandonner Turin, où la duchesse de Savoie rentra sous la protection de l'ar-
mée française.
CCXXXI.
Arch. des aff. étr. Pologne, t. IV, fol. 179. —
Orig. sans signature, de la main de Charpentier.
A CHAVIGNY.
De Rue! , ce 26 février 1 6/io '.
Je suis bien aise que l'affaire du prince Cazimir soit terminée^. On
ne sçauroit, à mon avis, s'exempter de le traitter; soil qu'il demeure à
i'hostel des ambassadeurs, soit qu'on le loge à l'hostel de Schomberg,
il faut faire les choses honorablement : s'il demeure à fhoslel des
aml)assadeurs, il est besoin de luy faire promptement bien meubler
un appartement et le traitter par présens, ses officiers et ceux de l'am-
bassadeur estant suffisants pour le servir; s il va à l'hostel de Schom-
berg,, il faudra le traitter par les officiers du roy, ce qui sera un peu
plus incommode^.
' Au moment même où l'on s'occupait
(le rendre la liberté au frère du roi de
Pologne , on apprenait à Saint-Germain les
dispositions peu amicales de ce roi pour
la France. Richelieu mandait à Chavigni
le 22 février : «Je viens de voir par la
voye des espions que vous sçavez , que le
roy de Pologne a promis aux Espagnols
la levée de six mil chevaux en la Pologne...
Je croy qu'il n'y a point de mal de luy dire
(à l'ambassadeur qui était venu réclamei-
la liberté du prince ) qu'en Flandres et
en Espagne on se vante d'une telle offre
du roy de Pologne. . » ( Billet de quelques
lignes, sans signature, de la main de Char-
pentier; fol. 174 de notre manuscrit.)
^ Voyez ci-dessus, p. 788.
' On avait à cœur de lui faire oublier
le séjour du château de plaisance de Vin-
cennes.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 813
Quand il partira d'icy, j'estime à propos que S. M. iuy donne une
espée de 3 ou 4 mille escus. Pour cet efTect Loppez en a une. Il y en
a d'autres dans Paris; vous mettrez Mondain en queste comme si c'es-
toit pour l'envoyer en Savoye.
Quant à l'affaire du prince Palatin , le temps nous fera voir ce qui
en réussira '.
Je seray bien aise que les courriers de Hollande et d'Italie soient
partis.
' Notre manuscrit conserve une lettre
de Chavig'ni à M. d'Avaugour, datée du
dernier mars , et de Ruel , écrite sous
les yeux du cardinal, il'est question d'une
diète qui doit se tenir prochainement
à Varsovie , et pour laquelle t toutes cho-
ses ont esté ajustées avec M. l'ambas-
sadeur de Pologne Gosienski. Le prince
Cazimir et Iuy sont partis pour retourner
en Pologne. Le prince s'en va fort con-
tent du bon traitement qu'on Iuy a fait
depuis qu'il est sorty du chasteau de
Vincennes. Il a esté régalé de fort beaux
présents et particulièrement d'un diamant
de grand prix , que It roy lira de son doigt ,
et le Iuy donna. — On va commencer à
traitter aussy le Palatin , qui a esté pareil-
lement mis hors dudictchaste«u. — Toutes
choses sont prestes icy pour une prompte
campagne , dans laquelle le roy agira puis-
samment contre les ennemis. • ( Orig. de-
venu minute à cause de corrections.) —
L'envoi d un ambassadeur suivit de près;
le roi signa, à Saint-Germain-en-Laye ,
le 7 avril, l'instruction du baron d'Avau-
gour. 11 est chargé de faire remarquer au
gouvernement de Pologne le bon traite-
mentquele prince Gazimirareçu en France
depuis qu'on a eu les garanties que le pro-
cédé de ce prince avait rendues nécessaires.
L'ambassadeur touchera discrètement au-
près du roy et de la diète la question de
• l'éclaircissement qu'il est besoin de don-
ner à la Suède sur ce qui s'est passé en
Livonie ; » ainsi que le fait de « l'entre-
vue du roy de Pologne avec le prétendu
empereur, • d'où il prendra occasion de
représenter combien serait dangereux pour
la Pologne de prendre alliance avec la
maison d'Autriche, «qui n'a autre pensée
((ue de s insinuer dans le royaume de
Pologne afin d'en faire comme de ceux
d'Hongrie et de Bohesme. » Développe-
ment des motifs (ju'a la maison d Au-
triche de faire perdre aux Polonais leur
liberté et le droit d'élire leurs rois. —
La relation de l'ambassade du baron
d'Avaugour, mise au net de la main de
son secrétaire, se trouve dans ce manus-
crit, à la lin de l'année i64o, sa commis-
sion était arrivée à Dantzig le 8 mai , et
il était de retour dans cette ville le 3o juin
{fol. 242-256).
814 LETTRES
CCXXXII.
Arcli. des Aff. élr. Turin, t. XXX, fol. 280.
il, de la main de
A MAZARIN.
Original, de la main de Cherré.
De Royaumont, ce 6 may.
Colniard, la France a gaigné une bataille en Italie; trois mile
hommes sont demeurez sur la place, quatre canons et la moitié du
bagage des ennemis sont es mains des victorieux.
Cazal n'est pas seulement délivré, mais il voit l'orgueil de ceux
qui le vouloient perdre sous ses pieds, et après les avoir veus remuer
beaucoup de terre pour sa ruine, il en remue à son tour pour les faire
jouir du dernier office qui se rend aux chrestiens, bien qu'ennemis.
Le Dieu des batailles a faict ces merveilles. Je le suplie, de tout
mon cœur, qu'après avoir donné autant de victoires à la France qu'il
en faut pour réduire les authcurs des troubles de la chrestienté à
consentir à son repos, il veuille se rendre Dieu de paix. Ce sont les
vœUx de celuy qui vous aymera toute sa vie plus que vous ne méri-
tez si vous ne faites des merveilles pour vous rendre digne de la
grâce d'un grand roy qui vous est asseurée.
Le Gard. DE RICHELIEU.
Je ne vous saurois dire la satisfaction que j'ay de M. le comte d'Har-
court et de tous ceux qui servent en l'armée d'Italie.
RELATION
DE L'ENTBEVUE DE M. BRETH , ENVOYÉ D'ESPAGNE, AVEC M. I.E CARDINAI,.
i3 juin i64o.
Ici apparaît un nouveau personnage dans les négociations souterraines que le
cardinal faisait marcher parallèlement à la guerre, ouverte que la France soutenait
contre l'Espagne. L'équivoque et ténébreux diplomate Pujols, d'accord avec le comte
duc, avoil annoncé à Richelieu la mission d'un s"' Breth, secrétaire des affaires de
Flandres en Espagne. Toutes les précautions étaient prises pour envelopper cette
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 815
mission d'un mystère impénétrable, afin que les alliés de la France ne pussent
se douter qu'on négociait sous main. Mais un malentendu fit que Breth ne
trouva pas à Orléans l'agent secret qui devait l'y recevoir et le diriger. Cependant
nous le suivons au moyen d'une lettre qu'il écrivait le 6 juin, à Chavigni, lequel
était auprès du cardinal à Blérancour : Il est arrivé à Paris , il s'est présenté comme
gentilhomme liégeois à un des commis de Chavigni; il demande à voir son Emi-
nence, «s'il le pourroit faire seurement et sans enipesclieuient des gardes... en
qualité de gentilhomme liégeois, et habillé qu'il est, avec deux hommes, à l'usage
de ce pays, pour tant mieux garder le secret qui iuy a esté tantenchargé... 11 est logé
il l'hostellerie du petit St-Martin, rue St-Martin, en attendant l'esclaircissement
qu'il vous plaira Iuy en faire donner. Il ne convient pas, ny pour l'un ny pour
l'autre, qu'il soit icy retardé... » La réponse de Chavigni ne se fit pas attendre;
il explique par quelle erreur il ne croyait pas l'arrivée de Breth si prochaine et
il ajoute: « Deux heures après avoir receu vostre lettre, on dépesche ce gentilhomme
pour vous conduire au lieu oîi vous voulez venir; vous y serez le très-bien receu
et on escoutera fort favorablement ce qu'il vous plaira de dire, avec la sincérité et
bonne correspondance que vous pouvez souhaiter. . . » Nous ne savons si Breth
vit alors le cardinal ou seulement Chavigni; nos manuscrits ne nous donnent au-
cune information jusqu'au 1 3 juin. A cette date nous trouvons un ample récit
de ce qui se passa à Blérancour les i3 et i4: • Relation de l'entrevue de M.
Breth envoyé d'Espagne avec M. le cardinal, le i3 juin. • Ce titre est mis à la
marge de la pièce, laquelle est une mise au net de la main d'un secrétaire de
Chavigni. Nous n'avons point trouvé de brouillon, mais si la relation n'a pas été
dictée parle cardinal, elle a été écrite avec ses indications précises; il est vraisem-
blable d'ailleurs queChavigni était présent à l'entrevue, qui se termina sans résultat.
La relation poui-suit : «Le mesme jour a|)rès disner le s' de Chavigny alla,
par ordre de M^ le cardinal, trouver le s' Breth dans sa chambre; cette autre
entrevue roula sur le mesme sujet... et le s' Breth protestant n'avoir pouvoir de
dire autre chose, demanda qu'on Iuy permist de retourner en Espagne. — Le
jeudi i/i le s' de Chavigny est retourné trouver le s"" Breth, pour lui tesmoigner
de la part de M^ le cardinal que c'estoit avec beaucoup de desplaisir qu'on voyoit
le peu de fruict que produiroit son voyage... iDe nouvelles explications eurent lieu
au sujet du duc de Lorraine et du Palatiu, Chavigni insistant sur la chiférence
de l'une et de l'autre situation... «Son.Éni. a fait venir le mesme jour sur le
soir ledit s' Breth dans sa chambre, auquel il a fait veoir combien cstoient éloi-
gnées du bon sens et de la raison les nouvelles explications données à M. de Cha-
vigni , qu'il ne pouvoit s'imaginer autre chose sinon que le comte duc vouloit
temporiser... mais que le roy demeureroit femie dans la conduite qu'il avoit pré-
816
LETTRES
cédemment suivio. « — « Le soir mesme M. de Chavigny a porté au sieur Breth
la response de M*'' le cardinal à M. le comte duc... «
• Le vendredi lô" du mois de juin ledit s' Breth est parti de Blérancour à
deux heures du matin. » (Archives des Affaires étrangères. Espagne, tome acxnon
coté, aux dates des 6 et i3 juin.)
A la suite de cette relation, dont nous n'avons donné qu'une idée très-succincte,
le manuscrit a conservé l'avis de Richelieu; nous en transcrivons le texte presque
entier; il fera mieux connaître que la relation de l'entrevue elle-même et le fond des
divers entretiens et le sentiment du cardinal.
ccxxxin.
Arcli. des Afi". étr. Espagne, t. 20. — Mise au net de la main de Clierré.
AVIS SUR CE SUJET'.
[Après le 1 5 juin i64o. ]
Aprèsavoirveu les diverses propositions du ^ rapportées ci-dessus, impu-
dentes jusques à ce point qu'elles n'aboutissent à autre fin qu'à une trêve, à condi-
tion de faire restituer le Brésil tenu parles Hollandois , et de restituer nous mesnies
toutes les places que nous tenons aux Espagnols, et une partie de la Lorraine au
Duc, retenant le reste seulement jusques à la paix, toutes conditions aussy hon-
teuses à proposer qu'inacceptables, il faudroit estre aveugle pour ne voir pas la
malice diabolique des Espagnols.
^ Si ensuite on se remet devant les yeux tous les avis qu'on a receus depuis
' Ce titre est écrit au dos par lUchelieu ,
la date, qui manque, est donnée par la
place de l'avis classé immédiatement après
la relation.
" Il y avait ici « Nonce » mot qu'on a
eflacé sans rien mettre à la place; n'est-ce
pas le s' Breth qu'il fallait ?
* En marge on a ajouté : « Don Francisco
de Melos, passant à Rome, en lôSg, a dit
au cardinal Gaétan qu'il valloit mieux à
l'Espagne sujiporter une guerre désavanta-
geuse pour un temps, et attendre une
occasion propre pour faire une poix rui-
neuse pour ses ennemis, dans un change-
ment qui arriveroit en France. . . »
« M. d'Avaux a escrit du mois de juin
16/40 que fambassadeur de Pouloigne luy
a dit avoir sceu du prince Cazimir... à qui
le cardiml- infant s'est ouvert, que les
Espagnols ne vouloienl pas faire la paix.
L'anibass ideur de Venise a eu divers avis
semblables.
« M. le cardinal de Bagne en a plusieurs
fois parlé à M. Mazarin , par l'espace de
cinq ans. Les Espagnols n'ont jamais voulu
donner les passeports; il est aisé déjuger
par là que leurs actions respondent aux
avis qu'on a eus, et à la dernière descou-
verte qu'on a faite par Breck. »
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 817
quelque temps de divers lieux, il est impossible de ne recognoislre pas que les
Espagnols ne veulent point de paix, mais veulent seulement en parler, pour esviter
la mauvaise réputation qu'ils acquéreroyent dans la Chrestienté, si on cognoissoit
leurs mauvais desseins. Cette mauvaise résolution qu'ils ont est fondée en leur
patience et en leur fermeté, en la légèreté naturelle de nostre nation et aux di-
verses mutations auxquelles ils croyent sujet l 'estât présent de la France, dont'
M"" de Chevreuse leur a dit tout ce que son mauvais esprit luy a peu suggérer;
ensuit te des impressions premières que le marquis de Mirabel et le prince Tho-
mas leur en avoient données.. . On leur a fait croire que le roy estoit malade et las
de la guerre. On leur a dit ensuite que le cardinal estoit valétudinaire... qu'il avoit
beaucoup d'envieux qui n'attendent que le temps de le traverser. Dans la mort
du roy ils croyent le retour de la reyne mère, de M. le Comte, de M"" de Che-
vreuse, de tous les grands esloignés. En cet estât, ils prévoyent une grandeur ab-
solue de la reyne... Dans la mort du cardinal , ne sçachant pas tous ceux qui valent
mieux que luy en France, ils ne croyent pas que sa charge puisse être remplie à
beaucoup près d'une personne qui le vaille... et ils tiennent que par ce moyen , au
lieu de l'ordre aveclequel les affaires ont esté conduites, on y verroit beaucoup de
confusion, dans laquelle ils trouveroient leur compte tant au dedans de la France
qu'au dehors... — En ces extrémités, il n'y a point d'autre conseil à prendre que
de se résoudre à continuer fortement la guerre, jusques à ce que les ennemis
soient réduits à vouloir une juste paix. S'establir les moyens de la soutenir jusques
à ce terme. — AlTermir et rennouer de plus en plus les alliances de ce royaume.
— Faire des establissemens les plus asseurés qu'il se pourra pour pourvoir aux
désordres qui arriveroient si le roy ou le cardinal venoient à mourir.
CCXXXIV.
Imprimée. — Recueil de pièces concernant l'histoire de Louis XIII (Le Ceinte), in-12,
1718, t IV, p. 5 18'. — Collectio jadicioram de novis erroribus. . . opéra et studio
Caroli Duplcâsis d'Argentré, 1736, t. III, p. 38, in-fol.
A M. CONSTANTIN ^
[ Premiers jours de juillet 1 64o '. ]
Cum tuas lilteras accepi , jam ad nos de tuis positionibus ortus ru-
' Le manuscrit se trouve dans la biblio- personnage , qui n'est pas même nommé
thèquedeM.deReims.(Notede LeCointe.) " dans la bibliothèque des auteurs ecclésias-
' Robert Constantin prend, dans sa tiques de Dupin.
thèse, le titre de licencié en théologie. On ^ La lettre de Constantin , qui se trouve
a bien peu de renseignements sur ce aux mêmes sources , est datée : n datum
CIIIDIN. DE niCUELIEO. — VII. lo3
818
LETTRES
mor pervcneral '. Gaiideo nie in ca quam de te concepi opinione non
(leceptum; credidi te nuUa ratione adduci posse, ut quidqiiain pro-
lerre velles quod legitimam Pontificis auctoritatem imminueret, et
Facultatis pacem interturbaret ; id ad me mlssa tua epistola testatur.
Quae in thescon tuarum contextu durius quam par sit dicta videntur,
adnotavi. In iis quid senlias clarius explicabis. In problematicis , ut
iibet sentiendum; in iis vero quae ad veritatis defmitœ quœstiones per-
tinent, ne recte sentiendo fidem iudere videamur, cautissime loquen-
dum. Hanc ut serves regulam precatur
Tuî amantissimus,
Arm. Gard. DE RICHELIEU.
NOTA.
Du i" mai à la fin de lOio.
Nous avons laissé à la date d'avril (ci-dessus p. 8ii) les affaires du Piémont,
lesquelles comptent parmi les plus considérables de celles dout a été remplie
l'année i64o; nous continuons maintenant, jusqu'à la fin de ladite année, ce ré-
sumé, en liant entre eux les extraits de plusieurs lettres du cardinal dont nous ne
pouvons imprimer le texte en entier, et notant seulement celles que l'abondance
de nos documents ne nous permet pas de mettre même en analyse. Toutefois,
l'espace que nous ouvre ce supplément nous donne le moyen de reproduire cer-
taines pièces qu'il nous avait fallu négliger, et de revenir avec quelques développe-
ments sur des incidents que nous avions à peine indiqués dans le Nota de la
page 589 de notre VI' volume.
apud Sorbonani luaiii, 27 junii 16/I0. >
Celte date donne, à peu près, celle de la
réponse de Richelieu.
' Certaines propositions touchant la
puissance réciproque des conciles et du
pape, soutenues par Robert Constantin,
furent jugées répréhensibles , et la Sor-
bonne exigea une rétractation. L'assemblée
avait eu lieu le 16 juin; le 27, Constan-
tin écrivit au cardinal que, reconnaissant
la sagesse et l'autorité de son Eminence ,
il se soumettait à sa décision suprême. La ré-
ponse de Richelieu écrite en latin, comme
la lettre de Constantin, n'est point datée,
mais elle a dû être faite peu de jours après
la missive de Constantin. Le 12 juillet,
le cardinal envoyait à la faculté la décla-
ration explicative de celui-ci. Nous avons
donné ci-dessus, p. 264, fanalyse de la
lettre de Richelieu. L'original de la dé-
claration , signé Cl Roberlus Constantin , »
est aux archives nationales, carton M 78
(Sorbonne), pièce 19 du 3' dossier; elle
est imprimée dans le recueil de Le Cointe
et dans le livre de févêque de Tulle.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 819
Les tentatives d'accommodement que Richelieu essayait de divers côtés ren-
contraient partout d'insuriiiontabies obstacles : ici l'ambition et les mauvais des-
seins des deux beaux-frères de la duchesse ; là l'inconséquence et les irrésolutions '
de la duchesse elle-même, qui, tout en réclamant les secours et la protection du
roi son frère, se refusait à se soumettre aux conseils et aux vues de Richelieu.
I>e sentiment qu'elle avait du besoin de son assistance cédait chez elle aux in-
quiétudes que lui causait son despotisme et à la crainte de le voir sacrifier les
intérêts du Piémont à ceux de la France. Les négociations étant restées impuis-
santes, il fallait continuer résolument la guerre en Italie, et la duchesse de Savoie
se plaignait de u'être pas suffisamment assistée. De Chambéry, où elle était relé-
guée, elle écrivait au comte Moretto, son ambassadeur en France: «Les forces
du roy en Italie sont réduites à cinq mil hommes; on ne pourra résister si la
France ne se résoud pas à un effort très-considérable. » (AfF. étr. Turin, t. XXX,
fol. 387, 1" mai.) Et en même temps l'ambassadeur de France, M. de la Court,
informait de Noyers de toutes les difficultés qu'il éprouvait pour obtenir de la
duchesse l'accomplissement des promesses qu'elle avait faites au roi. {Ibid. p. SgS.)
Cependant, pour attaquer Turin avec succès, il fallait délivrer Casai, en grand
péril d'être pris par les Espagnols, qui le tenaient assiégé. Non-seulement on en-
voya des troupes au duc d'Harcourt, mais on lui donna Turenne. L'armée assié-
geante fut mise en déroule. Le récit de ce brillant fait d'armes , envoyé par le duc
d'Harcourt au cardinal, le A mai, se trouve dans notre manuscrit (fol. Sgy). Riche-
lieu fit célébrer cette victoire avec d'autant plus d'éclat que le duc d'Harcourt
était allié de sa famille. Nous devons noter, parmi les pièces relatives à ces affaires,
un Journal de ce qui s'est passé dans le Piémont depuis le 10 mai jusqu'au fi juillet
(fol. 571); et un autre récit, au dos duquel Routhillier a mis : « Relation de ce qui
s'est passé devant Turin le n juillet, avec la dépesche de mon fils ', du 20 dudif
mois. • (Fol. 58 1.)
Léganez avait à cœur de prendre sa revanche de la défaite qu'il avait subie
devant Casai; il vint attaquer le comte d'Harcourt dans ses lignes, il y trouva
une nouvelle défaite. La bataille fut sanglante; Léganez y perdit beaucoup de
monde. Richelieu félicita avec transport le comte d'Harcourt. Nous donnons aux
analyses un extrait de sa lettre du 26 juillet. L'Italie en ce moment était la
grande affaire de la France; Richelieu s'en occupait avec passion. L'ambassadeur
-Moretto, qui était auprès du roi et du cardinal, écrivait d'Amiens le i3 août:
« Reslando hora Hbero e disciollo il pensîero al sig. cardinale duca per applicarsi
lotalmente aile cose d'Ilalia, come egli medesimo mi disse hier! ...» (Fol. 720.]
' Chavigni était aiors en mission en Italie.
io3.
820 LETTRES
Deux lettres interceptées de Léganez au roi d'Espagne, et que nous trouvons
ici, montrent que les Espagnols ne mettaient pas moins d'ardeur à la lutte.
(Fol. 72/1-746.) Cependant l'événement décisif approchait; on savait que Turin
ne pouvait pas tenir longtemps; dans un mémoire envoyé au comte d'Harcourt
le 19 abût (p. 266 de notre VII° volume) , Richelieu insistait sur les difficultés de
s'entendre de loin , surtout ayant affaire k un esprit tel que le prince Thomas.
11 résolut d'envoyer Mazarin au camp, mettant ainsi en rapport direct le général
et le négociateur. Chavigni annonçait cette mission au comte d'Harcourt le
1 /i septembre : « La dépesche que vous avez envoyée par le chevalier de Ton-
nère, lui disait-il, a été trouvée si importante qu'on enverra Mazarin dans deux
jours au camp, pour poursuivre la négociation commencée.» (Fol. 27.) L'ins-
truction donnée à Mazarin, le i4 septembre 16A0, signée du roi et contre-signée
Bouthillier, est en original ' dans le XXXI" volume de Turin, fol. 3i; nous n'en
donnons que l'extrait :
« Après avoir lu la dernière dépesche qui a esté faicte à M. le comte d'Harcourt
sur le sujet des diverses conditions qui peuvent estre accordées à M. le prince
Thomas, en rendant la place de Thurin, on estime que le contenu en ladite dé-
pesche et le bon esprit de M. Mazarin lui peuvent servir d'instruction ...»
«Toutefois, le roy veut qu'il sache et face sçavoir à M. le comte d'Harcourt
que, si le prince Thomas ne veut faire un traitté dans des conditions convenables,
on face toutes sortes d'efforts imaginables et possibles pour prendre sa personne
et la ville tout ensemble. » — Après quelques considérations sur certaines éventua-
lités : « Le moindre traitté auquel on puisse recevoir le prince Thomas est de
rendre Thurin purement et simplement entre les mains du roy, et de se retirer
à Cony, sur la foy du traitté secret qu'il aura passé d'entrer ouvertement dans
trois mois au service du roy ...» — Conditions du traité , parmi lesquelles resti-
tution réciproque des places que tiennent les Espagnols et la France; et précau-
tions touchant les garnisons que Madame pourra mettre dans les places qui lui
seront rendues. . . — « Après tout, ou M. le prince Thomas ne fera aucun traitté,
ou il le fera par nécessité, et s'il le fait par nécessité, il le fera tel que les mi-
nistres du roy le jugeront raisonnable. »
' Une copie est au folio 35. La minute minute, de la main de Chavigni, est clas-
des trois premières pages, de la main de sée par erreur dans le volume XXX de Tu-
Cherré, se trouve au fol. 29, et Ion a rais, rin, fol. 568: t Le moindre trailté ,» etc.
à tort, en tète de ce fragment : «A M. le Mais ce n'est encore qu'un fragment. Nous
comte d'Harcourt, » à moins que ce ne soit n'avons point trouvé la minute de la der-
l'indication d'une copie qui aurait été en- nière page.
voyée audit comte. La continuation de la
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 821
Le traité conclu, le cardinal de Savoie pourra demeurer auprès de Madame,
qui. dans ce cas, • fera les choses importantes avec sa participation. . . »
• La place se rendant ou se prenant, il faut faire cognoistre au nonce que la
seule considération du Pape fait qu'on le renvoyé, et que, sans le respect qu'on
veut rendre à Sa Sainteté, on le traitteroit comme prisonnier, ayant fait des actions
plustost d'cnnemy que de médiateur. Il faudra dire la mesme chose à Fer-
lagalli. >
M, Mazarin passera par Chambéry et fera connaître à Madame « qu'il a charge
de prendre un soing très-particulier qu'il ne se glisse aucun article en cette ca-
pitulation qui peust préjudicier à S. A. •
Nous avons une lettre du cardinal à Mazarin, écrite après son départ, le
20 septembre. Richelieu lui disait : «J'escris à M. Gonteri pour lui tesmoigner
le gré que le roy luy sçait des services qu'il rend à Madame en Piémont. J'escris
aussy àM. le marquis Ville afin de luy faire cognoistre la malice du chevalier Rat '.
Je ne vous dis point ce que vous luy devés dire sur ce sujet, cognoissant comme
je fais vostre esprit et vostre adresse*. . . » La lettre au marquis Ville fait com-
prendre à peu près ce dont il s'agit : • M. Mazarin (lui mande Richelieu) sera le
meilleur lesmoin de la confiance que le roy a tousjours en vous. Si quelqu'un
vous a dit qu'on ayt esté en doute de vostre affection et de vostre fidélité, vous
croirés, s'il vous plaist, qu'il a eu de très-mauvais avis, et, en vous louant de son
zèle s'il vous est affectionné, vous vous plaindrésde sa cognoissancc. Je vous puis
asseurer qu'il n'y a personne que le roy aime plus que vous ' . . . ■
Cependant, le jour même que Richelieu écrivait à Mazarin la lettre du 20 sep-
tembre, le comte d'Harcourt, qui n'était pas encore informé de la mission donnée
à celui-ci, signait cette capitulation que Mazarin devait négocier. Arrivé à Cham-
béry, il trouva la duchesse de Savoie se plaignant vivement de cette précipitation ,
et il mandait à Chavigni, le 22 septembre : «Madame n'est pas contente de la
capitulation de Turin; en attendant un peu plus, on se seroit emparé de la per-
sonne du prince Thomas, que la capitulation laisse libre*. » (Fol 85.) Chavigni,
répondant à cette lettre le 5 octobre, dit que Richelieu n'est pas moins fâché de ce
' Il pourrait v avoir l\ac. Ce doit être tien de Turin, le XXX', fol. 670, à la
un nom écrit en abrégé. date du 4 juillet.
' Original , de la main de Clierré. Arch. * Un original de la capitulation est con-
(les Aff. élr. Turin, t. XXXI, fol. 5i. serve dans notre manuscrit. Cette pièce
' Cette minute est certainement celle est signée : « Henry de Lorraine, comte
de la lettre annoncée à Mazarin; comme d'Harcourt;» et plus bas :« Martin de Moi
elle est sans date, on l'a classée, au ha- rous • (fol. Sa). Suivent les articles secrets,
sard, dans un autre volume de la collée- fol. 58-6o.
822 LETTRES
contre-temps que la duchesse'; il regrette celte occasion qu'on aurait eue d'im-
poser au prince les conditions qu'on aurait voulu. Puis il ajoute : « Il ne faut pas
tesmoigner que S. Em. n'aytpas approuvé la capitulation, car elle ne veut faire
aucun reproche à M. d'Harcourt, qui, après tout, a pris Turin et secouru Casai.
S. Eni. espère que vous réparerez un peu cela, et croit que vous estes capable de
faire des merveilles. . . » (Fol. i5o.)
Aiguillonné par ces flatteuses paroles, Mazarin se mit à l'œuvre, et durant
neuf mois qu'il resta en Italie, il entretint avec Richelieu , Chavigni et d'autres ,
une correspondance très-aclive. Ces lettres se trouvent classées parmi les docu-
ments conservés aux Affaires étrangères, dans les volumes XXX-XXXIV de Turin.
Après avoir fait, en passant à Chambéry, une peinture de la petite cour de la
duchesse de Savoie (fol. 120), Mazarin se rend à Turin, qui venait d'être occupé
par l'armée française. Avec cette promptitude de l'intelligence des affaires dont il a
donné depuis tant de preuves, il se mit au fait de la situation des choses, et nous
trouvons, à la date du i" octobre, un Mémoire de ce qui a été fait et de ce qu'il faut
faire en Piedmont (fol. 187 , copie). Parmi les lettres qui suivent immédiatement,
nous en remarquons deux du 7 octobre, que le cardinal a fait copier à mi-marge
pour recevoir ses observations (fol. 161-1 65). Ecrites de la main de Cherré, elles
forment le texte de la réponse que le cardinal fit faire par le roi à Mazarin;
nous en donnerons seulement cet extrait :
CCXXXV.
Arch. des Aff. étr. Turin, t. XXXI, fol. 271.
Après le 7 octobre 16/I0.
... Si M. Mazarin ne concludles traitiez sur les lieux, il n'en faut
rien espérer. . . On ne croit pas que M. Mazarin ayt à demeurer
I 5 jours à Turin après que Madame y sera retournée, parce que, si,
dans ce temps, ces traitiez ne se concluent, il n'en faut rien espérer. . .
II est difficile de décider de loin si la trefve se devra continuer. . . On
ne voit pas grand inconvénient à la demeure du prince cardinal dans
Turin. . . La demeure du prince Thomas dans le Piémont ne peut
estre que très-suspecte. Cependant, si on ne pouvoit conclure un
bon traitté qu'avec cette condition, il faudroit y apporter toutes les
précautions imaginables. . . Si M. le prince Thomas veut servir en
' Richelieu en écrivit hii-même à Mazarin. Ci-après, aux analyses, 11 octobre.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 823
France, le roy luy permettra d'y amener ses trouppes et les payera
comme les siennes.
... En qiielqu'estat que l'on peust mettre le prince Tliomas en
Savoie, il en pourroit arriver de très-mauvais inconvéniens. . . On
estime que, jusques à ce que le prince Thomas ayt donné des tesmoi-
gnages irréprochables de la conversion entière de son esprit, il seroit
très-dangereux de le faire chef de la ligue. . . M. Mazarin doit estre
adverty que , si , dans les apréhensions du comte Philippe , il portoit
Madame à demander seureté pour luy, il faut réputer une telle pro-
position à injure, et dire à Madame que, si le roy le sçavoit, il s'en
tiendroit offensé, et ainsy la rejetter comme extravagance du bel es-
prit de cet honneste homme. . .
Il ne faut obmettre aucun moyen raisonnable pour attacher le
prince Thomas au service du roy.
On remarquera ce qui concerne ici le comte Philippe, lorsqu'on va lire la pièce
suivante.
CCXXXVI.
i\rch. des Aff. étr. Turin, t. XXXI, fol. i85. — Orig. en partie chiflfré.
INSTRUCTION
POUR M. LE COMTE D'HARCOURT,
GillÉRAL DE L'ARMÉE DU KOT EN ITALIE,
ET POUR M. MAZARIN,
AMBASSADECB EXTBAORDIKAIRB DE SA MAJESTÉ AUDIT PATS '.
i3 octobre i64o.
Deux seules raisons font que S. M. consent que Madame aille à
lurm.
' Une lettre de Chavigni accoiupagnant bien que vostre instruction. » (Foi. ai 5.)
cette instruction dit : « Les mémoires que " Nous dirons bientôt ce qui advint du
je vous adresse, lant sur le sujet du prince comte Philippe; son affaire ne fut pas,
Thomas que surceluy du comte Philippe, si difficilq/i arranger que celle du prince
ont été faits par M. le cardinal, aussy Thomas.
824 LETTRES
L'une est l'apparence et la bienséance, et l'autre, la nécessité de
pourvoir aux désordres de sa conduite.
Pour cet effect, il est nécessaire que lesdits sieurs comte et Ma-
zarin disposent en leur esprit toutes choses, en sorte que, quand
Madame viendra, ils soient en estât de faire exécuter ce qui est du
tout nécessaire pour le service de Madame en la détention du comte
Philippe.
Lesdits sieurs comte et Mazarin se souviendront que cette affaire
doiht estre conduite en sorte qu'il n'y ayt que eux deux qui en doi-
vent avoir cognoissance. En mesme temps qu'on aura faict arrester le
personnage, lesdits sieurs comte et Mazarin iront trouver Madame
pour luy en dire les raisons , toutes avantageuses pour son service ,
puisqu'elles vont à luy asseurer plus aisément ses Estats, et rejeter sur
le prisonnier le blasme de sa mauvaise conduite passée.
Ils représenteront à S. A. que le plus grand coup de prudence
qu'elle puisse faire est de faire cognoistre à tout le monde que cette
action n'a point esté faite sans son consentement, et en publier un
sujet qui lui soit avantageux.
Après cela on priera Madame , de la part du roy, d'establir un bon
conseil, en quoy on taschera de luy faire choisir ceux que le rov
peut désirer.
En un mot, on luy dira franchement que le roy ne veut rien
espargner pour son bien et pour le recouvrement de ses Estats,
mais qu'il ne veut pas le faire avec honte, et la laisser en estât
que, parla faute du comte Philippe, tousses travaux demeurent sans
fruits.
Il est à propos, lorsque l'on voudra prendre le comte Phi-
lippe, d'estre maistre d'Yvrée, afin que le prince Thomas ne puisse
prendre dessein de faire quelque chose dans la Savoie par les mes-
contens.
Cependant le tout est remis à la prudence de M. le comte d'Har-
court et de M. Mazarin, qui doivent se représenter souvent que de
cette affaire dépend le bien ou le mal de l'Italie, et qu'elle doibt
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 825
estre conduite si secrètement, que leur propre chemise n'en ail pas
cognoissance.
Quanil on aura pris le comte Philippe, il ne faut pas liiy faire faire
aucun séjour à Pinerole, mais le mener droit à Grenoble, et de là à
Paris, sous la conduite de personne si advisée et si fidelle qu'on ne
puisse doubter de la voiture.
Il se faut bien donner de garde d'aller faire aucun discours à Suse
à Madame, qui luy puisse faire cognoistre que on veut esloigner le
comte Philippe soubz prétexte d'ambassade.
Il faut laisser aller Madame dans Turin, et après qu'elle y aura
esté deux ou trois jours, prendre le temps d'exécuter le dessein,
selon que M. le comte d'Harcourt et M. Mazarin jugeront à propos,
par correspondance aux autres affaires.
Cette affaire ne doibt estre communiquée à qui que ce soit, si ce
n'est qu'à l'heure de l'exécution on le veuille dire à M. de la Cour.
On escrira à Madame dans deux jours simplement comme le roy
trouve bon qu'elle aille à Turin et qu'elle y sera receue avec tout
honneur.
Et dès cette heure on envoie auxdits sieurs comte et Mazarin
une lettre pour Madame en créance sur eux, pour la luy donner
seulement à l'heure de l'exécution. Pour cet effect, on laisse la date
en blanc, non seulement du jour mais du mois, affin qu'ils la rem-
plissent.
Le marquis de Pianezze, le marquis Ville, le marquis d'Aglié, le
grand chancelier et Sainct-Thomas sont trouvez bons du conseil;
pour le marquis de Sainct-Maurice, c'est à M. le comte d'Harcourt
et à M. Mazarin à le cognoistre, estant sur les lieux; s'il se peut
gagner, à la bonne heure, mais on doubte que sa fierté puisse estre
radoucie. Si cependant dix ou douze mille escus une fois payez le
peuvent mettre en bon estât, lesdits sieurs comte et Mazarin les
peuvent promettre , et on les envoyera aussytost.
On fait estât de donner un bon domaine au marquis de Pianezze.
Il faudra le disposer à le prendre, et estre bien asseuré qu'il n'en fera
CARDIV. DE IIICIIELIEU. — VII. loi
826 LETTRES
point difficulté, affin qu'il ne face pas comme le marquis de Sainct-
Maurice, qui a refusé le sien après l'avoir demandé.
Faict à Monceaux, le 1 3"' jour d'octobre i64o. LOUIS.
BOUTHILLIEB *.
Cette affaire préoccupait sérieusement Richelieu, et il en prépare le succès en
prescrivant les plus minutieuses précautions, mais il n'en donne pas moins d'at-
tention aux autres affaires dont était chargé Mazarin; seulement il laisse aux
secrétaires d'Etat le soin des détails. Dans sa courte lettre du 1 1 octobre à Ma-
zarin (Analyses), il lui annonce les dépêches qu'il fait écrire par de Noyers et
Chavigni, dont notre manuscrit conserve les originaux. De Noyers informe Ma-
zarin de l'envoi des blés, des poudres et autres munitions; il promet de l'argent
sur la foi des promesses de M. de Bullion (fol. igS). C'est de la situation poli-
tique et de l'état du Piémont, ainsi que des princes de la maison de Savoie, que
s'occupe Chavigni (fol. 21 3). Mais à cette dépêche officielle et toute d'affaires,
Chavigni joint une lettre intime où le secrétaire d'Etat s'efface un peu pour faire
place à l'ami. La première doit avoir été communiquée à Richelieu; l'autre, au
contraire, contient la recommandation à Mazarin de la tenir fort secrète, et elle
porte en tête cette note, de la main de Chavigni : « Cette lettre doit estre déchiffrée
par M. Mazarin ou par il S. dom Alessandro « (le secrétaire intime de Mazarin).
Chavigni, sur les affaires de la Savoie, donne son avis, contraire parfois à celui
du cardinal; il discute les ordres qu'il est chargé de transmettre; enfin nous
voyons, dans cette piquante lettre, le jeu intérieur du cabinet de Richelieu. Ses
plus zélés serviteurs, ses plus dévoués confidents, Chavigni lui-même et Mazarin,
ne lui disent pas tout, se ménagent entre eux de petits secrets, et ne sont pas tou-
jours dans l'admiration du grand ministre ( fol. 2 1 5 ) . Une autre fois Chavigni avertit
en secret Mazarin que le maréchal d'Estrées, ambassadeur à Rome, intrigue
contre la demande du cardinalat faite pour lui : « Il faut nous moquer, dit-il, de
ce que le maréchal peut penser de vous et de moy, pourveu que la promotion
se face. » Et en P. S. «Brûlés ma lettre après l'avoir leue. » (Fol. 3 1 2-3 18.) Et le
' Un autre original signé, et de la uiain avec une ligne ajoutée par le cardinal;
du même secrétaire de confiance, se l'autre, simple brouillon écrit par Cha-
trouve au fol. 198 ; il était daté du 13, et vigni. On a mis au dos : « Celte instruction
n'a pas servi, le mot Monceaux ayant été a été réformée.» On remarque des diffe-
substitué à Saint-Germain-en-Laye. Nous renées avec foriginal, et l'on voit que la
trouvons fol. 200, 202, une espèce de matière de cette dépêche a été soigneuse-
minute, composée de deux fragments; ment étudiée,
fun, mis au net de la main de Cherré,
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 827
lendemain, 2 novembre, autre mystérieuse épître : « Que personne n'ayt cognois-
sance que vous et dom Alessandro des pensées que je vous escrits avec liberté. »
(Fol. 32/i.) On trouverait facilement, dans les confidences mutuelles des deux
protégés du cardinal, le sujet d'un chapitre d'histoire anecdotique assez curieux;
mais il serait d'autant moins à sa place ici, que, bien loin que Richelieu y prenne
part, les deux amis ne négligent aucune précaution pour que l'Eminence n'en
puisse rien savoir. Revenons aux dépêches officielles.
La première que nous rencontrons (fol. 219) est un mémoire adressé, comme
la précédente instruction , au comte d'flarcourt et à Mazarin ; il est aussi daté du
i3 octobre, et pourtant ne paraît pas avoir été écrit le même jour. Il est vrai que
la date de cette instruction est un peu douteuse, ayant été mise après coup, et un
chiffre double se trouvant en tête : x. i3. Ce mémoire, signé Routhillier, du nom
et du caractère dont Chavigni ne se sert que pour le contre-seing, offre d'ailleurs
cette particularité que non-seulement le texte est séparé en deux par un blanc
de plusieurs lignes, mais que les deux parties ne semblent pas écrites dans le
même moment ni dans une même pensée. Ce blanc et cette absence de suite dans
le texte s'expliqueraient , à la rigueur, s'il s'agissait d'un brouillon ; mais on ne
s'en rend pas compte dans une pièce très-soigneusement écrite, signée, et ayant
toutes les apparences d'un original. On se demande si ce mémoire a été envoyé
aux destinataires. Quoi qu'il en soit, il faut le faire connaître, surtout à cause des
prétentions du prince Thomas, avec lequel on négociait alors un traité.
CCXXXVll.
Arch. des AIT. élr. Turin, t. XXXI, fol. 219. — Original.
MÉMOIRE
POUR M. LE COMTE D'HARCOURT.
cénÉRAL DE L'AHMÉE DIT ROV EN ITALIE,
ET POUR MONS' MAZARIN,
AMBASSADEUR E\TBAOnDINAIP,E DE SA MAJESTÉ AUDIT PAYS.
Si M. le prince Thomas a l'intention telle qu'il doit, de s'accom-
moder avec la F'rance, M. Mazarin, fraischement sorti de la cour,
sçail si bien les conditions avec lesquelles on peut le recevoir, qu'on
se remet aux advis qu'il donnera à M. le comte d'Harcourt, suivant
ses instructions tant escriles que verbales.
Si le prince a mauvaise intention ... il faut tascher de s'accommo-
der avec le prince cardinal et rompre au plus tost la trelVe avec ledit
828
LETTRES
prince . . . prendre Yvrée et des quartiers d'hiver, se rendant maistres
de la vallée d'Aost.
...Partager le gouvernement de la ville et de la citadelle; laisser
M. de Couvonge gourverneur de la citadelle^ et M. du Plessis-Praslin,
de la ville, en qualité de mareschal de camp.
Le roy trouve bon que Madame retourne à Turin. . . M. de Praslin
prendra le mot d'elle . . . mais ce qui sera nécessaire pour la seureté
de la place doit dépendre absolument de ceux qui commanderont
de la part du roy.
. . .Si on peut oster honnestement de Turin les troupes de Madame,
il le faut faire; sinon, en tenir si peu et les mettre en tel poste qu'il
n'en puisse mésarriver.
Choisir entre toutes les troupes françoises de Madame celles qui
sont le plus affectionnées au roy, pour estre de sa part dans la ville
au moindre nombre qu'il se pourra ^.
Après avoir veu l'instruction donnée par le prince au sieur Mondin,
il est bien aisé de juger de ses prétentions et d'y faire response.
^ Cette disposition fut changée quelques
jours après; Couvonge fut envoyée Casai,
et le gouvernement de la citadelle de Tiirin
l'ut provisoirement confié au gouverneur
de la ville, le comte du Plessis-Praslin.
* A ce moment, toutes les lettres de
Richelieu laissent voir la volonté fortement
arrêtée d'ôter à Madame toute espèce d'au-
torité, el de faire régner dans ses États, et
surtout dans Turin, le pouvoir absolu de
Richelieu avec le même despotisme qu'à
Paris. Quelques paroles de politesse, et les
assurances réitérées du dévouement du
cardinal aux intérêts de Madame dissimu-
laient trop peu ce qu'il y avait de blessant
pour elle dans les procédés de cette poli-
tique , qui , pénétrant jusqu'au fonddans les
secrets de sa vie, prétendait régenter ses
affections aussi bien que les afl'aires d'Etat.
On comprend que la duchesse ait pu se
demander si l'amitié de l'Espagne ne serait
pas nroins onéreuse pour ses Etats , moins
insultante pour elle-même , que l'amitié de
la France. Et ce ne sera pas sans quelque
indulgence que l'histoire lui reprochera de
n'avoir pas toujours reconnu que, dans
la communauté d'intérêts politiques exis-
tants entre la France et les Etats de Ma-
dame, ce lui était une nécessité de subir
avec une courageuse résignation la tyran-
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 829
puis(|ue l'injustice el l'insolence des prétentions de ce prince ne per-
mettent pas d'y faire autre chose que de prier Dieu que, par la force
de son Saint-Esprit, il luy donne un sain esprit ^
Ce bon prince, demandant la contutelle avec Madame, la demeure
dans Thurin»-la restitution de toutes les places tenues par la France
et par l'Espagne, celles du Montferrat à M. le duc de Mantoue, la
citadelle de Casai estant préalablement démolie, le commandement
des armes du roy en Italie, si absolu qu'il soit, seul ordonnateur des
finances et des armes, le payement de ses troupes particulières, l'as-
seurance que le roy le maintiendra luy et les siens en la succession
des Estats de M. de Savoie, s'il vient à mourir, donne lieu au roy de
penser sérieusement à ses affaires, ainsy que l'autre fait paroistre
qu'il ne pense qu'aux siennes.
En cette considération, c'est à M. le comte d'Harcourt et à M. Ma-
zarin de sortir promptement d'affaires avec luy, trouver invention
qu'il n'envoie personne en France s'il ne veut faire d'autres proposi-
tions plus raisonnables, et rompre la trefve aussitost que les armes du
roy seront en estât de le faire avec advantage, et \e chasser d'Yvrée,
ce qu'il faut faire in ogni modo.
Fait à Monceaux, le i3 octobre i64o.
BOUTHILLIBH.
li'abbé Moiulini avait rit- envoyé à Ilichelieu par le cardinal de Savoie-, le prince
Thomas, à son tour, envoyait un homme à lui, fabbé Soldati, accompagné du
comte de Bueil, et Chavigni, en annonçant à Mazarin leur arrivée, dans une lettre
du i" novembre (fol. 3i3), disait : « Vous jugerez, ainsy que nous, leurs propo-
sitions extravagantes. » ¥A, en effet, ces princes semblaient ne vouloir que gagner
du temps, et leur diplomatie était une espèce de jeu où ils s'étudiaient à imaginer
des propositions qui, sous des apparences d'accommodement, soulevaient des
difficultés toujours nouvelles. Mazarin et le comte d'Harcourt n'étaient occupés
nique protection du cardinal , et qu'après ses beaux - frères , alliés des Espagnols,
tout il valait encore mieux pour elle tout ' Nous avons eu plus d'une fois l'occa-
soulfrir du ministre du roi son frère, que sion de remarquer que ces jeux de mots
de tomber sous l'insolente usurpation de étaient fort du goût de fUcheJieu.
830 LETTRES
qu à échapper aux réseaux de cette politique astucieuse et de mauvaise foi. Les
messagers changeaient, mais non l'esprit de ruse ou de fourberie, ainsi que le
témoignent plusieurs lettres des deux négociateurs français, datées des premiers
jours de novembre. A ces dépêches , Richelieu répondait :
CCXXXVIII.
Arch. des Aff. étr. Turin, t. XXXI, fol. SgS-Sgô. —
Original de la main de Clierré.
De Rueil, ce 1 1 novembre i64o.
Comme j'ayme plus mes amis que moy-mesme, aussy ne prends-je
pas plaisir à contredire leurs pensées. Il signor Colmardo le jugera
ainsy, par les résolutions que je luy envoie sur ce qu'il a proposé par
ses dernières despesches'.
S. M. ayant considéré qu'il seroit impossible de continuer la guerre
si les troupes des secours qui ont esté envoyez en Italie durant cette
campagne ne repassoient en France pour se refaire et se remettre en
estât de servir l'année prochaine, elle envoie à M. le comte d'Har-
court des ordres en conséquence.
Ici, dispositions pour la répartition des troupes, fortifications à construire,
routes à ouvrir. « S. M. , dit Richelieu, mande à M. le comte d'Harcourt d'y faire
travailler en toute diligence. » (Et on envoie l'argent nécessaire.)
S. M. entend aussy que l'on establisse un si bon ordre dans les
contributions», que les peuples en paissent supporter la levée, et que
ce qui en proviendra soit employé tant au payement des garnisons
de chacune place que des appointemens des gouverneurs 2. — Je
vous conjure de faire en sorte que les armes du roy eslargissenl leurs
quartiers d'hiver ou du costé d'Yvrée ou du costé d'Ast. . .
' C'est une dépêche officielle de dix s'il'n'est soulagé par les contributions des
pages, signée du roi, datée de Saint-Gcr- pays réduits à son obéissance,» dit de
main-en-Laye et adressée au comle d'Har- Noyers dans une lettre qu'il écrit au comte
court. Il n'est question que des mesures à d'Harcourt et à Mazarin. le 12 novembre,
prendre pour l'armée d'Italie. au sujet des atTaires de farmée. (Copie,
' «N'estant pas possible que le roy fol. 4o2.)
puisse supporter ces despense» de la guerre,
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 831
Pour ce qui est de vostre négociation avec M. le prince Thomas,
je vous avoue que j'attends beaucoup de propositions et peu de con-
clusion; et, si vous nous apportez dé cette monnoie à vostre retour,
nous pourrons vous en donner le change de celle que nous avons
tirée de la négociation de l'abbé Soldali.
... Surtout que Colmar se souvienne que les puissances supérieures
à la sienne ne font estât que des exécutions, et mesprisent fort les
esprits qui sont plus capables de propositions aériennes et de discours
vaniteux que de pratiques salutaires.
Souvenez-vous de vous faire escorter lorsqu'après avoir fait toutes
vos affaires vous reviendrez par ie Dauphiné, ainsi que M. de Cha-
vigny vous l'a mandé. Je crois bien qu'on n'entreprendra pas grande
chose* contre une si misérable personne que la vostre; mais puis-
qu'elle m'est chère, elle est assez précieuse pour estre conservée
avec soin.
. . . Jean Marie opère fort bien de deçà, et, se trouvant exempt de
fourberie , il y a lieu de croire qu'il n'a pas esté longtemps à l'escole
de Colmar, à qui je suis entièrement ^.
Le Gard. DE RICHELIEU.
Chavigni écrivit en même temps, de RueL à Mazaiin :
• Je vous envoie la copie des responses qUi ont esté faites aux propositions de
M. l'abbé Soldali, lequel les envoie à Nice par M. le comte de Bueil, s'estant
résolu d'attendre icy l'arrivée du sieur Mondin , (ju'on dit devoir venir dans peu
de jours, et les sentiments de son maistre sur nos responses. . .
• Ce qui est mis dans lesdites responses, où il est parlé de l'intervention du
pape et de la république, laquelle le roy consent, pourveu que ce soit dans un
traitté général, a esté adjoustépar M*' le cardinal. Pour moy il me semble qu'on
eust pu l'obmettre, ne s'agissant point dans cette affaire d'un accommodement
général. » (Fol. Sgy.)
On voit, par cette lettre de Chavigni, que les dépêches du roi et du cardinal,
datées du i i, avaient été écrites un peu auparavant.
En même temps que les negociations.se continuaient, on préparait les magni-
' Huit mots sont ici soulignés ; nous ne semble pas du fait de Richelieu. — ' Ces
conservons point dans l'impression celte cinq derniers mots autographes
circonstance du manuscrit, qui ne nous
832 LETTRES
ficences de la rentrée de la duchesse de Savoie dans Turin , et Richelieu écrivait à
Mazarin , le 2 3 novembre :
« Je ne doute point que M. Colmardo ne face l'impossible pour faire réussir les
affaires au lieu où il est. Au moins ledit seig' Colmardo aura-t-il l'honneur de
servir Madame à son entrée dans Turin.
« Je prie Dieu que tout ce qu'entreprendra le seig' Colmardo réussisse ainsy
qu'il le peut souhaitter » (Lettre originale, fol. 438.)
Mais à ce moment la cérémonie était faite : grâce à la lenteur des convois, le
cardinal n'en était pas encore informé. Mazarin avait mandé le 1 6 : « L'entrée de
Madame à Turin doit être dimanche prochain [18 novembre],» et il racontait
toutes les préoccupations de la princesse au sujet de cette solennité : « demande
de Madame, qu'on m'a faite sans la nommer : Si le peuple crieroit vive Ma-
dame et vive Savoy e; à quoy j'ay respondu que, si j'estois peuple, je fairois ce
que Madame commanderoit , mais que, ne l'estant pas, je ne pou vois rien dire,
sinon que nous trouverions bon que le peuple criast tout ce ([ui luy pourroit
plaire le plus. » (Fol. 426.) Parmi d'autres fantaisies, la duchesse avait imaginé de
ne point passer parla porte, et de faire abattre un pan de muraille, pour rentrer
dans Turin comme dans une place conquise. On lui conseilla d'abandonner cette
idée. Néanmoins, rien ne manqua à la pompe et à l'éclat de celte entrée triom-
phale; notre manuscrit en contient une relation écrite de la main d'un secrétaire
de Mazarin (fol. 5oi). Mais les misères du pays faisaient un triste contraste avec
toutes ces splendeurs. Aussi Madame laisse-t-elle échapper le cri de ses plaintes
parmi ses remercîments : « Mon cousin, écrit-elle au cardinal, j'attribue les hon-
neurs que j'ay receusicy aux ordres que vous avez donnés... Je ne veux despendre
absolument que de vous, et suivre vos senlimens en tout et pour tout. » Et puis
elle le conjure de mettre un terme aux excès et aux ravages qui désolent le
Piémont, et qu'on ne peut réprimer sans de sévères châtimens. (Lettre auto-
graphe du 24 novembre, fol. h^Q-)
Un des points les plus remarquables des négociations alors engagées est l'habile
prévoyance et l'extrême sagacité avec lesquelles Richelieu démêla les ruses et les
procédés cauteleux de ces princes piémontais et de leurs agenis, imaginant de
son côté des contre-ruses et des paroles adroitement combinées, dont il puisse
lirer plus tard îles conséquences que n'auront pas prévues les négociateurs qui
cherchent à le surprendre.
CCXXXIX.
A M. MAZARIN.
Après avoir reveu vos dépesches et remarqué ce que vous escrivez
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 833
sur le sujet du trailléavec les princes (et particulièrement sur l'article
de la restitution des places), j'ay estimé à propos de vous faire celle-
cy, pour vous dire que vous avez grande raison de dire qu'il faut
coucher ledit article avec grande délicatesse.
Deux choses y sont à considérer :
I^ première, de le coucher en termes qui ne donnent point d'om-
brage aux princes;
Et le second, qu'ils soient tels qu'ils ne nous embarquent pas in-
sensiblement à une chose du tout avantageuse aux Espagnols et pré-
judiciable à la France.
Ici Richelieu développe amplement les moyens de remédier à ces deux incon-
vénients et d'éviter le piège. Il examine ensuite certains expédients proposés par
Mazarin ; le cardinal le laisse libre de choisir.
« Quant à moy, qui ay pour maxime de dire franchement ce qu'on
veut faire et ne vouloir que la raison,... je croy qu'on peut accorder
la restitution des places, disant que, lorsqu'on les restituera, on aura
tout l'esgard qui sera requis à la seureté d'icelles, entendant, comme
vous le proposez, obliger, par ces paroles, MadaiTie à y mettre des
troupes françoises payées par le roy. Et pensant, comme le portent
vos lettres, qu'en tel cas il faudroit s'ouvrir le chemin de Casai, et
par après penser au duché de Milan, et non au reste des places te-
nues dans le Piedmont, je ne vois pas de difficulté à dire que le roy
ne fera jamais la paix sans la restitution des places, qu'il n'accordera
pas une trefve longue sans que le prince Thomas ayt sa femme et ses
enfans '.
Après tout, si vous voulez sçavoir franchement ce que je pense de
toute vostre négociation, je vous avoue que, ne la tenant pas déses-
pérée, je n'en ay pas grande espérance.
Si l'on pouvoit marier promplementle cardinal, ainsy que vous le
' II» étaient retenus en Espagne comme des espèces d'otnges garants de la fidélité du
prince à l'alliance espagnole.
CARDIN. DE niCHELIED. — VII. lo5
834 LETTRES
proposez, ce seroit le meilleur, car lors il y auroit plus d'apparence
et plus de seureté aux négociations que l'on pourroit faire avec luy.
De Paris, ce 26 novembre iGAo.
Le Gard. DE RICHELIEU'.
Deux jours après cette lettre, le cardinal en faisait écrire une autre par le roi à
M. d'Harcourt et à Mazarin, où S. M. disait :
CCXL.
. , . Les instances que Moneli a laites à Madame, tant par le cardinal
de Savoie que par M. le prince Thomas..., ne me semblent pas plus
raisonnables que celles de l'abbé Soldati...
On n'a pas icy fort bonne opinion du succez des accommodemens
proposez; néantmoins, comme beaucoup de choses réu.ssissent quel-
quefois contre l'espérance, il faut faire tout ce qui se pourra pour
conduire cette affaire à bonne fin.
Dans la promesse du prince Thomas, trois choses sont à
redire :
1° Qu'elle est faite sur la présupposition que le roy soit obligé
de restituer les places toutes fois et quantes que le roy d'Espagne
voudra restituer celles qu'il tient en Piedmont;
2° La proposition de lui donner le commandement des armes en
Piedmont, ce qui est impossible;
3° Sa demeure audit pays. Néantmoins, si l'on estoit d'accord de
tout le reste, on pourroit y consentir, M. le cardinal de Savoie res-
tituant les places qu'il a
Faict à Saint-Germain-en-Laye, le 27 novembre iG/'io.
LOUIS.
BonTHILLIEB ^.
' Archiv.desAfl'.cIrang. Turin, t. XXXI, relatives au traité qu'on préparait : une
fol. 44i. Original. lettre de Chavigni à Mazarin, (o\./i-]i; —
^ Mêmes archives, Turin, t. XXXI, une déclaration du comte d'Harcourt et de
fol. 471. Original. Il convient d'indiquer, Mazarin. en italien, loi. ,")o5; — tnie
à l'occasion de cette lettre, diverses pièces autre pièce italienne , intitulée : « Scrittura
DU CAFiDlNAL DE RICHELIEU. 835
Cependant un accommodement particulier venait d'être conclu entre Madame
et les princes. Richelieu fuit aussitôt signer au roi une dépêche qu'on envoie à
Mazarin :
CCXLI.
LE ROI AU SIEUR MAZARIN.
. . .On a veu icy les articles de l'accommodeinenl entre Madame et
les princes de Savoie , sur lesquels il n'y a rien à remarquer que ledit
sieur Mazarin n'ayt observé; mais on a trouvé beaucoup à redire à
l'incivilité du procéder de Madame envers le roy, en ce que, sans
avoir communiqué ces articles aux ministres de S. M. , elle les a fait
mettre entre les mains de Moneti; c'est une conduite digne de la
personne qui a dirigé ces alïaires jusqu'à présent \ Quand on y aura
apporté le remède nécessaire, il faudra prendre une autre règle,
selon laquelle toute choses prendront un meilleur train.
. . .Quelque précaution que la personne qu'il sçait puisse prendre,
ledit prince Mazarin trouvera assez de moyens pour venir à bout de
ce qui a esté résolu. Il est à croire que M. le comte d'Harcourt et
luy ne manqueront pas, dans la resjouissance de l'heureux retour de
Madame, de trailter sa cour et faire des festins où les cavaliers et les
dames se trouvant, il y aura lieu de donner ordre à l'affaire dont il
est question.
En tout cas, quand M. le comte d'Harcourt sera prest à partir, la
civilité veut qu'on luy vienne dire adieu, dont l'occasion sera encore
propre. Si celle-là ny autres n'est présentement à propos, il n'y a voye
au monde qu'il ne faille pratiquer pour exécuter l'intention du roy.
...Quant à ce qui est de la restitution des places, on demeure
d'accord icy que, pourveu qu'outre Pignerol, les places de Cahours,
Suze, Vegliane et Turin outre la citadelle demeurent au roy, S. M.
de! sig. principe Toniaso,» fol. 5i2; — Thomas. Ce XXXI' volume en contient
enfin, à la date du 2 décembre (loi. oai- plusieurs copies.
626), ce traité si laborieusement conclu et ' Le comte Philippe d'Aglié.
presque aussitôt renonce par le [)rince
to5.
836 LETTRES
peut restituer les autres qu'elle tient, place après place, à mesure
que Ton jH'cndra celles que les I"]spagnols occupent, pourveu que par
ce moyen lesdils Espagnols soient entièrement chassés du pays, et
que Madame pourvoie avec prudence aux places qui luy seront re-
mises.
Mais on persiste tousjours à dire qu'il seroit bien dangereux de
s'obliger à rendre tout ce que le roy tient en Piedmont depuis le
décez de Victor-Amédée, toutes fois et quantes que les Espagnols
voudroient faire le mesme, pour les raisons qui ont esté mandées au-
dit Mazarin. . .
Fait à Saint-Germain-en-Laye, le 3o novembre i64o.
LOUIS.
BoUTHIt.LIER '.
Richelieu était impatient de voir arrêter le comte Philippe d'Aglié, qu'il œn-
sidérait comme le mieux écouté de ceux dont l'influence rendait la duchesse de
Savoie indocile aux conseils de sa politique. On le voit chercher et indiquer toutes
les occasions qu'on pourra faire naître ou saisir pour s'emparer, par surprise, du
favori de Madame. Il lui fallait attendre un mois encore cette capture lant sou-
haitée. Il poursuit cependant avec d'autant plus de zèle un accommodement avec
le prince Thomas, dont nous l'avons vu presque désespérer, mais qui paraît en
ce moment devenir moins difficile. Les deux négociateurs, dans une dépêche
commune, mandaient au roi, le 9 décembre : « Après tous ces délais, sur une
déclaration que le roy nous ordonnoit de rompre la trefve, le prince Thomas
s'est déclaré pour le roy; il partira dans le i5° du mois prochain, pour en aller
luy-mesme asseurer S. M. »
Richelieu, de son côté, faisait écrire par le roi, à Mazarin, lo i5 décembre,
une lettre propre à amener à bonne fin la négociation :
CCXLII.
. . . Donner au prince Thomas des asseurances de l'aflection du roy
telles qu'il puisse prendre confiance. . . Il est très-utile au service du
roy d'acquérir ce prince. . . Quant à la somme d'argent qu'il convient
de luy donner pour luy et les siens qui l'accompagneront dans son
' Arch. des AIT. étr. Turin, I. XXXI, fol. ^81 . Original en partie chifl'ré.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 837
voyage de France, on se rapporte à M. Mazarin d'en user pour le
mieux, en espargnant aussy le plus qu'il se peut l'argent de S. M.
Quant à ce qui est de la gratification que l'on a fait espérer à
Madame, c'est une chose remise jusques à ce que l'affaire que
M. Mazarin sçait soit terminée. . .
Il a desjà esté mandé audit sieur Mazarin que le roy trouvoit fort
à propos que le traitté, tant avec M. le cardinal de Savoie qu'avec
M. le prince Thomas, se fist en Piedmont phisfost que de le renvoyer
icy. . .
Si Madame permet à M. le marquis Ville et de Pianezza de faire
un voyage en France, S. M. les verra de très-bon œil. . .
Il faut modifier le second article du traitté entre Madame et les
princes, parce qu'il sembleroit que leur consentement fust néces-
saire pour la tutelle et régence que Madame a de M. le duc son (ilz
et de ses Estatz. . .
Il faut oster le 8'' article, où il est dit que ledit sieur Duc et les
princesses ses sœurs seront nourries à Turin, ou tel autre lieu prin-
cipal de l'Estat que Madame voudra; sur quoy elle n'a pas besoin du
consentement dudit prince.
Peut-estre que cet article a esté inséré à dessein d'empescher
qu'elle les envoyé en France, ce qui est tout à fait inutile, puisque
l'on a aucun dessein qui tende à cela pour le présent, ny pour fave-
nir; mais il n'est pas juste que Madame se prive d'un moyen de les
mettre en seureté hors de l'Estat , en cas de nécessité.
Fait à Versailles, le i5 décembre i64o.
LOUIS.
BOUTRILLIER '.
Les intérêts de Madame sont ici un prétexte qui ne déguise qu'à demi la pensée
de Richelieu; son dessein était réellement de faire venir, auprès du roi leur oncle,
les enfants de Madame, afin de la tenir elle-même plus étroitement sous sa domi-
nation, ce qu'elle comprenait très-bien. Une lettre particulière que Chavigni
écrivait à Mazarin, en lui envoyant la dépêche de S. M., montre que l'habileté
' Arch. des Aff. élr. Turin , t. XXXI , fol. 631. Original.
838 LETTRES
diplomatique de Mazarin était fort aidée par réloquence du trésor du roi; on fai-
sait un pont dor au beau-frère de la duchesse, et » pour gaigner le prince
Thomas, dit cette lettre, il n'était possible de promettre moins'. » Cette missive
nous apprend encore que la somme promise à Madame, laquelle ne devait lui
être comptée qu'après l'arrestation de son favori, était de 5o,ooo livres. Aous y
voyons aussi une fois de plus qu'à ces grandes préoccupations des affaires d'Etat,
Richelieu mêlait des soins plus frivoles, et qui cependant ont tenu une assez
grande place dans sa vie : « S. Ém. m'a dit que, bien qu'elle ayt résolu de faire
jouer sa comédie la veille des Roys, qu'elle la retarderoit volontiers de cinq à six
jours affin que vous y puissiez estre présent. » (Fol. 628.) Et huit jours auparavant ,
le 7 décembre, Chavigni, énumérant les diverses opérations que Mazarin avait
encore à terminer en Italie, ajoutait : « Mais M^' fait son compte que vous devez
estre icy à la fin de l'année, pour donner ordre avec luy aux préparatifs de la comé-
die et du ballet qui se doivent jouer dans sa grande sale. • (Fol. 589.) Nous allons
voir tout à l'heure que Richelieu lui-même donne rendez-vous à Mazarin pour
les divertissements du carnaval.
CCXLIII.
A MONS' MAZARIN, A TURIN.
Monsieur, je ne sçaurois vous dire le contentement que j'ay receu
de ce que l'accommodement de M. le prince Thomas a réussy. Je
croy que Dieu a permis que vous ayez fait voir, par cet eschantillon,
ce que vous pouvez faire aux plus grands et plus iniportans traitiez
auxquels vous estes destiné.
Je ne considère pas seulement en cette affaire le desavantage qu'en
recevront les Espagnols, mais l'avantage de la maison de Savoie, dont
je désire la conservation de tout mon cœur, le bien particulier de
M. le prince Thomas, que je veux servir sincèrement, et l'avance-
ment qu''un tel changement peut apporter à la paix générale, à la-
quelle apparemment les Espagnols se porteront, quand, au lieu d'es-
' On prodiguait, à celle occasion, aux Chavigni, on peut voir aux folios 58^ et
grands seigneurs piémonlais gratifica- 810 des Estais des pensions données, etc., et
lions, pensions et dons de lerre. Notre une lettre particulière de Mazarin à Cha-
manuscrit nous en conserve les lémoi- vigni, du 9 décembre, fol. 608.
gnages. Outre les observations que fait ici
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
839
pérer faire des progrez en Italie, ils auront lieu d'appréhender d'y
perdre- une partie de ce qu'ilz y tiennent.
On vous envoie la ratifïîcation du traitté que vous avez fait avec
M. le prince Thomas. Quand il viendra icy, il y sera très-bien receu \
et je ni'asseure qu'il avouera que le procédé des Espagnolz n'a rien
qui puisse estre comparé à la générosité de celuy des François.
Il ne vous reste, pour couronner vostre ouvrage, que d'achever
l'affaire d'Ast, si Dieu veut en besnir l'entreprise"^, et parachever ce
qui vous reste à faire aux quartiers où vous estes, chose si impor-
tante qu'il me tarde que je ne la voye accomplie au contentement de
Sa Majesté et à l'avantage de Madame de Savoye, sa sœur'.
Après ce que dessus, il ne me reste qu'à vous dire que j'ay en
vérité impatience de voir le segnor Colmardo, tant pour l'amour de
sa personne, que parce que je désire fort qu'après avoir fait ses ex-
ploits en Italie, il vienne prendre part à nos resjouissances de caresme-
prenant. Il s'asseurera cependant qu'en tout temps et en tous lieux
je seray tousjours, non inutilement, son serviteur*.
De Paris, ce 21 décembre 1 64o.
Le Gard. DE lUCHKLIEU^
Ce traité, dont le cardinal félicite Vlazarin, n'avait point satisfait la duchesse de
Savoie; elle était mécontente de ce qu'on y faisait trop d'avantages à ses beaux-
* Le roi écrivit le aS décembre à
M. d'Alincoiirt, gouverneur du Lyon-
nais, • que le prince Thomas devant venir
en France, il l'oille recevoir à l'entrée de
son gouvernement, qu'il l'accompagne et
luy face toutes le.s civilités possibles. »
(F'ol. 686.) S. M. écrivit la même ciiose à
peu près à M. de Lesdiguièrcs, gouverneur
ilu Dauphiné. (Lettre du 22 déc, fol. 701.)
' Le siège d'Asti était commencé depuis •
quelques jours, t Nous partons pour nous
••n aller en Asl,» avaient écrit le comie
d'Harcourtet Mazarindans une commune
dépêche du 9 (fol. .^98).
' L'arrestation du comte Philippe.
' C'est sans doute à cette lettre, dont les
premières lignes sont si flatteuses pour la
vanité de Mazarin , si encourageantes pour
.son ambition , et dont les dernières ont pu
aller à son cœur, qu'il faisait allusion lors-
(ju'il disait à Chavigni : • S. Em. m'a fait
l'honneur de m'escrire une lettre capable
de me ressusciter, si j'eusse esté mort. »
( Lettredu a janvier 1 6A i .Turin , I. XXXllI ,
fol. ao.)
' Arch. des Afl". élr. Turin . I. XXXI .
fol. 683. Original.
840 LETTRES
frères, et de ce que ses propres intérêts n'avaient pas été assez ménagés; elle
voyait avec dépit et inquiétude le voyage du prince Thomas en France , ainsi que
l'honorable accueil qu'on lui préparait, et elle témoignait ouvertement sa mauvaise
humeur « de ce qu'on ne luy avoit pas communique le traitté avant de le signer, »
mandait, le 9 décembre, l'ambassadeur ordinaire M. de la Court; et Mazarin, qui
en informait Chavigni dans une lettre confidentielle, lui disait que Madame ne
voudrait plus entendre à aucune négociation : « Madama non vorrà più dare
orecchie ad alcuna sorte di negociatione con li principi. » Le cardinal conseilla au
roi d'user de condescendance en cette occasion.
CCXLIV.
LE ROI AU SIEUR MAZARIN.
Le roy a veu les dépesches du s' Mazarin du 9. Comme Madame fait
difficulté de laisser passer le prince Thomas par la Savoie pour venir
en France, S. M. désire qu'on le fasse passer par le Dauphiné.
. . . Sur les demandes du prince Thomas, il faut voir ce que le roy
pourra faire pour le contenter, ce que désire S. M., pourveu que
les seuretés requises par la prudence s'y rencontrent.
... Le roy désire la paix générale, et il la veut faire conjoinclément
avec ses alliez.
. . . L'apréhension qu'a le sieur Mazarin que l'exécution de l'af-
faire du comte Philippe ne mette Madame en mauvaise humeur et
ne la rende difficile aux traittés ne doit pas l'empescher de passer
outre . . .
Fait à Saint-Germain-en-I^aye, le 23 décembre i()4o.
LOUIS.
Bouthillier'.
Mazarin avait écrit en effet qu'il craignait beaucoup, en cette occasion, les
emportements indiscrets de la duchesse de Savoie, et lors même que le comte
s éloignerait de son propre mouvement, elle n'y consentira jamais, dit Mazarin :
«e se per avventura il conte sudetto ne prendesse da se la risoluzione, Madama
' Arch. des Aff. étr. Turin , t. XXXI, fol. 69^. Original.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 841
non potrebbe contenersi senza fare publicamente délie pazie...' » Cependant on
prit jour, et Mazarin en informa Chavigni le 2 4 décembre. On est convenu de
faire l'arrestation dans le temps des festins que donnent Philippe et les autres
seigneurs; « dovendo se ne far uno da Montpezal, habbiamo di già coiicertato
quanto dovra eseguirsi ^. » Il fut fait comme il était convenu. Le comte fut pris
chez M. de Montpezat^, où il avait été invité à souper le soir du 3 1 décembre pour
finir gaiement Tannée. La relation de ce coup de main n'a pas moins de huit
pages; elle est écrite par le secrétaire de Mazarin, et signée: « Henry de Lorraine,
comte d'Harcourt; Mazarini , » avec ce titre : Relation de ce (jui s'est passé à Turin *.
Nous n'en pouvons conserver ici que quelques lignes :
• Le comte Philippe a esté arresté hier au soir dans la maison du sieur de
.Montpezat, où il estoit allé souper en compagnie. »
Le comte d'Harcourt, Mazarin et l'ambassadeur ordinaire De la Court se ren-
dirent auprès de Son Altesse, « laquelle nous trouvasmes ajustant la princesse sa
fille pour le bal qui se devoit donner, à quelque temps de là, dans l'appartement
du comte Philippe. »
Profonde douleur de Madame, qui pleure, prie, se met à genoux, etc.
On lui représente que le roi a voulu seulement « oster au comte Philippe la
principale part qu'il prenoit aux affaires sans avoir la prudence et l'expérience
nécessaires pour les bien conduire , et ester à la noblesse et au peuple le prétexte
de ne pas rendre l'obéissance qui estoit deue à S. A . . . •
Madame réplique que le comte Philippe n'était impopulaire qu'à cause de
son dévouement à la France; qu'on le sacrifie, et elle aussi , aux princes de Savoie.
• Toute celle ville et la cour, ajoute la relation, ont veu cette exécution avec
joye, encore qu'il y en aye beaucoup qui, par complaisance, ne laissent pas de
dire qu'il n'y a plus de seureté pour persoime, ny pour aucun ministre de Ma-
dame en ce pays; la France voulant contraindre tout le monde de cette fasson. »
Bruits que Mazarin fait courir parmi le peuple pour donner la couleur voulue
à cette affaire.
« Le seig' abbé Mondin va partir et donnera les détails. Il dira quelques parti-
cularités que Madame lui a confiées. »
Le prisonnier fut amené à Paris. Nous avons Vinslraction donnée au sieur de
' Lettre chiffrée du 9 décembre. Arch. ' Le P. Griffct dit à tort que i'arresta-
des Aff. ^tr Turin , t. XXXI, fol. 608. tion eut lieu chez lecoinle du Plessis-Pras-
• Autre lettre chiffrée, fol. 712. M. de lin, l'un des deux généraux de l'armée.
Montpezat commandait un régiment fran- * Mêmes archives, t. XXXIII, fol. A,
çais en Piémont. • 1" janvier i6ii.
CARDIN. DE RICHELIEU. — VII. I o6
842
LETTRES
Louvigny. « Il conduira le comte Philippe par la route de Grenoble et prendra
toutes les mesures de seureté qu'il jugera nécessaires. » Arrivé à une ou deux
journées de Paris, il dépêchera un des siens à M. de Chavigni pour avoir ses
ordres. Il aura soin que le comte Philippe soit honorablement traité' . . .
Nous plaçons ici une lettre qui a dû être remise à la duchesse par les ambassa-
deurs, au moment où cette princesse était informée de cet acte violent de pouvoir
absolu fort injurieux pour elle; le premier soin des exécuteurs fut sans doute de
montrer à Madame comment ils étaient autorisés.
CCXLV.
LE ROI A MADAME.
Ma sœur, vous avez pu si clairement remarquer, par les conseils et
assistances que je vous ay donnés jusques icy, mon afFection parti-
culière envers vous. . .
Mon cousin le comte d'Harcourt et le sieur Mazarin vous repré-
senteront les raisons qui m'ont porté à leur donner les ordres des-
quels ils vous feront part, qu'il auroit esté à désirer qu'on eust pu
exécuter plus tost. . . Je vous prie donc d'ajouster autant de créance à
ce qu'ils vous diront de ma pari comme si c'estoit à moy-mesme , qui
seray toute ma vie
Voire bien bon frère ,
LOUIS.
L'original de cette lettre n'est point dalté, parce ([u'il eust fallu
que le date eust esté escrit de la mesme main que la lettre; il faudra
la rendre telle qu'elle esl^.
. ' Arch. des A«. élr. Turin, t. XXXII,
fol. 222. On ne peut donner une date pré-
cise à cette instruction, qui a dû être rédigée
tout au commencement de janvier i64i-
— Richelieu historien , dans la succincte
narration comprise au I" chapitre du Tes-
tament politique, ne garde pas envers le
comte Philippe les ménagements dont use
ici le ministre : « L'insolence d'un malheu-
reux Piémontais, aussi présomptueux que
lâche,» etc. (p. Scj). La duchesse elle-
même est traitée, dans ce chapitre, sur
un ton voisin du mépris (p. 6/i, 69), el
c'est au roi son frère que ce récit s'adresse.
* Mêmes archives , Turin , t. XXXI ,
fol. 771. Minute. Celle espèce de post-
scriptum dit pourquoi l'original est resté
sans date; on a vu que l'arrestation du
comte Philippe avait eu lieu le 3i dé-
cembre 1 6/10, au foir ; la lettre écrite et
envoyée à l'avance aux ambassadeurs peut
être mise vers la fin de ladite année.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
843
ANNEE 1641
GASSION.
[. . . janvier i64i .]
il y a une lettre de Richelieu à Gassion que nous ne faisons qu'indiquer aux
analyses {p. 276, ci-dessus) parce qu'elle a été imprimée, mais qui se rapporte à
un incident sur le(|uel nous avons à donner quelques explications. Le P. Griffet,
d'après l'auteur de la vie de Gassion (t. II, p. 191-201), a raconté un fait et donné
diverses pièces dont l'authenticité nous a paru douteuse (p. 787 de notre VI' vol.).
Nous craignons d'avoir été trop aflfirmatif ; et nous devons avouer que nous pour-
rions bien avoir eu tort de démentir l'abbé de Pure et le P. Griffet.
Il s'agit de la pensée qu'aurait eue Richelieu de pénétrer, avec l'aide de Gassion ,
le secret des machinations tramées à Sedan contre la France.
Nous allons exposer succinctement la question, que nous avons tranchée trop
vite peut-être dans la note précitée.
Gassion était un des hommes pour lesquels Richelieu avait la plus sincère es-
time. Nous avons dit avec quel empressement il l'appela au service de France, et
comment il appréciait ses éminentes qualités dès i636. Les nouveaux témoi-
gnages que Gassion avait récemment donnés de son zèle à servir le roi dans la
répression de la révolte des Nu-pieds lui valurent de nouvelles faveurs, suivies,
de son côté , de protestations renouvelées d'une obéissance à toute épreuve. On
a vu ci-dessus (p. 735) en quels termes il savait exprimer la chaleur de son
dévouement , et sans doute Richelieu en avait gardé le souvenir. Le comte de
Soissons donnait, à ce moment, de vives et légitimes inquiétudes, et Gassion
était très-bien venu de ce prince. Plus occupé de son service militaire et de son
régiment que de la cour et des faveurs qui s'y disputent, le colonel restait dans
ses quartiers d'hiver. Il y reçut cette gracieuse invitation du cardinal : « Toutes
les heures de paix vous serez souhaité icy, et le roy, qui vous désire présent
à ses armées quand elles doivent agir, n'entend pas que vous ne goûtiez pas une
partie du repos commun. Je vous ay mandé là-dessus ce qui estoit de son des-
sein ; venez ^ • etc.. Gassion arriva sans savoir ce dont il était question.
' Selon le P. GrifFet, le cardinal aurait voile lettre [Hist. de Louis XIII, I. III,
écrit à Gassion une première lellre.où il
lui mandait que le roi souhailnil qu'il vînt
a la cour penilant le quartier d hiver de
l64i. Cependant Gassion ne se pressant
pas d'arriver, Richelieu écrivit cette nou-
p. 346). Nous n'avons pas la première, et,
comme nous l'avons dit plus haut, nous
avons donné seulement un extrait de la
seconde.
106.
844 LETTRES
De Noyers, ami sincère et ardent prolecteur de Gassion, essaya sagement de
le préparer à Ja proposition délicate qu'on devait lui faire : « L'on veut conférer
avec vous pour certaines choses qui concernent le service, et dont le fonds ne
peut s'écrire. Donnez-vous à M. le Cardinal, et approuvez, sans examiner et
sans approfondir quoi que ce soit, tout ce qu'il vous proposerai» Le cardinal
hii-même, sans aller tout d'abord au fait, l'entretint, dans sa première entrevue,
des soupçons qu'on avait sur la cour de Sedan, sur les mauvais desseins du prince,
sur les dangers qui menaçaient la paix du royaume, et il insista sur les preuves
de fidélité au roi qu'on attendait de lui. « J'ay des ennemis, M. de Gassion, que
vous connoissez et qui vous connoissent, lui dit le cardinal; ils ne manqueront
pas de vous révolter contre moy, et, sous de faux prétextes, de vous enveloper
dans les desseins qu'ils ont formez contre le roy et contre l'Estat; je serois au
désespoir de voirs voir dans un si malheureux et criminel parti, et j'ay bien voulu
vous avertir de vous précautionner contre leurs pièges, pour n'avoir point le dé-
plaisir de voir échouer une personne que j'ayme comme vous, et dont la fortune
fait un de mes plus grands soins. Ouvrez-moy voslre âme, et dites-moy si vous
estes libre, et si vous pouvez vous engager à moy pleinement, nettement et entiè-
rement. » Gassion protesta qu'il n'avoit pris aucun engagement avec personne;
qu'il estoit entièrement à S. Em., et qu'ayant un si bon maistre, il juroit sur
son honneur n'en avoir jamais d'autre. I^e cardinal le conduisit à Saint-Germain,
où le roi lui fit le plus bienveillant accueil, et lui dit qu'il comptait entièrement
sur. ses services. — Au retour de Saint-Germain, Richelieu s'expliqua enfin :
«Le roy, dit-il à Gassion, entend se servir de vous en l'affaire de M. le Comte,
et moy je suis garant de vostre secret, de vostre zèle et de voslre fidélité. • Ri-
chelieu ajouta que les princes ligués avoient déjà choisi un particulier pour
tâcher de le débaucher du service du roy et pour l'attirer dans leur rébellion. —
«Mort! (interrompit Gassion, à sa brusque manière), je tueray le premier qui
osera m'en parler. — Non! pas cela, dit le cardinal, il vous faut tout écouter,
il vous faut faire vos conditions, il vous faut leur promettre vos troupes, et les
empescher ainsy d'en faire d'autres; et dans l'occasion, s'il s'en présente une
pour le comhat, vous déclarer que vous estes bon serviteur du roy... » Le cardinal
ajouta « qu'il n'y avoil parmi les vrais braves aucun qui refusast le parti qui lui
estoit offert, par où le dernier secret et le chemin à une mémoire éternelle et au
faiste de la fortune lui estoit ouvert. » Lors il s'étendit sur les maximes d'Etat,
sur la nécessité et l'importance du coup. — «Monseigneur, répartit Gassion,
comptez sur ma vie et sur ma mort quand il faudra vous servir, mais donnez-m'en
les occasions sans intrigue et sans trahison. Je vous rendray bon compte de vos
' Vie du maréchal de Gassion, t. II, p. iSo-iQi.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 845
enuemis, mais je veux qu'ils soient les miens. » — «Monsieur, répliqua le car-
dinal, le roy veut estre servi à sa manière, et il a de quoy reconnoistre ses ser-
viteurs et leurs services. » — Le lendemain Richelieu envoya chercher Gassion,
et lui dit avec sa grâce ordinaire : t Mon pauvre colonel , mon amy, je vous donne
bien de la peine, mais je vous en suis aussy bien obligé. Vous estes plus à moy
que vous ne pensez, et vous estes peut-estre plus mal satisfait que moy de ce que
vous me dites hier. » — « Monseigneur, répartit Gassion, je ne puis vous rien donner
de plus que ma vie et ma foy; je perdray celle-là avec plaisir pour vostre Emi-
nence, mais je ne hasarde point celle-ci. » Un homme ordinaire n'aurait vu dans
cette sévère et loyale franchise du jeune soldat qu'une i-ésistance dont il se serait
irrité; Richelieu dit noblement: « C'est assez, M. de Gassion, vostre fortune en
peut patir, mais non pas mon estime '. »
Voilà en abrégé le récit qu'il faut lire tout entier dans la vie du maréchal ds
Gassion^. Or qu'avons-nous écrit il y a quelques années ? » Richelieu était un trop
habile connaisseur du caractère des hommes auxquels il avait affaire pour s'être
adressé à Gassion, qui n'était pas moins tenu pour homme d'honneur que pour
intrépide soldat. » Eh bien, notre conviction d'alors est maintenant fort ébranlée,
nous en faisons iiumblement l'aveu; non que nous ayons changé d'avis sur l'ad-
mirable discernement de Richelieu dans la connaissance des hommes, non que
nous ayons la pensée de lui imputer une action honteuse dont alors nous ne
l'avons pas cru capable , loin de là ; mais ce dont nous ne saurions guère douter,
c'est que, dans la pensée du cardinal , il n'y avait dans sa proposition qu'un grand
service à rendre à la patrie, une grande preuve de fidélité à donner au roi. Le
grand ministre se considérait comme responsable du royaume dont le gouverne-
ment lui avait été confié, il en devait rendre compte à Dieu, à sa conscience; tout
ce qui lui semblait pouvoir le mener à sa ruine, le jeter dans la guerre civile , ou
seulement le troubler, était à ses yeux un crime capital; pour prévenir un tel
crime, il n'était aucun moyen qui «e fût légitime et glorieux. Non certes, Riche-
lieu n'aurait pas voulu proposer à Gassion une action honteuse; ce qu'il lui pro-
posait, c'était de l'aider à sauver l'Etat en accomplissant le devoir d'un sujet dé-
voué à son prince. Richelieu l'a dit, et il l'a dit dans une pleine conviction, tout
est légitime et honorable pour atteindre ce grand but. C'était là sa politique, sa
morale, sa religion. C'est ainsi qu'il a fait des cruautés sans être cruel et commis
des actions mauvaises sans être d'un mauvais naturel. Une preuve irrécusable que
Richelieu faisait tout avec une conscience convaincue, c'est qu'il faisait tout au
' La vie de Gassion, t. II, ch. xvii el sieurs passages, le mauvais style de l'abbé
XVIII. de Pure; nous avons cru devoir ici con-
' Le P. Grilîel a arrangé, dans plu- server fidèlement le texte original.
846 LETTRES
"land jour, sans rien déguiser, sans rieo atténuer. Aussi est-ce une sorte d'injus-
tice de le juger d'sprès les principes de la morale commune. Richelieu appelait
hautement devoir ce que, dans le langage ordinaire, nous nommons trahison.
Et si l'on me dit non, llichelieu va se charger lui-même de la réponse.
On a pu remarquer ce passage d'une lettre de Richelieu (ci-dessus, p. 796) à
M. de Charnacé, notre ambassadeur en Hollande: «Il y a un homme, dans la
maison de la reine mère, aifectiosné X SON devoir, qui jusqu'à présent nous a
donné de bons avis... » Ainsi ce que ce serviteur attaché à la reine mère pouvait
apprendre dans le service qu'il faisait près d'elle, c'était son devoir d'en rendre
compte secrètement à Richelieu. Nous le répétons, ce que le cardinal nomme ici
devoir a un autre nom dans la langue vulgaire, notre langage à tous... Et notez
que ce moyen d'information , le cardinal n'en parle pas à mots couverts, il le dit
très-nettement à notre ambassadeur, qui le dira de même au prince d'Orange; le
seul souci de Richelieu, c'est qu'une indiscrétion ne fasse chasser cet honnête
homme de chez la reine, qu'il trahissait.
A cinq ans de là, suivons le médecin Riolan auprès de la même princesse.
Lorsque la leine mère était retirée à Cologne, atteinte déjà de la maladie dont
elle mourut, Richelieu lui flt envoyer, de la part du roi, le docteur Riolan. Mé-
decin célèbre, Riolan avait été à elle avant son exil, c'était celui auquel Marie de
Médicis semblait devoir accorder plus de confiance, car mieux qu'aucun autre, il
connaissait son tempérament. Or, en partant, Riolan recevait de Richelieu, avec
la promesse d'une bonne récompense, la mission spéciale de l'avertir secrètement
de tout ce qu'il pourrait surprend) e des desseins et de la pensée de la reine mère,
ainsi que des gens de son entourage.
Riolan s'acquitta de sa mission à la satisfaction du cardinal; c'était encore un
homme affectionné à son devoir '.
C'est par ce même sentiment passionné du salut de l'Etat que Richelieu a fait
trancher la tête à de Thou, pour n'avoir pas dénoncé le crime de Cinq-Mars, son
ami. Cette dénonciation, que tout homme d'honneur eût crainte comme une tache
à sa vie, était, dans la conscience du cardinal, un devoir, dont l'omission mé-
ritait la mort. N'avons-nous donc pas vu Richelieu, depuis l'affaire de Chalais
jusqu'à l'affaire de Cinq-Mars, dans toutes les sanglantes procédures, chercher
partout, sans acception des personnes, ces délateurs nécessaires à sa politique;
et provoquer, dans cette dernière, par l'intermédiaire d'un ambassadeur, les dé-
nonciations de la duchesse de Savoie^, comme il avait eu, dans l'autre, celle de
Louvigny )
' Nous donnons plus loin un extrait ' Voy. ci-après, la dépêche de M. d'Ai-
des rapports de Riolan. guebonne, commencementde juillet 16/I2.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 847
Enfin nous nous sommes demandé si Richelieu , à la place de Gassion , eût
accepté la proposilion de prouver ainsi son dévouement au service du roi et de
l'État; et si, comme nous inclinons à le croire, il est vraisemblable qu'il l'eût
acceptée, il n'est pas invraisemblable qu'il l'ait faite.
Concluons : le salut et la grandeur de l'Etat étaient une véritable passion pour
te cardinal de Richelieu, et c'est le propre de toutes les passions d'altérer le sen-
timent moral contraire à la passion dont on est dominé.
Voilà ce que nous croyons avoir appris dans une longue étude du caractère de
Richelieu, une habitude intime de sa parole écrite, do ses relations conBdentielles.
Nous trompons-nous en soupçonnant aujourd'hui que nous aurions bien pu
nous tromper naguère .^ Le lecteur jugera.
Aux considérations morales ajoutons-en une autre de moindre importance,
mais qui a aussi sa valeur. Esl-il vraisemblable que l'abbé de Pure ait fabriqué
ces lettres de Richelieu et de de Noyers , ces conversations qu'il cite textuellement
entre le roi, le ministre et Gassion, lesquelles d'ailleurs portent le cachet des
personnes qu'il fait écrire et parler? Et puis, dans quel intérêt ce mensonge?
Relever le caractère de Gassion, qui assurément n'en avait pas besoin? Cela
n'est pas croyable. Gassion était mort depuis vingt-cinq ans; il n'y avait pas à ce
moment de héros à flatter. N'est-il pas plus naturel de penser que l'historien a
pu avoir communication de papiers de famille ? 11 avait publié, dix ans après la
mort du grand cardinal, une vie de son frère Alphonse; et, s'il faut en croire
les mémoires de l'abbé de Marolles , il aurait écrit une histoire de Richelieu lui-
même. Ces compositions, d'autres travaux hi.storiques sur la même époque,
témoignent de recherches et d'études qui ont pu le conduire à la découverte de
documents sur la vie de Gassion, laquelle parut en 1673. EnHn il convient de
se souvenir que l'abbé de Pure a vécu parmi un grand nombre de contempo-
rains de Richelieu, de de Noyers et aussi de Gassion. Ce n'était pas alors l'usage
de citer les sources et les autorités; et l'hislorien dit seulement en commençant
ce récit : «Voilà un détail singulier, et qui m'est venu par des voies également
sures et éclairées '. » (P. i85.)
Faisons remarquer, en fmissant, si, comme nous penchons à le croin?, les
scènes retracées par l'historien de Gassion et celui de Louis XIII sont vraiment
de l'histoire, combien de telles scènes, où figurent avec Louis XIII et Richelieu,
' L auteur des Satires a frappé de ridi- esprit judicieux dans l'appréciation des
cille les vers de l'abbé de Pure, et «a faits, est également circonspect dans le
prose ne vaut guère mieux que ses vers. choix de .ses autorités; et il a adopté celle-
Esl-ce une raison d'accuser .'a probité là sans aucune hësitalion, sans la moindre
d'iiistorien ? J'ajouterai que le P. GrilTel, apparence de doute.
848 LETTRES
le loyal Gassion et le bon courtisan de Noyers, offrent d'intérêt pour l'étude des
caractères. Nous voulons aussi noter, à la louange de Richelieu, que la parole
dite à Gassion était sincère; le cardinal ne cessa pas, jusqu'à la fin de sa vie, de
montrer à Gassion les dispositions les plus favorables et de professer pour son
mérite une véritable admiration. «Le roi, écrivait-il au maréchal de Chatillon
après la perte de la bataille de Sedan, le roi apprend tous les jours de nouveaux
exploits de Gassion, il en aura sans doute toute la reconnoissance possible; moi,
qui ne suis pas moins intentionné pour luy, j'en suis ravi. » Et il avait coutume
de dire, lorsqu'on lui objectait quelques difficultés: " Gassion en viendra à bout;
il a trouvé le secret des choses qui semblent impossibles aux autres. • Gassion
est peut-être le seul auquel Richelieu ait pardonné de lui avoir résisté.
NOTA.
De janvier à mai 1 64 1 .
Nous continuons, pour i64i, le résumé des affaires de Piémont que nous
avons présenté à la fin de l'année dernière. On a vu l'arrestation du favori de
Madame, le comte Philippe d'Aglié , le 3i décembre. Dès le i" janvier, nous
avons une lettre de la duchesse de Savoie, qui se plaint de la violence commise
sur un de ses sujets, et du tort que peut faire à sa réputation la manière dont
s'est exécuté cet attentat à sa souveraineté. Elle conjure le roi de lui permettre de
doiiner au comte « quelque employ qui , dit-elle , fera le mesme effect que V. M. dé-
sire ^ » Dans sa lettre au roi, elle contient encore sa douleur, mais elle la laisse li-
brement éclater chez elle ; les ambassadeurs du roi en sont témoins : « Si vous voyiez
comme Madame est réduite et comme elle a changé de visage, elle vous feroit com-
passion, écrit Mazarin à Chavigni; elle n'a point encore quitté le lit, et, avec tout
l'effort qu'elle fait, elle ne peut s'empescher de pleurer à tout moment ■•^. » Et Cha-
vigni répondait ' : « On ne manquera pas de faire ce qu'on pourra pour sauver
l'honneur et la réputation de Madame. Mais M. le comte Philippe ne peut éviter
d'aller au bois de Vincennes. » C'est précisément ce que redoutait le prisonnier,
qui avait envoyé son secrétaire offrir une caution de 200,000^, mise entre les
mains du banquier Lumague, • pour garantie qu'il ne s'en iroit pas si on veut
le laisser en liberté.* » Cependant le roi écrivit une nouvelle lettre à sa sœur, où,
lui rappelant les témoignages qu'elle avait reçus de « sa tendresse, » il expliquait
' Arch. des Aff, élr. Turin, t. XXXIII, ' Le 1 1 janvier. (Foi. 7/».)
fol. i3. 4 Leftrç (Je l'ambassadeur ordinaire De
' Lettre du 2 janvier, fol. 20. la Court, 17 janvier, fol 98.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. gliO
les raisons qu'il avait eues de faire prendre le comte Philippe. Cette lettre du
roi, nous sommes bien sûr de ne pas nous tromper en la donnant, ici, pour une
lettre de Richelieu.
CCXLVI.
Turin, t. XXXIII, fol. 399. — Minute de la main de La Barde.
. . .Janvier i64i-
Ma sœur, les îesmoignages que je vous ay donnés en toute occasion
de la véritable tendresse que j'ay pour vostre personne et de l'in-
térest que je prens au maintien de l'autorité que vous devez avoir
dans les Estais de mon nepveu le duc de Savoye, vostre filz, vous
doivent faire croire que rien ne m'a porté à esloigner le comte Philippe
d'auprès de vous que son peu d'expérience dans les affaires, sa
jalousie pour empescher que ceux qui en estoient capables n'y pris-
sent part, et la mauvaise conduite qu'il tenoit en toutes les choses
que vous luy conlîyés; dont vous avés eu tant de mauvais effets et
des suites si dangereuses qui vous ont portée sur le bord du précipice,
que, si Dieu n'eust bény visiblement mes armes, il n'y auroit point de
puissance assez grande pour vous en tirer. J'ay longtemps estimé que
les diverses fautes qu'il vous avoit contraint de faire par vostre bonté
le rendroient plus sage, et qu'enfin il cognoistroit les vrayes maximes
par lesquelles vos affaires se dévoient gouverner. Mais, voyant que rien
n'estoit capable de le remettre dans le bon chemin , et que tous les avis
que je luy ay fait donner lui estoient inutiles, j'ay pensé que, pour
ne pas prendre le hazard de retomber dans le mauvais estât où vous
aviés esté, il faloit user du remède que j'ay pratiqué , et donner lieu
par ce moyen à tous vos bons et fidèles serviteurs de vous dire leurs
scntimens avec liberté pour l'administration de vos Estats. J'ay apris
avec joye , de mon cousin le comte d'Harcourt, des s" Mazarin et de
la Cour, mes ambassadeurs auprès de vous, la prudence avec laquelle
vous vous estes conduite en cetic occasion, et la déférence que vous
avez rendue à mes conseils'.
' Dans la relation de rarreslation du ambassadeurs le 1" janvier, ils disaient :
coa)te Philippe envoyée au roi, par les t Malgré sa douleur. Madame parla tous-
CABDIN DE niCIIEMEU. — VU. 107
850 LETTRES
Vous devez vous assurer que le comte Philippe n'aura point d'autre
mal que d'estre empesché de vous en faire, et qu'en Testât auquel il
est il recevra tout le favorable traitement qu'il sçauroit désirer.
Je vous conjure de bien considérer les inconvéniens dans lesquels
vous estes tombée par le passé, et de faire un si bon establissemenl
dans vos affaii'es, que vous les puissiez esviter à l'avenir, et restablir
si bien vostre autorité, que vous la puissiez conserver pour le bien et
avantage de mon nepveu le duc de Savoye , vostre filz. J'y contribueray
de ma part tout ce qui dépendra de moy, et je u'oublieray rien de
ce qui me donnera le moyen de vous faire paroistre avec combien de
véritable affection je suis. . .
Cette lettre est sans date ; elle doit avoir été écrite peu de temps après Tévéue-
meiit qui en fait le sujet, et pendant le voyage du prisonnier, qu'on amenait à
petites journées : « 11 est arrivé depuis quatre jours au bois de Vincennes (mandait
(jhavigni à Mazarin, le 3i janvier), où l'on le trailte avec beaucoup de civilité. . .
Je croy mesme qu'on luy permettra d'estre au ballet de son Eminence, qui se
dancera le 8° du mois prochain. » — Richelieu donna à l'arrestation du comte le
caractère d'une afl'aire politique, le secrétaire d'Etat des Affaires étrangères en
informa plusieurs cours de l'Europe, et notre ms. conserve le mémoire sur lequel
on a escril à Rome, à Venise et autres lieux, sur la prison du comte Philippe; dé-
pêche du 2 â janvier. (Mise au net, devenue minute, le cardinal ayant corrigé
quelques mots; fol. 12G.)
On se souvient qu'à la fin de l'année iG4o, le cardinal était justement inquiet
des dispositions du prince Thomas; presque aussitôt après avoir fait un traité
avec les plénipotentiaires de France, il avait retiré sa parole, et semblait s'être
rejeté dans le parti espagnol; il avait annoncé un veyage à Paris, où on lui pré-
parait une brillante réception , puis il avait refusé d'y venir, et Chavigni écrivait
à Mazarin, le 5 janvier, que le cardinal n'avait pas bonne opinion de cette alTaire'.
Plus à craindre par ses artifices que par son talent, le piince Thomas tenait en
échec la politique de Richelieu en Italie; il poussait à bout la patience de
Vlazarin , qui se plaignait à (Chavigni de la perfidie du Piémontais, et mandait plai-
samment au Cardinal : • colmardo est extrêmement piqué du procédé du prince
Thomas, et je croy que, s'il estoit prince el vaillant, il luy en demanderoil la
jours avec grand respect du roy el de dessus, p. 84 1. — ' Turin, t. XXXIU.
nionseig' le cardinal » Citée ci- roi. Sg.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 851
raison. «Richelieu avait-il reçu cette lettre du 17 février^ lorsqu'il écrivait, le 22,
à Mazarin.''
CCXLVII.
Turin, t. XXXIII, fol. 343. — Original, devenu minute, à cause d'un mot changé
par le cardinal à la formule fmale. Une première minute est au fol. 24 1.
Ces deux pièces sont de la main de Cherré.
A M. MAZARIN.
2 2 février i64i.
Monsieur, . . . tandis que vous espérerez pouvoir amener le prince
Thomas à l'exécution de ses paroles, je croy que vous ne devez point
changer de séjour... s'il vous manque, en se manquant à luy-mesme,
c'est à vous à si bien asseurer Turin , qu'il n'en puisse résulter d'incon-
vénient.
Travailler à l'esplanade devant la citadelle et au comblement des
fossés d'entre la vieille et la nouvelle ville.
Pur^'er la ville de tous les esprits piémontois que vous cognoissez
mal alTectionnez.
Que les. troupes du roy y soient bien effectives; et, poiv cet effect,
ou rendre les cazernes des maisons de bourgeois, ou faire que les
maisons des bourgeois soient des cazernes. Comme il importe que
les troupes du roy y soient fortes, il y faut tenir celles de Madame
les plus foibles que l'on pourra... il faut désarmer soigneusement les
habitans de la ville de Turin une seconde fois.
Faire un tour à toutes les autres places du roy pour qu'elles soient
mises en bon estai; et je conjure le segnor Colmar de faire que vostre
personne soit si bien escortée en ces voyages qu'il. n'en puisse arriver
aucun inconvénient.
Il faut penser soigneusement à la conservation de Montmélian , ce
à quoy je sçay que vous ne pouvez rien que par adresse, en faisant
inspirer à Madame le péril auquel elle laisse cette place et Monsieur
son lilz, auxquels il ne pourroit arriver mal, si c'estoit par la faute du
marquis de Saint-Germain, sans qu'on fisl en mesme temps couper la
teste au comte Philippe.
' Turin, t. XXXIII, fol. 221.
107.
852 LETTRES
... M. de Chavigni vous escrit de la part du roy pour proposer à
Madame que l'ambassadeur du roy soit de son conseil...
Mon zèle m'emporte jusques à escrire au pape sur le sujet des
éveschez auxquels il ne pourvoit pas, et à M. le cardinal (Barberini,
le cardinal neveu) pour la promotion. . .
Si en vos voyages vous trouvez moyen de mettre en vostre posses-
sion ceux qui vous manquenl de parole \ vous n'en perdrez pas
l'occasion.
Quant à la place dont vous escrivez à M. de Cliavigny, si vous
pouvez aussy la circonvenir, vous avez trop d'ambition de paroistre
aussy singulier en l'art militaire comme vous Testes en toute autre
chose, pour perdre une occasion si avantageuse au service du roy et
à vostre réputation.
Quoy qui arrive, ne vous affligez point, et vous asseurez qu'on
mesure en France les services par les bonnes intentions et par les
bons conseils et non par les événemens'-. . .
2 2 février i 6/i i .
Vostre affectionné serviteur \
Le Gard. DE RICHELILU *.
' Esl-ce une allusion au prince Thomas?
' Rapprochons de celle lellre une autre
missive de quelques lignes, sur le même
sujet, écrite un peu auparavant à Mazarin
par Richelieu. Tout ce qui se rapporte aux
relations intimes du grand ministre et de
son futur successeur, qui se disait alors
son petit serviteur', nous paraît mériter un
■ souvenir.
A M. MAZARI.N'.
De Kuel, ce ^ janvier i64i.
Ces trois lignes sont pour prier le sei-
gneur Colmardo de ne s'affliger point
quelqu'événement que prennent les négo-
* «Je ne sçaurois assez rendre mes Irès-humbles
remerciemens à \ . Ém. des soins qu'elle prend de
ciations qtr'il a- à faire au lieu où il est. Je
veut croire qu'elles viendront à bonne
lin; mais quand celaneseroil pas, Colmar
n'en sera ny moins estimé, ni moins aynié
de ses amis. Qu'il se resjouisse et qu'il ayt
soin de sa sanlé, et de la conservation de
sa personne, qui est plus chère qu'il ne
sçauroit penser à celuy qui est et qui sera
tousjours son très-affectionné serviteur.
Le Gard, de Richelieu
^ Ce mot eit de la main de Richelieu,
qui l'a écrit en interligne , effaçant la for-
mule banale : « A vous rendre service. »
' Au fol. 2A0 de ce XXXIII' vol. de
son pelil serviteur.» {Lettre du 19 janvier. Turiu,
t. XXXIII. foi. 99.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
853
A celle lettre de Richelieu, de Noyers en joignit une autre, où il entretenait
Mazarin des" affaires de l'armée, et puis, à l'occasion des mauvais desseins que
faisait soupçonner la conduite du prince Thomas, il disait dans son style em-
phatique : «Son Eniinence les voyoit, il y a longtemps, aussy clairement que
nous les descouvrons aujourd'huy; ses yeux d'aigle, qui envisagent le soleil sans
siller, luy font pénétrer dans des lumières inaccessibles aux autres' ...» Chavigni
écrivait de son côté : • Ce courrier vous porte les ordres que vous désirez; et j'ay
fait en sorte que Monseigneur vous les escrit luy-mesme. . . On approuve tout ce
que vous avez fait avec ces princes. L'abbé Soldati a reçu de son niaistre l'ordre
de s'en aller avec grande diligence; il n'y a donc rien à faire avec luy. » Parmi ces
recommandations concernant les affaires publiques, le secrétaire d'État laissait la
|)lume à l'ami, qui glissait ce conseil prudent : «Revenez le plus promptement
possible; une absence de six mois ne fait jamais les affaires de personne à la cour'-^. »
— On demandait, depuis quelque temps, le chapeau pour Mazarin, et l'affaire
ne marchait pas vite; Riclielieu y mettait pourtant tout son zèle.
CCXLVm.
Arcli. des AIE. étr. Turin, t. XXXIll, fol. agâ. — Originiil.
A MONS. MAZARIN,
À THCKIH.
De Paris, <!e viiigl-.iepliéme feb. i()5 i ■".
f.,es longueurs insupportables de la promolion m'ont fait
résoudre d'escrire à M. le cardinal Barberin. . . s'il la reçoit selon l'in-
tention de l'aulheur, il en tirera du profil; sinon, j'auray satisfait à ce
que je doy aux intérests publics et à ce que je veux rendre au parti-
culier de sa maison *. . .
Turin .se trouve une lettre originale , signée
de Richelieu, aussi du 22 février, et de
f écriture de Clierré. Plusieurs corrections
de la main de celui-ci et de celle du car-
dinal ont fait de cet original une minute.
La suscriptiun m»iique, mais on voit que
la lettre devait aller au comte d'Harcourl.
Le texte n'est, en réalité, qu'un extrait de
la présente dépêche adressée à Mazarin ,
laquelle est plus confidentielle et plus
développée. Il siillil ici de faire mcntioii
de l'autre.
' Turin, t. XXXIll, fol. a/J.')-
' Ibid. Fol. 257. Lettre du a4 février.
^ Le lendemain 28 , Richelieu écrivait
de nouveau à .Mazarin une leUre notée
|)age 27c) ci-dessus. Il y fait mention de
celle-ci.
* Une analyse de celte lettre au iieVeu
du pape se trouve à la [lage 278 ci-dessn.s.
854 LETTRES
11 me tarde exttesmemenl que le nonce nouveau ne soit arrivé, afin
de faire partir promptement l'ambassadeur qui doit aller à Rome,
aiant beaucoup d'impatience que le mareschal d'Estrées n'en soit
dehors'.
Si vos entreprises que M. de Noyers me vient de communiquer
réussissent, je me consoleray de finfidélité que vous craignez de
M. le prince Thomas.
Il y a si longtemps que je vous ay prié par avance de ne vous en
affliger point, que je ne vous en parle plus. Tenez-vous joyeux seule-
ment, et conservez vostre personne, qui m'est beaucoup plus chère
que vous ne sçaurlez penser.
Je ne vous dis rien du présent porteur, sinon que son esprit est
frère du vostre'', et que, bien qu'il soit cadet, sa sincérité ne doit rien
à celle de Colmar, qui luy a cédé son droit d'aisnesse en ce qui con-
cerne la piété. En un mot, c'est un fort bon religieux, qui laisse icy
fort bonne odeur de sa conduite.
Je vous prie de vous souvenir de tous les ordres que je vous ay
mandez pour la seureté de Turin.
Le Gard. DE lUCHELIEU.
Mazarin ne s'arrangeait pas de celte patiente résignation que lui conseillait Ri-
chelieu; il ne pouvait prendre son parti des fourberies du prince Thomas, dont il
se voyait le jouet ; il s'indigne de « la méchanceté de ce prince, qui se déclare contre
le roy... Il a signé son nouveau traité avec les Espagnols, le 27 du mois passé...
Il n'a rien exécuté de ce qu'il avoit promis, que de recevoir l'argent du roy^. » Et
puis : « . . . J'ay esté beaucoup de nuits sans fermer les yeux d'apréhension , ayant
cru que le prince Thomas ne se fust pas préci]ùté à se déclarer contre nous. ..
s'il n'eust eu de certaines espérances de nous faire du mal... Je ne manque pas
' 11 faisait, on l'a vu, une sourde oppo- dération : •Avant son départ, disait Cha-
sition à la promolion de Mazarin, qu'il vigni dans sa leltre précitée à Mazarin,
était chargé de demander officiellement. nous conférerons amplement de toutes
' Ce frère de Mazarin jouissait en effet les choses qui sont à faire à Rome. »
auprès du cardinal d'une certaine consi- ' Lettre du i"niars, fol. 3/ii.
I
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 855
de parler et d'escrire partout, pour convier chacun à détester sa déloyauté et
blasmer son peu de jugement d'avoir osé déclarer la rupture'... •
Ce prince cherchait de son côté à justifier son étrange conduite; parmi toutes
les pièces que conserve ce volume , touchant ces affaires , nous trouvons un mé-
moire en italien , intitulé : Ilaggioiii che hanno obligato il S. principe Tomaso a con-
linuare nella protezione di S. M. calolica^. — Ce retour du prince piémontais vers
l'Espagne avait pour conséquence naturelle de rendre la politique française plus
favorable à Madame; on est plus attentif aux réclamations de sa misère: » Il faut
examiner les plaintes de la duchesse de Savoie, sur les énormes contributions
levées par les troupes; il faut faire une réduction .si les plaintes sont fondées, «
écrit le roi à Mazarin , dans une lettre contre-signée Sublet, etqui nous semble, en
effet, être de de Noyers; ainsi qu'une seconde dépêche du roi , encore contre-signée
Sublet , adressée au comte d'Harcourt et à Mazarin , où sont développés les moyens
d'alléger les chaires dont sont accablés les sujets de Madame'. Et pour reconnaître
ces bonnes dispositions, la duchesse publie un manifeste contre ces ennemis obs-
tinés de la France : « Déclaration de Madame royale de Savoie contre les princes
de Savoie, ses beaux-frères*. » Mais Richelieu ne s'en reposait pas sur la duchesse ,
et en même temps que l'armée française agissait contre l'armée espagnole et la
battait, il 'atteignait les partisans de FEspagne dans Turin, où il entendait être
maître comme à Paris.
CCXLIX.
Aff. élr. Turin, t. XXXIll , fol. A^y. — Original.
[A M. MAZARIN.]
De Rut'l, ce 19 mars i64i.
Ces trois mots, vous tesmoignant la joye que j'ay que vostre expé-
dition militaire ayt réussy à vostre contentement*, ne vous diront rien
de la perfidie dont a usé le prince Thomas, parce qu'en ce sujet on ne
sçauroit assez dire : Dieu fera voir ses jugemens.
' Lettre du 5 inar.s, Turin, t. XXXIil, jolie petite ville, voisine de Turin , prise
fol. 387. récemment. Une lettre du roi, contre
' Même ni.s. fol. 356, opuscule de 9 signée par le secrétaire d'Etat de la guerre,
jiages. était aussi adressée , quelques jours après ,
^ Oépêches originales, date de Saint- ' à Mazarin sur île bon succez de Montca-
Gcrmain-eu-Laye, le lomars, fol. 4o8, et lier, auquel (dil le roi) vous avez contribué
le 3 avril, fol. 619. par vos soins et bons iulvis ; je vous en les-
' Ibid. i4 unrs, fol. 4 1 3. moigne le gré que je vous en sçay... • De
' Il s'agit sans doute de Moncaglieri, S'-Germain-en Laye, le 23 luars, fol. ^yS.
856 LETTRES
11 faut, à quelque prix que ce soit, oster de la ville les per-
sonnes suspectes, parachever l'esplanade qui est commencée et esta-
blir une bonne garnison dans la place.
Je vous recommande la Perouse en revenant, en sorte que, dans
cette campagne, nous en puissions voir la fin. Veillane et Suze ont
aussy besoin de vostre prévoyance, aprenant que, bien que nous ayons
les chasteaux , il ne laisse pas d'y avoir des gens mal affectionnez dans
les villes. Pourveu'que tout ce que nous tenons soit bien asseuré, que
les gouverneurs tiennent leurs garnisons bien affectionnées, j'espère
beaucoup de cette campagne.
Il me tarde beaucoup que vous ne soyez icy, mais pourvoyez bien
à toutes choses devant que départir, et vousasseurez que jamais Col-
mar ne fut mieux veu au lieu où il viendra qu'il le sera en tous ceux
où j'auray puissance.
On envoie M. d'Aiguebonne pour commander la citadelle de Turin
et dans la ville lorsque la campagne aura obligé M. le comte d'Har-
court d'y mener M. du Plessis-Praslin avec luy. Il est bon que cet
establissement soit fait avant que le bruicl en coure.
Le Gard. DE RICHELIEU.
Je vous envoie le nom de ceux que nous avons peu apprendre de
deçà estre suspects. Vous ne direz point, s'il vous plaist, que je vous
l'aye envoyé, de crainte qu'on ne juge que les depputés de Turin qui
sont icy y ayent contribué. Ceux qui sont marquez de lignes à costez
sont ceux qui sont estimez les plus dangereux.
Le Gard. DE RICHELIEU.
En mêirie temps que Richelieu exerçait ainsi une véritable dictature à Turin,
les princes de Savoie, qui n'y pouvaient rentrer, et réduits à y fomenter d'obscures
intrigues, proclamaient hautement leurs droits à diriger le gouvernement du
petit duc leur neveu : « Manifesto e ordine de" SS"" principi di Savoia, tutori legi-
timi delL ait. reale di Carlo Enianuel. »
Une nouvelle fâcheuse atténuait la satisfaction du bon succès des aiïaires d'Italie
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
857
• Nous avons avis certain (écrivait Chavigni à Mazarin , le 1 5 avril) que M. de Rheims '
et M. de Bouillon ont traité avec le roy d'Espagne^. » Et Mazarin mandait, le 3o,
à Chavigni, de Turin, l'arrivée du prince Thomas avec l'armée espagnole.
Toutefois, les affaires d'Italie étaient en une assez bonne situation pour que
l'habileté de Mazarin pût être employée ailleurs; il lui est permis de revenir en
France, et, dans une lettre du 22 mai , le comte d'Harcourt annonçait que Mazarin
retournait à Paris.
A son emploi militaire , M. d'Aiguebonne joignait le titre d'ambassadeur ex-
traordinaire, et il devait continuer les négociations que le prochain départ de
Mazarin el la mort de l'ambassadeur, M. deLaCourt^, laissaient inachevées. Nous
trouvons aux Affaires étrangères la correspondance de M. d'Aiguebonne durant
cette ambassade, dans le 25° volume de Turin*, intitulé : Négociations en Pied-
mont, contenant la négociation de M. d'Aiguebonne, depuis le 29 avril 16il (date
de sa première lettre, écrite de Novalaise) jusqu'au 23 décembre i6U5. Ces lettres
sont toutes originales et la plupart autographes, et adressées à Mazarin, sauf
deux allant à de Noyers, une au cardinal de Savoie et une autre à Chavigni.
Parmi ces lettres se trouvent quelques mémoires et autres pièces dont nous indi-
querons plusieurs à leur date.
CCL.
. Arch. des Aff. étr. Portugal, t. I, fol. 90. — Minute de la main de Chavigni.
AUX AMBASSADEURS DU ROY DE PORTUGAL'.
[Avril ou mai i64i.]
Le roy trouve les raisons de M. l'ambassadeur de Portugal très-
bonnes, il est important cjue les deux rois soient étroitement unis.
' Henri de Guise; voyez notre VI* vol.
p. 378, note 3. Ce prince, qui n'avait que
vingt-six ans, sétait jeté depuis plusieurs
années dans toutes ces intrigues de galan-
terie et de politique tjui firent de sa vie une
longue aventure.
• Arch. des Aff. étr. Turin, t. XXXIII,
fol. 672. Chavigni offrait à son ami celte
consolation : « On pourvoiera infaillible-
ment aux bénéfices du premier; vous y
aurez bonne part. »
' Il mourut au mois de mai; Mazarin
CARDIN. DE BICBELIED. VU.
annonça sa mort à Chavigni dans une
lettre du 17.
' Ce volume, relié en maroquin rouge,
aux armes de Colbert, a certainement ap-
partenu jadis à la grande collection que
conserve aujourd'hui la Bibliothèque na-
tionale ; la table des matières est faite dans
le même système , écrite de la même main
et sur un papier semblable à celui des
tables de ladite collection.
' Les ambassadeurs arrivés en France
au mois de mars furent reçus par le roi
108
858 LETTRES
Mais S. M. estoit engagée avec la Suède et la Hollande avant d'en-
trer en traillé avec le Poitugal, elle ne peut rien faire sans leur parti-
cipation, d'autant que les ennemis usent de toutes sortes d'artifices
pour les séparer de la France.
Le roy de Portugal, au lieu d'avantager sa condition, la rendroit
plus mauvaise en affoiblissant S. M. par la perte de l'assistance de
ses alliés . . .
Le roy seroit exposé à un grand péril si les forces d'Espagne n'es-
toient plus diverties par celles de ses alliés.
Le roy ne cessera d'assister le roy de Portugal dans la guerre et dans
la paix, en portant le principal effort de la guerre en Espagne... S. M.
est mesme résolue de faire doubler les efforts du costé de l'Espagne. . .
S. M. publie d'ailleurs partout qu'elle ne fera jamais la paix que
le 27. Nous avons donné, page 768 de
notre VI* vol. , une lettre de Richelieu à
Cbavigni, du 6 avril, concernant l'am-
bassade de Portugal. Nous renvoyons
à la noie dont nous avons accompagné la
missive de Chavigni, et nous ajouterons ici
quelques mots à l'occasion d'un document
où nous trouvons la preuve que plusieurs
années déjà avant d'éclater, celte future
révolution attirait l'attention du cardinal.
Un des plus actifs donneurs d'informations
dont se servait alors Richelieu, le P. Carré,
lui écrit le 20 novembre i636 : « Un
religieux de notre ordre , Françoys, venant
de Lisbonne, dit que, sur le bruit du pas-
sage de l'armée navale de France , tout le
Portugal s'estoit disposé à une rébellion
contre le roy d'Espaigne , croyant que le
roy de France cnvoyoit cette flotte sy
puissante pour les remettre en liberté , et
que hautement les Portugais disoient :
Quand est-ce que le roy de France nous
délivrera du Pharaon d'Espaigne ? Ils y at-
tendoient aussy le prince de Parme, ou le
prince de Portugal. Tous les religieux
françoys y furent mis en prison. • (Arch.
des Affaires étrangères. France, t. 80, fol.
3/ji.) Entre cette date de novembre i636
et celle du 2^ janvier 16^1, mentionnée
dans la note précitée , nous n'avons rien
trouvé dans nos manuscrits concernant le
Portugal. — La présente lettre aux am-
bassadeurs manque de suscription et de
date; c'est une matière de lettre donnée à
Chavigni t pour respondre à l'ambassadeur
de Portugal , » ainsi qu'il est écrit au dos du
ms. — Le traité fut signé le i"juin; c'est en
avril ou mai , durant la négociation dudit
traité , que dut être écrite la présente lettre,
en réponse à des exigences qui pouvaient
déplaire aux alliés de la France et dont
les ambassadeurs se départirent. (Voy. ci-
après la note d'une lettre à Chavigni, du
28 mai.) Notre manuscrit nous a conservé,
dans son texte original, un mémoire con-
tenant les demandes des ambassadeurs:
Relaça'" das causas de PoTtagal e memoria
do qae se ha de capilularcom a Mag^' del rey
christlanissimo , pièce sans date, cotée 88,
et placée après le 1" juin.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
859
le roy de Portugal ne soit maintenu en la possession en laquelle il
est, les Espagnols ne peuvent disconvenir que S. M. n'y est pas for-
mellement engagée par le trailté. . .
Le roy a desjà escrit en Hollande précisément pour les choses que
le roy de Portugal désire, et M. de la Thuillerie, qui va retourner
en Hollande, est chargé d'agir de concert avec l'ambassadeur de Por-
tugal qui y est accrédité '.
Malgré toute sa bonne volonté le roy ne peut, veu les immenses
despenses qu'il fait, assister le roy de Portugal de tout l'argent que
celui-ci désireroit.
CCLI.
Arch. des Aff. étr. Portugal, t. I, fol. 45- — Minute de la main de Cherré.
A CHAVIGNY.
38 uiay i64i.
Je vous ay envoie il n'y a pas une heure ce que j'ay estimé devoir
estre fait avec les Portugais *. Leur prétention d'engager le roy à ne
' Cet ambassadeur était D. Tristan de
Mendoza Furtado. M. de La Thuillerie écri-
vait, le 3 9 avril, de la Haye :• Les Estais ont
accordé à l'ambassadeur du Portugal vingt
vaisseaux» (Aff. étr. HoU. t. a3, foi. 67),
et notre manuscrit de Portugal (fol. 27)
nous donne à la date du i" mai: t Poincts
et articles accordés à l'ambassadeur de
Portugal, sur sa proposition à MM. les
Estats-généraux des provinces unies des
Pays-Bas. » Toutefois les négociations des
Portugais en Hollande souffrirent quel-
ques difficultés , car nous voyons , à un
mois de là, le a juin, La Thuillerie écrire:
« L'ambassadeur de Portugal ne sçauroit
sur quoy apuyer les conditions d'une al-
liance avec les Estais; il se contente d'esta-
blir bonne correspondance.» (Fol. 83 du
manuscrit de Hollande.)
' Lettres du a8 mai, ci-après aux Ana-
lyses. Le projet de traité avec les Portu-
gais , dressé en avril , et revu deux fois
par Richelieu (voy. t. VI, p. 768-674),
ne se concluait pas parce que Richelieu
temporisait dans le dessein de s'entendre
à ce sujet avec les Hollandais ; le cardinal
avait d'ailleurs supprimé un article du
premier projet, contenant une garantie à
laquelle tenaient les ambassadeurs. « Ils
respondirent hier soir, écrivait Chavigni
au cardinal , qu'ils faisoient leur principal
fondement sur cet article, sans lequel tous
les autres du projet ne sont pas presque
■considérables... ils demandèrent instam-
ment de se rendre auprès de son Em.
pour lui représenter leurs raisons sur cette
affaire, qui paroist les toucher sensible-
ment. » (Aff. étr. Portug. 1. 1, fol. 17.) On
108.
860 LETTRES
faire point la paix sans eux, ou au moins sans liberté de les assister,
est sy desraisonnable , et les raisons que nous avons à dire au contraire,
et que Vous leur avés dictes, sy puissantes, que le roy ne peut changer
la résolution qu'il a prise, parce qu'il l'a deub prendre. Quand ils vien-
droient à Abbeville et qu'ils y seroient cent ans, ils n'auroient autre
chose. Cependant pour contenter leur imagination on peut passer
l'article qui s'en suit:
Bien qu'il ne soit point parlé dans le traicté public passé ce jour-
d'huy entre ce qui se pourra faire en faveur du roy de Portugal,
au cas que le roy et ses confédérez viennent à conclure la paix avec
la maison d'Autriche, le roytoutesfois, par sa générosité, a bien voulu
asseurer le roy de Portugal, son bon frère, que lorsqu'il viendra à la
conclusion d'un traicté de paix, il fera son possible pour se réserver
la liberté de l'assister tousjours en ses justes prétentions , pourveu que les
alliez de Sa d. M. consentent d'entrer avec elle en une pareille obli-
gation. Bien entendu qu'en tel cas le roy de Portugal s'obligera à
ne faire aucun traicté avec le roy de Castille, sans le consentement de
Sa d. M. et de ses alliez.
Si les Portugais trouvent à redire à ces mots souslignés : « en ses
justes prétentions, » on les peut oster^
CCLII.
Arch. des Aff. étr. Portugal, 1. 1, fol. 48. — Mise au net devenue minute, deCherré.
INSTRUCTION POUR M. LE MARQUIS DE RRÉZÉ,
LIEUTENANT GENERAL DE L'ARMEE NAVALE DU ROY.
2g may iG/u '.
Ledit sieur marquis estant arrivé avec l'armée du roy aux costes de
voit que Richelieu propose un article se- de Portugal, fol. 71, 76 et 84; on peut le
cret dont les Portugais se contentèrent, comparer avec les premiers projets, fol. 17,
quoiqu'il n'engage pas réellement la aS, 46 et 65.
France. L'article secret du traité signé le ' Ce dernier paragraphe est écrit en
1" juin est tout à fait conforme à celui que marge dans la minute.
propose ici RicheHeu ; trois copies dudit ' Cette date, d'une autre main, a été
traité se trouvent dans le tome I des Aff. mise après coup, sans doute quand la
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 861
Portugal, il mouillera l'ancre à la rade de Cascal ', qui est l'entrée de
la rivière de Lisbonne, et y demeiu-era si le mauvais temps ne l'oblige
de faire entrer ses vaisseaux dans ladite rivière.
Ayant faict faire des complimens au roy de Portugal il Tira voir
ensuite à Lisbonne bien accompagné, et reviendra coucher le soir à
son bord, pour estre en estât d'agir à la mer , selon les occasions ,
conjointement avec les forces de Portugal et de Hollande, qui doivent
estre chacune de vingt bons vaisseaux selon les conditions du traicté
faict entre le roy et le roy de Portugal, et celles de celuy qui a esté faict
en Hollande avec M" les Estats-Généraux.
Si le duc de Maquede^ est à Calis avec vingt-six navires, qui est
tout ce qu'il peut avoir, il faut tascher à le forcer et le brusler.
S'il est allé en personne au devant de la flotte , ou qu'il y ayt envoie
seulement douze gallions, comme les derniers avis qu'on a eus d'Espa-
gne le portent, on ira attendre ladite flotte aux lieux où les Portugais,
plus instruits que nous des voyages des Indes, croiront qu'il doit passer.
Si ladite flotte est arrivée dans le port de Calis, il faut faire toutes
sortes d'efforts possibles poiu" faire périr les vaisseaux dont elle sera
composée.
Si ledit duc de Maquede va en Catalogne, le bien de la cause com-
mune requiert qu'on l'aille attaquer [avec les forces confédérées] en
quelque lieu qu'il soit , parce qu'estant perdu les forces navales d'Es-
pagne sont perdues.
Ledit duc de Maquede ne se peut retirer en la coste de Catalogne ,
nièce fut expédiée. Nous n'avons point l'embouchure du Tage. — Sous la ru-
l'original de celte instruction; il a dû brique : «Lisbonne, i5aoust> la Gazelle
être signé par Chavigni. Mais la pièce annonce que « le marquis de Brézé est ar-
e»t l'œuvre de Richelieu, nous avons à rivé, le 6 du courant, à la rade d'Escler-
cet égard son propre témoignage: Lettre monde, et que les forts de Cascal et les
du 37 [à Chavigni?], manuscrit cité aux . gallions du roy de Portugal saluèrent
sources, fol. Sg. «J'envoie à M. de Cha- anssitost son pavillon » Suit la description
vigny l'instruction que j'ay dressée pour de la brillante réception qui lui fut faite
le marquis de Brézé, sur les mémoires à Lisbonne. (N° du 5 octobre, p. 721.)
de M. des Gouttes, laquelle il signera.» * Nom qu'on a francisé et dont nous ne
' Cascaes, petit port fortifié, voisin de retrouvons pas la véritable orthographe.
862 LETTRES
qu'à Cartagène, ou dans la baye de Rose, auxquels lieux on peut at-
taquer les vaisseaux, les brusler, ou les faire donner à travers dans
la coste de Rose.
Cette entreprise est d'autant plus aisée que la baye est toute ou-
verte à Cartagène, ce qui faict que, bien que le port soit fermé, les
vaisseaux peuvent aprocher sy près de la ville qu'ils n'en sçauroient
estre offensés '.
Si le duc de Maquede a partagé ses vaisseaux, ainsy qu'il est pré-
supposé cy-dessus, en sorte qu'en envoiant une partie au-devant de
la flotte il soit entré avec l'autre dans le destroit, on pourrolt, en ce
cas , aller au-devant de ladite flotte avec quarante bons vaisseaux des
trois flottes françoise, portugaise et bollandoise, où le s' marquis de
Brézé commanderoit, et envoier les vingt autres vaisseaux joindre
M. de Bordeaux pour tascher de ruiner le duc de Maquede.
En quelque expédition qu'aille ledit s' marquis de Brézé avec les
vaisseaux du roy de Portugal et ceux de M"^^ les Estatz d'Hollande, il
aura soin de garder le rang qui est deub à la dignité du roy, ainsy
qu'il a esté convenu.
La crainte qu'on doit avoir raisonnablement, que lorsque l'armée
françoise arrivera à Lisbonne , la flotte portugaise ne soit pas encore
preste , quoique les ambassadeurs asseurent le contraire , et qu'ainsy
les vaisseaux françois soient contraincts de consommer une partie de
leurs vivres sans pouvoir rien entreprendre , faict qu'on fera préparer
des vivres pour demeurer à la mer autant de temps qu'il faudra, ou
pour attaquer la flotte si elle n'est point encore arrivée , ou povu tas-
cher de faire périr les vaisseaux du duc de Maquede , en quelque lieu
qu'ilz soient, ainsy qu'il est proposé cy-dessus.
Ensuitte de quoy ledit s"^ marquis de Brézé, s'il est entré dans le
destroit, pourra aller hiverner à Toulon, ou s'il est demeuré dans
l'Océan, dans tel port qui sera jugé à propos par avis commun, soit
de Portugal , soit de la France si on estime qu'il y doive revenir.
' « M. des Gouttes l'a dict. » (Note marginale du manuscrit.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 863
Si ledit s' marquis de Brézé hiverne en Provence, le s' commandeur
des Gouttes estime qu'il doit choisir 4ouze des meilleurs vaisseaux
et en renvoyer huict des vingt, qu'il mène maintenant à Brest, afin de
composer l'armement de mil six cent quarante deux desdits douze
vaisseaux , et de douze des meilleurs de ceux qui sont en Provence ,
avec dix bruslots qui se feront en Provence du corps des vaisseaux
qui ne sont plus bons pour la guerre.
Les vivres de l'armée que doit commander ledit s' marquis de
Brézé n'estant que pour six mois, qui commencent en juin et finiront
en novembre, ledit s' marquis, estant arrivé à Lisbonne, envoiera un
petit vaisseau de son escadre, nommé la Princesse, pour faire sçavoir
le concert qu'il aura faict avec le roy de Portugal et les HoUandois,
s'ils .sont arrivez, afin qu'on luy prépare et qu'on luy envoie des
vivres par des flustes, au cas qu'il juge en avoir à faire toowc plus
longtemps que ceux qu'il aura portez avec luy.
Le s'' commandeur des Gouttes n'allant point au voiage, donnera
ordre à la Rochelle à faire préparer les vivres, ce qu'il fera d'autant
plus soigneusement que, s'il n'est en personne à ladite flotte, il y sera
de cœur et d'affection.
Ledit s' commandeur a faict ouverture d'un autre dessein de plus
longue haleine, dont le s'' marquis de Brézé considérera les mémoires
qui luy sont donnez expressément pour en conférer sur les lieux avec
les principaux officiers des flottes confédérées, et nous avertir de ce
qu'ils estimeront estre faisable, afin qu'on pourvoie à ce qui sera né-
cessaire en tel cas.
Si toutes les armées françoises, portugaises et hollandoises font
quelque prise conjointement ensemble, le commissaire-général de la
marine de Tannée françoise prendra les deux commissaires des deux
autres armées pour travailler conjointement avec eux, au sujet de la
dite prise, et quand l'un des corps fera quelque prise en l'absence des
autres, il ne laissera pas de leur en faire part pendant que lesdits
corps seront unis.
Si par hazard il arrivoit que les Portugais manquassent sy notable-
864 LETTRES
nient à eux-mesmes qu'encore que les ambassadeurs du roy Jean à
présent régnant se voient obligez, par le traicté passé avec le roy, le
jour de d'avoir à la fin de juin, en Portugal, vingt galbons,
armez et équipez pour joindre à ceux du roy, aussy tost qu'ils seront
arrivez, et estre ensuitte employez conjointement aux expéditions cy-
dessus, ils ne se trouvassent pas pretz, ledit s' marquis de Brézé fer^
faire toutes les solicitations possibles pour faire effectuer farmement
promis; et si, après avoir demeuré trois sepmaines ou un mois en
l'attente dudit armement, il voit qu'il n'y ayt point d'aparence d'en es-
pérer l'effect , il fera sçavoir au roy que , consommant ses vivres inutile-
ment, et n'en pouvant retirer de France, il doit trouver bon qu'obéis-
sant à la nécessité, il lève l'ancre pour éviter la ruine de l'armée du
roy.
Si, en tel cas, le roy de Portugal luy offre des victuailles, pour rem-
placer celles qu'il consomme à une attente inutile, il les acceptera sans
les demander, et attendra encore quelque temps l'armement des
vaisseaux portugais, s'il voit qu'il se prépare.
Si ledit s'' marquis est contrainct, pour ne trouver aucuns vaisseaux,
de se retirer seul, pour n'avoir pas le desplaisir de revenir sans
rien faire , le meilleur dessein qu'il puisse faire est d'entrer inopiné-
ment dans le destroit, et s'en aller joindre l'armée navale que S. M. a
en la mer Méditerranée \ laquelle il trouvera es costes de Catalogne,
pour chercber en cette mer les ennemis, en quelques lieux qu'ils
puissent estre attaqués. En ce cas ledit s' marquis trouvera sur les
lieux les ordres qui devront estre gardez pour le commandement des-
dites armées.
Si le s"^ commandeur des Gouttes ne peut aller avec ledit s' marquis
il prendra le capitaine Du Mé sur son vaisseau , et donnera le comman-
dement du vaisseau dudit Du Mé à celuy qu'il estimera plus à propos.
' Voy. la lettre adressée au marquis rie Brézé, t. VI, p. 846.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 865
CCLIII.
Arch. des Aff. étr. Turin, t. XXXIV, fol. i3o. —
Minute de la main de Charpentier.
A M. D'HARCOURT.
7 juin 1 6/1 1 •
Monsieur, ayant sceu par M. Mazarin, qui a rempli toute la cour de
vos louanges \ les bons desseins que vous avez pour faire une bonne
campagne, je prends la plume pour vous dire,. sur ce qu'il m'a dit,
qu'on pourroit commencer par Gaunis ■
2
Considérez bien si ce dessein est le plus avantageux pour le bien des affaires.
Pour moy je ne vous cèle pas que j'aimerois beaucoup mieux que
l'on atlaqiiast des places qui sont es mains des Espagnols et qui
ouvrent le chemin de Casai et du Milanois. De ce genre Verrue ' est
celle qui me semble la plus considérable . . .
Richelieu expose les raisons de cette préférence.
Cependant tout est remis à vostre prudence et au soing que vous
aurez d'examiner, avec ceux qui sont avec vous, quel party vous
aurez à prendre . . .
Je préfère tant l'attaque des places qui vont vers le Milanois aux
autres, que j'estimerois quasy meilleur, si vous ne jugez pas pou-
voir prendre Verrue, la prise d'Yvrée * et de Santia pour fruict de
toute celte campagne, que celle de Gaunis.
Comme ceux qui sont esloignez ne voyent pas tousjours si bien les
' Mazarin était parti de Turin pour re- linait à rester. Cependant le comte d'Har-
venir en France le aa mai. "court se décida à l'abandonner pour aller
* Coni, à 1^ lieues sud-esl de Turin. au secours de Cliivas attaqué par le prince
' Verue, à 8 lieues nord-est de Turin. Thomas. Chavigni s'en plaignait dans une
* Le siège avait été mis devant Yvrée, lettre du a5 mai adressée à Mazarin
où Turenne, quoique déjà malade, s'obs- (fol. ii3), et l'on voit que Richelieu tenait
CARDIN. DE RICHELIED. VU. 1 09
866
LETTRES
objets que ceux qui en sont près. . . je vous prie de ne considérer ce
que je vous mande que comme de simples ouvertures dont la résolu-
tion vous est remise.
Faire en sorte que les places que l'on lient soient bien munies, et puiss'ent
estre secourues si on les attaque.
Vostre affection, vostre fermeté et voslre bonne fortune jointes
ensemble me font espérer des actions, cette année, correspondantes à
celles du passé. Sur cette vérité je demeure. . .
CCLIV.
Arch. des Aff. étr. Turin, t. XXXI V, fol. iSa.
Minute de la main de Charpentier.
A M. DE TURENNE.
7 juin i6i 1 .
Monsieur, Testât où M. de Bouillon s'est mis sans qu'on ayt peu
l'en divertir me faict prendre la plume pour vous dire que sa mau-
vaise conduite ne peut préjudicier qu'à sa personne, et que vostre
mérite m'est tellement cogneu que je n'ay point craint de m'en rendre
caution envers le roy, particulièrement sur les asseurances que M. Ma-
zarin m'a données de voslre part '. Je vous conjure de croire qu'il
n'y a personne qui face plus de cas des qualités qui sont en vous que
moy, ny qui désire davantage que vous en adjoustiez une nouvelle.
à s'emparer d'Yvrée pour diriger les forces
de la France contre le Milanez. — Notre
manusci-il donne à ce moment une pièce
intitulée : Journal de ce qui s'est passé de-
puis que l'armée da roy est devant Yvrée.
Nous y remarquons quelques additions de
la main de Mazai-in.
' Turenne , qui n'avait pas encore trente
ans, était loin de partager les liunieurs
turbulentes et les desseins séditieux de son
frère aine, que condamnaient sa raison et
son esprit solide , et son cœur dévoué à la
France. Il avait chargé Mazarin , qui venait
de quitter l'Italie, de porter au cardinal
les assurances d'un zèle et d'une fidélité à
toute épreuve; et il lui écrivait le 4 juin ;
■«J'apprens icy tous les jours comme les
affaires du coslé de Sedan s'aigrissent ex-
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 867
qui me donneroit tout lieu de vous tesmoigner par effects avanlageux
que je suis. . .
Le même jour le cardinal écrit à M. du Plessis Prasliii pour lui téuioigner le
contentement qu'a le roi de ses services : «Je vous conjure d'avoir un soin parti-
culier de Carmagnole, Savillan, Querasque, Ghivas, Suze et Veillane, et de
faire souvenir M. le comte d'Harcourt de n'en retirer pas le gouverneur. »
CCLV.
Arch. des A IL élr. Turin, t. XXXIV, fol. 160. —
Minuie de la main de Cherré.
A M. LE COMTE D'HARCOURT.
1 a juin i63 I .
Monsieur, j'ay receu vostre lettre qui m'a bien faict descheoir de
l'espérance que j'avois que vous feriez une bonne campagne '. Vous
ayant dit comme j'ay faict devant vostre parlement qu'il ne falloit point
faire estât d'autres trouppes pour l'Italie que de celles dont on vous
donnoit le controole,- vous n'avez pas deu prendre vostre pied sur
d'autres mesures. Les autres armées que le roy a en d'autres lieux
sont attachées en des entreprises trop importantes pour les pouvoir
divertir, comme on fit l'année passée pour vous les envoyer.
Richelieu explique comment, si l'armée du comte d'Harcourt n'est pas aussi
forte qu'il le pourrait désirer, elle l'est encore lassez, l'armée espagnole étant plus
faible que la sienne. Il fait le détail des montres et des recrues qu'on lui a en-
voyées. Le roi se plaint de la quantité de congés qui ont été donnés.
trememcnt; je vous suplie trèsliumblc- avec la mesnie fidélité que j'ai fousjours
ment. Monsieur, de tesmoigner à M*' le eue ^ans que rien me puisse esbianler... »~
cardinal combien je lui suis sensiblement (Fol. 128.) Et il renouvelait ses protesta-
obligé de fhonncur qu'il lui plaist de me lions presque dans les mêmes termes à de
faire de prendre tant de confiance en nioy. Noyers et à Chavigni. ( Lettres du () juin ,
en une chose si importante. Je peux l'as- fol. i4o-i4/i-)
surer que je servirai tant qu'il lui plaira ' Lettre du 7 juin.
109.
868
LETTRES
Pourveu que vous faciez de vostre costé tout ce qui despendra de
vous pour faire aller toutes choses, vous pouvez vous asseurer que
nous n'y oublierons rien de nostrepart, et qu'en mon particulier j'y
contribueray tout ce que je pourray, et pour le service du roy et pour
vostre considération.
Souvenez-vous, je vous supplie, qu'on ne faict point de grandes af-
Jaires sans de grandes diflicultez, et que plus on en surmonte plus
acquiert-on de gloire.
CCLVl.
Arch. des Aff. étr. Portugal, t. I, fol. iltS. — Minute de la main de Charpentier.
AU ROI DE PORTUGAL.
Sire,
i5 juin [164 ■
Je ne tesmoigneray point à V. M. l'affection avec laquelle j'ay tas-
ché de la servir auprès du roy, parce qu'elle cognoistra par effects
et par la relation qui luy en sera faicte par M" ses ambassadeurs ^,
qui se sont très-dignement acquittez de l'employ qu'ilz avoient receu
d'elle. Seulement l'asseureray-je de la continuation de mon service , dont
je ne sçaurois luy donner une meilletire preuve qu'en la suppliant de
penser à la fortification des places de sa frontière et les bien mimir;
à rendre ses sujets aussy capables d'ime bonne discipline militaire
' Cette minute n'a pas de millésime ,
et le manuscrit a classé faussement la pièce
en 1642. Les ambassadeurs du roi de
Portugal partirent vers la fin de juin
i64i (voy. ci-dessus, p. 288); la Gazette
du 21 annonce qu'ils avaient pris à Paris
congé de la reine et de M^' le dauphin ,
comme ils l'avaient pris du roi et du car-
dinal-duc, le i/i, à Ahbeville; et le 29
la Gazelle disait encore : « Mardy dernier
les ambassadeurs du roy de Portugal par-
tirent de cette vi|le Irès-satisfaicts. » La
présente lettre avait été écrite le lendemain
du jour où les ambassadeurs avaient pris
congé du cardinal.
' Ces ambassadeurs , craignant d'èlre
arrêtés par quelque navire d'Espagne ,
étaient encore à Marseille le i3 août,
«attendant, dit la Gazette, l'embarqui'-
ment de M. de Fontenay-Mareuil pour
Rome. »
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 869
qu'ilz sont courageux et vaillans; à former deux bonnes armées,
l'une de terre et l'autre maritime ; à s'asseurer les moyens de faire sub-
sister l'une et l'autre, sans que ses peuples s'en trouvent foulez, et
les employer toutes deux^ à cbercher ses ennemis au dehors, au lieu
de les attendre dans ses propres estais. V. M. sçait sy bien, je m'as-
seure, qu'elle a besoin de se servir de la prudence et du courage que
Dieu luy a donnés, pour maintenir sa couronne, qu'elle ne s'endor-
mira pas dans le repos dont elle jouit à présent, à cause des autres
occupations qu'ont ses ennemis. C'est ce que luy peut dire une personne
qui l'honore et luy souhaitte tout bonheur, et qui est véritablement,
Sire,
de V. M.
Le trfcs humble et très obéissant serviteur.
CCLVIl.
Arch. des Aff. étr. Lorraine, t. XXXII, pièce 12g. — Mise au net par Chcrré.
Minute de ]a main de Citoys, fol. i58.
[Vers le î5 juin itiAi] '.
Il faut considérer l'humeur et le procédé ordinaire du personnage ,
qui ne fit jamais rien de bonne grâce et sans difficulté.
' Cette instruction , dictée par le car-
dinal, était sans doute destinée à Chavi-
gni. Le manuscrit ne donne point de date.
Sous l'air de confiance qu'affecte Richelieu
dans sa lettre du ly juin à M. du Hallier
(p. a86 ci-dessus), perce une inquiétude
qui fut bientôt justifiée. Le a3, le duc
Charles passait avec son armée de Nooieny
à Saint-Avold, et l'on pouvait craindre
qu'il ne se joignit à Picoloaiini. On dut
élre informé à Paris de ce mouvement.
Vers le 26 , ce fut peut-être alors , et quand
il était encore possible de douter des véri-
tables intentions du prince lorrain, que
Kichelieu cherchait à les deviner. 11 se
pourrait même que ces considérations eus-
sent été écrites un peu plus tard; la mi-
nute de Citoys met en tèle: «juillet 1 64 1 ,»
et la pièce se trouve classée à la fin dudit
mois. Toutefois cette date est peu certaine ,
étant écrite d'une main étrangère, et la
pièce se trouverait encore convenablement
placée vers la fin d'août, lorsque le duc,
après une nouvelle infidélité , demandait à
rentrer en grâce. Cette dernière date sem-
blerait d'ailleurs indiquée par la mention
870 LETTRES
Il faut considérer en outre qu'à sa mode il est' artificieux et malicieux.
De CCS deux principes on peut tirer une conclusion certaine, qu'il
y a, en son procédé présent, quelque chose de sa légèreté et de ses
diflicultez ordinaires, et quelque chose de ses artifices et desrégle-
mens malicieux accoustumez .
Ce personnage sollicité de diverses parts s'imagine devoir en tirer
(juelque avantage.
Il peut avoir deux fins blasmables, mais non tout à fait criminelles.
L'une est de demeurer neutre.
L'autre est d'avoir des troupes pour prendre ses quartiers hors de
son pays.
Il peut en avoir une autre, sçavoir est, de tourner casaque; mais
comme ce dessein seroit diabolique , détestable et du tout infâme- en
un prince, il n'y a point d'apparence qu'il l'ait dans la pensée.
Le dernier des deux autres est aucunement raisonnable, quoyque
les moyens de l'obtenir ne soient pas bons.
Et sur ce sujet on luy peut faire entendre que, comme le roy faict
toujours plus que ce à quoy il s'oblige, il donnera volontiers sur la
fin de la campagne des troupes à M. de Lorraine pour luy ayder à
prendre des quartiers d'hyver en pays ennemy.
Quant à la neutralité, il n'y faut point entendre^, parce qu'elle est
directement contraire au Iraitté faict avec luy, lequel n'auroit plus
rien de stable et d'asseuré si on y dérogeoit une fois à l'apélit des
desrégi emens de cet esprit.
des quartiers d'hiver. On comprend qu'a- ^ Nous avons ici la véritable pensée de
vec cette mobilité, celte perpétuelle in- Richelieu, o II ne se montra pas tout à fait
constance dans la conduite du duc de Lor- éloigné (dit au contraire M. d'Hausson-
raine, une date puisse être également ville) d'accorder la neutralité que le duc
vraisemblable à divers moments. Charles réclamait.» (II, i34.) Le docu-
' Richelieu avait d'abord dicté, ainsi ment sur lequel l'historien de la réunion
qu'on: le voit par 1* miïiute de Citoys, ar- de la Lorraine à la France a pu fonder son
tijiciostis et mâlkiaitli'; mÀÏÛ cièsûeuTi-Jaiet^ opinion- étidl donc destiné à tromper le
ont été effacés 'et^oh: 4 'ttife tn-'aM^riïgiip^ dilt et à lui laisser «ioneevorr Une espé-
leS' mots français..'! ■ ")"> "i-ii )i f - ^irtreiqno Ricbelieu iêlait biôB . féséki de
■î * <* IrtfaimMitl »' minliiei *i»9irr,' nb'pas satisfaire. ■' oUil-?.. cj -àvor-) iir.l") li
DU CARDINAf. DE RICHELIEU. 871
Si M. de Lorraine doit manquer, il vaut mieux qu'il le l'ace par sa
pure malice que par une condescendance de la part du roy, qui, par
ce moyen, deschéroit de la force de son traitté.
Quand bien il violeroit sa foy, la France ne seroit pas perdue, et
luy se perdroit très-cerlainement.
Ces desréglemens ne luy ostent pas la lumière jusques à tel point
qu'il ne cognoisse bien cette vérité.
Et partant il est impossible d'estimer sans témérité que cette affaire
doive avoir le plus mauvais événement de tous ceux qu'elle peut avoir.
Pour l'en empescher il la faut conduire doucement. Il faut faire
voir la raison à ce personnage, luy tesmoigner qu'on ne doute point
qu'il ne face ce qu'il doit, luy faire voir que s'il faisoit autrement il
sei-oit perdu d'bonneur.
Le rembarrer fermement s'il veut dire qu'on luy a manqut^ en la
moindre chose du monde, et luy faire voir le contraire.
Et à toute extrémité, luy tesmoigner qu'il peut niampier au roy '
si bon luy semble, mais que la générosité de S. M. est telle, ([u'elle
aymeroit mieux hasarder sa couronne que de manquer à aucune des
choses qu'elle luy a promis.
CCLVtlI.
Arch. des Aff. élr. Turin, t. XXXIV, fol. 2a3. —
Minute de la main de Charpentier,
A M. LE COMTE D'HARCOURT.
De Péronue, ce i" juillet i64i.
Monsieur, je suis extrêmement fasché de la maladie de M. de Tu-
renne, l'estimant et l'aimant comme je fais je vous puis asseurer que
son mal m'e.st plus sensible que je ne vous le puis dire ^.
" D'ici à la fin de cette lettre, c'est police et finances à l'armée d'Italie, et
Cherré qui tient la plume. nous trouvons dans ce volume un assez
' Le Tellier était intendant de justice, grand nombre de lettres de lui, écrites à
872 LETTRES
Le roy vous envoie M. le marquis de Villeroy et M. de la Tour, il
vous eust volontiers envoyé M. de Quinsay comme vous le désirez,
si Testât auquel sont les affaires luy eust permis de pouvoir l'ester
maintenant de Guise.
Je suis très aise de la résolution que vous avez prise d'aller en cam-
pagne, mais je vous avoue que tous ceux qui sont de delà nous aians
mandé qu'outre le corps que vous laissez à M. Du Plessis Praslin vous
avez pour le moins dix mille hommes de pied en ce que vous menez
avec vous, et vos lettres ne portant que huit, si vostre petit secrétaire '
continue à diminuer de vos forces, je vous suplieray de me per-
mettre de le desarmer de sa plume, ainsy que je fis de son espée lors
qu'il vint à Amiens. Au nom de Dieu, monsieur, accoustumez vos
gens à ne rendre que les ennemis foibles. Cela est de très grande im-
portance et nous dégouste de telle sorte qu'il n'est pas possible de
plus. Au reste ayant le controole des trouppes que vous avez, et pou-
vant juger à quoy elles se peuvent monter par raison, ayant expéri-
menté plusieurs fois que vos secrétaires ne sont pas justes en leurs
calculs, je vous puis asseurer qu'ils n'ont pas le don de persuader.
J'espère que toutes vos affaires iront bien; j'en prie Dieu de tout mon
cœur, et vous de croire que je suis de toute mon affection. . .
de Noyers, à Mazarin et à d'autres. Dans
une lettre du 19 juin, sans suscription,
mais qui nous semble aller à Mazarin, il
dit : « M. de Turenne est gravement malade
de douleurs ; il s'est forcé pour servir au
siège d'Yvrée à cause de la conduite de
M. de Bouillon; il m'a confessé son cœur
en tels termes qu'il m'a tiré des larmes en
abondance.» (Fol. 172.) Turenne lui-même
écrit le 30 , aussi à Mazarin : a 11 y a 8 ou 9
jours je suis tombé malade avec lesmesmes
incommodités que quand je partis pour
aller à Lyon. J'ai grand peine à me servir
de mes mains tant je suis affoibli. » (Les
lettres de Turenne sont ordinairement au-
tographes, celle-ci est de la main d'un se-
crétaire.) Turenne se désole de ce que
cette maladie lui arrive au moment d'en-
trer en campagne : « Je vous suplie, ajoute-
t-il, de sçavoir de M^ le cardinal s'il trou-
veroit bon que j'allasse prendre des eaux.
Je ne parliray point de ce pays que je ne
sçache sa volonté. » (Fol. 180.) Et le lende-
main 2 1 il mande à peu près la même
chose à de Noyers. (Fol. igS.)
' Le s' de Moiroux.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
873
ï
CGLIX.
Arcli. des AIT. élr. Turin, t. XX XIV, fol. 263. —
Minute de la main de Charpentier.
A M. LE COMTE D'H.\RCOURT.
De Reims, le i4 juillet i64i.
Monsieur, vostre secrétaire a esté bien aisé à dépescher puisqu'il a
trouvé que tout ce qu'il venoil demander estoit fait avant son arrivée.
Je l'ay adverty dé prendre garde à sa conduite auprès de vous, pou-
vant vous asseurer que jusques-icy il a esté plus intéressé qu'il n'a deu
en choses qui préjudicient au service du roy et à la gloire que vous pou-
vez acquérir delà les monts. Je croy qu'il sera plus retenu à l'avenir.
Pour l'y obliger, je vous conjure de n'accorder aucuns passeports
aux officiers s'ils ne sont blessés ou malades. Le roy trouve extrême-
ment mauvais quand il sçait que les officiers reviennent de deçà. Et
au bout du compte, le plus grand motif de la liberté qu'ils prennent
est la facilité qu'ils trouvent à obtenir leur congé auquel on les favo-
rise auprès de vous pour l'utilité qu'on en reçoit ^
' Malgré toute l'alTeclion du cardinal
pour le comte d'Harcourt, allié do sa fa-
mille, il ne laisse pas de lui donner des
conseils où la bienveillance des paroles ne
couvre point tout à fait la sévérité de la
pensée. Les fautes du secrétaire, les re-
proches que méritent ces solliciteurs inté-
ressés, qui obtiennent du comte ce qu'il
ne doit pas accorder, touchent un peu,
quoique indirectement , le comte lui-même.
D'un autre côté LeTellier écrit à Maznrin :
• M. le comte d'Harcourt est plus fascheux
que jamais ; il ne peut endurer que l'on
parle des desordres des soldats. . . si on
propose de fortifier une garnison , la colère
le prend sy fort qu'il n'y a point d'homme
qui ose luy en parler. • (Lettre du 16 juillet.)
Et le 3 août : • Le désordre des gens de
guerre est au delà de ce qui se peut ima-
giner, sans espérance d'y remédier; et il y
a des choses sur cela que je ne puis escrirc;
je me réserve à vous les dire cet hiver. »
(Fol. 354) Il ne pouvait manquer d'arriver
quelque chose de tout cela aux oreilles
de f^ichclieu. Le comte s'en doutait, et se
justifiait auprès de la duchesse; il lui af-
firme qu'il a toujours maintenu la disci-
pline de l'armée, qui! a fait punir exem-
plairement ceux qui t se sont tant soit peu
"licenciez» et que ce sont les troupes du
marquis Ville qui pillent et brûlent. (Lettre
du 3 août, fol. 359.) Et enfin il se plaint à
Richelieu de ce qu'on a voulu le desservir
auprès de lui. (5 septembre, fol. 449-) C'est
CARDIN DE RICHELIEU. — VII.
874 LETTRES
Le roi s'en remet absolument à vous sur les desseins que vous avez proposés
en Italie.
M. de Chastillon s'est laissé battre bien malheureusement par des
gens qui ne se mettoient pas en estât de le faire. Dieu a voulu nous
humilier, et chastier M. le comte en mesme temps; le tout avec justice.
On l'autorise à choisir pour gouverneur de Chivas celui qu'il jugera à propos
de M" de Corbeil ou de Maison-Blanche; el on lui souhaite de bons succès.
CCLX.
Arch. des Aff. étr. Turin, t. XXXIV, foi. 867. — Minute de la main de Clierré.
A M. LE COMTE D'HARCOURT.
*
Du 5 aoust 1 (U 1 .
Monsieur, la lettre qu'il vous a pieu m'escrire sur le sujet de l'infi-
délité de M. de Lorraine ne m'a point surpris, n'attendant pas moins
de vostre affection au service du roy qu'une condamnation de la con-
duite de ce prince ^ . . . J'auray tousjours la consolation d'avoir porté
S. M. à luy faire ressentir les effects de sa bonté, et cette satisfaction
qu'en ayant abusé comme il a faict à la face de toute la Xpienté, il n'y
aura personne qui , admirant la générosité du roy, ne déteste sa perfidie.
Je suis extrêmement aise de la prise de Sève ^, qui , vous ayant donné
moyen de réduire en l'obéissance de M. de Savoie vme des meilleures
parties du Piedmont, vous donne encore plus de facilité de faire l'en-
treprise de Conis. Je prie Dieu que vous en ayez bientost une bonne
issue. , .
Je vous prie de faire en sorte, s'il y a moyen, de vous rendre
répondre un peu tardivement à la lettre secrétaire que de l'ijonneur et de la fidé-
du i" juillet ; la réponse est d'ailleurs assez lité. ...» et autres phrases pareilles,
vague à l'égard du comte aussi bien que ' On sait que le comte d'Harcourt était
de son secrétaire. « Je suis très-mauvais de la maison de Lorraine,
courtisan et très-fidèle serviteur de V. * Ceva, ville alors fortifiée, à 19 lieues
Em.. . . je n'ay jamais recogneu en mon sud-est de Turin.
DU CAHDINAL DE RICHELIEU. 875
maislres de Revel soil par suqirise durant le siège de Conis, soit en
l'attaquant de force tout âussytost que ce siège sera achevé . . . Conis
pris, Revel ne pourra recevoir de secours de pas un lieu. Je me remets
de cette affaire à vostre prudence et à vos soins, que je feray valoir au
roy ainsy que vous le pouvez désirer. J'en souhaitte le succez avec
d'autant plus d'affection que cette place, quoyque petite, est fort con-
sidérable à cause de Pignerol. Vous conduirez le tout sy secrètement
que-personne ne puisse juger que vous ayez un ordre plus précis
pour vous rendre maistres de cette place que des autres que tiennent
les ennemis.
Je ne doute point que vous n'ayez ressenti la perte de M. de Cois-
lin avec beaucoup de douleur, sachant comme vous l'aimiez. Pour
moy, j'en suis sy affligé que je ne m'en puis consoler. Il fault néant-
moins se sousmettre aux volontez de Dieu en toutes choses. Je le con-
jure de tout mon cœur de vous conserver, et vous de me croire véri-
tablement. . .
CCLXI.
Arch. de» Aff. élr. Turin, t. XXXIV, fol. 891. —
Minute de la main de Cherré.
A MADAME DE SAVOYE.
Du 1 2 aoust 164 1.
Félicitation sur la conduite qu'elle tient en ce moment.
Comme j'ay tousjours désiré avec beaucoup de passion vostre union
avec le roy, povu l'avantage que V. A. et M. vostre filz en peuvent
recevoir, j'ay voulu sçavoir le détail de la conduite que vous tenez à
présent, de laquelle M. Mazarin m'ayant particulièrement informé,
je n'ay pas manqué d'en entretenir le roy, qui en a esté sy satisfait
qu'il ne s'y peut rien adjouster, non plus qu'au désir qu'il a de vous
continuer les effects de sa protection, de laquelle vous vous pouvez
tenir très-asseurée , aussy bien que de mon très-humble service.
876 LETTRES
Les excessives despenses auxquelles le roy est obligé en ce moment
ne luy permettent pas de vous donner toutes les assistances qu'il
voudroit; néantmoins je n'ay pas voulu que le s' Bourouze s'en re-
tournast sans vous porter les preuves de sa bonne volonté. Le dit
s' Bourouze m'a entretenu de tout le zèle avec lequel vous assistez
les troupes du roy en Piedmont.
La part qu'il a pieu à V. A. me donner des propositions d'accom-
modement qui luy ont esté faictes par un Capucin de la part de M" les
princes , et de la response qu'EUe luy a faicte est un effect de vostre
prudence et de vostre bonté tout ensemble. Je vous puis asseurer
qu'en usant de la sorte vous mettrez vos ennemis au désespoir, et, en
obligeant le roy, verrez vos affaires et celles de M. vostre filz de plus
en plus en meilleur estât. V. A. est trop clairvoyante pour ne cognoistre
pas que toutes les fois que M" vos beaux frères tesmoignent se vou-
loir accommoder avec vous , sans premièrement s'adresser à la France,
ce ne sera que pour tirer des advantages de la négociation, et vous
perdre si elle avoit effect. . .
Je me suis d'autant plus resjouy de la prise de Sève que les troupes
de V. A. y ont eu la meilleure pari. . . J'espère que cette prise sera
suivie de celle de Conis, . . . qui ramènera à l'obéissance un des meil-
leurs et plus considérables pays du Piedmont.
Les affaires du roy en Allemagne et en Europe sont, grâces à Dieu,
en fort bon estât; et, poiu" celles de ces quartiers', nous n'avons rien
à désirer davantage, comme vous apprenez, je m'asseure, par les dé-
pesches de M. le comte de Mocette ^.
' Le cardinal était alors avec le roi en sidenl Morozzo , — à Dom Félix ', — au
Champagne, l'un et l'aulre allaient cou- marquis de Saint-Germain. Nous n'avons
cher à Reims le 13 août. point trouvé ces lettres: le compliment
' Au bas de cette minute, Cherré a était-il sur la bonne conduite dont Riche-
écrit : «Lettre de compliment au marquis lieu félicitait leur maîtresse?
Ville, — à l'abbé de la Monta, — au pré-
* Dom Félix de Savoie, lieutenant général du comté de Nice. Il était iils naturel de Chartes Emmanuel.
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
87-
CCLXII.
Arch. des Aff. étr. Turin, t. XXXIV, fol. àbi. —
Mise au net, de la main de Cherré.
A M. LE COMTE D'HARCOURT.
5 septembre i6i i .
Monsieur, estant important à la réputation du roy de faiie co-
gnoistre à tout le monde que S. M. n'a autre but dans la guerre qu'elle
faict en Pied mont que de restaJjlir M. le duc de Savoie en la posses-
sion de ses estats, et l'authorité de Madame au point qu'elle doit
eslre, S. d. M. s'est résolu de remettre la place de Conis^ entre les
mains de S. A., lorsqu'elle sera réduite en son devoir, pour estre
gardée sous le nom de M. le duc de Savoye, mais à des conditions
qu'elle n'en puisse abuser par mauvais conseil.
Pour atteindre ce but, la duchesse mettra pour gouverneur un mestre de camp
de ses troupes, le s' de Senantes que le roy choisit, laissant à Madame « l'appa-
rence de la nomination; • elle mettra à sa place dans Besme le s' de Marolles, et
en Ce va, ccluy de ses mestres de camp que vous jugerez plus à propos. Le s' de
Senantes fera serment à Madame de garder la place.
11 en fera un autre à part , entre vos mains , qu'il vous donnera par
escrit, signé de luy, par lequel il promettra de ne remettre jamais
ladite place de Conis, sans le consentement de S. M. et par son exprès
commandement. Il sera de vostre adresse de faire valoir, en temps et
' Le cardinal écrit en même temps à la
ducliesse : « . . .V. A. trouvera bon de con-
certer avec M. le comte d'Harcourt pour
ne mettre dans cette place aucun gouver
neur qui ne soit agréable à S. M. ny au-
cune garnison dont elle ne puisse estre as-
scurée pour V. A. > et il ajoute des compli-
ments peu sincères sur sa bonne conduite
et sur « tant de preuves qu'elle a données
de sa passion pour la gloire et l'avantage
de S. M. « Richelieu use volontiers de ces
faux compliments comme d'un encourage-
ment. Cette lettre, préparée pour la signa-
ture et devenue minute à cause de correc-
tions, se trouvant sans date, a été classée
à la fin d'octobre , fol. SSg.
878 LETTRES
lieu, à Madame, le procédé du roy en ce sujet et la pureté de ses in-
tentions.
Richelieu annonce la copie d'une lettre qu'il écrit à la duchesse de Savoie sur
le sujet de Conis; cette copie n'est pas ici. — Le roy trouve bon que M. de Saint-
André serve de maréchal de camp en l'armée du comte d'Harcourt.
Je me resjouy du bon succez que vous avez eu à Querasque ', où
vostre prévoyance n'a pas peu contribué, j'espère qu'il sera suivi de
plusieurs autres encore plus glorieux pour vous, et le souhaitte de
tout mon cœur comme estant. . .
CCLXIII.
Dépôt de la giicrre, t. LXVI, pièce Sg*. —
Minute de la main de Charpentier et de celle de de Noyers.
INSTRUCTION POUR MONS. RELJAME'.
A Nesle, le 26 septembre i64i.
Il faut recevoir les diverses plaintes des habitants, et pour leur
osier la crainte qui les pourroit empescber d'en faire, il les faut as-
■seurer que le s"" de Saint-Preuil ne rentrera jamais dans le gouverne-
ment d'Arras.
Il faut informer des diverses violences qu'il a commises depuis
' Notre ms. nous donne une relation de clielieu, en ajoutant quelques développe-
l'iittaque et défense de Querasque. [Fol. U^o.) ments sans importance. (Même tnanus-
" V-oy. sur le s' de Beljame notre i" vo- crit, fol. Sy , 38.) — La matière n'est point
lume, page 716, note. En i64i il était in- datée, nous adoptons la date que donne
tendant de l'armée de Picardie. — Le l'expédilion faite dans les bureaux du se-
titre mis à cette instruction est de la main crétaire d'Etat de la guerre. Le cardinal était
de de Noyers, qui écrit en tête : 0 II la à Chaulnesle 26 , mais le roy, au nom du-
l'aut dresser en forme d'instruction du quel s'écrivait l'instruction, était à Nesle;
roy. n Le premier commis de la guerre il ne vint joindre le cardinal à Chaulnes
chargé de ce travail a suivi à peu près que le 28.
textuellement la matière dictée par Ri-
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 879
qu'il est gouverneur, tant envers les habitants qu'officiers du roy el
autres particuliers; de ses diverses concussions. . .
El le cardinal continue ainsi, en recherchant et indiquant au juge, avec le
soin le plus minutieux, tous les points sur lesquels peut porter l'accusation. Nous
avons déjà montré, en diverses occasions, que Richelieu avait pour habitude de
préparer ainsi, dans certains cas de crime d'Etat, le travail des magistrats instruc-
teurs, et il y déployait une très-grande habileté. Nous ne donnons point la pièce
entière, mais nous devons la signaler comme un exemple remarquable de la fer-
meté du cardinal dans l'exercice d'une justice sévère, à l'égard de ceux mêmes
pour lesquels il avait toujours montré des sentiments de bienveillance et d'afTec-
tiou. Ce sont là, aux yeux de l'historien, des motifs d'atténuation au blâme de
cruelles rigueurs qu'on lui a bien souvent et trop justement reprochées; ici la
sévérité était de bonne justice.
S'-Preuil avait été arrêté le 2 A septcn)bre par le maréchal de La Meilleraie,
envoyé à Arras avec des troupes. On peut lire les circonstances de cette arresta-
tion, racontée par M. Janvier, p. 76 de la curieuse brochure que nous avons déjà
citée, et où il a réuni avec beaucoup de soin les documents et les témoignages
concernant cette affaire , peut-être avec un peu trop de désir de trouver son héros
innocent (notre t. V, page 1029). S'-Preuil, condamné à avoir la tête tranchée,
fut exécuté à Amiens le 9 novembre. On attribua sa mort à des vengeances parti-
culières. Ses crimes véritables, disait-on, ce n'étaient ni ses concussions, ni ses
cruautés dans le gouvernement d'Arras, ni l'attaque de la garnison espagnole de
Bapaume, marchant sous la protection de la parole royale; c'était, en effet, selon
les uns, l'animosité du secrétaire d'Etat de la guerre, dont il avait bàtonné un
parent, commissaire des guerres; c'était, selon les autres, un soufflet donné au
maréchal de La Meilleraie; et, selon d'autres encore, c'était la jalousie du cardinal,
auquel S'-Preuil avait enlevé une maîtresse, la maréchale de Ghaulnes. Cepen-
dant, une chose certaine c'est que S'-Preuil avait commis toutes sortes de vio-
lences et d'excès dans son gouvernement et faisait détester la domination fran-
çaise dans un pays nouvellement réuni à la couronne. On peut donc croire que
cet officier, qui avait toujours été entièrement dévoué au cardinal, ne fut sacrifié
qu'à la raison d'État. La Gazette du i4 novembre annonça son supplice dans un
article évidemment sorti du cabinet de Richelieu, et où l'on remarque cette
phrase : « Ce gentilhomme a eu cet avantage qu'il a esté regretté du roy , et de
S. Em. qui eust fait grande instance pour sa grâce, si les considérations de l'Estat
ne prévaloient tousjours en luy à ses affections particulières. » Les gens bien infor-
més ne se trompèrent pas à cet égard; Henri Arnauld, dans une lettre du 16 no-
880 LETTRES
vembre, écrivait avec une remarquable sagacité : « Vous avez bien creu , je m'as-
seure, que ce que l'extraordinaire de jeudy dicl de sa mort n'est pas du stille de
Renaudot, et que le mémoire en a esté envoyé d'en hault. On a voulu que cette
mort satisfeit les ennemis pour Taffaire de la garnison de Bapaulme et servist à
faire voir aux Flaments que le roy les veult traitter avec toute sorte de douceur,
affin d'essayer à les attirer par là. » Ajoutons qu'en ce moment même Richelieu
donnait une nouvelle preuve du sacrifice de ses sentiments particuliers aux inté-
rêts de la France, par la disgrâce d'un homme bien plus avant que S'-Preuil dans
son intimité, l'archevêque de Bordeaux, dont il faisait examiner la conduite
avec une rigoureuse sévérité. Il semble qu'on aurait dû trouver dans l'article de
la Gazette une explication qui pouvait dispenser de beaucoup de conjectures.
Rappelons aussi une lettre que nous avons citée ci-dessus, page 297, où
Louis XIII explique à son frère, le duc d'Orléans, protecteur de St-Preuil, les
raisons de son arrestation; et ces raisons n'étaient que trop réelles. Enfin, pour
tout peser, pour être tout à fait juste, il ne faut pas non plus oublier que Riche-
lieu avait un intérêt personnel dans le châtiment; il ne pardonnait à personne, et
pas à ses amis plus qu'aux autres , des fautes qui nuisaient à ses desseins et pou-
vaient compromettre le succès de sa politique.
CCLXIV.
Arch, des Aff. étr. Turin, t. XXXIV, fol. 627. —
Minute de la main de Cherré.
RÉPONSE
AUX PROPOSmOlNS D'ACCOMMODEMENT DU PlUNCE THOMAS.
3 octobre 1 64 1 .
Le procédé que M" les princes de Savoie ont tenu avec le roy pen-
dant que S. M. n'oublioit rien de ce qui deppendoit d'elle pour les
contenter et procurer par ce moyen le bien de leur maison et de
leur particulier, ne convie nullement S. M. à entendre aux nouvelles
propositions qu'ils font, . . S. M. se souvenant qu'après avoir accordé
au Messerati tout ce qu'il tesmoigna eslre désiré de ces princes, ils
ne laissèrent pas de demeurer attachez aux Espagnolz comme devant.
Après avoir résumé les mauvais procédés du prince cardinal et du prince Tho-
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
881
mas contre la France, Je cardinal ajoute que le grand désir qu'a S. M. de voir
rétablir l'union dans la maison do Savoie porte le roi « à oublier le passé et il
consent à deppartir aux dits princes les niesmes grâces qu'elle leur avoit cy-
devant accordées, pourveu qu'au plustost ils quittent le party d'Espagne et facent
voir par effects. . . qu'ils n'ont pas pour but, ainsy que S. M. en est advertye, de
tascher, par le moyen de la négociation, d'arrester le progrez de ses armes, pour,
au commencement de la pi'ochaine campagne, continuer leur union avec les Es-
pagnolz. . . Pour lesnjoigner tousjours ses bonnes intentions, le roy conseille à
Madame de consentir que le prince Thomas, assisté des armes de S. M., prenne
«Ml la ville et la citadelle d'Ast le tiltre de lieutenant de M. le duc, son neveu. »
Au surplus, le traitté avec M. le prince Thomas est laict et signé.
Celuy de M. le prince cardinalsy advancé que, se voulant contenter
de la raison, on ne peut renconirer aucune difficulté dans la conclu-
sion. Et, en celuy de M" les princes avec Madame, il semble qu'il
n'y aura pas grand peyne à y mettre la dernière main', puisque Ma-
dame a consenty presque à tous les points que les s" comte de ÎNIeulan
et auditeur Moneti firent cognoistre estre désirez de M" les princes. . .
Le roy ne prétend point se prévaloir des advantages de ses armes,
des pertes que lesdits princes ont faites en Piedmonl, et du mauvais
estât dans lequel sont les intérests des Espagnolz desquels ils sont
protégés, pour diminuer les grâces et le bon traittement qu'il leur
avoit dernièrement accordé; mais S. M. a bien sujet de trouver es-
Irange, après ce qui s'est passé, les prétentions qu'a à présent M. le
prince Thomas, qui ne les pourroit avoir plus grandes s'il se fust
rendu maistre de Querasque, que M. le comte d'Harcourt n'eust pas
' La négociation ne fut pas si facile
avec ces princes, auxquels on ne se fiait
pas et qui eux-mêmes se méfiaient de Ri-
chelieu; et lorsqu'au mois de mars de
l'année suivante on était parvenu à uue
rédaction des traités, le cardinal man-
dait encore au nouvel ambassadeur d'Ai-
guebonne : « Pour ce qui est du traitté
enire Madame el les princes. . . le roy ne
peut donner conseil à Madame de trailler
avec lesdits s" princes sans toutes les con-
ditions ci-dessus, parce qu'on n'estime
pas que sans cela il y eusl seureté pour
elle et pour M. le duc de Savoye, son filz.
Ledit s' ambassadeur luy fera cognoistre
les senlimens de S. M. sur ce sujet, et
dira neltement n'avoir point d'ordre d'ap-
prouver son traitté avec lesdits s" princes
s'il n'est conforme aux observations qui
luy ont esté envoyées. • (Turin, t. XXXV,
fol. 94 v°.)
CARDIN. DE RICHELIEU.
882 LETTRES
heureusement achevé l'entreprise de Gonis, et que les armes de S. M.
n'eussent pas eu des advantages sy notables de tous costez comme ils
en ont remporté. Et il semble qu'il les devoit d'autant pl:is modérer
qu'on sçayt bien de quelle façon il est traitté des Espagnolz, et qu'en
se remettant aux bonnes grâces de S. M., outre les advantages qu'il en
reçoit, celuy que luy donne la mort de M. le Comte n'est pas peu
coKsidérable, duquel S. M. sera contraint de le priver, s'il continue à
demeurer uni avec les ennemis.
NOTA.
Vers la fln de juin, le duc de Lorraine passait aux ennemis, en couvrant sa
défection de paroles ' auxquelles on n'ajoutait qu'une confiance bien inquiète. Le
3 juillet encore, Richelieu s'efforçait de ne pas croire à une telle déloyauté^, et
tâchait de rappeler le duc au sentiment de l'honneur^. Presque au même moment
M. Du Hallier écrivait à de Noyers, secrétaire d'Etat de la guerre, une lettre
chiffrée : « Le duc de Lorraine a envoyé à Pont-à-Mousson demander au S'^ Mou-
chot des vivres pour son armée, j.'ay ordonné de luy en donner; en mangeant le
pain du roy, il y a apparence qu'il veut servir*. » Mais la conscience du duc de
Lorraine ne s'embarrassait guère de ces sortes de scrupules , et au moment même
où il se joignait aux Espagnols, il mandait à Du Hallier, avec force protestations de
fidélité, qu'il était décidé à faire ce que S. M. désirait de lui^ Cependant, malgré
ces procédés de plus en plus équivoques, le cardinal ne se lasse pas ; il fait porter
au duc, le 23 juillet, de nouvelles assurances des sentiments affectionnés du roi,
et le messager, M. de Saintaoût, était un personnage qui avait la confiance de
M. de Lorraine ''.
Enlin il n'est plus possible à Richelieu de se faire illusion, ni au duc de dissi-
muler; la trahison éclate, le cardinal en reçoit de tous côtés la nouvelle. Alors il
envoie des troupes et un équipage d'artillerie ^ à M. Du Hallier pour attaquei
vigoureusement l'armée du duc de Lorraine, dont il avait en vain attendu l'ad-
' Aff. étr. Lorraine, t. XXXIl, pièce 1^1, ^ Affaires élrang. [lièce i4o. La ietlrp
2 juillet. — Voy. ci-après aux Analyses, est datée de Sirck, le 1 1 juillet.
7 juillet i6Ai . ° Ci-dessus, page 292. Les instructions
' Ci-dessus , page 288. données à M. de Saintaoût sont conser-
' Ci-après auxAnalyses, date du ^juillet. vées dans le même nianuscril, pièce i54-
' Lettre du 9 juillet, Affaires étrang. ' Le 9 août, arcli. des Aiï. étr. Lor-
pièce iSg. raine, t.XXXII, pièce 161. (Aux Analyses.)
DU CAMDINAL DE JnCHELIEU.
883
jonction jM-omise par le traité du 29 mars. Et notre manuscrit nous donne un
mémoire où la conduite du duc est amplement exposée '. Ce qui serait incroyable
de la part de tout autre que du duc Charles, c'est qu'en pleine révolte il
essayait encore de tromper Richelieu par de fallacieuses paroles et d'hypocrites
déclarations. Nous avons une lettre à l'un Je ses agents, le marquis de St-Martin,
où, prolestant de son dévouement, il déclare qu'il est prêt à se rendre aux
volontés du roi; et, par son ordre, Si-Martin écrivait à M. Du Rallier : «S. A.
désire avec passion demeurer au service du roy... Si vous désirés que je vous aille
porter ma tesie pour asseurance de tout ce que je vous escris, je n'y manqueray
pas^. » Mais ces vaines protestations ne sont plus de saison; selon les ordres du
cardinal on le poursuit à outrance , la Lorraine est entièrement conquise, excepté
Lamotte, toutes les villes sont retombées entre les mains du roi'; alors le pauvre
prince se rend à merci, il s'excuse, il se plaint de ce que sa mauvaise fortune
luy a fait encourir de nouveau la disgrâce du roy et de S. Em. il gémit des
persécutions qui l'accablent tousjours *. Il envoie M. de la Marlinière chargé de
porter à la Cour ses supplications et de tâcher de faire sa paix.
Le cardinal dicte à Chavigni le langage qu'il doit tenir dans son entrevue
avec cet envoyé.
— « M. de Chavigniy peut dire de bouche ce qui s'ensuit à M. de La Martinière,
et s'il a peur de ne le retenir pas, il luy peut laisser escrit de sa main :
« Le duc Charles de Lorraine ayant premièrement envoyé le S' de La Martinière,
en août 1641, lorsque led. duc estoit avec ses troupes proche deValenciennes,pour
supplier le roy de le recevoir en sa grâce, et depuis renvoyé aux mesmes fins au
mois de septembre le mesme La Martinière, avec le S' Gervais, son secrétaire;
après avoir apris d'eux que led. S"^ duc s'excusoit de ne pas avoir exécuté ce
qui estoit porté par son Iraitté, sur divers avis qui luy avoient esté donnés par
certaines personnes, qu'il offroit de nommer au roy,, qu'il n'y avoil point de seu-
reté jx>ur luy dans le service de S. M., ce à quoy il avoit adjousté foy; S. d. M.
-m'a commandé de dire auxd. Gervais et La Martinière que, bien qu'ils ayent
tesmoigné que lesd. avis viennent du Chevalier de Lorraine, qui les a donnez à
S. A. de la part de M"" Du Hallier, sa mère, elle ne peut faire aucune response
' Cette pièce nous semble avoir été
composée pour être insérée dans la suite
des Mémoires de Richelieu. C'est un auto-
graphe de la main de de Noyers, coté 1C7
et daté du 3 a août. Il manque quelque
chose au manuscrit, dont la 6* page finit
au milieu d'une phrase.
' Mêdie manuscrit, pièces 168-173,
2 3 et 28 août.
^ Lettre de Richelieu du 10 septembre,
notre VT volume, page 871.
' Trois lettres originales au roi , au car-
dinal, à Chavigni du 3 septembre, pièces
178-180 du luanuscril précité.
884 LETTRES
aud. duc Charles, sans auparavant sçavoir distinctement de sa part qui sont ceux
qui luy ont donné des avis pour le destourner de l'exécution de ce qu'il avoit pro-
mis au roy. — Faict à Chantilly, le 19° septembre i64i '■ •
— « S. Em. peut mander comme de luy mesme à M. le duc de Lorraine que le
seul moyen qu'il a de sortir d'affaires avec le roy, ensuite de ce qui s'est passé,
est de recognoistre ingénuement sa faute, et suplier le roy de la luy remettre
ainsy qu'il a fait celles du passé.
« Que pour seureté qu'il n'aura autre pensée à l'avenir que vivre en repos et
servir S. M. il ne veut plus avoir de troupes, et luy remet toutes celles qu'il a a
présent; et que, pourveu qu'il plaise à S. M. le recevoir en sa grâce, il ne luy
demande autre chose qu'un lieu pour vivre dans la Lorraine , et moyens d'y sub-
sister, en attendant la conclusion de la paix, temps auquel il plaira à S. M. luy
j)romettre dès cette heure le faire jouir du trailté dernier faict à Paris.
«M. de Lorraine n'ayant plus de troupes, le roy luy pourroit rendre Ilemire-
raont et Espinal pour demeurer à La Motte, et aux deux lieux susd. Et luy donner
pour vivre jusques à la paixcentmille escus par an qui luy seront payez comptant
de mois en mois, le roy jouissant de la Lorraine ainsy qu'il faisoit auparavant. »
Le cardinal écrit lui-même au duc une lettre dont nous avons donné ci<lessus
l'analyse ^. Richelieu avait résolu de ne plus se mêler de ses affaires, mais enfin il
jugea utile décéder à ses supplications; les négociations se poursuivent. Pendant
ce temps, les troupes qui restaient encore au duc, se voyant à peu près abandon-
nées par leur général, se dispersent. Un S' V'ignier écrivait à de Noyers le 24 sep-
tembre, de Nancy* : « Le duc de Lorraine est fort embarrassé; il a envoyé M. de
Lénoncourt à M. Du Hallier , ses troupes sont en termes de se débander, et si nostre
armée estoit aux environs de Nancy, officiers et soldats l'abandonneroienl. .. »
Il faut bien s'humilier de nouveau, et nous trouvons, à la date du 26 septembre,
une déclaration signée Charles de Lorraine expliquant que sa conduite, dont il se
repent, lui a été inspirée par des rapports disant qu'on en voulait à sa personne.
Et avec cette déclaration nous avons trois lettres originales du duc, au roi, à'
Richelieu et à Chavigni *. M. Du Hallier reçut ordre de s'aboucher avec ce prince.
' Au bas de celte pièce, La Martinière net de la main de Cherré est dans ce vo-
certifie que foriginal a été remis en ses lume, cotée ao5. Cette mise an net, datée
mains le i cj septembre. (Aff. étr. Lorraine, du 7 octobre, réunil les deux pièces sans
t. XXXII, pièce 1 85.) Le feuillet précédent, faire aucune distinclion et comme si ce
18A, contient au reclo une transcription n'était qu'un seul mémoire, confusion qui
(In langage que devait tenir Cliavigni, et rend la pièce tout à fait inintelligible,
au verso les trois paragraphes que nous ^ Page 296.
donnons ici, à la suite des paroles de Clia- ' AIT. étr. etc. pièce 187.
vigni : «S. Em. peut, etc.» Une mise au ' Ibid. pièces 188-192.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 885
• Ces trois mots, lui mandait S. Em. le i" octobre, ne sont que pour accompa-
gner la lettre qu'il plaist au roy vous escrire, par laquelle vous verres la confiance
qu'a S. M. en vostre personne ^ »
Nous ne trouvons pas cette lettre du roi, mais le résultat des pourparlers de
M. Du Hallier et du duc fut que le roi était disposé à pardonner et à faire payer
ce pardon assez cher; c'est ce qu'on peut conclure de la lettre suivante de
Richelieu.
CCLXV.
Arcli. des Aff. étr. Lorraine, t. XXXII, pièce ao6. —
Minute de la miin de Cherré.
AU DUC DE LORRAINE.
7 octobre i64 1-
Monsieur,
Voslre Altesse recognoissant sa faute comme elle faict, je ne
manque point de bonne volonté de procurer sa réconciliation auprès
du roy, pourveu qu'elle trouve des moyens qui puissent pourl'advenir
donner asseurance contre les changemens inopinés qui arrivent quel-
quefois en sa conduite. En suite du mémoire que le s' de La Marti-
nière a rendu de vostre part à M. de Chavigny, S. M. a envoyé quérir
M. Du Hallier pour s'en esclaircir, ce à quoy je liendray soigneuse-
ment la main. Reste à Vostre Altesse à me donner le moyen de la
servir auprès du roy, en s'establissant une façon de vivre si réglée,
qu'elle puisse effacer de l'esprit de S. M. les impressions qu'elle a
receues de vos depportemens passés. En ce cas, je seray très-ayse
de vous tesmoiguer que je suis. Monsieur,
Vostre très affectionné serviteur.
CGLXVI.
[LE ROY A M. LETELLIERl]
Verbrye, a 7 o.tobre i64i.
Monsieur Le Tellier, voulant pourvcoir à ce que le quartier d'hyver
' Cette minute, cotée if)8, t. XXXII de ' Nous avons dit que le futur chance-
Lorraine, est de la main de Chavigni. lier était alors intendant de l'armée d'Ita-
886 LETTRES
prochain des troupes de mon année d'Italie soit establi avec le bon
ordre nécessaire pour le maintien d'icelies et pour la conservation
du pays.
Soulager autant qu'il se pourra les lieux voisins de Turin, où réside la prin-
cesse sœur du roy . . .
S. M. ayant fait de si grandes despenses pendant la campagne , il est bien rai-
sonnable que le Piedmont porte pendant l'hyver la despense des Irouppes.
Détail des mesures à prendre :
Faire un rôle général de ceux qui n'ont pas servi dans la campagne de la pré-
sente année, tant afin de faire le chastiment quils méritent que pour empescher
qu'il ne leur soit rien payé.
Donner part à ma sœur la duchesse de tous les ordres donnés pour les quai
tiers d'hyver.
Arch. des Aff. étrang. Turin, t. XXXIV, fol. 711. Copif en marge de laquelle
Le Tellier a fait écrire la réponse aux divers articles de la dépêche du roi.
CCLXVII.
Arch. des Aff. élr. Turin, t. XXXIV, foi. 664 — Minute de la main de Cliarpentier.
A LA DUCHESSE DE SAVOIE.
9 novembre i64 i.
Madame,
Je prendray tousjours part à ce qui vous arrivera de bien et de
mal. Je suis extrêmement aise qu'en Testât présent de vos affaires
j'ay à me resjouir des bons succez au lieu de plaindre les mauvais. La
reddition de Démon ^ et de Revel en suite de la prise de Cauny accom-
modent grandement vos affaires . . . J'ay sceu ce qui se passe entre
V. A. et M. le comte d'Harcourt. . . Il importe qu'on ne croie pas
en Italie et en toute la Xpienté que vous ayez mesfiance ou jalousie
des armes du roy . . .
lie. Il devint bientôt secrétaire d'État di; ' Démonte, ville de Piémont avec une
la guerre, à la place de de Noyers, dont citadelle, sur la Slura, à quatre lieues de
Mazarin, premier ministre, ne s'arrangea Coni. ( Voy. une lettre au comte d'Har-
pas longtemps. court, a novembre, aux Analyses. )
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
88:
Je vous avoue, Madame, que je ne sçaurois croire que vous ayez
contribué aux conrlilions qu'on dit que le gouverneur de Revel a
voulu mettre en sa capitulation, veu que ce seroit chose aussy hou-
leuse pour le royque préjudiciable à vos afifaires qu'une telle pensée
vint de V. A. . . . II est vray qtie les ordres qu'on dit avoir esté don-
nez de ne recevoir pas les gardes du roy dans Revel ' sont de telle
conséquence que si on ne les avoit teus au roy, il n'auroit pas permis
qu'elles servissent davantage en Italie, après avoir receu un tel af-
liont. . . M"* les comtes de Moret et de Cuniianes, et le s' d'Aigue-
bonne, par ses lettres, m'ont tellement asseuré qu'il n'y a chose que
vous ne vouliez faire pour dissiper la mauvaise impression qu'on a
prise sur le faict de Revel que je ne doute point que vous ne mettiez
en pratique ce qu'ils ont dit estre en vostre intention. . .
Je ne responds point à V. A. sur le sujet du comte Pbilippe,
parce que j'en ay entretenu au long M. le comte de Cumiane - . . .
J'ose l'asscurer qu'il est de son service qu'il soit au lieu où il est.
' Le c mte d'HarcourI avnit ninndé à
Kiclielieu, le a/i octobre : « Madame a eslé
fort en colère que j'aye envoyé des troupes
à Revel et m'a dit que le marquis de Pia-
nezze n'en avoit pas besoin ; elle luy a donné
ordre de ne pas les recevoir. • ( Voyez la
lettre suivante.)
' Richelieu répond ici à une lettre du
5 octobre où la duchesse le prie de consi-
dircri combien l'arrest du comte Philippe
a louché mon otorité et ma réputasion , et
combien vous mesmes estes heureux de
me la conserver . . . Si jamais mes humbles
prières ont eu quelque pouvoir sur vous ,
je vous supplie de me le faire paroistre en
donnant la liberté au comte Philippe. Je
ne veux point recoure o roy M. mon
frère, je la veux de vos prièie, et je vous
en conjure pour mon bien et pour vostre
gloire. J'ay dict au comte de Guuiiene de
vous la demander en mon n^m. • La du-
chesse (init par de nouvel'es supplications
au sujet de sa réputation. (Autographe,
fol. 545 du ms. cité aux source.) Nous
supposons que ce qui est dit ici du comte
de Cumiane se rapporte à un mémoire
que nous trouvons placé tout au commen-
cement de l'année i6/ia, dans le lome
XXXVI de Turin, où on l'a classé au ha-
sard, parce qu'il n'est pas daté. C'est une
copie en tête de laquelle on a mis : Mé-
moire donné par M. l'ambassadeur de Savoie.
La pièce est en italien; parmi ses argu-
ments , l'ambassadeur représente que
même dans l'opinion de tous ceux qui dé-
siraient l'éloignement du comte Philippe,
son enlèvement et sa détention sont consi-
, dérés comme un fait inquiétant, cl que,
do cette violation des droits de souverai-
neté du jeune duc de Savoie, les princes
tirent cette conclusion : (|u'il n'y a aucune
sûreté pour eux dans leurs liaisons avec
888 LETTRES
pour les considérations particulières dont je me suis ouvert audit
s' de Cumiane. Je croy que les mesmes raisons obligent V. A. à
faire bien garderie Père Monot^
Pour conclusion, je la suplie de croire qu'en toute occasion où il
ira de son service, je m'y porteray avec le mesme zèle qu'elle sçau-
roit faire elle rnesme, les intérests de sa réputation, de son conten-
tement et de ses affaires m'eslans plus chers que les miens propres.
Après cela, il ne me reste qu'à la remercier du beau présent que
M. le comte de Moret m'a dit qu'elle me vouloit faire des ouvrages
de Pietro Ligorio^; ils seront éternellement gardés en ma maison
pour marque de la bienveillance d'une grande princesse que j'hono^
reray toute ma vie comme estant. (Voir aux Analyses, le 2 novembre,
au comte d'Harcourt.)
CCLXVIII.
Arch. des Air. élr. Turin, t. XXXIV, fol. 669. —
Minute de la main de Cherré.
A M. LE COMTE D'HARCOURT.
1 1 novembre i64i.
. . .Nous avons adjusté l'affaire de Revel avec Monsieur l'ambas-
sadeur de Savoie ainsy qu'il s'en suit :
Si la place n'est point encore rendue et que les gardes ayent encore
la France : « che seben molli desiderassero aussi d'une entreprise formée par un ca-
che fosse aloQtanato da M. R. , tutti pero pucin sur Montmclian el même sur la
disapprovano il modo di averlo alontanato, personne du jeune duc de Savoie. (Lettres
che non piacerà ai principi medesimi, li- des 16 et aa octobre.)
quali crederanno di non potersi accostare ' Charles-Emmanuel, heaupère de la
al partito di Francia con sicurezza, ne duchesse, avait acheté pour une somme
troveranno buono che si sia violala la giu- de 1 8,000 ducats les manuscrits accom-
risditione del duca. • pagnes de dessins du célèbre architecte et
' Le comte d'Harcourt avait informé archéologue napolitain Pietro Ligorio.C est
Richelieu d'une tentative du P. Monod apparemmentcelte collection dont Madame
pour s'évadt-r du château de MiolanS', el faisait don à Richelieu.
t
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 889
le poste que vous leur avez faict prendre, et que celuy qui commande
dans Ja place ne face point de difficulté de la rendre aux François,
nous avons arresté qu'ils y entreront les premiers et qu'après y avoir
esté quatre ou cinq jours, vous la ferez remettre à qui Madame com-
mandera.
Si aussy le gouverneur ne veut pas remettre la place aux Fran-
çois, vous ferez retirer les gardes sous le prétexte que vous estimerez
plus à propos; et les troupes de Madame recevant la place, après
qu'ils l'auront gardée huit ou dix jours, ils la remettront entre vos
mains. . .
Si la place est entre vos mains, vous irez trouver Madame et luy
direz que pour luy faire voir que vous n'avez prétendu autre chose
que conserver l'honneur des armes du roy, vous avez charge de la
luy remettre, et elle y fera entrer quelques troupes sy asseurées
qu'elle n'y puisse estre trompée.
Si les troupes de Madame y sont entrées, elle vous la fera remettre
entre vos n)ains, et vous y establirez une garnison bien asseurée.
Vous vous y gouvernerez avec les civilitez requises envers Madame,
qui désire fort que le malentendu soit raccommodé . . .
La première chose à quoy il fault buter est de faire voir en toute
l'Italie qu'il n'y a point de mesBance ny de division entre le rov et
Mad
ame
Je ne sçaurois vous tesmoigner le desplaisir que j'ay de la peyne
que vous donne l'affaire de Revel. M. l'ambassadeur et moy avons avisé
à tous les moyens par lesquels V. A. peut avoir entier contentement.
J'en escris amplement à M. le comte d'HarcQurt, qui ne manquera
pas d'y contribuer tout ce qu'il pourra ... Ce qu'il a fait n'a esté
que de peur d'estre blasmé s'il ne procuroit pas aux armes du roy et
à ses gardes particuliers l'honneur qui leur est déféré en tous les
lieux où elles se trouvent. Il sçaura Lien vous rendre toutes sortes de
respects en toute occasion. Et moy, Madame, etc.
' A la même date du 12 novembre, le mande au comte d'Harcourt. (Minute de
cardinal informe Madame de ce qu'il la main de Cherré, fol. 670.)
CUIOIN. DK RICHELIEU. VII. 1 1 2
890 LETTRES
TREVES.
Nous ne trouvons dans nos manuscrits, pour ces dernières années, aucune
pièce de Richelieu, touchant l'éleclorat, qu'il soit utile de donner in extenso.
Le cardinal écrivant le 18 février i636 à M. de la Saludie, gouverneur pour la
France de la forteresse d'Ermestein (ci-après aux Analyses), lui ordonnait d'en-
voyer une partie de ses vivres à M. deBussy, qui commandait un corps de troupes
françaises à Coblentz. S. M. insistait sur la pénurie de cette place menacée el
qu'il était si imporlaiit de conserver. «Il est impossible, ajoutait le cardinal, que
cet été les affaires ne changent tout à faicl. » Cependant, bientôt forcé d'évacuer
Coblentz, Bussy se réfugiait dans Ermeslein, et le 2 i juin un accord était signé
entre l'électeur de Cologne, toujours mal disposé pour la France, et «le baron
de Wert, lieutenant général de M. le mareschal de camp général de la ligue ca-
tholique, » d'une part; et de l'autre, M. de Bussy et de la Saludie, pour la remise
d'Ermestein en dépôt entre les mains de l'électeur de Cologne (pièce 1 5/1° du
2° vol. de Trêves). \L de la Saludie en informait avec désespoir le cardinal et
Bouthillier : « J'aurois plustost toujours désiré la mort que de me trouver réduist
à ceste extrémité de quitter Hermestein . . . •> Ce sont les premiers mots de sa
lettre à Richelieu, et puis il impute ce malheur à Bussy, « qui n'a pas voulu se
conformer aux ordres de S. Em. » (Lettres du 3o juin, cotées i52, i53.)
Malgré notre assistance , le.î affaires de l'électeur de Trêves allaient de mal en pis ;
ses liaisons avec la France l'avaient exposé aux vengeances des princes allemands,
et l'armée française envoyée à son secours était, pour son pays, une charge qui
aigrissait encore l'irritation de son peuple contre lui. Tous ces revers étaient
peu capables de calmer les humeurs bizarres du princ« électeur, qui ne savait
plus guère distinguer ses amis de ses ennemis; et tandis qu'il réclamait l'appui
de la France, nous voyons qu'il écrit à l'électeur de Cologne pour se plaindre de
ce que « les troupes françaises faisaient des incursions sur ses pauvres sujets » et
lui demander des secours «en qualité d'ami, de voisin et de frère. » (Lettre du
9 octobre iGSy, cotée io5.)
Néanmoins, Richelieu défendait l'électeur de Trèves contre les accusations de
l'Empereur; il faisait constater par le témoignage de documents historiques son
droit de s'allier avec nous , et insinuait discrètement que Trêves devrait appartenir
à la France.
Ce mémoire, en marge duquel on a mis « fait en 16I i » et qu'on a classé à
cette date, semble avoir été écrit à une époque un peu antérieure.
H est intitulé : « Justification du procédé de l'électeur de Trêves, et quelle est
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 891
la liberté des électeurs de l'Empire et autres princes d'Allemagne, de faire des
traictez et alliances avec tous les princes de la chreslienté. »
L'auteur de ce long mémoire, qui, par les formes de la dissertation et les in-
dices matériels du manuscrit, me semble être de Godefroy, discute les lois cons-
titutionnelles de l'Empire germanique; il établit que les électeurs ont chez eux
un pouvoir pareil à celui de l'Empereur dans ses Etats; remontant plusieurs
siècles en arrière, il apporte les preuves de tous les faits qu'il cite, s'arrêtant à
i63i, où la ville de Strasbourg envoya ses députés solliciter l'assistance du roi;
il cite l'exemple de divers électeurs, notamment ceux de Bavière et de Brande-
bourg, garantissant leur indépendance et leurs intérêts par des traités avec la
France. (Pièce 157.)
POLOGiSE.
i64i.
Nous avons noté ci-dessus, page 8i3, à la date de février lôAo, quelques in-
cidents de nos rares relations avec la Pologne; nous continuons les mêmes indica-
tions pour l'année suivante; le manuscrit ne nous fournil aucune pièce d'une réelle
importance où nous reconnaissions l'oeuvre de Richelieu. Chavigni écrivait, le 20 oc-
tobre i64o, à notre ambassadeur en Hollande, M. d'Avaugour, en parlant de la Po-
logne : • 11 est bon d'entretenir tousjours quelque commerce en ces quartiers-là ,
quoique nous n'ayons pas beaucoup à y espérer, la maison d'Autriche y ayant fait
tant de créatures qu'il est bien malaisé que la France y trouve quelque place. Si
néantmoins il arrivoit occasion de l'eslection pour la couronne de Pologne , il faudroit
vo ir si le ro y pourroit prendre part en celte affaire , afin d'empescher qu'elle tombas!
entre les mains de personnes trop confidentes de la maison d'Autriche '. » Ici Cha-
vigni lient la plume, mais c'est certainement Richelieu qui parle. Cependant
notre ambassadeur était bientôt informé « qu'on donnoil pour asseuré que les
estais de Pologne ne vouloienl point se mesler, ny s'intéresser dans la guerre d'Al-
lemagne (26 janvier i64i)"^. • Et puis, le 18 mai, Chavigni écrivait de Ruel ii
M. d'Avaugour, • que l'on avoit avis en France que le prince Casimir avoit des-
sein de passer en Flandre avec bon nombre de noblesse polonaise, en quoy,
mandait Chavigni, il contreviendroit à ce qu'il a promis par escrit, et à ce qu'a
promis aussy l'ambassadeur Gosiensky '. » Notre envoyé, à son tour, s'en plaignait
' Tome IV, fol. 235. La lettr* estdatée ' Tome IV, fol. 258.
de Ruel; c'est une copie de la main du ' Ibid. fol. 266.
secrétaire de M. d'Avaugour.
892 LETTRES
dans les formes les plus adoucies . « Le roy très-chrestien et très-amy du nom
polonais (ce sont les titres que Sa Majesté ayme le mieux) na pas voulu qu'un
de ses ministres se trouvast dans les terre et provinces du royaume de Pologne,
sans aller jusques au lieu où il est assemblé (cela s'adressait au roi et à la diète) ,
sans y porter de nouvelles marques de son souvenir, et de la syncère affection
qu'il aura tousjours envers Vostre Majesté et cesle république.. . » Et, après sa
plainte , il se haste d'ajouter que le roi considère de tels bruits comme une calom-
nie des Espagnols : « Sa Majesté cognoist l'adresse de ces gens-là, qui ont accous-
lumé de se prévaloir de fausses apparences'. » Faict à Dantzic, le 28 août. Cepen-
dant les inquiétudes ne se calmaient pas, et une nouvelle lettre de notre ambassa-
deur au roi de Pologne disait : « On abuse de vostre nom jusqu'à tel point que le
vice-roy de Naples dit avoir traitté avec l'internonce de Pologne pour une levée à
faire , par le prince Casimir, pour le roy d'Espagne. Sa Majesté ne le peut croire ^. »
Et le roi de Pologne répondait de nouveau que ces bruits n'avaient aucun fonde-
ment. En effet ils ne se vérifièrent pas.
Nous remarquons dans cette correspondance que notre ambassadeur reçoit à
• plusieurs reprises l'ordre de rendre compte particulièrement de ce qui regarde
« l'électeur de Brandebourg, » et de recommander « ses intérests à la République,
car Sa Majesté ayant tousjours assisté cette maison électorale de tous bons offices ,
n'a pas voulu les discontinuer. » Ce petit prince prussien se trouvait heureux et
très-honoré d'être le protégé de la France.
Notons dans ce même volume, fol. 3i 1-345, « la relation du voyage que, par
ordre du roy, le s' d'Avaugour a fait à la diète générale de Varsovie au commen-
cement de septembre i64i. » L'ambassadeur a signé cette relation, et il a écrit à
la fin : «Fait à Dantzic, le 22 novembre i6/ii. » Nous avons dit que c'était une
coutume de Richelieu de demander aux généraux, aux ambassadeurs el à d'autres
agents de pareils récits, dont il se servait ensuite pour composer ses Mémoires,
ce qu'il nommait : VHistoire.
' Fol. 276. Les lettres de créance pour ici en copie, datées de Fismes le 1" juil-
M. d'Avaugour, adressées par le roi à S. let; fol. 370 r" et v°.
M. Polonaise aux Etats de Pologne, sont ' Ibid. fol. ago (septembre).
DU CARDINAL DE RICEIELIEU.
893
ANNEE 1642.
CCLXIX.
Imprimée — Casparis Barlaei^ Antverpiani Poemata^. —
Ctarorum viroram Epistolœ singulares , collectore Paulo Colomesio' , etc. —
Pauli Colomesii opéra , vol. in-4°, p. 5o9. Hamburgii, 1709.
EPISTOLA
EMINENTISSIMI CARDINALIS ARMANDI RICHELII CLARISSIMO ET ERUDITISSIMO VIBO
GASPARI BARLAEO. S. P.
Heroicum carnien tuum accepi,
(juod veluli miraculo factum est, ut
' Van Baërle, qu'on nomme quelque-
fois Barlée, et presque toujours Barlsus,
né à Anvers, tenait un peu à la France,
ayant pris à Caen ses degrés de docteur'
en médecine. Ce médecin fut aussi théo-
logien, ministre de l'Église réformée dans
un village; il fut professeur de logique 11
Leyde,et puis de philosophie , enfin poète.
La poésie seule a conservé son nom et lui
a fait, dans son temps, une célébrité
dont l'éclat a peu duré. La liste de ses
œuvres latines est longue. Nous ne men-
tionnerons ici que son poème sur la prise
de Brisach ( Briiacum capta), qui dut plaire
à Richelieu, et cet autre ouvrage, publié
presque en même temps , mais qui fut sans
doute moins agréable à l'Eminence : Me-
dicea hospes sive descriptio , etc. (c'est le récit
lie f entrée triomphale de la reine mère à
.\msterdam), i638.
' « Ed. IV altéra plus parte auctior.
legi, perlegi''. Eo gratius fuit,
dum panegyricum meum ad me
Pars 1 Heroicorum. Amslelodami, apud
Joh.Blaen, i645, a vol. in- 1 a. «Cette lettre
est placée à la fin du i" vol. page non nu-
mérotée, au verso de la page 7/ii.
' iLondini, 1687, in-ia, p. aa7. » —
Ces lettres sont comprises dans un volume
composé de plusieurs pièces publiées par
Colomiès. Le titre commence : 5. Clemenlis
epistolœ dues , etc.
' Ce poème que Richelieu a lu d'un
bout à l'autre, nous ne l'avons point
trouvé, même à la Bibliothèque nationale,
dans l'édition originale qui l'ut offerte à
Richelieu en i64a, car nous ne pensons
pas que ce soit un manuscrit dont Barl»us
ait fait l'envoi. Nous ne connaissons ce
poème que par le recueil de poésies que
nous indiquons aux sources ; il est intitulé ;
Panegyricas de laudibus Eminentissimi car-
dinalis Armundi Johannis Plessiaci Richelii
dttcis , Franciœ paris, etc. p. 1 27- 1 53. C'est
894
LETTRES
miseris, tuum a te acceperim. Laudantis saltem et laiidati panegyricus
est libellus tuus. Dum quae nobis tribuuntur gesta extoUis, ingenii tui
acumen et industriam exhibes, eruditionem tuam prodis. Sic tibimet
ipsi gratias debes, sed non solus, referam pro utroque et merito;
cum tuo faclum sit beneficio ut majorem tui quam mei curam ba-
bere tenear. Religiose id me prœstiturum agnosces, si res locusque
dabunt.
Versibus tuis qualis esse debeam orbi christiano palam fecisti. Ec-
typum meum ad te milto, ut te doceat qualis sim. Si in eo afFectuni
erga te meum non cernis, agnosces si usui unquam tibi esse possim.
Dalum Parisiis 8 cal. febr. i642.
CCLXX.
Bibliothèque nat. Saint-Germain-Harlay, Sig, pièce 53*. —
Copie avec des corrections qui semblent de la main de Le Masle.
MÉMOIRE
DES AFFAIRES QUE M. LE CABDINAL MAZARIN AURA k SOLLICITER PARTICULIÈREMENT À ROME,
TANT POUR LA FRANCE QUE POUR LE CARDINAL DE RICHELIEU '.
[Vers la fin de janvier i6i2.]
Faire tout ce qui se pourra par toutes sortes de moyens pour ac-
comoder l'affaire de Parme.
une pièce de plus de neuf cents vers, où
quelques additions ont été faites après la
mort du cardinal , auquel Baêrle a survécu
d'environ six ans. N'ayant point trouvé le
manuscrit de la lettre de Richelieu, nous
la donnons d'après ce volume , publié sous
les yeux de Baërle, et de préférence aux
impressions postérieures. A la suite du
poëme , ce même volume contient cinq pe-
tites pièces au sujet de Richelieu : Gallia
plorans, laudatiofunebrisArmandiJo. Pless.
Richelii ad Ptefjem, p. 1 7 1 . — In efftyiem
ejusdem Cardinalis, p. 171. — In insigma
ejusdem Cardinalis, p. 172. — Eminenlis-
simo Cardinali Richelio cum hymnum in
Christum ipsi ojferrem , p. 480-A82. — Enfin
une dernière petite pièce adressée à Chavi-
gni, sur la mort du grand ministre, p. 553.
' Mazarin fut fait cardinal au mois de
décembre i64i ; M. de Fontenay-Mareuil,
ambassadeur à Rome, écrivait le 16 à Ri-
chelieu, en lui annonçant la promotion :
« Vous l'avez aujourd'hui plus fait cardi-
nal que le pape mesme. » On pensa bientôt
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 895
L'une des choses, ou toutes ies deux, doivent estre pratiquées à
cette fin.
L'une est de persuader au pape et au cardinal Barberin de se
relascher par toutes les considérations qu'on sçait, entre lesquelles
la vieillesse du pape et son intérest doivent eslre de grand poids.
L'autre est de porter M. de Parme à se relascher sur l'espérance
qu'on luy donnera que, son accord estant fait, il pourra se déclarer
contre l'Espagne , conjoinctement avec la France , qui désire son aug-
mentation aux despens des Espagnols.
Il verra s'il est vray que madame de Mantoue veut se réunir tout
de bon avec la France, comme elle le propose; et, au cas qu'il le
juge ainsy, il mettra cette affaire en terme d'une bonne conclusion,
non-seulement avec cette princesse, mais avec ceux qui la gouvernent,
comme Orlande de Laval.
Il s'entendra avec les ministres de la République de Venise poui
faire réussir les deux affaires.
En Iraitlant ce que dessus, il verra s'il y a quelque conjoncture à
porter la république de Venise à quitter la neutralité qu'elle a
observée jusques icy.
b
à envoyer Maznrin à Rome pour l'afiaire de
Parme dont on s'inquiétait depuis assez
longtemps, et à cause de la santé défail-
lante du pape, (jui faisait prévoir un pro-
chain conclave, enfin en vue d'autres af-
faires. Dès la fin de janvier, Fontenay-Ma-
reuil pressait fort son arrivée Cliavigni
l'écrivait à Mazarin le 1 1 février : « M. de
Fontenay croit que V. Em. soit en chemin.
Le pape est trèsfoible. on croit qu'il ne
vivra pas longtemps. . . le cardinal duc es-
lime que vous devez partir tout de suite,
et venir joindre la Cour à Lyon, où se
rend le cordinal Biclii, pour résoudre en-
semble ce qu'il y a à faire. Vous ne reste-
rez à Rome que le temps qu'il faudra pour
faire un nouveau pape (Arcli. des AIT. étr.
France, volume vert, 49, pièce i ). C'est
vers ce temps que fut dressée la présente
instruction. Mazarin mandait le 1 1 mars à
Le Tellier : « S. M. mi ordina di far un viag-
gio a Roiua. » Et, le i4 avril, au cardinal
Bichi : t lo credo di poter dire a V. Em.
assecuramente che parto il giorno dopo le
feste. » Mais enfin, ainsi de jour en jour
différé, le voyage n'eut pas lieu. La santé
du pape devint moins inquiétante; et Ri-
chelieu , sur la route de Perpignan , avait
bien d'aulres affaires que celles de Rome ;
il retint Mazarin auprès de lui. Le mémoire
que nous donnons ici n'a pas moins son
intérêt; c'est la pensée du cardinal, à ce
momenl, sur toutes les choses dont il esl
question, et fhistoire doit la Conserver.
896 LETTRES
11 n'oubliera rien de ce qui se pourra faire pour gaigner le plus de
cardinaux qu'il pourra pour la France, et, sans attendre nouvel ordre,
il pourra donner, dès cette heure, mil cinq cents escus, par an, à
cbasqu'un des cardinaux qui voudront les recevoir en secret, et
auxquels il pensera pouvoir les donner au profit du roy.
Quant aux cardinaux plus relevés auxquels il faudra donner ab-
bayes ou grandes pentions, il disposera les choses en sorte qu'elles
puissent estre conclues selon les ordres que le roy luy en donnera,
en suite de ce qu'il aura mandé avoir négotié.
Il verra aussy à gaigner des prélats qui puissent monter au cardinalat.
Quand il aura cogneu l'air de Rome, il mandera où il verra que
pourra aller le pontificat pour le bien de la Chrestienté.
Il verra ce qui se pourra faire pour gaigner toute la maison Ursine,
tant le chef d'épée que le cardinal. Pour cet effect, il pourra faire
espérer au duc de Bracianne que le roy le favorisera raisonnable-
ment pour la succession pour M"^ de Montmorency, particulière-
ment en ce qui est du don que la reyne sa mère fit à lad. dame en la
mariant. Comme aussy en ce qui est des affaires de Piombin, il
pourra mesme luy promettre l'ordre de France, s'il se veut déclarer
François, et l'érection d'une terre, s'il l'achepte en France, en duché
et pairie.
Il fera ce qu'il pourra pour favoriser la réception de l'ambassadeur
de Portugal.
Il parlera au§sy à Sa Saincteté , et fera toutes instances nécessaires
pour faire recevoir les nominations du roy aux bénéfices d'Artois et
éveschés et bénéfices de Catalogne, et fera valoir que le roy est dis-
posé à laisser jouir les nonces en Catalogne des mesmes droits qu'ils
avoient en Espagne, le roy ne voulant rien changer au respect du
pape en tous les pays qui tomberont en ses mains.
il m'envovera de Rome tous les brefs nécessaires pour empescher
que les abbayes données par le roy aux Italiens et aux autres demeu-
ra os à Rome ne viennent à vaquer, quand ils mourront, en la cour
de Rome.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 897
Il se souviendra, s'il arrivoit de grands progrès des armes du roy
dans l'Espagne, de ne plus perdre l'occasion de porter le pape à
prendre une résolution forte de se servir de l'occurence pour l'agran-
dissement du Saint-Siège et advantage de sa maison.
En ce cas, led. s"" Mazarin ne manquera pas de faire entendre au
pape et autres, que le roy ne prétend aucun agrandissement particu-
lier en Italie, et que le seul but de la France, du roy et de son con-
seil est de voir diminuer la puissance des Espagnols et d'y contribuer
ce qu'elle pourra, par mer et par terre, à la seule augmentation et
grandeur des princes d'Italie.
Led. s' cardinal sollicitera aussy l'érection de l'évescbé de Pigne-
rol et de celuy de la Rochelle , représentant à Sa Saincteté que comme
ce sont deux œuvres nécessaires pour la religion, la Rochelle et les
vallées de Piedmont estant pleines d'hérésies, il doit donner les érec-
tions gratis.
Après toutes les affaires publiques, il se souviendra, s'il en voit
l'occasion, des particulières qui concernent le cardinal de Richelieu,
touchant Clugny, Citeaux et Presmontré. Représenter que led. cardi-
nal peut plus advancer la réformation desd. ordres en un jour,
comme il fait, à cause du poste où il est, que les autres ne pourroient
faire en des années entières.
Et si on allègue que les Espagnols ne veullent pas recognoistre led.
cardinal à cause qu'il est françois, on respondra qu'ils ont tousjours
souffert un général françois, et que quand led. cardinal ne le seroit
point, le mesme tillre tomberoit à un autre de la mesme nation, ce
qui faict que c'est plus tost la qualité de cardinal à qui les Espagnols
en veullent , ce qui intéresse tout le collège des cardinaux.
Il est du corps politique des Estats comme du corps humain :
Ainsy qu'à i'esgard du dernier, il n'y a rien de plus dangereux que
les maladies compliquées, de mesme n'y a-t-il rien qui soit plus péril-
leux dans un Estât que les divers maux qui requièrent ou des remèdes
contraires, ou tels au moins qu'il est impossible de les pratiquer
ensemble.
CAIIDIN. DE niCHELILD. VII. Il3
898 LETTRES
La désignation de l'assemblée de Munster au mois de mars, qui
requiert la présence de M. le cardinal Mazarin esleu plénipoten-
tiaire de la France, et la caducité du pape qui deschéant à veue d'oeil '
oblige le roy à l'envoyer à Rome, réduisent Sa Majesté et son Conseil
à ne pouvoir quasy prendre party.
Il est certain que présentement on ne void personne capable, en
ce royaume, de pouvoir dén)esler les diverses intrigues qui se trame-
ront en la négociation de la paix, que led. cardinal; les divers em-
plois qu'il a desjà eus en pareilles négociations luy donnans une
cognoissance générale des intérests des estrangers, et une particulière
de la façon de laquelle il faut traitter avec les Espagnols, où le
flegme , la patience et une prudente dissimulation , toutes qualités peu
oïdinaires au François, sont du tout nécessaires. Je ne crains point
de dire que je ne voy personne qui puisse remplir la place en la-
quelle il est destiné en cet emplpy. D'autre part n'y ayant point de
cardinal françois à Rome, ny aucun en France qu'on y puisse envoyer
commodément, ny qui pust y avoir les liabitudes qu'il y a, il semble
que ne l'envoyer pas présentement en cette cour c'est abandonner
l'eslection d'un pape futur aux pratiques que les Espagnols voudront
faire à cette fin, et conséquemment s'exposer apparemment à perdre
tous les advantages de la guerre dans le traitté qui se fera de la paix,
veu que, si les Espagnols peuvent faire un pape de leur faction, il
donnera grand bransle à leurs affaires, et sera d'un notable préjudice
aux nostres.
Pour ne tomber pas dans un tel inconvénient, la nécessité fait
résoudre Sa Majesté à l'envoy dud. s"" cardinal à Rome, en l'inten-
tion de ne laisser pas de l'employer à la négociation de la paix.
Cette résolution est fondée sur ce que le temps de l'assemblée de
Munster est incertain, et que les longueurs «t les inexécutions des
' L'ambassadeur Fontenay-Mareuil M. le cardinal Mazarin le plus tost pos-
avait écrit à Chavigni le i" janvier : • La sible. • (Aff. étr. Rome, t. LXXVIL) Mais
santé du pape est fort abaissée par sa der- Urbain VIII vécut plus de deux ans encore;
nière goutte. . . il est nécessaire d'envoyer il mourut en i6^4, juillet.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 899
Espagnols sont si ordinaires en toutes choses, qu'il est impossible que
leur procédure ne nous donne le loisir de disposer les affaires à
Rome en Testât auquel on les peut souhaitter aultrement auparavant
que toutes les choses préalables à l'assemblée de Munster soient
exécutées.
Cependant, afhn que les ennemis de la France ne puissent dire
qu'elle recule d'entrer en la négociation de la paix, M. d'Avaux pu-
bliera qu'il a ordre de s'y acheminer , en attendant led. s' cardinal Ma-
zarin, aussy tost que les affaires seront en estât que les intéressez
s'y puissent trouver.
Ici vient un paragraphe relatif au congé demandé par M. d'Avaux, qu'on peuf
lire dans la pièce suivante, où il est reproduit presque textuellement.
Trois choses sont préalables à l'assemblée pour nous donner le
temps de laire le voyage de Rome :
La première est la difficulté d'obtenir des Espagnols des passe-ports que les
Hollandais veuillent accepter.
La seconde, la qualité de tutrice pour la duchesse de Savoie. Nous omettons
aussi ces deux paragraphes, qui se retrouvent dans la pièce suivante.
• La troisième, le desny de la qualité d'Empereur au roy de Hon-
grie, laquelle M. d'Avaux n'a pas voulu accorder.
Adjoustant à ces trois conditions la difficulté que , jusques à pré-
.sent, la maison d'Autriche a faite de recevoir un cardinal pour pléni-
potentiaire, il y a aparence que son orgueil sera bien abatu, veu que
quelques-unes de ces conditions donneront le temps de faire le
voyage de Rome et celuy de revenir à l'assemblée de Munster.
900
LETTRES
CCLXXI.
Arch. des A£f. étr. Parme, t. I (non coté). —
Original, de la main de Charpentier.
SUSCIUPTION:
POUR M. LE CARDINAL MAZARIN,
À PARIS.
Ue la Charil(5, ce 9* février 1642.
Le comte de Fiesque envoyé par M. le duc de Parme et arrivé icy
dit qu'il est fort alarmé de deux choses : l'une, que S. S. , après avoir
esté malade, n'a pas esté sitost en convalescence qu'elle n'ait décerné
excommunication contre led. s"" duc ' ;
La seconde de ce que led. s' duc a receu une dépesche du roy^
qui luy donna trois conseils qui lui semblent rudes et ruineux.
Il dit que la dépesche porte qu'il faut qu'il s'humilie vers S. S. , ce
dont il demeure d'accord; qu'il ne face point de difficulté d'aller à
Rome, ce qu'il croit très-pernicieux pour sa personne; et qu'il ne
doit point craindre de désarmer, ce qu'il tient du tout ruineux pour
son Estât.
Je luy ay dicl que le roy luy avoil conseillé purement et simple-
' L'excommunication fut prononcée
'dans les premiers jours de janvier; le
pape avait été dangereusement malade
vers la lin de l'année i64i-
" Nous avons, dans le manuscrit cité
aux sources, la matière de cette lettre de
la main de Chavigni : « Faut escrire à M. de
Parme que S. M. est d'advis que led. duc
supplie S. S" de le recevoir en sa bonne
grâce; — qu'il face le désarmement, mais
seulement après l'accord conclu. — Enfin
qu'il face le voyage de Rome, sans quoy le
cardinal Barberin ne consentiroitpas à l'ac-
cord.— Il peut rendre plus de soumission
au pape qu'à aucun autre prince sans qu'il
y aille de son honneur; il sçait bien que
tous les princes temporels en ont tousjours
usé ainsy. . . Le roy désire que M. le ma-
reschal d'Estrées se retire des Eslats de
M. de Parme. » Cette lellre est datée du
i4 décembre iGSg, millésime fautif
d'après lequel on a mal classé celte lettre
dans le manuscrit. La présente dépêche à
Mazarin nous indique la véritable date :
1 64 1 , vers la fin. ( Voy. le mémoire adressé
à M. de Lionne, et le nota qui le suit,
page 891 de notre VI' volume.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
901
ment de s'humilier devant S. S., qu'il iuy avoit mandé que l'accord
estant faict il ne devoit faire ny de difficulté d'aller à Rome, ny de
désarmer premier que le pape, quand S. S. se seroit engagée de pa-
role envers S. M. et autres princes de la Ghrestienté de l'exécution
de ce qu'elle auroit promis.
Led. comte dit que la dépesche ne parle point de ces circonstances
qui rendent les conseils très-raisonnables, mais qu'elle parle ' sim-
plement.
Je sçay bien que celle du s' Lionne qui n'estoit pas arrivée est
circonstanciée comme il faut, me ressouvenant que nous l'avons faite
tous ensemble; mais, à dire le vray, je n'ay pas veu les autres.
Les affaires dud. sieur duc sont en mauvais estai, à ce que j'ap-
prends par led. comte, et je voy qu'ils craignent grandement qu'on
ne veule le despouiller. Il faut avouer que c'est une chose bien
estrange qu'on meine à Rome si rudement un prince qui n'est coul-
pable, au plus, que d'une conduite moins considérée qu'il n'eust esté
à désirer. Je voy, en mon particulier, avec beaucoup de desplaisir la
puissance spirituelle de l'Eglise employée pour rendre la temporelle
des papes plus puissante et plus efiFective pour décider à leur advan-
tage certains différens beaucoup plus préjudiciables qu'ils ne sont
advantageux au salut des âmes'^. Je veux croire que le voyage du
' Le manuscrit met : • qu'elles parlent. »
Elst-ce seulement une distraction? ou
manque-t-il ici quelque chose?
* Bichelieu était un trop habile homme
d'État pour nepas craindre les abus du pou-
voir temporel ; dans ce cas-ci l'abus était évi-
dent : le duc de Parme avait été excommu-
nié pour un fait de droit féodal qui ne
touchait par aucun côté auxdogmes,nià la
foi. Mais, en même temps, le cardinal,
convaincu que l'indépendance spirituelle
du pape ne pouvait exister que par l'indé-
|)endancc absolue de toute puissance tem-
ponlle , subissait une nécessité inexorable ,
dont il s'efforçait de diminuer les inconvé-
nients par d'incessantes négociations, et
il conseillait au duc la soumission. Notre
manuscrit de Parme conserve sur ce sujet
un mémoire dont nous n'avions trouvé
que des copies lorsque nous en avons lait
mention dans notre VI' volume, page 894 ;
notre conjecture se trouve confirmée par
la présente pièce venant sans nul doute du
cabinet de Richelieu. Ce sont dix pages de
l'écriture la plus soignée de Gherré, sans
date, mais se rapportant à la lin de l'an-
née 1641 : «La plus dilTiciie affaire qui
soit arrivée au roi en cette année , c'est le
902
LETTRES
s' Lionne fera quelque effect, et à Parme ', d'où le maréchal d'Es-
trées n'est point party, et à Rome, où S. S, considérera dadvantage
volontiers les instances du roy quand elle s'en verra pressée par un
nouvel envoyé.
Il s'est passé deux grands combats et en Roussillon et en Cata-
logne; le premier a duré depuis 8 heures du matin jusques à 4 heures
du soir, où nous avons eu un tel advantage qu'ayant perdu
3oo hommes de nostre costé, les ennemis en ont bien perdu mil.
Si nostre gendarmerie eust faict son devoir, on croit que l'armée des
Espagnols auroit esté deffaicte. Le mareschal de Brézé y a faict son
devoir, grâce à Dieu, en sorte qu'en vérité il ne s'y peut dadvantage.
Ce combat a esté dans l'elfort que l'armée entière des ennemis a
voulu faire de passer à Perpignan où elle est, mais y ayant perdu la
moitié des vivres qu'ils portoient, ce secours est si peu considérable
qu'on le peut plus tost dire ruyne que secours.
M. de La Motte a attaqué un quartier des ennemis où estoit leur
différend d'entre S. S'' et M. le duc de
Parme ... ce mal fut grand quoyque son
origine fust petite. . . Cette affaire fut
considérée diversement de divers esprits,
mais tous ceux qui en jugv'rent sans pas-
sion blasnièrent le peu de prudence de
M. de Parme et estimèrent que les nep-
veux de S. S. ne dévoient pas donner lieu
à ce grand vacarme par le reffus d'un hon-
neur rendu à d'autres personnes de sa
qualité. — Ceux mesmes qui affectionnent
plus les droits du St- Siège ne peuvent
excuser qu'on ayt procédé avec tant de i i-
gueur et d'animosité en cette affaire, que
le pape ayt voulu desroger aux conditions
de l'invesliture accordée par ses prédéces-
seurs à ceux dud. s' duc. chose du tout
extraordinaire et injuste . . . d'un costé
l'imprudence et l'aveuglement du duc de
Parme ont esté extrêmes, de fautre la ven-
geance n'a pas esté moindre. . . » Ms. note
aux sources , feuillet 1 6* , à compter de la
fin du volume. A deux endroits on a laissé
une demi-page de blanc, réservée sans
doute pour quelque addition projetée.
' Le duc de Parme écrivait au roi le
1 2 février : « Je ne trouve point des paroles
qui suffisent à l'expression des grâces que
je doibs à V. M. pour la mission qu'elle a
faict du s' de Lionne. Je veux estre éter-
nellement atlaché à la France , etc. . . » ( Ms.
cité aux sources.) M. de Lionne avait écrit
lui-même le lo, ce que nous apprenons
par la réponse qui lui fut adressée. Cette
réponse faite d'ordre du roi, sans doute
par Chavigni , se trouve dans le même ma-
nuscrit, 6' feuillet avant la fin du volume.
La date manque , mais , répondant à une
leltre de Parme du lo, elle doit être, au
plus tôt, de la 2° dizaine de février.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 903
général avec i5oo hommes, dont il leur a tué 800, et le général
s'est sauvé avec un bon cheval. Si Dieu nous faict la grâce de trouver
les affaires dans Testât auquel elles sont quand nous arriverons, j'es-
père que tout ira bien.
Le Gard. DE RICHELIEU.
CCLXXII.
Arch. des AIT. étr. Allemagne, t. XVI, pièce 197. —
Mise au net de la main de Cherré.
A M. D'A VAUX.
Du fj febvrier 1642.
Monsieur, le traitté que vous avez passé avec M" Saivius et Lutzau
est accompagné de tant de considérations et de bons fondemens, que
vous n'avés pas lieu de craindre qu'il puisse estre improuvé.
Je ne vous répèle point les advantages que vous y avés remportez,
parce qu'en estant autheur vous les sçavés mieux que personne.
Si le roy d'Espagne persiste en l'humeur où il a esté jusques à
présent, il aura de la peyne à donner un passe-port à M" les Estais,
ou à ratifBer celuy qu'ils avoienl receu du cardinal Infant.
Si aussy le cardinal de Savoie et le prince Thomas demeurent dans
le parli de la maison d'Autriche, difficilement le roy d'Espagne et le
roy de Hongrie consentiront-ils que M""" de Savoie aye la qualité de
tutrice, parce que c'est luy donner nettement gain de cause contre
ses frères, qui ne luy ont disputé que cette qualité.
Les Espagnols auront encore peyne, à mon avis, à consentir la dé-
putation de M. le cardinal Mazarin, quoyqu'ils n'ayent aucune raison
de s'y opposer.
Le désir que j'ay de la paix me porte à demander tous les jours à
Dieu qu'il réduise les Espagnols à tel point que la nécessité leur face
faire ce qu'on ne peut espérer d'eux par la raison.
Puisque vous désirés de faire un voyage en France pour vos affaires
604 LETTRES
domestiques, et que vous jugés le pouvoir faire avant que le temps de
se trouver à l'assemblée de Munster soit venu, S. M. vous en donne
la permission, à condition qu'auparavant que de vous en servir, vous
mettrés les affaires en estât que vostre absence d'Allemagne ne puisse
nuire au service de S. M.
Je vous avoue que je seray très ayse de vous instruire de bouche
sur toutes les difficultés qui se peuvent rencontrer à la paix, estant
presque impossible de le faire par des dépesches quelque expresses
qu'elles puissent estre.
Si le général Tortenson pouvoit faire quelque progrez de son
costé, qui secondast celuy de M. de Guébriant, il y auroit lieu de
croire que ceux qui sont sy opiniastrez à laisser la CHrestienté en
trouble, se résoudroient à vouloir la paix. Quand je dis à vouloir la
paix, j'entends à consentir aux conditions justes et raisonnables sans
lesquelles elle ne peut estre faicte '.
Si les prédécesseurs du roy ont bien consenti par le passé qu'on
les privast de ce qui leur appartenoit pour acquérir le repos, c'est le
moins que les ennemis de cet Estât puissent faire maintenant que de
nous rendre, pour un si grand bien, une partie de ce qu'on nous a
' Au moven de cette réserve Richelieu
est parvenu à continuer la guerre jusqu'à
sa mort, en répétant sans cesse qu'il sou-
haitait ardemment la paix. Une longue dé-
pêche qu'il faisait écrire à ce moment
même, par Chavigni à M. d'Avaux, met à
nu pour ce confident la pensée qui restait
soigneusement voilée pour le public :
« S. M. aura cet advantage , dit-il , que tout le
monde cognoisira qu'il ne tient pas à elle
que la Chrestienté ne jouisse d'une bonne
paix. » Et dix lignes plus bas : « Vous co-
gnoistrés avec combien de raison le roy dé-
sire que vous cherchiés des voies dans les-
quelles f honneur de S. M. estant couvert,
on puisse différer le jour des ouvertures
des assemblées, et vous estes assez pru-
dent et assez habile négociateur, vovant
les senlimens dans lesquels sont aujour-
d'hui les Suédois, pour les engager à faire
les difficultez , et rejeter sur eux ce retar-
dement ...» Notons dans cette même pièce
la pensée caractéristique de la doctrine
politique du cardinal, qui n'avait foi qu'aux
gouvernements de pouvoir despotique :
« Il faut encore considérer M" les Estats ,
lesquels ne pouvant prendre une résolution
si importante que celle de commencer un
traitté de paix qu'avec le temps que la
forme de leur gouvernement leur fait' em-
ployer dans leurs moindres délibérations. »
(Lettre du Ix mars. Ms. cité aux sources,
pièce 199.)
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 905
osté, acquérant, sans fju'il leur couste rien, ce que nous avons plu-
sieurs fois achepté bien chèrement.
Le roy désire avec tant fie passion de voir la Chrestienté hors
des troubles où elle est, que S. M. ne faict le voyage où elle s'est en-
gagée que parce qu'elle estime qu'attaquer les Espagnols vivement
en leur pays, c'est le vray moyen de les contraindre à ce qu'on
désire.
Si tous nos alliez suivent l'exemple de S. M. je ne doute point que
nous ne trouvions tous nostre compte.
Pour moy. Monsieur, j'estimeray l'avoir à bonne mesure, si, en
servant le public, je trouve occasion de vous tesmoigner que je suis
véritablement. . .
GASSION.
. . .Février 1642.
A ce que nous avons dit sur Gassion , pages 733 et 843 ci-dessus, ajoutons-ici
quelques particularités qui achèveront de faire connaître les relations du cardinal
avec ce personnage, l'un des plus hommes d'honneur et l'un des caractères les
plus originaux du temps de Richelieu.
Le siège de Perpignan fut le fait de guerre capital au commencement de
1642. On songea à y employer Gassion. Le roi, par une lettre que je trouve
citée dans l'histoire de sa vie, page 2 53, annonçait au maréchal de Brézé qu'il
lui envoyait le colonel • pour vous faciliter, disait Sa Majesté, la prise de Perpi-
gnan. • En même temps, de Noyers mandait à Gassion : <i la pensée en est venue
à M*' le cardinal et le roy l'a extrêmement goûtée (page 255).» De Noyers le
pressait d'arriver, l'ordonnance pour son voyage était déjà préparée; mais à
peine il était sur la route du Roussillon, qu'il lui fallut retourner, les affaires de
Flandres et de Picardie exigeant impérieusement sa présence, lui écrivait le roi.
• Vous vous rendrez incessamment auprès de ma personne, ajoutait Sa Majesté,
pour apprendre mes intentions et recevoir mes ordres. » A cette lettre en était
jointe une autre du secrétaire d'Etat de la guerre :« Il y a des raisons imprévues,
disait de Noyers... , M. le cardinal m'a commandé de vous escrire et de vous con-
jurer, de sa part, de venir descendre chez luy pour vous les faire sçavoir. Il faut
qu'elles soyent bien fortes pour l'avoir fait ainsy changer; et bien secreltes puis-
qu'il ne me les a point dites. . . quoy qu'il en soit, je trouve le roy et S. Em. si
CAIIDIN. DE HICIIEUED. — TU. >l4
906 LETTRES
disposés en vostre faveur que je ne cloute point que vous vous en aperceviez dans
peu de temps (page aSg)...» Quelles étaient ces raisons imprévues , ignorées de
de Noyers lui-même, et que personne n'explique? Elles ne venaient certainement
pas de Richelieu. Le cardinal avait besoin, en ce moment surtout, de s'entourer
des hommes tels que Gassion qui lui était dévoué. Ne faut-il pas plutôt voir dans
le contre-ordre l'influence de Cinq-Mars qui, à cause de ce dévouement même,
devait chercher à éloigner Gassion? Et d'autant plus que le roi semblait, aussi
bien que Richelieu, affectionner ce vaillant homme de guerre. La letlre de de
Noyers ne porte point de date, mais elle a dû être écrite vers la fin de janvier;
car l'histoire de Gassion raconte que le 2 février le cardinal, sortant du conseil
tenu à Fontainebleau devant le roi, communiqua à (îassion les volontés de Sa
Majesté. « On a réglé les armées de Flandres où vous continuez de servir, hii dit-
il, il n'a pas tenu à moy de vous emmener avec nous. Ne vous ennuyez point de
notre absence. • Et Gassion, revenu à l'armée du comte d'Harcourt (page 265),
y accrut encore sa renommée.
Richelieu ne tarda pas à regretter vivement son absence. Lorsque, sans con-
naître encore le secret de la conspiration de Cinq-Mars, il s'en sentait, pour
ainsi dire, enveloppé, et se voyait sous la menace d'une disgrâce imminente, il
faisait écrire par de Noyers à Gassion : « Voici l'endroit où il faut vous déclarer;
nous démeslons icy nos amis et nos ennemis, et ce n'est pas la moindre de nos
peines. S. Em. non -seulement m'a commandé de vous escrire, mais encore de
vous assurer de son souvenir, en quelque estât que la providence de Dieu le
mette ou le maintienne; il ne doute pas aussy de vostre affection. Parmi ses cha-
grins ce n'est pas le moindre de ne vous avoir pas auprès de luy. . . pour pouvoir
vous servir plus effectivement. Ne manquez pas de luy en tesmoigner vostre
recognoissance, et surtout dans l'occurrence des affaires présentes; car, à celte
heure, un compliment en vaut deux. N'ajoutez pas foi aux bruits pul)lics... les
apparences de la cour peuvent tromper les plus fins. . .'■ » A cette lettre que signait
de Noyers, Richelieu ajoute en son propre nom :« Le roy a fait deux mareschaux
de France^; il ne tiendroit pas à moy qu'il n'en fisl un troisième. » Et, dans un se-
cond post-scriplum dicté aussi par le cardinal : « Nos affaires m'empêchent de vous
demander la continuation de vostre affeclion , mais non pas de vous conserver
dans mon âme dans le rang de mes vrais amis. » — On voit quelle confiance
Richelieu témoignait toujours à Gassion , et l'ingénieuse délicatesse avec laquelle
il fait appel à sa fidélité. Il n'en eut pas besoin à ce moment, grâce à la découverte
(lu traité d'Espagne.
' La lettre est tout entière dans la Vie ' M" de Guébriaiit et de La Mothe-Hoii-
de Gassion. t. II, page 279. dancourt.
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 907
Aussitôt que ta mauvaise saison put permettre à Gassion de quitter l'armée,
Richelieu le fit appeler à Paris. • Son Eminence désire vous voir, lui écrivit de
Noyers; hâtez-vous, et ne perdez aucun moment. Mon cher amy, vous n'en avez
point de meilleur que moy; je le cède toutefois à S. Em. et il m'a parlé déjà
plusieurs fois de vous avec tant de tendresse et de bonne volonté que je doute s'il
en a plus pour qui que ce soit ( Vie deGassion, II, page 3oo). » Gassion arrivé aus-
sitôt est reçu le 18 novembre par Richelieu, qui le comble de marques d'amitié.
Mais quelques jours s'étaient à peine écoulés, et la mort avait enlevé à Gassion son
illustre protecteur.
COLONIES.
3 juin i642.
Malgré les grandes et difliciles aflaires de la guerre d'Espagne, de l'organisa-
tion de la Catalogne, de la conquête du Roussillon, de ta révolution du Portugal;
malgré les cruelles et incessantes douleurs d'une maladie mortelle; malgré tous
les soucis causés par de perfides intrigues qui menaçaient la fortune et peut-être
la vie de Richelieu, cet esprit infatigable, universel et patriote, trouvait encore
du temps et des pensées pour les travaux de la paix, et pour des projets d'avenir
où la prospérité de la France était intéressée. Citons du moins, puisque le manque
d'espace ne nous permet que de l'indiquer, l'ordonnance qu'il fit rendre au roi,
le 2 juin 1642, en faveur de la compagnie des colonisations d'Amérique, com-
pagnie à laquelle le roi donnait» la propriété des isles scituées despuis le 10° jus-
qu'au 30" degré inclusivement, au delà de la ligne équinoxiale, «avec les privi-
lèges nécessaires à la prospérité et à la garde de ces établissements, ainsi qu'au
maintien de ta puissance française dans ces contrées. (Arch. des Aff. étr. Amé-
rique, t. I, fol. 172.)
Ne quittons pas ce manuscrit sans noter quelques autres pièces qui témoignent
de la sollicitude constante de Richelieu sur ce point: — i633, i5 aoiit, lettre de
Champlain (de Québec), fol. 101. — i634, 24 janvier, acte notarié entre le car-
dinal et M. de Lauson , conseiller d'Etat, intendant de la nouvelle France. Don par
le cardinal d'un vaisseau tout armé, fol. io3. — i635, k février, autre acte
notarié pour le rétablissement de la compagnie ruinée de Saint-Christophe, fon-
dée en 1626, fol. 1 12-)22 '.— 1639, 26 avril : Relation de ce qui s'est passé à
Saint-Christophe, fol. i/|6. — i6/to-i6/l/i : Divers mémoires, fol. 168-166. —
16Ù2, mars, pendant le séjour du cardinal à Narbonne : Ordonnance du roi
' Voy. ci-dessus, p. 586.
ni.
908 LETTRES
rappelée dans celle du 2 juin. — Ce volume contient aussi des lettres de Rasilly ,
de Poincy, de Champlain , du P. Joseph , etc.
CCLXXIII.
Arch. des A£F. étr. Turin, t. XXXVI, fol. 168.
A M. DU PLESSIS-PRASLIN.
Monsieur du Plessis-Praslin , le s' d'Aiguebonne, mon ambassadeur
en Piedmont, vous communiquera un ordre que je luy donne, qui est
si important au bien de mon service que j'ay creu ne le pouvoir con-
fier qu'à luy et à vous. Vous adjousterez une entière créance à tout ce
qu'il vous dira de ma part, et adviserez ensemble aux moyens les
plus seurs et les plus prompts pour l'exécution de mes volontez. Je
m'asseure, etc.
Faict à Montfrin, ce 2 1 juin i6/i2 ^
De par le toy,
Il est ordonné à tous lieutenans généraux d'armée , mareschaux de
camp, M""^ de camp, gouverneurs de places, ou commandans dans
iceiles, prévosts des mareschaux et généralement à tous officiers, tant
de cavalerie que d'infanterie, de faire tout ce qui leur sera dit pour
le service du roypar less" d'Aiguebonne , ambassadeur en Piedmont,
et du Plessis-Praslin, mareschal de camp, touchant à l'exécution d'une
affaire qui leur a esté commise par S. M. , comme si elle l'ordonnoit
de sa propre bouche ; sur peine , en cas de refus , d'en respondre de
leur teste.
Fait à Montfrin, ce 21" juin 16^2.
' La résolution du roi pour l'arrestation On voit que toutes les mesures furent
du duc de Bouillon avait été prise dès le prises pour la sûreté de sa conduite en
1 a au soir, le jour même où Sa Majesté France. Louis XIII attendait avec une vé-
avail été informée de la découverte de la ritable anxiété la nouvelle de son empri-
conspiration(notre t. VI, 934). Le duc fut sonnement; grâce à la lenteur des cour-
arrêté le 2 3. On craignait qu'il ne parvînt riers, le roi ne l'apprit que le a8 au soir
à se sauver, ou qu'il ne soulevât son armée. (VI , 9^5).
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 909
CCLXXIV.
Arch. des Aff. étr. Turin, t. XXXVl, fol. 466. —
Mise au net de la main d'un secrétaire de Cliavigni; classée vers la fin du volume.
A M. D'AIGUEBONNE.
[Commencement de juillet i642.]
Led. s' ambassadeur, après avoir rendu à Madame' la lettre que le
roy luy escrit sur le sujet de M. le duc de Bouillon, comme aussy la
response de S. M. à celle que S. A. luy escrit touchant les traittés
avec M" les princes de Savoye, et lui avoir faict val ir la somme
qu'on luy fait toucher si promptement, et à [ce] propos il luy fera
considérer quelle est l'affection du roy pour elle, à laquelle il ne se
peut rien adjouster. . .
Il la mettra ensuite sur le discours de l'affaire de M. le duc de
Bouillon et de M. Le Grand. . .
Il luy insinuera après cela que le roy sçayt que M. le duc de Bouil-
lon prétendoit l'embarquer dans cette affaire et qu'il vouloit faire
croire qu'il avoit desjà gagné quelque chose sur son esprit. . .
S. M. ne doute point que S. A. n'informe très-volontiers led. s'
ambassadeur de tout ce que led. s' duc luy a dit sur ce sujet. . .
Si led. s' ambassadeur trouve quelque autre moyen plus propre
pour porter Madame à déclarer ce que M. de Bouillon luy a confié
touchant cet affaire, il s'en servira et la pressera pour cet effect le
plus qu'il pourra. . . luy représentant que l'affection qu'elle porte au
roy et que S. M. a pour elle, ne luy permet pas d'avoir aucune rete-
nue, ny réserve en chose qui regarde son service. . .
Peut estre qu'il jugera pouvoir tirer dadvantage de Madame en l'en-
' Nous n'avons point à ce moment et ci-dessus aux Analyses; nous lui avons
de lettre du roi à la duchesse de Savoie, donné la date du commencement de juil-
mais il y en a une de Richelieu à cette let. C'est cette même date que nous pro-
princesse sur le sujet indiqué ici ; nous l'a- posons pour la présente pièce,
vons notée dans notre VI* volume, p. 909,
910 LETTRES
tretenanl moins sérieusement de cette affaire et sans liiy en faire con-
sidérer l'importance, l'engageant seulement soubz prétexte de blasmer.
M. Le Grand du peu de respect qu'il avoit pour elle. . .
Led. s'' ambassadeur conviera Madame à escrire à Rome pourfaire
instance auprès du pape, que le cbapeau de cardinal que M. le card.
de Savoye quittera avant que de se marier soit donné au s"' Paul Fies-
que, évesque de Toul, en faveur duquel il désire que Sa Sainteté en
dispose, dont le roy sera très aise, led. s' abbé estant de longue main
serviteur de la France.
NOTA.
liC 36° volume de Turin contient, en quatre fascicules, une pièce historique
intitulée : Journal de ce qui s'est passé en Piémont, dont il n'est pas hors de propos
de faire mention. Nous n'en avons pas le commencement; le premier fascicule que
nous donne le manuscrit dit : f Le dernier journal que j'ay envoie finissoit au
i5 aoust 16/12. • H est précédé, dans notre manuscrit, d'une lettre adressée à
Mazarin, datée deSeravalle, 6 octohre, et signée: 'de Vuarez (ou Vuarcy) , aide
de camp de l'armée du roy, servant près le marquis Ville. » — « Monseigneur (dit
cette lettre) , le marquis Ville, ayant appris vostre voyage à Sedan , croit que ses
dernières ont esté perdues, et me commande de vous envoler une copie de son
journal, du i5 aoust au 6 octobre. » Ce travail aurait donc été composé par le
général, ou par son ordre sous ses yeux. Il était sans doute finalement destiné au
cardinal de Richelieu, qui, nous l'avons plusieurs fois montré, recherchait et
réunissait ces sortes de documents. Sans présenter un grand intérêt de composi-
tion, cet écrit a du moins le mérite, propre à tout journal, de donner la suite ré-
gulière des faits et d'être écrit par un témoin. (Le 1" fascicule conservé dans ce
manuscrit : 1 5 août-6 octobre, p. 22 1-232 ; le 2" : 6 octobre-7 novembre, p. 320-
33o; le 3°: 8-26 novembre, p. 557-362; le quatrième : 27 novembre-17 dé-
cembre, p. 377-380.)
MARIE DE MÉDICIS.
3 2 juillet 1642.
Le 22 juillet i6i2, Richelieu, informé du décès de la reine mère, mandais
à Chavigni les dispositions qu'il fallait prendre en cette occasion (ci-dessus,
page 1x2). Depuis que cela a été imprimé, nous avons trouvé aux, Affaires étran-
gères une série de lettres écrites au cardinal concernant le séjour à Cologne de
DU CARDINAL DE RICHELIEU. 911
cette princesse et ses derniers moments. Il convient de donner un souvenir à
celte curieuse correspondance, qui ne paraît pas avoir été connue des histo-
riens. (Arch. des Aff. étr. Cologne, 1. 1, fol. 182-276.)
Marie de Médicis, après avoir quitté les Pays-Bas espagnols, où elle avait passé
dix années d'exil, résolut de chercher un autre refuge. La Hollande lui flt un
magnifique accueil, elle traversa les provinces au milieu de l'enthousiasme des
popolations. Richelieu en fut alarmé; il s'en plaignit, et les Etats firent entendre
h cette triomphante exilée que leur alliance avec Louis XIII ne leur permettait
pas de garder longtemps chez eux une princesse qui attirait autour d'elle les en-
nemis de la France. Les Anglais à leur tour trouvèrent des raisons politiques pour
lui refuser l'asile qu'elle leur demanda; et la veuve de Henri IV, la mère du roi
de France, celle qui voyait son fils et ses filles assis sur les premiers trônes de
l'Europe, fut réduite à chercher la protection d'un simple Electeur de l'Empire.
Elle arriva à Cologne vers la fin d'octobre, et presque aussitôt elle fut atteinte
d'infirmités qui altérèrent profondément sa santé; une hydropisie fit craindre une
mort prochaine.
Quoique Richelieu évitât avec la plus inquiète précaution de rappeler au roi le
souvenir de sa mère, il ne put feindre d'ignorer le péril qui la menaçait, et il
envoya à Cologne, au nom du roi, le docteur Riolan, qui ava'it été autrefois
médecin de Marie de Médicis.
Le soin de lui rendre un ancien serviteur, le médecin qui connaissait le
mieux son tempérament, pouvait sembler inspiré par la piété filiale; c'était une
autre pensée qui préoccupait Richelieu; cette moribonde, reléguée sur les bords
du Rhin, troublait encore le repos du puissant ministre; et Riolan, sous sa robe de
médecin, cachait un espion du cardinal. Outre le bulletin très-exact qu'il devait
envoyer des progrès de la maladie, il s'était engagé, au départ, à bien écouter, à
observer attentivement tout ce qui pourrait se passer dans cette pauvre petite
cour.età en instruire fidèlement le ministre; ainsi la reine exilée ne pouvait pas
exhaler une plainte, faire entendre un cri de douleur ou de ressentiment, les gens
qui l'entouraient ne pouvaient pas dire un mot que Richelieu n'en fût aussitôt in-
formé. Sans doute la conduite de cette folle princesse et des gens qui étaient
autour d'elle, quelle que fût maintenant leur impuissance, pouvait être encore
l'objet de quelque attention de la part du gouvernement ; et toutefois on ne peut
guère s'empêcher de regretter la natuie des procédés dont le cardinal usa envers
elle. La mère du roi a vu sa vie s'éteindre dans de longues soulTrances sans qu'un
seul mot de tendresse de la part de son fils soit venu les adoucir, aigries qu'elles
étaient, au contraire, par le douloureux sentiment des persécutions dont elle
était toujours poursuivie, et des trahisons dont l'environnait encore celui qui lui
912 LETTRES
devait sa fortune; car elle soupçonnait rcspionnage, très-habilement organisé,
du reste, qui la surveillait à Cologne.
C'était pendant la campagne de Perpignan ; Riolan n'écrivait jamais au car-
dinal, ni aux personnes qui étaient auprès de lui; il n'exposait pas sa correspon-
dance aux hasards d'une direction si aventureuse, il ne mettait point de suscrip-
tion à des lettres qui auraient pu éveiller la curiosité et en trahir le mystère. Il
adressait ses rapports à Paris, au noviciat des frères prêcheurs que Richelieu avait
fondé rue Saint-Jacques, et dont le P. J.-B. Carré était supérieur. Nous avons
parlé plusieurs fois de ce moine, on sait que c'était l'un des espions les plus
actifs , les plus habiles de Richelieu ; il avait accès partout , chez les grandes dames
qui étaient au service de la reine, et chez la reine elle-même, à laquelle il offrait
de petits présents po\ir faciliter la fréquence de ses visites'.
Le P. Carré, à son tour, n'envoyait point à Richelieu les lettres de Riolan ; il les
copiait ou en faisait des extraits de sa main , et mettait au bas des passages co-
piés : hœc ille; Richelieu n'avait pas besoin qu'on lui nommât cet ille; puis le
P. Carré continuait la lettre pour son propre compte avec les informations diverses
qu'il se procurait d'ailleurs. Cette correspondance dura du 2 i janvier jusqu'après
la mort de la reine mère. Il faut lire ces lettres pour se faire une idée du soin que
prend l'espion d'envenimer les paroles qu'il rapporte au cardinal, et de rendre
plus blessants, plus irritants pour lui les incidents qu'il lui raconte; de lui pré-
senter sous un jour plus odieux les personnages dont Richelieu peut avoir à se
plaindre. C'était le temps des intrigues et de la conspiration de Cinq-Mars, et
certes les rapporteurs avaient beau jeu pour exercer leur zèle dangereux.
Ce n'est pas un point d'histoire sans intérêt pour la vérité, et aussi pour
l'équitable appréciation du caractère de Richelieu, de montrer combien ses
agents contribuaient souvent à l'aigrir, et quelle part de responsabilité pèse sur
eux dans le blâme que méritent certains actes de sa vie. Si , malgré l'insuppor-
table caractère de Marie de Médicis et l'impossibilité de gouverner avec elle,
on peut justement reprocher au cardinal l'extrême dureté, la cruauté même
de sa conduite envers son ancienne protectrice, n'est-il pas juste aussi de lui
trouver quelque excuse dans les rapports pleins de fiel que chacun lui faisait
pour lui plaire.^ Toutes les injures dont on le poursuit, tous les malheurs
qu'on lui souhaite, toutes les malédictions qu'on lui lance de loin, et jusqu'aux
railleries de ces dégoûtantes infirmités qui font présager sa mort, tout cela lui
est rapporté avec une fidélité perfide et cette verve de malice qu'anime fes-
' «Le vendredy j'allay à Saint-Ger- verte. » (Lettre du P. Carré à Richelieu
main, où je vis la reyne, prenant prétexte du 22 mai; manuscrit précité de Cologne,
de luy porter des fèves en grosse cosse fol. 211.)
DU CARDINAL DE HICHELIEU.
913
pion, persuadé que plus l'insulte est sanglante, plus Richelieu lui saura gré de
la révélation ^
Riolan était arrivé à Cologne vers la fin de janvier, il avait trouvé Marie de
Médicis très-malade de corps, et fort mal disposée d'esprit à son égard; elle se
méfiait, nous l'avons dit, de ce médecin envoyé par un ennemi. «Elle ne m'a
point parlé de ses affaires, écrit Riolan le dernier jour de janvier, et je n'ose
commencer le premier, joinct que je ne la vois point le soir à minuit où je
pourrois estre seul avec elle. » Une autre fois, le n février, mêlant les rapports
de sa double fonction, il avertit que la reine est enflée, qu'elle souffre d'une
fluxion sur les yeux, et que le Coigneux s'occupe d'une négociation, fort secrète.
Il n'en dit pas l'objet, qu'il ignorait, si même il existait en effet une négociation.
Mais, à défaut de faits, les insinuations perfides ne manquaient pas. Riolan insis-
tait avec une malice habile sur ce qui pouvait blesser plus cruellement Richelieu :
«Ils publient que M«' mourra de la maladie dont il est atteint, ils l'ont faict
imprimer dans la gazette. .. ils adjoustent que Cinq-Mars possède le roy et gou-
verne ses affaires, que M^'' a le mal d'Antiochus, qu'il est couvert d'ulcères ver-
mineux. • Des religieux voulant écrire au cardinal ont demandé à Fabroni les
qualités qu'on donne à Monseigneur. » Il ne les voulut déclarer, dit Riolan, au-
trement que les suivantes: Au plus ingrat et meschant homme de la terre. •
Les rapports continuaient de plus en plus remplis d'aigreur. La reine a été fort
malade, elle gémit de sa misère, elle se plaint qu'on la veut faire mourir de faim,
il n'y a point d'argent pour la nourriture des petits officiers ; il est dû deux mois,
et à moy trois, ce qui me fasche fort^. . . « Ils maudissent le cardinal, ils atten-
dent la mort du roy ... ce malheur pourra tomber sur la reyne-mère si la toux
' Rien de ce qui se passait chez la reine
mère n'échappait aux critiques de Riolan ;
il se plaint qu'il est arrivé de Florence à
la reine un apothicaire avec sa suite : « ils
ne sçavent ny latin, ny françois, mais ils
savent fort bien faire des conlilures, des
pasles, des eaux de senleur, des muscar-
dins. .. » 11 y a là une perfidie de Fa-
broni, dit Riolan. ail veut avoir en son
pouvoir la bourse, le corps et la vie, et
fâme de la reyne, car il luy a donné con-
fesseur, aomosnier, cuisinier, apothicaire,
il ne faut plus que le médecin.» On sait
que cet Italien était, depuis l'exil de la
CAAOn. DE RICHELIEU. VII.
reine mère, son homme de confiance et
l'intendant de sa maison.
' Le père Carré, en transmettant ces
correspondances, n'a pas une parole de
pitié pour Marie de Médicis; c'est sur l'es-
pion qu'il s'apitoie : « j ay compassion de
M. Riolan, qui est dans la disette.» C'est
qu'en effet il parait que le cardinal ne
payait pas à terme fixe ses loyaux services ;
Riolan s'en plaint en désesp<^ré, ci, ce qui
est curieux , il s'indigne qu'on le soupçonne
d'espionnage. « Ils me veulent faire mourir
de faim et me faire assassiner par des sol-
dats espagnols de la ville. . . ils publient
ii5
914 LETTRES
et l'oppression lui continue, •■ ajoute le docteur, d'un ton où semble percer l'espé-
rance de perdre bientôt sa malade.
Cependant des nouvelles venues de France annonçaient une amélioration dans
la santé de Richelieu (6 mai) : «J'apprends la guérison de M«^ écrit Riolan; on
s'attendoit icy à sa mort, et ils pubiioient qu'il estoit à l'extrémité, avec des im-
précations abominables, fulminées par le confesseur de la reyne et Fabroni. » Et
Uiolan répète, dans chaque lettre, les insultes faites au cardinal, les réjouissances
de tout ce monde-là si l'on apprend quelque revers de la France , les insolences
de Fabroni accusant le cardinal d'indignes entreprises sur les débris de la fortune
de la reine qu'il sait près de sa fin.
En effet, la reine mère se mourait : « Ce n'est plus qu'un schlet {sic) qui a tou-
jours courte haleine, » disaient les bulletins de Riolan, 2 3 mai; et le 3 juin : « La
reyne a été fort mal, et je répète le secret qu'elle ne passera cette année ^ »
Elle passa à peine un mois; elle était morte le 3 juillet; le P. Carré mandait le
i5 à Richelieu : « Je donne advis à V. Ém. de la mort de la reyne-mère, qui ar-
riva jeudi dernier entre midi et une heure. Cette pauvre princesse estoit telle-
ment aveuglée de sa créance aux astrologues que le mercredi, veille de sa mort,
elle dit à son médecin qu'elle ne mourroit pis deceste maladie; Riolan luy répar-
tit hardiment qu'elle ne debvoit pas s'ari^ster à cela et qu'elle n'avoit pas vingt-
quatre heures à vivre. »
Et la malheureuse reine laissa par son testament 20,000 francs à cet espion
brutal 2.
On a vu , dans la lettre précitée du 2 2 juillet , ce que Richelieu décida au sujet
du testament.
Cette correspondance de Riolan forme un journal très-circonstancié des six
derniers mois de la vie de Marie de Médicis. Il montre , en même temps que sa
misère et ses douleurs, l'ardeur et l'impuissance de sa haine; sa colère s'exhalait
en paroles; à Cologne elle était tout à fait hors d'état de nuire à la France, et
c'est ce qui donne un caractère plus regrettable aux persécutions qui augmen-
tèrent les douleurs de ses derniers jours.
sourdement que je suis pensionnaire de écrits en très-gros caractères ; il est pro-
M'' , un trahistre , espion ... M. le cardi- hable que l'intention de ce grossissement
nal ni'avoit dict qu'on auroit soing de moy , était de Riolan.
et je n'en voy pas les effects. » ' Riolan ajoute dans la lettre que nous
. ' Dans fautographe du père Carré qui, citons .-«Son testament mal fait pourroit
nous favons dit, transcrivait, pour le car- estre cassé; je prie qu'il soit validé, ayant
dinal, les lettres de Riolan, ces mots sont autant que M. d'Aquin, 20,000 francs. »
DU CARDINAL DE RICHELIEU.
915
NOTA.
Arrivé au terme de ce long travail et de recherches où nous avons tâché de
mettre autant de soin que de persévérance , nous aurions vouhi trouver, pour
clore ce recueil .quelque pièce d'une certaine importance politique et d'un sérieux
intérêt touchant les affaires d'Etat. La dernière lettre que nous ayons recueillie, où
le cardinal s'occupe des choses du gouvernement, est du 2 4 octobre: il se félicite
et remercie Dieu de la victoire deLérida, et prescrit les mesures nécessaires pour
maintenir l'autorité française dans la Catalogne (p. iSa ci dessus). De ce moment
nos manuscrits ne nous fournissent plus une seule pièce de Richelieu concernant
la politique générale. Aux Affaires étrangères, dans les diverses collections qui se
rapportent aux divers Etats de l'Europe, nous n'avons pu recueillir un seul écrit
qui nous ait paru dicté par Richelieu. De môme à nos grandes Archives, à la
Bibliothèque nationale et dans les autres dépôts. La collection France aux Affaires
étrangères, et, à la Bibliothèque, le fonds Harlay, nous offrent seuls quelques
documents où l'on reconnaît son œuvre propre; mais ces documents sont d'un
intérêt pour ainsi dire personnel; ce sont des écrits où se révèlent le sentiment
profond des difficultés de sa situation, et la pressante nécessité de conjurer les
périls qui le menacent; ce sont, on l'a vu (p. i55 et suivantes ci-dessus), des
mémoires contre Cinq-Mars, dictés par Richelieu pour être mis sous les yeux du
roi, ce sont les instances assidues de Chavigni auprès de Louis XIII, pour con-
traindre ce prince à éloigner de sa personne les hommes qui peuvent nuiie au
cardinal, instances où Chavigni seul parait, mais où c'est en effet Richelieu qui
parle. Il craignait chez Louis XHI les souvenirs du procès de Lyon ; il savait que
les chagrins et les mauvaises humeurs du prince étaient incessamment aigris par
des ennemis qui avaieut l'oreille du roi : Leub disgbAce ou sa ruine, telle était, à
ce moment, en apparence du moins, la principale préoccupation du cardinal.
Il existe pourtant un document, se rapportant aux derniers moments de Riche-
lieu, qui serait d'un vif intérêt et que nous n'aurions pas manqué d'imprimer si
nous l'eussions cru authentique. Une lettre ' adressée à Mazarin par Richelieu
mourant, le grand ministre léguant, pour ainsi dire, à son illustre successeur,
le gouvernement de la Fiance, quoi de plus curieux pourrions nous produire à
' Durant la préparation de son grand
travail sur Mazarin , M. Chéruel avait trouvé
cette copie à la Bibliothèque nationale,
boite du Saint-Esprit, n° 117. Nous ne la
connai.ssions pas, et il a eu l'obligeance
■de nous findiquer. On peut la lire dans
l'introduction de son premier volume,
p. 1 9 ; elle est bien faite et elle mérite d'être
lue.
916 LETTRES
cette place? Mais nous n'avons pas pu la donner comme œuvre du cardinal.
Nous l'avons examinée avec une sérieuse attention et avec le désir de l'adopter,
mais il ne nous a pas été possible de fermer les yeux aux signes d'une
fabrication manifeste. Cette copie, dont rien n'indique la source, n'a pu être
prise sur un original du ministre; elle commence par le mot Monsieur; or ja-
mais Richelieu n'a écrit à un cardinal sans mettre : Monseigneur; elle se ter-
mine par cette sèche formule : voslre irès-humble serviteur; toutes les lettres de
Richelieu à Mazarin que nous avons lues portent le caractère d'une affectueuse
intimité, et nous l'avons vu effacer soigneusement une formule banale qu'un
secrétaire avait écrite (p. 852), pour y substituer les paroles dont il use avec
ceux qu'il aime. La signature diffère de la véritable, et d'ailleurs, s'il eût
existé un original de Richelieu, il n'y aurait point eu de signature. Depuis le
mois d'avril, pas une seule lettre du cardinal n'a été signée (voy. notre t. VI,
p. 9o3). Ajoutons que les termes mêmes de la lettre disent qu'elle fut écrite
lorsqu'il ne restait plus à Richelieu aucun espoir de guérison; pourquoi alors
écrire à Mazarin , qui ne quittait plus le lit du malade? Si l'on nous objectait que
tous ces indices que nous donnons pour des signes de fabrication , Richelieu a
bien pu ne les pas remarquer au moment suprême, la lettre répondrait elle-
même; elle atteste une intelligence tout à fait maîtresse de soi, très-nette et
très-altentive. La vérité est que Richelieu mourant a recommandé très-chaude-
ment Mazarin au roi pour être son successeur; les témoignages sont unanimes à
cet égard, et Mazarin l'a répété dans vingt lettres écrites en ce temps-là; mais tout
s'est passé en paroles.
A défaut d'une pièce importante, nous voulons du moins, pour terminer di-
gnement ce recueil, rappeler ces mémorables paroles, qu'on ne nous reprochera
pas de répéter, et qui, écrites au lit de mort de Richelieu, ont toute l'énei'gie
patriotique et toute la fierté de ses plus belles années :
«Il faut que l'Italie sente, aussi bien que tous les autres estats de la mai-
son d'Autriche, que le chapelet de l'Espagne est défilé. •
C'est là sans doute la dernière pensée écrite du cardinal.
Richelieu a conservé jusqu'à la fin la puissance de son génie et la fermeté de
son caractère. Sa mort n'a point démenti sa vie ; elle a prouvé ce que nous avons
dit, sans aucune intention de justifier ce qui ne nous paraît pas excusable, mais
ce que nous avons répété plusieurs fois (car nous avions à cœur d'en convaincre
le lecteur) , que tout ce que Richelieu a fait , il l'a fait avec la conviction de bien
faire, et il est resté calme devant cette terrible responsabilité de l'homme qui va
paraître devant Dieu chargé du poids de vingt ans de règne.
SOMMAIRES DES LETTRES
DONT LE TEXTE N'EST PAS COMPRIS DANS LE SUPPLEMENT.
DATES
et
LtECX bB DATES.
SDSCRIPTION
DES LETTflF.8.
ANALYSES DES LETTRES
BT SOURCES.
1616.
20 juin.
2 5 juin.
Paris.
2 7 novembre *.
i3 décembre.
A M. de Saint-Clair '.
A M. de Guron.
A M" ips trésoriers des
finances.
Le roi au marquis de
TresneL
1616.
«M', j*ay eu un extrême déplaisir de ne vous avoir pas ren-
contré auprès de M*' le Prince'. Je mets cette lettre au
hasard, ne sachant pas si vous y estes encore présent.» Si
vous y êtes «je vous conjure de contribuer ce qui est m
vous [>our le commun bien duquel deppend le salut de
Testât, et disposer M*' à hasler son retour».. .« Quelques-
uns, iaschez de l'entremise baslie par le bon père, pour
i'inlelligence et union de LL. MM. interprètent le sujet de
mon voyage à leur poste, mais je ne me soucie pas beau-
coup de quoy qu'on puisse dire pourveu que je fasse bien.
— Ne vous mettes point en peme de vostre brevet, tout
vient à temps qui peut attendre.. . »
Ârch. des AIT. étr. France, t. XXVII, fol. 4ô. — Miaute de la
main de Céberet, «vfc qaelqiies mots de Ricbeliea.
Richelieu lui exprime le regret de n'avoir pas vu, avant leur
départ, ses enfunls , dont il fait l'éloge.
Imprimée. — Abrité de Vhist. da Poitou, par Thibaudeaa ^,
t. VI, p. io5.
Richelieu leur annonce sa nomination rie secrétaire d'État, en
remplacement de M. de Puysieux.
Catilc^e d'une vente d'aatographo», en juin i86o,
« Ne pas manquer de lesmoigner à S. S, la grande recognois-
sance que j'av de sa bonne volonté, dont je me promets la
continuation... ainsy que je suis le fils aisné de l'église,
ainsy y serai-jc tousjours le plus affectionné. J'espère le
faire paroîstre en l'occasion qui se présente des guerres
d'Italie, à l'assoupissement desquelles je veux travailler plus
que jamais avec Sa Sainteté. J'escrit amplement au s*^ de
béthune à ce sujet.»
Minute^. — Arch. des AfT. étr. Rome, t. XXIII.
' Nous voyons dans une lettre que ce pcrsoonage adresse i Ricliclieu , datée de Saint-Clair, lo aS j uillel , qup , par
l'iotervention de i'évéqoo de Lnçon , il venait de recevoir de la reine mère un brt^vet de conseillrr d'Etat. C'était sans
doute en récompense de ce qu'il avait contribua an retour de M. le Prince. (Voy. cudessus , p. Sig. ) La lettre du
»' de SaÎQï-Clair est signée : Vidard. (AfT. étr. t. XXVII, pièce 47'] Nous avons noté dans notre premier volume,
p. 43 1, une faveur accordée à un s' Vidard ; c'est sans doute le même. La lettre do Richelieu est do mars 1617.
' Ain^i le voyage do Hichelien en Berri est antérieur au 30 juin.
' Je n'ai point vu le manuscrit ; l'auteur dît que la lettre a été copiée sur l'originnl; toutefois je I.1 note sous toutes
réserves : Ricbeliea y parle de sa vieillestt ; il avait trente ans ; ce peut être là one plaisanterie; mais il ajoute , au sujet
des enfants de Guron , qui vont faire un voyage : «Je ne doute point que la vue des pays eatrangcrs ne leur profite beau-
coup ; pour moy je me suis contenté par force de celle d« ma patrie jusqu'ici ;■ or on sait qu'en 1606 Richelieu avait
paué quelque temps h Rome.
* Le catalogue dooneà cette lettre la date du 27 avril, c'est une erreur; Richelieu fat nomme en novembre.
' Sur cette matière une lettre plut développée a été faite, dont la mise au net est classée (rois feuillets pla» loin.
918
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
LIBVX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SODnCES.
1616.
î7 décembre.
Lettre du roi au duc de
Bouillon .
28 décembre
Le roi à M. de Tresnei.
Premiers jours
de janvier^.
1 5 janvier.
i5 janvier.
■}. 2 janvier.
Mémoire baillé à M. de
Schomberg , touchant
les électeurs et estats
d'AlleniagiiP.
L.e roi répond à une lettre datée de Sedan, le \k décembre,
«que la plainte qu'il luy faisoit n'estolt que pour prévenir
celles que le roy avoit sujet de faire de luy, ou tenir les
peuples en une fausse créance qu'ils estoient maltraittés,
que , s'il estoit sage , au lieu des remèdes dont il menaçoit. . .
il n'en rccberch croit point d'autre que !a bonne grâce de
S. M. à laquelle il esloit obligé de tout le bien qu'il avoit *. »
Imprimée. — Mercure françoit ^ t. IV, p. 354 de 1616.
licmercicr Sa Sainteté du gratis des bulles de l'arcbevesché de
Tours, donné à l'abbé oeMarmoulier; et aussy le cardinal
Borghese , qui y a beaucoup contribué. . . Asseurer le cardi-
nal Dellin que, m'ayant servy comme il a faict , je ne vou-
droispournen qu'il ne peust jouir désormais du profit qu'il
tire des propositions et propiiies dont il appréhende d'estre
privé.. . il importe à ma réputation qu'on sache que je
traitte bien mon cousin le cardinal Delfin,— Différend sur-
venu en Avignon , entre les officiers du pape et ceux du roi.
Minute. — Aff. étr. Rome, l. XXIII. \on coté.
1617.
Pour le premier point, porter. à S. A. palatin et aux autres
Électeurs, princes et Estais de l'Empire, une résolution
conforme à leur dignité, le roi prenant la résolution de
changer quelque chose au cérémonial de la réception de
leurs ambassadeurs. — Pour le second point, porter une
bonne et royale déclaration sur l'affaire de la succession de
Clèvcs et Julliers, que S. M. ne manquera pas de faire
tous les offices pour faire entretenir le traitté de Xanten.. .
«Pour le troisiesme, porter asseurance du remboursement
delcurdcu, par le roy, en resIabUssant un fonds certain.»
Arch. des Aff. étr. Allemagne, t. V, foL 3o3. -Mise an nei.
«Je vous ay informé de ce qui se passe ici le 5 de ce mois;
maintenant je vous donne avis que le baron du Tour ira
dans peu de jours en ambassade au lieu où vous estes; faites
le possible pour qu'il soit receu comme LL. MM. le peuvent
désirer. A son départ, je vous instruiray du sujet de son
voyage.»
Arch. des AfF. élr. Angleterre, t. XXVI, fol. iji. — Minute.
Lettre qui rappelle celle du i*"' janvier (ci-dessus, p. 33o).
Arcb. des Aff. étr. Espagne , t. XII , fol. 35^. — Minute.
Cette lettre est imprimée dans notre i" vol. p. 270, à la date
du 22, mais ]v. commencement manque; je le trouve dans
cette minute. On y voit que de plusieurs lettres écrilcs par
' Hicheireu fait l'eilrait de celte lettre dans ses Mémoires (t. I , p. 37a ), et il ajoute : «S. M. fit respons.; à M. de
Bouillon, le 27, avec plus de vigueur que l'on u'avoit pas accoustume du temps des autres ministre». . . Ce procédé
vigoureux du roi sentant plus Sa Majesté royale que la conduite passée. » Le P. Grîffet fait la même remarque en attri-
buant à l'cvêquc de Luçou les rcpousos adressées en ce temps-là aux princes mécontents. (T. I, p. 16S.)
* Ce mémoire a sans doute été joint ù l'instruction faite pourM. de Schomberg, le 29 décembre 1616; le manuscrit
n en donne point le qu.Tntièine , mais la pïèfe doit ^Irp des premiers joues de janvier.
A M. Desmarets,
A M. de Scnecey.
A M. Du Maurier.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT.
919
DATES
LIBCZ DB DITES.
1617.
2 3 janvier.
Ide,
►
0 lanvier.
3o janvier.
SUSCRIPTION
DBS LETTRES.
Le roy au cardinal de
Bonzy.
A M. le marquis de
Tresnel.
[A M. DfsmareU. ]
A M. te marquis de
Tresnel.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
i'ëvêque de Luçon , du Maurier n'eu a reçu (ju'une. Par
une des lettres perdues, fllclielieu lui mandait qu'on lui
accordait sa demande de revenir en France et que «le roy
envoyoit M. de La Noue vers M" les Estats.» — S'enquérir
de ceux qui avaient pris les paquets du roi, afin de les
faire châtier.
Minute. — Arch. .les Aff. étr. Hollande, t. VIII. fol. 17. —
Au foL 19, avec la date du a3, se trouve la miDute du
P. S. Imprîiuc p. 37a de Dotre premier volume.
« S. S. a accordt^ à l'abbé de Marmouticr * le gratis des buUes
pour Tarchevesché de Tours.. . Le s' évesquede Cominges
prétend une pension de 1 100** sur cet arcuevcsché. L'abbé
de Marmoutier estime avoir des raisons pour ne la point
payer; Je vous prie de faire en sorte qu il ne soit fait en
ces bulles aucune mention de la d. pension.»
Arcli. des Aff. étr. Rome, t. XXIIL — Minute.
Accusé de réception des lettres du i*' décembre et de la re-
lation qu'il lui a demandée par «le désir que j'ay de me
rendre capable de la charge dont LL, MM. m'ont daigné
honorer, qui requiert la cognoissance des pays et des per-
sonnes avec qui on a queUjuc chose à Iraittcr. . . Le roy
vous rappelant, j'espère apprendre de vive voix ce que
vous n'avez pu confier au papier. — Vous verres, par une
autre lettre que je vous escris et les pièces encloses. Testât
des affaires présentes.»
Arcb. des Air. étr. Rome, t. XXIIL — Minute.
« Vous ayant escrit le 3* décembre, 5*, ii'el i5*decemoià,
je m'estonne n'avoir aucunes nouvelles de vous.» — Kiche-
lieu s'en prend au peu de soin du maître de la poste de
Calais '.
Arch. des AfT. étr. ADgIcterre, t. XJCVl, fol. loo. — Minute.
f Le roy vous ayant mandé le 23 de ce mois qu'il désiroit
que vous partisslés de Home au mois de mars prochain ,
pour faire place à M. de Marillac qui va vous relever, je
prends la plume pour vous dire de nouveau, de sa part,
qu'il entend que vous eflectuiés sa volonté, au temps qu'il
vous a prescrit '. n — Rccommantlation d'agir avec beaucoup
d'instance pour l'affaire du gratis des bulles de l'abbé de
Marmoutier, «personne que le roy affectionne autant cpi'il
se peut dire. >i
Arth. des Aff. ctr. Rome, t. XXIII. — Mise au npt.
' On sait qu'il était frère de la maréchale d'Ancre.
' Dans une lettre du 21 février Desmarets se justifie du reproche qui perçait dans cette lettre de Hichelicu; il n'a
reçu les lettres à loi écrites qu'après de longs retards.
' Le marquis de Tresnel ne se pressait pas d'ohcir; il écrivait et faisait écrire par l'abbé du Noiet , auditeur de
Rote, des lettres qui montraient peu de di'férence pour Hicbelieu ; il mandait i la reine mère que l'évêque de Luçon
l'accniait H tort d avoir failli, et que n'ayant pas reçu d'elle Tordre de partir, il l'attendait « le pied j^ l'élricr. > M. du
No«et mandait de ton côte : ique puisqu'il (M. de Tresnel) n'avoit receu aucun coaimaodcment de LL. MM. ni de
M. Mangot pour partir au printemps prochain, il uo peut imaginer qu'on l'accuse de désobéissance.! (Lettres du
3o et du 3i janvier, même ras. de Rouie. ) Mais avant mime que ces lettres fussent parvenues , Richelieu répondait
aux premières hésitations de l'ambassadeur sur le ton de sévérité un peu rade qu'on vient de voir. Cea Messieurs no
connaissaient pas encore If oonveati ministre ; ils ne tardèrent pas à s'apercevoir qu'ils o'avaieiK plus alTaire & un secré-
taire d'Etat ordinaire.
920
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
LIEUX DE DATES.
1617.
3o janvier.
6 février.
février.
i5 février.
1 7 février."
SUSCUIPTION
SES LETTRES.
A M. de Senecey.
A M. le marcschal
d'Ancre.
A M. Du Maurier.
Le roi à M. le marquis
de Tresnel '.
A M. l'abbé d*Aumale.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
Lettre de compliments.
Minute. — Arch. deo Aff. étr. t. XII , fol. 356.
"Ces trois mots ne sont que pour vous tesmoigner que le
cours du monde est encore tel icy que vous Vy avés laissé. . .
On dit que ces messieurs qui estoient à Soissons. , . ont
dessein de faire une équipée jusques près des portes de
Paris, mais il n'y a aucune apparence qu'ils l'osent. Nous
avons envoyé les recognoistre et fait passer des compagnies
des gardes dans les faubourgs qui sont de leur ccsté. . . »
Arch. des AfF. étr. France, t. XXVJII, pièce 8. — Copie.
« M', j'ay esté très ayse de voir par vostre lettre du i g* jan-
vier l'advis que vous me donnés touchant l'homme dont
vous me parlés par icelle '.» Richelieu annonce qu'il écrit
à M. de La Noue, afin qu'il se tienne sur ses gardes, et il
espère que Du Maurier est en position de déjouer toutes les
pratiques contraires aux mtérêts de la France et au service
da roi.
Arch. des Aff. ^tr. Hollande,
la main de Celreret.
t. VIII, fol. 36. - Minute de
« ...Je ne puis que je ne loue grandement Sa Sainteté voyant
ie zèle avec lequel elle se porte à la réunion de ses enfants,
et ne luv rende un particulier remerciement de l'estime
qu'elle laict de moy, m'ayant jugé propre à l'avancement
d'un sy bon œuvre.. . — Vous ayant mandé de partir de
Rome, au mois de mars , pour venir me trouver... j'estime que
la première dépeschc que vous recevrez après celle-cy vous
rencontrera par les chemins. . . — Mon frère le roy catholique
s'estant entremis d'accorder l'archiduc de Gralz et les
Vénitiens, a eu procuration à cette fin de fEmpereur mon
frère... et il m'a fait dire, par le doc de Montéléon, qu'en
ma considération il vouloit consentir entièrement l'exécu-
tion du traitté d'Asti, qui est ce pourtjuoy on estoit venu
aux armes. Je ne doute point que l'Italie ne soit en paix bien-
tost, veu que le roy catholique et moy sommes d'accord
que ce traitté s'exécutera à Rome devant Sa Sainteté, qui
aura un soin particulier d'en haster l'accomplissement.. . »
Arch. des Aflf. étr. Rome, t. XXIJL — Minute.
«J'ay receu vostre lettre du 1 7 janvier, et le mémoire touchant
fafl'aire dont vous m'escrivés. . . » J'envoie à M. de Tresnel
«une lettre de cachet portant commandement pour la pa-
rachever.»— J'écris amplement à M. l'ambassadeur de qui
vous pourrez apprendre les nouvelles de deçà.
Arch. de» AfF. étr. — Rome, t. XXIIL — Minute.
' Du Mnurler avait mandé, par cette lettre du ig : «11 est très nécessaire que M. de La Noue ayt ordre de ne voir,
ny avoir aucune communication avec Aerssens pour l'ouverte profession qu'il faict depuis quatre ans de desservir icy le
roy, faisant encore à présent, comme l'ambassadeur de M. île Bouillon, tout le pis qu*il peut k la Franct» . demenrant
tousjours attaché aux oreilles du prince Maurice pour l'csmouvoir par la considération i\cs inlcrests de ses prorhes. . . 1
« Ayant de longue main étroite amitié avec M. de La Noue, Acrssons se promet morvrili«3 de la facilité et bonté de
son naturel. • (Ms. précité, fol. aa.) — (Voy. t. I , p. 391, un extrait pris à la Bibliothèque impériale.)
^ Au dos , le nom et la date. '
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT.
921
DATES
LIEOK DE DATES.
1617.
19 fihrrier.
Idei
¥
25 fé
2t> It'vner.
Idtn
28 ft^vrier.
SUSCRIPTION
DES LBTTRES.
A M. de La Noue.
Le roi à M. du La Noiic.
Idem.
Le roi a M. du Maèrier
Le roi ix M. le marquit
de Tresnel.
ANALYSES DES LETTRES
ET SODBCE».
M. de La Noue a mandé, de BruxeUes, le 3i janvier, qu'il so
rendrait dans peu de jours en Hollande; rëvéque de Luçon
lui recommande de solliciter de M" les États, aussitôt son
arrivée, l'envoi des ^ mille Hollandais promis. LL. MM.
consentent «qu'il y aytcn ces troupes quatre compagnies de
chaque régiment de ceux qu'Ellcs entretiennent auprès
d'eux et le reste de Hollandois. . . *
Arch. (les AIT. étr. Hollaude ,
la maiu de Gébcr«t.
t. VIII, fol. 38. — Minute de
L'intention du roi est de retirer ses troupes de Hollande,
pensant en avoir besoin au printemps.. . Cependant, sur
la réponse que les Etats feront a cette communication, le
roi, voulant leur témoigner sa confiance en eux, leur
pourra laisser encore ces troupes, s'ils en ont besoin , et à
condition qu'on lui enverra autant de Hollandais à leur
place. — Le roi recommande à M. de La Noue de n'avoir
aucune communication avec Aersscns ', et de surveiller
soigneusement ses menées.
Ar«b. dp9 AS. iir. Hollande, t. VIII, fol. 3g. — Miuiitc de
la main d« Céberel.
Le roi dé|>éche en Flollande le Verger Malaguet |>our bâter
le secours qu'il veut faire venir. «La confiance que j'ay en
M" les Estais est telle ([ue ne faisant point de distinction
de Irurs gens d'avec mes sujets, je me contente de tirer
des quatre régimens que j enlreliens près d'eux douze
compagnies seulement et le reste d'Hollandois, pour fournir
les quatre mil hommes que je demande. Je dcsirerois bien
que le comte Ernest ou le comte Henry en eussent la con-
duite.. . je remets néanmoins, etc. '■>
Arck. des AB*. étr. Hollande, t. VII!, Toi. 61. — Miaute.
Même lettre qu'à M. de La Noue; le roi charge aussi Du
Mauricr de ne rien négliger pour hâter le secours.
Arch. des Aff. élr. Hollande, t. VU! , fol. So. — Minuit.
« J'ay esté très ayse d'avoir sceu par Cocjuct l'acheminement de
la paix d'Italie. Je Tavois dnsja appris de Prague et d'Es-
pagne par le duc de Montéléon. Vous savés combien j'ay dé-
siré y contribuer. Je loue Dîeu de ce que maintenant elle
semble estrc arrivée à ce point. . . Vous tesmoignerés à Sa
Saintelé , avant crue partir, la joyp que j'ay que telle chose se
traitte devant elie.. . voulant bien luy déférer non seule-
ment en cette occasion, mais en toute autre.. . où il sera
question de la gloire de Dieu et du repos de la chrestienlé*. ■
Arch, des Aff. etr. Rome, t. XXUI. — Minute.
' Le nom a étc laissé en blanc dans la minute. ( Vny. la lettre du 1 1 février cï-dessDS , aux AaelysM. )
' Voyez daoB notre 1" volume * p. 3a 6 , la fin de celte lettre , dont nous avions trouvé un extrait & la Bibliothèque
impmalc daoi les neouscrita de Harlay. Nous donnons ici l'analyse du commencement , ayant eu depuis communica-
tion de la pièce entière.
' Suit dam le manascrit an billet de Richelieu ; il informe M. de Tresnel du soin qu'il a prts de lui fait* pnycr ses
•ppoÎDtemeats. (Mlmadate. M4me écriture.)
CARDIN. DE RICIIELIEO.
116
922
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
MEUX DE DATE
1617.
28 février.
hhm.
Idn
SUSCRIPTION
DBS LETTRES.
A M. l'abbé d'Amnalc.
Le roi à M. Desmat-ots,
A M. Desmarels.
ï.f-' roi à milord de Hay.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
«Ayant sceu par vostre lettre du 3i janvier ce qui s'est passé
entre M. le marquis de Tresnel et vous, je n'ay rien à vous
dire sinon que son temps estant expiré LL. MM. ont désiré
qu'il vinsl les retrouver.. . — Je n'ay point encore veu les
deux discours ' que vous m'escrivés cstre entre les mains
de M" le garde des sceaux et le contrôleur général, at-
tendu que je ne les leur ay pas demandez.»
Arch. des Aff. étr. Rome, t. XXIIL — Mînate.
Réponse à sa lettre du 18 janvier. Louis XIII s'étonne que le
roi de la Grande-Bretagne, judicieux comme il est, donne
créance aux faux rapports, au lieu de reconnaître la sin-
cérité du roi et l'intégrité de ses ministres. . . .Faire nou-
velle remontrance au s' Marco Antonio Dominis^; «tout
rintérest que je prends en cela est la gloire de Dieu, le
salut de celuy de qui je désire procurer la conversion et
oster le scandale que par son crime il a introduit dans
l'Eglise.»
Arcb. des AfT. étr.
uute.
Angleterre, t. XXV I , fol. 133. — Mi-
Réponse aux Ict très du s' Desmarets des 12, 19, ai, 27 jaii -
vier et 3 février. — Redoubler les poursuites au sujet du
vaisseau pris à Millefort, — «Si Le s' de la Roche est
encore à Londres ', S. M. entend que vous en faciez
plainte et que vous requériez qu'il »oit arresté. — On a
prétendu icy que l'armement fait en Angleterre était
destiné contre la France; nous avons perdu cette créance.
— «Je travaille autant qu'il m'est possible au règlement
nécessaire pour faire tenir des dépesches en diligence."
— Déplaisir du peu de succès de la mission du baron du
Tour.. .
Arch. des Afi. étr. Angleterre, t. XXVI, fol.
Dute.
13i.
Mi-
« MS le milord de Hests ' aiant appris par les lettres du s*^ baron
du Tour ce (jue vous avez contribué à sa réception , je ne
puis que je ne vous tesmoigne par cette lettre le ressenti-
ment que j'en ay . . a
Arch. des A(T. étr. Angleterre, t. XXVt, fol. ia6. — Mi-
nute.
' Jj'tin adressé au roiilrôleiir géucral , «sur les afifatres d'Italie el les intércsts des princes;* l'autre touchant
oies intércsts de la cour de Rome,» envoyé à i\langot. L'ahhé d'Aumalo avait invite l'évêque de Luçon à les lire.
(Mémo ms. }
^ Ceci se rapporte à une lettre de Desmarets, du 39 jauvier, laquelle n'est point dans ce maunscrît.
^ Desmarets répond , le i3 mars , que le ê' de la Roche n'est resté à Londres que sept ou huit jours et est reparti à la
nochcll>:> retrouver madame la douairière de Coude, de la part de laquelle il était venu. [P. S. à la lettre du 10,
fol. 13 8.)
* La date est cachée d^ns la reliure; une autre main a écrit celle-ci en tête, c'est la véritable.
' Voy. ci-dessus, p. 355.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLÉMENT.
923
DATES
et
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIEUX DE DATES.
DES LETTRES.
ET 80TIRCBS.
1617.
i" mars.]
La reine mèn* à miJord
lij^ay voulu joindre cette lettre a celle du roy pour vous
dire que j'auray à contentement de rencontrer les occasions
Hay.
de recoguoistre , en mon parlicnlier, l'afleclion que vous
avez monstre avoir au bien do la France.»
Aich.des Aff. etr. Angleterre, t. XXVI, fol. 126 v'.— Minute.
S mars.
Lettre du roi.
Félicitations sur «l'heureux accomplissement de vostre ma-
\ Part.
A mon cousin le duc de
riage avec ma cousine la princesse Catherine.» (C'est la
réponse à une lettre du 9 février, par laquelle le duc avait
,
Mantouo.
annoncé ce mariage à Louis XHl.)
Caliîuet de M. le baron de Giranlat. — Original , signé
Louis, contre-s'gné Richelieu.
j 7 mars.
Le roi a M. fin Maurier.
Le roi Tinforme qu'il écrit a M" les Etats au sujet des troupes
qu'on envoie de Holldnde, et lui . . .Iiàter cet envoi.. .
Le roi ajoute que M. de La Noue devant revenir avec les
troupes, M. duMaurier continuera à gérer, à ta Haye, les
affaires de la Franc
Arch. des Aiï.ctr.. Hollande, t. VHI . fol. 81. — MiiiUto.
ttttm.
A M. do La \otu-.
Lettre conforme à cctie que le roi écrit au même ambas-
sadeur. Riclielieu insiste quant aux protestants, sur ce
«qu'il n'est question en cette guerre que de réprimer
quelques rebelles que le roy a conviez par toutes sortes de
moyens à retourner en son obéissance, devant que de re-
courir aux armes pour les y contraindre. . . » On a reniar-
ciué dans la ré]>onsc de M" les États quelque insinuation
a'inlercession en faveur des princes : « J ay asseuré LL. MM.
que vous aurez, |>ar vostre dextérité, couppé les racines
Je cette intercession, en sorte qu'il ne penseront jamais
a se rendre médiateurs de sujets rebelles '.1»
Arch. des Aff. fit. HolUode, t. VllI , fol. 73. — Minute de
U main de C^l>cr«t.
Idem.
i^ roî a M" les F^stats.
Très chers, etc. Le roi a besoin non-sculementdes quatre mille
hommes entretenus par la France, mais en outre des cinq
mille Itoltandais qu'ils doivent fournir par le traite. Cepen-
dant, ies affaires du roi ne lui permettant pas d'attendre
tout le temps qu'il faudrait pour l'expédition de ce nombre
d'hommes, le roi se contentera pour cette heure de deux
mille Français et deux mille Hollandais. Le roi remet aux
Etats le choix du chef qui sera choisi pour les commander.
Arcli. des Aff. clr. Hollande, t. VIII, fol. 77. — Minuie .le
la nsÎD de Ccbcrel.
Idem.
Le roi au prince Mau-
Le roi rmforme de la lettre qu'il écrit à M" les États :. . . «Je
rice.
ne veux |rtis oublier de vous dire parliculiéremcnl comme
la confiance (jue j'ay en vous et à vostre maison me fait
désirer que mon cousin le prince Henry aye la conduite
de me» trouppes. n
Arch. des /^ff. ^(r. HolUode, t. VIII, foL 76. — Minute de
la mtin du Cékcret. |
' i\oas avons do
nn^, dans le i*' volume, p.
Ait, une lettre quî semble £lre le post-scriptum de celle-ci.
116
924
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DBS LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES.
ET SODRCBS.
1617.
1 7 mars.
idem.
idem.
Ida
Idei
Le roi à M. de Barne-
veldt.
Le roy au jjrînce Henry.
Le roi [au maréclial
d'Ancre].
Le roi aux gouverneurs
de Boulogne et de
Dieppe.
Le roi au prince Mau-
rice.
Le roi à M. de La Noue.
[Vers la fin d(
mars, classée
après le 8.]
[A M. de Sancy.
Le roi lui mande qu'il écrit aux États et ajoute : «J'ay bien
voulu vous faire cette lettre pour vous prier de me rendre
en cette occasion un tesmoignage de vostre affection; si en
quelque autre occasion je vous puis iaire paroistre la
mienne en vostre endroit, je le feray d'aussy bon cœur.»
Arch. des Aff. étr. Hollande, t. VIII, fol. 76. — Minute de
la Diaio de Cëberet.
Le roi lui exprime le désir que ce soît lui qui commande les
troupes qu'on envoie de Hollande.
Arcli. des Aff. ctr. HolIaDde , t. VIIl, fol. 78. — Original
signe, devenn minute à cause de corrections.
a Mon cousin , faisant venir pour mon service quelques troupes
de Hollande, je vous fais la présente pour vous prier, non-
seulement de permettre qu'ils soient à la rade de Bou-
logne ou je leur ay ordonné de descendre, mais aussy de
favoriser leur passage en tout ce que vous pourrez.. . »
Arch. des Aff. clr. Hollande, t. VIII, fol. 79 '. — Minute.
S. M. les prévient de l'arrivée des troupes de Hollande et
leur ordonne de favoriser le passage de ces troupes.
Arch. des Aff. étr. Hollande, l. VHI , fol. 80. — Minute de
la ciaîo de Ccberet.
S. M. l'informe de la mission «du s' baron de Courtaumer',
lieutenant général de mon infanterie en Hollande. . . Je
désire qu'd se gouverne en cette occasion ainsy que vous
lui ordonnerez. . . n
Arch. des Aff. étr. Hollande, t. VIlI . fol. 85 ^ — Original
signé, devenu minute à cause de corrections.
Le roi l'informe de l'envoi de M" de Courtaumer et de Hau-
terive en Hollande , d'où ib doivent ramener les troupes
que le roi a demandées. Cette lettre contient diverses re-
commandations déjà faites.
Arcli. des Aff. étr. Hollande, t. VIU , foi. Sa. — Minute de
la main de Céberet, — Au fol. 83, à M. du Maurier. —
Minute de la main de Le Maslc ; même chose à peu près que
la lettre à La Noue.
Riclielieu répondra par le premier ordinaire à ses lettres des
11 et 26 février... en femerciant pour les félicitations «de
la promotion à laquelle il a pieu à LL. MM. m'appelcr.»
Arch. defl Aff. élr. Constantînople , t. III, fol. 73. — Minute.
' Au bas de cette minute le secrétaire a écrit : « \ M. de Longucville , » et une autre semblable ■ au s' maresclial
d'Ancre.» Ces doux noms sont également notés au dos par Céberet, mais dans nn ordre différent; le maréchal
d'Ancre se trouve le premier, et c'est à lui , en effet , que cette lettre a dû être adressée en sa qualité de gouverneur de
la Picardie. L'autre lettre, où il devait être question de Dieppe , a dû aller an duc de Longoeville, qui avait le gouver-
nement de Normandie.
^ Au bas, de la main de Céberet : «A M" de Courtaumer et do Haaterîve, lettre du roy, pour se rendre en leur
charge , pour la conduite des troupes de Hollande. ■>
^ Au folio 83 se trouvent , sans indication de date ni de suscription , quelques lignes qui allaient au prince Maurice
et qui semblent un extrait de la présente Sépècbe.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT.
925
DATES
et
LIEUX DE DATES.
1617.
SLSCRiPTION
DES LETTRES.
[A M. (le La Noue '
Lp roi à M. de Ta Noue.
! avril.
I lient.
i3 avril.
Paris.
Le roi a M" Ifis Estats
i^e roi à M. le
Maarice.
prince
Le roi au marquis de
Trrsnel
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
«Le courrier qui attend mes lettres me pressant uu peu de
les iinir', je n'emploieray autre response à la lettre que
j*ay receue de vous que celle que le roy vous escrit.. . »
Arch. ^es hff. ctr. Hollande, t. VIII, fol. 139. — Minute <lc
U main de Céberet.
Le courrier envoyé par S. _M. n'étant arrivé qu'après la rup-
ture de l'assemblée des Etats, le roi n'a pu avoir le secours
3u'il demandait; il est donc nécessaire d'attendre que les
éputés se rassemblent; «il faut que je me résolve à la pa-
tience. » Le roi trouve bon que 1 ambassadeur se soît res-
treint flans la demande du nombre d'hommes; mais il lui
recommande de presser le plus vivement possible la déci-
sion sur l'envoi de ceux dont S. M. veut bien se contenter,
— Des mesures ont été prises pour empêcher le passage par
la Lorraine ou le pays de Cologne des gens que le baron
d'Oyen amène aux ennemis du roi; et s'ils prennent le
chemin de Metz, ils trouveront en tête les' de Schombcrg.
Arcb. des Aff. étr. Hollande ,
dp la tanin de Céberet.
Vin. fol. lia.— Miuote
«Très chfrs amys, alliez et confédérez, nous vous avons cy-
devant escrit comme nous avions besoin des trouppcs que
nous entretenons près de vous pour nous aydcr à réprimer
la rébellion de nos sujets qui ont osé prendre les armes
contre nous...» Le roi, en restreignant le nombre
d'hommes qu'il désirait, prie les États d'en bâter du moins
l'envoi.
Arcb. des Aff. étr. Hollande, t. VIII , fol. 136 1
de U main de Céberet.
Minutf
Le-_,roy lui demande d'employer le pouvoir cpi'il a sur les
Etats «à ce que j'aye au plustost les trouppes que je
désire. »
Arch. dei Aff. étr. — Hollande, t. VIII, fol. itS. — Minute
de la main de Céberet.
Ordre de remettre les chiffres, à son départ, entre les mains
de son secrétaire, auquel on mandera à qui S. M. voudra
confier ses affaires, jusqucs au temps que M. de MariUac
Arch. des Aff. ctr. Rome, t. XXIII. — Orig. signé du roi,
devenu minute , ayant été corrigé de la main dn secrétaire
lie Richelieu.
> La «uscriplion est cachée daii» la reliure | mais la lettre ne peut aller qo'à .M. de La Noiie. Cette lettre est d'ailleurs
rappelée dans cvlle du là avril, page suivante.
' Hicbelieu écrivait ce même jour à M. Du Maurier une lettre que nous avons donnée ci-deisus, p. 376.
' On a mis en l^lc de cett'^ pièce . pour le classement , 7 août; c'est une erreur.
926
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DE DATES.
SUSCHIPTION
DES LETTr.Eh.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1617.
lii avnl.
A M. le cai-clinal de
Bonzv. "
A M. de La Noue.
i6 avril.
A M. le mareschal
d* Ancre.
19 avril.
:>9 av
riP
A M. de Léon.
Lettre du roi a M. de
Léon.
[Avant
le 2a avril.
[Au mareschal d'Ancre.
Quoique LL. MM. estiment beaucoup M. le cardinal des
Ursins, elles trouvent étrange que M. le marquis de Tres-
nel ait laissé les aflaircs de France entre ses mains sans
en avoir reçu aucun ordre d'elles. — «Je ne sçav de qui
on pourroit avoir appris ce qu'on vous a dit quon vous
mettroit les affaires de Uome entre les mains, LL. MM.
n'ayant encore pris aucune résolution.. . »
Arch. des AIT. elr. Romo, t.'XXlII. — Minute.
«Encore que je vous aye envoie depuis deux jours des lettres
du roy. . . je ne laisse de vous faire ces trois lignes pour
vous prier de solliciter vivement à ce que S. M. aye au
plustost les troujïpes qu'elle désire.. . arrivant tard elles
scroient inutiles; il est important d'user de diligence.. . »
Arch.des Aff. étr. Hollanac, t. VIII , foL 3; '. — M(nute de
la main de Gébcret.
Rien de nouveau de l'armée de Champagne, depuis la ré-
ponse que LL. MM. ont faite sur la proposition du s' de
MaroUes '. «En l'Isle de France il n'est question que de
fortifier l'armée ; hastez donc, si vous pouvez, vos nouvelles
levées.» Distributions de régiments dans plusieurs pro-
vinces. Commissions données à divers pour d'autres levées.
— Richelieu n'oubliera pas îesaiTaires de MM. de Thorîgny
et de Matignon, recommandées par le maréchal d'Ancre.
— «Les troupes des Sevennes sont entièrement dissipées,
■>. ou 3oo hommes s'estant rendus, avec Andredieu, à
M. Déportes, qui les avoit bloqués.»
Arch. des Afl'. étr. France, t. XXVIII, pièce ig'. — Minute
(le la main de Le Masie.
«S'il arrive tous les jours des difTîcullez aux alTaires particu-
lières vous pouvés croire qu'il s'en rencontrera en celle-ci,
où il va du bien et du repos de la cliresltenté. . . » — M. de
Léon peut retarder sou aé(>art jusqu'au mois d'août , alors
son successeur partira d'ici certainement.
Minute. — Arcb. dea Aff. étr. Venise, t. XLII, fo!. 258.
Si la paix peut se faire par l'entremise du roi d'Espagne,
S. M. en sera satisfaite, mais elle en doute.. . «Quant au
discours que vous avés eu avec les Ebada {les Vénitiens),
touchant l'armement du duc d'Aussonne, je suis bien ayse
que vous leur ayés faict sentir le juste sujet que j'avois de
me plaindre de leur procéder. . . »
Arch. de» Aff. ctr. Veoise, t. XLII, fol. 257. — Minute.
K Contrairement à ce que je vous ay escrit ce matin * avec trop
de promptitude, je justifie M. le comte d'Auvergne;» la
' Celle pièce se trouve cotée Sj, ayant été classée, par erreur, au \lx février.
^ Lettre du i4 avril, ci-dessus, p. 38i.
^ Cette minute n'est point datée ; elle doit porter la même date que la lettre précédente,
* Je ne trouve pas \a lettre que celle-ci rectifie et qui m'aurait indiqué la date que le manuscrit ne donne point;
maison voit par ce que dit Richelieu, au sujet dî Lesdiguièrcs , dans la missive du li avril précitée, que la présente
lettre doit être pcslérieure de quelques jours au i4 avril. Flichclieu touche ailleurs un root d'une querelle que le maré-
chal d'Ancre av*it avec le comte d'Auvergne. ( Notre i*"" vol. p. ÔSf). ) Quelques lettres qui nous manquent à ce moment
nous auraient sans Houle fait connaîtie la suite de c^ niocontcnlcment assez ridicule de Concini.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT.
927
DATES
pt
LfECX CB DATES.
1617.
nioi».
Idem.
[Vers
la fin de mai.
[Du 13
au i5 juin '. '
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
A M. (le Luynes.
.'Vu s' Deageant, con-
seiller du roy en ses
conseils d'cstal et
privé, et intendant
de SCS finances.
[.\ M. de Lurnes.
A M. Deageant.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
lettre de M, le comte ne m'ayant été remise que tardive-
ment.. . M. de Lesdiguièrcs est tout dispos<^ à venir servir
le roi. . . il entre en goût du gouvernement de Champagne.
Arch. de» AfT. étr. Frauce, t. XXVIII. pièce 8a. — Miniile
de la main de Le Masie.
Richelieu lui donne avis de l'arrivée de la reijie mère à lilois;
Luynes aura tout contentement d'elle, ses actions n'auront
autre but tpic le bien des aOàires de S. M. La mémoire des
choses passées n'a plus de lieu en son esprit; Richelieu
n'eût pas cru que si peu de temps l'eût entièrement guérie
comme elle est.
Areb. des Aff. élr. France, t. XXVI 11 , pièce. iSg. — De la
in«in de Charpentier. — Aualyse. Hist. de Marie de Mcdicit ,
t. Il, p. 4i6.
C'est à peu près une répétition de la lettre écrite le même
jour à M. de Luynes. Richelieu ajoute que quelques-uns
avaient fort travaillé contre lui, mais la confiance dç la
reine n'a fait que s'en accroître.
Arch. des A0. otr. France, t. XXVIH, pièce i4i. - De la
main de dTarpootier.
« Ayant «çeu par son frère l'assistance que lui a donné Luynes
aux occasions qui se sont passées,» Richelieu lui en rend
de très-humbles grâces, il le prie de lui continuer sa bien-
veillance pour le garantir des calonuiies dont on le pour-
suit, a Les actions de la roy ne sont si saintes que s'il arri-
voit quelque mauvais événement, il le faudroit attribuer
non à elle, mais a ceux en qui elle a quelque créance. Le
roy aura contentement de ses actions . par conséquent de
ceux qui sont auprès d'elle. . . Je demande seulement qu'on
ne prenne point l'ombre pour le corps, et qu'on ferme
l'oreille à tous mauvais rapports K. . »
Arch. de» Aff. i'u-. France,
de la m^iÎD de Ccberet.
t. XXVIII, pièce io3. — Minate
■ M', je ne vous mande point particulièrement le subjet pour
lequel j'eslois venu chez moy, parce <jue le gentilhomme
que j'ay envoyé au roy vous en aura maintenenl rendu
compte'...» Richelieu obéira religieusement à ce que
S. M. lui prescrit parla lettre que M. de la Brosse a ap-
' On a >u ci-dessus, pn^à 389, comme Deageant oolreteiiait Kicheliea do» intrigues de ses eimciuis. * Les rapports
et artiGces contre l'évcsqoe de Luçoo , diaait-it encore ( lettre du 19 mai) , redoublent tous les joars, sans elTect toute-
fois , encore qu'il y ea ayt de sy cfTrootei de parler comme pour avoir oui. » Ricbclieu semble croire que Luynes et
Dragraot étaient bif^n aises de lui donner ces iuquictodes et qu'ils pouvaient bien exagérer les mecbanls propos dont
il était l'objet : «Je receiois par toutes leurs lettres des nouvelles des avis qu'on donnoit, disoient-ils , nu roy contre
moy ; ils lot majidoieot qu'à toute beore ils avoient les oreillei battues, etc. . . .Bref, toutes leurs lettrea ne cban-
totent autre chose. • Et Richelieu répète ce que nous iisoD», eo effet, daos le» lettres de Deageant. C'est à ce moment
sans doute qu'il écrivit la présente lettre , doDt noua retrouvons quelques phrases dans se» Mémoire» ( I . p. 46i )■
' Voy. lattie k M. de Luynes. ci-dessus, p. 409.
' Voy. lettre précitée , p. io9 , note 9.
928
SOMMAIRES DES LETTRES
LIEDS DE DATES.
1617.
[Vers le milieu
de 1617?]
[Commencement
de septembre.]
2 3 décembre.
Sans date '
SUSCRIPTION
DES LETTIiES.
A M. de Montbason,
A M. Dcageant.
Au provincial des Ca-
pucins.
Sans suscription.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
portée. I! proteste de sa fidélité ; sa consolation est d'espérer
que le roi y croira, et que M. de Luyncs et lui (Deageant)
y porteront S. M. autant qu'ils pourront.
Arch. des AfF. étr. France , t. XXVIII» pièce 90. — Minute de
la main de Le Masle.
En réponse à une lettre du duc de Monlbazon , Richelieu
écrit : «La reyne ne désire pas que vous vous defiaisiés de
la charge qu'elle vous a donnée en sa maison. . . si
j'estois assez capable pour estre de vostre conseil , je vous
dirois franchement que j'esviterois les occasions qui
peuvent donner lieu à S. M. de juger vostre affection
n'estre pas telle, en son endroit, qu'elle la dtsîre et que je
la veux croire ^. . »
Arch. (les Aff. élr. P'raoce,!. XXIX, pièce iSy. — Minutr
de la main de Charpentier.
Même sujet que la lettre adressée à M. de Luynes, ci-dessus,
p. in. Richelieu lui demande ses bons offices contre les
calomnies «en considération de l'amitié que vous m'avés
tousjours promis , dont je m'asseure grandement quoy
que je sache que quelques-uns, dont les artifices sont
trop cogneus,m'en ayant voulu priver.» — Deageant peut
répondre de lui (évêque de Luçon ) sans se compromettre.
Arch. des Aff. étr. France, t. XXVIII , pièce 120.
net delà main de Le Masie.
- Mis.
Richelieu l'informe de la résolution qu'il a prise d'établir à
Luçon un hospice de Capucins.
Imprimée. — Histoire da mona$tèr$ tt des évéqnes de Laçon , par
La Fontenelle de Vaudoré, t. I , p. 384.
f^ettre de compliments, de protestations d'affection et de
zèle. «Mon malheur est que je ne puis contribuer que par
souhaits a vostre service; M. Du Pont, mon beaufrère, vous
tesmoignera particulièrement quel je suis en vostre endroit ;
et moy, pour ne vous divertir point de vos grandes occu-
pations , je me contenteray de vous asseurer. . . »
Arch. des Aff. etr. France, t. XXVIII
de In main de Le Masle.
fol.
, — Mi au te
' Le conseil que donne Richelieu au duc do MontbazoD se rapporte évidemment à une époque où Ja reine mère était
en disgrâce; on peut supposer que cette lettre fut écrite peu de temps après la chute de Coccinî.
^ Classée avec beaucoup de pièce» sans date, mises à la Gn de 1617, et dont la plupart sont adressées è M. de
Luynes ; mais celle-ci ne peut aller à ce personnage, avec qui Richelieu était alors en correspondance assez
suivie.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLEMENT.
929
DATES
et
LIBDX DB DATES.
SUSCRIPTION
nSS L8TTRBS.
ANALYSES I>ES LETTRES
ET SOURCES.
ï*' septembre.
Avignon.
Idem.
[2" quinzaine
d'oclol>re '.1
A Messieurs les diocé-
sains de l'évesché de
Luçon.
 M" les curez de Té-
veschë de Luçon.
[A M. de Lu^nes.]
[Vers la tiu
de mars '
ou le
commencement
d'avril. 1
[...Avril.]
. Mai j
l.ellre dt: la reine mère
à M. de Luynes.
1618.
«Mes chers amis, le devoir du pasteur est de paistre sou
troupeau f de le paîstre spirituellement.» En conséquence,
Kichelieu les supplie de profiter de ses instructions. « Vous
ne dénierez pas cette grâce à celuy qui. . . est véritable-
ment vostre très affectionné serviteur. . . »
Imp.iPoitifrs, iSig, io-ia 'i enlèteàeV Instruction du chrestien.
« Mes frères. . . j'ay conjuré le peuple de recevoir de vous cette
inslruclion , et je vous exhorte à la leur départir avec soin et
cliarité. . . Mon intention est (|ue tous les dimanches et toutes
les festcs vous lisiez une de ces leçons à la grand'messe. . . »
Imprimée à Poitieis, 1619, iii-19. Idem.
Kiclielieu lui présente la requête qu'il adresse au roi pour lui
et ses frères; il lui demande ses bons offices; ressentiment
qu'il eu aura.
Arcli. des Aff. clr. France, t. XXVIII . pièce lof- — Minute
do la ni»iii de Céb^rct,
1619.
itéponsc à la lettre apportée par M. de béthuue et le V. de
Bérule. . . «Je reçois volontiers les asseurances que vous
me donnas de n'avoir j>oint eu intention do me dcsplaire
en ce qui s*esl passé* que j'oublie de bon cœur.. . n'at-
tendes donc de moy que toutes sortes de tcsmoignagcs de
ma bonne volonté. Vous sçavés que jt; n'ny pas nuy au
commencement de vostre fortune . . faites que mes actions
ne soient point calomniées auprès du roy M. mon lils. . . »
Mite au uet d'uiic écriture que je ne connais pni. — Arcli.
d(i Aff. «tr. France, t. XXlX, pièce ii3.
«Mon fils, ayant escrit au roy. M' mon iils, je ne responds
point à la lettre quej'ay receuede vous; me remettant au
P. de Bérule '. . . «'Assurances d'affection.
Minute de la main de Ci'bcret. — Aff. étr. France, t. XXIX ,
piice 103.
Le s' marquis <le Mosny Va quittée, sur un mécontentement
qu'il a pris sans qu'elle lui en ait donné sujrt. Il est fort
homme de bien et l'a fidèlement servie. A l'occasion elle
lui témoignera toujours sa bonne volonté.
Minute de la maio de Le Mit»le. — Arch. de^ Aff. clr.
t. XXIX (uoD coté) , r'est la pièce 1 1 1*.
' La FoDtenfllle de Vfludoré, Ititt. du moROttère et des évé<ftus dt Laçon , t. I, p. 38g. Voy. notre lntrc/ducli</n , p. Ltxv.
' Voy. ci-deMU5, p. 4a3.
' Le P. de Bérùle fit divers voyages [Mém. de Rickeliea . t. I, 5iâ ) vers la reiae mère, durant ses dcniclcs avec le roi
et avec Luynes; ruais il s'agît ici de cel^i qu'il fit eo compagnie de Bétliune, hina avant la conclusion du traité signé
i Aogoulémc entre la reine et son fils , le 3o avril. Lettre de Luynes à Marie de Médicts. ( France , t. XXIX , pièce 39.)
* Le mariage de la princesse Christine, fille de Marie de Mcdicis, conclu dans le eommenceineot de l'année, sans
qa'oD eût demandé à la reine mère son consentement. * Elle tint ce traitement plus cruel qu'aucun qu'elle eût reçu
jusqu'alors,* a dit Richelieu, Afe'm. t. I, p. 517. C'est U sans doute le lujet de mécontentement dont parle ici la
reine mère.
^ Le P. de Berale avait été envoyé vers la reine le 9 avril.
Lettre de la r«ine mère
[au prince de Pié-
mont].
La reiiip mère au roi.
CAHDIIV. DE RICHELIED.
117
930
SOMMAIRES DES LETTRES
DATKS
I.IEDX DK I:ATES.
1619.
[ Vers le mois
(le juin '.]
[Vers lu mois
(le juin '.]
19 jum.
.Juillr( '
i3' dizaiui!
e juillet.]
SUSCP.IPTION
DES LETTRES.
[A M. de Luynes.
Lettre de la reîne mère
à M. de Luynes.
A M. Dcageiit.
Lettre de la reine uiêre
au prince de I*ié-
Letlre de la reine mère'
à M. de Luynes.
ANALYSES DES LETTRES
F.T SOBBCES.
«... 11 m'est impossible de vous celer le desplaisir que j'ay
de voir que la reyne n'ayt pas la satisfaction qu'elle a tous-
jours espérée sur les asseurances qui lui en ont esté données
de vostre part. J'ay lousjours creu que c'estoit le bien de
S. M. et vostre avantage qu'elle fust asseurée de vostre
affection.. , J'apporteray à ce commun bien tout ce qui
me sera possible. . . »
Afi". étr. France, l. XXIX, pièce u6. — Minute de la main
de Richelieu.
Réponse à la lettre que M. de Luynes lui a écrite à l'arrivée
du prince de Piémont, son fils. «Je suis bien ayse que
vous recognoissiés l'inclination que j'ay eue de longtemps
à vostre bien '.» Vous croirez a l'assurance nouvelle de
mon bon vouloir, «puisqu'elle vous est asseurée par une
princesse dont la parole est inviolable.. . »
Arch.des Afi'. élr. France, t. XXIX, pièce 109*. — Mibc au
net de la main de Cédercl.
«Monsieur, ces trois lignes ne sont que pour vous tesmoiguer
combien j'estime les asseurances de vostre affection, qui
m'ont esté rendues par M" de Bérule et B'iutliillicr. . . »
Arch. des Air, ûtr. France, t. XXIX, pièce 43. — Mintttr de
la mnin dr Le Mosle.
La reine répond aux deux lettres par lesquelles le prince la
presse de se rendre promptement à Angers. «Ceux qui
m'ont servie n'ont pas encore esté restablis dans leurs
charges , ce (jui fait que je ne puis encore partir d'icy, m'as-
seurant que vous jugés bien que mon honneur et ma
conscience m'obligent a procurer qu'on pourvoie à ce qui
concerne ceux qui m'ont assistée j>remier que de penser à
nioy. On a donné des desliances de moy à M. de Luynes;
vous savés que je n'ay autre but que de servir le roy, et
que je veux aymer tout ce qu'il aime. . . »
Arcli. des Aff. étr. France, t. XXIX, pièce io3. — Minute
dont quelques passages sont de la main de Richelieu.
Elle l'informe de la missive qu'elle écrit au roi , dont elle répète
à peu près le contenu; «je vous prie de tenir la main à ce
' Le traitô do b reine avec le roi son fils était du 3o avril. L'amoiatic protuise ne fut enregistrée an parle-
ment que le an juin. C'est sans doute un peu avant cet enregistrement que cette lettre fui écrite.
^ Ce fut alor^ qtte le prince de Piémont alla' visiter la reine mère, porteur d'une lettre de Luynes. (Lettre de Luynes
ù In reine mère , i3 juin , déjà ciice. )
^ Ceci fait allusion à la réponse que fit M. de Luynes à un passage de la lettre de la reine mère analysée ci-dessus,
[). 74^ > fiii de mars ou oommen^emcnt d'avril.
'^ Le prince de Piémont était venu visiter la reine sa bcllc-mère, vers la mi-juin ( lettre de Luynes dn i3]. Celle
lettre a dû être écrite un peu après qu'il l'eut quittée , on juillet; à ce moment , Marie de Médiris faisait de conti-
nuelles instances pour l'exécution des engagements pris avec elle dans le traité des 3o avril et s^mai.
^ On a écrit au dos de cette minute : • Envoyé pnr M. de Monibazon. » Cotte circonstance donne à pen près la data.
( Voy. ci-dessus, p. '166. Un premier brouillon et une copie ont été cl-wsés dans le tome XXIX , pièces io5 et 108. ) La
lettre écrite au roi est sans doute celle que cite l'auteur de la Vie de Marie de Mcdicis ; la reine mère mandait à Louis Xlil
• qu'elle envoyoit d'Argouges , son trésorier, pour estrc satisfaite de ce qui lui estoit due , tant des cstats et pensions quM
lui avoit plu lui accorder, qno des frais extraordinaires qu'elle avoit faits depuis son départ de Blois, ■ M™* d'Arconville
met en note : • La minute originale de cette lettre , écrite de la main de l'evêque de Luçon , se trouve dans les mss. de
Godefroi, »
NON IMPRIMERA DANS LE SUPPLEMENT.
931
DATES
et
LIEUX DB DATES.
SUSCIUPÏION
DB8 LBTTBES.
ANALYSES DES LETTilES
ET SODBCES.
1619.
[Vers la fin
d'août '.]
[ i' quinzaine
d'oclobrc. ]
A M. le cardinal de
Retz.
A M. de l.uynes.
que.. . ce qui m'a esté promis soit accompli, el à me dé-
gager des frais que j'aî faits, ainsi que vous m'en avés
iaict donner parole.. . »
AIT. et.-. France, t. XXVIII , pièce io5. — Minute Je In main
(]« Cëberet.
Monseigneur, «ayant de longue main cogneu le P. Joseph
très alTeclionné à vostre service, j'ay creu (jue vous i.uriés
agréable que je vous réitérasse par luy les protestations
que je vous ay faîtes de la passïou quej'y auray tousjours. ..»
Arch. de» Aff. étr. France, t. XXIX. pièce i'i8. — Miiinle
de la main de Charpentier.
Contentement qu'a eu la reine «de recevoir des nouvelles de
S. M. par une personne telle que M. vostre frère*. . . Elle
a eu très agréable Tbonneur qu'il plaist au roy luv (aire de
luy demander son advîs sur le sujet dont vous me par-
tantes à Tours ', et vous en sçait un gré très particulier.. .
sa response est la mesme qu'elle vous lisl dès lors.» —
«Elle a grandement approuvé le choix qu'il a pieu au roy
de faire de M. le colonnel * pour avoir la charge de
M^'son frère,. . » — «Je vois tous les jours clairement que
l'affection de la reyne est sincère poar vois. . . pour moy,
si je suis inutde à vostre service, j'y suis au moins du tout
affectionné.» — IVière de «faire donner à la reyne les
assignations qui lui ont été promises à 1 ours, afin qu'elle
puisse sortir de ses aHaires. »
Arcli. des Aff. étr. Frauce, t. XXIX , pièce j
la maio de Charpentier.
- Mioiile de
novembre '.
A M. barbiu.j
Richelieu est heureux de l'affection que lui conserve Barbin,
«Certaines personnes dont vous avoucrés la conscience
irréprochable et le jugement fort bon, ont souvent exprimé
que je passois les oornes de la prudence du monde pour
mes amis. Dieu mVst a tesmoin si je n'ay fait la mesme
chose que j'eusse fait pour moy mesme. , . » — « La reyne a
tout fait pour avoir la permission de vous ravoir.. . J'ap-
porteray au sujet de vostre oilice tout ce que vous pourri<'^s
attendre du plus lidèle amy qui soit au monde.. . Pour ce
qui concerne fargent,.bien que mes affaires pour le bien
soyent en plus mauvais estât qu'elles n'estoient (|iiand jt-
suis entré au monde.. . je vous offre de bon cœur toute
l'assistance que vous sçauriés désirer d'une personne qui
s'eslimera tousjouis iicureux de partager avec ses amis le
peu qu'il aura au monde.. . »
Arch. deâ Aff. élr. France, t. XXIX , pièce Si . — Minute dt<
In main de Charpentier.
' Voy. ci-dc»sa«, p. i-Ji- H "V»t l'a» besoin de noter qu'ici. Richeliea met ■Monseigneur* hors ligne.
^ Branles, qui devint bientôt duc de Luxembourg , par son mariage avec I héritière da ce nom.
' Il y avoit : «sur le sujet de M. le Prince. ■ Cela a été barré. On voit f[ue, dan:» l'entrevue de Tours , Luv nés iivait
laissé pressentir la résolution d'ouvrir la prison de ViiiccnDcs, et an moment de l'eLOCuter, il semble demander l'avis
de la reine mère. — Louis XIII annonçait i M. )• Prince sa liberté le i6 octobre.
* Le colonel d'Oroano avait été nommé gouverneur de Gaston.
' Cette date est miae en haut d'une main étrangère; elle est vraisrmblable. Il n'y a point de suscriptïon , mais
tes détails de la lettre indiquent Barbin , qui avait répondu à ta lettre du a^ octobre ci-dessus , p. 473.
932
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIED& DE DATES.
SL'SCIUPTION
DBS LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1620.
i:^ jaii
9.S ftv
[Vers
la mi-mai '
[Vers
la fin de mai. ^
[ Vers la fi n
de mai.l
Instructiou pour le s"^ de
Chanleloube.
A M. Barbiii.
A M. de Luynes.
A M. de Montbason.
A M. de Luynes.
La reine mère l'envoie vers le roi et M. de Luynes pour
réclamer l'exécution des promesses qu'on lui a faites.
Arch. «les Afl". élr. France
la maÏD de Charpentier.
Richelieu, t. Il, p. Sa.
promesses qi
t. XXX,j)ièce i'*. — Minute tle
- Imprimée dans les Mémoires de
Mêmes sentiments que dans la lettre du 1 1 novembre i6ig.
«Quelques artifices que les envieux puissent apporter pour
me faire croire autre que je ne suis» vous cognoistrés. . .
que je seray tousjours en vostre endroit tel qu'on le doit
eslre envers le meilleur et le plus parfait amy du mon<le. . . »
Arch. dc3 Aff. étr. France, t. XXX , pièce i4. — Minute de
la main de Charpcnli-er.
«...M. deBlainvillc a esté très bieu vende la reyne; s'il n'a
remporté l'eCTect qu'il eust désiré *, c'est que S. M. a creu ,
veu les sujets de mesfiancc que les choses passées luy ont
donnés, ne pouvoir garantir son esprit d'appréhension par
les simples assourauces qu'il luy a proposées... C'est à
vous, Monsieur, à prendre, s'il vous plaist, d'autres moyens
que ceux-là... S. M. sera tousjours disposée à recevoir
ceux qu'elle jugera raisonnable.. . »
AfF. étr. Frauce, t. XXIX, pièce iig". — Minute de la raain
de Cbarpeuticr.
Richelieu le conjure de contribuer au bon œuvre de la réunion
de LL. MM. . . «Je ne vous dis point les louanges qun vous
en acquerrerez devant Dieu et les hommes.. . »
ArcL. des Aff. etr. France, t. XXX, pièce i3i,-
la tobin de Charpentier.
MiuQte de
« Monsieur, — La reyne envoyé M. de Bréauté * vers le roy. . . n
Souhait d'une intelligence parfaite entre leurs majestés;
«vous contribuerés à un si saint œuvre tant désiré de tout le
monde. Je dis à M. de Blainville, quand il fust ici.. . que
tout le mal ne consiste qu'en la mcsfiance.. . et aux làus^es
alarmes qui se donnent de tous costés. . . deppartaut une
franche amitié à la reyne, vous devés espérer de la sienne
tout ce que vous en sauriés désirer. . . n
Aff. ^tr. Franco, t. XXIX, pièce 117. — iVliniite de la inaiu
de Charpentier.
' La missiuu de M. lie Blainville {7 mai) indique à peu près la date; ii fut envoyé plusieurs fois eu mai et juin
(voy. ci-dessus , p. /jS» «t suiv. ) à la petite cour d'Angers , à un moment oît l'oubli des promesses de Tours et les mé-
fiances réciproques aigrissaient les esprits et faisaient craindre une prochaine rupture entre le roi et sa mère. La
rupture éclata au commencement de juillet. Nous supposons que la présente lettre est du mois de mai i6iO.
^ Lcï voyages de M. de Blainville eurent en résultat peu de succès , la suite de la lettre le dit assei. Sa négociation
est exp(,séc avec quelques détails dans les Mémoires de Richelieu , mais sans aucune date. (T. 11 , p. 5o et suiv. ) ■ Il se
passa deux mois en allées et venues que fit le sieur de Bainville, • dit le Mercure de i6ao , p. i-ji,
^ Cette lettre, portée par M, de Bréauté, répète en abrégé celle de nichelicu à M. de Blainville. [Cl-Jes«us, p. /|84.)
* M. de Bréauté était premier écuyer de la reine mère.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLÉMENT.
933
LIErX DE OITBS.
,SU.^C1UPTI0N
DF.5 LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUBCES.
[P.
1620.
rcmiers jours
dr-juin '.]
A l'archevêque «M. de Blainville s'est très bien comporté en son voyagL*.. .
de Sens '. s'il a nn défaut, c'est celuy d'eslre trop ferme en ses réso-
lutions, dont il n'a voulu en aucune façon se rclascher.
Cependant il est impossible de passer avec prudence d'une
extrémité à l'autre sans milieu. Au nom de Dieu, Mon-
sieur, chercbez-Ie et le trouvés; c'est le bien de tout le
monde... U est bien raisonnable d'avoir recours à un
moyen d'asseurer que l'avenir ne sera plus semblable au
3 juUIet.
1 1 août.
Ponl-de-Cé.
[Seconde
quinzaine d'aoûL
Arch. des AiF. élr. France, t. XXX, pièce lag. — Minute.
Harangue à la reyne mère du roy» contre les plaintes de
Messieurs les Princes, faicte à S. M. sur les anaires do ce
temps. — Prononcée en présence de toute sa cour, par
messire A. J. D. P. D. R. évesque de Luçon, au cbasteau
d'Angers , le 3 juillet i6ao '.
BibLoat. L, 1673, AK.
A la reine mère '. Le roi ira au-devant d'elle pour lui faire voir plus particu-
lièrement le contentement qu'il a de sa venue; la reine en
a fait paraître une aise extraordinaire; M, de Luyttcs ne
désire aucune chose plus passionnément que de servir la
reine mère.
Imprimée en extrait , Vie de Marte de Mêdicit . t. III , p. 80.
A M. de Luynes. La reine envoie M. Bouthillier pour savoir des nouvelles de
Louis XIII; M, d'Épcrnon a obéi au roi; «quant j M. de
Mayenne, la reyne ne manquera pas d'y dépcsclicr inconti-
nent le retour de M. Bouthfllier. . . Ce sera une très grande
prudence à vous de luy faire donner quelque contente-
ment. Il a fait de très grands frais, vous sçavés qu'il n'est
pas accommodé... pardonnes a ma franchise. Monsieur,
vous jugerés bien qu il vaut mieux descoudre (pie rompre ^.
— Je ne vous sçaurois dire avec quelle ingénuité la reyne
' Cette lettre oon dAtéc est sa»» doute la réponse à une missive de l'arcbevéqne de Seus (3o mai), relative à )a
mission de Blaioville,
' Jean Davy DapcrroD, frère dn cardinal , auquel il succéda sur te siège de Sens. Bantrii , te bouffon, avait f^it
contre lui une satire intitulée L'Ambigu, surnom qu'on avait donné à ce personnage parce que» dit Talleniant, ■ du
vivant de »on fr^re , il n'estoit ny d'esglîsc, ny de robe, ny d'espée, ■ Il passait pour savant dans lei langues an-
ciennes, et il fut proposé pour étn> précepteur da Daupbïn, circonstance qai dément le brevet d'ignorance que lui
donne rauiear des liiitorietteê.
' Cet opuscule de la pages, petit in-8*, fut imprimé i Paris, en i6ao , avec permission. Il se ve
Meunier, rue Saint-Jacques. C'était le m<^me libraire chex lequel s'étaient vendus tes deux premiers ouvr
de Luçon. { Bibl. nal. L . 1673 AK. )
* Le Vassor donne une lettre de ta reine mère, envoyée au roi par Sardini , i la date du 8 juillet i6ao; c'était,
dit-il, nue espèce de manifeste que le roi refusa de lire. [HUt. de Louis XIII . t. III, 3* partie, p. 17^-} Le Vnssor
n'indique point la source où il a puisé cette pièce. L'auteur de la Vie de Marie de MédicJs la cite d'après Le Vassor, et
ajonle qu'elle était accompagnée d'avis sur la réfora:e de l'Etat. Les curieux pourront trouver cet avis dans la collec-
tion de Ûnpuy, où sont conservées aussi plusieurs antres pièces touchant les démêlés de la reine mère avec le roi son
Gis; le tout en copie. (Vol. 91 , fol. i35 et paistm. )
' La paÎK fut signée an Pool-de-Cé, avec Marte de Médicis, le ,10 août, et le même jour Louis XIII écrivait à sa mère
une lettre que porli le duc de Créquy, Lo lendemain , la reine envoya le cardinal de Sourdis et l'évê([ue de Luçon an
roi , Jivec sa réponse et le traité signe par ellp. Au sortir de l'audience royale, Richelieu en écrivit le résultat à la
reine mère. L'bistorien de Marie de Medicis ajoute que ta minute originale de la lettre da l'évéque de Luçnn est dans
le manuscrit de Godefroî ; nous ne l'y avons pas trouvée.
' Richelieu prie M. de Luynes de disposer le roi k l'indulgence en favenr du duc de Mayenne, auquel Louis XIII
vendait chex Isaac
s ouvrages de l'évêque
ne pardonnait pas de s'être armé poor ss mère. Le duc vînt lui-même à Poitiers, an commencement de septembre,
*" :iter la clémence du roi; cette lettre de Richelieu doit avoit été écrite quelques jours auparavant.
sollii
934
SOMMAIRES DES LETTRES
OATKS
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTIOX
DES LP,TT«ES.
ANALYSES DES LETTRES
ET sorncEs.
1020.
désire vivre avec le roy dont elle a esté très contente en
son voyage, el de vous aussy. Monsieur, c[ui reccvrés tout
contentement d'elle..
Arch. de» Aff. étr. France, l. XXX, pièce 137. — Minute
de la main de Charpentier.
[28 OU i>.9 août,] A M. de Luynes. «La reyne partira infailliblement lundy ' pour aller trouver
le roy à Poictiers. . . elle vous fera voir clairement qu'elle
n'aura rien au cœur que ce qu'elle aura «-n la bouche : le
désir de servir le roy et luy complaire el vous aimer fran-
cliement. . , si on vous dit autre chose, comme M. Bou-
thilHer m'en a fait cognoistre quelque chose , croyez, sur
ma foy et sur ma parole , qu'il y a de l'artifice. » — Dans
un P. S. Richelieu demande à Luynes de fairu prendre au
roi 5o milliers de poudre qui sont arrives par mer à la
Uochelle, dont la reine mère n*a plus besoin, et qu'elle ne
peut payer sans s'incommoder. «Cette poudre revient a
onze sols la livre. »
Arch. des Âff. étr. France, t. XXIX, pièce no. — MiDOte
de la main de Le Masle.
fi" qtiinzaine A «La reyne vous tesmoigne son affection par la lettre qu'elle
d*octobre. 1 *'Ous escril.. . M. de Roches* vous entretiendra sur le
sujet de son voyage... 11 m'ennuie extrêmement que je
ne vous voye pour jouir de voslre entretien à cœur saoul.»
M. de Mâriiiac m'a dit que la maladie où vous êtes tonibé
depuis quelques jours n'est qu'une petite lièvre.. .
Arch. des A£F. étr. France,!. XXIX, pièce 1 /|o. — Minute
de la main do Charpentier.
Vers A M. de Luynes. a Monseigneur, la reyne arriva avant hier eu celle vill<
[le :>o octobre.] elle est impatiente de sçavoir des nouvelles du rov nt des
vostres, y ayaut 20 jours que M. de Roches est party
d'auprès d'elle,. . malgré les grandes maladies qui sont au
lieu où vous estes, elle se promet que Dieu conservera le
roy et ceux qu'il aime.» Assurances des bonnes intentions
de la reine, malgré les méchants discours de ses ennemis.
« Vous adjouslerés plus de foy aux paroles de ceux qui ne
se font pas beaucoup de fcstes, mais qui auront lousjours
a gtande gloire de servir comme ils doivent. . . »
Aiï. étr. Fra-ce, t. XXIX, pièce ut. — Minute de la main
de Charpentier.
' Celle lettre, qui n'est point datée, annonçant in départ de la reine mère pour le lun.li , a dû êlre écrite le ven-
dredi 28 «ont, ou le samedi a 9. Arrivé ie 3o à Foi tiers, le roi y resta quelques jours avec les dcox reines » dont il prit
congé le 9 septembre , se dirigeant sur Bordeaux, les reines retournaient vers Paris.
^ Voy. ci-dessus, lettre de M. de Sens, p. 487. Le voyage de M. Des Hoches avait pour objet de porter a la cour,
en ce moment à Pau, certaines réclamations asseï capricieuses de la reine mère, et aussi de détruire l'effet des
méchants discours des ennemi» qu'elle et Richelieu avaient auprès du roi. Des Roches était parti les premiers jours
d'octobre ; c'est la date de cette missive qui est adressée à un ami de révêquc de Lu^oa.
' Quelle ville et quelle date ? En quittant (le 9 septembre) le roi oui allait en Bcarn , la reine mère prit la route de
Fontainebleau , et elle ne revint à Paris qu'un p mi npiès le 7 novembre. C'est sans doute dans la première Je ces villes
qu'elle est en ce moment , puisque nous voyons qu'elle est à la campagne. ( Ci-dessus , p. 488 , note. ) Quant à la tlate ,
nous savons par une lettre de Laynes (France , t. XXX, fol. 96) que Des Hoches était encore à Pau le 17, et qu'il était
sur le point d'en partir. Il lui fallait quatre ou cinq jours au moins pour arriver à Fonlainebleaa , et il n'y était pas
encore arrivé, dit la présente lettre ; on peut donc proposer la date que nous indiquons.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT.
935
DATES
et
LIEUX DX DATES.
SUSCRIPTION
DBS LETTRES,
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUBCES,
lo mai.
Blois.
2U mai.
Uourgoeil.
[Ver.
le I o juSlel .
Idem
[Premier tiers
de juillet.]
[...Aoùl'.l
A. M. de Nicolai, pre-
mier président de la
djambre des comptes.
Au premier président
de Mcolaï.
A M. de Luynes.
\u P. Arnoui.
Au cardinal de Rclz.
A M. de Luynes.
1621.
Informé par d'Argouges de ce qui s'est passé en l'affaire de ia
reine mère ', Richelieu s'en étonne, M. de Nlcolaï lui ayant
promis «de la faire vérifier simplement, ou d'en arrester
ïa vérification.» Levêque de Luçon demande qu'on répare,
au contentement do la reine mère, ce qui a été mal fait.
Autographe. — Archives de la famille de Nlcolaï. 37. L. 8.
ComiunnicalioD de M. de Boislisle.
«S. M. eusl désiré que son affaire eust passé comme vous
faviés proposé. Elle ne laisse de ressentir la façon avec
laquelle vous luy avés tesmoigné voslre affection en cette
occasion. »
Autographe. — Arch. de Nicoiaï. 37. L. 9. Idem.
«Monseigneur, la reyne voudroil que tous ceux qui sont
auprès d'elle fcussenl utiles à vous servir; elle vous les en-
voyercit volontiers comme elle fait de M. de Marillac. Le
plus grand contentement qu'elle puisse avoir est le succès
de l'entreprise du roi contre l'bérésie. Elle se plaint des
ombrages que le sieur Desbordes a rapportés qu'on làclie
de donner au roi, M. de Mariltac dira ce que c'est que la
grande forliiication d'Angers'. Vous n'y ajoutez pas fov ;
au contraire, je croy que c'est vous seul qui enipcschez
que les mauvaises pensées (|ue la malice des hommes
espand ne lace le mauvais cffect qu'elles pourroient faire. . . »
Arch. d«s AfF. ^tr, France, t. XXXI, pièce 18. — Minute de
lu main de Charpentier.
«lid reyne a chargé expressément -M. de Marillac de vous
eotrelenir particulièrement d'une affaire d'Angers, dont
vous auréa ouy parler.. . vons pourrés faire cognoistre la
sincérité de ses intentions... S, M. supplie le roy d'en-
voyer sur les lieux pour justifier celte imposture.. . »
Arch. des Aff. etr. France, l. XXIX, pièce i3i. — Minute
de la main de Charpentier.
5ur le même sujet que la lettre précédente au père Arnous.
«Ce mcsco nt en terne nt n'cmpeschera pas la reyne de con-
tribuer, au bien de l'église, du service du rov et de l'Estat,
tout ce qui luy sera possible... Elle recognoist le desplaisir
(fu'a le roy de ce qui s'est passé en son logement, et le sen-
timent de M. le conneslable.. . »
. XXIX, pièce 13g. — Minute
Arch. des Aff. étr. France,
de la main de Charpentier.
La reine ne se met point en peine de méfiances qu'on
donne d'elle, «parce que vous sçavés bien descoiivrir
' On up dit pa» de quelle aflfaire il a'agtt; c'était aan» doute Je l'acconipiiiseinent do ijuelque promesse faite à la
paix du Pont-de Ce. ( Voy. t. I, p. 671.) La lettre suivante noua apprend que tout s'arrangea à la satisfaction de Marie
<le Mélicis.
' Vny. ci-deaaas, p. 49^ * le mémoire donné è M. de Marillac, qui peut-être fut porteur de cette lettre.
' Cette lettre a dû être écrite au temps où le hruit des prétendues fortifications que la reino mère aurait fait fairp
à Angers était nn sojet de loupçon dont elle-même écrivaîf quVlle tt'en moque, » f Ci-dessus, p. 5o6. )
936
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
UEXSX DE DAIES.
1621
2 2 octobre.
SUSCRIPTION
DES LBTTBES.
A M. (If Liiynes.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOCRCES.
le faux (lu vray et que l'événement jusliiie ses inten-
tions- Elle désire avec passion que le roy parachève l'af-
faire en laquelle vous estes maintenant, aussy heureuse-
ment qu'il l'a commencée. » — Quand Richelieu est près de
Luynes, celui-ci le croit; Richelieu se promet qu'en son
absence il a le même avantage.
Arch. des Aff. ^.tr. France, l. XXXI, pièce i8i. — Miaule
(Je la maîo de Charpentier '.
On envoie le s' de Roches' qui est chargé de toutes les
explications ; seulement l'évêque de Luçon , ayant appris par
M. de Marillac (jue le connétable se plaint de lui , if attribue
«ces mauvaises impressions aux artifices de ceux qui ne
l'aiment pas ,» et il le conjure de ne pas ajouter foi aux
calomnies; «il seroit du tout nécessaire de chaslier ceux
qui tirent de leurs cervelles des faussetés évidentes pour se
iaire de festc, . . »
AfT. étr. t. XXXI , pièce i86. — Minute de la main de Char-
pentier.
1622.
Richelieu répond a sa lettre de ï'oitiers; il a confiance en
Marillac comme en lui-même.. . «Madame de Marillac m'a
dit la créance que vostre lettre porte , à (|uoy j'ay incon-
tinent satisfait auprès de S. M. ainsy que vous le désirés.»
Arch. des AfF. étr. France, t. XXIX, pièce i35. — Minute
Hela main de Charpentier.
«Ce n'est point merveille si une personne qui est en l'afflic-
tion où vous estes n'est pas exempte de soubçon.. . La
reynene vous a jamais oublié, et ses seniteurs n'ont point
manqué de désirer de vous servir.. . Maintenant que per-
sonne n'cmpescbc * que le roy ne tesmoigne le bon naturel
([u'il a tuusjours eu pour la rcyne sa mère, vous recognoistrès
les eflects de la bonne volonté de nostre bonne maistressf^. »
Arch. des Aff. étr. France, t. XXIX, pièce i38. — Minute
de la main de Charpentier.
«Si vostre contentement deppendoit de mes désirs, il y a
longtemps que vous auriés satisfaction... La rcyne s'est
résolue, sans attendre davantage, de suplier le roy, le jour
de Pasques, de cette grâce, et la faire proposer par les
' Celte lettre est la dernière que nous a)Ous de Ricl.elieu au connétable de Luynes; celuî-cî mourut le i4 décembre
1621. Le roi en informa sa mère par une lettre qu'a douuée le P. Griffet ( 1 , 3a6 ) et à laquelle Marie de M édi ci» ré-
pondit le ai décembre. Sa lettre se trouve ù la Bibliothèque nationale, collection Béthunc , n" 9770. Le 2a décembre ,
la reine mère conseillait à Louis XIII de gouverner par lui-même, et le 27 elle le félicitait de la prise de Monheur
■ dout la gloire en rcvenoit tout entière à lui seul. ■ On s'aperçoit, dès ces premières lettres, que la reine mère se sent
<lcbarrasscr du favori qui s'était placé entre elle et son (ils. Nous ue savons si Richelieu a eu quelque part à ces lettres,
dont nous n'avons dans ce manuscrit que ta copie, ainsi que de plusieurs autres de la même priucesse.
^ Ci-dessus, p. 609, les instructions données au s' De Roches.
* Nous avons deux lettres de Marillac dont on doit conclure que celle à laquelle Richelieu répond était du 16 ou
1 6 janvier.
** Cette missive a dû être écrite un peu après la mort de Luynes. Voy. notre tome I , p. 699 , une lettre adressée à
Charpentier, où Richelieu parle de» méfiances de Barbin ; ces deux lettres doivent être à peu près du même temps.
[Vers
le 20 janvier^
.janvier.
. Mar;
"A M. dr Marillac.
(A Barbin ?]
A M. Barbin '
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT.
937
DATES
L1BC\ DM DATES.
SUSCHIPTION
DBS LBITBES,
ANALYSES DES LETTRES
BT ftOUBCES.
1622.
Avril ?
Aux députes du clergé
de Luçon.
P. P. Segiiiran et Suffren^ avec tant de respect qu'il ne le
sçauroit trouver mauvais.. . N'attribués point à l'oubly de
la reyne ce qui ne procède que de la defliance qu'elle a
de SOS forces ^. . . »
XXXIl , pièce 173. — Minute
Arch. des Âff. étr. Fracce> t.
dp la main de Charpentier.
Faire une information des vexations, pilleries et misères dont
ils ont étû travaillés, afin (jue leur évêque tâche d'y re-
médier et puisse les soulager.
Histoire du monastère et des évêifaes de La^n , par la Fouteni-lle
de Vaudorc, t. I , p. 4o5 '.
27 mai.
[imours.
[ . . . Septembre.
1 a septembre.
De Monlliéry.
27 octobre.
Paris.
A Monsieur Monsieur
de Rouville *.
A M. Maupin*.
A M. Boutbillier.
A Monsieur Monsieur
de Rouviile , etc.
1623.
«Je suis extrêmement faschc de la peine que vous prenez en
l'afFaire que j'ay à démesler avec Mess, de Puygareau ; de
ma part vous en serez souverainement juge : j'ay fait une
bonne consultation.. . on ne me peut disputer la Ibnriation
de \ué à mon jugement. Ces Messieurs font peu d'estat de
ma pauvre et misérable personne.. , » ^ — (Après la signa-
ture. ) «Je vous prie de trouver bon que je baise les mains
à celle qui vous fait trouver l'air de la campagne doux et
agréable. »
Bibl. imp. Fonds fr. 3o6âi, fol. ai5. — Original, de la
main de Le Masie.
«Faut faire response que j'assisterav, en ce que je pourray,
au dessein qu'il a d'empescher que la multiplicité des
ordres ne se ruinent les uns les autres, selon sa lettre; et
telles paroles d'affections à leur ordre, comme nécessaire
au public.»
Arch.dcs Aff. étr. France , I. XXXV, pièce 87 •. — Autographe.
«M. de Vendosme escrivant à la reyne par M. de Comblât
pour la suplicr de luy faire don de quelques lots et ventes ,
contribués ce que vous pourrés à ce que M. de \ cndosme
obtienne ce qu il désire.. . Si celle aîfaire est accordée à
d'autres, la qualité de M. de Vendosme et l'affection que
la reyne luy porte, faict (|u'ils ne doivent point trouver
estrange si on apporte changement en celte affaire.»
Arcb. des Aff. étr. France, coll. verte, 1619-1641, t. VI,
fol. 9. — Original, de la main de Charpentier.
«Vous vous estes gouverné si prudemment qu'il n'y a rien
à redire à vostre conduitr.» Envoyer les procès- verbaux
' C<s instances de la reîne furent sans effet , car le iti avril Barbin écrivait à Rîclielicti que, n'ayant rien obtenu
il l« priait de terminer raBaire de la récompense de sa charge, pièce 173.
' L'auteor n'indique point la source, et il place cotte lettre , non datée, en avril 161 3.
' VoV' cî-destus, p. 63 i. C'est le m^me sans doate que Richelica qualIGe ■d'homme de cœitr, > dans ses Mêm, II, 67
* Il était vicaire frénéral île la Charilé, mai' - — - -
«on hospitalière de Bordeaux. II écrivait à Richelieu , le 9 septembre,
DD celles que «certains religieux nommas de S' Louys et religieuses de
oistna^e. Il donne aa cardinal, dans la. suseii[)tion de sa lettre, la qoalîtô
pour se plaindre du tort que feraient 2 sa maison celles que «certains religieux nommas de S' Louys et religieuses de
S" ÉlisAbelh « voulaient fonder dans le ' '
de proleclear de l'ordre de /a Charité.
' Cette cote est celle de L lettre do •' Maupio « an ba» de Uqaelle lettre Ricbelfen a ^crit ce projet de réponse.
CARDIN. DE RICHELIEU.
118
938
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX. DE DATES.
1623.
SUSCRIPTION
DES LETTRES
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUnCES.
[ Vers
la mi-janviiT.
Ano-fctcrre.
■ib avril,
tlompiègne.
io juin.
Compiègiif
La reine mère au conil(
de Tillièrcs.
«du prévost cldu grenelier, afin que sioD metloil (pielque
chose en avant à vostre préjudice, on puisse faire voir le
contraire par pièces authentiques.» . , . Quant à mon
aflaire, «j'en entends bon succez, telle que vous jugerez
que mon bon droict le requiert.'..» — P. S. «Le Masïc ne
manquera pas devons aller trouver.»
BihL ïmp. FomI» fr. ao65i, foL aao. — OriginaL
1624.
«Je m'eatonne de vostre crédulité, je n'ay donné aucune
charge au religieux' que vous me nommez, ny à aucuns
autres de traitter du mariage de ma fdle en Angleterre;
je n'en ay eu ny le pouvoir du roy Mons"^ mon fils, ny
l'inteDlion.. . ce religieux ne m'a parlé de ïa part du
s"^ marquis de Boukingham que du désir que son maistre
prist l'alliance de France. . . »
Arcli. des Aff. élr. Angleterre, t. XXVI « fol. aiy v'- Copie ■^.
— Imprimée : Mèmoirt du. comte de TWitres . p. 336,
Le roi le prie d'assister M. de Béthunc, nouvel ambassadeui à
Rome ^, dans toutes les ciioses qu'il aura à traiter pour les in-
térêts de la France. « Le roi rocognoistra les bons oflices dud
cardinal par les effects de sa bienveillance et proteclion.»
Arcli. des Aft', clr. Rome, l. XXXUI. — M note.
Deux iustructioDS lui furent données le même jour : on lit,
dans l'une, que, «S. M. prend elle-même les soins du gou-
vernement cl conduite de ses adaires.. . ; et les prcmiei"s
tesmoignages qu'elle a voulu rendre a esté... aux cantons
qui tiennent un des premiers rangs de son amitié.. . »
Celte instruction développe en 36 pages la situation des
affaires dont la plus importante est le rétablissement des
Grisons. La disgrâce de La Vieuville, que le marquis de
Cœuvres était chargé d'annoncer aux cantons, fut pont* lui
Toccasion dune faveur qu'il sut rendre fort honorable.
«M. le mareschal d'Eslrées demanda ïa confiscation de trois
terres de M. de La Vieuville, et les luy conserva après luy
en avoir envoyé le brevet.» C'est Tallemant qui consigne
dans son Recueil de médisances le souvenir de celte géné-
reuse action (I, 386), et il devait bien ce dédommagement
au marquis de Cœuvres, pour les on dit véritablement
infâmes qu'il ne lui avait pas épargnf'S dans celte même
' C'était au lérollet iuiglaia, uoramé Uoliert Grey, dont il est (question dans plo^ieur» lettres du comte «te TilHères,
f t au sujet duquel BiickJDghaiit écrivait le 39 janvier qu'il s'en enK défié au premier abord , el ayant soupçonné rim-
porlancc , l'a fait arrêter [ fol. a 17 du mùmems Voy. Io nota cî -dessus, p. 584 ). — La lettre , nou datée , a été écrite en
réponse à une au lie du comte de TilUèrcB , du 29 décembre. Nous voyons qu'elle était parvenue ù Londres le a i janvier.
* Une seconde lettre sur le même sujet, écrite par Marie de .Médicis au comte de Tillières le 17 février, est aussi
imprimée dans ic^ m^mes mémoires, p. aS^. Je n'en ai point le manuscrit.
^ Le m-irq»is de la Vieuville dirigeait alors le ministère auquel il venait d'associer Ricbelieu ; ennemi de îa famille
de Sillery, il saisît l'occasion de la mettre hors des alTaires. Il envoya un s' de Fontcnay , capitaine du régiment de
Navarre , au-devant du commandeur de Sillery, ambassadeur de l'rauce à Rome , avec ordre de saisir tous ses papiers ,
et de l'accompagner à la cour, sans le perdre de vue un seul instant. — Richelieu voyait avec grande satisracûon la
chute des Sil'cry, et il y a certainement coutribué par ses conseils , mais il a volontiers laissé à un autre l'odieux d'une
m^-surc violente. Nous ne trouvons dans l'iuslrurtion donnée au capitaine de Fouteoiiy aucun indice de la participalion
de Hichelieti à la rédaction de cette pièce, conservée aui Affaires étrangères, manuscrit cité aux sources, folio Saa.
Le roi au cardinal Ben
_ iivoglio.
Inslruction baillée
M. le marquis de
Cœuvres.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT.
939
LIBCX DE DATI8.
1624.
KjJUlli.
I
iH août.
Compiègnc.
SUSCRIPTION
DES LKTTBES.
Ke roy à mon cousin le
Landgrave Maurice
de Hesse, prince du
S'-Emnire , colonel
général des gens de
guerre altemans, es
lans à mon service '.
Lettre du roi à M. le
colonel d'Ornano.
Le rui a M. le aiarquis
d'Kfiiat , ambassadeur
extraordinaire en An-
• gleterre.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOCBCES.
notice. — La seconde commence ainsi: «L'instruction pré-
cédente, contenant certains points généraux, est faite prin-
cipalement à l'effet de couvrir soubs des prétextes spécieux
le véritable sujet de la légation du marquis de Cœuvres,
pour lequel sujet S. M. a commandé luy estre baille le pré-
sent mémoire séparé, qu'il ne fera voir à personne.» Ce
véritable sujcct est de « préparer et promouvoir aux soubslé-
vation chei les Grisons... D'adviser la quantité d'armes,
piques, mousquets et pouldres qu'il conviendra leur four-
nir... et leur donner des gens de main, de courage et
d'expérience.. . » en attendant que le moment soit arrivé
d'envoyer ouvertement une armée. Celte pièce est, comme
l'autre, signée du roi et conlre-signée Pbclyppeaux, Elle
contient évidemment la pensée de Uicbelieu et a été rédigée
sur ses notes ; mais cette longue rédaction est du commis
du secrétaire d'Etat d'HerbauIt.
Arch. de» Aff. étr, Suisse, t. XVI ( uod colé). — Mise au iicl.
«Lorsque j'ay dépcsché le s' Marescot ' pour aller visiter , de
ma part, les princes de la Germanie et aviser avec eux aux
moyens propres à les rallier pour le bien de leurs affaires,
et leur procurer une bonne paix, je luy ay faicl comman-
dement particulier et très-exprès de vous voir '...»►
Arch. (les AIT. étr. Hcsse, U I , fol. 19. — Miaule.
«Me contentant de la demeure que vous avésfaicte au cbastoau
de Cam(Cacn) pour peyne du délay que vous apportastes à
obéir au commandement que je \ous fis de vous retirer au
Pont-Saint-Esprit.. . J'ay comii:andé de vous remettre en
pleine liberté'. Vous pourrés me venir trouver.. . me ren-
dant l'obéissance qui m'est deue, attendes de moy des
tesmoignuges de bonne volonté.. . »
Arch. des AIT. étr. France, t. XXXV, pièce 87. — Minute
delà niaia de Charpentier.- — Miac au net, pièce 86.
Le roi renvoie les articles du contrat de mariage de Madame
avec des observaljons sur plusieurs articles auxquels on a
fait, en Angleterre, des cbangements inacceptables \
Arch. des Aff. éir. Angleterre , l. XXVIII , fol. 8. — Mise au net.
' Kiclielieu, dans cette mission, n'avait garde d'oublier la Hrsse, depuis longtemps alliée à la Franco; Henri IV
maintenait soigneusement rette alliance. A la mort tragique de Henri , le Landgrave se hâta de proteiter de sa fidélité h
!a mémoire du grand roi , ainsi qu'à son jeune héritier ( m», précité , fol. 3 ]. Et , de son câté , le cardinal s'empressa
sans duole de mettre à jour l'arriéré des subventions données i ce priuee , car oous trouvons ici [fol. 31} le compte
dp« années prérédentes jusqu'à hi fin de 163J ; il monte à 395,000 liv. Ce secours était bien nécessaire au Land-
grave, iM>n allachemenl nu roj ^y^n^ attiré sur ses Estats de grands ornges , • comme il l'écrit à la retno mère le
3 mars 1636 (ma. précité, fol. ih). L'année suivante, Guillaume succède à Maurice , et continue les liaisons de son
père avec la Suède et avec la France. Richelieu , qui vaote son courage , son rxpérirnce et sa fidélité {Mcm. VIII, 34<^),
l'en récoiiipenae largement. Le prince de Heaso en remercie le roi avec une elTusion de reconnaissance qui s'étend
jusque sur le ministre; c Vostre maiatre et le mien m'accable de ses libéralités, proinifr que j'aye eu l'honneur de luy
faire le moindre service,* mande le Landgraxc, et îl ajoute : «Je voudrois prouver romliien je prise vos mérites, et
combien j'ai d'ambition de me conserver !' honneur de vostre amitié.* iC3i ( ms. précité , foL 4u ).
' Maître des requêtes envoyé ''n Allemagne. { Mtm. de Uicheliea , t. H, p. ^o8. }
' Sur le m^me feuillet une lettre du roi à M. de Mosnv, oicmc date : . . .< Je tous fais la présente, afin qu'incontinent
que vous l'aurés reçue voua le délîvriés (d'Ornano) pour me venir trouver... ■ Le marquis de La Vicuville, qui l'avait
fait emprisonner, venait d'être disgracié- Lettre de cachet do i3 août, envoyée au parlement. (Notre t. II , p. a5.)
* Cett«^ pièce, dont Riebelieu n'a donné qce la pensée, a dû être ré<]igée par M. de Loménie, alor.: chargé
spécialement des relations avec l'Angleterre. Au folio 13 verso de ce manuscrit, nous trouvons, en legard , sur une
mime fcnîDe, les articles tels qu'ils étaient modifié» en Angleterre, cl tels que la France entendait les accepter.
940
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
I-IEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
'ANALYSES DES LETTRES
ET 80DKCES.
12 septembre.
Saint-Germain-
en-Laye.
Idem.
li septembre.
Saiut-Gcrmaîn-
en-Laye.
Instruction ' baillée à
M. I)esliayes'\ allant
eu Danneinarck et en
Suède.
Instruction à M. de
Bullion, allant vers
M. le connestable et
du là en Savoie.
Le roi à M. de Bëtbune.
Ménager l'accession du roi de Danemark à la cause de la
France et de ses alliés '.
Arch. tics Aff. étr. Danemark, t. I, fol. 19-2 4. — Doubtr.
Il s'agissait de s'entendre avec le duc de Savoie pour faire
exécuter ie traité de Madrid (1621) que n'observaient pas
les espagnols. — (H n'y a-<lans celte longue instruction que
la pensée de Richelieu, exprimée en style diffus, par un
premier commis du secrétaire d'Etat des Aff. étr. d'IIer-
bault; celui-ci a contre-signe la signature du roi.)
Arcl). des Aff. ctr. TurÎH , t. IV, pièce 6S. — Mise au ntt
corrigée et devenue niiniile.
Le roi répond à une lettre du 8 sur trois points : 1" la rcsti-
lulion de la Valtcline et des autres lieux occupés par l'ar-
cbiduc Léopold en la ligue des dîx droictures, et particu-
lièrement le dépôt des forts; 2" le mariage du prince de
Galles avec la sœur de S. M. * ; obtenir les meilleures condi-
tions pour la religion catholique.. .; 3" touchant la propo-
sition du mariage de l'héritière d'Estitian au royaume de
Naplcs, avec le s' dom Thadée, neveu de S. S.; M. «ie Bé-
tbunc a bien fait d'essayer de détourner le pape de cette
alliance avec une sujette du roi d'Espagne ^
Arcli. des Aff. clr. Rome, l. XXXV, fol. 3i. — Mise au net,
devenae minute, à cause de < haogcmcnts, doiit l'un oit de
la m:)iii de Richeiku.
Divers intérêts de la France, de Venise, de Savoie et des
cantons dans la Vallelinc : telle est la pensée de eetteins-
truclion , développée dans 2 h pap^os par un secrétaire d'État.
Arch. des Aff. etr. Venise, t. XLIII , fol, Sj-gi. — Mise au net*.
Au sujet du mot d'ordre à donner aux troupes, lorsque colles ■
de France seront réunies à celles du duc de Savoie, sous
le commandement de ce prince, ou du prince de Piémont.
Arch. des Aff. étr. Turin, l. IV, pièce 73. — Mise au net, ,
devenue minute , ayant été corrigée "'.
' Une des premières pensées de Riiliclicu , dès qu'il eut une part otHcielle à la direction des affaires politiques, fut
de nicnaf^or des liaisons entre la France et les puissances étrangères. Ou a vu ilans notre premii r volume , page 30S ,
Ja célèbre instruction donnée à M. de Scliombcrg , le ^9 déccmljrc i6)6, ainsi que les dépêches envoyées aux divers
agents diplomatiques. 11 en fut de mémo en 1 6a.i , cl quoique le travail des relations extérieures fût partagé alors entre
trois secrétaires d'État, quoique Richelieu n'eût pas encore le titre officiel de premier ministre, et quoique lui-même
ait écrit qu'il liiis8-ut,en général, aux aecrétaires d'Etat ie soin de dresser les instructions Jiploinatiqur» , il !■ 8
inspirait de sa pensée et ne restait pas toujours étranger à la rédaction. En indiquant ici l'instruction du s' Deshaiis,
nous donnons cet avertissement , qui se rapporte aussi à la plupart de celles q*ie nous avons indiquées dans ce rerueil.
' Sur Dcsliaies de Courmeniu , vojez notre quatrième volume , page 3âo , et les notes des pages aj i , agg-
' Le même ms. de Danemark contient, folio a;, une note qui se rapporte à l'ciécutiou de la mission du s' D. »-
haies en Danocnark et en Suède. On y voit qu'il était de retour à Paris le ai mai de l'année suivante. Ce ms.
nou3 apprenti encore que ie sieur de la Picard ière fut aussi envoyé en Danemark en i6a5 (août-novembre), fol. 35-4 J-
'' Notons une importante lettre du cardinal Barbcrini au nonce, du 1 octobre, sur la Valtcline et le mariage d'An-
gleterre. Copie. Ms. cité aux sources, fol. 88.
s C'est sans doute cette lettre-là que Richelieu annonce à M. de Mar'^oemont. ( Vov. notre tome II, p. 3o. )
^ Nous trouvons aux mûmes archives , dans le tome XVII de Suisse , une dépêche du rui (i3 septembre) à M. Myron ,
ambassadeur, et au marquis do Ctcuvrcs, (pii commandait l'armée française dans les Grisous, pour les informer de celle
mjssiiju de M. d'Haligre et de celle de Bullion ci-dessu« , 12 septembre.
'' Cette lettre est uue espèce d'addition à l'instruction de .M. de Bullion; plus haut, 13 septembre.
27 scnlembre.
Saint-Gcrmain-
en-Layc.
/c/n
Instruction pour M. Ha-
ligrc, conseiller d'es-
tat, allant à Venise,
Lettre du roi au con-
ncstable.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLÉMENT.
941
DATES
Msrs DE DATES.
1624.
l 'i octobre.
Sainl-Germain-
en-Lave.
2 décembre.
Paris.
1 2 décembre.
lô décembre.
t'arU.
SLSCRIPTION
DES I.ETTBES.
Le roi au s' Céberet '.
Instruction au sieur d(
Saiut-Géry '.
Mémoire pour scrv
d'instruction au s' de
Fancan •.
Le roi aux Cantons.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCE ST
DiiTicultcs que fait la seigneurie de Venise dans les affaires de
la Valteline.
Arch. Je» Aff. étr. Vcnîse, t. XLIII , fol.
devenue minute.
. — Mise au net
II dira au connétable de Lesdiguières que le roi a a]>prouvé
tout ce qui a été traité dans la conférence de Suzv. — Il
représentera au duc de Savoie la nécessité do remplir ses
engagements. — Au retour du Piémont» en passant dans
le Daupliiné, le Vivarets, le Languedoc, il verra les prin-
cipaux de ceux de la R. P. R. — Ici ces instructions sont
remplies de l'esprit de fermeté à la fois et de conciliation
quia toujours animé Richelieu à l'égard du protcstantif^me.
Néanmoins cette pièce très-longue n'est pas encore de son
style.
Arcli. lies Aff. étr. Tario , l. IV» piècp ij6. — Mise au net,
devenue minute.
«11 s'en ira, de la part du roy, vers- le duc du Bavière, et
néantmoins feindra son voyage estre ailleurs, et pour
quelque sujnt particulier. Il partira si secreltoment d'icy
que personne, mesmc de M" les secrétaires d'Eï-tat, ny de
ses plus familiers amis ne sachent rien de ce dessein. 11
escrira a M. de Scbomberg seul. — Le plus grand désir du
rov est de contribuer à cstabiir une paix durable, et pour
cela d'arranger l'affaire du prince palatin dans l'intérêt de
l'Angleterre et aussi de la Bavière. — 11 faut doux choses:
que la Bavière et la ligue catholique d'AUemagiie ne
prêtent aucune assistance aux Espagnols; et en second
lieu» qu'ils agréent, par le reslablîsscmeut <lu Palatin, les
conditions que le roy propose quasi conformes à celles
mises en avant par le P. lacinte. Si non , le roy sera obligé ,
par raison d'estat et contre son désir, tle joindre ses armes
a celles d'Angleterre, pour recouvrer le Palatinat. Faire
bien entendre au duc de Bavière que l'intention du roy
est d'eslever sa personne et sa maison aux plus liautcs di-
gnités de l'Empire. — Si le duc accupte ces propositions,
il faut qu'il envoyé une ambassade solennelle au roy, pour
le prier de s'entremettre arbitre cl médiateur pour un
accomodement *. »
Arch. de5 Aff. clr. Bavière , l. I, pisce •}'. — Minulc.
Le roi se i)laint du peu de concours que rencontre chez eux
sa politique, nt des diflicultés qu'ils élèvent sur le fait des
passages. ,
Arch. des Aff. ^Ir, Suisse, t. XVIL — Mise au net, devenue
minuit'.
' H était alors secrétaire de t'diiiliaisade de Venise, don', il faisait les affaires eu l'absence de j'ambassadour.
* On éc'ivail aossï Saingery. Ce gmlilhomme était coutîn du dac d'Eperoon. { Voy. notre tome II , 363 , note a.)
' Voy. noire troisième Tolumc , p. 6i 1 , note.
* On I l<i dans oue ioslruclinn donnée , quelques jours auparavant, à M. de la Ville-aux^Clercs , allant en Angleterre
(t. II , p. 39 et 4' ) • combien on avtit à cœur de convaincre les Anglais du désir do Louis XIII, qu'ils eussent satis-
faction au sujet du Patat'nat. Au reste, nous ne trouvons nulle paît les suites de celte mission de Fancan ; nous n'en
trouvons mémo pas la mention. Est-ce le «erret recommandp qoî fait qw'elie est restée si bien cachée ? ou platdt est-ce
qoVil'' n'aurait pas été efferlure ?
942
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
LIEUX DE DATES.
SCSCRIPTION
KES LETTRES.
1 5 février.
Paris.
[ Commencement
d'avril.!
Le roi à M. de Béthune.
19 avril.
[ 19 avril.')
A M. d'Effiat.
Itten
Idem.
ANALYSES DES LETTRES
ET SODRCBS.
1625.
Le roi fait une proposition d'accommodement touchant la
ValteUnc. Il envoie une copie chiffrée'; personne n'en a
connaissance que la reine mère et les principaux ministres
du roi; Béthune doit la tenir très-secrète.
MiDute. — Arch. des Aff. élr. Rome, t. XXXVI , fol. 95.
On envoie M. de Roches ^ pour avoir des nouvelles de la
santé du roi d'Angleterre. — oLe roy faict assembler de-
main le chapitre de l'ordre à votre sujet.» — Sur la ligne
oflensive et défensive entre l'Angleterre et la Hollande. —
Le moyen le plus puissant pour convier S. M. à se porter
entièrement à ce qui est des intérêts du roi de la Grande-
Bretagne est de faire la raûade sur mer de Soubise, comme
\e promet Buckingham. — « La façon dont il veut vivre
avec moy est un enoct de sa courtoisie. Je luy en rendray
toute ma vie le service qui me sera possible. Je n'ay garde
de donner cognoissance de cette affaire à personne du
monde, »
Minute cie la raaio de Charpentier,
t. XXXIII.fol. 6i.
■ Aff. etr. Angleterre,
K Desplaisir que j'ay de la mort du roi d'Angleterre. — La
resjouissance que j'ay de quoy Buckingham est en la mesme
authorilé qu'il esloit.. . espérance qu'on pourra faire tous
ensemble de très-grandes clioses pour le bien de la chres-
tienté, et la gloire des deux couronnes. — Que d'Effiat en-
voyé les 8 vaisseaux. — Que Buckingham exécute promp-
tement le grand dessein de l'armement de mer.. . »
Minute de la main de Charpentier. — Arch. des AIT. étr. An-
gleterre, t. XXXflI, fol. 88.
«Je vous fais ce billet a part' pour vous dire que bien que
le roy et celuy de la Grande-Bretagne soient en tel estât
maintenant que qui touchera l'un, touche l'autre, il n'y a
pas de petites difficultés sur la l'gne offensive et deffen-
sive.. . Mandés-moy par un chiffre le projet que vous
voulcs faire pour cette alliance, afin que je vous responde
particulièrement ce qui se peut faire... Vous pouvés
monstrer la lettre que je vous escris à 69 (Bouquingham) ,
mais non pas ce billet. . . »
Minute de la main de Charpentier. — Arch. des Aff. étr. An-
gleterre, t. XXXIlI.fol. 89.
' La pièce chiffrée n'est pas ici , mais ce doit être la note que nous avoos donnée à la date du commencenicut de
février, ci-dessus , p. 56o , lacfucUe note est de la même écriture que la présente lettre.
^ Celte lettre repond à une missive de M. d'Effiat, du 3o mars, et nous trouvons une lettre du s^ de Roches du
10 avril, par iaqucilo il annonce son arrivée en Angleterre , ce qui donne à peu près la date de la prcsenle.
' C'est une espèce de post-scriptum à la lettre du ig avril.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 943
DATKS
LlSCl DE DATES.
-SUSCHIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOCBCES.
1625.
[Fin d'avril
ou
commencemen t
de mai '..1
A M. «i'Kffiat.
Idi-m.
Idem.
liien,
■ 59 (le duc de Buckingham) dësire que M""* sa i'emmc soit
comprise dans la maison de la jeune reine.. . Il ne se peut
rien ajouter à raffeclion que le roy et la reine mère luy
portent. — Le roy sçait très-grand gré au roy son frère du
dessein qu'il a pour ' — Les affaires du roy pros-
pèrent de tous costez. — L'argent pour les 8 vaisseaux
est parti; qu'ils fassent voile sans retardement. Je vous
prie d'asseurer tellement 69 de mon affection, qu'il n'en
puisse douter.»
Minute de la main de Cbarpenlier. — Arcli. des AIT. étr, An-
gleterre, t. XXXIIl, M. Go.
M II faut escrire à M. d'Effial qu'il tire la paroie du roy que
quand les officiers de Macfamc viendront à mourir elle
puisse les remplacer en toute liberté. . . Il court un bruit
sourd que l'on prétend , par cette voyc , chasser les Fran-
çois petit à ])etit, et introduire des Anglois non catho-
liques. . . Ne |>arlc2 pas comme si vous doutiés que l'on eust
mauvaise intenlion.. . Le but du mariage ost de conserver
l'amitîè entre les deux couronnes qui ne dureroit guère si
on manquoit à accomplir les choses promises. . . »
MinDle de la raaîn de ChsrfiCQtier. — Arch. des AIT. ('tr. .\i)-
gletorre, t. XXXUI , fol. i3o.
«...Je ne voy point d'apparence à faire la ligue qu'ils
e8])èrenl. On renouvellera la delTcnsive. . . Je vous con-
firme qu'on ne fera pas rolfensive , j'ay parlé doucement
à Gornng sur ce sujet.. . I/intérest qui l'a fait désirer à
r.Vltgleterrc est l'affaire du Palatinat. . . Mais il en pourroit
arriver mal aux uns et aux autres par une contre ligue
que ic pape, l'Espagne et plusieurs autres princes, sous
prétexte de religion , feroîcnt ensemble. En ce cas, ils nous
feroient passer à Rome et partout pour hérétiques, ce que
nous voulons et devons esviter. . . . a
Miaule de la main de Charpentier,
gleterre. t. XXXIIl, foi. i33.
■ Arch- des AIT, étr. An-
«Le roy avoit trouvé bon vostre retour.. . Je suis bien fasché
que vous ne soyés venu,. . Je ne sçay ce que vous voulés
dire par vostre lettre, que j'ay dict à M. Gorring. . . Je
luy ay dict seulement que la ligue ne se pouvoit faire, ou
que le roy pourroit leur promettre la continuation de la
paye de Mansfeld pour le mois.. .Que S. M. ne prendroit
pomt de dernière résolution qu'après vostre retour.. . S'il
est venu en es|>éraxicc de faire lu ligue, il se trompera
asseurément, car elle n'est utile ny pour les uns ny pour
les autres. ».
Minate de la main de Charpentier. — Arch. des AfF. otr. An-
gleterre, I. XXXIU.fol. i33.
' Lue tuaiu clrjugcje a mis bii tète de cette lettre san» date : «Dernier février.» Mais les jirt-iniers mots montrent
l'erreur de cette annotation : • Monsieur, j'ay rccen vos deux lettres Ju 1 8 avril. . . >
' Ici an nom laissé en blaoc : c'est Soubise. M. d'£(Ual avait écrit, le 3o mars, que les vnisscaus de Soubi^c ik^
seraient re^us dans aucau port d'Angleterre et cjne le roi avait donné ordre de les brûler en mer, fol. 79.
94^
SOMMAIRES DES LETTRES
LIECI DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTBES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
3o mai.
A M. d'Effial.
19 juin.
Fontainebleau.
20 juillet.
Fontainebleau.
A la reine mère.
A M. le comte de Til
Hères , chevalier d'hon-
neur de la reync de la
Grande-Bretagne.
Kichelicu répète formellement qu'on ne fera point la ligue ;
que ceux qui la conseillent au roi d'Angleterre le des-
servent. . . Conditions auxquelles le roi accordera pour
quelque temps la continuation du payement.de Mans-
fold, . . Ceux qui conseillent au roi d Angleterre d'assister
un rebelle (Soubise) désirent autre chose que l'union des
deux couronnes.. .
Minute de la main de Charfieotier. — Arch. des Aff. étr. Âo-
glctcrrc , t. XXXlll , p. iSy.
Le roi engage cette princesse « à ne point passer outre dans
son voyage, à cause de son indisposition,»
Orîg. jadis dans les ma. de Godefroi , où dods dc l'avons pas
trouvé. — Extrait dans la Fîe de Marie de Médtcîs.lU ,p. 637.
Richelieu répond à une lettre où le comte lui avait mandé
son sentiment sur l'état des aQalres d'Angleterre. Le car-
dinal le félicite sur son affection au service de la reine.
Orig. -
M.Hi
- Arch. de
Ippcau.
la famille de Tillièrcs. Commanicition de
Sans date '.
[Peu après
le 20 juiUel.]
[Au P. deBérule.]
a J'ay receu vos lettres qui nte donnent bien du desplaisir pom*
voir le peu d'espérance qu'il v a de se promettre de grands
avantages pour la religion en Angleterre.. . M. de Mende
et vous faites fort bien , mais je désircrois plus de vigueur
au procédé de M" les ambassadeurs H y a pï"s de
8 jours que le roy a pris résolution d'y envoyer une per-
sonne dc condition qui peust parler de luy mesme. Par
une récente dépesclie, je consontois volontiers à l'intro-
duction de la mère et de la femme de Buckingham. . . J'ay
changé d'opinion en me soumettant toutefois a ce que sur
les lieux vous cslimerés plus a propos.. . Si la feyne peut
prendre la conduite et l'adresse de gaigner peu à peu son
mary, il y a beaucoup ù espérer, . . c'est à quoy vous devés
buter., . »
Minute dc la main de Charpentier, -~ Arch. des Aff. ctr. An-
gieteirc, t. XXXIII, fol. igo.
Le cardinal proteste de sa reconnaissance pour les grandes
obligations qu'il a à elle et au roi. — Il se plaint d'étour-
dissenients qui le prennent comme des accès de fièvre
quarte. — Eloges du roi.
Pour Is source, voy. ci'dessos, 19 juin.
«On a donné charge au s' de La Fontaine de parler pour ex-
clure Gourdon , si vous trouvés à propos d'en donner le
coQseU à la reyne; jiour moy je n en suis pas d'advis, et
n*estimc pas qu'estant comme il est auprès du duc de
Buckingham on doive entreprendre de l'exclure d'un lieu
où il est desjà cslably. Estant sur les lieux vous verres
mieux ce qui est à propos. . . »
Minute dc la moin de Charpentier. — Arch. des Aff. ctr. An-
gleterre, t. XXXIII, fol. 191.
' Voyez i'instructioii donnée au commencement de juin à V. de la Villc-aux-Clers , page 90 de notre a* volume et
aussi la page io5. — Celte lettre au P. de Bérulle nVst point Jalée , noys la plaçons aprè» la pièce du îo juillet,
quVIle a dû suivre à peu d'iiileivalle.
27 juillet.
1 " aoust.
Courance.
Ala reine mère.
Au p. de Béruie,
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT. 945
DATES
et
LIEUX DE DITES.
SC'SCHIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUIICES.
1625.
Ce 1*' aoust.
De Footaine-
hleau.
A M. de Mendes.
Le roi à M. de Béthune.
«Ayant dit à LL. MM. le désir que vous et le P. de Bérule
m'avés escrit que M. le duc de Buckiogbam vous a lesmoi-
giié avoir de mettre auprès de la reyne de la Grandc-Brp-
tagoe aucunes de ses proches ' pour dames de lict
I^L. MM. ont résolu d'y recevoir mesdames sa mère et sa
belle-mère; en retour de cette courtoisie cUcs désirent
absolument que ce soit à condition d'esclure toute autre
dame qui prélendroit à cette qualité; et elles espèrent que
M. le duc de Btickingtiam conlribucrd à l'exécution de
toutes les choses convenues... S. M. recommande à la
reyne sa fille de vivre avec led. s' de Buckingham comme
avec une personne que le roy son mary affectionne. Je vous
diray entre vous et moy que t'unique moyen de lier pour
jamais ces deux couronnes est l'exacte observation des
articles du traitté faict entre elles *. , »
Orig. — Arch. des Aff. etr. Angleterre, t. XKXIII , fol. igÔ.
«Faut escrire à M. de BéiKune Testât précis auquel est la ut-
gociation avec M. le Légal, qui ne veut point ouir parler
de la restitution de la souveraineté aux Grisons. — Que le
roy ne veut en aucune iaçcn se séparer de cet article pour
sa réputation; mais que ladite restitution se faisant , l'an-
cienne alliance du roy estant conservée, les Espagnols
estant exclus des passages, qu'ils demeureront tels qu'ils
cstoient auparavant, les forts estants rasés entre les mains
de S. M.; elle consentira tout ce qui ixnnra contenter le
pape...» (La pensée de ce préambule se développe eu
f|ualre pages.)
Matière de lettre , de la main de Charpentier '.
AflT. ^tr. Rome. t. XXXVII, fol. 88.
- Arcli. <
i6 août.
2 'i août.
A la reine mère.
Idem.
Continuelles souffrances de Richelieu. —«Ce qui me pèse le
plus, c'est qu'on tasche par faux et damnables artibces de
décrier la personne de S. M.»
Pour la source, «uy. ci-dessus , igjoin.
Le cardinal répond a S. M.: «M. le président le Coigneux est
très-habile homme, mais soupçonné d'avoir éCé lié avec
M. le Prince. — C'est un esprit capable de faire beaucoup
de bien et de mal.»
Pour ia sourcf . mérae indicatiou qu'au 19 juin ci-deisus.
' Au lieu de ces detuiers mots » il y avait : • Madame sa mire et sa femme , • qui ont élc harres.
' Celte lellro , écrite de la main de Charpentier et revêtue de la signature de Richelieu , n'a pas été envoyée. Corrigée
et devenue minute, a-t-el)e i^t^ refaite ? On y a substitue la date du i" août à celle du 33 juillet, écrite auparavant.
Le lieu de date est Fontaineblcan. Noos avons une autre lettre aussi du i" août, datée de Couranccs, où nichelïea
habitait en ce moment ; mais le cardinal a bien pu l'-tre le même jour à Fontitinebleau , qui n'en est qu'à quatre lieues.
Nous avona dit qu'il y a dans cette affaire an embarras de date; il n'est guère possible en effet de concilier celle-ci
atec la date du 30 juillet que porte nnc autre lettre donnée ri-destus.
* En tile Charpentier a mis : ■ Sans rommaniquer à M. le légat.» Aux fol. gi-gS se trouve la lettre faîte snr celte
matière, copie d'une écriture de bureau. Cette copie donne la date du 3 août.
C\nDIl«. DE IllCilKUEU. -
946
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
n
LIEUX DE DATES.
1625.
i" octobre.
Fontainebleau.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET 80DKCi:.<;.
5 octobre.
Fontainebleau.
2b octobre *.
Saint-Germain-
en-Laye.
:>() octoI)rc.
: novenihro.
Le roi à !\L de Saint- S. M. lui envoie deux lettres. Tune pour le pape, l'autre
Chamond. pour le I.cj^at. En remettant celic-ci, le marquis de
Saint-Cliamond dira au Légat «le dcsplaisir que j'ay reçu
de son prompt et inopiné dôpart; que l'assemblée des
principaux de mon royaume, qui fut tenue lundy dernier,
a loué la résolutio:! que j'avois prise dans la négociation
de mond. cousin, de consentir et procurer tous avantages
pour la religion eatltoli(pie, et la U'rmelé que j'avois mons-
trée pour maintenir les Grisons . mes alliez, en leur souve-
raineté.. . » — Remettre au Légal copie de diverses pièces
envoyées par le s' Myron, mon anibas:^adeur en Suisse.. .
Copie. — Arch. tles Aff. clr. Rome, i. XXXVIl , foL aaô. — ■
Au folio aag, copie de la lettre <lu roi au pape, ccritur*? de
bureau. — Au folio a3i, mise au net (U la lettre du roî au
légat , de la main do LcMasIe. — Ces deux lettres dirent la
m^iiic chose que colle du roi au marquis de Sainl-Chaniond.
«Le succczde vos affaires loi que vous le désiriez est la meil-
leure response qu'on puisse faire à vos lettres. S. M. s'est
portée très-volontiers à vous gratifier en ces oecâsioDs. »
Orif. — Arch. de Condô. Communication de M^' le duc
d'Aumalo.
«J'ai bien considéré vos dépesches dis 27" du mois passé et
7" du présent...» Le roi prescrit deux conditions : nerecon-
naîlre aux Espagnols aucune prétention sur la Valteline;
conserver la souveraineté des Grisons. Ne faire la paix qu*à
des conditions honorables et sures ^
Minute. — Arch. des AflF. étr. E5p.igi)e , t. XIV, fol. 370,
273^. — A/e'm. de Richelieu, t. II, p. 491-^94-
A M. le Prince.
Le roi à M. du Fari
gis.
Idem.
Le roi à M. de iilain-
viile.
«L'opinion est ([ue les Espagnols désirent la paix.. . Comme
le nianjuis de Mirabel n'est pas intervenu en la négocia-
tion que le cardinal Barberin a faite en ce royaume, je ne
désire pa:> que vous mterveniés par delà que vous n'ayes
ordre exprés de ma part.. . Quant à la remise des forts,
s'il ne vous est pas possible de surmonter la difïiculté, vous
demeurerés sur la retenue plus qu'auparavant.. . Je vous
recommande encore le secret, et f!e couvrir les conférences
avec le comte du prétexte des saisies dos biens des sujets
des deux couronnes. . . »
Mise au net. — Arch. des Aff. étr. Espagne, t. XIV, foK 374.
— Copie, fol. 280.
«Je prendray des conseils conformes à la dignité de ma per-
sonne et de mon Estât,» dit le roi en ordonnant à Blain-
ville de ne point laisser la préséance à l'ambassadeur de
Hollande.
Copie. — Bibl. irop. Fontanieu , P. 83 , [ îéce 63.
' La date du .'.g que duniii-ul les Mémoires est saus doute celle de rorlginaL
' A la date du dernier octobre, Richelieu écrit : «Depuis mon paquet fermé.» Et il mande qu'on a lieu de croire
que les Esp-ignols n'' veulent traiter que par rcntrcmisc du légal ; ace qui voua servira d'avis, ■ dîl-Jlî ■ patienter et
vous inocquer plustost que vous picqucr des démouatrations du ces gens-là. » Fol. 272. — HichclicD a écrit celle note à
la maifje : « Envoyé par le mesrae courrier du 25 octobre. »
^ Lntrp cos deux feuillets, le relieur a intprcalc, par erreur, deux autres pièces qui se trouvent cotées 271, 27"'.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 947
I
DATES
LICCX DE DATES.
1626.
' De Nois>'.
■ih novembre.
27 MOveBjbn;.
SL'SCRIPTION
DBS LETTRES.
[AM. deWainvaic!
Discours.
A M. de Guise.
6 décembre.
Paris.
Le roi a M. du Fargis,
Df ri lier
tlcccmbrc.
Paris.
luslrucliou au martpiîs
de Rambouillet.
Sans date.
Lcllrc (|ue M. de Savove
doibi escrirc an roy
ANAUfSES DES LETTRES
rT SOCBCES.
«J'ai Yu vos lellrcs et vos mc-moires et escoulé vostre secr(>
tairc. . . Le rov vous donne pouvoir d'agir selon sa dignité.
Pour moy je ne vous diray que trois mots qui vous donne-
ront toute la cognoissance que vous désires pour la con-
duite de vostre vaisseau.» Ces trois mots consistent à dire
(fu'il faut parler haut aux Anglais. I.a lettre finit ainsi :
«M. de la Ville-aux-Clercs vous donnera la loy, pour moy
je la reçois de vous.» Le sujet de cette lettre est intercalé
dans les Mémoires de Richelieu, t. Il, p. 5o2 et suiv.
Minute «le la main de Charpentier. — Arch. des AIT. étr. An-
gUu-rre. t. XXXIII , fol. 3Ô8.
«Discours tendant à voir si, ayant la guerre avec TEs'pagne,
en Italie, il faut la faire aussy au dedans du royaulmc '. »
Arch. des Aff. étr. France, collection verte, t. VII, a. —
Minate avec de Domlireu&es corn étions de la main de Rictie-
lieo.
«Le roy, recognoissant combien i\ importe à la réputation du
nom François es provinces du Levant d'empescher toutes
sortes de fraudes tians le trafic qui se fait sous la bannière
de France, et de conserver les iiégocians en leurs libertés,
envoie M. de Guise en Alger pour relever l'autorité consu-
laire et asseurer les conventions avec lesBarbaresqucs. »
Copie. — Arch. des AIT. élr. Coostaotinople, t. III , fol. 1 64.
■ J*ay entendu le rapport des lettres que vous m'avez escrittes
des 18 et 23 du mois passé.. . Les nouvelles de l'heureux
accouchement do !a reyne d'Esi>agne, ma sœur.. . Quant
aux négociations, le comte d'Olivaroz taschera de vous sur-
prendre. Traitez avec lui avec retenue. . . »
Minute. — Arch. des AIT. étr. Espagne, t. XIV, fol. a^a. —
V05. Mim. d* Richêlitay t. II » p. à^i , et ci-dessus, oota ,
p. 577.
Le roi l'envoyait en Kspagne pour la félicitation .sur la nais-
^ance d'une infante, nièce de Louis XIIL Amb3s.<iade de
pure cérémonie. M. de Hambouillet avait ordre de ne
traiter d'aucune allaire, afin <]e ne pas mettre en soupçon
Venise et Savoie. (Une complication étant survenue en ce
moment , l'ambassadeur ne partit pas. Voy . ci-après , p. 962.)
Mise ftu oet. — Arch. des Aff. étr. Espagne, t. XIV, fol. ^96,
Nf, Suivant l'intention de V. M. . . , n'ayant plus grande ambi-
tion que de lui complaire, «je luy donne ma foy et parole
âuc je n'eutreprciidray aucnnc chose contre les Lstats de
Mantoue et du Montferrat, directement ny indirectement,
' Ce titre c&t de |j m.iin dit cjriliiial. Nnus ne faisoiis (^'indiquer ici cette pièce , qui est insérée dai>s \ei Mémoires
de Ricktliea'. t. !ï, p. 5i8-5;,o.
'9-
948
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIBDX DB DATES.
1025.
SUSCRIPTIQN
DES LETTRBS.
janviei".
6 février ■
Paris.
A M" de Blainvillc et
de Mendes.
Le roi au maréchal de
)ierre.
Le roi à la reine de la
G ran de-Brt; tagne .
ANALYSES DES LETTRES
ET SODECBS.
pourveu qu'il { le duc de Manloue) asseure aussy V> M- de ne
(loiiiier vivres ny rciraictes, ny rece^oir aucune garnison de
prince el potentat qui que ce soit sur lesd.Eslats, tenant les
passages par iccutx esgalement libres aux uns et aux autres. »
Mise au net, écriture de bureau. — Arch. des Aff. élr. Tu-
rin , t. V (non coté) , pièce a lo '.
1626.
«J'ay rcceu vostrc lettre comme une apologie de vostre con-
duite que je n'ay pas sccn qu'on ayt blasmée C'est
gloire aux gens de bien de laisser la liberté à un chacun
de dire ce qu'il voudra d'eux pourveu qu'ils facent ce qu'ils
doivent.. . » ■ — Au verso Richelieu met un mot pour M. de
Mendes : la réponse est commune à tous deux comme était
leur lettre.. . «Vous m'avez ci-devant escril que vous esti-
miez le voyage de Buckiugham pouvoir produire de bons
effects pour la religion; maintenant, par vostre dernière
lettre, vous me mandés qu'il est beaucoup à craindre pour
le mal qui en peut arriver. Ne pouvant accorder vos con-
trariétés, j'en attendray l'esclaircissement.. . » — Vient un
petit feuillet colé 7, de la même écriture, sans nulle indica-
tion , et qui semble une continuation du feuillet précédent :
«Je \ous prie vous guérir une fois pour toutes de l'opinion
que vous avés, comme quoy je suis mescontent de vostre
procéder.» — «Qu'il prennebien garde à ce qu'on fera au
commencement, afin qu'on ne puisse pas faire faire quelque
chose à la rcyne qui soit contre sa religion. . . »
Mionte de la main de Charpentier. — Arcb. de» Aff. ctr.
Angleterre, t. XLI , foL 6 ol 7.
«Je vous dépesche ce courrier pour vous donner avis de la
résolution que j'ay prise de recevoir à grâce mes sujets de
la R. p. r. . . . Je vous envoie les articles de paix.. . Mon
autorité est conservée. . . »
OrigÎDal signé, devenu minute à cause de corrections. —
Arch.desACr. étr. Suisse, t. XXIIL
Louis XIII lui envoie l'abbé de S'-Orin pour grand aumûnier,
dont S. M. fait particulière estime. Ayant dcsliuc les pères
capucius pour servirdanssa chapelle, il désire que la reine
' Sur le ui£me feuillet €«l la forme de la lettre que doit écrire'Ie duc de Manloue. Le» premières lignes sont iden-
tiques; après les mots «fny et parole ■ est copié l'engagement demandé par la Irtlre du duc de Savoie; après quoi le due
de Modène ajoute: «pourveu que le duc de Savoie n'entreprenne aucune chose, etc.* (Comme dari» 1» lettre dudît
duc. }
~ A quelques jour» de là , le i5 février, le roi écrivait de nouveau à l'ambassadeur, et , sauf quelques réserves , ap-
prou-, oit sa négociation ; «Le principal est que les cantons soient convenus de la restitution de la vallée à ses légitimes
se'^riicura. o
^ La date manque ; ce doit être la morne que celle de 11 lettre adressée au roi d'Augleterrc sur le même Sujet.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT.
949
DATES
UEDX DB 1>AtE5.
1626.
juin
I 2 juin.
i*aris.
23 juiu.
De Blois.
[Vers le milieu
dp l'année?]
SUSCRIPTIOX
DES LBTTBES.
Instruction pour M. (1<
BuUion« allant- am
bassadcur extraordi-
naire en Picdmond '.
e roi aux cantons en
gt^néral. — Au [Miys
de Vallays. — Aux
cantons catholiques.
— Aux cantons pro-
testants.
A M. de Mende.
Instruction
ville.
à Marclie-
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
renvoie les deux pères de l'Oratoire» pour prévenir les dif-
ficultés qui pourraient surt enir.
Minute. — Ârch. des AIT. étr. Angleterre, t. XLI , fol. 79.
— Le folio 80 est une lettre du roi au roi d'Angleterre, an-
nonçant la mission do l'abbé; c'est un origiual qui u'a pas
été envoyé. La lettre a-t-elle été refaite ?
Le roi veut faire connaître au duc de Savoie «les raisons qui
Tout meu de conclure le traitié de paix qui luy a esté offert
de la part de l'Espagne sur les affaires des Grisons, Valte-
iine et d'Italie.» — Le sujet de l'ambassade de Buliion con-
siste en trois points : 1" faire approuver audit duc la
conclusion du traité; 2'* le disposer à une suspension
d'armes avec les Génois; 3" luy donner toutes asseurances
de l'appuy et protection de S. M. et de l'affection qu'elle
porte à sa maison. Ces trois points sont longuement déve-
loppés, et le roi, se confiant dans la fidélité du s' Marini,
son ambassadeur en Piémont, cliarge ie s' de Bulliou de lui
communiquer celte instruction et de s'entendre avec lui
pour la négociation ^
Arcb. des AIT. étr. Turin , t. VII, pièce 83. — Mise au net
d'une écriture de bureau.
Le roi leur envoie le s' de Préaux-Cbasteauneuft ambassadeur
extraordinaire au sujet du traité conclu avec l'Espagne
pour la Valleline. — Félicitations sur ce qu'ils y ont con-
tribué '.
Arch. des Aff. étr. Suisse, t. XXIU. — Quatre lettres de
même date. — Mise ao net. — Voy. les Mim. de Rtekelieu ,
III, p. a38.
«Nous ne nous hastcrons pas de payer les iioo,ooo livres res-
tant du mariage, selon l'advis que vous en donnés. . . vous
conjurant au reste d'avoir bon pied bon oeil, en ce qui se
passe au lieu où vous estes. >
Minute de la maiu de Cbarpcatier. — Arcb. des Ail. étr.
Augleterre, t. X1<I , fol. 90.
«M. de Marcbeville s'en ira en Bavière rendre la lettre de
créance que le roy escrît au duc. » S. M. satisfaite de ses
bonnes di!i|>ositioiis à la paix, a favorablement accueilli le
père Alexandre* et «s'est résolue, suivant les avis dud.
* La pière a dû être rédigée, d'»prè» les iosttuctions dn Richelieu , Jana le cabinet de M. d'Hcrbanlt , qui sans
doute l'a soumiie an cardinal , ainsi que semble l'indiquer le mot : Rcveue ^ écrit au bas de la premiire page. Cette anno-
tation if rencontre fréqufmmeiit pendant les premier» temps du ministcra do Richelieu,
' Une lettre du roi à Buliion , datée du 13 juin et cootrO'signée Pbeljpeaux , informe Buliion de l'envoi de M. de
Cliâleauneuf en qualité d'ambassadeur extraordinairo à Vcniac î il a ordre de conférer des affaires communes avec Bul-
iion en passant à Tarin. ( Même ms. piè e 8g. )
' Néanmoins, on n'était pas conteut en France de ce traité; Ricbelien exigea qu'il fiît réfonné ; il entravait les
négociations entamées eu Suisse; et, au sujet de ces difficultés, le roi écrivait, le 8 février 1627, à M. de Piéaux et
k rambassjdcnr ordinaire Myron : «Je remets à vos prudences d'en user selon que vous jugerca estre plus convenable à
ma dignité et à mon service.! (Suisse, t. XXVII.) Cependant le traité rectifié fut signé le b mars. Et nous trouvons à
cette place, dans le même manuscrit, plusieurs pièces non datées, parmi lesquelles uous en distinguons une où nous
lisons: «L'union qui se propose entre Krauce, Venise, Soisse et Grisons, pour rendre inviolable l'observation du traie té
de paix de mars dernier et pour la conservation des passages selon la teneur d'iceluy* eo y contribuant à proportion. . . ■
(Copie.) Voy. Mêmes irch. Venise, t. XLIV , 13 et 16 juin.
950
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
cl
l:i;lx Dr. dates.
1626.
1 o juillet.
De Nantes.
SUSCaiPTION
DES LETTIIES.
ANALYSES DES LETTRES
ET fcOtrilCES.
A M. de Mende.
i3 juillet.
Nantes.
là juillet.
De Nantes.
3 juillet.
A M. le Prince.
A Monseigneur le car-
dinal de la Valette.
A M. de Mende.
djic, d'envoyer vers le roy de Dannemarc pour luy proposer
le désarmement gûnéral dans l'Empire.» Le roi désire être
médiateur «d'un bon aecommodemeut entre l'empereur,
le roy de Dannemarc cl tous les princes de l'Empire '. »
Copie. — Arcli. des Aff. étr. Bavière, I. I, pièce 26".
Le temps fera voir les résultats de la rupture du paHement. . .
Si l'on met de delà des impositicœs sur les marchandises,
on fera le semblable de deçà.. . On ne manquera pas de
prendre soigneusement garde aux actions et au séjour du
rierc, «puisque son voyage ne peut estre que suspect et que
l'advis que l'on a de l'importance de sa négociation ffoit
faire veiner, en sorte que l'on esvite la surprise. . . » La per-
sécution des catholiques, au lieu de diminuer, augmente;
on n'oubliera de dtça aucune chose pour leur procurer sou-
lagement. . . On remet ce qui concerne la maison de la reine
«àvostrc conduitle et à voslre discrétion.»
Miijule do la m<iin de Cb.irptrntier.
Aiigicierrc, t. XLI , fol. i34.
■ Arch. de« Aff. étr.
Réponse à plusieurs demandes du prince concernant ses af-
faires : «Le roy, de son propre mouvement, s'est porté en
cela à vous donner Je consentement que vous pouvés
désirer. »
Orig. — Arch. de
d'Aumale.
Communication de M*"" le duc
Remercîment de ce qu'il a fait pour lu service du roi.
LL. MM. feront paraître à lui et à son frère le ressentiment
qu'elles en ont^ : «Pour mov, M^', je vous prie de croire
que je ne céderay à qui que ce soit, sans en eicepler
mesme M" vos frères ', à vous honorer et servir en tout et
partout où j'en auray le moien. »
Orig. — Vente la Jarlette en novembre 1860.
lUchelieu répond à une lettre que lui a apportée M. de Mon-
taigu Le roi redoublera ses instances en faveur des ca-
tholiques jusques à ce qu'il ait reçu satisfaction et ces pauvres
gens le soulagement qu'il désire leur procurer.. . «Je me
plains doucement à vous mesme de ce que vous ayant sou-
vent mandé vostre procédé de delà estre tel qu'il ne s'y
pouvoit rien adjouster, vous semblés croire le contraire.. .
Continués à agir avec la fermclé et l'affection que vous
a^és faict jusques icy. . . »
Minute. — Arcli, dea Aff. élr. Angleterre, t. XLI, fol. ijS.
' Celte pièce , sans date , est classr-e eu 1 63o ; ce milléaime , écrit en têlc après coup et pour le classement , nous
semble inexact : le comte de IMarcbcvilIe était employé en Allemagne à cette époque , et les Mémoires de Ricliclieu , qui
le citent deux ou trois fols , ne parlent pas d'instruction. Il est question d*uu désarmement général, qui ne pouvait pas
^tre proposé en i63o. Nous avons trouvé, dans le tome I*'' de Diinemark, fol. ii3, à la date de 1636, une outre
pièce intitulée : SîconJe insiraction à MarchcviUe : il est probable que celle-ci est )a première; nous y voyons que M^ir-
chcvillc doit passer de Bavîète en Danemark, et c'est en effet ce qui eut lieu d'après celte instruction du G décembre.
" A ce moment , où l'on faisait le procès de Clialais, oii craignait quelques troubles de la part des mécontents , et l'on
pouvait s'inquiéter de Metz, voisine des litiits du duc de Loiraine. Cette ville était jiour ainsi dire à la disposition de
la famille du duc d'Epernon. C'est probablement à ces circonstances qu'il faut rapporter le service qu'on n'explique pas.
■* Les ducs de Candale et de La Valette.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT.
951
DATES
et
LIlUX DE DATBS.
1626.
1 1 août.
1 août.
Touche'.
>b août
3o août.
SLSCRIPTION
DES LETTRES.
A M. ie Prince.
A M. d'Ilerbault.
Idfn
(Jt* vendredi
au soir.
i septembre.
A M. du FargM.
A la reine mù-re.
ïdem.
An roi.
ANALYSES DES LETTRES
ET «OTOCBS.
H Monsieur, le s"^ Saintou '. retournant vous trouver, vous dira
particulièrement ce que j'ay estimé a propos tie luy dire
pour le bien de vos aua'
Oiîg- — Arch.
d'Aaniaic.
Uaires . . . »
Condê. CoinmaDÎcatîon de M*' le du
«J'av veu l'instruction que vous m'avés laissée, où toute la
déduction de ce qui s'est passé est fort bien déduite...
M. «In Bassompierre se doit nieii gar'ier de lesmoigner que
nous appréhendions la paix entre les Anglois et les Espa-
gnols.. . ny que le roy n'a pas voulu escouter M. Carie-
ton, que premièrement il ne fust satisfaîct sur la violence
faicte aux François... Il doit offrir de mettre d'autres
François au lieu 'le ceux qui estoient près de la reyne. . .
M. de Bassompierre, sachant bien ce qui s'est passé, c'est
à luy plustost a nous instruire de <Ieçà de ce qu'il faudra
faite pour remédier au mal.. . »
Origiiial. — Arch. des AtT. étr. .Angleterre, t. XLI , fol. 3o6.
» La démolition des forts de la Vaiteline ne peut ê're commise
ni aux Valtelins, ni aux Espagnols; le plus juste
exjiédicnt est qu'elle soit faicte par les ministres des doux
couronnes."
Miuate. — Arch. Jm Aff. étr. Espagne, l XIV, fol. i85.
Sur la maladie du maréchal d'Ornano. . . «Si cette maladie
luy donne plus de relasche , le roy désire luy faire dépescher
son procès. . . >•
Autographe. — Pour U source, voir ci-<le5sas, au ig julu
l63â.
Lettre écrite au nom du roi. Même sujet que la précédente.
Minute de la Riain do Richelieu. — Pour la toarco, voir ci-
dessus, 19 join 163^.
«Je suis iniinimenl fasché que la mort du niarcschal d'Ornano
ait prévenu le jugement de son procès.., La justice de
Dieu a voulu prévenir la vostre. Je me rendray demain de
bonne heure auprès de V. M. , qui est le lieu où je me dé-
sire le plus*.. . •
Imprimée parmi les pièces du procèt de Chalais , in-ia , 1781,
p. ?5i .
' S«int-AoiMt, gentilhomme attaché au prince de Condé.
' Cette coartc lettre ne nom apprend point de quelles affnires il s'agit; mais Richelieu nous dit Iui-ui|mc i^ue le
maréchal d'Ornano, fort compromis daus les intri;^cf de Chalais , • tramoit quelque choso de grand, voyoit M™* la
princotsr,el Iioit Monsieur avec M. le Prince.* [Mêmoiret . t. lU , p. 56, éd. Petilot. )
' Les Touches. Il y a plusi«(in endroits de ce noui en France; Ja petite ville nommée ici eat à mi-chemin de Nantes
à Chateaubriand.
* Cette lettre, dont nous D*a¥Ons point trouvé le maiioscrit, répond a une missive du roi, datée du môme jour
lO heures, et dans laquelle Louis Xllf , annonçant à son miuistre le décès du maréchal , aioutait : 1 Jg vous prie de
voua rendre icy le plustost uue vous pourrez.» On sait que d'Ornano, emprisonné à Vii>cennes comme complice des
intrigues de Gaston , ainsi que Cita lai s , devait , comme celui-ci , périr sur l'échafnuil. Le roi a\ait ordonné au parlement
de suspendre toulr> autre alTsirr pour s'occuper de son procès, et avant le jugement il le déclarait coupable de haute
tr.'thison dans noc dépdchc oincicllc envoyée aux gouverneurs des provinces où sont ces propr<*s mots : «La maladie
qui Ta nsté de ce monde l'a soustrait à I.i peine qu'il devait attendre de ses rriraes, » ( Le P. Grillct , t. I , p. 533. }
952
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
LIEUX DE DATES.
16S0.
[2 octobre.]
5 octobre.
Ponlolse.
10 octobre.
octobn
2 3 octobre.
Ponloîse.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
Instruction pour M. le
marquis d'Angenues
de Rambouillet
A M. le l'rinde.
[A M. du Fargis.
A M. de Toiras.
A M. d'Espesscs.
ANALYSES DES LETTRES
ET 80DRCBS.
Cette instruction rappelle, en la modifiant, celle qui avait été
donnée au même ambassadeur l'année précédente (ci-des-
sus, p. 967); les Mémoires de Hichelieu en ïpproduisenl les
principales dispositions (Voy, t. III, p. 160). Outre le com-
pliment sur la naissance de l'infante, le marquis de Ram-
bouillet était chargé d'ajuster tous les différends qui se
rencontraient en l'exécution du traité de paix'. — Notre
manuscrit conserve un a mémoire pour former la dépesche
de M. le marquis de Rambouillet.» Il s'agissait surtout de
l'affaire des forts de la Valteline.
Mise au uet. — Arch. îles Afi". étr. Espagne, t. XIV, fol. dgÔ
et 5oo.
Le cardinal lui rend grâce de ses assurances d'affection,
«Vostre gentilhomme vous reporte le contentement de ce
que vous avés eu agréable de me tesmoigner désirer. »
Orîg. — Arch. deCondé. Commonicaiion deM*' ieduc d'Aomalc.
Réponse à la dépêche du 7 septembre. — Mésintelligence
entre l'Angleterre et l'Espagne. . . Si l'Espagne peut donner
un pouvoir illimité à son ambassadeur, on traitera pleine-
ment avec lui.. . La France ne peut faire aucune entre-
prise cette année, elle n'a pas de vaisseaux, elle en fait
faire en France qui ne seront achevés que vers la, fin de
février... elle en fait faire en Hollande... «La crainte
qu'a le comte d'Olivarez qu'on veuille ne faire que peur
aux Anglais , pour s'unir ensuilte avec eux contre ï'Es-
paigne, n'a, ny n'aura jamais aucun fondement... Prendre
garde que les HoUandois n'assistent nos huguenots; si on
n'avoit ce mal domestique on entreroit en d'autres pen-
sées.. . Il faudroit trou\er un tempéramment qui ne nous
obligeast point à rompre maintenant avec les Hollandois. . . »
Copie de la main du P. de Berulk*. — Arch. des Aff. ctr.
Esp.igne, t. XIV, fol. 507 ^
Le cardinal l'avertit «des mauvais desseins cpie les hugue-
nots, animés parles Anglois, ont sur Blavct, sur les isles
ou sur les vaisseaux qui sont en l'un ou en l'autre endroit.
Je ne voy pas qu'ils puissent rien faire ny aux vaisseaux,
ny aux lieux où 'vous estes. . Vous preudrés cependant
garde à vous, M. de Montfcrrïer vous en dira davan-
tage '.. . »
Minute de la main de Charpenlier, — Arch. des Aff. étr. An-
gleterre, t. XLI , fol. a 14.
Richelieu lui a écrit ces jours passés d'erivoyerce qu'il y a de fait
des 3 h canons commandés ; il lui demande « de faire marché
avec quelque marchand flamant pour me rendre dans le
Havre cent milliers de poudre à ses périls et fortunes. . . »
' Un »u[>ptéinent d'instruction, date du 16 octobre, amplifie et modiGe en quelques dispositions l'instruction du 3.
(Orig. contro-fligné Phelypeaux , fol. 5i3 du même ms. )
^ Au folio 493 , notre manuscrit donne un poarparler entre M^' le cardinal de Richeliea et M. le mar(jai$ de Mirabel.
Nous nous bornons à l'indiquer ici, et à renvoyer aux Mémoires de Richelieu, t. III, p. 300.
' On a vu f notre f"" voluœe , ji. 279) une lettre du a3 octobre où le cardinal donnait de nouvelles informations à
Toiras.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT. 953
DATES
et
LIECX DE DiTES.
1026.
ctobre '
7 novembre.
7 novembre.
Saint-Germain-
en-Laye.
i" décembre.
i" décembre M
SUSCRIPTION
DES LETTBE3.
Au P. deB^Srulie».
Le-roi à M. de Bëtbune.
Le roi à M. du Fargis.
[M. d*Aer«sen.]
A M. d'Esi
pcsses.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
ajc ne manqueray de vous faire toucbcr à point nommé ce
que vous me manderés qu'il faudra pour les marchés que
vous aurés pris la peine de faire pour moy.»
Minute de la m&îa da secrétaire de Doit. — Arch. des ÂfF. étr.
Hollande, t. X, fol. ijo.
«Mon Père, je nay jamais ouy parler de la lettre que M. l'am-
bassadeur d'Espagne dict qu'on a escritc en Provence.. .
et pour vous tesmoigner ma franchise accoutumée, je vous
confesse que , s'il csloit , cela ne seroit pas bien. Les diables
veulent troubler l'exécution de nostre pays.. . » Quant aux
forts, que les deux rois les rasent, ou qu'ils soient remis
entre les mains de Suisses non suspecls, . . a Si cette affaire
estoit vidée, nous serions en estai de faire tous plus grand
effect en l'autre que vous sçavés. »
Minute. — Arch. des Aff. étr. Espagne, l. XIV, fol. 5n.
C'est une réponse à sa lettre du 2 1 octobre. Le roi acquiesce
à ce que les anciens forts soient remis entre les mams du
pape pour être démolis.. . — Pour établir une paix sûre
en Italie, «il est important de composer les différends qui
restent entre mon oncle le duc de Savoye et la république
de Gènes. . . » Uichelieu ajoute qu'il fait donner avis de celte
dépêche à M. de Fargis, ambasadeur en Espagne. (Voy.
notre tome II, p. 283, lettre du à novembre.)
Mise aa net d'une écriture de bureau. — Arch. des AfT. étr.
Rome, t. XXXIX, fol. a64.
... Le roi , voulant montrer son désir de la paix , « envoie
pouvoir à ses ambassadeurs à Rome et en la Valteline ,
pour consentir à tout ce qu'ils verront estre raisonnable. »
Explications détaillées à ce sujet.
Copie, — Arch. dos AfF. étr. E«pagDe, t. XIV. fol. 5a4.
uM', vous [cognoislrcs] tousjours mes intentions [du tout]
portées au bien de la chresticnté. Je contrîbueray en
toutes occasions tout ce qui me sera possible à cette iin.
M. d'Espesses, à qui j'escris plus amplement, vous le con-
firmera. . . B
Minute de la maiu de Charpentier. — Arch. des AfT. étr. Hol-
lande, t. X, p. 162.
«Vostre secrétaire vous porte le traittéquc le roi désire faire
avec M" les Estais, comme il le peut passer. Faites en
sorte qu'il soit plusto>t signé que sceu , pour prévenir les
* Le quantième est déchiré.
* Le P. de BéruIIe s'occupait alors spécialement des affaires de l'Espagoe. Une lettre du lÔ août, adressées l'ainbas-
sadcur du Fargis, dont la minute nons semble de l'écriture du père, se trouve aox AfTaircs étrangères (Espagne,
t, XIV). Une autre lettre du 19 octobre, adressée au même du Fargis, insérée dans les Mémoires de Richeliiiu (III , 2o4) ,
écrite ■ par le conseil do cardinal , * est sant doute aussi du P. de Bérullc , et confirme celle du i5. Elle contient des
remercîineots pour les bonnes dispositions du roi et du comte J'Olivarès à l'égard de la France. Nous notons ces deux
lettres, qui ne manquent pas d'importance et dont Richelieu a an moins donné la penaée au P. de Bérulle.
' La date de cette minute est donnée par celle do la lettre précédente. ^
CARDIN. DE niCUELlED. VU.
954
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
LIEOI DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET sotmcEs.
1626.
6 décembre.
Seconde instruction
baillée au s' de Mar-
chevîilc.
ab décembre.
A M. de Baugy.
28 décembre.
Le roi au duc de Ven-
dôme.
oppositions qui pourroient y estre apportées, tant de la
part d'Espagne que d'ailleurs'.» — -Ce qu'il faut dire à
Aersscn \
Miuntc de ta main de Cliarpcntier. — Arcli. des Aff. clr. Hol-
lande, t. X, fol. 16a V*.
Ayant accompli sa mission en Bavière', il ira vers le roi de
Danemark, menacé en ce moment de toutes les forces
de TEmpire. Le but de cette seconde mission est de savoir
si led. roi désire que la France s'entremette d'un accom-
modement entre lui et l'Empire.
Original sîgnfî Louis, contre-signe Phciypcanx*. — Arch. des
ÂÛT. clr. Danemark, t. I, fol. li3. Un double , non signé,
ni au fol. 109.
Le roi a donné au cardinal le soin de la navigation et du
commerce de son royaume. — Faire part de tout ce qui
sera important sur ce sujet. — S. M. persévère au dessein
de se rendre considérable sur la mer. «En quoy je contri-
bucray tout ce qui sera en moy pour seconder ses inten-
tions. — Persuadés le plus de Flamands que vous pourrés
de venir s'habituer en France... Les avantages qu'ils
auront en ce pays amélioreront beaucoup leur position.»
Miaule de la main du secrétaire do nuit. — Arch. des Afl".
étr. Hollande, t. X, fol. i84.
«Mon frère naturel » Le roi lui promet le pardon au
sujet de sa complicité dans la conspiration de Cbalaïs , à
condition qu'il fera des aveux sincères.
Miaule où l'on remarque quelijucs mois de la main de S, Em.
— Arch. des Aff. etr. France, t. XXXVin». — La pièce,
□on cotée, est dans le milieu du volume. Une copie, fol. ^91,
mel à la date : « Fait au Louvre. • Cette lettre est imprimée
en substance dans les Mémoires de Rtchcliea, t. 111 , p. 3d3 ,
éd. Pelitol.
' AcrsseD, écrivant à Richelieu, exprimait avec beaucoup de vivacité les besoins d'un prompt traité ; ill est temps,
disait-il , que l'on pense sérieusement à cet Estât si l'on estime que sa sabsiatancc mérite corîSidération. . . uostre salva-
tion dépend après Dieu de la prospérité cl do la bienveillance de la France... on ne doibt point apporter grande
façon à nous tendre les mains , do peur que la maladie prévienne les remèdes. . > ■ ( Lettre aulographo, Arch. des AU.
clr. Hollande, t. XI, pièce 120.] Maigre celle exlrémitc , les Etats étaient moins conciliants encore que le cardinal.
^ Kichelicu fait une observation au sujet de la fabrication des canons demandés. Il y a ici un paragraphe dont on
a composé une lettre séparée, laquelle se trouve en original au folio 166, avec la date du 6 décembre. A-t-clle été
envoyée ?
' Voy. les Mémoire$ de Richelieu, t. III , p. 189,
* Au bas de cette pièce , on lit : « Reveue. ■
^ Le tome XL coulient le procès du duc do Vendôme et plusieurs autres pièces se rapportant à cette affaire. Dans le
tome XLIV se trouve un extrait $accinct de tonte l'information contre M. de J'endôme , eciit par Charpentier; il y est dit
qu'il avait dessein adc se rendre souverain de la Bretagne. ■ Au folio 9 et au folio to, une instruction donnée à madame
d'Eibœuf , sœur du duc, allant à Vincennes, accompagnée du duc de Bellegerde, voir le prisonnier ■ sur la déclaration
qu'il a proposé faire de ses fautes. « An bas de celte instruction , la princesse a mis une note écrite de sa main et signée
■ L. de France , » où elle certifie seulement que la pièce a été présentée à M, de Veodûmc et qu'il l'a lue. Les aveux du
duc lui valurent une abolition du roi , mais non ta liberté. Richelieu le retint prisonnier deux années encore , jusqu'au
commencement de 1639. ( Mèm. III , 755. J Ces pièces , non datées, sont de Ja fin de 1636 , on du commeocemeut de
1617.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 955
DATES
LIEUX CB DATES.
1620.
a 8 décembre.
(Derniers mois.]
SOSCRIPTION
DES lbtthes.
A M. d'Es
pesses.
A la duchesse d*Or
léans'.
Le roi au duc de Ba-
vière.
ANALYSES DES LETTRES
BT SOCRCBS.
Après avoir fait un détail de canons et munitions de guerre
à fournir, de militaires ou artisans à engager ' : «Je quitte
ces petits négoces. . . pour vous dire que l'afFaire de
M, d'Estiaux estant publique'.. . M. le prince d'Orange
ne peut pas faire plus (jue ce que vous me mandés qu'il
veut faire; estant certain que le temps, qui est le médecin
des maux, produira le remède à celuy-cy. . . »
Miaule do la maîn du secrétaire de nuit. — Arcli. dos Âff.
étr. HoIIaDdc, t. X, fol. iSg.
Le cardinal ne peut se rendre en personne auprès de la prin-
cesse; son neveu, malgré son jeune âge, suppléera à son
défaut., . Respectueuse passion de Richelieu pour la du-
chesse et pour S. A. R. «Ravissement de ce qu'il leur plaist
à présent l'honorer de leur bienveillance, comme aupa-
ravant que l'artifice de mes ennemis en cust interrompu
le cours*.. . »
Copie. — Ârclu des AIT. étr. France, t. XGU, fol. 4o.
On a vu avec plaisir que l'empereur ait convoqué une diète
à Nuremberg. Le roi fera sou possible poar procurer la
paix et les avantages du duc de Bavière '.
MÎM au net. — Arch. des A(F. étr. Bavière, t. I , pif'ee i5.
' RicLclicB, à cette époque, mettait à profit l'ioduatrie et les ressonrcea matérielles de la Hollande; il y commaii-
dait des canons ide la nouvelle invention;* il y achetait des poudres; il chargeait l'ambassadeur de lui envover, au
Havre, de boas canonntersi catholiques , et dont quelques-uns cposaent parfaitement bien faire toutes, sortes d'arti-
fices de fea.» Il fait engager des maîtres charpeiiliprs, des inventenrs de machines. Rirhelicu no so &l pas lui-m'îme
charpentier en HolUndt-, comme fera , un siècle plus tard, Pierre de Russie, mais comme lui il savait ce qu'où pouvait
tirer do ce peuple industrieux. Nous avocs dans notre manuscrit, folio i68 , vcrit de la matu de Charpentier, un état
(sans date) des demandes que le cardiual faisait à M. d'Ëspesses , et an folio i64 une lettre de celui-ci & Richelieu,
du 4 décembre, où l'ambassadeur lui donne à ce sujet des détails intéressants.
* Le marquis d'Eslîaox, lieutonant-coloncl d'un nouveau régiment, avait tné en duel on jenuo officier, Gis de
Conrlomer. ( il s'agissait d'une aiïairc de service. ) Le marquis de Courlomer poursuivait avec instance le châtiment de
M. d'Estiaux , qui s'était réfugié dans la maison de^l'ambassadeur. M. d'Etpesscs rendit compte de l'afTairo au roi , le
6 août. La lettre est conservée dans uolre manuscrit (fol. 109 ) , où il y a plusieurs autre lettres sur le Oièino sujet ;
celle-ci fat écrite ensuite d'une réponse faite par le prince d'Orange au cardinal, le Ô décembre. «Vous savez , mandait
le prince , qoe te malheur du d. s' marquia est arrive an milieu de l'armée et que la mémoire est encore toute fraischu. . .
vostre discrétion et prudence trouveront sage qu'où diffère de résouldre jusques à une meilleure et pins meure occa-
sion. . . > (Orig. fol. )65.)
^ Marie de Bourbon , héritière de la maison de Montpenaier. Elle avait épousé Monsieur. La reine mèro et Riche-
lieu avaient voulu cette union , dont une iatrtgne de cour détoamait le jeune frère de Louis XIII. Le principal meneur
de cette intrigue, le maréchal d'Oruano, gouverneur du prince, avait été mis k la Bastille; il y mourut au eonimen-
ccmcnt de septembre. Des brotts calomnieux imputaient à Richelieu de l'avoir emprisonné, et un écrit satirique de
Monsieur laissait entendre que lui-même soupçonnait le cardinal [le P. GrifTet , Ôaaj ; c'est sans doute à cela que Riche-
lieu fait allusion. — Cette pièce, sans date et dont je ne connais pas l'écriture, se trouve classée dans la collection
France, ru 1639. Ce classement est évidemment fantïf; en iB^^, il n'y avait pas d'autre duchesse d'Orléans que la
prtncease d» Lorraine, mariée secrètement à Monsieur, mais dont le mariage n'avait pas été reconnu, et que Richelieu
n'aurait certainement pas nommée ainsi.
* AllasioD à l'aff-iire de Chalait.
' Nous voyons dans une pièce de l'écritore attribuée au P. Joseph (cotée 10] que IV'locteur de Bavière, «pour obéir
« l'empereur et suivre le mouvoment de ses alliés, a dû envoyer ù Bruxelles des députés pour entrer en la ligue formée
contre Angleterre , Hollande et Dannemarc. On propose encore cependant des moyens d'accommodement pour lesquels on
enverroit le père Alexandre, compagnon du père Hyacinthe. ■ Cette pièce, sans date, a été classée dans ce manuscrit en
1636 , comme la dépêche du roi , également non datée. On évite , dans cette lettre , de témoigner aucun soupçon au duc.
956
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTIIES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
Vers
[le commencement
[de 1627].
[Vers
le commen-
cement P]
Idem.
s janvier.
Eitraict des manifestes
qui a esté monstre au
rov '.
A la reine mère.
1627.
«Ne faut oublier d'advertir le roydes manifestes qui se pré-
parent.— Si la guerre est contre Espagne, on en veut
faire sous le nom et prétexte des bons catholiques. Si on
la fait contre les huguenots, on en veut faire sous le nom
des bons François. — Conclusion : On eu veut faire ^. »
Suivent deux pages d'accusations dont on suppose que les
ennemis du cardinal rempliront les pamphlets que l'on
prévoit et qu'on nomme ici Manifestes,
MiuDte de la maîn de Charpenlier. — Arch. des AS. ctr.
France, t. XL, fol. 47*
Richelieu la prie de l'avertir de son parlement et de lui
mander les journées qu'elle fera , afin de voir où il pourra
la rencontrer,
Orig. Hi$t. dâ Marte de Mèdicis , III , p. ÔSa. (Vov. pour la
source, au igjuin 1635 cî-dessus.)
Protestation de gratitude et d'obéissance pour la reine
mère.
Orig. — Ponr la soarce , voir la lettre précédente.
...Pour ce qui concerne le restablissement des officiers
françois de la reyne de la Grande-Bretagne, le roy ne peut
se contenter de ce qui luy a esté rapporté par le s*^ ma-
reschal de Bassomnierre , ny ne* se peut départir des
termes du contract de mariage du roy son beau-frère avec
la reyne sa sœur.» La reine mère voulant, ainsi que le roi.
entretenir la bonne intelligence entre les deux couronnes,
propose de rétablir divers officiers désignés dans l'ins-
truction.
Mise au net. — Arch. des Aff. étr. Angleterre, t. XLII , fol. 2.
' Richelieu, dans ce mémoire, parle à la première personne. C'est une pièce destinée k Itre remise an roi, ou le
canevas d'un entretien que le cardinal devait avoir avec S. M. La date manque, mais Richelieu en fait mention dans
ses Mémoirci. t. III, p. 3ia , et lo texte indique une époque voisine de 1626.
^ Et on eu fit. L'année 1636 fut particulièrement féconde en ces aortes d'écrits. M. G. Huhault , dans nue intéres-
sante dissertation, De poUùcis in Richeliam Ungna latîna libcUis (i856}, en cite dix pour cette seule année. Ils
pullulèrent également en 1627, eu dépit des cliâtiracnls rigoureux dont les auteurs étaient menacés. Nous trou-
vons, dans une note de la main de CUarpcnlier, la mention d'un pamphlet écrit dans l'intérêt du jeune comte de
Soissons, par un père Martin, jésuite, lequel disait qu'il ■ alloit faire un manifeste où il accommodcroit le cardinal
sanglamment. » A la suite de cette pièce se trouve dans lo manuscrit un cahier intitulé : Des libelles diffamatoires, et
l'auteur remonte jusqu'aux Romains. Richelieu a mis çà et là quelques mots dans cet écrit, et , à la fin , il a ajouté
ces doux lignes : «Par ccdict et arrest de 1628, la peine de mort est renonvellée à ces faiseurs et compositeurs de
libelles diffamatoires.» (Arch. dos Aff. étr. France,!. XL, fol. 54 et 55.) \ous trouvons , dans le volume suivant,
t. XLI , le procès d'un nommé Rondin , condamné (t mort , en mars 1637, comme auteur de la lettre de la cordonniè-e
de la reyne à M. de Baradas ; les juges ont déclaré «sa punition nécessaire pour la fréquence et l'iroportaucc de ce crime
au temps auquel nous sommes. » Ce volume XL, qui porte ou dos : 1626, est rempli de pièces dont la plupart sont sans
date et plusieurs appartiennent évidemment à une autre année. La pièce de la main de Charpentier est de 1627.
' La suscription manque, mais la pièce était jointe à une lettre du roi au s' Dumoulin, que S. M. chargeait défaire
tous les offices nécessaires pour procurer le succès de l'affaire, m maintenant l'union entre les deux couronnes. Cette
lettre , mise au net , porte la même date du 8 , et elle est de la même main que le mémoire. ( Fol. 1 .)
Idem.
Mémoire envoyé en An-
gleterre' [au s' du
Moidinl.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT.
957
LIBtrX DB DATIS.
1627.
. .Janvier.
Comme» cemont
de février.
. Février.
.Mars"
SUSCaiPTION
DES LETTRES.
[A M. d*£spesses. ]
Ce (fue M, le cardinal
a dit devant le roi en
audience donnée à
une dépufation du
pariemcnt, premiers
jours de février 1627
sur le sujet de la cen-
sure de Sanctarel.
A M. du Farff
Louis XIII a*. . .
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
«J'aurois autant de lieu que vous de me plaindre que l'on
ouvre mes lettres.. . » — Demandes nouvelles d^ouvriers
defca^... «Je suis bien fasché des entreprises que Ton
faict tous les jours sur vostre charge, à cause de la dignité
des princes que vous représentez et aussi à cause de vous-
même. »
Miante. — Arcb. des AIT. étr. Hollande, t. II, pièce 161.
. . «Il importe grandement d*oster tout snjet de penser que
le roy soit mal avec Sa Sainteté, principalement sur un
point de doctrine dont la décision appartient à l'Esglise. » —
« Il est à désirer que les mouvcmens des parleoiens soient
semblables et uniformes à ceux du roy et de son conseil.»
Ce sont les idées principales de ce disc3ara imprimé dans le
recueil de d'Argcntrc : Colleetio jadicioram de novis errorihas ,
t. Il , 3' partie, p. a55 *.
nLe cardinal, à qui les infidélités espagnoles étoient connues ,
et qui savoit avec quelles astuces ils iraitoient, particu-
lièrement avecla France, manda au Fargis qu'il se donnast
bien de garde d'engager le roy qui ne vouloit estre obligé
à rompre avec rAngleterre qu'en juin de Tannée sui-
vante", . .»
Mémoires de Richelieu. III , sSi.
« Ayant supprimé la charge d'amiral de France , et pourvcu
nostre cousin le cardinal de Richelieu de celle de grand
maistrc et surintendant général du commerce de France. . .
Nous vous ordonnons expressément que vous ayez à le
venir trouver sans délay pour sçavoîr par luy ce que nous
voulons estre observé pour le bien et la scurcté du com-
merce. ^'ous luy apporterts voslre commission et vos
comptes.. . tant rendus qu'à rendre.. . »
iMioote de la main de Charpentier. — Arch.
France, t. XL, fol. i83.
Aff. Ht.
' \oj. ci-dessus, p. 77t,t)OtP 1 de la iellre du 38 décembre 1616.
' ■Extraclum ex libro in-i", notato D, p. 70, ia fiibl. Sorb. cni titulusa : Sermoas et autrei ditconr» . etc.
' Nous n'avons point trouvô cette lettre dans les mss. d'Espagne; elle commence une afTairc dont on voit la suite
page 6oï de ce VU* volume. Richelieu l'écrivnit an moment où il se pré]iarait à attaquer la capitale du protrstanttsinp.
il importait beancoup de prévenir l'alliance entre l'Espagne et l'Angleterre, en liant l'Espagne à la France, Il fallait
tenir te projet extrêmement secret. Nous trouvons, k cette époque ( lâ février) , dans le manuscrit d'Espagne (t. XV,
foi. 17) une lettre de Richelieu à du Fargis, où il s'agît d'one négociation pour l'impôt da sel, entre les doux pays :
■ Je ne veux pas oublier à vous mander, écrit Richelieu an bas de ta lettre, qae le roy désire que cette affaire soit
traitté« ai aecrètcmmt , qu'il ne veut qn'iutrc que vous ea aye cognoîssance ; paa mesmc M. le marquis de Rambouillet
( l'ambaHadenr extraordinaire), à cause du prorapt retour qu'il doit faire de deçà.* La négociation fut diOicile, il
paraîtrait qoe Richelieu y avait un intérêt particulier ii cause des salines de Brouago , et nous voyons dans ce tni'mo
volume nn mémoire en espagnol, plusieurs autres pièces sur Icilit impôt et mémo une carte manuscrite de l'Amérique
méridionale ; au dos , le cardinal « écrit : «Carte des lieux où l'on peut prendre du sel aux Indes occidentales. • (Fol. 70.]
A cette recommandation si expresse d'envelopper une telle négociation dcc plus mystérieuses précautions, on croirait
qu'il y a dans ce langage quelque moyen convenu d'intelligence secrète entre les deux cabinets.
* L'édit de création fut enregistré le 18 mars.
* La Buscription manque, mais ce doit être une circulaire adressée aux prîncipaax employés de la marine.
958
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DE DATES.
1627.
[Fin de mai.]
[Fin de mai'.]
6 juin.
8 juin.
2 5 juin.
25 ou 26 juin?']
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
Au duc d'Orléans.
A Mad. la duchesse
d'Orléans.
A M. d'Espesses,
A M. d'Aerssen.
Le roi à M. de Mont-
morency.
A M. du Fargis.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
Félicitations sur la naissance de sa fille, dont le duc lui a
fait part.
Copie. — Blbl. nal. Fonds de Sorbonnc, ii35.
Uichelieu félicite laducbessc.«Ma joiceust esté entière s'il cust
pieu à Dieu donner à V. A. un fils au lieu d'une fille... . »
Copie. — BiLl. nat. Fonds da Sorbonse, ii35.
«Messieurs les Estais se tiennent fermes au traitté qu'ils dé-
sirent faire avec la France pour trois raisons...» lliche-
lieu examine ces trois raisons; il conclut que «nulle n'est
valable pour les empesclier de passer ce que S. M. désire. »
Il expose les arguments que l'ambassadeur de France doit
faire valoir à ce sujet.
Minute de la main de Cliarpentier. — Arch. des Aiï. étr.
HoIUode, t. II f pièce 5i.
nM" les Ëstats font difficidté d'accorder par le traitté qui se
faict entre le roy et eux qu'ils ne pourront faire de trefve
avec les Espagnols que par l'avis et consentement de
S. M. Je ne puis que je ne vous tesmoignc trouver cela
un peu estrange; veu que par le projet de traitté escrit
delà main de vostre secrétaire, que vous me laissaste estant
icy, ces propres mois y sont insiîrés^ . . Le traitté ne se fera
pas sans cette clause qui ne prtjudicie nullement à MM. les
Ëstats.. . Cependant S. M. conserve la mesme bonne vo-
lonté qu'elle a tousjours eue pour MM. les Ëstats.. . »
Minute ; main du secrétaire de nuit. — Ârcl:. des Âff. c'tr. Hol-
lande ^ t. II, pièce 53. [Mém. de Bitkeliea , III , 309 etsuiv.]
liéponse aux supplications du duc en faveur de son cousin
Bouteville. Belle lettre dont nous avons fait mention ci-
dessus, p. 595.
Copie. — Bibl. nat. suite de Mortemart, t. III, vers la fia
du volume. Imprime, Mcxarefrançois , l. XIII, p. ^3 3.
«Je vous ay faict une dépesche le 27 du mois passé, et il
a esté répondu à celle que vous avés escrîtte le 8 mai.. .
Le roy est parti ce malin pour aller à Dourdan ; dans deux
ou trois jours S. M. se dirigera vers la Rochelle; nous par-
tons dans deux jours pour suivre S. M.»
Minute. — Arch. des AIT. étr. Espagne, l. XV, fol. i45.
^ Madame était accouchée le 39 mai, et mourut trois jours après; la date qui manque i cctic lettre est donnée par
cet événement. Plus tard on imputa à Richelieu dfl l'avoir fait empoisonner. C'est une des calomnies publiées par le
pamphlet qui parut eu iC3i sous le titre de Conversations de M. GuUlaame , etc.
* Acrason répondit , le 1 8 juin , que les Etats voulaient bien consentir à ne point trsïler sans l'avis et l'intervention
de S. M. , ' mais d'attacher leur Iiherté au consentement du dehors , ils en fout grande difficulté. > D'ailleurs, le subside
que leur donne le roi est peu de chose en comparaison des énormes dépenses qu'ils font ; • il semble bien dur à nos
peuples d'engafçer leur liberté à sy petit pris , p lo feu roi, d'immortelle mémoire les ayant secourus de sommes bien
plus considérables b et sans aucune condition pareille , ny approchant de cela. ■ Néanmoins Acrsicn espère que tout s'ar-
rangera. «M^' les Estais savent combien il leur importe de conserver l'amitié du roy.» ( Ms. cite aux sources , pièce 57.)
' Cette lettre est datée du 3 avril et elle est classée en 1638; le mois et l'année sont ineiactemcnt indiqués. 1" On
voit par la lettre même qu'elle a dû être écrite après mai ; 3* quand le roi retourna à la Rochelle , au coramciicemcct
d'avril 1628, le cardinal y était; c'est en 1627 qu'il partit i la suite du roi. Mais le départ eut Jieu vers la fin de sep-
tembre, et la diilc de la lettre doit être voisine de mai. Il faut se souvenir que le départ pour la Rochelle avait été fixe
d'abord au 38 juin 1G37, immédiatement après le lit de justice qui fut tenu ce jour-là. S. M. s'étant trouvée malade,
le départ n'eut pas lieu. Faut-il supposer que la lettre a été écrite le a5 ou a6 juin? A ce moment, en effet, le cardinal
dut croire qu'il partirait deux ou trois jours après.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLÉMENT.
959
DATES
LIEUX DB DATES.
I
1627.
3o juin.
Idem.
3 juillet.
A ViJlers.
1 1 juillet.
A Villeroy.
1 2 juillet.
SOSCRIPTION
DES LETTHES.
A M. d'Espcsses '.
A M. de Custojoux.
A M. de Mantv.
A M. le commandeur
de La Porte.
A M" d'Espeues et
Cuatojoux.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOCRCES.
■ Que puisqu'il n'y a pas moyen de faire passer le mot do
consentement ^» ii faut le laisser là. . . » — Le cardinal sera
bien aise de voir apologies et libelles en latin '. «Prier de
faire haster le canon.»
Matière, de la raaÎD de Charpcnlier. — Arch. des Afl*. élr.
Hollande, t. XI, pièce 63.
On envoie de Targent pour le canon ; on en a tellement besoin
qu'il ne faut pas regarder au prix. Mais de gros calibre,
pas de moindre que i a livres ; et le plus qu'il pourra de 1 6,
i8 et 2 h. On en fond maintenant quantité eu France de
6 et 8 livres. — «Attendons que l'armée angloise ayt faict
voile pour prendre temps de faire venir nos vaisseaux avec
bonne escorte V. . »
De la main de Clnrpenlicr. Sur ta mcmc page que la matïtro
précédente.
■ Je vous escris une lettre par laquelle je vous mande que
vous n'ouvrics vos instructions qu'en mer; vous la mon-
trerés à vos compagnons. Mais ma confiance en vous est
telle que je désire que vous l'ouvrics avant de partir, et
voyiés si vous pouvés exécuter ce qui vous est prescrit. » —
Il s'agit d'escorter «des terrcneufîers,» dit une note mise
en tête d'une autre main. — «Il est grandement honteux
que tous nos marchands soient pris laulte de secours.» 11
faut en même temps fâcher de prendre des vaisseaux
anglais.
MinDtc. — Arch. des Afl*. étr. France, t. XLI, fol. i8A*
Mon oncle, nous nous trouvons bien en peine pour avoir nos
vaisseaux de Hollande; ]>éril à les faire venir; grande dif-
iiculté pour l'escorte.. . «Le désir que j'ay que le roy soit
servy sans retardement faict que je vous envoyé 1 2,000 cscus
pour avoir les pataches que j*ay empruntées sur mon crédit ,
comme tout le reste. ■ — Détail des précautions à prendre.
— Il est recommandé a M. de Laj>orte de se concerter avec
le commandeur de Razilly, le capitaine Manuel et le cajii-
taioe L'Arbrice, porteur de cette dépêche.
Copie de la raaia d'un secrétaire de Richelieu. — Arch. des
Aff. étr. Hollande, t. XI, pièce 7a.
Le cardinal les avertit de Tordre donné au commandant de
La Porte n[si les vaisseaux dcmeuroient là davantage] ils
scroient en péril d'estre bruslez. . . — 11 est nécessaire de
faire courre le bruict qu'on veut lus laisser jusqu'au mois
de mars., pour cmpescher que les Aoglois ne puissent cstre
avertis de leurs partemens.. . »
Minute do la main de Charpentier; qaciqucs mots du cardi-
nal. — Arch. des AIT. étr. Hollande, t. XI , pièce 78.
' Réponseà une lettre de M. d'EspcMM, datée da i4 juin et cotée 59 dans ce manuscrit.
' Lw Mémoires de Richelieu donnent l'explication de cette difficulté, t. lU , p. 3oS et suiv.
• Voy. ci-dcuD4 , p. 77a , note a.
* Réponse i une lettre do i4 juin t par laquelle M, de Custojonx rendait compte de l'état de la mission qu'il ren
plissait en Hollande pour l'achat d'eng^ius et de munitions de guerre. (Pièce 55 du ms. précité. )
960
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
cl
LlEtrx OE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUBCES.
1627.
28 juillet.
A M. d'E;
spesses.
. .«Les Anglois sont entre les îles de Ré cl d'Oieron, et
la Rochelle, où ils sont attendus des serviteurs du roy avec
bonne dévotion. Ils apprendront bientost ce qu'aura pro-
duit la générosité de M. de Buckingham. » — N'oublier
rien pour liaire partir les vaisseaux du roi. — Richelieu
recommandera à M. d'Herbault et fera valoir au roi ses
Minute de la main de Cbarpcnllcr.
Hollande , t. XI , pièce S3 ' .
■ Arch. des Aff. étr.
Idem.
A M. des Gouttes.
28 juillet.
De ViUeroy.
Le roi à M. de BélhuDe '
[Juillet \1
5 aoust.
ViUeroy.
Au poi.
Pour M. de Brézé.
a Qu'on luy a envoyé une commission pour commander le
vaisseau du roy et la flotte de ceux qui y seront joints pour
l'amener.» Consulter les gens de mer les plus capables au
sujet de la route la plus sûre.
Minale* main de Charpentier. — Ârcli. dei AQT. étr. Hol-
lande, t. XL Sur la même page que la pièce précédente.
Le jeudi 22 de ce mois , les Anglais sont descendus dans l'île
de I\é. Quelques détails de l'afl'aire où les Anglais ont
perdu 5 ou 600 hommes. Noms des Français de distinction
qui ont été tués... «Cette descente ne sera pas considé-
rable , les forts estant bien défendus. . . Vous pourras donner
part au pape... me faisant sçavoir ce qui s'en dira par
delà. »
Original signé et devéna minute, après nombreuses correc-
tions. — Ârch. des US. étr. Angleterre, t. XLII, fol. i46.
[(Sire, ces trois mots ne sont que pour asseurcr V. M. que je
ne perds point de temps pour l'exécution de ses commande-
mens, et faire réussir le grand dessein qu'elle a pour le se-
cours de Ké. . . » Les mesures ne sont pas encore exécutées. . .
Je suis au désespoir de ces inexécutions. . . Cependant on
surmontera toutes les difficultés.
Minate de la main de Charpentier.
France, t. XLIV, fol. 79.
Arch. des Aff. élr.
Conseils sur ce qu'il doit faire. — Détails de service pendant
le siège de la Rochelle. . . «Je vous ay escrit tout ce que je
me puis imaginer cstre utile et nécessaire. J'attends exécu-
tion et response par mémoire.. . En telles occasions il ne
faut pas perdre une heure de temps.»
* Original — British muséum, collection Egerton , n" 1690.
Imprimé dans le Ca6in''l hiiloriijue de M. Louis Paris, 1869,
p. 34. Communication de M. G. Masson.
' A la suite Charpentier a mis : i M. de Custojoux, idem.
^ C'est presque une circulaire; au folio 147 est une autre minute pour les divers ambassadeurs, avec peu de
variantes.
' Cette Icllrc, placée au hasard en 1627, parmi beaucoup d'autres pièces non datées, est probablement du mois de
juillet ; alors une flotte anglaise parut devant l'île de Ré , et Richelieu écrit dans soi Mémoires : ■ On n'eût jamais cru que
celte place eût été si dépourvue de tout ce qui étoit nécessaire , comme il se trouva qu'elle étoit. ■(T.IlI.p. Siy.)
* Il faut prendre garde aui noms; on a mis Joîras pour Toiras; Gayac cl Goyac pour Goyer.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT. 961
DATES
LIECX DE DATES
1027.
[7 août.]
2 octobre.
3 octobre.
6 octobre.
20 octobre.
SU SCRIPT ION
DES LLTTRES.
lustruction de M. de
Guise ^
A la reine mère.
Idem.
Idem,
Le Toy à M" les Estais.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
« M. de Guise partira présentement pour se rendre au Mor-
bihan. . . » — Y assembler les vaisseaux de divers ports , les
munir de canons et les prt^parer pour l'abordage. Prendre
des hommes de divers régiments. ■ — «Faire aux Espagnols
dont on attend les vaisseaux toute la meilleure réception
qui se pourra et vivre avec eux avec toute sorte de cour-
toisie.»— Vaisseaux. — Trois choses à faire contre les
Anglais.
Mise ao net, avec corrections, dont plusïears de la maio du
cardinal. — Arch. des Aff. étr. France, t. XLIV^ fol. ng.
Richelieu la remercie du déplaisir rpi^elle a témoigné avoir
de son absence et de sa mauvaise santé.
Orig. — Collection Godefroi , Fie de Maria de Médicii, t. III ,
p. Î13a. (Voy. ci-de»3u», au ig juia i6a5.)
Hichelîen répond à une lettre que la reine lui a fait écrire
par M. Pelletier, lettre remplie de sentiments de bien-
veillance.
Orig. — Poar la source, l'indication de la lettre précédente.
lUchclieu a vu le prince de Coudé, en qui il a reconnu des
intentions aussi sincères pour LL. MM. que pour le bien
de TÉtat. — Toiras écrit que, s'il n'est secouru d'ici à,
huit jours , il sera forcé de rendre l'île de Ré.
Orig. — Pour la scarco , »oy. la lettre da a octobre.
a M", ayant sceu par mou ambassadeur l'injure que les Anglois
vous ont faite en attaquant un de mes vaisseaux dans vos
ports*, je ne doute point que vous n'en ayés le ressenti-
ment que tous ceux qui ont une puissance souveraine
doivent a\oir d'une telle injure. Je souffre la [>ertc d'un
vaisseau et vous une offense qui ne peut estre estimée. Je
m'asscurc que vous n'oublicrés rien de ce qui dépendra de
vous pour me satisfaire en cela, en vous satisfaisant vous-
mcsmes. . . J'ay chargé mon ambassadeur de vous repré-
senter. . . et j'attendray vostre response par effects et non
par paroles.»
Minute de la main de CLarpentier. — Arch. des Aff. étr.
Hollande, t. XI, pièce i3â.
' Ce titre a «t^ mis par Richeliea an dos de cpttr pièce. La date manque, elle es^donncc approximativement par
les Mémoires de Richelieu, où, en cxpoaant les mesures prescrites par cette instrumon , il dit «qu'il fit donuer le
7 aoAt , au dac de Guise, le commandement de l'armée navale.* (T. III, p. 33i.) Notons ici trois minutes de lettres
écrites par le cardinal sur le sujet de Hé à l'évoque de Nîmes , au duc d'Angoolcmo et à M. de Marillac, et une qua-
trième, également non datée, celle-ci sans suacription , où Richelieu se félicite qu'on ait fait entrer des approvisionne-
ments dans nie, et où il exprime la confiance que Toiras la défendra bien. Ces quatre minutes sont écrites sur un
même feuillet, coté 335 dans le tome XLI de la Collection France. Voyea , au sujet de la quatrième minute, notre
tome II, 636. Il faot enfin faire mention de deux pièces, fol. 138 et i3o du ms. cité aux sources : Instruction au tiear
d» Lajilte « allant en Oleren avec pouvoir d'aide de camp,» dont la dernière pag6^ est de la maio de Charpentier; et
Mémoire des choses tjae le tiear Lefcbure sollicitera en cour poar la défense de la mesme isle,
' La prise de ce vaisseau par quelques bâtiments anglais entrés dans le Texel se tiouve racontée dans une pièce
intitulée : Relations de la prise da vauseaa de M. de Tuiras. Pièce cotée i3o dans , notre ms. II sera plut d'une fois
question de ce v&lsscau de 'Toiras. (Voy. Mêm. de liickelieu, t. III, p. 385.)
CARDIN. DE RIGHELIEC. ■
962
SOiVIMAIRES DES LETTRES
DATES
et
LIEUX DE D \TES.
1027.
[ Vers
la fin froclobrc'P]
[Commeiicemeot
de novembre'.]
1 2 novembre.
De Nélray.
SUS CRI PT ION
DES LETTRES.
A M. d'Aenssen.
Aux RR. PP. j>rcsideiit
et définiteur de la
congrcgalion de S'-
Maur.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUBCES.
(! M., le s' de Lasalle, nepveu du s' Trip , m*ayant asscnri!: que
les cinquante canons que aous iuy faisiés faire pour moy
csloient pretz et qu'ilz trouveront bien rinvention de les
faire venir au Havre sans péril, je vous fais ce mot pour
vous j>rier d'adviscr avo([ !uy de la façon le jiius promp-
tement qu'il se pourra. Je vous supplie vous souvenir que
j'ayrae mieux que ce que nous auions d'Hollande nous
cousle plus cher et qu'il soit asseuré que de courre la for-
tune du vaisseau du s' de Toiras.»
Autographe, — Arcli. des AIT, ctr. HollaDdc, t. XI, pièce lio.
"Que les difllcultés qui se présentent au traité font que le
roy a jugé qu'il ne se peut te .miner qu'auprès d'EUe. Que
je me resjouis en l'espérance que j'ay que M" des Estais
luv donneront cette commission... Le roy a la nicsmc
aflection que le feu roy son père. . H y a certaines choses
dans le traîtlé de Compiè;^ne qui ne peuvent estre con-
tinuées, mais il est aysé tle l'améliorer de ))art et d'autre...»
li n'est pas peu ioiporlant que M" des Etats parachèvent
promptement la satisfaction due à S. M. pour la faute qu'ont
commise les capitaines .. «M. Boulard m'a dit que vous
aviés de bonnes propositions à faire sur le sujet d'une
union (>our le fait cfu commerce. Je les escouteray très-
volontiers.»
Arch. dej Aff. clr.
Minute de la main de Charpentier.
HoUaudc, t. XI I pièce lài-
Le parlcnaent de Rouen a donné permission aux pères de
S"-Mélaine de s'agréger à la congrégation de S'-Maur. . .
voulant diviser celle de Bretagne dont je suis protecteur. . .
Orig. — Bibl. nat. Saint-Gcrmaîn , i473, fol. 92.
' Cette piècocst placée en décembre d'après une indication mise en tSto sans doute pour le classement. Nous pensons
qu'elle a dû être écrite peu de temps après la prise du vaisseau do Toiras, qui eut lieu le 7 octobre. Nous proposoni
vers la fin dudit mois. Depuis quelque temps déjà, on l'a vu par plusieurs lettres, celte aÛ'aire de la fourniture des
canons et antres munitions de guerre était entamée.
^ La suscription est restée en blan?; la lettre s'adresse à d'Espesses, l'ambassadeur, on plutôt à Custojoax, qu'on a
vu charge ''n Hollande d'une mission spéciale, pour les arpiements de la France.
' Sans date, cla&sce en décembre. Elle doit 6tre du commencement de novembre, puisque les pouvoirs d'Acrssen
sont du ly^ dudit mois. — La pièce CXLÏI est la matière d'une lettre du roi au prince d'Orange. Sur l'insistance que
M" des États ont faite auprès de l'ambassadeur de France pour le renouvellement du traité de Compicgne qui expire
celte année, le roi demande qu'on envoie le s' d' Aersaen pour traiter celte affaire. Assurance des meilleurs sentiments
du roi pour la Hollande. (Minute d'une main que je ne connais pas, corrigée de la maîn de Charpentier. Sans date. ) —
La négociation de ce traité se jQoursuivït péniblement et on6n ne s'acheva pas. On a vu ci-dessus ( 1*'' décembre i6n6 ,
6 , 8 et 3o juin 1637) les diUicoltcs qui surgissaient sans cesse. On parvint pourtant à une rédaction; notre manuscrit
nous dcnne plusieurs copies peu difTércntea les unes des autres, aux dates des 26 et a8 août; les négociateurs étaient
M" de Bultion et de Châteauneuf pour la France, et, pour la Hollande, le baron de Langlierac , ambassadeur de cette
république. Il était dit que les ratifications seraient échangées d^ins l'espace de deux mois, mais ni l'une ni l'autre des
deux parties ne ratifia le traite ; il fallut négocier sur nouveaux frrtis. Est-ce alors que le roi écrivit au prince d Orangu ,
cl Hichelieu à Aersaen , les letlrcs sans date, classées dans notre manuscrit en décembre, mais qui seraient d'octobre ou
du commencement de novembre? En effet, on y témoigne le désir de voir M. d'Aerssen envoyé à Paris, et ce même ma-
nuscrit conserve à la date du 27 novembre (pièce 189) les pouvoirs donnés par les Etals & deux nouveaux négociateurs,
M''' Acrssen et do Vosberg, ambassadeurs exlraordinoires pour traiter à Paris. Ces nouvelles tentatives de négociation
n'eurent pas une meilleure issue. Faut-il rapporter i quelque temps de là une lettre que nous donnons ci-après ( vers
la fin de 1627 ) , où Richelieu parle d'une mission sans succès d'Acrasen à Paris ? Nous ne proposons cette conjecture
qu'avec doute, parce que ce diplomate )iollandais est venu plus d'une fois en France.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 963
DATES
LIEDl DB DATES.
SUSCRIPTION
SES LETTBES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUr.CES.
1627.
2 3 novembre.
i" décembre.
Du camp
de la Uocht-Ue.
Nfé moire pour monstrer
an roy '.
A M. le Prince.
«On se trouve bien empcsché, etc..» Richelieu Rappelle ce
qu'il a fait pour le siège de la Rochelle, les difficultés qu'on
lui oppose, négligences, mauvaise volonté; et il repré-
sente au roi que, pour bien servir les princes, on est
quelquefois obligé de combattre leurs senliments.
Minute de la main de Charpentier. — Arch. des Aff. elr.
France, t. XLV, fol. 4^.
«Le roy, affectionnant vostre personne et par conséquent tout
ce qui vous touche, je n'ay garde de manquer à vous
servir... M. de Saintout. .. vous donnera le brevet <le
la confiscation de Belin et Josselin que le roy vous accorde.
Ce sont les deux, plus belles pièces des biens de M. de
Rohan'. ..» — Richelieu annonce au prince d'autres fa-
veurs.— «S. M. est très-résolue de poursuivre le siège de la
Rochelle. . . Le s' de Bourbonne a pris Montaigu prison-
nier en Lorraine.. . »
Orig, — Arch. de Coodé. Communication de M*' lo duc d'Aii-
inale.
a . . .S. M. se promet que vous n'oublirés rien pour son ser-
vice \ Montaigu a commencé à nous apprendre beaucoup
de nouvelles.. . M. de Sainlou a là toutes vos expéditions,
tant pour les confiscations qu'autres choses...»
Orig. — Mêmes archives.
Richelieu demande qu'on lui envoie sans délai le capitaine
Oudard, auquel il veut donner !e commandement d'un
vaisseau.
Orig. — Catalogue d'une vente d'autographes. Janvier i85o.
Un s** écrit pour se justifier de la prise du vaisseau de
M. de Toîras; il offre de venir en France; «je responds
comme ne m'en souciant pas, mais qu'il peut venir, pour-
veu que cela ne relanle point la délivrance du canon qu'il
fait faire. — A dire le vray, entre nous, nous désirons gran-
dement qu'il vienne, mais je ne veux pas le luy tesnioigner
' Ce titre, do la m^^in de RichcUcu , est écrit sur un petit fciiitlcl hl;tnc , qui t dans le manuscrit des AiTaircs étran-
gères , précède celle pic.-e. Les Mémoires de Richelieu en ont conservé le tcilc , mais sépare en deux partii^a , entre les-
nucMe» on a iniéré quatre pages où Toirj» est fort maltraite dan* tout ce commencera nt de sa carrière, depuis qu'il
clait page de la vénerie jusqu'à ce moment, où il dércndait Saint-Marlin-de-Ré. (T. III des Mém. maniiscrils de liiche-
tiea , fol. 287-391 ; p. i63-470 de ledit. iVtil'il. ) Ce morceau contre Toiras commence , dans les Mémoires imprimes,
au bas de la page \Bi et va jusqu'au milieu de la page 469 , à ce passage : «qu'il y avoil à craindre de tous costes. . ■>
— Remarquons, à cette occasion, qu'au lieu des mots : fU'Vj' avoit à..., ou lit, dans la pièce manuscrite de la
collection France , j'ay ô. . . Nous le notons pour montrer eDCorc une fois comment les pièces originales se transfoimcnl
en passant dans le récit des Mémoires.
' Il commandait les huguenots révoltés ; et c'était le prince de Condé qui avait été envoyé contre lui. Il avait demandé
qu'on lui donnât cette conGïcation , et se montrait plus animé contre tes protestants que n'aurait voulu Richelieu. {Mém.
m, p. i39-U3.)
" ' ~ " 'ait pris pli
riva le 17 à
dp nom; serait-ce le s' de Ifasalle ou son oncle Trip , chargé d'une fourniture do canons, dml
1 6 décembre.
. , .Décembre.
Aux Sables
d'Olonne.
. .Décembre.
Iden
A l'abbé de Marsillac.
A M. d*Esp€5ses.
' Parti de Lyon le g , M. le Prince avait pris p^u^leurs pelit-^s places: «Après avoir ainsi nettoyé le Rhône, dît
Richelieu, il s'avança en Languedoc et arriva le 17 à Taraicon. {Mém. Ill , p. 4ô3.
Il
n y a poif
Richelieu écrivait quelque temps auparavant (lettre à.. . vers la fin d'octobre)? Nous croyons qu'il s'agit plutôt d'un
s' Gentillot dont il a été question page 713 de notre II" volume et page 7 du tome III. Rich'lieu lui donnait I assurancr-
réitérée qu'il croyait à son innocence. Nous avons été pris nous-méme à cette ruse de Hicbtlicu , que nous apprend l.i
présente lettre. (Note a' de la page 731 précitée.)
964
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DE DATES.
1G27.
Sans date.
Alafmdc 1627'?
SUSCKIPTION
DES LETTRES.
M" les États suppliant
le roi de conliuucr
l'ailiance dont 1<
traité expire celte
année, S. M. envoie
un traité à M. d'Es-
pesses. . .
ANALYSES DES LETTRES
ET SOXIHCES.
de peur de l'effaroucher.. . S'il vous demande conseil, ne
le pressés pas, mais faites eu sorte qu'il songe de lui-mesme
à venir pour solliciter et obtenir ses lettres de change.
Quand il s'en alla, il emporta pour avances une lettre de
change du s"^ Lumague, de dii mille escus; je vous prie
de prendre garde, si cet honneste homme s'esgaroit encore
davantage en son devoir, qu'il ne fust homme à vendre
tout le canon aux Anglois; si vous aviés juste soubçon,
vous ferés arrestcr tout le canon chez les marchands. . . »
Minute de la niaîn de Charpentier. — Arch. des Aff. *lr.
Hollande, t. XI, pièce i4i.
«La difficulté qui empescha, lorsque M. d'Aerssen estoit icy,
que le Iraitté ne fust passé, portoit sur un article qui a
esté changé , et l'on s'est contenté des dispositions contenues
dans les traittés du feu roy et de Compiègnc. . . La di-
gnité du roy requéroit que les Estais députassent des
ambassadeurs extraordinaires, comme ils le veulent faire
pour faire le traitté, mais S. M. regardant plus au bien
de M" des Estais qu'à ce qui le concerne en telles appa-
rences, aime mieux donner (>ouvoir à M. d'Espesses de
passer ledit traitté en Hollande.. . »
Minute de la raaiu de Cbarpentier.
Hollande, t, XI , pièce i45 '*.
— Arch. des Aff. étr.
1628.
2 0 janvier.
Du camp
de la Rochelle.
3i janvier.
Au camp
de la Rochelle.
A. M. le Prince.
Idem
«Le s* de Vantadour va pour vous communiquer un dessein
important auquel S. M. est bien asseurée que vous n*ob-
inettrez rien pour qu'il réussisse à son avantage. . . '»
Orig. — Arch. de Condé. Commanication de M^^ le duc
d'Aumale.
«Ayant veu ce qu'il vous a pieu m'escrire touchant M. d*Es-
pernon ', je prends la plume pour vous dire que je feray
tousjours un cas très particulier de son amitié et luy don-
neray des preuves de la mienne en toute occasion...»
Richelieu lui recommande les affaires du roi : «à Tavancc-
ment desquelles vous vous portés avec tant d'ardeur qu'il
est impossible d'y rien adjouster. . . »
Orig. — Arcli. de C&ndé. Commaaication de M^' le duc d'Au-
male.
' Classée eu décembre. S'il s'agit de la mission pour laquelle Acrssen eut son instruction le 37 novembre, la pièce
doit clro tout au plus tôt de la fin de l'année.
^ Pièce i46 : <■ Propositions discouroes en deux conférences avec Ml*" le cardinal de Richelieu, par les ambassadeurs
de M" les Estais, >• (De la main d'Aerssen , 2 pages. Sans date.)
' Vov- ci-dessus , page 60 1 , lettre à M. le Prince , 5 janvier. Le duc de Vcntadour était allé vers le roi après avoir
accompagiy; M. le Prince en Languedoc.
* Voy. la note 2 de la même lettre du 5 janvier.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT.
965
DATES
et
LIEirt DE DATES.
1628.
ofi
0 ie\Tier.
1 1 février.
[Vers le mois
de mars '.]
1 1 mars.
Paris.
SUSCRIPTION
DES LBTTRSS.
A M. le Prince.
W.«
A M. le I*rincc,
\.v roi à M. de GuroD.
ANALYSES DES LETTRES
ET SODBCES.
«J*ay receu les asscurances qu'il vous a pieu me donner de
ramitié de M. de Montmorency' comme très véritables;
aussy peut-il faire estât très certain de la mienne.. . »
Orig. — Arcb. de Coudé. CoramuDicalion de Ms' le
d'Âumale.
duc
uM. de Nesmond, vous dira les volontés di* roy qui sont con-
formes aux vostrcs. Il vous porte les expéditions que vous
avés désirées.» Satisfaction du roî «de ce que vous avés
contribué en la prise de Savignac^. . • — Le lendemain
12, le cardinal lui écrit de nouveau a seulement pour ac-
compagner M. de Calmes qui vous dira particulièrement
à son retour ce qu'il a fait en son voyage.»
Orig. — Ârcb. de Coude. CommuDicatioD de IM^ le duc d'Au-
male.
«On peut respondre au gentilhomme de M. de Vaudcmonl
que S. M. a considéré deux choses en la proposition qu'il
luy fait : le dessein de M. de Vaudcmont et la personne
de M. de Falsbourg. — Quant au dessein de M. de Vau-
demont, après tant de ses actions qui doivent donner du
dégoust au roy.- - S. M. est preste de recevoir ses démis-
sions pures et simples du gouvernement qu'il a en France *
pour le descbarger de la géhenne que cela luy donne
d'avoir quelque attachement à la France. — Quant à la
|>er5onne de M. de Falsbourg, le roy i'eslime digne des
gouvernements dont il est question, et a volonté de faire
pour luy chose meilleure.. . ^»
Minute de la main de Cliarpeclier. — ■ Arcli. des Aif. rtr.
Lorraine, t. VHI, fol. 4i4.
* , ^ .Oo ne manquera de faire prendre ceux qui sont nommez
par la déposition de I.a liorde, qu'il vous a pieu de m*en-
voyer. Pour l'aïTaire de Bresson, il y aura eslé pourvcu par
le roy qui recognoist de plus en plus l'affection avec la-
quelle vous vous portés à son service; et aura tousjours en
grande recommandation ce qui regarde vos intérests. En
mon particulier, Monsieur, je vous prie de croire que j'y
coutnbueray tout ce qui me sera possible.. . »
Orig. — Arcli. de Condé. Communication de M*' le duc d'Au-
male.
C'est une instruction dont la pensée seule sans doute appar-
tient à Richelieu. {Voir la note de la page 70 de notre
m* volume.)
Orig. de la main de Bouthillier. — Bill. iiat. Béiliune , 9337,
fol. 37.
' Voy. ci-deMiit la même aote de U page Sot.
* Voy. notre tome III, p. 36, lettre i M. le Prince du 18 février.
^ Cette note, saas date, clasi^e fautivement en l63o, « ét« étrite avant le départ du roi (3 avril)pour la Roclicllc,
[Mém. de lOektlteo . t. IV, p. 83.)
* Le comte de Vaudemout , pérc du duc do Lorraine, ctatt gouverneur de Metz et do Verdun. Le cardinal lui repro-
chait d'avoir, dèn Ie9 premiers temps , cocooragé la mauvaise conduite de Gaston contre le rot. ( Mcm. t. VIII , p. 73.)
La petïiie du cardinal n'est pas ici; nous la trouvons dans ses Mémoires, où nous voyons qu'il s'oppo!
l'avis du conseil do la reine m^re , à ce que ces gouvernements fussent donnés au prince de Phaisbourg, atlei
est toujours dangereux de ronfîtr des gouvernements aux étrangers. (IV, 83. ]
du
qu
966
SOMMAIRES DES LETTRES
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET 90UHCES.
1G28.
i5 mars.
A M. le IVinco.
i*' avril.
6 avril.
jA avril.
Au camp
de la Uocliellc
Idem.
A M. le corate de Til
lières^, à Paris.
A M. le Prince.
1 9 avril.
Le roi au duc de Savoie,
2 G avril.
Du caaipd'Aytré
Le roi au duc de Crë-
K . . .J'ay escrît à M" du cooseil que l'on vous envoyast une
commission pour la vente des offices de Irt^soriers dont vous
av(*s faict vérifier l'ccdit. . J*ay aussy escrit pour fairo
transférer la chambre de Bésiers à Lisle , selon que. . . M" de
Tolose le désirent. J'ay vcu la harangue que vous y avés
faite, qui faict voir vostrc élot|Ucnce et l'afFeclion que vous
avés au service du roy, et l'eslime qu'il vous plalst faire
des personnes qui vous honorent comme moy. . . — M. de
Séverac s'en retourne vous trouver; le roy luy a faict bailler
3,ooo escus pour le service qu'il luy a rendu '.»
Orîg. — Arch. de Condé. Communication de A!*'' le duc d'Au-
male.
a M. le cardinal de la Valette.. . vous dira ce qui se passe icy,
et la fermeté avec laquelle on poursuivra ce siège sans que
rien puisse en rompre le dessein,. . »
Orrg.— Arch. de Condé. Communication deM*'leducd'Auaialc.
«. ..J'approuve laresponscque vous estes d'avis de faire à M. de
Gourdon.. . Faites en sorte que, quand elle seroit prise,
cUe ne luy puisse causer de préjudice. . . Usés en comme vous
ji'gcrés à propos pour celle que vous ferés au s"^ Selon. . . »
Orig. — Arch. de la famille de Tillièros. Communiiatloii de
M. Hippeau,
M. le prince a manjé qu'il va attaquer les places du Rouarguc
et du vallon de Masamet. Si M. de Montmorency est capable ,
avec les forces qu'il aura , d'empescher que M. de Uonan ne
face progrès, ce sera un grand avantage. — «Je vous con-
jure de ne vous embanjucr pas à un siège , j'entends à quel-
que grand siège ; ce qui ne vous empêche pas d'entreprendre
celuy des pctiltis places que vous verrez ne pouvoir ré-
sister. . . J'ay peur que M. de Manloue paye les despends
quoyque sa canse soit fort bonne... Contrairement aux
stipulations du traitté de Monçon, Gonçale entre dans les
estats de M. de Mantoue, M. de Savoie se prépare à faire
le mesme, et l'empereur en a, par décret, ordonné le sé-
questre.— Je pars demain pour aller trouver ïe roy à Sur-
gères. . . La digue et l'estacaae se fortifient tous les jours *. . . »
Orig. — Arch, de Condé. Communication do M^' le duc d'Au-
male.
(1 ... J'ay veu les propositions que vous avés faites au s' de Gu-
ron , et les tesmoignages d'aiîection que vous i'avés asseuré ,
de vostre mouvement, me vouloir rendre...» Le roi le re-
mercie , et le prie d'ajouter toute foi à ce que lui dira M. de
Guron *.. .
Mise au net <le la main de Charpentier. — ArcJi. de» Aff. é(r.
Turin , t. VIII , jiîèce i66.
Réponse à la lettre du duc, du 9 du mois, laquelle donnait
avis du passage en Dauphiné d'une partie des troupes du
' Sans doute quelque dénonciation ou capture de rebelles. Voy. cî-dessus , p. 781, et dans notre III* voluioe les
pièces relatives à la Rochelle, p. 38 à 5iî,
' Voy. les Mémoires du comte de Tillières , à la date du i" avril , publiés par M. Hippeau.
^ Le cardinal en avait fait la visite le 13. (Bassompierre , t. III , p. lâo.)
* Voy, ci dessus, p. 607.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLÉMENT.
967
LIEUX. DE DATES.
SLSCRIPTION
ors LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET S0CRC8S.
1628.
3o avril.
Le roy à M. de Césy.
h mai.
Au camp
devant
la nocliclle.
3o mai.
Au camp
de la nocbellc.
2b mai.
De Brouagc.
A M. ïo Prince.
/(/Cf
Idem.
A M. LeMasJcaParU
duc de Rohan, en dessein d'y construire un fort, ainsi que
de l'arrivée en Savoye du prince Thomas avec des troupes.
Le roi approuve ce qu*a fait le duc en cette occurrence, la
levée c!e gens de guerre et le dessein de s'cm[jarer du fort
que les rebelles construisent. Le roi envoie des troupes , et
prescrit les mesures à prendre. Le prince de Condé a aussi
reçu ordre de marclier; enfin, «ayant égard au particulier
contentement du duc de Créquy, » le roi trouve bon que le
marquis de \'ilIeroy, son gendre , aille servir sous ses ordres.
Minute, )a lettre df'jà sigoco Ju roi ayant été corrîgee. —
Arcli. des AIT. clr. Turin, t VIII, pièce iGg.
II a rendu compte, par ses dépêches des af» janvier, 7 et 21 fé-
vrier, des désordres occasionnés par les janissaires, des
violences commises contre le grand visir; «ce sont efiecls
d'un grand mespris qui s'adresse au prince plus qu'aux
ministres... — Détromper le grand seigneur des mau-
vaises impressions qu'on luy donne touchant les desseins
des princes chrestiens.. . contre les jésuites.. . corruption
du Caïmacan.. . J'approuve tout ce que vous avés fait.»
Minate. — Arch. des AIT. ^tr. Gonstantiaople , t.Ili, p. 61O '.
«Le porteur vous pariera d'une affaire d'importance. Le roy
m*a commandé de vous l'adresser. Vostre afteclion vous
fera racsoager ce que vostre prudence vous fera juger estre
le plus avantageux pour le service de S. M. . . «
Orig. — Arch. de Coudé. Commonicaiion de M^' le duc
d'Aonialp.
« . . .S. M. désire qu'incontinent que vous aurés pris Kéal-
mont, vous vous a'ivanciés vers M. de Rohan ^. . . Je
m'asseure que vous luy ferés quitter li partie, et y serés
aussy heurcui qu'à Pamïcrs (voy. notre tome III, p. 62).
M. u'HerbauIt vous mande au long la volonté du roy.»
Orig. — .\rcli. de Cou6é. Commaoîcalion do M^** lo dur
d'.Xumale.
Nous ne faisons qu'indiquer ici une lettre qui n'est, sauf
quelques retranchements, que la reproduction textuelle de
la lettre adressée a la reine mère sur la retraite des .anglais
(notre lome III, 1 13).
Orig. — Arch. dp
d'AQmalc.
Condé. Communicalioii do M*' le duc
«LcMasIe, voyésdemapartleP.Bonel à l'Oratoire, et luy dites
que puisque, selon l'avis de l'exécuteur du testament de feu
M. ae Mande , il délivre à M. Doudancourt les deniers de la
succession, je n'y voy pas d'inconvénient, veu mesme que
celui-ci consent qu'il baille à Madame de Saint-Georges les
dix mille livres que led. feu s' de Mande a légués aux olliciers
de la reyne delà Granrie Bretagne, pour les distribuer par
' Au folio 6lâ, iniout^ il utio autre lettre du roi « M. de Cé^y. (Môme date.) Approbation de la manière dout il
a d^fcadu ■ no« jésuites* contre les mauvais ofiîces dos .iinbassadours dWngletcrre , de Veoisc et de Hollande , et aussi
du patrîarclie Cyrille , «qui a voy eut juré la niync de nos boas religieux. *
' Aa lieu d'aller droit , comme le roi le voulait , ou géuéral des bugucnots , le prince s'obstinait à faire une guerre de
ffiéfc, dont Uiclielieu sç désobiit. ( Voy. ses Mêm, t. IV, p. 9 1'S j. }
968
SOMMAIRES DES LETTRES
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION'
DES LETTHES.
ANALYSES DES LETTBES
ET soi;rces.
1628.
6 juin.
Du camp
de ia Rochelle.
8 juin.
Au camp d'Aytré
devant
la Ilochelie.
A M. le Prince.
Iden
iti juin,
Idem.
î juillet.
8 juillet.
A la reine Anne.
A M. le Prince.
elle, selon l'.ntenlion du deffuncl. Je me promets (jue le
d. père Bonet fera en cela ce qu'eut faict sans doute le
P. de Sancy, s'il eust estci à Paris.»
Autographe. — Arch. nationales , M. a 3a. Angleterre, 5. B. l3.
— Copie tlo la main de Charpentier.
On attend M. d'ElEat pour le payement de l'armée de M. le
Prince. «Il est temps de se préparer à faire faire le dégast
à Nimes , Castres et Montauban, comme e^ant un coup
d'importance... de là deppendcnl la loy et les prophètes.. .
M. dEspernon, entreprenant celuy de Montauban, le fera
en sorte qu'ils ne recueilleront pas grand chose.. . »
Orig. — Arch, de Cond^. Commanication de M*' le dac d'Au-
male.
(f . . . S. M. m'a commandé de vous escrire de nouveau que
vous teniés la main à ce qu'on commence dès maintenant
le dégast de Montauban.» — Régiments à envoyer au duc
d'Épernon. — «Si ce dégast est bien faict, comme il n'y a
point de vivres dans Montauban, ils ne sçauroienl tenir
trois mois... s'ils jsouvoient ramasser la moitié de leurs
bleds, ils tiendroîent encore longtemps. En même temps,
n'oubliés pas Castres; et que M. do Montmorency, après la
Î)rise du Pouzin, travaille aux mesmes lins, à \ismes. C'est
e seul moyen d'achever cette année de réduire le reste de
ces villes rebelles.. . Je sçay bien qu'il seroit superflu de
vous y convier davantage, veu le zelle que vous avés à un
si bon dessein. . . »
Orig.— Ârch.deCondd. Communication de M^' le duc d'Aum aie.
« H n'y a personne qui ne sache que les armes sont journa-
lières, et qu'on n'a pas tousjours du bonheur. Le roy est
d'advis, comme vous luy escrivés, que vous Icviés le siège
de Sainte-Frique (S'-Mrique).» Envoyer des troupes pour
les dégâts des villes précédemment nommées et d Usez.
Cela fait, vous aurez un corps considérable de troupes pour
opposer à M. de Roban, «sans vous attacher à de petits
sièges capables de ruiner une armée sans profit ^ La Ro-
chelle rendue, le roy fera marcher des troupes vers vous.
Ce qui sera, en ce cas, à désirer, c'est d'enfermer M. de
Uohan en quelque ville.. . »
Orig.— Arch. de Condc. Communication de M^' le duc d'Aimalp.
«Le comte de Tillières va à Paris; V. M. aura agréable, s'il
luy plaist, de luy permettre de parler librement à un Anglois
qui est à la BastÛle. C'est important pour le service du roy. »
Orig. — Arch. de la famille de Tillière-8. Imprimée, p. 306
des Mèmoirei de cette famille, avec la date do 5.
«Vous apprendrés, tant par les dépêches de M. d'Herbault
que par ce que vous dira le s'^ de la Saludie, ce que le roy
estime à propos que vous faciès pour le bien de son service.»
Orig.— Arch. de Condé. Communication Je Mf le duc d'Auraale.
Richelieu répèle ici le conseil qu'il a\ait diîjà donné le li avril, p. ySa.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 969
DATES
LIECX DE DITES.
SUSCRIPTIOX
DBS LETTRES.
.ANALYSES DES LETTRES
ET sooncBS.
1628.
2, H juillet.
Project He suspension
sur le subject des af-
faires du Montferral
et de Mantouc '.
27 juillet.
Le roi à M. du Fargis.
«M" ie cardinal de RicbeHeu et marescbal de Scboniberg
ayant confén? avec M" le marquis de Mîrabel et D. L. de
Prado , » i! a été jugé convenable , pour préparer la négocia-
tion de la paix, «de faire une suspension ou trefve de 4 ou
6 mois, pendant lesquels les armes commandées par
D. Gonzalès de Cordova se retireront dans le Milanois, et
celles du duc de Savoie dans ses estats. . . »
Miae au net do la maio d'un secrétaire de Riclieliou. — Arcli.
des Aff. élr. Espagne, t. XV, fol. 178.
«J'ai veu le project de traitté qui vous a esté proposé par le
comte d'Olivarez, lequel, avec grande raison, vous n'avez
pas voulu signer; et eussi-js encore mieux faict de ne le pas
entendre, ny recevoir pour ce que les termes diceluy vous
debvoient faire juger que je no le pourrois jamais apt>rou-
ver, et qu'il eust esté honteux de ce faire.. . Je vous en
envoie un autre ^. . J'estime que M. le duc d'Oliyarez. . .
ne fera point difficulté de l'accorder. » — Remercier le roi
d'Espagne de l'offre de ses vaisseaux au cas que les Anglais
viennent attaquer la flotte française devant la Rochelle.. .
■j'attends les Anglpis dans 8 ou 10 jours ; si les forces na-
valles d'Espagne se joignent avec les miennes, ils ne s'en
moqueront pas, puisque j'espère tout seul empescher le se-
cours de la Rochelle et chastier la Icmérité d'Angleterre. »
Minute. — Arcl.. des Aff. ëlr. Espagne, t. XV, fol. 196. —
Une copie, fol. 180.
« Mon cousin , je trouve bien eslrange de navoir pas eu encores
advis de ce que vous avez résolu sur le sujet de la dépesche
que le 5' de Percy vous a portée de ma part , et d'apprendre
que les troupes levées j>ar le marquis d'UxelIes, pour le
secours du duc de Manloue, passent toutes seules, qui
seroient les exposer a un manifeste péril'... il faudrol
que vous entrassiës promptemenl avec elles,. . u
Arch. des Aff. étr. Maotoue, t. II, pièce yS. — Copte de
bareau ; la lettre doit avoir été r^digre par d'Herbaalt où
le secrétaire d'Etat de la guerre lar nne tsatière donnée par
Richelieu.
ij'ay dict à M. de Saintou ce que j'estime nécessaire pour le
service du roy... L'intention du roy est que vous teniés
vos troupes les plus complètes que vous pourrés et que vous
ayés pour but (levant les yeux d'empescuer que M. de Ro-
han ne puisse passer de deçà quand il seroit si fol que de
l'entreprendre.. . n
Orifç. — Arch. de Coodé. Commucication de M^' te dise
d'Aotnale.
' Annotation écrite aa do» de la pièce par Chaipentier.
' Ensuite de la dépjcbe du 4 jain (ci-dessas , p. 6li ) , M. du Fargis avait essayé de faire, avec le duc d'Olivarès,
une convenlioa qu'il envoio sans l'avoir acceptée. Pendant ce temps , Richelieu en avait fait une autre avec l'ambassa-
deur espagnol. C'est cellc-lli qu'il envoie i Madrid , en rejetant le projet transmis pur du Fargis.
' he péril était arrivé et les troupes du marquis d'Uxelfes étaient en déroute à ce moment , faute d'avoir été soutenues
par celles du maréchal de Créquy. Sanguin, alors cfi mission à Grenoble, l'anDonçaît dans une lettre écrite le 10 au
cardiual , fol. 73 du même ms.
Le roi au duc de Cré-
2 3 aoust.
A M. le Prince
CABOIN DE BlCHELItU. — VII.
970
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DBS LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOORCES.
1628.
1 G septembre.
A M. le Prince
«Je me resjouis d'avoir appris par le s' Desbrosscs, gouver-
neur de CresseP, que vous soyés aux trousses de M. de
Roban,etcn estât qu'il ne puisse quasi eschapper, que
vous ne Tcnfermiés dans Milhaud. J'espère <]ue vous aurés
la gloire de l'avoir dcflait au mesme temps ([ue le roy
prendra la Uochelle, qui ne peut plus larder.longlémps à
Assassinat du duc de Buckingham.
; rendri
Orig. — Arcli.
d'Aumalc.
(le ConJc. CommuDicatloa ilo MC te duc
27 septembre.
. . . Septembre.
Idem.
«M. de Sainlou est si capable de vous mander l'estat de ce
siège, que ne sachant rien en mon parliculier qui soit
digne de vous, je me contenleray.. . »
Orig. — Arch. de Condé. Communication de Mî'
d'Aumale.
le duc
Note.
hSÎ l'on secourt Casai, les ennemis feronl indubitablement
la paix; et si l'on prolonge la trefve, ils jugeront bien ^
[qu'on ne ie peut plus secourir et ainsy ne feront plus la
paix]. . . Le roy estime que la nécessile n'aianl point de
loy, si l'on n'a plus de blé proche de Tarmce, if faut en
prendre dans le Mdanais , faisant observer ie meilleur ordre
possible.- . » — Si Dieu donne la victoire, on poursuivra
vigoureusement les avantages.
De la main de BouthiUier.
t. II , pièce 104.
Arct). des Aff. ctr. Mantoue ,
octobn
A M. d'Effiast.
Donner sans remise au s' de Millières, pour M. de Gïiisc,
l'argent des monstres et 60,000 liv. pour frais extraordi-
naires des embarquements, sans cela tout le dessein est
inutile.
Orig. — Bilil, imp. Hecaeil de Toi
z x-f ggÔ, fol. 193.
3:184
nuance iur
le$Jin:
19 octobre.
Du camp
de la Rochelle.
A M. le Prince.
Le s' de Saintou demande, |x>ur vous, par votre ordre, la
permission de venir à la Rochelle; «je luy ay dict ingénue-
ment que je n'estimois pas que, tandis que S. M. est
occupée en ce siège, et que vous avés désirù l'eslre en la
provmce où vous estes, le bien de son service et vostre
réputation peussent en cela compatir avec la charge que
vous luv donniés ^. . . »
Orig. — Arch. de Coud*'. Conimunicalion •)o M'' le doc
d'Aamalc.
' Crcaseil, pelite ville à une iioue de Milliau.
- Oc la main de Richelieu.
^ C'est là une petite leçon de convenance : Les troupes françaises entrèrent dans h Rochelle ie 3o octobre i il n'était
pas de la dignité du prince de venir à la Rochelle la veille de la prise de la ville, pour âtre spectateur d'une victoire
à Uquelle il n'avait point eu part.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLEMENT.
971
DATES
LIEUX 01 DATES.
1628.
8 novembre.
9 novembre.
De la Roclielle.
1 1 Dovemhre.
so novembre.
De
Charopdenîer'.
SUSCRïPTION
DES LBTTRES.
A M. le Prince.
Ideff\
Instruction au s'fleBaii-
Iru, allant eu Es-
pagne'.
A. M. le Prince.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
«Je prends la plume pour vous suplier de prendre créanct?
en M. Tévescpie de Mande; et, par mesme moyen luy dep-
partir toule t'assislance que vous jugerés que le service du
roy requerra en cette occasion.»
Orig. — Arcli. Je Contîé. Comniuiiica'ion de M*' le duc
d'Aumale.
M' le Prince ayant appris de M. de Sainlou les [>arlicularités
de la prise de la Kocliclle, le cardinal ne lui en parle pas.
■ — S. M. permet à M. le Prince défaire un voyage de 1 5 jour:;
en lierry, en lui recommandant de laisser son armée en ïi
bon ordre que son absence ne puisse préjudicier au service
du roi.
Orig. — Arch. de Coudé. Communication do M*' le duc
d'Aumale.
L'afTairc de la Kochelle t'tant glorieusement terminée, le roi
désire accommoder les différends survenus au sujet du Mont-
ferrat. «11 n'y a que trois moyens : ou que (!asal et ce qui
n'est point occupé du Moniferrat soit laissé entre les mains
de M. de Mantouc, — ou mis entre les mains de dom Gon-
cales , — ou déposé en celles d'un tiers ; les parties demeurant
d'accord qu'en ce cas le différend soit promplcmcnt jugé,
ou par l'empereur ou par le pape, ou amiablemenl composé
par la France et l'Espagne.» H est recommandé à Bautru
«de laisser passer les boutades du comte d'Clixarès',» et
de se plaindre vivement de l'Espagne. Le texte de ces
plaintes est dévelof>pé dans plusieurs pages.
Mise au net de la main d'un comnita des affaires clrangèr«s '.
— Arck. des AflT. ctr. EapagDc , t. XV, fol. aôo *.
«Quand vous ne m'aurîés pas honoré du tesmoignage qu'il
vous a pieu roc donutrr de la joye que vous avés de la prise
de la Hocbclle, ce ai eust esté un cnme d'en douter, sachant
' Nous trouvons dans le m^me maniucrit , eo triple expédîtioD , et eo mise au oel , des instructions dressées pour
M. de Baatm (l'écriture nous est inconnue); la copie cotée i4o est sans date; les copies cotées '.^S et aÔg &oiil
datées da 7 notembru, La dernière a c(c corrigée de la main de Châteauneuf et aussi de celle de Richelieu; la piètre
dtt 1 1 novembre doit avoir été »ub»(ilu(-cà celle du 7. (Voy. les Af<'m. de Richclita, t. l\, p. 199 et suïv.) Les pouvoir-i
donné» à Dautru sont conservés dans ce m», fol. 34^ et aig. Cette seconde expédiliou porte aus^i des corrections faites
par ChAteauneuf.
' Baulru n'était pas homme h se conformer i cet article de ses instructions; roanu pour affecler de mettre de l'esprit
3 tout propos et bors de propos, il ne pouvait pas laisser une bouade sans réponse. Rappelons seulement ce passage
de ^3 lettre du .'^o décembre i Richelieu : •l.e comte me dit en colère : Si nous en venons aui mains, vous n'aurex
pas alTaîre ■ de» bïsognes angloi» ; — Et moi : Que des gens qui venoient de prendre la Rochelle en quatorze mois
n'avoient pas grand' peur de c«-ui qui assicgeoicnt Casai il y en avoit dix , sans avoir encore gagné nul avantage. * ( Ms. pro-
cilé, fol. 3^0.) Touteis les saillies de l'esprit de Bautru , dont les Mémoires de Richelieu ont conservé quelques-unes
(IV, 3i4 et suiv. ) , ne devaient pas beaucoup contribuer à ménager une conciliation ; c'était l'avis du cardinal.
^ Richelieu y a fait de sa main cette addition marginale : «Une dépeschc re^ue depuis le départ du a' de Bautru
porte qu'ils ont fraiscbcment re^u à Madrid un gentilhomme de M. de Rolian qu'ils ont bien traicté, La dépcschc est
du 6 novembre. Elle porte que l<i rage des Espagnols les porte «, employer argent et hommes pour empesci'er les
progrès du roy contre les huguenots. >
* Un extrait de t'ioslruction se trouve au folie 3o8 ; cl au folîo 33o, ii la date du 11 janvier 1619, une longue
lettre de Bautru, en partie chiffrée, et portant cette suscription : <\ M*' Si l'hostel de Richelieu. <• Le même jour,
Bautru adresse au secrétaire d'Etat d'IIcrbault «les articles que nous sommes en chemin d'accorder. ■[ Fol 33â.} — Nous
trouvons encore à la suite de ces pic:es [ fol. 34o et 3^7) ■ un projet d'accominodem!.'nt dresse par les E'^spagnols sur K-b
alTaires d Italie, avec des observations marginales de la main de Bautru ;• documents utiles pour 1 histoire de ces
négociations.
> Bourg un peu au-dessus de NiorI ; le cardinal te rendait alors de la Rorhclle u Richelieu.
972
SOMMAIRES DES LETTRES
CATES
et
I.ir.U\ PE DATES.
1028.
. \ovenibre.
Idt,
SUSCUIPTION
DES LETTRES.
Pour iiome. A M.
Béthunp.
Pour Mantoue.
ANALYSES DES LETTRES
ET socncES.
le zelle que vous av(-s à la gloire de Dieu, à l'avancemcnl
de la religion , au service du roy et au bien de son estât. »
Orig.~ Arch. de Coodé. Communication de M*'' le doc d' Aura aie.
La Rochelle prise, on se hâta d'en répandre la nouvelle par
toute la France, et le jour môme, 3o octobre, le roi envoya
aux gouverneurs de province une dépêche que nous avons
donnée dans notre y volume, p. iSg. Richelieu informa
ensuite les cours étrangères, et l'on a vu, p. ihk du même
volume, la lettre qu'il écrivit au comte duc d'OHvarez,
datée du 9 novembre; ii y avait certainement une dépêche
du roi pour le roi d'Espagne; nous ne l'avons pas, mais
nous trouvons dais les manuscrits de Rome, t. XM ,
loi. 32^-329 , les matières de lettres que le roi devait écrire.
Une annotation mise au dos porte: «Mémoire pour les
dépcschts qu'il fault faire à Rome, Venise, Manlouc, Sa-
voie, et pour l'Empereur, après la prise de la Rochelle.»
Nous ne faisons que les indiquer ici; elles n'ont point de
date, et il semble que ces missives auraient dû être envoyées
en même temps à peu près que celle dont nous venons de
faire mention adressée a Olivarez. Mais une lettre de Bé-
thune, écrite au roi le 3o novembre, dit que cet ambassa-
deur n'a reçu encore aucune dépêche officielle sur la prise
de la Rochelle; il faut donc que l'envoi n'ait eu lieu que
vers la fin dudit mois de novembre (même vol, fol. 272).
Ces copies forment un cahier, dont nous ne connaissons
point l'écriture, seulement la dernière demi-page est d'un
secrétaire intime de Richelieu.
((Sçavoir de Sa Sainteté ce qu'elle veut faire maintenant pour
les intérest de l'Italie, en cas que la France et Venise se
déclarent et joignent ensemble; à condition toutefois que
Sa Sainteté entre en ladite union — Dépesche à
M. d'Avaux conformément, pour presser les Vénitiens à
secourir M. de Mantoue, et s'unir avec le roy.»
Rome, t. XLI, fol. 334.
Donner avis de la reddition de la Rochelle. Le roi veut con-
tinuer à assister puissamment le duc de Mantoue. Le roi
lui renvoie le baron Dannevon avec la réponse aux articles
qu'il a apportés. . . Le roi persiste au dessein de secourir
(]asal ; que le duc de son costé fasse tout ce qu'il a promis.
— Suivent les articles portés par le baron Dannevon, avec
l'avis sur lesdits articles{foL 326-329). — «Le principal
but maintenant est de faire retirer les Espagnols du Mont-
ferrat et du siège de Casai.. . » — «Cette négociation mé-
rite diligence et d'envoyer promptement vers l'empereur. . . n
— ' «En tout cas, si l'empereur veut se contenter des pro-
positions cy-dessus, proposer que la ville de Casai soit
mise entre les mains de don Gonçalez avec garnison mo-
dérée; et le chasteau en celles du pape, à la charge que
led. Gonçalez s'oblige par escrit a rendre lad. ville, selon
que Sa Sainteté l'ordonnera. — Cette condition est si rai-
sonnable, qu'avec justice on ne peut la refuser.»
I.i le secrétaire (le Hiclu'lieu prend la pliimr.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 973
DATES
et
LISDX Dl DATB5.
1628.
Novembre.
Idem.
32 décembre.
a 7 dëomibre.
SUSCRIPTION
DES LETTRR8.
Pour l'Empereur.
Pour Savoie.
Au marcschai de Cré-
quy.
A M. de Bantrii.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOCRCBS.
«Luy donner part du succez de la Rocljelle en présence de
l'armée angloise. — La lettre doit être courte et en créance
sur le s' de Céberet.. . Il sera bou que le roy réitère les
instances qu'il a cy-devant fait faire à l'empereur en faveur
de M. de Mantoue.» {Fol. 3aii v°.)
Lui donner part du succès de la Rochelle. Inutile tentative
des Anglais pour secourir la place. — «Une autre lettre
au s' de Marini, qui dira au duc que le roy s'entremettroit
volontiers pour luy asseurer Train, avec 12,000 escuz de
rente, du consentement de M. de Mantoue... — Si le
duc de Savoie entend à cette proposition . conclure sans
déiay son intelligence avec la France.. . aboutissant à deux
choses y l'une : se joindre ouvertement aux armes du roy, ou
accorder le passage libre à ses troupes. M. Marini parlera
comme de luy mesme , et déclarera qu'il en a charge seu-
lement si le d.uc en demeure d'accord.»
Lettre «le la main du roy à M*"* la princesse de PiedmoDt.
(FoL 336.)
Le roi «remet à sa discrétion » l'exécution de plusieurs entre-
prises proposées par M. de Cré([uy ; 011 ne les explique pas ,
mais on peut penser que l'une menaçait la Savoie, car
nichelieu a ajouté de sa main à la minute , qu'il avertira
M. le commandeur de Valençay «qu'il ne s'engage pas en
son voyage, en sorte que vostre exéquution ne le trouve
pas dans la Savoie '.» Il y a à cette lettre un P. S.: «Je
vous puis asseurer que le roy affectionne cette affaire
(de .V1autoue),à l'esgal de celle de la Rochelle.»
Minute. — Arcb. «le* AfT. étr. Mantoae, t. II, pièce 173.
« J'ay recea vos relations que j'ay trouvées très bonnes et faict
valoir au roy,. ; S. M. n'a point changé ses résolutions.
Le roy faict estât d'avoir dans i5 jours 20,000 h. de pied
•et 2,000 ch. sur la frontière d'Itaiie.. . Il y a sujet u'oc-
cuper ces troupes en Languedoc. Pressés vostre retour,
après avoir faict tout ce qui se peut imaginer pour porter à
la paix*. — Si l'Espagne est bien conseillée, la ville, les
cbasteaux et citadelle de Casai seront depposez entre les
mains du pape, et les deux roys décideront ce différend,
et s'ils ne le peuvent. Sa Sainteté y entrera pour un tiers, n
Mioulc de 11 main de Charpcotier. — Vrcli, des Aff. otr.
Espagne, t. XV, fol. 3o3.
Les m-inutcrits Je Tarin nous donnent , i 1« date du 26 , deux lettres do BulHon , écrites sons les ycoK de Riclielieu ,
y a fait quelques corrections. Bullioii transmet au duc de Créqoy et a M. de Valen^ty les ordres du roi, an sujet
le propositions du doc de Savoie. «L'esprit de ce prince cui si changeant et variable, qu'il ne faut pas que ces propo
•tilioDs vous divertissent do vos desseins; et il faut, »i faire se peut, s' asseurer des passages par la force.» (T. VIII,
pi^ce^ 35 1 et 3 5i.}
* Los qnatre derniers mois sont chiffrés. On a vu ci-dessus (p. 97 ii note 7.) que Bautru obéissait assex mal à cotte
recommandation ; mais Ricbelieu , indulgent pour ce bel esprit demi-bouffon , qui l'amusait , et «ju'il mit un des pre-
miers de l'académie, ne paraît pas s'en élro aperçu : tLe comte d'Olivarès, dit-il, lui fait quelques rotlomontados
insupportables qu'il souffre toutefois, rorame celles do l» toraétlio , où beaucoup de paroles du capitaine ne sont suivies
d'aucun effet. • [Uim. tU Rtckelira , IV, a^o.)
3:'
974
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIBG& Dl DATES.
1628.
Sans date.
[ Vers la iin
de décembre. 1
Du.. . dtîcembre,
Vers la fin
de décembre.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
A M. Mootaigu.
La reine mère à la reine
d'Angleterre.
Pour ie s' de Prou;
lage,
ANALYSES DES LETTRES
ET SODUCES.
M', <i vous jugés fort bien de mon natiirel quand vous pensés
que je ne sçay point rendre de mauvais offices. . . ceux qui
sont en pareille place que celle où je suis ne doibvent
jamais parler des négociations qui se font avec eux. . . vous
ne m*avés jamais parié de ce dont rostre lettre me faict
cognoistre qu'oji vous a accusé. . . je vous ay tousjours veu
trop bien ménager lesinlcrest de rostre maistre pour avoir
cette pensée ^. . . »
Mite au net. — Arch. de» Aff. ctr. Angleterre,
fol. 34 1.
t. XLII,
« Madame ma Clic , j'ay receu vos deux lettres. . . je suis bien
aise de voir le grand désir que vous avez de voir la paix
entre deux personnes qui vous sont si obères comme
sont un frère et un mary. . . je contribueray à ce dessein
tout ce qui me sera possible pourveu que je voie que l'af-
faire puisse venir à une bonorable tin pour ces deux cou-
ronnes.. . Le roy m'estant venu visiter, je luy ay faict voir
vos deux lettres qu'il a Icues avec contentement, disant
fort bien de vostre bon naturel. Mon cousin le cardinal
de Ricbelieu qui estoit".. . »
Minute de la main de Charpentier. — Arch. des Aff. étr.
Angleterre, t. XLII, fol. 3&3.
Nous trouvons quelques phrases sans b'aison entre elles ,
écrites de la main de iïicneiieu, comme notes de souvenir,
sur le feuillet de suscription d'une lettre à lui adressée par
le comte de Lindsey, qui avait pris le commaudement de
la flotte expéditionnaire après l'assassinat de Buckingiiam.
Ces notes n'ont d'autre intérêt que d'être autographes, et
de nous donner, sur la situation des Anglais, cette phrase,
la seule que nous conservions: «Les Anglois désirent la
trcfve , mais ne la veulent demander. » La lettre sur laquelle
ces notes sont écrites est datée du i" novembre 1628.
Arch. des Aff. ctr. France, i6ï8, t. XLVIII , foL i65.
Richelieu donne des ordres pour dilTérenles affaires de détail
concernant la marine, et que le s' de Prouage a déjà bien
commencées. — Il est question aussi d'un s"^ de Ilécourl,
auquel Richelieu veut rendre service; «mais je ne pourrois
consentir qu'il entrcprist sur ma charge.»
Minute oij plusieurs corrections sont de la main de Richelieu,
— Arch. de» Aff. étr. France, t. XXV, pièce 36.
' C'est la réponse à une lettre de Montaigu, auquel 00 a dit que ie cardinnl avait écrit au roi d'Anglclerre une
lettre de plaintes sur sa conduite en France; le cardinal aurait demandé que «si on avoit e;nv)e de traittcr il falloit.. .
n'y employer pas de gens fallu comme Montaigu. • II n'y ajoute pas foi , et il espère que S. Em. * daignera de me rendre
une assurance de l'honneur de la continuation de ses bonnes grâces. > La date de cette lettre , 10 décembre , donne à peu
près celle delà réponse do Richelieu. (Même ms, fol. 356.)
' Ce commencement de phrase a été barré j Richelieu, par réflexion, s'est arrêté ici. — Ces deux lettres de la reine
Henriette-Mario ont pu jouer leur rôle dans la politique du moment. «Le roi, dît le cardinal, pensoit i l'Italie et su
Languedoc (à l'Itaiic pour l'affaire de Mantoue , au Languedoc pour celle des huguenots).. . Quant au Languedoc, il
leur falloit faire entendre que l'Angleterre nous recherchoil de paix , et que , la faisant avec elle , ils demeuroient aban-
donnés à la rigueur de la justice de .S. M. et de ses armes , faisant \oir pour ce sujet les copies des lettres de la relue de Li
Grando-Bretaguc à la reine sa mère quelle solliciloit à la paix.» (T. ÎV, p. 334-a37.}
' La dalc manque et la pièce c^t mal classée en itiSo , M. d'Ocqucrrc , dont il est question dans cette lettre , étaut
mort en 1 698.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 975
DATES
et
SnSCRIPTION
'analyses des lettres
JLISCX DR DATSS.
DBS LETTRES.
lîT SOURCES.
16291.
Premiers mois. ]
[AM. BouthiUier.5]
Projet <ie Iraité avec l'Angleterre au sujet de Taccomplisse-
mcot des conventions du mariage de Henriette-Marie.
MicQte. — Arch. de» Aff. étr. Angleterre, t. ÎLII, fol. 362.
. . .Janvier.
Observations sur un projet de traité concernant l'affaire de
Mantoue.
De la maiu de Richelieu et de celle de BoDthîllIcr. — Arch.
des Aff. élr. Turin, t. XI. fol. 5a8.
1 i janvier.
A. M. de Bullion.
InstruclJou au s' de Bullion, S. M. l'envoyanl vers le duc de
Créquy, pour affaires importantes à son service. — 11 s'agit
de Mantoue et de Casai. (Voy. ci-dessus rinslruclion
donnée à M. de Lisle, 16 février 1629.)
Minute de la maiD de Bullion. — A fi", élr. Turin, t. IX, pièce la*.
a 5 janvier.
Au s' iMimi tle Char-
nacé.
M. de Charnacé est chai^* de négocier un accord entre la
ligite catholique d'.^llemagnc et le Danemark.
Copie. — Arch. des Aff. ëtr. Allemagne, t. VI, fol. qAj.
36 janvier.
De Praslin.
A M. le Prince.
Sur le compte que devail rendre le prince de Condé de sa
gestion pendant qu'il commandait l'armée du Languedoc.
(Voy. notre IIP vol. p. 217.)
Ortg. — Arcti.deCondô. ComoianicatioDdeMiMeducd'Aumale.
1" février.
De Dijon.
A M. da Undt'.
Instmclion pour M. de Guise et le mareschal d'Estrées, sur
le chemin à faire prendre à l'année.
Orig. aigoé Louis; contre-aigné Phelypcnux, devcQO minute à
cause de correction». — Aff. étr. Turin, t. IX, piice ai'.
26 février.
A Ambnin.
!/.> roi à la reine mère '.
Sur une négociation de Bautru en Espagne.
Orig. — Arch, nat. M. aSa , n" a d'uue liasse défaite.
Vers la itn
de février \
A M. de Valençay.
Nous avons expliqué la mission du commandeur de Valençay,
et donné le résumé de cotte tnstruclion, ci-dessus, p. 63 1.
Mise ao nft. — Arch. des Aff. ctr. Turin, IX. pièce 34.
i" niar?.
Onli.
[A M. le duc de Man-
tooe.]
«Mon consin, . . .j'ay cejourd'huy passé le mont Genèvre, et
suis arrivé en ce lieu, qui n'est distant de Suze en Pied-
mond que de quatre lieues, en intention d'y faire au
pinslost entrer mes troupes. . . »
Mise lu net. — Arch. de» Aff. ctr. M an loue , t. II, pièce 337.
' La ni-ceuiu- 1
cODtrainl de rédui
riqueti a bien voui
ditiona et coneclion
retrancher aux am
> U cardia»), <
' La date mani
t renfermer d.(ni ce dernier
e ces analyses à une eitrJme
i m'accorderile publier s^par
où trouveront plaee les faili
lyies cjoe j'avais préparées,
crîvant à la reine nierc le si
ue, on lit au dos d« la pîAc
volume toute» les Icltres de Richelieu réservées pour le» analyses me
brièveté. Je profilerai de la faveur que le Comité des travaux hiato-
ément )a table géiu'rale , pour joinrlre à cette table auelques pages il'ad-
hislorique» et les éelaircisaorneut» que le mauque d'espace me force de
"''
février, lui annonce cette lettre du roi. (Voy. notre tome III , p. 336.)
f : • Après le retour de Lisle , en février. ■
976
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIBDJ, DE DATES.
DES LETTRES.
ET SOURCES.
1029.
28 mars.
A M" les ducs el gou-
vernement et conseil
de la cilé et répu-
blique de Gènes.
« Messieurs , j'ay faict entendre à S. M. ie désir que vous aviés
d'envoyer un ambassadeur vers elle pour luy faire la révé-
rence ; elle m'a commandé de vous mander qu'elle i'auroit
très-agréable, et moy , en mon particulier, je l'asslsteray
de tous les bonii offices que vous devés espérer de moy.»
Minute de la main de Charpcotier. — Arch. des Aff. étr.
Gênes, t. I, fol. 171 .
Vers le 20 avril.
A la reine mère.
Le cardinal entretient Marie de Médicjs du roi son fils , et du
séjour du prince de Piémont à Suze, où ils sont arrivés le
5 avril,
Orig. — Catalogue d'une vente d'autographes faite par La-
verdet, le a6 janvier i856.
20 avril.
Suze.
A M. d'Avaux.
Satisfaction de sa conduite dans les affaires présentes. Bon
rapport que Richelieu en a fait au roi '.
Copre. — Arch. de$ Aff. etr. Venise, t. XLVII.
22 avril.
A M. i'archevesque de
Pise.
Le roi ne veut que rétablir la paix en Italie.. . Il va travailler
à l'accord de M" de Savoye et de Mantoue, et à celuy de
Gênes.. . .
Minute de la main de Charpentier. — Arcli. des Aff. ôlr.
Turin, t, IX, pièce 106.
27 avril.
Le roi au parlement.
Après avoir mis en bon estât les affaires d'Italie, «nous nous
acheminons en Languedoc, où nous espérons que les re-
belles, touchez de nostre présence, se rangeront d'eui-
mesme à leur devoir '.. . »
Copie. — Arch. des Aff. étr. Turin, t. IX, pièce 110.
28 avril.
Suze.
A M. le Prince.
S. M. le charge de faire le dégât à Montauban et à \ismes.
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M^^ le duc
d'Aumale.
. . -Avril.
Note au sujet de menées ourdies contre la France par le
s' Ciauzel, revenu d'Espagne, où l'avait envoyé le duc de
Rohan.
Minute de la main de Charpenlier, — Arch. des Aff. ctr.
Turin, t. X, pièce igS.
Commencement
de mai.
Déclaration du roi pour convier les villes rebelles a se re-
mettre en son obéissance.
Minute de la main de Charpentier. ' — Arch. de$ Aff. étr.
France, t. LU , fol. 389.
3 mai.
A M" les Estats.
«Le roy m'a laissé icy' pour parachever ce qu'il a si heureu-
sement commencé. . , »
Minute de la main de Charpentier. — Arch. de» Aff. étr.
Hollande, t. XII, pièce 33*.
' Le 7 avril, M.
l'envoyait par M.
^ Le roi reprodu
III* volume, p. 36
' Le cardioal et.
d'Aviiux avait écrit au cardi
lelaSaludie. (T.XLVII, à
it ici quelques-unes des idées
'.■>
it alors à 5uxe.
nal qu'il venait * do conclure le traitté d'union avec la République.* Il
ates des 7 et 8 aviil. )
de la lettre écrite au parlement de Bourgogne, le ai mars. (Voy. notre
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLÉMENT.
977
DATES
LIECX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOCnCES.
1629.
ai mai.
Au camp
de Privas.
3 4 mai.
36 mai.
Idem.
tdem.
3 1 ma y.
Au camp
devant Privas.
d juin.
Au camp
devant Privas.
10 juin.
Au camp
devant AIctz.
Idei
1 2 juin.
Au camp
devant AIctz.
A M. le Prince.
A la reine mère.
A la princesse de Pié-
mont.
A M. de Cr^quy.
A M. de Bétbune.
A M. dlnfrevUle.
A M. le Prince.
Le roi à Toiras.
Le roi a M. d'Avaui,
ambassadeur à Ve-
f>o roi au marcschal
(ie Cré((uy.
Dégât de Monlauban.
Orig. — Arch. de Conde. Communicûtion de M'' le duc
d'Aumale.
Au sujet de l'arreslalion de la princesse Marie.
loiprim^e : Hi«(. de Loaii XIII , par le P. Griffet , t. I, p. 666.
Richelieu lui a envoyé les' de Biscarat pour lui faire donner
satisfaction de ce qui s'est passé en l'afTaircde Pomcuso.
Minute de la main de Cliarpentier. — Arch. des Aff. ctr.
Turin, t. IX, pièce i85^
Toujours racddent de Pommcuse. — Autres aft'aircs d'Italie.
Même source et même indication.
Faire habiliter [sic] M. le chevalier de Valençay» qui est de
la langue et du prieuré de France, aux prieurés ne Cham-
pagne et d'Aquitaine de la même langue. — Que le bref de
S. S. s'adresse non au conseil de Malte, mais au grand
maître.
Mêmes indications. v
nicheUeu charge M. Le Roux s' d'iofreville de visiter les côtes
de France en vue des établissements à faire dans les porls,
et des impôts à régler.
Gopit' (extraits des originaux, arcliîvcs du conteit d'Etat). —
Bibl. nat. Siipplcruent de Dupay, t. LXXX. — Imprimée,
CorrcipvndaKce de Sourdia , i. III , p. i^3.
«Le s' de Vernerese a proposé un service.. . j>our une place
qu'il vous dira. Vous ferés, s'il vous plaist, ce qu'il vous
sera possible pour laire réussir son dessein... Je tiens
desja pour fait le dégastdc Montpellier.»
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M<'' U duc
d'Anmale.
Instructions pour la direction des troupes qui passent d'Alle-
magne en Italie.
Orig. signé du roi 1 devenu minute. — Arch. des AIT. élr.
Espagne, t. XV, p. 4a8.
Au sujet de l'entrée des troupes allemandes chez les Grisons.
Orig. signé Louï» , corrigé et devenu miuutc. — Arch. des
AIT. étr. Turin , t. IX, pièce 176.
Diverses considérations touchant les aflaires d'Italie.
Orig. signé et devenu minute après corrcclious. — .\rcli, des
AIT. étr. Mantouc, t. I , pièce 361.
* Voy. ci-de»sus , p. 637, la lettre écrite,- dans cette occasion , par le cardinal au prince de Piémont.
* Le secrétaire a laissé en blanc ce quanlièmci il se trouve au dos, écrit d'une autre main.
CAiU>lN. DE RICHELIEU.
VU.
ta3
978
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
LIBDX DB DATES.
1629.
16 juin.
Au camp
de van l Aletz.
30 juin.
^.6 juin.
SUSCRIPTION
DBS LETTRES.
A M. le Prince.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES,
.Juin.
20 juiïief.
3o juillet.
Pezenas.
8 août.
Saiul- Germain -
en-Laye.
Idem
i5 août.
. Août.
A M. de Léon.
k M. de Créquy.
A M. le marquis Striggi.
K M. le Prince.
fdem.
Le roi à M. de Marche-
ville,
Le roi à M. de Uaugy,
A M. d 'A vaux, con-
seiller d'Kstat, am-
bassadeur à Venise.
Au cardir.'il clolit'rnllc.
«Je n'ay jamais veu gran{îe affaire où il ne se soit trouvé de
grandes difficultez au commencement, maïs l'esprit de
force et le courage les surmontent; c'est ce qui me faict
croire que celles que vous rencontrés ne serviront qu'à
vostrc gloire. . . »
Orîg. — Arch. de Condé. Communicstion de M'*' le duc
d'Aumale.
Instruction baillée au s' de Léon, ambassadeur en Suisse,
touchant l'affaire des Grisons.
Mise au oet. — Arch. des AflF. étr. Suisse, t. XXVL
Affaires d'Itîdie.
Minute de la maio de Charpentier. — Arch. des Affaires étr,
Turin, t. IX,pièc^ i83.
Affaires du duc de Mantoue.
Minute de la maio de Charpentier.
Mantoue , t. II , pièce aÔy.
Arch. des Aff. étr.
Exhortation à ceux de Montauban d'accepter ta grâce du roi.
Orig. — Arch. de Condé. Commonicalion de M'"' le duc
d'Aumale.
Les dcpputez de Montauban s'en retournent comme ils sont
venus.. . Commencer le blocus.
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M^' le duc
d'Aumale.
Instruction donnée au sieur de Marcheville, envoyé en Alle-
magne vers les électeurs pour convenir de la réunion d'un»?
diète, en vue de la pais.
Orig. contre-signe Boulhillier. — Arch. des Aff. clr. Alle-
magne, t. VI , fol. Q75-283. — Deux copies sont conser\-ées
dans ce volume, fol. a68 et a86'.
S'entendre avec le s' de Marcheville, envoyé en Allemagne.
Orig. contre-signe Bouthîllier. — Arch. des Aff, étr. Hol-
lande, t. Xll , pièce 60.
Opposition que fait la république de Venise à la provision
de Tévéché de Padoue en faveur du cardinal Cornaro.
Orig. — Arch. des Aff. ctr. Venise, t. XLVII.
« . . . J'eslime que des prestrcs séculiers de vostre ordre seront
meilleurs en Angleterre que des religieux. . . »
Minute do la main de Charpentier. — Arch. des Aff. ctr.
France, t. IX (collection verte) , pièce gS. — Ce volume
appartient à 1638; c'est par erreur que la pièce s'y trouve
classée.
î A cette dernièie copie on a mis le contreseing Phelypeaut, c'est une .erreur ininifpstc; Phelypeaui ( le ï-'cretairo
d'État d'H«rkault était mort à la date de crlto piècn.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 979
DATES
cl
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIEUX DE DATES.
DES LETTRES.
ET SOOBCES.
1629.
2 septembre.
Brioudc.
A M. le Prince.
« J*ay un exlresme desplaisir de celuy que vous recevés de la
perte que vous avés faicte'. Vous avës trop de prudence
pour avoir besoin de l'ayde d'autruy pour la supporter;
c'est ce qui faict que je me dispense de vous en dire davan-
tage.»
Orig. — Arch. de Coodé. Commniiicalion de M''' le duc
d'Aamale.
3 septembre.
Brioude.
A M. Marini.
Le roi prendra la df^fense du duc de Mantoue s*il est attaqué.
Minute de la main de Charpentier. — Arch. des Aff. étr.
Tarin , t. X , pièce 67. — Mémoiret mi$. de Richeliea . t. IV,
547* petit in-folio. Imprimée, édit. Pctitot , t. V, p. 371.
fdem.
A M. de Créquy.
RicbcUeu lui envoie copie de la dépêche ci-dessus adressée a
Marini. — Diverses mesures à prendre.
Minute de la maiu de Cliarpentier. — Arch. des Aff. étr.
Turin, t. X, pièce .^7.
Idem,
A M. d'Hémery.
Témoignage de satisfaction «du raCsnage que vous apportés
aux affaires du roy. . . »
Mînole de la main de Charpentier. — Arch. des Aff. étr.
Torio, X, sur le même feuillet qne U lettre k M. de Créquy.
à septembre.
A M le Prince.
Autre lettre de condoléance.
Orig. — Arch. de Condé. Commanicatiou de M<' le duc
d^AuBtle.
7 septembre.
D'Effiat.
Au roy.
Mauvais drsseins des armées de l'Kspagne et de l'empire.
Orig. — Arch. des Aff. etr. Turin , t. X , pièce 65.
Idem.
A M. Marini.
Plaintes des contraventions que M. de Savoie apporte au
traité de Suie.
Minute de la main de Charpentier. — Arch. des Aff. «tr.
Turin, t. X, pièce 66.
i8 septembre.
Fontainebleau.
A M. le Prince.
« Le roy vous a accordé la permission d*estre aux coucbes de
madame vostrc femme. . . »
Orig. — Arch. de Condé. Coounu ni cation de Me I« duc
d'AumaU.
i8 septembre.
A l'ambassadeur de
Hollande.
Réponse à une demande de subsides.
Minute. — Arch. des Aff. étr. Hollande, l, Xll , pièce 76. —
Deux copies, cotées 68 et 69 '.
ai septembre.
A M. de Créquv.
« J'adjouste cette lettre à la première que je voas'ay escrite ' . . »
Il s'agit de dispositions relatives à l'armée.
Minute de la main de Charpentier. — Arch, des Aff. étr, Turin ,
t. X, ^ièce83.
' Charlolte-Ctt
* C«» deux cop
noua iiidiijut^ celte
' Je n'ai pat tr
lerinc de la Trimoaille, mèr
cfl ftont datres du 8 septemi)
qui doit être préférée.
ïuvé cette première lettre.
e do M. le Princa, était morte le 38 août i l'hôlel de Condé.
re; U date du 18 que porte la minute a été mise après coup; rieu ne
ii3.
980
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIF.Dl DE DATES.
SUSCRIPTION
Des LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET socncES.
1620.
. .Septembre.
[ 1 3 ou 1 i octob.
1 7 oclobre.
Fontaiiicbleaiï.
•?{x octobre.
Flenry,
28 octobre.
[3o octobre.]
8 novembre.
Idem.
[8 novembre ^
9 novembre.
10 novembre.
Proposition pour terminer l'aflaire de Mantotic.
Extrait. — Arch. (les Afl". ctr. Espagne, t. XV, fol. 607.
Compliment sur la naissance d'un fils (le prîncc de Conti),
Orig. — .\rcli. de Contlé. Commaoîcation de M*' le duc
d'Aumale.
Difficultés qu'opposent les Hollandais à la conclusion du
traite qui se négocie.
«Mémoire pour escrire à M. de Baugy. » — Arch. des Afl". étr.
Hollande , t. XII , pièce 87.
Incertitudes sur les dispositions de M. de Savoie entre la
France et l'Espagne. — Difficultés de venir à une véritable
paix.
Orig, devenu minute , ayant clé corrigé après la signature. — •
Arch. des Aff. ctr. Turin, t. X, pièce ii4 ^.
Sur les instances du nonce pour une suspension d'armes.
Minute de la raain de Charpentier. — Arch. des Aff. étr.
Turin, t. X, pièce 118.
«Mon frère, mes affaires d'Italie me contraignent de faire de
nouvelles levées de gens de guerre ; j'ay bien voulu vous
envoyer faon cousin le mareschal de Marillac, pour vous
en dire plus parlicidièrement les causes. . . »
Minate. — Arch, des Âff.étr. France, t. LI , fol. a&3.
Mesures à prendre pour la défense de Casai.
Minute. — Arch. des Aff. étr. Turin, t. X, pièce lao-
Aftectlon du roi et de la reine pour elle. Conseils sur sa con-
duite.
Minute de la maîn de Cliarpenlier. — Arch. des Aff. étr,
Turin, t. X, pièce i46.
Approvisionnement de Casai. Approbation de ce qu'a fait
M. d'Hémery,
Minute de la main de Cliarpenlier. — Arch. des Aff. étr.
Turin , t. X , pièce 1 46 v".
Les pouvoirs sont donnés au marécbal de Créquy [lour
traiter de la paix avec le marquis Spïnola.
Orig. — Arch. des Aff. étr. Mantoue, t. II , pièce 3oi.
Le roi approuve la réponse par lui faite au pape : les inten-
tions de S. M. sont, en cflet, toutes portées à la paix
d'Italie, «pourveu qu'elle se peust faire avec la scureté de
mon cousin le duc de Mantoue et avec ma réputation,. . m
Copie. — Arch. des Aff. étr. Home , t. XLII , fol. a64.
' La suscription manque, mais c'est la réponse à une lettre du duc do Créquy, laquelle se trouve dans le mèuie
manuscrit , cotée 110.
Cette pièce a été arrangée pour les Mémoires de Richelieu , t. IV, p. 5G7 du ms. des Mémoires , petit in-folio.
^ La date manque , nous proposons celle de la pièce précédente , ces deux pièces étant écrites sur le racrae feuillet.
A M. de Barrault , am
bassadeur en Es
pagne.
A M. le Prince.
A M. de Baugy,
[A M. de Créquy '.]
A M. de Créquy,
Le roi à Monsieur.
A M. de Créquy.
A Madame.
A M. d'Hémery,
Le roi à M. de Créquy.
Le roi à M. de Béthune,
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 981
DATES
LIBITX DB DATES.
SUSCEIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES I1ES LETTRES
ET SOPrCF.S.
1020.
lo novembre.
Idem.
1 1 Dovombre.
[ Vers
le i8 ooveoibre.
, . . iNovcmbre.
1 8 d'cembre.
Paris.
Idei
sa décembre.
[Vers la fin
(le décembre,}
Au mareschal de Cré-
Idem.
A M. de Baugy.
An mareschal de Cré-
q"y-
A M. Boulhiliier.
A M. de Sabran, allant
à Gênes pour le ser-
vice du roi.
A M. de CharDacë.
Le roi à M" les Estais.
\ M, le Prince.
Instruction donnée par le roi sur une proposition de jonction
des troupes de France et de Savoie.
Mise au net. — Arch. de» ACF. élr. Maatouo, t. II , pièce 3o2.
Le roi lui envoie rinstruction mentionnée ci-dessus.
Mise au net. — Arch. des AIT. étr. Mantoue , t. II, pièce 3o4.
Savoir ce que feraient les États en cas de rupture avec l'Es-
|>agne et l'Empereur.
Copie. — Arch. des Aff. étr. t. XII , pièce gS. — Autre copie ,
ii5.
Richelieu demande au maréchal son avis sur ce qu'il y aurait
à faire selon que M. de Savoie se joindrait ou non aux
armes du roi.
Mise au net, corrigée de la main do Richelieu. — Turin,
t. X, pièce 169.
Ecrire à M. de Chasteauneuf pour témoigner à M, de Nis-
sidel le gré que le roi lui sait d'avoir soutenu, en plein
conseil, que le grand trésorier avait promis de rendre le
vaisseau de Toiras.. .
Minute de la main de Charpentier. — Arch. des Aff. étr.
Angleterre, t. XLIV, fol. 9t.
Instruction qui lui est donnée touchant les troubles survenus
à l'occasion de Mantoue. Le roi demande la neutralité de
Gênes.
Minute. — Arch. des Aff. étr. Gênes, t. I, foL 306.
Au sujet de la trêve entre Pologne et Suède.
Orig. contre-sif^né Phclypcaux , pièce entièrement chifirée. —
Arch. des Aff. étr. Suède, t. I, fol. 106.
Touchant la protection due aux catholiques dans la place
de Bois-le-Duc assiégée par les Suédois.
Copie d'un ortgJnul contre-signée Phelypeaux. — Arch. des Aff.
etr. Hollande, t. XII , fol. 109.'.
f Considérations pour estre veues par le roy devant que je
parte pour aller en Italie pour la seconde fois.»
Mise au net. — Arch. des Aff. étr. Turin , t. XI , fol. ao 1-106.
<c Nonobstant les oppositions que les habitants d'Issoudun ont
fjiles à ce que vous désirés, ie roy, de son propre mouve-
ment, vous a accordé les lettres d'estat que vous avés
demandées. . . *
Orig. — • Arch. de Coodé. Communtcalioa de M*' 1»; duc
d'Aumalc.
' Au verso »« trouve une copie de la lettre du roi lu prince d'Orange sur le m4me sujet , et au dos d'une autre copie ,
otée Ii5, on lit : iDes copies ont esté envoyées au card. Bagnl et à M" de Béthune et Bautnt. Coluv-cî a escrit qtie
cette lettre «voit esté très-estïtnée i Bruxelles. >
982
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DE DATES.
3 OU It janvier.
4 janvier.
1 1 janvier.
A Decize.
Idem.
1 5 janvier.
2 0 janvier.
i 2 janvier.
29 janvier.
3 1 janvier.
1" février.
Grenoble.
SL'SCRIPTION
DBS LETTRES.
Au duc de Savoie.
A M. de Créquy.
Iden
An roi.
Au roi.
A M. de Léon.
A M. le Prince de Pié-
mont.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOCBCBS.
A MM. de Crëquy et de
Toiras.
Au Prince de Piémont.
1630.
Richelieu rinforme que le roi l'envoie en Italie, avec une
armée considérable.
Minute de la maiD de Charpeatier, — Aff. etr. Turin, XI,
161. —Copie, t. XrV, 5oo.
Ces Messieurs qui demandent la suspension ne veulent que
donner lieu aux ennemis de se ralraîchir. «L'intention du
roy est d'avoir promptement une paix asseurée, ou une
forte guerre. . . »
Minute. — Arch. dès Aff. ^tr. Tarin , IX, 5. — Copie, avec la
date du 3, t. XIV, fol. ^99. — Imp. Jtfc'ra. de Rickeliea,
V, 356.
Félicitalion sur sa prudence, de ce qu'il n'a point signé la
suspension d'armes.
Minute de la main de Cbarpentîcr. — Arch. des Aff. ^tr.
Turin , XI , 1 8. — Copie , XIV, 5oo.
Félicitation sur le recouvrement de la santé de S. M. — Nou-
velles de l'armée.
Orig. — Arcli. des Aff. étr. Tarin, XI, ao.
«Pendant que le roy restituera la paix à l'Italie, il ne faut
pas douter que les Espagnols et les impériaux n'aient tous
les desseins qu'ils pourront pour divertir les justes entre-
prises de S. M.» Consi'Jérations sur ce sujet.
Minute. — Arch. des Aff. clr. Turin, XI, 3j. — Mém. m$t.
de Richelieu, t. V, p. i3-ig. — La dernière page, qui se
rapporte à Monsieur, n'a pas été conservée dans l'édition de
Petitot.
Il s'agit de l'assistance à donner à la garnison de Mulhouse.
M ise au net, — Arch, des Aff. étr. Turin , XI , 5 1 .
Richelieu le remercie d'une visite de compliment que lui a fait
faire le Prince.
Minute de la main de Richelien. — Aff. étr. Turin, XI,
fol. 54> — Copie, fol. kk*
Relation succincte de ce qui s'est passé entre M. le cardinal
et M. Mazarin.
Mise au net. — Arch. des Aff. étr. Manloue, III , 18. — Dans
les Mémoires mss. de Richcliea.y, p. 36. — Imprimés ( Pe-
titot), V, 385.
«M. Mazarini s'en est retourné, je vous envoie le mémoire
de ce qui s'est passé entre luy et moy.»
Minute. — Aff. étr. Turin, XI, 83.
Richelieu lui envoie le commandeur de Vaiençay.. . «pour
vous esclaircir des intentions du roy sur le sujet du pas-
sage de ses troupes en It^e, et sçavoir nettement les
vostres. . . »
Orig. — Aff. étr. Turin , XI , 85.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT.
983
DATES
et
LIEUX OB DATSS.
SUSCRIPTION
DES LBTTBES.
ANALYSES DES LETTBES
ET SOURCES.
1630. I
à février. i Au mareschal de La
Grenoble. Force.
7 février. i MémoireàM.deBaugy.
12 février.
A Embran.
Idem.
i8 février.
19 février.
Vers le îofév
ai février.
Iden
a 8 février.
. Février,
9 mars.
Siue.
Au roi.
Idem.
A M. de Cr<
équy.
A lu rein« m^re.
Au mareschal d'Estrées.
A M. d'Avaiix , à Veuise.
Au mareschal de Bas
«empierre.
lies inégalités de M. de Savoie sont st grandes qu'on ne peut
prendre ses mesures justes avec lui.. .
liapntaéo : Mêm. du dac de La Force, III, 3i3.
Empescherla trêve entre la Hollande et l'Espagne.
Mise au net. — Arch. des Aff. étr. HollaDde , Xll , 18. Un
double, coté i36.
Chaleureux remercîment des bontés du roi à son égard.
Orîg. — Aflf. étr. Turin , XI , ni.
Sur le prochain voyage du roi en Italie.
Mise «u net.— Aff. étr. Turin, XI, fol. 110.
En même temps que Richelieu donnait ses conseils pour
assurer le succès des armes du roi, il continuait ses projets
d'accommodement. A celte lettre était jointe «la substance
des articles proposés.»
Mîw su net. — Air. étr. Tarin , XI , ) 3o.
Arrivée du nonce Peosirole à Embrun, avec l'intention de
faire la paix.
Minute. — Aff. étr. Turin, XI, i3i.
Au sujet du mariage de M. de U Meillcraie avec Al"* d'Ëfiiat.
Copie. — Aff. étr. Turin, XI, 160.
Espoir d'accommodement avec M. de Savoie. «Donnés moy
promptenicnt des nouvelles du dessein dont nous parlasmes
ensemble à vostre départ. ChaufTés-y autant que vous
j>ourrés. t
Minute chiffrée. — Aff. ctr. Turin, XI, 169.
Presque en mêmes termes que la première partie de la lettre
au mareschal d'Estrées. Mais il n'est pas question du des-
sein , qu'au reste notre manuscrit n'explique pas.
Même source, fol. lâS,
Difficultés de l'affaire dltalîe.
Titre écrit par Hiclielieu en tête d'un mémoire d'enviroQ
dix pages. — Minute de la ma!n de Charpentier. — Aff.
étr. Tarin , XI , 174.
Projet de traité de paix sur les mouvements présents d'Italie ,
envoyé par le prince de Piémont '.
Considérations sur les affaires en Italie. Faire diligemment
les levées en Suisse.
Minute. — Arch. des Aff. étr. Suisse, XXVII, I33- Classée
fautivement en mai.
' Cttie pièce paraît n être uirun extrait ; nous n'en fiisous mention qu'à cause de quelques notes marginales , de U
maip de Charpentier, lesquelles doivent prendre place dana les négociations qui occupaient alors Richelieu.
984
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
I.IEUX DE DATES.
DES LETTRES.
ET SODBCES.
1030,
17 mars.
Au maresclial de lias-
Amener en toute hâte ses troupes suisses.
somj)icrre.
Minute de la main de Charpentier. — Aff. clr. Suisse , XXVII ,
7'-
19 mars.
Suze.
A M. le Prince.
«Je me remets à ce que M. de Bullion vous mandera; je vous
prieray seulement de vous asseurer de mon aflection et de
mon service.» {On ne dit pas de quoi il s'agit.)
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M*^ le duc
d'Aumale.
26 mars.
Au maresclial de Bas-
Demander aux cantons une nouvelle levée.
sompierre.
Minute écrite par Charpentier; quelques mots de la main du
cardinal. — AIT. étr. Suisse, XXVII, 88.
27 mars.
Au mareschal d'Estréef .
Représenter vivement à la république de Venise combien lui
importe l'affaire de la Valteline.
•
Minute. — Aff". étr. Venise., t. XLVIII. luscrée dans les
Mémoires de Richeiiea. VI, i-4.
28 mars,
à 5 heures du soir.
Au mareschal de La
Force.
Le cardinal l'avertit d'une entreprise de l'ennemi pour jeter
du secours dans la citadelle de Pignerol.
3 avril.
Richelieu a rassemblé un conseil de guerre pour examiner
les moyens de conserver Pignerol ; il expose la discussion
du conseil.
Minute de la main de Charpentier. — Ail. ctr. Turin, XI,
36t). —Mém. de Richelieu. VI, 6.
i3 avril.
Au roi.
Avantage pour la France de l'acquisition de Pignerol.
.Mise au net de la main de Charpentier. — Aff. étr. Turin,
XI, 417. — Au folio 4i3, minute dont ia dernière page
est de la main du cardinal. — Mém, de Richelieu, VI , 3i.
16 avril.
A M. d'Avaux.
Plaintes du roi sur les irrésolutions de la république de
Venise.
Miante de la main de Charpentier. — .\S. étr. Venise ,
t. XLVIII. — Mém. de Richelieu, VI, 48. (Voy. ci-après,
3 3 mai. ]
ai avril.
Au mareschal de Bas-
Je vous despesche le sieur de l'isle pour vous prier
sompierre.
d'entrer le plustost que vous pourrés dans la Savoie avec
vos troupes et celles de M. du Hallier. . . »
Minute de la main de Charpentier. — Aff. élr. Suisse , XXVII ,
111.
...AvrU.
Pour M. BouthiUier.
Mauvais procédés des Hollandais, (Voy, ci-dessus, date du
7 février i63o.)
Matière de ]a main de Richelieu. — Aff. étr. Hollande, XII,
t53.
[2 mai.]
Ce qui s'est passé depuis le départ du légat , vers le 1 5 a\ ril
jusqu'au 2 mai, jour que le cardinal qtiitta Pignerol pour
retourner près du roi '.
Mise au net. — Aff. etr. Turin . XII , 6.
' C'est l« thème
d'uu fragment des Mémoires
de R,chtlm ( VI , 63-68 ).
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT.
985
f
DATES
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIBDX DE DATES.
DES LETTRES.
ET SOURCES.
1630.
6 mai au soir.
De la Bastic.
Après le 1 1 mai.
A M. Boulbillier, con-
seiller du roy, etc. en
Cour.
Considérations sur les affaires de Cbampagne.
Orig. sans signature. — AfF. étr. Manloue, 111, 3i.
Récit de ce qui s'est passé après l'arrivée du roi i Grenoble '.
De la main de Chcrré. — AIT. étr. Turin , XII , 38-4 1 .
a 3 mai.
Ducampd'.^rby'.
A M. dWvaux.
Blâme de la conduite de Venise.
Copie, an dos de laquelle on a mis la SDScn'ptîon et la date.
— Aff. étr. Venise , t. XL VIII.
. ..Mai.
Mémoire de dépêches. — ( Ce sont des indications de lettres
à faire, peu importantes, de trois ou quatr? lignes seule-
ment.) — A. M. Dugué. — Aui officiers de l'artillerie de
Lyon. — A ceux de Grenoble. — Au comte de Vindiville.
— Au comte de Comarins. — A M. d'Auroux. — A M. le
comte de Saidt.
De la main de Cliarpenticr. — Aff. étr. France, i63o. XLIV,
ao6.
Idem.
A M. BouihUlier.
Mémoires touchant la frontière de Champagne. Place à
mettre en état de défense.
Minute de la main de Charpentier. — Aff. étr. Allemagne,
VU, 36.
6 juin.
Au camp
de Mouslier.
9 j"'"-
Au camp
de Mousticr.
[ Vers le milieu
de juin. ]
A M. le baron de Char-
nacé.
Ad parlement de Ren-
nes.
[AM. deToiras.]
Envoi du traité à passer avec le roi de Suède.
Orig. contre-signe BouthiUier. — Aff. élr. Suède, I, 345.
Le roi l'informe des avantages obtenus en Italie.
Orig. — Aff. étr. Mantone, III, 46.
Succès du roi en Italie.
Minute. — Aff. étr. Turin, XIV, 687.
39 juin.
Grenoble.
A l'Empcr. ur.
Lettres de créance pour M. de Léon et le P. Joseph.
Imi rimée : VU du P. Joitph , t. II. — HUt. de Loait XIII .
par le P. Griffet, 11,9.
[ Fin de juin .•' ]
Mauvais conseils donnés par le garde des sceaux Marillac au
début delà campagne.
Mise au net de la main de Cherré, avec diverse» corrections
de la main de Richelieu. — Aff. étr. Turin, XIV, 677.
3 juillet.
8 jiùllet.
Instruction pour M" les
lieutenants généraui
qui commanderont
les années du roy en
Italie.
A M. de Baufty.
L'intention de S. M. est que l'armée qui passe à cette heure
le mont Cenis aille au plus tost joindre celle qui est en
Piémont,. .
Minute.— Aff. étr. Turin, XII, $63.
Article secret, an sujet de l'entrée en campagne de l'armée
de Hollande'.
Mise au net. — Aff. étr. — Hollande, XII, 187.
' Matière d'un i
^ La pièce est 1
écit plus développé inséré dï
autivemenl classée inai ce vo
n j les Uimoiru de RicMiea ( VI , 9 3 eHuiv. ) .
[ume après le 3l août.
CAHDIN. DE RICUEUED.
VII.
ni
986
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIEUX DK DATES.
DES LETTRES.
ET SOUACES.
1630.
9 juillet.
A M. de Baug;y.
Mémoire sur les afi'aircs d'Orange.
Minute en partie de la main do Bouthillier. — Aflf. ctr.
HolUnde, XII, 190, Au fol. 189, il y a une copie.
ï/t juillet.
A Saint - Jean -
de-Maurienne.
A M. d'AvauT.
On lui envoie une ample relation du passage de l'armée en
Italie.
Minute. — Afi". clr. Mantoue, III, 62.
i5 ou X 6 juillet.
Au roi.
Mizarin revient avec des propositions.
Orig. — Afi". étr. France ( coUcclion verte), VJ , 53.
19 juillet.
A Saint -Jean-
de-Maurienne.
2S juillet.
A Saint -Jean -
de-Maurienne.
A M. de Foiras.
Secours qu'on lui envoie.
Minute, — Aff. étr. Mantoue, III, pièce 61.
Entrelien du cardinal avec M. de Soudeilles, envoyé au roi
par M. de Montmorency. Insinuation peu bienvedlanlc de
Richelieu contre ce duc.
Mise au net de la maio do Charpentier. — Aff. ctr. Turin,
XII, 533. — Mém. de BicAc/ieu , VI , 204-307.
Vers la fin
A la reine mère.
Pourquoi on a mandé à Grenoble le garde des sceaux.
de juillet.
Imprimée : Vie de Marie de Médicit. III, 21 3.
3 août.
Au mareschal de Ma-
On l'envoie vers le duc de Lorr.ûne.
Lyon.
rilîac.
Minute de la main de Charpentier; quelques mots écrits par
Richelieu en interlignes. — Aff. élr. Lorraine, VIII, Syo.
1 2 août,
Lyon.
Sur les dernières propositions apportées par Mazarin.
De la main de Bouthillier. — Aff. étr. Mantoue , III , 77.
16 août.
Saint-Jean-
de-Maurienue.
Pour M. Boutlnllier.
Richelieu quitte Saint-Jean-de-Maurienne, se dirigeant vers
Lyon.
Orig, — Arch. delà famille Bouthillier.
19 août.
Idem.
Affaire du courrier de Gènes,
De Pontcharra.
Original en partie autographe et de la main de Charpentier.
— Arch, de la famille Bouthillier.
Idem.
Idem.
Au sujet des bénéfices vacants par la mort de 1 evéque d'Or-
léans.
Orig. sans signature, de la main de Charpentier. — Arch. de
la famille Bouthillier.
2 3 août.
De Lyon.
A M. le Prince.
Richelieu lui fait diverses recommandations pour la tenue des
États de Bretagae que le prince va présider.
Orig. — Arch. de Condé. Coramunicalion de M*' le duc
d'Aamale.
27 août.
Lyon.
Idem,
H La reyne m'a commandé de vous faire cognoistre, de sa
part, le ressentiment qu'elle a de la bonne volonté que
vous tesmoignez avoir pour elle. . . »
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M*' te duc
d'Aumale,
29 août.
A M. Mazarin.
Au sujet des négociations pour la paix.
Copie de la main du secrétaire de M. d'Eflial, — Aff. clr.
Turin, XIII , aSo,
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLÉMENT.
987
DATES
et
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIBDX 01 DATES.
DES LETTRES.
ET SOURCES.
1630.
[Vers
,e commeDcement
de septembre.]
A M. d'Efliat.
«S. M. ne doutant point que ceui qui ont arresté la trefve
n'ayent ménagé , du mieux qu'ils ont pu , les intércsts de
son service , approuve ce qui s'est passé. . . »
Miaule de la main de Charpentier. — AfiT. ctr. Tarin , XIV,
559.
2 octobre.
Lyon.
A M. de Brézé.
Le cardinal lui envoie le brevet de maréchal de catnp pour
servir au secours de Casai.
Orig. — British mQseuin. Collection Egcrton, n** i6go. —
Imprimée, Cabinet hiitariqae de M. L. Paris, 1869, p. 36,
i octobre.
Lyon.
A M. de Toulongeon,
commandant pour le
roy en la citadelle de
Pignerol
Richelieu lui envoie la commission d'une compagnie au régi-
ment des gardes. Il lui annonce le parfait rétablissement
du roi.
Original ? — Communication (le M. A. do Charmasse, archi-
viste i Antau.
1 o octobre.
Lyon.
A M. Ir Prince.
■ S. M. estime plus à propos que vous le voyés à son passage
dans vostre gouvernement, que non pas que vous prenîés
la peine do venir icy.» — Richelieu remercie le prince «de
la bonne volonté qu'il luy a faict paroistre aux estats de
Bretagne ...»
Orig. — Arch. de Coude. Commanication do M'' le duc
d'Aumale.
Sans date.
Classée en i63o,
après
le lo octobre.
Idem
Le roi a fait expédier les provisions de la trésorerie de la
sainte chapelle de Bourges, en faveur de celui dont le
prince avait écrit à Richelieu.
Orig. — Arch. de Coudé. Communication de M"' le duc
d'Auioale.
[ i/i octobre.]
A M. Mazarin
Le cardinal fait certaines concessions pour Tarrangement des
affaires d'Italie.
Mise an net. — Aff. étr. Mantooe , UI, pièce 162.
1 0 octobre ,
au soir.
A .M. Bouthillier, à
Lyon.
Richelieu se plaint des mauvais propos de M. d'Alincour.
Orig. sans «ignalurp, de la main de Charpentier. — Arch.
de la famille Bouthillier.
2 3 octobre,
Hoannes.
Le roi à M. de Baugy.
Donner aux Etats certaines explications sur un point qui
pourrait les inquiéter, au sujet du traité de Ralisbonne.
Minute. — Aff. étr. Hollande, t. XII, fo). 316. An folio soi-
vant est une copie.
s 7 octobre.
A M. Bouthillier.
Dépêches à envoyer aux généraux de l'armée d'Italie, par
diverses voies. (Voy. le nota, t. III, p. gio.) Ecrire à
M. Toulongeon , à Pignerol , et à M. Duplessis de Juigné , à
Veillane, de faire porter ces lettres par quelque homme
de pied déguisé qui les ait cousues sur lui...
Ong —Arch. de la famille Bouthillier.
1 o (?) novembre.
«Projet d'instruction pour réparer les défauts du traité de
Ratisboune.»
Mi»e au net, avec addition de la main de Richelieu. — AIT.
étr. Turin, X, pièce aog.
134.
988
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX SE DATES.
1630.
1 1 novembre.
ï8 novembre.
2 1 novembre ,
Saint- Germain-
en-Laye.
. . . Xovembre.
7 décembre.
Sans date.
Classée à la fin
de l'aniiée.
/c/e.
Idem.
Idem.
SCSCRIPTION
DES LETTRES.
A M"^' les lieutenants
généraux.
Le roi à M. de Biscarat.
Le roi à M. de Toiras.
Au mareschal de La
Forée.
Au mareschal de La
Force, lieutenant gé
nérai en Italie.
A M. l'évêque de Cassd.
Au marquis d'Effiat.
A Bouthillier
Mémoire.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
Instruction sur les iotentions du roi au sujet de certaines me-
sures militaires concernant Mantoue.
Minute corrigée par Richelieu. — AIT. ctr. Turin , X , ï^a. —
Mise au net, Maiiloue, III , pièce i33 ; et, par fragment» ,
dans les Mémoires de Richelieu.
Ordre du roi par rapport à \'erduD.
Minute de la main de Bouthillier. ~ Aff. élr. Lorraine , VIII ,
365.
S. M. lui donne le commandement de troupes envoyées pour
réprimer les factions.
Orig. devenu minute. — Aff. étr. Mantoue» III, pièce i36.
Réponse à ses lettres, touchant l'évacuation de Casai.
Matière de lettre. — Aff. étr. Mantoue, II, pièce 2a3.
«Je ne veux pas différer davantage à vous tesmoigner mon
souvenir et mon affection tout ensemble. . . » Suivent
quelcfues mots de politesse.
Copie. — Bibl. nat. Prunis et Leydet , Périgord, i5, H. 5
(tirée des arch, de La Force), p. hh.
Le roi trouve bon , suivant la demande qu'il en a faite, d'évo-
quer à sa personne la cognoissance de différends sur la suc-
cession de Mantoue, entre le duc mineur et les princesses
Marie et Anne *.. .
Mise au net de la main de Cherré. — Aff. étr. Mantoue, lil,
pièce i5o.
Le cardinal lui recommande de donner «la plus prompte sa-
tisfaction à M. le Prince , pour le payement des estats et
pensions que le royluv accorde par chacun an.. . »
Copie. — Arch. de Condé. Communication de M»'' le dac
d'Aumale.
Savoir, en cas de rupture avec l'Espagne, de quel côté se
mettraient les Anglais *.
Minute, de la main de Charpentier.
XLIV, ga.
Aff. étr. Angleterre,
Après un exposé de la situation de l'armée : « . . . Nous avons
résolu en un conseil secret, ce qui se peut et se doit faire,
qui est de conserver ce que nous avons pris. . . et de faire
languir, parce moyen, les trois armées conjoinctes (les
armées espagnole, allemande et du duc de Savoie.) *.»
Mise au net. — Aff. étr. Turin, XI, 70.
« Discours sur Injuste procédé du roy très-chreslien Louis XIII ,
eu la défense du duc de Mantoue*.»
' Marie de Mantoue cl Anne do Goniague.
- C'est la maiicre d'une lettre qui devait, sans doute, être écrite à l'ambassadeur de France à Londres.
' C'est un fragment sans date, mais qui se rapporte à Ja campagne de i 63o en Italie.
* Nous nous I)Ornons à indiquer cet opuscule de Richelieu, qui a été plusieurs fbis imprimé; la dornière foin
suite de l'Histoire d^ Louis XIII . par le I*. Griffct , t. III , p. 7A7.
\0N IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT.
989
DATES
et
LIEUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DBS LBTTRb's.
[ Comme n comcii t
de i63i?]
i5 jauvier.
Du Bois-le-
Vicomte.
20 jaiiMer.
■1 1 janvier.
Paria.
lU janvier.
Paris.
5o janvier.
1 3 février.
Bois- le- Vicomte.
2Ï février.
Sentis.
Instruction pour M. de
Brézé.
A M. BoulbiHier.
A M. BouthiUicr, pour
écrire à M. de Bar-
rault.
A M. le Prince.
Idem.
Kscrit demandé a l'é
vesc|uo de Wirtzbourg.
A M. d'Hémery.
A M. le Prince.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUeCBS.
1631.
Explication des divers points qui font lobjet de la mission
3c M. de Brézé.
Minute. — Aff. étr. Francp
, LIX, pièce 63.
Condoléance sur le mal rlont il souffre, «J'espère, lui dit
Richelieu, (pie ce ne sera rien.. .; cependant je vous con-
^ jure, autant que je puis, de ne penser qu'à vostre gué-
rison.. . »
Ong. — Bibl. de M. Cousin , a" 9.
Avertir M. de Barrault de ce qui s'est passé dans la maison
de la reine mère. ( Les suites de la journée des Dupes. ) C'est
la matière des explications que devait donner M. de Bar-
rault à la cour d'Espagne , où, comme on sait, il était
ambassadeur.
Minute de la raaÏD de Charpentier. — AfT. ctr. Espagne, XVI,
3i3.
« Le roy a accordé à M. le garde des sceaux l'abbaye qu'il vous
avoit pieu tesmoiener désirer pour la fille de M. de Cour-
tenay, attendu quelle n'est pas du mesme ordre.»
Orig. — Arch. de Condo. Communication de M^"" le duc
d Aumale.
Toutes choses sont bien disposées en Provence. . . mettez à
profit cette bonne disposition.
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M**^ le doc
d'Aamale.
«Nous supUons le roy très chrestien de faire toutes les ins-
tances qu'il pourra par ses ambassadeurs, pour obtenir la
neutralité entre le roy de Suède et la ligue catholiq^ie. . . »
Minute de la main de Boathillier, de colle de Charpentier,
avec quelques mots de U main du cardinal '. — AtT. otr.
Allemagne, VIII, i3a.
«J'av mis expressément Briqueras dans la minute du traicté
afin qu'on le retienne.. . » Le cardinal s'en remet au juge-
ment des s" de Toiras, Servien et d'Hémery.
Minute de la main de Charpentier. — AIT. étr. Turin, XVI,
fol. ï^.
«Vous sçaurés particulièrement ce qui s'est passé par la dé-
pescbe du roy.» Il s'agit de raffaire de la reine mère à
Compiègne.
Orig. — Arch,
d'Aumate.
de Condé. CommuDicalioit de M*"* le duc
t one circonstêuce à noter que cette précaution du cardinal de dicter à cet évcquo allemand une pièce qu'il aura
tloir aoprif du roi de Suide. La niînatc n'est peint datée} la date nous est donnée par une copie que nous
» C est
k faire vi
troa>.ons dins le ms. fol. i38.
990
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIEUX DE DATES.
DES LBTTKES.
ET SOURCES.
1631.
i5 mars.
D'Estampes.
A M. le Prince.
«Le roy trouve bon que vous faciès servir M. de Peyrault de
mareschal de camp en l'armée que vous commandés.»
Orig. — Arcli. de Coodé. Communication de MB' le duc
d'Aumale.
19 mars.
A M. le Princed'Orange.
«Le roy a esté satisfait du rapport que le s"^ de Haulerive luy
a faict de son voyage. Vous verres , par la lettre de change
que porte ce courrier, comme on veut effectuer tout ce
qui a esté convenu avec led. s' deHauterive.. . »
Minute. — Arch. des Aff. étr. Hollande. XIII* pièce 30.
a 8 mars.
Dijon.
A M. Mazarin.
. . . Les difficultés de la paix augmenteront Thonneur « d*avoir
travaillé à un si bon œuvre (la paix de Cherasco qu'on
négociait alors).»
Orig. — Aff. élr. Turin, XVII, fol. 78.
1" avril.
Dijon.
A M. le Prince.
«Ayant veu la lettre qu'il vous a pieu m'escrire touchant le
doyenné de Beaucaire, j'ay creu n'y pouvoir mieux pour-
veoir qu'en vous en envoyant les provisions en blanc, aiin
de les faire remplir du nom de celuy que vous en jugerés
le plus capable. H
Orig. — Arch. de Condc. Communication de M'' le duc
d'Aumale.
1 2 avril.
Fontainebleau.
Idem.
Les affaires du temps.
Orig. — Arch. de Coude. Commanicalion de M«' le duc
d'Aumale.
ai avril.
Fontainebleau.
A M. Mazarin.
Compliments sur la paix.
Orig. — Aff. étr. Turin, XVil , fol. aSo.
Avril ?
Les traités de Cherasco. — Pignerol.
Mise au net de la main de Cherrc. — ,\ff. étr. Turin, XVI,
fol. i4o.
6 mai.
Fontainebleau.
Le roi a M. Servien.
M. de Charost est envoyé comme otage.
Copie. — Bibl. nat. Fonds Béthuue, 9168, fol. à3.
S mai.
Fontainebleau.
A M. Mazarin.
Satisfaction de ses services; les ambassadeurs lui feront part
des intentions de S. M.
Orig. — Aff. étr. Turin, XVII. fol. 387.
9 mai.
A MM. de Toiras et
Conseils au sujet de la négociation dont ils sont chargés.
Servien.
Minute de la main de Charpentier. — Aff. élr. Mantoue , IV,
pièce 4&.
19 mai.
Bagiiolet.
Le roi aux mêmes.
Encore sur leur négociation.
Mise au net de la main de Cherrc. — Aff. étr, Turin , XVI ,
fol. 196.
36 mai.
Déclaration du roi.
Contre ceux qui sont sortis du royaume avec Monsieur.
Minute presque entièrement de la main de Richelieu. — Aff.
étr. France, l, LIX , fol. 59. — Copie, Libl. de l'Arsenal,
collectiou Conrard , in-fol, t. X , p. 1 . — Imprimée : Mercure
français, p. 187, de l'année i63l.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT.
991
DATES
LIEUX DB DATES.
SUSCIUPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1031.
27 mai.
Fontainebleau.
Idem.
6 juin.
Saint- Germai n-
en-Laye.
ai juin.
De Saint-Michel-
en-Iiarrois.
[ Vers le milieu
de Tannée *.]
Idem.
3 juillet.
10 juillet.
Saint-Gennain-
en-Laye.
1 rpiinzame
(ie juillet.
i"août.
Monceaux.
Idem.
7 août.
A M. de Toiras.
A M. Maiarin.
Le roi à MM. de Toiras
et Servien.
.\ M. le Prince.
iden
Mémoire pour dresser
rin&lruction de M. de
M arche ville.
Mémoire au roi.
A M. de Toiras.
A M. le Prince.
Mémoiie au roi.
A M. Servien.
I^ roi à M. de Brassac
A M. Servien.
Richelieu s'est fait solliciteur pour qu'il ne lui manque rien.
Mise an net de la main de Cherrc. — Aff. ctr. Turin, XVI,
fol. a 08.
Compliments adressés à Mazarin. — Tout ce qui a été pro-
mis à M. de Savoie sera exécuté.
Orig. — Aff. Ptr. Turin, XVII, 4oi.
Au sujet des négociations pour arriver à la paix , ce que le
roi a toujours désiré.
Mise an net. — Aff. clr. Mantoue, IV, pièce ôo.
Il est nécessaire que le roi soit promptement informé de ce
qui se passe dans sa province.
Orig. — Arch. de Gondé. Communication de MK' le duc
d'Aamale.
Sur rétablissement des postes de Rennes à Nantes.
Orig. — Arcli. de Cond^. Communication de M*' )e duc
d'Aumalc.
Je me borne à indiquer cette pièce où se trouve le détail des
affaires de France avec la Turquie.
Copie. — Aff. étr. Conslantinople , t. IV, non coté. La pièce
est classée à li fin de i63i.
Note envoyée à Bouthillier pour faire plusieurs dépesches.
Orig. -^ Aff. étr. Mantouc, IV, pièce n6.
.Satisfaction du roi pour la paix assurée par le dernier traité
de Cherasco ( 19 juin).
De U main de Chorré. — Aff. ctr. Turin, XVllI , 8. — An
fol. 7, lettre de Servien sur le même sujet. — Orig. —
Voy. notre IV'toI. p. 174, 175.
Richelieu lui demande de favoriser un de ses protégés.
OHg. — Arch. de Condc. Communication de M'' le duc
d'Aumale.
Sur la restitution des places d'Italie.
Minute. — Aff. étr. Turin, XVU, 5o3.
Même sujet, et notamment sur les inconvénients de rendre
Pignerol.
Orig. — Aff. étr. Turin , XVIII , 89.
Desseins du pape pour Tavancement de son neveu Tadeo.
Orig.— Kome, XLIV, i58.
Déjiéche sur Mantoue, qu'il faut faire partir demain matin
par un courrier, après quelle aura esté approuvée par S. M.
Minute. — Aff. étr. Turin , XVI, a53.
' Nous troavoos M. de Mercheville intlalU k Constantioofile en octobre.
992
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIEUX DE DATES.
DES LETTRES.
ET S0DRCE8.
1631.
7 août.
Monceaux.
Pour M. Servien.
On soupçonne un manque de foi de la part des Espagnols.
Orig. — Aff. ctr. Turin, t, XVHI, fol. laa.
i6 août.
Du Bois-le-
Vicomte.
A M. le Prince.
«M. de Bullion respondra à tous les points de vostre mé-
moire. Il ne me reste qu'à vous remercier très-humblement
du soin qu'il vous a pieu avoir des affaires des s" JoUy et
Bussy.» (Voy. ci-dessus 10 juillet.)
Orig. — Arch, do Condé. Communication de M*' le duc
d'Auroate.
Idem.
Idem.
«Je vous renvoie le s' abbé de Coursan qui promet, par ses
intelligences, de faire prendre Beaujeu, et de descouvrir
beaucoup d'autres affaires par le moyen de son frère. »
Urig. — Arch. de Condé. Communication de M*' le duc
d'Auraale.
Ce iundy i" sep-
tembre.
A Monceaux.
Idem.
Au sujet de l'enregistrement des lettres patentes pour l'érec-
tion de la terre de Richelieu en duché pairie.
Orig. — Arcb. de Condé. Communication de M*' le duc
d' Au maie.
3 septembre.
A Monceaux.
A M. Servien.
Richelieu lui envoie un mémoire où il est dit que le duc de
Savoie se déclare du parti d'Espagne.
Orig. — Aff. étr. Turin , XVIII , 188.
17 septembre.
De Compiègne.
A M. le Prince.
«Je vous supplie'de vous souvenir de l'abbé de Coursan, sur
le petit estât des fonds qui a esté faict pour les gratifica-
tions de ceux qui ont servi utilement dans les estats de
Bourgogne , comme il a faict. »
Orig. — Arch. de Condé. Commuoicttion de M*'' le duc
d'Aumale.
Ce dernier sep-
tembre.
A Vandœuvre.
Idem.
« Le service du roi requiert que vous faciès le voyage de Metz .
Toul et Verdun, pour maintenir toutes choses en Testât
auquel elles doivent estre.»
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M'' le duc
d'AumsIe.
1*' octobre.
Troyes.
A M. Mazarin.
Félicitations sur sa conduite... «Je vous envoie les deux
lettres que vous avés désirées pour M. de Brassac, et qui
sont de telle encre que vous en recevrés sans doute ce que
vous avés juste sujet de vous en promettre.. . »
Orig. — Aff. étr. Turin , XVIII , fol. a48.
3 octobre.
Des Caves.
A M. le Prince.
Rich^eu lui recommande une affaire dont M. de La Borde
lui dira le sujet.
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M*' le duc
d'Aumale.
11 octobre.
Fontainebleau.
Idem.
«Ayant faict pourveoir, il y a deux ans, l'abbé de Beauvau
du prieuré de Saint-Léger en Bourgogne, je vous supplie
de l'assister pour qu'il en jouisse paisiblement.»
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M«' le duc
d'Aumale.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 993
DATES
LIECX DE DATI8.
SUSCiUPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1631.
ïi octobre.
FootaiaeUeaa.
i5 octobre.
[ Vers
ie i5 octobre. 1
27 octobre.
29 octobre.
Cliâteau -Thierry,
Idem,
. Octobre. 1
t/i novembre.
Cbasteau-
i liifrrv .
i fj novembre.
Chasteau-
Tliicrry.
A M. le Prince.
Le roi au duc de Ba-
vière.
[A M. de Charnacé.]
Le roi à !'<^lecteur de
Cologne.
Le roi à M" de Toiras
et Servien.
A M. le Prince.
Mémorial de M. de Lisle
envoyé vers l'ëleclcur
de Saxe.
A. M. Servien.
A M. le Prince.
2/t novembre. ' A Messieurs Messieurs
Chasieau- ] de Cbaalons.
Thierry.
' Voy. noiic IV* vol. p. ao8.
«J'ay sceu du s' de La Borde ce qui s'est passé sur le sujet
pour lequel on l'avoit dëpcsch(5 vers vous.. . Noubliés rien
en vostre voyage pour le service du roy. »
Orig. — Arcb. de Coodé. Commuuicalion de M*'' le duc
d'A,umale.
J'envoie «le baron de Charnacé pour vous faire entendre
co qui est de mes seutimenls sur les afl'aïres et occurrences
présentes.»
Orig. signé da roi, devenu minole. — AfF. etr. Bavière, I,
pièce 47.
Solliciter le traite particulier et secret d'entre 'a France et
la Bavière.
Minute de la main de Charpentier. — AS. ctr. Bavière, I,
pièce 64.
«Mon cousin , j'envoye le baron de Charnacé pour vous faire
savoir mes seutimens sur les occurrences présentes'...
et le désir que j'ay de vous y rendre des preuves de ma
boune volonté, m
Orig. deveou minute. — AIT. ^tr. Cologne * I* 33.
Sur les affaires d'Italie.
Orig. contre-signrf Boulhillier. — Aff. cir. Turin , XVIII , 378.
« . . .Le roy sera bien aise que vous faciès un tour ir.y pour
deux ou trois jours seulement.» (Le roi écrit aussi à ce
sujet au i*rincft. )
Orig. — Arcli. de Coodé. Communication de M'' lo doc
d'Aumale.
Il expose ce que le roi a fait pour l'Allemagne.
Copie. — Aff. étr. Saxe» I, ag.
«Le roy est très conteut de la manière dont vous le serves;
il a trouvé vos dépeschcs et vos relations dignes de vous,
c'est-à-dire très-bonnes.. . »
Orig. — Aff. étr. Turin, XVîIl, iSg.
«Le roy estant contrainct, â cause de la saison, d'assembler
les Ëstats de Bretagne le i5 du mois prochain, je vous
suplie do vous disposer à estre icy, en sorte que' vous
puissiés vous rendre eu ce temps dans la province. «
Orig. — Arcb. de Coodé. Commuoication de Mf le duc
d'Aumale.
Richelieu le» prie de favoriser dans leur ville i'élablissemenl
d'un couvent de capucins.
Orig. — Arcli. de l'hôtel de ville de Chàlons. Communication
de .M. Ed. de Barthélémy.
CARDIN. DE RICHELIEU. — Vtl.
994
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
cl
LIEDX DE DATES.
1631.
5 décembre.
Cbaslcau-
Tliierry.
i5 décembre.
Cliaalons.
28 décembre.
Melz.
[Vers la fin
de décembre. 1
Sans date.
Classée à la fin
de i63i.
Au
commencement
de l'année.
1 1 janvier.
2 h janvier.
3 0 lanvicr.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
Idem.
27 janvier.
A Metz.
Pour M. Servicn.
Pour faire l'instruction
du commandeur Des
Gouttes.
A M. le Prince.
Le roi à la reine mère.
(Par Jaccjuclot, note
au dos.)
Au commandeur de For-
bin.
Journal du second
voyage du roy en
Lorraine.
A M. de Pontchasteau »
lieutenant du roy
Brest.
A M. le Prince.
A M. deBaugy.
A M. Mazarin.
A M. Servien.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUr-CES.
Affaires d'Itaiie. — Pignerol. — L'abbé Scaglia.
Orig. — Aff. élr. Turin, XVIII, 607. (C'est une Jépûche
chifiréo. La minute , de la maio de Charpentier , nou
datée, est classée fol, 671.
Faire entendre au prince d'Orange l'avantage d'une bonne
union des États avec la France contre rAulrlcbe.
Minute de la main de Bouthitlier et de cette de Charpentier.
— Aff. étr. Hollande, XIII, pièce 79.
Remercîment pour l'assistance donnée à M. de Beauveau.
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M^*^ le duc
d'Aninale.
Louis XIII la prie de se dispenser de lui envoyer de nouveaux
messages.
Minute de la main de Léon Bouthitlier? — Aff. étr. France,
LIX, pièce 35.
Au sujet d'une barque prise sur les Turcs.
Copie. — Aff. élr. CoBstantinoplc, t. IV.
1632.
Une partie de ce cahier a été arrangée pour les Mémoires de
Richelieu.
De la main de Chcrré el de celle de Richelieu. — Aff. etr.
Lorraine, IX, fol. gi et suiv.
Qu'il remette 200,000 liv. au s' Le Picart sur l'argent ap-
partenant à lui (Richelieu) *.
Orig. — Catalogue d'une vente d'autographes (6 décembre
i866).
Sur les affaires présentes.
Orig. — Arch. iIp Condé.- Communication de ftl^' le duc
Le million promis aux Étals sera payé. — Affaire d'Orange.
Mise an net de la main de Cherré et de colle de Churpenlier.
~ Aff. étr. Hollande, XIII, pièce 87.
Affection du roi et du cardinal pour lui. Il peut attendre
protection contre tous ceux qui voudraient l'inquiéter.
Orig. — Aff. élr. Turin, XXI, pièce i5*.
Affaires du Piémont. Mariage projeté du cardinal de Savoie
et de madame de Combalct.
Orig. sans signature, chiffré,
fol. 6.
Aff. étr, Turin, XX,
Au bas de la pièce le cardinal a écrit la quittance. Le Picart était trésorier de la marine.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT. 995
DATES
LIEUX DE DATES.
SLSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SODr.CBS.
1632.
. -Janvier.
[Janvier
ou février.]
Idem.
8 février.
A Melz.
8 avril.
vril.
. ..AvrU.
a mai.
Sainl-Germain-
cn-Laye.
1^ mai.
A Breleuil.
I 19 mai.
3^ mai.
De Calais.
[A M. Servien.]
A M" de Schomberg,
de Noyer» et de Feu-
quières.
A M. de Brézé.
Mémoire pour le s' de
Lisle.
Le roi au duc de Da
vicre.
A M. Servien,
A M. de Toiras.
Le roi à M" de Toiras
et Servien.
Idem.
Au sieur Hubert.
A M. le Prince.
Au mareschal d'ElEat.
Idem.
Défiance qiie l'on a du P. Monot. — Affaires de Genève.
Minute de la main de Ricliclîcu et de Charpentier. — AfiF.
cir. Turin, XXI, pièce 16'.
Donner ordre aux approvisionnements de Marsal, Moyenvic
et autres lieux.
Minute de la main Je Charpentier. — Aff. e'tr. Lorraine,
X, 6a8.
Nouvelle de sa mission auprès du roi de Suède.
Minute, sur le mcnie feuillet que la pièce précédente.
Il va trouver, de la part du roi, les électeurs de Saxe et de
Brandebourg.
Miaule de la main de Boulhillicr. — AIT. élr. Saxe, I,
pièce 36.
Continuation de la bonne volonté du roi à son égard.
Mise au net. — Aff. étr. Bavière , I , pièce 86.
Intrigues de la cour de Turin.
Minute chiffrée. — Aff. élr. Turin , XX , pièce 27.
M. de Saint-Aunais retourne vers lui.
Or!g. devenu minute. — Aff. ctr. Turin, XXI, pièce lia.
Affaires d'Italie.
Alinutc. — Aff. étr. Mafttouc, IV, pièce ]o3.
Faire instance vers le duc de Savoie pour l'acceptation du
traite touchant Pîgnerol.
Minute de la main de Bontbîllicr. — Aff. étr. Mantoue, IV,
pièce 1 10.
«Qu'il continue à distraire tous ceux qu'il pourra du party
où ils se sont mis... (le parti de la reine mère et de
Monsieur).» ,
Matière do la main de Charpentier. — Aff. étr. Pays-Bas,
IX, pièce 103.
«Nommer un suppléant au procureur syndic des Estats de
Brctaîgne.»
Orig, — Arch. de Coudé. Communication de M^' le duc
d'Aumale.
«Le roy persiste dans ses mesmes intentions; attaquer le duc
de Lorraine Vil ne s'accommode. . . »
Minute de la main de Charpentier. — Aff. élr. Lorr.-iine, X ,
637.
Plaintes contre le duc de Lorraine.
Minute de la main de Charpentier. — Aff. ctr. Lorraine,
X. 3i3.
135.
996
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
I,IECX DE DATES.
DES LETTRES.
ET SOtTRCES.
•
1632.
3o mai.
Au maresclial d'EflTiat.
Plaintes presque dans les mêmes termes.
Minute de la main de Charpentier. — Aff. étr. Lorraine, X,
Sag.
[...May.]
Instruction pour le ma-
reschaï d^Effiat.
Conditions à faire à M. de Cologne, semblables à celles qui
ont été faites à l'électeur de Trêves.
Copie. — Aff. étr. Suéde, H, SAa.
13 JUÏD.
Le roy à M" les mares-
Vif mécontentemeut du roi contre M. de Lorraine.
A Laon.
chaux de Ta Force et
Minute de la main de Cherré, avec qut?lc|ues mots de la maia
d'Effiat.
du cardinal. — Aff. étr. Lorraine, X, 384.
i4 juin.
A M. le Prince.
Richelieu demande sa protection pour M. de Bussy. Celui-ci
Do Maisons.
la mériic pour les services qu'il a rendus particulièrement
en Italie dans les dernières affaires.
Orig. — Arch. de Condê. Communication de M*' le duc
d'Aum&lc.
1 6 juin.
A M. Servien.
Grande importance de la conservation de Casai.
Sainte-Mcne-
1
Orig. sans signaturf,en partie chiffré. — Aff. étr. Turin,
hould.
XX, pièce 63.
iS juin.
Mémoire sur lequel
Mécontentement du roi de ce que le duc de Lorraine a violé
M" les sccrëtaires
ses promesses et favorisé la révolte de Monsieur.
d'Estat feront une dé-
Minute de la main de Cberré. — Aff. étr. Lorraine, X,
pesche générale aux
485.
ambassadeurs et aux
provinces.
Idem.
A M. Servien.
On vous envoie un projet de ligue tel qu'on la peut désirer
pour le bien de ritalie. — Les partis qui se peuvent faire
sur le sujet de Genève.
Orig. — Aff. étr. Turin, XX, pièce 65.
[ly juin.]
Projet d'instruction au
M. de La Garde était envoyé vers l'électeur de Trêves et
s' de Ta Garde.
M. de la Saludic; il avait ordre de presser le comte de
Mcrode de se retirer de Coblentz.
Minute de la mai» de Cherré. — Aff. ctr. Trêves, I, 3oa.
2 3 juin.
Au niarescha! d'Effiat.
Affaires de Lorraine. — Monsieur n'a j)U entrer dans Dijon.
Commercy.
Mise au net de la maîn de Cherré. — Aff. r'tr. Lorrains, X ,
44i.
3-7 juin.
A M. de Toiras.
La paix faite avec le duc de Lorraine.. . «vous dires a Ma-
ctame que quand il sera question de son service , les armées
Liverdun.
A M. Mazarin. (Cette
double suscriplion a
du roy ne perdront pas la possession en laquelle elles sont
été mise sur Is des-
de correspondre dignement au nom françois. . . »
sus. )
Orig. — Aff. ctr. Turin. XXI, pièce 174.
2 juillet.
A M. le marquis de Mi-
On lui enverra le passe-port qu'A désire pour retourner en
Ponl à-Mousson.
rabel.
Espagne.
Copie. — Aff. étr. Espagne. XVI. S.')^.
1 :> juillet.
Le roi au même.
Le roi ne désire pas le voir avant qu'il parte.
Mise an net. — Aff. étr. Espagne, XVI , 369.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT.
997
DATr.S
et
I.IECX DB DITES.
SLSCIUPTION
DES LETTRES.
.\NALYSE.S DES LETTHES
ET SOURCES.
1632.
20 juillet.
De Monceaux.
. .Juillet.
Vers le 6 août.
A M. le Prince.
Au roi.
Mémoire au sujet de
Monsieur.
7 août. A M. Servien.
SaiDt-Gcrmain-
eii-Laye,
7 août. Le. roy au marescbal de
Versailles. Toiras et à M. Ser-
i/, août.
De Fromonl.
17 août.
De Fon laine -
hleau.
vjen.
A M. Bouthillier.
A M. le Prince.
Icbm. Ponr M. Bouthillier.
19 août.
36 août.
Ne vers
..Août'.j
Vers
tle commencement
de septembre,
Méinoirr
Le roi a M. d*Avau&,
A M. Servien.
A M, de Toiras.
Satisfaction du roi pour ce qui s'est passé aux Étatsde Bretagne.
Orig. — Arch. de Condé. Comoiunicalion de M*' le duc
d'Aumale,
Propos scditieu\ rapportés par Saligoy. — «Je puis asseurcr
V. M. que sa bonté me redonne plus de courage de bien
faire que jamais, u
Minute. — Cabinet de M. E. Huillard. (Vente de Charavay,
li février 1870. ]
Il est nécessaire de publier une déclaration sur l'cnlrée de
Monsieur, en armes.
Pièce de ta main de Chcrré et de celle de Bullion. — AIT. clr.
France, LVIII , 4o3.
Mort de M. d'Effiat. — Trahison du duc de Montmorency.
Minute de la main de Charpentier. — AS*, ctr. Turin , XX ,
79. — Une copie a ét^ rlasaée dans ic XIX'^ volume.
Traité pour la cession de Pignerol.
Orig. contrc-signé Bouthillier. — Aff. ôtr. Turin , XX ,
pièce 77.
Diverses adaircs.
Orig. — Arch. de la famille Bouthillier.
«L'intention de S. M. est que vous faciès raser la place d'An-
bussoo , en la Marche, lorsque vous passerés en ces quar-
tiers là, donnant les ordres nécessaires.»
Orig. — .4rch. du Coodé. Communication de M^' le duc
d'Aamalc.
Diverses affaires qui sont expliquées dans plusieurs lettres
de notre IV* volume, aux surintendants, aux maréchaux de
La Force et Schomberg , du 16 au 20 août (pages 342-349).
Préparatifs du duc de Lorraine pour une invasion en France.
Minatc de la main de Charpentier et de celle do Cherrc. —
Afl'. ^tr. Lorraine, XI, 262. Pièce classée par erreur en
i633. Une copie se troavo à 93 vcritablc place, X, ûig.
Examen de la situation des Espagnols : considérations sur ce
qu'ils pourraient entreprendre.
Orig. contro-signé Couthiilier. — AIT. élr. Venise, LI.
Diverses adaires de son ambassade.
Minute de la main de Charpentier. — Aff. élr. Turin , XXI ,
«Comme vostrc ami particulinr, je ne puis que je ne vous die
que vous n'avez pas raison de demander vostrc congé.»
Minute de la main de Cherré. — Aff. étr. Turin, XX,
pièce 337.
' La date manque, nou» adopton» celle du dassemcut.
998
SOMMAIRES DES LETTRES
DATi:S
LIEUX DE DATES.
IÛ32.
7 septembre,
Lyou.
i5 scplembx'C.
16 septembre.
3o septembre.
Montpellier.
8 octobre.
Béziers.
Idem.
9 octobre.
Béziers.
Iden
3i octobre.
Toulouse.
, . . Octobre.
3o novembre.
DeSaugeon.
SUSCRIPTION
DES LBTTHES.
A M. Servien.
Le roi à M. Berrengcr.
Le roi au duc de Lor-
raine.
Le roi au duc de Man-
toue.
A M. Servien, presque
entièrement chiffrée,
A Servien, en partie
cbiffrée.
Le roi à M" de Toiras
et Servien.
A M, Servien.
Le roi au maresclial de
Toiras.
Projet d'instruction
pour M. de Bautru
ambassadeur en Es
pagne.
A M. le Prince.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUnCES.
Riclielieu le charge d'intervenir dans l'affaire de ^L d'An-
traigues.
Minalc. — Aff. clr. Turin , XXI , pièce aSa verio.
Victoires remportées en Languedoc.
Minute, — ÂÛ'. ctr. Hollande, XIII, pièce 167.
Réponse aux témoignages d^affection que lui a envoyés le
duc.
Minute de la main de Gherré. — Aff. étr. Lorraine, X, i3i.
Entreprise de la république de Venise sur le duc de Mantouc.
Minute de la maïn de Léon BoulhîHier. — Aff. ctr. Man-
toue , IV, a46.
Défiances contre Toiras et son neveu Saint-Aunais. Quels
moyens prendre pour ôter Toiras de l'Italie. (Lettre conu-
dentielle.)
Minute. — Aff. élr. Turin , XX, iia.
Autre lettre concernant Toiras et qui pouvait lui 6trc montrée.
On ne le soupçonne pas d'avoir part à la faute de ses
frères.
Minute de ta main do Cherrc. — Aff. ctr. Turin , XX , 1 1 3.
Faire pidalier le traite de cessioû de Pignerol. — Prétention
du duc de Savoie à la royauté.
Orîg. — Aff. clr. Turin, XX, ni.
Prétentions d'agrandissement du duc de Savoie. Le roi y
entendrait volontiers si la déroute des Espagnols le per-
mettait.
Orig. sans signature, de la main de Cliarpentier. — Aff. êtr.
Turio, XX, 116. — La minotc, de la main de Char-
pentier, XXI , pièce 348.
Le roi le rappelle de son ambassade, lui donne le gouver-
nement d'Auvergne. Et en P. S. le roi lui ordonne de
mettre dans Cazal le régiment de Nercstang, a la place de
celui de Saint-Aunais, que le roi veut employer en France.
Minute de la main de BouthilHer. — Aff. étr. Mantoue, IV,
i3].
Nous notons seulement ici cette instruction, qui se trouve
imprimée presque textuellement dans les Mémoires de Ri-
chelieu, VII ,219.
Mise au net de la main de Charpentier. — Aff. étr, Espagne,
XVI, 371.
Richelieu a reçu la lettre de M. le Prince touchant la sortie
de Monsieur du royaume. «S. M. ne doute point qu'en
cette occurrence.. . vous ne luy rendiés les preuves qu'elle
se promet de vostre affection.»
Orig. — Arch. de ConJc. Communication de M^' ie duc
d'Aumaie.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT.
999
DATES
LIBCX DE DATES.
1632.
6 décembre.
Vers
!e 20 décembre.
2 5 décembre.
De Cousières.
Delà fin de i632.
(Note
de Charpentier.)
Sans date.
Classée en i632.
Sans date.
Classée à la fia
de Taonéé.
SUSCRIPTION
DES LETTBES.
Pour M. Servien.
A M. Servien,
A M. le Prince.
A M. Servien.
Sans suscriplîon.
[ A rambassadcur de
France en Hollande.]
Mémoire |M)ur escrirc a
M" les ambassadeurs.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUnCES.
1 3 janvier. j Instruction au duc de
Pari». Créqui.
5 février.
De Uuel.
Mal classée
au mois de mai.
1 2 février.
Non datées '.
A M. BoathilUer.
1 1 février. Instruction pour le s' de
Miré.
A M. de Bavière.
Au roy de la Grandc-
firctagne. — «■ A la
reyne.
Notes marginales de Richelieu sur une dépêche de Servien.
Minute et copie de la inaio de Cherpt-. — AIT. élr. Turin,
XXI, 393. — La minute déplacée est cotée 34^ .
Lettre sans date, conforme à l'avis de Richelieu sur les de-
mandes du maréchal de Toiras, (Voy. ci-dessus, p. 690.)
Minute de la main de Charpentier. — Aff. étr, Turin , XXI ,
343.
Réponse de Richelieu aux compliments sur le rétablissement
de sa santé.
Orig. — Arch. de Condé. Commiiuicalion do M^' Je duc
d'Aamale.
Plaintes des mauvaises humeurs de M. de Toiras.
MioDtc de la main de Clicrré. — AfF. étr. Tarin, XXI,
pièce 33^.
Sur les propositions du prince d'Orange au sujet des hosti-
lités des Hollandais contre l'Espagne.
Minute de la main de Charpentier, avec quelmies mots de
Richeliea. — AfiT. étr. HolJaade, XIII , pièce a^i.
Sur la neutralité proposée aux cantons suisses par le roi de
Suède. — Réponse en termes très • affectionnés aux neuf
cantons catholiques.. ,
Minale. — Aff. élr. Suisse, XXVII, a86.
1633.
Le duc est envoyé [wnr rendre au pape l'obédience filiale du roi.
Copie. — Aff. élr. Rome , XLVII , fol. 3A. — Autre copie , fol. 38.
— Bihl. DstioDale, Satut-Gcrmain français, 9^6, fol. aoi.
M. de La Barde demande une abbaye.
Orig. — Arch. de la famille BouthilUer.
Informer le maréchal Gustave Horn de la mission de M, de
Fcuquières en Allemagne.
Copie. — Arch. des Aff. étr. Suède, III, 1 53. — Imprimée
en entier dans les Mémoires de Richelieu.
«Les intérêts de cette couronne sont étroitement unis aux
vostres. . . »
Minute delà main attrihnéeaa P. Joseph , et de la maiodeChar-
uentter. — Bibl. uat. Suppl. français, ao36^** ' **, fol. 54.
Compliments à l'occasion d'une convalescence.
Minute. — Bihl. ual. Bel hune , 933 7, fol. 6. — Sur la mi)nie
p*ge , minute d'une pareille lettre pour la reine d'Angle-
terre. Cherré a mis au do» : «Lettres que M. Lucas escrira >
' Nous proposons 30 février, date d'nnc lettre de Richpiieu, p. 770 de uotre tome IV.
1000
SOMMAIRES DES LETTRES
LIBCX I)E DATES.
SUSCRIPTION
DES LBTTllES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1033.
[Vers la fin
de février.]
9 mars.
Ecouan.
29 mars.
. Mars ?
. . . Mars.
Idem.
vrii.
16 avril.
20 avril.
2 2 'avril.
A Clianlllly.
20 avril.
D'Écouen.
. . . Mai
A Lton BouthiUicr
Mémoire au s' de Char-
nacé.
A M. de Cbarnacé.
Mémoire pour escrire à
M. (le Fontcnay, en An
glcterre.
Le roi à MazarJn.
A M. de Charuacc.
Mémoire à M. de Fon-
tenay.
Le roi à M. de Toiras.
Le roi à M. de Char-
nacé.
Mémoire baillé au sieur
Boutard, allant en
Angleterre.
Advis sur la rupture pro
posée par les Ilollan-
dois, entre la France
et TËspagne.
Mons' Bouthillier le jeune aura soin particulier d'escrire a
M. de Charnacé ce qui s'est passé au faict de M. le garde
des sceaux. . .
Minute de ta main de Cherrc. — KS. éir. Hollande, XIV
( non cotcp) , classée après le a3 décemlire.
Conditions des traités à faire avec le prince d'Orange et
M" les Ëstats.
Mise au oet. — Aff. étr. Hollande, t. XIV, pièce 5i- L'ori-
ginal se trouve ao volume XV.
A l'occasion des négociations ci-dessus.
Mise au net delà main de Cherrc. — Aff. étr. Hollande, XIV.
On l'avertit que le chevalier de Jars , prisonnier à la Bastille ,
a en Angleterre des papiers qu'il voudrait détruire.
Minute de la main de Léon Boutijillier. — Âfî. étr. Aoglc-
lerrc , XLV, aoS.
Le roi désire lui donner des preuves de sa bonne volonté.
Minute. — Aff. ctr. Rome, XLVIl, 60.
Lettres patentes pour la restitution d'une partie des biens du
duc de Montmorency.
Arch. des Aff. étr. France, LXVI , 44».
Engager les Hollandais à continuer leur guerre contre l'Es-
pagne.
Minute de la main de Léon Bouthillier. — Aff. étr. Hollande ,
XIV. Une copie est c[uelque5 feuillets plus loin.
Sur une ligue offensive et défensive à conclure avec les Anglais.
Minute de la main de Léon Boutbîllîer. — Aff. étr. Angle-
terre, XLV, 333.
Le roi a l'intention de le comprendre dans la procliaine pro-
motion des chevaliers de l'ordre du Saint-Esprit.
Mise au net de la main de Clierré. — Aff. ctr. Mantone , IV, 307 .
But que le cardinal voudrait atteindre dans les négociations
qui se font en Hollande.
Mise au net de la main de Cberré (en double}. — Aff. ctr.
Hollande, XIV.
11 s'agit de lettres interceptées du chevalier de Jars.
Minute de la main de Cherré. — Aff. éU*. Angleterre, XLV,
a36.
Le cardinal pense que le mieux est que le roi n'entre point
en rupture, mais que les Hollandais continuent la guerre
contre les Espagnols.
Mise au net de la main de Charpentier. Aff. étr. Hollande,
XIV. — Mêmes arcb. Pays-Bas , t. IX , 343. — De la main
de Charpentier.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLÉMENT. 1001
DATES
LtLCX DE DITES.
1633.
12 mai.
Fontainebleau.
i3 mai.
Fontainebleau.
2 1 Diai.
Fontainebleau.
28 mai.
Fïeurv.
[Commencement
de juin.]
17 juin.
De Pon toise.
23 juin.
Forges.
27 juin.
Forges.
Idem.
Idrm.
SUSCRIPTION
DES I.BTTRB9.
Le roi aux cantons ca-
tholiques.
I.e roi à M. de CLar-
nacé.
A M. fie Charnacé.
Idei
Instruction pour M. de
Guron.
Pour M. BoulUillier
{ Léon } , secrétaire
d'Étal.
A M. de Charnacé.
A M. tle Saint -Cha-
mond.
A M. Oxenstiern.
A M, le Prince (allant
en Bretagne).
a juillet. Le roi à M, de Toiras.
De Forges.
CAUDIN. DE niCHELlEO. VU-
ANALYSES DES LETTRES
BT 80CBCE8.
«Nous nous employerons très-volontiers à ce que les sujets
de l'évesquc de Basle ne soient point molestés par les
îirmes des Suédois.» Le ca[>itaine Mollaudin est envoyé à
ce sujet.
Orig. — Aff. ctr. Suisse, XXVII , 3o6.
Concluez le traité le plus ])romf)tement et le plus avantageu-
sement que vous pourrez.
Mise au net de la main de Cherré. — AfT. élr. Hoitnnde,
XIV. — Minute attribupc au P. Josepb , au feuillet suivant.
Le roi aimerait mieux la continuation de la guerre que de
Irailer, mais si vous ne pouvez empêcher celte trêve, faites
promptement le traité.
Mise au net de la main de Cherré. — Aff. ctr. Hollande , XIV.
Minute au folio précédent.
Si les Espagnols disent en Hollande que nous traitons avec
eux, nos négociations à la Haye prouvent le contraire.
Orig. — Aff. étr. Hollande, XIV.
Envoyé vers le duc de Lorraine pour lui faire des représenta-
tions amicales sur sa mauvaise conduite envers le roi.
Minute de la nitin de Cherré. — Aff. étr. Lorraine, XI, :t64.
Le Bastion et le s' Sanson. -— Dévastations commises par les
Suédois.
Orig, — Aff. élr. France, LXV, 3a6.
Le roi est satisfait de la rupture de la trêve; conclure un
traité.
Orig. — Aff. ctr. Hollande, XV. — Une mise au oet , de la
main de Clierré, se trouve dans ce volume; une autre est
d:ina la XlV% avec la date du a4.
Le roi approuve la capitulation faite avec M. de Trêves sur
le sujet de Philisbourg.
Minute de la main de Charpentier. — Aff. étr. Suède, HI ,
i 73 V».
Lettre pressante de la part du roi touchant l'exécution de la-
dite capitulation.
Minute de la maia de Léon Bouthillter. — Aff. c'tr. Suède,
Uï, 173.
«Je v>os prie de donner au s' Cébcret, l'un de mes secré-
taires, toute la faveur et l'assistance dont il aura besoin,
ponr estre roccii en la chambre des comptes dir la province
de Bretagne, en une charge dont il a esté pourveu par la
démission de son père.»
Orif;. — Arch. de Condé. Comnjuoication de M*' 1h lîuc
d'Aumale.
Permission d'aller à Venise.
Orig. devenu miaule. — Aff. élr. Mantouc, IV, ptco 31 3.
12O
1002
SOMMAIRES DES LETTRES
1 '
DATES
et
SUSCHIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIEUX DB DATES.
DES LEITBES.
BT BOnnCES.
1G33.
5 juillet.
A M" de Bullion el
Travaux de Pignerol.
De Gisors.
Bouthilller.
Orig. — Arch. de la famille BoathiUier.
7 juillet.
Le roi à M. d'Haute-
Le roi lui ordonne de venir rendre compte de sa conduite.
rive.
Minute. — Âff. ctr. Hollande, XIV. Sur la même page, mi-
nute d'une dépèche du roi à M. doCharnacé, même sujet.
2 2 jnillel .
Le roi à M. de Char-
Diverses affaires.
Chantilly.
nac(5.
Orig. — Aff. étr. Hollande, XV. — La minute est dans le
tome XIV.
26 juillet.
De Royaumont.
A M" de Bullion et
Bouthillier.
«Je ne puis approuver le logement de Bagnolet, ny l'action
de M. de Saint-Chamond;je luy en escris.. . je vous prie
de luy faire tenir ma lettre.»
Orig. — Arcli. de la famille Bouthillier. ^
2 7 juillet.
Le roi au mareschal de
Permission de rester en Italie '.
Toiras.
Minute. — Aff. étr. Mantoue, IV, pièce ai6.
a8 juillet.
De Chantilly.
Au chancelier Oxen-
slicrn.
Le cardinal lui envoie le s' Du Hamel.
•Mise au net. — Aff. étr. Suède, III , 19A.
10 août.
Monceaux.
Le roi à l'électeur de
Trêves.
S. M. le prie d'exempter de certaines taxes la maison des
P. Jésuiles.
Orig. devenu minute. — Aff. étr. Trêves, I, 334.
10 août.
Advis sur les afl'aires de
Moyens de rompre les desseins du duc de Lorraine.
. ViUemareuil.
Lorraine, devant que
de partir pour Chas-
leau-Thierry.
Mise an net de la main de Cherré. — Aff. étr. Lorraine,
XI, j84.
1 7 août.
A M. de Saint- Cha-
Affaires de Lorraine.
mond.
Minute de la main de Cherré. — Aff. étr. Lorraine, XI, 397.
18 août.
Mémoire pour la dé-
pesche de Trêves en-
voyé au maresclial
d'Estrées.
Dessein pour lequel on fait revenir les troupes de Picardie.
Minute de la main de Cherré et de celle de Léon Boothillier.
— Aff. étr. Trêves, 1, 356.
19 août.
Instruction donnée au
s' de La Garde, allant
Exposer à plusieurs princes les griefs du roi contie le duc de
Lorraine.
aux chefs de l'armée
de Suède,
Minutede la main de Cherré. — Aff. étr. Suède, III , 197.
20 août.
Advis sur les affaires de
Conférence du cardinal de Lorraine avec Richelieu.
Lorraine.
Mise au net de la main de Cherré. — Aff. étr. Lorraine , XI ,
3o6.
■ili août.
Nouvel advis sur la
Lorraine.
Après une réponse peu satisfaisante apportée par le cardinal
de Lorraine.
Minute de la main de Cherré et de celle de Richelieu. — Aff.
étr. Lorraine, XI, 3i6.
' Cette dépêche
l. IV, p. 333. Mal
Ju roi est faite sur le même s
classe'e en i63s.
ujet que la lettre de Richelieu écrite à Toiras et que nous avons donnée
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 1003
DATIîS
LIEUX DE DATES.
SLSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET BOURGES.
J633.
2 5 août.
Bar-le-Duc.
7 septembre.
1 2 septembre.
Camp (levant
Nancy.
lit septembre.
1 7 septembre.
1 9 septembre.
De Charmes.
36 septembre.
Nancy.
, . . Septembre.
idem.
i5 octobre.
[Cbàleau -Thierry
16 octobre.
1 7 octobre.
Saint-Dmer.
2 S octobre.
Sezanne.
2 novembre,
Rucl.
ï.e roi à M. de Char-
iiacé.
Mémoire à M. le duc
de Crt^quy.
A M. de Brézé.
Instruction pour M. de
Mérë, allant vers
Oiensliern.
Instruction pour M. li
cardinal de Kicbelieu,
allant a Charmes trou-
ver M. de Lorraine.
A M. Bouthillier, surin-
tendant des Ûiianccs.
Le roi à M. de Char
Dac(5.
A M. de ia Vrillière.
Mémoire sur la guerre
tu Lorraine.
Mémoire pour M. de
Charnaoé.
Le roi à M. de Char-
nacé.
A M. le Prinre.
Au roi.
A M. ie Prince.
Liaisons entre le duc de Lorraine et l'Espagne.
Orig. — Aff. élr. Lorraine, XV. — Une mise au net de la
main de Cherré dans le tome XIV.
Affaires avec Rome.
Mise BD net, devenue minute. — Aff, élr. Rome, XLVII ,
igS-aoï.
lUcbelieu lui annonce Toccupalion de Nancy par le roi.
Orig. — Britisb Muscum, collection Egerlon , n" 1690. —
Imprimée : Cabinet ftiit<^ri(jae de M. L. Pari», 186g , p. Sg.
Empêcher la jonction des Lorrains avec les Bourguignons.
Minute de la main do Cherré. — Aff. élr. Suède, 111 , aoo.
Pouvoir au cardinal de passer tel traité qu'il trouvera avan-
tageux.
Minute de la main de L. Bouthillier. — Aff. élr. Lorraine ,
XllI, 393.
Lettre générale à faire aux parlements et aux provinces.
Orig. — Arch. de la famille Boathillicr.
Sur le traité que doit condure M. de (^harnacé.
Orig. — Aff. élr. Hollande, XV. — Une mise au net do la
main de Cherré au (ome XIV.
Conférence d'Alfeslon avec le P. Chanteloubc.
Orig. »«na signatare , de la main de Cherré. ^ Aff. ^tr. Pays-
Bu, IX, aôy.
C'est le roi qui parle dans ce récit.
Minute. — Aff. étr. Lorraine, XIII, 654.
Mécontentement du roi contre la Hollande.
Mindle de plusieurs écritures. — Aff. étr. Hollande, XIV.
Le roi lui confirme l'ordre de revenir en France.
Mise «0 net de la main de Cherré. — Aff. étr. Hollande , XIV.
« La lettre qu'il vous a pieu m'escrire sur le sujet du bon succès
des affaires du roy et sur celuy de ma santé est une faveur qui
surpasse toutes les actions de grâce que je voïis en sçaurois
rendre. . . »
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M*' le duc d'Aumale.
Effets de ia présence du roi à l'armée.
Orig. — Arch. de la famille Bouthillier.
Richelieu le prie de faire payer la dernière monstre au s' de
Chasiillon, 1" capitaine du régiment de La Motte d'Ou-
dancourt, qui n'est demeuré à la cour que par l'ordre qu'il
en a reccu de la part de S. M.
Orig. — Arch. de Coodé. Communication de M''' lo duc
d'Aumale.
126.
1004
SOMMAIRES DES LETTRES
LIBUX 1;E dates.
1633.
2 2 novembn*.
Ruel.
26 novembre.
7 déccnibie.
8 décembrt'.
. . Décembre
Vers la fin
de décembre.
SUSCftIPllON
DES LF.1TI)ES.
A M. le Princr'.
Instcuction jiourle sieur
Damontot.
Mémoire doiiué au se-
crétaire de l'ambas
sade de Holtamlc
Le roi à M. Aersens.
A M. Bouthiilier fds.
An cardinal Biclii.
Inslructioii à M. d'Hé-
mery, s'en allant en
Italie.
A M. de Uoban.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOQBCES.
.H i janvier. j
Vrrsaiiles.
.Janvier.
Le roi au pape.
Au s' Chantemesle.
Richelieu lui demande de recommander auprès du parlcmeitt
de Dijon deux demoiselles de la maison de sa nièce.
Arch. de Condé. Communication de M^' le duc d'Auinalr.
Le roi désire entretenir la bonne intelligence avec l'infante
gouvernante des Pays-Bas.
Minute. — Aff. ctr. Pays-Bas, IX, pièce 377.
Il doit dépêcher vers quelqu'un qu'on ne nomme pas , alîn que
M" les États ne traitent point avec les Espagnols.
Minute de la raaîo de L. Bouthiilier- — A(f. étr. HoUandt^',
XIV.
Le roi le remercie d'avoir dissipé , dans l'assemblée des Etats ,
les doutes exprimés sur la bonne foi de S. M.
Minute. — Aff. ctr. HoUanae. XIV-
Délibération sur le retour delà reine mère en France.
Mise au net do la main de Cbarpenlier. — Aff. é\r. Pays-
Bas, IX , pièce 363.
Dépêches à faire.
Minute de la maiu du secrétaire de nuit. — Aff. ôlr. France ,
LXVII ( non cotée ).
Compliments à l'occasion du brevet de la comprotectlon de
France.
Imprimée : Aubcrj, Mémoires, V, 54a. — Recueil di' 1696,
II, i56.
Le roi désire particulièrement être informé de l'état tles foiii-
fîcations de Pignerol.
Mise au net, presque entièremeDt récrite de la maivi i\f Riche-
lieu. — An. étr. Tarin, XXII, pièce soi.
Lettre de compliment.
Mise au uol de la main Je Charpeuticr. — Bibl. nat. Baluze ,
pa piors des armoires , lettres , paquet 4 , n** 3 et 3 , fol . a a i .
Propositions touchant les finances.
Orig. — Aff. étr. France , LXVI , vers la fin du volume , non cDlé.
En faveur des religieuses du tiers-ordre de saint François,
établies à l'Isle (comté d'Avignon).
Minute. — Aff. elr. Rome, LIV, 3; '.
Lui faire connaître les méfiances qui empêchent (|u'oo ne
serve la reine mère.
MiDute de la mnin de Charpentier. — Aff. étr. Pnys-Bjs , \ ,
pièce k.
Sur la même page, minute do lettre a l'ambassadeur que le roi charge de suivre c£tte affaire.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 1005
DATF.S
LlSrX DE DAT8S.
1034.
" février.
Vers
le commencement
de février.
fév
8 février.
l 'i février.
3 mars.
Mars.
I ti mai.
1*6 mal.
3o mai.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET sooncEs.
Mémoire à M. de Feu
quiàres.
Pour M. Bouibillier.
Au maresclial <Ie La
Force.
Mémoire potr M. Bou-
t h illier.
A ^J, de Cbarnacé.
Le roi à M. df (ihar-
iiaté.
u ii^ril.
Paris.
A M. Bouth lUcr, surin-
lendant, aux Caves
\vriL
A la duclics&c de Sa-
voie.
Idem.
Inslructioii pour
M. d'Héraerv.
A M. le cardinal Bar
Ixïrii).
A M. le cardinal .\n-
toini- Barberini.
f>c roi a M. le comlede
NoaiMes.
Promesse qu'on l'autorise à faire à WaJlcnslein.
Iliitotre da doc Bernhard de Saxe, par Rœse , I, ASg.
Affaires de Lorraine. — Maladie du duc.
Oiig. sans signature, de Ja main de Cliorré. — Aff. l'tr. Lor-
raine , XJV, IÔ3.
Passer le trailé avec le comie de Salm.
Minute de la maio de Charpentier. -^ AH", otr. Loiraiue , XIV.
Ecrire à M. de Brassac qu'il exécute avec M. de Lorraine b^s
clauses contenues au mémoire qui lui a été envoyé.
Minute de la main de Cherré. — Aff. étr. Lorraine, XIV, 17 '.
Mettre à profit les bonnes dispositions du prince d'Orange.
Minute do la m<)in de Lécn Boulhillior. — AIT. élr. HoUandp ,
XVI ( pièce 'i3.
Pljtutes des [irocédés de M. du Pau.
Orig. — Aff. étr. Hollande, XV, avec un duplicata. — Misi-
aa net delà ma'u de Cberr<i , en double expédition , XVI ,
pi&ceB 70 cl 73 ; la pièce 70 est datée du ^.
a L'inlenton du roy est que M. Boulbillicr responde que S. ^L
veut bien permettre au P. Suffren de la venir trouver.. . n
(Il s'agit c!e la rcîne mère.)
Minute de la main de Charpentier. — Aff. ctr. Pm^s-Bjs , X ,
piê e 33.
■ Vous j>ouvés demeurer encore a voslre maison.. . Tuiil va
a soubait icy. . . Je suis bien aise <]ue M. de la Grillièrc b*cn
retourne pour le procès de Metz.
Or g. — Arcli. de la famille Bouthillier.
Ses prétentions toucbant le rang de ses ambassadeurs.
Minute de In main de Cherré. — ■ Aff. é'.r. Turin, XXII,
pièce 3^6.
Diverses affaires qui appellent la surveillance de M. d'tlc-
raery, allant à lagnerol.
Mise au net de la main de Charpentier. — Aff. étr. Turiit ,
XXII, pièce aA5.
Il apprendra par les ambassadeurs du roi la résolution qu'a
prise S. M.
Minute de li main de Cbcrré. — .^ff. étr. Rome , t. LIV,
.74.
Sur les obstacles qu'on oppose à l'exercice de sa uliargc de
comprotecteur.
Miuute do la main de Cherré. — Aff. étr. Rome , LIV , 1 ju.
Béatiûcalion de mère Pasitbée.
Orig. iJevenu minute. — Aff. ^tr. Rome, LIV, 17J.
1006
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
cl
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIECX DE DATES.
DKS LETTRES.
ET SOimCES.
1634.
. . .Juin.
Au roi.
Advis donné à S. M. au commencement de juin. — Exposé
des affaires.
Minute. — AflF. rtr. Hollande, XVI, i5a-i53-i5i.
8 juin.
Le roi au pape.
S. M. recommande les affaires de l'électeur de Trêves.
Copie. — Aff. élr. Rome , L , 5i.
i5 juin.
Instruction envoyée au
s' comte de Barrault.
Le roi consent à entendre aux propositions de paix.
Mise au net. — Aff. étr. Espagne, XVII, 3ao.
^3 juin.
Instruction pour M.d'A-
vaux.
Cet ambassadeur était envoyé près de la reine de Suède, des
rois lie Danemark et de Pologne, pour disposer les esprits
de ces princes à concourir à une paix générale.
Mise au net. — Aff. clr. Danemark , I , ay^. — Suède , III ,
533. — Pologne, II, 167. (Quelques variantes dans les
trois m»».) — Inséré dans les Ùém. d$ Richelieu ,\ Il , p. 179-
'89.
23 juin.
Saiut-Germâin-
Le roi à M. d'Amontot.
M. de Besançon rentre en grâce après avoir quitté le parti
'de Monsieur.
en-Laye.
Mise an net de la main de Clicrré. — Aff. ctr. Pays-Bas,
X, 78.
25 juin.
De Rucl.
Au cardinal Antoine
Barberini.
L'abbé de la Lucat ayant résigné son abbaye en faveur du
fils de M. de Guron, Richelieu prie le cardinal Antoine de
lui donner son assistance pour l'obtention de ses bulles.
Orig. — Bibi. nat. Baluze, 3 5a , fol. 193, arm. paq. 3,
n" Q.
Commencement
dejuillet.''
Mémoires de diverses affaires touchant la Lorraine.
Minute de la main du secrétaire do nuit ; un par.'graphe delà
main de Charpentier. — Aff. étr. Lorraine, XXVïI ,
pièce 260.
5 juillet
A M. de Sabran.
Langage qu'il doit tenir en Savoie et à Gènes au sujet de
ruaion de ces deux pays.
' Minute de la main de Chcrré et d'un autre secrétaire. — Aff.
^tr. Gênes, II, io4-ii3.
6 juillet.
A M. le Prince.
«... M. le comte de Thianges faisant estât de demeurer
Rue).
quelques jours à Dijon pour poursuivre en parlement un
grand procès qu'il a contre ses frères et sœurs, ce seroit
une œuvre digne de vous de les accorder.»
Orig. — Arch. do Condé. Commuoication de M^"" le duc
d'Aumale.
i8 juillet.
Idem.
«L'accomplissement du mariage de M. de Saint-Simon avec
M"' la marquise de Portes ne deppcndant plus que de
l'esleclion des tuteurs aux enfans» en laquelle vostre pro-
curation est requise, je vous suplic de l'envoyer en blanc,
afin qu'on puisse terminer celte affaire.. . »
Orig. — Ardi. de Condé. Communication de M^' le duc
d'Aumale.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 1007
LIBOX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOCItCES.
1634,
28 juiUet.
De Royaumont.
S août.
[ ..Août?]
1 1 septembre.
2 5 septembre.
MoDceaax.
2 5 octobre.
De Ruel.
[Vws
le comracnceraenl
de l'année.]
I fem.
i /i janvier.
1 7 janvier.
A M. de Pougny.
Idem.
Lo roi à rÉIecteur de
Trêves.
A M. le Prince.
Mémoire.
Idem.
A M" les marescliaux
de La Force et de
Brezé.
Le roi aux Cantons.
«Sçavoir de M. le cardinal de La Valette ce qu'il veut faire
en raiTaire de M. d'Espernoa.. . »
Sliee aa net de la maÎD de Cherté. — AfiF. étr. Rome, t. LIV,
DOD coté.
Au sujet du traite que les Espagnols ont fait faire à Monsieur
contre la France.
Minute de la main de Cherré. — Arcli. des AfF. étr. Espagne ,
t. XVII, fol. 337.
La reine d'Angleterre a refusé de recevoir une lettre de
Richelica.
Imprimée : Aobery, Mèm. V» 377. — Recneil de 1696, I,
3oi.
Advis donné au roy sur !e sujet de la bataille de Norllingucn.
Imprimé dans les Mémoires deRtcheliea. VIII, 17S-180.
Sur la mise en défense de la place de Philisbourg.
Minute. — Arch. de» .\ff. étr. Trêves, II, pièce gS.
Réponse anx félicitations du Prince sur le retour de Monsieur
en France.
Otig. — Arch. de Condé. CommanicetioD do M<' le duc
d'AumaU.
Pièce sans date, mais qui parait se rapporter à l'année i63/i.
Jl s'agit de quelques mesures de clémence à l'égard de
plusieurs partisans du duc d'Orléans.
De la main de Richeliea. — B!bl, nat. Batuxe , arm. V, pa(j. /| ,
n" a , fol. 65.
1635.
«il*rojet de desseins pour faire la guerre au Pays-Bas.»
Mise au net, de (a main de Charpentier, avec quelques mots
en interligne de la maîn du cardinal. — AfF. étr. Pays-
Bas, XI, pièce 170. — Mémoirtt dé Hichelieu , mss. t. VII ,
p. 343-347. Imp. édit. Petitot, Vil! , p. n&o.
Emplois de M. de Rohan pour la campagne prochaine. Pièce
très-secrète. '
Minute de la main de Charigni. — AIT. étr. Lorraine, XXV,
pièce a/).
S'avancer pour cbasser les ennemis du Wurtemberg.
Minute d&la main de Charpentier. — AfF. étr. Lorraine, XXV,
pièce 16. — Mi»e aa net, pièce i4.
Le roi leur annonce l'envoi de M" de Roban et de Caudale,
«sur les avis que nous recevons de toutes parts des entre-
prises qui se projettent sur le pays des Grisons.»
Minute. — Arcb. des AfF. étr. Suim, t. XXVUI.
1008
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
cl
l-IEUI DE DATES.
1635.
28 janvier.
.10 janvier.
Janvier.
i3 fé
i.i tevricr.
Ce niardy gras
[20 février]
a 2 heures
après minuit.
2 2 février.
5 mars.
A'ers la mi-mars.
16 mars.
De Royaumont.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
A M. do Fcuquiires.
Le roi à la duchesse
douairière de Tos-
[Au secrétaire d'État de
, la guerre?]
A Madame ta duc'icssc
de Toscane.
Pour Messieurs les sur-
intendants.
A M. de Charnacô.
A M. Servien.
Au roi.
A M. Bouthiliier.
A M. Bouthiliier, sur-
intendant des finan-
ces, à Paris.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
Instructions pour sa mission en Allemagne, vers Oxenstiern,
et ensuite vers le duc Bernard de Weimar.
Mise ou net. — AÏF. clr. Alipmagne, XII, pièce i3.
Des raisons d'Etat s'opposent à ce que le roi puisse accorder
ce qu elle demande en faveur du duc de Lorraine.
Copie. — Arch. des Aff. étr. Florence, II, foL 283.
Dispositions à prendre en prévision de la guerre prochaine.
Minute. — Arch. tics Aff. étr. Lorraine, XXVII , pièce 197.
lUchelieu a reçu les lettres de la duchesse par M, Mazarin ;
il est bien fâché de ne pouvoir faire tout ce qu'elle pourrait
désirer. «Je supplie V. A. de croire que je ne lairray d'y
apporter, on sa considération, tout ce que le service du
roy me permettra '.. . »
Orig. — AIT. étr. Florence, II, fol. a83.
Les che\aux de rartillerle doivent estre prêts au 10* avril. —
Par le traité de Hollande vingt vaisseaux doivent être mis
en mer au même temps. Voir dès cette heure ce qu'il faut
de fonds pour cela.. .
Orig. de la main ilu secrétaire de nait. — Arch. de la famille
Bouthiliier.
Instruction donnée à M. de Charnacé s'en allant on Hol-
lande. Mesures a prendre pour la jonction des armées de
France et de Hollande, ensuite de la convention conclue
le 8 février.
Orig. — Aff. élr. Hollande, t. XV, minute classée entre le
3 et le 7 mai. — Mise au net de la inaio de Clierré,
t. XVI, pièce 17*. — Imprimée dans les Mémoires de ïiiche-
tieu , VIII , p. 3Ô9 et p. 280 . 011 se trouve une ptge répétée
par erreur.
Envoyer à l'armée des médicaments et de l'argent.
Orig. — Arch. des Aff. étr. Lorraine. XXV, pièce 7:1.
Il est nécessaire que S. M. permette au général des galères de
se défaire de sa charge, et qu'elle jette les yeux sur une
autre personne. . .
Mise au net de la main de Charpentier. — Aff. étr. France ,
tr-LXXIV, pièce 3.
Richelieu lui envoie la matière de plusieurs lettres a faire
pour certaines dispositions de troupes.
Minute de la main de Chcrr^î. — Âff. élr. Allemagne, XIL
Demander Tcxtradition de Vieupont, arrêté à Bruxelles.
Orig. de la main de Cherré. — Arch. de la famille BoutlilUter.
' Ou vient do voir que le roi avait écrit de» Je 3o janvier, et Richelieu avait reçu sa lettre en même temps, toutes
deux avant été apportées par Maiariu.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 1009
LIEl'I DF. DATES.
1635.
îU mars.
a H mars.
A Chantilly.
(j avril.
A nuel.
: avril.
\ l'rs la mi-avril.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
A MM. les surinten-
dants.
Mémoire pour le s' de
Feuquières.
A M. le Prince.
I^c roi au landgrave
Georges '.
A M" de I^ Force el de
Brézë.
Pour M. Boulfaillicr, sur-
inteuflant.
Pour M. Boulhillier sur-
intendant.
Instruction pour M" les
mareschaux de Cbas-
lillon el de Brézé,
destinez par le roy
pcjur commander sod
armée de Flandres.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
Faire payer au s' de La Chapelle 20,000 liv. pour faire tra-
vailler aux forlihca lions du mont Olympe... Ce pauvre
gentilhomme, qui n'a pas touché un Icston depuis trois ans
pour sa garnison, n'en pouvant iaire l'avance.
Orîg. — Arch. des Aff. élr. Trêves, 11, pièce li*.
Continuation des affaires dont il s'agît dans l'instruction du
3o janvier (ci-dessus).
Mise au npt de la main de Charpentier. — Arch. des Aff. élr.
AHemagne, XII, pièce 47. — Copie faite sur l'original
signe du roi, contre signé Boutliillier. — BtM. nat.fialuze,
arm. lettres, paq. i , n"* 3 et 3 , fol. xb-]. i58. — ''"P-
Lettres et négociations de Feaquicres , t. III , p. 1 .
«Mou procureur au parlement de Dijon nommé Rajaud, qui
est aussy le juge de ma justice de Givray, m'a faict en-
tendre que des malveillans luy envient la charge de
secrétaire en la chambre de la ville de Dijon , qu'il exerce
il y a plus de douze ans sans aucun reproche, et par ce
m'a fait suplier de l'assister.. . ce que je ne puis faire plus
asseurément que par vostre moyen.. . »
Orig. — ArcU. de Condc. Communication de M<' le doc
d'Auma'e.
Les ordre* ont été donnés aux généraux pour faire droit à la
plainte du landgrave, au sujet des désordres que causent
chez lui les troupes françaises.
Copie. — Arch. des Aff. étr, Hcsse, t. I, fol. 4a.
Diverses recommandations concernant l'armée d'Allemagne.
Minatc de la main de Boathillier. — Aff. étr. Lorraine, XXV,
pièce 79. — Mise an net de la lettre faite sur celte matière ,
pièce 83 .
Mesures de précautions pour l'armée.
Orig. sans signature, do la main de Charpentier. — Arch.
de la famille Bouthillier.
M. Boulhîllier ett prié de voir aujourtl'hui M"* de Pontchas-
leau et résoudre, avec elle, si on fera son second fils
d'Eglise ou d'Espée.
Orig. sans signature. — Arcli. de la famille Bouthillier.
Le roi a informé M. le prince d'Orange que l'armée française
doit se trouver a Mézières le a 7 avril. Cette armée et celle
des Etats doivent faire leur jonction le 1 3 mai. — Disposi-
tions prévues pour la campagne.
Mis*) an net de la main do Charpentier. — Aff. élr. Pays-Bas,
t. Xï. p. 176.
' Prince do la branche cadette, dont la capitale est Darmsladt. La France y tenait d^s troupes, se regardant moins
assurée de ce landgrave que de celni de Castel.
CABOIN. DE BICUEUEU. -
VU.
127
1010
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
MEDX DE DATES.
Ce vendredi
20 avril.
20 avril.
De Nanteui].
. Avril.
6 mai.
De Péronne.
Idem.
9 mai.
ifi mai.
La Fère-
en-Tardenois*
2 2 mai.
Château -Thic:
rry.
SUSCmpTION
DES LETTRES.
l^our M. Bouthillier.
[A M. Boulhiïlier ou
M. de Cliavigni ]
[A M. de Chavigni.]
A M. de Forbin.
Le roi à M. d'Avaux.
A M. de Bussy.
A MM. les mareschaux
de Chaslillon et de
Brézé.
A M. le Prince.
idem.
Idem.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOOnCBS.
B ... M. de Toiras se moque de vouloir marchander avec le roy
et vouloir contraindre S. M. de luy payer dos estais et pen-
sions imaginaires pendant le temjjs (ju'ii est hors des termes
de son debvoir. Il le faut laisser en ses prétentions, ne
pouvant que dire sur des imaginations si peu raisonnables.»
Orîg. sam signature, de la main du secrétaire de nuit. —
Arch. de la famille Boulhiïlier.
Envoyer promptement un courrier pour réclamer la liberté
de l'électeur de Trêves.
Ofig. sans signature. — Arcli. de la famille Bootbillier.
Articles des négociations avec la Hollande qu'il ne faut pas
faire connaître en Angleterre.
Matière pour faire une lettre, de la main du secrétaire de
nuit. — AIT. étr. Hollande, XVll, fol. &i.
«Faire advancer les hulct corps de gallères le plus qu'il
pourra.. . »
Copie conservi'e dans le fonds Peiresc. Coiiiinunicalioo de
M, Lambert, conscrv.-iteur de la Bibliothèque de Car-
peu tras.
On lui envoie les articles convenus avec Oxenslicm pour les
faire ratifier.
Orig. — Âff. étr. AlIcmagQp, XII, pièce 66.
Des ordres ont été donnés pour que vous soyez renforcé. « La
surprise de Philisbourg doit redoubler le soin d'un chascun
à se tenir sur ses gardes. Vous n'estes pas de ceux qui y
doibvent cstre excités.. . Vostre diligence est plus digne de
servir d'exemple que d'cstrc réveillée.. . »
Minute de la main de Citoys. — Aff. étr. Trêves, 11, pièce 3j .
«Us sont libres de faire ce tp'ils jugeront à propos , non seu-
lement en celle occasion, mais en toute autre, quelque
chose qu'on vous puisse mander par advis. . . »
Minute. — Aff. étr. Espagne, t. XVIII, fol. Sg.
On l'informe du départ du roi pour l'armée, et de diverses
nouvelles.
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M'' le duc
d'Âumale.
On lui annonce des renforts.
Orig. — Arcb. de Condc. Communication de M'"" le duc
d'Aunanle.
«Vous prendrés doresnavant tout ce que l'on vous mandera de
deçà, non pour des ordres, mais pour des advis.. . S. M.
se reposant sur vostre prudence d'agir scion la cognois-
sance que vous prendrés de Testât des choses sur les lieux
et vostre jugement.»
Oiig. — Arch, de CoTidé. Communication de M*' le duc
d'Aumale.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT.
1011
DATES
LIBCX DB DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET socncES.
1635.
[Un peu après
le 3 2 mai.]
26 mai.
Condé.
3o mai.
-Mai.
'4 juin.
12 juin.
Aubervitliers.
ïi juin.
De Ruel.
57 juin.
De Ruel.
Fiii de juin.
[Vers le milieu
de Tannée.]
3 juillet.
De Ruel.
8 juillet.
Dp Ruel.
Mémoire de M"' le car-
dinal pour la dé-
pesche de Flandres.
Pour M. Bouthillier,
surintendant des ii*
iiauces à Chasteau-
Thierry.
Le roi à M. de Bussy.
A M. le Prince.
[Au roi.]
A M. Boutbillier, sur-
intendant.
A M. !e Prince.
A M. Bouthillier, sur-
intendant.
Au duc d'Epernon.
Au colonel Gassion.
A M. le Prince.
Pou r M . Bouthillier.
surintendant des fi-
nances.
Conseils pour le maintien de la bonne intelligence entre
Tannée et celle de Messieurs les Estats.
Mioote de la main de Servien, — Aff. étr. Espagne , t. XVIII ,
fol. 66.
M Envoyer son courrier en Espagne pour faire revenir Peny. . . »
(C'était ic secrétaire de l'ambassade de France.)
Orîg. sans signature. — Aff. etr. Espagne, t. XVIIl , fol. 45.
Mise au net, devenue minute , fol. 46. — Imprimée dans
les Mém. de Rickchea, YIII , p. 398.
Ravitailler le plus promptement possible le château d'Er-
mestcin.
Minute de la maio de Citoys. — Aff. étr. Trêves, II, pièce 38.
Ricbelicu l'avertit que ce n'est pas le moment de prendre
sou congé.
Orig. — Arcti. de Coodé. Communication de M'' le duc
d'Âumale.
Diverses affaires.
Orig. saii<i s'gnalure. — Arcb. de la famille Boulhillior,
Le baga;;e du cardinal Infant a été pris ; inconvénients qu'il y
aurait à le rendre maintenant.
Orig. sans signature, de la maio du secrétaire de nuit. —
Arch. de la famille BQutbtUior.
Ne pouvant écrire une longue lettre, Richelieu s'en remet à
celle de M. Servien... «.Ne soyés point en peine de ma
maladie parce qu'en cQecl ce n est rien , grâces à Dieu. »
Orig. — ^ Arch.' de Cond^. Commonication de Me le dac
d'Aumale.
Diverses affaires.
Orig. saut sigoature. — Arch. de la famille BoutbiHier.
Au sujet de la sédition de Bordeaux. Le roi écrivit aussi le
même jour.
Imprimée : Vie du dac d'Epernon , IV, p. a33-3a4>
«Je conserve toute l'estime que je vous ay promis. . . J'ay parlé
au roy de vous, et vous verres, par vos emplois, la diffé-
rence qu'il faict de vous et des autres. , . Servez bien le roy,
attendes tout de luy et ne m'espargnés pas. »
Imprimée : Vie de Ga$tion , II , 49.
Faire raser au plus vile les châteaux et les places de la Lor-
raine.. .
Qriji. — Arcli. de Condû. Communicatioi Je M*' le- duc
d'Auiuale.
Diverses affaires.
Orig. uns signature. — Arcl<. ài la fnmille Bouthillier.
1012
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
LIEUI DE DATES.
1635.
9 juilU'I.
De Uuel.
lo juillet.
De Ruel,
Ida
1 4 juillet.
De Ruel.
25 juillet.
28 juillet.
1 1 août.
IdeTT:
i5 aoùt-
Dc Ruel.
i5 août.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
Pour M. Boulhillicr.
Au cardinal de La V;i
Ictte.
Pour M. Boulhillicr,
surintendant des iJ-
nances, à Fontaine-
bleau.
A M. le Prince.
ANALYSES DES LETTRES
ET sonriCEs.
Au cardinal do La Va
lette.
An martklial de Brézi!-
Instruction au s' de
Charnacé.
A Messieurs d'Angou-
lesme et de La Force.
A M. Lcfebvre, conseil-
ler du roi cl inten
dant des finances de
Lorraine.
A M. le Prince,
Au maréchal de Rrézc,
Diverses affaires.
Orig. — Arcli. de la famîHc Bouthillier.
Mauvaises nouvelles d^Allemagnc. — Ne pas perdre un
moment pour rassembler son armée,. .
Minute delà main de Clicrrc. — AIT. étr. Allemagne, XII,
pièce 86.
Le roi a été mécontent d'un retard de i ou 5 jours dans l'en-
voi d'un brevet pour M. de Canisy; Richelieu explique
que ce relard n'a aucune conséquence.. .
Orig. sans siçiiaturo. — Arcli. de la famille Bouthillier.
«Le roy aiant advis de la venue des ennemis dans la Lorraine,
je vous conjure, au nom de Dieu, de prendre vos eaux
le plustost que vous pourrés, afin d'aller en Bourgoigne
pour venir à Aussonne, Bellegarde et autres lieux de la
frontière. J'y ay aujourd'huy dépesché l'abbé de Courson
pour resveiller la noblesse en attendant que vous y soyés... »
Orig. — Arcb. de Condé. Communication de M'' le duc
d'Aumile.
Secours envoyés à l'armée.
Minute de la main de Chcrré. — AIT. étr. Allemagne, t. XJI ,
pièce gS,
Peut-on compter sur la fidélité d'Henri de Bergues.-'
Minute de la main de Cherré. — AfT. étr. Pays-Bas, XI , lod.
Considérations sur ce que pourrait proposer le prince d'O-
range dans celte campagne, et sur ce qu'il serait néces-
saire qu'il fit.
Mise au net. — Aff. étr. Pays-Bas, t. XI, pièce 109. — Im-
primée: A/cm. de UicIteUeuy VIII, 3a8.
Kxposé des besoins de leur armée, et moyens d'y satisfaire.
Minute de la main du secrétaire de nuit. — Aff. étr. Alle-
magne, XII, pièce II 5.
Envoyer à M. Perigat, gouverneur de La Motte, les fonds
nécessaires pour la réparation do sa place.
Orig, de la main de Cherré. — Bibl. de M. V. Cousin.
Faire par les corvées les travaux qu'exige la sûreté des villes
fortes de Bourgogne.
Orig. — Arch. de Coude. Communication de M^*' le duc
d'Aumale.
Envoyer vers le Rhin pour savoir des nouvelles de M. le
cardinal de La Valette. Porter le prince d'Orange à lui en-
voyer des troupes. L'intention du roy seroit que Charnacé
les conduisist.. .
Minute dictée à Chavigni, — AIT. étr. Allemagne, XII, 109.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT.
1013
DATES
LIEUX DB DATES.
1635.
2 2 août.
Chantilly.
8 septembre.
i3 septembre.
Charoime.
a g septembre.
Plessis-Ies-Bois.
6 octobre.
Au
Camp-de-cœar.
Sans date.
[9 octobre?]
3 0 octobre.
A ChiUy.
2.3 octobre.
Saiot-Germain-
eo-Laye.
3o octobre.
Jilem.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
Le roi à M. de Salut
Cbamond.
Instructioo à M. de
Brézé.
A M le Prince.
Le roi à M. de Noailles.
A M. le marquis de
Sain t-Chamond .
Mémoire au s' d'Avaux
Le roi aux généraux.
Advis du roy porté à
M" les généraux par
la Coor d^Argis *.
A la duchesse de Sa-
voie,
A M. d'Hémerv.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
Le roi l'envoie à l'assemblée de la basse Saxe , M. d'Avaux ,
occupé aux aflaircs de Pologne et de Suède , ne pouvant y
assister.
Mise au net. — Arch . dp.s A(T. élr. AtlemagQCf XII , pièce 116.
— Copte, Suède, III, fol. Sga. — Imprimce : Mèm. de
Richelieu. \m, ZMi.
Le roi lui envoie un courrier pour avoir des informations.
Mise au net. — AflF. élr. E5pagpae, t. XVIU, fol. 177.
Remercîment au sujet de la lettre de condoléance que lui a
écrite le prince sur la mort de sa sœur '.
Orig. — Arch, de ConJc. Communication de M**" le duc
d'Aumale.
Présenter à Sa Sainteté la lettre du roi pour que le cardinal
de Richelieu soit pourvu de «cinq aobayes de l'ordre de
saint Benoîst, vacantes au moyen de la cessation de l'eslec-
lion ou provision triennale, que j'ay jugé nécessaire de
supprimer pour restablir la réformation. . . et rentrer dans
mon droit de nomination. . . »
Orig. coQtre-signé Loménie. — AflF. ctr. Rome, t. XLIX,
foi. Ui.
Diverses affaires.
Mise au net. — AIT. ctr. Allcoiagne, t. XII , fol. i5a-i6o.
Conclusion delà trêve entre la Suède et la Pologne.
Mise au net. -^ Aff. ^tr. Pologne, t. II, fol. Sao.
Le roi ne donne point d'ordres absolus aux lieutenants géné-
raux de ses armées; il leur envoie des avis.
Mise au net. — AIT. iftr. Allemagne, XII, pièce 16S.
Après avoir bien considéré l'état des choses et le caractère
impétueux des Français, le roi exprime sa pensée sur la
direction à donner aux opérations.
Minute de la main du secrétaire de nuit. — Aff. ctr. Alle-
magne, XI], pièce 173.
Au sujet de secours qu'elle demande , en troupes et en argent.
Miuule de U main <lc Ch.irpcotîer. — Aff*. ctr. Parme ,
t. I.
Sacrifices que fait la France pour l'Italie. — Conseil à
M. d'Hémery, comment il doit se conduire et parler.
Minute de la maiu tie Cbeiré. — A0. ^tr. Mantoue , V,
pièce 35.
' Nicole de Richelieu , marquise de liréxé. ( Voy. notre V" volume, fage gSo, lettre du a septembre a Bouthillier.)
* Ce titre rsl écrit en tâte par Clierré{ la pièce, de la maio du secrétaire de nuit, est dictée par le cardinal.
1014
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DE DATBS.
1635.
3o octobre.
10 novembre.
De Ruel.
1 3 novembre.
iden
1 5 novembre.
Sainl-Germain-
en-Laye.
Vers
le 17 novembre.
'9
novembre.
?.ii novembre.
Idem.
26 novembre.
. . . Novembre.
I*' d(^ccmbre.
De Ruel.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
A M. de Créquy.
A M. le Prince.
A M. d'Hémery.
A M. de Lameilleraie.
A M. le marquis de
Brézé, lientenant gé
ncral en Hollande.
Le roiàMazarinf nonce
en France.
A M. d'Hémery.
A M. le Premier.
A M. le cardinal de La
Valelle.
A Mayolas.
Circulaire à divers.
A M. !c Prince.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
11 a fait, en assiégeant Valence, une entreprise bien hardie
et qui n'est pas une chose ordinaire.. . (Ces derniers mots
de la main de Richelieu.) — Conseils semblables à ceux
que le cardinal vient de donner à M. d'Hémery.
Minute de la main de Cherré. — ÀfT. étr. Turin, XXJII. (La
pièce* non cotée, a été mise entre les n*" 198 et 199. ]
Remettre en état ses compagnies de cavalerie ruinées.
Orig. — ArcL. de Coodé. Communication de M^ le duc
d'Aumale.
Mauvais succès du siège de Valence,
Minute de la main da secrétaire de nuil. — Âfî. ctr. Manloue,
t. V, pièce 53,
Affection de Richelieu pour M. le Premier. — Quelques dé-
tails militaires.
MinutR lie la main de Ghatpentier. — AIT. étr. Allemagne,
XII , pièce 193.
M. de Brézé et le prince d'Orange devront s'enlendre avec
le comte de Hanau, que le roi envoie vers le landgrave
de Hesse.
Copie. — Arch. des Aff. étr. Hollande, XVIII.
Au sujet d'une lettre de la reine mère que celte princesse
avait chargé Mazarin de remettre au roi.
Manuscrit des Mémoires de Uicbelieu. — Arcli. des Afi*. étr.
Imprimé t. VIII, p. 4o8, édit. Petîtot.
Affaires d'Italie.
Minute de la main de Clicrré et de celle de Charpentier, avec
aiditions de la main de Richelieii. — AIT. étr. Mantouc, V,
pièce 58.
Compliments sur son zèle et son affection au service du roi. . .
Minute de la main de Charpentier. — AfT. étr. Allemagne,
XU, pièce 196.
j
Informer sur le débandement des soldats : il faut faire un
exemj)h\
Mi^c au tiet de la main de Cherré, plusieurs passages de la
main du cardinal. — AfT. étr. Allemagne, XII, pièce igA.
11 est dépéché en Italie. Consulter le cardinal de La Valelle
sur ceux des généraux qu'il est bon de laisser à l'armée
d'Italie, ou de rappeler.
jMiniite de la main du secrétaire de nuit. — Afil*. étr. Alle-
magne, XII, pièce 197.
Le roi expose les résultats de la campagne de Picardie.
Copie de Lureau. — AfT. étr. Pays-Bas, XI, pièce 3oo.
Le roi a donné ordre de remettre sur pied tous les régiments
de cavalerie.
Orig.— Arch .(leCondé. Communication de M*' le duc d'Aumale.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT.
1015
DATES
LIBirX DE DATBa.
1635.
2 décembre.
8 décembre.
1 3 décembre.
i6 décembre.
[Vers la fio
dp l'année. 1
ib35?
i635?
1635.5
[Commenc*'menl
d»; janvier.]
SUSCRIPTION
DIS LETTRES.
A M. d'Avaux.
A M. le IVince.
(Au duc de Créquy.]
A M. de Feuquières.
A M. de Noailles, am-
bassadeur à Rome.
Au cardinal de Lyon.
A M. le Prince.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUHCBS.
A M" de hrézé et d.
Charnacé^ am!:assa-
deurs en Hollande.
Le roi lui envoie un pouvoir pour négocier un traité avec la
Pologne.
Orig. signé du roi, contre-sigoé Boathillicr. — AfT. étr. Po-
logne, t. II , foL 309.
Répression des désordres qui se commettent sur les frontières
de Champagne.
Orig. — Arch. de Co&dé. Commnnicatioii de MC' le duc
d'Anmale.
Espérance que les afTaircs vont très-bien aller en Italie.
Minute de la main de Cherré. — Afif. étr. Mautooe, t. V,
pièce 66.
Sur la proposition de Jean-de-Verl d'entrer au service de
France.
Minute. — Arch. des AfT. étr. Allemagne, t. XII, pièce 318.
Réponse article par article n un mémoire donné par l'ambas-
sadeur de Hollande le 5 décembre.
Mise an net, devenue minute, corrigée par Richelieu. — AIT.
étr. Hollande, t. XVll , pièce 139. — Autre mise au net,
de la m»in de Cherra, pièce 111. — Imprimée : Mém. de
nicktUea. VllI, p. ôi3-53i.
Obtenir les bulles pour la lille du marquis de Sourdis nommée
abbesse de Montmartre.
Imprimée : Auhcry, Mémoirtê , V, p. ^93. — Recueil de 1696,
II, p. 88,
Au sujet de la réforme du grand couvent des Jacobins de
Pans.
Mise au net corrige de la main de Richelieu. — AfT. étr.
France, t. LXX, pièce lâ.
Richelieu le prie de recommander avec affection à M" du
parlement de Dijon que justice soit rendue au s' Martin,
secrétaire de la marine , en un procès pour lequel il va sur
les lieux.
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M^' le duc
d'Anmale.
1636.
Instruction dont le sens est qu'il ne faut pas s'écarter du
traité conclu à la Haye en avril i63^.
Mise au net de la main de Cherré. — AIT. élr. Hollande,
XVllI, fol. 9'. — Antre mise au net de la main d'un
commis des AfT. étr. Hollande, t. XVII , 1A8. — Imprimée :
Biém. d* Richelieu. IX, 3a-54.
Chorié a mis en tète ; «Envoyé* au commencement de 1 636. • L'autre mise ou net est datée du 3 1 décembre i63â.
1016
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
LIEUX DS DATES.
SUSCiUPllON
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1630.
Commencement
de janvier.]
3o janvier.
[Janvier
ou février.]
] G février.
Paris.
i'* quinzaine
de février.
I février.
28 février.
A Sain [-Germain-
en-Laye.
. Fiivrier.
Commencement
do mars.]
A M. !c prince d'O-
range.
A M" de Brézé et de
Charnacé, ambassa-
deurs ordinaire et
extraordinaire.
A rarchevôquc de
Lyon ? ] ^.
Le roi au duc de Kohan.
A M. de Brézé.
Le roi à M. de la Sa-
ludie.
Le roi au duc de Wei-
mar.
Le roi a M. de Toiras.
A la duchesse de Sa-
voie.
uLcs divers jugemens qui^se font des intentions de S. M., de
celles de Messieurs les Estats et des rostres, m'obligent à
vous esclaîrcir de celles de S. M. et à vous suplier de faire
le mesmc de celles des Estats et des vostrcs. . . »
Minute de la main tlii secrétaire de nuit, corrigée de la maïn
du Cardinal. — Aff. étr. Hollande, t. XVIII, fol. 1. Pièce
arrangée pour les Mémoires de Richelieu.
Mémoire contenant des considérations sur un projet de né-
gociations entre la France, l'Espagne et les Etats de Hol-
lande,
Mtntilc de ïa main du secrétaire de nuit. — Aff. élr. Hol-
lande, XVII, fol. 116 '.—Mise au net, t. XVIII, fol. 3o.
Madame de Savoie s'est plainte que vous et W. le comte de
Noailles «ne don niés pas à M. le cardinal de Savoie la
cognoissance de toutes les aifaires que vous tralttés au nom
de S. M...
Minute de la uiain de Cherrc. — AIT. étr! Turin, t. XXIV,
fol. 87.
11 est absolument nécessaire qu'il entre dans le Milanais au
8 du mois prochain.
Orig. devenu minute, une addition ayant clé faite. — Aff. étr.
Suisse, t. XXVIil (non coté] .
Le cardinal explique l'objet précis de la mission du s' Hœuft
en Hollande.
Minute de la main du secrétaire de Duit. — AS. étr. Hol-
Imdo, t. XVIII, fol. 85.
Approvisionnement des places de Coblentz et Ermeslein.
11 faut vivre en bonne intelligence avec M. de Bussy.
Minute de la main de Chavigni. — Aff. étr. Trêves , II , ta"}.
, Les ennemis s'approchent de nos frontières; «j'ay ordonné à
mon cousin le comtedc Soissonsde rassembler des troupes
pour marcher contre eux.. . Je sçay que vous avés dessein
de me venir voir; ayez soin de laisser les ordres nécessaires
à celuy que vous establiroz pour vous remplacer.. , n
Orig. — Aff. étr. Saxe, t* I, pièce 110.
S. M. le désigne pour commander un corps d'armée en
Italie.
Minute. — Aff. étr. Mantouc, V, pièce 78.
Le roi lui envoie des brevets de maréchaux de camp en ses
arojées, ainsi que des brevets de pension qu'elle donnera à
son gré.
Imprimée : Aubery, V, 4oi. — itecucil de i6g6, I, 3a().
^ Cette pièce se trouve classée fautivement dan<( le volume de i635 , au i 2 décembre , date de la lettre à laquelle ce
mcmoire répond.
^ La siiscriptioo niancjuc , mais il faut se souvenir que le cardinal archevêque de Lyon était alors à Rome eu
ambassade cxirnofdin.tirc t on voit d'nilleurs par le premier 'mot de la lettre : ■Monseigneur, > qu'elle était adressée à
un cardinal.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLÉMENT. 1017
DATES
LIEOX DE DATES.
SL'SCRIPTION
DES LETTBES.
ANALYSES DES LETTRES
BT SOURCES.
1636.
13 mars.
Rucl.
iS mars.
Idim,
A M. d'Hémery.
Idem.
38 mars.
fin
|Vt-rslafii
ac mars ' ?
[ Fin de mars
ou
commencement
d'avril.]
Classée
la Gn derannéc.
i5 avril.
A Cbantillv.
16 avril.
Idem.
A M. le Prince <rO-
raoge.
A [MM. BoalliUlier et
ac Bullion.]
A M" d*Avaox et de
Saint-Chamond.
Le roi aux Cautons.
Instruction pour le s' de
Graves.
A M, le Prince. Faciliter autant qu'il sera possible la levée de la compagnie
de M. de Thianges.
Orig. — Arch. de Condé. Commanicalion de M'"' le duc
d'Aoutate.
Faire que le corps d'année que doit commander M. le duc
de Parme soit le plus puissant possible.
Mise au net de la main de Charpentfer. — Aff. étr. Panne,
t. L A cette lettre était joiut Je mémoire qui sait :
Mémoire sur la composition du corps d'armée que les princes
de Savoie et M, de Créquy doivent former pour le duc de
Parme.
Mise an net de la main de Charpentier. — Aff, étr. Parme,
t. L
Affaires du duc de Parme et affaires d'Italie.
Minute de la main de Cberré et de celle de Charpentier. —
AiF. étr. Turin, t. XXIV, fol. 175. En tête de celle pièce
et de Ja précédente on lit : • Envoyé par Âugemont.»
Eviter tout sujet d^ombrage entre la France et la Hollande.
Minute (le la main <Ic Cbonc , avec quelques mots du cardinal.
— Aff. étr. Hollande, XVUI. fol. i85.
Nëcessilé de donner de Targent aux Suédois; sans cela les
affaires d'Allemagne sont perdues.
Minute. — Aff. étr. Allemague, XIII (pièce non cotée].
Appliquer tous leurs soins à ce que les Suédois poursuivent la
guerre.. . Envoi d'argent à M. de Saint-Chamond par le
s'CoIbert... S. M. est dans une peine extrême de voir
retarder si longtemps le secours d'Ermstcin.. .
Mise au net. Aff. étr. Allemague, XIV, jiièce lag.
«Très cbers grands amis alliez et confederez, le but des armes
que nous a mis en main le juste ressentiment des toris
faicts tant à nos alliez (pi'à nous mesmes n'est autre qu'une
paix générale. . . »
Copie. — Aff. étr. Suisse, t. XXVIII f nou cotée ).
Le roi à M. d'Avaux. ' Après le service qu'il a rendu par la conclusion de la trêve
entre la Pologne et la Suède, il seroit bien utile qu'il pût
engager un corps polonois à se joindre aux Suédois j on
lui envoie de l'argent à cet effect.
Orig, eu partie chiffré. — Aff. étr. Pologne , III , foi. Sa-Sy.
11 est envoyé vers 1<; duc de Savoie pour le presser de se
porter au secours de M. de Parme.. .
Copie d'un orig, signé Louis , coDtre-sigué Sublt^t. — Aff. ctr.
Parme, t. L
' La pièce, sans date, a été classée à ta Iîd de iSSy ; ooas la plaçons à une date approximative qui nous sembla
iod'quée par la meotion da secours dont le roi »' inquiet ait , et qui arriva le i3 avril.
CAADIN. DE RICHELIEC. — VII.
12a
1018
SOMMAIRES DES LETTRES
DATEvS
LIEUX DE PATES.
1036.
i(> avril.
■> i avril.
A Chantillv.
28 avrii.
De Royaumonl.
1/1 mai.
Idem,
Vers Ja mi-mai.
Idpi
27 mai,
(^oiiïlaiis.
3 I mai.
sî:scription
DES LETTRES.
A M. Boutliillier.
A M. Mayollas, lieute-
nant des gardes du
cardinal.
A M. de Mcolaï, pre-
mier président de la
chambre des comptes,
A M. d'Hémeiy.
Idem,
:\ M. le duc de Parme
A M. de Saint-Cha-
mond.
A M. de Charnacé.
A M. le Prince.
Idem.
Idei
A M, le landgrav»' de
Hesse.
ANALYSES DES LETTRES
ET socncEs.
Ses indispositions l'onL contraint d'acbever son jubilé.
Orig. — Cabinet do M. E. Hoillard. ( Veoto Charavny,
là février 1870. )
Instruction pour une mission à Verdun.
Copie d'uH orîg. signé du roi , contre-signe Sublet. — Aff. étr.
Pologne , IIJ , fol. 02.
Uîchelieu lui recommande une alTaire concernant M. de la Fol-
laine.
Ofig. — Arcli. dp la faniiHe de Nicolaï.
Afi'aires d'Italie.
Minute de la mai» de Cherré. — Afl'. étr. Turin, XXIV,
«L'appréhension que j'ay que M'" les surintendans ne vous
facent pas l'argent que vous demandés, m'a faict résoudre
à vous envoyer cent mille francs que j'ay empruntez de m^s
amis. . . B
Minute de la main de Clierré. — AIT. étr. Turin, t. XXIV,
foL 3/,3.
Kichclieu lui fait des recommandations utiles au succès des
affaires d'Italie.
Miiiiiie de la main de Cherré. — AIT. étr. Parme, t. L
Observations sur un traité avec la Suède.
Matière de la inaiii de de Noyers. — Aff. étr. Suède, IV, 178.
Affaires de HolLnde.
Mise au net île la main de Cherré. — Aff. étr. Hollande,
l. XVIII, fol. 380.
Tenir l'armée dans la discipline la plus sévère. — Si l'on
prend quelcpies places , i-especter surtout les choses sacrées.
Orîg. — Arcli. de Condé. Communication de M^' le duc
d'Àumale.
Félicitations |>ourses services. Protestations des plus affectueux
sentiments. Remercîment de «l'honneur extraordinaire»
que le prince a voulu faire à son cousin là Meillcraie.
Orig. — Arch. de Coadé. Communication de M'"* le duc
d'Aumale.
On a
la
ubsisia
M. de (Jo-
pourva a ia sunsisiauce ae son armée.
marm , qu'il a envoyé, ne sera poiut fait maréchal de
camp. II n'y a aucun cas a faire des proposilions de cet
ofitcici-.
Orig. — Arch. de Condo. Communication de M^' le duc
d'Aumale.
Satisfaction du zèle que le landgrave témoigne pour les
affaires communes.
Minute. — Aff. élr. Hesae , t. I, fol. 75.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT.
1019
DATES
et
SLSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIBUÏ DE DATES.
DES LETTRES.
ET SOURCES.
1036.
5 juin.
A M. le Prince.
L'estime que je fais de madame la marquise de S^necey me
(ionflans.
fait vous pri' r do permettre a madame la comtesse de Cha-
nite, sa belle-sœur, de se retirer à Gray.. . «et de dep-
partir tonte la faveur que vous pourr<^s pour la conservaliou
de sa personne et le soulagement de ses terres, en sorte
que le service du roy n'en puisse ïecevoir aucun pr^ju-
ctice. »
Orig. — \Tch. de Condé. Commonicatioii de M^ \o duc
d'AuinoIe. /
r> juin.
A M. le cardinal de La
Joie qn'éprouve Richelieu des heureux succès du cardinal de
Vaictto.
La Valette. . .
Minute de la main de Chcrrp. — Aff. étr. Allemagne, t. XIV,
pièce 23.
^i juin.
A M. le Prince.
«Je suis extrêmement aise de la bonne espérance que vous
ConQans.
donnas de vostre siège (de Dole).. ., extrêmement fasclié
des désordres de l'armée.. . »
Orig. — Arcïi. de ConJé. Communication de M*' le duc
d'Aiimatc. ,
G juin.
Le roi a M. le comte
Nouvelle demande du chapeau de cardinal pour le P. Joseph.
Koniaiuebleau.
de \oaille», ambas-
sadeur à Rome.
Copie. — Aff. étr. lîoiue , t. LVllI , foL 35o.
1^ juin.
A M. le Prince.
«Toutes choses iront mieux maintenant que la plupart des
Conllans.
ofliciers et prévosts de son armée y sont- rendus.. . (rois
chasteaux et cinq villages de madame d'F.lbeuf ont esté
bruslés. Conserver ce qu'elle a encore de delà.»
Orig. — Arcli. de Coodc. Communication de Mb' le duc
d'Aumalc.
[Vers la mi-juin.]
A M. de Toiras.
Etonnement de ce qu'il ne se soit encore rien fait en Italie.
Minute do U main de Charpentier. — 'AOT. étr. Tnrio, XXIV,
53.).
i(( juin.
A M. le Prince.
Conseils sur la con luîte du sîége de Dole.
Coiiflans.
Orig. — Arch. de Condc. Communication de M^' le duc
d'Aumale.
3ojuiD.
A M. d'Héraery.
Pénurie des armées. Mauvaise administration. — Rechercher
soigneusement tout ce qui a été fait.
Minute de la mais de Chcrre. — Aff. ctr. Turin, XXIV, ô34.
[Fin de juin?]
A la dnchexse de Savoie.
Sur la mort de M. de Toiras.
Minute de la main de Cliarpentier. — Aff. t'tr. Turin,
t. XXIV, fol. 756.
. . . Juin.
A M" M" les consuls et
«Messieurs, la leltre que le s' de L'Islc m'a rendue de vostre
pari est si .pleine de courtoisie et d'affection en mon en-
Soi ut- Germai n-
conseillers de la ville
en-Layc
de Strasbourg.
droit que je r.c puis le laisser retourner en vos quartiers
sans vous tcsmoigner par celle-ci le r esse n liment que j'en
ay...»
Orig. — Arcliivfs de Stra<il>ourg. — Imprimée : Documents
kUtoriquci ùn's lUt arcdivei de Strashowg. par Auguste Kin-
'
sioger, maire de Strasbourg, i8i8, in-S", p. sÛo.
128.
1020
SOMMAIRES DES LETTRES
DATKS
et
LIEUX DB DATES.
1630.
. . . Juin.
"Vers le milieu
de l'année.
k juillet.
A Charonne.
5 juillet.
Charonne.
8 juillet.
Charonne.
1 1 juillet.
Charonne.
2 G juillet.
SU.SCItlPTION
DES LETTRES.
Mémoire au s' marquis
de Sainl-Chamond
ambas.sadeur du roi
en Allema<Tne.
A M. le Prince.
A M. de Charnacé.
A M. le Prince.
/rfen;
A M. le Comte.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOCRCBS.
Mémoire de M""^ le cardinal. (Notes de divers exploits du duc
Bernard et du cardinal de La Valette.)
Orig. sans signature , de la maio de CtiarpeDtîer. — Afî. ctr,
France , 1637, tle juiu en août , fol. SyÛ.
11 s'agit surtout d'obtenir la ratification du traité de Wismar,
conclu le 20 mars. M. de Saint-Chamond fut employé,
pendant presque toute l'année, à une négociation qu'Oxen-
stiern rendait très-difficile.
Mise au net. — Aff. étr. Suède , t. ÎV , fol. 371.
Qu'il n'exjiose pas sa pei*sonne extrêmement chère à S. M. et
à ses plus particuliers serviteurs.. . On lui envoie plusieurs
régiments.. . Le tout est de ne perdre aucun temps.
Orig. — Arcli. de Condé. Communicalion de M^"" le duc
d'Aumale.
Mémoire dont il faut faire une dépêche à M. de Charnacé,
et fenvoycr en toute diligence par deux voies différentes.
— ïl est nécessaire que le prince d'Orange tienne les en-
gagements qu'il a pris.
Minnte et mise au net de la main da secrétaire de naît, avec
une addition de la maio du cardinal. La minute , datée du &,
est cotée iii. — La dépêche faite sur ce mémoire, signée
du loi et datée de Fontainebleau , est ici en double original ,
l'un cliiffré.
«... S. M. n'entend point qu'on lève le siège de Dole , qnoy
qu'il arrive, sans son ordre exprès, ou qu'il arrivast telle
nécessité que tous les oîTiciers de l'armée le jugeassent
ainsy.» Nouvelles et mesures militaires'-
Orig. — Arch. de Coodé. Commmiicalion de M^' le duc
d'Aumale.
Fortifié des troupes de cavalerie et d'infanterie (|u'on \ ous a
envoyées, rien ne peut vous cmpescherde prendre Dole et
battre le secours qui se présentera.. . presser les travaux ,
les fourneaux et les mines. . .
Orig. — Arch, de Condé. Communication de M^' le duc
d'Aumale.
Qu'il envoie du monde à Sainte-Menebould pour garder la
place. — Le roi trouve bon que M. du HoUier retourne à
rarmée. — Diverses dispositions pour les troupes.. . envoi
d'argent pour les montres. — Il est désireux de gloire et
capable de bon conseil.. . On lui envoie un pouvoir pour
commander en Picardie.
Minute de la main de Cherré. — Aff. étr. Allemagne, XIV,
pièce 35.
' Le 7 juillet, Ficlielieu écrit à M. de la Meilleruie une lettre
copie se trouve dans les archives de Condé.
peu près dans les mêmes termes que celle-ci ; une
NON IMPRIMEP:S dans le supplément. 1021
DATES
et
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIEUX DE DATES.
DES LETTRES.
ET soduces.
1030.
a o juillet.
A M. le Prince.
. . . Prendre la ville tle Dôle , et , en même temps, défaire le
secours, s'il se présente, la victoire serait plus complète;
mais s'il s'y trouve de la difîicuUé, il se faut contenter de
la ville...
Orig. — Arch. de Condft. Communication de Me' le duc
d'Aumale.
2 i juillet.
Paris.
Idem.
«Je vous envoyé le descliiffrement des leltres de ceux de Dole
et celuy qui a fait ce descbiffremeot; peut estre vous trou-
vères moyen , par la proposition qu'il vous fera , d'attraper
le secours et de le dufiairc. - . »
Orig. — Arcb. de Condé. Communicaliou de Ms' le duc
d'.\umale.
[^3 juUlet.^j
[Au duc de Weimar' ?]
a Autant que j'ay eu de dcsplaisir de la blessure que vous avez
receue devant Saverne.. . autant ay-je de contentement de
la prise de cette place. . . Je ne doute pas qu'ensuite de ce
bon succès vous n'entrepreniez tout ce que vous jugerez le
plus utile au service de S. M. n
Minute de la inaia de Cherté. — Aff. é(r. Allemagne, t. XIV,
a' feuillet de la pièce cot^e 38.
a6 juillet.
Clialiol.
A M. le Prince.
Félicitations sur la manière dont il pousse le siège de Dole.
M. de Noyers lui mande, de la part du roi, ce qu'il aura
à faire, la ville prise '.
Orig. — Arch. de Coudé. Communication lîe M'*" lo duc
d'Aamalc.
i" août.
Chaiiot.
Idem.
«... Vous n'avez pas à redouter que M. de Lorraine soit se-
couru.. , Suives vostre génie qui vous porte, je m'asseure,
à ne rien craindre. Sans le don de prophétie je vous a^seure
que vous aurés la gloire du succcz de vostre dessein. . . »
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M*"" le duc
d'Aumale.
i s aoùl.
[AM.deCharnacë.]
Espoir d'un bon résultat de l'union de la France et fie la
Hollande.
Minute de Charpentier et de Richelieu. — Aff. étr. Hollande,
ÎVIII,47^.
iH août.
Paris.
A M. le Prince.
Envoyer sans retard on Picardie les troupes que le roy a de-
mandées.. . Les affaires pressent.
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M'"^ le doc
d'Aumale.
19 août.
A M. le duc de Weimar.
Annonce d*envoi d'argent. — Lemoù de septembre sera plus
heureux que n'a esté le mois d'aoust.
Mise au net devenue minute , Riclielieu l'ayant corrigée. —
AIT. étr. Allemagne, XIV, pièce ^1.
' Le date et la
( cote 38 ) , (le Uqa
mistitc ne peut ail
même jour au card
il n'« pa5 paru. M
l'an de* deui que 1
* M. lePnacea
uscription manquent; la date
elle non» avons dono^ l'anal]
ST au fnêiTi« personnage. Out
nal de La Valette, on ne di
is noui savons que Turenne
licheliea adresse cette félicite
aandonna le siège le lô août
doit être la m^rae que celle de la minule écrite sur le premier feuillet
se (t. V, p. 980) , adressée au cardinal de La Valette; mais cette scçpndc
re qu'on ne voit pas de motif pour que Richelieu ait écrit dem fois lo
t pas que ce général ait été blessé devant Saverne, où peut-être même
y re^ut une blessure ainsi que le duc de Weimar j c'est s-ins doute à
tion , et plutôt au duc de Weimar, qui commandait en chef.
(Voy. noire V vol. p. 534-)
1022
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
.SUSCIUPTION
ANALYSES DES LETTRES
L1EU\ DE DATES.
DES LETTilEî:.
ET SODÎiCES. !
1036.
2 3 aoûl.
Paris.
A M. le Prince.
Mesures prises pour secourir la Bourgogne.
Orîg. — Arch. de Condê. Communication de M*' It- duc
d'Âumale.
■?.•] août.
Paris.
Idem.
Recevoir favorablement M. d'Uxelles qui va à Chaalons. —
Vaquer à divers travaux de fortification que le cardinal
indique.
Orig. — Arch. de Condc. Communication de M^ le duc :
d'Aumaie. '
1 o septembre.
Senlis.
Idem.
Continués à grossir vos troupes et avancer les fortiGcations. . . '
Ce n'est rien de bien fortifier les places si on ne les munit [
de gens bien résolus.. .
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M*"" le duc
d'Aumaie.
i8 septembre.
De l'abbaye
(le la Victoire.
Idim.
Satisfaction du roi pour ses services. — Mettre le meilleur
ordre po=:sible à Verdun -sup-Saône et aux foqtificat'ions
d'Auxonne.
Orig. — Arch. de Condc, Communication de M^' le duc
d'Aumaie.
Htm.
Idem.
Remerciement pour l'asile donné au fils du s" Prou. «Je vous
suplie, attendu son innocence, vouloir l'envoyer icvseure-
ment, afin de le tirer de la peine où le malheur d'aulruy
l'a mis.»
Orig. — Arcli. de Condc. Communication de M*' le duc
d'Aumaie.
:> X septembre.
A M. le cardinal de La
Volette.
Diverses affaires.
Minute de la main de Clierré. — Aff. élr. Aiiemagne , XIV,
pièce 5i*.
2 3 septembre.
De Boriu '.
A M. le Prince.
Messieurs les secrétaires d'Estat vous répondent particulié-
rrment; j'ajoute «que S. M. est très-satisfaite de vous.
Kile envoie le s' de Miraumont pour commander dans
Auxonne.»
Orig. — Arch. de Cond.'. Communication de M^'' ie duc
d'Aumaie,
8 octobre.
A M. de riampsan.
«M. le cardinal de La Valette aiant esté fort soigneux de faire
sçavoir la dernière action qre vous av*-s faite.. . S. M. m'a
commandé de vous tesmoigner le gré qu'elle vous en
sçaît. . . »
Mina te de la main de Cherré. — Aff. clr. Saxe, I , pièce 119.
Idem.
A M. le d(!C de Weimar.
« Le roy affectionne vos intérests à l'esgal des siens propres. "
Minute de la main de Cherré. — Aff. etr. Saxe , I , pièce 1 1 5.
17 octobre.
Anxonno.
Idem.
Exigences du duc de Weimar. oEn matière de traictés {hii
^ répond Richelieu) vous trouvères bon que je vous dise
qu'il lesfauU exécuter ponctuellement.»
Copie, — Aff. ctr. Saxe, I, 118.
' Village (le Pic
ardic , à cinq lieues à l'est c
c Senlis.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 1023
DATES
cl
LlEnX DB DATB8.
1 630.
28 octobre.
Au camp
de Demuiii.
novombre.
1 7 novembre.
19 novembre.
D'Amiens.
2 3 décembre.
A N(H8y.
7 janvier.
2 () janvier.
10 février.
10 février.
Oourdan.
2 1 février.
Versaillc|.
févi
SUSCRIPTION
DBS I-ETTItES.
2 ï lévrier.
A M. de Saint-Cba-
mon'^i.
A M. Tévéque de Mende.
Le roi a M. de Rorté.
A M. le Prince.
Le roi à M. d'Avaugour,
«allant de la part du
roy d la diettedc Pou-
Ion gne. »
Mémoire au roi.
ANALYSES DES LETTRES
ET SnUFCES.
A M. de Seonelerre.
[A M. de Charnacé.]
Le roi à M. le marquis
de Saint-Cbamond
Le roi au s' de la Tbuîl-
tcric, ambassadeur à
Venise.
Lf roi au s' d'Avaugour,
Envoyer un Allemand à Ratisbonne. — Nécessité de la bonne
intelligence enlrc Suède et Danemark. . . — Le roi approuve
le voyage de l'ambassadcT/r vers le landgrave de Hesse.
Mise au net devenue minute. — AfF. elr. Suède, IV, fol. 3^o.
Bleds qui! faut amener à Nancy.
Orig. du cabinet de M. Girard. Catalogue d'atitographes (vendus
Ie3i mars 1869, El. Charavajr).
Récit de la prise de Corbie.
Copie. — Aff. élr. Suède, IV , 354-
« L'heureux succès de la reddition de Corbie > joint à celuy qui
est arrivé du costé de Bourgoigne, auquel vous n'avés pas
peu de pari , remet les allaires de S. M. en gran<ie ré-
putation. . . »
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M*"" le duc
d'Aumale.
Longue instruction sur les négociations de paix laites à l'ius-
ta:.ce du pape; le roi y entre voloitliers pourvu que celte
paix soit générale, comprenant tous les intérêts des alliés. . .
Orig. — Aff. itr. Pologne. III, fol. 146-169.
1637.
Refus que lo roi doit faire à Monsieur du gouvernement du
comté nantais. — Riclielieu dicte la réponse que ie roi fora
au s' de Cbaudebonne. envoyé par son frère.
Minute de la main du secrôtaire de nuit. — AfF. étr. France,
de janvier à mai , fol. g.^Iise au net de la main du m^me
secrétaire, fol. 3.^). Imprimé : Mém. de IlicfieUea , Vllf.
3a9-33i .
Gagner quelques personnages puissants Hu gouvernement
anglais.
Minute J« la main de Cherré. — Aff. vlr. France, 1637,
de Janvier en mai, fol. 91 .
« Porter Messieurs tes Estais à recevoir le landgrave [de Hesse]
en une alliance défensive. Elle leur seroit utile d'autant
qu'il couvre leur pays du costé d'Allemagne »
Minute. — Aff. étr. Hollande, I. XX, pièce i3. — Orig.
•igné du roi , t. XIX, fol. to5.
Mémoire de diverses affaires.
Copie. - — Aff. étr. Allemagne, XIV, pièce 81.
Mémoire de diverses affaires.
Mise au net. — Aff. élr. Venise, l. LU, fol. m3.
Nouvelle iostruclion pour la mission de cet envoyé en Po-
logne.
Copie. — Aff. élr. Pologne, III , fol. iSfi.
►
1024
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DE DATES.
1637.
Vers le 20 mars.
26 mars.
[ W avril.
i3 avril.
Saint-Gern:ain-
en-Laye.
1 7 avril.
Versailles.
2 1 avril.
De Cliarmcs.
28 avril.
à mai.
Versailles.
1 s mai.
Sainl-Germain-
cn-Layc.
2 3 mai.
20 mat.
De Uuol.
SUSCRÏPTION
DES LETTRES,
A M. Tambassadeur
d'Angleterre.
A M. deCItarnacé.
Le roi a M. de Cbar-
iiacé.
Le roi au roi de Dan-
nemarck.
Le roi au nonce Bolo-
gnelti.
A M. le Prince.
A M. Méliand.
Le roi à M. de Char-
nac(^.
Au marquis de Saint
Chamond.
A M. de Pujols.
(A Pujols.]
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
Proposition faite par le roi de la Grande-Bretagne d'une
assemblée à Hambourg, pour la conclusion de la paix.
Minute. — Aff. etr. Angleterre, XLVl , 18.— Copie XLVIII,
4a.
Il faut que Messieurs les Estats exécutent les desseins qu'ils
ont annoncés.
Matiôre de ta main du secrétaire de nuit, — Aff. étr. Hol-
lande, XX, pièce 3a". — Sur ce projtt on a l'ait une dc-
pêclie ; l'original , signé du roi , est conservé daus le
XIX' vol. de Hollande, fol. lao. — Une mise au net , se
trouvant sans date, a été classée à la fiu du t. XX,
pièce i47-
M. d'Avanx sera envoyé à rassemblée de Hambourg, avec la
proposition du roi.
Orîg. conlre-aigné Boutbiltier. — .Aff. etr. Hollande , XIX ,
fol. lia. — Minute, t. XX, pièce 36.
Nous donnons charge à M. d'Avaux de vous voir selon que ie
bien des affaires le requerra. S'il ne pouvait aller vers
vous, nous vous conjurons d'avoir semblable créance à
celui qui vous rendra la présente.
Orig. — Aff. étr. Danemark , t. I , fol. 337.
Touchant le relard des passe-ports pour les députés à l'assem-
blée de Cologne.
Minute. — Aff. clr. Rome, t. LIX, fol. ig3.
Reproche fort adouci de ce qu'il est venu à Charmes malgré
la prière que lui avait faite le roi d'aller en Provence.
Orig. — Arcli. de Condé. Communication de M^^ le duc
d'Âumate.
La révolte des Grisons.
Minute. — Aff. étr. Suisse, t. XXVHI.
Le roi fera, dans le pays des ennemis, la diversion nécessaire
aux desseins de Messieurs les Estais.
Orig. —Aff. étr. HoUanJe, XIX, i48.
Mémoire de diverses affaires.
Minute. — Aff. étr. Allemagne, XIV, pièce 78.
Dispositions du duc d'Olivarès pour un loyal accord.
Lettre préparée, do la main de Charpentier, avec la signature
B. , devenue minute à cause de corrections. — Espagne,
XVJII, 4a8.
«S'il plaisl à M. ie Comte-Duc s'ouvrir à vous des conditions
auxquelles il peuseroit qu'on peust faire une Uonne paix,
ou une trêve générale de dix années, cela avanceroit bien
les affaires.»
Minute de la maîu de CLerré. — Aff. étr. Çspagne , XVIII ,
435.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 1025
LIECX DE DATES,
SUSCRIPTION
DBS LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET 80CRCBS.
1637.
28 mai.
Idem.
3o mai.
A Fontainebleau
16 juin.
sa juin.
Fontainebleau.
i5 juillet.
Sans date.
[ai juillet.^]
Date
mise api es coup.
3 5 juillet.
6 aonst.
Chaliol.
Aux maire et échevins
de la ville d'Amiens,
Le roi à M. d'Aiguë-
bonne.
Le roi au s' de la Garde,
allant de la part de
S. M. vers le légat du
pape à Cologne.
Au nonce.
Le roi : à mon cousin
le landgrave di
Hesse, prince du S'-
Empire.
A M. de Charnace.
A M. le mareschal d'Ës-
Irées.
A M. de Pujols.
Au nonce.
Le cardinal se plaint de ce qu'ils ont négligea de faire réparer
leurs fortifications, après avoir reçu les grâces qu'ils avaient
demandées à cette condition. 11 les conjure de faire achever
ce travail au plus tôt.
Minute de la maio de Cherré. — Aff. e'ir. France, de janvier
à mai , pièce 588.
Mémoire sur ce que le roi fera pour l'eiëcution des projets
de cette campagne, et ce que, par contre, doivent faire
les Hollandais.
Orig. — Aff. elr. Hollande, t. XIX, fol. \5j. — Mise au
net, devenue minute, de la main de Charpentier, t. XX,
pièce 60. — Autre mise au net do la n-ain de Cberre ,
d'après une première minute , pièce 55 du t. XX.
Instruction ordonnant au s' de la Garde de se rendre d'abord
à La Haye afin de s'entendre avec les Etats sur l'objet de
la mission du s* de la Garde, lequel reviendra vers le
roi après s'être bien informé de tout ce qui se passe a Co-
logne.
Copie faite sur l'origiobl par le secrétaire de la le'ffatioa ,
Brasset. — Aff. étr. Hollande, t. XIX, foL i5g.
Désir d'une bonne paii générale, seure et honorable pour
tous les partis.
Minute de la main du secrétaire de nuit. — Aff. étr. Rome,
t. LX. — Une copie, deux feuillets après.
Ordre est donné de le faire payer de ce qui lui a été promis.
Importance du ravitaillement d'Hermestein.
Orig. — Aff. étr. Hesse, t. I. fol. i65.
Le roi transmettra à ses alliés la proposition faite au nom du
pape à Cologne; elle ne pourra pas leur convenir.
Minute de la main do Chavigni. — Aff. étr. Hollande, XX,
pièce 93. — Mise au net , pièce 91.
Extrait des instructions données aux ambassadeurs extraor-
dinaires (t ministres plénipotentiaires du roi, pour la
pait.
Mise au net. -» Aff. étr. Allemagne, XIV, pièce 109.
Faire connaître que les difficultés opposées à ia conclusion de
la paix viennent des Espagnols.
Minute de la main de Cherré. — Aff. étr. Rome , t. LX.
Sur les passe-ports pour la paix. Sincérité des désirs de la
France pour la conclusion d'un traité.
Mise au net do la main de Clierré, devenue minute. — Aff.
étr. Espagne, XVIII, fol. 534.
M. le Nonce considérera, s'il lui plait, que la France a accordé
la liberté des courriers qui passent par Espap;ne et Flan-
dres, afin de faciliter la paix, tandis que l'empereur et
l'Espagne refusent les passe-ports pour y faire obstacle. .
Minute de la main de Charpentier. — Aff. étr. Rome,t.LX.
C,\nDI.\. DE niCIIELIRU.
129
1026
SOMMAIRES DES LETTRES
—
DATES
et
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIEUX DE DATES.
DES LETTRES.
ET SOURCES.
E
1037.
c) août.
Chantilly.
Le roi a M. de Char-
nacé.
Mémoire sur les difficultés qu'on apporte aux passe-ports que
le roi de Hongrie doit donner aux députés hollandais.
Orig Aff. plr. Hollande, XIX, foL 198. — Un duplicata
«Sgaleracnt signé «in roi, fol. ao4. La minute est mise au
19 aoiîl ( faRssc date écrite en lète, sans doute pour le clas-
sement). XX' vol. , pièce 109.
26 août.
Chantilly.
Idem.
Sentiments du roi sur les négociations pour la paix.
Orig. — Aff. ëlr. Hollande, XIX, a 13. — Matière de la main
du secrétaire de nuit, t. XX, pièce 106. Clierré a mis en
tête : ^ 10 aoust. a
3i août.
[ A. M. le cardinal de
La Valette.]
Diverses alFaîres.
Minute de la main de Cberré et de celle de Richelieu. — Aff.
élr. Pays-Bas , l. XII.
3 septembre.
A M" le nonce et am-
bassadeur de Venise.
«M. l'Électeur de Cologne a annoncé à M" les Estais que nous
avions les passeports, et que nous iesceliions. S. ^î. désire
que vous donniez avis à Sa Sainteté de cette marque de
mauvaise foi. ».
Minute de la main de Chcrré. — AIT. étr. Roae, t. LX.
5 septembre.
A M. le marcschal d'Es-
trées.
Intrigues des Espagnols à Cologne.
Mise au net AIT. étr. Rome , t. LX.
6 septembre.
A M. de Pnjol».
Conditions pour que la paix soit durable.
Mise au net de la main deCherré, devenue minute. — .AIT. étr.
Espagne, XVIII, 645.
I(km.
A M. de Ch,irnacé.
Diverses affaires.
Minute de la main de Chcrré. — hS. ctr. Hollande. XX,
pièce 1 i5.
28 septembre.
A M. de Savoie.
Bonnes dispositions de Richelieu pour la maison de Savoie.
Minute de la main de Chcrré. ■ — Aff. ctr. Turin, t. XXV,
fol. 35i.
3o septembre.
A M. d'iîstampes de Va-
lençay.
Comment il doit soutenir à La Haye les intérêts de la France.
Minute de la main de Cberré. — Aff. élr. Hollande, XX,
pièce 119.
6 octobre.
[A M. de Noyers?]
La victoire de Leucate.
Minute de la main de Cherré. — Aff. étr. Espagne , XVIII,
661.
1 0 octobre.
Pour le mareschal d'Es-
trées.
Boune intention et maladresse du général des Jacobins au
sujet de la paix.
Matière de la main du secrétaire de nuit. — Aff, ctr. Rome,
t. LX.
16 octobre.
A Versailles.
A l'ambassadeur d'An-
gleterre.
Louis XIII fait remercier le roi de la Grande-Bretagne de
n'avoir pas voulu se mêler du raccommodement de S. M.
avec la reine sa mère, «l'affaire estant particulière et do-
mestique.»
Minute delà main de Bullion. — Aff. étr. Angleterre, l. XLVl,
fol. 334.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 1027
DATES
et
SUSCRIPTION
A.NALYSES DES LETTRES
LIBU^ OC DATES.
DES LETTRES.
ET S0FRCE5.
1037.
'
. . . Octobre.
Dépescbe à M. le ma-
reschal De» Trez '.
Les succès des armes du roi ne l'empêcheront pas de faire
toutes les concessions pour la paix.
Mise au net de la main du secrétaire de uull. — Aflf. éir.
Rome, t. LX.
...Octobre.
A M. d'Estampes.
Savoir la véritable pensée du prince d'Orange sur la conclu-
sioa de la paix.
MÎDQte de la main du secrétaire de nuit et de celle de Cherré.
— Aff. élr. Hollande, t. XX, pièce ia5. —Mise au net
de la dépêche faite sar cette minute. Même ms, pièce 133.
. . .Octobre.
A M. le prince d'O-
range.
On lui demande pour M. d'Estampes la même confiance qu'il
accordait à M. de Charnacé.
Minute de la main du secrétaire de naît. — AIT. ctr. Hol-
lande, XX, pièce iiS.
3 norembre.
A M. de Pujols.
Négociations pour la paix.
Mise au net de la main de Cbcrré. — Aff, étr. Espagne,
XVIII, foL55a.
6 novembre ',
Au roi.
Diverses affaires.
à 4 heures
[du matin].
Minute de la main du secrétaire de nuit. — Aff. étr. France,
d'août en décembre i628, fol. 43 1.
1 2 novembre.
Saint-Germain-
en Lave.
A M. d'Avaux.
Mémoire de diverses affaires.
Mise au net. — Aff. ctr. Allemagne, XIV, pièce lao.
26 novembre.
A M. le prince d'O-
range.
cM. d'Aigueberre , envoyé ea Hollande, fera cognoistre à
V. A. comme S. M. secondera vos bons desseins... de
noslre costé on n'oubliera aucune chose pour contraindre
les ennemis de venir à une bonne paix.»
Mise an net do la main de Cberré. — Aff. cir. Hollande ,
XVIii, fol. 587.
[Vers ia fin
de novembre *. ]
Ruel.
Pour M. de Chavigni.
cLes quatre bagues que vous m'avés envoyées ne sont ny
belles ny propres pour fairt* présent, et le prix n'en est pas
raisonnable.. . Dites à M. de Bullion qu'il est à propos de
secourir Monsieur flans sa petite nécessité. — Je suis bien
aise que le traittc de M. de Vauseberg soit achevé. — Vous
pouvés dire a d'Estrades que le roy le veut envoier en
Hollande. , . — Faites que le présent qui luy est destiné
soit presl.»
Orig. — Aff. étr. France, t. VL (CollectioD verte. )
I^Ver»
le 7 décembre *.]
Instruction pour le s' de
VignoUes.
Il s'agissait de décider Madame à renvoyer le P. Monod.
Minute. — Aff. élr. Turin, t. XXV, fol. 58o.
' Ce titre est (i
' Cette date est
qoi, on a classé f
' La date inaoc
lettre a dû être éei
* PoarUdtle,
la main de RichelieD , qui
écrite aa dos par Cherrë î ce
aulivement la pièce à ladite a
ue, mais les pouvoirs de M
-ite un peu auparavant.
qne ne donne point le ms. v
écrit toujours ainsi le nom du maréchal.
sendantfle millésime i638 se trouvant i la marge, mis je ne sais par
nnéc
d'Estrades pour la Hollande lui furent envoyé» le a décembre. Cette
oy. la note i de la p. 1069 de notre V* vol-
lag.
1028
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIBDX DE DATES.
1037.
1 1 d<5cembre,
Sai nt- Germai n-
en-Laye.
a/i décembre.
2 h décembre.
Sainl-Germain-
en-Laye.
28 décembre.
Saint-Germain-
en-Laye.
Du dernier
décembre ^
. . Décembre.
Jdcj
SUSCRIPTION
DES LETTHES.
Le roi a\i duc de Rohan.
A M. le nonce.
Au marcschaî d'Estrées.
Mémoire pour M. d'A-
pou
A M. Mazarin.
Au cardinal Antoine
Barberini,
Au pape.
Mémoire jwur M.
Nonce.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
Au sujet de la demande que le duc de Rohan avait faite de
se rendre à Venise.
Original signé, devenu minute, le carJioal ayant écrit dcus
lignes après la signature. — Aff, étr, Venise, t. LU,
fol. i3o. — La date du i^ écrite en tête par Ghorré rit
sans doute celle du départ de la lettre refaitf^.
Nouvelle déclaration que ce n'est pas la faute du roi , mais
celle de TEspagne, si rassemblée de Cologne ne peut se
réunir.
Minute. — Aff. étr. Rome, t. LX.
«Le roy accepte bien volontiers la proposition du pape d'une
trêve et suspension générale de longue durée.»
Copie. — Aff. étr. Allemagne, XIV, pièce ia6.
Au sujet des pouvoirs des ambassadeurs des rois de Hongrie
et d'Espagne; et du traité à conclure.
Copie. — Aff. étr. Rome, t. LX. (Quelques phrases ont étc
arrangées poor les Mémoirca de Richelieu. )
Continuation des affaires traitées dans les précédentes dé-
pêches adressées à M. d'Avaui.
Mise au net. — Âff. ctr. Allcmaguc , XIV, pièce 131.
Au sujet du présent destiné au cardinal Antoine Barberîni.
Minute de ta main de Cherré. — Aff. étr. Roare, t. LX.
On lui envoie un présent de la part du roi.
MÎDDte de la main de Cherré. — Aff. étr. Rome,
LX»
«Très Saint-Père, je croirais manquer à mon dcbvoir, non
comme ministre du roy, mais comme très-humble sen-iteur
de V. S. si je ne luy représentoîs bien particulièrement
tout ce qui s'est passé au sujet de la nunciature do France
et de M. Mazarini, et les raisons qu'a S. M. de supplier
V. S- de le vouloir envoier nonce près d'elle.. . ■
Copie. — Aff. clr. Rome, t. LX. (Classée à la fia de l'année. }
Pour éviter toute difficulté on envoie à M le Nonce la copie
du passe-port que M" des Estais de Hollande désirent du
roi d'Espagne.. . Quant aux envoyés du landgrave de
Hesse et du duc de Wcimar, ils [pourroient estre quali-
fiés mandatos]. (Ces derniers mots t'crils par Richelieu.)
Minute de la main de Cherré. — Aff. étr. Alleroagno, XIV,
pièce i3Ô.
' La pièce n'est point datée. Au dos de la feuille ou lit : «dernier décembre, ■ mais cette annotation pourrait se rap-
porter à une autre lettre,
^ Comme pour la lettre à Mazarin , le ms. indique la date de décom|ji'e sans quantième et qui semble mise au hasard.
Dans le mois de mars de cette nnnéc 1637, le roi avait désigné le cardinal Antoine Barberini comme protecteur de
France à Rome. Cédant à l'opposition que firent les Espagnols à cette nomination, le roi ne laissa pas d'en envoyer le
brevet au cardinal Antoine pour exercer la charge lorsqu'il y serait autorisé par Sa Sainteté. (Afcm. de ïiicheliea ,
t. X, p. 67 et suiv. ) Serait-ce ù l'occasion de cette promotion qu'ua présent fut envoyé au cardinal AiUoine ?
^ ' La date manquant , on a classé la pièce à la fin do 1687.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT. 1029
DATES
LIECX DE DATES.
SLSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
ic janvier.
Saint- Germain-
en-Laye.
iH janvier.
29 janvier.
Vers la iîo
de janvier.
Commencement
âv février.
3 3 février.
Fin de féyrier. J
f Février ? ]
.1 mars.
A Chanlilly.
7 mars.
8 mars.
1 3 mars.
De Rucl.
Le roi a fambassadeur
de Venise.
A M. de Parme.
(A M. dePujols.]
Mémoire à M. d'Avaux.
Mémoiri^ envoyé au roi ,
pour parler au com(r
de Cumiane.
.\ M. le Prince.
Instruction pour
M. d'ÏIarcourl, lieu-
tenant générai du roî
en son armée navale
du Lcvanl.
A M. l'ambassadeur de
Venise.
MiMuoire a M. d'Es-
tampes.
Mémoire à M. d'Avaux
Note |M)ur ie roi.
A M. le Prince.
1638.
Au sujet des passe-ports pour Cologne.
Copie d'uD original, i'igné LoDÏs et coutre-siguc Boutliillicr.
— Aff. étr. Venise, LU , foL i3l. — Minute de l.i maÎD Je
Chavigni, avec quelques différences, fol. i3a.
Projet d'un accommodement proposé par les Espagnols.
Mise au net do la main de Cherrc. — Aff. élr. Parme , t. L
Réponse à ses lettres du 17 et i8 décembre (1637).
Mise au net de la tuaio de Cherré. — Aff. élr Espagne , XIX ,
foL 5.
Sur le renouvellement du traité avec la Suc le.
Mise au net. — Aff. élr. Allemagne, XIV, pièce laa.
Sur le renvoi du P. Monod par la duchesse de Savoie.
Copie de la main de Cherré. — Aff. étr. Tnrîn , XXVI ,
pièce 17".
Le roi désire que Mazarin soit envoyé en qualité de nonce à
Paris.
Original avec ciclicls. — Aff. étr. Rome, t. LXIII , fol. 70.
Expédition en Barbarie.
Miîw au net. — Aff. étr. Espagne, t. XIX , 197.
Diflicultés au sujet des passe-ports pour Cologne.
Minute de la main de Cherré. — ,Aff. étr. Venise, LU,
foL i36.
Avertir M. le prince d'Orange qu'il y a un homme à Bruxelles
(jui donne au cardinal des avis secrets.
Mise aa net. — Aff. étr. Hollande, XX , pièce i6i.
Finir l'aflàîre de la rectification du traité de Wismar.
Mise au Dft. — Aff. étr. Allemagne, t. XV, pièce 6.
Le roî avait écrit le 7 mars au cardinal, au sujet d'un paquot
à expédier en Espagne; fallaît-ilou non l'envoyer .'' Hiche-
lieu explique qu'on le peut envoyer sans inquiéter nos
alliez.
Mise an net do la maîn de Cherré. — Aff. étr. Espagne, XIX ,
fol. 96,
oj'ay prié M. de Noyers de vous aller trouver pour vous pro-
poser une affaire qui est extresmemcnt importante. Je vous
suplic d*y faire la considération que le service du rov et le
soulagement de nostrc gouvernement requièrent.»
Orig. — Arch. de Condé. Communication de Mf !« duc
tJ'Aamale.
10^0
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
IIEDX DE DATES.
SLSCUIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET 50CBCES.
1038.
1 9 mars.
De Rucl.
Idem,
•a 3 mars.
5 avril.
i avril.
Ruel.
là avril,
huel.
Vers !e i5 avril.
2 2 avril.
De Ruci.
A M. ïc Prince.
A M. d'Avaux.
A madame de Savoie.
[A M. d'Hëmery.]
Instruction
pour M. d'Estrades,
Mémoire envoyé au ma-
rcschal d'Estrées.
nUesponsc au mémoire
f>résenté au roy par
e s' Forbais,» en-
voyé du roi de Po-
logne.
A M. le Prince.
[A M. dePujols.
A M. ie Prince.
«Vous failcs estât d'aller en Bourgoigne avant de partir pour
la Guyenne; vous fert's un extrcsme plaisir au roy d'aller
tout de suite en Guyenne, où les affaires pressent de telle
sorte que vous ne sçauriés partir trop tosl. »
Orifç. — Arch. de Condc. CommunicatioQ Je M*'' le duc
d'Aumalc.
Négociations avec la Suède en Allemagne.
Mise au net. — AfT. ptr. Allemagne , XV, pièce la.
Félicitations sur Téloignement du P. Monod.
,^Jin^ltp do ia main du secrétaire de nuît. — Aff. étr. Turin ,
t. XXVI, pièce 39.
Ricliclîeu lui envoie copie de la lettre qu'il écrit à la duchesse
de Savoie.
Minute de la main de Clierré. ■
pièce Âo.
Aff. étr. Turin, XXVI,
Diverses affaires pour lesquelles le roi renvoie M. d'Estrades
en Hollande.
Minute i main du secrétaire de nuit. — Aff. étr. Hollande,
t. XX, pièce i65. — Une mise au net de la dépéclie faite
sur cette minute est cotée pièce 167.
La paix ou une trêve générale. — Sur l'envoi des députés
à la future assemblée de Cologne. — Affaires diverses.
Copie [une partie a été arrangée pour les Mémoires de Ri-
chelieu). — Aff. Mr. Rome, t. XLIII , fol. i)3. ~ Un se-
cond mémoire sur le même sujet , daté du ao avril , et écrit
comme l'autre de la main d'un commis des Affaires étran-
gères, est coté lij.
C'est toujours la question des passe-ports pour les députés
qui doivent être envoyés à l'assemblée de Cologne; cette
qilestion était devenue presque européenne.
Copie. — Aff. étr. Pologne, III, fol. 4^4. — Une seconde
copie, fol. 436.
«M. d'Esclaux, mon confesseur, s'en va en Guyenne pour ses
affaires particulières ; je l'ay chargé de vous asseurer de la
continuation de mon affection '.»
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M'' le duc
d'Âumale.
Sincérité de la France dans le désir de la paix.
Mise BU net de la main de Cherré ; quelques mots de Richelieu.
— Aff. étr. Espagne, l. XIX, fol. 70.
Le s' du Plessis Besançon, à qui le roi a donné un emploi
dans son armée de Guyenne , va vous trouver; «aiant beau
coup d'intelligence et d'affection, je ne doute point qu'il
ne serve à vostre contentement.»
Orig.— Arch. de Condé. Communication de M^'lc duc d'Aumale.
Il moui-ut le 7 octobre de la même année.
NON IMPRIMl^.ES DANS LE SUPPLÉMENT. 1031
LIEVX DK DATES.
SUSCRIPTION
DBS LBTTBES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
163S.
2 mai.
6 mai.
7 mai.
8 mai.
De Compiègne.
3 mai.
9 mai.
De Compiègne.
I o mai.
A Compiègne.
Idem.
i Vers !
ers fa mi-mai.
A M. de Brézé.
A M. de Chavigni.
A M. d'Avaux.
Instruction pour M. de
Cbavigui.
A AI. d'Estampes.
A M. le Priocc.
A M. de Cbavigni.
Idem*
«... Mon frère ... la principale tasche que l'on vous donne est
de vous opposer au passage de Picolomini... »
MÎDUlc 'Je la maio de Chcrré. — AIT. étr. Pays-Bas « t. XIIL
Sur rarrivée de Michel de Salamanca.
Minute de la mato de Chcrrc. — Aff. élr. Espagne, XIX ^
foL 09.
Satisfaction de Richelieu pour le traité passé avec les mi-
nistres de Suède. . . « Contentement que j*ay de cognoistre
de plus en plus l'adresse de vostre esprit , bieu nécessaire
en de telles rencontres.»
Miaule de la main de Chorrc. — ■ AIT. clr. Allemagne, t. XV.
Précautions à prendre dans l'entrevue avec Salamanca.
Minute de la main de Citoyt et de celle de Richelieu. — AIT.
étr. Espagne, XIX, fol. lOQ. — Une mise au net, di.^ la
main de Chcrré, cotée to4*
Marche des armées du roi.
Minute de la maio de Cherrê. — Aff. étr. Hollande, l. XX,
pièce 181.
Approbation de sa conduite.
Orig. — Arcl). do Condé. Communication de M>' le due
d'Aumale.
«Le roy a jugé qu*il peut y avoir des inconvénicns à voir Sala-
manca , mais beaucoup plus à ne le voir pas. n Disposer tout
de manière à tenir l'entrevue la plus secrète possible.
Original sans signature, de la main de Chorré. — Aff. élr.
Espagne, t. XIX, fol. 118. — Minuta do la maîn de De
Noyers, fol. iio.
• Aussytost avoir receu vostre billet, je l'ayfaict voir au roy,
qui , après avoir leu ce que vous a <Uct le pèlerin estran-
ger, a trouvé bon qu'il passast par icy et que je le visse
ainsy qu'il te désire. . . *
Minute de la maïn de De Noyers. — Aff. étr. Espagne, XIX,
fol. 111. — L'original de ia main de Cherréf signé du car-
dinal , fol. iiS.
Pour M. de Chavigny.
Pour M. l'Archcvesquc
de Bordeaux.
A M. d'Hémery.
Mémoire pour traiter avec Salamanca.
inutc de la maîa de Cîtoys et de (
moti de Richelieu. — Aff. élr. Espagne, t. XIX
Minute de la maîa de Cîtoys et de celle de Cherté ; quelques
■-■■■■ " ■ - "■■', fol. lia.
Instruction pour M. de Bordeaux qnî commandera l'armée
navale du Ponant.
Mise au net. Aff. étr. Espagne, t. XIX, 201.
Faire le procès à Monteil, «tirer les plus authentiques dépo-
sitions contre les conjurés. . . »
Minute de la main de Cliavigni. — Aff. étr. Turin , t. XXVI ,
pièce 78.
1032
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DB DATES.
SUSCKIPTION
DES L6TTBES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1058.
16 mai.
De Compiègne.
1 6 mai.
20 mai.
Compiègne.
Idem*
Idem.
h juin.
7J"
Idem-
Idem.
Au mareschal de Brézé.
A M. d'Estampes.
Mémoire au s' du Hous-
say, conseiller du roy,
son ambassadeur à
Venise.
Mémoire a M. le car-
dinal de La Valette et
au s' d'Hëmery.
Mémoire au s' de la
Thuillcrie, ambassa-
deur du roy à Mail
toue; et au s' de La
Tour, mareschal de
camp es armées de
S. M. estant aussy de
la part de S. M. au
dit lieu.
[AM. deCbâtillon?]
A M. d'Auxerre.
Au général des galères.
A M. le comte d'Alletz ,
gouverneur de Pro
uMoQ frère... je désire plus que je ne sçaurois vous le re-
présenter que vous faciès cette année quelque chose qui
esgale ce que fit M. de Chastillon l'an passé... »
Minute de la main de Clierré. — Aff. clr. Pays-Bas * t. XIII
(□on cote).
Le nonce qui est en France, «imbu des intentions des Es-
pagnols , » a proposé de nouveau la suspension et la trêve. . .
tentative pour séparer le roi des Hollandais et de ses alliés. . .
Miiinte de la main de Cherrc. — AiT. f^lr. Hollande, t. XX,
pièce 183. Mise an net de la maia d'un commis des Aff.
étr. avec la date du 18 à Corapiègnc.
11 serait bon que la ré|iubllque renforçât les troupes qu'elle a
dans l'État de Mantoue.
Mise au net de la main d'un commis de Cbavigoi. — AIT. clr.
Venise, LU, fol. iSy. — Imprimée: Mém. de Hicheiiea ,
X , p. 37g et suiv.
Ne pas encore publier la trahison de la duchesse de Mantoue.
Mise au net. — Aff. étr. Tunn , XXVI, pièce igS (mal cU»-
icc au la août).
Conduite à tenir à l'égard de la duchesse de Mantoue en ce
qui concerne le complot de Casai.
Mise au net, — Aff. étr. Mantono, t. V, pièce 167. La pièce
a été arrangée pour les Mém. de Hicheîiea . t VIII , p. 737
du ms. t. X de l'éd. Petitot.
«J'envoie ce gentilhomme pour sçavoir l'estat de vostre ar-
mée. . . »
Minute de la main de Cherré. — Aff. étr. Pays-Bai , t. XIII.
«C'est beaucoup estimer vostre personne que de vous croire
capable d'estre en une mesme quaUlé, en une armée, où
j'ay pris plaisir à Corbie d'estre, c'est-à-dire c liasse-avant.
Pour mériter ce tiltre. . . il fault faire faire en un jour,
par sa diligence, ce qui d'ordinaire ne se faict qu'en deux
ou trois. Au nom de Dieu , hâtés les travaux , quoy (|u'ils
puissent couster. . . pressés le s' de Chaslillon d'avancer
son attaque. . . »
Minute de la main de Citoys. — Aff. étr. Pays-Bas, t. XIH
Richelieu se plaint de la conduite de son neveu; il l'avertit
qu'il faut que l'avenir rachète le passé.
Minute de la main de Cherré. — Aff. étr. Pays-Bas , t. XIII.
. . . Quoique l'armée navale des ennemis ne soit pas très-
puissante, Richelieu recommande au comte d'Afietz de
mettre un tel ordre dans son gouvernement qu'il ne puisse
pas être surpris par un débarquement.
Minute de la main de Cberré. — Aff. étr. Pays-Bas, t. XIII.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 1033
DATES
LIEUX DB DATES.
SUSCRlPTlOlV
CBS LETTRES.
1638.
9 jui».
] 3 juin.
Iden
»7 J"
3 1 juin.
[ai juin.]
a a juin.
25 juin.
Saint- Germain-
en-Laye.
. . . Juin,
Saint-Germain-
en -Lave.
i" juillet.
Au mareschal de Brézé.
Au mareschal de Cha»-
tillon.
A M. de La Force.
Idem,
A M. du Hdlier.
Idem.
A M. d'Auxcrre.
A M. d'Estampes.
Mémoire au s' rlc la
Thuillerie.
A Messieurs les consulz
et conseillers de la
ville de Strasbourg,
[A M. de Brézé.]
AN,\LYSES DES LETTRES
F,T SOVRCES,
Sur Tétat de son armée.
Minute de la main de Citoys et de celle do Cbcrrc, — Aff.
étr. Pays-Bas, t. XIII.
Le secours qui est entré dans Saint-Omer ne doit pas décou-
rager du siège. . . Le roi désire avec telle passion la prise
de cette ville, qu'il se rendra luï-mérae à l'armée si sa
présence est nécessaire. . . «On ne sçauroit manquer cette
entreprise sans perdre les affaires da roy; il y va plus du
vostre qu'on ne sçauroit vous le représenter, m
Minute de la main de Cherré. — ÂfT. cir. Pays-Bas, t. Xili.
En lui rappelant «l'accident arrivé à M. de Chastillon,» Ri-
chelieu l'encourage et lui fait espérer Tassistance du roi
en personne.
Minute de la main de Cherrc. — kÏÏ. étr. Pays-Bas, t. XIII,
au verso du foutllet où est la lettre précédente.
Félicitations de son activité, «et de ce qu'à 8o ans vous aies
la mesme verdeur et les résolutions aussi généreuses que si
vous n'en aviés que quarante. . . »
Minute do la main de Cherré et de celle de RichcHcu. — AIT.
élr. Pays-Bas, t. XIH.
Eloge de la diligence et du soin qu'il apporte dans le service
du roi. — S. M. est très-salis faite de tous ceux qui la ser-
vent, mais i! lui reste à dtsirer un peu plus de promptitude
dans les exécutions.
Minute de la main de Cherré. — Aff. étr. Pays-Bas , t. XIII.
Plainte des lenteurs de M. de Cliastillon.
Minnle de la main de Cherré. — ÂfT. étr. Pays-Bas , t. XIII .
Même sujet.
Minute de la main de Cherré.
Aff. étr. Pays-Bas, t. XIII.
Malgré tous les artifices des Espagnols, «ny paix ny trêve ne
se fera que conjoinctemenl avec les confédérés. . . »
Miuute do la main de Cherré. — Aff. étr. HoIIiude , t. XX,
j)ièce i86.
Mauvaises intentions de la duchesse de Mantoue.
Mise an net. — ~ Aff. étr. Mantouo, t. V, pièce 178.
■ Messieurs, la lettre que le s' de Lisle m*a rendue de vostre
S art est sy pleine oe courtoisie et d*affection en mon en-
roit, que je ne puis le laisser retourner en vos quartiers
sans vous tesmoigncr par celle-ci le ressentiment que j'en
ay . . B
Orig. — ; Arch. de la ville de Strasbourg. — Imprimée : Do-
cumeatt historùjatê . ., publiés par M. de Xintiingcr, maire
de celte ville.
Richelieu le félicite de sa résolution d'entreprendre quelque
chose d'important.
Mîautede la maio de Cherré. — Aff. étr. Pays-Bas, t. XIII.
CARDIN. DE RICHELIEU. VII.
i3o
1034
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
LIB0X DE DATES..
1638.
7 juillet.
1 (x juillet.
Idem,
\lx juillet.
Sainl-Germaiu-
en-Laye.
1 6 juillet.
Saint-Germain-
en-Lave.
17 juillet.
k août.
Abbe\ille.
7 août
Abbeville.
8 août.
Abbeville.
' La snacription
lettre.
SUSCRIPTION
DF.S LETTRES.
A M. le Prince.
A M. le dac de Weimar.
Le roi aux mariîcliaux
de Chastillon
et de La Force.
Mémoire au
Thuillerie.
de la
A M, de Brézti.
A ^^ d'Estampes,
Le roi au s' d'Avaux.
Aux marescbaux de
Chastillon et de La
Force.
ANALYSES DES LETTBES
ET S0UBCE5.
Compliments sur Theureux commencement de sa campagne :
«J espère de vostre prudence, de vos soins et de vostre
diligence, que la fin y correspondra... Tout va bien,
grâces a Dieu.»
Orig. — Arch. de Condé. CommQ ni cation de M^"^ ]e duc
d'Anmale.
L*cnvoy de M. de Turenne vers V. A. luy fera voir le soin
qu'on a de fortifier vostre armée. . .
Minute de la main de Chcrré. — Afl", étr. Saxo , II , pièce 38.
oj'ay sceu que maintenant que la peste est à Lyon vous av6s
quelque pensée d'assister vous mesmeles malades. . . Vostre
complexion estant foible comme elle est , vous forés beau-
coup plus de les faire assister par des personnes que vous
deslinerés à cette fin,. . Dieu verra vostre intention, et
les malades l'etTet de vostre charité plus efficacement em-
ployé pour eux. . . »
Minute de la main de Cherré. ~ Âff. étr. Saxe , II , fol. 38 v^.
Mes cousins, les nouvelles que m'a apportées Pagan m'ont bien
surpris , je ne devois pas m'y attendre. ( La levée du si'^ge de
S*-Omer.)
Copie. —Aff. clr. Pays-Ba», t. XIII.
S. M. se tient extrêmement offensée du procédé de la du-
chesse de Mautoue par rapport à Casai. . . Si elle ne change
pas de conduite, l'ambassadeur quittera Mantoue et s'en
ira à Venise.
Mise au net. — Aff. éir. Mantoue, V, pièce i85.
Au sujet du commandement qui lui est confié.
Minute de la maiu de Citoys. — Aff, étr. Pay*-Ba», t. XIJL
Incidents de la campagne en ce qui concerne la France et la
Hollande.
Brouillcn de la main de Chavignï. — Aff. éir. HoIIaDdc,
t. XX. f pièce 193. Mise au net avec une addition de la main
de Ctierrc , pièce ig3. Autre mise au net, au dos de laquelle
on Ht : (Copie de l'instructiou baillce à M. d'Estampes,
allant en Hollande.*
Concernant la future réunion des plénipotentiaires à Cologne»
et les passe-ports.
Orig. — Aff. étr. Allemagne, t. XV, pièce 37.
Le roi demande leur avis sur la manière de réparer IVchec
de S*-Omer.
Mise au net de Id main de Cherré , devenue mioate avec quel-
ques mots de la main de Hiclielieu. — Aff. étr, Pays-Bas,
t. XIII.
manque; nous pensons que c'est 1 son frère, t'arcbevcqne de Lyon, que Richelieu écrivait cette
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 1035
DVTES
et
LIEUX £B DATES.
SUSCIUPTIO.N
DSS LETTRES.
1038.
[8 août'.]
8 août.
Abbe ville.
(j août.
\ 1 août.
12 août.
13 août.
Abbeville.
i3 août.
18 août.
il août.,
A M. de Brezé.
Mémoire au s' d'Es-
tampes.
Au maréclial de Chas-
tillon.
A M. d'Hémery.
A madame la princesse
d'Orange.
A M. de la Tbuillerie.
A M. de Brëzé.
A Pujols.
A M. le chancelier.
Au roi.
ANALYSES DES LETTKES
ET SOURCES.
Richelieu envoie savoir des nouvelles de son beau-frère sur
lequel on a fait de mauvais rapports au roi.
Mise au net de la maîo de Cherré , di's corrections e'crîtcs par
Kichcliru en ont fait une minute. — Afi". étr. Pays-Bas ,
t. XIII.
11 faut absolument conserver l'alliance de Madame la land-
grave de Hessc. Sacrifices qu'on est disposé à faire pour
gagner le s' Milandre.
Mise au net. — Aff. élr. Hollande, l, XX, piccR igi.
« Mémoire important et secret envoyé de la part du roy au
marcschal de Cbastillon.» C'est le titre de cette pièce où
Ton examine ce qu'il convient d'entreprendii*e après la levée
du siège de S'-Omer.
Copie Bibl. nat. Cioq-Cents Golbert, t. CXVIII, fol. i^i.
Inquiétudes que donne le caractère peu solide de la duchesse
de Sas oie.
Minute do la main de Chcrrc.
pièce 189.
Aff. étr. Turin , XXVI ,
Présent de boucles d'oreille que lui envoie le roi.
Minute de la main de Cbavigni. — Aff. élr. Hollande , t. XX ,
pièce igô. Imprimée : Archives de la maiion de Nasiaa,-p&T
M. G. Grocn van Prinstercr, III, 135 (3° série).
Considérations sur la conduite à tenir avec la duchesse de
Mantoue.
Mise au net. — Aff. étr. Mautoae, t. V, pièce 193.
Richelieu se plaint des mauvaises humeurs de son beau-frère.
Minute de la main de Cherré. — Aff. ctr. Pays-Bas, t. XIII.
Imprimée : Aubery, Mém. V, 609. Hecucil de 1696, II, 113.
Le P. Griffel , Ht,t. de UaU XIII.
La France n'abandonne point ses alliés.. .
Mise au net de la main de Cherré. — Aff. étr. Espagne, XIX,
fol. 17a.
Supprimer, si elle mérite d'être supprimée, la réponse qu'uij
théologal de Lyon a faite à un hvre dont le titre n'est pas
indiqué dans cette lettre.
Minute de la raoin de Citoys, — Aff. étr. France , 1 638 , d'août
en décembre, fol. 64.
Espérance de la prise de Fontarabie et de la naissance d'un
dauphin. (Le dauphin naquît quelques jours après, mais
on ne prit pas Fontarabie.)
Orig. saas signature de la main de Cherré. — Aff. étr. France,
i638, d'août en septembre, fol. 101.
' Crtte pièce , non datée , eat placée dans le ms. au 8 août ; nous croyous cette date vraie.
i3o.
1036
SOMMAIRES DES LETTRES
LIEUX DE DATES-
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1638.
26 août.
3o août.
1" septembre-
De Ham.
k septembre,
(Classée fautive-
ment eu 1637.)
8 septembre.
Idem.
1 2 septembre.
Avant
le 1 3 septembre.
1 3 septembre,
Saint-Germain-
en-Laye.
ik septembre.
Sainl-Quentin.
21 septembre.
Au duc Bernard de
Weimar.
A Picolomini.
A M. le Prince.
Le roi au maréchal de
GhastilloD.
[Au cardinal infant.]
A M. d'Estampes.
A Pujols.
Mémoire aux s" de la
Thuillerie et de la
Tour.
A M" les surintendants.
[ Au cardinal infant.
«Je ne sçaurois assés tesmoigner à V. A, la joye extrême que
j'ay de la nouvelle victoire qu'il a pieu à Dieu luy donner
sur les ennemis ... {La prise de Brissac). »
Minute de la main de Cherra. — Aff. ctr. Saxo, II , pièc? 4a,
Échange de prisonniers. Plaintes d'excès commis à l'égard
de quelques-uns.
Minute de la main de Cherré. — AflP, ctr. Pays-Bas, t. XIII.
Grand espoir de la prise de Fontarabie.
Orig. — Arcb. de Condé. Communicaliou de M^'' le duc
d'Âumale.
Le roi lui commande de se retirer en sa maison de Chastillon.
Mise au net de la main de Cherré. — Aff. ctr. Pays-Bas,
t. XIII.
Touchant an arrangement à faire pour le traitement des pri-
sonniers de guerre.
Mise au net de la maiu de Cherrë. — Aff. étr. Pays-Bas,
t. XIII.
Sur le bruit que la reine mère doit passer en Angleterre.
Mise au net. — Aff. étr. Hollande , I. XX , pièce aoo.
On lui envoie copie de la lettre qui lui avait été adressée le
i5 août {ci-dessus, p. io36).On ajoute que les événements
plus récents laissent les deux nations dans une position ré-
ciproque à peu près pareille.
Copie. — Aff. ctr, Espagne, t. XIX, fol. 174.
Raisons pour lesquelles il faut faire juger Monliglio. . .
Mise au net. — Aff. étr. Mantone, t. V, pièce 199. Dans les
Afem. de Hickelieu , X , p. 394-
Considérations qui empêchent le roi de donner la vie à Monteil.
Mile an nel. — AO. étr, Manlone, V, pièce 200.
Pair
ire promptement payer ce qui est dû pour les travaux des
fortifications de la frontière de Picardie.
Mise au net de la main dp Cherré. — Aff. étr. France , 1 638 ,
d'août eu décembre, fol. 3i5. Une autre mise au net, aussi
de la main de Cherré, datée de septembre sans quantième,
a été cliissée au hasarda la £n du mois de septembre 1637.
Exigences du card. infant au sujet de l'arrangement proposé
pour les prisonniers de guerre.
Minute de la main de Cherré. — Aff. étr. Pays-Ras, XIII.
' La suscription manque ; la lettre va sans doute aux mêmes personnages que le mémoire suivant.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 103:
DATES
cl
UBirX DK DITES.
SCSCRIPTION
OBS LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1638.
2 1 septembre.
Idem.
Idem.
a 3 srplembre.
De Magny.
3& septembre.
A Cbantôlty.
3 octobre.
5 octobre.
Paris.
8 octobre.
Rael.
lobre.
9 oci
10 octobre.
1 5 oclobrc.
A M. de Picolomini.
A M. d'Hémery.
A M. Baotru.
A M. deChavigny, secré-
taire d'cstat, ùCban-
liUy.
Mémoire au s' de la
. Thuillerie.
[M" Leiccster et Scu-
damorc. ]
A M. le Prince.
Idem.
Au marescbald'Estrécs,
A M. d'Estampes.
A la dacliessc de Sa-
voie.
Sur la fixation de la rançon de M. d'Aiguebère, prisonnier de
guerre.
Mise au net de la main de Cherré. — Aff. c'ir. Tays-Bus,
xni.
Conduite à tenir avec Madame.
Minute de la main de Cherré.
pièce a3i.
Aff. etr. Turin, t. XXVI,
Conseil à donner à M°" la duchesse de Savoie.
Minute de la main do Cherré. — Aff. étr. Turio , XXVI,
pièce a33.
Nouvelle difficulté concernant les passe-ports pour Cologne,
Orig. sans lignatnre , d« la main de Cherra. — Aff. ctr. Venise ,
LU, i6o.
Nouveau grief contre la duchesse de Mantoue.
Mise iQ n<'t — Aff. ^tr. Mantoue, V, 107.
«Responsc à l'escrit que Messieurs les ambassadeurs d'Angle-
terre ont donné au roy.»
Mise au net. — Aff. étr. Angleterre, t. XLVK, fol. aaS.
Le roi veut faire vérifier les faits mis en avant par M. le prince
dans iaQairc de Fontarabie, (Voy. notre VI' volume,
p. 2 17.)
Orig. — Arcli. do Gondc. Comomnication de M'' le duc d'Au-
inale.
Richelieu lui recommande de se rendre aux Etats de Hre-
tagiic au temps prescrit et de faire que le roi ait conten-
t'îment. Les affaires empêchent Richelieu de s'y trouver K
Orig. — Arch. de Coodé. Communication de M'"" le duc d'Au-
male.
Touchant la demande du cardinalat [wur le P. Joseph cl pour
Mazarin.
Minute de la main de Cbavigni. — Aff. étr. Rome, LXIV.
fol. i6. — Une copie, avec addition de trois paragraphes,
fol. 48.
Faire sentir au prince d'Orange les inconvénients pour lui
du séjour de la reine mère en Hollande. — Négociations
dudit ambassadeur avec Milandre et la landgrave de
Hessc.
Mise au net. — Aff. ctr. Hollande, t. XX, pièce 31 3.
Condoléance sur la mort de son fils.
Minute de la maio de Charpcnlicr. — Aff- étr. Turin , t. XXVI,
pièce 355.
' HappoloD» que le cardinal avait le gouverocment de la Bretagne. — Cette lettre de Richelieu nous apprend quelle
accompagnait une lettre du roi i M. le Princp. La dépéclie du roi était certainement dictée par Richelieu , mais nous
ne l'avons pat.
1038
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX SB DATES.
SUSCniPTION
DES LETTnES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUUCES.
163S.
1 6 octobre.
i G octobre.
De Uuel.
1 8 octobre.
2 3 octobre.
A Saint-Germain.
26 octobre.
Idem,
Vers
pe commencement
de novembre.
0 novembre.
A M. d'H(imery.
A M. le Prince.
Rcsponse donnée
M. Kunyl.
Au mareschal d*£strées.
Mémoire pourescrire au
mareschal d'Estrées.
A M. d'Hémery,
A la duchesse de Sa
voie.
A M. l'archevêque de
Rouen.
Rendre Madame docile aux conseils de Richelieu , dans celte
circonstance critique.
Minute de la maîa de Charpentier. — Aff. étr. Turin,
t. XXVI , pièce a56.
Richelieu lui recommandeMM.de La Maurinière et de Cas-
telnau, son fils.
Orig. — Arcb. de Condé. CommuDicatioa de M^' le duc d'Au-
maie.
Marie de Mcdicis ayant chargé de son message cet ambassa-
deur de Hollande , c'est à lui qu'on explique les raisons qu'a
le roi de ne pas laisser revenir en France la reine sa mère '.
Minute de la main de Ch^rré. — Aff. étr. Holl.inde , t. XX,
pièce 316. — Copie. Bibl. nat. Cinq-Ceuls Colbert , II. —
Dupuy, 5^9, fol. 309t copie datée fautivement: i3 no-
vembre.
Prier le pape de ne point donner de bulle «à des évesques
qui ne résident pas et ne mènent pas une vie conforme a
la dignité de leur estai. » — u Le roy attend tousjours i'envoy
de Mazarin en cette cour.»
Mise au net. — Aff. étr. Rome, l. LXIV. fol. 8g.
It s'agissait de demander au pape la préconisation aux sièges
vacants; et cette matière de lettre était donnée à Chavigni
et à de Noyers par Richelieu.
De la roaio de de Noyers et de celle du cardinal. — Aff. étr.
Turin, t. XXVi , pièce a68.
Sur les dispositions présentes de la duchesse do Savoie; ce
qu'il faut faire pour en profiter.
Minute de la maio de de Noyers et de celle de Cberré. —
Aff. étr. Turin, t. XXVI, pièce 370.
On lui envoie M. de Paluau pour ia décider à éloigner le
P. Monod.
Mise au net de la main de Clierré.
pièce 36Ô.
Aff. clr. Turin, XXVI,
U s'agit de la querelle entre le clergé régulier et le clei^é
séculier. En attendant que l'affaire soit régl(*e, Richelieu
autorise l'archevêque à continuer, quand bon lui semJjlera ,
ses visites dans les monastères. Le cardinal recommande
la conciliation : « Pardonnez, pour l'amour de moy, » dit il...
Minute de la main de Clierrc. — Aff. étr. France, d'août
en décembre, fol. iaS. — Imprimée dans le Merearc de
Gaillonf avec la fausse date de 1639.
^ Richelieu envoya à notre ambassadeur à la Haye certaines explications, mais il avait d'abord décidé qu'on ne ré-
pondrait point aux Etats; il fait ici une réponse indirecte, puisqu'il écrit à leur ambassadeur, et l'on voit qu'il la
Irur fil attendre. Rappelons, ù celte occasion , notre VI' volume, p. 187, et, ci-dessus, les p. 791 et 793.
NON TMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 1039
¥
DATES
et
LÏKCX VB DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
1638.
3 notembrc.
Ani religieux de l'ab-
Laye de >SaintVan-
driUes.
«Mes frères, sans entrer dans la décision de vostre difl'érend
auquel je ne touche point, j'estime...» et le cardinal répèle
à peu près en mêmes termes ce qu'il vient d'écrire à l'ar-
cbevéquc sur le provisoire qu'il a autori' é ; il fait aux moines
la même recommandation de concorde et de paix.
De la maiu de Ciierré. — AIT. ctr. France, d'août en décembre,
fol. 421. — Imprimée daus le Mercur; de Gaitlon.
3 novembre.
De Ruel.
A M. le Prince.
Au sujet de son dé.>ir de venir à la cour.
On'g. — Arch. de Condé, Communication de M«' le duc d'Au-
male.
1 0 novembre.
a Copie de la lettre que M" de Bretagne doivent escrire à
S. Em. pour faire lever l'interdit par M. du Rennes '.» —
La letfre de Richelieu à l'cvéque de Rennes, donnée t. VI ,
p. 237, suflità l'intelligence de l'affaire; notons seulement
cette phrase ; «Nous ferons absolument ce que V. Em. nous
fera cognoisfre avoir agréable en ce sujet.»
Minute de la main de Ghcrré. — Aff. clr. France, d'août
en décembre, fol. 485.
i3 novembre.
Mémoire à M. de la
Tbuillerie.
Si la princesse de Mantoue ne se montre pas plus docile, le
roi rappellera les s" de La Tour et de La Tbuillerie.- —
Sur un projet d'échange du Modenois contre la Sardaigne.
Mise an net. — Aff. étr. Mantoue, V, pièce ai 3.
3o novembre.
A Rncl.
A M. Boulhillier.
Mécontentement de Richelieu contre le général des Galères.
Orig. sans aignature de la main de Cberrc. — Aff. étr. France ,
d'août en décembre, fol. 477.
5 décembre.
De Ruel.
Pour M. Boulbillier,
surintendant des fi-
nances, à Paris.
Ne point faire une entrée à madame de Puylaurens', arrivant
a Tours.
Orig. de la main de Cbarpentier. — Arch. de la famille Bcn-
tbillier.
6 Jifcembre.
Le roi au cardinal de
La Valette.
Secourir Madame contre l'entreprise du cardinal de Savoie.
Mesures â prendre.
Orig. contre-ligne Boi)lhillier. — AIT. élr. Turin, XXVI,
pièce 3oS.
li décembre.
A PujoU.
Nous avons fait ce que nous avons pu pour arriver à une paix'
durable, c'est au comte d'Olivarez â faire quelque chose
de son côté.
Mise au net de la main de Cherré. — Aff. étr. Espagne,
t. XIX, fol. 383.
27 déci-mbre.
Saiiit-Germaio-
en-Laye.
Mémoire au s' du Hous-
say, conseiller du roy
en son conseil d'Ëstat
et son ambassadeur a
Venise.
Réponse aux instances faites par la république pour obtenir
la liberté du prince Casimir.
Minute. — Aff. élr. Venise, t. LU, fol. 166. Mise au net,
fol. 172. Deux paragroplie» ont été ajoutés i cotte mise au
net, .et l'on a substitué le nom do Du Hcussay à celui du
a' Malier, qu'on avait mis dans la minute.
' Cette «Qiiotst
que ie parlemml
' On a vu qae
OD , mite an «loi de la pièce ,
[le -fireta^e lui écrivît,
cette dame, veuve du duc de
dit clairement que c'est Richelieu lui-même qui a dicté co qu'il voulait
Puylaurcns, était née de Pontchasteau : c'était une nièce de Richelieu.
1040
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUS DB DATES.
1638.
. . Décembre.
6 janvier.
Villeroy.
Ce mardi
1 1 janvier.
De Paris.
29 janvier.
i5 février.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
Instruction du s* de
L'IsIe, Tun des ordi-
naires de la maison
du roy, s*en allant
trouver M. ie duc de
Weymar.
[AM. BouthiUier?]
Cbavigni à Pujols.
Idem.
i8 mars.
Idem.
2 II mars.
De Ruel.
A M. le Prince.
36 mars.
De Ruel.
Idem.
[ Mars ou avril. ]
Instruction pour le siège
de Perpignan et autres
places du Roussillon.
Idem.
A M. le marquis d'Al-
luye.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOCRCES.
Satisfaction de ce que Messieurs les Estais «se portent à
donner contentement au roy.»
Minute de la maîn de Chfcrré. — Aff. élr. France, d'août eu
décembre.
1639.
M. de l'ïsle porte les félicitations du roi pour la prise de
Grisacb.
Copie. — Arcli. des Afi". étr. Saxe, IL La pièce n'est point
cotée, mais elle suit, dans le ms., l'instruction donnée le
même jour i M. de Guébrîant, «t dont M. de l'ïsle était
porteur, laquelle est cotéo 70.
«Les afîaires commencent à nous accabler.» Et Richelieu en
énumère succinctement quelques-unes.
Minute do la maiu de Charpentier. — Cabinet de M*' le duc
d'Ânmale.
Sur un mode de correspondance secrète.
Minute. — Aff. étr. Espagne, XIX, fol. 388.
Il n'y a pas Heu d'espérer une conclusion de la part du comte-
duc.
Minute. — Aff. étr. Espagne, t. XIX, pièce Sga.
Situation changée entre la France et l'Espagne.
Minute. — Aff, étr. Espagne, t. XIX, fol. Â06.
Le cardinal le supplie de se rendre en toute hâte à Bordeaux.
Orîg. — Arch. de Condc. Commanication de M*'' le duc
d'Aon^^lc.
Nouvelle exhortation à arriver promptement à Bordeaux.
Orig. — Arch, de Condé. Communication de Mt' le doc d'Au-
male.
Détail des opérations.
Copie. — Bibl. nat. Cinq-Centi Colbert , XLV, 79. — Copie
S*-Germain-Harlay,CCGXLVI, t.I, fol. 83. «D'après un ori-
ginal, de la main de Cherré.a (Note des deux mss.)
Mémoire instructif offrant une combinaison des opératiou^
de M. d'AlIuye en Guyenne avec celles de M. le Prince.
Copie. — Bibl. nat. Cinq-Cents Colbert, XLV, foL 80 v".
■ Sur une copie originale do la main de chirurgien du cardi-
nal de Richelieu. » — Copie S*-Germftin-Harlay CCCXLVI,
t. I, fol. 83 V».
' Le nom écrit au dos se trouve déchiré, mais le texte de la lettre montre qu'elle s'adresse à un personnage qui
était à l'assemblée du parlement de Bretagne ; c'est sans doute le prince de Condé , que Richelieu avait chargé d'y sou-
tenir les intérêts de la couronne (lettre du 8 octobre).
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 1041
DATES
LlItJX DE DATBS.
SUSCRIPTION
DBS tETTRBS.
ANALYSES DES LETTllES
ET SOCRCBS.
1639.
7 avril.
De RupI.
i5 avTÎ}.
l)e Paris.
Idem.
3o avril.
i" mai.
5 juin.
D'Abbe ville.
(i Jain.
D'Abbeville.
8 juin.
D*Abbeville.
I (j juin.
. . .Juin.
8 juillet.
A M. le Prince.
Idem.
Idem.
Au duc de Weiniar.
Le roi à M. de Feu-
quièrcs.
A M. de la Meilleray.
A M. le Priiice.
idem.
Mémoire au »' Nk'liiind,
consi*îIlcr du roy en
son conseil d'Eslat,
son ambassadeur en
Suisse.
A M. de Roqucpine.
CtnDIN DE BICHKUEU. — VII.
... Je vous conjure de recommander aux ofEciers du régi-
ment de Conti d'avoir un soin si particulier de rendre leurs
compagnies en Testât qu'elles doivent eslre, que ce régi-
ment soit digne du nom cpi'il porte. . . — J'ay eu nou-
velles de Guyenne; tous les préparatifs qui s'y font pour
la campagne y vont à souhait. . .
Orig. — Arch. de Condé. Coinmonicalion de M^^^ le dtic
d'Anmate.
Richelieu lui demande la même grâce que l'année dernière
pour M. d'£sclauxt nommé à Tévêché d'Acqs, et pour ses
proches. (Ci-dessus^ li avril i638.)
Orig. — Arch. de Coodé. CoaimuaicatioD de M'*^ le duc
à Aumale.
Richchcu le presse d'aller en Guyenne.
Orig. — Areh. de Condé. Commun icalion de Ms' le duc
d'Aumale.
Bons présages des succès du duc pour celte campagne.
Minute de la main de Clierré. — AfF. élr. Sa\e, t. II,
pièoe 82.
S. M. le laisse libre d*enlreprendre tout ce qu'il jugera à
propos.
Mise au net. — Aff. étr. Lorraiue , XXXI , pièce 3 1 .
Satisfaction du roi et du cardinal pour sa comluite; mais it y
a excès de zèle et de fatigues . . .
Copie. — BibI, de l'AraeDâl. Hut, de Franct , lu-à^, 1&6,
p. i34.
Exhortations à ne rien négliger pour obtenir de bous succès.
Orig. — Arch, de Coudé. Conimunîcatîoii de M'' le duc
d'Aumale.
Tenir la main à ce que !<• coadjulcur de l'évéclié de Mnntauban
ne soit pas empêché de faire dans ce diocèse les fonctions
épiscopates.
Orig. — Arcli, de Coudé. Communication de M^*^ le duc
d'Aumale.
I,e roi ne veut pas, en ce moment, s'engager dans l'aiTaire
des Grisons, à laquelle les conjonctures sont maintenant
favorables.
Mise au net. — Aff. étr. Suisse, t. XXVIII.
«Ce qiie dira le roy, s'il luy plaist , au nonce sur la protection ,
rauaire Saïnt-Anlhoinc et autres points.»
Mise an net. — Aff. ctr. Rome, t. LXVI.
Grande surveillance lui est recommandée dans son gQuverne-
ment de la plare de Metz.
Mise au net de la main dp CKerre. — Aff. ctr. Lorraine,
t. XXXI , pi^ce 85.
l3l
I
1042
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
cl
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIEDX DE DATES.
DBS LETTRES.
ET SODncES.
1039.
•
29 juillet.
A M. d'Erlach.
Regrets du roi et du cardinal au sujet delà mort du duc de
Weimar.
Mimitc (le la main de CIiTié. — Aff. élr. Allemagne, XV,
pièce 193. .
[29 juillet?]
A M" les colonels du
duc de Weimar.
Même sujet. A uire lettre du roi, le cardinal joint la sienne.
Minute de la oiain de Clierré. — AIT. élr. Allemagne, t. XV,
pièce non colcc , classée entre 198 et i^h.
3o juillet.
A M. Picolomini.
Sur un échange de prisonniers de guerre.
Copie. — Bibl. nat. Saint-Germain-Harlay CCCXLVI , t. II,
fol. 334. — Copie, Cinq-Cents Colbert , XLV, fol. aaC.
3o juillet,
A madame la Princesse.
Félicitations sur la prise de Salces.
Doncliery.
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M«' le duc
d'Aumale.
5 aousl.
A M. le Prince.
Compliments pour le même succès.
Oriff. — Arch. de Coude. Communicalion de M'' le duc
d'Aumale.
10 aoust.
A Mouzon.
Le roi aux surinten-
dants.
Faire tenir à Orléans les fonds nécessaires pour une levée de
deux mille hommes, que le roi a chargé son frère le duc
d'Orléans de faire es terres de son apanage.
Copie. — Aff. élr. France, i63g. Supplcroeot, fol. 199.
1 1 aoust.
Au comte d'Harcourt.
Au sujet d'un bâtimeni de la marine génoise, saisi en repré-
saille d'une insulte faite par la République a la France.
Minute.— Aflf. ctr. Espagne,!. XIX, fol. 465. ,
i3 aoust.
A M. le Prince.
Sur ses succès dans le Roussillon.
De Mouzon.
Orig. — Arch, de Coudé. Communicalion de M*' le duc
d'Aumale.
1 6 aoust.
A .Saint-GennaÎD.
Le roi au cardinal de
La Valette et au duc
de LonguevlUe.
Le roi s'étonne de la demande qu'ils font de nouveUes troupes.
Indication de diverses choses à exécuter.
Mise au net. — Aff. étr. Turin , t. XXVII , fol. Sg.
25 aousl.
Langres.
A M. Je Piince.
«Le roy vous renvoie le s' du Plessis Besançon si particulière-
ment instruit de ses intentions... que ce que je vous en
pourrois mander seroit superflu.»
Orig. — Arch. de Coudé. Communication de M'*' te i!qc d'Aumale.
6 septembre.
A M. Mondini.
Il n'est plus temps pour Madame de délibérer, il faut agir
maintenant.
Minute de la main dcCherré. — Aff. élr. Turin , XXVII , fol. ]3o.
i3 septembre.
A M. le Prince.
«Ces trois mots ne sont que pour accompagner le retour de
M. de Figean', et vous dire encore comme toute la cour
a esié satisfaicte de la conduite de M. vostre fds.» Con-
tentement de la continuation de vos progrès.. .
Orig. — Arch. de Condé, Communicalion de M^' le duc
d'Aamale.
' Ne faul-il pas
lire : Vigpan ?
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 10^3
DATES
et
LIECX DE DATBS.
1639.
ic) septembre.
De Lyon.
. . . Septembre ?
Fin de septembre
ou
commencement
d'octobre. ]
9 octobre.
Grenoble
17 octobre
2 3 octobre.
De Lyon.
26 octobre.
A Tarare.
. . Octobre.
[. . .Octobre?]
i" novembre.
De Briare.
SUSCRIPTION
DES JLETTaKS.
A M. le Prince.
A M. du Hallier.
Instruction à M. du
HaUier.
Instruction pour M. de
Turcnne.
Mémoire |>our le comte
d*Harcourt.
Au maréchal de Chas-
tillon.
Le roi a M. Maxarin.
Mémoire pour M. d'Ar-
gcnson.
Mémoire pour M. du
Hailicr.
Mémoire a M. du Hal-
lier.
ANALYSES DES LETTRES
ET SODRCES.
«Je ne puis laisser retourucr M. de la Rousslère vers vous
sans vous asseurcr que le roy est extraordinairenient satïs-
faict de ia façon avec laquelle vous agisses pour son service;
S. M. espère que vous (inirésla campagne aussy heureuse-
ment que vous l'avés commencer.»
Ori]}. — Arch. de Condc. ComiuunicatioQ de M'' le dtic
d'Âumale.
Le cardinal lui explique (juc M. de la Grange-aux-Ormes n'a
jamais été employé aux négociations avec le duc de Lor-
raine que pour un cas tout particulier.. .
Copi(>. — Bibl. nat. Saiat-GcriiiaiD-HailHy CCCXLVI, t. II,
fol. 669. — Copie, Cinq-Cents Colbert , XLVI , fol. 355.
On peut adoucir le traitté en deux points : i" laisser le
Barrois à M. de Lorraine; 2° réduire le dépôt de Nancy à
trois ans a[)rès la paix. . .
Imprimée: Aubery, Mém. V, 577. — Recueil de 1696, H,
365 [ pièce meoiiouDée dans notre VI* vol. note a ].
Dispositions pour l'exécution d'une entreprise importante que
cette instruction ne fait pas connaître.
Mise auncldeU main de Cbcrrc. — Aff. étr. Turin ,XXIX ,375.
aQuf^que proposition de trêve que faceut les Espagnols, il
n'y laull point entendre qu'ils n'ayent exécuté ce qu'ils
dvoient promis à feu M. le cardinal de La Valette, sur le
sujet de Casai.» (Le ravitaillement.}.. .
Minute de la main de Cbavigni. — AIT. etr. Turiu, XXIX,
fol. 399.
Richelieu accompagne une lettre du roi de ces quelques
mots: «Je seray très-aise que vous faciès quelque chose
avant que de mettre vos troupes en garnison.»
Copie. ~- Bibl. nat. DétUune, ga6o, fol. gSo v^. — Copie,
Cinq-cents Colbert, 119, fol. lU v*. — Imprimée : Au*
bery, A/em. IV, 271, et Recueil de 1696, p. 198.
S. M. lui mande qu'elle sera bien aise (|u*ilse rende le plus tôt
possible près a elle.
Original contre-aignc Boutbillicr. — .AIT. étr. Rome , t. LXVII.
On ne veut traiter que par MesseratL. .
Mise au net , de la main de Chcrré. — AIT. ctr. Turin t XXIX ,
Le roi trouve bon que M. du Hallier donne une nouvelle
sûreté au duc Charles.. .
Imprimée : Aubery, Mém. V, p. 676. — Recueil de iSglî,
t. II. p. 364.
« Le peu de seureté qu'il y a avec M. de Lorraine. . . faict que
M. du Hallier doit avoir un soin particulier de suivre reli-
■ gîeusement tous les termes du traitté qui luy est envoie.»
Imprimée: Aubery, Mém. V, p. 679. — Recueil de 1696,
t. II, p. 368 (cit^e en note, notre t. VI, p. 636).
l3l.
1044
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEDS DE DATES.
J039.
20 novembre.
De Paris.
[Novembre .'' '
i décembre.
De Ruel.
26 décembre.
De Riiei.
Sans date.
Classée en x63(),
Idem.
Idem.
9 janvier.
[Avant
le ili février.]
SUSCRIPTION
DBS LETTRES.
Mémoire à M. du Hal-
Hor.
A M. le Prince.
A JM. le colonel Gassion.
A M. le Prince.
A M. Boulhillier (Cha-
A M. d'Argenson
Projet ' d'instruction
|K>ur M", d'Estrades
et de Korlé.
ANALYSES DES LETTRES
KT 80QBCK8.
Incertitudes sur les intentions du duc de Lorraine.
Mise au net. — Aff. étr. Lorraine, XXXI, pièce 118. — Im-
primée : Aubery, il/e'm. V, 583. — Recueil de 1696 , II, 373.
Combat de Qliers. Nous ne faisons qu'indiquer ce récit que
Richelieu destinait peut-être à la Gazelle ou au Mercure.
Le texte est tic U main de Cfaerré , le titre de celle du cardi-
nal. — Aff. étr. Turin, t. XXIX, fol. 600. — Copir ,
Bibl. Qâl. Saiut-Gcimain-Harlay , 34?, fol. 555 v".
« N'ayant rien à adjouster à mes lettres précédentes ( pages 627
et 63o de notre Vl' vol.), ces lignes ne sont que pour ne
laisser pas retourner le s' de Rogles les mains vides vers
vous.»
Orig. — Arch. îin Condé. Communication de M*' le duc
d'Aumalc.
Satisfaction du roi pour sa conduite dans la répression de la
révolte des Nu-pieds.
Imprimée : \ie de Gassion, t. JI , p. i3j.
Richelieu demande la recommandatiou du prince de Condé
en faveur de son neveu et de M. de la Galissonuièrc, les-
quels ont une affaire devant le parlement de Dijon.
Orig. — Arch. de Condi'. Comuiunicalîon de M*'* le duc
d'Aumale.
«Ayant sceu par les P. P. Capucins que les PP. Jésuites
avoient déjà esté emploies aux lieux où on les vouloit en-
voyer (Québec), il convient que les PP. Jésuites en re-
prennent possession.»
Pièce attribuée à Richelieu , dont on donne un extrait Kans
indiquer ta source. (Moniteur nniverie/, aSdéccmhre i653^.)
Au sujet des conllits de pavillon entre la marine de France et
celle d'Angleterre.
Minute de la main de Charpentier. — Aff. élr. Franco , l. XCII.
La pièce, n'étant point datée, a été classée à la &a du vo-
lume.
1640.
Précautions à prendre pour les traités à faire avec Turin.
Minute de la main de Charpentier. — .\fi'. élr. Turin, XXX,
fol. 3.
Il s'agit de missions près madame la landgrave de Hesse et
en Suède.
De U main de Charpentier. — Aff. étr. Hesse, fol. î3i.
' La pièce , sans dale , a clé classée aux Aff. élr. à la fin de l'aiinéc. Qiucrs av.ilt été pris par les Français , le 38 oc-
tobre 1639.
' Des ctabltssemenls français dans rAmcrifjue du Nord. {Article signé ; Alfred Le Moine. )
' Ce projet, dicté par Richelieu à Charpentier, est envoyé à Chavigni pour dresser l'instruction.
NON IMPRIMÉES DANS LE SUPPLEMENT. 1045
DATES
et
LIEUX DB DATES.
1640.
a i février.
2 3 février.
2i fé
2 a ie\ ner.
d mars.
De Rue).
[ Vers ta iiu
lo avril.
Saint- Germain -
CM-Laye.
19 avril.
2 2 avril.
Saint-Gcrmain-
cu-Laye.
I avril.
2Z avril.
De Huel.
5o avril.
SUSCRIPTION
DBS LETTRES.
A M. d'Avaui.
Leroy au comte d'A vaux,
son ambassadeur en
Allemagne.
A M. de Lorraine.
A M. de Nesmond, cou-
seiller du roy en ses
conseils, et président
en sa cour de parle-
ment à Paris.
A M. de Chevreuse.
Mémoire a M. du Hous-
say, ambassadeur :
Venise.
idem.
Au maresrhal d*Eslr<^es.
Au doc de Parme.
[A Chavigni.J
A M. le Prince.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
H faut qu'il use des pouvoirs étendus ([uon hn a tlonn*!s.
Minule de la maiji do Cbcrré. — Ail . étr. .\ilcmagiie , XVi ,
pièce 4 ' ■
S'entendre avec M. de Uorté.
Orig. — Aff. étr. Allenjagiie, XVi, piècir 4-
L'inclination de lUcbelieu peur le duc de Lorraine.
Miaule de la main de Chcrré. — Aff. étr. Lorraine , XXXJI ,
pièce i5.
Prière «d'accompagner M. le prince, la première fois qu'il
aura agréable de venir eu ce lieu, estimant à propos 3e
converser avec luy de certaines clioses qui sont aussy utiles
au public qu'avantageuses à sa personne, que je désire
servir avec sincérité.»
Orig. — Arch. de Condc. Communication de M'" lo duc
d'ÂumftIe.
Personnes qu'il lui est défendu de voir durant sou voyage
en Angleterre.
Mise BU net. — Aff. ^tr. Angleterre , XLVIII , fol. 56.
Persuader à la république de faire, dans l'Etat de Milan, une
puissante diversion aux entreprises des Espagnols en
Piémont.
Mise au net. — Aff. étr. Venise, t. LIL
On a eu nouvelle que ce qu'on prévoyait est arrivé; Casai
est assiégé. Presser la république de ne perdre pas un mo-
ment pour rompre avec les Espagnols, et faire avancer ses
troupes dans le Milanais.
Mioulc. — Aff. ^tr. Veoise, LIL
Il faudrait que Rome assistât le duc de Parme de concert
avec les Vénitiens.. . 11 est impossible de pouvoir pénétrer
quels son t les motifs de la conduite du cardinal Barberini. .
Mise au net, eu partie de la main de Chavignï. — AfT. ctr.
Home, t. LXIX , fol. 135-
Monseigneur, V. A. verra par Je mémoire joint à cette lettre
cpiels sont les sentiments du roy sur les affaires d'Italie...
Minute. — Aff. étr. Parme, t. I".
Mander à M. de la Thuillerie de presser le concours des Hol-
landais.
Original devenu minule, de la maÎD de Clicrré. — Aff. ctr.
Hollande, t. XXIII, pièce 6a.
0 . . . Faire en sorte que ce qui est deu au régiment de La
Motte Oudancourt soit paye sur les deniers du pays, afin
qu'il puisse aller où le roy l'envoie.»
Orig. — Arch. de Condé. Communicution de M*' le duc
d'Aumale,
1046
SOMMAIRES DES LETTRES
DATKS
et
SL'SCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIEUX DE DATES.
DES LETTHES.
KT SOTTRCES.
• 16'iO.
6 mai,
HéaamoiiL
A M. le Prince.
Richelieu le prie de continuer, pour cette campagne, «la fa-
veur qu'a ma recommandation il vous pleut faire Tannée
dernière a M. i'évtscjue d'Acs.» (Ci-dessus, i5 avril iC3y.)
Orig. — Arch. de Giodt.'. CommunicatioD de M«' le duc
d'AamaU.
^ 7 Qiaî.
De Réaumoiit.
Idem.
aL'affection que je porte à M. l'évesque de Lavaur me fait
vous suplier d'exempter de logemens de gens de guerre
la ville de Lavaur et les maisons et terres qui en dépen-
dent.»
Orig. — Arch. de Coodc. Communication de M^' 11- due
d'Aumale.
1 7 niai.
Le roi a M. d'Avaui.
Au sujet de l'augmentation du subside que la France donne
a la Suède.
Orig. — Aff. ctr. Allemagne, t. XVI, pièce j5.
3i mai.
Idem.
Considérations sur les moyens les plus efficaces pour conclure
Va rennes.
la paix.
Orig. — Aff. ^ir. Allemagne, t. XV!, pièce 16.
ili juin.
De Blérancour.
Au Conile-duc.
Les passe-ports. Compliments.
Mioiito de la main de Charpentier. — Aff. étr. Espagne,
XX.
26 juin.
A' M. d'Estrades.
Richelieu lui envoie un duplicata de la dépêche du 18 juin.
A Amiens.
Original de la main de Chcrré. — Bibl. nat. Clairambault ,
Mélanges, 096, fol. jjgi.
Idem.
[Au comte d'Harcourt.]
Félicitations sur ses victoires.
Copie. — Aff. ctr. Turin , XXX, fol. 65a.
1 2 août.
A M. d'Kstrades.
Les efforts de ia France devraient exciter le prince d'Orange
à l'imiter.
Orig. — Bibl. oai. Ciairarabault , Mélanges, 6g6 , fol. 5d3,
17 septembre.
Instruction au s' de la
Précautions à prendre dans ses négociations.
ThuilloTie, conseiller
du roy. son ambassa-
deur s'en allant eu
HoHiindc.
Mise au net. — Aff. étr. Hollande, XXI, pièce 336.
2 ci septembre.
Saint-Germain-
Le roi au comte d'Har-
court.
Sur Tadministration qu'il faut organiser dans Casai et le
Montferrat.
en-Laye.
Orig. — Aff. ctr. Turin , XXXI , fol. 93.
2 ou 3 octobre.
(Chiffres
douteux. )
Saint-Germain-
en-Laye.
A M. le mareschal d'Es-
trécs.
A l'occasion de la mort de Rouvray.
Copie. — Aff. ctr. Rome, t. LXX , fol. 79.
1 1 octobre.
A M. Mazarin,
Sur ce qu'il a à faire avec Madame et avec le prince Thomas.
De Ru il.
Orig. —Aff. étr. Turin, XXXI, fol. igS,
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT. 104-;
DATES
LIEUX DB DITES.
1640.
1 3 octobre ? ]
2o octobre.
Saint-Germain-
cu-Laye.
25 octobre.
A Hue!.
27 octobre.
Saiiit-Germain-
eii-Laye.
3i octobre.
De Ruel.
i" novembre.
De Paris.
\" novembre.
Saint- Germain-
en-Laye.
h (lécetnhTe.
Ruel.
22 décembre.
Saint-Germain-
en-Laye.
3o dL'cembre.
(A M. rarchevesquc de
Bordeaux. |
Mémoire pour M. le
mareschal d*Estrées,
A M. le cardinal Bichi.
Le roi à M. d'Avaox.
A M. le Prince.
Idem
Mémoire et iustruction
au s' de Caumartin.
A M. de Charigni.
Le roi à M. d'Avaux.
A M. de la ThuiUerie.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
Je vous envoie la copie des traités faits pour le Bastion et le
rachat des esclaves en Alger.
Orig. — Bibl. nat. suite de Dupuy , t. XVII, fol. 661. —
Imprimée : Corresp. de Sonrdis , t. II, 4i8-
Le roi finira par se lasser de ce qu'on tarde tant à lui donner
satisfaction à Rome.
Copie. — Aff. l'tr. Rome, LXX , fol. 89.
Encore sur la satisfaction que ie roi attend pour l'assassinat
de Rouvray.
Minute de la main de CItavigni et de celle de Charpecticr. —
Aff. ctr. Rome, t. LXX, fol. 91. — La lettre du roi faite
sur cette matière est conservée en copie d'une écriture
italienne, dans ie mémo voL fol. io5.
Intentions de plusieurs princes allemands dont le roi a été
informé par voie secrète.
Orig. — Aff. étr. Allemagne, t. XVI , pièce ai.
Nécessité de mettre au complet les troupes du Languedoc.
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M«* le duc
d'Aumale.
Nouvelle recommandation an sujet des troupes.
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M*' le duc
Subside» à donner aux Suisses. — Levées à faire chez eux.
Mise ou net. — Aff. ^tr. Suisse, t. XXVIIL
Ecrire à Rome pour cmpescher que la nomination du cardinal
infant à l'évéché d'Arras ne soit receue.
Original de lu main de Charpentier. — Aff. ctr. Rome , t. LXX ,
fol. 43.
Importance prépondérante de la France dans tout ce qui se
fait pour parvenir à la paix.
Orig. — Aff. étr. .Allemagne , t. XVI , pièce 29*,
Richelieu s'applique à attacher de plus en plus les Hollandais
à la France.
Copie. — Aff. étr. Hollande, t. XXII, pièce ^7.
[Commencement
de janvier.]
17 fév
Instruction ijour l'am-' Artifices de la maison d'Autriche; elle les emploie en ce mo-
hassadeur en Suisse.' ment pour gagner les cantons.
j Mise au net. — Aff. élT. Suisse, t. XXVIIL
A M. d*Avaux. ' Causes des retards du renouvellement de l'alliance avec la
Suède.
Minute de la main de Cherré. — Aff. ctr. Allemagne, XVI ,
pièce 39.
1048
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
cl
SrSCUIPTiON
ANALYSES DES LETTIiES
LIKU\ DE DATES.
DES LETTRES.
ET SOUHCES.
lO'il.
[7 OU 8 mars.]
[A M. de Chavigni]
pour parler à M. de
Dans la prévision de ce que dira leduc de Lorraine, Richelieu
dicte ia réponse que doit faire Chavigni.
Lorraine.
Minute do la main de Charponlier. — Aff. étr. Lorrain? ,
t. XXXII , pièce ]8.
1;^ mai.
Au duc de Lorraine.
«... S. M. a donné charge au s*" Matharel ' de vous faire co-
guoistre combien il est imporlaut que vos troupes se trou-
vent à Longwy précisément le 26 de ce mois.. . En mon
parliculier j'en conjure V. A., et S. M, le désire avec
passion. »
Minute de la iii.iiD de Ctierré. ■-- Aff. étr. Lorraine , XXXII ,
pi^ce 76.
i5 maî.
Mf^moire.
Politique de la France au sujet de la réunion des députés à
envoyer pour les négociations du futur traité de Munster.
Mise au net. — Aff. ëlr. AllcmàguCt XVI , pièce 88.
2 h mai.
De Ruel.
A M, le Prince.
Le roi aiant accordé à M. Mercuriti , gouverneur de Casai, et
autres officiers de la même ville le domaine des baronies
de Lunel et de Lésignan , un considération de leurs services ,
je vous conjure de les exempter de logements de gens de
guerre.
Orig. — Arch. de ConJé. Communication de M?' le duc
d'Anmale.
26 tuai.
A M. du Hailier.
Exciter les lenteurs du maréchal de Chastillon.
Minute de la main de Cbcrre. — Aff, étr. Lorraine, XXXlI ,
pièce 8 1 .
27 mai.
De Rebez.
[A M. de Chavigni.]
Faire que les ambassadeurs portugais s*obligent à ce que leur
gouvernement tienne des vnisseaux prêts.
Orig. — Aff. ctr. Portugal, t. I, fol. 39,
28 mai.
Geiborov.
Idem.
Richelieu lui envoie le traité « tel qu'on peut !e passer avec les
Port ugais. »
Minute, en partie de la main de Charpentier. — Aff. étr.
Portugal, 1 • 43. — L'original est fol. di.
29 mai.
Instruction particulière
à M. le marquis de
Br(5zé, allant en Por-
tugal.
Après avoir donné au roy de Portugal les asseurauces de i'af-
fection du roi de France , «il lui dira que je l'ay chargé de
l'asseurer de mon très-humble service, et de le conjurer
pour l'amour de luy mesme de ce qui s'en suit.» C'est une
série de conseils pour se défendre Wgoureusement contre
l'Espagne. {Voy. ci-dessus, p. 860, l'mslruction générale.)
Miae an net de la main de Clierre. — Aff. étr. Portugal , 1. 1 ,
fol. Si.
S juin.
Abbeviile.
Au marescha! de Brézë ,
à Paris.
Richelieu lui conseille de différer son départ plutôt que de
porter son corps malade et non en état de faire les choses
nécessaires au service du roi.
Orig. — Catalogue d'une vente J'untograpljes , par Laveidpt
(jauvier 1 856 ).
' il cuit venu t
c la part du duc'
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLÉMENT. 1049
DATES
et
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIKCX DE DàTBS.
DES LETTRES.
ET SOURCES.
1641.
16 juin.
Le roi aux liabitants de
ta ville de Nantes.
Louis XIII les informe de la prise d'armes du comte de
Soissons.
Orig. — Arch, Je la ville de Nantes '.
17 juin.
A M. de Lorraioe.
«Mens', j'envoie ce gentilhomme, l'un de mes domestiques,
pour voir si je suis bonne caution à moi-mesme de ce que
Je me promets de V. A. » Richelieu rappelle la promesse que
le duc lui a faite de suivre ses conseils.
Minute de la main de Cherré. — AIT. ctr. Lorraine, XXXII,
pièce 118.
2 1 juin.
De Paris.
Instruction que le roy
a commandé estre
donnée à M. le mar-
quis de Fontenays*en
allant estre son am-
bassadeur à Rome.
Outre les informations louchant les afifaîres de Rome, cette
instruction explique l'état des relations entie les diverses
puissances de l'Italie et la Frauce.
Copie. — AIT. étr. Rome , LXXVI , fol. ài6.
2â juin.
A M. le Prince.
* M. l'évesque de Mande s'en retournant dans la province où
AbbevUle.
vous estes., w je vous conjure de jeter les yeux sur luy
comme sur une personne qui a esté à moy, et luy tesmoi-
gner que vous faites estât de la recommandation de celuy
qui est , Monsieur. . . »
#
Orig. — Arch. de Condé. Communication de Mf le duc
d'Aomale.
26 juin.
Le roi à M. d*Avaux.
Caractère difficile des Suédois. — Explication sur le lieu à
choisir pour l'assemblée des députés chargés de négocier
la paix.
Orig. — AIT. ^Ir. Allemagne, XVI» pièce 91.
Idem.
A M. d'Avaux.
Richelieu joint celte lettre à celle du roi, sur le même sujet.
Minotc de la main de Cherré. — Aff. ctr. Allemagn<>, XVI ,
pièce 93.
7 juillet.
A M. de Lorraine.
«Vous pouvés venir servir le roy en toute seureté.»
-
Minute, de la main de Chcrrc. — AIT. ctr. Lorraine,
t. XXXII, pièce i35.
lijuilltl.
Le roi aui habitants de
la ville de Nantes.
S. M. annonce à la ville de Nantes, en même temps que la
perte de la bataille, la mort du comte de Soissons.
/
Orig. — Arch. de Nantes. Copie envoyée par M. le Laron de
Girardot. (Voy. ci-dessus, à la date du 16 juin.)
3 2 juillet.
.AM.delaThmIlcrie.
Faire ce qu'il faut pour conserver l'abbaye de Beren.. .
Copie. — Aff. ctr. Hollande» t.XXIi, 217.
26 juillet.
A M. d'Avaux.
La mort de M, le comte fait croire à Richelieu «que mainte-
nant Dieu nous veut donner la paix.. . n
Minute de la main de Cherré. — Aff. étr. Allemagne, XVI,
pièce lao.
' M. le baron d
pgilenipot da roi;
1 Comité (lu 19 Dov
i Giranlot a envoya an Mioisti
la 4** àa 5 ilccembrc i64i 1
embro 1855.)
re de riostraction publique copie de cette lettre ainsi que de trois autres
annonçait la mort du cardinal. ( llevue dtM Socittéi Savantei . séance du
CARDIN. DE RICHELIED. — Vil.
l32
1050
SOMMAIRES DES- LETTRES
DATES
et
*
SL'SCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LISDX DE DATES.
DES LETTRES.
ET SOURCES.
1641.
. . .Juillet.
A Pujols.
Les conditions de paix dont parlent les Espagnols témoi-
gnent qu'ils ne veulent pas la faire.
Mise au oet de la main de Chcrrê. — Afi'. étr. Espagne, XX ,
pièce 88.
9 aoust.
A M. Du Hallier.
Par son manque de foi, le duc Charles se déclare lui-mesme
déchu de ses droits sur la Lorraine. . .
Minute de la main de Cherré. — AiF. étr. Lorraine, XXXU ,
pièce 161.
12 aoust.
A M. le prince d*0-
range.
S. M. marchant en personne à la campagne , le prince d'Orange
doit entrer en Flandres.
Minute de la mai u de Chcrrê.— Aff. étr. Hollande, t. XXIII,
pièce 124.
Idem.
A M. de la ThuiUerie.
Presser le prince d'Orange de ne pas perdre cette occasion.
Copie. — Aff. étr. Hollande, XXIÏ , pièce a3i.
30 aoust.
A' M. le Piince.
Richelieu le prie de faire nommer M. de Rochepierre aux
prochains estats.
Orig. — Arch. de Condé. Communicalion de M*' le duc
d'Aumalc.
[Commencement
de septembre?]
A M. le colonel Gassion.
Satisfaction de ses bons services.
Imprimée : Vie de Gatsiotit l. II, p. a33.
1 9 septetïibre.
A Chaulnes.
A M. le Prince.
•
Comme chef de l'ordre de S'-Bènoist, je vous supUe d'avoir
en singulière recommandation les maisons et monastères
qui en deppendent dans le gouvernement de Languedoc,
favorisant les religieux autant qu'il vous sera possible.
OrifÇ. — Arcli. de Condé. Communication de M*' le duc
d'Âumale.
2 octobre.
D'Amiens.
Idem.
M. de Noyers envoie M. de Chaufoameau pour hâter la re-
crue des régiments qui sont en Catalogne et en Rous-
sillon. «Je vous suplie d'employer le pouvoir que vous
avés... c'est un coup de partie pour avoir la paix, que je
désire plus que ma vie.»
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M^ le duc
d'Aumale.
8 octobre.
A la duchesse de Sa-
voie.
On l'invite à contribuer à la formation d'un corps de cavale-
rie que le roi veut envoyer en Roussillon.
Minute de ia main de Charpentier. — Aff. étr, Turin ,
XXXIV, 557.
27 octobre.
A M. le prince Tho-
mas.
Le roi l'autorise à envoyer un compliment de condoléance à
la comtesse de Soissons.
Minute de la main de Chavigni. — Aff. étr. Turin, XXXIV,
fol. 538.
Idem.
A M. d'Avaux.
Satisfaction de ce que le mécontentement de l'armée suédoise
est calmé.
Minute de la m'ain de Cherré. — Aff. é(r. Allemagne, XVI,
pièce i63.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT. 1051
DATES
at
MBCX DB DATES.
1641.
2 novembre.
7 Dovembre.
De Ruel.
. . Novembre.
i5 décembre.
(f janvier.
De Rud.
1 1 janvier.
De Huel.
1 1 lanvier.
ja
27 janvier.
De Rud.
39 janvier.
3o janvier.
De Paris.
SCSCRIPTION
DES LETTRES.
A M. ie comte d'Har-
court.
A M. de U Thnillerie.
An mareschal d*Estrées<
Mémoire au s' de la
Thuillerie.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES .
Pour M. le sunnten*
dant, à Paris.
Aa baron de Pontchas-
teau.
An 1*' président de la
cour des comptes
(M. de Nicolaï).
[AM. Botithillier.]
Au cardinal Cesi.
[A M. Boutbillier.J
Réponse à plusieurs de ses lettres.
Minute de la main de Cberré. — AflT. étr. Turin , t. XXXIV*
pièce 633.
Richelieu demande une information au sujet de l'achat fait
par Lopez du cabinet Vanuûe.
Copie. — Âff. étr. Hollande, t, XXIII, piàce i55.
Quelques imprudences du maréchal d'Estrées.
Mis« au net de la main de Charpentier. — AS. étr. Parme, t. I.
Le roi , se rendant aux instances du cardinal, consent à faire
encore , pour Tannée prochaine , une dépense extraordinaire
pour MM. les États.
Minute de la main de Chavigni. — Aff. étr. Hollande , t. XXIII,
pièce 177. — Une mise tu net est cotée 172.
1642.
Au sujet de fonds distribués à l'assemblée du clergé.
OrJg. — Arcb. de la famille BouthîHier.
Lettre sans importance; seulement, à la marge, il se trouve
un reçu de trois lignes autographes.
Orig. — Cabinet de M. E. Huillard. Catalogue de Charavay.
(Vente du j4 février. 1870.)
Richelieu lui demande de favoriser l'un de ses secrétaires en
sa réception d'une charge de la chambre des comptes.
Orig. — Ârch. de picolai, 87 L i3. Communication de M. do
Boislisle.
Faire payer entièrement la pension de M. de Navailles ' mon-
tant à 3,000 livres. «Ayant un régiment en Italie, il est
db ceux que le roy ne veut pas (|ui soient retranchez.»
Orig. — Arch. de la famille Boutliîllier.
Compliment en réponse à l'annonce que ce cardinal avait faite
de sa promotion à Richelieu.
Orig. provenant du cabioet de M. Gegncr. Cntaloguc d'auto-
graphes. (Vente de Cbaravay, g avril 1869.)
«Je prie M. le surintendant de donner une bonne assignation
a M, le chevalier de Monléclair, pour payer la garnison de
la citadelle de Dourlens . . . afin qu'il puisse la faire sub-
sister n
Orig. de la main de Cberré. — Arcb. de la famille Bou-
thillicr.
Il avait été page do Uicbcli«u .
l33.
»
1052
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
SUSCRIPTION
<ANALYSES DES LETTRES
LIECl DE DATES.
DES LETTRES.
ET BODRCSS.
1042.
3l janvier.
De la maison
rouge.
[A M.Boulbillicr.]
Ricbelieu écrit pour M. <le Clcrmont-VcrtiUac ce qu'il a déjà
mandé pourM.de Navailh-s le 27; il ajoute: «Je prie
M, le surintendant de luy donner confenteuicnt et le con-
sidérer comme une personne que j'aflectionne.
Orijj. (lo la moin de Chorrc. — Arch. de la famille Bou-
thillier.
[ . . . Janvier. )
Au maréchal de Bréié.
«Le colonel Gassion a l'ordre de vous aller joindre avec son
régiment. . . Vous pouvés tirer beaucoup d'avantage de sa
manière de faire la guerre ; il est sans égal et semble forcer
le destin en faveur de ses entreprises. Trailtés-le bien et le
considères comme une personne que le roy estime tout à
fait, quej'ayme beaucoup et qui peut vous estre Cïtreme-
mcnt utile. . . »
Imprimée: Vie dt Gastion , l. 11, p. a54.
J fëvrier.
De
Fontainebleau.
[A M. Boulbillier.]
Cette lettre répète celle du 27 janvier en ajoutant qu'il faut
payer M. de Navailles comptant et non en assignations; il
est tenu à de grandes dépenses pour faire subsister son ré-
giment.
Orig. de la main de Cherra. — Arch. de la famille Bou-
thillier.
Idtm. •
Idem.
« Je fais ce billet à M. le surintendant pour l'asseurer que c'est
l'intention du roy que M. le duc d'Angoulesme soil payé
entièrement de sa pension; S. M. me l'a dit en termes ex-
près.»
Orig. do le main do Charpontiar. — Arch. de la famille Bou-
thillier.
3 février.
De
Fonlainebloau.
[AM. Bouthillier.]
Avoir soin de faire bien payer les galères, le roi voulant
qu'elles soient à la mer durant toute cette campagne.
Orig. do la mniii do Cl.crre'. — Arch. de !a famille Bou-
tliillier.
Idtm.
Pour Mons' le surinten-
dant, à Paris.
Offices de maîtres des requêtes dont on peut disposer.
Orig. do la main do Chcrrc. — Arch. do la famille Bou-
thillier.
8 février.
De la Charité.
Idem.
Démêlés dans la famille de Sourdis.
Orig. de la main de Charpentier, — Arch, de la famille Bou-
thillier.
Idem.
A M. le Prince.
«Le lieu où nous sommes me faicl prendre la plume pour vous
conjurer de depparlir un effect de vostre cbarilé a M"^ de
Sourdis, prenant la peine vous et M. le surintendant. . .
de terminer les différends qu'ilz ont ensemble, et leur ac-
quérir, par ce moyen , le re])Os. Ce sera une œuvre digne de
vous. . . »
Orig. — Arch. de Gondé. Communication do Mf' le doc d'Au-
male.
ao février.
A Lyon.
Pour M. le surinlen-
dont, à Paris.
Au sujet des recrues qu'on peut donner à M. de Gonor.
Orig. de la main de Ghorré. — Arch. de la famille Bou-
thillier.
NON IMPIIIMÉES DANS LE SUPPLÉMENT. 1053
DATES
LIBCX DB DATBS.
1642.
2 0 février.
A Lyon,
ai février.
De Lyon.
27 février.
. Février. 1
Idem
I niara.
Monlélimar.
3 mars.
D'Avignon.
Avignon,
8 mars.
De Lunel.
9 mars.
A Montpellier.
9 avril.
Narbonne.
SUSCRIPTION
DRS L8TTBBS.
Mémoire au s' do Cau-
martin , ambassadeur
du roy en Suisse.
Pour M. le surinten-
dant, à Paris.
A M. d'Avaux,
[AM. Bouthillier.
[A M. de Cbavigni.]
[A. M. Bouthillier.
A M. le Prince.
A M. de la Tbuillerie.
[A M. Bouthillier.]
Pour M. le surinten
dant, à Paris.
A M. le I*rince.
ANALYSES DES LETTRES
ET sounr.BS.
On s' tâtonne que les Suisses s'associent à un acte de mauvaise
foi des Francs-Comtois.
Mise au oet. — Aff. etr. Suisse, XXIX.
«M. du Gué est fort affligé de ce (lue vous l'avés oslé du
nombre des cousfillers d'Estat...» rùchclicu le recom-
mande tout particulièrement.
Orîg. — Arch. de la famille Bouthillier.
Approbation du traité conclu avec M. Salvius. . .
Mise au net do la main de Cherrc. — AIT. éir. ATlemague ,
XVI t piice 197.
Recommandation en faveur de M"* de la Grandière , qui a
longtemps esté nourrice de M*' le Dauphin.
Orig. de la main de Cherré. — Arch. dp la famillv Bou*
thillicr.
«Je prie M. de Chavigny de recommander les intérests du
pauvre Chalusset, que j*affectionne, à M. le surintendant.»
Orig. — Arch. de la famillu Bouthillier.
« Ce billet est pour prier M. le surintendant d'expédier j)romp-
temcnl M. d'Ossonville, afin qu'il s'en retourne en Alle-
magne. 11 est homme de mérite et très-utile au service du
roy au lieu où il est employé.»
Orig. — Arch. de la famille Bouthillier.
Richelieu lui recommande le P. Labbé , directeur du petit
collège des jésuites, allant k Paris pour «un procès qu'ils
ont au Conseil.»
Orig. — Arch. de Coudé. CoramaDication de M^' le duc
d'Aumale.
Richelieu est satisfait de la porcelaine que lui a envoyée M. de
la Tbuillerie. — Quelques affaires politiques.
Copie. •— AO*. étr. Hollande, t. XXII, fol. 396.
Faire payer la pension au s' delà Grange « conseiller au pré-
sidialae Nismes.
Orig. —Arch. de la famille Bouthillier.
Concernant le règlement de l'aQaire du gouvernement de
Chauny.
Orig. de la inaîu de Cherré. — Arch. de la famille Bou-
thillier.
« L'estat auquel je suis ne me permettant pas de respondrc
à la lettre que le s' de la Roussière m'a rendue de vostrc
part,. . . M. de Chavigny le faîct. »
Orig. — Arch. de Condé. Communication de M»' le duc
d'Aumale.
1054
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
SUSCmi'TION
ANALYSES DES LETTRES
LIEUX DE DATES.
DES LETTRES.
ET SOURCES.
16^2.
12 avril.
Mémoire au s' de Grëcy,
conseiller et maistre
d'hostel ordinaire du
La reine d'Angleterre était réfugié^ à la Haye; M. de Grécj
était chargé d'une lettre du roi pour sa sœur. Il avait
mission en même temps de voir le prince d'Orange et de
faire valoir auprès de lui les succès de la France.
roy, s'en allant de la
part de S. M. en Hol-
lande trouverla reyne
Copie. — Aff. étr. Angleterre, t. XLIX, pièce 73.
de la Grande - Bre-
tagne.
29 avril.
A M. de la ThuiUerie.
Au sujet du passage, a travers la Hollande, des prisonniers
de guerre faits par M. de Guébriant.
Minute de la main de Cberre. — Aff. élr. Hollande, XXHl .
pièce nkà-
...Avril.
A M. le comte de Gran-
cey.
Henry Arnauld cite «une certaine lettre de M^ le cardinal
qui luy sert d'excuse pour ne pas faire présentement son
mariage avec M"* de Vertus.» Nous n'avons point trouvé
cette lettre.
Bibl. nat. fonds Bcthune 9373, fol. 91 .
6 mai.
A M. Bouthillier.
Concernant «l'entretèuement des fils de M. dQ Pont» (du Pont
Narbonne.
de Courlay, neveu du cardinal).
Orig. — Arch. de la famille Boutbillier.
10 mai.
Pour M. le surinten-
Richelieu l'informe de l'état de sa santé.
De Narbonne.
dant, à Paris.
Orig. de la main de Clicrré. — Arch. de !a famille Beu-
thillier.
20 mai.
A M. le Prince.
Remerciement du soin que prend M. le Prince de s'informer
Narbonne.
de sa santé.
Orig. — Arch. de Condc. Communication de M*' Je duc
d'Aumale.
27 mai.
Aux pénitents blancs de
Nous avons trouvé l'indication de cette lettre sans analyse.
Narbonne.
Toulouse.
Cherré a signé en notant que Monseigneur «n'a pu le faire
à cause de plaies qu'il a au bras droit. » ( Voy. notre tome VI ,
p. 903, note 2.)
19 juin.
Pour M. le surinten-
«... Ma santé est beaucoup meilleure depuis que je suis sorti
De Tarascon.
dant , à Paris.
de Narbonne. . . Mes plaies estant eu meilleur estât que
je les puisse désirer, à ce que m'asseurent les médecins et
chirurgiens. . . — Je ne \ou5 parle point d'affaires, m'en
remettante MM, de Ghaviguy et de Noyers. . . »
Orig. de la main de Cberre'. •— Arch. de la famille Bou-
thillier.
22 juin.
Le roi à Madame la
M. d'Avaux revenant eu France a ordre de passer à Cassel
A Monfrin. ■
landgrave.
pour renouveler à cette princesse les assurances de l'affec-
tion de la France.
Orig. — Aff. étr. Hos»e, t. 1, fol. 36 1.
27 juin.
A M. le Prince.
K . . . Ma santé \a de bien en mieux ...»
De Tarascon,
Orig.— Arch. de Condé. Communication de M''' ie duc d'Au-
male.
NON IMPRIMEES DANS LE SUPPLEMENT. 1055
Lieux DE DATES.
lU juillet.
De Tarascon.
t3 aoust.
Fontainebleau.
1^ aoast.
A Tarascon.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
A M. le Prince.
Le roi à M. de la Tboil-
lerie.
Pour M. le surinten-
dant.
Idem.
Dernière dizaine
d*aoât.
26 septembre.
Idem.
Mémoire que le roy a
commandé cstre en-
voya à M. le duc de
Parme.
Le roi aux habitants de
la ville de Nantes.
1 5 octobre '.
Fontainebleau. '
Inslraction
pour M. d'Estrades.
iSoclobre. I A M. le prince d'O-
I range.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
rieœerciementdes prcuvos d'affection qne lui donnent le prince
de Condéct le duc d'Enghien.
Orig.— Arch. de Condé. Communication de Mï"" le duc d'Au-
m«le.
Le r(H compte toujours sur la sincérité de l'alliance du prince
d'Orange.
Mise au net. — Aff. étr. Hollande, XXII 1 , pièce a 85. — Une
copie faite sur l'original se trouve dans le volume XXII de
Bollande , fol. 600.
M** du ïlallier a une créance sur feu Payen ' et ses héritiers.
L'affaire est au Conseil. «Je conjure M, le surintendant de
contribuer ce qui dcppendra de luy en justice pour la
satisfaction de M°" du Hallier. Llle a envoyé icy un porteur
exprès. »
Orig. do la main de Cherré. — Arch. de la famille Bou-
tliillier.
Faire payer à divers officiers suisses des assignations aiii
lenr ont été données sur des partisans qui refusent de les
solder.
Orig. de la main de Cberre. — Arch. de la famille Bou-
thiJlier.
Au sujet de l'élection du chef de la Ligue d'Italie.
iMisfl au net. — Arch. des ÂfT. étr. Parme , t. 1 , 30" feuillet à
partir de la fin du volume non coté.
Louis XIII informe la ville de Nantes de la prise de Perpi-
gnan.
Orig. — Arch. de Nantes. Copie envoyée par M. de Girardol.
( Voy. ci-dessus, & la date dn 16 juin i64i.)
Noos avons donné un extrait de cttte pièce p. lii ci-dessus,
note 3.
Copie. — Aff. étr. Hollande, XXIII, pièce 3o3. — BihI. nat.
Fon'tanicii, p. 83, pièce ^3. — Arch. de» Mcdicis à Flo-
rence, 3' série, carton 5i, Corli d'Europa. — Irapiiraée ;
Ambaêtadet cU M. It comte d'Eslrades , p. 86, Amsterdam,
1718.
Au sujet de son intervention en jEâveur du duc de Bouillon.
Copie. — Arch. des Médicis & Florence, 3* série, carton 6),
(^orti d'Europa. — Imprimée : Auherv, Mém. V, p. 37a, et
Recueil de 1695, p. 3y5. — Ambastadet da comte d Estrades,
Amsterdam, 1 718.
' C'était on partisan,
' Nous atonn établi ri-dessus, p. i4i> que la date du 4 octobre était fausse, et nous avons proposé le lû; noii<i
apportons ici la preuve que celte conjecture était fondée : on lit au bas de la copie des Aff. ctr.: * Faict & Fontaiuf-
bleau lo lâ oclobie i64a. • Cette même date t-st aussi indiquée par l'annotatiou qui se trouve en tête de rimfirinic et
de la copie de Fontanieu : «dresaée par M. le cardinal six semaines avant sa mort. • Nous avons rem.trqué quelques
légères différences entre la copie de» Aff. étrangères et les autres textes.
1056
SOMMAIRES DES LETTRES.
DATES
et
SUSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
LIECX DE DATES.
DES LETTRES.
ET SOURCES.
1642.
1
A M. do Noyers.
Richelieu le prie d'appuyer la demande que fait « le s' de Plu-
vinel de l'agrtf'ment au roy pour le traîclé qu'il a faicl du
gouvernement de Crest... »
Orig. - Ms. du Cabinet do M«' le duc d'Aumale.
Idem.
«cjc VOUS prie de faire pourveoir au plus lost au mémoire du
capitaine Martin^, alin que nous puissions mettre celte
année à l'eau tous les vaisseaux qui sont commencés à In-
dret ... »
Orig. - Cabinet de M«' le duc d'Aamalc.
RoUe des commandants
depuis l(*siége de la
C'est l'appréciation, en quelques mots, de trcnle-six person-
nages , princes , maréchaux et autres officiers avant com-
Rochelle.
mandé les armées en France pendant quinze ans. Les juge-
ments sont sévères et conformes au sentiment du cardinal
de RicTjelieu, auquel on attribue cette pièce. (Le P. Grifl'et,
111, 378.)
Copie. — Quelques mots semblent de la main de Le Masie.
Bibl. nat. Saint-Germain-Uarlay Sig, pièce 46. — Copie,
Caugé 80.
« Abrégé des plaintes qu'il a pieu au roy faire souvent de M. le
Grand soït à M. le cardinal, soit à MM. de Chavigny et de
Noyers, pour les luy dire.»
Mise au net de l'ccnture de Charpentier, avec de nombreuses
corrections et plusieurs passages de la propre main de Ri-
chelieu. Arch. nat., section du sccrôlariat, portefeuille gS.
— Nous devons à M. Joieph de La Borde l'indication de
cette pièce que nous ne conuaissions pas. Nous rogrettons
que le défaut d'espace ne nous permette point d'en donner an
extrait.
Au roi.
Nous nous bornons à indiquer cette lettre inprimée en tête
du Testament politi(jue , laquelle doit être t-^nue pour authen-
tique , puisque , comme Foncemagne Ta prouvé contre Vol-
taire, le testament est authentique lui-même. Nous plaçons
à la fin du recueil cette espèce d'épître dédicatoire, à la-
quelle il n'est pas possible d'assigner une date précise.
mais qui ne peut appartenir qu'aux dernières années de la
vie de Richelieu.
' La date iuauc|
ue; mais dans ce volume, qui provient originairement du cabinet de de Noyers, presque toutes les
pièces sout de i64
ï.
1
^ Ce momoire est relatif à de grands approviaiontieiuents de bois de construction des forêts du Uourbounais qu'il ]|
faut promptcmeut
faire porter à Indrel. Nous c
lassons cette pièce en i6'i3 ainsi que la précédente.
TABLE DES MATIÈRES.
NUMEROS
des
PIÈCES.
I.
II.
III.
IV.
V.
VI.
vu.
VIII.
IX.
X.
XI.
XII.
XIII.
XIV.
XV.
XVI.
XVII.
XVIII.
XIX.
XX.
XXI.
XXII.
XXIII.
DATES.
2 juillet.
2 juillet.
A juillet.
4 juillet.
It juillet.
5 juillet.
5 juillet.
5 juillet.
7 juillet.
7 juillet.
7 juillet.
7 juillet.
8 juillet.
9 juillet.
i3 juillet.
i3 juillet.
i3 juillet.
lU juillet.
i5 juillet.
1 7 juillet.
17 juillet.
17 juillet.
19 juillet.
SUSCRIPTIONS ET TITRES.
PAGES.
CARDIN. DE RICHELIEU.
ANNEE 1642.
Lettre au roy
[Lettre à M. de Noyers]
[Lettre à M. de Noyers] ,
Lettre au roy
[Lettre à MM. de Noyers et de Chavigni].
[Lettre à M. de Noyers]
[Lettre à Chavigny ou de Noyers]
[Lettre à M. de Chavigni]
Nota (Cinq-Mars)
[Lettre à M. de Noyers]
Lettre àjMM. de Cliavigny et de Noyers.
[Lettre au roi]
[Lettre à Chavigni ou de Noyers]
Lettre à MM. de Chavigny et de Noyers.
[Lettrée MM. de Chavigni et de Noyers
Mémoire donné à M. de Chavigny s'en
retournant trouver le roy
Lettre au roy
Lettre à M** le duc d'Orléans , frère unique
du roy
[Lettre à M. de Noyers]
Lettre à MM. de Chavigny et de Noyers
Lettre à MM. de Noyers et de Chavigny.
Lettre à MM. de Noyers et de Chavigny
[Lettre à MM. de Noyers et de Chavigni].
[Lettre au roi]
i33
3
à
6
6
7
10
12
i3
i3
i5
16
'9
20
21
24
25
28
29
3o
3i
33
35
38
38
1058
TABLE DES MATIERES.
LU.
NUMEROS
des
DATES.
PIECES.
XXIV.
igjuiilel.
XXV.
20 juillet.
XXVI.
20 juillet.
XXVII.
22 juillet.
XXVIII.
22 juillet.
XXIX.
25 juillet.
XXX.
26 juillet.
XXXI.
29 juillet.
XXXII.
29 juillet.
XXXIII.
3o juillet.
XXXIV.
3o juillet.
XXXV
3o juillet.
XXXVI.
3i juillet.
XXXVII.
2 août.
XXXVIII.
3 août.
XXXIX.
4 août.
XL.
4 août.
XLI.
t\ août.
XLII.
5 août.
XLIII.
5 août.
XLIV.
7 ou 8 août.
XLV.
8 août.
XLVI.
9 août.
XLVII.
9 août.
XLVIII.
10 août.
XLIX.
10 août.
L.
1 2 août.
LI.
1 3 août.
1 5 août.
SUSCIUPTIONS ET TITRES.
[Leitreà MM. de Noyers et de Cliavigni],
Lettre à MM. de Cliavigny et de Noyers.
Lettre à MM. de Cliavigny et de Noyers,
Lettre à MM. de Chavigny et de Noyers,
secrétaires d'Estat
Pour M. de Chavigny, secrétaire d'Estat
Lettre à MM. de Noyers et de Chavigny.
Lettre à M. de Chavigny, secrétaire d'Es
tat
Lettre à MM. de Noyers (t de Chavigny
Pour M. de Noyers, secrétaire d'Estat à
Fontainebleau
[Lettre à M. de Noyers ou à (^havigni].
Lettre à Monsieur d'Argenson , conseiller
du roy en ses conseils d'Estat et privé.
Lettre à M. de Noyers
Lettre à M. de Noyers
Lettre à MM. de Chavign et de Noyersy.
Pour M. de Noyers
Lettre à M. de Noyers
De par le roy
De par le roy
Lettre à MM. de Chavigny et de Noyers
Lettre à M. le Prince
Mémoire de M. le cardinal de Richelieu
pour M. le cardinal Mazarin
[Lettre à M. de Noyers]
Pour M. de Noyers, secrétaire d'Estal , en
cour
Pour M. de Noyers, secrétaire d'Estat..
Pour M. de Chavigny, secrétaire d'Estal .
[Lettre à M. de Noyers]
Lettre à M. de Chavigny
Pour M. de Noyers, secrétaire d'Estat, el
pour M. de Chavigny
[Lettre à M. de Noyers]
PAGES.
^9
4o
4.
42
48
^9
5i
52
56
57
58
•'9
60
62
66
68
70
75
77
81
82
85
86
86
87
89
90
91
92
TABLE DES MATIÈRES.
1059
NUMEROS
des
PIÈCES.
DATES.
LUI.
16 août.
LIV.
17 août.
LV.
20 août.
LVI.
20 août.
LVII.
30 août.
LVIII.
21 août.
LIX.
a 3 août.
LX.
23 août.
LXI.
23 août.
LXII.
23 août.
LXIII.
3o août.
LXIV.
3oaoût.
_^ LXV.
3o août.
LXVl.
3 septembre.
LXVII.
Vers le comin'
de septembre.
Lxvin.
. 9 septembre.
LXIX.
[Vers
LXX.
le 10 septembre.]
12 septembre.
LXXI.
12 septembre.
LXXII.
1 a septembre.
LXXIII.
1 3 septembre.
LXXIV.
1 5 septembre.
LXXV.
LXXVL
i5 septembre.
16 septembre.
LXXVIL
16 septembre.
LXXVIIL
18 septembre.
LXXIX.
i8 seplembrc.
LXXX.
a I septembre.
LXXXL
LXXXIL
a a septembre,
a 2 septembre.
LXXXIIL
26 septembre.
LXXXIV.
LXXXV.
26 septembre.
•i6 septembre
SUSCRIPTIONS ET TITRES.
Lettre à M. le cardinal Mazarin
[Lettre à MM. de Noyers et Chavigni]..
[ Lettre au roi]
Lettre à M. de Noyers
[Lettre à M. de Chavigni]
Pour M. de Cbavigny, secrétaire d'Estat.
Lettre à MM. de Noyers et de Ghavigny .
Lettre au roy
Lettre à M. de Noyers
Lettre à M. le cardinal Mazarin
[Lettre au roi]
Lettre à M. le surintendant
Lettre à MM. Chavigny et de Noyers. . .
Lettre à MM. Chavigny et de Noyers. . .
Déclaration du roy sur son voyage de
Roussillon
Lettre à MM. de Chavigny et de Noyers.
[Lettre au chancelier]
[ Lettre au roi ] .
Pour M. de Chavigny, secrétaire d'Estat
Pour M. de Noyers, secrétaire d'Estat,
en cour
Pour M. le chancelier
Lettre à MM. de Chavigny et de Noyers.
[Lettre. à M. de Noyers]
[Lettre à M. de Noyers]
[Lettre au roi]
[Lettre à M. de Chavigni]
Lettre à MVL de Chavigny et de Noyers
[ Lettre à M. de Noyers ]
Lettre à M. de Chavigni
[Lettre" à M. de Noyers]
[Lettre à M. de Chavigni]
Lettre à MM. de Chavigny et de Noyers.
[LettTQ.au roi]
PAGES.
93
95
96
97
98
101
101
io3
10/»
106
107
108
110
ii3
116
"9
lao
132
123
12/t
125
125
i3o
i3i
1.32
i33
i35
137
i38
139
i4i
aa
143
i33.
1060
TABLK DES MATIERES.
NUMÉROS
des
DATES,
SUSCRIPTIONS ET TITRES.
PAGES.
PIÈCES.
LXXXVJ.
26 septembre.
Mémoire à M. le cardinal Mazarin s'en
allant à Sedan par ordre du roy
XUU
LXXXVII.
27 septembre.
27 septembre.
Lettre à M. le Prince
i47
as
LXXXVIII.
Lettre à MM. de Cliavigny et de Noyers.
LXXXIX.
27 septembre.
2 octobre.
1 1 octobre.
Lettre à M. de Novers
.49
i5i
XC.
XCI.
Lettre à M. de Novers
Pour M. de Noyers, secrélaire d'Estat. .
XGII.
24 octobre.
[Lettre à M. d'Argenson]
l52
xcm.
xciv
2 5 octobre.
2 5 octobre.
[Lettre à M. de Chavigni]
i53
i54
[Lettre à M. de Cbavigni]
xcv.
XCVI.
. . . octobre.
27 octobre.
M. Le Grand
i55
Mémoire du cardinal contre M. de Cinq-
i63
XCVIl.
[2 novembre.]
Mémoire contre le s' de Cinq-Mars
168
XCVIII
[ 5 ou 6 novembre.]
[ Vers le comm'
de novembre.]
170
171
XCIX
[Lettre à M. de Chavigni]
[ Vers le 1 3
Autre mémoire du cardinal contre ledit
ou i4 novembre.]
Cinq-Mars
.73
5,6, 7,8,
Extraits de lettres de Chavigni au cardinal
i3, i4 novembre.
A
au sujet du renvoi de plusieurs officiers
demandé au roi par Son Erainence. .
Sommaire des lettres dont le texte n'est
pas compris dans le tome VI ni dans
les 1 78 premières pages de ce tome VU.
.78
i83
3i5
SUPPLÉMENT
NNÉE 1608.
I.
[Vers la findemars]
A
Lettre à M*' le cardinal du Perron
NNÉE 1616.
3i7
II.
[Comm' de février.]
li juin.
Lettre à
3i8
m.
319
♦
TABLE DES MATIERES.
1061
NUMEROS
des
piècES.
IV.
V.
VI.
VII.
VIII.
DATES.
[Seconde quinzaine
d'octobre'.]
[ Seconde quinzaine
d'octobre.]
10 décembre.
33 décembre.
[a8 décembre.]
SIJSCRIPTIONS ET TITRES.
l\iclielieu envoyé vers les princes mécon-
tents
Acte de soumission demandé aux princes
Le roy au pape
lettre à M. de Tresnel.
Le roy à M. Desmarests .
PAGES.
321
3a3
325
326
328
ANNEE 1617.
IX.
X.
XI.
XII.
XIII,
XIV
XV.
XVI.
xvu.
XVIII.
XIX.
XX.
XXI.
XXII.
XXIIl.
XXIV.
XXV.
XXVI.
XXVII.
xxvin.
XXIX.
XXX
XXXI.
XXXII.
i" janvier.
li janvier.
5 janvier.
1 a janvier.
[23 Janvier.]
23 janvier.
23 janvier.
25 janvier.
a6 janvier.
7 février.
7 ou 8 février.
10 février.
[i5 février.]
1 9 février.
23 février.
2 3 février.
25 février.
38 février.
28 février.
[Comm' de mars ?
8 mars.
8 mars.
17 mars.
Le roy à M. de Senecey
Le roy à M. de Léon
Le roy à M. du Maurier
[Lettre à M. de Baugy]
Le roy à M. du Maurier
Le roy à M. de Léon
Le roy à M. de Senecey
Lettre à M. de Sancy
Le roy au baron du Tour
Lettre à M. de Léon
Le roy à M. de Léon
Lettre à M. de Baugy
Lettre au marescbal d'Ancre
Lettre à M. du Maurier
Le roy à M. de Léon
Lettre à M. de Léon
Lettre à M. du Maurier
Lettre à M. de Seneçay
Le roy à M. de Seneçay
Lettre à M. le baron du Tour, conseiller
du roy en son conseil d'Estat et son
ambassadeur en Angleterre
Lettre aii marescbal d'Ancre
Le roy à M. de Sancy
Lettre à M. de Sancy
Lettre à M. de La Noue
33o
332
333
336
337
337
339
340
342
343
345
346
347
348
35o
35i
352
353
354
355
357
359
36o
36i
1062
TABLE DES MATIERES.
NUMÉROS
des
PIÈCES.
XXXIII.
XXXIV.
. XXXV.
XXXVI.
XXXVII.
XXXVIII.
XXXIX.
XL.
XLI.
XLII.
XLIII.
XLIV.
XLV.
XL VI.
XLVII.
XLVIII.
XLIX.
L.
LI.
LU.
LUI
LIV.
LV.
LVI.
LVII.
LVIII.
LIX.
LX.
DATES.
1 7 mars.
22 mars.
2 2 mars.
27 mars.
5 avril.
6 avril.
8 avril,
g avril.
1 o avril.
10 avril.
I 2 avril.
1 3 avril.
i3 avril.
là avril.
[Vers le 10 mai.]
[Vers le 10 mai.]
[Vers le 12 mai.]
[Vers le 18 mai.]
[21 ou 2 2 mai.]
[Comm' de juin.]
[8 ou 9? juin.]
10 juin.
Avant le 1 a juin.
[12 ou i3 juin.]
18 juin.
[Comm. de sept.]
[Fin de septembre]
[Verslei 5oclobre]
SUSCRIPTIONS ET TITRES.
Le roy à M. de La Noue
Le roy à M. de Léon
Lettre à M. de Léon
[Lettre au maresclial d'Ancre?]
Le roy à M. de Léon
Lettre à M. Uesmarets
Lettre à M. de Seneçay
[Lettre au mareschal d'Ancre]
Lettre à M. le mareschal d'Ancre
Lettre à M. de Baugy
Lettre à M. du Maurier
Lettre à M. l'abbé d'Aumale
Lettre à M. le mareschal d'Ancre
Lettre à M. le mareschal d'Ancre
[ Lettre à M. Deageant]
Lettre à M. de Luynes
Lettre à M. de Lnynes
[Lettre à M. Deageant]
Lettre à M. Deageant . ,
Lettre à M. Deageant
Lettre à M. de Luynes
[Lettre au P. Suffren]
Nota (Richelieu éloigné de la reine mère).
Lettre à M. de Luvnes
[Lettre à M. de Luynes]
Lettre au roy . ■
Lettre à M. de Luynes
Lettre au P. Joseph
Lettre à M. le g.irde des sceaux
PAGES.
362
36a
363
364
366
367
870
37.
373
374
375
378
38 1
383
386
389
391
394
397
4c o
4oi
407
409
4io
4ii
4l2
4i4
ANNEE 1618.
LXI.
LXII.
LXIII.
Premiers mois.]
[Avril.]
[2" quinzaine
d'octobre.]
Lettre au roy
Caput apologelicuni. Lusson .
Lettre au roy.
4i5
4i6
423
TABLE DES MATIERES.
1063
NUMEROS
des
PIÈCES.
DATES.
SUSCRIPTIOiNS ET TITRES.
PAGES.
ANNEE 1619.
LXXIII.
LXXIV.
LXXV.
LXXVI.
8 février.
19 juin.
[.. . juillet:-']
[ Premiers jours
de juillet.]
[3* dizaine
de juillet.]
[i" quinzaine
d'août.]
[1" quinzaine
d'août.]
[1" quinzaine
d'août ]
[Vers
la fin d'août.
aa octobre.
a décembre.
[Vers
la fin de décembre.]
[ Fin de décembre.]
Lettre à Messieurs Messieurs du chapitre
de Luçon
Lettre au roy
L'évêque de Luçon et le connétable de
Luynes
Lettre à M. de Luynes
Instruction de M. le commandeur quand
il va l'aire le serment de gouverneur
d'Angers
[La reine mère] à
Lettre à M. de Luynes .
La reine mère au roy .
Points de la lettre du P. Arnoux à la
reyne
Lettre au P. Arnoult.
Lettre à M. de Luynes.
Lettre à M. Barbin . . .
Lettre à M. de Luynes .
Lettre à M. de Luynes.
Lettre nu P. Arnoux. .
-ia4
426
428
463
463
465
466
468
469
470
471
472
473
475
478
ANNEE 1620.
Lxxvn.
LXXVIII
LXXIX.
a6
ja
[ai mai.]
[ Vers ia fin de mai.
Mémoire donné à M. de Brantes. . . . . .
Noia (Fidélité de Richelieu à la reine mère)
Lettre à M. de Blainville
Lettre à M. de Blainville.
-179
48i
483
484
1064
TABLE DES MATIERES.
NUMKROS
des
PIÈCES.
LXXX.
LXXXI.
DATES.
Vers le ao juillet.
[Vers
le 25 octobre.!
SUSCRIPTIONS ET TITRES,
Lettre à Messieurs du Parlement.
Lettre à M. de Sens
PAGES.
A85
487
ANNEE 1621.
LXXXII.
LXXXIII.
LXXXIV.
LXXXV.
LXXXVI.
LXXXVII.
LXXXVIII.
LXXXIX.
xc.
XCI.
XCII.
XCIII.
[ 7 ou 8 juillet.]
[Vers le tiers
du mois de juillet.]
[Vers le lo juillet.]
[23 ou 2 A juillet.]
27 juillet.
[Vers
le 17 ou le 18 août.]
[Vers
le 17 ouïe 18 août.]
[ . . . août.]
. . . août.
. . . août.
[22 octobre.]
[Vers la fin de 1621]
Lettre à M. l'archevêque de Sens.
Lettre au P. Arnoux
[Instruction pour M. de Mariilac]
Lettre à M. de Sens
Lettre à M. de Sens
Lettre à M. de Mariilac
Lettre à M. de Sens.
Lettre à M. le connestable
La reine mère à M. de Sens. . . .
Lettre à l'archevesque de Sens.. .
Instruction pour le s' des Roches.
Lettre à
489
493
494
498
5oo
5o2
5o3
5o4
5o6
507
509
5i4
ANNEE 1622.
XCIV.
XCV.
XCVI.
XGVII.
26 mai.
1 4 septembre.
[Premiers jours
de novembre.]
1" décembre.
Lettre à Monsieur de BéruUe , supérieur
des prestres de l'Oratoire
Lettre à Messieurs Messieurs de Sor-
bonne , à Paris
Lettre à M. Boulhillier
Lettre à M. Barbin .
517
519
520
621
XCVUI.
i4 avril.
ANNEE 1623.
Lettre à Mons. Mons. de Rouville, gou-
verneur des ville et chasteau de Chinon.
5a4
TABLE DES MATIERES.
1065
M'MEROS
des
XCIX.
c.
cm
DATES.
26 avril.
18 juin.
i4 juillet.
9 septembre.
18 octobre.
SUSCRIPTIONS ET TITRES.
Lettre à Mens. Mens. Bouthillier, con
seiller du roy et secrétaire des com-
tnanderaents de la reyne mère du roy,
Lettre à Mons. Mons. de Rouville , gouver-
neur des ville et chasteau de Chinon . .
Lettre à Mons. de Rouville
Lettre à Mons' Mons' Bouthillier, con-
seiller du roy en ses conseils et secré
taire des commandemens de la royne
mère de S. M ,
Nota (Richelieu cède son évôché. — Ré
futation d'une calomnie)
La reine mère à M. de Rouville
PAGES.
526
528
529
53o
r)3i
ANNEE 1624.
[ 1" ou 2 mai.]
[ Seconde moitié
de 1624.]
[Fin de juillet ou
comm' d'fioùt. ]
[ Vers
le mois d'août.]
5 septembre.
12 septembre.
[Vers
le I a septembre. ]
8 novembre.
Nota (mariage d'Henriette-Marie) ... .
Raisons pourlesquelles la Francedoits'op
poser au mariage d'Espagne et d'Angle
terre, elprocurercettealliancepourelle
A"*
Extrait des propositions du s' de Juvigny.
Mémoire donné à M. de Bérulle , touchant
la dispense du mariage d'Angleterre.
Mémoire ( importance de l'alliance avec la
Hollande)
Le roi à M. de Béthune
Lettre au R. P. de Bérulle, supérieur de
la congrégation de l'Oratoire, estant
de présent à Rome
Lettre au P. de Bérulle '
Nota (double instruction au marquis de
Cœuvres, concernant la Vaitelinc.).
Lettre au révérend Père de Bérulle. . .
53/»
535
536
539
54o
543
545
548
55o
55i
553
CAIIDIII. DE IICBKUEC. TU.
,34
1066
TABLE DES MATIERES.
iNUMEHOS
des
PIÈCES.
CXIII.
GXIV.
CXV.
DATES.
a6 novembre.
[ Vers la fiii
de novembre.]
[ . . . novembre. ]
SUSCHIPTIONS ET TITRES.
Lettre au révérend Père de Bérulle.
Mémoire : le mariage d'Angleterre. .
Le comte-duc (Olivarez)
PAGES.
55i
556
557
ANNEE 1625.
CXVL
CXVH.
CXVIIL
CXIX.
CXX.
CXXL
CXXII.
CXXIU.
CXXIV.
3o janvier.
[Com' de février.]
10 mai.
20 juillet.
20 juillet.
26 juillet.
7 août.
, . novembre.]
[Vers la fin
de 1626.]
Le roy à M. de Césy
Ëscril baillé à M. le Nonce en février 1 6a 5
Lettre à M. d'Effiat
Lettre à M. de Bérulle
Lettre à M. de Mende
Reverendis sacrse theologise apud Sorbo-
tiam docloribus
Mémoire des affaires résolues au conseil
du roy le 7 aoust 1625, sur le siège
d'Ast, qui m'a esté envoyé le 8 aoust
à Limours
AVIS. Ce qu'il faut faire sur le voyage de
Bouquincan
Mémoire
559
56o
56 1
563
564
566
567
569
573
cxxv.
cxxvi.
cxxvii.
CXXVIII.
CXXIX.
CXXX.
.\NNEE 1626.
['. . .janvier.] Response que le roy fera au prince de
Piedmont et à l'ambassadeur de Ve-
nise si S. M. l'a agréable
Nota (trailé avec l'Espagne; désavoué). .
Mémoire
Nota (traité réformé)
Lettre à Marini
Paroles dictées à M. le prince de Condé.
Mémoire .
[Février ou mars.]
[Vers le i5] mai.
[3o mai.]
[ Vers le mois
de mai.]
26 juillet.
Lettre à M. de Mende .
575
577
578
58 1
582
584
588
TABLE DES MATIERES. .
1067
MJMÉUOS
de»
DATES.
SUSCRIPTIONS ET TITRES.
PAGES.
PIÈCES.
CXXXI.
[Après juillet.]
Lettre au révérend P. Josepli
588
CXXXII.
CXXXIII.
27 août.
. . . décembre.
Leilre à M. de Mende
590
Jugement du cardinal sur les propositions
dp. M. ]p. frflrflp. dps («rpnnlx
592
ANNÉE 1627.
CXXXIV
[ . . . janvier.]
[Un peu après le
593
59A
Nota (la condamnation de Bouteville). .
22 juin.]
CXXXV.
26 décembre.
Observations de Richelieu sur une lettre
/
de M. de Saint-Chamond à M. d'Iler-
• bault , et sur le projet de réponse de ce
secrétaire d'Etat
595
CXXXVI.
3o et .Si décemb.
Réponse du cardinal à divers points sou-
mis au secrétaire d'état d'Herbault par
M. Marini , ambassadeur de France en
Italie
598
A
NNÉE 1628.
CXXXVII.
CXXXVIII.
[Com' de l'année.]
5 janvier.
Lettre à M. de BuUion
601
Leilre à Mons' Mons' le Prince
CXXXIX.
[Vers la fin
Politique de Richelieu à l'égard de l'Es-
de janvier.]
nacTie
60a
CXL.
a3 février.
Instruction de M. de Guron s'en allant en
Piedmont
6o4
CXLI.
9 avril.
Lettre à Mons' Mons' le Prince
6o5
CXLII.
CXLIII.
CXLIV.
[19 avril.]
[Vers le 26 avril.
9 mai.
1 r.pitrp à M dp Guron. 1
607
611
IiPtIre à M. de Guron
Lettre à Mons' Mons' le Prince
612
CXLV.
CXLVL
 juin.
8 juin.
614
Lettre à Mons' Mons' le Prince
6i5
CXLVII.
CXLVllI.
[Vers le mois d'oct.
32 octobre.
Mi^Trioirp
617
Division du Moniferrat, et raison de
l'usurpation d'Espagne et Savoie. . . .
618
i34.
1068
TABLE DES MATIERES.
NUMEROS
des
PIÈCES.
GXLIX.
CL.
CLI.
DATES.
[Au com'denov.]
[ Verslafiii de nov.]
lo décembre.
SUSCRIPTIONS ET TITRES.
Lettre pour M. d'Herbault
Lettre à M. le Nonce
Mémoire pour le secours de Casai
P.\GES.
6uj
620
622
ANNEE 1629.
CLIL
CLIII.
CLIV.
CLV.
CLVL
CLVn.
CLVIIL
CLIX.
[ . . . janvier. ]
[Derniers jours de
janv. ou comm
de février. ]
16 février.
! 6 février.
5 mars.
ik avril.
26 mai.
1 4 juillet.
Ad P. Berlium, geographum et profes-
sorem regium
Instruction pour le s' de L'isle
Instructioti de L'isle
Lettre à M. le prince de Piedmont .
Lettre à M. l'archevesque de Pise.
Nota
Lettre au prince de Piedmont. . . .
Lettre à M. le Prince
626
627
629
63o
632
633
634
637
639
ANNEE 1630.
CLXIII.
CLXIV.
GLXV.
3 mai.
[Premiers jours
de juillet.]
[Juillet ou août.]
[Vers
la fin d'août.]
22 octobre.
27 décembre.
Nota (situât, de la Franceà l'égard del'All.'
Lettre à M. le garde des sceaux
Lettre à M. Boulhillier touchant l'affaire
du clergé
Dessein pour fortifier les passages pour
empescher d'entrer de Piedmont en
Savoye
Nota (Christine de France)
Note donnée par le nonce Pansirole ac-
ceptée par le Colalte
Lettre à M. Bouthillier, conseiller du roy
en ses conseils et secrétaire de ses
commandements
Mémoire sur lequel il faut dresser l'ins-
truction de M. d'Hauterive
64 1
643
644
646
647
652
653
655
TABLE DES MATIÈRES.
1069
NUMEROS
des
PIÈCES.
DATES.
SUSCRIPTIONS ET TITRES.
PAGES.
ANNEK 1631.
CLXVI.
CLXVIl.
CLXVUI.
CLXIX.
CLXX.
CLXXl.
CLXXIl.
1 3 janvier.
a 1 avril.
[ . . . mai.]
5 juillet.
1 4 août.
31 septembre.
[Seconde quinz.
de novembre.]
Nota (mécontentements de la reine mère
Mémoire
Lettre à M" le mareschal de Toiras et
Servien
Lettre au s' Navaze
Nota (lapolit. de l' Esp. et celle de la France)
Lettre à Mons' Mons' le Prince. . . ^ . . . .
Nota (la reine mère sort de France). . . .
Lettre à la reine mère
Lettre à Madame Madame la Princesse.
Reraercîment à la République de Venise.
655
657
66o
663
664
667
668
669
670
67.
ANNEE 1632.
CLXXIU.
CLXXIV.
CLXXV.
CLXXVI.
CLXXVII.
CLXXVHI.
1 4 janvier.
Mar.<i.
[ Commencement
de juillet.]
[Vers le milieu
de l'année.]
[ . . . septembre ?]
Le roy à M" de Toiras et Servien ... .
Commerce
Mémoire
Instruction à M. Berruyer
Mémoire touchant la révolte projetée en
Flandres
Nota (mort du roi de Suède)
Toiras
673
67J
676
680
682
685
689
CLXXIX,
CLXXX.
CLXXXl.
ANNEE 1633.
[Vers la mi-fév.]
[Mars.]
Juillet-août.
Mémoire particulier pour M. le duc de
Créquy, ambassadeur à Rome
Ligue d'Italie
M. de Feuquières
Nota (succession de Manloue)
693
695
704
708
1070
TABLE DES MATIERES.
NUMEROS
des
PiècES.
DATES.
SUSCRIPTIONS ET TITRES.
PAGES.
CLXXXII.
CLXxxm.
CLXXXIV.
CLXXXV.
CLXXXVI.
CLXXXVII.
CLXXXVIII.
CLXXXIX.
CXC.
ANNEE 1634.
[Comm'dejanv.] Mariage de Gaston
[Vers Lettre à Mons' Bouthiilier, capitaine et
la fin de janvier.] gouverneur du Bois de Vie saine . . .
[24 février.] Mariage du cardinal de Lorraine
3i mars. Instruction au s' de Gournay
2 mai. Lettre à Madame la duchesse de Savoie.
23 juillet. Considérations à faire sur les traittés de
Hollande
3 novembre. Instructions données à M. de la Meille-
raye par le cardinal de Richelieu. .
. . . décembre. [Lettre à M. de Brezé]
Abrégé du contrôle général de toutes les
armées du roy, qui est ci-après tout au
long
71a
7,3
715
718
725
726
728
730
731
ANNEE 1635.
CXCI.
CXCII.
CXClIl.
CXGIV.
8 juin.
Vers le milieu
de l'année.
7 novembre.
[Vers
la fin de l'année.]
[Lettre à M. Bouthillier]
Jean de Gassion
Mémoire à M" le mareschal de Brézé et
de Charnacé
Secours de Colmar
732
733
736
788
CXCV.
CXCVI.
CXCVIl.
ANNEE 1636.
[lU ou I 5 janvier.]
[Vers
le 25 janvier.]
22 lanvier.
Addition à l'instruction du mareschal
d'Estrées
Mémoire au roy pour respondre aux
nonces du pape , sur lenvoy de M. le
mareschal d'Estrées et autres points..
Nota (Parme)
Lettre au roy
740
741
744
747
TABLE DES MATIERES.
1071
NUMEROS
des
PIÈCES.
cxcvm.
CXCIX.
ce.
CCI.
CCII.
CCIIl.
CCIV.
ccv.
DATES.
a a mars.
39 mai.
[a"'quinz. dejuin.]
3o juillet.
a8 septembre.
1 1 octobre.
[ . . . octobre.]
[Fin de i636
ou com' de 1637.]
SUSCRIPTIONS ET TITRES.
Lettre à M. l'évesque de Mende
Lettre à M. le Prince . . .
[Lettre à M. d'Hemery]
Response de Monsieur à M. le Nonce
Lettre à M. l'abbé de Coursan
Le roy à M. de Saint-Chamond
Complot d'Amiens
JLettre à M. de Chavigni.]
PAGES.
7^9
760
753
755
756
758
760
76a
CCVL
ccvn.
CCVIII.
CCIX.
CCX.
CCXl.
CCXII.
ccxnL
ccxiv.
ccxv.
CCXVI.
CCXVIL
CCXVIII.
3 février.
ao juin.
37 juin.
• • • juin-
16 août.
aa août,
a^août.
a6aoûl.
I a septembre.
1" octobre.
8 novembre.
10 décembre.
3i décembre.
ANNEE 1637.
Pour M. de Chavigny, secrétaire d'Estat.
Mémoire que le roy a commandé eslre
envoyé à M. de Cbarnacé, son ambas-
sadeur en Hollande
[Lettre à M. d'Hemery]
Lettre au Nonce
Lettre à Mons'le mnreschal de Chastillon.
Lettre au roy
Lettre au Pape
Lettre à M. de Charnacé
[Lettre à M. de Pujols]
Mémoire envoyé à M. le Nonce sur le
sujet de la trêve et de la paix
[Lettre à M. de Pujols]
[Lettre à M. de Pujols]
Mémoire pour M. d'Estrades
763
765
769
771
77a
773
774
775
776
778
779
781
78.
CCXIX.
CCXX.
CCXXI.
6 janvier.
[Comni' dejuin.]
aa juin.
ANNEE 1638.
Projet (Je dépesclie commandée par le
roy, qu'il plaise à S. M. considérer,
pour voir si elle est selon son intention.
[Lettre à M. d'Hemery]
Mémoire pour le roy
783
785
787
/
1072
TABLE DES MATIERES.
NUMEROS
des
PIÈCES.
CCXXII.
CCXXIII.
CCXXIV.
ccxxv.
DATES.
[Juillet ou août.]
2 2 septembre.
26 octobre.
[27 oclolire.]
SUSCRIPTIONS ET TITRES.
[Lettre au roi de Pologne]
Mémoire qui doit estre envoyé à M. d'Es
tampes
Nota (la reine mère)
Mémoire pour M. de Chavigny'
Lettre à M. le prince d'Orange
PAGES.
788
79»
793
795
797
ANNEE 1639.
CCXXVI.
ccxxvir.
[Vers le m .de mars . ]
27 avril.
Lettre à M. Du Pont de Courlay.
Lettre à M. le Prince
Mention de diverses négociations et de
plusieurs mémoires
Nota (opérations militaires de iGSg).,
798
800
802
80/i
ANNEE 1640.
CCXXVIÏÏ.
CCXXIX.
CCXXX.
CCXXXL
CCXXXII.
CCXXXIII.
CCXXXIV.
ccxxxv.
CCXXXVL
2 2 janvier.
2 3 février.
26 février.
6 mai.
i3 juin.
[Après le i5 juin.]
[Premiers jours
de juillet.]
i"mai à la fin de
i64o.
Après le 7 octobre
i3 octobre.
Nota (les princes de Savoie)
Mémoire au P. de Lisle s'en allant à Nice.
Advis du roy sur l'accommodement des
princes de Savoie et de Madame Royale
Lettre à M. de La Court
Lettre à Cbavigny
Lettre à Mazarin
Relation de l'entrevue de M. Breth, en-
voyé d'Espagne, avec M. le cardinal.
Avis sur ce sujet,
Lettre à M. Constantin
Nota (affaires de Piémont)
Le roi à Mazarin
Instruction pour le comte d'Harcourt , gé
néral de l'armée du roy en Italie, et
pour M. Mazarin, ambassadeur extra
ordinaire de S. M. audit pays
806
806
809
8n
812
8id
81A
816
817
822
823
TABLE DES MATIERES.
1073
M MEROS
des
PIÈCES.
CCXXXVII.
CCXXXVIII.
CCXXXIX.
CCXL.
CCXLI.
CCXLII.
CCXLIU.
CCXLIV.
CCXLV.
DATES.
1 3 octol-.re ?
1 1 novembre.
25 novembre.
27 novembre.
3o novembre.
i5 décembre.
21 décembre.
23 décembre.
SUSCRIPTIONS ET TITRES.
Mémoire pour M. le comte d'Harcourt el
pour M. Mazarin
Lettre aux mêmes.
Lettre à M. Mazarin
Le roy à M. le comte d'Harcourt et à
M. Mazarin
Le roy à M. Mazarin
Le roy à M. Mazarin
Lettre à M. Mazarin
Le roy au s' Mazarin
Le roy à Madame ,
PAGES.
837
83o
832
83 A
835
836
838
84o
842
ANNEE 1641.
CCXLVL
CCXLVU.
CCXLVIII.
CCXLIX.
CCL.
CCLl.
CCLII.
CCLUI.
CCLIV.
CCLV.
CCLVI.
CCLVII.
CCLVIII.
CCLIX
CCLX.
CCLXI.
CCLX IL
. . . janvier.
22 février.
27 février.
19 mars.
r Avril ou mai.
28 mai.
29 mai.
! 7J"'n-
j 7 juin-
I 12 juin.
I i5juin.
[Vers le 25 juin.
i"juillel.
lit juillet.
5 août.
12 août.
2 septembre.
Gassion
Nota (affaires de Piémont)
Le roy à la duchesse de Savoie ,
Lettre à M. Mazarin
Lettre à M. Mazarin à Thurin
[Lettre à M. Mazarin]
Lettre aux ambassadeurs du roy de Por-
tugal
Lettre à Cbavigny
Instruction pour M. le marquis deBrczé
lieutenant-général de l'armée navale
du roy
Lettre à M. d'Harcourt
Lettre à M. de ïurenne
Lettre à M. le comte d'Harcourt. . . .
Lettre au roy de Portugal
Mémoire. (Le duc de Lorraine)
Lettre à M. Je comte d'Harcourt
Lettre à M. le comte d'Harcourt ....
Lettre à M. le comte d'Harcourt
Lettre à Madame de Savoye
Lettre à M. le comte d'Harcourt
843
8/|8
849
85i
853
855
857
859
860
865
866
867
868
869
871
873
874
875
877
CARDIK. Dl mCHILIEl'. VU.
i35
1074
TABLE DES MATIERES.
NUMÉROS
des
PIÈCES.
DATES.
SUSCRIPÏIONS ET TITRES.
P.\GES.
CCLXIll.
CCLXIV.
a6 septembre.
3 octobre.
Fnslrtîotion nour M Reliame
878
880
Ilesponse aux propositions d'accommo-
dement du prince Thomas
Nota (le duc de Lorraine. Il se soumet).
Lettre au duc de Lorraine
882
885
CCLXV.
7 octobre.
37 octobre.
9 novembre.
CCLXVI
Le roy à M. Le Tellier
885
ccLxvn.
Lettre à la duchesse de Savoie
886
ccLxvin.
12 novembre.
Lettre à M. le comte d'Harcourt
Trêves
888
890
891
1 " — "
ANNÉE 1642.
CCLXIX.
2^ janvier.
Epistolu Eminenlissimi card. Arm. Ri-
chelii clarissimo et eruditissimo viro
CCLXX.
. [Vers
893
Mémoire des affaires que M. le cardinal
la fin de janvier.]
Mazarin aura à solliciter particulière-
ment à Rome, tant pour la France que
pour le cardinal de Richelieu
894
CCLXXl.
g février.
Lettre pour M. le cardinal Mazarin à Paris .
900
CCLXXIL
37 février.
. . . février.
3 juin.
21 juin.
Lettre à M. d'Avaux
903
905
907
908
Gassion
Colonies s
ccLxxin.
Lettre à M. du Plessis Praslin
CCLXXIV.
[ComnV de juillet.]
909
910
910
9i5
Nota (journ. dece qui s'est passé en Piém.)
Marie de Médicis
Nota (lettre attribuée à Richelieu mourant)
Sommaires des lettres dont le texte n'est
pas compris dans le supplément
BNOING SECT. SEP 2 :fi«
DC
123
.9
R5M
1853
t.7
Richelieu, Armand Jean du
Plessis, Cardinal, duc de
Lettres, instructions
diplomatiques et papiers
d'état
PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET
UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY