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Full text of "Lettres, instructions diplomatiques et papiers d'état, recueillis et publiés par M. Avenel"

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COLLECTION 


DE 


DOCUMENTS  INÉDITS 

SUR  L'HISTOIRE  DE  FRANCE 

POBLlés  PAR  LES  SOINS 

DU   MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE. 


PREMIÈRE  SÉRIE. 

HISTOIRE  POLITIQUE. 


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^     LETTRES, 

INSTRUCTIONS   DIPLOMATIQUES 

ET   PAPIERS   D'ÉTAT 

DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU, 


KECUEILLIS 


ET  PUBLIES  PAR  M.  AVENEL. 


TOME  SEPTIÈME. 

1642.  —  SUPPLÉMENT  :   1608  À  16i2. 


PARIS. 

IMPRIMERIE  NATIONALE. 


M   DCCC   LXXIV. 


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LETTRES 

INSTRICTIONS  DIPLOMATIQUES 

KT 

PAPIERS  D'ÉTAT 

DU  CARDINAL  DE  KICHELIEU 


CARDIK.  DE  niCBELIEC.    —   VII. 


LETTRES, 

INSTRUCTIONS  DIPLOMATIQUES 

ET 

PAPIERS   D'ÉTAT 

DU    CARDINAL   DE   RICHELIEU. 
ANNÉE   1642. 


I. 

Cabinet  de  S.  A.  W.  M*'  le  duc  d'Aumaie.  —  Original  de  la  main  de  Gherré  '. 

Bibl.  imp.  Sainl-Germain-Hariay,  35 1,  fol.  ia4.  —  Copie.  — 

Sainl-Gemiain ,  ioa3,  fol.  63  v*.  —  Copie.  — 

Missions  étrangères ,  1 70.  —  Copie.  —  Imprimée  dans  les  Mémoires  de  Montrésor. 

AU  ROY^^ 

De  Tarascoii,  ce  2  juillet  i6i2. 

Il  m'est  impossible  de  demeurer  davantage  sans  envoyer  sçavoir  des 
nouvelles  de  la  santé  du  roy.  Je  ne  double  point  qu'elle  ne  s'augmente 

'  N'ayant  point  sous  les  yeux,  au  mo-  '  Les  manuscrits  ne  donnent  point  de 
ment  de  l'impression ,  le  manuscrit  que  suscription  ;  malgré  la  tournure  indirecte , 
j'ai  vu  il  y  a  longtemps,  il  est  possible  qu'il  ce  billet  doit  avoir  été  adressé  au  roi  lui- 
se rencontre  quelque  erreur  dans  l'indi-  même.  Il  se  pourrait  cependant  qu'il  eût 
cation  que  je  donne ,  de  souvenir,  au  sujet  été  adressé  à  Chavigni  ou  à  de  Noyers , 
de  l'écriture;  mais  cette  erreur  serait  sans  qui,  cliacun  à  son  tour,  ou  tous  deux  en- 
importance  ,  toutes  ces  lettres  étant  de  la  semble ,  restaient  à  cette  époque  auprès  de 
main  de  Charpentier  ou  de  celle  de  Cherré,  Louis  XIII  et  recevaient  toutes  les  com- 
qui  l'un  et  l'autre  écrivaient  sous  la  dictée  munications  que  Richelieu  voulait  faire 
de  Kichelieu  et  méritent  la  même  con-  à  S.  M.  On  lit,  au  dos  de  l'original,  cette 
fiance.  note  écrite  par  un  secrétaire  de  Chavigni  : 


4  LETTRES 

et  ne  s'affermisse,  plus  sa  personne  s'approchera  de  son  air  natal;  ce 
que  je  souhaitte  avec  beaucoup  plus  de  passion  qu'elle  ne  sçauroit  faire 
elle-mesme. 

J'ay  receu  la  lettre  que  Sa  Majesté  m'a  faicl  l'honneur  de  m'escrire'  ; 
comme  je  n'ay  jamais  abusé  des  honneurs  qu'il  luy  a  pieu  me  faire, 
je  la  puis  asseurer  que  j'useray  du  pouvoir  qu'il  luy  plaist  me  donner, 
avec  la  modération  que  je  dois,  et  l'advantage  que  je  pourray  pour  son 
service,  qui  me  sera  tousjours  plus  cher  que  ma  propre  vie. 


II. 

Manuscrit  du  cabinet  de  S.  A.  R.  M*'  le  duc  d'Aumale.  — 

Original  de  la  main  de  Cherré. 

Bibl.  imp.  Saint-Germain-Hariay,  n°  35i,  fol.  126. —  Saint-Germain,  n°  loaS,  fol.  65  v° 

—  Missions  étrangères,  n°  170.  —  Imprimée  par  fragments 

dans  les  Mémoires  de  Montrésor,  p.  1 8i. 


[A  M.  DE  NOYERS'.] 


De  Tarascoii,  le  2  juiilcl  16/12. 


La  pensée  du  roy  pour  M""  Duplessis  Praslin  est  très-raisonnable, 
il  mérite  d'estre  lieutenant  général;  mais  M'  le  cardinal  Mazarin  dit 
qu'il  craint  que  cette  qualité  fasse  grande  peine  en  sa  personne  au 
marquis  de  Ville,  qui  prétendoit,  en  son  voyage  de  Paris,  le  mesme 
employ;  et  croid  qu'ainsy  que  M''  de  la  Motte  et  M'  de  Turenne  en  ont 


«  S.  Ém.  au  roy.  »  Ajoutons  une  fois  pour 
toutes  que  le  manuscrit  de  M*'  le  duc 
dWumale  venant  originairement  de  chez 
de  Noyers,  lorsque  la  suscription  manque 
et  qu'aucun  indice  ne  laisse  deviner  le 
destinataire,  la  présomption  est  que  la 
lettre  va  à  de  Noyers. 

C'est  celle  où  le  roi  informait  Riche- 
lieu qu'en  retournant  à  Saint-Germain  il 


lui  donnait,  dans  les  provinces  où  il  le  lais- 
sait ,  une  autorité  presque  royale.  (Tom.  VI, 
p.  957.) 

'  La  suscription  manque  dans  les  ma- 
nuscrits; mais  cette  lettre  est  la  réponse 
à  une  dépèche  de  de  Noyers,  datée  de 
Bagnols,  le  3o  juin;  laquelle  dépêche  se 
trouve  dans  les  manuscrits  de  la  biblio- 
thèque cités  aux  sources. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  5 

pris  possession  hors  d'Italie  après  y  avoir  commandé,  il  faudroit  en 
user  ainsy  pour  M"^  Duplessis  Praslin. 

M'  Mazarin  estime  que  M""  de  Longueville,  arrivant  de  delà,  peut  es- 
tablir  doucement  M"^  Duplessis  Praslin  lieutenant  général;  mais  que  de 
le  faire  maintenant  il  y  a  quelque  hasard  d'altérer  certains  esprits,  et 
croid  que  l'avis  qu'a  toute  l'armée  que  M'  de  Longueville  va  la  com- 
mander maintiendra  tout  le  monde  en  union  jusques  à  son  arrivée'. 

Il  adjouste  que  tous  ohéiroient  volontiers  présentement  à  Monsieur 
de  Turenne,  mais  je  ne  croy  pas  que  Monsieur  de  Turenne  veuille  aller 
servir  en  ces  quartiers  là  ensuite  de  ce  qui  est  arrivé  à  son  frère. 

Quand  M'  de  Chassé  sera  venu  je  luy  bailleray  ^  des  mémoires. 

Mon  bras  se  porte  mieux,  grâces  à  Dieu,  à  ce  que  disent  les  méde- 
cins et  les  chirurgiens. 

Je  viens  de  recevoir  la  lettre  que  vous  m'avez  escrite  par  le  courrier 
de  Monsieur  le  Premier  président,  qui  m'escrit  en  fort  bons  termes,  et 
•exprime  fort  bien  Testât  auquel  estoit  la  France  si  les  desseins  de  ce 
misérable  eussent  réussy. 

Je  ne  trouve  plus  estrange  cpi'il  en  voulust  à  ma  vie ,  puisque ,  comme 
un  monstre  dénaturé,  il  désiroit  la  fin  de  celle  du  roy,  ainsy  que  vous 
me  mandés  que  Sa  Majesté  vous  l'a  dit  elle-mesme. 

'J'envoye  savoir  des  nouvelles  du  roy  et  vous  m'avez  ravy  de  me 
mander  qu'il  se  porte  mieux,  souhaittant  sa  santé  mil  fois  plus  que 
ma  vie. 

'   Ce  paragraphe  manque  dans  les  co-  trésor  a  mis  «je   luy  demanderay;»  c'est 

pies.et  aussi  dans  les  Mémoires  de  Montré-  une  de  ses  bévues.   Chasé,  chargé  d'ins- 

sor,  l'éditeur  de  cette  compilation  n'ayant  truire  le  procès  de  Cinq-Mars ,  recevait  des 

pas  connu  les  originaux  des  pièces  qu'il  a  mémoires  ;  il  n'en  donnait  pas. 
publiées,  d'où  les  lacunes  et   les  fautes  '  Ce  dernier  paragraphe  manque  dans 

qu'offre  cette  publication.  Montrésor. 

'  Le  compilateur  des  Mémoires  de  Mon- 


LETTRES 


III. 

Cabinet  de  S.  A.  R.  M*'  le  duc  d'Aumalc.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

[A  M.  DE  NOYERS.] 

De  Tarascoii ,  ce  Ajuiliel  i6i2. 

J'envoie  sçavoir  des  nouvelles  de  Sa  Majesté,  qvie  je  ne  double  point 
qui  ne  soient  bonnes  ^ 

Il  est  temps,  à  mon  avis,  de  commencer  à  interroger  les  prisonniers; 
mais  il  faut  avoir  des  commissaires. 

Depuis  deux  jours  le  fils  de  Cliavagnac  arreste  icy  autour,  avec 
3o  chevaux;  nous  tascherons  de  le  faire  attraper,  s'il  continue  ses 
galanteries. 

Je  convicray  M'  le  comte  d'AUez  d'aller  luy-mesme  à  la  coste. 


IV. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  France,  iG42 ,  juin-août,  loi    162   — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

AU   ROY. 

Du  Ix  jiiillii  1G42. 

Ne  pouvant  estre  content  que  je  ne  sois  du  tout  asseuré  que  la  santé 
du  roy  soit  telle  que  je  la  souhaitte,  je  renvoyé  de  nouveau  pour  en 
apprendre  des  nouvelles. 

Il  n'y  en  a  point  icy  que  je  puisse  mander  à  Sa  Majesté.  Ceux  de 
Perpignan  ne  disent  rien  encore  parce  qu'on  les  entretient  d'une  fausse 
espérance  de  secours.  Ma  pensée  est  que  l'espérance  qu'on  avoit  en 
Espagne  du  changement  qu'ils  espéroient  devoir  estre  faict  à  la  cour, 

'  La  lettre  adressée  au  roi  ne  pouvait  qu'elle  ne  devait  pas  rester  dans  les  mains 
se  trouver  avec  celle-ci,  dans  le  manuscrit  de  de  Noyers;  mais  nous  en  avons  eu  la 
du  cabinet  de  M.  le  duc  d'Aumale,  puis-        minute  aux  Affaires  étrang-ères. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  7 

et  du  mouvement  qui  devoit  arriver  du  costé  de  Sedan,  en  may,  par 
le  party  qui  estoil  formé,  est  la  cause  des  ordres  qu'on  leur  donne  de 
Madrid  de  tenir  jusqu'à  la  dernière  extrémité.  Quoy  qu'ils  facent,  je 
croy  que  ce  mois  ne  se  passera  point  que  Voslre  Majesté  n'ait  son 
compte.  J'en  prie  Dieu  de  tout  mon  cœur,  et  que  je  puisse  luy  revoir 
autant  de  tendresse  pour  ses  créatures  qu'elles  en  auront  toute  leur  vie 
pour  sa  personne  et  pour  ses  intérests  '. 


Manuscrit  du  cabinet  de  S.  A.  R.  M^  le  duc  d'Auaiale.  — 

Original  de  la  main  de  Charpentier. 

Bibl.imp.  SaiatGerinain-Harlay,  35i ,  fol.  i3i. — Copie. — 

Saint-Germain,  ioa3,  fol.  70  v°.  —  Copie.  —  Missions  étrangères,  170.  —  Copie.  — 

Imprimée  dans  les  Mémoires  de  Monlrésor,  p.  190. 

[A  M"  DE  NOYERS  ET  DE  CHAVIGNI'.J 

De  Tarascon,  le  4  juillet  iGk-j. 

Les  énigmes  les  plus  ob.scures  commencent  à  s'expliquer,  le  perfide 
public  cognoissant,  au  lieu  où  il  est,  qu'il  a  eu  de  mauvais  desseins 
contre  la  personne  de  monsieur  Amadeau^,  mais  qu'il  n'en  a  point 
eu  que  le  roy  n'aye  consenty;  le  mal  est  que  la  liberté  qu'il  a  eue 
jusques  à  présent  de  se  promener  deux  fois  le  jour*  faict  que  ce 
discours  commence  à  estre  bien  espandu  en  cette  province ,  ce  qui  peut 
faire  beaucoup  de  mauvais  effects. 


'  Richelieu  afiecte  d'être  sobre  en  pa- 
role» avec  Louis  XHI  sur  tout  ce  qui  con- 
cerne Cinq-Mars ,  il  s'en  dédonunage  avec 
ses  confidents ,  comme  ou  le  verra  dans  la 
lettre  suivante,  écrite  le  même  jour  que 
celle-ci. 

'  Point  de  suscription ,  mais  la  lettre  est 
adressée  à  Chavigni  et  à  de  Noyers ,  comme 
on  le  voit  par  cette  lettre  môme  (ligne  i3 


de  la  p.  8).  Un  secrétaire  qui  avait  accompa- 
gné ces  ministres  auprès  du  roi  a  écrit  au 
dos ,  après  la  réception  :  «  Son  Eminence.  » 
(Voyez  note  i  de  la  lettre  du  2  juillet.) 

'  Ces  premières  lignes  sont  cliiffrécs 
dans  l'original.  «Amadeau,»  nom  de  con- 
vention pour  désigner  Richelieu. 

*  Dès  le  lendemain ,  cette  liberté  lui 
était  ôtée.  (Lett.  du  5  juillet.) 


8  LETTRES 

'  Vous  aurés  beaucoup  de  peine  à  raprivoiser  l'esprit  d'Amadeaii 
qui,  sçachant  le  consentement  du  Chesne^,  aura  toujours  peur  aux 
lieux  où  ce  que  l'on  a  voulu  faire  pourroit  estre  faict  tandis  que  ceux 
qui  estoient  destinés  à  l'exécution  seront  présens  '. 

Céton  a  tousjours  laissé  promener  M"^  le  Grand  deux  fois  le  jour; 
il  n'y  a  que  trois  jours  qu'il  en  usoit  encore  ainsy,  ce  qui  me  faict 
croire  que  les  premiers  ordres  que  M''  de  Noyers  dit  avoir  envoyez 
ont  esté  perdus. 

Monsieur  de  Bouillon  n'a  demandé  qu'un  médecin  et  deux  valets  de 
chambre;  le  perfide  public  a  six  personnes  qui  doivent  estre,  à  mon 
advis,  retranchées;  autrement  il  sera  impossible  qu'il  ne  fasse  sçavoir 
tout  ce  qu'il  vouldia,  et  jamais  prince  n'en  eust  davantage. 

Vous  parlerés  adroitement  de  ce  que  dessus,  sans  me  mettre  en  jeu 
en  aucune  façon. 

Si  j'avois  icy  un  bon  commissaire ,  je  ferois  interoger  le  dict  perfide , 
et  je  voy  qu'il  est  temps.  J'attends  M''  Chazey*,  que  nous  essayerons 
par  M'  de  Thou.  M'  de  Lavuson  seroit  du  tout  nécessaire. 

Parlés  au  roy  comme  de  vous  mesme  pour  qu'il  vous  donne  ordre 
de  me  mander  qu'on  le  fasse  interoger,  soit  par  M''  de  Chazé,  soit 
par  un  autre. 

Si  M'  de  Chazé  est  habile,  pour  rendre  l'affaii'e  plus  authenticque , 
on  y  pouroit  joindre  le  premier  président  de  Grenoble,  qui  est  affidé. 
Je  le  dis  parce  qu'il  faut  telles  gens,  estant  seur,  entre  nous  trois,  que 
le  perfide  dira  beaucoup  de  choses  à  taire;  et  le  roy  doit  adjouster  le 
premier  président,  parce  que  son  service  requerera  peut-estre  que  le 

'   Ce  paragraplie  est  chiffré  dans  l'ori-  tion  d'orthographe,  à  deux  ligne  de  dis- 

ginal.  tance,  parce  que,  outre  l'exactitude  scru- 

'  On  a  vu  que  ce  mot  désigne  le  roi.  pulcuse  dont  nous  faisons  notre  règle,  cette 

'  Les    copies    mettent    :    «  auprès    du  variation  dans  un  mot  diversement  écrit . 

Chêne  »  au  lieu  de  :  •  présens.  •  On  voit  à  tandis  que  la  prononciation  reste  la  même . 

quelques  variantes,  peu  importantes   du  prouve  la  dictée.  —  Ce  M.  de  Chasé  étail 

reste,  que  ces  copies  n'ont  pas  été  faites  intendant  de  justice,  police  et  finances,  en 

d'après  l'original.  Dauphiné. 

*  Nous  ne  rectifions  point  cette  varia- 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  .   9 

parlement  fasse  ce  procez ,  parce  que  monsieur  de  Bouillon  y  pourra 
estre  amené  aisément. 

Je  recognois  de  plus  en  plus  la  grâce  que  Dieu  m'a  faicte  de  ni'en- 
voyer  mon  mal.  Je  ne  vous  en  dis  pas  davantage ,  vous  entendrés  bien  le 
reste'.  Faicte  haster  M'  de  Chasé  par  le  Rhosne,  car  le  temps  nous 
presse,  et  il  est  nécessaire  que  je  sois  icy  pour  l'aider  à  ces  interro- 
gatoires que  je  luy  donneray  touttes  digérées. 

Je  ne  responds  point  à  ce  que  vous  me  mandés  touchant  la  conduitte 
de  Monsieur  hors  du  royaume,  parce  que  vous  avés  veu  mes  pensées 
sur  ce  suhject  par  mes  dernières  dépesches. 

^  Il  est  bon  que  *  M'  de  Chavigny  die  au  roy  que  M'  le  Grand  di- 
soit  que  Fontrailles  avoit  dict  vm  bon  mot  sur  ses  maladies,  sçavoir  est  : 
(7  n'esl  pas  encore  assez  mal;  pour  nionstrer  comme  le  dict  perfide  et 
ses  confidents  estoient  mal  intentionnés  vers  elle*. 


'  Ici  se  trouvent,  dans  les  copies,  ces 
mots  que  ne  donne  pas  l'orip^inal  :  «  vous 
imaginant  facilement  le  péril  que  je  cou- 
rois.  »  Peut-être  est-ce  la  minute  que  les 
copistes  ont  eue. 

'  Ce  paragraphe  est  en  partie  chiffré. 

■'  Ici  les  manuscrits  de  la  Bibliothèque 
mettent  :  «que  le  fidèle  marquis  de  Morte- 
mart  die  au  Chesne ,  comme  le  perfide  pu- 
blic disoit  que  Fontrailles  »  etc.  Est-ce 
encore  ici  une  variante  de  l'original  à  la 
minute  ? 

'  Les  confidents  du  cardinal  n'avaient 
pas  attendu  cette  recommandation;  Ue 
Noyers  lui  écrivait,  de  Picrrelatte ,  le 
i" juillet  au  soir:  ■  S.  M.  est  escliauffée 
plus  que  jamais  contre  M'  le  Grand,  et 
avec  grande  raison,  car  elle  a  .sceu  que, 
durant  sa  maladie,  ce  misérable,  que  M' le 
premier  président  nomme  fort  bien  le  per- 
fide public ,  avoit  dit  :  il  Iraisnera  encore, 
tesmoignant  du  regret  de  ce  que  S.  M. 
avoit  encore  à  vivre.  Cela  a  exlresmement 


picqué  S.  M.  et  elle  m'a  dit  souvent  depuis  . 
le  meschanl,  il  eust  voulu  que  je  fusse  mort.  A 
quoy  je  responds  coumie  il  convient.  J'ay 
dit  à  S.  M.  le  terme  dont  se  sert  le  premier 
président,  qu'il  a  trouvé  fort  bon.  J'ay  eu 
aujourd'huy ,  en  deux  fois ,  deux  heures  et 
plus  d'audience  sur  ce  subject,  et  il  me 
semble  que  je  ne  les  ay  pas  mal  employées.  » 
El,  dans  un  billet  du  2  juillet,  de  Noyers 
ajoutait  :  •  S.  M.  continue  de  très-grandes 
démonstrations  d'amour  pour  monsei- 
gneur, dans  une  exécration  non  pareille 
de  ce  malheureux  perfide  public.  »  Chavi- 
gni,  à  son  tour,  écrivait  de  Montélimarl, 
le  .?  :  «  Le  fidèle  marquis  de  Mortemart 
prendra  son  temps  aujourd'huy  pour  parler 
du  dessein  qu'on  a  eu  sur  M'  le  cardinal; 
il  a  dit  depuis  deux  jours  des  choses  qui 
ont  faict  un  très-grand  effect.  u  Un  peu  plus 
tard,  Chavigni  mandait  encore  à  Riche- 
lieu :  •  Le  roy  s'aigrit  tous  les  jours  de 
plus  en  plus  contre  M'  le  Grand;  S.  M. 
en  parla  hier  à   son  coucher  comme  du 


CARDIN.  DE  niCHEI.ICD.  —  VII. 


10 


LETTRES 


VI. 

Cabinet  de  S.  A.  R.  M''  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Charpentier. 


[A  DE  NOYERS.] 

De  Tarascon,  ce  5'juillet  i642. 

Je  ne  me  souviens  point  du  nom  du  bénéfice  que  j'ay  accordé  cy-de- 
vant  à  M"^  Bontemps\  de  quelle  abbaye  il  deppend,  ny  par  la  mort  de 
qui  il  est  vacant.  Si  il  le  sçait  vous  en  ferés  prendre  un  mémoire  par  un 
de  vos  commis,  que  vous  m'envoyerés  par  la  première  occasion;  sinon 
vous  dires  aud.  s""  Bontemps  qu'il  escrive  à  Paris  pour  le  sçavoir,  que  je 
luy  accorde  encores  de  nouveau  le  d.  prieuré,  et  que  je  luy  en  feray 


plus  scélérat  et  du  plus  grand  traistre  qui 
ayt  jamais  esté,  t  Sur  quoi  Cliavigni ,  en- 
chérissant, dit  au  roi  que  toutes  les  nou- 
velles qu'il  recevait  de  I  lollande,  d'Espagne, 
d'Angleterre  étaient  des  plus  alarmantes; 
que  partout  on  croyait  le  cardinal  perdu 
et  la  France  perdue  avec  lui.  «  Unie  semble, 
ajoute  Chavigni,  que  cela  fit  grande  im- 
pression sur  l'esprit  de  S.  M,  »  (Ms.  des 
AIT.  étr.  I'"rance ,  juin-août,  fol.  276  ;  lettre 
du  20  juillet.)  Enfui  dans  sa  lettre  sui- 
vante :  Il  Le  roy  m'a  dit  depuis  deux  jours 
que,  lorsqu'il  fut  si  mal  à  Perpignan,  M' 
le  Grand  luy  avoit  tenu  des  discours  qui 
tendoient  à  luy  laisser  la  tuleUe  de  niessei- 
gneurs  les  enl'ans  de  France,  sans  pour- 
tant le  luy  demander  ouvertement.  J'cxa- 
géray,  comme  je  devois,  l'enVonteric  du 

*  Je  retrouve  la  m'mc  nouvelle,  presque  mot  pour 
mol,  dans  une  lettre  suivante,  datée  du  28  juillet, 
avec  cette  addition  :  «S.  M.  me  dit  :  Si  Dieu  me  met 
en  estât  de  penser  à  ce  qui  se  fera  après  raoy,  je  ne 
puis  laisser  une  telle  charge  qu*à  M' le  cardinal.»  On 
se  demande  comment  Chavigni  a  pu  omettre,  dans 


jeune  audacieux*,  et  je  dis  ensuite,  en  gé- 
néral, tout  ce  que  je  crus  à  propos.  Je 
puis  asseurer  à  M*'  qu'il  ne  sçauroit  sou- 
baitter  les  choses  en  meilleur  estât  qu'elles 
sont  pour  luy.  »  Et  nous  ne  sommes  encore 
qu'au  22  juillet;  qu'on  se  figure  l'effet  de 
ces  obsessions  de  tous  les  jours  jusqu'au 
jour  du  ijupplice. 

'  De  Noyers  disait  le  2  ,  dans  une  lettre 
écrite  de  Pierrelatte  :  «  Le  pauvre  Bon- 
temps  a  obtenu  ce  jourd'huy,  avec  un  peu 
d'aide,  l'abbaye  d'Ivernaux;  il  en  a  remer- 
cié le  roy  et  attendri  le  cœur  de  son 
maistre.  »  Le  nom  d'Ivernaux  est  écrit  en 
surcharge ,  il  y  avait  d'abord  Desguipeaux , 
nom  que  nous  trouvons  encore  écrit  :  de 
Guespeaux. 


son  premier  récit,  une  telle  circonstance.  Et  rien 
n'indique  que  l'une  ou  l'autre  de  ces  deux  lettres  n'ait 
pas  été  envoyée.  Remarquons  aussi  que  iUchelieu 
écrit  dans  sa  lettre  du  22  :  «le  roy  m'a  dit  depuis 
diux jours;  et,  dans  la  lettre  du  28,  il  dit  depuis 
ijoalre  jours.  (Mss.  cités  aux  sources.) 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  11 

donner  les  expéditions  de  tel  jour  qu'il  voudra  du  temps  que  je  luy 
ay  premièrement  accordé. 

Souvenés-vous,  s'il  vous  plaist,  de  faire  garder  les  lettres  que  Mes- 
dames de  Bouillon,  la  vieille  et  la  jeime,  escrivent  à  M""  de  Bouillon  ', 
par  lesquelles  la  vieille  tesmoigne  à  son  filz  avoir  esté  fort  surprise  de 
l'arrivée  de  sa  belle  fiUe;  et  la  jeune  à  son  mary,  que  tous  ceux  de 
Sedan  en  sont  estonnez  et  ne  peuvent  croire  qu'il  n'y  ayt  quelque 
finesse  en  son  voiage ,  parce  que  ces  lettres  pourront  servir  au  procès 
du  d.  s'  de  Bouillon  et  de  ces  autres  M".  Je  vous  prie  de  faire  partir 
sans  remise  M'  de  Chazé  ^  parce  que  le  temps  nous  presse ,  et  que  les 
délays  nous  nuisent. 

Je  prie  M"'  Desdiguieres  de  demeurer  tousjours  auprès  du  roy  jus- 
ques  à  ce  qu'il  ayt  passé  Lyon;  après  quoy,  s'il  me  veut  venir  voir,  il 
le  pourra  faire. 

M""  le  comte  d' Allez  est  parly  aujourdhuy  pour  aller  visiter  toute  la 
coste  de  son  gouvernement,  préparer  les  milices  et  la  nol)lesse. 

Ce  qui  deppendra  de  nos  petits  soins  ira  avec  diligence. 

M'  de  Vautorte  partit  des  avant  hier. 

Si  M""  de  Chazé  veut,  il  peut  estre  en  un  jour  icy  par  le  Kosne. 

Si  le  roy  veut  aussy  m'envoier  le  premier  président  de  Grenoble,  le 
Rosne  le  peut  apporter  aisément. 

Si ,  quand  il  sera  icy,  je  juge  qu'il  ne  soit  pas  propre ,  je  m'en  defferay 
bien  par  quelque  excuse. 

'Ces  lettres,  adressées  au  duc  de  Bouillon         sic  au  cardinal  dans  sa  lettre  du  i"  juiLlet. 
en  Italie,  où  elles  n'arrivèrent  qu'après  son  '  On  a  vu  que  Ricliclieu  l'attendait  |)oiir 

arrestation,  de  Noyers  en  annonçait  la  sai-         l'aire  interroger  les  prisonniers. 


12  LETTRES 


VIL 

Manuscrit  du  cabinet  de  S.  A.  I\   M^'  le  duc  d'Aumale.  — 

Original  de  la  main  de  Cherré. 

Bibl.  imp.  Fonds  SaintGermain-Harlay,  35 1,  fol.  i34v°.  —  Copie.  — 

Saint-Germain,  loaS,  fol.  75.  —  Copie.  — 

Missions  étrangères,  170,  vol.  non  cliilTré.  —  Copie. 

[A  CHAVIGNI  OU  DE  NOYERS  ^] 

De  Tarascon ,  ce  5*  juillet  1642. 

Pensant  et  repensant  souvent  à  l'afFaire  des  conjurez,  je  me  suis 
advisé  qu'il  est  impossible  qu'il  n'y  ait  un  traicté  particulier  faict  entre 
eux,  ce  qui  faict  qu'il  fauldra  le  demander  à  Monsieur,  aussy  bien  que 
le  traicté  général  d'Espagne.  Si  l'on  peut  avoir  ces  deux  pièces,  le  pro- 
cès se  fera  aux  prisonniers  sans  peine. 

Il  fault  présuposer  nécessairement,  en  parlant  à  la  Rivière,  que  le 
traicté  est^,  comme  c'est  chose  hors  de  doute. 

Puisque  vous  estimés  du  tout  nécessaire  de  donner  un  acte,  ou  passe- 
port, à  Monsieur,  pour  sortir  hors  du  royaume,  je  vous  en  envoyé  un, 
que  j'ay  dressé ,  aux  paroles  substantielles  duquel  il  est  à  propos  de  s'at- 
tacher pour  beaucoup  de  raisons  que  vous  jugerés  bien. 


^  Apres  avoir  faict  représenter  au  duc  d'Orléans,  nostre  frère,  que 
le  vray  lieu  auquel  il  doit  se  rendre,  est  auprès  de  nostre  personne, 
particulièrement  depuis  la  faute  en  laquelle  il  est  tombé  depuis  peu , 
les  instantes  et  réitérées  suplications  qu'il  nous  a  faict  faire,  de  luy 

'  Sans  suscription.  (Voy.  ci-dessus,  p.  3,  paration.  L'original  de  ce  passe-port,  con- 

note  2.)  serve  dans  le  manuscrit  de  monseigneur  le 

^    Une   légère  variante  dans   la  copie  duc  d'Aumale ,  est  sur  une  feuille  séparée , 

que  donnent  les  Mémoires  de  Montrésor,  et  écrit,  ainsi  que  la  lettre,  de  la  main  de 

p.  194,  fausse  un  peu  le  sens  :  aie  traicté  Charpentier,   auquel  le  cardinal  l'a  dicté, 

est  come  une  chose  liors  de  doute.  »  (  Montrésor  n'a  pas  connu  les  originaux,  et 

'  Les  deux  copies  transcrivent  le  passe-  n'a  pu  suivre  que  les  copies.) 
port  à  la  suite  de  la  lettre  sans  aucune  se- 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


13 


permettre  de  sortir  de  nostre  royaume,  font  que,  puisqu'il  n'a  pas 
voulu  suivre  nos  conseils ,  ny  satisfaire  à  ce  à  quoy  son  devoir 
l'obligeoit,  sans  auctoriser  sa  sortie  du  royaume,  nous  voulons  bien 
la  toUérer.  En  cette  considération  nous  commandons  à  tous  nos  gou- 
verneurs de  provinces  et  de  places,  aux  maires  et  eschevins  de  nos 
villes,  et  à  tous  autres,  nos  officiers  et  sujets,  de  laisser  passer  libre- 
ment nostre  dict  frère ,  avec  son  train ,  composé  de  '  pour 
aller  à  Venise ,  d'où  il  ne  poura  revenir  en  nostre  royaume  sans  nostre 
expresse  permission. 


VIII. 
Cabinet  de  M*'  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

[A  M.  DE  CHAVIGNL] 

De  Tarascon,  ce  5  juillet  i642. 

Tous  les  ordres  que  vous  avés  envoies  à  M'  Seton,  pour  les  prome- 
nades de  M' le  Grand,  ont  esté  receus  et  exécutez,  à  ce  qu'il  a  mandé. 

Le  d.  s'  le  Grand  a  autant  de  gens  que  M"^  le  prince  en  avoit.  Je 
croy  qu'il  luy  faut  deux  valets  de  chambre,  un  cuisinier  et  un  somme- 
lier; mais  qu'il  luy  faut  oster  deux  aides  qu'a  le  cuisinier,  et  deux 
aides  au  sommelier,  comme  aussy  im  cordonnier  et  un  boulanger. 
M' Seton  est  de  cet  avis,  comme  il  amande  à  M' de  la  Vrillière. 

Vous  ne  m'alléguerés  point,  s'il  vous  plaist-. 


NOTA. 

La  réponse  que  fit  Chavigni,  le  lendemain,  à  cette  lettre  de  Richelieu,  du 
ô  juillet,  est  assez  curieuse  et  assez  importante,  dans  cet  exposé  des  procédés  dont 


'  Le  détail  est  resté  en  blanc  dans  l'ori- 
ginal. 

'  Richelieu  avait  déjà  fait,  la  veille  (ci- 
dessus,  p.  8),  à  de  Noyers  la  même  re- 
commandation ,  et  il  l'a  répétée  plusieurs  ■ 


fois.  On  voit  le  soin  qu'il  prend  de  se  tenir 
toujours  à  l'écart,  en  même  temps  qu'il 
ordonne  tout  jusque  dans  les  moindres 
détails. 


Iti  LETTRES 

on  usa,  afin  de  perdre  Cinq-Mars  dans  l'esprit  du  roi,  pour  qu'il  soit  à  propos 
de  la  donner  icy.  Elle  est  conservée  en  original  dans  le  cabinet  de  M^'  le  duc 
d'Aumale. 

A  Vienne,  ce  6  juillet ,  à  six  heures  du  soir,  i64r!. 

Nous  louons  Dieu  de  tout  nostre  cœur  de  ce  que  M' le  Grand  commance  à  parler^ 
cela  nous  donne  lieu  d'espérer  que,  s'il  a  esté  assés  détestable  pour  concevoir  de 
mauvais  desseins,  Dieu  permettra  c[u'il  se  découvre  luy-mesme. 

Le  roy  trouve  bon  qu'on  retranche  ses  gens  et  qu'on  ne  luy  laisse  que  ceux  que 
Monseigneur  estiniera  à  propos.  Sa  Majesté  aussi  juge  très-nécessaire  qu'on  com- 
mance à  interroger  les  prisonniers,  et  elle  est  demeurée  d'accord  qu'on  emploiast 
à  cet  effect  M"  le  premier  président  de  Grenoble  et  de  Lauzon ,  dont  le  premier  doit 
estre  maintenant  auprès  de  S.  Em.  M"'  de  Chazé  y  doit  estre  aussi ,  estant  parti  il  y 
a  trois  iours. 

L'ordre  pour  reserrer  M'  le  Grand  a  esté  porté  au  s"'  de  Ceton,  par  M'  de 
Ghoupes,  le  jour  mesme  qu'il  a  esté  commandé  par  le  roy;  en  cas  qu'il  eust  oublié 
de  le  laisser  en  passant  on  en  envoie  le  duplicata. 

Nous  avons  parlé  au  roy  de  tout  ce  que  dessus  comme  de  nous  mesmes,  sans  v 
mesler  le  nom  de  Monseigneur.  Sa  Majesté  est  si  animée  contre  le  perfide  public, 
qu'il  y  auroit  plus  de  peine  à  luy  faire  user  de  douceur  qu'à  la  porter  à  la  rigueur. 
Nous  supplions  très-humblement  Monseigneur  de  se  mettre  l'esprit  en  repos,  et  de 
croire  qu'il  ne  fut  jamais  aussi  puissant  auprès  du  roy  qu'il  est,  et  que  sa  présence 
opérera  tout  ce  qu'il  voudra.  Nous  n'eussions  jamais  creu  pouvoir  estre  obligés  à 
nous  consoler  de  la  longue  et  fascheuse  maladie  de  Monseigneur,  par  les  raisons 
que  nous  jugeons,  parce  qu'il  luy  plaist  de  nous  escrire;  il  fault  louer  Dieu  de  toutes 
choses,  et  s'assurer  qu'il  n'a  pas  cominancé  un  si  grand  ouvrage  pour  le  laisser 
imparfait. 

Le  roy  estime  que  lorsque  Monseigneur  jugera  à  propos  de  faire  sortir  M'  le 
Grand  de  Montpellier,  pour  le  mettre  ailleurs,  il  le  faudra  faire  accompagner  par 
cinq  cens  chevaux,  entre  lesquels  il  nomme  le  régiment  d'Anguien,  il  avoit  pansé 
à  celuy  de  M' le  mareschal  de  la  Melleraie,  mais  il  a  changé  d'advis  à  cause  de  M' de 
Ruvigni,  et  tout  cela  de  son  proj)re  mouvement.  Si  S.  Em.  veult  emploier  à  cette 
conduitte  d'autres  troupes,  Elle  peut  estimer  très  certain  que  Sa  Majesté  n'y  trou- 
vera rien  à  redire. 

Lorsque  nous  avons  parlé  au  roy  du  fils  de  Chavagnac,  il  nous  a  aussitost  dit 
qu'il  falloit  le  faire  prendre  et  que  S.  Em.  y  pouvoit  emploier  la  cavallerie  qu'elle 
avoit  auprès  d'elle.  S.  M.  trouve  bon  aussi  qu'on  arreste  Cioujac  en  quelque  lieu 
qu'on  le  puisse  trouver. 

La  santé  du  roy  ne  va  pas  si  bien  que  nous  souhaitterions,  il  a  esté  aujourd'huy 


DU   CARDINAL   DE  RICHELIEU.  15 

fort  foible,  et  a  vuidé  quantité  de  bile  et  de  mauvaises  matières  qui  iuy  donnent 
de  la  douleur  en  passant. 

M''  Bouvard  fait  estât  de  le  purger  à  Lion,  où  Sa  Majesté  arrivera  demain,  et  y 
séjournera  mardi  et  mecredi  pour  attendre  le  retour  de  La  Rivière,  duquel  nous 
n'avons  eu  encor  aucunes  nouvelles. 

Sa  Majesté  tesmoigne  tousjours  désirer  passionnément  la  guérison  de  Monsei- 
gneur, et  de  le  voir  auprès  d'elle.  Ses  véritables  créatures  font  tous  les  jours,  du 
meilleur  de  leur  cœur,  des  vœux  pour  cela,  et  elles  donneroient  volontiers  leurs  vies 
pour  celle  de  leur  maistre. 

Cette  lettre  est  signée  «de  Noyers,  Chavigni  »  dans  la  copie  que  nous  avons 
vue  à  la  Bibliothèque  impériale ,  manuscrit  de  Harlay  35 1 ,  fol.  1 38  ;  elle  se  trouve 
aussi  dans  le  fonds  de  Saint-Germain  io23,  et  dans  celui  des  missions  étrangères, 
n°  170. 


IX. 
Cabinet  de  S  A.  R.  M''  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

[A  M.  DE  NOYERS.] 

'  De  Tarascon,  ce  7°  jiiilipl  16/12. 

Je  VOU.S  envoie  une  lettre  dont  vous  dires  le  nom  de  celuy  qui  vous 
Tescrit  en  trois  lettres  S  après  que  vous  Taures  leue.  Je  Tay  ouverte 
pour  voir  ce  qu'il  vous  mande,  croyant  que  ce  fust  quelque  chose  de 
conséquence. 

De  Loynes  mande  que  le  bonhomme  commandeur  des  Goûtes  Iuy 
a  escril ,  qu'il  craint  que  l'armée  navale  ne  manque  de  poudres  à  cause 
de  celles  que  le  chevalier  de  Cangé  a  consommées,  et  qu'il  seroit  né- 
cessaire d'en  avoir  un  magazin  à  Barcelonne;  à  quoy  vous  avés  desjà 
pourveu.  Le  dict  de  Loynes  mande  c|u'il  y  a  cinquante  miliers  de 
poudre  à  Arles,  et  autant  à  Narbonne,  qui  sont  destinez  pour  la  mer; 
que  pour  ceux  qui  sont  en  Arles,  il  a  prié  M'  Amoul  de  les  envoier 
([uérir;  mais  que,  pour  ceux  qui  sont  à  Narbonne,  elles  sont  entre  les 

'  On  sait  le  proverbe  dont  Molière  a  l'ait  un  piquant  emploi. 


I 


16  LETTRES 

mains  du  garde  de  l'arcenal  nommé  du  Cos,  qui  en  a  donné  son  récé- 
pissé, et  promis  de  ne  les  deslivrer  que  par  mon  ordre.  Je  vous  prie 
de  me  mander  si  la  dicte  poudre  est  encores  aux  lieux  cy  dessus,  et  si 
les  cinquante  miliers  que  M''le  Grand  Maistre  a  envoyez  à  Barcelonne, 
pour  l'armée  navale,  sont  ceux  qui  estoienl  à  Narbonne  entre  les  mains 
du  d.  du  Cos,  garde  de  l'arcenal,  ou  si  s'en  sont  d'autres;  enfin  ce 
que  sont  devenus  les  cent  miliers  de  poudre;  et  s'il  y  en  a  encores  ou 
en  Arles  ou  à  Narbonne.  Je  vous  prie  d'envoier  promptement  ordre  à 
ceux  qui  les  ont  en  garde  de  les  faire  conduire  en  diligence  à  Barce- 
lonne, entre  les  mains  de  celuy  qui  a  desjà  celles  que  vous  y  avés 
faict  porter,  dont  vous  donnerés  avis  à  M'  d'Argemon. 

'  Je  crains  bien  aussy  que  nostre  armée  ne  manque  de  boulez  après 
un  sy  grand  combat  que  celuy  qu'ilz  auront  faict.  Si  vous  sçavés  le 
moyen  d'y  donner  ordre  vous  me  ferés  un  très-grand  plaisir. 


X. 

Manuscrit  du  cabinet  de  M''  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

Bibl.  imp.  Fonds  Saint-Germain-Harlay,  35 J,  fol.  lii.  —  Copie.  — 

Saint-Germain,  1023,  fol.  83.  —  Copie.  — 

Missions  étrangères,  170,  vol.  non  chiffré  — Copie. 

['A   MM.   DE   CHAVIGNI    ET    DE    NOYERS?] 

DcTarascoii,  ce  7'  juillet  i64î. 

^J'attends  avec  patience  le  succez  de  la  demande   du  gouverne- 
ment que  vous  sçavés  ^  Je  ne  croy  pas  que  cette  affaire  puisse  man- 

'  Sans  suscription.  (Voy.  la  notes  de  la  que  Mortemart  rendait,  en  ce  moment, 

page  3.)  à  Richelieu,  auprès  du   roi  :   «la  propo- 

Ce  premier  paragraphe  manque  dans  sition  du  gouvernement  de  Touraine ,  pour 

l'original;   c'est  sans  doute  sur  une  mi-  M' de  Mortemart,  a  esté  faite  au  roy  (disent- 

nute  que  la  copie  a  été  prise.  ils),  S.   M.  a  remis  la  résolution   de   la 

'  Une  lettre    signée    «  Ciiavigni   et  de  chose  à  monseigneur.  »  Nous  lisons  dans 

Noyers ,  »  du  8  juillet ,  explique  cela  ;  il  s'a-  cette  même  lettre  :  >  S.  M.  a  grande  impa- 

gissait  de  récompenser  les  services  secrets  lience  d'estre  à  Fontainebleau ,  et  d'y  voir 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


17 


quer';  l'exemple  de  messieurs  de  Lesdiguieres  et  de  Roussillon^  la 
favorisent. 

Monsieur  de  Thou,  pour  le  premier  interrogatoire,  a  suivy  le  stile 
de  tous  les  criminels,  niant  tout  absolument. 

Tay  de  l'impatience  de  sçavoir  ce  qu'aura  faict  Monsieur,  et  s'il  don- 
nera une  bonne  déclaration;  ce  que  je  désirerois  grandement,  car, 
s'il  fournissoit  le  traicté  général  faict  en  Espagne ,  et  l'association  par- 
ticidière  faicte  entre  lui  et  messieurs  de  Bouillon  et  le  Grand,  le  pro- 
cès scroit  aisé  à  faire.  Sans  ces  pièces  on  aura  une  claire  cognoissance 
du  crime,  mais  il  sera  diflGcile  de  le  justifier  en  un  procez. 

Monsieur  de  Chazé  a  fort  bien  interrogé  monsieur  de  Thou  et  asseu- 
rement  il  n'est  pas  incapable;  mais,  pour  la  conduite  du  général  de 
fallàire,  il  nous  faut,  à  mon  advis,  monsieur  de  Lauzon,  estant  besoing 
qu'un  commissaire  qui  aura  cette  charge  soit  capaljle  de  philosopher 
et  songer  pei-pétuellement  aux  moyens  qu'il  devra  tenir  pour  venir  à 
ses  fins. 

Quand  monsieur  de  Bouillon  sera  à  Pignerol ,  je  crois  qu'il  le  fault 
faire  interroger  par  monsieur  le  Tellier;  mais  tout  cela  présupose  que 
nous  sçachions  ce  qui  se  fera  premièrement  avec  Monsieur. 

Si  ceux  qui  sçavent  beaucoup  de  particularitez  de  cette  affaire  vou- 
ioient  estre  alléguez,  on  n'auroit  pas  tant  de  peine;  mais  la  raison  veult 
qu'on  choyé  ses  amis ,  et  qu'on  s'en  serve  selon  leurs  gousts.  Avec  le  temps 
monsieur  de  Schomberg  seroit  nécessaire  de  deçà,  car,  outre  qu'il 
sçait  quelques  particularitez,  il  y  a  apparence  que  si  monsieur  le  Grand, 
estant  resserré  comme  il  est  maintenant  plus  qu'il  n'estoit,  estoit  pressé 


monseigneur  pour  qui  il  a  plus  d'affection 
que  jamais.»  (Autographe  de  Chavigni. 
Arch.  des  Aff.  étr.  France,  juin-août, 
fol.  iga.) 

'  Chavigni  avait  écrit  au  cardinal  le  4  : 
«  M' de  Mortemarl  fera  ce  soir  la  demande 
du  gouvernement;  il  est  serviteur  de  Son 
Eminence,  très  adroit  et  très  fidèle,  il 
mérite  cette  reconnoissance.  » 

CAKDm.  DR  niCHELIEC.  —  Ml 


'  Dans  la  même  lettre  nous  lisons  :  «  Le 
roy  a  dit  aujourd'hui  à  M.  de  Tournon 
qu'il  donno!t  la  lieutenance  de  roy  de 
Dauphiné  à  M.  le  comte  de  Roussillon;  le 
pauvre  honmie  a  esté  si  surpris  de  joye 
qu'il  ne  pouvoit  parler.  Il  sçait  à  qui  il  a 
l'entière  obligation  de  cette  grâce,  et  en 
est  tout  à  fait  reconnoissant.  »  (  Arch.  des 
Aff.  étr.  Voy.  ci-après,  p.  19,  2'  sous-note. 

3 


18 


LETTRES 


par  un  commissaire,  son  humeur  le  porteroil  peut  estre  à  parler  au 
dict  s'  de  Schomljerg  '  ;  mais  il  fault  attendre  la  prise  de  Perpignan 
que  monsieur  de  la  Meilleraye  juge  devoir  estre  bientost,  si  le  marquis 
de  Brèzé  a  esté  assez  heureux  pour  gaigner  un  grand  'combat  naval , 
selon  les  espérances  qu'en  donnent  les  premières  nouvelles  qui  sont 
venues  de  la  mer  ^. 

J'espère  que  le  temps  apportera  l'esclaircissement  que  nous  deman- 
dons, et  que  le  service  du  roy  requiert  en  cette  affaire. 

Un  cappitaine  du  colonnel  Monty  va  trouver  M"'  de  Noyers.  Par  son 
discours  M"'  de  la  Mothe  désire  que  ce  régiment  repasse  de  deçà.  Gela 
estant,  je  ne  suis  pas  d'advis  qu'il  repasse  cette  année  en  Italie,  mais  il 
est  beaucoup  meilleur  qu'il  achève  cette  campagne  deçà  les  monts  ou 
en  Guyenne,  ou  en  Bourgongne,  où  il  sera  proche  de  la  Ghaujpagne, 
pour  servir  s'il  en  est  besoing. 

Monsieur  de  Noyers  sçaura  la  volonté  du  roy,  et  luy  donnera  ses 
ordres  conformément. 

Le  d.  cappitaine  dit  que  le  marquis  de  Leganez  n'avoit  point 
d'ai'mée,  qu'il  n'a  pas  plus  de  quatre  mille  hommes  d'infanterie  payée, 
et  que  Tortoze  s'emportera  fort  aisément. 


'  Deux  jours  après  la  date  de  la  pré- 
sente missive,  le  9  juillet,  Richelieu  ré- 
pondant à  une  lettre  du  maréchal  de 
Schomberg,  lui  disait  :  «Lorsque  le  siège 
de  Perpignan  sera  fini ,  vous  me  lerés  plai- 
sir de  venir  icy  le  plus  tost  que  vous 
pourrés,  et  M'  le  cardinal  de  Mazarin  vous 
ira  rencontrer  devant  que  vous  arriviez  à 
Montpellier,  pour  aviser  à  ce  qu'il  faudra 
faire  selon  l'ouverture  qu'en  a  faite  le 
présent  porteur.  »  C'était  sans  doute  un 
homme  envoyé  par  Schomberg  à  [\icheheu 
qui  remportait  cette  réponse;  mais  quelle 


ouverture  cet  homme  était-il  venu  faire  ? 
(  La  lettre  adressée  à  Scliomberg  sera  notée 
aux  Analyses.) 

^  Une  note  de  la  main  de  Charpentier 
porte  que  M.  d'Argenson  a  envoyé  une 
lettre  du  chevalier  de  la  Lande ,  de  Barce- 
lonne,  le  1"  juillet,  laquelle  confirme  le 
bruit  de  cette  victoire  navale ,  et  en  donne 
les  détails.  Le  maréchal  de  la  Meilleraie 
en  envoyait  de  son  côté  des  nouvelles.  La 
note  de  Charpentier,  non  datée ,  est  classée 
dans  le  manuscrit  de  M*'  le  duc  d'Aumalc 
entre  le  6  et  le  7  juillet. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


19 


XI. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  1642,  juiii-aoùt,  fol.  lyû.  — 

Original,  sans  signature,  de  la  main  de  Cherré. 

Bibl.  inip.  Fonds  Saint-Germain-Harlay,  35 1,  fol.  i^i.  —  Copie.  — 

Saint-Germain,  1028,  fol.  82.  —  Copie.  — 

Missions  étrangères,  170,  vol.  non  cliiffré.  —  Copie. 


[AU   ROL] 

De  TarascoTi,  ce  7' juillet  i6'u. 

Ayant  sceu  par  monsieur  de  Chavigny  la  nouvelle  descouverte  qu'il 
a  pieu  au  roy  faire  du  mauvais  desseing  que  monsieur  le  Grand 
avoit  à  Lyon  contre  moy',  et  l'indignation  ([ue  Sa  Majesté  en  a  conceue, 


'  11  est  nécessaire,  pour  mettre  le  lec- 
teur au  fait,  de  rapporter  ici  ce  passage 
d'une  lettre  de  Ciiavigni ,  qui  accompagnait 
toujours  le  roi  dans  son  retour  vers  Saint- 
Germain.  La  lettre  adressée  au  cardinal 
est  datée  de  Valence ,  le  4  juillet ,  et  lui 
rend  compte  de  la  scène  vraiment  curieuse 
qui  se  jouait  en  ce  moment  à  son  profit  : 
«  Mortemart  a  dit  tout  au  long  au  roy  le 
coup  qu'on  avoit  manqué  à  Lyon,  et  ce 
que  M.  le  Grand  avoit  dil ,  voyant  S.  Em. 
malade.  Le  roy  n'a  pas  manqué  aussytost 
de  rapporter  ce  discours  mot  à  mot  à  moy, 
et  je  crois  qu'il  en  a  fait  de  mesme  à 
M.  de  Noyers.  Le  roy  m'a  commandé 
expressément  de  le  faire  sçavoir  à  S.  Eni. 
et  luy  dire  qu'il  croyoit  M.  le  Grand  assez 
détestable  pour  avoir  eu  une  sy  horrible 

*  Quelle  apparence  qae  Cinq-Mars ,  quelque  léger 
qu'il  lut,  ait  dit  une  pareille  chose  a  un  homme  qui 
non-seulement  n'était  pas  son  ami,  mais  qu'on  pou- 
vait croire  une  créature  du  cardinal. 

•*  La  lettre  de  Chavigni  est  aux  arch.  des  Aff. 
étr.  en  minute  (France,  loi 2,  juin-août, fol.  i6i>), 


pensée,  et  qu'il  se  souvient  (|u'il  avoit  à 
Lyon  plus  de  cinquante  gentilsliom.  (jui 
dépendoient  de  luy.  Qu'un  sy  damnable 
dessein  estoit  seul  capable  de  le  porter  à 
l'extrémité  contre  luy,  et  qu'il  falloit  luy 
faire  son  procès  jusqu'au  bout.  Mortemart 
a  adjousté  encore  que  M.  le  Grand  luy 
avoit  dit  *  que ,  si  Monsieur  fust  arrivé  à 
Lyon ,  l'afTaire  estoit  faite.  Sur  quoy  le  roy 
dit  merveilles  contre  luy.  On  n'a  rien 
oublié  pour  entretenir  S.  M.  en  belle  hu- 
meur. Ensuitte  de  tout  ce  que  dessus,  le 
roy  a  répété  plusieurs  fois  que  M.  le  Grand 
estoit  le  plus  grand  menteur  du  monde.  Je 
l'ay  fait  encore  souvenir,  à  ce  propos,  des 
sermens  qui  furent  faits  à  Ruel  de  part 
et  d'autre.  . .  il  me  semble  que  le  roy  est 
demeuré  très-satisfait".  «  Or  ce  dont  le  roi 

chiffrée  sans  déchiffrement.  Mais  j'en  ai  rencontré  à  lu 
Bibl.  imp.  trois  copies  en  clair,  fonds  Saint-Germain- 
Harlaj,  35i,  fol.  i35  v°.  —  Saint-Germain,  1028, 
fol.  76;  cl  Missions  étrang.  fol.  170.  La  copie  de 
Saint -Germain  présente  quelques  légères  diffé- 
rences. 


20  LETTRES 

je  ne  puis  que  je  ne  luy  en  tesmoigne  le  ressentiment  que  j'en  ay. 
J'avoue  qu'il  estoit  aisé  à  monsieur  le  Grand  d'exécutter  son  des- 
seing, du  quel  je  ne  me  fusse  jamais  douté,  ne  croyant  pas  qu'il  eust 
esté  assez  nieschant  pour  se  résoudre  à  se  souiller  du  sang  d'un  car- 
dinal qui,  depuis  26  ans,  a,  par  la  bénédiction  de  Dieu,  assez  heu- 
reusement servy  son  maistre,  et  qui  sera  tousjours  prest  de  mettre 
mille  vies,  s'il  les  avoit,  pour  son  advantage. 

Plus  la  malice  de  ce  malheureux  esprit  est  grande,  plus  la  bonté 
de  Vostre  Majesté  paroist  elle.  La  raison  veut  bien  que  les  roys  pro- 
tègent leurs  serviteurs,  mais  c'est  la  bonté  de  son  naturel  qui  a  faict 
qu'elle  m'a  protégé  avec  chaleur  en  toultes  les  occasions  qui  s'en  sont 
présentées.  Quelles  que  puissent  estre  mes  paroUes  en  ce  sujet,  mon 
ressentiment  sera  bien  plus  grand.  Toutes  les  actions  de  ma  vie  le 
feront  paroistre ,  ne  désirant  la  santé  que  pour  tesmoigner  à  Sa  Ma- 
jesté, et  à  tout  le  monde,  que  je  ne  veux  point  estre  à  moy,  pour 
estre  entièrement  à  elle. 

se  hâte  de  faire  informer  le  cardinal,  c'est  qu'on  lui  fait  jouer.  On  pourrait  trouver 

précisément  ce  que  le  cardinal  avait,  en  un    côté   plaisant   à  cette   comédie,  si  ce 

secret,  chargé  Mortemart  de  rapporter  au  n'était  pas  le  bourreau  qui  en  dût  faire  le 

roi.  Et  Richelieu  entre  aussitôt  dans  la  dénouement.  La  lettre  de  Chavigni  est  con- 

comédie,  comme  on  le  voit  par  les  pre-  servée    aux   Afl.   étr.   France,  juin-août, 

miers  mots  de  la   présente  lettre.   Rien  loi.  i65,  en  minute  chiffrée;  des  copies 

d'ailleurs  n'égale  la  perfidie  du  langage  en  clair  se  trouvent  à  la  Bibl.  imp,  dans 

qu'on  tient  au  roi,  si  ce  n'est  peut-être  la  les  trois  mss.  cités  aux  sources, 
naïveté  avec  laquelle  le  roi  remplit  le  rôle 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU. 


21 


XII. 

Manuscrit  du  cabinet  de  S.  A.  R.  M''  le  duc  d'Aumale.  — 

Original  de  la  main  de  Cherré. 

Bibl.  imp.  Fonds  Saint-Germain-Harlay,  35 1,  fol.  i4o  v°.  —  Copie.  — 

Saint-Germain,  1023,  fol.  81.  —  Copie.  — 

Missions  étrangères,  170,  vol.  non  chiffré.  —  Copie. 

[A  CHAVIGNI  OU  DE  NOYERS'.] 

De  Tarascon ,  ce  7  juillet  1 643. 

Plus  je  pense  et  repense  à  l'airaire  de  la  conjuration  de  messieurs 
le  Grand,  de  Bouillon  et  de  Monsieur,  plus  je  reconnois  qu'une  dé- 
claration ingénue  et  entière  de  Monsieur  seroit  nécessaire.  Partant,  je 
vous  fais  ce  billet  pour  vous  dire  que  si  on  peut  l'avoir  telle,  en- 
accordant  à  Monsieur  quelques  conditions  plus  advantageuses  que 
celles  qu'on  s'est  proposé ,  je  crois  qu'il  ne  fault  pas  perdre  l'occasion 
d'avoir  la  dicte  déclaration,  qui  emporte  avec  soy  la  dellivrance  du 
traicté  faict  en  Espagne,  et  de  l'association  faicte  en  France. 

S'il  n'y  a  point  d'espérance  d'avoir  une  telle  preuve  de  la  conjm-a- 
tion,  il  fault  suivre  ponctuellement  les  premiers  projects  ;  mais,  si  on 
la  peut  avoir,  de  l'argent  davantage,  et  quelques  autres  conditions  que 
le  roy  jugera  n'estre  pas  préjudiciables  peuvent  et  doivent  estre  accor- 
dées; tout  est  remis  à  la  prudence  du  roy  et  de  ceux  qui  ont  l'honneur 
d' estre  auprès  d'Elle*. 


'  L'original  ne  porte  point  de  suscrip- 
tion.  Les  copies  mettent  en  tête  :  c  A  M.  de 
Chavigny.  i  (Voy.  la  note  2,  p.  3.) 

'  Le  jour  même  où  Richelieu  écrivait 
cela.  Monsieur  mandait  à  Chavigni  :  «Je 
ne  puis  desavouer  d'avoir  failli ,  la  confes- 
sion que  j'en  envoie  en  est  la  preuve  .. 
Je  me  résous  de  faire  toutes  les  choses 
dont  je  m'aviseray  et  que  vous  me  con- 
seillerez. . .  Je  vous  conjure  d'ouvrir  à  la 
Rivière  les  voies  qu'il  faut    qu'il  tienne 


près  du  roy  et  de  S.  Ém.  pour  obtenir  que 
je  ne  sorte  point  de  l'Estat.  Il  n'y  a  point 
de  condition ,  ny  de  demeure  que  je  refuse 
pour  cela.»  (Arch.  des  Aff.  étr.  France, 
1642,  de  juin-août,  fol.  177.)  On  verra 
qu'en  effet  Gaston  se  soumit  à  tout  ce  qu'on 
exigea  de  lui  ;  mais  en  ce  moment  on  se 
fiait  peu  à  ces  promesses ,  et  on  prenait  des 
mesures  en  conséquence.  De  Noyers  et 
Chavigni  écrivaient  de  Lyon ,  le  8 ,  au 
cardinal   :    »  On   dit    que   M.  est  allé    à 


22  LETTRES 


XIII. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  i642,  juin-août,  fol.  191.  — 
Original,  sans  signature,  de  la  main  de  Cherre. 

A  MM.  DE  CHAVIGNY  ET  DE  NOYERS. 

Du  8  juillet  1642. 

Je  suis  extresmement  aise  d'avoir  veu  par  vos  lettres  la  bonne  dispo- 
sition de  l'esprit  du  roy  en  mon  endroit. 

Mais  je  suis  très  fasché  que  sa  santé  n'est  pas  encore  restablie  jusques 
au  point  que  ses  vrais  serviteurs  la  désirent. 

Quant  à  la  mienne,  chaque  jour  y  faict  trouver  du  changement. 
.  J'ay  esté  cinq  ou  six  jours  que  la  faculté  me  croyoit  proche  de  ma 
guérison;  enfin  l'ancienne  piaye  du  ply  du  bras,  dont  les  chairs  sem- 
bloient  prestes  à  cicatrizer,  s'est  rouverte,  et  il  s'est  trouvé  ce  matin 
qu'elle  estoit  plaine  de  chairs  fongeuses  dans  les  quelles,  mettant  la 
seringue,  l'injection  a  passé  par  la  playe  d'en  hault.  Maintenant  ils  font 
estât  de  m'y  mettre  im  ceton,  à  quoy  je  me  résouds,  tant  j'ay  envie 
de  guérir  et  d'estre  en  estât  de  servir  le  roy.  Entre  nous  trois, 
M.  Juif  est  un  chirurgien  comme  un  autre,  capable  de  grandes  béveues. 
Je  vous  prie  n'en  parler  point  à  la  cour,  mais  certainement  je  ne 
voudrois  pas  qu'un  de  mes  amis  fust  pansé  par  luy  seul. 

Je  ne  vous  escris  rien  sur  les  affaires,  parce  qu'il  faut  voir  ce 
qu'aura  faict  la  Rivière  devant  que  de  prendre  ses  mesures. 

Aigueperce  .  .  .  on  attend  ce  soir  la  Ri-  Paris,  le  9  :  «L'affaire  de  Monsieur  tient 

viere .  .  .   Nous   préparons  toutes  choses  les  esprits  en  suspends . . .  tous  les  passages 

pour  faire  partir  demain  les  troupes  de  sont  fermés  ;  on  a  fait  défense  de  luy  rien 

M.  de  Noailles.  »  (Orig.de  la  maindeClia-  payer,  aux  receveurs  des  biens  de  Made- 

vigni,  au  fol.   192  du  ms.  que  nous  ve-  moiselle  et  à  l'espai-gnc.  • 
nons  de  citer.)  Henri  Arnauld  mandait  de 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  23 


XIV. 

Manuscrit  du  cabinet  de  S.  A.  B.  M^'  le  duc  d'Aumale.  — 

Original  de  la  main  de  Cherré. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  iG^a,  juin-août,  fol.  nj-j.  — 

Minute  de  la  même  écriture. 

[A  MM.  DE  CHAVIGNI  ET  DE  NOYERS \] 

DeTarascon,  ce  g  juillet  1612. 

La  conclusion  du  combat  naval  a  esté  que  les  ennemis  ont  perdu 
deux  de  leurs  grands  gallions  et  trois  de  leurs  bruslots  consommés 
inutilement. 

Et  nous  avons  perdu  le  vaisseau  du  ch'"  de  Cangé  ^. 

Ainsy  un  de  leurs  grands  gallions  estant  entre  nos  mains,  il  se 
trouve  que  nous  avons  autant  de  vaisseaux  de  combat  que  nous  avions, 
et  que  les  ennemis  en  ont  perdu  deux.  Et,  ce  qui  est  à  remarquer, 
est  que  nos  gallères  n'estoient  point  au  combat,  ce  qui  nous  doit  faire 
espérer  que ,  s'y  trouvant  en  une  autre  occasion ,  nous  serons  encores 
plus  heureux. 

La  personne  du  s'  de  Cangé  est  une  grande  perte. 

Ayant  leu  les  avis  de  l'amy  Espagnol ,  envoyez  par  M'  d'Argençon , 
je  ne  veoy  rien  à  faire  pour  asseurer  le  siège  de  Perpignan  que  de  for- 
liffler  M'  de  la  Melleraie  du  régiment  de  Mouty  dont  M'  de  la  Motte 
demande  d'estre  affoibly. 

Toutes  mes  playes  sont  maintenant  en  ime.  H  y  a  un  ceton  passé, 
et  les  tentes  qu'on  met  des  deux  costés  se  touchent. 


'  L'original  manque  de  suscription,  mais  lion  espagnol  qui  brûlait,  les  deux  vaisseaux 

Cherré  a  écrit  au  dos  de  la  minute  :  «  A  Curent  incendiés.  La  gazette  du  26  juillet 

M"  de  Chavigny  et  de  Noyers,  secrétaires  en  donne  la  nouvelle  en  parlant  du  combat 

d 'estât.  •  (Voy.  ci-dessus,  p.  3.)  naval  livré  devant  Barcelonne,  dont  elle 

'  Le  galion  que  commandait  le  chevalier  avait  déjà  annoncé  le  succès  le  12  et  le 

de  Cangé  s'étant  trouvé  accroché  à  un  ga-  19  juillet. 


24 


LETTRES 


Le  fds  de  M"^  de  Chavagnac  est  pris  luy  sixiesme,  le  reste  de  sa 
troupe  s'estant  retiré  en  Auvergne  le  jour  de  devant  sa  capture. 


XV. 

Bibl.  inip.  Fonds  Saint-Gcrmain-Harlay,  35 1,  fol    i53  v°.  —  Copie. — 

Saint-Germain,  lo-îS,  fol.  g5.  —  Copie.  — 

Missions  étrangères,  170,  vol.  non  chiffré.  — Copie. 

MÉMOIRE  DONNÉ  A  M.  DE  CHAVIGNY, 

S'EN  RETOURNANT  TROUVER  LE  ROT  '. 

De  Taïascon  ,  le  i3  juillet  iC42. 

Autre  chose  est  cognoistre  un  crime  et  autre  le  pouvoir  prouver 
en  justice.  Le  roy  sçait  que  le  crime  de  monsieur  le  Grand,  et  celluy 
de  monsieur  de  Bouillon,  ne  peut  estre  plus  clairement  cogneu  qu'il 
est;  si  on  peut  vérifier  ledit  crime,  en  justice,  des  sieurs  de  Bouillon 
et  de  Cinq  Mars,  sans  l'intervention  de  Monsieur,  je  croy  qu'il  le  fault 
laisser  aller  à  Venise;  mais  si  son  intervention  est  nécessaire^,  le  roy 


'  Chavigni ,  retournant  auprès  du  roi , 
joignit  S.  M.  à  Roanne,  et,  de  concert 
avec  de  Noyers,  écrivit  au  cardinal  une 
lettre  datée  dir  1 6 ,  où  nous  lisons  :  «  Le 
roy  a  approuvé  entièrement  l'advis  que 
Monseigneur  luy  a  donné  sur  les  affaires 
de  Monsieur.  »  Chavigni  disait  à  la  fin  : 
n  Le  roy  part  demain  avec  très  grande 
joye  pour  Fontainebleau.  1.  L'autographe 
de  Chavigni  est  conservé  aux  Affaires  étran- 
gères, France,  juin-août,  fol.  22g.  En 
même  temps  Louis  XIII  écrivait  à  son 
frère  qu'une  confession  entière  pouvait 
seule  le  sauver.  Nous  trouvons  la  minute 
de  cette  lettre  du  roi  à  la  Bibliothèque 
impériale,  fonds  de  Béthune ,  gSSy, 
fol.  59. 

'  Chavigni  écrivait    à  ce  sujet,  au  duc 


d'Orléans ,  une  lettre ,  dont  la  minute  au- 
tograph .  se  trouve  aux  Affaires  étrangères , 
mais  qui  est  en  réalité  une  lettre  de  Ri- 
chelieu lui-même ,  ainsi  que  nous  l'apprend 
cette  note  mise  au  dos  :  «  Lettre  que  je 
pourrai  escrire  à  Monsieur ,  après  en  avoir 
eu  la  permission  du  roy.  »  —  Dictée  mot 
à  mot,  à  Tarascon,  par  Monsg'  le  cardi- 
nal, le  12  juillet  i6da.» 
«  Monseigneur, 
i  Le  roy  m'a  commandé  de  vous  escrire 
qu'au  cas  que  vous  paracheviés  de  con- 
vaincre ceux  qui  vous  ont  voulu  perdre, 
en  perdant  Testât,  par  la  dernière  conju- 
ration à  laquelle  ils  vous  ont  porté  avec 
l'Espagne,  en  sorte  qu'il  n'y  ait  point  de 
difficultés  à  leur  procès ,  il  vous  permettra 
de  demeurer  à  Blois,  en  réglant  vostre 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  25 

luy  peut  faire  sçavoir  que,  pourveu  qu'il  fasse  tout  ce  qu'il  faudra 
pour  faire  chastier  des  meschans  qui  l'ont  voulu  perdre  en  perdant 
Testât,  il  luy  penuettra  de  demeurer  particulier' .en  ce  royaume, 
aux  conditions  qu'il  luy  prescrira,  qui  est  ce  qu'il  demande.  Cepen- 
dant avant  de  luy  rien  accorder,  il  fault  que  luy  et  quelques  uns 
des  siens  soient  confrontés  le  plus  noblement  que  faire  se  pourra 
aux  criminels,  en  sorte  que  la  preuve  de  leur  crime  soit  complette, 
et  cela  doit  estre  faict  promptement;  et  Monsieur  ne  peut  appré- 
hender cette  confrontation^,  parce  que,  la  faisant  hautement  comme 
il  faiJt,  elle  passera  pour  im  acte  de  la  honte  d'un  prince  qui  tasche 
de  vouloir  sauver*  ceux  qui  se  trouvent  en  peine  avec  luy. 

Par  exemple,  quand  on  amènera  M""  le  Grand  au  lieu  où  sera 
la  personne  de  Monsieur,  Monsieur  luy  doit  dire  :  M'  le  Grand, 
bien  que  nous  soyons  de  différente  qualité,  nous  novis  trouvons  en 
mesme  peine,  mais  il  faidt  que  nous  ayons  tous  recoiu-s  au  mesme 
remède. 

J'ay  confessé  nostre  faute  et  suplie  le  roy  de  me  la  pardonner,  c'est 
à  vous  d'en  faire  autant.  Ou  M'  le  Grand  prendra  le  mesme  chemin 
et  demeiu"era  d'accord  de  ce  qu'aura  dit  Monsieur,  ou  il  voudra  faire 
l'innocent;  auquel  cas  Monsieiu-  lui  dira  :  Vous  m'avez  parlé  en  tel 
lieu ,  vous  m'avez  dit  cela  ;  vous  vinstes  de  Saint-Germain  me  trouver, 
en  mon  escurie,  avec  M'  de  Bouillon,  tel  etmoy,  tels  et  tels,  là  nous 


maison  selon  qu'il  estimera  à  propos  pour 
vostre  bien ,  celuy  de  Testât ,  et  pour  em- 
pesclier  que  de  mauvais  esprits  ne  puissent 
plus  vous  porter  à  de  pareilles  fautes  à 
celles  que  vous  avés  commises.  Sa  Majesté 
m'a  commandé  de  vous  en  bailler  sa  pa- 
role et  celle  de  S.  Em.  à  qui  il  commande 
de  vous  servir  auprès  d'elle ,  en  l'exécution 
d'icelle,  aux  susdites  conditions.  (France, 
i6/i2  ,  juin-août,  fol.  217.) 

'  La  pièce  jointe  aux  mémoires  de  Mon- 
trésor  met  •  particulièrement,»  c'est  une 
faute  qui  dénature  le  .sens.  Les  copies  dont 


on  s'est  servi  pour  cette  compilation  sont 
fréquemment  incorrectes. 

*  Monsieur,  au  contraire,  s'est  toujours 
refusé  à  l'huniiliation  de  porter  témoi- 
gnage en  face  de  ses  complices;  le  chan 
cclier  Séguier  trouva  un  subterfuge  pour 
donner  à  une  simple  déposition  la  valeur 
judiciaire  d'une  confrontation. 

'  La  confrontation  allait  sans  nul  doute 
à  la  perte  des  accusés.  On  ne  comprend  pas 
que  Richelieu  ait  pu  faire  sérieusement  une 
telle  argumentation  et  y  insister  comme  il 
fait  ici. 


CARDIN.  DE  RICHELIEU. 


26  LETTRES 

formasmes  l'union  qui  estoit  entre  nous  pour  faire  la  guerre  au  roy 
conjoinctement  avec  le  roy  d'Espagne,  où  il  fut  résolu  que  Fontrailles 
iroit,  ce  qui  fut  faict  depuis;  ensuite  Monsieur  dira  tout  le  reste  de 
l'histoire. 

Il  fera  de  naesme  lorsqu'on  lui  amènera  M"'  de  Bouillon.  Faisant  ouïr 
ensuitte  le  comte  de  Brion,  et  autres  qui  auroient  cognoissance  des 
crimes,  et  ausquels  il  voudra  faire  pardonner.  Il  faidt  aussy  que  Mon- 
sieur déclare  au  roy  tous  ceux  qui  dévoient  estre  de  ce  party,  soit 
d'espée  ou  de  robe  longue. 

Cela  fait,  Monsieur  renonçant  au  gouvernement  d'Auvergne,  à  ses 
compagnies  de  gens  d'armes  et  chevaux  légers  et  consentant  le  règle- 
ment^ de  ses  gardes,  et  desclarant  qu'il  ne  prétendra  jamais  charge, 
employ  ou  administration  dans  le  royaume ,  en  quelque  temps  et  en 
quelque  occasion  que  ce  puisse  estre,  Sa  Majesté  luy  peut  accorder 
de  vivre  particulier  à  Blois,  avec  le  train  dont  il  sera  convenu,  sans 
jamais  pouvoir  avoir  aucune  personne  auprès  de  luy  que  Sa  Majesté 
luy  tesmoigne  luy  estre  désagréaljle ,  mon  d.  sieur  se  soubmettant 
de  deschoir  de  toute  la  grâce  que  le  roy  luy  aura  accordée  s'il  con- 
trevient en  aucune  façon  à  la  moindre  de  ces  conditions. 

Mais  il  n'est  point  besoin  maintenant  de  faire  sçavoir  que  le  roy 
désire  toutes  ces  conditions  de  luy;  il  suffira  de  luy  dire,  en  général, 
qu'ayant  convaincu  ceux  qui  l'ont  voulu  perdre,  le  roy  luy  permettra 
de  demeurer  en  France,  à  certaines  conditions  qu'il  advisera.  Monsieur 
se  contentera  présentement  de  cette  promesse,  et  lorsqu'il  sera  temps 
de  l'exécuter  on  l'expliquera. 

Après  avoir  bien  philosophé  sur  celte  affaire,  qui  peut  estre  celle 
de  la  plus  grande  importance  qui  soit  jamais  arrivée  dans  le  royaume , 
de  cette  nature,  j'estime  que  M"^  le  chancelier  peut  venir  à  Lyon  pour 
esviter  toutes  les  acroches  qui  arriveront  s'il  n'y  est  point.  M"'  de  Ma- 
rillac  fut  à  Nantes  au  procès  de  Chalais,  M''  de  Chasteauneuf  à  Thou- 

'  Cette  leçon  des  manuscrits  n'est  pas         contradiction  avec  ce  qui  suit  :  c  vivre  en 
très-claire;  mais  celle  du  recueil  de  Mon-         particulier,  » 
trésor,   «  conservant  le  régiment ,  »  est  en 


.  DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  27 

louze  à  la  mort  de  M.  de  Montmorency,  et  M""  de  Bellièvre  à  Paris 
au  procès  de  M.  de  Biron. 

L'auctorité  et  l'intelligence  qu'ont  ces  messieurs  des  formes  de  jus- 
tice est  tout  à  fait  nécessaire. 

Il  est  à  propos  qu'il  plaise  au  roy  laisser  à  Lyon  quelques  compa- 
gnies de  ses  gardes  Françoises  et  Suisses  et  cent  chevaux  de  ses  gens 
d'armes  et  chevaux  légers;  c'est  chose  du  tout  nécessaire,  parce  qu'il 
faudra  souvent  mener  d'un  lieu  à  l'autre  les  prisonniers,  ce  qui  ne  se 
pourroit  faire  seurement^  que  parce  aussy  qu'il  faidt  qu'il  y  ayt  quel- 
que corps  de  trouppes  qui  puisse  estre  considéré  de  Monsieur,  et  avec 
le  quel  on  le  puisse  pousser  s'il  manquoit  à  sa  paroUe. 

Il  faut  aussy  faire  approcher  les  gens  d'armes  de  Maurevert,  ceux 
de  Pompadour,  et  les  carabins  de  la  Roque,  qui  sont  en  Bourgongne. 

11  est  besoing  que  M""  de  Chavigny  fasse  mettre  au  bas  de  toutes 
les  pièces  du  traicté  d'Espagne  :  Nous,  Gaston,  etc.  certiffions  que  le 
contenu  cy-dessus  est  la  vraye  coppie  du  traicté  original  que  Fon- 
trailles  a  passé  en  Espagne  avec  le  Comte-duc. 

Que  le  contenu  cy-dessus  est  la  vraie  coppie  de  la  déclaration  que 
M'  de  Bouillon,  M' le  Grand  et  moy  avons  donnée  à  Fontrailles  pou- 
voir de  faire  remplir  des  noms  des  dicts  sieurs  de  Bouillon  et  le  Grand, 
à  M' le  Comte-duc,  après  qu'il  auroit  passé  le  traicté  avec  luy,  au  quel 
traicté  ils  ne  sont  exprimés  que  sous  le  nom  de  etc. 

Il  faut  aussy  que  M.  de  Chavigny  retire  la  lettre  que  M.  de  Bouillon  a 
envoyée  à  Monsieur  pour  le  faire  recevoir  à  Sedan  ;  enfin  il  est  besoin 
qu'il  adjuste  avec  M'  de  la  Rivière ,  et  M' dé  la  Rivière  avec  Monsieiu-, 
tous  les  moyens  de  rendre  la  preuve  la  plus  complette  qu'il  povu-ra, 
puisque  de  là  seuUement  deppend  sa  demeure  en  France. 

Si  Monsieur  s'opiniastre  de  demeurer  en  France  auparavant  que  de 
voir  M'  le  Giand  face  à  face,  je  croy  que  le  roy  luy  peut  permettre 
de  venir  à  Trévoux ,  qui  est  sur  la  frontière ,  où  on  pourra  luy  faire 
faire  les  mesmes  choses  et  bien  plus  commodément  que  s'il  demeuroit 

'  La  phrase  est  défectueuse  dans  les  semble  qu'on  doit  lire  :  »  Tanl  parce  qu'il 
deux   manuscrits,   et  dans  Montrésor,  il     •  faudra,  etc.  » 


28  LETTRES 

à  Anlcy.  Et  au  cas  qu'il  ne  donne  pas  à  Sa  Majesté  la  satisfaction 
qu'il  doit  et  qu'elle  peut  désirer,  on  le  pourra  aisément  faire  sortir  du 
royaume  suivant  la  résolution  qu'elle  a  prise  '. 

Muni  de  cette  instruction,  Chavigni  retourna  trouver  le  roy;  on  négocia  avec 
Monsieur,  et  l'abbé  de  la  Rivière  signa,  à  Fontainebleau,  le  2  août,  au  nom  de 
son  maître,  un  écrit  où  nous  lisons  : 

.'  Au  cas  qu'il  plaise  au  roy  promettre  par  escrit  de  remettre  son 

A.  R.  en  France,  à dans  la  jouissance  de  tout  son  appanage  avec 

une  déclaration  pour  le  pardon  de  sa  faute,  vérifiée  au  parlement 

S.  A.  R.  m'a  commandé  de  donner  sa  paroUe  au  roy  qu'il  recognoistra , 
devant  M"^  le  chancelier  qui  le  viendra  trouver  à  Trévoux  ou  Ville- 
franche  avec  une  lettre  de  S.  M.  que  ce  qu'il  a  escrit  dans  faveu  de 

sa  faute  est  vray,  et  il recognoistra  aussy  le  traicté  faict  avec 

TEspagne Monseigneur  m'a  commandé  aussy  de  dire  qu'il  désire 

le  secret  en  cette  affaire. 

Et  à  la  suite  vient  la  déclaration  du  roi  qui  accorde  à  son  frère  ce  qu'il  de- 
mande, au  cas  qu'il  exécute  de  point  en  point  ce  qu'il  a  promis. 


XVI. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  16^2 ,  juiu-aoùt,  fol.  218. 
Minute  de  la  main  de  Chorré. 


AU  ROY, 

Dn  1 3  juillet  16 '12. 

J'ay  donné  par  escrit  à  M'  de  Chavigny  tout  ce  que  je  pense  sur 
l'affaire  de  Monsieur.  Il  importe  extresmement  de  bien  achever. 

'   11  y  a  ici  une  confusion  tout  à  fait  inin-  l'écrit  signé  par  l'abbé  de  la  Rivière  ;  la 

telligente  dans  les  manuscrits  :  après  les  distinction  est  rétablie  dans  les  pièces  im 

mots   «qu'elle  a  prise,»  ils   mettent  une  primées,  Métn.  de  Montrésor,  p.  225. 
virgule  et  ils  continuent  avec  le  texte  de 


pu  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  29 

On  a  descoiivert  une  grande  cabale  que  les  gens  de  M''  le  Grand 
faisoient  pour  le  sauver.  Pruges  est  pris,  le  s'  Siongeac  et  d'autres. 

On  tascliera  de  descouviir  ceux  qui  estoient  de  cette  intelligence 
dans  la  citadelle  et  qui  donnoient  moyen  au  prisonnier  d'escrire'. 

Tout  ce  qui  se  pourra  de  deçà  pour  le  service  de  Sa  Majesté  sera 
fidellement  exécutté. 

La  tendresse  qu'il  plaist  au  roy  me  tesmoigner  avoir  pour  sa  fidelle 
créature  et  me  promettre  pour  tousjours  à  l'avenir,  me  redonne  la  vie 
et  ne  facilitera  pas  peu  ma  santé,  que  je  ne  désire  que  pour  faire  voir 
à  Sa  Majesté  de  plus  en  plus  la  plus  tendre ,  la  plus  ardente  et  la  plus 
fidelle  passion  que  jamais  créature  ayt  eue  pour  son  maistre. 


XVII. 

Bibl.  imp.  Baluze,  pap.  des  arni.  leltr.  paq.  i,  h°  i,  p.  106.  — 

Original  de  la  main  de  Clierré.  — 

Saint-Gerniain-Harlay,  35 1,  loi.   ili-j.  —  Copie.  — 

Saint-Germain,  ioa3,  fol.  88  v°.  —  Copie.  — 

Missions  étrangères,  170,  volume  non  chiffré. — Copie. 

SUSCRIPTION  : 

A  MONSEIGNEUR  LE  DUC  D'ORLÉANS, 

FRÈRE  DMQDE  DD  ROY. 

1 3  juillet. 

Monseigneur, 
J'ay  esté  extresmement  aise  d'apprendre  par  la  lettre  qu'il  vous  a 


'«  S.  M.  estimequ'il  faut  changer  l'exempt 
et  les  gardes  qui  sont  auprès  de  M.  le 
Grand,  parce  qu'il  ne  peut  avoir  escrit  sans 
leur  participation  ;  elle  a  esté  très-surprise 
des  billets  que  je  luy  ay  fait  voir,  et  a  tes- 
moigné  une  grande  apréhension  qu'il  ne 
se  sauvast  ;  elle  m'a  commandé  de  conjurer 
S.  Ém.  d'y  faire  plus  grande  garde  que 
jamais.  •  (Lettre  autographe  de  Chavigni, 
ms.  cité  aux  sources,  fol.  a/ii.)  Et  dans 


une  autre  lettre  du  même  jour,  Chavigni 
disait  encore  :  «  Le  principal  entretien  du 
roy  maintenant  est  de  l'énormité  du  crime 
des  conjurés  et  des  moyens  de  les  con- 
vaincre ;  il  nous  a  commandé  de  vous 
envoyer  deux  lettres  qui  peuvent  servir  à 
l'instruction».  .  .  «  V.  Ém.  trouvera  jointe 
à  la  présente  lettre  un  mémoire  de  M.  de 
Bouillon ,  sur  quoy  le  roy  nous  a  dit  à  l'o- 
.  reille  que  Sedan  valoit  bien  une  abolition. 


30  LETTRES 

pieu  m'escrii-e  \  et  par  M'  de  Chavigny  et  M""  de  la  Rivière ,  que  Vostre 
Altesse  prend  le  vray  chemin  qu'il  faut  pour  se  tirer  du  malheur  et  du 
crime  où  les  ennemis  de  Testât  et  du  roy  l'avoient  précipitée.  Je  ne 
doute  point,  continuant  comme  elle  a  commancé,  f[u'elle  ne  reçoive 
des  effects  de  la  bonté  de  Sa  Majesté.  —  Je  tiendray  à  faveur  de  vous 
y  servir,  dans  les  termes  de  ce  que  je  doibs  au  roy  et  à  Testât ,  et 
m'y  porteray  d'autant  plus  volontiers  que  j'oublie  sans  peyne  les  pro- 
jects  qui  se  font  contre  moy;  pourveu  qu'en  ce  faisant  je  ne  préju- 
dicie  point  aux  intérests  publics.  Vous  le  cognoistrés  tousjours.  Mon- 
seigneur, et  que  je  suis  véritablement. 

Monseigneur, 

de  Vostre  Altesse, 

Le  très  Immble  et  IrîiS  obéissant  serviteur. 

De  Tarascon,  ce  i  3^  juillet  i64'i. 


XVIII. 
Cabinet  de  S.  A.  R.  M*^'  le  duc  d'Auniale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

[A  M.  DE  NOYERS.] 

De  Tarascon,  ce  i4' juillet  16/I2. 

M'  le  chancelier  m'escrit  que  l'on  continue  la  levée  des  sergens,  et 
qu'ilz  proposent,  pour  s'exempter  de  servir  en  personne,  de  donner 
un  homme  à  leurs  despens,  dont  ilz  respondront.  Je  trouve  que  cet 

mais  que  pour  M' le  Grand  il  ne  luy  par-  heureusement  pour  lui  Cinq  -  Mars  n'avait 

donneroit  jamais,   et  qu'il  l'ahandonnoit  pas  de  Sedan  à  donner  au  roi  pour  une 

aux  juges  pour  en  faire  selon  leur  cons-  abolition. 

cience.  »  Cette  lettre,  signée  de  Chavigni  '   La  lettre   de  Monsieur,  datée    d'Ai- 

et  de  de  Noyers,  est  de  la  main  de  ce  der-  gueperce,  le  7  juillet,  se  trouve  en  copie 

nier.  (Même  ms.  fol.  247.)  Ainsi  on  était  dans  les  manuscrits  précités  de  Saint-Ger- 

parvenu  à  faire  de  Louis  XIII  le  plus  ar-  main,  fol.  86,  et  Saint- Germain -Harlay 

dent  accusateur  de  son  ancien  favori.  Mal-  fol.  1^5. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  31 

expédient  est  fort  bon  et  qu'on  le  peut  recevoir,  mais  je  n'estime  pas 
qu'on  doive  s'en  servir  cette  campagne,  à  cause  qu'elle  est  fort  avancée 
et  que  les  hommes  que  donneront  lesdits  sergens  ne  peuvent  estre 
assemblez  et  conduictz  dans  l'armée  qu'elle  ne  soit  preste  de  se  retirer 
pour  se  mettre  en  garnison,  ce  qui  apporteroil  grande  despense  aux 
sergens  sans  qu'on  en  tirast  aucun  avantage. 

Il  vaudroit  mieux,  ce  me  semble,  réserver  cette  levée  pour  la  cam- 
pagne prochaine,  et  faire  sçavoir  dans  les  provinces,  à  tous  les  sergens 
en  général,  de  se  tenir  prestz  pour  y  aller  ou  envoler  servir,  ainsy 
qu'ilz  le  proposent.  Vous  sçaurés,  s'il  vous  plaist,  la  volonté  du  roy 
sur  ce  sujet,  et  la  ferés  sçavoir  ensuite  à  M""  le  chancelier. 

S'il  survient  quelque  chose  vers  la  Champagne  et  la  Picardie, 
qu'on  ne  juge  pas  maintenant,  il  ne  faut  point  différer  lad.  levée 
de  sergens.  Je  me  remetz  de  cela  à  ce  que  vous  en  apprendrés  de 
delà. 


XIX. 

Cabinet  de  S.  A.  R.  M^  le  duc  d'Auinale.  —  Original  de  la  main  de  Clierré. 

Arci).  des  Aff.  élr.  France,  i642 ,  juin-août,  fol.  226.  — 

Minute,  même  écriture. 

A  MM.  DE  CHAVIGNI  ET  DE  NOYERS'. 

De  Tarascon ,  ce  i5  juillet  i6i2. 

Si,  par  hasard,  mon  mal  ne  m'eust  retenu  en  ce  lieu,  on  peut  dire 
avec  vérité  que  M.  le  Grand  ne  seroit  plus  à  Monpellier,  et  qu'il  se 
seroit  sauvé. 

Les  prisonniers  que  nous  avons  ont  enfin  tout  déclaré. 

11  a  escrit  et  receu  des  lettres  tant  qu'il  a  voulu. 

Son  cordonnier,  son  blanchisseur  et  son  boulanger,  qui  estoient 

'   Point  de  suscriplion  ;  mais  au  dos  de  la  minute  on  lit ,  de  la  main  de  Cherré  :  1  A 
M"  de  Chavigny  et  de  Noyers  • 


32  LETTRES 

dans  la  ville,  portoient  les  lettres,  et  les  siens  qui  estoient  dans  la  ci- 
tadelle les  recevoient  et  les  luy  donnoient. 

Les  confidens  de  dehors  qui  menoient  la  trame  sont  Sionjac  et 
Prugues.  Prugues  est  pris.  Nous  sommes  après  à  attraper  Sionjac,  qui 
s'est  longtemps  retiré  à  Sommière,  avec  un  lieutenant  du  régiment  des 
gardes,  tellement  attaché  à  M'  le  Grand  qu'il  recherche  avec  les 
siens  les  moyens  de  le  sauver. 

Le  dessein  de  M"'  le  Grand  estoit  de  sortir  la  nuict  de  sa  chamhre 
par  le  moyen  des  gardes  du  corps  qu'il  a  gaignés ,  que  les  prisonniers 
croyent  estre  en  bien  plus  grand  nombre  que  ce  qu'ils  cognoissent. 
Ceux  qu'ils  ont  déclaré  cognoistre  de  ceste  faciende  sont  un  nommé 
Rodes,  et  l'autre  Carpentier,  lesquels  seront  arrestés  aujourd'huy. 

M.  le  Grand  n'attendoit  plus  qu'à  faire  gaigner  par  ses  gens  quel- 
ques soldats  de  la  citadelle  pour  favoriser  sa  dessente  dans  le  fossé 
tout  du  long  d'un  bastion;  Sionjac  avoit  des  coureurs  pour  luy. 

On  a  averty  M.  Céton  de  toute  cette  descouverte,  et  l'y  a-t-on  bien 
recommandé  de  redoubler  ses  soins. 

Comme  il  est  extresmement  fidelle,  il  est  peu  soupçonneux,  et 
ne  croyoit  pas  que  M.  le  Grand  eust  peu  escrire  n'y  recevoir  des  let- 
tres, et  n'entroit  en  aucun  soupçon  des  gardes,  bien  que  nous  crai- 
gnions ^:ju'il  y  en  ayt  beaucoup  de  gaignés,  auxquels  M.  le  Grand  a 
faict  croire  des  merveilles  par  luy  et  par  les  siens. 

On  a  donné  ordre  au  Repaire  d'augmenter  sa  garnison  de  5o  hommes 
pour  un  mois,  et  de  tripler  ses  sentinelles  aux  lieux  par  où  on  pour- 
roit  dessendre  dans  le  fossé. 

Pour  conclusion,  il  est  du  tout  nécessaire  d'oster  promptement 
M.  le  Grand  du  lieu  où  il  est. 

La  question  est  de  le  faire  si  seurement  qu'il  ne  puisse  se  sauver 
par  le  chemin,  ce  qui  semble  assez  difficile  veu  le  soupçon  qu'on  a 
des  gardes,  le  peu  qu'il  y  en  a  et  les  diverses  couchées  qu'il  faut  faire 
entre  cy  et  Lyon. 

Cependant  je  me  resouds  de  faire  ainsy  qu'il  s'ensuit,  aussy  tost 


DU  CARDINAL   DE  RICHELIEU.  33 

V 

que,  par  le  retour  de  ce  courrier,  j'apprendray  si  le  roy  le  trou- 
vera bon. 

On  ostera  tous  les  gardes  accusés  ou  suspects  au  S"  Céton,  main- 
tenant que  cette  descouverte  luy  aura  ouvert  les  yeux  davantage. 

J'envoyeray  de  Mance  avec  vingt  de  mes  gardes  au  dict  S''  Céton 
pour  l'y  obéir  en  tout  et  partout  et  supléer  au  manquement  qu'il  en 
aura. 

Marsal  ira  avec  trente  mousquetaires  à  qui  je  feray  donner  des  bi- 
dets pour  garder  les  dehors  de  tous  les  logements  qu'il  fera,  posant 
des  sentinelles  sy  bien  à  tous  les  lieux  par  où  il  pourroit  sortir  de 
son  logis,  qu'il  luy  soit  impossible. 

M""  de  Paluau  et  M"'  des  Marestz  l'accompagneront  jusques  à  Lyon 
avec  neuf  vingts  maistres  complets. 

Le  tout  est  de  jetter  les  yeux  siu-  quelqu'un  qui  soit  vigilant,  actif 
et  un  peu  rude  pour  la  garde  de  ce  seigneur,  qui,  parfois,  crie,  tem- 
peste  et  faict  l'enragé,  et  d'autres  fois  s'adoucit,  selon  la  diversité  de 
ses  humeiu-s. 

Nos  prisonniers  persévèrent  à  dire  que  Sionjac  reçoit  toutes  nou- 
velles de  la  cour  par  leurs  affidés.  Le  roy  pourra  mieux  pénétrer  que 
personne  qui  ce  peut  estre,  et,  si  on  le  descouvre,  son  service  re- 
quiert qu'il  y  mette  ordre  promptement ,  estant  du  tout  nécessaire  de 
travailler  également  de  tous  costez ,  et  de  nettoyer  la  cour  des  aflidés 
de  ce  perfide  pidîlic,  qui  vouloit  perdre  Testât  et  le  roy  tout  en- 
semble. 

Je  ne  me  plains  point,  en  mon  particulier,  de  ce  misérable,  tenant 
à  grande  vanité  que  ceux  qui  en  veulent  au  roy  et  à  Testât  commen- 
cent tousjours  par  tenter  ma  ruine,  parce  que  c'est  un  signe  asseuré 
de  ma  fidélité  et  de  la  créance  qu'ils  ont  que  je  ne  suis  pas  inutile  à 
Tun  et  à  Tautre. 


CARDIX.  DE  niCHELIED 


34  LETTRES 


XX. 

Arcli.    des   AIT.   étr.   France,    16^2,  juin-août,   fol.   2/13.  — 

Original  de  la  main  de  (^herré.  — 

La  minute ,  écrite  de  la  même  main,  est  au  fol.  289. 

A    MM.    DE    NOYERS    ET    A    CHAVIGNY'. 

De  Tarascon,  ce  17  juillet  i642. 

Trois  choses  me  font  faire  cette  dépesche;  la  première  est  pom* 
vous  dire  qu'il  vaut  mieux  ne  changer  point  M''  (]éton  que  de  parler 
de  delà  de  son  changement,  en  sorte  qu'il  en  puisse  sçavoir  quelque 
chose;  et,  en  ce  cas,  on  se  pourroit  contenter  de  changer  les  gardes; 
ce  qui ,  avec  le  chastiment  qu'il  faut  faire  de  ceux  qui  se  trouveront 
avoir  esté  gaignez,  pourroit  peut-estre  contenir  les  choses  en  Testât 
qu'il  est  à  désirer. 

La  seconde  est  qu'il  est  du  tout  à  propos,  selon  l'ouverture  qu'en 
a  faicte  M'  de  Chavigny,  qu'il  plaise  au  roy,  aussy  tost  qu'il  sera  à 
Fontainebleau  ^,  envoier  un  gentilhoiume  à  M"^  de  Beaufort  ^,  avec  une 
lettre  de  la  teneur  suivante  : 

«  Mon  Neveu,  l'instruction  du  procès  qui  se  faict  du  s'  de  Cinq  Mars 
m' ayant  faict  cognoistre  que  le  s'  de  Thon  vous  estoit  allé  trouver,  de 
sa  part,  pour  vous  embarquer  en  ses  mauvais  desseins,  ce  que  vous 
n'aviés  pas  voulu  faire,  j'ay  bien  voulu  vous  tesmoigner  par  la  présente 
que  vous  avés  commis  une  grande  faute  de  ne  in'en  avertir  pas,  et 
que,  pour  l'amour  que  je  vous  porte,  je  veux  l'oublier,  pourveu  que 
vous  me  fassiés  sçavoir  sincèrement  comme  le  tout  s'est  passé.  Je  désire 
qu'en  cette  considération,  aussytost  la  présente  receue,  vous  me  veniés 
trouver;  vous  asseurant,  comme  je  fais,  qu'en  me  disant  la  vérité,  vous 
recevrés  tout  contentement  en  vostre  voiage*.  » 

'  Cette  indication  se  trouve  au  dos  de  la  '  Voy.  ci-après,  lettres  du  20  juillet,  des 

minute.  5,  10  et  23  août,  et  du  3  septembre. 

^  «  Mieux  ne  changer  point  M.  Céton.  »  *  Cette  lettre  a  été  imprimée    dans  le 

Ces  mots  sont  chiffrés.  Journal  de  Kichelieu,  p.  267  de  la  2'  par- 


.DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  35 

M''  de  Beaufort  estant  venu,  il  faut  sçavoir  bien  distinctement,  sans 
dissimulation,  ce  que  luy  aura  dit  M"  de  Thou,  de  la  part  de  qui,  les 
instances  et  solicitations  que  de  son  mouvement  il  luy  aura  falotes  pour 
le  porter  aux  lins  de  son  voiage. 

Après  qu'on  luy  aura  faict  dire  ce  qu'il  sçaura,  le  roy  l'engagera  à 
l'escrire  et  à  le  signer,  ainsy  qu'il  fit  à  la  Rivière  ;  et  ce  tesnioignage 
donnera  grande  ouverture  à  convaincre  M''  de  Thou  et  M' le  Grand  etc. 
M'  de  Beaufort  ne  peut  refuser  de  le  rendre ,  parce  que  s'il  n'entroit 
en  cette  affaire  comme  un  honune  qui  dit  la  vérité,  il  y  entreroil 
comme  accusé  et  criminel,  pour  ne  l'avoir  pas  dit. 

Il  ne  faudra  point  faire  cognoistre  à  M'  de  Beaufort  qu'il  sera  besoin 
de  le  confronter  ' . 

La  troisiesme  chose  qui  cause  cette  dépesche  est  qu'estant  constant 
que  M'  le  Grand  a  parlé,  dans  la  maison  du  roy,  à  plusieurs  dans  ses 
colères,  dans  ses  passions  et  dans  ses  mauvais  desseins,  il  est  impos- 
sible qu'il  n'y  en  ayt  qui  ayent  cognoissance  de  ses  crimes;  et  partant 
j'estime  du  tout  nécessaire  encores,  selon  l'ouverture  que  M""  de  Cha- 
vigny  en  fit  estant  icy,  qu'il  plaise  au  roy  parler  à  ceux  qui  paroissoient 
amis  du  d.  s'  le  Grand,  ainsy  qu'il  s'en  suit,  et  hautement,  diverses 
fois  en  toute  sa  maison  : 

«  Personne  ne  peut  plus  ignorer  les  crimes  de  M' le  Grand;  ils  vonl 
non  seulement  contre  ceux  qui  me  servent,  ce  qui  seroit  assez  pour 
me  les  faire  détester  à  jamais  et  chastier,  mais  ils  vont  contre  ma  per- 
sonne et  contre  mon  estât.  En  cesle  considération  je  commande  à  tous 
ceux  à  qui  il  a  dict  cpielque  chose  qui  puisse  importer  à  l'esclaircisse- 
ment  de  ses  mauvais  desseins,  de  me  le  venir  dire,  ou  à  M""  de  Cha- 
vigny  ou  à  M""  de  Noyers,  et  déclare  que  s'il  se  descouvre,  par  le  procès, 

lie,  avec  la  date  «du  a3  juillet,   à    Né-  «que  de   sa   vie  il  n'a  eu   confidence  de 

mours,  ■  où  le  roi  était  en  ce  moment.  On  M.  de  Cinq  Mars.  » 

a    mis  à  la  suite  la  réponse   du    duc  de  '  Ce  petit  paragraphe  a  été  ajouté,  par 

Beaufort,  lequel  s'excuse  sur  une  maladie  réflexion,  dans  la  minute. 

de  ne  pas  venir  trouver  le  roi ,  et  proteste 


36 


LETTRES 


([lie  le  d.  s'  le  Grand  ayt  parlé  à  quelcju  un  qui  ne  l'ayt  pas  dit  depuis 
que  je  i'ay  commandé,  non  seulement  le  casseray-je,  mais  je  le  ferav 
chastier  rigoureusement.  » 


Ce  discours  peut  estre  de  grand  fruict  estant  faict  en  sorte  que  ceux 
qui  l'entendront  voyent  bien  que  le  roy  le  faict  avec  affection. 


XXI. 

Arcli.  des  AIT.  étr.  France,  1 642  ,  juin-août,  fol.  287.  — Original 

A  MM.  DE  NOYERS  ET  DE  CHA VIGNY. 

Du  17  juillet   1  ati  2. 

Puisqu'il  plaist  au  roy  avoir  mon  avis  sur  le  sujet  de  la  reyne  sa 
mère',  ma  pensée  est  qu'il  doit  y  envoler  un  gentilhomme  sage  et 
avisé,  qui  aille  en  diligence,  avec  une  lettre  semblable  à  la  teneur  qui 
s'ensuit^  : 

"  Madame,  Aussy  tost  que  j'ay  apris  vostre  indisposition,  je  n'ay  pas 
voulu  manquer  à  vous  dépescher  ce  gentilhomme  pour  vous  tesmoigner 


'  De  Noyers ,  alors  à  Saint-Saphorin  avec 
le  roi,  écrivait,  le  li  juillet,  à  Chavigni 
que ,  s'il  était  encore  auprès  du  cardinal , 
il  lui  (lise  que  :  «  Le  roy  le  prie  de  luy 
mander  ce  que  Sa  Majesté  a  à  faire  pré- 
sentement sur  le  sujet  de  la  maladie  de 
la  reyne  mève.  »  Et  de  Noyers ,  posant  la 
double  hypothèse  de  la  prolongation  de  la 
maladie  ou  de  la  mort  de  Marie  de  Médi- 
cis ,  propose  la  double  missive  qu'on  pour- 
roit  envoyer.  Nous  voyons  par  la  présente 
lettre  que  Richelieu  a  tenu  peu  de  compte 
du  projet  rédigé  par  de  Noyers. 

^  La  reine  mère  était  morte  le  3  juillet; 
on  l'ignorait  encore  à  Tarascon  le  17, 
mais  il  est  visible ,  par  la  dernière  partie  de 
la  présente  lettre ,  qu'on  ne  doutait  pas  que 


cette  princesse  ne  fût  à  l'extrémité.  On 
remarquera  la  froideur  de  la  lettre  que, 
dans  une  telle  occurrence,  Richelieu  dicte 
pour  le  roi.  Ce  fut  seulement  le  19  que  la 
Gazette  annonça  le  décès  de  Marie  de  Mé- 
dicis.  «Elle  était,  dit  la  Gazette,  veuve  de 
Henri  le  grand,  et  mère  des  rois  et  reines 
qui  possèdent  les  principales  couronnes  de 
l'Europe.  Le  regret  de  sa  mort  a  été  accreu , 
en  cette  cour,  par  celuy  de  l'aljsence  qu'elle 
s'e.stoit  causée,  suivant  le  conseil  de  quelques 
esprits  brouillons,  ausquels  la  facilité  du 
sien  avoit  laissé  prendre  trop  de  créance.  • 
Voilà  toute  l'oraison  funèbre.  Est-ce  le  car- 
dinal qui ,  dans  la  prévision  de  cette  mort , 
l'aurait  envoyée  à  Chavigni? 


J)U  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  37 

le  desplaisir  extresme  que  j'en  ay  et  le  contentement  que  ce  me  sera 
d'apprendre,  par  son  retour,  que  vous  en  soyés  deslivrée,  et  que 
vostre  santé  soit  entièrement  restablie.  Je  suplie  Dieu  de  tout  mon 
cœur  qu'il  luy  plaise  vous  la  rendre  et  vous  la  continuer  autant  de 
temps  que  vous  pouvés  le  désirer  vous-mesme.  Vous  le  croirés,  s'il 
vous  plaist,  madame,  et  que  je  suis » 

J'estime  que  ce  gentilhomme  du  roy  doit  estre  accompagné  d'un 
homme  entendu  et  fidelle,  qui  ne  porte  pas  plus  haute  qualité  que 
celle  de  commis  de  l'espargne,  le  quel  ayt  avec  luy  des  lettres  de 
change  '  de  cent  mil  livres.  Il  me  semble  que  le  s'  de  Chantelou  fera 
bien  ce  voyage  là. 

Le  gentilhomme  du  roy  et  celuy  qui  l'accompagnera  doivent  avoir 
charge  d'aller  trouver  M"  les  nonces,  à  qui  Sa  Majesté  escrira  un  mot 
de  créance  pour  leur  dire  que  le  roy  n'a  pas  voulu  manquer  de  se- 
courir la  reyne  sa  mère  en  cette  occasion ,  mais  que  son  dessein  n'estant 
pas  que  Fabrony  s'accomode  de  l'argent  qu'il  envoyé ,  au  lieu  d'en  se- 
courir la  reyne,  il  leur  a  donné  charge  de  voir,  avec  nos  d.  s'^  les 
nonces,  le  moyen  de  l'empescher. 

Qu'il  leur  semble  qu'il  faudroit  sçavoir  ce  que  la  reyne  despend 
au  vray,  en  Testât  au  quel  elle  est,  et  pourvoir  au  courant  de  cette 
despense,  comme  aussy  donner  quelque  chose  aux  pauvres  petits  offi- 
ciers de  la  maison,  lesquels  Fabrony  ne  faict  pas  payer;  et,  du  reste, 
attendre  les  ordres  de  Sa  Majesté  sur  ce  qu'ils  luy  feront  sçavoir  par 
l'avis  de  nos  d.  s"  les  nonces. 

S'il  avoit  pieu  à  Dieu  de  disposer  de  la  reyne  quand  ils  arrive- 
ront ils  doivent  s'addresser  tout  de  mesme  à  mes  d.  s"  les  nonces 
pour  prendre  lumière  d'eux  en  leur  conduitte.  Cependant  ils  doivent 
faiie  haljiller  toute  la  famille  de  la  reyne  de  deuil,  prier  mes  d.  s" 
les  nonces  de  donner  l'ordre  qu'il  faut  pour  la  conduitte  de  son  corps 
jusques  en  France,  dont  ceux  de  sa  famille  demeureront  chargés,  et 
où  le  roy  le  fera  recevoir  avec  la  dignité  requise. 

'  H  y  a    dans  la  minute   cette  phrase        Couloigne ,  quoyqu'elles  aillent  jusques  à 
effacée  :  i  dont  il  ne  dira  pas  l'estendue  à       •  cent  mille  liv.  » 


38  LETTRES 

Il  faudra  qu'ils  pourvoient  aussy  aux  frais  qu'il  y  aura  à  faire  pour 
la  conduitte  du  d.  corps. 

Les  d.  envoyez  doivent  estre  chargés  des  pouvoirs  nécessaires  pour 
demander,  en  cas  que  la  reyne  fust  morte,  que  ses  meubles  et  pier- 
reries soient  inventoriez  et  mis  hors  les  mains  de  Fabrony,  pour  estre 
desposées  entre  celles  de  personnes  solvables ,  pour  en  estre  usé ,  par 
après,  ainsy  que  de  raison. 

Les  d.  sieurs  doivent  prier  Messieurs  les  nonces  de  dire  nettement, 
de  la  part  du  roy,  à  Fabrony,  que  s'il  se  gouverne  autrement  qu'il  ne 
doit  en  cette  occasion,  il  n'esvitera  pas  son  indignation  en  ([uelque 
lieu  qu'il  puisse  aller. 

Ceux  qu'il  plaira  au  roy  y  envoier  diront,  s'il  leur  plaist,  à  M"  les 
nonces,  de  ma  part,  que  je  les  ay  priez  de  leur  tesmoigner  l'extresme 
desplaisir  que  j'ay  de  la  maladie  de  la  reyne,  que  je  n'ay  pas  osé  le 
faire  sçavoir  à  Sa  Majesté ,  de  peur  qu'elle  l'eust  désagréable  ;  mais  que , 
s'ils  le  jugent  autrement,  j'estimerois  à  très  particulière  obligation  s'ils 
avoient  agréable  de  luy  en  donner  cognoissance. 


XXII. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  iG/ia,  juin-août,  fol.  aSA-  — 
Original  de  la  main  de  Clierré. 

[A  MM.  DE  NOYERS  ET  DE  CHAVIGiM.] 

De  Tarascon,  ce  17  juillet  i64ï. 

J'envoie  ce  que  je  pense  sur  le  sujet  de  la  reyne  mère,  comme 
aussy  sur  le  sujet  de  M"  le  Grand,  le  quel  nous  ferons  conduire  par 
d'autres  troupes  que  celles  que  j'ay  icy,  si  Perpignan  se  rend,  ainsy 
qu'on  dit. 

Il  est  certain  que  le  gouverneur  a  demandé  à  capituler.  M"  les  géné- 
raux ne  m'en  ont  faict  sçavoir  aucune  chose ,  mais  cette  vérité  est  très 
certaine,  et  je  ne  doute  point  que  ce  commencement  n'apporte  bien- 
tost  la  redition  de  la  place. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  39 

Je  croy  que  le  s""  de  l'Isie  sera  bien  propre  à  faire  le  voiage  de 
Couloigne. 

Le  petit  M.  Gobert  m'a  escrit  pour  me  prier  de  faire  demander  au 
roy,  pour  luy,  une  prébande  de  ia  S''^  Cbapelle,  qui  a  vacqué  par  la 
mort  de  l'abbé  Desrivaux.  Je  ne  l'ay  pas  voulu  faire  estant  absent 
comme  je  suis,  parce  que  j'ay  creu  qu'elle  auroit  esté  courue  première- 
ment. Je  prie  M"  de  Chavigny  et  de  Noyers  de  me  mander  qui  a  obtenu 
les  d.  bénéfices. 

Ces  M"  aviseront  s'ils  devront  proposer  ce  que  je  leur  mande  de 
M'  le  Grand  comme  venant  de  moy  ou  d'eux  ;  j'estime  le  dernier 
le  meilleur,  et  en  elTect  c'est  M"^  de  Chavigny  qui  en  a  faict  les  ou- 
vertures. 


XXIII. 
Cabinet  de  S.  A.  R.  M**  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

[AU  ROL] 

De  Tarascon,  ce  19  juillet  lôia. 

Je  mande  à  M"  de  Chavigny  et  de  Noyers  ce  qui  est  de  nouveau 
de  deçà ,  pour  en  faire  rapport  à  S.  M. 

Ainsy  il  ne  me  reste  que  la  suplier  de  me  faire  sçavoir  des  nouvelles 
de  sa  santé,  qui  est  le  meilleur  unguent  dont  je  me  puisse  servir 
pour  avancer  la  mienne.  Je  ne  doute  point  que  l'air  de  Fontainebleau  ' 
ne  la  luy  rende  tout  à  faict.  Je  suplie  Dieu  que  ce  courrier  m'en 
rapporte  les  nouvelles  que  je  désire,  et  qu'il  me  donne  occasion  de 
luy  faire  de  plus  en  plus  cognoistre  quelle  est  la  tendresse  de  mon 
cœur  envers  elle,  et  que  jamais  aucune  passion  de  sujet  et  de  servi- 
teur n'a  point  esgalé  celle  que  j'auray  toute  ma  vie  pour  un  sy  bon 
maistre. 

'  Le  roi  y  arriva  le  2.3  juillet. 


40  LETTRES 


XXIV. 

Manuscrit  du  cabinet  de  S.  A.  R.  M''  lu  duc  d'Aumale.  — 
Original  de  la  main  de  Cherré. 

[A  MM.  DE  NOYERS  ET  DE  CHAVIGNI.] 

DeTarascoii,  ce  19° juillet  i642. 

La  capitulation  qu'ont  voulu  faire  M"  de  Perpignan  est  pour  se 
rendre  dans  2  mois,  dont  ils  ont  enfin  voulu  rabatre  20  jours,  c'est 
une  pure  moquerie.  Je  vous  envoyé  les  lettres  qvie  m'escrit  M''  de  la 
Melleraie  pour  ne  m'engager  pas  à  plus  grand  discours. 

J'ay  escrit  à  M'  de  Schomberg,  selon  ce  qu'ils  ont  estimé  tous  deux, 
ce  qu'il  estoit  à  propos  de  faire  pour  amasser  la  noblesse  et  la  milice 
des  Eveschez^  La  prise  de  Perpignan  est  si  importante  qu'il  n'y  a  rien 
qu'il  ne  faille  faire  pour  en  venir  à  bout.  Si  par  malheur  il  ne  se  prenoit 
pas  (ce  que  je  ne  puis  croire),  ce  mauvais  événement  seroit  devh  à 
M"^  le  Grand ,  de  Bouillon  et  Monsieur. 

J'ay  des  gens  avec  le  régiment  du  baron  d'Anduze  pour  le  faire 
avancer. 

Vous  verres  des  avis  (jue  M'  d'Argençon  donne  à  M"^  de  la  Melle- 
raie. 

Je  vous  prie  me  mander  bien  particulièrement  des  nouvelles  de  la 
santé  du  roy,  qui  est  ce  que  je  désire  le  plus  au  monde. 

'  «  Les  considérations  publiques  devant  gens  de  cheval  et  de  pied  que  vous  avés 

estre  tousjours  préférées  aux  particulières ,  proposés  vous-mesines.  Vous serés  sy  proche 

lui  mandait  Richelieu,  trouvés  bon  faire  de  Perpignan  qu'il  n'y  peut  rien  arriver 

un  tour  dans  vostre  gouvernement  et  aux  que  vous  ne  vous  y  trouviés.  •  (  Lettre  notée 

frontières  de  Guyenne ,  pour  y  amasser  les  aux  Analyses.  ) 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  41 


XXV. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  1642  ,  juin-août,  fol.  270.  — 
Original  de  la  main  de  Cherré.   Minute  de  la  même  main'. 

A  MM.  DE  CHAVIGNY  ET  DE  NOYERS. 

DeTarascon,  ce  20 juillet  i64a. 

.l'ay  receu  les  papiers  que  vous  m'avés  envoyez;  jusques  icy  la 
lettre  de  Monsieur  à  M"^  Mazarini  est  esgarée. 

Lorsque  M'  de  la  Rivière  sera  de  retour,  auprès  du  roy,  d'Anecy, 
vous  pourrés  juger  avec  monsieur  le  chancelier  certainement  si  la 
preuve  du  procès  sera  complette. 

Je  croy  que  la  coppie  des  traictés  passez  en  Espagne ,  recogneus  de 
Monsieur,  ne  servira  pas  peu. 

L'affaire  de  M''  de  Beaufort  estant  bien  conduitte  sera  de  poids 
contre  M"^  le  Grand,  de  la  part  du  quel  M'  de  Thou  Test  ailé  trouver*. 

Le  commandement  que  le  roy  fera  à  tous  ceux  de  sa  maison,  sur 
peyne  de  disgrâce,  peut  produire  quelque  chose  de  bon,  qui  jusques 
icy  nous  est  incogneu. 

Je  vous  ramentoy  tout  ce  que  dessus,  parce  que  je  ne  voudroispas 
que  M' le  chancelier  partist  de  Fontainebleau  pour  venir  à  Lyon  qu'il 
ne  juge  la  preuve  suffisante  pour  l'effect  que  la  justice  et  le  bien  de 
la  France  requièrent.  Il  ne'  faut  rien  oublier  en  cette  affaire  trop  im- 
portante pour  ne  s'y  appliquer  pas  tout  à  faict. 

Perpignan  nous  tient  un  peu  en  cervelle ,  mais  j'espère  que  tout  ira 
bien. 

Si  ce  sont  les  petites  troupes  que  j'ay  auprès  de  moy  qui  accompa- 
gnent M""  le  Grand,  M'Céton  sera  le  chef  de  la  conduitte  et  comman- 
dera. 

'  Cette  minute  n'a  point  de  date ,  elle        la  collection  reliée  k  nouveau ,  immédiate- 
n  est  point  cotée,  n'étant  pas  comprise  dans         ment  avant  le  fol.  237. 
la  collection  primitive;  on  l'a  placée,  dans  '  Voy.  ci-dessus  à  la  date  du  17  juillet. 

C&fU>I!(.  DE  RICHELIEU.  —  VII.  6 


42  LETTRES 

Je  ne  vous  mande  rien  des  lieutenans  des  gardes  dont  vous  m'es- 
crivés,  parce  que  je  ne  veoy  pas  qu'il  y  ayt  encores  de  résolution  à 
prendre  par  Sa  Majesté  pour  faire  changement,  et  j'incline  à  conserver 
Céton  autant  qu'on  pourra. 


XXVI. 

Manuscrit  du  cabinet  de  S.  A.  U.  M^'  le  duc  d'Auniale.  — 

Original  de  la  main  de  Cherré. 

Arch.  des  AfF.   étr.  France,    i643,  juin-août,  fol.  268.  — 

Minute,  même  écriture.^  Au  fol.  270  est  une  mise  au  net. 

A  MM.  DE  CHAVIGNY  ET  DE  NOYERS'. 

De  Tarascon,  ce  20  juillet  i642. 

Vous  trouvères  estrange  que  par  le  mémoire  de  M'  de  la  Motte, 
il  die  n'avoir  qu'aprochant  de  trois  mile  chevaux  et  deux  mile  hommes 
de  pied  pour  la  campagne. 

Vous  verres,  par  vos  dépesches,  que  de  part  et  d'autre  ils  sont, 
avec  raison,  en  quelque  alarme  qu'on  veuille  secourir  Perpignan. 

Tous  les  ordres  partirent  hier  pour  lever  jusques  à  sept  mile  hommes 
de  pied  et  douze  cens  chevaux  dans  le  Languedoc,  et  la  frontière  de 
Guienne ,  pour  estre  prestz  au  1  o*^  d'aoust. 

Je  croy  fermement  qu'auparavant  ce  temps,  Perpignan  sera  es 
mains  du  roy.  Cependant  comme  la  prise  de  cette  place  est  un  coup 
décisif,  je  suplie  le  roy  de  me  faire  sçavoir  diligemment  si,  en  cas 
qu'on  voye  que  les  ennemis  y  viennent,  il  trouveroit  bon  qu'on  for- 
tiffiast  son  armée  des  neuf  compagnies  de  ses  gardes ,  qu'il  a  laissées 
à  Lyon. 

Si  Sa  Majesté  l'approuve,  le  premier  courrier  que  vous  dépescherés 
de  deçà,  leur  portera  ordre  de  s'avancer  jusques  à  Valence,  d'où  on 

'  Ces  mots,  écrits  entête  de  la  mise  au  net,  donnent  la  suscription,  qui  manquait. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


43 


r 


ne  les  fera  point  partir  sans  nécessité,  et  où  ils  seront  fort  bien  parez 
pour  servir  au  Roussillon,  ou  à  l'affaire  de  Monsieur,  selon  qu'il  en 
sera  besoin.  Je  parle  seulement  des  neuf  compagnies  des  gardes,  parce 
qu'il  est  à  propos  que  les  cent  chevaux  que  le  roy  a  laissés  à  Lyon  y 
demeurent  avec  M""  de  Nouailles. 

Le  marquis  de  Brézé  est  à  Barcelone,  où  il  faict  faire  aygade  aux 
gallères  '  et  radouber  quelques  uns  de  ses  vaisseaux  pour  retourner 
chercher  les  ennemis,  selon  que  M''  de  la  Melleraye  me  le  vient 
d'escrire. 

M'  d'Amontot  escrit  de  Gènes  que  l'escadre  de  Naples  ne  sçauroit 
estre  preste  pour  entrer  en  nos  mers  que  vers  le  i  5  d'aoust. 

Pour  conclusion,  je  croy  certainement  que  le  roy  sera  dans  Perpi- 
gnan plus  de  huicl  jours  devant  ce  terme  *. 


XXVII. 

Arch.  des  AfF.  étr.  France,  iQ/ii,  juin-août,  fol.  287.  — 
Minute  de  la  main  de  Cherré. 


A  MM.  DE  CHAVIGNY  ET  DE   NOYERS, 


SECRETAIRES  D'ESTAT. 


Du  3 S  juillet  1642. 

'  Je  suplie  Dieu  de  tout  mon  cœur  qu'il  ayt  donné  un  repos  éternel 
à  l'àme  de  la  reyne. 

J'ay  de  la  joye  d'avoir  veu  par  des  lettres  qu'elle  ayt  eu  grande  re- 


'  La  fui  de  ce  paragraphe  a  été  suppri- 
mée dans  la  mise  au  net. 

'  Perpignan  ne  fut  pris  qu'un  mois 
après  l'époque  assignée  ici  par  Richelieu. 

'  La  présente  lettre  est  écrite  en  suite 
d'une  missive  de  Chavigni  dont  un  extrait 
nous  semble  nécessaire  pour  l'intelligence 
de  celle  de   Hichelieu.  Chavigni .  toujours 


empressé  de  complaire  aux  passions  du 
cardinal ,  s'y  excuse  d'oser  donner  des 
conseils,  qui  (Chavigni  le  savait  bien)  se- 
ront fort  agréables  à  Richelieu.  Fabroni 
était  sans  doute  un  personnage  fort  peu 
intéressant  et  qui  n'avait  pas  manqué  de 
mettre  à  profit  sa  fidélité  à  la  reine  exilée. 
Marie  de  Médicis  elle-même  n'inspire  au- 

6. 


44 


LETTRES 


pentance  de  ses  fautes,  et  qu'elle  ayt  pardonné  de  bon  cœui-  à  ceux 
qu'elle  lenoit  ses  ennemis.  Je  n'ay  lien  à  adjouster  au  mémoire  c{ue 
j'ai  envoie  à  Mercier  sur  son  sujet. 

Je  croy  que  si  on  y  envoioit  cent  mile  francs  on  payera  ce  qu'elle 
doit  de  pressé  à  Couloigne,  on  habillera  sa  famille,  et  amènera  t  on 
son  corps  honorablement  à  Dieppe.  J'estime  que  M"'  de  Meau\  sera 
très-propre  pour  avoir  commission  d'aller  recevoir  son  d.  corps  à 
Dieppe,  et  l'amener  avec  honneur  et  dignité  à  Saint  Denis. 

Quand  il  sera  là,  on  pensera  à  loisir  à  sa  sépulture,  faisant  faire 
préalablen)ent  celle  du  feu  roy.  Quand  nous  serons  à  Paris  chacun 
ouvrira  ses  pensées,  et  on  taschera  de  prendre  les  meilleiu-es,  e1  je 
serai  ravy  d'avoir  soin  de  ces  ouvrages  '- 


(■une  sympathie;  mais  lui  imputer  à  crime 
I  exil  où  on  l'avait  forcée ,  fouler  aux  pieds 
ses  dernières  volontés,  non-seulement  à 
cause  de  Fabroni ,  mais  parce  que  son  se- 
cond fils  vient  en  partage;  et  en  même 
temps  lui  faire  de  pompeuses  funérailles, 
pour  faire  éclater  dans  toute  la  chrétienté 
(selon  l'expression  de  Chavigni)  la  géné- 
rosité de  Richelieu,  ce  sont  là  des  conseils 
(|u'on  voit  sans  surprise  donnés  par  Cha- 
vigni ,  et  accueillis  par  le  vindicatif  cardinal, 
ainsi  que  par  le  fils  de  Marie  de  Médicis. 
La  lettre  de  Chavigni  est  datée  de  o  Desi- 
ses.le  19  juillet. —  On  a  eu, dit-il,  nouvelles 
de  la  reyne  mère;  on  a  apporté  son  testa- 
ment. .  .  — La  première  pensée  du  roy  est 
de  ne  pas  exécuter  ce  testament,  s'il  n'y 
est  absolument  tenu  en  conscience,  parce 
(|u"il  l'oblige  à  donner  des  sommes  im- 
menses; outre  qu'il  a  peyne  de  voir  Mon- 
sieur nommé  héritier  avec  luy,  qui,  par 
conséquent,  devroit  partager  les  meubles 
avec  S.  M.  sur  lesquels  elle  faisoit  desjà 
fondement.  —  Fabroni  avant  destourné  les 
principales  pierreries  de  la  défunte  reyne ,  il 
me  semble  qu'il  ne  le  faudra  point  effa- 


roucher d'ahord,  pour  le  laisseï'  aller  clans 
les  estats  du  grand -duc,  où  on  aura  meil- 
leur marché  de  luy  que  chez  les  ennemis 
du  roy,  et  si  sa  femme  venoit  apporter  la 
bague  que  la  reyne-mère  laisse  à  la  reyne , 
on  la  pourroit  obliger  à  faire  restituer  tout 
ce  qu'elle  et  son  mari  auroient  pris.  Il 
semble  que  ce  seroit  une  action  qui  esclatte- 
roit  dans  toute  la  chrestienté  que  de  rendre 
à  la  reyne  mère,  après  sa  mort,  tous  les 
honneur,  deubs  à  une  princesse  de  sa  con- 
dition, et  que,  si  monseigneur  vouloit 
prendre  quelque  soin  de  sa  sépulture,  on 
ne  pourroit  assez  louer  sa  générosité.  Je 
n'aurois  pas  la  hardiesse  de  dire  mes  pen- 
sées avec  tant  de  liberté,  si  je  ne  sçavois 
que  monseigneur  escoute  avec  une  extraor- 
dinaire bonté  toutes  les  choses  qui  partent 
du  cœur.  » 

'  Il  y  avait  trente-deux  ans  que  Henri  IV 
était  mort,  et  sa  sépulture  était  encore  à 
faire;  ni  sa  veuve,  ni  son  fils,  ni  le  ministre 
qui  gouvernait  depuis  dix-huit  ans,  ne  s'en 
étaient  occupés.  Richelieu  y  songeait  un 
peu  trop  tard,  il  n'eut  le  temps  de  rien 
exécuter. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  45 

J'ay  leii  son  testament  tout  an  long  '.  Rioland  escrit  doutant  de  sa 
validité.  Je  cioy  que  M'ie  Chancelier,  bien  entendu  en  telles  matières. 
y  trouvera  des  nullités.  Si  cela  est,  je  ne  croy  pas  qu'il  le  faille  exé- 
cuter; mais  bien  que  S.  M.  pourra  par  libéralité  et  générosité  faire  du 
bien  à  ceux  de  ses  gens  qui  l'auront  mérité. 

Ce  qui  est  laissé ,  dans  le  testament ,  à  la  discrétion  de  Fabrony  est 
bien  mal  à  propos.  Je  m'asseure  que  les  dons  faicts  dans  le  dict  tes- 
tament, les  promesses  que  la  reyne  aura  laissées  au  tiers  et  au  quart 
monteront ,  sans  parler  de  ses  debtes  de  France ,  à  plus  de  cinq  ou  six 
cent  mile  escus;  et  c'est  asçavoir  s'il  est  juste  (ju'une  personne  qui  est 
en  l'eslat  auquel  la  reyne  estoit  hors  du  royaimie,  c'est-à-dire  en 
crime,  face  de  tels  dons. 

F^a  reyne  devant  comme  elle  faict,  je  croy  que  l'ordre  veut,  et 
que  c'est  le  plus  couii;,  de  faire  vendre  tous  ses  meubles  et  pier- 
reries, et  le  roy  se  rendra  adjudicataire  de  tout  ce  qu'il  y  aura  de 
bon. 

H  faut  promptement  faire  liquider  toutes  les  debtes  de  la  reyne, 
commen^;ant  par  d'Argouges-,  ce  dont  M''  de  Rancé  a  une  entière  co- 
giioissance.  11  faut  aussy  donner  charge  à  ceux  qui  iront  à  Couloigne, 
de  faire  un  estât  exact  et  bien  justiffié  de  toutes  les  debtes  de  la 
revne,  et  demander  la  deslivrance  des  pierreries  ou,  au  moins,  le 
deppost  en  main  asseurée. 

La  pensée  de  laisser  venir  Madame  Fabrony  en  France  apporter 
le  diamant  à  la  reyne,  et,  par  après',  il  l'y  faudra  retenir  jusques  à 
ce  qu'on  soit  sorty  d'affaires  avec  son  mary,  est  fort  bonne. 

.le  croy  qu'il  est  à  propos  d'envoyer  à  Monsieur  la  coppie  du  testa- 

'  Je  le  trouve  en  copie  manuscrite  dans  lier  de  Rancé ,  frère  du  surintendant  des 

divers  recueils  :  aux  Affaires  étrangères ,  à  finances ,  et  père  du  fondateur  de  la  'l'rappe, 

la  Bibl.  imp.  5ooColb.  81,  fol.  34i.t)upuy  fut  longtemps  secrétaire  des  commande- 

t.  590,  fol.  2/(0. et  toni.  869.  Bibliotliè(|ue  ments  de  cette  princesse  qui  le  congédia 

Mazarine,  H,  1718,  fol.  191  ,  et  ailleurs.  après  la  journée  des  Dupes. 
Cette  pièce  a  été  imprimée.  '  Ce  paragraphe  a  été  estropié  dans  la 

'  Il  avait  été  trésorier  de  la  reine  mère  dictée;  on  voit  que  le  sens  est  net,  par 

dès  le  lemps  qu'elle  était  régente.  Boutliil-  après,  l'y  retenir..  .  « 


46  LETTRES 

ment  de  la  reyne,  et,  sur  ce  fondement,  j'ay  laissé  passer  le  valet  de 
chambre. 

Je  voudrois  de  bon  cœur  que  le  roy  peust  faire  faire  des  fossés  à 
Luxembourg,  mais  il  est  impossible,  tant  à  cause  que  l'espace  ne  s'y 
trouveroit  pas  sans  perdre  tout  le  jardin  et  beaucoup  des  rues,  que 
parce  que  les  fondations  du  logis  n'ont  pas  esté  faictes  à  cette  fin  ;  que 
parce  encores  que  ce  sont  toutes  carrières  qui  font  craindre  qu'en 
esbranlant  le  bastiment  ne  demeurast  pas  asseuré. 

Vous  sçaurés  plus  tost  que  moy  si  Monsieur  fera  ce  qu'il  faut 
pour  aller  demeurer  à  Trévou,  et  partant  vous  escrirés,  s'il  vous 
plaist,  à  M'  de  Champigny',  de  deslivrer  le  passeport  quand  il  le 
faudra. 

C'est  une  bonne  affaire  de  quoy  M""  de  Brion  fust  confident  de 
Monsieur,  à  l'entrevue  de  M"^  de  Bouillon  et  le  Grand ,  lorsqu'ils  furent 
trouver  Monsieur  à  son  escurie. 

C'est  aussy  une  bonne  circonstance  que  Monsieiu-  ayt  dit  à  M'  le 
marquis  de  Villeroy  que  M"  de  Bouillon  et  le  Grand  lui  ayent  dicté 
toute  la  substance  du  traicté  d'Espagne. 

Ce  sera  aussy  une  heureuse  rencontre  si  le  marquis  d'Effiat  prend 
Aidîijoux'^. 

'  Richelieu  avait  de  l'amitié  pour  M'  de  seure  que  cette  grâce  vous  sera  aussy  tost 

Chanipigni;  à  la  date  même  de  la  présente  accordée  que  la  demande.  »  (Original  au- 

lettre,  il  faisait  écrire,  par  Charpentier  au  tographe,  du  cabinet  de  M^'  le  duc  d'Au- 

secrétaire  d'État  de  Noyers ,  un  billet  que  maie.) 

nous  conservons  ici  parce  qu'il  a  été  dicté  *   Chavigni  et  de  Noyers  avaient  mandé 

par  le  cardinal  :«  De  Tarascon,  ce  22  juil-  dans  leur   lettre   du    17:   «M'   de   Phe- 

let   16^2.  J'ay  leu  à  S.  Em.  le  mémoire  ligonde  vient  d'arriver   d'Auvergne,   qui 

qu'il  vous  a  pieu  m'adresser  touchant  M' de  asseure   que  le   marquis    d'Effiat  a    faict 

Champigny,  sur  quoy  elle  m'a  dit  qu'affec-  investir  le  baron  d'Aubijoux  dans  sa  mai- 

tionnant  toute  sa  maison,  et  particulière-  sonet  ilespère  qu'il  neluy  eschapperapas.  » 

ment  sa  personne,  comme  elle  faict,  elle  Aubijoux  était  un  des  favoris  de  Monsieur 

sera  très-aise  qu'il  ayt  une  place  de  semestre  et  des  plus  ardents  à  la  perte  du  cardinal  ; 

au  conseil ,  où  elle  se  promet  qu'il  servira  il  était  alors  en  fuite.  «  C'est ,  ajoute  la  lettre , 

dignement;  et  que  si  vous  prenés  la  peine  un  de  ceux  qui  sçait  le  plus  de  nouvelles 

d'en  faire  la  proposition  au  roy  (s'il  en  est  de  cette  maudite  conspiration  » 
besoin),  ou  à  M'  le  Chancelier,  elle  s'as- 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  lil 

Il  semble  que  Dieu  dispose  toutes  choses  à  un  grand  bien  pour  la 
France. 

Il  faut  bien  se  donner  garde  de  laisser  venir  le  médecin  de  M'  de 
Bouillon  libre  en  France ,  c'est  un  moyen  asseuré  par  lequel  il  pourroit 
faire  sçavoir  toutes  ses  pensées  à  Sedan ,  et  recevoir  instruction  de  tout 
ce  qui  se  passe  et  de  tout  ce  qu'il  a  à  dire.  Vous  priant  de  croire,  ce 
que  vous  avés  au  faict  de  M' le  Grand ,  que  telles  gens  trouvent  divers 
moyens  de  recevoir  et  faire  sçavoir  de  leurs  nouvelles.  J'escris  à  M'  de 
Champigny  de  faire  arrester  le  dict  médecin,  s'il  passe,  jusques  à  ce 
qu'il  sache  la  volonté  du  roy. 

M'  de  Bouillon  a  commencé  à  bien  parler  par  le  s'  de  Florimond  ; 
j'espère  qu'il  achèvera  quand  il  se  verra  plus  pressé  '  ;  et ,  quand  il 


'  Le  jour  où  Richelieu  mandait  cela,  il 
écrivait  à  la  mère  et  à  la  femme  du  duc 
de  Bouillon  en  réponse  aux  supplications 
(ju'elles  lui  avaient  adressées.  A  la  douai- 
rière de  Bouillon  il  disait  :  »  Madame , 
pendant  que  j'ay  creu  M'  vostre  fils  re- 
cognoissant  des  grâces  que  le  roy  lui  a 
faites,  et  plein  d'affection  et  de  fidélité 
pour  son  service ,  je  n'ay  rien  ouljlié  de  ce 
qni  m'a  esté  possible  pour  luy  estre  utile , 
et  pour  procurer  ses  avantages  auprès  de 
S.  M.  Maintenant  qu'il  s'en  est  rendu  in- 
digne par  la  nouvelle  infidélité  qu'il  a 
commise  contre  le  roy  et  contre  l'Estat  au 
mesme  temps  qu'on  luy  avoit  donné  moyen 
de  réparer  le  passé  en  servant  l'un  et  l'autre, 
vous  me  blasmeriés  si  je  ne  contribuois  ce 
que  je  dois  à  l'esclaircissement  de  sa  mau- 
vaise   conduite   et   à    la    fin   qu'elle   doit 

avoir i.  De  telles  paroles  étaient  peu 

rassurantes.  A  la  jeune  duchesse,  Richelieu 
écrivait  à  peu  près  dans  les  mêmes  termes; 
nous  trouvons  cette  phrase  dans  sa  lettre  : 
•  Si  vostre  mari  est  innocent,  ainsy  que 
vous  tesmoignés  le  croire ,  il  est  en  lieu  et 
en  estât  de  le  faire  voir  au  roy,  qui  aime 


trop  la  justice  pour  ne  la  luy  rendre  toute 
entière.. .  »  On  comprend  ce  que  signifiait 
toute  entière,  dans  le  cas  où  l'innocence  ne 
serait  pas  reconnue;  Richelieu  voulait  évi- 
denmient  effrayer  les  princesses ,  qui  étaient 
encore  maîtresses  de  Sedan.  Ces  deux  lettres 
ont  été  imprimées  et  seront  seulement  no- 
tées aux  Analyses.  Dès  le  3  juillet  le  roi  lui- 
même  avait  écrit  de  Montéliniart  à  la  douai- 
rière une  lettre  dont  Richelieu  avait  sans 
doute  envoyé  la  matière ,  et  qui  ne  laissait 
pas  d'être  assez  menaçante  :  «  Empesches , 
disait  le  roi ,  qu'il  n'entre  et  séjourne  dans 
Sedan  aucun  de  mes  sujets  qui  me  puisse 
estre  suspect,  et  qu'il  ne  s'y  fasse  aucune 
cabale  préjudiciable  à  mon  service, . .  J'es- 
père que  je  n  auray  aucun  sujet  d' estre  mal 
satisfait  de  vostre  conduite ,  et  de  m'en  res- 
sentir par  le  mauvais  traitementque  je  serois 
contraint  de  faire  au  duc  de  Bouillon.  C  est 
à  quoy  je  désire  que  vous  pensiés  bien ...» 
(Impr.  dans  Aubery,  Mém.  t.  V,  p.  21O.) 
—  M' de  Florimond  était  capitaine  de  cbe- 
vau-légers  dans  Casai;  c  était  lui  qui  avait 
apporté  le  mémoire  dont  il  est  question 
.  ci-dessus,  p.  a8,  note. 


48  LETTRES 

sera  à  Lyon,  on  fera  plus  d'affaires  en  un  jour  avec  luy  qu'on  n'en 
feroit  avec  son  médecin  en  six  mois. 

Je  suis  très-aise  de  l'avantage  que  l'admirai  de  Hollande  a  remporté 
sur  les  vaisseaux  ennemis. 

Lorsqu'il  faudra  conduire  M''  le  Grand  à  Lyon,  M'  Ceton  comman- 
dera à  toute  l'escorte. 

Je  croy  qu'il  est  très  à  propos  de  faire  sortir  de  Luxembourg  toutes  les 
bardes  et  les  gens  de  Monsieur,  et  mander  à  madame  d'Aiguillon,  qui 
en  est  cappitaine  concierge ,  de  faire  sortir  quantité  de  petites  gens  qui 
y  logent  et  qui  gastent  tout,  ainsy  que  M""  de  Noyers  a  fait  du  Louvre. 

Après  ce  que  Castelan  escrit  d'Italie  \  j'estime  qu'on  peut  faire,  dès 
à  présent,  M'' Du  Plessis  Praslin  lieutenant  général  de  l'armée  du  roy,  et 
donner  au  d.  s'  de  Castelan  la  conduitte  de  la  cavalerie  françoise. 

Fortiffication  de  la  Rocbelle.  Renvoyer  le  testament. 

Vous  aurés  bien  veu  par  la  response  que  j'ay  faicte  à  M'  le  Grand 
prieur  sur  le  sujet  des  fortiffications  de  la  Rochelle,  que  je  suis  de 
l'avis  du  roy,  qui  est  qu'il  ne  les  faut  point  faire. 

De  Tarascon,  ce  23*31111161  i6/42. 

^  Après  avoir  repensé  à  la  proposition  que  faict  M'  de  Castelan ,  de 
commander  la  cavalerie  françoise  en  Italie,  je  croy  que  personne  n'y 
peut  estre  intéressé.  Saint  André  et  Salles  estans  beaucoup  plus  jeunes 
mareschaux  de  camp  que  luy.  Partant  je  croy  que  le  roy  luy  peut  ac- 
corder sa  requeste,  et  envoyer  déclarer  M'  Du  Plessis  Praslin  lieute- 
nant général,  afin  qu'il  puisse  employer  une  des  plus  belles  armées 


'  Dans  la  lettre  datée  de  Dijon ,  1 7  juil- 
let ,  Chavigni  et  de  Noyers  avaient  mandé 
au  cardinal  :  «  M'  de  Castelan  escrit  que  la 
croiance  de  l'armée  d'Italie  est  que  le  roy 
faict  M'  du  Plessis  Praslin  lieutenant  gé- 
néral, et  qu'il  n'y  a  personne  qui  ne  le  dé- 
sire. Il  supplie  en  ce  cas  M*'  de  luy  faire 
donner  le  commandement  de  la  cavalerie , 
personne  ne  luy  pouvant  disputer  puisqu'il 


sera  le  plus  antien  mareschal  de  camp  de 
cette  armée  là.  »  (Ms.  cité  aux  sources  £*  248.) 
'  Cette  courte  missive  nous  semble  être 
comme  un  post-scriptum  de  la  lettre  du  22. 
C'est  un  original ,  de  la  main  de  Cherré , 
conservé  dans  le  cabinet  de  M*'  le  duc 
d'Aumale  ;  la  suscription  est  :  Pour  MM.  de 
Chavigny  et  de  Noyers ,  secrétaires  d'estat , 
à  Fontainebleau. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  49 

qui  ayt  esté  de  longtemps  en  Italie,  et  non  la  laisser  inutile  comme 
elle  a  esté  jusques  à  présent  à  cause  de  l'infidélité  de  M'  de  Bouillon. 


XXVIII. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  iG^a,  juin-août,  fol.  agi.  — 
Original  de  la  main  de  Cherré. 

SUSCRIPTION : 

POUR  M.  DE  CHAVIG\Y, 

SEcnéTAir.E  d'EStat. 

DeTarascon,  ce  22  juillet  1642. 

Madame  d'/Viguillon  estant  cappitaine  concierge  de  Luxembourg, 
je  ne  vous  recommande  point  ses  intérests  en  ce  rencontre,  sachant 
bien  que  vous  en  aurés  le  soin  qu'elle  peut  désirer;  mais  m'ayant 
escrit  que  Bony ,  que  est  concierge  du  dict  Luxembourg ,  n'a  ny  brevet 
du  roy,  n'y  de  la  reyne  sa  mère,  que  c'est  un  homme  très-mal  affec- 
tionné ,  et  qui  faict  entrer,  pour  de  l'argent ,  tant  de  gens  dans  le  parc 
qu'il  est  presque  tout  gasté ,  et  qu'elle  seroit  bien  aise  qu'il  pleust  au 
roy  de  donner  cette  charge  à  Mariette,  qui  est  extresmement  lldelle  et 
très  affectionné,  et  qui  entretiendra  toutes  choses  en  fort  bon  estât, 
je  vous  prie  de  faire  addroitement  ce  qu'il  faut  auprès  de  Sa  Majesté 
pour  luy  faire  recevoir  cette  satisfaction,  qu'elle  prétend  deppendre 
de  sa  charge.  Quand  vous  la  verres  vous  agirés  ensenxbie,  sur  ce  su- 
jet, empeschant  cependant  que  personne  ne  prévienne  le  roy. 

M'^  les  commissaires  reviennent  de  Montpellier.  M'  le  Grand  nie 
tout  absolument  depuis  un  bout  jusques  à  l'autre  toutes  les  véritez 
les  plus  cogneues. 

Il  nie  avoir  escrit  et  receu  des  lettres,  et  ses  gens  le  recognoissent. 

Il  nie  avoir  jamais  porté  autre  couteau  à  son  espée  qu'un  ordinaire 
pour  couper  du  pain,  et  le  roy  et  vous  sçavés  ce  qui  en  est. 

Il  nie  avoir  eu  aucune  intelligence  avec  M"'  et  M*  de  Bouillon. 

Enfin  il  nie  tout.  Ce  qu'il  y  a  de  bon  est  que  n'ayant  rien  dit  contre 
Monsieur,  il  ne  sçauroit  plus  luy  donner  de  reproches  valables. 

CARDIN.  DE  niCUELIEC. VII.  7 


50  LETTRES 

Les  commissaires  croyent  qu'il  a  esté  instruit  depuis  qu'il  est  dans 
la  citadelle.  Pour  moy  je  ne  sçay  ([u'en  dire,  mais  tout  cela  ne  luy 
servira  de  rien. 

Le  bonhomme  Céton  est  fort  coquelineux.  Le  premier  président 
de  Grenoble  m'a  dit  qu'en  luy  parlant  de  M''  le  Grand  il  luy  a  veu  les 
larmes  aux  yeux.  II  se  rend  aysément  mescontent.  Je  ne  doute  point 
de  sa  fidélité;  je  vous  manderay  certainement,  avec  le  temps,  ce  que 
je  penseray  sur  son  sujet.  Ce  qui  me  fasche  est  qu'il  n'advertit  d'au- 
cune chose,  et  dit  que  M''  le  Grand  ne  luy  dit  rien,  quoyque  vous 
sachiés  bien  que  son  humeur  est  de  parler  beaucoup. 


XXIX. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  i642  ,  juin-août,  fol   Sog.  — 
Minute  de  la  main  de  Cherré. 

A  MM.  DE  NOYERS  ET  DE  CHA VIGNY. 

.  Du  25  juillet  i642. 

Il  me  tarde  extresmement  que  je  n'aprenne  l'arrivée  du  roy  à  Fon- 
tainebleau, où  je  croy  que  son  air  natal  le  remettra  en  sa  première 
santé,  ce  que  je  désire  et  demande  à  Dieu  de  tout  mon  cœur,  ayant 
tant  de  tendresse  pour  sa  personne  et  pour  son  estât  qu'il  ne  s'y  peut 
rien  adjouster. 

Je  vous  avoue  que  toutes  les  lois  que  vous  ni'asseurés  par  vos  let- 
tres que  S.  M.  vous  tesmoigne  en  avoii-  poui-  moy,  j'en  ressens  une 
grande  joye,  ne  désirant  rien  autre  chose  en  ce  monde. 

Pei-pignan  ne  dit  rien  encore;  cette  affaire  nous  tient  en  suspens. 
On  lève  dans  les  diocèzes  les  gens  dont  je  vous  ay  escrit,  et  j'espère 
qu'ils  seront  prests  devant  le  dix""'  d'aoust. 

11  est  besoin'  de  faire  promptement  venir  un  officier  des  gardes  du 
roy  à  Lyon,  pour  garder  M""  de  Bouillon  ;  et,  après  y  avoir  bien  pensé, 
il  nous  vaut  mieux  des  pères  rustaux  que  des  douillez.  Cela  faict  que 
je  croy  que  S.  M.  doit  trouver  bon  qu'on  envoyé  quérir  en  diligence 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  51 

Boislouet,  luy  mandant  que  s'il  y  a  quelques  gardes  desquels  il  se 
fie  plus  que  des  autres,  il  les  face  venir,  selon  les  ordres  qu'on  pour- 
roit  luy  en  envoier  de  M""  de  Charost  ou  d'un  autre ,  selon  ce  qui  se 
pratique  ;  ce  c[ue  je  ne  sçay  pas. 

Le  bonhomme  M'  Céton  est  si  bon,  qu'il  ne  peut  croire  qu'un 
garde  du  roy  puisse  estre  gaigné.  Il  croit  qu'y  en  ayant  de  couchés 
dans  la  chambre  de  M' le  Grand ,  c'est  tout  de  mesme  que  s'il  y  estoit , 
et,  en  cette  considération,  ny  luy,  ny  fexempt  n'y  couchent  pas,  et 
M'  le  Grand  a  tenu  si  difficile  de  gaigner  des  gardes  que  le  premier 
ordre  qu'il  donna  en  arrivant  à  la  citadelle  de  Monpellier,  à  son 
maistre  d'hostel  qui  luy  parla,  fut  de  dire  à  Siouzac  qu'il  asseurast 
bien  au  dehors  tout  ce  qu'il  falloit  pour  le  tirer  de  là,  et  qu'il  ne 
se  mist  pas  en  peyne  du  dedans  où  il  gaigneroit  autant  de  gardes  qu'il 
luy  faudroit.  Le  bonhomme  Céton  a  dit  à  quelque  personne  en  qui 
il  a  confiance  à  Montpellier,  que  le  roy  luy  donnant  la  garde  de 
M'  le  Grand  luy  avoit  dit  :  «  Je  vous  le  mets  entre  les  mains  parce 
(jue  je  sçay  que  vous  estes  tout  à  moy.  »  D'où  ce  bonhomme,  qui  n'a 
pas  estudié  comme  le  s""  de  Lamont,  peut  tirer  de  fausses  consé- 
quences. Pour  y  remédier,  il  est  à  propos  qu'il  plaise  au  roy  luy  faire 
escrire  une  lettre,  de  la  main  de  Lucas,  de  la  teneur  qui  s'ensuit  : 

«  Je  vous  fais  ces  trois  lignes  pour  vous  dire  que ,  depuis  que  j'ay 
faict  arrester  M'  le  Grand,  j'ay  encores  descouvert  tant  de  malices  et 
de  crimes  que  vous  devés  vivre  avec  luy  comme  avec  im  homme  qui 
est  ennemy  de  ma  personne  et  de  mon  estât.  « 

La  lettre  de  Jars  '■  à  M''  de  Thou  se  trouve  d'importance ,  mais 
M'  de  Thou  a  ime  mesme  responce  pour  tout,  qui  est  qu'il  ne  sçait 
rien.  J'espère  que  quand  M""  de  Bouillon  sera  venu  les  choses  s'esclair- 
ciront  encores  davantage,  mais  le  tout  est  de  mettre  des  gens  auprès 
d'eux  fidelles,  affectionnés  et  mesfians. 

Le  roy  se  souviendra,  s'il  luy  plaist,  que  M"  de  Loustre  et  La- 
mont vouloient  que  le  prestre  qui  disoit  la  messe  à  M"  de  Vandosme 

-'  Le  chevalier  de  Jars,  qui  avait  été         on  avait  envoyé  sa  grâce  sur  l'écliafaud, 
condamné  à  avoir  la  tète  tranchée  et  auquel        était  alors  en  exil  à  Rome. 


52  LETTRES 

prononçast  l'évangile  haut,  de  peur  de  dire  autre  chose  au  lieu,  et 
que,  quand  il  luy  donnoit  la  communion,  ils  luy  regardoient  soi- 
gneusement aux  mains  de  peur  qu'il  luy  donnast  quelque  hillet  sous 
l'hostie.  Je  croy  qu'on  se  peut  passer  d'estre  mesfiant  jusques  à  ce 
point,  mais  il  ne  le  faut  guères  moins  estre. 

Mandés- nioy,  je  vous  prie,  des  nouvelles  de  la  santé  du  roy,  et 
vous  asseurés  de  mon  affection  et  de  mon  service  pour  jamais. 


XXX. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  16^2,  juin-août,  fol.  Siy.  — 
Minute  de  la  main  de  Ciiarpentier. 

A  M.  DE  CHAVIGÎVY, 

SECRÉTAIBE  D»ESTAT. 

Du  26juillet  1642. 

11  est  sy  important  de  destromper  les  peuples  des  mauvaises  impres- 
sions qu'ils  ont  eues  de  l'affaire  de  M""  le  Grand,  que  je  croy  qu'il  est 
à  propos  d'envoyer  et  aux  pays  estrangers,  aux  gouverneurs  généraux, 
aux  parlemens  et  autres  communautés,  la  lettre  que  je  vous  en- 
voyé ,  si  le  roy  la  trouve  bien  ainsy  ' .  Je  me  feusse  bien  davantage 
estendu  sur  l'affaire  de  Monsieur,  descouvrant  la  déclaration  qu'il  a 
faicte,  mais  le  procès  qu'il  faut  faire  à  M"  le  Grand  et  de  Bouillon 
ne  le  permet  pas.  Encore  communiquerés-vous ,  s'il  vous  plaist,  la 
lettre  à  M"  le  chancelier  et  surintendant  pour  voir  s'il  n'y  a  rien  qui 
puisse  préjudicier  au  dessein  qu'on  a.  Il  est  difficile  de  passer  entre 
deux  escueils  sans  en  toucher  quelqu'un;  il  faiit  donner  cognoissance 
au  monde  de  ce  qui  se  passe ,  et  cependant  il  ne  faut  pas  en  dire  tant 
que  les  accusés  sachent  ce  que  Monsieur  a  dit  '■'. 

'  Voy.  ci  après,  p.  70.  cité,  fol.  agS,   une  pièce  en  tête  de  la- 

^  La  déclaration  de  Monsieur,  au  sujet  quelle  est  ce  titre ,  qui  nous  semble  écrit 

du  traité  d'Espagne ,  ne  pouvait  pas  res-  de  la  main  de  Mazarin  :  Memorie  di  qaello 

ter  bien  secrète  ;  une  fois  l'aveu  fait ,  lui-  che  il  marchese  di  Vileroy  ha  cavato  di  Mon- 

même  ne  s'en  gênait  guère.   Nous  trou-  sieur,  quando  l'  ha  accompagnato,  per  ordini 

vons  aux  AIT.  étr.  dans  le  manuscrit  pré-  di  S.  M.  a  Anissi.  C'est  le  récit  des  princi- 


pu  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  53 

Il  faut  envoyer  promptement  Boislouet  pour  M'  de  Bouillon,  et 
donner  les  ordres,  si  vous  ne  l'avés  desjà  faict,  qu'on  l'amène  jusques 
à  Lion. 

M''  de  Schomberg  est  sorty  de  l'armée  pour  venir  lever  la  noblesse , 
et  M'  de  Turenne  a  la  fièvre ,  ce  qui  est  fort  fascheux  pour  M""  de  la 
Melleraie  qui  a  la  goûte,  dont  toustes  fois  la  violence  est  passée. 

Les  médecins  et  chirurgiens  m'asseurent  que  mon  mal  se  porte 
beaucoup  mieux  qu'il  n'a  encore  faict. 

Je  croy  qii'il  suffit  que  le  s'  de  Chantelou,  ou  quelque  autre,  aille 
porter  de  l'argent  à  Coulogne  sans  envoyer  le  s'  de  flsle. 

On  peut  et  doit-on  demander  honnestement  aux  Espagnols  le  passe- 
port pour  faire  venir  le  corps  de  la  reyne  par  la  Meuze ,  et  ils  n'ose- 
roient  le  refuser. 

Je  croy  que  le  roy  peut  faire  response  à  l'électeur  de  Cologne. 

Je  vous  envoie  un  petit  mémoire  de  M'  Riolan  sur  les  nullités  au 
testament  de  la  reyne. 


XXXI. 

Manuscrit  du  cabinet  de  S.  A.  R.  M*"  le  duc  d'Aumale.  — 

Original  de  la  main  de  Cherré. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  16^2  ,  juin-août,  fol.  33o. 

Minute  de  la  même  écriture. 

A  MM.  DE  NOYERS  ET  DE  CHAVIGNY, 

De  Tarascoii,  ce  ^ig  juillet  i()tf2. 

Monsieur  le  premier  président  de  Grenoble  m'ayant  rapporté,  au 
retour  de  son  voyage  de  Montpellier,  que  Céton  luy  avoit  parlé  avec 
grande  tendresse  de  M'  le  Grand,  et  mesme  les  larmes  aux  yeux, 
nous  estimasmes  qu'il  estoit  bien  à  propos  que  M'  le  cardinal  Mazarin 
et  M'  de  la  Vrillière  fissent  un  voiage  à  Montpellier  pour  cognoistre  le 
fond  de  cette  affaire. 

paux  incidents  de  -la  conspiration ,  fait  de        Monsieur  le  moins  possible.  Les  clauses  du 
manière  à  charger  beaucoup  Cinq-Mars ,  et       .  traité  n'y  sont  pas  oubliées. 


54  LETTRES 

En  leur  voiage  ils  ont  faict  pourvoir  de  plus  en  plus  à  la  seureté 
de  la  personne  du  d.  s"^  le  Grand,  qu'ils  disent  n'y  avoir  pas  lieu 
de  craindre  qu'il  se  puisse  sauver. 

Pour  ce  qui  est  de  Céton ,  ils  ont  recogneu  la  tendresse  dont  avoit 
parlé  le  premier  président  de  Grenoble  très  véritajjle,  l'esprit  du  per- 
sonnage fort  petit,  homme  qui  parle  beaucoup  et  dit  beaucoup  de 
choses  contre  les  fins  qu'il  voudroit  avoir  luy-mesme,  de  façon  que 
M' le  Grand,  estant  beaucoup  plus  fin  que  luy,  l'engeoUe  et  tire  proffit 
de  ce  qu'il  luy  dict  au  lieu  de  luy  donner  prise.  Il  a  persuadé  à  ce  bon- 
homme que  le  roy  ne  l'a  mis  là  que  pour  un  temps  et  rpi'enfin  il  sera 
deslivré. 

Ce  qui  est  de  pis  est  que  nous  sçavons  certainement  des  choses  que 
Céton  a  dict  à  des  personnes  qui  luy  sont  confidentes  à  Montpellier, 
lesquelles  choses  il  leur  a  dict  avoir  sceues  de  M'  le  Grand,  lesquelles 
il  ne  nous  dict  point. 

En  outre  le  d.  Céton  avoue  franchement  qu'il  l'a  prié  de  ne  luy 
rien  dire  par  ce  qu'il  seroit  obligé  de  le  redire  au  roy,  et  M'  Mazarin 
pense  avoir  pénétré  qu'il  sçait  mesme  quelque  chose  qu'il  ne  veut  pas 
dire. 

Il  a  dict  au  d.  s'  le  Grand  :  «  Mais  que  dires  vous  si  vous  voyés  que 
Monsieur  ayt  faict  une  belle  déclaration  au  roy  de  tout  ce  qui  s'est 
passé?  Que  dires  vous  contre  luy.-^  »  Qui  est  le  discours  le  plus  préjudi- 
cialjle  qu'on  pouvoit  faire. 

Il  a  dict  encores  à  ces  Messieurs  :  «  Si  M""  le  Grand  estoit  asseuré  de  la 
liberté  et  de  sa  charge ,  je  croy  qu'il  parleroit;  si  vous  voulés  que  je  luy 
propose  ces  conditions,  je  croy  qu'il  parlera.  » 

Pour  conclusion,  c'est  un  esprit  foible,  coquelineux  et  quinteux,  qui 
est  emporté  par  l'autre  plus  fin  que  luy,  et  par  ses  propres  quintes. 

'  Mon  advis  est  que  si  la  preuve  que  vous  portera  M"^  de  la  Rivière 
est  sy  entière  qu'il  n'y  aye  rien  à  désirer,  ou  que  si  la  déclaration  de 
M.  de  Beaufort  ou  celle  de  ceux  de  la  maison  du  roy  la  mettent  en 

•   Ce  paragraphe  est  cliid'ré  dans  l'original. 


pu  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  55 

cet  estât,  on  peut  laisser  Céton  là  où  il  est;  mais  s'il  y  a  quelque  chose 
à  désirer  à  vos  preuves  tpi'il  soit  besoin  de  fortiffier  par  ce  que  dira 
l'accusé,  je  tiens  du  tout  nécessaire  de  l'oster  et  croy  qu'il  le  faudroit 
l'aire  si  secrètement  qu'âme  vivante  ne  le  peust  pénétrer,  et  ce  le  len- 
demain seulement  qu'il  seroit  arrivé  à  Pierre-Ancise.  Le  roy  est  sy 
prudent  à  ses  affaires  et  a  im  sy  bon  conseil  auprès  de  luy,  qu'il  ne 
sçauroit  manquer  à  prendi'e  une  bonne  résolution  en  ce  sujet,  qui  est 
d'importance. 

Après  avoir  veu  le  roole  des  officiers  des  gardes,  je  croy  que  Bois- 
louet  est  propre  pour  M' de  Bouillon,  et  qu'on  aura  peyne  à  en  trouver 
un  autre  que  Quernel  pour  l'autre. 

Je  sçay  cpi'il  s'en  mesfiera  comme  d'un  démon,  mais  il  vaut  mieuK 
qu'il  se  desfie  de  celuy  qui  le  gardera  que  d'y  avoir  confiance ,  si  celuy 
en  qui  il  se  confiera  ne  luy  veut  pas  nuire. 

Je  vous  prie,  encores  une  fois,  que  cette  affaire  soit  secrétissime , 
<{ui  n'est  sceue  ici  que  de  M"'  Mazarin,  de  moy  et  de  celuy  qui  l'escrit. 
Devant  que  de  rien  résoudre,  j'auray  lieu  de  sçavoir  les  pensées  de 
delà  et  d'y  respondre. 

11  n'y  a  point  à  douter  de  la  fidélité  de  Céton  pour  la  garde  de  la 
personne  de  M"^  le  Grand. 

Souvenés-vous  de  donnei-  tous  les  ordres  nécessaires  pour  faire 
venir  M.  de  Bouillon  bien  seurement  de  Pignerol,  où  il  est  arrivé, 
à  Lyon.  Je  croy  qu'il  faut  que  ce  soit  M'  de  Castelan  qui  l'y  amène. 

Il  nous  est  tombé  un  paquet  de  lettres  intercepté  entre  lesquelles 
il  s'en  est  trouvé  de  Campis  et  de  Ruvigny,  qui  font  cognoistre  un 
attachement  tout  entier  à  la  personne  de  M'  le  Grand ,  et  que  le  roy 
ne  se  peut  asseurer  d'eux  en  aucune  façon  contre  luy. 

On  ne  sçauroit  prendre  une  meilleure  résolution  siu-  f affaire  de 
M""  de  Chevreuse  que  de  suivre  le  jugement  du  roy,  qui  va,  comme 
vous  m'avés  mandé',  à  ne  la  laisser  point  revenir.  Je  croy  qu'il  faut 

'  Voici  le  passage  de  la  lettre  de  Clia-  et  le  principal  service  qu'offre  de  rendre 
vigni  :  «  Boispilié  est  de  retour;  Il  ne  Madame  de  Ch.  est  de  maintenir  l'esprit 
rapporte ,  à  mon  advis ,  que  des  chansons ,         ^Je  la  reyne  en  bonne  assiette ,  si  on  la  re- 


56  LETTRES 

dire  à  Boispillé  qu'elle  avoit  laissé  espérer  par  luy  de  descouvrir  beau- 
coup de  choses  et  de  faire  voir  en  quoy  elle  pouvoit  servir,  que  jus- 
ques  icy  ou  ne  voit  que  des  paroles  qui  n'ont  point  d'effect,  que  c'est 
à  elle  à  trouver,  par  son  bon  esprit,  cpielque  occasion  qui  donne  lieu 
au  roy  de  luy  accorder  la  grâce  qu'elle  demande ,  et  à  moy  de  la  soli- 
citer puissamment.  Que  quand  je  seray  auprès  de  Sa  Majesté  on  verra 
à  faire  un  nouvel  esfort  pour  son  service.  J'adj ouste  ces  mots  afm  de 
la  laisser  en  quelque  espérance. 

J'ay  veu,  dans  des  extraicts  que  Rossignol  m'a  envoyez,  une  négocia- 
tion de  trefve  par  le  roy  d'Angleterre  avec  M''  le  P.  d'Orange;  je  ne 
croy  pas  qu'elle  puisse  avoir  d'effect,  mais  il  est  fasclieux  que  le  d. 
prince  n'ayt  point  averty  de  ce  qui  a  esté  négocié  sur  ce  sujet  et  par 
Mélander  et  par  le  d.  roy.  C'est  à  vous  autres,  Messieurs,  d'avoir  bon 
pied  bon  œil. 

Les  avis  que  M"  de  la  Motte  et  d'Argençon  escrivent  de  Cata- 
logne, du  2  2  de  ce  mois,  asseurent  sy  pressament  que  le  secours 
que  le  roy  d'Espagne  faisoit  préparer  pour  Perpignan  s'avance,  et 
qu'ils  ont  divisé  leurs  forces  en  deux  corps  :  celles  qui  sont  à  Ta- 
ragone  de  dix  mile  hommes  de  pied  et  deux  mile  chevaux,  com- 
mandés par  Taracousse,  qui  a  S'-Aunais  avec  luy;  et  l'autre,  com- 
mandée par  le  marquis  de  Léganez,  qui  doit  entrer  par  le  costé  de 
Lerida,  de  deux  mile  chevaux  aussy  et  de  huit  mile  hommes  de 
pied,  qu'il  semble  quil  n'y  a  pas  lieu  d'en  douter.  On  demande  du 
renfort,  et  nous  ne  sçavons  où  le  prendre.  J'y  renvoyé,  en  mon  parti- 
culier, la  petite  cavalerie  que  j'ay  auprès  de  moy,  qui  fera  deux  cens 
chevaux.  Nous  hastons  les  milices  de  ce  pays  autant  qu'il  se  peut;  et, 
voyant  de  quelle  importance  est  ce  coup,  j'ay  mandé  au  marquis  de 

met   dans  la  cour.   Nous   voyons  par   les  dont  il  faut ,   par  conséquent ,  qu'elle  ne 

advis  des  espions  en  Flandres  quelle  est  soit  pas  contente.  11  paroist  clairement  que 

enragée  contre  D.  Francisco  de  Mellos ,  qui  cette  bonne  dame  ne  se  veut  raccommo- 

n'a  pas  fait  ce  qu'elle  desirolt ...  et  qu'elle  der  que  pour  brouiller.  Le  roy  est  d'advis 

s'est   vantée  que  pour  se  vanger  du  roy  de  ne  la  pas  recevoir.  •(Lettre  du  a  a  juil 

d'Espagne  elle   se  raccommoderoit  avec  let ,  ms.  des  Aff.  étrang.  cité  aux  sources, 

Monseig',   et  qu'elle  perdroit   la   reyne ,  fol.  276.) 


,  DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  57 

Villeroy  qu'en  gardant  les  gens  d'armes  et  les  chevaux  légers  du  roy, 
qu'il  a  près  de  luy,  qu'il  face  embarquer  les  compagnies  des  gardes 
françoises  et  suisses  pour  venir  jusques  icy;  d'où,  si  les  avis  conti- 
nuent, on  les  fera  passer  jusques  en  Roussillon.  Je  m'asseure  que 
S.  M.  approuvera  cette  diligence  comme  nécessaire  à  son  service. 


XXXII. 

Cabinet  de  S.  A.  R.  M*'  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Charpentier. 

POUR    M.   DE   NOYERS, 

SBCRBTAIRE  D'ESTAT,    À    FONTAINEBLEAU. 

De  Tarascoii,  ce  29*  juillet  16/12. 

On  m'escrit  de  Paris  la  mort  de  M'  de  Cordes,  et  que  sa  biblio- 
thèque, qui  est  rare  et  curieuse,  est  à  vendre.  Je  vous  prie  de  vous 
faire  enquérir  sous  main  de  la  quantité  et  de  la  qualité  des  volumes 
qui  sont  dans  lad.  bibliothèque ,  et  du  prix  qu'on  la  voudra  vendre , 
parce  que  je  serois  bien  aise  de  l'avoir,  si  on  en  vouloit  faire  bonne 
composition'.  Le  d.  sieur  de  Cordes  a  ordonné  par  son  testament 
que  .sa  bibliothèque  ne  soit  point  dissipée,  et  qu'elle  soit  vendue  en 
gros  par  l'avis  de  M"'  Bignon  et  du  S'  Aubert,  professeiu-  du  roy,  qui 
est  exécutteur  dud.  testament.  Vous  pourrés  leur  faire  parler,  sur  ce 
sujet,  comme  il  faut. 

Je  vous  prie  de  dire  à  M'  Rossignol^  qu'il  face  porter  dans  mon 
logis,  à  Paris,  tous  les  livres  que  le  s'  Stella  m'a  acheptez,  afin  que 
je  voye  l'employ  de  mon  argent. 

L'abbé  de  Giu-on  demande  un  prieuré  nommé  le  prieuré  de  Prie , 
sciz  dans  l'isle  de  Mezières,  vacquant  par  la  tuort  d'im  flamant.  Il  dit 
que  le  Pape  y  a  tousjours  pourveu  des  personnes  de  cette  nation,  et 

'   On  voit  que  Richelieu  conserve  jus-  '  Nous  avons  dit  qu'il  était  l'un  des  se- 

qu'à  la  fin  le  goût  des  livres ,  ainsi  que  le         crétaires  de  Richelieu  ,  spécialement  pour 
soin  minutieux  de  ses  intérêts  d'argent.         ■   le  chiffre. 

CARDIN.  DE  BICHELIED.  —  VII.  8 


58  LETTRES 

que  M"'  de  Bussy  Lamel,  qui  luy  en  a  donné  l'avis,  liiy  mande  qu'il 
est  important  à  la  sem-eté  de  sa  place  qu'il  soit  possédé  par  un  Fran- 
çois. Vous  verres  si  c'est  cliose  que  le  roy  puisse  et  doive  donner,  au- 
quel cas  vous  en  parlerés,  s'il  vous  plaist,  à  S.  M.  en  faveur  dudict 
s'  de  Guron. 


XXXIII. 

# 

Cabinet  de  S.  A.  R.  M^"^  le  duc  d^Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Charpentier. 

[a  m.  de  loyers  ou  a  CHAVIGrvr.] 

De  Tarascon,  ce  3o  juillet'  i642. 

Je  comniençois  à  me  vouloir  plaindre  à  moy  mesme  du  ralentisse- 
ment de  vostre  diligence  à  mon  esgard,  lorsque  vos  lettres  des  a  2 
et  ^k'^  en  font  une  ingénue  confession.  Ne  doutant  point  qu'elle  ne  soit 
accompagnée  de  repentir,  je  vous  donne  de  très  bon  cœiu"  absolution 
de  cette  faute ,  à  condition  qu'à  l'avenir  vous  ne  perdrés  plus  aucune 
occasion  de  me  faire  sçavoir  de  vos  nouvelles.  Vous  asseurant  qu'outre 
que  c'est  la  plus  grande  consolation  que  puissent  recevoir  des  absens , 
ce  m'est  un  contentement  particulier  d'en  recevoir  d'une  personne  que 
j'ayme  comme  vous. 

J'ay  esté  bien  aise  de  voir  que  M'  du  Hallier  ayt  pris  Dieuze  et  Vi- 
viers, car,  bien  que  ce  ne  soit  pas  grand  chose,  c'estoit  des  espines 
fascheuses  pour  Nancy. 

L'extrait  des  propositions  de  M'  du  Hallier  et  de  l'abbé  de  Gor- 
jueille,  dont  vous  me  parlés,  ne  s'est  point  trouvé  dans  vostre  pacquet, 
mais  la  lettre  que  m'escrit  M'  du  Hallier  parle  de  faire  quelques  forts 
auprès  de  la  Motte,  ce  dont  je  me  remets  à  ce  que  le  roy  sçaura  bien 
résoudre  avec  le  conseil  qu'il  a  près  de  luy.  Si  la  Motte  peut  tomber 
cet  hiver,  c'est  toujours  une  nouvelle  espine  arrachée  de  la  Lorraine, 

'   n  n'y  a   point  de   suscription;  cette  '   «Receueie  4  aoust  à  Fontainebleau.  » 

lettre  ne  peut  s'adresser  qu'à  l'un  des  deux        (Note  mise  au  dos.) 
secrétaires  du  roi. 


h 


.DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  59 

qlii  doit  estre  désormais  considérée  comme  un  membre  de  la  France 
qui  n'en  peut  plus  estre  séparé. 

La  proposition  de  Tenance  est  une  chanson. 

Je  ne  reçois  point  plus  de  joye  que  quand  j'aprends  par  vos  dépes- 
ches  l'amendement  de  la  santé  du  roy,  et  la  bonne  disposition  en  la- 
quelle elles  me  Font  cognoistre  qu'il  est  en  mon  endroit;  je  ne  désire 
la  santé  que  pour  le  servir  en  servant  Dieu. 

Si  i'abbé  d'Ernavdt  meurt,  je  seray  ravy  que  S.  M.  tesmoigne  sa 
bonté  en  cette  occasion  à  M''  le  premier  président. 

Vous  m'avés  faict  grand  plaisir  de  me  mander  ce  que  vous  m'avés 
escrit  de  mes  petits  bastimens.  Mon  desplaisir  est  que  j'ay  pevir  qu'ils 
soient  plus  tost  pretz  à  me  recevoir  que  moy  à  les  visiter.  Mon  mal  va 
toujours  en  amandant,  mais  lentement. 

J'ay  receu  les  lettres  de  M""  de  Bouillon  que  je  garderay  soigneuse- 
ment. 

Les  gardes  arriveront  demain  icy  d'où  je  les  feray  partir  le  len- 
demain. 


XXXIV. 

Bibl.  du  Louvre,  Emplois  de  M.  d'Argenson,  F.  SaS,  t.  XU,  fol.  67.  — 
Original  de  la  main  de  Cherré. 

SUSCRIPTION : 

A  MONS.  MONSIEUR  D'ARGENSON, 

CONSEILLER  DU    BOÏ   ES  SES  CONSEILS  D'ESTAT  ET   PRIVÉ. 

3o juillet  |6'|2. 

Monsieur,  Le  soin  que  vous  avés  pris  d'envoier  sçavoir  des  nou- 
velles de  ma  santé  '  ne  me  permet  pas  de  laisser  retourner  ce  por- 
teur vers  vous  sans  vous  en  remercier  çt  vous  faire  cognoistre  par  ces 
lignes  le  gré  que  je  vous  en  sçay.  Mon  bras  me  retient  tousjours  icy, 

'  Un  billet  autographe  de  Cherré  était  pour  s'informer  de  la  santé  du  cardinal, 
joint  à  cette  lettre  ;  c'est  à  ce  secrétaire  Cherré  répond  que  le  bras  de  S.  Eni,  la 
que  d'Argenson  avait  envoyé  un  s'  Croze     ■   relient  toujours  au  lit. 

8. 


60  LETTRES 

mais  les  médecins  et  les  chirurgiens  me  font  espérer  qu'il  sera  biert- 
tost  guéry;  ce  qui  ne  deppend  pas  tant  de  leurs  remèdes  que  de  la 
prospérité  des  affaires  du  roy  aux  quartiers  où  vous  estes.  Sa  Majesté 
y  a  desjà  eu  tant  d'avantages  qu'il  y  a  tout  lieu  d'en  espérer  la  con- 
tinuation. Je  les  [sic)  attends  de  la  liénédiction  de  Dieu,  du  bonheur  et 
des  soins  de  ceux  qui  y  sont  employez.  Je  ne  vous  convie  point  de  con- 
tribuer en  vostre  particulier  tout  ce  qu'il  vous  sera  possible  à  cette  fin, 
sachant  bien  que  vous  n'y  oublierés  rien.  Je  me  contenteray  seule- 
ment de  vous  asseurer  que  je  feray  valoir  vos  services  ainsy  que  vous 
le  pouvés  attendre  d'une  personne  qui  vous  ayme  et  qui  est  véritable- 
ment, Mons% 

Vostre  affectionne  à  vous  rendre  service. 

De  Tarascon,  ce  3o  juillet  16A2. 

XXXV. 

Manuscri(  du  cabinet  de  S.  A.  R.  M''  le  duc  d'Aumale.  — 

Original  de  la  main  de  Clierré. 

Arcli.  des  AIT.  étr.  France,  1642  ,  juin-août,  foi.  33a. — 

Minute  de  la  même  écriture. 

A  M.  DE  NOYERS. 

'  De  Tarascon,  ce  3o juillet  16/12. 

J'ay  tant  de  créance  en  ce  qui  vient  de  M'  de  Noyers  qu'il  n'est  pas 
besoin  qu'il  m'envoie  des  contrôles  et  des  reveues  des  troupes  qu'il 
.sçait  bien  (jue  je  ne  veoy  jamais'.  Il  suffit  qu'il  prenne  la  peyne  de 
in'escrire  ce  ([ui  est. 

Il  n)e  fera  plaisir  de  me  mander  des  nouvelles  de  la  santé  du  roy 
et  de  sa  bonne  disposition  en  mon  endroit  le  plus  souvent  qu'il  pouira. 
Ceux  qui  sont  esloignez  de  la  lumière  du  soleil  prenent  plaisir  à  sçavoir 
que,  s'il  ne  les  esclaire  de  près,  sa  lumière  leur  est  favorable  de  loin. 

'  J'ai  rencontré  plus  d'une  de  ces  pièces  souvent  les  détails,  il  semble  impossible 
où  l'écriture  de  Richelieu  témoigne  qu'il  qu'il  n'en  vit  |)as  toujours  les  totaux  et  les 
les  voyait  quelquefois,  et  s'il  en  négligeait        résultats. 


I 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  61 

La  Catalogne  me  tient  en  cervelle  ;  les  ennemis  se  prépai-ent  à  y 
faire  un  grand  effort  ;  ils  sont  assez  puissants  en  nombre ,  et  nous  nous 
fions  en  la  bonne  fortune  de  M"'  de  la  Motte  et  en  la  bonne  disposi- 
tion en  la  quelle  sont  les  troupes  qu'il  a  avec  luy.  Nous  hastons  le 
secours  des  diocèzes  autant  qu'il  se  peut,  dont  M''  de  la  Mellcraie  luy 
fera  part  aussy  tost  qu'il  l'aura  joint. 

M'  d'Anguien  va  en  personne  mener  tout  ce  que  nous  pouvons  amas- 
ser de  noblesse  icy  autour'  ;  je  croy  qu'y  comprenant  Paluau,  que  je 
luy  donne  avec  sa  compagnie  entière,  il  y  mènera  /4oo  bons  chevaux. 

Souvenés-vous  tousjours  des  absens,  qui  vous  aymeront  également 
en  quelques  lieux  qu'ils  soient  et  en  quelque  temps  qui  arrive. 


XXXVI. 

Manuscrit  du  cabinet  de  S.  A.  R.  M*'  le  duc  d'Aumale.  — 

Original  de  la  main  de  Clierré. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  16^2  ,  juin-août,  i'ol.  34 1.  — 

Minute  de  la  même  écriture. 

A  M.  DE  NOYERS. 

DeTarascon,  ce  3>  juillet  lOiî. 

J'envoie  à  M'  de  Noyers  ime  lettre  de  M'  de  la  Melleraie,  ([ui  me 
met  un  peu  en  peyne. 

Vous  verres  par  icelle  qu'il  demande  des  troupes  réglées,  et  je  ne 
sçay  où  on  les  peut  prendre ,  si  ce  n'est  qu'au  lieu  d'occuper  Gransay 
davantage  dans  la  Lorraine,  vous  le  feissiés  venir  avec  son  infanterie 
par  la  Saône  et  par  le  Rosne ,  ce  que  le  roy  avoit  desjà  pensé  à  Nar- 
bonne,  la  cavalerie  demeurant  à  M'  du  Hallier,  pour  garentir  tout  le 

'  L'évêque  de  Rennes,  Henri  de  la  noblesse  et  de  milice  en  Languedoc  pour 
Motte,  frère  du  marécbal  d'Houdencour,  Perpinian.  La  noblesse  de  Guyenne  y  va 
était  alors  k  Tarascon ,  auprès  de  Riclie-  aussy  ;  M' le  duc  Danguien  part  aussy  de- 
lieu  .  Nous  avons  une  lettre  de  lui ,  datée  du  main  de  Terrascon  avec  la  noblesse  que  son 
même  jour  et  adressée  à  d'Argenson,  in-  crédit  et  sa  naissance  luy  acquerrent.  • 
tendant  de  l'armée  de  Catalogne.  Nous  y  (Mss.  de  d'Argenson,  Bibl.  du  Louvre, 
lisons  :  «  On  fait  de»  puissante»  levées  de  .F,  3a5,  tom.  XII,  fol.  73.) 


62  LETTRES 

pays,  le  reste  de  la  campagne.  Je  sçay  bien  que  la  demande  que  faict 
M'  de  la  Melleraie  de  troupes  réglées  supose  deux  choses,  et  que  la 
ville  puisse  tenir  deux  mois,  et  que  les  ennemis  veuillent  et  puissent 
commodément  subsister  autant  de  temps  aux  lieux  où  ils  sont,  devant 
que  de  rien  entreprendre. 

La  dernière  de  ces  deux  choses  est  difficile ,  et  la  première  semble 
du  tout  impossible. 

Cependant  Perpignan  est  de  telle  conséquence  que  je  vous  prie  de 
voir  si  la  proposition  de  Gransay  se  peut  faire,  et  s'il  n'y  a  point 
quelques  troupes  non  employées  qu'on  luy  peust  joindre,  en  sorte 
qu'il  peust  amener  quatre  mile  hommes  bien  effectifs. 

S'il  avoit  réussy  quelque  chose  de  vos  Escossois,  leur  arrivée  pour- 
roit  faciliter  cette  affaire  remplaçant  '  ce  qu'on  prendroit  des  troupes 
plus  prochaines  pour  fortifier  Gransay;  ce  que  je  dis  craignant  qu'il 
n'ayt  pas  les  quatre  mil  hommes;  car,  s'il  les  a,  c'est  tout  ce  que  M"^  de 
la  Melleraye  peut  désirer. 

A  la  vérité ,  il  seroit  fascheux  qu'une  entreprise  que  le  roy  a  faicte , 
à  la  quelle  il  a  tant  pené  en  personne,  s'en  allast  en  fumée. 

Je  ne  sçay  si  Dieu  veut  que  je  demeure  icy  longtemps  malade, 
mais  j'ose  penser  et  vous  dire  que  j'ay  bien  peur  que  ma  présence  y 
soit  aucunement  nécessaire,  car  c'est  chose  très  certaine  qu'il  n'eust 
pas  esté  à  Perpignan  la  moitié  des  milices  qui  yront  quelque  nombre 
qu'on  y  en  puisse  faire  aller. 

Si  le  roy  se  résoud  à  envoier  Gransay,  il  faudroit  mander  au  mar- 
quis de  Villeroy  de  luy  préparer  quelques  recreues  de  3  ou  lioo 
hommes,  qu'il  peut  trouver,  à  mon  avis. 

-  La  permission  que  M'  de  la  Melleraye  dict ,  dans  la  lettre ,  m'avoir 
envoie  demander,  est  qu'il  me  dépescha  pour  sçavoir  si  j'approuverois 
qu'il  traitast  avec  ceux  de  Perpignan  pour  rendre  la  place  dans  un  temps 

'   Nous  prenons  ce  mot  de  la  minute,  la  minute,  il  a  été  supprimé  dans  l'origi- 

1  original  met  «  remplissant,  »  ce  qui  semble  nal;  le  cardinal    a-t-il   voulu  que  le  roi 

une  faute  de  copiste.  ne  fût  pas  informé  de  cette  autorisation 

'  Ce  paragraphe  ne  se  trouve  que  dans  donnée  à  la  Meilleraye  .■' 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  G3 

» 

préfix,  sans  les  obliger  à  montrer  s'il  leur  resteroit  des  vivres;  sur 
quoy  je  luy  manday  que  le  roy  approuveroit  tout  ce  qu'il  feroit,  et 
cela  pour  le  bien  de  son  service. 

Toutes  les  inquiétudes  que  me  donne  cette  affaire  sont  un  mauvais 
ren)ède  pour  ma  guérison. 


XXXVII. 

Cabinet  de  S.  A.  R.  M^'  le  duc  d'Auniale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

Arcli.  des  AIT.  étr.  France,  1 642  ,  juin-août,  loi.  SôS-ooy. — 

Minute  de   la  main   de   Cherré  et  de   la  main   de   Charpentier. 

A  MM.  DE  CHAVIGNY  ET  DE  NOYERS'. 

DeTaïascon,  cp  2  aoust  i64î. 

Enfin  nous  avons  eu  avis  de  Gènes  que  l'escadre  de  Naples  doit  se 
rendre  à  Ligourne  le  3 ,  4  ou  6  de  ce  mois.  Elle  est  composée  de 
I  3  gallères  de  Sicile  et  de  Naples  et  de  quatre  de  Doria  ;  de  2  o  vais- 
seaux, dont  il  n'y  en  a  que  six  de  guerre,  le  reste  estant  vaisseaux 
marchands  qui  portent  des  vivres  et  de  l'infanterie,  et  l\  ou  5oo  che- 
vaux, pour  desbarquer  à  Taragonne  ou  à  Rose. 

Aussy  tost  que  j'ay  eu  cet  avis  j'ay  dépesché  au  marquis  de  Brézé 
pour  l'en  avertir,  et  luy  ay  mandé  que  la  principale  fin  qu'il  doit  avoir 
estant  de  favoriser  la  prise  de  Perpignan,  si- tes  ennemis,  au  lieu  d'aller 
à  luy,  vont  droit  desbarquer  leur  infanterie  et  leur  cavalerie  à  Tara- 
gonne ou  à  Rose,  comme  il  y  a  grande  apparence,  ce  sera  à  luy  de 
faire  tout  ce  qu'il  pourra  pour  les  incommoder. 

Jusques  à  présent  quatre  choses  m'ont  travaillé  l'esprit,  la  maladie 
du  roy,  le  siège  de  Perpignan,  le  procès  de  M"'  le  Grand,  et  mon  mal. 

Par  la  grâce  de  Dieu  les  asseurances  que  vous  me  donnés  de  la 

'  La  guscription  manque,  maison  lit  au  mise  au  dos  de  l'original.  La  minute  est 
dosde  la  minute  :  «  àM"de  Chavigny  et  de  écrite  sur  plusieurs  feuillets;  un  passage 
Noyers.  »  Ces  deux  secrétaires  d'Etat  re-  est  déplacé ,  un  autre  manque ,  et  l'on  re- 
çurent cette  lettre  le  7  août,  à  la  Maison-  marque  en  outre  quelques  légères  dififé- 
Rouge,  ainsi  qu'on  le  voit  par  l'annotation  -  renées  de  rédaction. 


64  LETTRES 

santé  du  roy,  et  une  lettre  que  j'ay  veue  de  M' Bouvard  à  M"^  Citoys 
m'ont  tiré  d'inquiétude  sur  le  sujet  du  premier,  qui  est  le  principal, 

lime  semble  aussyqueje  commance  à  voir  que  ma  guérison  aproche^ 

Reste  de  pourvoir  à  Perpignan  et  au  procès  de  M""  le  Grand. 

Pour  Perpignan,  nous  avons  faict  tout  ce  qui  se  peut  faire  de  deçà, 
et  tout  ce  qu'on  doit  attendre  pour  ne  rien  oublier  pour  faire  réussir 
cette  affaire.  Le  reste  deppend  maintenant  de  votre  costé. 

J'ay  veu  les  propositions^  que  faict  M"  du  Rallier  de  prendre  Cirque 
et  Longvi;  et  bloquer,  avec  un  autre  petit  corps,  la  Mote.  Cette 
proposition  est  raisonnable  et  avantageuse,  et  je  la  tiens  d'autant  plus 
faisable  que  M"'  du  Hallier  ne  l'aura  pas  faicte  sans  avoir  bien  considéré 
ses  mesures.  Cependant  comme  Perpignan  est  la  pièce  décisive  de 
cette  campagne,  la  lettre  que  je  vous  ay  envoyée,  par  Boispillé,  de 
M'  de  la  Melleraie,  m'embarasse  en  sorte  que  tout  ce  que  je  vous  puis 
dire  est  que  peut-estre,  dans  deux  ou  trois  jours,  nous  recevrons  des 
nouvelles  qui  donneront  toute  liberté  à  M"^  du  Halier  d'exécuter  son 
dessein.  Jusques  là  je  n'ose  penser  qu'il  s'y  doive  embarquer,  de  peur 
d'estre  contrainct  de  le  laisser  l'aiant  commance.  Cependant  il  em- 
peschera  le  dégast  de  Mets. 

^  Si  on  en  a  affaire  povu-  Perpignan  il  suffira  qu^il  soit  icy  le 
1  o""^  septembre.  Vous  verres  avec  le  roy  à  faire  la  suputation  du  temps 
auquel  il  devroit  partir^. 


'  Chavigni  répondait  de  Paris ,  le  g  août  : 
«  Nous  avons  rendu  compte  au  roy  de  toul 
le  contenu  de  la  dépesche  de  M^'  du  7  de 
ce  mois  ;  S.  M.  n'y  a  rien  vu  de  plus 
agréable  que  l'asseurance  de  la  guérison 
de  S.  Éni.  r>  Venant  à  la  santé  du  roi ,  Cha- 
vigni énumère  toutes  les  médecines  que  le 
roi  a  prises  depuis  six  semaines  :  «  avec 
cela  M'  Bouvart  ne  craint  rien ,  et  espère 
tousjours  trouver  le  fond  du  pot.  » 

'  Ce  qui  suit ,  écrit  par  Charpentier  sur 
un  autre  feuillet ,  devait  faire  une  lettre  sé- 
parée, ainsi  que  l'indique  une  première 


ligne  rayée  ;  on  en  a  fait  la  suite  de  la  mi- 
nute écrite  par  Cherré. 

'  Le  secrétaire  a  écrit  en  marge  de  ce 
paragraphe ,  sur  la  minute  :  «  Armée  navale 
d'Espagne  plus  mal  traitée.  » 

'  Après  avoir  donné  des  nouvelles  du 
duc  Charles  et  du  pays  messin,  Chavigni 
marque  les  étapes  des  troupes  de  M.  Du 
Hallier,  «  et  quand  elles  ,  ne  partiront , 
dit -il,  que  le  26  de  ce  mois  du  blocus 
de  Lamotte,  elles  peuvent  arriver  à  Boc- 
querre,  ainsy  que  S.  Em.  le  juge  à  pro- 
pos. » 


•DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


65 


'Et  pour  conclure,  Perpignan  estant  préférable  à  toutes  choses,  je 
suis  d'avis,  le  dégast  du  pays  Messin  empesché,  ce  que  je  croy  main- 
tenant faict,  ou  en  estât  de  Testre  bientost,  qu'on  face  approcher  les 
troupes  de  M"'  de  Gransay  de  la  Saône,  et  qu'on  face  tenir  des  bat- 
teaux  prests  pour  les  embarquer. 

Quant  au  procès  de  M.  le  Grand,  je  croy  que  M.  le  chancelier  sçaura 
sy  bien  trouver  des  expédiens  d'accomoder  les  formes^  à  la  nouvelle 
honte  que  pourra  avoir  Monsieur  qu'il  trouvera  bien  l'invention  de 
sortir  de  cette  affaire.  S'il  se  trouve  quelqu'un  dans  la  maison  du  roy 
à  qui  M"'  le  Grand  ayt  parlé,  comme  il  y  en  a  certainement,  qui  que 
puisse  estre  ce  personnage,  Brion  et  la  déclaration  de  Monsieur  rendra 
la  preuve  complette^. 

.l'attendray  à  vous  mander  au  long  mes  pensées  sur  ce  sujet  après 


'  •  Le  roy  (répond  encore  Chavigni)  a 
entièrement  approuvé  tous  les  sentimens 
de  S.  Ém.  sur  ce  sujet,  ayant  mesme  ré- 
solu d'envoyer  à  M.  du  Hallier  mille 
hommes  de  ses  gardes  françoises  et  suisses 
pour  continuer  le  blocus  de  la  Motte,  en 
cas  qu'il  faille  tirer  de  l'armée  de  Lorraine 
trois  mille  hommes  pour  la  continuation 
du  siège  de  Perpignan.  » 

"  Ce  paragraphe  est  chiffré ,  dans  l'ori- 
ginal, d'ici  jusqu'à  la  fin.  Le  déchiffre- 
ment interlinéaire  met  :  nouvelle  et  décla- 
ration là  où ,  dans  la  minute ,  il  y  a  :  mau- 
vaise et  déposition.  Il  s'agit  ici  d'une  con- 
frontation entre  Monsieur  et  Cinq -Mars 
que  prescrivaient ,  pour  la  condamnation , 
les  formes  de  la  procédure.  Mais,  malgré 
ses  lâchetés  liabituelles ,  Gaston  se  refusait 
obstinément  à  subir  cette  humiliation.  11 
a  déclaré ,  mandait  Chavigni ,  «  qu'il  n'y  a 
point  d'extrémité  qu'il  ne  souffre  plustost 
que  de  se  résoudre  à  voir  M"  le  Grand  et 
de  Bouillon  en  face ...  il  offre  de  ratifier 
sa  confession  en  présence  de  M.  le  Chan- 


celier et  de  toutes  autres  personnes  qu'on 
voudra  choisir,  d'y  ajouter  tout  ce  qu'il 
pourra  avoir  obmis  et  tout  ce  dont  on  le  fera 
souvenir,  t  (Ms.cité  aux  sources,  fol.  335.) 
Sur  une  pareille  déclaration  le  chancelier 
eut  ordre  de  consulter  les  plus  habiles ,  et  il 
trouva ,  dans  son  aiwme  judiciaire ,  cet  expé- 
dient ,  de  substituer  une  déclaration  de  Mon- 
sieur à  la  confrontation.  La  consultation 
fut  donnée  tout  d'une  voix,  Chavigni  l'an- 
nonça au  cardinal  le  a  aoiît,  et  le  chance- 
lier lui  en  envoya  le  texte  le  lendemain. 
On  comprend  pourquoi  le  mot  déclaration 
a  été  substitué,  dans  la  lettre  signée,  au 
mot  déposition,  que  Richelieu  avait  dicté 
dans  la  minute;  on  aura  réfléchi  que  ce 
dernier  mot  n'était  pas  de  mise  dans  cette 
singulière  procédure.  Au  reste,  quelques 
autres  mots  de  la  minute  ont  été  modifiés 
dans  l'original. 

'  Chavigni  répond  :  «  Persoime  n'a  parlé 
jusques  à  cette  heure  dans  la  maison  du 
roy,  quelque  menace  que  S.  M.  ayt  pu 
faire.  » 


CARDIN.  DE  BICHELIED. 


06  LETTRES 

avoir  veu  celles  que  vous  aurés  puisées  dans  Tabisme  judiciaire ,  dont 
les  chanceliers  sont  tousjours  pourveus. 

'  Les  Capucins  sont  en  grande  alarme  d'un  commissaire  général 
que  le  cardinal  de  Saint-Oneufre  envoie  encore  en  France  avec  pou- 
voir, à  ce  qu'ils  disent,  de  casser  les  supérieurs,  et  de  faire  beaucoup 
d'autres  changemens  préjudiciables  à  l'ordre.  On  estime  qu'il  faut  faire 
delTense,  de  la  part  du  roy,  au  dit  commissaire  général  d'exécultei- 
sa  commission  qu'avec  l'avis  des  quatre  définiteurs  qui  sont  en  France, 
les  quels  l'advertiront  de  ce  qui  pourroit  contrevenir  aux  coustumes 
du  royaume. 

Nous  croyons  que  c'est  le  P.  de  Fossés  qui  a  porté  M'  le  cardinal 
de  Saint-Oneufre  à  envoyer  ce  visiteur  en  France,  et  qui  entretient 
correspondance  avec  le  chevalier  de  Jars  et  M""  de  Thou,  parce  que, 
dans  la  lettre  que  le  d.  chevalier  de  Jars  escrit  au  d.  s*"  de  Thou,  il 
luy  mande  que  le  d.  P.  de  Fossés  luy  dira  toute  nouvelle;  ce  qui  faict 
que  je  juge  du  tout  à  propos  qu'il  plaise  au  roy  faire  escrire  au  d.  père 
de  Fossés,  qui  doit  estre  à  Lyon,  de  se  rendre  près  de  sa  personne; 
et  lorsqu'il  y  sera  de  luy  faire  faire  commandement  de  s'en  aller  de- 
meurer au  couvent  d'Angers ,  sans  en  partir  que  par  la  permission  du 
roy  et  l'obédience  de  ses  supérieurs. 

^  On  escrit  de  Barceionne  que  l'armée  navale  des  ennemis  fut 
beaucoup  plus  maltraitée  par  celle  du  roy,  dans  le  dernier  combat  qui 
s'est  donné,  qu'on  ne  le  manda  d'abord,  et  qu'ils  perdirent  deux  de 
leurs  plus  grands  galbons  par  le  feu,  lorsque  Cangé  se  brusla. 

M""  d'Arpajon  a  envoyé  donner  avis  qu'il  a  arresté  le  jeime  Flama- 
reins  et  qu'il  l'a  mis  dans  le  Chasteau-Trompette.  Cette  prise  dissipera 
toutes  les  caballes  qui  se  pourroient  former  en  Guyenne. 

'  Ce  qui  suit  est  écrit ,  sur  un  petit  feuillet        a  été  ajoutée  en  suite  de  l'annotation  mar  ■ 
séparé,  de  la  main  de  Cherré.  ginale  mentionnée  ci-dessus,  note  3  de  la 

'  Cette  fin ,  qui  manque  dans  la  minute ,        page  63. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  67 


XXXVIII. 

Cabinet  de  S.  A.  R.  M*'  le  duc  d'Auinale.  —  Original  de  la  main  de  Clierré. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  1642  ,  juin-aoùf,  fol.  353.  — 

Minute  de  la  main  du  même  secrétaire. 

POUR  M.  DE  NOYERS. 

Dé  Taïascoii ,  ce  3°  aoiist  1612. 

Estant  venu,  depuis  la  dépesche  que  je  feis  hier  par  l'homme  de 
madame  de  Lanssac,  un  courrier  dépesche  extraordinairement  par 
M'  d'Amontot,  pour  nous  avertir  que  la  flotte  de  Naples  est  partie, 
et  qu'elle  apporte  cinq  mille  hommes  de  pied  Alemans  et  Napolitains, 
et  5 ,  6 ,  7  à  8  cens  chevaux  pour  mettre  à  terre ,  il  n'y  a  point  à 
douter,  à  mon  avis,  à  l'envoy  de  l'infanterie  du  s"^  de  Gransay. 

Les  bruicts  qui  commencent  à  estre  tenus  quasy  pour  certains ,  en 
ces  quartiers,  que  les  ennemis  ont  des  vivres  pour  passer  au  delà  de 
la  niy-septembre ,  et  l'opiniastreté  de  Don  Diégue  Cavalier,  doivent 
conlirmer  en  ceste  pensée,  qui  reçoit  d'autant  moins  de  doute,  à  mon 
avis ,  que  j'estime  que  la  cavalerie  qui  demeurera  à  M"^  du  Hallier,  et 
les  milices  du  pays  Messin,  ou  autres  lieux  où  M'  de  Lorraine  vou- 
droit  aller,  sont  suffisantes  pour  empescher  les  desordres. 

Si  le  roy  prend  Perpignan,  son  année  sera  très  glorieuse,  et  ses 
affaires  en  excellent  estât.  Si,  par  malheur,  il  ne  le  prenoit  pas,  le 
roy  d'Espagne  devroit  tout  ce  qu'on  peut  devoir  au  perfide  public  ([ui 
en  seroit  la  cause,  et  on  ne  sçauroit  croire,  en  ce  cas,  le  déchet  qui 
arriveroit  à  la  réputation  des  aflaires  de  la  France.  J'espère  que  nous 
n'en  viendrons  pas  là,  et  c'est  pour  l'empescher  qu'il  nous  faut  fortilfier 
les  armées  de  deçà;  et,  puisqu'il  le  faut  faire,  le  plustost  est  le  meilleur. 

Ainsy  je  conclus  à  ce  qu'il  plaise  au  roy  envoler  quatre  mile  hommes 
de  Gransay,  qui,  à  mon  avis,  pourront  arriver  à  la  fin  du  mois  en 
Rou.ssillon.  à  cause  de  la  commodité  de  la  Saône  et  du  Rosne,  si  on 
les  faict  partir  bientosl. 

9- 


68  LETTRES 

Je  ne  veux  pas  vous  dissimuler  qu'outre  cela,  me  servant  du  pou- 
voir que  le  roy  m'a  donné,  je  fais  lever  deux  mile  hommes  par  M'  de 
Lesdiguières,  qui  en  amènera,  selon  ce  que  je  croy,  effectivement 
quinze  cens  dans  la  fin  du  mois. 

J'escris  encore,  par  ce  courrier,  à  M'  de  Villeroy,  que  je  prie  de 
lever  cinq  cens  hommes  pour  fortiffier  son  régiment,  luy  promettant 
de  luy  payer  la  levée  à  mon  passage  à  I.yon. 

En  un  mot,  comme  je  vous  conjure  de  ne  rien  oublier  de  ce  qui 
se  pourra  de  vostre  costé,  le  roy  sera,  s'il  luy  plaist,  asseuré  que  de 
deçà  rien  de  possible  ne  sera  obmis. 

Les  grandes  affaires  ont  de  cuisantes  espines;  mais  à  la  fin,  avec 
la  fermeté  et  l'ayde  de  Dieu,  on  en  sort. 

J'ay  prié  M''  de  la  Malleraie,  aussy  tost  qu'il  aura  commencé  à  re- 
cevoir le  secours  des  milices  de  deçà,  d'envoier  deux  mile  bons 
hommes  à  M"^  de  la  Motte. 

Aparemment  le  reste  de  cette  campagne  produira  deux  grands  com- 
bats, l'un  de  mer  et  fautre  de  terre.  Je  suplie  Dieu  qu'il  favorise  le 
roy  en  tous  les  deux.  Pourveu  qu'il  luy  plaise  confirmer  de  plus 
en  plus  sa  santé,  et  m'en  donner  assez  pour  le  servir,  j'espère  que 
tout  ira  bien,  et  que  ma  demeure  de  deçà  ne  sera  pas  inutile. 

Je  vous  ay  escrit  louchant  la  bibliothèque  de  feu  M"^  de  Cordes, 
la  quelle  il  a  ordonnée  estre  vendue  en  gros  et  non  à  diverses  per- 
sonnes, je  vous  prie  de  vous  souvenir  que,  quand  on  vend  ainsy  de 
grandes  bibliothèques,  on  ne  les  vend  jamais  la  moitié  de  ce  qu'elles 
ont  cousté.  j\l'  du  Bignon  est  un  des  vendeurs,  vous  pourrés  vous 
servir  de  M""  de  Rheims  en  cette  négociation,  mais  avec  les  précau- 
tions nécessaires  qui  obligent  à  avoir  bon  pied  bon  œil. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


«9 


XXXIX. 

Cabinet  de  M*'  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Charpentier. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  1642,  juin-août,  fol.  SyS. — 

Minute  de  la  main  de  Cherré. 

A  M.  DE  NOYERS. 

De  Tarascoii,  ce  4  aoust  i6i2. 

Bien  que  je  ne  parte  point  du  lict,  vous  ne  m'accuserés  pas  de  pa- 
resse, puisque  tous  les  jours  je  vous  escris'. 


'  Nous  avons  déjà  eu  occasion  de  remar- 
quer que  les  souffrances  du  cardinal  ne 
lui  étaient  rien  de  sa  prodigieuse  activité  ; 
lui-même  se  rend  ici  ce  témoignage  ;  et,  à 
ceu.x  qui  douteraient,  nous  dirions  très- 
précisément  l'emploi  de  son  temps  au  mo- 
ment même  où  la  présente  lettre  fut  écrite. 
«  Monsg'  le  cardinal  (  mande  H.  Arnault 
dans  une  lettre  du  10  août)  se  porte  assez 
bien  quand  il  est  dans  le  lict,  mais  il  ne 
se  peult  lever.  Il  n'a  jamais  plus  travaillé 
qu'il  faict.  Il  travaille  et  faict  escrire  soubs 
luy  depuis  7  h.  jusques  à  8.  Depuis  8  jus- 
ques  à  9  on  le  pense.  Depuis  9  jusques 
à  10  il  parle  à  ceux  qui  ont  à  faire  à  luy. 
Depuis  10  jusques  à  1 1  il  travaille;  après 
celia  il  entend  sa  messe  et  disne.  Jusques 
à  2  il  s'entretient  avec  M.  le  card.  Mazzarin 
et  autres.  Depuis  2  jusques  à  4  il  travaille , 
et  puis  il  donne  audiance  à  ceux  qui  ont  à 
faire  à  luy.  Il  n'a  jamais  plus  agi  qu'il  a 
faict  pour  l'affaire  de  Perpignan ,  qui  con- 
tinue à  tenir  les  esprits  merveilleusement 
en  suspends.»  (Bibl.  imp.  fonds  Béthune, 
9374.  p.  3i.)  Et  cependant  M.  Bazin, 
dans  son  Hist.  de  Louis  XIII  (t.  IV,  p.  3Ç9- 
388),  représente  le  cardinal  comme  ré- 
duit à  une  impuissance  absolue  et  laissant 


au  roy  tout  le  fardeau  du  gouvernement. 
Ainsi  voilà  près  d'une  année,  la  dernière 
et  l'une  des  plus  remarquables  de  la  vie 
de  Richelieu,  supprimée  d'un  trait  de 
plume  par  un  historien  auquel  pourtant 
des  mérites  réels  ont  d'ailleurs  concilié  la 
confiance.  C'est  le  roi  qui  a  tout  fait  quand 
le  cardinal,  tombé  dans  un  complet  en- 
gourdissement, avait  tout  abandonné! 
(Mon  VI"  vol.  p.  947.)  S'il  arrive  parfois 
que  Richelieu  laisse  une  décision  à  pren- 
dre au  roi ,  en  alléguant  sa  maladie  (même 
vol.  p.  926),  c'est  une  forme  de  déférence 
dont  il  a  usé  en  tout  temps  pour  ne  pas 
paraître  s'imposer  à  la  volonté  royale.  Ba- 
zin va  même  jusqu'à  faire  cette  singulière 
supposition ,  que  Richelieu  a  bien  pu 
«  exagérer  à  dessein  son  mal  «  pour  mieux 
embarrasser  le  roi  par  sa  complète  inac- 
tion; supposition  tout  à  fait  inadmissible 
pour  ceux  qui  ont  la  moindre  notion  de 
la  véritable  histoire  de  cette  époque.  Écri- 
vain élégant  et  judicieux,  Bazin  est  un 
historien  mal  informé  ;  il  n'a  su  du  temps 
dont  il  écrit  l'histoire  que  ce  qu'ont  pu 
lui  apprendre  les  livres  ;  il  a  fait  tout  ce 
que  peut  faire  le  talent  privé  du  secours 
des  sources  originales. 


70 


LETTRES 


Vous  verres  les  nouvelles  que  m'escrit  M''  de  la  Melleraye  ;  il  croit 
que  les  ennemis  marchent  pour  venir  en  Roussillon. 

M''  d'Argenson  crie  à  l'argent,  et  dit  que  les  troupes  périssent  et 
que  les  peuples  se  plaignent.  Cela  faict  que ,  encore  que  j'eusse  résolu , 
depuis  les  bons  offices  de  M""  le  Grand,  de  n'avancer  plus  d'argent, 
je  n'ay  peu  m'empescher  de  luy  envoyer  promptement  vingt  mile 
escus,  et  de  vous  en  olFrir  quatre  vingt  mile\  qui  sont  prests  à  Lyon 
sur  mon  crédit,  si  M'  le  surintendant  n'a  desjà  envoyé  d'autres  fonds. 

C'est  à  vous  à  faire  pourvoir  à  toute  cette  affaire,  qui  est  très  im- 
portante en  ce  rencontre.  Au  nom  de  Dieu  faites  y  mettre  ordre  sans 
délay  quelconque. 

Vous  ne  m'avés  point  envoyé  le  nom  du  prieuré^  que  j'ay  donné  à 
M'  Bontemps ,  pour  en  faire  faire  les  provisions. 

Au  mesme  temps  que  je  vous  escris  ce  billet,  il  vient  d'arriver  un 
courrier^  d'Italie  qui  crye  à  l'argent.  Je  vous  conjure  d'y  mettre  ordre , 
en  sorte  que  je  n'aye  plus  la  teste  rompue  de  ces  choses  là,  vous 
avouant  franchement  que  je  n'y  sçaurois  suffire.  Monsg"^  le  cardinal 
Mazarin  vous  escrit  au  long  sur  ce  sujet*. 

Je  vous  envoie  une  lettre  en  chiffre  du  gouverneur  de  Roze,  que 
vous  donnerés  au  sieur  Rossignol,  afin  que  nous  sachions  toutes 
choses  ^.  j 


'  Le  cardinal  en  informait  M.  d'Ar- 
genson par  une  lettre  du  même  jour,  la- 
quelle sera  notée  aux  Analyses;  dans  la- 
dite lettre,  la  somme  est  portée  à  cent 
mille  écus. 

^  La  fin  de  ce  paragraphe  est  restée  en 
blanc  dans  la  minute. 

'  Ce  courrier  était  envoyé  par  le  maré- 
chal de  camp  d'Aiguebonne,  qui  récla- 
mait l'envoi  des  sommes  destinées  pour 
l'exécution  du  traité  des  princes  de  Sa- 
voie. M.  de  la  Vrillière,  secrétaire  d'état. 


qui  était  alors  à  Tarascon ,  eut  ordre  du 
cardinal  d'écrire  à  Champigny,  intendant 
de  la  justice  en  Lyonnais,  de  recevoir 
des  sieurs  Dugué  et  Lumague  220,000 
livres  laissées  en  leurs  mains  pour  cet 
objet. 

'  La  lettre  de  Mazarin ,  en  italien ,  est/ 
classée  fol.  876  du  manuscrit  des  Affaires 
étrangères;  elle  traite  surtout  des  demandes 
d'argent  et  de  quelques  détails  d'affaires. 

'  Ce  dernier  paragraphe  manque  dans 
la  minute. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


71 


XL. 

liibl.  inip.  Baluze,  pap.  des  ann.  lettres,  paquet  i ,  n°  i .  —  Original  '. 

Arch.  du  départ,  de  la  Marne,  dans  les  papiers  de  la  famille  de  Prasiin. —  Original*. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,!,  loi, pièce  non  cotée,  entre  les  feuillets  344-3A6. 

Bibl.  imp.  Béthune,  9276,  fol.  248;  copie;  et  9277,  fol.  1  ;  copie.  — 

Dupuy,  ogo,  fol.  229-23:  ;  deux  copies.  — 

Imprimée  :  Gazette  extraordinaire  du  27  août,  p.  791  '•  — 

.Mémoires  de  Montrésor,  p.  334  de  l'édition  de  1 663.  — 

Journal  de   M'  le  cardinal  duc  de  Richelieu,  i664,  p.  2o5.  — 

Dans  la  collection  de  mémoires  de  Petitot,  t.  54,  à  la  suite  de  la  relation  de  Fontrailles. 

Dans  le  Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  de  France,  4  avril  i854. 


DE  PAR  LE  ROY. 

Chers  et  bien  amez , 


4  aoul  1642. 


Le  notable  et  visible  changement  qui  a  paru  depuis  un  an  en  la 
conduite  du  s'  de  Cinq  Mars,  nostre  grand  escuier,  nous  lit  resouldre 
aussy  tost  que  nous  nous  en  aperceumes,  de  prendre  soigneusement 
garde  à  ses  actions  et  à  ses  paroles  pour  pénétrer  et  descouvrir  quelle 
en  pourroit  estre  la  cause.  Pour  cet  effet,  nous  nous  résolusmes  de  le 
laisser  agir  et  parler  avec  nous  avec  plus  de  liberté  qu'auparavant. 


'  Les  originaux  de  cette  lettre  de  cachet 
circulaire  ne  doivent  pas  être  rares ,  la  pièce 
ayant  été  envoyée  aux  parlements,  aux 
corporations  des  villes  principales ,  aux  gé 
néraux  en  chef  des  armées ,  aux  ambassa- 
deurs, etc.  Celui  que  Baluze  a  conservé 
est  adressé  aux  maire  et  escheviiis  de  lu  ville 
de  Tulle,  le  4  août.  La  signature  du  roi 
est  contre-signée  :  Sublet. 

'  Cet  original  offre  quelques  variantes, 
nous  nolon.s  les  principales.  Toutes  les 
circulaires  ne  sont  pas  datées  du  même 
jour  ;  celle-ci  porte  la  date  du  8  août.  Les 
copies  des  manuscrits  de  Bétlmne  et  celles 


de  Dupuy  sont  datées ,  les  unes  du  5  août , 
les  autres  du  6. 

'  Je  donne  le  texte  de  la  Gazette ,  dont 
la  fidélité  est  garantie  par  Richelieu  lui- 
même  ,  qui ,  écrivant  à  Chavigni  le  1 3  août , 
lui  recommandait  de  veiller  à  ce  que  cette 
lettre  fût  imprimée  par  Renaudot,  avec 
toute  la  correction  possible.  (  Voy.  ci-après  , 
p.  92)  La  Gazette  donne  ce  titre  à  la  pièce 
officielle  :  «  La  lettre  que  le  roy  a  escrite 
aux  principales  villes  de  ses  provinces  el 
aux  ambassadeurs  sur  le  sujet  de  l'empri- 
sonnement du  duc  de  Bouillon  et  du  s' de 
Cinq-Mars,  grand  escuyer  de  France  » 


72  LETTRES 

Par  ce  moyen  nous  descouvrismes  qu'agissant  selon  son  génie,  il 
prenoit  un  exlresme  plaisir  à  ravaler  tous  les  bons  succez  qui  nous  ar- 
rivoient,  relever  les  mauvais,  et  publier  les  nouvelles  qui  nous  estoient 
désavantageuses. 

Nous  descouvrismes  qu'une  de  ses  principales  fins  estoit  de  blasmer 
les  actions  de  nostre  très  cher  cousin  le  cardinal  duc  de  Richelieu, 
quoyque  ses  conseils  et  ses  services  ayent  tousjours  esté  accompa- 
gnez de  bénédictions  et  de  succès,  et  de  louer  hardiment  celles  du 
comté  duc  Olivarez,  bien  que  sa  conduite  ait  tousjours  esté  malheu- 
reuse. 

Nous  descouvrismes  qu'il  estoit  favorable  à  tous  ceux  qui  estoient 
en  nostre  disgrâce,  et  contraire  à  ceux  qui  nous  servoient  le  mieux. 

Il  improuvoit  continuellement  ce  que  nous  faisions  de  plus  utile 
pour  nostre  estât,  dont  il  nous  rendit  un  notable  tesmoignage  en  la 
promotion  des  sieurs  de  Guébriant  et  de  la  Mothe  à  la  mareschaussée 
de  France ,  la  quelle  luy  fut  insuportable  ' . 

Il  entretenoit  une  intelligence  très  particidière  avec  quelques  uns 
de  la  religion  prétendue  réformée  mal  affectionnés,  par  le  moyen  de 
Chavagnac,  mauvais  esprit,  nourri  dans  les  factions,  et  de  quelques 
autres. 

Il  parloit  d'ordinaire  des  choses  les  plujs'  saintes  avec  une  si  grande 
impiété  qu'il  estoit  aisé  à  voir  que  Dieu  n'estoit  pas  dans  son  cœur. 

Son  imprudence ,  la  légèreté  de  sa  langue ,  les  divers  courriers  qu'il 
envoyoit  de  toutes  parts  et  les  pratiques  ouvertes  qu'il  faisoit  en  nostre 

'  L  un  des  savants  ouvriers  de  l'his-  personne  d'un  prince  que  l'on  devait  plus 
toire  de  France,  Jean  le  Laboureur,  qui  respecter.»  [Hist.  du  Comte  de  Gaébriant, 
cite  ce  paragraphe,  l'accompagne  de  ces  p.  465,  in-fol.)  Ce  blâme  du  style  Riche- 
mots  :  «  Il  y  a  cela  de  particulier  dans  la  lieu  est  peu  digne  d'un  historien  ;  Gaston 
lettre  qui  fut  envoyée  au  comte  de  Gué-  méritait  d'être  traité  plus  sévèrement  en- 
briant.  »  Le  paragraphe  se  trouve  dans  core  que  ne  fait  ici  le  cardinal.  Mais  en 
tous  les  exemplaires  de  cette  lettre  com-  i656,  Gaston  vivait  encore ,  quoique  bien 
mune.  Le  Laboureur  n'a  pas  osé  rapporter  oublié  depuis  ses  dernières  équipées  de 
la  pièce ,  il  s'excuse  même  de  cette  citation  :  la  Fronde.  Le  Laboureur  aurait -il  parlé 
<i  Je  fais  difficulté  de  rappeler  ici  cette  lettre  de  la  sorte  si  ce  fût  Richelieu  qui  eût  sur- 
pour  quelque  chose  de  trop  aigre  contre  la  vécu  ? 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  73 

armée,  nous  ayant  donné  juste  sujet  d'entrer  en  soupçon  de  luy,  i'in- 
térest  de  nostre  Estât  (qui  nous  a  toujours  esté  plus  cher  que  nostre 
vie)  nous  obligea  à  nous  assurer  de  sa  personne  et  de  celle  de  quel- 
ques xms  de  ses  complices.  Nostre  résolution  ne  fut  pas  plustost  exé- 
cutée que ,  par  la  bouche  des  uns  ou  des  autres ,  nous  n'ayons  eu  con- 
noissance  que  le  dérèglement  de  ce  mauvais  esprit  l'avoit  porté  à 
former  un  party  en  nostre  Estât;  que  le  duc  de  Bouillon  devoit  don- 
ner entrée  aux  estrangers  en  ce  royaume  par  Sedan;  que  nostre  très 
cher  frère  '  le  duc  d'Orléans  devoit  marcher  à  leur  teste ,  et  que  ce 
misérable  esprit  devoit  se  retirer  avec  eux,  s'il  voyoit  ne  pouvoir  mieux 
servir  ce  parti  et  ruiner  nostre  cousin  le  cardinal  duc  en  demeurant 
auprès  de  nous. 

Nous  apprismes  que  le  roy  d'Espagne  devoit  fournir  à  ce  parti 
douze  mile  hommes  de  pied  et  cinq  mile  chevaux;  qu'il  luy  devoit 
donner  quatre  cens  mile  escus  pour  faire  des  levées  en  France;  qu'il 
donnoit  à  nostre  d.  frère  six  vingt  mile  escus  de  pension,  au  duc  de 
Bouillon  soixante  mile  escus  ^,  et  au  d.  s'  de  Cinq  Mars  vingt  mile 
escus,  et  qu'en  outre  il  devoit  munir  la  place  de  Sedan  et  en  payer 
la  garnison. 

Cette  connoissance  nous  fit  résoudre  de  faire  arrester  le  duc  de 
Bouillon ,  et  avoir  tellement  l'œil  aux  déportemens  du  duc  d'Orléans , 
nostre  frère,  qu'il  ne  pust  nous  faire  le  mal  qu'il  avoit  projette.  Dieu 
bénist  tellement  nos  résolutions'  que  le  duc  de  Bouillon  fut  trouvé 
caché  dans  du  foin  où  il  s'estoit  mis  pour  pouvoir  ensuitte  se  retirer 
dans  le  Milanois. 

Au  mesme  temps,  nostre  d.  frère  le  duc  d'Orléans,  pressé  par  sa 
conscience  et  par  le  mauvais  succez  qu'a  voient  eu  ses  desseins,  nous 

'  «Que  mon  frère.»  (Lettre  à  M.  de  vais  desseins  des  mal  afTectionnés  au  bien 

Praslin.)  de  ces  Estais,  que  led.  duc  de  Bouillon 

'  •  Aud.  duc  de  Bouillon  et  aud.  s'  de  aiantpressenty  (juej'avoisadvisdesesmau- 
Cinq  Mars ,  nostre  grand  escuyer,  à  chacun  vaises  intentions ,  n'a  pu  s'eschapper,  quoy 
quarante  mille  escus.  «  Autres  textes  :  quel-  qu'il  se  fust  caché  dans  la  ville  de  Casai ,  où 
ques-uns,  au  lieu  d'escus,  mettent  «livres.  »  il  estoit,  pour  se  retirer  ensuitte  dans  le 

'  «  Et  confond,  au  contraire,  les  mau-  Milanois.  ■  (Lettre  à  M.  de  Praslin.) 

CABDI>i.  DE  RICHELIEC    VIL  10 


74  LETTRES 

envoya  l'abbé  de  la  Rivière  pour  nous  dire  en  général  qu'il  avoit  failly 
et  avoit  besoin  de  nostre  grâce,  sans  spécifier  particulièrement  en 
quoy. 

Nous  respondismes  que,  bien  qu'il  deust  estre  las  de  nous  offenser 
et  d'agir  contre  luy  mesme ,  agissant  contre  nous  et  contre  l'Estat ,  nous 
ne  voulions  pas  nous  lasser  d'user  de  nostre  clémence  envers  luy. 
Qu'en  ceste  considération,  nous  désirions  qu'il  nous  donnast  une  entière 
et  sincère  confession  de  sa  faute ,  une  déclaration  particidière  de  tous 
ses  complices  et  de  tous  les  desseins  et  projets  qui  avoient  esté  faits; 
auquel  cas  il  recevroit  des  effets  de  nostre  bonté. 

Nous  aurons  l'œil  à  sa  conduite  et  agirons  avec  luy  selon  que  le 
bien  de  nostre  Estât  le  requiérera,  sans  toutes  fois  nous  séparer  du 
bon  naturel  dont  il  a  tousjours  receu  des  preuves. 

L'importance  de  ceste  affaire  nous  a  obligé  '  à  vous  en  donner  avis , 
pour  vous  convier  à  rendre  grâces  à  Dieu  de  l'assistance  continuelle 
qu'il  luy  plaist  nous  départir  pour  garentir  ce  royaume  des  mauvais 
desseins  qui  se  font  tant  au  dehors  qu'au  dedans  d'iceluy  pour  en  trou- 
bler la  prospérité. 

■^  Au  reste ,  les  diverses  expériences  que  nous  avons  faites  de  vostre 
fidélité,  en  différentes  occasions,  font  que  nous  sommes  très  asseurez 
que  si  elle  estoit  capable  d'accroissement,  vous  la  redoubleriez  en  ces 
rencontres,  où  la  malice  de  ce  mauvais  esprit  fait  voir  que  nos  bonnes 
intentions  ont  besoin  d'estre  secondées. 


'  «  M'a  convié  à  vous  en  informer  par 
ceste  lettre ,  pour  vous  faire  cognoistre  que 
Dieu,  par  sa  bonté,  m'assiste  continuelle- 
ment pour  garantir (Lettre  à  Praslin.) 

'  «  L'affection  et  la  fidélité  que  vous 
avez  pour  mon  service,  dont  vous  avez 
donné  des  tesmoignages  en  diverses  occa- 
sions, me  rend  très  asseuré  que  vous  veil- 
lerez incessamment,  dans  l'estendue  de 
votre  charge,  à  ce  qu'il  ne  s'y  passe  rien 
qui  [me]  puisse  préjudicier,  et  que  vous 


redoublerez  vos  soings,  s'il  est  besoitig. 
pour  cet  effect,  ce  qui  me  convie  de  plus 
en  plus  à  vous  faire  paroistre  ma  bonne 
volonté  en  vostre  endroict;  priant  sur  ce 
Dieu,  qu'il  vous  ayt.  M'  le  marquis  de 
Praslin ,  en  sa  sainte  garde.  Escrit  à  Ver- 
sailles, ce  vni*  aoust  i64a.  Locis.  Et 
plus  bas  :  Bouthili.ieb.  »  Plusieurs  exem- 
plaires sont  contre -signés  Loménie;  le 
contre-seing  varie  selon  la  destination  des 
circulaires. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


75 


Cependant  nous  vous  asseurons  qu'il  n'y  a  rien  que  nous  ne  voulions 
faire  pour  vostre  avantage  en  tous  rencontres. 

Escrit  à  Fontainebleau,  le  4*  jour  d'aoust  iG^a'. 


XLI. 
Cabinet  de  S.  A.  R.  M»'  le  duc  d'Aumale.  — Original  de  la  main  de  Cherré^ 

De  Tarascon ,  ce  i'  aousl. 

J'ay  leu  à  Son  Eminence  le  mémoire  qu'il  a  pieu  à  Monseig""  de 
Noyers  m'envoier  par  M""  de  Figean.  Elle  désire  que  l'on  continue  les 
peintures  et  doreures ,  tant  du  dedans  que  du  dehors  du  Dôme  de  la 
Sorbonne,  dont  le  s'  Tiriot  s'est  chargé,  et  qu'on  alFerme  la  terre 
de  Trêve  à  son  proffit. 

Pour  ce  qui  est  de  la  justice  et  des  droicts  seigneuriaux  de  la  terre 
que  M'  du  Rivau  a  vendue  aux  pères  de  la  Mission ,  Son  Eminence  ne 
se  résoudra  point  si  eUe  les  doit  retenir  ou  non,  qu'après  avoir  veu 
l'advis  (|u'il  plaifa  à  Monseig'  de  Noyers  luy  dormer  sur  ce  sujet. 


'  Quoique  cette  pièce  ait  été  plusieurs 
fois  imprimée,  nous  avons  cru  ne  pas  pou- 
voir nous  dispenser  de  la  placer  dans  ce 
recueil ,  comme  un  singulier  monument 
de  la  faiblesse  du  roi  et  de  la  toute-puis- 
sance de  son  ministre.  Cette  longue  énu- 
mération  des  méfaits  de  son  favori  n'est- 
elle  pas ,  de  la  part  du  roi ,  l'humiliante 
confession  d'un  aveuglement  que  rien  ne 
dissipait,  et  qui  ne  s'est  subitement  éclairé 
que  par  la  découverte  tout  à  fait  inopinée 
d'un  crime  d'état.  Cette  confession ,  dictée 
par  le  cardinal  et  signée  du  roi ,  envoyée 
aux  parlements  et  aux  grands  fonction- 
naires du  royaume,  cette  confession  n'est- 
elle  pas  un  des  actes  les  plus  caractéris- 
tiques de  ce  règne  ?  Si  l'on  n'était  déjà  in- 
formé que ,  dans  les  occasions  de  quelque 


importance ,  Richelieu  ne  laissait  jamais  à 
d'autres  le  soin  d'exprimer  sa  pensée,  on 
saurait  que  lui-même  a  composé  cette 
pièce  par  le  témoignage  de  Chavigni  et  de 
de  Noyers  qui,  dans  une  lettre  signée  de 
tous  deux,  datée  de  Fontainebleau  le 
3o  juillet,  lui  disaient  :  «  La  lettre  qu'il  a 
pieu  à  monseigneur  de  dresser  sur  ce  sujet 
(la  conjuration)  pour  envoyer  tant  dedans 
que  deliors  le  royaume,  est  si  délicate  et 
si  judicieuse,  qu'elle  fera  sans  doute  le 
bon  effet,  dans  tous  les  esprits,  qu'on  en 
attend  avec  raison.»  (Arch.  des  AIT.  étr. 
France,  de  juin  en  août,  fol.  335,  orig.) 

'  Cette  pièce,  à  laquelle  on  n'a  point 
donné  la  forme  d'une  lettre ,  est  en  réalité 
un  mémoire  dicté  à  Cherré  par  le  cardinal , 
et  qui  a  du  être  envoyé  à  de  Noyers. 


76  LETTRES 

lequel  il  prendra  avec  M'  de  Loynes,  qu'il  envoyera  quérir  pour  cet 
effect. 

Quant  à  la  compagnie  (jui  est  vacquante  dans  le  régiment  de  la 
marine  par  la  mort  du  s'  des  Genêts,  fils  du  s'  de  Verton,  M"^  la  du- 
chesse d'Anguien  l'ayant  demandée  pour  le  s'  de  Gadagne,  neveu  de 
la  supérieure  des  Carmélites  de  S*-Denis,  Son  Eminence  prie  Monseig"" 
de  Noyers  de  s'informer  si  led.  s'  de  Gadagne  en  est  capable.  Son  Emi- 
nence ne  rejette  pas  la  proposition  que  M'  de  Charost  faict  du  frère  du 
chl^""'  de  Rivière  pour  une  compagnie  aud.  régiment,  ayant  dit  que 
celle  dud,^ s"^  chl"  est  aussy  à  donner,  s'estant  battu  en  duel,  et  ayant 
esté  condamné;  mais  elle  ne  s'est  point  expliquée  davantage  sur  ce 
sujet. 

Estant  très  important  de  justiffier  que  le  lieutenant  des  gardes  de 
M'  de  Bouillon^  n'est  parti  de  la  cour  que  sept  ou  huict  jours  après 
que  Monseig'  de  Noyers  l'eut  expédié,  et  faict  deslivrer  ses  dépesches. 
Son  Eminence  prie  Monseig'  de  Noyers  de  faire  retirer  des  mains 
de  M'  de  la  Barde  toutes  les  d.  dépesches  qui  furent  trouvées  sur 
le  d.  lieutenant  des  gardes  de  M""  de  Bouillon,  lorsqu'il  fut  arresté, 
lesquelles  Saladin  luy  donna,  et  de  les  luy  envoier,  afin  de  justiffier 
par  les  dattes  que  le  d.  lieutenant  n'est  party  de  la  cour  que  le  jour 
que  M'  le  Grand  fut  arresté,  et  que  ses  lettres  estoient  expédiées 
()  ou  7  jours  auparavant^. 

Son  Eminence  se  porte  tousjours  de  mieux  en  mieux,  et  les  plays  de 
son  bras  sont  en  sy  bon  estât  qu'elle  pourroit  aysément  le  remuer  et 

'   L'abréviation  est  ainsi  indiquée  dans  peu  plus  amplement.  »  Il  doit  y  avoir  quel- 
le manuscrit.  que  erreur  entre  ces  dates  :  4  et  7  août. 
'  Ce  lieutenant ,  nommé  Dozonville ,  fut  —  Dans   ce  billet  nous   lisons  encore  : 
arrêté  ;  sa  déposition  est  conservée  aux  AIT.  «  Vous  verres  par  les  dépesches  de  M"  de 
étr.  France,  t.  101,  avec  d'autres  pièces  la  Motte  et  d'Argenson,  que  je  vous  en- 
non  cotées  et  placées  après  le  fol.  344-  voie,  que  les  affaires  vont  mieux  en  Ca- 
Le  manuscrit  cité  aux  sources  contient  talogne  que  nous  ne  ccoyons  ,  et   qu'ils 
un  billet  de  Richelieu  à  de  Noyers,  daté  n'ont  que  6,000  h.  de  pied  et  deux  mile 
du  7  août,  lequel  répète  presque  en  mêmes  trois  ou  quatre  cents  chevaux  qui  se  def- 
termes  la  substance  de  ce  paragraphe.  Et  font.  —  Ma  santé  va  tousjours  de  mieux 
■  le  cardinal  ajoute  :  «Je  vous  escriray  dans  en  mieux,  grâces  à  Dieu.  » 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


77 


mesme  le  porter  en  escharpe,  si  elle  ne  craignoit  d'exciter  quelque 
nouvelle  fluxion  ou  retarder  son  entière  guérison,  qu'on  luy  faict 
espérer  dans  peu  de  temps,  et  à  quoy  il  y  a  toute  sorte  d'aparence. 


XLIl. 

Cabinet  de  S.  A.  R.  M*'  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  1 64a ,  juin-août,  fol.  38o.  — 

Minute  du  môme  secrétaire'. 


A  MM.  DE  CHAVIGNY   ET  DE  NOYERS'. 

De  Tarascoii,  ce  5  aoust  i6ii2. 

Si  la  pensée  de  M' le  chancelier  pour  le  faict  des  crimes  de  lèze- 
majesté  a  lieu  comme  elle  semble  bien  raisonnable ,  tout  ira  bien. 

L'importance  est  qu'elle  soit  dans  l'esprit  de  ceux  qu'il  amènera  avec 
luy  comme  dans  le  sien ,  et  qiie  ce  soient  gens  de  probité  et  d'autho- 
rité  pour  la  maintenir. 

On  m'a  dict  qu'il  a  choisy  M'  de  Marca,  de  Laubardemont  '  et 


'  Cette  dictée  a  été  laborieuse ,  la  pièce 
est  toute  chargée  de  renvois.  —  Au  fol.  a  g  4 
de  ce  volume  se  trouve  une  copie ,  et  deux 
phrases  ajoutées  en  font  une  seconde  mi- 
nut».  Quoiqu'on  y  remarque  quelques  lé- 
gères différences  avec  la  première,  ainsi 
qu'avec  l'original  cette- pièce  est  parfai- 
tement authentique,  venant  de  Mazarin, 
comme  le  prouve  un  titre  écrit  de  la  main 
de  ce  cardinal ,  lequel  était  alors  auprès  de 
Richelieu  à  Tarascon. 

'  Je  trouve  cette  indication  au  dos  de  la 
minute,  l'original  n'a  point  de  suscription. 

'  Chavigni  avait  écrit,  de  Fontaine- 
bleau ,  une  lettre  du  3 ,  que  le  cardinal  ne 
pouvait  pas  encore  avoir  reçue ,  et  où  il  lui 
i\ommait,  outre  ces  deux  personnages, 
M.  de  Miromesnil  et  de  Paris,  et  il  disait 


de  tous  les  quatre  que  le  chancelier  les 
amenait  t  comme  gens  très  entendus  et 
auxquels  il  se  fioit.  »  On  verra  bientôt  que 
l'un  d'eux  ne  remplit  pas  tout  à  fait  l'attente 
du  cardinal.  On  apprend  par  cette  même 
lettre ,  que  Chavigni  avait  pressé  le  départ 
du  chancelier  :  •  Nous  avons  estimé-  qu'il 
estoit  du  service  du  roy  que  M' le  chance- 
lier partist  présentement  pour  se  rendre  à 
Lyon,  pour  deux  raisons  :  la  première 
parce  que  nous  avons  recogneu  qu'il  avoit 
des  ouvertures  et  des  lumières  qui ,  estant 
dirigées  par  M"'  le  cardinal,  pourroient 
faciliter  l'es^laircissement  du  crime  des 
conjuré^.  La  seconde  pour  faire  cesser  les 
mauvais  bruicts  que  son  retardement ,  pour 
atlêridre  M' de  la  Rivière,  avoit  faict  naistre 
dans  Paris  à  l'avantage  des  accusés.  »  (Ca- 


78 


LETTRES 


quelques  autres  que  je  ne  sçay  pas;  ceux  dont  j'ay  cognolssance  sont 
de  très-bonne  réputation  et  affectionnés  à  l'Estat. 

En  effect,  il  y  a  des  circonstances  avec  lesquelles  la  vérité  qu'on  veut 
prouver  est  évidente  et  ne  peut  estre  fausse. 

Monsieur  demande  pardon  et  s'accuse  luy-mesme  en  accusant  autruy. 

Sa  propre  accusation  faict  que  celle  qu'il  faict  conjoinctement  de 
ses  complices  ne  peut  estre  suspecte. 

Si  on  dict  qu'il  obtient  son  pardon  et  non  celuy  de  ses  complices, 
lesquels  par  conséquent  il  luy  est  bien  aisé  d'accuser  comme  bon  luy 


binel  de  M^'  le  duc  d'Aumale,  minute  de 
la  main  de  Cliavigni  ;  et  Arch.  des  Aff.  élr. 
ms.  cité  aux  sources,  fol.  365,  original.)  Le 
cardinal  tenait  à  ce  que  ce  fût  le  chancelier 
lui-même  qui  conduisît  ce  procès;  il  avait 
cliargé  Cliavigni  et  de  Noyers ,  qui  accom- 
pagnaient le  roi  dans  son  retour  vers 
Paris,  de  faire  agréer  cette  mesure  à 
Louis  XIII;  et,  dans  une  leltre  signée  de 
tous  deux,  et  datée  de  Roanne  le  16  juillet, 
ils  lui  disaient  :  «  Le  roy  a  trouvé  bon  que 
M'  le  chancelier  allast  à  Lion  pour  le 
procès  de  M"  de  Bouillon  et  de  Cinq 
Mars,  et  nous  sommes  obligés  de  dire 
qu'il  reçoit  très-agréablement  tout  ce  qui 
luy  est  proposé  de  la  part  de  Monsei- 
gneur. »  (Ms,  des  Aff.  étr.  foi.  229.)  El 
quand  ie  chancelier  eut  préparé  le  procès 
autant  qu'il  le  pouvait  faire  à  Paris,  le  roi 
annonça  son  départ  à  Richelieu  dans  une 
lettre  dont  la  minute,  de  la  main  de  Cha- 
vigni ,  avait  été  faite  sur  une  matière  que 
celui-ci  avait  reçue  du  cardinal,  et  qu'à 
cause  de  cela  il  convient  de  donner  ici  : 
«Mon  cousin,  je  juge  qu'il  e.st  si  impor- 
tant pour  ma  personne ,  pour  celle  de  mes 
enfans  et  pour  le  bien  de  mon  Estât, 
d'esclaircir  entièrement  les  preuves  du 
crime  du  duc  de  Bouillon  et   du  s'  de 


Cinq  Vlars ,  que  j'ay  creu  devoir  donner 
ordre  à  monsieur  le  chancelier  de  s'ad- 
vancer  jusques  à  Lyon,  afin  que,  si  vous 
l'estimés  à  propos ,  il  puisse  conférer  avec 
vous  et  vous  faire  les  ouvertures,  par  son 
intelligence  et  par  l'expérience  qu'il  a  en 
de  semblables  affaires ,  qui  puissent  mettre 
celle-ci  en  lestât  que  je  désire.  Je  vous 
prie  de  voir  avec  luy  tout  ce  qui  s'y  pourra 
faire  en  conscience,  et  de  résoudre  tout 
ce  que  vous  verres  estre  du  bien  de  mon 
service.  Je  m'en  remets  entièrement  à 
vostfe  jugement  et  je  me  suis  trop  bien 
trouvé,  jusques  à  cette  heure,  de  la  con- 
fiance sans  réserve  que  j  ay  eue  en  vous, 
pour  ne  continuer  pas  à  vous  en  donner 
des  marques  en  cette  occasion.  Je  vous 
conjure  de  faire  tout  ce  que  vous  pourrés 
pour  hastcr  vostre  guérison,  car  jamais  je 
n'eus  tant  d  impatience  de  vous  voir.  •  La 
minute,  de  la  main  de  Chavigni,  est  con- 
servée aux  Affaires  étrangères  ,  France , 
tome  101.  L'original  se  trouve  dans  le 
manuscrit  du  cabinet  de  M''  le  duc  d'Au- 
male, et  au  bas  de  la  page  on  lit  cette 
note  :  «  Cette  lettre  fut  escrite  par  le  roy, 
de  sa  main ,  à  M*'  le  cardinal ,  le  k  aoust 
1642,  à  Fontainebleau,  S.  £m.  estant  à 
ïaraseon.  » 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  79 

semble,  cette  instance  ne  peut  diminuer  la  force  de  son  accusation 
contre  ses  complices,  puisqu'il  obtient  son  pardon  à  des  conditions 
ruineuses  pour  luy  telles  que  sont  celles  auxquelles  il  se  sousmet  pour 
demeurer  en  France,  ce  qui  montre  bien  que  le  crime  qu'il  déclare 
est  d'autant  plus  véritable  qu'il  se  sousmet  volontairement,  pour 
peyne  d'iceluy,  à  souffrir  une  mort  civile  qui  luy  est  plus  cruelle  à 
luy  que  la  naturelle  à  ses  complices  '. 

Il  est  encores  à  remarquer  que  Monsieur,  déclarant  son  crime  et 
celuy  de  ses  complices,  ne  le  faict  pas  pour  leur  procm'er  du  mal, 
mais  au  contraire  demande  pardon  pour  eux  comme  pour  luy,  ce  qui 
justifie  que  rien  ne  le  faict  parler,  que  la  descharge  de  sa  conscience , 
la  vérité  qui  le  presse ,  et  le  désir  qu'il  a  d'éviter  l'extrémité  qu'il  sçait 
bien  avoir  méritée. 

La  déclaration  de  IMonsieur  porte  qu'ils  dévoient  se  retirer  à  Sedan , 
et,  au  mesme  temps,  il  se  voit  qu'il  s'estolt  mis  en  lieu  de  le  pouvoir 
faire  par  la  Franche  Comté. 

11  se  voit  encores  qu'au  mesme  temps  M''  de  Bouillon  faict  retirer 
sa  femme  à  Sedan,  si  inopinément  contre  les  projets  qu'ils  avoient  faicts 
en  partant  de  Sedan ,  qu'elle  mesme  escrit  que  la  d.  ville  et  madame 
de  Bouillon  la  mère  en  ont  esté  extresmement  surprises,  ce  que  la 
mère  confirme  elle  mesme. 

Il  se  voit  de  plus  qu'au  mesme  temps  M''  le  Grand  a  un  gentilhomme 
de  M""  de  Bouillon  auprès  de  luy,  qui  demeure  caché  dans  Narbonne 
pour  l'aller  avertir  de  l'instant  aucpiel  il  devroit  sortir  de  la  cour. 

H  se  voit  en  outre  qu'au  lieu  que  le  duc  de  Bouillon  avoit  charge 
d'attaquer  quelques  places  des  ennemis,  il  se  loge  au  delà  de  Cazal, 
sy  à  propos  pour  se  sauver  quand  il  le  voudroit,  qu'en  deux  heures 
il  pouvoit  se  rendre  en  trois  places  du  Milanois. 

'  Toute  cette  argumentation   est  peu  tage  ses  complices;  il  ne  pouvait  ignorer, 

sérieuse,  et  peu  digne  d'un  esprit  tel  que  surtout,  qu'on  ne  tenait  ?1  fort  à  son  té- 

celui  de  Richelieu;  Monsieur  savait  fort  moignage   que  parce  qu'on  y  trouvait  le 

bien  qu'il  ne  tarderait  pas  à  recouvrer  tout  moyen  le  plus  sûr  de  les  faire  condamner 

ce  qu'on  semblait  lui  ôter  en  ce  moment;  à  perdre  la  tête. 
et  d'autant  plus  tôt  qu'il  chargerait  davan- 


80  LETTRES 

Il  se  voit  encores  qu'aussytost  cju'il  sceut  que  M"  du  Plessis  Praslin 
et  de  Castelan  estoient  arrivés  à  Cazal  après  iuy,  sa  conscience,  sans 
en  avoir  aucun  avis,  iuy  fit  juger  qu'on  le  vouioit  prendre  et  le  fit  ca- 
cher dans  du  foin  pour  se  sauver  dans  le  Milanois^ 

Il  est  encores  à  remarquer  que  le  traicté  porte  que  devant  que  les 
conjurés  en  France  peussent  estre  obligés  à  agir  ils  prétendoient  qu'on 
eust  chassé  M"^  de  Guébriant  au  delà  du  Rhin. 

Et,  au  mesme  temps,  ce  qui  est  du  tout  considérable,  que  Melos 
eust  gaigné  une  bataille  ensuitte  de  laquelle  il  eust  peu  entrer  en  France 
avec  avantage  ;  il  quitte  ce  dessein  pour  aller  aud.  s""  de  Guébriant 
selon  que  le  traicté  le  portoit. 

Ensuitte  ayant  esté  destourné  d'attaquer  led.  s"^  de  Guébriant ,  par 
la  prise  de  M"  de  Bouillon  et  le  Grand,  Mesdames  de  Bouillon  re- 
cognoissent  ingénuement  que  led.  Melos  leur  a,  par  deux  fois,  faict 
offre  de  son  service  et  de  toutes  les  forces  de  son  maistre. 

C'est,  en  outrp,  chose  certaine  dont  le  roy  poiura  dire  les  circons- 
tances, qu'en  ce  mesme  temps  M'  le  Grand  travailloit  aussy  puissam- 
ment qu'il  le  pouvoit  auprès  de  Iuy,  pour  Iuy  faire  disgracier  le  car- 
dinal. 

-  Je  croy  qu'il  ne  seroit  pas  mauvais  de  dire  au  roy  comme  M'  le 
Grand  ne  nie  pas  qu'il  n'ay t  rendu  force  mauvais  offices  au  cardinal , 
et  que  mesme  il  a  dict  quelques  fois  Iuy  avoir  offert  de  l'en  deffaire , 
ce  qui  paroist  bien  que  le  roy  n'a  jamais  voulu,  puisque  M"  le  Grand, 
désespéré  de  venir  à  bout  de  sy  mauvaises  fins,  s'est  jette  dans  le  party 
d'Espagne. 

La  déclaration  qu'il  plairoit  au  roy  donner  de  ce  que  fautre  peut 
Iuy  avoir  dict  sur  ce  sujet  ne  feroit  pas  peu  d'effect  dans  l'esprit  des 
juges. 

'   «Ce  que  le  s'  de  Florimond  a  dit,  la    première,    ni    même  dans   l'original, 
escrit    et   signé    au   roy,   par    ordre    de  ^  Ce  paragraphe  et  le  suivant  sont  écrits 

M'  de   Bouillon,  est    encore  trés-consi-  en  marge  de  l'original;  le  second  ne  se 

dérable.  »  Cette  phrase ,  qui  est  dans  la  trouve  pas  dans  la  première  minute, 
seconde  minute,   ne  se  trouve   ni   dans 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  81 

On  laisse  au  jugement  de  M"  de  Noyers  et  de  Chavigny  de  parler 
ou  de  ne  parler  pas  au  roy  du  contenu  en  cet  article ,  selon  qu'ils  l'es- 
timeront plus  à  propos.  Si  on  adjouste  à  tout  ce  que  dessus  les  traittés 
passés  en  Espagne  et  les  contre  lettres  recogneues  par  Monsieur,  l'ins- 
pection des  pièces  fera  voir  clairement  que  ce  ne  peut  estre  une  chose 
supposée. 

Il  y  a  encores  une  circonstance  que  Monsieur  a  dicte  à  M'  de  Ville- 
roy,  que  j'estime  bien  pressante  ',  qui  est  que  M"  le  Grand  et  de 
Bouillon  luy  avoient  apporté  le  traitté  tout  formé  lorsqu'ils  le  furent 
trouver  à  son  escm'ie  la  nuit,  et  qu'il  croit,  ce  qu'il  n'affirme  pas  posi- 
tivement, qu'il  estoit  escrit  de  la  main  de  M"^  le  Grand. 

Les  3o,ooo  ^  en  pistoles  d'Espagne  pesantes  qu'il  avoit  faict  porter 
à  Lyon  est  encore  une  circonstance  qui  fortiffie  la  cognoissance  de 
ce  dessein. 

Enfin,  il  y  en  a  tant  qu'il  est  impossible  de  n'en  cognoistre  pas  la 
vérité. 

Si  M'  de  Beaufort  refuse  de  venir  et  de  parler  comme  il  doit,  ma 
pensée  est  qu'il  n'y  a  point  à  marchander,  et  qu'il  faut  le  rendre  fu- 
gitif ou  le  prendre  ;  cette  affaire  mérite  d'estre  poussée  avec  vigueur. 


XLIII. 

Archives  de  Condé,  n'  135.  —  Communication  de  S.  A.  R.  M*'  le  duc  d'Aumale. 

A  M.  LE  PRINCE. 

5  août. 

Monsieur  je  reçois 

tous  les  jours  tant  de  tesmoignages  de  l'honneur  de  vostre  souvenir 
et  de  vostre  affection  en  mon  endroit,  que  j'en  suis  confus.  Celuy  qu'il 
vous  a  pieu  me  donner  par  l'envoy  de  M'  de  Figean  me  touche  sy 

'  Ensuite  de  tous  les  aveux  de  Mon-  dont  il  avait  fait  faire  la  demande  par 
sieur,  Richelieu  lui  envoya  la  promesse  l'abbé  de  La  Rivière.  (Lettre  du  7  août 
que  le  roi  lui  accorderait  les  conditions        notée  ci-après  aux  Analyses.) 

CARDIN.  DE  niCIIEUEn.  —  VII.  1  l 


82  LETTRES 

sensiblement  qvie  je  ne  sçaurois  vous  l'exprimer,  non  plus  que  le  res- 
sentiment que  j'en  ay.  J'ay  prié  led.  s''  de  Figean  de  vous  le  représenter 
et  de  vous  dire,  M"',  que  rien  ne  m'a  faict  oposer  au  désir  qu'il  vous 
plaist  me  faire  cognoistre  avoir,  de  faire  un  tour  en  ces  quartiers,  à 
mon  occasion,  que  l'incommodité  que  je  sçay  que  vous  recevriés  d'un 
sy  long  voiage  ;  vous  asseurant  que  j'ay  une  extresme  passion  de  vous 
voir  pour  vous  remercier  de  vive  voix  de  toutes  les  obligations  que  vous 
avés  acquises  sur  moy,  qui  suis  véritablement,  et  seray  toute  ma  vie, 
autant  qu'on  le  peut  estre , 

Monsieur, 

Vostre  bien  humble  et  Ir^s  afi'eclioniu-  serviteur. 

De  Tarascon,  ce  5*^  aoust  16^2. 


XLIV. 
Arch.  des  AIT.  étr.  France,  t.  101,  pièce  non  cotée,  placée  après  le  fol.  38 1.  — 
Mise  au  net  de  la  main  de  Cherré. 
Bibliotli.  inip.  Baluze,  pap.  arm.  lett.  paq.  n°' 2  et  3,  fol.  i4.  —  Copie. 

MÉMOIRE  DE  M.  LE  GARD.  DE   RICHELIEU, 
POUR  M.  LE  CARDINAL  MAZARIN'. 

[7  ou  8  aoùl  '.  ] 

Verra  à  Valence  le  lieutenant  des  gardes  de  M'  de  Bouillon. 
Item  le  Cordellier. 

Parlera  à  M'  de  Valence  qui  est  icy  pour  sçavoir  la  preuve  qu'il  y 
a  du  voyage  du  Cordellier. 

Faut  représenter  au  lieutenant  que,  si  on  luy  demandoit  quelque 

'   Ce  titre    semble   mis   en  tète  après  cardinal  a  résolu  de  le  faire  partir  pour 

coup,  de  la  main  de  Baluze.  Lyon,  où  il  s'abouchera  avec  le  duc  de 

'  Le  manuscrit  ne  nous  donne  point  Bouillon,  et  une  autre  lettre,  du  12  ,  nous 

de  date,  mais  nous  avons  des  lettres  de  apprend  qu'il  est  arrivé  à  Lyon.  L'instruc- 

Mazarin  qui  nous  l'indiqueront  à  peu  près.  tion  doit  être  du  7  ou  du  8  août  au  plus 

11  écrit  de  Tarascon,  le  k  août,   que  le  tard. 


DU   CARDINAL   DE  RICHELIEU.  83 

chose  de  secret  qui  peust  nuire  à  M''  de  Bouillon,  il  auroit  raison  de 
ne  le  dire  pas. 

Mais  cpi'en  ne  luy  demandant  qu'une  chose  qui  est  publicque ,  qui 
est  peut-estre  recogneue  par  M'  le  Grand  et  M''  de  Thou,  la  nier 
faict  paroistre  de  la  dissimulation  qui  donne  à  croire  qu'il  sçait  des 
choses  qu'il  estime  estre  crime,  ce  à  quoy  on  ne  pense  peut-estre  pas. 

Enfin  il  le  faut  convaincre  par  ses  propres  dépesches,  luy  deman- 
dant pourcjuoy  il  n'est  pas  party  aussytost  qu'il  fut  dépesché  par  M'  de 
Noyers,  et  où  il  est  demeuré  depuis,  et  potu-quoy  il  partit  aussytost 
que  M""  le  Grand  fut  arresté. 

Pourquoy  il  dist  à  celuy  qui  l'arresta  que  si  c'eust  esté  Saladin  qui 
se  fust  approché  de  luy  il  l'eust  tué. 

Si  ce  lieutenant  dit  quelque  chose  d'importance,  il  faudra  luy  faire 
dire  devant  M"'  de  Venes,  ou  quelque  autre,  et  addroitement  en  faire 
prendre  la  déposition  par  M''  de  Sene  (ou  Sève)  ou  autre. 

Faut  sçavoir  du  Cordellier  pourquoy  il  a  esté  à  Turin  sy  diligem- 
ment, qui  l'y  a  envoyé,  à  qui  il  a  parlé,  ce  qu'il  y  a  faict;  pourquoy 
il  est  sitost  revenu  '  .•* 

Verra  M""  de  Bouillon  se  faisant  désirer  de  luy. 

Luy  dira  le  voir  sans  charge,  mais  d'estre  bien  ayse  de  s'estre  trouvé, 
par  occasion,  à  Lyon  puisqu'il  a  désiré  le  voir. 

Fera  le  personnage  d'escoutant  et  non  de  proposant.  Battra  fort  froid 
avec  led.  sieur,  si  ce  n'est  qu'il  vienne  à  son  poinct.  Et  si  led.  s'  faict 
le  renchéry,  il  tesmoignera  ne  s'en  soucier  pas;  et  luy  fera  cognoistre 
que  le  compte  du  roy  se  trouve  plus  à  faire  un  coup  de  partie ,  en  cette 
occasion,  qui  asseure  le  repos  de  Testât,  qu'à  luy  pardonner  à  quel- 
ques conditions  que  ce  soit. 

Le  coup  de  partie  consiste  à  faire  chastier  M'  le  Grand  et  luy;  et 
mettre  Monsieur  hors  du  royaume,  en  estât  de  ne  nuire  jamais,  pour 

'  Ici  le  manuscrit  des  AIT.  étr.  laisse        seulement  que  commence  la  copie  de  Ba- 
la  fin  de  la  page  en  blanc  et  met  ce  qui        luze. 
suit  à   l'autre  feuillet;  c'est  à  ce  feuillet     . 


84  LETTRES 

éviter  toutes  les  récidives  qui  sont  desjà  arrivées  plusieurs  fois ,  et 
aud.  duc  de  Bouillon  et  à  Monsieur. 

Au  reste  il  luy  fera  cognoistre  que  le  roy  pense  avoir  Sedan  plus 
seurement  en  le  chastiant  qu'en  luy  pardonnant ,  parce  que  sa  punition 
emportera  confiscation  de  tous  ses  biens;  ensuitte  de  quoy  il  sera  plus 
avantageux  à  ceux  qui  agiront  pour  ses  enfans  de  tasclier  de  r' avoir 
leur  bien  en  quittant  Sedan  que  de  le  livrer  aux  Espagnols,  sur  de 
grandes  promesses  qu'il  sçait  bien  n'estre  jamais  suivies  de  rien  de 
solide. 

Enfin  il  lui  tesmoignera  qu'il  n'est  pas  allé  là  pom'  luy  faire  dire 
quelque  chose  qui  vérifie  son  crime,  parce  qu'on  en  a  assez  de  preuves, 
mais  qu'il  y  est  allé  pour  voir  s'il  luy  voudroit  dire  quelque  chose  qui 
luy  peust  ayder  à  luy  en  faire  obtenir  le  pardon  ;  ce  qu'il  a  faict  d'au- 
tant plus  volontiers  qu'estant  intime  amy  de  M"'  de  Turenne ,  il  seroit 
bien  aise  si,  en  servant  l'aisné,  il  pouvoit  tirer  le  cadet  de  la  peine  en 
laquelle  il  est. 

'  Faut  sçavoir  de  M''  de  Castelan  et  de  tous  ceux  qui  ont  amené  M' de 
Bouillon  s'il  n'a  rien  dict  de  conséquence. 

Faut  establir  la  garde  bien  seure  avec  M''  de  ViUeroy  ^,  et  voir  si 
on  ne  luy  laissera  point  quelqu'un  de  ceux  qui  l'ont  amené  jusques  à 
ce  que  l'officier  des  gardes  du  corps  soit  arrivé. 

Faut  mettre  ordre  que  M' de  Bouillon  ne  sache  point  ce  qui  se  passe 
avec  Monsieur  '. 

Donner  ordre  qu'on  fasse  venir  à  Beaucaire  les  gendarmes  de  M"^  de 
Lesdiguières  et  les  carabins  qui  ont  escorté  M"'  de  Bouillon  jusques  à 
Lyon,  où  ils  recevront  les  ordres  du  roy  de  ce  qu'ils  auront  à  faire*. 

'  Dans  le  manuscrit  des  Affaires  étran-  '  Ici  finit  la  copie  de  Baluze. 
gères ,  ce  qui  suit  est  écrit  sur  un  troisième             '  On  voit  que  la  mission  de  Mazarin 
feuillet,  et  commence   au  milieu   de  la  vers  le  duc  de  Bouillon  était  bien  pré- 
page, dont  la  moitié  supérieure  est  restée  parée,  et  que  Richelieu  laissait  peu  à  faire 
en  blanc.  à  l'habileté  de  son  frère  coupe-chou,  comme 

'  Gouverneur  de  Lyon.  il  appelle  quelquefois  Mazarin. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  85 


XLV. 
Cabinet  de  S.  A.  R.  M''  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Clien-é. 

[A  M.  DE  NOYERS.] 

Do  Tarascon,  te  8*  aoust  i642. 

Ayant  apris,  par  la  venue  de  Citoys,  que  le  duc  Charles  laict  le 
mauvais  dans  la  Lorraine,  et  qu'on  craint  qu'il  assiège  Saverne  et 
Hagnau,  et  que  M'  du  Hallier  le  suit;  et  voyant  d'autre  costé  que  les 
ennemis  ne  sont  pas  si  puissans  en  Catalogne  qu'on  le  disoit,  je  vous 
redépesche  Citoys  en  diligence  pour  vous  dire  qu'on  peut  différer 
l'envoy  des  troupes  de  Gransay  de  deçà ,  et  que  peut-estre  n'en  sera 
t'il  point  de  besoin.  Ainsy  M'  du  Hallier  ne  sera  point  empesché  de 
garentir  la  Lorraine  et  l'Alsace  des  mauvaises  volontez  du  duc  Charles, 
et  dans  peu  de  temps  il  aura  aparemment  liberté  d'agir  comme  il 
voudra,  croyant  qu'on  pourra  se  passer  de  deçà  de  ses  troupes. 

Je  ne  puis  vous  escrire  davantage  pour  cette  heure.  Vous  verres  dans 
la  lettre  de  M'  de  Chavigny  ce  que  je  pourrois  vous  mander  de  plus. 
Mes  playes  vont  bien,  mais  je  me  porte  mal. 

Ne  trouvez  pas  estrange  s'il  y  a  du  changement  en  la  demande  (ju'on 
faict  des  troupes  de  Gran.say  et  en  ce  qu'on  vous  escrit  de  ne  les  en- 
voier  pas,  par  ce  que  ces  changemens  ne  deppendent  pas  de  moy,  mais 
bien  de  la  diversité  des  nouvelles  qui  nous  arrivent  du  Roussillon  et 
de  la  Catalogne. 


86  LETTRES 


XLVI. 

.  Cabinet  de  S.  A.  R.  M''  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

POUR  M.   DE  NOYERS, 

SECRÉTAIRE   D'ESTAT,  EN   COUR. 

De  Tarascon,  ce  9°  aoiist  16/12. 

Je  vous  prie  d'escrire  au  s'  Mercier  ',  qui  est  à  Richelieu,  qu'il  vous 
envoie  un  plan  de  l'église  de  Richelieu,  du  bastinient  qu'on  a  faict 
tout  proche ,  pour  le  logement  des  prestres  de  la  mission ,  et  de  l'espace 
qu'on  leur  peut  donner  joignant  ce  dit  bastiment,  pour  faire  un  jar- 
din ;  afin  que,  quand  je  seray  à  Paris,  je  puisse  résoudre  ce  qu'on  fera 
pour  cela. 

Je  vous  prie  aussy  de  recommander  qu'on  ne  mette  pas  les  livres 
que  le  s'  Stella  m'a  acheptez  dans  ma  bibliothèque,  mais  bien  dans 
quelqiie  lieu  de  mon  logis,  parce  que  je  les  désire  voir,  à  mon  arrivée 
à  Paris,  auparavant  qu'on  les  mette  dans  ladite  bibliothèque,  et  juger 
avec  vous  si  mon  argent  a  esté  bien  employé  ^. 


XLVII. 

Cabinet  de  S.  A.  W.  M^'  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

POUR  M.  DE  NOYERS, 


SECRETAIRE  D'ESTAT. 


De  Taïascon ,  ce  9' aoiist  i642. 

Mons''  des  Marests,  guydon  de  mes  gendarmes,  et  qui  commande 

'  On  sait  que  c'était  son  architecte.  santés  douleurs  nont  jamais  empêché  Ri- 

'  Richelieu  avait  déjà  fait  cette  recom-  chelieu  de  donner  quelques-unes  de  ses 

mandation  (ci-dessus,  p.  67).  —  On  voit  pensées  aux  lettres,  aux  arts,  à  ses  livre*. 

par   cette   lettre,    comme    par  celles  du  et  aussi  à   ses  moindres  intérêts  privé.s. 

a 9  juillet,  du  4,  du  10,  du  i3  août,  et  Nous  avons  eu  plus  d'une  fois  l'occasion 

d'autres  encore ,  que  l'accablement  des  af-  de  le  remarquer. 

fairos ,  les  plus  graves  soucis ,  les  plus  cui- 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  87 

la  brigade  qui  est  icy  près  de  nioy,  est  l'un  des  cappitaines  gardes 
costes  de  la  pi'ovince  de  Normandie.  N'en  pouvant  pas  faire  la  fonction 
luy-mesme ,  à  cause  du  service  qu'il  rend  dans  les  armées  durant  les 
campagnes,  commet  trois  gentilzhommes  voisins  de  la  coste  qui  s'en 
acquittent  très  dignement.  Hz  luy  ont  escrit  depuis  peu  qu'on  les  a 
compris  au  nombre  de  ceux  qui  sont  commandez  pour  l'arrière  ban 
en  ladite  province  de  Normandie ,  et  taxez  pour  ce  sujet;  et  parce  qu'ilz 
ne  peuvent  pas  servir  en  deux  lieux,  et  qu'ils  ont  tousjours  esté 
exemptez  de  l'arrière  ban  jusques  à  présent,  aussy  bien  que  de  toutes 
les  taxes  faites  sur  les  gentilzhommes  pour  ce  sujet,  je  fais  ce  billet 
à  Monsieur  de  Noyers  pour  le  prier  de  conserver  lesdits  gentilzhommes 
en  l'exemption  dont  ilz  ont  jouy  jusques  icy,  en  considération  qu'ilz 
gardent  actuellement  la  coste,  et  leur  expédier  ce  dont  ilz  auront 
besoin  pour  empescher  les  poursuites  qu'on  pourroit  faire  contr'eux, 
si  c'est  chose  qui  se  puisse  faire  sans  tirer  à  conséquence  '. 


XLVllI. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  France,  i64a  ,  juin-août,  fol.  âgS.  — 
Original  de  la  main  de  Cherré. 

POUR  M.  DE  CHWIGNY, 

SECRETAIRE  O'ESTAT. 

De  Tarascon,  ce  lO  aaiisl  itt^s. 

Je  vous  porte  envie  du  voiage  que  vous  faites  à  Pont-.  Je  voudrois 
avoir  esté  de  la  partie ,  à  cause  de  la  maistresse  du  logis  que  j'estime 
et  honore  de  tout  mon  cœur  '. 

'   Remarquons  cette  réserve  habituelle  *  Nous  avons  dit  que  c'était  une  maison 

chez  Richelieu  ;  même  dans  les  choses  qui  de  campagne  du  suiintendant  Bouthillier. 

l'intéressent    personnellement,     il    songe  '  Chavigni    répondait    au   cardinal   le 

toujours   à   l'intérêt  public.   On   pourrait  i  f)  août  :  «J'ay  monstre  à  ma  mère  ce  que 

ajouter  que  de  Noyers  n'était  pas  homme  M''  m'a  faict  l'honneur  de  m'escrire  sur  le 

à  dire  non  sur  quoi  que  ce  fût  dont  il  lui  voyage  que  j'ay  l'aict  à  Pont,  dont  elle  a 

eût  exprimé  le  désir,  et  Richelieu. le  savait.  jette  des  larmes  de  joye.  Elle  voudroit  de 


88  LETTRES 

Je  suis  ravy  de  la  bonne  santé  du  roy,  et  recevray  la  mienne  quand 
il  plaira  à  Dieu  me  l'envoier^ 

Je  suis  bien  fasché  que  l'affaire  du  marquis  soit  accrochée;  mais 
j'espère  que  le  temps  la  meurira. 

Pourveu  que  M''  de  Beaufort  die  franchement  la  vérité,  ainsy  que 
vous  me  mandés  qu'il  y  est  résolu,  j'espère  que  l'affaire  de  M'  de  Thou 
ira  aussy  bien  que  les  autres. 

Je  suis  entièrement  à  tous  mes  amis ,  au  nombre  des  quels  vous  ne 
tenez  pas  une  petite  place. 

Je  n'ay  point  receu  de  lettre  de  madame  d'Aiguillon  depuis  qu'elle 
a  veu  le  roy  ^. 


bon  cœur  avoir  eu  celuy  d'y  voir  S.  Ém. 
en  parfaitte  santé,  et  que  tout  son  basti- 
nient  fut  renversé.»  (Ms.  précité,  fol. 
470.) 

'  Dans  une  lettre  à  Boutbillier,  et  qui 
sera  seulement  notée  aux  Analyses ,  parce 
qu'elle  a  déjà  été  imprimée,  Richelieu 
dit  au  sujet  de  sa  santé  :  »  Je  vous  puis 
dire  que  l'on  avoit  chanté  le  triomphe  avant 
la  victoire,  le  bruit  ayant  esté  espandu  à 
Paris,  comme  vous  me  le  mandés,  de 
ma  convalescence  avant  qu'elle  fust  telle , 
en  effet,  que  j'avois  lieu  de  le  désirer. 
Vous  aurez  sceu,  particulièrement  par 
M.  de  Chavigny,  la  suitte  de  mon  mal, 
c'est  pour  quoy  il  ne  me  reste  maintenant 
qu  à  vous  dire  que  le  dernier  abscès  qui 
m'est  survenu  après  les  deux  précédents 
s'est,  par  la  grâce  de  Dieu,  percé  de  luy- 


mesme,  cette  nuit,  lorsque  les  médecins 
et  les  chirurgiens  estoient  en  peyne  de 
recognoistre  l'endroit  par  lequel  on  le  de- 
voit  percer,  ce  qui  me  faict  attribuer  cette 
opération  à  la  bonté  de  Dieu  seule,  de  la- 
quelle j'espère  aussy  la  guérison  entière.  >■ 
Les  recueils  imprimés  classent  au  hasard 
cette  lettre  sans  date;  elle  a  été  écrite  très- 
peu  après  la  présente ,  vers  le  1 2  août. 

^  Chavigni,  faisant  un  pompeux  éloge 
de  la  nièce  de  Richelieu,  écrivait  le  28 
juillet  :  0  Le  roy  devant  demeurer  encore 
12  ou  1 5  jours  à  Fontainebleau ,  mad. 
d'Aiguillon  y  viendra  un  jour  pour  le  voir, 
ce  que  S.  M,  a  tesmoigné  avoir  très  agréa- 
ble. »  El  nous  lisons  dans  la  correspon- 
dance de  Henri  Arnauld  que  la  duchesse 
avait  fait  sa  visite  le  3o  juillet. 


DC   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  89 


XLIX. 

Cabinet  de  S.  A  R.  M''  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Clierré. 

Arcli.  des  AfF.  étr.  France,  16^2 ,  juin-août,  fol.  Sgg.  — 

Minute  du  même  secrétaire. 

[A  M.  DE  NOYERS'.] 

De  Tarascon ,  ce  loaoïist  16/12. 

La  résolution  que  le  roy  a  prise  de  n'envoier  pas  les  troupes  de 
M'  de  Gransay  de  deçà  a  esté  très  judicieuse,  voyant  comme  les 
affaires  alloient  en  Lorraine  et  Alsace;  et,  en  effet,  je  tire  à  quelque 
vanité,  ce  que  vous  verres  par  la  dépesche  que  je  vous  ay  faite  par 
Citoys^,  qu'aussy  tost  que  j'ay  ouy  parler  du  siège  de  Saverne  et  de 
Hagnau,  j'ay  esté  du  mesme  avis,  que  les  troupes  ne  vinssent  point 
auparavant  que  d'aprendre  la  résolution  qui  en  avoit  esté  prise  à  la 
cour. 

C'est  donc  à  M' du  Hallier  à  agir  puissamment  contre  le  duc  Charles , 
avec  toutes  les  troupes  qu'il  a,  et  à  ces  M"  qui  commandent  de  deçà, 
à  prendre  Peipignan  avec  celles  qu'ilz  ont,  et  les  renforts  dont  nous 
pouvons  les  rafl'raischir  de  temps  en  temps.  Et,  en  effet,  pour  ne  laisser 
pas  le  roy  en  peyne,  je  croy  très  certainement  que  le  régiment  de 
Tavane ,  la  recreue  que  fera  M' le  marquis  de  Villeroy  et  la  levée  que 
faict  M'  de  J^esdiguières  suffiront  pour  mettre  Perpignan  à  bout. 

Je  suis  ravy  de  la  confirmation  de  la  santé  du  roy. 

Quant  à  la  mienne,  je  la  souhaitte  ardemment  pour  servir  Dieu  et 
Sa  Majesté  tout  ensemble,  mais  elle  a  bien  de  la  peyne  à  venir;  mes 
playes  vont  bien,  et  cependant  la  foiblesse  de  mon  bras  et  la  diffi- 
culté de  me  lever  demeurent  toutes  entières.  Je  feray  humainement 
tout  ce  qui  se  pourra  pour  guérir,  et  attendray  de  Dieu  ce  qui  est 
ordonné  dans  sa  providence. 

'   Ce  nom  écrit  au  dos  de   la  minute  "  C  est  la  lettre    du   8  août.   Voy.    ci- 

in'lique  la  suscription.  'dessus,  p.  85. 

CARDIN.  DE  niCIIELIKC. VII.  IJ 


90  LETTRES 

J'attendray  de  vous  le  jugement  de  Biaise  sur  la  bibliothèque  de 
M'  de  Cordes,  le  nombre  des  volumes  et  le  prix. 

Si  je  l'achepte,  il  se  faut  bien  donner  garde  de  la  confondre  dans  ma 
liibliothèque,  mais  la  mettre  en  quelque  lieu  séparé  dans  le  pallais 
cardinal,  avec  les  mesmes  tablettes  où  elle  est  maintenant  chez  M""  de 
Cordes.  En  tout  cas,  si  on  ne  peut  trouver  de  lieu,  il  la  faudra  mettre 
dans  ma  petite  gallerie,  mettant  les  tablettes  en  sorte  qu'elles  ne 
louchent  point  les  murailles,  pour  ne  gaster  point  nos  peintures.  Je 
ne  prétends  pas,  comme  vous  pouvés  penser,  qu'elle  soit  là  pour  y 
demeurer.  Au  cas  que  vous  l'y  mettiez ,  Desbournais  '  en  aura  les 
clefs  et  n'y  lairra  entrer  personne. 

Je  suis  très  aise  du  voiage  que  vous  faites  à  Pont.  Je  voudrois  bien 
avoir  esté  de  la  partie  plus  à  cause  de  la  maistresse  du  logis  que  du 
logis  mesme^. 

Je  prie  Dieu  que  M"  du  Halller  batte  bien  le  duc  Charles,  et  mette 
Saverne  et  Hagnau  en  l'estat  qu'il  faut. 


L. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  France,  iG42 ,  juin-aoùl,  loi.  429.  — 
Original  de  la  main  de  Cherré.  La  minute,  de  la  même  main,  esl  au  loi.  428. 

A  M.  DE  CHAVIGNY. 

De  TaïascoM  ,  ce  1  2  aoiisl  16^2. 

J'av  veu  une  lettre  du  s''  Rioland ,  qui  escrit  que  si  l'électeur  de  Co- 
loigne  veut  entrer  en  l'exécution  du  testament  de  la  reyne,  ses  domes- 
tiques qui  tiennent  le  bon  party  s'y  opposeront  et  prétendront  qu'il  est 
nul.  Je  croy  que  si  on  avoit  la  comodité  de  leur  faire  sçavoir  que  le  roy 
sera  bien  aise  qu'ils  suivent  le  mouvement  qu'ils  ont  en  cela ,  et  qu'ils 
exposent  bien  leurs  causes  de  nullité,  il  seroit  très  à  propos. 

Il  faudroit  aussy,  à  mon  avis,  leur  faire  cognoistre  que  Sa  Majesté 

'    Le    premier   valet    de    chambre    du  '  Richelieu  avait  dit  cela  et  à  peu  près 

Cardinal.  ,  dans  les  mêmes  termes  à  Chavigni,  p.  87. 


pu  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  91 

désintéressera  les  bons;  mais  je  croy  qu'il  ne  faut  pas  leur  escrire  for- 
mellement ce  qu'on  veut  en  cela,  mais  bien  au  sieur  de  Chantelou, 
qui  pourroit  le  leur  faire  faire. 

Je  vous  envoie  une  lettre  qui  vient  de  Couloigne ,  par  la  quelle  vous 
verres  les  bons  sentimens  des  domestiques  de  la  reyne.  Je  croy  ({ue 
l'avis  qu'ilz  donnent  de  deujander  à  l'électeur  que  toutes  les  pierreries 
de  la  reyne  soient  envoiées  en  France,  est  très  bon,  et  que,  si  on  ne  l'a 
faict ,  cela  mérite  l'envoy  d'un  second  courrier,  avec  une  dépesche  fon- 
dée en  bonnes  raisons,  comme  vous  sçaurés  bien  faire. 

'  J'estime  qu'il  seroit  bien  à  propos  de  faire  payer  les  intérests  du 
Mont  de  Piété  pour  empescher  la  vente  des  pierreries  de  la  leyne. 

Le  s'  Rioland  escrit  qu'ils  me  gardent  le  perroquet  de  la  reyne 
qu'autresfois  j'avois  eu  l'honneur  de  luy  donner.  Je  suplie  le  roy  de 
trouver  bon  que  je  sois  héritier  de  cet  animal. 

Je  ne  vous  escris  point  de  mon  mal,  à  cause  des  petits  changements 
qui  V  arrivent  souvent. 


LI. 

(labinet  de^.  A.  W    M''  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Charpentier. 

POUR    M.    DE    NOYERS, 

&Er:nÉTAiRE  d'Estat, 

ET  POUR  M.  DE  CHA VIGNY. 

De  Tiirascoii,  ce  i3aoiisl  i6l>2. 

M'  de  Chartres  dict  cognoistre  la  bibliothèque  de  M""  de  Cordes,  et 
croit  qu'à  vingt  mile  francs  elle  seroit  bien  payée.  Elle  est  complète 
pour  l'histoire,  les  livres  en  sont  curieux  et  bien  choisis,  mais  fort 
mal  reliez.  S'il  en  faut  cependant  donner  vingt  deux  mile  francs,  j'y 
consens. 

'  Ce  paragraphe  n'est  point  dans  la  ininule. 


92 


LETTRES 


Il  est  bien  important  de  donner  la  lettre  que  vous  aurez  escrite  aux 
provinces  et  aux  ambassadeurs,  au  s""  Renaudot.  Je  vous  prie  luy 
donner  sy  bien  escrite  et  si  bien  ponctuée,  qu'il  mette  dans  l'impres- 
sion a  lignea  tout  ce  qu'il  faut,  et  qu'il  n'y  ayt  point  de  faute. 

Je  suis  ravy  de  la  confiance  qu'a  M''  du  Hallier  d'empescher  les 
desseins  du  duc  Charles.  Toutes  les  troupes  qu'il  a  ne  sçauroient  estre 
employées  à  meilleur  usage  qu'à  garentir  Saverne  et  Hagnau. 


LU. 

Cabinet  de  S.  A.  R.  M*'  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

[A   M.  DE  NOYERS.] 

De  Tarascoii ,  ce  li'aoust  i642. 

Je  ne  sçaurois  mieux  faire  sçavoir  au  roy  Testât  des  nouvelles  de 
Perpignan ,  qu'en  vous  envoyant  la  dernière  lettre  que  j'en  ay  receue 
de  M'-  de  la  Melleraie'. 

Je  vous  puis  asseurer  que  les  Gardes^,  Anduze,  toutes  les  milices  qui 
sont  excelentes,  et  5oo  hommes  de  M''  de  Villeroy  qui  arriveront  di- 
manche icy,  fortifient  l'armée  de  8  mille  hommes  bien  effectifs. 

Ils  auront,  en  outre,  pour  ce  qui  est  de  la  cavalerie,  ma  compagnie 
de  chevaux  légers  et  la  nol)lesse  de  Languedoc  que  meine  M'  d'An- 
guien  feront  bien  mil  chevaux.  J'ay  prié  M"  de  Schomberg  et  de  la 
Melleraie  d'envoyer  2  mille  hommes  à  M.  de  la  Mote. 

M'  de  la  Luzerne  est  mort^;  il   a  suplié  le  roy,  en  mourant,  de 


'  C'est  sans  doute  une  lettre  du  i3  août, 
conservée  dans  le  ms.  de  M^'  le  duc  d'Au- 
male ,  et  qui  informait  Richelieu  des  mou- 
vements de  troupes  du  marquis  de  Lega- 
nez,  de  l'arrivée  des  milices  franjaises  et 
d&la  misère  qui  régnait  dans  Perpignan ,  où 
il  n'y  avait  plus  de  vivres  que  pour  un  mois. 

*  Le  manuscrit  met  une  majuscule  à  ce 
mot;   est-ce  un  lieu   du   département  du 


Gard,  ainsi  qu'An  luze,  sur  le  Gardon? 
'  La  Luzerne  était  un  officier  qui  ser- 
vait en  Catalogne  sous  le  maréchal  de 
Brézé;  il  venait  de  succomber  aux  suites 
de  blessures  reçues  plusieurs  mois  aupara- 
vant. Richelieu  lui  avait  plusieurs  obliga- 
tions. Un  autre  officier.  Le  Terrail ,  venant 
de  la  cour,  était  venu  visiter  la  Luzerne 
au  lit,  où  ses  blessures  le  retenaient,  et  lui 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  93 

conserver  à  son  fils  le  gouvernement  du  mont  S'-Mlchel ,  en  Norman- 
die, et  son  régiment.  Je  croy  que  Sa  Majesté  ne  sçauroit  mieux  faire. 
Il  a  i4  ou  i5  ans,  à  ce  qu'on  m'a  dict,  et  3o  ou  /io  ^^  Je  rente. 

M"^  de  Gordes  est  malade  d'une  grande  apoplexie  dont  on  n'atend 
que  la  mort.  Il  suplie  le  roy  de  permetre  la  vente  de  sa  charge ,  qu'il 
a  acheptée.  Je  croy  qu'il  y  a  de  la  justice  à  sa  demande.  Seulement 
estimeroy-je  qu'il  faudroit  en  limiter  le  prix  à  80  mille  escus,  et  que 
le  roy  doit  avoir  grand  soin  qu'elle  tombe  entre  les  mains  d'un  honeste 
homme,  point  factieux,  ny  brouillon.  Il  suffira  de  faire  cognoistre 
l'intention  du  roy  telle  qu'elle  est,  si  M"^  de  Gordes  [meurt]  (?) 

Après  avoir  faict  tout  ce  que  je  puis  pour  le  service  de  Perpignan, 
quoy  que  je  ne  sois  pas  guéry,  je  me  suis  résolu  de  partir  dimanche 
pour  gaigner  Valence  par  le  Rosne. 

J'enmèneray  M"^  de  Thou  avec  moy,  et  feray  partir  5  ou  6  jours 
après  M'  le  Grand  avec  la  cavalerie  qui  a  amené  M""  de  Bouillon  d'Italie, 
avec  toutes  les  précautions  requises  pour  une  seureté  entière. 

Je  fais  faire  demain  un  service  fort  solennel  pour  la  reyne  mère  du  roy. 

LUI. 

Arch.  des  AIT.  élr.  France,  1 64 a,  juin-août,  fol.  A77. — 

Minute  ou  copie  de  la  main  de  Charpentier. 

Bibl.  imp.  Baluze,  pap.  arm.  lett.  paq.  ii,  n"'  2  et  3,  loi.  i5. 

Extrait  de  la  main  de  Baluze. 

A  M.  LE  GARD.  DE  MAZARIN. 

De  Tarascon ,  ce  16*  aoust  i6/ia. 

J'ay  veu  ce  que  vous  a  dict  M"^  de  Bouillon.  Il  n'est  pas  fin  en  con- 
fessant une  partie  de  son  crime,  suffisant  pour  le  faire  mourir,  de 
de-snier  le  reste.  Cependant  il  est  aisé  à  concevoir  pourquoy  il  le  faict. 

avait    répété    des  discours  menaçants  de  lettre  conservée  aux  Affaires  étrangères. 

Cinq-Mars  contre  le  cardinal;  la  Luzerne  (Espagne,  t.  XXI,  fol.  176.)  L'avis  venait 

en  avait  averti  le  maréchal  de  Brézé ,  qui  à  propos ,  au  moment  où  Richelieu  cher- 

s'emprcssa  d'en  informer  Chavigni,   par  cliait  par  tous  les  moyens  à  pénétrer  les 

une  lettre  datée  de  Barcelone  le  i6  avril,  mauvais  desseins  de  M.  le  Grand. 


94  LETTRES 

Il  sçait  bien  que  Sedan  n'est  à  craindre  qu'en  tant  que  ceux  qui  le 
posséderont  voudroient  s'entendre  avec  les  Espagnols.  En  cette  con- 
sidération le  désir  et  l'espérance  qu'il  a  de  pouvoir  conserver  cette 
place  luy  faict  desnier  qu'il  ayt  voulu  traicter  avec  eux,  et  dire  ce  qu'il 
peut  pour  faire  croire  qu'il  n'estime  pas  qu'on  puisse  rien  faire  avec 
telle  gens,  afin  que  nous  estant,  par  ce  moyen,  la  crainte  des  intelli- 
gences qu'il  poiuToit  avoir  à  l'avenir  avec  ces  bons  seigneurs,  il  nous 
oste  aussy  l'envie  de  luy  oster  Sedan. 

Au  reste,  si  vous  prenez  garde  à  ce  qu'il  vous  a  dit,  ladil  in  œqui- 
vocis;  car  il  est  vray  qu'il  n'a  pas  veu  le  traicté  d'Espagne  arresté,  veu 
que  Fontrailles,  à  son  retour,  l'a  déposé  entre  les  mains  de  Monsieur; 
il  peut  estre  vray  encore  qu'il  a  dict  à  Fontrailles,  comme  il  alloit  en 
Espagne,  qu'il  prist  bien  garde  à  ne  parler  point  de  luy,  et  ne  l'en- 
gager pas;  c'est-à-dire  que  tout  le  traicté  ne  fustbien  asseuré,  comme 
il  paroist  que  Fontrailles  a  faict,  aiant  dict  dans  le  traicté  au  comte 
duc,  que  Monsieur  avoit  deux  personnes  d'importance  de  son  party,  les 
quelles  il  avoit  charge  de  ne  déclarer  pas  dans  le  traicté,  mais  qu'il 
feroit  cognoistre  par  après;  ensuitte  de  quoy  quand  le  traicté  a  esté 
signé,  il  les  a  nommés  par  des  contre  lettres  qui  ont  mesme  vigueur 
que  le  traicté. 

Tous  ces  artifices  sont  grossiers  et  inutiles,  le  personnage  vous 
en  a  assez  dict  pour  le  faire  condamner,  et  s'il  perséveroit  en  sa  con- 
duitte  il  n'en  dict  pas  assez  pour  obtenir  sa  grâce. 

Vous  sçaurés  bien  le  mesnager  petit  à  petit,  et  le  faire  estandre 
autant  que  vous  le  pourrés  sur  le  particulier  des  mesliances  que  M""  le 
Grand  luy  a  données,  comme  aussy  sur  la  cognoissance  qu'a  eue  M'  de 
Thou  de  tout  ce  qui  s'est  passé  entre  ces  M";  et  il  est  impossible,  à 
mon  avis,  que  le  dit  s'  de  Bouillon  n'achève  pas,  aiant  commencé 
comme  il  a  faict. 

Vous  recommanderés,  s'il  vous  plaist,  à  M'  de  Villeroy  qu'il  ne  die 
à  personne  que  M"^  de  Bouillon  confesse  la  debte ,  mais  qu'il  est  bon 
qu'il  tasche  tousjours  d'en  tirer  quelques  nouvelles  particularités  quand 
il  le  verra. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


95 


Je  paris  demain,  avec  l'ayde  de  Dieu,  comme  je  vous  ay  mandé, 
et  je  n'atends  que  M""  d'Arziliers  pour  faire  partir  le  prisonnier. 

Ce  17  aoust,  en  partant  de  Tarascon. 

Tandis  que  vous  serés  nécessaire  de  delà  pour  les  affaires  qui  vous 
y  ont  mené,  ne  revenés  point,  s'il  vous  piaist,  car  il  les  faut  dépescher 
le  plus  tost  qu'il  se  pourra'. 


LIV. 

Arch.  des  .AfT.  étr.  France,   1642,  juin-aoïit,  fol.  48o.  — 
Original  de  la  main  de  Cherré. 

[A   MM.  DE  NOYERS  ET  CHAVlGMlj 

De  Tarascon ,  ce  17  aoiist  i6V-'- 

IVl'  de  Cordes  est  mort  à  Paris,  M'  de  Rhodes  est  mort  en  Limosin, 
el  M'  de  Gordes  est  mort  en  Provence.  Ceux  qui  ont  des  noms  en  ordes 
prendront  garde  à  eux,  s'il  leur  piaist'. 

La  famille  de  M''  de  Gordes  eust  bien  voulu  conserver  la  charge  de 
cappitaine  des  gardes  pour  son  filz;  mais  je  leur  ay  dict  que  le  roy  ne 
donnoit  point  ces  charges  à  des  enfans,  et  que  tout  ce  qu'ilz  pouvoient 
prétendre  estoit  la  récompense  qu'il  plaira  au  roy  leur  ordonner. 

M"^  le  comte  de  Caices  s'ofiriroit  volontiers  poiu'  cappitaine  des 
gardes,  mais  le  roy  jugera,  à  mon  avis,  que  ce  n'est  pas  son  faict,  et 


'  Ces  lignes ,  que  nous  trouvons  dans  le 
même  manuscrit,  fol.  479,  écrites  de  la 
main  de  Cherré,  ne  portent  point  de  sus- 
cription;  il  ne  nous  semble  pas  douteux 
(|u'elles  ne  s'adressent  à  Mazarin ,  vt ,  quoi- 
(|ue  datées  du  lendemain,  elles  doivent 
être  une  espèce  de  post-scriplum  de  la  lettre 
ît  laquelle  nous  les  joignons. 

^  La  suscription  manque,  mais  la  ré- 
ponse élant  signée  :  de   Noyers   et  Cha- 


vigni,  c'est  à  eux  que  la  lettre  était 
adressée.  On  lit  au  dos,  de  la  main  de 
Chavigni  :  «  Son  Eminence.  » 

^  C'est  apparemment  à  cause  de  ce  jeu 
de  mots  que  de  Noyers  et  Chavigni  ré- 
pondaient au  cardinal,  le  26 août:  •  Nous 
avons  esté  ravis  de  voir  la  bonne  humeur 
en  laquelle  est  M*'  par  sa  dépesche  du  17.  > 
(Manuscrit  cité  aux  sources,  fol.  55c).) 


96  LETTRES 

homme  de  bonne  qualité  m'a  dict  qu'il  estoit  partisan  de  M''  le  Grand. 
Je  croy  que  le  roy  peut,  s'il  le  veut,  sans  faire  tort  à  son  service,  con- 
server le  gouvernement  du  S'-Esprit  au  filz  de  Gordes.  Il  est  le  maistre, 
c'est  à  luy  d'en  user  ainsy  qu'il  l'estimera  plus  à  propos. 

Je  vous  escrivis  avant  hier  que  le  lilz  de  la  Luzerne  avoit  i  4  ou 
i5  ans;  d'autres  m'ont  dict  depuis  qu'il  n'en  a  que  deux,  vous  le 
pouvés  sçavoir. 

Mon  hras  va  beaucoup  mieux  que  de  coustume,  je  pars  aujour- 
d'huy  pour  aller  à  Arramon  ' . 

Je  fis  faire  hier  un  service  pour  la  reyne  sy  solennel  qu'on  croid  que 
dans  Paris  on  n'eust  sceu  mieux  faire. 

M"'  de  Bouillon  commence  à, parler  comme  il  faut;  on  croit  qu'il 
achèvera. 

Je  suis,  Messieurs,  celuy  qui  est  entièrement  tout  vostre. 


LV. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  i6ii2  ,  juin-août,  fol.  5o8.  — 
Original  de  la  main  de  Clicrré.  —  Minute  de  la  même  main,  fol.  ûog. 

[AU  m\\] 

DeMonias,  ce  20'  aoiisl  16^2. 

L'extresme  désir  que  j'ay  de  m'aprocher  de  Sa  Majesté  m'a  faict 
avoir  du  courage  et  des  forces  pour  quitter  Tarascon,  bien  que  je  ne 
sois  pas  encore  guéry.  Je  gaignerai  demain,  s'il  plaist  à  Dieu,  le  Saint 
Esprit,  où  je  séjourneray  un  jour,  pour  de  là  aller  faire  une  pose  à 
Valence.  Si  j'avois  autant  de  force  qvie  j'ay  d'envie  de  voir  Sa  Majesté, 
je  serois  bientost  auprès  d'elle;  mais  la  nécessité  n'ayant  point  de  ioy, 

'   Aramont,  petite  ville  surle  I\hône,  à  minute,  est  écrit ,  de  la  main  deBaluze(?). 

quatre  lieues  environ  de  Tarascon.  «  à  M.  de  Noyers.  »  Cette  annotation  signifie 

'  Point  de  suscription ,  mais  au  dos  de  seulement  sans  doute  que  la  lettre  fut  en- 
la  minute  Cherré  a  mis  «  au  roy.  »  C'est  voyée  à  de  Noyers  pour  être  remise  au 
donc  par  erreur  qu'en  tête  de  cette  même  roi. 


DU  CARDINAL   DE  RICHELIEU.  97 

cet  honneur  m'est  encores  deffendu  pour  quelques  mois ,  à  mon  avis  ; 
ce  qui  n'empeschera  pas  que  je  ne  la  serve  en  tous  les  lieux  où  je  me 
trouveray,  ne  voulant  ny  esprit,  ny  vie,  que  pour  luy  tesmoigner,  au- 
tant que  je  seray  en  ce  monde,  non  seulement  la  passion  et  la  fidélité 
que  ma  naissance  m'oblige  d'avoir  povu"  ses  affaires ,  mais ,  en  outre , 
toute  la  tendresse  que  peut  jamais  avoir  une  créature  pour  son  mais- 
tre,  de  qui  elle  attend  certainement  le  réciproque,  par  sa  justice  et 
par  sa  bonté. 


LVI. 

Cabinet  de  M''  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 
Arch.  des  AIT.  étr.  France,  i64a,  juin-août,  fol.  5i  i. —  Minute  du  même  secrétaire. 

A  M.  DE  NOYERS. 

De  Mornas,  ce  20  aoust  1642. 

Je  vous  remercie  de  ce  qiie  vous  me  mandés  de  mes  bastimens. 

Je  veoy  que  Ruel  sera  plus  tost  prest  à  me  recevoir  que  moy  à  y 
arriver. 

Je  suis  bien  aise  que  vous  battiez  froid  sur  la  bibliothèque  de 
M*"  de  Cordes,  car  M'  de  Chartres  qui  fa  veue  estime  qu'elle  seroit 
bien  payée  à  20  mil  livres,  et  ce  d'autant  plus  que  les  livres  sont  fort 
mal  reliez',  qui  sera  une  nouvelle  despense. 

Je  ne  m'attendois  plus  aux  trouppes  de  M''  de  Gransay  ^,  mais  n'estant 
pas  nécessaire  de  delà  je  croy  qu'elles  ne  seront  pas  inutiles  de  deçà; 
et,  entre  vous  et  moy,  je  ne  vous  puis  dissimuler  qu'il  y  a  im  peu  de 
fair  d'Arras  à  Perpignan,  et  s'il  pouvoit  arriver  du  mal  à  nos  affaires 
en  ces  quartiers,  ce  que  je  ne  croy  pas,  il  pourroit  venir  de  n'y  avoir 
pas  autant  d'intelligence  et  d'adjustement  entre  nos  généraux  de  Rous- 
sillon  et  de  Catalogne  qu'il  seroit  à  désirer  plus  tost  qu'en  d'autre 
chose.  Je  n'ay  rien  oublié  de  ce  que  je  doibs  pour  prévenir  tels  in- 

'  Richelieu  avait  déjà  mandé  à  peu  près  la  même  chose  à  de  Noyers  et  à  Chavigni , 
p.  gi.  —  '  Voy.  ci-dessus,  p.  85. 

CARDIN.  DE  BICHELIED.  VU.  l3 


98  LETTRES 

convéniens.  J'espère  cjiie  Dieu,  qui  faict  toutes  nos  affaires,  mettra 
la  main  à  celle  là,  à  nostre  avantage'. 

Vous  ne  m'avés  rien  mandé  des  bastimens   de  Pont,   ce  que  je 
trouve  un  peu  estrange. 


LVII. 

Arch.  des  AfT.  étr.  Franco,  16A2,  juin-août,  fol.  5o2.  — 
Original  de  la  main  de  Clierré.  Minute  de  la  même  main,  fol.  5o4- 

[A  M.  DE  CHAVIGNr.] 

De  Mornas,  ce  20  aoust  i64-'. 

Je  suis  exlresmement  fasclié  de  ce  que  ia  santé  du  roy  ne  va  pas 
tout  à  faict  comme  nous  le  désirerions.  Puisque  M''  Bouvard,  qui  co- 
gnoist  son  naturel,  estime  quil  tirera  enfin  le  fond  du  pot,  et  qu'il 
le  remettra  en  son  premier  et  bon  estât,  il  m'est  impossible  de  n'es- 
pérer pas  ce  que  je  souhait  te. 

J'ay  veu  la  lettre  de  Pujols;  je  croy  ce  qu'il  dict  de  Testât  d'Espagne 
et  de  l'humeur  du  comte  duc^,  et  vous  sçavés  que  nous  en  avons  tous- 


'  Le  cardinal  écrivait  à  de  Noyers  le  22 
iju'il  envoyait  un  exprès  au  roi  pour  lui 
annoncer  que  le  s'  de  Clioupes  venait 
d'arriver  (au  Pont-Saint-Esprit)  de  la  part 
de  M.  de  la  Mcilleraie ,  apportant  que  Per 
[jignan  avait  demandé  à  capituler,  «  et  que 
c'estoit  tout  de  bon  à  cette  fois,  que  les 
ennemis  n'avoient  plus  que  trois  onces  de 
pain  par  jour,  et  n'auroient  plus  rien  à  la 
fin  du  mois.  Si  cette  nouvelle  a  suitte , 
comme  je  n'en  fais  nul  doute,  je  ne  luy 
puis  dire  la  joye  que  j'en  ay.  »  (Notée  aux 
Analyses.)  Le  cardinal  ne  tarda  pas  à  être 
détrompé  ;  il  reçut  du  maréchal  de  Scliom- 
berg  un  mémoire  qui  lui  exposait  au  vrai 
f  état  du  siège  de  Perpignan ,  «  duquel 
(disait  Richelieu  dans  sa  réponse)  il  faut 


attendre  avec  patience  le  succez,  qu'avec 
l'ayde  de  Dieu,  j'espère  estre  enfin  tel 
qu'on  a  lieu  de  se  le  promettre.  »  (  Lettre 
notée  aux  Analyses,  à  la  date  du  28  août.) 
Perpignan  tint  encore  une  vingtaine  de 
jours. 

'  Point  de  suscription.  Jolis  au  dos,  de 
la  main  de  Chavigni  :  «  Son  Eminence,  • 

'  Il  s'agit  sans  doute  ici  d'une  lettre  du 
1 4  juillet,  que  nous  trouvons  aux  archives 
des  Affaires  étrangères  (Espagne,  t.  22, 
fol.  2^7  )  ;  on  y  lit  :  «  Le  comte-duc  parloil 
depuis  trois  ou  quatre  mois  qu'il  rendroit 
son  maistre  le  seigneur  du  monde  par 
voyes  incogneties.  »  C'était  le  temps  où  il 
avait  signé  le  traité  de  Fontrailles,  et  où 
i  on   ne  pouvait  savoir  à  Madrid   que  la 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  99 

jours  faict  ce  jugement,  lors  mesme  que  Pujols  croyoit  le  contraire. 
Je  croy  que  le  roy  peut  enfin  permettre  à  ce  pauvre  Pujols  de  s'en 
revenir  chez  luy,  et  qu'on  iuy  doit  envoier  mile  ou  douze  cens  escus 
pour  cela;  ensultte  de  quoy  cest  à  luy  de  voir  si  le  comte  duc  le  lairra 
venir. 

L'envoy  des  troupes  de  Gransay  m'a  surpris,  venant  lorsque  je  ne 
m'y  attendois  plus,  croyant  le  siège  de  Saverne  ou  de  Hagnau;  mais 
ne  faisant  point  faute  de  delà,  peut  estre  ne  seront  elles  pas  inutiles 
de  deçà  '. 

J'ay  veu  les  avis  que  donne  M''  d'Harcourt  de  la  marche  des  enne- 
mis, il  ne  sçaiu-oit  mieux  faire  que  de  les  suivre. 

La  prise  de  la  Motle  ne  sera  pas  inutile,  si  elle  arrive;  et  le  roy 
montre  bien  le  désir  qu'il  a  de  bien  faire  aller  ses  affaires  par  la  dispo- 
sition en  la  quelle  vous  me  mandés  qu'il  est  de  faire  fortilHer  M"^  du 
Hallier  de  mile  hommes  de  ses  gardes  françoises  et  suisses,  s'il  en 
est  besoin. 

Le  voiage  de  M'  le  cardinal  iVlazarin  à  Lyon  a  esté  desjà  très  utile, 
M''  de  Bouillon  ayant  commancé  à  parler  comme  il  faut. 

M'  le  Grand  a  dict  à  M""  Céton,  s'il  eust  tant  soit  peu  continué  à 
estre  bien  avec  le  roy,  qu'il  eust  faict  sauter  M'"  le  cardinal  Mazarini. 

M""  d'Arzilliers  arrive  aujourd'huy  à  Beaucaire  pour  aller  quérii 
M' le  Grand.  M'  de  la  Vrillière  ira  avec  luy  à  Montpellier  pour  le  faire 
partir,  et  tout  ira  avec  seureté^. 


conspiration  de  Cinq -Mars  était  décou 
verte.  Pujols  «ijoutait  :  »  Vous  devés  croire 
à  mon  advis .  .  .  sur  l'homme  qui  avoit  cor- 
respondance isy;  si  vous  aviés  veu  et  ouv 
i-e  qui  cest  passé  isy  depuis  quelque  temps , 
vous  le  jugeriés  ainsy  soit  en  parlant  de 
la  maladie  de  monseigneur,  soit  de  sa  mort , 
soit  du  danjer  où  il  estoit  de  descheoir  de 
.son  autorité.  Il  parloit  avec  des  sircons- 
tances  qui  ne  pouvoient  estre  inventées 
isy.  et  venoit  de  delà  sans  doute. .  .  »  Pu- 
jols était  un  liomme  du  Midi,  qui  écrivait 


en  un  français  fort  incorrect  ;  mais ,  à  travers 
ce  mauvais  langage,  on  voit  qu'il  avait  su 
et  annoncé  des  choses  pleines  de  menaces. 

'  Richelieu  répète  à  Chavigni  ce  qu'il 
vient  d'écrire  à  de  Noyers  ;  le  plus  souvent , 
à  celte  époque,  il  leur  écrivait  des  lettres 
communes,  lorsque  tous  deux  étaient  en- 
semble auprès  du  roi. 

"  On  a  trouvé  plus  dramatique  de  mettre 
Cinq-Mars  dans  une  barque  traînée  par  le 
navire  du  cardinal ,  mais  ce  n'est  pas  de 
riiisloire. 

i3. 


100  LETTRES 

J'enniène  M"  de  Thou  avec  moy  afin  que  tout  arrive  à  Lyon  en 
mesnie  temps. 

Le  Boullay  vient  d'arriver  icy  de  la  part  de  Monsieur  pour  tes- 
inoigner  la  joye  que  son  maistre  a  de  pouvoir  demeurer  en  France. 
Il  dict  qu'il  est  party  pour  venir  à  Villefranche  satisfaire  à  ce  qui  a  esté 
arresté. 

M''  le  chancelier  arrive  aujourd'huy  à  Lyon,  je  i'ay  prié  d'aller  à 
Villefranche  '  devant  que  de  me  voir,  afin  d'avancer  les  affaires. 

Perpignan  est  toujours  en  niesme  estât;  on  dict  que  leurs  vivres 
ne  sçauroient  passer  le  cinq^  septembre;  si  cela  est  (ce  qui  ne  m'est 
pas  constant),  quelques  secours  que  les  Espagnols  voulussent  tenter 
ne  sçauroient  venir  à  temps.  Je  croy  que  dans  le  quinziesme  septembre 
on  verra  la  fin  de  cette  affaire'. 

On  n'a  point  encores  veu  dans  les  provinces  de  deçà  la  lettre  que  le 
loy  a  trouvé  bon  d'y  escrire',  pour  oster  les  mauvaises  impressions 
qu'on  y  a  semées  à  son  préjudice,  par  les  artifices  de  M'  le  Grand. 

Cependant  il  est  important  qu'elle  ayt  cours.  M"^  de  la  Vrillière,  qui 
est  près  de  moy,  ne  peut  pas  fenvoier  dans  les  lieux  de  son  départe- 
ment. Il  faut  que  ce  soit  celuy  de  vous  autres  MM"  qui  faict  pour 
luy*. 

Cressentin  estant  pris,  j'ay  trouvé  bien  extraordinaire  que  M*"  de 
Longueville  ne  se  mette  point  en  campagne,  parce  que  M'  Mazarin 
m'escrit  qu'il  vous  mande  qu'il  ne  le  peut  faire  sans  avoir  la  montre , 
je  luy  dépescheray  demain  un  gentilhomme  pour  le  prier  de  n'attendre 
pas  cela ,  et  luy  respondre ,  en  mon  propre  et  privé  nom ,  qu'il  recevra  ° 
la  dite  montre;  et,  pour  en  faciliter  le  payement,  si  M' le  surintendant 
n'a  son  faict prest,  je  Irouveray  bien,  sur  mon  crédit,  à  Lyon,  jusques 
à  cinq  cens  mile  francs,  afin  de  ne  perdre  pas  un  temps  sy  propre  à 

'  Ici  il  y  a  dans  la  minute  ;  «  trouver  d'Etat  avait  dans  ses  attributions  une  por- 

Monsieur  i'.  lion  déterminée  des  affaires  intérieures  de 

^  Elle  fut  finie  trois  jours  plus  tôt.  la  France. 

■^  Voy.  ci-dessus,  à  la  date  du  U  août.  '  Il  y  avait  dans  la  minute  :  «  prompte- 

*  On   sait  que  chacun  des  secrétaires  ment,  n 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  101 

l'aire  progrez  en  Italie  comme  celuy-cy,  où  les  Espagnols  y  sont  très 
loibles. 

Au  nom  de  Dieu,  faites  pourvoir  d'une  façon  ou  d'autre  à  cette 
affaire  avec  toute  sorte  de  diligence  et  sans  perdre  un  moment. 


LVIII. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  i64a,  juin-août,  fol.  5 16.  — 
Original  de  la  main  de  Cherré. 

SUSCRIPTION : 

POUR  M.  DE  CHAVIGNY, 

SECBÉTMRU    D'ESTAT. 

De  Mornas,  ce  ïi  aoust  i64a. 

Je  n'ay  rien  à  vous  dire  outre  la  lettre  que  je  vous  escris  en  com- 
mun', sinon  que  j'attends  l'extrait  que  je  vous  ay  demandé  sur  les 
affaires  de  Hollande,  afin  de  vous  envoier  mon  avis,  et  vous  faire 
.sçavoir  ce  que  j'estimeray  à  propos  d'escrire  à  M' le  prince  d'Orange. 

Dès  à  présent  je  vous  diray  qu'il  faut  mander  à  M"  d'Estrades  qu'il 
se  rende  à  Paris  au  commencement  d'octobre,  afin  de  l'instruire  de  ce 
qu'il  faudra  qu'il  face  en  Hollande,  où  il  le  faudra  renvoier;  mais  vous 
ne  luy  en  manderés  rien^. 


LIX. 

Ai'cli.  des  Aff.  étr.  France,  1 642  ,  juin-août,  Col.  537.' — 
Minute  de  la  main  de  Ciierré. 

A  MM.  DE  NOYERS  ET  DE  CHAVIGNY. 

Du  28  aousl  1 6  '1 2 . 

Selon  ce  que  nous  aprenons  des  affaires  d'Italie,  nous  voyons  que, 

'  Je  n'ai  point  de  lettre  du  3  1  août  adressée  en  commun  à  Chavigni  et  à  de  Noyers. 
'  Voy.  ci-après,  à  la  date  du  26  septembre. 


102  LETTRES 

sans  la  nionlre ,  on  y  perdra  l'occasion  de  prendre  une  place  ([ui  asseure 
le  passage  de  Cazal  et  desgoutera-t-on  tout  à  falct  le  prince  Thomas 
qui  s'est  déclaré  en  prenant  Cressentin.  J'ay  dépesché  un  courrier  à 
M''  de  Longueville,  pour  le  prier  de  n'attendre  point  la  montre;  et 
j'escris  par  M''  le  cardinal  Mazarin  à  M"  du  Gué,  Lumagiie,  Vidault, 
pour  voir  s'ils  la  voudront  faire  fournir,  sur  mon  crédit.  Je  vous  avoue 
que  je  ne  sçaurois  voir  qu'on  puisse  avancer  les  affaires  du  roy  sans  le 
l'aire,  quand  mesme  il  m'en  devroit  couster  ma  ruine. 

M''  le  cardinal  Mazarin  est  revenu  de  Lyon ,  où  il  a  négocié  si  adroite- 
ment que  M'  de  Bouillon  en  a  dict  assez  pour  rendre  nostre  preuve 
complette.  Son  intervention  est  sy  nécessaire  en  toutes  ces  affaires, 
que  je  l'ay  prié  de  retourner  demain ,  pour  faire  faire  à  Monsieur  ce 
qu'il  faut,  et  au  dit  s"'  de  Bouillon  aussy. 

Dans  la  recognoissance  que  M"' de  Bouillon  faict,  il  déclare  que  les 
principaux  artifices  dont  M''  le  Grand  s'est  servy  poiu  le  perdre  ont 
esté  de  luy  faire  croire,  l'un  que  je  le  voulois  perdre,  et  qu'on  pren- 
droit  la  première  occasion  de  l'arrester  prisonnier  et  luy  oster  sa  place; 
et  l'autre,  que  le  roy  estoit  extresmement  mescontent  de  moy  parce 
que  je  luy  faisois  faire  le  voiage  de  Roussillon  contre  son  gré  et  à  mau- 
vaise fin. 

Le  roy  sçachant  bien  que  c'est  luy  qui  se  porta  de  son  propre  mou- 
vement à  faire  ce  voiage,  sans  que  je  luy  proposast,  je  le  suplie  très 
humblement  d'avoir  agréable  que, la  vérité  en  paroisse,  selon  le  mé- 
moire que  je  vous  envoyé,  au  quel  il  ne  sçauroit  trouver  de  difficultés 
parce  que  l'affaire  y  est  desduite  mot  à  mot,  et  qu'il  n'est  question  que 
d'une  chose  publique,  qui  ne  nuit  directement  à  personne. 

En  ce  cas,  il  faut  que  le  corps  du  mémoire  soit  transcint  de  la  main 
ord'^  de  M'  Lucas,  et  que  le  roy  mette  au  bas,  de  sa  propre  main, 
depuis  ces  mots  :  ce  que  dessus  est  la  pure  vérilé,  jusques  à  la  fin. 

On  ne  sçauroit  mieux  faire  que  de  poursuivre  vertement P)  M"^  de 
Beaufort,  fen voyant  arrester,  s'il  se  peust,  s'il  ne  veut  pas  venir,  car 
non  seulement  en  ce  cas  refusera-t-il  de  faire  son  devoir,  mais  il  a 
atliédy  Monsieur,  qui  voudroit  bien  varier  sa  déclaration  sur  le  sujel 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


103 


du  dit  s'  de  Beaufort  et  de  M'  de  Thou;  mais  le  roy  peut  s'asseurer 
que  Monsieur  fera  tout  son(?)  devoir  de  deçà'. 


LX. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  i642  ,  juin-août,  loi.  535.  — 
Original  de  la  main  de  Charpentier.  Minute  de  la  même  main ,  fol.  536.  — 
Bibl.  imp.  Extrait  de  la  main  de  Baluze ,  pap.  des  arm.  lett.  paq.  6 ,  n"  2  et  3 ,  fol. 


AU  ROY. 


Sire , 


2  3  août. 


M"'  de  Bouillon  ayant  commencé  à  recognoistre  ingénuenient  .sa  faute, 
je  supplie  très  humblement  Vostre  Majesté  de  trouver  bon  que  je  le 
puisse  assurer  de  sa  grâce,  au  cas  qu'il  achève  de  faire  une  ingénue 
déclaration  de  tout  ce  qu'il  sçait,  sans  espargner  personne,  et  qu'il  re- 
mette Sedan  entre  vos  mains. 

Je  sçay  bien  que  Vostre  Majesté  dira  d'abord  que  je  suis  trop  facile  '-. 
Mais  quand  j'auray  l'honeiu"  d'estre  auprès  d'elle,  je  me  fais  fort  de 
luy  faire  voir  que  cet  expédient  luy  est  plus  utile  et  plus  glorieux 
qu'aucun  autre  qu'elle  peust  prendre  '. 

Elle  m'a  dit  plusieurs  fois  qu'Elle  ne  s'est  jamais  trouvé  mal  de  me.s 
conseils,  je  la  .suplie  d'avoir  encores  la  me.sme  créance  en  ce  .sujet. 


'  Le  cardinal  avait  reçu  tout  rocem- 
uient  une  missive  du  duc  d'Orléans  qui  lui 
donnait  cet  espoir,  et  à  laquelle  il  avait 
répondu  la  veille  du  jour  où  il  écrivait  la 
présente  lettre.  Sur  le  remcrciment  que 
Monsieur  adressait  au  cardinal  pour  les 
services  qu'il  en  avait  déjà  reçus  dans 
la  position  critique  où  il  s'était  mis,  Fii- 
clielicu  lui  disait  :  •  Je  seray  très  ayse  de 


continuer  à  servir  V.  A.  dans  la  suitte  de 
celte  fasclieuse  affaii-e,  pourveu  qu'elle 
m'en  donne  lieu ,  en  satisfaisant  religieu- 
sement à  ce  à  quoy  sa  conscience  et  sa 
parole  l'obligent.  »  (Lettre  notée  aux  Ana- 
lyses. ) 

^  Ce  sera  sans  doute  la  première  Ibis 
qu'on  aura  fait  ce  reproche  à  Richelieu. 

'  Ici  fin  il  l'extrait  de  Bnluze. 


104  LETTRES 

et^  que  je  ne  désire  la  santé  et  la  vie  que  pour  continuer  à  luy  rendre 
des  preuves  de  la  fidélité  de  celuy  qui  est, 

Sire, 

de  Vostre  Majesté 

Le  très  humble,  très  obéissant,  très  fidelle  et  très  obligé  sujet  et  serviteur. 

Du  Pont-S'-Esprit,  ce  2  3'  aoust  16A2. 


LXI. 

Cabinet  de  M*'  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  16^2,  juin-août,  fol.  SSg.  — 

Minute  de  la  même  main. 

A  M.  DE  NOYERS'. 

Du  Pont-Saint-Esprit,  ce  a 3  août  16^2. 

Je  remetz  à  M'  de  Noyers  de  faire,  avec  M'  Bouvard  et  son  fils,  tout 
ce  qu'il  estimera  à  propos,  pour  s'accorder  avec  eux  sur  le  sujet  de 
Jardin  ^. 

Quant  à  Compiègne,  je  seray  très  aise  qu'il  soit  secouru  pour 
mettre  sa  fille  en  religion;  mais  il  n'y  a  que  l'une  de  deux  voyes  :  ou 
que  le  roy  donne  ce  secours,  au  quel  cas  il  luy  faut  demander;  ou  si 
M''  de  Noyers  juge  que  je  doive  faire  cette  charité,  je  serois  bien 
aise  de  n'en  avoir  point  la  vanité,  et  que  celuy  qui  m'en  auroit  l'obli- 
gation ne  s'en  ressouvins!  que  devant  Dieu. 

Je  suis  extresmement  affligé  de  la  maladie  du  bon  père  Sirmond. 
Je  croy,  avec  M'  de  Noyers*,  qu'il  faut  aller  au  bon  père  du  Milieu^ 

'  0  de  croire.  »  Ce  mot  qu'on  lit  dans  la  '    Cliavigni    mandait    au    cardinal    le 

minute  rend  la  phrase  plus  régulière.  17  août  :  «  M' de  Noyers  escrit  à  NP'^  lestât 

^  L'original  manque  de  millésime  et  de  auquel  est  le  P.  Sirmond,  et  ce  qu'il  pense 

suscription ,  mais  la  minute  note  l'un  et  pour  son  successeur.  »  Je  n'ai  pas  la  lettre 

l'autre.  de  de  Noyers. 

'  Voy.  ci-après,  p.  110.  '  Dans  la  minute  on  lit  toujours  «le 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  105 

que  je  ne  vis  jamais.  Partant,  si  le  cas  y  eschet,  iuy  et  M'  de  Chavigny 
feront  ce  cju'ii  faut  à  cette  fin,  et  s'il  arrivoit  que  la  fin  du  bon  père 
Sirniond  fust  sy  sidaite  cjue  le  père  du  Milieu  ne  peust  arriver  à  la  pre- 
mière feste ,  on  pourroit  porter  le  roy  à  prendre  quelque  prestre  sécu- 
lier, ou  quelque  récolet,  qui  ne  peust  tirer  à  conséquence.  Sa  Majesté 
avant  premièrement  déclaré  qu'elle  auroit  choisy,  pour  son  confesseur, 
le  père  du  Milieu. 

Ayant  sceu  qu'on  m'a  envoyé  deux  hardes  ^  de  Barbes  à  Paris,  l'une 
de  2  2  et  l'autre  de  i  2 ,  je  prie  M"^  de  Noyers  d'envoyer  quérir  Roques 
aussy  tost,  et  Iuy  en  faire  choisir  pour  mon  escurie  huit  des  plus 
beaux,  masles  ou  femelles,  ce  que  je  dis  parce  qvi'on  m'a  dict  qu'il  y 
a  une  jvunent  extresmement  belle;  et,  le  choix  estant  faict,  vendre  les 
26  autres  à  quelque  maquignon,  au  quel,  pour  les  vendre  mieux,  on 
pourra  donner  six  mois  de  terme,  pourveu  que  le  payement  en  soil 
bien  asseuré.  Toutes  ces  despenses  extraordinaires  m'incommodent 
et  je  n'en  veux  plus  faire. 

Je  vous  ay  escrit  ce  que  je  pensois  pour  M'  de  Chandeniers  pour  la 
charge  de  Gordes  ". 

Je  ne  responds  point  aux  charges  de  Rodes,  parce  que  vous  me 
mandés  que  le  roy  attendra  mon  retour,  ce  que  je  croy,  en  vérité, 
estre  à  propos  pour  son  seivice. 

Je  suis  bien  aise  de  vous  voir  disposé  à  ne  vous  haster  point  au  faicl 
de  la  bibliothèque  de  M'  de  Cordes  de  la  quelle,  n'y  ayant  point 
d'inventaire,  on  peut  soustraire  tels  hvres  que  l'on  voudra. 

Les  variétés  sont  sy  grandes  au  faict  des  nouvelles  de  la  Catalogne  et 
du  Roussillon  '  que  j'ay  envoyé  quérir  les  deux  mile  hommes  de 
M'  de  Gransay  à  St-Jehan  de  Laune;  j'espère  cependant  que  tout  ira 
bien,  avec  l'ayde  de  Dieu. 

bon  j)ère  de  Milieu.  »  Il  ne  parait  pas  que  '   Voy.  ci-après,  p.  m. 

ce  père  du  Milieu  ou  de  Milieu  ait  été  ^  Au  lieu  de  lioussillon,  il  y  avait  Per- 

confesseur  de  Louis  XIII.  pignan  dans  la  minute.  Nous  remarquons 

'   Ce  mot  ne  s'entend  aujourd'hui  que  encore  quelques  légères  différences  qu'il 

des  troupes  de  bétes  fauves;  l'académie  ne  est  inutile  de  noter  ici. 
l'a  conservé  que  comme  terme  de  chasse. 

CARDIN.  DF.  RtCHELIEC.  —   Vit.  '  J4 


106  LETTRES 

Il  me  semble  que  Melo  prend  bien  de  petits  avantages  en  Picardie; 
mais  je  ne  dis  rien  sur  ce  sujet,  parce  que  je  craindrois  qu'en  voulant 
faire  plus  qu'on  ne  faict  il  arrivast  quelque  accident;  cette  année  il  se 
faut  conserver. 

Je  trouve  bien  à  propos  que  Roque  me  face  venir  son  beau  frère; 
je  luy  escrissur  ce  sujet.  Vous  luy  envoierés,  s'il  vous  plalst,  ma  lettre. 


LXII. 

Arcli.  des  Afi'.  étr.  France,  i642, juin-août,  fol.  534.  — 
Original  de  la  main  de  Charpentier. 

A  M.  LE   CARD.  MAZARIN. 

Du  Pont-Saint-Esprit,  ce  23  fioiist  i6.'i2. 

Ce  billet  est  pour  tesmoigner  à  monseigneur  le  cardinal  Mazarin 
qu'après  avoir  releu  la  lettre  que  M'  le  duc  de  Bouillon  luy  a  escrite, 
bien  que  je  me  sente  d'autant  plus  offensé  de  son  procédé  passé  que 
je  m'estois  rendu  respondant  de  ses  actions  au  roy,  la  franchise  avec 
la  quelle  il  a  commencé  à  déclarer  ce  qu'il  sçait  me  faict  résoudre 
à  employer  tout  le  crédit  qu'il  plaist  au  roy  me  donner  auprès  de  lu^ 
pour  obtenir  sa  grâce,  pourveu  qu'il  parachève  de  déclarer  tout  ce 
dont  il  a  cognoissance ,  sans  vouloir  excuser  personne,  et  qu'il  re- 
mette entre  les  mains  de  Sa  Majesté  ce  qui  jusques  à  présent  a  tous- 
jours  esté  l'unique  cause  de  ses  malheurs  ^ 

Son  Eminence  luy  peut  donner  cette  parole,  dont  il  est  en  luy  de 
recevoir  les  effects. 

'    La  souveraineté  de  Sedan. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  107 


LXIII. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  i6/j2 ,  juin-août,  fol.  676.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

[AU  ROL] 

3o  aoust  1642. 

J'escris  à  Votre  Majesté  du  lieu  où  elle  m'a  faict  l'honeur  de  me 
mander  qu'elle  désiroit  que  je  feusse'.  Sans  le  Rosne  présentement 
il  me  seroit  impossible  de  faire  voiage.  Je  seray,  avec  l'ayde  de  Dieu , 
dans  8  jours  à  Lyon;  et  dans  ce  temps  j'espère  que  mon  bras  se 
fortifiera,  en  sorte  que  je  pourray  gaigner  la  rivière  de  Loire. 

M""  le  Grand  a  failly  à  se  sauver;  M""  de  la  Vrilière  qui  estoit  sur 
les  lieux  en  envolera  une  relation  plus  ample.  On  croit  qu'il  avoil 
intelligence  avec  diverses  personnes  gaignées,  entre  les  quelles  ren- 
seigne de  la  citadelle  s'est  trouvé  coulpable. 

Ceux  de  Perpignan  qui  avoient  mandé  qu'ils  sortiroient  le  len- 
demain pour  capituler  ont  encore  différé  l'effect  de  leur  résolution, 
mais  enfin  ils  y  seront  contraincts. 

Le  régiment  de  Tavane  est  passé  avec  700  honunes,  qui,  avec  la 
recreue  de  3oo  du  régiment  de  Villeroy,  font  mil. 

Demain  matin  il  part  d'icy  autre  mil  hommes,  sans  les  officiers  du 
régiment  de  M""  le  duc  de  Lesdiguières,  et  dans  8  jours,  il  en  aura  en- 
core autant. 

Tay  arresté  M"^  de  Grancey  à  Lyon,  jusques  à  ce  que  nous  voyons 
dans  4  ou  5  jours  comme  quoy  iront  les  affaires. 

Je  croy  qu'il  y  aura  bien  1  5oo  gentilshommes  de  service^  dans  le 
Roussillon;  aussy  il  n'y  a  rien  à  craindre.  Pourveu  que  Vostre  Majesté 
se  porte  bien,  rien  ne  sçauroit  aller  mal,  avec  l'aide  de  Dieu,  de  qui 
j'espère  beaucoup  de  bénédictions  sur  vostre  personne   et  sur  vostre 

'   Le  3o  août,  le  cardinal   était   à  Va-  '  Ce  mot  est  douteux;  mis  en  abrévia- 

lence.  tion,  il  n'est  pas  nettement  écrit. 

14. 


b 


108 


LETTRES 


royaume,    pourveii  qu'il  y   soit   servy  comme  je   sçay  que  vous  le 
désirés. 


LXIV. 

Arch,  des  Aff.  étr.  France,  1 6^2  ,  juin-août,  fol.  577.- 
Original  de  la  main  de  Charpentier. 

A  M.  LE  SURINTENDANT. 


3o  aousf. 


Monsieur,  j'ay  veu,  par  vostre  lettre  du  2 4  de  ce  mois,  que  ce 
courrier  m'a  apportée,  iajoye  que  vous  me  tesmoignés  avoir  receue 
de  ma  meilleure  santé,  dont  je  vous  remercie,  sachant  de  longue 
main  la  part  que  vous  prenés  à  ce  qui  me  touche.  Je  suis  bien  aise 
d'avoir  cogneu  que  la  siatique  qui  vous  a  travaillé  vous  ayt  donné 
(juelque  relasche.  Si  les  médecins  jugent  que  les  eaux  de  Bourbon 
vous  y  soient  absolument  nécessaires,  je  n'ay  rien  à  vous  dire,  sinon 
([u'au  lieu  de  vous  dissuader  ce  voiage,  je  vous  conseille  de  le  faire, 
pour  destounier  le  mal  dont  vous  estes  menacé  ;  mais  si  ce  n'est  seu- 
lement que  pour  le  désir  de  me  voir,  vous  pouvés,  à  mon  avis,  différer 
ce  contentement  jusques  à  mon  arrivée  à  Paris.  Cependant  je  vous 
diray  que  j'estime  à  propos  que  vous  et  M''  de  Noyers  travailliés  au 
retranchement  des  despenses  que  vous  jugerés  moins  importantes, 
n'estant  pas  encore  en  estât  de  vacquer  à  des  affaires  de  cette  nature  \ 


'  Dans  cette  lettre  du  a^.  Boulliillier 
avait  lait  à  Richelieu  un  triste  tableau  de 
la  situation  financière  de  l'Etat.  Nous 
donnons  l'extrait  de  cette  dépèche,  où  l'on 
ti-ouvera  des  détails  curieux  pour  l'histoire 
des  finances  à  ce  moment.  Le  cardinal 
n'en  dit  qu'un  mot,  alléguant  sa  maladie; 
mais  tout  le  monde  se  préoccupait  sérieu- 
sement de  cet  étal  de  choses.  11.  Arnauld , 
dans  une  lettre  du  27   août,  parlant  de 


cette  assemblée  à  Chantilly,  mande  (jue 
le  surintendant  avait  dit  «  que  la  Catalogne 
coûtait,  par  mois,  1 ,200,000  livres.  >■  Dans 
sa  lettre  à  Hichclicu  ,  il  ne  nomme  la  Cata- 
logne que  pour  célébrer  la  glorieuse  con- 
quête. —  .A.U  dos ,  de  la  main  de  Bouthillier  : 
«  A  monseig'  le  Cardinal.  De  Paris  ce  di- 
manche matin  ili'  aoust  i6/i2.  »  — 
u . . .  Nous  fiismes  M"  les  intendans  et  nioy 
jeudy  dernier,  suivant  le  commandement 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


109 


Au  reste,  je  n'ay  point  ouy  parler  ny  d'un  quatriesnie  intendant,  ny 
d'un  contrôleur  générai,  que  par  ce  que  vous  m'en  avés  escrit'  du  bruict 
qui  en  court  à  Paris;  m'estant  arresté  à  ce  que  vous  m'en  mandastes 
incontinant  après  la  mort  de  feu  M'  du  Houssay,  que  les  trois  inten- 


du roy  à  Chantilly,  où  M'  le  prévost  des 
marchands  et  les  eschevins  de  la  ville 
avoient  aussi  eu  l'ordre  de  se  trouver,  sur 
lesuject  du  reculement  d'un  demi  quartier 
des  rentes  de  la  ville,  sur  les  gabelles,  les 
aydes ,  et  les  cinq  grosses  fermes ,  et  non  sur 
les  autres  natures  des  rentes  qui  sont  celles 
du  clergé,  celles  des  huict  millions  et  les 
antiennes  sur  les  receptes  générales.  Le 
roy  leur  parla  très  bien ,  je  dis  très  bien ,  de 
sorte  que.  Sa  Majesté  m'ayant  commandé 
de  leur  parler  ensuite,  je  n'eus  presque 
autre  chose  à  leur  dire,  sinon  que  Sa 
Majesté  avoit  tout  dict  en  trois  mots,  leur 
adjoustant  seulement  que  ce  qu'elle  desiroit 
estoit  fondé  en  raison  et  en  exemple;  ce 
qu'aiant  un  peu  eslendu,  je  leur  dis 
pour  fin ,  qu'au  moins  ils  voyoient  les  fruicts 
des  despences  excessives  à  la  vérité,  mais 
nécessaires  et  inévitables,  et  que  toute 
l'Europe  voyoit  avec  estonnement  le  pro- 
grès des  armes  du  roy  et  ses  glorieuses 
conquesles  en  Allemagne ,  en  Lorraine ,  en 
Flandre,  en  Italie,  en  Catalogne;  et  que 
nous  espérions ,  avec  l'aydc  de  Dieu ,  dire 
bicntost  dans  le  Roussillon.  M'  le  prévost 
des  marchands  aianlrcspondu  selon  le  deuh 
de  sa  charge,  luy  et  les  eschevins  s'en 
allèrent  avec  cette  résolution  du  roy,  et  je 
n'ay  point  sceu  qu'elle  ait  esté  improuvée. 
J'ay  signé  l'arresl  commandé  par  Sa  Majesté 
suivant  le  quel  ce  demi  quart  des  rentes 
sera  retranché,  c'est  à  dire  reculé  dans  les 
estais  du  roy,  ce  qui  revient  environ  à 
\iii°  l"  "  par  an.  Je  suis  obligé  de  dire  à 
V.  Exe.  en  cet  endroict  qu'il  nous  fault 


bien  chercher  d'autres  fonds  ;  mais  ce  qui 
m'alDige  est  que  les  extraordinaires  se 
peuvent  dire  taris ,  et  est  à  craindre  que  les 
ordinaires  nous  manquent  tout  d'un  coup 
en  beaucoup  d'endroicts  du  royaume ,  que 
la  longueur  de  la  guerre  de  8  années ,  peu 
s'en  fault,  a  entièrement  désolés.  Il  est 
besoing,  monseigneur,  de  penser  à  cela 
sérieusement,  et  est  du  tout  nécessaire  de 
régler  les  despences  selon  les  fonds , 
n'estant  plus  du  tout  possible  de  régler 
ni  trouver  les  fonds  selon  les  despences 
faictes  en  l'année  passée  et  en  la  présente , 
de  la  quelle  il  n'y  a  encore  que  7  mois 
a3  jours  descoulés.  Je  n'oze  presque 
dire  à  V.  Em.  que  les  despences  en  mou- 
lent à  plus  de  Ixiiii  millions  de  livres ,  je  dis 
despences  effectives  en  argent  comptant  de 
l'espargne ,  ou  en  assignation ,  promptes  et 
indubitables,  sans  les  despences  qui  se 
feront  encore  aux  quatre  mois  huict  jours 
restans.  Je  craindrois  d'esti-e  ennuieux  et 
importun  à  V.  Em.  si  je  luy  en  disois 
davantage.  Si  jeusse  peu,  je  ne  luy  en  eusse 
pas  tant  dict ,  mais  il  fault  cognoistre  le  mal 
pour  y  apporter  le  remède.  Nous  parlerons 
de  tout  cela  M'  de  Noyers  et  moy,  adin 
([ue  V.  Em.  voie  le  tout  nettement ,  et  ce 
ipii  se  peut  faire  aux  finances  pour  le  ser- 
vice du  roy.. .  »  (Arch.des  AIT.  étr.  France, 
16^2  ,  juin-juillct-aoùt,  fol.  55o.  Minute 
de  la  main  d'un  secrétaire  du  surintendant.) 
'  Douthillier  avait  laissé  percer  quelque 
inquiétude  à  ce  sujet,  dans  la  lettre  où  il 
rapportait  ce  bruit,  avec  le  dessein  assez 
visible  de  savoir  la  pensée  du  cardinal. 


110  LETTRES 

dans  qui  restoient  suffisoicnt  pour  faire  ia  fonction,  tant  de  l'inten- 
dance que  du  contrôle  général. 

C'est  ce  que  je  puis  vous  mander  pour  response  à  vostre  dépesche, 
à  quoy  j'adjousteray  l'asseurance  que  je  vous  donne  d'estre  tousjours 
certainement. 

Monsieur, 

Vosire  très  affectionné  à  vous  rendre  service. 

De  Valence  ce  3o  aoust  16/12. 


LXV. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  France,  ifi/ja, juin-août,  fol.  58i.  — 
Minute  de  la  main  de  Clierré. 

A  MM.  DE  CHAVIGNY  ET  DE  NOYERS. 

Du  3o  aoust  i6i2. 

Je  vous  avoue  que  la  hardiesse  de  M"'  Bouvard'  m'a  surpris;  ou 
elle  procède  d'une  estresme  ignorance,  ce  que  je  ne  puis  croire,  ou 
d'une  extresme  confiance  du  pouvoir  qu'il  a  auprès  de  son  maistre  et 
du  peu  qu'il  croit  que  j'y  en  ay,  ce  qui  seroit  très  fascheux.  Cette  action 
montre  que  la  cabaile  n'est  pas  morte,  car  asseurément,  à  mon  juge- 
ment, Bouvard  n'a  point  faict  de  luy  mesme  ce  qu'il  a  faict,  mais  il 
y  a  esté  fortiffié  par  quelqu'un. 

Je  ne  luy  ay  jamais  dit  qu'il  ne  tenoit  qu'au  roy  que  le  mariage  no 
se  fist,  mais  je  luy  ay  bien  dict  ce  dont  le  roy  et  moy  estions  demeurés 
d'accord,  sçavoir  est,  que  Sa  Majesté  m'avoit  dict  que  M'  Bouvard  luy 
avoit  parlé  de  ce  mariage  et  qu'il  lui  avoit  tesmoigné  ne  l'agréer  pas, 
parce  que  M""  Bibier  estoit  un  fascheux  esprit,  qui  du  temps  de  M'  de 
I^opès  avoit  tousjours  brouillé. 

Je  prie  M"  de  Chavigny  et  de  Noyers  de  considérer  si,  ensuitte  de 

'  On  sait  que  Bouvart  était  le  médecin  du  roi;  je  n'ai  rien  trouvé  qui  explique  l'in- 
trigue dont  Richelieu  se  plaint  ici. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  111 

cette  action,  M"'  de  Noyers  se  doit  accorder  avec  le  dit  s""  Bouvard  sur 
le  sujet  de  Jardin  ^ 

Je  ne  décide  pas  qu'il  ne  le  faille  pas  faire  ;  mais  ils  verront  si ,  en 
ce  cas,  il  n'en  deviendroit  point  plus  orgueilleux  et  plus  entreprenant, 
croyant  qu'on  l'apréhanderoit. 

Quant  à  Tréville^,  si  le'roy  le  mettoit  en  la  charge  de  capitaine  de 
ses  gardes,  il  ne  faudroit  plus  demander  si  la  caballe  demeureroit  en 
pied; les  enfans  le  croiroient  et  ce  seroit  chose  évidente,  et  cette  action 
seroit  de  telle  conséquence  que,  si  Dieu  la  permettoit,  je  croy  qu'il 
authoriseroit  ma  retraitte. 

Il  faut  vuider  le  procès  qui  est  à  Lyon ,  et  par  après  nous  verrons  au 
reste. 

Je  ne  veoy  en  conscience  aucune  apparence  de  ne  donner  aux 
héritiers  de  M''  de  Gordes'  que  5o,ooo  escus*;  il  a  achepté  la  charge 
quatre  vingt  six,  et,  s'il  a  vendu  des  charges,  cela  s'est  consumé  dans 
le  temps,  et  sa  maison  demeure  obérée.  Ma  pensée  est  que  le  moins 
(ju'on  leur  puisse  donner  est  200,000  livres,  ou  soixante  et  dix  mil 
escus;  et,  autant  qu'on  le  peut  juger,  le  roy  ne  l'auroit  à  cinquante 
mil  escus  que  pour  en  pouvoir  disposer  en  faveur  de  ce  personnage  ^, 
et  le  vray  moyen  de  rompre  son  dessein,  qui  ne  peut  avoir  effect  sans 
luy®  porter  grand  préjudice,  c'est  de  mettre  la  charge  à  hault  prix. 

Après  tout  je  ne  voudrois  pas  qu'une  personne  qui  seroit  recogneue 
estre  portée  de  moy  y  entrast  pour  5o,ooo  escus,  tant  à  cause  du  peu  de 
justice  qvi'il  y  auroit  d'en  user  ainsy,  que  parce  aussy  que  tous  les  cap- 
pitaines  des  gardes  croiroient  que  je  serois  cause  de  la  diminution  qui 
arriveroit  à  leurs  charges,  en  les  mettant  à  sy  bas  prix. 

J'ayme  beaucoup  mieux  ayder  M""  de  Chandenier  de  10,000  escus 
s'il  y  peut  entrer. 

'  Voyez  p.  1  ol^  ci-dcs  us.  *  Le  signe  que   nous    traduisons  pur 

'  Riclielieu  savait  que  cet  officier  s'était  écus  ressemble  un  peu  à  celui  qui  signilii" 

offert,  dans  les  conciliabules  de  Monsieur,  /utm ;  le  premier  est  le  plus  vraisemblable. 

pour  le  débarrasser  du  cardinal.  '  Tréville. 

"'  On  a  vu  que  c'était  l'un  des  capitaines  '  La.  phrase  est  obscure;  »  lui  »  ne  peut 

des  gardes  du  roi.  se  rapporter  qu'au  roi. 


112 


LETTRES 


Je  vous  envoyé  une  lettre  que  le  d .  s'  *  escrit  à  M' Citoys  par  la  quelle 
vous  verres  qu'il  présuppose  que  j'ay  consenty  au  mariage.  J'admire  la 
simplicité  de  ce  bonhomme.  Il  en  faut  demeurer  là,  à  mon  avis,  et  ne 
parler  pas  davantage  de  cette  aflairc. 

Souvenés  vous,  s'il  vous  plaist,  que  je  n'ay  point  d'aversion  que 
M''  de  Noyers  face  son  accomodement  avec  M'  Bouvard  pour  le  Jardin: 
mais  considérés  seulement  ce  qui  sera  le  meilleur. 

M""  le  Grand  s'est  cuidé  sauver;  s'il  fust  demeuré  davantage  à  Mon- 
peliier,  je  croy  que  nous  ne  tenions  rien;  le  bonhomme  Ceton  est  trop 
pauvre  homme  pour  ces  choses  là;  mais  il  faut  ensevelir  la  sinagogue 
avec  honneur.  M"  de  la  Vrillière  enverra  au  long  une  relation  de  tout 
ce  qui  s'est  passé  en  ce  sujet.  L'enseigne  de  la  citadelle  de  Montpellier, 
qui  estoit  gagné,  est  prisonnier. 

Les  mil  hommes  de  Tavanes  et  de  Villeroy  sont  présentement  au 
moins  à  Narbonne ,  mile  de  M"  Desdiguières  partent  aujourd'huy,  e1 
autre  mile  seront  prests  devant  huict  jours. 

Gransay  est  à  Lyon  où  je  l'arreste  jusques  à  ce  que  nous  sçachions 
de  nouvelles  nouvelles  de  Perpignan,  qui  n'a  pas  capitulé  encores. 
quoyque  ceux  de  dedans  eussent  mandé  à  M""  de  Schomberg  qu'ils 
sortiroient  le  lendemain  pour  le  faire.  Il  n'y  a  rien  à  craindre  qu'un 
peu  povir  nostre  armée  navale,  qui  ne  sera  pas  malheureusement  sy 
forte  que  celle  des  ennemis;  mais  j'espère  bien  de  tous  costez. 

Je  croy  que  le  s''  Peny^  fera  fort  bien  l'affaire  de  Coloigne. 

Je  suis  très  aise  que  les  affaires  aillent  bien  en  Allemagne,  et  que 
M'' de  Chavigny  espère  bien  de  celles  de  Hollande^. 


'  Bouvart.  Le  cardinal  revient  ici,  sans 
transition ,  à  la  première  pensée  de  sa  lettre. 

*  Il  avait  été  secrétaire  de  l'ambassade 
de  France  en  Espagne. 

'  Malgré  toutes  les  belles  protestations 
du  prince  d'Orange,  on  avait  à  Tarascon 
de  sérieuses  inquiétudes  de  son  côté.Cha- 
vigni  s'efforçait  de  rassurer  le  cardinal; 
il  avait  écrit  le  2 1  août  :  «  M*'  verra ,  par 


un  extrait  de  lettre  de  M' de  la  Tuillerie, 
combien  il  est  satisfait  de  la  conduite  de 
M'  le  prince  d'Orange.  Je  me  confimie  de 
plus  en  plus  à  croire  qu'il  n'a  escouté  les 
propositions  du  traité  de  Ti-eve  que  parce 
qu'il  s'est  imaginé,  avec  raison,  que  la 
France  estoit  perdue  si  les  détestables  ca- 
bales de  la  cour  avoient  le  dessus ,  ou  que  le 
mal  de  Son  Ém.  eusl  un  mauvais  succès. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  113 

Je  ne  vous  escris  point  en  particulier  '  parce  que  je  n  ay  rien  à  vous 
mander  et  que  je  suis  accablé. 

La  plus  haute  de  mes  playes  est  fermée,  l'autre  le  sera  bientost, 
mais  je  ne  m'ayde  point  de  mon  bras. 

Je  ne  vous  dis  point  que  je  suis  entièrement  à  vous,  parce  que  vous 
le  sçavés  bien. 

J'ay  veu  M'  le  prince,  qui  s'en  est  desjà  allé;  il  est  gaillard  et  bien 
affectionné. 


LXVI. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  16A2,  de  septembre  en  décembre,  fol.  i3.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

A  MM.  DE  CHAVIGNY  ET  DE  NOYERS. 

De  Condrieux,  3  septembre  iGà.!. 

Je  dépesche  ce  courrier  en  diligence  pour  avoir  prompte  responce 


et  qu'à  présent  qu'il  voit  qu'il  n'y  a  plus 
rien  à  craindre,  ny  de  costé  ny  d'austre, 
il  s'est  remis  dans  le  bon  chemin.  »  Et  le  a6 
Chavigni  disait  encore  :  •  M'  le  mar''  de 
Guébriant  me  mande  qu'on  ne  peut  pas 
agir  plus  franchement ,  et  avec  plus  d'affec- 
tion pour  le  service  du  roy,  que  M'  le 
prince  d'Orange  a  fait  avec  luv.  Kt  M.  de 
la  Taillerie  confirme  la  mesme  chose,  de 
sorte  que  je  croy  de  plus  en  plus  que  M*' 
ne  doit  avoir  aucune  inquiétude  de  ce  costé 
là.  »  (Ms.  cité  aux  sources,  fol.  617,  56 1.) 
'  C'était  une  précaution  dont  on  usait 
en  écrivant  aux  secrétaires  d'Etat  qui 
étaient  auprès  du  roi ,  lorsqu'on  leur  man- 
dait certaines  choses  dont  ils  ne  voulaient 
pas  que  Louis  XllI  fût  instruit;  nous 
voyons  de  Noyers  reconuiiander  encore 
cette  prudente  réserve  au   chancelier,  qui 

CAIIDIN.  DE  niCHELIEC.  —  VU. 


lui  avait  écrit  des  lettres  fort  embarras- 
santes les  3  1  et  26  août  :  «  I.e  roy,  lui 
écrivait  de  Noyers  le  2  septembre,  me 
demandant  tous  les  jours  si  je  n'ay  point 
reçu  de  vos  nouvelles,  j'estois  assez  em- 
pesché  à  luy  respondre ...  Je  vous  prie 
que  nous  observions  cet  ordre  à  l'avenir, 
que  je  luy  puisse  faire  voir  vos  lettres;  et 
quand  il  y  aura  quelque  chose  .  .qui  ne 
devra  pas  estre  vu,  vous  preniez  la  peine 
de  l'escrire  dans  une  lettre  à  part.  «  On 
sait  qu'à  ce  moment  le  chancelier  était 
appelé  à  Lyon  pour  le  procès  de  Cinq- 
Mars,  et  l'on  redoublait  de  précautions  afin 
que  le  roi  ne  reçût  pas  d'autres  impres.sions 
que  celles  que  les  confidents  de  Richelieu 
étaient  ciiargés  de  lui  donner.  Cette  lettre 
autographe  de  de  Noyers  est  conservée  à  la 
Bibl.  imp.  fonds  St.-Germ.-Harl.  474- 

i5 


114  LETTRES 

de  ce  qui  s'ensuit  :  M""  de  Bouillon  a  confessé  tout  ce  qu'il  faut  de 
son  propre  mouvement,  et,  par  sa  repentance,  pour  se  faire  trancher 
la  teste. 

Maintenant  il  demande  grâce  au  roy,  moyennant  qu'il  luy  remette 
la  place  de  Sedan. 

Tous  les  serviteurs  du  roy,  qui  sont  de  deçà,  jugent  qu'il  la  luy  doit 
accorder;  et,  si  ce  dessein  succède,  ils  seront  ravis  de  la  bonté  de 
Dieu  sur  la  France. 

Pour  le  faire  réussir,  le  d.  dvic  estime  qu'il  faut  aucunement 
tromper  sa  mère  et  le  peuple  de  Sedan,  se  conduisant  en  sorte  qu'ils 
croient  qu'on  ne  doive  faire  aucun  changement  en  ce  qui  est  du  gou- 
vernement politique  de  la  ville,  ny  des  presches,  escoles  et  sémi- 
naires qui  sont  pour  les  huguenots  dans  Sedan. 

Sur  cet  article  nous  le  conduirons  de  deçà  et  auprès  de  M"°  de 
Bouillon  comme  il  faut,  pourveu  que  nous  sachions  la  volonté  de  Sa 
Majesté;  car,  en  ce  cas,  je  prieray  M""  le  cardinal  Mazarin,  qui  s'est 
conduit  avec  grande  adresse  envers  M""  de  Bouillon ,  de  vouloir  aller  en 
poste  à  Mézières  pour  empescher  que  les  dames  ^  de  delà  ne  s'alarment 
mal  à  propos. 

M'  de  Bouillon,  de  son  costé,  faict  estât  d'envoyer  M'  le  comte  de 
Roussy,  qui  est  icy,  pour  faire  entendre  à  sa  mère  ses  intentions,  et 
Testât  auquel  il  est. 

Il  estime  qu'il  faut  mettre  là  dedans  un  gouvernevu  merveilleuse- 
ment sage  pour  se  bien  conduire  avec  les  habitans,  ministres  et  sa 
mère  qu'il  ne  croit  pas  qui  en  veule  sortir  sa  vie  durant,  mais  qui  ne 
demeurera  pas  dans  le  chasteau. 

Il  croit  qu'il  y  faut  d'abord  une  garnison  forte. 

Si  j'adjoustois  foy  aux  impostures  par  les  quelles  M' le  Grand  avoit 
desbauché  les  esprits  quil  a  révoltez  contre  le  roy  et  contre  ses  créatures , 
je  ne  dirois  point  mon  avis  sur  ce  sujet,  ce  misérable  leur  aiant  per- 
suadé autant  qu'il  a  peu  que  Sa  Majesté  avoit  une  telle  aversion  de 

'  La  femme  du  duc  de  Bouillon  et  la  duchesse  douairière ,  sa  mère. 


I 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  115 

« 

moy  que  depuis  que  je  luy  nommois  ou  présentois  quelques  uns  pour 
des  employs,  leurs  affaires  estoient  faites  dans  son  cœur.  Mais  pour  faire 
voir  la  confiance  que  j'ay  en  Sa  Majesté,  j'useray  de  la  mesme  liberté 
qu'il  a  tousjours  approuvée,  sans  la  quelle  on  ne  sçaiuoit  servir  un 
maistre,  luy  disant  franchement  ce  que  je  pense,  ensuitte  de  quoy  il 
fera  librement  ce  qu'il  luy  plaira. 

J'estime  donc  que  l'homme  le  plus  propre  qu'on  puisse  mettre  en 
cette  charge  est  Faber\  aiant,  à  mon  avis,  toutes  les  qualités  requises 
pour  adoucir  les  aigreurs  et  d'une  femme  et  d'un  peuple  qui  d'abord 
seront  affligés  de  se  voir  sousmis  à  une  domination  sous  la  quelle  ils 
appréhenderont  du  changement  pour  leur  religion. 

Je  croy  que  le  roy  doit  envoyer  commander  aux  onze  compagnies 
des  gardes  qu'il  a  envoyées  à  la  Mote,  d'aller  droit  à  Rhétel,  et  nous 
envoyer  icy  un  ordre  secret  aux  d.  gardes  pour  faire  ce  qui  leur  sera 
ordonné  par  M' le  cardinal  Mazarin. 

Si  le  roy  approuve  le  s'  Faber,  il  me  commandera  de  l'envoyer  quérir, 
et  je  l'envoieray  en  poste  trouver  mon  d.  s'  le  cardinal. 

Cet  affaire  doit  estre  secrétissime ,  car  on  n'en  peut  commencer 
l'exécution  qu'après  le  jugement  de  M"^  le  Grand;  ensuitte  du  quel 
M""  de  Bouillon  envoira  prier  M""  le  chancelier  de  le  voir;  et,  en  présence 
de  la  plus  part  des  juges  il  le  supliera  de  différer  son  jugement  jus- 
ques  à  ce  qu'il  ait  peu  envoyer  conjurer  le  roy  de  luy  donner  grâce,  à 
condition  de  luy  remettre  Sedan. 

Le  roy  se  confiera,  s'il  lui  plaist,  que  nous  n'oublierons  rien  en  la 
conduitte,  quand  nous  sçaurons  ses  volontez. 

Il  faudra  que  M'^le  cardinal  Mazarin  porte  la  grâce  de  M"' de  Bouillon, 
pour  la  donner  à  M""'  sa  mère,  lorsque  la  garnison  entrera  dans  la 
place. 

Je  ne  vous  dis  rien  du  revenu  de  Sedan,  parce  que  nous  ajusterons 
l'affaire  quand  le  roy  sera  dans  la  place. 

Il  est  temps  qu'il  plaise  au  roy  d'envoyer  M'  de  Vaubecour,  qu'il  a 

'  De  Noyers  répondait  le  7,  de  Mon-  la  proposition  de  M'Faber pour  Sedan.  .  .  » 
ceaux  :  •  Le  roy  a  parlaitenient  bien  receu        (Ms.  cité  aux  sources,  fol;  87.) 


I 


116  LETTRES 

choisy,  pour  Perpignan,  et  je  croy  qu'il  est  à  propos  qu'il  vienne  en 
poste. 

Thiault  dict  qu'il  n'a  point  l'ordre  pour  les  3oo  mil  livres  qu'il 
présuppose  devoir  estre  fournis  par  luy  pour  le  ravitaillement  de  la 
place;  nous  ferons  le  mieux  que  nous  pourrons  estans  à  Lyon,  et  ce- 
pendant on  y  donnera  ordre  de  la  coxu'. 

Vous  sçavés  ce  que  nous  avons  faict  pour  la  montre  d'Italie'.  Nous 
ne  perdrons,  s'il  plaist  à  Dieu,  aucune  occasion  de  servir. 

M''  le  Grand  arrive  demain  à  Lyon. 

Je  renvoyé  M"^  de  Grançay  avec  ses  troupes  à  la  Mote. 

Il  faut  bien  prendre  garde  à  ne  mettre  pas  des  Suisses  huguenots 
Sedan. 

La  résolution  que  le  roy  a  prise  de  faire  venir  dire  la  vérité  à  M"^  de 
Beaufort  est  excelente. 

M''d'Hvulicourt  ou  M'  Bourdonné  me  sembleroient  bien  propres  pour 
Landrecy.  Je  croy  que  M"'  d'Hudicourt  tiendroit  sa  garnison  plus  com- 
plette  et  plus  réglée,  et  ses  fortifications  plus  parfaites. 


LXVII. 
Aff.  étr.  France,  t.  loi,  1642.  —  Minute  de  la  mairi  de  Charpentier. 

DÉCLARATION  DU  ROY 

SUR  SON  VOYAGE  DE  ROUSSILLON  *. 

Vers  le  commencement  de  septembre  i642. 

Sur  la  fin  de  la  campagne  précédente ,  après  la  prise  de  Bapaume , 

'   Voy.  ci-dessus,  p.  io2,  et  ce  que  Ri-  l'ut  dans  sou  interrogatoire  du  3 1  août  que 

chelieu  ajoute  dans  une  lettre  du  9  sep-  le  duc  de  Bouillon  parla  du  voyage  du  roi 

tembre,  p.  119.  ~  en   Roussillon,    et    l'on   peut   croire   que 

*  Ceci  est  écrit  au  dos,  de  la  ;nain  de  Richelieu  se  hâta  de  demander  au  roi  une 

Cherré.  Le  manuscrit  ne  nous  donne  point  déclaration  qui  pouvait  avoir  quelque  in- 

la  date  de  cette  déclaration;  mais  nous  fluence  sur  les  juges  de  Cinq-Mars.  Cha- 

voyons ,  par  les  pièces  du  procès ,  que  ce  vigni  et  de  Noyers ,  qui  étaient  alors  au- 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  117 

je  dis  un  jour  à  mon  cousin  le  cardinal  de  Riclielleu  que  j'estois  en 
peine  et  ne  voiois  pas  quelles  entreprises  on  pourroit  faire  doresenavant 
en  Flandres ,  veu  la  difficulté  qu'il  y  auroit  à  faire  porter  des  vivres 
aux  places  avancées  que  l'on  pourroit  attaquer,  et  que  je  le  priois  de 
me  dire  ce  qu'il  pensoit  que  l'on  pourroit  faire  l'année  suivante. 

H  me  respondit  que  mes  pensées  estoient  très  fondées ,  qu'il  croioit 
qu'il  faloit  se  mettre  sur  la  deffensive  du  costé  de  Flandres,  tant  à  cause 
de  la  dicte  difficulté  des  vivres,  que  par  ce  aussy  que  tout  ce  qu'on 
pouvoit  espérer  de  ce  costé  là,  où  les  ennemis  avoient  des  forces 
aguerries,  estoit  de  prendre  une  place  en  chaque  campagne,  ce  qui 
ne  ruineroit  pas  les  affaires  du  roy  d'Espagne  et  ne  l'obligeroit  pas  de 
venir  à  la  paix,  qui  est  la  seule  fin  qui  m'avoit  mis  les  armes  en  main. 

Qu'à  son  avis,  le  seul  moyen  de  contraindre  le  d.  roy  à  ce  à  quoy 
la  raison  ne  l'avoit  pu  porter  jusques  icy,  estoit  de  l'attaquer  dans  son 
propre  pays;  et  que,  par  cet  effect,  il  estimoit  qu'il  faloit  faire  passer 
pendant  l'hiver  lo  ou  12  mille  hommes  de  pied  en  Languedoc,  et 
2  mille  chevaux  pour  fortiffier  les  troupes  qui  estoient  dans  le  Rous- 
sillon ,  et  leur  donner  lieu  d'ataquer  puissamment  au  mois  de  mars  le 
pays ,  et  passer  plus  avant  si  cette  conqueste  réussissoit  heureusement. 

J'approuvày  cet  avis;  mais  considérant  que,  par  ce  moyen,  je  n'au- 
rois  rien  à  faire  en  mon  particulier,  je  demanday  sur  le  champ  à  mon 
d.  cousin  s'il  ne  vaudroit  pas  mieux  que  j'y  allasse  en  personne. 

A  quoy  il  me  respondit  que  ce  n'estoit  point  à  mes  serviteurs  à  me 
conseiller  de  tels  voiages,  mais  bien  à  moy  mesme  à  considérer  ce 
que  ma  santé,  me  pouvoit  permettre  et  ce  à  quoy  mon  inclination  me 
portoit;  que  tout  ce  qu'il  me  pouvoit  dire,  en  ce  sujet,  estoit  que  si, 
après  y  avoir  bien  pensé,  je  me  résolvois  audit  voiage,  il  m'y  suivroit. 

Sur  cela  je  luy  dis  que  j'aimois  beaucoup  mieux  l'entreprendre  que 
de  demeurer  les  bras  croisez  à  Saint-Germain,  ce  qu'il  savoit  bien  estre 
contre    mon  humeur;  mais  que  toute  ma  crainte  estoit  qu'il  n'eust 

près  du  roi,  ne  manquèrent  pas  de  lui  iniers  jours  de  septembre.  Dans  ce  temps- 
faire  donner  prompte  satisfaction;  la  dé-  là  un  courrier  exprès  de  Lyon  à  Paris 
ciaration  put  donc  être  signée  dès  les  pre-        faisait  la  route  en  trois  ou  quatre  jours. 


18 


LETTRES 


pas  assez  de  force  pour  en  supporter  la  fatigue.  A  quoy  il  me  dit  qu'il 
me  prioit  de  n'avoir  point  de  considération  à  sa  personne  en  ce  sujet, 
tant  parce  qu'il  estimoit  que  Dieu  l'assisteroit  en  me  servant,  cjue  par 
ce  aussy  qu'il  ne  faisoit  point  de  distinction  entre  mourir  en  un  lieu 
ou  en  un  autre;  que  c'estoit  à  moy  à  penser  à  loisir  à  ce  dessein,  et  à 
luy  de  se  conformer  à  ce  que  je  résoudrois. 

Depuis  je  me  résolus  de  plus  en  plus  à  ce  voiage,  croiant  qu'il  me 
seroit  glorieux,  et  ne  pouvant  me  résoudre  à  demeurrer  à  Saint-Ger- 
main plustost  qu'en  mes  armées  qui  agiroient. 

Ce  que  dessus  est  la  pure  vérité,  que  j'ay  voulu  faire  mettre  par 
escrit ,  sur  ce  que  j'ay  veu ,  par  la  recognoissance  que  le  duc  de  Bouillon 
faict  de  sa  faute,  que  le  s''  de  Cinq-Mars  luy  a  voulu  persuader  que 
mon  cousin  le  cardinal  de  Richelieu,  qui  m'a  tousjours  conseillé  pour 
mon  bien,  m'avoit  porté  à  entreprendre  ce  voiage  à  mauvais  dessein, 
et  que  je  le  faisois  mal  volontiers,  ce  qui  paroist  d'autant  plus  faux  que 
c'est  moy  mesme  qui  en  ay  eu  les  premières  pensées,  et  qui  en  fis 
l'ouverture  à  mon  d.  cousin,  en  présence  des  s"  de  Chavigny  et  de 
Noyers  '. 


'  Cette  déclaration  du  roi ,  faite  évidem- 
ment sur  la  demande  du  cardinal ,  a  été 
rédigée  par  lui.  Richelieu  met  ainsi  dans  la 
bouche  du  roi  lui-même  le  démenti  qu'il 
donne  à  ses  ennemis.  Ils  lui  imputaient  de 
sacrifier  aux  succès  de  son  ambition  la 
santé ,  la  vie  du  roi  ;  c'est  le  roi  qui  déclare 
l'accusation  calomnieuse,  c'est  lui  seul  qui 
a  voulu  faire  ce  qu'on  impute  à  crime  à  Ri- 
chelieu de  lui  avoir  conseillé,  et  il  l'a  fait 
presque  contre  l'avis  de  son  ministre  ;  bien 
plus,  c'est  le  ministre  qui  risque  sa  santé 
pour  le  service  du  roi.  La  vérité  est  que 


Richelieu  désirait  vivement  que  Louis  XIII 
vînt  au  siège  de  Perpignan ,  car  l'affaire  lui 
tenait  à  cœur,  et  la  présence  du  roi  était 
toujours  un  grand  encouragement  pour  ses 
troupes  ;  mais ,  en  même  temps ,  le  cardinal 
avait  pris  ses  précautions,  afin  que,  s'il 
arrivait  quelque  malheur,  on  ne  pût  le  lui 
imputer.  Peut-être  regretta-t-il  la  résolution 
qu'il  avait  fait  prendre  au  roi,  lorsque,  la 
maladie  le  forçant  de  rester  en  chemin ,  il 
vit  Louis  XIII  entièrement  abandonné  à 
l'influence  de  ses  ennemis  ;  ce  fut  à  lui  que 
le  conseil  faillit  être  funeste. 


BU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  IJ9 


LXVIIl. 

Arch.  des  Aff.  élr.  France,  16A2,  de  septembre  en  décembre,  fol.  hi-  — 

Original ,  sans  signature ,  de  la  main  do  Clierré  ; 

minute  de  la  même  main ,  au  fol.  U"]- 

[A  M.  DE  CHAVIGNI  ET  DE  NOYERS'.] 

De  Lyon,  ce  9  septenibic  1642. 

Vous  sçaurés  par  M'  de  Sevignl  que  si  nous  n'eussions  envoie  la 
montre  d'icy,  rarmée  d'Italie  estoit  perdue.  A  cela  je  vous  diray  que 
la  présence  du  cardinal  de  Richelieu  et  de  son  frère  Coupechou 
Mazarin  n'ont  pas  esté  inutiles.  En  affaires  la  diligence  faict  tout,  je 
vous  lay  dict  cent  fois,  et  vous  nie  lavés  veu  pratiquer  toute  ma  vie. 
Sur  cela,  je  vous  diray  que  vous  n'en  avés  pas  usé  ainsy  en  l'envoy  du 
s'  de  Peny  à  Couloigne,  qui  a  trop  tardé  d'un  mois  à  partir,  ce  qui 
a  donné  lieu  à  Falirony  de  s'en  aller. 

J'attends  responce  de  Saladin.  Les  affaires  de  Lyon  vont  fort  bien. 
Le  procès  sera  vuidé,  comme  je  croy,  dans  cette  sepmaine;  et,  si 
l'affaire  de  Sedan  réussit,  je  suplie  le  roy  de  considérer  quel  chemin  il 
y  a  depuis  la  Rochelle  jusques  à  Pignerol,  Nancy,  Brizach,  Arras,  Per- 
pignan et  Sedan,  sans  compter  ce  qui  est  au  dedans  de  ces  limites.  En 
vérité,  bien  que  tout  soit  deub  à  la  bénédiction  de  Dieu,  et  à  la  vertu 
du  roy,  le  zèle  et  la  vigilance  de  sa  créature  n'y  ayant  pas  esté  inu- 
tiles, il  me  semble  qu'il  a  fallu  estre  démon  comme  M''  le  Grand  pour 
vouloir  persécuter  et  perdre  un  homme  qui  a  si  bonne  intention  pour 
la  France  et  pour  le  service  de  son  maistre. 

Tay  envoyé  260  bons  chevaux  à  M'  du  Hallier,  commandés  par  le 
baron  d'Arzilhers. 

Je  supplie  le  roy  de  trouver  bon  que  M'  de  Noyers  envoie,  dès  à 
présent,  de  l'argent  et  un  de  ses  faciendaires  à  Ardres^  pour  faire  tra- 

'  La  suscription  manque ,  mais  une  lettre  de  de  Noyers  du  1 1  dit  que  cette  lettre 
était  adressée  à  tous  deux,  —  '  Voy.  ci-après ,  p.  1 3o. 


120  LETTRES 

vailler  aux  dehors  tout  l'hiver,  et  qu'on  donne  quartier  d'hiver  dans  le 
Boulonnois  à  deux  bons  régiments,  parce  que  cette  place  est  la  seule 
que  les  ennemis,  sortant  de  bonne  heure  en  campagne,  comme  ils 
ont  faict  cette  année,  pourroient  emporter,  sans  cette  précaution, 
devant  cpi'on  soit  en  estât  de  la  secourir. 

Je  vous  prie  de  ne  négliger  point  cette  aflFaire,  et  de  croire  que,  si 
on  n'y  prend  bien  garde,  les  ennemis  nous  préviendront  à  mettre  en 
campagne. 

'  M'  le  cardinal  Mazarin  vous  escrit  par  M'  de  Sevigni,  que  je  vous 
prie  de  favoriser  en  ce  qui  vous  sera  possible. 


LXIX. 

Arch.  des  AfT.  étr.  France,  iG42 ,  t.  loi.  —  Mbe  au  net  de  la  main  de  Cberré*. 

Bibl.  inip.  Baluze,  pap.  arm.  lett.  paq.  ii,  n"  2  et  3,  fol.  i5  v*.  — 

Copie  de  la  main  de  Baluze. 

[AU  CHANCELIER.] 

[Vers  le  lo  septembre  '.] 

Aussy  tosl  que  M' le  Grand  sera  jugé  et  que  son  arrest  aiu-a  esté  mis 
à  effect.  M'  de  Bouillon  priera  instament  le  s'  de  Boislouët  daller 
trouver  M' le  Chancellier  pour  le  supplier  qu'il  le  puisse  voir. 

M' le  Chancellier  ira,  s'il  luy  plaist,  accompagné  de  six  des  commis- 
saires; et  lors  M"^  de  Bouillon  luy  dira  qu'ayant  sceu  le  jugement  et 

'  Ce    dernier   paragraphe    n'est  point  procédure  contre  les  trob  accusés.  La  note 

dans  la  minute.  que  Mazarin  a  écrite  en    marge   du    ms. 

'  Vovez  la   note   1   de  la  pièce  du  26  prouve  qu'au  moins  la  pièce  lui  fut  com- 

seplembre,  intitulée  :•  Mémoire  de  M.  le  muniquée;     il    est    même    vraisemblable 

cardinal  de  Richelieu  pour  M.  le  cardinal  qu'elle  fut  envoyée  à   tous  deux.  Riche- 

Mazarin.  •  lieu  dictait  ici  le  langage  qu'il  voulait  faire 

^  La  date  manque  ainsi  que  la  suscrip-  tenir  au  duc  de  Bouillon ,  et  que  Séguier 

tion  ;   mais  on   voit   que   cela    doit   avoir  et  Mazarin  étaient  chargés  de  lui  inspirer, 

été  écrit  pour  Mazarin ,  chargé  d'une  mis-  Quant  à  la  date .  elle  devait  être  très-voi- 

sion    non    ostensible   auprès   de   M.    de  sine  de  celle  de  la  condamnation  des  deux 

Bouillon,  ou  pour  Séguier,  qui  dirigp.ait  la  autres  accusés. 


.DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


121 


l'exécution  de  M'  de  Cinq-Mars,  et  cognoissant,  par  les  charges  qui 
sont  contre  luv  et  sa  propre  confession,  qu'il  ne  sçauroit  éviter  un 
pareil  événement,  s'il  estoit  jugé,  il  le  suplie  au  nom  de  Dieu  de  dif- 
férer à  mettre  son  procès  sur  le  bureau  jusques  à  ce  qu'il  ayt  response 
d'une  proposition  qu'il  veut  faire  au  roy. 

Que  la  place  ayant  esté  cause  de  tous  ses  malheurs,  et  estant  extres- 
mement  importante  poiu-  la  France,  il  suplie  le  roy  de  la  recevoir  et  la 
prendre  en  ses  mains,  et  luy  donner  grâce'. 

Qu'il  n'a  point  de  condition  à  faire  avec  son  maistre;  qu'il  la  luy 
remettra  purement  et  simplement  pour  en  user  ainsy  qu'il  semblera 
bon  à  Sa  Majesté.  Et  cependant-  cpi'il  dressera  un  mémoire  particu- 
lier de  ce  qu'il  désireroit  en  remettant  la  dite  place,  lesquelles^  toute- 
fois il  somnet  à  la  volonté  du  roy. 

Qu'il  ne  faict  point  cette  proposition  pourgaigner  temps  et  allonger 
cette  affaire,  parce  qu'il  prétend,  si  Sa  Majesté  l'aggrée,  luy  faire  re- 
mettre la  dicte  place  de  Sedan  dans  dix  joiu-s,  envoyant  expressément 
à  Sedan,  comme  il  fera,  l'un  de  ses  beaux  frères  à  cet  effect*". 


'  Baluze  s'arrête  ici ,  et  met  en  note  : 
■  Le  reste  est  comme  dans  le  procès-verbal 
de  M.  le  Chancelier  du  1 3  septembre . 
jusques  à  ses  beaux  frères  à  cet  ejject.  »  (  Ma- 
nuscrit de  Baluze  cité  aux  sources ,  fol.  1 6.) 

'  Mazarin  a  écrit  en  cet  endroit,  à  la 
marge  :  «  qu'il  prendra  l'ardiesse  d'escrire 
un  petit  mot  à  M'  '  le  cardinal  duc ,  pour  faire 
conobtreàS.  Em.  ce  qui  est  de  son 

intention,  la  quelle  seroit  toutefois  entiè- 
rement à  la  volonté  du  rov.  •  Cette  phrase 
semble  un  changement  proposé  pour  la  fm 
du  paragraphe ,  dont  une  partie  a  été  sou- 
lignée. Nous  laissons  en  blanc  trois  mots 
en  abréviation  que  nous  ne  pouvons  lire. 

'  Ce  mot  n'a  ici  de  relation  gramma- 
ticale avec  rien  ;  mais  la  phrase  se  com- 
prend :  •  les  choses   qu'il  désireroit .  .     • 

'  On  sait  le  résultai  des  conférences  du 


chancelier  et  de  Mazarin  avec  le  duc  de 
Bouillon  ;  celui-ci  donna  Sedan  pour  sauver 
sa  vie.  On  vient  de  voir  que,  deux  jours 
avant  le  jugement,  Richelieu  parle  de 
Gnq-Mars  et  d'Aug.  de  ïhou  comme  de 
gens  à  qui  on  a  déjà  coupé  la  tète.  11  faut 
convenir  que  Mazarin  et  le  chancelier 
avaient  là  un  argument  très-propre  à  se- 
conder leur  éloquence  et  à  triompher  des 
hésitations  du  duc  de  Bouillon.  L'abo- 
htion  fut  donnée  par  le  roi,  et  Sedan 
fut  remis  à  Mazarin  par  la  duchesse  le 
29  septembre.  Voyez  plus  loin,  à  la  date 
du  26,  l'instruction  donnée  à  Mazarin 
allant  recevoir  la  ville  de  iSedan  des  mains 
de  la  duchesse.  L'engagement  qu'avait 
pris  Mazarin  à  l'égard  du  prince  com- 
plice de  Cinq-Mars ,  portait  :  «  Tout  aussv 
•tost  que  la  ville ,  chasteau  et  citadelle  de 


CABSia.   OB   RICHELIEC.  - 


>6 


122 


LETTRES 


LXX. 

Cabinet  de  S.  A.  R.  M^'  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

[AU  ROI.] 

De  Lentilly,  ce  12'  septembre  i642. 

Vostre  Majesté  aura  tout  à  la  fois  deux  nouvelles  bien  différentes  : 

L'une  est  la  rédition  de  Perpignan,  qui  est  la  plus  belle  et  la  plus 
considérable  place  de  la  terre  pour  la  France  ; 

L'autre  est  la  condamnation  et  l'exécution  de  M""  le  Grand'  et  de 
M''  de  Thou,  qui  se  sont  trouvez  sy  coulpables  au  jugement  de  tous 
leurs  juges-  qu'ils  ne  virent  jamais  un  procès  sy  clair. 

Ces  deux  événements  font  voir  combien  Dieu  ayme  Vostre  Majesté. 
Je  le  suplie  qu'il  continue  à  verser  ses  bénédictions  sur  elle,  et  qu'il 
me  renvoie  la  santé  que  je  désire  pour  la  servir. 


Sedan  seront  entre  les  mains  de  Sa  Ma- 
jesté, on  donnera  tous  les  ordres  néces- 
saires pour  faire  sortir  le  s'  duc  de  Bouil- 
lon du  chasteau  de  Pierrencise ,  pour  aller 
à  Roussy,  Turenne  ou  autre  de  ses  mai- 
sons telle  qu'il  luy  plaira.  Faict  à  Lyon, 
le  i5  septembre  1642.  Le  cardinal  Maza- 
rini.  »  (Voy.  l'Hist.  de  Mazarin,  d'Aubry, 
p.  gS  de  l'éd.  de  1688.)  L'acte  d'aboli- 
tion, dont  Richelieu  a  sans  doute  donné 
le  thème,  et  qui  même  emprunte  quelques 
passages  à  la  présente  pièce ,  a  dû  être  ré- 
digé à  la  chancellerie.  J'en  ai  vu  le  texte 
aux  Affaires  étrangères  (France,  1 642  ,  de 
septembre  à  décembre,  fol.  69).  Une  copie 
se  trouve  à  la  Bibliothèque  imp.  dans  un 
manuscrit  de  Béthune  (9237,  fol.  1  r4) ,  où 
cette  pièce  est  précédée  d'une  lettre  du  duc 
de  Bouillon  au  cardinal,  datée  de  Pierre- 
Encise,  le  i3  septembre.  Dès  le  lendemain 
de  l'exécution ,  le  duc  écrit  «  qu'il  a  fait  le 
matin  au  chancelier  une  ouverture  ;  il  offre 


de  céder  la  vill«  et  le  château  de  Sedan  au 
roY  à  condition  qu'on  lui  accordera  la  vie  et 
la  lilserté.  Il  dépendra  toute  sa  vie  du  roy 
et  du  cardinal.  »  (France,  septembre-déc. 
fol.  39.  Copie  de  la  main  de  Cherré.) 
L'abolition  fut  enregistrée  au  parlement  le 
5  décembre.  Le  23  octobre,  la  Gazette 
avait  informé  le  public ,  en  termes  magni 
fiques,  de  la  cession  de  Sedan.  (P.  985.) 

'  Le  mot  cruel  imputé  à  Louis  XIII  au 
sujet  du  supplice  de  son  ancien  favori  est 
évidemment  inventé.  Non-seulement  le  roi 
n'a  pu  savoir  à  l'avance  l'heure  de  l'exécu- 
tion, il  est  même  tout  à  fait  impossible 
qu'il  ait  su  le  jour  du  jugement.  Le  P. 
Griffet  (p.  536)  ie  rapporte  sur  la  foi  de 
Montglat,  et  celui-ci  ne  peut  l'avoir  cité 
que  sur  quelque  ouï-dire  qu'il  n'a  pas 
pris  la  peine  de  vérifier. 

*  Pour  de  Thou  les  juges  n'ont  pas  été 
unanimes;  deux  ont  refusé  de  conclure  à 
la  mort.  (Voy.  ci-après,  p.  ia5.) 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


123 


LXXI. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  1642,  de  septembre  en  décembre,  fol.  59.  — 
Original  de  la  main  de  Clierré. 

SUSCRIPTION: 

POUR  m.  DE  CHAVIGNY, 

SECRÉTAIRE   D'BSTAT. 

De  Leiitilly,  ce  1  2  septembre  16/42. 

J'ay  tant  de  choses  à  vous  escrire  que  je  ne  le  sçaurois  faire.  Ces 
trois  mots  vous  apprendront  que  Perpignan  est  ez  mains  du  roy,  et 
que  M'  le  Grand  et  M""  de  Thou  sont  en  l'autre  monde',  où  je  prie 
Dieu  qu'ils  soient  heureux.  Je  vous  en  diray  davantage  une  autre 
fois  *. 

M'  du  Lieu,  maistre  des  coiuriers  de  Lyon,  demande  à  establir  un 
bureau  de  la  poste  dans  Perpignan,  et  prétend  que  cela  luy  appartient, 
tant  comme  maistre  des  courriers  des  pays  estrangez,  que  parce  que 
les  bureaux  du  bas-Languedoc ,  dans  lequel  Perpignan  est  comme  en- 
clavé, luy  appartiennent.  Il  dit  que  cela  luy  donnera  moyen  de  bien 
servir.  Vous  verrez  si  c'est  chose  qui  se  puisse  sans  faire  préjudice  à 
vos  intérests  ou  à  ceux  de  M'  de  Nouveau  '. 


'  Nous  avons  une  lettre  autographe  de 
Séguier  à  Cliavigni,  datée  du  10,  où  nous 
lisons  :  «  Demain  vendredi  on  procédera  au 
jugement . . .  l'on  diffère  le  jugement  de 
MM.  de  Bouillon  et  de  Thou  après  la  con- 
damnation du  sieur  le  Grand.  »Que  signifie 
cela?  C'est  que  le  1 1  septembre,  la  veille 
du  jugement ,  on  ne  croyait  pas  encore  pou- 
voir faire  condamner  de  Thou  à  la  peine 
capitale.  Cette  lettre,  que  nous  ne  voyons 
citée  nulle  part,  jette  une  lumière  nou- 
velle sur  la  fin  de  ce  procès  et  sur  le  récit 
assez  peu  clair  du  P.  Griffet  (p.  5ia  et 
suiv.),  où  l'on  entrevoit  quelque  perfide 
manœuvre  employée  au  dernier  moment 
et  lorsque  Cinq-Mars  allait  être  interrogé 


sur  la  sellette,  pour  obtenir  de  lui  un  té- 
moignage contre  de  Thou.  Nous  lisons 
encore  dans  la  lettre  du  chancelier  :  »  Je 
demeure  en  cette  ville  pour  achepver 
le  procès  tellement  que  je  ne  crois  pas 
partir  qu'au  commencement  du  mois  qui 
vient.  »  Pourquoi  la  prévision  de  ce  long 
retard  ?  tout  devait  être  fini  le  lendemain 
pour  Cinq-Mars;  tout  fut  fini  le  i5  pour 
M.  de  Bouillon,  qui  consentait  à  tout,  et 
le  chancelier  le  savait  bien. 

*  Voy.  p.  1 25 ,  la  lettre  du  1 5  septembre. 

'  M.  de  Nouveau  était  général  des  postes 
de  France;  mais  quel  intérêt  .y  avait 
Chavigni  ? 


■  (>. 


124  LETTRES 


LXXII. 

Cabinet  de  S.  A.  R.  M*'  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

POUR  M.  DE  NOYERS, 

SECnÉTAlBE  D'RSTAT,   EN   COUR. 

De  Lantilly,  près  Lyon,  ce  i  2'  septembre  i6ii2. 

Madame  d'Aiguillon  m'a  escrit  qu'on  vendra  les  meubles  de  la 
reyne,  et  que  le  roy  ayant  quantité  de  belles  tapisseries  ne  prendra 
pas  celles  qu'elle  avoit.  En  ce  cas,  je  seray  très  aise  de  les  achepter 
et  je  prie  M'  de  Noyers  d'adjuster  cette  affaire  avec  ma  niepce,  ne  les 
prétendant  qu'en  les  payant  comme  un  autre;  et,  à  dire  le  vray,  je 
les  conserveray  mieux  qu'on  ne  faict  celles  du  roy  dans  les  galletas 
où  elles  se  pourrissent;  et,  si  jamais  le  roy  les  vouloit  avoir,  je  les  luy 
bailleray  poiu"  le  mesme  prix  qu'elles  m'aïu-ont  cousté. 

Il  y  a  aussy  quantité  de  cristaux,  et,  entre  autres,  des  pièces  qui 
n'ont  point  de  semblables  dans  la  chrestienté.  Le  roy  en  a  desjà  beau- 
coup. La  raison  veut  qu'on  joigne  le  tout  ensemble  pour  en  faire  un 
beau  cabinet  dans  le  Louvre,  qu'on  puisse  montrer  aux  estrangers. 

Je  n'ay  pas  loisir  de  vous  escrire  plus  au  long. 

Perpignan  est  es  main  du  roy; 

Et  M' le  Grand  et  M'  de  Thou  en  l'autre  monde. 

Ce  sont  deux  effets  de  la  bonté  de  Dieu  pour  fEstat  et  poiu"  le  roy 
qu'on  peut  dire  estre  bien  esgaux. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU. 


125 


LXXIII. 

Bibl.  imp.  Saint-Germain-Harlay,  n°  47/4.  volume  non  chiffré  (vers  le  quart).  — 
Original  de  la  main  de  Cherré. 

SUSCRIPTION: 

POUR  M.  LE  CHANCELIER. 

De  Lentilly,  i3  septembre  1642. 

Je  remercie  M"'  le  Chancelier  du  soin  qu'il  a  pris  de  me  faire  savoir 
ce  qui  s'est  passé  en  l'exécution  du  jugement  de  M"  le  Grand  et  de 
Thou'. 

Je  le  conjure  de  me  mander  confidemment  quels  sont  les  deux 
d'entre  les  juges  qui  n'ont  pas  opiné  à  faire  moiuir  le  dit  s'  de  Thou. 

Je  conjiu-e  aussy  M' le  Chancelier  de  se  reposer  et  d'avoir  soin  de 
sa  santé. 


LXXIV. 

Bibl.  imp.  Baluze,  pap.  des  arm.  lett.  paq.  i,  n°  1,  fol.  182.  — 
Copie  de  la  main  de  Baluze. 

A  iMESSIEURS  DE  CHA VIGNY  ET  DE  NOYERS  l 

De  Tarare,  ce  1 5  septembre  i64î. 

M'  le  Grand  est  mort  avec  constance  et  quelque  affectation  de 
mespriser  la  mort;  il  a  porté  son  humeur  hautaine  jusques  à  l'escha- 
faut,  ayant  désiré  d'en  avoir  un  séparé  de  celuy  auquel  seroit  exécuté 
M'  de  Thou  et  qui  eust  plus  de  dignité,  ce  qui  n'a  pas  esté,  comme 


'  C'étaient  MM.  de  Sautereau  et  de 
Miromesnil;  ce  sont  des  noms  que  l'his- 
toire doit  conserver.  Le  P.  Griffet  dit  que 
M.  de  Sautereau  changea  d'avis,  pour  se 
rangera  celui  de  la  majorité;  la  lettre  du 
chancelier  au  cardinal  prouve  le  con- 
traire. 


'  Nous  avons  la  réponse  du  roi  à  Ri- 
chelieu dans  une  lettre  de  Chavigni  du  1 9  ; 
Louis  XIII  donna  pleine  satisfaction  à  son 
ministre  :  «  Sa  Majesté  a  esté  bien  aise 
d'apprendre ,  par  la  veue  des  mémoires  de 
M''  du  1 5  de  ce  mois ,  les  circonstances 
de  la  mort  de  M'  le  Grand.  » 


126  LETTRES 

vous  pouvés  croire.  Jusques  à  la  prononciation  de  son  arrest  il  avoit 
apparemment  peu  pensé  en  Dieu.  Son  confesseur  tesmoigne  estre 
fort  content  de  sa  repentance  et  de  Testât  auquel  il  est  mort.  11  a 
parlé  sur  la  selete,  de  son  propre  mouvement,  fort  avantageusement 
de  moy  ^ 

M'  de  Thou  est  mort  avec  plus  d'inquiétude,  grande  dévotion  et 
grande  humilité. 

Le  dit  s''  le  Grand  a  voulu  parler  deux  fois  en  particulier  à  M'  le 
Chancelier;  en  l'une  il  prenoit  le  chemin  de  vouloir  parler  de  son 
maistre,  mais  M"'  le  Chancelier  le  rembarra  sy  vertement  et  sy  forte- 
ment qu'il  s'arresta  ^  ;  à  l'autre ,  il  a ,  pour  la  descharge  de  sa  cons- 
cience, déclaré  que  Fontrailles  luy  conseilla  de  me  faire  tuer,  et  que 
F  s' estoit  envoyé  offrir  à  luy  de  le  faire ,  et  que  B  ^  luy  avoit  apporté 
cet  offre. 

Cette  cognoissance  ne  passera  point  le  roy.  M'  BouthiUier,  M'  Cha- 
vigny  et  M"'  de  Noyers;  autrement  il  seroit  impossible  de  prendre  F, 
ce  qui  est  du  tout  nécessaire. 

Je  laisse  à  la  prudence  et  à  la  bonté  du  roy,  et  à  ceux  qui  sont  au- 
près de  luy,  de  penser  aux  moyens  d'attraper  cet  homme,  lequel  a 
mandé  qu'il  sçavoit  le  moyen  d'exécuter  sa  proposition,  et  qu'il  ne 
demandoit  au  dit  s''  le  Grand  que  protection.  On  dit  qu'il  vient  cpiel- 
quefois  chez  son  beau  père  à  Paris;  si  cela  est  il  sera  bien  aysé  de 
le  prendre. 

Je  croy  qu'il  va  assez  souvent  à  Chartres,  il  faut  s'en  enquérir  bien 
secrètement.  Il  faut  prendre  garde  s'il  n'ira  point  voir  Monsieur. 

'   Richelieu  exagère;   le  procès -verbal  à  dire   maintenant  que  Cinq -Mars    était 

constate  que  Cinq-Mars  a  parlé  de  lui  en  mort, 
termes  convenables  seulement.  '  «  Sa  Majesté  ayant  veu  le  deschiffré 

'  «Sa  Majesté  eust  fort  désiré  que  M' le  du  mémoire  a  tesmoigne  une  grande  im- 

Chancelier  luy  eust  laissé  dire  tout  ce  qu'il  patience  de  veoir  les  deux  personnages  v 

vouloit  contre  elle;  cela  eust  confirmé  tout  dénommez  pris,  et  l'on  fera  pour  cet  effecl 

le   monde  dans  la  croyance  de  sa  mes-  toutes  les  diligences  imaginables.  »  (Lettre 

chanceté  et  de  son  extresme  ingratitude.  »  de  Chavigni.) 
(Lettre  de  Chavigni.)  Voilà  qui  était  bon 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  127 

Je  croy  qu'il  se  faudra  fier  de  cette  afifeure  au  prevost  de  l'Isle,  iuy 
recommandant  le  secret  extraordinairement. 

Quant  à  B,  s'il  paroist  de  delà,  il  faudra  le  faire  prendre  aussy,  et 
dire  qu'on  le  prend  pour  n'avoir  point  esté  à  sa  compagnie. 

M""  le  Grand  a  escrit  une  lettre  à  sa  mère ,  et  un  billet  de  ses  debtes. 
J' envoyé  le  tout  afin  que  le  roy  en  fasse  user  comme  il  l'estimera  à 
propos.  Il  convie  sa  mère  à  demander  les  cent  mil  escus  qu'il  a  em- 
ployés en  sa  charge,  mais  je  me  rencontreray  sans  doute  en  ce  point 
de  mesme  advis  avec  Sa  Majesté,  et  ceux  qui  sont  auprès  d'elle  de 
delà',  la  raison  ne  permettant  pas  qu'un  tel  crime  ayt  esté  commis  sans 
quelque  diminution  en  ime  maison  pleine  de  biens  par  les  bienfaits  du 
roy,  et  ce  d'autant  plus  que  la  diminution  est  petite  au  respect  des 
richesses  qu'elle  possède. 

Je  croy  qu'après  avoir  donné  trois  semaines  ou  un  mois  à  madame 
d'Effiat  de  demeurer  à  Chilly,  puisqu'elle  y  est  encore,  pour  vérifier 
les  dettes  de  son  fils,  si  elle  le  veut  faire,  ce  dont  je  doute,  il  la  faut 
envoyer  en  Tovuaine,  ainsy  qu'on  avoit  premièrement  résolu.  Tels 
esprits  ne  font  rien  de  bien  proche  de  Paris,  où  toutes  sortes  de  nies- 
chancetés  se  projettent  d'ordinaire. 

Mademoiselle  d'Espesses,  c'est-à-dire,  autant  qu'on  peut  juger,  ma- 
dame d'Effiat  sous  son  nom,  avoit  envoyé  un  Espagnol  déguisé  en 
gueux,  avec  deux  billets  dans  un  bouton  et  dans  une  plume,  pour 
donner  à  M'  le  Grand;  le  tout  a  esté  pris.  Ces  billets  estoient  des 
conseils  à  leur  mode. 

Le  joiu-  auparavant  que  M' le  Grand  momut,  sa  pensée  et  ses  dis- 
cours estoient  du  prix  qu'il  vouloit  vendre  sa  charge ,  dont  il  ne  vou- 
loit  pas  moins,  à  son  compte,  que  quatre  à  cinq  cens  mil  escus. 

A  ce  propos,  je  croy  que  je  me  rencontreray  encor  volontiers  dans 

'  0  Sa  Majesté  a  veu  la  lettre  que  M.  le  par  le  mémoire.  Hle  se  passera  de  cent 
Grand  escrit  à  sa  mère,  et  a  tenu  indif-  mille  escus.  Sa  Majesté  n'estant  pas  ré- 
fèrent de  Iuy  rendre  ou  non;  ainsy  l'on  solue  de  les  Iuy  rendre.  •  (Lettre  de  Cha- 
luy  a  envolée,  avec  le  commandement  de  vigni.) 
se  retirer  en  Touraine ,  dans  le  temps  porté 


128  LETTRES 

la  pensée  du  roy,  luy  conseillant  de  faire  de  cette  charge  comme  il  a 
fait  de  celle  de  grand  maistre ,  c'est-à-dire  de  la  retenir  en  ses  mains. 
Sa  Majesté  prendra  plaisir  à  en  faire  le  destail,  et  gaignera  cent  mil 
livres  tous  les  ans^ 

M' de  Bouillon  a  eu  sy  grande  peur  de. l'exécution  de  ces  Messieurs, 
que  s'il  avoit  trois  Sedan,  il  les  donneroit  pour  sauver  sa  vie. 

M""  le  cardinal  Mazarin  partira  demain  avec  M''  le  comte  de  Roussy  et 
M'  d'Estrade,  et  je  croy  que,  la  vieille  madame  de  Bouillon  estant 
morte,  cet  affaire  ne  recevra  point  de  dilliculté. 

J'ai  envoyé  quérir  M'  Fabert  auquel  je  diray  ce  que  le  roy  veut  tou- 
chant sa  compagnie. 

Je  ne  sçaurois  assez  admirer  le  profit  que  le  roy  tire  de  cette  mal- 
heureuse conjuration  qui  estoit  faite  pour  sa  ruine. 

Vous  ne  m'avez  point  mandé  si  on  a  envoyé  ordre  au  P.  de  Fossés 
de  se  retirer  à  Angers;  je  persiste  à  l'estimer  nécessaire^. 

Je  croy  qu'il  seroit  bon  aussy  d'oster  de  Paris  la  vicomtesse  de 
Fruges^  et  sa  fille,  bien  dangereux  esprits;  et  que  Bourges  seroit  im 
vray  lieu  à  les  envoyer.  Si  on  ne  nettoyé  la  cour  et  les  lieux  circon- 
voisins  des  esprits  qu'on  cognoist  mal  intentionnés,  il  seroit  impossible 
de  faire  subsister  les  affaires. 

Joubliois  à  vous  dire  que  je  croy  que  l'abbé  d'Effiat  mérite  d'estre 
abaissé.  C'est  im  mauvais  petit  esprit  qui  ne  vit  pas  selon  Dieu.  Ma 
pensée  est  que  le  roy  peut  et  doit  révoquer  le  brevet  de  l'abbaye  du 
mont  Saint-Michel  S  estant  chose  assez  ordinaire  que  les  crimes  de 
lèze-majesté  privent  les  familles  de  beaucoup  de  grâce,  voire  mesme 
leur  attirent  des  peines,  ce  dont  il  n'est  pas  question  en  ce  fait  icy. 

'  «Sa  Majesté  retiendra  la   charge    de  comtesse  de  Fruges,  et  à  sa  fiHe,  de  s'en 

grand  escuyer  en  ses  mains ,  suivant  l'advis  aller   à  Bourges.»   (Lettre  de  Chavigni.) 

de  M*'.  »  (Lettre  de  Chavigni.)  Cette  dame  de  Fruges  est-elle  celle  dont  le 

*  «  Aussytost  que  M^'  manda  son  avis  cardinal  de  Retz  parle  dans  ses  Mémoires  ? 
sur  le  P.  de  Fossé ,  il  fut  exécuté ,  et  il  par-  '  «Sa  Majesté  a  ti-oùvé  fort  à  propos 

tit  de  Paris  deux  jours  après...»  (Lettre  darrester  l'expédition  des  bulles  de  l'ab- 

de  Chavigni.)  Vov.  ci-dessus,  p.  65.  baye  du   mont  Saint-Michel  pour  l'abbé 

'  •  L'on  fera  commandement  à  la  vi-  d'Effiat.  »  (Lettre  de  Chavigni.) 


DU   CARDINAL  DE   RICEIELIEU. 


129 


Sa  Majesté,  par  cette  abbaye,  pourroit  gaigner  le  cardinal  des  Urslns, 
ou  quelque  autre  des  plus  importans  cardinaux,  de  Rome;  et  les 
brevets  n'obligent  point  après  six  mois,  lorsqu'ils  ne  sont  point  exé- 
cutés, principalement  quand  il  arrive  de  nouveaux  sujets,  comme  il 
est  arrivé  en  cette  occasion. 

M'  d'Argenson  demande  avec  grande  instance  un  pouvoir  pour  faire 
faire  le  serment  aux  évesques  de  Catalogne'  qui  ne  l'ont  point  faict, 
afin  que  l'on  face  ensuilte  chasser  ceux  qui  ne  le  voudront  pas  faire. 
11  est  du  tout  nécessaire  de  le  luy  envoyer. 

Il  est  important  que  M''  d'Estrades  croye  que  le  roy  accorde  prin- 
cipalement la  grâce  à  M""  de  Bouillon  en  considération  de  M"'  le  prince 
d'Orange.  Je  luy  en  ay  parlé  ainsy;  et,  pour  lui  faire  croire,  je  luy  ay 
dit  que  Sa  Majesté  estimoit  que  pour  avoir  Sedan,  ce  qu'elle  voit 
bien  lui  estre  du  tout  utile,  le  moyen  de  faire  trancher  la  teste  à  M'  de 
Bouillon  estoit  un  moyen  plus  asseuré  que  de  luy  faire  grâce,  mais 
qu'elle  a  changé  sur  finstance  de  M' le  prince  d'Orange  ^.  Vous  parlerés 
ainsy,  s'il  plaist  au  roy,  et  Sa  Majesté  mesme  jouera  conformément 
son  personnage. 

J'ay  envoyé  les  deux  mille  hommes  de  M'  de  Lesdiguières  en  Italie, 
parce  que  M'  de  Longueville  demandoit  du  secours.  Il  se  promet  qu'il 
y  en  passera  quinze  cens  effectifs. 

M' le  Chancelier  et  moy  avions  résolu,  deux  jours  avant  le  juge- 
ment de  M''  le  Grand,  qu'il  seroit  condamné  à  estre  appliqué  à  la  (jues- 
tion,  mais  qu'on  ne  la  luy  feroit  que  présenter^;  ce  qui  a  esté  faict.  Il 
a  esté  condamné  tout  d'une  voix. 


'  Cliavigni  répond  qu'il  a  expédié  ce  pou- 
voir il  y  a  quelque  temps,  et  que  M.  d'Ar- 
genson doit  l'avoir.  (Lettre  du  ai  sep- 
teml)rc,  fol.   loi  du  même  nis  ) 

*  Pour  appuyer  ce  que  d  Estrades  devait 
faire  croire  au  prince  d'Orange ,  lliclielieu 
fit  mettre,  dans  l'article  précité  (ci-dessus 
p.  12  1  )  de  la  Gazette,  la  phrase  suivante  : 
•  La  miséricorde  de  Sa  Majesté  accorda  la 


vie  et  la  liberté  au  duc  de  Bouillon  par 
l'intercession  de  quelques  alliez  de  cette 
couronne ,  et  notanientdu  prince  d'Orange , 
et  aux  grands  services  que  luy  a  rendus 
le  vicomte  de  Turenne,  son  frère.  »  11  est 
douteux  que  le  prince  d'Orange  ait  bien 
voulu  être  dupe  de  cette  petite  ruse. 

'  Séguicr  avait  déjà  mandé  cela  à  Clia- 
vigni  le  lO  septembre  :  «Je   vous  mande 


CARDIN.  DE   niCHELIED.  —  VII 


130  LETTRES 

Je  supplie  le  roy  de  commander  à  M'  de  Noyers  d'envoyer  un  de  ses 
laciendaires  actif  et  entendu  à  Lerida  pour  faire  foitifier  cette  place  ' 
le  plus  diligemment  qu'il  se  pourra.  Cette  affaire  est  de  telle  impor- 
tance que  le  roy  d'Espagne  ne  peut  ruiner  les  Catalans  que  par  la 
prise  de  cette  place.  Je  ne  m'estends  pas  davantage  sur  ce  svijet, 
parce  que  le  roy  et  ceux  qui  sont  près  de  luy  scavent  fort  bien  ce 
que  je  leur  en  pourrois  dire. 


LXXV. 

Cabinet  de  S.  A.  R.  M''  le  duc  d'Aumalc.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

[A  M.  DE  NOYERS.] 

De  l.a  Fonlaiiic,  ce  i5*  scplenibie  1642. 

Ce  courrier  vous  va  trouver  de  la  part  de  M"  les  généraux  de 
Tannée  de  Roussillon,  pour  pourvoir  aux  nécessités  de  Perpignan  et 
de  Roussillon. 

Les  trésoriers  de  l'extraordinaire  des  guerres  méritent  une  ani- 
madversion  puissante.  Hier  leur  commis  me  vint  trouver  pour  me  dire 
que  les  trois  cens  mile  escus,  destinez  au  ravitaillement  de  Perpignan, 
estoient  à  Narbonne  ;  et  cependant  vous  verres  bien  qu'ilz  n'y  sont  pas , 
quoyqu'ilz  l'aient  receu,  par  sa  confession,  dès  le  8^  juillet. 

Je  vous  envoie  la  lettre  que  les  dits  trésoriers  m'ont  escrite  et  celle 
de  M' de  la  Melleraie.  Je  vous  prie  de  mettre  ordre  à  tout,  car  je  ne 
suis  point  capable  de  cela. 

celte  parlicularité  par  avance,  disait-il, afin  '   Richelieu  avait  fait  la  même  reconi- 

fjuc ,  si  l'on  faisoit  quelque  discours  au  roy,  niandation  pour  Ardres ,  dans  sa  lettre  du 

vous  puissiez  luy  faire  cognoistre  la  vérité.  »  9  septembre.  Chavigni  répond  que  M.  de 

(Arch.  des  Aff,  étr.  France,  16^2  ,  de  sep-  Noyers  a  fait  mettre  en  bon  état  l'une  et 

tembre  en  décembre,  fol   49)  I  autre  place. 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU.  131 


LXXVI. 

Cabinet  de  S.  A.  R.  M^  le  duc  d'Aumalc.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  1642,  de  septembre  en  décembre,  fol.  87.  — 

Minute,  même  secrétaire. 

[A   M.  DE   NOYERS'.] 

De  La  Fontaine,  ce  16  septembre  tèii. 

L'empire  de  la  raison  devant  avoir  lieu  partout,  je  suis  bien  aise  de 
vous  dire  que  quand  je  vous  ay  mandé  que  j'achepterois  volontiers  des 
vieilles  tapisseries  de  la  reyne,  j'entends  si  le  roy  ne  les  prend  pas; 
et,  à  vous  dire  le  vray,  je  ne  mets  pas  grande  différence  entre  n'avoir 
point  le  palais  de  Luxembourg  et  l'avoir  démeublé.  Ainsy  ma  pensée 
est  que  le  roy  doit  prendre  tous  les  meubles  au  pri\  de  l'estimation 
et  du  parisis,  et  que  M'  de  Noyers  face  en  sorte  qu'on  me  laisse  seule- 
ment venir,  pour  mon  argent,  quelque  vieille  tapisserie,  non  des  pre- 
mières, mais  de  la  seconde  cla.sse,  ce  que  M""  de  Noyers  sçaiua  bien 
choisir. 

Je  me  trouve  bien  empesché  pour  mon  logement  de  Ruel,  et  je  ne 
sçay  comment  je  pourray  faire.  Je  pourray  bien  loger  ma  personne  en 
la  chamljre  où  j'ay  accoustumé  de  manger,  en  l'accomodant;  mais  il 
faudra  que  tous  mes  gardes  couchent  en  un  nouveau  bastiment  où 
j'ay  peur  qu'ils  tombent  tous  malades. 

Je  puis  loger  chez  M'  de  BuUion;  mais  je  ne  sçay  comme  logera  toute 
ma  fanùUe-,  et  oii  se  pourront  faire  mes  cuisines;  il  faudra  prendre 
les  logis  de  devant.  Je  croy  que  ce  dernier  party  sera  le  meilleur,  et 
je  vous  prie  d'avertir  M'  de  Bonelle'  de  faire  mettre  de  bons  châssis 

'   L'original    n'a  point  de  suscription;  xvii' siècle.  La  Fontaine  en  oflj-e  peut-être 

mais  le  nom  de  de  Noyers  se  trouve  au  dos  un  des  derniers  exemples  dans  sa  fable  : 

de  la  minute.  Cette  minute  porte  la  date  du  L'alouelle  et  ses  petits  avec  le  mattre  d'un 

18  septembre;  Richelieu  était  à  Roanne.  champ;  le  poète  v  met  nettement  en  oppo- 

'  Les  domestiques,  sens  latin  du  mol  sition  lafumille  et  les  parents. 
famille;  il  est  maintenant  passé  d'usage,  '  Le  fds  de  feu  Billlion. 

mais  on  s'en  servait  encore  chez  nous  au 

'7- 


132  LETTRES 

partout;  autrement  il  me  faudroit  tousjom-s  demeurer  à  Paris,  ce  qui 
seroit  terriliiement  contraire  à  mon  humur  ^ 

Je  suis  très  fasché  de  la  maladie  de  M'  de  Fours,  et  seray  très  aise 
de  tesmoigner  à  ses  enfans,  par  la  continuation  de  la  charge  qu'a  le 
père  à  Honfleur,  combien  j'estime  toute  la  maison. 


LXXVII. 

Cabinet  de  S.  A.  R.  M^'  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

[AU  ROI.] 

De  La  Fontaine,  près  Saint-Saphorin ,  ce  16'  septembre  1642. 

Je  ne  sçaurois  ny  assez  me  louer  de  la  bonté  qu'il  plaist  au  roy  me 
tesmoigner,  par  le  soin  qu'il  veut  prendre  de  ma  conservation,  ny 
trop  estimer  celuy  qu'il  a  de  pourvoir,  dès  cette  heure ,  à  ses  armées 
de  l'année  qui  vient  ^.  Ce  sont  des  effets  et  d'un  bon  maistre  et  d'un 
grand  roy.  Je  tascheray  de  recognoistre  les  uns  comme  je  doibs,  et  je 
n'oidalieray  rien  de  ce  qui  deppendra  de  moy  pour  seconder  les  autres. 
J'espère  que  tous  réussiront  au  contentement  de  Sa  Majesté,  que  je 
désire  plus  que  ma  propre  vie. 


'  Cette  ligne  n'est  pas  dans  la  minute, 
à  la  marge  de  laquelle  on  lit  :  0  ce  qui  se- 
roit très  incommode  pour  mon  escurie.  » 

'  Le  1  o  septembre ,  le  roi ,  qui  était  à 
Monceaux,  envoyait  à  Richelieu,  dans  un 
mémoire  autographe ,  un  projet  des  opéra- 
tions militaires  pour  1 6^3.  >  Si  vous  trouvés 
ledit  projet  bien  (écrit  Louis  XIII) ,  je  feray 
les  logemens  du  cartier  d'iver  sur  iceluy.  » 
Puis  dans  un  P.  S.  il  ajoutait  :  «  M"  de  Cha- 
vigny  et  de  Noyers  exécuteront  de  point 
en  point  les  deux  derniers  mémoires  que 
vous  avés  envoies.  »  Quant  à  l'établissement 


des  quartiers  d'hiver ,  chose  si  nécessaire  à 
une  époque  où  l'indiscipline  des  soldats 
ruinait  les  provinces  ,  le  roi  tint  la  pro- 
messe qu'il  faisait  de  s'en  occuper.  Dans  sa 
lettre  du  1 9  octobre ,  Henri  Arnauld  ap- 
plaudit à  cette  mesure  :  «  Le  roy  a  envoyé 
les  routes  pour  les  quartiers  d'hiver ,  et  en 
chaque  province ,  un  intendant  et  un  gen- 
tilhomme pour  les  faire  observer;  avec 
ordre  de  cliastier  sur  le  champ  ceux  qui 
logeront  autre  part  qu'aux  étapes  qui  seront 
eslablies.  Si  cela  est  bien  observé,  le  plat 
pays  aura  un  peu  de  repos.  » 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  133 


LXXVIII. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  France,  i64a,  de  septembre  en  décembre,  fol.  91.  — 

Original  de  la  main  de  Cherré.  Minute  de  la  même  main ,  fol.  88  et  89. 

Bibl.  imp.  Baluze,  pap.  des  arm.  iett.  paq.  i,  n°  1,  fol.  i34.  — 

Extrait  de  la  main  de  Baluze. 

[A  M.  DE  CH.\VIGNI\] 

De  Rouanc,  ce  18  septembre  16^2. 

Ayant  communiqué  ma  pensée  à  M""  le  cardinal  Mazarin,  qui  est 
icy,  sur  l'eschange  des  prisonniers,  il  le  renchérit  bien  sur  moy,  et 
tous  deux  ensemble  avons  formé  l'avis  qui  s'ensuit  : 

Il  n'y  a  point  d'apparence,  en  Testât  auquel  sont  les  affaires  d'Es- 
pagne ,  que  Dom  Francesco  de  Meloz ,  demandant  une  injustice,  con- 
traigne le  roy,  en  la  souffrant,  de  faire  ime  bassesse. 

Ayant  beaucoup  plus  grand  nombre  de  prisonniers  que  les  Espa- 
gnols et  de  plus  grand  tiltre,  et  le  défaut  des  nostres  qui  sont  pris 
ne  rendant  pas  nos  armées  sy  deffectueuses  comme  celles  d'Espagne 
(qui  n'en  sçauroient  faire  une  bonne  de  ce  costé  là  sans  les  prisonniers 
que  nous  avons),  il  est  plus  important  à  l'Espagne  de  ravoir  ses  pri- 
sonniers qu'à  nous  les  nostres. 

N'y  ayant  point  de  quartier  général  faict  et  arresté,  et  les  Espagnols 
ne  l'ayant  jamais  voidu  jusques  icy,  il  n'y  a  point  de  raison  de  ne 
vouloir  pas  consentir  à  l'eschange  des  prisonniers  qu'ils  ont,  selon  le 
nombre  et  la  qualité,  mais  vouloir  d'authorité  aljsolue,  estans  les  plus 
foibles,  donner  la  loy  selon  leur  volonté  et  leur  utilité. 

Ainsy  nous  estimons  que  le  roy  doit  demeurer  femie  en  la  proposi- 
tion qu'il  a  faite  d'eschanger  prisonnier  pour  prisonnier,  selon  sa  qua- 
lité, y  ayant  apparence  que  les  Espagnols  retirant,  par  ce  moyen, 

'  La  suscription  manque;  la  lettre  est-        réfère?  Un  secrétaire  de  Chavigni  a  écrit 
elle  adressée  à  Chavigni  et  à  de  Noyers ,        au  dos  :  «  Son  Eminence.  n 
comme  celle  du  i  5 ,  à  laquelle  celle-ci  se 


134  LETTRES 

grand  nombre  d'ofiiciers  en  Espagne,  ils  entendront  à  la  raison  par 
leur  utilité. 

Si  les  Espagnols  veulent  establir  un  quartier  général,  le  roy  le  peut 
et  le  doit  faire,  pour  l'avenir;  mais  il  ne  seroit  pas  raisonnable  qu'ils 
voulussent  en  retirer  l'effect  pour  un  temps  auquel  il  n'estoit  pas 
arresté,  la  France  demeurant  pour  l'avenir  au  hazard  de  leur  foy, 
qu'ils  ne  gardent  jamais. 

^  Je  vous  ay  mandé  que  M.  le  Grand  avoit  porté  sa  hauteur  ju.sques 
sur  l'eschafiaut;  ceux  qui  l'ont  veu  mourir  en  rapportent  la  con- 
firmation. En  montant  sur  l'eschalïaut,  un  archer  du  prévosl  luy  osta 
son  chapeau ,  parce  que  les  condamnés  n'y  paroissent  jamais  couverts. 
Il  le  reprit  brusquement^,  le  mit  sur  sa  teste,  et  fit  deux  ou  trois 
tours  sur  l'eschaflaut,  les  deux  mains  sur  les  costés,  regardant  tout  le 
monde  couvert;  par  après,  il  salua  le  peuple,  et  jetta  son  chapeau. 
Ensuitte  il  s'essaya  sur  le  billot,  y  mettant  le  col  pour  voir  s'il  seroit 
bien  il  se  releva  par  après,  et  se  promena  encore  sur  l'eschaflaut,  tenant 
la  croix  sans  se  desganter;  il  ne  voulut  pas  estre  bandé.  En  venant  à  la 
place  en  carosse  avec  M.  de  Thou  et  leurs  confesseurs,  M.  de  Thou 
demanda  à  son  confesseur  si  on  luy  donneroit  le  temps  de  prier  Dieu 
sur  l'eschaflaud.  M.  le  Grand  luy  respondit  :  «  N'avez  vous  pas  prié 
Dieu?  » 

On  dit  qu'il  avoit  dit  souvent  qu'il  tesmoigneroit  plus  de  résolution 
en  mourant  que  M.  de  Montmorency  et  M.  de  Saint-Preuil ;  mais,  à 
mon  jugement,  les  autres  sont  morts  bien  plus  chrestiennement.  Ce 
n'est  pas  que  je  ne  croye  qu'il  ne  soit  mort  en  bon  estât,  son  confesseur, 
qui  est  icy  venu  de  sa  part  pour  me  dire  beaucoup  de  choses,  tesmoi- 
gnant  en  estre  satisfaict.  Son  confesseur  a  eu  charge  de  luy  de  me  de- 
mander pardon,  et  je  me  suis  chargé  de  le  demander  au  roy  de  sa  part. 

'  C'est  ici  seulement  que  commence  la  leçon  de  la  minute,  qui  offre  quelques 
l'extrait  de  Baluze.  légères  variantes  avec  l'original;  Baluze  a 

^  Dans  Baluze  il  y  a  :  «le  remit;»  c'est         copié  sur  la  minute. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


135 


LXXIX. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  i643,  t.  loi,  pièce  non  cotée,  classée  après  le  feuillet  28/4. 
—  Minute  de  la  main  de  Clierré. 


A  MM.  DE  CHAVIGNY  ET  DE  NOYERS. 

1  8  septembre  i6i2  '. 

Quand  le  dessein  que  propose  le  sieur  de  Courtelle  -  seroit  le  meil- 
leur du  monde,  il  n'est  pas  de  saison,  à  mon  avis.  Le  roy  a  trop  de 
besoigne  taillée  pour  ne  la  coudre  pas  avant  que  d'en  entreprendre 
d'autre.  Je  ne  m'estends  pointa  en  dire  les  raisons,  parce  que  celles 
c[ue  M.  de  Noyers  m'a  mandées  de  la  part  de  Sa  Majesté  sont  sy  bonnes, 
(ju'il  faudroit  les  répéter  inutilement. 

Il  faut,  par  nécessité,  prendre,  l'année  qui  vient,  Rose  et  Tortose,  et 
M.  de  Turenne  doit  estre,  à  mon  avis,  employé  au  premier  dessein. 

Quant  à  ceux  qui  se  doivent  faire  des  costez  de  deçà,  je  n'en  sacb(> 
point  d'autres  que  ceux  que  propose  Sa  Majesté,  Cambray  et  la  Franche- 
Comté,  et  je  croy  que  Sa  Majesté  s'attachera  au  dernier  plustost  qu'au 
premier.  Ainsy,  il  faut  faire  les  projets  de  quatre  armées,  l'une  pour 
le  Roussillon,  l'autre  pour  la  Catalogne,  l'autre  pour  la  Bourgogne, 
et  l'autre  pour  la  Picardie.  Celle  du  Roussillon  requiert  peu  de  cava- 
lerie; mille  à  douze  cents  chevaux  y  sulTuont;  mais  il  faut  dix  mile 
honuues  de  pied  effectifs. 


'  Celte  pièce  a  été  vue  par  Baluze  : 
nous  avons  remarqué ,  dans  ses  papiers , 
qu'il  en  a  copié ,  de  sa  main ,  un  paragraphe , 
le  second  (Bibl.  imp.  pap.  des  arm.  lettres , 
paquet  il ,  n"  2  et  3,  fol.  1  li).  Cette  pièce  se 
trouve  classée  dans  le  manuscrit  des  Affaires 
étrangères ,  entre  deux  autres  du  lyjuillet; 
c'est  là  une  date  évidenunent  fausse;  celle 
du  3o  août,  dont  Baluze  a  marqué  le  frag- 
ment qu'il  a  recueilli,  est  également 
inexacte.  Tout  au  bas  de  la  première  page 


du  manuscrit  des  Affaires  étrangères  on 
peut  lire:  «  le  1  Sseptembre  1 6^2  ■  »  Quoique 
cette  annotation  soit  d'une  autre  main  et 
semble  avoir  été  mise  après  coup ,  la  date 
doit  être  bonne,  la  lettre  a  été  écrite  peu 
de  temps  après  la  prise  de  Perpignan, 
où  les  Français  étaient  entrés  le  9  sep- 
tembre. 

'  C'était  un  olllcier  récemment  revenu 
de  l'armée  et  dont  parle  le  roi  dans  les 
mémoires  cités  noie  2  de  la  page  i32. 


136  LETTRES 

Je  ne  dis  rien  de  celle  de  Catalogne,  parce  qu'elle  est  desjà  sur 
pied.  Tandis  qu'on  attaquera  Rose ,  on  pourra  se  contenter  de  la  faire 
de  trois  mile  chevaux  et  de  six  mile  hommes  de  pied  à  la  campagne, 
parce  que  Rose  prise ,  elle  sera  fortifiée  des  troupes  du  Roussillon. 

Pour  la  Bourgogne,  il  en  faut  commencer  et  poursuivre  l'attaque 
puissamment;  ainsy  il  faut  au  moins  douze  mile  hommes  de  pied,  et 
trois  mile  chevaux. 

La  Picardie  requiert  une  armée  assez  puissante  pour  combattre  les 
Espagnols,  qui  feront  sans  doute  quelque  attaque  en  ce  pays.  Partant 
je  crois  qu'elle  doit  estre  de  huit  mile  chevaux  et  de  quinze  mile 
hommes  de  pied. 

Je  me  resjouis  des  règlemens  qu'il  plaist  au  roy  de  faire  pour 
avoir  de  l'infanterie  l'année  qui  vient;  mais  il  se  souviendra,  s'il  luy 
plaist,  que  si  on  ne  chastie  ceux  qui  ont  mal  faict  cette  année,  quoy 
qu'il  face  n'aura  point  de  lieu.  Il  faut  mettre  cinq  ou  six  mestres  de 
camp  des  plus  coulpables  dans  la  Bastille,  quantité  de  capitaines;  on 
les  deslivrera  devant  la  fm  de  l'hiver,  à  la  charge  de  réparer  leur 
faute. 

Les  desseins  de  Catalogne  et  du  Roussillon  requièrent  une  armée 
navale;  en  cette  considération,  j'ay  mandé,  de  la  part  du  roy,  au  mar- 
quis de  Brézé,  qu'il  évitast,  maintenant  que  Perpignan  est  pris,  autant 
qu'il  pourra,  un  combat  général.  Que  quand  M.  de  la  Motte  ne  juge- 
roit  point  qu'il  fust  nécessaire  à  la  conservation  de  Barcelonne ,  il  se 
retirast  en  Provence,  où  les  galères  sont  contraintes  de  s'en  aller  pour 
éviter  les  tempestes  et  le  péril  du  golfe  de  Lion.  Mais  il  est  nécessaire 
d'envoyer  diligemment  deux  monstres  pour  le  désarmement,  parce  que 
l'année  qui  vient  on  ne  trouveroit  pas  un  matelot. 

La  reyne  d'Angleterre  m'a  envoyé  M.  d'Angoulesme  avec  une  lettre 
de  créance  qui  abboutissoit  à  me  prier  de  porter  le  roy  à  la  recevoir  en 
France.  Je  luy  ay  dit  qu'il  n'estoit  point  besoin  de  soliciter  Sa  Majesté 
d'une  chose  où  son  bon  naturel  le  porteroit  tousjours  quand  les  affaires 
de  la  reyne  le  requerr croient;  que  je  luy  conseillois  de  retourner  en 
Angleterre  le  plus  tost  qu'elle  pourroit,  si  les  affaires  duroysonmary 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  137 

lui  (lonnoient  lieu  de  cela.  Mais  que,  si  elles  ne  le  permettoienl  pas,  je 
ne  doutois  point  que  le  roy  ne  luy  donnast  retraite.  J'ay  demandé  à 
M.  d'Angoulesme  ce  qu'elle  prétendroit  en  ce  cas.  Il  me  fit  cognoistre 
qu'elle  se  contenteroit  de  5o  mil  escus  par  an,  parce  qu'elle  en 
recevoit  tousjours  d'Angleterre.  Je  n'estime  pas  que  cette  somme  soit 
excessive  en  une  occasion  qu'on  ne  peut  desnier  à  une  sœur. 


LXXX. 

Cabinet  de  M*'  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

[A  M.  DE  NOYERS.] 

Du  port  de  Digouain,  ce  21  septembre  i6ia. 

Je  ne  sçaurois  mieux  vous  faire  sçavoir  ce  qxii  se  passe  en  Catalogne 
et  en  Roussillon  qu'en  vous  envoiant  les  dépesches  que  j'en  viens  de 
recevoir  et  la  response  que  j'y  fais.  Je  vous  prie  de  pourvoir  effecti- 
vement et  diligemment  à  ce  que  ces  messieurs  désirent,  et  qui  dep- 
pend  de  vous,  et  de  messieurs  des  finances,  afin  de  maintenir  les 
affaires  de  tous  costez. 

Je  vous  envoie  aussy  une  lettre  que  le  bailly  de  Forbin  m'escrit, 
par  où  vous  verres  le  besoin  qu'ont  les  gallères  de  ce  qui  leur  est  deub 
de  reste  de  cette  année.  Vous  ferés,  s'il  vous  plaist,  ce  qu'il  faut  en- 
vers les  trésoriers  à  ce  cpi'ils  les  secourent  promptement. 

Je  mande  à  M.  de  la  Melleraie  de  donner  à  M.  de  Turenne  les  deux 
mile  escus  que  vous  verres  dans  la  copie  de  ma  lettre,  parce  que  je 
sçay  bien  qu'il  n'a  pas  un  sou,  et  qu'il  avoit  envoie  chez  ses  fermiers 
pour  luy  envoier  quelque  argent,  sans  qu'ils  luy  ayent  envoyé  un 
teston. 


CARDIN.  DE  RICHFXieC. 


138  LETTRES 


LXXXI. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  i6ia.  de  septembre  en  décembre,  fol.  io5.  — 

Orit^inal  de  la  main  de  Cherré.  Minute  de  la  même  main,  fol.  107. 

Bibl.  imp.  Baluze,  pap.  arni.  letf.  pq.  1,  n*  1,  fol.  i35.  — 

Extrait  de  la  main  de  Baluze. 

A  M.  DE  CH  A  VIGNY. 

Dr  Bourbon-Lancy,  ce  ïi  septembre  i6ii. 

Je  prie  M,  de  Chavigny  de  se  souvenir  de  faire  nommer  aux  goii- 
vernemens  de  Perpignan ,  Colioure  et  de  Salces ,  des  gouverneurs  ca- 
talans, selon  que  le  porte  le  traité,  car  il  faut  prévoir  et  prévenir  de 
loin  les  plaintes  que  peuvent  faire  les  Catalans  et  les  inconvéniens  qui 
en  peuvent  arriver. 

'  Sa  Majesté  a  pris  une  bonne  résolution  sur  le  sujet  de  fabbé 
d'Effiat ,  c'est  à  vous  ensuitte  à  envoier  ime  révocation  à  M.  de  Fon- 
tenay,  comme  aussy  de  faire  signifier  la  dicte  révocation  au  monastère 
de  l'abbaye  du  mont  Saint-Micbel ,  et  faire  deffences  au  fermier  de 
rien  payer  au  d.  abbé  d'Effiat  en  vertu  de  l'œconomat  qu'il  avoit 
obtenu,  lequel  vous  révoquerés  aussy. 

Je  croy  qu'il  est  bien  à  propos  de  fortiffier,  autant  qu'on  pourra , 
l'armée  de  M.  de  Guébrianl,  d'infanterie,  et  qu'il  vaut  beaucoup  mieux 
la  lever  aux  quartiers  où  il  est .  que  de  fenvoier  en  France ,  tant  parce 
que  la  despense  en  sera  moindre,  que  parce  aussy  que  les  soldat.^ 
tiendront  beaucoup  mieux. 

Je  suis  ravy  de  voir  la  bonne  disposition  en  laquelle  est  le  roy  en 
toutes  façons*;  poiureu  qu'il  y  demeiu-e ,  comme  je  n'en  doute  point,  et 
qu'il  plaise  à  dieu  fortiffier  sa  santé  en  Testât  au  quel  elle  est.  j'espère 
que  tout  ira  à  souhait. 

'  C'est  ce  paragraphe  qu'a  extrait  Ba-         minute  et  l'original;  la  pbrase:  «pourreu 
hue,  qu'il  y  demeure  ■  n'est  pas  dans  la  mi- 

*  H  y  a  ici  quelque  différence  entre  la         nute. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  139 

La  nouvelle  de  la  capitulation  de  Salces  resjouira  Sa  Majesté. 

.rarrivay  hier  en  ce  lieu,  où  je  séjourneray,  à  mon  avis,  i  o  ou  12 
jours. 

.Te  me  resjouis  avec  vous  de  l'heureux  accouchement  de  madame 
vostre  femme ,  et  du  choix  que  vous  avés  faict  de  M'  de  Noyers  pour 
vostre  compère.  Il  tesmoigne  en  avoir  un  grand  ressentiment. 

Asseiu-és-vous  de  mon  affection  et  de  mon  service  pour  tousjours. 


LXXXII. 

Cabinet  de  S.  A.  R.  M*'  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Clierré. 

[A   M.  DE  NOYERS.] 

De  Bourbon-Lancy,  ce  22* septembre  1642. 

La  redition  de  Salces  resjouira  Sa  Majesté,  qui  sçaura  bien  y  mettre 
un  bon  et  sage  gouverneur,  car  cette  place  estant  telle  qu'elle  est,  et 
pouvant  ayder  beaucoup  à  contenir  le  pays  dans  l'obéissance  du  roy, 
j'estime  que  Sa  Majesté  ne  doit  pas  penser  à  la  raser. 

Je  suis  très  aise  que  vous  ayés  envoie  fortilTier  Lérida  et  Ardres. 

Souvenés-vous ,  dans  Testât  des  armées  que  vous  ferés  pour  l'année 
cfui  vient,  que  vous  ne  trouvères  pas  vostre  compte,  si  vous  ne  faites 
dix  ou  douze  mile  hommes  de  pied  de  deniers  revenans  bons. 

•le  suis  d'avis,  pour  le  service  du  roy,  qu'il  vous  donne  à  vous  mesme 
la  garde  de  la  bibliothèque',  et  vous  aurés  soin,  je  m'asseure,  de  la 
faire  bien  changer^.  Si  vous  approuvés  cette  pensée,  comme  vous  le 
devés.  M'  de  Chavigny  en  fera  volontiers  la  proposition  au  roy. 


'  Richelieu  avait  pensé  aussi  à  de 
Noyers  pour  une  autre  dépouille  des  con- 
damnés de  Lyon ,  le  don  des  cartes  qu'avait 
Cinq-Mars.  (Voy.  ci-après  aux  Analyses, 
a4  septembre.) 

'  C'est  M.  de  Tliou  qui  avait  eu  cette 


place;  méritait-il  le  blâme  qu'exprime  ici 
Richelieu?  Homme  du  monde,  et  ayant 
des  emplois  qui  l'éloignaient  de  Paris,  il 
est  possible  qu'en  effet  il  se  soit  peu  occupé 
de  la  bibliothèque;  mais  on  peut  douter 
que  de  Noyers  eut  fait  mieux.  Aug.  de  Thou 


140  LETTRES 

Vous  pouvés  disposer  du  prieuré  de  Saint-Thibault  comme  bon 
vous  semblera,  soit  avec  réserve  d'un  tiers  de  pension,  soit  sans  icelle, 
désirant  celuy  qui  vous  contentera  le  plus,  c'est-à-dire  avec  pension  ou 
sans  pension. 

Je  trouve  très  à  propos  que  vous  envoyés  M'  de  Chantelou  '  en 
Italie. 

Vous  m'avés  faict  très  grand  plaisir  de  faire  travailler  en  Sorbonne 
aux  despens  de  Thiriot. 

Je  suis  aussy  très  aise  que  vous  fassiés  abattre  les  maisons  qui  em- 
peschent  la  veue  de  la  chapelle  de  Sorbonne  ;  mais  je  voudrois  bien 
que  M''  de  Mauroy^fist  exécutter  le  marché  qu'il  avoit  faict  à  quinze 
mile  francs  pour  les  démolitions  des  logis  que  j'ay  acheptez,  car  ce  me 
seroit  chose  fascheuse  de  donner  de  l'argent  de  ce  dont  j'en  devois 
recevoir. 

M'  de  Mauroy  me  fera  très  grand  plaisir  de  letirer  tout  ce  qui  m'est 
deuh  de  la  Marine ,  afin  que  nostre  fonds ,  qui  se  desballe  bien  viste , 
se  remplace  autantqu  on  pourra. 

On  ne  sçauroit  mieux  faire  que  de  faire  chasser  M'  de  Lorraine 
hors  de  l'Alsace  par  M"^  du  HaUier.  Je  suis  ravy  de  voir  la  facilité  qu'il 
plaist  au  roy  apporter  maintenant  à  ses  affaires.  S'il  continue, 
comme  je  n'en  doute  point,  j'espère  que  tout  ira  comme  il  le  peut 
souhaiter. 

Je  suis  bien  aise  du  baptesme  que  vous  avés  faict  depuis  peu  ^. 

Je  suis  icy  pour  i  o  ou  12  jours  à  mon  avis. 


iivait  succédé  à  son  père;  bien  que,  par 
son  instruction  variée,  il  fût  capable  de 
remplir  convenablement  cette  charge,  il 
n'y  apportait  pas  sans  doute  les  mêmes 
titres  que  le  savant  historien. 

'  On  a  déjà  vu  que  M.  de  Chantelou 
était  un  des  employés  supérieurs  du  minis- 
tère de  de  Noyers;  il  avait  été  chargé,  en 
1 64o ,  d'une  mission  en  Italie  concernant 


les  arts  (p.  69 1  de  notre  VI'  volume)  ;  et,  l'an- 
née précédente ,  de  Noyers ,  qui  le  nomme 
«  mon  commis ,  »  l'envoyait  à  Turin ,  dont 
on  faisait  mettre  en  état  les  fortifications. 

'  Il  était  devenu  premier  commis  de  de 
Noyers;  il  est  plusieurs  fois  nommé  dans 
les  lettres  de  Richelieu. 

^  Il  avait  été  parrain  d'un  enfant  de 
Chavigni.  (Lettre  précédente,  p.  iSp.) 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


141 


LXXXIII. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  i64a,  de  septembre  en  décembre,  fol.  116.  — 
Original  de  la  main  de  Cherré.  Minute  de  la  même  main,  fol.  i52. 

[A  M.  DE  CHAVIGNI'.] 

De  Bourboii-Lancy,  ce  aâ'  septembre  1642. 

Il  m'est  impossible  de  prendre  tout  seul  résolution  sur  la  dépesche 
de  M"  d'Avaux.  Je  seray  très-aise  que  M""  le  cardinal  Mazarin,  destiné 
par  le  roy  pour  traitter  la  paix,  soit  de  retour,  et  que  vous  y  soyés 
aussy,  pour  porter  à  Sa  Majesté  ce  que  nous  aurons  pensé.  En  celte 
considération,  je  croy  qu'aussy  tost  que  M"  le  cardinal  Mazarin  aura 
faict  à  Sedan  ^,  et  qu'il  aura  veu  le  roy,  vous  devés  tous  deux  me 
venir  trouver,  amenant  M"  d'Estrades ,  dont  nous  aurons  besoin  pour 
Sçavoir  particulièrement  ce  qu'il  sçait  des  pensées  de  M"  le  prince 
d'Orange  ',  et  l'envoier  aussy  tost  le  trouver. 


'  On  lit  au  dos  :  «  Son  Éminence ,  »  de 
la  main  d'un  secrétaire  de  Chavigni  ;  ainsi 
c'est  à  celui-ci  que  va  cette  lettre  sans 
suscription. 

*  H  y  avait  été  envoyé  pour  recevoir  la 
place  que  le  duc  de  Bouillon  abandonnait 
au  roi,  et  qu'il  avait  chargé  sa  femme  de 
lui  remettre.  Mazarin  en  prit  possession  le 
39  septembre. 

'  Une  instruction  fut ,  en  effet ,  donnée 
au  comte  d'Estrades  le  mois  suivant;  elle 
commence  ainsi  :  «  M.  d'Estrades  tascliera 
de  pénétrer  les  sentimens  de  M.  le  prince 
d'Orange  sur  le  sujet  de  la  paix...  à  quelles 
conditions  il  estime  qu'elle  peut  et  doit 
estre faite,  tant  pour  les  inlérestsde  M" les 
Estats  que  pour  ceux  de  la  France  et  de  la 
couronne  de  Suède.  »  On  recommande  à 
d'Estrades  de  persuader  aux  Etats  •  qu'on 


ne  peut  faire  une  paix  seure  qu'en  la  faisant 
à  des  conditions  si  cuisantes  pour  l'Espagne 
qu'elle  appréhende  de  rentrer  en  guerre.  » 
Il  devra  rappeler  à  ce  sujet  les  dispositions 
du  traité  fait  à  la  Haye,  le  i5  avril  i63A. 
et  que,  par  une  conséquence  nécessaire  du- 
dit  traité ,  tout  ce  que  la  France  s'est  acquis 
lui  doit  être  conservé  dans  le  traité  projette. 
11  insistera  sur  ce  que  la  pensée  de  la  France 
est  qu'on  doit  combiner  les  plans  de  la  pro- 
chaine campagne  de  sorte  que  la  Hollande 
ait  en  ses  mains  quelque  place  importante 
qui  lui  reste  à  la  paix.  ' — Nous  noterons  aux 
Analyses  cette  pièce  dont  nous  ne  donnons 
ici  qu'un  extrait,  parce  qu'elle  a  été  impri- 
mée. Remarquons  cependant  que  la  pré 
sente  lettre  de  Richelieu  peut  nous  aider 
à  établir  la  date  de  l'instruction  donnée  à 
d'Estrades.  Le  cai-dinal  Mazarin  ne  revint  de 


142  LETTRES 

M'^  le  cardinal  Mazarin  vous  aura  dict  ce  que  nous  avons  pensé  sur 
le  sujet  de  la  dépesche  de  M''  de  Lyonne. 

Je  ne  sçay  encores  quel  proffit  me  feront  les  bains  dont  je  me  sers, 
seulement  pour  mon  bras. 


LXXXIV. 

Cabinet  de  S.  A.  R.  M''  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  France,  16^2  ,  de  septembre  en  décembre,  fol.  1  i5.  — 

Minute  de  la  main  du  même  secrétaire. 

A  MM.  DE  CHAVIGNY  ET  DE  NOYERS'. 

De  Bourbon-Lancy,  ce  25  septembre  i642- 

J'escris  au  roy  qu'il  est  impossible  de  n'approuver  et  ne  louer  pas 
le  depparlement  qu'il  a  faict  de  trois  armées  projettées  pour  l'année 
qui  vient,  pour  la  Picardie^,  Champagne  et  autres  lieux  voisins,  et 
(ju'il  ne  reste  qu'à  faire  les  quatre  autres  d'Allemagne,  d'Italie,  de 
Roussillon  et  de  la  Catalogne.  Je  le  suplie  d'en  vouloir  faire  les  projets, 
avec  l'ayde  de  M''  de  Noyers. 

Destinant  trois  armées,  comme  Sa  Majesté  faict,  pour  les  frontières 
voisines  des  lieux  où  vous  estes,  je  croy  que  cela  suffira,  principalle- 
menl  si  elles  sont  complettes,  ce  que  le  chastiment  des  délinquans  de 
cette  année  peut  faire  asseurément. 

Vous  vous  souviendrés,  s'il  vous  plaist,  qu'il  faut  que  l'armée  du 
Roussillon  travaille  dès  le  premier  de  mars;  et  que  celles  de  Picardie 
et  de  Champagne  soient  prestes  au  20™^  d'avril,  et  celle  qui  devra 

Sedan  que  dans  les  premiers  jours  d'octobre  lyses.  Nous  devons  dire  la  même  chose 

(lettre  du  7  aux  Analyses);  il  fallut  le  temps  d'une  lettre  du  cardinal  que  M.  d'Estrades 

de  s'entendre  et  de  préparer  les  dépêches  était  chargé  de  remettre  au  prince  d'Orange 

du  comte  d'Estrades;  la  date   du  /i   que  en  lui  expliquant  ce  qui  s'était  passé  au 

donnent   un  manuscrit   et  l'imprimé  ne  sujet  du  duc  de  Bouillon, 
peut  donc  èli'e   véritable,  et  il    convient  '   L'original   n'a   point  de   suscription. 

d'adopter  celle  du  1 5 ,  ainsi  que  nous  le  On  trouve  les  noms  au  dos  de  la  minute, 
montrerons  en  classant  la  pièce  aux  Ana-  '  Voy.  ci-dessus,  p.  i35. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  U3 

agir  où  vous  sçavés,  au  i''"'  de  may,  à  cause  que  les  herbes  sont  plus 
tardives  de  ce  costé-là. 

Je  vous  prie  de  me  mander  si  le  régiment  des  gardes  escossaises  est 
venu  voyant  que  vous  en  faites  estât  asseuré. 

Forces  gens  me  desconseillent  d'aller  à  Ruel  passer  l'hiver,  dans 
un  autre  logis  que  le  mien.  Pour  moyje  me  desconseiile  de  le  passer 
tout- à-fait  à  Paris,  et  prends  résolution  de  le  partager  entre  Paris 
et  Ruel. 

Je  ne  sçay  encores  quel  profllt  me  feront  les  bains  dont  je  me  sers 
seulement  pour  mon  bras. 


LXXXV. 

Cabinet  de  S.  A.  R.  M*'  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Clierré. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  i642  ,  de  septembre  en  décembre,  foi.  120.  — 

Minute  de  la  main  du  même  secrétaire. 

[AU   ROI'.] 

De  Bourbori-Lancy,  ce  26  septembre  xiiii. 

J'ay  veu  les  projets  qu'il  a  pieu  au  roy  de  faire  pour  ses  armées  des 
frontières  proches  de  Paris;  sur  quoy  je  n'ay  rien  à  dire  qu'à  louer  la 
vigilance  et  la  prudence  de  Sa  Majesté.  Ensuitte  de  quoy  j'oserois 
bien  luy  respondre  que ,  si  elle  a  les  troupes  telles  qu'elle  se  les  propose , 
il  ne  luy  peut  rien  arriver^  qui  ne  la  contente. 

Reste  à  faire  les  projets  des  armées  d'Italie,  de  Roussillon,  de  Ca- 
talogne et  d'Alemagne.  Elle  a  sy  bien  réussy  en  ce  qu'elle  a  faict,  que 
j'ose  la  suplier  de  vouloir  travailler  au  reste. 

En  l'armée  d'Italie  il  n'y  aura  pas  grand  changement  à  faire ,  à  mon 
avis. 

En  celle  d'Alemagne,  j'estime  qu'il  n'y  a  autre  chose  à  faire  qu'à 

'   li'original  manque  de  date  et  de  sus-  *  H  y  avait  dans  la  minute  ;  «  en  ces 

cription;  la  minute  est  datée,  el  au  dos         quartiers  ;  n  cette  restriction  a  disparu  dans 
est  écrit  :  «  au  roy.  •  l'original. 


144  LETTRES 

donner  moyen  à  M""  de  Guébriant  de  faire  de  nouvelles  levées  sur 
les  lieux,  ainsi  que  le  propose  M'  le  prince  d'Orange. 

Celles  de  Catalogne  et  de  Roussillon  seroient  un  peu  plus  pénibles; 
mais  Sa  Majesté,  qui  est  intelligent  en  toutes  ses  affaires,  entend  sy 
particulièrement  celles  de  ce  genre-là,  qu'elle  en  viendra  à  bout,  sans 
beaucoup  de  travail. 

M"'  de  Noyers  sçaura  sy  bien  la  soulager  en  ce  qu'elle  iuy  comman- 
dera qu'elle  me  pardonnera  bien,  s'il  Iuy  plaist,  si  je  Iuy  propose  de 
prendre  cette  peyne. 

Je  suis  ravy  d'apprendre  la  confirmation  de  la  bonne  santé  de  Sa 
Majesté,  et  de  voir  comme,  dans  ses  divertissemens,  elle  songe  à  ses 
affaires.  J'espère  que  Dieu  continuera  à  les  bénir,  comme  il  a  faict  par 
le  passé,  et  qu'elles  iront,  par  sa  grâce,  à  souhait;  c'est  ce  que  désire 
ardemment  la  plus  passionnée  et  la  plus  fidelle  créature  que  jamais 
jnaistre  ayt  eue. 

Je  suplie  Sa  Majesté  se  souvenir  des  chastimens  qu'elle  a  résolu  de 
faire  des  officiers  de  cavalerie  et  d'infanterie  qui  n'ont  pas  faict  leur 
devoir  durant  cette  campagne. 


LXXXVI. 

Arcli.  des  AIT.  étr.  France,  i6li7 ,  de  septembre  en  décembre,  fol.  i24.  —  Copie. 

MÉMOIRE   A  M.   LE  CARDINAL  MAZARIN, 

S'EN  ALLANT  X   SEDAN     PAR    ORDRK   DD  ROY  '. 

2  6'  septembre. 

La  place  de  Sedan  est  de  telle  importance  à  ce  royaume,  pour  sa 
situation  sur  la  rivière  de  Meuze  qui  borde  la  frontière  de  ce  costé  là 

'   Ce   long  mémoire  n'a  certainement  seulement  quelques  passages  ou  nous  cher- 
pas  été  dicté  par  le  cardinal;  mais  il  a  été  cherons  la  pensée  de  Richelieu.  (Voy.  au 
dressé  d'après   ses  instructions,  dans    le  sujet  de  cette  mission  de  Mazarin,  ci-des- 
cabinet  d'un  des  secrétaires  d'Etat ,  de  Cha-  sus ,  p.  120.) 
yigni  ou  de  Noyers.  Nous  en  conserverons 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  145 

et  pour  ses  fortifllcations,  que  racquisition  n'en  peut  estre  qu'avanta- 
geuse à  la  France. 

Il  s'en  présente  maintenant  une  très  juste  occasion  qui  a  esté  si 
bien  mesnagée  par  led.  s"'  cardinal  avec  M""  le  duc  de  Bouillon,  qu'il 
est  tombé  d'accord  de  mettre  cette  place  entre  les  mains  du  roy. 

Le  plus  difficile  reste  à  faire  qui  est  l'exécution  ;  Mad"^  la  duchesse 
de  Bouillon  est  dedans;  les  Espaignols  en  sont  voisins  qui  luy  veulent 
faire  comprendre  qu'au  lieu  de  la  donner  au  roy,  elle  doit  y  recevoir 
garnison  de  leur  part,  etmespriser  toutes  choses  pour  conserver  cette 
pièce  à  ses  enfans.  Ses  haljitans  sont  affectionnés  à  la  maison  de 
Bouillon  et,  pour  la  pluspart,  de  la  religion  prétendue  refformée  qui 
n'ont  pas  peut  estre  grande  inclination  à  estre  soubz  l'obéissance  de 
Sa  Majesté. 

Pour  surmonter  toutes  ces  difficultés,  il  est  besoin  que  cette  affaire 
soit  conduitte  par  une  personne  de  grand  addresse  et  capacité;  c'est 
ce  qui  a  convié  le  roy  à  donner  ordre  à  mon  d.  s' le  cardinal  Mazarin. .  . 
d'y  mettre  la  dernière  main,  espérant  qu'il  n'y  sera  pas  moins  heureux 
qu'en  plusieurs  autres  de  très  grande  importance,  qu'il  a  maniées,  par 
sa  prudence  et  dextérité,  avec  beaucoup  de  succès 

Et  Finstruction  rappelle  avec  de  grandes  louanges  la  paix  faite  devant  Casai, 
en  i63o,  l'occupation  de  Pignerol  par  la  France,  et 

les  signalés  services  que  le  d.  s''  cardinal  a  rendus  au  roy  despuis 

qu'il  s'est  attaché  à  la  France,  et  particulièrement  pendant  ces  années 
dernières  dans  la  négociation  de  la  reconciliation  des  princes  de  Savoye 
avec  Sa  Majesté  et  Madame 

Une  partie  de  l'instruction  est  ainsi  consacrée  au  panégyrique  du  négociateur 
et  au  récit  de  ses  succès  passés,  circonstances  assez  nouvelles  dans  le  style  des 
instructions  diplomatiques. 

,  Venant  à  l'objet  spécial  de  la  mission ,  on  trace  à  Mazarin  la  conduite  qu'il  doit 
tenir  du  moment  de  son  arrivée  à  Rethel.  Il  faudra  beaucoup  d'adresse  pour  dé- 
terminer la  duchesse  à  livrer  la  ville  où  elle  est  encore  maîtresse 

CARDlti.  DE  niOlElIEC. VU.  10 


146  LETTRES 

Le  dit  s' cardinal  sçaura  bien  luy  faire  cognoistre  que ,  si  elle  s'oppi- 
niastroit  à  vouloir  cette  place,  elle  mettroit  la  vie  de  M'  le  duc  de 
Bouillon  en  péril  certain,  et  feroit  perdre,  en  mesme  temps,  à  ses 
enfans  les  biens  qu'il  a  en  France;  qu'elle  ne  peut  conserver  la  place 
avec  ses  propres  forces  contre  celles  du  roy,  et  que  si  elle  y  reçoit 
une  garnison  espaignoUe ,  ce  sera  la  perdre  à  l'iieure  mesme  avec  son 
mary. .  . 

De  sorte  que  le  meilleur  party  qu'elle  puisse  prendre  est  de  quitter 
Sedan  pour  conserver  la  vie  et  les  biens  aud.  s''  duc,  et  éviter  l'entière 
ruine  de  sa  maison. 

Si  la  duchesse  se  rend  à  ces  raisons,  il  s'agira  de  faire  avancer  les 
troupes  qui  devront  occuper  Sedan,  et  d'user  d'adresse  pour  tromper 
les  Espagnols  qui  poiu-roient  tenter  de  s'y  opposer  '. 

L'instruction  règle  les  circonstances  de  rocciipation  de  la  place,  celles  de  l'en- 
trevue du  cardinal  avec  la  duchesse,  qui  en  doit  sortir;  le  langage  à  tenir  aux 
habitants  :  il  faut  leur  parler  au  nom  du  roi,  les  rassurer  sur  les  craintes  qui  les 
ont  agités. 

Le  cardinal  parlera  particulièrement  à  ceux  de  la  religion  prétendue 
réformée  en  sorte  qu'ilz  n'ayent  aucun  sujet  de  croire  que  le  change- 
ment arrivé  dans  cette  place  leur  en  doive  faire  appréhender  aucun  en 
ce  qui  les  concerne. 

Fait  à  Noisy-le-Grand ,  le  26  septembre  1642. 

Signé  Louis. 


'  Les  Espagnols  avaient  imaginé  autre 
cliose.  Henri  Arnaukl  écrit  dans  sa  corres- 
pondance ,  le  5  octobre  :  «  Il  n'y  a  rien 
au  inonde  que  les  Espagnols  n'aient  fait 
pour  rompre  cette  aflaire  (de  Sedan);  et 
pour  une  dernière  extrémité,  ils  avoient 
fait  dessein  de  prendre  M.  le  cardinal  Ma- 
zarin  sur  son  passage;  et,  sans  une  dili- 


gence extraordinaire  qu'il  fit ,  cela  pouvoit 
réussir.  Ils  s'estoient  imaginés  que  la  vie 
dudit  s' cardinal  pouvoit  respondre  de  celle 
de  M.  de  Bouillon...  C'estoit  le  comte  de 
Buquoy  qui  conduisoit  l'entreprise  avec 
1,200  chevaux  choisis,  et  il  devoit  passer 
la  rivière  à  un  gué  près  de  Sedan.  »  (Bibl. 
imp.  fonds  Béthune,  9274,  fol.  68.) 


pu  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  Hil 


LXXXVII. 

Arcl).  de  Condé.  n°  laG.  —  Communication  de  S.  A.  R.  M»'  le  duc  d'Aumale. 

A  M.   LE  PRINCE. 

27  septembre. 

Monsieur  L'intérest 

que  vous  avés  aux  prospérité/  de  l'Estat,  et  l'afFection  dont  il  vous  a 
tousjours  pieu  m'honorer,  ne  me  permettent  pas  de  douter  de  la  joye 
que  vous  me  tesmoignés  avoir  de  la  prise  de  Perpignan,  de  ce  qui 
s'est  passé  à  Lyon,  et  de  ma  meilleure  santé.  Je  vous  supplie  de  croire 
que  je  ne  la  désire  entière  qu'affin  d'estre  plus  en  estât  de  continuer 
mes  services  au  roy,  et  de  vous  donner  des  effects  du  ressentiment 
que  j'ay  de  vos  soins  en  mon  endroit.  Nous  n'avons  point  encores  de 
nouvelles  de  M'  le  Gard.  Mazarin,  qui  est  allé  proche  de  Sedan,  de 
ce  qu'il  aura  faict;  on  les  attend  de  jour  à  autre,  et  j'espère  qu'elles 
seront  telles  qu'on  les  peut  désirer.  Je  vous  suis  bien  obligé  de  la 
bonne  volonté  qu'il  vous  plaist  me  faire  cognoistre  avoir  pour  mon 
cousin  de  la  Melleraie.  Je  vous  puis  asseurer.  Monsieur,  qu'il  n'oubliera 
rien  de  ce  qui  deppendra  de  luy  pour  mériter  vos  bonnes  grâces  par 
les  services  qu'il  vous  rendra  et  à  Monsieur  d'Anguyen,  en  toutes 
sortes  d'occasions.  En  mon  particidier  je  n'en  perdray  jamais  aucune 
de  vous  faire  voir  que  je  suis  véritablement  et  seray  tousjours,  autant 
que  je  le  peux  estre. 

Monsieur, 

Voslre  bien  humble  et  très  alTectiouné  serviteur. 


De  Bourbon-Lancy,  ce  2  7*  septembre  i643. 


>9- 


148  LETTRES 


LXXXVIII. 

Arch.  des  AfT.  étr.  France,  i642,  de  septembre  en  décembre,  fol.  i3o.  — 
Original  de  la  main  de  Cberré. 

A  MM.  DE  CHAVIGNY  ET  DE  NOYERS. 

De  Bourbon-Lancy,  ce  27  septembre  16/11. 

Mons''  d'Anguien  estant  party  d'icy  pour  s'en  aller  à  Paris ,  j'estime 
qu'il  est  du  service  du  roy  que  Messieurs  de  Chavigny  et  de  Noyers 
facent  souvenir  Sa  Majesté  de  luy  faire  bonne  chère,  tesnioignant  luy 
sçavoir  gré  de  l'amas  qu'il  a  faict  de  six  cens  gentilshommes  pour 
Perpignan. 

Tay  veu,  dans  des  mémoires  de  M'  Rossignol,  divers  desseins  que 
font  les  ennemis  pour  l'année  qui  vient;  à  quoy,  s'il  plaist  à  Dieu,  on 
trouvera  remède. 

Je  ne  respondray  point  aux  dépesches  de  M''  d'Avaux,  que  M''  de 
Chavigny  ne  soit  icy,  avec  le  cardinal  Mazarin  ',  et  M'  d'Estrade,  ainsv 
que  je  luy  ay  mandé  qu'il  estoit  à  propos  que  je  les  visse  tous  au  re- 
tour de  Sedan. 

Depuis  que  le  roy  a  pris  la  résolution  de  priver  l'abbé  d'Effiat  de 
l'abbaie  du  Mont  S'-Michel,  il  m'est  venu,  de  la  part  de  religieux 
bien  refformez  et  autres,  de  grandes  plaintes  des  scandales  qu'il  a 
faicts  à  Angers  et  à  Tours  ;  lesd.  personnes  qui  m'ont  donné  cet  avis 
demandoient  à  mains  jointes  ce  que  le  roy  a  faict. 

Les  mesmes  croyent  que  la  fille  qui  est  religieuse  a  faict  profession 
par  force,  au  moins  est-il  vray .qu'elle  a  souvent  foulé  son  voile  aux 
pieds. 

Ils  estiment  qu'il  seroit  de  la  piété  du  roy,  devant  qu'elle  entrast 
dans  l'abbaye  que  Sa  Majesté  luy  a  donnée,  de  commettre  deux  ou 
trois  évesques  pour  sçavoir  si  elle  en  est  capable,  et  si  en  effet  elle 

'  Mazarin  ne  tarda  pas  à  revenir  auprès  roi  à  la  fin  de  septembre.  (Voy.  aux  Ana- 
de  Richelieu,  Sedan  ayant  été  remis  au        lyses,  3  octobre.) 


pu  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  149 

est  vrayment  religieuse  et  le  veut  estre.  Les  évesques  pourroient  estre 
M"  de  Rheins,  de  Lisieux  et  de  Meaux.  Je  reniez  le  tout  à  la  piété 
et  prudence  du  roy. 

LXXXIX. 
Cabinet  de  M*'  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 

A  M.  DE  NOYERS. 

De  Bourbon-Lancy,  ce  27"  septembre  i6i2. 

Je  prie  M"'  de  Noyers  de  faire  différer,  selon  qu'il  me  le  propose, 
l'ouverture  de  l'inventaire  des  meubles  de  la  reyne ,  jusques  à  ce  que 
nous  soyons  à  Paris  ;  luy  et  M''  le  surintendant  en  trouveront  cin- 
quante inventions,  sans  faire  tort  à  personne. 

Mad"^  d'Aiguillon  m'a  dit  qu'il  y  aura  des  tapisseries  pour  meubler 
tout  Luxembourg,  sans  y  comprendre  le  Scipion  et  les  triomphes  de 
Pétrarque  et  Tobie  '.  De  façon  que  toutes  choses  pourront  fort  bien 
s'accommoder. 

On  me  mande  de  Richelieu  que  Prévost  n'a  plus  rien. à  faire  que 
les  tableaux  de  la  chapelle  d'en  bas,  à  quoy  il  ne  travaille  pas  pour 
ne  sçavoir  pas  cpielle  histoire  on  y  veut  mettre.  M'  de  Noyers  luy  fera, 
s'il  luy  plaist,sçavoirqueje  désire  qu'il  y  mette  la  vie  delà  sainte  Vierge. 


XC. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  16^2,  de  septembre  en  décembre  ,  fol.  160.  — 
Original  de  la  main  de  Cherré.  —  Minute  de  la  même  main,  fol.  167. 

A  M.  DE  NOYERS l 

De  Bourbon-Lancy,  ce  3  octobre  i64s. 

Ces  trois  mots  sont  pour  vous  dire  que  je  parts  demain  pour  m'en 
aller. 

'   Voy.  ci-après,  lettre  du  a5  octobre.  une  annotation,  au  dos  de  la  minute,  dit  à 

*  L'original  n'a  point  de  suscription  ;  mais        <jui  va  la  lettre.  Cette  minute  est  datée  du  i  ", 


150 


LETTRES 


J'iray  en  cinq  jours  avec  l'ayde  de  Dieu  à  Briare  ;  de  Briare  je  con- 
tinueray  mon  voiage  sur  le  canal  pour  me  rendre  par  eau,  le  plus 
proche  que  je  pourray,  de  Fontainebleau. 

De  là  je  me  rendray  par  terre  à  Fontainebleau,  puisqu'il  plaist  au 
roy  que  j'aye  l'honneur  de  le  voir  là,  selon  que  M'  de  Chavigny  me 
l'a  mandé. 

11  m'est  impossible  de  vous  dire  particulièrement  quel  jour  j'arri- 
veray  à  Fontainebleau,  parce  que  je  ne  sçay  pas  quelles  journées  je 
feray  sur  le  canal  ;  mais  en  contant  cinq  jours  d'icy  à  Briare ,  un  jour 
de  séjour  pour  me;,  purger,  je  présupose  qu'en  cinq  ou  six  jours  je 
seray  à  Fontainebleau  ^ 

Je  ne  vous  dis  point  la  joye  que  j'auray  de  voir  Sa  Majesté  ^,  bien 


'  Richelieu  y  arriva  le  lundi  i3.  «Plus 
de  soixante  carrosses  à  six  chevaux  allèrent 
au  devant  de  luy  jiisques  à  Nemours;  il 
alla  descendre  à  l'hôtel  d'Albret,  et  on 
l'apporta  à  l'ordinaii-e  clans  son  lit.  Il  ne 
fut  pas  sytost  dans  sa  chambre  que  le  roy 
y  arriva;  il  estoit  dans  une  chaise  de  la- 
quelle il  se  leva,  appuyé  sur  les  bras  de 
M"  de  Chavigny  et  de  Noyers.  S.  M.  l'em- 
brassa étroitement  par  deux  fois ,  et  furent 
tous  deux  assez  longtemps  sans  parler,  ce 
qui  s'attribua  à  l'excès  de  la  joie.  Enfin  le 
roy  commanda  que  tout  le  monde  se  reti- 
ras! et  demeurèrent  seuls  trois  heures.  » 
(Lett.  de  H.  Arnauld,  du  19  octob.  Bibl. 
imp.  Béthune  927/4,  fol.  76,)  La  Gazette 
du  i8  (p.  976)  informa  le  public  de  cette 
entrevue,  dans  un  court  récit  envoyé  sans 
doute  par  ordre  du  cardinal.  Ce  journal 
annonce  «l'entière  convalescence  du  mi- 
nistre. »  La  présente  lettre ,  plus  vraie  que 
la  Gazette ,  n'est  pas  si  rassurante.  Richelieu 
partit  de  Fontainebleau  le  1 6  et  arriva  le 
17a  Paris ,  Il  où  il  fut  roccu ,  dit  la  Ga- 
zette, avec  tous  les  tesmoignages  de  la 
bienveillance  publique  deûe  aux  grands 


senices  que  S.  Ém.,  nonobstant  les  incom- 
moditez  d'une  longue  et  très -périlleuse 
maladie ,  a  renduz  au  roy,  à  la  France  et  à 
la  cause  conmiune  à  la  meilleure  partie  de 
la  chrestienté.  »  La  correspondance  de  H. 
Arnauld ,  qui  nous  a  fidèlement  raconté  les 
vives  émotions  de  l'entrevue  royale ,  se  tait 
sur  ces  témoignages  de  la  bienveillance 
populaire ,  et  se  borne  à  nous  parler  des 
prescriptions  de  police  :  «  Son  Em.  arriva 
à  Paris  avant  hier,  et  les  commissaires  des 
quartiers  eurent  ordre  de  faire  nettoyer  les 
rues  depuis  le  port  S'-Paul,  où  il  quitta 
son  bateau,  jusqu'à  l'hostel  de  Richelieu. 
Il  fut  porté  dans  son  lit.  »  (Lettre  précitée.) 
^  Richelieu  était  toujours  inquiet  des 
tristesses  du  roi  et  de  l'impression  que  les 
amis  de  Cinq-Mars  pouvaient  faire  sur  l'es- 
prit de  Louis  XIII  ;  aussi  les  confidents  du 
cardinal  s'appliquaient  sans  cesse  à  le  ras- 
surer; Chavigni  lui  avait  écrit  le  26  sep- 
tembre :  «  11  y  a  longtemps  que  je  n'ay  veu 
le  roy  en  meilleure  santé,  ny  mieux  dis- 
posé pour  iVP'.  Il  m'a  parlé  toute  la  ma- 
tinée de  la  tendresse  qu'il  avoit  pour  sa 
personne ,  et  de  la  résolution  dans  laquelle 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  151 

fasché  qu'elle  ne  me  trouvera  pas  en  Testât  que  je  désirerois,  c'est-à- 
dire  en  disposition  d'aller  et  de  venir  comme  je  désirerois,  mon  bras 
estant  tousjours  de  laine. 

On  me  faict  croire  que  je  recevray  à  l'avenir  du  soulagement  du 
séjour  que  j'ay  faict  aux  eaux;  mais,  pour  le  présent,  je  n'en  veoy  pas 
grand  effect,  quoyque  je  sois  mieux  que  quand  j'y  suis  arrivé. 

J'ay  prié  le  s'  de  Beauregard,  qui  est  à  M"^  d'Anguien,  de  vous 
donner  seurement  cette  lettre,  afin  que,  l'ayant  receue,  vous  me  faciès 
sçavoir  de  la  part  du  roy  ce  quej'auray  à  faire. 

Je  n'escris  point  à  M'  de  Chavigny  parce  que  je  le  crois  en  chemin 
pour  venir  icy. 


XCI. 
Cabinet  de  S.  A.  R.  M*'  le  duc  d'Aumale.  —  Original  de  la  main  de  Cherré. 


POUR  M.  DE  NOYERS, 


SBCRETtlnE  D'ESTAT. 


De  Perrière  ',  ce  1 1°  oclobre  16 à 2. 

J'ay  esté  très  aise  de  voir  les  nouvelles  d'Alemagne  que  vous  m'avés 
envoiées,  lesquelles  je  ne  sçavois  point  ^;  je  vous  remercie  du  soin 


il  est  de  vivre  à  l'avenir  avec  S.  Ëm.  avec 
une  ouverture  de  cœur  toute  entière,  et 
de  ne  se  plus  embarrasser  l'esprit  de  ceux 
qu'il  verroit  le  vouloir  entretenir  dans  ses 
mauvaises  bumeurs.  Ensuitte  il  a  fait  des- 
sein d'aller  dans  toutes  les  maisons  de  Brie 
où  il  pourroit  trouver  des  loups ,  en  s'ap 
procbant  de  Fontainebleau,  afin  d'aller 
jusques  là  au  devant  de  M** . . . .  •  (  Ms.  cité 
aux  sources ,  fol.  1  a  1 .) 

'   Bourg  entre  Montargis  et  Nemours. 

'  Il  s'agissait  de  la  prise  de  Stockem, 
de  Dalem  et  du  cbâteau  de  Steckenbog 
par  le  maréchal  de  Guébrianl,  et  de  la 


déroute  d'une  troupe  de  Jean  de  Werth , 
qui  faillit  être  fait  prisonnier.  La  Gazette 
en  donna  des  nouvelles  le  1 1  octobre  et  en 
fit  le  récit  dans  un  extraordinaire  du  a  1 . 
On  ne  comprend  pas  trop  que  Richelieu 
dise  ici  qu'il  ne  savait  point  les  nouvelles 
d'Allemagne,  puisque  quatre  jours  aupa- 
ravant il  écrivait  à  Chavigni  :  «  C'est  un 
grand  coup  que  les  affaires  d'Allemagne 
aillent  comme  M.  d'Avaux  le  mande.  » 
(Lett.  du  1  octobre  notée  aux  Analyses.) 
Peut-être  s'agissait-ii  de  quelques  détails 
nouveaux. 


152  LETTRES 

que  vous  avés  pris  de  m'en  faire  part.  Si  Jean  de  Wert  ne  se  fust 
point  sauvé,  c'eust  esté  une  bonne  affaire;  mais  il  faut  se  contenter 
de  ce  qu'il  plaist  à  Dieu  nous  donner. 

Je  seray  demain  au  soir,  qui  est  dimanche,  à  Nemours  où  vous 
pouvés  venir,  si  les  affaires  le  peuvent  permettre  ;  vous  asseurant  que 
je  n'ay  pas  peu  d'impatience  de  vous  voir,  pour  vous  asseurer  de  nou- 
veau d'une  chose  de  laquelle  je  veux  croire  que  vous  ne  doutés  pas, 
qui  est  que  je  suis  tout  à  vous. 


XCII. 

Bibl.  du  Louvre,  manuscrits  de  dArgenson,  t.  XII,  fol.  261.  — 
Original  de  la  main   de  Cherré. 

[A  M.  D'ARGENSON^] 

j4  octobre  [1642]- 

Monsieur,  je  ne  sçaurois  assez  vous  tesmoigner  la  joye  que  j'ay  de 
l'avantage  que  M"'  le  maréchal  de  la  Motte  a  remporté  sur  les  ennemis 
du  roy  en  la  dernière  bataille  qu'il  a  gagnée  ^.  C'est  un  effect  de  la 
bénédiction  de  Dieu,  de  son  bonheur  et  de  sa  valeur  tout  ensemble. 
Je  vous  prie  de  luy  recommander  de  ma  part  de  se  mieux  conserver 
qu'il  n'a  faict  par  le  passé,  lui  représentant  que  le  service  de  S.  M. 
le  requiert  ainsy. 

Je  luy  escris  pour  le  prier  de  ne  rien  oublier  de  ce  qui  se  pourra 
pour  faire  promptement  fortiffier  Lerida.  Je  vous  conjure  d'y  tenir  la 
main;  vous  promettant  que,  si  les  cinquante  mil  livres  que  M.  de 
Noyers  a  envoyez  pour  cette  despense  ne  suffisent  pas,  j'auray  soin 
d'y  faire  pourvoir  de  nouveau,  aussy  tost  qu'ils  seront  employez. 

Je  luy  escris  aussy  qu'il  est  important  de  faire  sortir  du  pays  les 
évesques  de  Barcelonne,  de  Gironne,  et  tous  autres  mal-affectionnez. 

'  Il  n'y  a  point  de  suscription ,  le  second  tobre.  La  Gazette  en  donna,  le  2A,  un 
feuillet  étant  enlevé.  -  ample  récit. 

'  La  bataille  de  Lérida,  livrée  le  7  oc- 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  153 

Vous  vous  en  souviendrés ,  s'il  vous  plaist ,  comme  aussy  de  la  bonne 
police  qui  doit  estre  gardée  dans  toute  la  Catalogne;  à  quoy  je  me 
prometz  que  vous  n'oulilierés  rien  de  tout  ce  qu'on  peut  attendre  de 
vostre  affection,  de  vostre  prudence  et  de  votre  adresse. 

M.  de  Noyers  vous  escrivant  amplement  de  toutes  choses,  je  ne 
vous  feray  cette  lettre  plus  longue  que  pour  vous  dire  que  ma  santé 
se  fortifie  de  jour  en  jour,  et  que  je  serois  très-aise  qu'elle  me  donnast 
lieu  de  vous  faire  cognoistre  que  je  suis  véritablement, 

Mcns^ 

Vostre  très  affectionné  à  vous  rendre  service. 

De  Paris,  ce  2 A  octobre. 


XCIII. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  16^2,  de  septembre  en  décembre,  fol.  21 4.  — 
Original  de  la  main  de  Cherré. 

[A  M.  DE  CHAVIGNr.] 

De  Paris,  ce  samedy  au  soir,  3  5  octobre  i643. 

Mons'  Bouthillier  doit  aller  trouver  le  roy  pour  luy  porter  l'inven- 
taire des  meubles  de  la  reyne  mère.  Songeant,  comme  il  faict,  à  l'es- 
pargne,  son  intention  seroit  de  faire  tout  vendre.  Quand  à  moy  je  suis 
contraire ,  et  persiste  en  ce  que  j'ay  mandé  de  Lyon ,  que  c'est  chose 
égale  au  roy  de  n'avoir  point  le  pallais  du  Luxembourg  ou  de  l'avoir 
sans  meubles,  puisque,  par  ce  moyen,  on  n'y  sçauroit  loger  personne. 
Ma  pensée  est  que  le  roy  doit  choisir  de  quoy  meubler  ce  palais  hon- 
nestement,  et  laisser  vendre  ce  qu'il  ne  voudra  point. 

Je  seray  bien  aise  d'avoir,  pour  la  prisée  et  le  parisis  au  dessus ,  une 
tapisserie  de  Tobie  que  j'ay  autresfois  donnée  à  la  reyne.  Elle  m'avoit 

'  Au  dos  de  cet  original ,  sans  suscrip-  tation  de  la  main  de  Chavigni  :  «  Son 
tion  ni  signature,  se  trouve  cette  anno-      .  Eminence.  » 

CAItDI>'.  DE  BICHELIEC.  —  VU.  20 


154  LETTRES 

cousté  dix  mille  francs  de  M"^  de  Langres;  et,  si  elle  me  revient,  elle 
en  coustera  autant.  Si  le  roy  ne  la  retient  point  je  la  prendray. 
J'iray  demain  coucher  à  Ruel. 


XCIV. 

Arcl).  des  Aff.  étr.  France,  1642,  de  septembre  en  décembre,  loi.  21 3. — 
Original  de   la  main  de  Cheiré. 

[A  M.  DE  CHAVIGNI.] 

De  Paris,  ce  25  octobre  i6ia. 

M"^  le  chancelier  s'en  allant  tantost  trouver  le  roy,  je  vous  fais  ce 
hillet  pour  vous  dire  qu'ayant  servy,  comme  il  a  faict,  au  voiage  qu'il 
vient  de  faire,  j'estime  que  Sa  Majesté  le  doit  bien  recevoir,  luy  faire 
bon  visage  et  luy  tesmoigner  gré  de  ses  soins. 

M''  de  Noyers  m'a  rapporté  au  long  tout  ce  qu'on  a  dit  au  roy  sur 
le  sujet  de  la  reyne',  à  quoy  je  vous  avoue  que  je  ne  puis  adjouster 
aucune  foy,  et  croy  fermement  que  ce  sont  impostures  et  inventions 
de  Frontrailles,  qui  est,  comme  vous  sçavés,  capable  de  toutes  sortes 
de  malices. 

Cependant,  en  faisant  venir  ceuv  qui  ont  parlé  au  genlilhomme  qui 
a  parlé  au  roy,  on  esclaircira  mieux  cette  alfaire. 


'  Chavigni ,  alors  à  Saint-Germain ,  avait 
écrit  la  veille,  ilx  octobre,  à  Richelieu: 
«  Le  roy  fist  hier  assez  mauvaise  chère  à  la 
reyne ,  mais  elle  ne  soupçonna  point  pour- 
tant qu'il  eust  quelcpie  chose  de  nouveau 
dans  l'esprit  contre  elle ,  estant  accoutumée 
à  recevoir  souvent  de  semblables  traitte- 
ments.  Il  est  toujours  fort  animé  contre 
elle,  et  en  parle  à  tous  moments . . .  u  (  Ma- 
nuscrit cité  aux  sources,  fol.  206.)  —  Il  s'a- 
gissait de  la  part  qu'on  prétendait  que  la 
reine  avait  prise  dans  la  conspiration  de 
Cinq -Mars.  On  voit  qu'en  démentant  ces 


bruits,  Richelieu  ne  laisse  pas  de  vouloir 
s'en  éclaircir.  Il  ne  paraît  pas  qu'il  ait  eu 
le  temps  de  donner  suite  à  cette  enquête. 
Dans  cette  même  lettre  autographe  de 
Chavigni ,  je  trouve  encore  cet  incident  : 
«  Sa  Majesté  a  esté  fort  estonnée  du  cofFret 
plein  de  poisons  qui  s'est  trouvé  dans 
Luxembourg  ;  elle  approuve  qu'on  en  fasse 
un  procès-verbal ,  et  puis  que  le  tout  soit 
bruslé.  »  Est-ce  une  insinuation  contre  la 
reine-  mère  ?  Elle  avait  très-peu  habité  le 
Luxembourg,  et  depuis  douze  ans  elle  en 
était  absente. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


155 


xcv. 

Arcli.  des  Afl".  élr.  France ,  t.  1 02 .  —  Minute  de  Ja  main  de  Charpentier. 

Bibl.  iiup.  Baluze,  pap.  des  arm.  lett.  paq.  i,  n°  i,  fol.  120-1 33.  — 

Copie  de  la  main  de  Baluze  '. 

M.  LE  GRAND'. 

[ octobre  i642  ?  ] 

Lne  foiblesse  eslevée  est  rarement  exempte  de  malice  ;  parce  qu'ainsy 
que  la  foiblesse  et  l'eslévation  sont  les  vrayes  sources  de  la  jalousie, 
la  jalousie  et  la  puissance  sont  celles  de  la  malice,  et  produisent 
presfjue  tousjours  tout  le  mal  qu'elles  peuvent  faire,  si  elle  n'en  est 
destoumée  par  la  timidité,  perpétuelle  compagne  de  la  foiblesse. 


'  Baluze  ne  dit  point  la  source  où  il  a 
puisé  ses  copies,  et  il  donne  seulement 
cette  indication:  vol.  i23,  n°  ia6.  Or 
nous  trouvons  sur  trois  des  feuillets  de  la 
minute  des  Affaires  étrangères  les  numé- 
ros 126,  127,  128  notés  anciennement 
au  bas  desdits  feuillets  ;  c'est  donc  sur  cette 
minute  que  Baluze  a  copié. 

'  La  pièce  en  tète  de  laquelle  est  écrit  : 
«  M.  le  Grand  »  se  compose  de  sept  feuil- 
lets qui  ne  se  trouvaient  pas  primitivement 
dans  ce  volume  de  la  collection  France. 
Lors  du  remaniement  qu'on  en  a  l'ait  après 
l'époque  de  mon  premier  examen,  ils  y 
ont  été  intercalés  entre  les  feuillets  69  et 
60,  sans  avoir  été  numérotés.  Ces  sept 
feuillets ,  dont  plusieurs  ne  sont  écrits  que 
d'un  côté,  d'autres  dans  une  portion  de  la 
page,  où  le  reste  est  en  blanc,  sont  sans 
ordre  et  ne  présentent  pas  un  sens  suivi; 
c'est  un  premier  l)rouillon  dont  les  frag 
ments  paraissent  avoir  été  réunis  comme 
au  hasard;  la  pièce  d'ailleurs  n'est  point  da- 
tée; les  deux  lettres  entre  lesquelles  elle 


se  trouve  sont  du  1 2  septembre.  C'était  le 
jour  même  de  l'exécution  de  Cinq-Mars.  Il 
est  bien  certain  que  ce  mémoire,  médité 
et  composé  à  loisir,  ne  saurait  porter  cette 
date.  Rien  n'indique  s'il  a  été  écrit  pendant 
le  procès  ou  après  l'exécution ,  soit  pour 
étouffer  dans  le  cœur  du  roi  toute  velléité 
de  clémence,  soit  pour  justifier  une  sévé- 
rité dont  on  craignait  qu'il  ne  s'inquiétât. 
Toutelois ,  si  le  cardinal  a  mis  ce  mémoire 
sous  les  yeux  du  roi ,  il  a  dû  modifier  quel- 
ques phrases  de  ce  brouillon ,  qui  évidem- 
ment n'étaient  pas  écrites  pour  être  lues 
par  Louis  XIII.  Au  reste ,  il  me  semble  vrai- 
semblable que  Richelieu  destinait  cette 
pièce  à  entrer  dans  la  suite  de  ses  mémoi- 
res ,  dont  il  n'a  pas  cessé  de  s'occuper.  — 
L'absence  de  date  et  l'impossibilité  où  nous 
sommes  d'en  proposer  une  avec  quelque 
certitude  nous  font  placer  cette  pièce 
dans  le  voisinage  d'autres  mémoires  égale- 
ment composés  contre  le  favori,  et  dont 
cette  pièce  semble  comme  un  premier 
cravon. 


156  LETTRES 

Il  y  a  des  esprits  sy  malheureux  qu'ils  ne  peuvent  se  contenter  en 
leur  bonne  fortune. 

Il  y  a  des  esprits  qui  ont  une  malignité  sy  naturelle  qu'ils  ont  peine 
à  vouloir  et  à  consentir  ce  qui  leur  est  le  plus  nécessaire ,  lorsqu'il  est 
utile  ou  agréable  à  ceux  qui  leur  proposent,  et  à  d'autres. 

Ces  trois  trahisons  furent  trovivées  sy  extraordinaires,  qu'il  n'y  eut 
personne  qui  n'estimast  qu'elles  avoient  esté  faictes  à  l'envy,  ou  pour 
voir  si  ceux  qui  les  avoient  commises  emporteroient  le  prix  de  l'in- 
famie. L'illustre  sang  de  Monsieur,  le  nombre  de  pareilles  actions 
qu'il  n'avoit  jamais  manqué  de  faire  lorsqu'il  avoit  veu  le  roy  occupé 
pour  le  bien  de  son  Estât,  sembloit  rendre  son  infidélité  présente, 
qui  estoit  la  quatriesme,  supérieure  à  toute  autre. 

Mais  le  duc  de  Bouillon  '  pouvoit  dire  que ,  bien  que  la  trahison  qu'il 
commettoit  ne  fust  que  la  troisième ,  elle  estoit  d'autant  plus  noire  qu'il 
la  faisoit  sans  prétexte ,  au  sortir  d'une  oiiligation  en  vertu  de  laquelle 
il  estoit  redevable  au  roy  et  de  son  bien  et  de  la  vie.  Il  la  faisoit  dans 
un  employ  de  confiance  qu'il  avoit  pieu  au  roy  lui  donner,  qui  fobli- 
geoit,  par  ce  nouveau  lien,  à  une  estroite  fidélité,  et  qu'il  favoit  pro- 
jettée  au  mesme  instant  qu'il  recevoit  abolition  de  son  premier  crime. 

M""  le  Grand  disoit  que  bien  qu'il  ne  fust  d'une  naissance  pareille 
à  ceux  avec  lesquels  il  entroit  en  dispute,  que  bien  qu'il  n'eust  pas 
commis  nombre  de  trahisons  comme  eux ,  la  sienne  pouvoit  estre  esga- 
lée  aux  leurs,  en  ce  qu'en  son  apprentissage  il  faisoit  un  coup  de 
maistre,  ne  se  pouvant  trouver  en  ce  genre  un  chef  d'oeuvre  plus  par- 
fait que  l'entreprise  qu'il  avoit  faicte  de  faire  oster  l'autorité,  la  liberté 
et  la  vie,  non  seulement  à  son  bienfaiteur,  mais  à  celuy  de  toute  sa 
maison;  s'attaquer  à  son  roy,  ruiner  son  maistre,  renverser  la  prospé- 
rité de  ses  affaires,  et  se  joindre  impudemment  à  son  ennemy  capital; 
n'y  ayant  point  de  chef-d'œuvre  plus  parfaict  en  ce  genre  que  celuy 
qui,  tout  d'un  coup,  le  rendoit  ingrat  envers  son  bienfaicteur,  traistre 
à  son  maistre,  et  rebelle  à  son  roy; 

La  minute  des  AfTaires  étrangères  ne         que  quelques  lififnes  plus  haut,   M.  pour 
met  ici  que  l'initiale  du  nom ,  aussi  bien        Monsieur. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  157 

Ingrat  à  son  bienfaicteur  jusques  à  conspirer  contre  sa  fortune  et  sa  vie; 

Traistre  à  son  maistre  jusques  à  déceler  ce  qu'il  sçavoit  de  ses  prin- 
cipaux secrets  à  ses  ennemys  capitaux,  et  à  parler  de  luy  avec  un 
etïroyable  mespris  et  des  injures  outrageuses  ; 

Rebelle  à  son  roy  jusques  à  former  un  party  puissant  en  son  Estât 
contre  son  service ,  et  se  joindre  à  l'Espagne  pour  luy  faire  plus  cruel- 
lement la  guerre. 

Peu  s'en  fallut  que  cette  année,  qui  de  longtemps  avoit  esté  prédite 
devoir  estre  une  année  de  miracles,  ne  fust  une  année  de  funestes 
prodiges  pour  l'Estat  et  pour  moy. 

Cognoissant  Thumeur  du  roy  jalouse,  il  luy  persuadoit  continuelle- 
ment que  ma  réputation  estoufoit  sa  gloire ,  et  que  l'autorité  qui l  me 
donnoit  rabaissoitla  sienne,  bien  qu'il  n'y  eust  personne  qui  ne  sceust 
fort  bien  que  je  ne  prétendis  jamais  autre  honneur  que  celuy  qu'une 
créature  peut  recevoir  à  l'ombre  de  celuy  de  son  maistre ,  et  qu'il  est 
impossible  qu'un  ministre  face  de  bonnes  actions  dans  un  Estât  sans 
en  remporter  de  l'estime,  aussy  peu  préjudiciable  à  celle  de  son 
maistre  que  la  lumière  des  estoiles  l'est  à  celle  du  soleil. 

Le  cognoissant  peu  libéral  de  sa  nature,  il  luy  représentoit  fpi'es- 
tant  d'un  naturel  contraire,  j'estois  cause  de  beaucoup  de  despenses 
qu'on  pouvoit  espargner,  luy  faisant  croire  qu'on  donnoit  de  l'argent 
au  tiers  et  au  quart,  à  son  insceu;  et  cependant  ce  misérable  sçavoit 
bien  que  l'on  avoit  une  pratique  contraire;  n'ayant  rien  oublié  de  ce 
(ju'il  avoit  peu  pour  persuader  qu'on  luy  en  devoit  donner  ainsy,  sans 
cju'il  eust  jamais  peu  parvenir  à  ses  fins. 

Cognoissant  le  roy  soupçonneux ,  il  le  mettoit  en  ombrage  de  toutes 
choses. 

Il  luy  disoit,  avec  autant  d'impudence  que  peu  de  raison,  que 
l'alliance  contractée  entre  M'  le  prince  et  nioy,  huict  ans  après  que 
le  roy  nous  l'avoit  permise,  luy  devoit  estre  fort  suspecte. 

Sa  malice  alloit  jusques  à  ce  poinct  de  persuader  au  roy  que  M' le 
prince,  en  son  absence,  pourroit  attenter  sur  la  vie  de  ses  enfans;  le 
roy,  dont  la  facilité  est  esgale  à  la  lx»nté,  receut  cette  impression  à  tel 


158  LETTRES 

poinct  que ,  lorsqu'il  fut  question  de  venir  au  voyage ,  il  désira  que  M"'  le 
prince  n'allast  point  voir  mess'*  le  Dauphin  et  d'Anjou  accompagné. 

Je  sçavois  bien  que  cette  impression  esloit  dans  l'esprit  du  roy,  mais 
je  ne  me  mettois  pas  en  peine  d'y  remédier,  me  semblant  qu'il  n'y  a 
personne  qui  peust  ignorer  qu'outre  qu'un  tel  crime  ne  peut  eslre 
conceu  que  par  un  démon  d'enfer,  il  n'y  avoit  point  de  prince  au  monde 
qui  voulust  commettre  un  crime  exécrable  pour  qu'un  autre  en  re- 
ceust  le  fruict,  ce  qui  fiist  arrivé.  Monsieur  estant  en  ce  cas  héritier 
de  la  couronne. 

Ce  Démon  prévoyant  cette  response  avoit  dict  au  roy  qu'il  falloit 
considérer  que  Monsieur  n'avoit  point  d'enfans,  et  que  partant  M'  le 
prince  ne  seroit  pas  destourné  d'une  telle  pensée  par  la  considération 
des  droicts  que  Monsieur  avoit  à  la  couronne.  Mais  outre  que  M.  le 
prince  a  vingt  ans  plus  que  Monsieur,  ce  qui  faict  qu'il  ne  pouvoit 
pas  prétendre  la  couronne  après  luy,  je  voudrois  biensçavoir  s'il  n'eust 
pas  fallu  estre  plus  que  fol  pour  ne  sçavoir  pas  que ,  s'il  eust  commis 
un  crime  impossible  à  exécuter.  Monsieur,  en  recevant  le  fruict,  eusl 
esté  obligé  d'en  estre  le  vengeur,  et  pour  faire  cognoistre  qu'il  n'en 
estoit  point  complice,  et  pour  asseurer  sa  personne  qui,  en  ce  cas, 
eust  deu  craindre  qu'on  luy  en  eust  faict  autant. 

Enfin  ces  accusations  estoient  sy  ridicules,  que  j'eusse  quasi  faict  cons- 
cience d'y  respondre ,  ne  le  pouvant  faire  sans  penser  qu'elles  fissent  im- 
pression en  l'esprit  du  roy  ^ ,  qu'on  ne  les  pouvoit  croire  sans  luy  faire  tort . 

Ce  misérable  disoit  au  roy  qu'il  le  voidoit  faire  respecter,  et  il  par- 
loit  de  luy,  et  le  traictoit  avec  un  effroyable  niespris,  et  le  portoit  à 
des  résolutions  qui  l'eussent  rendu  le  mespris  du  monde;  au  lieu 
que  le  cardinal  avoit  tousjoursvescu  avec  luy  avec  une  extraordinaire 
révérence ,  et  le  faisoit  estimer  et  redouter  de  tout  l'xmivers. 

Il  disoit  à  Sa  Majesté  et  se  plaignoit  dans  toute  sa  maison  qu'on 

'   La   phrase   est   embarrassée;   faut- il  rects;  il  y  en  a  même  qu'un  texte,  sans 

entendre ,  malgré  la  construction  :  si  ridi-  doute  interrompu ,  rend  à  peu  près  inintel- 

cules. ..  qu'on  ne  le  pouvait  croire ,  etc.  ? —  ligibles;  nous  notons  le  mauvais  état  du 

11  y  a  d'autres  passages  obscurs  et  iacor-  manuscrit,  du  reste  très-facile  à  lire. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  159 

ne  faisoit  rien  pour  ses  domestiques,  et  lorsque  je  parlois  au  roy 
pour  quelqu'un,  il  luy  faisoit  trouver  mauvais,  en  disant  que  je  vou- 
lois  gaigner  contre  luy-mesnie. 

Si  je  donnois  de  l'argent  à  quelques  pauvres  officiers  blessés  dans 
les  armées,  il  me  l'imputoit  à  crime,  et  en  empruntoit  de  tous  costez 
pour  faire  le  mesme,  quoyqu'il  n'eust  aucune  fonction  qui  l'y  obligeas! 
comme  la  mienne. 

En  ce  voyage  Dieu  voidut  me  visiter  d'une  grande  maladie ,  qui  me 
tint  quatre  mois  au  lict,  non  sans  péril  de  ma  personne  au  commen- 
cement; et,  au  mesme  temps,  la  malice  des  hommes,  favorisée  par 
celle  des  démons,  n'oulîlia  rien  de  ce  qu'elle  peut  pour  me  perdre. 
IVI' le  Grand  projeta,  avec  ses  complices,  diverses  entreprises  sur  ma 
personne ,  dont  une  cuida  estre  exécutée ,  à  Lyon ,  à  ce  qu'il  a  dit  depuis. 

Il  n'oublia  ny  calomnie ,  ny  imposture,  ny  autre  moyen  pratiquable 
poiu"  me  faire  perdre  les  bonnes  grâces  du  roy  et  le  porter  aux  extré- 
mitez  contre  moy. 

Il  semble  que  Dieu  m'envoyoit  cette  maladie  expressément,  pen- 
dant de  sy  grandes  persécutions,  pour  me  mettre  en  un  estât  auquel 
je  ne  peusse  ignorer  qu'estant  inutile  à  môy-mesme,  je  ne  pouvois 
estre  redevable  de  ma  défense  qu'à  sa  bonté. 

II  m'osta  l'usage  du  bras  droit,  à  mon  avis,  pour  faire  voir  que 
c'est  de  sa  dextre  dont  il  se  sert  pour  protéger  les  siens,  que  ceux 
qui  en  sont  assistez  n'ont  rien  à  craindre ,  et  qu'il  n'y  a  point  de  puis- 
.sance  humaine  qui  puisse  prévaloir  à  sa  force. 

Il  me  mit  en  estai  de  ne  pouvoir  sortir  de  mon  logis  et  du  lict 
pour  me  mettre  en  estât  de  ne  pouvoir  aller  au  logis  du  roy,  qui 
estoit  le  seul  lieu  auquel  ils  poxivoient  me  tuer  facilement,  et  auquel 
ils  avoient  projeté  d'exécuter  lem-  mauvais  dessein. 

Je  courus  trois  périls  notables  en  ce  voyage  ;  le  premier  d'estre  tué 
dans  Lyon,  sans  que  j'eusse  peu  m'en  garantir,  si  Dieu  n'eust  an-esté 
fpielques-uns  de  ceux  qui  estoient  de  cette  conspiration ,  et  dont  fau- 
torité  estoit  du  tout  nécessaire  pour  la  mettre  en  exécution.  Je  dis  sans 
que  j'eusse  peu  m'en  garantir,  parce  que  le  dessein  estoit  faict  de  m'as- 


160  LETTRES 

sassiner  dans  le  logis  du  roy,  lieu  auquel  on  ne  va  pas  en  estât  de  se  def- 
fendre",  et  auquel,  mesme  quand  on  y  seroit,  le  respect  arreste  la  force. 

Ce  misérable  esprit  avoit  porté  Monsieur  à  consentir  ce  détestable 
dessein,  et  à  luy  faire  promettre  qu'il  l'authoriseroit  par  sa  présence. 
La  bonté  de  Dieu  se  servit  de  sa  timidité  et  de  sa  foiblesse  pour  le 
destourner  de  ce  voyage,  et  en  rompit  l'effect  par  ce  moyen. 

Le  second  péril  fut  de  ma  maladie,  de  la  grandeur  de  laquelle  je 
ne  parle  point,  mais  dont  la  malignité  fut  telle  dès  son  abord  qu'il  me 
fut  impossible  d'en  sortir  qu'au  bout  de  quatre  mois. 

Le  troisiesme  fut  un  second  dessein  que  ce  démon  infernal  fist  de 
me  faire  tuer  dans  Narbonne,  dans  mon  lict',  dessein  d'autant  plus 
détestable  qu'il  fauthorisoit  du  nom  du  roy  dans  l'esprit  de  ceux 
qu'il  rendoit  ses  complices,  leur  faisant  croire  meschamment  et  fausse- 
ment que  le  roy  seroit  bien  ayse  d'estre  delFaict  de  moy. 

Par  quel  moyen  n'a-t-il  tesmoigné  l'immortelle  baine  qu'il  portoit 
au  roy  qu'en  le  privant  d'une  créature  qui  l'a  servy  si  utilement  depuis 
longtemps ,  et  en  l'en  privant  par  une  violence  d'autant  plus  exécrable 
qu'en  ostant  la  vie  au  cardinal,  elle  eust  entièrement  terny  la  répu- 
tation de  son  maistre,  bien  qu'elle  eust  esté  conuiiise  à  son  insceu.^ 

Qui  eust  peu  ne  croire  pas  qu'on  n'eust  osé  attenter,  dans  le  logis 
du  roy,  sur  la  vie  de  son  principal  ministre ,  cardinal  et  prestre  tout 
ensemble,  ministre  dont  les  services  ont  peu  de  pareils,  et  dont  la 
réputation  est  espandue  par  le  monde,  sans  que  Sa  Majesté  en  eust 
esté  participante.»* 

L'esprit  humain,  voire  mesme  celuy  du  démon,  peuvent-ils  conce- 
voir deux  crimes  plus  exécrables,  l'un  de  tuer  un  cardinal  innocent, 
et  l'autre  de  faire  perdre  à  un  prince  vertueux  la  réputation  par  une 
action  criminelle  dont  il  eust  esté  innocent?  et  le  tout  pour  l'ambi- 
tion de  l'esprit  le  plus  déréglé  qui  eust  jamais  esté  au  monde ,  de  l'âme 
la  plus  impie,  en  un  mot  d'un  homme  qui,  ne  cognoissant  point  Dieu, 

On  parle  souvent,  dans  le  procès  de  nous  ne  voyons  pas  qu'il  y  ait  aucun  in- 
Ciiiq-Mars,  du  dessein  qu'il  aurait  conçu  dice,  ni  même  qu'il  ait  été  question  de 
de  faire  assassiner  le  cardinal  à  Lyon  ;  mais        cet  autre  projet  d'assassinat  à  Narbonne. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  161 

eust  peu  à  peine  recognoistre  son  roy,  après  avoir  traitté  son  bien- 
l'aicteur  comme  il  le  projetoit. 

Le  moyen  dont  se  servit  ce  malheureux  esprit  pour  s'affermir  pre- 
mièrement dans  l'esprit  du  roy,  se  mettre  en  estât  de  luy  faire  mal, 
et  d'y  entreprendre  tout  ce  qu'il  voudroit  contre  luy-mesme,  fut  de 
luy  représenter  qu'il  y  alloit  de  son  honneur  de  ne  souffrir  jamais 
qu'il  fust  esloigné  de  sa  personne ,  qu'il  devoit  bien  prévoir  qu'on  ne 
eognoistroit  pas  plus  tost  qu'il  eust  une  entière  confiance  en  luy,  et  que 
luy  prit  la  liberté  de  luy  parler  de  toutes  choses ,  qu'on  ne  fist  toutes 
sortes  d'efforts  pour  le  perdre,  ce  qui  le  priveroit  du  moyen  de  sçavoir 
beaucoup  de  vérités  qui  luy  seroient  souvent  grandement  importantes. 

Siu-  ce  fondement  spécieux  le  roy  hiy  promit  qu'il  mourroit  plus- 
tost  que  de  l'esloigner;  ce  dont  l'autre  luy  fit  faire  tant  de  sermens, 
et  en  tira  sy  souvent  des  confirmations,  de  vive  voix  et  par  escrit, 
comme  aussy  de  luy  garder  le  secret,  à  l'exclusion  du  cardinal  et  de 
toutes  autres  sortes  de  personnes;  ce  qui  e.stoil  proprement  obliger 
le  roy  à  le  garder  contre  luy-mesme. 

Ce  fondement  posé,  et  la  liberté  de  luy  faire  toutes  sortes  de  mau- 
vaises ouvertures,  lant  parce  qu'il  luy  faisoit  à  toutes  heures  renou- 
veller  le  serment  de  son  secret,  que  parce  aussy  qu'il  croyoit  que 
quand  mesme  on  eust  descouvert  quelque  chose  de  ses  malices,  rien 
n'estoit  capable  de  le  faire  cbasser;  le  roy  prenant  sa  conservation  au 
poinct  d'honneur,  sans  considérer  que,  lorsqu'il  avoit  esloigné  quel- 
qu'un de  sa  cour,  ce  n'avoit  point  esté  ses  ministres  qui  en  avoient 
esté  la  cause,  mais  les  crimes  et  les  fautes  de  ceux  qui  en  avoient 
esté  esloignez  ;  qu'il  ne  les  avoit  point  esloignez  pour  faire  plaisir  à 
personne,  mais  pour  son  seul  intérest  et  pour  son  service'. 

'   Baluze  termine  ici  sa  copie ,  et  il  donne  sorte  qu'ils  ne  font  aucun  sens  ni  avec  les 

à  la  suite,  sous  les  cotes  12.4  et  i3  5,  et  feuillets  précédents  ni  avec  ceux  qui  sui- 

écrits  de  sa  main  ,  les  deux  fragments  qu'on  vent  ;  et  l'on  se  demande  s'ils  appartiennent 

va  lire ,  en  tète  de  chacun  desquels  il  a  mis  :  à  la  pièce  aux  feuillets  de  laquelle  on  les 

le  cardinal  de  Hichelieu.  Dans  le  manuscrit  a  mêlés  ;  seulement  le  sujet  est  le  même, 

des  Affaires  étrangères  dont  nous  avons  et  ils  sont  écrits ,  comme  les  autres ,  de  la 

indiqué  le  désordre ,  ils  sont  placés  de  telle  •  main  de  Charpentier. 

CAHDIK.  DE  BICHELIEC.  —  VU.  3  > 


162  LETTRES 

Je  ne  dois  pas  oublier  entre  vos  victoires  celle  que  vous  rempor- 
tastes  sur  vous-mesme,  lorsqu'aiant  esté  combatu  par  l'espace  déplus 
de  deux  ans  par  les  artifices  d'un  esprit  qui,  en  sa  jeunesse,  avoit  les 
derniers  dégrés  de  malice,  pour  changer  la  face  du  gouvernement  de 
vostre  Estât  et  l'abandonner  à  ses  dérégleniens,  vous  vous  surmons- 
tastes  vous-mesme ,  en  postposant  ce  qui  estoit  de  vostre  inclination  à 
la  raison.  Il  est  vray  qu'il  y  eut  beaucoup  de  peine  à  vous  faire  voir 
l'injustice  de  ses  desseins,  le  préjudice  que  vous  en  receviés  en  vostre 
personne  et  en  vos  affaires  ;  mais  enfin  Dieu  vous  esclaira  de  telle 
sorte  que  vous  mistes  sous  les  pieds  l'ancienne  inclination  que  vous 
aviés  pour  luy,  vous  surmontastes  les  mauvaises  impressions  qu'il  vous 
avoit  données  de  vos  vieux  serviteurs. 


Jamais  ceux  qui  sont  chargés  de  l'administration  d'un  Estât  n'au- 
ront seureté  auprès  d'un  prince  facile,  lorsqu'il  aura  des  favoris.  La 
raison  est  que  depuis  que  le  monde  est  monde ,  à  peine  se  trouvera-t-il 
un  favori  qui  se  soit  contenté  de  la  raison.  Ce  qui  faict  que  les  mi- 
nistres d'Estat  qui  n'ont  autre  but  que  de  contenir  un  chacun  dans  ses 
bornes,  les  ont  tousjours  nécessairement  contraires  ;  d'où  s'en  suit  que 
leur  fortune  ne  peut  estre  stable,  veu  qu'il  n'y  a  point  de  différence 
entre  choquer  et  renverser  un  homme  en  l'esprit  d'un  prince  facile, 
lorsque  le  choc  est  donné  par  celuy  qui  possède  ses  atfections. 

Y  ayant  peu  de  bien  qui  n'ait  quelque  apparence  du  mal,  il  est  sou- 
vent aussy  aisé  de  ruiner  un  homme  auprès  d'un  prince  facile  pour  le 
bien  que  pour  le  mal  mesme;  par  exemple,  un  général  d'armée  pourra 
gaigner  deux  ou  trois  batailles  avantageuses  à  l'Estat  ;  on  le  représen- 
tera au  prince  comme  sa  réputation  allant  au  préjudice  de  la  sienne. 
Un  ministre ,  par  sa  bonne  conduite ,  aura  le  cœur  des  peuples ,  on  dira 
le  mesme.  Et  cependant  il  se  trouvera  que  le  général  et  le  ministre 
n'auront  faict  que  ce  à  quoy  ils  auront  esté  obligez  pour  le  service  de 
leur  maistre,  et  qu'ils  luy  référeront  leur  estime  et  leur  réputation. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


163 


XCVI. 

Bibl.  imp.  Fonds  Saint-Gerinain-Harlay,  340,  pièce  /jy. 
Fonds  Cangé,  80.  - —  Copie. 

MÉMOIRE   DU   CARDINAL 

CONTRE  M.  DE  CINQ -MARS. 

POUR  LE  ROY^. 


—  Copie.  — 


27  octobre  i642  '. 


M'  le  Grand  n'ayant  oublié  aucune  adresse  ni  artifice  imaginable 
pour  faire  croire  à  ceux  qu'il  vouloit  engager  dans  ses  intérests  que  le 
roy  commençoit  à  se  lasser  du  service  du  cardinal  ',  bien  qu'il  n'y  ayt 
pas  lieu  de  croire  ce  qui  sort  de  la  bouche  d'un  menteur  et  d'un  im- 
posteur, le  d.  cardinal  n'estimeroit  pas  satisfaire  à  la  passion  qu'il  a 
de  plaire  au  roy  en  le  servant,  s'il  ne  le  suplioit  très-humblement  de 
luy  permettre  de  se  retirer  de  la  court  au  cas  que  cette  impression, 
que  le  d.  s'  le  Grand  a  insinuée  dans  beaucoup  d'esprits,  dedans  et 
dehors  le  royaume,  ait  quelque  fondement  dans  le  sien. 


'  Cette  date  est  donnée  par  la  pièce 
même ,  dernier  paragraphe. 

*  Richelieu  n'était  pas  entièrement  ras- 
suré par  le  supplice  de  Cinq-Mars.  Les 
tristes  préoccupations  du  roi,  ses  souve- 
nirs, et  surtout  l'influence  des  amis  de 
l'ancien  favori  qui  conservaient  la  bien- 
veillance de  Louis  XIII,  inquiétaient  pro- 
fondément Richelieu.  Il  se  mit  à  combattre 
les  souvenirs  d'amitié,  s'il  en  restait  en- 
core, par  d'autres  souvenirs,  rappelant 
tous  les  vices,  tous  les  méfaits  qu'on  pou- 
vait imputer  à  Cinq-Mars,  dans  des  mé- 
moires adressés  coup  sur  coup  à  Louis  XI 1 1 , 
et  dans  lesquels  il  demandait  obstinément 
le  renvoi  de  quelques-uns  des  serviteurs 
les  plus  intimes  du  roi ,  les  capitaines  des 
gardes  de  Tilladet,  des  Essarts,  de  la  Salle 


et  le  lieutenant  des  mousquetaires,  Tré- 
ville.  Il  voulait  qu'ils  fussent  forcés  de 
vendre  leurs  charges  et  exilés  de  la  cour  ; 
sinon  il  déclarait  sa  résolution  irrévocable 
de  se  retirer.  Ce  mémoire,  écrit  six  se- 
maines environ  après  la  mort  de  Cinq-Mars , 
est  le  premier  que  nous  ayons  trouvé.  Ri- 
chelieu y  expose  d'ailleurs  très-nettement 
ses  principes  en  matière  de  justice  poli- 
tique. 

'  Vis-à-vis  cette  phrase  on  lit,  à  la 
marge ,  de  la  main  qui  a  corrigé  la  pièce  : 
■  Qu'il  commençoit  à  naistre  dans  l'esprit 
du  roy  quelque  aversion  et  dégoust  contre 
sa  personne.  »  —  «  Qu'ensuite  de  l'aversion 
que  la  trop  grande  puissance  du  cardinal 
avoit  fait  naistre  dans  l'esprit  du  roy  il 
.  avoit  tesmoigné  se  lasser  de  son  service.  1 


164  LETTRES 

Par  cette  oiFre,  le  cardinal  pense  tesmoigner  au  roy  qu'il  ayme 
cent  fois  mieux  sa  personne,  ainsy  qu'il  le  doit,  que  la  sienne  propre, 
puisque,  pour  rendre  Sa  Majesté  contente,  il  se  soubmet  à  estre  mi- 
sérable, ne  pouvant  se  séparer  d'un  maistre  auquel  il  a  donné  son 
cœur  et  toutes  ses  plus  fidelles  pensées,  au  bien  et  à  la  grandeur  et  à 
l'avantage  de  son  service ,  sans  se  priver  du  contentement  qu'il  peut 
avoir  en  cette  vie ,  ce  qu'il  fera  toutefois  avec  satisfaction ,  puisque  ce 
sera  pour  luy  complaire ,  et  qu'il  laissera  ses  affaires  au  meilleur  estât 
qu'elles  puissent  estre. 

Comme  le  véritable  et  le  seul  respect  qu'il  doit  au  roy  luy  tire  cette 
offre  et  cette  suplication  du  cœur  et  de  la  bouche,  si  Sa  Majesté,  au 
lieu  d'estre  importunée  de  son  service,  en  désire  la  continuation,  il 
obéira  volontiers  à  ses  commandemens  ;  mais  il  la  supplie  très-hum- 
blement de  considérer  que,  pour  le  faire  utilement,  il  faut  cinq 
choses  : 

La  première,  qu'elle  n'ayt  point  d'autre  favory  que  le  bien  de  ses 
affaires,  qui  seul  luy  doit  occuper  l'esprit. 

La  deuxiesme,  qu'elle  n'ait  confiance  à  qui  que  ce  puisse  estre  à 
l'exclusion  de  son  conseil,  et  qu'il  luy  plaise  promettre  à  ses  créatures 
de  ne  leur  rien  celer  de  tout  ce  qui  luy  sera  dit  à  leur  préjudice  ;  à 
condition  que,  si  ce  sont  vérités,  ils  se  condamneront  eux-mesmes, 
sans  vouloir  mal  à  ceux  qui  les  auront  descouvertes;  au  lieu  que,  si 
ce  sont  des  calomnies,  Sa  Majesté  en  fera  punir  les  autheurs,  ainsy 
qu'ils  l'auront  mérité. 

La  troisiesme,  qu'elle  garde  un  secret  inviolablement  à  son  d.  con- 
seil, et  luy  oste  tout  lieu  d'apréhender  que  ce  qu'il  luy  communiquera, 
pour  le  bien  de  son  service,  puisse  estre  descouvert  à  son  préjudice. 

La  quatriesme,  qu'il  commande  à  son  d.  conseil  de  luy  dire  libre- 
ment ,  sans  crainte  et  sans  retenue ,  ce  qu'il  estimera  estre  de  son  ser- 
vice sur  le  sujet  de  ses  affaires  ;  Sa  Majesté  se  réservant  à  faire  ce 
qu'elle  estimera  plus  à  propos  ensuitte. 

La  cinquiesme ,  qu'elle  ayt  agréable  de  nettoyer  de  temps  en  temps 
la  court  des  esprits  mal  intentionné?.,  la  raison  voulant  qu'ils  ne  soient 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  165 

pas  plus  tost  connus  que  banis,  pour  prévenir  l'efFect  de  leur  malice, 
qui  produit  souvent  des  maux  presque  irrémédiables  (ainsy  qu'il  a 
paru  en  l'affaire  du  d.  s''  le  Grand) ,  quand  on  est  négligent  à  y  apporter 
le  remède. 

Sa  Majesté  considérera,  s'il  luy  plaist,  que,  sans  l'exécution  de  ce 
dernier  article,  il  est  impossible  d'empescher  que  de  nouvelles  factions, 
qui  ne  feront  pas  peu  de  peine,  ne  se  renouvellent  fort  souvent. 

Après  avoir  faict  trancher  la  teste  à  M'  le  Grand,  retiré  Sedan  des 
mains  de  monsieur  de  Bouillon,  privé  Monsieur  de  l'authorité  dont  il 
a  plusieurs  fois  abusé  et  avec  laquelle  il  pourroit  se  rendre  très-préju- 
diciable à  l'Estat,  il  est  de  la  prudence  du  roy  d'affermir  tellement  la 
subsistance  de  son  conseil,  dans  l'esprit  des  peuples,  et  pareillement 
des  estrangers,  que  tous  perdent  la  crainte  qu'ils  ont  eue  qu'il  puisse 
arriver  du  changement  en  la  conduitte  de  la  France. 

Jusques  à  présent  Sa  Majesté  a  affecté  d'oster  tout  lieu  de  croire 
<[ue  l'indignation  qu'elle  a  eue  contre  M"^  le  Grand  ayt  esté  causée  par 
la  mauvaise  volonté  qu'il  portoit  au  cardinal,  et  jusques  à  ce  que 
toute  la  chrestienté  .soit  persuadée  que  le  roy  ne  sçauroit  ni  aimer,  ni 
souffrir  ceux  qui  n'ayment  pas  le  cardinal,  on  n'estimera  point  que  la 
France  soit  en  e.stat  de  consistance  ferme  et  asseurée. 

Sans  cela,  tous  les  remèdes  dont  on  a  usé  ne  serviront  que  pour 
peu  de  temps,  et  leur  effect  sera  perpétuel,  s'ils  sont  .suivis  du  soin 
proposé. 

Pour  ce  faire ,  au  lieu  que  les  meschans  esprits  ont  tasché  de 
persuader  à  Sa  Majesté  qu'elle  ne  peut,  sans  préjudicier  à  son  hon- 
neur, esloigner  quelques-uns  de  ceux  qui  sont  auprès  d'elle,  par 
l'advis  de  son  conseil,  elle  ne  peut  manquer  à  le  faire,  sans  s'exposer 
à  sa  ruine,  quand  ils  sont  mal  affectionnez  à  ses  principaux  ministres, 
contre  lesquels  ils  ne  peuvent  agir  sans  agir  contre  l'Estat. 

Et,  en  effect,  les  anciens  empereurs  et  tous  les  plus  grands  poli- 
tiques ont  tousjours  estimé  qu'avoir  mauvaise  volonté  contre  leurs 
principaux  ministres  et  n'estre  pas  affectionnez  à  leur  propre  personne 
est  tout  une  mesme  chose. 


166  LETTRES 

Et  Sa  Majesté  trouvera  bon  que  je  luy  die  que,  Mons'  le  Grand 
ayant  faict  esloigner  par  sa  pure  passion  madame  de  Hautefort  ' , 
qu'elle  honoroit  d'une  honneste  affection,  et  diverses  autres  per- 
sonnes de  moindre  considération,  par  ce  simplement  qu'elles  ne  luy 
estoient  pas  favorables,  ce  seroit  chose  bien  estrange  que  Sa  ditte  Ma- 
jesté fist  difficulté  d'esloigner  présentement  quelques  mauvais  esprits 
qui  sont  auprès  d'elle,  parce  qu'ils  sont  contraires  au  bien  de  ses 
affaires  autant  qu'ils  sont  recogneus  de  tout  le  monde  mal  affectionnez 
au  cardinal. 

Le  roy  s'est  tousjours  servy  de  pareils  remèdes  en  tout  temps. 

Du  temps  de  M""  de  Luynes  il  seroit  difficile  de  nombrer  combien 
de  gens  ont  esté  esloignez,  et  Sa  Majesté  en  a  trop  bonne  mémoire 
pour  qu'il  soit  besoin  de  luy  rafreschir. 

J'ay  veu  de  mon  temps  esloigner  des  ^  des  Sennetere ,  et  des 

Marsillacs  fort  à  propos  ;  et  l'esloignement  forcé ,  ou  volontaire ,  de 
beaucoup  de  grands  qui  sont  sortis  de  la  court  et  de  la  France  sont 
la  vraye  cause  du  repos  de  cet  Estât. 

Monsieur  le  Grand  a  dict  deux  choses  fort  considérables  en  ce 
sujet  : 

L'une,  que,  pourveu  qu'il  n'y  eust  personne  auprès  de  Sa  Majesté 
qui  parlast  contre  le  cardinal,  il  n'en  auroit  jamais  mauvaise  satis- 
faction. 

L'autre,  que  Sa  Majesté  cognoissoit  mieux  que  personne  les  esprits 
qui  sont  près  d'elle  peu  affectionnés  au  cardinal. 

Si  cependant  elle  ordonne  qu'on  nomme  ceux  qu'on  pense  plus 
considérables,  on  n'en  fera  point  de  difficulté. 

Il  n'y  eut  jamais  de  grande  conspiration  qui  ne  fust  suivie  de 
beaucoup  de  débris  en  suite  des  chastimens  de  ses  principaux  au- 
theurs. 

Il  n'y  en  eut  jamais  une  si  grande  que  celle  qui  a  esté  descou- 
verte,  et  toutesfois  il  n'y  en   eut  jamais   à  qui  on  veuille  donner 

'  Le  cardinal  pouvait-il  avoir  oublié  ce  que  lui-même  avait  lait  pour  mettre  Cinq-Mars 
à  la  place  de  M°"  de  Hautefort?  —  ^  Ici  un  blanc  dans  le  manuscrit. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  167 

moins  de  suitte,  n'estant  question  que  d'esloigner  quelques  particu- 
liers qui  se  sont  ouvertement  déclarés  contre  le  cardinal. 

En  telles  affaires  de  si  grande  importance  les  soupçons  légitimes 
doivent  quasi  tenir  lieu  de  preuves,  ou  bien  en  approcher,  et  princi- 
palement lorsqu'il  n'est  question  que  de  remèdes  innocents,  comme 
un  esloignemenl  de  la  court;  à  plus  forte  raison,  ce  qui  est  dans  la 
réputation  publique  doit  estre  tenu  pour  véritable ,  quand  mesme  on 
n'en  auroit  point  de  particulière  cognoissance ,  parce  que  le  gouver- 
nement et  la  seureté  des  grands  Estats  requiert  bien  souvent  des  pré- 
cautions qui  dispensent  des  formes  qui  s'observent  au  cours  de  la 
justice  ordinaire. 

Le  cardinal  mesme,  après  la  mort  du  mareschal  d'Ancre  et  la  re- 
traite de  la  reyne  mère  à  Blois,  fut,  avec  ses  parens,  bien  que  tous 
innocens,  esloignez  non  seulement  du  roy  et  de  la  reine  sa  mère, 
mais  du  royaume,  sur  des  soupçons  qui  n'avoient  autre  fondement 
qu'une  faidce  apparence  ;  et  cependant  il  ne  voudroit  pas  dire  qu'on 
eust  mal  faict  d'en  user  ainsy,  parce  que  les  grands  Estats  ont  de  temps 
en  temps  besoin  de  tels  rigoureux  exemples,  pour  ne  pas  dire  vio- 
lens,  pour  contenir  par  la  crainte  chacim  en  .soii  devoir. 

Ensuitte  de  ce  que  dessus,  que  le  cardinal  représente  au  roy  avec 
la  mesme  sincérité  que  s'il  estoit  presl  de  rendre  son  ame  à  Dieu,  Sa 
Majesté  sçaura  bien  prendre  une  bonne  résolution  pour  son  service; 
et  ses  créatures  feront  religieusement  ce  qui  est  leur  debvoir. 

Ce  papier  fut  présenté  au  roy  par  le  cardinal,  cinq  jours  devant  la  Tous- 
saints.  Sa  Majesté  le  receut  sans  aigreur;  et  cependant,  parce  qu'elle  différoit  d'y 
prendre  une  bonne  résolution,  advantageuse  à  son  service,  le  cardinal  fut  con- 
trainct  de  luy  faire  présenter,  le  lendemain  de  la  Toussainct,  celuy  qui  s'ensuit  '. 

'  Cette  observation  est  dans  les  deux  niss.  de  Harlay  et  de  Ciing-é. 


168  LETTRES 


XCVII. 

Bibl.  imp.  Fonds  Saint-Germain-Harlay,  3^9 ,  pièce  5o.  —  Copie.  — 
Fonds  Cangé,  80.  - —  Copie. 

MÉMOIRE 

CONTRE  LE  SIEUR  DE  CINQ -MARS. 

[2  novembre  i64a  '.] 

Puisqii' après  qu'il  a  pieu  à  Dieu  délivrer  le  cardinal  des  pernicieux 
et  abominables  dessins  que  M"'  le  Grand  avoit  de  le  perdre ,  non 
seulement  par  la  perte  générale  de  l'Estat,  mais,  en  outre,  par  atten- 
tat particulier  sur  sa  personne,  le  roy  faict  encore  difficulté  d'esloi- 
gner  quelqu'uns  des  principaux  adhérans  que  ledit  s'  le  Grand  avoit 
auprès  de  sa  personne ,  ce  qui  est  touttesfois  du  tout  nécessaire  pour 
empescher  de  retomber  en  de  nouveaux  inconvéniens,  aussy  préju- 
diciables à  l'Estat  que  contraires  à  la  seureté  du  cardinal;  Sa  Majesté 
est  très  humblement  supliée  de  considérer  s'il  ne  vaudroit  pas  mieux 
qu'elle  laissast  retirer'  le  cardinal  qu'esloigner  ceux  qu'on  luy  propose, 
avec  les  difficultés  qu'elle  y  faict;  veu  que,  si-  elles  estoient  cogneues, 
leur  esloignement  ne  seroit  pas  un  remède  suffisant  aux  maux  qu'on 
veut  éviter  à  l'advenir,  dont  le  roy  ne  se  peut  garantir  qu'en  faisant 
croire,  par  sa  conduitte,  qu'il  aime  si  sincèrement  le  cardinal,  que 
non  seulement  esloigne-t-il  ceux-cy  comme  estans  contraires,  mais 
qu'il  n'en  souffrira  jamais  auprès  de  luy  qu'il  sache  ne  faffectionner 
pas. 

Le  cardinal  désire  qu'il  plaise  au  roy  le  retenir  près  de  sa  personne 
pour  le  servir  ainsy  qu'il  a  tousjours  faict.  Quoiqu'il  ayt  honte  de  parler 
de  luy  à  son  advantage,  il  ne  peut  qu'il  ne  die  franchement  au  roy 
qu'il  croit  que  son  service  requiert  qu'il  en  use  ainsy.  11  croit  de  plus 

'  Quoique  les  manuscrit.s  sépareni  celte  que  c'est  le  mémoire  présenté  le  lende- 
pièce  de  celle  du  2  7  octobre ,  il  est  évident  main  de  la  Toussaint ,  indiqué  dans  l'obser- 
qu'elle  doit  la  suivre  immédiatement ,  et        vation  écrite  au  bas. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  169 

qu'ii  seroit  responsaJjle  devant  Dieu,  s'il  pensait  à  se  retirer  de  la 
court,  y  pouvant  servir  Sa  Majesté;  mais  il  n'y  a  personne  qui  ne  soit 
capaJ)le  de  voir  que ,  Dieu  n'obligeant  pas  à  l'impossible ,  le  cardinal 
n'est  pas  obligé  de  désirer  la  continuation  d'un  employ  où  il  ne  sçau- 
roit  bien  faire,  et  que  la  prudence  et  la  charité  qu'un  chascun  doit 
avoir  pour  soy-mesme  ne  luy  permet  pas  de  demeurer  en  un  lieu  où 
il  n'auroitpas  seureté  de  sa  personne.  Sa  Majesté  sçaura,  s'il  luy  plaist, 
qu'on  a  appris  beaucoup  de  choses  de  M.  le  Grand  dont  jusques  icy 
on  n'a  pas  voulu  luy  donner  cognoissance.  Elle  sçaura  de  plus 
qu'expressément  on  ne  voulut  pas  luy  faire  donner  la  question  de 
peur  qu'il  dist  en  public  ce  qu'il  avoit  faict  cognoistre  en  particulier. 

Elle  sçaura  enfin  que  son  confesseur  eut  bien  de  la  peine  à  l'em- 
pescher  de  parler  sur  l'échafault,  Conformément  à  ce  qu'il  avoit  dict 
plusieurs  fois  en  prison,  que  lorsqu'il  seroit  pressé  et  n'auroit  plus 
rien  à  espérer  qu'il  n'espargneroit  personne. 

Par  les  cognoissances  qu'a  données  ledit  s"^  le  Grand,  on  a  apris 
que  le  cardinal  n'avoit  rien  à  craindre  auprès  du  roy,  pourveu  qu'il 
n'y  eust  point  de  mauvais  esprits  qui  pussent  luy  parler  contre  luy, 
et  que  le  principal  de  ceux  que  le  cardinal  a  désignés  au  roy  estoit 
celuy  qui  faisoit  plus  de  vanité  de  luy  estre  contraire^ 

Tel  est  impuissant  à  nuire  de  soy-mesme  qui  en  est  plus  que  ca- 
pable quand  il  agit  à  l'ombre  de  l'authorité  d'un  puissant  monarque  ; 
et  il  n'y  a  rien  sy  aysé  à  de  mauvais  esprits  que  de  perdre  de  cette 
sorte  les  plus  gens  de  bien,  à  l'insceu  et  mesme  contre  la  volonté  de 
leur  maistre,  dont  les  bonnes  intentions  leur  sont  inutiles,  faute  de 
les  tesmoigner  en  prévenant  les  maux  qu'on  machine. 

Aussy  c'est  chose  claire  qu'il  est  de  la  prudence  du  roy  d'esloigner 
ceux  qu'un  chascun  sçait  estfe  mal  affectionnez  à  son  conseil. 

Agir  ainsy  est  une  preuve  asseurée  de  l'affection  du  roy  envers  le 
cardinal,  et  du  soing  que  Sa  Majesté  veut  avoir  de  faire  continuer  la 
prospérité  de  ses  affaires. 

'  Tréville. 

cAnoiN.  DE  r.:cuELiF.r.  —  th.  ii 


170  LETTRES 

Faire  autrement  est  donner  un  honneste  congé  au  cardinal,  qui  se 
retirera  avec  larmes  de  sang  dans  le  cœur,  pour  la  passion  qu'il  a  pour 
vSa  Majesté,  et  le  désir  de  servir  Dieu  en  la  servant;  mais  avec  con- 
tentement, puisqu'il  n'aura  rien  oublié  de  ce  qu'il  aura  peu  pour  em- 
peschèr  cette  disgrâce. 

Il  plaira  à  Sa  Majesté  ne  différer  pas  davantage  à  prendre  une 
bonne  résolution;  et,  en  considération  de  sa  santé,  qui  patit  par  l'irréso- 
lution en  laquelle  elle  est,  et  pour  l'amOur  de  celle  du  cardinal,  qui  n'en 
est  pas  peu  altérée ,  et  qui  le  seroit  bien  davantage  s'il  n'avoit  cette 
consolation  que,  s'il  cause  quelque  peine  au  roy,  c'est  pour  procurer 
son  salut ,  et  pour  l'advantage  de  son  Estât ,  au  lieu  que  celle  qu'il  re- 
çoit vient  des  difficultez  que  faict  Sa  Majesté,  èsquelles  elle  ne  peut 
persister  sans  causer  la  ruine  d'ime  créature  qui  ne  désire  conserver 
sa  vie  que  pour  l'employer  à  son  service. 


Trois  jours  après  ce  second  mémoire  présenté  au  roy.  Son  Éminence  envoya 
la  lettre  suivante  à  M.  de  Chavigni  pour  la  faire  voir  à  Sa  Majesté. 


XCVIII. 

Bibl.  imp.  Fonds  Saint-Germain-Harlay,  .^Ag-  —  Copie  sans  numéro,  jointe  à  la  pièce 
précédente  cotée  5o  dans  le  manuscrit. —  Fonds  Cangé,  80.  — Copie. 

A   M.  DE   CHAVIGNY. 

[5  on  6  novembre  16^2  '.] 

Quelques  esprits  commencent  à  soupçonner  de  deçà  que  je  sois  en 
quelque  mésintelligence  avec  le  roy,  sans  en  sçavoir  le  destail.  Comme 
l'effect  de  cette  pensée  est  un  fort  mauvais  moyen  pour  me  rendre 
la  santé ,  le  bruict  n'en  est  pas  trop  advantageux  aux  affaires  du  roy. 

'  Cette  copie  n'est  point  datée,  mais  on  jours  après  le  2  novembre.  Etvoy.  ci-après, 
vient  de  lire  que  la  lettre  a  été  écrite  trois        p.  173.  note  2. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


171 


Je  vous  prie  de  conjurer  Sa  Majesté  de  ne  se  mettre  point  en  peine  à 
mon  occasion,  puisque  je  suis  résolu  à  tout  ce  qui  la  contentera  le 
plus  au  faict  dont  il  est  question;  l'assurant  que,  en  quelque  lieu 
que  je  sois,  j'y  seray  avec  la  mesme  passion  et  la  mesme  fidélité  que 
j'ay  tousjours  eu  pour  ses  affaires  et  pour  sa  personne.  Je  croy,  devant 
Dieu,  ce  que  je  luy  ay  proposé  du  tout  nécessaire  pour  iaire  conti- 
nuer les  prospérités  de  cet  Estât. 

Quand  il  ne  le  seroit  point,  j'ay creujusques  à  présent  que  Sa  Ma- 
jesté ne  me  le  déniroit  pas  par  amitié,  en  le  luy  demandant,  comme 
j'ay  faict,  pour  mettre  mon  esprit  en  repos. 

En  un  mot,  je  seray  content  de  tout  ce  qu'il  luy  plaira;  et,  s'il 
ayme  mieux  que  je  sois  loin  de  luy  que  ceux  dont  il  s'agit,  à  ce  que 
ce  changement  n'aporte  point\  s'il  se  peut,  au  bien  de  ses  affaires,  je 
prendray  les  moyens  de  ma  retraite  les  plus  innocens  qu'il  se  pourra, 
en  les  concertant  avec  Sa  Majesté. 

Pour  conclusion ,  vous  luy  tesmoignerez  ma  passion ,  et  la  confiance 
que  j'ay  en  son  amitié;  et  vous  asseurerez  de  moy  pour  jamais. 


XCIX. 
Imprimée  :  Aub.  Méni.  V,  5oo.  — Rec.  de  1696,  II,  100. 

A  M.  DE  CHAVIGNY. 

[Vers  le  commencement  de  novembre  i64a.] 

Madame  de  Savoye  ayant  voulu  m'adresser  le  courrier  qui  porte  la 
nouvelle  de  la  prise  de  la  ville  et  du  chasteau  de  Verrue^   par   les 


'  Le  copiste  a  oublié  ici  un  mot,  pré- 
judice, ou  autre. 

'  La  Gazette  du  i"  novembre,  p.  io36, 
dit  qu'un  courrier  apporta  au  roi  la  nou- 
velle de  la  prise  de  Verrue  ;  mais  le  jour 
de  l'arrivée  de  ce  courrier  est  fixé  d  une 


manière  ambiguë,  on  ne  sait  si  c'est  le  a  6 
ou  le  3o  octobre.  Dans  tous  les  cas,  nous 
ne  nous  éloignons  pas  de  la  véritable  date 
en  proposant  pour  la  présente  lettre  les 
premiers  jours  de  novembre.  Ce  fut  le  7 
au  matin  que  le  roy  reçut  l'ambassadeur 


172 


LETTRES 


troupes  du  roy,  afin  que  le  mesme  courrier  m'asseurast  de  sa  part  que 
si,  jusques  icy,  je  n'avois  pas  creu  que  Son  Altesse  m'aimast,  j'en  prisse 
une  autre  créance  à  l'avenir,  dont  elle  me  donnoit  toute  certitude  sur 
le  rencontre  de  cette  bonne  nouvelle ,  j'estime  que  M''  de  Chavigny  se 
peut  servir  de  la  mesme  occasion  pour,  en  la  faisant  sçavoir  au  roy, 
luy  faire  cognoistre  qu'il  est  de  sa  bonté  de  contribuer  à  la  santé  et 
au  repos  de  l'esprit  et  du  corps  de  ses  créatures,  ainsy  qu'il  voit  que 
font  d'autres,  qui  semblent  n'y  avoir  pas  tant  d'intérest  que  Sa  Ma- 
jesté y  en  a  voidu  prendre  jusques  icy  par  sa  pure  bonté'. 


de  Savoie  chargé  de  lui  annoncer  la  nou- 
velle. La  Gazette  avait  publié  le  5  la  Re- 
lation de  la  prise  de  la  ville  et  du  ctiasteau  de 
Verrue;  ce  récit  commence  sur  un  ton  so- 
lennel •  «  Il  faut  que  l'Italie  sente ,  aussi 
bien  que  tous  les  autres  Estats  de  la  mai- 
son d'Austriche ,  que  le  chapelet  d'Espagne 
est  défilé.  »  Ce  sont  peut-être  là  les  der- 
nières lignes  que  Richelieu  ait  fait  impri- 
mer dans  la  Gazette;  le  fameux  ministre 
n'avait  plus  un  mois  à  vivre,  le  chapelet 
de  ses  jours  aussi  était  défilé,  et  la  fierté 
de  ces  paroles  est  comme  le  magnificat  du 
grand  œuvre  de  sa  vie. 

'  On  voit  avec   quelle  persistance  Ri- 


chelieu poursuit  un  dessein ,  et  comme  tout 
lui  sert  pour  en  venir  à  ses  fins;  voilà 
qu'un  compliment  arrivant  de  Turin  lui 
devient  un  nouvel  argument  pour  obtenir 
un  exil  qu'on  ne  lui  accorde  pas  assez 
promptement,  et  son  impatience  se  mani- 
feste dafis  cette  phrase  entortillée  d'une 
des  dernières  lettres  aussi  qu'il  ait  dictées. 
Je  n'en  ai  trouvé  la  minute  ni  dans  les 
manuscrits  de  Turin,  ni  dans  ceux  de 
France;  j'en  donne  néanmoins  le  texte 
parce  qu'elle  offre  cet  intérêt  de  présenter, 
pour  ainsi  dire ,  jusqu'à  la  dernière  heure , 
le  caractère  des  relations  entre  le  roi  et  Ri- 
chelieu. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


173 


C. 

Bibl.  imp.  Fonds  Saint-Germain-Harlay,  S/ig,  pièce  48.  —  Copie.  — 
Fonds  Cangé,  80.  —  Copie. 

AUTRE  MÉMOIRE  DU  CARDINAL 

CONTRE  LE  DICT  CINQ- MARS'. 

[Vers  le  1 3  ou  1  (i  novembre  1 642  ^.  ] 

Le  cardinal  de  Richelieu  ayant  tousjours  eu  en  singulière  recom- 
mandation de  se  conduire  auprès  du  roy  avec  une  entière  sincérité, 


'  Les  mémoires  qu'on  a  pu  lire  (p.  1 55, 
i63,  168  ci-dessus)  n'ayant  pas  produit 
l'effet  que  Riclielieu  prétendait  obtenir,  il 
revint  résolument  à  la  charge ,  et ,  résumant 
dans  le  présent  mémoire  ses  griefs  contre 
Cinq-Mars ,  appuyant  principalement  sur  ce 
qui  était  plus  propre  à  irriter  Louis  XIII, 
il  envoya  de  nouveau  Chavigni  au  roi  avec 
cet  ultimatum ,  et  la  demande  formelle  que 
le  roi  s'engageât  immédiatement.  Le  roi, 
après  avoir  exhalé  sa  mauvaise  humeur 
contre  Chavigni,  et  longtemps  bataillé 
pour  conserver  ses  olEciers ,  céda  enfin  de- 
vant l'exigence  obstinée  du  cardinal ,  ainsi 
qu'on  le  voit  par  la  réponse  qu'il  fit  à  ce 
dernier  mémoire.  Seulement  Louis  XIII 
n'obligea  pas  ses  officiers  à  vendre  leurs 
charges,  il  se  contenta  de  les  éloigner,  en 
les  assurant  secrètement  de  sa  bienveil- 
lance, leur  laissant  leur  traitement,  et  leur 
promettant  de  les  rappeler  le  plus  tôt  pos- 
sible. On  comprend  les  résistances  et  l'im- 
patience du  roi  ;  n'avait-il  pas  fait  assez  en 


abandonnant  la  tète  de  son  favori  ? 


pour 


quoi  le  forcer  encore  à  châtier  d'anciens 
et  fidèles  serviteurs,  dont  le  dévouement 
éprouvé  donnerait  à  ce  châtiment  toutes 


les  apparences  de  l'ingratitude  ?  quelle 
crainte  pouvaient  causer  à  Richelieu  des 
hommes  sans  position  ni  capacité  poli- 
tiques, et  qui  d'ailleurs  n'avaient  pas  sur 
l'esprit  du  roi  l'inQuence  que  pouvait  avoir 
un  favori?  Louis  XIII  ne  voyait  dans 
l'acharnement  de  cette  poursuite  que  les 
exigeants  caprices  d'une  vengeance  qui  de- 
vait pourtant  être  satisfaite.  Néanmoins, 
malgré  ses  répugnances,  le  roi  montra, 
une  fois  de  plus,  que  le  ministre  était 
encore  le  maître. . .  Ce  triomphe  du  car- 
dinal devait  être  le  dernier;  les  officiers 
étaient  éloignés  le  lundi  ilx  novembre,  et 
le  vendredi  28  Richelieu  sentait  le  suprême 
accès  du  mal  auquel  il  succomba  le  jeudi 
suivant. 

'  Ce  mémoire  n'est  point  daté  dans  les 
manuscrits;  il  nous  semble  avoir  été  écrit 
peu  de  temps  après  la  lettre  du  5  novembre 
à  Chavigni,  et  il  est  probable  qu'il  fut  pré- 
senté au  roi  vers  le  1 3  ou  1 4  novembre , 
au  moment  où  nous  voyons  la  résistance  de 
Louis  XIII  commencer  à  failjlir,  et  comme 
un  dernier  effort  sous  lequel  la  volonté 
royale  finit  par  céder.  Quant  à  la  réponse 
du  roi  que  le  manuscrit  place  à  la  suite  du 


174  LETTRES 

estime  luy  en  devoir  donner  une  nouvelle  preuve  en  luy  faisant 
cognoistre  tout  ce  qu'il  a  descouvert  de  M'  le  Grand  pendant  qu'il  a 
esté  détenu  prisonnier  à  Montpellier  et  à  Lyon. 

11  a  dit  que,  depuis  qu'il  estoit  auprès  du  roy,  Sa  Majesté  avoittous- 
joiu-s  tasché  de  le  mettre  mal  avec  le  cardinal; 

Que  Sa  Majesté  n'avoit  rienobmis  de  ce  qu'elle  avoit  pensé  pouvoir 
servir  à  cette  fin; 

Qu'elle  lui  avoit  dit  souvent  que  le  cardinal  avoit  perdu  tous  ses 
semblables,  et  qu'il  avoit  tasché  deux  ou  trois  fois  de  le  faire  chasser 
pareillement  au  dernier  voyage  d'Amiens; 

Il  a  dit  que  le  roy  observoit  tout  ce  que  le  cardinal  disoit,  et  y 
donnoit  un  sens  qui  alloit  contre  led.  sieur  le  Grand,  pour  le  picquer 
contre  le  cardinal  ; 

Il  a  dit  que  le  roy  luy  avoit  tesmoigné  plusieurs  fois,  dans  les  cha- 
leurs qu'il  avoit  pour  luy,  qu'il  voudroit  avoir  donné  la  moitié  de 
son  royaume,  et  que  led.  sieur  le  Grand  fust  destaché  du  cardinal; 

Il  a  dit  qu'il  n'a  rien  entrepris  contre  le  cardinal  que  le  roy  n'ayt 
consenty  ; 

Il  a  dit  que  le  roy  luy  avoit  dit  qu'il  voudroit  qu'il  y  eust  un  party 
en  France ,  ainsy  qu'autrefois  il  y  en  avoit  eu  un  contre  le  mareschal 
d'Ancre,  auquel  temps  il  s'en  fallut  peu  qu'il  ne  se  retirast  à  Soissons; 

II  a  dit  que  le  roy  luy  avoit  dit  qu'il  avoit  autres  fois  aymé  le 
cardinal ,  mais  que ,  depuis  qu'il  avoit  cogneu  qu'il  avoit  plus  d'affec- 
tion pour  le  mareschal  de  la  Meilleray  que  pour  luy,  il  ne  l'avoit 
plus  aymé; 


mémoire,  nous  n'avons  pas  non  plus  de 
date  précise;  mais  le  renvoi  des  officiers 
l'indique  approximativement. —  Nous  trou- 
vons aux  Afifaires  étrangères  plusieurs 
lettres  deChavigni  écrites  pendant  le  mois 
de  novembre  au  cardinal,  que  sa  maladie 
empêchait  de  se  rendre  lui-même  à  Saint- 
Germain.  Chavigni ,  chargé  de  ses  instruc- 
tions, l'informait  jour  par  jour  des  diffi- 


cultés de  sa  mission,  et  des  mauvaises 
humeurs  du  roi.  Nous  donnerons ,  à  la  suite 
de  cette  dernière  pièce ,  un  extrait  de  ces 
lettres;  bien  mieux  que  tout  récit  ces 
courts  fragments  mettront  la  situation  sous 
les  yeux  du  lecteur,  et  achèveront  de  mon- 
trer par  quels  moyens  le  cardinal  venait  à 
bout  de  la  volonté  rétive  de  Louis  XIII. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  175 

Il  a  dit  encore  que  le  roy  luy  avoit  dit  souvent  qu'il  ne  pouvoit 
plus  supporter  la  contraincte  que  luy  donnoit  le  cardinal  ; 

[1  a  escrit  en  divers  lieux  qu'il  avoit  tant  faict  que  le  roy  avoit  con- 
senty  à  la  ruine  du  cardinal  ; 

Il  a  dit  que  quand  il  a  faict  des  brigues  parmy  les  grands  et  dans 
l'armée  de  Roussillon,  ç'avoit  esté  par  le  commandement  et  par 
l'ordre  du  roy,  qui  luy  avoit  dit  que  le  cardinal  estoit  trop  puissant, 
et  qu'il  ne  pouvoit  s'asseurer  d'autres  amis  que  ceux  que  led.  sieur 
le  Grand  acquereroit  pour  luy; 

Il  a  dit  que  le  roy  avoit  en  telle  adversion  le  cardinal  qu'il  sçavoit 
des  gens  qui  ne  subsistoient  auprès  du  roy  que  parce  qu'ils  luy  tes- 
moignoient  estre  du  tout  contraire  aud.  cardinal  ; 

Il  a  dit  que  pour  miner  le  cardinal  auprès  du  roy  il  s'estoit  servy 
de  divers  moyens,  selon  que  les  diverses  occasions  luv  en  avoient 
donné  lieu  ; 

Que  cognoissant  que  l'humeur  du  roy  se  portoit  à  l'espargne ,  il  luy 
avoit  persuadé,  autant  qu'il  avoit  pu,  que  le  cardinal  faisoit  faire  lar- 
gesse de  ses  deniers; 

Que  sachant  aussy  que  Sa  Majesté  estoit  d'humeur  jalouse  de  son 
authorité,  il  avoit  tasché  de  luy  faire  croire  que  le  cardinal  en  avoit 
trop,  et  qu'on  luy  donnoit  plus  de  part  qu'il  ne  falloit  à  la  gloire  des 
bons  succez  cjui  arrivoient  en  ce  royaume; 

Que,  sur  ce  mesme  principe,  il  luy  avoit  donné  ombrage  de  l'al- 
liance qui  estoit  entre  led.  sieur  cardinal  et  monsieur  le  prince  de 
Condé,  taschant  mesme  de  luy  faire  croire  qu'elle  estoit  contraire  à 
la  seureté  de  M"  ses  enfants  ; 

Il  a  dit  aussy  que,  voyant  quelques  fois  que  le  roy  s'ennuyoit  de  la 
guerre,  il  n'avoit  rien  oublié  de  ce  qu'il  avoit  peu  pour  luy  persuader 
que  le  cardinal  en  estoit  seul  la  cause; 

Enfin,  qu'il  n'avoit  point  perdu  d'occasion  pour  profiter  des  cha- 
grins que  le  roy  avoit  souvent  contre  le  cardinal ,  es  moindres  choses 
qui  succédoient  autrement  qu'il  ne  désiroit,  luy  faisant  imputer  tous 
les  mauvais  événements  qui  arrivoient. 


176 


LETTRES 


Bien  qu'il  n'y  ayt  aucune  apparence  de  croire  ce  qui  vient  de  la  bouche 
d'un  menteur',  et  que  le  cardinal  ne  doubte  point  des  bonnes  inten- 
tions de  Sa  Majesté  en  son  endroict,  les  faulses  impressions  que  ce 
mauvais  esprit  a  espandu  dedans  et  dehors  le  royaume  font  que  le 
cardinal  estime  qu'il  est  de  son  devoir  et  de  son  respect  de  suplier 
Sa  Majesté  de  luy  faire  cognoistre  franchement  ses  intentions. 

Bien  que  le  cardinal  ne  puisse  s'absenter  de  Sa  Majesté  sans  estimer 
qu'il  se  sépare  de  soy-mesme ,  il  le  fera  pourtant  avec  contentement , 
si  Sa  Majesté  le  désire,  parce  que  ce  sera  pour  luy  complaire,  et  qu'il 
laissera  ses  meilleures  affaires  au  meilleur  estât  qu'elles  puissent 
estre. 

Si  Sa  Majesté  veut  aussy  qu'il  continue  à  la  servir,  à  ce  qu'il  le  puisse 
faire  avec  succès ,  cinq  choses  sont  du  tout  nécessaires  : 

2  "... 

Sa  Majesté  est  très-humljlement  suppliée  de  mettre  franchement 
ses  intentions  axi  pied  de  ce  mémoire,  sur  l'asseurance  qui  luy  est 
donnée  qu'elles  seront  aveuglement  suivies  par  le  cardinal,  qui  n'a 
autre  dessein  que  de  la  servir  utilement  aux  despens  mesmes  de  sa 
propre  vie. 

Elle  est  aussy  supliée  d'y  vouloir  adjouster  les  conditions  auxquelles 
elle  se  veut  relascher  pour  faire  la  paix  ^,  afïin  que  si  la  guerre  con- 
tinue ,  parce  que  les  Espagnols  ne  seront  pas  assez  raisonnables  pour 
les  consentir,  il  y  ayt  de  quoy  justiffier  que  leur  seule  injustice  empes- 
chera  la  paix  et  non  pas  la  conduitte  du  cardinal,  qui  suivra  tousjours 
très  religieusement  les  intentions  du  roy. 


'  On  a  déjà  lu  ces  mêmes  mois,  ainsi 
que  la  pensée  exprimée  dans  plusieurs 
autres  passages ,  notamment  dans  le  para- 
graphe suivant;  Richelieu  ne  se  faisait  pas 
faute  de  répéter,  dans  ses  factums  contre 
Cinq-Mars ,  les  mêmes  duretés  et  les  mêmes 
arguments. 

*  Ici  le  cardinal  reproduit  presque  dans 
les  mêmes  termes,  mais  en  ahrégcant  un 


peu ,  les  cinq  conditions  déjà  formulées  dans 
la  pièce  du  27  octobre  (ci-dessus,  p.  i64). 
'  Au  moment  où  Richelieu  offre  sa  dé- 
mission au  roi ,  il  lui  laisse  à  résoudre  un 
des  points  de  la  politique  actuelle  dont  la 
solution  était  le  plus  difficile ,  et  que  lui 
seul  pouvait  donner.  11  n'est  pas  malaisé 
de  voir  où  tend  cette  conclusion  du  mé- 
moire de  Richelieu. 


DU   CAUDIiNAL  DE  RICHELIEU.  177 

'Ayant  veu  le  papier  cy-dessus,  je  n'ay  rien  à  dire  à  mon  cousin  le 
cardinal  de  Richelieu,  sinon  qu'il  a  trop  cogneu,  pendant  que  le  s'"de 
Cinq-Mars  a  esté  auprès  de  moy,  sa  malice ,  ses  impostures  et  ses  ar- 
tifices, à  ce  qu'il  puisse  adjouster  foy  à  ce  qu'il  a  dit  de  moy  au  pré- 
judice de  l'amitié  que  je  porte  à  mond.  cousin,  et  de  l'estime  que  je 
fais  de  sa  personne. 

11  faudroit  que  je  fusse  etc pour  mescognoistre  les  services  qu'il 

m'a  rendus  depuis  que  je  fay  employé  dans  mes  affaires.  Tant  s'en 
faut  que  j'aye  jamais  souhaitté  qu'il  se  retirast,  ny  que  je  puisse  jamais 
consentir  à  une  telle  résolution ,  qu'au  contraire  je  désire  qu'il  conti- 
nue, et  veux  qu'il  agisse,  sous  mon  authorité,  avec  plus  de  liberté  et 
de  pouvoir  qu'il  ne  fist  jamais.  En  cette  considération,  je  m'engage 
de  n'avoir  jamais  d'autre  favory  que  celuy  qu'il  me  propose ,  sçavoir 
est  le  l)ien  de  mes  affaires,  comme  aussy  de  n'avoir  secret,  ny  con- 
fiance avec  qui  que  ce  puisse  estre  à  son  exclusion. 

Je  luy  promets  de  plus  que  je  luy  garderay  un  secret  inviolable  en 
tout  ce  qu'il  désirera  de  moy. 

Je  luy  commande  de  me  dire  librement  ses  pensées  en  toutes  choses; 
ensuitte  de  quoy  je  luy  feray  sçavoir  sincèrement  mes  volontés. 

Il  se  peut  asseurer  que  j'auray  un  soing  particulier  de  netoyer  de 
temps  en  temps  la  court  des  esprits  mal  intentionnés,  ayant  [trop]  ex- 
périmenté combien  cela  est  nécessaire  pour  y  manquer. 

Pour  ce  qui  est  de  la  paix,  il  faudroit  que  je  m'exposasse  à  la  risée 
du  monde,  et  que  je  donnasse  lieu  à  mes  ennemis  de  me  faire  de 
nouveau  la  guerre  cpiand  bon  leur  sembleroit,  s'ils  ne  payoient  les 
despens  de  celle  qu'ils  m'ont  contrainct  de  leur  faire. 

Il  ne  faut  point  parler  de  rendre  la  Lorraine,  Arras,  Hedin  ny  Ba- 
paume ,  Perpignan  et  le  Roussillon ,  Brizac  et  les  places  de  l'Alsace  qui 
conjoignent  avec  la  Lorraine. 

J'ay  acc[uis  Pignerol  à  titre  trop  légitime  pour  penser  jamais  à  le 
rendre. 

'  Le  manuscrit  de  Harlay  n'indique  ici  à  la  suite  du  mémoire  de  Richelieu  la  ré- 
aucune  séparation ,  et  met  immédiatement        ponse  qu'y  fit  le  roi. 

CAROIV.  DE  r.ICHKLIEU. — VU.  "  ^3 


178  LETTRES 

Le  restablissement  de  mon  nepveu,  le  duc  de  Savoye,  est  trop 
juste  pour  que  jamais  je  puisse  consentir  à  la  paix  sans  qu'il  soilfaict. 

Ces  conditions  accordées,  je  seray  bien  aise  qu'on  trouve  toutes 
les  inventions  qui  se  pourront  pour  fajciliter  une  paix  généralle  en  la- 
quelle je  ne  puisse,  en  aucune  façon,  me  séparer  de  mes  alliés. 


EXTRAITS  DE  LETTRES  DE  CHAVIGNI  AU  CARDINAL. 

AU   SUJET  DU   RENVOI   DE   PLUSIEURS  OFFICIEBS  ,   DEMANDE   AU   lîOI   PAU  SON   ÉMINENCE  '. 

A  Saint-Germain  ,  du  5  novembre  à  six  heures  du  malin. 

Après  que  M.  de  Noyers  fut  parti  hier,  le  reste  de  la  journée  se  passa  en  con- 
testations à  diverses  reprises,  mais  ce  fut,  de  la  part  de  la  créature  de  M^%  avec 
la  fermeté  respectueuse  que  doit  avoir  une  personne  qui  soustient  une  cause 
juste,  et  qui  ne  craint  rien  pour  le  service  de  son  maistre  à  qui  il  doit  toutes 
choses.  L'esprit  du  roy  me  parut  le  soir  fort  adouci,  et  j'espère,  pourveu  que  la 
santé  de  M^''  aille  bien  et  qu'il  ne  s'inquiette  point,  que  toutes  choses  se  termine- 
ront comme  elles  doivent .  .  .  hier  je  receus  une  grande  dépesche .  .  .  dont  j'envoye 
l'extrait  à  M^',  par  lequel  il  verra.  .  .  qu'on  craint  une  ligue  entre  les  princes 
d'Italie  et  les  Espagnols.  .  .  je  pris  occasion  d'en  rendre  conte  au  roy,  et  je  luy 
fis  voir  cette  ligue  presque  conclue,  et  les  grands  obstacles  qu'elle  apporterait  à 
la  prospérité  de  ses  affaires.  Ce  discours  me  parut  assez  utile  pour  l'estal  présent 
des  choses ,  et  fit  un  effect  tel  que  je  me  l'estois  proposé  ;  la  crainte  estant  le  plus 
seur  moyen  pour  venir  à  bout  de  ce  qu'on  prétend.  Quoyque  je  n'aye  encore  que 
des  choses  générales  à  mander  à  M*\  je  n'ay  pas  voulu  manquer  de  luy  donner 
des  nouvelles  ce  matin  pour  le  soulager  de  la  peine  en  laquelle  il  doit  estre  pré- 
sentement  

A  Saint-Germain,  ce  jendy  6  novembre  1642,  à  cinq  tieures  du  matin. 

.Je  ne  fais  ce  billet  à  M^"'  que  pour  ne  pas  manquer  à  luy  rendre  conte  de  ce 
qui  se  passe,  et  je  différay  tout  hier  à  le  faire,  espérant  tousjours  luy  mander 
quelque  chose  de  bon.  Le  matin,  le  Chesne  (le roi)  s'cstoit  rendu  assez  traitable, 
mais  sans  rien  conclure;  l'aprèsdisnée  il  fut  à  la  chasse  où  les  parties  intéressées 
l'accompagnèrent.  Je  croy  qu'il  eut   bien  de  la  peine  à  leur  pouvoir  parler  en 

'  Voy.  ci-dessus  la  note  2  de  la  page  17.3. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


179 


particulier,  s'il  le  fist;  mais  au  moins  leur  veue  ie  rendit  le  soir  moins  raison- 
nable. Il  va  ce  matin  à  neuf  heures  à  la  chasse-  Je  le  verray  aussi  tosl  qu'il  sera 
esveillé,  et  incontinent  après  j'yray  à  Paris  pour  rendre  conte  à  S.  Em.  de  toutes 
choses  qu'on  ne  j)eut  escrire.  Je  la  conjure,  au  nom  de  Dieu,  de  ne  se  point 
inquietter  et  de  bien  espérer.  Je  fais  estât,  si  M^'  ne  me  commande  autre  chose, 
de  pouvoir  estre  de  retour  ici  presque  au  mesme  temps  que  le  roy  reviendra  de  la 
chasse. 

A  Sainl-Germain,  ce  7  novembre  i642. 
Je  trouvay  hier  à  mon  arrivée'  le  roy  couché  et  endormi;  je  l'ay  veu  ce  matin 
à  son  lever,  mais  lorsque  je  luy  ai  fait  des  complimens  de  la  part  de  Ms"',  il  m'a 
demandé  comment  il  seportoit,  et  s'en  est  allé  aussy  test  pour  esviter,  à  mon  advis, 
que  je  ne  luy  parlasse,  et  je  n'en  ay  peu  trouver  l'occasion  jusques  à  cette  heure, 
parceque  je  ne  croy  pas  qu'il  la  faille  prendre  en  tesmoignant  trop  de  foiblesse  et 
d'impatience ...  je  n'ay  pas  creu  devoir  monstrer  au  roy  la  lettre  de  S.  Em.  ^  que 
je  ne  voie  un  peu  plus  clair  à  la  disposition  en  laquelle  est  son  esprit  que  je 
trouve  plus  couvert  que  de  coustume;  peut-estre  sera-t-il  en  autre  assiette  ce  soir. 
Le  principal  des  adverses  parties  est  icy,  qui  vit,  ce  me  semble,  comme  il  avoit 
accoustumé.  On  parle  que  le  roy  va  à  Triel  dans  deux  ou  trois  jours;  je  supplie 
M^  de  me  commander,  en  ce  cas,  ce  qu'il  veut  que  je  face,  et  si  je  dois  demander 
à  S.  M.  si  elle  veut  que  je  la  suive.  En&n  je  n'ay  jamais  souhaitté  si  passionné- 
ment qu'à  présent  d'estre  habile  pour  pouvoir  servir  M^  comme  je  doibs;  au  moins 
j'exécuteray  très-fidellement  et  très-ponctuellement  tous  ses  commandemens .  .  . 
j'envoie  à  M^  son  dernier  mémoire';  le  premier  est  dans  une  cassette  que  j'ay 
laissée  à  Paris,  où  sont  tous  mes  papiers  d'importance;  quand  il  plaira  à  M^j'iray 
exprès  pour  l'en  tirer 

A  Saint-Germain,  ce  8  novembre  i642. 

Le  roy  commence  à  se  remettre  de  meilleure  humeur,  ainsy  que  M.  de  Noyers 
l'aura  peu  dire  à  M'>'^  Aussylost  après  qu'il  a  esté  parti  S.  M.  est  allée  à  la  chasse. 


'  Je  lis  dans  la  correspondance  de 
Henry  Arnauld,  à  la  date  du  9  novembre: 
«M.  de  Chavigny  vint  jeudy  (le  6)  de 
Saint-Germain,  fut  tout  le  jour  chez  S.  Em. 
et  vendredy,  dès  cinq  heures  du  matin,  il 
retourna  trouver  le  roy  ;  il  se  traitte  quelque 
chose  qui  pourra  bientost  esclatter.  » 

'  C'est  sans  doute  celle  du  5  ou  6  nov. 
ci-dessus,  p.  1  70. 


'  On  a  vu  ci-dessus  plusieurs  mémoires 
de  Richelieu  contre  Cinq-Mars;  quel  est 
celui  que  Chavigni  nomme  ici  le  dernier  i* 
Est-ce  le  mémoire  du  a  (ci-dessus,  p.  168), 
ou  celui  que  nous  supposons  avoir  été 
communiqué  au  roi  vers  le  1 3  ou  1 4  no- 
vembre ,  mais  qui  aurait  été  composé  avant 
celte  date,  et  communiqué  à  Chavigni 
lorsqu'il  n'était  encore  qu'en  projet  ? 

23. 


180  LETTRES 

Ce  soir,  à  son  retour,  je  luy  l'eray  voir  la  lettre  de  S.  Ein.  laquelle,  je  m'asseure, 
fera  un  très-bon  effect,  la  matière,  à  mon  advis,  estant  mieux  disposée  qu'elle  n'a 
point  encore  esté.  Les  adverses  parties  ne  sçavent  rien  asseurément,  et  il  n'y  en 
a  plus  pas  un  icy.  J'espère  que  le  démenti  ne  nous  en  demeure  pas.  .  .  Si  le  roy 
va  à  Triel  je  l'y  suivray  sans  rien  dire;  il  me  suffit  d'avoir  mon  ordre,  que  je 
suivray  tousjours  très-ponctuellement 

A  Saint-Germain,  ce  i3  novembre  i642. 

.  .  .L'incertitude  des  choses  m'a  empe.sché  de  me  donner  l'honneur  d'escrire 
ce  matin  à  M^"';  l'esprit  du  roy  est  tousjours  dans  la  raesme  disposition ,  il  cognoist 
qu'il  ne  peut  esviter  de  faire  ce  qu'on  luy  demande,  et  a  d'extresmes  peines  à  s'y 
résoudre.  Je  n'ay  point  veu  de  temps  pour  parler  du  Pont-Saint-Esprit  parcequ'il 
vault  mieux  demeurer  serré  que  de  s'avancer  trop. 

On  répète  tousjours  les  mesmes  discours,  et  lorsque  je  jiresse  dans  les  termes 
que  j'ay  dit  à  Ms',  on  me  demande  une  preuve,  laquelle  je  soustiens  n'estre  point 
nécessaire  quand  on  veult  esloigner  seulement  une  personne  avec  récompense, 

sans  luy  faire  mal;  mais  contra  negantem  principia  on  est  bien  embarrassé 

Je  verray  ce  que  S.  M.  voudra  dire  ce  soir,  si  je  luy  puis  parler  en  particulier, 
car  j'ay  beaucoup  de  peine  à  la  séparer  de  ses  gens,  qui  jugeroient  sans  doute 
mal  à  propos  s'ils  voyoient  faire  des  discours  avec  action 

A  Saint-Germain,  le  i  i  novembre  i6i2. 

Je  n'ay  rien  à  dire  à  M*^'  de  ce  qui  s'est  passé  ce  matin ,  M.  de  Noyers  qui  y 
estoit  présent  luy  en  ayant  fait  le  rapport.  Le  roy  est  sur  le  point  de  faire  quel- 
que proposition,  mais  il  a  peine  à  s'y  résoudre.  Je  croy  qu'il  voudroit  essayer 
de  sauver  Des  Essarts  en  l'envoyant  en  Italie,  quoyqu'il  ne  i'ayt  pas  dit  distincte- 
ment. L'ouverture  du  gouvernement,  qui  a  esté  faite  ce  matin,  a,  ce  me  semble, 
foit  soulagé  son  esprit  et  aidera  à  mettre  fin  à  l'afTaiie.  Enfin  il  dit  nettement 
qu'il  veult  satisfaire  M.^\  mais  qu'il  veult  mettre  son  honneur  à  couvert.  Surquoy 
on  lui  respond  ce  qu'on  doit;  je  presseray  dans  l'occasion  pour  avoir  une  prompte 
résolution. 


—  Le  roi  de  guerre  lasse  finit  par  céder,  et  je  lis  dans  la  correspondance  de  Henri 
Arnauld,  le  23  novembre  :  «  M.  de  Chavigny  va  quitter  un  peu  de  son  assiduité 
auprès  du  roy,  maintenant  que  le  congé  de  tous  ces  messieurs  est  résolu.  •  -Mais 
la  résolution  prise  à  contre  cœur  ne  s'exécutait  qu'à  moitié  et  lentement.  H.  Ar- 
nauld nous  dit  encore  le  mercredi  26  :  «  Beaupuy  est  parti  il  y  a  déjà  un  mois, 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  '181 

mais  Tréville  et  Tillaclet  étaient  encore  dimanche  à  Saint-Germain ,  le  roy  ne 
leur  a\  oit  point  encore  hier  fait  donner  leur  congé . . .  Gela  embarrasse  le  monde. 
M.  de  Noyers  alla  dimanche  à  Saint-Germain;  il  ne  put  aborder  le  roy  pour  luy 
parler  de  cela;  S.  M.  dit  qu'elle  estoit  malade,  et  ne  vouloit  estre  importunée,  et 
se  fit  saigner.  M.  le  cardinal  Mazarin  et  M.  de  Ghavigny  y  allèrent  lundi;  je  ne 
sçay  point  encore  ce  qu'ils  ont  fait.  »  —  Ils  avaient  obtenu  une  victoire  complète, 
et  Ghavigni  en  alla  remercier  le  roi  de  la  part  du  cardinal  auquel  il  écrivait  le 
29  novembre  :  «  le  roy  a  fort  bien  receu  le  compliment  que  je  iuy  ay  fait  de  la 
part  de  M^'  ;  je  l'ay  trouvé  en  assez  bonne  humeur  sans  me  parler  de  visite.  J'ay 
faict  la  maladie  telle  qu'on  me  l'a  commandé.  »  En  lin  nous  avons  dans  la  corres- 
pondance de  H.  Arnauld  le  dénouement  de  l'affaire  :  «  Mardi  sur  le  soir  (écrit-il 

le  3o  novembre) ,  le  roy  fit  appeler  V et  Guitaut,  et  après  avoir  fait  retirer 

tout  le  monde  leur  dit  que,  pour  certaines  considérations,  il  vouloit  que  Tréville, 
Beaupuy,  Tilladet,  La  Salle  et  Des  Essarts  se  retirassent,  •  et  H.  Arnauld  rapporte 
les  paroles  bienveillantes  dont  le  roi  accompagnait  ce  congé,  leur  faisant  dire  à 
tous  qu'il  était  satisfait  de  leur  service,  qu'il  leur  conservait  leurs  pensions, ainsi 
que  les  avantages  qu'ils  pouvaient  retirer  de  leurs  charges. 

Les  lettres  autographes  de  Ghavigni  où  nous  avons  puisé  ces  informations  sont 
conservées  aux  archives  des  Affaires  étrangères  (France,  i642,  de  septembre  en 
décembre,  fol.  235,  237,  238,  2^2,  ih-j,  ib\ ,  267).  Il  convenait  de  nous  arrêter 
un  instant  sur  cet  incident  qui  fut,  pour  ainsi  dire,  la  principale  affaire  du 
dernier  mois  de  la  vie  de  Richelieu  et  qui  reste  un  exemple  frappant  des  obses- 
sions que  subissait  Louis  XIII  de  la  part  du  cardinal,  ainsi  que  de  l'adresse  obs- 
tinée avec  laquelle  Richelieu  forçait  la  volonté  du  roi,  se  tenant  toujours  à  l'écart, 
et,  dans  ses  relations  directes  avec  Louis  Xill,  couvrant  habilement  sa  tyrannie 
des  semblants  d'un  humble  respect  et  d'une  soumission  dévouée. 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 

DONT  LE  TEXTE  N'EST  COMPRIS  NI  DANS  LE  TOME  VI 
Nf  DANS  LES  178  PREMIÈRES  PAGES  DE  CE  TOME  VII. 


DATHS 
et 

LIBDX  DR  DATES. 


bUSCRIPTION 

DES  LBtTRBS. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOCBCES. 


U)38. 
1*'  janvier. 


0  janvier. 
Rueï. 


()  janvier 
Ruel. 


Idem. 


a  8  iaovier. 


3o  janvier. 
Rael. 


février. 
IWiel. 


Richelieu  lui  envoie  la  copie  de  la  lettre  qu'il  ëcrit  à  la  reine 
d'Angleterre.  {T.  VI,  p.  3.)  H  explique  qu'il  a  tenu  ses 
engagements  '. 

Orig.  —  Bibi.  Irap.  Sainl-Germain-Harhy,  264^',  fcl.  6v. 

Envoyer  un  duplicata  du  passe-port  donnt^  pour  dom  Michel 
de  Salamanque,  pour  1  envoyer  à  Pujols. 

Original  saiis  signature,  (le  la  maiu  de  CLerré.  —  Arch.  des 
Aff.  étr.  France,  de  janvier  à  juillet,  fol.  1. 

Envoyer  à  Richelieu  un  duplicata  du  passe-port  pour  tahleaux 
et  autres  bardes  que  le  cardinal  infant  envoie  au  roy  d'Es- 
pagne. 

Orig-  —  Arcb.  des  AIT.  étr.  France,  de  janvier  à  juillet, 
fol.  7. 

Arrangements  faits  avec  le  prince  d^Orange  pour  la  campagne 
de  i638. 

Copie.  —  Arch.  de  Médicïs  k  Florence,  3*  série,  carton  5i 
(  corti  d'Europa'). — \in'pTimèe.-~  Ambatiadêtet  néyociaùons 
de  M,  d'Ettradêi,  1716)  p.  31. 

Que  Chavignl  lui  apporte  ce  qu'il  a  reçu  du  côté  de  Rayonne 
avant  le  départ  de  l'ordinaire  de  demain. 

Orig.  —  Arch.  des  AfF.  étr.  France,  de  janvier  en  juillet, 
fol.  3o. 

Le  relard  du  voyage  du  comte  de  Cumiane  vers  le  roi  nuit 
extraordinairemcnt  aux  atïaires.  Y  remédier  promptement. 

Original  «ans  signature,  de  la  main  de  Charpentier.  —  Arch. 
de»  Aff.  étr.  France  ,  de  jauvier  en  juillet ,  fol.  33  . 

Prière  instante  de  faire  pourvoir  au  payement  des  sommes 
nécessaires  pour  les  fortifications,  autrement  il  n'y  a  per- 
sonne qui  puisse  respondre  des  frontières. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  France, 
Je  janvier  en  juillet ,  fol.  38. 


'  .r.ii  trouvé  ,  aux  Archives  des  Affaires  étrangères,  Angleterre  ,  tome  Â7,  folio  3  ,  la  minute  d'une  lettre  ,  de  myme 
date,  à  M.  de  Bellièvre,  où  Chavigni  développe,  soua  l'inspiration  de  Richelieu  ,  la  pensée  de  cette  lettre.  «S.  Ém. 
dit  Chavigni ,  n'a  pas  accoutumé  de  faire  les  choses  par  menace. . .  Si  la  reyne  de  la  Grande-Bretagne  contïnae  à  suivre 
la  voie  qu'elle  a  prise,  il  n'y  a  pas  apparence  qu'elle  ayt  contentement  de  ce  qu'elle  désire*.  » 

'   Voy.   lettres  de  Richelieu  ,    t.  V,  p.  885,  note  3. 


A  M.  de  Bellièvre,  con- 
seiller du  roy  et  son 
ambassadeur  en  An- 
gleterre. 

Pour  M.  de  Chavigny, 
secrétaire  d'eslat. 


Idem. 


A    M.    le   comte  d'Es- 
trades. 


Pour  M.  de  Chavigny. 
secrétaire  d'estat. 


Idem. 


A  .M.  Comuel. 


184 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 


LIEUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTHES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


1038. 

8  février. 

Rue!. 


1  o  février. 
Ruel. 


Sans  date. 

[Vers^  la  mi-fé- 
vrier. ] 

20  février. 
Ruel. 


26  février. 
RucK 


26  février. 


28  [?]  février, 

on  pourrait  lire 

26. 

Ruel. 


Il  mars. 
Ruel. 


Pour  M.  de  Ghavigny. 


A  M.  de  Bellièvre,  am- 
bassadeur en  Angie- 


A  M.  le  comte  de  Gué- 
briant. 


Au  mareschal  de  Schom- 
bersr. 


Pour  M.  de  Chavigny» 
secrétaire  d'estat,  à 
Saint-Germain. 


A  M.  de  Bouillon. 


Pour  M.  de  Ghavigny 


Au  mareschal  de  Schom- 
berg. 


On  me  donne  favis  que  l'abbé  des  Marots  est  mort;  l'un  de 
ses  bénéfices  est  à  ma  coUation  .  je  le  donne  au  cardinal 
de  Bichi  '.  Demandez  l'autre  au  roy  pour  le  s'  de  Boisrobert. 

Orig. —  Arcli.  des  Aff.   étr.    France,    de  janvier  à  juillet, 
fol.  35. 

Je  vous  conjure  de  donner  deux  chambres,  dans  voslro  mai- 
son ,  au  vicaire  de  l'évesque  de  Chalcédoine,  afin  qu'en  son 
absence  il  puisse  vaquer  plus  seurement  '  à  ce  à  quoy  sa 

charge  l'oblige 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Saiot-GcrmalD-Harlay,  SGi'",  fui.  72. 

Le  roi  l'a  choisi  pour  secourir  le  duc  de  Weymar. 

Copie.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Colbert ,  1  j  G,  fol.  J . —  Im- 
prioice.  —  Hist.  de  Gaébriant,  par  le  Laboureur,  p.  5i. 

Plainte  de  ce  qu'il  n'a  pas  encore  fait  réparer  les  fortificatiojis 
de  Leucate. 

Des  catinets  des  »'*  de  Wiquefori  et  BoJin.  —  Imprimée.  — 
Aubery,  III,  p.  5ôi.  —  Recueil  de  iGg5,  p.  1  jg. 

M.  de  Chavigni  aura  dit  au  roy  ic  malheur  de  Rispe;  il  sup- 
pliera Sa  Majesté  de  conserver  à  son  père  une  charge  de 
sénéchal  ou  baillif  de  Kismcs,  et  de  faire  rigoureusement 
chastier  ceux  qui  sont  cause  de  ce  combat.  —  Nouvelles  de 
la  défaite  de  Galassc. 

Original  sans  signature,  de  la    main  d©  Cherré.  —  Arch.  des 
AfF.  ctr.  France  ,  de  janvier  à  juillet ,  fol.  65. 

Sa  Majesté,  comme  témoignage  de  sa  confiance,  le  prie  de 
favoriser  par  son  autorité  les  levées  qu'elle  fait  faire  à 
Liège.  0  ^L  de  'I  urenne ,  vostre  frère ,  va  pour  en  prendre  la 

conduite.  » 


Minute  de  la  main  de  Chcrrc,  —  Arch. 
de  janvier  à  juillet,  fui.  06. 


des  Aff.  élr.  France  . 


«  Jesuis  bien  fasché  de  l'indisposition  du  roy,  consolé  cependant 
que  ce  n'est  que  la  goutte,  qui  est  plustost  tcsmoignage  de 
la  vigueur  des  parties  nobles  ([ue  malatlie.  J  auray  l'hon- 

•  neur  de  voir  le  roy  après  disner.  » 

Orig.  —  Arcli.    des  AiT.   étr.   France,   de  janvier   à  juillet, 
fol.  67. 

Faire  que  les  élals  de  la  province  donnent  l'argent  nécessaire 
pour  achever  le  port  d'Agde. 

Impi  iracc.  —  Aubery,  III ,  55  i .  —  Recueil  de  1  695  ,  p.  i  5o. 


*  Richelieu  a  écrit  à  la  marge  :  «  C'est  le  prieuré  du  S'-Esprît  qui  vaut  i  o.uoo  iiv.  de  rente.  ■ 
turc  :  «  peut  cstrc  que  cet  avis  c8t  faux.  » 

^  On  sait  les  difficultés  que  rencontraient  à  Londres  tes  prêtres  allachcs  à  la  reine. 

^  Cette  date  est  indiquée  par  le  P.  S.  d'une  lettre  au  duc  de  Weymar.  Ci-dessus,  p.  i3. 


Et 


ipres  ! 


NO^   IMPRIMÉES  DANS  LE    TOME   VI. 


185 


LIErX  DE  DATES. 


1638. 

5  mars. 


6  mars. 
Riiei. 


7  mars. 
Uuel. 


Idem, 


Dimanche 

7  mars. 

Rud. 


17  mars. 
Rurl. 


1 7  mars 


15  mars. 
Ruei. 


SUSCHIPTION 

SES   LETTRES. 


Lcltre  du  roy  aux  é\é- 
ques. 


Au  uiarcscbaldc  Scliom- 
berg. 


A  Mons'  M'  le  Comte. 


A  M.  de  bellièvre,  am- 
bassadeur CD  Angle- 
terre. 

Pour  M.  de  Cbavigny, 
à  Paris. 


Au  duc  de  Weymar. 


A  M.  le  comte  de  Gué- 
briant. 


Au  duc  de  Wevmar. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   SOORCES. 


Priez  pour  obtenir  de  Dieu  la  paii.  —  Nécessité  de  la  rési- 
dence. 

Imprimée.  —  Gaxetle  du  5  mars,  p.    io5. 

Faire  transporter,  sans  perdre  aucun  temps,  à  Narbonne,  les 
canons  que  les  Espagnols  ont  perdus  à  Leucate. 

Imprimée.  —  Aubery,  III ,  553.  —  Rec.  de  1  695  ,  p.   i5i. 

.  .  .  «Je  ne  doute  nullement  de  la  joie  que  vous  ressentes  de 
la  grossesse  de  la  reyne,  cognoissant  la  passion  que  vous 
avez  pour  rafTermissement  de  Testât  et  le  contentement  de 
LL.  MM.).  ... 

Orig.  —  BibL  imp.  Foulettc,  portefeuille  a  i  ,  pièce  78. 

Le  roi  accorde  la  liberté  du  chevalier  de  Jars,  aux  conditions 
proposées  par  la  reine  d'Angleterre. 

Orig.  —  BiLl.  imp.   SaÎDl-Germain-Harlay,  364*'»  foL  gS- 

Avertir  M"'  la  comtesse  d'Alais  que  je  m'en  vais  aujourd'buy 
à  Paris,  coucher,  pour  demain  sou  bapte&me  on  la  cha- 
pelle de  rhostel  d'Angoulesme.  Je  la  supplie  que  ce  soit 
précisément  à  deux  lieures,  afin  que  je  m'en  puisse  revenir 
icy.  —  Si  le  chevalier  de  Jars  n'est  pas  encore  délivré, 
attendre  lorsque  le  roy  reviendra  de  Chantilly. 

Original  sans  signature,  de  la  main  du  secrctairo  de  nuit.  — 
Arcli.  des  Aff.  étr.  de  janvier  à  juitlel ,  fol.  76. 

Compliment  sur  te  gain  de  la  bataille  de  Rheinfeld  *. 

Copie.  --  Bibl.  imp.  Béthune ,  92791  fol.  -tg, 

«Vous  voyés  la  confiance  du  roy  en  vostre  affection  à 

son  service, .  .  Ce  ne  vous  est  pas  peu  d'avantage  que 
S.  M,  vous  ayt  choisi  pour  une  telle  occasion ,  comme  celie 
de  secourir  M.  le  duc  de  Weymar.  .  .  De  Graves,  qui  est 
à  moy,  vous  délivrera  deux  mille  cscus  que  le  roy  vous 
envoie  pour  aider  aux  dépenses  de  ce  voyage.  Je  cognoîs 
ce  que  vous  valés,  et  je  n'oublicray  rien  pour  faire  valoir 
au  roy  vos  services.» 

Imprimée.  —  Histoire  da   maréchal  de   Guébriant,  par   lo  La- 
boureur» I  vol.  in>foi.  p.  âi. 

Le  cardinal  envoie  un  gentilhomme  à  lui  j)Our  aider  à  ra- 
masser et  faire  passer  les  troupes  de  secours  qu'on  envoie 
au  duc. 


Orig.  —  Bibl.  imp.  Baluxe,  arm.  vi,  p^q-  4  >  n^' 
—  Copie.  —  Bétliune,  9379,  fol.  3o. 


et  3,  t.  a. 


'  Lue  jellre  do  roy  an  parlemeol ,  pour  le  Te  Deam  du  lendemaîu  ,  esl  imprimde  dans  les  mémoires  de  Mole  ,  II ,  694  • 
—  Lp  récit  d?  la  bataille  a  été  publié  dans  un  eitraordînaiie  de  la  Gazette  du  1 1  mars. 

'  Dans  une  longue  lettre  datée  du  i3  mars  et  cotitre-signée  Subict ,  ce  secrétaire  d'Etat  de  la  guerre  donne  au  maré- 
chal de  Guébriant  uoe  instruction  détaillé»  au  sujet  des  troupes  mises  sous  son  commandement,  et  destinées  i  renforcer 
l'armée  du  duc  de  Wevmar.  .\  la  suite  de  cette  dépêche  vient  uo  état  desdites  troupes  si^né  durai,  avec  la  date  du  17  mars. 
•  Le  même  j  jur,  ajoute  le  Laboureur,  le  cardinal  de  Richelieu  écrivit  au  maréchal  ■  et  il  transcrit  la  présente  lettre. 


CARDIN.  DE  niCUELIED. VU. 


186 


SOMMAIRES   DES   LETTRES 


DATES 


LIEUX  PB  DATES. 


1638. 

1 8  mars. 
Ruel. 


Celundi  a  2  mars 

à  une  heure 

après  minuit. 

Ruei. 


■-y  1  mars. 
RupI. 


I  "^  avril. 
Ruel. 


6  avril. 
Ruel. 


I  avril. 


Idem. 


20  avril. 


SUSCRIPTION 

DES  LBTTftES. 


Pour  M.  de  Chavigny, 
secrélairf  d'estat,  à 
Paris. 


Pour  M-  Routhillier. 


Au  mareschalde  Schom 
berg. 


Au  duc  dp  Wpymar. 


Pour  M.  de  Chavigny, 
secrétaire  d'estat,  à 
Paris. 


A  M.  le  Prince. 


Au  s^  Gueffier. 


A    M.    le    comte    d'Es- 
trades. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


Écrire  au  mareschal  d'Kstrées  de  tout  faire  pour  que  le  pape 
n'envoie  pas  un  légat  en  Italie,  pour  procurer  une  trêve 
et  une  suspension  d'armes  particulière  pour  l'Italie.  —  Il 
faut  sortir  promptcment  du  traite  avec  l'ambassadeur  de 
Savoie.  —  Retirer  des  mains  de  M.  Le  Gras  un  projet  de 
lettre  que  la  reine  devait  écrire  à  M""*  de  Chevreusc  '. 

Original  sans  signature,  de  la  main  de  Chcrre.  —  Arrli.  des 
AfT.  étr,  France,  de  janvier  à  juiUot ,  fol.  89. 

«Je  laisse  l'affaire  de  M""*  d'Elbeuf  à  voslre  conduite  *.  —  Il 
sera  bien  à  propos  que  vous  et  M""  d'Esguilion  voyés 
M"*'  de  Pontbriant  et  ses  enfans  pour  tascher  d'accommoder 
leur  contrat  selon  la  raison.» 

Original  sans  signature,  do  la  main  du  secrétaire  de  nuit.  — 
Arch.  des  AtF.  étr.  Kraoce,  de  janvier  â  juillet ,  fol.  96. 

Que  les  troupes  de  l'armée  d'Italie  qui  sont  dans  son  gou- 
vernement repassent  promptement  les  monts. 

Inaprimée,  —  .^ubery,  III,  p.  558.  —  Hec.  de  1696 ,  p.  '  5i . 

Nouvelles  félicitations  sur  les  grands  avantages  qu'il  a  rem- 
portés. 

Copie.  —  Bibl.  iinp.  Bctbune ,  g'jyg,  fol.  3i. 

Presser  le  cardinal  de  La  Valette  de  partir  en  poste  pour 
l'Italie,  à  cause  de  la  perte  de  Rrcsme.  —  Envoyer  au  car- 
dinal les  lettres  du  P.  (Pujols),  si  l'ordinaire  d'Espagne 
en  a  apporté. 

Orïg,  —  Arch  .  de»  Aflf.  clr.  France  ,  janvier  à  juillet ,  fol.  1 13, 

M.  de  La  Valette  retourne  en  Guyenne.  H  a  promis  de  faire, 
sous  les  ordres  du  prince ,  tout  ce  qui  dépendra  de  lui 
pour  le  service  du  roi. 

Mise  au  net  de  la  main  de  Cberrc.  —  Arch.  do  l'Iînip.  K  1  34- 
—  Guyenne,  !■■'  piirlie,  pièce  54- 

Envoyer  aussitôt  qu'elle  sera  achevée  une  relation  de  toutes 
les  affaires  qui  ont  été  traitées  à  Rome,  depuis  qu'il  y  est  '. 


Copie 


Bibl.  iœp.  Cinq-Cents  Cclbert,  356  ,  fol.  783. 


Dispositions  militaires  pour  la  campagne.  Presser  la  lenteur 
du  prince  d'Orange. 

Co;  !e.  —  Arch.  des  Médicis  ,  3*  série,  ciiit.  67.  — Imprimée. 

Ainba$iadt$  da  comte  d'Estrades ,  1718,  p.  99. 


'  M.  Cousin  a  fait,  dans  son  livre  sur  -M'"*  de  Chevrcuse  [p.  73),  l'histoire  des  ncgociations  qui  s'étabWrml  entre 
cette  damo  et  Richelieu ,  on  1 638  ,  et  il  donne  la  date  du  i**^  juin  au  commencement  de  leur  correspondance.  L'n  curieux 
incident ,  c'est  que  trois  mois  plus  tôt  Richelieu  avait  songé  à  se  servir  de  la  reine ,  dont  on  connaît  la  liaison  intime  avec 
M"'*  de  Chcvieuse,  pour  préparer  ce*  teLlatives  de  rapprochement  ;  c'était  là  un  aaseï  bon  moyen  d'inspirer  à  la  fngi- 
li\e  une  connance  qu'elle  n'avait  pas.  Le  projet  de  lettre  que  nous  avons  donné  dans  uotro  VI*  vol.  p.  '  7.  ajoute  uni* 
eirconfctaDce  assez  piquante  au  récit  de  M.  Counin. 

=  Voyei  t.  VI,  p.  i4,  i5,  16. 

'  Voyea  ci-apris,  p.  191,  sâjuin. 


NON   IMPRIMEES   DANS  LE  TOME  VI. 


187 


DATES 
et 

SUSCUIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIEUX  DB  DATKS. 

DES  LETTRES. 

soniicEs. 

1638. 

a 3  avril. 
Huel. 

Au  duc  (le  Weymar. 

Préparatifs  pour  la  campagne. 

Copie.  —  Bibl.  imp.  Fonds  Bôthune ,  9279.  classée  entre  lo 
foK  3i  et  le  Toi.  33. 

2 4  avril. 

A  M.  le  comte  U'Alais. 

Richelieu  lui  envoie  un  pouvoir  «pour  avoir  l'œil  et  ordonner 
dans  les  isles  dépendantes  de  ma  charge  de  grand  maistre 
qui  sont  dans  l'es'endue  de   voslre  gouvernement.»  (La 
Provence.) 

Minalo  de  U  main  de  Cherré.  —  Arcli.  des  Aff.  élr.  France, 
de  janvier  à  juillet ,  fol.  iSÔ. 

28  avrU. 
De  Royaumont. 

Four  M.  de  Chavigny, 
secrétaire   d'estat,   à 

hicbelieu  le  chaire  de  prier  M.  de  Bullion  de  porter  remède 
à  certaines  difficultés  venant  des  receveurs  du  clergé. 

Paris. 

Original  sans  signature,  de  la  main  de  Clierré.  —  Arcli.  des 
Aff.  étr.  France,  âe  jauvier  à  juillet ,  fol.  i3S. 

idem. 

Pour  M.  de  Chavigny, 
secrétaire  d'eslat. 

Apporter  au  cardinal  le  projet  de  traicté  de  S'-Georges. 

Original   sans  aignalare,  de  la  main  de  Cherré.   —  Areh,   dos 
Aff.  étr.  France,  de  janvier  à  juillet,  fol.   iSg. 

3o  avril. 
De  Royaumont. 

A  M.  le  gueux. 

Le  cardinal  lui  donne  avis  du  passage  de  dcu«  galères  de  Gènes 
chargées  d'argent,  et  lui  envoie  des  lettres  pour  le  comte 
d' Allais  et  le  général  des  galères  ,  afin  qu'ils  l'assisleut  au 
besoin..  .  «Avoir  l'œil  à  ce  qu'en  cas  d'arrest  des  d.  galères , 
iln'y  ayt  pas  un  solde  diverly,»  (Voy.  t,  VI,  p.  3i ,  note  2.) 
Mise   «u  net.  —  Arch.  des  Aff.   élr.  France,    de  janvier   à 
juillet,  fol.  ï5i. 

AvrU?  '. 

A  M.  de  Vandy  '. 

Le  roi  a  choisi  son  régiment  pour  le  joindre  aux  troupes  de 
M.  de  Guébriant,    dans  l'armée  du  duc  de  Weymar.  — 
«Vous  recevrés  par  de  Graves,  qui  est  à  moy,  mil  cscus 
|»our  vous  aider  à  supporter  la  dépense.» 

Imprimée.  —  Aubery,  Mèm.  V,  534-  Bec.  de  1696,  II,  i45. 

5  mai. 
Ruel. 

Au    mareschal    de    La 
Force. 

Il  lui  envoie  un  gentilhomme  pour  savoir  l'état  auquel  est  son 
armée. 

Imprimée.  —  Mém.  dt  La  Force .  IIl ,  44i. 

8  mai. 
Compiè^ne. 

A  M.  le   mareschaJ  de 
C  bas  ti  lion. 

...  «Sa  Majesté  s'attend  que  vous  marcherés  dimanche  sans 
faillir;  et  que  vous  ferés  cognoittre  à  ses  ennemis  ce  que 
vaut  un  mareschal  de  Chastlllon.»  .  .  . 

Copie.  — Bibl.  imp.  Cioq-Ceut»  Colbert ,  118,  fol,  ag  v"*. — 
Imprimée.  —  Aubery,  III,  â75.  — Recueil  de  1696,  p.  lÔs. 

9  mai. 

A  M.  d' A  vaux. 

Compliments  sur  la  négociation  du  traité  passé  avec  les  mi- 
nistres de  Suède.  —  On  lui  envole    l'argent   qu'il    doit 
payer  au  1"  juillet,  ainsi  que  la  ralîiication  du  traité  signé 
avec  M.  Salvius. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.   —  Arch.  des  Aff.  étr.   Alle- 
magne, t.  XV,  pièce  3  1*. 

'    San»  dite.  — 
*  Eat-cc  U  baro 

Le  corps  d'année  arriva  près 
a  da  Vandy.  D«veu  da  inarlcl 

du  duc  da  Weymar  à  Nenboorg  le  a  mai. 
al  à»  Manllac  i 

34. 


188 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 

et 

SUSCRIPTION 

ANALYSES   DES  LETTRES 

LIKVX  DB  DATES. 

DES  LETinKC. 

BT  SOURCES. 

1038. 

9  mai. 
Compiègnc. 

A  M.  de  Bordeaux. 

DiflTiculté  d'avoir  un  bon  maréchal  do  camp.  oSi  M.  le  Prince 
vous  pouvoit  donner  M.  d'Espenan,  ce  seroit  le  meilleur 
que  vous  pcussiés   avoir..»    «Je   voudrois 'avoir    donné 
beaucoup  que  vostre  armée  fust  réunie  à  l'escadre  de  Hol- 
lande. ..m 

Minute  de  la  main  de  Chprré.  —  Arch.  des  AfT.  ctr.  Frûoce , 
de  janvier  àjuîDrt,  fol.  200. 

lo  mai. 
Compiègne. 

Pour  M.  de  Chavigny, 
secrétaire  d'estat. 

«M"'"  de  Guimenée  m'a  tesmoigné  désirer  une  pension  pour 
le  prince  Loys ,  son  mari.  S.  M.  l'a  accordée  de  8,000  francs , 
au  masle,  en  considération  de  femelle.  Vous  luy  fcrés  valoir 
le  petit  service  que  j'ay  voulu  luy  rendre.»  —  Faire  partir 
la  ratification  et  la  lettre  de  change  pour  Hambourg. 

Original  sans  signature,  de  la  main  de  Chené.  —  Arcli.  des 
Aff.  étr.  France,  janvier  à  juillet,  fol.  ao6. 

1 1  mai. 
Compiègne. 

A  M.  de  Chavigny. 

Examiner  un   mémoire  du  marquis  de  Mo\  ;  luy  donner  le 
coutentement  qu'il  désire,  il  importe  de  ne  le  pas  mécon- 
tenter. 

Original  sans  signature,  de  la   main  de  Cherré.  —  Arcli.  des 
Aiî.  étr.  France,  de  janvier  h  juillet ,  fol.  a  1  1 . 

Idem. 

Idem. 

Le  roy  a  accordé  la  liberté  de  La  Porte  '  ;  le  faire  sortir  de  la 
Bastille.  Tirer  de  luy  une  promesse  par  écrit  d'aller  droit 
à  Saumur  et  de  n'en  partir  point  sans  permission  de  S.  M. 

Orig.  — Arcli,  des    Aff.    ctr.    France,    de   janvier  à  juillet, 
fol .  a  i  a . 

12  mai. 
Compiègne, 

A  M.  Bcuthillier,  surin- 
tendant des  finances. 

Bemerciement  de  ce  qu'il  a  accommodé  l'aifaire  d'eulrc  son 
neveu  le  général  des  gallères  et  M"""  de  Brissac.  ,  «L'excès 
de  la  courtoisie  de  M°'°  d'Elbeuf  me  donne  un  extrême 
désir  de  la  servir.  »  —  «  Asseurés-vous  que  je  ne  suis  pas 
capable  de  rien  croire  à  vostre  préjudice.» 

Orig.  —  Arch.  drs    Aff.  étr.   France,  de  janvier  en  juillet, 

fol.    3  15. 

i&  mai. 
Compiègne. 

Pour    M.   de   Bullion, 
surintendant  des  fi- 
nances. 

«Le  roy  a  accordé  aux  s"  chev,  des  Roches  et  de  Ternes,  à 
chacun  2,000  liv.  pour  payer  ce  qu'ils  doivent  de  la  cons- 
truction des  deux  gallères  qu'ils  commandent.  Je  prie  M  de 
BuUion  de   ne   point  faire  diiEculté  de  viser  les  ordon- 
nances.» 

Orig.  —  Arch.    des  Aff.   étr.    France,  de  janvier  en  jaîllet , 
fol.  aaa. 

Idem. 

A  M.   le  mareschal  de 
Brézé. 

«Mon  frère,  j'ay  prié  M.  de  Bu^sy  de  vous  aller  trouver, 
pour  vous  assister  dans  l'exécution  des  desseins  que  vous 
pourrés  entreprendre...»  —  «Je  vous  envoie  aussi  le  s'  de 
S*-Estienne,  gouverneur  du  chasteau-Regnaut.» 

Copie.  —  Arch.    des    Aff.  étr,   France,  do  jauvier    à   jaîllet  » 
fol.  aa3. 

'  Voy.  t.  VI,p 

3Î, 

NON   IMPRIMEES  DANS   LE  TOME  VI. 


189 


DATES 


LtT.VX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  socncES. 


1038. 
1*3  mai. 


17  mai. 
Df  Mouchy. 


Idem. 


19  mai. 


3  2  mai. 
Compiègnp, 


38  mai. 
De  Kuel. 


[...mai?' 


A  M.  de  Bordeaux. 


Pour  M.  Ooulbillior, 
surintendant  des  fi- 
nances, à  Paris. 


Pour  M.  Boutiiillier, 
surintendant  des  fi- 
nances. 


Au  mareschal  de  Chas- 
tiUoD. 


A  MM.  le  cardinal  de 
La  Valette  et  d'Ué- 
merj'. 

Au  mareschal  de  Chas- 
tilloD. 


Pour  M.  Bouthillier, 
surintendant  des  fi- 
nances, à  Paris. 


.\u'roi  de  Pologne. 


Acliat  de  vaisseaux.  —  Traitement  du  général  des  galères. 
—  S'entendre  avec  M.  le  Prince.  aSouvenés-vous  qu'il 
faut  faire  des  actions  dignes  de  la  bruscosité  des  Sourdis, 
et  de  la  prudence  que  je  peropte  en  l'archevesque  de  Bor- 
deaux.» 


Minute  de  la  maîu  de  Clierré.  —  Arch. 
de  janvier  à  juillet  )  foL  aa6. 


des  Aff.  élr.  France, 


«...  J'aimerois  mieux  que  la  cession  des  petites  debtes  que 
vous  négociés  avec  M.  de  Brissac  fust  faite  à  d'autres  qu'à 
moy.  Je  ne  désire  point  me  meslerdans  les  affaires  de  cet 
lionneste  gentilhomme,  ny  laisser  à  ceux  qui  auront  part 
a  mon  bien  lieu  de  rien  démesJer  avec  sa  personne.  ...» 

Original  sans  signature,  de  la  main  dj  Cherré.  —  Arcti.  des 
Afl".  étr,  France,  de  janvier  en  juillet,  fol.  aa8. 

Ne  laissez  pas  partir  M.  et  M°"  de  Brissac  sans  terminer  l'ac- 
commodement que  vous  avez  fait,  si  vous  estimez  qu'il 
faille  leur  faire  faire  la  cession  dont  vous  m'avez  écrit. 

Original  sao»  signature  ,  de  'a  main  de  Cherré.  —  Arch.  des 
hS.  élr.  France,  de  janvier  à  juillet,  fol    317. 

On  avait  promis  au  prince  d'Orange  que  l'armée  serait  en 
campagne  le  10;  réparer  ce  retard  par  une  extrême  dili- 
gence. 

Copie.  —  Bib).  imp.  Béthnne ,  9369,  fol.  Go.  —  Cinq-Cents 
Colbert,  118,  fol.  ^7,  —  Imprimée.  —  Aubery  III,  Ô8i. 
—  Recueil  de  1695,  p.  lôj. 


Mémoire  sur  les  affaires  du  Piémont,  deMantoue,  de  Casai. 

Copie.  —  BtLI.  imp.  Dopuy,  538,  fol.   111.  —  Imprimée.  — 
ibery,  lU  ,  585.  —  Recueil  de  i6g6.  t.  II,  p.  391. 


iopie. 
Aab' 


M"  de  Saiiit-Preuil  et  de  La  Ferté  ont  querelle;  les  accorder. 

Copie.  —  Bibl.  imp.  Bétlmno,  gaôg,  fol.  76.  —  Cinq-Cents 
Colbert,  118,  fol.  53  v**.  —  Imprimée.  —  Aubery,  III, 
577.  —  Recueil  de  1696,  p.  ibà- 

J'ay  écrit  à  M.  de  Brissac.  Le  voir  pour  savoir  si  une  fois  pour 
toutes  celte  affaire  se  pourra  terminer. 

Orig.  —  Arch.  des  AIT.  étr.  France,  de  j.iQvîer  à  juillet, 
fol.  a4i. 

Le  prince  Casimir  a  été  arrêté»  parce  que  traversant  la 
France,  «pours'allacbcrcn  Espagne, ..  il  visitoitles  places 
et  les  ports  de  Ucosle  de  Provence  sur  lesquels  l'Espagne 
a  fait  plusieurs  fois  divers  desseins.» 


'  Aat>ery  oe  donne  point  de  date  à  celte  lettre,  dont  je  n'ai  m  minute,  nî  original.  Le  prince  Casimir  fut  arrêté  en 
i638.  Je  trouve  aux  Arch.  des  Aff.  étr.  (Pologne,  t.  III,  fol.  ikS  et  460)  deux  lettres  de  lui ,  en  italien ,  adressées  au 
roi ,  datées  de  Salon ,  l'une  do  aS  mai,  I  autre  du  30  juillet.  Dans  ta  première  il  réclame  contre  une  injuste  arrestation  , 
n'étant  veau  en  France,  dît-il,  que  dans  le  dessein  de  voir  lo  pays-  Dans  la  seconde,  il  se  plaint  de  n'avoir  pas  de 
réponse  depuis  trots  mois  qu'il  est  détenu.  Ce  nu-iue  manuscrit  nous  donne  aussi  deux  lettres  du  roi  de  Pologne,  écrites 
(en  liittD  )  au  roi  et  au  cardinal ,  jiour  demander  la  liberté  de  son  frère  ;  elles  ne  sont  point  datées  (  on  les  a  classées 
par  erreur  en  1637,  fol.  387 } ,  elles  ont  dû  arriver  k  Paris  en  juin;  mais  la  lettre  de  Ricbelieu ,  qui  ne  semble  pas  être 
une  répontt,  a  probablement  été  écrite  en  mai,  ptn  dt  temps  après  l'arrestitioD  du  prince  Casimir. 


190 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 

et 

SCSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETIBES 

LIEni  DE  DATES. 

DBS  LETTRES. 

ET  sonacBs. 

1038. 

i"  juin. 

Pour     M.     Boulhillier, 

U  faut  sortii  de  rafTaire  avec  M.  et  M'"'  de  Brissac,  si  on  le 

De  Ruel. 

surintendant  des  fi- 

peut, mais  à  conditions  justes  et  raisonnables. 

nances  «  à  Paris. 

Original    sans    Bignalurc.  —  Arcli.    des   Aff.    ctr.   rraDcc,   de 
janvier  eo  juillet ,  fol.  34S. 

Idem, 

Pour  M.  de  ChavigHy, 

Richelieu  demande  des  nouvelles  fie  diverses  affaires.  «Enlin 

à  Paris. 

souvenés   vous  que  non   seulement  les  affaires  d'estat  re- 
quièrent qu'on  n'y  perde  point  de  temps,  mais  de  plus 
qu'il  est  nécessaire  que  ceux  qui  ont  part  à  leur  conduite 
sachent  à  tous  moments  ce  qui  s'y  passe.» 

Minute  de  la  main  de  Citoys.  —  Arcli.  des  Aflf.    ctr.  Fraocc , 
de  janvier  à  juillet,  fol.  349- 

Idem. 

Au  maresclial  de  Chas- 

Félicitations  sur  le  bon  ordre  qu'il  a  mi.s  dans  sou  armée.  — 

lillon. 

On  lui  donnera  les  troupes  qu'il  demande. 

Minute  de  la  roaiii  de  Cherré.  —  Arch.  de»  Aff,  étr.  France, 
de  janvier  en  juillet,  fol.   aÔo.  —  Copies.  —  Bibl.   imp. 
Bélhune,  9269 ,  fol.  83.  —  Cinq-Cenla  Colberl ,  1 18  ,  fol.  60. 
—  Imprimée.  —  Aubpry,  III,   607.  —  Recueil    de    i6g5, 
p.  54. 

2  juin. 

A  M.  le  duc  de  La  Force, 

«...Les   ennemis   sont   exlrcsmement    foibles,    s'il   y   avoit 

RueL 

pair  et  mareschal  de 

quelques  petites  places  auprès  de  vous,  qui  ne  peusl  durer 

France,      lieutenant 

que  huicl  [ou  dix  jours,  ce  scroit  un  grand  avantage  de 

général    de    rarmée 
du  roy. 

l'entreprendre],  auparavant  que  Picolominy  [qui  est  encore 

en  ses  quartiers  d'hiver]  s'y  peusl  opposer.  [Cet  avis  ne  vous 

obligera,  s'il  vous  plaist,  qu'à  ce  que  vous  jugerés  [lossiblc 

par  vous-mesme.]  Le  désir  que  j'ay  de  vostre  réputation 
joint  à  cfcluy  du  service  du  roy,  me   porte  à  vous  faire 

cette  proposition  en  général]...» 

Minute  de  la  maio  de  Cliarpentïer  et  de  celle  de  Richelieu  '. 

Arch.  des  Aff.  élr.  Pays-Bas,  t.  XIII.— OHg.  —  Arch.  Je 

M,  le  duc  de  La  Force,  commUDication  de  M.  le  marquis  de 

La  Grange. 

2  juin. 

A  M.  Mole,   procureur 

Pendant  l'absence  de  M.  Beauregard-Champroud ,  on  lui  dis- 

De Ruel. 

général  en  la  cour  du 

pute  certains  droits.  «Luy  donner  les  plus  favorables  con- 

parlement à  Paris. 

clusions,  en  considération  du  service  actuel  qu'il  rend  à 
S.  M.  en  ses  armées  et  de  l'affection  que  je  luy  porte  de 
longue  main.» 

Orig.    —  BibL    imp.    CfnqCents  Colbert ,  t.  VI,  fol.  a68.— 
Imprimée.  —  A/cm.  de  SIoU .  Il ,  p.  4o3. 

U  juin. 

Au  mareschal  de  Schow 

Desseins  des  Espagnols  sur  le  Languedoc.  Prendre  garde  de 

De  Ruci. 

berg. 

ne  pas  se  laisser  surprendre. 

Imprimée.  —  Autery,  III ,  p.  616.  —  Recueil  do  1695,  p.  i56. 

7  juin- 

Lettre  du  roi  a  Madame 

Envoi  du  s'  Duplessis-Praslin  pour  servir  en  llahe. — La  du-» 

Sain  t-Germain- 

de  Savoie. 

chesse  eût  dû  renouveler  plus  tôt  ses  traités  avec  la  France. 

en-Lay. 

Minute.  ~  Bibl.  imp.  Béthnoe,  9337,  fol.  5o. 

'   Le»  passages  i 

crits  par  le  cardina]  sont  enf 

erroés  entre  crocbets. 

NON   LMPRIMEES  DANS  LE  TOME  VI. 


191 


DATES 

et 

UECX  DE   DATES, 


SUSCRIPTIOS 

DES  LBTTBES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


1638- 

8  jain. 
De  Ruel. 


1  •  juin. 


i3  juin. 
De  Rue». 


[Vers 
le  1 5  juin  '.  ] 


I7JU 


3  3  juin. 
De  RucJ. 


A  M.  le  marcscbai  de 
La  Force,  lieutenant 
général. 


Au  mareschal  de  Chas 
tUlon. 


A  M.  de  Beilièvrc,  ani' 
bassadeur  on  Angle- 
terre. 


A    Madame    de    Che- 
vreuse. 


Au  mareschal  do  Chas- 

tillon. 


A  M.  Gueffier. 


Ne  perdre  pas  un  moment  pour  aller  joindre  l'armée  du  ma- 
reschal de  CliastiUon  '. 


Orig.  —  Arch.  de  M.  le  duc  de  La  Force, 
de  M.  le  marquis  de  La  Grange. 


-  Communication 


...  Je  ne  peux  m'imaginer  c  immcnt  vous  avés  laissé  un  canal 
ouvert ,  par  où  l'ennemi  a  fait  entrer  un  secours  dans  Saint- 
Omer. ..  J'ay  esté  bien  aise  pourtant  de  voir  (jue  dans  ces 
mauvais  accidents  vous  ayés  résolu  de  continuer  vostre 
siège. . .  11  y  va  de  vostre  réputation  et  du  service  du  roy. . . 
quand  S'-Oraer  seroil  un  Oï.lcnde,  le  roy  est  résolu  de 
l'emporter. .,  vous  serés  secondé  autant  que  vous  le  nourrés 
estre  d'une  personne  qui  vous  aime  et  vous  honore  parti- 
culièrement. , . 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Béttinne,  gaSg  ,  fol.  107  v".  —  Cinq- 
Cents  Colbert,  118,  fol.  78.  —  Imprimée.  —  Aubery, 
Mèm.  t.  III ,  p.  6i4  et  Recueil  de  1695  ,  p.  i  68 ,  el  en  partie 
dan»  l'Histoire  de  Louis  XIII,  par  le  P.  Griffet,  t.  III, 
p.   136. 

Favoriser  cl  protéger  Mons'  Erskin ,  s'en  allant  en  Kcosse 
lever  un  régiment  ])Our  le  service  du  roy. 

Orig.  —  B.bl.  imp.  Saint^erraain-Harlay,  36i",  fol     laS. 

Richelieu  ne  veut  pas  répondre  a  ses  lettres  de  peur  de  luy 
déplaire. 

Copte».  —  BiW.  imp.  Cinq-Cents  Colbert,  i6,  foL  6  v".  — 
.Saint-Germain-lI:irlay,  3^6)  t.  II,  fol.  8.  —  Imprimée.  — 
Hitt.de  Uait  Mil.  du  P.GrlOel,  III ,  173,  et  dans  M"*  de 
Cbe«reu80,  par  M.  Cousin,  p.  3o3. 


Compliments. 
Orner. 


Presser  le  plus  possible  le  siège  de  Saint- 


C'>pies,  —  Bibl.  imp,  Bélhune,  9359,  fol.  1 14  v*.  —  Cinq- 
Cent»  Colbert,  118,  fol.  84-  —  Imprimée.  —  Auliery,  III , 
653.  —  Hccueil  de  iGgô,  p.  )6o. 

Remercîments  pour  la  relation  des  affaires  de  Rome,  qu'il  a 
envoyée  à  Richelieu  sur  sa  deuiande  '. 

Copie.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Colbert ,  356,  fol.  796  v°. 


'  Le  roi  et  .M.  de  Nojcr»  érrivircîit  le  même  joui  :.u  maréchal  de  La  Force.  I^a  lellrt  du  roi  est  imprime'e  dan»  les 
mémoires  do  ce  mjrrchal ,  III,  p.  j145. 

'  La  date  manque  à  celte  lettre,  elle  a  été  écrite  vers  la  mi-juin.  Digby,  que  la  reine  d'Angleterre  avait  envoyé  en 
Francf ,  écrivit  à  Monlagu  le  18  :  •  Boispil>^  et  du  Dorât  vont  voua  visiter  dans  deux  ou  trois  jours ,  mais  gardez-vous 
do  les  croire.  ■  {Arch.  dfs  Aff.  élr.  Angleterre,  t.  XLVIl ,  fol.  i38.)  Tous  deux  étaient  envoyé*  par  le  carcliiKil. 
—  De  retour  en  Angleterre,  M°"  de  Chcvreuse  faisait  mine  de  vouloir  se  rapprocher  du  cardinal.  Notre  manuscrit 
nous  Jonnp  une  lettre  do  Chavigni  éc-ite  à  l'ambassadeur  Belliévre,  le  i4  mai  :  ■  Ndus  attendons  avec  impaticucc,  dit 
Chavigni ,  ^c»  aouveiles  de  ce  qui  se  sera  passé  entre  M"'*  de  Clicvreuse  el  vous,  cl  ai  vous  jugerez  que  sou  intciiliou 
aoit  de  rendre  quelque  bon  «errice  au  lieu  où  elle  est,  pour  se  rcmeltre  bien  avec  la  ("rjuce.  ■  [i'VI.  1.7.)  Nous 
trouvon>  dans  ce  mrme  manuscrit  des  lettres  qce ,  dans  le  même  temps.  M""  Je  Chevron  se  écrivait  à  diverses  per- 
sonres  pour  qu'on  lui  envoy&t  •  ses  lianle»,  la  vaisselle  quVIIit  avait  h.  Tours,  de  l'argent,  etc.  1  Les  préparatifs  d'éta- 
blissemrnt  s'accordaient  peu  avec  les  paroles  de  la  dame,  hichelieu  ne  pouvait  pas  se  laisser  prendre  à  cette  nouvelle 
intrigue  si  mal  déguisée.  Il  y  a  là  des  renseignements  qui  auraient  pu  profiter  à  M.  Cobsio,  dans  ion  exposé  de  U  cou- 
daile  de  M"**  de  Chevreuse  à  cette  époque.  [P.  76  et  suiv.) 

'  Voy.  rî-ilfstas,   10  avril,  p.  186. 


192 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


LIEUX  DE  DjITES. 


SUSCniPTION 


DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SODRCES. 


26  Juin. 


3o  juin. 


Iden 


Au  marcsclial  de  Chas- 
tillon. 


A  la  reyne  d'Angk'lcrrc, 


Pour  M.  de  Chavigny, 
secrétaire  d'estat ,  aux 
Caves. 


1638. 

)  juin.  A  M.  Bouthillier.  «M.  Boutliiilicr  ne  manriuera  pas,  s'il  Iiiy  plaibl,  aussv  lost 

De  Uuel.  qu'il  aura  receu  ce  bilicL,  daller  Irouver  M"'"  do  llohan, 

de  la  pari  du  roy,  pour  luy  parler  du  mariage  de  M"'  sa 
(ille ,  avec  M.  de  Nemours,  et  luy  faire  cognoistre  que 
Sa  Majesté  sera  bien  aise  qu'elle  y  veuille  entendre  et  qu'elle 
a  promis  à  M.  de  Nemours  de  l'y  favoriser  '.» 

Original  sans  sigaature  ,  Je  la  main    de  Clierrc.  —    Arch.  de» 
AfF.  etr.  France  ,  de  janvier  en  juillet ,  foi.  369. 

«Je  vouscmjure  ,au  nom  de  Dieu  ,  de  redoubler  vos  diligences 

pour  Iiaster  l'exécution  de  vostre  entreprise.  Souvenés-vous 

que  rien  n'est  si  cher  que  le  temps  aux  grandes  affaires.» 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Bclhunc  ,  9'' 69  ,  fuL  >36.  —  Cinq-Ccnls 

Colbert,  118,   foi.    100  %".  —  Imprimco.  —  Aubnry,  III, 

G79.  —  Recueil  de  1696,  i6/|. 

Richelieu  répond  à  une  recommandation  'le  la  reine: «Je  m'as- 
scure  que  Vostre  Majesté  ne  me  croit  pas  sy  incivil  que  de 
manquer  à  servir  les  dames  lorsque  je  le  j)onrray  iaire 
dans  le  service  du  roy. .  .  » 

Minute  de   la  main    de  Cborré.  —  Arclilvcs  des  Aff.  étr.  An- 
gleterre, t.  XLVII,  fol.  i4o. 

«  Ayant  appris  que  vous  vous  estes  trouvé  ruai  de  nouveau ,  je 
suis  en  peine  de  vos  nouvelles,  et  en  envoie  sçavoir,  vous 
conjurant  d'avoir  soin  de  vous  sans  vous  précipitera  revenir 
que  vous  ne  soyez  tout  à  fait  guéry.  —  Toutes  choses  sont 
icy  à  Taccoustumée ,  r^races  à  Dieu.  »—...«  M.  le  Prince  est 
entré  depuis  trois  jours  dans  l'Espagne,  et  ce  (pii  est  de 
meilleur  est  que  M.  le  cardinal  de  La  Valette  a  jeté  deux 
mil  hommes  dans  Vcrceil...»  —  «Mil  recommandations  à 
M""  Bouthillier  et  une  paire  a  son  petit  peuple.» 

Original  sans  signature«de  la   m^iu  d(^Chcrré.  —  Aich.  des 
Aff,  étr.  France,  de  janvier  à  juillet,  fol.  376. 

J'espère  que  le  mal  de  vostre  fils  ne  sera  rien.  —  «Quant  à 
l'affaire  dont  vous  m'escriviés  que  M.  de  Villesavin  "  me 
viendroit  parler  s'il  n'avoit  la  fièvre  tierce  .  je  ne  désire  pas , 
s'il  vous  jjlaist,  que  nous  en  facions  un  procès  qui  soit  sujet 
à  prorluclions,sa!vations  etconircdîcts...  \  ous  avés  fort  bien 
fait  de  li'en  jiarler  point  à  vostre  belle  fille  et  de  n'en  escrire 

iîoint  à  son  mary,  l'cslat  auquel  ils  sont  ne  permet  pa5;  qu'on 
eur  rompe  !a  leste  d'aucunes  affaires  ,  beaucoup  moins  de 
celles  qui  leur  peuvent  desplaire.  —  Vous  n'avez  pas  sujet 
de  vous  nu  tire  en  peine  do  ce  que  je  vous  ay  dict ,  parce 
que  cela  n'itère  en  aucune  façon  l'affection  que  je  porte  a 
mes  amis ,  et  que  rien  ne  me  peut  empescber  de  rocognoistre 
les  bonnes  qualitez  qui  sont  en  vous,  et  d'aimer  non  seule- 
ment vostre  personne,  mais  tout  ce  qui  vous  touche...» 

Original  sans  signature,  de  la  main  de  Charpentier.  —  Arch. 
des  Aff.  élr.  Friinte,  de  janvier  à  juillet,  fol.  275. 

'  Marguerite  de  Rohan  n'accepta  pas  le  mari  que  le  roi  lui  offrait;  die  avait  alors  vingt  et  uu  ai<s  et  se  maria  sept 
ans  plus  tard ,  contre  la  volonté  de  sa  mère ,  à  Honri  comte  de.  Chabot.  Marguerite  était  la  seule  survivante  de  neuf  en- 
fants (l'arrêt  du  Parirment  ne  permet  pas  de  compter  Tancrcdc} ,  et  elle  porta  clans  la  famille  des  Cliabot  U  fortune 
immense  des  Rohnn  et  leur  illustre  nom  ,  qu'elle  imposa  à  son  mari. 

^  C'était  lelieaii-pèio  doChavigni;  y  avait-il  en  ce  moment  quelque  difficulté  d'intérêts  entre  Richelieu  et  cette  famille, 
pour  laquelle  il  est  toujours  si  affectueux? 


3o  juin. 
De  Ruel. 


Pour  M.  Bouthillier, 
surintendant  des  fi- 
nances. 


NON   IMPRIMEES  DANS  LE  TOME   VI. 


193 


DATES 


LIBUX  DE  DATES. 


SLSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOCRCES. 


1638. 
•'  juillet. 


]  o  juillet. 


1 1  juillet. 
Do  Ruol. 


1  2  juillet. 
De  Ruel. 


Idem. 


Idem. 


1 3  juillet. 


1 5  juillet. 


A  M.  le  Prince. 


Au  cardinal  de  La  Va- 
lette. 


Pour  M.  Bouthillier, 
surintendant  des  fi- 
nances. 


A  M.  BoutbiUier. 


Au  duc  de  Weymar, 


Le  roi  satisfera  au  désir  (jue  témoigne  M.  le  Prince,  au  sujet 
de  la  vacance  de  l'archevêché  de  Bourges. 

Minute  de  la  main  de  Cberré.  —  Ârcli.  des  Afi".  étr.  de  janvier 
à  juillet,  fol.  287. 

Bonne  espérance  du  succès  de  Verceil  ' , 

Orijç.  —  Arch.  des  AiF.  etr.  Tarin  ,  t.  XXVL  —  Copie.  — 
Bibl.  imp.  Saint-Germaîn-Harlay,  Sà'j,  fol.  476.  —  Fonds 
Dupuy,  767,  cahier  Kk, 

LMntention  du  roi  est  que  M.  Bordîer  ne  soit  plus  intendant 
de  la  reine ,  à  cause  des  désordres  des  affaires  de  Sa  Ma- 
jesté. —  Bonnes  nouvelles  de  M.  de  La  Force  ^.  Espérance 
d'eu  avoir  de  pareilles  du  maréchal  de  Chastillon. 

Original  »  saus  signature ,  de  la  main  de  Chcrrc.  —  Arcb.  des 
\S.  etr.  France,  de  janvier  à  juillet,  fol.  3oo. 

Sur  le  présent  à  faire  au  gentilhomme  venu  pour  le  compli- 
ment du  roi  et  de  la  reiue  d'Angleterre,  à  l'occasion  de  la 
grossesse  de  la  reine  de  France. 

Original,  sans  signature,  de  la  main  de  Cherré.  —  Arch.  des 
Âff.  étr.  France,  de  janvier  à  juillet,  fol.  3o3. 

On  lui  envoie  Turennc  pour  le  fortifier.  On  a  pourvu  à  ses 
payements. 

Copie.  —  Bibl.  inap.  Fonds  Béthunc,  9379,  fol.  35. 


A   M.  le  mareschal  de;    Diverses  dispositions  concernant  l'armée  qu'il  commande  en 
Schomberg.  Languedoc. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Arch.  des  AIT.  étr.  France, 
de  janvier  à  juillet,  fol.  3oi  '.  —  Imprimée.  —  Auhery, 
]I1,  70Ô.  —  Recueil  de  1695 ,  p.  ]64> 


A  M.  Le  Grand  Prieur  . 


A  M.  le  Prince  «. 


«  Bien  fasché  du  mal  de  M.  de  Villemontée*;  il  seroit  à  désirer 
qu'il  eust  esté  tacitus  ;  mais  puisque  l'affaire  est  publiée ,  ses 
amis  auroient  grand  tort  s'ils  n'aprouvoient  ce  qu'il  a  fait.  » 
—  ...  Ne  pas  laisser  sans  troupes  les  îles  de  lié  et  d'Olé- 
ron.  —  oj'av  t.int  de  despenses  à  faire  pour  des  œuvres 
publics  [sic]  auxquels  je  suis  engagé,  qu'il  m'est  impos- 
sible de  me  lier  pour  l'bostel  dont  vous  m'escrivés.» ,  .  . 

Minute  de   la  main  de  Chcrrc.   —  Arch.  des  Aff.  étr.  France , 
de  janvier  à  juillet,  fol.  3o3. 

«Je  me  promets  que  vos  bons  succès  nous  aideront  à  réparer 
les  mauvais  (jui  nous  sont  arri\és  ailleurs.»  —  Levée  du 
siège  de  Saint-Omer.  —  «La  lenteur  de  M.  de  Chastillon 
est  la  première  origine  de  nostre  mal.  .  .  » 

Minute  de  la  main  de  de  Noyers.  —  Arch.   de  l'Empire,  K, 
i34-  —  Guycone,  i"  partie,  pièce  4:. 


'   Voy.  t.  VI,  p.  56,  57,  65. 

'  Voy.  les  Mémoirtê  de  La  Force.  III ,  ao3  ;  et  le  Mêreartfrançoii ,  t.  XXII ,   198.  Le  président  Hdnault ,  n'ayoot  fait 
attention  qu'à  un  des  incidents  de   l'an'aire,  a  changé  en  défaite  le  succès  dont  s'applaudit  ici  Richelieu, 

'   Ily  a   quelque  différence  entre   la   minute  et  la  piicc  imprimée,  celle-ci  ayant  sans  doute  été  prise  sur  l'original. 

*  Lo  commandeur  de  La  Porte,  oncle  du  cardinal.  Il  commandait  dans  Brouage,  dont  Richelieu  était  gouverneur. 
^  Maître  des  requêtes;  il  avait  été  l'un  des  commissaires  au  jugement  du  maréchal  de  Marillac. 

•  Voy.  t.  VI,  p.  55  et  67. 


CARDIN.  DE  UICHELIED.  —   VU. 


35 


194 


SOMMAIRES   DES  LETTRES 


DATES 


LIEUX  DE  DATES. 


Ï038. 
[  Vers  le  milieu 
(le  l'aniK^e  ?!  ' 


19  juillet. 


1  g  juillet. 
De  Royaumont. 

a  o  juillet. 
De  Clermont. 


22  juillet. 


Ida 


a.S  juillet. 
D'Amiens. 


2/1  juillet. 
D'Amiens. 


SUSCRIPTION' 

DES  LETTRES. 


A  Madame  la  duclicsse 
de  Savoie. 


Au  maresclial  de  Clias- 
tillon. 


Au    mareschal    de    La 
Force. 

Au  mareschal  de  Scliom- 
berg. 


Ail  mareschal  dn  Chas- 
tillon. 


A  M.  le  duc  do  La  Force, 


A  M.  Bouthillirr.  ] 


A  M8' le  duc  d'Orléans, 
frère  unique  du  roy. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   SOUnCES. 


Richelieu  l'engage  à  ne  plus  se  laisser  tromper  par  les  Es- 
pagnols. 

Iniprîméo,  —  Aubcry,  V,  ^09.  —  Recueil  do  1696,  t.  I, 
p.  338. 

«iiicn  que  le  mauvais  événement  du  siège  de  Saint-Omer 
apporte  un  très-grand  préjudice  aux  aflaires  du  roy.»  il  ne 
faut  pas  perdre  courage  '. . . 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Bel!. une,  gaSg,  fol.  i6i.  —  Citq-Ccnls 
Colbcrt,  1 18,  fol.  120.  —  Imprimée.  —  Auberj,  IIÏ ,  71a. 
Recueil  de  lOgS,  p.  166. 

Félicitations  sur  le  combat  de  Zouafques. 

Imprimée.  —  A/cm.  da  maréchal  de  La  Force,  t.  III ,  p.  45i . 

Qu'il  se  prépare  à  s'opposer  à  une  irruption  des  Espagnols 
en  Languedoc.  Dans  celte  longue  lettre  sont  expliqués  les 
mouvements  de  troupes  elles  mesures  prises  pour  les  vivres. 
Uichelieu  annonce  au  maréchal  que  de  Noyers  lui  envoie 
en  outre  des  instructions  détaillées,  et  il  justifie  l'évéque 
de  Nismes  dont  se  plaint  Schomberg  fpa'il  prie  de  vivre  en 
bonne  intelligence  avec  cet  évéque. 

Imprimée.  — ■  Aubery,  III,  719. — Recueil  de  1696,  p.  167. 

«M.  de  Saligny  s'en  retourne  bien  inlormé  des  volontés  du 
roy...  L'affaire  que  vous  allés  entreprendre  consiste  en 
secret  et  diligence  '.  » 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Bétbune,  9269,  fol.  169  v*.  —  Cinq- 
Cents  Colbert,  118,  fol.  124  >>''• — Imprimée. —  Aubery,  111, 
•jii.  —  Recueil  de  1690,  p.  169. 

Même  sujet  et  presque  mêmes  termes  que  la  lettre  au  maré- 
chal de  Chastillon. 

Orig.  —  Commuoicalîon  de  -M.  le  manjuis  de  I-a  Grange.  — 
Arcli.  du  duc  de  La  Force. 

Richelieu  le  remercie  du  soin  qu'il  donne  aux  affaires  de  son 
neveu  le  général  des  galères.  (V.  t.  VI,  68.)  —  «J'cscris 
à  M.  le  chancelier  au  sujet  de  l'arrcst  que  M.  Lanier  a  fait 
donner  au  grand  conseil  contre  mon  neveu  ;  je  vous  l'en- 
voie ouvert,  afin  que  vous  faciès  agir  MM. de  la  Galisson- 
nière  et  de  Saint-Denis,  et  que vousenparliésvous-mesme.  s 
Original  sans  signalure  de  la  main  de  Cherrc. —  Arcb.  des 
AIT.  ctr.  France,  de  janvier  en  juillet,  foL  io6. 

Remercimeots  d'une  lettre  où  le  duc  lui  promettait  son  ami- 
tié. Grandes  protestations  de  la  passion  du  cardinal  pour 
les  intérêts  de  S.  A. 


Orig.  —  Bibl.  imp.   Baluie,  pap. 
n*  1,  fol.  90. 


Ictt, 


paq. 


'  Date  probable,  le  comte  Camerano ,  qui  fut  porteur  do  celte  lettre,  était  vonii  à  Tari»  pour  complimenter,  tlv  la 
part  des  princes  de  Savoie ,  sur  la  grossesse  de  la  reine ,  annoncée  aux  cours  étrangères  en  mai  ;  le  retour  du  comte  Ca- 
merano  à  Tuim  dut  avoir  Heu  on  juillet.  (Ms.  de  la  bibliolbèquc  de  Sorbonnc.  M.  S.  h.  i ,    26  ,  fol,  -jg.  ) 

^  Malgré  ce  langage  indulgent ,  Ricbelieu  fit  bientôt  renvoyer  le  maréchal  dans  sa  maison.  (  Voy.  t.  VI ,  p.  i3i  et 
iSa  ,  la  lettre  du  3i  août,  où  le  cardinal  exprime  encore  son  déplaisir  avec  une  grande  vivacité.  Le  siège  avait  été 
levé  le  16  juillet.  ) 

^  Il  s'agissait  d'une  jonction  de  troupes.  Vov.  t.  VI ,  p.  7a. 


NON   IMPRIMEES  DANS  LE  TOME  VI. 


195 


DATES 

- 

f  t 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIEOX  DE  DATES. 

DES  LETTRES. 

ET  S0CBCE8. 

1638. 

[Vers 

A  M.  de  Bullion. 

«Le  roy  ayant  accordé  5o,ooo  livres  d'augmentation  à  la  reyne 

le  25  juillet  '.] 

pour  l'entretcnemout  de  sa  maison»  je  prie  par  ce  billet 
M.  de  Builion...  de  faire  jouir  Sa  Majesté  delà  grâce cpi'il 

a  pieu  au  roy  lui  faire.  L  estai  auquel  elle  est  donne  tant 

de  lieu  de  luy  faire  recevoir  ce  contentement,  du  tout 

nécessaire  à  la  subsistance  de  sa  maison ,  que  je  ne  doute 

point  que  M.  de  Bullion  ne  s'y  porte  volontiers.» 

Imprlraw.  —  Aubcry,  Mêm.  V,  p.  497.  —  Recueil  de  1696  , 

II ,  95. 

3o  juillet. 

Au  mareschai  de  Chas- 

User  de  diligence  pour  réparer  le  malheur  qu'il  a  eu  jusques 

tillon. 

icy.M.  de  Noyers  lui  a  fait  connaître  les  volontés  du  roi. 

Copies.  —  Bibl.  iiiip,   BéthuDe,  9269,  fol.  i84  v".  —  Cinq- 
Cents  Colbert,  118,  fol.  i36.  —  tmprimée.  —  Aubcry,  III , 
740.  —  Recueil  Je  1695,  p.  170. 

Idem. 

.\    M.    le    duc    de    La 

Encouragement  pour  l'exécution  des  ordres  du  roi  que  lui 
transmet  de  Noyers,  môme  affairt;  que  celle  dont  il  s'agit 

Force ,  pair  et  mares- 

chai de  France,  lieu- 

dans la  lettre  précédente  au  maréclial  de  CbâtiUon. 

tenant     g<?nc'ral     de 
l'armée  du  roy. 

Orig.  —  Arch.  du  duc  de  La  Force.  Communication  de  M.  le 

marquis  de  La  Grange, 

3  août. 

A    M.     de     L'Orl-Sëri- 

Félicitations  de  sa  conduite  lors  de  l'attaque  du  pont  du  Pas- 

gnan. 

sage.  Le  gré  (jue  le  roi  lui  en  sçait  «et  la  joye  que  j'ay  en 
mon  particulier  de  la  réputation  que  vous  avés  acquise  en 

ces    occasions. . .    Vous   avés    desjà    tesmoigné ,    en    tant 
d*autres,  ce  tpie  vous  valés,  que  vos  amis  natteudoient 
pas  moins...»  Richelieu  fera  valoir  comme  il  faut  ses  ser- 
vices auprès  du  roi. 

Imprimée.    —    Cabinet   historique,    mors    1857,   p.   71.  La 
source  o'cst  pas  indiquée. 

3  août. 

A  M.  l'archcvesquc  de 

Félicitation  de  ce  qu'il  est  arrivé  pour  fortiGcr  M.  le  Prince. 

Abbovillo. 

Bordeaux,  lieutenant 

Le  but  est  de  prendre  Saint-Sébastien  après  Fonlarabie  '. 

généra]    de    Tarmée 

Orig.  BibL  imp.  Suite  de  Dupny,  t.  XVI,  fol.  826.  —  Mi- 

navale  du  roy. 

naic,  —  Arch.  de  l'Empire  ,  K,  i34.  —  Guyenne,  T'  pari. 
83,  pièce  81.  —  Imprimée.  —  Correspondance  de  Soardis , 
in-4MI,38. 

Idem. 

A  M.  le  maresclial  de 

«Le  roi  désire  que  le  siège  de  Renty  soit  m<né  chaudement, 

Chasiillon. 

et  je  vous  conjure  en  mon  particulier  de  n'y  perdre  un 
moment  de  temps.»  . .  . 

Minute  de  la  main  de  Citoys.  —  Arch.  des  AIT,  ctr.  France, 
a'>ût  à  décembre,  fol.  6.  —  Copies. —  lîibl.  imp.  Béthane, 
9369,  foL  i85  v".  — Cinq-Cent»  Colbert.   1 18,  fol.  137  v**. 
Imprimée.  —  Aubery,  III,  74t. —  Recueil  de  1695,  p.  170. 

i  août. 

A    M"   du    Hallier   et 

M.  l'évêque  d'Auxerre  leur  dira  que  Sa  Majesté  désire  qu'on 

d'Arpajon. 

mène  chaudement  le  siège  de  Renly, 

Minute  de  la  main  de  Citoys.  —  Arch.  des  Aff.  clr.  France, 
d'août  à  décembre,  fol.  6, 

'  L»  lotire  l'rap 

rîmée  oVst  point  datée  ;  ello 

dû  être  écrite  vers  le  35  juillet,  date  d'une  missive  adressée  à  M""  de 

Lansac,  au  morne 

t  où ,  en  TOC  du  prochain  a 

ccouchcmcQt  de  la  reioe,  on  s'occupait  d'augmenter  sa  maison.  (Voy. 

l.VI,p.,3.) 

'  Lcltre  à  M,  1 

E  Prince,  1.  VI,  p.  8i. 

25. 


196 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 
,         et 

LIEUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


1038. 

3  août. 

Abbevilïc. 


3  août. 


Idei 


Idem . 


Idem. 


5  aoûU 


'i  août. 
AbbeviHe. 


1 5  août 


i6  août, 
AbbcviH". 


Pour  M.  Bouthillier, 
surintendant  des  fi- 
nances. 


A  M.  de  La  Force. 


A  M.  (le  Monligny. 


A  M.  de  Saint-Gi 


eorges 


A  M.  de  Longueviïie 


A  M.  le  procureur  gé- 
néral. 


A  M.  le  duc  de  La 
Force ,  pair  et  ma 
reschal  de  France. 


Au  cardinal  de  La  Va 
lettn. 


Instruction    au    s'     de 
Sainl-Pé. 


Pour  M.  Bouthillier, 
surintendant  des  fi- 
nances. 


'  Voy.  l.  VI,  p.  73  et  bu. 

-  Voy.  ci-après,  p.  197,  une  leiUe  au  même. 

3  Voy.  t.  VI,  p.  86. 


"Je  suis  bien  aise  que  Madame  de  Lanssac  ait  été  bien  receue 
par  la  reine  '.» 

Original  saos  sigDalure.  —  Arcli.  des  Aff.  étrangères  ,  France, 
d'août  en  décembre,  fol.  5. 

«Sa  Majesté  trouve  bon  que  M.l'ëvéquc  d'Auxcnc  vienne  icy 
pendant  le  siège  de  Uenty.» 

Minute  de  la  raaîn  de  Ciloys.  —  Arch.  tics  Aff.  étr.  de  janvier 
à  juillet,  fol.  6. 

Favoriser  en  tout  ce  qu'il  pourra  la  levée  de  cent  hommes 
dans  l'étendue  du  gouvernement  de  Dieppe. 

Minute  de  la  main  de  Citoys.  —  Arcli.   des  Aff.  c'tr.  France, 
d'août  CD  décembre,  foL  7. 

Qu'il  laisse  lever  cent  hommes  au  Pont  de  l'arche. 

Minute  de  la  main  de  Citoys    —  Arch.    des   Aff.  étr.  France, 
d'août  en  décembre,  fol.  7, 

«Je  le  conjure  de  mener  le  siège  qu'il  veut  entreprendre  chau- 
dement, pour  réparer  le  malheur  de  Saint-Omcr^.» 

Minute  de  la  main  de  Citoys.   Arcb.  des  Aff.    étr.   France, 
d'août  en  décembre,  fol.  7. 

Richelieu  désire  l'accommodement  d'une  affaire ,  suite  d'in- 
sulte faite  publiquement  au  fils  de  M.  de  Nouveau ,  par  le 
fils  du  procureur  général^. 

Minute  de  la  main  de  Chcrrc.  —  Arcli.  des  Aff.  élr.    France, 
d'août  en  décembre,  fol.  8- 

Venir  après  le  siège  de  Renty  pour  conférer  avec  Sa  Majesté 
sur  la  campagne  prochaine. 

Orig.  —  Arcb.  du  duc  de  La  Force,  communication    de  M.  le 
marquis  de  La  Grange. 

Lettre  d'amitié.  Fabert  qui  s'en  retourne  lui  dira  l'état  des 
affaires ,  et  les  secrétaires  d'état  lui  font  des  dépêches. 

Copie.  —  Bibl.  imp.  Saint-Germain-Harlay,  347,  fol.  iyS  v°. 

Le  s'  de  Saint-Pé  ira  à  Lisbonne,  et  si  les  Portugais  veulent 
se  révolter,  il  conviendra  avec  eux  de  ce  que  la  France 
aura  à  faire. 

Imprimée.  —   Aubery  IIl ,  p.  759.  —  Le  Vissor,  t.  IX,  iaô. 

Lo  roy  s'en  va  pour  estre  aux  couches  de  la  reyne.  —  J'cscris 
à  Madame  vostre  femme  pour  la  remercier  du  soin  qu'elle 
a  pris  d'amener  mes  petites  nio|îces.  —  Je  vous  prie  vous 
ressouvenir,  M.  le  cliancelier  et  vous ,  de  la  dis|M)sition  testa- 
mentaire que  vous  sçavés. 

Original  sans  signature.  —  Arch,  des  Aff.  étr.  France,  d'août 
en  décembre,  fol.  47. 


NON  IMPRIMÉES  DANS  LE  TOME  VI. 


197 


DATES 

et 

StîSCRIPTJON 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIEOX  OS  DATBS. 

DES  LETTRES. 

ET  SOURCES. 

1638. 

Classée 

entre  le  1 6  et  le 

)  7  août. 

A  M.  le  duc  de  Longue- 
ville. 

Comme  il  n'a  pas  assez  de  troupes  pour  exécuter  son  dessein 
sur  Gray,  le  roy  désire  qu'il  aille  en   Lorraine  prendre 
Remiremont  et  autres  petites  places.  —  Laisser  en  Bour- 
gnoigne  le  s*^  de  La  Motte ,  avec  un  corps  de  troupes  auquel 
M.  le  duc  d'Anguien  joindra  les  milices. 

MÎDUte    de   h    main    de    Cherré.    —    Dépôt   de   la    guerre, 
t.  XLVIII,  pièce  3751. 

Idem. 

A  M.  le  duc  d'Anguin. 

Avoir  l'œil  tant  en  Bourgogne  qu'en  Bresse ,  pour  que  les 
ennemis  n'entreprennent  rien.  Assembler  les  milices  s'il  en 
a  besoin, 

Miiiate.écrîte  sur  le  même  feuillet  que  la  letlrc  au  duc  de  Lon- 
gueville. 

Idem. 

A  M.  de  La  Motte-Hou- 
dancourt. 

Envoyer  vers  M.  d'Anguiu  pour  lui  donner  avis  de  l'ordre 
que  M.  de  Longucville  lui  laisse. 

MinDte  écrite  sur  In   même  feuillet  que  les   deux  pièces  précé- 
dentes. 

17  août. 

A  M.  de  Bellefonds. 

Aller  à  Rocroy  pour  jeter  son  infanterie  dans  les  places  iron- 
tières;  tenir  ta  campagne  avec  trois  régiments  de  cavalerie. 
Joindre  ses  troujws  à  celles  du  s'  de  Saint-Pol,  maréchal 
de  camp.  Ils  commanderont  tour  à  tour.  Si  le  s'  de  Vau- 
becjurl  amène  les  milices  qu'il  assemble,  ils  commande- 
ront tous  trois  ^. 

Minute    de   la    main    de    Cherré.    —    Défôt   de   la    guerre, 
l.  XLVni,  pièce  375  &«. 

18  août. 
A  Piccfiiignv. 

.A  M.  rarchevesque  de 
Bordeaux. 

Aucune  raison  ne  peut  empêcher  d'attaquer  Fonlarabie  '.  Il 
faut  ensuite  prendre  Saint-Sébastien. 

Minute  de  la  main  de  Ctierrc.  —  Aich.  de  l'Empire  *  K ,  i3/i, 
p.  4i  ,  pièce  ia6*.  —  Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy. 
1.  XVI,  fol.   83o,  —  Imprimée.  —  Correspondance  de  Soar- 
dii.  in-i%  (.  11,  46. 

2 1  août. 
D'Amiens. 

A   M"    les   marcschaux 
de    La    Force   et  de 
rhaslillon. 

Bataille  gagnée  par  le  duc  de  Weymar  sur  Gœtz  et  Savelly, 
M.'  de  La  Motte-Houdaucourt  a  cbassé  de  Polignî  les  en- 
nemis. —  Blâme  du  retard  qu'on  a  mis  à  partir  de  Renty. 
—  Les  ennemis  savent  tout  ce  que  font  les  deux  maréchaux. 
Orig.  —  Arcli.  du  duc  de   La  Force.  Communication  de  M.  le 
marquis  de  La  Grange.  —  Copie*.  —  BiLl.  imp.  Béthune, 
9369,  fol.  aïo  v".  —  Cinq-Cents  Colberi ,  118,  fol.  i55  v". 
—   Imprimée. —   Aubery,  III,  773.    —   Rocueil   de  1696, 
p.   171. 

i2  août. 
D'Amiens. 

A  M.  de  Cbavigny. 

«  Vous  verres  le  cours  des  nouvelles  belliques  par  ce  que  j'escris 
au    roy.»  —  Richelieu   veut  envoyer   M.   de   Nantes   en 
Guyenne ,  pour  faire  fortifier  Fonlarabie  s'il  est  pris.  Faites 
que  M.  de  Bullion  luy  donne,  sans  délay,  namerata  pecu- 

'   Ce  oiéoioîro  f 

du  roi  conçap  à  pe 

=  Voy.  t.  VMe 

>   Voy.  l.  VI.p 

it  covoyé  à  M.  Je  Noyer»,  ( 
u  près  «Ions  les  mêmes  terin<>g 
lire  au  roi ,  p.  91 . 
87.  à  M.  U-  Prince. 

l  un  des  commis  de  ce  secrétaire  d'Etat  de  la  guerre  en  a  fait  une  lettre 
.  (Piècr  7-j^  his  du  même  manuscrit  du  dépôt  de  la  guerre.) 

198 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 
et 

SCSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIEUX  DE  DATES. 

DES  lETTBES. 

ET   SOCnCES. 

1638. 

- 

nia,  mil  escus  pour  son  voyage;  «s'il  en  fait  difTiculté ,  je 
vous  prie  les  emprunter,  je  vous  les  feray  rendre.»  —  ... 
Expédient  pour  contenter  Messieurs  d'Abbcvîile  et  asseurer 
leurs  fortilications  '  avec  le  contcnlement  de  Barbier. 

Original  sans  signature,  de  la  inain  de  Clterré.  —  Arch,  des 
Aff.  élr.  France,  d'août  en  décembre,  foi,  77. 

2  3  août. 
D'Amiens. 

A  M.  l'archevcsquo  de 
Bordeaux. 

Diverses  considérations  sur  la  campagne  d'Espagne  =. 

Original  sans  signature ,  de  la  main  de  Cbcrré  et  de  celle  du 
cardinal. —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuj,  t.  XVI,  p.  833.  — 
Imprimée.  —  Correspondance  de  Soardis,  in*^",  II,  5o. 

2/1  août. 
[Chauliios.] 

Au  baron  d'Ambres. 

aLc  roy  n'a  pas  plustost  sceu  la  mort  de  M.  de  Cacbac  qu'il 
ne  se  soit  souvenu  de  la  promesse  qu'il  vous  a  faite  du 
gouvernement  de  Carcassonne.  Parla  vous  cognoistrés  fad 
vantagc  qu'il  y  a  d'exposer  sa  vie  pour  un  prince  si  plein 
de  bonté...  '» 

Imprimée,  —  Mcmoirei  de   l'Acadiimie  de  Toulouse.   3*^   série, 
t.  III,  p.  loi. 

26  août. 

Au  duc  de  Weymar. 

Compliments  sur  sa  nouvelle  victoire.  On  fera  tout  ce  qui  se 
peut  faire   pour  le  fortifier   de  troupes.  Les  ordres    sont 
donnés  pour  h-  payement  du  troisième  quartier  *. 
Copie.  —  Bibl.  imp.  Bélbanc,  9279  ,  fol.  4o. 

29  août. 
De  Kucl. 

A  M.  de  Bordeaux. 

Aflfaires  de  la  marine  —  .  .  .«Je  vous  prie  de  vous  en  venir 
icy,   afin   que   nous  résolvions  tout  ce  qu'il   faudra  faire 
l'année   qui  vient  et   pourvoyons   aux   moyens   de   l'exé- 
cuter ...» 

Aliouto  de  la  main  de  Cherré.  —  Arcb.  de  l'Empire,  K  ,  i34  , 
Guyenne,  T*  partie,  fol.  gg.  —  Orîg.  Bibl.  imp.  Suite  de 
Dupiiy,  t.  XVI ,  fol.  868.  —  Imp.  Corrcspohdance  de  Soardis  , 
in-r,  11,86. 

29  août. 
De  P(îronnc. 

Aux  mareschauK  de  La 
Force   et  de  ChâtU- 
Ion. 

Richelieu  renvoie  de  farmée  et  à  sa  charge  le  marquis  de 
Brezc,  rétabli  d'une  maladie.  Il  recommande  aux  maré- 
chaux de  finir  la  campagne  plus  heureusement  qu'elle  n'a 
commencé, 

Orig.  —  Arch.  du  duc  de  La  Force.  Commanïcation  de  M.  le 
marquis  de  La  Grange. 

3o  août. 
De  Péronne. 

A  M.  de  Cbavigny,  se- 
crétaire d'estat. 

«Vous  présenterés  ce  courrier  au  roy,  qui  luv  porte  une  bonne 
nouvelle  de  l'armée  navale  qu'il  vous  dira'.w 

Original  sans  signature,  de  la  main  de  Cberrc.  —  Arcb.  des 
Aff.  étr.  France,  d'août  en  décembre,  fol.  i3i. 

'  Voy.  t.  VI ,  p 
'  Voy.  l.VI.p 
^  Voy.  p,  lia  (i 
V"  vol.  On  a  mis  G 
"  Voy.  t.  VI,p 
'  La  bataille  de 

99- 
87. 
a  V*  vol.  et  une  lettre  da  i< 
tiâinbord  à  la  date;  il  faut  C 
ii5. 
Gattari.  Voyez  t.  VI,  p.  ia5 

)  octobre  1637,  p.  1060  du  tome  V*.  Voy.   aussi  p.  163,  note  a*  de  ce 
liaalnes ,  où  le  cardinal  est  allé  en  quittant  Amiens  le  3^  août. 

NON  IMPRIMEES  DANS  LE  TOME  VI. 


199 


DATES 

et 

UEOX  DE  DATES. 


SUSCRII'TION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


1038. 

5o  août. 

De  Péronne. 


3 1  août. 


.  août. 


août.] 


"  Mfptembre. 
De  HaDi. 


Idem. 


A  M.  de  Cbavigny,  con 
soi  lier  du  roy  en  ses 
conseils  d'estat  et 
privé,  et  secrétaire 
de  ses  commande- 
mens ,  à  Paris. 

Aux  mareschaux  de  La 
Force  et  de  Chasti!- 
Ion. 


A  M.  de  Chavigny. 


A  la  princesse  d'Orange. 


A  M.  l'arcbevesque  de 
Bordeaux ,  lieatenanl 
général  de  l'armée 
navale  du  roy. 

[A  M.  de  Cbarigni.J 


«Ce  gentilhomme  qui  vient  de  la  part  du  roy  de  Pouîoigne 
a  débiré  que  je  luy  donnasse  ce  billet  pour  vous  tcsmoigner 
qu'il  a  passé  par  icy,  ce  que  je  fais.  H  vous  dira  le  sujet 
de  son  envoy .  .  .  '  » 

Orig.  —  Arch.  des  Aff.  élr.  tl'août  en  décembrCj  fol.  l3o. 

Ricbelieu  leur  annonce  la  victoire  navale  de  Gattary.  Le  roi 
défend  de  laisser  plus  aller  aux  fourrages,  les  ennemis 
ayant  pris  quantité  de  cbevaux  des  fourrageurs. 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Béthone  ,  9269,  fol.  ai  S.  — Cinq-Cents 
Colbert,  118,  fol.  159.  —  Imprimôe.  —  Aubery,  III,  779. 
—  Recuril  de  1696,  p.  17a. 

«\'ous  avertirés  le  roy  qu'il  n'a  jamais  été  possible  de  faire 
partir  M'*  de  La  Force  et  de  Chastilloir^  de  Ranty  qu'au- 
jourd'buy  qui  est  samedi.  On  apprend  tous  les  jours  de 
nouvelles  qualités  de  M.  d'Arpajon ,  qui  le  font  juger  digne 
de  se  reposer  doresnavant ...  ^  Je  voudrois  de  bon  cœur 
qu'il  fust  hors  du  lieu  où  il  est.  Cette  année  nous  fera 
sages,  s'il  plaist  à  Dieu.  —  Nous  faisons  partir  l'évesque  de 
Nantes  avec  un  ingénieur  pour  munir  Fonlarabie.  —  Vous 
nous  renverrés  à  Péroune  l'ingénieur  Le  Muet,  à  présent 
résidant  aux  Caves.» 

Origtual  aans  aignalure,  delà  tnain  de  Cherré.  —  .\rch.  des 
AfT.  ^tr.  France ,  d'août  en  décembre,  fol.  i53. 

Richelieu  envoie  à  la  princesse  d'Orange  un  présent  de  la 
part  du  roi  *. .  .  «Les  ennemis  communs  de  ce  royaume  et 
des  provinces  unies  ne  pouvant  nous  faire  mal  que  par  les 
oreilles.  Sa  Majesté  l'a  choisy  expressément  pour  vous  tes- 
moigner  qu'elle  n'escoutera  jamais  aucune  chose  qui  puisse 
eslre  au  préjudice  du  bien  commun  ;  elle  est  assurée  que 
le  prince  et  fa  princesse  feront  le  mcsme. . .  » 

Imprimée.  —  Aubery,  V,  43i.  —  Recueil  de  1696,  II.   11. 

Dépêche  touchant  la  prise  future  de  Fontarabîe.  {Trois  pages 
de  la  main  de  Richelieu.  ) 

Minute  écrite  aox  trois  quarts  de  la  main  do  cardinal.  — 
Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  do  Dupuy,  t.  XVI,  foi.  836.  — 
Imprimée.  —  Conetpondance  de  Soardtt ,  in-j**,  II  ,  5a. 

«M.  de  Longueval  ap|K)rte,  de  la  part  de  M.  du  Hallier,  la 
nouvelle  d'un  petit  échec  rcccu  au  Castelet.  . .  Il  dit  que 
Folleville,  aide-de-carap ,  Saint-Paul,  des  gardes,  Moro- 
court  et  Bclon ,  du  régiment  de  Rambures  et  cinq  ou  six 
autres  officiers  ont  esté  olessez;  et  sept  ou  huit  soldats  tuez  '. 
Voilà  ce  que  j'ai  pu  tirer  de  luy  avec  bien  de  la  peine.  — 
Il  rapporte  aussy  qu»;  les  ennemis  sont  logés  entre  Cam- 
bray  et  Crévecœur,  si  cela  est,  on  peult  aller  les  attaquer.» 

Original ,  sans  signature,  de  la  main  do  de  Noytrs.  —  Arch. 
des  Aff.  élr.  France,  d'août  en  décembre,  fol.  i54- 


'  Il  t'agiisait  de  la  détention  du  prince  Casimir.   (Vov.  nne  lettre  du  3o  août,  t.  VI,  p. 

»  Voj.  t.  VI,  p.  i3i. 

'  Vo^.  l.  VI,  p.  i56. 

*  C'étaient  des  petidanls  d'oreille  en  Ji.imai)t. 

'  Nouvelle  rectifiée.  [Voy.  t.  Vï ,  p.  )3i.) 


200 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIEUX  DE  DATES 


1638. 

2  septembre. 
De  S'-Quentin. 


3  septembre. 


Idem. 


Ix  septembre. 


6  septembre. 


SUSCRIPTION 


DES-  LETTRES. 


A  M"   ies  marescbaux 

de   La    Force  et  de 
Chastillon. 


Idem. 


Aux  marcschaux  de  La 
Force  et  de  -Chastil- 
lon. 


A  M,  ic  président  Cor- 
nuel  ^. 


Au  roy  ^ 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SODRCES. 


«Je  vous  prie  de  m'envoyer,  demain  soir,  3oo  mousquetaires 
à  cheval  pour  un  petit  voyage  que  je  veux  faire  faire.. .» 
{ Richelieu  désigne  les  compagnies.)  —  Avcrtirde  la  marche 
des  ennemis. —  «La  monstre  arrive  après  demain  icy,  ce 
qui  ne  resjouira  pas  peu  l'armée.»  Avoir  soin  qu'on  ne 
manque  pas  de  fourrages. 

Orig.  —  Arch.  du  duc  de  La  Force.  Coiumonication  do  M.  le 
marquis  de  La  Grange. 

Ce  billet  n'est  qtie  pour  vous  prier  de  ne  pas  envoyer  les 
3oo  mousquetaires;  je  n'en  ay  pas  alTaire  maintenant. 
—  «L'argent  que  vous  demandés  pour  les  travaux  part 
présentement » 

Original  de  ia  main  de  de  Noyers.  —  Arch.  du  duc  de  La 
Force.  Communication  de  M.  te  marquis  de  La  Grange. 

«Ces  trois  mots  ne  sont  que  pour  vous  prier  de  faire  tirer 
demain  au  soir  force  canonnades  pour  apprendre  aux 
eimcmis  la  victoire  de  M.  de  Bordeaux,  par  la  mesme 
voye  par  laquelle  ils  nous  ont  voulu  faire  savoir  qu'ils  ont 
eu  cpielque  avantage  sur  les  Hollandois  en  tirant  force 
canon  à  Cambray'.n  —  Vous  loger  si  seurement  qu'on  ne 
puisse  rien  entreprendre  sur  aucun  de  vos  quartiers.  — 
M.  de  Noyers  vous  envoie  l'argent  pour  les  travaux  à  faire 
à  Crévecœur. 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Bélhune,  gaÔg,  fol.  17.  — Ciuq-Ceiils 
Colbert ,  118,  fol.  160. —  Imprimée.  —  Aubery  III  ,  780. 
—  Recueil  de  1696  ,  p.   173. 

Témoignag;e  d'entière  satisfaction  à  Mons'  le  P.  C.  du  soin 
qu'il  apporte  à  l'acquittement  des  assignations  données 
pour  les  fortifications;  «je  le  conjure  de  continuer  à  faire 
en  sorte  que  le  reste  soit  promptement  pavé.» 

Minute  de  la   main  de  Cherré.  —   Bibl.  imp.  Supp!.  franc. 
203651' «•t- fol.  5i  v^ 


«  Sire ,  la  naissance  de  M.  le  Dauphin  *  me  ravit.  J'espère  que , 
comme  il  est  Théodore ,  quant  au  don  que  Dieu  vous  en  a 
faict ,  il  le  sera  à  raison  des  grandes  qualités  qxi'onl  eues 
les  empereurs  qui  ont  porté  ce  nom.  J'en  prie  Dieu  de  tout 
mon  cœur  et  qu'il  comble  Vostre  Majesté  d'autant  de  béné- 
dictions que  luy  en  souhaitte  celuy  qui  sera  a  jamais.  .  .  *» 
IMinule  de  la  main  de  Richelieu.  —  Arcb.  des  Aff.  élr.  France, 
d'août  eu   décembre,  fol.   197.  —  Imprimée.  —  Histoire  de 
Louis  XllI  du  P.  Griffol,  III,  i44. 


'  Voy.  t.  VI,  p.  làï 

^  Le  manuscrit  ne  donne  point  de  suscription,  mais  le  nom  qu'on  lit  dans  la  lettre  aux  surintendants  du  à  sep- 
tembre (ci-après  au  supplément)  explique  les  initiales  de  celle-ci. 

^  Voy.  l.  VI,  p.  i48,  note  3. 

''   Le  cardinal  avait  mis  Dauphin;  il  a  efl"acé  la  fin  du  mot  pour  écrire  Daufîo. 

"  A  la  fin  de  la  minute,  Richelieu  a  écrit  cette  ligne,  qui  ne  semble  pas  avoir  pris  place  dans  la  lettre,  et 
qu'on  ne  trouve  pas  dans  la  pièce  imprimée  :  u  Je  ne  saurois  exprimer  ma  Joye.  »  C'est  la  pensée  qui  commence  la  lettre 
à  la  reine. 


NOûi  IMPRIMÉES  DANS  LE  TOME   VI. 


201 


DATES 
cl 

LIECl  I>E  DATES. 


SLSCRIPTION 

DES   LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


1038. 
6  septembre  '.] 


A  la  I 


6  septembre. 
De  S'-Queutin. 


A  M*'  le  duc  d'Orléans 
frère  unique  du  roy. 


Idem. 


Idem. 


8  septembre. 
Saint-Qucnlin. 


Pour  M.  de  Cbavigny, 
secrétaire  d'estat. 


fAM.deCha 


Vigny. 


Pour  M.  liouUnlIier, 
surintcndaut  des  li- 
nanccs,  à  Paris. 


«  Madame ,  les  grandes  joi^es  ne  parlent  point ,  c'est  ce  qui  faict 
que  je  ne  saurois  exprimer  à  V.  M.  celle  que  je  ressens  de 
son  beureux  accouchement,  et  de  la  naissance  de  M^'  le 
Dauphin.  Je  souhaitte  et  veux  croire  que  Dieu  l'a  donné 
à  la  chreslienté  pour  en  apaiser  les  troubles,  et  y  apporter 
la  bénédiction  de  la  paix.  Je  luy  fais  veu ,  dès  sa  naissance, 
d'autant  de  passion  que  j'en  ay  tousjours  eu  pour  le  roy  et 
pour  V.  M.  de  laquelle  je  suis  et  seray  éternellement. .  .  )> 

Imprimée,  —  Aubery,  V,   i3a.  —  Rec.   de  1696,  II,  11.  — 
Histoire  de  Louis  Xllt  du  P.  Griffct ,  III,  i45. 

Compliments.  «Je  supplie  V.  A.  de  croire  que,  la  naissance 
de  M.  le  Daufin  Tempescbant  d'estre  la  seconde  personne 
du  royaume .  elle  sera  la  troisiesme  avec  tant  d'avantage 

Qu'elle  recevra  de  la  bienveillance  du  roy  qu'elle  aura  sujet 
'estre  content  '.» 

Imp.  Baluze,  pap.  des 


Miuute  de  la  main  de 
arm.  Iclt.  paquet  i, 


Cherre.  —  Bibl. 
Il"  ■«  fol.  9^. 


«J'escnts  au  roy  que  j'estime  qu'il  est  à  propos  qu'il  donne 
plus  d'asseurances  que  jamais  à  Monsieur  de  son  aflection 
et  de  son  amitié.  C'est  a  vous  à  l'en  faire  souvenir.  J'ay  faict 
auprès  de  S.  M.  ce  qu'il  a  désiré  pour  l'argent.»  Tous  ceux 
qui  viennent  de  la  cour  m'asseurent  que  l'indisposition  du 
roi  ne  sera  rien ...  «Je  suis  sy  hors  de  moy  que  je  ne  vous 
en  puis  dire  davantage.» 

Original   sans  signature,  de  la  main  do  Clierré.  —  Arch.  de» 
Aff.  ctr.  France,  d'août  en  dccenibrc ,  fol.  ao6. 

Faire  voir  au  roi  des  dépeschcs  apportées  par  Saladin  don- 
nant l'asseurance  de  la  prise  de  Fontarabie.  —  M.  de  Cbas- 
tillon  vient  d'arriver  icy.  ayant  jugé  à  propos  de  lui  faire 
savoir  moy-mesme  les  intentions  de  S.  M.  i\  faict  estât 
d'en  repartir  tlemain  pour  se  rendre  en  sa  maison  sans 
s'arrester  en  aucun  lieu. 

Original  sans  signature,  de  la   main  de  Cberré.  —   Arch.  drs 
Aff.  elr.  Fracce,  d'aoât  en   décembre,  fol.  ao3. 

La  convalescence  du  roi,  la  naissance  du  Dauphin.  —  uJe 
suis  très  aise  que  LL.  MM,  ayent  la  satisfaction  de  M""  de 
Lanssac  que  vous  me  mandés.  Je  m'asscure  qu'elle  n'ou- 
bliera rien  de  ce  qui  deppcndra  d'elle  pour  les  contenter  et 
les  servir  comme  elle  doit.  »  —  (1  n'y  a  rien  à  faire  mainte- 
nant, sur  les  affaires  dont  les  ambassadeurs  d'Angleterre 
vous  ont  parlé  \  Lorsque  nous  serons  tous  ensemlMe  nous 
en  conférerons  plus  amplement. 

Orig.    —  Arcb.    des   Aff.    étr.    France,    d'août    en    décembre, 

fol.     i3  1. 


'    La  date  manque,   nous  propoMOS  celle  de  la  lettre  «dressée  au   roi  i~ir  le  même  sujet. 

^  On  disait  à  la  cour  que  la  oaiisaoco  d'nn  héritier  de  la  couronne  était  un  grand  sujet  de  tristesse  pour  Monsieur, 
et  on  s'efforrait  de  le  consoler  par  des  largesses,  anxquelles  ce  priuc«  n'était  pas  insensible.  { Voy.  ]jk  lettre  suivante,  et , 
dan»  le  tome  VI ,  les  pages  i4g  et  i55.  ) 

^   Je  n'ai  point  trouvé  ta  lettre  où  BoutbilHer  cxpliqaait  le  sujet  de  cette  conversation. 


CARDIN.  DE  RlClIELli;!}. 


36 


202 


SOMMAIRES   DES  LETTRES 


DATES 


libux  de  dates. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTBBS. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   SOCnCES. 


1638. 
9  septembre. 


1  o  septembre. 
Saint-Quentin. 


A  M .  le  duc  de  La  Force , 
pair  et  moreschal  de 
France ,  lieutenant 
général  de  l'armée  du 
roy. 


Au 


10  septembre  '. 
Saint-Ouentin. 


A  M.  le  duc  de  La  Force. 


i3  septembre. 
Saint-Quentin. 


A  M"  de  BuUion  et  Bou- 
ihillier,  suriniendans 
des  finances,  à  Paris 


Ida 


[A  M.  (le  Chavigni.] 


1  h  septembre.  1 


Au  s"^  Loppez. 


L'orlgiual  cat  date  du  : 
Voy.  tome  Vï ,  p.  i58. 


Violation  des  règles  de  la  discipline.  —  '«Le  roy  vous  ayant 
laissé  le  soin  entier  de  toute  son  armée,  je  vous  conjure 
d'en  prendre  un  soin  si  exact  que  vous  puissiés  en  bannir 
les  désordres  qui  s'y  sont  introduits  cette  campagne.  .  .  il 
y  va  de  voslre  honneur.» ,  .  . 

Orîg.  —  Ârch.  de  la  maison  de  La  Force.  ComniunicatioD  de 
M.  le  marquis  de  La  Grange. 

Accident  de  siège  qui  relarde  la  prise  du  Castelet.  —  «Je 
fais  partir  demain  les  deux  compagnies  de  François  et  de 
Suisses  que  Vostre  Majesté  à  désirées.  —  Je  demande  à 
Dieu,  de  tout  mon  coeur»  que  Sa  Majesté  soit  délivrée  de 

sa  ficbvre.  » 

Arch.  des 


Original ,  sans  signature,  do  la  main  df 
AIT,  ctr.  Francp,  d'août  en  dôccmbre , 


Cherré.  - 
fol.  au 8. 


Faire  faire  une  partie  au  s'  de  Gassion  pour  incommoder  les 
fourrageurs  de  l'ennemi.  —  Recommandation  de  discrétion. 
«Les  ennemis  savent  ce  qui  se  passe  dans  l'armée  du  roy 
presque aussytost  qu'il  est  résolu.» 

Original  devenu  minute,  le  cardinal  ayant  fait  des  correc- 
tions et  biffé  sa  signature.  —  Arch.  des  Afi".  étr.  Pays-Bas, 
t.  X1U.  —  Original  ,  arch.  de  la  maison  de  La  Force. 
Communication  de  M.  le  marquis  de  La  Grange. 

.  .  .  K  Estant  près  de  partir  de  cette  ville ,  je  désire ,  a  vant  que 
d'en  sortir,  leur  donner  le  contentement  qu'ils  désirent  si 
justement  qu'on  ne  peut  lem*  desnier  sans  injusiice,  la 
parole  du  roy  y  estant  engagée  et  la  nécessité  de  cette  iron- 
tière  telle  que  le  service  de  Sa  Majesté  requiert  absolument 
ce  que  ces  pauvres  gens  demandent.  —  Je  vous  conjure 
donc  encores  une  fois  de  me  donner  moyen,  tandis  qu'on 
fortilTic  les  villes  de  la  Somme,  d'en  affermir  les  cœurs  au 
service  de  Sa  Majesté.» 

Orig.  —  Arch.  des  Aff.  etr.  France,  d'août  m  dccerobre , 
fol.  349. 

Nostre  entreprise  sur  le  Quesnoy  n'a  pas  réussi,  c  —  M.  d'An- 
goulcsmc  vient  de  l'armée;  il  dit  que  c'est  une  pitié  de 
voir  le  désordre  et  l'abandonnement  où  sont  toutes  clioses. 
—  Aussitost  que  le  Castelet  sera  pris,  je  partirai  pour 
m'en  aller  trouver  le  roy.  —  Pourveu  qu'il  tienne  autant , 
si  on  l'attaque  jamais  sur  le  roy ,  nous  serons  contens  ^.  » 

Original  sans  signature,  de  la  main  de  Cherré.  —  Arch.  des 
Aff.  étr.  France,  d'août  en  décembre,  foL  266. 

Je  désire  que  le  s'  don  Lopcz  vienne  me  trouver  pour  le 
voyage  dont  je  luy  ay  escrit...  «Il  lui  faut  une  bonne  lettre 
de  change;  j'escrits  à  M.  de   BuHion  pour  luy  en  faire 


NON  IMPRIMEES   DANS  LE  TOME  VI. 


203 


LIEl'X  DE  DATES. 


SUSCRTPTION 

DBS  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

KT  SOURCES. 


1038. 


1  i  septembi'e. 
Saint-Quenlin. 


j  9  septembre. 


[A  M.  de  Cbavigni.] 


A  M.  de  Schomberg. 


i  I  septembre. 
De  Magnv. 


2  2  septembre. 
De  Magny. 


A  M.  l'archevesque  de 

Bordeaux. 


Au  rov. 


domier  une  de  1,100,000  livres,  ce  à  quoy  je  m'asseure 
qu'il  satisfera.» 

Mioulede  la  indîn  de  de  Noyers.  — Arch.  des  Aff.  ctr.  France, 
d'août  en  décembre,  foL  a6i  v".  —  Cette  minute  est  écrite 
sur  U  même  feuille  que  la  lettre  de  Richelieu  à  Bulliou  ,  où 
nous  voyons  que  Loppei  était  envoyé  à  Dantzic  (tome  VI  , 
p.  173]  ;  elle  doit  porter  la  même  date. 

Mécontentement  de  M.  le  Prince  contre  M.  de  La  Valette  — 
J'ai  ordonné  de  lui  envoyer  toutes  les  poudres  de  Brouage, 
deux  tiers  de  celles  du  château  Trompette  et  de  Blaye.  — 
Sur  l'ordre  donné  à  M.  d'Epernon  de  retourner  à  Plassac. 
—  «J'ay  le  cœur  gros  du  procéder  de  M.  de  La  Valette;  je 
prie  Dieu  qu'd  luy  fasse  paix  '.'• 


prie  Liieu  quil  luy  lasse  pa 

Original ,  sans  siguature,  de  la  maio  de  Cherré.  — 
Aff.  étr.  France ,  d'août  en  décembre,  fol.  262. 


Arcli.  de; 


Envoyer  en  Italie  le  régiment  de  Quelus.  —  Désobéissance 
de  la  cour  des  comptes,  aydes  et  finances  q  qui  le  roi  avait 
ordonné  d'assister  à  la  procession  générale  du  i5  aoust 
pour  la  protection  de  la  Viei^e.  Je  verrav  l'ordre  qu'il  y 
faut  apporter  pour  l'avenir.  —  '  Achever  avant  l'hy  ver  les 
travaux  de  la  citadelle  de  Montpellier  ;  y  empiover  les  fonds 
qui  lui  ont  été  envoyés  pour  lever  dix  compagnies.  -- 
Qu'il  fasse  réponse  au  sujet  du  Roussillon. 

Mise  au  net  corrigée  et  devenue  minute  ,  de  la  main  de  Cherré. 

—  Arch.  des  Aff.  étr.  l''raoce,  d'août  en  déceuibre ,  foL  288. 

Envoyer  six  vaisseaux,  deux  au  Havre,  deux  à  Dieppe,  deux 
à  Calais,  bons  cl  bien  artillez.  De  plus,  deux  bonnes  pa- 
taches  dont  on  aura  besoin  dans  la  Manche.  —  Douleur 
du  cardinal  pour  le  malheur  de  Fontarabie.  —  Parmi  les 
capitaines  des  vaisseaux  à  envoyer,  le  cardinal  demande 
le  chevalier  de  Monligni ,  le  sieur  Dumé  et  ceux  qui  co- 
gnoissent  mieux  la  Manche. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Arch,  de  l'Empire,  K,  i3^, 
Gayenno,  i""*  partie,  p.  1 44  ftis .  pièce  aS*.  — Orig.  — 
Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XVI,  fol.  847.  —  Impriniéo. 

—  Corrtipondance  dt  Soardis ,  in-i",  Il ,    76. 

«Aussytost  que  Houdinière  '  est  arrivé  je  le  redépesche  à 
Sa  Majesté  ,  qui  luy  dira  la  vérité  de  ce  qu'il  sçait.  Je  suis 
au  désespoir  de  penser  à  la  lascheté  qui  s'est  commise,  et 
au  peu  de  zèle  de  ceux  qui  n'ont  pas  faîct  leur  devoir. 
D'autre  part  je  suis  ravy  de  m'estre  rencontré  dans  vos  sen- 
tiniens,  comme  la  lettre  que  M.  de  Chaviguy  m'a  escrite 
sur  le  sujet  de  Fontarabie  me  l'a  faict  cognoistre.  »  Actions 
de  grâces  des  bontés  du  roi,  protestation  de  la  continuité 
de  son  dévouement. 

Original  sans  signature,  de  la  main  de  Cherré.  —  Arch.  dos 
Aff.  étr.  France,  d'août  en  décembre,  fol.  3o3. 


'  Celte  lettre  doit  être  une  addition  à  celle  do  i3  septembre,  tome  VI  .p.  166,  et  se  rapporte  aux  httrei  adressées 
à  l'archevêque  de  Bordeaux  et  au  prince  de  Condé,  p.  170,  171,  17a. 

'  Cette  dernière  partie  de  la  lettre  a  été  imprimée  comme  une  lettre  entière ,  et  avec  la  date  du  a4  octobre,  dans 
Aab?ry,  III,  p.  784  ,  et  tépctée  dans  le  Recueil  de  îBgô ,  p.  174. 

^   Voy.  tome  VI ,  p.  2o3.    Tort  que  le  duc  de  La  Valette  impute  &  Houdinière. 


36. 


204 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIEUX  DB  DITES. 


SL'SCniPTION 

DES  LBTTnES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOUnCES. 


Ï638. 

2  5  septembre. 

De  Magny. 


5  octobre. 
De  Paris. 


6  octobre. 
De  Paris. 


7  octobre. 
De  Paris. 


2  1  octobre. 
De  Ruei. 


■XX  oclobre. 
De  Uuel. 


2  3  octobre. 
De  Ruel. 


We. 


Au  marquis  de  La  Force. 


A  Madame  Bouthillier, 
la  surinlendante,  à 
Pont. 


A  M.  Tarcbcvesque  de 
Bordeaux. 


A  M.  de  Buiiion. 


A  M.  de  Bellièvre,  am- 
bassadeur du  roi  en 
Angleterre. 


Pour  M.  Bouthillier, 
surintendant  des  fi- 
nances. 


Idem. 


A  M.  de  Chavigny. 


Levée  du  siège  de  Fontarabie  :  «Si  chacun  cust  agi  avec  le 
mcsmc  soin  et  aOection  que  vous  avés  i'ait,  en  cette  occa- 
sion, asseurément  nous  ne  serions  pas  tombés  eii  ce  mal- 
heur  » 

Imprimée.  —  îâèmuireê  da  duc  de  La  force,  l.  III    p.  ijg. 

Lettre  de  politesse.  (Voy.  une  lettre  à  la  même,  tome  VI, 

().    2l3.} 

Orig.  —  Aich.  des  Aff.  e'tr.  Kraiico,  d'aoûl  en  drcombrc, 
fol.  33  1. 

Mesures  à  prendre  après  l'exécution  des  ordres  donnés  et  le 
désarmement  {voy.  p.  2o3,  au  a)  septembre).  — -Donner 
des  petits  vaisseaux  de  l'armée  aux  capitaines  qui  en  de- 
manderont pour  faire  la  guerre  aux  Espagnols  le  long  des 
côtes  d'Espagne  tout  l'hiver. 

Minute  de  la  main  de  de  Noyers.  —  Arch.  de  l'Empïre,  K  , 
i34  1  p.  85.  —  Orig.  —  Bibl.  iinp.  Suite  do  Dupiiy,  t.  XVI, 
fol.  855.  —  Imprinico.  —  Correspondance  de  Saurais  ^  ui-k°, 
11,84. 

M.  de  Bullion  est  prié  de  pourvoir  si  bien  au  pavement  des 
pensions  de  M.  le  cardinal  Anthoine  qu'il  n  ait  pas  occa- 
sion de  croire  qu'il  n'a  rien  à  espérer  de  la  France.  Cef(e 
affaire  est  très-importante. 

Orig.  —  Arch,  dos  AIT.  élr.  Rome,  t.  LXIV,  fol.  39. 

M.  Digby  m'a  faicl  trouver  en  Angleterre  des  livres  (|ui  ne 
se  trouvent  point  en  France;  le  remercier  de  ma  part,  et 
faire  payer  à  un  de  ses  gens  ce  qu'il  a  déboursé  pour  lesd. 
livres,  n'ayant  accepté  sa  courtoisie  qu'a  cette  condition.  — 
Le  cardinal  écrit  sur  ce  sujet,  à  M.  Digby,  une  lettre  que 
je  n'ai  pas. 

Orig.  —  Bilil,  imp.  Fonds  Ssiot-Gcrraain-Harlav,  364  , 
fol.  37. 

«Je  feray  faire  toutes  les  lettres  que  vous  désirés  et  les  en- 
voyeray  à  M""  d'Esguillon.  Je  vous  remercie  du  soin  que 
vous  avés  de  cette  affaire  ' ,  et  prie  Dieu  que  vous  faciès 
vostre  voyage  bcureusement  aux  Caves ...» 

Original  tans  signature.  • —  Arch.  des  Aff.  élr.  France,  d'août 
en  détenibrc ,  fol.  SgÔ. 

«Je  ne  puis  présentement  faire  autre  response  à  vostre  lettre, 
si  non  que  M"'  et  M"'  de  Boban  me  peuvent  voir  quand 
il  leur  plaira.  Je  souhailte  que  vostre  petit  voyage  vous 
rapporte  le  contentement  que  vous  désirés.  « 

Original ,  sans  signature ,  de  Ij  main  de  Clierré.  —  Arcli.  dcit 
Aff.  étr,  France,  d*août  en  décembre,  fol.  4o3. 

J'envoie  à  M.  de  Chavigny  une  lettre  que  M.  de  Bellièvre  ' 
m'a  escrlte,  qu'il  est  important  qu'il  face  voira  M.  Kenuit 
confldemment ,  le  priant  que  personne  que  !\L  le  prince 
d'Orange  ne  sache  ce  qui  y  est  contenu,  et  que  c'est  Ger- 
bier  qui  en  a  donné  l'avis.  —  «Vous  pourrés  dire  qtie  nous 


'   Cela  se  rapportc-t-il  à  la  visite  dont  il  est  gucstion  dans  la  lettre  suivante  ? 

-  Celte  lettre  de  M.  de  Bellièvre,  datée  do  i4  oclobre,  est  aux  arch.  des  Aff.  élr.  Angleterre,  1.  XLVII ,  p. 


NON   IMPRIMEES  DANS  LE  TOME  VI. 


205 


DATES 

et 

LIEUX  EB   DITES. 


1638. 


2  3  octobre. 
De  Ruel. 


■i!i  octobre. 
De  Ruel. 


a  9  octobre. 


3o  octobre. 
De  Rucl. 


3o  octobre. 
De  S*-Gennain. 


SUSCRIPTION 

OKS  LETTRES. 


[A  M.  de  Cbavigni.] 


Au  mareschal  de  Sciioin 
berg. 


Lettre  du   roi  à   M.  le 
marquis  de  Prasiin. 


Au  marescbalde  Schom- 
berg. 


A  Ma<lame  de  Savoyc. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET   SOVRCES. 


ne  faisons  autre  jugement  de  cette  lettre,  sinon  que  les 
Espagnols  ont  dessein  de  nous  diviser,  mais  qu'on  ne  croit 
pas  que  M.  le  prince  d'Orange,  n'y  M"  les  Estais  soient 
capables  de  leur  malice.  --  S;ichés  de  M.  Kenuil  en  quelle 
forme  M'*  les  Estats  désirent  les  passeports  des  Espagnole.  » 

Original,  sans  signnlure,  de  la  main  de  Cberré.  —  Arch.  des 
Aff.  elr.  Franco,  d'août  en  décembre,  fol.  4oa. 

Il  n'y  a  rien  à  dire  de  nouveau  à  M.  Kcnuît  sur  le  voyage  de 
la  reîue  mère  en  Angleterre.  «Il  aura  veu  la  bonne  res- 
ponse  qu'on  avoit  faite  au  cas  que  la  royne  cust  voulu  aller 
en  Italie,  ce  qui  donnera  à  M"  les  Estats  les  impressions 
qu'ils  doivent  avoir  de  la  pïété  du  roy. . .  »  —  «  Le  R.  P.  Jo- 
seph s'en  va  à  Paris,  vous  y  pouvés  faire  ensemble  la  res- 
ponsc  à  M.  d'Avaux.»  —  «Je  vous  envoie  la  copie  d'une 
petite  déclaration  que  lioispiié  m;*a  donnée,  dont  vous 
pourrés  envoyer  autant  à  M.  de  Montaigu.» 

Original,  sans  signalutc,  de  la  main  de  Clierrc.  —  Arch,  de^ 
A(I.  ctr.  France,  d'août  en  dcccrobre,  fol.  390. 

Ce  que  l'on  donne  comme  une  lettre  entière,  avec  la  date 
du  2ii  octobre,  est  à  peu  près  la  répétition  de  la  moitié 
d'une  lettre  du  19  septembre.  (Ci-dessus,  p.  2o3.') 

Imprinrée.  —  Aubpry,  III,  784-  —  Recueil  de  1696,  174- 

Reproche  du  mauvais  ordre  qu'il  a  laissé  s'introduire  dans  la 
cavalerie,  a  Je  ne  veux  point  vous  voir  jusques  à  ce  que  vous 
ayez  l'année  qui  vient  réparé  cette  faute..  .  Vous  vous  re- 
lirerés  clicz  vous  jusques  à  ce  que  vous  alliés  visiter  les 
quartiers  de  cavalerie  qui  seront  dans  l'estendue  de  ma 
province  de  Champagne.» 

Minute  de  la  main  de  Cherrc.  —  Dépôt  delà  gucrrr  ,  t.  XI^VIl  , 
pièce  191*. 

«Dans  la  crainte  que  vous  n'ayez  pas  reccu  une  lettre  (|ue  je 
vous  escrivis  dans  le  temps  que  j'cstois  à  S*-Quentin»  ,  je 
vous  prie  de  nouveau  de  me  faire  faire  une  carte  bien 
exacte  du  pavs  de  Roussillon;  et  de  me  mander  tout  ce 
que  vous  croyez  nécessaire  pour  l'entreprise  de  Perpignan. 

Imprimée.  —  Anbery,  III ,  785.  —  Recueil  de  1696  ,  p.  1  76. 

Lettre  de  condoléance  sur  la  mort  du  jeune  duc  François 
Hyacinthe,  son  fils.  Promesse  de  ne  rien  éparj^ncr  pour 
Tassister  ainsi  que  le  fils  qui  lui  reste.  M.  de  Palluau  lui  en 
donnera  de  plus  amples  asseurances'^ 

Minute.  —  Bibl.  imp.  Fonds  Béthuiie,  gSî?  ,  fol.   m?. 


'  Il  40  pourrait  que  ctda  eût  été  écrit  de  nouveau  en  octobre ,  In  lettre  du  17  septembre  n'ayant  pas  été  reçue,  {  Voy. 
ci-après  la  Irttre  du  3o  octobre  au  même  marccbdl  de  Sclioaibcrg.  ) 

^  Celle  lettre  de  coodoléanc«  à  une  mère  nui  virnt  de  perdre  aon  enfant  ne  pouvait  pas  contenir  autre  choie  que  des 
témoignages  o'amilîé  ;  mais  à  ce  moment  on  était  fort  mécontent  à  Paris  do  la  duchesse  de  Savoie ,  qui  se  laissait  gou- 
verner par  tes  ennemie  de  la  France.  Une  Icltre  écrite  par  Cbavigni ,  le  9  octobre ,  à  Mazarin ,  alors  à  Rome ,  cl  qui 
avait  une  certaine  influence  sur  ta  duchesse  de  Savoie,  peint  au  vif  les  sentimeuts  du  cardinal  à  cet  égard  ,  et  il  est 
ailé  de  vo'r  que  Cbavigni  écrivait  sous  son  inspiration.  (Arch.  <le^  AiT.  étr,  Rome,  tome  LXIV  ,  fol.  4o-43.] 


206 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 

et 
LIEUX  DB  DATE 


1638. 
.^1  octobre. 


[3  novembre. 


à  novembre. 
De  Ruel. 


8  novembre. 
De  Ruel. 


8  novembre. 


[lo  novembre  ^] 


SUSCRIPTION 

LES  LETTRES. 


Lettre  du  roi 
Bois-Rufin. 


M.  df 


A   un  ami   de  l'arcbe- 
vesque  do  Rouen. 


Au  rov. 


A  M.  l'archevesque  dt 
Bordeaux ,  lieutenant 
général  de  l'arraêe 
navale  du  roy. 


Au  rov. 


A  M.  de  Longueville. 


ANALYSES  DES  LETTRES 
BT  souncss. 


Son  régiment  est  rt;duit  à  si  peu  d  hommes  qu'il  est  hors 
d'estat  de  servir;  le  roi  a  résolu  de  le  licencier.  Renvoyer 
chez  eux  tous  les  officiers  et  soldats  qui  restent,  deux  à 
deux,  ou  trois  au  plus,  aCn  qu'ils  ne  commettent  pas  de 
désordres. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Dépôt  de  la  guerre,  t.  XLVII , 
pièce  ao3. 

«Voir  doucement  avec  M.  l'archevesque  de  Rouen  ce  qui  se 
peut  faire  pour  que  sa  conduite  donne  autant  d'édîiication 
en  Tâge  où  il  est  qu'il  en  a  donné  en  son  commence- 
ment.. .  .  '» 

Imprimée.  —  Aubcry,  V,  A39.  —  Recueil  de  1696  ,  Il ,  50. 

Richelieu  remercie  le  roi  de  lui  avoir  donné  des  nouvelles  de 
M.  deWeymar...  «Il  n'y  a  rien  de  nouveau  en  vos  af- 
faires... Je  suis  ravy  de  sçavoir  que  Vostre  Majesté  a 
perdu  son  rhume;  je  prie  Dieu  qu'il  en  soit  ainsi  de  toutes 
ses  inquiétudes,  et  que  toutes  ses  affaires  publiques  et 
particulières  aillent  lousjours  de  mieux  en  mieux. 

Original  f  sans  signature,  de  la  main  de  Cherrc.  —  Arch.  des 
AfF.  ctr.  France,  d'août  en  décembre,  foL  ^-ib. 

...Enlever  les  Irlandais  à  l'Espagne  et  les  acquérir  au  roi. 
l*romesse  qu'on  peut  faire  aux  mestres  de  camp  et  aux 
capif aines  qui  amèneront  le  plus  d'hommes;  si  on  ne  peut 
débaucher  les  chefs,  il  faut  tâcher  d'avoir  les  soldats.  — 
H  Je  seray  fort  aise  que  vous  remettiés  la  fonderie  a  Xaintes 
en  attendant  que  celle  de  la  Rochelle  soit  réparée.» 

Original.  —  Bibl.  iinp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XVI,  foK  869. 


Des  nouvelles  de  Genève  du  3o  octobre  el  de  Lyon  des  2  et 
il  de  ce  mois,  que  les  impériaux  ont  attaqué  les  retran- 
chements du  duc  de  Weymar  par  trois  divers  jours,  dont 
le  28  en  est  un,  avec  grande  perte.  Le  duc  a  poursuivi 
Goeutz,  auquel  il  a  fait  beaucoup  de  prisonniers. 

Minute  de    ia    main   de  Charpentier.  —   Arch.   des  AfF.  élr. 
France,  d'août  en  décembre,  foi,  ^43. 


Si  M.  de  Longueville  n'a  pu  défaire  Savelly.  ou  lui  faire 
rebrousser  chemin ,  qu'il  envoie  à  M.  de  Weymar  1 2  a 
i,5oo  hommes,  à  Saverne  ou  autre  lieu  assuré;  et  qu'il 
nettoie  les  places  de  la  Lorraine;  enfin  qu'il  saisisse  toute 
occasion  de  combattre  le  duc  de  Lorraine  et  Savelly,  el  de 
favoriser  la  prise  de  Brîssac. 

Minute  de  la  mai»  de  Charpentier.   —  Dépôt  de  la  guerre, 
t.  XLVIII,  pièce  à^o. 


'  Voyez  la  lettre  de  Richelieu  à  l'archevcque  ,  ci -après ,  au  suppliment ,  3  novembre. 

^  La  pièce,  qui  n'est  point  datée,  est  classée  au  10  novembre»  et  elle  se  trouva  mentionnée  dansia  lettre  du  i 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  TOME  VI. 


207 


DATES 


USUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 


DBS  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  socnCES. 


1638. 

1  novembre. 
De  Ruel. 


Idem . 


Au  duc  de  Weymar. 


Avant  le  i . 
vembre. 


décembre. 
A  Rueï. 


5  décembre. 
De  Uupï. 


7  décembre. 
[Ruel  M. 


lo  décembre. 
De  Paris. 


A  M.  le  cardinal  de  La 
Valette. 


Au  R.  P.  Joseph. 


Instruction jiour  M.  le 
comte  d'Estrades,  al- 
lant à  Turin. 


Pour  M.  de  Chavigny, 
secrélaire  d'estat,  à 
Paris. 


Au  duc  de  Weymar. 


Au  cardinal  de  l.a  Va- 
lette. 


Compliments  sur  ses  succès  et  sur  le  rétablissement  de  sa 
santé  «si  nécessaire  au  bien  public.»  Sur  les  secours 
d'hommes  et  d'argent  qu'il  a  demandés.  Sa  Majesté  a  pris 
soin  de  lui  donner  contentement.  On  l'informe  des  ins- 
tructions données  à  M.  de  Longueville. 

Copie.  —  Bibl.  tmp.  Fonds  Béthunc,  9379,  fol.  55. 

Le  baron  de  Paluau  '  est  chargé  de  lui  porter  les  assurances 
d'une  entière  et  immuable  affection ,  que  rien  ne  pourra 
altérer. 

Orig.  —  Arch.  des  Aff.  élr.  Tarin,  t.  XXVI.  —  Copie.  — 
Bîbl.  imp.  Fonds  Saint-Germaio-Harlay,  3^7,  fol.  ^Si. 

Richelieu  ayant  envoyé  plusieurs  fois  à  Paris  pour  savoir  des 
nouvelles  du  P.  Joseph ,  l'engage  à  venir  à  Ruel  et  lui  offre 
sa  litière. 

Iroprimée.  —  Autcry,  V,  4i3,  —  Recueil  de  1696  ,  Il ,  p.  'JÔ. 
-^  Le  véritable  P.  Joseph,  t.  Il ,  p.  277. — Hist.  de  Louit  XllI 
du  P.  GrifFet,  III.  U6. 

Demander  l'arrestation  du  P.  Monod.  —  Proposer  le  mariage 
du  Dauphin  avec  la  fille  de  la  duchesse  de  Savoie  ^. 

Copte.  —  Arch.  dos  Médicts  à  Florence,  3' série,  carton  61 
(Corti  d'Europa).  —  Imprimée.  —  Ambassades  de  M.  lo 
comte  d'Estrades,  etc.  p.  3i  ^. 

«Loppcz  est  un  moqueur  de  demander  un  passeport  pour 
aller  par  terre  ;  qu'il  s'en  aille  avec  M.  le  comte  ae  Nassau , 
ou  qu'il  renonce  au  voiage  ^.  » 

Original ,  sans  signature ,  de  la  main  de  Charpentier.  —  Arch. 
des  Aff.  étr.  France,  d'août  à  décembre  ,  fol.  A88. 


Lettre  de  compliments.  -Appréhensions  du  cardinal:  u  lorsque 
je  sçay  (lue  V.  A.  s'expose  tous  les  jours  à  de  nouveaux 
périls.  » 


Copie 


Bibl.  imp.  Fonds   Béthuue ,  3767  ,  fol.   ti3. 


La  mauvaise  conduite  du  duc  de  La  Valette  «ne  me  faict 
pas  changer  le  désir  extresme  que  j'ay  de  vous  servir,  ny  la 
passion  que  j'auray  tousjours  pour  vos  intérests,  » 

Orig.  —  Arch.  des  AIT.  étr.  Turin,  t.  XXVI.  ~  Bibl.  imp. 
—  Copie.  —  Sainl-Germain-Hartay,  347,  l**'-  ^^^  ^''-  ~~ 
Dapov,  767,  cahier  Kk  ^. 


Il  atait  été  euvojé  à  Turin.  (  Voy*  ci-<IeMus,  p.  aoâ,  3o  octobre.) 
^  Les  imprimés  ne  donnent  point  de  qnaulième,  maib  ce  fat  le   \k  novembre  que  le  P.  Joseph  vint  à  Buel  daii^i  la 


litière  du  cardinal  ;  il  mourut  le  18  décembre,  Agé  de  soixante  et  un  ans. 
*  Voy.   tome  VI  ,  p.   a5o-a53. 
>  Voy.  t.  V,  p.  885  de»  ioltrcs  de  Rtcholicu. 

^  Le  compte  de  Loppez  qne  fait  Richeliro  [  p.  261  du  tome  VI  )  so  rapportc-1-il  à  cette  mission 
^  Le  manuscrit  met  Lyon  ;  c'est  une  faute  de  copiste,  le  cardinal  n'a  pas  été  à  Lyon  en  i638. 
'    Voy.  lome  VI ,  p.  56  ,  noie  3. 


208 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 
et 

LIEDX  DE  DATES. 


SUSCllIPTION 

DES  LETTIÎES. 


ANALYSES  DES  LEÏTR1;S 

ET  SOURCES. 


1638. 
i5  décembre. 


2l\  décembri 
De  Rucl. 


i5  décembre. 
De  Ruel. 


5  janvier. 
Ruel. 


6  janvier. 


6  janvier, 
Vilieroy. 


A  M.  de  Cliavigny. 


Pour  M.  de  Chavigny, 
secrétaire  d'estat ,  à 
Paris. 


AumareschaldeSchom- 
berg. 


A  M""'  de  Chevreusc. 


Au  duc  de  Weymar. 


Instruction  au  sieur  de 
Lisle ,  l'un  des  ordi- 
naires de  la  maîsoi 
du  roy. 


Sa  Majesté  ne  délivrera  point  le  prince  Cazimir,  «sur  les 
simples  asseurances  du  roi  de  Pologne,»  ni  sans  faire  «de 
fortes  et  efficaces  instances  jjour  la  liberté  du  prince  Ro- 
bert.» ...«Ce  sera  à  M.  de  Bellièvre  à  bien  faire  valoir  la 
bonne  volonté  du  roy.» 

Minule    de    la    main    de    de  Noyers.  —    Arch.  des    Aff.    clr. 
P'rance,   i  638  et  iGSg ,  fol.  29, 

Envoyer  le  congé  du  s^  Stella^  pour  le  faire  revenir  et  le 
mander  au  s'  d'Avaux. 

Origioal  sans  signature,  de  la  main  de  Charp''ntier.  —  Arch. 
des  Aff.  étr.  France,  d'août  en  décembre,  fol.  617. 

Pacifier  la  querelle  survenue  entre  le  capitaine  Valleras  et 
quelques  gentilshommes  ses  voisins.  Châtiment  que  mérite 
un  des  gardes  de  Scbomberg  «qui,  avec  vostre  casaque, 
a  esté  luy-mesme  faire  un  appel  au  d.  s'  de  Valleras.» 

Imp.  —  AuWy,  m  ,  789,  et  Recueil  de  1696  ,  p.  176. 


1639. 


M  Les  continuelles  instances  que  Monsieur  de  Chevreuse  fait 
pour  vous  garantir  de  vostre  perte,  joint  à  rafTection  que 
j'ay  (ousjours  eue  pour  ce  qui  vous  touche,  m'ont  porté  a 
obtenir  du  roy  un  passeport  pour  M.  l'abbé  du  Dorât  et  le 
sieur  de  Boispilé,  qui  vont  vous  trouver  en  intention  de 
vous  servir,  et  de  vous  faire  plus  penser  à  vous  que  vous 

n'avez  jamais  faict n  Richelieu  l'invite  à  lui  donner 

lieu  de  répondre  au    roi  qu'elle  se    conduira  désormais 
mieux  que  par  le  passé. 

Copie.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Colbcrt ,  46,  fol,  j3  verso  ''. 


Félicilations  sur  la  prise  de  Brisach  ^ . 

Copip.  —  Bibl.  imp.  Bélhunc,   927g  ,  pièce  non  cotée  ,  classc^c 
entre  les  fol,    56  6167. 


«S.  M.  désirant  tesmoigner  au  sieur  duc  de  Weimar  le  con- 
tentement parfait  qu'elle  a  receu  de  la  prise  de  Brisach. 
faite  par  les  forces  qu'elle  entretient  et  qu'elle  a  fournies  * 
audit  sieur  duc,  envoie,  etc.» 


Copî( 


•  Bib!. 


envoie, 

imp.  Cinq-Cents  Colbert,  46,  fol.  365  verso. 


'    Voy,  cî-dcssus ,  p.  2g,  sous-nole. 

^  Le  manuscrit  de  Colbert  met  cette  note  :  «  Faite  sur  uue  minute  originale  de  1.»  main  de  Cherrc.  « 

'  Brisach  avait  été  pris  le  17  septembre  1688}  cette  ville,  dont  les  fortifications  ont  été  rasées  en  1741  ,  ét^it  au 
ivii"  siècle  un  dcsboulevards  de  l'Allemagne,  et  cette  conquête  causa  une  grande  joie  à  la  cour;  Richelieu  en  donna 
la  nouvelle,  comme  un  encouragement  ou  une  couaolation,  au  P.  Joseph,  ngonisant  dans  son  château  de  Ruel. 

*  C'était  là  la  principale  pensée  qu'on  voulait  faire  comprendre  au  duc  Bernnrd  ,  en  même  temps  qu'on  ne  lui  épar- 
gnait pas  les  compliments  et  les  éloges.  Le  courrier  était  chargé  de  lui  remettre  une  lettre  du  roî  qui  disait  à  peu  près 
la  même  chose  que  celle  île  Richelieu.  Il  devait  aui>i  rendre   au  maréchal  de  Guébriaul  l'instruction  suivante. 


NON   IMPRIMÉES  DANS  LE  TOME  VI. 


209 


DATES 


LIEUX  DE  DATES. 


SL'SCRIPTIO\ 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   SOURCES. 


1639. 

6  janvier. 
Villerov. 


7  janvier. 
Ruel. 


i&  janvier. 
Ruel. 


17  janvier  ° 
Ruel. 


A  M.  le  comte  de  Gué- 
briant. 


A  M.  le  comte  de  Gué 
briant. 


[A  M.  BcuthUlier. 


Cette  pièce  est  intitulée  :  Instruction  au  s'  comte  de  Gué- 
briant,  commandant  les  troupes  de  S.  M,  vers  le  Rhin, 
sous  l'autorité  de  M.  le  duc  de  Weymar'. 


Copi( 


■  Bibl.  imp.  Cini[-CeDt.s  Colbert,  46,  fol.  36o. 


Richelieu  le  complimente  sur  les  soins  extraordinaires  qu'il  a 
apportés  pour  faire  réussir  l'entreprise  de  Brisach,  et  illc 
félicite  de  la  réputation  qu'il  a  acquise  en  cette  occasion'^. 


Copie.  —  Bibl. 
jmprinide.  — 
p.   lit. 


inip.  Cinq-Cents  Colbert, 
Hi$t,  de  Gacbrianty  par  le 


t.  116,  fol.  5.  — 
Laboureur,  in-fol. 


A  M.  l'archevesque  de 

Bordeaux. 


0  Je  vous  renvoyé  la  lettre  que  vous  m'avez  envoyée  sur  le 
sujet  de  laquelle  je  n'ay  rien  à  vous  dire,  sinon  que  je 
pne  Dieu  que  M.  ie  G.  des  G.  ^  et  sa  femme  soyent  aussy 
sages  que  je  le  désire.  —  Quant  à  Madame  d'Elbeuf,  je 
seray  très  ayscde  la  voir  et  M"  ses  petits  enfans,  lorsque 
je  seray  à  Paris  *.  » 

Original ,  sans  signature  >  de  la  main  de  Charpentier.  —  ArcL. 
(les  Afl'.  étr.  France  ,  i63g.  Suppl.  fol.  i4- 

11  s'aeit  d'une  entreprise  dont  Richelieu  veut  laisser  à  cet 
amiral  toute  la  responsabilité.  «Au  reste,  lui  dit  le  car- 
dinal, ne  vous  imaginez  point  qu'un  homme  qui  n'entre- 
prend rien  que  par  raison,  et  qui,  en  l'exécution  d'un 
<lessein  faict  ce  que  la  prudence  et  l'heure  '  conseillent ,  soit 
resi>onsable  des  événcmens  quand  mesmc  ils  n'arrivent 
pas  bons;  qui  faict  fidèlement  ce  qu'il  peut,  faict  ce  qu'il 
doit,  et  (|ui  faict  ce  qu'il  doit  n'est  pas  garant  des  mau- 
vais succès. . .  » 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  l.  XV,  fol.  a  10.  —  Mi- 
nute delà  main  de  Charpentier.  —  Arcli.  de  l'Einptre,  K, 
i34.  Guyenne,  etc.  iGSg,  ï*"  partie,  p.  3,  pièca  164.  — 
Copies,  Bibl.  imp.  Béthune,  gi^i,  fol.  4g  1  et  934g  > 
fol.  1 39  «".  —  Imprimée.  —  Correipondance  de  Souriii  {  Doc 
inéd.},  t.  Il,  p.  89. 


'  Celte  instmctioD  traçait  au  maréchal  la  conduite  qu'il  avait  à  tenir  au  sujet  de  la  prise  de  Brisach  ;  il  devait  ustT 
de  toDtc  son  adresse  po^  r  persua<ler  au  duc   Bernard   qu'il   importait  à  la  cause  commune  que   la  place,  conGée  ù  un 

f[0uverneur  français,  reçût  une  garoîsnc ,' dont  la  moitié  aa  moins  serait  composée  de  troupes  françaises.  Dans  cette 
ongue  înstractioo ,  une  argumentation  asseï  habile  se  noio  dans  un  style  diffus  ,  qui  me  semble  appartenir  à  Chavigai  , 
chargé  de  développer  la  pensée  de  Richelieu.  Noua  noua  bornons  donc  à  en  donner  celle  simple  indication.  Ajoutons  que 
le  duc  de  Weymar  entendait  garder  Brisach  comme  une  cooqQete  personnelle  et  »*y  créer  une  souveraineté  héréditairi*. 
Sa  mort,  survenue  i  six  mois  de  là,  mit  Gn  à  ses  prétentions.  L'historien  de  Guébriaut  ne  donne  point  cette  pièce; 
mais,  à  celte  même  date,  il  met  une  lettre  de  Louis  XIII  sur  le  même  sujet  et  une  autre  de  de  Noyers,  datée  du  7  jan- 
vier, p.  io4  cl  io5.  Le  P.  GrilTet  ne  dilque  quelques  mots  de  cette  instruction  dont  il  indique  f.iutivemcnt  la  source. 
On  peut  voir  comment  il  raconte  la  prise  de  Brisach  ,  t.  III ,  p.  i34  d  3o6. 
'   Cette  lettre  était  jointe  à  celles  dont  le  sieur  de  Lisie  était  charge. 

■*  Le  général  de»  galères  Du  Pont  de  Courlay  ;  Richelieu  était  alors  fort  mécontent  des  profusions  de  ce  neveu  ,  doi:t 
Bouthillier  tâeliait  de  mettre  les  affaires  en  ordre. 

*  Il  s'agissait  en  ce  moment  d'une  alliance  da  comte  d'IIarcourt  avec  une  cousine  de  Richelieu.  (Voy.  t.  VI ,  p.  a63.) 

*  La  minute  et  les  copiei  sont  da'téos  du  16. 

^  U  y  a  dans  la  minute,  ainsi  que  dans  le»  copies  :  «La  prudence,  la  fidélité  et  I7  cœnr  consc:ll«nt.  ■  Le  mot  du 
texte  signifie-t-it  l'heare.  I«  moment,  la  circonstance  ?  ou  bien  csl  ce  une  abréviation  pour  Vhonnear,  ainsi  qu'on  l'a  im- 
primé daosia  corrcspoidance  de  Sourd is  ?  Cependant  nous  ne  trouvons  point  au-dessus  de  ce  mot  le  trait  que  me. tant 
toujours  les  mss.  pour  marquer  l'abré\idtion. 


CAItDIN.  DE  RICHELIED.  ■ 


210 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


LIBQX  DE   DATES. 


SUSGRIPTION 

DBS  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


1 8  janvier. 


A  M.lej)rinced'Oraiigc. 


i9ja 


A  M.  Knuyt. 


6  février. 


A  M.  d*Ëstrades. 


I.c  s'  Kcnuit  a  emporlé  un  mémoire  de  Richelieu,  pour  le 
]>rince  d'Orange;  la  réponse  n'arrive  pas;  crainte  que  le 
mauvais  temps  ne  le  retienne,  le  cardinal  envoie  par  terre 
un  courrier.  «  Le  temps  presse ,  dit-il  au  prince ,  de  prendre 
les  résolutions  pour  la  suitte  de  cette  année,  dans  le  cours 
de  laquelle  j'espère  que  nous  aurons  de  sy  bons  succez 

3u'on   pourra   espérer  une  bonne  et  juste  paix;  je  prie 
onc  Vostre  Altesse  de  nous  faire  sçavoir  de  ses  nouvelles 
promptement. . .  » 

Minute  de  la  rnaio  de  Cherrc.  —  Arch.  des  Aff.  clr.  Hol- 
lande, t.  XXI,  pièce  6.  —  Copies.  —  Bibl.  imp.  Saiiit- 
Gcrmaiu-Harlay,  346,  l.  H,  fol.  191  '.  —  Cinq-Cents  Col- 
bcrt,  t.  XLVl,  foi.  ij3  V. 

«On  n'a  veu  ny  sa  personne,  ny  de  ses  nouvelles,  cependant 
tous  les  desseins  pressent  d'autant  plus  que  la  saison  est 
avancée,  et  que  le  roy  a  faict  venir  ses  généraux  de  terre 
et  de  mer  ;  et  Sa  Majesté  ne  peut  prendre  résolution  que 
par  un  concert  avec  ce  que  le  prince  d'Orange  doit  faire. . . 
On  attend  les  responscs  aux  mémoires  qu'il  a  emportés. . . 
Les  affaires  des  années  passées  ont  esté  gastées  par  un  pro- 
cédé semblable. . .  '  » 


Brouillon    do  la  main  de  Chsvîgn 
Hollande,  t.  XXI,  pièce  11*. 


Arch.    des    Aff.   clr. 


Le  d.  s'  d'Estrades  ira,  en  la  plus  grande  diligence  qu'il 
pourra ,  trouver  M.  le  prince  d'Orange.  —  Se  plaindre  de 
ce  qu'on  n'a  fait  aucune  rcsponse  au  mémoire  porté  par 
Knuyt.  —  Les  ennemis  laissent  souvent  entendre  que  les 
Estats  traitent  secrètement  avec  les  Espagnols.  - —  Repré- 
senter tout  ce  qui  est  contenu  en  la  lettre  du  19  janvier. 
Mécontentement  contre  d'Estampes.  —  Le  roy  est  tous- 
jours  résolu  de  maintenir  toutes  ses  promesses.  Réclamer 
instamment  du  prince  l'exécution  des  siennes. —  Le  roi  n'a 
pas  chargé  le  comte  d'Estrades  de  passer  le  traité  qu'on  doit 
faire ,  parce  qu'il  ne  seroit  pas  bien  séant  que  S.  M.  fit  offrir 
aux  d.  s"  des  Estats  une  somme  aussi  considérable  que  celle 
qu'elle  leur  accorde.  La  moindre  chose  qu'ds  puissent  faire 
c  est  de  supplier  le  roy  de  leur  faire  cette  grâce  par  un 
envoyé  exprès,  ou  d'en  charger  leur  ambassadeur  à  Paris. 
Mise  au  net,  de  la  maïu  d'uu  secrétaire  de  Chavigui.  —  Arch. 
des  Air.  étr.  Hollande,  t.  XXI,  pièce  18. 

.  .  «  11  est  impossible  de  ne  vous  lesmoîgner  pas  que  le  roy 
tient  un  peu  estrange  qu'après  ce  qui  s'est  passé  icy 
avec  M.  Knuyt,  il  se  soit  écoulé  un  sy  grand  temps  saïis 
en  avoir  response  déterminée. . .  '  ]I  s'agit  pour  le  moment 
autant  de  l'intérest  de  MM.  les  Estais  que  de  ceux  du  roy 


'    Copie  faite  sur  uuc  copie  ou  brouillard ,  de  la  main  Je  Clierré.  (Note  du  ms.  de  Harluy.  ) 

~  Sur  cette  inalière  un  scciétairc  a  écrit  la  lettre  à  Kiiu^t  dont  la  minute  est  cotec  10  dans  ce  manuscrit.  Le  1"^  et 
le  i4  janvier,  Chavigui  avait  écrit  au  prince  d'Orange  à  peu  près  dans  les  mêmes  termes.  Le  prince  répondit  au  car- 
dinal, le  ai  janvier,  que  Knuyt,  employé  à  d'importantes  afl'aircs  pour  les  Estats,  ne  pouvoit  retourner  en  France  ; 
pourquoi  l'amhassadcur  du  roi  à  La  Haye  n'aurait-il  pas  mission  de  traiter  les  affaires  dont  il  s'agissait  ?  Eiifio  M.  d'Es- 
trades ayant  été  envoyé  à  La  Haye,  on  lui  donna  un  mémoire  (6  février}  où  les  mêmes  plaintes  étalent  répétées.  (  Aïs. 
précité,  pièces  i,  4t  8,  11  et  18.) 

^  Voy.  ci-dessus  à  la  date  dn  18  janvier. 


8  février. 


A  M.  le  prince  d'Orange. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  TOME  VI. 


211 


DATES 

rt 

LIEtX  DB  DATES. 


SUSCniPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


BT   SOTTRCES. 


1639. 


9  février. 
Ruff. 


i5  février. 
Saint -Germain- 

on-Laye. 


Au  duc  de  Wejrmar. 


Inslruclion  j>oiir  M.  l'ar- 
chevesque  de  Bor- 
deaux, commandant 
l'armée  navale  du  roy 
en  Ponant. 


A  Madame  d'Haliuin  ' 


qui  envoie  le  s'  d'Estrades  pour  apprendre  d'où  provient 
ce  retardement  et  adjusteravec  Vostre  Altesse  les  desseins 
communs  de  la  campagne  prochaine. . .  » 

Minute  de  la  maïn  Je  de  Noyers  '.  —  Ârch.  des  AS",  étr.  Hol- 
lande, t.  XXI,  pièce  35-  —  Bibl.  imp. — Copies^.  —  Cioq- 
Cents  Colbert ,  4^  >  f^ol  i^4  ^^  Saint-Gormaîa-Harlay,  346  , 
t.  Il,  p.  193. 

Lettre  de  compliments  et  de  remercîments  pour  Taffcction 
que  le  prince  témoigne  à  Richelieu. 

Copie.  —  Bibl.  imp.  Béthane,  937g,  fol.  68. 

C'est  le  projet  de  la  campagne  maritime  pour  le  printemps 
de  l'année  iGSg. 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy.  t.  XVI,  fol.  861.— 
Minute*.  —  Arch.  de  l'Emp.  K,  i34.  Guyenne,  i"^*  partie, 
i63g,  p.  5,  pièce  i65.  —  Bibl.  imp.  Copies.  Bélliuue, 
9a4ii  fol.  4à  ^°  cl  9349  ,  fol.  i3o.  — Imprimée.  —  Corres- 
pondance de  Sourdis ,  t.  JI ,  p.  90.    (Documents  iocdits.) 

Richelieu  a  su,  par  M.  d'Alluin,  les  terreurs  paniques  qui  la 
travaillent  quelquefois  au  sujet  de  son  mari  :  «J'ay  creu 
devoir  vous  asseurer  qu'il  n'a  rien  à  craindre,  et  que  se 
conduisant  comme  je  m'asscure- qu'il  fera,  on  ne  sçauroit 
Iny  rendre  aucun  mauvais  office.  Je  l'ay  particulièrement 
avcrty  de  ce  que  j'ay  estimé  qu'il  devoit  faire,  et  pour 
avoir  les  cœurs  de  la  province  dont  il  a  la  conduite,  et  de 
ceux  de  toute  la  cour.  Je  me  promets  que  vous  fcrés  tous 
deux  estât  des  avis  d'une  personne  qui  vous  honore  comme 
moy. . .  » 

Miouto  de  la  maio  de  Charpentier.  —  Arch.  des  Aff.  clr. 
Fraoce,  1639.  Sapplément,  fol.  56. 

u Madame,  ces  trois  mots  ne  sont  que  pour  vous  dire  qu'une 
lettre  que  j'oscris  à  M.  du  Dorât  servira  de  response  a  celle 
que  j'ay  reçeu  de  vous;  me  contentant  de  vous  faire  co- 
gnoistre  que  je  suis. . .  p  [Si  la  demeure  du  Verger  et 
d'Angers  n'est  pas  agréable  à  Madame  de  Chevreuse,  on 
en  pourra  trouver  quelque  autre;  mais  il  est  impossible  d'ob- 
tenir qu'elle  demeure  àDampierreplusdehuit  ou  dix  jours.] 

Copies  *.  —  Bibl.  ïmp.  Cinq-Cents  Colbert ,  46  ,  fol.  1  9  v"  et 
Sa  in  t- Germai  D-Harlavt  346,  t.  II  ,  p.  36. 


'    Lettre  dictée  à  de  Noyers,  qni  a  écrit  h  la  marge  Je  cette  roioute  :  «Son  Eni.  au  prince  d'Orangt!.  • 

'  On  lit  cette  note  dans  l'un  et  l'autre  manuscrit  ■  .Copie  faile  sur  une  copia  ou  broaillard  entièrement  écrit  de  la 
main  du  cardinal.  •  C'était  probablement  la  raain  de  do  Noyers  qu'on  prenait  pour  celle  de  Richelieu. 

^  Celte  minute  est  écrite  de  la  main  d'un  secrétaire  do  l'archevêque  de  Bordeaux  et  de  la  main  de  Cberré ,  ce  qui 
indique  que  la  rédaction  fut  faite  de  concert  entre  le  cardinal  et  l'arcltevéquc.  Riclielien,  qui  a  donné  la  pensée  prin- 
cipale de  cette  instruction ,  a  dû ,  en  effet ,  se  servir  des  connaissances  pratiques  de  Sourdis  pour  les  détails  de  l'exécu- 
tion. Qaaut  à  l'original ,  il  est  écrit  de  la  main  du  secrétaire  du  canlioal ,  Cberré.  Cet  original  est  à  peu  près  conforme 
à  la  minute  ;  seulement  dans  celle-ci  on  dit  loujouis  :  •  Ccluy  qui  commandera  l'armée  de  Sa  Majesté  ;  •  ce  qui ,  dans 
l'original ,  est  remplacé  par  ces  roots  :  •  M.  l'archevesque  de  Bordeaux. .  Les  copies  de  la  collection  de  Béthune  n'ont 
d'autre  date  que  le  millésime ,  et  portent  celle  note  marginale  ;  .  Minute  originale  apostillée  et  corrigée  de  la  main  de 
Cherré.  •  Ce  qui  indique  qu'elles  auraient  été  faîtes  sur  la  minute  dos  archive»;  et,  en  effet,  on  y  remarque  comme 
dans  cette  minute  la  vague  désignation  du  commandant  de  l'armée  navale. 

*  Elle  avait  été  mariée  en  première»  noce»  (16  J 1)  au  duc  de  Caodale  ;  ce  mariage  ayant  été  déclare  nul ,  elle  épousa 
(i6ao)  Charles  de  Schomberg,  duc  d'Halluin.  Elle  mourut  eu  i6/|i,dan8  son  château  de  Nantcuil-le-Haudouin. 

'   Les  dcuï  manuscrits  avertissent  que  la  copie  est  •  faite  sur  une  minute  originale  de  la  raain  de  Cherre,  » 


ih  oiars. 


A    Madame    de    Che 

vreuse. 


27. 


212 


SOMMAIRES   DES  LETTRES 


DATES 


LIEUX  DE  DATEit. 


SUSCRIPTION 
DBS    LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTHES 

ET  SOrRCES. 


1639. 
ili  mars. 


A  M.  l'abbé  du   Dorât. 


26  mars. 

Saint-Germain - 

en-Laye. 


Instruction  au  vicomte 
d'Arpajon,  allant  en 
Languedoc. 


26  mars. 
RueK 


A  M.  i'arcbevcsque  de 
Bordeaux,  lieutenant 
général  de  l'armée 
navale  du  roy. 


I.a  dernière  lettre  de  Madame  de  Clievreuse  n'étant  (ju'une 
lettre  de  reprocbc,  «la  civilité  qui  est  due  aux  dames 
m'empcsche  de  luy  faire  re&ponse.  »  C'est  donc  à  l'abbé  du 
Dorât  que  le  cardinal  écrit.  —  Richelieu  a  entre  les  mains 
la  preuve  de  griefs  fort  sérieux  qu'on  a  contre  celle  dame; 
cependant  il  a  obtenu  pour  eÛe  une  abolition  pure  et 
simple,  mais  on  ne  lui  permet  pas  d'aller  partout  où  il  lui 
pïaît,  on  lui  assigne  une  demeure.  —  A  l'entendre,  il  fau- 
drait augmenter  les  grâces  à  proportion  de  l'augmentation 
des  fautes,  —  Le  temps  et  sa  bonne  conduite  peuvent 
seuls  lui  donner  tout  le  contentement  quelle  désire. 

MiDulc  (le  la  main  Je  Charpentier  {espèce  de  roode)  ,  avec 
des  corrections  de  la  moin  de  Cherré  el  ile  relie  du  cardinal. 
Supplément  franc.  4067,  fol.  107.  — Copies'.  —  Bibl. 
imp.  Cinq-Cciils  Colbcrt ,  46,  fol.  18.  —  Sainl-Geriuain- 
Ilarlay,  346 ,  t.  II ,  p.  23.  —  Impritrce.  —  Aubery,  V,  45o, 
et  Ilecueil  de  1696,  t.  II,  p.  34.  —  Ilist.  de  Louis  .17//, 
parle  P.  GriiFet,  t.  III,  p.  176.  —  Madame  de  Chevrcuie  de 
M.  Cousin  ,  p.  3i  1  '. 

M.  d'Arpajon  est  chargé  d'aller  en  toute  diligence  voir  l'état 
des  troupes  qui  composent  l'armée  dont  M.  le  Prince  est 
général  en  chef  et  M.  le  maréchal  de  Schomberg  lieute- 
nant général.  On  l'informe  des  principales  dispositions  des 
ordres  donnés  a  ces  deux  généraux,  de  la  conduite  qu'il 
aura  à  tenir  selon  certaines  circonstances.  «Le  s'  vicomte 
d'Arpajon  aura  un  soin  particulier,  dès  qu'il  sera  arrivé  en 
Languedoc,  de  presser  tellement  tous  les  préparatifs  néces- 
saires à  agir  qu'en  quelque  façon  que  les  entreprises  soient 
disposées,  les  forces  de  Sa  Majesté  soient  prestes  à  entrer 
dans  le  pays  ennemi  le  lo  du  mois  de  mai  prochain'.» 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Colbcrt,  45  ',  fol.  a3f>,  et 
Bclbuue,  9265,  fol.  6. 

Richelieu  l'avertit  de  divers  mouvements  des  l'orces  navales 
d'Espagne  et  des  dispositions  prises  en  France  pour  faci- 
liter l'exécution  des  ordres  qui  lui  ont  été  donnés;  «espé- 
rant plus  que  je  ne  vous  puis  dire,  ajoute  le  cardinal,  de 
la  bonne  fortune  du  roy  sur  la  mer...  tout  ce  qu'on  a  peu 
désirer  de  deçà  pour  bien  faire  a  esté  accordé,  reste  à 
ceux  qui  en  auront  l'exécution  à  n'oublier  rien,  de  leur 
part, de  ce  qu'on  en  doit  et  peut  attendre.. .  Au  nom  de 
Dieu,  mettés-vous  à  la  mer  le  plustost  que  vous  pourrés, 
et  croyés  qu'il  n'y  a  personne  qui  vous  ayme,  ny  qui  soit 
plus  certainement  que  moy,  etc.» 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XV,  fol.  33a.  —  Im- 
primée.—  Correspondance  de  Sourdis ,  II,  96.  (Doc.  iuéd.) 


qui    se   Irouv 


'    «  Faite  sur  une  mïuute  originale  du  la  main  de  C.Iiirorgien  ,  corrigée  du  cardinal  et  de  Cherré.  ■  Note 
dans  l'un  et  l'autre  manuscrit  delà  Bibliotbcqiie. 

-  Dans  Madame  de  Ckevrcuse,  la    lettre  est  datée  du  17  ;  c'est  apparemment  une  faute  d'impression.   Quant  à  l'ccri- 
lure  attribuée  à  Richelieu  ,  c'est  celle  de  Cherré. 

'  Nous  n'ayons  ni  l'original,  ni  la  minute  de  cette  pièce,  signée  par  le  roi,  et  dont  Ij  matière  donnée  par  Richelieu 
a  ftans  doute  été  développée  par  le  secrétaire  d'Etat  de  la  guerre. 

"  On  lit  au  dos  de  ce  volume  :  ■■  Mémoires  venus  de  chez  le  cardinal  de  Richelieu.  » 


NOfi;  IMPRIMÉES  DANS  LE  TOME   \  1. 


21o 


LIEUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES    LETTBES. 


ANALYSES  DES  LETTllES 

ET  50DBCES. 


"  avril. 
Uucl. 


j  avril. 
Ruel. 


Mémoire  au  s'  d'Amon 
tôt,  s'en  allant  de  la 

fjart  du  roy  en  Hol- 
ande. 


1639, 

3i  mars.  A  M.  l'archevesque  de    «M',  j'ay  reccu  deux  lettres  de  vous  pleines  de  difiicultez  qu'il 

Ruel.  Bordeaux.  est  bien  aisé  de  résoudre.»  —  fUclieiicu  résout  ces  difii- 

cultés  dans  une  lettre  de  trois  pages  de  détails  qu'on  ne 
peut  présenter  en  analyse. 

Orig.  '  —  Bibl.  imp.  Soitc  de  Dupuy,  t.  XV,  fol.  laj.  — 
Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Ârch.  de  l'Eiup.  K,  i3j. 
Guyeiine  ,  i"  partie ^  p.  ai,  pièce  171  ■  —  Copies.  —  Bibl. 
imp.  BéthuDe ,  93 Ai,  fol.  69  v^  et  gSig  ,  fol.  i36.  —  Im- 
primée. —  Correspondance  de  Soardis  ,  t.  Il ,   p.  g6. 

i"  avril.  Mémoire  au  s'  d'Amon-    Dans  la  lettre  de  Richelieu  à  l'archevêque  de  Bordeaux  (ci- 

dessus),  le  cardinal  lui  disait  :  «Le  roy  s'est  résolu  d'en- 
vo>er  le  s"^  d'Amontol  en  Hollande,  pour  faire  tous  les 
eûorts  possibles  pour  faire  que  M"  les  Estats  envoient 
quinze  vaisseaux  joindre  l'armée  navale  du  roy.»  M.  d'A- 
montot  était  dépêché  pour  celte  pressante  aifaire,  l'ambas- 
sadeur, M.  d'Estrades,  étant  retenu  à  Paris  par  une 
indisposition.  11  était  chargé  de  porter  le  traité  récemment 
conclu  avec  l'ambassadeur  de  iVr*  les  Estats;  il  devait 
ex|>oser  les  artifices  dos  Espagnols  pour  entraver  les 
négociations  de  la  paix  générale,  et  détourner  la  Hollande 
de  son  alliance  avec  la  France,  union  dont  il  faut  faire 
rcssoi-tir  les  avantages  également  importants  pour  les  deux 
pays. 

Mise  ao  net*.  —  ÂrcL.  des  Aff.  elr.  Hollande,  t.  XXI, 
pièce  63*.  —  Bibl.  imp.  ipistre  copies;  Cioq-CenUColbcrt , 
Q*  46,  fol.  1^7  et  i55  v".  —  Saiut-Germain-Harlay,  3^6, 
t.  11 ,  p.  a33  et  162.  —  Extrait ,  soppl.  franc,  fol.  370. 

Il  serait  bon  de  prendre  Aupoulx  ^  par  surprise  ,  mais  cette 
place  ne  vaut   pas   un  siège,   «estant   un  chasteau  assez 
inutile,  sciz  sur  un  roc  qui  n'ouvre  point  l'entrée  du  pays.» 
Imprimée.  —  Aubery,  IV,  3-j,  et  Recueil  de  i6g5  ,  p.  17g. 

A   M.    te    c£rdinal    de    Satisfaction  des  progrès  du  siège  de  Turin;  déplaisir  de  ce 
La  Valette.  que  tout  le  Piémont  se  jette  du  parti  des  beaux-frères  d< 

la  duchesse.  «Si  elle  eust  voulu  croire  ses  serviteurs,  elle 
ne  scroit  pas  en  la  pcyne  où  elle  se  voit  maintenant.  11  ne 
luy  reste  plus  pour  se  sauver  que  de  se  confier  au  roy. . .  Si 
clic  est  ca|>abfe  de  prendre  un  bon  conseil,  le  roy  mettra 
le  tout  pour  le  tout  pour  la  garantir;  si,  au  contraire,  elle 
se  veut  perdre  de  gaieté  de  cœur.  Sa  Majesté  sera  bien  aise 
d*estre  déchergé  devant  Dieu  et  devant  le  monde.  Le  roy 

'  Dau>  cet  original,  Hichelicu  parle  d'une  petite  escadre  de  pinanscs  «que  je  vous  ay  veu  faire  e^at  d'amasser  et 
d'armer,  dît-il ,  pour  le  detseio  que  vous  sçaves  de  V.  <•  L'éditeur  de  la  Correspondance  de  Soardis  a  imprimé  Fiual , 
sans  avertir  Je  sa  conjecture;  cependant  notre  minute  et  les  copies  mettent  en  toutes  lettres  Footarabic.  —  Au  sujet 
île  cette  nouvelle  entreprise  sur  Fontarabie ,  je  trouve ,  dans  fcs  manuscrits  de  la  Bbliothèque,  une  double  copie  d'un 
■  mémoire  inslroctif  à  M.  le  marquis  d'Alluys ,  scr  lequel  on  attend  les  commaudomcns  de  Son  Km.  ■  ^Mss.  de  Bctliuii^ , 
cités  aux  sources,  fol.  76  et  fol.  ii3  \''.)  Le  marquis  d'Alloys  était  le  frère  de  l'arcbevéque  de  Bordeaux.^  Dans  cet 
original ,  écrit  de  la  main  «le  Cherra,  on  remarque  quatre  lignes  do  la  main  de  de  Noyers,  et  ce  secrétaire  d'Ltat  avertît 
qu'il  écrit  sous  la  dictée  du  cardinal. 

'  Cette  mise  au  net  est  delà  main  d'un  commis  de  Cliavigni  ;  et  c'est  sans  doute  d'après  cette  pièce  qu'ont  été 
faites  les  copies  de  la  Bibliothèque,  lesquelles  portent  cette  note  :  >  Copies  faites  sur  une  copie  de  Darïdol.  »  On  sait 
que  c'était  un  des  premiers  commis  des  Affaires  étrangères, 

^  Opoul,  très-petite  ville  située  i  quatre  lioues  de  Perpignan.  Un  château  ,  bâti  sur  la  montagne  au  pied  de  laquelle 
se  trouve  Opoul,  défendait  le  passage  du  Roussïllon  cn'Langucdoc. 


Au  maréchal  de  Schoin< 
berg.' 


214 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATliS 
cl 

LIEUX  DE  DATES. 


1039. 


6  avril. 

Saiiit-Germaiii- 

en-Laye. 


7  avril 


8  avril. 
Ruel. 


10  avril. 


1  5  avriJ. 
Ruel. 


SUSCIUPTION 

DES  LETTKES. 


Le  roi  à  ta  reine  d'An- 
gleterre. 


A  la  reyne  d'Angleterre. 


A  M.  l'a  relie  vescjue  de 
Bordeaux. 


A   M.  le  comte  d'Har- 
court. 


A  M.  l'archevesque  de 
Bordeaux. 


ANALYSES  DES  LETTHES 

ET  SOtJllCES. 


désire  que  vous  luy  parliés  franchement,  suivant  la  dc- 
pcscliC  que  je  fais,  par  son  ordre,  à  M"  les  ambassa- 
deurs '.  » 

Orig.  —  Aff.  étr.  Turin,  l.  XXVIII ,  fol.  i-j5.  —  Copie.  - 
Bibl.  imp.  Saiul-Germaiu-Harlay»  S^y,  fol.  Aga  \°. 

Le  roi  lui  renvoie  une  réponse  par  le  s'  Germain ,  «luy  ayant 
fait  sçavoir  mes  intentions,  je  me  remets  à  luy  pour  vous 
en  dire  le  particulier.»  Déplaisir  que  le  roî  éprouve  de  ne 
pouvoir  faire  les  choses  que  la  reînc  d'Angleterre  désire. 
Minute.  —  Bibl.  imp.  Fonda  Bcthuin? ,  9337  ,  fol.  3a. 

Madame,  j*ay  reeeu  avec  tout  le  respect  que  je  doibs  le  com- 
mandement qu'il  a  pieu  à  Vostre  Majesté  me  faire. . .  Je 
m'estimerois  infiniment  heureux  si  j'avois  peu,  en  cette 
occasion,  luv  faire  voir  des  marques  de  l'obéissance  que  je 
luy  veux  rendre  toute  ma  vie. . .  Je  la  supplie  très-huoible- 
ment  de  croire  qu'elle  n'honorera  jamais  personne  de  sa 
bienveillance ,  qui  soit  avec  plus  de  soubmission ,  de  respect 
et  de  passion  que  moy.  Madame ,  etc.  ^ 

Mise  au  net.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Angleterre,  t.  XLVII , 
fol.  443.  —  Copies.  —  Bibi.  imp.  Cinq-Cents  Cnlbert , 
t.  XLVI ,  fol.  63  V**,  etSuppl.  franc.  370. 

On  a  satisfait  à  presque  tout  ce  qui  est  contenu  dans  la  lettre 
de  l'archevêque  du  i"  avril...  «Afin  que  rien  ne  vous 
manque  de  ce  que  vous  désirés  pour  bien  faire.» 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XV,  fol.  aSl.  —  Im- 
primée. —  Correspondance  de  Sonrdii ,  t.  Il ,  p.  io3.  (Doc. 
inédits,  in-i".  ) 

M.  le  Prince  demande  que  M.  d'Harcourt  aille  avec  sa  flotte 
aux  côtes  du  Languedoc  et  à  Colioure,  mais  il  n'y  a  pas 
là  de  port  "OÙ  vous  puissiés  sauver  vos  vaissaux  en  cas  de 
lempestes.»  —  Avant  un  démêlé  avec  Gènes  à  cause  de  la 
galère  qu'il  a  prise,  il  faut  remettre  le  voyage  d'Alger  à 
l'année  prochaine,  et  rester  sur  nos  eûtes  où  l'euncnii  pour- 
rait faire  quelque  entreprise. 

Copie  ^.  —  Bibl.  imp.  Saint-Germain-Hariay,  3/17,  foL  635. 

Satisfaction  de  ce  que  rarchevéque  a  trouvé  les  troupes  de 
Guyenne  en  bon  état.  —  On  lui  a  envoyé  i,ooo  mousquets 
et  douze  cents  paires  d'armes  de  elievau-légers. . . 

Orig.  —  BibL  imp.  Suit?  de  Dupuy,  t.  XV,  foL  334-  —  Im- 
primée. —  Correspondance  de  i>ourdi$  .  t.  II,  p.  loà.  (Doc. 
iuéd.] 


'   Voy.  t.  VI,  p.  3l3  et  3i8. 

^  Nous  trouvons,  dans  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque  impériale,  cette  autre  version  :  «Madame,  M.  Germain  de- 
vant rapporter  à  Vostre  Majesté  ce  qui  s'est  passé  en  son  voyage ,  je  ne  prends  la  plume  que  pour  l'asseurcr  de  1?  passion 
que  j'auray  tousjoHrs  à  son  service,  et  du  conlenleiuent  que  je  recevrai  lorsque  je  pourray  luy  en  rendre  la  preuve  en  ce 
qui  dépendra  de  moy,  qui  scray  à  jamais,  etc.  »  Collection  de  Bétbune,  9^34  ,  foL  ao.  —  Saint-Germain-Harlay,  346, 
l.  II,  p.  84.  —  Inijirimcc.  —  llisl.  de  Louis  XÏU .  t.  III  ,  p.  171.  —  Richelieu  a  voulu  mettre  dans  son  refus  plus 
d'apparence  de  bonne  volonté,  mais  eu  réalité  il  se  souciait  fort  pen  d'être  agréable  à  la  reine  d'.'ingleterre ,  et  cette 
autre  Ictlie  était  l'oxpressio^i  plus  sincère  tie  sa  pensée;  c'est  pourquoi  il  ne  !*a  pas  envoyée.  L?  P.  Grîffet ,  qui  n'avait  pu 
consulter  le  manuscrit  des  Affaires  étrangères,  donne  cette  dernière  comme  la  véritable. 

''  «Faite  sur  une  minute  originale  de  la  main  de  Chirurgien ,  avec  le  titre  <Ie  la  main  de  Clierré.  "  [  Note  du  ms.  de 
Harlay.) 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  TOME  VI. 


215 


DATES 


LIEU]i  DE  DATES. 


SUSCmPTION 

DES   LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    SOURCES. 


1639. 

20  avril. 
Rucl. 


A  M.  l'arche vesquc  de 
Bordeaux. 


Instruction  donnée  à 
M.  de  Chavigny,  al- 
lant en  Piedmont. 


Ou  lui  a  envoyé  de  l'argent.  On  a  fait  partir  M.  le  comte  de 
Tonnerre ,  son  neveu ,  pour  faire  la  charge  de  maréclial  de 
camp ,  comme  il  l'a  désiré.  —  On  n'ouLlie  aucune  chose 
pour  ie  mettre  en  état  de  bien  faire. 

Orîg.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dopuy,  t.  XV,  fol.  a35.  —  Im- 
prime'e.  —  Correspondance  de  Sourdis ,  t.  II,  fol.  io5.  (Doc. 
ioéd.  în-i*.  ) 

Les  affaires  de  la  duchesse  de  Savoie  étaient  arrivées  a  une 
crise  inquiétante;  ses  beaur-frères ,  armés  contre  elle, 
s'étaient  emparés  de  plusieurs  places  importantes  et  mena- 
çaient Turin  ;  une  partie  de  la  population  s'était  soulevée 
pour  eux;  Richelieu  voulut  profiter  de  l'occasion  pour 
mettre  cet  Etat,  au  moins  temporairement,  dans  une  dé- 
pendance complète  de  la  France.  Son  plan  consistait  à 
s'assurer,  1"  du  pays,  parla  remise,  entre  les  mains  du  roi, 
des  châteaux  qui  gardent  l'entrée  de  l'Italie,  et  par  l'in- 
troduction de  l'armée  française  dans  les  places  les  plus 
considérables;  2"  des  principaux  personnages  du  Piémont 
par  l'appât  d'une  grande  fortune.  «Madame  leur  faisant 
cognoistre  qu'elle  se  met  tout  à  fait  entre  les  mains  du  roy, 
et  qu'elle  désire  qu'ils  s'attachent  à  la  France  par  bien- 
faits qu'ils  reçoivent  de  S.  M.»;  3°  de  la  duchesse  elle- 
même  par  l'envoi  en  France  de  ses  enfants  confiés  à  la 
garde  du  roi.  —  Tels  sont  les  points  principaux  de  l'ins- 
Iruclion  dont  nous  ne  donnons  ici  qu'une  idée  sommaire. 
Cbavigni  était  chargé  de  déclarer  à  la  duchesse  que ,  si  elle 
n'acceptait  pas  ces  conditions ,  la  France  l'abandonnerait  et 
que  sa  perte  était  certaine  .  «  En  Testât  que  sont  les  choses , 
écrivait  Richelieu,  Madame  doit  penser  aux  extrêmes  re- 
uicdes,  se  représentant  que,  si  elle  est  une  fois  à  l'extré- 
mité, son  mal  ne  sera  plus  capable  d'en  recevoir  aucun.» 

Mise  un  Dct,  (le  la  main  de  Cherré,  devenue  minute,  ayant 
ét^  corrigée  par  Richelieu.  —  Arch.  des  Aff.  élr.  Turin, 
t.  XXVIII,  fol.  134.  — Autre  mise  au  net,  même  ins. 
fol.  an  '.  —  Copie.  — Arch.  des  Aff.  étr.  Home,  t.  LXVIII. 
—  Bibl.  irop.  —  Copies.  ~  Dethune,  9267,  fol.  ni.  — 
Saint-Gerraiin  ,  jaS.  —  Saint-Germain-Harlay,  Si?,  fwl.  65 
cl  86.  —  Extrait.  —  Dupuy,  n*  767,  cahier  Mm.  —  Im- 
primée. —  Aubery,  t.  IV,  p.  170.  —  Hist.  da  miniitère  da 
cardinal  de  Richelieu,  par  Vialard  ,  t.  II,  p.  63  du  siip- 
plément. 

Déplaisir  des  malheurs  de  la  duchesse;  promesse  de  la  se- 
courir; conseil  de  se  mettre  «entre  les  bras  de  Dieu,  dont 
le  secours  vaut  mieux  que  eeluy  des  hommes.  »  u  Le  s'  de 
Cbavigny  s'en  allant  instruit  de  toutes  mes  intentions,  je 
vous  prie  de  prendre  en  luy  l'entière  créance  que  vous 
pourries  prendre  en  moy  mesme.» 

Minute.  —  Bibl.  imp.  Bélhane»  Q^S?,  fol.  iiÔ- 


'  Dans  cette  srcoDflv  version  ,  le  préambule  ,  composé  de  cinq  paragraphe» ,  a  été  supprimé ,  et  il  est  remplacé  par 
ane  seule  ligne  pour  entrer  tout  de  suite  en  matière,  La  copie  du  folio  86 ,  dans  le  manuscrit  de  Harlay,  est  conforme 
à  cette  version.  Ici  la  date  est  ao  avril ,  SaintGermaio-on-Lave. 


avril. 


Lettre  du  roi  à  Madame 
de  Savoie. 


216 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


LIEUX  DE  DATES. 


ir)39. 

2  1  avril. 


2  1  avril. 
Ruel. 


SUSGRIPTION 

DES  LETTRE.^. 


A  Madaran. 


2  2  avril. 


2  3  avril. 


A    M.   le    cardinal    dt 
La  Valelte. 


A  M.leprinced'Orangc. 


ANALY.SES  DES  LETTRES 

ET   SOUECES. 


Ori  vient  de  voir  t 


«Je  ne  suis  point  en  doute  que  Vosire  Allessc  ne  soit  en  ujie 
extrcsmc  peine  de  ce  qui  se  passe  en  Picdmont;  mais  elle 
trouvera  bon ,  s'il  luy  plaist,  que  je  lu)  die  qu'elle  ne  dnit 
pas  s'estonner  pour  cela,  ny  perdre  le  courage,  puisqu'oJe 
a  un  frère  comme  le  roy,  qui  est  résolu  d'employer  toute 
sa  puissance  pour  la  protéger,  la  secourir  et  empesclier  C[ue 
M"  ses  frères  ne  viennent  à  bout  de  leurs  mauvais  des- 
•  seins.»  Le  cardinal  ne  parle  point  des  conditions  de  ce 
secours  et  renvoie  la  duchesse  à  Chavigni,  aux  paroles  du- 
quel il  la  prie  d'avoir  toute  créance. 

Orig.  —  Arch.  des  AIT.  clr,  Turin,  t.  XXVIII,  fol.  aai.  — 
Copie.  —  Homo,  t.  LXVIII.  —  Copies.  —  Bibl.  imp.  Bé- 
tliuuc,  9267,  fol,  111.  —  Saint-Germaio  ,  723.  —  Saiiit- 
Germain-Harlay,  347,  f"!-  68.  —  Imprimée.  —  Aubery, 
l.  IV,  p.  68.  —  Recueil  de  i6g6,  p.  181.  —  ///•(.  rfu 
minittère  de  Richelieu ,  par  Vialard  ,  t.  II ,  p.  66  du  supplé- 
ment. 

«M.  de  Chavigny  estant  une  lettre  ])arlante  ',  je  ne  vous  fais 
celle-ci  que  pour  vous  suplier  de  prendre  une  cnliére 
créance  en  ce  qu'il  vous  dira  de  ma  part;  et  pour  vous 
asseurer  que  personne  du  monde  ne  vous  estime  et  affic- 
tionne  avec  plus  de  sincérité  que  mov. ..» 

OrIg.  —  Arcli.  des  AIT.  Ar.  TuriD ,  l.  XXVIII,  fol.  aai.  - 
Copie.  —  Bibl.  imp.  Saint-Germain-Harlay,  347,  fol.  494. 

«J'ay  faict  voir  au  roy  la  continuation  de  vostre  franchise  ^ 
par  l'avis  que  vous  luy  donnés  de  la  nouvelle  proposition 
qui  vous  a  esté  faicte  de  la  part  du  cardinal  infant  ;  Sa  Ma- 
jesté a  telle  confiance  en  Vostre  Altesse  qu'il  ne  s'y  peut 
rien  adjouster.  Pour  moy.  Monsieur,  je  seray  loùsjours 
caution  de  vos  paroles  et  de  vosire  sincérité.  Ce  n'est  pas 
de  celte  heure  que  les  Espagnols  frappent  à  toutes  les 
portes  pour  tascher  de  mettre  de  la  division  entre  le  rov 
et  ses  alliés;  je  vous  responds  asseurément  que  ce  sera 
tousjours  inutilement  du  eoslé  de  la  France  ;  et  je  liens  la 
mesme  chose  si  certaine  de  vostre  part,  que  je  ne  suis  pas 

capable  d'en  entrer  en  doute —  Le  sieur  d'EsIradcs 

part  demain  ^. . . 

^liuute  de  la  main  de  Clierrc.  —  Arcb.  des  Aff.  clr.  Hollande, 
t.  XXI,  pièce  7a.  —  Copies.—  Bibl.  imp.  Cinq-Cruts 
Colbcrt,  46,  fol.  l5a.  — Sainl-Gerraain-Harlay,  346  ,  t.  H, 
pièce  253*.  —  Supplément  français,  170, 

«Madame,  ayant  sceu  par  les  s"  Du  Dorât  et  Boispilé  l'exl ré- 
mité !i  laquelle  vous  vous  trouvés,  le  désir  que  vous 
avés  d'estre  en  un  lieu  où  vous  puissiés  mettre  ordre 
il  vos  aiîaires. ..  vos  bonnes  intentions,  et  la  passion 
que  vous  avés  de  faire  quelque  chose  qui  puisse  estre 
utile  au  service  du  roy,  je  n'ay  point  faict  de  difficulté 


(igni  avait  clé  envoyé  en  Piémont,  en  niiss'on  extraordinaire.  fVov.  une  lettre  du  2c  avril 


A     Madame    de     Che- 
vreuse. 


adressée  aussi  au  cardinal  de  La  Valelte,  t.  VI  ,  p.  3j6.) 

'  Voy.  l.  VI,  p.  285,  une  Ictlrc  au  même,  du  22  février,  dont  quelques  pensées  sont  répétées  ici. 

-  L'instruction  donnée  l  M.  d'Est.'ades ,  daléc  du  28  avril,  est  à  la  page  328  du  même  »olumf. 

'  Le  manuscrit  do  Colbert  et  celui   de  Harlny  portent  cette  noie  marginale  :  .Copie  faite  sur  une  minute  c 


lard  de  la  maîo  de  Cherrc.  » 


brouil- 


NON*  IMPRIMEES  DANS  LE   TOME   VI. 


217 


DATES 

et 

LIEUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES   LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  SOriîCES. 


ra6  avril '. 


A  M.  d'Hémorv. 


1030. 

de  supplier  le  roy  d'adjouster  fov  a  vos  |>aroles  et  de  vous 
donner  la  liberté  de  venir  demeurer  à  Dampierre.  .  .  »  Le 
cardinal  ajoute  que  M™"  de  Chevrcuse  peut  jouir  en  toute 
sécurité  de  la  permission  qu'on  lui  donne  '. 

Copies.  —  Bibl.  irap.  Cinq-Cents  Colbert,  46.  fol.  ao  v°.  — 
Saint-Germain-Hariay,  346,  t.  Il,  p.  27^. — Imprimée. — 
Madame  de  Cheirease  de  M.  Cousin,  p.  3i6. 

Félicitations  sur  le  soin  et  Taffeclion  qu'il  témoigne. . .  Espé- 
rance que  les  Espagnols  recevront  un  anront  devant 
Turin...  Avertir  Madame  du  grand  secours  qu'on  lui 
prépare...  (Ici  sont  répétées  les  informations  données  dans 
les  lettres  analysées  ci-dessus}.  .  .  Diverses  places  doni  il 
est  important  de  s'assurer.  . .  Garnir  Casai  d'argent.. .  Il 
ne  faut  pas  avoir  M.  de  Savoie  en  France,  si  Ton  n'est 
maistre  des  places  par  lesquelles  on  peut  conserver  ses 
estais...  Il  faut  que  Madame  soit  privée  de  sens  si  elle 
n'envoie  le  P.  Monod  en  France...  Il  faut  faire  savoir  au 
cardinal  de  la  Valette  que  tout  est  perdu  si  on  ne  parvient 
à  faire  entrer  les  François  dans  les  places...  M.  de  \overs 
fait  response  a  ce  qui  est  de  l'argent.» 

Minuit  de  la  main  de  Clierrc  (très-raturée).  —  Arch.  des  Aff. 
élr.  Turin,  I.  XXVIII,  fol.  160.  —  Copies,  Rome, 
t.  LXVIII.  —  Bibl.  imp.  Bélhune,  9567,  fol.  131  \°.  — 
Sainl-Germain- Harlay  *,  347,  ^°'*  7^  ^°*  —  Saint-Ger- 
main, 7a3.  —Extrait.  Dtipuy,  767,  cahier  Nd  ^.  — Im- 
primû.  —  Aobery,  t.  IV,  p.  74.  —  Recueil  de  1696, 
p.  i84.  Ilitl.  da  minûtèrt  t/u  cardinal  de  RicktlUa  (pnr  Via- 
lard  ] ,  I.  Il ,  p.  69  da  aupplémcnl. 

Richelieu  lui  envoie  un  mémoire  en  réponse  à  ses  dépêches  : 
«J'attends  un  bon  succès,  dtt-il.  ne  croyant  pas  qu'avec 
quarante  vaisseaux  de  guerre  et  vingt  brusiots  vous  puissiés 
rien  trouver  à  qui  vous  ne  faciès  peur  et  mal  tout  en- 
semble.» Richeliru  ajoute  diverses  recommandations  pour 
fies  travaux  a  faire  à  Brouage  et  à  Saujon. 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XV,  fol.  a4o.  —  Mi- 
nute de  la  main  de  Cherré.  —  Arch.  de  l'Erap.  K ,  i34.  — 
Gayeime,  1"  partie,  1639,  p.  54.  —  Imprimée.  —  Correi- 
pondance  de  Soardît .  t.  II ,  p.  106  (Doc.  ioéd.  iD-4'*)> 

'  A  la  soitc  de  cette  lellre  le»  deux  mânuAcril»  donnent  nne  pièce  dont  voici  le  titre  :  «Déclaration  do  Du  Dorat  et 
Boispilé  que  M""*  de  Chevrcu»e  ,  estant  en  France  ,  n'aura  communication  directement ,  01  iudirectenient  avec  les  cstran- 
ger»,  et  de  ne  point  venir  à  Paris  connne  ou  inconnue.  —  Ru«l ,  12  avril  lÔSg.  ■  (Original.)  —  Cet  engagement  que 
Bicbeliru  «'était  fait  donner  à  l'avance  par  les  deux  agents  n'engageait  guère  une  femme  telle  que  M"*  de  Clicvreusc  ; 
il  eut  du  moins  un  effet  que  peut-être  Richelieu  avait  prévu  et  désiré  ,  le*  conditions  déplurent  à  M""*  de  Chevreuso  et 
elle  ne  revint  pa^  en  France. 

^   Les  deux  maDuscrils  mettent  cette  annotatiou  :  •  Minute  originale  de  la  main  de  Cbcrré.  > 

'  La  pièce ,  qui  n'est  point  datée,  a  été  cUssée  dans  te  manuscrit  des  Aiïairea  étrangères  au  39  avril  ;  c'eat  un  classe- 
ment inexact ,  elle  a  été  écrite  le  mardi  36  ,  c'est  comme  une  continuation  de  la  dépêche  adressée  ce  jour-là  à  d'Hémery 
(t.  VI ,  p*  33i  ) .  à  la  fin  de  laquelle  on  lit  que  le  cardinal  fait  réponse  à  la  lettre  de  M.  d'Hcmery,  du  a  1  ;  elle  ne 
peut  avoir  été  écrite  plus  tanf,  puisqu'il  y  est  dit  que  M.  de  Loogucville  devait  partir  le  mercredi;  cependant  il  ne 
partit  que  le  jeudi  28  ;  la  Gazette  du  3o  ,  en  annonçant  ce  départ,  dit  :  b  Le  roi  alla  ,  le  a6  ,  tenir  conseil  à  Ruel ,  d'où 
Son  Em.  pstoit  venue  en  cette  ville  le  jour  précédent ,  afin  de  presser  de  tout  son  pouvoir  le  secours  d'Italie  ,  pour  lequel 
on  n'obmet  ni  soin  .  ni  de^pense  aucune.  ■ 

*  L'écrivtio  du  manuscrit  de  Harlay  ne  aavait  pas  à  qui  cette  dépèche  était  adrcsaée,  il  a  écrit  en  marge  :  «Copie 

OD  pluitoftt  brouillard  d'une  lettre  de  M.  le  cardinal  de  P.ichelien ,  à écrit  de  la  main  de  son  secrétaire  Cherré. 

—  Un  autre  annotateur  a  ajouté  :  «Je  croy  qae  c'eat  ao  aienr  d'Hcmery,  Manu ,  ut  ai'anf ,  D.  Maclovient.  epUc.  ■  On  ne 
voit  pas  ce  que  l'cvéqae  do  Saiot-Malo  avait  •  faire  ic'. 

5   Voy.  t.  Vi  ,  p.  66,  note  î. 


37  avril. 
Ruel. 


A  Mons.  rarc]icves<|u 
de  Bordeaux. 


CARDIN.  DE  niCHELlEC. —  VII. 


28 


218 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


LIEUX  DE  D;1TES. 


SLSGKIPTION 

DES  LETTItES. 


1039. 
28  avril  '. 


28  avril. 


Idem. 


Iden. 


Mémoire  pour  respou- 
dre  aux  dépesches  de 
M.  rarclievesquc  de 
Bordeaux. 


Mémoire  pour  M.  l'am- 
bassadeur de  Savoie. 


A  M.  de  Chavigny. 


A  M.  de  Cbarost. 


ANALYSES  DKS  LETTRES 


ET  ftOCBCES. 


Les  détails  de  celte  campagne  de  mer  et  des  préparatifs  pour 
un  siège  de  Fontarabie  ne  se  comprendraient  pas  dans  une 
analyse.  Nous  ne  pouvons  qu'indiquer  la  pièce. 

Orig.  —  BibL  >'"P-  Suite  de  Dupuy,  t.  XV,  fol.  227.  — 
Copie.  —  Bcthuue,  93/11,  foL  81  et  gSig  ,  foL  147.  — 
Minute  de  ta  main  de  Clierrë.  —  Arcli.  de  l'Emp.  K,  i34. 
Guyenne,  l"""  partie ,  )63g  ,  p.  ^9,  pièce  178.  —  Imprimée. 
Correspondance  de  Soardit ,  t.  Il ,  p.  lOJ. 


«J  ay  veu  le  mémoire  de  M.  l'aniLassatleur  qui  contient  tout 
ce  qui  se  peut  et  doit  faire,  tant  pour  le  secours  de  Turin 
que  pour  le  salut  du  Piedmont...»  Uichclicu  recommande 
surtout  qu'on  ne  mette  aucun  relard  à  faire  entrer  les 
Français  dans  les  places  et  à  les  pourvoir. 

Minute  de  la  main  de  Cherrc.  —  Ârcb.  des  AîT.  étr.  Tarin  , 
l.  XXVIII,  foi.  356.  —  Copie».  —  Rome,  t.  LXVIIL  — 
BibL  Imp.  BélhuDe,  9267,  foL  i36.  —  Saint -Germain - 
Hariay,  Zl\'],  foL  80  v".  —  SaiiH-Gcrmain ,  173.  —  Im- 
priincc.  —  Aubery,  IV,  p.  80.  —  Recueil  de  1696,  t.  I  , 
p.  186. 


Richelieu  lui  envoie  le  mémoire  dressé  par  M.  de  Saint-Mau- 
rice, en  lui  recommandant  de  faire  l'impossible  pour  assurer 
etliàler  l'exécution  :  «Je  vous  avoue  que  l'estat  des  aOaires 
du  Piedmont  me  tue..'(  M.  de  Longueville  part  demain... 
On  apourvu  à  l'argent . .  On  fera  l'impossible. . .  En  même 
temps  que  toutes  les  troupes  du  roy  passenl  en  Italie,  faites 
faire  des  recreues  en  Dauphiné,  Lyonnois,  Auvergne  et 
provinces  adjacentes, . .  Au  nom  de  Dieu  faites  pourvoir  au 
mémoire  de  M.  de  Saint-Maurice...» 

Minute  de  la  main  de  Richelieu.  Arcli.  des  Aff.  étr.  Turin, 
t.  XXVIU,  fol.  a6-j.  —  Copies.  —  Rome,  t.  LXVIIL  — 
Bibi.  imp.  Bctliune,  9267,  foL  i37  v".  —  Saint-Germain- 
Harlay,  3^7,  fol.  81  v".  —  Saint-Germain,  733.  —  Im- 
primée. —  Aubery,  IV,  p.  81.  —  Recueil  de  1696,  t.  1, 
p.  187. 


Les  Espagnols  ont  cliargé  des  troupes  d'infanterie  sur  des 
vaisseaux  anglois  pour  débarquer  a  Dunkerque,  comme  si 
c'estoit  de  la  marcliandise  ordinaire,  contre  les  lois  de  la 
neutralité...  Cette  marchandise  est  bien  pire  que  celle  de 
contrebande. . .  Avertissez  en  toute  hâte  le  vice  admirai  qui 
commande  la  Qotte  de  M"  les  Estais,  ahn  qu'il  observe 
soigneusement  le  passage  de  tous  les  Anglois... 

Minute  de  la  main  de  Cbcrré  et  de  celle  du  cardinal.  —  Arcb. 
des  Ad.  êlr.  France^  i63g.  Supplément,  fol.  109. 


'  L'original  n'est  point  daté  ,  non  plus  que  les  copies.  On  a  mi»  en  têle  de  la  minute  :  «  28  avril  ;  »  c'est  sans  doute  le 
jour  de  l'envoi ,  car  la  lettre  précédente  donne  la  date  du  27.  L'édilcur  de  la  correspondance ,  qui  n'avait  pas  la  mi- 
nute ,  sans  faire  attention  que  la  Icllre  d'einoi  donnait  la  date  ,  a  placé  ce  mémoire  À  la  iîn  de  mars. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  TOME  VI. 


219 


LIECX  DE  DITES. 


1639. 
29  avril. 


29  avril. 
Rael. 


29  avril. 

Du  cabinet  du  roy 

à  Saint-Germain 


3o  avril. 


SUSCRIPTIOX 


DES   LETTliES. 


A  M.  de  Cliavignv  ' 


A    M.    le    cardinal    d( 
La  Valette. 


ANALYSES  DES  LETTHES 
ET  souncES. 


«Je  vous  escris  si  amplement^  par  Gardon,  voslre  commis, 
qu'il  ne  me  reste  autre  chose  a  vous  dire  sinon  que  j'estime 

3u'il  est  très  à  propos  def.iire  sortir  le  nonce  de  Turin,  et 
'animer  de  telle  sorte  M.  le  comte  Philippe  qu'il  ne  puisse 
porter  Madame  à  faire  un  mauvais  accord  avec  ses  frères, 
dans  lequel  elle  trouveroit  indubitablement  sa  perte  as- 
seurée...  Faites  entrer  des  poudres  dans  Turin...» 

Minute  de  ta  main  de  Cherré.  —  Arcli.  des  Aff.  élr.  Turin  , 
t.  XXVIII,  fol.  a58.  — Copies.  —  Romo,  t.  LXVIil.  — 
BibL  imp.  Bélliunc,  9267,  jot.  139.  —  SBint-Germain- 
Harlay  ',  3/i6  ,  fol.  8a  v".  —  Saint-Gerraain  ,  •jiS,  —  Im- 
primée. —  Hist.  du  minitthre  dt  Richelieu  (par  Vialard], 
t.  II ,  p.  80  du  Siipplémont.  —  Aubery,  t.  IV,  p.  8a 
et  dans  ie  Recueil  tte  iGgÔ,  p.    186, 

Esp(^raoce  que  les  ennemis  de  Madame  ne  lui  feront  pas  tout 
le  mal  qu'ils  lui  veulent  faire.  .  .  M.  de  Guiche  assemble 
des  troupes  aux  environs  de  Pignerol.  M.  de  Longueville 
est  parti  ce  matin  on  poste,  il  aura  iOtOoo  hommes  de 
piea  et  2,000  chevaux;  ordre  est  donné  au  s'  de  Lamotle 
Iloudancourt  de  s'en  aller  promptement,  et  on  a  dëpesché 
le  marquis  de  Villeroy. ..  On  a  pourvn  à  tout  l'argent  que 
M.  d'Hémcry  a  demandé.  M.  ae  Chavigny  a  été  envoyé 
extraordinairement  auprès  de  Madame;  il  a  ordre  de  se 
concerter  avec  vous...  On  fera  icy  l'impossible  pour  res- 
tablir  les  atl'aires  du  Piedmont...  On  compte  sur  vostre 
zèle  et  vostre  afiection. 

Orig.  —  Arch.  des  AfT.  étr,  Turin,  t.  XXVIII,  fol.  aSg. 

«Ces  trois  mots  sont  pour  vous  asseurer  qu'on  faict  l'impos- 
sible pour  seconder  vostre  générosité  et  secourir  Madame, 
ce  que  j'espère  qui  sera  bientost»  selon  que  M.  le  marquis 
de  S'  Chaumont  vous  dira  particulièrement...  Si  j'estoîs 
ca[)able  de  servir  Madame  en  personne,  je  serois  fort  heu- 
reux d'esire  auprès  de  vous  à  cet  effecl. . .  '.  » 

Original  autographe.  —  BifaL  imp.   Danuvi  538,  p.  137. 

«Monsieur,  estant  de  ceux  qui  désirent  plustost  servir  ceux 
qu'ils  honorent  que  de  leur  faire  sçavoir  par  autre  voye  que 
celle  des  effects ,  je  m'cxemptcrois  volontiers  de  vous  donner 
advis  de  l'abbaye  dont  il  plaist  au  roy  de  gralilier  Vostre 
Eminence,  si  je  n'estois  obligé  de  luy  iairc  cognoistre,  par 
mesroe  moyen,  avec  quel  contentement  S.  M.  a  pris  cette 
occasion  de  Inv  lesmoigner  sa  bonne  volonté...» 

Minute  de  la  moin  de  Citoy».  —  Arch.  des  Aff.  ^tr.  France, 
1639.  Sapplemeot,  fol.  111. 


'  Le  ntanoscrtt  des  Affaires  étrangères  ne  donne  point  de  suscriplion  ,  mais  Chavigni  eltit  iitors  en  mission  extraor- 
dinaire en  Italie. 

'  Les  trois  imprimés  ont  refait  la  première  phrase  :  «Je  von»  ay  escrit  simplement  par  Gardon  ,  vostre  commis,  il 
ne  me  reste..  .  ■  et  tons  trois  ont  supprimé  le  mot  ■•s>eurée>.  . 

'   En  marge  de  la  copie  de  Harlay  :  •  Manu  Cherré  secret,  dd,  cardinalis  d$  R>» 

*  Après  avoir  dicté  ta  lettre  prcrédente  à  Cherré,  le  cardinal  a  voulu,  pour  lui  donner  plus  d'.iutorité,  ajouter  ce 
billet  de  sa  main. 

28. 


Idem. 


A   M.  te  cardinal    An- 
toine. 


220 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


LIEUX  ME  DATES. 


SUSCÏUPTIOX 


DES  LETTRE». 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


1039. 
3o  avril. 


A  M.  le  mareschal 
d'Estrées. 


3o  avri}. 

Saint-Germain- 

en-ï.avc. 


Le  roy  à  M.  d'Avaux. 


Jdem. 


Instruction    pour   le   s' 
comte  de  Guébriant. 


[Versleaoavrii'. 


Insti-uctiou  à  M.  le 
comte  d'Harcourl , 
commandant  l'armée 
navale  du  roy  en  Le- 

vanl. 


Richelieu  lui  envoie  la  lettre  pour  le  cardinal  Antoine;  il 
n'ajoute  rien ,  M.  de  Chavigni  ayant  écrit  au  maréchal  tout 
ce  (ju'on  a  fait  pour  le  contentement  du  cardinal  Antoine, 
au  sujet  de  ses  pensions  et  de  l'abbaye  de  Saint-Evrou  que 
le  roi  lui  donne. 

Minute  de  la  main  de  Gîtoys.  —  Archives  des  Aff.  étr.  France  , 
i63g.  Supplément,  fol.  iii. 

Il  s'agit  de  traiter  avec  la  couronne  de  Suède  pour  entretenir 
en  Westpbalie  une  armée  suédoise.  —  Si  les  Suédois  n'en 
peuvent  faire  les  frais,  le  roi  veut  bien  continuer  le  sub- 
side jusfiues  à  3oo,ooo  livres.  L'armée,  dont  on  détermine 
la  composition  ,  sera  au  service  commun  des  deux  cou- 
ronnes et  le  serment  sera  prêté  aux  deux  par  les  géné- 
raux. . .  —  Le  roi  envoie  des  pouvoirs  à  M.  d  Avaux. 

Copies.  —  Bîbl.  imp.  Cinq-Cents  Colbert ,  i6 ,  fol.    807  v"  ', 
Bclhunc  ,  9266  ,  fol,  79. 

M.  de  Guébriant,  commandant  les  troupes  du  roi  sous  M.  le 
duc  de  Weymar,  est  chargé  de  négocier  avec  ce  duc  au 
sujet  de  la  demande  qu'il  a  faite  à  Sa  Majesté ,  par  le  baron 
d'Erlach ,  général  major  de  son  armée,  de  conserver  en 
ses  mains  la  ville  de  Brisach,  comme  une  place  d'armes 
pour  son  armée.  Sa  Majesté,  considérant  que  cette  con- 
quête a  été  faite  avec  le  concours  des  troupes  du  roi  et  avec 
l  aide  des  subsides  de  la  France ,  «  trouve  bon  qu'il  garde 
lirisacli  et  les  autres  places  qu'il  tient  à  présent...  sous 
cette  condition  que  le  duc  déclarera  par  écrit  (|u'il  les 
tient  sous  l'autorité  de  Sa  Majesté ,  sans  qu'il  puisse  y  être 
admis  aucune  force  que  par  le  consentement  exprès  de 
Sa  Majesté...  Le  roi,  voidîmt  d'ailleurs  lui  témoigner  de 
plus  en  plus  sa  bonne  volonté,  lui  accorde  la  somme  de 
3oo,ooo  livres  d'extraordinaire,  outre  les  subsides  stipulés 
par  les  précédents  traités.  Sa  Majesté  lui  fait  témoigner 
qu'elle  a  une  entière  satisfaction  de  sa  conduite  et  qu'elle 
approuve  pleinement  les  opérations  (|ui  lui  ont  été  pro- 
posées par  le  s'  d'Erlach ,  de  la  part  du  duc  ^. 

Arch.  des  Art',   étr.  Saxe,  t.  II,  pièce  81.  —  Mise  au  net.  — 
Copie.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Colbert ,  46,  fol.  376  v". 

L'armée  s'assemblera  dans  la  baie  de  Toulon  avec  telle  dili- 
gence que  dans  le  mois  de  may  elle  puisse  faire  voile. . . 
M.d'Harcourt  se  mettra  en  relation  avec  les  généraux  de 
l'armée  de  terre.. .  Plan  des  opérations  a  faire  sur  les  côtes 
d'Espagne...  Empêcher  que  l'ennemi  ne  secoure  le  Uous- 
sillon. . .  Vers  le  mois  de  juin  ou  de  juillet ,  si  le  Languedoc 


'  Le  manuscrit  met  en  luargc  :  «Copie  Daridot.  >  Nos  manuscrits  nomment  quelquefois  ainsi  l'un  des  premiers  com- 
mis des  Affaires  étrangères,  Darîdol  ;  la  rédaction  de  la  pièce  dont  Richelieu  avait  donné  la  matière  appartient  sans 
doute  à  Chavigni,  .  , 

'•^  Comme  po|ir  la  pièce  ci-dessus,  le  développement  de  la  pensée  de  Richelieu  est  l'œuvre  du  secrétaire  d'Etat  des 
Affaires  étrangères. 

'  Le  manuscrit  ne  donne  que  le  roitlésîme,  mais  le  comte  d'Harcourt  quitta  Pari»  nn  peu  après  le  ?.o  avril ,  c'est  la 
date  approximative  de  cette  instruction,  qui  a  dû  être  rédigée  par  le  aecrétairc  d'Etat.  Mais  Hirrheliou  qui,  en  sa  qua- 
lité de  grand  maître  do  la  navigation,  s'occupait  avec  nn  soin  particulier  des  affaires  de  la  mer,  en  a  donné  la  matière. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  TOME  VI. 


221 


DATES 


LIEUX  DE  DATES. 


SUSChlPTlOS 


DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   SOOttCES. 


1639. 


[Vers le  loavril'. 


Méoioiro  particuJier  à 
iM.  le  comte  d'Har- 
court. 


t"  mai. 

i;uçi  '. 


Au  duc  de  Wcvmar. 


n'est  pas  attaqué,  les  vaisseaux  ronds  pourront  passer  eu 
Alger  pour  y  exécuter  les  ordres  du  roj  donnés  la  précé- 
dente année...  et  au  mesme  temps  les  galères  viendront 
aux  isles  Sainte-Marguerite,  fwur  empesclier  les  commu- 
nications des  ennemis  entre  l'Kspagne  et  Gênes 

Copie.  —  Bibl.  imp.  Saînl-Germain-Harlay,  3^7,  fol.  563. 
—  Autre  copie  au  fol.  58g  >  avec  do  légères  variantes. 

«Parce  que  les  Génois,  après  avoir  faict  Tannée  passée  dos 
promesses  spécieuses  au  d.  s'  comte  d'Harcourt ,  de  satis- 
faire le  roy  sur  le  sujet  de  la  galère  la  Patrone  d'Espmjne , 
qu'ils  retenoient  dans  leur  port,  et  ont  depuis  rendue  aux 
Espagnols. . .  Le  d.  s"^  comte  cherchera  l'occasion  de  prendre 
sa  revanche  d'un  tel  manquement,  et  s'y  conduira  avec 
tant  d'adresse  que  nul  ne  puisse  cognoistre  son  dessein, 
qu'après  qu'il  aura  faict  quelque  coup  important,  soit  en 
prenant  quelque  vaisseau  dont  la  charge  soît  considérable, 
soit  en  prenant  quelcjue  galère  d'Espagne,  nonobstant  les 
escortes  qu'elles  pourroient  avoir  de  celles  de  la  république 
de  Gênes.  »  —  Le  mémoire  trace  la  conduite  que  doit  tenir 
le  comte  d'Harcourt  et  indique  certains  moyens  d'exécution. 

Copie.  —  Bibl.  inip.  Saint-Gerraain-Harlay,  347,  fol.  564  , 
et  au  fol.  591,  autre  copie  avec  des  variantes  sans  impor- 
tance. —  Kxtiait.  —  Dupuy,  767,  cahier  Vv,  (Voy.  l.  VI , 
p.  56 ,  uote  3.) 

Le  colonel  d'Erlach  lui  porte  des  témoignages  particuliers 
de  l'aiTection  et  de  la  confiance  du  roi  ;  le  colonel  est  si 
bien  instruit  de  toutes  les  affaires,  que  Richelieu  se 
borne  a  exprimer  au  duc  son  ressentiment  de  l'affection 
dont  M.  d'Erlach  lui  a  donné  l'assurance  de  la  part  de 
Son  Altesse.  Richelieu,  de  son  côté,  n'oublie  rien  pour 
porter  le  roi  à  assister  puissamment  le  duc  dans  l'exécution 
de  ses  desseins,  dont  le  succès  est  assuré  avec  l'aide  du 
roi.  —  Compliments  sur  la  réputation  et  la  gloire  qui 
récompensent  les  exploits. 

Copies.  —  Bibl.  iiup.  BélbuDe,  937c) ,  foi.  63. —  Ciaq-Cents 
Colbert,  A6 ,  fol.  Syi  v".  —  Saiçt-Gerroain-Harlay,  346, 
t.  II,  p.  699». 

n  Bien  que  je  vous  ayc  escrit  amplement  depuis  deux  jours. . . 
Je  ne  laisse  de  vous  envoyer  ce  courrier  exprès  pour  donner 
une  dernière  bénédiction  à  vostre  armée ,  a  l'heure  de  son 
partement,  à  latjuclle  cette  lettre  arrivera,  à  mon  avis.» 
—  Suivent  divers  renseignements  et  conseils  :  les  vaisseaux 
d'Espagne  ne  sont  pas  réunis  à  ceux  de  Dunkerque. . , 
L'Espagne  est  dans  un  grand  étonnement  de  votre  arme- 
ment. . .  C'est  à  la  Corogne  que  se  fait  l'amas  de  leurs 
vaisseaux...  Si  vous  prenez  pied  en  quelque  lieu,  l'argent 
que  vous  désirerez  sera  à  la  Roclielfc  aussitost  que  vous 


^    M^iiic-  oLservatioQ  que  pour  la  date  de  la  pièce  prccéJeQte. 

^  Le^  maDuscrits  de  Colbcrt  et  de  Harlay  dooneot  h  cette  pièce  la  date  du  3o  avril.  11  y  a  entre  les  divers  maaus- 
crit^  'les  variaotes  sans  importaac«. 

'  Ce  manuscrit  met  en  note  tjue  sa  copie  e«t  fait«  »ur  un  original  de  la  maïn  de  Cherré. 


idem. 


A  M.  I'archeves<|ue  de 
Bordeaux ,  général  de 
l'armée     naval*'     du 

roy. 


222 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 

el 

LIErX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

KT  SOUBCRS. 


1639. 


2  mai. 
Ruel. 


A  M"  les  Estais. 


I    may. 
Ruel. 


A    M.   le   comte   d'Es- 
trades. 


l'aurez  mandé..,  «Faites  donc  voile  au  plus  tost  avec  la 
coniiance  que  vous  devés  avoir  en  Dieu,  en  la  bonne  for- 
tune du  roy  cl  eu  ta  vostrc,  et  asseurés  toute  l'armée,  en 
leur  disant  adieu  de  ma  part,  que  je  serav  ravy  de  faire 
valoir  leur  bonne  ucllon  auprès  du  roy.. . 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XV,  fol.  aid-  —  Im- 
prïtncc.  —  Correspondance  de  Soardîs .  II,  107  (Docum. 
inéd.  in-ii'']. 

Le  cardinal  répond  a  une  dépêche  de  M"  les  Estais ,  que  sur 
la  parole  que  M.  d'Estrades  a  apportée  au  roi,  que  l'armée 
de  Hollande  entrerait  en  campagne  au  i"  mai  précis, 
l'armée  du  roi  y  est  entrée  ponctuellement  ce  dit  jour. 
Sa  Majesté  s'étonne  des  difficultés  que  présentent  M"  les 
Estais  et  réclame  l'exécution  de  leurs  engagements,  le  roi 
ayant  rempli  les  siens. 

Orig.  —  Arch.  des  Aff.  clr.  Hollande,  t.  XXI,  pièce  7^  '.  — 
Copies.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Colbert ,  t.  LXVl  ; 
fol.  ifro  v".  —  Saint-Germaiu-HarJay,  3^6,  1.  II,  p.  277  ^. 

...Il  est  arrivé  aujourd'hui  un  courrier  de  M"  les  Estais, 
apportant  de  nouvelles  propositions,  quelques-unes  con- 
traires à  celles  de  M.  le  prince  d'Orange;  ils  parlent  d'en- 
trer en,  campagne  le  1 5  mai. . .  M.  d'Estrades  n'oubliera  rien 
pour  que  les  engagements  pris  soient  exécutés,  el  pour 
presser  les  Estais  de  mettre  leur  armée  en  campagne,  si 
elle  n'y  est  déjà. 

Orig.  —  Arch.  dos  Aff.  ctr.  Hollande,  t.  XXI,  pièce  75.  — 
Copies.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Ccnta  Colbert,  46,  fol.  63.  — 
Saint-Germain-Harlay,  346 ,  l.  11 ,  p.  278.  —  Mêmes  anno- 
tations que  pour  la  pièce  précédente. 

M.  e  comte  avait  envoyé  un  gentiiliommc  pour  s'informer 
des  nouvelles  de  la  santé  du  roy.  Richelieu  écrit  une  lettre 
de  compliments  au  nom  du  roi  et  en  son  propre  nom,  pour 
rendre  grâces  au  prince  «des  tesmoignages  que  vous  avés 
eu  agréable  de  me  donner  de  vostre  souvenir.» 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Fontette,  portefeuille  îj,  pièce  84. 

Protestations  d'estime  pour  sa  personne  et  son  mérite.  — 
C'est  une  simple  lettre  de  compliments. 

Orig.  —  Bibl.  imp.  de  Saint-Pétersbourg.  Communication  de 
M.  Léouzon  le  Duc. 

Ëtonnement  de  ce  qu'il  ne  se  prépare  que  pour  le  mois  de 
juin  à  entrer  dans  le  pays  ennemi;  c'est  donner  tout  le 
temps  que  les  ennemis  peuvent  désirer  pour  rendre  cette 
entrée  inutile.  Qu'il  se  diligente  et  fasse  paroistre  ce  qu'il 
vaut.  —  On  n'a  pas  été  content  ici  du  retard  apporté  aux 
recrues  d'Italie;  «cela    donne  lieu    À  beaucoup    de   per- 


'  En  tjte  de  cet  original  de  la  main  de  Cherrc,  on  lit  :  «Duplicata.  • 

^  Les  copies  de  Colbert  et  de  Harlay  mettent  en  note  :  ■  Sur  un  original  de  la  main  de  Cherré. 


o  may. 
Ruer. 


6  mai. 
Ruel. 


9  mai. 


A  M.  le  comte. 


Au   chancelier    Oxens- 
tiern. 


A  M.d'AUuin. 


NON  IMPRIMÉES  DANS  LE  TOME  VI. 


223 


DATES 


LIEUX  DE  DATES, 


SUSCBIPTION 

DES  LETTRHS. 


ANALYSES   DES  LETTRES 

ET    SOURCES. 


1039. 


9  mai. 


A  M.  d'Arg encourt. 


Idem. 


Idei 


Idem. 


A  M,  (TArpajon. 


A    M.    le    marquis    di 
Sourdis. 


A  M.  <l*KspciiaD. 


sounes  de  philosopher  sur  vos  aclioDs.  Au  nom  de  Dieu 
réparés  le  [>assé  par  l'avenir.  » 

Copit^s.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Coibert,  45,  fol.  370.  — 
Saint-Gormein-Harlay,  346,  t.  I,  fol.  377.  «D'après  une 
inioute  (le  la  main  du  chirurgien  du  cardinal.»  Note  mar- 
ginale du  manuscrit  de  Colbert  ;  celui  de  Harlay  met: 
■  D'après  une  mîuute  de  Chirurgien.  ■ 


«Vous  scavés  sy  Lien  tout  ce  qu'il  l'aut  faire,  et  tout  ce  que 
ratrectiou  que  je  vous  porte  m'oblige  de  vous  faire  co- 
gnoistre  quon  trouvoit  a  redire  en  voslre  procédé,  qu'il 
ne  me  reste  qu'à  vous  prier  d'eu  tirer  profit.  —  Au  nom  de 
Dieu,  faites  paroistre  ce  que  vous  valés  et  vous  as- 
seurés,  etc.» 

Copies. —  Bibl.  imp.  —  Cinq-Cents  Coiberl ,  45  ,  fol.  ajo  v", 

—  Saiat'Germain-Harlay,  346,  t.  I,  fol.  377  v"  '. 

«Je  vous  conjure  de  faire  voslre  profit  de  ce  que  je  vous  ay 
dit  avant  vostre  parlement:  faites  paroistre  ce  que  je  sçay 
bien  que  vous  valés,  Appliqués-vous  à  des  desseins  qui 
puissent  réussir;  vives,  pour  Tamour  de  moy,  eu  si  bonne 
intelligence  avec  le  monde,  qu'on  ne  puisse  dire  que  les 
courages  gascons  sont  aussy  difficiles  qu'ils  sont  relevés.» 

Copies.  —  Bibl.   imp.  Cinq-Cents  Colbert,  t.  45,  fol.  270  v". 

—  Saiot-GeimaiQ'Harlay,  346,  i.  I,  fol.  377  v*. 

"  Mon  cher  marquis,  vostre  capacité  m'empcschc  de  vous  ins- 
truire de  loin  <Ie  ce  que  vous  avé^  à  faire...  Pré  parés- vous 
a  ce  c[uc  vous  devés  laire,  vous  et  M.  de  Bordeaux ,  quand 
il  sera  de  retour  de  son  voyage...  Faites  cognoistre  ce  que 
vous  estes  à  tout  le  monde. . .  J'espère  que  M,  de  Bordeaux 
rendra  cette  année  le  nom  de  Sourdis  si  célèbre  <jue  le 
bruit  en  frappe  et  pénètre  les  oreilles  des  plus  sourds.  » 

Copies.  —  Bibi.  imp.  Cioq-Cents-Colbert ,  45,  fol.  370  v". — 
Saînl-Germain-Harlayi  346,  t.  I,  fol.  377  v". 


«...Je  vous  avoue  que  le  roy  et  ses  serviteurs  sont  extresme- 
ment  fasciiés  de  ce  que  M.  le  Prince  se  met  si  tard  à  la  cam- 
pagne.. .  Je  vous  ])rtc  de  faire  ce  que  vous  pourrés  pour 
rcscbaufler  et  Taniuier  à  agir  diligemment...  Je  ne  doute 
pas  que  vous  ne  fasciés  cognoistre,  au  lieu  où  il  vous  mè- 
nera ,  vostre  ardeur,  vostre  diligence  et  voslre  courage  tout 
ensemble ...» 

Copies. —  Bibl,  imp.  Cinq  Cents  Colbert ,  45,  fol.  271.  — 
SaÎDt-Gcrraain-Barlay,  346,  t.  I,  fol.  378. 


\ns.  soQTces,   rodnK  annotation  qu'ù  la  lettre   adressée  à  M.  d'Halluin  (p.  :i-Ja),  ainsi  que  pour  les  trois  lettres 


qui  siiivcut  cel 


ille-ci 


224 


SOMMAIRES   DES   LETTRES 


DATES 


LIEDS  DE  DATES 


SUSCRIPTION 
DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 
F.r  socnCEs. 


1639. 
9  mai. 


A  JM.  d'Air.-. 


Vers  la  mi-mai?] 


Au  cardinal  Antoine 


A  M.  le  Prince. 


«...Je  vous  prie  d'animer,  autant  que  vous  pourrês,  M.  le 
Prince,  et  de  faire  en  sorte  que  rien  ne  manque  de  ce  qui 
dépendra  de  vos  soins.  Je  me  promets  que  de  qucl([ue  costé 
que  M.  le  Prince  porte  son  attaque ,  vous  aurés  pourveu 
aux  pinasses  ou  barques  nécessaires  pour  porter  les  vivres 
et  les  munitions.»  Félicitations  sur  ce  qu'il  a  déjà  fait. 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Cioq-Cenls  Coibert,  àb ,  fol.  571  v".  — 
Soint-Gcrmain-Harlay,  Z&S ,  t.  I,  fol.  578  v"  '. 

Satisfaction  de  LL.  MM.  pour  l'envoi  de  M.  Martinozzi',  qui 
s'en  retourne  en  Italie;  personne  ne  pouvait  leur  être  plus 
agréable.  —  Richelieu  remercie,  en  son  nom,  le  cardinal 
Antoine  «du  beau  préscntw  qu'il  lui  a  envoyé  par  M.  Mar- 
tinozzi. 

linpriraée.  —  Histoire  de  Mazarin .  par  Aubcry,  t.  I ,  p.  76.  — 
Dans  les  mémoires  poor  l'hisloire  da  cardinal  de  Richelieu  , 
par  le  mcinr,  t.  V,  p.  5à&.  —  Recueil  de  1696,  t.  II, 
p.  i58.  « 

Richelieu  n'a  rien  à  ajouter  à  la  lettre  qu'il  a  envoyée  il  y  a 
deux  jours  par  Mayoia  (voy.  t.  VI,  p.  3i5);  seulement  il 
l'invite  à  agir  diligemment ,  afin  de  surprendre  l'ennemi. . . 
Il  est  bien  aise  (|u'ils  se  soient  rencontrés  sur  la  pensée  du 
Boussillon...  «Tout  est  en  vostre  disposition;  c'est  à  vous 
à  exécuter  diligemment  vos  résolutions  et  à  moy  a  faire 
valoir  auprès  du  roy  vos  serv^iccs  et  vos  actions.» 

Copies.  —  Blbl.  imp.  CiD^-Ceots  Colbert,  45»  fol.  374  n".  — 
Saint-Gennain-Harlay,  346,  t.  I,  fol.  379  v"  ■'. 

Vostre  lettre  du  6  may  se  réduit  à  quatre  points  :  1°  incon- 
vénient des  armements  des  vaisseaux  qui  vont  en  course; 
je  crois  comme  vous  qu'il  le  faut  éviter  à  l'avenir.  —  2"  In- 
justice qu'éprouvent  les  capitaines  dans  la  livraison  qu'on 
leur  fait  des  poudres,  M.  de  Noyers  escrit  aux  commissaires 
a  ce  sujet.  Il  a  donné  ordre  au  s""  Lequeux  de  vous  fournir 
à  Marseille  celles  dont  vous  avés  besoin.  —  3"  Si  un 
6'^  bruslot  vous  est  nécessaire,  on  escrit  à  Lequeux  de  le 
faire  fournir.  —  /i"  Je  juge  avec  vous  qu'il  est  à  pjropos  que 
vous  ayés  des  fonds  extraordinaires,  M.  de  Noyers  escnt  à 
M.  Lequeux  qu'il  fasse  satisfaire  aux  ordres  que  vous  don- 
neriez. 

Copie,  —  Bibl.  imp.  Saint ^erinain-Harl-iy,  347»  '^'^L  -^96  •. 


'   Aux  sources,  iiiérae  annotatiou  qu'à  la  lettre  à  .M,  d'Halluin,  (p.  333). 

*  Martinozzi,  tcau-frère  de  Mazarin,  avait  été  envoyé  par  le  pape  pour  faire  un  compliment  sur  la  naissance  du 
Dauphin.  Aubery  dit,  à  ce  sujet,  «qu'on  ne  pouvoit  pas  dénier  au  roy  très-chrétien,  fils  aîné  de  ï'é^ise,  quelque  dis- 
tinction et  quelque  prérogative ,  »  et  que  le  Saint-Père  voulut  ajouter  cette  mission  spéciale  à  celle  du  nonce  chargé , 
eelon  l'usage,  d'apporter  les  langes  bénits-  —  Les  imprimés  ne  nous  donnent  point  de  date.  Nous  voyons,  par  une 
lettre  de  Mazarin  à  Chavigui,  écrite  de  Rome  le  19  mai  (AflT.  ctr.  Rome,  t.  LXV),  qu'à  ce  moment  M.  Martinoiiï 
était  attendu  à  Civîta-Vecchia  ;  ce  qui  mettrait  son  départ  de  Paris  vers  le  lo  mai;  mais  n'était-il  pas  bien  tard  poor 
remercier  d'une  politesse  faite  depuis  six  ou  sept  mois  peut-être  qu'avait  eu  lieu  la  venue  do  Martinoizi  ?  Pourtant  l'on 
ne  peut  guère  napposer  que ,  dans  cet  intervalle ,  il  ait  fait  deux  fois  le  voyage  de  Rome  à  Paris.  Au  reste  une  date  ici 
est  sans  importance  et  nous  ne  nous  en  occuperions  pas,  si  ce  n'est  l'obligation  où  nous  sommes  de  donner  à  celle 
lettre  sa  place  dans  l'ordre  chronologique. 

^  «  Minute  de  la  main  de  Cherré.  >  Note  des  deux  manuscrits. 

^  A  la  marge  du  manuscrit  :  ^Minute  originale  de  la  main  de  M.  de  Noyers.  ■ 


A  M.  le  comte  d'Har- 
courl. 


NON   IMPRIMEES  DANS  LE  TOME  VI. 


225 


DATES 


MEtrX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  SOURCES. 


Instruction  donné*;  au 
s'de  Vilio". 


A  M.  d'Estrades. 


i<;  mai. 
Ruel. 


1639. 

12  mai.  Instruction  donné»;  au     En  supposant  la  sincérité  des  sentiments  que  le  duc  de  Lor- 

raine a  fait  témoigner  au  roi  par  le  s'  de  Ville,  Sa  Majesté 
pourrait  consentir  à  remettre  le  duc  en  ses  états,  à  Tune 
des  deux  conditions  suivantes  :  La  remise  de  Nancy  en 
dépôt  entre  les  mains  du  roi,  pour  dix  ans, après  la  paix, 
avec  la  cession  du  Barrois  et  de  plusieurs  places;  ou  la 
cession  à  perpétuité  de  Nancy  et  des  susdites  places;  le 
roi  rendant  au  duc  le  Barrois  et  le  reste  de  ses  états.  —  On 
demande  au  duc  une  prompte  réponse. 

laipriméc.  —  Aulery,   Sdém.  t.  V,  p.  ôyi  ;  et  Rec.  de  1696, 
t.  II,36i. 

Les  pluyes  continuelles  n'ont  point,  comme  je  vous  l'avois 
escrit  et  comme  tout  le  monde  l'avoil  cru,  empesché 
M,  de  la  Meilieraie  d'assiéger  Charleraont;  sa  fermeté 
a  passé  par-dessus  toutes  sortes  d'obstacles...  «La  belle 
saison  qu'il  a  fait  en  Hollande  aura  autant  avancé  les  des- 
seins de  M.  le  prince  d'Orange,  comme  la  mauvaise  qu'il 
a  fait  icy  a  retardé  les  nostres  pour  un  temps. . .  Asseurés 
le  prince  d'Orange  que  de  deçà  on  n'espargnera  rien , 
et  (|u'on  ne  laissera  point  les  ennemis  en  repos  toute  cette 
campagne.. .» 

MinuU  de  la   main    de  Charpentier.   —   Arch.  des   AfF.    cir. 
HoHaDdp,  t.  XXI,  pidce  3i3*. 

«Bien  aue  j'ay  tousjours  affaire  de  M.  Citoys,je  ne  laisserois 
pas  de  l'envoyer  aux  Caves,  encore  que  je  sache  (jue 
M"  Du  IVé  Mcriel  et  Dacier  feront  a  la  petite  malade  tout 
ce  qui  pourra  être  faict,  si  M.  le  Daufin  n'estoit  miiiadc, 
et  si  présentement  le  d.  s'  Citoys  ne  partoit  pour  aller  a 
S'-Gcrmain.  Je  vous  prie  donc  de  faire  partir  sans  luy  les 
autres  médecins  en  diligence...»  - —  (Suivent  quelques 
lignes  où  le  cardinal  dit  a  Oouthillier  ce  qu'il  répéta  deux 
jours  après  à  sa  femme*.) 

Orig.    —    Arch.    des   Aff.    élr.    France,    iGSg.    Supplément, 
foL  174. 

En  l'extrémité  où  sont  les  affaires  de  Madame,  il  ne  lui  reste 
d'autre  moyen  de  salut  pour  elle  et  pour  le  jeune  duc  son 
fils,  <|ue  le  dépôt  des  places  du  Piémont  entre  les  mains 
du  roy...  «L'esprit  que  Dieu  a  donné  a  V.  A.  luy  fera 
clairement  cognoistrc  que  son  intérest  est  le  seul  motif  <iui 
me  faict  parler  comme  je  fais...  *» 

Origiual  de  la  main  de  Cherré ,  «levenu  minutr.  —  Arch.  des 

AIT.   ^Ir.   Turin,  t.   XXVIII,   fol.   385.  —   Copie.  —  Bibl. 

imp.  Saiot-Gertuain-Harlay,   3^7,    fol.    i5o.  —  Imprimée. 

—  Anbery,  Mém.  V,  p.  4o8  ;  et  Recueil  de  iGgS,  p.  337. 

'  Heurt  Je  Livroa  ,  marquis  de  Ville  ,  était  prisonnier  à  Viaceones;  il  avait  la  confiance  du  duc  de  Lorraine,  et  il  fut 
.-iiiployé  aux  négociati<ir.$  eutamées  avec  ce  prince  alors  déposséda  de  ses  état».  Nous  avons  un  engagement  du  marquis 
•If  Ville  («îgiie  le  i4  mars)  promettant,  dans  un  temps  donne,  de  se  reconstituer  prisonoier  à  Vincennes.  Il  était 
chargé  (le  porter  au  duc  un  sauf-rouduil ,  dont  le  teitc  est  conservé  aux  Affaires  étrangères .  avec  la  date  du  i4  mars  ; 
r'esl  la  reproduction  d'un  autre  .daté  do  a  5  janvier.  (Arch.  des  Aff.  étr.  Lorraine,  t.  XXXl ,  pièces  5'  et  la".  ) 

*  L'it  feuillet  de  la  main  de  Chat  igni  e^l  joint  à  celte  piére.  C'est  un  ■  extrait  do  l'armée  qui  doit  être  contre  les  Hol- 
i.indoia,  ■  envoyé  par  ■  un  homme  que  le  roy  a  auprès  du  duc  tie  Lorraine...  et  qui  nous  a  souvent  donné  de  bons  avis.  ■ 

*  Voy.  t.  VI  ,  p.  36o ,  note  3. 

*  Voy.  I.  Vl  ,  p.  370,  niic  drpéchc  au  cardinul  de  La  Valette,  ou  la  pensée  de  Hicbelieu  par  rapport  au  Piémont  est 
cipos -f  avec  plu*  Je  développement ,  et  la  uote  où  noua  avons  cité  le  passage  principal  de  la  présente  lettre. 


22  mai. 
Utiel. 


Pour  M.  [joulbîllîrr 
surintendant  des  li 
nançi's.  à  Paris. 


A  Madame  de  Savoie. 


CARDIN.  DE  niCHELlEU.  — VII. 


ag 


226 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


D\  li.: 


LIEUX  DE  DATES. 


SL'SCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTni.S 

ET  SOQBCBS, 


1039. 

26  mai. 

ÎSaint-Germain- 

en-La ve. 


Mémoire  au  s'  d*A\aiix. 


l'onloise. 


26  mai. 
Pon  toise. 


A  M.  de  la  Meillei 


raye, 


A  M.  Mole,  procureur 
général. 


Le  roi  envoie  une  instruction  à  M.  d'Avaux,  ambassadeur  en 
Allemagne,  à  l'effet  de  négocier,  au  nom  de  la  France» 
en  même  temps  tjue  le  s'  Salvius  pour  la  Suède,  avec 
M""  la  Landgrave  de  Hesse,  et  la  faire  rompre  avec  le 
roi  de  Hongrie.  Il  s'agit  de  conclure  un  traité  sur  les  bases 
de  celui  de  i636,  fait  entre  le  roi  de  France  et  feu  le 
Landgrave ,  toutefois  avec  certaines  modifications  avanta- 
geuses à  la  Landgrave,  par  exemple,  l'augmentation  du 
subside  donné  par  la  France.  Il  sera  bon  en  même  temps 
de  se  débarrasser  de  quelques  clauses  gênantes  de  l'ancien 
traité  '. 

Mise  au  iict  d(!  ia  maio  il'uii  commis  de  Chavigni.  —  Arch. 
des  Aff.  ^ir,  Allemagne,  t.  XV,  fol.  11  a.  —  Copies.  — 
Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Colbert,  ^6,  fol.  3o8.  Béthane^ 
9365,  foi.  81. 

...uAu  nom  de  Dieu  fortifiiez  vostre  camp  de  tous  costez... 
On  mande  à  M.  de  Cliastillon  d'entrer  dans  le  pays  ennemi 
pour  faire  diversion...  M.  de  Feuquières  est  dans  le 
Luxembourg. , .  Les  Affaires  d'Allemagne  sont ,  pour  l'empe- 
reur, en  pire  estât  que  vous  ne  sçauriés  vous  imaginer  '. . .  » 
Copie.  —  Bibl.  de  l'Arsenalf  HUt. franc.  t86,  în-^",  p.  i34< 

Désordres  dans  l'abbaye  de  Saint-Savin,  «où  non  seulement 
il  ne  se  fait  plus  aucun  service  divin  depuis  dix  mois,  mais 
où  il  n'y  a  plus  de  religieux,  qui  en  ont  esté  chassez  au 
préjudice  de  plusieurs  arrests  du  parlement...  Je  vous 
conjure  de  contribuer  ce  qui  dcppend  de  raulliorilé  de 
vosïre  charge  pour  restablir  toutes  cltoses  dans  ia  d.  abbave , 
ainsi  qu'elles  y  doivent  estre  pour  raison...» 

Ortg.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Colbert,  t.  VI,  fol.  ai3.  — 
Imprimée.  —  A/e'm.  de  Alolê ,  t.  II ,  p.  4i8. 

«Ne  vous  excusés  plus  si  vous  n'escrivés  souvent;  un  général 
qui  agit  beaucoup  doit  peu  escrire.  Mandés  seulement  à 
M.  de  Noyers  les  choses  nécessaires.  —  Envoi  d'infanterie 
et  de  cavalerie, —  Vous  faites  bien  de  bastir  un  fort  pour 
asseurer  vostre  camp,..  Mettez  tout  vostre  soin  à  garantir 
vos  dehors...  Si  la  place  n'est  pas  secourue,  elle  est  prise 
indubitablement.  .  »  (  Ici  quelques  conseils  et  aussitôt  Riche- 
lieu ajoute  :)  «Ncprenés  pas  garde  à  ce  que  je  vous  mande 
en  cet  article,  parce  que  ne  sachant  pas  la  situation  des 
lieux ,  j'en  parle  comme  un  aveugle  feroit  dçs  couleurs. . . 
Conscrvés-vous. ..  et  dites  au  marquis  de  Coislin  qu'il  en 
face  autant.» 

Minute  tle  la  main  de  Cherré. —  Arch.  des  AIT.  étr.  Pays-Bas  , 
t.  Xlll.  —  Copies.  BibL  imp.  Bctbuue,  9266,  fol.  ai  v". 
—  Cinq-Cents  Colbert,  45,  fol.  98*.  —  Saiol-Gprmain- 
Harlay,  3A6 ,  t.  I,  fol.  99  v".  —  Bibl.  de  l'Arsenal,  HUt. 
franc.  i86,in-ï",  p.  laS. 


'  Cette  pièce,  de  la  uiain  d'un  des  premiers  commis  des  AfTaires  étrangères,  nous  donne  la  pensée  de  Richcliea 
habillée  ,  sans  doute  ,  du  style  de  Chavigni.  Une  note  da  manuscrit  de  Colbert  avertit  que  sa  copie  est  faite  sur  nnc  pièce 
de  Daridol;  c'est  apparemment  celle  des  Affaires  otrangères. 

^  Nous  avons  cité  des  fragments  de  cette  lettre  à  l'occasion  d'une  autre  écrite  1«  2  a  mai ,  t.  VI ,  p.  302  ,  note  1 . 

^  Hoiident,  village,  commune  de  Tours  (département  de  la  Somme). 

''   Les  manuscrits  de  Colbert  et  de  Harlav  avertissent  que  leur  copie  est  faite  sur  «une  minute  originale.  » 


uy  mai. 
De  lloudan  ^ 


A  M.  de  la  Meillerayf 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  TOME   VI. 


22: 


DATES 
et 

LIEUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES    LBTTKES. 


ANALYSES  DES  LETTKES 

ET  SOCRCES. 


1639. 

29  mai, 

à  9  hi^ures  du  soir. 

De  Sainl-Manny. 


A  M.  de  ]a  Meilleraye. 


3i  mai. 
D'Abbevdle 


Ide^ 


Idem, 


Iden 


Idem 


A  M.  de  Scliomberg. 


Demain  matin  le  s'  d'Oysonville  partira  avec  la  monstre  ries 
Suisses  qui  eouclieronl  mardi  à  Abbeville ,  et  vous  les  aurés 
jeudi  ou  vendredi;  jespère  que  vous  aurés  les  gardes  mer- 
credi... Annonce  d'autres  troupes  encore.  «Cela  estant, 
je  croy  que  vous  serés  en  estât  de  ne  craindre  aucune  puis- 
sance et  que  le  succez  de  vostre  entreprise  sera  asseuré. . . 
Après  ce  secours  là  il  ne  nous  reste  autre  chose  au  monde 
que  l'armée  de  M.  de  Cbastillon  qu'on  laisse  reposer  main- 
tenant..  .» 

Copie.  —  Bibl.  (io  l'Arsenal ,  Htst.  franc,  i86,  în-/|' 


!»■ 


138. 


11  part  aujourd'huy  800  paysans  de  Pontliieu  pour  aller  ii 
Hesdin  avancer  les  travaux;  nous  vous  en  enverrons  da- 
vantage si  vous  en  avez  besoin,  on  en  assemble  2  ou 
3,000,..  «Le  roy  trouve  très  mauvais  que  M.  le  grand 
maistre  entre  dans  les  tranchées  à  cheval ,  tant  à  cause  de 
sa  personne  cpie  du  mauvais  cxemjile...  Je  le  conjure  en- 
core une  fois  de  s'exempter  de  telles  coustumes  qui  ne 
peuvent  servir  qu'à  acquérir  un  mauvais  vent  et  peuvent 
luy  faire  perdre  la  vie  et  le  moyen  de  servir  tout  en- 
semble '.  S'il  me  veut  faire  plaisir,  il  consrrvera  sa  santé 
pour  faire  encore  quelque  plus  grande  entreprise  que  celle 
de  Hesdin. 

Copif.  —  Bibl.  de  l'Arsenal ,  fiTiit.yranf.  iSfi  ,  1^4°,  p.  1  3o. 

Mon  cousin,  le  roy  aiant  donné  le  gouvernement  de  Charle- 
ville  et  du  mont  Olympe  à  M.  de  Biscarat,  cet  ofiicier  nie 
laisse  une  compagnie  de  chevaux  légers;  dites  à  M.  de 
Paluâu  que  je  lui  donne  cette  charge,  je  m'assure  qu'il  en 
aura  le  même  soîn  que  M.  de  Biscarat.  Vous  aurez  demain 
an  soir  des  paysans  de  Vimcux... 

Copie.  —  Bibl.  do  l'Arsenal,  Hftf.yrâRf.  i86,in-4°,  p.    i3i. 

Jusques  icy  M.  le  Prince  n'a  fait  aucune  plainte  de  vous... 
Ayant  montré  au  roy  la  lettre  que  vous  m'avés  escritc,  il 
a  jugé  que  la  précaution  dont  vous  aviés  usé  avec  M,  le 
Prince  était  fort  mauvaise,  parce  qu'en  lui  mandant  que 
vous  ne  sériés  presl  à  entrer  en  campagne  qu'uu  i5  juin 
«vous  pouvés  relarder  l'eilect  de  toute  l'armée,  perdre 
cette  campagne  et  ruiner  les  affaires  de  S.  M.»  —  Quant 
à  la  monstre,  il  ne  seroit  pas  raisonnable  de  la  donner  à 
des  troupes  au  sortir  de  leur  ([uartïer  d'hyver,  «temps  au- 
quel elles  sont  pleines  d'argent.»  11  ne  faut  la  donner  qu'au 
1"  juillet.  Richelieu  l'engage  «à  ne  trouver  difficulté  et  à  se 
souvenir  que,  a  la  (in  de  la  campagne,  le  roy  sera  con- 
traint de  distinguer  ceux  qui  auront  bien  fait  d'avec  ceux 
qui  se  seront  gouvernés  avec  peu  de  chaleur  et  d'affeclion. 
Vous  serés  de  ceux  qui  auront  lesmoigné  zèle  et  ardeur 
tout  ensemble.» 

Copies.  —  Bibl.  imp  Béthunc,  ga6â  ,  fol.  1  9  v" '. —  Ciofj- 
Cent»  Colbert ,  45  ,  fol.  i^d  v"  '.  —  Saint-Gcrmaiii-H.trl.ij, 
346,  l.  1,  fol.  a55.  —  Imprimée.  —  Aubery,  Mèm.  t.  IV, 
p.   101.  —  Recueil  de  1695 ,  p.  189. 

Richelieu  lui  a  plusieors  fois  renouvclc  cette  recommaadation.  [  Voy.  t.  VI,  p.  3fi4  1  note  -x.) 
Va  dos  do  volume  :  •Mémoires  venus  de  chez  le  cardinal  de  RicbeitL-u.  ■ 
•  Sur  une  minute  de  la  miin  de  Cherré-  ■  Note  des  manucerits  de  Colbert  et  (te  Harliiy , 


29. 


228 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


D\TES 


LIEUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 
DES   LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  SOURCES. 


]039. 

i.juin. 

AbbeviUe. 


A  M.  de  la  MeiHora>c. 


;  OU  3  iuin 


5  juin. 
Abbeville. 


A  M.  de  Longueville. 


A  Monsieur  le  Comie. 


((Je  suis  1res  aise  (|ue  vous  aies  gaigné  vostre  contrescarpe, 
et  des  conciusious  que  je  tire  de  là  de  raccourcissement  de 
vostre  siège,  dont  je  désire  que  vous  aies  bicntost  bonne 
iss,ue,  et  pour  le  service  du  roy  et  pour  vostre  gloire.  Con- 
servés-vous,  je  vous  prie,  pour  de  plus  grandes  choses.» 
—  Dessein  du  cardinal  de  donner  au  baron  de  Palluau, 
«outre  ma  compagnie,  la  lieutenance  colonelle  de  mon 
régiment  de  cavalerie.»  11  faut  tenir  secrètes  les  dispositions 
que  prend  le  cardinal  au  sujet  de  ses  gardes. 

Copie,  —  Bibl.  de  l'Arsenal,  Hisi.franç.M.  i86  ,  iu-4'',p.  loa. 

Recommandation  de  bâter  le  passage  de  ses  troupes  en  Italie. 
M.  le  cardinal  de  La  Valette  l'attend  avec  impatience,  et 
vivra  avec  lui  dans  la  meilleure  intelligence,  Ricbelieu  lui 
en  répond  et  lui  en  donne  avis,  «de  crainte  que  quelques 
uns  ne  vous  eussent  faict  entendre  ie  contraire.» 

Copie.  —  BibJ.  iiiip.  Saint-Gerraain-Harlay,  Siy,  fol.  iSSx"*. 

Lettre  de  politesse  pour  un  message  envoyé  au  roi  par  le 
comte  de  Soissons,  qui  avait  intercédé  auprès  de  Sa  Majesté 
en  faveur  de  M.  de  Rheims;  sur  quoi  Richelieu  ajoute  : 
«Pour  ce  qui  regarde  M.  de  Rbeinis,je  n'ay  rien  à  vous 
dire  si  non  qu'il  aura  tout  le  temps  de  recognoistre  le  pré- 
judice qu'il  s'est  faict  et  la  mauvaise  résolution  qu'il  a 
prise,  non  seulement  comme  sujet  du  roy,  mais  comme 
ecclésiastique  ■'.  » 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Colbert ,  46,  fol.  55  v*.  — 
Saint-Gcrmaîn-Harlay,  3^6,  t.   II,  p.  6g  '. 

A  la  lettre  que  nous  venous  de  lucntiouner,  Richelieu  jugeai  conve- 
nable d'en  ajouter  une  du  roi,  et  ii  faisait  dire  à  Sa  Majesté  : 

...icLa  conduite  de  M.  l'archevesque  de  Rheims  a  esté  si 
mauvaise  tant  qu'il  a  esté  dans  Paris,  et  sa  retraite  u  Sedan 
si  fascheuse  pour  un  ecclésiastique,  que  je  n'ay  rien  en  ce 
rencontre  qu'à  prier  Dieu  qu'il  le  rende  plus  sage  à  l'avenir 
qu'il  n'a  esté  jusqu'à  présent.  » 

Minute  de  la  main  de  de  Noyers.  —  Bibl.  imp.  Fonds  Bétbuue  , 
gSSy,  fol.  5i. 

On  inquiète  mal  a  propos  M""'  de  Cbevreuse;  elle  n'a  rien 
à  craindre  en  France,  si  quelqu'un  luy  veut  persuader  le 
contraire ,  il  la  trompe  méchamment.  —  «Le  d.  s' de  Bois- 
pillé  peut  faire  voir  ce  billet  à  M'"*  de  Cbevreuse,  à  quoy 
j'ajoute  ces  trois  mots  de  ma  main ,  afin  qu'elle  en  co- 
gnoisse  plustost  la  vérité.  » 

Copies. —  Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Colbert,  46,  fol.  3o.  — 
Saint-Germaiu-Harlay,  346,  t.II,p.39^.  —Imprimée. — 
Madame  de  Ckevrea.se.  parM.  Cousin,  appendice,  p.  335. 


'    Voy.  l.  VI ,  p.  376,  une  lettre  adressée  à  Chavigni  du  a  juin  ;  elle  donne  à  peu  près  la  date  de  celle-ci 

'^  «  Copie  faite  sur  une  pièce  de  la  main  de  Cherré.  »  Note  du  manuscrit. 

3  Voy.  t.  VI,  p.  378. 

"  Les  deux  manuscrits  mettent  cette  note  marginale  :  <;  D'après  une  copie  originale.  » 

^  «  Faite  sur  une  rainule  originale  de  la  main  de  Cherré.  "  Note  des  deux  manuscrits. 


G  juin. 

Abbeville 


Le  roi  à  M.  le  Comte. 


8  juin. 


Au  s'  de  Boispillé. 


NON^IMPRIMEES  DANS   LE  TOME   VI. 


229 


DATES 


LIECI  DE  DATES. 


■j  juin. 
AbbeviUf 


/(/cm. 


m  jujn. 


I  I  jiiio. 
Abbeville. 


SUSCRIPTION 

DBS   LETTRES. 


A  M.  le   mareschal   de 
Cliastillon. 


Pour     M.     BouthiUier, 
suriutendani,  à  Paris. 


A  M,  de  la  Meiileraye. 


A  M.  de  Longaeville. 


A  M.  de  la  MeîHcrave. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SODRCES. 


163*). 

(^juiii.  A  M.  le   mareschal   de     Satisfaction  de  Richelieu  sur  le  bon  état  de  son  armée.  Il  a 

désiré  l'assistance  «le  l'armée  du  maréchal  de  La  Force,  on 
donne  ordre  à  celte  armée  de  s'avancer  eu  diligence  vers 
Thérouenne. . ,  On  ne  veut  rien  négliger  pour  un  prompt 
succès. 

Minute  de  la  main  de  Clierré.  —  Arch.  de»  Aff.  ctr.  Pays- 
Bas,  t.  Xin.  —  Copies.  —  Bibl.  imp.  Béthuiie,  g3  5y, 
fol.  97.  — Cioq-Cents  Colbert ,  118,  fol.  76  y".  —  Im- 
primée.—  Aubery,  111,  639. —  Recueil  de  iGgô,  p.  157  ', 
où  on  a  mis  cette  fausse  suscription  au  maréchal  de  Schom- 
berg. 

Quand  Saladin  '■'  sera  arrivé  rien  ne  vous  empeschera  d'aller 
aux  Caves.  —  Envoyer  quérir  Berthemet  auquel  Richelieu 
a  des  ordres  à  donner  pour  le  service  du  roi.  —  «  ^  J'accu- 
seray  laj-éception  de  vos  lettres  quand  elles  seront  impor- 
tantes. ..  Asseurés-vous  de  mon  affection.  Je  seray  très  aise 
de  voir  vostrc  iils  quand  il  sera  venu,  je  croy  qu'il  aura 
faict  un  bon  traitté  et  le  désire  avec  passion''.» 

Oriy.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Frauce,  1639,  Soppl.  fol.  ao5. 

Envoyant  ce  porteur  pour  apprendre  des  nouvelles  dont  je 
suis  en  peine,  je  vous  fais  ce  mot  pour  vous  dire  qu'il  est 
nécessaire  que  Toflicierdes  Gassies,  quis'estoit  donné  aux 
ennemis  et  qui  a  esté  prisonnier,  soîl  pendu,  pour  donner 
exemple,  et  (ju'on  fasse  mesme  d'autres  actions  semblables 
pour  contenir  chacun  en  son  devoir. 

Copie.  —  Bibl.  de  l'Arsena) .  Hitt.fr.  186,  iD-4^  p.  i36. 

Assurance  d'affection.  ■ —  Satisfaction  de  ce  que  son  armée 
a  commencé  a  passer  en  Piedmont  le  3  du  mois.  Le  roi 
ayant  confiance  en  lui  et  au  cardinal  de  La  Valette,  on  ne 
prescrit  rien,  seulement,  «autant  qu'on  p-ut  voir  de  loin , 
il  semble  qu'il  est  important  de  chasser  tes  ennemis  de 
Cbivas  et  de  reprendre  Villeneuve  d'Ast,  du  tout  néces- 
saire à  la  communication  de  Casai.»  Mais  ce  n'est  qu'une 
pensée  qu'on  lui  laisse  à  examiner. 

.\rinuto  do  la  mai»  de  Cberrc.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Turiu , 
t.  XXVIII.  fol.  5ia.  —  Copie.  —  Bibl.  imp.  Saint-Ger- 
raaia-fisriay,  345,  fol.  i85. 

J'espère  que  nous  réparerons  l'accident  arrivé  à  M.  de  Feu- 
qtuères  '.  J'envoie  de  Ville  voir  si  nos  travaux  sont  aciievés, 
SI  bien  que  vous  n'ayés  pas  a  craindre  les  ennemis...  Je 
souhaite  avec  passion  le  succès  de  vostre  entreprise.  «Au 
nom  de  Dieu,  conservés-vous ;  et  peut  eslre  Dieu  veut-il 
que  vous  ayés  la  gloire  de  réparer  les  malheurs  d'un  gentil- 
homme qui  a  faict  des  merveilles  de  sa  personne;  je  re- 
prends force  en  celle  occasion. . .  » 

Copie.  —  Bibl.  de  l'Arsenal,  HUt.Jr.  186,  in-4S  p.   i38. 

'    Le»  copiet  présenteot  qoelquc»  légères  diOerences  avec  ]a  miaute. 

'  S.iladin  avait  été  envoyé  à  Cbavigni ,  qui  le  renvoya  avec  un  mémoire  daté  du  10  juin  ,  où  il  expliquait  amplcoiont 
IVtal  des  affaires  d'Italie  et  de  la  misaion  dont  il  était  chaigé.  Ce  mémoire  est  conservé  aux  Affaire»  étrangères  (  France, 
1639,  Supplément,  fol.  ao8.  —  .Minute;  l'original  est  dans  Turin  ,  t.  XXVllI,  fol.  618).  Voy.  t.  VI ,  p.  673  et  4 1 4. 
,'    Iri  le  cardinal  a  pris  la  plume;  le  commencement  de  ce  billet  est  de  In  main  de  Cherré. 

''   Cbavigni  partît  de  Turin  à  I:i  mi-juin. 

'   La  perle  fie  la  bataille  do  'l'hionville. 


230 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


LIRUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

F.T    SoUltCSS. 


1630.. 

1 1  juin , 

9  lieurcsdu  soir. 

Abbeville. 


i  juin. 


A  M.  de  h  MeiUeravc. 


Au  mareschal  dv  Clias 
tiHon  ^ 


A  M.  de  la  Meillerave. 


Ne  m'escriv(js  plus  de  grandes  lettres;  je  me  contente  d'un 
billet  ou  de  (juelqu'un  qui  nous  dise  de  vive  voix  comme 
les  choses  se  sont  passées...  11  est  très  à  propos  de  faire 
travailler  aux  foi-ls  <jue  vous  avés  ])rojet(îs  entre  les  deux 
rivières  deCanclif  et  d'Hautie;  ne  plaignes  point  l'argent 
pour  faire  diligenter  vos  travaux.. 

Copie.  —  Bibl.  de  l'Arsennl , /fi5j./r.  i86,  in-A°,  p.   i3g. 

Vous  aurés  sceu  le  mallieur  arrivé  à  M.  de  Feuquières,  par 
la  lâcheté  de  sa  cavalerie,  il  mérite  de  grandes  louanges, 
car  il  a  fait  merveille...  les  ennemis  y  ont  perdu  presque 
toute  leur  cavalerie. . .  M"  de  Lorraine  et  Picolominl  sont 
allés  droit  à  Verdun...  Le  roi  désire  que  de  Mézières'*  où 
il  croit  que  cette  dépesche  vous  trouvera,  vous  alliés  droit 
aux  ennemis. . .  Au  nom  de  Dieu  faites  diligence. 

Copies.  —  BibL  imp.  Béthune,  9260,  fol.  5i  v".  —  Cinq- 
Cents  Colbert,  lig,  foL  36.  —  Imprimée.  —  Aubcry,  IV, 
p.  JQ7;  et  Recueil  de  1696  ,  p.  igi . 

Détails  sur  le  combat  de  ïhionville;  nous  y  avons  perdu 
3,000  hommes  et  les  ennemis  0,000.  —  M.  de  Feuquières 
blessé  et  pris.  —  Notre  cavalerie  a  manqué.  —  On  a  jeté 
des  canons  à  la  rivière  et  brûlé  des  poudres  par  ordre  de 
M.  de  Feuquières,  quand  la  bataille  a  été  perdue.  —  «J'es- 
père que  nous  aurons  revanclie,  avec  l'aide  de  Dieu  ^.». 
Copie.  —  Bibl.  de  rArsenal ,  Hiit.fr.  186,  in-4'',  p.  i43. 

«Je  vous  ay  mandé  comme  le  roy  ne  désire  pas  que  vous 
souffriez  que  Monsieur  aille  dans  les  tranchées.»  Je  luy 
recommande  de  ne  pas  s'exposer  non  plus  *  ;  «  c'est  à  vous 
de  demeurer  tousjours  auprès  de  Monsieur,  et  de  faire 
conduire  ses  braves  par  quelqu'un  aux  tranchées.)' 

Copie.  —  BibL  de  l'Arsenal,  Hitt.fr.  186,  in-i",  p.  i44- 

Le  roy  ne  veut  pas  s'engager  à  présent  en  l'affaire  des  Gri- 
sons; il  faudioit  trop  de  dépense  pour  rétablir  les  choses 
au  point  où  elles  étoient  lorsqu'ils  obligèrent  l'armée  de 
Sa  Majesté  à  se  retirer  de  leur  pays.  Néanmoins  il  faut  les 
tenir  bien  persuadés  de  la  bienveillance,  pouvant  arriver 


'  Au  moment  où  Richelieu  faisait  cette  lettre,  le  maréchal  écrivait  :  «Le  malbeur  arrivé  à  M.  de  Feuquières  est 
très-fâcheux. . .  il  ne  faut  s'estouner  de  cola. . .  J'oy  une  armée  fraischc  et  gaillarde ,  remplie  de  bons  hommei.  Je  marche 
GTi  diligence  vers  la  frontière  de  la  Meuse. . .  Je  souhaitte  avec  passion  qu'il  se  présente  occasion  où  je  puisse  ai<]cr  à 
cITacer  le  desplat  sir  que  vous  avés  à  présent. .  ■  »  (  Copie  ,  Bibl.  imp.  Béthune  ,  g  3  60,  fol.  53  v".  —  Cinq-Cents  Colbert, 
J19,  fol.  37.  )         ^ 

^  Le  maréchal  répondait  le  16  juin  :  «Le  s'  de  Varennes,  qui  m'a  rendu  la  dépesche  do  roy  avec  une  lettre  qu'il  a 
pieu  à  Vostre  Emincnce  m'escrire ,  m'a  trouvé  phi»*  avancé  que  vous  ne  me  croyés ,  car  je  jugeay  bien  ,  eu  partant  de  Ver- 
vins  ,  que  d'aller  à  Mczières  ce  seroit  autant  Ac  temps  perdu  ,  je  suis  venu  au  pins  droit  pour  m'approcber  de  Verdun  , 

Slenay  ât  Mouio» ,  qui  avoienl   plus    besoin    d'estrc   soutenus  que  Cliarleviile  et  Mciières Châtillon  a  mandé  ii 

M.  de  Noyers  «toutes  les  particularités»  de  l'a  (Taire  cl  il  expose  lo»  mesures  pour  s'opposer  «ai  entreprises  que  ponrroît 
tenter  l'ennemi ,  en  suite  de  sa  victoire.  Mômes  sources  que  pour  la  lettre  que  nous  venons  de  citer  (fol.  65  v*  do  Bé- 
thune et  d5  de  Colbert). 

'  Voy.  t.  VI,  p.  38o ,  nn  passagt;  cité. 

*  Voy.  t.  VI,  p.  364. 


Le  jour 
de  la  Pentecôte. 

1 3  juin, 
10  il.  du  matin. 


10  juin. 
Abbeville. 


1  6  juin. 
Abbeville. 


Idem. 


Mémoire  au  s'  Mélian , 
ambassadeuren  Suisse, 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  TOME  VI. 


231 


tlZV\  OR  DATES. 


1639. 


16  juin. 
AbbtmHc. 


17  juin. 


SUSCRIPTION 

DSS  LBTTBES. 


MémoiiH'     a     M.     Da- 
moDtot. 


I^  roi  au  marcschal  do 
Chastillon. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   50DRCSS. 


telles  conjonctures  où  il  paraîtrait  utile  «de  s'embarquer 
de  rechef  en  celle  affaire,  n  ...  «  Le  roi  pourroit  accorder 
au  capitaine  Menestrala  pension  de  1,000  livres,  s'il  rend 
des  services  dignes  de  cette  récompense. . .  »  M.  Meiian  peut 
promettre  aux  Grisons  que  «s'ils  viennent  à  estre  attaqués 
par  ies  rois  d'Espagne  ou  de  Hongrie,  S.  M.  les  assistera 
comme  bons  alliés...»  s'ils  parvenaient  à  se  remettre  eux 
mêmes  en  possession  de  la  ^^alleline,  les  difficultés  qu'il  v 
a  a  ies  assister  disparaîtraient .  «  La  conjoncture  ne  sera ,  pour 
cette  entreprise, jamais  aussi  iavorabïe  qu'aujourd'buv. ..» 
Le  roy  envoie  un  pouvoir  au  s'  Meiian,  pour  s'en  servir  le 
cas  échéant;  «en  un  mot,  il  iaut  tout  rejeter  sur  l'avenir 
et  ne  promettre  rien ,  qui  oblige  présentement ,  que  généra- 
lement. ..» 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Colbert,  i6,  foL  410.  — 
Saint-Gcrraain-Harlay,  346,  t.  II,  p.  ^Sg  '. 

L'ne  lettre  de  M"  les  Estais  a  fait  connaître  au  roi  que 
M"""  la  Landgrave  de  Hesse  acst  résolue  à  rentrer  en  rup- 
ture a\ec  le  roy  de  Hongrie,  moyennant  que  le  roy  luy 
donne  la  mesme  assistance  que  Sa  Majesté  donnoit  à  dé- 
funct  M.  le  Landgrave,  son  mary. »  Le  roi  agréant  cette 
projMsition ,  charge  M.  Damontot  de  conclure  un  traité 
avec  celui  que  députera  M"'  la  Landgrave.  —  L'instruction 
porte  le  détail  des  conditions  de  la  subvention  et  l'injonc- 
tion de  traiter  au  meilleur  marché  possible.  —  «Si  Da- 
montot traite  avec  Milander,  luy  promettre  20  ou  mesme 
3o,ooo  livres  de  pension,  et  commencer  par  là,  afin  de 
le  rendie  plus  facile  en  ce  qui  sera  de  l'assistance  d'argent 
qui  sera  [wrtée  au  Iraitté.. .»  Il  convicndroit  de  faire  un 
nouveau  traité  au  lieu  de  celui  de  Vesel  où  plusieurs 
articles  sont  inutiles.  —  Si  l'on  réclamoit  pour  le  jeune 
fils  du  Landgrave  les  mêmes  avantages  qu'on  faisoit  a  son 

iière,  il  faudroit  contester  et  ne  «passer  carrière»  que  si 
'on  ne  peut  sans  cela  conclure  le  traité  ^. 

Mise  au  net  par  un  secrétaire  de  Chavigni .  —  Arch.  des  AiT. 
etr.  Hollande,  t.  XXI,  pièce  87.  —  Copies.  —  BibL  iiup. 
Cinq-Cents  Colbert,  46,  fol.  i44.  — Sainl-Germain-Harlay, 
S46,l.  II,  p.  a36  ^.  — Eitrait,  SuppL  franc.  Sgo. 

«Mon  cousin. ..  j'adjouste  cette  lettre  à  mes  précédentes  dé- 
pesches  pour  vous  dire  que  Tordre  qu'elles  vous  portent 
de  venir,  avec  toute  mon  armée  que  vous  commandés,  en 
deçà,  ne  doit  avoir  Heu  qu'au  cas  que  Picolomini  prenne 
sa  route  vers  le  cardinal  infant  d'Espagne...»  (Ici  le  roi 
donne  des  ordres  au  maréchal  de  Cfaâtillon,  selon  ies  mou- 
vements divers  (^uon  peut  supposer  que  fera  Picolomini.) 
«  Si  Picolomini  vient  avec  le  cardinal  infant,  j'espère  que 
Dieu  nous  fera  la  grâce  d'avoir  la  revanche  de  Tbionville.» 

Minute  de  la  laaio  de  Cherré.  —  Dépôt  de  la  eucrre  ,  t.  LU  , 
fol.  469. 


La  copie,  dan^  cliaquo  manuscrit,  porte  :  «Foilo  sur  une  pièce  de  la  naain  de  Daridol.  *  La  rédaction  nous  semble 
eo  efTct  l'œuvre  de  Cbavif^ui ,  d'aprè»  une  matière  donnée  par  Hicbelïcu. 

'  C'est  encore  une  pièce  rédigée  dans  les  bureaux  do  Chavîgui,  sur  un  mémoire  du  cardinal. 
'  •  Faite  sur  une  copie  de  Daridol.  »  Note  commune  ta  mannserit  de  Colbert  et  de  Harlay. 


232 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 


I.ISrX  DE   DATES 


1639. 

i8  juin, 

a  /i  l)eurcsdusoir, 

Abbrville. 


1 8  juin , 

à  8  heures  du  soir. 

Ahbcviilr. 


j  9  juin. 
AbbeviUe. 


SUSCRIPTIOX 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

BT   SOURCES. 


19  juin. 


Idem. 


A  M.  de  la  Meilleravr. 


Idem. 


Ida 


Des  nouvelles  du  i5  mai  nous  informent  que  Picolomini  est 
vers  Melz. ..  sur  les  avis  qu'ils  peuvent  avoir  eus  des  mal- 
heurs de  Thion ville,  ils  veulent  faire  les  mauvais;  renforcez 
vos  gardes  de  la  tranch(;e  '. . . 

Copie.  —  BibL  de  l'ArseDal,  Hiit.fr,   186,  in-4°,  p.  lôo. 

...^Attendu  la  marche  de  Picolomini,  il  faut  avancer  vos 
travaux. —  Conservés-vous  sans  vous  tourmenter.  —  Indi- 
cation de  divers  moyens  de  défense,  palissades,  abatis, 
fossés.  «Des  soldats  qui  seront  tant  soit  peu  couverts  du 
parapet  mousqueteront  avec  plaisir  ceux  qui  voudront 
jïasser  par  dessus  fabatlis. ..» 

Copie.  —  BibL  de  i'ArscDol ,  Hisl.fr.  186,  in-i",  p.  lôi. 

. . .  ^  Les  ennemis  peuvent  être  aujourd'hui  à  Arras.  —  Tenés- 
vous  sur  vos  gardes...  Le  cardinal  infant  a  donné  n-n- 
dez-vous  aux  milices  du  pays.  Vous  aurez  demain  de 
bonne  heure  vos  canons  et  vos  chevaux.  M.  le  cardinal 
vous  envoiera  cent  chevaux  qu'il  a  à  soi,  avec  le  pot  et 
la  cuirasse.  Le  roi  en  fera  autant  des  siens. ..  (Annonce 
d'autres  renforts)...  Le  cardinal  infant  n'a  que  10,000 
hommes...  Mesures  à  prendre  si  l'ennemi  vient,  en  corps 
d'armée,  pour  passer  la  Canche  et  fAuthie.  ..  «M^'  m'a 
fait  l'honneur  de  me  dicter  ers  lignes ,  n  dit  de  Noyers  en 
signant  ^. 

Copie.  —  BibL  de  l'Arsenal ,  Hist.fr.  186,  in-4*,  p-  i53. 

M.  de  Noyers  vous  escrît  si  amplement  au  sujet  de  l'approche 
de  l'armée  de  M.  le  mareschal  de  La  Force  que  je  n'av  qu'à 
vous  conjurer  de  considérer  les  raisons  qui  sont  estenoues 
en  sa  lettre.  Je  les  trouve  de  très  grand  poids,  non  seu- 
lement pour  le  service  du  roy,  mais  aussy  pour  fintérest 
de  vostre  réputation. . . 

Minute  de  la  maîn  de  Cherré.  —  Arcb.  des  Aff.  étr.  Pays- 
Bas,  t.  XllL  —  Copies.  —  Bibl.  imp,  Bethune,  9369, 
fol.  118. — Cinq-Cenls  Colberl,  118,  fol.  87. —  Imprimée. 
—  Aobery,  t.  III ,  p.  656.  —  Recueil  de  1696  ,  p.  i6!i. 

Le  roi  a  trouvé  très-mauvais  le  retard  apporté  à  l'entrée  dans 
le  RoussilloD. . .  Sa  Majesté  estime  qu'on  pouvait  entrer 
plus  avantageusement  avec  10,000  hommes,  les  ennemis 
n'estant  pas  assemblés,  qu'avec  le  double,  quand  ils  le 
seront. . .  Indications  de  divers  desseins  à  exécuter.  «Tant  y 
a  que  je  vous  conjure  d'animer  toutes  choses  autant  que 
vous  pourrés,  et  de  faire  l'impossible  pour  que  le  roy  ayt 


'    Nous  avons  donné  un  extrait ,  t.  VI ,  p.  890. 

^  Quelques  lignes  du  commencement  ot  de  la  fin  do  cette  pièce  sont  mises  en  note,  1.  VI,  p.  3qo. 

^    Extrait  en  note  ,  t.  VI ,  p.  Sgo. 

*  On  avertit,  en  tête  de  cette  pièce,  que  la  copie  a  été  faite  sur  un  original  qui  n'est  pas  de  la  main  de  Ricbehec; 
faut-il  en  conclure  que  les  autres  copies  de  lettres  à  la  Meilleraie  dont  le  manuscrit  de  l'arsenal  est  composé,  et  pour 
lesquelles  on  ne  donne  aucune  indication  de  source,  sont  faites  sur  des  autographes  du  cardinal  ?  Nous  ne  le  pensons 
pas;  mais  sans  doute  ces  pièces  étaient  de  la  main  de  Charpentier,  qu'on  a  cru  être  celle  de  Richelieu. 

'  Cherré  a  écrit  sur  la  minute  que  la  lettre  va  aussi  à  M.  do  La  Force,  et  en  elTet  un  original  se  trouve  dans  les 
archives  dudit  duc,  lequel  nous  a  été  communiqué  par  ^L  le  marquis  de  La  Grange. 


Au  mareschal  de  Chas- 
tilion  ^ 


A  M.  d'AHuvn, 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  TOME   VI. 


233 


DATES 


MBri  DE  DATES. 


1639. 


19  juin. 


I(len 


20  jinn. 


ai  juin. 


idem. 


SDSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


A  M.  d'Espenan. 


A  M.  d'Arpajon. 


Instruction  au  s' de  Cor- 
nillon. 


A  M.  de  Fcuqoi«>rc3. 


Au  marescha!  de  Chas- 
tillon. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


tel  succez,  au  lieu  où  vous  estes,  qu'il  le  doit  attendre  et 
que  je  me  promets  de  vostre  zèle. . . 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Béttiunc,  9365 ,  fol.  a5.  —  Cinij-Cenls 
Colliert ,  45  ,  fol.  aSo.  —  SaiDl-Gcrmain-Harlay,  346  «t.  I  » 
fol.  aôSv"*. 


«Le  roy  a  trouvé  très  mauvais  qu'on  ayl  altendu  jusqu'au 
10  de  ce  mois  à  entrer  dans  le  pays  des  ennemis. .  .  Je  ne 
puis  comprendre  quelle  raison  peut  avoir  eu  un  tel  délay. . . 
pïus  tost  vous  eussiez  obtenu  de  plus  grands  avantages 
sur  l'ennemi  avec  la  moitié  des  forces  du  roy,  que  mainte- 
nant avec  toutes  celles  qu'a  M.  le  Prince.  Au  nom  de  Dieu , 
pousses  avec  vostre  cUalcur  ordinaire  à  réparer  ce  man- 
quement. » 

Copies.   —  Bibl.  imp.  Cioq-Cents  Colbert ,    t.   46,  fol.  ^78. 
Saint-GermaÏD-Harlayt  346,  t.  I,  fol.  i$2. 

«Je  me  promets  tant  de  vostre  courage  et  de  vostre  zèle  au 
service  du  roy,  que  ces  trois  mots  ne  sont  que  pour  vous 
conjurer  d'employer  l'un  et  l'autre  pour  que  Sa  Majesté 
puisse  avoir  un  bon  succez  des  armes  que  commande  M.  le 
Prince.»  —  Mécontentement  du  roi  comme  dans  les  deux 
lettres  précédentes. 


Copies.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Colbert  ,   4ô ,  fol. 
S«iat-Germain-HarU>,  346,  1.  I,  fol.    :18a. 


'77  ' 


Le  roi  envoie  le  s' de  Coruillon  |X)ur  traiter  avec  Picolomini 
de  la  rançon  ou  de  l'échange  des  prisonniers  faits  dans  la 
bataille  de  Thionville,  pour  lesquels  00  offre  aussi  des  ol- 
ficiers  et  soldats, pris  dans  d'autre-s  circonstances^. 

Copie.  —  Bibl.  imp.  Cioq-Ccnts  Colbert,  45,  fol.  i'j(>  v**. 

Lettre  de  condoléance  sur  le  malbeur  arrivé  à  ce  général  de- 
vant Thionville.  Richelieu  le  console,  et  lui  annonce  la 
mission  de  M.  de  Cornillon  '. 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Colbert,  45,  fol.  333.  — 
Saint-Germaio-Harlay,  346,  t.  I,  fol.  a3o  V*. 

Richelieu  l'informe  du  voyage  de  M,  de  Cornillon;  il  es|)ère 
que  le  maréchal  «prendra  la  revanche  du  malbeur  de 
'l'hionviUe.  » 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Cinq-C<*iils  Colberl,  119,  fol.  56.  — 
B^thuoc,  9360,  fol.  83.  —  Imprimée.  — Aubery.  Mcm. 
i.  IV,  p,   i64.  —  Recueil  de  i6y5,  p.  192. 


'  •  Sur  une  minute  do  la  main  de  Cberrc.  »  Noie  du  manuscrit  de  Colbert  el  de  celui  de  Harlay.  Mèm"  apcalille  pour 
Iff  deux  lettres  qui  suivent.  * 

'  Voy.  le  t.  VI  ,  p.  399,  note  a. 

'  Voy.  t.  VI,  p.  399.  —  Feuqnières  nVspérait  pa»  graad'chose  de  l'envoi  de  H.  de  Cornillon;  et,  co  effet,  il 
mourut  en  captivité  le  i3  mars  de  l'aouée  soivanle.  La  lettre  toucbante  qu'il  écrivit  ^'se*  enfants,  une  heure  avant 
sa  mort ,  est  imprimée  dans  le  recueil  de  M.  Et.  Gallois,  t.  I ,  p.  357. 


CARDIN.  DE  RICHELIEO.  —  Vil. 


234 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIBUl  DE  DATES- 


1639. 

2  1  juin 


2  3  juin. 


■iS  juin- 
Abbeville. 


■26  juin. 
Abbeville. 


Idem. 


SUSGHIPTION 


DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   SODBCES. 


Au  mareschal  de  Cbas- 
tillon. 


Étonnement  de  Richelieu  de  ce  que  le  maréchal  a  demanda 
au  duc  de  La  Force  l'adjonction  à  sou  armée  de  l'armée 
du  maréchal  de  La  Force,  pour  le  siège  de  Saint-Omer'... 
«Le  roy  est  plus  touché  que  je  ne  vous  puis  dire  des  lon- 
gueurs que  vous  apportés  à  vostre  entreprise  et  des  variétés 
qu'on  remarque  on  vos  effects. .  . 

Minute  de  la  maio  de  Charré.  —  Arcb.  des  Aff.  ctr.  Pays- 
Bas,  t.  XIII.  —  Blhl.  imp.  Cinq-Cents  CoIWt ,  118, 
fol.  ga  v".  —  lîôthnne,  9269,  fol.  ja5.  —  Imprimée. — 
Aubery,  Mém.  IIÏ  ,  p.  664  cl  Recueil  de  iCgS,  p.  161. 

«  Le  roy  veut  estre  informé  de  ceux  qui  n'ont  pas  faict  leur 
devoir  au  combat  de  Thionviile  ;  distinguer  nommément  les 
officiers  qui  auront  refusé  de  combattre  et  ceux  qui  s'en 
seront  enfuis  laschement.» 

Orie.  —  Arch,  du  département  de  la  Marne.  —  Imprimée.  — 
Bulletin  de  la  Société  de  i'histoire  de  France,  i854. 

«IHcolomini,  enflé  de  sa  victoire,  estoit  allé  assiéger  Mou- 
zon...  Il  n'a  pas  fait  comme  M.  de  Feuquières,  car,  aussy 
tost  qu'il  a  veu  l'armée  de  M.  de  Chastillon,  il  a  levé  dili- 
gemment le  piquet.»  Il  a  perdu  1,000  ou  1,200  hommes. 

Copie.  — Bibl.  de  l'Arsenal ,  iïtst.  yV.  186,  p.  lyitin-A". 

Le  roy  trouvera  bon  ce  que  vous  résoudrez  avec  M.  de  Noyers 
pour  vostre  siège.  —  Envoyez  un  trompette  pour  savoir 
où  est  Picolomîni ,  pour  traiter  de  la  rançon  des  pri- 
sonniers ^. 

Copie.  —  Bibl.  de  l'Arsenal,  Ilist.  fr.  186 ,  fol.    i33  ,  în-i"  '. 

Avis  de  la  prochaine  arrivée  en  Espagne  de  la  flotte  des 
Indes,  tâcher  de  la  rencontrer...  Avantages  de  M.  le 
prince  dans  le  Iloussillon  *. .. 

Mise  au  net  tic  la  main  de  Cherré.  —  Arch.  de  l'Empire  K  , 
1 34  ,  Guyenne ,  1"  partie,  p.  7Ô  ,  pièce  186.  —  Orîg.  — 
Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XV  ,  foi.  aôa.  —  Bétbunc , 
gaii,  fol.  io5  et  gS^g,  fol.  167  v".  —  Imprimée.  —  Cor- 
respondance de  Sourdii .  t.  II,  p.  110.  (Doc.  inéd.  in-4**.) 

...Je  veux  vous  avertir,  comme  vostre  ami,  que  le  roy  a  trouvé 
à  redire  deux  choses  qui,  à  la  vérité,  ne  me  semblent  pas 
excusables  :  »  1°  votre  régiment  devrait  avoir  2,000  hommes 
et  n'en  a  pas  1,200;  a"  votre  compagnie  de  gendarmes  n'a 
que  5omaistres.  —  «Je  vous  prie  de  remédier  à  ce  mal 
qui  vous  fait  tort  ;  et  faites  estât  des  conseils  d'une  personne 
(lui,  voulant  vous  tenir  lieu  du  Weil  mareschal  de  Schom- 


'  Lomêmc  jfinr  21  j»in  ,  une  lettre  du  roi,  contre-signcc  SuMet ,  était  adressée  ati  maréchal  de  La  Force,  pour 
îipproiiver  le  refus  qu'il  avait  fait  de  se  rendre  à  l'invitation  du  duc  Je  Châtillon.  tlmprimée.  —  Mém.  de  La  Force, 
t.  111,  p.  i46.) 

-  Voy.  ci-dcs8us,  à  la  date  des  ao  et  a  1  juin. 

'    La  copie  est  placée,  jrtr  erreur,  dans  le  raannscrit,  entre  une  lettre  du  a  juin  et  une  du  5. 

"  L'arrhevêque  de  Bordeaux  était  alors  à  la  nier;  cette  lettre  lui  a  été  adressée  à  divers  endroits,  et  le  manuscrit  de 
la  suite  de  Dupuy  en  conserve  trois  originaiix;  outre  celui  que  nous  venons  de  noter,  daté  du  ad  juin,  il  y  en  a  deux 
autres  datés  du  ao  ,  fol.  2^6  et  248,  dont  l'on  est  un  duplicata  de  l'autre  ;  ils  sont  conformes  à  la  pièce  des  Archives. 
Quelques  additions  ont  été  faites  à  la  pièce  datée  du  oà. 


2li  juin. 


A  M.  de  Praslin. 


A  M.  de  la  Meilleraye. 


Idem. 


A  M.  l'archevescpie  d< 
Bordeaux ,  comman- 
dant l'armée  navale 
du  roy. 


A  M.  de  Schomberg. 


NON  IMPRIMÉES  DANS  LE  TOME   VI. 


235 


DATES 


tlECZ  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DBS  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


1639. 


ah  jnin. 


A  M.  le  Prince. 


3  5  juin. 
.■\bbe  ville. 


A  M.  de  la  Meilleravc. 


Idem. 


26  jiiiji,ausoir. 
Abbeville. 


Idem. 


Idem 


berg,  doivent  cslro   receus  de  vous  avec  telle  révérence 
qu'on  les  voye  suivis  d'effects. . .  » 

Copies.  -~  Bibl.  imp.  Béthuoe,  9265*  fol.  27  v"  '.  —  Cinq- 
Ceuts  Colbert*  45»  fol-  aSi  v"  ^.  —  Saint-Gerinain-Harlay, 
346,  t.  I,  fol.  a6o. 


M.  de  Noyers  vous  escrit  du  fond  des  affaires.  «  .  .  .L\j  roy, 
désirant  que  vous  thciés  de  grands  progrès ,  se  remet  à 
tout  ce  que  vous  estimerés  estre  possible..  .  et  que  vous 
cognoislrés  estre  raisonnable  par  vousmesme  et  par  l'advis 
de  ceux  (jui  sont  auprès  de  vous. . .  »  —  Estât  du  siège  do 
Hesdin ,  ce  qui  s'est  passé  au  siège  de  Mouzon,  etc.  ' 

Copies.  — Bibi.  imp.  Ciaq-Cents  Colbcrt,  45,  fol.  387  v*. — 
Saint'GprroaÎD-Harlay,  HB  ,  t.  I ,  p.  aga  v**  '. 

«  . .  .Vous  voulés  renvoyer  les  paysans  pour  espargner  l'ar- 
gent du  roy,  je  ne  désire  point  qu'ils  partent  que  tous  les 
travaux  ne  soient  achevés;  ce  n'est  pas  vostre  argent  qui 
se  dépense,  et  partant  vous  trouvères  bon  que  j'en  use 
a  ma  mode,  sachant  les  volontez  du  roy...»  S.  M.  a 
ordonné  a  M.  de  Saligny  de  s'avancer  entre  Abbeville  et 
Hedin  avec  3,000  chevaux  et  2,000  hommes  de  pied,  ahn 
que  vous  les  puissiés  avoir  à  coup  près,  si  vous  en  avés 
besoin. . . 

Copie.    —  Bibl.   de  l'Arsenal,  Htêt.   fr,  186,  in-4'*,  fol.  17g. 

Avis  succinct  sur  le  jeu  de  ses  mines. 

Copie.—  Bibl.  dfi  l'Arsenal,  Hùl./r.  i86,in-4°,  p.  178. 

c  Bien  qu'on  ne  puisse  donner  avis  de  loin  des  choses  que  l'on 
necognoist  pas.  l'appréhension  quej'ay  que  le  jeu  de  vosin; 
luinc  ne  rompe  votre  pont  de  mats  '  faict  que  je  m'imagine 
(|ue,  lorsque  la  mine  jouera,  on  peut  le  tirer  un  peu  a 
costé,  ou  avec  une  corde  du  bord  au  fossé,  ou  en  l'y  pous- 
sant de  dessus  le  pont  de  fascines.  Vous  sçaurés  bien  pra- 
tiquer tout  ce  qui  se  pourra  faire,  et  mespriser  tous  les 
adVis  qui,  semblant  bons  de  loin,  se  trouveront  non  pra- 
ticables de  dessus  les  lieux.» 

î,  in-4",  fol.    iHi. 


2t>  juin, 
B  9  heures  du  soir. 


Iden 


Copie.  —  Bibl.  de  l'Arsenal,  ilitt.fr. 


Nouvelles  recommandations,  faites  de  la  part  du  roi,  au  sujet 
du  jeu  des  raittes. .  .  —  uJe  ne  puis  que  me  plaindre  de 
vostre  simplicité  si  vous  avés  eu  pensée  qu'avant  que  Pico- 
lomini  viDstl'on  vous  voulust  donner  un  compagnon...» 
Copie.  —  Bibl.  dei'ArseDal.  Hitt.fr.  186,  iD•4^  fol.  183. 


'    An  dos  du  volume  ett  écrit  :  ■Mémoires  venu»  de  M.  le  carilinal  de  Richelieu.  ■ 
''   Copie  faite  ■  aur  une  minute  de  la  main  de  Cberré.  >  Note  des  manuscrits  de  Colbert  et  de  Harlav- 
^  Le  récit  indiqué  ici  était  joint,  en    ce  moment,  comme  une  e»pèce  de  circulaire  à   plusieur»  lettres  que  Ricliciieu 
crivait  aux  généraux  commandant  les  années  de  France. 
^    Fait  sur  une  minute  «de  la  main  de  Cberré.  ■  Note  des  deux  manuscrite. 
'   Voy.  ci-aprèiH,  lettre  do  37  juin. 


236 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


LIEUX  UE  DATES. 


1C39. 

26  juin , 
a  10  h.  du  soir. 


26  juiu. 
Abbeviïle. 


27  juin. 
Abbeviïle 


9.S  juin. 
Abbeville. 


Jde> 


SUSCRirïIOX 

DES  LETTBE8. 


AM.delaMeilli 


erayc. 


A   M.   Mol*-,  conseiller 

du  roy  en  ses  conseils 
d'estat  et  privé ,  el 
son  procureur  géné- 
ral au  parlement  de 
Paris. 


A  M.  de  la  Meilleraye. 


Idem. 


A  M.  de  la  Meilleraye. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


«Je  suis  bien  aise  de  quoy  vous  faictes  charger  la  mine  Lam- 
bert, afin  que  le  roy  veit  la  diligence  que  vous  faictes 
auparavant  mesme  que  d'avoir  receu  son  ordre.»  —  M.  de 
Noyers  vous  envoie  la  monstre;,  .  .  nous  ne  jugions  pas 
quil  la  falust  donner  auparavant  la  fin  du  siège,  de  peur 
que  les  soldats  se  débandassent..  .  Avertisses  vos  prévosts 
d'estre  sur  leur  garde  pour  empescher  les  déserteurs. . .  » 
—  «Ne  vous  mettes  point  en  peîne  de  ce  que  diront  les 
uns  et  les  autres. . .  Hesdin  étant  pris ,  nous  nous  resjouirons 
ensemble.  » 


Copie.  —  BibL  de  l'Arsenal,  Hitt.fr. 


in-4**,  p.  i85. 


«  L.e  s"^  Cottereau  ayant  une  affaire  au  parlement  touchant  le 
don  que  le  roy  lui  a  faict  de  la  justice  de  Villejuifve  près 
Paris ,  dans  lequel  ii  est  troublé  par  un  trésorier  de  France , 
nommé  le  s"'  de  Courlay,  je  vous  fais  cette  lettre  pour  vous 
en  recommander  la  justice  et  pour  vous  conjurer  de  luy 
vouloir  donner  vos  conclusions  sy  favorables  et  sy  promptes 
qu'il  puisse  avoir,  au  plus  tost,  le  contentement  qu'il  a  lieu 
de  se  promettre  de  vostre  équité  et  de  l'estime  que  vous 
faictes  de  la  recommandation  d'une  personne  qui  vous 
affectionne  et  qui  est  véritablement  comme  moy,  etc.» 
Orig.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Colbcrt,  t.  VI,  foi.  a5o. 

«Je  suis  extresmemcnt  fascfaé  que  vos  ponts  vous  ont  faict 
faux  bond. .  .  il  faut  combler  le  fossé  queU^ue  coust  qu'il  y 
ait  et  quelque  temps  qu'il  fasse.  J'ay  toujours  craint  que 
les  ponts  estant  vis-à-vIs  des  mines,  ils  feussent  rompus 
quand  elles  joueroient.  '»  Richelieu  indique  trois  moyens 
de  réparer  ce  mal. .  .  «J'envoie  Maiola  "  expressément  pour 
me  rapporter  des  nouvelles..  .  ^» 

Copie.  —  Bibl.  de  l'Arsenal,  Hist.fr.   186,  in-4",  p.  i85. 

«La  lettre  que  m'a  apportée  le  s'  de  Chouppes  m'a  fort  con- 
tenté.. .  Je  désire  vous  voir  en  estât  de  donner  une  bonne 
venue  à  Picolomini,  qui  a  passé  le  26  à  Givet  pour  venir  à 
nous.»  —  2,000  liommes  de  cavaleiie  et  2,000  hommesde 
pied  sont  partis  de  Guise  el  viennent  à  grande  journée..  . 
«  Si  dans  deux  ou  trois  jours  la  place  n'est  pas  encore  prise , 
le  Picolomini  pourra  prendre  quelque  passe  temps,  et  si 
elle  est  prise,  M.  deChasliilon,  qui  le  costoye,  estant  arrivé, 
il  faut  tascher  de  luy  donner  encore  plus  de  divertissement.» 
Copie.  —  Bibl.  de  l'Arsenal,  Hist.fr.  186,  in-j",  p.  187. 

«Je  suis  extresmcment  aise  de  l'asseurance  que  vous  me 
donnés  des  succès  de  vostre  entreprise.. .  N'avés-vous  pas 

besoin  de  petites  échelles,  soit  pour  monter  au  rctrancbe- 
ment  des  ennemis..  .  soit  pour  monter  sur  la  courtine  où 
le  canon  a  faict  brèche  ?..  .  Vous  prendrés  tout  ce  que  je 
vous  mande  pour  chimère,  si  ce  n'est  qu'estant  sur  les  lieux 
vous  en  jugiés  quelqu'uns  de  praticables.» 

Copie.  ~  Bibl.  de  l'Arsenaî,  Hij(./r.  i86,ia-4°.  p.  lyi. 


'   Voy.  ci-dessus,  la  lettre  datée  da  a6  janvier  au  soir. 

^  Cet  oiFicier  y  fut  tué  le  lendemain  matin.  (Voy.  t.  VI ,  p.  4o6.) 

^    Voy.  l.  VI,  p.  4o6 ,  note  3  ,  où  la  fin  de  cette  lettre  est  eîlce. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  TOME  VI. 


237 


DATES 

et 

LIBDK  DE  DATES. 


1639. 

29  juin. 
AbbeviUe. 


Idem. 


Ce<lcmier  juin. 
AbbeviJfe. 


1  "Juillet. 
Abbt'vilie. 


SLSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


A  M.  de  la  Meillera^e. 


Idem. 


Idem. 


Idem. 


ANALYSES  DES  LETTUES 

ET    SOCRCES. 


«Ma  nièce  m'escrit  que  le  jeune  Canillac  est  parti  de  Paris 
en  poste ,  pour  aller  à  Hesdin ,  où  est  M. de  Vaillac ,  pour 
se  battre  avt-c  luj.  M.  le  grand  maistre  les  fera,  s'il  luy 
plaist,  arrester  tous  deux,  il  les  envoiera  icy  séparément. 
Si  le  roy  est  au  camp,  M.  le  grand  maistre  prendra  ses 
ordres  sur  ce  sujet.» 

Copie.  —  BikI.  de  l'Arscoal ,  Hist.fr.  186,  in-4**,  p.   189. 

«Picolomini  a  passé  à  Givay  le  26  et  vient  joindre  le  cardinal 
Infant..  .  Hastez  vostre  capitulation,  ne  donnés  aucun 
temps  inutile  aux  assiégés,  parce  que  peut-estre  seroit-ce 
un  artifice  du  cardinal  infant,  qu'on  dit  y  avoir  faict  entrer 
hier  un  homme  à  la  nage,  pour  gaigner  temps.  Quelque 
capitulation  qu'on  fasse ,  si  elle  n'est  exécutée  aujourd'huy, 
travaillés  jour  et  nuit,  plus  que  jamais,  à  vos  ponts  et  à 
vostre  circonvallation.»  —  Sa  douleur  de  la  perte  de  Fré- 
selière  '. 

Copie.  —  BiLI.  de  l'Arsenal,  Hist.  fr.  186,  in-4°,  p.  190. 

«Je  suis  ravi  de  ce  que  les  ennemis  aient  capitulé,  mais  je 
le  seray  encore  davantage  quand  la  place  sera  effectivement 
rendue,  ce  qu'il  faut  presser  extraordinairement;  aiant 
advis ,  non  seulement  par  la  voie  que  le  roy  sçait  de  l'aspic , 
que  toute  la  cavalerie  de  Picolomini  doit  coucher  aujour- 
d'huy  à  Arras ,  mais ,  qui  plus  est ,  par  Saint-Preuil ,  (pi'il  y 
a  desjà  passé. .  .  »  Inquiétudes  de  ce  que  la  capitulation  ne 
inexécuté  |>as;..  .  dispositions  éventuelles..  .  «Je  suis  seur 
que  toutes  ces  diligences  sont  sans  besoin,  mais  ne  pouvant 
rien  gasicr  et  j>ouvant  servir,  si  j'en  pouvois  faire  de  plus 
grandes,  je  n'en  n'obmettrois  aucune.  Selon  les  nouvelles 
que  j'apprendrav  aujourd'huy  de  ce  qui  arrivera  et  de  ce 
que  Sa  Majesté  fera,  je  verray  ce  à  quoy  mon  courage  et 
ma  valeur  porteront  une  mauvaise  santé.» 

Copie.  — Bîbl,  de  l' Arsenal ,  Hitt.fr.  186,  iu-4*',  p.  196. 

...«Comme  vous  avés  bien  mérité  l'honneur  qu'il  a  pieu  au 
roy  vous  faire  '  ;  je  suis  ravy  qu'il  vous  l'ait  donné  comme 
il  a  faict;  et  ne  vous  imaginés  pas  que  je  sois  capable  de 
croire  que  vous  le  vous  soyés  procuré  par  autre  voye  que 
par  celle  de  vos  services..  .  J'ay  parlé  au  roy  pour  M.  de 
La  Ferté  Senneterrc,  Sa  Majesté  l'a  faict  marrschal  de 
camp  de  très  bonne  grâce...  Quant  à  la  Bartette^  iï 
mérite  bieu  ce  qu'il  demande,  mais  je  croy  qu'il  appar- 
tiendra au  gouverneur.» 

Copie.  —  Bibl.  de  l'Arscital,  HiH.fr.  186,  io-d",  p.   198. 


'   Voy.  t.  VI ,  p.  4o6  ,  note  1,  l'exprcssioD  inéme  de  Bichcliou  sur  la  perte  de  cel  officier. 

*  Voj.  le  tome  VI,  p.  407.  —  I.o  roi  était  allé  à  Hcsdin  le  ag  juin ,  et  co  jour  même  la  ville  rapilula;  le  roi  voulut 
y  cDlrer  par  la  brèchn ,  et  an  liaut  tic  cette  brèche  il  donna  le  bâtou  do  maréchal  de  France  à  la  Meilleraie.  La  Gazette 
raconta  le  fait  et  donna  le  texte  de  la  capitulât  ion  le  3  juillet ,  p.  36g  et  saivunte»,  tt  dans  la  Gazette  du  9 ,  p.  38t, 
Richellflu  fit  mettre  un  nouvel  article  à  la  loaange  du  roï  et  de  la  Meilleraie. 

'   Major  an  régiment  de  la  marine.  Voy.  la  Gazette,  p.  870. 


238 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 
et 

LIEUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 


DES  LETxr.BS. 


ANALYSES  DES  LEÏTHES 

ET  SOURCES. 


1639. 

1*' juillet. 
Abbe  ville. 


A  Madame  de  Savoie, 


...Il  ne  lui  reste  d'autre  moyen  de  salut  que  de  suivre  le 

conseil  que  Richelieu  lui  envoie Il  n'est  plus  temps  de 

délibérer,  il  n'en  reste  qu'autant  qu'il  en  faut  pour  exécuter 
une  bonne  résolution  '." 

Orig.  — Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  XXVII.  fol.  3.  — Copies. 

—  Bibl.  imp.  Saint-Gcnnain-Harlay,  347,  fol.  ^iSiv"^.  — 
Imprimée.  —  Aubery,  Afem.  t.  V,  p.  3og.  —  Recueil  Je 
1695,  p.  339. 

fi  juillet*.  A  M.  d'Hémery  *.  Détail  d'opérations  et  de  mesures  a  prendre  indiquées  par 

Richelieu. . .  —  En  P.  S.  «  M.  le  comte  Philippe  '  a  eserit  de 
grandes  plaintes  de  vous  à  M.  l'ambassadeur;  mais,  comme 
vous  pouvés croire ,  on  s'en  moque  de  deçà...» 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Arch.  des  Aff.  etr.  Turin, 
XXVII,  fol.  6.  —  Copie.  —  Bibl.  îrap.  Saint-Germain- 
Harlay,  3^7,  fol.  236  v°  ^.  —  Extrait.  —  Dupuy, 
t.  DCCLXVII ,  cahier  Qq  '.  —  Imprimée.  —  Aubery,  Mém. 
V,  p.  ago,  et  Recueil  de  1696 ,  p.  281 . 

/juillet.  Response  aux  faicts  pro-    Ces  propositions  consistaient  à  faire  le  siège  de  Fontarabie. 

Abbeville.  posez  par  le  s' de  Me-         —  Prendre  Gattary.  —  Tenter  une  entreprise  sur  Saint- 

Ander.  —  Attaquer  la  Corogne.  —  Dans  ses  réponses  Ri- 
clielieu  apprécie  les  avantages  et  les  inconvénients  de  ces 
diverses  propositions. 

Minute  de  la  main  de  Ch«rré.  —  Arch.de  l'Empire,  K  ,  i3d  , 
Guyenne,  l"  partie,  p.  95 ,  pièce  193.  —  Original*.  Bibl. 
imp.  Suite  de  Dupuy,  t,  XV,  fol.  aS^-  —  Copies.  —  Fonds 
Bélhunc  ,  9t>4  >  ,  fol.  1  ao  \°  et,  gS^g,  fol.  16^.  —  Imprimée. 

—  Correspondance  de  Soardis  ,  t.  II ,  p.  1 1  a.  (Doc. Inèd.  in-iS°.) 

'  juillet  ".  A  M.  l'archevesque  de    Richelieu  lui  envoie  le  mémoire  en  réponse  aux  propositions 

.\bbevilie.  Bordeaux ,  comman-         apportées  par  le  s'  de  Menillet  ;  il  espère  que  sans  hasarder 

l'armée  l'estacade  de  la  Corogne  pourra  être  rompue.  Dans 
l'imprimé,  on  0  supprimé  ce  passage  que  donne  le  manus- 
crit :  «  Il  vient  d'arriver  une  espouvantable  nouvelle  d'Alle- 
magne, dont  je  vous  envoie  la  copie;  si  elle  est  véritable, 
comme  nous  le  croyons,  les  affaires  de  l'empire  sont  en 
mauvais  estât  '".n  —  En  revanche,  l'imprimé  met  ici  ces 
mots,  que  nous  ne  trouvons  ni  dans  l'original,  ni  dans 
la  minute:  «Notre  flotte  du  levant  rivalise  avec  le  ponant,  m 

Minute.  —  Arcb.  de  l'Empire,  K,  iS^.  Guyenne,  etc. 
i'"  partie,  p.  10a,  pièce  ig4-  —  Original.  —  Bibl.  imp. 
Suite  de  Dupuv,  t.  XV,  p.  ii5.  —  Copies.  —  Béthune, 
93^  1,  fol.  I  !t^  ,  et  93^9  ,  fol.  i56  V*.  —  Imprimée.  —  Cor- 
retpondance  de  SoardU .  t.  II ,  p.  ii5,  in-A".  (  Doc.  incd.) 

''  Cette  lettre  remarquable  ayant  été  imprimée  ,  nous  n'en  donnons  que  ces  quelques  mots.  Un  passage  est  cité  en  note 
d'une  autre  lettre  à  la  même  princesse.  (Voy.  t.  VI ,  p.  à^à-  ] 

^  ■  Sur  une  minute  raturée  de  la  main  de  Cherré.  »  Note  du  manuscrit  de  Harlay. 

^  Les  imprimés  mettent  le  6. 

"  Cette  lettre  de  Richelieu  est  la  réponse  Si  une  missive  d'Hémery  du  a8  juiu ,  laqaellu  missive  se  trouve  dans  le  ma- 
nuscrit de  Dupuy  cité  aux  sources. 

'  Le  favori  de  Madame.  On  sait  que  Richelieu  le  fit  prendre  et  conduire  en  France  un  peu  plus  tard.  Vovez ,  à  son 
sujet ,  une  note  de  la  page  54o  du  tome  VI. 

'^  a  Minute  de  ta  main  de  Cherré.  ■  Note  marginale  de  la  copie  du  manuscrit  de  Harlay. 

'  Voy.  t.  VI,  p.  56,  note  a. 

'^  L'origitiat  contient  plusieurs  passages  qui  ne  sont  point  dans  la  minute. 

^  C'est  la  date  de  la  minute,  écrite  au  dos  par  Cherré  :  on  a  mis  à  Toriginai  ■  d'Abbeville ,  8  juillet,!  mais  Riche- 
lieu avait  quitté  Abbeville  le  7,  en  même  temps  que  le  roi. 

"*  S'agit-il  de  «  la  défaîte  de  di\  régiments  impériaux  et  de  la  prise  de  leur  général ,  »  racontée  dans  une  lettre  de  Ba- 
nier  que  donne  la  Gazette ,  p.  SgS  ?  Dans  ce  cas  ,  la  nouvelle  répondrait  mal  à  l'emphase  de  l'annonce. 


Response  aux  faicts  pro- 
posez par  le  s' de  Me- 
nillet ,  de  la  part  de 
M.  rarcheves<[ue  de 
Bordeaux. 


A  M.  l'archevesque  de 
Bordeaux,  comman- 
dant l'armée  navale 
du  roy. 


NON   IMPRIMEES   DANS   LE  TOME  VI. 


23Q 


DATES 


LIEUX  DB  DATES. 


1639. 

9  juillet  '. 


1 1  juillet. 
Corhie. 


\li  juillet. 
De  Ham. 


1 7  juillet. 
Saint -Quentin. 


19  juillet. 
Saint-f^uentin. 


SDSCRIPTION 

DBS  LKTTIIBS. 


A  M.  d'Hémerv. 


Au    mareschal    de    la 
Meilleraye. 


Idem. 


A  Madame  la  Comtesse. 


Au    mareschal    de    la 
Meilleraye. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


BT    SOURCES. 


Richelieu  recommande  «  de  dtisarmer  en  diligence ,  sans  perdre 
aucun  moment  de  temps,»  les  habitants  de  trois  places 
remises  entre  les  mains  du  roi ,  par  la  duchesse  de  Savoie  ; 
«il  falloit  commencer  par  là  ,  ne  l'avoir  pas  faict  est  un  pur 
aveuglement." 

Imprimée.  —  Aabery,  Mcm.  t.  V,  p.  198.  —  Recueil  de  1696, 
t.  1 ,  p.  383. 

«Je  vous  prie  de  me  mander,  conËdemment  et  sans  qu'on 
en  sache  rien,  quelle  réputation  a  dans  l'armée  lu  i'  de 
Sioujac,  ca[)itaine,  dans  le  régiment  de  mon  neveu  de 
Brezé.  Je  ae  suis  pas  en  doute  de  son  courage,  mais  je 
désire  sçavoir  quelle  est  estimée  sa  conduite.  Je  sçay  que 
son  humeur  est  gaillarde,  à  quoy  je  ne  trouve  rien  à  re- 
dire; mais  je  désire  sçavoir  si  cette  gaillardise  est  accom- 
pagnée de  prudence  et  de  conduite  *.  » 

Copie.  —  Bibl.  de  l'Arsenal,  Hîst.fr.  186,  in-i",  p.  199. 

On  l'informe  de  la  marche  de  I^ambov.  «Le  roy  est  d'avis 
que  vous  ne  rompîés  pas  la  circonvallation  qui  protège 

•  vostre  camp, . .  Conclusion  :  il  est  besoin  de  nous  conserver 
dans  nostre  victoire,  et  ne  rien  hasarder  cette  année...» 
Recommandations  pour  le  cas  où  Picolomini  s'approcherait , 
ainsi  que  pour  la  subsistance  de  son  armée. . . 

Copie.  —  Bibl.  de  l'ArseDal,  Hiti.fr.  186,  in-i",  p.  aû/i. 

«Madame,  j*adjouste  plus  de  foy  à  la  lettre  qu'il  vous  a  pieu 
m'escrire  que  non*  pas  aux  mauvais  discours  que  Ton  pour- 
roit  avoir  faicts  a  vostre  préjudice.  Je  n'ay  pas  manqué 
d'asseurer  le  roy  de  rafTectiqn  (|ue  vous  tesmoignés  avoir 
|>our  son  service.  Sa  Majesté  n'eu  est  pas  en  doute. . .  » 

Copie.  -~  Bibl.  dct'Arseaal,  collcct.  Conrard ,  iu-fol.  t.  VU, 
p.   1900. 

«Nous  |)artons  pour  aller  à  Guise,  où  l'on  dit  que  nous  trou- 
verons en  chemin  un  corps  de  cavalerie  de  2,000  chevaux  ; 
si  cela  est,  vous  entendrés  parler  d'actions  extra  ordinaire- 
ment héroïques.. .  L'avis  de  Pailotjue*  ne  vous  doit  pas  em- 
pescher  le  dessein  que  vous  a  porté  le  s' de  Cbouppes,  car 
les  ennemis  ne  sont  pas  si  forts  que  le  d.  avis  porloit. . .» 
—  (Ici  quelques  chiuTres  indiquent  les  forces  de  Picolo- 
mini]... «Les  ennemis  ont  fait  de  grands  retranchemens  à 
Arras,  prenés  vos  mesures  pour  la  seureté  de  Hesdin ,  et 
le  dessein  que  vous  avés.» 

Copie.  —  Bibl.  de  l'Arsenal,  Hîtt.Jr.  186  ,  iii-i",  p.  a  1 1 . 

'  Aubery  lialc  cette  lettre  d'Abbeville,  c'est  nnc  iadication  inexacte,  non»  venons  de  le  remarquer.  Nous  n'avons 
point  te  menuscrit  de  cette  lettre,  mais  eo  quittant  Abbeville  le  7  ,  pour  aller  à  Péronuc  où  il  arriva  le  11,  Richelieu 
s'arrêta  à  Péquïgny  et  à  Corbie. 

-  Une  autre  lettre  sur  le  même  sujet,  adressée  aossi  à  M.  de  la  Meillcraie,  se  trouve  Jans  le  même  manuscrit  de  l'Ar- 
Hcnal  (p.  21g) ,  où,  faute  de  date,  on  l'a  cla«spe  an  hasard  entre  le  a  i  et  ie  a?  juillet.  Richelieu  y  exprime  les  mêmes 
pcnséeit,  ii  peu  près  dan»  les  môm'^s  termes  :  «Je  ne  suis  pas  en  donto  de  son  cœur,  mais  je  serav  bien  aise  d'avoir 
esclnircissemcnt  de  sa  leste.  Je  no  demande  point  si  c'est  un  sénateur,  maia  seulement  sçavoir  s'il  est  capable  d'une 
politique  militaire  raisonnable.  »  Dan»  cette  seconde  pièce  le  nom  de  l'officier  est  ëcrit  Sionrac  ;  n'ayant  ni  minotc,  ni 
onginal,  nons  Qc  pouvons  rccliûer  le  copiste.  Noos  n'avons  point  l'explication  de  cette  double  lettre,  mais  il  est  pro- 
bable qu'une  seolc  aura  été  envoyer. 

'   Voyez,  sur  cette  affaire  ,  plusieurs  lettres,  t.  VI ,  p.  i36  ,  4ii  et  autres. 


2ll0 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


HATES 


LIErX  DE  DATES. 


1639. 

2  2  juillet. 
A  Marlr. 


24  juillet. 
Relhel. 


SUSCIUPTION 


DES   LETTRES. 


Au    inareschai    do    La 
Force. 


ANALYSES  DES  LETTIiES 
ET  sonncEs. 


26  juillet. 
Mëzières. 


Idem. 


27  juillet. 
Mézières. 


Le  roy  à  M.  le  Comte. 


A  M.  le  Comte. 


A  Madame  la  Comtesse, 


Remercîments  des  témoignages  de  la  joie  que  le  maréchal  a 
ressentie  de  la  prise  de  Hesdin  et  de  la  récompense  qu'a 
obtenue  son  cousin  de  la  Meilleraie.  «Les  termes  de  la 
lettre  que  vous  m'avés  faict  la  laveur  de  m'escrire  sur  ce 
sujet  sont  si  obligeans,  que  je  n'ay  point  de  paroles  pour 
vous  en  remercier  comme  je  désirerois. . .« 

Iroprimiîc.  —  Mêm,  du  ductU  La  Force,  t.  III,  p.  463. 

<i  Mon  cousin,  approchant  de  Sedan...  je  ne  sçaurois  assez  m'es- 
tonner  de  l'appréliension  qu'on  tesmoigne  en  ce  lieu  de 
mon  approche,  veuque  je  n'ay  aucune  intension  qui  puisse 
eslre  préjudiciable  ny  à  vous,  ny  a  ceux  avec  lesquels  vous 
estes...  Mon  affection  vous  est  asseurée,  en  vous  condui- 
sant comme  je  me  le  promets.» 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  BibL  imp.  Bétbiiae^  gSSy, 
foL  11.  —  Copie.  - —  Fond»  Dopuy,  ôig ,  fol.  2a6. 

Réponse  à  une  lettre  de  coraplimenls  adressé  ;  au  cardinal 
par  le  comte  de  Soissons,  et  qu'avait  apportée  un  de  ses 
gentilshommes,  M.  de  Sardini.  Richelieu  ajoute  en  P.  S.  : 
«J'ay  dit  à  M.  de  Sardini  plusieurs  choses,  sur  vostre  con- 
duite ,  que  je  m'asscure  que  vous  Irouverés  bon ,  puis(|u'elles 
n'ont  autre  fin  que  vostre  bien'.» 

Orîg,  —  Bibl.  imp.  Foolelte,  porteL  ià  ,  o"  85. 

«Madame,  si  vous  m'eussiés  faict  la  faveur  d'avoir  quelque 
créance  en  la  lettre  que  je  vous  escrivis  de  Saint-Quentin, 
vous  n'auriés  pas  pris,  je  m'asseurc,  des  ombrages  de  la 
venue  du  roy  en  ces  quartiers,  comme  vous  avés  faict, 
Sa  Majesté  n'ayant  autre  intention  que  de  vous  proléger...  » 
—  P.  S.  «J'ay  prié  vostre  secrétaire  de  vous  dire  particu- 
lièrement ce  que  j'estime  pour  vostre  bien.  C'est  à  vous. 
Madame,  à  rendre  vostre  conduitle  si  prudente  que  le  roy 
ayt  accasion  de  s'en  louer.» 

Copie.  —  Bibl.  de  l'Arienat ,  collcct.  Conrard ,  in-fot.    t.  VII, 
p.    1903, 

«Le  roy  aîant  eu  avis  de  la  mort  de  M.  le  duc  de  Weymar  S 
et  désirant  pourveoir  à  ce  qui  regarde  son  service  et  le  bien 
de  la  cause  commune,  sur  un  accident  sy  imprévcu  et  de 
sy  grande  conséquence,  dépcsche  au  s'  comte  de  Gué- 
briant  le  baron  d  Oysonville. . .  Avantages  que  le  rov  fait 
aux  troupes  du  feu  duc  de  Weymar  pour  les  retenir  a  son 
service,  et  à  M.  d'Eriach...  Procédés  à  suivre  par  M"  de 
Guébriant  et  d'Oysonville  dans  cette  négociation. . .   Di- 


'  Richelieu  qui,  l'avant-veille,  avait  fait  adresser,  par  le  roi,  un  rcproclie  au  comte  de  Soisaons ,  évite  de  mettre 
nn  nouvel  avertissement  à  nne  lettre  de  compliments,  mais  il  charge  le  gentilhomme  d'un  message  verbal  { cî-après , 
:i8  juillet) ,  et  puis  il  n'use  pas  do  la  même  réserve  avec  Madame  la  Comtesse  (  lettre  euiv.  ) . 

*  Ce  même  jour,  37  juille'. ,  Richelieu  mandail  à  M.  dr  la  Meilleraie  l'élonnemenl  et  les  regrets  que  la  mort  inat- 
tendue de  ce  prince  ,  arrivée  le  17  juillet ,  après  une  très-courte  mahidie ,  ciasait  à  la  cour.  (T.  VI ,  p.  45o.  J  Le  Mer- 
cure,  en  l'aDDOnraiil ,  publia  des  vers  à  la  louange  de  l'illustre  défunt.  [T.  XXIll  ,  p.  Si.)  Des  bruits  d'enipoisonuement 
□e  tardèrent  pas  à  se  répandre ,  et  nous  avons  une  lettre  du  procureur  général  Mole  à  son  ami  P.  Dupuy,  où  il  en  parle 
comme  d'un  fait  qu'on  ne  révoque  pas  en  doute  :  a  Si  vous  sçavez  les  particularités  de  l'cmpoisooDcmeDt  du  duc  de 
Weymar,  vous  m'obligerez  de  m'en  faire  part.  »  Bibl.  imp,  PoniU  Dupuv,  792  ,  lettre  70. 


Instruction  à  M.  le  ba- 
ron d'Oysonville ,  s'en 
allant  à  Brisacb. 


NON   IMPRIMEES   DANS   LE  TOME   VI. 


241 


1639 


[,639'.] 
a8  juillet. 
Mézîèrcs. 


1639. 
28  juillet. 
M  bières. 


SUSCRIPTION 

DES   LETTRE^. 


Pour  M.  (le  (-havignv, 
secrétaire  d'estat ,  è 
Laoïi. 


A  M.  ie  Comte. 


Idem. 


\^9\y 


luillct. 


A  M.  le  comte  de  Gué 
b"ianlS  ' 


ANALY.SES  DES  LKTTRES 

ET  SOURCES. 


verses  lettres  de  cachet  pour  les  chefs  des  il.  troupes,  mises 
es  mains  du  d,  s'  d'Oysonville '. 

Mise  au  net.  —  Arch.des  Afl'.  étr.  Allemagoe  ,  t.  XV,  pièce  i3o. 
Copie.  —  Bibl.  imp.  Cioq-Cents  Colkrrt ,  46  ,  fol.  Zqo  v**. 

...«Vous  avés  très  bien  fait  de  vous  faire  porter  à  Laon ,  le 
changement  de  lieu  et  la  bonté  de  Tair  contribueront  a 
vous  relirerde  Testai  où  vous  estes  maintenant.  Cependant 
je  vous  conjure  de  ne  penser  à  rien  qu'a  vous  guérir,  et  ne 
vous  impatientés  joint,  n'y  ayant  rien  si  contraire  au  m;d 
que  vous  avés,  que  le  chaprin  et  la  mélancolie^.  M,  de 
La  Barde,  qni  est  icy,  aura  soin  des  allaires  qui  rej^artlent 
vostre  charge  en  \  osire  absence  ,  qui  ne  vous  sçauroil  nuire 
auprès  du  roy,  ny  auprès  de  moy,  qui  ne  vous  ayme  pas 
moins  que  par  le  passé ...» 

Orig.  —  Arcli.  des  Aflf.  etc.  Fraiicr,  i638,  de  janvier  ù 
juillet ,   foi.   43  I. 

«Je  n'ay  pas  manqué  d'asseurer  le  roy  de  la  déférence  que  le 
s'  du  Plessis  m'a  faicl  cof^noistre  que  \ous  avés  rendue 
au  conseil  que  j'ay  pris  la  liberté  de  vous  donner,  par 
M.  de  Sardini,  sur  le  sujet  de;  fortifications  de  Se<lan. 
dont  Sa  Majesté  a  tesmoigné  la  satisfaction  que  vous  pouvés 
désirer.»  S  il  se  conduit  bien,  il  ne  recevra  jangaîs  que  !)on 
Iraiiemenl  du  roy... —  «J'ayreceii  comme  un  tcsmoignage 
de  vosire  amitié  la  personne  du  s'  de  Crousille  . .  Je  veux 
croire  qu'il  se  rendra  tel  qu'il  doit  estre,  cl  en  prie  Dieu  de 
tout  mon  cœur.  C'est  un  homme  que  je  ne  cognoissois  point 
particulièrement  et  que  j'ay  plustost  désiré  pour  vostre 
considération  que  pour  la  sienne;  cependant  je  m'en  tiens 
grandement  obligé. . .  » 

Orig.  —  Bibl.  iœp.  Fonlelte ,  portefeuîllf  34»  u*  S-J. 

Afiliction  de  Richelieu  à  cause  de  la  mort  du  duc  de  Wcy- 
mar.  Les  déix-sches  de  M.  de  Novers  vous  ont  porté  les 
ordres  du  roy  au  sujet  de  ce  que  vous  devés  faire  de  concert 
avec  M.  d'Oysonville.  Vous  n'oublierés  rien  pour  engager 
les  principaux  chefs  des  troupes  du  duc  de  Weymar  à  se 
rendre  au  désir  du  roy. 

Copie.  —  Bibl.  imp.  Ciaq-Cen(s  Colbcrt ,  1 1  6 ,  fol  y.  —  Im- 
primée. —  Hiit.  de  G aèbr tant  p:tr  le  Laboureur,  p.  i4i|  oij 
cette  lettre  est  fautivement  datée  du  a6. 

Sur  la  mort  du  duc  de  Weymar,  et  le  désir  (!u  roy  que  tes 
chefs  de  l'armée  du  feu  ciuc  restent  au  service  de  Franc, 


'  Voy.  t.  VI ,  p.  45i  et  453  ,  les  Ijttres  de  Riclflieu  aux  rolooels  du  feu  di.c  de  Weymar  et  à  .M.  d'Erlach.  Nous 
DOU>  boriion»  ici  à  indiquer  cette  iuKirucliou  ass*"!  longue,  où  Boui  trouvons  »culemrnt  la  reosee  du  cardinal,  c'  (lui 
doit  avoir  été  rédigée  par  Cbavigni. 

*  La  pièce  vhl  de  lii  main  de  Cherré ,  sauf  le  millésime,  qu'une  autre  main  a  écrit  :  i638.  Celte  fausse  data  a  fait 
insérer  la  pièce  d.nis  le  manuscrit  dfl  1  638 ,  aux  Affaires  étrangères. 

^  Je  trouve  ,  dans  1rs  manuscrits  de  IlotlanJe  ,  .lux  AlTtiires  étrangères,  tome  XXI ,  folio  11 4)  une  lettre  du  a8  juillet  où 
ChavIgDÎ  maude  au  cardinal  qu'il  •  va  se  faire  saigner  du  pied  ,  à  cause  des  douleurs  dont  il  souffre.  ■  Il  euvoic  en  mJmo 
temps  des  dépêches  remues  de  Hollande  ,  où  d'Estrades  ni^nde  que  le  prince  d'Orange  exécutera  ce  qu  il  a  promis  par  sa 
troisième  proposition.  [Voy.  t.  VI,  p.  455.) 

*  Voy.  t.  VI ,  p.  453  t  UD«  leîtrc  adressée  à  M.  d'Erlicb ,  snr  Ir  mime  sujet. 


CARDIN.  DE  RICHELUIU    —  VII. 


242 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


nATES 


LlKVl   DE   DATES. 


1639. 


3i)jniHt't. 


3o  juillet, 
Doncliery. 


âi  juillet. 


i"  août. 
Dp  Motizoïi. 


2  août', 
Mouzon. 


SUSGRIPTION 

r>ES  LBTTUKS. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  80ÏBCES. 


A  M.  de  Picolomini  ^. 


A  M.  de  Cboisy  ''. 


Au  maresclial  de 
tillon. 


Chas- 


pour  raccom|)lissement  de  ce  que  M.  de  Weymar  avoit  sy 
bien  commtncé,  et  dans  Tintérest  de  la  cause  commune. 

Copies.  —  BltiK  iinp.  Ci'nq-Cciits  Colberl,  46i  foL  Sgo.  — 
Saiiil-Germain-Harlay,  3^6  ,1.  11 ,  p.  725  '. 

M.  de  Cornlllon  est  envoyé  de  nouveau   pour  l'échange  de 
M.  de  Ft'uquîèrcs.  11  est  aussi  question  dans  cette  lettre  de 
l'échange  de  Jean  de  Wcrt  et  cfe  celui  du  maréchal  Horn. 
Copie»,  —  Bibl.  imp,  Cinq-Ccots  Colbert ,  ^Ti  ,   fol.  226,    — 
Saint-Gcnuain-Harlay,  346,  t.  I  «  fol.  334  ^• 

On  est  inlormé  d'une  entrevue  secrète  du  duc  de  La  Valette 
avec  le  cardinal  infant.  Voir  avec  M"  de  Koquepine,  de 
Campelz,  de  Grançay,  s'il  reste  quelque  chose  a  faire  pour 
garantir  Melz. . .  «C'est  chose  1res  certaine  que  M.  D.  L.  V. 
promet  au  roy  d'Espagne  de  faire  une  entreprise  sur  Metz 
et  de  luy  mettre  celte  place  entre  les  mains,  mais  son  pas- 
sage à  Bruxelh'.  est  douteux.  Faites  voir  ma  lettre  a  M"  de 
Roquepine  et  Campelz,  pour  leur  tesmoigner  la  confiance 
qu'on  prend  en  eux...» 

Imprimée. —  Aahery,Mém.t.  IV*  p.  200,  elRec.  de  1695,  p.  198. 

Picolomini  coucha  avant-hier  29  à  Maubeuge;  on  croit  qu'il 
va  passer  à  Namur.  «C'est  à  mon  d.  s"^  mareschal  à  voir  s'il 
veut  faire  les  deux  retranchements  dont  il  m'a  parlé,  aux 
deux  costés  de  la  montagne  où  il  faict  estât  de  prendre  son 
champ  de  bataille.»  On  lui  en  voie  des  troupes  et  des  mineurs. 
«Tout  consiste  à  diligenler  autant  qu'on  pourra  le  siège. ..  » 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Bétbane  ,  9360.  foL  i4i.  —  Cimj-Cents 
Colbert ,  1 1  9  ,  foL  91 .  —  Imprimte.  —  Auberv.  Mém.  i.  IV, 
p.  303.  —  Recueil  tic  1695,  p.  194- 

On  lui  envoie  tous  les  secours  qu'il  a  demandés. . .  «Je  ne  croy 

point  que  Picolomini  vienne  icy,mais  il  faut  faire  tout  ce  qu'il 

faut  comme  s'il  y  venoit  certainement.  »  Se  souvenir  qu'il  vint 

à  M.  de  Feuquières  par  des  bois  à  Thionville;  il  me  semble 

qu'il  pourroit  faire  le  mesrae  icy. ..»  Conseils  à  ce  sujet... 

Copies.  Bibl.  imji.  Bc(hunc ,  9360,  fol.    i4a.    —   Cinq-Cenls 

Colbert,  lig,  fol-    91  v°.  —  Iraprimcc.  —    Auliery,  Mém. 

t.  IV,  p.  aoa  ,  et  Recueil  de  iG^ô  ,  p.  1  94- 

Un  sommaire  de  cette  instruction  a  été  donné  dans  notre 
VI"  volume,  page  hbà.  Uichelieu  a  écrit  en  marge  de  la 
pièce  originale  {[nel(|ues  lignes  de  matière  *  pour  cette  ins- 
truction ,  qui  a  dii  être  rédigée  dans  le  cabinet  du  secrétaire 
d'État  des  Affaires  étrangères.  Nous  nous  bornerons  ici  à  ces 
seules  indications. 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Colbfvl ,  ^S ,  fol.  894  v*. — 
Saint-Gcrmaiii-Harlay,  346  ,  t.  II ,  p.  733.  —  Imprimée. 
Aubery,  Mém.  i.  IV,  p.  368. 


'  Les  deux  manuicrila  mettent  cette  note  margiualc  ;  «Ceci  est  escrit  de  la  main  de  Cberré.  —  Ce  doit  estre  une 
lettre  de  M.  le  cardinal  de  Ricbelieu  à  quelqu'un  des  olïiciers  de  feu  M.  de  Weymar  ou  à  plusieurs  d'eux.  {Voy.  le 
mumoire  cy-dcsaus.  )  ■  Ce  mémoire  ainsi  indiqué  se  trouve  dans  notre  VI*  volume  ,  page  45i . 

^   Pièce  mentionnée  p.  Iib-j  du  VI'  volume,  note    l. 

^  «  Sur  une  copie  de  la  main  de  Chcrré.  >  Note  commune  eux  deux  manuscrils. 

*  Voy.  retirait,  t.  VI,  p.  43o. 

"    On  a  mis  en  tête  :  u  le  4  ;  »  c'est  sans  doule  la  date  de  l'envoi. 

*  Indication  des  deux  copies  dans  les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  impériale. 


îdei 


Instruction  pour  M.  de 
Choisy. 


NON   IMPRIMEES   DANS   LE  TOME   VI 


243 


DATES 


LIBDX  DE  DATES. 


1039. 
'  8  août. 
Moujton  '. 


8  août. 
Mouzon. 


12  aoûl. 
A  Mouzon. 


I  ^  août  ~. 
A  S"  Meneboult, 


ili  août. 
S*"  Meneboult. 


SUSCHIPTION 

DES  LETTBE.<i. 


Au  uiaresclial  de  Ctias- 
(illon. 


A  M.  le  cardinal  do 
Valette. 


Lettre  du  roi  a  M.   !o 
Prince  '. 


Lettre  du  roî  à  M" 

Savoy*'  ". 


A  M.  de  La  Grange  aux 
Ormes. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOCRCES. 


Un  g^entilhomrae  île  M.  de  la  Meilleraie  apporte  la  nouvelle 
d'un  combat  qu'il  a  gagné  contre  l'armëc  du  marquis  do 
Fueotes,  avec  peu  de  perte  des  siens  et  grand  désastre  des 
ennemis^.  «Le  pauvre  Monteclair  a  eu  le  bras  gauche 
cassé,  et  M"  de  Gassion  et  de  Senneterre  qui  comman- 
doient  l'avïint-garde  ont  fait  des  merveilles...'*» 

Copies.  —  BibL  imp.  Ciaq-Cents  Colbert ,  iig,  fol.  gS.  — 
SainUGcrmain-Harlay,  3^7,  fol,  5oi.  —  Bcthune ,  9360 , 
fol.  145  v".  ~-  Imprimée.  —  Aubery,  Mém  t.  IV,  p.  20^  , 
et  Recueil  de  iGgS,  p.  19a. 

Piéponse  à  une  lettre  du  3i  juillet.  —  Satisfaction  «de  voir 
la  résolution  avec  laquelle  vous  et  M,  de  Longncville  mar- 
chés pour  secourir  Turin.»  —  Richelieu  lui  envoie  la  rela- 
tion du  combat  de  M.  de  la  Meilleraie.  «J'espère  que  les 
armes  que  vous  commandés  nn  seront  pas  moins  heureuses 
en  Italie,  et  que  vous  nous  raanderés  au  premier  jour  qu'il 
leur  sera  arrivé  quelque  bon  succez...  Je  remets  le  surplus 
à  une  dépesche  que  M.  de  Chavigny  vous  fait  de  la  part 
du  roy  *. . .  • 

Oritr.  —  Arch.  de»  Aff.  étr.  Turin,  l.  XXIX,  fol.  90.  — 
Copie.  —  Bibl.  imp.  Saini-Germsin-HarUy,  .1^7,  fol.  5oi  v°. 

Sa  Majesté  le  félicite  de  ce  qu'ensuite  de  la  prise  de  Salces  ", 
il  s'est  emparera  la  vue  des  ennemis,  de  la  ville  de  Ca- 
nette. . .  «  Il  ne  se  pi?ut  rien  adjouster  a  l'estime  que  je  fais 
de  vostre  personne  et  à  l'alféction  que  j'ay  pour  ce  qui 
vous  touche. . .  »  (,e  roi  va  en  liourgogne ,  «  où  j'auray  beau  • 
coup  de  contentement  de  voir  mon  cousin  le  duc  d'An- 
ghien,  vostre  lils,  de  la  conduille  et  des  services  duquel 
j'ay  aussy  une  |)articulière  satisfaction...» 

MinDte.  —  BibL  imp.  Fonds  BéthoDe,  93S7,  fol.  67. 

Malgré  ses  fautes,  qu'il  sera  bien  difficile  de  réparer,  le  roi 
marché  à  son  secours.  «Je  vous  envoie  le  sieur  de  Cha- 
vigny pour  sçavoir  vos  intentions  et  vous  faire  cognoistrc 
les  miennes. .  .■ 

Autographe.  — Arch.  de»  Aff".  fit.  Turin,  l.  XXIX  *  fol.  101. 
—  Miniilfl  dp  la  main  de  Cherra  ,  même  collection  ,  (,  XXVII , 
fol.  63.  —  Mise  au  npt  de  la  main  de  Cberrf'.  —  Bibl.  imp. 
Fonda  Bélbune,  gSS;,  fol.  70. 

«Le  s'  de  La  Grange  ayant  rapporté  au  roy  le  désir  qu'a  M.  le 
duc  de  Lorraine  de  rentrer  dans  les  bonnes  grâces  du  roy. 
Sa  Majesté  le  renvoie  vers  le  d .  s' duc  Charles  de  Lorraine , 


'    La  copie  do  Harlay  seule  donne  le  lieu  de  date. 

'  Lei  manuscrits  que  suivent  lo»  imprimés  dirent  que  ce  combat  fut  donnil  près  de  Mauquerques;  le  récit  do  la 
Gatetle  [  p.  4S7)  nous  permet  do  rétablir  ce  nom  entropte  ;  il  s'agit  d'une  ■  forte  église  nommée  Sa  in  le -Mu  rie  Querque , 
dont  on  chfsaa  les  ennemis  qni  >Vn  étaient  emparés  ta  nuit  précédente.  ■ 

'  Voy.  ce  «jn'pn  écrit  llicbelteu  à  M.  delà  Meilleraie,  t.  VI,  p.  ^f)^■ 

^   L'original  chiffré  de  la  lettre  de  Cbavigni  est  aui  AH'airpa  étrangères,  folio  38  du  manuscrit  priSoité. 

^   Nom  et  date  notés  nu  do«  par  Charpentier. 

'    \oyeï,  au  snjet  de  Saice» ,  une  nt<tre  lettre  à  .M-.  le  Prince,  t.  VI,  p.  573. 

'  C'est  la  date  de  la  rainule  ;  l'original  est  daté  du  1  5,  jour  du  dépai-t  ;  la  copie  de  Bétbuiie  met  le  i3 ,  c'est  sans 
doute  un  quantième  inexact. 

'   Noua  on  avons  dnniié  an  extrait  en  note  d'une  lettre  au  cardinal  de  La  Valette ,  t.  VI ,  p.  A^g. 


3i. 


2i'i 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATK-S 


LIEOX   Dr.   DATES. 


SUSCRIPTION 

DES   I  ETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

KT  sooncBs. 


1639. 


Sans  (îatf. 

[  Un  peu  avant  le 

)  b  août  1 639  ^.] 


1  5  août . 


1 5  août  ■^. 


20  août. 
Joinvillr. 


2  o  août. 


A  M.  lecouiinaudcur  de 
Guilaut ,  commaa- 
fiant  pour  le  rov  de; 
isles  S'*  Marguerite 
el  S'  Fionorat. 


A  M.  le  commandeur  de 
Guitaut ,  comman- 
dant pour  le  roy  des 
isles  S"'  Marguerite, 


A    M.    le 
t  rades- 


comte  d'Es- 


Inslruclion  aux  s"  de 
Gu6brianl ,  de  Cboisy 
et  d'Oysouviïle ,  pour 
négocier  avec  l'en- 
voyé des  généraux  du 
feu  duc  de  Wcymar. 

A  M.d'Erfacb. 


pour  l'asseurer  que ,  s'il  est  en  IVslat  auquel  il  luy  a  mandé , 
il  oubliera  très  volontiers  sa  conduite  passée,  luv  donnant 
toute  seureté  pour  s'aboucher  avec  M.  le  cardinal  de  Riche- 
lieu, proche  de  I.angres  '.  Faict  à  S"  Menehoud.» 

Imprimée.  —  AuLcry,  A/cm.  t.  V,  p.  .^76,  et  Recueil  tle  1696 , 
t.  II,  p.  363. 

uAusfiitosI  que  i'ay  appris  les  nécessitez  de  la  place  où  vous 
estes ,  j*v  ay  faict  pourveoir. . .  vous  verres  par  là  le  soin  que 
je  veux  avoir  de  vous  et  l'affection  que  je  vous  porte... 
asseurés-voiis  tpi'on  vous  mettra  en  estai  de  faire  recevoir 
un  aflront  aux  Espagnols  s'ils  vous  vont  attaquer. ..  J'ay 
remis  tous  les  méuioires  que  vous  m^avés  envoyés  entre  les 
mains  de  M.  Le  Queux.» 

Orig.  —  CommuDicatioa  de  M.  de  Guitault. 

Commission  donnée  à  un  gentilhomme  sur  la  rrcomuianda- 
liou  de  M.  de  Guitault  :  «J'ay  veu  les  nouvelles  que  vous 
avés  envoyés  à  Cherré,  touchant  ce  qui  se  passe  à  Naples 
et  en  Piedmont. . .  Veillez  à  la  seureté  des  places  que  vous 
avés  en  garde  et  dont  je  mn  rej>ose  sur  vous,  de  sorte  qu'il 
ne  puisse  arriver  aucun  inconvénient...» 

Orig.  —  Comniuoication  de  M.  de  Guilaull. 

«  .(e  vous dépescbe  ce  courrier  sur  des  ayis  certains,  qtie  le  roy 
d'Espagne  assemble  sa  flotte  à  la  Corogiie,  qui  sera  forte 
de  cmquante  grands  vaisseaux  qui  seront  commandez  par 
D.  Antonio  Doquendo,  le  plus  habile  homme  de  mer  qui  soit 
en  Espagne...»  Presser  le  prince  d'Orange  de  sortir  pour 
le  conâbattre,  il  ne  peut  jamais  trouver  une  occasion  meil- 
leure. 

Copie.  —  Arcliives  de»  Alcdici*  à  Florence,  cart.  5i  (coiti 
d'EuropaJ,  indication  de  M,  Caneslrini.  —  Imprimée.  — 
Ambassudes  et  négociations  de  M.  le  comte  d'Estrades .  p.  44  *■ 

Nous  avons  donné,  tome  Vï ,  p.  /i8i,  note  i ,  un  extrait  suc- 
cinct de  cette  pièce,  dont  la  matière  seule  appartient  au 
cardinal. 

Mise  au  net.  —  Arch.  des  Afl".  ctr.  Allemagne,  t.  XV,  fol.  i3S. 

—  Copie. —  Bibi.  iiiip.  Cin(j-Cents  Colbert ,  jJG  ,  fol.  4oi. 

—  Imprimée.  —  Aubery,  Mcm.  t.  IV,  p.  3g3. 

«Le  roi  a  eu  /ort  agréables  les  asseuranees  de  fidélité  et  affec- 
tion a  son  service,  qui  lui  ont  esté  données  par  le  colonel 
Flcrsheim,  au  nom  des  ofliciers  de  M.  de  VVevmar. ..  Le 
roy  jjrend  autant  de  confiance  en  vous  qu'en  ses  naturels 


'  Un  saiîf-condiùt  fui  rédigé  le  même  jour;  après  uii  prcdmhule  où  est  répète  à  peu  près  ce  qui  précède,  «Sa  Majeslit 
promet  en  foy  et  parole  de  roy  que  le  doc  pourra  \enir  l\  Langres,  y  demeurer  cl  s'en  reloarner  en  toute  seureté,  soit 
qu'il  y  soit  conclu  quelque  chose  avec  luy  ou  non  ,  ensemble  ceux  qu'il  amèrcra  avec  luy.  »  (Mômes  sources  que  ci-dessus.} 

'  Cotte  lettre  doit  avoir  précédé  de  peu  de  jours  celle  du  i5  août,  dont  nous  la  rnpnrorhons ,  uc  pouvant  indiquer 
le  jour  précis  de  la  date.  Toutes  deux  font  mention  du  gcntilbomme  envoyé  par  M.  de  Guitaut  ;  et  nous  savons  que  ie 
s'  Le  Queux,  dont  il  est  Ici  qurstiou  ,  était  alors  employé  par  Ricliplïcu  pour  les  affaires  de  la  marine  en  Provence. 

■*  On  a  mis  mal  à  propos  à  la  dale  de  cette  lettre  :  de  Ruel. 

»  Voy.  t.  V,  p.  885,  note  a. 


NON-  IMPRIMEES  DANS  LE   TOME   VI. 


245 


DATES 


LUUl  l>£  DATES. 


1639. 


2$  août. 
Langres. 


3o  août, 


SUSCRIPTION 

DES  LETTBBS. 


Le  roi  à  Monsieur. 


ANALY.^ES  DES  LETTRES 

BT  SOCRCBS. 


et  plus  aiTidc-s  sujets...  Vous  recevrés,  dans  le  service  de 
iia  Majesté,  tous  les  avantages  que  vous  y  sçauriés  dé- 
sirer '. . .  » 

~  Arch.  des  AfT.  etr.  Allcmaguc 
Dp.  Cmq-Cpnts  Colbert ,  46,  fol. 
■■     •         "■-  II, 

le 
34'. 


Copies. 
BiU. 

Gcrmiiio-Harlav,  340  ,  l. 
Mèm.  kilt,  roncrniant  M. 
dun,   1784.  t.  111,  p. 


U  XV,  p.  j35.  — 
399  T°.  —  Saiiil- 
p.  74a  ^.  —  Iiiipriiuée.  — 
;éBéraI  d'Erlach  ,    etc.  Yver- 


.A    M  ad  aune 
vreusr. 


de     Che- 


septembre. 


A  M.  di'  <^.ouvongcs, 
gouverneur  de  la  ci- 
taflcll)'  df  Turin. 


«...Vous  aymaut  comme  je  fais,  j"'allriids  de  vou;;  tout  ce 
(]ui  se  jjeul  désirer  tl'un  frère  -de  trt-s  bon  natureL..M.  Du 
Boullay  vous  dira  les  nouvelles  d'icy.  Envoyez-moy  le  jdns 
lost  possible  les  deux  mil  hommes  que  vousm'avés  promis.» 

Minute  de  ta  main  dp  Clierré.  —  Bibt.  îinp.  Fonds  Béllutnr-, 
9337,  fol.  66. 

«  Le  roy  a  trouvé  fort  estrange  qu'aiant  receu  vostre  abolition  , 
il  y  a  plus  de  trois  mois. . .  vous  ayés  fait  difficulté  de  \  ous 
en  servir...  est-ce  un  dessein  formé  de  ne  plus  revenir  en 
France.^»  Les  faux  avis  tpron  lui  a  donnés  en  sonl-ils 
cause. . .  «Vous  estes  trop  judicieuse  pour  ne  pas  cognoistre 
que  le  roy  ne  voudroit  pour  rien  du  monde  vous  faire 
rechercher  après  une  abolition  donnée...  Reste  donc  à 
vous.  Madame,  de  faire  ce  que  vous  estimés  plus  à  propos 
pour  vostre  avantage...» 

Copti^.  —  Bibl.  imp.  C!ii(|-CenlB  Colbert,  40,  fol.  44*'  — 
ïiaiiit-Grrniain-H^irUv,  346,  I.  11  ,  p.  â3. — Imprimée  dans 
i'WiK.  de  Louis  Mil.  par  ie  P-  Griffet,  t.  111,  p.  179,  .t 
par  M.  CouitD,  p.  33S. 

n Puisque  vous  estes  dans  la  citadelle  de  Turin,  je  la  tiens 
asseurée.  Faites  travailler  nuit  et  jour  aux  fortiiications  ; 
les  soldats  de  la  garnison  gagneront  à  ces  travaux.  M.  de 
Chanteloup  vous  porte  l'argent. — De  celte  place  dépend  le 
succès  des  alfaires  d'Italie.  L'attachement  d'amitié  que  vous 
m'avés  tesmoigné  vouloir  prendre  avec  moy,  me  donne  la 
liberté  de  vous  envoyer  2,000  escus  j>our  vous  ayder  aux 
frais  auKjuels  la  guerre  d'Italie  vous  engage.» 

Ttliiiiile  t\f  la  main  de  Chrrré.  —  Aich-  des  Aff.  ôlr.  'l'urin  , 
t.  XXVII ,  fol.  117.^ —  Cojiio.  —  Bibl.  imp.  S-iint-Germain- 
Harlay.  .'147,  fol    33). 

«  Ma  sœur,  vous  verres  mes  |>en8ées  pour  vostre  bien  par  fins- 
truclion  que  j'ay  données  fabbé  Mondain...  Il  n'est  plus 
question  de  délibération,  mais  d'exécution.  Au  nom  de 
Dieu,  conservés  un  lieti  où  vous  puissiés  vous  retirer  en 
sûreté  avec  vostre  lils,  mon  neveu  '. ..» 

Minute  de  la  main  de  Cherré,  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Turin  , 
t.  XXVII,  fol.  ii3. —  Copie.  —  Bibl.  imp.  Saint-Germain- 
HarUy,  347,  fol.  339  v". 

'  Le  rui  avait  donné  .  )«  30  avril  précédenl,  à  M.  d'Ertach  nne  peDsioo  de  t  3,000  livre».  Le  brevet  a  éti-  ioiprinic  dans 
Ivs  raérooirea  de  d'Erlacli ,  p.  i3  ,  ainsi  qu«  le^  Icttr^'s  de  naturalisa tioo  doouéen  à  ce  f(énéral ,  la  même  année  (1639]  , 
p.  lâ.  Sans  nom  de  moia  et  sans  quantièmes,  ce»  lettres  sout  contro-signécs  :  Sdblet. 

^    «Copie  de  la  main  de  Cl)irur(;ien.  ■  Noie  commune  aux  deux    nianuscrili  do  \i  Bîblîotb^ue    impérial*-. 

'   L'imprimé  offre  quelques  légères  variantes  avec  lo  manuscrit. 

*  •  Sur  nne  minute  originiile  de  la  main  de  Clicrrc.  •  Note  du  manuscrit  de  Colbert. 

'  Voyez  le  tome  VI .  p-  âo3  ,  lettre  .lU  cardinal  de  La  Valette^ 


Idem 


Lettre  du  roi  à  M" 
Savoie. 


246 


SOMMAIRES   DES   LETTRES 


1(539. 

5  septembre. 

S' Jeau  de  l'Aune 

(de  Losne). 


DATES 


LIEUX  DE  DATES. 


G  septembre. 


7  septembre. 


lo  septembre*. 

Chalon 

sur-Saône. 


SUSCHIPTION 

DES    LF.TTRBS. 


A  M°"  la  Princesse, 


Au  s'  Mondain. 


[AM.  Boulhillier^] 


Mémoire  au  s'  Damon- 
tot ,    estant    pour   le 
service    du     roy 
Hollande. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  80DRCKS. 


«Bien  que  je  ne  doule  pas  que  vous  ne  soyés  fidellement 
avertie  des  bonnes  qualitez  de  M.  le  duc  d'Anguien ,  je  ne 
serois  pas  satisfait  si  je  ne  vous  asseurois. , .  »  (et  Richelieu 
répète  à  peu  près  ce  qu'il  écrivait  la  veille  au  prince  de 
Condé,  1.  VI,  p.  ôo/).  «Vous  en  devez  avoir  grand  con- 
tentement... ce  m'en  sera  toujours  beaucoup  de  rencon- 
trer les  occasions  de  le  servir  et  tout  ce  qui  vous  touche. . .  n 
Orig.  —  Arch.  de  Comlfi  ,  i  Sy.  Communication  de  M*''  le  duc 
d'Aumalo. 

Cette  lettre  porte  une  rectification  faite  à  l'instruction  donnée 
le  2  ',  et  confirme  en  même  temps  d'autres  parties  de  la- 
dite instruction. 

Copie  faitf^  sur  une  pirc«  de  la  main  de  Cberré.   —  BibL  iiitp. 
Saint>Gcrinain-Harlay,  3J7i  fol.  344* 

Richelieu  le  prie  d'achever  une  affaire  concernant  son  neveu 
du  l'onL  nC*est  une  afi'aire  du  cours  ordinaire,  qui  n'exi;;e 
point  de  comptant,  et  où  il  (le  d.  neveu)  n'est  gratiffié 
que  comme  les  autres  capitaines  des  galères.  —  H  faut 
user  de  prudence  quant  à  la  taxe  des  aisés  ^. 

Orig.  —  Manuscrit  du  cabinet  de  M<' le  duc  d'Âumale. 

La  nécessité  de  faire  une  suspension  d'armes  en  Italie  ne  vient 
d'aucuniî  faute  tju'on  aurait  commise ,  mais  uniquement  de 
la  mauvaise  conduite  de  la  duchesse  de  Savoie,  tandis  que 
l'intention  du  roi  était  de  pousser  vigoureusement  les  af- 
faires, et  de  se  rendre  lui-même  en  Italie  avec  de  nouvelles 
forces.  C'est  ce  qu'il  faut  bien  faire  comprendre  au  prince 
d'Orange  et  aux  députés  des  Etats,  il  faut  présenter  en 
opposition  les  brillants  succès  que  la  France  a  obtenus 
partout  ailleurs,  en  Allemagne,  en  Artois,  sur  les  côtes 
d'Espagne  où  l'armée  navale  s'est  signalée.  Enfin,  «le  d. 
s'  Damontot  se  plaindra  doucement ,  de  la  part  du  roy,  à 
M.  le  prince  d'Orange,  de  ce  qu'il  a  laissé  passer  celte 
longue  campagne  sans  rien  faire  contre  les  ennemis  com- 
muns, fnioyque  dès  le  commencement  il  en  ayt  eu  bon 
moyen...  Il  pourra  doucement  insinuer  que  le  manque  de 
renfort  de  6,ooo  hommes  en  Italie  a  esté  aussy  en  partie 
cause  que  nos  généraux  ont  esté  obligés  de  faire  la  susd. 
suspension...*»  —  «Le  roy  faict  estât  de  tenir  ses  armes 
en  campagne  jnsques  à  la  Toussaint...  s'asseurant  Sa  Ma- 


'  Voy.  t.  VI,  p.  5o6. 

^  Ce  billet  manque  de  sHscriplion ,  mais  c'était  Houthiliior  qui  s'occupait  loujours  des  affaires  coDceroànt  M.  du  Pont 
de  Conrlay. 

^   Voy,  t.  VI  >  p.  496  et  p.  986  (aux  additions  )  ,  où  mention  est  faite  du  présent  billet. 

•  C'est  sans  doute  à  ce  moment  que  Hichclieu  a  fait  rédiger  un  exposé  des  manquement»  que  la  France  pouvait  re^ 
procber  au  guuvornoraent  de  Hollande.  Je  trouve  ce  document,  sans  date,  parmi  les  pièces  de  1639,  dan*  le  mânus^ 
crit  des  Affaires  étroDgèrci,  Hollande,  tomo  XXI,  coté  aii  ,  avec  ce  titre  .  «Extrait  des  contravention»  faietes  pv 
M"  les  Estât»  aux  Iraittés  qu'ils  ont  faicts  avec  le  roy,  »  C'est  une  mise  au  net  de  la  inaîn  d'un  socrét-iire  de  Cbavigni. 
Il  y  en  a  deux  copies  à  la  Bibliotbèquc  Impériale  (Cinq-Cen>s  Colbert ,  46*  fol.  aug ,  et  Saint-GriT'nain-Harlay,  346  , 
t.  il,  p.  385) ,  et  l'une  et  l'autre  portent  cette  annotation  marginale  :  «D'après  une  pièce  de  la_  main  do  Daridol  dont 
le  titre  est  de  la  main  de  Cherré.  «  On  reprend  l'histoire  dos  convention!  cooclucs  entre  les  deux  Etats  depuis  le  traité  du 
8  février  i635,  époque  où  tous  deux  prirent  part  à  la  guerre  de  trente  ans. 


NON   IMPRIMEES  DANS  LE  TOME   VI. 


247 


DATES 


LIBl'X  EB  DATES. 


1639. 


1 1  septembre. 

Cbalon- 

sur-Saùue. 


1 3  septembre. 
Màcon. 


I  h  septembre. 
Màcon. 


17  septembre. 


SUSCRIPTION 


DES  LETTRES. 


A  M.  le  cardinal  de  La 
Valette. 


A  M,  le  Prince. 


AumarescbaldeSchom- 

berg. 


Pour   M.  de  la   Tli.iil- 

lerir. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOUItCES. 


jeslé  que  le  d.  prince  en  usera  de  mesme...  et  ïuy  en  fait 
taire  instance  bien  expresse,  comme  aussy  aux  d<5pulez  de 
M'*  les  Estais...  C'est  la  moindre  correspondance  qu'ils 
doivent  rendre  aux  grands  efforts  que  Sa  Majesté  a  laicls 
pendant  cette  année  pour  le  bien  commun,  et  que  s'ils  y 
auportoicnt  de  la  difficulté,  elle  auroit  très  grand  sujet 
destre  mal  salisfaite '.» 

Mise  îiu  net  delà  iiiaiu  il'un  secrclaire  de  Chavigni.  —  Arch. 
des  AïF.  élr.  Hollaude ,  t.  XXI,  pièce  1  aS.  —  Copies.  — 
Bibl.  imp.  Ciocj-Cenls  Colbert ,  46,  fol.  i48.  —  Saint- 
Germaiu-Hailay,  346,  t.  11,  p.  344-  —  Suppi.  fronç.  370. 

Pressantes  recommandations  pour  munir  Turin  de  vivres  et 
de  munitions  de  tontes  sortes,  pendant  la  suspension. 
M.  de  Noyers  a  envoyé  un  commis  qui  fournira  tout  l'ar- 
{;ent  nécessaire...  Achever  tout  ce  qui  reste  à  faire  aux 
fortificatious  des  places  que  nous  tenons  en  Piedmont^.  — 
P.  S.  «Nous  savons,  il  y  a  longtemps,  que  M.  de  La  Va- 
lette a  fait  partir  un  gentilhomme  d'Angnterre  pour  aller 
voir  ce  qu'il  pourra  négocier  à  Mclz.n 

Orig.  —  Arch.  des  Aff.  ëlr,  Turin,  t.  XXIX,  fol.  îo3.  — 
Copie.  —  Bibl.  imp.  Saint-Gfrmain-Harlay,  347,  fol.  5oa  v°. 

..  .%i  Toute  la  cour  a  esté  satisfaite  de  ta  conduite  de  M.  vostre 
bis.»  —  Féiicifalions  sur  la  continuation  des  progrès  de 
M.  le  Prince. 

Orig.  —  Arcli.  de  Coodé.  CommunicatioD  de  M<'  le  duc  d'Au- 
inale. 

Je  réponds  aux  plaintes  que  vous  faites  de  M.  te  Pripce, 
«qu'en  bien  faisant  vous  n'avés  rien  à  craindre...  Il  est  de 
vostre  prudence  de  rendre  à  NL  le  Prince  tout  ce  c(ui  est 
deu  a  sa  qualité.  Le  roy  t'affeclioniu'  à  cause  du  zèle  qu'il 
a  à  son  service;  je  l'honore  pour  la  mesme  raison...)»  — 
«N'ayez  point  de  noises  avec  luy,  je  vous  en  conjure...» 

Imprimée.  —  AuLery,  t.  IV,  p.  34  >■  —  Recueil  de  1695, 
p.  196. 

Instruction  au  sieur  de  la  Thuillerie.  —  ...  Le  principal  but 
de  son  voyage  est  d'empescher  la  trêve  et  les  négociations 
qui  se  pourroienl  faire  à  celte  fin,  mais  il  iir  doit  pas  le 
faire  cognoistre  de  delà,  ny  lesmoigner  que  nous  lapré- 
hendions. . .  Le  prétexte  de  son  voyage  doit  estre  que  le 
roy  n'a  pas  voulu  laisser  davantage  M"  les  Kstats  sans  un 
ambassadeur.  . —  Que  le  roy  est  résolu  decontiuuer  puis- 
'sammenl  la  guerre.  —  Le  s'  de  la  Thuillerie  verra  par  les 
traittés  faits  depuis  i63i  que  «le  prince  d'Orange  se  peut 
flire  avoir  presque  manqué  en  tout  ce  à  quoy  il  s'fstoit 
obligé,»  et  il  fera  valoir  les  grandes  assistances  que  les 
Kstats  ont  tousjours  receus  de  la   France...  —  Le  prince 


'  Ce  mémoire,  très-loogueruciit  développé,  où  la  pensée  de  Rirticlieu  »c  montre  partuul  ,  a  été  rédigé  dao»  laça- 
billet  du  secrétaire  d'Etat  des  Affaires  ctrangêref;  les  copies  de  Colbert  et  de  Hariay  raetleni  eo  note  :  «D'après  une 
copie  de  Oaridol.  ■  (  Vo^.  l.  VI ,  p.  ôiS,  ia  dépêche  adressée  à  M.  d'K»lradcs.) 

'  Voy.  (.  VI ,  la  lettre  du  .  . .  septembre,  ft  la  page  âi6. 


248 


SOMMAIRES   DES  LETTRES 


DATES 
et 

SDSCRIPTIOX 

ANALYSES  DES  LETTlil-.S 

LIEUX  DE  D4TF.S. 

DES  LETTRKS. 

ET  SOURCES, 

.1639. 

' 

d'Orange  est  fort  couvert;  tàclier  de  le  péntjtrer  adroite- 
ment.—  Faire  qu'on   ne  mette  point  l'armije  en  quartier 
d'byver  avant  novembre.  —  En  tâcbanl   de  pénétrer  les 
négociations  secrètes  qu'on  pourroit  faire  en  Hollande,  dis- 
siper les  soupçons  qu'ils  auraient  qu'on  en  fait  en  France. 
—  Bien  vivre  avec  le  prince  et  la  princesse  d'Orange. . . 
Mise  an  net  do  la  main  l'un  secrétaire  de  CUavigui.  —  Arch . 
de»  A(F.  élr.  Hollande,  t.  XXI ,  pièce  336. 

19  septembre. 
De  Lyon. 

A  M.  le  Prince. 

,..«Le  roy  est  extraordinairement  satisfaict  de  la  façon  avec 
laquelle  vous  agisses  pour  son  service.» 

Orig.  —  Arch.  de  Condé.  Cotiimunicalion  de  M*'  le  duc  d'Au- 
luale. 

2  3  septembre. 
Grenoble. 

A  Mons'  MoMs'^de  Tbou , 
conseiller  du  rov  en 
ses  conseils,  maistre 
des  lequestes  de  son 
liostel. 

Richelieu  le  remercie  des  nouvelles  quM  lui  a  données  du  car- 
dinal de  La  Valette  '. . .  «Je  vous  conjure  de  faire  qu'il  croye 
l'avis  des  médecins,  je  luy  envoie  ceiuy  de  M.  Bouvard,  par 
le  seul  médecin  qui  estoit  auprès  de  mov.  Asseurés  vous, 
s'il  vous  piaist,  de  mon  affection... 

Orig.  —  Bihl.  imp.  Fond.  Dupuy,  t.  DLXXIII,  fol.  197. 

si  septembre. 
Grenoble. 

A  M,  le  Prince, 

«Ayant  apris  par  le  courier  que  vous  avés  dépesclié  à  M.  de 
Noyers  que  les  ennemis  ont  assiégé  Salcci,.  je  me  suis  aussy 
tost  résolu  de  vous  envoyer  Houdinière. ,.  pour  servir  en 
toutes  choses  où  vous  i  estime  ré  s   propre...»  La  lettre  se 
termine  par  de  vifs  eneourageiaents  ^ 

Orig.  — Arcli.  de  Ctndc  ,  i35.  Communication  de  M^' le  duc 
d'Auinale. 

27  septembre. 

A  M.   le  comte  d'Har- 
court. 

«Le  roy  vous  ayant  choisi,  dans  l'extrémité  du  mal  de  M.  le 
cardinal  de  La  Valette,  pour  soustenir,  le  reste  de  cette 
campagne,  les  affaires  d'Italie,  je  vous  fais  cette  lettre  par 
son  commandement  »  a  ce  qu'aussy  tost  que  vous  l'aurés 
receue   vous  veniés...   en    poste    recevoir   les    ordres    de 
Sa  Majesté.» 

Copies.  —  BibL  iinp.  Sainl-Germain-Harlav,  347,  fol.    Oôg  v" -*.  — 
Dupuy,  t.  DCCLXVII,  cahier  Vv  ".' 

28  septembre. 

Au  mareschal  de  Schom- 
berg. 

Encouragement  à  contribuer  de  tout  son  pouvoir  au  secours 
de  Saiccs.  Nous  avons  donné  les  principaux  passages  de 
celte  dépêche  en  note  à  une  lettre  du  G  octobre,  tome  VI , 
pages  573-67/1. 

Iraprîmcc.  — Aubery,  t.  V,  p.  a56.  Recueil  de  1696,  p.  197. 
—  Fragment  dans  VHist.  de  UuU  MU.  par  le  P.  Griffe ( , 
t.  lîl,  p.  33o. 

38  septembre. 
De  Grenoble. 

A  M.  le  Prince. 

Importance    de    la    conservation    de    Salées.  —    «J'escris   à 
M"  d'Halluin ,  d'Arpajon,   d'Argencourt  et  Ce  Lecques, 
pour  les  animer  **.  » 

Orig.   —    Arch.    de    Condé.    Coaimunication    de    M^''   le    dnc 
d'Aumale. 

'    Le  cardinal  Je 
^  Voy.  t.  VI ,  p 
^  Minute  origin 
*  Voy.  t.  VI,  p. 
'  Voy.  t.  VI,  p. 

La  Valette  \cnjit  d'être  alte 
572  ,  lettre  à  M.  le  Prince, 
le  de  la  main  de  Cherré.  — 
66  ,  note  a . 
672  et  suivantes  ,  les  notes  à 

ni  de  ta  maladie  dont  il  mourut  le  aS  septembre. 

note  a. 

fote  du  manuscrit  de  Harlay. 

la  lettre  du  6  octobre. 

NON   IMPRIMEES  DANS   LE  TOME   VI. 


249 


DATES 
et 

MEUl  DE  DATES. 


SUSCRIPTIOS 

DES    LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SODnCES. 


1039. 

29  septembre. 


A  M.  le  Prince. 


3  octobre. 
Grenoble. 


Idem. 


Idem, 


Au  maresclial  de  Chas- 
lillon. 


i  octobre. 
Grenoble. 


A   M.  rarchevesc|ue  de 

Bordeaux ,  lieutenant 
général  de  l'arinéu 
navale  du  rov. 


I  II  octobre. 
Lvon. 


A  M.  If  Prince. 


'  Voj.  t.  VI,  p.  573 ,  uot«  3. 

»  Voy.  t.  VI,  p.  673,  575,  uotes. 

'  Vo).  t.  VI,  p.  676  ,  note  I. 


«Les  dépesches  que  j'ai  reçues  de  \oslre  part  m'ont  exlres- 
mement  resjouy,  veu  la  bonne  espérance  que  vous  avés  de 
desfaire  les  ennemis  au  siège  de  Salces....  vous  pouvés 
attaquer  les  eunemis  avec  un  sy  grand  avantage  que  je  ne 
croy  pas  qu'il  vous  en  puisse  arriver  mal ...» 

Orig.  —  Arcli.  de  Coude  *.  —  Copies.  —  Bibl.  imp,  Cinq- 
Ceats  Colbcrt,  45,  fol.  3a6,  —  Saiot^Gcrmain-Harlay, 
346,  t.  I,  fol.  3a6  v". 

«Le  roy  donne  au  prince  de  Conty,  son  fils,  l'abbaye  de 
Granselve ,  la  plus  grande  qui  feust  possédée  par  M.  le 
cardinal  de  La  Valette. . .  Pùclielieu  a  escril  aux  marescbaux 
de  camp  pour  les  porter  à  seconder  vigoureusement  les 
bons  desseins  du  prince  '^. . .  » 

Orig.  —  Arch.  de  Condé ,  1  ^o.  Commuuicatioii  de  M*'  le  duc 
d'Aaiualc. 

«  Le  roy  eust  esté  bien  ayse  qu'avant  que  vous  mettiés 
vostre  armée  en  garnison ,  vous  eussiés  peu  deslivrer  Metz 
des  petits  chasteaux  qui  sont  portés  dans  vostre  iuslruc- 
tiou  comme  Sancy.  Il  remet  pourtant  tout  a  vostre  juge- 
ment. . .  » 

Bibl.   imp.    Béthuae ,   9260,  fol  3  1 1  v".  —  Ciuq- 
Colbert,  119,  fol.    i3l.    —    Imprimée.  —  Aubery, 
t.  IVfp.  a6o  ,  et  Recueil  de  1696,  fol.  198. 


lopi<>9.  - 
CenU 


Hicbelieu  approuve  sa  résolution  d'aller  à  Brest  faire  radouber 
les  grands  vaisseaux,  et  à  iNantes  établir  des  ateliers;  mais 
le  cardinal  désire  qu'il  ne  s'y  arrête  pas  longtemps,  non 
plus  qu'a  Uordeaux,  et  qu'il  fasse  diligence  pour  le  venir 
trouver  à  Lyon  ;  ou  aura  besoin  de  lui  dans  les  occurrences 
présentes.  «  Nous  prendrons  ensemble  résolution  de  ce 
qu'U  faudra  faire  l'année  prochaine...»  —  «La  mort  de 
M.  le  cardinal  de  La  Valette  m'afflige  de  telle  sorte  que  je 
ne  m'en  sçaurois  consoler,  ayant  perdu  en  sa  personne  un 
des  meilleurs  et  des  plus  généreux  amis  que  j'aye  au 
monde. . .  »  —  «  Sa  Majesté  vous  a  réservé  une  de  ses  ab- 
bayes. » 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XV,  fol.  a^S.  —  Im- 
primco.  —  Corrttpondanct  de  SoardU ,  t.  II,  p.  i3i.(Doc, 
lu^d.   ia-i«.) 

Satisfaction  que  lui  apportent  les  lettres  du  prince  de  Coudé 
«par  la  bonne  espérance  que  vous  avés  de  la  fuite  ou  de 
la  dcOaite  des  ennemis,  et  par  tes  préparatifs  que  vous 
faites  à  cette  fin.  Nous  ferons  prier  Dieu  à  Lyon-  à  ce  que 
le  succez  de  vostre  entreprise  soit  tel  que  tous  les  gens 
d<-  bien  le  souhaitent  avec  voua  pour  l'avancement  de  la 
|)aix'...* 

Orig.  —  Arch.  de  Condé,  i^t.  CommunicttioD  de  M*'  le  duc 
d'Aamale. 


CAKDIN.    DE    HICHELICL'.  VII. 


33 


250 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIEUX  DE  DATES. 


1 039. 

19  octobre. 
Lyon. 


*  octobn 
Lyon. 


27  octobre. 


3  novembre. 
De  Uuel. 


SUSCRIPTION 


DBS  LETTRES. 


A  M.  ie  duc  d'Épernon, 


Mémoire  pour  traitter 
avf^e  M.  (le  Hansau 
et  l'engager  an  ser- 
vice du  rov  '. 


A  M.  le  comle  d'Har- 
court. 


A  M.  l'archeiesque  de 
Rouen. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

BT  SOUliCES. 


Condoléance  pour  la  mort  du  carditial  de  La  Valette  :  «  Comme 
je  ne  suis  point  capable  de  recevoir  de  consolation  de  cet 
accident,  je  le  snîs  encore  moins  de  vous  en  donner,  veu 
l'extraordinaire  sujet  que  vous  avés  de  ressentir  sa  perte 
qui  m'est  commune  avec  vous'...» 

Impriniée.  —  Vie  da  dac  dBpemon  .  t,  IV,  p.  SyS. 

L'état  des  affaires  du  roi  ne  lui  permettaul  pas  d'accor<ler 
tout  ce  que  demande  M.  de  Handzau,  «Sa  Majesté  se  pro- 
met qun  se  contentera  de  60,000  livres  comptant,  plus 
la  continuation  de  la  gratification  annuelle  de  .^6,000  livres 
dont  6,000  en  une  terre  de  ce  revenu  que  Sa  Mnjcsté  lui 
donnera.  En  outre  on  lui  promet  tels  emplois  «qu'il  aura 
sujet  d'en  estre  salisfaict.M  —  On  ne  ptut  lui  rendre  le 
régiment  qu'il  avait,  «Sa  Majesté  en  ayant  disposé  lors- 
qu'elle croyoit  qu'il  ne  voulust  pas  revenir  en  France,» 
mais  s'il  veut  lever  un  bon  régiment  de  i,5oo  hommes,  on 
lui  payera  les  levées,  6  écus  par  hommes,  condition  ordi- 
naire pour  tout  régiment  estranger. . .  «11  peut  considérer.. . 
que  c'est  là  un  avantage  tel  qu'il  ne  se  Ironve  point  que 
Sa  Majesté  en  ayt  faict  seniblable  à  qui  que  ce  soit  depuis 
longtemps.» 

Copie.  —  Bibl.  ïiup.  Cinq-Cents  Colbert ,  ^6  *  fol.  3^0  ^. 

«On  écrit  au  long,  en  chiffre,  à  M.  d'Argerison  ',  pour  vous 
en  rendre  compte,  toul  ce  qui  s'est  passé  avec  le  s'  Masse- 
rati;n...  «l'écouter  ne  vous  doit  pas  détourner  d'un  seul 
moment  de  faire  ce  que  vous  aurés  entrepris...» 

Copie. —  Bibl.  imp.  Saint-Germaiii-Harlay,3'i7,  fol.  ôiSy*". 

L'archevêque  de  Rouen  avait  écrit  au  cardinal  pour  se  plaindre 
de  la  désobéissance  des  leligieux  de  Saint-Vandrille '';  le 
cardinal  répond  :  «L'affaire  dout  il  s'agil  est  la  question 
générale  d'entre  M*  les  évesqnes  et  les  religieux,  laquelle 
on  ne  peut  pas  décider  si  proraptemenl...  En  attendant 
la  décision,  continuez  vos  visites  sans  faire  le  scrutin,  ne 

S  rendre  cognoissance  de  tout  ce  qui  regarde  la  conduite 
es  religieux  et  la  régularité,  a  moins  qu'il  ne  soit  arrivé 
quelque  scandale  public. . .  Je  suis  bien  fasché  de  la  con- 
duite de  ceux  de  Saint-Vanilrille  a  vostre  égard...  Je  vous 
supplie  de  leur  vouloir  pardonner  pour  l'amour  de  moy, 
et  révoquer  les  jugements  que  vous  avés  donnés  contre 
eux...* 

Imprimt^e.  —  Mercure  tie  GaiUon  .  p.  17.  Voy.  l.  IV,  |).  816, 
addition  •  la  page  bu-». 


*  Voy.  l.  VI,  p.  53i,  uuic  -2. 

^   A  la  fil)  de  In  pièce  on  ;i  mis  72  octobie. 

^  Ce  titre  do  dit  pas  qui  était  chargé  lie  traiter.   On   voit   i'inipoilaiicc   que  meltail  Hichelïeu  à  attacher  le  bra\e 
R.^nLzau  au  service  de  la  Fr.Tncf. 

*  «Copie  Daridot.  •>  Note  du  manuscrit  de  Colbert. 

'  Voy.  l.  VI ,  p.  ûgg  et  aux  additions ,  à  la  fin  du  volume. 

*  Lit  letlre  de  l'aichevèquc,  qui  précède  celle-ci  dans  le  Mercure,    est  d;it('e  du    7    octobre  i638;  ce  niillcsime  est 
évidemment  une   faute  d'impression,  laquelle  se  répète  dans  la  date  de  l'absolution  donnée  aux  religieux  par  l'archc- 


piècc  irapiimée  à  b  suite  des  trois  antres,  page  2  u 


NON  IMPRIMÉES  DANS   LE   TOME  VI. 


25  [ 


DATES 


LIEUX  DE   DATES 


lt)39. 

3  novembre. 
Rntl. 


33  [novembre] 


'  décembre. 
Ruel. 


2  décembre. 
Uuel. 


f\  décembre. 
De  Ruel. 


1  6  décembre. 
Paris. 


SUSCRIPTIOX 

DES  LETTHES. 


Aux  religieux  de  l'ab- 
baye de  .Saint-Van- 
drille. 


  M.  le  prince  d'Orange. 


M.  l'évesque  de 
Misnies. 


A  M.  le  Prince. 


Mei 


A  M.  de  La  Cour. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

BT  âOUBCES- 


H  Mes  frères ,  ayant  appris  ce  qui  s'est  passé  dopuis  quelque 
temps  en  vostre  maison,  au  sujet  d'une  visite  que  M.  Tar- 
chevesque  de  Rouen  y  a  faite,  je  luy  escrits  pourle  prier 
{ici  Richelieu  répète  à  peu  près  la  lettre  précédente)... 
En  attendant  un  bon  règlement,  vous  devés  recevoir 
M.  l'ar, heves;[ue  de  Rouen,  lor  qu'il  voudra  faire  sa  visite, 
avec  tout  le  respect  et  l'honneur  qui  est  deu  à  sa  personne 
et  â  sa  dignité ,  ponrveu  qu'il  fasse  ses  visites  sans  faire  le 
scrutin ,  etc. 


laapn 


,  —  Mercure  (U  GaiUi 


.on.  p.  19. 


«Monsieur,  je  n'ay  pas  manqué  de  fai.e  sçavoir  au  roy  les 
propositions  dont  vous  avés  chargé  M.  d'EsIrades  sur  le 
sujet  des  desseins  de  l'année  qui  vient  ^...  La  diligence  avec 
le  secret  des  d^seius  que  vous  voudrés  faire  m'en  font 
promettre  un  succès  aussy  avantageux  que  je  le  désire.» 
Minute.  —  Arch.  des  Afl".   étr.  HoltaDJe,  t.  XXI.  pièce  itig. 

—  Copies. —  Bibi.  imp.  Cinq-Cents  Colbert,  46,  foL  -lai. 

—  .Sainl-Germain-Hartay,  34ti,l.n,p>4i6^. 

M.  d'Espeuan  *  avant  donné  l'assourance  qu'il  pourroit  tenir 
plus  d'un  mois  dans  Salces,  Richelieu  attend  de  son  zèle 
au  service  du  roy  qu'il  contribuera  au  secours  de  cette 
place.  «H  n'est  pas  question  de  mener  un  grand  corps, 
comme  vous  avés  faict  de  voslr.;  diocèse,  (|uc  je  sçay  bien 
qu'il  seroit  diflîcile,  mais  seulement  un  petit  corps  bien 
affectionné  :  au  mauvais  estai  où  sont  les  ennemis  peu  de 
gens  pouvant  faire  un  graml  corps.» 

Orig.  —  Arcb.   de  l'lk6tr)   de  villo  d«  Nîme».    —   Imprimée. 

—  HUt.  de  Nitneê  par  Ménard ,  t.  VI,  p.  11  des  preuves. 

«Bien  que  je  vous  aye  escrit  deux  fois  di.'puis  deux  jours,  je 
ne  puis  laisser  partir  M.  deCoislin..  sans  vous  faire  encore 
celte  lettre  pour  vous  conjurer,  ainsy  que  j'ay  desià  faict, 
de  contribuer  tout  ce  qui  deppend  de  \ostre  crédit  et  de 
vostre  autliorité  pour  le  secours  d.-  Salces. . .  » 

Orig.  —  Arch.  de  Condé ,  89.  CommaDicatiou  de  M''  le  duc 
d'Aumale. 

On  lui  renvoie  M.  de  Rogles.  Le  cardinal  n'a  rien  à  ajouter 
aux  précédentes  lettres. 

Orig.  —  Arch.  de  Coûde.  Communicition  de  M'**  U  duc  d'Ag- 
male. 

*  «Quant  aux  plaintes  du  marquis  de  Sainl-Germaîn  de 
n'avoir  pas  receu  des  bienfaits  du  roy,  tandis  que  Sa  Majesté 
estoit  à  Grenoble,  ainsy  que  les  autres  tpii  estoient  auprès 
de  madame;  je  ne  sçaurois  as.sez  m'estonner  de  ce  qu'il 
ne  recognoisl  pas  luy  mesme  qu'on  l'a  faict  exprès  ^  de  peur 


'   Pour  la  date ,  voyex  ootrc  reiiiart[ue ,  t.  VI ,  p.  610,  note  1 . 

•  Vo).  t.  VI,  n.  bio,  note. 

'  <  Sur  une  minute  on  brouillard  de  la  main  de  Chirurgien.  •  Note  do  manntcr't  Je  Colbert  et  de  celui  de  HaHay. 

*  Dans  rHittoire  de  Nîmes  on  a  imprima  par  erreur  :  •d'Eapernon.  ■ 
»  VoY.  t.  VI.  p.  5j&. 


33. 


252 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 

et 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIEDX  DE  DATES. 

DBS  LETTRES. 

ET  SOUBCES. 

1039. 

de  le  rendre  suspect.,.  Je  vous  recommande  tousjour  les 
fort  de  la  Peroiize. . .  i> 

Imprimée.  —  Aubery,  t.  V,  foi.  398,  cl  Recueil  de  1696 ,  1. 1, 
p.  383. 

1  ()  décembre. 

Billet   envoie   à   M,  de 
Cliavigni  au  sujet  de 
la  défense  faite  aux 

nîclieliêu  lui  envoie  «l'ordre  qu'il  faut  que  M.  de  La  Barde 
et  son   collègue'  monstrent  à  MM.  le.s  prélats  qui  sont  à 
Pari;"...). 

prélats    de    conférer 
avec  le  nonce  Scoti. 

Mise  au  net  de  la  main  de  Cherré.  —  Arch.  des  AIT.  élr.  Rome  , 
l.  LXVII.  —  Copies.  —  Bibl.  imp.  Dupuy,  535  ,  fol.  83.  — 
Saint-Germain-H-trlay,  3/17,  fol.  696  v*.   —   Imprimée.  — 
Aubery,  IV.  346.  —  Recueil  de  1  figS ,  p.  aoo. 

1 7  décembre. 

Au  cardinal  Bagni. 

Richelieu   se   plaint  du  nonce  Scoti,  il  envoie   au  cardinal 
Bagni  la  relation  de  la  mauvaise  conduite  de  cet  ambassa- 
deur'... «Je  prie  Dieu,  ajoute-t-il,  que  vostre  Eminence 
soit  capable  de  rendre  cet  esprit  autre  qu'il  n'a  paru  jusques 
icy  à  beaucoup  de  gens  *. . .  » 

Mise  au  nel  de  la  main  tic  Charpentier.  —  Arcli.  des  AIT.  ('tr. 
Rome,    LXVII.    —    Copies.    —    Bibl.    Imp.    Dupuy,    535, 
fol.  83  v".  —  Saint-Grrmain-Harlay,   ^147,   fol.  697  v".  — 
Imprimée.  —  Aubery,  t.  IV,  p.  34?.  —  Recueil  de  )  695  , 
p.  SOI.   —  Extrait,  Hist.  de   louis   Xlll  parle  P.  Grifiet, 

t.  m,  p.  247. 

17  décembre. 
Ruel. 

A  M.  de  Xoailles,  éves- 
que  de  Saint-Flour. 

«Le  roy  envoyant  M.  le  comte  de  Noailles,  vostre  frère,  en 
vos  quartiers,  pour  amasser  ce  qu'il  pourra  de  gens  pour 
le  secours  de  Salces  que  Sa  Majesté  a  résolu  de  faire  tenter 
de  nouveau...  je  vous  conjure  de  contribuer  tout  ce  qui 
vous  sera  possible  à  cette  lin.  Vous  ne  sçauriés  rendre  un 
service  au  roy  dont  il  vous  sache  plus  de  gré,  ny  dont, 
en  mon   particulier,  j'aye  plus  de  ressentiment  en  vostre 
endroit. . .  » 

Orig.  —  Arch.  de  M.  le  duc  de  Noaîlles. 

2/1  décembre. 
lîuel. 

An  maresclial  do  Schom- 

berg. 

Le  cardinal  avait  déjà  écrit,  le  28  novembre,  au  maréchal 
pour  le  presser  de  secourir  Salces  '  ;  citle  seconde  letfro  a 
le  mt'-me  obje!.   Nous  en   avons  donné  un  extrait  dans  la 
note  d'une  lettre  au  prince  de  Condé". 

Imprimée.  —   Aubery,    t.    IV,   p.   3i3.  —  Recueil  de    1696, 
P-  »99- 

27  décembre. 

A  M.  l'archevesque  de 
Bordeaux. 

0  Je  seray  demain  à  Paris,  où  je  feray  donner  les  cent  mil  francs 
au  Picart.   Vous    pouvés  continuer  de  voir  le  prisoouior 

'   Ce  collègue  et 
marginale  des  inao 

'  Voy.  l'extrait, 

'  Voy.  t.  VI,  p. 

*  Une  réponBe  c 
remplie    d'excuses 

ait  J.  P.  de  Bcrlicr,  ahhé  de 
uscrît»  (1  '  Dupuy  et  de  Harla 

t.  VI,  foi.  f>5i",  note. 

649. 

u  cardinal   Bagni   i>e  trouve 

pour  fe  langage   inconvenan 

Saint-Vincent;  tous  deux   élaîenl  les  agents  du  cierge.  (Voy.  une  noie 

y-) 

,   en  copie,    dans    !«  manuscrit  précité  de    Harlay,  fol.  706;    elle  est 
t  et  les  vîvacilés   de  ce  nonce    que  Bagni    avait  recommandé  à  Riche- 

*  T.  VI,  p.  629 
«  T.  VI,  p.  638 

NON   IMPRIMEES  DANS   LE  TOME  VI. 


253 


DATES 


UEUX  DB  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


1039. 


Sans  date. 
Vers    la    iin 


espagnol  qui  est  chez  le  chevalier  tlu  guet ,  et  le  prier  d 
sVsclaircir  avec  vous  de  ses  propositions.  » 

Origiual  sans  sîgnftture,  de  la  main  de  Cherré.  —  Bib) 
Suite  de  Da[>o>f,  t.  XV,  fol.  313  '. 


...p. 


A  M.  le  commandeur 
de  Guitaut,comDiaii 
dant  pour  le  roy  des 
isles  S  "-Marguerite. 


«Le  loy  aprouvc  rarrestatioii  que  vous  avés  faite  du  s'  de  la 
Tatonière,  et  di-sire  que  vous  le  remetliés  entre  les  mûi's 
de  M.  de  Charapigny  ,  intendant  de  la  justice,  pour  l'inter- 
roger. . .  Mon  oncle ,  le  grantl  prieur,  a  grande  satisfaction 
du  bon  traitement  que  vous  faictes  au  s'  de  Hérisson  et 
de  la  bonne  intelligence  qui  est  entre  vous  et  tous  les  oflfi- 
rnisoD  des  isles. ..» 


ciers  de  1 

Orig 


-  Communication  de  M.  de  Guitautt. 


[  Commence  Qieot 
(!c  janvier.] 


7  janvier. 
Rucl. 


A     M.    S^guier,    chan 
celier. 


Pour  M.   l'archcvesque 
de  Bordeaux. 


1640. 

Richelieu  complimente  le  chancelier  sur  la  mission  qu'il 
remplit  en  ^orm&ndie,  et  lui  en  rappelle  l'objet  :  «Je  vous 
conjure  de  vous  souvenir  lousjours  qu'on  ne  sçauroit  faire 
un  trop  grand  exemple...  outre  le  chastîment  des  particu- 
liers, n  est  exp^iant  de  razer  les  murailles  des  villes'...» 

Imprimée.  —  Aubery,  Mêm.  I.  V,  p.  igS. —  Renieil  de  1696, 
t.  !I,  p.  93.    —    H«(.    de   Uttis  MU  du  P.  GrilTet ,  t.  III, 

p.   3âÔ. 

M.  de  Bordeaux  aurait  dû  préférer  l'un  des  enfants  de  Renier 
Jance  à  l'ingénieur  Saint -Clair,  au  sujet  du  don  fait 
par  le  roi  d'une  partie  du  domaine  de  Oeaucaire  à  ta 
veuve  de  feu  Desroches. —  «J'escris  un  billet  pour  l'afiaire 
du  clergé,  afin  que  M.  de  BuUîon  face  cesser  les  pour- 
suites. . .  M 

Original   sans   «ignature,  d«  la  main  de  Charpentier.  —  Bibl. 
imp.  Suite  deDopuy,  I.  XVll,  fol.  5. 


'  Il  n'y  a  point  de  suscriptioo,  mais  9*nl«mfnt  Dne  annotation  au  dos  do  re  billet.  La  pièce  cBt  mal  classée  dans  )c 
mannscril,  onlro  nne  pièrc  do  17  janvier  et  une  autre  du  6  fi-vricr. 

'  Dans  «a  ladre  du  10  août  (t.  VI ,  p.  ii67  ) ,  Richelieu  avait  prié  M.  de  Goiianlt  d'avoir  toLte  l'indulgence  possible 
poor  le  aieur  de  Hérisson  i  la  présente  lettre  n'a  pu  élre  écrite  qu'après  certaines  infortualions  qui  ont  dû  prendre  dcu» 
ou  trms  mois,  attendu  la  lenteur  des  correspondances  de  ce  temps-lji.  Hieti  n'indique  une  diitc  précise. 

'  Il  s'agit  do  la  réroite  ani  éclata  en  Normandie  à  la  fin  de  l'anoée  1639.  La  Gaze'.te  du  3  décembre  annonçait  *li> 
défaite  de  3 00  hommes  de  Jean~Va-nuds>pird9.  •  (.'élait  le  nom  que  s'étaient  donné  1rs  recollés  eni-mèmes.  Après  qoe 
le  colonel  Gdssioo  les  eut  i  j  ea  près  exterminés ,  on  envoya  le  rhdDcclier  pour  .icbever,  avec  If  s  formes  de  la  justice, 
l'oeavre  de  la  gaerr«.  Ségaier  était  disposé  à  ei^gérer  ces  rigueurs  plutôt  qu'à  ifs  tempérer.  Dans  un  mémoire  que  lui 
avait  demandé  RichelieD ,  il  proposait  des  mesurr»  d'une  sévéïité  sauvage,  et  entre  autres  de  •  r.-izrr  l'Iiostel  de  ville  et 
mettre  à  la  place  une  pyramide  ou  seroit  gravé  l'arrest  dn  conseil  *.  •  Malgré  «on  pf-ncbant  aui  cbàttmrnts  rigoureux, 
Ib  cardinal  recula  devant  cette  eiétutiou  et  fit  écrire  par  Clierré  an  bas  des  propositions  dn  chancelier  :  «Ce  mémoire 
me  semMe  bon,  à  l'exception  du  raxement  de  l'hostcl  de  ville  de  Honen.  •  On  s  ètounait  à  Paris  de  voir  le  chef  de  la  ma- 
gislralore  faire  un  tel  métier.  H.  Aruanld ,  dans  la  correspondance  que  rons  avons  plusieurs  fois  citée,  écrivait  le 
39  janvier  :  «M.  de  Bullioo  luy  procnre  tant  qu'il  peut  ce»  beaux  employs ,  indignes  d'un  chancelier  de  France.!  La 
Guette  du  commencement  de  celle  année  C'iisacra  une  cinquantaine  de  pages  à  l'inseilion  des  déclarations  du  roi ,  des 
arrêts  du  conseil  et  des  autres  docnmeuls  relatifs  à  la  répression  de  cette  révolte. 


*  C«  m^oMire  tit  conservé  à  !■  BibUolk^ua  înpénal*  ,  Fondi  dai  Cin^-Ceats  Celbarl 
ebaneclifr.  _ 


t.  \LVI  ,  parmi  dci  papieri  vcnaat  île  ehci  U 


254 


SOMMAIRES   DES  LETTRES 


DATES 


LIEU\  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DEB  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  SOURCES. 


1640. 

i  o  janvier. 

Ruel 


A  M.  de  Bcllièvrc,  am- 
bassadeur en  Angle- 
terre. 


Idem. 


A  M.  de  Chavignî. 


10  janvier. 


26  janvier. 
[Ruel».] 


A  M.  le  marquis  de  La 
Ferti-  ImbauH,  ma- 
reschal  de  camp. 


A  M.  le  commandeur  de 
Guitault. 


3fév 


Pour  M.  de  Chavigny. 


Le  roi  consent,  sur  sa  demande,  à  ce  qu'il  revienne  en 
France.  «Avant  que  de  partir  de  Londres  je  seray  bien 
aise  que  vous  preniés  le  soin  de  me  faire  faire  deux  dou- 
zaines de  paires  de  gants  blancs  de  cuir  d'Angleterre,  sans 
garnir,  de  ia  grandeur  et  tout  semblables  à  celuy  que  je 
vous  envoie,  et  que  vous  me  les  faciès  apporter  avec  vous. 
Je  ni*asseure  (jue  vous  ne  serés  pas  fascbé  de  prendre  cette 
peine  pour  moy,  qui  tascheray  de  recognoistre  cette  cour- 
toisie aux  occasions...  —  P.  S.  Je  nVnvoie  ces  gants  que 
pour  faire  voir  la  grandeur  et  non  pour  la  couture,  car  ils 
sont  beaucoup  mieux  cousus  à  l'anglaise  ',» 


Orig.  —  Bibl.  im[).  Saint-Germaïn-HaHay,  ! 


,  fol.  3û 


Il  lui  recommande  «de  faire  en  sorte  que  M.  le  baron  de 
Rorté  soit  satisfaict  de  ce  qui  luy  est  justement  *  deu 
pour  ses  appointements,  afin  qu'il  s'en  puisse  promple- 
ment  retourner  en  Allemagne,  ce  qu'il  dicl  ne  pouvoir 
faire  sans  cela  '.» 


Orig.  —  Arch,  des    Aff.   ctr.    France, 
mois,  fol.  i4. 


i6io,    sept    premiers 


Ricbelieu  le  prie  d'épargner,  daus  ie  passage  et  le  logement 
des  gens  de  guerre,  les  teiTCs  de  M.  ïe  président  Viguier, 
en  Champagne  et  en  Bourgogne  *. 

Catalogue  d'une  vente  d'autographes  faite  le  38  janvier  i8ô6. 


Richelieu  le  remercie  de  ses  sentiments  d'affection;  «vous 
n'en  pouvés  avoir  pour  personne  qui  vous  ayme  et  honore 
davantage  que  je  fais.  Vous  cognoistrés  mieux  cette  vérité 
par  les  offices  que  par  les  paroles,  et  vous  m'obligcriés  de 
faire  naistre  les  occasions  qui  me  puissent  donner  moyen 
de  vous  faire  paroistre,  etc  » 

Orig.  —  Communication  de  M.  Je  Guitault. 

«On  oublie  tousjours  quelque  chose  ,j'ay  oublié  de  faire  donner 
de  l'argent  à  mon  trompette,  et  j'ay  peur  (|ue  vous  en 
aies  faict  autant;  et  il  sera  bien  fascheux  qu'il  soit  sur  les 
bras  de  celuy  qu'il  mène...»  —  «Avertisses  M.  d'Angon- 
lesme  (jue  le  roy  le  prie  d'estre  demain ,  à  midy,  sans 
faillir,  à  Saint-Germain.»  —  «J'ay  veu  M.  l'ambassadeur  de 
Venise,  mais  il  ne  me  parle  point  de  M.  de  Caudale.» 


Original    sans    sigoalure. 
t.  XCUI,  fol.  3g. 


Arch.    des    Aff.    ctr.    France, 


'  Richelieu  chargeait  (réqaemuiGDt  les  ambassadeurs  en  Angleterre,  cl  surtout  en  Italie,  de  ces  petites  commissions 
pour  étoffes  de  soie,  objets  de  toilette,  parfums,  etc.  avec  le  soin  rainulieux  qu'il  portait  toujours  dans  ses  propres 
affaires;  les  commissions  qu'il  donnait  en  Allemagne  se  bornaient  à  l'achat  de  livres. 

'  Richelieu  a  ajouté  ce  mot. 

^  Sur  Rorté ,  voy.  t.  VI ,  p.  676,  note  i. 

*  Voy.  ci-après  à  la  date  du  3  avril. 

'  Le  manuscrit  met  :  Marseille,  à  la  date;  on  ne  comprend  guère  cette  distractioo  ;  le  cardinal  était  à  Ruel. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  TOME   VI. 


255 


DATES 

et 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIEUX  DE  DATES. 

DES  LETTRES, 

rT  socr.Cî:s. 

1640. 

5  février. 

Lettre  du  roi  au  comte 
d'AUetz. 

«L'archevesijuede  liordeaux  ayant  le  commandement  de  l'ar- 
mée de  ttrre  et  de  l'armée  de  mer  en  Provence,  je  luy 
ay  donné  Tordre  bien  exprès  de  tenir  étroite  corrcspon- 
(ïance  avec  vous  ;  contribués  de  vosire  part  à  maintenir  la 

bonne  intelligence  *.» 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de    Dupny,  t.  2X1,  foL  3.  —  Im- 

primée. —  Correspondance  de  Sourdis .  t.  II,  p.   i^à.  (Doc. 

ioéd.  io-^".) 

■j.'l  février. 

Mémoire  au  roy. 

«L'abbaye  de  la  Vernucc  est   vacante,  à   ce  que  l'on  dit; 

Ruel. 

Sa  Majesté  se  souviendra ,  s'il  iuy  plaist ,  du  dessein  qu'elle 
a  eu  de  la  donner  à  M.  de  Sponde.  L'abbaye  ne  vault  que 
3  à  i.ooo  livres  de  rente ^.» 

Oiig.  »  —  Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  XCIII ,  foi.  67. 

26  lévrier. 

Au  marcschai  de  Schom- 

C'est  une  chose  estrange  qu'encore  que  l'on  ayt  envoie  plus 

nuei. 

berg. 

de  80,000  liv.  pour  les  travaux  u  faire  a  l.encate,  il  n'y 
ayt  encore  rien  d'avancé;  la  place  est  d'une  extrême  im- 
portance, et  elle   est  menacée  par  l'ennemi;  j'envoie  df 
Mance  expressément  jMur  voir  ce  qui  se  peut  l'aire. 

Imprimée.   —   Aubery,    t.    IV,  p.    473.  —  Recueil    de  1696, 
p.    ao3. 

29  févri<'r. 

Pour  M.  de  Chavigiiy. 

«Le  roy  peut  aller  à  Cbantilly  sans  préjudice  de  ses  aflaîies, 

Ilucl. 

et  je  croy  qu'il  ne  sçauroit  mieux  faire  que  de  se  divertir. 
Le   prince  Casimir   le   jwurra  voir  a  son  retour'.  —    Ce 
billet  se  termine  par  quelques  lignes  sur  Cinq-Mars  que 
nous  avons  citées  ailleurs  '. 

Original  sans  signature,  de  la  ntaiu  de  Charpentier.  —  Arcb. 
de»  Aff.  étrangères,  France,  1.  XCIII,  fol.  70. 

Février. 

hUm. 

M.  de  Cbavigny  verra  aujourd'buy,  sans  faillir,  ce  qui  se 

Pari». 

peut  faire  avec  le  député  de  M"**  la  Landgrave,  pour  Iuy 
donner  quelque  conlenlemcnt  qui  l'empescLe  de  se  perdre 

elle-mesme  en   quittant   la  France*.  —  Que  M.  de  Fon- 

tenay  pressé  S.  b.  sur  l'aflaire  de  Parme.  —  Escrire  à  Bi- 

dault pour  voir  quel  mouvement  le  succez  de  Monaco  don- 
nera à  la  république  de  Gennes. 

Orig.  —  Arcb.  de»  Aff.  étr.  France,  (.  XClll,  fol.  71. 

1"  mars. 

A   M.   le  commandeur 

Hichelicu  le  remercie  des  a\is  qu'il  lui  a  fait  donner.  — J'es- 

Des  Tliuileries. 

de    Guitault,    com- 
mandant pour  le  roy 
aux   isles   Saint -Ho- 

cris au  »'  Le  Queux  qu'il  vous  fournisse  le  canon  nécessaire 
a  la  deffensc  de  vosire  place.  M.  de  Bordeaux ,  (|ui  est  prest 
a  partir,  avisera  avec  vous  lequel  sera  plus  utile  de  faire 
l'ortiflier  ou  razer  le  fort  de  Sauit-Honorat. 

norât  et  Sainte-Mar- 

^erite. 

Orig.  —  Communication  de  M.  de  Guilault. 

'   Voyei  ci-sprês 

,  »  It  date  du  33  mar». 

'  Quelques  Hgii* 
più  deUa  aetu  som 

•5  au  crayoD  sont  écrites  ici 

et  eu    partie  effacées,  ou  y  peitl  tire  encore  :  t  S.  M.  crede  che  vaglia 

ma.  • 

'   Richelieu  a  tij 

né  ce»  ligues  qu'il  a  fait  ecri 

€  par  de  Noyers. 

*  Le  frère  du  ro 

i  de  Pologne  aortil  de  VÎdc 

cnne.s  &  la  fin  de  février;    il  fol  reçu   par  te   ro>,  à  Saint-Germain,  le 

8  aiitis,  ft  par  le  c 

aniinal ,  à  Roel.  H.  Aro^uld 

écrivait  le  1  4  mars  :  ■  Le  prince  Casimir  a  visité  lea  dames  ;  il  alla  hier 

BU  soir  cliez  M"'  d 

R  Ci'avisnv,  ou  tout  csloit  nr 

éparc  magnifiquement.*  Le  priuce  quitta  Paris  vers  la  fin  de  mars. 

'  Voj.  ».  VI.  p 

645. 

•   Un  IraiU  fat  b 

ienl^t  conclu.  (V.   (.  VI,  p. 

68.,  note  I.) 

256 


SOMMAIRP^S   DES   LETTRES 


DATES 

et 

LIEUX  DE  DATES. 


1040. 

5  mars. 
Ruel. 


1 3  mars. 
Rncl. 


2B  mars. 
Ruel. 


2  h  mars. 
Ruel. 


Idem. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTBBS. 


A  M.  de  Nesmoud,  pré- 
sident en  la  cour  de 
parlement. 


Pour   M.  l'arclievesque 
de  Bordeaux ,  à  I*aris. 


Inslrucùon  donncîe 
M.  l'arclievesque  de 
Bordeaux,  s'en  allant 
commander  l'armée 
navale  de  Sa  Majesté 
en  Levant ,  et  celle  de 
terre  en  Provence, 
durant  la  présente 
année. 

Pour  M.  l'arclievesque 
de  Bordeaux. 


A  M.  Mole,    procureur 
général. 


ANALYSES  DES  LETTRI.S 

ET  SOURCES. 


«Ces  trois  mots  sont  pour  vous  prier  de  vouloir  accompagner 
M.  le  Prince  la  première  fois  qu'il  aura  agréable  de  venir 
en  ce  lieu,  estimant  a  propos  de  canverscr  avec  luv  de 
certaines  choses  qui  sont  aussy  utiles  au  public  (|u*avanta- 
geuses  à  sa  personne,  que  je  désire  servir  avec  sincérité.» 

Orig. —  Arch.  de  Condé.  CommunicatioD  de  M''  le  ducd'Au- 


Richelieu  presse  son  départ.  —  «Quant  à  Giron,  amenés-le 
icy ,  alin  que  nous  taschions  de  pénétrer  ce  qu'il  est  allé 
faire  pour  la  seconde  fois  en  Angleterre...  pour  ensuite 
prendre  une  résolution  de  ce  qu'on  fera  de  ce  personnage. 
Vous  vivres  en  sorte  avec  luy  qu'il  ne  cognoisse  point  (lue 
nous  le  soupçonnions  '.» 

Orig.  —  BiLl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  l.  XVII ,  fol.  ao. 

Entière  confiance  de  Sa  Majesté  dans  M.  de  Bordeaux...  Son 
principal  soin  doit  estre  de  descouvrir  les  moyens  de  faire 
l'entreprise  de  Viilefranche  et  de  Nice*...  Vivre  en  bonne 
intelligence  avec  le  comte  d'AUetz^,  lieutenant  général  en 
Provence*... 

Orig.  —  BiW.  imp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XVII,  (o\.  a8.  — 
Copie.  —  Fonds  Dupuy,  DCCXLIV,  fol.  igi.  —  Imprimée. 
—  Correspondance  de  Soardîs ,  l.  Il,  p.  1/16.  (Doc,  iuéd. 
iu-ii"-) 

Partir  à  temps  pour  l'entreprise  dont  il  est  chargé. . ,  Bon 
espoir  de  succez  contre  la  flotte  espagnole.,.  Désir  que 
M.  Aiier  «achève  luy  mcsme  son  ouvrage  et  luy  donne 
la  forme  comme  il  a  faict  la  matière,  ne  sçachant  en  vérité 
aucune  personne  qui  soit  propre  à  cet  effect  *.  » 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  t,  XVII ,  fol,  32.  —  Im- 
primée. —  Correspondance  de  SaardU ,  t.  II ,  p.  i48. 

«La  cour  a  faict  justice  au  livre  qu'elle  a  faict  brusKr;  et  il 
le  méritoit  non  seulement  pour  la  mauvaise  lin  qu'en  a 
l'autheur,  mais  aussy  pour  ce  qu'il  est  très  mal  faict.»  Dé 
sir  qu'on  en  découvre  l'auteur  ^ 


Oiig.  —  Bibl.  Il 
—  Imprimée. 


jp.  Cii.q-Cpnls  Colbert.  t.    CLIII ,  fol. 

-  Mem.  Je  MoU.  t.  Il,  p.  489. 


463. 


'   Mentionnée  t.  VI  ,  p.  6^9  ,  note  j . 

^  Nous  trouvons ,  dans  ce  mcnie  manugcril  (  t.  XVII  de  la  suite  de  Dupuy  ) ,  diverses  pièces  relatives  à  cette  entre- 
prise dont  OD  s'occupait  depuis  quelque  lemps,  fol.  6-8-10, 

*  Mention  de  celte  pièce  est  faite  t.  VI ,  p.  679. 

*  Voy,  ci-dessus,  à  la  date  du  5  février. 

■  Lettre  notée  à  la  page  679  du  6"  volume. 

'  L'arrêt  du  parlement  avait  été  rendu  le  a3.  Dans  ce  pamphlet  intitulé  :  Optait  GalU  de  cavendo  scffsmate,  ad.  etc.  on 
signalait  comme  une  attaque  contre  le  pape  un  projet  de  Hirhelieu  de  se  faire  déclarer  patriarche  de  France.  L'auteur  , 
Ch.  Hersent ,  ancien  oratorien ,  s'effraya  bieutôt  de  l'audace  de  son  pamphlet ,  et  afin  de  dérouter  ceux  qui  cherchaient 
son  nom ,  il  composa  luî-mcme  une  réfutation  :  Optait  Gulli  libellas  penitentiee .  ad ,  etc.  où  i!  s'efforce  de  démontrer  que 
c'est  faussement  qu'où  a  attribué  un  tel  projet  au  cardinal. 


NON   IMPRIMEES  DANS  LE  TOME   VI. 


257 


DATES 


LIEUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 
DES   LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


IGAO. 

,  .mars. 


2  avril. 
Huel. 


à  avril. 
Rud. 


6  avril. 


1  h  avril. 
Paris. 


.8  avril'. j 


fAM.  de  Cliaviîî 


A  M.  de  Grémonville, 
intendant  de  la  jus- 
tice, police  et  finances 
en  Champagne. 


A  M.  de  la  Cour. 


Pour  M.  de  Cliavi 


^^y- 


Pour  M.  de  Chavigny, 
secrétaire  d'estat. 


A   la  ducbesse   de    Sa- 
voie. 


n  Je  vous  renvoie  la  promesse  de  Jean  de  Wert^que  je  trouve 
bien.  Je  vous  envoie  aussy  un  mémoire  pour  escrire  à  M.  de 
lalhuillerie'.» 


Origïual  sans  signature  ,  de  la  maiD  de  Charpentier, 
des  Aff.  ctr.  France,  XGIil,  fol.  86. 


Arch. 


«M.  le  président  Vignier  s'en  allant  poursuivre  devant  \ous 
la  justice  des  désordres  qui  ont  esté  commis  dans  ses  terres 
par  les  gens  de  guerre. ..  je  vous  conjure  de  luy  estre  fa- 
vorable, et  contribuer  tout  ce  qui  deppendra  de  vous,  et 
que  la  raison  et  l'équité  vous  pourront  permettre...» 


Orig.  —  Arch. 
M.  Chéruel. 


de    la    famille  d'Esneval    Communication    de 


Richelieu  rinforme  des  avis  qu'on  a  sur  les  pratiques  du 
prince  Thomas  et  du  cardinal  de  Savoie  dans  la  cour  de 
Madame,  et  il  lui  envoie  un  mémoire  des  intentions  de 
Sa  iMajesté. 

t.   V,   p.    3o3.   —    Recueil  de 


Imprimée. 
1696,  t. 


-   Aoberv, 

,  p.  a84" 


...«Le  Père  Valère  nous  a  confessé  tout  ce  qu'il  a  faict. ..  Je 
seray  très  avse  ([ue  vous  t'aittiés  avec  l'amoassadeur  d'An- 
gleterre. M,  de  Bullîon  et  vous...  Faites  l'affaire  du  comte 
ÎMaurice.  —  L'alTaire  du  voyage  de  l'abbé  de  Mouzon  est 
du  tout  nécessaire.» 

Original  sans  aigaature,  de  la    rotin  de  Chcrré.  —  Arch.  des 
Aff.  ctr.  France,  t.  XCIII .  fol.  98. 

«Si  Saladin  n'est  point  parti,  il  est  besoin  qu'il  porte  une 
lettre  de  M.  l'ambassadeur  de  Venise,  qui  escrîve  (|uo 
nous  nous  plaignons  extraordinairement  du  retardement 
et  arrest  des  courriers  qu'on  faict  en  Italie...» 

Original  sans  signature.  —  Arcli.  des  .Aff.  élr.  Venise,  t.  LU. 

«Bien  que  je  vous  aye  escrit  depuis  8  ou  10  jours...  le  com- 
mandemcnt  que  vostre  Altesse  me  faict  de  luy  donner  mon 
avis  sur  les  nouvelles  projwsitioiïs  (|ui  luy  ont  esté  apportées 
par  le  patrimonial  Moneti  et  le  P.  Micbcl-Ange  d'Aglié 
me  donne  lieu  de  reprendre  la  plume.»  Le  cardinal  lui 
conseille  de  se  remeltr*;  elle  et  son  fils  entre  les  mains  du 
roi,  c'est  son  seul  moyen  de  salut,  ce  que  Richelieu  dé- 
veloppe dans  une  lettre  de  quatre  pages. 

Imprimée.  —  Auberv,  t.  V,  p.  3i3.  —  Recyil  de  i6g6  ,  t.  I  , 
p.  3»7. 


'    Vuj.  t.  VI ,  p.  679 ,  note  I . 

^   Les  imprimés  ne  doniieDt  point  de  date;  mais  celle  que   nous  proposons  est  clairement  indiquée  par  la  lettre  sui< 
vante  à  M.  de  la  Cour. 


CARDIN.  DE  UlCHEUEi;.  —  Vil. 


33 


258 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIBCl  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 


DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTHES 
BT  sovnCES. 


1640. 

18  avril. 
Ruel. 


19  avril. 
Riiol. 


26  avril. 
Ruel. 


36  avril. 
Chanlilly. 


[i64o  K] 
3o  avril. 


2  mai. 
De  Saint-Bricc, 


G  mai. 
Réaumont. 


A  M.  de  la  Cour. 


Poiir  M.  de  Cbavigny 


A  M.  l'arclievescjut'  de 
Bordeaux. 


Le  roy  à  Ires-illustre  el 
magnifique  seigneur 
le  Baclia  d'Alger. 

A  M.  le  Princf. 


A  M.  l'arclievesijue  de 
Bordeaux  ,  lieutejianl 
général  des  armées 
du  rov  en  Provence 


A  M.  le  Prince. 


Le  car<linal  envoie  à  cet  amiiassadeur  l'avis  qu'il  donne  à 
Madame,  au  sujet  des  impertinentes  propositions  dont 
parle  la  leKre  précédente  :  «Je  ne  sçais  comme  il  se  trouve 
des  gens  assez  cflrontés  pour  vouloir  porter  Madame  à 
signer  quelque  cliose  avec  ses  ennemis,  sans  l'avoir  pre- 
mièrement consulté  avec  le  roy,  duquel  seul  deppend  sa 
protection...» 

Imprinico.  —  Aubcry,  Mêm.  t.  V,  p.  3io  ,  et  Recueil  de  1696  , 
t.  I,  p.  285. 

«Vous  aiant  escrit  il  n'y  a  pas  une  heure,  etc.'n  —  Je  par- 
leray  comme  il  faut  au  P.  Valère  et  à  l'abbé  Paul  de 
Fiesquc.  —  «Nous  avons  dépescbé  aujourd'huy  des  cour- 
riers à  toutes  les  troupes  d'Italie  pour  les  haster  de 
passer.  » 

Original ,  sans  siguature,  de  la  main  Je  Charpculier.  —  Arch. 
(Jes  Aff.  ctr.  France,  t.  XCIII ,  fol.  ii3. 

Richelieu  répond  à  sa  lettre  du  1 6  avril.  —  Aussitôt  que  ses 
vaisseaux  seront  partis  de  la  Rochelle  et  de  Brouage ,  il  le 
conjure  de  [lartir  lui-même  pour  aller  droit  en  Provence 
«où  vostre  présence  est  plus  que  nécessaire.»  Quelques 
passages  de  cette  lettre  sont  cilésen  note,  l.  VI,  p.  679. 

Orig.  —  BiU.  imp.  Suite  Jç  Dupay,  t.  XVII,  fol.  383.  — 
Duplicata ,  mêiae  us.  fol.  385.  —  Imprimée.  —  Correspon- 
dance de  Soaniis  ,  l.  II,  p.  1^9.  (Docuiopnts  inédits,  in-j".  ) 

Demande  d'un  échange  des  sujets  français  capiiis  en  Alger. 
Orig.  2  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XVII,  fol.  6Ga.  — 
—  Imprimée.  —  Correspondance  de  Sonrdit ,  t.  II,  p.  iig. 
(  Doc.  incd.  in-i".) 

Je  vous  supplie  que  ce  qui  est  deu  au  régiment  de  La  Motte- 
Oudancourt  soit  payé  sur  les  deniers  du  pays,  afin  qu'il 
puisse  aller  où  le  loy  l'envoie. 

Orig.  —  Arclu\cs  de  Condc.  C<iniinuiiicalion  de  M^'  le  duc 
d'Auinale. 

J'ay  receu  vos  mémoires.  J'ay  résolu  de  ne  point  faire  le  re- 
tranchement nouveau ,  mais  de  revestir  les  anciens  travaux 
selon  que  vostre  avis  le  porte,  et  faire  une  demi-lune  k  la 
teste.  J'envoie  les  ordres  au  s*^  Bergeron. 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XVII ,  fol.  54- 

Richelieu  le  prie,  comme  l'année  dernière,  d'exempter  du 
logement  aes  gens  de  guerre  les  maisons  et  domaines  de 


M.  l'évéque  d'Acs. 
Orig.  —   Arch. 
d'Aumale. 


dr    Condé.    Communication    de  AI''  te    duc 


'   Lettre  imprimée  l.  VI»  p.  68a. 

'  La  pièce  est  signée  Louis,  et  contrc-signéc  Bouthillier.  La  lettre  n*a-t-ellc  pas  été  cnvojée,  ou  bien  est-ce  un  du- 
plicata de  l'original  ? 

Le  millésime  manque;  la  piècr  est  classée,  dans  les  archives  de  Coudé,  entre  une  pièce  du  33  Jécertibrc  i64o  et 
une  autre  du  8  février  i6^9. 


NON   IMPRIMEES  DANS  LE  TOME   Vf. 


259 


DATKS 
et 

LIEDX  DE  DATES. 


SLSCRIPTIOX 

DBS  LETTKES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  80CRCES. 


1640. 

7  mai. 
Ilcâumont. 


[Cn  peu  avant 
le  12  mai'.] 


1 5  mai. 
De  Soissons. 


10  uiai. 
De  Soissons. 


A  M.  le  Priucf*. 


Au  rov. 


A  M.  le  Comte. 


En  considération  de  l'affection  que  Richelieu  porte  à  Tévêque 
de  Lavaur,  il  prie  M.  le  prince  d'exempter  du  logement  de 
gens  de  guerre  la  ville  de  Lavaur  et  les  maisons  et  terres 
qui  en  dépendent, 

Orig.  —  Ârcli.  de  Coudé.  Communication  de  .M*'  le  duc  d'Au- 
male. 

Le  cardinal  lui  exprime  sa  joie  pour  la  victoire  remportée 
devant  Casai,  la  plus  glorieuse  que  Sa  Majesté  eust  scou 
désirer. .  . 

f?w.  V,  p.  463.  —    Rpcueit  de  1696  , 


Imprimée.  —  Aabery,  J 
II,  5a. 


A  M.  Tarchevesque  de 
Bordeaux. 


Idem, 


Le  roy  à  M.  le  comte 
d'AlleU. 


«Le  roy  envoyant  M  le  baron  de  Ciré  à  Sedan  pour  le  sujet 
qu'il  vous  dira,  je  ne  l'ai  pas  voulu  laisser  partir  sans  vous 
asseurer  par  luy  de  la  continuation  de  mon  affection  et  de 
mon  service. .  .  » 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Fontetle,  portefeuille  34*  n"  87. 

«Je  ne  suis  pas  tant  en  peine  de  la  foiblessc  de  vos  troupes 
comme  de  la  peste  qui  est  en  Provence.  —  Quant  à  la 
foiblesse,  nous  estimons  de  deçà  qu'au  lieu  de  leur  donner 
de  nouvel  argent ,  il  les  falloit  faire  chastier.  C'est  la  pra- 
tique qui  s'observe  de  deçà,  sans  laquelle  il  sera  difficile 
d'avoir  des  troupes  à  l'avenir.  »  —  Richelieu  conseille  cer- 
taines mesures  contre  la  contagion. 

Orig.  —  BibL  imp.  Suile  de  Dupuy,  t.  XVII,  fol.  7a.  — 
Imprimée.  —  Correspcndance  de  Soardit ,  t.  Il,  p.  1 55.  (Doc. 
ioed.  io-^".) 

...  «  Mon  intention  est  que  vous  preniés  un  soin  particulier  de 
faire  loger  et  subsister  le  plus  commodément  qu'il  se 
pourra  les  troupes  <Ie  mou  année  de  Provence,  sans  vous 
arresler  à  toutes  les  longueurs  et  difficultés  qui  pourroient 
y  estre  faites  de  la  part  des  procureurs  du  pavs  et  autres, 
n'ayant  pas  moins  desgard,  en  cela,  au  maintien  des  gens 
de  guerre  qu'au  soulagement  du  peuple*...  Assistés  l'arche- 
vesque  de  Bordeaux  on  tout  ce  qui  sera  de  vostre  pouvoir,  n 
Orig.  —  Mûmes  sources  cfue  pour  la  prér^deote  lettre. 

«J'ajoute  ces  trois  mots  pour  vous  dire  que  la  continuation 
et  l'augmentation  de  la  peste  en  Provence  a  obligé  le  roy 
au  changement  que  vous  apprendrés  par  les  dépcscheS  de 
M.  de  Noyers.. .  *» 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suile  de  Dupuy,   t.  XVII.  fol.  81. 

'  Aoberv  ne  donne  point  de  date.  Il  s'agit  de  la  victoire  gagnée  le  3g  avril ,  par  le  comte  d'Hnrconrt,  sur  les  Espa- 
gnols, supérieurs  en  nombre  i  l'armée  française.  La  conHrioation  officielle  en  arriva  le  la.  (Gazette,  p.  3t6.}  L'ne 
relation  rédigée  par  le  comto  d'Harcoort,  avec  an  préambule  de  quelques  ligues  écrites  saos  doute  par  Hiclielieu  ,  ne 
trouve  p.  3i7-324-  L«  roi,  cn  l'aonoiiçant  aux  géncraus  dos  autres  armées,  leur  mandait  ;  «J'ay  résolu  do  faire  rendre 
des  tesmo-'gnagcs  pablics  de  reajouissaoce  pour  une  action  si  considérable  pour  mes  armes...  ■  Cette  lettre  du  roî  a  dû 
être  ansst  dictée  par  Ricbelicu.  (Aubery,  liv.  \I ,  p.  319.) 

'  Quant  an  soulagement  du  peuple ,  il  est  vraisemblable  que  les  procureurs  du  pays  s'en  préoccupaient  plus  cpie  les 
généraux. 

*  Six  bon»  régiments  destinés  partie  à  servir  sous  M.  de  Bor  Jeaus ,  partie  à  rester  eu  Guyenne,  sont  envoyés  à 
l'armée  d'Italie,  que  commande  M.  d'Harcoort,  Une  dépccbe  du  roi ,  contrc-signco  Sublet  et  datée  du  70  mai  (imprimée 
CiiTTtipondance  de  Soardiê .  ]I,  p.  i58j,  en  même  temps  qu'elle  portait  divers  ordres  à  l'archevêque ,  l'informait  de  cette 
nouvelle  disposition.  Ce  billet  devait  être  une  sorte  de  P.  S.  à  ladite  dépêche. 


2  1  mai. 
De  Soissons. 


A  M,  rapchcvesque  de 
Bordeaux. 


33. 


260 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 
et 

J.1EDX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 


DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRE.S 


ET   SOURCES 


1040. 


Do  Soissons. 


Idei 


23  mai. 
De  Soissons. 


26  mai. 


■27  mai. 


36  mai. 
De  Soissons. 


A  M.  le  Comte. 


A  la  duchesse  do  Savoie. 


A  M.  iarchevesque  de 
Bordeaux. 


Aiiï  maroschaux  di 
Chaulnes  et  de  Chas- 
tillon. 


A  Madame  la  duciicsse 
de  Savoie. 


A  la  duchesse  d'Aigiiil' 
Ion. 


Lettre  de  politesse  en  réponse  à  celle  que  le  comte  de  Sois- 
sons avait  écrite  au  sujet  «de  l'heureux  succès  des  armes 
du  roy  en  Italie.» 

-Orig.  —  Bibl.  imp.  Fontelte,  portefeuille  ai,  u"  86. 

Richelieu  s'étonne  qu'on  ait  pu  donner  à  Madame  le  conseil 
de  s'accommoder  avec  le  prince  Thomas  :  «Qui  n'a  d'autre 
dessein  que  de  se  rendre  maistre  de  vos  eslats  en  vous 
amusant  par  de  belles  paroles.»  —  Le  cardinal,  après 
avoir  très-judicieusement  développé  celte  pensée,  ajoute  : 
«Je  supplie  Vostre  Altesse  de  considérer  que  tout  vostre 
avantage,  après  Dieu,  deppend  de  la  protection  du  roy,  et 
de  suivre  ses  conseils.» 

-y,  Mém.  t.  V,  p.  Sas,  —  Rec.  Je  1696, 


Imprimée.  —  Aube 
t.  I,  p,  390. 


«...  Si  M.  le  cardinal  de  Savoie  vous  faict  quelques  proposi- 
tions, au  cas  que  vous  les  jugiés  raisonnables,  respondés 
seulement  que  vous  les  ferés  sçavoir  au  roy,  sans  vous  dé- 
sister en  aucune  façon  de  tout  ce  que  vous  estimerés  pou- 
voir faire  réussir  par  la  force.»  —  Grand  déplaisir  de  ce 
que  «la  peste  de  Provence  interrompt  les  projets  faicls  en 
ces  costcz-là. .  .  » 

Orîg.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dapuy.  t.  XVII,  foi.  80.  —  Im- 
primée. —  Correspondance  de  Soardit ,  t.  II,  p.  161.  [Doc. 
inéd.  in-i".) 

M.  de  Noyers^  vous  faict  savoir  la  résolution  que  Sa  Majesté 
a  prise  sur  les  propositions  venues  de  vostre  part. 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Bélhune,  9261,  fol.  33.  ~  Cicq-Cenls 
Colbert,  120,  foi.  18.  —  Imprimée.  —  Aubery,  1.  IV, 
p.  628  ,  tt  Recueil  de  1696  ,  p.  3o3. 

«Je  ne  sçay  qui  conseille  à  Vostre  Altesse  d'aller  présentement 
eu  Piedmont,  en  Testât  que  sont  vos  aifaires,  puisque,  sans 
qu'un  tel  voyage  les  puisse  avancer,  il  peut  estre  nuisible 
a  voslre  personne.  Lorsque  Turin  sera  pris,  vous  pourrés 
passer  avec  réputation  en  Piedmont.. .  »  —  Conduite  que 
doit  tenir  la  princesse  avec  le  prîncc  Thomas.  —  Mauvaise 
foi  de  ce  prince.  —  Renforcer  le  duc  dTfarcourt  par  IVn- 
voi  des  troupes  piémontaises. 

Imprimée.  —  Aubery,  Mém.  t.  V,  p.  Saô.  —  Recueil  do 
1696  ,  (.  I ,  p.  aç|3. 

Le  cardinal  charge  sa  nièce  d'informer  la  princesse  de  Condé 
de  la  bonne  conduite  du  duc  d'Enghien-. 

Copie.  —  Archives  de  Coudé,  149-  ConimuiiicE.tiûii  do  M^'  le 
duc  d'Aumalc. 


'   La  lettre  do  de  Noyers  se  trouve  dans  te  manoscrit  de  Coîbcrt ,  fol.  17  v°. 
^   Voy.  t.  VI,  p.  697,  Dole  I. 


NON' IMPRIMEES  DANS   LE  TOME   VI. 


261 


DATES 


LIEUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 
bE9  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRKS 

ET   SO0I\CBS. 


1040. 

i"  juin. 


Le    roy    an    prince    df 
Condé. 


9.   juiu. 
Bléranconrt. 


Aux  marcschaux  de 
Chaulnes  et  de  Chas 
tillon. 


6  juin. 


idem. 


9  juui. 
De  Blf^rancourl. 


Pour    M. 
Paris. 


Mazarin  ,    à 


Idem. 


A  M.  de  la  Cour. 


Satisfaction  tie  Sa  Majesté  au  sujet  de  la  diligence  du  prince  à 
faire  assembler  les  six  régiments  pour  forliUer  l'armée  de  vont 
Turin.  —  Retenir  en  Guyenne  et  en  Languedoc  des  troupes 
"pour  les  occasions  qui  pourront  arriver.»  —  Vous  ne  pou- 
viés  rien  faire  de  mieux,  pour  réduire  en  leur  devoir  ceux 
du  Périgord  qui  ont  esté  assez  harflîs  de  continuer  leur 
mauvaise  conduite ,  que  d'y  envoyer  le  s'  marquis  de 
Sourdis,  avec  quelques  troupes  pour  chasticr  ceux  qui  se 
trouveront  coupables.» 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  I.  XXI,  p.  go.  —  Im- 
primée. —    Correspondance  de  Soardi's,  t.  II,  p.    i63. 

Partir  demain  pour  être  au  rendez-vous  où  sera  M.  de  la  Meil- 
leraie.  —  Confirmer  l'ennemi  dans  la  cioyancc  que  celui-ci 
va  assiéger  Avesnes.  —  Prendre  en  passant  trois  châteaux  : 
Olheim,  Conlay,  Brouay.  —  Pendre  ceux  (|ui  sont  dans 
le  premier,  s'ils  soufïVent  le  canon;  les  autres  se  rendront. 
—  Raser  Brouay.  —  «Je  supplie  M"  les  marcschaux  de 
redoubler  leur  zèle,  de  sorte  que  les  desseins  du  roy 
puissent  réussir.» 

Copies.  —  Bibl.  imp.  BcthuDo.  9261,  fol.  ôi  \''  '.  —  Cinq- 
Cents  Coibrrt,  lao,  fol.  37.  —  Irapriniéo.  —  Aubtry,  IV, 
bM.  —  Uecupil  d«  i6g5,  p.  io3. 

«Il  faut  tousjours  avoir  deux  cordes  dans  son  arc.  .  ;  si  en 
passant  vous  pouviés  faire  surprendre  Saint  Venant,  il  vous 
seroit  plus  facile  d'assiéger  Aire,  si  vostre  premier  dessein 
venoit  à  manquer..  ,  Je  me  remets  à  ce  que  vous  ingérés 
le  plus  à  propos.» 

Copies.  —  BibL  imp.  Belliuno ,  9361,  fol.  58.  —  Cinq-Cents 
Coibrrt,  130,  fol.  3o.  —  Iropriincc.  —  Anbeiy,  IV,  ÎJg.  et 
Reeaoil  de  i6g5,  p.  3o4- 

«Ce  billet  est  pour  dire  au  seigneur  Colmar  -  i|ui:  je  le  prie 
de  partir  dimanche  au  soir,  à  la  fraîscbeur,  en  poste ,  pour 
cstre  icy  lundy  malin  à  9  heures,  |>our  quelcjue  afiairr  nuo 
je  luy  diray. ..   Il  pourra   retourner   à    Paris,  si  bon   luy 


•y  ^ 
semble. . 

Orig.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Trance 
fol.  354. 


i64o , 


^ept  prcm,  mois 


Quoique  le  cardinal  ait  été  fort  satisfait  de  voir,  par  les  dé- 
pêches de  M.  de  la  Cour,  que  Madame  est  en  disposition 
de  s'unir  entièrement  aux  intérêts  du  roi,  il  craint  qu'il  n'y 
ait  là  qu'une  apparence  '. . .  mais  «  si  elle  continue  à  négliger 
ses  propres  avantages,  le  roy  prendra  les  siens  selon  que 
ta  raison  et  le  bien  public  l'y  porteront.» 

ImpritiKie.  —  Anbery,  t.  V,  p.  Sag,  el  Recueil  de  169*»,  l.  I, 
p.  194. 


<  L'origiujl  est  entre  les  maius  de  M.  le  doc  de  Cbaulnes.  ■  (  \ote  du  ms.  ) 
Noos  avons  dit  que ,  dani  le  jargon  intime,  od  nommait  Mazarin  Colmardo. 
Celle  lettre  a  élé  nolit  t.  VI ,  p.  700. 


262 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DAÏIiS 
et 

LIKUX  DE   DATES. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET   SODRCF.S, 


1640. 

10  juin. 

De  Blérancourt. 


1 6  juin. 
De  Blérancourt. 


A  M.  i'arclievesque  de 
Bordeaux. 


Mémoire  de  la  Coup  aux 

généraux. 


»7  ju 


Il  n'y  a  rien  à  ajouter  à  ce  que  lui  écrit  M.  de  Noyers  '. .  .  on 
luy  enverra  autant  de  troupes  qu'il  en  aura  besoin.  —  «Le 
roi  a  trouvé  fort  bon  la  permutation  qu'il  a  faite  d'une 
abbaye  contre  celle  do  Sainte-Croix  de  Bordeaux.» 

Orig.  —  Suite  de  Dupuy,  t.  XVII ,  fol.  1 16.  —  Impriirnic  — 
Correspondance  de  Sourdis  ,  t.  II ,  p.  i  7^, 

Faire  les  convois  extrêmement  forts.  —  D'ici  à  8  jours  il  y 
aura  à  Dourlens  700,000  rations,  pain  ou  biscuit...  — 
Faire  promptement  travailler  les  paysans  à  la  circonvalla- 
tion,  et  y  employer  les  soldats,  en  les  payant..  ,  M.  de 
Sainl-Preuil  a  mandé  qu'il  y  a  de  petits  châteaux  entre 
Dourlens  et  Arras,  dangereux  pour  la  sûreté  des  convois; 
M.  de  la  Meilleraie  les  fera  prendre  et  garder.  —  icM.  de 
Noyers  sera  le  1 8  juin  à  Amiens^  pour  haster  toutes  choses; 
et  le  roy  le  vingtiesme.  » 

Copies  —  Bibl.  irap.  Béthune,  9261,  fol.  70  v**.  —  Cinq- 
Cents  Colbert ,  mo,  fol.  36. 

Empêcher  par  soins,  vigilance  et  assiduité  que  rennemi  ne 
jette  de  nouveaux  secours  dans  Arras;  «je  souhaitte  avec 

f)assioa  que  vous  veniés  à  bout  de  vostre  entreprise  pour 
e  service  du  roy  et  pour  vostre  réputation  ^» 

Copies.  —  Bibl.  iinp.  Bethune,  9261,  fol.  66  v».  —  Cinq- 
Cents  Colbert,  ]30,  fol.  34.  —  Inaprimée.  —  Aubery,  IV, 
558,  el  Recneil  tic  i6^5,  p.  3o6. 

Donner  des  lettres  de  cachet  du  roi  aux  maires  et  échevins 
des  villes  circonvoisines  du  Havre,  pour  faciliter  les  levées 
des  soldats  que  le  cardinal  a  donné  charge  de  (aire.  —  Ri- 
chelieu envoie  «le  chevalier  de  Cinq-Mars*  et  Survie  au 
Ha\re,  pour  amener  à  Abbeville  les  cinq  compagnies  qui 
sont  au  Havre  et  la- sienne.» 

Original.  —  Manuscrit  de  M^'  le  duc  d'Aumale. 

a  Monsieur,  vous  ayant  hier'  dépesché  un  courrier  par  lequel 
je  vous  conjurois  de  mener  les  troupes  jusques  à  Grenoble , 
et  ayant  appris  depuis  qu'il  y  a  un  chemm  plus  court  de 
trois  journées  pour  les  faire  passer,  qui  est  celui  de  Crest, 
Die  et  Baronnées. ..  ne  perdes,  s'il  vous  plaisi  ,  aucun 
temps  pour  les  conduire  jusqu'à  Crest..  .  vous  sçavés  com- 
bien il  est  important  de  gaigner  trois  ou  quatre  jours  pour 
faire  avancer  le  secours  d'Italie. .  .  »  Ici  quelques  lignes 
d'instruction  pour  les  étapes  de  cette  nouvelle  roulée 

Original.  —  Archives  de  Condé ,  ga.  Communîcalion  de 
yi^'  le  duc  d'Aumale. 


'   Voy .  le  VI*  volume ,  p.  700  et  note  1 , 

2  Les  manuscrits  mettent  en  tête  :  »  Mémoire  rapporté  de  la  cour  par  M.  de  Cornillon  ,  da  a  i  juin ,  >  et  classent  la 
pièce  à  cette  date;  mais  ceci  montre  que  la  date  du  16  est  la  véritable.  Le  ai  est-Jl  celle  delà  réception? 

'  Notée  VI*  volume,  p.  71a. 

*  Est-ce  un  sieur  de  Saint-Mars?  Les  manuscrits  confondent  souvent  l'orthographe  des  deux  noms. 

^  La  lettre  que  le  cardinal  rappelle  est  datée  du  ao ,  comme  celJc-ci ,  qui ,  sans  doute ,  ne  fut  expcdi^a  que  le  lende- 
main. (Voy.  t.  VI,  p.  703.) 

•*  Lo  cardinal  fit  écrire,  au  nom  du  roi,  par  le  secrétaire  d'Etat  de  la  guerre,  une  nouvelle  lettre  du  a6  juin  ,  iDsistant 
sur  l'importance  de  hâter  le  secours  d'Italie,  Nouveaux  conseils  donnés  an  prince  sur  les  mesures  a  prendre.  (Imprimée, 
Correspondance  de  Sourdis  ,  t.  II,  p.  ao4.  ) 


18  juin. 
De  Chaulnes. 


20  juin. 
Amiens. 


Aux  marescbaux  d( 
Chaulnes  et  de  Chas- 
tillon. 


Pour  M.  de  Noyers,  se- 
crétaire d'estat. 


A  M,  le  Prince. 


NON   IMPRIMEES  DANS  LE  TOME  VI. 


263 


DATES 


LlEVl  DE  DATES. 


1640. 

:>i  juin. 

[  Amiens. 


hit  m. 


a8  juiu. 


1°'  juillfl, 

it  (jl) (Mires  du  soir. 

D'Amiens. 


juillet. 


SLSClilPTIÛN 

DBS  LBTTBES.    . 


Aux  marescbaux  de 
Cbaulnes  et  de  Chas- 
tillon. 


Aux  marescbaux  de 
Chaulnes  et  de  Chas 
tillon  '. 


A  M"   de  Cbaulnes 
de  Chastillon  *. 


A  M"  les  marescbaux 
de  Cbaulnes  ft  de 
Chastillon. 


Au  inarescbal  de  Cbas- 
tillon. 


ANALYSES  DES  I.ETTHES 
ET  socncEs. 


Faire  des  convois  si  forts  que  les  ennemis  nt;  les  puissent  dé- 
faire, le  succès  du  siège  d'Arras  deppend  absolument  de 
là...  ffJe  vous  supiie  de  me  mettre  l'esprit  en  repos  fn 
ce  sujet,  et  de  vous  asseurer  que  je  suis'..  .  » 

Copies.  —  BIH.  imp.  Bélhnne,  9361,  fol.  70.  —  Cinq-Cciits 
Colbcrt ,  lao,  fol.  35  *".  —  Imprimeo. —  Aubery,  IV,  55 9  , 
et  Recueil  de  1695,  p.  30S. 

Conseil  pour  l'escorte  que  M.  de  Saint-Preuil  doit  faire  d'un 
convoi  de  Dourlens  à  Lucheu  \  —  M.  de  Nanteuil  est  a 

Ancre Le  jour  que  le  convoi  partira  de  Dourlens,  on 

le  fera  partir  d'Ancre  pour  aller  croiser  le  cbemin  d'entre 
Bapaume  à  Dourlens,  avec  200  cbevaux..  .  Le  cardinal 
demande,  sur  cette  proposition,  l'avis  dt-  M.  de  Saint- 
Preuil  et  de  MM,  les  généraux. 

Même»  sources  que  pour  I.-1  pièce  preccdoutc ,  sauf  les  folios  7^ 
de  Béthane ,  —  36  v"  de  Coibert ,  —  56o  d'Aoberv  cl  202 
do  Recaeil  de  1695. 

Félicitations  sur  le  bon  état  de  leurs  travaux.  —  «J'apprends 
que  les  200  Espagnols  investis  par  M.  de  Ransau  se  sont 
rendus  à  vous...  Envoyés-lcs  par  le  premier  convoi  à 
Doulens,  d'où  on  les  fera  venir  en  cette  ville..  .  Je  vous 
prie  d'avoir  un  soin  particulier  <[u'il  ne  s'en  sauve  aucun, .  . 
Il  y  a  grande  espérance  qu'il  y  aura  entre  eux  des  gens  de 
commandement  déguisés.  On  saura  cej^enHant  de  quelle 
qualité  ils  sont  et  en  quel  |X)ids  ils  devront  entrer  en 
écbauge  d'autres  prisonniers.»  Ouvrir  ks  trancbées  le 
plus  tôt  possible  et  pousser  l'attaque  vertement. 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Bclhane,  9?6),  fol.  8S  v°.  —  Cinq- 
Cents  Colberl,  no,  fol.  45.  —  Imprimée.  —  Auborv,  IV. 
5  74  t  «l  Recueil  de  1 69S  *  p.  309. 

heprocbes  sur  ce  que  les  précautions  n'ont  pas  été  convena 
sujt 
pour  le  dernier  jour  de  juin  .  «Cette  affaire  est  de  conié 


epn 
oli^ment  prises  au  sujet  de  l'escorte  du  convoi  annonct'; 
I  ur  le  dernier  jour  de  juin  .  «Cette  affaire  est  de  conié- 
ouence ,  et  pour  le  «iëge  d*Arras  et  pour  le  reste  des  affaires 
du  roy.* 


Copies.  — 
Colbrrl 
680.  —  Recueil  d 


Bibl.  itnp.  Béthuov,  9361,  fo).  96.   —  Cinq-Cents 
130,    fol.    47    v°,    —   Imprimée.  —    Aubery,    l\ . 
"    '  ,  p.  3 10. 


Lettre  de  félicitation '.  «J'espère  que  la  lin  de  voslrt*  siège 
sera  aussi  benreuse  que  le  commencement,  rt  le  soubaite 
de  tout  mon  cœur..  .  >• 

Copie.  —  Bibl.  imp.  Bélhnue,  9361,  fol.  96.  —  Cioq-Cenls 
Coibert,  lao,  fol.  48.  —  Im|irimér.  —  Atibcry,  IV,  58o , 
et  Recueil  de  1 695  ,  p.  311. 


'  hé  Veille ,  lu  juin ,  de  Noyers  écrivait ,  de  U  part  du  roi ,  aux  deux  marécbaiis  puur  lour  dotiiicr  quelques  conseils 
et  leur  promettre  des  vivres  et  de  l'argent.  L'édition  du  Recueil  de  i6g5  donne  au  cardinsl  celte  lettre  du  «ecrélaire 
d'Etal  de  U  guerre. 

'  Cette  lettre  et  le^  aui vantes  oui  été  notée»  t.  VI  ,  p.  713. 

'   Lucbeui ,  bourg  à  deux  lioues  de  Douleos. 

^  Celte  copie  est  signée  :  •  Armand  dac  de  Richelieu,  ■  Signature  que  Je  oc  rencontre  pa»  ailleurs;  Auberv  ne  la  donne 
)  ;■<• ,  et ,  dans  ta  «uscfiplion  ,  il  a  joint  le  nom  de  la  Meilleraip  aux  deux  autres. 

*  Citée  en  partie  t.  VI ,  p.  71a. 


26/1 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


LIEUX  DE  DATES. 


SCSCIUPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


1640. 

Sjuiliet. 
Amiens. 


à  juillet. 
De  Cnrbic 


10  juillet. 


13  Jl 


ill.-l    ■ 


1^  juiliit. 
Amiens. 


quinzaine  di 
juillet  ^] 


A  M.  rarchevei.quc  de 
Bordeaux. 


Le   roy  ii  l'archovesque 
de  Bordeaux. 


Pour  M.  de  Noyers. 


A  M"  les  doyen  et  doc- 
leurs  de  la  faculté  de 
Théologie,  à  Paris. 


Aux      luarcscliaux      d 
Chaulnes  eideChas- 
tillon. 


A  M.  de  Gremonviile, 
conseiller  du  roy  en 
ses  conseils,  maistre 
des  requestes  de  sou 
liostel,  et  intendant 
de  la  justice  et  police 
en  l'armée  du  rov. 


M.  de  Noyers  '  vous  a  répondu  si  particulièrement  qu'il  ne 
me  reste  qu'à  vous  conjurer  de  n'oublier  rien  de  ce  qui 
dépendra  de  vous  pour  faire  réussir  ce  qui  vous  est  mandé 
de  la  part  du  roi. 

Orig.  —  Bibl,  imp.  Suit«  de  Dupuy.  —  Imprimée.  —  Corres- 
pondance de  Soardiê ,  II,  199. 

Son  armée  étant  trop  faible  pour  entreprendre  quelque  chose 
de  considérable  du  côté  de  la  terre,  le  roi  trouve  bon  qu'il 
fasse  par  mer  l'entreprise  qu'il  propose.  —  Il  peut  prendre 
aussi  la  route  de  Sicile  pour  profiter  de  la  mauvaise  hu- 
meur des  habitants.  —  Il  reviendra  par  la  Barbarie  pour 
conclure  le  traité  de  paix  depuis  longtemps  proposé  ^. .  . 
Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XXI,  fol.  igi  — 
Imprimée.  —  Corre$pondance  de  Soardis  .  l.  11,  p.  aoi . 

«n  fault  dire  à  Cbouppes  que  Faber  n'ira  point  au  camp 
parce  que  les  troupes  ne  bougeront  de  Corhie,  pour  estrc 
en  estât  d'aller  a  Dourlens  à  coup  près  s'il  en  est  besoing. . . 
Je  vous  escris  ceci  aGn  qu'aucune  mesprisc  ne  puisse  cm- 

pescher  ce  que  nous  vouions  faire.  »> 

Orig.  —  Manuscrit  tir  M''  le  duc  d'Aiitnale. 

Les  llièies  de  M.  Constantin  ayant  paru  ambiguës,  le  car- 
dinal lui  a  demandé  une  explication  dont  il  a  été  satisfait , 
et  qu'il  envoie  à  la  Sorbonne.  «Mais  je  m'asseure,  ajoute 
Richelieu,  que  vous  jugerés  qu'd  est  à  propos  de  ne  parler 
pas  davantage  de  cette  affaire.)- 

Imprimée.  — Aubery,  itfc'm.  V,  4i8,  et  Recueil  de  i€96,  II, 
3i.  —  D'Argentré,  C.oîleclio ,  elc.  t.  III,  i"  partie,  p.  38. 
Le  Coiute,  t.  IV  des  pièces,  p.  619. 

Conseils  jwnr  le  siège  d'Arras  *. .  .  «Je  suplie  Messieurs  les 
généraux  de  penser  d'autant  plus  sérieusement  en  celte 
affaire  ,  (|uc  de  là  deppcnd  la  prise  d'Arras,  et  le  succès  de 
leur  dessein,  qui  les  comblera  de  gloire,  et  la  France  de 
boniicur,  s'ils  xe  peuvent  conduire  à  bonne  fin.» 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Bélliune,  t,a6i,  foi.  107.  —  Cinq-Cents 
Colbert,  120,  fol.  61.  —  Imprimée.  —  Aubery,  Mêm.  IV, 
6o5  ;  et  Recueil  de  i6g5  ,  p.  ai  a. 

Mauvais  ménage  des  vivres..  .  «Je  vous  conjure  de  pourvoir 
a  ce  désorfirc,  duquel  deppcnd  le  succès  du  siège  d'Arras. 
Le  roy  envoie  expressément  le' s"^  de  Compiègne,  l'un  do 
ses  domestiques,  pour  tenir  la  main  a  ce  ([u'il  ne  s'en  dis- 
tribue pas  plus  qu'il  ne  faut  ". .  .  i< 

Copiée  sur  l'original.  —  Arch.  de  la  famille  d'Esncval.  Com- 
munication de  M.  Cbéruei. 


'    Cette  lettre  du  secrétaire  d'Étal  de  la  guerre,  datée  du  3  juillet,  est  conservée  en  original  dans  If  même  ms.fol.  189. 

^  L'entreprise  dont  il  s'agit  n'a  pas  été  exécutée. 

^  La  date  est  donnée  par  le  Coiiite  et  par  d'Argeotré  ;  celui-ci  a  doBné  la  suscription.  On  trouvera  ci-après,  au  sup- 
plément (premiers  jours  de  juillet  i64o)  ,  une  lettre  de  Ricbelieu  ao  sujet  de  l'affaire  du  s'  Constaolin. 

*  Voy.  extrait  de  cette  dépêche,  t.  VI ,  p.  718. 

^  Cette  lettre,  sans  date,  fut  écrite  lorsque  le  siège  d'Arras  était  déjà  avancé;  il  avait  commencé  le  i3  juio  et  la 
ville  capitula  le  9  août. 

^  Vov.  l'extrait ,  imprimé,  note  de  la  page  709  du  Vi'  volume. 


NON   IMPRIMEES  DANS   LE  TOME   VI. 


265 


DATES 


(.lEL'X  DE  D&TXS. 


1640. 

17  juillet. 
Aaiieos. 


19  juillet. 
Amiens. 


23  juillet, 

et  7  heures  du  soir. 

D'Amiens. 


26  juillet. 
D'Amiens. 


2 G  juillet. 
D'Amiens. 


5  août, 
D'Amiens. 


SLSCRIPTiON 

DIS  LETTRES. 


Aux  marescliaux  de 
Cliaulnes  et  de  Chas- 
lillon. 


A  MM.  les  mareschaux 
de  Chaulaes  et  de 
Chastillon. 


[A  M"  les  géa<-raux. 


[Aux  maréchaux. 


A  M.  MoIé,  procureur 

général. 


A   M.  I*arcbeves<|ue  de 

Bordeaux. 


ANALYSES  DES  LETTHES 


ET   SOCnCES. 


Dispositions  à  prendre  au  sujet  des  convois  ' . 

Copies.  —  Bibl.  inip.  Béthuoe,  9361,  fol.  137.  —  Ciuq-Cciits 
Colbcrt,  120,  fol.  64  bis  v".  —  Iniprimôc.  —  Auuorv,  ÏV, 
6i3.  —  Recueil  de  i6g5,  p.  ii4. 

Envoyer  par  diverses  voies  des  duplicata  des  dépêches  don- 
nées à  Chouppes  pour  le  cas  où  il  serait  pris...  Si  les 
troupes  de  Leschelles^  sont  revenues,  elles  peuvent  aller 
jusqu'à  Miraumont. ..  Mesures  à  prendre  pour  les  convois. 
Copies.  —  Bibl.  imp.  BéthunCf  9361,  fol.   1^3.  —  Cinq-Cents 
Colberl ,    130,  fol.   67.  —  Imprimée.  —  Auhcry,  IV,  618, 
et  Reciioil  de  1696,  p.  3i5. 

Nouvelles  recommandations  de  prendre  toutes  les  précautions 
possibles  afin  cjuc  les  ennemis  ne  puissent  avoir  connais- 
sance des  convois  ^. 

Copies. — Bibl.  imp.  Béthurie,  9)61,  fol,  1S2.  —  Cinq-Ceiils 
Colbcrt,  lao,  foi,  70  >■".  —  Imprimée,  —  Aubpry,  IV,  626. 

—  Ilecueil  de  1693,  p.  liS. 

Hichclieu  les  presse  d'avancer  leurs  attaques  *. 

Copie.  —  Bib).  imp.  Bétliunc,  9361,  fol,  i54- — Cinq-Cents 
Colbert ,  lao^fol.  70  v". — Imprimé?.  —  Auberv,  IV,  637. 

—  Recueil  de  1696)  fol.  338. 

Au  sujet  de  la  remise  de  M"'  de  La  Forest  entre  les  mains  de 
son  frère  '. 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Cioq-Ceols  Colbert,  6  ,  fol.  369. 

«...  Empeschcr  le  secours  qu'on  peut  donner  à  Leganez ,  soit  de 
Napics.  soit  d'Espagne.  —  On  |>ourra  rendre  les  galères 
de  Gcnnes  quand  cette  république  sera  mise  a  la  raison  '. 
—  Juger  en  conseil  de  guerre  les  vaisseaux  anglois  et  fla- 
mands chargés  de  marchandises.  Je  vous  prie  de  ne  rien 
faire  qui  puisse  blesser  vostre  conscience  nv  la  mienne.» 
.  .  .Quant  a  la  Barbarie,  u traités  civilement  avec  Isoudes, 
sans  que  la  civilité  empesctie  ce  qui  sera  nécessaire  pour 
la  délivrance  de  nos  cbrestiens. .  .  n  •--  P.  S.  «Depuis  ma 
lettre escrlte  j'ay  estimé  qu'il  seroit  à  propos  que  vous  m'en- 
voyassiés  les  procédures  des  prises  que  vous  avés  faictes, 
si  elles  sont  en  estât,  alin  que  je  voye  quel  inlérest  les 
Anglois  v  peuvent  avoir;  parce  cjue  l'ambassadeur  d'Angle- 
terre en  faict  de  grandes  plaintes.  Cependant  vous  surçoi- 


'   ExtraiU,  t.  VI,  p.  713. 

'  Lescbelle  escortait  un  petit  convoi  que  l'ennemi  avJtit  pris  aa  moment  où  le  cardinal  écrivait.  (  Lettre  adressée  à  de 
Noyer»  par  les  marécbaui ,  fuf.  67  v**  du  ms.  de  Colbert.) 

^   Voy.  les  extraits  de  cette  dépêche,  t.  VI,  p.  715  ,  note, 

*    Billet  donné  en  note,  p.  71a  du  VI*  volume, 

^   La  mire  de  cette  demoiselle  voulait  l'empêcher  d'abjurer  l'hérésie.  (Voy.  ud  eitrait ,  t.  VI ,  p.  711.  noie.  ) 

**  Dans  un  mémoire  signé  du  roî  que  Richelieu  avait  fait  adresser  la  veille  à  l'archevêque  de  B^nleaui ,  il  lui  était 
onlonoé,  parmi  d'autres  mesures,  de  capturer  les  galère»  de  G^nes,  Ce  mémoire,  contre-signe  Boulhillier,  se  trouve  en 
original  dans  le  supplément  de  Oupuy,  tome  XXI ,  page  398-  Il  a  été  imprimé  dans  la  Correipondance  d«  Soardi$ ,  t.  Il , 
p.  303. 


CAKDIN.  D£  RICHELI£0. 


3/1 


266 


SOMMAIRES   DES   LETTRES 


DATES 


LIEUX  DB  DATES. 


SUSCRIPTION 


DES  LBTTRBS. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   SOURCES. 


1640. 


fi  août  au  soir. 
D'Amiens. 


8  aoùl. 


9  août. 


1  ô  août. 


1 S  août. 
D'Amiens. 


19  août. 


[A  M.  de  Bordeaux.] 


A  M"  de  Chaulnes  cl 
de  Chastillon, 


Au  maroschal  de  Chas- 
tillon. 


A  M"  les  généraux. 


A   M.  l'archevesque  de 
Bord  •'aux. 


Mémoire  envoyé  au 
comte  d'Harcourt  en 
aoust  i6io. 


rés  le  jugement  des  prises  sur  lesquelles  par  après  je  vous 
manderay  mon  intention  '.» 

Orig.  —  liibl.  inip.  Suite  Je  Dupuy,  t.  XXI,  fol.  3o3.  —  Ini- 
prîtuée.  — Correspondance  de  Sourdi s  ^  t.  II,  p.  a54  v". 

Progrès  du  siège  d'Arras,  convoi  bcureusemenl  conduit  au 
camp  par  M.  du  Hallier. 

Copie'*'.  —  Bibl,  imp.  Suilo  de  Dupuy,  t.  XXI,  fol.  366. 

Le  roi  a  vu  avec  déplaisir  que  leur  mîne  ne  seroit  prête  a 
jouer  que  le  1 5  ^  ;  «il  m'a  commandé  de  vous  conjurer  de 
sa  part  de  faire  des  efforts  extraordinaires  pour  prévenir  le 
temps  *. .  .  » 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Béthune,  9361,  fol.  jqo. —  Cinq-Cents 
Colbert ,  120  ,  fol.  87.  —  Imprimée.  —  Aabery,  IV,  p.  65i  , 
et  Recueil  de  1695,  p.  219. 

Lettre  de  félicilation  sur  ïa  prise  d'Arras  *. 

Copies. —  BibL  imp.  Bétbane,  9261,  fol.  191.  — Cinq-Ccnls 
Colbert,  130,  fol.  87.  —  Imprimée.  —  Aubery,  IV,  65i  , 
et  Recueil  de  i6g5  ,  p.  3  ig. 

M.  de  Noyers  va  au  camp;  il  vous  porte  le  supplément  des 
monstres  *. .  .  a  Vous  savés  trop  l'estime  que  je  lais  de  sa 
personne  et  l'affection  que  je  luy  porte  pour  manquer  à 
envoyer  Tescorte. .  .  » 

Copies.  Bibl.  imp.  Bétliune,  9262  ',  fol.  18.  —  Cinq-Cents 
Colbert,  lao,  fol.  96.  —  Imprimée,  —  Aubery,  IV,  658, 
et  Recueil  de  1696  ,  p.  sao. 

[/archevêque  a  envoyé  un  gentilhomme  à  Richelieu,  qui  le 
lui  renvoie,  rafin  qu'il  puisse  entretenir  les  intelligences 
cpril  a  sur  les  lieux  ". .  .  » 

Orig.  ~  Bibl.  imp.  Suite  do  Dupoy,  XVII  ,  fol.  36j. 

«Il  est  difficile  de  donner  des  mesures  justes  sur  les  proposi- 
tions du  prince  Tliomas ,  parce  que  c'est  chose  certaine 
que,  s'il  nest  réduit  à  l'extrémité,  il  ne  proposera  rien  que 
pour  tromper,  et  que^  s'il  y  est  réduit,  il  n'en  sçauroit  faire 
qui  puisse  esgaler  l'avantage  qu'on  aura  si  on  peut  prt-ndre 


'  L'éditeur  de  la  Corre^ipondauce  de  Sotirdis  n'a  poinl  donne  le  P.  S.  lequel  se  trouve  daus  le  manuscrit,  sur  un 
feuillet  séparé  numéroté  3o5. 

^  En  tète  de  cette  pièce  on  lit  :  n  Eitraict  de  la  dépescbc  de  M,  le  cardinal  duc  et  de  M.  de  Chavigni;  •  l'écriture 
semble  celle  du  secrétaire  de  l'arcbevêque. 

^  Au  moment  où  le  cardiual  écrivait  aux  généraux  ,  ils  mandaient  i  de  Noyers  :  «Ceux  d'Arras  viennent  de  faire  la 
chamade  à  la  brcscbe  de  la  raine  de  M.  de  la  Mcilleraie.  «  P.  87.  Et  le  lendemain  9  la  capitulation  était  signée;  le  texte 
est  conserve  dans  le  manuscrit  de  Bétbune,  fol.  89. 

*  Nous  avons  donné  la  fin  de  celle  dépêche,  t.  VI  ,  p.  717.  Le  P.  GrilTet  l'a  cîiée,  p.  ayé  ,  avec  la  fausse  date 
du  10. 

*  Citée  tome  VI ,  p.  717. 

^  Voy.  l'extrait ,  t.  VI ,  p.  710. 

'^  Ce  manuscrit  est  intitulé  :  "Suite  du  Recueil  des  dépesches  que  M*'  le  maréchal  de  Chastillon  .  commandant  1rs 
armées  du  roy  dans  l'Aithois,  a  faites  en  cour  et  n  reçues  pendant  ta  campagne  de  16^0.  >■ 

*  Notrp  tome  VI.  p.  7I9. 


NON   IMPRIMEES  DANS   LE  TOME  VI. 


267 


DATES 
et 

LIECX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

OBS  LBtTRES. 


ANALYSES  DES  LETTIiES 

ET    SOURCES. 


1640. 


j.b  août. 


2  7*aoust. 
D*  Amiens. 


Au  mareschal  de  Chas- 
tillon. 


A  M.  le  Prince. 


38  août. 
Amiens. 


Le  roy  à  M.  le  Comlc. 


■)i  août.         I    Au  mareschal  de  Chu- 
'        lillon. 


*'  septembre.       Au  mareschal  de  Schom- 
D*Amiens.       \        berg. 


sa  i^ersonne.  '  —  Néanmoins  Richelieu  examine,  dans  uu 
assez  long  mémoire,  les  cas  éventuels  qu'on  peut  prévoir 
dans  une  négociation  avec  le  prince  Thomas,  et  du  reste 
on  renvoie  le  comte  d'Harcourt  à  sou  instruction  du  2  8  mai  '. 

Mise  au  net.  —  Ârcb.  des  Âff.  ôlr.  Turin*  t.  XXX,  fol.  727. 
Une  seconde  mise  au  net  est  au  fol.  768.  —  Imprimce.  — 
Aubcry,  Mém.  V,  34o.  —  Recueil  de  1696  ,  11 ,  357. 

Il  Si  les  ennemis  tentoient  d'assiéger  à  leur  tour  Arras ,  ils  ne 
parviendroient  pas  à  la  reprendre,  la  place  est  bien  fournie 
de  vivres  et  de  munitions^., .  C'est  à  vous  de  haster  les 
travaux,  et  de  faire  l'impossible  pour  maintenir  l'armée 
que  vous  commandés. . .  '< 

Copies.  —  Bibl.  itnp.  Bétbune,  9363,  fol.  Si  v^fct  Cinq- 
Cents  Colbert,  lao,  fol.  103  v°,  —  Imprimée.  —  Aubery. 
IV,  663,  et  Recueil  de  i6g5.  p.  390. 

Richelieu  charge  M.  de  Maîgrin,  qui  va  aux  eaux  de  Bour- 
bon, de  porter  sa  dépêche  à  M.  le  prince.. .  «11  s'est  com- 
porté de  telle  sorte  auprès  de  M.  voslre  fils  que  je  ne 
doute  |K>int  que  vous  et  luy  n'ayés  contentement  de  sa 
conduite.  » 

Oriy.  —  Arcb.  de  Condé,  g5.  Communication  de  M*'  le  duc 
d'Aumale. 

Le  roi  le  remercie  de  ses  félicitations  sur  la  prise  d'Arras ,  et 
des  continuelles  martiues  de  ses  sentiments  à  l'occasion  des 
succès  dont  Dieu  bénit  la  justice  de  ses  armes. 

Minute.  —  Bibl.  imp.  B^thane,  gSSy,  fol.  73.  , 

Les  Espagnols  ayant  rompu  te  traité  projeté  pour  l'échange 
des  prisonniers,  Richelieu  demande  qu'on  lui  envoie  ces 
prisonniers  a  .Amiens,  où  ils  seront  soigneusement  gardés. 
Assurer  ceux  qui  en  ont  que  le  cardinal  fera  payer  exac- 
tement leur  rançon. 

Copies. —  Bibl.  imp.  Béthune ,  9363,  fol.  46.  — Cinq-Cenls 
Colbert ,  lao,  fol.  108  v".  —  Imprimée.  —  Aubery  IV, 
678.  —  Recueil  de  1695,  aia. 

«Monsieur,  je  ne  prends  pas  la  plume  pour  respondre  aux 
louanges  que  vous  me  donnés  sur  le  sujet  de  la  prise  d'Ar- 
ras, parce  qu'il  la  faut  référer  à  la  bénédiction  que  Dieu 
donne  aux  armes  du  roy,  à  la  justice  de  sa  cause  et  à  la 
prudence  et  fermeté  de  Sa  Majesté  ^. . .  » 

imprimée.  —  Aiiberj-,  IV,  679.  —  Recueil  de  iSgÛ,  aaS. 


'   Je  n'ai  pas  cette  instruction. 

^  Rîcbeliea  expoac  avec  détail  ce  ravitaillement,  et  une  lettre  de  de  Noyer»,  écrite  la  veille,  est  plus  circonsUnciee 
encore  ;  même  manuscrit.  Le  roi  avait  lai-méme  donac  des  ordres  eiprès  dès  le  la ,  et  il  écrivait  de  nouveau  ce  même 
jour  a5  août,  fol.  gj.  * 

^  Ce  compliment  au  roi  revient  évidemment .  pour  une  bonnc^  part ,  au  cardinal  Itii-mciiie ,  et  il  n'y  a  rien  là  pour 
ict  généraux. 


34. 


268 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 

n 

LIEDX  DE  DATES. 


1640. 
Il  srptembrr. 


ïdem. 


[i6/io.] 

k  septembre. 

Amiens, 


(y  septembre. 


I  si'pLcmbrp. 


1  o  septembre. 


SUSCRIPTION 

iJES  LETTRES. 


Au  mareschai  <\ç  Chas. 
tillon. 


idem. 


A  M.  de  GrémonviHe. 


Au  mareschai  de  Chas- 
tillon. 


/f/e. 


[A  M.  de  Guitault. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  s(h:rcbs. 


«Monsieur,  je  vous  renvoie  cent  ou  six  vingts  di^serteurs,  entre 
lesquels  il  y  a  plusieurs  officiers.  Je  vous  conjure  de  les 
juger  le  [)lus  jjromplenient  que  vous  pourras  au  conseil  de 
guerre.»  Le  service  du  roi  veut  que  justice  soit  faite,  et 
Richelieu  l'avertit  qu'il  ne  pourrait  se  dispenser  de  faire 
savoir  à  S.  M.  la  négligence  qu'y  mettrait  le  maréchal  '. 


Copies.  —  BIbl 
Colbert,  Jao 
686.  —  Recueil  de  iGgS 


uip.  Béthmie .  9263  ,  fol.  61  ;  cl  Cinq-Cenls 
fol.  ii5   v°.  —  Imprimée.   —   AuberVi   IV, 
p.  233. 


Plainte  du  mauvais  ménage  des  vivres. .  .  a  II  n'y  a  nulle  appa- 
rence de  prétendre  n'avoir  que  i5,ooo  hommes  effectifs 
dans  vostre  armée  et  donner  plus  de  trente  mille  rations 
rie  pain  par  jour.  Remédier  à  ce  désordre,  il  v  va  de  vostre 
réputation  ^..  .  » 

Copies.  —  Bill.  inip.  Bclhunc,  9362,  loi.  61  v".  —  Cinq- 
Cents  Colbert,  lao,  foi.  ii5  v".  —  Imprimer.  —  Aubery, 
IV,  687  ,  et  Recueil  de  1696  ,  p.  234. 

Plainte  du  mauvais  ménage  des  vivres..  .  Le  roi  s'en  prendra 
à  lui  qui  «doit  estre  particulièrement  chargé  de  ce  soin-là  '.  n 

Copie  sur  l'original ,  archives  de  la  famille  d'Esneval.  Commu- 
nication de  M.  Chéniel. 

Plaintes  du  désordre  dans  les  charrois,  d'où  il  résulte  que  le 
service  des  convois  se  trouve  compromis.  <ill  est  de  vostre 
propre  intérest  d'empescher  ce  mal  *.  » 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Bétbune,  9363  ,  fol.  72.  —  Ciiiq-Cciits 
Colbert,  lao,  fol.  130  \°.  —  Imprimée.  —  Auberv.  IV, 
695.  —  Recueil  de  1695,  326. 

Bonnes  mesures  prises  pour  la  discipline  et  le  paJn  ^;  il  faut 
faire  maintenant  châtier  les  déserteurs.  Le  roi  ne  veut  pas 
que  l'on  fasse  revenir  l'armée  en  France  avant  la  fin  du  mois. 
Indication  des  postes  où  il  faut  placer  des  troujjes. 

Copies.  Bibl.  imp.  Béthunc,  9362,  fol.  73.  —  Cinq-Cenls 
Colbert,  120,  fol.  121.  —  Imprimée.  —  Aubery,  I\,  696, 
et  Recueil  de  169a  ,  326. 

Richelieu  remercie  des  chevaux  barbes  que  M.  de  Guitault 
lui  a  envoyés;  ïl  lui  en  demande  encore  quelques-uns 
beaux  et  forts;  «mais  vous  vous  souviendrés  que  je  n'en 
veux  point  qui  n'aient  au  moins  3  ans  et  demi  ou  '1  ans. . .  n 

Orijî.  —    Communication  de  M.  de  Guitault. 


'    Elirait  ,  tome  VI  ,  p.  -j2'à. 

^   Notée ,  aiusi  que  la  réponse  du  maréchal ,  p.  733  du  lomc  VL 

'  Le  millésime  manque,  mais  cette  lettre  a  été  écrite  le  roéinc  jour  que  la  précédente ,  a^hossée  au  maréchal  de  Cbi'i- 
tillon  ,  sur  le  même  sujet.  Voy.  les  pages  yao  et  72/1  du  VP  volume. 

*  Notée  t.  VI,  p.  723. 

^  Le  maréchal  avait  envoyé  au  secrétaire  d'Etat  de  la  guerre,  le  5  septembre,  uu  «estât  de  la  réformation  du  pain 
de  munition  ;  »  la  distribution  journolière  y  est  portée  à  30,2/45  lalion»,  p.  1 19  v*  du  manuscrit  de  Colbert. 


NON  IMPRIMEES  DANS   LE  TOME   VI. 


269 


DATES 


LIEUX  DE   DATES. 


1 .}  septembre. 


[Vers 
le  1 2  septembre. 


i3  septembre. 

Saint- Germain- 

en-La  yo. 


là  septembre. 


Ide> 


SUSCRIPTION 
iiKs  lettre:»- 


Au  maresclial  de  Chas- 
tillon. 


/tien 


Lettre  du  lov  u  l'archr'- 
vesquc  de  Bordeaux 


Le  roy  a  l'archevesque 
de  Bordeaux. 


Au  uiareschal  de 
tillon. 


Chas 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   SOUr.CES. 


«11  est  important  au  service  du  roy  que  vous  trouviés  Tin- 
vention  de  faire  subsister  vos  troupes  au  poste  tjue  vous 
occupés  jus<(u'à  la  iin  du  mois,  pour  des  raisons  que  je  ne 
vous  puis  escrire.  Je  vous  pr.c  donc,  pour  l'amour  de 
moy,  d  y  faire  l'impossible. .  .  » 

Copie».—  Bibl.  imp.  Bi-thiinc,  (fiGn  ,  {o\.  •;^. —  Cinq-Cculb 
Ceibert ,  iso,  fol.  lai.  —  Imprimée.  —  Aubcry,  IV,  yco. 
—  Recueil  (Je  iSgS.  aa6. 

L'armée  doit  rester  au  lieu  où  elle  est ,  ou  lieux  circonvoisins, 
a  cause  du  ravitaillement  d'Arras,  qui  sans  cela  serait 
compromis..  .  «M.  le  marescbal  de  Cbastillon  est  conjuré 
d'user  de  sa  prudence,  de  son  industrie  et  de  son  autorité 
]>our  que  les  choses  aillent  comme  on  le  peut  désirer  en 
ce  point  '.m 

Copi».  —  Bibl.  imp.  Bélhunc  ,  956a  ,  fui.  81 .  —  Cinq-Cents 
Colbert,  ïîo,  foi.  ii4  \°.  —  Iroprimro.  —  Aubory.  IV. 
701.  —  Recueil  de  i6g5,  337. 

«Ne  mener  ny  le  vaisseau  amiral,  ny  la  galère  capitaine  ii 
Gennes  où  la  coustume,  en  entrant  au  [K>rl ,  est  de  .saluer 
devant  que  d'citre  salué;  de  cette  sorte  vous  ne  ferés 
point  de  difficulté  d'observer  cette  coustume..  .  « 

Orig.  —  BtbI.  imp.  SuppL  de  Dupuy,  t.  XXI,  fol.  433-  — 
Imprimée.  -~  Corrttpondanct  de  Soartlis  .  t.  XI .  p.  3o(). 

Parmi  les  prises  faites  dans  les  mers  du  Levant  se  trouvent 
plusieurs  balles  chargées  à  Uome  pour  les  pères  procu- 
reurs des  Jésuites,  pour  les  provinces  de  Portugal,  d'Ks- 
pagne  et  des  Indes,  pour  envover  aux  pères  qui  travaillent , 
aux  Indes,  à  la  conversion  des  inlidèles;  «ces  balles  ne 
consistent  pour  la  plus  grande  |)artic  qu'en  chapelels, 
agnus,  reliquaires  et  autres  choses  de  dévotion;  désirant 
pluslost  favoriser  une  œuvre  sy  sainte  (pie  d'y  apporter  le 
moindre  obstacle;»  vous  ferez  restituer  le  tout  aux  dits 
pères, 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Soi  te  de  Dupuy,  t.  XXI,  p.  ^33.  —  Im- 
primée. —  (lorrttpondance  de  Sourd  is .  t.  Il,  p.  Sog. 

...«Monsieur,  j'ai  rcçeu  avec  un  extreime  contentement  la 
nouvelle  que  M.  de  Montbas  '  m'a  apportée  de  vostre  part. 
J'espère  que  toutes  celles  que  vous  nous  dornierés  ne  seront 
pas  plus  mauvaises,  etc.» 

Copies.  —  Bill.  imp.  Bel  bu  ne  ,  giGu  ,  ç)a  \° .  —  Cintj-Cents 
Colberl ,  100,  fol.  i3o  v*.  —  Impnmée.  —  Aubrrv,  IV, 
706,  el  Recueil  dp   1696  ,  p.  jaS. 


spliijue  ici  les  rai»ou)  qu'il  luisait  dans  sa  lettre  da  10  ;  celle-ci  u'est  |K>inl  datée  ;  elle  a  dû  être  écrifc 
peu  après  U  précédente;  elle  est  classée  dans  les  maDoscrits  entre  d«ux  lettres  de  de  Noyers,  l'une  du  10  septembre, 
l'aotrc  du  11.  Nous  l'avoDi  citée,  pn  note,  p.  yti  du  VI*  volume. 

^  Le  vicomte  de  Montbas  rommandait  le  régiment  dn  cardinal.  Une  leltro  dtt  maréchal  à  de  Noyers  (  fol.  i3odu  ins. 
de  Colberl)  nous  apprend  qu'il  s'agissait  d'un  brillant  combat  ^oittenu  contre  un  détacbement  des  ennemis  venu  pnnr 
attaquer  des  fourra(;enrs.  —  Mention  csl  faite  d'une  aulro  l.'ltre  adressée  le  t3,  par  RîcbelicTi  .  an  miiréchal.  Non^  ne 
l'avons  pas  trouvée. 


Kiclieli* 


270 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


SUSCRIPTION 


DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  sorncEs. 


1640. 

2  1  septembre. 
De  Cnaunes. 


A  M.  i'archevesqnr-  de 
lîordeaux. 


Idm 


Idem. 


2  2  septembre. 
De  Cbaunes. 


ai  septembre. 


9.6  septembre. 
De  Cbaunes. 


29  septembre. 


Pour  M.  de  Chavigny, 
à  Paris. 


Au  marescKalde  Schom- 
berg. 


Pour  M.  de  Chavigny. 


Richelieu  se  plaint  du  mauvais  succès  de  la  campagne  de 
l'arcbevesque.  Il  ordonne  diverses  dispositions  et  finit 
ainsi:  «Après  avoir  fait  vostre  désarmement,  vous  [>ou- 
vés  aller  vous  rafraiscbir  chez  vous,  ainsi  ({ue  vous  le 
désirés.  Vous  me  ferés  grand  plaisir  d'avoir  soin  de  vostre 
santé  ' .  » 

Orig.  —  Bibl.  iiiîp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XVII ,  fol.  iôo.  —  Im- 
primée. —  Correspondance  de  Sourdts  .  II ,   3ig. 

Le  cardinal  envoie  un  gentilhomme  savoir  des  nouvelles  de 
M"*"  Bouthillier,  malade.  (Voy.  t.  VI,  p.  782,  note  1.) 

Orig.  —  Arcli.  des  Ali.  fttr.  FraDCc,  1 64o ,  cinq  derniers  mois. 

H  It  n'y  a  nulle  apparence  que  les  Espagnols  viennent  assiéger 
Narbonne. .  .   Cependant  i]  se  faut  préparer  comme  si  la 
chose  devoit  estre,  afin  de  n'estre  pas  surpris..  .  » 
Imprime*.  — Auhery,  IV,  yai,  et  Recueil  de  1696  ,  129. 

«J'envoie  à  M.  de  Chavigny  un  billet  pour  recevoir  de  M.  de 
Mauroy  douze  cents  doubles  justes  ,  valant  douze  mil  francs  ; 
lesquels  il  donnera,  pour  le  service  du  roy,  à  la  personne 
qu'il  sçait.  Il  doit  les  luy  porter  chez  ïuy  en  deux  bourses 
différentes. . .  »  —  Je  prie  Dieu  que  M""'  Bouthillier  se 
porte  bien. 


Orie.  —  Arcb.  des  Aff.  étr,  France  ,  i64o  , 


:inc[  < 


lerniers  mois. 


«Vous  sçaurés  par  le  s'  de  Heudicourt  ce  que  j'estime  pour 
vostre  campagne.. .  Vous  honorant  comme  je  fais,  je  seray 
ravy  d'avoir  sujet  de  faire  valoir  au  roy  vos  actions. . .  » 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Béthune,  9262  ,  lad  v°.  —  Cinq-Cenls 
Colberl,  120,  fol.  1^7  v".  —  Imprimée. —  Aubery,  IV, 
798  I  el  Recueil  de  1695,  p.  33o. 

«...  Les  lettres  de  M.  d'Alby  \ous  auront  lesmoigné  que  j'ay 
autant  d'alfection  pour  vous  que  jamais...  M.  le  Prince 
retourne  en  vostre  gouvernement...  mais  luy  n'y  aucun 
autre  dont  vous  puissiés  appréhender  les  mauvais  oflices 
ne  sont  pas  capables  de  vous  nuire,  ny  d'empescher  vos 
amis  de  vous  servir. . .  » 

Imprimée.  —  Aubrry,  IV,  751,  el  Recueil  de  1696 ,  p.  a3o. 

I    «  Monsieur,  le  désir  que  j'av  de  voir  le  canal  de  Loire  en  Seine 

]        en  sa  perfection  le  pluslost  qu'il  se  pourra  me  fait  prendre 

!       la  plume  pour  vous  conjurer  de  nouveau  de  favoriser  cet 

ouyrage  dans  vos  terres  suivant  l'intention  du  rov,  sans  v 

apporter  aucun  retardement.»   Les  entrepreneurs  offrent 


'  Cette  lettre  a  été  notée  t.  VI ,  p.  719.  —  Le  a 6  du  même  mois,  de  Noyers  envoyait  à  M.  de  Bordeaux  une  lettre  du 
cardinal ,  portant  :  «M.  vous  sçaurés  par  la  dépescbe  que  M.  de  Noyers  vous  faïct ,  de  la  part  du  roy,  ce  que  S.  M.  dé- 
sire de  %ous. . .  ■  Et  le  cardinal  recommandait  la  plus  prompte  exécution  des  mesures  prescrites,  La  dépêche  du  roi  di- 
sait ;  «Les  Catalans  m'ont  demandé  ma  protectiotj. . .  ils  olTrent  de  remettre  eu  mes  mains  le  port  de  Roses  dont  ils 
assiègent  les  forteresses. . .  »  Et  le  roi  lui  ordonne  de  ramener  sans  retard  une  partie  de  sou  -armée  navale  vers  les  îles 
de  Marseille;  «pour,  selon  l'avis  que  vous  aurés  du  s'  d'Espenan  ou  du  s''  Doplessis-Besançon  ,  aller  recevoir,  en  mon 
nom .  iod.  port  et  lesd ,  forteresses ,  et  les  asseurer  entièrement  à  mon  service ,  et  pour  le  secours  des  Catalans.  »  Cette 
dépôche  du  roi  est  imprimée,  Correspondance  de  Soardis  ,  t.  II ,  p.  3ai. 


Au  mareschal  de  Chas- 
tillon. 


Au  mareschal  de  Scliom- 
berg. 


An  marescliai  de  Chas 
tillon. 


NON  .IMPRIMEES  DANS  LE  TOME   VI. 


27J 


HATES 


LIEUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTBES. 


ANALYSES  DES  LKTÏRES 


ET   SOURCES. 


1640. 


3  octobre. 
De  Rirel. 


I S  octobre. 
De  Paris. 


:iC  otlobrt% 
De  Kucl. 


A   M.  rarchevesque  de 
Bortïeawi. 


Idem. 


1)  octobre. 
Rue! 

A  Monsieur  le  comman- 
deur   de     Guitault, 

commandant  po-ir  le 
roy  aux  i&Ics  Sainte- 
Marguerite  et  Sainl- 
Honorat. 

o  octobre. 
D.'  Ruel. 

A  M.  l'archeve^jur  de 
Bordeaux. 

A  M.  de  Guébriant. 


desdédommagcmeots,  à  dire  d'experts'. . .  «  Laissés  les  donc 
travailler..    >» 

Copies.  —  Bibl.  imp.  Bclhuoe,  936a,  fol.  i3o  v";  et  Ciaq- 
Ceots  Colliert ,  iao,fol.  i5o.  —  Imprimée. —  Anbery,  IV, 
733.  —    Recueil  de  1695,  ia5. 

«...  L*affairc  des  Castelans  ne  vous  doit  [K>iDt  divertir  des 
autres  desseins  que  vous  aurez  fais. . .  Je  vous  prie  de  noii- 
veau  de  m'envoyer  l'inventaire  de  tout  ce  qui  s'est  trouvé 
dans  les  vaisseaux  que  vous  avés  capturi^s,  ces  prises  ne 
pouvant  se  juger  que  nous  ne  les  ayons  '.» 
Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  1  7,  48o. 

«Monsieur,  bien  que  je  n'ay  rien  à  adjouster  à  la  lettre  que 
je  vous  ay  cscrite ,  par  le  s'  Courtin  ■*,  sur  le  sujet  des  man- 
quemens  qui  sont  arrivés  durant  vosire  navigation,  je  ne 
veux  pas  néantmoins  laisser  retourner  vostre  secrétaire  vers 
vous  sans  vous  dire  que  je  seray  bien  aise  de  voir  la  vérité 
de  cette  aflaire  et  que  vous  me  ferés  plaisir  de  m'en  faire 
esclaircir. . .  ■»  —  Richelieu  lui  demande  pour  la  troisième 
fois*  l'envoi  des  chartes-parties  nécessaires  pour  le  juge- 
ment des  prises  faites  en  mer. 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy.   17,  fui.  -^i. 

Rtchclieu  trouve  bon  qu'il  vienne  mettre  ordre  à  ses  affaires. 
a  Vous  pourrés  partir  lorsque  vous  aurés  sy  bien  pourveu 
à  la  seureté  de  vostre  place,  qu'il  n'en  puisse  arriver  au- 
cun inconvénient.» 

Orig.   —   Commonicition  de  M.  de  Guitault, 

Richelieu  se  rejwrte  à  la  dépêche  que  M.  de  Bordeaux  a  dû 
recevoir  par  M,  Courtin  (  i3  octobre).  —  Il  l'entretient  de 
diverses  mesures  prescrites  aux  s"  Picard  et  I.etpicux.  — 
Il  demande  pour  la  quatrième  fois  les  chartes-parties  des 
prises. 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  17.  fol.  001.  --  im- 
primée. —  Correspcadancû  de  Soardis ,  II,  345. 

«Le  don  qu'il  a  pieu  au  roy  vous  faire  vous  peut  donner  moyen 
de  subsister  aux  quartiers  où  vous  estes. . .  Je  vous  conjure , 
en  mon  particulier,  de  redoubler  vos  soins  ponr  maintenir 


'  •Ce*  meMieurs-là  ne  m'ont  fait  des  offre;»  que  bien  esioîgiu'x  de  ce  qui  m'est  Icgitimcmcnt  denh ,  ■  écriviiit  à  ào 
Noyers  le  maréchal  peu  disposé  i  ^e  rcudre  aux  ioslauces  de  Richelieu.  (Fo).  160  du  ms.  de  Colbert.  Lettre  datée  du 
li  octobre.  ) 

'  Le  même  mauuicrît  de  Dupuy  doDue ,  fol.  533  ,  ua  mémoire  do  l'arcltev^que  de  Bordeaux  où  te  trouvent  ptus'curs 
queatiooB  dont  il  demande  la  réponse  à  Richelieu ,  eotrc  autres  le  jugement  dv  Sou  Emioence 'sur  des  vaisseaux  pris. 
nicbeticD  répond  qu'il  faut  lui  envoyer  les  chartes-parties  et  autres  papiers  qui  sont  restés  enlro  les  main»  de  M.  de 
Bordeaux.  Dans  cette  pièce,  il  les  demande  pour  la  seconde  fois;  ledit  mémoire  est  donc  anlcrtccr  au  3  octobre. 
Cependant  la  pièce  porte  U  fausse  date  du  i3  novembre,  mise  oprès  coup,  et  adoptée  par  rédition  de  la  Corres* 
pondance  de  Sourdis,  t.  II  ,  p.  3âi . 

'   Beau-frère  du  s'  Picard  ,  trésorier  de  la  marine.  (Lctt.  du  20  oct.  Au  sojet  des  manquements ,  v.  lett.  du  3  1  sept.  ?  ] 

*   Voy.    cî-dessut  (3  "  "     " 

à  Biclielîeu.  Le  méconleni 
temcQt. 


)ct.  )   et   ci-après  {  ao  oct.}.  On   remarquera  la   négligence  que   l'on  mettait  quelquefois   à  obéir 
nteroent  du  cardinal  contr**  l'arclievèque  de   Bonl^aux   rommençait  à  se  manifrilor  assez  oiivcr- 


272 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIEUX  DE  DATES. 


1640. 


Hi  octobre. 
Biiel. 


i"  jiovembn 
Paris. 


10  novembre. 
De  Ruel. 


Idem. 


ly  novembre. 
De  Rnol. 


SLSCRIPTION 


DES  LETTRES. 


A  M.  le  Prince, 


Jde> 


A  M,  Tarchevesque  de 
Bordeaux. 


Idem, 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


les  affaires  d'Allemagne ,  et  les  troupes  que  Sa  Majesié 
paye...  en  l'absence  de  M.  de  Lon^ueville,  qui  revient  en 
France  pour  reprendre  sa  sauté...» 

Copie.  —  Bîl)I.  imp.  Ciiiq-Cents  Colbcrt ,  ii6,  fol.  i3. 

11  faut  que  les  troupes  du  Languedoc  soient  plus  que  com- 
plètes ]>our  assister  les  Catalans;  «l'affaire  estant  d'impor- 
tance comme  elle  est,  je  ne  doute  point  que  vous  n'en  ayés 
un  soin  particulier;  ce  qui  est  d'autant  plus  nécessaire  que 
si  le  roy  d'Espagne  doit  faire  quelque  chose  contre  les 
Catalans,  ce  sera  assurément  cet  hyver. » 

Orig.  —  Arch.  de  Condé,  Communication  de  M*''  le  duc  d'Au- 


uJe  vous  iais  encore  ce  mol  pour  vous  conjurer  de  faire  en 
sorte  que  si  les  Catalans  donnent  lieu  à  M.  d'Espenan  de 
passer  en  Catalogne  ,  il  y  puisse  entrer  avec  des  troupes 
suffisantes...  Au  lieu  de  3,ooo  hommes  et  i,ooo  chevaux 

3ue  les  Catalans  demandent,  vous  pouvés  faire  passeï-  le 
ouble,  ce  sera  un  coup  très-iroporlant ,  veu  que  si  les 
Catalans  résistent  cet  hyver  aux  forces  d'Espagne,  l'affaire 
ira  de  longue  et  donnera  grand  lieu  à  une  bonne  paix 
généiale.  S'il  est  besoin  d'argent,  n'y  épargnés  pas  ce  qui 
sera  nécessaire.» 


Orig.    —    Arch. 
d' Au  ma  le. 


de    Coudé.     Communication  de    ,M*'    le  du 


Ordre  de  Son  Eminencc  sur  les  vaisseaux  qui  ont  a  re[>asser 
en  I^nant,  ceux  qu'il  faut  vendre  ou  mettre  en  brûlots, 
avec  le  projet  des  armements  do  Ponant  et  de  Levant 
pour  l'année  i6ii  i . 

Mise  au  ncl.  —  Arch.  des  Aff.  ètr.  Espagne,  t.  XX.  —  OrJg. 
Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XVII ,  fol.  53i.  —Imprimée. 
—   Correspondance  de  Sourdis ,  II,  3^9.  (Doc.  inéd.    in-i".} 

«Monsieur,  j'adjouste  ces  trois  mots  à  la  <lépescho  que  je  vous 
ay  faicte  pour  vous  dire  que  tous  les  marchands  de  deçà 
disent  que  si  on  ouvre  les  balles  des  marchandises  qui 
estoient  dans  les  vaisseaux  que  xoxis  avés  arrestez,  cela 
diminuera  de  beaucoup  le  débit'. . .  » 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupoy,  XVII.  fol.  53o. 

Les  Hollandais  se  plaignent  d'un  jugement  de  conliscatiou  de 
laines  prises  en  mer  par  l'archevêque  de  Bordeaux  ;  I\i- 
chelieu  lui  demande  les  pièces  de  la  procédure,  afin  qu'il 
j>uisse  examiner  ce  jugement  et  les  plaintes  dont  il  est 
l'objet. 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dnpuy.  XVIÏ,  535. 


'   Je  ne  trouve  poiut  de  dépêche  du  jo  novembre  dont  ceci  puisse  être  IcP.  S.  parmi 
cliovêque  de  Bordeaux;  mais  plusieurs  se  rapportent  aux  prises  faites  en  mer. 


elles  qui  sont  adressées  à  l'ar- 


NON  IMPRIMÉES  DANS  LE  TOME   VI. 


273 


DATES 
et 

LIEUX  DE  DITES. 


1640. 

20  novembre. 
De  Paris. 


Ide^ 


27  novembre. 
De  Ruel. 


28  novembre. 
De  Ruei. 


de 


novembre 


a  décembre. 
De  Ruel. 


SUSCRIPTION 


DBS  LETTRES. 


A  M.  i'archevesque  de 
Bordeaux. 


A  M.  de  Lambert,  gou- 
verneur pour  le  roi 
de  la  ville  et  citadelle 
de  Metz. 


Pour  M.  de  Chavigny 
à  Paris. 


A  M.  de  Chavigni.] 


A  M.  le  Prince. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   SOURCES. 


S'il  a  trouvé  de  nouvelles  pièces  relatives  à  l'affaire  des  vais- 
seaux pris  dans  la  Méditerranée  et  qui  ont  été  jugés  de 
bonne  prise ,  il  faut  qu'il  les  envoie. 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Saite  de  Dupoy,  t.  XVII,  foi.  64  j. 

Richelieu  a  su  du  bon  Père  Pigeolet  les  mauvais  bruits  qu'on 
faisait  courir  au  préjudice  de  M.  de  Lambert;  il  lui  mande 
que  le  roi  le  maintiendra  envers  et  contre  tous;  «pour- 
voyez à  la  seureté  de  la  place  et  ne  vous  mettez  point  en 
peine  du  reste, . .  » 
Original  '. 

Richelieu  accuse  réception  de  mémoires  que  je  ne  trouve  pas 
dans  ce  manuscrit  et  dont  l'absence  rend  cette  lettre  peu 
intelligible...  «Quand  vous  vous  porterés  bien  tout  à  iait, 
je  seray  bien  ayse  de  vous  voir,  mais  non  pas  plus  tosl. . .  •» 

Original ,  saos  sîgoaturc  ,  <Ie  la  main  de  Charpentier. — 'Arch. 
des  Afl'.  étr.  France  ,   i64c,  rinq  derniers  mois,  fol.  366. 

.  .  .«M.  de  Bullion  veut  venir  parler  au  roy  de  l'alTaire  du 
clergé;  je  croy  <|ue  Sa  Majesté  sera  3  ou  .i  jours  entiers  à 
Saint-Germain;  M.  de  Bullion  peut  choisir  tel  jour  qu'il 
luy  plaira...»  Je  vous  envoie  ce  qui  a  esté  concerté  entre 
M.  l'ambassadeur  de  Venise  et  moy,  sur  le  sujet  que  vous 
verres  |>ar  le  mémoire  ci-enclos'.» 

Original,   saus    signature,   de  la   maio    de  Cbarpeotier.  — 
Arch.  des  Aff.  ^tr.  France,  i€io,  cinq  derniers  mois,  169. 

■  La  recepte  est  de  56,oooH  (wur  trois  années,  i632  ,  33  et 
36.  —  Mise  18,000**  à  M.  de  Ponlchasteau,  sans  vérifica- 
tion, et  surplus  en  frais,  la  plupart  non  justiiîiez,  réduits 
à  iii,ooo**.  Ainsi  doibt  de  débet  clair  2/1,000^,  sans  la 
partie  de  18,000**  mise  en  souQrancc  pour  les  années  sui- 
vantes :  35,  36,  37,  38  et  39  *. . .» 

Aatographe.  —   Arch.    des  Aff.  etr.   t'rance  ,  16^0,  cinq   der- 


Diers  mois 


fol. 


Richelieu  lui  demande  de  faire  nommer  M.  de  Saint-Aoust 
député  du  clergé  pour  la  province  de  Bourges. . .  «  Je  pren- 
dray  part  à  l'obligation  qu'il  vous  en  aura,  aïnsy  que  vous 
cognoistrés  en  ce  en  quoy  j'auray  lieu  de  m'en  revancher. . .  * 

Orig.   —   Arch.  de   Coodë ,    96.  CommunicatîoD  de  M''  le 
dae  d'Aumale. 


'  Je  n'ai  pa»  vu  la  pièce ,  j'empronte  ces  quelques  mois  au  catalogue  d'une  vente  d'autographes  (i8j4)  ,  lequel  in- 
dique deux  autres  lettres  a<lre5sées  à  M.  de  Lainbvrt ,  l'une  de  i635  (l 'i  avril) ,  où  de  Noyers  (Suhlet)  lui  donne  l'ordre 
d'arrêter  le  gouverneur  de  Donchery  ;  l'autre  de  Gassion  (3  janvier  1637} ,  où  M.  de  Lambert  est  qaalifié  de  maréchal  de 
camp  à  Charleville. 

'  J'ai  iuutilement  cherché  ce  mémoire  dans  le  manuscrit  France  et  dans  celui  de  Venise  de  i64o- 

'   La  pièce  n'est  point  datée,  j'indique  la  date  que  dooac  le  classement. 

'  Je  ne  donne  ici  que  les  première*  lignes  de  ce  compte ,  parce  qu'il  est  écrit  de  la  main  du  cardinal ,  et  montre  ,  ainsi 
que  je  l'ai  plusieurs  fois  remarqué,  qne  Richelieu,  parmi  les  grandes  affaires,  ne  négligeait  pas  tes  siennes  et  s'en 
(jccupait  jusque  dans  les  détails.  On  saitj  que  M.  de  Pootchlteaa  était  son  cousin.  La  pièce  voisine,  dans  le  manus- 
crit, de  la  main  de  Charpentier,  se  rapporte  a  la  même  affaire. 


CAnDlH.  DE  RICHELIEU.  VU. 


35 


274 


SOMMAIRES   DES  LETTRES 


DATKS 


LIEUX  DE  DATES. 


1640. 
décembre. 


■7  drîcenibre. 
Do  Paris. 


9  décembre 
De  Rucï. 


1 3  décembre. 
De  Ruel. 


i3  décembre. 
De  Versailles. 


1 8  décembn 
De  Paris. 


SUSCRIPÏIOiN 


DES    LETTRES. 


A  M.  l'arclievesque  de 
Bordeaux. 


A  M.  le  Prince. 


A  M.  de  Schomberfï. 


Pour  M.  de  Chavigny, 
à  Paris. 


Lettre  du 
Comte. 


•oy 


M,  le 


A  M.  rarclievesqu 
Bordeaux. 


de 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


«Monsieur^je  vous  fais  ces  trois  mots  pour  vous  prier  do  con- 
tribuer tout  ce  qu'il  vous  sera  possible  à  l'ex'jcution  de  ce 
que  M.  de  Noyers  vous  escrit  de  la  part  du  roy,  comme 
une  chose  importante  au  service  de  Sa  Majesté  et  à  vostre 
honneur  particulier  "...  » 

Orig.  —  BiW.  imp.  Suite  de  Dupuy,  XVJI ,  fol.  545.  ~  Im- 
priioép.  —  Corretpondaaee  de  Soardis  ,  Jl ,  5o4- 

Richelieu  lui  recomman<le  de  tout  préparer,  avant  de  sortir 
de  sa  province,  pour  la  campagne  prochaine  :  que  les 
troupes  soient  complètes;,.,  on  pressera  M.  de  Butlion  de 
fournir  les  fonds ,  tant  pour  la  monstre  que  pour  les  nou- 
velles levées  ^. 


Orig.  —  Arch. 
d'Aumalc. 


de  Condé,  t]5.  CommuDJcatioD  de  M*''  le  doc 


«Le  roi  a  sceu  qu'il  n'est  pas  en  bonne  intelligence  avec 
M.  d'Espenan  ;  comme  vostre  ami,  je  vous  en  avertis  ;  le  d. 
d'Espenan  estant  employé  comme  il  est  en  des  affaires 
importantes,  vous  ne  le  devés  pas  Iraitter  avec  froideur  et 
îndiffi';rence ,  mais  au  contraire  contribuer  ce  qui  deppendra 
de  vous  pour  faire  réussir  les  choses  que  le  roy  luy  a  com- 
mises. * 

Impriinée.  —  Aubery,  IV,  768.    —  Recueil  de  1696,  p.  aSn. 

uJe  suis  bien  aise  que  vous  ayés  faict  les  affaires  que  vous 
me  mandés.  Vous  me  fcrés  plaisir  d'achever  celles  d'An- 
gleterre. Le  roy  faict  estât  d'aller  demain  à  Villeroy.  Cela 
estant  je  me  rendray  à  Paris.» 

Original,  sans  signature,  de  la  main  de  Cherré.  —  Arch.  des 
AIT.  ctr.  France,  1  64o ,  cinq  derniers  mois ,  fol.  3i4- 

Campion,  envoyé  par  le  comte  de  5oi?sons,  a  parlé  fort  dif- 
féremment des  avis  qu'on  a  sur  les  comportements  de  ce 
prince  *. 

Minute.  —  Bibl.  imp.  Bétliune ,  9337.  —  Copie.  —  Dupuy, 
549i  fol'  367. 

Divers  ordres  touchant  la  Catalogne. . .  «Je  prie  Dieu  que,  si 
vous  y  allez,  vous  ayés  moyen,  ensuitte  de  tant  de  pros- 
pérités qui  sont  arrivées  cette  année  à  la  France,  de  com- 
mencer si  heureusement  la  prochaine,  que  vos  bons  succez 
soient  un  augure  de  ceux  qu'on  devra  attendre  durant  le 
reste  de  son  cours.  » 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XVII,  fol.  55i.— Im- 
primée.  —  Correspondance  àt  Sourdis ,  t.  II,  fol.  5o5.  (Doc. 
incd.  in-'i^.  ) 


'  Dans  un  P.  S.  Richelieu  rccomjuande  à  rarchevique  ■  de  s'y  conduire  avec  prudence  et  de  ue  point  tiasarder  mal  à 
propos  les  armes  du  roy.  »  —  il  s'agit,  dans  la  lettre  de  M.  de  Noyers  annoncée  ici ,  de  la  protection  demandée  au  roi 
par  les  Catalans  ,>  dont  l'atTaire  se  relève  avec  plus  d'éclat  que  jamais.  ■  De  Noyers  euvoyait  en  même  temps  à  M.  de 
Bordeaux  une  dépécbe  du  roi ,  contre-signéc  Sublet ,  laquelle  indi(|uo  la  conduite  à  tenir.  1  Vous  fériés  un  singulier 
plaisir  à  S.  Em.,dit  de  Noyers,  de  faire  tous  les  efforts  raisonnables  pour  venir»  bout  de  l'entreprise.  »  Ces  deux  pièces 
sont  imprimées  dans  la  Correspondance  de  Soardis. 

'    Pièce  notée   t.  VI ,  p.  734. 

'  Lettre  employée  en  note  ,1.  VI ,  p.  736. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  TOME  VI. 


275 


DATDS 


LIECX  DE  DATES. 


1640. 

2  3  décembre 

Paris. 


27  itéceuibre. 
Rucl. 


SL'SCRIPTION' 

DKS  LETTRES. 


Au  mareschat  de  Schom- 
berg. 


Pour  M.  de  Chavigny, 
secri-taire  d'estal ,  à 
Paris. 


M.  df  la  Thuilerie. 


ANALYSKS  DES  LETTRES 

ET    SOURCES. 


2  janvier. 
De  Paris. 


A  M.  rarchevesqufï  de 

Bonleaiix. 


Richelieu  le  cbarge  d'user  de  son  influence  pour  faire  nom- 
mer à  TassembUe  du  clergé  des  députés  dociles.  Il  mandait 
à  M.  le  Prince  la  même  chose,  le  même  jour,  et  presque 
en  mêmes  termes,  dans  une  missive  <[ue  nous  avons  donnée , 
t.  VI,  p.  7^1.  Richelieu  recommande  aussi  à  Schombergj 
de  ne  faire  connaître  à  personne  qu'il  ait  écrit  sur  ce 
sujet.  «Seulement  leur  pouvës-vous  faire  sçavoir  que  vous 
ne  doutés  point  que  je  ne  sois  bien  aise  que  Sa  Majesté 
ait  contentement  en  celle  occasion...  Je  feray  valoir  a 
S,  d.  M.  le  service  que  vous  luy  rendrés. ..» 

Imprimée.  —  AuLcry,  IV.  771,  et  Recueil  de  1695,  a33.  — 
Un  fragment  dans  i'Hitt.  de  LoaU  XUI  par  le  P.  Griffel , 
III,   3a  I. 


aM.  de  ChaWgny  adverlira,  s'il  luy  plaist,  M.  l'ambassadeur 
de  Hollande  que ,  s'il  se  veut  trouver  à  h  heures  ce  soir  a 
mon  logis,  je  luy  donneray  audience..  .» 

Original,  sans  signature ,  de  la  main  de  Charpentier.  —  Arch. 
des  Ail.  étr,  Hollaadc,  t.  XXI,  pièce  35a. 

Raisons  tju'a  le  roi  de  différer  l'assemblée  de  Cologne.  — 
Considéra'ions  sur  les  conditions  dos  passe-ports  et  sauf- 
conduits...  —  «Comme  le  roy  désire esWler  une  assemblée 
dans  laquelle  il  ne  prévoit  cpie  des  embarras  pour  !e  trailté 
de  (>aix  ,  lorscju'il  verra  qu'elle  se  pourra  adopter  de  bonue 
foy,  il  sera  le  premier  a  en  presser  une,  ne  souhaitant  rien 
tant  au  monde  que  de  voir  le  repos  de  la  chrestienté  bien 
estably.  —  Ce  qui  est  mandé  par  ce  mémoire  au  dit  s'  de 
la  Tiiuillerie  doit  eslre  |)our  iuy  un  secret  impénétrable  à 
qui  que  ce  soit ,  parce  que  ceux  qui  ne  cognoissent  pas  les 
bonnes  et  sincères  intentions  du  roy  les  pourroient  prendre 
autrement  qu'elles  ne  sont  en  eflect.» 

Misfl  ao  net  île  la  main  d'un  secrétaire  de  Chavigni.  —  Arch. 
des  Aff.  étr.  Hollande,  t.  XXI,  pièce  3ô4- 


1641. 

Sur  l'échange  des  Français  captifs  à  Alger  et  des  Turcs  pri- 
sonniers aux  galères  de  Toulon,  en  vertu  du  traité  conclu 
par  le  s'  du  Cos(|uiel.  —  M.  de  Bordeaux  consultera  sur 
les  lieux  tant  pour  la  délivrance  des  chrétiens  que  pour 
raffermissement  du  bastion...  «Il  fera  tout  ce  que  la  cha- 
rité et  la  raison  requerront ,  la  réputation  du  roy  estant 
conservée.  Je  luy  déclare,  en  mon  particulier,  que  s'il  ne 
tient  qu'a  donner  quelque  somme  raisonnable  d'argent, 
pour  aider  à  retirer  tous  nos  François  esclaves ,  j'y  donneray 
volontiers  du  mien  jusques  u  vingt  mil  livres...»  Si  ceux 
d'Alger  ne  le  font  de  bonne  volonté,  il  faut  le  leur  faire 
faire  de  force  l'année  prochaine. 

Orig. — Bibl.  imp.  Suite  de  Dopny,  t.  XVU,  fol.  6go. —  Im- 
primée. —  Correêpondance  dé  Sourdis.  II,  43i.  (Doc.  inéd. 
in-4».  ) 


35. 


276 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIEDX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES    LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  SOORCE.'î. 


1641. 

10  janvier. 

A  R'ieL 


lo  janvier. 
De  Rue!. 


17  janvier. 


3  0  janvier. 
De  RueL 


.  janvier. 


Instruction  pour  M.  le 
comte  d'Estrades , 
s'en  allant  en  Hol 
lande. 


Pour  M.  Bouthillior 
surintendant  des  li 
nances,  à  Paris. 


A  M.  du  IlaHier. 


A  M.  t'archevesque  de 
Bordeaux. 


Mémoire  de  ce  qu'il  y  a 
à  faire  en  Catalogne. 


A  M.  de  Gassion. 


«...  Il  dira  à  M.  le  prince  d'Orange  qu'il  faut  réparer  les  mal- 
heurs de  la  campagne  de  Saint-Omer,  et  que  je  suivrai  ses 
avis;  M.. d'Estrades  tasclicra  de  porter  ce  prince  à  me  con- 
seiller de  faire  attaquer  Aire...  Il  faudroit  qu'il  entrast  en 
Flandres  dix  jours  plutost  que  i'armée  du  roy..  .  S'il  in- 
siste à  ne  le  vouloir  pas  faire  à  moins  qu'on  ne  lui  donne  une 
augmentation  de  suLside...àtoute  extresmité  il  faudra  lui  ac- 
corder 3oo,ooo  d'avantage. . .  —  Il  faut  que  les  5o  vaisseaux 
de  l'amiral  Tromp  soient  au  1  o  avril  sut  la  coste  de  Flandres. 
—  11  donnera  à  M""*  la  princesse  d'Orange,  de  la  part  du 
roy,  des  pendans  d'oreilles  en  diamens  que  Lopez.  m'a  ven- 
dus 5o,ooo  escus..  .et  luy  fera  entendre  qu'elle  doit  à  mes 
soins  la  gratification  que  le  roy  luy  faict.» 

Copie.  —  Arch.  des   Médicis,  à  Florence,  3"  série,  carton  5i 

(corti  d'Europa),  —  Imprimée.  —  Ambassade  de  d'Estradet . 

p.  Sa.  (  Voy.  lettre  du  la  novembre  1637  ,  t.  V,  p.  885-  ) 

i( . . .  Je  conjure  M.  Bouthillirr  de  faire  acquitter  promptement 
l'ordonnance  de  la  somme  de  3o,ooo  livres  que  le  roy  a 
accordée  à  M.  de  Guébriant,  sans  quoy  il  lui  est  impos- 
sible de  subsister  au  lieu  où  il  est. . .  » 

Orig.  —  Arcb.  de  la  famille  de  Bouthillior. 

Le  s'  de  Leslang  et  les  instructions  de  M.  de  Chavigni  qu'il 
vous  porte  vous  apprendront  ce  qu'il  y  a  à  faire  dans 
l'affaire  de  M.  le  duc  Cb.  de  Lorraine... 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  — Arcli.  des  Aff.  étr.  Lorraine, 
t.  XXXIÏ ,  pièce  6*. 

Secourir  promptement  les  Catalans;...  M.  de  Forbin  a  pré- 
paré dix  galères. .  .  «Je  vous  prie  de  vous  accommoder  à  ce 
qui  se  peut  et  de  ne  trouver  pas  de  diffieultez  aux  choses 
où  voslre  soin  et  vostre  industrie  les  pourront  surmonter. 
Le  roy  ne  veut  pas  que  le  chevalier  de  La  Valette  aille  en 
cette  expédition  ,  à  cause  de  l'estat  où  sont  M"  d'Espernon 
et  de  La  Valette. . .  Ce  n'est  pas  qu'on  trouve  rien  à  redire 
à  sa  personne  dont  oji  cognoist  le  cœur  '. . .  » 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XVIII,  fol.  4o.  — 
Imprimée.  —  Correspondance  de  Sourdïs .  t.  II,  p.  5o8  et 
519.  (Doc.  inéd.) 

Plan  des  opérations  de  deux  armées  jointes  ensemble. 

Copie.  —Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XVIIl ,  fol.  3.  — 
Imprimée.  —  Correspondance  de  Soardis .  t.  II,  p.  5o8. 
(Doc.  inédit»,  in-i*.) 

«Toutes  les  heures  de  paix,  vous  serés  souhaité  icy;  et  le 
roy,  qui  vous  désire  présent  à  ses  armées  quaud  elles 
doivent  agir,  n'entend  point  que  vous  ne  goustiés  pas  une 


'  Une  lettre  de  de  Noyers,  pour  le  détail  des  affaire»,  se  trouve  dan»  le  même  maouscrit,  folio  36,  et  une  seconde 
est  au  folio  ^2. 

^  La  pièce  n'est  point  datée,  le  millésime  et  1«  moii  sont  écrits  eo  marge,  de  la  main  de  l'archevêque  de  Bordeaux. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  TOME  VI. 


277 


DATES 


LIEnX  DE   DATES. 


SUSCRIPTION 

DBS  LETTRES. 


ANALYSES  DES   LETTRES 

ET  SOUBCES. 


1041. 


6  février. 
ChanliTly. 


f-e  roy  à  M""  la  duchesse 
de  Vandosme. 


y  février. 
De  Paris. 


10  f«îv 


A  M.  le  baroD  d* Ambres, 


\u  pape. 


A   M.  farchevesque  de 
Bordeaux. 


partie  du  repos  commun.. .  Vous  serés  autant  satisfait  de 
la  cour  qu'elle  l'est  de  vous.» 

Imprimée.  —  Fie  de  Gauion.  —  Le  P.  Griffet ,  t.  III ,  fol.  3i6  '. 

«Ma  sœur  de  Vandosme,  la  mauvaise  conduite  de  vostre 
mary  m'oblige  à  vous  faire  sçavoir  que  je  désire  qu'aussy  - 
tost  la  présente  receuc  vous  vous  en  alliez  à  Chenonceaux, 
avec  tous  vos  enfans,  pour  y  demeurer  jusques  à  ce  (jue 
mon  frère  de  Vaudosme  soit  justiiié,  ou  que  vous  receviez 
autre  ordre  de  moy'. ..  —  Loois.» 

Copit 


Bibl. 


np.  Fonds  Dupuy,  DXLIX,   fol.  3i4  v". 


Je  ne  puis  que  je  ne  vous  tesmoigne  trouver  un  peu  estrange 
que,  vous  ayant  prié  de  vivre  en  bonne  intelligence  avec 
M.  de  Lavaur*,  vous  luy  donniés  sans  cesse  de  nouveaux 
sujets  de  plainte. . . 

Imprimée.  —  Mémoires  de  l'Académie  de  Toulousf ,  3*  série, 
t.  III,  p.   i6o.  (Voy.  notre  tome  V,  p.  934)  ligne  6.) 

Ilicbelieu  représente  au  S*  Père  «les  grands  maux  qui  arrivent 
en  France  des  longueurs  qu'on  apporte  à  l'expédition  des 
bulles  des  évéques  nommés  à  \'oslre  Sainteté  par  le  roy  *.» 

Hiniita  de  U  main  de  Charpentier.  —  Arch.  des  AfT.  élr. 
Rome,  t.  LXXVI ,  fol.  j6.  —  Autre  mise  «u  net,  de  la 
maio  de  Cheiré,  mêmes  arch.  t.  LXXX.  —  Elle  n'est  point 
datée  et  a  été  classée  par  erreur  en  i649.  —  Imprimée.  — 
Aobary,  àlèm,  V,  384  t  et  Recueil  de  1696,  p.  309. 

«Je  vous  dépesche  M.  de  Besançon  pour  vous  dire  que  vous 
ne  perdiés  plus  aucun  temps  à  secourir  les  Catalans ^.. 
Estudiés  vous  à  trouver  des  remèdes  plustost  que  des  dif- 
ficultés.. .  Dans  1 1  pratique  du  monde,  il  n'est  rien  de  plus 
dangereux  que  certains  esprits  qui  semblent  n'avoir  autre 
but  que  de  trouver  des  moyens  de  ne  rien  faire. . .»  (Ici  di- 
vers conseils  et  promesses  pour  le  secours  delà  Catalogne.) 
—  «  Ainsy,  comme  je  n'oublie  aucune  chose  qui  vous  puisse 
faciliter  le  moyen  de  servir,  je  me  tiens  très  asseuré  que 
vous  ferés  ce  que  je  me  promets  de  vous. . .  » 


Orig.  —Bibl.  imp.  .Suite  de  Dupuy,  t.  XVIII,  fol.  79,- 
primé*.  —  CorrtipondaRce  de  SouriU .  p.  79.  [Doc. 
IO-4».) 


inéd. 


'  L'historien  de  Loait  Xlll  explique  que  cet  empreisement  do  cardinal  parât  luspect  k  Gasaion,  il  donne  une  lettre 
tjue  de  Noyen  loi  écrivit  i  ce  sujet,  et  i  laquelle  Richelieo  ajouta  *  en  son  propre  nom,  deux  apostillea,  p.  44o  du 
troisième  volume  du   P.  Griffet, 

*  La  lettre  fut  portée  le  3  février  par  M.  de  Cavoy,  Tan  des  ordinaires  du  roi  ;  une  note  rapporte  les  paroles  de 


M- 


de  Vendôme,  pleine  d'une  respectoiuse  soumission. 


^   Par  lettres  du  2 a  novembre  iGSg  et  du  8  septembre  1640 ,  t.  VI,  p.  61  a  et  736. 

^  Dans  un  P.  S.  Richelieu  dit  au  pape  qu'il  écrit  au  cardinal  Barherini  sur  un  autre  sujet  également  important.  Je 
n'ai  pas  trouvé  cette  lettre. 

'  Cette  longue  pièce  n'eat  point  datée;  le  secrétaire  de  l'arcbevâque  a  mis  en  marge  1 1  février.  C'est  la  date  vraie, 
ainsi  qu'on  le  voit  par  les  lettre*  soivantes.  —  Dans  le  mâme  ma.  folios  538,  53o,  deux  lettres  du  roi  sur  le  même  sujet. 

'  Le  aifor  de  Besancon  avait  de  plus  une  mission  secrète  dont  Richciiea  ne  parle  pas  îri.  (Voy.  la  lettre  suivante.) 


278 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


LIErX  SB  DATES. 


1641. 

i  février. 


1 1  février  *. 
Paris. 


12  février. 
Paris. 


1  à  février. 
De  Ruel. 


2  1  février. 
Saint-Germain  - 
en-l.ayc. 


28  février. 


SUSCKIPTION 
Des  lettres. 


A  M.  de  Forbin. 


Au  marcschaldeSclmm- 
berg. 


IJem 


Pour  M.  (!o  Chavigny, 

a  Paris. 


Déclaration  du  roy,  por- 
tant défense  au  par- 
lement de  prendre 
cognoissance  des  af- 
faires d'estat. 


Au  cardinal  Barbcrini. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   SOURCES. 


KMonsieur,  M.  de  Besançon  s'en  allant  par  ordre  du  roy  au 
quartier  où  vous  estes  pour  l'esclaircisscuient  de  la  mau- 
vaise conduite  de  M.  de  Bordeaux ,  je  vous  prie. . ,  de  con- 
tribuer tout  ce  (|ui  vous  sera  possible  pour  faire  cognoistre 
la  vérité  de  toute  chose. ..n 

Imprimée.  —  Corrctpoadance  de  Sourdis  ',  III ,  36. 

Richelieu ,  se  référant  à  une  lettre  que  de  Noyers  écrit  au 
maréchal,  lui  recommande  de  ne  rien  négliger  pour  hâter 
le  secours  des  Catalans. 

Imprimée.  —  Aubery,  V*,  i,  el  Recueil  de  1696,  234. 

Donner  pleine  créance  en  ce  que  lui  dira  le  s'  de  Besançon. 
Nouvelle  recommandation  d'entrer  immédiatement  dans  le 
Roussillon  et  d'attaquer  Colioure. 

Imprimée.  —  Aubery,  V*  5<  —  Recueil  de  169Ô,  a35. 

. .  .«Nous  parlerons  des  difficultés  de  l'ambassadeur  d'Angle- 
terre à  la  première  vue...  Je  suis  bien  aise  que  vous  ayez 
signé  io  traitté  de  Hollande  et  fasché  de  vostre  mal.  Gué- 
rissez-vous, je  vous  prie'. . ,  » 

Orig. —  Arch.  des  Aff.  étr.  FTance,  i64i,  six  premiers  moi»  , 
fol.  io4> 

Je  n*ai  trouvé  pour  cette  pièce  ni  -original ,  ni  minute  ;  l'écri- 
ture des  copies  conservées  au  ministère  des  Affaires  étran- 
gères ne  m'indique  rien,  mais  il  n'est  pas  douteux  que  le 
chancelier,  qui  peut-être  a  rédigé  cette  importante  dtjcia- 
ralion,  ne  l'a  fait  que  sur  un  mémoire  du  cardinal  auquel 
appartiennent  au  moins  le  fond  et  les  principales  idées.  Ri- 
chelieu n'a  pu  laissera  personne,  dans  une  affaire  si  consi- 
dérable, le  soin  d'interpréter  la  volonté  royale  el  sa  propre 
politique.  C'est  pourquoi  nous  la  notons  ici. 

Copie.  —  Arch.  des  AflT.  étr.  France,  i6ii,  siJt  premiers 
mois,  fol.  i35.' —  Imprimée,  avec  ce  titre  :«  Lettres  pa- 
tentes du  roy  en  forme  d'rdtct,  pub  i ces  en  parlempiit, 
Sa  Majesté  y  estant  présente,  le  -ai  février  i64i»  à  Paris, 
par  AntoÎDe  Estietine,  premier  imprimeur  et  libraire  ordi- 
naipo  du  roy.  »  —  Mémoires  de  Mole ,  t.  II ,  p.  5oo. 

«Le  retard  de  la  promotion  met  en  grand  hasard  les  inlérests 
de  la  famille  Barbcrini.»  Le  cardinal  développe  d>ins  une 
lettre  de  quatre  pages  cette  pensée  (|u'il  importe  surtout  à 
sa  maison  de  se  mettre  bien  avec  la  France,  qui  seule  peut 


'  L'éditeur  de  cette  correspondance  n'indique  point  la  source  où  il  a  puisé  celte  lettre  ;  je  ne  la  trouve  point  dans  la 
Suite  de  Dupuy,  d'oîi  la  CorresponJance  de  Sourdis  a  été  tirée  en  grande  partie.  «Elle  fut  imprimée  et  distribuée  par 
les  soins  do  M.  de  Forbin,»  ajoute  l'éditeur.  Est-ce  là  une  de  tes  pièces  dont  rarchevèque  de  Bordeaux  a  dit,  dans  un 
mémoire  justificatif  :  «Des  copies  imprimées  des  lettres  injurieuses  adressées  au  baillt  de  Forbiu  ,  de  la  part  du  cardinal 
de  Richelieu,  pour  épouvanter  tout  le  monde,  le  toiil  faux  et  supposé.  ■ 

'    L'une  des  éditions  imprimées,  au  lieu  du  11,  met  le  3  1  ;  c'est  aoe  erreur. 

'   Aubery  avertit  que  la  pièce  vient  du  cabinet  de  M.  Bodin. 

*  Lettre  notée  t.  VI,  p.  766. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  TOME   VI. 


279 


DATES 

et 

LIBOX  DB  DATB8. 


1641. 


S  U  SCRIPT  JON 

DBS  LETTBB9. 


a 8  février. 
De  Paris. 


A  M.  Mazarii). 


A  M.  de  la  Thuilleric. 


A  M.  d'£strades. 


A  M.    rarGfaevéf]ue   de 
Bordeaux. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    S0UHCB8. 


la  protéger  contre  les  Espagnols,  si  le  pape,  dont  la  sauté 
est  altérée,  venait  à  mourir. 

Minute  de  la  maio  de  Cberrc ,  avec  quelques  mots  ajoutes  pjir 
RicheHou.  —  Arch.  des  Aff.  élr.  Home ,  t.  LXXVl  .  fol.  g  i . 

—  Copie ,  fol.  84.  —  Mise  au  net  de  la  main  de  Clierré.  - — 
Marnes  archives,  t.  LXXX ,  classée  par  erreur  en   i643.  — 

—  Imprimée.    —   Aubery,    Mèm.   V,    387.   —   Recueil    de 
1696,   Su. 

«J'envoie  à  M.  Mazarin  ,  dans  ce  paquet,  les  copies  des  lettres 
que  j'escris  à  Sa  Sainteté  et  à  M.  le  cardinal  Barberini', 
et  n  ay  rien  à  lui  dire  davantage,  parce  que  je  luy  ay 
escrit  par  son  cher  £rère.» 

Orig.    —   Arch.    des    Aff.     etr.     i64i,    b.x   premiers    mois, 

fol.     13  0. 

«Monsieur,  c'est  à  ce  coup  que  M.  le  prince  d'Orange  peut 
faire  un  grand  progrès  dans  la  Flancire,  et  à  ce  coup  aussy 
que  je  ne  doute  point  qu'il  no  l'entreprenne  '.  Vous  l'un 
solliciterés  comme  il  faut  ^.  » 

Minute  doI«  main  de  Cherré.  —  Arch.  de»  Aff.  ctr.  Hollande, 
t.  XXIII ,  pièce   a4- 

«Je  ne  doute  pas  que  l'intérest  de  M.  le  prince  d'Orange  et  de 
M"  les  Kstats  ne  les  portent  à  faire  quelque  entreprise  fort 
considérable  ;  jamais  Son  Altesse  n  eut  et  n'aura  une  si 
belle  occasion.» 


Minute  d»  U  main  de  Ctierré. 
t.  XXJJI ,  pièce  ^i^  v°. 


-Arcli.  des  Aff.  étr.  HolUndf 


Cette  lettre  touche  principalement  à  la  mésintelligence  de 
i*archevé(|ue  et  de  M  de  Forbîn.  Le  cardinal  mande  qu'il 
a  satisfait  a  l'avancf  aux  demandes  de  M.  de  Bordeaux  par 
l'envoi  du  s'  Besançon,  lequel  doit  être  arrivé'.  Le  mé- 
contentement de  Uichelieu  contre  M.  de  Bordeaux,  bien 
que  contenu,  j>erce  visiblement  dans  cette  lettre,  qui 
caractérise  à  merveille  la  manière  de  Richelieu,  lorsqu'il 
ne  veut  pas  laisser  trop  éclater  sa  mauvaise  humeur  :  «Vous 
voulés,  dit-)l,  deux  galères  de  plus  que  les  dix  destinées 
pour  la  Catalogne  :  deux  ne  sont  pas  capables  d'un 
grand  eÛect,  si  ce  nombre  de  deux  n'a  quelque  vertu  par- 
ticulière que  je  ne  sçays  point  encore,  et  que  je  veux 


'  On  vient  de  voir  que  dans  celle  qui  allait  à  Barberini  Richelieu  l'entretenait  uniquement  des  intérêts  de  sa  maison.'^ 
Je  Dc  trouve  point  la  lettre  adressée  au  souverain  pontife;  était-elle  la  réponse  i  nue  missive  de  Sa  Sainteté  qui  eihor- 
tait  le  cardinal  ï  faire  tous  ses  efforts  pour  parvenir  À  une  paix  si  nécessaire  à  la  chrétienté?  La  lettre  d'Urbain  VIII, 
écrite  en  latîn  ,  est  datée  du  16  février;  elle  est  conservée  aux  Affaires  étrangèrea,  Rome,  tnme  LXXVI  ,  fof.  5g. 

'  Ud  traite  pour  la  campagne  de  iG^i  avait  été  ratifié  par  les  Etats  le  ^5  février.  11  se  trouve  dans  lo  volume  précité 
de  Hollande,  coté  pièce  a3*,  eo  copie,  avec  cette  annotation  :  .  .  .«Les  originaux  ont  été  placés  dans  la  boîte  des  traités 
de  Holluude.  ■ 

'  En  (c  moment  on  était  inqniet  en  Frtnce  des  inlcution»  du  prince  d'Orange;  le  charge  d'affaires  de  France  k 
Londres  envoyait ,  te  7  mars  ,  une  copie  dr»  propositions  que  fâisatenl  an  roi  d'Angleterre  les  arabassadears  de  Hollande- 
Arch.  de»  Aff.  étr.  Angleterre,  t.  XLVlll ,  fol.  344- 

'  Cette  mention  du  voyige  de  Besancon  ,  envoyé  pour  examiner  secrètement  la  conduite  de  l'archevêque  (voy.  ci-des- 
soi  au  1 1  février) ,  justifie  la  date  mise ,  par  le  secrétaire  de  M.  de  fionlejux ,  en  marge  de  cette  lettre  non  ddtée. 


280 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 
cl 

LIEUX  DE  DATES. 


16/iî 


r    mars. 
De  fluel. 


[6]  mars  ^. 
Saint -Germain - 
en-Laye. 


1 5  mars. 
Paris. 


1 7  mars. 
De  Ruel. 


SUSCRIPTION 


DES  LETTRES. 


A  M.  de  Chavigny. 


A  M,  Chanue,  ministre 
de  Nismcs. 


Instruction  au  s'  de  S'- 
Pé ,  consul  en  Portu 
gai,  s'en  retournant 
au  d.  pays.  —  Du  ca- 
binet du  R.  P.  Domi- 

•     nique  du  Rosaire  en- 
voyé de  Portugal. 
[A  Boulhillier.l 


A  M.  Bouthillier. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   SODRCES. 


croire  que  vous  n'ignorés  pas.»  ...«Quant  à  i 'artillerie , 
serves  vous  de  celle  que  vous  avés;  quelques-uns  pour- 
roient  croire  que  vous  nous  proposés  des  choses  plus  que 
difficiles  pour  avoir  occasion  de  ne  rien  faire...  Pour  le 
moins  vous  priay-je  de  ne  vous  excuser  plus  sur  le  manque 
de  pouvoir,  que  vous  avés  sy  ample  que,  pourveu  que 
vous  ayés  autant  de  bonne  volonté  et  de  sçavoir  faire ,  vous 
ne  manquer(:s  d'aucune  chose  nécessaire  pour  faire  réussir 
les  bons  desseins  que  je  ne  doute  pas  que  vous  n'ayés^» 

Orig.  -    Bibl.  irap.    Suite  de  Dupuy,   t.    XVIII,  fol.  ii6.  - 
—  Imprimée.  —  Correspondance  de  Soardii ,  II  ,  536. 

Envoi  du  paquet  pour  M.  le  cardinal  Bichi,  et  d'un  autre 
pour  M.  Mazarin;  le  faire  tenir  sûrement  par  le  Quillet  ^. 

H ...  Je  le  prie  de  faire  sçavoir  les  premières  nouvelles  qu'on 
aura  de  M.  de  Lorraine  au  roy,  à  la  maison  rouge,  ou  sa- 
medi à  Chilly.  n 

Orig.  —  Arcli.  des  AIT.  étr.  France,  iGà^,  six  premiers  mois, 
fol.  i43. 

«Tous  les  estrangers  habituez  en  ce  royaume  ayant  esté  com- 
pris en  la  taxe  que  la  nécessite  du  temps  a  obligé  de  faire 
sur  eux ,  on  ne  peut  l'exempter  non  plus  que  ses  confrères , 
sans  faire  conséquence  pour  les  autres...  c'est  pourquoy 
au  lieu  de  l'arrest  de  descharge  que  vous  avés  demandé,  je 
vous  envoie  vostre  quittance  et  celles  de  M"  vos  collègues...  » 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Arch.  des  AfF.  étr.  France 
(vol.  vert),  t.  XLVII,  pièce  63. 

Paire  savoir  au  nouveau  roi  de  Portugal  et  aux  princi- 
paux du  pa^s  que  la  France  est  disposée  à  leur  départir 
toute  l'assistance  qu'il  sera  en  son  pouvoir  de  leur 
donner. 

Aubery,  Mém.   t.  V,  p.    5.  —  Le  Vassor,  t.    X, 


Irapriméc. 
p.  iig. 


Raisons  qui  doivent  porter  Messieurs  du  clergé  à  ne  pas 
refuser  les  demandes  du  roi. 

Orig,  —  Arch.  des  Aff.  étr.  France,  l6ii,  six  premiers  mois , 
foi.  162.  —  Copie.  —  BihI.  jmp.  Saint-Germain-Hariay, 
1^4,  ver»  le  tiers  du  'olume  non  coté.  —  Imprimée.  — 
Mém.  de  Montckal ,  t.  I ,  p.  296. 

«Je  prie  M.  le  surintendant  de  donner  satisfaction  a  M.  de 
Nyons  sur  le  sujet  d'une  pension  de  2,000  francs  que  le 
roy  luy  a  donnée  il  y  a  longtemps.  Il  s'en  va  servir  Sa  Ma- 
jesté à  la  campagne,  où  il  mangera  bien  cette  partie  et 
davantage.» 

Orig.  —  Arch.  Je  ta  famille  Boutliinicr. 


'  Le  roi  écrivit  le  même  jour  à  M.  d«  Bordeaux  pour  lui  dire  qu'il  eût  à  recevoir  1rs  ordres  du  prince  de  Coudé, 
n  auquel  j'ai  donné ,  dît  le  roi ,  le  commandement  général  et  en  chef  de  mes  armées  de  Languedoc ,  de  Roussillon  et  de 
Catalogne.  »  (Mêmes  sources.  ) 

'^  Nous  ne  trouvons  rien  de  ers  dépêcliea  dans  notre  manuscrit. 

^  Le  Vaasor,  après  Aubery,  date  cette  instruction  du  16 ,  en  remarquant  qufl  ce  quantième  lui  est  susntct.  (Voy.  notre 
tome  VI ,  p.  769  ,  notes ,  "!*  colonne.  ) 


NON   IMPRIMÉES   DANS  LE    TOME   VI. 


281 


DATES 
et 

SUSCniPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LlEtrX  DE  DATES. 

DES   LETTIIES. 

ET    SOCRCES. 

1041. 

1  7  mars. 
De  Kufl. 

[AM.  Boathillier.' 

«Le  roy  ayant  commandé  a  M.  de  Charrost  de  s'en  retourner 
promptement  à  Calais ,  je  prie  M.  Boutbillier  de  luy  faire 
donner,    eu  argent,  ce  qu'il  pourra  sur  ce  qui  luy   est 
deub. ..» 

Orig.  —  Afctiivcs  de  ta  famille  Boutbillier. 

1  8  mars. 
De  Kud. 

Pour  M.  le  surintendant. 

«M.  de  Roussillon  demande  le  restablissement  de  /i,ooo  escus 
rayez  autrefois  à  M.  le  comte  de  Tournon ,  ensuite  du  don 
gratuit  que  les  estats  de  Languedoc  luy  en  avoient  faict  ;  je 
prie  M.  le  surintendant  de  luy  donner  satisfaction  comme 
à  une  personne  que  j'alfectionne  particulièrement.» 
Orig.  —  Archives  de  la  famille  Boutbillier. 

2o  mars. 
De  Ruel. 

[A  M.  Boutbillier. ] 

«Le  roy  ayant  commandé  à  tous  les  gouverneurs  de  s'en  aller 
dans  leurs  places,  et  M.  de  Biscarat  ne  pouvant  partir 
qu'on  n'ayt  pourveu  à  la  subsistance  de  sa  garnison. . .  je 
conjure  M.  le   surintendant   d'expédier  promptement  ses 
ordonnances  et  le  traîcter  comme  une  personne  de  mérite 
que  j'ayme  et  affectionne  particulièrement  et  qui  a  besoin 
d'estre  assisté.  » 

Orig.  —  Arch.  de  la  famille  Bouttiillier. 

2  0  mars. 

Saint-Germain- 

en-I,aye. 

Le  roy  à  M.  de  la  Molle- 
Houdencour. 

Conformément  a  sa  proposition  de  faire  entrer  dans  la  Cata- 
logue toutes  les  troupes  destinées  pour  l'armée  du  Lan- 
guedoc, le  roi  donne  des  ordres  aux  généraux  el  envoie 
les  fonds  nécessaires. 

Orig.  —  Bibl.   imp.   Suite  de  Dopuy,  l.  XVIII ,  fol.  i4i.— 
Imprimée.  —   Correipondaace  de  Soardit  ,  1.  II,  54  j. 

a  2  mars. 
De  Ruel. 

A  M.  de  la  Motte-Hou- 
dencour,    lieutenant 
général  de  l'armée  du 
roy  en  (Catalogne. 

Lettre   de  compliments  dont  Richelieu  accompagne  la  dé- 
pêche du  roi. 

Orig.  —  Bibl.   imp.  Suite  de  Dupuy.  t.  XVIII,  fol.  ilii   \°. 
—  Imprimée.  —  Correspondance  de  Sountis  .   t.  Il,  p.  5i3. 

i"  avril. 
De  Ruel. 

A  M.  l'archevesque  de 
Bordeaux. 

«  Si  vous  ne  pouvés  accorder  M'*  de  Baume  et  de  'f  erne-s ,  vous 
leur  ferés  deffense  de  la  part  du  roy  de  ne  se  demander 
rien  pendant  leur  voyage,  ny  jiisques  ace  qu'ils  me  soient 
venus  trouver  pour  me  rendre  compte  de  leur  action,  el 
subir  le  jugement  que  je  rendray  en  leur  affaire. .   » 
Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XVIII,   fol.   169. 

6  avril. 
De  Ruel. 

[A  M.Bouthillier.] 

Richelieu  lui  envoie  une  lettre  de  M.  de  Chartres  pour  faire 
mettre  ordre  à  ce  <pi'elle  contient.  — •  Il  est  nécessaire  que 
M.  de  Léon  diffère  son  voyage.  —  Quant  à  Migenne  (.•")  ', 
«je  croy  que  M.  le  chancelier  luy  doit  mander  de  le  venir 
trouver  pour  le  service  du  roy,  et  ensuite  l'empescher  de 
retourner.  Cet  expédient  vaull  mieux  que  d'y  envoyer  un 
archer.  » 

Orig.  —  Artbives  de  la  famille  Boiilhillier 

'    .Mot   mal  écrit 

ou  nous  ii»oDs  Migennc,  no 

n  d'ui)  parent  de  Boutbillier.  (Voy.  ci-aprèa  an  37  octobre.) 

CARDIN.  DE  niCHF.LIEU   VII. 


36 


282 


SOMMAIRES   DES   LETTRES 


DATES 


LISVX  DB  DATES. 


SUSCRIPTION 

CES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 
El  socncBs. 


1641. 

1 2  avril. 
De  Ruel. 


Idem. 


fA  M.  BoulhiUier.l 


«M.  Uoussignoi  prie  M.  le  surintendant  de  luy  faire  payer  le 
reste  de  son  assignation  pour  son  rembourseraeut.  Le  mé- 
rite de  ce  personnage  rccogncu  illustre  en  des  compagnies 
souveraines  fait  que  je  vous  conjure  de  Uiy  donner  le  con- 
tentement qu'il  désire,  a  mon  avis, 


Orig.  —  Archives  de  la  familii 


par  raison.» 
Boutbillicr. 


1  2  avril''. 

Saint-Germain- 

en-Laye. 

Idem. 


1 3  avril. 
Ruel. 


i3  avril. 
[)e  Ruel. 


A  M.  l'archevesque  de 
Bordeaux . 


Le   roy    au   roy    de    la 
Grande-Bretagne. 


L<;  roy  à  la  reyne  de  la 
Grande-Bretagne . 


Au  prince  d'Orange. 


[A  M.  Bouthillier.^ 


"Le  s*  de  Cliaillonnay  vous  dira  la  joye  que  le  roy  a  rcceue 
de  la  bonne  nouvelle  qu'il  a  apportée  de  vostre  part... 
Empesclier  les  Espagnols  de  secourir  de  vivres  la  Cata- 
logne et  le  Roussillon  '...» 

Orig.  —  Bibl.  împ.  Suite  de  Dapny,  t.   XVIII,  fol.   i5i.  — 
IiDpriroéc.  -—  Correspondance  de  Soardis  ,  l-  II ,  p.  553. 

Réponse  au  compliment  envoyé  par  le  roi  d'Angleterre  sur  la 
naissance  du  duc  d'Anjou. 

Copie.  —  BibL  imp.  Béthunc,  9337,  fol.  33. 

Il  la  remercie  du  compliment  qu'elle  lui  a  fait  faire,  et  lui 
renouvelle  les  assurances  de  toute  son  affection. 

Copie.  —  Bibl.  imp.  Bctbone,  9337,  fol.  34- 

«...  L'armée  française  sera  en  campagne  au  terme  convenu  ;  je 
vous  conjure  de  iaire  le  mesme,  etc.» 

Minute  lie  la  raain  de  Cherrc.  —  AfT.  c(r.  Hollande,  l.  XXIII , 
pièce  63. 

«...  Le  roy  est  prest  de  partir  pour  se  rendre  à  ses  armées ,  ce 
qu'il  ne  veut  faire  sans  la  résolution  de  rassemblée  du 
clergé.»  —  M,  le  surintendant  dira  à  M'*  les  commissaires 
de  conférer  avec  M"  de  Chartres  et  d'Auxerre,  et  d'agir 
selon  ce  que  ceux-ci  leur  diront'.  (J'ai  donné  un  extrait 
de  cette  lettre  p.  77$  du  tome  VI.) 

Orig.  —  Arcbivcs  de  la  famille  Boutbillier. 

Mesures  pour  le  nouvel  armement  arrêtées  avec  le  Irésorier 
de  la  marine.  — Donner  à  M.  de  Roussy  le  passe-port  pour 
tirer  ses  enfants  de  Sedan.  —  «Nous  parlerons  de  l'affaire 
du  mareschal  d'Estrées  et  de  toutes  les  autres  affaires  à  la 
première  veue.» 

Original,  sans  signature,  de  la  main  de  Cbcrrc.  —  Arcb.  des 
AIT.  ctr.  France,  i64i»siz  premiers  mois,  fol.  sÔo. 


'  Le  à  uvrîl ,  le  roi  avait  éciit  à  M.  de  Bordeaux  une  dépêche  oit  était  discute  le  cboix  de  deux  entreprises,  ou  le 
si^ge  de  Colllourc ,  ou  celui  de  Tarragone.  Pièce  imprimée  dans  la  Correspondance  de  Sourdis ,  p.  Sjg  ,  d'après  l'ori- 
ginal de  la  suite  de  Dupuy,  fol.  160. 

^  Le  duc  d'Aujou  était  né  le  31  septembre  i64o  (près  de  sept  mois  avant  la  date  do  ces  letttes). 

^  M.  d'Auxerre  envoyant  à  Ricbelieu,  le  16  avril,  la  délibération  du  cïorgé ,  sur  les  livres  des  P.  P.  Cétot  (l  Bouy, 
lui  disait  qu'avec  les  commissaires  du  roi  on  allait  examiner  les  moyens  de  mettre  fin  à  l'assemblée.  «  Le  billet  de 
monseigneur  a  fait  des  miracles. . .  le  deppartcment  va  toujours  son  train  ,  îl  sera  fort  avancé  dans  six  jours ,  mais  on 
rac  veut  bien  du  mal  du  d,  billet.  Tont  cela  n'importe ,  pourvcu  que  raouseigneur  soilservy  et  satisfdicl.  ■•  (  Autographe 
conservé  aux  Aff.  étr.  France,  i64i,  six  premiers  mois  ,  fol.  a 4 a.) 


1  7  avril. 
De  Ruel. 


Pour  M.  de  Chavigny, 


NON   IMPRIMEES  DANS   LE  TOME   VI. 


283 


LIECX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 


DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

KT  SOLHCES. 


1041. 
2  2  avril. 
De  RupI. 


2  3  avril. 
Uo  Huel. 


39  avril. 
A  Paris. 


à  mai. 
Huel. 


10  mai. 
Pari*. 


Pour  M.  de  Chavigny, 
à  Paris. 


Pour  M.  de  Chav 


igny- 


PourM.Iesurinteudanl, 
à  Paris. 


Au  mareschal  de  Cbas- 
tîllou. 


Pour  M.  de  Chavigny. 
secrélaire  d'estaL 


. . .  «Je  verray  le  mémoire  des  Portugais  et  vous  feray  demain 
respoiise.»  —  Je  suis  bien  aise  que  ma  niepce  se  porte 
bien.u  —  M.  de  Brézé  fait  ce  qu'il  doit  \ 

lUcbelieu  le  charge  de  traiter  certaines  affaiires  avec  le  s"^  de 
Bonnefond  ,  envoyé  de  la  reine  mère  ',  et  d'écrire  en  Hol- 
lande ^. 

Orig.  — Arch.  des  Aff.  élr,  France,  i64i,  six  premiers  mois , 
foL  367. 


M  Le  s'  de  la  Ralière  ni'a  j)rié  d'cscrire  à  M.  Boutliillier  (ju'il 
peut  mieux  remettre  l'airaire  des  aides  qu'aucune  autre.  Je 
le  luy  recommande  volontiers ,  présupposé  qu'il  face  la  eon- 
ditiou  du  roy  aussy  bonne  ou  meilleure  qu'aucune  autre, 
et  que  sa  compagnie  soit  asseurée.» 

Oricr.  —  Arch.  de  la  famiUc  Bouthillier. 


Le  maréchal  a  désiré  le  régiment  de  Piémont ,  le  roi  l'ac- 
corde. tiAinsy  vous  avés  maintenant  tout  occlue  vous  avés 
demandé  pour  exécuter  le  dessein  (|ue  vous  avés,  dont  je 
soubaitte  le  succez. .  .  » 

Copies.  —  BîLl.  imp.  Bc(huDe,9a64  >**■  —  Cinq-Cents  Col- 
bert,  111,  foi.  109.  —  Imprimée.  —  Aobory,  Mém.  V,  p,  4o. 
—  Recueil  de  iBgS,  p.  a36. 

a  Je  prie  M.  de  Cliavigiiy  de  faire  que  Monsieur  envoyé  quérir 
Basoge *,  qui  est  a  l'assemblée;...  Monsieur  le  retiendra, 
sous  prétexte  de  quelque  voyage  qu'il  luy  veut  faire  faire.  » 


Orig.  —  Arch. 
fol.  3o6. 


des  Aff.  élr,  France,  164  1.  six  premiers  mois  , 


i3  mai.  Pour  M.  de  Chavigny.      il  est  important  que  M.  Matharel  s'en  aille  demain.   Deux 

De  Rut'l.  choses  le  pressent;  l'une  est  une  lettre  au  s'  Descoutures 

pour  aller  a  Ratisbonne. . .  l'autre  est  de  faire  partir  le  s' 
Stella ,  ou  lui  faire  déclarer  qu'il  n'y  '  veut  pas  aller.  — 
«  M.  Matharel  fera  travailler  au  razement  de  Marsal.  Au  nom 
de  Dieu,  failes-Ie  dépescher  dès  aujourd'imy,  parce  que  de 
la  deppend  la  marciie  des  troupes  de  M.  de  Lorraine»  qui 
doit  estrele  26  où  vous  sçavés.» 

Orig.  —  Arch.  des  Aff.  étr-  France,  iSii^i  six  premiers  mois, 
fol.  3og. 

'  lla'agil  de  la  réparation  d'una  impoiilesse  de  M.  de  Brézé  à  l'égard  do  M.  de  la  Meiltcraie.  Voy.  t.  VI ,  p.  777, 
note  3. 

•  Voy.  t.  VI,  p.  780. 

^  Je  trouve  ddos  Clairarobault  (Mélanges,  697,  p.  4i)  roriginal  do  rinalruction  donnée  à  M.  d*Estrades.  Celte 
ÏDstruction  ,  signée  du  roi  et  contrc-signce  tioulhillier  (Chavigni) ,  eal  datée  du  33,  le  jour  même  que  Richelieu  adressait 
à  ce  secrétaire  d'Etat  la  présente  lettre  dont  elle  reproduit  les  propres  expressions.  (Voy.  le  passage  que  nous  avons  cité 
en  note,  p,  773  de  notre  VI*  volnme.)  On  annonce  en  outre  à  d'Estrades  «que  M.  de  Bouillon  faîct  cause  commune 
avec  les  ennemis;  en  conaéqucnce»  la  France  demande  aux  Eslats  de  traiter  ce  prince  en  ennemi  loi-même  ,  ol  de  lui 
oter  le  gouvernement  de  .Maeslric* 

*  Quel  est  ce  Baaoge?  sans  doute  on  ecclésiastique  faisant  partie  de  l'assemblée  du  clergé,  oit  il  gênait  le  cardinal. 
^    Est-re  aussi  it  Ratisbonne? 

36. 


284 


SOMMAIRES   DES   LETTRES 


DATES 


LIECl  UE  DATES. 


SL'SCRIPTION 

DES  LETTRES. 


AN.^LYSES  DES  LETTRES 

ET    SOCHCBS. 


1041. 
[Avant  le   li  ' 


[A  M.  de  Cbavigai.] 


i5  mai. 


[A  M.  de  Noyers? 


«Si  M.  de  Gliavigny  sçait,  comme  je  n'en  doute  point,  que 
Monsieur  ayt  assez  de  iorce  pour  envoierles  lettres  qui  luy 
sont  escrites  de  Sedan,  au  roy,  et  le  gentilhomme  ,  je 
croy  qu'il  luy  faut  envoior.»  (Ici,  il  y  a  un  blanc  de  quelques 
lignes.)  —  «Si  ce  n'est  qu'on  ayme  mieux  adjuster  avec 
ce  gentilhomme  qu'il  servira  à  Sedan  ^,  ainsy  que  M.  de  La 
Barde,  peu  iiistruict  de  ce  qu'il  sçait  et  de  ce  qu'il  peut 
faire,  me  l'a  proposé;  et,  v.n  ce  cas,  se  contenter  (jue 
-Monsieur  envoie  les  lettres  au  roy  qu'il  aura  données  au 
s"^  Oumont  ^  ;  et  qu'au  mesme  temps  que  le  d.  gentilhomme 
anrâ  donné  les  lettres  à  Dumont,  qu'il  se  sauve  sans  at- 
tendre la  response  de  Monsieur,  et  qu'il  s'en  vienne  icy 
traicter  avec  vous  de  ce  qu'il  faut  faire  pour  le  service  du 
roy.»  . . .  «Je  vous  prie  d'avoir  soin  de  vostre  santé.  — Je  me 
resjouis  de  quoy  madame  vostre  femme  se  porte  mieux.» 

Orig.  —  Arcli.  des  Aff.  étr.  France,  i  64  i  »  si"  premiers  mois , 
fol.  37,. 

"Monsieur,  le  roy  ayant  donné  charge  à  M.  le  Prince  de  con- 
férer particulièrement  avec  vous  sur  ce  qui  se  passe,  i>our 
se  porter  ensuitte  à  ce  qui  sera  plus  utile  à  son  servie.^. 
Sa  Majesté  vous  ordonne  d'aller  trouver  M,  le  Prince  à 
celte  lin.» 


Arcli.  des  AIT. 
dp  Ctierrc. 


ctr.  France,  t.  XCVIIl.  —  Minute  de  la  main 


1 5  mai. 
De  Uuel. 


A  M.  farchevesque  de 
Bordeaux. 


3o  mai. 
D'Abbevill*' 


Pour    M.     Bouthilli 
surintendant   des  ii- 
nances ,  à  Paris. 


Satisfaction  du  roi  à  cause  des  prises  dont  M.  de  Bordeaux  a 
donné  avis,  «Je  souhaitte  et  veux  espérer  que  les  vaisseaux 
du  roy  auront  tousjours  le  mesme  succez.»  Les  dép<;-schcs 
de  M.  de  Noyers  satisfont  à  toutes  les  particularités  des 
voslres,  —  N'oubliez  rien  pour  avancer  les  afi'aires, 

Orig.  —  Bibl.  iinp.  Suite  de  Dupiiy,  t.  XVIII ,  fol.  3oo.  — 
Arcl».  des  Aff.  étr.  France,  l.  XCVJJI.  — Minute  de  la  inatu 
de  Cberri'. 

L'aft'aire  du  clergé  demeurera  aux  termes  des  700,000  livres 
qu'ils  ont  accordées  de  nouveau  *.  —  Il  est  raisonnable  de 
donner  à  Madame  de  Lorraine  les  dix  mil  escus  qu'elle  de- 
mande en  argent  comptant  pour  son  quartier.  —  Il  ne 
faut  point  donner  les  gages  du  conseil  a  M.  de  Sardignv  ; 
sa  pension  de  i,ooo  francs  avec  autant  d'extraordinaire 
suffit ^  —  «Quant  a  Monseigneur,  je  n'ay  autre  chose  à 
vous  dire  sinon  que  vous  estes  encores  en  droit  :  Virililcr 
âge.»  —  h  H  n'est  pas  besoin  mainlenanl  que  M.  de  Tours 
vienne  icy.  Je  suis  et  seray  ce  que  je  vous  ay  tousjours  esté.  » 
Orig.  —  Arch.  de  la  famille  Bouthillier. 


'  Cette  pièce  manque  de  dale  et  de  suscription  ;  Chavîgni  a  écrit  en  tête  :  «mai  i6ii.  Nous  avons  établi  (t.  VI, 
p.  787,  note,  où  nous  en  donnons  un  extrait)  qu'elle  a  été  écrite  un  peu  avant  le  i4  mai. 

^  C'est-à-dire  qu'il  y  fera  l'û£Gce  d'espion. 

^  Un  des  domestiques  de  Monsieur,  u  le  petit  Dumont,  »  commn  on  l'appelle  dans  la  lettre  du  i4  mai ,  t.  VI ,  p.  787. 

*  Voy.  t.  VI ,  p.  78/1.  Le  3o  mai ,  Richelieu  faisait  dissoudre  l'assemblée  du  clergé  dont  il  avait  été  mal  satisfait. 
(Voy.  deux  pièces  à  cette  date  du  3o,  t.  VI,  p.  801  et  80a.) 

'■   Voy.  t.  VI.  p.  795. 


NON   IMPRIMEES   DANS   LE  TOME  VI. 


285 


DATES 


LIKCX  DE  D.^TE$. 


1041. 

3o  mai. 
Abbeviile. 


3  juin. 


Idem. 


8  juin. 
D'Abbeville. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


A  M.  (le  iNicoiaï,  pre- 
mier prcsiclenl  de  la 
chambre  des  comptes. 

Au  mareschal  de  Clias- 
tilloD. 


Au  duc  de  I/orraine. 


A  M.  du  Hallier. 


A   M.  1  archi'vesquc  de 
Bordeaux. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOCI\CBS. 


Richelieu  le  prie  de  faire  passer  à  la  chambre  son  acquisition 
des  greffes  de  Saumur. 

Orig.  —  Archives  de  ta  famille  de  Nicolaï. 

«Les  ennemis  veulent  fortifier  Torcy;  en  avoir  seulement  le 
dessein  à  vostrc  vue  est  une  chose  sy  honteuse  pour  les 
armes  du  roy,  que  je  ne  doute  point  que  vous  ne  leur 
donniés  sur  les  doigts»  s'ils  tentent  l'exécution  *. .  . 

Copies.  —  BiU.  imp.  9263,  fol.  68,  et  Cioq-Cents  Colbert , 
131,  fol.  35  v°.  —  Imprimée,  —  Âubery*  Mcm.  t.  V,  p.  77. 
—  Recuo'l  de  1696  ,  p.  387. 

«Monsieur,  je  ne  sçay  qui  peut  vous  avoir  dit  que  le  roy  eust 
changé  de  résolution  à  vostre  égard.  Sa  Majesté  a  tousjours 
faict  estât  de  joindre  vos  troupes  à  une  de  ses  armées  fran- 
co! ses  ,  dont  les  chefs  recevront  les  ordres  de  vous.»  — Le 
cardinal  le  presse  de  se  réunir  sans  délai  à  l'armée  de 
M.  de  Châtilion ,  qui  a  passé  la  Meuse. 

Mimile  de  la  main  deClierré.  —  Aff.  étr.  Lorraine,  1.  XXXIf  , 
pièce  S6. 

Richelieu  n'a  rien  à  ajouter  a  ce  qu'il  lui  a  écrit  "par  le 
s'  Barille  vostre  capitaine  des  gardes.»  Tâchez  de  faire  agir 
M.  de  Lorraine  selon  que  le  service  du  roy  le  rcqucrrera. 
Nous  vous  considérons,  en  cette  armée,  comme  une  per- 
sonne qui  animera  toutes  choses..  . 

Minute  de  la  main  do  Chcrré.  (Mime  source  que  pour  la  pièce 
précédente.  ) 

Dix  vaisseaux  qui  étaient  à  Toulon  vont  le  joindre.... 
«J'espère  que  vous  sçaurés  si  bien  prendre  vostre  pair 
que  les  ennemis,  avec  l'ayde  de  Dieu,  n'auront  point 
d'avantage  sur  vous.  Je  le  désire  avec  passion ,  et  que  vostre 
conduite  soit  sy  prudente  et  sy  heureuse  (jue  je  puisse  la 
faire  valoir  comme  je  souhaittc.  »  Il  n'y  a  aucune  occasion 
qui  vous  doive  faire  quitter  le  dessein  de  contribuer  à 
faire  périr  l'armée  qui  est  dans  Tarragonne, .  .  «S'agissant 
en  ce  faict  de  summa  reram  ^. . .  » 


Orig.  —  Bibl. 
Imprimée.  — 


Imp.  Suite  de  Dupay,   t.  XVIII ,  fol.  345.  — 
Correspondance  de  Soardis .  t.  II,  p.  Gog. 


Iden 


A   M.  l'archevesque  de     J'écris  à  M,  le  Prince  pour  le  prier  de    vous   envoyer  des 
Bordeaux.  ^  poudres*..  .  Quelques-uns  de  vos  plus  afljdés  ont  mat  agi 

à  l'assemblée  du  clergé  '. 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  d«  Dupuy,  t.  XVIII,  fol.  36Ô. 

'  Le  maréchil  de  Châtilion  crut  saiiS  doute  avoir  besoin  de  justifier  aa  conduite;  nous  trouvous  dans  les  manuscrits 
do  Bethune  (9363 ,  foL  45)  on  fragment  de  Mémoire  daté  du  1  3  juin ,  où  il  rendait  compte  de  ce  qui  s'était  passé 
depuis  le  départ  de  Mézièrcs.  Ce  fragment  commence  au  i"  juin  et  est  interrompu  d^s  le  a.  Le  mémoire  do  maréchal 
satisfit  peu  sans  doule  le  cardinal,  ainsi  qu'on  en  peut  juger  par  sa  lettre  un  peu  sévère  du  a 2  juin  ,  t.  VI ,  p.  8a 5. 

■'  Quelques  eitraits  de  cette  lettre  ont  été  mis  en  note,  t.  VI,  p.  8ii. 

^  C'est  un  bill't  ajouté  à  une  dépêche;  je  n'en  trouve  point  de  celte  date  écrite  par  Richelieu  à  l'arclicvéque  de  Bor- 
deaux. Peut-élre  s'agit-il  de  celle  du  3  juin  qui  aura  été  envoyée  tardivement.  Une  missive  de  de  Noyers,  du  8  juin, 
relative  aux  mêmes  affaires,  se  trouve  dans  ce  manuscrit  au  folio  306;  elle  a  été  imprimée,  t.  Il,  p.  619  de  la  Corres- 
pondance de  Sourdis.    (Doc.  inéd.  in-^".  ) 

'  Nous  avons  donné  un  extrait  de  cette  lettre  t,  VI,  p.  8i4- 

*   Sur  cette  *ss^mb!ée  du  clergé,  voy.  t.  VI ,  p.   769 ,  où  nous  avons  noié  ce  que  Richelieu  mande  à  M.  de  Bordeaux. 


286 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


LIEUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOORCES. 


I04K 

1  2  juin. 


Au  marcschai  de  Chas- 
tillon. 


Idem. 


Idem. 


1  /(  juin. 


A  M.  du  Hailior. 


Le  roy  au  marquis  de 
Praslin. 


A  \ï.  de  la  Motte-Hou- 
dcncour. 


1  0  juin. 
n'Abbeville  " 


1 7  juin. 


A  M.  ie  surintendant  des 
finances. 


A  M.  du  Hallier. 


i8  juin. 
n'Abbeville. 


Pour  M.  le  surintendant 


Iviclielieu  lui  donne  des  conseils  que  nous  avons  mentionnés 
en  note, au  22  juin'.  Il  finit  par  ces  encourageantes  paroles  : 
«L'affection  que  je  vous  porte,  outre  ma  passion  aux  in- 
téresls  du  roy,  me  faict  vous  conjurer  do  ne  perdre  aucun 
instant  de  faire  valoir  voslrc  nom,  aiusy  que  la  mémoire  de 
vos  ancestrcs  vous  y  convie.» 
Copies.  —  BibL  imp.  Bcthun 
Colbcrt,  lai  ,  foi.  3ô  v°.  - 
Recueil  dp  1  696  , 


V-  77- 


,  9^63  ,  fol,  68.  —  Cinq-Cents 
-  Imprimée.  — -  Aubery,  t.  V, 
p.  337. 


«Monsieur,  je  n'ay  rien  à  ajouter  à  mes  précédentes  lettres; 
je  vous  conjure  seulement  de  faire  ce  que  vous  pourrez 
pour  que  M.  de  Lorraine  joigne  promptement  ses  troupes 
à  celles  de  M.  de  Cliastillon..  .  » 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Arcli.  des  Âff.  élr.  Lorraine, 
t.  XXXIl ,  pièce  III. 

Bruits  de  nouvelles  factions. 

Imprimée,  —  Bulletin  de  la  Société  de  l'hiBtoire  de  France, 
4  avril  i864.  (Voy.  t.  V,  p.  764  ,  note  1.) 

J'écris  à  M.  le  Prince  pour  le  conjurer  de  ne  pas  vous  laisser 
manquer  d'argent,  ni  de  munitions^..  .  «Je  vous  envoie 
trente  mil  francs  de  mon  argent  pour  que  vous  puissiés 
vous  en  servir  quand  l'argent  du  roy  Rendra  à  man- 
quer ^. .  .  » 

Copie.  —  Bibl.    (lu  Louvre,  mss.    d'Argentan,  V,  330,  t.  X, 
foL  84. 

«11  neseroit  pas  raisonnable  de  taxer  M"  de  Malte  à5oo,ooofr. 
Il  seroit  injuste  de  les  taxer  sur  un  pied  plus  haut  que 
celui  qu'on  a  j)ris  pour  ie  clergé. . .  Quant  a  les  taxer  séparé- 
ment,je  crains  queM"du  clergé  y  facent  grande  difficulté,  » 

Orig.  —  Archives  de  la  famille  Boulliillicr. 

«Le  duc  de  Lorraine  est  prince  de  trop  de  foy  pour  manquer 
à  ce  qu'il  a  promis,  surtout  le  roy  ayant  exécuté  ce  qui  est 
porté  dans  le  traitlé.  Son  Altesse  n'y  sauroit  manquer  sans 
perdre  l'honneur.  Je  vous  conjure  de  lui  représenter  vive- 
ment nos  pensées,  dont  je  veux  croire  qu'il  fera  estât.» 

Minute  de  la  main  de  Chavigni.  —  Arch.   de»  AIT.  élr.    Lor- 
rain p,  t.  XXXII ,  pièce  117. 

Richelieu  prie  de  nouveau  M.  le  surintendant  d'être  le  plus 
favorable  qu'il  pourra  au  s'  de  la  Ralière,  touchant  la  ferme 
des  aides.  (Richelieu  répète  ici  les  conditions  portées  dans 
sa  lettre  du  29  avril  sur  le  même  sujet.) 
Orig.  —  Archives  de  la  famille  BonthiUîor. 


'  Tome  VI,  p.  8a5. 

'^  Tome  VI ,  p.  819. 

^  Notée  sur  une  lettre  adressée  à  M.  d'Argenson  (t.  VI,  p.  8a 

*  C'est  le  cardinal  qui  a  écrit  la  date. 


,  lar|ueHc  lettre  répète  à  peu  près  cello-< 


NON  IMPRIMEES  DANS   LE  TOME  VI. 


287 


DATES 


LIEUX   DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DBS  LETTRES. 


.4NALY.SES   DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


1041. 

22  juin. 
0'Abbe>iHe. 


[  A  M,  Bouthillier. 


23  juin. 
D'Abbeville. 


Idem. 


ià  Juin. 
iVAbhfviUe 


Pour  M.  le  surintendant, 


35  juin/ 
D'AbbevilIr 


Idem. 


27  juin. 
ryAbïwviile. 


2g  juin. 
De  Corbie. 


Pour  M.  le  surintendant 
des  finances. 


Pour  M.  le  surintendant 


«  Le  bon  homme  Pérou ,  pourvoyeur,  se  plaint  que  les  m*'  de 
la  chambre  aux  deniers  ne  luy  remboursent  pas  les  avances 
qu'il  faict  encore  tous  les  jours  pour  la  maison  du  roy,  ce 
qui  luy  oste  les  moyens  de  continuer  le  service  de  Leurs  Ma- 
jestés. —  Je  prie  M.  le  surintendant  de  se  ressouvenir  de 
la  promesse  qu'il  m'a  faicte  d'avoir  en  recommandation  les 
int^rests  du  d.  Pérou..  .  » 

Orig.  —  Archives  de  la  famille  Bouthillier. 


Il J'ay  escrit  à  M"  du  clergé  de  l'affaire  de  M"  de  Malte. . .  Je 
vous  prie  de  faire  convenir  à  M"  de  Malte  de  la  somme 
qu'ils  doivent  porter  raisonnablement,  afin  qu'on  puisse 
unir  promptemeiil  l'assemblée  dô  clergé.  —  La  taxe  de 
5oo,ooo  livres  qu'ils  vouloîent  faire  estoit  ridicule  à  mon 
avis;  celle  de  3oo,ooo  est  trop  foHe,  voyés  si  on  peut  les 
faire  convenir  à  200,000.» 


Orig. 


■  Arch.  lie  la  famille   Bcnthitlier. 


«Les  ennemis  au  nombre  deiSou  i6mil  hommes ,  commandés 
par  le  cardinal- in  faut  en  personne,  s'estant  présentés  pour 
attaquer  la  cîrconvallation  d'Aire..  .  se  sont  retirés,  lais- 
sant 800  ou  mil  fascines..  .  et  deux  ou  trois  cents  soldats 
prisonniers,  qu'ils  avoient  enivrés  de  brandevin  pour  leur 
osier  la  cognoissance  du  péril.  »  —  Le  siège  va  fort  bien  ; 
«j'espère  qu'avec  l'aide  de  Dieu ,  le  roy  en  aura  contente- 
ment dans  le  i5  juillet.» 

Orig.  —  Arcb.  de  la  famille  Bouthillier. 

«Monseigneur  m'a  escrit  que  pendant  que  le  roy  n'estoit 
point  à  Paris  il  estoit  accoustumé  d'avoir  des  gardes.  Mal- 
gré la  nécessité  du  temps,  je  croy  qu'il  est  bien  à  propos 
qu'elles  soient  sur  pied.. .  et  que  M.  Bouthillier  subvienne 
aux  misères  de  sa  grandeur,  qui  empescbe  qu'il  ne  puisse 
les  mettre  sur  pied  à  ses  despens;  satis  est,n 


.  —  Arch.  de  li 


,e  la  iQsisou 


Bouthillier. 


«M.  de  Cbavigny  vous  envoie  une  ordonnance  pour  faire 
remettre  cent  mil  francs  à  Hambourg,  dont  l'importance 
est  telle  que  je  le  prie  de  ne  perdre  pas  un  moment  de 
temps  à  traicter  avec  le  banquier. . .  11  est  nécessaire  que 
la  lettre  de  change  soit  vendredy  au  soir  au  lieu  où  nous 
serons ,  qui  sera  Corbie.  Cette  affaire  est  importanlissime.  » 

Orig.  —  Archives  de  la  famille  Boalhillier. 

«  Encore  que  M.  l'ambassadeur  de  Malte  voulust  bien  que  son 
ordre  fust  entièrement  descbargé,  il  passera  condamnation 
à  200,000  francs.  —  Il  désire  estre  séparé  du  clergé,  ce 
que  je  ne  croy  pas  desraisonnable. .  .  vous  accommoderés , 
s  il  vous  plaîst,  l'affaire,  en  sorte  que  les  parties  ayent 
sujet  de  contentement.» 

Orig.  —  Arch.  de  la  famille  Bouthillier. 


288 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LICrX  DE  DATES. 


SL'SCHIPTION 

DES  LETTltES. 


ANALYSES  DES  LETTUES 

ET  SOl'RCBS. 


1041. 

[Vers 
la  fin  de  juin  '.] 


[  \  ers 
la  fin  de  juin  \] 


A  M.  le  comte  de 
nloso  ". 


Vi- 


i"  juillet. 
De  Pt^ronne. 


3  juillet. 


Au  roy  de  Portugal. 


Pour  M.  le  surintendant, 


A  M.  du  Hallier. 


I,es  ambassadeurs  rendront  comj>te  de  ce  qui  s'est  passé  en 
leur  voyage;  Riclielieu  se  borne  à  une  lettre  de  politesse. 
Contentement  qu'il  a  eu  do  voir,  à  son  passage  pour  Roaie , 
le  frère  de  M.  le  comte  de  Vinioso. 


Arch.  des  Aff.  étr.    Porliigal ,  t.    I,  fol.   iiSg. 
main  d(^  Charpenlier. 


-  Minute  de  la 


"Sire,  la  lettre  que  les  ambassadeurs  de  Vostre  Majesté  luy 
rendront  m'engageanl  a  la  servir  en  ce  qu'il  sera  possible, 
j'estime  que  la  meilleure  preuve  que  je  luy  en  puisse 
donner,  est  l'envoi  de  mon  propre  neveu ,  qui  va  la  trouver 
avec  Tarmée  de  France. ,  .  » 


Arcli.  des  Aff.  étr.  Portugal,  l 
la  main  do  Charpentier  '. 


1,  fol.  lig  \°.    —  Minute  de 


«Je  remercie  M.  le  surintendant  de  ce  qu'il  m'a  faict  sçavoir 
ce  que  M"""  du  Hallier  luy  a  mandé  de  Nancy,  du  22  et 
du  26;  je  prie  Dieu  que  le  tout  soit  véritable ^»  Félicitation 
sur  «la  diligence  avec  laquelle  vous  expédiés  les  affaires 
j>ubliquemcnt  qnand  on  vous  on  envoie..  .  11  m'est  impos- 
sible de  ne  vous  tcsmoîgner  pas  la  i'acilité  que  cela  donne 
aux  affaires,  n 


Orifï 


-  Arch.  de  la  famille  Bouthilli< 


«Je  ne  sçaurois  croire  le  procédé  de  M.  do  Lorraine  que  je  ne 
l'ayo  vou  confirmé  par  ses  actions,  l'obligation  qu'il  a  au 
roy,  sa  parole,  sa  foy,  son  seing  et  son  seau,  le  tout  donné 
librement  en  divers  lieux ,  et  mosme  en  ceux  où  il  estoit 
maistre,  luy  ostant  tout  prétexte  pour  colorer  sa  conduite. 
Gouvernés-vous  en  sorte  que  la  mauvaise  résolution  qu'il 
pourroit  prendre  soil  le  moins  préjudiciable  au  service  du 
roy  qu'il  se  pourra...» 


Minute  de  la  main  de  Cherrë.    Arcli. 
t.  XXXII ,  pièce  i33. 


des   Aff.  étr.    Lo 


La  Gazette  du  39  juin  aunouçait  que  les  ambassadeurs  portugais  vecaiont  de  quitter  J'aris. 

-    Neveu  du  roi  de  Portugal.  [  Voy.  ci-dessus  ,  p.  794  ,  note  a  ,  où  on  le  nomme  Vimiose.) 

^  On  vient  de  voir  que  c-:  fut  seulement  vers  la  fin  du  mois  que  partirent  de  Paris  les  ambassadeurs  do  Portugal.  Cette 
lettre  doit  d'ailleurs  être  postérieure  à  une  antre  lettre  du  cardinal  au  rtii  Jean  IV,  datée  du  i5  juin  ,  puisque  Richelieu 
no  se  prévaut  pas  dans  celle-ci  de  l'envoi  de  son  neveu  avec  une  flotte  su.-  les  rotes  du  Portugal.  Richelieu  avait  bien 
donné  au  jeune  de  Brézé  l'ordre  de  pirtir  le  10  juin  (t.  VI ,  p.  798).  Mais  la  circonstance  du  départ  des  ambassadeurs 
portugais  à  la  fin  du  mois  donne  à  peu  près  la  date  de  la  présente  lettre,  ainsi  que  celle  de  l'envoi  du  jeune  de  Bréié. 

''  Au  bas  de  cette  minute  Charpentier  a  écrit  :  «  Faut  une  lettre  du  rcy  pour  le  marquis  de  Brézé  au  roy  de  Por- 
tugal, favorable,  qui  lesmoigoe  qu'il  s'asseure  qu'il  fera  d'autant  plus  d'estat  du  secours  qu'il  iuy  envoie,  qu'il  a  voulu 
qu'il  fust  commandé  par  le  neveu  du  cardinal  de  Richelieu ,   qui  luy  est  cher,  comme  il  peut  le  sçavoir.  i 

^  Au  moment  où  le  duc  de  Lorraine  donnait  de  nouveaux  mécontentements,  celte  dame  s'étiiit  mêlée  d'intrigues  à 
\anry.  Le  moment  iftait  critique,  c'était  ii  la  veille  de  la  prise  d'armes  de  M.  le  Comte.  Les  avis  arrivaient,  de  toutes 
parts,  je  citerai  seulement  ici  une  lettre  de  Henry  de  Saulx-Tavanncs  à  Chavigni  :  «La  princesse  Anne,  qui  se  fait 
appeler  M""  de  Guise,  partit  lundy  de  Bellegarde.  .  .  elle  a  dit  qu'elle  esjiéroit  demeurer  à  Namur  avec  M""  de  Bouil- 
lon, que  sou  mari  commanderoit  des  troupes,  qui  se  le^eroient  partout  où  on  en  pourroit  avoir,  et  que  ou  espéroit  des 
Liégeois  et  de  l'argent  d'Espagne,  pour  se  mettre  à  lu  campagne  dans  le  moi»  de  juillet ,  ou  du  moins  Jcffendre  Se- 
dan.. .  "  (  Aulographr,  Arcli.  dns  Aff.  étr.  France ,  iCzti,  six  premiers  mois,  fol.  454.  ) 


NON  .IMPRIMEES  DANS  LE  TOME   VI. 


289 


DATES 
al 

Lieux  DE  DATES. 


I64Î. 

8  juillet. 
De  Chaunes. 


/</«< 


8  juillet. 
De  Péronne. 


9  juillet. 
De  Chaunes. 


9  juillet. 
De  Péroiine. 


10  juillet. 


SUSCIUPTION 


DES   LETTRES. 


Pour    M.   le    surinten- 
dant des  finances. 


A  Messieurs  le  chan- 
celier et  le  surinten 
dant  des  finances. 


A  M.  l'arche vesque  de 
Bordeaux. 


A  M.  le  Prince. 


Au  maresclial  de  Chas- 
tillon. 


Pour  M.  de  Cha' 


Vigny, 


ANALYSES  DES  LETTKES 

ET  SODRCEb. 


«Vous  verres  '  comme j"ay  faict  oster  du  conlract  de  Mess,  du 
clergé  les  clauses  les  plus  préjudiciables  au  service  du  roy , 
dont  vous  m'avés  cscrit'.»  «Examinés  le  d.  conlract  et 
expédiés  ces  messieurs,  le  plus  prompleraent  et  lo  plus 
favorablement  que  le  service  du  roy  le  pourra  permettre.» 
Orig.  —  Archives  de  la  familie  Boutlullirr. 

«Messieurs,  ces  trois  lignes  sont  pour  vous  dire  qu'après 
avoir  veu  le  contract  de  Mess,  du  clerpjé,  qui  en  ont  osté 
ce  que  j'ay  estimé  qui  vous  pouvoit  blesser,  je  vous  prie 
de  i'exanuncr  promptement  et  de  n'y  faire  aucune  dilTi- 
culté  sur  les  choses  qui,  estant  avantageuses  au  clergé,  ne 
peuvent  estre  préjudiciables  aux  affaires  du  roy...  Sa- 
chant la  façon  dont  je  me  suis  comporté  en  cette  affaire 
pour  que  Sa  Majesté  y  trouvast  son  compte,  je  m'asseure 
que  vous  n'oublierés  rien...  à  ce  que  le  clergé,  à  ma 
prière,  y  trouve  raisonnablement  le  sien'...» 

Orig.  —  Archives  de  la   faroi!lo  Bouthillier. 

Bichelieu  rappelle  tout  ce  qu'on  a  fait  pour  donner  satisfac- 
tion aux  demandes  de  M.  de  Bordeaux;  et  il  l'avcrùt  des 
inconvénients  de  son  humeur  difficile  *. 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Soitp  de  Dupuy,  t.  XVIII,  fol.  ào-] .  — 
Imprimi-e.  —  Cornipondanct  de  SouriUê .  II,  64  >■  (Doc. 
inéd.  in-d^.} 

Le  s'  Feront,  ayant  perdu  un  vaissii^au  qu'il  commandait, 
doit  être  mis  en  jugement;  il  faut  l'envm'er  prisonnier 
dans  la  citadelle  de  Montpellier.  «Cette  afiaire  regardant 
le  service  de  Sa  Majesté  et  mon  intérest  particulier,  je 
vous  la  recommande  autant  que  je  le  puis,  n 

Arch.  de  Condé,  97.  Coinmontcation  de  M>'  le  duc  d'Au- 
male. 

Sur  la  défaite  de  la  Marfée.  Le  cardinal  adoucit  le  reproche 
autant  qu'il  peut  '. 

Copies.  —  Bibl.  imp  Bi'thune,  926^,  fol.  37.  —  Cinq- 
Cents  Colbert ,  131  ,  fol.  68  v*.  —  Imprimée.  —  Aubery 
Mém.  l.  V,  i-j8.  —Recueil  de  iSgô,  p.  338.  —  Le  P. 
GriSet,  //lit.  de  LoaU  XJI! .  t.  III,  p.  36à. 

...  Recommander  à  Monsieur  d'envoyer  promptement  ses  Le- 
vées au  roy.  Surtout  faire  ces  levées  avec  ordre*.. . 

Orig. —  Arcli.  des  AIT.  clr.  France,  1641,  six  derniers  mois, 
fol.  4a. 


'    Billet  servant  d'envoi  à  la  lettre  suivante. 

^  *  Dont  voos  ra'avés  escrit ,  >  ajoute  de  U  main  de  Richelieu. 

^  Richelieu,  avec  foo  habileté  ordinaire,  aprit  avoir  agi  avec  violence  dans  la  lutte,  devient  conciliant  lorsqu'il  a 
remporté  ce  qu'il  voulait.  C'est  luî-mcnie  qui  exhorte  le«  secrétaires  d'Etat  à  se  montrer  moins  difBcultucux.  (Voy.  t.  VI  f 
p.  844'845  ;  et  ei-apris,  p.  291  et  agS  ,  lettre  au  suiintendant ,  des  3  et  4  août.  ) 

'    Voy.  quelques  passages  de  cette  lettre  cités  en  noie,  t.  VI,  p.  Sh!i. 

^   Employée  en   note,  t.   VI,  p.   SSa  ,  note  1. 

''   Quelques  passages  sont  cités,  t.  VI  ,  p.  839  (  no'.e  2  )■ 


CARDIN.  DE  RICHELIEU. 


37 


290 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 


LIEUX  DE  DATES. 


SUSCniPTJON 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOUacES. 


1641. 

lo  juillet. 
De  Roye. 


1  2  juillet. 
De  Soissons. 


12  juillet. 


1  7  juillet. 
Rheims. 


'7  J 


uiHel  ' 


1 7  juillet. 
De   Reims. 


A    M.   le    surintendant 
des  finances. 


Pour    M.    le    surinten- 
dant. 


A  M,  de  Longueville. 


Le  roy  à  M""'  la  com- 
tesse de  Soissons. 


A  Madame  la  Comtesse 


Pour  M"  les  mares- 
chaux  de  Cbastillon 
et  de  Brézi^. 


a  Ce  billet  est  pour  prier  M.  le  surintendant  de  faciliter,  en 
tout  ce  qu'il  luy  sera  possible,  le  remboursement  du  prest 
que  M.  de  Chaunes  a  faict  au  roy  ;  tenant  la  main  a  ce  que 
les  assignations  qui  luy  ont  esté  données  soient  acquittées.  » 

Orig.  —  Ârch.  de  la  famille  Bouthillier. 

Richelieu  le  prie  de  favoriser,  de  tout  son  pouvoir,  les  pères 
de  l'Oratoire  pour  l'exemption  du  droit  de  l'entrée  du  vin 
à  Paris,  pour  ta  provision  de  leurs  maisons  de  la  rue  Saint- 
Honoré,  et  de  Saint-Magloire ,  conformément  au  privilège 
qu'd  a  pieu  au  roy  leur  accorder. . . 

Orig.  —  Arch.  de  la  famille  Bouthillier. 

Le  roi  ne  permet  pas  qu'on  rapporte  en  France  le  corps  du 
comte  de  Soissons'.  «Je  suis  extresmement  fasclié  du  mal- 
heur où  s'est  porté  M.  le  comte  ;  je  plains  extraordinaire- 
ment  M""  la  Comtesse;  je  prcndray  tousjours  part  autant 
que  vous-mesme  à  ce  qui  vous  touciie  comme  estant  de 
cœur  et  d'affection. . .  » 

Minute  (le  la  main  de  Cherrc.  —  Arch.  des   Aff.    étr.  France, 
ï64i,  six  derniers  mois ,  fol.  6i. 


«Ma  cousine,  la  douleur  en  laquelle  je  sçay  que  vous  estes 
me  fait  vous  dépescher  ce  gentilhomme  pour  vous  tesmol- 
gner  la  part  que  j'y  prends ,  et  le  desplaisir  que  j'ay  de  la 
faute  de  celuy  qui  s'en  est  rendu  la  cause.  Bien  que  je  ne 
le  puisse  plaindre,  je  vous  plains  extresmement,  et  suis  bien 
aise  de  vous  en  rendre  ce  tesmoignage. ..)' 

Minute  de  la  main  de  Charponlicr  '^.  —  Bibl.  irap.  Bélhune  , 
9337,  fol.  7,  et  9264 ,  fol.  i53  (  copie  peu  exacte).  —  Du- 
poy,  54g  »  f*jl-  371.  On  a  donne  à  cette  copie  la  date  du  16. 
—  Imprimée  :  Gazette  du  20  juillet,  p.  443. 

Condoléance  sur  la  mort  de  son  fils  ''. 

Minute  de  la  main  de  Chavigni.  —  Arch.  des  Aff.  etr.  France, 
i64i.  six  derniers  mois,  fol.  87.  ■ — ■  Copies.  —  Bibl.  imp. 
Bcthunc ,  9^64 ,  fol.  i34  ,  et  937a  ,  fol.  Sa.  —  Cinq-Cents 
Colbert,  iQi,  fol.  io5  et  487,  fol.  ao3.  —  Dupuy,  ôiig  , 
fol.  371  v".  —  Imprimée.  —  Aubery,  V,  i34-  —  Recueil 
de  1696,  p.  :'38.  —  Gazette,  p.  443. 

«  Mess,  les  généraux  auront  aujourd'huy  ou  demain  les  800 
Suisses  de  la  garde,  et  dans  trois  jours  700  chevaux  de  ren- 
fort, et  5  ou  6  jours  après  le  régiment  de  M.  d'Aumont.  Le 
canon  arriva  hier  à  RétheL,.  Je  les  conjure  de  ne  perdre 


'    On  peut  lire,  dans  la  Gazette  dn  i3,   l'article  qu'y  fit  mettre  Richelieu ,  p.  ii6, 

'^  Celle  note,  d'une  autre  main,  se  trouve  sur  la  minute  :  «  Ceïuy  qui  ira  trouver  la  d.  dame,  de  la  part  du  roy, 
luy  dira  en  ces  termrs  qui  suivent  et  rien  davantage  :  «Madame,  le  roy  m'a  commandé  de  voua  venir  trouver  pour 
vous  tesmoigner  le  desplaisir  qu'il  a  de  voslre  affliction  ,  selon  que  vous  le  verréa  par  sa  lettre,  qu'il  ne  peut  s'empes- 
cher  de  ressentir  pour  l'amour  de  vous. 


L^  minute  n'est  point  datée,  non  plus  que  la  plupart  des  copies  î    nous  proposons  la  même  date  que 


;clle   do.  la 


lettre  du  1 


copi 


î  de  Du- 


puy ( 


!  la  date  du  16. 


Cette  lettre  a  été  citée  dans  notre  tomo  VI,  p.  837 
gnovîlle  du  13  juillet. 


note  3  ,  niusi  que  quelques  passages  de  la  lettre  ù  M.  Je  Lo 


NON'IiMPRlMEES  DANS  LE  TOME   VI. 


291 


DATES 
et 

UBUX  OB  DATES. 


1641. 


18  juiHel. 
Heims. 


19  juillet. 
De  Reims. 


idem. 


20  jaillet. 
Reims. 


2 1  juillet. 
Reims. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTBBS. 


A  M.  de  LonguevUle. 


A  M.  i'archevesque  de 
Bordeaux. 


A  M.  de  la  Motte  Hou- 
dencourt. 


Pour    M.   le    surinten- 
dant ,  à  Paris. 


Au  duc  d'Épernon. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


aucun  temps  à  faire  faire  à  Rëthel  et  à  Chasteau-Porcieii 
les  travaux  nécessaires'.» 

Origiaal ,  papiers  île  Ij  maisou  de  Brczé  ^.  —  Copies.  —  Bilii. 
imp.    Béthune,   9264.   fol.  98  v".   —  Cînq-Ccnts  Colbert, 
■  Aubery,  V,  p.  i46.  —  Re- 


lai  ,  foL  84-  —  Imprimée. 
cuGÎi  do  1695,  p.   339. 


Lettre  donnée  en  note,  t.  VI,  p.  836,  dans  un  exposé  des 
incidents  qui  suivirent  la  mort  de  M.  le  Comfe  ^. 

Mioate  de   la   main  do  Charpenlîer.  —  Arcli.   des   AIT.  étr. 
FraDce,  iti4i<  six  derniers  mots,  fol.  96. 

«J'ay  esté  extrcsmement  aise  des  douze  gallères  qui  ont  esté 
bruslécs,  mises  à  fond^  ou  prises  par  vostre  soin  et  par  vos 
ordres. . ,  »  Détails  de  service,  et  nouvelles  des  aimées.  (  Un 
extrait,  l.  VI,  p.  8i3.) 

Orig.  —  BlbL  imp.  Suite  do  Dupuy,  t.  XVIII,  fol.  ia?.  — 
Imprimée. —  Correspondance  de  Soardis ,  H,  65o.  (Doc. 
ioéd.  in-4'-) 

Ardent  désir  du  succès  de  Tarragonne  '. 

Bibl.  du  Louvre*  mss.  d'Argenson  ,  F,  3a5,  t.  X, 


Copie, 
fol. 


36. 


Richelieu  répète  à  Bouthillier  ce  qu  il  a  plusieurs  fois  dit  à 
Bullion,  «que  les  postes  périssent  tout  à  fait,  cl  qu'elles 
ne  peuvent  estre  aucunement  reslablics  si  on  ne  les  faict 
jouir  de  l'exemption  qui  leur  a  esté  tant  de  fois  accordée 
et  pour  laquelle  mesme  ils  [sic]  ont  linaucé..,Y  pourvoir 
promptemenl  ainsy  qu'en  vérité  le  service  du  roy  et  la  com- 
modité publique  le  requièrent.» — «-l'ay  tousjours  estimé 
que  les  postes  et  les  prévosts  des  marescbaux,  et  les  archers 
estoient  privilégiez;  les  uns  courent  les  grands  cbemins  et 
les  autres  les  gardent.» 

Orig.  —  Arch.  de  ta  famille  Bonthillicr. 

Richelieu  le  félicite  de  sa  prompte  obéissance  aux  ordres  du 
roi  '  et  lui  souhaite  la  continuation  de  cette  bonne  dispo- 
sition. 

Imprimée.  —  Vie  liu  duc  d'Epernon  .  t.  IV,  p.  44o. 


'  Voy.  un  extrait,  t.  VI,  p.  83ô. 
*    '  Parmi   ces  papiers*  noDS  avons  va  trois   lettres  du  secrétaire  d'État  de   ta  guerre   au  beau-frère  du    cardinal.    De 
Noyers  lui  donne  des  eDConragemonls  et  des  nouvelles,  les  a4  »  38  et  3o  juillet. 

'  Ce  billet  semble  annoncer  quelque  disposition  à  l'indulgence ,  sous  certaines  conditions;  cependant  une  commis- 
sion pour  faiic  te  procès  à  la  mémoire  de  M.  le  Comte  est  datée  du  ao  juitlct ,  co  qui  peut  paraître  s'accorder  mal  avec  ta 
présente  lettre;  mais  it  est  probable  qu'en  attendaut  la  réponse,  et  ponr  l'obtenir  dans  le  sens  que  le  cardtaal  voulait, 
on  se  bâtait  de  commencer  une  procédure  ouï  pouvait  produire  ce  résultat. 

*   Lettre  notée  t.  VI,  p.  84o. 

'  Le  doc  d'Epernon  avait  rr^o  du  roi  l'ordre  de  quitter  aa  maison  de  Plassac  ,  où  il  était  déjà  relégué ,  pour  se  rendre 
à  Locbes;  U  il  pouvait  être  surveillé  de  plus  prèa.  Une  accusation  calomnieuse  lui  avait  imputé,  ainsi  qu'au  duc  de 
La  Valette,  d'avoir  tenté  de  corrompre  le  sieur  Dubuurg,  commandant  le  petit  fort  de  Socoa.  Mais  le  cardinal  ne 
s'était  pas  donné  le  temps  de  vérifier  l'accasatiou  ,  et  ta  coïncidence  de  la  révolte  du  comte  de  Soissoos  lui  persuada  que 
le  pIuB  pressé  était  de  mettre  le  duc  <rÊpernoQ  sous  la  surveillance  immédiate  de  l'autorité.  La  lettre  du  roi ,  dictée 
saus  doute  par  le  cardinal ,  commençait  ainsi  :  ■  Mon  cousin  ,  je  suis  bien  fasché  que  la  mauvaise  conduite  de  vostre 
fils  et  quelques  avis  que  j'ay  eus  de  Guyenne  me  donnent  lieu  de  vous  dire  que  je  désire  que  vous  quitliés  le  séjour  de 
Plassac. . .  "  Cette  lettre  est  également  imprimée  dans  ta  Vie  du  duc  d'Ëpernou  ,  p.  439. 


37. 


292 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


LIEUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 


DBS  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  SOURCES, 


IG4I. 

■J.2  juillet. 
De  Reims. 


;j3   juillet. 
De    Reims. 


L.3  juillet. 


■aH  juillel. 
De  Kéthel. 


2  août. 


3  aoùl. 
M(;zièrcs. 


Wei 


Four  M.  l'arclicvesque 
de  Bordeaux. 


A  M.  le  Prince. 


M.  de  Lorraine. 


«J'adjouste  '  ce  peu  de  lignes  à  la  dépesclie  que  je  vous  ay 
faîte...»  El  le  cardinal  l'informe  des  succès  obtenus  en 
Allemagne  et  ailleurs;  Richelieu  mandait  ces  nouvelles  le 
môme  jour  et  dans  les  mômes  termes  à  M.  le  Prince  ^ 

Or'g.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Diipuy,  t.  XVIII,  fol.  436. 

Levées  à  faire.  —  On  enverra  l'argent  pour  rembourser  les 
avances  '. 

Archives  de  Coudé,    fol.  loo.   Gomiuunicalion  de   M^''  le   duc 
d'Aumsle. 

«Après  ce  que  M.  de  6aint-Aoust  et  M.  Rolin  vous  portent, 
vous  ne  sauriés  douter  que  le  roy  vous  afFeclionne,  et  par 
vostre  bonne  conduite  vous  me  donneras  les  moyens  de 
vous  servir  auprès  de  Sa  Majesté.  « 

Mise  au  net  de  la  main  de  Cherré.  —  Arcli.  des  Aff.  étr.  Lor- 
raine, t.  XXXII,  pièce  i5o. 

Le  s'  Montant,  dont  le  frère  a  été  tué  au  siège  d'Aire,  de- 
mande la  charge  d'aide-major  du  régiment  des  gardes 
qu'avait  ce  frère,  Richelieu  le  recommande  vivement  au 
duc  d'Epernon,  qui  était  colonel  général  de  rinfantcrie. 

Imprimép.  —  Vie  du  duc  d'Epernon.  l.  IV,  p.  4^5- 

Le  s'  d'Aurimont  retourne  auprès  de  M.  de  Guitault,  ayant 
obtenu  ce  que  M.  de  Guitault  a  demandé  pour  lui.  Riche- 
lieu exhorte  celui-ci  à  continuer  le  soin  et  la  vigilance  qu'il 
apporte  toujours  à  la  garde  des  places  qui  lui  sont  com- 
mises. 

Orig.  —  Coniiiiunîc^itioii  de  M.  de  Guitault. 

Richelit'u  le  presse  de  s'accommoder  avec  le  clergé  ^.  —  5on 
atlliction  de  la  mort  de  M.  de  Coislin  '. 

Orig.  —    ArcIi.   des    Aff.    ^tr.    France,    six    derniers    mois, 
fol.    iâ4. 

Le  s'  Picaid,  trésorier  de  la  marine,  mande  qu'il  lui  est 
encore  dû,  des  assignations  des  gallères  de  l'année  der- 
nière, près  de  i  20,000  livres,  de  sorte  qu'il  ne  peut  payer 
entièrement  les  capitaines  des  gallères  «qui  ont  un  extresme 
besoin  d'estre  assistez;»  je  conjure  M.  le  surintendant  de 
contraindre  ceux  qui  doivent  les  i  20,000  livres  a  les  paver 
au  plus  tôt  au  s'  Picard. 

Orig.  —  Arcli.  de  la  famille  Boulliillier. 


Est  ce  ù  la  lettre  datée  du  19  que  celle-ci  est  ajoutée  ?  je  n'en  trouve  pas  d'antre,  à  ce  moment,  adressée  à  M.  di' 
liordeaux. 

"  Voy.  t.  VI,  p.  843,  note  3. 

^  Voy.  t.  VI,  p.  840,  un  extrait  de  cette  dépécîie. 

"    Extrait,  t.  VI,  p.  845,  note  a. 

^  Extrait,  t.  VI,  p.  85o.  —  Le  manuscrit  cité  aux  sources  contient  plusieurs  lettres  sur  cehe  mort  ;  tous  ceui  qui 
approcliaieiit  le  cardinal  en  témoignaient  un  vif  regret. 


Au  duc  d'Epernon. 


A  M.  le  commandeur  de 
Guitault ,  comman 
daut  pour  le  roy  aux 
isles  Sainte-Margue- 
rite et  Saint-Honorat. 


Pour    M.    le    surinten 
dant. 


[A  M.  le  surintendant.] 


NON  «MPRIMEES  DANS  LE   TOME  VI. 


293 


DATES 
et 

LIEOX  DB  DATES. 


1641. 

3  août. 
A  Amiens. 


U  août. 


Ix  août. 
De  Mézières. 


lo  août. 
Do  Mézières. 


1  2  août. 


I(Um. 


iG  août. 
A  Blérancourt. 


SLSCRIPTION 


DES  LETTRES. 


A  M.  do  Noyers. 


A  M.  le  surintendant. 


[A  M.  Tarcbevesquc  de 
Bordeaux.] 


[A  M.  le  surintendant. 


A  M.  d'Estrades ,  en 
mission  extraordi- 
naire en  Hollande. 

Le  roi  à  M.  de  la  Thuil- 

lerie ,     ambassadeur 
de  France  à  La  Haye 


Au  duc  d'EiM-riion. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    SOCBCBS. 


*t  ...Je  prie  M.  de  Noyers  de  renvoyer  une  lettre  à  M.  Boii- 
tbiUier  adressée  au  s'  d'Estrades  pour  le  desmander  ' » 

Miuutc  de  U  main  de  Charpentier.  —  Dépôt  de  la  guerre, 
t.  LXVI,  p.  88. 

Sur  l'atTaîre  du  clergé  que  Bichelieu  conjure  BoutfaiUier  de 
terminer  ^. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  .\rcli.  des  Aff.  ôlr.  France, 
sis  derniers  mots,  fui.   163. 

Longue  lettre  au  sujet  de  l'entreprise  de  Tarragone,  et  des 
besoins  de  l'armée  navale  commandée  par  l'archcvêtjue.  Je 
n'en  désire  pas  moins  le  succès,  dit  Richelieu,  que  s'il  y 
alloit  de  ma  propre  vie  ".» 

Orig.  —  BibL  imp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XVIII,  ïo\.  463.  — 
linprlrncc,  —  Correspondance  de  Svurdis .  II,  667.  (  Doe. 
inéd.  iu-i$**.} 

Donner  «une  bonne  assignation  à  M.  de  la  Chapelle  pour  le 
payement  de  la  récompense  des  gouvernemens  de  Char- 
leville  et  de  Réthel  qu'il  a  remis  entre  les  mains  du  rov.  » 

Orig.  —  Arch.  delà  faniille  Boutbillier. 

Presser  les  Hollandois  de  remplir  leurs  engagements  *. 

Orig.  —  Biiii.  imp.  ClairambaDlt,  Mêlantes.  697,  p.  85.  — 
L'a  duplicata  (envoyé  à  Chavigoi),  fol.  87. 

Dép^e  conforme  à  celle  qne  Richelieu  écrivait  le  même 
jour  à  M.  d'Estrades".  (Chiffrée.) 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Conlrr-sigoée  Bouthillicr.  Clairamhnult , 
Mélangea.  697»  fol.  91. 

•  Monsieur,  la  façon  obligeante  avec  laquelle  il  vous  a  pieu 
user  envers  moy  sur  lo  sujet...  du  s'  de  Montant"  me 
touche  si  sensiblement  que  je  ne  sçaurois  assés  vous  m 
remercier. . .  <• 

Imprimée.  —  Vie  Ua  duc  etV.pemon  ,  t.  IV,  p.  44^' 


'  il  s'agît  des  alTiiircs  di' M .  du  Nemours,  pour  lesquelles  il  cal  inutile  de  faire  venir  de  Hollande  M.  d'EstraïUs 
qu'on  avait  mandé.  On  peut  voir  ce  billet  que  j'ai  cité  presqne  tout  entier,  VI*  volume»  page  88u.  —  Mais  voici  ce 
que  je  \cui  faire  remarquer  ici.  Eo  marge  de  cette  minnte  dictée  par  Rîcbcliru  ,  je  trouve  une  note  de  de  Noyers  an 
s'  le  Roy,  aou  premier  commis,  pour  lui  dire  de  faire,  sur  cette  mntière,  une  lettre  qu'il  enverra  ensuite  à  Boulhillicr, 
qui  l'expédiera  à  M.  d'Estrades.  Ainsi  cette  lettre,  écrite  par  le  premier  commis  de  la  guerre,  xïent  en  réalité  du  cabi- 
net de  nicbflieu. 

'  Citée  CD  extrait,  t.  VI,  p.  846.      ■ 

'   Nous  avons  donné  plucieura  passages  de  cette  lettre  t.  VI ,  p.  S-lft. 

•  Extrait,  t.  VI,  p.  b6û. 

*  Notée  t.  VI ,  p.  860. 

'  On  a  vu ,  à  la  date  du  ï8  juillet,  p.  agi  ,  la  lettre  de  Richelieu.  Le  duc  répondit  :  >  Monsieur,  le  s**  de  Montant 
m'estant  venu  trouver  avec  une  de  vos  lettres,  par  laquelle  vous  me  demandei  en  sa  faveur  la  charge  d'aidc-major  au 
régiment  de»  gardes,  qui  a  \aqué  par  la  mort  de  son  frère,  je  u'ay  pas  receu  moins  de  joye  que  d'élonnemcut  de  voir 
qu'en  l'eitat  où  je  suis  il  me  reste  encore  quelque  chose  qui  \ou»  soit  agréable. ...  —  Le  duc ,  qui  ne  sentait  nul  pen- 
chant à  faire  plaisir  à  Richelieu  ,  mais  qui  ne  croyait  pas  possible  de  lu!  rrfuser  une  chose  qu'ii  la  rigueur  Richelieu 
pouvait  prendre,  laisse  percer  un  reproche  amer  sous  l'apparence  polie  d'une  exprrssion  malicieusement  étudiée.  Et  en 
elTct ,  le  vieux  duc  avait  été  aussi  blessé  que  surpris  de  voir  cette  confiance  de  Richelieu  à  solliciter  de  lui  une  faveur, 
do  ton  dont  il  aurait  pu  demander  le  prix  d'un  service  ,  au  moment  où  le  cardinal  accablait  d'une  ardente  persécution 
sa  famille  et  loi-niéaie.  Il  est  impossible  que  Richelieu  n'ait  pas  senti  la  roanvaise  grâce  île  la  lettre  du  duc,  nuis  il 
était  plus  commode  pour  ion  amaur-propre  de  la  trouver  obligeaate. 


294 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 

et 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIKVZ  DE  DATBS. 

DBS   LETTRES. 

BT  SOOnCES. 

1641. 

i(i  août. 
De  Ulérancourt. 

Pour    M.    le    surinten- 
dant. 

Ce  billet  est  pour  prier  M.  le  surintendant  d'exécuter  ce  que 
le  roy  a  promis  à  M.  de  Montbas ,  le  faisant  pourvoir  d'une 
des  charges  qu'avoit  feu  M.  de  Flcury.  —  Le  père  dudit 
s""  de  Montbas  désire  que  son  fils  continue  le  service  qu'il 
a  rendu  jusques  icy  au  roy  dans  ses  armées.  M.  Boulhillier 
verra  ù  adjuster  cette  afiairc. .. 

Orig.  —  Archives  de  la  famille  Bouthillier. 

16  août. 
BI(;rancourt. 

A  M.  de  Nicolaï,  pre- 
mier président  de  la 
cour  des  comptes. 

Richelieu    lui  recommande  de  favoriser  la  réception   d'un 
officier  à  la  Chambre.  (Un  s'  Dalibert.) 
Orig.  —  Archives  de  la  famille  Nicolai. 

18  août. 
De    Roye. 

A  M.  ie  Prince. 

«Escrivant  à  M"  des  Estats  du  Languedoc  pour  les  convier 
à  faire  fonds  en  leur  prochaine  assemblée  d  une  somme  con- 
sidérable pour  l'avancement  des  ouvrages  du  port  d'Agde, 
je  vous  suplie  de  les  y  vouloir  porter  autant  que  vous  le 
pourrés.»    ...La   province   en    retirera    grande    utilité... 
«Comme  c'est  une  affaire  que  j'ay  commencée  et  que  j'af- 
fectionne pour  leur  propre  bien,  vous  ne  m'obligerés  pas 
peu,  en  mon  particulier,  d'y  conlribuer.. .  ainsy  que  je 
vous  en  conjure. . .  » 

Orig.  —  Archives  de  Condé,  loi.  Comraanication  de  M^'  te 
duc  d'Aumale. 

2  1  août ,  au  soir. 
(De  Roye'.'] 

A  M.  Du  Piessis- Besan- 
çon. 

Il  prendra  la  peine  de  venir  demain  matîn  pour  dire  de  qui 
il  a  su  le  bruit  qui  a  couru,  que  M.  de  La  Motte  a  déiait 
les  Espagnols  eu  Catalogne. 

Orig.  —    N"  8i3  3u   Catalogoc   d'une    vente    d'anlographcs , 
faite  le  i5  mai   iS5à. 

27  aoust. 
A  Amiens. 

Le  roi  à  Madame  la  du- 
chesse de  Lorraine. 

«Ma  sœur,  je  ne  doute  point  que  vous  n'ayés  beaucoup  de 
desplaisir  de  la  mauvaise  conduite  de  vostre  mary...  ce- 
pendant vous  vous  asseurerés-  ..  que  les  extravagances  de 
vostre  mary  ue  vous  seront  point  préjudiciables'.» 

Minute  de  la  main  de  Cherrë.  —  Bibl,  imp.  Fonds  Béthune, 
9337,  fol.  72. 

i""  septembre. 
D'Amiens. 

Pour   M.    le   surinten- 
dant. 

«L'affaire  du  clergé  est  finie,  dont  je  suis   très-aise,  vous 
asseuranl  qu'elle  me  pcsoit  beaucoup  pour  les  difficultés 
qui  se  rencontroicnt  de  part  et  d'autre.  —  On  aura  l'égard 
qu'il  faut  à  l'aff'aire  de  Dauphiné,  donl  vous  m'avés  escrit. 
Nous  y  avions  desjà  pensé.»  —  Nous  espérons  de  bonnes 
nouvelles  de    Catalogne,   non    sans   crainte    de    quelque 
combat    naval.    Dieu    conduira    toutes    choses ,    s'il    lui 
plaist.» 

Orig.  —  Arcb.  de  la  famille  Boulhillier. 

Idem. 

îdem. 

Gratifications  accordées  à  quatre  membres  de  l'assemblée  du 
clergé  qui  ont  témoigné  du  zèle  '. 

Orig.  —  Archives  de  la  famille  Bouthiliier. 

*  Le  Catalogue  i 
'■^  Un  passage  es 
'  Voy.  la  note, 

net  Ruel  :  il  faut  qu'on  ait  n 
t  transcrit  p.  7^8  de  notre  te 
p.  864  du  VI'=  volume. 

al  lu,  le  cardinal  ^tait  le  18  à  Roye,  et  le  33  à  Amiens. 
mcVL 

NON   IMPRIMEES  DANS  LE  TOME  VI. 


295 


DATES 
et 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIEUX  DE  DATES. 

DES   LBTTfiSS. 

ET  SOCRCSS. 

1641. 

i"  septembre. 
D'Amiens. 

.A  M.  le  surintendant. 

«M.  Tévesque  de  Grenoble  m'ayant  prié  de  le  recommander 
à  M.  le  surintendant...  pour  le  payement  de  ses  appoin- 
tements du  conseil ,  je  le  fais  d'autant  plus  volontiers  par 
ce  billet  que  mondit  s'  de  Grenoble  a  tousjours  tesmoigré 
grande  aucctiou  pour  le  service  du  roy  '.» 
Orig.  —  Arch.  de  la  fainitle  Bonthitlicr. 

a  septembre. 
D'Amiens. 

Pour   M.    te    surinten- 
dant. 

Quarante  mille  livres  accordées  à  M.  Tévesque  de  Vabres 
pour  la  réparation  de  son  église  *. 

Orig.  —  Arch.  de  la   famUle  BoulhiHier. 

Idem. 

Au  chancelier. 

La  harangue  de  M.  l'évoque  de  Grenoble  nv  peut  estre  im- 
primée qu'après  cbrreclion  '. 

Imprimée.  —    Mèmoira  de  Montchal .  p.  739. 

/i }  septembre. 

(Au  roi  de  Portugal.  ] 

«Sire,  j'ay  reçeu  la  lettre  dont  il  a  pieu  a  Voslre  Majesté  de 
m'bouorer  par  dom  Dionis  de  Lencastre,  dépesché  secrè- 
tement de  vostre  j>art  *.  La  proposition  qu'il  a  faite  a  esté 
favorablement   entendue.»   (Promesse  d'assister  le  roi  de 
Portugal.)  ... «Ordres  ont  esté  envoyés  à  ce  sujet  au  mar- 
quis de  Grézé,  mou  neveu.» 

Arch.  des  Aff.  ctr.  Portugal,   t.  I,  fol.  117.  -   Minut.>  de  la 
maÎD  de  Charpentier. 

7  septembre. 

Au  chancelier. 

Au  sujet  des  difficultés   survenues  [>armi   les    religieux   de 
Cluny. 

Orig.   —   Bibl.  imp.  de   Saint-Pétersbourg,   collection   Dain- 
browskj.    Note  envoyée  au   ministère  de    riDstractioii   pu- 
blique, par  M.  LeoDxon-le-Duc,  Voy.  t.  111,  p.  î5î. 

5  septembre. 

A  M.  le  chancelier. 

Touchant  les  exigences  de  Messieurs  de  la  Sainte-Chapelle; 
le  cardinal  veut  que  M.  le  chancelier  y  uoppose  un  front 
d'airain  en  la  personne  d'un  Séguier.  « 

Orig.  —  Même  source. 

9  septembre. 
D'.Àmiens. 

A  .M.  l'archevesque  de 
Bordeaui. 

Lettre  de  reproches  *. 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Suite  de  Dupuy,  t.  XVIH ,   fol.  5o4.  — 
Imprimée.  —  Correâpondanct  de  Soaniis .    II!,   73'.   (Doc. 
iaéd.  in-^"- } 

1  o  septembre. 
D'Amiens. 

Jdem. 

Ré{>onse  aux  justifications  de  M.  de  Bordeaux  ^. 

Orig.  —  Bibl.   imp.    Suite  de  Dupuy.  t.  XVIII,  loi.  5oC. 

'   NolM  p.  864 
'  Copiée  1.  VI, 
'  Celle  haraogi] 

*  Le  roi  de  Por 
Hirholica ,  pour  a 
fol.  36  cl  io3.) 

'  Imprima  lUn 

•  A  fa  page  7 1 
'  Leltrc  notée  t 

du  VI*  votuiiic. 

p.  86Â  ,  note. 

e  a  été  mentioDDée  Jaii»  le  r 

tugal  l'avait  ainsi   qualifié  n 

créditer  ce  religieux,  qu'on 

s  Dotie  tome  Vl ,  p.   86  7,  n( 
o»t  uue  lettre  du  roi,  de  mi 

VI,  r  867     . 

ésumé  que  iious  avons  donné ,  t.  VI  ,  p.  863. 

lea  emhaxador  secreto .  dans   la   lettre  qu'il   avait    adressée  le  is  juin  k 
nomme  dans  une   autre  pièce  :  ficre  Dionii  dal  lnca$tro.   (Ms.  précité, 

te. 

me  date,  sur  le  même  sDJct. 

2»6 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATKS 
et 

LIEDX  DB  DATES. 


SLSCniPTlON 
DES  LETTBES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

FT   SOURCES. 


1041. 

1  7  septembre. 
De  Cbaunes. 


Pour   M.    le   surinten 
daiit,  à  Paris. 


Idem. 


1 9  septembre. 
[Chaidnes.  1 


Pour    M.    I.- 
dant. 


sunnten- 


[  Au  duc  de  Lorraine. 


Richelieu  le  félicite  de  sa  diligence.  «Moyennant  cela  et  le 
soin  que  vous  prenés  de  régler  vos  fonds,  j'espère  que  tout 
ira  bien.  —  Je  suis  bien  aîse  du  secours  que  vous  tirés  des 
trésoriers  de  Franco  et  des  secrétaires  du  roy  ;  et  de  la  dis- 
position en  laquelle  vous  estes  d'aydcr  et  de  iavoriscr  aux 
choses  justes  les  compagnies  souveraines  et  les  autres  corps 
du  royaume;  c'est  le  moyen  de  les  trouver  favorables.. . 
faites,  en  l'aflaire  des  aydes,  ce  que  vous  estiraerés  plus  a 
propos;  vous  recommandant  seulement  d'avoir  esgard  aux 
inlérests  des  particuliers  lorstpï'ils  seront  justes,  afin  qu'au- 
cun ne  se  puisse  plaindre  avec  raison...  Je  suis  bien  aise 
que  la  subvention  générale  s'establisse  '...  H  y  a  charité 
à  favoriser  \c  s'  Sabatier  ^,  en  ce  qui  ne  seroit  point  pré- 
judiciable aux  affaires  du  roy  '■  •  •  " 

Orig.  —  Arcli.  de  la  famille  Boulhillier. 

Richelieu  lui  recommande  d'acquitter  un  don  fait  par  le  roi 
à  M.  de  Chaumont  *. 

Archives  cte  la  faroiUc  Bouthillier. 


«La  conduite  de  Voslre  Altesse,  depuis  le  traité  de  Paris, 
m'avait  fait  résoudre  de  ne  me  mcslcr  plus  de  vos  affaires. 
Cependant ,  ce  que  vos  gens  m'ont  dit  de  vostre  part ,  m'a 
disposé  à  leur  faire  sçavoir  ce  que  j'estime  capabli;  de 
porter  Sa  Majesté  à  oublier  vostre  nouvelle  faute  " 


Mise  au  net  de  la  main  de  Cherré.  - 
raÏDC ,  t.  XXXII,  pièce   i86. 


■  Arch.  des  ACf.  étr.  Lor- 


Vers 

le  2  0?  septembre'. 


2  3  septembre. 
De  RueP. 


A  la  duchesse   de  Sa- 
voie. 


Pour    M.    le    surinten- 
dant. 


Lettre  de  compliments  à  l'occasion  de  la  prise  de  Coni.  «Les 
intérests  de  Vostre  Altes.sc  me  sont  aussv  chers  que  ceux 
du  roy...» 

Imprimée.  —  Auberv,  Mém.   V,    Aïo.  —   Recueil  de   i6g6, 
I,  34o. 


«Les  trois  cents  archers  de  Paris  m'eslant  venu  trouver  pour 
me  prier  de  vous  escrire  pour  la  conservation  de  leurs 
privdéges ,  je  vous  recommande  leur  bon  droit. . .  vous 
priant  d'y  avoir  l'égard  que  la  raison  et  la  justice  re- 
quièrent.» 

Oric.  —  Arch.  de  la  famille  Boulhillier. 


'    Voy.  t.  VI,  p.  8S-2. 

^  Voy.  sur  la  fortune  scandaleuse  de  cet  homme,  les  additions  au  VI*  volume  pour  la  page  769. 

^  Notée  VI*  volume,  p.  867-869  {note  i-a). 

*  Pièce  employée  t.  VI,   p.  86g,  noie  2. 

*  Celle  lettre  n'est  point  datée,  mais  c'est  la  réponse  à  une  missive  du  1 2  ,  p«r  laquelle  M*"*  de  Savoie  avait  an- 
noncé au  cardinal  le  succès  de  Coni.  {Orig.  ms.  de  Turin  ,  aux  Aff.  étr.  t.  XXXIV,  fol.  46i.)  —  Ce  mannscrit  conserve 
une  autre  lettre  sur  le  même  sujet  adressée  le  même  jour  par  la  duchesse  à  Mazarin. 

■^  Nous  trouvons  Richelieu  en  Picardie  durant  tout  le  mois  de  septembre;  faal-il  croire  que  les  trois  cents  archers 
de  Paris  soient  venus  jusque-là  le  chercher  ?  Faudrail-il  lire  novembre?  alors  Richelieu  ctjit  à  Huel.  Cependant  il 
convient  d'ajouter  que  Boulhillier  a  écrit  ou  dos  de  cette  lettre  :  «M.  le  cardinal,  a3  septembre  i64i.»  On  va  voir 
tout  à  l'heure  que  les  religieux  mendiants  de  Paris  sont  aussi  alléi  trouver  le  cardinal. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  TOME   VI. 


297 


DATES 


LiErX  DE  DATES. 


1641. 

(Avant 

le  29  septembre'. 

De  Cliaunes. 


29  septembre. 
D'Amiens. 


[Fin 
(!«■  septembre  '. 


8  octobre  *. 
D'Amiens. 


1 3  octobre. 
De  Cbaunes. 


1 8  octobre. 
De  ChauDCs. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


A  M.  le  surintendanV 


A  M.  le  surintendant. 


Le  roy  au  ducd'Orléans 


A  M.  le  comte  de  Gu^- 

hriant. 


Idem 


A  M.  le  Princ*'. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  SOURCES. 


«Messieurs  des  finances  n'ont  pas  jugé  à  propos  de  donner 
l'exemption  des  tailles  aux  maistrcs  des  postes,  mais  seu- 
lement d'augmenter  leurs  gages  de  cent  francs.  Je  prie 
M.  le  surintendant  de  les  faire  jouir  de  celte  grâce, 
moyemiant  laquelle  les  dits  maistrcs  des  jïosles ,  qui  vou- 
loient  abandonner  leurs  charges,  promettent  de  mieux 
servir  que  par  le  passé.  Cette  affaire  est  de  telle  impor- 
tance qu'on  n'y  sçauroit  pourvoir  trop  tost.» 
Orig.  —  Arcli,  de  la  famille  Boiithîliier. 

«Les  mandians  de  Paris  estant  venus  pour  la  seconde  fois 
me  trouver,  sur  le  sujet  de  leurs  exemptions  et  anticns 
privilèges  de  l'entrée  du  vin.. .  j'estime  raisonnable  de  les 
maintenir  en  leurs  d.  privilèges,  leur  accordant  à  raison 
d'un  muids  pour  chacun  religieux  ^.  En  leur  donnant 
moyen  de  boire  modérément,  je  leur  donneray  moien  de 
prier  Dieu  pour  la  santé  du  roy  et  la  prospérité  des  affaires , 
qui  m'est  plus  chère  que  ma  propre  vie.  » 

Orig.  lie  la  maio  de  de  Noyers.  —  Arcli.  de  In  fnmiUe  Bou- 
thilHer. 

Louis  XIII  expose  à  son  frère  les  raisons  qu'il  a  eues  de  faire 
arrêter  Saint-Preuil. 

Copie.  —  Bibl.  imp.  Footctte,  portefeuille  i3,  o*"  33.  — 
Impriméo  dans  l'trrest  fsit  de  la  personne  du  s'  de  Saint- 
Preuil.  —  Le  Vassor,  38i.  —  Notice  de  M.  Auguste  Jan- 
vier, p.  80. 

Compliment  sur  le  brevet  de  réserve  du  cordon  bleu  que  le 
roi  loi  a  donné. 

Copie.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Colbcrt ,  116,  fol.  17.  — 
Imprimée.  —  Hrtt.  de  Gaébriant  par  le  Labonreur,  p.  4ia. 

Félicitations  sur  le  commandement  de  l'armée  d'Allemagne 
que  le  roi  lui  donne  pendant  la  maladie  de  M.  de  Longue- 
ville. 

Copie.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Colberl ,  116,  fol.  31.  — 
Imprimée.  —  lUtt.  de  Gaébriant  par  le  Laboureur,  p.  438. 

M.  Le  Plessis- Besançon  lui  lera  connaître  les  ordres  du 
roi...  Faire  remplir  les  régiments  d'Anguien,de  Conty, 
de  Roquebrune,  de  la  Couronne,  de  Sérignan  et  d'Ëspe- 


'  Le  quantiimc  manque;  la  lettre  peut  avoir  été  écrite  du  i4  au  tS  ;  au  moius  trouvoos-iious  que  Kicbelieu  était  à 
Cbaunes  les  i4 ,  19  1  30 ,  34  et  a8  septembre. 

'  Boutbillier  répondit  le  9  octobre  qu'il  urenait  tout  de  bon  ce  que  le  cardinal  lai  avait  écrit.  Mais,  ajoate  le  surin- 
tendant,  'il    ne  faut  pns  accorder  la  mcsme  chose  anx  maisons   fondées;  les  révércod»  pères  jésuites  ont  demandé 


l'exemption    pour  leur  maison  professe  qn'ils  disent  vivre  d'aumosnes..  .  je  diray  à  Vostre  Éminenrc ,  pour  fin  de  cet 

*      oit  bien  sooslenue,  il  ne  faudroit  plus  guère  faire  d" 
'  (Arcb.  de*  Aff.    élr.    France.  1641,  six  dernier»  moi^ 


article,  que  si  la  révocation  des  privilèges  sur  les  aydcs  n'estoit  bien  souslenue,  il  ne  faudroit  plus  guère  faire  d'estat 
de  11   ferme,   qui    doibt    estre   la    seconde    du    royaume.  -..--—.-. 


fol.  401.) 

-^  La  date  manque;  mais,  Saint-Prettil  ayant  ét^  arrêta  la  ^4  leptenibre,  on  peut  sapposer  que  la  lettre  fut  écrite 
l'un  des  derniers  joort  de  ce  mois.  Oo  peut  se^cmander  dans  quel  bat  le  cardinal  a  fait  écrire  par  le  roi  cette  lettre  o 
Gaston,  si  ce  n'est  pour  avoir  un  prétexte  de  faire  publier  avec  éclat  le  sorn  qu'il  prenait  de  protéger  les  populations 
contre  l'oppressiou. 

*  L'Histoire  de  Gnébriant  donne  pour  date  18  octobre. 


CABDIN     DE   Rir.HKLttt. Vil. 


38 


298 


SOMMAIRES   DES   LETTRES 


DATES 


LIEUX  CE  DATES. 


•  SUSCRIPTION 


DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 
ET  sonncEs. 


1641. 


2  fi  octobre. 
Dr  r.liaiMies, 


•?.-j  octobre. 
Chauncs. 


A  .\!.  le  Pi-incc. 


Pour    M.    li;    surinten- 
dant. 


iian.  Faire  la  recrue  do  deux  régiments  de  cavalerie.  Fa- 
voriser celle  de  deux  régiments  aux  Cévcnnes  '. 

Orig,  —  Arch.  de  Gondc ,  i  i6.  Communication  Je  M*''  le  duc 
d'Aumale. 

Richelieu  lui  recommande  les    afiaires  de  Catalogne  et  tle 
t^oussillon.  —  U  lui  donne  des  nouvelles  de  sa  famille. 

Orig.  —  Arch.  de  Coude,  n"    io8.  Communication  tle  M^'  le 
duc  d'Aumale. 

M.  de  Noyers  vous  envoie  les  ordres  que  vous  désirez  pour 
faire  prendre  le  beau  CaniUac  ';  c'est  à  vous  d'y  faire  Ira 
vaiUer.  —  Je  me  remets  à  ce  que  vous  estimerez  devoir 
dire  n  M.  de  Nemours  \  —  «Je  suis  extresmement  fasché 
que  le  s'  de  Migenne,  vostrc  bon  parent,  ayt  voulu 
prendre  une  compagnie  dans  le  régiment  de  la  marine, 
pour  n'y  vouloir  j>oint  venir  cette  campagne.  Maintenant 
ce  n'ginienl  entre  dans  la  Basséo  avec  apparence  d'estre 
assiégé..  .  s'il  manque  encore  à  s'y  trouver  en  cette  occa- 
sion honorable,  vostre  consldt ration  faict  que  je  ne  luy 
demande  autre  chose  sinon  qu'il  me  remette  sans  bruict 
la  compagnie,  pour  csviter  la  cassation  que  le  roy  va  faire 
contre  ceux  qui  se  sont  conduits  comme  Iny. .  .  » 
Orig.  —  Arch,  de  la  famille  Bouthillicr. 

Je  suis  bien  aïse  de  IVtat  où  sont  les  affaires  de  mon  neveu. 

—  «iF^o  retour  de  mon  voiage  ne  doit  point  empescher 
celuy  que  vous  me  proposés  de  faire,  puisqu'il  y  va  du 
service  du  roy  qui  est  préférable  a  toute  autre  chose.» 

Arcli,  do  la  farailio  Bouthillicr. 

«J'ay  esté  très  aise  de  voir  vos  diligences  aux  affaires  dont, 
vous  m'oscrivés.  —  Je  suis  de  vostre  avis  au  (ait  de  M.  de 
La  Nauve;  j'en  parlay  hier  comme  il  falloit  au  petit  M.  de 
Nemours,  qui,  à  mon  avis,  est  un  perroquet  qui  dit  ce 
qu'on  luy  faict  dire.  —  La  première  fois  que  j'iray  à  Paris, 
M.  le  chancelier  présent,  nous  enlendrons  M.  de  La  Nauve*. 

—  J'attendray  le  mémoire  des  bénéfices  dont  jouissoil  feu 
M.  le  Comte." 

Orig.  —  Arch.  de  la  famille  Boulliillicr. 


'    Nous  avons  douiie  un  cuirait  de  cette  lellte  et  de  la  suivante  daii*  iiotïe  VI*  vol.  p.  885  et  887,  notes. 

^  Bouthillier  avait  écrit ,  le  5/1  ,  au  cardinal  une  lettre  qui  mcriie  d'être  remarquée ,  car  il  ne  s'agit  pas ,  comme  il 
semble  au  premier  abord,  d'un  Tait  isole;  ce  document,  joint  à  beaucoup  d'autres,  montre  Tcppositiou  que  ne  cessait 
do  rencontrer,  dans  les  provinces ,  l'administration  ilu  cardinal  ,  et  cola  jusqu'au  moment  où  son  œuvre  était  près  de  linir 
avec  sa  vie. .  .  «J'envoie  à  présent  ce  courrier,  écrit  Oonthillier,  pour  un  sujet  aussy  important  qui  est  que  la  subvention 
générale  estant  establic  en  toutes  bonnes  villes  d'Auvergne ,  par  le  soin  et  à  la  diligence  de  M.  de  Chaulnes,  très-habile 
et  courageux  maistre  des  requestes  ,  et  fort  homme  de  bien ,  nous  la  voyons  sur  le  point  d'estre  toute  renversée  en  ceslc 
province  par  l'insolenre  d'un  gentilhomme,  qu'on  appelle  le  beau  Canillac.  Sur  l'establissemcnt  que  M.  de  Chaolnes 
vouloit  faire  en  un  bourg  appartenant  a  son  frère  aîsnë,  qui  fist  faire  une  sédition  par  le  peuple...  M.  de  Chaulnes  a 
décrété  prise  de  corps  contre  le  baron  de  Canillac ,  mais  s'il  n'a  quelque  force  plus  grande  il  ne  le  peut  faire  exécuter.  .  . 
Ce  beau  Canillac  e^t  celuy  qui  tua  Vaitlac ,  comme  sçayt  vostre  Eminence  ;  il  a  faict  bien  d'autrr s  |  ires  actions ,  à  ce 
qu'on  dit,  que  celle-là,  pour  lesquelles  il  ne  pourroil  osviter  la  mort,  son  procès  luy  estant  faict..  .  Je  voudroîs  de  bon 
cœur  qu'il  fust  dans  la  Bastille,  qu'il  en  fust  quitte  pour  cela  ,  et  que  durant  son  séjour  nostrc  subvention  générale 
s'eslablist  tranquillement  dans  la  haute  et  basse  Auvergne.  •  (Copie  de  la  main  d'un  secrétaire  de  Boutbillier.  —  Arch- 
des  AiF,  étr.  France,  1  64  1  »  siit  derniers  mois,  fol.  436.) 

^   Voy.  ci-dessus,  p.  agS  ,  à  la  date  du  3  août,  et  ci-après  au  i3  novembre. 

"    Voy.  t.  Vï,  p.  87<|. 


3o  octobre. 
De  Liancourt. 


\  3  novembn 
!)p  Ruel. 


Idem. 


idei 


NON  IMPRIMEES   DANS   LE   TOME   VI. 


299 


DATES 


LIF.IX.   DE    DATES. 


1 .1  novembre. 
Dr  Rue!. 


36  novembre. 
De  Ruel. 


,')  novembre. 
De  Paris. 


I  décembre. 
De  Unel. 


1  o  dt-cembre. 
De  Ku.l. 


1  /î  décembre. 
De  Hue!. 


SUSCHIPTION 


DES  LSTTBBS. 


A   M.   le   Prit! 


A  M.  le  siiriiitenflant. 


A  M.  l'arcbevesque  de 
Bordeaux. 


Pour    M.    le    surinten- 
dant. 


A  M.  If  duc  d'E|>ernon. 


Pour    M. 
dan  t. 


If    suniiten 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  80VRCB5. 


La  petite  vérole   ne  doit  pas  empèciier  sa  famille  de  venir  n 
Paris  '. 

Orig.  —  Arcli.  do  ConcU- ,   117.  Comniunicatioii  de  M''  le  iluc 
d*Aumalp. 


Hicbelieu  répèle  que  si  le  s'  de  Migenne  veut  quitter  le 
ment  de  la  marine,  il  le  fera  agréer  au  roi  " 


«J'a 


rcgi- 
ven 


Testât  des  pensions  qui  ne  monte  que  2,800,000  livres; 
il  est  imj)arrait.  C'est  à  vous  de  faire  retirer  celuy  de  Tes- 
pargne  de  l'année  passée  sur  lequel  nous  verrons  ensemble , 
par  après,  ce  qu'on  en  pourra  oster. » 

Ofi^.  —  Arch.   de  la  famille  Boulhillier. 

Lettre  de  reproches  employée  en  notes,  t.  VI,  p.  868. 

Orig.  —  Bibl.  irnp.  Suite  de  Dupuy,  XVIII,  fol.  SSg.   -  Iiu- 
primce.  —  Corrc$pondance  de  SoardU  .  III ,  68. 

.  .  .«Il  sulfit  que  M.  le  surintendant  face  donner  asseurance 
a  M.  Rioland'  (pour  en  eslre  payé  un  jour),  de  la  somme 
de  f>,ooo  escus,  c|ui,  avec  rail  qu'il  luy  donnert  comptant. 
font  21,000  libres,  sur  ce  (pi'il  pourroit  prétendre  luy 
estre  deub.  Il  ne  faut  pas  s'embarcjuer  à  davantage  pour 
beaucoup  de  raisons  que  je  luy  diray  à  la  première  veue.  » 
Orig.  —   Aich.  de  la  famille  Bouthiltî'?r. 

«Le  s'  Girard*  vous  dira  la  facilitéqu'il  plaist  au  roy  vouloir 
donner  à  rcsclaircissement  de  la  calomnie  que  vous  avés 
descouverte  qu'on  vous  vouloit  vous  mettre  à  sus  '.  .  . 
Sa  Majesté  sera  bien  ayse  qu*une  sy  meschante  imposture 
soit  punie  comme  elle  mérite..  .  » 

Imprimée.  —   Vie  du  duc  d'Epernon  .  t.  JV,  p.  473. 

«Je  vous  prie  de  m'envoier  un  petit  estât,  que  je  vis  avant 
hier  entre  vos  mains,  des  diverses  despenses  (|ui  ont  esté 
faictes  en  Allemagne  depuis  que  le  roy  y  entretient  des 
troupes,  alin  qu'en  pénétrant  les  causes  delà  dift'érence,  on 
puisse  mieux  régler  les  dépenses  de  l'avenir. 
Orig.   —  Arch.  de  I.-1  fnmlllp  Boulliillit-r. 


'   J'ai  douiié  an  extrait  de  ce  billt-t  ptge  S85  du  VI*  volume.  « 

'   Vojr.  au  37  octobre,  p.   398. 

'   Médecin  de  la  reine  mèrv. 

*  C'était  U  lecrélaire  du  duc.  Celui-ci  avait  écrit  de  Loches  à  Ctia^tgui  ,  le  1  1  iiuvciubro  ,  à  l'efl'et  du  deuiander, 
pour  ce  Mcrétaire  1  atcès  auprès  du  cardinal  ,  ■  aflo  d'éclaircir  un«  calomnie.  ■  C'est  ce  secrétaire  aoî  écrivit ,  plus  tord  , 
la  Vie  de  d'Epernon  ,  ouvrage  où  il  est  trop  facile  de  voir  que  l'histurien  avait  été  doint^-ttique  du  héros. 

'  Un  nommé  Madaillan  ,  gentilhomme  de  Guyenne,  perdu  de  crimes,  avait  acrusé  le  duc  d'Epernon  d'ourdir  un 
complot  contre  la  vie  du  roi  et  coolre  celle  du  cardinal.  Nous  avons  trouvé  aux  AfTaires  étrangères  le  mémoire  envoyé 
aaiecrétaire  par  te  sieur  de  La  Rorbe ,  capitaine  des  gardes  du  duc,  sur  le^  coUtranien  de  cet  homme;  et  aussi  le  mé- 
moire que  le  lieur  Girard  rflmll  à  Chavigni.  (  France ,  six  derniers  mnis  de  16/11,  fol.  469  ol  ^70,)  La  calomnie  était 
manifeste;  le  roi  autorisa  le  duc  à  faire  arrêter  Madaillan  partout  où  il  pourrait  le  trouver,  »  comme  aiissy  ic5  nommés 
Le  Sege*  Boîsmartin,  Seoigouz  et  un  certain  Kcrivaio  ,  dcmearaDt  à  Lindc  en  Périgort ,  desquels  on  prétend  qu'il  se 
vent  servir  pour  une  telle  calomnie.  .  Cette  lettre  du  roi  porte  la  môme  date  que  celle  de  Bichclicu.  Madaillan  liil  pris 
■t  envoyé  dans  ta  prison  de  la  Conciergerie  ;  mais  il  ne  fut  condamné  et  ptini  qu'après  If.  mort  du  duc  d'I'îpernon ,  el 
aussi  après  celle  de  Uichelieu  ,  sur  la  poursuite  du  dac  de  ta  Valette ,  revenu  d'Angleterre ,  où  ou  se  souvient  qu'il  avait 
trouté  UD  asile,  lorsque  lui-même  ét3it  condamaé  à  avoir  la  tête  tranchée. 


38. 


300 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


I.IEl'X   DE  DATES. 


29  (iécembre. 
Do  Paris. 


.Décenibro.l 


[Vors  la  fin 
de  décembre.  I 


[Vers  la  Jiri 
de  décembre^.] 


SUSCniPTION 

SES  LETTRES. 


A  Madame  la  suriutcn- 
dante. 


Au  ro\. 


Au  cardinal  Barberini. 


A»  cardinal  Antoine. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


IG41. 

17  décembre.        Pour    M.   le    surînteo-     «..  .Japprouve,en  mon  particulier,  lous  les  retranchements' 
De  Ruel.  dant.  cju'il  m'a  proposez,  par  ïa  dernière  lettre  qu'il  m'a  escrite, 

et  qu'il  [sic]  trouvera  que  la  despcnso  d'Allemagne  de  cette 
année  ne  monte  pas  à  près  de  quinze  cents  mile  livres  de 
cp  qu'il  a  pensé.» 

Orig.  —  Arch.  de  la  famille  Boutliillicr. 

«Madame,  ayant  sceu  que  vostre  cher  fils  va  vous  visiter,  je 
n'ay  pas  voulu  le  laisser  partir  sans  l'accompagner  de  ces 
trois  mots  qui  vous  asseureront  de  la  continuation  de  mon 
allection  et  de  mon  service;  et  vous  feront  cognoîstre  que 
je  ne  croy  pas  que  vous  déviés  estre  sy  assidue  à  vos  bas- 
timens  que  vous  ne  veniés  passer  icy  le  reste  de  l'hvver, 
pour  plusieurs  raisons  qui  importent  au  conlenlement  de 
toute  vostre  famille..  .  » 

Orig.  —  Arcb.  des  Aff.  ctr.  France,  i64i,  six  derniers  mois, 
fol.  047. 

'(  Sire. . ,  j'ay  estimé  que  les  glorieux  succès  qui  sont  arrivés  à 
Vostre  Majesté  m'obligeoient  à  luy  faire  son  histoire. .  . 
non  seulement  j'amassay  avec  soie  la  matière  d'un  tel 
ouvrage,  mais  j'en  réduisis  une  partie  en  ordre. .  .  les  ma- 
ladies auxquelles  la  foiblessc  de  ma  complexion  s'est 
trouvée  sujette,  jointe  au  soin  des  affaires,  me  contrai- 
gnirent de  l'abandonner^..  .  j'ay  creu  qu'au  moins  je  ne 
pouvois  me  dispenser  de  laisser  à  Vostre  Aïajesté  (juelques 
mémoires  de  ce  que  j'estime  le  plus  important  pour  le 
gouvernement  de  ce  royaume,  sans  en  estre  responsable 
devant  Dieu..  ;  Cette  pièce  verra  le  jour  sous  le  litre  de 
mon  Testament  politique  "...  » 

IinprîiDce  à  la  tclc  du  «Testameot  politique   » 

Richelieu  le  remercie,  au  nom  du  roi,  de  la  part  qu'il  a  prise 
à  la  promotion  de  Mazarin   au  cardinalat  '. 

Imprimée.  —  Aubcry,  Mcm.  i.  V,  p.  544.  —  Recueil  de  1696, 
t,  Il  ,  p.  lÔg. 

Le  cardinal  Antoine  a  raison  de  se  réjouir  de  la  promotion 
du  cardinal  .Ma/.arin,  lequel  a  toujours  témoigné  une 
grande  passion  pour  ses  intérêts. 

Imprimée.  —  Aubcry,  Mèm.  t.  V,  p.  545.  —  Recueil  de  1696  , 
t.  II,  p.   iSg. 

'  BoulhilHer  avait  écrit  à  Richelieu  le  15  décembre,  et  proposait  de  commcucer  les  retrancbemeols  par  M"' la 
Comtesse,  a  Cet  exemple ,  eii  la  persouoe  d'une  princesse ,  fera  que  cliacuu  s'y  conformera.  ■  Lettre  rcmarquiLle  en  ce 
nui  toycbe  l'admiulstration  des  finances,  où  !e  cardinal  proposait  de  pauvres  expédients;  il  avait  du  moins  le  mérite 
<récouter  les  avîs  meilleurs  du  surintendant  et  la  francbise  de  reconnaître  très-»ponlancmr-nt  qu'il  s'entendait  peu  aux 
matières  de  finance.  Cette  lettre  se  trouve  en  copie,  de  la  main  d'un  secrétaire  de  Boutbillier,  aux  AIT.  étr.  France» 
iG4it  SIX  derniers  mois,  fol.  5i8. 

^  Il  s'agit  des  mémoires  do  Ricbelicu  ,  auxquels  en  effet  le  cardinal  n'a  pas  mis  la  dernière  main ,  et  dont  il  n'a  pas 
mémo  terminé  la  première  ébauche,  puisque  le  manuscrit  original,  conservé  aux  Archives  dos  affaires  étrangères, 
s'arrête  à  la  iïn  de  i63îi. 

^  La  date  mauque,  mais  Richelieu  ta  donne  lui-même  implicitement  dans  le  premier  chapitre  du  Testament,  con- 
sacré à  l'histoire  du  roi,  et  où  le  dernier  événement  dont  il  fasse  mention  est  la  mort  da  cardinal-iofaot ,  qui  cessa  de 
vivre  le  9  novembre  i64i>  Cela  a  donc  été  écrit  au  plus  tôt  à  la  fin  de  ladite  année. 

*  La  promotion  avait  eu  lieu  le  16  décembre. 

*  Même  date  qu'à  la  lettre  précédente. 


NON   IMPRIMÉES   DxVNS  LE  TOME   VI. 


301 


LIBII  DE  DATES. 


1641. 


SUSClilPT10\ 

DES   LETTRES. 


A... 


ANALYSES  DES  LETTRES 
ET  sonacES. 


1  janvier. 


Au  premier  prûsideiil 
de  Nicolaï*. 


27  janvier. 

f  1642*.] 


[Vers  la  fin 
de  janvier  '.] 


An  cardinal  Barberini. 


A  M.  Mazarin  (à  Rome), 


«Mon  petit  médecin  m'importune  de  lelle  sorte  que  sa  mé- 
lancolie, sa  Iristc  figure  et  sa  raison  me  font,  comme  je 
fais,  vous  prier  par  ce  biUtt  de  trouver  quLl(juc  repli  en 
son  affiire  par  lequel  il  puisse  avoir  cantenteraent;  car,  si 
ce  petit  bonhomme  perd  sa  noblesse,  il  perdra  l'usage  de 
la  raison ,  et  la  vie,  qui  est  nécessaire  à  la  conservation  de 
la  mienne,  que  j'eraploïeray  tousjours  à  servir  mes  amis, 
et  vous  parliculièreifient.n 

Imprimée.  —  Les  rjuatre  saisons  da  Parnasse  .  nutomiie  ,  an  xiT 
(180Ô)  '. 


1642. 

«Monsieur,  ayant  trouvé  bon  que  Tun  de  mes  secrétaires  ^ 
qui  vous  rendra  la  présente  eust  l'honneur  d'avoir  une 
charge  en  voslre  chambre,  je  prends  In  plume  pour  vous 
conjurer  de  le  favoriser  en  sa  réception,  et  d'emplojer  à 
cette  fin  voslre  crédit  sur  la  compagnie  dont  vous  estes 
chef,  en  ce  qu'elle  le  traitte  favorablement  en  ma  consi'.lé- 
ration.» 

Arch,  de  la  famille  de  Nicol«i.  —  Original. 

«Monseigneur,  je  ne  sçaurois  assez  louer  le  zèle  que  \'oslre 
Kniinence  me  tesmoignc  avoir  pour  l'Angleterre.  !-c  mau- 
vais estât  auquel  y  est  la  religion  et  la  considération  de 
la  rcyne. .  .  sont  des  motifs  trop  puissans  à  ce  que  je  n'en 
sois  pas  touché. .  .  j» 

Arch.   de»  Aff.   élr.  Espagne,    t.  LXXVI  ,  fol.  3-2.  —  Minute 
de  la  maio  de  Cherré. 

Le  comte  de  Fiesqne,  envoyé  par  M.  le  duc  de  Parme. 
explique  les  alarmes  causées  par  les  dispositions  du  Pape, 
et  rembarras  que  suscitent  à  ce  prince  les  conseils  de  la 
France,  pernicieux,  selon  lui,  pour  sa  personne  et  ruineux 
pour  son  état..  .    M.  de  Lyonne  est  chargé  de  dépêches 


'  On  De  dit  ni  i  qtiï  cette  leLtrc  est  adressée ,  ni  où  elle  a  été  prise  ;  nous  n'avons  donc  pas  de  preuve  de  son  authen- 
ticité ;  maîa  aussi  elle  n'est  pas  de  celles  qu'un  Tatissaire  ait  intért-l  <rimagioFr.  Nous  la  donnons  sous  cette  réserve.  On 
a  mis  en  tète  an  mot  qui  en  explique  le  sens  :  «Billet  du  cardinal  de  Richelieu  en  fnveur  de  M.  Citoys,  son  médecin, 
pour  la  noblesse  de  la  mairie  de  Poitiers.  ■ 

^  La  famille  de  Nicotaî  était  en  possession  depuis  plus  d'un  siècle  et  demi  de  la  première  présidence  de  la  cour  des 
comptes  ,  et  l'a  conservée  longtemps  encore  après. 

'  C'était  Cherré ,  qui  fut  en  effet  nommé  conseiller  maître  te  1 6  janvier,  charge  dans  laquelle  sou  fils  loi  SDCcéda  en 
1681.  Un  mknoscrit  de  la  Bibliothèque  de  Sorbonne  (M.  S.  h.  il,  31,  fol.  9)  dit  ■Pierre  Cherré  l'aisné.  • 

*  Cette  lettre*  dont  la  date  est  sans  millésime,  a  été  classée  fautivement  eu  16^1;  elle  doit  se  rapporter  û  In 
dépêche  du  même  jour,  ay  janvier  (i64a  ),  adressée  au  marquis  de  Eootenay-Mareuii ,  ambassadeur  à  Rome.  {Tome  VI , 
p.  894.)  Il  est  évident,  par  la  dépêche  à  laquelle  nous  renvoyoni ,  qne  Richelieu  ,  en  déplorant  le  triste  état  des  alTaires 
d'Angleterre ,  ne  jugeait  pas  à  propos  de  rien  faire  poar  y  remédier.  Et  comme  le  pape  alléguait ,  à  ce  sujet ,  les  intérêts 
de  la  religion,  Richelieu  troavait  là  un  moyen  de  récrimination  contre  le  Saint-Siège,  qu'il  ne  pouvait  décider  à  s'iiuir 
i  U  France  pour  combattre  les  Espagnols  et  leur  imposer  une  paix  telle  qu'il  entendait  la  faire.  Cette  pensée ,  que  Riche- 
lieu évite  d'exprimer  dans  l'insignifiante  lettre  qu'il  écrit  an  cardinal  Barberini ,  est  clairement  expliquée  par  ta  dépêche 
envoyée  i  M.  de  Footenay-Mareatl. 

^  Les  isiprimés  no  donnent  point  de  date  ii  cette  lettre ,  que  je  ne  trouve  pas  manuscrite  ;  elle  doit  être  de  la  fin  de 
janvier  ;  le  comte  de  Kiesque ,  parti  après  l'excommunication  du  duc  de  Parme ,  qui  est  do  1 3  jnnvier,  et  avant  l'arrivc? 
de  Lionne  lequel  dut  être  à  Paime  vers  le  16  ou  le  17,  arriva  sans  doute  à  Paris  avant  la  fin  du  mois.  (Vov.  t.  VI , 
p.  $91  f  le  nota.) 


-J 


302 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 


LIKVX  DE  DATES. 


1642. 


3  iévrier. 
Fontaînoblrati. 


8  février. 
A  la  Cliarifé. 


n  février. 
Ne  V  ors. 


1  !\  fi'bvrii'r. 
De  Varpnncs. 


■1%  iévnrr. 
i)f'  \"al<-nc.', 


SCSCbIPTiON 

DES  LETTRES. 


[A  M.  (le  Noyers. 


A  M.  le  Prince. 


A  M.  le  comte  de  Gué- 
briaiit. 


A  M.  le  Prince. 


Pour     M. 
danf ,  à 


le    surinten- 
Paris, 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET    SOURCES. 


«circonstanciées  comme  il  faut.»  Le  cardinal,  en  recon- 
naissant la  puissance  temporelle  du  Pape,  craint  qu'on  ne 
l'exagère  dans  cette  affaire  de  Parme. 

Inifrimce.  —  Aiiîiery,  l.  V,  p.  ÔJÎy.  —  Recueil  tir  1696  ,  t.  II , 
p.  i63. 

Le  roi  voulant  traiter  favorablement  M.  de  ISlaiicmesiiil  , 
président  en  sa  cour  de  parlement  de  Paris,  lui  a  permis 
cle  se  démettre  en  faveur  du  s'  de  Novion  son  fds,  à  con- 
dition que  le  père  exercera  encore  ladite  charge  pendant 
dix  ans. 

Minule  de  la  main  cle  Chcrrc,  —  Dépôt  de  la  guerre  ,  t.  LXXI  , 
pièce  ail. 

«Monsieur,  la  crainte  qu'a  Sa  Majesté  que  les  olEciers  d'ar- 
mée qui  sont  à  Paris  y  mangent  inutilement  leur  argent, 
au  lieu  de  l'employer  à  faire  leurs  recreucs,  faict  qu'elle  m'a 
commandé  de  vous  escrire  t[ue  vous  les  en  fassiés  sortir  au 
plus  tosl.»  Les  d.  officiers  doivent  aller  à  leurs  garnisons, 
i(  chose  du  tout  uêcessairc  pour  bien  faire  réussir  cette  cam- 
pagne de  deçà ,  tandis  que  nous  allons  travailler  à  la  faire 
Donne  vers  fEf 


ispagne.  » 
Orig.   —  Arch.dc  Condé, 
d'Aumale. 


iç).  CoiDQiunîcaliou  de  M^'  I 


«Monsieur,  je  ne  sçaurois  assos  vous  lesmoigner  la  joyc  que 
j'ay  du  gain  de  la  bataille  que  vous  avés  remj>ortéc  ',  tant 
pour  la  gloire  des  armes  du  roy  que  pour  vostrc  honneur 
propre...  n'y  ayant  personne  qui  vous  aymc  et  estime 
plus  que  moy,  qui  suis. .  .  » 

Copie.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Cents  Colbcrt ,  116,  fol.   -ib.    — 
Imprimée.  —  Hui.  de  Guébriant  par  le  Laboureur,  p.  ^ôg. 

Richelieu  l'invite  à  bien  rétablir  les  régiments  de  cavalerie 
et  d'infanterie  d'Anguin  et  de  Conti,  qui  sont  en  Pious- 
sillon ,  et  ses  compagnies  de  chevau- légers  et  de  gen- 
darmes.—  «Sa  Majesté  vous  escrit  pour  n'oublier  rien  afin 
d'arrester  le  cours  des  duelz.w  —  Grand  combat  arrivé  en 
Roussillon. 

Orig.  • —  Arcb.  rie  Condé,  120.  Coiu  mu  ni  cation  de  M^'  le  duc 
d'Auiuale. 

«  Eloigné  comme  je  suis. . .  et  veu  le  peu  d'expérience  que  j'av 
'  dans  les  affaires  de  finances,  il  me  seroit  imj)ossible  de 
juger  si  on  doit  recevoir  ou  rejeter  la  nouvelle  enchère 
faite  sur  la  ferme  générale  des  aydes;»  mais  Sa  Majesté 
avant  remis  à  M'*  de  son  conseil  de  faire,  en  son  absence, 
ce  qu'ils  jugeront  plus  à  propos  pour  le  bien  de  son  service, 
«Sa  Majesté  approuvera  tousjours  ce  qu'ils  auront  résolu  à 
la  pluralité  des  voix;»  n'envoyés  donc  pas  à  la  cour  pour 
cela...  d'autant  plus  que  je  veux  mesnager  la  despence 
de  vos  courriers. 

Orig.  —  Arch.  de  la  famille  Bouthitlier. 


Lal.iaail 


df  Kf'mncn  ,  gagnée  sur  Lambov,  en  janvier. 


NON  IMPRIMEES   DANS  LE  TOME   VI. 


:w6 


DATES 


LlEl'I    DK   DATES. 


1042. 

?.S  février. 

Valence. 


I  ;i  mars. 

iy\gd.-. 


i  <)  m:irs. 
I)'-  Narhonne. 


I  tf  man. 
Narbonne. 


SUSCRIPTION 

DES   LETTRFS. 


io  mars. 
I)<'  Narbonne. 


A  M.  l'archevesqu 
Bordeaux. 


Pouvoirs  donnés  à  M, 
d'Aîguebonne. 


A  M.  d'EHacl.. 


A  M'"  le  duc  d'Oriéans 
frère  unique  du  roy. 

A  M.  !c  Prince. 


[A  M.  BoutbUlier.j 


ANALYSES  DKS  LETTRES 

ET  SOURCES. 


Maigre  ses  bonnes  dis|)ositioiis  pour  M.  de  Bordeaux,  le  car- 
dinal ne  peut  approuver  sa  conduile  s'il  arrive  qu'elle  soit 
répp(5iiensible  '. 

Minute  do  Ja  main  de  Cltaippiilicr.  —  Arcli.  des  AIT.  clr, 
France,  1G42  ,  de  janvier  en  raay,  fol,  68.  —  Imprimée.  — 
Corrftpond'incede  Sourdit .  t.  III, p.  1  01 .  (  Doc.  inéd.  in-4°-) 

Le  roi  voulant  donner  U  la  maison  de  Savoie  de  continuels 
témoignages  de  son  affection  ,  les  princes  cardinal  et  Tho- 
mas de  Savoie  reconnaissant  que  leur  réunion  avec  Ma- 
dame et  la  bonne  intelligence  de  toute  celte  maison  avec 
le  roi  de  France,  est  le  seul  moyen  de  la  tenir  en  s[)!eu- 
deur,  Sa  Majesté  consent  qu'un  traité  .soit  passé  sur  ce  point , 
cl  elle  a  donné,  à  cet  eflfet,  plein  pouvoir  à  M.  d'Aigue- 
bonne,  son  ambassadeur,  conseiller  en  ses  conseils  et  ma- 
réchal de  camp  en  ses  armées. 

Orijf.  —  Parchemio  ,  signe  Louis;  conlre-signé  Phelypeaux. 
fiibl.  iiiip.  Foods  fr.  7064  .  dernièrn  pièce  du  volume. 

Le  roi  lui  envoie  l'ordre  d'échanger  le  maréchal  Horn  contre 
Jean  de  X^'ert,  avec  toute  la  courloisic  possible,  et  tle 
témoigner  au  d.  maréchal  l'eslime  que  le  cardinal  fait  de 
sa  personne. 

Imprimer.  —  Mêm.  concernant  tT Herlach ,  t.   III,  p.  .H. 

ï.cltre  de  compliments  sur  une  indisposition  du  Prince. 

Orig.  —  Bibl.  imp.  Balute,  pap.  des  arm.  lett.  paq.  1, 
n"  1*  foL  96. 

«Le  parlement  ayant  faïct  quelque  difHcalté  de  vérilier  la 
déclaration  que  le  rov  leur  a  envoyée  sur  le  don  de  la 
régale  qu'il  a  accordée  aux  évesqaes  aux  mcsmcs  considé- 
rations que  M''  de  la  Sainte-Chapelle  en  jouissoîl,  je 
vous  prie  de  vous  trouver  au  parleniejil  loisqu'on  délibé- 
rera sur  la  jussion  envoyée  par  Sa  Majesté,  afin  d'en  faci- 
liter, par  vostre  authorilé  cl  vostre  adresse,  la  vérificalioa. . . 
M.  le  chancelier  vous  fera  entendre  la  justice  de  celle  af- 
faire, d'autant  plus  importante  qu'elle  est  avantageuse  au 
salut  des  âmes. . .» 

Ofig.  —  .Arch.  de  Condc,  iia.  Communication  de  M^'  le  duc 
d'Aumale. 

«Il  a  été  expédié  pour  les  dépenses  de  la  mer  de  l'année  der- 
nière une  ordonnance  de  /if)7,ooo  livres,  dans  laquelle  est 
compris  327,000  livres  deubz  au  s*^  Loppès,  j)Our  avances 
qu'il  a  faites  pour  le  service  du  rov;»  je  prie  M.  le  surin- 
tendant de  donner  une  bonne  assignation ,  «soit  sur  la  nou- 
velle création  des  oCTtciers  du  Chastelet,  ou  autre  nature  de 
deniers  aussy  pronipts  a  recevoir,  n'estant  pas  raisonnable 
que  le  d.  s'  Loppez,  qui  s'est  engagé  de  tous  costez,  et  qui 
est  passé  par  stîs  créanciers ,  j)éris5e  pour  avoir  servi  Sa  Ma  ■ 
jesté  sur  ma  parole. . .  » 

Orig.   —  Arcli.  delà  famille  Bonthtllier. 


Vo*.  l.  VI,  p.  878,  noie  : 


304 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 


LIEUX  DE  DATSS. 


1642. 

[  \'crs 
le  mois  d'avril  ' 


2  avril. 
De  Narbonne. 


lo  avril. 
De  Narbonne. 


[Vers 
leioou  ]  2  avril*. 


SUSCRIPTIOX 

DES  LBTTnBS. 


Au  maroschal  de  Brézë, 


A    M.  le  marcschal  de 
Gnébriant. 


A  M''  h  duc  d'Orléans. 


A  M.  BoulhiHier. 


ANALYSES  DES  LETïnES 

ET  SOURCES. 


Joie  de  Kiclielicu  d'avoir  vu  par  les  lettres  de  M,  de  Brézé  «le 
ressentiment  qu'il  a  pieu  au  roy  tesmoigner  avoir  de  mon 
mal.»  Le  cardinal  remercie  aussi  son  beau-frère,  «cognois- 
sant  vostre  bou  naturel...» 


Imprimée.  ■ —    AnberV) 
1696  ,  t.  II ,  p.  )  i4- 


Mém.    t.    V, 


«Monsieur,  je  ne  sçaurois  vous  tesmoigner  la  joye  que  j'ay 
de  ce  que  vostre  mc^rite  et  l'estime  que  le  roy  faict  de  ceux 
qui  vous  ressemblent  vous  ont  mis  en  main  un  baston  de 
roaresclial  de  France.  Si  j'y  ay  contribué  pour  quelque 
chose,  ce  n'a  est**  que  par  mes  vœux...» 

Copie.  —  Bibl.  ioip.  — Cinq-Cpiits  Colbert,  t.  116  ,  fol.  29  ^. 
—  Iinprinice.  —  Iliat.  du  mareschal  de  Gaébriant  par  le  La- 
boure-ir,  liv.  VIII,  p.  488.  —  Le  P.  Griffel,  Histoire  de 
Loais  Xm.  l.  III, .p.    438  '. 

Uemcrciment  sur  ce  que  Son  Altesse  Royale  lui  a  envoyé  le 
s""  de  Belloy,  pour  avoir  des  nouvelles  de  sa  santé.  «Les 
asscurances  qu'il  m'a  données  que  celle  de  \  ostre  Altesse 
est  au  point  que  ses  serviteurs  le  peuvent  souhaiter,  m'ont 
causé  tant  de  joye  qu'elle  est  capable  de  me  faire  recouvrer 
entièrement  ia  mienne. . .« 


.  — Bibl. 


Iialuzc,pap.  (les  arin. 


paq. 


,  fol.  98. 


.Après  lui  avoir  parlé  de  son  mal,  Bichelieu  ajoute  :  «Je  suis 
bien  ayse  d'avoir  cogneu,  par  vostre  lettre,  la  façon  avec 
laquelle  M""'  d'Anguyen  est  entrée  au  lieu  où  elle  est,  ce 
qui  me  faicl  espérer  qu'elle  continuera  à  y  vivre  de 
mesme  '.  » 

Imprimée.  —  Aubery,  Mém.  t.  V,  p.  496.  —  Recueil  de  i6g6, 
t-  II,  p.  94. 


'  La  date  manque;  elle  esl  ici  asïcz  iiidinéreiile.  Je  classe  cette  lettre  en  avril,  au  momcut  uù  la  sanlé  de  Richclieo 
donnait  do  nouvelles  iaquiëtudes,  et  où,  en  même  temps,  M.  de  Breze  pouvait  être  auprès  du  roi  ,  pendant  la  cam- 
jtague  du  RoussilloD. 

^  Ricbelieu  fait  avertir  par  un  P.  S.  qu'il  ne  peut  signer  «  à  cause  de  l'incommodité  de  son  bras.  «  f  Voy.  t.  VI ,  p.  goi.) 

'  Le  P.  Gridet  rpmart[ue ,  en  citant  cette  lettre,  que  le  ton  modeste  que  prend  ici  Richelieu  lui  était  peu  ordinaire, 
et  il  explique  cette  singularité  par  le  besoin  qu'avait  le  cardinal  de  se  garder  contre  les  mauvais  ofllces  que  le  grand 
écuyor  lui  rendait  alors  aupiès  du  roi.  Nous  avons  vu  maintes  fois  que  cette  modestie  apparente  a  toujours  été,  aa 
fontiaire ,  dans  les  habitudes  de  Ricbelieu ,  seulement  il  se  ménageait  aussi  d'ordinaire,  comme  en  cette  circonstance , 
une  compensation.  Ainsi ,  en  même  temps  que  le  cardinal  écrit  à  M.  de  Guébriant  qu'il  n'a  contribué  à  sa  proinotiou 
que  par  des  vieux,  Chavigni  et  de  Noyers  écrivent  au  marécbal  qu'il  ne  la  doit  qu'à  Richelieu,  et  l'on  et  l'autre  s'ac- 
quittent de  celle  commission  nvec  une  chaleur  passionnée  qui  fait  mieux  ressortir  encore  la  modestie  du  cardinal. 

'  Madame  d'Enghicn  entra  aux  Carmélites  le  mardi  1"'  avrils  la  lettre  de  Boutbillier  qui  en  informe  Richelieu  dut 
être  écrite  presque  aussitôt;  on  peut  donc  proposer  vers  le  10  ou  le  1  a  pour  cette  réponse  du  cardinal,  que  les  imprimés 
ne  datent  pas  ,  et  dont  je  n'ai  pas  trouvé   le  manuscrit. 

^  Mademoiselle  de  Brézé  était  mariée  depuis  un  peu  plus  d'un  an  (  le  1 1  février  i64  1  ).  Le  prince ,  auquel  ce  mariage 
avait  été  imposé,  el  dont  l'amour  était  aitleors,  continuait  des  habitudes  de  vie  qui  ne  plaisaient  pas  à  son  père  : 
"M.  d'Anguien,  écrivait  {le  g  mars)  notre  fidèle  correspondant  Henry  Arnanid,  part  dans  peu  de  jours  pour  aller  à  la 
cour.  (La  cour  alors  était  eu  Roussillon.]  M^'' le  Prince  le  presse  exlresmement.  Il  ne  veut  point  qu'il  soit  avec  M"*  la 
Princesse;  et  voudroit  l'empescher  de  voir  ces  messieurs  qui  le  voyent  ïe  plus,  comme  M'*  de  Coligny,  d'Andelot , 
marquis  de  Pisani ,  cl  la  Moussaye.  »  On  voulait  mettre  à  l'abri  de  toute  séduction  ,  pendant  l'absence  du  mari ,  cette 
jeune  femme, (|ui,  elle  non  plus  ,  n'avait  pas  fait  un  mariage  de  cœur.  «  !\I.  le  cardinal  et  M.  le  Prince,  dit  encore 
H.  Arnauld ,  dusireut  que,  pendant  l'absence  de  M.  il'Anguin  ,  M"""  sa  femme  deracnre  aux  Carmélites  de  Saint-Denis; 
de  quoy  elle  n'est  nullement  satisfaite.  «  Mais  on  ne  consulta  pas  son  inclination  ,  et  elle  se  résigna  ,  s'il  en  faut  croire 
!a  lettre  suivante  adressée  par  Ricbelieu  à  la  supérieure  du  monastère  de  Saint-Denis.  En  effet  elle  avait  été  menée  au 
couvent  avec  une  espèce  de  corlége  d'honneur  :  <■  M""  d'Anguin  est  dans  les  Carmélites  de  Saint-Denis  de  mardi;  elle 
y  fut  conduite  par  M'"*  la  Princesse,  M"'  de  Bourbon  ,  M™*  d'Esguillon,  M""'  la  Surinlendanto ,  M"*  de  Rambouillet  el 
M.  de  Longueville.  u 


NON   IMPRIMÉES  DANS  LE  TOME   VI. 


305 


LIEUX  DE  DATES. 


1642. 

[Vers 

ic   1  O  OII   12 


avril- 


:  2  avril. 
A  Narbonne. 


2y  avril. 
De  Nàrhoniic. 


G  aiai. 


SUSCHIPTION 

DES    LETTRES. 


A  lasuptrieuru  des  Car- 
mélilcs  de  Saint  De- 
nis. 


Le  roy  a  la  reync  d'An 
glelorre. 


A  M^'  ie  duc  d'Orléans, 


I*  A  M.  de  Noyers.  1 


A    M.    le   comte    d'Es- 
trades. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


î-T  SOIRCLS. 


a  Je  ne  jwuvois  pas  faire  un  plus  digne  choix  que  celuv  do 
vostre  maison  pour  la  relraitttt  de  M"'°  d'Anguyen,  ma 
niepce,  en  l'absence  de  son  mary,  tant  pour  les  bonnes 
qualilës  que  je  sçav  de  longue  main  qui  sont  en  voslre 
personne,  que  |)0ur  la  piété  des  âmes  que  Dieu  a  commises 
a  vostre  soin.  ."  lUchelicu  se  réjouit  de  la  facilité  que 
montre  la  jeune  duchesse  «à  suivre  les  senlimens  de  ceux 
{[ui  désirent  autant  son  bien  qu'elle  mesme, ..» 

Imprimée.    —    Aubcry,   Mém.    V,    455.    —  Recueil    Je   i6i)C, 

11.  4i- 

U  on\oie  à  celte  princesse  un  gentilhomme  au  sujet  de  sa 
sortie  d'Angleterre  :  «Je  vous  avoue,  lui  dit-il,  (pic  celte 
sortie  m'a  grandement  surpris  '.  craignani  que  par  la  les 
catholiques  demeurent  exposés  à  rabantlou.»  Le  roi  lui 
exprime  son  déplaisir  du  mauvais  état  de  ses  affaires.  "Je 
veut  croire,  ajoule-t-il,  que  Dieu  en  prendra  une  protec- 
tion parliculière. ..» 

Minute  de  ia  inuiit  t!e  Clicrré.   —  BibL   iiup.  ijctliuiie,   gSSj. 
fol.  3i. 

Joie  qu'a  eue  le  roi  de  celle  que  Son  Altesse  lui  a  lait  lémoi- 
gner  par  M.  le  comte  de  Brion,  à  roccasion  «des  avantages 
qu'il  a  pieu  à  Dieu  de  donner  aux  armes  de  Sa  Majesté, 
en  ces  (utarticrs. . .  Je  vous  rends  très  humbles  grâces  de  la 
part  qn  il  \ous  plaîst  m'y  donner,  laquelle  je  sçay  ne  mé- 
riter nullcmcul..    « 

Orig.  —  Bibl.  imp,  Baluze,  pap.  des  arm.  lelt.  paq.  i,  n"  i, 

fol.     111. 

«M.  de  Nismes  d'à  présent  m'envoie  avertir  que  le  viril 
évesquc  de  \ismes,  M.  de  Toiras,  est  mort,  e(  demande 
au  roy  l'abbaye  de  Saint-Gilles  qu'il  posscdoit...  c'est  le 
moven  de  mettre  à  son  oise  le  pauvre  M.  deNismcs,  qui  le 
mérite  bien  ^,  et  je  vous  prie  de  la  demander  a  Sa  Majeslt'-.  » 
—  Il  avait  une  autre  abbaye.  Longvilliers  dans  le  Bon- 
lonnois;  «s'il  pl^ist  au  roy  en  graliHier  M.  l'abbé  d'An- 
mont...  c'est  un  très  honneste  gcntilliomme  et  bon  ecclé- 
siastique. K 

Orig.  Je  la  main  de  Charpentier.  ^  MftDuscrit  du  caliint-t  de 
M"  le  duc  d'Aumale. 


Touchant  les  intrigues  de  Cinq-Mars  contre  Uichelieu  (j'en 
ai  donné  un  fragment,  t.  \I,  p.  917,  note  2  )  ;  le  car- 
dinal charge  en  outre  M.  d'Estrades  de  représenter  au 
prince  d'Orange  de  (juclle  importance  il  esl  qu'il  joigne 
promptement  ses  troupes  a  celles  du  maréchal  de  Gué- 
briant,  pour  s'opposer  aux  impériaux,  commandés  par 
Lamboy  et  Axel.  «Comme  vous  pourrés  avoir  besoin  d'ar- 
gent pour  distribuer  aux   personnes  qui  contribueront  a 


'   La  r* ine  d'Angleterre  écrivait  -rers  ce  Diêine  tcmp»  û  M**  de  Sainl-Gcorgc4  une  lettre  d'amie ,  où  elle  eiprimaît  h 
léair  el  l'espoir  de  rclourDcr  bioatût  en  Augletetrc.  [  l'onds  Bélhuiic  ,  (jSi^  ,   fol.  jt.}  —  (La  datti  tnaiiquc,  ) 
*   il  avait  aervl  de  son  mieux  dans  la  récente  assemblée  du  clereé. 


déair  el  l'cspo..  — . _,^„.„.  ^„  ....g.-.v..^.  ^ .  „... 

*   il  avait  aervl  de  son  mieux  dans  la  récente  assemblée  d 
Sor  la  date,  voy.  t.  VI,  p.  91**,  note 


CARDIN.   DK  niCHEI.IRU. 


39 


306 


SOMMAIRES   DES  LETTRES 


LIF.rx   DE   l>ATRfi. 


i!Vi2. 


h  juin. 
Agde. 


,  ■>  juin. 
Tronlignan. 


SUSCniPTION 


i>ES  letthes 


Au  cardinal  cIo  I.voii. 


Au  niaresclial  deiïrezO. 


A  M.  \o  Prince. 


An  niaresclial  do  Guiche. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


i'aire   réussir   los   yil'airos  qiii   sont  entre  vos   mains,  j'ay 
donne  une  IcUre  de  change  de  cent  mil  livres  à  Dalidor, 
adressante  au  s"^  Matthieu  Ilocuft  à  votre  ordre...  J'attenrls' 
de  voslre  savoir  faire  un  bon  succez,  et  je  le  rcgarfleray 
comme  un  eflcct  de  ramilié  que  vous  avés  pour  moy  '.  ..d 

Copie.  —  BihI.  inip.  Giairambaull  ,  Mêlantes.  G97,  p.  179. 
Imprimée.  —  Ambattade;  et  lu-gociattont  de  M.  le  cvmte  d'Es- 
trntlcê,  etc.  p.  65.  —  Fiagiuent  imprime  par  le  P,  GrilTct  , 
Histoire  de  ioals  XIH ,  t.  III,  p.  448- 


Lellrc  de  compliments,  au  sujet  de  l'intérêt  que  le  cardinal 
de  l-yon  porte  à  sa  sanlc;  il  Tinforme  du  nouvel  incident 
«d'un  abcès  percé  celte  nuit.»  J'ose  vous  asscurer,  diaprés 
les  médecins,  qu'il  n'aura  aucune  mauvaise  suite;  c'est  ce 
dont  je  conjure  la  bonté  divine  et  vous  do  croire ,  e"c. . . 


Imprimée 
ii3. 


Aubery,  Mêm.  V,  fjio.  —  llccucil  de   l'îyG  ,  Il , 


«  Vous  avant  mande  par  une  de  mes  lettres  que  l'incommodité 
de  mon  bras  m'empeschoit  de  la  signer,  je  ponsois  avoir 
esté  au  dcvaiit  de  la  peine  que  ce  manquement  causeroît 
à  vostre  esprit;  mais  celte  précaution  n'ayant  pas  eJté  ca- 
pable de  guérir  vostre  appréhension  ,  je  ne  puis  l'attribuer 
qu'à  l'excès  de  voslre  afiection  en  mon  cndroict ^. ..« 


Imprimée.  —  AukeryT  Mcm.  V, 

ii3. 


.  —  Recueil  ile  1696  ,  il  , 


Quelques  mois  de  politesse  tur  ce  que  le  Prince  s'est  informé 
di!  la  santé  du  roi  et  de  celle  du  cardinal.  «Je  ne  sçav  pas 
(lui  vous  peut  avoir  mandé  qu'on  a  icv  parlé  désavanta- 
geusen-.cnt  de  vous;  mais  je  vous  puis  asseurcr  que  cela 
n'est  pas  venu  jusques  à  moVi  qui  prends  trop  do  part  à 
vos  intéresls  pour  souffrir  aucune  chose  où  ils  fussent 
engagez. . .  » 

Orig.  —  Arch.  de  Condc  .  ii3.  Communication  de  M^'  Je 
duc  d'Aumale. 

Lettre  de  consolation  sur  la  perte  de  la  bataille  de  Honecourt  '. 

Copies.  —  Bîbl.  imp.  Cinq-Cerils  Colbrrt,  l.  Il,  fol.  34i  ^. 
—  Fond»  Dupuy,  58i.  —  Foiitanieii ,  portefeuille  485- 
486.  —  Imprimée  ,  avec  de  légères  varia  oies  ,  dons  l'Histoire 
de  Louis  XIII  ,  du  P,  GrifTet  (  III ,  458) ,  qui  donne  h  date 
dii  6. 


'   Voy.  t.  V,  p.    88.^. 

*  Voy.  une  lettre  écrite  le  ménif  jour  ii  de  Noyers,  t.  V|,  p.   917. 

^  M.  de  Brézé ,  qui  était  d'une  excessive  susceptibilité,  sVtaît  sans  doute  plaint  de  ce  qu'une  lettre  de  Richelieu  lui 
était  parvenue  sans  signature;  il  était  assez  étonnant  qu'il  en  eût  oublie  la  cause,  c'est  ce  que  semble  faire  entendre 
l'ironie  transparente  soiis  la  politesse  de  celte  lettre  du  cardinnl.  Les  imprimés  n'en  donnent  point  la  date,  mais  nous 
ta  trouvons  dans  la  «circonstance  de  l'abcèB  percé   la  nuit  précédente.   (Voir  t.  VI,  p.  917. 

''   Employée  en  noie,  t.  VI  ,  p.  936. 

*  Comprise  dans  une  relation  manuscrite  de  In  bataille. 


NON  IMPRIMEES   DANS   LE   TOME   VI 


307 


DATES 

et 

LIEUX   DE   DATE». 


SUSCRIPTION 

DE5  LETTBG^. 


ANALYSES  DES  LF.Ïl  KES 

ET  SOURCES. 


10/12. 

De  Mitr  illa 


Pour  M.  cIp  \overs,  se- 
crêlaîre  HVslal  ;  a 
l'armée  '. 


lu  juin. 
D'Arles. 


1  U  juin. 
De  Tarascon. 


A  M-'  le  duc  d'OHfians. 


[A  M.  de  ^oye^s. 


[  Seroiide    moitit^ 
de  juin*.'] 


23  juin. 
Tarascoir. 


A  Mudamc  d'Effial. 


A  M*'  le  duc  d'Orléani 


Le  canlinal  n'a  rien  à  mander  que  ce  rju'd  écrit  au  roi.  Il  est 
en  peine  de  la  maladie  du  P.  Sîrmond.  —  Faire  lever  des 
Iroupes  par  M.  de  Longueviïle.  —  Quant  à  l'arrûl  du  par- 
lement contre  M.  de  Miossans,  «le  roy  est  le  maisire. .. 
vous  hiy  dires  que  je  n'ay  antre  volonté  que  les  siennes.» 
—  ^  Le  roi  jugera  s'il  faut  renvoyer  le  régiment  de  Basion 
en  Picardie,  ou  le  laisser  venir  ici.  —  M.  Mazariu  dit  que 
le  s"^  de  Varcnnes  et  plusieurs  ordinaires  sont  allés  faire  des 
levées  en  Anjou,  il  vaudrait  mieux  les  envoyer  en  Picardie 
<(u*ici. . . 

Ortf{iii.il  de  la  main   do  Clierré.  —  Manuscrit    du    cabinet   de 
y\t'  le  duc  d'Âunialc. 

Bicbelieu  espère  que  Dieu  lui  renverra  sa  santé  entière; 
•  elle  me  donnera  Ucu  de  me  rendre,  par  mes  actions, 
digne  de  toutes  les  faveurs  qu'il  vous  a  pieu  me  deppartir 
sur  le  sujet  de  ma  maladie. ...» 


Original  de  ]a  main  de  Chcrré.  —  Bibl. 
arm.  Ictt.  paq.   l,  o'  i»  p.  loe. 


BaluK 


,  p;«p. 


Avis  de  desseins  des  ennemis  sur  la  Provence  et  les  îles  Sainte- 
Marguerite;  faire  munir  ces  îles...  «Je  ne  doute  pas  que 
M.  de  Guitaut  ne  fasse  ce  qu'il  doiL..»  Riclielieu  attend 
l'accomplissement  de  ce  que  lui  a  annoncé  le  frère  de  M.  de 
Mauruy  '. . . 


Original  de  la  roain  de  Charpentier, 
de  M''  le  duc  d'Aomale. 


-  M.inuscril  du  cabinet 


Le  cardinal  accueillerait  sa  supplication  si  son  fib  n'était  cou- 
pable (|u'envers  lui  ( Biclielieu) ,  «mais  Testant  d'une  infi- 
délité inimaginable  envers  le  roy.et  d'un  l>arty  qu'il  a  formé 
pour  troubler  la  prospérité  de  son  régne,  en  fiveur  des 
ennemis  de  cet  estât,  je  ne  puis  en  façon  (|Uclconqne  me 
mesler  de  ses  affaires,  selon  la  prière  ^uv.  vous  m'en  iaîcles. 
Je  supplie  Dieu  qu'il  vous  console  »  et  vous  de  me  croire. . .  » 

Imprimée.  —  Aubcry,  Mém.  V,  455.  Recueil  de  i6y6  ,  II ,  ào. 

Riclielieu  le  remercie  des  nouvelles  asseurances  que  lui  donne 
Son  Altesse,  de  son  affeclion  ;  «Vous  ne  les  sçauriés  dep- 
partir à  personne  qui  vous  honore  plus  que  moy  ^...y> 

Original  de  la   main   de  Clierré.  —  Bibl.   imp.    Baluse ,  pap. 
des  arm.  Ictt.  pacj.   i,  ii"  i,  fol.   loa. 


'    Le  mûntc  jour  5  juin  ,  Richelieu  arrivait   an  roi    un«  lettre  oii  il  disait  1  peu  près  les   mimes   choses  avec  plus  de 
dAail.  (T.  Vï,  p.  936.) 

'  Ce  qui  suit  se  trouve  dans  le  manuscrit  snr  un.  feuillet  séparé,  mais  c'est  évidemiccnt  U  suite  de  l'autre  pièce. 

*  T.  VI,  p.   t(35  ,  sous-note. 

*  Lettre  non  datée  dans  les  imprimés.  On  oc  peut  proposer  qu'une  date  approximative  t  partant  du  jour  où  M"**  d'El- 
fiut  a  dû  être  instruite  de  l'arrestation  de  «on  fils,  qui  eut  lieu  le  i3  juin. 

*  Extrait,  t.  VI,  p.  g'àt  (note). 


39. 


308 


SOMMAIRES  DES   LETTRES,   ETC. 


DATRS 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTnKS 

LrEi;X  tE  DATES. 

DRS  LETTRES. 

RT  SOCnCES. 

10/i2. 

27  juin. 

Pour  M,  (te  Noyers,  se- 

«M. d'Krlac  moscrit  pour  Ir  faire  payer  du  li^gal  que  feu 

De  'l'arascott. 

crétaire  dVslal. 

M.  do  Weymar  iuy  a  ordonné  par  son    teslamcnl,»   ainsi 
que  d('  fournitures  qu'il  a  faites  aux  lrouj)es  de  M.  de  Lon- 
gueville;  <(mande/--moi  si  vous  y  avOs  pourveu ,  et  ce  qiin 
vous  Iuy  avés  rcspondu,  alin    ([ue  je  hiy  escrive  confor- 
mément, n 

Original  <lc  la  main  dp  Cltarpciilicr\  —  Manuscrit  de  M^*"  le 
duc  trAumaÎp. 

28  juin. 

A  M.  .l'Krlach. 

"Bien  que  Testât  auquel  M.  voslre  neveu  m'a  trouvé  ne  me 

\)c  Tarascon. 

permette  pas  encore  d'escrire.je  ne  puis  le  laisser  retournrr 
vers  vous  sans  vous  lesmoigner  ma  joie  des  bonnes  nou- 
velles qu'il  nous  a  apportées;  il  \ous  dira  le  contcnlement 
du  roy. ..   M.  de  Noyers  respond  parfaitement  à  ce  que 
vous  m'avés  escrit.  .') 

Iniprimcc.    —    Mémoires    cijncernant    M.    le   gênerai   d'Erlach  . 
t.  m,  p.  5o. 

;in  juin. 

A  M«'  le  duc  d'Oriéans. 

hichelieu  l'invite  à  compléter  ses  aveux,  «c'est  à  Vostre  Al- 

])p Tarasron. 

tesse  d'achever  et  à  ses  serviteurs  à  supplier  le  roy  d'user, 
en  ce  cas,  de  sa  bonté  en  voslre  endroicl  '..  « 

Orijj.  —  Bibl.  imp.  Balusf,  pap.  des  arm.  Ull.  paq.  1,  n"  1, 
fol.    io4.  —  Copie.   —  Sainl-Gcrniain ,    iO'.»3,  fol.  5i.  — 
Impriiat'C.  —  A/cm.   de  Montrésor.  t.   I ,  p.  167.  —  Hist.  (la 
ministère  Jn  cjrdinal  de  RtehcliiU  ,  par  Jay,  1.  11 ,  p.  2o3. 

Idem . 

A  M.  le  Princf . 

Richelieu  ne  doute  point  de  sa  joie  pour  la  découverte  de  la 
conspiralion   di;   Cinq-Mars,  et  lui   adresse  de   nouvelles 
protestations  de  dévouement.  «J'espère  que  Dieu  me  fera 
la  grâce  de  me  rendre   ma   sajité  assez   bonne   pour  me 
donner  autant  de  lieu  de  vous  servir  que  j'en  ay  et  aurav 
tousjours  le  désir -. ..« 

Orig.  —  Apcli.  deCoodé,    la^.  Coroniuni-^alion  de  X'-'  le  di;r 
d'Aiima'e. 

•  Extrait,  i.  VI 
'  Notcp  ) .  VI ,  r 

,p    gSa   (note  «l  sous-nole] 
.    ao3. 

SOMMAIRES   DES   LETTRES 


DONT  LE  TEXTE  N'EST  PAS  COMPRIS  DANS  LE  TOME  VH. 


i>\TES 

SCSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTAES 

LIEVX  £>E  DITES. 

DES  I.ETTAE». 

BT  SOORCKS. 

i04i. 

[  Con»  inenci'men  l 

Ali  prince  Thomas. 

Félicitations  sur  la  paix  conclue  par  les  princes  de  Savoie 

dejuillol.l 

avec  ïa  duchesse  leur  belle-sœur  et  avec  le  roi.  —  Riche- 

lieu lui  représente  que  son  intérêt  est  de  servir  les  intérêts 

de  la  France,  aussi  bien  que  par  le  passé  il  a  servi  ceux 
d'Espagne.  Le  choix  que  le  roi  a  fait  de  M.  de  Longueville 

dont  il  est  l'allié  pour  commander  l'armée  française  en  Italie 

lui  doit  être  agréable  '. 

Imprimée. —  Aubcrv,  Mém.  t.  V,  p.  Soi- —  Hccucil  de  itigG, 

..11,  p.  .7.. 

Idem. 

A  la  (luclie^so  »i<-  Savoie. 

Sur  le  traité  fait  avec  les  princes  si's  beaux-freres,  et  au  sujet 
du  dnc  de  Bouillon  '. 

Itaprimce.   —    Aubery»    A/tm.     l.   V,    p.     jii.    —   Recueil    do 
1G96,  t.  1,  p.  3ii. 

9  juilK-t. 

Au  mareschal  de  Scbom- 

Reniercîmenl  de  l'alfection  qu'il  tesnio'gnc  par  sa  lettre.  Invi- 
tation a  venir  à  Tarascon,  aussitôt  qie  le  siège  de  Perpi- 

Tarascon. 

berg. 

gnan  sera  iini'. 

IiDnriu)c«.  —  AuLery,  JWt/n.  t.  V,  p.  aia.  —  Recueil  de  i6g5, 
p.  aio. 

1  7  juillel. 

Four  M.  dt'  Cliavignif 

M.  !e  maréchal  de  lirézé  ayant   écrit  que  les  bains  sont   Ir 
seul  remède  à  son  mal,  je  lui  mande  qu'il  y  peut  aller, 

Tarascon. 

sccr(ilaire  d'eslat. 

quand  vous  l'aurez  informé  que  l'aCTairc  de  AÎonsicur  sera 

accommodéo;je  vous  prie  de  lui  écrire  quand  il  pourra  s'v 

acheminer. 

Original   de   ]a    iiiain  de  CliarpenLier.   —    Arcti.  des   AIT.  etr. 

Frince,   16^1  ,  juin-aout ,  fol.  336. 

É<j  juillet. 

Au  mareschal  de  Scbom- 

Richelieu  le  conjure  d'effectuer  la  pensée  qu'il  a  eue  d'aller 

larascon. 

b^rg. 

faire  des  levées  en  Guyenne  *. 

Imprimée.    —    Aùbery,    Alèm.    t.    V,   p.    ii'i-   —   Recueil   de 
l'igj,  p.  a4". 

ja  juilIfL 

Pour  M.  de  Noyers,  so- 

M.  de  Sainte-Maure  demande,  comme  capitaine»  de  la  galère 

Tarascon. 

CTi^taire  d'esfal  *. 

Patronne,  d'êlre  payé  des  ga^jes  de  3,ooo  livres  et  prétend 
faire  un  lieutenant  qui  en  aura  mille  et  le  sons-lieutenant 
Doo.  Son   Éminence  lui  a   mandé  que  son   intention   n'a 

*   Mt-iitioiiore  t 

VI,  p.  g^g. 

'   Un  fi'rail  en\ 

(Intiné  rn  DOte^  p.  nÔQ  du  V 

I*  volorar. 

'  Voy.  ct-des»u 

,  p.  17  (au  7  juillet). 

•   Voy.  ci-df»$u 

,  p.  39. 

*   Ctiarpcnli^r  a 

(^crit  p»  »o::  nom  felle  IpHtp 

dont  RicIflif'U  lui  a  ddiii  i-  !.:  matière. 

310 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 


I.1BCX  DE   I>ATRS, 


1642 


;>2  juillel  '. 
[De  Tarascon. 


2  2  juillel  \ 
[  Tarascon.  1 


2  3  juillet. 
De  Tarascon. 


28  juillet. 
Tarascon. 


Ix  août. 
Tarascon. 


suscniPTio\ 


DES  LETTllKS. 


A  Madame  la  douairièro 
de  Bouillon. 


A  Madauif  la  duchesse 
de  Bouillon. 


A   M.  le  mareschal   de 
Guébriant. 


A   M.  \k'.   baron   d'Am- 
bres '. 


A  M.  d'Argensou,  con 
seiller  du  roy  en  ses 
conseils ,  intendant 
de  finances  et  police 
en  Tarmée  de  Cata 
logne. 


ANALYSE.S  DES  LETTRES 

FT  SOUr.CES. 


jamais  (île  qu'il  eût  autre  (jualilû  que  celle  de  lieutenant 
sur  la  Patronne.  Son  Enunenco  l'oit  dire  à  M.  do  Xoy*  rs 
d'examiner  ces  prétentions  de  M.  de  Sainte-Maure. —  «Les 

f)layes  de  monseigneur  vont  mieux  qu'elles  n'ont  fait,  et 
es  médecins  et  chirurgiens  en  font  espérer  une  prompte 
et  entière  guérison.» 

Orig.  —  Cabinet  de  M^'  le  duc  il'Aumale. 

Le  cardinal  répond  à  ses  snj)plicatious  qu'il  ne  peut  pas  (''Ire 
utdc  à  son  mari,  et  que  le  roi  lui  fera  justice  '^. 

Copies.  —  ArcU.  «les  Aff.  élr.  France,  i645,  jain-août, 
ibl.  286  v**. —  Bibl.  imp.  Bélhunc,  9276,  fi)!.  s^o.  — 
Imprimée.  —  Aubery,  t.  V,  p.  45i.  —  Rcctieil  de  pièces 
poor  l'histoire  de  Louis  XHI  tic  Le  Coiote ,  t.  III ,  p.  A-j7. 

Réponse  à  peu  près  pareille  à  celle  que  le  cardinal  adressait 
le  même  jour  à  la  belle-mère  de  la  duchesse  *. 

A(F.   étr.    France,    i6Âa,  juin -août, 
mp.    Bëthunc,   9276,  foi.    îA5  v".  — 
.  V. 


Copies.    —  Arch.    rh 
fol.    a86.  —  Bibl. 

Imprimée.  —  Aubery,    t.  V,   p.  ji54.  —   Recueil  de    pièces 
pour  l'hisloirc  de  Louis  XIII  de  Le  Coinle,  (.  III  ,  p.  ^73. 


Richelieu  le  remercie  des  témoignages  d'affection  qu'il  a  reçus 
de  sa  part.  Il  l'assure  de  son  amitié  et  de  son  estime  parti- 
culière. 

Copie.  —  Bibl.  imp.  Cinq-Ccots  Colbert ,  t.  CXVI ,  fol.  33. 
—  Imprimée.  -~  Histoire  du  maréchal  île  Gaébriant  par  le 
Laboureur,  p.  555. 

«La  prise  de  Perj)ignan  estant  de  l'importance  qu'elle  est,  je 
vous  conjure  d'assembler  le  plus  de  vos  amis  et  de  no- 
blesse de  vostre  déparlement  que  vous  pounés,  et  de  les 
mener  vous-mesmes  dans  l'armée  du  roy...  je  feray  valoir 
vos  soins  et  vostre  zèle  ainsy  que  vous  le  pouvés  désirer. ,  « 

—    Mémoires  de  l'Académie  de    Toulouse  ,   2'  s'ric, 
l6i. 


Imprimée. 

t.  ni,  p, 


«Je  n'ay  pas  plustost  sceu  que  vous  mauquiés  d'argent  que  je 
me  SUIS  résolu  de  vous  envoyer..,  vingt  mil  cscus  qui  se 
sont  trouvez  dans  mes  coffres;  et  d'offrir  à  M.  de  Novers 
de  faire  trouver  à  Lyon,  sur  mon  crédit,  cent  mil  escus 
pour  vous  secourir,..  — Faites  sortir  tous  ceux  qui  sont 
suspects  dans  Barcelone. . .  » 

Original  de  la  main  de  Chcrrc.  —  Bibl.  du  Louvf  ,  Emplois 
de  M.  d'Argensou,  F,  335  ,  t.  XII ,  fol.  84- 


'    Le  mauuicrit   des  Affaires  étrangères  nous  u  donné  celte  date,   oui   ne  se  trouve  ni  dans  ic  manuscrit  de  Bétbune 
ni  dans  les  imprimés. 
'  Voy,  ci-dessus  f  p.  46. 

^  .Même  observation  que  pour  la  lettre  précédente. 

*  Voy.  lettre  précédente  et  ta  note  de  ia  lettre  à  Cbavigni  do  av  juillet,  p.  46  ci-dessuf. 
'   Voy.  t.  V,  p.  934  ,  à  la  date  du  3o  aoûl. 


NON   IMPRIMEES   DANS   LE   TOME  Vil. 


31 


LICC&  DB  OATES. 


SUSCaiPTlON 


DKS  l.ETTllE'S. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOir.CES. 


I6'i2. 

7  août. 

Tarascon. 


i6  août. 
Tarascon. 


3  3  août. 

Ou  Pont-Sainl- 

F.spril. 


2  2  août. 

Du  Ponl-S.iinl- 

Esprii , 

là  6  heures  du  soîr. 


2H  oaûl  '. 
De  La  Voûte. 


28  août  \ 
Dr  la  Voulr. 


A  M''  ic  duc  d'Orléans, 
frtTO  unique  du  i-ov. 


A  M.  d'Argenson[mémc 
suscription  (ju'a  la 
Icltre  du  à  août). 


A  monseigneur  le  duc 
d'Orléans,  frère  uni- 
que du  rov. 


A  .M.  dr  Novers. 


Riclielieu  lui  envoie  un  sauf-conduit  pour  venir  à  'Jrévoux, 
et  la  promesse  que  Tabbc  de*  la  Rivière  a  demandée  au  roi , 
«cnsuitte  des  ofïres  qu'il  luv  a  laides  de  vostrc  pari, m 
ajoute  Richelieu,  en  le  félicitant  du  la  soumission  <|u'JI 
montre  '. 


Orîg.   de   la   main  de  Clicrré.  —  Bibl. 
arm.  I?ll.  paq.   1,  u°  1,  fol.  Jo8. 


13p.   Balti: 


Lettre  de  politesse  en  r(':ponsc  à  une  autre  que  d'Argensoii 
avait  envoyée  par  le  s'  Mondon.  Richelieu  dit  de  son  mal 
qu'il  ne  lui  en  reste  plus  autre  cliose  que  la  foiblesse^. 

Original  de  la   main  de  Clicrrê.  —  liibl.   du  Louvre.  Emplois 
de  IM.  d'Argensou  ,  I",  SaO ,  1.  XII  ,  fo!.   108. 

Réponse  à  une  lettre  de  remercîment.  Richelieu  lui  promet 
«de  tasclicr  de  le  tirer  du  malheur  où  les  ennemis  defeilat 
elles  siens  l'avoient  faict  tomber, u  pourvu  qu'il  tienne  ce 
(pi'il  a  promis  '. 


Original  de   la   main   de  Clierré.  — 
des  arni.  Ictt.  yon.  1,  n"  i,  îo\. 


BiU. 


Baluz< 


pap. 


Au  mareschal  de  Scbom- 
berîj. 


Ia*  cardnial  dépeschc  en  toute  diligence  a  Sa  Majesté  pour 
lui  annoncer  que  Perpignan  a  demandé  à  capituler.  .  «tin 
ce  cas  M. de  Gransay  ne  passera  pas  Lyon,  mais  je  le  ren- 
vcrrav  sur  ses  pas*.» 

.Minute  de  U  main  de  Chorrc.  —  Arcli.  des  Afl".  «tr,  France, 
i6iï  ,  juin-aouHt ,  fol.  53  1 . 

Réponse  à  une  Icllru  du  maréchal,  qui  lui  envoyait  un  nn'-- 
moire  sur  l'état  du  siège  de  Perpignan  *.  —  Richelieu 
remercie  Schomberjj  du  désir  qu'il  lui  témoigne  de  le  voir 
avant  sou  départ;  c'eU  une  marque  de  son  aÛeclion,  «en 
revanche  de  laquelle  je  vous  conjure  de  faire  estât  certain 
de  la  mienne.» 


Imprimée.  —    Aubery,    t.  V,   p.    :i-ju.  — 
p.  ï^i.  Recueil  de  i6g6,  t.  1 ,  p.  a^  1  ■ 


?il   de    i6u 


Au<t  mareschaux  di 
Schombci^  et  de  la 
MriHcraie. 


. .Kpuisquc  M,  le  mareschal  de  La  Motte  consent  que  vous 
gardiés  pour  cette  heure  les  3,000  hommes  de  pied  qui 
iuy  cstoient  destinez ,  je  n'ay  ([u'a  approuver  h*  concerl 
qui  s'est  faict  entre  vous  autres  messieurs,  de  la  bonne 
conduite  desquels  j'attends  la  prise  de  Perpignan...» 

Imprimée. —  Aubory,    t.    V,    p.    rt-^o.  —  Recueil  de    iSgS, 
p.  ai^.   —  Bccueil  de  i6<j6 ,  t.  I  ,  p.  a43. 


1 

d'Ai 

1 

note 


Voy.  ci-dtfftsiu,  p.  78. 

■  La  foibIcMc  ne  rempcicltera  pa«  do  partir  dans  deux  jours,  par  te  Rhône,  pour  aller  g-igner  Lyon  ,  >>  dit  Cbcrrd   ù 

gpuson  ,  daos  une  lettre  qu'il  joignit  à  celle  du  cardinal ,  fol.  1 10  du  même  manuAcrit. 

C'cat'ii-dire  lei  aveux  nécexsaires  pour  prouver  le  crime  de  ses  complices.  fVoy-  ci-dessus,  p.   io3,  texte,  lig.  3,  et 

'.' 

\oy.  ci-dcs3u»,  p.  97. 

Les  divers  recueil»  de   l'igô  et  169^  disent  le  i3,  la   date   véritable  PSl   celle  que  donne  Auborv.  Le  cardinal  était 

•  «  Aramont,  c'est  le  38  qu'il  était  ii  la  Voûte,  bourg  sur  le  Rfaônc. 

Voyrx  ci-dessus,  p.  97. 

.Même  observation  que  puur  la  lettre   précédente. 


312 


SOMMAIRES   DES   LETTRES 


DATES 
et 

LIEUX  OB   DATES 


SUSCniPTION 

DES  1-BÎTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

F.r   SOURCES. 


1642. 

h  septembre. 
Oe  \  ieiiiif. 


A  NPMnduc  d'Orléans, 
frère  nni(|nc  du  roy 


6  septembre. 
De  r.von. 


Pour  M.  de  Noyers,  se- 

rrétaîre  d'cstat. 


Wei 


Aux  mareschaux  d< 
Schomberg  et  de  la 
Meilleraie. 


1  '6  seplenibrt 
De  Lentillv 


A  M.  de  Noyers. 


1 8  septembri 
Uoanne. 


Pour  M.  de  Chavigny 
secrétaire  d'estal. 


Accusé  de  réceplîoii  d'une  Ictlrc  que  le  Prince  lui  a  envoyée 
par  l'abbé  do  la  Rivière  :  «Je  ne  puis  que  je  ne  suplie 
Vostre  Altesse  de  se  confirmer  de  plus  en  plus  en  la  réso- 
lution de  continuer  à  agir  avec  sincérité  envers  le  rov  .... 
c'est  la  conduite  la  plus  avantageuse  a  vostre  personne. .  .>r 


Orig.  . 
fol. 


Bibl. 


np.  Baluio,  pap,  des  arm.  Ictl.  patj,   i,  n'^ 


«Une  compagnie  est  vacante  dans  le  régiment  d'Auvergne; 
on  propose,  pour  la  remplir,  le  s'  d'Ostin  ,  brave  gentil- 
homme, et  qui  promet  de  la  maintenir  en  bon  estât...  Si 
Sa  Majeslé  aggrée  le  d.  s"^  d'Oslin  ,  M.  de  Noyers  luv  en 
fera ,  s'il  luy  plaist ,  expédier  la  commission.  Il  m'est  recom- 
mandé par  personnes  que  j 'aireclionne.  » 


Original    de  la    main   de 
(l'Aumale. 


Cherré.   —  CahÎDot    de  M^''  le    'liic 


"Le  roi  ne  pourra  tirer  avantage  des  milices  (juc  vous  pro- 
posés de  faire  passer  par  force  en  Catalogne;  une  autre 
Ibis  elles  ne  marcberont  pas  quand  on  voudra  lever  des 
troupes,  de  peur  qu'on  ue  les  trompe  comme  on  aura  faict.'» 
—  «Ma  [tcnsée  seroit  qu'on  proaiisl  aux  milices  qui  vou- 
droient  bien  aller  en  Catalogne,  de  les  laisser  revenir  a  la 
fin  d'octobre,  ce  qu'il  leur  faut  tenir  religieusement.  >  - 
F.e  cardinal  règle  ensuite  l'emploi  de  piusieurs  régiments 
pour  ie  Pioussillon.  11  recommande  de  mettre  bon  ordre 
au  blocus  de  Salcos.  —  II  proscrit  tes  vivres  et  les  garni- 
sons dont  il  faudra  munir  Perpignan. 


Imprimée. 

p.    l43. 


-  Aubpry,  A/i'm.  t.  V,  p.  a'J3.  ~  Recueil  de  169") 


Uicheliexi  lui  envoie  l'inventaire  des  canons,  armes,  etc.  pris 
dans  Perpignan  '.  Il  lui  annonce  une  victoire  du  prince 
Thomas,  «qui  a  deffait  à  plate  couture  mille  chevaux  des 
ennemis,  dont  il  y  en  a  Ixoo  prisonniers  avec  tout  leur 
bagage,  le  reste  s'estant  noyé,  ou  ayant  esté  tué.  —  On 
dit  aussy  que  la  garnison  de  Nice  est  toute  dissipée.» 

mata  de  Cbcrré. 


Original    de    la 
d'Âumale. 


Cabinet    de  M«'  le    .k 


«Les  capitaines  des  compagnies  des  gardes  qui  doivent  entrer 
dans  Sedan  estant  plus  ..nciens  que  M.  Fabert  feront  diffi- 
culté de  luy  obéir,  quand  elles  seront  dans  la  place  ^,  s'il 
n'a  un  pouvoir  du  roy;  je  prie  M.  de  Chavigny  de  le  faire 
expédier  et  de  l'envoyer  à  M.  le  cardinal  Mazarin,  qui  le 
mettra  es  mains  du  a.  s'  Fabert  quand  il  sera  temps." 

Original  de  la  main  de  Chern'.  —  Arch.  des  Afl".  étr.  Fraucf', 
de  septembre  en  décembre,  fol.  90. 


'  Cet  inventaire  a  cté  donné  au  public  dans  ta  Gaiettc  du  6  octobre,  p.  900. 
'  Fabert  en  avait  clé  nomme  gouverneur. 


NON   IMPRIMEES  DANS   LE  TOME  VII. 


313 


1042. 

2/1  septembre. 

De  Boiirbori- 

l-ancv. 


.1    octobre. 
De  Decize. 


Idem. 


SL.^CBiPTIO^ 

uns   LETTSES. 


ANALYSE.S  DES  LETTRES 

ET   SOURCES. 


A  M.  de  Noyers 


Ponr  M.  le  chancelier. 


Au  mareiichalHeSchom- 
berg. 


«M.  le  Grand  avoil  le  don  des  cartes,  dont  partye  avoil  esté 
tirée  de  l'espargne  pour  luy  donner;  je  voudrois  que  vous 
l'eussiés  '.  Mais  si  la  considéra  tien  du  lieu  d'où  ii  vient  vous 
enipeschc  d'y  penser,  coiurae  je  le  croy,  j'estime  que  si  le 
roy  ne  le  veut  remettre  à  son  espargne,  il  seroit  grande- 
ment loué  de  le  donner  a  M.  de  Guébriant,  qui  n'a  autre 
vaillant  que  i'bouneur.  » 

Copie.  —  Bibl.  imp.  Ctoq-Ceuls  Cotberl,  ii6,  foi.  35.  — 
Irapriiuee.  —  liiiloire  du  maréchal  de  Gaébriant ,  par  le  La- 
bouiear,  p.  5ô5. 

lin  courrier  envoyé  par  M.  le  cardinal  Mazariu  vous  porte  la 
nouvelle  de  la  remise  de  Sedan  par  la  duchesse  de  Bouil- 
lon. «Je  iuy  fais  ce  billet  pour  me  resjouir  avec  luy  de  ce 
qu'il  sera  deslivré  des  soins  et  de  l'embarras  où  il  a  esté 
depuis  quelque  temps"...» 

Original  de  i»  main  de  Cherré.  —  Bibt.  d«  l'iuslitut,  coUoc- 
lion  Godefro\,  pcrtefeuille  338. 


Grande  satisfaction  du  roi  et  du  cardinal  pour  la  capitulation 
de  Salces.  —  Il  vous  faut  maintenant  établir  uu  si  bon 
ordre  dans  le  Roussillon ,  que  le  pays  se  remette  et  que  les 
troupes  puissent  se  refaire.  —  Dans  la  disposition  de  di- 
vers régiments,  il  faut  secourir  M.  de  La  Motte. 

Imprimée.  —   AoLt-ry.    t.    V,    p.    a^i,  —   Kecueil    de    1695, 
p.  3ii. 

octobre.  Pour  M.  de  Cbavigny,     «Je  »uis  extresmemeut  aise  que  le  cardinal  Mazariu  soit  de 

Briare.  secrétaire  fi'estat.  retour.  J'cstois,  en  vérité,  aucunement  en  peyne  de  luy.  — 

Je  seray  demain  à  Rogny,  sur  le  canal;  jeudi  ù  Bony  ^;  et 
vendredi  à  Montargis.  —  C'est  un  grand  coup  que  les 
affaires  d'Allemague  aillent  comme  M.  d'Avaux  le  mande  *. 
• —  JVspère  que  Dieu  continuera  ses  bénédictions  sur  la 
France ,  et  I'cd  prie  de  tout  mon  cœur.  » 

Original  tie  la  main  de  Chern-. —  Arch.  d«s  Aff.  étr.   France, 
de  septembre  en  décembre,  fol.  177. 

'  Hicbelicu  avait  déjà  dooné  à  Je  Nojrers  1j  garde  de  ta  bibliotlièque  du  roi ,  nu'Aaguste  de  Tliuu  avait  vue  aprèa  8uu 
père.  (Voy.  ci-de»ftut,  p.  i3g.)  La  princesse  Leonore  de  Lurraioc ,  en  félicitant  Hichejîeu  du  triomphe  remporté  sur 
s€i  euuciuif ,  lai  demande  •  la  taxe  de  la  marque  des  cartes.  •  Est-ce  la  m^me  cliosc  que  le  ■  don  de«  cartes  ?  *  [  Arch.  des 
AiT.  clr.  France,  t.  10a.)  La  pièce  est  classée  au  i5  septembre;  toutefois  le  chiffre  est  un  peu  douteux. 

^  Le  chancelier  ne  fut  de  retour  à  Paris  que  le  a4  octobre.  Ou  sait  qu'il  avait  été  envoyé  à  Lyon  pour  diriger  l'accu- 
sntioa  de  crime  d'état  contre  Ciiiq-Mart  et  de  Thou  ;  eu  tnènio  temps  il  avait  ordre  de  procéder  à  t'cgard  du  duc  de 
Bouillon,  de  manière  à  lui  faire  donner  Sedan  pour  obtenir  une  abolition  ;  mais  Maiarin  ,  chargé  de  le  seconder  dans 
c-tte  dernière  affaire  ,  la  fit  presque  à  lui  seul.  II  fut  ensuite  envoyé  à  Sedan  pour  recevoir  la  place  que  la  duches.se  devait 
livrer.  Nous  en  trouvons  la  noui/elle  dans  une  lettre  de  Mazarin  au  cardinal,  datée  de  Sedan,  le  29  septembre.  ■  C'est 
uue  chose  estrange ,  ajoutait  Matartu ,  les  artifices  qu'ont  joué  les  Espagnols,  en  ce  rencontre,  et  les  offres  qu'ils  ont 
faites  pour  gaîgner  l'esprit  de  M"*  de  Bouillon ,  et  desbaurber  ceux  des  habttans  do  la  vilie  ;  mais ,  pour  cette  fois ,  ils 
ne  tireront  no)  advaolage  de  leurs  ruses ,  comme  je  croy  qu'ils  eussent  faict  si  M"*  de  Bouillon  eust  eu  moins  de  passion 
pour  i'U  mary,  asseurant  Son  Ëminence  qu'elle  est  sy  extraordinaire  qu'elle  eust  donné  cent  places  pour  le  sauver,  si 
elles  eussent  esté  en  Sa  disposition.  ■  (  Arch.  des  Aff.  étr.  France,  de  septembre  en  décembre ,  fol.  i36.  —  La  Gazette 
du  3^  octobre,  p.  98^  ,  a  donné  une  ample  relation  de  Ja  ■  réduction  de  Sedan  i  l'obéissance  du  roy.  ■ 

"  Il  y  a  en  France  plusieurs  villages  du  nom  de  Bony,  ou  Boooy,  un ,  entre  antres ,  situé  un  peu  avant  Briare  ,  tandis 
que  le  Bonv  nommé  ici  serait  après  Brîare^el  avant  Montargis.  La  Gazette,  dans  les  nonvellea  qu'elle  donne  da  voyage  du 
cartlinal  [  p.  976},  nomme  le  lieu  où  Son  t)m.  coucha  le  jeudi  9  :  Montboûy,  village  qui  se  trouve,  en  effet,  à  mi-chemin 


cntir  Rogny  et  i^loatargls.  Il  est  vraisen 


c  qw  Hichrlieu  a  fait,  dans  l'itinéraire  qu'il  indique,  une  méprise  de  nom. 


*  Je  n'ai  pas  trouvé  la  dépêche  de  M.  d'Avaux  ;  lo  tome  XVI  des  manuscrits  d'Allemagne,  aux  archives  de»  Affaires 
étrangères ,  ne  contient  pa*  une  seule  pièce  touchant  les  affaires  de  la  guerre  pendant  les  àiz  derniers  jours  de  septembre 
et  le  mois  d'octobre.  Je  n'ii  rîea  trouvé  non  plus  au  dépôt  de  la  guarre  dans  les  volumes  LXVIII-LXXII ,  qui  se  rap- 
portent il  l'année   i6:ia. 


C.\ROIN.  DE  niCHRLIBO.  ■ 


4o 


Mli 


SOMMAIRES  DES   I.ETTUES. 


LIIV\   DE   DATES. 


16/12. 

5:3  octobre. 
De  Paris. 


SUSCHIP'IKA 

llES    LF.TTllRS. 


i'otir  M.   (le  Chavigny 
socrt'tairo  rJVstat, 


Au  loy, 


SNAI.YSKS  DKS  LKTl  UES 
F.r  soriicr.s. 


..«Je  it'iMv  sa\oii-  ù  ces  Messieurs  les  |>rési(l<'ns  lu  \(>l*>iilt'' 
du  rov  ',  attoiulani  toutefois  la  venue  dr  iM.  Ir  chanccliiT 
(levant  (ju*-  la  divulguer.»  —  «Je  ne  sgay  autre  nouvelle 
<|ue celle  <]"'■  jp  vous  ai  mandée  ce  matin  d'Italie  -.  Je  |nir 
Dieu  (|u'il  les  rontinu*'  bonnes,  et  qu'il  nous  donne  a  Unis 
sujet  d'csfre  joveux.rt 

.  AfT.  ^ir.  Vv»u.>-, 


Oiigînal  (le  la  main  de  CbiTiT.  —  Arch. 
dp  sepl"ml)rp  en  déceniliri^ ,  fol.  ao.^. 


«Vostre  Majesté  me  pardonnera  si  je  prends  la  hardiesse  d--  la 
remerrier  de  l'honneur  cpi'il  luy  a  pieu  me  taire  en  aa  <ir- 
flant  a  mon  neveu  ^  uno  abbav*'  dont  l'air  et  le  lien  nrocinr 
de  Paris  pourront  grandemt-nl  favoriser  ses  éludes.  Je 
la  puis  asseurer  qu'il  a  dispense  (h-  Fiome  bien  autiit-n- 
tique. ,  » 


Impriitide.  —  Atibery, 
I.  Il,  p.  6S. 


t.  V,  p.  473.—  Keciicil  de  i(u,(;  , 


M" 


lideiits  de   Baîlkul  et   de  AU'siues  reviureut  vei*t  ce  Icnips  à  t'iiris  de  leur  ciil.  lislM 


i'tJtcjsioii   <!'■ 


,-_-._.. ...-,  j,_  _  , _,  „_. 

otmir  qu'il  faut  prendre  la  volonté  du  roi  .^  Quant  au  chancelier,  il  arriva  de  Lyon  le  'j4  octobrp 
*  Je  n'ai  point  la  Ictlie  écrifc  le  iiiatîn  dn  11Z.  La  ville  dp  Verrue  av.iit  capitulp  le  30,  maïs  U   nouvelle  n'fti  < 
-    être  encore  parvenue  a  Paris. 

64a,  l'alibayc  de  Saint-Ouen  de  Hoiicn  à  un   petil-ncvcu   de  Hîchcliou  ,  Atnador-Jo.io-Ba 
.tz-ï^      jj]..    ,i_     i-\ .   .1.    I- I...      r?..:il .1.,    ftf A ..    :    :_..: :.    _i 


^  Le  roi  donn.- , _,_  ,  . 

de  Viguerot ,  né  le  8  novembre    i()3^ 

bénéfice,  le  résigna  en  faveur  du  jeune  parmt  du  ministre.  Maintenant  les  nfols  "piutim  ue  1  iuis»  ptju»tiii-ii5 
porter  à  Rouen  ?  Je  ne  trouve  pas  qu'un  autre  enfant,  neven  de  Richelieu  ,  ait  été  gratifié  d'une  abbirye.  Qua 
date .  le  G  allia  chri$tiana  (XI  ,  col.  i  5.t  )  ne  donne  pas  le  mois  de  l:i  démission  de  l'ancien  -^'•~  ■  ■  -■•*■■'-  1  •  "- 
tinii  PU  petit-neveu  de  Richelieu.  Lu  Neuitrii  pîa  ne  les  donne  pas  non  plus. 


■-■" "—•  "'    •■"■-«'■  -   ■■'■    Y\'-^  «^.^»   - ....»....«,  ...A^^^.^.  «^....  ^ 

lis  lie    Dupont  de  Courlay,  Guillaume  de  Mootagu ,  qui  jouissait  alor 
larrrit  du   ministre.  Maintenant  les  nfols  «proche  de  Paris»  peuvent-ils 


ptist'; 
de    ce 


ap- 


abbé. 


-étui  de    la    colla 


SUPPLÉMKiXT. 


io. 


SUPPLÉMENT. 


ANNEE   1608. 


I. 

Bibl.  imp.  Dupuy,  ig^.fol.  ai8.  —  Original'. 

A  MOi\SEIG.\EUR  MONSEIGNEUR  LE  CARDINAL  DU  PERRON. 

[Vers  la  fin  de  mars  1608  ^.] 

Monseigneur, 

Ayant  sceu,  depuis  voslre  parlement,  par  le  s""  Du  Peyral^,  que 
vous  désirés  que  j'officie  à  cette  feste  de  Pasques  *  devant  Sa  Ma- 


'  Nous  commençons  ce  suppiémcni  par 
une  pièce  qui  aurait  dû  commencer  la  col- 
lection tout  entière  des  lettres  de  Riche- 
lieu ;  celle-ci ,  que  nous  n'avions  pas  trouvée 
dans  notre  examen  de  la  collection  Dupuy, 
nous  a  été  indiquée  par  M.  Pli.  Tamizey 
de  Larroque.  Nous  en  remercions  ici  ce 
jeune  écrivain,  qui,  possédé  d'une  heu- 
reuse passion  pour  la  science  de  l'histoire , 
l'a  déjà  enrichie  d'excellentes  publications. 

*  Cherchons  la  date  qui  manque  à  cette 
lettre  :  nous  remarquerons  d'abord  qu'elle 
a  été  écrite  à  la  fin  du  carême  et  du  vivant 
de  Henri  IV  ;  on  y  dit  :  Sa  Majesté  ;  sous 
la  régence  on  disait  :  Leurs  Majestés.  L'é- 
vêque  de  Luçon ,  parti  pour  son  évêché  en 
décembre  1608,  n'était  pas  à  Paris  pen- 
dant le  carême  de  1 609  ;  il  n'y  était  pas 
non  plus  en  1610;  la  lettre  est  donc  de 


1608.  Richelieu  y  parle  du  prochain  lave- 
ment des  pieds  ;  or,  en  1608,  le  jeudi  saint 
tomba  le  It  avril  ;  nous  proposons  donc 
0  vers  la  fin  de  mars  ;  »  d'autres  circonstances 
confirment  cette  date.  Lorsque  Richelieu 
écrivait,  le  cardinal  Duperron  s'était  ab- 
senté de  Paris,  et  nous  lisons,  dans  une 
lettre  de  ce  prélat  à  Du  Vair,  lettre  datée 
du  1 8  mai ,  qu'il  a  fait  t  deux  voyages  pré- 
cipités en  Normandie  et  en  Bourgogne, 
pendant  les  mois  de  mars  et  d'avril.  » 
(P.  838  del'édit.  in-4°.) 

'  Est-ce  un  abbé  Guillaume  Dupeyrat, 
qui  fut  trésorier  de  la  Sainte-Chapelle  de 
Vincennes,  et  connu  alors  par  divers  ou- 
vrages ? 

'  Duperron,  en  sa  qualité  de  grand 
aumônier  de  France ,  désignait  les  prédi- 
cateurs qui  devaient  prêcher  à  la  cour. 


:m8  lettres 

jesté,  j'ay  creu  vous  devoir  asseurer,  par  cette  lettre,  que  faisant  estât 
d'obéir  toute  ma  vie  à  vos  commandemens,  je  tascheray,  en  cette 
occasion,  de  vous  en  rendre  preuve  par  effects,  exécutant  ceux  que 
j'ay  receus  de  vostre  part.  Mais  d'autant ,  Monseig',  que  depuis  quinze 
jours  je  suis  travaillé  d'une  fièvre  lente,  réglée  en  tierce,  dont  je 
souhaitte  plus  la  fin  qu'on  ne  nie  la  fait  espérer,  d'autant  qu'elle 
n'est  pas  violente  ;  j'ay  creu  devoir  sçavoir  de  vous,  si,  au  cas  qu'elle 
me  continue,  vous  trouveriés  bon  qu'en  la  cérémonie  du  lavement 
des  pieds,  qui  sera  le  jour  de  mon  accès,  le  père  Cotton  fist  l'exhor- 
tation au  roy,  me  réservant  à  faire  celle  du  jour  de  Pasques ,  qui  me 
sera  libre,  et  la  prédication  l'après  disnée.  Vous  m'honorerés,  s'il 
vous  plaist,  sur  cela,  de  vostre  volonté,  et  croirés,  Monseig^  que  je 
forceray  mon  mal  le  plus  qu'il  me  sera  possible,  pour  tascher  de  la 
suivre  de  point  en  point.  Vous  asseurant  que  les  grandes  et  rares  qua- 
lités qui  se  trouvent  en  vous  seul  m'ont  tellement  gaigné ,  que  je 
veux  faire  gloire  de  vous  admirer,  et  de  me  faire  cognoistre  en  toutes 
occasions, 

Monseigneiu', 

Vostre  très  humble,  très  affectiouné  et  très  obéissant  serviteur. 

ARMAND  ÉVES.  DE  LUÇON. 


ANNEE  1616. 


II. 

Sorbonne,  i  i35,  fol.  2o3  v".  —  Copie. 

A... 

[Commencement  de  février  1616  '  ?] 

Monseigneur, 
La  confiance  que  j'ay  eue  que  personnes  qui  n'ont  point  de  bras 

'  Le  manuscrit  ne  donne  ni  date    ni        le   commencement   de    février    1616  ;    à 
suscription  ;  je  place  cette   missive  vers        ce  moment  Richelieu  adressait  une  sup- 


DU  CARDINAL  DE  KICHELIEL.  319 

en  guei'ie,  mais  bien  un  cunir  et,  une  langue  pour  (ieinaïKler  ia  nai\ 
à  Dieu  ne  recevroienl  aucun  mal  de  vos  armes,  ma  porté  à  conseillei- 
à  ma  mère  (le  ne  point  quitter  sa  maison,  et  m'a  retenu  en  la  mienne, 
et,  (|ui  plus  est,  me  met  la  plume  en  main  pour  vous  supplier. 
Mo^seig^  de  daigner  laire  voir  qu'en  cette  occasion  je  ne  me  suis 
point  trompé  en  mon  jugement,  et  que  vous  sçavés  au  fort  de  la 
guerre  empescher  ([ue  les  vostres  ne  troublent  la  paix  de  ceuv  qui, 
n'ayant  que  des  prières  pour  armes,  n'ont  (|ue  des  armes  de  paix  . 
desquelles  je  me  sei"viray  sans  cesse,  en  mon  particulier,  envers  Dieu 
pour  luy  demander  repos  pour  la  France;  et  envers  vous  pour  vous 
supplier  de  croire  que  je  suis.  .  . 


III. 

Arcli.  des  Afl'.  étr.  France,  f.  27,  pièce  ai'-  —  Miiiiile. 

A   M.   LE  PRLNCE'. 

'1  juin   lOi  6, 

Monseigneur, 

J'ay  communiqué  le  contenu  de  vos  lettres  à  la  leyne  et  luv  ay 
représenté  de  nouveau,  autant  (ju'il  m'a  esté  possible,  la  sincérité  de 
vostre  alTeclion,  et  l'entière  résolution  que  vous  avés  de  demeurer 
tousjours  en  une  parfaite  intelligence  avec  elle.  Sur  ([uoy  je  ne  vous 
diray  rien  autre  cliose  pour  cette  heure,  sinon  que  S.  M.  a  tesmoigné 
une  extresme  joye  des  asseurances  qu'elle  en  a  receues  ;  qu  elle  porte 
avec  impatience  le  retardement  de  vostre  venue,  et  qu'elle  mesme 
prend  un  soin  particulier  d'avancer  ce  qui  la  retarde.  Elle  a  com- 
mandé expressément  (pi'on  parachevast  l'affaire  de  M'  le  baron  de  La 
Chastre.  qui  jusques  icy  n'a  point  voulu  se  despouiller.  sans  voir  sur 

plique  pareille   à  deux   autres  généraux.  lieu  ayant  cessé  de  vivre  ceUo  annéeniême. 
(  Voy.  notre  premier  volume.)  Si  celle  lellrè  '   Le  secrétaire  qui  a  écrit  au  dos  la  dale 

a  pu  tire  écrite  plus  tôt,  du  moins  elle  ne  et  le  nom  du  prince,  a  ajouté  :  <•  ensuite 

l'a  pas  été  après  1616,  la  mère  de  Riche-  de  la  sienne.  B.  » 


320  LETTRES 

table  une  bonne  partie  de  ia  somme  qu'on  Juy  doit  donner.  Son 
brevet  de  mareschal  de  France  est  expédié,  d'où  vous  pou vés  juger 
que,  si  l'argent  se  trouvoit  aussy  aisément  que  le  parchemin,  vous  ne 
sériés  pas  à  recevoir  le  contentement  que  vous  désirés  en  cette  occa- 
sion. 

M"""  la  Mareschale'  ne  s'oul)lie  pas  de  solliciter  cette  expédition, 
désirant  comme  elle  iaict,  avec  passion,  vostre  présence  à  la  cour. 

Le  s"  Du  Tremblay  se  tient  content  d'elle,  et  véritablement  elle 
luy  a  faict  voir  ce  qui  se  pouvoit  o])tenir  poui-  cette  heure,  et  je  ne 
doute  point  f[u'il  ne  vous  l'aye  tesmoigné. 

Au  reste,  Monseig',  je  ne  veux  pas  manquer  à  vous  remercier  de 
l'honneur  que  vous  m'avés  faict  d'avoir  agréable  ma  franchise  en  l'ou- 
verture que  je  vous  ay  faicte  sur  vostre  arrivée  en  ce  lieu  ;  vous  pouvés 
croire  que  je  n'ay  point  oublié  à  faire  valoir  ce  que  vous  m'escrivés 
sur  ce  sujet. 

J'estime  que  ce  seroit  chose  inutile  de  m'estendre  à  vous  repré- 
senter le  bon  traittement  que  je  voy  desjà  que  vous  recevrés  de 
LL.  MM.  puisque  trois  jours  de  séjour  en  ce  lieu  vous  en  doivent 
donner  plus  d'asseurance  que  tout  ce  que  je  vous  pourrois  escrire. 
Seulement  vous  diray-je,  Monseig^  sans  crainte  de  m'avancer  trop, 
que  vous  les  trouvères  mieux  disposés  que  vous  ne  sçauriés  vous 
l'imaginer,  et  que  vous  advouerés  que  M'""  la  Mareschale  vous  y  a 
soigneusement  et  fidellement  servy,  comme  sans  doute  elle  désire 
faire  en  toute  occasion. 

Je  prie  Dieu  qu'il  confirme  de  plus  en  plus  vostre  santé,  bénisse 
les  sainctes  résolutions  que  je  voy  de  toutes  parts  conspirer  au  bien 
de  cet  estât,  et  me  face  la  grâce,  y  contribuant  ce  peu  que  je  puis 
par  mes  .seules  prières  envers  sa  divine  Majesté,  de  vous  tesmoigner 
que  je  suis  véritablement-, 

Monseigneur, 

Vostre 

'   La  inarécliale  d'Ancre.  les   princes  au   comniencenienl  de  may; 

'  La  paix  de  Loudun  avait  été- faite  avec         mais   le  prince  de  Condé,  qui  avait   été 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


321 


IV. 

Arch.  des  AfF.  étr.  France,  I.  28.  —  Autographe,  pièce  cotée  77. 


[Seconde  quinzaine  d'octobre  i()i6.] 

Les  troubles  excités  par  les  prétentions  des  princes,  dont  on  avait  largement 
payé  les  révoltes,  semblaient  être  paciOés,  lorsque  le  duc  de  Nevers  souleva  de 
nouveaux  mécontentements.  Deux  lettres  peu  respectueuses  qu'il  fit  imprimer  et 
qu'il  adressa  au  roi  les  5  et  i5  septembre,  menaçaient  de  révoltes  nouvelles. 
-  La  reine,  dit  Richelieu  dans  ses  Mémoires,  employa  tous  les  moyens  qu'elle  put 
pour  lui  faire  connaître  sa  faute;  elle  dépécha  vers  lui  M'  Marescot,  maître  d*'s 
requêtes,  lequel  n'ayant  rien  avancé,  elle  me  fit  l'honneur  de  me  choisir  pour  y 
faire  un  voyage'  de  la  part  de  S.  M.  croyant  que  j'avois  quelque  dextérité,  paria- 
quelle  je  pourrois  ménager  son  esprit  et  le  ramener  à  la  raison  ;  mais  tout  cela 
fut  en  vain,  car  il  n'en  éloit  pas  capable.  •  (T.  I,  36i.)  Richelieu  ne  dit  pas  dans 
ses  Mémoires  quelle  avait  été  sa  première  pensée  ;  mais  il  semblait  avoir  d'abord 
mieux  espéré,  si  j'en  juge  par  deux  pièces  que  j'ai  trouvées,  sans  date,  aux  Af- 
faires étrangères,  classées  en  Tannée  1617,  quoiqu'elles  se  i-apportent  évidem- 
ment à  la  mission  dont  il  parle  dans  le  passage  précité,  et  par  conséquent  elles 


prendre  le  goiivernemenl  de  Berry,  ne  se 
pressait  pas  de  retourner  à  la  cour,  où  la 
reine  mère  désirait  vivement  sa  venue.  On 
lui  envoya  coup  sur  coup  les  personnes  que 
l'on  croyait  avoir  le  plus  de  crédit  auprès 
de  lui ,  et  f  on  s'entendait  toujours  de  moins 
en  moins  ;  les  lettres  de  Richelieu  lui- 
même  n'avaient  pas  plus  de  succès,  i  Ce 
qui  fit  que,  pour  démêler  ces  fusées,  la 
reine  me  dépêcha  vers  lui ,  croyant  que 
j'aurois  assez  de  fidélité  et  d'adresse  pour 
dissiper  les  nuages  de  la  défiance  que  les 
mauvais  esprit?  lui  donnoient  d'elle  contre 
la  vérité;  ce  qui  me  réussit,  non  sans 
jieine.»  (Mém.  de  Richelieu,  t.  I,  p.  3o3  ) 
On  peut  conclure  d'une  lettre  du  20  juin 
(aux  Analyses)  qu'à  celte  date  févêque  de 
Luçon  était  de  retour  de  la  mission  qu'il 
avait  remplie  en  Berry  auprès  du  prince, 


lequel  n'arriva  à  Paris  que  le  20  juillet. 
Il  faut  lire  dans  les  Mémoires  précités , 
p.  3o2-3^2 ,  ce  que  Richelieu  raconte  du 
séjour  de  M.  le  Prince  à  Paris,  depuis  le 
moment  de  son  arrivée  jusqu'à  celui  où  il 
fut  emprisonné  (1"  septembre).  Nous  ne 
trouvons  rien  dans  le  Mercure  français  de 
l'envoi  de  févêque  de  Luçon  vers  le  prince 
de  Condé.  C'est  un  fait,  si  fon  veut,  peu 
considérable  dans  l'histoire ,  mais  qui  n'est 
pas  sans  intérêt  pour  la  biographie  de  Ri- 
chelieu. Voy.  I.  I",  p.  171,  la  lettre  que 
lui  écrivit  Richelieu  lorsque  ce  prince  fut 
revenu  à  la  cour. 

'  Richelieu  avait  été  récemment  envoyé 
vers  M  le  Prince,  il  est  envoyé  maintenaiil 
vers  le  duc  de  Nevers;  c'était  déjà  l'homme 
nécessaire  dans  les  affaires  présentes, 
aussi   va-t-il  ^tre  bientôt  secrétaire  d'EtnI. 


CARDIN.  DE  RICIIF.LIED. 


il 


322  LETTRES 

doivent  avoir  la  date  de  la  seconde  quinzaine  d'octobre  ;  c'était  déjà  pour  i'évêque 
de  Luçon  une  habitude  qu'il  a  conservée  toute  sa  vie  (et  dont  j'ai  eu  occasion  de 
<  iter  plusieurs  exemples)  dans  les  affaires  qui  présentaient  de  sérieuses  difficultés, 
do  les  étudier  la  plume  à  la  main ,  et  de  préparer  à  l'avance  le  langage  qu'il  aurait 
■I  lenir.  Ainsi  dans  la  première  des  feuilles  dont  je  viens  de  parler,  cotée  pièce  77 
ol  dont  les  quatre  pages  sont  écrites  de  sa  main,  la  première  page  contient  un 
résumé  des  avis  reçus  contre  le  duc  de  Nevers  et  des  griefs  qui  lui  sont  reprochés. 
Ilirhelieu  a  intitulé  ce  résumé  :  Sahjects  de  mesfiances.  Au  verso  nous  lisons  : 

Le  roy  ne  tient  pas  tous  ces  advis  certainement  asseurez  ;  mais 
d'autant  qu'un  prince  doit  tout  escouter,  et  eslre  tousjours  prest  à 
mettre  ordre  à  tous  les  desordres  de  son  estât,  il  a  estimé  que  le 
moins  qu'il  pouvoit  faire  estoit  d'envoyer  M'  de  Praslin  sur  tous  ces 
advis,  avec  troupes  dans  la  province,  pour,  au  cas  qu'on  y  fist  quelques 
levées  sans  ses  commissions,  ce  qui  se  pourroit  bien  faire  sans  que 
\î',  etc.,  le  sache,  les  tailler  en  pièces. 

J^e  second  feuillet  de  la  même  feuille ,  coté  pièce  78 ,  doit  faire  suite  à  ce  qu'on 
\  ient  de  lire;  c'est  le  sommaire  des  raisonnements  que  Richelieu  se  propose  d'ex- 
poser dans  l'accomplissement  de  sa  mission  auprès  du  duc  de  Nevers. 

Haisons  à  représenter  par  l'évesque  de  Lusson,  comme  de  luy 
mesme  : 

11  perd  le  fruict  et  l'honneur  de  sa  négociation  passée  s'il  est  contre 
le  roy; 

Faict  cognoistre,  par  tels  comportemens,  qu'estant  aux  mouvemens 
passés  neutre  en  apparence,  il  estoit,  en  effect,  dans  le  cœiu-,  contre 
le  roy,  puisqu'il  se  déclare  avec  moins  de  prétexte  ; 

Faict  contre  sa  conscience,  et  perd  ainsy  la  réputation  qu'il  a  de 
grande  religion; 

.Se  met  au  hazard  d'estre  nommément  excommunié,  comme  plu- 
.sieurs  subjects  armés  contre  leurs  princes  ont  esté  déclarez  tels  en 
l'jance ,  Angleterre  et  autres  pays  ; 

Ruyne  sa  maison,  quelque  issue  qu'il  puisse  avoir,  nid  particulier 
ne  pouvant  supporter  les  frais  d'une  guerre  principalement  contre 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


323 


son  maistre,  et  un  maistre  puissant,  contre  lequel  il  n'y  a  rien  à 
gaigner  que  la  perte  de  ses  biens,  de  son  honneur  et  de  sa  propre 
personne. 

Qu'au  reste  s'il  se  maintient  en  son  debvoir,  outre  l'honneru"  et  la 
gloire,  tpi'il  aura  la  bénédiction  de  Dieu.  Il  peut  plus  facilement  que 
jamais  conduire  à  heureuse  fin  son  entreprise  de  Hongrie'  : 

Le  pape  y  estant  du  tout  disposé  selon  qu'escrit  le  père  Joseph. 

Estant  aysé  de  reporter  la  reyne,  s'il  demeure  en  son  debvoir,  et  à 
donner  argent  à  cette  fin,  et  les  hommes  tous  levez. 

Et  d'autre  part,  la  paix  de  Savoye  se  faisant,  beaucoup  de  ceux  qui 
V  sont  se  deschargeront  là. 


Arcli.  des  Aff.  étr.  France,  I.  a8,  pièce  187.  —  Minute  autographe. 

[.Seconde  quinzaine  d'octobre  1616.J 

Cette  autre  pièce  qu'on  a  placée,  dans  le  manuscrit,  si  loin  de  la  précédente, 
doit  la  suivre  immédiatement  puisqu'elle  présente  le  résultat  de  la  visite  faite 
par  i'évéque  de  Luçon  au  duc  de  Nevers  :  ce  sont  quatie  pages  écrites  aussi  de  l;i 
main  de  Richelieu  ;  dans  la  première ,  qu'il  intitule  ;  Plaintes  de  M'  de  Nevers , 
il  expose  les  griefs  articulés  par  ce  prince  ;  la  seconde  est  remplie  de  notes  di- 
verses touchant  les  affaires  de  la  guerre;  dans  les  troisième  et  quatrième  pages, 
Richelieu  formule  les  expressions  mêmes  de  l'acte  de  soumission  que  le  duc  doit 
envoyer  au  roi,  il  rapporte  quelques  paroles  du  duc  de  Nevers,  et  il  termine  par 
sa  propre  opinion  sur  cette  affaire. 


'  Ceci  doit  se  rapporter  à  un  singulier 
projet  que  le  duc  de  Nevers  s'était  mis  en 
tête,  et  que  Riclielieu  rappelle  dans  ses 
Mémoires  :  t  II  vouloit  démembrer  de 
l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem  celui 
du  Saint-Sépulcre,  et  s'en  faire  grand 
maître  ....  il  désiroit  l'assistance  de  la 
reine  pour  faire  réussir  son  affaire  del'ins- 


litutiori  de»  chevaliers  du  Saint-Sépulcre, 
par  laquelle  il  se  promettoit  de  se  fairt; 
empereur  de  tout  le  Levant.!  (T,  L 
p.  3i4.)  Richelieu,  pour  gagner  le  duc. 
semble  entrer  dans  sa  manie ,  dont  au  fond 
il  se  moquait,  et  U  lui  laisse  entrevoir  une 
assistance  qu'assurément  on  ne  lui  aurait 
pas  donnée .  pour  sa  fantastique  entreprise. 


;i24  LETTRES 


CONCLUSION. 


Qu'il  remercioit  le  roy  de  l'honneur  qu'il  luy  avoit  faict  d'envoyer 
vers  luy; 

Qu'il  demeureroit  aux  termes  d'un  fidèle  subject  et  serviteur,  ne 
periiiettroit  aulcunes  levées  en  son  gouvernement,  sans  ses  commis- 
sions, contre  son  service; 

Qu'il  supplioit  S.  M.,  ayant  cogneu  les  advis  qu'on  luy  avoit  don- 
nés, à  son  préjudice,  faux,  de  faire  porter  à  ceux  qui  en  estoyent  au- 
theurs  telle  peine  qu'elle  jugeroit  raisonnable  ; 

Et  en  outre  de  tesmoigner  à  tout  le  monde  qu'elle  avoit  appris,  par 
mon  retour,  ce  qu'on  luy  avoit  mandé  de  luy,  calomnieux,  qu'elle  le 
recognoissoit  pour  homme  de  bien  asseuré  à  son  service;  et  daigner 
luy  en  escrire  un  mot,  si  elle  l'estimoit  digne  de  cet  honneur.  Il  ad- 
jousta  qu'il  verroit  bien  par  le  bruit  de  la  cour,  qu'on  luy  mandoit  de 
jour  à  autre,  si  V.  M.  luy  rendroit  le  contantement  tout  de  bon,  ou 
seulement  en  apparance; 

Enfin  de  contremander  M''  de  Praslin,  parce  que  c'est  chose  gran- 
dement rude  à  un  homme  de  sa  qualité  d'envoyer  en  sa  province  un 
sufFragant  avec  trouppes,  sans  qu'il  ayt  déservi;  qu'en  ce  cas  il  cognois- 
troit  qu'on  luy  voudroit  lever  l'honneur  et  le  perdre  tout  à  faict. 

Voilà  les  termes  auxquels  il  demeure;  sur  quoy  je  l'asseuray  avoir 
tellement  cogneu  la  bonne  volonté  de  V.  M.  en  son  endroit  que  je 
ne  doubtois  point  qu'elle  ne  luy  donnast  contantement  à  mon  arrivée. 

Or,  d'autant  qu'autre  chose  est  souvent  ce  qu'on  dict  et  autre  ce 
qui  est,  je  diray  franchement  à  V.  M.  ce  que  je  juge  : 

Les  advis  qu'on  a  donnez  à  V.  M.  ne  sont  pas  vrays;  il  n'a  faict  aul- 
cunes levées. 

.le  luy  ay  trouvé  l'âme  extraordinairement  ulcérée  sur  les  subjects 
de  plainte  que  vous  avés  veus. 

.le  l'ay  laissé  asseuré  quant  à  la  fidélité,  mais  distinguant  la  fidélité 
de  l'affection,  c'est-à-dire,  etc. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  yib 

Son  affection  se  peut  gaigner  par  plusieurs  moyens  qu'il  désire 
tous,  mais  en  sorte  qu'il  en  demande  quelques-uns  ouvertement,  et 
ne  veut  pas  demander  les  autres,  ny  estre  estimé  les  désirer. 

Ceux  qu'il  demande  sont  ceux  dont  j'ay  parlé  à  V.  M.  de  sa  part. 

Ceux  qu'il  désire,  sans  les  demander  ouvertement,  sont  qu'on  es- 
crive  à  Chaalons  pour  réparer  l'affront  qu'il  estime  avoir  receu; 

Et  qu'il  plaise  à  V.  M.  embrasser  le  voyage  de  Hongrie,  et  pour 
cet  effaict,  y  disposer  le  roy  d'Espagne  par  le  voyage  du  chartreux, 
et  procurer  la  paix  en  Savoye.  Sur  ce  voyage  V.  M.  croit  bien  que  je 
n'ay  point  oul^lié  à  le  chastouiller  de  bonne  sorte,  et  cet  expédient 
m'a  fort  servi. 

Sur  ceste  paix,  j'estime  <levoir  dire  à  V.  M.  avoir  recogneu  que 
ceux  qui  sont  mal  affectionnez  l'appréhendent  et  y  désirent  la  conti- 
nuation de  la  guerre,  estimant  que  si  elle  dure  elle  attirera  celle  de 
Flandres,  les  Hollandoi.s  prenant  leur  temps,  auquel  cas  le  roy  d'Es- 
pagne ne  sauroit  que  penser  à  ses  affaires  et  donneroit  plus  de  lieu 
aux  malcontants  de  remuer  en  France. 

Ce  que  je  vous  dis  je  le  coUige  de  la  conférence  que  j'euz  le  soir 
à  mon  arrivée,  où  son  esprit  n'estoit  point  addoucy  par  le  voyage  de 
Hongrie'. 


VI. 

lîibl.  imp.  Baluze,  pap.  arm.  lett.  paq.  4.  n"  U  et  ."),  loi.  6.^.  — 
Mise  au  net. 

LETTRE  DU   ROI   AU  P.\PE'. 

10  décembre  i6i(>. 
Le  cardinal  Ubatclini,  nonce  du  pape,  retournant  à  Home,  le  roi  ne  veut  pas  le 

'    Voy.  ci-après, une  lettre  du   23  déc.  le  29  novembre  (voy.  t.  I ,  p.  188).  C'est 

à  M.  de  Tresnel;  l'accommodement  avec  lui  qui  va  maintenant  écrire  les  lettres  au 

M.  de  Nevers  n'était  pas  fait.  nom  du  roi. 

'  Richelieu  était  secrétaire  d'Etat  depuis 


326  LETTRES 

laisser  partir  sans  l'accompagner  des  éloges  que  mérite  la  manière  dont  il  a  rempli 
sa  mission. 

(C'est  le  résumé  de  la  première  moitié  de  la  lettre  au  Saint-Père;  nous  en  don- 
nons seulement  la  fin  ici.) 

En  un  mot,  Très-sainct-Père,  nous  pouvons  asseurer  vostre  Sainc- 
leté  tous  ses  comportemens  nous  avoir  esté  si  agréables  qu'il  nous  est 
impossible  de  trouver  à  redire  à  aucime  de  ses  actions,  si  ce  n'est  en 
la  dernière,  celle  de  sa  retraite,  qui  toutefois  ne  peult  nous  déplaire 
puisque  la  cause  n'en  est  autre  que  la  volonté  de  vostre  Saincteté,  à 
laquelle  nous  conformerons  tousjours  la  nostre.  Sur  ce,  Très-sainct- 
Père,  nous  prions  Dieu  qu'il  luy  plaise  conserver  longues  années 
vostre  Saincteté,  pour  le  bien  et  utilité  de  son  église.  Escrit  à  Paris 
le  X*  décembre  1616'. 


VII. 

Arch.  des  AflF.  étr.  Rome,  t.  2 3.  —  Minute. 

A  M.   DE  TRESNEL-. 

28  décembre  i6i6- 

M^  vous  aurés  sceu  le  différend  qui  estoit  entre  M"^  d'Epernon  et 
ceux  de  la  Rochelle;  maintenant  vous  en  sçaurés  l'accommodement. 
M'  d'Epernon  ayant  entièrement  obéy,  rendu  Surgères  et  Tonnay  Cha- 
fente,  que  les  exempts  des  gardes  de  S.  M.  ont,  jusques  à  ce  qu'autre- 
ment il  en  ayt  ordonné  et  licentié  ses  troupes.  Cela  met  ceux  de  la 
religion  prétendue  réformée  bors  des  apprébensions  et  opinions  qu'ils 
avoient  qu'on  leur  en  voulust;  ayant  bien  cogneu ,  par  la  sincérité  du 
procédé  de  LL.  MM.,  qu'ils  n'ont  aucun  dessein  contre  eux,  comme 
quelques  séditieux  leur  voidpient  persuader. 

'   Le  départ  du   cardinal  Ubaldini    fut  10  n'a  pas  été  annulée,  la  date  a  dû  être 

retardé  ;  une  lettre  du  roi  au  pape  montre  changée  au  moment  du  départ  du  nonce, 

«ju'ii  était  encore  à  Paris  le  24  décembre.  '  Sur  M.  de  Tresnei,  voy.  note  1  de  lu 

(Voy.  le  I"  vol.  p.  198.)  Si  cette  lettre  du  page  266  du  premier  volume. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  327 

Reste  maintenant  l'affaire  de  M.  de  Nevers  qui  ayant  asseuré 
force  gens,  actuellement  levé  assez  bon  nombre,  grossy  ses  garnisons, 
nmni  ses  villes,  et,  en  fort  mauvais  termes,  donnant,  par  ce  procéder, 
de  grands  et  justes  sujets  de  plaintes  à  S.  M.  qui,  par  la  grâce  de 
Dieu,  est  en  estât  de  le  faire  obéir. 

On  ne  .sçayt  encores  comment  cette  affaire  se  terminera,  si  dou- 
cement ou  par  les  armes.  Tout  ce  que  je  vous  en  puis  dire  est  que 
véritablement  LL.  MM.  désirent  avec  passion  que  mond.  s""  de  Nevers 
se  recognoisse ,  et  leur  donne  sujet  de  n'employer  point  leurs  forces 
contre  luy.  Mais  s'il  ne  le  faict,  ils  sont  obligés,  par  raison  d'Estat,  de 
le  mettre  à  raison ,  et  s'y  sont  résolus ,  comme  tous  autres  qui  vou- 
droient  s'eslever  contre  leur  autorité.  On  a  parlé  de  quelques  remue- 
mens  vers  le  Perche ,  mais  au  liruit  des  armes  qui  seront  portées  sous 
la  conduite  de  M'  le  comte  d'Auvergne,  au  cas  que  l'on  continue, 
cela  se  dissipera  incontinent. 

Voilà  pour  ce  qui  est  de  ce  qui  se  passe  au  dedans  du  royaume. 
Pour  le  dehors  je  n'ay  rien  à  vous  dire,  sinon  que  M.  le  comte  de 
Schoml)erg  '  part  pour  aller  en  Allemagne ,  pour  rompre  toutes  les 
menées  qu'on  voudroil  faire  au  préjudice  de  S.  M.  Pour  la  Savoye,  le 
roy  veut,  avec  l'entremise  de  S.  S.  entreprendre  plus  que  jamais  cette 
affaire,  voulant  non-seulement  conserver  la  paix  en  son  Estât,  mais 
l'establir  par  toute  la  chrestienté. 

'  Voyez  t.  1",  p.  ao8,  l'instruction  don-  M.  de  Baugy,  accrédité  auprès  de  l'Empe- 

iiée   à    Schoniberg,    le   29  décembre;  et  reur;  p.  a5o,  à  M.  de  Pericard,  en  Flaii- 

p.  2li/i ,  la  lettre  à  M.  de  Léon,  ambas-  dre;  et  p.  265,  à  M.  de  Bétbune,  à  Rome, 

sadeur  à  Venise;  p.  3^7.  à  M.  de  la  Tour,  Voyez  aussi  plusieurs   lettres   ci-après  à 

ambassadeur  en   Angleterre;  p.   2^9,   à  MM.  de  Léon,  du  Maurier,  de  Baugy. 


328  LETTRES 


VIII. 

Arcli.  des  Art',  étr.  Angleterre,  l.  26,  fol.  87,  1612-1624.  —  Minute. 

LETTRE  DU  ROI   A  M.  DESMARESTS. 

[28  ']  décembre  1616. 

Nous  avons  donné,  clans  notre  premier  volume  (p.  246) ,  le  commencement  de 
cette  lettre  dont  nous  avions  trouvé  un  extrait  dans  les  manuscrils  de  Harlay. 
Dans  le  manuscrit  des  A  flaires  étrangères,  où  nous  trouvons  la  minute,  ce  com- 
mencement de  dépêche  est  immédiatement  suivi  de  ce  paragraphe  : 

Touchant  les  pratiques  qui  se  continuent  pour  le  mariage  d'Es- 
pagne, je  veux  bien  qu'on  sache  que  je  n'y  porte  point  envie;  tani 
parce  que  c'est  choses  libres,  que  parce  aussy  qu'il  servira  à  faire 
recognoistre  l'artifice  de  ceux  qui,  descrians  la  France  pour  un  sem- 
blable mariage,  attirent  sur  eux  le  blasme  qu'ils  nous  vouloienl 
donner. 

Louis  XIII  remercie  son  frère  de  la  Grande-Bretagne  de  ce  que  l'afFaire  du  s' 
Villiers  Houdan  a  été  terminée  à  son  contentement;  ce  prince  peut  attendre  la 
même  chiose  du  roi  au  procès  qu'un  nommé  Abot  a  au  Conseil  d'Etat ,  le  garde 
des  sceaux  ayant  ordre  de  lui  faire  droit  sans  user  de  remise. 

Pour  ce  qui  concerne  le  vaisseau  qui  a  esté  arresté  en  allant  aux 
Indes,  il  faudra  redoubler  les  poursuites  que  vous  en  avés  faites, 
comme  estant  une  affaire  d'importance,  d'autant  qu'elle  regarde  la 

'  Cette  minute  ne  donne  point  le  quan-  réception  des  lettres  du  roy  du  a8  du  passé, 

tième ,  mais  c'est  sans  doute  de  la  présente  soussignées    de    vous »    (nis.    cité    aux 

lettre  que  parle  Desmarests  lorsqu'il  écrit  sources,  fol.  90).  Le  fragment  du  manus- 

à   Richelieu  le   la  janvier  :  «Ne   s'estant  crit  de  Harlay  est  daté  du  5  janvier,  ces! 

rien  passé  depuis  que  vous  estes  en  exer-  une  erreur  du  copiste  que   nous  n'avions 

cice  qui  méritast  interrompre  vos  plus  se-  pas  alors  le  moyen  de  rectifier, 
rieuses  airaires,  j'ay  différé ,  jusques  à  la 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  329 

liberté  du  commerce,  auquel  tous  les  princes  ont  un  commim  inté- 
rest'. 

Mais  d'autant  que  vous  me  faites  cognoistre  qu'il  sera  mal  aysé  d'en 
tirer  raison,  si  on  ne  veut  subir  la  jurisdiction  d'Angleterre,  envoyés- 
moy  un  ample  mémoire  de  Testât  auquel  est  cette  affaire,  et  ce  que 
vous  estimerés  y  devoir  estre  faict,  afin  que  sur  cela  je  vous  mande 
ce  qui  sera  de  ma  volonté. 

Au  reste  j'envoie  le  s'  baron  du  Tour  aux  quartiers  où  vous  estes, 
pour  voir  et  conférer  avec  vous  d'où  peut  procéder  cette  altération , 
qui  semble  estre  en  la  volonté  du  roy  mon  frère ,  et  tascher  de  déli- 
vrer son  esprit  en  chassant  les  mauvaises  impressions  qu'on  luy  a 
artificieusement  données.  Pour  cet  effect,  je  l'ay  chargé  de  particu- 
lières instructions  sur  tout  ce  que  les  esprits  mal  affectionnez  à  mon 
gouvernement  y  trouvent  à  redire.  Et  de  plus  luy  ay  commandé  d'en 
donner  part  aud.  roy  mon  frère  (quoyque  je  n'y  sois  point  obligé, 
un  prince  ne  se  devant  point  mesler  des  actions  de  son  voisin),  luy 
tesmoignant  en  cela  combien  je  désire  entretenir  la  bonne  intelligence 
qui  jusques  icy  a  esté  entre  nous;  si  le  roy  mon  frère  y  contribue, 
j'en  seray  bien  ayse;  si  non,  cette  consolation  me  restera  d'avoir  faict, 
de  ma  part,  ce  que  j'auray  peu  pour  l'y  convier,  et  sauray  bien  me 

garantir  de  ceux  qui,  sans  sujet,  me  voudroient  mal. 

\ 

'  Dans  sa  lettre  précitée  du  12  janvier,  succédé  l'évèquu  de  Luçon)  du  mauvais 
Desmarestsrépondqu'iladéjàrenducompte  accueil  fait  à  ses  réclamations,  et  qu'il  les 
à  M.  Mangot  (secrétaire  d'Etat  auquel  avait        a  même  renouvelées  sans  plus  de  succès. 


CARDIN.  DE  RICHELIED Vil. 


.iî 


330 


LETTRES 


ANNEE  1617. 


IX. 


Arch.  des  AIT.  étr.  Espagne,  I.  12,  fol.  35 1.  —  Minute. 

LE  ROY  A  M.  DE  SENECEY '. 

1"  janvier  1617. 

J'ai  veu  par  la  voslre  du  2  5  novembre  que  Testât  de  la  maison  de  ma 
sœm-,  la  princesse  d'Kspagne,  n'approche  pas  de  celuy  de  la  maison  de 
la  royne,  ma  femme,  ce  que  j'attribue  à  la  différence  des  coustumes 
des  pays  et  à  la  différence  des  conditions  des  personnes,  ma  sœur 
n'estant  royne  comme  est  ma  femme.  Cependant  je  vous  diray  que 
je  serois  extresmement  ayse  que  le  roy  catholique,  mon  frère,  fîst 
traitter  plus  favorablement  les  François  qu'ils  n'ont  pas  esté  jusques  ici. 

Le  roi  charge  l'ambassadeur  de  faire  instance  à  ce  sujet  ;  et  quant  aux  mesures  à 
prendre  à  l'égard  des  Français  et  des  Espagnols  qui  doivent  retourner  dans  leur 
pays  respectif  : 

Vous  mettrez  ordre  qu'il  demeure  autant  de  François  en  Espagne 
que  je  retiens  d'Espagnols  en  France  ^. 

L'ambassadeur  d'Angleterre   qui  est  en  Hollande    a   proposé   aux 


'  Voy.  t.  I",  p.'aGô,  note  2. 

'  L'évèque  de  Lucon  écrivait  à  ce  sujet 
le  1  5  janvier  à  M.  de  Sénecey  :  «  .l'ai  receu 
vos  deux  lettres  du  28  décembre  et  4  jan- 
vier. Vous  aurés  veu  maintenant  parcelles 
(|ue  je  vous  ay  escrilles  des  1"  et  4  de  ce 
mois  (cette  dernière  n'est  pas  dans  ce  ma- 
nuscrit), ce  qui  a  esté  accordé  avec  M'  le 
duc  de  Montéléon  pour  les  Espagnols  qui 


doivent  estre  en  France  et  les  François 
qui  doivent  demeurer  en  Espagne.  »  (  Ecri- 
ture du  même  secrétaire ,  fol.  3  5/j  du  même 
ms.)  Le  3o  janvier,  nouveau  billet  qui 
n'est  que  de  politesse  ;  l'évèque  de  Luçon 
profite  de  l'occasion  d'un  courrier  pour 
l'assurer  de  son  affection.  Mise  au  net, 
fol.  356  du  même  ms. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  331 

tlstats  de  faire  exécuter  le  traitté  qui  fui  faict  à  Xanten  par  mon  en- 
tremise, et  ainsy  terminer  le  différend  qui  est  pour  la  succession  de 
(]leves  et  de  Juliers. . .  Le  s''  duc  de  Montéléon  m'a  asseuré  que  fam- 
bassadeur  d'Angleterre  s'estoit  avancé  sans  charge. . .  Faites  entendie 
au  roy  d'Espagne  que  je  désire  grandement  l'exécution  du  traitté  de 
Xanten,  mais  qu'il  est  raisonnable  qu'ayant  eu  la  peine  et  les  frais 
potu"  le  faire,  j'aye  l'honneur  d'estre  le  principal  entremetteur  pour 
son  accomplissement. 

Vous  parlerés  aussy  à  mon  frère  le  roy  catholique  de  la  paix  de 
Savoye  que  je  désire  moyenner. . .  Le  duc  de  Savoye  luy  doit  deffé- 
rence,  mais  d'autre  part  il  est  raisonnable  qu'on  luy  donne  seureté. . . 
11  est  à  propos  qu'il  escrive  de  bonne  encre  à  Dom  Piètre  pour  le 
porter  à  cet  accomodement.  Cependant  je  vous  diray  que ,  pour  con- 
clure plus  asseurément  ce  traitté  de  paix,  je  me  suis  résolu  de  tascher 
d'en  attirer  la  négociation  auprès  de  moy. 

M.  de  BéthuQC  est  chargé  d'y  faire  consentir  le  duc  de  Savoie,  et  aussi  la  répu- 
blique de  Venise,  «  pour  tascher  de  composer  ces  deux  différends  tout  à  la  fois.  » 

Sondés  le  roy  d'Espagne  pour  cognoistre  son  sentiment.  J'ai  faict 
faire  cette  proposition  au  s""  duc  de  Montéléon  qui  la  gouste  grande- 
ment, cognoissant  bien  que,  par  ce  moyen,  on  pourra  plus  aysément 
esteindre  le  feu  de  ritalie.  Le  roy  mon  frère  le  pourroit  commesire 
à  cette  fin.  La  difficulté  que  je  prévoy  viendra  du  costé  de  l'empereur, 
qui  difficilement  voudra  laisser  aller  la  cognoissance  du  différend  de 
l'archiduc  de  Gralz  avec  les  Vénitiens  à  d'autres  qu'à  luy. . .  En  tout 
cas,  j'ay  pensé  un  expédient  qui  ostera  toute  difficulté,  qui  est  que 
l'Empereur,  mon  frère,  voulant  se  réserver  la  cognoissance  de  ce  qui 
touche  l'archiduc  de  Gratz,  je  me  réserve  d'envoyer  un  ambassadeur 
extraordinaire  vers  luy,  pour,  au  mesme  temps  que  cette  affaire  se 
traitteroil  icy,  de  la  part  des  Vénitiens,  la  négocier  auprès  de  luy 
par  l'entremise  de  celuy  que  j'y  aiirois. . .  Vous  vous  gouvernerés  selon 
vostre  dextérité  accoustumée  pour  faire  gouster  doucement  et  de  loin 
cette  proposition. 

i». 


332  LETTRES 

Je  seray  bien  ayse  que  vous  me  mandiés  ce  qui  se  passe  au  Iraitté 
qui  se  faict  entre  l'Angleterre  et  l'Espagne  pour  raison  du  mariage 
du  prince  de  Galles.  LesAnglois  m'ont  longtemps  celle  cette  recherche, 
ce  qui  faict  que  je  ne  serois  pas  fasché  d'en  sçavoir  sans  eux  toutes  les 
particularités. 


X. 

Arch.  des  AfiF.  étr.  Venise,  t.  iia  ,  fol.  287.  ' —  Minute. 

LE  ROY  A  M.   DE  LÉOIV. 

i  janvier  1617. 

Avant  d'avoir  connaissance  de  cette  minute  du  manuscrit  de  Venise ,  aux  Affaires 
étrangères,  nous  avions  trouvé,  à  la  Bibliothèque  impériale,  dans  les  manuscrits 
de  Harlay,  un  extrait  assez  ample  de  cette  dépêche ,  lequel  nous  avons  donné  t.  l", 
p.  244-  Après  la  première  phrase,  je  lis  dans  le  manuscrit  de  Venise  : 

Je  vous  diray  sur  cela  que,  sçachant  bien  que  souvent  les  affaires 
plus  déplorées  prennent  un  succès  tout  autre  qu'on  ne  se  l'est  promis, 
je  ne  pei'ds  pas  courage  pour  les  difficultez  qui  se  rencontrent  en 
celle-cy';  au  contraire,  je  désire  continuer  à  y  apporter  tout  ce  qu'il 
sera  possible  pour  la  faire  réussir.  Pour  cet  effect,  cognoissant  que  la 
paix  de  Savoie  peut  donner  un  grand  acheminement  à  celle-cy,  et 
voyant  que  quelque  chose  que  j'aie  peu  apporter  etc. 

(Continuer,  avec  ce  paragraphe,  après  les  trois  premières  lignes  de  la  page  a 45 
de  notre  premier  volume.) 


'  Richelieu  s'est  servi  à  peu  près  des        à  M.  de  Béthune  le  18  janvier,  p  a6i  du 
mêmes  expressions  dans  une  lettre  écrite        premier  volimie. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


333 


XI. 


Arch.  des  Afï.  étr.  Hollande,  t.  8,  fol.  g.  —  Minute. 


LE  ROY   A  M.  DU   MAURIER. 


5  '  janvier  1617?. 


M' Du  Maurier,  pour  response  à  vos  lettres  du  2  o  novembre ,  1  6  et 
2  0  décembre,  je  vous  diray  que  sçachant,  comme  de  tous  temps  il 
se  trouve  de  mauvaises  langues  qui  descrient  les  meilleurs  gouverne- 
mens,  comme  La  Fontan  et  quelques  autres  dont  vous  me  parlés^, 
ont  l'audace  de  semer  des  bruits  désavantageux  de  celuy  de  mon 
royaume,  ce  qui  me  console  est  que  tels  discours  n'ont  autre  fonde- 
ment que  la  malice  de  leurs  autheurs. 

Vous  savés  quelle  est  l'autorité  d'un  ambassadeur;  c'est  pour  quoy 
si  led.  ec*  ou  autre  se  licencie  jusques  à  ce  point  qu'il  vous  fasse  beau 
jeu,  vous  le  ferés  prendre  prisonnier,  puis  informer  de  son  insolence, 
afin  qu'il  soit  chastié  selon  qu'il  le  mérite.  J'ay  plusieurs  plaintes  de 
plusieurs  brigues  et  menées  qu'on  faict  à  mon  préjudice,  tant  pamiy 
les  Estats,  que  les  régimens  que  j'entretiens  en  leur  faveur.  S'ils  sont 
tels  qu'ils  doivent  estre  envers  moy,  je  le  verray  par  le  chastiment  de 
quelques  uns  de  ces  brouillons  que  vous  devés  poursuivre  avec  cha- 
leur et  prudence  toutefois. 

J'ay  eu  advis  que,  depuis  (jiielcjues  jours,  un  nommé  La  Roche,  qui 


'  La  minute  n'est  point  datée  ;  une  aiain 
étrangère  a  écrit  en  tète  1 5  janvier  ;  cette 
date  est  impossible ,  car  nous  avons  la  ré- 
ponse faite  au  roi  par  Du  Maurier,  lacjuelle 
est  datée  de  La  Haye ,  le  1 6  janvier.  C'est 
sans  doute  une  erreur  de  celui  qui  a  classé 
les  pièces  de  ce  volume. 

'  Notre  manuscrit  ne  contient  point  de 
lettres  de  Du  .Maurier  des  ao  novembre  et 
a 5  décembre,  mais  seulement  trois  lettres 


du  ib  décembre  adressées  au  roi,  à  la 
reine  mère  et  à  l'évêque  de  Luçon  ;  dans 
ces  trois  lettres  il  ne  nomme  personne; 
seulement ,  dans  celle  qu'il  adresse  au  roi , 
il  parle  en  général  des  «mal  affectionnez, 
«  des  perturbateurs  de  vostre  estât  •  qui  l'ont 
des  menées  en  Hollande. 

'  Cela  signifie-t-il  etc.   ou  sont-ce  les 
initiales  d'un  nom  ? 


334  LETTRES 

est  à  iiia  cousine,  la  printesse  de  Condé  la  mère,  et  un  Rochelois, 
ont  passé  par  Bruxelles  sans  y  coucher,  pour  aller  en  Hollande,  pour 
traitter  avec  les  HoUandois,  par  l'entremise  de  ma  cousine  la  princesse 
d'Orange,  qui  y  est,  quelque  chose  au  préjudice  de  mon  service, 
faites  tout  ce  qu'il  vous  sera  possible  pour  les  faire  arrester  prison- 
niers, et  prendre  les  papiers  dont  ils  se  trouveront  chargez. 

.le  n'ay  point  encore  nouvelle  que  les  cinq  vaisseaux  qui  vont  à 
Bordeaux  soient  fort  avancez;  ils  m'eussent  esté  bien  plus  utiles  s'ils 
feussent  partis  plus  tosl. 

Quant  au  capitaine  qui  a  commis  une  insolence  en  la  rivière  de  la 
(iharente,  je  n'ay  rien  à  vous  dire  sinon  qu'il  eust  esté  plus  à  propos 
d'y  en  envoyer  un  autre,  estant  de  mauvais  exemple  de  voir  un 
homme  employé  vers  les  lieux  où  il  a  commis  un  crime  ;  son  voyage 
ne  vous  empeschera  pas  d'en  poursuivre  la  justice  à  son  retour. 

Je  m'estonne  grandement  des  plaintes  que  ceux  des  Estais  font  de 
moy  pour  le  retardement  du  payement  des  troupes  que  j'entretiens 
auprès  d'eux,  veu  qu'ils  savent  bien  que  rien  ne  m'empesche  de  les 
payer  que  la  nécessité  de  mes  affaires,  en  laquelle  j'eusse  estimé 
devoir  recevoir  d'eux  du  secours  et  non  des  plaintes.  Vous  leur  avés 
deu  représenter  l'obligation  qu'ils  ont  à  cette  couronne ,  pouvant  dire 
que  rien  ne  les  a  tant  fait  subsister  que  l'assistance  du  feu  roy  mon- 
seigneur mon  père.  Ils  sçavent  comme,  devant  sa  mort,  il  leur  donna 
près  de  17  millions  tout  d'une  fois;  qui  n'est  pas,  à  mon  advis',  une 
petite  obligation.  Pour  moy  je  puis  dire  entretenir  les  régimens  que 
j'ay  en  leur  pays  sans  y  estre  obligé,  puisque  le  traitté  en  vertu  duquel 
j'y  estois  astreint  ne  parloit  que  de  deux  ans.  Je  ne  remarque  pas 
particulièrement  les  obligations  pour  leur  en  faire  reproche ,  mais  seu- 
lement pour  leur  faire  cognoistre  que  c'est  sans  raison  que  quelques 
âmes  mal  aifectionnées  leur  voudroient  persuader  estre  mal  traittés  de 
moy.  Au  reste,  de  2  miUions  de  livres  que  je  leur  doibs  jusques  à  la 
fin  de  cette  année,  je  les  ay  faict  assigner  de  260  mille  livi'es,  et  suis 

'  «  Avoir  peu  faict  pour  eux.  <•  Ceci  est  seulement  on  a  souligné  :  une  petite  obli- 
en  interligne,  sans  qu'on   ait  rien  effacé;         gation. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  335 

prest  à  leur  faire  donner  nouvelle  assignation  de  i  /;o  pour  l'entier 
payement  de  1 6 1  5,  de  façon  que  je  ne  seray  en  arrérages  que  d'une 
année.  Sur  cela  je  n'ay  rien  à  vous  dire,  sinon  que  j'atlendois  plus 
tost  des  remercieniens  de  la  continuation  de  ma  bonne  volonté,  que 
non  pas  des  tesmoignages  de  leur  mescontentement',  que  j'attribue 
véritablement,  non  à  tout  le  corps,  mais  à  quelques  esprits  malicieux, 
qui,  mal  affectionnez  à  mon  service,  taschent  d'en  desbaviclier  d'autres. 

Quant  à  la  proposition  faicte  par  l'ambassadeur  d'Angleterre,  je  l'ay 
trouvée  fort  estrange,  ne  pouvant  concevoù-  comme  on  voudroit,  ny 
pourroit  parachever  sans  moy  un  traitté  que  je  puis  dire  avoir  esté 
faict  par  mon  autorité  et  mon  entremise.  L'ambassadeur  d'Espagne , 
qui  est  auprès  de  moy,  m'a  en  trois  mots  tiré  de  peine,  soustenant 
ouvertement  que  son  maistre  n'a  jamais  donné  au  roy  d'Angleterre  la 
parole  que  soustient  son  ambassadeur.  J'en  ay  escrit  au  roy  catholique , 
mon  frère,  pour  recevoir  confirmation  et  adveu  de  ce  que  m'a  dict  le 
s'  duc  de  Montéléon;  vous  vous  gouvernerés  en  sorte  qu'en  cas  qu'il 
y  eust  de  la  tromperie  en  cette  affaire,  on  ne  puisse  toulelois  rien 
traitter  sans  mon  intervention.  Je  désire  fort  que  le  traitté  de  Xanten 
se  paiachève,  mais  par  le  moyen  par  lequel  il  s'est  commancé.  J'en 
escris  pour  cet  effect  en  Espagne,  et  feray  tousjours  les  poursuites 
nécessaires  quand  je  jugeray  qu'elles  doivent  estre  avec  li-uit.  Vous  en 
asseurerés  les  Estats,  et  je  leur  tesmoigneray,  par  preuves  plus  cer- 
taines que  les  paroles,  quand  l'occa-sion  s'en  présentera. 

Je  seray  tousjoms  plus  ayse  que  Viletard  ayt  la  compagnie  de 
hains  qu'un  autre,  tant  parce  qu'il  est  exempt  de  mes  gardes,  que 
par  ce  aussy  qu'estant  son  heutenant,  l'ordre  requiert  qu'il  succède  en 
sa  place.  S'il  s'en  accorde  avec  Bains,  puisqu'il  s'en  veut  desfaire,  j'en 
seray  fort  content.  Sur  cela  je  prie  Dieu. . . 

'  Dans  sa  lettre  du  1 6  janvier,  Du  Mau-  le  roi  peut  tenir  la  Flollande  pour  attachei- 

rier  explique  qu'il  n'a  voulu  parler  d'aucun  à  la  France  par  le  plus  fort  lien  ,  celui  de 

mécontentement  de  la  part  dos  Etats,  et  leur  intérêt  (loi.  il  du  manuscrit  cité  aux 

(|ue ,  d'après  les  assurances  qu  il  a  données .  sources  ) . 


336  LETTRES 


xn. 

Arch.  des  AIT.  étr.  Allemagne,  t.  V,  fol.  2&2.  —  Minute. 

[A  M.  DE  BAUGY.] 

2  2  janvier  1617. 

Richelieu  accuse  réception  de  ses  lettres  des  24,  dernier  décembre  et  7'  de  ce 
mois,  et  se  référant  à  la  lettre  du  roi  du  5  janvier,  il  ajoute  : 

Je  vous  diray  en  trois  mots  que  S.  M.  ne  s'estant  rien  proposé  que 
le  bien  de  la  chrestienté,  il  luy  est  indifférent  à  qui  des  deux  archi- 
ducs, Maximilien  ou  Ferdinand,  cette  couronne  eschera,  pourveu  que 
l'on  puisse  retrancher  au\  Espagnols  les  moyens  d'effectuer  le  dessein 
qu'ils  ont  de  longue  main  d'y  parvenir.  Je  seray  très  ayse  que  vous 
continuiés  à  me  faire  pari  des  nouvelles  que  vous  jugerés  méi^ter  de 
venir  jusques  icy,  tant  pour  ce  que  nous  ne  devons  pas  ignorer  ce 
qui  se  passe  au  loing,  que  par  ce  aussy  que  bien  souvent  nos  intérests 
estans  meslez  avec  ceux  de  nos  voisins,  nous  ne  sçaurions  y  pourvoir 
si  nous  n'en  avons  la  cognoissance. 

Je  ne  vous  mande  point  particulièrement  ce  que  vous  devés  faire 
en  ce  traitté  de  mariage,  d'autant  qu'estant  affectionné  comme  vous 
estes ,  je  ne  doute  point  que  vous  n'y  aportiés  tout  ce  que  vous 
jugerés  nécessaire  pour  maintenir  l'autorité  du  roy,  et  empescher  les 
factions  contraires'.  Vous  pouvés  juger  sur  les  lieux  mieux  que  per- 
sonne du  monde,  lequel  est  plus  à  propos  des  deux,  et  nous  en 
mander  vostre  advis,  car  deçà  nous  n'y  faisons  pas  grande  différence. 
M.  de  Schomberg,  qui  court  l'Allemagne,  est  amplement  informé  de 

'   M.  de  Baugy  ne  comprit  pas  cela:  «Je  cité  aux  sources.)  Richelieu   lui  explique 

ne   say,  répond  il  à  Richelieu,   de   quel  l'énigme,    que  Baugy   nous  semble  assez 

mariage  vous  entendez  parler;  je  n'ay  au-  excusable  de  n'avoir  pas  devinée.  (Voy.  lettre 

cune  nouvelle  de  M.  de  Schomberg  à  ce  du  10  avril,  ci-après.) 
sujet,  »  (  Lett.  du  1 8  février,  fol.  827  du  ms. 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU.  337 

la  volonté  du  roy  sur  ce  sujet,  il  vous  en  fera  part,  et  vous  pourrés 
prendre  correspondance  avec  luy.  Vous  apprendrés ,  par  une  lettre  que 
je  vous  escris  particulièrement,  Testât  auquel  sont  les  affaires  de  deçà*... 


XIII. 
Arch.  de-  \S.  élr.  Hollande,  t.  8,  fol.  34—  Minute. 

LE  ROY  A  DU  MAURIER. 

[23  janvier  1617.] 

Un  manuscrit  de  la  Bibliothèque  imp.  fonds  de  Harlay  m'avait  donné  un  frag- 
mentde  cette  pièce  (t.  1°',  p. 272)  avant  que  j'eusse  trouvé  cette  minute,  non  datée, 
mais  qui  est  du  2  3  janvier.  Le  roi  répond  à  une  lettre  du  16,  où  Du  Maurier 
l'avertit  des  «  menées  et  pratiques  que  le  s' l'Autheur  (le  duc  de  Bouillon)  tasche 
de  faire  en  Hollande  contre  la  France.  • 

Le  roi  répète  ici  ce  qu'on  a  mandé  aux  autres  ambassadeurs,  «  qu'il  n'est  point 
permis  à  un  sujet  de  demander  secours  et  assistance  qu'à  son  prince ,  ny  à  un 
souverain  qui  est  en  la  protection  d'un  autre,  qu'à  celuy  qui  est  obligé  de  le 
protéger.  » 

Le  roi  espère  que  la  conscience  du  duc  de  Bouillon  et  le  désir  de  conserver 
son  repos  le  ramèneront  à  son  devoir.  Ici  se  place  le  fragment  imprimé  dans  le 
premier  volume.  A  la  suite  de  ce  fragment  la  minute  met  un  paragraphe  linal  où 
Louis  XIII  exprime  l'espérance  que  les  Etats  et  le  prince  Maurice  ne  se  mêleront 
point  des  troubles  de  la  France,  et  ne  douteront  point  de  son  désir  de  les  assister, 
«  considérant,  dit  le  roi ,  ce  que  j'ay  faict  par  le  passé.  . 


XIV. 
Arcli.  des  Aff.  étr.  Venise,  t.  4a  ,  fol.  aSg.  —  Minute. 

LETTRE  DU  ROI  A  M.  DE  LÉON. 

23  janvier  1617. 

M'  de  Léon,  j'ay  receu  vostre- lettre  du  3  janvier ^  et  cogneu  par 

'  Cette  lettre  est  datée  du  a  3  janvier.  '   lille  est  conservée  dans  notre  manus- 

Voyez  t.  I",  p.  a68.  crit,  fol.  aoa,  où  se  trouvent  aussi  une  autre 

CARDIN.  DE  BICUELieC.  —  VII.  /i3 


338  LETTRES 

icelie  l'instante  poursuitte  que  faict  le  ministre  de  Julien  (la  seigneurie 
de  Venise),  près  de  Joachim  (les  Grisons),  pour  l'establissement  d'un 
esturgeon  (une  alliance).  Siu-  quoy  je  vous  diray  qu'ayant  appris  la 
inesme  chose  par  le  s''  Gueffier,  je  luy  ay  mandé  qu'au  cas  que  l'on 
ne  vueille  insérer  en  cet  esturgeon  les  articles  que  je  luy  ay  envoyez , 
il  s'oppose  ouvertement  à  ce  que  telle  chose  ayt  lieu,  pour  le  préju- 
dice qu'elle  me  causeroit^ 

Que  sur  ce  qu'il  m'escrivoit  que  ce  ministre,  non-seulement  tentoit 
toutes  sortes  de  moyens,  mais,  qui  plus  est,  se  servoit  de  mon  nom 
pour  parvenir  à  ses  fins,  je  voulois  bien,  qu'en  le  désavouant  de  ma 
part,  on  sceust  que  je  n'approuvois  point  tel  procéder,  tant  parce 
qu'il  contrevient  à  ce  que  j'avois  arresté  avec  les  Verdemers  (ambas- 
sadeurs) des  Ebada  (Vénitiens),  que  parce  aussy  que  je  ne  sçaurois 
jamais  trouver  bon  que  mon  authorité  serve  de  couverture  à  des 
desseins  qui  ne  tendent  qu'à  y  faire  bresche. 

Ma  bonne  volonté  a  esté  telle  envers  les  Ebada ,  que  j'ay  voidu 
changer  le  16^  article  :  «  eccettuate  le  arme  di  Francia,  a  le  quali,  per 
quai  si  voglia  causa  ^,  non  possi  esser  impedito  ne  ritardalo  il  passo 
per  la  présente  alianza,  »  qu'ils  disent  n'avoir  sceu  faire  passer  par  les 
Grisons,  à  cause  de  leurs  anciennes  alliances  à  quoy  il  préjudicie. 

Les  Ebada  ne  procèdent  pas  en  cette  négociation  si  sincèrement 
qu'il  seroit  à  désirer,  ne  voulant  pas  néantmoins  pour  cela  laisser  de 
continuer  mon  affection  envers  eux. 


Rappelant  ce  qu'il  a  dit  dans  sa  dépêche  du  i  janvier  touchant  le  moyen  de 
terminer  la  guerre  de  Savoie,  le  roi  ajoute  : 

Pour  fermer  la  bouche  aux  ministres  du  Jardin  (roi  d'Espagne)  en 
Anada  (Italie), ...je  désire  que  vous  sachiés  que,  tant  s'en  faut  que  paye 

lettre  adressée  à  la  reine  mère  pour  l'avertir  '  Ceci  est  répété  dans  une  lettre  adressée 

de  la  dépêche  faite  au  roi  et  une  troisième  au  même  le  8  février, 
pour   Hichelien.   (M.  de  Léon  écrit  ordi-  *  Per  quai  si  voglia  causa,  de  isi  main  de 

nairement  ninsi  aux  trois  personnes.)  Richelieu,  en  interligne. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  339 

donné  empeschement  au  passage  de  mon  cousin  le  duc  de  Nemours, 
qu'au  contraire  je  luy  ay  facilité,  ayant,  pour  cet  effect,  envoyé  vers 
luy  Lassé,  que  j'ay  chassé  de  ma  cour,  lorsqu'y  estant  retourné,  j'ay 
appris  qu'il  n'avoit  pas  exécuté  en  cela  ce  que  je  luy  avois  prescript. 

...Que  chacun  sçait  ce  que  j'ay  faict  envers  mon  cousin,  le  mareschal 
Desdiguières ,  pour  le  destourner  de  passer  les  monts... 

Que  pour  ce  qui  est  de  la  promptitude  avec  laquelle  j'ay  embrassé 
les  intérests  de  Julien ,  soit  en  l'alliance ,  les  passages  ou  les  levées  des 
Cjrisons,  j'ay  creu  devoir  rendre  ces  offices  d'amitié  à  une  seigneurie 
alliée  de  longue  main  avec  ma  couronne  ;...  qu'entre  deux  amis  on  doit 
se  mettre  au  milieu  lorsqu'ils  se  brouillent,  et  tenir  la  balance  avec 
esgahté. 

Que  si  Julien  se  plaint,  je  puis  me  dire  peu  heureux  en  l'esturgeon 
que  j'ay  faict  avec  luy,  puisque ,  n'estant  pas  contant  de  mon  procé- 
der, beaucoup  de  mes  subjects  et  de  mes  voisins  l'estiment  néant- 
moins  tellement  avantageux  pour  luy  que  c'est  maintenant  d'où  ils 
tirent  le  prétexte  du  trouble  qu'ils  veulent  exciter  en  mon  royaume. 


XV. 

.^rch.  des  AIT.  étr.  Espagne,  t.  la  ,  fol.  355.  —  Minute. 

LE  ROY  A  M.  DE  SÉNECEY. 

De  Paris,  ce  23  janvier  1617. 

Les  François  qui  sont  en  Espagne  au  service  de  ma  sœur  la  princesse  n'ont  pas 
encore  d'establissement  certain  ^  ;  réclamer  à  ce  sujet ,  et  demander  dès  cette  heure 
la  délivrance  des  François  qui  ont  esté  mis  en  galères. .  . . 

Pour  ce  qui  est  du  mescontentement  que  pourroit  avoir  le  roy 
d'Espagne,  mon  frère,  de  ce  que  mon  cousin  le  mareschal  Desdi- 

'   Voy.  lettre  au  même,  du  1" janvier,  p.  SSy. 

43. 


340  LETTRES 

guières  a  passé  en  Savoye ,  vous  pouvés  luy  remonslrer  que  c'est 
contre  ma  volonté,  et  contre  les  delTenses  expresses  que  j'en  ay 
faictes.  .  . ,  ce  qui  ne  laissera  pas  lieu  de  douter  aux  esprits  soubçon- 
neux.  .  .,  c'est  que  j'envoie  le  s'  de  Créquy,  quoyque  nécessaire  en  ce 
temps  auprès  de  ma  personne ,  pour  le  faire  revenir. 

Vous  n'oid)lierés  point  d'exagérer  ces  offices  que  je  rends  en  ces 
occasions,  en  faisant  cognoistre  que  si  on  se  plaint  de  moy,  c'est  vé- 
ritablement sans  cause. 

Le  voyage  du  s'  comte  de  Larochefoucauld  vous  aydera  à  le  laire 
voir  et  à  confirmer  à  mon  frère,  le  roy  catholique,  la  bonne  volonté 
que  j'ay  pour  luy,  qui  est  et  sera  tousjours  telle  qu'il  la  sauroit  dé- 
sirer. 


xvr. 

Arch.  des  AIT.  étr.  Gonstanlinople  ,  l.  '6,  fol.  65.  —  Minute. 

[A  M.  DE  SANCY  '.] 

Du  2  5  janvier  1617. 

Monsieur,  Vous  ayant ,  par  une  lettre  que  je  vous  ay 

escrite  depuis  deux  jours*,  donné  part  de  ce  qui  se  passe  en  la  France, 
j'ay  creu  que  vous  sériés  bien  ayse  que  je  fisse  le  mesme  de  Testai 
auquel  sont  les  affaires  des  pays  estrangers. 

Je  vous  diray  que  le  désir  qu'a  le  roy  de  pacifier  les  tioubles  de 
l'ItaUe  et  establir  un  repos  par  toute  la  chrestienté ,  l'a  faict  résoudre  de 
traitter  par  luy -mesme  ce  que  jusques  icy  il  a  faict  par  ses  ambassa- 
deurs. Pour  cet  effect,  il  s'est  résolu  d'attirer  la  négociation  de  la  pai\ 
de  l'Italie  auprès  de  luy,  estimant  qu'on  déférera  à  sa  présence,  ce 
que  jusques  icy  on  n'a  pas  faict  à  ses  ambassadeurs.  Il  envoie  à  cette  fin 

'  Le  secrétaire  a  écrit  au  dos  ce  nom  '  Cette  lettre  n'est  pas  dans  le  manus- 

ainsi  que  la  date.  Sur  M.  de  Sancy,  voy.  ia         crit  de  Gonstanlinople. 
note  3  de  la  page  35(j  du  I"  volume. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  341 

le  s"^  comte  de  Larechefoucault  en  Espagne,  pour  obtenir  que  cette 
affaire  se  traitte  ainsy  qu'il  le  désire  et  juge  expédient.  S.  M.  a  sem- 
blabiement  escrit  au  duc  de  Savoye ,  aux  Vénitiens  et  à  tous  ceux  qui 
y  ont  intérest,  pour  leur  faire  gouster  cette  proposition,  que  Sa  Sainc- 
teté  agrée,  trouvant  bon  ou  d'envoyer  extraordinairement  un  légat  à 
cette  fin ,  ou  de  donner  commission  expresse  à  son  nonce  qui  est  au- 
près S.  M.  Nous  espérons  que  ce  traitté  réussira  au  bien  de  toute  la 
chrestienté,  au  repos  de  l'Italie  et  à  la  gloire  de  Sa  Saincteté  et  du 
roy  qui  l'entreprennent. 

Tous  sont  bien  las  de  cette  guerre,  qui  a  de  beaucoup  amoindry 
la  bourse  des  Vénitiens,  auxquels  S.  M.  a  tesmoigné  tant  de  bonne 
volonté  qu'elle  a  voulu  non-seulement  leur  accorder  le  passage  des 
Grisons,  qui  leur  est  nécessaire  pour  avoir  du  secours  de  droit,  mais 
en  outre  leur  permettre  de  contracter  alliance  avec  eux. 

On  ne  sçait  encore  ce  qui  réussira  de  cette  permission,  le  temps 
nous  le  fera  voir. 

Les  Espagnols  ne  sont  pas  trop  contents  de  cette  grâce  cpie  S.  M. 
faict  à  la  République  de  Venise.  On  tasche  aussy  de  leur  faire  trouver 
mauvais  que  M""  le  duc  de  Savoye  aye  la  plus  grande  pai-t  de  son  ar- 
mée composée  de  François,  bien  qu'il  n'y  en  ayt  aucun  qui  n'y  soit 
contre  la  volonté  et  l'expresse  deffense  du  roy'.  M'  de  Lesdiguières  y 
estant  allé  encores  depuis  peu,  S.  M.  luy  envoie  M.  de  Créquy,  son 
gendre ,  pour  le  convier  à  ne  rien  faire  contre  sa  volonté ,  joint  aussy 
qu'il  y  a  apparence  de  croire  que  le  temps  le  rendra  plus  nécessaire 
au  dedans  de  cet  estât  qu'au'x  autres. 

Le  roy  estime  faire  beaucoup  s'il  peut  tenir  les  choses  en  telle  ba- 
lance que,  sans  rompre  avec  le  roy  d'Espagne,  il  empesche  la  perte  de 


'  On   voit  par  les  corrections  dont  les  coup  plus  formels  :  «  La  vérité  est  que  les 

marges  soni  chargées,  que  cette  lettre  a  été  uns  (les  Français)  y  sont  allés  contre  ses 

presque  entièrement  refaite  ;  une  page  a  été  expresses  deflenses ... ,  et  fautre  (Lesdi- 

effacée,  dans  le  reste  on  n'a  guère  modifié  guières)  nonobstant  ce  qu'elle  a  apporté, 

que  la  forme  ;  seulement  ici  la  désapproba-  tant  par  lettres  que  de  vive  voix ,  pour  le 

lion  du  roi  était  exprimée  en  termes  beau-  divertir  de  ce  voyage.  • 


342  LKTTRES 

M'  de  Savoye ,  qu'il  est  obligé  de  conserver  par  raison  d'estat.  C'est  ce 
qui  luy  faict  et  vouloir  retirer  ledit  s""  Lesdiguières,  et  tout  ensemble 
faire  la  paix.,  estant  à  craindre  que,  si  le  feu  s'allume  davantage  en 
Italie ,  il  feust  impossible  de  l'esteindre  qu'après  qu'il  auroit  consumé 
une  partie  de  ce  à  quoy  il  se  seroit  attaché. 

Ceux  qui  veulent  troubler  le  repos  de  la  France  taschent  de  s'as- 
seurer  du  secours  des  pays  estrangers,  particulièrement  en  Angleterre, 
Hollande,  Liège  et  Allemagne.  Nous  ne  savons  encore  asseurément  ce 
qu'ils  feront  en  Angleterre,  mais  nous  avons  subjet  d'espérer  que ,  ny 
là  ny  ailleurs,  ils  ne  feront  pas  grand  chose.  Pour  rompre  leurs  des- 
seins on  a  envoyé  extraordinairement  :  en  Angleterre,  M""  le  baron  du 
Tour;  en  Hollande,  M'  de  la  Noue;  en  Allemagne,  M.  le  comte  de 
Schomberg. 

Voilà,  Monsieur,  tout  ce  que  je  vous  puis  dire. 

Au  folio  67  du  même  manuscrit  se  trouve  la  minute  d'une  lettre  du  roi  à 
M'de  Sancy,  de  la  même  écriture  que  la  minute  précédente,  sans  date,  mais  qui 
doit  aussi  être  datée  du  26.  Quand  le  chaoux  du  grand  seigneur  repartira,  S.  M. 
le  chargera  des  réponses  aux  lettres  qui  lui  ont  été  apportées  par  ce  chaoux  et  par 
un  soldat  de  Thanis.  En  attendant ,  le  roi  se  dispose  à  délivrer  les  prisonniers  que 
réclame  le  grand  seigneur. 

Quant  aux  Morisques',  S.  M.  a  donné  des  ordres  à  son  conseil,  lequel,  dit 
le  roi,  «  a  desjà  jugé  ce  procès  en  leur  faveur  contre  mon  cousin  le  prince  de 
Condé.  » 


XVII. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Angleterre,  t.  a6,  fol.  101.  —  Minute. 

LE  ROI  AU  BARON  DU  TOUR. 

Du  26  janvier  1617. 

J'ai  trouvé  tardivement  cette  minute,  dont  j'avais  vu  un  fragment  dans  les  ma- 
nuscrits de  Harlay,  lequel  j'ai  donné  1"  vol.  p.  2^7.  Faute  de  date,  on  l'avait 

'  Voy.  t.  I",  p.  333. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


343 


placé  à  la  suite  d'une  lettre  du  5  janvier,  et  nous  avons  à  tort  suivi  le  manuscrit; 
ta  véritable  date  est  donnée  par  la  présente  minute.  Ce  fragment  était  le  com- 
mencement de  la  lettre,  qui  continuait  comme  suit  : 

Vous  ne  nianquerés  point  d'exagérer  envers  mond.  frère,  le  roy  de 
la  Grande-Bretagne,  les  comporteniens  du  d.  s''  i  16',  que  vous  re- 
cueillerés  du  mémoire  que  je  vous  envoie^,  y  adjoustant  ce  qui  paiti- 
culièrement  sera  venu  à  votre  cognoissance  sur  ce  sujet.  Pour  conclu- 
sion, vous  luy  insinuerés  dextrement  en  l'esprit,  que  j'ay  tant  de 
confiance  en  luy  que  tant  s'en  faut  qui!  veule  protéger  des  sujets 
rebelles  contre  leur  souverain^,  qu'au  contraire  il  joindra  ses  armes 
aux  miennes  pour  faire  qu'ils  me  rendent  l'obéissance  qu'ils  me 
doivent. 


XVIII. 

Arc'i.  de»  Afl'.  étr.  Venise,  t.  43,  fol.  il\i.  —  Minute. 

A   M.   DE  LÉON. 

7  février  1G17. 

Monsieur,  vostre  dépesche  du  18'  janvier  m'ayant  esté  mise  es 
mains  le  5*  de  ce  mois,  je  ne  puis  que  je  ne  vous  rende  grâces  tant  de 
l'instruction  que  vous  m'avés  envoyée,  que  de  celle  que  vous  me 
donnés  par  vostre  lettre*.  Il  faut  que  j'advoue  vous  en  avoir  double 


'  Nous  avons  expliqué  (I"  vol.)  que  le 
personnage  dont  il  est  question  dans  cette 
lettre  est  le  duc  de  Bouillon.  Nous  ajoute- 
rons que  le  mot»  aulruy,  »lig.  9,  p.  a48  du 
même  fragment,  a  été  mis  en  interligne 
Hi-dessus  tdes  Hollandois»,  mots  effacés. 

'  Ce  mémoire  manque  dans  le  manus- 
crit. 

'  L'incorrection  de  celte  phrase  prouve 
que  la  lettre  a  été  dictée,  ainsi  que  nous 


l'avons  plusieurs  fois  remarqué  en  cas  pa- 
reil. 

*  Dans  sa  lettre  autographe  du  18, 
M.  de  Léon,  après  un  compliment  fort 
poli ,  ajoutait  :  '  Vous  me  permettrez  de 
vous  dire  que  voilà  deux  ordinaires  passés 
sans  que  j'aye  receu  aucune  response  du 
roy  en  response  des  miennes.  .  .  Ce  qui 
désoriente  et  met  en  peine  les  ministres 
qui  servent  au  dehors .  .  .  Cela  vous  don- 


344  LETTRES 

obligation,  en  ce  que  non  content  de  satisfaire  au  désir  que  j'ay  de 
prendre  cognoissance  du  subjet  de  votre  ambassade,  vous  avés  voulu, 
par  un  excès  de  bonne  volonté,  me  prescrire  comme  quoyje  me  dois 
gouverner  en  toutes  les  autres.  Il  est  bien  vray  que,  comme  je  confesse 
ingénuement  ce  en  qnoy  j'estime  vous  estre  redevable ,  aussy  ne  puis- 
je  pas  me  tenir  de  vous  dire,  qu'ayant  appris  de  ceux  qui  m'ont  pré- 
cédé en  la  charge  où  je  suis,  qu'ils  avoient  accoustumé  de  recevoir 
toutes  lettres,  mais  respondre  seidement  à  celles  qui  estoient  d'impor- 
tance, je  m'estois  contenté  d'en  user  de  la  sorte  envers  vous.  Mainte- 
nant que  vous  me  faites  cognoistre  le  contraire,  je  veux  bien  tellement 
déférer  à  votre  rapport, -que  je  tascheray  à  vous  donnertout  sidajet  de 
contentement.  Avec  protestation  toutefois  que,  comme  je  m'oblige  à 
ne  laisser  passer  aucune  occasion  qui  requierre  de  vous  faire  sçavoir  les 
intentions  de  LL.  MM.  si  en  autres,  de  peu  de  conséquence,  je  m'en 
dispense,  vous  attribuerés  ce  manquement  à  la  surcharge  des  affaires 
qui  sont  aujourd'huy  au  dedans  de  l'Estat,  qui  ne  permettent  pas 
qu'on  pui.sse  vacquer  à  celles  du  dehors  comme  on  voudroit.  Vous 
verres  une  preuve  de  mon  dire  en  une  autre  lettre  que  je  vous  escris'. 
C'est  ce  qui  faict  que  je  n'adjousteray  rien  à  celle-cy,  sinon  que,  etc. 


liera,  avec  le  temps,  de  la  peyne  à  vous 
iiiesme .  si  vous  laissez  accumuler  dé- 
pesches  sur  dépesclies,  à  quoy,  pour  re- 
médier, il  faut  règlement  expédier  pour 
Venise  de  quinze  jours  en  quinze  jours  .  .  . 
La  coustume  est  d'escrire  à  chaque  mi- 
nistre une  lettre  au  nom  du  roy  et  une 
autre  au  nom  de  la  royne  sa  mère ,  puisque 
sa  prudence  manie  le  gouvernement  ;  il  est 
à  propos  d'accuser  en  icelles  la  réception 
dés  lettres  desdits  ministres.  .  .  Voylà  en 
gros  ce  que  je  vous  puis  dire  pour  cette 
heure.  .  ».  (Même  manuscrit,  folio  211.) 


L'ironie  fine  et  polie  du  cardinal  dut  faire 
comprendre  à  M.  de  Léon  sa  pédantesque 
gaucherie,  et  que  ce  n'était  pas  à  un 
homme  tel  que  Richelieu ,  quoique  récem- 
ment entré  aux  affaires,  qu'on  pouvait 
écrire  comme  à  un  novice. 

'  C'est  celle  que  Richelieu  écrivait  au 
nom  de  Louis  XIII,  et  que  nous  donnons 
ci-après.  Nous  remarquons  qu'elle  com- 
mence par  une  réprimande  mise  sous  la 
plume  du  roi;  c'est  un  piqujint  à-propos 
après  la  lettre  qui  précède. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  345 

XIX. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Venise,  I.  4a,  ibl.  a42-  —  Minute. 

LETTRE  DU   ROY  A  M.  DE   LÉON. 

7  ou  8  février  1617. 

M'  de  Léon,  j'ay  veu,  par  vostre  lettre  du  18  janvier,  que 

les  Vénitiens  recognoissent  mon  entremise  leur  estre  nécessaire  à  la  fin 
qu'ils  désirent;  sur  quoy  je  vous  diray,  en  premier  lieu,  que  je  ne 
puis  que  je  ne  m'estonne  grandement,  ou  de  ce  que  leurs  effects,  du 
tout  contraires  à  leurs  paroles,  ne  sont  venus  à  vostre  cognoissance  ;  ou 
que,  l'ayant  eue,  vous  ne  m'avés  donné  advis  de  ce  que  vous  auriés 
veu  en  cela  se  passer  à  mon  préjudice.  L'affection  que  vous  m'avés 
tesmoigné  avoir  en  ce  qui  me  concerne ,  ne  me  pouvant  permettre  d'en 
douter,  je  suis  asseuré. . .  que  ce  qu'ils  ont  faict  a  esté  à  vostre  desceu. . . 
néantmoins  le  s""  de  Baugy  a  su  et  m'a  averty,  le  i  Ix  janvier,  qu'à  leur 
prière ,  le  roy  catholique  a  escrit  à  l'Empereur,  pour  le  prier  d'envoyer 
vers  luy  des  ambassadeurs,  afin  de  traitter  du  différend  que  mon 
cousin  l'archiduc  de  Gratz  a  avec  eux.  Par  là  vous  pouvés  juger  com- 
bien j'ay  juste  subjet  de  me  plaindre  de  leur  procéder,  voyant  qu'au 
mesme  temps  que  je  travaillois  avec  plus  d'affection  à  cet  accommode- 
ment, ils  se  sont  pourveus  à  mesme  fin  par  devers  le  roy  catholique , 
pour  luv  attribuer  l'honneur  d'estre  venu  à  bout  d'une  chose  qui  sem- 
bloit  particulièrement  m'estre  réservée.  .  . 

Témoigner  à  la  république  que  le  roi  n'a  pas  lieu  d'être  satisfait  des  moyens 
dont  elle  a  usé  en  cette  occasion  ,  de  telle  sorte  cependant  à  ne  pas  faire  croire  au 
roi  d'Espagne  que  je  trouve  mauvaise  son  entremise. 

J'ay  appris,  par  le  s''  de  Montéléon,  que  le  roy  catholique  veut,  en 
ma  considération,  consentir  entièrement  l'exécution  du  traitté  d'Asti. 
Il  sera  bon  que  vous  faciès  valoir  au  nonce  de  notre  Saint-Père  le 
contentement  que  j'ay  de  ce  que,  à  cause  de  la  déférence  due  à  Sa 

CARDIN.  DE   RICHELIED.  —  VII.  44 


346  LETTRES 

Saincteté,   on  a  choisy  Rome  pour  l'accomplissement   d'un  sy  bon 


œuvre 


XX. 

,    Arcli.  des  Afl'.  étr.  Allemagne,  t.  5,  loi.  3i  i.  —  Minute. 

A  M.  DE  BAUGY^ 

Du  I  o"  )'(■  vrier  1617. 

Monsieur,  vostre  lettre  du  i  If  janvier  qui  m'a  esté  rendue  le  Ix"  de 
ce  mois,  m' ayant  faict  cognoistre  ce  qui  se  passe  au  lieu  où  vous 
estes,  tant  pour  la  négociation  de  la  succession  de  S.  M.  impériale, 
que  celle  du  roy  d'Espagne  touchant  l'accord  des  Vénitiens  et  de  l'ar- 
chiduc de  Grats,  je  prends  la  plume  pour  vous  dire  qu'en  ce  qui 
regarde  l'Empire,  S.  M.  n'a  autre  intérest  que  celuy  qu'elle  vous  a 
mandé  par  ses  lettres  des  5  *  et  23  *  janvier  C'est  ce  (jui  faict  que  je 
me  dispenseray  d'en  faire  icy  aucune  redite. 

Quant  à  ce  qui  concerne  l'acconniiodement  de  l'archiduc  de  Grats 
et  des  Vénitiens,  je  vous  diray  que,  bien  que  pour  y  parvenir  S.  M. 
eust  pris  une  voye  contraire  à  celle  que  vous  me  proposés  par  vostre 
lettre,  ainsy  qu'elle  vous  a  faict  sçavoir  par  sa  dernière,  le  désir 
néantmoins  qu'elle  a  de  voir  une  bonne  paix  entre  ceux  qui  ont  tes- 
moigné  estre  las  de  la  guerre,  faict  qu'il  luy  est  indifférent  par  quel 
moyen  ils  l'obtiendront,  pourveu  qu'eniin  ils  joui.ssent  du  bien  qu'elle 
a  désiré  leur  procurer. 

Si  en  cela,  etc.  (comme  à  la  page  290  du  i*^'  vol.). 

'   Sur  un  feuillet  séparé,  coté  24A,  et  j'ai  eu  depuis  la  pièce  entière  conservée 

daté,  au  dos  :  8  février,  le  roi  répète  ce  aux  Affaires  étrangères;  j'en  rétal)lis  ici  ce 

qu'il  annonce  (dans  une  lettre  du  aS  jan-  qui  manque  au  fragment  imprimé,  t.  I, 

vier,  ci-dessus,    p.    338)   avoir    écrit   an  p.  290. 

sieur  GuelBer.  Ce  feuillet  séparé  semble  ^  Voy.  t.  I",  p.  249. 

appartenir  à  la  présente  lettre.  *  Ci-dessus ,  p.  336 ,  au  22  janvier,  date 

'  J'avais  recueilli  à  la  Bibliothèque  im-  de  la  minute, 
périale  la  dernière  moitié  de  cette  pièce; 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  347 


XXI. 

Arcli.  des  Ail.  etr.  France,  t  28  ,  pièce  76.  —  Minute. 

AU   MARESCHAL  D'ANCRE'. 

[  i5  fi'vrier  1617.] 

L'évêque  de  Luçon  envoie  au  maréchal  d'Ancre  fa  déclaration  royale  qu'il  ;i 
été  chaîné  de  rédiger,  nous  avons  dit  dans  quelles  circonstances  (t.  I,  p.  ,^02); 
ajoutons  quelques  lignes  : 

Les  princes  réunis  à  Soissons  avaient  résolu  de  prendre  les  armes,  et  le  duc  de 
Nevers  publia,  le  dernier  jour  de  janvier,  un  manifeste  qui  ne  parvint  au  Gou- 
vernement que  le  7  février,  et  contre  lequel  une  déclaration  du  roi,  contre-signée 
de  Ix)ménie,  et  datée  de  février,  sans  quantième,  fut  enregistrée  au  Parlement 
le  i3.  Cependant  les  ducs  de  Vendôme,  de  Bouillon  et  de  Mayenne  avaient  de 
leur  côté  publié  un  manifeste,  en  forme  de  lettre  au  roi, daté  du  2  février,  mais 
qui  n'arriva  que  tardivement  ainsi  que  le  constate  cette  annotation  :  «  Receu  ce- 
jourd'huy  1  4  février,  sous  la  couverture  d'un  paquet  à  M.  de  r,a  Vieuville^.  »  Note 
mise  au  dos  de  l'original,  qui  se  trouve  aux  Archives  des  affaires  étrangères,  coté 
pièce  6',  dans  le  tome  XXVIII  de  la  collection  France,  ("est  pour  répondre  à  ce 
manifeste  que  l'évéque  de  Luçon  •  taille  ses  plumes ,  »  comme  il  dit.  Je  n'ai  trouvé 
ni  l'original,  ni  la  minute  de  cette  réponse  aux  princes;  le  volume  manuscrit 
précité  des  Affaires  étrangères  n'en  a  conservé  qu'un  exemplaire  imprimé,  coté 
pièce  10.  La  déclaration  est  signée  du  roi  et  contre-signée  :  de  Richelieu.  «Je  n'ai 
pas  voulu,  dit  le  cardinal  dans  ses  Mémoires,  l'insérer  icy  pour  n'interrompre  le 
filde  l'histoire;  mais  je  l'ay  ajoutée  à  la  fin  de  ce  livre,  tome  I",  p.  369.  »  Après 
l'original  du  manifeste  des  princes,  notre  manuscrit  eu  donne  une  copie  écrite 
par  le  Masie,  en  marge  de  laquelle  je  trouve  des  observations  d'une  écriture  qui 
ressemble  à  celle  de  Richelieu;  sont-ce  des  notes  préparatoires  pour  la  déclaration 
qu'il  allait  écrire  au  nom  du  roi?  Cette  pièce  est  datée  du  i8  février;  Richelieu  la 
promet  au  maréchal  d'Ancre  pour  trois  ou  quatre  jours,  la  présente  lettre  doit 
donc  être  du  i5  février;  c'est,  en  effet,  le  lendemain  du  jour  où  on  avait  reçu  le 
manifeste  des  princes.  L'importance  de  cette  pièce  nous  a  engagé  à  la  donner 
(tome  I",  p.  3oi),  quoiqu'elle  ait  été  plusieurs  fois  imprimée.  Il  convient  d'indi- 

'  Ce  nom  a  été  écrit  au  dos;  la  date  "  11  était  lieutenant  général  du  roi  eu 

manque.  Champagne.  {Mém.  de  Richelieu ,  I,  362.) 

44. 


348  LETTRES 

quer  ici  une  autre  pièce ,  qui  se  trouve  clans  le  Mercure  après  la  déclaration  du  roi 
enregistrée  le  1 3  février  :  »  Les  principaux  poincts  de  la  remonstrance  que  les 

•  ducs  de  Vendosme ,  de  Mayenne  et  mareschal  de  Buillion  [sic)  envoyèrent  au  roy, 

•  avec  les  responses  que  l'on  y  fit;  »  ces  réponses,  divisées  en  cinq  paragraphes, 
ne  sont  autre  chose  que  la  déclaration  rédigée  par  Richelieu,  le  sens  est  le  même, 
mais  le  style  est  différent  ;  serait-ce  un  premier  crayon  du  travail  de  Richelieu  ? 

Monsieur, 

Je  vous  envoie  la  lettre  que  MM"  de  Vendosme,  de  Bouillon  et  de 
Mayenne  ont  escrite  au  roy.  Hier  au  soir  on  me  commanda  d'y  faire 
response;  je  cominence  à  tailler  mes  plumes  à  cest  effect,  et  espère 
de  la  vous  faire  voir  dans  trois  ou  quatre  jours  ;  si  ce  n'est  qu'il  faille 
attendre  à  la  mettre  en  lumière  que  les  quinze  jours  portés  par  la  dé- 
claration contre  M''  de  Vendosme  et  les  autres  soyent  expirez  '. 

Nous  avons  des  nouvelles  d'Angleterre  par  lesquelles  le  baron  du 
Tour  mande  qu'il  ne  peut  encores  descouvrir  quel  dessein  a  le  roy 
d'Angleterre ,  mais  qu'il  faict  un  grand  armement ,  sous  prétexte  des 
Indes,  qui  est  sans  apparence.  Il  en  descouvrira  les  particularités.  Ce- 
pendant vous  prendrés,  s'il  vous  plaist,  garde  aux  ports  de  vostre  Gou- 
vernement. 


XXII. 
Arch.  des  Aff.  élr.  Hollande,  t.  8,  fol.  io.  —  Minute. 

A   M.  DU  MADRIER. 

ig  février  1617. 

M",  les  trois  lettres  que  j'ay  receues  de  vous,  du  3  1  janvier,  le  8" 
de  ce  mois,  me  font  cognoistre  clairement  le  soin  que  vous  avés  à  ce 
qui  regarde  l'intérest  de  LL.  MM.  Je  n'ay  pas  manqué  de  leur  en 
rendre  tesmoignage,  les  informant  des  advis  que  vous  me  donnés, 
dont  elles  ont  été  très-ayses,  particulièrement  poiu"  ce  qui  est  de  l'af- 
fection que  MM"  des  Estats  font  paroistre  avoir  en  ce  qui  les  touche, 

'  Richelieu  la  lui  envoya  le  22.  (Voyez  tome  I",  p.  3 16.) 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  349 

nonobstant  les  artifices  de  ceux  qui  voudroient  s'efforcer  de  l'altérer. 
Le  roy  acceptant  les  offres  qu'ils  luy  ont  faites,  par  le  s""  de  Hauterive, 
leiu-escrit  comme  il  désire  avoir,  à  ce  printemps,  quatre  mil  hommes, 
se  contentant  qu'il  y  aye  quatre  compagnies  de  chaque  régiment  de 
ceux  qu'il  entretient  auprès  d'eux  et  le  reste  de  HoUandois.  Vous 
tiendrés  la  main,  je  m'asseure,  à  ce  que  la  volonté  de  S.  M.  soit  effec- 
tuée en  sorte  qu'il  puisse  avoir  ces  troupes  le  plus  tost  que  faire  se 
pourra. 

Je  ne  doute  point  que  vous  ne  continuiés  aussy  la  sollicitation  que 
vous  avés  desjà  faicte  povir  faire  appréhender  ceux  dont  vous  m'avés 
escrit  ',  LL.  MM.  trouvant  bon  non-seulement  que  l'on  ayt  pourveu  à 
la  charge  de  mareschal  qu'avait  l'un  des  deux  en  leurs  trouppes,  mais 
aussy  qu'on  en  use  de  mesme  à  l'endroit  des  autres  ofticiers  qui  les 
imiteront  en  leur  faute.  Elles  exceptent  de  ce  nombre  ceux  que,  par 
leur  exprès  commandement,  elles  retiennent  auprès  d'elles;  estant  bien 
raisonnable  que,  les  employant  pour  leur  service,  ils  soient  dispensés 
de  se  trouver  aux  lieux  où  leurs  charges  les  obligent  de  résider. 


'  Dans  l'une  de  ses  lettres  du  3i  jan- 
vier, où  Du  Maurier  avait  informé  l\iclie- 
lieu  de  l'arrivée  de  la  princesse  d'Orange 
à  la  Haye,  bientôt  suivie  de  son  mari, 
dans  le  dessein  de  solliciter  les  Etats  de 
s'entremelire  pour  procurer  la  liberté  du 
piincc  de  Condé,  Du  Maurier  ajoutait  : 
•  Il  y  en  a  par  deçà  qui  commencent  d'y 
monstrerles  griffes  en  faveur  des  princes; 
le  restably  (Mad.  de  Nevers)  et  le  pauvre 
(M.  de  Vendôme)  ayant  délivré  commis- 
sion et  argent  à  deux  qui  ont  servy  en  ce 
païs ,  pour  faire  k  compagnies  de  chevaux- 
légers  de  5o  chacune,  auquel  effect  ils 
ont  avancé  i,ooo  escus,  comme  on  dit,  à 
quelques-uns  de  ceux  qui  sont  porteurs  de 
leurs  commissions,  dont  l'un  a  suivy  ces 
princes  au  dernier  mouvement,  nommé 
le  Cadet  Baudet ,  qui  n'a  point  de  charge 


par  deçà;  et  l'autre  nommé  le  Cadet, 
lequel  estant  mareschal  des  logis  d'une 
des  compagnies  de  chevaux-légers  entre- 
tenues par  LL.  MM.  en  ces  païs...  s'est, 
contre  sa  foy  et  son  devoir,  chargé  d'une 
des  dites  commissions...  «Dans  une  seconde 
lettre  du  même  jour.  Du  Maurier  rend 
compte  d'un  entretien  qu'il  a  eu  avec  le 
prince  Maurice,  lequel  lui  a  promis  d'é- 
tendre l'interdiction  de  la  sortie  des  gens 
de  guerre  «  au  pays  de  Julliers  qui  est  le 
plus  proche  de  la  froiitièrede  Champagne. .. 
et  d'ordonner  que ,  si  ce  Cadet  Baudet  et 
l'autre  nommé  le  Grand  Cadet  mettent  le 
pied  en  lieu  de  l'obéissance  de  MM"  des 
Estais,  il  soit  mis  en  arrest,  et  cependant 
leurs  prétendues  levées  erapeschées.  (Ms. 
précité,  fol.  25-37.) 


350  LETTRES 

S.  M.  ayant  ci-devant  escrit  audit  s'  de  la  Noue  touchant  le  s"^ 
Aerssen,  elle  a  trouvé  bon,  suivant  vostre  advis,  d'en  faire  autant  aux 
principaux  chefs  de  ses  troupes,  ayant  estimé  que  c'estoit  assés  de  les 
infornier  de  sa  volonté  pour  ce  regard,  afin  de  la  faire  savoir  par 
après  à  ceux  qui  sont  sous  leur  charge. 

Quant  à  la  poursuite  que  vous  m'escrivés  par  vostre  lettre  du  26* 
janvier,  que  fait  l'ambassadeur  du  roy  de  la  Grande-Bretagne  pour 
l'exécution  du  traitté  de  Xanten,  je  n'ay  rien  à  vous  dire,  sinon  que 
je  suis  très-ayse  d'avoir  cogneu  la  disposition  en  laquelle  vous  me 
tesmoignés  que  sont  ces  messieurs  de  ne  rien  faire  en  cela  au  préju- 
dice de  S.  M.  n'y  ayant  point  de  doute  que  ce  traitté,  qui  a  esté  faict 
par  l'entremise  de  S.  M.  ne  doive  s'accomplir  par  la  mesme. 

Au  reste,  LL.  MM.  désirent  non-seulement  que  vous  vous  opposiés, 
autant  que  vous  pourrés,   aux  pratiques  de  ,  mais  en  outre 

que  vous  .solicitiés  MM"  des  Estats  de  faire  ime  response  à  f  Autheur 
(le  duc  de  Bouillon),  telle  que  le  sujet  pour  lequel  il  leur  escnt  le 
mérite.  Cependant  je  vous  prie  de  croire  que  je  suis... 


XXIII. 

Aroli  des  AH.  élr.  Venise,  t.  /la ,  fol.  ■i/tb.  —  Minute. 

LE   ROY   A   M.   DE  LÉON'. 

22  février  1617. 

J'ay  esté  très  ayse  que  vous  ayés  fait  cognoistre  à  la  République 
que  ce  qui  l'empesche  de  parvenir  à  l'alliance  des  Grisons  est  le  seul 
procéder  de  leur  ministre,  et  non  le  man([uement  de  ma  foy  qui  est 
inviolable. 

L'envoyé  de  la  République  au  pays  où  est  le  s'  GuefFier,  malgré  les  ordres  qu'il 
a  reçus,  continue  ses  poursuites  contre  ledit  GuefFier,  «  ne  laissant  en  arrière  aucun 

'  Réponse  à  une  lettre  de  M.  de  Léon,  du  1"  février,  cotée  2  i  .H  dans  le  manuscrit 
précité. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  351 

moyen  pour  gaigner  un   peuple  à  qui   le  vin  et  l'argent  commandent  du  tout.  » 
Ainsi  les  paroles  des  Vénitiens  sont  contraires  à  leurs  actes. 

Selon  les  advis  que  j'ay  eus  de  Pragues,  l'Empereur  mon  frère  a 
envoyé  procuration,  tant  pour  liiy  que  pour  mon  cousin  l'archiduc  de 
Gratz,  pour  traitter,  par  devant  le  Jardin  (le  roi  d'Espagne),  Tacconio- 
dement  du  différend  des  Ebada  (les  Vénitiens).  C'est  une  nouvelle 
contradiction  entre  les  paroles  et  les  actes  des  Ebada 


XXIV. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Venise,  t.  /(2,  fol.  ikl-  —  Minute 

A   M.   DE   LÉO\. 

2  2  février  1617. 

Richelieu  répond  à  uue  lettre  du  1"  février  ',  où  M.  de  Léon  se  plaint  d'être 
sans  dépêches  de  la  Cour;  cependant  le  cardinal  lui  a  écrit  les  l\  et  ik  janvier  et 
le  8  février;  c'est  sans  doute  la  faute  du  courrier  de  Lyon.  Richelieu  désire  avec 
passion  se  montrer  digne  de  la  confiance  de  Leurs  Majestés,  et  il  sait  combien 
il  est  important  que  les  agents  employés  au  loin  soient  exactement  informés. 

Depuis  ses  dernières  lettres  il  n'y  a  rien  de  nouveau  que  la  déclaration  que  le 
roy  a  faite  contre  MM"  de  Vendosme,  de  Mayenne  et  de  Bouillon ,  et  celle  qui 
concerne  les  mouvements  présents  en  réponse  au  manifeste  des  princes ,  «  et  à 
tous  les  bruits  qu'ils  font  semer  par  leurs  partisans  parmi  le  peuple,  pour,  des- 
criant nostre  Gouvernement,  desbaucher  la  fidélité  qu'ils  doivent  à  leur  roy.  » 

Au  reste  les  affaires  du  roy  sont,  grâces  à  Dieu,  en  bon  estât  tant 
dedans  que  dehors  le  royaume.  Les  estrangers  ne  branlent  point, 
M'  de  Schomberg  nous  ayant  donné  asseurance  du  prince  Palatin, 
qui  est  celuy  dont  les  ennemis  devroient  se  prévaloir  davantage.  M"^  de 
Thémines  a  battu  M.  de  Nevers;  M.  de  Guise  est  allé  à  l'armée  de 
Champagne;  le  roy  va  dans  8  jours  à  Reims  pour  en  estre  plus  proche. 

'  Celle  lettre  est  dans  ce  manuscrit,  fol.  216, 


352  LETTRES 


XXV. 

Arch.  des  AIT.  étr.  Hollande,  t.  8,  fol.  /i8.  —  Minute. 

A  M.  DU   MÂURIER. 

jS  février  1617. 

M',  ayant  amplement  respondu  à  vos  lettres  des  26  et  3i  janvier, 
par  la  mienne  du  19  febvrier,  je  prends  maintenant  la  plume  pour 
vous  dire  comme  j'ay  receu  celle  que  vous  m'avés  escrite  du  4^  de 
ce  mois ,  le  2  1  "^  d'iceluy.  J'ay  esté  très-ayse  d'y  cognoistre  que  le 
poulmon  et  le  foye  ',  voyant  tous  leurs  efforts  n'estre  pas  assez  puis- 
sant pour  esmouvoir  l'oyseau  (les  Etats)  et  l'aile  (le  prince  Maurice) 
à  ce  qu'ils  désirent,  soyent  résolus  de  s'en  retoruner  comme  ils  sont 
venus,  c'est-à-dire  ayant  aussy  peu  avancé  au  dessein  qui  les  a  amenez 
au  lieu  où  ils  sont  que  s'ils  ne  feussent  point  partis  de  chez  eux.  Us 
apprendi'ont  par  là  à  ne  s'embarquer  pas  une  autre  fois  sy  facilement 
sur  la  créance  d'autruy,  considérans  qu'il  ne  leur  a  succédé  rien 
moins  que  ce  que  l'autheur  (le  duc  de  Bouillon),  selon  sa  bonne  foy 
accoustumée,  leur  avoit  faict  promettre. 

Je  ne  suis  pas  estonné  qu'il  ayt  eu  pouvoir  de  tirer  une  lettre  de 
l'électeur  Palatin  à  l'oyseau,  ne  doutant  point  que  son  crédit  envers 
luy  n'aye  peu  .s'estendre  jusques-là;  mais  bien  que  S.  Ait.  ayant 
promis  à  M.  le  comte  de  Schomberg  de  n'assister  ny  de  gens,  ny  d'ar- 
gent les  ennemis  du  roy,  elle  contrevienne  maintenant  à  sa  parole 
et  à  la  déclaration  qu'elle  en  a  donnée  par  escrit.  La  lettre  toutefois 
par  laquelle  ledit  s'  de  Schomberg  m'en  adverlit,  qui  est  du  29*  du 
mois  passé,  estant,  à  mon  advis,  postérieure  à  celle  de  S.  A.  que 
vous  m'escrivés  avoir  esté  leue  à  la  Haye  le  2  febvrier,  me  faict  croire 
qu'elle  aura  changé  le  dessein  qu'elle  a^  peu  avoir  de  favoriser  celuy 

'  Je  n'ai  point  l'explication  de  ces  deux  -  Il  v  a  «ont»  dans  le  manuscrit,  c'est 

mots  du  chiffre,  je  suppose  qu'ils  sijrni-  sans  doute  une  erreur  du  secrétaire  ou  de 

fient  :  l'ambassadeur  d'Espagne,  et  celui  dictée;  ce  mot  doit  se  rapporter  à  Altesse. 
d'Angleterre. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.        ,  353 

de  MM"  les  princes.  Je  suis  bien  ayse  que  vous  en  ayés  fait  surseoir 
Ja  responce  jusques  à  la  venue  de  M.  de  la  Noue;  mais  vous  ferés 
maintenant  un  grand  coup  si  vous  luy  pouvés  faire  respondre  autre- 
ment que  les  ennemis  du  roy  ne  le  désirent.  Cependant  je  juge  bien, 
avec  vous,  que  s'il  n'y  a  point  de  considération  plus  forte  que  celle 
de  la  religion  qu'on  met  en  avant  pour  la  délivrance  du  Tenant',  il 
sera  en  danger  d'estre  plus  longtemps  qu'il  ne  voudroit  au  lieu  où  il  est. 
Je  me  resjouis  aussy  de  voir,  par  la  longueur  que  MM'*  des  Estats 
apportent  à  respondre  à  la  proposition  de  l'ambassadeur  d'Angleterre, 
touchant  le  fait  de  Juliers,  le  peu  de  disposition  qu'ils  ont  à  luy  donner 
la  satisfaction  qu'il  pourroit  désirer,  et  m'affermis  en  la  créance  que 
vous  me  tesmoignés  avoir  que  l'honneur  de  mettre  la  dernière  main 
à  ce  traittc  doit  estre  réservé  à  Sa  M.  Vous  en  ferés  poursuite  de  sa 
part,  afin  qu'ils  voyent  que  nous  le  désirons  plus  que  tout  autre,  et 
que,  si  nous  n'en  avons  poursuivy  jusques  à  cette  heure  l'exécution, 
c'est  que  nous  n'estimions  pas  que  ce  leur  fust  chose  agréable.  Voilà 
tout  ce  que  je  vous  puis  dire  pour  le  présent,  sinon  que  je  suis... 


XXVI. 

Arcli.  des  Alï.  élj-.  Espagne,  t.  12,  fol.  SSy.  —  Minute. 

A  M.  DE  SENEÇAY. 

28  février  1617  (au  dos). 

L'évesque  de  Luçon  a  répondu  aux  lettres  de  M'  de  Seneçay,  des  i5,  20  jan- 
vier et  5  de  ce  mois;  il  renouvelle  les  plaintes  au  sujet  des  officiers  de  Madame. 
"  Si  le  s'  de  la  Pause  demeure  auprès  d'elle,  le  roy  entend  qu'il  soit  véritablement 
aulmosnier  de  la  dite  dame.  » 

Quant  à  ce  que  vous  me  tesmoignés  que  le  duc  de  Lerme  vous 
avoit  dict  qu'il  luy  sembloit  que  la  France  n'avoit  pas  désiré  que  le 
traitté  de  Xantin  s'achevast,  on  pourroit  luy  demander  à  qui  il  a  tenu 

'  C'est  sans  doute  le  prince  de  Condé,  qui  était  prisonnier  depuis  quelques  mois. 

UABDIN.  DE  RICHELIEC.  —  VII.  45 


354  LETTRES 

qu'il  ne  s'exécutasl,  ou  au  roy  qui,  pour  le  conclure,  a  employé  une 
puissante  armée  et  beaucoup  d'argent ,  ou  à  ceux  qui ,  ayant  promis 
de  restituer  les  places  qu'ils  tiennent,  ne  veulent  point  se  deppartir  de 
leur  possession. 

Le  roi  a  répondu  au  sujet  de  la  plainte  touchant  Tassistance  rendue  au  duc  de 
Savoie. 

Quoy  que  vos  lettres  fassent  paroistre  la  paix  d'Italie  estre  fort 
acheminée,  je  ne  la  tiens  pas  sy  asseurée,  en  efFect,  qu'on  le  pom-roit 
penser,  ayant  eu  advis  de  Venise  que  leur  ambassadeur,  qui  est  près 
du  roy  d'Espagne,  avoit  seulement  requis  d'avoir  par  son  moyen  une 
suspension  d'armes,  et  non  parlé  d'accommodement;  et  sceu  d'ail- 
leurs que  le  roy  catholique  levoit  en  Flandres  mil  chevaux  et  trois- 
mil  hommes  de  pied  pour  la  guerre  de  Savoie 

Richelieu  s'occupe  de  faire  payer  le  traitement  des  ambassadeurs  sur  les  fonds 
les  plus  clairs  qu'on  puisse  trouver. 


XXVII. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  Espag^ne,  t.  12,  fol.  SSy.  —  Minute. 

LE  ROY   A  M.  DE  SENEÇAY. 

28  février  1617. 

Déplaisir  de  ce  que  les  Français  qui  sont  auprès  de  la  princesse  sœur  du  roi  ne 
reçoivent  pas  le  même  traitement  que  les  Espagnols  qui  sont  auprès  de  la  reine 
de  France. 

Satisfaction  de  ce  que  le  roy  catholique,  à  la  prière  du  pape  et  à  celle  du  roi, 
•  se  soit  résolu  d'exécuter  le  traitté  d'Ast,  et  qu'il  ayt  remis  l'accomplissement 
d'iceluy  comme  aussy  l'accommodement  des  Vénitiens  à  sa  Saincteté.  » 

Le  respect  que  comme  fils  aisné  de  l'église  je  dois  au  Sainct-Père, 
fait  que,  quand  le  roy  catholique  n'auroit  point  tesmoigné  désirer  le 
recognoistre  juge  de  ces  différends,  je  luy  aurois  tousjours  rendu 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  355 

cette  déférence,  principalement  en  une  occasion  comme  celle-cy  où 
il  est  question  de  redonner  à  l'Italie  la  paix  qu'elle  désire  et  sans  la- 
quelle elle  semble  ne  pouvoir  plus  longuement  subsister.  Une  chose 
en  cela  ne  me  peut  'contenter,  qui  est  qu'ayant  fait  faire  le  traitté 
d'Ast,  pour  l'exécution  duquel  je  me  suis  employé,  ainsy  qu'il  est 
notoire  à  chacun ,  maintenant  que  le  roy  catholique ,  mon  frère ,  se 
porte  à  le  vouloir  consentir,  il  ne  puisse  souffrir,  comme  vous  m'es- 
crivés,  que  mon  authorité  y  intervienne.  Ce  que  je  n'eusse  pas  attendu 
de  luy,  estant  certain  que  si  les  offices  d'amitié  qu'on  rend  à  ceux  à 
qui  on  est  uny  par  alliance  se  payent  de  telle  recognoissance ,  il  vau- 
droit  beaucoup  mieux  se  tenir  sans  rien  faire,  que  non  pas  de  tra- 
vailler à  procurer  leur  repos.  Cependant  j'ay  à  vous  dire  que  le  duc 

de  Monléléon  me  tient  tout  un  autre  langage  que  vos  lettres 

Quant  au  mariage  qui  se  traitte  maintenant  au  pays  où  vous  estes, 
j'auray  tousjours  à  gré  qu'il  se  conclue,  si  tant  est  qu'il  en  puisse  re- 
venir du  bien  à  la  chrestienté  ;  veu  que  c'est  la  seule  chose  qu'en  cela, 
comme  en  toute  autre,  je  me  propose  pour  but. 


XXVIII. 
Bibl.  imp.  Gaignières,  Fonds  fr.  ao65i.  fol.  loi.  —  Original. 

A  M.  LE  BARON  DU  TOUR, 

COXdlLLIa  DO  ROT  l*  lOII  COISEIL  D'CSTtT    ET  SOU    AVBt>5iOEDH  BR  AICLITEMB  '. 

i"  mars  1617. 

Monsieur,  j'ay  veu  par  nos  lettres  comme 

vous  avés  esté  receu  de  delà ,  les  traverses  qu'on  vous  y  a  données  et 
comme  enfin  M""  le  milord  de  Hests^  a  esté  vainqueur  au  combat  qu'il 

'   Voy.  tome  I",  p.  a^y.  note  a,  et  Mé-  lui,  à  Rocliester,  fort  accompagné,  et  l'a- 

moires  de  Richelieu ,  t.  I ,  p.  SgS ,  /iyA.  vait  ensuite  bien  servi  à  Londres.  En  1 6a4 

*  Hay,  comte  de  Carlisle.  M'  du  Tour  il  vint  à  Pari»  pour  le  mariage  de  Hen- 

avait  mandé  le  a  1  février  les  bons  procédés  riette  de  France.  (Woy.  Mercure  français , 

de  M.  de  Hay,  qui  était  venu  au-devant  de  p.  ^79.) 

45. 


356  LETTRES 

a  eu  pour  vous.  Le  roy  et  la  reyne  luy  en  savent  plus  de  gré  que  je 
ne  vous  puis  dire,  ainsy  que  vous  verres  par  les  lettres  de  remercie- 
ment que  leurs  MM.  luy  escrivent'.  Comme  elles  ont  du  tout  sujet 
de  se  louer  de  sa  courtoisie ,  elles  trouvent  bien  estrangë  la  mauvaise 
volonté  qu'a  le  s' Edmond  pour  cet  estât.  Elles  ont  esté  bien  ayses  de 
voir  ce  que  vous  avés  gaigné  sur  l'esprit  du  roy  de  la  Grande-Bre- 
tagne, mais  il  monstre  bien  de  n'eslre  pas  du  tout  guéry,  puisque, 
quand  il  s'engage  à  n'assister  point  ses  ennemis  couvertement,  il 
suppose  les  assister  ouvertement,  au  cas  qu'on  ne  luy  accorde  cer- 
taines propositions  qu'il  veut  faire.  Sur  cela  S.  M.  prévoyant  qu'il  veut 
s'entremettre  de  quelque  traitté ,  désire  que  vous  luy  fassiez  entendre 
^qu'elle  ne  capitulera  jamais  avec  ses  subjets,  et  qu'il  n'aprouveroit 
pas  luy-méme,  par  raison  d'estat,  qu'un  prince  estranger  voulust  se 
rendre  protecteur  des  subjets  d'un  autre. 

Pour  cette  elTect,  LL.  MM.  le  prient  de  ne  point  vouloir  se  mesler 
de  cette  affaire,  veu  mesme  qu'elles  ont  fait  tout  ce  qui  leur  a  esté 
possible  pour  ramener  ces  gens-cy  à  la  raison.  Vovis  luy  ferés  voir 
particulièrement  par  la  déclaration  que  S.  M.  m'a  commandé  de 
faire,  comme  on  leur  a  encore  oflert,  depuis  huit  jours^,  d'oublier  le 
passé,  pourvu  qu'ils  quittassent  les  armes.  Vous  y  verres  plusieurs 
autres  choses  importantes  à  remarquer  qu'il  scroit  superflu  de  vous 
mander. 

Après  avoir  faict  vostre  dernier  efîbrt  pour  regaigner  ce  prince, 
LL.  MM.  entendent  que  vous  reveniés  les  trouver.  Et  sera  bon,  si  vous 
pouvés,  lo  69  2  44  61  64  i3  i6  3i  63  42  28  4o  3  8  28  16  64  8 
3o47  4io  28  i3  16  38  44  19  10  i3  54  i3  4711  8  64  4i3 
44  63  54^ 

Au  reste  nous  vous  attendrons  le  plutost  que  faire  se  poxura,  en 
intention  de  pourveoir  à  ce  que  vostre  voyage  vous  aura  faict  juger 
à  propos*;  vous  verres,  par  une  autre  lettre  que  je  vous  escris.  Testât 

'   Voy.  aux  analyses  du  i  "  mars.  '  Je  n'ai  point  trouvé  le  chiffre  de  Ri- 

^  Page  3oi  de  notre  premier  volume ,  à         chelieu  avec  le  baron  du  Tour, 
la  date  du  1 8  février.  '  Dans  le  manuscrit  cité  aux  sources . 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  357 

présent  de  nos  atFaires;  c'est  ce  qui  me  faict  finir  celle-cy,  vous  asseu- 
rant  que  je  suis, 

Monsieur, 

Vostre  très  humble  serviteur, 

DE  RICHELIEU. 


XXIX 

Arcli.  dies  Aff.  étr.  FVance,  t.  38,  pièce  80.  —  Mise  au  net. 

[AU  MARÉCHAL  D'ANCRE.] 

[Commencement  de  mars  itii7?] 

Monsieiu",  vous  ayant  cy-devant  envoie  la  déclaration 

que  le  roy  a  faicte  contre  M'  de  NeversS  je  prends  la  plume  mainte- 
nant pour  accompagner  les  deux  qui  sont  survenues  ensuite.  Par  l'une 
vous  verres  comme  M"  de  Vendosme,  de  Mayenne  et  de  Bouillon 
l'aiant  imité  en  sa  rébellion  envers  leur  roy,  ont  contrainct  S.  M.  de 
faire  contre  eux  la  mesme  déclaration  qu'elle  avoit  faicte  contre  luy. 
Par  fautre  vous  cognoistrés  qu'aiant  artificieusement  publié  leurs 
manifestes,  et  non  moins  malicieusement  espandu  mille  bruits  parmy 
le  peuple  pour  descrier  le  gouvernement  de  FEstat,  il  estoit  très-im- 
portant d'apporter  im  prompt  remède  à  ce  mai.  Et  d'autant  qu'en 
vain  S.  M.  opposeroit  du  papier  aux  armes  qu'ils  ont  osé  prendre 
contre  elle,  si  elle  ne  forùffioit  des  siennes  les  raisons  par  lesquelles 
elle  les  condamne,  elle  augmente  tous  les  jours  ses  forces  pour  en 

plusieurs  pages,  depuis  le  fol.  gS,  donnent  réchal  d'Ancre,  qui  était  en  Normandie;  la 

le  sommaire  de  diverses  afifaires  entre  la  présente  lettre,  écrite  quelques  jours  après, 

France  et  l'Angleterre,  peu  avant  l'entrée  est  sans  doute  des  premiers  jours  de  mars 

de  Richelieu  au  ministère.  quand  M'deThémines  assiégeait  Cuffy.  Le 
'   Voy.  ci-dessus  au  i5  février,  et  i.  I",  .      i  mars,  le  roi  lui  ordonnait  de  le  raser 

p.  3oi  et  3i6.  Le  22  février,  l'évêque  de  quand  il  serait  pris  (t.  I",  p.  S/iy). 
Luçon  avait  envoyé  la  déclaration  au  ma- 


358  LETTRES 

composer  une  armée  telle  qu'elle  puisse  chaslier  la  désobéissance  de 
ses  sujets.  Pour  cet  effect,  outre  les  recreues  qu'elle  a  faict  faire  de 
ses  vieux  régimens  et  les  compagnies  de  chevaux  légers  qu'elle  faict 
mettre  sur  pied,  elle  a  délivré  des  commissions  pour  lever  quatre  mil 
hommes  de  pied.  Qui  plus  est,  elle  a  trouvé  bon  d'adjouster  aux 
Reistres,  Landsquenets  et  Liégeois  qu'elle  attend,  quatre  mil  hommes 
qu'elle  faict  venir  de  Hollande.  De  sorte  que  aiant  assemblé  toutes 
ces  troupes  tant  françoises  qu'estrangères ,  il  est  impossible  que  ses 
ennemis  puissent  résister  à  sa  puissance ,  ce  qui  paroist  d'autant  plus 
certain  qu'outre  la  foiblesse  en  laquelle  ils  sont  maintenant,  rien  ne 
lemue  en  leur  faveur  aux  pais  estrangers.  L'Allemagne  estant  le  lieu 
d'où,  avec  plus  d'apparence,  ilz  pourroient  tirer  du  secours,  nous 
sommes,  grâces  à  Dieu,  en  repos  de  ce  costé-là.  M"  le  comte  de  Schom- 
berg  aiant  escrit  qu'il  n'y  a  pas  un  homme  pour  eux;  M'  le  Prince 
palatin,  qui  est  celui  dont  ils  se  devroienl  prévaloir  davantage,  s'es- 
tant  mesme  engagé  à  luy,  et  de  bouche  et  par  escrit,  de  ne  les  assister 
en  aucune  façon  au  préjudice  de  S.  M.  Ainsi  estant  asseurée  du  de- 
hors, elle  se  dispose  à  se  mettre  en  estai  de  se  faire  craindre  par 
ceux  que  la  douceur  dont  elle  a  usé  envers  eux  n'a  pas  esté  suffisante 
de  porter  à  l'aimer.  Ses  armes  commencent  desjà  à  leur  donner  de  la 
terreur.  M'  le  mareschal  de  Thémines  aiant,  en  une  rencontre,  faict 
prendre  la  fuite  à  la  cavalerie  de  M'  de  Nevers  et  faict  rester  douze 
ou  quinze  d'icelle  sur  la  place.  M'  le  mareschal  de  Montigny  tient 
assiégé  un  chasteau  en  Nivernois  nommé  CuiFy,  qui  ne  se  peut  ga- 
rentir  d'estre  emporté ,  quoy  qu'on  die  que  M"'  de  Nevers  face  mine  de 
le  vouloir  venir  deffendre.  M'  le  comte  d'Auvergne  aiant  nettoyé  le 
Perche  de  ceux  qui  vouloient  s'y  eslever  contre  S.  M.,  mis  garnison 
dans  leurs  maisons,  asseuré  pour  son  service  le  Mans  et  autres  places 
qu'on  soupçonnoit  n'y  estre  pas,  revient  trouver,  avec  ses  troupes, 
S.  M.  Si  tost  qu'il  sera  arrivé,  elle  le  laissera  autour  de  Soissonspour 
réprimer  les  courses  que  ceux  de  dedans  osent  venir  faire  aux  envi-  • 
rons  de  cette  ville.  Tandis  qu'elle  sera  en  Champagne ,  où  elle  se  résoult 
de  s'ascheminer  dans  huit  jours,  aiant  encore  M.  de  Guyse  en  qualité 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  359 

de  lieutenant  général  de  Tarniée  qui  y  est.  C'est  tout  ce  que  je  vous 
puis  dire  pour  le  présent,  si  non  que  je  suis. 

Monsieur, 

Vostre.,  . 


XXX. 

Arch.  des  AU',  étr.  Constantinople,  l.  3,  fol.  71.  —  Minute. 

LETTRE  DU   ROY   A   M.   DE  SANCY  '. 

8  mars  1617. 

M'  de  Sancy,  j'escris  au  Grand  Seigneur,  tant  sur  le  tribut  qu'il 
exige  de  mes  suJjjets  et  de  ceux  des  princes  chrestiens,  pilleries  faictes 
par  les  siens  sur  les  marchands  en  Barbarie,  outrages  qu'ils  exercent 
à  l'endroit  des  consuls,  qu'emprisonnemens  des  dragomans.  Vous  luv 
présenterés  ma  lettre,  et  vous  joindrés  avec  les  ambassadeurs  d'An- 
gleterre et  de  Hollande  aux  instances  que  je  sçay  qu'ils  doivent  faire . 
de  la  part  du  roy  de  la  Grande-Bretagne,  mon  frère,  et  de  M"  des 
E.stats  touchant  ce  tribut,  afin  <{ue,  comme  nous  y  avons  un  commun 
intérest,  nous  en  paissions  aussy  tirer  une  satisfaction  esgale. 

La  minute  continue  par  des' conseils  de  prudence  dans  la  conduite  de  ces  négo- 
ciations*. Le  roi  recommande  «  de  faire  valoir  la  bonne  volonté  que  S.  M.  a  tes- 
moignée,  tant  à  ceux  d'Arger,  au  soldat  deThunis,  qu'au  chaour  du  Grand  Sei- 
gneur, ayant  délivré  les  esclaves  Turcs  qui  m'estoient  légitimement  acquis. . .  » 

La  dépêche  est  terminée  par  ce  paragraphe  : 

Au  reste,  vous  n'oublierés  pas  de  faire  cognoistre  au  Grand  Seigneur 

'  Ceci  est  écrit  au  3os ,  ainsi  que  la  date.  de  Harlay,  avant  d'avoir  eu  communication 

'  Nous  en  avons  donné  un  fragment  de  la  pièce  entière  conservée  aux  Affaires 

(  page  359   de   notre  premier  volume  )  ;  étrangères.  On  peut  voir  à  la  page  précitée 

nous  I  avions  trouvé  dans   les  manuscrits  ■  une  note  sur  Sancy. 


360  LETTRES 


le  sentiment  que  j'ay  du  restablissement,  que  vous  m'escrivés,  de 
quelques  pères  jésuites,  luy  en  faisant,  de  ma  part,  le  remerciement 
plus  affectionné  qui  vous  sera  possible,  et  l'asseurant  qu'en  toute 
occasion,  je  tascheray  à  prendre  revanche  de  ce  bon  office.  Sur  cela. .. 


XXXI, 

Arch.  des  Aff.  étr.  Constantinople ,  t.  3,  toi.  68.  —  Minute. 

A  M.  DE  SANCY. 

Du  8'  mars  1617  ' . 

Ceux  de  Marseille  se  sont  plaints  de  M'  de  Sancy,  au  sujet  de  la  déposition  du 
vice-consul  d'Alep  ;  l'ambassadeur  réclame  contre  ces  plaintes  injustes.  Richelieu 
lui  répond  :  «  N'ayant  point  de  cognoissance  de  ces  plainctes  que  par  ce  que  vos 
lettres  me  tesmoignent,  je  ne  puis  maintenant  vous  rendre  en  cela  l'assistance 
que  je  désirerois,  pour  vous  en  faire  avoir  la  satisfaction  que  vous  requérés. .  ., 
les  Marseillois  estant  intéressez,  ils  y  mettent  un  excès  de  leur  passion. 

«...  Quand  j'auray  esté  plus  particulièrement  instruit  de  cette  affaire,  si  j'y  puis 
contribuer  quelque  chose  pour  vostre  contentement,  vous  pouvés  croire  que 
j'auray  à  faveur  de  vous  y  servir.  » 

Richelieu  fera  son  possible  pour  qu'il  soit  payé  de  ce  qui  est  dû  de  ses  appoin- 
tements, «...  mais  il  sera  difficile  de  vous  faire  reml)0urser,  pour  cette  heure,  de 
ce  que  vous  avés  avancé  pour  le  retour  des  pères  jésuites  en  Constantinople ,  attendu 
la  nécessité  présente  de  nos  affaires.  »  Richelieu  mande  à  IW  de  Sancy  ce  qui  a 
déjà  été  écrit  aux  autres  ambassadeurs  sur  l'entier  accomplissement  du  traité 
d'Ast,  «  qui  est  ce  pourquoy  on  estoit  venu  aux  armes,  ^et  dont  l'exécution ,  à  mon 
advis,  se  fera  à  Rome,  les  ambassadeurs  de  S.  M.  y  assistans  et  la  poursuivans.  » 
. . .  .Quelques  mots  sur  le  différend  qu'ont  les  Vénitiens  avec  l'archiduc  de  Gratz, 
et  une  page  sur  l'alliance  des  Vénitiens  et  des  Grisons.  Cette  page,  que  nous  avions 

'  Le  secrétaire  a  noté  au  dos  le  nom  et  effet,  s'en  voulant  remettre,  S.  M.  pour 

la  date.  le  respect  qu'elle  pOrte  à  Sa  Saincteté  a 

"  Cette  phrase  qui  finit  le  paragraphe  creu  luy  devoir  céder  l'honneur  de  mettre 

est  écrite  en  marge,  pour  remplacer  celle-  à  fin  un  sy  bon  œuvre  f 
ci ,   barrée  dans  le   texte  :  «  et  pour  cet 


DU  CÂHDINAL  DE  RICHELIEU. 


361 


trouvée  en  fragment  dans  les  manuscrits  de  Harlay,  a  été  imprimée  dans  notre 
premier  volume,  page  36o. 

La  lettre  se  termine  par  un  paragraphe  sur  Texpédition  de  Lesdiguières  en 
Italie,  et  sur  «  la  parole  donnée  par  le  roi  de  la  Grande-Bretagne  de  ne  rien  faire 
pour  les  princes  au  préjudice  de  S.  M.  • 

De  sorte  qu'estant  asseuré,  tant  de  ce  costé  là  que  d'autres  du 
dehors,  il  y  a  tout  subjet  de  croire  qu'elle  viendra  aysément  à  bout 
de  ses  ennemis  qui  sont  au  dedans  de  son  royaume. 

Richelieu  finit  en  annonçant  à  M"^  de  Sancy  une  autre  lettre,  oii  il  verra  «en 
quel  estât  la  France  est  aujourd'huy '.  » 


XXXII. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  Hollande,  t.  8,  loi.  -5.  —  Copie. 

A  M.  DE  LA   NOUE. 

17  mars  1617. 

.le  vous   mande  par  une  autre  lettre^  ie  cours  des   affaires  de  la 
France,  par  lequel  vous  verres  le  progrès  de  celles  du  roy^. 
Depuis  ma  lettre  escrite,  etc. 


'  Est-ce  la  lettre  du  17  mars  dont  on 
trouvera  ci-après  l'analyse  à  sa  date  ? 

'  Sans  doute  celle  qui  porte  la  même 
date ,  1 7  mars ,  et  qui ,  dans  ce  manuscrit , 
est  cotée  7.5,  aussi  aux  analyses  ci-après. 

'  Ces  trois  premières  lignes  sont  de  la 
main  d'un  des  secrétaires  ordinaires  de 
Richelieu,  ce  qui  suit  est  d'une  main  que 


je  ne  connais  pas.  C'est  une  sorte  de  P.  S. 
que  m'avait  fourni  un  manuscrit  de  Har- 
lay (voy.  t.  I",  p.  4ii);  ce  manuscrit  ne 
donnait  point  de  suscription,  j'avais  pense 
que  la  lettre  devait  être  adressée  à  l'ambas- 
sadeur ordinaire,  Du  Maurier;  je  vois,  par 
le  manuscrit  des  Affaires  étrangères ,  qu'elle 
allait  à  fenvoyé  extraordinaire. 


C\nOIN.  DE  RtCHELIEO. 


46 


362  LETTRES 


XXXIH. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Hollande,  t.  8,  fol.  67.  —  Minute. 

LE   ROY  A   M.  DE  L4  NOUE. 

I  ï  mars  1617. 

Je  vous  diray  que  toutes  vos  dépesches  ont  été  perdues ,  etc. 

J'ai  donné  cette  pièce  dans  le  premier  volume,  page  327.  Le  manuscrit  de 
Harlay,  où  elle  se  trouve  en  copie,  l'a  mise  à  la  suite  d'une  autre,  du  26  février, 
comme  si  c'était  une  seule  et  même  pièce.  La  minute,  que  nous  avons  eue  au\  Ar- 
chives des  affaires  étrangères,  nous  a  montré  l'erreur  où  nous  avait  induit  le  ma- 
nuscrit de  Harlay,  et  nous  a  donné  la  véritable  date,  1 7  mars. 


XXXIV. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Venise,  i.  ai  ,  fol-  261   —  Minute. 

LETTRE  DU  ROY  A  M.  DE  LÉON. 

Du  22'  mars  1  H17. 

.....  I)ien  que  je  n'aye  point  de  paroles  qui  puissent  exagérer 
l'indignité  du  procéder  des  Ebada  (les  Vénitiens),  je  trouve  bon  né- 
antmoins  l'advis  que  vous  nie  donnés  de  remettre  en  un  temps  plus 
opportun  à  faire  paroistre  le  ressentiment  que  j'en  ay .  .  .  Cependant 
le  désir  que  j'ay  de  voir  la  paix  aussy  bien  establie  entre  mes  voysins 
qu'en  mon  royaume  mesme,  faict  que  je  seray  très-ayse  qu'ils  l'ob- 
tiennent .  .  .  mais  peut-estre  ceux  qui  ont  creu  pouvoir  se  passer  de 
moy,  en  cette  occasion,  en  pourront-ils  encore  avoir  à  faire.  .  . 

Bien  que  je  désire  que  vous  vous  prépariés  à  partir,  le  temps  de 
vostre  aiîibassade  estant  expiré,  je  n'entends  pas  toutefois  que  vous 
parties  qu'on  ne  voye  l'événement  de  cette  paix,  le  bien  de  mes  al- 
liez requérant  qu'ayant  eu  cognoissance  du  commencement  de  ce 
différend,  vous  ne  bougies  de  là  que  vous  n'en  voyiés  la  fin. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  363 


XXXV. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  Venise,  t.  txi,  fol.  261  v°.  —  Minute. 

A  M.  DE  LÉON. 

11  mars  1617'. 

Richelieu  a  vu  par  la  lettre  de  M.  de  Léon  du  28  février,  reçue  le  ao  mars, 
ce  que  cet  ambassadeur  a  écrit  touchant  les  Ebada  (les  Vénitiens);  étonnement 
de  leur  procédé. 

Le  l)on  est  que  quelquefois  en  pensant  tromper  autruy  on  se 
trompe  soy-même;  et,  à  ce  que  j'apprends,  tant  par  vos  lettres  que 
d'ailleurs,  cette  affaire  est  encore  en  tel  estât  qu'il  pourra  bien 
leur  en  prendre  en  cette  sorte.  En  un  mot,  il  est  indifférent  à  S.  M. 
par  le  moyen  de  qui  ils  obtiennent  la  paix,  pourveii  qu'ils  l'ayent. 
Mais,  en  effect,  ils  ne  peuvent  nyer  qu'ils  ne  luy  ayent  lait  tort  d'avoir 
tiré  de  ses  mains  cette  affaire,  qui  estoit  en  tel  achèvement  qu'ils  n'en 
pouvoient  espérer  qu'une  heureuse  issue. 

S.  M.  a  eu  du  contentement  de  savoir  la  disposition  que  vous  me 
tesnioignés  qu'a  le  jardin  (le  roi  d'Espagne)  à  redonner  la  tranquil- 
lité aux  lieux  où  il  y  a  desjà  longtemps  qu'il  n'y  a  que  du  trouble. 
Le  refroidissement  que  vous  remarqués  qu'il  y  a  aux  préparatifs  de 
guerre  qu'il  faisoit  avec  tant  d'ardeur,  estant  un  indice  de  la  paix 
qu'il  se  promet  y  establir. 

S.  M.  sera  très-ayse  quand  toutes  choses  seront  tellement  compo- 
sées au  dehors  qu'estant  délivrée  du  soin  qu'elle  en  prend ,  elle  n'aura 
plus  qu'à  penser  au  dedans  de  son  estai,  pour  ranger  ses  ennemis  à 
leur  devoir.   Pour  le  progrez  de  ses  affaires  que  vous  verres   en  la 

'    M.  de  Léon  était  alors  sur  le  point  ajoutait  quelques  nouvelles  des  avantiiges 

de  quitter  son  poste;  le  roi  lui  avait  écrit  remportés  sur  les  princes  par  l'armée  du 

le  8  mars  que  le  temps  de  son  nmbassade  "    roi.  Ces  deux  lettres,    en  minute  de  la 

étant  expiré,  M.  de  Boissy  allait  le  rem-  main  du  même  secrétaire,  sont  dans  ce 

placer.  Richelieu  lui  écrivant  le  même  jour  manuscrit,  fol.  2^9  et  a5i. 


364  LETTRES 

lettre  que  je  vous  escrits  sur  ce  subjet  \  vous  pourrés  concevoir  quel 
en  sera  l'événement,  n'y  ayant  point  de  doute  que  Dieu,  rjui  protège 
les  rois,  ne  favorise  les  armes  de  S.  M.  contre  ses  subjets  rebelles. 
Au  reste,  je  ne  veux  pas  oublier  à  vous  tesmoigner  le  desplaisir  qu'a 
la  salade  (le  roi)  de  voir  le  peu  de  gré  que  les  Ebada  (les  Vénitiens) 
luy  savent  de  ce  qvi'elle  a  fait  en  faveur  de  leur  esturgeon  (alliance); 
et  n'ay  rien  à  adjouster  à  cela,  *inon  que  s'ils  payent  de  telle  re- 
cognoissance  ce  qu'elle  a  faictpour  eux,  en  cette  occasion,  il  vaudroit 
autant  les  désobliger  qu'obliger,  puisqu'ils  n'auront  pas  plus  le  sen- 
timent de  l'un  que  de  l'autre.  Voilà  tout  ce  que  je  vous  puis  dire  pour 
le  présent,  sinon  que  je  suis. . . 


XXXVI. 

Arch.  des  AfF.  élr.  France,  t.  28,  pièce  8^.  — -  Mise  au  net. 

[AU  MARÉCHAL  D'ANCRE?] 

[Vers  le  27  mars  1617  '.] 

Monsieur,  le  désir  que  j'ay  de  vous  informer  de  temps  à  autre  de 
ce  qui  se  passe  d'important  pour  le  service  du  roy,  me  faict  prendre 
la  plume  pour,  ensuitte  de  mes  lettres  précédentes,  vous  faire  part 
de  ce  que  les  armées  de  S.  M.  ont  faict  de  remarquable.  En  premier 
lieu  j'estime  estre  à  propos  de  vous  dire  que  l'armée  de  Champagne, 
dont  M.  de  Guyse  est  lieutenant  général ,  est  dès  cette  heure  com- 
posée de  sept  mille  hommes  de  pied  et  mil  chevaux.  Celle  de  l'Isle 
de  France,  commandée  par  M.  le  comte  d'Auvergne',  de  cinq  mil 

'  C'est  sans  doute  la  lettre  signée  du  l'annonce  des  villes  que  venait  de  ])rendre 

roi  le  même  jour  et  qu'on  vient  de  lire.  le  maréchal  de  Montigny. 

■  Celte  mise  au  net  ne  donne  ni  sus-  '  11  s'est  appelé  depuis  duc  d'Angou- 

cription,    ni    date;  mais  la   lettre   parait  lème,  et  il  signait  Charles  de  Valois.  C'était 

adressée  au  maréchal  d'Ancre.  Quant  à  la  un  fils  naturel  du  roi  Charles  IX  et  de  Mario 

date ,  elle  se  trouve  indiquée  à  peu  près  par  Touchet. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  365 

[hommes]  et  de  mil  chevaux  et  celle  duNlvernois,  que  M.  le  mareschal 
de  Montigny  conduit,  de  trois  mil  [hommes]  et  de  cinq  cents  chevaux, 
sans  compter  toutes  les  troupes ,  tant  de  cavalerie  que  d'infanterie ,  dont 
tous  les  jours  elles  se  grossissent.  M.  de  Guyse  a  pris  Richecour  et 
faict  estât  d'aller  assiéger  Réthel  ou  Chasteau-Porcien ',  la  garnison 
duquel  estant  sortie,  M.  le  mareschal  de  Thémines  en  a  faict  resler 
dix  ou  douze  sur  la  place,  et  pris  autant  de  prisonniers.  M.  le  ma- 
reschal de  Montigny  a  pris  Culfy,  Donzy,  Antrain  et  Clamecy,  où  il 
s'est  saisy  de  la  personne  d'un  des  filz  de  M'  de  Nevers,  qui,  par  ca- 
pitulation, doit  remettre  en  l'ohéissance  du  roy  quatre  places  du  Ni- 
vernois.  Le  d.  s'  mareschal  est  allé  secourir  S'-Pierre  le  Moustier,  que 
les  ennemis  ont  assiégé,  et,  au  retour  de  là,  faict  estât  d'aller  atta- 
quer Nevers,  dont  il  croît  se  rendre  maistre,  veu  l'affection  que  les 
hahitans  tesmoignent  porter  à  leur  roy.  Cette  ville  estant  prise  il  n'y 
aura  plus  rien  dans  la  province  qui  luy  face  teste  que  Decize,  qu'en- 
core il  se  promet  d'emporter,  quelque  résistance  qu'il  y  rencontre 
par  la  quantité  de  gens  de  guerre  qui  sont  dedans.  Il  reste  à  parier 
de  M'  le  comte  d'Auvergne  qui ,  par  le  bon  ordre  qu'il  a  mis  à  esta- 
blir  ses  forces  aux  lieux  où  les  ennemis  avoient  la  campagne  libre,  a 
ressen-é  les  coureurs  de  Soissons  nui  venoient  jusques  à  nos  portes'-. 
Et  parce  que  le  Roy,  de  jour  à  autre,  remet  à  partir  pour  aller  à 
Rheims,  il  se  tient  en  estât  de  favoriser  son  passage.  Après  quoy  il 
faut  croire  qu'il  ne  se  tiendra  pas  sans  respx)ndre,  par  effects,  à  l'o- 
pinion qu'on  a  conceue  de  luy.  Je  ne  vous  puis  dire  l'estonnement  qui 
a  saisy  les  ennemis  du  roy  jugeans,  par  le  progrès  de  ses  afïaires, 
([uelle  fin  ils  doivent  attendre  de  leur  rébellion.  Veu  mesme  que, 
pour  en  laisser  une  marque  à  l'advenir,  il  a  desjà  faict  raser  entière- 
ment les  places  qu'il  a  prises  sur  eux,  et  continue  en  la  volonté  de 
faire  faire  le  mesme  de  toutes  celles  tju'il  prendra  cy-après.  Je  ne  vous 

'   Pris  le  29  mars,  la  capitulation  est  "  Le  comte  d'Auvergne  prit  Pierrel'onds 

datée  du  3o  avril;  le  duc  de  Guise  avait  •     lésa  avril  et  investit  Soissons  le  12.  [Méin. 

investi  la  place  le  I  5  mars    [Mercure ,  l.  li ,  de   liichelieu,   t.  I,  p.  3g5.  Voy.  aussi  le 

p.  166  de  1617.)  Mercure  français ,  p.  16^  et  suiv.) 


366  LETTRES 

dis  point  comme  chacun,  tournant  le  dos  aux  ennemis,  suit  les  armes 
victorieuses  de  S.  M.  le  lieutenant  de  la  compagnie  du  s*^  marquis 
de  Queuvres^  l'aiant  quitté,  avec  trente  maistres,  pour  se  ranger  du 
parti  du  roy  ;  laissant  à  part  leurs  soldats  qui ,  se  desbandans  tous  les 
joins  de  leurs  troupes  povir  l'extrême  nécessité  qui  y  est,  se  viennent 
rendre  en  celles  de  S.  M. 

Je  continueray  à  vous  mander  en  suite  ce  qui  surviendra  de  nou- 
veau, et  me  diray,  avec  vérité, 

Monsieur, 

Voslre. . . 


XXXVII. 

Arch.  des  Afi.  étr.  Venise,  t.  ^2 ,  fol.  254.  —  Minute. 

LETTRE  DU  ROI  A  M.  DE  LÉON. 

Du  5'  apvril  1617. 

M''  de  Léon,  j'ay  esté  très-ayse  de  voir  par  vos  lettres  du  1  7"=  mars^ 
que  les  Vénitiens  ayent  maintenant  sul^jet  de  recognoislre  la  franchise 
dont  j'ay  usé  en  leur  endroit  pour  leur  donner  moyen  de  parvenir  à 
l'alliance  des  Grisons.  Je  désire  me  comporter  de  telle  sorte  que  tout 
le  monde  pouvant  juger  de  la  sincérité  de  mes  intentions,  je  donne 
plutost  occasion  à  un  chacun  de  se  louer  de  moy  que  de  s'en  plaindre. 

. . .  Quant  à  ce  que  vous  m'escrivés  que  ce  traitté ,  ainsi  que  celuy  de 
Madrid^,  est  remis  à  S.  S"  qui  a  tesmoigné  avoir  agréable  d'en  prendre 

'   Le  futur  duc  et  niaréchal  d'Estrées;  de  faire.  L'évêque  de   Luçon,  dans   une 

on  écrit  ordinairement  Cœuvres.  lettre  écrite  seulement  pour  accompagner 

'  Ce  manuscrit  conserve  cinq  lettres  de  celle  du  roi,  répond  que  S.  M.   autorise 

M.  de  Léon  à  la  date  du  17  mars  (fol.  228-  volontiers  cette  absence,  et  il  ajoute  la  re-, 

235),  la  première  adresséeau  roi, les  autres  commandation  à  M.  de  Léon  d'user  dedis- 

à  Richelieu.  Dans i'une  de  celles-ci,  M.  de  crétion,  alin  que  les  affaires  du  roi  n'en 

Léon  demande  un  congé  de  vingt-cinq  reçoivent  pas  préjudice.  (Fol.  2 56  du  même 

jours  pour  aller  à  Notre-Dame  de  Lorette,  manuscrit.) 

accomplir  un  vœu ,  ce  que  la  nécessité  des  '   Le  secrétaire ,  qui  sans  doute  avait  mal 

affaires  du  roi  ne  lui  a  pas  encore  permis  entendu ,  a  écrit  :  Marie. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  367 

cognoissance ,  vous  pouvés  croire  qu'ayant  un  désir  passionné  de  voir 
terminer  ces  diiFérends  selon  que  les  parties  le  désirent,  on  ne  peut 
pas  souhaitter  les  voir  tomber  en  meilleures  mains  que  celles  du  S'- 

Père l'événement  fera  cognoistre  ce  qu'on  peut  et  doit  espérer 

de  cette  négociation ... 

Au  reste  vous  avés  prudemment  faict  de  ne  pas  faire  paroistre  aux 
El)ada  (les  Vénitiens)  le  ressentiment  que  j'avois  du  procéder  qu'ils 
ont  tenu  en  ce  que  vous  sçavés,  estant  certain  que  le  temps,  qui  amène 
toutes  choses,  me  fournira  quelque  occasion  de  le  leur  faire  cognoistre; 
et  que  cette  affaire,  tirant  un  long  trait,  pourra  aboutir  à  tel  point 
qu'encore  les  Ebada  seront-ils  bien  ayses  d'y  rechercher  mon  entremise. 


XXXVIII. 

Arcli.  des  AfT.  ctr.  Angleterre,  t   a6,  fol.  i35.  —  Minute. 

A   M.  DESMARETS. 

6  avril  1617. 

Monsieur,  j'ai  receue,  par  M' le  baron  du  Tour,  vos  lettres  des  i  o, 
1 3  et  I  7  de  mars,  et  appris  particulièrement  de  luy  ce  qui  s'est  passé 
en  son  voyage.  Je  suis  extresmement  fasché  que  le  succez  n'en  a  esté 
tel  qu'il  eust  esté  à  désirer;  mais  n'aiant  pas  rencontré  au  subjet  de 
qui  il  dépendoit  la  disposition  requise,  ce  n'est  pas  merveille  s'il  n'en 
a  recueilli  autre  fruit  que  celuy  que  vous  aviés  préveu.  Quand  vous 
ne  me  rendriez  point  les  tesmoignages  que  vous  faictes,  par  vos  lettres, 
comme  quoy  il  s'est  comporté  en  son  ambassade,  sa  sufïisance  et  l'af- 
fection qu'il  a  au  service  4»  l'oy  m'auroient  tousjours  faict  croire  qu'il 
s'en  seroit  acquitté  dignement.  S'il  n'a  peu  desraciner  de  l'esprit  du 
roy  de  la  Grande-Bretagne  les  impressions  qu'il  a  prises  au  désavan- 
tage de  nostre  gouvernement,  il  y, aura  tousjours  apporté  quelque 
acheminement,  et  je  m'asseure  enfin  que  le  temps  fera  peu  à  peu  en 
luy  ce  dont  on  n'a  peu  tout  d'un  coup  venir  à  bout.  Les  bonnes  qua- 


308  LETTRES 

liiez  que  vous  remarqués  en  ce  prince,  et  les  raisons  d'eslat  que  vous 
cotés  par  vos  lettres,  font  que  là  où  les  unes,  pour  estre  changées, 
l'enipescheroient  de  venir  à  ce  point,  les  autres  seroient  suffisantes 
de  l'y  porter,  A  quoy  y  servira  grandement  la  prospérité  de  nos  af- 
faires, que  je  puis  dire  estre  en  tel  estât  que  nous  le  sçaiu-ions  dési- 
rer, ainsy  que  vous  verres  par  la  lettre  que  je  vous  en  escris^  Cepen- 
dant je  vous  diray  que  si  tant  est,  comme  vous  me  faictes  cognoistre 
par  les  vostres,  qu'il  ne  donne  point  ouvertement  de  secours  à  M"  les 
princes,  je  ne  vois  pas  qu'ils  doivent  beaucoup  se  promettre  de  son 
entremise  pour  moyenner  leur  accord;  attendu  qu'aiant  faict  proposer 
la  mesme  chose  par  M"  des  Estats,  à  l'instance  de  son  ambassadeur 
({ui  réside  auprès  d'eux.  M'  de  la  Noue  leur  déclara  que  le  roy  ne 
pouvoit,  en  façon  quelconque,  ouïr  parler  d'intercession  pour  des  sub- 
jets de  qui  il  vouloit  chastier  la  rébellion.  Cela  estant,  et  S.  M.  conti- 
nuant d'autant  plus  en  cette  résolution,  qu'ils  se  sont  plus  rendus  in- 
dignes de  la  clémence  qu'elle  leur  a  offerte,  il  n'y  a  pas  d'apparence 
de  penser  que  S.  M.  se  relasche  d'entendre  à  une  chose  à  laquelle, 
depuis  leur  obstination,  elle  a  refusé  de  prester  l'oreille  à  tous  ceux 
qui  luy  en  ont  voulu  parler. 

Vous  vous  acquitterés,  s'il  vous  plaist,  de  la  promesse  que  vous  me 
faictes  de  me  donner  advis  de  ce  à  quoy  le  pourparler  que  vous  avés 
eu  avec  celuy  dont  vous  m'escrivés  sera  abbouty,  si  tant  est  que  vous 
jugiés  que  cela  importe  au  service  du  roy^. 

4 

'   Cet  exposé  de  la  situation  ne  se  trouve  parler  de  telles   affaires,  mais  je  luy  pro- 

pas  dans  notre  manuscrit.  mis  de  le  voir  demain  pour  en  discourir 

"  Desmarets  avait  mandé  à  Richelieu  le  tout  à  loisir;  je  verray  ce  qu'il  voudra  dire 

17  mars  :  «Après  12  ou  1 3  ans  de  prison  et,  si  c'est  chose  qui  mérite,  je  ne  man- 

et  confiscation,  le  s'  Quatre  Rallé  (Walter  queray  pas  à  vous  en  avertir.  ■>  (Ms.  cité 

Raleigh)  a  esté  mis  en  liberté,  et  on  va  aux  sources,  fol.  iSA^O"  ie  voit  pas  trop 

l'employer  à  une  expédition  pour  la  des-  quel  parti  Richelieu  eût  pu  tirer  à  cette 

couverte  de  terres  qui  sont  aux  Indes.  .  .  heure  du  mécontentement  de  sir  Walter, 

il  est  fort  mescontent,  et  très-afl'ectionné  mais  ce  commencement  d'intrigue  n'eut  au- 

à  la  couronne  de  France.  »  —  Le  lieu  ou  cun  résultat.  On  sait  d'ailleurs  que  Raleigh 

Desmarets    voyait    le    célèbre    navigateur  périt  l'année   suivante   sur  un  échafaud, 

anglais  a  estoit,  dit-il,  mal  commode  pour  condamné  pour  un  prétendu  crime  d'Etat. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


369 


Je  me  suis  Informé  des  combats  que  M'  le  baron  du  Tour  et  vous 
avés  soustenus  contre  le  s'  Edmond  ',  sur  quoy  je  n'ay  rien  à  vous  dire , 
sinon  que  la  victoire  vous  esloit  toute  acquise ,  estant  deux  contre  un , 
et  que  la  vérité  et  une  bonne  cause  sont  plus  fortes  que  tout  ce  qui 
s'y  voudroit  opposer.  Vous  fériés  vm  grand  coup  si  vous  pouviés  em- 
pescher  qu'il  revinst  de  deçà^,  quoyque  je  n'ose  me  le  promettre, 
M'  le  baron  du  Tour  n'y  ayant  peu  parvenir.  Si  vous  voyés  que  sour- 
dement vous  n'y  avanciés  rien,  vous  ne  vous  y  opposerés  pas  ouver- 
tement, afin  de  ne  luy  donner  cet  avantage  qu'il  se  puisse  prévaloir 
de  venir  en  France  contre  l'instance  et  la  volonté  de  Leurs  Majestez; 
vous  sçaurés  bien  ménager  cette  occasion.  La  cognoissance  particu- 
lière que  vous  avés  de  l'humeur  de  ceux  avec  qui  vous  avés  à  traitter, 
vous  servant  de  meilleure  guide,  pour  vous  conduire  en  cecy,  que 
tous  les  advis  qu'on  vous  y  pourrolt  donner. 

Au  reste,  je  ne  manqueray  pas  de  vous  rendre  aux  affaires  qui  vous 
concernent,  dont  M""  le  baron  du  Tour  m'a  parlé,  toute  l'assi-stance 
que  vous  sçauriés  désirer  de  moy,  qui  auray  à  faveur  de  vous  tes- 
moigner.  en  cela  et  en  toute  autre  chose,  que  je  suis.  .  . 


'  Ce  personnage  accusait  Desmarelzde 
lui  avoir  imputé  faussement  d'exciter  le 
roi  d'ATigleterre  à  prendre  le  parti  des 
princes  révoltés  contre  Louis  XIII  ;  l'accu- 
sation était  calomnieuse ,  Desmaretz  n'a- 
vait rien  imputé  au  sieur  Edmond,  mais 
ceiui-ci  prenait  volontiers  ce  prétexte  de 
poursuivre  le  gouvernement  français  de 
ses  invectives  (Lettres  des  21  janvier  et 
17  mars).  «Le  baron  du  Tour  vous  dira 
comme  il  a  esté  attaqué  (écriyait  Desma- 


retz  le  1 7  mars)  aussy  bien  que  moy,  par 
M.  Edmonds ,  sur  nos  affaires  de  France 
...  il  a  trouvé  un  rude  adversaire  dans 
M.  du  Tour,  qui  l'a  rembarré  comme  il 
faut.  » 

'  Il  revint  pourtant;  dès  le  26  février 
M.  du  Tour  avait  annoncé  à  Richelieu  qu'il 
était  de  nouveau  désigné  pour  l'ambassade 
de  France  (  Manuscrit  cité  aux  sources , 
fol.  lao). 


CARDIN.  DE  RtCHELlEC- 


47 


370  LETTRES 


XXXIX. 

Arch.  des  Aff.  élr.  Espagne,  t.  12,  fol.  364.  —  Minute. 

A  M.  DE  SENEÇAY. 

8  avril  1617, 

Réponse  à  la  lettre  de  M'  de  Seneçay  du  1  3  mars 

Bien  que  les  advis  que  nous  avons  eus  de  divers  lieux  soient  con- 
formes à  celuy  que  vous  m'avés  donné ,  que  les  traittés'  de  paix  qui 
se  dévoient  faire  à  Rome  sont  transférés  au  lieu  où  vous  estes,  le  dé- 
sir qu'a  le  roy  de  voir  ses  voisins  en  repos  faict  qu'il  sera  tousjours 
très-ayse  (ju'ils  l'obtiennent  par  le  moyen  de  qui  que  ce  puisse  estre, 
quoy  qu'il  semble  que  les  parties  soient  moins  propres  à  estre  juges 
de  leurs  causes  qu'aucun  autre  ^ 

Seneçay  se  décourageant  de  ne  rien  obtenir  au  sujet  de  rétablissement  de  la 
maison  de  la  princesse  d'Espagne,  Richelieu  lui  recommande  la  persistance  : 

Vous  sçavez  trop  mieux  que  je  ne  vous  le  puis  dire  que  qui  quitte 
la  partie  la  perd,  et  qu'avec  le  temps  on  vient  à  bout  de  toutes  choses. 
Cela  estant ,  vous  continuerés ,  s'il  vous  plaist ,  les  sollicitations  que  vous 
avez  commencées.  .  . 

Pour  le  retour  que  vous  me  tesmoignez  désii-er.  .  .  LL.  MM.  ne  pouvant,  pour 
cette  heure,  envoyer  personne  en  vostre  place  qui  y  soit  si  utile  à  leur  service  que 
vous,  vous  préférerés,  je m'asseure,  en  ce  cas,  leur  intérest  au  vostreparticulier . .. 


'  Richelieu  fait  en  ce  moment  toutes  tard,  devenu  premier  ministre,  user  en- 

les  concessions  possibles  pour  arrivera  la  core  avec  l'Espagne  de  ménagements,  et 

paix ,  il  savait  que  l'état  des  affaires  inté-  lui   faire   assez    longtemps   une    sorte   de 

rieures    ne    lui    permettait    pas    d'entre-  guerre  sourde, jusqu'en  1  6.35  où  la  guerre 

prendre  autre  chose.  Nous  le  verrons  plus  l'ut  solennellement  déclarée. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


371 


XL. 
Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  28,  pièce  83.  —  Minute  de  la  main  de  Le  Masie. 


[AU   MARESCHAL  D'ANCRE.] 


g  '  avril  1617. 


Monsieur, 

Depuis  vostre  partement  nous  avons  eu  des  nouvelles  de  M""  du  Ples- 
sis-Mornay,  par  le  s'  de  La  Perte  qui  en  est  maintenant  de  retour, 
qui  nous  asseure  que  M"^  du  Plessis  et  ses  amis  travaillent,  le  plus 
qu'ils  peuvent,  pour  faire  que  LL.  MM.  ayent  contentement  en  l'as- 
semblée de  La  Rochelle^.  Ce  qui  est  de  meilleur  en  cela  est  qu'il  a 
bonne  espérance  de  venir  à  ses  fins.  M'  de  Sully  toutefois  a  escrit  à 
la  Reyne  une  lettre  de  son  style  ordinaire  qui  descrie  le  gouverne- 
ment; mais,  à  mon  advis,  ses  humeurs  se  deschargeront  par  sa  plume. 
En  tout  cas,  désirant  passionément  (jue  ceux  de  la  religion  K.  ne  re- 
muent point,  et  leur  donnant  tout  sujet  de  se  tenir  en  leur  debvoir 
LL.  MM.  se  tiendront  sur  leur  garde,  et  seront  en  estai  de  les  y 
ranger  s'ils  ne  s'y  contiennent  eux-mesmes.  Je  croy  indubitablement 
qu'en  ce  cas  l'a-ssemblée  du  clergé,  qui  se  tiendra  en  may,  donnera  au 


'  Le  maréclial  était  alors  à  Vernon, 
d'où,  ce  même  jour  9,  il  écrivait  à  Riche- 
lieu une  lettre  qui  se  trouve  en  original 
dan»  les  archives  du  département  du  Cher. 
(Voy.  notre  i"  vol.  p.  535.) 

'  Le  Mercure  français  rapporte  qu'au 
mois  de  mars  1617,  •  M"*  de  FJouillon  fai- 
soit  des  pratiques  aux  pays  de  la  Marche , 
au  bas  Limousin  et  provinces  voisines ,  solli- 
citant une  assemblée  générale  de  ceux  de  la 
religion  prêt.  réf.  pour  les  exciter  à  se  sous- 
lever  et  prendre  les  armes.  »  Des  députés 
de  six  provinces,  réunis  à  La  Rochelle, 
avaient  arrêté  entre  eux  qu'une  assemblée 


générale  se  tiendrait  en  celte  ville,  et  ils 
envoyèrent  demander  l'autorisation  du  roi , 
qui  ne  fut  point  accordée,  i  Nonobstant, 
ceux  de  ladite  religion  ne  laissèrent  de 
s'acheminer  à  ladite  assemblée.  »  {Mer- 
cure, t.  IV,  p.  174  de  1617.)  Et  ils  firent 
imprimer  une  «  déclaration  des  plus  im- 
«  portantes  et  principales  raisons  qui  font 
«  recognoistre  la  nécessité  d'une  assemblée 
•  générale  des  églises  réformées  en  la  ville 
«de  La  Rochelle,  pour  le  service  du  roy 
■  et  conservation  desdites  églises.  »  Le  Mer- 
cure donne  le  texte  de  cette  pièce. 

/I7. 


372  LETTRES 

roy  le  secours  d'argent  que  vous  sçavés.  Tous  les  jours  je  parle  à 
quelqu'un  de  ceux  que  je  prévoy  qui  en  doivent  estre,  qui,  de  plus 
en  plus,  s'y  disposent.- 

Quant  à  ce  que  vous  nous  cliargeastes  devant  vostre  partement  de 
traitter  de  cette  mesme  affaire  avec  M""  le  Nonce  et  M''  l'ambassadeur 
d'Espagne,  nous  n'avons  pas  jugé  qu'il  en  fust  encore  temps,  d'autant 
peut-estre  jugeroient-ils  qu'on  appréhendast  plus  ce  mal  qu'on  ne  faict 
pas.  De  plus  la  difficulté  qu'il  y  a  de  voir  le  premier  pour  la  pré- 
séance, empesche  d'agir  avec  luy  sy  commodément;  mais  on  poiura 
bien,  ce  semble,  passer  sur  cette  difficulté,  si  la  reyne  le  trouve 
bon,  à  qui  nous  en  parlerons  en  temps  et  lieu;  et,  en  ce  cas,  je  ferois 
entendre  à  M'  le  Nonce  comme  vous  estes  autbeur  de  la  décision  de 
cette  cause,  affm  que  cela  favorise  l'affaire  de  M'  de  Tours'. 

Pour  ce  qui  est  particulièrement  du  traitté  d'Espagne,  on  croit  qu'il 
préjudicieroit  plus  qu'il  ne  serviroit,  d'autant  que  d'ordinaire  leur  as- 
sistance est  plus  grande  de  parole  que  d'effects,  et  qu'ils  préten- 
droient  volontiers  nous  payer,  par  l'assistance  qu'ils  promeltroient, 
beaucoup  de  choses  qu'ils  doibvent  pour  l'establissement  des  François 
qui  sont  en  Espagne,  dont  jusques  icy  on  n'a  sceu  avoir  raison.  Da- 
vantage ,  le  secours  dont  on  pourroit  avoir  affaire  venant  de  Flandres 
où  nous  trouvons  toute  bonne  disposition,  en  recevant  tous  les  jours 
des  lettres  par  lesquelles  nous  apprenons  qu'ils  ont  ordre  de  faire  ce 
qu'on  désirera.  On  fera  tout  ce  qui  sera  possible  pour  n'avoir  point 
besoin  de  secours ,  auquel  on  ne  sera  forcé  d'avoir  recours  qu'au  cas 
que  ceux  de  la  religion  p.  r.  remuassent. 

L'affaire  de  M"^  de  Thianges  se  conclut  aujourd'huy.  M"'  le  control- 
leur-général  pourvoyant  à  une  partie  du  payement,   et  le  reste  se 

'  Sébastien  Galigaï,  frère  de  la  mare  le  20  avril;  mais  la  catastrophe  du  maré- 
chale d'Ancre,  On  lui  avait  donné  en  1610  chai  arriva  avant  que  le  nouvel  archevêque 
la  riche  abbaye  de  Marmouticr,  et  plus  i'ùt  sacré ,  et  il  se  sauva  en  Italie.  L'affaire 
tard  le  roi  le  nomma  à  l'archevêché  de  dont  il  s'agit  était  sans  doute  le  gratis  des 
Tours,  pour  lequel  il  prêta  serment  le  bulles  qui  avait  dû  être  demandé  pour  lui 
9  mars.  Il  prit  possession,  par  procureur,  au  pape. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


373 


donnant  en  parchemin ,  de  façon  que  demain  le  gentilhomme  qui  est 
venu  pour  cet  effect,  s'en  retournera. 

On  a  receu  nouvelles  que  quelques-unes  de  ces  troupes  de  Lyon- 
nois,  quoyque  les  régimens  ne  soient  pas  complets,  s'advancent  pour 
grossir  M'  de  Montigny.  Cela  estant,  quinze  jours  après  qu'il  aura 
mil  hommes  il  aura  faict  quelque  effect.  Vos  gensd' armes  en  firent 
un  l'autre  jour  à  Soissons,  où,  de  jour  à  autre,  on  recognoist  vos 
troupes  liégeoises  meilleures  ^ 


XLI. 

.^rch.  des  AfiF.  étr.  France,  t.  a8,  pièce  17'.  —  Minute  de  la  main  de  Le  Masie. 

A   M.   LE  MARESCHAL  D'ANCRE. 

1  o  avril  1617. 

Monsieur, 
Vous  me  pardonnerés,  s'il  vous  plaist,  si  je  fais  une  faute  jugeant 
que  les  lettres  que  vous  aviés  commandé  au  courrier  que  je  vous  dé- 
peschay  ii  y  a  deux  jours  de  porter  à  l'armée  de  MM"  de  Contenan 
et  de  Moimon  (?)  sont  peut  estre  sur  le  mesme  sujet  que  celles  qu'il 
vous  a  pieu  m'escrire.  J'ay  creu  en  devoir  différer  l'envoy  jusques  à 


'  Richelieu  faisait  là  au  maréchal  d'Ancre 
un  compliment  f|ui  dut  lui  être  agréahle 
dans  la  circonstance.  Avant  de  quitter  Pa- 
ris le  maréchal  avait  dit  au  roi  qu'au  con- 
traire des  seigneurs  qui  levaient  des  troupes 
à  des  condilions  onéreuses  pour  S.  M. ,  lui, 
•  dans  ce  besoin  où  il  voyoit  le  roy,  le  ser- 
viroit  avec  6,000  hommes  de  pied  et 
3oo  chevaux,  quatre  mois  à  ses  propres 
despends.  •  Dans  une  lettre  du  1 3  mars,  en 
rappelant  au  roi  ces  paroles,  il  annonçait 
la  levée  de  ces  6,000  hommes,  dont  un 
corps  de  Liégeois  de  /j-ooo  environ.  Mê- 
lant à  d'humbles  protestations  d'obéissance 
absolue  un  certain  air  de  sufli.sance,  il 
priait  le  roi  de  ne  pas  se  gêner  avec  lui  : 


«  Ne  retienne  Vostre  Majesté  aucune  consi- 
dération de  la  qualité  qu'elle  m'a  donnée, 
ny  de  la  despence  que  j'y  fais  pour  son 
service,  de  m'ordonner  librement  là  et 
comme  elle  veut  que  je  la  serve.  «  Le  ton 
d'insolente  vanité  qu'osait  prendre  Concini 
en  écrivant  au  roi,  provoqua  de  nouveaux 
pamphlets  satiriques  et  surexcita  les  sen- 
timents de  haine  populaire  contre  le  fa- 
vori. L'extrait  qu'en  donne  le  Mercure 
à  la  suite  du  texte  de  la  lettre,  prouve  que 
ces  soldats  étrangers  n'y  étaient  pas  ou- 
bliés :  »  Les  petits  livrets  qui  couroient  en 
faveur  des  princes,  faisoient  sonner  haut 
ceste  entrée  de  Liégeois  en  France ,  etc.  » 
p.  i55. 


374  LETTRES 

tant  que  vous  me  fassiés  sçavoir  vostre  volonté ,  après  que  vous  aurés 
scevi  ce  que  M'  le  comte  d'Auvergne  m'a  escrit  de  ce  que  firent  vos 
troupes.  Si  je  fais  une  faute,  je  vous  supplie,  encore  une  fois,  de  me 
la  remettre.  Mais  j'ay  creu  que  vous  trouveriés  fort  bonne  l'intention 
que  j'ay  en  usant  ainsy.  Je  vous  renvoie  les  deux  lettres  dont  il  est 
question ,  alRn  que ,  si  vous  trouvés  bon  ce  que  j'ay  faict,  vous  les  rete- 
niés.  Si  aussy  vous  voulés  qu'on  les  porte  il  vous  plaise  me  les  ren- 
voyer. Sur  cela  je  vous  supplie  de  croire.  Monsieur,  que  je  suis  et 
seray  toujours .  .  . 

XLII. 
Arch.  des  Aff.  étr.  Allemagne,  t.  V,  fol.  343.  —  Minute. 

A   M.  DE  BAUGY. 

10  avril  1617. 

(Je  n'avais  pu  donner  dans  le  i"' volume  que  des  fragments  de  cette  pièce,  dont  le 
nis.de  Harlem  ne  conserve  qu'un  extrait  sans  indiquer  de  lacune,  et  dont  j'ai  trouvé 
depuis  la  minute.  Après  le  i"  alinéa  de  la  page  5o8,  la  dépêche  continue  ainsi  :) 

J'ay  communiqué  à  LIj.  MM.  fadvis  que  vous  me  donnés  touchant 
r3om  Baltasard  de  Cuniga;  elles  m'ont  faict  cognoistre  estre  fort  sa- 
tisiaictes  de  la  disposition  qu'il  a  à  les  servir,  et  n'en  avoir  pas  moins 
à  luy  faire  tout  faccueil  et  le  bon  traittement  qu'il  sçauroil  désirer. 

Pour  vous  relever  de  la  difficulté  que  vous  avés  d'entendre  de  quel 
mariage  j'entends  parler  par  ma  lettre  du  28^  janvier',  si  vous  pre- 
nés  la  peine  de  la  relire  vous  trouvères  qu'y  ayant  faict  mention  de 
deux  qui  aspiroient  à  fempire,  et  adjoustant  qu'il  estoit  indilférent  à 
S.  M.  qui  de  l'un  ou  l'autre  y  parviendroit,  j'ay  voulu  désigner  cette 
succession  par  ce  mot  de  traitté  de  mariage ,  ensuitte  d'une  lettre  que 
je  vous  avois  escritte  auparavant"^,  par  laquelle  je  vous  mandois  que 
je  l'appellerois  ainsy ' 


,3 


'    Voy.  ci-dessus,  p.  336,  c'est  la  lettre         Baugv  .^  je  ne  la  trouve  pas  dans  le  nia- 
dont  la  minute  est  datée  du  22.  nuscrit  des  Affaires  étrangères. 

'  Cette  lettre  esl-elle  parvenue  à  M.  de  '  Ces  affaires  d'Allemagne  sont  expli- 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  375 

Quant  aux  poursuites.  .  . 

(Ici  se  placent  les  deux  paragraphes  des  pages  5o8  et  509  du  1"  volume.  La 
lettre  est  terminée  par  ce  qui  suit  :  ) 

Je  conçoy  aussy  peu  que  vous  que  les  différends  de  M'  le  duc  de 
Savoye  et  des  Vénitiens  soient  vuidez  à  Rome,  quoy  qu'on  me  l'es- 
crive  de  Venise  et  de  Piedmont,  le  d.  s""  duc  et  cette  seigneurie  ayant 
envoyé  leurs  procurations  en  Espagne  pour  y  traitter,  et  l'ambassadeur 
de  l'Empereur  ayant  passé  par  cette  ville  pour  y  aller  à  mesme  lin. 
C'est  ce  qui  faict  que,  pour  asseoir  un  jugement  certain  sur  cette  af- 
faire ,  il  en  faut  attendre  l'événement. 

Au  reste  je  ne  suis  point  estonné  que  les  ennemis  de  la  France 
descrient  le  procédé  de  la  Reyne,  ainsy  que  vous  me  cottes  par  une 
de  vos  lettres;  je  n'ay  rien  à  vous  dire,  sinon  que  S.  M.  acquerra 
tousjours  autant  de  gloire  de  ses  actions,  comme  eux  et  leurs  parti- 
sans se  mettront  sur  le  front  une  tache  que  le  temps  ne  pourra  effacer. 


XLIII. 

Arcli.  (les  ,\ll'.  elr.  Hollande,  t.  b,  loi    la-.  —  Minute. 

A  M.  DU   MAURIER. 

1  2  avril  1617. 

Richelieu  accuse  réception  des  lettres  des  11,  17,  25'  mars  et  1"  apvril. 

F^a  première  me  faisant  soubçonner  l'obligé  (M'  de  Chastillon) 
avoir  intelligence  avec  l'aulheur  (le  duc  de  Bouillon*),  je  n'ay  rien  à 

quees   avec   de    fréquentes  répétitions  et  du   i  i  mars.   Du  Maurier  avait  mandé  : 

beaucoup  de  détails  dans  les  lettres  de  •  M.  de  Bouillon  a  escrit  à  la  mère  du  prince 

M.  de  Baupy  des  18,  a5  février,  4,  i  i  et  Henri  que  M.  de  Chastillon  va  en  Langue- 

18  mars  qui  se  trouvent  dans  le  manuscrit  doc,  qui  monstre  bien  qu'ils  sont  d'iiitel- 

cité  aux  sources,  fol.  837,  829,  3.3  1 ,  333,  ligence  ensemble;  le  s'  Du  Maurier  a  veu 

3io.  la  lettre  par  laquelle  sont  dicls  outrages 

'   Dans   un   P.  S.   chiffré  de    la   lettre  odieux  au  mareschal  d'Ancre.  » 


376  LETTRES 

vous  dire  ià-dessiis,  sinon  que  si  cela  est,  comme  je  le  croy  asseuré- 
meht,  on  peut  dire  cet  homme  estre  bien  double,  ayant  asseuré 
LL.  MM.  qu'il  alloit  pour  leur  service  au  lieu  où  il  est. 

Pour  ce  qui  est  de  la  division  des  esprits,  causée  par  la  maladie 
dont  vous  m'escrivés ,  il  faut  attendre  du  temps  les  remèdes  qui  y  se- 
roient  inutiles  maintenant.  Cependant  je  conçois  quelque  espérance 
d'amendement,  voyant  que  la  partie  plus  saine  se  rallie  en  faveur  de 
la  France. 

Quant  au  changement  que  vous  avés  remarqué  en  l'aile  (le  prince 
Maurice),  je  ne  suis  point  en  peine  d'en  savoir  l'origine,  mais  bien  la 
fin.  C'est  pourquoy  vous  ferés,  s'il  vous  plaist,  en  cela,  la  guerre  à 
l'œil,  afin  de  descouvrir,  s'il  se  peut,  à  quoy  la  chose  doit  aboutir, 
pour,  selon  ce  qu'on  en  apprendra ,  tascher  à  destourner  l'effect  de  sa 
mauvaise  volonté. 

Poiu-  les  lettres  que  l'autheur  a  escrites  à  Toyseau  (les  Estats  de 
Hollande)  et  à  l'aile,  il  paroist  bien  de  ce  costé  là  qu'il  ne  bat  que 
d'une  aile,  puisque  son  crédit  ne  s'est  pas  peu  estendre  à  avoir  seule- 
ment un  mot  de  response.  Et,  en  cela,  il  faut  advouer  que  l'obéis- 
sant (Du  Maurier)  n'a  pas  peu  faict  de  l'empescher,  ayant  bien  jugé 
combien  la  conséquence  en  seroit  dangereuse. 

On  n'est  point  estonné  d'apprendre  par  lettres  que  le  résolu  (Aers- 
sens.»*)  ne  soit  pas  si  ferme  pour  nous  qu'il  seroit  à  désirer,  celuy  qui 
le  pratique  depuis  quelques  jours  nous  ayant  confirmé  de  vive  voix 
la  mesme  chose.  Il  suffit  que,  pour  nous  délivrer  de  l'appréhension 
qu'on  nous  voudroit  donner  de  sa  part,  on  sache  que  le  pouvoir  en 
luy  ne  respond  pas  à  l'intention  qu'il  auroit  de  nuyre;  et  que,  quand 
il  auroit  ce  dont  il  est  destitué,  on  est,  grâces  à  Dieu,  maintenant 
en  estât  de  luy  oster  le  moyen  de  nous  faire  du  mal. 

Je  ne  feray  point  icy  une  apologie  pour  justifier  les  actions  du 
cœur  '  que  celuy  dont  vous  m'escrivés  s'efforce  de  blasmer,  pouvant 
dire  avec  vérité  estre  telles  qu'elles  desmentiront  tousjours  ce  qu'on 
voudroit  publier  à  leur  désavantage. 

'    Je  n'ai  point  l'explication  de  ce  mot,  qui  paraît  signifier  :  le  maréchal  d'Ancre. 


DU  CAT\DINAL  DE  RICHELIEU.  377 

Je  respondray  aussy  peu  pour  ce  en  quoy  il  trouveroit  à  rediie  en 
ma  condition',  ayant  rencontré  en  vous  un  si  bon  advocat.  C'est  poiu- 
quoy,  après  le  remerciement  que  je  vous  en  doy,  et  que  je  vous  en 
lais,  s'il  me  reste  quelque  chose  à  adjouster  sur  ce  sujet,  c'est  que 
je  tascheray  à  me  rendre  digne  de  l'eslection  que  LL.  MM.  ont  faicte 
de  moy  en  la  charge  en  laquelle  elles  m'ont  daigné  appeler. 

La  cognoissance  que  j'ay  de  vostre  sincérité  et  de  la  portée  de  a^Q 
faict  que  je  croy  facilement  ce  que  vous  m'en  mandés,  sans  que  vous 
vous  mettiés  en  peine  d'en  chercher  autre  caution  que  vostre  parole, 
ny  qu'autre  que  moy  vous  puisse  accuser  pour  ce  regard. 

Ayant  eu  de  diverses  parties  des  advis  conformes  aux  vostres  tou- 
chant les  trouppes  que  le  colonnel  Guent  et  autres  amènent  pour 
les  Princes,  nous  avons  escrit  en  Flandres,  à  l'archevesque  de  Co- 
logne et  au  duc  de  Lorraine,  poiu-  leur  empescher  le  passage  par  leuis 
terres. 

Le  roy  escrit  à  M"  des  Estats  et  à  M.  le  prince  Maurice,  pour  has- 
ter  le  secours  qu'il  attend  de  Holande ,  ainsy  que  vous  verres  par  les 
copies  des  lettres  que  je  vous  envoyé. 

Vous  tiendrés,  s'il  vous  plaist,  la  main  à  ce  que  S.  M.  puisse  avoir 
ce  secours  au  plustost  qu'il  se  pourra,  attendu  que  le  temps  presse  et 
qu'elle  en  a  besoin  en  son  armée  de  l'Isle  de  France. 

Vous  ne  ferés  point  de  difficulté  d'arrester  les  gens  mentionnés  au 
mémoire  que  vous  m'avés  envoyé ,  sur  l'asseurance  que  j'ay  qu'estant 
tels  que  vous  me  les  figurés,  le  roy  sans  doute  en  sera  bien  servy  en 
ce  en  quoy  il  les  veut  employer. 

Il  me  reste  à  vous  dire  qu'en  ce  qui  regarde  le  payement  de  ce  qui 
vous  est  deub  vous  trouvères  qu'embrassant  vos  intérests  comme  les 
miens  propres,  j'auray  à  faveur  de  vous  faire  cognoistre  par  lés  effects 
plustost  que  par  les  paroles  que  je  suis ... 

'   Mot  en  surcharge,  Richelieu  avait  d'abord  dicté  :  »  En  ma  personne..» 


CARDIN.  t>E  RICIIEUEO.  —  Vit.  48 


378 


LETTRES 


XLIV. 
Arch.  des  Aff.  étr.  Rome,  t.  aS. 


Minute. 


A  M.   L'ABBÉ   O'AIJMALE'. 

Le  i3  apvril  1617. 

Richelieu  a  faict  remettre  le  s'  Bernardin  Nary^  sur  lestât  des  pensions.  .  .  . 

M'  de  Lesdiguières,  de  retour  en  Daulphiné,  a  donné  à  LL.  MM.  asseurance  de 
sa  fidélité  '. 

«  ...  Sa  Saincleté  et  S.  M.  ont  sujet  d'estre  aussy  contentes  l'une  que  l'autre 
du  procéder  qu'on  a  tenu  pour  arracher  de  leurs  mains  une  négociation  qui  sembloit 


'  Du  Nozet,  abbé  d'Aumale,  avait  été 
envoyé  à  Rome  peu  de  temps  avant  l'avé- 
nement  de  Richelieu  au  ministère;  et  il  lui 
adresse  ses  félicitations  dans  une  lettre  du 
1"  janvier  1617.  Il  en  a  appris  la  nouvelle 
par  un  extraordinaire,  et  l'a  annoncée  au 
pape ,  qui  n'en  savait  rien  ;  «  S.  S.  tesmoigna 
de  savoir  très  bon  gré  à  la  Reyne  d'avoir 
choisy  un  si  homme  de  bien,  et  si  zélé  à  la 
religion  catholique ,  pour  s'en  servir  en  une 
charge  de  si  grande  conséquence.  »  L'abbé 
d'Aumale  annonce  qu'il  a  fait,  en  passant  à 
Mantoue ,  le  message  dont  le  précédent  se- 
crétaire d'Etat  des  Affaires  étrangères  l'avait 
chargé.  11  a  informé  le  pape  des  motifs  de  la 
détention  du  prince  de  Condé,  «lesquels 
S.  S.  jugea  plus  que  raisonnables.  »  Riche- 
lieu s'était  mis  tout  d'abord  en  relation  avec 
cet  agent  diplomatique ,  et  nous  indiquons , 
aux  Analyses,  deux  missives  écrites  par  l'é- 
vêque  de  Luçon  a  du  Nozet ,  les  1  F)  et  28  fé- 
vrier. Le  ms.  cité  aux  sources  renfenne  plu- 
sieurs lettres  (jue  l'abbé  d'Aumale  adressa 
à  M.  de  Luçon ,  durant  ce  court  ministère. 
Richelieu  tombé,  cet  abbé  devint  suspect 
au  ministère;  et  le  vieux  duc  de  Villeroy, 
qui  avait  re])ris  sa  place  de  secrétaire  d'Etat 
sous  le  duc  de  Luynes ,  écrivait ,  le  1  gjuillet, 
à  l'archevêque  de  Lyon,  ambassadeur  de 


France  a  Rome  :  «  L'abbé  d'Aumale  est 
à  présent  tenu  icy  pour  un  homme  de  la 
foy  duquel,  pour  le  service  du  roy,  il  y  a 
à  l'advenir  peu  de  fiance,  comme  nous  vé- 
rifions «  (Sommaires  des  négociations  de 
M.  de  Mar(|uernont,  etc.  Arch_.  de  I  Em- 
pire KR  i383.)  Cependant  cette  méfiance 
ne  nuisit  pas  à  l'abbé  d'Aumale  auprès  du 
pape;  nous  trouvons,  dans  le  tome  37  de 
la  collection  de  Rome  citée  aux  sources, 
qu'en  1 62 1  cet  abbé  fut  sacré  évêque  de 
.Séleucie,  et  envoyé  à  Avignon,  en  qualité 
de  '^ice-Légat 

"  L'ambassadeur,  marquis  de  Tresnel , 
avait  écrit  à  la  reine  mère  le  22  février  : 
«  Bernardin  Nary,  qui  est  serviteur  particu- 
lier de  V.  M.  a  esté  osté  de  l'estat  des 
pensions  de  1616;  il  est  1res  bien  en  cette 
cour,  très  affectionné  au  service  du  roy  et 
de  V.  M.  Il  esl  cousin  germain  du  prince 
de  Sulmone  neveu  du  pape.»  (Manuscrit 
cité  aux  sources.) 

'  Dans  le  même  manuscrit  nous  lisons  : 
«  S.  s.  a  esté  fort  mescontente  de  l'arrivée 
de  deçà  les  monts,  de  M' le  marescbal  Les- 
diguières. .  .  Si  la  guerre  dure,  il  y  a 
danger  que  les  Espagnols  embarquent  le 
Pape  à  s'unir  avec  eux.  »  (  Lettre  de  l'abbe 
d'Aumale  du  22  février.) 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  379 

ne  devoir  sa  fin  qu'à  leur  entremise  commune..  .  »  —  «Depuis  la  prise  d'Albe, 
M'  le  duc  de  Savoye  s  estant  abstenu  de  tout  elTet  de  guerre,  on  conçoit  meilleure 
espérance  de  la  paix  qu'on  n'a  faict  encore  jusques  icy.  • 

Je  suis  extresmenient  fasché  des  plaintes  que  fait  Sa  Saincteté 
touchant  la  préséance,  de  son  nunce  sur  les  ministres  du  roy,  et  n'ay 
rien  à  dire  la  dessus  sinon  que  je  n'ay  point  eu  de  cognoissance  de 
cette  affaire  par  le  passé.  Rien  vous  diray-je,  que  Sa  Saincteté  se  re- 
mettra aysément  de  l'altération  qu'elle  a  peu  recevoir  à  cette  occasion , 
si  elle  considère  que  S.  M.  n'entreprendra  jamais  aucune  chose  contre 
elle,  luy  devant  et  voulant  rendre  toute  sorte  de  defférence,  et 
qu'elle  ne  désire,  au  faict  dont  il  est  question,  que  ce  qui  se  pratique 
aux  autres  royaumes .  .  . 

Les  affaires  du  roy,  grâces  à  Dieu,  prospèrent  de  jour  à  autre; 
M'  de  Guise  ayant  pris  Chasteau-Porcien  et  tenant  Rethel  assiégé,  et 
M'  le  comte  d'Auvergne  emporté  Pierrefonds  et  investy  Soissons,  et 
tous  les  jours  se  fai.sant  des  rencontres  où  les  ennemis  perdent  tous- 
jours  deux  contre  un. 


XLV. 

Arch.  des  Aff.  élr.  France,  t.  218,  pièce  i8.  —  Minute  de  In  main  de  Le  Masle. 

A   M.  LE  MARESCHAL  D'ANC BE. 

i3  avril  1617. 

Monsieur, 
Pour  vous  faire  part  de  ce  qui  se  passe  ès-armées  du  roy  qui  sont 
en  Champagne  et  en  l'Isle  de  France ,  je  vous  diray  comme  M' de  Guyse , 
faisant  ses  approches  à  Rethel,  s'engagea  en  un  combat  où  Dieu  vé 
ritablement  favorisa  les  armes  du  roy.  On  tua  par  hasard  d'un  coup 
de  pièce  le  cheval  d'un  valet  de  Descures.  La  risée  qu'en  firent  les 
ennemis  piqua  ceux  qui  estoient  les  plus  proches  d'eux,  de  telle 
sorte  que  le  marquis  de  Thémines-,  avec  quelques  autres,  part  de  la 
main,  et  va  se  mesler  parmi  eux.  M'  le  mareschal  de  Thémines,  son 
père,  fv  voyant  engagé,  le  suit  à  toute  bride;  M"  de  Praslin,  de  Ma- 
is. 


380  LETTRES     . 

rillac  et  de  Beloc  et  autres  font  de  mesme.  Enfin  M"^  de  Guyse,  luy 
cinquiesme ,  s'y  trouve ,  et  poussent  tous  ensemble  les  ennemis  sy  ver- 
tement, qu'ils  les  menèrent  battans  et  tuans  jusques  sur  la  contres- 
carpe. 

M""  de  Guyse  mande  qu'il  est  demeuré  sur  la.  place  trente  hommes 
de  pied,  dix  gens  d'armes,  chevau-légers  ou  carabiniers,  douze  pri- 
sonniers ;  et  le  roy  n'a  perdu  un  seul  homme.  Il  y  en  a  seulement  de 
blessez,  et  le  marquis  de  Thémines  l'est  à  un  bras,  mais  légèrement. 
On  espère  que  dans  peu  de  temps  Rethel  sera  rendu  en  l'obéissance 
du  roy.  Les  ennemis  sont  sy  estonnez  qu'il  ne  se  peult  rien  en  dire 
davantage.  Marolles  a  envoyé  un  trompette  à  M"^  de  Guyse  pour  pou- 
voir parler  à  luy.  M""  de  Guyse  escrit  qu'avec  l'advis  de  tous  ceux  qui 
sont  auprès  de  luy,  il  luy  a  permis.  Nous  ne  sçavons  encore  ce  qui 
se  sera  passé.  Il  leur  vient  quelques  reistres  ;  nous  avons  escrit  par- 
tout pour  leur  empescher  le  passage,  ce  qui  sera  toutes  fois  assez 
difficile. 

Il  n'est  rien  arrivé  de  nouveau  en  l'Isle  de  France  ;  M.  le  comte 
d'Auvergne  y  commence  un  travail  pour  empescher  que  Soissons  ne 
reçoive  aucun  secours,  ny  rafraischissemens  de  La  Fère,  ny  de  Laon 
et  autres  villes  ennemies.  Dans  quatre  ou  cinq  jours  il  sera  achevé; 
mais  les  pluyes  incommodent  fort  et  dissipent  un  peu  les  armées,  soit 
par  maladie,  soit  en  chassant  les  soldats  qui  se  dérobent;  c'est  pour- 
quoy.  Monsieur,  s'il  vous  plaist  de  haster  vos  nouvelles  levées,  elles 
viendront  fort  à  propos. 

M'  de  Vaudemont  a  faict  prendre  un  courrier  qui  s'en  alloit  trouver 
Sa  Saincteté  et  tous  les  princes  d'Italie,  de  la  part  de  M"'  de  Nevers 
pour  les  implorer  à  son  secours,  et  leur  porter  un  manifeste  fort 
honeste  que  je  ne  vous  envoie  point  ;  ces  choses-là  ne  valant  pas  la 
peine  d'estre  veues. 

Voilà  tout  ce  qu'il  y  a  icy  de  nouveau,  à  quoy  je  n'adjousteray 
autre  chose  sinon  que  je  suis. 

Monsieur, 

Vostrc. . . 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  381 


XLVI. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  28,  pièce  81.  —  Minute  de  la  main  de  Le  Masle. 

AU   MARESCHAL  D'ANCRE. 

i4  avril  1617  '. 

Monsieur, 

Je  vous  envoyé  la  proposition  que  le  s""  de  Marolles  a  faicte  à 
M'  de  Guyse ,  de  la  part  de  M.  de  Nevers ,  coniine  aussy  la  response 
de  M*"  de  Guyse.  Par  ià  vous  verres  comme  les  ennemis  du  roy  sont 
plus  bas  qu'on  ne  sçauroil  s'imaginer-.  M'  de  Guyse  ayant  envoyé  un 
courrier  au  roy  pour  sçavoir  au  retour  de  Marolles,  qui  le  doit  venir 
retrouver  encore  une  fois,  ce  qu'il  auroit  à  faire,  S.  M.  luy  a  mandé 
que  si  M'  de  Nevers  vouloit  présentement  luy  remettre,  non  pas  seu- 
lement Rétliel,  qui,  dans  quaftre  ou  cinq  jours'  sera  pris,  mais  en 
outre  Mézières,  il  pourroit  par  après  la  venir  trouver  en  asseurance. 
Et  cependant  d'autant  que  peut  esire  ces  propositions  pourroient  elles 
estre  feintes  artificieusement  pour  arrester  le  cours  des  armes  du  roy, 
LL.  MM.  ont  mandé  à  M'  de  Guyse  qu'il  continuast  son  siège,  sans 
interruption  ny  retardement;  que  Réthel  pris,  il  allast  droit  à  Mé- 
zières, sans  pouvoir  estre  diverti  du  dessein  de  prendre  ces  deux  places 
que  par  la  remise  actuelle  d'icelles  qu'en  feroit  le  dit  s'  de  Nevers. 
Ainsy  s'il  a  intention  de  se  recognoistre,  la  bonté  de  LL.  MM.  luy  en 
donne  lieu.  Si  aussy  il  n'a  autre  but  que  d'arrester  par  artifice  le 
cours  de  ses  armes,  il  ne  viendra  pas  à  ses  fins.  Peut-estre  voudroit- 
il  par  là  gagner  temps  pour  attendre  les  reystres,  ou  bien  pensoit-il 

'   Date  écrite  au  dos  d'une  autre  main.  Marolles  étant  revenu  à  l'heure  fixée  par 

'  C'étaient  bien  plutôt  les  ennemis  du  le  duc  de  Guise  pour  traiter  de  la  reddi- 

maréclial  d'Ancre;  dix  jours  encore,  et  un  "   tion  de  cette  place.  {Mém.  de  Richelieu, 

assassinat  va  les  relever.  t.   I,   p.  Sg^  ,  et  Mercure  françois ,   t.  IV, 

"   Hetliei  capilulale dimanche  i6à  midi,  p.  186  de  1617.) 


382  LETTRES 

faire  une  proposition  avantageuse  dans  ie  monde  qu'on  n'accepteroit 
pas.  Par  l'événement,  nous  verrons  quel  a  esté  son  dessein. 

Les  forces  commencent  à  venir  en  l'armée  de  Nivernois ,  de  façon 
que  je  croy  que  bientost  M.  de  Montigny  occupera  cette  armée  comme 
il  doit. 

Verdoin  est  revenu  d'auprès  M'  de  Lesdiguières  qui  a  quitté  la 
Savoye  pour  revenir  à  Grenoble.  Il  promet  de  servir  LL.  MM.  en  tout 
ce  qu'elles  désireront;  mais  il  met  sourdement  en  son  marché  une 
condition  fascheuse,  car  il  demande  un  gouvernement,  ne  veult  aucun 
de  ceux  des  princes  rebelles,  et  veult  avoir  response  dans  six  jours. 
Ainsy  il  paroist  que  ses  prétentions  vont  à  la  Guyenne,  qu'en  aucune 
façon  on  ne  peult  luy  donner.  S.  M.  pour  le  satisfaire  a  pensé  estre 
à  propos  de  proposer  à  madame  la  Comtesse  l'eschange  du  Daulphiné 
et  de  la  Guyenne  pour  le  contenter  du  Daulphiné  à  une  condition 
qui  ne  seroit  pas  fort  périlleuse,  savoir  est  en  donnant  la  survivance 
de  ce  gouvernement  à  un  catholique,  au  mesme  temps  qu'on  luy  en 
donneroit  les  provisions,  et  ce  du  consentement  de  M'  de  Lesdi- 
guières. 

Voilà,  Monsieur,  tout  ce  que  je  vous  puis  dire,  sinon  que  je  suis  et 
seray  tousjours.  .  . 


Je  ne  sçay  ce  qui  arrivera  de  ce  traitté  qui  n'est  pas  à  mon  advis 


encore  commence  '. 

'  Depuis  cette  lettre  nous  n'en  avons 
trouvé  que  deux  adressées  par  Richelieu 
au  maréchal  d'Ancre,  l'une  du  16  avril, 
l'autre  sans  date,  mais  écrite  peu  avant  la 
catastrophe  du  24.  Nous  en  don n,ons  l'ana- 
lyse ci-après.  —  Au  moment  de  son  exil 
la  reine  mère  demanda  que  l'évèque  de 
Luçon  (ùl  autorisé  à  demeurer  près  d'elle. 
A  ce  désir  de  sa  mère,  le  roi  répond  que 
«  il  sera  bien  aise  que  l'évesque  de  Luçon 


l'accompagne  à  Blois ,  s'asseurant  sur  sa 
probité  et  affection.  »  L'extrait  de  cette 
pièce  contre-signée  Loménie  est  aux  afch. 
des  Aff.  élr.  France,  t.  28,  pièce  ia3.  La 
première  lettre  de  Richelieu  que  nous 
trouvons  ensuite  est  du  8  mai  ;  l'évèque 
de  Luçon  annonce  au  duc  de  Luynes  l'ar- 
rivée de  la  reine  mère  à  Blois,  et  il  écrit 
le  même  jour  à  Deageant;  ces  deux  lettres 
sont,  à  leur  rang,  aux  Analyses. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


383 


XLVII. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  a8,  pièce  87.  —  Minute. 


[A  M.  DEAGEA^T^] 


[Vers  le  10  mai  1617  ' 


Monsieur,  je  vous  envoie  ce  gentilhomme  pour  vous  porter  la  copie 
de  la  lettre  que  la  reyne  escrit  au  roy  sur  le  sujet  de  la  Bastille^, 
par  laquelle  vous  cognoistrés  l'affection  qu'elle  a  pour  i  58*,  et  qu'elle 
faict  plus  d'estat  des  advis  de  jaS  (Richelieu)  que  quelques-uns  ne 
voudroient  faire  croire  volontiers.  Si  cette  lettre  ne  guérit  la  plaie, 
envoyés  moy  telle  copie  qu'il  vous  plaira  el  vous  ne  inanquerés  d'avoir 
contentement.  La  reyne  cognoist  bien  que,  par  cette  vove,  elle  offense 
1  59  jusques  au  cœur;   mais  elle  ne  s'en  soucie  pas,  estant  du  tout 


'  Deageant,  qui  avait  aciielé  en  1610  une 
charge  de  secrétaire  du  roi , .  ne  larda  pas 
à  s'en  défaire  el  devint  premier  commis 
du  contrôleur  général  des  finances  Barbin  ; 
il  fut  ensuite  attaché  à  Arnauld  d'Andilly, 
qui  le  plaça  auprès  du  duc  de  Luynes. 
Entré  plus  lird  au  service  du  maréchal 
d'Omano ,  Richelieu  le  lit  mettre  à  la  Bas- 
tille, comme  ayant  trempé  dans  les  in- 
Irigues  de  Clialais.  Pendant  qu'il  étiit  en 
prison,  le  cardinal  lui  demanda  des  mé- 
moires. !.,uynes  était  mort,  Richelieu  était 
premier  minisire  et  tenait  les  ciels  de  la 
Bastille;  on  comprend  que  le  récit  fut 
tracé  de  manière  à  faire  ouvrir  les  portes 
de  la  forteres.se.  Deageant  fut  mis  en  li- 
berté ,  et ,  en  l'éloignant  de  Paris ,  on  le 
récompensa  par  la  présidence  d'une  cour 
des  comptes  de  province.  11  y  mourut 
avec  la  réputation  d'avoir  trahi  tous  ceux 


qu'il  avait  servis.  —  Au  moment  où  nous 
sommes,  Deageant  était  dans  les  bonnes 
grâces  de  M'  de  Luyne.s,  «pi'il  avait  aidé  à 
perdre  le  maréchal  d'Ancre. 

"  Cette  date  est  indiquée  par  la  lettre 
suivante. 

'  Presque  aussitôt  son  arrivée  à  Blois ,  la 
reine  mère  fut  invitée  à  se  démettre  de  la 
capitainerie  de  la  Bastille,  que  le  roi  dé- 
sirait donner  à  Luynes.  Suivant  te  conseil 
de  Richelieu ,  elle  se  prêta  de  bonne  grâce 
à  celte  cession,  c|ui  pouvait  lui  rendre  plus 
favorables  le  roi  et  le  ministre  alors  lout- 
puissant.  Au  reste,  l'alTaire  ne  se  termina 
pas  proniplemont  ;  la  capitainerie  de  hi 
Bastille  ne  lut  remiNP  au  duc  de  Luyne.s 
qu'en  septembre.  {Mém.  de  BassoTupierre , 
t.  Il,  p.  l52.) 

'  Le  duc  de  Luynes.  -  Pour  l'explica- 
tion des  chiffres ,  voyez  page  39 1 ,  notes. 


386  LETTRES 

portée  et  résolue  à  favoriser  entièrement  i58  contre  liiy  et  autres. 
Depuis  le  voyage  du  s'  de  la  Brosse,  sur  ce  qu'il  m'avoit  dict  paçti- 
culièrement,  qu'on  avoit  rapporté  à  Cii  (le  roi)  que  Cxiiii  (la  reine 
mère)  avoit  escrit  à  quelque  prince,  je  m'en  suis  enquis  particulière- 
ment, et  vous  puis  asseurer  que  c'est  chose  très-fauce,  et  que  jusques 
icy  nous  n'avons  esté  tentés  de  personne  du  monde.  Je  le  saurois 
certainement,  estant  impossible  qu'il  se  fasse  aucune  menée  ou  cabale 
dont  je  n'aye  cognoissance  d'une  façon  ou  d'autre  ^  Je  croy  qu'elle 
a  voulu  escrire  à  la  mareschale^,  car  j'ay  sceu  qu'un  soir  elle  avoit  faict 
à  sortir  une  de  ses  femmes  de  chambre,  et  avoit  demandé  de  l'encre  et 
du  papier;  et  du  depuis  un  nommé  Bainche,  qui  a  esté  au  mareschal, 
est  venu  icy,  lequel  elle  a  envoyé  aujourd'buy,  luy  ayant  proposé 
d'estre  expédient  de  le  faire,  et  certainement  elle  ne  luy  a  point 
escrit. 

Plusieurs  au  partir  de  Paris  luy  ont  faict  force  civilités,  mais  cela 
n'aboutit  à  autre  chose. 

Maintenant,  nonobstant  mes  ennemis  et  envieux,  la  confiance  qu'on 
a  désiré  que  je  prisse  auprès  d'elle  est  establie,  de  sorte  que,  s'il  n'ar- 
rive du  changement,  que  je  ne  prévoy  point,  ne  voyant  point  icy 
(l'esprit  qui  ayt  ascendant  sur  moy,  il  est  impossible  qu'il  arrive  incon- 
vénient quelconque.  Car  je  m'oblige  à  Cii,  sur  ma  teste,  d'empescher 
toute  caballe,  menée  et  monopole;  ou,  si  je  ne  le  puis,  non  seule- 
ment m'obliges-je  à  luy  en  donner  advis,  mais  luy  donner  à  temps 
pour  y  apporter  remède.  Et  je  vous  l'escrits  maintenant  absolument 
pour  que  cette  lettre  serve  de  tiltre  contre  moy  au  cas  que  je  manque 

'   Ceci   répond  à    l'avis   que  Deageant  Deageant  lui  écrivit,  avec  peu  de  siiicé- 

avait  donné  à  l'évéque  de  Luçon  dans  sa  rite  peut-être  :  «  Je  mettray  peine  à  fermer 

lettre  du  lo  mai  :  «Je  ne  vous  lairay  point  la  bouche  aux  inventeurs  de  faux  bruits... 

Monsieur,    qu'à    toutes   heures   on    a   les  Le  roy  et  Luynes   n'y  ajoutent  pas  foy  ; 

oreilles  battues  de  ne  se  point  asseurer  à  mais  il  faut,  s'il  vous  plaist ,  Monsieur,  que 

la  personne  à  laquelle  vous  sçavez  que  j'ay  Lusson   continue  à  veiller.»  (Pièces  28'. 

voué  tout  service;   et  veut   on  persuader  32°  et  34'-) 
qu'elle  est  du  tout  portée  à  la  caballe.  »  '   La  maréchale  d'Ancre. 

Et  sur  la  réponse  que  fait  ici  Hichelieu , 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  385 

à  ce  (jue  je  promets,  m'asseurant  que  mon  affection  sera  cogneue  de 
telle  sorte  à  Cii,  qu'il  ne  me  laissera  pas  au  rang  des  peschez  ou- 
bliez. 

Au  reste ,  je  vous  suplie  de  remarquer  que  la  mesme  chose  à  quoy 
je  m'oblige  pour  Cii,  je  m'y  oblige  aussy  pour  i58,  ce  que  vous 
cognoistrés  particulièrement  par  une  fianchise  que  ce  gentilhomme 
présent  porteur  vous  tesmoignera  de  ma  part,  pour  que  vous  en  usiés 
ainsi  que  vous  jugerés  à  propos,  vous  asseurant  que  la  chose  ou  ar- 
rive, soit  qu'elle  n'arrive  pas,  cela  ne  changera  rien  en  moy,  n'aug- 
mentera ou  ne  diminuera  l'affection  que  j'ay  de  servir  ceux  que  vous 
savés. 

J'ay  chargé  encore  ce  porteur  d'un  autre  point  qu'il  vous  dira ,  dont 
nous  avons  parlé  premier  que  de  partir,  auquel  il  est  nécessaire  de 
prendre  garde.  Tout  ce  que  je  désire  pour  mon  particulier  est  que 
Cn  et  1 58  prennent  une  entière  confiance  en  moy,  car  l'ayant  de 
deçà  il  ne  me  reste  plus,  pour  que  je  travaille  avec  repos  et  con- 
tentement, sinon  d'estre  asseuré  que  mes  ennemis  et  mes  envyeux, 
et  ceux  qui  désirent  le  trouble,  ne  puissent  me  faire  aucun  mau- 
vais office  dans  fesprit  de  ceux  que  j'honore  et  veux  servir  toute 
ma  vye. 

Depuis  ce  commencement  de  lettre,  Cxnii  a  dict  à  128  qu'un 
homme  d'affaire  et  de  conseil  luy  estant  nécessaire,  elle  louoit  Dieu 
de  quoy  elle  l'avoit  auprès  d'elle,  le  tenant  sy  plein  d'honneur  qu'il 
ne  voudroit  pas  luy  donner  aucun  mauvais  conseil.  Vous  voyés  comme 
je  vous  escris  franchement,  ce  qui  vous  obligera  à  tenir  mes  lettres 
pîirticidières  entre  vous  et  ceux  que  vous  savés. 


CARDIN.  DE  RICHELIEU.  —  VII.  ig 


386 


LETTRES 


XLVIII. 
Arch.  des  Afl.  étr.  France,  t.  28,  pièce  98.  —  Minute. 

A  M.  DE  LuyrsES. 

[Vers le  10  mai  1617  '.] 

Monsieur, 

Je  vous  rends  mille  grâces  des  bons  ofïices  que  de  plus  en  plus 
vous  continués  journellement  à  me  départir,  et  particulièrement  de  la 
confiance  qu'il  a  pieu  au  roy  me  tesmoigner  par  vostre  moyen,  en 
aggréant  l'honneur  que  la  reyne  mère  a  voulu  me  faire  en  m'establis- 
sant  chef  de  son  conseil,  et  me  mettant  ses  afifaires  entre  les  mains. 
Je  me  promets  faire  cognoistre  à  tout  le  monde  que  je  m'acquitteray 
de  cette  charge  au  contentement  de  S.  M.  et  de  tous  les  gens  de 
bien,  en  despit  de  mes  envieux,  qui  ne  sont  pas  en  petit  nombre. 

Je  ne  vous  mande  rien,  Monsieur,  de  la  boutade  de  M'  de  Bres- 
sieux^,  si  non  qu'elle  s'est  passée  à  mon  avantage  et  m'a  afferniy  en 
l'esprit  de  la  reyne. 


'  Une  des  premières  pensées  de  la  reine 
exilée  fut  d'attacher  à  sa  personne  Riche- 
lieu, le  compagnon  de  son  exil.  L'évêque 
de  Luçon  voulut  tout  de  suite  en  informer 
le  roi  et  l'écrivit  à  Luynes.  Nous  n'avons 
ni  sa  lettre,  ni  la  réponse  du  favori,  mais 
la  présente  missive  nous  fait  connaître 
l'une  et  l'autre.  On  peut  voir  d'ailleurs  ce 
que  Richelieu  dit  à  ce  sujet  dans  ses  Mé- 
moires (t.  J,  p.  46^).  —  Noire  minute 
n'est  pas  datée  ;  mais  la  reine  mère  ayant 
quitté  Paris  le  U  mai,  ce  fut  presque  aus- 
sitôt que  l'évêque  de  Luçon  demanda  la 
permission  dont  il  remercie  ici  le  roi. 


^  Premier  éeuver  de  la  reine  mère  — 
Nous  ne  savons  comment  M.  de  Bressieux 
avait  facile  Richelieu,  mais  il  paraît  qu'il 
était  sujet  aux  boutades,  et,  à  tort  ou  à 
raison ,  Marie  de  Médicis  suspectait  sa  fidé- 
lité. Nous  lisons  dans  une  leltre  écrite  de 
Blois  à  Richelieu ,  lorsqu'il  venait  de  quitter 
la  reine  mère  (  la  lettre  es)  datée  1 8  seule- 
ment ,  ce  doit  être  1 8  juin)  :  «  ...  la  reyne 
est  enfin  résolue  de  se  défaire  de  Bressieux  : 
M""  la  marquise  (sans  doute  M""  de  Guer- 
cheville)  et  moy  avons  tasché  de  la  dé- 
tourner de  celte  résolution,  mais  il  n'a  pas 
esté  possible *  »  Cette  lettre  était  d'un 


•  Arcb.  des  AIT.  étr.  France,  t.  28,  pièce  lig. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


387 


Je  vous  supplie  me  garentir  de  mes  ennemis  au  lieu  où  vous  estes. 
La  reyne  est  fort  satisfaite  et  fort  contente,  grâces  à  Dieu  ;  seulement 
luy  déplaist-il  d'apprendre  quelquefois,  par  ceux  qui  vont  et  viennent, 
qu'on  parle  diversement  d'elle  :  quelques-uns  en  discourans  comme 


Italien  nommé  Tantucci.  Deux  mois  après 
(le  3o  août),  M.  de  Bonzi,  évèque  de  Bé- 
ziers ,  mandait  aussi  de  Blois  à  l'évêque  de 
Luçon  ;  a  J'ay  receu  par  courrier  exprès 
des  lettres  de  M.  Tantouche  qui  m'escrit 
que  l'on  travailloit  contre  vous  fort  et 
ferme  à  la  cour,  sur  une  dépesche  de  la 
reyne  à  M.  de  Luynes. .  .  la  reyne  a  opi- 
nion que  c'estoil  de  faux  avis  et  que  Bres- 
sieux  sollicitoit  contre  nous  et  qu'il  cstoit 
d'accord  avec  Tantouche .....'  •  Qu'était 
ce  Tantucci?  Il  faut  dire  quelques  mots 
de  ce  personnage  que  nous  rencontrons 
sans  cesse,  à  ce  moment,  dans  nos  ma- 
nuscrits ;  qui ,  d'ailleurs ,  reparaîtra  de 
temps  en  temps  dans  l'Iiistoire  de  Ri- 
chelieu et  ensuite  dans  celle  de  Mazarin. 
Tantucci  était  un  abbé  employé  par  le 
cardinal  des  Ursins  pendant  que  ce  cardi- 
nal était  protecteur  des  affaires  de  France 
à  Rome.  La  protection  ayant  élé  donnée, 
en  septembre  1 6 1 6,  au  cardinal  de  Savoie, 
Tantucci  vint  chercher  fortune  en  France. 
Le  marquis  de  Tresnel ,  ambassadeur  à 
Rome,  écrivait  le  \k  décembre  i6i6: 
«  Sa  Majesté  sera  bien  informée  de  tout 
ce  qui  se  passe  ici  p.ir  Tantucci  qui  part 

"  Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  28,  pièce  63. 

••  Arch.  des  AIT.  étr.  Rome,  t.  3 3. 

***  «Letlere  diplomatiche  dî  GuidoBentivoglio... 
opcra  per  la  prima  voila  publicala,  per  cura  dî  Lu- 
ciaiio  Scarabelli  ;  Torino,  i853,  3  vol.  în-i3.B  Ces 
lettres  sont  toutes  adressées  au  cardinal  Borgiiese , 
neveu  du  pape.  L'éditeur  averti!  qu'il  n'a  pas  eu  les 
originaux,  mais  seulement  des  copies  faites  56  ans 
après  la  date  des  lettres.  Le  copiste  nous  semble 
n'avoir  pas  toujours  su  lire  l'écriture  de  Benlîvo- 


pour  Paris  ".  »  Depuis  l'exil  de  Marie  de 
Médicis  nous  le  voyons  à  Blois,  tâchant  de 
gagner  les  bonnes  grâces  de  Richelieu  et 
de  la  reine  mère.  Le  nonce  Bentivoglio  en 
parle  quelquefois  dans  sa  correspondance 
diplomatique"*  ;  la  reine  mère ,  dil-il  (lettre 
du  1  g  juillet  1617).  n'ayant  point  de  Fran- 
çais à  qui  elle  piit  se  fier,  faisait  faire  ses 
affaires  par  deux  Italiens  :  «  Fantucci  s'è 
introdollo  colla  regina  madré  per  trattar  i 
negozii  di  S.  M.  qui  in  Parigi,  con  provi- 
sione  di  Ixoo  scudi  doro,  non  avendo  la 
M.  S.  Francesi  di  che  fidarsi,  e  non  avendo 
perciô  trovato  altri  in  mano  de'  quali  possa 
métier  le  cose  sue  ch'  il  coadiulore  di  Bi- 
siers,  ed  il  Fantucci.  »  (Ce  propos  du  nonce 
pourrait  être  mal  compris;  il  aurait  dit 
dire  que  M.  de  Luynes  ne  soufl'rait  per- 
sonne de  confiance  auprès  de  la  reine 
exilée;  nous  aurons  bientôt  occasion  de  le 
montrer  nous-mênie.)  Bentivoglio  peini 
Tantucci  comme  un  homme  disposé  à 
prendre  de  toutes  mains  :  outre  les  4oo  écus 
d'or  de  la  reine  mère  ,  dit  Bentivoglio,  il 
tâche  encore  d'attraper  quelque  chose  de 
Luynes,  de  se  faire  donner  quelque  abbaye , 
«  e  fa  conto  insieme  di  tirar  la  provisione 

glîo;  nous  avons  remarqué  plusieurs  fautes,  cuire 
autres  ce  nom  Fantucci  que  donne  constamment  le 
recueil  imprimé;  l'orthographe  est  celle  que  nous 
trouvons  dans  nos  manuscrits ,  où  sont  beaucoup  de 
lettres  autographes  ;  la  barre  du  caractère  initial  de  la 
signature  peut  donner  auT  un  faux  air  de  l'F,  ce  qui 
"sans  doute  a  trompé  le  copiste ,  mais  c'est  certainement 
un  T.  L'italien  Bonzi  et  Charpentier,  le  secrétaire  de 
Richelieu  ,  avec  les(]uels  il  était  à  Blois ,  écrivent  tou- 
jours ce  nom  Tantucci,  et  ,  en  le  francisant  ;  Tantouche. 


388 


LETTRES 


si  elle  avoit  autre  dessein  que  celuy  du  repos  de  Testât;  elle  dicl  qu'il 
luy  fasche  de  voir  que,  se  gouvernant  comme  elle  faict  (qui  est,  en 
vérité,  comme  vous  le  sçauriés  désirer),  on  interprète  sinistremenl 
ses  actions.  Nos  responses  sont  que  ce  n'est  pas  le  roy,  ny  vous ,  qui 
estes  auprès  de  luy,  qui  avés  cette  pensée  ;  qu'au  contraire  S.  M.  s'en 
moque  et  vous  aussy.  Cela  luy  faict  supporter  ces  bruits  plus  patiem- 
ment. Il  sera  à  propos,  à  monadvis,  Monsieur,  que  le  roy  luy  escrive 


degli  Orsini,  clie  è  di  600  scudi  l'anno.  » 
Tantucci  lui-même  nous  fait  très-bien  con- 
naître sa  position  dans  une  lettre  du  8  sep 
lerabre ,  adressée  à  Richelieu  :  «  L'on  a  dit  à 
Blois  que  je  suis  plus  porté  pour  M.  de  Bé- 
ziers  que  pour  vous  ;  l'on  me  tient  donc  pour 
un  traître  et  un  ingrat. . .  Je  m'en  rapporte  à 
votre  bonté  pour  une  petite  recommanda- 
lion  aujjrès  de  la  reyne. . .  Je  n'ay  plus  les 
affaires  de  M"  des  Ursins  ",  ce  qui  veut  dire 
600  écus  tous  les  ans ,  parce  qu'on  a  escrit  à 
Rome  qu'estant  à  lareynejeruinerois  leurs 
affaires.  Considérez  en  quel  estât  je  suis; 
j'ay  tousjours  esté  malheureux. .  .*'  »  Ainsi , 
lorsqu'il  fait  cette  triste  pétition,  il  était 
déjà  l'obligé  de  Richelieu ,  et  nous  le  voyons 
en  effet,  depuis  près  d'une  année,  tantôt  à 
Blois,  tantôt  à  Paris,  écrivant  à  la  reine 
mère,  à  Luyne»,  a  Richelieu,  se  mêlant 
de  tout,  non  sans  quelque  soupçon  d'in- 
trigue équivoque.  On  voit  que  Marie  de 
Médicis  ne  se  fie  à  lui  qu'à  moitié.  L'é 
vèque  de  Béziers,  qui  faisait  fort  l'em- 
pressé pour  les  intérêts  de  la  reine  mère 
et  de  l'évèque  de  Luçon ,  ét;iit  soupçonné 
de  travailler  sous  main  pour  supplanter 
Richelieu  auprès  d'elle ,  et  cette  princesse 
croyait   que   Tantucci  pouvait  bien   s'en- 

"  Si  Tantucci  dit  ici  la  vcritc,  iientivoglio  s'est 
trompé  sur  cette  dernière  circonstance. 

'*  Arch.  des  Afl.  étr.  France,  t.  j8 ,  pièce  66. 
***  Lettre  du  1 3 juin.  Arch.desAff. étr.  Rome,  t.  27. 


tendre  avec  ledit  évêque  ;  cette  petite  cour 
était  un  nid  d'intrigues  compliquées.  Quant 
à  Tantucci,  nous  le  retrouvons  à  Rome 
en  1622,  dans  le  temps  qu'on  y  négociait 
l'affaire  du  cardinalat  pour  l'évèque  de  Lu- 
çon, et  une  lettre  de  l'ami  de  Richelieu, 
l'abbé  de  la  Cochère,  nous  apprend  qu'il 
fut  nommé  alors  évêque  de  Grossetto  '"  (en 
Toscane).  Cet  évêché  ne  l'empêcha  pas  de 
se  mêler  de  toutes  sortes  d'affaires  étran- 
gères à  son  caractère  ecclésiastique,  sur- 
tout au  service  de  Mazarin,  qui  s'égayait 
ijarfois  sur  son  compte.  Il  est  qualifié  de  il 
résidente  Tantucci ,  en  1 6  33 ,  dans  une  lettre 
du  cardinal  Bagni  à  Mazarin  **".  11  avait 
obtenu  en  France  une  pension  qu'il  ne  rece- 
vait pas  bien  régulièrement,  ce  que  nous 
apprenons  de  Mazarin  qui  écrit  au  cardinal 
Barberini  que  Tantucci  sera  payé  :  «  Non 
è  piii  il  tempo  clie  il  daiiaro  habbi  cosî 
grand  sparcio  alla  corte  di  Francia  """.  »  Il 
ne  manquait  pas  les  occasions  de  se  rap- 
peler au  souvenir  du  grand  cardinal ,  et  à 
l'époque  de  l'ambassade  extraordinaire  du 
cardinal  de  Lyon,  Tantucci  lui  adressa  ses 
félicitations  sur  le  bon  accueil  et  la  grande 
approbation  que  son  frère  avait  trouvés  à 
Rome""". 

"••  Ibid.  t.  46,  fol.  i7i. 

•**"  Lettre  du  i"aoûti636.  Ibid.  t.  58, fol.  112. 

""*•  Lettre  du  8  ocl.  i636,  Ibid.  fol.  283. 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  389 

sur  ce  sujet,  et  qu'il  luy  mande  qu'il  a  une  telle  créance  en  eUe,  qu'il 
sçait  fort  bien  qu'elle  ne  peut  avoir  que  des  desseins  avantageux  pour 
son  bien;  qu'il  la  prie  de  vivre  en  cet  estât,  et,  quoy  qu'elle  oye,  de 
demeurer  en  cette  créance. 

Elle  m'a  commandé  de  vous  asseurer  de  son  affection*.  J'escris 
amplement  à  M' du  Hagen  ;  c'est  ce  qui  me  faict  finir  en  vous  suppliant 
de  croire  que  je  suis  et  seray  tant  que  je  vive. 

Monsieur, 


XLIX. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  t.  28,  pièce  94.  —  Minute. 

A  MOIVS.  DE  LUYNES. 

[  Vers  |p  12  mai  16x7'.] 

Monsieur, 

Aiant  sceu  par  M'  du  Hagen  la  dilHculté  qui  s'est  présentée  sur 
la  démission  que  la  reyne  a  faicte  de  la  capitainerie  de  la  Bastille  en 


'  Richelieu  était  parti  de  Paris ,  avec  la 
reine  mère;  à  peine  arrivé  à  Blois,  le  8, 
il  informa  de  Luynes  et  Deageant  des 
bonnes  dispositions  de  Marie  de  Mcdicis 
(aux  Analyses);  la  présente  lettre  dut 
suivre  de  près  ;  il  se  hâte  de  demander  à 
Luynes  sa  bienveillance  et  s'efforce  de  lui 
faire  entendre  que  la  reine  mère  ne  con- 
serve aucun  ressentiment  de  la  catastrophe 
du  maréchal  d'Ancre.  L'évèque  de  Luçon 
comprit  tout  de  suite  que  le  seul  parti 
rai$onna])lc  que  put  prendre  cette  prin- 
cesse était  de  se  réconcilier  avec  le  roi  son 
fils,  et  avec  le  favori  qui  avait  su  s'emparer 
de  l'esprit  de  Louis  XIII.  H  n'est  point  de 
lettres  de  celte  époque  écrites  au  roi,  à 
Luynes  et  à  Deageant ,  qui  ne  montrent  les 
précautions  infiuies  que  prenait  Richelieu 


pour  arriver  à  cette  heureuse  réconcilia- 
tion. Il  n'y  avait  là,  comme  les  ennemis 
de  Richelieu  l'ont  écrit  à  tort  et  comme 
l'ont  répété  des  historiens  peu  attentifs . 
aucune  trahison.  Ce  que  l'évèque  de  Luçon 
a  fait  alors  ,  il  l'a  fait  au  grand  jour  ;  ajou- 
tons que  son  propre  intérêt  était  en  cela' 
d'accord  avec  l'intérêt  de  Marie  de  Mè- 
<licis,  ce  qui  n'a  pas  empêché  Vitt.  Siri 
d'écrire  à  l'occasion  du  retour  de  Riche- 
lieu près  de  la  reine  mère  :  «  Lussone , 
come  vedremo  per  la  série  délie  cose  se- 
guenti ,  parve  fatatamente  nato  ali'  estermi- 
in'o  délia  regina.  «  (  Memorie  racorni,  t.  IV, 
|).  624  de  l'édition  de  Cramoisy,  in -4°, 
.677.) 

'  Voir  la  note  i  de  la  page  386. 


390  LETTRES 

vostre  faveur,  je  vous  envoie  ce  gentilhomme  pour  vous  faire  entendre 
le  remède  que  j'ay  estimé  à  propos  d'y  apporter,  ensuitte  de  l'advis 
de  M*^  du  Hagen.  Vous  verres  la  copie  de  la  lettre  que,  sur  ce  sujet, 
la  reyne  mère  escrit  au  roy,  et,  dans  deux  jours,  vous  recevrés  l'ori- 
ginal. Si  vous  ne  la  trouvés  à  vostre  gré ,  vous  vous  plaindrés  de  moy 
qui  l'ayt  faicte  pour  le  mieux,  et  non  d'autres.  En  effect,  je  vous  puis 
asseurer  que  la  reyne  désire  que  cette  pièce  (la  Bastille)  vous  tombe 
entre  les  mains ,  et  que ,  si  elle  y  peut  encore  contribuer  quelque  autre 
chose ,  elle  le  fera  de  bien  bon  cœur. 

J'escris  amplement  à  M'  du  Hagen,  le  suppliant,  pour  vous  des- 
charger de  l'importunité  d'ime  longue  lettre,  de  vous  rapporter  tout 
ce  que  je  luy  mande.  Par  là  vous  verres  le  vray  estât  des  choses,  le 
jugement  que  j'en  fais,  escrivant  expressément  amplement  de  toutes 
choses,  afin  que  celte  lettre  vous  serve  de  tiltre  en  vertu  duquel  je 
puisse  estre  plus  authenliquement  obligé  à  mes  paroUes. 

Surtout  ne  vous  estonnés  point  de  ce  que  vous  orrés,  car  je  veus 
mourir  si  le  roy,  et  vous  en  vostre  particulier,  n'avés  contentement  de 
la  reyne  mère ,  et  si  vous  n'avoués  un  jour  que  j'auray  faict  auprès 
d'elle  ce  que  doit  faire  un  homme  de  bien. 

Je  remets  le  tout  à  M'"  du  Hagen,  me  contentant  de  vous  asseurer 
que  je  suis. .  .  . 

'  Je  ne  veux  pas  oublier  de  vous  dire  qu'il  est  important  que  vous 
nous  donniés  toutes  sortes  de  petits  contantemens.  Par  exemple,  si 
vous  trouvés  bon  que  le  roy  escrive  à  la  reyne  sa  mère ,  qu'ayant  sceu 
qu'il  manquoit  à  son  appartement  un  cabinet,  qu'il  a  bien  voidu  la 
prier  d'y  en  faire  bastir  selon  qu'elle  le  jugera  à  propos,  ayant  donné 
ordre  pour  cet  elTect  à  ceux  qui  ont  charge  de  ses  bastiments  en  ce 
quartier,  de  faire  faire  promptement  tout  ce  qu'elle  leur  commandera, 
voidant  qu'elle  dispose  de  ce  qui  luy  appartient  comme  de  ce  qui  est 
à  elle  mesme.  Cette  despence  n'ira  pas  à  grand  chose  et  la  contantera. 

'  Ici  Richelieu  prend  la  plume,  laissant  un  blanc  d'un  tiers  de  page  entre  ce  qui 
précède  et  cette  espèce  de  P.  S. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


391 


Arcli.  des  Aff,  élr.  France,  t.  28,  pièce  91-92.  —  Minute  de  la  main  de  Richelieu. 

[A  M.  DEAGEANT.] 

[  Blois ,  vers  le  1 8  mai  1617  ' .  ] 

Monsieur,  je  vous  envoyé  la  lettre  que  vous  désirés  pour  i58^  que 
Cxiiu  a  réformée  de  bon  cœur.  Vous  verres  en  toutes  occasions  comme 
nous  nous  gouvernerons,  en  despit  des  ennemis.  La  lettre  de  i58  et 
la  vostre  receues  par  le  gentilhomme  que  je  vous  avois  envoyé,  m'ont 
mis  l'esprit  à  repos,  et  les  artifices  de  i48',  qui  me  vouloit  nuire  et 
me  perdre  vers  Cxiiii,  m'ont  tellement  servy  et  afiermy  envers  elle. 


'  Nous  pouvons  donner  à  cette  lettre 
non  datée  une  date  approximative  ;  dès 
rarrivéeà  Blois,  Richelieu  et  la  reine  mère 
s'étaient  mis  en  rapport  avec  Luynes ,  qui 
assurait  vouloir  servir  cette  princesse  exilée. 
Richelieu  avait  envoyé  à  Deagcant,  poin- 
la  communiquer  à  Luynes ,  la  minute  d'une 
lettre  que  la  reine  mère  se  proposait  d'é- 
crire au  favori  ;  sur  quoi  Deageant  mande 
à  Richelieu  :  «  Vous  trouverez  icy  la  lettre 
dont  vous  avez  envoyé  la  minute,  à  la- 
quelle il  a  esté  changé  quelque  chose  que 
vous  agréerez,  s'il  vous  plaist,  et  la  ren- 
voyerez  à  Luynes  ou  à  moy,  signée  en 
bonne  forme,  afin  d'y  adjouster  la  pièce 
que  j'ayen  main,  et  nous  servir  de  la  dé- 
pesclie  au  temps  qui  sera  jugé  à  propos , 
estant  ung  affaire  de  grandissime  impor- 
tance ,  spécialement  au  roy  et  à  la  reyne.  » 
Or  Deageant  écrivait  cela  le  1 5  mai  ;  Riche- 
lieu dut  répondre  immédiatement.  On  peut 
donc  placer  la  présente  lettre  vers  le  18. 

'  Deageant  mandait  à  Richelieu ,  le 
1  o  mai  :  (I  Vous  trouverez  cy  enclos  le 
chiffre  que  vous  me  commandastes  à  vostre 


départ.»  (Aff.  étr.  t.  28,  pièce  28.)  Nous 
n  avons  point  trouvé  ce  chiffre  que  nous 
avons  en  partie  recomposé  à  l'aide  de  plu- 
sieurs lettres  de  cette  correspondance. 
1  r)8  signifie  Luynes  ;  Cxi  m  la  reine  mère. 
'  Ce  chiffre  doit  signifier  l'abbé  Ruc- 
cellaï.  Richelieu  a  raconté,  et  nous  l'avons 
rappelé  (t.  1",  p.  536)  sans  avoir  à  citer 
sur  ce  point  d'autre  autorité, que  le  maré- 
chal d'Ancre ,  ne  trouvant  pas  assez  docile 
le  ministère  dans  lequel  il  avait  placé  l'é- 
vèquc  de  Luçoii,  songeait,  peu  avant  sa 
morl,  à  en  composer  un  autre  où  devait 
entrer  Rnccellaï.  Richelieu  avait  ainsi  plu- 
sieurs fois  rencontre  sur  son  chemin  ce 
personnage.  En  ce  moment ,  à  celte  petite 
cour  de  Blois.  et  en  i6iq,  lorsqu'il  est 
rappelé  de  son  exil,  Richelieu  se  plaint 
de  ses  intrigues,  et  parle  de  lui  comme 
de  l'un  de  ses  plus  incommodes  adver- 
saires. [Méni.  1. 1",  passim.]  Enfin,  à  l'épo- 
que de  la  mort  de  Ruccellaï ,  en  1 622  ,  il  en  ' 
fait  un  portrait  qui  n'est  point  tracé  de  In 
main  d'un  ami  (t.  IF,  p    22/1). 


392 


LETTRES 


que  je  ne  peus  pas  y  pouvoir  désirer  plus  de  créance.  Dieu  me  con- 
duist  et  me  conduira,  s'il  luy  plaist.  Je  reçoy  de  très-grands  tesmoi- 
gnages  de  sa  bonté  et  en  espère  de  plus  en  plus.  Je  suis  grandement , 
et  plus  que/je  ne  puis  dire ,  obligé  à  Cii  (le  roi)  et  à  1 58  de  la  confiance 
qu'ils  ont  en  moy;  s'ils  y  sont  trompés,  je  supplie  Dieu  qu'il  ne  me 
le  pardonne  jamais.  L'esprit  de  Cxiiii  est  et  sera  tel  que  vous  sauriés 
désirer.  iSy'  a  envoyé  vers  elle  comme  aussy  Ciiu  ;  ils  luy  mandent 
force  civilitez,  à  quoy  je  vous  asseure  que  les  responces  sont  fort 
bonnes.  S'il  se  trouve  quelques-uns  qui  veuillent,  pour  faire  ses  al- 
faires,  donner  de  l'ombrage  aux  despends  de  Cxim,  croyés  qu'il  n'y 
gaignera  autre  chose  que  cognoistre  comme  Cxiiii  a  les  sentiments 
qu'on  sauroit  désirer  pour  Cii ,  et  nous  aurons  cet  advantage ,  que  si 
nous  sommes  tentés  nous  ne  serons  point  esbranlez.  De  cela  dormes 
à  repos,  car  je  vous  en  asseure.  La  descouverte  des  artifices  de  i48 
m' ayant  tellement  servy  que  je  ne  croy  point  qu'on  me  dissimule 
aucune  chose.  Voire  mesme  depuis  cete  descouverte,  Cxiiii  a  voulu 
faire  tenir  publiquement  son  conseil  à  i23  (Richelieu)  comme  chef 
d'iceluy,  ce  qu'il  n'a  faict,  attendant  que  Gii  l'ayt  aggréé,  quoy  qu'il 


'  Pour  l'explication  des  cliifFres  i  Sy 
et  CHU,  dont  nous  n'avons  point  le  dé- 
chiffrement ,  nous  sommes  réduit  aux  con- 
jectures. Nous  trouvons  bien ,  à--ce  mo 
ment,  dans  les  Mémoires  de  Richelieu, 
l'indication  de  deux  visites  faites  à  Blois  : 
«  La  maréchale  envoya  à  la  reine  le  capi- 
taine Beiiche  qui  avoit  été  autrefois  à  son 
mari,  mais  la  crainte  que  l'on  eut  de  dé- 
plaire à  ces  messieurs  fit  que  S.  M  ne  fit 
point  de  réponse.  Depuis,  le  duc  de  Mon- 
téiéon  désira  que  l'ambassadeur  de  l'em- 
pereur, qui  avoit  vu  le  roi,  vit  la  reine  à 
Blois,  et  en  écrivit  sur  ce  sujet;  la  reine 
pour  s'en  exempter,  fit  la  malade  et  ne  le 
vit  point.  »  (T.  I,  p.  4G7.)  Mais  si  la  visite 
de  l'ambassadeur  était  capable  d'inquiéter 
«  ces  messieurs,  »  comme  dit  Richelieu,  et 


si  l'on  peut  supposer  que  ie  nom  de  cet 
agent  diplomatique  soit  caché  sous  l'un 
des  deux  chillres  (voy.  ci-après  p.  3q4;. 
nous  ne  voyons  pas  que  la  phrase  qu'on 
lit  ici  puisse  en  aucune  façon  se  rapporter 
à  la  pauvre  Leonora  Galigaï,  prisonnière 
et  sous  le  coup  d'une  sentence  capitale. 
Les  mots  :  0  Si  nous  sommes  tentés  nous 
ne  serons  point  ébranlez,»  donnent  bien 
plutôt  l'idée  de  la  comtesse  de  Soissons, 
ou  de  tout  autre  de  ces  grands  seigneurs 
que  l'on  vit  en  ce  temps-là,  ardents  à  la 
guerre  civile ,  prendre  parti  pour  la  reine 
mère.  Nous  sommes  forcé  de  nous  borner 
à  cette  demi-explication  des  deux  chiffres, 
que  l'on  verra  reparaître  dans  quelques 
pièces  suivantes. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  393 

sache  bien  en  générai  estre  envoyé  icy  par  Cn  pour  servir  Cxiiii  ainsy 
qu'il  luy  plaira.  Dieu  conduira  la  barque  de  Cxiiii  à  bon  port  ne  voyant 
aucun  escueil  qui  luy  puisse  faire  faire  nauffrage.  1 48  a  esté  si  aveugle , 
après  ne  m' avoir  peu  perdre  par  calomnie  fausse  que  mon  secrétaire 
vous  dira,  que  de  supplier  ouvertement  Cxiiii  de  chasser  i  aS  ;  à  quoy 
elle  a  respondu  de  telle  sorte  qu'il  n'y  a  rien  à  redire,  concluand 
qu'elle  se  lioit  à  1 2  3 ,  qu'elle  le  tenoit  d'autant  plus  homme  de  bien 
que  lout  ce  qu'il  luy  avoit  mis  à  sus  le  justiffioit  ;  qu'il  luy  avoit  dict 
ses  intentions  toutes  tendantes  à  repos  ;  qu'en  cette  considération  elle 
s'en  vouloit  plus  volontiers  servir,  et  qu'elle  y  estoit  s'y  résolue  qu'il 
pouvoit  bien  se  fermer  la  bouche,  d'autant  qu'elle  ne  changeroit  point 
de  dessein  pour  ses  rapports,  mais  qu'au  contraire  elle  l'asseuroit  de 
n'en  prendre  aulcun  autre.  Après  cela,  elle  me  fist  l'honneur  de  me 
dire  que  je  n'appréhendisse  point,  qu'elle  estoit  bien  aise  que  cela 
fust  arrivé,  parce  que  bien  que  plusieurs  rapports  qu'on  luy  avoit  faicts 
ne  l'eusse  aulcunement  mise  en  doubte ,  veu  la  franchise  avec  laquelle 
je  luy  avois  parlé,  elle  avoit  grande  satisfaction  d'avoir  descouvert 
l'origine  de  ces  calomnies,  et  que,  povu"  me  le  tesmoigner,  elle  vouloit 
fermer  doresnavant  les  aureilles  à  tels  discours,  voyant  bien  qu'elle 
estoit  leur  cause.  Et  de  faict,  depuis  ce  temps-là,  la  bonne  chère  de 
S.  M.,  qui  m'a  tousjours  fort  bien  traicté,  est  fort  augmentée. 

M"'  de  Villesavin  '  chemine  bien ,  comme  aussy  madame  de  Guerche- 
ville.  J'ay  dict  au  premier  connue,  sur  quelque  faux  rapport  de  luy, 
vous  l'avés  obligé,  et  à  Cxiiii  le  soin  que  vous  avés  de  ce  qui  la  touche. 
Asseurés  vous  qu'il  ne  sera  jour  que  je  ne  me  ressouvienne  des  offices 
que  vous  me  rendes,  et  que,  si  je  n'en  prends  revanche,  il  en  faudra 
accuser  mon  impuissance.  Quant  à  l'affaire  dont  je  vous  ay  faict  parler, 
j'ay  creu  que  vous  ne  blasmeriés  pas  ma  franchise ,  et  qu'on  ne  pou- 
voit trouver  mauvais  le  dessein  que  j'avois  de  m'unir  à  personne  que 
j'honore  entièrement.  S'il  réeussit  j'en  seray  très-ayse,  s'il  ne  réeussit 
point  je  n'en  seray  pas  moins  affectionné,  je  vous  en  asseure  sur  mon 

'  C'était  alors  le  secrétaire  de  Marie  de  Médicis. 

CARDIN.  DE  RICUELIEC.  Vil.  5o 


394  LETTRES 

anie.  Je   commets  le  tout  à  vostre  prudance  et  demeure   sincère- 
ment, 

Monsieur, 

Vostre  très  affectionné  serviteur, 

La  reyne  escrit  pour  M'  Barl)in,  j'ay  tesmoigné  à  ces  gens  qui 
estoyent  venus  icy  en  mesme  temps,  comme  vous  vous  rendes  sollici- 
teur des  offices  qu'il  reçoit  de  deçà. 


LI. 

Arch.  des  Afl'.  étr.  France,  t.  28,  pièce  8g.  —  Minute. 

A  M.  DEAGEANT. 

[Blois,  21  ou  22  mai  1617'.] 

Monsieur,  je  commenceray  cette  lettre  en  vous  disant  que  la  reyne 
mère  du  roy  est  extresmement  contente  de  celles  qu'elle  a  receues  du 
roy  et  de  M'  de  Luynes  par  M'  de  Presles,  recognoissant  la  bonne  vo- 
lonté du  roy  de  plus  en  plus,  et  l'affection  de  M""  de  Luynes.  ,Ie  la 
suivray  en  vous  faisant  cognoistre  la  joie  (jue  j'ay  que  vous  soies  en 
une  charge  en  laquelle  vous  ne  doutés  point  que  je  ne  vous  aye  désiié\ 
puisque  je  vous  souhaittois  en  plus  grande,  comme  je  fais  encore  avec 
autant  de  passion  que  je  me  désire  du  bien  à  moy-mesme.  La  reyne  m'a 
commandé  de  vous  tesmoigner  qu'elle  en  a  du  contentement  comme 
vous  tenant  très-capable  de  servir  le  roy,  et  ne  doutant  point  que 
vous  ne  luy  soies  affectionné  à  elle-mesme. 

Quant  aux  bruits  qu'on  faict  courre  des  brouilleries  et  menées  qui 

'  Cette  lettre ,  dont  la  minute  n'a  point  '  11  avait  été  nommé  intendant  des  li- 

de  date,  est  la  réponse  à  une  missive  de  nances  ;  c'est  apparemment  la  charge  de  su- 

Deageant,  du  19  mai,  et  Deageant  y  ré-  rintendant  ou  contrôleur  général ,  qu'avait 

pond  à  son  tour  le  24;  elle  doit  donc  être  eue  Barbin,  que  Richelieu  aurait  désirée 

datée  comme  nous  le  proposons  ici.  à  Deageant, 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


395 


se  traittent',  je  vous  supplie  de  croire,  quoy  qu'on  die,  que  jamais  on 
n'aïu'a  but  ny  dessein  que  le  contentement  du  roy,  et  si  la  chose  arri- 
voit  autrement  vous  savés  bien  ce  que  je  vous  ay  mandé.  Je  vous  prie 
de  lire  quelquefois  la  lettre  que  je  vous  ay  escritte  par  Papinière^, 
m'asseurant  que  si  vous  la  considérés  bien ,  vous  serés  garanty  de  toute 
appréhension,  m'obligeant  par  icelle  ou  à  empescher  le  mal  que  je 
sçay  bien  qu'on  ne  veult  point  faire ,  ou  à  advertir  à  temps  d'y  apporter 
remède,  et  ce  sur  peine  de  ma  teste. 

Je  vous  ay  mandé  comme  Ciiii  et  iSy'  avoient  envoyé  icy  rendre 
des  complimens,  que  si  on  nous  tentoit  nous  aurions  cet  avantage 
de  n'estre  jamais  esbranlez*;  tenés-le  pour  certain  et  en  asseurés,  s'il 
vous  plaist,  Cii  (le  roi)  et  i  58  (Luynes)  sur  vostre  vie,  et  je  vous 
desehargeray  de  cette  response. 

L'homme  de  187  est  encore  icy,  nommé  ^,  je  le  pré- 

sentay  hier  à  Cxiiii  (la  reine  mère)  :  sans  doute  qu'il  y  pouvoit  estre 
pour  luy  donner  de  l'ombrage,  et,  pour  cet  effect,  s'il  ne  s'en  va 
aujourd'huy,  il  recevra  le  desplaisir  d'estre  civilement  licencié. 

Quant  à  celuy  qui  parle  par  ouy  dire"  de  128  (Richelieu),  qui- 
conque qu'il  soit  c'est  un  imposteur  qu'il  fera  rougir,  sans  sçavoir  de 
quoy  il  est  question,  quand  on  voudra.  1  28  ne  sçait  pas  ce  qu'il  dict, 


'  Dans  sa  lettre  chiOrée  du  19,  Dea- 
geant  disait  :  •  A  toute  heure  on  a  des  avis 
de  brouilleries  et  menées  soubs  le  nom  et 
en  faveur  de  la  reyne  ;  le  roy  et  Luynes 
n'y  ajoutent  pas  foy,  mais  il  faut,  s'il  vous 
plaist,  que  Lusson  continue  à  veiller.» 
(  Aff.  étr.  manuscrit  cité  aux  sources , 
pièce  3i4.) 

'  La  lettre  du  1 8  mai.  —  M'  de  la  Pa- 
pinière  était  un  gentilhomme  attaché  à 
Richelieu,  qui  le  chargeait  alors  de  ses 
messages  de  confiance. 

"'  Voyez  page  Sgi,  note  a. 

'  Ci-dessus,  ligne  6  de  la  p.  Sqa. 
Ce  nom  de  sept  lettres  est  écrit  ici  en 


caractères  d'un  chiffre  dont  nous  n  avons 
pas  la  clef 

"  Dans  la  lettre  précitée  du  19,  Dea- 
geant  mandait  encore  :  «  Les  rapports  et 
artifices  contre  Lusson  redoublent  tous  les 
jours,  sans  effect  toutefois,  encore  qu'il  y 
en  ayt  de  si  effrontez  de  parler  comme 
pour  avoir  ouï.  »  Richelieu ,  qui  résume  à 
ce  moment,  dans  ses  Mémoires  (t.  1, 
p.  465-407),  toute  cette  correspondance, 
laisse  entendre  que,  malgré  les  bonnes 
paroles  qu'il  recevait  de  la  cour,  le  roi  et 
Luynes  n'étaient  pas  fâchés  de  trouver 
dans  loutes  ces  calomnies  un  prétexte  pour 
l'éloigner  de  la  reine  mère. 


396  LETTRES 

mais  il  sçait  bien  qu'il  ne  peut  dire  chose  véritable  qui  soit,  ny  en 
apparence ,  ny  en  eiîect ,  contre  son  devoir  ;  et  les  événemens  de  tout 
le  gouvernement  de  Cxiiii  feront  mentir  et  ceux  qui  taxent  Cxiiii,  et 
ceux  qui  taxent  i  2  3.  Vous  pouvés  croire  que  je  ne  parlerois  pas  de  la 
sorte  si  je  n'estois  bien  asseuré  de  mon  baston  [sic]  dont  je  suis  sy  seur 
que  je  rends  ma  vie  caution  de  mes  paroles. 

Quant  aux  intelligences  d'Espagne,  je  n'ay  rien  à  vous  dire,  si  non 
que  je  suis  d'advis  qu'on  die  que  i23  traitte  avec  le  grand  turc  par 
ce  qu'il  a  communiqué  avec  son  Chaours  qui  est  à  Paris.  Le  duc 
de  Montéléon  m'escrivit  dernièrement  pour  faire  que  l'ambassadeur 
venant  d'Allemagne,  qui  avoit  salué  le  roy  au  bois  de  Vincennes, 
peust  saluer  la  reyne  en  passant.  M'  de  Villesavin  et  moy  en  confé- 
rasmes  ensemble ,  et  estimasmes  que  la  reyne  luy  devoit  accorder  cette 
veue;  ce  qu'elle  ne  voulut  jamais,  et  de  faict  elle  fisl  la  malade;  et 
moy,  de  peur  de  le  voir,  je  fus  me  promener  à  Bury\  maison  de 
M"'  de  Villeroy.  Si  par  ce  procéder  on  est  coulpable,  je  le  suis.  i23 
veillera  continuellement,  soiés-en  asseuré.  Pour  162,  s'il  vient  icy, 
soies  asseuré  que  vous  le  sçaurés  incontinent;  et  s'il  y  vient  pour 
parler  en  cachette,  soies  asseuré  qu'il  n'aura  point  d'audience.  Si  on 
faict  des  menées  sans  le  sceu  de  Cxiiii,  vous  sçavés  qu'elle  n'en  peut 
respondre,  mais  en  ce  cas  elle  est  résolue  de  s'offrir  à  servir  Cii  tout 
ainsy  qu'il  luy  plaira.  Voies  si  cela  est  avoir  dessein  de  mal  faire.  Cxiiii 
a  véritablement  en  1  2  3  plus  de  créance  qu'il  ne  mérite ,  c'est  pour- 
quoy,  s'il  arrivoit  mal,  il  seroit  beaucoup  plus  coulpable,  les  choses 
estant  en  ce  point  qu'il  ne  s'en  peut  faire  sans  luy.  Cxiiii  a  establi  le 
dit  123  en  sa  maison  aux  charges  qu'il  a  pieu  au  roy  aggréer;  ce  n'est 
pas,  comme  vous  pouvés  croire,  au  contentement  de  tout  le  monde, 
particidièrement  de  1  /i8  (Ruccellaï) ,  qui ,  ayant  perdu  tous  ses  artifices 
de  deçà,  ne  les  espargnera  pas  de  delà.  Véritablement  son  entreprise 
a  esté  jugée  inconsidérée  de  tout  le  monde,  mais  Dieu  l'a  voulu  pour 

'  Il  y  a  dans  le  département  de  l'Oise,  est  sans  doute  un  château,  auquel  était 
à  i3  lieues  de  Paris,  un  village  de  ce  alors  attaché  un  domaine  seigneurial  situé 
nom  ;  mais  le  Bury  dont  parle  Richelieu        à  Margency. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  397 

l'entier  establissement  de  i23  clans  l'esprit  de  Cxiiii.  En  un  mot, 
dormes  en  repos  et  sçachés  que  ce  que  je  vous  mande  est  si  vray  que 
rien  ne  le  peut  estre  davantage.  Je  vous  prie  de  continuer  les  asseu- 
rances  de  mon  affection  au  service  de  Cii  et  de  1 58,  à  qui  je  me  lie 
comme  vous  sçavés,  et  de  croire  que  je  suis  véritablement, 

Monsieur, 

Vostrc  tris  affectionné  serviteur. 


LU. 

Arch.  des  AfF.  étr.  France,  t.  28,  pièce  88.  —  Minute. 

A  M.  DEAGEANT. 

[Commencement  de  juin  1617'.] 

Monsiein-,  M'  de  Bonzy  vous  dira  tout  ce  qui  s'est  passé  à  son  ar- 
rivée. Je  suis  le  plus  malheureux  de  tous  les  hommes  sans  l'avoir  mé- 
rité, si  je  n'eusse  pensé  estre  garenty  de  l'envie  et  de  la  rage  par 
l'appuy  que  vous  sçavés,  je  ne  me  fusse  pas  embarqué  au  vaisseau  où 
je  suis.  Ayant,  comme  je  vous  ay  dict,  avant  que  de  partir  de  Paris, 
bien  prévu  toutes  les  difficultez  et  les  obstacles  qui  se  sont  rencontrez 
et  rencontrent  en  l'affaire  dont  est  question.  Dieu  sçait  à  quelle  fin  il 
la  doit  mener.  S.  M.  jugera  ce  qu'elle  doit  faire;  M""  de  Luynes  et 


'  Cette  lettre  sans  date  répond  à  une 
missive  de  Deageant  du  a 4  mai,  et  doit 
avoir  été  écrite  à  la  fin  dudil  mois  ou  au 
commencement  de  juin.  Nous  y  lisons  : 
«...  Lusson  reçoit  de  très-mauvais  oflices 
de  l'assemblée  du  clergé*.  Je  ne  m'esten- 
dray  point  icy  sur  le  sujet  du  voyage  de 
M'  de  Bésiers**.  Il  vous  en  dira  toutes  les 
particularités ,  et  n'oubliera  pas  à  vous  mar- 
quer le  desplaisir  que  l'on  a  de  ce  qui  s'est 

•  £eite  assemblée  se  tint  à  Paris  pendant  le»  moi» 
de  mai  et  de  join. 

•*  Nous  le  voyons  à  ce  moment  faire  de  fréquents 


passé ,  qui  n'altérera  néantmoins  en  aucune 
chose  l'affection  qui  vous  a  esté  promise. . .  « 
{ Manuscrit  cité  aux  sources ,  pièce  3  5*.)  On 
n'explique  pas  ce  que  signifie  «  ce  qui  s'est 
passé ,  »  mais  nous  savons  que ,  depuis  sa 
disgrâce,  Richelieu  était  poursuivi  sans 
relâche  par  les  calomnies  de  ses  enne- 
mis. On  verra  tout  à  l'heure  les  suites 
fâcheuses  de  ces  continuelles  persécu- 
tions. 

voyages  entre  Blois  et  la  cour.  (Sur  ce  prélat,  voy. 
ci-dessus,  p.  387,  note.) 


3^8  LETTRES 

vous  luy  conseillères,  et  moy  je  feray  voir  que  je  suis  vray  et  fidelle 
serviteur,  non  considérant  ces  intérests,  quoycpie  ceux  de  l'honneur 
soient  bien  chers,  mais  seulement  ceux  de  son  maistre,  à  qui  on  doit 
toute  obéissance.  La  rage  et  l'envie  me  combattent  d'une  part;  d'autre, 
une  hayne  qui,  m'ayant  pour  objet  en  partie,  ne  laisse  pas  de  porter 
sii-  d'autres.  On  me  mande  que  M""  de  Vitry  est  fort  animé  contre  moy, 
et  que  le  sujet  qu'il  prend  est  une  lettre  que  je  vous  ay  escrite.  Je 
ne  le  puis  croire ,  sachant  bien  que  mes  lettres  sont  en  bonnes  mains 
estant  es  vostres  ;  que  je  ne  vous  ay  rien  mandé,  sinon  sur  le  sidjjet 
de  la  Bastille,  ce  qui  estoit  arresté  entre  nous.  Rien  ne  me  changera 
en  quelque  lieu  que  je  sois  ;  partout  je  serviray  le  roy  si  ingénuement 
et  avec  tant  de  passion,  que  mes  ennemis  en  recevront  de  la  confu- 
sion. M'  de  Luynes  recognoistra  en  toutes  occasions  si  je  suis  asseuré 
à  ceux  à  qui  je  promets  du  service  comme  à  luy;  vous  m'en  dires 
aussy  des  nouvelles,  ne  m'estimant  pas  sy  homme  de  bien  devant 
Dieu  que  j'ose,  comme  un  capuchin,  mettre  mes  prières  en  jeu  pour 
en  servir  ceux  que  j'honore.  Je  sçay  bien  qu'il  ne  me  reste  que  la  pa- 
role à  cet  effect,  mais  en  quelque  façon  que  ce  soit  je  feray  mon 
possible.  Je  suis  estonné  de  ce  que  vous  me  mandés  du  clergé,  et  suis 
asseuré  que  ce  n'est  point  le  corps,  mais  quelques  particuliers  que 
M""  de  Béziers  vous  nommera.  Quels  qu'ils  soyent,  je  leur  souhaitte 
du  bien  pour  le  mal ,  et  à  tous  mes  ennemis  sur  mon  honneur  et  sur 
ma  vie. 

Pour  vous  que  je  tiens  pour  un  de  rnes  meilleurs  et  plus  asseurez 
auùs,  je  vous  en  souhaitte  avec  plus  de  passion  que  vous  ne  sçauriés  le 
désirer  vous  mesme.  Je  vous  suplie  de  le  croire,  comme  aussy  que 
je  suis 

Vostre  1res  affectionné. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  399 


LUI. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  France,  t.  28,  pièce  5'j'.  —  Minute 

A  M.  DE  LUYNES. 

[8  ou  g?juin'  1617.] 

Monsieur, 

Je  me  sens  vostre  obligé,  plus  que  je  ne  le  puis  dire,  de  l'honneur 
qu'il  vous  plaist  me  faire,  me  promettant  vostre  assistance  comme  vous 
faictes  par  vos  lettres,  et  m'en  rendant  des  preuves  par  effects,  comme 
vous  avés  faict  en  cette  dernière  occasion.  Je  ne  puis  empescher  les 
calomnies,  mais  je  vous  puis  asseurer  que,  si  on  veut  prendre  la  peine 
de  les  esclaircir,  on  ne  dira  rien  à  mon  désavantage  qui  ne  me  soit 
enfin  avantageux.  En  im  mot.  Monsieur,  mes  actions  vous  confirmeront 
au  l)on  jugement  que  vous  faites  de  moy,  et  feront  honte  à  ceux  qui , 
contre  leur  conscience,  tiennent  des  langages  à  mon  préjudice.  Je 
suis  combattu  de  toutes  parts,  comme  M'  Du  Fay  vous  pourra  dire  '\ 
En  cela  je  n'ay  autre  chose  à  faire  qu'à  supporter  avec  patience,  comme 
je  fais,  les  assauts  qu'on  me  donne,  et  m'armer  de  mon  innocence, 
qui  sera,  je  m'asseure,  tellement  cogneue  de  toutes  parts  que  je  ne 
le  sçaurois  désirer  davantage 

Pour  ce  qui  est  des  intentions  de  la  reyne ,  je  n'ay  rien  à  vous 
dire,  si  non  que  le  roy  en  aura  tout  conlenlement,  et  vous  aussy. 
Monsieur.  Le  temps  vous  le  fera  voir,  comme  aussy  que  j'ay  tel  res- 

'   Le  secrétaire  a  écrit  au  dos  le  nom  ay  jurée  sera  très- véritable,  et  les  services 

du  mois,  sans  quantième.  C'est  la  réponse  que  je  vous  ay  voués  certains.  » 
à  une  lettre  de  Luynes,  du  6  juin ,  envoyée  '  Ce  M'  du  Fay,  dépêché  par  le  duc  de 

par  exprès  (pièce  36  du  manuscrit  cité  aux  Luynes  à  Blois,    porteur  sans    doute   de 

sources)  au  sujet  de  quelque  incident  qui  quelque  message,  avait  mécontenté  la  reine 

(Xîcupait   Richelieu:    «Je    m'asseure,    lui  mère,  qui  écrivit  :  «Je  prie  le  s' de  Luynes 

mandait  de    Luynes,   que   vous  avez  eu  de  n'envoyer  plus  devers  moy  le  s' Du  Fay, 

beaucoup    d'impassience    atendant    caste  aiant  tenu  des  langages  céans  qui  ne  m'a- 

froide  response;  vous  en  sçaurez  le  sujet  gréent  en  aucune  façon.  »  (Manuscrit  pré- 

par  la  bouche  de  ce  porteur,  et  cognois-  cité,  fol.  ii/J.) 
Irez  à  l'avenir  que  l'affection  que  je  vous 


400  LETTRES 

sentiment  que  je  doits  de  l'honneur  que  vous  me  faictes,  et  que  je 
suis  et  seray  tousjours. 


LIV. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  t.  a8,  pièce  38.  —  Minute. 

[AU  P.  SUFFREN'.] 

lO'juin  1617. 

'  Mon  Père,  j'ay  receu  beaucoup  de  contentement  du  commande- 
ment qu'il  a  pieu  à  la  reyne  me  faire  de  vous  advertir  de  la  venir 
trouver  au  plus  tard  à  la  my-aoust.  Auquel  temps,  ou  plustost,  elle 
vous  envoyera  lui  carosse  pour  vous  amener  plus  à  vostre  ayse. 

Je  vous  laisse  à  penser  si  le  sesjoiir  de  Blois  me  sera  plus  doux 
quand  il  y  aura  icy  une  personne  avec  qui  je  poiu-ray  ensevelir  tous 
les  desplaisirs  qui  peuvent  arriver,  aux  pieds  de  la  croix  de  celuy  que 
nous  servons,  vous  comme  vous  devés,  moy  comme  je  puis  dans 
l'embarras  du  monde  ^. 

Vous  trouvères  l'esprit  de  la  reyne  selon  vostre  souhait,  entière- 
ment despouillé  du  sentiment  du  passé.  Vous  asseurant  que  l'entrete- 
nant le  jour  de  la  Pentecoste,  elle  me  fist  l'honneur  de  me  dire, 
après  sa  communion,  qu'elle  n'avoit  plus  de  pierre  sur  l'estomach,  et 
qu'elle  n'avoit  plus,  ny  n'auroit  à  l'advenir,  aucun  ressentiment  contre 
ceux  qu'on  pourroit  estimer  de  l'avoir  offensée.  Je  luy  dis,  sur  ce 


'  Le  secrétaire  a  écrit  au  dos ,  avec  la 
date  :  «  A  M' le  président  Janin ,  et  le  père 
Suffrant.  »  Mais  le  feuillet  où  devait  se 
trouver  la  minute  au  président  n'est  pas  ici. 

"  Richelieu,  qui  avait  été  un  véritable 
évêque,  résidant  et  appliqué  aux  soins  de 
son  diocèse  jusqu'en  161 5,  et  même  jus- 
qu'à ce  qu'il  entrât  décidément  aux  affaires 
en  1616,  comprenait  déjà  très-bien ,  quoi- 
qu'il ne  fût  engagé  à  ce  moment  qu'au 


service  particulier  d'une  princesse  exilée, 
et  dans  les  obscures  Intrigues  d'une  petite 
cour  de  province ,  qu'il  lui  serait  impossible 
de  concilier  les  devoirs  sérieux  de  l'état 
ecclésiastique  avec  les  préoccupations  du 
siècle;  que  sera-ce  lorsque,  devenu  pre- 
mier ministre  d'un  grand  royaume ,  il  se 
verra  aux  prises  avec  la  politique  et  les 
affaires  de  toute  l'Europe? 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  401 

subjet,  ce  que  vous  pouvés  estimer  que  je  devois,  la  confirmant  au 
saint  dessein  auquel  elle  se  fortifia  jusques  à  ce  point  que  de  souhaiter 
du  bien  à  tous  ceux  qui  estoient  meslez  en  celte  affaire.  Je  vous  rends 
compte  particulier  de  ce  que  dessus ,  estimant  que  vous  serés  bien 
ayse  de  sçavoir  Testât  auquel  estoit  une  personne  dont  vous  gouvernés 
la  conscience. 

Je  me  recommande  particulièrement  à  vos  sainctes  prières,  et  vous 
asseure  que  vous  ne  les  despartirés  jamais  à  personne  qui  les  mérite 
mieux  que  moy,  pour  estre. .  . 


NOTA. 

On  vient  de  voir,  par  sa  lettre  du  lo  juin  au  Père  SufTren,  que  l'évêque  de 
Luçon  se  promet  une  douce  consolation  de  son  exil,  dans  la  société  de  ce  bon 
père,  appelé  à  Blois,  auprès  de  Marie  de  Médicis;  mais,  à  peine  a-t-il  exprimé  cet 
espoir,  qu'il  se  voit  frappé  d'un  exil  nouveau.  Il  y  a  là,  dans  la  vie  de  Richelieu, 
un  incident  qu'il  convient  d'expliquer.  Nous  l'avons  déjà  indiqué  dans  le  I"  vo- 
lume; mais  des  documents  nouveaux  nous  permettent  de  le  faire  mieux  connaître, 
et  d'ajouter  ces  détails  auxquels  s'intéresse  la  curiosité  qui  s'attache  toujours  aux 
commencements  d'une  grande  fortune  et  aux  premières  époques  de  la  vie  d'un 
personnage  illustre. 

Les  calomnies  dont  on  poursuivait  incessamment  Richelieu,  et  peut-être  aussi 
le  mauvais  vouloir  de  M.  de  Luynes,  qui,  malgré  ses  protestations,  ne  le  voyait 
pas  sans  inquiétude  auprès  d'une  princesse  qu'il  avait  cruellement  blessée,  ne  se 
reposaient  pas.  I!  a  écrit,  dans  ses  Mémoires,  que  ses  ennemis,  trop  timides  pour 
l'attaquer  de  front,  avaient  pris  un  détour  pour  le  faire  éloigner  de  la  reine 
mère.  •  Leur  ruse,  dit-il,  suppléa  à  leur  défaut  de  hardiesse  '.  »  L'évêque  de  Luçon 
avait-il  donc  déjà  une  importance  telle  qu'un  favori  tout-puissant  eût  besoin  de 
beaucoup  de  précautions  pour  le  renvoyer  dans  son  évêché.''  Nous  avons  remarqué 
ailleurs,  et  l'événement  le  prouva  bientôt,  qu'on  pouvait  oser  l'envoyer  plus  loin. 
Le  sentiment  vaniteux  qui  perce  dans  cette  pensée  nous  semble  inspiré  par  le 
souvenir  d'une  autre  époque.  Voici  au  vrai  ce  qui  était  arrivé. 

Une  accusation  de  pratiques  séditieuses -et  de  levée  de  gens  de  guerre,  imputée 
à  Marie  de  Médicis  obéissant  aux  suggestions  de  l'évêque  de  Luçon,  ayant  été  lue 

'   Mémoires  de  Richelieu,  t.  I,  p.  467. 

CARDIN.  DE  niCHEUEC.  —  Vil.  5l 


402  LETTRES 

dans  le  conseil  des  dépêches,  il  fut  résolu  que  l'on  conseillerait  au  roi  d'ordonner 
à  Richelieu  de  se  rendre  dans  son  diocèse.  Un  des  membres  de  ce  conseil ,  s'imagi- 
nant  que  la  résolution  qui  avait  été  prise  serait  approuvée  par  S.  M.  en  prévint 
le  frère  aîné  de  Richelieu;  et  celui-ci,  sans  attendre  autre  éclaircissement,  crut 
devoir  avertir  l'évêque  de  Luçon.  C'est  ce  que  raconte  Deageant  '  ;  et  son  récit  est 
conforme  à  ce  (jue  nous  apprenons  du  marquis  de  Richelieu  lui-même.  Sur  l'avis 
qu'il  avait  reçu  de  son  frère ,  l'évêque  de  Luçon  écrivit  tout  de  suite  à  M.  de  Luynes 
qu'il  demandait  permission  à  la  reine  mère  de  la  quitter  et  de  se  retirer  en  Poitou. 
Ne  voulant  pas  attendre  l'effet  de  la  menace,  il  partit  immédiatement.  «  Jugeant, 
dit-il  dans  ses  Mémoires  (l.  c),  qu'il  étoit  mieux  séant  de  les  prévenir,  je  deman- 
dai congé  à  la  reine  de  m'en  aller  pour  quelque  temps  à  Coussay,  où,  dès  que 
je  fus  arrivé,  ils  prirent  occasion  de  m'envoyer  une  lettre  du  roy,  du  i5  juin, 
par  laquelle  Sa  Majesté  me  témoignoit  être  bien  aise  de  la  résolution  que  j'avois 
prise  de  m'en  aller  à  mon  évêché ,  et  que  j'y  demeurasse ,  ou  en  mes  bénéfices , 
jusqu'à  ce  que  j'eusse  autre  commandement  d'elle.  »  Richelieu  partit,  en  effet, 
très-promptement;  car,  dès  le  i4  juin,  à  Fontainebleau,  on  savait  son  départ. 
Nous  avons,  à  cette  date,  une  lettre  écrite  de  Paris  par  l'abbé  Tantucci  ^.  Après 
des  protestations  d'attachement  et  de  grandes  démonstrations  d'affliction  de  ce 
que  Richelieu  s'est  éloigné  de  la  reine  mère,  il  témoigne  l'espérance  que  l'affaire 
.se  rhabillera;  «à  quoy,  ajoute-t-il,  je  travaille,  ainsy  que  font  tous  vos  parens  et 
amis.  J'ay  dépesché  un  courrier  exprès  à  la  reyne  pour  cela,  affui  qu'elle  envoie 
devers  le  roy Vous  avez  des  ennemys,  mais  aussy  des  amis,  et  particulière- 
ment M.  de  Luynes  et  M.  de  Agen ,  auxquels  vous  pouvez  escrire  en  conformité 
de  ce  que  vous  mandent  MM.  du  Pont  et  de  Richelieu  '.  »  Nous  avons  la  lettre 
que  ce  dernier  écrivit  à  son  frère;  elle  est  datée  du  1 4  juin  *,  comme  celle  de  Tan- 
tucci  :  «Je  suis  au  désespoir,  disait-il,  de  vous  avoir  donné  l'advis  de  ce  que  je 
vous  ay  mandé,  bien  qu'il  fust  v'ray  et  que  je  l'eusse  appris  de  M.  de  Chasteau- 

neuf,  qui  m'a  dit  qu'il  avoit  esté  présent  à  la  résolution  qui  eu  fut  prise 

mais  le  changement  des  choses  ayant  fait  changer  celle-là,  excusez  mon  affection 

et  la  passion  que  j'ay  à  vostre  service J'ay  veu  M.  de  Luynes,  qui  nous  a 

tesuioigné  grande  affection  et  toute  assistance  pour  vous si  j'eusse  sceu  tout 

ce  qu'il  m'a  dit  depuis,  qui  avoit  esté  convenu  entre  vous  deux,  je  vous  eusse 
j)arlé  d'autre  façon M.  du  Pont  et  moy  avons  jugé  à  propos,  sur  ce  qu'il 

'   Dans  ses  Mémoires,  p.  io4.  '  Le  manuscrit  dit  :  mai  ;  c'est  une  faute 

'  Sur  ce  personnage,   voy.  ci-dessus,  d'attention;    l'avis    que    le    marquis   de 

p.  387  (noie).  Richelieu   s'excuse    d'avoir  donné  à  son 

'  Archives    des    Affaires    étrangères,  l'rèrc ,  c'était  vers  la  fm  de  mai  qu'il  l'avait 

France,  t.  28,  pièce  4o.  envoyé. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  403 

nous  a  dit  que  vous  ne  tuy  aviez  rien  mandé,  que  vous  luy  escriviez,  et  au  roy, 
que  vous  vous  en  estes  allé  chez  vous  pour  tesmoigner  vostre  obéissance  avant 

d'escrire j'espère  que   tout  se  remettra.  ..  '  •  C'est  eflectivem.ent  ce  que 

l'évêque  de  Luron  manda  à  Louis  XIII,  le  18,  comme  on  verra  ci-après;  mais 
il  n'avait  pas  attendu  pour  écrire  le  conseil  de  Tantucci  ni  celui  du  marquis  de 
Richelieu;  il  s'était  empressé  d'informer  le  roi  de  son  obéissance  prématurée; 
et  au  duc  de  Luynes,  ainsi  qu'à  Deageant,  il  avait  adressé  ses  plaintes.  Ces 
trois  lettres  sont  nécessairement  du  1  a  ou  du  i3  juin,  et  l'on  voit  par  le  texte 
même  qu'elles  furent  faites  aussitôt  l'arrivée  de  Richelieu  à  Coussay  ^. 

Cependant,  dès  la  première  alarme,  la  reine  mère  avait  expédié  à  la  cour  M.  de 
Bonzi,  évéque  de  Béziers,  pour  avoir  une  explication  sur  ce  qu'avait  écrit  le  mar- 
quis de  Richelieu.  M.  de  Bonzi  était  porteur  de  deux  lettres  adressées  au  roi  et 
à  M.  de  Luynes. 

Au  roi,  Marie  de  Médicis  disait  :  •. Si  la  qualité  de  mère  a  du  pouvoir 

à  l'endroit  «l'un  fils  de  si  bon  naturel  comme  le  vostre,  je  vous  suplie  de  tout 
mon  cœur  de  ne  me  desnier  pas  la  continuation  de  la  faveur  que  vous  m'aviez 

faicte  de  retenir  led.  s'  évestjue  de  Luçon  près  de  moy  ' ne  me  faictes  pas 

faire  des  alfronts  que  j'aimerois  mieux  mourir  que  de  les  endurer ce  que  je 

désire  avec  telle  passion,  qu'après  le  bien  de  vostre  service,  je  ne  désire  autre 
chose  en  ce  monde  ^ » 

Nous  donnons  en  son  entier  la  lettre  au  favori  : 

LA  REINE  MÈRE  A  LUYNES  ^ 

«  Le  roy  luy  ayant  |)emiis  d'avoir  auprès  d'elle  l'évesque  de  Luçon,  l'éloigner 
c'est  tesmoigner  qu'on  ne  la  lient  plus  en  lieu  de  mère,  mais  d'esclave;  on  finira 
par  la  rétluire  à  estre  forcée  de  quitter  le  royaume  et  d'aller  en  lieu  où  il  n'y  aura 
pas  moyen  de  l'accuser  de  cabales. 

»  Après  avoir  mis  le  roy  au  monde,  f avoir  élevé  et  avoir  travaillé  sept  ans  ()our 
son  establissement,  je  suis  réduite  à  voir  mes  ennemis,  mesme  mes  domestiques 
me  faire  tous  les  jours  des  affronts -Je  deviens  la  fable  du  peuple..  ...  je 

'   Arcli.  des  Aff.  étrang.  France,  l.  28,  ^  Mise  au  net  de  la  main  de  l'évêque 

pièce  3i.  de  Béziers,  corrigée  et  devenue  minute; 

'  Voy.  ci-après  p.  409  et  Aie,  et  aux  fol.  iiydu  t  XXVIII  précité. 

Analyses,  vers  le  1 5  juin  1617.  .     '  Même   manuscrit,   p.  1  i3.    Mise   au 

■  La  lettre  autographe  du  roi ,  datée  du  net  de  la  main  de  l'évêque  de  Béziers. 
2  mai,  est  conservée  aux  Arch.  des  AIT.  élr.  avec  quelques  correclions,  devenue  mi- 
France,  t.  V,  fol.  I  de  la  collection  verte.  nule. 


404  LETTRES 

sei'ois  l)ien  plus  affligée  si  ce  n'est  l'espérance  que  j'ay  que  vous  ne  m'abandonnez 

point  en  cette  occasion ,  remontrant  au  roy  le  tort  qu'il  se  fait toutes  ces 

difficultés  n'estant  point  pour  l'évesque  de  Luçon,  ny  pour  le  s'  de  Liancourt  i, 
mais  pour  me  faire  apprendre  que  je  n'ay  rien  à  attendre  du  roy. 

«  Puisque  le  roy  a  confiance  en  vous,  c'est  à  vous  à  luy  remontrer  qu'il  ne  doit 
pas  craindre  de  desplaire  à  quelques  particuliers  pour  donner  contentement  à 
sa  mère. 

«  J'envoie  l'évesque  de  Béziers  vers  le  roy,  il  vous  dira  le  reste.  » 

A  cette  lettre  était  jointe  une  instruction  pour  l'évêque  de  Béziers,  où  sont 
développés  les  arguments  employés  dans  la  missive,  et  la  reine  ajoutait  :  «Sur- 
tout le  s'  de  Béziers  ne  partira  de  la  cour  que  le  roy  ne  m'ayt  faict  l'honneur  de 
me  donner  du  contentement  sur  ce  qu'il  m'a  desjà  accordé  et  sur  les  choses  cy- 
dessus  mentionnées^.  » 

Mais  bientôt  Marie  de  Médicis,  informée  de  la  méprise  et  instruite  au  vrai  de 
l'état  des  choses,  se  hâte  d'écrire  à  Richelieu  pour  le  rappeler;  elle  lui  mande  que 
«ayant  su  le  sujet  pour  lequel  il  lui  avoit  demandé  congé  pour  huit  jours,  elle 
trouve  mauvais  qu'il  le  lui  ait  dissimulé  et  le  convie  de  revenir  subitement  ^.  » 

La  reine  mère  écrit  ensuite  au  ministre  de  Louis  XIII  : 

«Monsieur  de  Luynes,  ayant  esté  advertie  qu'on  avoit  escrit  à  la  cour  que 
j'avois  osté  M.  de  Luçon  d'auprès  de  moy  et  que  je  l'avois  envoyé  en  sa  maison, 
j'ay  esté  fort  faschée  qu'on  ayt  ainsy  interprété  son  voiage.  Il  est  vray  qu'il  m'a 
demandé  congé  pour  huict  jours;  et  luy  ay  volontiers  donné,  sur  ce  que  M.  de 
Béziers  m'avoit  dit  que  vostre  advis  estoit  qu'après  la  permission  du  roy,  il  seroit 
à  propos  qu'il  se  retirast  pour  quelques  jours.  Ces  donneurs  de  faux  advis  me  fas- 
chent  à  la  fin ,  sachant  que  ci  la  vient  de  ma  maison.  Je  vous  ay  voulu  escrire  pour 
vous  dire  que  M.  de  Luçon  sera  demain  auprès  de  moy,  et  pour  vous  prier  d'avoir 
l'œil  que,  si  ses  ennemis  et  les  miens  vouloient  prendre  quelque  advantage  de  son 
esloignement,  que  vous  l'assistiés,  comme  vous  avez  faict  jusques  icy;  vous  protes- 
tant que  je  mourray  plustost  qu'endurer  qu'après  la  permission  que  le  roy  M''  mon 
fds  m'a  donnée  de  le  retenir  près  de  moy,  que  mes  ennemis  eussent  le  pouvoir  de 
me  faire  un  sy  grand  affront,  qui  me  seFoitdu  tout  insupportable.  Pour  cela,  M.  de 

'   Marie  de  Médicis  l'avait  choisi  pour  '  Je  n'ai  trouvé  aux  Affaires  élrangères 

chevatier  d'honneur  et   le   demanda    au  qu'un  extrait  de  cette  ietlre  (fol.  il\à  du 

roi,  qui  le  lui  refusa.  même  manuscrit).  L'original  a  été  compris 

'  Cette  instruction  est  une  mise  au  net  dans    une   vente    d'autographes    faite    le 

de  la  main  de  M.  de  Bonzi  lui-même,  et  26  janvier  i856.  Le  catalogue  proposait, 

se  trouve  cotée  1  1 4  dans  le  manuscrit  pré-  pour  cette  lettre  non  datée,  la  fausse  date 

cité.  de  162b. 


o 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  405 

Luynes,  ayant  tousjours  recogneu  vostre  bonne  volonté  en  mon  endroict,  je  vous 
prie  de  me  la  vouloir  tesmoigner  en  ceste  occasion  icy,  vous  asseurant  que  vous 
ne  me  pouvés  obliger  en  chose  qui  me  touche  davantaige,  et  ne  seray  jamais  in- 
grate de  ce  que  vous  vous  emploies  pour  moy  et  pour  mon  contentement,  vous 

asseurant  que  je  suis  et  seray  tousjours '  >> 

M.  de  Bonzi  ayant  eu  Tordre  de  ne  revenir  qu'après  qu'on  aurait  fait  droit  au 
message  dont  il  était  chargé,  on  se  débarrassa  de  lui  en  lui  donnant  de  bonnes 
paroles,  auxquelles  il  crut,  et,  de  retour  auprès  de  Marie  de  Médicis,  il  envoya  à 
Richelieu  un  exprès  porteur  de  cette  curieuse  lettre  : 

«  \  Blois,  ce  17  juin  1617. 

»  Monsieur,  «  Nous  sçaurez  par  le  présent  porteur 

comme  tous  les  diables  sont  deschenez  contre  nous  et  que  nos  ennemis  ont  pro- 
fité de  vostre  absence.  La  reyne  escrivit  hier  à  Luynes  que  vous  seriez  icy  aujour- 
d'huy;  c'est  pourquoy,  si  vous  n'estes  party,  il  faut  nécessairement  que  vous  par- 
tiez en  diligence,  et  qu'à  Tours  vous  preniez  autre  chemin  que  celuy  de  la  poste, 
afin  que  si  quelqu'un  venoit  devers  vous  de  la  part  du  roy,  il  ne  vous  trouve  pas. 
Si  le  roy  ne  despesche  qu'un  homme  seul,  la  reyne  le  retiendra  jusques  à  vostre 
arrivée,  luy  disant  que  vous  serez  icy  d'heure  ii  autre.  H  ne  faut  |)as  que  vous 
laciez  trouver  la  reyne  en  mensonge.  Il  n'y  a  autre  moyen  que  vostre  venue  qui 
puisse  destromper  le  roy  et  toute  la  cour,  que  vous  n'aviez  pas  pris  congé  de  la 
reyne  pour  tousjours,  car  c'est  icy  dessus  qu'ils  prennent  le  prétexte  contre 
vous 

«  Si  M.  Mulot  nous  eust  rendu  la  lettre  de  M.  de  Richelieu  à  (juatre  heures  du 
matin  quand  il  la  reçeut,  on  eut  eu  plus  de  loisii-  de  meurement  consulter  ce 
\oyage,  et  M.  Tantouche  eut  dit  à  Luynes  que  vous  ne  seriez  que  huit  jours  à 
vostre  voiage. 

«  Vostre  très-humble  et  obéissant  serviteur  et  confrère. 

<■  DE  BoNZI. 

«  Je  vous  réplique  de  rechef  que  la  dépesche  du  roy  sera  rendue  vaine  par  voslre 
présence.  « 

Richelieu  ne  jugea  pas  à  propos  d'user  de  l'expédient  que  luy  conseillait  l'évéque 

'  Celte  pièce  est  cotée  1 1 6  dans  le  mu-  voyé  son  brouillard ,  mais   il   estoit   tout 

nuscrit  précité;  c'est  un  double  écrit  de  gaslé  d'encre;  c'est  pourquoy  S.  M.  m'a 

la  main  de  l'évêquc  de  Béziers,  lequel  a  commendé  d'eu  faire  une  copie.  » 
mi»  en  marge  :  «  La  reyne  vous  auroit  en- 


406  LETTRES 

de  Béziers;  les  ft^licitations  qu'il  avait  reçues  du  roi  sur  sa  sage  retraite  ne  leri- 
courageaient  pas  à  essayer  ces  petites  supercheries;  et  il  resta  à  Coussay. 

On  voit  que,  dai;?  tout  ceci,  il  n'y  a  pas  eu  de  ruse,  comme  le  prétend  Riche- 
lieu ,  et  on  ne  lui  a  point  tendu  de  piège  pour  le  tirer,  sans  avoir  l'air  de  s'en  mê- 
ler, d'auprès  de  la  reine  mère;  c'était  la  pure  vérité  que  lui  écrivait  Tantucci, 
lorsqu'il  lui  disait  :  «  Nous  nous  sommes  fait  le  mal  à  nous-mesmes  '.  »  Tout  le  mal 
vint,  en  effet,  d'une  trop  grande  précipitation  de  la  part  de  son  frère,  et,  de  sa 
part  k  lui ,  d'une  susceptibilité  d'amour-propre  qui  le  jiorta  à  devancer  un  ordre 
qu'on  ne  lui  aurait  peut-être  pas  donné.  Mais  on  profita  avec  joie  de  sa  retraite 
inopinée.  Une  fois  qu'on  le  vit  séparé  de  la  reine  mère,  on  se  mit  à  l'aise  avec 
lui,  et,  non  sans  quelque  apparence  d'ironie,  en  même  temps  qu'on  déplorait  le 
malentendu,  ,on  lui  i'aisait  adresser  par  le  roi  des  félicitations  sur  la  sagesse  de  sa 
retraite ,  et,  en  lui  exprimant  le  regret  de  son  départ ,  on  lui  interdisait  le  retour.  En 
réalité,  les  bonnes  paroles  données  à  l'évêque  de  Béziers  n'étaient  qu'un  leurre; 
ceux  qui  travaillaient  à  arranger  les  affaires  de  Richelieu  s'en  doutaient  un  peu; 
le  sieur  Tantucci,  en  ce  moment  à  la  petite  cour  deBlois,  lui  écrivait  le  19  juin  ^  : 
«  Monseigneur,  il  semble  que  toutes  choses  sont  conjurées  contre  nous;  M.  de  Bé- 
ziers devoit  partir  à  celte  heure  mesme  pour  aller  à  la  cour,  et  la  fiebvre  l'a  pris  ; 

il  partira  demain vous  verrez,  par  les  lettres  que  la  reyne  a  escrites,  de 

quel  pié  elle  marche  en  ceste  affaire je  m'en  vins  icy  pour  avertir  de  tout 

ce  qui  se  passoit mon  voyage  n'a  pas  esté  inutile Sy  M.  de  Luynes  ne 

nous  trompe,  au  pys-ailer,  quand  vous  aurez  esté  quelque  temps  absent,  il  procu- 
rera que  le  roy  vous  permette  de  revenir au  reste,  la  maison  est  tellement 

divisée  et  enragée  que  c'est  un  vray  enfer;  M.  de  Béziers  en  est  en  telle  fascherie 
que  n'estoit  le  service  de  la  reyne  et  l'espérance  de  vostre  retour,  je  ne  sçay  ce 
qu'il  feroit » 

M.  de  Bonzi  revenant  de  la  cour  lui  écrivait  encore  de  Blois ,  le  2 8  juin  :  «  Luynes 
m'a  encore  donné  sa  parole  d'espier  le  temps  pour  vostre  retour  icy. .  .  M.  de  Messi 
est  parti  ce  matin  pour  aller  trouver  le  roy  de  la  part  de  la  reine  mère »  Riche- 
lieu, de  son  côté,  faisait  faire- de  fréquents  voyages  à  un  sieur  de'  la  Papinière; 
mais  toutes  ces  allées  et  venues,  toutes  ces  promesses  continuées  pendant  plusieurs 
mois  furent  vaines;  Richelieu  n'eut  pas  la  permission  de  revenir  à  Blois.  La  reine 
mère  s'en  plaignit  à  M.  de  Luynes;  mais  ses  plaintes  furent  beaucoup  plus  calmes 
que  ses  précédentes  réclamations,  et  nous  terminons  le  récit  de  cet  incident  par  la 
lettre  qu'elle  écrivit  au  duc  de  Luynes  sur  ce  sujet,  laquelle  n'est  point  datée. 

'  Lettre  du  22  juin,  manuscrit  précité,  pièce  i45-  —  "  Ibid.  pièce  4o. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  407 

LA  REINE  MÈRE  A  M.  DE  LUYNES. 

•  Monsieur  de  Luyiies,  il  faut  que  je  vous  confesse  que  j'ay  esté  fort  estonnée 
(ju'on  ne  m'ayt  pas  voulu  donner  du  contentement  sur  le  sujet  de  M.  de  Luçon, 

c^r  cela  me  faict  croire  qu'on  ne  se  mesfie  pas  de  luy,  mais  de  moy c'est 

faire  beaucoup  de  tort  à  mon  intégrité  de  s'imaginer  que  je  me  veuille  servir 

dud.  évesque  pour  brouiller Je  désire  me  servir  de  luy  pour  mettre  quelque 

bon  ordre  à  mes  affaires  particulières Vous  ne  devés  pas  préférer  les  animo- 

sités  de  quelques  particuliers  à  mon  désir  ' » 

Non-seulement  la  reine  mère  n'obtint  pas  le  retour  de  Richelieu,  mais  on  le 
trouva  encore  trop  près  d'elle  dans  son  évêché  et,  quelques  mois  après,  on  l'exila 
jusqu'en  Avignon,  qui,  dans  ce  temps-là,  était  une  terre  papale. 

La  situation  ainsi  expliquée,  on  va  voir  les  lettres  écrites  par  l'évêque  de  Lu- 
çon  pendant  cet  incident. 


LV. 

Arch.  des  Afl'.  élr.  France,  t.  28,  pièce  loa.  —  Minute. 


Monsieur, 


A  M.   DE  LUYNES. 

Av.int  le  I  2  juin  i  (i  i  7  '. 


Je  recevray  tousjours  ce  qui  viendra  de  vostre  part  ainsy  que  je  le 
dois.  M.  de  Béziers,  qui  a  veu  de  ([uelle  façon  j'ay  porté  ce  que  vous 
l'avés  prié  de  me  dire,  vous  en  rendra  tesmoignage,  et  de  plus,  comme 
aussitost  j'ay  esté  supplier  la  reyne  de  me  permettre  de  me  retirer, 
avec  toutes  les  circonstances  nécessaires  poiw  parvenir  à  cette  lin ,  luy 
demandant  enfin  congé  pour  quinze  jours.  Vous  sçaurés  comme  le 
tout  s'est  passé,  quelles  sont  mes  intentions  et  mes  desseins,  et  je 
m'asseure  que  toutes  mes  actions  vous  feront  cognoistre  que  l'envie 

'   Manuscrit  précité,   pièce    118;  mise  (t.  1,  p.  i()4)  une  analyse  de  cette  'pièce, 

au  net  de  la  main  de  l'évêque  de  Béziers ,  et  l'on  voit  qu'elle  a  été  écrite  un  peu  avant 

corrigée  et  devenue  minute.  que  l'évêque  de  Luçon  se  retirât  d'auprès 

'  Richelieu  a  donné  dans  ses  Mémoires  de  la  reine  mère. 


408  LETTRES 

et  la  rage  de  tous  ceux  qui  me  traversent  ne  peuvent  rien  altérer  en 
un  homme  de  bien  comme  moy.  On  me  veut.  Monsieur,  faire  perdre 
l'honneur.  Je  me  suis  mis  en  vostre  protection,  pour  ne  rien  considé- 
rer que  le  service  du  roy,  de  la  reyne  sa  mère  et  le  vostre.  Jesouffri- 
ray  très-volontiers  toutes  les  persécutions  qui  m'arriveront  en  cette 
considération,  sans  qu'elles  facent  changer  en  quelque  façon  que  ce 
puisse  estre  la  résolution  que  j'ay  prise  de  tesmoigner  à  ceux  à  qui  je 
dois  service  et  que  j'honore  comme  vous,  Monsieur,  que  je  me  donne 
entièrement  à  ceux  à  qui  je  m'engage,  quoy  qu'il  puisse  arriver.  Si  on 
pense  que  Dieu  m'ayt  donné  quelqu'esprit  qui  n'est  pas  grand,  il  ne 
me  doit  pas  estre  imputé  à  crime,  en  usant  comme  les  bons  et  les 
meschans  seront  contraincts  par  mes  actions  de  le  recognoistre. 

Je  ne  sçay.  Monsieur,  ce  qu'a  faict  M.  de  la  Curée,  mais  je  vous 
asseure  qu'il  ne  peut  avoir  rien  dict  à  mon  désavantage,  l'appelant  à 
tesmoin  luy-mesme,  si  je  ne  luy  ay  pas  respondu  à  quoy  qu'il  m'ayt 
dict  de  la  part  de  la  reyne,  qu'ayant  cet  honneur  de  la  servir,  je  n'ac- 
cepterois  aucune  charge  que  premièrement  le  roy  ne  l'aggréast,  ce 
que  vous  avés  veu  par  effect.  M.  de  Bonzy  ayant  sceu  premièrement 
la  volonté  du  roy  par  vous,  que  de  prendre  aucune  cognoissance  de 
ses  affaires.  Je  veux  bien.  Monsieur,  avoir  de  la  faute  en  mon  procé- 
der; toutefois,  si  vous  considérés  quel  il  est  en  luy  mesme,  et  non 
dans  les  artiQces  de  personnes  mal  affectionnées,  je  m' asseure  que 
vous  ne  le  condamnerés  pas.  Mais  je  suis  bien  empesché,  ayant  à  me 
deffendre  en  divers  lieux,  là  où  je  suis  présent  et  absent,  de  diverses 
personnes  foibles  et  puissantes.  Dieu  voit  tout.  Je  suis  enfant  d'obéis- 
sance. Je  vous  supplie  d'adviser  à  ce  que  vous  estimerés  pour  le 
mieux,  et  contribuer  à  la  conservation  de  l'honneur  d'une  personne  à 
qui  véritablement  on  ne  le  peutoster. 

J'ay  ouï  dire  que  M.  de  Vitry  est  fort  animé  contre  moy;  je  ne 
sçay  ce  qui  en  est;  vous  sçavés  si  c'est  avec  subject  et  quel  prétexte 
on  peut  prendre^.  C'est,  Monsieur,  tout  ce  que  j'ay  à  vous  dire,  re- 

'  Richelieu  explique  dans  ses  Mémoires  (I,  à'Ji),  la  cause  du  mauvais  vouloir  de 
Vitry. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  409 

mettant  le  reste  à  M.  de  Bonzy,  qui  vous  asseurera,  comme  moy  sur 
ce  papier,  que  je  suis  véritablement. 

Monsieur, 

Vostre  très  humble  et  très  affectionne  serviteur. 


LVI. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  France,  t.  a8,  pièce  loi.  — 
Minute  de  la  main  de  Le  Masle. 


Monsieur, 


[A  M.  DE  LDYNES'.] 

[Le  12  ou  le  1 3  juin  1617. 


Vous  verres,  par  la  lettre  que  j'escrits  au  roy^,  ce  qui  m'a  faict 
supplier  la  reyne  sa  mère  de  me  permettre  de  faire  un  tour  chez  moy 
pour  huict  jours,  avec  intention  d'envoyer  à  S.  M.  et  à  vous,  Mon- 
sieur, ce  gentilhomme,  comme  je  fais,  pour  vous  tesmoigner  le  désir 
que  j'ay,  et  auray  tant  que  je  vive,  de  complaire  aux  volontés  de  celuy 
à  qui  je  doibs  tout,  et  qui  plus  est  de  le  conjurer,  et  vous  aussy,  de 
me  mettre  à  couvert  des  calomnies  et  impostures  par  lesquelles  j'ap- 
prends tous  les  jours  qu'on  me  travaille.  11  fasche  véritaJjlement  à  un 
homme  de  bien,  qui  n'a  d'autre  but  devant  les  yeux  que  le  service 
de  son  prince,  de  voir  qu'on  veuille  mettre  tous  les  jours  son  hon- 
neur en  compromis.  Mais  ce  qui  me  console  est  que  je  sçay  l'opi- 
nion que  S.  M.  et  vous  avés  de  moy,  et  que  je  suis  fort  seur  que  la 
fin  couronnera  l'œuvre.  La  créance  qu'il  a  pieu  à  la  reyne  mère  du 
roy  prendre  en  moy,  sans  que  je  la  méritasse,  m'a  donné  des  envieux 

'  Celte   niinule  n'a    ni   suscription   ni  de  la  reine  mère ,  mais  seulement  celle  du 

date;  la  lettre  ne  peut  s'adresser  qu'à  M.  de  1 8  juin  répondant  à  la  dépêche  du  roi  du 

Luynes;  quant  à  la  date  que  je  propose,  i  5.  La  lettre  qui  est  imprimée  dans  notre 

voir  le  nota  ci-dessus  :  Richelieu  écrit  le  premier  volume ,  p.  54 1 ,  à  la  date  approxi- 

mèrae  jour  à  Deageant.(\'oir  aux  Analyses.)  mative  de  la  lin  de  juin,  a  été  écrite  un 

'  Je  ne  trouve  pas  cette  lettre  adressée  peu  plus  longtemps  après  cette  séparation 

au  roi  au  moment  où  Richelieu  se  sépare  qu'elle  rappelle. 

CARDIN.  DE  RICHELIEU.  —  VII.  02 


410  LETTRES 

et  des  ennemis.  Les  intentions  qu'on  sçayl  que  j'ay  toutes  portées  au 
service  du  roy  m'en  donnent  d'autres,  y  ayant  force  gens,  comme 
vous  pouvés  croire,  qui  voudroient  avoir  l'honneur  que  j'ay  par  la 
confiance  de  la  reyne',  pour  en  user  autrement  que  je  ne  feray  ja- 
mais, quoyqu'il  leur  fust  impossible ,  l'esprit  de  S.  M.  estant  tellement 
retenu  dans  les  bornes  du  contentement  et  du  service  du  roy  que 
nul  ne  sçauroit  la  porter  à  en  sortir. 

Je  vous  supplie  de  me  départir  vos  conseils,  comme  vostre  protec- 
tion, que  je  sçay  particulièrement  par  mon  beau-frère^,  en  qui  j'ay 
toute  confiance,  que  vous  me  départez  de  plus  en  plus;  en  revanche 
de  quoy  je  m'oblige  à  vous  rendre  tout  le  service  que  vous  scauriés 
jamais  attendre  de  la  personne  la  plus  passionnée  du  monde  à  vos 
intérests.  Vous  pouvés  voir  si  j'en  fais  estât,  ayant  d'autant  plus  hasté 
ce  voyage  que  j'ay  faict  chez  moy,  que  j'avois  sceu  que  vostre  advis 
estoit  qu'il  seroit  bon  que  jy  lisse  un  tour  après  la  permission  du  roy. 
En  un  mot.  Monsieur,  vous  me  cognoitrés  en  toutes  occasions  pour 
estre  véritablement , 

Monsieur, 

Vostre  très  humble  et  très  affectionné  serviteur. 


LVIL 

Arrli.  des  Ail',  étr.  France,  collection  verte,  t.d,  pièce  io8.  — 
Minute  de  la  main  de  Le  Masie. 

AU  ROY. 

18  juin  iGi'j. 

Sire , 

N'ayant  jamais  eu,  ny  ne  pouvant  avoir  autre  intention  que  de  servir 
V.  M.  et  obéir  à  ses  commandemens,  je  n'ay  rien  à  respondre  à  la 
lettre  qu'il  luy  a  pieu  me  faire  l'honneiu'  de   m'escrire^,  sinon  que 

'  Allusion  à  l'abbé  Ruccellai.  parlé  dans   le  nota  précédent.  Richelieu 

'   Du  Pont  de  Courlay.  rappelle  dans  ses  Mémoires  (I.  467)  la  re- 

^  C'est  la  lettre  du  1 5 juin  ,  dont  il  a  été         ponse  qu'il  y  fit;  c'est  celle  qu'on  lit  ici. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  411 

j'observeray  si  religieusement  ce  qui  est  de  ses  volontés,  que  cette 
action ,  comme  toutes  celles  de  ma  vie ,  feront  advouer  à  tout  le  monde 
que  je  suis  véritablement. 

Sire,  deV.  M. 

Le  très  humble,  très  obéissant  et  très  passionné  subjet  et  serviteur. 

De  Richelieu,  le  18  juin  1617. 


LVIII. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  a8,  pièce  119.  — 
Mise  au  net  de  la  main  de  Le  Masle. 

A  M.  DE  LUYNES'. 

[ComQiencement  de  septembre  1617^.] 

Monsieur, 

J'avois  estimé  que,  depuis  trois  mois,  m'occupant  icy  es  seules 
fonctions  de  ma  charge,  ceux  qui,  sans  sujet,  me  veident  moins  de 
bien  que  je  ne  désirerois,  se  lasseroient  de  me  mettre  à  sus  des  ca- 
lomnies; mais  voyant  que  je  me  suis  trompé  en  cette  pensée,  la  faveur 
qu'il  plaist  à  S.  M.  vous  donner  auprès  de  luy  et  l'amitié  ([ue  vous 
m'avés  tousjours  promise ,  me  font  prendre  la  plmue  pour  vous  sup- 
plier de  me  protéger,  auprès  de  S.  M.  contre  les  mauvais  offices  que 
j'apprends  qu'ils  m'y  font  tous  les  joius. 

Je  vous  proteste  devant  Dieu  que  j'aimerois  mieux  mourir  que  de 
manquer  au  service  que  je  doibs  au  roy,  auquel  j'ay  et  auray  toute 
ma  vie  ime  vraie  et  entière  passion.  H  m'est  impossible  d'empescher 
que  quelques-uns  ne  me  prestent  des  charitez;  mais  je  suis  seur,  en 
ma  conscience ,  que  jamais  je  n'en  donneray  aucun  siAjet  et  que  mes 
actions  seront  telles  que  les  plus  animez   confesseront  qu'elles  sont 

'   Vovcz  dans  notre  premier  volume,  à  ^  Il  s'était  retiré  dans  son  évêché  vers 

la  page  55i,  une  lettre  adressée  au  roi.  le  1  2  juin,  ce  qui  indique  à  peu  près  la  date. 

52. 


412  LETTRES 

comme  elles  doivent  estre.  Je  vous  supplie,  Monsieur,  d'en  asseurer 
S.  M.  et  de  croire  que  j'auray  d'un  si  singulier  office  toute  la  reco- 
gnoissance  qu'en  peut  avoir  une  personne  pleine  de  volonté  de  vous 
tesmoigner  qu'elle  est  véritablement, 

Monsieur, 

Vostre. .  .  . 


LIX. 

Ai'ch.  des  Aft'.  étr.  F'rance,  t.  28,  pièce  121.  — 
Mise  au  net  de  la  main  de  Le  Masle. 

AU  P.  JOSEPH. 

[  Fin  de  septembre  1(117.] 

Mon  Père,  je  veuv  vous  tesmoigner  par  cette  lettre  que  j'ay  de  la 
confiance  en  vous,  puisque,  bien  qu'il  y  ayt  plus  d'un  an  et  demy  que 
nous  ne  nous  soyons  vus,  je  vous  veux  escrire  avec  la  mesme  fran- 
chise que  si  nous  n'avions  bougé  d'ensemble.  Je  suis  si  gros  de  des- 
plaisir des  calomnies  que  tous  les  jours  on  me  met  à  sus  que ,  pour 
n)'en  soulager,  je  vous  veux  ouvrir  mon  canu-.  Il  y  a  quatre  mois* 
que  je  receus  du  roy  commandement  de  m'en  venir  icy,  où  j'ay  de- 
puis, pai'  la  grâce  de  Dieu,  vescu  de  telle  sorte  que  j'estimois  (lue, 
non-seidement  sérois-je  innocent  devant  Dieu,  mais  exempt  de  soub- 
çon  devant  le  monde.  Cependant  on  me  dépeint  à  S.  M.  des  plus  étranges 
couleurs  qu'il  est  possible  et  me  représente-t-on  tout  autre  que  je  suis. 
Je  me  suis  du  tout  attaché  aux  controverses  et  n'ay,  sur  mon  honneur, 
autre  but  que  de  servir  Dieu  et  le  roy  en  cet  exercice.  Je  ne  recherche 

'  La  dépêche  du  roi  qui  prescrivait  à  n'est  pas  encore  achevé;  or  l'approhation 
l'évéque  de  Luçon  de  se  retirer  dans  son  des  docteurs  en  théologie,  pour  ce  livre,  fiit 
évôché  étant  datée  du  i5  juin,  si  nous  donnée  le  9  octobre;  cette  circonstance 
prenions  à  la  lettre  ce  que  dit  ici  Richehcu ,  met  la  date  de  la  présente  missive  quelques 
nous  aurions  pour  la  date  de  la  présente  jours  auparavant.  On  peut  donc  proposer 
lettre  le  i5  octobre.  Mais  nous  voyons  ici  pour  date  approximative  la  fin  de  sep- 
même  que  l'ouvrage  contre  les  huguenots  tembre. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


413 


que  le  repos  pour  cet  efFect.  Je  vous  proteste  devant  Dieu  n'avoir  eu 
ny  n'avoir  autre  pensée.  Ce  qui  paroistra  parle  temps,  ayant  entrepris 
une  œuvre  contre  l'hérésie  que  je  n'acheveray  point  sans  veilles.  J'ay 
sceu  que  vous  voies  et  estimés  grandement  M.  Deageant,  que  j'ay 
tousjours  tenu  pour  estre  un  de  mes  amis.  Pour  cet  eflect,  je  vous 
supplie  de  le  conjurer,  de  vostre  part  et  de  la  mienne ,  de  contribuer 
ce  qui  est  en  luy  pour  qu'il  plaise  au  roy  prendre  une  impression  de 
moy  conforme  à  la  sincérité  de  mes  actions,  et  de  croire,  ce  qu'il  verra 
tousjours  par  effects,  que  j'aimerois  mieux  mourir  que  de  manquer  à 
son  service.  Vous  en  pouvés  donner  vostre  parole  pour  moy,  et  je 
vous  asseure  que  n'en  serés  point  en  peine,  ayant  ce  que  je  doibs 
en  cela  en  telle  recommandation,  que  je  me  man([uerois  plutost  à 
moy-mesme  que  d'y  manquer.  Je  n'eusse  jamais  creu  que  la  passion 
de  quelques-uns,  qui  ont  entrepris  de  me  faire  de  mauvais  offices,  eust 
eu  tant  de  force  contre  mon  innocence.  Je  vous  proteste,  entre  vous 
et  moy,  que,  par  prières,  j'ay  souvent  fermé  la  bouche  à  un  de  ceux 
qui  y  est  le  plus  eschauffé  sur  le  sujet  de  M.  Deageant.  Le  temps  fera 
cognoistre  letirs  bonnes  intentions  et  justifiera  les  miennes.  Ce  m'est  un 
grand  crèvecœur  de  voir  que,  travaillant  contre  fhérésie',  les  hugue- 
nots prennent  occasion  de  rabbaisser  ce  que  je  fais  contre  eux  par  les 
mauvais  bruits  qu'ils  espandent  (pi'on  faict  courre  de  mov  dans  la 
COUI-.  Je  vous  asseure  encore  une  fois  que  je  mouiTois  plustost  ^ue 
de  manquer  à  mon  devoir  envers  le  roy,  et  à  tesmoigner  par  toute 
sorte  d'elTects  à  ceux  (jui  m'obligeront  tant  (jue  de  luy  faiie  perdre  la 


'  Allusion  il  son  livre  contre  l'escrit 
udrcssii  au  l\oy  pur  les  quatre  ministres  de 
Charenton.  (Voy.  notre  Introd.  p.  i.xxii.) 
Ajoutons  ici  qu'on  fit  de  cet  ouvrage,  au 
moment  où  II  parut,  en  1618.  deux  édi- 
tions successives.  En  iGaS,  un  certain 
Rodolphe  Gaziiiers  le  traduisit  en  latin. 
L'évèque  de  Luçon  envoya  à  Rome  quel- 
ques exemplaires  de  cette  traduction  qu'il 
ofTril  à   plusieurs    cardinaux    et   au   pape 


Urbain  VIII;  nous  avons  trouvé  le  bref 
par  lc(|uel  S.  S.  l'en  remerciaitàla  date  du 
2  mars  i()2^.  Mais  la  grande  Corlune  du 
livre  arriva  avec  celle  de  l'auteur.  Séb. 
Cramoisy  en  donna  une  édition  iti-/("  en 
1629  ;  uneaulre  parut  à  Rouen  en  i63o; 
et  enfin  l'imprimerie  du  Louvre  publia  en 
'i(i42,  peu  de  temps  avant  la  mort  du  car- 
dinal, une  niagnilique  écUlion  in-fol.  .le  ne 
vois  pas  qu'il  en  ait  paru  depuis. 


414  LETTRES 

mauvaise  impression  qu'on  luy  donne  de  moy,  que  j'auray  de  cette 
obligation  tout  le  ressentiment  qu'ils  sçauroient  s'imaginer.  C'est  tout 
ce  que  je  puis  vous  dire,  sinon  que  je  suis, 

Mon  Père, 

Vostre. .  . 


LX. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  t.  29,  pièce  i36.  —  Minute. 

A  M.  LE  GARDE  DES  SCEAUX'. 

[Vers  le  i5  octobre  1617  -.' 

Monseigneur, 

Ayant  esté  convié  à  revoir  mes  livres,  et  à  traitter  les  principaux 
points  delà  foy,  par  des  occasions  qni  se  sont  présentées  en  ce  pays, 
sur  le  sujet  de  l'escrit  adressé  au  roy  par  les  ministres  de  Charenton. 
j'ay  estimé  que  ce  ne  seroit  pas  chose  du  tout  inutile,  en  ces  quar- 
tiers où  l'hérésie  a  pris  plus  forte  racine  qu'en  aucun  autre  endroit 
de  ce  royaume,  de  faire  voir  ce  que  j'en  ay  faict.  Deux  des  plus  ca- 
pables docteurs  de  la  faculté  de  théologie  de  Paris  qui  soyent  en  ce 
pays^,  ayans  veu  ma  minutte,  ont  approuvé  mon  travail.  Ce  qui  me 
faict  vous  suplier  très-humblement  d'avoir  agréable  de  m'accorder  un 
privilège  pour  le  mettre  au  jour. 

Je  me  promets  d'autant  plus  cette  faveur  de  vous  que  je  sçay  com- 
bien vous  favorisés  les  lettres  et  l'Eglise.  C'est  pourquoy,  sans  vous 
importuner  davantage,  je  vous  suplie  de  croire  que  je  suis. 

Monseigneur. .  .  . 

'  C'était  alors  levècjue  de  Lisieux,  du  mi-octobre.  Le  privilège  du  roi  est  du  1  "  no- 

Vair.  vembre.  La  minute  a  été  classée  fautive- 

■  Nous  venons  de  dire  que  l'approbation  ment  en  1620  dans  le  manuscrit  des  Af- 

des  docteurs  fut  donnée  à  Poitiers  le  9  oc-  faires  étrangères. 

tobre.  Ce  fut  peu  de  jours  après  sans  doute  '  Le  prieur   provincial  des  Cordeliers 

que  Richelieu  demanda  le  privilège;  cette  de  Touraine  et  Nie.  Berger,  tjiéologal  en 

missive  doit  donc  avoir  été  écrite  vers  la  l'église  de  Cliinon. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  415 


ANNEE    1618, 


LXI. 

[AU  ROLJ 

[Premiers  mois  de  1618.] 

Nous  avons  doniH-,  dans  notre  premier  volume,  p.  564,  une  lettre  de  l'évêque 
de  Lucon  au  roi,  d'après  une  copie  d'un  manuscrit  du  foqds  de  Sorbonne.  Nous 
en  avons  trouvé  plus  tard  la  minute,  de  la  main  de  I,e  Masie,  aux  archives  des 
Affaires  étrangères,  France,  tome  28,  pièce  99".  Nous  avons  mis  cette  lettre,  non 
datée,  vers  le  commencement  de  16 18.  Cette  date  se  justilie  parie  texte  même  de 
la  lettre,  ainsi  que  par  les  autres  missives  que  nous  trouvons  à  cette  époque.  Toutes 
sont  remplies  des  mêmes  plaintes  :  •  les  mauvais  bruits  qu'on  fait  courir  de  lui,  . 
les  ombrages  f|u'on  donne  de  sa  conduite,  •  les  fausses  accusations  sur  les  conseils 
qu'il  donne,  dans  ses  lettres,  à  la  reine  mère.  »  Excédé  de  tant  de  persécution ,  Ri- 
chelieu ,  écrivant  à  son  frère  aîné,  s'écrie  :  •  Je  ne  puis  assez  m'estonner  des  calom- 
nies qu'on  me  met  à  sus.  •■  Richelieu  s'est  d'abord  éloigné  de  la  reine  mère;  retiré 
dans  son  évêché,  ses  ennemis  n'ont  pas  cessé  de  l'y  poursuivre;  il  demande  au 
roi  de  lui  assigner  un  lieu  où  il  soit  à  l'abri  du  soupçon  et  des  inimitiés  dont  il 
est  victime.  C'est  bientôt  après  qu'on  lui  donne  ordre  d'aller  à  Avignon.  —  Nous 
remarquons  qu'une  autre  main  que  celle  de  Le  MasIe  a  mis  en  tète  du  feuillet  : 
•  Non  envoyée;  »  cependant  Le  Masle  a  conservé,  dans  son  recueil,  la  copie  d'après 
laquelle  nous  l'avons  imprimée. —  Il  y  a,  entre  cette  copie  et  la  minute  dictée  par 
Richelieu,  quelques  différences  que  nous  allons  noter. 

Dernière  ligne  du  texte,  p.  564;  ce  passage  est  ainsi  dans  la  minute  : 

•  Tel  autre  qu'il  luy  plaira  pour  ma  demeure  [mesme  la  Bastille,  s'il  1<?  juge 
estre  à  propos],  l'asseurant  ([ue,  que!  qu'il  soit,  je  l'estimeray  grandement  heu- 
reux si  j'y  puis  vivre  aussy  exempt  de  calomnie  que  je  le  suis  de  coulpe  et  s'il  me 
garantit,  etc.  » 

L'incise  enfermée  ici  entre  crochets  est  ajoutée  à  la  marge  du  manuscrit,  de  la 
nuiin  de  Richelieu. 

P.  565,  ligne  9,  au  lieu  de  :  «  d'en  rompre  le  nombre,  »  la  minute  met  :  «  de 
rompre  le  moindre,  ••  et  donne  comme  suit  le  reste  de  la  lettre  :  «Le  jugement 
et  la  bonté  de  V.  M.  font  que  j'ose  me  promettre  qu'elle  adjoustera  foy  à  mes  pa- 
roles, que  toutes  mes  actions  justifieront,  en  faisant  voir  que  je  suis,  con)nie  je 
dois,  et  autant  que  [)ersonne  du  monde.  .  .  » 


416 


LETTRES 


LXII. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  France,  1618-1619,1.29,  pièce  1  g°.  —  Minute  de  la  main  de  Le  Masie, 

de  celle  de  Cliarpenlier  et  d'un  troisième  secrétaire, 

avec  quelques  lignes  de  la  main  de  Richelieu  '- 

CAPCT  APOLOGETICUMl  LUSSON. 

[Avril  1618.] 

Qui  a  jamais  ouy  parler  que  des  civilités  fussent  crimes? 

Si  c'est  crime,  qui  en  est  exempt?  Quel  seigneur,  quel  officier,  quel 
prince  n'est  point  tombé  en  cette  faute? 

Si  on  considère  les  temps,  on  trouvera  que  celuy  auquel  iP  s'est 
enrichi  est  celuy  des  vieux  ministres",  et  qu'il  n'a  eu  nidle  dignité, 
nul  office,  nulle  charge  depuis  qu'ils  ont  esté  ostez. 

De  leur  temps,  il  avoit  Amiens,  qui  a  donné  lieu  à  tant  de  brouil- 
leries;  depuis  il  l'a  quitté. 


'  L'authenticité  de  cette  pièce,  comme 
œuvre  personnelle  de  Richelieu ,  n'est  pas 
douteuse;  il  y  parle  à  la  première  per- 
sonne, elle  est  écrite  de  la  main  de  trois 
de- ses  secrétaires  intimes ,  qui  prennent  la 
plume  tour  à  tour;  et  l'écriture  de  Riche- 
lieu lui-même  vient  confirmer  cette  au- 
thenticité. 

^  Ce  titre  est  écrit  sur  un  premier  feuillet 
blanc,  où  se  trouve  seulement  cette  note, 
dans  un  coin  de  la  page,  de  la  main  de 
Charpentier  :  «  Faudra  insérer  ce  discours 
lorsqu'on  fai.soit  le  procès  à  Barhin  et  que, 
l'évesque  de  Luçon  estant  en  Avignon ,  on 
parloit  de  le  faire  comparoistre  ;  ou  quand 
il  fust  arresté  prisonnier  à  Lyon,  qu'il  es- 
crivit  au  roy  qu'il  ne  désiroit  rien  que  de 
paroistre  pour  se  justifier.  »  Cette  annota- 
tion nous  apprend  que  ce  morceau  a  été 
composé  pour  entrer  dans  les  Mémoires  que 
préparait  Richelieu  ;  on  y  marque  même  sa 


place.  On  ne  saurait  dire  l'époque  précise 
où  Richelieu  l'écrivit;  est-ce  pendant  son 
exil  d  Avignon  ou  plus  tard,  quand  il  son- 
gea à  composer  ses  Mémoires?  Nous  plaçons 
celte  apologie  (voy.  la  page  568  de  notre 
premier  volume)  à  la  date  à  laquelle  les  faits 
se  rapportent  ;  on  sait  que  l'ordre  de  l'iexil 
en  Avignon  est  du  7  avril.  Au  reste,  la  pièce 
conservée  dans  le  manuscrit  des  Affaires 
étrangères  est  un  simple  projet  qui  atten- 
dait quelques  développements,  mais  plus 
curieux  que  la  rédaction  définitive,  laquelle 
a  été  fort  abrégée,  ainsi  qu'on  le  voit  dans 
les  Mémoires  manuscrits  de  Richelieu,  aux 
Affaires  étrangères ,  page  8  de  l'année  1 6 1 8 
(  1"  vol.  p.  495  de  l'édit.  de  Petitot]. 

'  On  voit  qu'il  s'agit  du  maréchal 
d'Ancre. 

'  Au  lieu  des  vieux  ministres,  Richelieu 
a  rais  dans  ses  Mémoires  :  les  sieurs  Bru- 
lart,  Villeroy  et  Jeannin. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  417 

Eux,  (jui  avoient  pris  racine  du  temps  du  feu  roy,  qui  tenoient  le 
timon  des  affaires,  pouvoient  aisément  empescher  l'accroissement  de 
cette  plante;  il  leur  estoit  aisé,  veu  qu'ils  estoient  en  auctorité  de 
longtemps  et  qu'il  n'y  estoit  pas  encore,  le  feu  roy  l'ayant  tousjours 
tenu  bas. 

Tous  les  biens;  toutes  les  charges  et  dignités  qu'il  possédoit,  c'est 
de  leur  temps,  voire  mesme  à  la  sollicitation  de  quelques-uns  qui  luy 
donnoient  la  main.  Pourquoy  n'est-ce  pas  crime  de  l'avoir  laissé 
avancer  lorsqu'on  pouvoit  l'empescher,  si  c'est  crime  à  ceux  qui  l'ont 
trouvé  en  cet  estât  de  l'y  avoir  laissé,  quoyqu'ils  ne  peussent  autre 
chose  ? 

Est-ce  crime  d'avoir  habitude  avec  luy,  si  cela  n'a  point  esté  à  un 
personnage  de  mérite  et  de  sagesse,  y  contractant  ime  estroicte  al- 
liance, mariant  ses  enfants  avec  les  siens.^* 

Si  estre  venu  en  charge  de  son  temps  c'est  un  crime,  qu'a  faict  le 
s""  du  Vair  qui  l'en  exempte  ? 

Si  estre  sorti  de  sa  charge,  en  estant  osté  contre  son  gré,  luy 
donne  cet  advantage,  en  avoir  voulu  sortir  par  cinq  fois,  avec  ins- 
tance, de  son  propre  mouvement,  ne  doit-il  point  donner  le  mesme 
à  juste  tiltre? 

Quelle  animosité  est-ce  de  refuser  au  sceau  ce  qui  est  signé  d'un 
nouveau  secrétaire  d'estat  faict  de  leurs  majestés,  si  on  reçoit  aux  cours 
de  parlement  et  ailleurs  ce  qui  est  scellé  d'un  garde  des  sceaux  du 
tout  nouveau  en  sa  charge  ? 

M' le  garde  des  sceaux,  qui  faict  profession  d'égalité  en  soy-mesme, 
ne  devoit  pas  garder  si  longtemps  une  rancune  comme  celle  qu'il  a 
contre  luy,  et  pour  un  subjet  illégitime. 

Fault  rapporter  le  différend  qu'on  eust  avec  luy  pour  M'  de  Nantes. 

Jamais  je  n'ay  rien  faict  que  je  n'aye  creu  certainement  en  ma  con- 
science estre  avantageux  au  roy,  et"  je  puis  dire  devant  Dieu  avoir 
tousjoiu-s  eu  une  passion  très-grande  de  luy  complaire ,  je  ne  dis  pas 
seulement  à  luy  comme  roy,  mais  comme  Louis  XIIP. 

CAnOIN.  DE  1IICIIELIF.U.  —   VII.  53 


/Jl8  LETTRES 

Querelle  avec  le  mareschal  d'Ancre  sur  le  subject  des  gardes  qu'il 
voidoit  envoler  à  Solssons. 

Querelle  parce  qu'il  disoit  trop  d'habitude  [sic)  avec  le  roy  et  la 
reyne  sa  femme. 

Querelle  pour  là  paix. 

Querelle  pour  M""  de  Villeroy. 

Qu'on  ait  voulu  procurer  la  paix,  qu'on  soit  venu  à  la  guerre  contre 
son  gré,  l'entremise  de  M.  de  Bérulle  et  le  voyage  du  P.  Loys  le  jus- 
tifie. M.  le  cardinal  de  la  Rochefoucault  le  sçayt. 

Qu'on  se  soit  voulu  retirer,  M.  le  cardinal  de  la  Rochefoucault, 
M.  de  Bérulle,  M.  de  Nantes,  M.  d'Aire,  M.  de  Gamaches,  le  P.  Souf- 
fren  le  sçavent;  je  nomme  ceux-là  pour  estre  moins  suspects. 

Si  avoir  signé  deux  comptans,  sur  lesquels  on  n'a  rien  receu,  quoy 
qu'ils  l'ayent  esté  par  contrebas,  est  de  peu  de  conséquence  en  un 
temps  où  la  guerre  devoit  emporter  beaucoup  plus  de  despense  se- 
crette  que  celle  qui  s'est  faicte,  ceux  qui  en  ont  signé  tant  d'autres  ne 
sont-ils  point  coulpables.»' 

On  a  tant  crié  que  le  mareschal  d'Ancre  s'estoit  grandement  enrichi 
par  la  voye  extraordinaire  de  dons  et  de  comptans  ;  si  cela  est ,  il  fault 
qu'ils  ayent  esté  signez.  Pourquoy  ceux  qui  ont  signé  ces  dons  et 
comptans  sont-ils  en  grâce  .'*  S'ils  se  couvrent  du  conuiiandement  de 
la  reyne,  comme  ils  le  peuvent,  pourquoy  cette  mesme  couverture 
ne  mettra-t-elle  pas  à  l'abry  les  autres.'^ 

J'ay  ôbéy  à  la  reyne,  il  est  vray;  mais  de  qui  tout  le  monde  rece- 
voit-il  la  volonté  du  roy  que  de  sa  bouche  ?  Les  particuliers ,  petits  et 
grands ,  les  communautés  ne  les  ont  point  pris  d'autres  ;  nul  n'a  ja- 
mais révoqué  en  double  ce  qui  sortoit  de  la  bouche  de  cette  prin- 
cesse, et  je  proteste  devant  Dieu  ne  luy  avoir  jamais  ouy  dire  parole, 
ni  cogneu  aucune  intention  qui  peust  déplaire  au  roy,  mais,  au  con- 
traire, toute  affection.  Que  si  en  quelque  chose  le  roy  ne  fa  pas  co- 
gneue,  les  artifices  de  ces  malheureux  en  sont  cause. 

A  un  homme  malheureux,  on  luy  impute  tout  à  faute. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  419 

U  despendoit  en  sa  charge,  on  l'en  estimoit  en  ce  temps;  mainte- 
nant on  luy  impute  :  il  faisoit  le  prince  ! 

Il  estoit  libre,  franc  et  ferme;  il  en  estoitloué;  cependant  mainte- 
nant il  en  reçoit  blasme  :  tout  se  tourne  en  violence. 

Il  n'estoit  point  intéressé  :  maintenant  c'est  vanité. 

Faisoit  sa  charge  avec  splendeur  :  c'est  gloire. 

En  un  mot,  les  vertus  d'un  homme  en  faveur  luy  sont  vices  en 
disgrâce. 

Les  vieux  ministres  furent  déposez  pour  le  subjet  de  la  paix,  cette 
déposition  ayant  esté  demandée  par  les  princes  [disant  qu'ils  sont 
cause  des  désordres  de  la  France]. 

Au  reste,  ils  se  sont  deffaits  les  luis  les  autres. 

L.  de  L.  '  par  son  establissement,  n'a  osté  personne  hors  de  charge , 
il  succède  à  Mangot;  de  façon  que  s'il  y  avoit  du  mal,  il  estoit  faict. 

M.  du  Vair,  nouveau  ministre,  demeure.  M.  de  Suiliy,  vieux  mi- 
nistre, n'est  pas  restably;  ce  qui  montre  que  le  roy  n'improuve  pas  la 
mutation  des  ministres. 

L.  de  L.  a  esté  estably  par  le  commandement  de  la  propre  bouche 
du  roy. 

Les  ministres  sont-ils  Espagnols  qui  suivent  les  pas  tracez  par  d'au- 
tres qui  sont  réputez  bons  François.-^ 

N'est-ce  pas  les  vieux  ministres  qui  ont  traitté  le  mariage  d'Es- 
pagne? Quand  M.  le  prince  s'en  plaint,  ne  respondent-ils  pas  pour  le 
roy,  qu'il  importe  à  S.  M.,  pour  le  bien  de  son  estât,  et  mesme  de  ses 
alliez,  de  se  maintenir  bien  avec  l'Espagne.^ 

L'argent  de  la  Bastille  n'a  pas  esté  despendu  du  temps  des  nou- 
veaux ministres;  les  grands  dons  estoient  faicts  quand  ils  sont  venus. 

[M.  de  Villeroy  tesmoigne  à  l'évesque  de  L.  qu'il  approuve  sa  pro- 
motion, le  visite,  l'employé,  reçoit  de  luy  sa  déclaration.] 

Servin  voit  l'évesque  de  L.  le  prie  de  demander  une  pension  pour 
luy,  luy  faire  rendre  l'abbaye  de  la  Victoire;  demande  fort  judicieuse, 

'  L'évêque  de  Luçoii.  Les  passages  enfermés  entre  crochets  sont  de  la  main  de  Ki- 
clielieu. 

53. 


420  LETTRES 

puisqu'il  y  a  voit  longtemps  que  le  s'  de  Portes  en  estoit  en  pos- 
session. 

Il  voit  souvent  le  mareschal. 

Sa  conscience,  son  honneur  et  si  peu  de  cognoissance  qu'il  a  des 
alFaires  du  monde  ne  luy  permettent  pas  de  rien  penser  qui  ne  soit 
avantageux  au  roy  : 

Sa  conscience,  n'y  ayant  point  de  plus  estroict  devoir  devant  Dieu 
que  celuy  de  subj et  envers  son  prince; 

Son  honneur,  estant  clair  que  tout  homme  le  perdant  qui  manque 
à  rendre  ce  qu'il  doit  à  son  souverain; 

La  cognoissance  des  affaires  du  monde,  n'y  ayant  personne  d'en- 
tendement qui  ne  recognoisse  que  c'est  cracher  contre  le  ciel  que  d'en- 
treprendre quelque  chose  contre  les  puissances  supérieures. 

Fault  s'estendre'  sur  ce  point  de  la  conscience  et  de  l'honneur, 
qui  ne  pei mettent  rien  que  d'avantageux  à  un  prince;  sa  grande  affec- 
tion, qui  a  tousjours  esté  et  sera  plus  grande  qu'il  ne  peut  représenter. 

Tout  le  conseil  qu'il  a  donné  à  la  reyne,  depuis  ({u'il  est  hors  de  la 
cour,  est  de  n'avoir  nul  sentiment  de  ce  qui  s'est  passé ,  que  ces  misé- 
rables s'estoient  attiré,  par  leurs  mauvais  comportements,  leur  peine. 

Que  tout  ce  que  S.  M.  avoit  à  faire  estoit  à  se  gouverner  si  modé- 
rément que  ses  actions  présentes  justifiassent  celles  du  passé;  taisant 
paroistre  une  totale  différence,  c'est-à-dire  qu'on  recogneust  une  sy 
grande  différence  entre  elle  possédée  par  la  mareschale  d'Ancre  et 
non  possédée ,  qu'on  jugeast  clairement  que  tout  ce  qu'on  pouvoit  re- 
marquer d'odieux  au  passé  venoit  de  la  mareschale. 

Si  c'est  violence  que  de  prendre  les  armes,  pourquoy  ceux  qui  les 
ont  faict  prendre  aux  premiers  mouvements  n'en  sont-ils  pas  taxez .>* 
N'est-ce  pas  M.  le  garde  des  sceaux  qui  a  faict  la  première  décla- 

'   Cette  pièce  était  donc  un  tliènie  qui  de  suite  qu'on  remarque  en  que'ques  en- 

attendait  des  développements;   ce    qu'on  droits.  Ce  ne  sont  même  parfois  que  des 

doit  conclure  également  des  blancs  laissés  pensées  détachées, 
dans  le  manuscrit,  ainsi  que  du  manque 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  421 

ration  sur  l'emprisonne  ment  de  M.  le  piince,  contre  luy  et  les  autres 
princes  ? 

M.  de  Villeroy  n'a-t-il  pas  dit  plusieurs  t'ois  à  la  reyne,  sur  ce  pro- 
grès des  armes  du  roy,  qu'il  ne  restoit  autre  chose  qu'à  poursuivre, 
(lu'il  ne  manquoit  rien  en  ses  conseils,  qu'il  estoit  seulement  question 
de  les  exécuter. 

Fils  de  père  qui  a  tousjours  servy  les  roys,  et,  en  sy  peu  qu'il  l'a 
peu,  l'a  tousjours  faict  luy-mesme,  en  son  diocèse,  dès  le  commence- 
ment, le  feu  roy  y  a  eu  confiance;  depuis  la  reyne  l'a  continuée. 

Aux  estats  sa  fidélité  a  paru,  aux  emplois  qu'il  a  eus  depuis;'  et 
depuis  la  reyne  estre  à  Blois,  il  a  dit  qu'il  failoit  confesser  cpi'on  avoit 
cette  obligation  à  la  reyne  et  à  ses  nouveaux  ministres  d'avoir  ouvert 
le  chemin  de  conserver  l'Estat  et  empescher  les  troubles,  ne  trou- 
vant rien  à  redire  en  leurs  conseils  et  en  leur  conduite;  mais  seide- 
ment  en  l'introduction,  n'estimant  pas  leiu'  autorité  légitime,  parce 
qu'elle  luy  estoit  préjudicialile. 

Il  est  libre  aux  princes  d'oster  qui  bon  leur  semble  quoyque  gens 
de  l)ien;  le  père  Coton  a  esté  osté. 

«  Meliora  utique  sacerdotibus  dan)na  qiiam  lucra  saeculi  sunt.  «  (Am- 
bros.  tom.  IV,  lib.  vi,  epist.  ^Q-) 

■'  Multifidœ  sunt  et  varia;  mendacii  semitse.  «  (Theodor.  p.  22.) 

Il  n'y  a  personne  qui  ne  recognoisse  que  le  vray  serviteur  doit  di- 
riger les  volontez  de  son  maistre  à  une  fin  avantageuse  pour  luy,  mais 
que  loi-squ'il  ne  peut  les  conduire  où  il  veut ,  il  doit  les  suivre  où 
elles  vont. 

Fault  conuuencer  dès  sa  jeimesse ,  qu'on  trouvera  accompagnée  de 
bons  présages. 

S'est  tousjom's  conduit  selon  sa  profession  et  selon  les  divers  degrés 
es  quels  il  s'est  trouvé. 

A  esté  tel  que  la  bonne  opinion  que  le  feu  roy  en  avoit  conceue  dès 

'  A  partir  des  mub  ■  et  depuis  »  ce  pas-  le  faut  placer.  Il  doit  d'ailleurs  y  avoir 
sage  est  ajouté  à  la  marge  par  Charpentier,  (|uelques  fautes  dans  ce  paragrapiie  ,  qui 
sans  indication  de  l'endroit  précis  où   il         manque  de  clarté. 


422  LETTRES 

son  jeune  âge  luy  doit  eslre  une  marque  de  grande  approbation.  Le 
feu  roy  l'a  voidu  prosmouvoir'  à  la  charge  en  laquelle  il  est  devant 
([u'il  eust  l'âge  requis. 

A  Rome ,  il  a  esté  receu  avec  contentement  et  obtenu  plus  de  grâce 
qu'il  ne  désiroit,  ny  mesme  que  le  feu  roy  n'en  demandoit.  Le  pape 
en  ayant  rendu  des  tesmoignages  singuliers ,  l'ayant  dispensé  à  vingt- 
deux  ans,  remis  pour  plus  de  six  mil  escus  de  bulles.  La  Sorbonne  a  à 
faveur  de  l'avoir  en  sa  société  ;  il  a  faict  estimer  son  banc  célèbre  pour 
la  quantité  de  célèbres  personnages  qui  y  ont  paru. 

En  tous  lieux  où  il  a  vescu,  il  s'y  est  comporté  avec  estime. 

Dans  son  diocèse,  faisant  sa  charge  sans  donner  lieu  de  plaintes  aux 
huguenots  ; 

Il  a  remis  plusieurs  églises; 

Avancé  le  bien  de  la  religion,  sans  toutefois  que  ceux  qui  en  sont 
divisez  s'en  puissent  plaindre. 

Il  se  trouve  aux  Estats;  il  y  faict  sa  charge,  estant  ferme  dans  le 
service  du  roy. 

Faudra  mettre  la  deffense  de  Barbin  :  mains  nettes,  courageux: 
Mangot,  excellent  pour  le  sceau. 


On  laissera  le  jugement  au  lecteur,  si  des  gens  peuvent  estre  con- 
danmés  à  juste  tiltre  s'estant  gouvernés  comme  dessus. 

Ce  procès  a  esté  vuidé  autrefois  à  Rome,  du  temps  de  Séjan.  Ce 
pendant  on  en  laisse  encore  maintenant  la  décision  non-seulement  an 
jugement  d'un  sénat,  mais  celuy  d'un  chascvm. 

'   L'épiscopat;  mot  écrit  d'abord  et  rayé. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  423 

LXIII. 
Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  28.  pièce  107.  —  Minute. 

AU  ROI. 

[Seconde  quinzaine  d'octobre  1618.] 

Sire , 

Ayant  religieusement  obéy  aux  conuuandenîens  de  V.  M.  j'ay  tous- 
jours  espéré  qu'il  luy  plairoit  prendre  asseurance  de  la  passion  que 
j'ay  et  auray  toute  ma  vie  à  son  très-humble  service.  Mais  me  voyant 
jusques  icy  privé  de  mon  attente,  le  désir  que  j'ay  de  ne  rien  oublier 
de  ce  qui  est  en  moy  pour  ne  l'estre  pas  à  l'advenir,  et  le  desplaisir  que 
je  ressens  de  voir  mes  frères,  en  ma  seule  considération,  en  Testât 
auquel  ils  sont,  m'ont  faict  estimer  que,  sur  le  dernier  accident  qtii  est 
arrivé  à  l'un  ',  V.  M.  n'auroit  point  désagréable  la  supplication  que  je 
luy  fais  de  leur  vouloir  donner  quelque  temps  pour  mettre  ordre  à 
leurs  affaires,  et  à  moy  me  prescrire  un  lieu  proche  d'elle,  tel  qu'il 
luy  plaira,  n'en  exceptant  aucun  où  je  puisse  demeurer  pour  caution 
de  leurs  actions  et  des  miennes.  Outre  cette  asseurance,  V.  M.  leur 
donnera,  s'il  luy  plaist,  telles  personnes  qu'elle  aura  agréable,  pour 
avoir  esgard  à  leurs  comportemens.  Je  ne  doute  point.  Sire,  que  V.  M. 
ne  uj'accorde  ma  très-humble  requeste,  ne  pouvant  qu'elle  ne  la 
trouve  juste  et  raisonnable ,  puisqu'elle  n'a  autre  lin  que  de  me  faire 
voir  à  V.  M.  par  mes  actions  tel  que  je  suis,  et  délivrer  mes  frères* 
d'une  partie  de  leurs  afflictions,  qui  me  doivent  estre  et  me  sont  plus 
sensibles  que  les  miennes  propres.  V.  M.  aggréant  ma  supplication  or- 
donnera ce  qu'elle  jugera  à  propos  pour  savoir  comme  nous  vivrons  en 

'  La  femme  de  Henri  de  Hiclielieu  était  '  Henri  de  Richelieu  etdu  Pontdo  Cour- 

morte  le  i5  octobre; celte  lettre,  qui  sans        lay,  son  beau-frère;  cela  ne  doit   pas  se 
doute  fait  allusion  à  ce  malheur,  doit  avoir         rapporter  à  son  frère,  le  chartreux, 
été  écrite  dans  la  seconde  ([uinzaine  dudit 
mois. 


424 


LETTRES 


nous  rendant  où  elle  daignera  nous  prescrire,  et  establira  au  lieu  de  ma 
demeure  tel  ordre  qu'elle  trouvera  bon  pour  estre  informée  de  la  fa- 
çon aveclaquelle  je  m'y  gouverneray',  n'y  désirant  autre  contentement, 
outre  celuy  d'obéir  à  vos  commandemens,  qu'estre  pourvu  des  livres 
que  j'y  feray  porter,  pour  faire  une  réplique^  à  la  response  que  quel- 
ques ministres  de  la  religion  prétendue  réformée  ont  faicte  au  livre 
que  j'eus  l'honneur  de  dédier  à  V.  M.  l'année  passée.  Voilà,  Sire,  la 
très-humble  supplication  de  celuy  qui  sei'a  éternellement,  de  V.  M. . . . 


ANNEE  1619. 


LXIV. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  tome  VI  de  la  coHeclion  verte,  fol.  i.  —  Original 

'SUSCRIPTION : 

A  MESSIEURS  MESSIEURS  DU  CHAPITRE  DE  LUCON. 


8  février  1819. 

Messieurs,  nul  ne  sachant  quel  doit  estre  le  cours  de  la  vie  et  ne 


'  Fontenay-Mareuil  a  dépeint  la  vie  que 
menait  Richelieu  dans  son  exil  d'Avignon  : 
Il  Pour  lever  tous  les  ombrages  que  l'en- 
gagement qu'il  avoit  eu  avec  la  reine  mère 
pouvoit  donner,  il  prist  un  logis  à  part  et 
ne  pratiquoit  que  des  gens  d'estude  et  de 
piété,  fuyant  toutes  autres  compagnies, 
jusques  à  celle  de  ses  frères  mesme ,  qu'il 
ne  voyoit  que  rarement  et  en  public,  d 
(T.  I",  p.  44i,  éd.  Petitol.) 

-  Un  ministre  protestant,  David  Blon- 
del ,  a  fait  au  livre  de  l'évêque  de  Luçon 
une  réponse  intilulée  :  Modeste  déclaration 
de  la  sincérité  et  vérité  des  églises  réformées 
de  France,  contre  les  invectives  de  l'évesqae 
de  Luçon  et  autres  docteurs  de  l'église  catho- 


lique, Sedan,  1619.  Richelieu  aurait  il  pu 
connaître  cette  réfutation  avant  cette  date 
d'impression  ?  Ou  s'agit-il  de  quelque  autre 
réponse  ?  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  ne 
voyons  pas  que  la  réplique  dont  il  est  ([ues- 
tion  ici  ait  jamais  paru ,  ni  même  que  Ri- 
chelieu l'ait  écrite.  (Voy.  t.  I",  p.  608, 
lettre  à  M.  de  Guron.) 

'  En  tête  de  cette  pièce ,  on  lit  :  «  Lettre 
de  Mgr.  à  MM"  du  chapitre  de  Luçon,  du 
8°febvrier  1619.»  Cette  note,  de  la  main 
de  Cherré,  doit  avoir  été  écrite  longtemps 
après  cette  lettre,  peut-être  pour  un  clas- 
sement ;  au  moins  nous  ne  trouvons  que 
plus  tard  lécriture  de  ce  secrétaire. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  425 

pouvant  prévoir  en  mon  particulier  comme  il  plaira  à  Dieu  disposer 
de  moy,  le  désir  que  j'ay  de  ne  quitter  pas  ce  monde  sans  vous  laisser 
des  tesmoignages  de  mon  affection  me  faict  dresser  ce  peu  de  lignes 
pour  vous  estre  mises  es  mains,  au  cas  que  je  sois  privé  du  bonheur 
de  me  trouver  moy-mesme  parmy  vous  devant  que  de  passer  de  cette 
vie  à  une  autre  meilleure. 

Je  n'emploieray,  Messieurs,  aucunes  paroles  à  vous  asseurer  de  la 
passion  que  j'ay  pour  vous,  sachant  bien  que  vous  n'en  estes  point  en 
doute,  et  aussy  que  je  désirerois  vous  la  tesmoigner  par  effects. 

En  cette  considération,  je  vous  laisse  mon  corps,  affin  de  reposer 
mort  au  lieu  mesme  où  je  me  désire  vivant,  pour  vous  servir  en  ser- 
vant Dieu,  ainsy  que  j'y  suis  obligé. 

Le  lieu  de  ma  sépulture  sera,  s'il  vous  plaist,  immédiatement  au- 
dessus  du  pulpitre  des  chantres,  désirant  que  le  plus  haut  du  chœur, 
comme  plus  honorable,  soit  conservé  pour  mes  successeurs  qui  vien- 
dront après  moy. 

Je  vous  laisse  aussy  toute  l'argenterie  de  ma  chapelle,  mes  orne- 
ments et  trois  tentes  de  tapisserie  de  Flandres,  pour  en  tapisser  le 
chœur  sans  vous  obliger  à  quoy  que  ce  puis.se  estre, "me  remettant  à 
estre  secouru  de  vous  par  vos  prières  (que  je  mandie  avec  affection), 
ainsy  que  vous  l'estimerez  à  propos. 

Si  je  pouvôis  vous  laisser  davantage,  je  le  lerois  très-volontiers; 
ma  volonté  surpassant  ma  puissance,  mes  désirs  suppléeront  au  def- 
faut  de  mes  ellects. 

Le  premier  bien  que  je  vous  souhaitte  esl  de  vivre  tous  avec  le  plus 
de  cognoissance  qu'il  vous  sera  possible  de  vostre  condition,  vous  re- 
mettant devant  les  yeux  que  ce  monde  n'est  que  tromperie,  et  qu'il 
n'y  a  contentement  ny  proffit  qu'à  servir  Dieu,  qui  ne  manque  point 
à  ceux  qui  le  servent. 

Je  vous  désire  ensuitte  un  évesque  qui,  m'esgalant  en  affection,  me 
passe  en  toutes  autres  qualités,  le  souhaittant  aussy  accomply  que 
je  me  recognois  plain  de  deffauts.  Je  le  conjure,  quiconque  il  soit, 
de  résider  avec  vous,  visiter  son  diocèze,  eschauffer,  par  son  exemple 

CAROIM.  CE  niCUELIED. VII.  54 


426  LETTRES 

et  ses  instructions,  ceux  qui  soubs  luy  ont  charge  d'ame,  à  leur  de- 
voir, maintenir  et  augmenter  le  séminaire  commencé  à  Luçon,  auquel 
je  laisse  mil  livres'  et  ma  bi])liothèque  toute  entière,  pour  donner 
plus  d'occasion  à  des  gens  de  mérite  de  s'y  arrester. 

Nul  corps  ne  pouvant  subsister  sans  l'union  du  chef  avec  ses  mem- 
bres, je  vous  supplie  de  vivre  en  estroite  union  avec  celuy  qui  me 
succédera,  vous  asseurant  qu'outre  l'édification  qu'en  recevront  ceux 
à  qui  vous  devés  bon  exemple,  vous  n'en  retirerés  pas  peu  de  profïit 
les  uns  et  les  autres. 

Cela  fait,  Messieurs,  il  ne  me  reste  qu'à  vous  conjurer  d'aimer  ma 
mémoire  comme  d'une  personne'qui  vous  aime  tendrement,  et  qui, 
souhaittant  avec  passion  vostre  salut,  sera  éternellement, 

Messieurs, 

2  Vostre  bien  afifectioniié  confrère  à  vous  rendre  humble  service. 

ARMAND  ÉVES.  DE  LUÇON. 
D'Avignon,  ce  8"  febvrier  1619. 


LXV. 
Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  29,  pièce  25.  —  Mise  au  net. 

AU  ROY\ 

10  mars  1619. 

Sire, 

Comme  j'obéissois  aux  commandemens  que  V.  M.  m'a  faicls  d'aller 
trouver  la  reyne  sa  mère*,  M.  d'Alincour  m'a  mandé  que  vous  dési- 
ries  que  je  demeurasse  à  Lyon  et  y  attendisse  vos  volontez.  J'y  seray, 

'   11  y  avail  «  escus  »  ;  le  mol  «  livres  «  a  '  Voy .  notre  I"  volume ,  p.  58o ,  note  2 . 

été  écrit  en  surcharge.  La  reine  mère  s'était  évadée  de  Blois  le 

'  Cette   formule  et  la  date  sont  de  la  22  février,  un  peu  avant  le  jour.  Fontenay- 

main  de  Richelieu.  Mareuil  donne  quelques  détails  sur  cette 

'  Richelieu  a  mis  au  dos  :  «  Lettres  es-  évasion  (t.  I,  p.  435);  mais  le  récit  est 

crittes  au  roy  sur  l'arrest  qui  fut  faict  do  plus  complet  dans  la  Vie  du  duc  d'Epernon, 

l'évesque  de  Luçon  par  M.  d'Alincour.  »  par  Girard. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


427 


s'il  plaist  à  Dieu,  demain  matin,  pour  y  apprendre  plus  particulière- 
ment ce  qu'il  sçaura  de  vos  intentions  et  les  suivre  religieusement. 
Le  changement.  Sire,  de  la  première  résolution  de  V.  M.  me  fait 
cognoisire  que  quelques  personnes,  qui  ne  me  veulent  pas  de  bien, 
m'ont  rendu  de  mauvais  offices  auprès  d'elle'.  Sur  quoy  je  n'ay  rien 
à  luy  dire,  sinon  que  je  me  tiendray  très-lieureux  si  V.  M.  veult  obli- 
ger tels  gens  à  vérifier  ce  qu'ils  peuvent  dire  contre  moy.  Je  me  pro- 
mets, Sire,  cette  grâce  de  vostre  justice,  la  raison  requérant  que  vous 
fassiés  voir  la  malice  des  uns  et  des  autres,  et  que  vous  punissiés  ceux 
qui  l'auront  mérité.  C'est,  Sire,  ce  dont  je  supplie  très-humblement 
V.  M.  comme  aussy  de  croire  que  je  seray  jusques  au  dernier  soupir 
de  ma  vie. 

Sire,  de  Vostre  Majesté 

Le  très  humble ,  1res  obéissant  et  très  Gdèle  sujet  et  serviteur. 


Devienne,  ce  lo"'  mars"  1619. 

'  Richelieu  était  dans  l'erreur;  le  roi 
n'avait  pas  donné  l'ordre  de  1  arrêter,  il  n'y 
avait  là  qu'un  excès  de  zèle  de  la  part  du 
gouverneur  de  Lyon.  (Voy.  t.  I".  loc.  cit.) 

'  Le  même  jour,  la  reine  mère  écrivait 
d'Angoulême  au  chancelier  :  Elle  a  expli- 
qué au  roi  les  causes  de  .son  évasion  et  se 
plaint  «  des  rigueurs  et  violences  inouïes , 
coimne  celles  que  j'aprends ,  d'artner  puis- 
samment contre  la  personne  qui  l'a  mis  au 
monde».  Malgré  la  présence  des  mauvais 
conseillers ,  «  Villiers  n'a  pas  laissé  de  re- 
cognoistre,  en  l'esprit  du  roy,  les  tendres 
sentimens  de  la  nature».  Elle  envoie  au 
chancelier  la  copie  des  deux  lettres  qu'elle 
a  écrites  au  roi  et  le  prie  de  faire  son  de- 
voir en  représentant  à  S.  M.  le  péril  de  ce 
que  l'on  luv  fait  faire.  Pièce  26.  —  Nous 
trouvons  dans  le  tome  V  du  Mercure  fran- 
çais,  p.  174  et  176  de  l'année  1619,  deux 
lettres  adressées  au  roi  par  la  reine  mère. 


les  /|  et  11  avril.  La  reine  proteste  de  la 
sincérité  de  ses  intentions;  personne  plus 
qu'elle  ne  peut  avoir  intérrt  à  la  prospérité 
du  règne  du  roi  son  fils;  cependant  elle 
se  voit  entourée  de  soldats;  elle  supplie 
Louis  XIII  de  considérer  les  funestes  con- 
séquences d'une  telle  guerre  pour  la  mo- 
narchie et  le  repos  des  peuples.  L'armée 
du  comte  de  Schomberg  la  menace  «  pour 
supprimer  la  voix  de  ses  fidelles  remon- 
trances et  opprimer  sa  condition  et  sa  li- 
berté ».  Nous  n'avons  point  le  manuscrit 
des  lettres,  mais  il  est  impossible  que 
l'évêque  de  Luçon,  revenu  dans  les  der- 
niers jours  de  mars  auprès  de  la  reine  mère, 
n'ait  pas  pris  part  à  la  rédaction,  d'autant 
que  le  premier  de  ses  conseillers  d'alors, 
le  duc  d'Lpernon,  avait  été  envoyé  par 
elle  avec  des  troupes  pour  l'opposer  aux 
entreprises  de  Schomberg. 


54. 


/i28  LETTRES 


L'ÉVÈQUE  DE  LUÇON  ET  LE  CONNÉTABLE  DE  LUYNES. 

Nous  abordons  ici  une  période  de  la  vie  de  Richelieu  où  la  conduite  et  le  carac- 
tère de  cet  homme  célèbre  ont  été  mal  appréciés  et  peints  de  couleurs  peu  fidèles 
par  quelques  historiens  qui  ne  connaissaient  pas  les  documents  que  nous  allons 
publier  et  qui  ont  accordé  à  des  apparences  trompeuses  et  à  des  témoignages  alors 
acceptés  une  confiance  trop  facile.  Nous  devons  donc  au  lecteur,  soit  pour  rectifier 
d'inexactes  notions  sur  l'évéque  de  Luçon ,  soit  pour  la  parfaite  intelligence  des 
lettres  qui  vont  suivre ,  quelques  explications  sur  deux  circonstances  importantes 
de  la  vie  de  Richelieu,  que  ramène  sous  nos  yeux  l'époque  où  nous  nous  retrou- 
vons : 

1  °  Les  négociations  entre  le  roi  et  la  reine  mère  exilée  par  le  duc  de  Luyne» , 
après  le  meurtre  du  maréchal  d'Ancre; 

2°  L'élévation  de  l'évéque  de  Luçon  au  cai-dinalat. 

Lorsque  la  dignité  de  cardinal  fut  promise  par  Louis  XIII  à  Richelieu,  celui-ci 
chargea  un  intime  ami,  Séb.  Bouthillier,  abbé  de  la  Cochère,  de  se  rendre  à  Rome, 
afin  de  hâter  par  ses  soins  vigilants  et  ses  officieuses  démarches  le  succès  de  cette 
difficile  affaire.  Dans  le  dessein  d'entourer  de  plus  d'autorité  cette  mission  parti- 
culière, l'évéque  de  Luçon  obtint  qu'on  donnerait  à  son  messager  un  caractère 
officiel;  et,  dans  notre  l"  volume  (p.  655),  nous  avons  publié  la  lettre  du  roi 
qui  l'accrédite.  Depuis  nous  avons  obtenu  aux  Archives  du  ministère  des  affaire» 
étrangères  communication  des  manuscrits  de  Rome  se  rapportant  aux  année» 
1619-1622',  et  nous  y  avons  trouvé,  sauf  quelques  pièces  absentes,  toute  la 
correspondance  de  l'abbé  de  la  Cochère  pendant  son  séjour  à  Rome  (environ 
deux  ans)  soit  avec  son  frère  Claude  Bouthillier,  soit  avec  Richelieu.  Cette  corres- 
pondance, qui  n'est  citée  nulle  part  et  que  personne  ne  paraît  avoir  connue, 
nous  raconte  avec  une  exactitude  minutieuse  les  vicissitudes  de  cette  affaire,  si 
lente  à  s'accomplir,  si  contrariée  dans  sa  poursuite,  dont  l'évéque  de  liuçon  atten- 
dait le  dénouement  avec  une  anxieuse  et  secrète  impatience ,  avec  une  apparente 
et  vaniteuse  froideur. 

A  l'aide  de  ces  documents  inédits ,  de  diverses  pièces  également  nouvelles  :  lettres 
originales  de  Richelieu,  du  duc  de  Luynes,  du  P.  Ariioux,  de  M.  de  Blainville,  de 
l'archevêque  de  Sens  (Jean  Davy  Duperron),  et  autres  personnages  considérables 
employés  dans  les  négociations  de  1619  à  1622;  à  l'aide  enfin  d'une  correspon- 

'     Vol.    23-27. 


DU  CARDINAL  DE  RICHB^LIEU.  429 

dance  récemment  imprimée  de  Bentivoglio',  nonce  en  France,  et  qui  nous  révèle 
des  intrigues  que  l'abbé  de  la  Cochère  a  longtemps  ignorées,  nous  pouvons  achever 
de  faire  bien  connaître  ce  point  initial  et  décisif  des  grandes  destinées  de  Richelieu  : 
sa  promotion  au  cardinalat,  et  aussi  les  négociations  entre  la  mère  et  le  fils,  où  la 
mémoire  de  l'évèque  de  Luçon  est  intéressée. 

La  demi-obscurité  qui  a  enveloppé  ces  deux  événements  n'a  reçu  qu'un  jour 
faux  et  douteux  des  mémoiies  du  temps,  sans  excepter  ceux  de  Richelieu  lui- 
même.  On  comprend  que  l'évèque  de  Luçon  a  pu  être  plus  discret  qu'on  ne  vou- 
drait sur  certains  points;  et  les  autres  historiens  ont,  à  leur  tour,  méconnu  parfois 
son  caractère  dans  la  poursuite  du  cai-dinalat ,  ainsi  que  dans  les  négociations 
entre  la  mère  et  le  fds.  Occujwns-nous  d'abord  de  cette  courte  période  de  querelles 
qui  allèrent  jusqu'à  la  guerre  civile,  et  de  réconciliations  peu  sincères  mêlées  de 
brouilleries  nouvelles;  période  qui  n'a  pas  été  suffisamment  étudiée,  où  la  con- 
duite de  l'évèque  de  Luçon  a  été  l'objet  des  conjectures  les  plus  contradictoires  et 
souvent,  selon  nous,  les  plus  injustes. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  faire  l'histoire  complète  des  années  1619  et  it)2o; 
nous  ne  voulons  que  dégager  le  rôle  de  Richelieu,  au  milieu  des  intrigues  compli- 
quées dont  elles  furent  remplies. 

L'évasion  du  château  de  Blois ,  qui  eut  lieu  dans  la  nuit  du  2 1  au  2  2  février, 
jeta  la  cour  dans  une  profonde  inquiétude  et  dans  un  trouble  facile  à  concevoir. 
Après  la  catastrophe  du  2  4  avril  1617,  la  reine  mère  avait  passé  près  de  deux  ans 
au  château  de  Blois,  à  demi  captive,  et  en  butte  aux  sourdes  persécutions  de 
I^uynes.  Bentivoglio,  qu'on  ne  peut  soupçonner  de  malveillance  contre  le  favori, 
dont  il  avait  la  confiance,  et  pour  lequel  il  parait  en  toute  occasion  favorablement 
disposé,  écrit  dès  le  mois  de  juillet  1617  :  «  Sono  più  che  mai  grandi  i  sospetti 
che  s'  anno  délia  regina  madré,  onde  S.  M.  passa  una  misera  vila'-.  •  Et  il  ajoute, 
au  sujet  de  Richelieu  :  «  Questi  ministri  sono  suoi  nemici  e  son  quali  che  nudriscono 
principalmente  i  sospetti.  Luine  dà  buone  parole,  ma  non  si  fida.  »  Paroles  dont 
il  faut  se  souvenir  et  que  Bentivoglio  lui-même  a  parfois  trop  oubliées  dans  cer- 
taines appréciations  de  la  conduite  de  Richelieu.  Luynes  avait  mis  près  de  la  reine 
mère  le  sieur  de  Modène,  un  de  ses  parents,  pour  la  surveiller  de  près,  et  cet 
espionnage,  dont  elle  était  singulièrement  irritée,  n'était  pas  une  de  ses  moindres 
misères.  Non-seulement  on  l'environnait  d'espions,  mais  on  éloignait  d'elle  tous 
ceux  en  qui  elle  pouvait  prendre  confiance.  Après  qu'on  lui  eut  enlevé  l'évèque 

'  Letlere  diplomaliche  di  Guido  Beiitive-         Torino,    i853.  — '   Lettres  de  Bentivo- 
glio.  .  .  ora  per  la  prima  voUa  publicule per        g^lio,  19  juillet  1617,  p.  i56. 
cura  di  Luciano  Scarabelli.  a  volumes  in- 1 3. 


430  LETTRES 

de  Luçon,  le  roi  refusa  de  lui  donner  pour  chevalier  d'honneur  M.  de  Liancourt 
qu'elle  avait  demandé.  On  lui  interdisait  même  le  choix  de  ses  serviteurs  les  plus 
intimes  :  «  Modena,  dit  encore  Bentivoglio,  ha  avuto  ordine  parlicolare  di  far  che 
la  Regina  non  pigli  al  suo  servizio  un  secretario  propostole  da  Lusson'.»  Tels 
étaient  les  commencements  de  cet  exil;  et  deux  années  déjà  s'étaient  écoulées  dans 
cette  vie  de  persécutions  et  d'outrages  dont  la  reine  mère  ne  pouvait  espérer  la  fin , 
car  elle  n'y  voyait  d'autre  terme  que  celui  des  soupçons  et  de  la  liaine  de  Luynes^. 

Cependant  la  voilà  libre  à  Angoulême,  entre  les  mains  de  Ruccellai,  qui  avait 
monté  le  coup,  et  du  duc  d'Epernon,  qui  l'avait  exécuté;  celui-ci  disposant  d'une 
armée,  ayant  une  position  à  reconquérir;  l'autre,  méchant  esprit,  dévoré  d'ambi- 
tion et  fécond  en  intrigues.  Une  guerre  civile  semblait  imminente. 

Avec  son  bon  sens  et  son  génie  rusé,  Luynes  vit  tout  de  suite  que  le  plus 
pressé  était  de  mettre  la  reine  mère  sous  une  autre  direction  ;  et  il  comprit ,  en 
même  temps ,  que  l'évêque  de  Luçon  était  seul  capable  de  substituer  son  influence 
à  celle  des  dangereux  libérateurs  de  Marie  de  Médicis.  L'évêque  de  Luçon  fut  en 
toute  hâte  rappelé  de  son  exil  et  réuni  à  la  reine  mère^. 

Le  fait  ainsi  posé,  examinons  la  situation  des  deux  personnages  dont  l'histoire 
doit  juger  la  conduite. 

Le  duc  de  Luynes ,  qui  craignait  avec  raison  les  rancunes  de  Marie  de  Médicis 
pour  les  injures  qu'elle  avait  reçues  de  lui,  ne  sentait  nulle  envie  de  la  voir  récon- 
ciliée avec  le  roi ,  mais  il  convenait  qu'il  eût  l'air  de  le  désirer;  aussi  affectait-il 
de  déclarer  à  tout  le  monde  que  celte  réconciliation  était  le  but  de  sa  politique*. 

'  Lettre  du  2  août,  p.  i63.  et  prédestiné  à  la  ruine  de  la  reine  mère  : 

'  Il  l'avait  bannie  avec  la  ferme  ré.solu-  «  Conosciuto  liabilissimo  raggiratore  d'  af- 

tion  de  la   tenir  éloignée  :  «La  sua  mas-  fari  et  dintrighi.  .  .  fat;itanienle  nato  ail" 

sima  è  di  tener  lontana  la  regina  e  Condé.  »  esterminio  délia  Regina.  »  {Mém.  rec.  t.  IV, 

(Bentivoglio,  lettre  du  19  juillet  précitée.)  p.  628,  G24,  in-4°-) 

l'jt  le  6  se|)tembre  le  nonce  écrivait  en-  *  Bentivoglio  nous  l'apprend  ;  «  Quanto 

core  :  «Modena  mi  disse  liberamente  che  alla  sua  vcnuta  in  Angiers,  tutlo  si  crede, 

non  s' era  pensato,  ne  sipensavaal  ritorno  ch'ella  siapervenirci presto.  Quanto  al  total 

délia  regina.  »  acconimodainento,  se  ne  spera  sempre  nie- 

'   VittorioSiri,  chroniqueur  vénal  et  par  glio,  ed  ultiniamente  il  cardinale  di  Retz, 

conséquent  peu  sûr,  quoique  fort  adi-oit  ed  il  padre  Arnoldomidissero  che  Luines 

à    se   procurer   des   informations    et   des  era  di  già  venuto   intieraniente  in  qucsta 

documents,  écrivant  après  la  mort  de  Ri-  risoluzione  che  il  re  vedesse  la  madré  e 

chelieu,  dont  il  avait  .sollicité  et  reçu  les  che  vivessero  insieme,  e  feci  anch'io,  tre 

bienfaits, l'asouvenlfortinjustenienltraité;  di  sono  dope  f  audienza  del  rè,  un  buon' 

dès  qu'il  le  voit  arriver  en  scène,  il  l'annonce  oBîcio  col  uiedesinio  Luines  sopra  l'istessa 

comme  un  très-habile  tripoteur  d'intrigues,  materia,   che  fu   molto  ben   ricevuto  da 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  Ii3l 

Il  négocia  donc  la  paix,  jugeant  avec  une  subtile  perspicacité  le  double  nœud 
qu'il  lui  fallait  dénouer  : 

Ennemie  déclarée,  la  reine  mère  était  dangereuse  pour  la  paix  publique;  fran- 
chement réconciliée,  vivant  auprès  du  roi,  et  reprenant  sur  ce  faible  prince  son 
influence  passée,  elle  était  dangereuse  pour  le  favori. 

11  fallait  donc  faire  promptement  la  paix ,  et  différer  le  plus  possible  la  parfaite  ré- 
conciliation. Rien  d'ailleurs  n'était  plus  facile ,  avec  l'esprit  soupçonneux ,  contumace 
et  opiniâtre  de  la  reine  mère ,  que  de  contester  longtemps  sur  l'exécution  d'un  traité. 

La  même  politi({ue  qui  tendait  à  tenir  Marie  de  Médicis  séparée  du  roi,  Luynes 
la  jugeait  plus  nécessaire  encore  à  l'égard  de  Richelieu  ,  qui  lui  inspirait  une  si 
juste  défiance.  Plus  on  supposait  à  Tévêque  de  Luçon  d'empire  sur  la  reine 
mère,  plus  il  était  important  de  l'éloigner  lui-même.  L'influence  de  la  reine 
mère  sur  le  roi  était  redoutable  pour  Luynes  principalement  à  cause  de  l'in- 
fluence de  Richelieu  sur  cette  princesse. 

Tous  ceux  qui  voyaient,  en  ces  derniers  temps,  la  reine  mère  rendent  témoi- 
gnage de  son  désir  de  réconciliation;  le  prince  de  Piémont  venant  d'Angoulême 
l'adirme;  «Mostra  di  aver  la.sciata  la  regina  molta  disposta  ad  accomniodarsi  in 
tutto  alla  volontà  del  re,»  écrit  Bentivoglio;  et,  racontant  le  résultat  d'une 
mission  du  P.  Bérulle  vers  Marie  de  Médicis,  il  dit  que  ce  bon  père  aussi  la 
trouva  toute  prête  à  se  confier  à  l'amitié  du  roi,  •  ne  voulant  d'autre  place  de 
sûreté  que  le  cœur  de  son  fds.  •  Les  favoris,  ajoute  Bentivoglio,  furent  épou- 
vantés de  la  voir  disposée  à  un  si  prompt  retour  :  «  i  favoriti  se  ne  mostrano  molto 
commossi. . .  sono  restali  come  attoniti. . .  temono  che  la  regina  voglia  venire  addi- 
ritura  in  corle  per  rovinarli.  »  Cela  était  écrit  le  2/1  mai,  et  huit  jours  après, 
le  2  juin,  Bentivoglio  nous  apporte  une  preuve  frappante  de  l'inquiétude  que 
causait  au  duc  de  Luynes  la  seule  pensée  du  retour  de  la  reine  mère  auprès  du 
roi  :  «  La  verità  è  che  Luynes  va  cercando  qualche  maggior  stabilimento  per  tutte 
le  niutazioni  che  potessero  nascere  in  caso  che  il  re  e  la  regina  si  rimettano  ben. 
insieme,  e  a  questo  ha  procurato  di  aver  la  Brelagna  ed  ultimamenle  la  Provenza, 
(kI  ora  tratta  délia  Picaixlia  provincie  tutte  dove  egli  avrebbe  délie  piazze  maritime 
e  che  lo  terrcbbero  lontano  dalla  corte,  laddove  il  suo  governo  présente  délia 
Francia  è  sulle  porte  di  Parigi.  »  (Lett.  di  Bentivoglio ,  t.  II,  p.  i53.) 

lui.  »  (Dép.  du  2  juillet  1619.)  Luynes  les  rappel  auprès  de  la  reine  mère  :  On  atlend 

trompait  tous,   et   l'on  voit,    ici    comme  de  lui  de  bons  offices,   dit  Bentivoglio, 

presque  toujours ,  la  disposition  de  Beiiti-  «  piaccia   a  Dio  che   non  sia  il  contrario, 

voglio  à  donner  au  (avori  une  confiance  cssendo  egli  stato  traltato  si  maie.  »  (Lett. 

sans  examen.  Il  était  porté ,  au  contraire ,  à  du  1 3  mars,  p.  111.) 
mal  parler  de  Richelieu  ;  en  annonçant  son 


432  LETTRES 

Certes  de  telles  précautions  ne  pouvaient  être  inspirées  que  par  un  profond 
sentiment  d'effroi,  et  n'est-il  pas  évident  que  Luynes  a  dû  prendre  avec  lui- 
même  la  résolution  de  ne  laisser  revenir  la  reine  mère  que  s'il  ne  trouvait  aucun 
moyen  de  l'empêcher? 

Cependant  si  l'événement  trompait  son  espérance  et  ses  précautions,  si  une 
réconciliation  sincère  ramenait  la  reine  mère  à  la  cour,  accompagnée  de  Richelieu, 
Luynes  était  bien  résolu  do  ne  pas  s'abandonner  lui-même,  et  s'il  lui  fallait  comp- 
ter avec  l'habile  conseiller  de  Marie  de  Médicis,  il  se  disait  que  du  moins  l'évéque 
de  Luçon  n'avait  point  d'armée,  et  que  de  plus  il  redoutait  lui  aussi,  sur  la 
reine  mère,  l'influence  de  ceux  qui  disposaient  des  troupes,  comme  le  duc  d'Eper- 
non.  Ainsi,  dans  ce  moment,  la  présence  de  Richelieu  auprès  d'elle  en  éloignait 
une  armée;  et,  quant  à  l'ambition  du  prélat,  Luynes  avait  des  promesses  toutes 
prêtes  dont  l'exécution  restait  dans  sa  main.  Gagner  du  temps,  c'est  quelquefois 
l'habileté  des  génies  supérieurs;  c'est  plus  souvent  la  ressource  des  caractères 
qui  manquent  de  la  sûreté  du  coup  d'oeil  et  d'une  prompte  résolution. 

Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  ces  secrètes  combinaisons  du  duc  de  Luynes. 

Quant  à  l'évéque  de  Luçon,  qui  sentait  sa  supériorité  sur  le  favori  du  roi,  il 
devait  souhaiter  au  contraire  de  se  rapprocher  de  la  cour  avec  non  moins  d'ar- 
deur qu'en  mettait  Luynes  à  l'en  écarter.  Richelieu,  qui  n'avait  rien  à  attendre 
d'une  princesse  exilée,  pouvait  tout  espérer  de  la  mère  du  roi,  assise  à  la  droite 
du  trône  et  intimement  unie  avec  son  fds.  Seulement  il  fallait  qu'elle  revînt  à  la 
cour  dans  une  position  convenable;  c'est  ce  que  voulait  obtenir  Richelieu  et  c'est 
précisément  ce  que  Luynes  ne  voulait  pas. 

Telle  était  la  disposition  réciproque  de  Luynes  et  de  Richelieu  lorsque  la  paix 
fut  signée  à  Angoulême  le  3i  avril,  et  ratifiée  à  Saint-Germain  le  2  mai. 

Cette  paix  n'avait  pas  entièrement  satisfait  la  reine  mère;  elle  s'était  montrée 
exigeante  et  l'on  fut  défiant  à  son  égard.  Elle  avait  dû  abandonner  le  gouvernement 
de  Normandie  pour  celui  d'Anjou,  et  on  lui  avait  donné  trois  places  de  peu  de 
défense.  Elle  voulait  Amboise  ou  Nantes  qu'on  lui  refusa'. 

Dès  les  premiers  temps  Luynes  causa  à  Marie  de  Médicis  une  mortification  à  la- 

'   u  La  regina  c  condicesa  ad  acceltar  il  (la  Loire),  ed  a  queslo  tffetto  è  venuto  il 

governo  d' Angio. . .  e  di  lasciar  il  governo  padreBerul.  Sopra  quesin  demanda  ^i  sono 

di  Normandia    .  .   ha  fatto  ricercar  il  re,  faite  lunglie  consulte  in  San  Germano,  e 

COI)  grande  istanza,  a  volerle  dar  di   più  in  somma  è  slato  concluso  che  la  regiua 

la  città  c  castello  d'Ambuosa,  o  la  città  e  si  dehba  contentar  délia  prima  offerla.  t 

oasteilodi  Nantes  in  Bertagna ,  che  hanno  (Dfp-  du  6  mai  1619.) 
buoni  ponli  di  pie'ra  suUa  stessa  riviera 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


433 


quelle  cette  princesse  se  montra  extrêmement  sensible.  Ruccellai,  trompé  dans 
son  ambition,  humilié  dans  son  orgueil,  jaloux  surtout  de  voir  la  confiance 
de  la  reine,  dont  il  se  vantait  d'être  le  libérateur,  donnée  tout  entière  à  Riche- 
lieu, la  quitta  subitement,  et  alla  offrir  ses  services  à  Luynes.  Celui-ci  les  ac- 
cepta avec  d'autant  plus  d'empressement  que  cet  infidèle  serviteur  lui  appor- 
tait tous  les  secrets  de  sa  maîtresse.  Avec  quel  amer  dépit  ne  dut -elle  pas  le 
voir  accueilli,  récompensé  à  la  cour  pour  prix  des  trahisons  dont  elle  serait  vic- 
time.-' 

La  reine  mère  fut  aussi  informée  que  la  première  pensée  de  Luynes ,  lorsqu'il 
apprit  qu'elle  était  libre ,  avait  été  de  délivrer  M.  le  Prince  de  la  prison  d'État 
où  elle  l'avait  fait  enfermer  du  temps  du  maréchal  d'Ancre.  Marie  de  Médicis 
était  sortie  de  Blois  le  22  février;  dès  le  2  mars  Luynes  était  à  Vincennes,  où  il 
eut  un  entretien  avec  le  prince  de  Condé';  et  le  8  avril  il  lui  faisait  remettre  une 
lettre  du  roi  par  Cadenet  son  frère;  Cadenet,  lui  rendant  son  épée,  lui  laissait 
espérer  la  fin  prochaine  de  sa  captivité*. 

Luynes  ignorait  les  sentiments  de  la  reine  mère,  et  dans  le  trouble  où,  en  ce 
premier  moment,  l'évasion  de  cette  princesse  avait  jeté  la  cour,  il  put  la  croire 
animée  d'un  ardent  désir  de  vengeance;  on  ne  devait  donc  pas  trouver  étrange 
que  le  premier  ministre  se  ménageât  le  prince  de  Condé  pour  l'opposer  aux  géné- 
raux du  parti  de  la  reine  mère;  c'était  même  une  mesure  de  prudence  dont  il  est 
juste  de  le  louer. 

Néanmoins  la  liberté  promise  en  ce  moment  au  prince  de  Condé,  c'était  plus 
qu'une  mortification  infligée  à  la  reine  mère,  c'était  une  menace  dont  elle  fut  pro- 
fondément irritée';  elle  eut  l'adresse  de  renvoyer  le  coup  k  de  Luynes.  Dans  un 


'  «  L  uines  quattro  d\  sono  visité  Condé.  » 
(Dépêche  de  Bcntivoglio  du  6  mars.) 

'  Bibl.  iiiip.  fonds  Dupuy,  92.  —  Vit- 
torio  Siii,  Menu,  recondite,  IV,  611  elsuiv. 
La  reine  mère  considérait  ce  procédé 
comme  une  insulte  personnelle  :  «  Non 
per  altro  molivo  che  per  dispeltarla  ed 
offenderla  direttamente.  »  Voyez  aussi  les 
Mémoires  de  Deageanl  (p.  218),  souvent 
cités,  mais  qu'il  faut  lire  avec  précaution 
puisqu'ils  ont  été  composés  sur  l'invitation 
du  cardinal ,  et  dans  l'espoir  de  sortir  de 
la  Basiiile,  où  Deageanl  les  écrivait 

Luîmes   s'efforçait   de   faire  croire  à 


Marie  de  Médicis  que  ce  prince  n'avait 
que  des  sentiments  de  bienveillance  pour 
elle,  mais  elle  n'en  crut  rien  el  avec  rai- 
son. Dans  une  longue  conversation  que 
M.  le  Prince  eut  avec  l'ambassadeur  de 
Venise,  aussitôt  qu'il  fut  sorli  de  pri.son, 
il  lui  déclara  ses  véritables  sentiments ,  que 
l'ambassadeur  résume  en  quatre  points , 
l'un  desquels  il  exprime  ainsi  :  «  Deside- 
rio  che  il  mondo  sappia  che  la  sua  incli- 
nasàone  sia  di  star  unito  con  Monsù  di 
Louiiies,  corne  ail'  incontro  contrario  alla 
regina  niadre.  »  (Dépêche  du  a  1  novembre 
.6.9.) 


CAIIUIX.  HE  lUCIlKMEC. 


434  LETTRES 

mémoire  de  ses  griefs',  elle-même,  instruite  de  ce  qu'on  voulait  faire,  demande 
avec  instance  la  liberté  du  prince,  elle  se  plaint  des  rigueurs  exercées  contre  lui, 
et  de  cette  détention  jadis  nécessaire,  et  maintenant  si  inutilement  prolongée. 
Il  n'est  pas  difficile  de  reconnaître  là  l'ingénieuse  subtilité  de  Tévéque  de  Luçon. 

Ce  n'étaient  pas  les  seuls  déplaisirs  qui  vinssent  aigrir  les  mécontentements  de 
la  reine  mère.  Au  moment  où  il  était  le  plus  nécessaire  de  l'incliner  aux  senti- 
ments pacifiques,  le  comte  de  Schomberg  s'empara  violemment  de  la  petite  ville 
d'Uzerches,  où  se  trouvaient  des  troupes  à  elle.  Marie  deMédicis  se  plaignit  vive- 
ment au  roi  de  ce  que  ses  généraux  la  traitaient  encore  en  ennemie^. 

Enfin,  sans  énumérer  tous  les  griefs  de  la  reine  mère  et  sans  reproduire  ici  son 
mémoire,  arrêtons-nous  sur  ce  dernier  fait  : 

Pendant  qu'on  négociait  cette  paix,  un  odieux  incident  vint  compliquer  les 
embarras  de  la  négociation.  Un  misérable  tenta  de  faire  sauter  la  citadelle  d'An- 
gers où  logeait  le  duc  d'Épernon.  Le  criminel  fut  jugé  et  pendu,  et  certes  personne 
n'eut  la  pensée  que  Luynes  ait  eu  la  moindre  connaissance  du  crime.  Mais  on 
compi'end  combien  il  était  facile  aux  intrigants  qui  entouraient  Marie  de  Médicis 
et  qui  ne  voulaient  pas  la  paix,  d'éveiller,  dans  cet  esprit  soupçonneux,  des  dé- 
fiances et  des  craintes  capables  de  déconcerter  les  efforts  des  sages  conseillers  qui 
la  portaient  à  la  conciliation. 

Des  procédés  qui  auraient  inquiété  la  personne  la  plus  confiante  devaient  sin- 
gulièrement alarmer  Marie  de  Médicis. 

Celui  qui  cherche  la  vérité  parmi  toutes  ces  intrigues  où,  pour  juger  des  faits 
douteux,  le  seul  moyen  est  de  pénétrer  les  intentions,  celui-là  doit  tenir  grand 
compte  des  hu  meurs  et  d  u  caractère  des  person  nages  dont  il  apprécie  les  actions.  C'est 
ce  que  n'ont  pas  fait  quelques  historiens  qui,  dans  cette  circonstance  et  dans  celles 
qui  vont  suivre,  ont  porté  contre  Richelieu  une  sentence  sévère.  On  oublie  que 
les  difficultés  lui  venaient  de  ceux  dont  il  défendait  les  intérêts  autant  au  moins 
que  des  adversaires.  On  juge  un  homme  devant  lequel  s'élevaient  des  obstacles 
de  tous  les  côtés,  comme  on  le  jugerait  s'il  eût  dominé  la  position,  comme  s'il 
eût  été  maître  de  tous  ses  actes. 

Cependant,  nous  l'avons  dit,  Richelieu  parvient  à  triompher  de  tout  mauvais 
vouloir,  de  toute  obstination,  de  toute  méfiance;  le  traité  est  signé. 

Parviendra-t-il  également  à  en  obtenir  toutes  les  conséquences  ? 

Ici  le  succès  ne  dépend  plus  de  lui  seul,  et  il  y  faut  le  concours,  la  partici- 
pation loyale  et  la  bonne  volonté  du  duc  de  Luynes. 

'   Bibl     imp.     Mss.     de    Dupuy,     92,  '   Leltre   du   4  avril,  t.  V  du   Mercure 

fol.  i33.  français ,  p.  172. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  tiS5 

Le  point  important,  c'était  la  réunion  de  la  mère  et  du  fds. 

Est-il  besoin  de  dire  toute  la  répugnance  que  devait  éprouver  Marie  de  Médicis 
à  retourner  à  la  cour?  Depuis  la  sanglante  matinée  du  17  avril  elle  n'avait  pas 
revu  Luynes,  elle  lui  devait  tous  les  chagrins  de  sa  captivité;  que  pouvait-elle 
attendre  de  l'effroi  dont  il  avait  été  saisi  à  la  nouvelle  de  son  affranchissement  ? 
Quelle  confiance  pouvaient  lui  inspirer  les  paroles  adoucies  de  Luynes,  lors- 
qu'elle savait  qu'on  s'efforçait  de  détacher  d'elle  tous  ses  amis,  lorsque  les  prin- 
cipales conditions  du  traité  d'Angoulême  ne  s'exécutaient  pas?  Avec  le  carac- 
tère de  Marie  de  Médicis,  et  dans  une  position  où  de  légitimes  défiances  tourmen- 
taient son  esprit,  il  fallait  se  hâter  de  paraître  sincère,  et  Luynes  laissa  s'écouler 
près  de  deux  mois  sans  donner  une  sanction  nécessaire  aux  engagements  con- 
tractés; c'est  le  20  juin  seulement  qu'on  enregistra  au  Parlement  l'amnistie 
promise  à  ceux  qui  avaient  servi  sa  cause.  Elle  se  résigna  pourtant  à  retourner 
auprès  du  roi  ;  et  qui  lui  fit  prendre  cette  résolution ,  dont  tout  le  monde  autour 
d'elle  la  détournait,  si  ce  n'est  l'évêque  de  Luçon? 

La  voilà  à  Cousières,  château  qui  appartenait  au  duc  de  Montbazon,  le  heau- 
père  de  Luynes,  où  le  roi  arriva  le  lendemain. 

L'entrevue  de  la  mère  et  du  fils  fut  pleine  de  larmes  et  de  tendresses;  la  nature 
reprit  un  moment  ses  droits,  en  dépit  des  griefs  de  la  politique.  Cette  affection, 
qui  sembla  renaître  avec  quelque  vivacité,  fut  précisément  l'une  des  causes  d'une 
rupture  nouvelle.  Ce  n'était  pas  Richelieu  qui  avait  pu  s'alarmer  de  ces  heureux 
symptômes;  rien  n'était  plus  favorable  à  ses  desseins  secrets,  à  ses  ambitieuses 
(espérances,  que  de  voir  ce  sentiment  maternel  et  filial,  dans  sa  chaleur  nou- 
velle, promettre  à  la  reine  mère  le  retour  de  son  ancien  ascendant  sur  le  roi; 
tandis  que  de  Luynes  en  conçut  une  méfiance  désespérée. 

Aucun  historien  n'a  su  précisément  les  incidents  (jui.  durant  les  quelques  jours 
passés  à  Tours ,  ont  fait  qu'une  entrevue  commencée  avec  une  ferveur  d'amitié 
pleine  d'heureux  présages  se  termina  dans  des  démonstrations  d'une  froideur  in- 
quiétante. Il  paraît  que,  quelque  temps  auparavant,  le  bruit  courut,  bruit  renou- 
velé peu  après  l'entrevue,  que  la  reine  mère  et  le  prince  de  Piémont,  son  gendre, 
avaient  concerté  ensemble  de  s'unir  à  l'Espagne  pour  renverser  le  puissant  favori, 
et  qu'on  troubla  l'esprit  du  roi  de  ces  perfides  menées.  Bentivoglio  avait  écrit  le 
2  juillet  :  «  Tornô  poi  d'Angoulemme  il  principe  di  Piemonte. . .  ha  mostrato. . . 
d'  avère  lasciata  la  regina  molto  disposta  ad  accommodarsi  in  tutto  alla  volontà 
del  re.  •  Kt  c'est  seulement  quelques  jours  après  que  le  même  Bentivoglio,  dans 
une  nouvelle  lettre,  vient  jeter  l'alarme.  Comment  comprendre  un  changement 
si  brusque  dans  les  sentiments  de  la  reine  mère  ainsi  que  dans  les  résolutions 
du  prince  de  Piémont,  qui  d'ailleurs  n'était  pas  retourné  auprès  de  Marie  de  Mé- 

55. 


436 


LETTRES 


dicis?  Et  puis  on  n'apporte  en  preuve  aucun  fait,  des  paroles  et  c'est  tout  ^  Ben- 
.tivogiio  a  écrit  ici  à  ]a  légère;  d'oîi  viennent  ces  bruits?  ne  peuvent-ils  pas  avoir 
été  répandus  par  les  ennemis  de  la  reine  mère?  On  ne  lui  épargnait  pas  les 
calomnies  inventées  pour  empêcher  la  réconciliation.  Bentivoglio  lui-même  l'écrit 
à  ce  moment  :  «  Malcontenti  non  mancano,  e  non  mancano  cattivi,  che  fanno 
quanto  possono  che  non  segua  lariconciliazione  intiera  fra  il  re  e  la  regina  -.  »  Nos 
manuscrits  de  Turin  et  de  France,  aux  Affaires  étrangères,  ne  nous  ont  donné 
aucune  information  sur  ces  relations  si  amicales,  sur  cette  alliance  politique  et  cri- 
minelle entre  la  reine  et  son  gendre,  que  rapportent  les  ambassadeurs  seulement 
sur  des  causeries  de  salon.  Ce  sont  là  de  ces  nouvelles  dont  les  agents  diploma- 
tiques remplissent  au  hasard  leurs  dépêches,  sans  prendre  soin  d'en  rechercher 
la  vérité.  L'évêque  de  Luçon  n'y  est  d'ailleurs  pas  nommé.  Et  puis  la  suite  des 
événements  donne  à  ces  bruits  hasardés  un  formel  démenti,  puisque,  à  quelques 
mois  de  là,  Marie  de  Médicis  faisait  la  guerre  sans  aucune  assistance  ni  de  l'Es- 
pagne, ni  du  Piémont,  sans  même  qu'aucun  indice  révèle  une  tentative  quel- 
conque de  la  reine,  ni  de  ses  prétendus  alliés  à  ce  sujet.  Nous  insistons  parce 
qu'il  importe  de  montrer  qu'il  faut  pourtant  choisir  parmi  ces  nouvelles  diplo- 
matiques, qu'on  ne  doit  certainement  pas  négliger,  mais  où  le  véritable  historien 
puise  ses  informations,  tout  en  se  gardant  d'y  croire  aveuglément. 

Très-habile  écrivain ,  esprit  plus  vif  et  plus  fin  que  solide  et  réfléchi ,  d'un 
génie  bien  inférieur  à  celui  de  Richelieu,  s'imaginant  que  l'alliance  avec  l'Es- 
pagne et  avec  l'empire  était  la  meilleure  politique  que  pût  adopter  la  France, 
le  nonce  Bentivoglio  était  d'ailleurs  beaucoup  plus  sympathique  au  caractère 
dé  Luynes  qu'à  celui  de  Richelieu.  Il  recevait  et  il  donnait  les  conlidences  cal- 
culées de  Luynes  pour  d'incontestables  vérités,  et  ne  tenait  aucun  compte  de 
l'esprit  de  Marie  de  Médicis  dans  son  jugement  des  affaires  présentes.  C'est  ce 
que  fait  à  son  tour  M.  Cousin ,  qui  accepte  comme  des  faits  avérés  ■'  ce  qu'écrit 


'  B  Ho  inteso  da  buona  parte ,  »  dit  Ben- 
tivoglio, dépêche  du  16  juillet  1610.  — 
«  Mi  è  stato  detto ...»  écrit  à  son  tour 
l'ambassadeur  vénitien ,  dépêche  du  1 7 
septembre.  Mais  qui  a  dit  cela?  quelle 
créance  méritent  ces  ouï- dire  anonymes? 
et  peut-on  les  admettre  comme  de  sérieuses 
autorités  historiques  ?  Bentivoglio  a  dans 
Luynes  une  confiance  absolue,  impertur- 
bable, il  ne  soupçonne  pas  que  le  favori 
puisse  avoir  rien  de  caché  pour  lui  :  «  Ve- 


ramenle  mi  aperse  il  cuorc,  »  dit-il  ailleurs 
avec  une  candeur  peu  diplomatique.  (Dé- 
pêche du  2  juillet  1620,  p.  3^7  du  a'  vol.) 

*  Letlere  diplomatiche. . .  t.   II,  p.  i56. 

■'  M.  Cousin  tient  en  grande  suspicion 
les  paroles  de  Richelieu  et  il  met  en  celles 
de  Luynes  une  confiance  absolue;  lui- 
même  le  dit  en  termes  exprès,  que  nous 
citerons  tout  à  l'heure,  et  il  déclare  qu'il 
se  «  renferme  dans  les  faits  avérés.  »  (Jour- 
nal des  savants,  juin  1861 ,  p.  ^à"]-)  Mais 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  437 

Bentivoglio,  c'est-à-dire  ce  que  Luynes  a  déclaré.  L'histoire  peut -elle  ratifier 
cette  condamnation  prononcée  sur  le  témoignage  d'un  rival,  presque  d'un  en- 
nemi .'' 

On  se  sépara  donc;  le  roi  partit  de  Tours  pour  Compiègne;  la  reine  mère  se 
rendit  dans  sa  ville  d'Angers.  La  séparation  froide ,  mais  sans  aigreur,  laissait 
encore  l'espoir  d'un  futur  rapprochement.  Toujours  attentif  à  sauver  les  appa- 
rences, Luynes  écrivait  des  lettres  fort  soumises  et  suppliait  la  reine  de  revenir, 
en  même  temps  qu'il  agissait  de  manière  à  prolonger  son  éloignement.  Marie 
de  Médicis  avait,  nous  l'avons  dit,  accepté  de  bonne  grâce  la  délivrance  du 
prince  de  Condé,  mais  on  la  blessa  profondément  en  affectant  de  dire  et  répéter, 
dans  la  déclaration,  que  M'  le  Prince  était  innocent,  que  sa  détention  était  un 
acte  inique,  qui  n'avait  été  ordonné  que  par  un  audacieux  et  coupable  abus  de 
l'autorité  du  roi ,  et  par  un  misérable  que  le  roi  avait  eu  le  courage  de  châtier.  On 
semblait  ainsi  ne  frapper  que  le  maréchal  d'.Ancre,  mais  l'insulte  atteignait  direc- 
tement la  reine  mère,  qui  avait  signé  l'ordre  en  un  temps  où  elle  exer<;ait  l'auto- 
rité du  roi;  sans  être  nommée,  elle  recevait  le  coup  à  la  face  de  toute  la  France,  à  la 
face  même  de  l'Europe,  attentive  aux  événements  qui  troublaient  le  royaume. 
Luynes  s'excusa,  mais,  comme  toujours,  par  de  vaines  paroles,  et  l'insulte  était 
un  fait  solennellement  enregistré  en  cour  de  parlement'. 

Et  puis  si,  comme  nous  l'avons  remarqué,  on  ne  devait  pas  reprochera  Luynes 
de  rechercher,  pour  la  couronne,  l'assistance  du  prince  de  Condé,  eu  un  moment 
où  la  guerre  civile  aurait  pu  subitement  éclater,  maintenant  Marie  de  Vhklicis  ne 
pouvait  pas  voir,  sans  en  être  inquiète  et  blessée,  qu'on  travaillât  à  se  faire  de 
M.  le  Prince  un  appui  contre  elle,  et  qu'on  le  lui  présentât  comme  un  adversaire 


il  n'y  a  pas  d'autres  faits  que  les  paroles 
de  Luynes  et  le  refus  obstiné  de  la  reine 
mère  de  revenir  à  la  cour.  M.  Cousin 
dit  encore  :  «  Le  tcipoignage  le  plus  dé- 
cisif contre  Richelieu  est  celui  de  Fon- 
tenay-Mareuil;  or  voici  le  passage:  «Déjà 
on  soupçonnait  qu'il  (Richelieu)  voulait 
gouverner,  et  qu'on  n'aurait  point  de  repos 
que  cela  ne  fût.  Mais  soit  qu'il  connût  l'a- 
version de  la  reine  mère  trop  ijrande  pour 
lui  en  faire  la  proposition,  ou  plutôt  qu'.-'- 
veugié  de  son  bonheur.  .  .  il  voulût  le 
pousser  jusqu'au  bout.  .  .  •  Ainsi  ce  témoi- 
gnage le  plus  décisif  tsi  fondé  sur  un  doute  : 


«  DU  soupçonnait;  »  Fontenay-Mareufl  n'ose 
être  afliruiatif,  et,  tout  en  penchant  vers 
l'une  des  deux  opinions,  il  pose  l'alterna- 
liv(>.  H  reconnaît  d'ailleurs,  comme  nous, 
que  fintérêt  véritable,  manifeste,  de  l'évè- 
que  de  Luçon  était  que  la  reine  mère  re- 
vînt à  la  cour.  iNous  aurions  bien  de  la 
peine  à  croire  que  Richelieu  n'ait  pas  vu 
une  vérité  si  évidente  et  qui  le  touchait  de 
si  près.  Concluons  :  si  le  témoignage  le 
plus  décisif  nous  permet  le  doute ,  les  autres 
témoignages  moins  décisifs  nous  per- 
mettent davantage. 

'   Mercure  français ,  I.  VI,  p.  .'53  7. 


438  LETTRES 

et  un  ennemi,  lorsqueUe  ne  semblait  plus  avoir  que  des  sentiments  pacifiques, 
et  lorsqu'on  négociait  avec  elle  une  réconciliation. 

Plusieurs  historiens  ont  résumé  les  griefs  dont  la  reine  mère  se  plaignait 
aux  ministres  et  au  roi  son  fils;  il  est  inutile  de  les  répéter  ici,  remarquons 
seulement  qu'on  y  répondait  par  quelques  satisfactions  sans  importance,  accom- 
pagnées de  force  lettres  très-polies',  portées  par  des  personnages  considérables, 
que  Luynes  envoyait  coup  sur  coup,  les  uns  après  les  autres;  et  tout  cet  empres- 
sement semblait  calculé  pour  faire  paraître  aux  yeux  du  public  la  bonne  volonté, 
l'entière  soumission  du  favori,  et  en  même  temps  l'obstination  et  les  injustes 
résistances  de  Marie  de  Médicis.  Ceux  qu'on  chargeait  de  messages  ne  lui  of- 
fraient d'ailleurs  aucune  satisfaction  réelle,  citons  entre  autres  une  lettre  de  l'un 
d'eux,  de  celui  qui,  par  le  caractère  dont  il  était  revêtu,  pouvait  avoir  plus  d'au- 
torité sur  elle,  le  P.  Arnoux  ;  il  écrivait  à  Richelieu  :  « ..  .11  n'y  a  rien  qui  doive 
retenir  la  reyne  mère  qu'elle  ne  se  rende  près  du  roy  au  plustost. . .  pour  mettre 
fin  au  scandale  public  qui  s'espend  par  toute  la  chrestienté. . .;  tout  ce  qu'elle 
souhaite  luy  est  asseuré  dans  rapprochement  de  son  soleil. . .  On  a,  ce  me  semble, 

jusques  icy,  pris  en  cette  affaire,  dès  le  commencement,  le  contrepoint Le 

roy  ne  contribue  rien  à  tout  cela;  celui  qui  l'approche  de  plus  près  en  est 
marry^. . .  »  Le  P.  Arnoux  continue  ainsi  pendant  trois  grandes  pages,  pleines  de 
phrases  vagues  et  générales,  sans  venir  au  fait  d'aucune  des  choses  que  deman- 
dait la  reine  mère,  comme  gage  des  promesses  qu'on  lui  avait  faites.  Enfin  un 
dernier  incident  vint  accroître  encore  l'irritation  de  cette  princesse.  Luynes  fit 
avancer  le  roi  jusqu'à  Orléans,  avec  des  troupes,  dans  l'intention  apparente  de 
contraindre  par  la  force  sa  mère  à  quitter  Angers  et  à  revenir  à  la  cour.  Rien 
ne  pouvait  être  mieux  imaginé  pour  l'encourager  dans  son  obstination  et  la  pro- 
voquer à  la  lutte. 

Il  est  bien  certain  que  la  plupart  de  ceux  qui  entouraient  Marie  de  Médicis 
s'étudiaient  à  fomenter  ses  soupçons ,  à  aigrir  sa  mauvaise  humeur,  et  la  dispo- 
saient ainsi  à  la  guerre;  ils  flattaient  sa  passion,  contre  laquelle  Richelieu  com- 
battit longtemps  presque  seul  ;  enfin  convaincu  que  sa  résistance  devenait  inop- 
|)ortune,  il  céda  de  guerre  lasse,  et  se  vit  forcé  d'obéir  à  la  passion  de  la  reine 

'   Parfois  ces  politesses  devaient  la  blés-  perché  se  le  niandava  a  dar  parte  d'  una 

ser  plus  que  lui  plaire;   ainsi  lors  de  la  cosa   fatta,    più   in  guisa   di  dargliene  la 

promotion  des  chevaliers  do  fOrdre,   en  nuova  clie  pcr  domandare  il  sue  parère.  » 

1619,   on  lui  envoya  la  liste   lorsqu'elle  (T.  V,  p.  70.) 

était  arrêtée,  coinnuinication  qu'elle  reçut  '   Lettre    du    2^  janvier    iGao.    Aulo- 

avec  dédain,  dil  Vitiorio  Siri  :  «  Di  questa  graphe.  Arch.  des  AIT.  étr.  France,  t.  3o, 

ambasciata    mosfro   dissapore    la    regina,  pièce  li'. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


439 


mère,  qui  sans  cette  obéissance  se  croyait  trahie  par  ses  conseils.  Richelieu  ne  le 
dissimule  pas,  et  ce  qu'on  sait  de  plus  positif  à  cet  égard,  c'est  lui-même  qui 
nous  l'apprend  :  «  Je  voyois  bien  qu'il  y  avoit  beaucoup  à  espérer  pour  la  reine 
dans  la  cour,  et  rien  dehors;  mais  parce  qu'il  y  avoit  beaucoup  à  craindre  dans 
la  puissance  des  favoris,  j'aimai  mieux  suivre  les  sentiments  de  ceux  qui  la  dé- 
tournoient d'aller  trouver  le  roi,  que  de  faire  valoir  mes  raisons;  ce  que  je  fis 
cependant,  avec  ce  tempérament,  que  je  suppliai  la  reine  d'envoyer  recevoir  les 
avis  des  personnes  affectionnées  à  son  service,  avant  que  de  prendre  une  dernière 
résolution'.  »  Et  continuant,  dans  cette  mesure,  à  défendre  le  parti  de  la  paix, 
il  donne  des  conseils  de  prudence,  représentant  «qu'en  toute  affaire,  avant  d'y 
entier,  il  failoit  considérer  comment  on  en  pourroit  sortir^.  »  Mais  quand  les 
princes,  le  petit  comte  de  Soissons  avec  sa  mère  et  le  duc  de  Vendôme  furent 
arrivés  auprès  de  la  reine,  févêque  de  Luçon  n'eut  plus  qu'à  se  taire. 

Nous  le  savons,  lorsque,  dans  leurs  mémoires,  les  hommes  publics  parlent 
d'eux-mêmes  à  la  postérité,  ils  ne  lui  font  que  des  conBdences  discrètes,  et  il  les 
faut  lire  avec  une  certaine  défiance;  mais,  outre  toutes  les  autres  raisons  qui  nous 
engagent  à  croire  ici  Richelieu,  nous  avons  une  lettre  confidentielle,  écrite  la 
veille  de  la  bataille  du  Pont-de-Cé,  à  un  homme  qui  savait  sa  conduite,  et  au 
quel  il  ne  pouvait  déguiser  sa  pensée,  l'archevêque  de  Toulouse,  depuis  cardinal 
de  La  Valette;  cette  lettre  laisse  voir  une  sorte  de  découragement,  et  un  réel 
sentiment  d'inquiétude'  :  «Toute  l'espérance  de  traitter  est  rompue  (mandait 
i'évêque  de  Luçon  à  cet  ami,  le  2  août),  ces  messieurs  n'en  veulent  point  ouyr 
parler.  En  cette  extrémité  nous  sonmies  résolus  de  faire  ce  que  doivent  faire  des 
gens  à  qui  la  nécessité  apprend  à  se  défendre'' .  .  .  »  N'est-ce  pas  le  langage  triste- 
ment résigné  d'un  homme  contraint  de  suivre  un  parti  qu'il  a  désapprouvé.^ 

La  vérité  est  qu'en  abandonnant  forcément  son  opposition  en  face  d'une  vo- 


'  Lisez  la  page  676  des  Mémoires  de 
Richelieu,  t.  I",  édit.  Pelitot. 

•  /fciJ.  t.  II,p.  63,  66. 

'  1  Richelieu  était,  comme  la  reine 
mère,  rempli  d'espérance*,»  dit,  au  con- 
traire, M.  Cousin,  tout  préoccupé  de  celle 
fausse  idée  que  I'évêque  de  Luçon  avait 
conseillé  la  guerre,  et  vojait  avec  joie  le 
jour  de  la  bataille  arrivé. 

*  Orig.  Bibl.  imp.  supplément  français, 
920.  Voy.  notre  1"  vol.  p.  653.  Quelques 

•  JonmaJ  dei  Savants,  i86^,  p.  338. 


jours  après  l'cvcnement  et  la  signature  du 
traité  d'.\ngers,  révè(|ue  de  Luçon  écrivait 
encore:  «11  semble  maintenant  que  ce  qui 
esloit  le  plus  esloigné  soit  le  mieuv  réunv, 
tant  les  réconciliations  sont  entières.  Je 
croy  que,  comme  la  raison  les  a  faites, 
qu'elle  les  maintiendra.  »  C'était  bien  là 
ce  que  désirait  Ricliclieu,  et  la  salislattion 
qu'il  exprime  ici  n'est  certainement  pas 
feinte.  {Ibid.  p.  653,  note  A) 


440    '  .     LETTRES 

lonté  irrésistible,  il  ne  changea  pas  d'opinion,  et  aussitôt  qu'après  la  déroute 
on  est  revenu  au  parti  de  la  paix,  c'est  lui  qui  a  été  chargé  de  la  négocier. 

Nous  ne  saurions  trop  le  répéter,  les  intérêts  de  Richelieu  étaient  intimement 
liés  aux  intérêts  de  Marie  de  Médicis;  il  ne  pouvait,  en  ce  moment,  arriver  au 
pouvoir  que  par  elle,  et  pour  qu'il  devînt  puissant  il  fallait  qu'elle-même  fût 
puissante;  la  trahir  alors  c'était  se  trahir  soi-même.  La  paix  qu'il  avait  voulue 
l'année  précédente,  il  la  voulait  encore;  mais  la  question  n'était  plus  à  Angers 
telle  qu'elle  avait  été  à  Angoulême,  lorsque  l'évêque  de  Luçon  emporta  la  réso- 
lution de  la  paix.  Ici,  tout  à  fait  impuissant  à  faire  triompher  son  système  pa- 
cifique, que  voulait-on  qu'il  fit?  fallait-il  qu'il  abandonnât  la  reine  mère  au  mo- 
ment du  péril  ?  C'est  alors  qu'avec  bien  plus  d'apparence  on  viendrait  l'accuser 
de  l'avoir  trahie. 

Vitlorio  Siri ,  qui,  lui  aussi,  n'a  d'autre  autorité  que  le  duc  de  Luynes,  justifie 
de  son  mieux  celui-ci,  et  rejette  tout  le  mal  sur  Richelieu,  en  rapportant  une 
conversation  du  favori  avec  le  nonce  :  «  Nel  ragionamento  mostrô  che'i  maie  venisse 
di  Lusson ,  il  quale  per  posséder  più  la  regina  non  la  vedeva  venire  volentieri  in 
corte.  Et  perche  non  mancavano  di  quelli  che  dicevano  che  vi  fosse  una  intelli- 
genza  sécréta  frà  lui  et  il  medesino  Lusson  allin  che  la  regina  non  venisse,  H  disse 
Luines  che  non  valicarebbono  due  o  tre  giorni  ch'  egli  metterebbe  in  chiaro  la  ve- 
rità  et  farebbe  restare  confusi  i  malevoli ,  et  più  d'ogn'  altri  il  medesimo  Lusson  ' .  • 

Que  Luynes  ait  accusé  Richelieu  d'avoir  fait  tout  le  mal ,  nous  n'en  sommes  pas 
surpris,  c'était  le  rôle  de  Luynes;  ce  que  nous  comprenons  moins  facilement, 
c'est  qu'on  ait  accepté  ce  témoignage  d'un  ennemi  comme  une  vérité  incontes- 
table. Voilà  pourtant  ce  que  fait  Bentivoglio,  lequel  répète  toujours  :  «Luynes 
m'a  dit.  .  .  »  Il  invoque  aussi  les  propos  du  cardinal  de  Relz  et  du  P.  Arnoux, 
mais  tous  deux  ne  font  que  rapporter  ce  que  leur  avait  dit  aussi  Luynes;  de  sorte 
qu'en  définitive  Luynes  reste  toujours  le  seul  témoin.  Et  notez  que  les  paroles 
de  Luynes  rapportées  par  Bentivoglio  se  contredisent  fréquemment  ^  sans  que 
celui-ci  ait  l'air  de  s'en  apercevoir.  Une  contradiction  manifeste  n'est-elle  pas  un 
indice  certain  que  la  vérité  n'est  pas  là.'' 

Au  reste,  les  contradictions  sont  perpétuelles  et  viennent  de  tous  côtés  dans 
cette  période  assez  obscure  de  la  vie  de  Richelieu. 

'   Memorie  recoiidite ,  t.  V,  p.  Aa  ,  édil.  de  tenir  la    reine  mèi-e  séparée   du    roi. 

in-^°  de   167g,  in  Lione  appresso  Anis-  Benlivoglio    dit  au  contraire,  d'après  le 

.sou.  —  Mous  croyons   qu'il  eût   été   dil-  propre  aveu  de  Luynes ,  que  c'était   son 

ficile  à  Luynes  de  réaliser  cette  menace,  intention  déclarée.   (Ci- dessus,   p.  àSo, 

et  il  ne  fa  pas  tenté.  noie  2.) 

'  Luynes  se  défend  d'avoir  eu  la  pensée 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  441 

Nous  verrons  bientôt  les  opinions  diverses  touchant  la  promotion  au  cardi- 
nalat; sur  le  point  qui  nous  occupe,  on  n'est  pas  mieux  d'accord. 

Les  uns,  comme  on  vient  de  le  voir,  ont  accusé  l'évéque  de  Luron  d'avoir,  de 
concert  avec  Luynes,  donné  à  la  reine  mère  de  perfides  conseils  pour  la  pousser 
à  la  déroute  du  Pont-de-Cé;  de  l'avoir,  à  dessein,  séparée  de  tous  ceux  qiii  pou- 
vaient faire  la  force  de  son  parti.  La  veille  de  cette  bataille ,  dit-on ,  i.  Luynes  était 
tout  à  fait  rassuré,  par  ses  intelligences  avec  févéque  de  Luçon,  qui  lui  promet- 
tait que  Marie  serait  bientôt  en  son  pouvoir  '.  » 

Les  autres  lui  ont  imputé  d'avoir  porté  la  reine  mère  à  former,  par  une  entente 
coupable  avec  la  comtesse  de  Soissons,  une  ligue  formidable  avec  l'Espagne,  le 
Piémont  et  les  Huguenots,  pour  perdre  le  duc  de  I^uynes.  Ces  deux  accusations 
sont  évidemment  contradictoires,  et,  à  mon  sens,  fausses  l'une  et  l'autre.  Riche- 
lieu s'est  bien  gardé  de  jouer  le  jeu  de  Luynes;  il  a  voulu  jouer  son  jeu  à  lui,  et 
faire  que  la  reine  mère  pût  reconquérir  son  influence  auprès  du  roi.  S'il  lui  a 
cherché,  dans  ses  démêlés  avec  Louis  XIII,  de  grandes  alliances,  comme  celle 
de  la  comtesse  de  Soissons,  Richelieu  voulait  rendre  le  parti  de  Marie  de  Médicis 
plus  considérable,  afin  d'obtenir  pour  elle  de  meilleures  conditions,  non  en  vue 
de  faire  une  guerre  oii  il  ne  présageait  que  la  défaite.  Et  lorsque,  réduit  à  l'extré- 
mité, la  veille  de  la  bataille,  il  obtient  de  la  reine  mère  fautorisation  d'envoyer 
encore  des  négociateurs^  à  Louis  XIII,  il  leur  donne  ces  instructions  d'une  laco- 
nique énergie  :  accepter  toutes  les  conditions  du  roi.  Un  seul  point  embarrassait 
encore  la  négociation;  il  s'agissait  des  seigneurs  qui  avaient  suivi  le  parti  de  la 
reine  mère,  et  qu'elle  ne  consentait  pas  à  abandonner.  On  finit  cependant  par  con- 
clure un  traité  ;  les  négociateurs  le  rapportèrent  à  Angers,  et  Richelieu  le  fit  signer 
à  la  reine  mère.  Cependant  le  duc  de  Rellegarde,  chargé  de  le  remettre  au  roi, 
n'arriva  pas  à  temps,  et  la  bataille  s'engagea',  mais  l'évéque  de  Luçon  avait  fait 
tout  ce  qu'il  avait  pu  pour  la  i)révenir;  il  voulait  donc  réellement  la  paix.  Il  la 
voulait  à  tout  prix,  ne  pouvant  l'avoir  au  prix  qu'il  avait  d'abord  espéré. 

Il  semble  qu'il  suflirait  d'un  mot  pour  faire  taire  ces  accusations,  maintes  fois 
répétées,  d'une  intelligence  de  Richelieu  avec  Luynes,  [)our  sacrifier  à  sa  propre 
ambition  les  intérêts  d'une  reine  à  laquelle  il  devait  tout;  c'est  que  cette  intel- 
ligence n'était  pas  un  secret,  et  que  Richelieu  ne  s'en  cachait  pas. 

En  quittant  Paris  pour  suivre  la  reine,  Richelieu  n'avait  certainement  pas 
négligé  de  se  ménager  quelque  ouverture  à  la  cour,  et  un  moyen  de  corres- 
pondance avec  ceux  qui  tenaient  en  leur  main  le  sort  de  la  reine  et  le  sien.  Et 

'    Vie  de  Marie  (le  Médicis,  l- m,  p- >}"/■  ^  Le  P.  Griffel,  t.  1,   p.   a66,  édition 

'  Le  duc  de  Bellegarde,  l'archevêque        in-4°- 
de  Sens  et  le  P.  de  Bérulle. 

CARDIN.  DK  IIIGHEL1ED      —  VU.  .S6 


442  LETTRES 

d'ailleurs  personne  ne  croirait  qu'un  homme  aussi  prudent  que  Luynes  eût  con- 
senti à  laisser  Tévêque  de  Luçon  accompagner  la  reine  sans  avoir  sondé  ses  sen- 
timents, sans  s'être  assuré  qu'il  ne  mettait  pas  un  ennemi  auprès  de  la  reine 
exilée.  Mais,  et  c'est  là,  nous  le  répétons,  le  point  décisif,  ni  Richelieu,  ni  de 
LuyneS  ne  faisaient  mystère  de  cet  accdrd.  Le  fait  de  leur  correspondance  n'était 
ignoré  de  personne,  seulement  chacun  pouvait  l'interpréter  à  sa  fantaisie;  aujour- 
d'hui que  leurs  lettres  ouvertes  sont  entre  nos  mains,  nous  savons  qu'elles  n'offrent 
pas  la  moindre  apparence  de  trahison  ;  Richelieu  y  parle  beaucou|)  moins  de  lui 
que  de  la  reine  sa  maîtresse,  dont  il  défend  la  cause  avec  chaleur  et  qu'il  sert 
fidèlement.  On  verra  ci-après  quelques-unes  de  ces  lettres. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  et  malgré ,  selon  nous ,  les  efforts  sincères  de  Richelieu ,  la 
guerre  éclata  et  fut  aussitôt  terminée;  la  bataille  dura  deux  heures.  Un  second 
traité  fut  signé  entre  le  roi  et  sa  mère,  à  Angers,  le  lo  août. 

Maintenant  arrêtons-nous  un  moment  sur  ce  qu'on  vient  de  lire  :  ne  sommes- 
nous  pas  fondé  à  conclure  de  la  simple  exposition  des  faits  que ,  dans  ces  négocia- 
tions entre  la  reine  mère  et  le  roi,  après  la  délivrance  de  Rlois,  Richelieu  a  marché 
d'un  pas  droit  et  a  travaillé  loyalement  à  l'œuvre  de  la  réconciliation?  Il  l'a  fait 
(et  nous  ne  prétendons  pas  en  faire  un  méi'ite  quelconque  à  l'évêque  de  Luçon j , 
il  l'a  fait  parce  que  c'était  son  intérêt.  «Les  témoignages  les  moins  suspects,  dit 
M.  Cousin,  ne  permettent  aucun  doute  sur  la  sincérité  de  Luynes,  mais  celle  de 
Richelieu  est-elle  aussi  certaine'  ?»  On  le  voit,  c'est  un  parti  pris  chez  M.  Cousin 
d'accueillir  toute  parole  de  Luynes  avec  une  pleine  confiance,  et  comme  une  irrécu- 
sable vérité,  tandis  que  toutes  les  paroles  de  Richelieu,  il  les  récuse,  les  jugeant 
artificieusement  calculées.  Est-ce  donc  le  procédé  d'un  historien  vraiment  impar- 
tial? Nous  avons  montré  que  Bentivoglio  ne  sait  rien  que  ce  qu'il  apprend  de 
Luynes,  qu'il  n'a  d'autres  témoignages  contre  Richelieu  que  la  parole  de  ce  témoin 
suspect,  de  cet  ennemi;  et  Bentivoglio  est  à  son  tour  l'unique  témoin  de  M.  Cou- 
sin; de  sorte  qu'en  définitive  c'est  Luynes  tout  seul  qui  est  entendu  dans  celte 
enquête.  J'avoue  que  cela  ne  me  suffît  pas  pour  rester  convaincu  de  la  dupli- 
cité, de  la  perfidie  du  conseiller  de  Marie  de  Médicis,  non  plus  que  de  la  bonne 
foi,  de  la  parfaite  sincérité  du  favori  de  Louis  XIIL  Sans  doute,  je  n'espère 
pas  trouver  l'exacte  vérité  dans  les  Mémoires  de  Richelieu,  pas  plus  que  dans 
les  déclarations  du  duc  de  Luynes  ;  tout  cela  peut  être  également  arrangé  pour 
l'histoire,  ou  pour  la  politique;  mais  j'examine  les  actes,  et  derrière  les  actes  je 
cherche,  il  faut  le  répéter,  les  intérêts,  parce  que  c'est  une  considération  qui, 
sur  des  hommes  tels  que  Richelieu  et  Luynes,  exerçait  une  incontestable  in- 

'  Journal  fies  Savants,  1861,  p.  346. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  443 

fluence.  Malgré  l'admirable  talent  d'exposition  qui  recommande  les  articles  sur 
le  duc  et  le  connétable  de  Luynes,  on  est  frappé  de  l'embarras  visible  qu'éprouve 
M.  Cousin  dans  l'accomplissement  du  labeur  qu'il  a  entrepris  de  rabaisser  le 
caractère  de  l'évèque  de  Luron  pour  relever  celui  du  connétable,  de  donner  un 
noble  rôle  à  celui-ci,  tandis  qu'il  fait  jouer  à  celui-là  le  plus  triste  personnage; 
dans  l'affaire  du  cardinalat,  l'un  est  un  habile  mystificateur,  l'autre  une  dupe 
dont  on  se  moque;  dans  les  négociations  entre  le  roi  et  sa  mère,  Luynes  est  loyal 
avec  Richelieu  et  dévoué  à  son  maître;  Richelieu  immole  la  reine  mère  à  un 
égoïsme  hypocrite;  il  est  de  mauvaise  foi  à  l'égard  de  Luynes  en _  même  temps 
qu'infidèle  à  sa  royale  maîtresse.  Richelieu  paralyse  les  puissantes  armées  des 
ducs  d'Epernon  et  de  Mayenne  «  qui  seules  pouvaient  bien  faire  la  guerre  '  ;  •  et  il 
fait  combattre  Marie  de  Médicis  au  Pont-de-Cé,  «  avec  la  petite  armée  d'Anjou^,  • 
sans  aucune  chance  de  succès.  Il  a  obstinément  fait  échouer  toutes  les  tentatives 
de  réconciliation  entre  la  mère  et  le  fils,  uniquement  pour  assouvir  son  ambi- 
tion; enfin  "  il  a  traité  sous  main  pour  son  compte,  moyennant  un  prix  convenu'.  « 
Ne  voilà-t-il  pas  tous  les  signes  de  la  trahison  ? 

Cependant  quelques  pages  plus  loin,  et  lorsqu'il  ne  place  plus  l'évèque  de 
Luçon  en  présence  de  son  h^ros,  M.  Cousin  s'indigne  contre  ceux  qui  accusent 
Richelieu  de  trahison  :  «Il  avait  perdu  sa  maîtresse,  dit-il,  il  ne  l'avait  pas 
trahie*.»  Et  presque  aussitôt,  après  quelques  considérations  pleines  de  sens,  il 
s'écrie  encore  :  •  N'est-il  pas  tout  a  fait  absurde  de  prétendre  qu'il  l'a  trahie  ?  ■■ 

D'où  vient  cette  contradiction  que  tout  le  prestige  du  style  de  M.  Cousin  ne 
parvient  pas  à  dissimuler,  si  ce  n'est  de  cette  lutte  intime,  dont  peut-être  lui-même 
ne  s'est  pas  bien  rendu  compte,  entre  le  désir  de  donner  en  ce  moment  à  Luynes 
tous  les  mérites  de  loyauté,  de  patriotisme,  d'habileté,  et  la  crainte  de  dégrader 
ce  grand  caractère  de  Richelieu,  pour  lequel,  après  tout,  M.  Cousin  avait  une 
admiration  véritable? 

Une  autre  contradiction  non  moins  manifeste,  c'est  de  soutenir  que  Luynes  avait 
un  désir  sincère  de  rappeler  auprès  du  roi  la  reine  mère*,  qui  ne  pouvait  revenir  à 

'  Journal  des  Savants ,  i86a,p.  3i3.  trop  éveillé  sur  tout  ce  qui  pouvait  menacer 

'  Jbid.  p,  338.  la  faveur  dont  il  jouissait,    pour  ne   pas 

'  Ibid.  p.  3i3.  comprendre  qu'une  fois  rétablie  à  la  cour, 

*  Ibid.  p.  337.  vivant  près  du  roi  son  fils,  et  sous  la  con- 

'  M.  Cousin  a  reconnu  (Journal  des  Sa-  duilede  Richelieu,  larcine  mère  reprenait 

vanls,  1863,  p.  57)  que  Luynes  craignait  forcément  une  place  considérable  dans  les 

surtout  de  voir  la  reine  mère  réinstallée  affaires,  et  qu'alors  il  serait  tout  a  l'ait  im- 

dans  le  conseil;  mais  Luynes  était  trop  puissant  à  tenir  fermées  devant  celle  prin- 

intelligenl  et  trop  prévoyant;  il  avait  l'œil  cesse  les  portes  du  conseil. 

.  56. 


444 


LETTRES 


la  cour  qu'avec  Richelieu  ;  en  même  temps  qu'il  démontre  avec  la  dernière  évidence 
et  par  des  preuves  certaines  la  crainte  profonde  qu'éprouvait  Luynes  de  l'in- 
fluence de  la  reine  mère,  et  surtout  de  celle  de  Richelieu  la  guidant  de  ses  con- 
seils. Est-il  possible  de  n'être  pas  frappé  de  telles  contradictions  et  de  ne  point 
apercevoir  l'embarras  qu'elles  révèlent? 

Nous  arrivons  au  second  des  points  sur  lesquels  nous  essayons  d'apporter 
quelque  nouvelle  lum;ière. 

Nous  avons  dit  qu'une  seconde  paix  avait  été  signée  le  lo  août  1620.  Une  des 
conditions  de.  cette  paix  fut  certainement  la  promesse  des  deux  chapeaux,  déjà 
promis,  pour  l'archevêque  de  Toulouse  et  pour  l'évêque  de  Luçon. 

l.a  promotion  de  l'évêque  de  Luçon  éprouva  de  longues  et  pénibles  vicissi- 
tudes. Il  y  a  pour  cette  affaire,  comme  pour  celle  que  nous  venons  d'exposer,  un 
fait  obscur  à  éclaircir,  afin  de  bien  distinguer  ce  que  les  historiens  ont  dit  de 
faux  ou  de  vrai  sur  cette  circonstance  importante  de  la  vie  du  cardinal. 

Nous  avons  trouvé,  dans  le  manuscrit  du  fonds  de  Sorbonne  compilé  par 
Le  Masle,  trois  lettres  du  roi;  l'une  au  pape,  l'autre  au  cardinal  Borghèse,  neveu 
du  pape,  la  troisième  à  l'ambassadeur  de  France  à  Rome,  le  marquis  de  Cœuvres. 
Le  roi  réclame  avec  instance  la  dignité  de  cardinal  pour  les  deux  protégés  de  sa 
mère,  MM.  de  La  Valette  et  de  Richelieu.  Le  manuscrit  ne  donne  à  ces  copies  ni 
suscription,  ni  date;  il  nous  a  été  facile  de  suppléer  les  suscriptions ;  quant  à  la 
date,  nous  avons  éprouvé  quelque  incertitude,  et  nous  nous  sommes  décidé  à  la 
mettre  en  1619'.  M.  Cousin  veut  qu'elles  soient  du  mois  d'août  1620,  et  il  se 
peut  qu'il  ait  raison. 

Mais  M.  Cousin  ajoute  qu'en  1619  «  la  France  ne  demanda  point  de  chapeau 


'  En  mellant  ces  lettres  au  mois  de 
septembre  1619  (l.  I",  p.  619),  nous  sup- 
posions qu'elles  avaient  été  écrites  ensuite 
de  promesses  faites  alors,  et  d'ailleurs 
croyant  peu  vraisemblable  qu'elles  eussent 
pu  être  adressées  à  Rome,  en  1620,  une 
dizaine  de  jours  seulement  avant  le  2  9  août , 
jour  où  le  roi  renouvelle  au  pape  la  même 
demande,  et  dont,  pour  celle-ci,  la  date 
est  certaine.  —  Quant  à  savoir  si  ces 
trois  lettres ,  qui  sont  imprimées  dans  le 
I.  1"  de  notre  collection ,  doivent  ou  non 
figurer  parmi  les  lettres  de  Richelieu ,  nous 
avons  dit  (  loc.  cit.  )  les  motifs  qui  nous  ont 


engagé  à  les  admettre,  ne  les  considérant, 
pas  comme  l'œuvre  exclusive  de  Puisieux, 
et  nous  répétons  que,  si  le  prieur  des 
Roches,  le  meilleur  juge  à  cet  égard,  les 
a  copiées  dans  son  recueil  des  missives  de 
son  illustre  patron  ,  c'est  qu'il  a  su  que 
l'évêque  de  Luçon  n'avait  pas  été  étranger 
à  la  rédaction.  Sans  doute  il  était  de  la 
charge  du  secrétaire  d'Etat  de  les  faire  si- 
gner au  roi ,  de  les  envoyer  et  aussi  de  tenir 
la  plume;  mais  il  ne  sond)lc  pas  douteux 
que,  dans  la  position  où  étaient  en  ce  mo- 
ment la  reine  mère  et  son  protégé,  celui- 
ci  n'ait  à  peu  près  dicté  ces  trois  lettres. 


DU  CARDINAL  DE  KICHELIEU.  445 

pour  lY'vêque  de  Luçon;  »  et  ici  nous  ne  saurions  nous  rendre  à  cette  affirmation 
de  l'illustre  écrivain.  Nous  avons  sur  ce  point  le  témoignage  de  l'abbé  Mourgues 
de  Saint-Germain  qui  était  alors  auprès  de  la  reine  mère,  et  qui  depuis  a  écrit 
sur  les  souvenirs  de  cette  princesse  aussi  bien  que  sur  ses  propres  souvenirs.  Ce 
défenseur  de  Marie  de  Médicis,  dont  les  pamphlets  calomnieux  ne  méritent 
nulle  confiance,  devient  un  témoin  sérieux  dès  qu'il  ne  s'agit  que  d'un  fait  qui 
n'implique  aucun  blâme  contre  Uichelieu.  Or  que  dit  l'abbé  de  Saint-Germain  .3 
«  La  paix  [d'Angouléme]  fut  faicte  avec  la  promesse  secrette  d'un  bonnet  de  car- 
dinal pour  l'évesque  de  Luçon'.  »  Outre  cet  irrécusable  témoignage  et  d'autres 
indices,  nous  avons  un  document  que  M.  Cousin  ne  connaissait  pas,  et  qui  prouve 
que  le  manque  de  foi  dont  l'évèque  de  Luçon  se  plaignait  en  1620  n'était  pas  le 
premier  qu'il  pût  reprocher  au  favori.  Nous  avons  une  lettre  signée  :  Saint-Caiiste, 
adressée  de  Rome  à  l'évèque  de  Luçon,  en  janvier  1621  2,  à  l'occasion  de  la  pro- 
motion qui  venait  de  se  faire,  et  dans  laquelle  Richelieu  encore  n'avait  pas  été 
compris.  Nous  y  lisons  :  «  Maintenant  qu'il  ne  s'agit  point  tant  de  l'honneur  que 
l'on  vous  veut  promouvoir  que  de  la  dignité  du  roy  et  de  sa  couronne,  qui  est 
entièrement  engagée  à  obtenir  ce  tfue  depuis  dix-huict  mois  S.  M.  a  continuellement 
faict  demander  par  M'  l'ambassadeur,  et  depuis  si  vivement  poursuivi  par  l'envoi 
de  tant  de  courriers.  .  .  •  Ces  dix-huit  mois  nous  reportent  précisément  au  traité 
d'Angouléme.  Saint-Caliste  était  d'ailleurs  un  personnage  auquel  on  doit  s'en 
rapporter;  il  était  à  Rome,  et  il  écrivait  à  Richelieu  lui-même;  comment  croire 
qu'il  lui  ait  écrit  ce  qui  n'était  pas^.^  Il  ne  saurait  donc  exister  le  moindre  doute 
sur  une  demande  de  chapeau  faite  à  Rome  pour  Richelieu  en  1619. 

Au  reste  la  nouvelle  demande  faite  en  1620  n'eut  pas  plus  de  succès  que 
la  première,  quoiqu'elle  ait  été  en  apparence  mieux  accueillie.  Une  lettre  du  car- 
dinal Borghèse  adressée  à  l'évèque  de  Luçon  le  1 5  septembre,  à  l'occasion  de  celle 
que  le  roi  lui  avait  écrite  le  29  août,  félicite  Richelieu  de  l'éclatante  justice 
rendue  à  son  mérite  éminent;  le  cardinal  neveu  promet  d'appuyer  la  demande 
de  tout  son  pouvoir  :  «In  quello  che  potrà  derivar  da  me,  obbedirô  al  comman- 


'  Les  lumières  pour  l'histoire  de  France,  communique  vers  ce  temps  au  P.  Jcjsenli 

etc.  p   70  de  l'éd.  in-4'  de  i636.  une  lettre  dud.  s'  de  Saint-Caiiste;  c'était 

"  Classée  dans  le  manuscrit  en  i6ao;  probablement  celle-là  même  que  nous  ci- 

inais  le  texte  même  offre  plusieurs  preuves  tons,£e//resrfe7Jic/ie/ie«,  1. 1", p.  63Q.Cette 

certaines  qu'elle  est  de  1621.    (Archives  Icltre  de  l'évèque  de  Luçon  au  P.  Joseph 

des  Affaires  étrangères;  Rome,  l.  XXIII,  (Eïécliiéli)  a  été  mal  classée  par  nous.  H 

volume  non  numéroté.)  faut  voir  l'errala  général  où    nous  indi- 

'  Nous  voyons  que  févèque  de  Luçon  quons  sa  véritable  place. 


446 


LETTRES 


damento  di  lor  maestà^  »  On  verra  bientôt  que  ces  protestations  étaient  peu 
sincères. 

Mais  Richelieu  était  trop  perspicace  pour  compter  beaucoup  sur  les  assurances 
f)olies  du  cardinal  neveu,  dont  la  bonne  volonté,  eût-elle  été  même  aussi  vive 
qu'elle  paraissait,  devait  rencontrer  plus  d'un  obstacle. 

A  quatorze  ans  de  là  en  arrière,  Richelieu  ne  voyant  pas  venir  l'insti- 
tution pour  l'évêché  de  Luçon,  que  lui  avait  donné  Henri  IV,  l'alla  cher- 
cher lui-même.  Il  n'en  pouvait  faire  autant  pour  le  cardinalat.  Si  aujourd'hui 
il  y  avait  à  prendre  à  Rome  un  chapeau,  à  Paris  il  y  avait  à  espérer  autre 
chose,  et  Richelieu  ne  pouvait,  en  ce  moment,  quitter  la  reine  mère.  Il 
envoya  donc  près  du  pape  un  autre  lui-même,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus 
haut  2.  • 

L'abbé  de  la  Cochère  partit  peu  de  temps  après  la  date  de  sa  lettre  de  créance. 
11  écrit  de  Turin  à  son  frère  Claude  Routhillier,  le  3o  septembre,  sur  le  point 
de  se  rendre  à  Rome;  il  a  bon  espoir,  mais  il  ne  se  fait  pas  d'illusion  sur  les 
difficultés;  et  il  ne  connaissait  certainement  pas  les  plus  insurmontables  : 
«Je  vous  supplie,  dit-il  à  son  frère,  de  vous  rendre  actif  plus  que  jamais, 
afin  de  prévoir  à  tout  ce  qui  peut  altérer  tant  soit  peu  la  bonne  intelligence 
que  nous  avons  tant  désirée .  .  .  Aidez  à  lier  de  plus  en  plus  les  cœurs,  à  quoy 
vous  servira  d'entretenir  le  plus  souvent  ceux  qui  sont  le  plus  dans  l'action  de 
la  Cour.  .  .  »  L'abbé  de  la  Cochère  nomme  les  personnages  dont  il  faut  solliciter 
les  bons  offices  :  «  Surtout  M.  de  Sens^,  lequel  sans  doute  a  un  grand  pouvoir 
sur  les  esprits ...  Il  est  raisonnable  de  soulager  en  cecy  M.  de  Luçon  qui  porte 
presque  seul  tout  le  faix  de  la  maison  de  la  reyne ...  Il  est  bon  aussy  que  vous 


'  Orig.  Arch.  des  AfT.  élr.  Rome, 
t.  XXIII. 

'  P.  438.  Ajoutons  ici,  au  sujet  de  la 
lettre  qui  accréditnit  fabbé  de  la  Cochère  : 
La  copie  de  cette  lettre  dont  l'original  est 
au  British  Muséum  avait  été  envoyée  au 
ministre  de  l'instruction  publique  par  un 
homme  de  lettres  alors  en  mission  à 
Londres ,  avec  cette  note  :  «  D'après  l'ori- 
ginal autographe.» —  Autographe,  j'en 
doute,  mais  il  se  peul  que  la  plume  ait  été 
tenue  par  Lucas,  le  secrétaire  de  la  main. 
Je  pensais  que  la  lettre  avait  dû  être  à  peu 
près  dictée  au  secrélaire  du  roi  par  Riche- 


lieu, lequel  était  alors  à  Tours,  avec  la 
reine  mère,  auprès  de  S.  M.  dans  la  pre- 
mière ferveur  d'une  récente  réconciliation. 
M.  Cousin,  qui  n'a  connu  que  le  texte  im- 
primé dans  notre  I"  volume,  a  dit  que 
cette  dépêche  était  de  Puisieux  et  non 
de  Richelieu  [Journal  des  Savants,  1862, 
p.  686).  Son  assertion  vaut-elle  mieux  que 
ma  conjecture?  Je  n'en  sais  rien;  je  ne 
puis  nier,  ni  affirmer,  n'ayant  pas  eu  entre 
les  mains  l'original,  qui  m'aurait  peut-être 
offert  quelque  indice. 

'  C'était  le  frère   de   feu   le    cardinal 
Duperron. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  447 

disiez  librement  à  M.  de  Luynes  ce  que  vous  jugerez  plus  nécessaire  pour  main- 
tenir les  choses  au  bon  estât  auquel  elles  sont'.  » 

Et  ces  recommandations,  Tabbé  de  la  Cocbère  les  renouvelle  constamment 
durant  deux  ans  qu'il  a  sollicité  à  Rome  cette  grande  afTaire  du  chapeau  pour 
révéque  de  Luçon.  Sans  cesse  il  demande  qu'on  aide  Richelieu ,  qui  ne  s'aide  pas 
lui-même.  Nous  n'avons  pu  trouver  une  longue  lettre  qu'il  lui  écrivait  en  ce 
temps-là,  mais  nous  en  avons  le  sens  dans  une  autre  missive,  adressée  le  même 
jour,  3i  octobre,  à  Routhillier,  son  frère  :  «  J'ay  bonne  opinion ,. disait  l'abbé  de  la 
Cochère,  de  l'affaire  de  M.  de  Lu(;on,  pourveu  qu'on  face  à  la  Cour  exactement  ce 
que  je  iuy  escris,  et  dont  je  donne  l'air;  et  en  celles  que  j'escris  à  M.  de  Luynes 
et  en  celle  que  j'escris  à  M.  de  Puisieux ,  à  qui  M.  l'ambassadeur  en  escrit  fort 
amplement,  et  mesme  M.  de  Chasan,  qui  est  un  très  honneste  homme,  et  avec 
leijuel  j'ay  faict  une  particulière  amitié.  » 

Quel  était  ce  personnage  dont  l'ami  de  Richelieu  semble  espérer  le  concours? 
Bentivoglio  va  nous  l'apprendre.  Ghassan  avait  une  mission  secrète,  déguisée 
sous  l'apparence  d'une  mission  avouée,  laquelle  n'était  qu'un  prétexte. 

Luynes,  de  |)lus  en  j)liis  inquiet  de  l'inlluence  que  pourrait  prendre  la  reine 
mère,  guidée  par  Richelieu  acci-u  de  cette  grande  dignité  de  prince  de  l'église,  ré- 
solut de  les  tromper  tous  deux;  et,  en  même  temps  qu'il  adressait  au  Pape,  au 
cardinal  neveu,  et  à  l'ambassadeur  de  France  à  Rome,  les  lettres  contenant  la 
demande  formelle  et  pressante  de  deux  places  de  cardinaux  pour  l'archevêque 
de  Toulouse  et  pour  l'évéque  de  Luçon,  Luynes  imagina  de  faire  signer  au  roi 
une  déj)éche  mystérieuse  ^i  par  I;K[uelle  on  avertissait  S.  S.  que  la  demande  faite 
pour  M.  de  la  Valette  était  seule  sérieuse,  et  qu'on  ne  voulait  pas  de  chapeau 
pour  l'évéque  de  Luçon.  Aûn  de  ne  pas  ébruiter  la  duplicité  de  cette  manœuvre 
souterraine,  on  abandonnait  pour  ce  moment  le  droit  qu'avait  la  France  à  deux 
places  dans  le  sacré  collège.  Or  ce  fut  M.  de  Ghassan  qu'on  chargea  de  porter 
cette  dépêche  annulant  en  partie  les  trois  dépêches  ollicielies ,  dont  aussi  sans 
doute  il  était  en  même  temps  porteur. 

On  comprend  de  combien  de  précautions  dut  être  entourée  cette  perfidie  poli- 
tique; si  la  reine  mère  eût  pu  s'en  douter,  le  ressentiment  de  se  voir  ainsi  jouée, 

'   Autographe.  Arch.  des  AIT.  étr.  Turin,  P.  GrifFet,  nous  avions  voulu  penser  que  le 

l.  III ,  fol.  a  I  4.  loi  n'avait  pas  trempé  dans  celte  l'ourberiu 

'  Nous  avions  bien  soupçonné,  de  la  et  surtout  ne  l'avait  pas  autorisée  de  sa  si- 
part  du  duc  de  Luynes,  quelque  souVde  -ïnalureoflicielle.  Nous  nous  étions  Irompé, 
et  déloyale  pratique,  ourdie  contre  l'évéque  et  c'est  avec  pleine  raison  que  M.  Cousin, 
de  Luçon  [Lettres  de  Richelieu,  t.  1",  s'appuyant  sur  une  dépêche  de  Bentivo- 
p.  6 1 8,  note)  ;  mais ,  d'accord  en  ceci  avec  le  glio ,  a  relevé  cette  erreur. 


448 


LETTRES 


animé  encore  par  le  dépit  de  Richelieu,  aurait  pu,  dans  l'état  actuel  des  affaires, 
amener  de  déplorables  résultats;  aussi,  peu  de  personnes  furent  mises  dans  la  con- 
fidence à  Paris;  et,  à  Rome,  le  pape  et  le  cardinal  neveu  auraient  dû  être  les  seuls 
informés';  l'ambassadeur  fut  trompé  comme  les  autres,  et  on  lui  fit  jouer  ce  rôle 
ridicule  de  poursuivre  avec  chaleur,  et  par  ordre  de  sa  cour,  une  affaire  pour 
laquelle  il  était  officiellement  désavoué.  Cet  ambassadeur  était  le  futur  maréchal 
d'Estrées. 

Cependant  Chassan  était  arrivé  à  Rome  avant  l'abbé  de  la  Cochère,  qui ,  comme 
on  a  vu,  chercha  à  lier  avec  lui  amitié,  bien  loin  de  se  douter  qu'il  fût  venu  tout 
exprès  pour  faire  échouer  l'affaire  dont  lui,  la  Cochère,  poursuivait  l'accomplis- 
sement. 

L'intrigue  contre  Richelieu  suivait  son  cours;  et  dans  les  premiers  jours  de 
novembre  un  gentilhomme  de  la  chambre  du  roi,  Marsillac,  chargé  olliciellement 
d'aller  annoncer  au  Pape  la  nouvelle  des  succès  obtenus  en  Béarn  contre  les  pro 
testants,  portait  encore  un  message  secret  de  Luynes,  confirmant  les  résolutions 
qu'on  avait  déjà  envoyées  par  Chassan^. 


'  Bentivoglio  dit  dans  sa  lettre  :  «  Ec- 
céttuate  quelle  persone  délie  quali  Chias- 
san  devra  valersi,  che  sarà  particolar- 
mente l'Eschnard.  »  (Dép.  du6  septembre.) 
Le  S'  Eschinard  n'était  point,  comme  on 
l'a  dit,  un  agent  secret,  c'était  un  fonc- 
tionnaire entretenu  par  la  France  près  le 
gouvernement  pontifical ,  avec  le  titre 
d'expéditionnaire  eh  cour  de  Borne.  Nous 
le  rencontrons  quelquefois  dans  la  corres- 
pondance de  Richelieu.  —  On  ne  com- 
prend guère  qu'un  secret  qu'il  était  si  im- 
portant détenir  profondément  caché*,  qui, 
en  France  était  resté  entre  Luynes,  Pui- 
sieux  et  Bentivoglio,  fût  livré,  à  Rome, 
à  des  employés  subalternes,  tels  qu'Eschi- 
nard.  Chassan  ne  devait  avoir  besoin  de 
personne  pour  le  succès  d'une  intrigue  à 
laquelle  le  saint -père  était  tout  prêt  à 
donner  les  mains  ;  le  difficile  alors ,  c'était 

*  «Mi  hanno  prcgato  islanlîssimamcnte  Luynes 
p.  Pisius  a  lener  segretissima  quesla  parle  piii  intima 
del  negozio,  ed  a  procnrare  che  si  guardi  il  medesimo 
segreto  in   Borna  con   ogni  maggior  diligenza.  . .  » 


d'obtenir  la  promotion  de  Richelieu ,  et  rien 
n'était  plus  aisé  au  contraire  que  de  le  faire 
exclure.  Il  suliisait  que  la  mvstérieuse  dé- 
pèche fût  donnée  au  cardinal  neveu  sans 
mettre  aucun  intermédiaire  dans  la  con- 
fidence; et,  selon  les  usages  diplomatiques, 
Chassan  n'aurait  pas  dû  être  instruit  du 
double  message  dont  il  était  porteur.  — 
Cependant  il  paraîtrait,  d'après  les  lettres 
de  Bentivoglio,  qu'on  avait  tout  dit  à  Chas- 
san. Quoi  qu'il  en  soit,  le  secret  fut  assez 
bien  gardé,  dans  le  premier  moment ,  pour 
que  ni  Hichelieu  à  Paris ,  ni  le  marquis 
de  Cœuvres  à  Rome,  n'en  eussent  pas  le 
moindre  vent  ;  et ,  grâce  à  la  discrétion  des 
archives  romaines,  nous  n'en  saurion.s  en- 
core rien  aujourd'hui,  si  la  dépèche  iiu- 
priméede  Bentivoglio  ne  nous  f  eût  appris  **. 
^  1  Del  vero  segreto  intorno  a  Lusson  ha 
nioslralo   iiieco   d' esser  informalo  Marsi- 

Cc   sonl  les  termes  mêmes    de  la  lettre  de  Benti- 
voglio. 

**  Voir  cette  curieuse  dépêche  dans  l'édition  de 
Scarabclli,  p   376. 


DtJ   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  449 

Cette  persistance  dans  l'exclusion  donnée  à  l'évêque  de  Luçon  semble  assez  sin- 
gulière lorsqu'on  voit,  quatre  jours  après  le  départ  de  Marsillac,  et  aussitôt 
l'arrivée  du  roi  à  Paris  (7  novembre),  la  cour  s'occuper  d'unir  les  familles 
de  Luynes  et  de  Richelieu,  par  le  mariage  de  la  nièce  de  celui-ci,  Marie  Vigne- 
rot  de  Pont-Courlay,  avec  le  marquis  de  Combalet,  neveu  du  connétable,  union 
qui  fut  célébrée  dans  la  demeure  royale  le  26  novembre  et  qui  étonna  bien  du 
monde. 

Luynes,  qui  avait  une  si  grande  et  si  légitime  appréhension  de  l'influence  de 
Richelieu,  pouvait-il  espérer  d'enchaîner  son  ambition  par  cette  alliance?  Parce 
que  M'"'  de  Pont-Courlay  épousait  M.  de  Combalet,  Richelieu  allait-il  s'arrêter 
tout  court  à  l'entrée  de  la  carrière  où  il  brûlait  d'entrer.''  Luynes  était  trop  avisé 
pour  le  croire.  Comment  donc  expliquer  l'inconséquence  de  sa  conduite?  Quoi 
qu'il  en  soit,  un  mois  ne  s'était  pas  écoulé  depuis  le  départ  de  Marsillac  qu'un 
nouveau  messager  était  expédié  porteur  de  dépêches  qui  sollicitaient  la  promo- 
tion de  Richelieu  avec  la  même  insistance  que  l'on  avait  mise  tout  récemment  à 
demander  son  exclusion;  el  le  nonce  fut  prié  de  joindre  ses  dépêches  aux 
dépêches  oUicielles. 

Bentivoglio,  qui  avait  applaudi  de  tout  son  cœur  à  la  ruse  dont  on  l'avait  fait 
confident,  qui  s'y  était  associé  avec  beaucoup  de  zèle,  qui  avait  taxé  le  projet  de 
cette  promotion  de  cosa  stravagiinlissima',  qui  avait  affirmé  que  le  roi  estimerait 
faire  en  cela  une  action  trop  indigne  (un  azione  troppo  indegna)^,  qui  enfin ,  un 
peu  plus  tard,  s'était  moqué  de  l'ambition  effrénée  de  l'évêque  de  Luçon  et  de 
Vextravagance  de  la  reine  mère',  fut  bien  étonné  et  un  peu  blessé  peut-être  de  se 
voir  pressé,  au  nom  de  Luynes  et  au  nom  du  roi,  de  mettre  son  zèle  au  service 
de  cette  ambition  el  de  cette  extravagance,  et  d'être  invité  d'écrire  à  Rome  préci- 
sément le  contraire  de  ce  qu'on  lui  avait  fait  écrire  quelques  semaines  auparavant. 
C'est  alors  qu'il  aurait  pu  répéter,  et  plus  à  propos,  l'exclamation  que  lui  avait 
inspirée  le  début  de  l'aflaire  :  «  Sono  dunque  mirabili  sempre  più  le  mutazioni 
délia  Francia''!  • 

gliac  mandate  ora  coslà  e  clie  si  persista  comme  une  iiuniiiialion  pour  sa  couronne  : 

conie  prima  il  non  volerlo  cardinale.  .  .  »  «Comprare,  per  co.si  dire,  da  Lusson,  con 

(Dép. du  3  nov.)  Ainsi  ce  grand  secret,  s'il  questa  dignità,  la  pace  cli'  è  seguita  colla 

en   faut  croire  les  lettres  de  Bentivoglio,  sua  madré.» 
on  le  disait  à  tout  le  monde.  '  «  Stravagante    islaiiza   è   quella    délia 

'  Dépêche  du  6  septembre,  p.  877  Je  regina  madré,  e  ben  si  vede  la  sfrenata 

l'éd.  Scarabelli.  ambizione  di  Lusson.  ■    (Dép.   du   7  oct. 

'  P.  376.  Et  Louis  XllI  expliquait  ainsi  p.  385,  t.  11.) 
sa  répugnance  à  un  acte  qu'il  considérait  '  Dépèche  du  6  sept.  p.  377  précitée. 

CARDIN.  DE    RICHELIRC.  —  VU.  67 


650  LETTRES 

Aussi  Bentivoglio  se  garda  bien  de  s'associer  à  cette  politique  étourdie,  sans 
suite  comme  sans  prévoyance,  et  qui  défaisait  un  jour  ce  qu'elle  avait  fait  la 
veille.  Bien  loin  de  mettre  ici  la  bonne  volonté  et  l'entrain  avec  lesquels  il  avait 
secondé  la  première  intrigue,  il  se  borne  cette  fois  à  mander  tout  simplement  au 
cardinal  neveu  le  revirement  qui  s'était  opéré,  mais  sans  un  mot  d'assentiment 
ou  même  de  conseil  '. 

Les  mystérieuses  machinations  ourdies  contre  lui,  Richelieu  les  soupçonnait  sans 
|)ouvoir  les  pénétrer  tout  à  fait  ;  mais  s'il  n'en  avait  pas  le  secret ,  les  indices  au 
moins  ne  lui  manquaient  pas.  L'un  de  ses  meilleurs  amis,  Charles  de  l'Aubespine, 
évéque  d'Orléans,  frère  de  Chàteauneuf,  et  que  ses  liaisons  de  famille  mettaient 
à  portée  d'être  bien  informé  des  choses  de  la  cour,  lui  écrivait  d'Orléans,  le 
12  novembre  1,620,  précisément  dans  le  temps  de  l'envoi  de  Marsiiiac  à  Rome. 
«  Vous  ne  trouverez  pas  mauvais  d'estre  adverty  qu'un  chevalier  de  l'ordre  medist 
hier  que  vostre  promotion  n'estoit  pas  encore  asseurée ,  et  que  le  pape  estoit  bien 
adverty  de  trois  choses  qui  vous  peuvent  nuire  :  qu'aviez  juré  avoir  l'âge  es- 
tant à  Rome  et  que  ne  l'aviez  pas.  Que  durant  vostre  charge  de  secrétaire  d'estat 
qu'aviez  fait  le  pis  contre  le  Saint-Siège  qu'aviez  peu.  Que  nouvellement  aviez 
reciierché  les  huguenots  pour  prendre  les  armes  et  servir  avec  la  reine  mère; 
qu'on  avait  envoyé  exprès  à  Rome  pour  les  tenir  advertys  de  cela;  que  luy-mesme 
l'avait  dit  à  M.  de  Luynes.  Qu'il  ne  pensoit  pas  que  le  pape  voulust  changer  de 
f-yon^,  et  que  Ghassan  n'avoit  pas  opéré  si  bien  qu'on  se  promettoit,  et  que  fex- 
pédient  estoit  de  fort  différer.  Vous  estes  assez  advisé  pour  en  faire  vostre  profit. 
Ensuitte  de  cela  je  recognus  qu'ils  font  ce  qu'ils  peuvent  pour  M.  de  Sens;  advisez-y 
et  m'a^seure  qu'y  prenant  garde  vous  trouverez  de  ce  costé  là  de  mauvaises  inten- 
tions. —  Le  secrétaire  du  marquis  [de  Cœuvres]  est  icy,  à  qui  je  parle  souvent 
de  vostre  fait;  il  eu  parle  bien  et  devez  vous  l'affider,  car  il  peut  vous  servir.  Je 
suis  marry  que  mes  affaires  ne  me  permettent  d'aller  à  Paris  pour  voir  de  petites 
choses  qui  ne  vous  seront  pas  dittes  et  qui  servent,  et  à  veiller  à  cela  pour  vous 
servir  d'affection,  estant  vostre  affectionné  confrère  et  serviteur,  Gabriel  évesque 
d'Orléans^.  » 

Cette  lettre  montre,  et  d'autres  documents  achèveront  de  le  prouver,  que 
l\ichelieu  n'était  pas  la  dupe  de  ses  ennemis  comme  ledit  M.  Cousin  et  comme 
l'ont  cru  quelques  historiens. 

Quant  à  la  Cochère,  qui  ignorait  le  secret  des  missions  confiées  à  Ghassan  et 

'   «  Nostro  Signore  e  V.S.  iliust.  famniio  Lyon,  lequel  avait  été  proposé,  et  ne   fut 

le   riflessioni  che   conviene   sopra  qiiesti  cardinal  que  fannée  suivante, 
particolari.  »(Dép. du  17 décembre, p. 4o3  )  '  Arch.  des  AIT.  étr.  Rome,  t.  XXIII. 

^   VI.   de  Marqueniont,   arciievêque  de  vol.  non  coté. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  451 

à  Mai-siUac,  il  conservait  tout  son  espoir  el  s'elForçait  de  le  faire  partager  à  Riche- 
lieu dans  une  lettre  de  quatre  pages,  écrite  le  25  novembre'. 

L'événement  ne  tarda  pas  à  le  détromper;  la  promotion  parut  le  i  i  janvier, 
l'archevêque  de  Toulouse  y  était  seul  compris  pour  la  France.  Les  dépêches  de 
décembre  n'avaient  point  prévalu  sarcelles  d'août  et  de  novembre;  le  pape  s'en 
était  tenu  à  celles-ci,  beaucoup  plus  conformes  à  ses  propressentiments.  Peut-être 
aussi  n'était-il  pas  fâché  de  faire  sentir  au  ministre  de  Louis  XIII  que  le  Sainl- 
Siége  n'entendait  pas  se  soumettre  aux  étranges  légèretés  de  ses  caprices. 

Cependant  quelques  bonnes  paroles  suivirent  bientôt  sans  doute  l'échec  du 
1 1  janvier,  car,  dès  le  iG,  l'abbé  de  la  Cochère  mandait  à  sou  frère  : 

"  Vous  pouvez  voir,  par  mes  dépêches  à  M.  de  Luçon^,  tout  ce  qui  s'est  passé 
en  son  affaire,  en  laquelle  je  vous  puis  dire  que  je  n'ai  rien  oublié,  et  que,  sans 
avoir  esté  assisté  de  delà,  ainsy  que  je  l'avois  si  souvent  escrit^,  elle  est  en  bon 
train.  Je  tiens  que  dans  trois  mois  nous  aurons  un  cardinal  de  Richelieu ,  la  lleui' 
de  nos  amis,  et,  sans  controvei-se,  icy  tenu  le  plus  accompli  et  le  plus  digne 
prélat  de  France*.  •  Et  dix  jours  après  la  Cochère  répétait  :  «  Qu'un  chacun  tenait 
l'évesque  de  Luçon  pour  devoir  estre.  fait  seul  cardinal  à  la  première  place  va- 
cante*. "  Puis  il  ajoutait  :  •  La  mort  du  pape  pourra  apporter  quelque  traverse.  » 
Le  surlendemain,  Paul  V,  valétudinaire  depuis  quelque  temps,  mourait  frappé 
d'une  attaque  d'apoplexie. 

il  est  assez  difficile  de  savoir  si,  dans  ses  nouvelles  protestations,  de  Luynes 
était  plus  sincère*;  l'alliance  de  famille  contractée  avec  Richelieu  ne  devait  pas, 
nous  l'avons  dit,  le  rassurer  contre  l'ambition  sans  frein  qu'il  redoutait  naguère. 
Cep«ndant  peut-être  l'obligea-t-elle  à  quelque  retenue  dans  la  trahison,  et  de 
Luynes  pouvait  encore  laisser  faire  ce  qu'il  n'osait  plus  faire  lui-même.  Puisieux, 
le  secrétaire  d'Etat  des  affaires  étrangères,  était  merveilleusement  propre  au  rôle 
que  de  Luynes  nous  semble  lui  avoir  laissé  jouer,  sans  paraître  l'approuver,  et 
avec  une  indifférence  hypocrite.  Puisieux,  qui  exerçait  alors  la  charge  qu'avait 
eue  l'évêque  de  Luçon  sous  le  maréchal  d'Ancre,  craignait  une  rivalité  nouvelle, 
el  plu»  il  était  médiocre,  plus  le  génie  de  ce  futur  rival  lui  inspirait  de  jalousie 
et  d'inquiétude.  Bentivoglio,  qui  recevait  ses  confidences,  ne  nous  les  laisse  pas 

Arch.  des  Aff.  élr.  Rome,  t.  XXlil.  et  de  ce  qu'on  n'a  pas  tenu  compte  de  ses 

'   Nous   n'avons  point  trouvé   celles-ci  conseils, 

dans  les  voluiDes  de  Rome.  '  Arcli.  des  Aff.  étr.  Rome,  t.  XXVIU. 

'  Sans  cesse,  en  effet,  fabbé  de  la  Go-  ^  Mêmes  archives,  t.  XXVll. 

chère    indique   quelque    lettre   à  écrire,  ''   Bentivoglio  le  crut  alors   :   •  Luynes 

quelque  démarclie  à  faire ,  et  le  plus  sou-  in  somma  dice  ora  da  dovvero  nelle  cose 

vent  il  se  plaint  de  l'apathie  de  Richelieu,  di  Lusson.  •  P.  4o2,  (Dépêche  du  17  déc.) 


452  LETTRES 

ignorer'.  Les  ennemis  de  Richelieu  avaient  donc  encore  carte  blanche,  et 
liUynes,  qui  ne  s'opposait  plus  directement  à  l'élection,  la  voyait  différer  sans  la 
moindre  impatience. 

Loin  de  se  laisser  décourager  par  le  mécompte  de  janvier  dernier,  l'abbé  de 
la  Cochère  redouble  d'ardeur  et  d'activité  ;  le  1 8  février  il  fait  dire  à  Richelieu 
qu'il  a  •  rompu  le  coup  »  d'une  intrigue  qui  lui  pouvait  nuire 2.  Il  lui  rappelle  de 
quelles  mains  il  faut  se  servir  pour  donner  plus  d'autorité  aux  dépêches  faites 
en  sa  faveur.  Un  autre  jour  (25  avril)  il  recommande  surtout  qu'on  n'oublie  pas, 
quand  la  reine  mère  écrira,  de  donner  à  Richelieu  le  titre  de  son  grand  aumô- 
nier. L'affaire  particulière  de  lui,  la  Cochère,  est  terminée,  il  est  évêque  d'Aire, 
mais  il  restera  à  Rome  tant  qu'il  y  pourra  être  utile  à  l'évêque  de  Luçon.  Du 
reste  il  espère  que  six  mois  ne  se  passeront  pas  qu'il  ne  soit  cardinal^.  H  doit  se 
faire  une  promotion  vers  le  i5  avril,  Richelieu  n'en  sera  pas,  dit  l'évêque  d'Aire 
à  son  frère  Bouthillier,  mais  «vous  verrez  par  celle  que  j'escris  à  M.  de  Luçon*' 
que  les  deux  premières  places  qui  viendront  maintenant  à  vaquer  le  rendront 
infailliblement  cardinal.»  Toutefois  «il  faut  que  le  roy  escrive  chaudement^.» 
On  voit  que  ce  bon  abbé  (maintenant  évêque)  est  doué  d'une  espérance  qu'aucune 
déception  ne  déconcerte. 

Cependant  la  reine  mère,  moins  inactive  que  Richelieu  dans  ses  poursuites, 
avait  écrit  au  nouveau  pape,  elle  avait  écrit  au  nouveau  cardinal  neveu  Ludo- 
visio;  nous  avons  la  réponse  de  celui-ci,  qui  promet  ses  bons  offices^,  ce  qui  n'em- 
pêche pas  que  les  déceptions  de  l'évêque  d'Aire  ne  continuent,  aussi  bien  que  les 
menées  souterraines  de  Puisieux  : 

«  Je  croyois  (écrit  d'un  ton  mélancolique  Séb.  Bouthillier  à  son  frère) ,  je  croyois 
l'affaire  de  M.  de  Luçon  faite  lorsque  je  sçus  la  mort  du  cardinal  de  Guise  arrivée 

'  «Tutti  questi  ministri  f  odiano  (Ri-  '  Ce  passage  est  chiffré,  et  l'on  ne  voit 

cheiieu)  grandemente,  e  Pisius  più  d'  ogni  pas  nettement  ce  dont  il  s'agit;  mais  il  ne 

altro  ;  ed  a  me  ha  delto  il  padre  Arnoido  parait  pas  qu'il  soit  question  de  la  promo- 

che  egli  pose  in  conscienza*  al  re  di  non  tien. 

lasciar  far  cardinale  Lusson ....  Dép.  du  '  Dépêche   du   1"  mars.  T.    XXVII    de 

i4  janv.  1621,  p.  4o4;  et  dans  une  autre  Rome. 

du  lendemain  :  «Délie  cose  di  Lusson  ah-  '  Celte  lettre  n'est  point  dans  les  ma 

biamo  parlalo  Pisius  ed  io,  e  mostra  an-  nuscrits  de  Rome  conservés  aux  Affaires 

che  egli  di  restiir  maravigliato  délia  insta-  étrangères. 

bililà  di  Luines,  in  essersi  rimosso  dagli  '  Dépêches   des  4  et   5  avril.    Rome, 

officii  suoi  di  prima  contre  di  Lusson.  •  t.  XXVII. 

P-  4o5.  '  Ibid.  i"  juillet  1621. 

L  édition  Scarabelli  met  ;  «conoscenza;»  c'est  ceptainement  une  faute  de  copiste. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  453 

après  celle  du  cardinal  de  Bonzy.  Un  courrier  de  Lorraine  estant  venu  demander 
le  chapeau  pour  un  prince  de  la  mesme  maison,  le  pape  prit  cette  occasion  de 
faire  une  promotion  pour  luy.  J'en  ay  faicl  un  long  discours  à  M.  de  Luçon ,  et 
vous  laisse  à  penser  mon  desplaisir  extresme  d'une  si  malheureuse  rencontre.  Le 
pape  a  rempli  les  deux  places  d'un  sien  parent  et  d'un  vieux  archevesque  de  ses 
anciens  amis.  La  mort  du  cardinal  de  Guise  méritoit  bien  qu'on  envoyast  icy  un 
courrier  exprès  pour  l'affaire  de  M.  de  Luçon,  et  appuyer  les  instances  continuelles 
quej'ay  faictes  depuis  cinq  mois.  Nous  n'avons  receu  les  ordres  que  la  veille  de  la 
promotion .  .  .  Mais  il  faut  que  je  me  plaigne  à  vous  de  la  trop  grande  retenue  de 
M.  de  Luçon ,  qui  pour  n'avoir  pas  pressé  les  ordres  dont  je  luy  avois  donné  avis 
de  sy  bonne  heure  est  encore  à  attendre  ce  qu'il  devroit  desjà  posséder i.  »  Et, 
quinze  jours  après,  il  répétait,  dans  la  ferveur  de  son  espérance  :  «  Je  tiens  main- 
tenant pour  certain  que,  dans  peu  de  mois,  nous  aurons  pour  M.  de  Luçon  ce 
que  tout  le  monde  iuy  devroit  désirer;  pourveu  que  M.  le  Connestable  continue  à 
escrire  comme  il  a  faict  ^.  » 

Le  connétable  s'était  sans  doute  excusé  lui-même  de  ces  éternels  retards  auprès 
de  l'évêque  de  Luçon,  qui  lui  répondait  :  «  .  .  .Quant  à  ce  qu'il  vous  plaist  m'es- 
crire  de  l'affaire  de  Rome,  je  me  tiens  grandement  vostre  obligé  de  l'affection  que 
vous  avés  pour  moy  en  cela;  mais  je  vons  suplie  de  croire  que  j'attendray  avec 
grand  contentement  et  patience  l'effet  de  vostre  bonne  volonté,  etc.  '  • 

Tous  ceux  qui  auraient  pu  contribuer  au  succès  de  la  promotion  présentaient 
à  Tenvi  les  mêmes  excuses,  tant  il  semblait  étrange  qu'on  fît  attendre  ainsi  un 
homme  d'un  tel  mérite.  Le  nouveau  nonce,  successeur  de  Bentivoglio,  l'arche- 
vêque de  Tarse,  écrivait  de  Moissac  à  Richelieu,  le  i"  septembre  :  «  Gli  offizi 
fatti  dalla  regina  madré.  .  .  sono  stati  cosi  caldi  et  efficaci  quei  del  re  e  del  sig. 
contestabile .  .  .  Non  sia  stato  possibile  a  S.  S.  il  gratificarli ,  ma  s' assicuri  ella 
che  sono  cosi  note  a  S.  B"°.  le  ottime  qualità  di  lei,  che  non  che  stimarla  degnis- 
sima  di  cosi  eminente  grado  nelia  chiesa,  ma  le  porta  etiandio  notabile  affezione, 
intanto  che  se  alcuni  accidenti  necessaiii  non  si  fossero  frapposti,  ella  non  avrebbe 
ad  indugiare  a  godere  del  meritato  honore  *.  » 

Cependant  Séb.  Bouthillier,  tant  de  fois  déçu ,  finissait  par  se  douter  de  perfidies 

'  Arch.  des  Aff.  élr.  Rome,  t.  XXVH,  qui  devine  les  mensonges  dont  on  cherche 

aq  juiliel.  à  l'abuser  et  qui  dédaigne  de  s'en  plaindre  ; 

'  Ibid.  1 3  août.  explication    que    confirment    pleinement 

'  Voj.  p.  691  dul"  vol.  des  Lettres  de  tous  les  documents  que  nous  avons  Irou- 

Richelieu,  publié  en   i853,  celte  letlre  et  vés  depuis. 

la  note  où  cetle  apparenle  indifférence  est  *  Arch.  des  Aff.  étr.  Rome,  t.  XXVII. 

expliquée  par  la  juste  lierté  d'un  homme 


454  LETTRES 

qri'il  ne  pouvait  surprendre  :  «  Si  on  fait  à  la  cour  (mande-t-il  le  2  1  septembre)  ce 
que  j'ay  desjk  phisieui-s  fois  escrit,  et  que  je  continueray  tousjours  à  escrire,  je  vois 
indubitablement  M.  de  Lusson  cardinal  à  la  première  place  qui  vaquera;  mais  il 
seroit  besoin  qu'une  personne  conlidente  tinst  la  main  à  retirer  de  M.  le  Connes- 
(able  les  dépesches  telles  que  je  les  désire' ...» 

Quoique  la  défiance  du  bon  abbé  de  la  Cochère  fût  à  demi  éveillée,  il  était 
si  peu  expert  au  fait  des  ruses  de  la  politique  et  de  la  sincérité  du  langage  des 
hommes  d'Etat,  qu'il  ne  peut  se  décider  à  soupçonner  la  bonne  foi  de  M.  de 
Luvnes  :  «  Il  y  en  a  (mande-t-il  à  Bouthillier  le  3o  novembre)  qui  ont  escrit  icy 
que  c'estoit  Tarchevesque  de  Lyon  et  non  M.  de  Luçon  qu'on  nommeroit  au  car- 
dinalat. .  .  mais  quelle  apparence  y  a-t-il  que  M.  le  Connestable  ne  garde  pas  la 
parole  qu'il  a  donnée  à  la  reine  mère  du  roy,  et  qu'au  contraire  il  porte  le  roy 
à  ne  luy  tenir  pas  une  promesse  qu'il  a  faicte  à  sa  mère  avec  des  démonstrations 
publiques?  •  Et  l'abbé  continue  pendant  toute  une  page  son  raisonnement  sur 
l'invraisemblance  d'une  telle  déloyauté 2. 

Quelque  invraisemblable  qu'elle  put  paraître  à  cet  honnête  esprit,  la  déloyauté 
était  certaine.  Et  comment  Séb.  Bouthillier  ne  se  doutait-il  pas  que  si,  par  une 
raison  quelconque ,  Luynes  ne  s'opposait  pas  ouvertement  à  la  promotion  de  Riche- 
lieu ,  il  pouvait  se  trouver  derrière  lui  quelque  personnage  considérable  dont  les 
sourdes  intrigues  étaient  tacitement  autorisées .•>  Comment  ne  savait-il  pas  que  la 
famille  des  Sillery  était  ennemie  de  Richelieu,  et  que  Puisieux,  le  fds  du  chance- 
lier et  le  neveu  de  l'ambassadeur  de  France  à  Rome,  qui  lui-même  avait  en  main 
les  relations  étrangères,  pouvait  être,  comme  il  était  en  effet,  la  cheville  ouvrière 
de  ces  intrigues?  Comment  pouvait-il  écrire  avec  une  si  parfaite  sécurité  :  «  Le 
cardinal  Bentivoglio  m'est  venu  voir  ;  je  crois  qu'il  marche  d'un  très  bon  pied 
dans  l'affaire  de  M.  de  Luçon ...  Il  m'a  fait  voir  la  lettre  que  M.  de  Puisieux  luy 
escrit,  qui  ne  peut  estre  meilleure,  qui  exclut  clairement  M.  de  Lyon  si  le  pape 
ne  fait  qu'un  cardinal.  » 

Mais  un  événement  considérable  dans  les  affaiies  flu  moment  venait  de  se 
produire;  le  connétable  était  mort  le  lA  décembre,  et  ceux  qui  pensaient  que 
de  Luynes  était  le  seul  obstacle  à  la  promotion  de  Richelieu  ne  tardèrent  pas  à 
être  détrompés,  car  cette  promotion ,  il  fallut  l'attendre  plus  de  huit  mois  encore. 

L'évêque  d'Aire  se  hâta  de  mander  à  Paris  que  le  moment  était  venu  de  re- 
doubler d'efforts,  et,  dans  son  impatience,  il  écrivait  quelques  jours  après  :  »  \n 
cas  que   vous  ne    m'ayez  pas  envoyé  les  lettres  de  la  royne  au  pape  et  à  M.  le 

'  Arch.  des  Aff.  étr.  Koine,  t.  XXVII.  —  '  Lettre  du  3o  iiov.  Oiii;.  Arcli.  des  AIT.  étr. 
Rome,  t  XXVIII,  fol.  46. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  ^55 

cai-clinal  Ludovisio  pour  M.  de  Luçon,  du  style  des  dernières  que  S.  M.  escrivit 
à  Paul  V,  et  qui  ne  luy  furent  pas  données,  ne  manquez  pas  à  me  les  envoler 
par  le  premier  courrier.  .  .  J  ay  meilleure  espérance  que  jamais.  .  .  Je  vous  prie 
de  prendre  un  soin  très  particulier  que  la  dépesche  que  j'attends  du  roy  soil 
telle  qu'il  le  faut.  Et  puisque  M.  de  Luçon  est  sy  retenu,  en  ce  qui  regarde  ses 
intérests,  parlez  de  vous-mesme  à  ceux  que  vous  cognoistrez  y  pouvoir'.  .  .  » 

Cette  lettre  était  du  yi  janvier;  le  aô,  nouveau  témoignage  d'un  vif  espoir: 
nouvelle  demande  de  lettres  écrites  «de  bonne  encre.»  Le  card.  Ubaldini,  l'un 
des  amis  sincères  de  Uichelieu,  parle  comme  l'évêque  d'Aire  :  »  Il  temjx)  e  la  for- 
tuna  hanno  fatto,  un  gran  pezzo,  guerra  a  V.  S.  111°°%  e  ella  si  è  difesa,  se  non 
utilmeute,  al  meno  constantemente  e  con  moite  sue  Iode,  l'are  che  l'uno  et  l'ai- 
tro  vogliono  farequaiche  tregua"''.  .  .  »  Bentivoglio  lui-même  semble  enfin  s'éloi- 
gner de  l'intrigue  dans  laquelle  il  avait  si  bien  rempli  son  rôle. 

Quant  à  Puisieux,  il  ne  demandait  pas  mieux  (jue  de  continuer  la  comédie 
qui  se  donnait  depuis  longtemps  déjà,  à  Paris  et  à  Rome,  aux  dépens  de  l'évêque 
de  Luçon,  et  il  l'essaya;  mais  il  n'avait  ni  l'importance,  ni  l'habile  savoir-faiif 
du  duc  de  Luy  nés,  et  nous  le  verrons  bientôt,  à  peu  près  abandonné  de  tous, 
forcé  de  renoncer  a  ce  double  jeu  que  le  feu  connétable,  aidé  de  la  faveur  royale, 
avait  mené  avec  une  si  subtile  dextérité. 

A  ce  moment  Bentivoglio  est  décidément  passé  à  Richelieu;  de  retour  à  Rome, 
il  n'attend  [las  même  (ju'on  lui  envoie  les  lettres  favorables  à  l'évêque  de  Luçon, 
il  les  demande;  aussitôt  ([u'il  les  a  reçues,  il  se  hâte  de  lui  mander,  sur  la  parole 
même  du  pape  et  du  cardinal  Ludovisio,  que  sa  promotion  ne  rencontrera  plus  à 
Rome  aucune diiliculté  :  «  Puô  ella  ben  ci-edere  che  il  suo  avanzamento  non  havià 
tlifficoltà  alcuna  qui  in  Roma;  hoggi  apunto  io  ho  |)arlato  alla  S.  di  N.  S.  di  <|uesta 
inateria  comc;  dovevo.  .  .  e  col  S.  cardinale  l^udovisio;  conoscono  la  premura  del 
re,  il  desiderio  délia  regina  madré,  et  il  merito  di  V.  S.  ill°";  onde  non  si  puô 
dubitare  che  ben  presto  siamo  per  ricever  la  sodisfalione  che  desideriamo  ' .  .  .  ■ 

Une  nouvelle  ruse  des  ennemis  de  Richelieu  restait  pourtant  à  déjouer;  aliti 
d'ôter  toute  autorité  aux  poursuites  de  la  reine  mère,  ils  avaient  imaginé  de  faire 
courir  à  Kome  le  bruit  que  cette  princesse  était  en  train  de  former  en  France  un 
tiers  parti,  de  réveiller,  entre  la  mère  et  le  fils,  des  animosités  récemment  assou- 
pies, et  de  rallumer  la  guerre  civile  à  peine  éteinte.  L'évêque  d'Aire,  alarnié  de 
Peffet  que  pouvait  produiie  sur  l'esprit  du  pape  une  telle  imposture,  supplie 
qu'on  la  démente  officiellement  :  •  Une  bonne  dépesche  de  la  main  est  bien  né- 

'  Arch.  des  AIT.  élr.  Rome,  t.  XXVII  dépêche  du  8  janvier  1632. —  'Dépêches 
(1622).  du    i3  février  et  du  10  mars  1622.    Ivi. 

'  Arch.  des  Aff.  étr.  Rome,  t.  XXVII.         Scarahelli. 


456  LETTRES 

cessaire,  dit-il,  sur  le  sujet  de  ce  tiers  party,  et  l'intelligence  du  roy  et  de  la 
reyne.  »  Et  puis  il  ajoutait  :  »  Je  ne  vous  répète  point  ce  que  j'ai  tant  de  fois  es- 
crit,  touchant  M.  le  Nonce,  à  qui  il  faut  que  le  roy  die  franchement  et  ferme- 
ment ce  qu'il  veut  que  le  pape  croie .  .  .  mais  il  est  besoin  de  recevoir  une  bonne 
dépesche  devant  les  quatre  temps  de  Pasques  '.  »  Le  cardinal  Ubaldini  redoublait 
d'ardeur  dans  ses  offres  de  service,  comme  dans  ses  vœux;  il  mettait,  de  sa 
main,  ce  post-scriptum  à  une  lettre  amicale  :  «Je  désire  à  par  (à  l'égal)  do  ma 
vie  vostre  exaltation,  et  pour  le  public  et  pour  ma  satisfaction;  et  j'espère  que 
Dieu  me  fera  la  grâce  de  vous  y  servir^.  » 

Et  le  pape  lui-même  déclarait  enfin  au  cardinal  de  Sourdis  «  qu'il  ne  feroit  point 
de  cardinaux  sans  M.  de  Luçon  ^.  » 

La  reine  mère  et  Richelieu  gagnaient  ainsi  du  terrain  à  mesure  que  leurs  adver- 
saires en  perdaient;  les  amis  de  l'évêque  de  Luçon  redoublaient  d'eiforts  en 
voyant  décroître  le  nombre  de  ses  ennemis;  enfin  Puisieux,  à  bout  de  ruses  et 
de  malices,  n'ayant  plus  le  favori  pour  soutenir  la  volonté  chancelante  du  roi, 
comprit  que  la  lutte  devait  finir;  et  il  se  vit  réduit  à  cette  alternative  :  Quel 
serait  le  plus  redoutable  pour  lui  de  Richelieu  cardinal,  ou  de  Richelieu  irrité, 
mécontent  et  ardent  à  la  vengeance?  Le  dernier  était  certainement  fatal,  tandis 
que  l'évêque  de  Luçon,  obtenant  le  chapeau  après  les  instances  pressantes  et  dé- 
sormais sincères,  du  moins  en  apparence,  de  Puisieux,  serait  peut-être  moins 
ennemi.  Pour  ceux  qui  connaissaient  Richelieu,  la  chance  n'était  pas  grande, 
mais  enfin  c'était  la  seule. 

De  ce  moment  Puisieux  marcha  franchement  à  la  promotion.  Séb.  Routhillier, 
que  sa  disposition  imperturbable  à  la  confiance  avait  si  souvent  trompé ,  pouvait 
maintenant  établir  sur  un  fondement  réel  et  solide  ses  espérances  si  longtemps 
chimériques;  et  il  écrit  résolument  :  «Nous  sommes  maintenant  hors  de  peine, 
M.  de  Puisieux  ayant  escrit  non  seulement  afin  que  M.  de  Luçon  fust  faict  cardi- 
nal à  la  première  promotion ,  mais  afin  que  ce  soit  promptement ...  Il  faut 
que  M.  de  Luçon  se  jette  entre  les  bras  de  M.  de  Puisieux*.  » 

Toutefois  l'évêque  d'Aire  n'est  pas  encore  content;  on  demande,  c'est  vrai, 
mais  non  de  ce  ton  d'autorité  qui  convient  au  roi  de  France;  on  presse,  mais  on 
ne  presse  pas  avec  cette  chaleur  dont  l'amitié  de  Séb.  Routhillier  voudrait  voir 
tout  le  monde  animé  comme  il  l'est  lui-même.  «  Depuis  la  convalescence  du  pape, 
écrit-il  à  l'évêque  de  Luçon ,  le  cardinal  de  Sourdis  a  parlé  à  S.  S.  pour  faire  va-, 

'  Epoque  de  la  future  promolion.  —  ^  Arcli.  des  Aff.  élr.  Rome,  t.  XXVIII, 

Arch.  des  Aff.  étr.  Rome,  t.  XXVII.  Dé-  fol.  3a. 
pêche  du  i5  février  162a.  '  Ibid.  dépêche  du  9  avril,  fol.  19. 

'   Ibid.  dépêche  du  12  mars. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  457 

loir  les  ordres  qu'il  a  receus,  un  peu  plus  exprès  que  les  premiers;  mais,  pour 
vous  dire  la  vérité,  il  s'en  faut  beaucoup  qu'ils  soient  tels  qu'ils  doivent  estre.  .  . 
nulle  lettre  au  cardinal  Ludovisio.  .  .  J'ay  trouvé  le  moyen  de  voir  la  lettre  de 
M.  de  Puisieux  au  cardinal  de  Sourdis,  du  10°  de  mars,  qui  dit  fort  clairement 
([ue  le  roi  veut  qu'on  fasse  instance  pour  vous  obtenir  le  premier  lieu ...  Il  escrit, 
en  apostille,  de  sa  main  ,  que  la  reyne  mère  du  roy  désire  que  cette  promotion 
se  fasse  au  plus  tost.  .  .  voyez  combien  froidement  on  escrit.  .  .  Pardonnez-moy 
si  je  vous  dis  que  vous  estes  trop  retenu  en  ce  qui  vous  touche.  .  .  veu  principa- 
lement qu'ayant  esté  veu  cy-devant  des  ordres  contraires,  et  ayant  esté  montré 
peu  de  ressentiment  du  temps  du  pape  Paul,  il  y  a  de  la  peine  à  persuader  que 
ce  soit  maintenant  tout  de  bon.  Il  faut  que  le  roi  et  la  reine  en  escrivent  et  que 
le  roi  parle  un  peu  rudement  au  nonce  sur  ce  retard .  .  .  qu'il  parle  en  roi .  .  . 
Il  faut  prendre  garde  à  M.  le  nonce,  afin  que  l'espérance  qu'il  a  luy  niesme 
d'estre  bientost  cardinal  ne  l'empesche  de  vous  rendre  ses  bons  offices'.  ■> 

Ainsi  l'on  avait  fini  par  savoir  à  Rome  le  secret  des  doubles  lettres;  Richelieu 
ne  pouvait  manquer  d'en  être  informé. 

Mais  enfin  il  n'y  avait  plus  moyen  de  reculer;  Puisieux,  qui  avait  commencé 
a  marcher  lentement  et  d'une  allure  tortueuse,  était  bien  forcé  maintenant  de 
doubler  le  pas  et  d'aller  droit;  ce  qu'il  faisait  encore  d'assez  mauvaise  grâce, 
comme  on  vient  de  voir;  mais  tous  les  Sillery  devaient,  bon  gré  mal  gré,  mettre  la 
main  à  l'œuvre,  le  chancelier  à  Paris,  le  commandeur  à  Rome,  où  il  était  alors 
ambassadeur. 

L'évêque  d'Aire  écrit  à  son  frère,  le  i3  juin  :  «Sur  l'occasion  des  premières 
despesches  qui  viendront  à  M.  l'ambassadeur  pour  M.  de  Luçon  ,  il  fera  un  grand 
effort;  falTaire  est  du  tout  entre  ses  mains,  et  de  M.  de  Puisieux''.  >•  Et  quelques 
jours  après  :  «Je  vois  (pie  M.  l'ambassadeur  s'y  emploie  de  bonne  affection,  et 
que  c'est  chose  toute  certaine  que  la  grâce  ne  taixlera  plus  guère  à  se  faire'.  » 

C'est  à  ce  moment  (jue  Richelieu  adresse  à  M.  de  Puisieux  cette  lettre  du 
.'iojuin  :  «  M.  l'évesque  d'.Aire  m'ayant  escrit  la  disposition  qu'a  M.  le  commandeur 
de  Sillery  a  m'assister  en  mon  affaire,  je  ne  puis  que  je  ne  vous  tesmoigne  par 
ces  lignes  le  ressentiment  que  j'ay  de  ce  qu'il  vous  a  pieu  l'y  porter;  ne  doubtant 
point  que  cette  bonne  volonté  qu'il  a  ne  vienne  de  vostre  mouvement  *.  • 

'   Dépêche   du    ao    avril    1622.    Arch.  '   L'original  se  trouve  à  la  bibliotiiètjue 

des  AIT.  étr.  Rome,  t.  XXVIII,  fol.  26  de  l'Institut,  collection  Godel'roy,   porte- 

'  Ibid.  t.  XXVII,  où  la  pièce  a  été  mal  feuille  269.  —  Cette  lettre  est  imprimée 

classée  en  1621.  t.  I",  p.  71.^  de   la   collection   iii-4°  des 

'   Du  ^juillet,  arch. desAfî.  étr.  Rome,  Lettres  de  Richelieu, 
l.  XXVII. 

C\nUIN    DE  RICHELieC.  —  ¥11.  58 


kbS 


LETTRES 


La  lettre  est  convenable,  mais  Richelieu  ne  cède  pas  aux  inspirations  de  son 
ami,  il  ne  se  presse  point  de  se  jeter  dans  les  bras  de  Puisieux,  et  il  garde  ce  ton 
de  politesse  calme  et  peu  empressée  qu'il  a  conservé  dans  toute  cette  affaire. 

Maintenant  que  tout  est  en  si  bon  train,  l'évéque  d'Aire  propose  de  porter  un 
dernier  coup;  il  écrit  à  Tévêque  de  Luçon  une  «ample  lettre»  que  nous  n'avons 
pu  trouver,  mais  nous  avons  celle  qui  était  adressée,  en  même  temps,  à  Bouthil- 
liei-.  «  La  reine,  dit  l'évéque  d'Aire,  n'a  point  encore  écrit  sur  ce  sujet  à  l'amijas- 
sadeur  depuis  son  ambassade;  il  faut  qu'elle  écrive.  .  .  »  il  faut  qu'elle  écrive  aussi 
S  à  divers  cardinaux  que  Séb.  Bouthillier  désigne ,  et  il  va  même  jusqu'à  marquer 
les  termes  dans  lesquels  il  convient  que  ces  lettres  soient  conçues  ^  Séb.  Bouthillier 
mandait  cela  le  19  juillet;  le  !"■  août,  nouvelle  missive  à  Richelieu^.  C'est  après 
ces  deux  lettres  qu'ont  été  écrites  celles  de  l'évéque  de  Luron  à  Puisieux,  dont 
nous  avons  trouvé  les  originaux  à  la  bibliothèque  de  l'Institut  •*,  et  qui  ont  été 
imprimées  dans  notre  premier  volume  ;  Richelieu  remercie  le  secrétaire  d'Etat 
avec  des  paroles  un  [)eu  plus  vives  cette  ibis ,  dans  la  confiance  et  la  certitude  qu'il 
a  maintenant  de  n'être  pas  trompé.  En  effet,  la  victoire  était  remportée,  et  l'évéque 
tl'Aire  pousse  ce  cri  de  triomphe,  ou  plutôt  le  digne  prélat  entonne  le  Nunc  dùnittis 
du  saint  vieillard  de  l'Ecriture  : 

«  Mon  très  cher  frère,  il  me  semble  que  je  n'ay  plus  rien  maintenant  à  désirer 
en  ce  monde,  puisque  M.  de  Luçon  est  cardinal.  .  .  Il  faut  bien  que  Dieu  le 
destine  à  la  continuation  des  grandes  actions  auxquelles  il  s'est  déjà  plusieurs 
fois  employé,  puisqu'il  l'a  élevé  à  la  dignité  qu'il  mérite  contre  les  plus  puissants 
empeschemens  qui  se  soient  peut  estre  jamais  rencontrez  en  une  pareille  occa- 
sion .  .  .  Geste  œuvre  est  tenue  en  ceste  court  pour  un  miracle  par  ceux  qui  sa- 
vent les  oppositions  qu'on  y  a  apportées  *.  • 


'  Arch.  des  Afl'.  élr.  Roiue,  t.  XXVIII, 
Ibl.  39. 

?  Ibid.  t.  XXVIl. 

'  De  la  fin  dfe  judlet  et  du  6  août.  Col- 
luction  Godefroj.p.  718,  719  des  Lettres 
de  Richelieu. 

'  Arch.  des  Afi'.  ctr.  Rome,  l.  XXVIII, 
loi.  76  el  80.  Ni  le  Gallia  chrisliuna,  ni  le 
Gallia  purpurala  de  P.  Frizon,  ni  Ciacon- 
nius  dans  son  Histoire  des  jiupes  et-descardi- 
iiaux,  no  donnent  la  date  de  la  promotion  de 
Richelieu;  ils  se  copient  les  uns  les  autres, 
et  disent  vaguement  :  Septembre;  la  pré- 


sente lettre ,  écrite  aussitôt ,  et  celle  que  l'é- 
véque d'Aire  adressa ,  en  même  temps,  à  son 
frère  Boutiiillier,  nous  indiquent  une  date 
rigoureusement  exacte  :  «  v'  septembre  à 
cinq  heures  de  l'aprè.s-disnée,  »  ainsi  que 
nous  l'avons  donnée  page  780  du  1"  vo- 
lume. Nous  remai'quons  dans  la  collection 
France  (t.  XXXll,  fol.  5i3)  la  lettre  par 
laquelle  Mariliac,  qui  était  alors  à  Avignon , 
en  informait  à  son  tour  Richelieu,  elle  est 
datée  de  mercredi  à  midi  ;  c'était  le  1 4  sep- 
tembre; Richelieu  se  dirigeait  alors,  avec 
la  reine  mère,  sur  Lyon.  La  nouvelle  lui 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  /i59 

Voilà  l'histoirp  dans  ses  plus  simples  et  plus  menus  détails,  dans  sa  vérité  toute 
nue  et  puisée  aux  sources  les  plus  pures  et  les  plus  certaines. 

Cependant  M.  Cousin  a  écrit  que  «  Richelieu  était  alors  aux  pieds  de  Luynes;  ■ 
que,  lorsqu'il  se  vit  trompé,  «sa  fureur  fut  égale  à  l'ardeur  et  à  la  violence 
de  ses  désirs  et  de  ses  poursuites;»  et  que  «dès  lors  il  voua  à  Luynes  une 
haine  qu'il  a  répandue  dans  ses  Mémoires,  en  ayant  soin  de  la  masquer  sous 
un  mépris  affecté.  .  .  ne  voulant  pas  paraître  avoir  été  dupe  une  fois  en  sa  vie.  » 

Il  y  a  dans  ces  paroles  plus  d'imagination  que  de  vérité  historique;  et  la  con- 
duite comme  le  caractère  de  Richelieu  sont,  à  ce  moment,  tout  à  fait  mé- 
connus; mais,  nous  l'avons  déjà  dit  et  il  faut  le  répéter,  car  c'est  la  seule 
explication  possible  de  cette  étrange  appréciation  de  la  conduite  de  Richelieu 
durant  deux  années,  il  convenait  au  grand  écrivain  qui  a  composé  la  très- 
intéressante  histoire  du  duc  et  connétable  de  Luynes  de  sacrifier  en  ce  moment 
l'i'véque  de  Luron  à  son  héros. 

On  a  vil  que  Ton  conserve  aux  Affaires  étrangères,  et  l'on  peut  lire,  dans  ce 
Vil"  volume,  la  plupart  des  lettres  écrites  par  Richelieu  au  favori,  depuis  son  retour 
de  l'exil  d'Avignon  jusqu'à  la  mort  du  connétable;  elles  sont  toutes  marquées  au 
coin  d'une  digniU-  assez  froide,  accomj)agnée  |)arfois  de  cette  expression  de  po- 
litesse exagérée  et  banale,  selon  l'usage  du  temps,  mais  sans  la  moindre  appa- 
rence de  cette  attitude  servile  que  M.  Cousin  fait  prendre  à  Richelieu  ;  s'il  eût 
connu  ces  lettres,  il  n'aurait  pas  abaissé  ainsi  devant  Luynes  ce  grand  caractère. 
On  a  fait  à  Richelieu  bien  des  reproches  injustes,  personne  encore  ne  l'avait  mis 
à  genoux  devant  un  favori  pour  en  obtenir  une  grâce.  Il  a  demandé  souvent,  mais 
sur  un  autre  ton;  et  notamment  dans  ces  négociations  entre  la  mère  et  le  fds, 
l'évêque  de  Luçon,  en  s'adressant  au  premier  ministre  du  roi,  se  souvient  tou- 
jours que  c'est  au  nom  de  la  reine  mère  du  roi  (ju'il  parle;  il  aflirme  sans 
cesse  que  sa  conduite  est  exempte  de  blâme ,  il  proteste  de  8on  dévouement  au 
service  du  roi,  mais  il  n'en  demande  pas  la  récompense,  et,  en  cela,  il  semble 
s'oublier  lui-même;  c'est  uniquement  de  Marie  de  Médicis  qu'il  s'agit,  el 
l'évêque  de  Luçon  ne  cesse  de  presser  Luynes  de  ménager  la  reine  mère,  d'éviter 
de   blesser   ses  susceptibilités,  de  donner  satisfaction  à  ses  justes   prétentions, 

parvint  à  la  Pacaudière,  bourg  entre  la  Pa-  luy  plaist,  que  vous  estes  cardinal,  car  je 

lisse  et  Roane;  nous  supposons  que  ce  fut  n  oserois  entreprendre  sur  S.  M.  de  vous 

le  i6;  il  fallut  bien  ce  temps  au  messager  annoncer  ceste  bonne  nouvelle.  .  .    Tout 

pour  arriver  d'Avi(jfnon  à  la  Pacaudière.  Ce  Avignon  s'est  venu  resjouir  avec  mov  de 

courrier  était  adressé  à   Marie  de  Médi-  vosire  promotion    .  .  »  On  se  souvient  que 

cis.  Marillac  disait  à  liiclielieu  :  •  Monsei-  Richelieu  conservait  des  amis  à  Avignon, 

gneur,  lareyne  vous  dira  de  sa  bouclie,  s'il  où  il  avait  été  en  exil. 

58. 


460  LETTRES 

d'accomplir  fidèlement  les  promesses  des  traités  conclus  avec  elle;  enfin  de  con- 
tribuer, de  sa  part,  à  rétablir  la  bonne  intelligence  et  l'union  intime  dans  la 
maison  royale. 

Sans  doute  Richelieu  avait  un  ardent  désir  d'être  cardinal;  sans  doute,  lorsqu'il 
s'aperçut  qu'on  s'était  joué  de  lui,  qu'on  avait  violé  les  engagements  pris  à  son 
égard,  pour  la  promotion  de  janvier  1621,  il  en  conçut  un  profond  dépit,  mais 
il  usa  de  l'empire  qu'il  savait  prendre  sur  lui-même',  et  il  se  garda  bien  de  don- 
ner à  son  ennemi  le  triomphe  d'une  impuissante  colère;  il  n'entra  point  en  fureur 
pour  un  mécompte  auquel  l'avaient  préparé  et  les  avis  qu'il  recevait  de  toutes  parts 
des  trames  ourdies  contre  lui,  et  plus  encore  la  défiante  sagacité  qui  lui  faisait 
pénétrer  le  mauvais  vouloir  des  gens  à  qui  il  avait  affaire.  Si  le  célèbre  auteur  du 
travail  sur  de  Luynes  avait  vu,  dans  les  manuscrits  de  Rome,  aux  archives  des 
Affaires  étrangères,  la  correspondance  de  l'abbé  de  la  Cochère  avec  Routhillier 
son  frère  et  avec  Richelieu,  ainsi  que  les  réponses  de  celui  ci,  il  se  serait  con- 
vaincu que,  durant  les  deux  années  que  cet  ami  de  Richelieu  passa  à  Rome,  il  ne 
cessa  de  se  plaindre  du  peu  de  chaleur  que  mettait  l'évèque  de  Luçon  dans  ses 
d('-marchcs  pour  l'avancement  de  sa  j)iomotion,  et  de  sa  négligence  à  suivre  les 
conseils  qu'il  lui  donnait,  dans  toutes  ses  lettres,  avec  l'obstination  d'une  amitié 
(|ui  se  désole  d'être  si  mal  écoutée.  Il  y  a  loin  de  cette  paresseuse  sollicitude  à  la 
violence  des  poursuites  qu'on  lui  reproche. 

Non  assurément  il  n'a  pas  joué  ce  rôle  de  dupe  qu'on  lui  prête  ;  il  savait,  conmie 
le  savait  l'abbé  de  la  Cochère,  et  mieux  certainement  que  ce  confiant  ami,  il  savait 
que  pour  croire  aux  dépêches  il  fallait  les  lire  soi-même.  Sans  avoir  connu  dès 
l'abord  le  fait  matériel  et  la  perfidie  des  doubles  lettres,  il  était  parfaitement 
informé  des  mauvaises  intentions  de  ceux  qui  lui  donnaient  de  bonnes  paroles 
et  dont  dépendait  l'accomplissement  des  promesses  qu'on  lui  avait  faites;  et  il 
épargnait  à  sa  fierté  des  sollicitations  dont  il  savait  d'avance  l'inutilité. 

Richelieu  a  été  trompé,  il  n'a  j)as  été  dupe.  On  n'est  dupe  que  des  gens  à  qui 
on  se  fie,  et  Richelieu  a  toujours  eu  pour  le  favori  une  dédance  profonde.  Ahl  s'il 
s'était,  en  effet,  ye/é  aux  pieds  de  Luynes,  s'il  se  fût  abandonné  à  ces  violences, 
à  ces  fureurs  qui  lui  sont  imputées,  c'est  alors  qu'il  aurait  joué  le  rôle  humiliant 
et  ridicule  dont  son  rare  esprit  l'a  sauvé,  et  qu'il  redoutait  avant  tout.  Enfin, 
pour  preuve  irréfutable  de  l'opinion  que  nous  soutenons,  n'avons-nous  pas  le 
témoignage  de  M.  Cousin  lui-même,  qui,  par  une  heureuse  et  dernière  con- 

'   Richelieu  écrivait  un  jour  à  l'arche-  Et  Richelieu  se  rendait  justice;  l'ambition 

vêquc  de  Sens,  qui  s'occupait  de  sa  pro-  était  grande,  mais  la  main  qui  tenait  la 

motion  :  «  Mon  ambition  n'est  pas  si  grande  bride  était  forte. 
que  je  n'en  tienne  la  bride  eu  ma  main.  » 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  461 

tradiction,  fait  de  l'humeur  de  Richelieu  la  juste  et  excellente  appréciation  que 
nous  citions  tout  à  l'heure,  et  qu'il  importe  de  citer  encore  en  finissant,  car  elle 
décide  la  question  :  «  L'orgueil  lui  suggéra  de  garder  le  plus  absolu  silence  sur 
toute  cette  affaire,  ne  voulant  pas  paraître  avoir  été  dupe  une  fois  en  sa  vie'.  » 

Enfin  nous  ne  saurions  protester  trop  vivement  contre  cette  fausse  opinion  qui, 
dans  ses  aspirations  au  cardinalat,  fait  Richelieu  emporté,  faible,  vulgaire  sollici- 
teur, tandis  qu'il  fut  constamment  calme,  ferme  et  candidat  respectueux  de  soi- 
même. 

On  se  trompe  encore  quand  on  attribue  à  ces  mauvais  offices  de  Luynes  l'ori- 
gine de  l'antipathie  de  Richelieu  pour  le  favori;  la  haine  vouée  à  Luynes  par 
l'évéque  de  Luçon  est  de  plus  ancienne  date,  et  si,  comme  on  peut  le  croire,  elle 
acquit,  de  la  déloyauté  dont  il  était  victime,  un  degré  de  plus  de  vivacité,  il  n'en 
parut  rien  dans  les  relations  entre  les  deux  personnages;  il  est  impossible  de 
découvrir  la  moindre  nuance  d'une  différence  de  ton  lorsque  l'on  compai'e  les 
lettres  écrites  avant  et  après  la  promotion  de  ifiai.  où  La  Valette  seul  fut  élu, 
et  où  Richelieu  put  se  convaincre  qu'on  se  faisait  un  jeu  de  lui  donner  de  fiiHa- 
cieuses  promesses.  Pas  plus  avant  qu'après,  Richelieu  ne  fut  aux  pieds  de  Luynes; 
c'eût  été,  avec  son  caractère  et  les  dispositions  où  il  était  à  l'égard  du  favori,  une 
bassesse  dont  il  ne  faut  pas  lui  infliger  la  honte. 

Ce  sont  là  des  choses  que  ne  doit  pas  taire  l'éditeur  des  lettres  de  Richelieu; 
plus  nous  tâchons  d'être  fidèle  au  devoir  que  nous  nous  sommes  imposé  de  ne 
rien  dissimuler  des  justes  reproches  que  l'on  peut  adresser  à  l'illustre  cardinal , 
plus  est  impérieux  pour  nous  cet  autre  devoir  d'éloigner  de  sa  mémoire  jusqu'au 
moindre  blâme  qui  ne  semblerait  pas  mérité. 

Nous  admirons  toujours,  dans  ses  ouvrages  historiques,  le  magnifique  langage 
de  M.  Cousin,  et  souvent  l'heureux  succès  de  ses  recherches;  mais  précisément 
à  cause  de  sa  grande  autorité,  il  est  nécessaire  de  se  tenir  en  garde  contre  le 
charme  de  cette  belle  imagination  qui  a  quelquefois  pris  l'historien  lui-même  au 
piège  de  ses  séductions,  et  ne  lui  a  pas  laissé  voir  quelques  personnages  et  certains 
événements  sous  leur  véritable  jour.  La  plume  de  M.  Cousin  est  une  baguette 
de  fée,  elle  sait  douer  merveilleusement  tout  ce  qu'elle  touche;  sous  cette  puis- 

'  Journal  des  Savants,   1862,   p    6gy.  el  celte  vaniteuse  réserve  en  écrivant  poui- 

Nous  ne  voudrions  pas  laisser  ici  i'ombre  la  postérité ,  les  lui  a  imposés  bien  plu.s 

d'une   équivoque,   et   nous    devons    faiie  inipérieuseinenl   encore   en    présence   de 

remarquer  qu'il  s'agit  dans  cette   phrase  ceux  qui  l'avaient  trompé,  el  pour  qui  ses 

des  Mémoires  de  Richelieu;  mais  n'est-il  plaintes, ses  violences,  ses  fureurs  eussent 

pas  évident  que  le  sentiment  iV orgueil  nui  été  un  objet  de  risée? 
a  dicté   à   Richelieu   ce  silence   prudent 


462  LETTRES 

santé  fascination ,  Madame  de  Chevreuse  devient  presque  une  sainte  ' ,  et  M.  de 
Luynes  |)resque  un  grand  homme;  heureusement  le  mal  n'est  pas  contagieux ,  peu 
d'historiens  sont  capables  de  pareils  miracles. 


LXVI. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  29,  pièce  As.  — 
Original  de  la  main  de  Le  Masle. 

A  M.  DE  LUYNES*'. 

19  juin  1619. 

Monsieur, 

Ce  n'est  pas  seulement  par  mon  inclination,  mais  encore  par  le 
commandeinent  exprès  de  la  reyne,  que  je  prends  la  plume  pour  vous 
asseurer  de  mon  très-humble  service. 

Je  ne  vous  puis  assez  remercier  des  asseurances  qu'il  vous  a  pieu 
me  donner  de  vostre  amitié  par  M"  de  Bérule  et  Bouthilier^,  aumos- 
nier  ord°  de  la  reyne  ;  j'en  souhaitte  la  continuation  avec  une  très- 
sincère  affection,  laquelle  je  désire  faire  tousjours  paroistre  au  service 
du  roy  et  au  bien  de  Testât;  auxquels  je  sçay  très-certainement  que 
le  contentement  de  la  reyne  est  inséparablement  attaché.  J'ay  une 
joye  particulière  de  voir  que  le  repos  et  la  paix  de  la  France  soient  es- 
tablis  et  asseurez,  et  que  l'union  des  cœurs  s'avance  et  s'affermisse 
tous  les  jours  de  plus  en  plus. 

La  reyne  ne  désire  rien  tant  que  de  tesmoigner  l'amour  et  le  re.s- 

'  Est-il  besoin  de  citer  ?  Tout  le  monde  '   Le  P.  de  Bérule  fut  envoyé  plusieurs 

aluréloquenlépiloguede  W"'rfe//att<e/brt.  fois  à  la   reine  mère;   il  était  déjà  venu 

'   Un  secrélaire  a  écrit  au  dos  :  «non  avec  M.  de  Béthune  avant  le  i3  de  juin, 

.envoyée,»    la  signature  est  à  moitié   dé-  date  d'une  lettre  de  M.   de  Luynes  à  la 

chirée  ;  on  a  dû  remplacer  cette  lettre  par  reine  mère ,  dans  laquelle  le  favori  annonce 

une  autre;  serait-ce  par  les  deux  mots  de  à  cette  princesse  la   visite  du   prince  de 

politesse  écrits  sur  le  second  feuillet  de  Piedmont  et  du  duc  du  Maine  qui ,  après 

cette  pièce  ,  que  nous  renvoyons  aux  ana-  les  deux  autres ,  seront  ses  cautions  auprès 

lyses,  et  que  la  note  mise  au  dos  semble  d'elle.  »  (Ms.  cité  aux  sources  ,  pièce  Sg.) 

pourtant  désigner  comme  adressés  à  Dea-  —  Quant  à  ce  Boutbillier,  c'était  Sébastien, 

géant  plutôt  qu'à  Luynes  ?  abbéde  laCochère.  (Voy. ci-dessus,  p.  448.) 


DU  CARDINAL  DE  KICHELIEU.-  463 

pect  qu'elle  porte  à  S.  M.  Elle  se  promet,  M^  vostre  alï'ection  sur  les 
asseurances  que  vous  luy  en  donnés,  et  vous  pouvés  faire  estât  de  sa 
bienveillance  estant  si  généreuse  qu'asseurément  elle  ne  se  lairra  point 
surmonter  par  courtoisie.  Pour  mon  particulier,  Mons"",  je  vous  supplie 
croire  que  je  n'oublieray  point  à  confirmer  autant  que  je  pourray  les 
asseurances  que  vous  donnés  à  S.  M.  de  vostre  affection;  et,  en  vous 
rendant  pieuve  de  la  mienne,  vous  faire  voir  que  je  suis. 

Monsieur, 

Vostre  1res  humble  et  très  affectionné  serviteur. 


ARMAND,  EVKSQUE  DE  LUÇON. 


D'Ang"",  ce   I  9*  juin  1619. 


LXVIi. 

Arch.  des  A£F.  étr.  France ,  t.  ag,  pièce  95. 

INSTRUCTION  DE  M.  LE  COMMANDEUR 


(...  juillet  (?)  iCig.] 

11  est  à  propos  de  voir  M.  de  Luynes  pour  qu'il ^  présente  au  roy. 

M.  le  commandeur  dira  à  S.  M.  comme  la  reyne  luy  a  commandé, 
de  luy  baiser  les  mains  de  sa  part,  fasseurer  de  son  affection  et  de 
son  service,  avec  toutes  les  belles  paroles  qu'il  pourra,  en  peu  de 
mot^. 

Il  donnera  à  M.  de  Luynes  toute  assemance  de  l'affection  de  la 
reyne,  qui  le  veut  aymer  et  assister  en  ce  qui  luy  sera  possible. 

Sur  quelque  chose  qu'on  luy  puisse  demander,  j'estime  que  le  meil- 
leur est  de  respondre  peu,  cl  (fu'il  doit  avoir  ce  but  que  toutes  ses 

'  Il  lui  nommé  au  commencement  de  (page  Byo  des  Mémoires  de  Hichelieii). 
juillet  (pièce   ^7').  La  reine    ne   lit  son  '   La  phrase  est  incomplète  ;  est-ce  seu- 

entrée    à    Angers    qne    le     i  /j    octobre         leuient  «  le  •  qui  est  oublié  ici  ? 


464  LETTRES 

responses  aboutissent  à  ce  à  f[uoy  il  sçait  que  la  reyne  est  portée  :  à 
honorer  le  roy,  au  repos  de  Testât,  ne  désirant  rien  que  liberté  et 
repos. 

Si  on  luy  demande  ce  qu'il  estime  touchant  le  voyage  de  la  reyne 
à  la, cour,  sçavoir  si  elle  y  doit  pas  aller;  il  respondra,  en  général,  que 
tous  les  gens  de  bien  l'y  désirent. 

Si  on  l'enquiert  pour  sçavoir  ce  qu'estime  l'évesque  de  Luçon  sur 
ce  sidyject,  il  dira  que  c'est  le  lieu  où  la  reyne  doit  estre,  mais  que 
c'est  un  conseil  qui  doibt  venir  d'elle. 

Si  on  l'enquiert  plus  outre  de  ce  qu'il  estime  qui  en  est,  il  dira  des 
choses  qu'il  sçait  bien  :  que  la  reyne  aime  et  honore  le  roy  et  veut  le 
repos  et  la  pai\.  Du  reste,  vous  sçavés  bien  que  je  suis  bourgeois  qui 
ne  me  soucie  pas  de  grandes  nouvelles. 

Il  sera  à  propos  qu'il  die  au  roy  et  à  la  cour,  selon  le  subject  qui 
en  viendra ,  qu'à  la  vérité  il  est  homme  qui  parle  librement ,  mais  qui 
laict  tousjours  bien. 

Il  faut  demander  à  la  cour  à  M"  de  Luynes  et  de  Sceaux,  l'esta- 
blissement  des  garnisons  par  estats,  les  4oo  hommes  accordez  par  la 
reyne,  et  6  compagnies,  l'une  de  i5o  hommes,  l'autre  de  60;  une 
autre  de  Ao,  et  trois  de  5o  chacune,  et  en  apporter  les  estats  ainsy 
qu'ils  ont  esté  mis  ès-mains  du  dit  s"^  commandeur. 

Il  faut  demander  aussy  qu'il  plaise  au  Roy  faire  remettre  les  armes 
qu'on  a  ostées  des  places,  M.  de  Béthune  ayant  donné  parole  qu'on 
n'en  osteroit  rien,  et  n'y  en  ayant  point  demandé  peiTnission  pour 
deux  mil  tant  piques  et  mousquets,  pour  les  trois  places.  Se  plaindre 
doucement  de  ce  qu'on  a  osté  non-seulement  les  mousquets,  mais  les 
bleds,  vins  et  autres  provisions. 

M.  le  commandeur  yra  chez  M.  le  garde  des  sceaux  prester  son 
serment,  dont  il  retirera  acte  sur  ses  lettres  de  provision.  Ensuitlc 
il  verra  M.  le  chancelier,  M.  le  président  Janin,  le  cardinal  de  Rets, 
et  partout,  s'il  me  croit,  il  doit  parler  peu  et  brider  sa  liberté. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  465 


LXVIII. 
Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  ay,  pièce  99.  —  Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

[LA   REINE  MÈRE]   A... 

[premiers  jours  de  juillet  1619.] 

J'ay  receu  d'autant  plus  volontiers  ia  lettre  que  vous  m'avez  escrite 
que  je  sçais  qu'elle  vient  d'un  homme  qui  m'affectionne.  Vous  me 
le  tesmoignés  par  l'advis  que  vous  me  donnez  touchant  ma  conserva- 
tion et  ma  vie.  Je  ne  sçay  quel  est  celuy  de  (jui  vous  l'avez  receu,  et 
comiuent  il  peut  sçavoir  ce  qu'il  mande.  Je  vous  prie  de  vous  en  en- 
quérir, car  désignant  l'esprit  et  les  marques  singuhères  d'un  homme 
comme  il  fait,  il  faut  ou  que  ce  soit  un  donneur  de  faulx  advis,  ou 
qu'il  en  sache  davantage;  auquel  cas  il  m'ohligera  de  descouvrir  cet 
attentat  qu'il  dit  qu'on  veut  faire  à  ma  personne.  Vous  en  aurez  soing 
.s'il  vous  plai.st.  Vous  sçaurez  les  raisons  pour  lesquelles  le  marquis  de 
Mosny  et  Rousselay  s'en  sont  allez  '  ;  je  ne  leur  en  ay  donné  .subject. 
Rousselay  prétendoit,  à  ce  qu'il  a  dit  plusieurs  fois  à  M.  d'Espernon, 
me  posséder  à  l'exclusion  de  tout  autre.  Il  m'a  pressée  aussy  pour 
avoir  la  charge  de  chevalier  d'honneur;  vous  sçavez  si  je  l'ai  deu  faire. 
Ils  peuvent  dire  tout  ce  qu'ils  voudront,  mais  rien  qui  me  préjudicie 
avec  vérité.  Je  ne  donneray  aucun  mesconlentement  à  personne,  je 
vous  en  asseure,  mais  jugez  ce  îfue  je  puis  faire  quand  on  prétend 
plus  que  je  ne  puis  donner  et  que  je  n'ay  vaillant. 

Vous  .sçavez  quelles  sont  les  humeurs  du  monde;  je  vous  asseure 
que  si  j'avois  de  quoy  donner  à  tous  ceux  qui  m'ont  assistée ,  je  le 
ferois  tout  d'un  coup  de  bon  cœur.  J'ay  esté  bien  aise  de  voir  les  as- 
seurances  que  vous  me  donnez  de  l'affection  du  P.  Arnoid,  et  de  la 

Le  marquis  de  Mosny  partit  le  pre-  quilta  aussi  la  reine  mère,  mais  un  peu  plus 

niier  parce  que  la  reine  inère  lui  avait  re-  tard ,  jaloux  de  la  fave.irdont  jouissait  d'É- 

fusé   le    gouvernement   d'Angers   qu'elle  pernon  et  ensuite  l'évêque  de  Luçon.  (Voy. 

donna  au  marquis  de  Richelieu  ;  Ruccellai  Fontenay-Mareuil.  t.  I    p.  ItUU,  Ulib.) 

CARDIN.  DE  RICUF.LIEC. —  V|J.  5q 


466 


LETTRES 


volonté  qu'il  a  de  m'assister  envers  le  roy  '.  Il  le  peut  faire  asseurance, 
puisque  je  ne  désireray  jamais  que  ses  bonnes  grâces,  le  repos  et  la 
paix  de  soh  estât,  le  mien;  mon  but  n'estant,  pour  esviter  l'embarras 
du  monde,  que  j'ay  expérimenté  mesme  depuis  quatre  mois,  que 
Faire  une  vie  du  tout  particulière. 

Quant  à  ce  que  vous  désirés  sçavoir  de  la  satisfaction  que  j'ay  de 
mon  fils  le  prince  de  Piedmond^,  je  vous  le  diray  en  un  mot,  vous 
asseurant  qu'elle  est  entière.  Pour  ce  que  vous  me  mandez  de  l'é- 
vesque  de  Luçon,je  vous  diray  que  je  sçay  fort  bien  son  dessein;  son 
but  va  à  conserver  la  paix,  et  [sic)  m'est  asseuré  et  fidelle. 


LXIX. 


Arch.  des  Aff.  élr.  France,  t.  ag,  pièce  bi'.  —  Mise  au  net.  — 
Analyse  de  la  main  de  Chaipentier,  même  volume,  pièce  94. 


A  M.  DE  LUYNES. 


[3' dizaine  de  juillet  1619.] 


Monsieur, 

N'ayant  jamais  rien  désiré  avec  tant  de  passion  que  de  voir  une 
estroite  intelligence  entre  le  roy  et  la  reyne  sa  mère,  il  m'est  impos- 
sible de  vous  exprimer  la  joye  que  j'ay  de  voir  qu'elle  s'avance  tous 
les  jours,  de  telle  sorte  qu'on  doive  espérer  de  la  voir  bientost  à  sa 
perfection.  La  reyne  est  tellement  pbrtée  par  son  inclination  à  voir  le 
roy  qu'il   n'est  pas  besoin  d'aucime  persuasion   envers   elle.   M.   de 


'   Sur  le  P.  Arnoux,  voy.  t.  I,  p.  SgS. 

~  Voy.  t.  I,  lettre  /192.  Le  Mercure  fran- 
çais dit  à  cette  époque  :  «  Durant  li  s  mois 
de  juillet  et  d'aoustle  roy  envoya  plusieurs 
seigneurs  de  qualité  vers  la  royne  sa  mère  , 
pour  la  semondre  à  une  entrevue  de  leurs 
majestez;.  .  .  M.  le  prince  de  Piediuond 
ayant  désir,  avant  que  de  s'en  retourner  en 
Savoye,  d'aller  saluer  lad.  dame  royne.  .  . 


le  roy  eut  très-agréable  qu'il  allast  à  An- 
goulesme.  .  .  »  (T.  VI,  p.  298.)  De  retour 
à  Paris,  il  envoya  un  présent  à  liichelieu, 
dont  celui-ci  le  remercie  par  la  lettre  que 
nous  venons  de  citer.  Ce  passage,  qui  met 
la  présente  letlre  vers  le  commencement 
de  juillet,  nous  servira  à  proposer  une 
date  approximative  pour  plusieurs  autres 
lettres  qui  ne  sont  point  datées. 


\ 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  467 

Montbason  vous  dira'  ce  qui  sursoit,  pour  le  présent,  l'exécution  de 
son  désir.  Et  nioy,  Mons.,  pour  satisfaire  à  ce  qu'il  m'a  tesnioigiié  que 
vous  désiriés  de  moy,  je  vous  diray  ingénuement  que  ,  pour  conserver 
la  bienveillance  de  la  reyne,  que  vous  trouvères  sincère  en  vostre  en- 
droit, je  ne  sache  autre  chose  nécessaire,  sinon  qu'il  vous  plaise  luy 
donner,  ainsy  que  je  ne  doute  point  que  vous  ne  le  vouliés  faire, 
des  effects  de  votre  affection  aux  occasions  qui  s'en  présentent  et  s'en 
présenteront.  Je  sçay  certainement  ses  intentions  estre  entières  pour 
S.  M.,  et  que  ses  désirs  n'ont  autre  but  que  la  paix  et  le  repos  de  cet 
Estât.  Vous  pouvés  estre  certain  d'avoir  une  vraie  part  en  son  affec- 
tion, et  si  d'autres  vous  persuadent  le  contraire,  qui  est  ce  fjue  S.  M. 
dit  qu'on  a  tousjours  faict  par  le  passé ,  je  vous  puis  asseurer  que  ce 
sont  artifices  de  personnes  qui,  sous  couleur  de  vous  aymer,  non- 
seulement  vous  veulent  empescher  de  vivre  avec  repos  et  contente- 
ment, mais  en  outre  vous  porter  préjudice.  Ce  que  je  vous  dis  est 
chose  vraye,  que  je  vois  avec  une  clarté  si  évidente,  qu'il  est  impos- 
sible d'en  douter.  Je  vous  supplie  de  le  croire,  et  en  outre  que  je  ne 
manqueray  jamais  à  rendre  au  loy  et  à  l'Estat  ce  à  quoy  je  suis  obligé 
poiu"  mon  honneur  et  ma  conscience ,  les  plus  forts  liens  qui  soyent 
au  monde.  Pour  votre  particulier.  Monsieur,  en  vous  rendant  très- 
humbles  grâces  de  l'honneur  qu'il  vous  plaist  me  faire  de  prendre 
part  à  mon  affliction*,  vous  me  permettrés,  s'il  vous  plaist,  de  vous 
asseurer  que  je  souhaite  avec  passion  de  vous  faire  voir,  par  mes 
services,  que  je  suis,  etc. 

'    M.  (le  Montbazon  avait  été  envoyé  à  retour  du  duc  de  Montbazon,  qu'anitonce 

Marie  de  Médicis  porteur  d'une  lettre  du  la  présente  lettre,  peut  être  mis  dans  la 

roi,  datée  d'Amboise  le  17  juillet.  «Je  dé-  troisième  dizaine  du  mois  de  juillet, 
sire,  dit  Louis  XllI  à  sa  mère,  que  vous  '  Sans  doute  il  s'agit   de   la  mort   du 

veniez,  avec   une  entière  confiance,    re-  marquis  de  Riclielieu,  tué  en  duel  vers  la 

prendre  vostre   place  en  ma  cour,  aussv  (in  de  juin, 
bien  que  vous  l'avez  dans  mon  coeur.  •  Le 


09. 


468 


LETTRES 


LXX, 

Arcli.  des  Aff.  étr.   France,  t.   a8.  pièce   io4.  —   Minute. 

LETTRE  DE  LA  REINE  MÈRE  AU   ROI'. 

[  1  "  quinzaine  d'août  1619'.] 

Monsieur  mon  fils,  je  ne  sçaurais  assez  vous  remercier  de  la  faveur 


'  J'ai  trouvé  dans  la  même  collection , 
tome  29,  un  premier  brouillon  très  raturé 
et  une  copie  cotée  106  et  107.  La  pièce 
que  nous  donnons  ici  nesl  pas  tout  à  fait 
conlorme  à  ce  premier  brouillon. 

'  Les  conditions  de  la  paix  faite  à  An- 
goulême  ne  s'exécutaient  pas,  la  reine 
mère  ne  se  décidait  pas  à  venir  à  la  cour. 
On  envoya  de  nouveau  vers  elle  le  beau- 
père  de  Luynes.  Nous  trouvons  aux  Ar- 
chives des  Affaires  étrangères  un  «  mé- 
moire contenanl  l'intonlion  du  roy  sur 
chacun  des  articles  contenus  au  mémoire 
qui  a  esté  apporté  par  M.  de  Montbazon  , 
revenant  d'Angoulesme,  de  la  part  de  la 
16) ne  mère.»  Ce  documenl  est  daté  du 
16  aoiit,  ce  qui  indique,  pour  la  mission 
de  M.  de  Montbazon,  et,  par  conséquent, 
pour  la  présente  lettre  ,  la  date  de  la 
première  quinzaine  d'août.  —  La  minute 
de  la  réponse  que  fit  le  duc  de  Luynes, 
au  retour  de  M.  de  Montbazon,  est  con- 
servée aussi  dans  les  papiers  de  Hiche- 
lieu  ;  nous  y  remarquons  ce  passage  ajouté 
en  marge,  de  la  main  de  i'évêque  de  Lu- 
çon,  avec  un  renvoi  pour  intercaler:  «Sa- 
chant si  bien  les  intentions  du  roy  que 
je  ne  crains  point  de  l'asseurer  (la  reine 

*  Nous  avous  déjà  vu  (ci-(lessus  p.  391,  note  1) 
EUchelieu  envoyer  un  brouillon  à  de  l^uynes  dans  la 


mère),  au  péril  de  mon  honneur,  de  font 
ce  que  dessus ,  el  que  tant  au  voyage  qu  elle 
vient  faire  à  la  cour  que  aux  autres  qu'elle 
y  pourra  l'aire  à  l'advenir,  elle  n'y  demeu- 
rera que  tant  et  si  peu  qu'elle  voudra  ;  je 
luy  en  donne  ma  parole  comme  aussy  de 
la  servir.  »  (  Pièce  1  1  o  du  tome  2  9 .)  Ainsi  la 
minute  de  la  lettre  que  devait  écrire  de 
Luynes  à  la  reine  mère  ,ivait  été  envoyée 
à  Richelieu  pour  être  modifiée  de  manière 
à  ce  que  chacun  fijt  satisfait  et  que  l'on 
pût  s'entendre*.  En  même  temps  on 
voulut  que  le  P.  Arnotix,  confesseur  du 
roi ,  confirmât ,  à  son  tour,  par  un  engage- 
ment personnel,  les  promesses  du  duc  de 
Luynes;  à  cette  fin  Richelieu  envoya  la 
matière  de  la  lettre  que  devait  écrire  le 
P.  .Arnoux  à  la  reine  mère,  et  que  le  P. 
Suffren  était  censé  avoir  rédigée",  mais  qui 
au  moins  en  partie  était  l'œuvre  de  Riche- 
lieu. Nous  la  donnons  ici  à  la  suite  de  la 
lettre  par  laquelle  Richelieu  l'annonce.  H 
en  a  fait  mention  dans  ses  Mémoires  (t.  I, 
p.  55g),  où  il  a  aussi  analysé  la  lettre  de 
de  Luynes  sans  mettre  le  lecteur  dans  la 
confidence  de  ce  que  nous  apprend  le 
manuscrit. 


même  pensée  ;  le  procédé  était  récipro<|ue. 
la  lettre  71  ci-après. 


"  \ov. 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  469 

qu'il  vous  plaist  me  faire  de  désirer  rue  voir.  L'honneur  que  j'ay 
d'estre  vostre  mère  faict  qu'il  n'y  a  chose  au  monde  que  je  souhaitte 
à  l'esgal  de  votre  veue  et  de  vos  bonnes  grâces.  J'ay  conjuré  mon 
cousin,  le  duc  de  Montbason,  de  vous  représenter  l'intégrité  de  mes 
intentions  et  l'équité  de  la  prière  que  je  vous  fais  de  trouver  bon 
qu'auparavant  que  je  pense  à  mes  contentemens,  entre  lesquels  le 
principal  est  de  vous  voir,  je  procure  [sic)  qu'd  vous  plaise  pourvoir  à 
ce  qui  concerne  ceux  qui  m'ont  assistée,  ainsy  qu'il  vous  a  pieu  me 
le  promettre,  et  que  ma  conscience  et  mon  honneur  m'y  obligent. 

Cependant  je  vous  supplie  me  faire  l'honneur  de  croire.  Monsieur 
mon  fils,  que  mon  cœur  est  toujours  avec  vous,  et  que  je  ne  désire 
rien  tant  au  monde  que  la  faveur  de  vostre  bienveillance,  que  je  tas- 
cheray  de  mériter  par  une  suitte  sy  sincère  de  toutes  mes  actions  que 
vous  avouerés,  je  m'asseure,  que  je  .suis  véritablement,  Monsieur 
mon  lils, 

Vosire  ' .  .  . 


Arcli.  des  Aff.  .étr.  France,  t.  29,  pièce  loà.  — 
Miaule  de  la  main  de  Ciiarpentier. 

PtMN'lS  DE  LA  LETTRE  UU  P.  ABNOUX  A  LA  REYNEV 

[a"*  quinzaine  d'aoOt  1619'.] 

Le  P.  Arnoul  escrica  une  lettre  à  la  reyne  pour  la  convier  efficacement  d'aller 
à  la  cour,  l'asseurant  qu'elle  y  recevra  tout  contentement;  et  pour  vaincre  les 
obstacles  qui  se  présentent  à  S.  M.  il  l'asseurcra  puissament  des  points  suivants  : 

Qu'il  respond  que  M'  d'Espernon  et  ceux  qui  l'ont  servie  en  ces  dernières  oc- 
casions seront  très-bien  traitiez. 

Que  la  libre  disposition  de  sa  maison  et  de  sa  demeure  qui  luy  a  esté  pro- 
mise par  M"  le  cardinal  [de  la  Rochefoucauld]  et  de  Béthune  luy  sera  conservée 
inviolablement,  luy  promettant  <]u'elle  ne  sera  à  la  cour  que  tant  et  si  peu  que 
bon  luy  semblera. 

'  Richelieu  cite  quelques  lignes  de  cette  '  La  date  manque  à  celle  minute  ;  elle 

lettre  dans  ses  Mémoires,  t.  I,  p.  bhS.  doit  avoir  été  écrite  après  la  mission  du 

'   Le  secrétaire  a  écrit  ce  titre  au  dos  duc  de  Montbazon. 
de  la  minute. 


470  LETTRES 

Qu'elle  ne  doit  point  appréhender  qu'on  prenne  des  jalousies  et  des  ombrages 
d'elle,  et  que  les  calomnies  luy  puissent  nuyre,  estant  obligé  en  conscience  de 
remédier  à  tout  cela. 

Qu'il  luy  donne  d'autant  plus  volontiers  ces  asseurances  qu'il  recognoist  qu'on 
ne  sçauroit  manquer  à  ce  qui  luy  a  esté  promis  en  tout  cela,  et  à  ce  qu'elle 
désire  sans  un  notable  préjudice  de  conscience. 

Qu'il  engage  sa  foy,  son  honneur  et  son  ame  qu'en  cela,  et  en  toute  autre 
chose,  elle  aura  contentement  '. 


LXXI. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,   I.  29,  pièce  127.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

AU  PÈRE  ARNOULT. 

[  1  "  quinzaine  d'aoiîl  i  ti  1  g.  ] 

Monsieur, 

Nous  avons  tous  pour  but  ia  gloire  de  Dieu,  le  bien  de  la  France 
et  le  contentement  de  leurs  Majestés.  Nous  sçavons  particulièrement 
comme  vous  vous  employés  pour  venir  à  ces  fins.  Ceux  qui  sont  de 
deçà  taschent  aussy  d'y  travailler  en  ce  qu'ils  peuvent.  Vous  en  rece- 
vrés  un  témoignage  en  ce  que  les  bons  pères  SufiFrant,  Bérule  et 
Joseph  et  moy  ayans  jugé  une  lettre  de  vous  nécessaire,  nous  envoyons 
exprès  pour  l'avoir.  Le  R.  P.  SulFrant  vous  en  envoie  la  substance; 
c'est  pourquoy  je  n'ay  rien  à  vous  dire  sur  ce  subjet.  Dieu  parachè- 
vera, s'il  lui  plaist,  son  œuvre.  A  nostre  première  veue  je  m'asseure 
que  nous  verrons  tous  deux  une  mutuelle  ouverture  de  nos  cœurs, 
que  nous  unirons  par  un  tel  ciment  que  rien  ne  les  pourra  séparer. 

'   Quelques  jours  après,  le  P.  Arnoux  ce  qu'on  luy  a  promis  pour  elle  et  pour  ses 

écrivait  de  lui-même   à  la  reine  mère,  en  serviteurs.  .  .  Je  voudrois  de  mon  propre 

lui  exprimant    son    vif  contentement   de  sang  signer  ce  que  j'en  crois    ..    quelle 

l'accord  :  «  Comme  confesseur,  je  responds  dissipe  tout  ombrage.  1  (Lettre  du  aa  août, 

volontiers  des  intentions  que  je  recognois  pièce  5g'  du  ms.)  —  Le  r>  septembre,  la 

cstre  telles  au  fond  de  leurs  consciences  reine  mère   partit   d'Angoulême  pour  se 

(du  roi  et  de  Luynes).  On  accomplira  tout  rendre  auprès  du  roi. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU. 


471 


A  ceux  qui  donnent  des  effects,  peu  de  paroles;  croyés-nioy  donc, 
s'il  vous  plaist,  autant  en  un  mot  qu'en  mille,  cordialement .  .  . 


LXXII. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  t.  ag,  pièce  ii4' 
Minute  de  la  main  de  Cliarpentier. 


A  M.  DE  LUYNES. 


Monsieur, 


[Vers  la  fin  d'août  1619. 


L'affection  que  j'ay  vouée  à  vostre  service  ne  me  permet  pas  de 
laisser  retourner  vers  vous  le  R.  P.  Joseph  sans  vous  '  en  donner  de 
nouvelles  asseurances  et  vous  tesnioigner  la  joye  que  j'ay  de  voir 
l'union  de  leurs  majestés  tant  désirée,  estre  si  proche  de  sa  perfection 
que  dans  peu  de  jours  elles  auront  le  contentement  de  se  voir.  Le 
bon  père  vous  dira  plus  particulièrement  la  bonne  volonté  que  la 
reyne  a  pour  vous,  qui  est  telle  qu'en  vérité  je  ne  croy  pas  qu'il  y  ail 
rien  à  désirer. 


'  A  partir  d'ici  le  texte  est  écrit  en 
marge  d'une  minute  primitive  qui  n'a  pas 
été  barrée  et  qui  pouilant  n'a  point  de 
place  indiquée  dans  cette  rédaction  nou- 
velle. J'en  conserverai  seulement  ce  pas- 
sage; Richelieu  disait  à  M.  de  Luyncs  : 
•  Le  P.  Joseph  vous  fera  entendre  aucunes 
particularitez  que  nous  avons  jugé  gran- 
dement importer  au  bien  du  service  de 
leurs  majestés.  Je  me  promets.  Monsieur, 
que  vous  uurés  d'autant  plus  de  créance 
en  luy,  qu'il  cognoist  de  longue  main  ce. 
qui  est  en  mon  cœur.  ■  —  Le  P.  Joseph 
avait  été  envoyé  par  le  roi ,  au  mois  d'août, 
vers  la  reine  mère  qui  différait  de  se 
rendre  auprès  !e  Louis  XIII  depuis  plus  de 


trois  mois  qu'avait  été  conclu  l'accord 
d'Angoulême;  Richelieu  chargea  ce  Père 
retournant  vers  le  roi ,  de  la  présente  lettre, 
dont  la  minute  est  sans  date,  mais  qui  doit 
être  de  la  fin  d'août,  puisque  la  reine 
mère  partit  d'Angoulème  le  5  septembre. 
L'auteur  de  la  V  ie  du  P.  Joseph  dit  :  «  le 
ag  août.  •  Le  j"  septembre,  Marie  de  Mé- 
dicis  envoya  l'évèque  de  Luçon  vers  le  roi 
pour  préparer  leur  entrevue.  Leurs  Ma- 
jestés se  rencontrèrent  au  château  de  Cou- 
zières  près  Tours  où  elles  se  rendirent  le 
6,  et  y  passèrent  oniie  jours  ensemble. 
(Mém.  de  Richelieu,  l ,  bh-j,  568  et  .S69  ; 
Mém.  de  tontenay-Mareuil ,  t.  I  ,  p.  4/|8: 
l'ie  de  Marie  de  Médias,  t.  III,  i/i,  16  ) 


4-72  LETTRES 

Pour  moy,  Monsieur,  je  ne  vous  diray  pas  la  passion  que  j'ay  à 
vostre  service,  aimant  mieux  vous  la  faire  cognoistre  par  mes  actions 
que  par  mes  paroles,  qui  toutes  fois  vous  suplient  de  croire  que  je 
suis  sans  feintise , 


Monsieur, 


Vostre  très  humble  et  très  affectionné  serviteur. 


LXXIII. 

Arch.  des  Aff.  étr.   France,  t.  29,  pièce  76.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

A  M.  BARBIN'. 

2J  octobre  1619. 

Monsieur, 

Je  me  promettais  un  mot  de  lettre  de  vostre  part  au  sortir  de 
Paris,  pour  apprendre  vos  intentions  sur  le  sujet  de  vos  affaires.  J'avois 
prié  M.  vostre  frère,  non  de  vous  asseurer  de  mon  affection,  ne  dou- 
tant point  qu'elle  ne  vous  soit  cogneue ,  mais  de  vous  conjurer  de  me 
donner  moyen  de  vous  la  pouvoir  tesmoigner  en  chose  qui  vous  fust 
agréable,  en  me  faisant  sçavoir  ce  en  quoy  je  porrois  vous  servir  uti- 
lement. On  m'a  mandé  de  Paris  que  vous  vous  plaigniés  de  moy  par 
la  bouche  de  M.  de  Brois,  pour  n'avoir  point  receu  d'argent  de  la 
part  de  la  reyne  au  sortir  de  la  Bastille ,  ce  que  je  ne  puis  comprendre, 
veu  que  le  s'  d'Argoiiges  a  eu  charge  très-expresse  de  vous  en  porter. 
Par  la  grâce  de  Dieu,  si  j'ay  plusieurs  deffauts,  je  ne  suis  pas  accusé 
de  celuy  d'abandonner  mes  amis,  et  m'asseiu-e  qu'il  n'y  en  a  pas  un 
qui  n'ayt  occasion  de  croire,  par  effect,  que  nul  en  ce  genre  ne  vaut 
mieux  que  moy. 

Je  ne  vous  en  diray  pas  davantage  sur  ce  sujet,  aymant  mieux  em- 
ployer'ce  reste  de  papier  à  vous  asseurer  qu'il  n'y  aura  occasion  en 

'  Le  secrétaire  n   mis  ce  nom  au  dos,  ainsi  que  la  date. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU. 


473 


laquelle  j'aye  moyen  de  vous  servir,  que  je  n'embrasse  avec  désir  très- 
sincère  de  vous  faire  voir  que  je  suis  véritablement.  .  . 


LXXIV. 

Arcli.  des   Aff.  étr.  France,  t.  acf,  pièce  87.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 


A   M.  DE  LUYNES'. 


Monsieur, 


2  décembre  1619. 


M.  de  Marossan^  ayant  exposé  à  la  reyne  la  créance  dont  il  avoit 
pieu  au  roy  le  charger,  sur  la  résolution  qu'il  prend  touchant 
ceux  de  la  religion  prétendue  réformée,  S.  M.  l'a  grandement 
approuvée,  estimant  qu'il  ne  sçauroit  mieux  faire  que  de  les  empes- 
cher  de  toutes  sortes  d'entreprises  au  préjudice  de  l'esdit,  et  les  con- 
tenir en  l'obéissance  que  tous  ses  subjets  luy  doivent.  Elle  a  entendu 
aussy  ce  que  led.  s'  de  Marossan  luy  a  dit  sur  le  subjet  de  la  lettre 
(le  M.  le  Prince'.  Je  ne  vous  celleray  point.  Monsieur,  qu'elle  n'en 
ayl  esté  un  peu  touchée.  Quant  à  la  déclaration,  elle  ne  l'a  point 


'  Le  secrétaire  a  écrit  ce  nom  au  dos , 
ainsi  <|ue  la  date;  on  y  lit  encore  :  «em- 
ployé. » 

''  C'était  une  créature  du  duc  de  Luynes, 
dont  Richelieu  parle  deux  ou  trois  fois 
dans  ses  Mémoires,  notamment  au  sujet  de 
l'achat  d'Avignon  que  de  Luy  ne»  avait, 
dit-on ,  projeté  :  «  On  a  découvert  ceci  après 
la  mort  de  Marossan,  une  cassette  ayant 
été  saisie  à  Lyon  par  ses  créanciers  et  mise 
ès-mains  de  M'  OUier,  intendant  de  la 
justice,  pour  voir  s'il  n y  avoit  point  de 
papiers  importans  au  service  du  roy,  à 
cause  des  charges  publiques  cp'il  avoit 
eues.»  (Mém.i   II,  p.  168.)  Richelieu  lui 


CAIIDIN    DE  ItlCHELIEU. 


VII. 


impute  encore  un  dessein  bien  plus  ex- 
travagant que  l'achat  d'Avignon  :  «Il  eut 
dessein,  dit-il,  de  se  faire  roi  d'Austrasie, 
en  érigeant  ïoul,  Metz  et  Verdun  en 
royaume.»  [Ibid.  p.  167.)  La  fortune 
n'avait  pas  exalté  l'imagination  de  Luynes. 
au  point  de  lui  faire  concevoir  cette  fantas- 
tique ambition.  Richelieu  ne  donne  pas 
le  moindre  air  de  vraisemblance  au  ridi- 
cule dont  il  veut  couvrir  la  mémoire  d'un 
homme  contre  qui  ses  rancuiie.s  sont  im- 
placables. 

■^  Il  avait  écrit  à  la  reine  mère  des 
lettres  «  peu  respectueuses ,  «  dit  l'historien 
de  Marie  de  Médicis,  t.  III,  p.  37. 

(ir) 


/|74  LETTRES 

encore  leceue  '  ;  elle  vous  tiendra  lousjours  trop  affectionné  à  ce  qui 
ia  concerne  pour  croire  que  vous  sachiés  aucune  cliose  qui  luy  puisse 
porter  préjudice  sans  y  apporter  les  remèdes  que  vous  jugerés  à 
propos.  Sur  ma  conscience,  Monsieur,  je  le  dis  devant  Dieu,  vous 
devés  i'aymer,  car  ses  intentions  sont  saines  et  entières  pour  vous,  et 
plus  je  vas  en  avant,  plus  je  recognois  que,  si  son  cœur  est  grand,  sa 
bonté  l'est  aussy. 

Je  ne  doute  point,  comme  il  vous  plaist  me  mander,  qu'il  ne  se 
trouve  partout  des  gens  qui  voudroient  brouiller  les  caries;  mais 
ainsy  que  vous  estes  seurs  de  vostre  part  asseurés  vous  aussy,  s'il 
vous  plaist,  de  la  nostre.  11  est  impossible  d'empescher  les  discoins 
et  les  divers  desseins  des  personnes,  mais  il  est  bien  aysé,  à  qui  a 
bonne  intention,  comme  nous  avons  tous,  de  se  garantir  du  venin  de 
tels  esprits.  Au  nom  de  Dieu,  quoy  qu'on  vous  die  de  deçà,  esclair- 
cissés  les,  estans  sy  asseurez  de  nous  mesmes,  qu'im  des  grands  con- 
tentemens  que  nous  puissions  recevoir  est  de  nous  donner  lieu  de 
faire  voir  la  malice  de  ceux  qui  vous  voudroient  faire  de  faux  rapports. 
Je  vous  ay  dit  plusieurs  fois,  Monsieur,  qu'il  se  peut  bien  rencontrer 
des  occasions  qui  ne  plaisent  pas  à  la  reyne,  mais  que  rien  ne  peut 
détraquer  du  bon  chemin,  je  vous  le  dis  encore  et  est  chose  vrave. 

Soyés  doncques  asseuré  des  bonnes  intentions  de  la  reyne,  et  suives, 
s'il  vous  plaist,  l'inclination  que  vous  avés  de  rechercher  les  moyens 
de  luy  tesmoigner  vostre  affection ,  sur  peyne  de  m'en  faire  reproche 
devant  Dieu  et  devant  les  hommes,  s'il  ne  vous  réussit  à  bien.  J'es- 
père que  nous  vous  verrons  bientost,  et  toutefois  je  ne  puis  encore 
.vous  mander  le  temps  préfixe;  mais  bien  vous  asseure-je  que  ce  ne 
sera  jamais  sy  tost  que  je  le  désire,  sachant  que  ce  sera  le  contente- 
ment du  roy  et  de  la  reyne  sa, mère,  le  bien  de  l'Estat  et  vostre  sa- 
tisfaction particulière. 

En  quelque  lieu  que  je  sois,  je  me  promets.  Monsieur,  la  continua- 
tion de  vostre  amitié,  dont  il  vous  plaist  m'asseurer,  et  je  vous  suplie 
de  croire  que  je  seray  très-véritablement... 

'  Voy.  ci-après  vers  la  fin  de  décembre  de  cette  année. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  Ii75 

Monsieur,  j'ay  dit  particulièrement  à  M.  de  Marossan  les  raisons 
pour  lesquelles  il  estoil  à  propos  que  vous  empeschiés  qu'il  n'y  ayl  de 
mauvaise  intelligence  entre  la  reyne  et  M.  le  prince;  vous  approuverés 
ma  franchise  qui  sousmet  tout  à  vostre  empire'. 

Monsieur,  la  reyne  désire  tant  vous  tesmoigner  l'affection  qu'elle 
vous  porte,  qu'incontinen»  que  je  luy  ay  parlé  de  l'affaire  du  s"^  Mahé, 
elle  s'est  très  volontiers  portée  à  gratifier  ses  alliez,  en  vostre  recom- 
mandation ,  de  la  somme  de  quatre  mille  escus. 

La  lettre  est  terininéc  par  quelques  lignes  de  politesse. 


LXXV. 

Arcli.  (les  Aff.  étr.  France,  t.  2<j,  pièce  i  i5'.  — 
.VI  imite  de  la  main  de  Charpentier. 

A   M.  DE   LUYNES. 

[  Vpis  la  fin  de décombre  1619'.] 

Monsieur, 

J'ay  veu  par  celle  qu'il  vous  a  pieu  m'escrire  ce  que  vous  aviés  eu 
agréable  de  me  mander  des  mescontentemens  qui  sont  à  la  cour, 
et  de  ce  que  vous  ne  désireriés  pas  que  de  faux  rapports  donnasseni 
des  mauvaises  impressions  à  la  reyne.  J'ay  desjà  respondu  à  un  article 

'   .Mot  écrit  assez  lisiblement;  toutefois  puis  il  avait  obtenu  du  roi  une  déclaration 

l'al).sence  du  point  sur  \'i  (omission  qui  se  rendue  à  Fontainebleau  le  q  novembre  el 

rencontre  très -fréquemment),  jointe  à  la  enregislrée  au  parlement  le  afi.  En  y  pro 

configuration  indécise  de  jilusieurs  lettres,  clamaiU  l'innocence  du   prince  .  on  faisait 

permettrait  de  lire  aussi  :  censure.  retomber  sur  la   reine  mère  le  reproche 

*  (>e|te  lettre ,  dont  la  minute  n'est  point  d'une  injuste  détention  *.  On  a  vu ,  dans  une 
datée,  doit  avoir  été  écrite  vers  la  fin  de  lettre  du  2  décembre,  qu'à  ce  moment  la 
décembre  1619.  Le  prince  de  Condé,  em-"  reine  mère  ne  connaissait  pas  encore  cette 
prisouné  à  la  Bastille  eu  1617  sur  l'ordre  déclaration;  la  présente  lettre  témoigne 
de  Marie  de  Médicis,  avait  été  mis  en  li-  le  mécontentement  qu'elle  en  éprouva, 
berté  le  ao  octobre  par  le  duc  de  Luynes;  (Voir  ci-après,  date  du  26  janvier  1620.) 

*  ï.a  déclaration  ftil  iniprimée  en  iSti   dans  le  tome  VI  du  Uercure  Jiançois ,  p.  ^^•j. 

60. 


/i76  LETTRES 

qu'en  ce  genre  M.  de  la  Cochère  ni'avoit  mandé  de  vostre  part ,  lou- 
chant quelques  personnes  qu'on  disoit  avoir  esté  icy  à  mon  desceu, 
par  où  vous  cognoistrés  la  malice  de  certains  donneurs  d'advis  qui  se 
font  de  feste ,  sans  se  soucier  que  leurs  discours  ayent  fondement  ou 
non  II  est  vrai,  Monsieur,  que  toutes  les  intentions  de  S.  M.  sont  sy 
nettes,  qu'il  est  impossible  que  la  calomnie  y  puisse  mordre.  D'em- 
pescher  que  chacun  ne  parle  selon  sa  passion,  vous  sçavés  que  c'est 
chose  qui  ne  se  peut,  mais  tout  cela  ne  sçauroit  faire  que  vous  ayés 
lieu  de  douter  qu'il  arrive  aucun  inconvénient  de  la  part  de  S.  M. 
Depluis  que  vous  luy  avés  promis  vostre  affection,  et  qu'elle  vous  a 
asseuré  de  la  sienne,  elle  a  esté  en  divers  estats.  Au  commencement 
elle  a  esté  très-satisfaite  et  très-contente ,  a  creu  fermement  que  vous 
vouhés  prendre  confiance  en  elle  ;  ensuitte  de  quoy  ce  que  vous  sçavés 
qui  s'est  passé  a  troublé  son  contentement,  et  luy  a  faict  appréhender 
de  s'estre  mesprise  en  ses  premières  pensées,  et  qu'on  vous  destournoit 
de  prendre  confiance  en  elle,  comme  elle  la  méritoit,  non-seulement 
par  sa  qualité,  mais  pour  son  affection.  Cela  a  ralenty  le  désir  pas- 
sionné qu'elle  avoit  d'aller  à  Paris,  disant  que,  n'y  voulant  aller  que 
pour  la  satisfaction  du  roy  et  la  sienne,  et  le  contentement  de  ceux 
qu'il  ayme,  elle  n'y  veut  pas  aller  qu'elle  ne  juge  y  en  devoir  recevoir. 

Voilà,  Monsieur,  quel  a  e.sté  le  cours  des  choses.  Que  tout  cela 
puisse  destourner  S.  M.  du  bon  chemin ,  c'est  chose  qui  ne  peut  de- 
vant Dieu  entrer  en  la  pensée  avec  fondement.  Que  S.  M.,  dans  ce 
dégoust,  ayt  changé  le  dessein  de  désirer  vostre  affection  et  vous 
aymer,  on  ne  le  peut  dire  avec  vérité.  Aussy  peu  qu'elle  ayt  rompu 
celuy  d'aller  à  Paris;  mais  elle  a  retardé  son  voyage  pour  les  considé- 
rations susdites. 

Je  vous  dis  en  cela  le  propre  sens  des  paroles  que  je  luy  ay  ouï 
dire  plusieurs  fois,  que  vous  croirés,  s'il  vous  plaist.  Monsieur,  si  vous 
daignés  considérer  que  je  ne  suis  ny  d'humeur,  ny  de  condition  de 
tromper  personne,  et  que  désirant  passionnément  le  service  du  roy 
et  de  la  reyne ,  je  suis  véritablement  vostre  serviteur.  Le  but  de  la 
reyne  est  de  vivre  en  paix  et  en  repos,  rien  ne  peut  apporter  chan- 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  477 

gement  en  ce  dessein.  Je  vous  suplie  de  m'en  croire,  car  je  le  sçay; 
mais  il  est  impossible  qu'elle  n'ayt  du  ressentiment  des  actions  qu'elle 
estime  se  passer  à  son  préjudice.  Je  ne  vous  diray  point  la  façon  avec 
laquelle  je  m'y  comporte;  Dieu  le  sçayt,  et  mes  actions  le  feront  tous- 
jours  paroistre. 

Je  vous  suplie,  1V1%  vous  ressouvenir  de  ce  que  j'ay  pris  la  hardiesse 
de  vous  dire  à  Tours,  que,  poiu"  les  choses  essentielles,  il  n'y  avoit 
rien  à  craindre,  mais  cependant  il  estoit  important  que  S.  M.  receust 
de  vous  les  offices  qu'elle  s'est  promis  de  vostre  amitié,  afin  que  son 
esprit  fust  content.  Je  vous  le  dis  encore,  vous  asseurant  que  je  voy 
clairement  que  vous  recevrés  une  très-franche  et  très-sincère  affec- 
tion de  S.  M.  Je  vous  dis  ce  que  je  cognois  tous  les  jours,  voyant  dans 
ses  mescontenlemens  toutes  ses  pensées  portées  au  bien. 

Voilà,  Monsieur,  tout  ce  que  je  puis  vous  dire  sur  ce  sujet  qui  est 
très-véritable,  comme  aussy  la  passion  que  j'ay  et  auray  toute  "ma 
vie  de  vous  tesmoigner,  par  toutes  mes  actions ,  que  je  suis  sincère- 
ment. .  . 


Monsieur,  M'  Tarault  m'a  dit  ce  dont  il  vous  a  pieu  me  charger, 
touchant  la  réconciliation  de  M^""  le  prince  avec  la  reyne.  Je  m'asseure 
que  luy.  M"  de  Marossan  et  Toiras  vous  auront  dit  comme ,  à  tous  les 
voyages  qu'ils  ont  faits  icy,  je  les  ay  priés  de  vous  faire  sçavoir  que 
j'estimois  important  pour  le  bien  de  l'Estat  et  votre  contentement  par- 
ticulier, qu'il  n'y  eust  point  de  division  entre  eux.  1/humeur  de  S.  M. 
estant  d'éviter  toutes  contestations,  je  contribueray,  de  ma  part,  tout 
ce  que  je  pourray  à  un  sy  saint  dessein. 

Monsieur, 

Vostre  très  humble  et  très  affectionné  serviteur. 


478  LETTRES 


LXXVI. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  France,  t.  29,  pièce  \/ti'.  —  Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

AU  P.   AR>OUX. 

[Fin  de  dccembrc  1619  '.] 

Monsieur, 

J'ay  receu  vos  lettres  pleines  de  tesmoignages  de  vostre  zelle  au 
bien  commun,  et  au  particulier  de  la  reyne.  Vous  pouvés  croire  que 
je  n'ay  pas  manqué  de  les  luy  faire  voir,  et  luy  dire,  sur  ce  sujet,  ce 
que  j'ay  estimé  devoir  à  la  passion  que  vous  avés  à  son  service,  dont 
le  s'  de  la  Cochère  nous  a  rendu  divers  tesmoignages  et  qui  m'est 
assez  cogneue  d'ailleurs.  Quoy  qui  arrive,  je  vous  suplie  de  croire  que 
rien  n'est  capable  de  destotirner  S.  M.  du  bon  chemin.  Plusieurs 
choses  le  sont  de  donner  desgoust  à  son  esprit;  et  ce  genre  de  ma- 
ladie est  celuy  seul  qui  la  travaille.  Vous  sçavés  qu'il  s'est  passé  di- 
verses choses  qui  iuy  ont  despieu,  cela  a  retardé  son  voyage,  son 
esprit  ne  voulant  point  de  contestations,  et  ayant  préveu  en  pouvoir 
recevoir  à  la  Cour,  f.e  bon  père  Suffrant  et  moy  avons  faict  ce  que 
nous  avons  peu  et  deub  sur  ce  sujet,  jusques  à  en  estre  accusez, 
comme  il  vous  pourra  dire,  de  simple  créance. 

J'ay  tousjours  estimé  qu'il  estoit  important  que  M?'  le  prince  fusl 
avec  S.  M.  en  sorte  qu'elle  n'en  receust  aucun  tesmoignage  d'aigreur, 
parce  qu'ayant  le  cœur  grand,  son  esprit  s'altère  par  telles  voyes  au 
lieu  de  se  gaigner,  et  qu'au  contraire  sa  bonté  faict  (jue  par  douceur 
on  ne^  la  peut  vaincre.  Je  vous  dis  cecy  particulièrement  parce  que 

'   La  date  de  la  présente  lettre  doit  être  une  lettre  où  l'évèque  de  Luçon  donne 

de  la  fin  de   1619,  d'après  ce  qui  est  dit  déjà  au  P.  Arnoux  I  espoir  de  cette  visite 

louchant  le  prince  de  Condé.  Nous  trou-  de  la  reine.) 

vons  d'ailleurs,  dans  cette  minute  même,  ^  Cette  négation  fait  un  contre-sens;  ce 

trois  lignes  effacées  qui   confirment  celte  doit  être  une  faute  de  copiste.   Les  mois  : 

date  :   a  La  reyne  estoit   preste  de  partir  «  ou  ne  la  peut  vaincre  »  sont  écrits  en  in- 

après  ce  jour  de  l'an,»  avait  écrit  Riche-  "  terligne,   au-dessus    de    ceux-ci    qu'on   a 

lieu.  (  Voyez  dans  notre  tome  I",  p.  638,  barrés  :  «  elle  se  porte  à  ce  qu'on  désire.  » 


DU   CARDINAL   DE  RICHELIEU. 


^79 


j'estime  très-important  que  S.  M.,  en  toutes  occasions,  reçoive  par  ce 
moyen  contentement,  afin  que  son  esprit  soit  satisfait  et  qu'il  n'y  avt 
pas  seulement  union  entre  les  cœurs,  mais  qu'elle  paroisse  à  tout  le 
monde.  Son  voyage  n'est  nullement  rompu  ',  mais  il  est  à  propos  que 
certains  contentemens  la  reconvient  à  s'y  porter  d'elle-mesme.  Voyant 
clairement  que  rien  ne  l'a  arrestée  que  la  pensée  qu'elle  a  d'y  pouvoir 
recevoir  du  trouble  qu'elle  veut  éviter,  puisqu'elle  n'y  veut  aller  que 
pour  donner  du  contentement  au  roy  et  à  tout  ce  qu'il  ayme .  .  . 

Voilà,  Monsieur,  ce  que  je  sçay  du  cours  de  nostre  petit  monde. 
A  quoy  je  n'adjousieray  rien,  sinon  les  asseurances  que  je  vous  donne 
de  mon  affection ,  que  vous  trouvères  tousjours  entière  à  vous  tesmoi- 
gner,  en  toutes  occasions,  que  je  suis  sincèrement... 


ANNEE   1620. 


LXXVII. 

AIT.  ctr.  France,  I.  3o,  pièce  l".  —  Mise  au. net  de  la  main  de  Charpentier. 

MÉMOIRE  DONNÉ  A  M.  DE  BRANTES '. 

16  janvier  iliio. 

Le  mémoire  des  affaires  de   la  reyne  baillé  à  M.  de  Brantes  le 
36*" janvier  1620,  contient  : 


'  Cependant  il  n'eut  pas  lieu;  divers 
sujets  de  mécontentement  et  les  soupçons 
<|ue  lui  iiispir.iienl  Clianteloube  et  les  plus 
iniluenis  de  ceux  qui  entouraient  cette 
princesse,  l'en  détournèrent,  quoique  l'é- 
vèque  de  Luçon  lui  conseillât  la  concilia- 
tion. (Voy.  Vie  (le  Marie  de  Médicis.  III,  27 
etsuiv.  Mém.de  Richelieu,  I,  Sya  et  suiv.) 

'  L.1  pièce  n'a  pas  de  titre  dans  le  ma- 
nuscrit ;  elle  est  écrite  immédiatement  à  la 
suite  d'une  autre  intitulée  :  Extrait  d'ins- 
truction donnée  au   sieur   de   Chanleloube. 


(  Voy.  aux  analyses  à  la  date  du  1 3  janvier.  ) 
Toutes  deux  sont  relatives  aux  réclama- 
tions de  la  reine  mère,  mais  elles  n'ont 
été  écrites  ni  le  même  jour,  ni  pour  lu 
même  circonstance.  Le  copiste  n'a  indiqué 
aucune  séparation.  La  première  pièce  a 
été  imprimée  dans  les  Mém.  de  Bichelieu, 
t.  II,  p.  Sa.  Quant  à  la  seconde,  les  Mé 
moires  disent  seulement  :  •  La  reine  cb^r 
gea  Braiites  de  prier  son  Irère,  le  duc  de 
Luynes,  de  lui  donner  des  effets  et  non 
des  paroles.  » 


'480  LETTRES 

Qu'elle  le  prie  de  suplier  le  roy  de  luy  accorder  une  déclaration 
qui  face  voir  que,  par  celle  faite  sur  la  délivrance  de  M.  le  prince,  le 
roy  n'a  point  entendu  donner  lieu  à  aucun  d'imputer  du  blasme  à  la 
reyne ,  ayant  satisfaction  de  la  façon  avec  laquelle  elle  s'est  gouvernée 
en  l'administration  de  ses  affaires  '. 

De  luy  faire  donner  satisfaction  touchant  le  payement  de  ce  qui  luy 
a  esté  promis;  pour  raison  de  quoy  il  y  a  trois  mois  que  son  thrésorier 
poursuit;  et  prier  M.  de  Luynes  de  luy  faire  donner  quelque  partie 
des  600  mil  livres  qui  lui  ont  esté  promises  sur  les  deniers  extraordi- 
naires. 

Suplier  le  roy  que  sa  compagnie  de  chevaux  légers  soit  mise  sur 
pied. 

De  permettre  que  le  s'  marquis  de  la  Valette  jouisse  de  son  gouver- 
nement de  Mets  comme  il  a  toujours  fait ,  et  par  conséquent  luy  laisser 
renouveler  la  justice,  ainsy  que  l'on  a  acconstumé  de  faire  tous  les  ans. 


Cette  déclaration  avait  profondément 
blessé  Marie  de  Médicis  ;  le  roi  avait  tâché 
de  prévenir  ce  mécontentement.  En  l'infor- 
mant de  la  résolution  prise  en  conseil  sur 
ce  point  :  «  M.  le  prince  (mandail-il)  ho- 
norera la  reyne  mère  comme  il  doit  ;  le 
roy  le  luy  commandera  et  sçaura  la  faire 
respecter  et  aymer  par  qui  que  ce  soit 
comme  il  appartient.  »  Dans  une  lettre  sui- 
vante, du  16  décembre,  Louis  XIII  s'ef- 
force de  l'apaiser;  il  explique  les  raisons 
qui  l'ont  contraint  d'agir  ainsi ,  et  il  s'étend 
«  sur  le  ressentiment  des  obligations  »  qu'il 
a  à  sa  mère  pour  la  façon  dont  elle  a  gou- 
verné ses  affaires;  et  puis,  le  26  février 
i6ao,  il  revient  sur  ce  chagrin,  qui  tour- 
mentait toujours  la  reine  sa  mère;  •  Il  est 
fasché  d'apprendre  que  son  desplaisir .  .  . 
n'ait  point  été  calmé  par  les  considérations 
qu'il  lui  a  représentées .  .  .  que  s'il  jugcoit 

*  DaDi  le  noaveau  classement  :  fol.  1 16. 


que  la  déclaration  qu'elle  désire  en  sa  fa- 
veur sur  celle  de  M.  le  prince  lui  fust 
utile,  il  seroit  très-prompt  à  la  luy  octroyer. 
...  Il  luy  envoie  ces  lignes  de  sa  main 
pour  la  prier  de  nouveau  d'effacer  ces  im- 
pressions de  son  esprit,  et  par  ses  messa- 
gers comme  par  ses  lettres,  il  lui  renou- 
velle ses  instances  pour  la  rappeler  auprès 
de  lui.  >  Tout  cela ,  dicté  au  roi  par  de  Luy- 
nes, montre  combien  le  favori  avait  a 
cœur  de  ne  point  animer  encore  contre 
lui  l'humeur  de  la  mère  du  roi.  Mais  on 
comprend  aussi  que  ces  réparations  confi- 
dentielles ne  suffisaient  pas  à  guérir  la 
blessure  que  lui  avait  faite  une  déclaration 
publique.  Les  divers  extraits  que  nous  ve- 
nons de  citer  el  quelques  autres  des  lettres 
de  Louis  XIII  écrites  alors  à  Marie  de 
Médicis  se  trouvent  réunis  dans  le  manus- 
crit cité  aux  sources,  avec  le  n°  i35  bis  *. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


481 


De  prier  M.  de  Luynes  de  faire  payer  les  personnes  qiii  luy  onl 
esté  recommandées,  de  la  part  de  la  reyne,  de  leurs  pensions,  mesme 
de  faire  donner  rescompense  au  s''  de  Marillac  de  la  chaige  de  la- 
quelle le  roy  luy  avoit  permis  de  traitter  avec  le  feu  s""  comte  du 
Lude'. 


NOTA. 

Les  pièces  que  nous  avons  trouvées  touchant  les  négociations  qui  eurent  lieu 
pendant  la  première  moitié  de  l'année  1620,  ont  un  véritable  intérêt  pour  l'histoire 
de  Richelieu;  elles  démentent  péremptoirement  les  accusations  de  trahison  à 
l'égard  de  la  reine  mère  dont  on  a  voulu  le  charger;  elles  montrent  combien 
Richelieu  avait  à  cœur  une  réconciliation  qui  seule  pouvait  rétablir  les  affaires 
de  la  reine,  et  que  rendaient  surtout  difficile  l'humeur  obstinée  de  cette  princesse 
et  ses  excessives  susceptibilités.  L'évêque  de  Luçon  ,  d'ailleurs,  quel  que  fût  son 
vif  désir  d'arriver  à  une  prompte  pacification,  ne  cédait  rien  des  droits  de  la 
reine  mère,  ne  sacrifiait  aucun  de  ses  intérêts  sérieux  et  veillait  scrupuleusement 
à  ce  que  la  dignité  de  la  mère  du  roi  ne  fût  pas  compromise. 

Nous  devons  indiquer  quel<[ues  pièces  qui  servent  de  commentaire  et  d'éclair 
cissement  aux  lettres  qui  vont  suivre.  Après  M.  de  Brantes,  frère  du  duc  de 
Luynes,  M.  de  Montbazon,  son  beau-père,  fut  envoyé  vers  la  reyne  mère,  au 
commencement  d'avril.  Son  instruction'^  témoignait  du  vif  désir  de  Louis  XIII  de 


'  Les  promesses  faites  à  la  reine  mère , 
dans  le  traité  d'Aiigoulème ,  dont  elle  ré- 
clamait sans  cesse  l'accomplissement,  et 
qui  n'étaient  jamais  ni  formellement  re- 
fusées ni  sincèrement  consenties,  onl  été 
un  sujet  perpétuel  de  différends  et  d'ai- 
greur entre  le  roi  et  sa  mère,  tant  que 
M.  de  Luynes  a  vécu. 

*  Cette  instruction  se  trouve  aux  ar- 
cliives  des  Affaires  étrangères,  tome  3o, 
pièce  118,  ma!  classée  à  la  fin  de  l'année 
1620;  elle  fut  dressée  au  commencement 
d'avril,  comme  on  le  voit  par  la  mention 
de  la  lettre  du  duc  de  Mayenne,  écrite 


au  roi  le  3o  mars  et  datée  de  Précigny, 
où  était  alors  le  duc,  qui  avait  quitté  Paris 
dan»  la  nuit  du  27  au  28  mars.  (Vie  de 
Marie  de  Médicis ,  t.  III,  p.  87.)  Le  titre  : 
Instrnclion  de  M.  de  Montbazon  quant  il 
vient  à  Angers,  1620,  a  été  mis  après 
coup  en  tête  de  cette  pièce,  dont  je  ne 
connais  pas  l'écriture.  C'est  peut-être  une 
copie  fournie  par  Monibazon  lui-même, 
lequel  i montra  son  instruction,  ou  par 
simplicité ,  ou  par  industrie ,  »  dit  Riche- 
lieu qui  en  donne  une  analyse  p.  /i  1  et 
suiv.  du  tome  11  de  ses  Mémoires. 


CARDIN.  DE  RICHELIEU.  - 


482  LETTRES 

voir  la  reine  sa  mère  auprès  de  lui.  M.  de  Montbazon  devait  donner  à  cette  princesse 
l'assurance  «qu'elle  ne  seroil  contrainte  en  quoy  que  ce  soit;»  il  avait  charge 
de  «  dire  au  s'  de  Lusson  que  le  roy  treuve  fort  estrange  la  procédure  de  la 
reyne ,  et  que  l'on  n'en  peut  attribuer  la  cause  qu'à  luy  seul.  » 

On  calomnie  par  toute  l'Europe  la  conduite  du  roi;  «  la  reyne  ne  peut  justifier 
de  ses  ])onnes  intentions  qu'en  se  rendant  promptement  à  la  coui-  ou  en  publiant 
dedans  ou  dehors  le  royaulme  le  contentement  qu'elle  a  du  roy  et  de  ceux  qui 
ont  l'honneur  de  l'approcher  de  plus  près.  » 

«  Et  asseurera  le  s''  de  Lusson  qu'il  n'j  a  rien  de  grand  qui  soit  convenable  à  sa 
qualité  qu'il  ne  puisse  attendre  du  roy .  .  .  c'est  à  luy  seul  qu'on  impute  tout  le  bien 
ou  le  mal  qui  en  proviendra  à  la  France.  » 

«...  Pour  M.  de  Luynes.il  ne  manquera  jamais  aux  protestations  qu'il  a  faites 
à  la  reyne  mère.  .  .  qu'elle  ne  croye  point  tout  ce  qu'on  luy  pourra  dire  au  con- 
traire. » 

La  mission  du  duc  de  Montbazon  n'eut  point  de  résultat;  un  nouveau  négo- 
ciateur fut  envoyé  quelques  jours  après  et  fit  près  de  la  reine-mère  trois  voyages 
successifs.  Les  lettres  relatives  aux  trois  missions  de  Blainvilie,  ainsi  que  d'autres 
lettres  écrites  à  cette  même  époque,  se  trouvant  sans  date,  ont  été  mises  péle- 
méle  à  la  fin  de  ce  So"  volume.  La  missive  du  a  i  mai  qu'on  va  lire  fut  écrite 
lorsqu'on  avait  à  la  cour  de  nouvelles  inquiétudes  sur  les  manœuvres  de  Marie 
de  Médicis,  et  lorsque,  incertaine  encore  du  parti  qu'elle  prendrait,  elle  pouvait 
nier  ses  desseins  avec  quelque  vraisemblance.  Le  roy,  écrivant  à  sa  mère  le  7, 
lui  annonce  la  mission  de  M.  de  Blainvilie,  allant  vers  elle  comme  messager 
de  paix  ;  il  y  allait  sans  doute  aussi  comme  observateur  de  ce  qui  se  passait  dans 
cette  petite  cour.  Mais  cette  nouvelle  ambassade  ne  réussit  pas  mieux  que  les 
autres,  Blainvilie  y  avait  d'ailleurs  montré  assez  peu  d'adresse;  et,  dans  le 
compte  qu'il  en  rendit ,  il  se  flatta  sans  doute  d'un  succès  qu'il  n'obtint  pas.  C'est 
ce  qu'il  faut  conclure  d'une  lettre  de  l'archevêque  de  Sens  à  Richelieu  (3o  mai)  : 
«M.  de  Blainvilie  s'est  dignement  acquitté  de  sa  légation;  il  donnera   encore 

un  meilleur  cours  aux  affaires  de  la  reyne toute  la  cour  en  recognoist  les 

effets '  »  et  de  la  réponse  que  fit  Richelieu  les  premiers  jours  de  juin  (ci- 
après  aux  analyses).  On  voit  le  faible  progrès  de  ces  premières  négociations  de 
M.  de  Blainvilie,  dans  une  missive  de  Richelieu  à  Luynes,  que  nous  datons  ap- 
proximativement de  la  mi-mai  (ci-après  aux  Analyses),  dans  la  lettre  du  21  qui 
suit  et  dans  une  autre  encore  de  la  fin  de  mai  (ci-après,  p.  484  )•  De  Luynes  écri- 
vait à  son  tour  le  1"  juin  à  l'évêque  de  Luçon  :  «  Je  n'ay  plus  rien  à  vous  mander, 
vous  avez  le  fond  de  mon  sac  par  M.  de  Blainvilie;  apportés  ce  que  vous  pouvés 

'  Même  manuscrit,  fol   3o 


DU  CARDINAL  DE  RICHB:LIEU,  A83 

et  clevés  pour  l'accommodement  de  cette  désirée  afitùre.  .  .  et  que  le  diable  em- 
porte ceux  ou  celuy  qui  n'y  faira  ses  efforts.  .  .  quittons  tout  prétexte  puisquf 
noscuers  et  nos  dessaints  vont  d'esgale  façon  ;  j'engage  ma  vie  pour  cette  vérité; 
le  roy  la  conflrme.  .  .  tout  dépend  de  vous,  car,  pour  la  reyne,  nous  sommes 
trop  asseurés  de  ses  bonnes  et  saintes  intentions,  pourveu  que  ces  vérités  aillent 
jusques  à  ses  oreilles.  Nous  avons  jusques  à  cette  heure  creu  de  vous  ce  que  l'on 
doit  d'un  homme  de  bien.  «  (Autographe,  mêmems.  fol.  36.)  Le  1 3  juin,  troisième 
missiondeM.de  HIainville;  le  roi  le  renvoie  à  la  reine  sa  mère  «  pour  iuy  donner 
le  temps  qu'elle  demande  à  l'effet  de  Iuy  faire  sçavoir  sa  résolution.  »  Le  6  juillet, 
les  choses  avaient  marché,  mais  non  du  côté  de  la  conciliation,  et  le  roi  exprimait 
à  la  reine  mère  son  déplaisir  de  ce  que,  «  au  lieu  de  la  satisfaction  qu'il  attendoit 
dans  le  temps  qu'elle  avoit  demandé  par  le  s'  de  Blainville,  elle  se  préparoit  à  la 
guerre;  «de  nouveaux  députés  envoyés  vers  elle  revenaient  à  la  cour,  le  5  août, 
«  avec  espérance  d'accommodement ,  «dit  avec  quelque  légèreté  Bassompierre(l.  IL 
p.  191),  qui  trois  jours  après  assistait  à  la  bataille  du  pont  de  Ce.  Kn  envoyant 
ces  députés,  Luynes  élail  loin  de  partager  cet  espoir,  et  il  écrivait  à  Richelieu  : 
«Si  nous  panssions,  en  vous  envoiaftt  la  châsse  Sainte-Geneviève ,  vous  [)()u\()ii- 
toucher  le  cœur,  nous  le  ferions,  tant  nous  désirons  la  paix;  c'est  pourquoy  nous 
nous  servons  de  ces  Messieurs  dont  la  calité,  expériance  et  fidellité  vous  anpe- 
cheront  de  douter».  .  .  «Pour  nioy,  après  avoir  fait  ce  que  j'ay  l'ait,  j'an  suis 
(juitle  devant  Dieu ,  justifié  devant  mon  roy,  et  hors  d'accusation  devant  les 
hommes  :  .Fe  prie  Dieu  qu'il  mette  la  main  à  l'œuvre.  .  .  »  (Lettre  autogiaphe 
du  7  juillet,  fol.  4i.)  Ainsi  on  se  préparait  à  la  lutte  tout  en  faisant  semblant  de 
n'aspirer  qu'à  la  paix.  La  guerre  ne  pouvait  manquer  d'éclater.  Heureusement 
celle-là  nedura  qu'un  jour;  le  7  août  la  vit  naître  et  finir  en  moins  de  trois  heures. 


LXXVIII. 

Arcli.  des  AIT.  étr.  France,   t.   3o,  pièce   i33. 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

A  M.   DE  BLAINVILLE'. 

Monsieur, 
J'ay  receu  ce  2  1''  à  4  heures  après  niidy  une  lettre  datée  du   1  7  de 

'   Sur  -M.  de  Blainville,  voy.  l.  1 ,  p.  68.'). 


TLe  2  I  mai  i6'.!0. 


liSk  LETTRES 

ce  mois,  à  laquelle  je  n'ay  à  respondre  autre  chose  que  ce  que  ce 
gentilhomme  vous  dira  avoir  appris  par  sa  propre  cognoissance.  On 
n'a  jamais  ouy  parler  d'un  advis  plus  faux  que  celuy  que  vous  me 
mandés  qui  a  esté  donné  depuis  vostre  arrivée  à  la  Cour.  On  n'a ,  sur 
ma  Iby,  pas  pensé  à  chose  aucune  qui  en  approche.  Vous  sçavés  Testât 
auquel  vous  avés  laissé  la  reine;  dans  quelque  mesfiance,  mais  dans 
le  désir  de  n'oublier  rien  de  ce  qu'elle  pourra  pour  conserver  le  repos 
et  la  paix.  Vous  sçavés  ce  qu'elle  vous  en  a  dit;  croyez  que  ses  pa- 
roles sont  conformes  à  ses  pensées.  11  seroit  bon  de  récompenser  ceux 
qui  donnent  de  bons  advis,  et  chastier  ceux  qui  sèment  tant  de  ca- 
lomnies ,  sans  autre  dessein  que  de  faire  du  mal  à  ceux  contre  qui  ils 
les  espandent.  Au  nom  de  Dieu  apportés  ce  que  vous  pourrés  en  ceste 
occasion,  asseuré  qu'il  n'arrivera  aucun  deffaut  de  nostre  part.  Pour 
moy  je  n'oublieray  point  d'y  apporter  tout  ce  qui  me  sera  possible. 
Le  bruit  court  qu'on  faict  avancer  des  trouppes  vers  la  reyne,  mais 
S.  M.  ne  le  croit  pas  sur  ce  que  vous  luy  avés  dit.  Voilà  tout  ce  que 
je  vous  puis  dire  pour  le  présent,  sinon  que  je  vous.  .  . 


LXXIX. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  3o,  pièce  iSa.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier  et  de  celle  de  Richelieu. 

A  M.  DE  BLAINVILLE. 

[Vers  la  fin  déniai  1620'.] 

Monsieur, 

Vous  ayant  mandé  depuis  peu  la  fausseté  des  bruits  qu'on  avoit 
fait  courre,  toutes  choses,  grâces  à  Dieu,  estant  de  deçà  en  mesme 
estât  auquel  vous  les  avés  laissées,  M.  de  Bréauté^,  que  la  reyne  dé- 
pesche  vers  le  roy,  vous  confirmera  plus  particulièrement  cette  vérité; 

'  La  date,  qui  manque,  est  à  peu  près  ^  Voyez,  aux  Analyses,  lettres  à  M.  de 

donnée  par  celle  de  la  lettre  précédente        Luynes  et  de  Montbazon,   vers  la  fin  de 
au  même.  mai. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


485 


et  qu'elle  ne  voudroit  pour  rien  du  monde  donner  des  effecls  con- 
traires à  ses  paroles.  Il  vous  dira  aussy  comme  S.  M.  persiste  au  désir 
qu'elle  a  de  longue  main  de  jouir  de  la  présence  du  roy,  ^  et  qu'en 
ceste  affaire  il  n'est  question  que  de  lever  les  ombrages  de  part  et 
d'autre.  Cela  faict,  M.  de  Luines  en  retirera  une  grande  gloire  et  un 
grand  avantage,  estant  certain  que  l'amitié  de  la  reyne  ne  luy  sera 
point  infructueuse. 

Ayant  comme  vous  avés  commencé  (51c)  utilement  cette  négociation, 
je  me  promets  que  vous  ne  lairrés  en  arrière  rien  de  ce  qui  pourra 
servir  pour  faire  qu'elle  ayt  une  fin  heureuse.  C'est  ce  qui  m'empes- 
chera  de  m'estendre  davantage  en  ce  discours.  Seulement  vous  diray- 
je  que  la  Reyne  m'a  commandé  de  vous  remercier  du  soin  que  vous 
en  prenés;  et  qu'en  mon  particulier,  je  m'estimeray  heureux  de  vous 
faire  voir  que  nul  n'aura  plus  de  recognoissance  des  tesmoignages 
qu'il  recevra  de  vostre  amitié  que  moy  qui  suis  vostre  très-humble 
serviteur  ^. 


LXXX. 

Arch.  des  AfiF.  étr.  France ,  t.  3o ,  pièce  i  a  1 .  — 
Minute  de  la  main  de  Le  Masle. 

[A  MESSIEURS  DU   PARLEMENT'.] 

[Vers  le  30 juillet  i6so.] 

Messieurs,  ayant  cogne u  l'affection  que  vous  avés  tousjours  eue 


'  D'ici  à  la  Qn  du  paragraphe,  de  la 
main  de  Richelieu. 

*  Sur  les  diverses  mission.s  de  Blainville 
vers  ta  reine  à  cette  époque,  voir  les  ex- 
traits des  lettres  du  roi  à  la  reine  mère 
des  7  mai,  3o  mai,  i3  juin,  une  lettre 
sans  date  classée  entre  ces  deux  dernières. 
Manuscrit  précité,  fol.  i35  his. 

'  On   a  mis ,   après  coup ,  en  tête  de 


cette  pièce  :  «  lettre  de  la  reine  en  envoyant 
son  manifeste  au  parlement.  »  Ce  mani- 
feste n'est  certainement  pas  l'œuvre  de  Ri- 
chelieu, qui,  dans  le  conseil,  était  opposé 
au  parti  de  la  guerre.  L'évêque  de  Lu(;on 
avait,  en  ce  moment,  peu  d'influence 
dans  ce  conseil,  il  l'a  déclaré  lui-même  : 
«  Depuis  leur  arrivée  (l'arrivée  des  princes 
auprès  de  Marie  de  Médicis)  je  n'eus  pas 


486 


LETTRES 


au  bien  de  cet  estai,  et  le  courage  avec  lequel  vous  vous  estes  portez 
en  toutes  occurrences  à  maintenir  l'autorité  royale  et  empescher  l'op- 
pression des  subjets  du  roy,  Monsieur  inon  fds,  j'aybien  voulu  vous 
faire  part  des  avis  que  je  luy  donne  sur  [la  nécessité]  des  affaires  pré- 
sentes, et  vous  prier  de  les  appuyer  par  vos  sages  et  fidèles  conseils, 
qui  sont  d'autant  plus  nécessaires  que  l'ambition  et  violence  de  ceux 
qui  abusent  de  l'Iionneiu-  de  sa  coniiance  portent  les  [choses]  à  une 
extrémité  déplorable  à  tous  les  gens  de  bien. 

Je  vous  conjure  de  toute  mon  affection  de  seconder  flntention  que 
j'ay  d' empescher  l'embrasement  universel  de  la  France,  et  d'y  ap- 
porter le  règlement  que  je  sçay  que  vous  souhaittés  vous  mesmes. 
En  cela,  comme  en  toute  autre  chose,  j'auray  tousjours  vos  sentiments 
en  telle  considération  que  méritent  les  continuelles  preuves  que  vous 
avés  rendues  de  vostre  zélé  au  bien  de  Testât,  aux  occasions  où  il 
estoit  plus  apparemment  n>enacé  de  sa  ruine.  Et  fortifiée  de  vos 
[bons  avis]  je  feray  cognoistre  à  tout  le  monde  que  je  ne  respire 
autre  chose  que  de  voir  régner  heureusement  le  roy,  Monsieur  mon 
fils,  avec  famour  et  fobéissance  de  ses  peuples. 

La  présente  n'estant  à  autre  fin,  je  ne  la  feray  plus  longue  que 
pour  prier  Dieu,  Messieurs,  qu'il  vous  tienne  en  sa  sainte  et  digne 
garde.  Escrit  à  Angers,  le        jour  de  juillet  1620'. 


grand  pai't  dans  les  résolutions  publiques.  » 
(Méni.  t.  iï,  p.  66.)  D'ailleurs,  la  manière 
dont  Richelieu  parle  de  cette  déclaration 
suffit  à  prouver  qu'il  n'y  est  pour  rien  : 
«  les  uns  vouloienl  qu'on  écrivit  un  mani- 
feste sanglant ,  sans  s'armer,  afin  de  rendre 
l'affaire  irréconciliable  ;  les  autres  ne  vou- 
loient  point  signer  le  nianiiéste ,  etc.  » 
(p.  65).  Nous  nous  bornons  donc  à  faire 
ici  de  cette  pièce  une  simple  mention ,  en 
indiquant  qu'elle  se  trouve  à  la  Biblio- 
thèque impériale  dans  les  manuscrits  de 
Dupuy,  92. —  Quant  à  la  présente  lettre, 
la  minute  est  de  la  main  du  secrétaire  le 


plus  intime  alors  de  l'évèque  de  Luçoii , 
et  nous  y  marquons  par  des  parenthèses 
quelques  mots  écrits  de  sa  propre  main. 

'  L'auteur  de  la  Vie  de  Marie  de  Médicis 
dit  que  cette  princesse  adressa  .son  mani- 
feste au  duc  de  Vendôme  le  ao  juillet; 
nous  plaçons  cette  lettre  à  peu  près  à  la 
même  date,  notre  manuscrit  ayant  laissé 
le  quantième  en  blanc.  — Quelques  jours 
avant  la  publication  du  manifeste ,  le 
6  juillet,  le  roi  s'efforçait  encore  de  dé- 
tourner ce  coup  qu'il  prévoyait.  Il  expri- 
mait à  sa  mère  ■  son  déplaisir  d'apprendre 
les  menées  et  pratiques  qui  se   l'ont  dans 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU. 


487 


LXXXI. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  29,  pièce  i3(j.  — 
Extrait  de  la  main  de  Cliarpentier. 

A   M.  DE  SENS'. 

[Vers  le  25  octobre  i(J2o.] 

Je  ne  voudrois  pas  pour  beaucoup  que  M.  de  Roches  n'eust  faict 
le  voyage  qu'il  a  faict  à  la  Cour,  pour  quelques  raisons  dont  je  vous 


les  provinces  sous  son  nom.  »  Il  la  conjure 
de  ne  pas  chercher  à  profiler  de  ces  fac- 
tions; il  lui  envoie  encore  les  ducs  de 
Monthazon  et  de  Bellegardc,  l'archevêque 
de  Sens,  le  président  Jeannin.  (Manuscrit 
précité,  fol.  i35  bis.) 

'  Le  secrétaire  a  écrit  au  dos  :  «  Extrait 
d'une  lettre  à  M.  de  Sens»,  mais  il  n'in- 
dique point  de  date;  la  lettre  a  été  écrite 
peu  de  temps  après  le  retour  de  Des 
Hoches ,  oUîcier  attaché  à  la  reine  mère  : 
je  suppose  vers  le  2!)  octobre.  La  mis- 
sion de  Des  Roches  avait  pour  principal 
objet  un  nouveau  mécontentement  de 
Marie  de  Médicis,  dont  nous  sommes  in- 
formés par  une  lettre  du  chancelier  à  Pui- 
sieulx,  son  fils,  lequel,  en  sa  qualité  de 
secrétaire  d'Étal,  étail  alors  auprès  du  roi. 
Cette  missive  est  datée  du  sa  octobre; 
elle  montre  assez  bien  l'esprit  diflicultueux 
el  Iracassier  de  la  reine  mère,  aussi  à 
l'égard  de  la  reine  sa  bellelille,  c'est  ce 
qui  en  fait  une  véritable  pièce  historique  : 
«...  Nous  sonuiics  tous  attendant  lareync 
mère,  mais  il  semble  que  son  mal  con- 
tinue ...  M.  de  Luçon  qui  devoit  estre  de 
retour  lundy  ne  viendra  que  la  semaine 
prochaine,  il  n'y   a  plus  de  jour  certain 


pour  l'arrivée  de  la  reyne .  .  .  On  ne  sait 
.si  c'est.  .  .  qu'elle  ne  soit  pas  contente  de 
l'honneur  et  déférence  qui  a  esté  accordé 
à  M.  de  Luçon  et  à  l'abbé  de  Foix,  qui 
ont  eu  grand  soin  de  s'enquérir  et  de  sol- 
liciter pour  luy  rendre  tout  fhonneur 
qu'ils  ont  peu  penser.  J'estime  qu'on  s'est 
accomodé  pour  fhonorer  et  la  contenter 
en  tout  ce  qui  se  peut  désirer  avec  raison. 
Pour  le  mot  qu'elle  a  fort  désiré  donner, 
on  a  advisé  que  la  reyne  commanderoit  à 
l'exempt  d'aller  prendre  le  mot  de  la  reyne 
uière.  11  .semble  que  par  l.i  il  est  satisfait  à 
l'une  et  à  l'autre.  On  insiste  encore  pour 
avoir  le  logement  où  sont  les  filles  de  la 
reyne  et  la  cuisine  qui  sert  pour  la  bouche. 
Il  semble  un  peu  dur  et  contre  la  dignité 
de  changer  et  desloger  ce  qui  est  estably. 
.  .  .  Toutefois  la  reyne  se  contente  de  luy 
bailler  le  choix  du  logement  nouveau  pré- 
paré pour  les  filles  et  pour  la  cuisine  de 
bouche,  ou  luy  quitter  ce  dont  elle  est  en 
possession.  Il  y  aencore  quelques  difficultés 
pour  la  maison  de  ville ,  pour  le  parlement 
et  autres  compagnies  souveraines;  ils  ont 
leurs  registres  et  les  exemples  du  passé , 
ils  en  sauront  bien  user  comme  on  a  ac- 
couslumé.  «   (Arch.  des  AIT    étr.  France, 


488 


LETTRES 


diiay  les  tenans  et  les  aboutissants.  En  un  mot  il  a  levé  un  soiibçon 
qu'un  certain  esprit ,  que  Dieu  absolve  \  avoit  voulu  donner  par  une 
voye  colorée.  Il  est  certain  qu'on  ne  l'avoit  pas  creu,  mais  j'ay  reco- 
gneu  nonobstant  que  cela  ne  laissoit  pas  de  faire  peine.  J'y  estois 
meslé  fort  délicatement  et  meschamment.  Je  n'ovdjlieray  rien  de  ce 
que  je  pourray  pour  esclaircir  cette  affaire,  et  lors  on  advisera  avec 
M.  le  connestable  aux  moyens  qu'il  faut  tenir  pom-  se  garantir  à 
l'advenir  de  tels  artifices,  plus  pernicieux  que  je  ne  vous  sçaurois 
escrire. 


t.  3o ,  pièce  99".)  H  faut  rapprocher  de  cette 
lettre  quelques  passages  de  celle  de  l'ar- 
chevêque de  Sens  touchant  la  plainte  qu'a- 
vait portée  Des  Roches;  il  écrivait  de  Pau 
le  1 8  octobre  :  «  On  désire  de  donner  tout 
contentement  à  S.  M.  mais  la  crainte  d'of- 
fenser l'une  en  contentant  l'autre,  faict 
souhaitter  d'éviter  cette  occasion.»  Il  pro- 
pose comme  expédient,  afin  d'avoir  le 
temps  d'arranger  cette  difficulté ,  «  la  conti- 
nuation (pour  Marie  de  Médicis)  d'un  peu 
de  séjour  aux  champs.  »  Ce  serait  d'ailleurs 
de  sa  part  une  convenance  louable ,  »  le  roy 
ayant  monslré  cette  confiance  à  la  reyne 
mère  que  de  trouver  bon  qu'elle  allast  à 
Paris,  luy  s'en  esloignant,  et  après  toutes 


les  choses  qui  se  sont  passées ,  il  luy  sera 
imputé  à  prudence  et  à  respect  d'avoir 
voulu  différer  d'en  user  jusques  à  qu'il 
feust  de  retour. .  .  »  (Ms.  cité  aux  sources, 
pièce  96.)  Ce  fut  une  des  difficultés  de  la 
politique  de  ce  règne  de  s'accommoder  avec 
les  prétentions  et  les  susceptibilités  de 
cette  humeur  quinteuse. 

'  Il  est  probable  que  ce  certain  esprit 
est  l'abbé  Ruccellai,  que  l'on  a  vu  cabaler 
contre  Richelieu,  disgracié  par  ia  reine 
mère,  et  chercher  auprès  du  duc  de 
Luynes  une  faveur  dont  il  usait  pour 
nuire  à  cette  princesse  et  à  l'évêque  de 
Lucon. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


489 


ANNEE   1621, 


LXXXII. 

Arcli.  des  AfT.  étr.  France,  t.  ag,  pièce  i33.  — - 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

A   M.  L'ARCHEVÈQLE  DE  SENS'. 

[  7  ou  8  jullk't  i6ii  ".] 

Monsieur, 
.Pay  receii  voslre  lettre  dans  la  solitude  d'un  lieu  riche  de  nom 


'  En  tète  de  cette  minute  se  trouvent 
trois  lignes  qui  n'ont  pas  été  elTacées,  c  est 
un  commencement  de  lettre  annulé. 

'  Plusieurs  circonstances  nous  autori- 
sent à  placer  cette  lettre,  dont  la  minute 
n'est  point  datée,  vers  la  fin  de  la  première 
dizaine  de  juillet;  elle  est  postérieure  à  la 
capitulation  do  Saint-Jean-d'Angely  (a^ 
juin),  après  laquelle  la  reine  mère  retourna 
vers  le  Poitou  et  la  Touraiue.  L'évèque  de 
Luçon,  revenant  avec  elle,  passe  huit  jours 
dans  son  château  de  Richelieu,  puis  il  se 
dirige  avec  la  cour  de  cette  princesse  vers 
Chinon.  Tout  cela  nous  conduit  au  moins 
jusqu'au  7  ou  8  juillet.  Cependant  on  re- 
marque, dans  cette  même  lettre,  que  Ri- 
chelieu mande  à  l'archevêque  de  Sens, 
comme  une  nouvelle,  le  mécontentement 
qu'aurait  éprouvé  la  reine  mère  à  Saumur, 
en  allant  à  Saint-.Iean-d'Angelv  ;  non-seu- 
lement, dit  Richelieu,  «on  ne  lui  donna 
pas  un  logement  tel  qu'il  lui  appartenoit, 
mais  elle  n'en  eut  pas  du  tout.  »  Luynes  prit 
le  logement  qu'elle  devait  avoir  «  ayant  l'ait 


connnandement  aux  maréchaux  des  logis 
de  le  loger  immédiatement  après  le  roy  et  la 
reine  sa  femme.  »  ( Mém.  t.  II ,  1 70  et  1 73.) 
Or  le  Mercure  français  (p.  3o6)  nous  ap- 
prend que  les  fourriers  arrivcreut  le  1  o  mai 
à  Saumur,  où  le  roi  resta  du  1  a  au  16.  L'é- 
vèque de  I.uçon  semble  croire  que  l'arche- 
vêque de  Sens  n'est  pas  encore  informé  de 
cette  particularité;  nous  ne  pouvons  pour- 
tant pas  assigner  à  cette  lettre  une  date 
plus  voisine  du  1  a  mai.  Au  reste  on  voit 
que,  dans  cet  intervalle  de  deux  mois,  le 
ressentiment  de  la  reine  mère  s'était  calmé. 
Toutefois  les  six  derniers  mois  de  cette 
année,  jusqu'.i  la  mort  du  connétable,  se 
passèrent  en  négociations  impuissantes , 
en  continuelles  picoteries  et  récrimina- 
tions; la  mauvaise  volonté  d'une  part,  les 
soupçons  et  les  exigences  de  l'autre  tinrent 
le  fils  et  la  mère  constamment  séparés. 
Loin  de  désirer  un  acconuriodenient , 
Luynes  le  craignait  sans  doute;  il  avait  un 
intérêt  tout  contraire  à  celui  de  Richelieu 
qui  sentait   le  besoin   de  l'influence   de 


CAHOm.  DE  RICIIEI.IEO.    —   Vir. 


Ga 


490 


LETTRES 


mais  non  d'effet,  où  je  me  suis  retiré  depuis  7  ou  8  jours.  Vous  pouvés 
vous  vanter  d'avoir  faict  un  petit  miracle,  puisque  le  contentement 
qu'elle  m'a  apporté  m'a  guéry  une  grande  douleiu-  de  teste  que  j'avois 
acquise  à  feuilleter  d'autres  papiers   moins  agréables.  Quoy  que  je 


Marie  de  Médicis  sur  ie  roi,  tandis  que 
Luynes  redoutait  cette  niciiie  influence. 
Cependant,  tout  en  travaillant,  avec  peu 
d'envie  de  réussir,  à  une  réunion ,  Luynes 
laissait  volontiers  des  sujets  d'inquiétudes 
à  la  reine  mère.  Toutefois  il  làtliait  de  sau- 
ver les  apparences,  et  lui  dépêchait  assez 
Iréquemnicnt  des  messagers  au  nom  du 
roi.  Nous  avons,  dans  le  manuscrit  des 
Affaires  étrangères  précité  (France,  t.  3o), 
des  extraits  de  lettres  de  Louis  XIII,  où 
nous  voyons  que  le  20  mai  il  envoyait  un 
gentilhomme  à  sa  mère  pour  l'informer 
«  de  ce  qui  se  passait  aux  lieux  où  il  était 
(en  Poitou).  ï  —  Le  lyjuillet,  de  Bergerac, 
il  lui  envoie  le  sieur  Bourgleroy.  ■ —  Le 
8  août,  il  lui  fait  annoncer  par  un  exprès 
la  reddition  de  Clérac.  —  Du  camp  de 
Monlauban,  le  29  septembre,  il  lui  envoie 
«  Lafontaine  pour  luy  dire  les  particularitez 
,  de  la  défaite  du  secours  de  la  ville.  »  — 
Les  maladies  qui  depuis  trois  mois  déci- 
maient son  armée  l'ont  obligé  de  changer 
d'air  ;  aussitôt  Sardini  esl  dépêché  de  Tou- 
louse pour  en  donner  avis  à  la  reine  mère, 
qui  le  mois  suivant  reçoit  par  le  sieur  de 
la  Folaine  la  nouvelle  de  la  prise  de  Mon- 
lauban. —  Deux  jours  après ,  le  1 5  dé- 
cembre ,  le  sieur  des  Ouclies  est  chargé  de 
lui  annoncer  la  mort  du  connétable  :  «  le 
desplaisir  qu'a  le  roy  d'esire  éloigné  d'elle 
luy  donne  une  extrcsme  envie  de  retourner 
bientost  à  Paris  »  Enfin ,  arrivé  à  Bordeaux 
le  a 3  décembre,  Louis  XIII  se  hâte  de 
taire  savoir  à  sa  mère  le  choix  qu'il  a  fait 
du  sieur  de  Vie   pour  garde  des  sceaux  : 


«comme  elle  l'ayme  plus  que  tout  autre, 
elle  en  aura  plus  de  contentement.  •  Ainsi, 
à  peine  de  Luynes  a  cessé  de  vivre  (juc 
Louis  XllI  retourne  vers  sa  mère.  Et  le 
même  jour  (i5  décembre),  Scliomberg, 
qui  était  auprès  du  roi ,  écrivait  à  Richelieu  : 
«  Vous  sçaurez  par  M.  de  Cusiojoux  les 
causes  des  remises  de  son  voyage.  Il  em- 
porte à  la  reyne  le  contentement  qu'elle 
désire  et  auquel  vous  avez  part.  La  mort 
de  M.  le  connestable  remplit  le  roy  et  la 
cour  de  deuil,  et  comme  S.  M.  se  trouve 
chargée  de  beaucoup  d'affaires  qu'elle  con- 
fioit  à  sa  suffisance  ,  elle  s'est  résolue  aussy 
de  travailler  plus  assiduement  à  ce  qu  eUe 
juge  estre  du  bien  de  son  estai,  n  Le  26, 
BuUion  mandait  au  secrétaire  dElat  Pui- 
.sieux  :  «  M.  Desdiguières  désire  avec  pa.s- 
sion  qu'il  plaise  au  roy  de  prendre  le  prin- 
cipal timon  de  ses  affaires.  .  .  c'est  le 
principal  souhait  de  tous  les  gens  de  bien.  » 
(.Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  01.)  L'au- 
teur de  l'Histoire  de  Marie  de  Médicis  dit 
que,  dans  une  lettre  du  22  décembre ,  cette 
princesse  elle-même  le  lui  avait  conseillé. 
Marillac ,  qui  avait  été  envoyé  à  la  cour, 
écrivait  :  n  II  veut  doresnavant  gouverner 
sa  personne  et  son  estât  par  luy-mesme  et 
non  plus  par  autruy ...  Il  dit  que  jamais 
plus  il  ne  tasteroit  de  favorit,  ny  de  con- 
nestable ,  qu'il  agiroit  par  luy-mesme.  • 
(Aff.  étr.  France,  t.  32,  pièce  64%  auto- 
graphe.) C'était  là  une  résolution  que 
Louis  XllI  pouvait  bien  être  tenté  de 
prendre ,  mais  qu'il  était  incapable  d'exé- 
cuter. 


DU  CARDINAL  DE   RICHELIEU.  491 

trouve  par  iceux  que  mes  prédécesseurs  ont  receu  beaucoup  de  bien 
par  le  passé,  ce  qui  me  satisferoit  beaucoup  si  ce  n'avoil  point  esté  à 
condition  de  le  rendre. 

Pour  satisfaire  à  l'ordre  que  vous  me  donnés  de  vous  mander  des 
nouvelles,  bien  que  vous  en  sachiés  plus  que  moy,  je  ne  lairray  de 
vous  dire  que  M.  du  Plessis-Mornay  est  fort  estonné  de  voir  que  l'es- 
prit de  Dieu,  qui  parle  en  luy  et  en  ses  frères,  et  qui  l'advertit  de 
toutes  choses  importantes  à  son  salut  et  au  maintien  de  sa  religion, 
ne  l'ayt  point  adverty  des  accidens  qui  luy  sont  arrivez.  Ce  qui  faict 
que,  bien  qu'il  demeure  en  son  erreur,  il  est  résolu  de  faire  employer 
la  première  assemblée,  non  à  faire  traitter  d'affaires  politiques,  mais 
à  faire  rayer  cet  article  de  leur  créance;  en  quoy  bien  qu'il  trouve 
beaucoup  d'esprits  disposez ,  il  ne  lairra  d'avoir  de  la  peyne ,  tous  ses 
Irères  recognoissans  que,  bien  qu'il  soit  leur  pape,  il  n'a  point  le 
don  des  miracles.  Ils  crient  harault  sur  luy,  et  recognoissent  qu'il  a 
esté  toute  sa  vie  très-mal  propre  à  deffendre  des  passages,  tesmoin 
l'action  delà  conférence  de  Fontainebleau'. 

M"  de  la  Rochelle  ont  autant  de  division  parmy  eux  qu'il  y  a  de 
contrarietez  en  leur  créance,  et  leurs  ministres,  pour  éloquens  qu'ils 
soyent,  ne  sçauroient  empescher,  à  ceux  qui  ont  tant  soit  peu  d'esprit, 
de  voir  clairement  que  l'affaire  présente  qu'ils  ont  à  démesler  est 
aussi  mauvaise  à  leur  party  que  leur  erreur  est  préjudiciable  à  leurs 
âmes.  Tout  ce  que  je  plains  en* cette  affaire  est  vostre  bon  parent'^  que 
j'aime  de  tout  mon  cœur  nonobstant  son  hérésie.  Je  souhaitte  qu'il  se 
tire  bagues  sauves  pour  sa  personne,  comme  je  n'en  doute  point. 

Je  laisse  ce  discours  pour  vous  dire  le  souvenir  que  la  reyne  a 
souvent  de  vous,  accompagné  de  tout  plein  de  tesmoignages  avanta- 

'   Où  Mornay  eut  pour  adversaire  vie-  *   Quel  était  ce  parent  .^  Nous  voyons  du 

torieux  Jacques  Davy  Duperron,  évèque  moins,    par   un  mot  effacé  deux  lignes 

d'Evreux  et  depuis  cardinal  en   1600.  Ce'  plus  bas,  que  c'était   un  officier  alors   à 

n'était  pas  sans  intention  que  l'évèque  de  l'armée;  le  paragraphe  suivant  conimen- 

Luçon  rappelait  ce  souvenir  à  Jean  Davy  çait  ainsi  sur  la  minute  :  «  Je  laisse  le  dis- 

Duperron ,  frère  de  Jacques ,  auquel  il  avait  cours  de  guerre  pour,  etc.  » 
succédé  sur  le  siège  archiépiscopal  de  Sens. 

63. 


492  LETTRES 

geux  à  mon  protecteur',  qui  ne  perdra  jamais  cette  qualité,  m'asseu- 
rant  qu'il  ne  la  voudroit  pas  changer  en  une  autre  estant  très-certain 
que  jamais  je  n'y  consentirois. 

Je  me  resjouis  de  l'espérance  que  vous  me  donnés  de  vous  voir;  ma 
.  joye  seroit  entière ,  si  vostre  voyage  m'apportoit  les  occasions  de  vous 
servir. 

Nous  avons  maintenant  force  dames  en  cette  cour,  et  entre  autres 
une  dont  vous  escrivistes  de  Fontainebleau,  qui  en  vaut  cinquante^. 
Nous  nous  en  allons  à  Chinon  demeurer  trois  ou  quatre  jours,  pour 
de  là  prendre  la  route  de  Poitiers ,  auprès  duquel  s'il  se  trouvoit  un 
Cousières*,  la  reyne  en  mesureroit  volontiers  les  allées  pour  8  ou 
1  o  jours.  La  demeure  de  Poitiers  n'estant  pas  des  plus  agréables,  s'il 
se  trouve  quelque  maison  à  une  ou  deux  lieues  de  là  qui  soit  belle , 
je  croy  que  jusques  à  temps  que  le  roy  retourne  à  Poitiers,  nous  y 
passerons  quelque  temps.  Nous  n'irons  point  voir  si  tost  le  maire 
d'Angers*  dont  vous  parlés.  Il  a  esté  fait  authentiquement  avec  la 
contradiction  de  quelques-uns,  mais  par  l'eslection  de  la  plus  grande 
part.  Je  m'imagine  qu'il  y  [a]  ^  tous  les  jours  quelque  bras  ou  jambe 
cassée  sur  le  pavé  de  vostre  gouvernement,  ne  croyant  point  que  ce 
cheval  halesan  que  vous  sçavés  demeure  tousjours  à  l'escurie.  Quant 
à  ce  que  vous  m'ordonnes  de  vous  mander  si  tout  va  bien  pour  le 
contentement  de  la  reyne,  nostre  bonne  maistresse,  je  vous  diray  ^ 
qu'il  y  eust  à  Saumur  quelque  difficulté  pour  les  logements  par  la 
faute  des  mareschaux  des  logis;  mais  que  jamais  la  reyne  et  M.  le 
connestable  ne  se  sont  séparés  en  meilleure  intelligence,  comme  je 
m'asseure  qu'il  vous  tesmoignera  luy-mesme.  Elle  prend  une  très- 
grande  part  au  succez  du  voyage  du  roy.  Le  porteur  vous  dira  le  reste. 

'   Serait-ce  l'archevêque  de  Sens?  reine  mère  d'Angers.  Voir  ci-après,  p.  ^94- 

^  Sans  doute  la  marquisedeGuercheville.  '  Ou  «  aura»,  le  mot  a  été  oublié. 

'  Souvenir  de  l'heureuse  réconciliation  °   Richelieu  avait  dicté   «je  vous  diray 

de  la  reine  mère  et  du   roi  au  château  qu'ainsy  que  l'éclipsé  du  soleil  fut  accoui- 

de  ce  nom,  en  1619.  pagnée.  .  .  »  et  il  s'est  interrompu  pour 

'  H  y  avait  encore  une  autre  considéra-  faire  effacer  cette  comparaison  et  conti- 

tion  qui  pouvait  en  ce  moment  éloigner  la  nuer  tout  simplement. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  /i93 

Cette  lettre  est  un  peu  longue,  parce  que  la  vostre  n'estoit  pas 
courte,  et  que,  quoy  que  je  vous  cède  en  toutes  choses,  je  ne  veux 
pas  me  laisser  vaincre  en  ce  genre,  à  vous  niesme,  ny  à  personne  du 
monde ,  en  vous  tesmoignant  que  je  suis .  .  . 


LXXXIII. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  t.  29,  pièce  i3o.  —  Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

AU  P.   AR\OUX. 

[Vers  le  tiers  du  mois  de  juillet  1631  '.] 

Monsieur,  Vous  cognoistrés  plus  par  eflets  que 

par  paroles  la  continuation  des  bonnes  intentions  de  la  reyne.  Ellle  a 
esté  touchée  du  peu  de  cognoissance  que  les  mareschaux  des  logis 
ont  tesmoignée  avoir  de  ce  qui  est  deub  à  sa  personne,  mais  cela  ne 
la  de.stournera  point  de  contribuer,  si  peu  qu'elle  pourra,  aux  bons  et 
saincts  desseins  du  roy  son  fils.  Elle  sçait  bien  le  desplaisir  qu'il  a  eu 
de  ce  qui  s'est  passé  en  son  logement,  comme  aussy  celuy  de  Mons' 
le  connestable;  mais  il  luy  fasche  que  le  monde  ayt  occasion  de  juger 
qu'elle  soit  à  mespris. 

Croyés  que  jamais  princesse  n'eust  les  intentions  meilleures  qu'elle 
a,  et  que,  comme  sa  bonté  est  indicible,  son  cœur  est  sy  grand  qu'elle 
est  facilement  touchée  des  defiFauls  des  respects  qui  luy  sont  deubs'^. 

Le  bon  père  Suffrant,  qui  est  plus  homme  de  bien  que  moy,  vous 
asseurera  plus  particulièrement  de  la  bonté  de  ses  desseins.  C'est  ce 
qui  faict  que  je  ne  vous  en  dis  pas  davantage,  joint  aussy  que  j'espère 
avoir  le  bien  de  vous  voir .  .  .  ' 

'   Même  date  à  peu  près  que  la  pièce  pré-  été  coupée;   mais  la   minute  d'une  lettre 

cédenle.  adressée  sur  le  même  sujet  au  cardinal  de 

'  Richelieu  fait  valoir  de  son  mieux  les  Retz  et  qui  se  termine  par  ces  mots  : 
qualités  de  la  reine  mère  ;  il  explique  de  -  «  l'honneur  que  j'auray  de  vous  voir  de- 
manière  à  les  justifier  ses  susceptibilités;  main  fait  que  je  ne  vous  diray  autre  chose 
ce  n'est  pas  là  le  langage  d'un  homme  qui  sinon ,  etc.  »  indique  à  peu  près  ce  qui 
trahit  sa  maîtresse.  manque  ici.  (Lettre  notée  aux  Analyses. ) 

'  Le  sens  n'est  pas  fini,  une  ligne  ayant 


494 


LETTRES 


LXXXIV. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  32,  pièce  66.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

[INSTRUCTION  POUR  M.  DE  MARILLAC] 

[Vers  le  10  juillet  1  62  1 '.] 

M.  de  Marillac  fera  entendre  particulièrement  ce  que  c'est  que  la 
fortification  d'Angers,  tant  célèbre  dans  l'histoire,  en  fera  voir  le  plan 
et  poursuivra  instamment  pour  qu'on  envoyé  promplement  quelque 
homme  fidelle  et  seur  sur  les  lieux ,  pour  justifier  fimposture  de  ceux 
qui  ont  donné  des  advis  pour  donner  des  mauvaises  impressions  des 
actions  et  intentions  de  la  reyne,  qui  est  allée  à  Tours,  pour  n'aller 
point  à  Angers  qu'après  que  le  roi  aura  justifié  cette  calomnie^.  Ledict 


'  Louis  de  Marillac  fut  envoyé  par  la 
reine  mère  vers  le  roi,  occupe  alors  à  la 
guerre  de  Languedoc.  Dès  le  commence- 
ment de  ce  voyage  Marillac  fut  pris  par  des 
coureurs  de  la  Rochelle;  il  écrit  aussitôt,  le 
lajuillet,  pour  prier  la  reine  mère  de  le  ré- 
clamer. On  voit,  par  une  lettre  du  24 ,  qu'il 
était  arrivé  le  17  auprès  de  Louis  XIII, 
mais  les  affaires  du  siège  n'ont  pas  encore 
laissé  à  de  Luynes  le  moment  de  traiter  de 
l'objet  de  sa  mission.  L'archevêque  de  Sens 
écrit  aussi  de  Montauban  le  27  août;  il  a 
su  par  M.  de  Marillac  les  intentions  de  la 
reine  mère;  «c'est  la  vérité,  dit-il,  qu'il  y 
avoit  un  peu  de  rumeur  sur  le  faict  d'An- 
gers. »  (Ms.  cité  aux  sources,  fol.  24  et 
49.)  Le  présent  mémoire  a  donc  dû  être 
écrit  vers  le  10  juillet.  Richelieu  informe 
de  cette  mission  le  P.  Arnoux  et  le  duc  de 
Luynes.  (Voy.  à  la  même  date  ces  deux 
lettres  ,  aux  Analyses  ci-après.) 

^  Marie  de  Médicis  avait  accompagné 
le  roi  en   Béarn  ;   au    retour    et  après  le 


siège  de  Saint-Jean- d'Angely  (cette  ville 
se  rendit  le  24  juin) ,  la  reine  mère  s'éloi- 
gna de  la  cour.  Elle  croyait  avoir  à  se 
plaindre  du  duc  de  Luynes  qu'elle  soup- 
(j^onnait  de  contrarier  par  de  mauvais  of- 
fices secrets  la  demande  officielle  qu'on 
avait  promis  de  faire  d'un  chapeau  de  car- 
dinal pour  l'évèque  de  Luçon.  Richelieu 
ne  parle  pas  ici  de  ce  sujet  de  méconten- 
tement, mais  nous  1  apprenons  de  Bassom- 
pierre ,  qui  dit  :  «  Le  roi  s'acheminait  vers 
Montauban,  quand  la  reine  mère,  qui 
était  revenue  à  Tours,  pour  nous  animer 
contre  le  connétable,  envoya  par  M.  de 
Sardini  une  lettre,  etc.»  [Mém.  t.  Il, 
p.  275.)  Au  reste  Richelieu  fait  à  ce  mo- 
ment, dans  ses  Mémoirei  (t.  II,  p.  169  et 
suiv.) ,  de  grandes  plaintes  du  connétable , 
sans  parler  du  grief  qui  le  touchait  profon- 
dément. La  reine  mère  se  plaignait  d'ail- 
leurs de  ce  que ,  durant  son  séjour  à  Mata , 
elle  n'avait  pas  été  traitée  avec  les  égards 
dus  à  sa  dignité. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  495 

sieur  de  Marillac  ayant,  comme  il  a,  le  plan  d'Angers  dans  la  teste, 
fera  voir  aussy  comme,  quand  on  y  auroit  faict  tout  ce  qu'on  peut 
imaginer,  on  n'en  feroit  pas  la  citadelle  de  Milan,  ny  rien  qui  rendist 
S.  M.  ou  ses  serviteurs  plus  considérables,  comme  on  a  dit  à  la  cour; 
par  où  il  est  aysé  à  juger  quels  desseins  on  peut  avoir. 

Il  est  question  d'une  muraille  de  six  pieds  d'espais  et  de  dix  ou 
douze  toises  de  long,  qui  couste,  à  tout  rompre,  quatre  ou  cinq  cents 
escus,  quoyf[ue  le  roy  en  ayt  donné  deux  mil  accordez  dès  Angou- 
lesme. 

Le  surplus  des  deux  mil  escus  est  destiné  pour  ime  autre  muraille 
nécessaire  pour  boucher  un  endroit  du  fossé  qui  a  crevé. 

Il  est  important  de  faire  concevoir  l'occasion  qu'on  auroit  de  se 
plaindre,  si  on  recevoit  ainsy  tous  advis,  et  qu'on  envoyast  des  gens 
dont  le  naturel  est  d'en  donner  de  mauvais ,  pensans  se  renrlre  néces- 
saires; en  quoy  ils  font  un  très-grand  tort,  et  à  ceux  dont  ils  donnent 
les  advis,  et  à  ceux  à  qui  ils  les  donnent,  qui  désireroient  qu'ils  feus- 
sent  bons.  Sur  cela  il  confirmera  ce  que  du  Mont  aura  dit  de  Bourg- 
leroy.  Il  est  aysé  de  justifier,  par  la  suite  des  choses  passées,  combien 
de  fois  on  en  a  donné  de  pernicieux  et  mauvais;  et,  sans  aller  plus 
loin,  par  celuy  de  la  prise  dud.  s""  de  Marillac. 

11  est  important  que  le  roy  cscrive  à  la  reyne  qu'il  se  moque  des 
bruicts  qui  courent  de  la  fortification  d'Angers;  qu'elle  ne  s'en  mette 
point  en  peine  ;  qu'il  approuve  toutes  ses  actions  et  intentions,  sachant 
bien  qu'elle  n'en  peut  avoir  que  de  bonnes  pour  luy  '. 

Au  reste,  quiconque  voudra  considérer  et  les  intérests  généraux  de 
la  reyne,  et  ceux  qu'elle  et  les  siens  peuvent  avoir  en  particulier,  co- 
gnoistra  qu'ils  deppendenl  tous  de  l'avancement  des  affaires  du  roy, 
et  d'une  estroite  liaison  avec  S.  M.  et  M' le  connestable,  et  que  ce  qui 
manque  à  son  contentement  consiste  en  ce  qu'elle  voit  que  cette 
union  n'est  pas  telle  qu'elle  désireroit. 

Depuis  qu'elle  a  esté  de  retour  auprès  du  roy  elle  a  faict  tout  ce 

'   Ce  paragraphe  est  écrit  à  la  marge,  sans  renvoi.  , 


496  LETTRES 

qui  iuy  a  esté  possible  pour  s'unir  de  plus  en  plus  à  M.  le  connes- 
tahle,  et  tant  s'en  faut  qu'elle  ayt  entretenu  aucune  cabale,  que,  con- 
servant une  amitié  honneste  avec  ses  amis,  elle  n'a  rien  oublié  de  ce 
qu'elle  a  peu  poui-  éviter  non-seulement  les  ombrages,  mais  oster 
toute  espérance  à  ceux  qui  pourroient  avoir  dessein  de  mono- 
poles ' . 

Il  fera  cognoistre  qu'il  importe  grandement  au  contentement  de  la 
reyne  que  le  roy  ait  asseurance  de  ses  actions,  et  que  si,  récompen- 
sant ceux  qui  donneront  de  bons  advis,  on  en  punissoit  un  de  ceux 
qui  treuvent  des  calomnies  contre  elle,  M.  le  connestable  feroit  faire 
une  action  très-avantageuse  pour  Iuy. 

Il  fera  voir  à  M.  le  connestable  la  lettre  de  Madame  de  Vézint,  et 
le  priera  de  terminer  cette  affaire  avec  La  Ferrière. 

Priera  aussy  M.  le  connestable  de  faire  régler  le  rang  de  la  compa- 
gnie de  chevaux  légers  de  la  reyne,  en  sorte  que,  quand  elle  se  trou- 
vera en  l'armée,  sans  contestation  on  la  laisse  marcher  comme  elle 
doit  2. 

N'oubliera  de  parler  du  dégast  que  les  troupes  qui  s'amassent  ont 
faict  en  Anjou  en  l'absence  de  la  reine,  et  de  la  considération  que  la 
reyne  a  eue  pour  les  en  empescher,  veu  qu'il  se  trouve  des  gens  qui 
voudroient  tousjours  faire  mal  interpréter  ses  actions,  quelque  bonnes 
qu'elles  soyent.  De  façon  que  si  la  reyne  les  eust  faict  charger',  ce 
qui  Iuy  estoit  aysé,  les  meschants  eussent  dit  que  c'eust  esté  pour 
retarder  le  service  du  roy.  Si  on  les  laisse,  Bourgleroy  craignoit  qu'il 
n'y  eust  de  l'intelligence.  Ainsy  il  se  trouve  inconvénient  partout, 
dont  on  n'est  relevé  que  par  le  jugement  de  Monsieur  le  connestable, 
et  l'affection  qu'il  a  au  service  de  la  reyne. 

'   En  marge  le  secrétaire  a  écrit  :  «  Hu-  marge  du  haut  de  la  page ,  l'autre  en  un 

guenots  rcflusez.  On  ne  va  point  à  Paris  coin  du  bas ,  sans  nulle  indication  de  la 

exprès.  »  Mots  que  peut-être  on  voulait  dé-  place    qu'ils   doivent    occuper;    nous  les 

velopper  dans  la  lettre  à  expédier.  donnons  ici  à  la  suite  les  uns  des  autres. 

'  Ce  paragraphe  et  le  suivant  sont  à  la  ^  Cette   expression    s'explique    par   le» 

marge,  sans  renvoi.  Des  deux  paragraphes  mots  :  t  faire  battre  le  tocsin,»  quelques 

qui  viennent  ensuite,  l'un  est  écrit  à  la  lignes  après. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  497 

La  reyne  désire  qu'on  mette  ordre  à  ces  troupes,  qu'elle  ne  peut 
voir  loger  ainsy  sans  faire  battre  le  tocsin. 

M.  de  Marillac  fera  souvenir  M.  le  connestable  de  l'ombrage  qu'il 
luy  a  dit  qu'on  avoit  eu  de  ce  que  la  reyne  avoit  offert  des  troupes, 
quoy  qu'elle  l'eust  faict  à  très-saine  intention,  pour  tesmoigner  que 
non-seulement  approuvoit-elle  le  conseil  du  roy,  mais  qu'elle  y  vou- 
droit  contribuer  tout  son  pouvoir. 

M.  de  Marillac  verra  M.  le  cardinal  de  Retz,  M.  de  Sens,  le  P. 
Amoux ,  M.  le  garde  des  sceaux,  M.  de  Schomberg  et  tous  ces  M"  du 
Conseil  pour  leur  donner  une  impression  véritable  de  l'affaire  d'An- 
gers. 

Ne  se  plaindra  en  aucune  façon  du  duc  d'Espernon;  mais,  au  con- 
traire, tesmoignera  qu'il  sçait  bien  ce  qui  se  doit  en  cela,  mais  que 
pour  se  descbarger  d'envie,  il  a  voulu  faire  juger  par  la  cour. 

M.  de  Marillac  poursuivra,  s'il  lui  plaist,  le  brevet  de  trois  mil 
livres  de  pension  pour  Madame  de  Vitry,  (pie  M.  le  connestable  a 
promis  à  la  reyne  par  l'évesque  de  Luçon,  à  Coignac'.  Cela  importe, 
afin  que  la  reyne  voye  comme  l'évesque  de  Luçon  n'a  pas  avancé  une 
chose  de  luy  mesme. 

Il  retirera,  s'il  luy  plaist,  aussy  une  ordonnance  pour  les  s"  de 
Roches  et  du  Tremblay,  pour  estre  payez  des  appointemens  de  ca- 
pitaines de  chevau- légers,  selon  que  M.  le  connestable  l'a  aussy 
promis  aud.  s''  de  Luçon,  à  Coignac. 

Retirera  les  lettres-patentes  portant  commandement  au  comte  de 
La  Rochefoucault  de  tenir  main  forte  à  ce  que  le  service  soit  restabll 
nomément  en  l'église  de  Mouchamp,  et  toutes  les  autres  au  diocèse 
de  Luçon  ,  où  jusques  icy  il  n'a  point  esté  remis.  L'adresse  en  pourra 
estre  faicte  au  sénéchal  de  Fontenay,  ou  quelque  autre  de  Poitiers, 
selon  les  formes  ordinaires. 

Me  fera  aussy  cette  faveur  de  retirer  le  renvoy  du  conseil,  donné 
au  rapport  de  M.  de  Marillac,  son  nepveu,  pour  M.  de  Brésé,  et  me 

'  Le  roi  était  à  Cognac  du  a6  juin  au  Ix  juillet. 

CtRDM.  DE  ItICIIEUEn.  —  Vil.  63 


498  LETTRES 

l'envoyer  ;  et  retirer  du  secrétaire  dudit  sieur  de  Marillac  le  nom  des 
tesmoins  et  l'information  par  extrait. 


LXXXV. 

Arch.  des  AfI.   étr.  France,  I.   32,   pièce  35.  — 
Minute  de  la  main  de  Cliarpentier. 


A  M.  DE  SENS'. 


23  ou  2/1  juillet  1621. 


Monsieur, 

Si  je  vous  escris  quatre  fois  contre  une,  vous  ne  le  trouvères  pas 
estrange ,  veu  qiie  nous  n'avons  pas  beaucoup  à  faii'e ,  et  que  vous 
estes  en  des  occupations  continuelles  dans  le  grand  monde  où  vous 
estes.  Tout  est  ])ien,  pourveu  que  vous  ne  soyés  pas  diverly  de  vous 
souvenir  de  vos  amis,  particulièrement  de  moy,  qui  ne  cède  à  per- 
sonne en  affection.  Mais  j'appréhende  d'estre  mis  au  rang  des  péchés 
oubliez.  La  reyne  se  tient  bien  asseurée  qu'il  n'est  pas  de  mesme 
d'elle;  je  luy  en  responds  sans  qu'il  en  soit  besoin,  v(;u  la  conliance 


'  (je  nom  est  note  au  dos  par  Char- 
pentier. Le  secrétaire  des  Mémoires  a 
ajouté  :  «Cette  lettre  a  esté  envoyée  par 
Bourgleroy.  »  Qu'était  rc  Bourgleroy  ?Nous 
lisons  dans  tin  extrait  des  lettres  de 
Lguis  XIII  à  la  reine  sa  mère  :  «Il  luy 
envoie  Bouleroy  pour  lui  offrir  tout  ce  qu'il 
pourra  pour  la  délivrance  de  M.  de  Ma- 
rillac. »  (France,  t.  XXX,  pièce  i35  bis.) 
Marillac  avait  en  effet  été  arrêté  par  un 
parti  de  huguenots  (ci-dessus,  p.  à^à, 
note  1  )  ;  mais  l'objet  de  sa  mission ,  indiqué 
par  le  roi,  semble  n'avoir  été  qu'un  pré- 
texte; Hicbelieu  est  plus  explicite  dans  ses 
Mémoires  :  «  Eu  ce  temps  l'abbaye  de 
Redon,  qui  étoit  en  Bretagne  à  la  nomina- 
lion  de  la  reine,  ayant  vaqué,   le  coune- 

*  Voyez  lUie  lettre  au  duc  fh)  ï.uynes,  L  I,  [>.  <><)o. 


table  lui  envoie  Bourleroy  poiu-  lui  en  ôter 
la  disposition'.  Cet  homme,  dès  qu'il  est 
arrivé,  répand  de  tnauvais  bruits  de  tous 
côtés  contre  la  reine;  qu'on  étoit  à  la  cour 
en  grande  méfiance  d  elle  ;  qu'il  en  avoit  oui 
[)arler  au  connétable,  etc.»  (l.  II,  p.  i  7^. 
-—  Voy.  ci-après,  p.  5oi,  note  1  ).  Cepen- 
dant la  mission  de  Bourgleroy  nous  servira 
à  donner  ime  date  à  cette  lettre.  Il  est  en- 
voyé vers  la  reine  mère  le  17  juillet,  en 
la  quittant  il  emporte  ta  présente  lettre, 
et  dans  une  mirsive  subséquente  du  27 
juillet  (ci-après,  p.  5oo),  Richelieu  doute 
qu'elle  soit  encore  parvenue;  on  peu! 
donc  supposer  qu'elle  fut  écrite  à  une  date 
très  voisine  du  27  juillet. 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU.  499 

qu'elle  a  en  vous.  La  différence  qu'il  y  a  entre  le  niaistre  et  le  valet, 
fait  que  cette  considération  ne  m'asseure  pas  en  mon  particulier.  Ce- 
pendant, non  obstantmes  appréhenlions,  je  suis  content,  sachant  bien 
que  vous  ne  pouvés  estre  envers  vos  amis  autre  que  ce  que  vous  avés 
toujours  esté;  c'est-à-dire  tel  que  leur  affection  et  leur  sincérité  en 
vostre  endroit  le  méritent. 

Après  cela  je  vous  diray  que  M.  le  connestable  me  fait  fhonneur 
de  me  mander  que  quelques-uns  philosophent  siu-  le  voyage  de  la 
reyne;  et  il  me  le  mande  obligeamment  pour  S.  M.,  veu  qu'il  dit  qu'il 
en  fait  im  jugement  contraire  '.  A  cela  je  dis  à  vous,  qui  estes  comme 
vous  sçavés  mon  confesseur,  qu'il  n'y  a,  en  ce  voyage,  autres  causes 
que  celles  que  S.  M.  vous  a  dites  elle-mesme.  De  cela  je  vous  en  puis 
asseurer,  ne  cognoissant  point  que  la  confiance  qu'elle  a  en  nioy  soit 
diminuée  par  les  bons  offices  qu'on  m'y  peut  ou  veut  rendre. 

Vous  cognoislrés,  par  expérience,  que  la  franchise  et  la  fidélité  de 
la  reyne  et  de  ses  serviteurs  ne  peut  estre  plus  grande.  Je  dis  par 
expérience,  parce  cpie  vous  ne  vous  verres  point  trompé  aux  paroles 
qu'on  vous  a  données. 

Tout  le  desplaisir  de  la  reine  n'aboutit  que  de  ce  qu'elle  pense  que 
M.  le  connestable  mesprise  d'avoir  son  amitié  jusqu'au  point  auquel 
elle  le  désireroit,  m'ayant  dit  plusieurs  fois,  depuis  son  partement, 
sur  ce  qu'on  peut  repartir  pour  adoucir  son  desplaisir,  que,  s'il  en 
faisoit  Testât  qu'elle  désire,  il  la  tiendroit  entre  le  mespris  et  le  pou- 
voir-. Parfois  ses  pensées  luy  donnent  de  la  mélanchblie,   dont  on 


'  M.  de  Luynes  avait  écrit  à  l'évêqiie 
de  Luçon ,  le  9  juillet  :  «  Je  voudrois  avoir 
donné  de  mon  sang  et  que  vous  feussiez 
avec  nous.  .  .  Il  est  très-certain  que  l'on 
tr[ouve  à]  *  redire  que  vous  soyés  venu 
jusques  à  Sain[t-Jean]  pour  retourner  tout 
court;  nul  ne  peut  en  savoir  la  cause  et 
chacun  en  filosoplie  à  sa  fantaisie,  et  tous 
avec  un  jnauvais  jugement;   pour  nioy  je 

*  Il  ^  a  quelques  déchirures. 


ne  vous  dis  pas  ce  que  je  dis  et  ce  que  je 
fais;  vous  le  sçaurés  par  d'autres.»  (Ms. 
cité  aux  sources,  pièce  11').  Dans  la  lettre 
du  27  juillet,  IHichelieu  rappelle  celle  ci 
à  l'archevêque  de  Sens. 

'  La  reine  mère  veut  qu'on  respecte  sa 
qualité  sans  demander  part  dans  le  gou- 
vernement. —  J'explique  ainsi  cette  phrase 
où  la  concision  jette  quelque  obscurité. 

63. 


500  LETTRES 

tasche,  autant  qu'il  est  possible,  de  la  divertir.  Mais  elle  attribue 
tout  à  ceux  qui  luy  rendent  de  mauvais  offices  auprès  de  M.  le  con- 
nestable,  et  estime  qu'agissant  en  cela  par  son  inclination,  il  y  auroit 
bien  du  changement  à  son  avantage. 

Quant  à  l'affaire  des  Huguenots,  je  puis  respondre  devant  Dieu 
qu'elle  désire  la  ruyne  de  leur  party.  Elle  affectionne  la  personne  de 
M"  de  Rohan  et  de  Soubise,  mais  elle  donnerait  de  son  sang  pour 
voir  le  party  du  tout  à  néant. 

Voilà  tout  ce  que  je  vous  puis  dire,  sinon  qu'en  la  vie  que  nous 
faisons  par  la  campagne,  je  n'y  trouve  contentement  que  celuy  qu'on 
a  d'avoir  deux  ou  trois  heures  à  soy.  Je  voudrois  bien  en  prendre  da- 
vantage poiu'  aller  passer  douze  ou  quinze  jours  chez  moi,  mais  je 
n'ay  pas  encore  recherché  d'avoir  cette  licence. 

Mandés-moy  si  vous  estes  encore  en  volonté  d'achepter  une  terre 
en  ces  quartiers  ',  car  si  cela  est  je  m'enquerravparticidièrement  d'une, 
laquelle  on  m'a  dit  qu'on  veut  vendre,  qui  n'est  qu'à  quatre  petites 
lieues  de  Richelieu. 

Pour  moy,  mon  désir  va,  non  à  payer  mes  debtes,  ny  à  faire  ac- 
quest,  mais  à  achever  un  meschant  bastiment  commancé,  et  à  vous 
tesmoigner  que  je  suis  plus  que  personne.  .  . 


LXXXVl. 

Arch.  des  Ail.   étr.   France,  t.  ag,  pièce  do.  — 
Minute  de  la  main  de  Ciiarpenlier. 

A  MONS.  DE  SE!VS\ 

27  juillet  1  C5  I  '. 

Monsieur, 
Vous  recevrés  ou  aurés  receu  une  de  mes  lettres  par  le  s''  de  Boulroy, 

'   L'archevêque   de  Sens  avait  prié  Hi-  dos  de  la  minute,  qui  manque  de  suscrip- 

(lielieu   quelques  mois  auparavant  de  se  tien, 
charger  dune  telle  commission.  '  Au  bas  de  la  minute  le  secrétaire  a 

*  Annotation  mise  par  Charpentier  au  mis:  «27°  juillet»  sans  année.  Une  main 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU. 


501 


parce  qu'il  a  pris  un  pacquet  de  M.  Bouthillier  où  elle  est.  Aucun 
autre  n'en  recevra  par  cette  voye ,  d'autant  qu'il  s'est  oublié  de  prendre 
mon  pacquet. 

Après  ce  préambule ,  je  vous  diray  que  la  reine  envoie  ce  gentil- 
homme pour  se  plaindre  du  procéder  diid.  Boidroy,  qui,  à  la  vérité, 
est  très-mauvais,  ainsy  que  ce  gentilhomme  vous  fera  entendre.  C'est 
un  esprit  recogneu  dangereux  de  longtemps,  à  ce  qu'on  dict,  grand 
causeur  et  ([ui  recherche  à  s'establir  une  négociation  par  laquelle  il 
puisse  tirer  quelque  utilité  en  rapportant  des  nouvelles.  Mais  son  des- 
sein sera  trouvé  aussy  mauvais  de  delà  que  de  deçà,  je  m'asseure  '. 

Il  est  très-important  de  réparer  ce  qu'il  a  faict,  rien  n'estant  plus 
nécessaire  que  de  faire  cognoistre  une  bonne  intelligence  entre  le  roy, 
la  reyne  et  M.  le  connestable,  qui  est  un  but  que  cestuy-ci  ne  s'est  pas 
proposé.  Le  vray  moyen  est  de  renvoyer,  quand  il  plaira  au  roy, 
quelque  homme  sage  et  discret,  qui  die  non-seulement  à  la  reyne, 
mais  publie  hautement  que  le  roy  agrée  ses  comportements,  trouve 
bon  qu'elle  demeure  en  son  gouvernement,  et  partout  où  il  luy  plaira, 
et  y  face  ce  qu'elle  jugera  à  propos  pour  le  bien  de  son  service  et  de 
son  contentement  à  elle. 

Je  vous  puis  asseurer  que  la  reyne  n'a  point  creu  que  tout  ce  qu'a 
dit  led.  Bourgleroy  vienne  d'autre  personne  que  de  sa  leste ,  et  que 


moderno  a  écrit  en  tête,  sans  doute  pour 
le  classement ,  tay  juillet  1619.  »  Ce  mil- 
lésime est  fautif;  diverses  circonstances 
de  la  lettre  donnent  clairement  1C21,  une 
seule  sulTisait  :  Luynes  ne  fut  fait  conné- 
table qu'en  avril  de  ladite  année. 

'  Nous  avons  dit  (p.  498)  les  motifs 
de  mécontentement  de  la  reine  mère 
contre  Bourgleroi;  à  ce  sujet  l'ardievêquc 
de  Sens  mandait  à  Richelieu ,  le  7  août  : 
«J'ay  failles  plaintes  que  vous  avez  dé- 
siré pour  le  voyage  qu'on  a  fait  vers 
vous;  M.  le  connestable  m'a  tesmoigné 
de  nouveau  cstre  en  pleine  confiance  pour 


ce  qui  regarde  la  reine  et  vous.  »  De  son 
coté  Luynes  écrivait,  en  déplorant  les 
méfiances  qui  jetaient  le  trouble  partout  : 
I  Employez  plus  tostvostre  esprit  et  vostro 
soin  à  bien  faire,  comme  vous  faites,  qu'à 
toutes  ces  peliles  filosopliies  qui  ne  servent 
à  rien  qu'à  nous  donner  de  l'alarme.  .  . 
Le  lîoiirleroy  jure  et  proteste  «ju'il  n'a 
rien  dit  que    ce  qu'il  a  entendu   en    vos 

quartiers s'il  a   dit  ([uelque   chose 

qui  vous  peust  fasclier,  c'est  de  quoy  je  ne 
l'advoue  pas.  (8  août,  France,  t.  XXXII, 
pièces  i4  et  28. ) 


502  LETTRES 

la  civilité  contenue  en  cette  lettre ,  que  je  vous  mande  qu'il  est  im- 
portant de  faire,  satisfera  grandement  son  esprit. 

Du  reste,  laissés-moi  faire,  et  vous  verres  que  nous  nous  compor- 
terons non  pas  mieux  que  vous  pensés,  mais  mieux  que  les  meschans 
et  les  envieux  ne  voudront  dire.  Asseurés-en,  s'il  vous  plaist,  Monsieur 
le  connestahle,  et  croyés  que  je  manqueray  plustost  à  moy-mesme 
que  de  manquer  à  la  franchise  et  à  famitié  qui  est  entre  nous. 

Je  ne  veux  pas  oïdjlier  de  vous  dire,  comme  à  mon  cher  amy, 
que  '  depuis  Matta  je  n'ay  eu  aucune  des  petites  disgrâces  que  vous 
sçavés,  et  que  je  suis  assés  bien  pour  empescher  que  quelques  uns, 
qui  m'envient  en  la  condition  en  laquelle  je  suis,  n'ayent  occasion  de 
rire. 

J'ay  bien  de  quoy  vous  entretenir,  mais  j'ay  peur  que  nous  soyons 
longtemps  sans  nous  rejoindre. 

27®  juillet. 


LXXXVII. 

Arch.   des  Afl'.  étr.  France,   t.   29,  pièce   iSlt.  — 
Minute  de  la  main  de  Cliarpentier. 

A  M.  DE  MARILLÂC? 

[Vers  ic  17  ou  18  août  1621  *. ] 

Monsieur,  Je  viens  de  recevoir  des  lettres  de 

M.  de  la  Cochère,  lesquelles  je  vous  envoie  pour  que  vous  preniés 
la  peine  de  donner  cognoissance  de  la  substance  d'icelle  à  M.  le  con- 

'  Pendant  le  siège  de  SaintJean-d'An-  qu'elles  ne  le  soient  pas,  estimant  que  la 

gely  la  reine  mère  habitait  le  château  de  moindre  colère  d'un  maistre  mérite  aucu- 

Matlia,  bourg  de  Saintonge,  situé  à  peu  de  nement  ce  nom.  » 

distance. —  Il  y  a  ici  quelques  lignes  effacées  ^   Nous  avons  trouvé  une  lettre  de  Ma- 

où  cette  phrase  avait  été  dictée  de  diverses  rillac  à   Richelieu  au  moyen  de  laquelle 

façons;  Richelieu  avait  mis  :  «  Depuis  Matta  nous  pouvons  donner  à  celle-ci  une  date 

je  n'ay  encouru  aucune  disgrâce  de  mon  à  peu  près  certaine ....  «  Quant  à  la  lettre 

lijaistre.   Je   les    appelle    disgrâces   quoi-  de  M.  de  la  Cochère  (mandait  Marillac), 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  503 

neslabie,  qui  ne  peut  qu'il  ne  le  sache  desjà  par  autre  voye;  à  la 
volonté  duquel  je  me  rapporte  entièrement  de  ce  qui  est  de  mon 
faict  particulier  en  ce  subjet.  Outre  mon  intérest  qui  n'est  mdlement 
considérable,  celui  de  la  France  ne  l'est  pas  peu,  qui  recevroit  deux 
affronts  tout  de  suitte.  Vous  verres  aussy  Tevtrait  d'une  auti-e  lettre 
que  m'envoye  led.  s'  de  la  Cochère  qui  se  rapporte  à  une  mesnu' 
chose. 

Siu-  tout  cela  je  vous  laisse  faire  ce  que  vous  estimerés  à  propos. 
Je  vous  prie  commimiquer  de  cette  affaire  à  M"^  de  Sens,  et  si  vou^ 
trouvés  grande  difficulté  à  ce  qui  seroit  nécessaire  pour  l'autoriser 
du  roy,  ne  faire  aucune  instance  qui  seroit  importune,  vous  asseuraol 
(jue  mon  ambition  n'est  pas  si  grande  que  je  n'en  tienne  la  bride  en 
ma  main. 


LXXXVIII. 

Arcli.  des  Ail.  olr.  Fimiicc,  I.  39,  pièce   iu2. 
Minute  (Je  la  luain  de  Cli.irpenlicr. 


Monsieiu 


A   M.   DE  SENS, 

[Vei-s  le  1-  im  18  août  iG' 


Comme  ayant  toute  conllance  en  vous,  je  vous  envoyé  la  inesnie 
lettre  que  M.  de  la  (lochère  me  vient  d'escrire.  Vous  la  verres,  s'il 
vous  plaist,  et  je  m'asseure  que  vous  n'en  ferés  point  différent  juge- 
ment. A  l'advis  de  Rome  l'affaire  peut  estre  bientost  réparée,  si  on 
prend  le  chemin  tju'il  faut.  De  donner  conseil  là -dessus,  votis  stavés 


.M.  de  Sens  n'a  pas  esté  d'advis  ([n'en  si  il  .s'agit,  était  datée  de  Rome,  le  19  juillet; 

peu  de  temps  que  j'avois  à  parler  à  liiv  or  c'est   entre   ces  deux   dates  ([u'il  l'aiil 

(M.   de  Luynes),  j  entamasse  le  propos,  placer  la  présente  lettre  de  lîiclielieu. 
mais  je  la  remetlray  samedi.  »  (T.  XXXII,  '   Même  date  que  pour  la  lettre  à  M.  de 

fol.  DO.)  Marillac  écrivait  cela  le  a 5  août,  .Vlarillac. 
et  la  lettre  de  l'abbé  de  la  Cochère,  dont 


504  LETTRES 

que  je  ne  le  puis;  vous  seul  le  pouvés  faire  en  mon  absence,  si  vous 
le  trouvés  bon.  Surtout  je  vous  prie  prendre  la  peine  de  voir  M.  de 
Luynes  de  vous-mesme ,  svu^  un  bruit  qui  court  que  M.  le  Nonce  de- 
mande que  M.  l'ambassadeur  revienne  pour  luy  faire  entendre  le  tort 
que  cela  feroit  au  roy,  puisque  en  cela  les  battus  payeroient  l'amende. 
Je  sçay  bien  que  M.  l'ambassadeur  demande  luy-mesme  de  venir  pour 
retourner,  mais  souvenés-vous  que,  si  on  prend  ce  temps,  les  Italiens 
publieront  que  ce  qui  se  fera  pour  une  raison  se  fera  pour  l'autre;  et 
ainsy  le  désavantage  en  demeiu'eroit  à  la  France. 

Vous  verres  par  la  lettre  plusieurs  remèdes  qu'on  présente  ;  je  vous 
suplie  de  tascher  de  faire  gouster  ceux  qui  sont  nécessaires  pour  l'hon- 
neur de  la  France  et  poiu-  l'intérest  de  M.  l'ambassadeur,  vous  avouant, 
entre  vous  et  moy,  que  ce  me  seroit  un  extresme  desplaisir  qu'il  ne 
fust  pas  soustenu,  comme  il  mérite,  en  ce  qu'il  a  faict,  mon  intérest 
en  estant  du  tout  séparé,  non-seulement  en  cette  occasion,  mais  en 
d'autres. 

Je  vous  prie  donc.  Monsieur,  voir  M.  de  Luynes  ce  soir,  et  agir  de 
vous  selon  vostre  industrie  et  vostre  prudence,  ainsy  que  vous  le 
jugerés  à  propos  en  ce  sujet,  et  de  croire  que  je  suis  plus  que  per- 
sonne du  monde .  .  . 

Je  vous  suplie  de  donner  comnumication  de  la  lettre  de  M.  de  la 
Cochère  au  bon  père  Joseph. 


LXXXIX. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  29,  pièce  laS.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

A  M.  LE  CON.NESTABLE'. 

[ août  1621.] 

Monseigneur, 
Il  m'est  impossible  de  vous  exprimer  le  contentement  que  la  lettre 

'  Note  mise  au  verso  par  le  secrétaire. 


DU  CARDINAL  DE  RICHEiJEU.  505 

que  M.  de  MariHac  m'a  rendue  m'a  apporté,  pour  y  voir  de  nouvelles 
asseurances  et  de  vostre  affection  au  service  de  la  reyne,  et  de  vostre 
bienveillance  en  mon  endroit,  cpie  je  tascheray  de  mériter,  par  tous 
les  services  fjueje  pourray  jamais  vous  rendre. 

S.  M.  se  porte,  par  la  grâce  de  Dieu,  fort  bien.  Quant  à  sa  retraite  ', 
je  vous  supiie  de  croire  qu'elle  n'a  point  d'autre  sid^ject  que  celuy 
que  je  vous  ay  dit,  qui  est,  en  partie,  sa  santé;  en  partie,  moins  de 
satisfaction  particulière  qu'elle  ne  désireroit  aux  points  dont  je  vous 
ay  parlé  ingénuement.  Mais  je  vous  responds  que  cela  n'empesche,  en 
aucune  façon,  qu'elle  ne  désire  tous  les  jours,  de  plus  en  plus,  la 
prospérité  des  affaires  du  roy,  et  à  raison  de  sa  propre  personne  et  à 
raison  de  la  cause  dont  il  s'agit.  De  cela.  Monseigneur,  je  vous  en 
asseure,  comme  le  sachant  très-certainement.  Et  croyés,  s'il  vous 
piaist,  que  tous  ceux  qui  philosophent  au  contraire  ne  tirent  pas  leurs 
conclusions  de  bons  principes,  et  que  vous,  qui  en  jugés  à  son  avan- 
tage, ne  serés  point  trompé  en  attendant  d'elle  tout  ce  que  vous  en 
sçauriés  désirer  de  concours  de  volonté  et  de  son  pouvoir,  si  elle  en 
avoit,  en  la  ruyne  de  l'hérésie. 

Quant  à  vostre  personne,  M.  de  Sens  sçayt  aussy  bien  que  moy 
qu'elle  a  de  l'inclination  à  vivre  avec  vous  en  parfaite  intelligence. 
Elle  vous  lient  très-bon  ;  j'use  de  ces  mots  parce  que  je  luy  oys  dire 
fort  souvent  en  faisant  jugement  de  vous;  mais  elle  croit  que  vous  vous 
rendes  facile  à  recevoir  de  mauvaises  impressions  en  ce  qui  la  touche, 
et  que  vous  estes  destourné  par  autruy,  et  non  par  vous,  de  beau- 
coup de  choses  qui  pomroient  luy  apporter  tout  contentement. 

Après  cela,  il  ne  me  reste  rien  à  vous  dire,  sinon  à  me  resjouir  du 
progrès  des  armes  du  roy'^,  et  de  vous  conjurer,  non-seulement  comme 

'   La  reine  mère  quitta  le  roi  après  la  des   mépris  (selon   son   expression),  que 

prise  de  Saint-Jean -d'Angely  (voye^  ci-  la  reine  mère  eut  à  subir  dans  ce  voyage 
dessus,  p.  49a)-  Cette  circonstance  donne,    '     au  siège  de  Saint- Jean-d'Angely.  (T.  II, 

pour  la   présente    lettre,    une    date    peu  p.  177.) 

éloignée  du  retour  de    Marie  de    Médicis  "  11  s'agit  sans  doute  de  Clèrac,  assiégée 

en  Touraine.  Richelieu  se  plaint  amère-  après    Saint-Jean-d'Angely,    et    prise    le 

ment  dans   ses   Mémoires   des    dègoùt»,  4  août. 

CABniN.  DE  RICBELIED.  VU.  64 


506  LETTRES 

ecclésiastique,  mais  comme  François  qui  aime  le  bien  de  Testât  et 
vostre  serviteur  particulier,  de  parachever  ce  que  vous  avés  desjà  sy 
heureusement  commencé,  et  ce  dont  la  fin  couronnera  indubitable- 
ment l'œuvre.  Tous  les  gens  de  bien  le  désirent  ainsv.  A  ce  souhait 
j'adjouste  encore  celuy  que  je  fais  de  la  continuation  de  vostre  bien- 
veillance, et  de  vous  pouvoir  tesmoigner  que  je  suis.  .  . 


XC. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  France,  t.  39,  pièce  iSa.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier  et  de  celle  de  Hiciielieu. 

LKTTRK  DE  LA  REINE  MÈRE 
A  M.   DE  SENS'. 

[.....  août  1621  ".] 

M"  de  Sens,  envoyant^  tesmoigner  au  roy  Monsieur  mon  fils  la  joye 
que  j'ay  de  l'avancement  de  ses  affaires,  *[je  ne  puis  que  vous  tesmoi- 
gner le  souvenir  que  j'ay  et  auray  tousjours  de  vous.]  Le  s''  de  Ma- 
rillac  m'a  rapporté  qvie  mon  cousin  le  connestable  luy  avoit  dit  que 
quelques-uns  faisoient  mauvais  jugement  de  mon  voyage.  [Mais  je 
me  mocque  de  leurs  jugemens;  si  c'est  faute  de  chercher  repos 
lorsqu'on  est  inutile  et  qu'on  ne  peut  rien  que  par  souhait,  que  j'auray 
aussy  bien  tels  qu'il  faut,  en  quelque  lieu  que  je  sois,  que  dans  les 
chaleurs  du  Languedoc,  j'ay  tort,  mais  non  pas  autrement.  Mes  actions] 
feront  cognoistre  à  tout  le  monde  qu'il  n'y  a  personne  qui  affectionne 
la  personne  du  roy  Monsieur  mon  fils  et  désire  le  bien  de  son  estât 
à  l'esgal  de  moy.  Vous  avés  tousjours  respondu  de  cette  vérité,  vous 
n'en  serés  jamais  en  peine.  Ayés  donc  cette  créance  puisqu'elle  est 
très-certaine  et  que  je  suis ... 

'   Ce  nom  esl  noté  au  dos.  '  Une  ligne  raturée  dit  que  ce  messa^jer 

'  Marillac  était  de  retour  de  la  mission  était  le  sieur  Desbordes, 
qui  lui  avait  été  donnée  auprès  du  P.  Ar-  *  Les  passages  enfermés  entre  crochets 

uoux  en  juillet.  (Voy.  ci-après.,  juillet,  aux  sont  de  la  main  de  Richelieu. 
Analyses.  ) 


DU  CARDINAL   DE  RICHEf.IEU.  507 

Au  verso,  Richelieu  a  écrit  ces  lignes,  qui  peut-être  ont  été  introduites  dans 
l'original  : 

[Sij'estois  utile  à  ce  qui  se  fait,  je  mespriserois  ma  santé.  .  . 

Vous  savés  jusques  à  quel  point  je  désire  m' unir  avec  mon  cousin 
le  connestable,  j'ay  faict  tout  ce  que  j'ay  peu  pour  cela;  il  ne  trou- 
vera jamais  d'amy  plus  asseuré  en  sa  parole;  mais  je  ne  puis  digérer 
le  mespris;  j'ay  le  cœur  grand,  mais  je  ne  suis  point  trompevise,  et  ne 
le  seray  jamais.  Je  m'asseure  qu'enfin  il  me  cognoistra  et  m'aymera. 
Je  me  descharge  à  vous ,  comme  j'ay  faict  plusieurs  autres  fois.  Et  sur 
cela,  etc.] 


XCI. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  3i,  pièce  182.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

A  L'ARCHEVESQLE  DE  SENS. 

[ août  1621.] 

Monsieiu', 

Je  vous  escrits  moitié  par  commandement,  moitié  de  mon  instinct. 
Mon  commandement  va  à  vous  dire  que  la  reyne  cognoist  bien  qu'on 
se  mesfie  d'elle,  et  qu'on  verra  bien  que  c'est  sans  sujet.  Ensuitte  je 
vous  diray  que  plusieurs  discours  que  j'ay  entendus  me  font  juger  que 
S.  M.  n'est  pas  trompée  au  jugement  qu'elle  fait  de  ceste  mesfiance. 
Or  je  vous  dis,  suivant  la  franchise  que  vous  avés  tousjours  cogneue  en 
vos  amis,  que  ces  ombres  sont  sans  corps'.  Le  dégoust  de  la  reyne  gist 
en  ce  qu'elle  vous  a  dict  et  que  j'en  ay  parlé ^  à  M.  le  connestable, 
qui  aboutit  à  peu  d'honneur  et  non  ultra.  En  un  mot,  je  vous  dis, 
internos,  que  nous  sommes  et  serons  à  l'espreuve  de  toutes  tentations. 
Ce  n'est  pas  qu'il  nous  en  soit  venu;  mais  souvenés-vous  de  ce  que 

'   «Que  ces  ombres  sonl  sans  corps,»  niier  volume,  p.  Gfji),  laquelle  a  dû  être 

ces  mots  sonl  écrits  de  la  main  de  Riche-  écrite  en  même  temps  que  celle-ci. 
lieu,  et  je  les  trouve   répétés  dans  une  '  L'incorrection  de  cetle  phrase  vient 

lettre  à   M.  de  Luynes  (voy.   notre  pre-  d'une  surcharge  mal  faite. 

64. 


508  LETTRES 

je  vous  en  dis  [pour  les  occasions  qui  se  pourroyent  présenter]  :  un 
procéder  de  confiance  est  capable  d'obliger  grandement  la  reyne.  Le 
porteur,  qui  se  sera  enquis  dans  le  pays,  pourra  dire  s'il  s'y  faict  aucime 
chose  de  mal  à  propos.  J'ay  veu  un  temps  que  la  reyne  appréhen- 
doit  les  mauvais  rapports;  mais  depuis  quelques  temps  elle  ne  s'en 
soucie  plus;  d'autant,  dit-elle,  que  n'ayant  point  de  pensée  qui  luy 
puisse  nuire  vers  ceux  à  qui  on  les  pourroit  rapporter,  le  temps  es- 
claircit  tout.  Hier  au  soir  elle  usa  de  ces  termes  et  me  commanda  de 
vous  les  mander.  Entre  vous  et  moy,  je  ne  vous  puis  celer  que  le 
porteui-  ne  m'ayt  dit  une  chose  qui  ne  me  plaist  aucunement,  qui  est 
qu'on  persuade  à  M.  le  connestable  que  la  reyne  lui  veut  un  extresme 
mal.  Par  là  jugés  si  je  n'ay  pas  deub  entendre  et  craindre  tout  en- 
sen)ble  que  M.  le  connestable  en  peusl  avoir  quelque  impression.  Si 
cela  est  véritablement,  il  feroit  tort  à  la  reyne,  dont  vous  sçavés  la 
sincérité  aussy  bien  que  moy;  et  ensuilte  je  prétendrois  avoir  grand 
sujet  de  plainte,  dont  je  luy  demanderois  raison  à  luy-mesme ,  sçachant 
bien  qu'il  ne  le  trouveroit  point  mauvais.  On  ne  sçauroit  recevoir  vm 
plus  grand  desplaisir  que  de  voir,  lorsqu'on  faict  tout  ce  qui  se  doit,  et 
le  mieux  qui  se  puisse  faire,  que  la  recognoissance  qu'on  en  a  con- 
siste en  mesfiance.  Je  voudrois  que  nous  poussions  nous  entretenir 
une  heure.  Cependant  ma  conclusion  sera  (jue  la  reyne  souhaitte  pas- 
sionnément la  ruyne  de  Ihérésie,  et  y  voudroit  contribuer  tout  ce  qui 
luy  seroit  possible.  Je  vous  dis  plus,  la  voir  en  telle  disposition  que, 
pour  tesmoigner  son  affection  au  service  du  roy,  rien  ne  l'empesche 
de  suivre  au  bout  du  monde,  que  ce  que  vous  sçavés  qu'elle  a  dans 
l'esprit  de  n'estre  pas  traittée  selon  sa  qualité  de  mère  du  roy. 

Je  voudrois  de  bon  cœur  avoir  donné  de  mon  sang,  et  qu'il  y  eust 
remède  à  ce  mal.  Tous  les  esprits  seroient  plus  contens;  la  naturelle 
demeure  de  la  reyne  est  d'estre  auprès  du  roy.  Je  le  souhaitterois 
encore  particulièrement  parce  que  M.  le  connestable  y  auroit  de  l'a- 
vantage ,  estant  impossible  qu'avec  le  temps  il  ne  s'ajuste  avec  la  reyne , 
en  sorte  qu'ils  vivent  avec  confiance  l'un  avec  l'autre.  Je  ne  sçay,  voyant 
les  dispositions  de  part  et  d'autre,  d'où  peut  venir  l'empeschement. 


DU  CARDINAL   DE  RICHELIEU.  509 

Dieu  le  dissipera,  s'il  lui  plaisl,  et  lors  M.  le  connestabie  vei-ra  qu'on 
ne  l'aura  point  trompé. 

Elle  vous  aime  sincèrement  et  vous  tient  d'une  franchise  incompa- 
rable à  tous  ceux  à  qui  vous  la  promettes.  Il  n'y  a  pas  deux  jours  que 
je  luy  ay  ouy  dire  de  vous  ce  que  vous  m'avés  dit  deux  ou  trois  fois 
de  celuy  qui  vous  escrit,  savoir  est,  qu'il  n'aime  pas  tout  le  monde, 
mais  que  ceux  qu'il  aime  il  les  aime  entièrement.  C'est,  Monsieur, 
tout  ce  que  je .  .  . 


XCII. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  France,  t.  3i,  pièce  i83.  — 
Minute  de  la  main  de  Cliarpentier. 

INSTRUCTION  POUR  LE  SIEUR  DES  ROCHES'. 

[  î  1  octobre  1621  '.  ] 

M.  de  Roches  va  pour  sçavoir  des  nouvelles  du  roy,  luy  tesmoi- 
gner  l'impatience  que  la  reyne  a  du  succès  de  ses  affaires,  etl'adverlir 
comme  elle  s'en  va  à  Paris,  la  saison  la  chassant  de  la  campagne. 

11  n'oublira  pas  à  dire  que  si  elle  pouvoit  estre  utile  en  quel(|uo 
lieu  du  monde  au  .service  du  roy,  ce  seroit  celuy  qu'elle  ['choisiroit 
pour  sa  demeure,]  n'avant  dessein  quelconque  que  de  luy  complaire; 
mais  qu'estant  asseurée  qu'elle  fera  partout  ce  cpi'elle  doit,  elle  n'a 
point  de  distinction  de  lieux  pour  son  sesjour. 

Il  remerciera  S.  M.  et  M.  le  connestabie  de  la  façon  avec  laquelle 

'   Cet  officier  au   service    de  la   reine  icy- • —  lo  septembre,  manuscrit  cité  aux 

mère  fut,  dans  ce  temps-là,   chargé  de  sources,    pièce   109'.   Ces  lettres  (•laicnt- 

ptusieurs    missions    pareilles.     Nous     le  elles  interceptées  ? 

voyons,  deux  mois  auparavant,  auprès  du  '  Cette  date  est  donnée  par  une  lettre 

roi,  à  Montauhan,  d'où   Marillac  écrivait  .      de  Uiclielieu  àdeLuynes,  écrite  le  même 

à  Marie  de  Médicis  :   •  M.  de  Roches  va  pur  que  cette  instruction.  Voir  aux  Ana- 

Irouver  V.  M.  si  elle  ne  reçoit  pas  de  lettres  lyses,  ci-après. 

de  luy,  ce  n'est  pas  sa  faute  ;  c'est  la  sep-  '  Je  mets  entre  crochets  les  mots  écrits 

liènie  dépe.sche  (|u'il   fait  depuis  qu'il  est  de  la  main  de  Richelieu. 


510  LETTRES 

ils  se  sont  gouvernez  pour  l'abbaye  de  Redon,  et  tesmolgnera  à  tous 
les  deux  que  la  reyne  leur  en  a  d'autant  plus  d'obligation  qu'elle 
avoit  remis  à  la  discrétion  du  roy  d'en  user  comuïe  il  luy  plairoit. 

Il  n'oubliera  ])as  de  rapporter  le  brevet  pour  M.  Barbin,  au  nom 
de  Cliarles  Barbin,  et  l'œconomat  en  blanc,  pour  estre  remply  du 
nom  d'un  de  ses  amis. 

Il  consultera  avec  M.  de  Marillac  s'il  y  auroit  mal  de  proposer  à 
M.  le  connestable  l'escliange  de  Redon  avec  Réaidmont,  sur  deux 
subjets,  l'un  que  Réaulmont  est  procbe  d'une  maison  que  j'ay  en 
Picardie,  qui  me  la  feroit  désirer  pour  estre  toujours  plus  en  son 
gouvernement;  l'autre  que  Redon  est  en  Bretagne,  que  la  ville  est 
une  place  de  quelque  conséquence  qui  peut  estre  seroit  plus  consi- 
dérable pour  son  beau  frère. 

Il  faut  prendre  garde  à  ne  rien  proposer  en  cela  qu'on  n'ayt  les 
brevets,  et  qui  plus  est  qui  peust  accrocher  l'expédition  de  Rome. 
Mais  ayant  les  brevets  je  n'y  juge  point  de  mal. 

Il  faut  se  souvenir  que  le  s'  de  Sainct-Luc  a  obtenu  une  commission 
pour  se  saisir  de  la  place  de  Redon,  et  que  l'abbaye  me  demeurant,  ce 
seroit  un  afïron  là  la  reyne  et  à  moy  si  cette  commission  n'estoit  révoquée. 

Que  la  place  ne  m'importe  point  puisqu'on  la  veut  permuter,  mais 
que  l'ayant  ce  seroit  une  honte  extraordinaire. 

Si  cette  permutation  ne  se  peut  faire,  M.  de  Roches  se  souviendra 
de  Rabat  et  de  Livry. 

Si  M.  le  connestable  parle  de  l'affaire  de  M""  de  la  Cochère,  ou  que 
M.  de  Marillac  et  luy  jugent  à  propos  d'en  parler  comme  d'euv- 
mesmes,  ils  se  souviendront  qu'il  y  a  lieu  maintenant  de  la  faire,  et 
qu'on  sçait  asseurément  de  Rome  que  si  on  le  veut  absolument  la 
chose  est  faicte,  qu'Amadeau^  amy  de  M.  de  la  Cochère  s'en  repose 
sur  cela,  n'en  veut  faire  ny  pas  ny  planche,  d'autant  qu'il  sçait  asseu- 

'   Nous  avons  dit  que  c'était  un  des  noms  lieu  l'avait  envoyé  à  Rome,  la  promotion 

sous  lesquels  on  désignait  Richelieu  dans  de  l'évèque  de  l.uçon  au  cardinalat.  Son 

son  intimité.  Quant  à  ï affaire  de  l'abbé  de  affaire,  à  lui,  la  Cochère ,  était  déjà  faite,  il 

la  Cochère,  c'est  celle  pour  laquelle  Riche-  avait  été  nommé  évêque  d'Aire  en  février. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  511 

rément  que  si  on  le  veut  cela  sera,  et  que  si  on  ne  le  veut  pas,  il  ne 
le  veut  pas  luy  mesme,  ne  désirant  rien  qui  se  fasse  avec  inescontente- 
ment.  Mais  qu'il  suplie  de  croire  que  ny  l'attente ,  n y  la  possession  ne 
le  peut  faire  changer  de  procédure ,  veu  qu'elle  sera  tousjours  telle 
qu'elle  doit  estre. 

Il  dira  à  M.  le  connestable  que  M.  de  Marillac  a  mandé  à  M.  de 
Luçon  qu'il  se  plaignoit  de  luy,  de  ce  qu'il  ne  luy  avoit  pas  escrit  le 
voyage  de  la  reyne ,  de  Tours  à  Blois.  Sur  quoy  M.  de  Luçon  le  suplie 
de  se  souvenir  que  la  reyne  de  sa  propre  bouche ,  et  luy,  luy  ont  dit 
tout  ce  que  S.  M.  faict  maintenant  devant  que  partir  de  Matta. 

Que  M.  de  Marillac  luy  a  redit  plusieurs  fois,  M.  de  J^uçon  luy  en 
ayant  escrit. 

Que  M.  le  connestable  doit  considérer  que  S.  M.  n'auroit  sceu  se 
conduire  plus  innocemment  et  mieux  qu'elle  a  faict  depuis  qu'elle  est 
partie  d'auprès  du  roy,  quand  on  luy  auroit  prescrit  sa  conduite. 

Qu'elle  n'a  poùil  esté  à  Angers  à  cause  des  faulx  bruits  des  lorti- 
lications  encore  imaginaires  à  présent. 

Qu'elle  est  allée  à  Tours,  lieu  non  suspect,  où  elle  a  demeuré 
deux  mois  entiers. 

Que  de  là,  s'estent  acheminée  pour  aller  vers  Paris,  la  rumeur 
qu'elle  a  entendu  y  estre  arrivée  l'a  arrestée  tout  coiut,  attendant 
que  tout  fenst  passé. 

Qu'il  sçait  mesme  que  longtemps  auparavant  elle  a  iuy  de  s'ache- 
miner en  ces  quartiers  cy,  pour  éviter  certains  ombrages;  enlin  que 
sa  disposition  a  esté  telle  que  si  les  huguenots  qui  estant  en  Testât 
auquel  ils  sont  cherchent  des  appuis  de  tous  costez ,  l'avoient  sollicitée , 
non-seulement  les  eu.st-elle  refTusez,  mais  qui  plus  est,  dit  tout  ce 
qu'il  faudroit  pour  les  réduire  en  l'obéissance  [qu'ils  doivent  au]  roy. 

Que,  se  gouvernant  de  la  façon  ..elle  tiendroil  à  grande  injure  qu'on 
pensast  qu'elle  fust  capable  de  machiner  (juelque  mal,  et  qu'elle  en 
voulust  produire  en  quelque  lieu  qu'elle  fust ,  sa  bonne  conduite 
(ïstant  attachée  à  sa  personne  et  non  aux  conseils  qu'on  luy  peut  donnei 
ou  à  la  nature  des  lieux. 


512  LETTRES 

Quanta  M.  de  Luçon,il  tesmoignera,  de  sa  part,  qu'il  auroit  grand 
sujet  de  se  douloir,  si,  en  se  gouvernant  comme  il  fait,  au  lieu  d'en 
sçavoir  gré  on  en  prétendist  subjet  de  plainte. 

Que  le  but  qu'il  a  est  qu'on  ne  trouve  rien  à  redire  en  [ses  actions]. 

Que  la  reyne  est  tellement  jalouse  de  sa  liberté  que,  s'd  l'avoit 
mandé ,  comme  rendant  compte  de  ce  qu'elle  doit  faire ,  il  se  ruine- 
roit  manifestement  auprès  d'elle,  et  avec  raison,  puisque  ce  n'est  pas 
l'hvmieur  de  S.  M.  et  que  sa  liberté  [a  esté  trouvée  bonne  du  roy], 
et  est  le  seul  privilège  dont  elle  veut  jouir,  et  dont  elle  n'abusera  point. 

Qu'au  reste,  il  est  plus  important  à  M.  le  connestable  qu'à  la  reyne 
qu'on  croye  qu'elle  l'ayt  entière,  veu  qu'on  ne  sçauroit  oster  de  l'es- 
prit des  peuples  qu'il  ne  luy  soit  defl'endu  d'aller  soit  en  un  lieu,  soit 
en  l'autre,  d'où  ils  prennent  occasion  de  blasmer  led.  s'  connestable 
et  le  s'  de  Luçon,  qu'ils  estiment  y  contribuer;  et  bien  qu'on  les 
asseure  que  cela  n'est  point  ils  ne  le  veulent  pas  croire. 

Il  luy  dira  en  trois  mots  que  M.  de  Luçon  n'oubliera  rien  de  ce 
qu'il  [pourra  pour  seconder  la  ferme  résolution  que  la  reyne  a  de  se 
conduire  en  sorte]  que  le  roy  et  luy  en  aient  tout  le  contentement 
qu'ils  en  doivent  attendre.  Mais  que,  comme  il  aimeroit  mieux  mourir 
que  de  manquer  de  fidélité  à  la  reyne,  ainsy  qu'il  a  dit  plusieurs  fois 
à  mon  dit  s"'  le  connétable,  il  n'y  a  rien  après  cela  qu'ils  veuillent  plus 
fuyr  que  d'avoir  cette  réputation,  quoyque  sans  effet. 

[En  ceste  considération,]  il  le  suplie  de  ne  désirer  point  des  choses 
qui  pourroient  donner  cette  mauvaise  pensée,  bien  que  sans  sujet, 
parce  qu'il  aymeroit  mieux  perdre  la  vie  que  la  réputation,  qui  est 
la  seule  chose  qu'on  doit  avoir  chère  au  monde. 

Il  luy  représentera  que  la  conduite  de  M.  de  Luçon  seroit  fort 
aysée  si  l'intelligence  estoit  telle  entre  la  reyne  etmond.  s' le  connes- 
table que  la  reyne  la  souhaitte  et  qu'il  [la  doit]  désirer  pour  luy-mesme , 
mais  que  la  confiance  ne  paroissant  pas  telle  qu'il  est  à  désirer,  cela 
donne  lieu  à  beaucoup  de  personnes  de  tesmoigner  que  mond.  s''  le 
connestable  n'ayme  pas  la  reyne  comme  il  doit,  et  de  parler  autrement 
qu'ils  ne  feroient  si  on  voyoit  une  estroite  correspondance  entre  eux. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


513 


Les  libériez  de  parler  qui  naissent  de  là  mettent  en  peine  pour  ré- 
sister aux  impressions  qu'elles  pourroient  produire,  non  en  l'esprit  de 
la  reyne,  qui,  d'elle-mesme,  distingue  fort  bien  le  blanc  du  noir,  mais 
en  celuy  de  tout  le  monde.  Au  lieu  que,  s'il  estoit  auti'ement,  la  vérité 
et  l'apparence  parleroient  d'elles-mesmes  et  feroient  en  cela  ce  qu'il  faut 
faire  par  discours,  taschant  de  faire  voir  que  ce  qu'on  met  en  avant  ne 
peut  avoir  lieu.  Au  bout  de  quoy,  le  plus  souvent  on  est  contraint, 
pour  toute  conclusion,  de  payer,  en  disant  que  la  reyne  [ne  croit  point] 
estre  au  mespris  qu'on  représente  ;  ce  qui  faict  dire  à  beaucoup  de  gens 
que  c'est  M.  de  Luron  qui  l'empesclic  (en  luy  déguisant  les  affaires  et 
la  trompant)  de  le  recognoistre ,  bruits  que  M.  de  Luçon  veut  esviter 
sur  toutes  choses,  ne  voulant  ny  un  tel  elléct,  ny  la  calomnie  '. 

[Il  ne  faut  pas  oublier  de  faire]  entendre  qu'on  ne  peut  [brider  les 
langues],  ny  empescher  que  chacun  ne  parle  selon  son  sentiment; 
mais  qu'il  y  a  différence  entre  les  intentions  et  les  effects  du  maistre  et 
les  paroles  des  indiscrets,  qui  auroient  gain  de  cause  si  on  prenoit 
pied  à  leurs  discours,  veu  qu'on  sçait  certainement  qu'il  y  en  a  qui 
n'ont  autre  intention  que  de  brouiller  par  fausse  apparence ,  lorsqu'ils 
voyent  ne  le  pouvoir  faire  autrement. 


'  Cela  est  embarrassé  et  peu  intelligible  ; 
Kichelieu  est  bien  plus  clair  et  plus  précis 
dans  SCS  Mémoires,  où  il  fait  allusion  à  la 
présente  lettre  :  «  Pour  s'excuser  envers  les 
peuples  du  mauvais  traitement  quil  f'aisoit 
à  ia  reyne,  le  connétable  essayoit  de  faire 
croire  (pi'il  agissoil  de  concert  avec  moi ,  et 
publioit  une  étroite  intelligence  entre  nous 
deux.  Je  m'en  plaignois  à  lui  et  lui  disois 
que,  comme  je  n'en  voulois  |X)int  l'eiïet, 
je  n'en  voulois  point  l'apjMrence  ;  que  d'au- 
tant plus  il  donneroit  cette  impression- 
là  aux  grands ,  d'autant  plus  m'étudierois- 
je  à  faire  voir  le  contraire.  •  El  ces  mêmes 
paroles  sont  répétées  à  cinquante  pages 
de  distance  (i3i-i8i.  éd.  Pelitot).  Riche- 
lieu écrivait  cela  après  la  mort  du  duc  de 

C.4!'.D1\.  CF.  niCIIEI.lF.U.  —     VII. 


Luynes,  et  ce  langage  direct,  ferme  et  dé- 
cidé ressemble  peu  aux  paroles  nuageuses 
et  timides  qu'il  avait  chargé  Des  Roches 
d'expliquer.  Nous  douions  que  ce  messager 
ait  osé  être  plus  net  et  plus  hardi  que  ses 
instructions. Ce  que  nous  savons,  c'est  que 
la  lettre  qu'il  devait  remettre  au  duc  de 
Luynes,  et  dont  nous  dominns  l'analyse, 
à  cette  date  du  32  octobre,  ne  contienl 
rien  de  pareil  à  ce  passage  des  Mémoires. 
Dans  toutes  les  lettres  que  nous  avons 
vues  de  Richelieu  à  de  Luynes ,  ce  ne  sont 
que  des  protestations  de  services  et  des 
sollicitations  dainitié  plus  utiles  assuré- 
ment aux  intérêts  de  la  reine  mère  que 
les  dédaigneuses  susceptibilités  dont  Ri- 
chelieu fait  parade  dans  ses  Mémoires. 

G5 


514  LETTRES 


xcrii. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  France,  t.  3o,  pièce   126.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

A 

[Vers  la  fin  de  1621 '.] 

Monsieur,  il  y  a  sy  longtemps  que  je  vous  attends  pour  avoir  ce 
contentement  de  me  descharger  sur  vous  d'une  partie  du  faix  de 
beaucoup  d'affaires  fascheuses  qui  travaillent  un  esprit  qui  aime  son 
repos  comme  le  mien,  qu'impatient  du  trop  long  délay  de  vostre 
retour,  il  m'est  impossible  de  m'empescber  de  vous  faire  part  par  es- 
crit  de  ce  que  je  vous  dirois  de  bouche  ^  [si  j'estois  en  ces  quartiers]. 

Depuis  que  vous  estes  party  les  affaires  ont  changé  deux  ou  trois 
fois  de  face.  Les  premiers  deux  mois  nous  avons  vescu  en  espérance 
d'un  accomodement  parfait,  c'est-à-dire  d'une  confiance  réciproque, 
et  asseurance  que  chacun  ne  voudroit  pas  faire  mal  à  son  compagnon. 
La  reyne  l'a  tousjours  désirée  avec  passion,  et  j'ose  dire  n'avoir  rien 
oublié  de  tout  ce  qui  m'a  esté  possible  pour,  suivant  ses  inclinations 
et  ses  commandements,  parvenir  à  cette  fin. 

Le  roy  a  toujoiu-s  fait  très-bonne  chair  à  la  reyne  sa  mère ,  et  on  a 
recogneu  que  M.  le  connestable  a  esté  fort  combattu  de  faire  liaison 
avec  la  reyne.  Il  en  a  eu  diverses  envies;  mais  comme  il  est  bon  de 
sa  nature,  il  est  fort  facile  à  préoccuper  et  destourner  de  ses  pre- 
mières pensées;  de  façon  que  ceux  qui  n'aiment  ny  le  bien  de  Testât, 

'   Richelieu  fait  à  un  ami  absent  le  récit  Luynes,  on  pourrait  penser  qu'elle  a  été 

de  ce  qui  s'est  passé  à  la  cour  depuis  cette  écrite  vers   cette   époque;   cependant    le 

absence,   par  rapport  à  la  reine  mère.  Il  troisième  paragraphe   indique  que  M.  de 

est  impossible  de  dire  la  date  précise  de  Luynes  vivait  encore  quand   l'évêque  de 

cette  pièce;  quelques  fragments  se  trou-  Luçon  écrivait.  Ce  mémoire  aurait  donc 

vant  insérés  dans  les  Mémoires  de  Riche-  été  composé  vers  la  fin  de  1G21. 
lieu  lorsqu'il  parle  du  temps  (jui  a  suivi  '  Ces  derniers  mois  du  paragraphe  sont 

presque  immédiatement  la  moi't  du  duc  de  de  ta  main  de  Richelieu. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  515 

ny  celuy  du  roy  et  de  la  reyne ,  ny  le  sien  particulier  l'ont  empesché 
de  mettre  à  effect,  en  cet  article,  ses  bonnes  inclinations. 

Ainsy  se  sont  passez  trois  et  quatre  mois  '  dans  des  espérances  que 
le  temps  enfin  apporteroit  ce  qui  estoit  tant  désiré  de  nostre  part,  et 
qui  n'estoit  pas  déterminement  rejette  de  l'autre. 

Après  cela  est  venu  un  autre  temps  où ,  nos  désirs  estant  demeurez 
les  mesmes,  nos  espérances  se  sont  grandement  refroidies,  la  reyne 
ayant  tenu  presque  pour  tout  constant  qu'on  ne  vouloit  point  d'intel- 
ligence avec  elle,  ce  que  véritablement  elle  a  eu  occasion  de  préjuger 
par  diverses  circonstances  qui  seroient  trop  longues  à  escrire ,  et  qu'il 
est  plus  aysé  à  recognoistre  que  d'exprimer. 

Cela  a  produit  diverses  mesfiances  et  plaintes  de  part  et  d'autre , 
où  je  n'ay  pas  manqué  d'avoir  autant  de  part  que  le  bonheur  accous- 
lumé  que  vous  savés  que  j'ay,  l'a  requis.  Mais  tout  ce  temps  n'a  pas  esté 
lascheux,  parce  que  s'il  y  a  eu  des  mesfiances  et  des  plaintes,  les 
acommodements  et  réconciliations  ont  esté  fréquents  et  faciles^. 

Depuis  il  s'est  passé  un  autre  siècle;  la  désobéissance  des  hugue- 
nots est  arrivée,  le  voyage  du  roy  s'est  résolu  et  faict.  En  tout  cela  je 
vous  puis  dire  la  reyne  avoir  eu  des  volontés  très-parfaites  de  mettre 
jusques  à  sa  propre  vie,  s'il  eust  esté  possible,  pour  faire  cognoistre 
au  roy  la  passion  qu'elle  a  à  son  bien.  Mais  nous  avons  esté  sy  peu 
heiu-eux  que  cela  n'a  pas  réussy,  ny  eu  isseue  telle  qu'on  eust  peu  se 
la  promettre.  Car  si  la  reyne  eust  pensé  qu'il  estoit  bon  de  ne  rien 
esmouvoir,  on  eust  creu  que  c'estoit  im  monopole  '.  Si  elle  a  dit  que 
le  roy  viendroit  à  bout  de  la  guerre  qu'il  entreprenoit ,  on  a  creu 
qu'on  l'y  vouloit  embarquer  plus  aysément;  si  elle  a  demandé  1,000 
ou   1,200  hommes  au  nom  de  ses  serviteurs,  afin  qu'on  veist  ouver- 

'  Depuis  le  retour  du  roi  du  voyagn  de  qui  précède.  C'est  quelque  incident  de 
Guyenne.  Louis  XII  arriva  à  Paris  le  7  no-     ■    copiste  ;  il  n'est  pas  à  croire  qu'on  ait  voulu 

vembre  1620;  il  y  trouva  la  reine  mère;  annuler  cette  partie  de  la  lettre, 
il  en  partit  le  29  avril  1621  pour  la  guerre  ^  Les  Mémoires  de  Richelieu  ont  eni- 

contre  les  huguenots ,  où  Marie  de  Médicis  prunté     plusieurs    paragraphes    à    cette 

l'accompgna.  lettre.  T.   XXXI,  fol.    127  du  manuscrit 

'  Une  barre  a  été  passée  sur  tout  ce  des  Aff.  étr.  p.  177,  t.  II  de  l'éd.  Petitot. 

65. 


510  LETTRES 

femenl  qu'elle  veut  estre  tousjours  du  party  du  roy  et  non  d'autre ,  on 
a  pensé  que  c'estoit  pour  avoir  main  forte.  Si  elle  a  dit  qu'elle  y  con- 
IriJjueroit  volontiers  sy  peu  de  pierreries  qu'elle  a,  on  a  dit  que  c'estoit 
pour  tirer  vanité  de  cet  offre.  Si  de  plus  elle  a  tesmoigné  qu'elle 
prendroit  part,  en  apparence,  à  tous  les  conseils  dont  on  voudroit 
que  la  France  la  creust  participante ,  on  a  pensé  que  c'estoit  pour 
prendre  pied  aux  affaiies'. 

Cependant  je  vous  puis  jurer  devant  Dieu  qu'en  tout  cela  la  reyne 
n'a  eu  autre  intention  que  celle  [que  ceux]  qui  sont  auprès  de  luy 
eussent  peu  désirer  justement,  et  que  toute  la  pensée  qu'elle  a  eue 
en  son  particulier  depuis  qu'elle  est  icy,  est  de  venir  à  ce  point  que 
la  France  cogneust  une  grande  confiance  [estre]  entre  le  roy  et  elle, 
et  ceux  qui  sont  auprès  de  S.  M. 

Comme  cela  n'a  pas  réussy,  elle  a  creu  estre  mesprisée,  et  s'est 
confirmée  en  cette  opinion  par  diverses  actions  qui  se  sont  passées 
où  je  croy  qu'il  y  a  plus  de  négligence,  quoyque  non  excusable,  que 
de  mauvaise  volonté;  veu  que  je  ne  voy  pas  le  profïit  qu'on  pourroit 
tirer  de  commettre  telles  actions  expressément. 

La  reyne  va  au  voyage  de  Saint-Jean.  De  Paris  on  luy  promet  con- 
tentement; à  Fontainebleau  on  se  moque.  De  là  à  Saumur  on  ne  luy 
donne  point  de  logis.  A  Saint-Jean  elle  n'entend  parler  en  aucune 
façon  de  ce  qui  se  passe;  on  la  loge  à  quatre  lieues  du  roy. 

Le  siège  faict,  la  reyne  ennuyée  de  tant  de  mespris,  ayant  demandé 
congé  au  roy  ^  de  s'en  venir  en  son  gouvernement,  et  de  là  se  rendre  à 
Paris,  passant  par  Tours,  Blois  et  Chartres,  où  elle  a  voit  faict  un 
vœu  pour  le  bon  succès  de  son  voyage.  S.  M.  ayant  approuvé  le  des- 
sein qu'elle  avoit  faict,  par  favis  de  M.  le  connestable,  qui  empescha 
néantmoins  de  luy  venir  dire  adieu;  la  reyne  pensant  exécuter  en 
paix  ce  qu'elle  avoit  proposé,  elle  ne  fust  pas  plustot  partie  d'auprès 
du  roy,  qu'incontinent  ceux  qui  ne  faffectionnoient  pas  voulurent,  à 

'   Dans  les  Mémoires  on  a  ajouté  cette         on  a  supprimé  ce  qui  suit,  jusqu'au  para- 
ligne  au  paragraphe    :   «il   fit  défense  à         graphe  :  «le  siège  fait,  etc.» 
Monsieur,  frère  du  roy,  de  la  visiter.»  Et  '  Ici  un  autre  secrétaire  prend  la  plume. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


517 


son  préjudice,  faire  croire  qu'elle  faisoit  fortiffier  exlraordinairement 
la  ville  et  chasteau  d'Angers,  sans  autre  prétexte  que  celuy  d'une 
petite  muraille  de  six  pieds  d'épais,  qu'elle  faisoit  faire  aux  deppens 
du  roy,  qui  luy  avoit  donné  3,ooo  escus  pour  y  faire  les  réparations 
nécessaires.  Sur  ce  bruit  elle  envoie  en  cour  le  s""  de  Marillac  suplier 
le  roy  d'envoyer  sur  les  lieux  avérer  la  fausseté  de  cette  accusation. 

Marillac  est  pris  en  chemin  par  les  huguenots  '.  Onfaict  soubçonner 
au  roy  qu'on  l'a  faict  prendre  à  dessein,  pour,  avec  plus  de  seureté, 
traitter  avec  eux  de  la  part  de  la  reyne. 

La  reyne ,  non  contente  de  se  garantir  de  toutes  ces  choses  dont  elle 
puisse  cstre  reprise,  désireuse  encore  d'oster  tout  soubçon,  au  lieu 
d'aller  en  son  gouvernement ,  s'en  va  à  Tours  dont  la  demeure  est 
agréable  ;  mais  pensant  y  estre  en  asseurance  de  la  malice  de  ses  ennemis , 
elle  trouve  qu'au  contraire  elle  n'est  pas  sitosl  arrivée  que  l'on  semé  le 
bruit  d'un  tiers  party  que  M.  le  prince  vouloit  former  avec  elle"^. 


ANINEE  1622. 


XCIV. 


Arcli.  de  l'Empire,  M.  aSa  ,  n'  i8.  — Orig.  de  la  main  de  Chaq)enfier. 

A  MONSIEUR  MONSIEUR  DE  BÉRULLE, 


acpeniEVii  Des  piiESTiiBi  de  L'oratoire. 


56  mai  i62î. 


Mon  père,  je  croy  que  nous  perdrons  nostre  latin  en  l'affaire  que 
vous  sçavés  ';  la  reyne  m'a  dit  que  le  jour  qu'elle  partit  elle  vous  vit 


'  On  l'a  raconté  ci-dessus,  p.  498. 

'  I^  pièce  finit  ici,  mais  sans  doute 
elle  n'est  pas  terminée;  peut-être  la  3uite 
a  été  égarée,  car  Hichelieu  l'a  composée, 
le  récit  continuant  dans  ses  Mémoires  où 
il  explique  (jue  ce  tiers  parti  se  formait  au- 
tour du  prince  de  Condé  ;  puis  il  poursuit 
l'histoire  de  l'année  1621. 


'  11  s'agit  d'une  réconciliation  de  Rue- 
cellai  avec  la  reine  mère,  qui  allait  re- 
trouver à  la  cour  cet  infidèle  serviteur  ;  le 
P. de  Bérulle  désirait  cette  réconciliation, 
et  Richelieu  feint  de  s'y  prêter;  mais  rien 
sans  doute  n'était  plus  loin  de  sa  pensée, 
et  cette  lettre  le  laisserait  deviner  si  nous 
ne  le  savions  d^à. 


518  LETTRES 

fort  bien  dans  son  cabinet,  mais  que  doutant  que  vous  luy  vouiussiés 
parler  de  cette  affaire ,  elle  esvita  de  vous  dire  adieu  en  particidier. 
En  un  mot  elle  est,  comme  nous  l'avons  veue,  très-affermie  en  son 
sentiment.  Au  reste,  ce  qui  m'a  le  plus  estonné  est  quand  je  luy  ay 
dit  qu'elle  auroit  le  desplaisir  de  le  voir  dans  cinq  ou  six  jours  à  la 
cour,  elle  m'a  tesmoigné  en  termes  exprès  qu'elle  ne  s'en  soucioit 
point ,  parce  qu'en  voyant  jusques  où  son  insolence  pouvoit  aller,  elle 
verroit  aussy  jusques  où  yroit  sa  patience.  Cependant  je  n'ay  pas  jugé 
à  propos  de  la  presser  davantage  en  cette  humeur.  Ce  qui  m'en  fasche 
le  plus  entre  vous  et  moy,  est  qu'elle  a  esté  sur  le  point  d'en  estre 
grandement  malade,  et  encore  elle  n'en  est  pas  hors.  Cela  me  faict 
craindre  grandement  que  ceste  affaire  se  termine  mal  en  tout  sens.  Le 
P.  Suffrent  ne  se  peut  consoler  sur  le  desplaisir  qu'il  a  recogneu  estre 
en  la  reyne.  Parmy  tout  cela  je  hazarde  encore  cette  diligence  de 
vous  faire  ceste  dépesche,  et  vous  envoyer  la  coppie  d'une  lettre,  la 
plus  douce  qu'il  se  peut,  qu'il  faudroit  que  R.  escrivit,  afin  qu'a- 
près luy  avoir  monstrée  comme  venant  de  vous,  vous  me  la  ren- 
voyiés,  et  m'escriviés  qu'il  est  prest  d'escrire  cette  lettre  et  en  meurt 
d'envie.  Sur  cela  je  feray  encore  un  effort,  de  l'événement  duquel  je 
ne  vous  responds  pas,  mais  bien  vous  asseurc-je  que  l'affaire  sera  se- 
crète, et  comme  n'estant  point  arivée,  au  cas  qu'elle  ne  réussisse  pas. 
S'il  manque  quelque  chose  au  désir  de  la  reyne,  pourveu  qu'elle  en 
gouste  l'ouverture ,  tout  se  pourra  accommoder.  Après  avoir  tenté  cet 
expédient,  s'il  ne  réussit,  je  m'en  lave  les  mains.  Voilà  tout  ce  que 
je  vous  puis  dire  sur  ce  subjet,  sinon  que  je  suis  véritablement. 

Mon  Père , 

Vostre  trës  affectionné  serviteur. 

ARM.   ÉVESQ.   T)E  LUÇON. 

Je  m'oubliois  à  vous  dire  qu'on  m'a  dit  que  ce  que  nous  faisions  en 
cela,  vous  et  moy,  venoit  devons,  et  non  de  ceux  qui  ont  intérest  en 
l'affaire.  C'est  pourquoy  la  dépesche  que  je  vous  demande  est  nécessaire. 

D'Orléans,  ce  2  6*may  1622. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


51Q 


xcv. 

Arcli.  de  l'Empire,  M.  -4,  11°  afi.  —  Autographe  '. 

SUSCRIPTION: 

A  MESSIELRS  MESSIEURS  DE  SORRO^NE, 

À  PARIS  ^. 

là  septembre  1622. 

Munus  a  vobis,  doctores  Venerandi ,  niihi  publicis  vestris  siiffragiis 
delatum,  non  minus  gratum  quani  honoriGcimi,  libens  ego  suscipio. 
Xec  bonae  nieœ  fortunse  id  tantum ,  sed  et  divino  numini  tribuo ,  quod 
tam  vêtus  ,  tanique  celebris  in  ecclesiœ  catholicae  campo  societas,  cujus 
et  fama  et  fructus  toto  orbe  Xpiano  innotuerunt  uberrimi ,  in  me  po- 
tissimum  dignata  sit  oculos  conjicere ,  idque  cum  et  a  vobis  et  ab  bac 
cogitatione  longissime  essem.  Haîc  verô  sunt  praecipua  momenta  quae 
mihi  verba  eripiunt,  quibus  et  nieritas  gratias  agam  vobis,  et  intimum 
animi  niei  sensuni  patefaciam.  Mihi  pro  soialio  est  quod  non  staluo 
bac  verborum  specie  vestruni  bimc  demereri  lavorem,  sed  providendo 
potius  et  consuiendo  societafis  anipbficationi  et  ornamentis,  nec  non 
singulorum  commodis,  qui  huic  collegio  accenseri  sua  virtute  et  in- 
dustria  merebuntur.  Haec  est  mensmea,  doctores  celeberrimi,  oui,  si 
cœiestis  adspiraverit  aura,  vestnim  de  me  judicium  spero  ab  onmibiis, 


'  «  5'  pièce  de  la  cote  4 1  de  la  liasse  des 
pièces  concernant  les  proviseurs  de  la 
maison  de  Sorbonne  •  (écrit  au  verso)  ;  elle 
en  a  été  détachée  pour  lexposition  du 
musée  des  archives  sous  le  n*  800. 

'  L'évêque  de  Luçon  fut  élu  proviseur 
de  Sorbonne  le  39  août,  et,  selon  l'usage 
de  cette  maison ,  l'élection  •  fut  agréée  et 
confirmée  »  le  a  septembre  ;  ce  sont  les 
termes  de  la  lettre  du  docteur  Roquenaut, 
doyen  (senieur)  qui  écrivait  à  Richelieu 
le  4  septembre,  au  nom  des  docteurs  et 
Ixicheiiers,  pour  lui  annoncei-  .sa  nomina- 


tion. Cette  lettre  du  doyen  est  conservée 
aux  Archives  de  l'Empire,  même  source, 
n°  a5.  Selon  celte  missive,  l'évêque  de 
Luçon  avait  déjà  été  le  bienfaiteur  de  cette 
maison  :  «Continuez,  Monsieur,  cette 
bonne  volonté  envers  nous,  lui  mandaient 
les  docteurs, et  de  confrère très-lionorable 
que  vous  nous  avés  esté  jusqu'à  présent, 
veillez  doresnavant  estre  notre  bon  père, 
noslre  puissant  patron  et  saige  proviseur.  • 
La  lettre  se  termine  par  un  ample  éloge 
de  l'évêque  de  Luçon. 


520 


LETTRES 


niillo  repugnanle,  comprobalum  iri,  meque  dignum  cui  vestra,  ut 
pro  cadiicis  sic  pro  cœleslibus,  sufFragia  non  denegetis.  Valele,  patres 
ornalissimi,  et  me  vestri  amanlissiniiim  redamate. 

Vobis  in  omnibus  addictissimiis. 

ARMANDUS  EPISC.  LUCIONENSIS  ». 
Molinis  Borbonioiuni,  postridie  id.  sept.  1622. 


XCVI. 
A  M.  BOUTHILLIER^ 

[Premiers  jours  de  novembre  1622  '?] 

Je  suis  bien  aise  que  vous  ni'ayés  escrit;je  crois  très-certainement 


'  Richelieu,  qui  avait  été  créé  cardinal 
le  5  septembre,  ne  le  savait  pas  encore;  il 
se  dirigeait  avec  la  reine  mère  vers  Lyon  ; 
lui-même  a  écrit  qu'il  apprit  la  nouvelle 
de  sa  promotion  à  la  Pacaudière;  il  dut 
arriver  le  16  à  ce  bourg,  situé  un  peu 
avant  Roanne.  Ce  fut  là,  ainsi  que  nous 
l'avons  dit  ci-dessus,  page  458,  qu'il 
reçut  le  courrier  dépêché  par  M.  de  Ma- 
rillac. 

*  Nous  avons  copié  cette  pièce  sur  l'o- 
riginal, vendu  le  17  décembre  i855,  à  la 
salle  Silvestre.  Le  catalogue  l'annonçait 
en  termes  pompeux  :  «  autographe  signé  ; 
lettre  fort  importante,  de  toute  rareté  et 
d'une  authenticité  incontestable.  »  Elle  fut 
vendue  235  francs,  s'il  faut  en  croire  le 
Moniteur  du  20  décembre.  Quoique  plu- 
sieurs lettres  ne  semblent  pas  dans  les  ha- 
bitudes de  la  main  de  Richelieu,  je  crois 
en  effet  cette  pièce  autographe.  C'est  là 
d'ailleurs   In   seule   importance  qu'on   lui 


puisse  attribuer.  —  Dans  une  vente  faite 
Tannée  précédente  (décembre  i854),  par 
un  autre  collectionneur  d'autographes, 
avait  paru  une  lettre,  de  même  texte  que 
celle-ci,  et  que  le  catalogue  annonçait 
comme  signée,  avec  la  date  du  1  2  juin 
1 6  2  2 .  »  Cette  date  était  évidemment  fausse , 
Richelieu  n'était  pas  cardinal  le  1  2  juin , 
et  de  plus  il  ne  songeait  à  aller  ni  à  Va- 
lence ni  à  Avignon  ,  puisqu'il  était  auprès 
de  la  reine  mère  à  Fougues ,  où  cette  prin- 
cesse prenait  les  eaux  ;  la  lettre  ne  pouvait 
donc  être  qu'une  copie,  et  la  signature 
une  imitation. 

■'  Cet  original  n'est  point  daté;  une 
main  moderne  a  mis  en  tête  sans  examen  la 
fausse  date  de  juin,  empruntée  sans  doute 
à  la  copie  dont  nous  venons  de  parler.  Sui- 
vons l'itinéraire  de  Richelieu;  il  avait  ac- 


compaRne  la   n 


eine  mère   de   Pougues 


ipag 

Lyon ,  voyageant  à  petites  journées ,  passant 
le  \U  .1  Moulins,  et  arrivant  le  20  à  Lvon. 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


521 


que  ce  gentilhomme  veut  bien  faire;  je  me  gouverneray  de  sorte 
qu'il  sera  très-content  de  mov  et  attendra  de  la  reine  toute  l'amitié 
qu'il  s'en  sçauroit  promettre;  reste  que  S.  M.  luy  face  grande  caresse, 
dont  je  la  suplie  autant  qu'il  m'est  possible. 

J'ay  bien  peur  d'aller  jusques  en  Avignon',  mais  j'en  manderay  des 
nouvelles  à  la  reyne ,  de  Valence ,  ne  voulant  pas  faire  im  pas  qu'elle 
n'en  soit  advertie,  puisque  je  despends,  comme  je  dois,  de  ses  vo- 
lontez  et  de  ses  commandemens^;  sur  cette  vérité,  je  suis.  .  . 


M 


XCVII. 

Arch.  des  aff.  étr.    France,   t.   Sa,  pièce   177.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

A  M.  BARBIIV'. 

1"  décembre  1623. 

onsieur,  j'avois  creu  jusfjues  icy  que  vous  vouliés   en  efiFect  de 


d'où  il  écrivit  au  roi,  le  aS,  pour  le  re- 
mercier du  chapeau  qu'il  venait  d'ohtenir. 
(T.  I,  p.  730.)  Nous  avons  une  lettre  de 
Marie  de  Médicis  au  cardinal  de  La  Va- 
lette (37  septembre),  où  elle  se  félicite  de 
son  influence  sur  le  roi  :  «  la  promotion 
de  mon  cousin,  le  cardinal  de  Richelieu, 
faisant  cognoistre  à  un  chascun  la  bonne 
volonté  que  le  roy,  Monsieur  mon  flls,  a 
pour  moy,  aiant  soin  d'élever  à  cette  di- 
gnité mes  serviteurs*  qui  le  méritent,  m'a 

apporté  beaucoup  de  contentement "  » 

RicheUeu  était  auprès  de  la  reine  mère 
lorsqu'elle  écrivit  cette  lettre.  Après 
quelques  saniaines  passées  à  Lyon ,  il  ap- 
prend le  procliain  retour  du  roi,  et  part. 


dans  les  premiers  jours  de  novembre,  pour 
aller  à  sa  rencontre  et  remercier  S.  M.  de 
vive  voix  ;  le  9  il  était  à  Valence ,  et  pour- 
suivant sa  route,  il  trouva  Louis  XIII  à 
Tarascon  le  1 3  novembre.  La  présente 
lettre ,  écrite  avant  l'arrivée  à  Valence ,  est 
donc  des  premiers  jours  dudit  mois. 

'  On  vient  de  voir  qu'il  alla  même  plus 
loin. 

'  Le  nouveau  cardinal  était  alors  dans 
toute  la  ferveur  de  sa  reconnaissance  pour 
sa  royale  protectrice. 

'  Après  un  long  emprisonnement ,  Bar- 
bin  avait  été  banni;  depuis  longtemps  il 
demandait  à  Luynes  qu'on  reconnût  enfm 
son  innocence,  et  il  sollicitait  l'appui  de 


*  Le  cardinal  de  La  Valette,  attaché  au  parti  de 
la  reine  mère,  a\ait  contribué  a  son  évasion  du 
château  de  Ijlois. 


**  Original  conservé  à  la  Bibliothèque  impériale , 
dans  la  collection  Gaignières,  3o65i,  fol.  i3o. 


CAIiDIN.  DE  niCIIELIF.U. 


66 


522 


LETTRES 


moy  ce  que  vous  me  tesmoigniés  en  désirer,  etainsyje  me  suis  tous^ 
jours  employé  à  ce  que  vos  lettres  m'ont  convié;  mais  maintenant 
qu'elles  m'ont  faict  paroistre  le  contraire,  et  sy  clairement  que  les 
moins  clairvoyans  n'en  sauroient  douter,  je  ne  puis  que  je  ne  m'en 
plaigne  à  vous  mesme,  ne  pouvant  à  quoy  attribuer  cette  façon  d'agir, 
veu  la  sincérité  avec  laquelle  je  me  suis  tousjours  employé  en  ce  qui 
vous  a  touché.  Vostre  lettre  me  faisant  cognoistre  qu'il  y  a  des  per- 
sonnes (pour  user  de  vos  termes)  dont  je  ne  me  sçaurois  douter,  qui 
vousveident  donner  l'apparence  d'un  personnage  qu'ils  jouent  en  effect, 
ou  contre  le  service  de  la  reyne,  ou  contre  mon  particulier,  je  veux 
croire  que  leurs  artifices  sont  cause  de  cette  procédure,  qui  ne   me 


J^iclielieu  pour  qu'on  l'aidât  du  moins  à 
se  défaire  de  sa  charge  d'intendant  de  la 
reine  mère,  qu'on  ne  lui  permettait  pas 
de  garder.  Nous  trouvons  dans  notre  ma- 
nuscrit une  série  de  lettres  écrites  au  con- 
nétable ,  à  la  reine  mère ,  surtout  à  Riche- 
lieu sur  ce  même  sujet.  (T.  XXXII,  pièce 
i63  et  suiv.)  EnOn ,  en  mars  1622,  Ri- 
chelieu lui  mande  que  jusqu'alors  la  reine 
more  n'avait  pas  été  en  position  de  rien 
demander  au  roi  pour  lui ,  mais  qu'elle  va 
maintenant  tenter  quelques  démarches. 
(Aux  analyses,  janvier  et  mars.)  Cepen- 
dant Barbin,  n'ayant  encore  rien  obtenu, 
se  lassa  de  cette  longue  attpnte  et  de  ces 
inutiles  sollicitations;  le  ai  août,  il  man- 
dait de  Spa  à  Richelieu  que  reconnois- 
sant  qu'il  est  importun  et  ennuyeux  pour 
M.  l'évêque  de  Luçon  il  cessera  de  lui 
écrire.  Richelieu ,  ayant  été  fait  cardinal , 
l'annonça  à  Barbin  qui  ne  se  pressa  pas  de 
le  féliciter;  je  note  ici  cette  lettre  de  Ri- 
chelieu que  je  n'ai  pas  trouvée;  quant  à  la 
réponse  de  Barbin ,  elle  est  datée  de  Besan- 
çon le  k  novembre  :  n  Devant  que  respondre 
à  la  lettre  que  vous  m'avés  faict  l'honneur 
de  m'escrire  du  1 8  octobre  (dit  Barbin},  je 


vous  guplie  très-humblement  de  croire  que 
si  j'ay  esté  le  dernier  à  vous  tesmoigner 
la  joie  que  j'ay  receu  de  vostre  nouvelle 
dignité,  que  j'ay  néanmoins  esté  un  de 
ceux.  ...  «  Après  ce  préambule  Barbin  se 
plaint  de  la  diminution  de  la  bienveillance 
de  Richelieu,  que  lui  enlèvent  des  intri- 
gants et  des  calomniateurs  :  «  Il  n'y  a  per- 
sonne sous  le  ciel  qui  ne  puisse  estre 
trompé. ...  il  fault  par  nécessité  que  l'on 
m'ayt  faict  jouer  le  personnage  que  plu- 
sieurs jouent,  dont  il  y  en  a  de  qui  vous 
ne  vous  doutés  point.  Mon  retour  de  Spa 
et  les  procédez  de  celuy  que  je  ne  vous 
nommeray  point  encore ,  m'ont  donné  la 
créance  entière  de  ce  dont  j'avob  desjà 
quelque  doute;  mais,  de  plus,  la  rigueur 
(permettez.  Monseigneur,  cette  liberté  à 
ma  misère)  que  l'on  nie  tient,  tant  en  la 
pension  que  en  ma  charge,  dont  on  ne 
me  donne  pas  la  liberté  de  disposer.  .  .  » 
(Pièce  176  du  ms.  des  AIT.  étr.  précité.) 
C'est  à  cette  missive  que  répond  celle  qu'on 
va  lire ,  où  Richelieu  se  montre  fort  piqué 
du  reproche  de  se  laisser  duper  par  des 
intrigants. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


523 


fera  jamais  perdre  le  désir  de  vous  servir,  mais  bien  le  moyen,  puis 
qu'il  n'y  a  personne  qui  puisse  descouvrir  les  intentions  d'autriiy  quand 
ils  les  cachent. 

S.  M.  qui  aveu  vostre  lettre  tout  au  long,  a  estimé  que  vous  déviés 
franchement  nommer  ceux  que  vous  cognoissés  estre  si  industrieux 
en  vostre  endroit  pour  brouiller  les  espiits ,  que  vous  jugés  du  tout 
important  de  les  cognoistre  pour  se  garantir  de  leur  malice. 

On  sçait  bien  en  général  que  le  monde  est  plein  de  telles  gens; 
mais  ne  les  cognoissant  pas  en  particulier,  il  est  impossible  d'esvitei' 
leurs  mauvais  offices  que  par  la  candeur  des  actions,  qui  se  cognoist 
tousjours  avec  le  temps.  En  tous  ceux  qui  se  sont  passez  j'ay  tasclié  à 
vous  tesmoigner  mon  affection;  je  continueray  à  faire  le  mesme,  ne 
voulant  point  considérer  ce  que  l'affliction  produit  en  vous,  mais  bien 
suivre  l'inclination  que  j'ay  d' estre .  .  .  ' 

i"  décembre  1622. 


'  Barbin  avait  été  puissant  sous  le  gou- 
vernement du  maréchal  d'Ancre,  dont  il 
possédait  la  confiance,  ainsi  que  celle  de 
la  reine  mère.  C'est  à  lui  en  grande  partie 
que  Richelieu  dut  d'entrer  dans  le  minis- 
tère de  1616.  Tombés  l'un  et  l'autre  à  la 
chute  de  Concini,  Barbin  avait  été  bien 
ptus  maltraité  que  Richelieu;  la  Bastille, 
l'exil,  la  ruine  de  sa  fortune  lavaient  ac- 
cablé durant  plus  de  cinq  ans  de  malheurs , 
qui  avaient  mis  sa  patience  à  bout.  Cette 
infortune  et  le  sentiment  de  la  reconnais- 
sance que  lui  devait  Richelieu  le  rendaient 
soupçonneux  et  un  peu  exigeant  peut-être. 
Dès  161g  (lettre  du  22  octobre  ci-dessus, 
p.  472),  Richelieu  relevait  quelque  amer- 
tume dans  ses  paroles.  Cette  lettre  chagrine, 
dont  Barbin  avait  d'ailleurs  adouci  le  re- 


proche par  ses  protestations  à  f  égard  de 
Richelieu ,  méritait  plus  d'indulgence  de  la 
part  de  son  ancien  protégé ,  qui ,  devenu  car- 
dinal ,  se  retrouvait  lui  sur  le  chemin  d'une 
grande  fortune  et  en  position  de  se  montrer 
moins  susceptible.  Mais  Barbin  était  parti- 
culièrement désagréable  à  Louis  XIII,  et 
Richelieu  craignait,  en  le  protégeant  troj) 
ouvertement,  de  se  compromettre  auprès 
du  roi.  Toutefois  il  est  juste  de  ne  pas 
oublier  qu'en  reconnaissance  des  obliga- 
tions cpi'il  avait  à  Barbin,  Richelieu  laissa 
à  la  mémoire  de  cet  ancien  ami  un  sou- 
venir dans  son  testament  :  tJe  donne  au 
baron  de  Broyé,  héritier  du  feu  sieur 
Barbin  que  j'ay  sceu  estre  en  néces.sité, 
la  somme  de  trente  mil  b'vres.  » 


66. 


52.'i 


LETTRES 


ANNEE    1623. 


xcvin. 

Bibl.  imp.  fonds  fr.  2o65i  ,  fol.  21 4-  — Orig.  do  la  main  de  Charpentier. 

A  MONSIEUR  MONSIEUR  DE  ROUVILLE, 

GOCVEKNEUR  DES  VILLE  ET  CHASTEAU  DE  CHINON. 

I  /)  avril  1623. 

Monsieur,  je  vous  asseure  sur  ma  foy  de  n'avoir  donné  charge 
quelconque  de  rompre  le  posteau  qui  a  esté  mis  à  Nué  '.  Je  n'en  veux 
point  d'autre  preuve  que  celle  que  vous  tirerés  de  la  remise  que  je 
vous  ay  faite  de  cette  affaire  entre  les  mains,  estimant  trop  vostre 
amitié  pour  faire  une  action  pareille  à  celle-là.  J'ay  tousjours  désiré 
l'amitié  de  M"^  de  Puygarreau^,  et  si  j'ay  recogneu  quelque  circons- 
tance en  leur  procédé,  tesmoignant  clairement  peu  de  désir  en  eux 
de  vivre  avec  moy  de  la  sorte  que  je  souhaitois,  j'ay  faict  ce  qui 
m'a  esté  possible  pour  ne  le  regarder  pas,  afin  de  n'avoir  occasion  quel- 
conque de  me  destourner  du  dessein  que  j'avois  de  bien  vivre  avec 
eux.  Ils  n'ont  jamais  inquiété  mon  père,ny  mes  prédécesseius ,  en  ce 
qui  est  du  droit  que  nous  avons  de  fondation  en  l'église  de  Nué;  de 
gayeté  de  cœur  ils  s'adressent  à  moy,  et  ce  d'autant  plus  volontiers, 
ce  semble,  que  je  désirois  peut-estre  plus  ardemment  leur  amitié.  Je 
vous  ay  tesmoigné  quelquefois  combien  cela  me  sembloit   estrange. 


'  Il  y  avait  deux  paroisses  de  ce  nom, 
l'une  aux  environs  de  Tours,  l'autre  en 
Poitou ,  près  de  l'Ile-Jourdain  ;  la  première 
était  plus  voisine  du  château  de  Richelieu , 
niais  il  paraît  qu'il  s'agit  ici  de  la  seconde. 
(Voir  note  suivante.) 

'  Nous  voyons  dans  l'histoire  généalo- 
gique du  P.  Anselme,  t.  III,  IV,  VU,  que 
d'anciennes  alliances  avec  les  Hochechouart 


et  les  Laval  unissaient  entre  elles  les  la- 
niilles  de  Puygareau  et  de  Richelieu. 
MM.  de  Puygareau  possédaient ,  en  Poitoil , 
une  seigneurie  d'où  relevaient  quelques 
domaines  de  Richelieu.  «  Je  les  recognois 
pour  mes  seigneurs  supérieurs,  »  dit  celui- 
ci  dans  une  lettre  du  18  juin  (ci-après, 
p.  628).  Voyez  une  note  de  la  page  755 
de  notre  premier  volume. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  525 

vous  priant  de  faire  de  cette  affaire  ainsy  que  vous  trouveriés  que  la 
raison  le  requerroit,  ne  désirant  autre  chose  que  paix  et  repos  avec 
toutes  sortes  de  personnes,  et  particulièrement  avec  eux.  Je  vous  dis 
encore  une  fois  que  je  n'ay  point  faict  abbattre  le  posteau,  et  que, 
bien  que  l'offense  que  j'ay  receue  de  ces  Messieurs  en  le  faisant  planter 
soit  très-grande ,  j'estimois  avoir  assez  de  satisfaction  de  vous  avoir 
remis  l'affaire  entre  les  mains  pour  en  passer  tout  ainsy  qu'il  vous 
plairoit,  je  suis  fasché  que  cela  soit  arrivé,  mais  sans  sçavoir  qui  Ta 
faict  (comme  sur  mon  honneur  je  n'en  .sçay  rien),  il  ne  seroit  pas 
raisonnable  que  j'aljandonnasse  ceux  qui,  quoy  qu'avec  im  zelle  im- 
prudent ,  ont  faict  cette  action  en  ma  considération.  Si  M.  de  Puy- 
garreau  les  poursuit,  je  suis  obligé  de  les  delfendre  ;  s'il  conteste  le 
droict  que  j'ay  à  Nué  par  justice,  j'ay  pareille  obligation  à  le  justifier; 
mais  s'il  veut  vous  remettre  cette  affaire  entre  les  mains,  je  passeiay 
tel  compromis  que  vous  jugerés  à  pi-opos,  sous  telles  peines  qu'il 
vous  plaira,  pour  vous  croire  et  de  l'accessoire  et  du  principal.  Par 
après  chacun  vous  mettra  de  quoy  justiffler  ses  prétentions,  et  vous 
en  jugerés.  Pour  moy,  outre  que  je  suis  bien  ayse  de  vous  recognoistre, 
en  cette  affaire,  pape,  puisque  c'est  luy  qui  juge  des  cardinaidx,  je 
suis  bien  ayse  aussy  de  vous  faire  voir  que  je  recherche  la  paix  avec 
mes  voisins  et  désire  conserver  famitié  de  personnes  qui  ressemblent 
à  ces  Messieurs.  C'est  assez  vous  ennuyer  de  cette  affaire  après  laquelle 
je  ne  puis  que  je  ne  vous  die  la  folie  que  j'ay  faicte  d'achepter  Limours, 
en  vendant  Anssac  et  ma  charge  de  grand  aulmosnier'.  Vous  m'en 
blasmerés  peut-estre,  mais  les  choses  qui  sont  pour  la  santé  d'une 
personne  ne  doivent  jamais  estre  estimées  vrayes  folies.  Je  vous  envye 
le  contentement  ([ue  vous  avés  d'eslre  aux  champs,  quoyque  nous  y 
soyons  maintenant,  vous  asseurant  qu'en  quelque  lieu  que  je  sois,  je 
seray  tou.sjours,  Monsieur, 

Vostre  bien  affectionne  parent  et  serviteiii-. 

Le  Gard.   DE  RICHELlKLi. 
De  Fontainebleau,  ce  i /|^  apvril  iG2  3. 
'  Voy.  ci-après,  p.  53o. 


526  LETTRES 


XCIX. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  France,  1619-1641,  Collection  verte,  tom.  VI,  fol.  3.  — 
Orig.  de  la  main  de  Le  Masle. 

SUSCRIPTION  : 

A  MONSIEUR  MONSIEUR  BOUTHILLIER, 

CONSEILLER   DC    ROY  ET   SECRETAIRE  DES  COMMANDEMEÎIS  DE   LA   RETHE  MERE  Dli  hOY. 

26  avril  1623. 

Monsieur,  jay  esté  très-aise  de  recevoir  de  vos  nouvelles,  et  infini- 
ment d'apprendre  la  bonne  disposition  de  Leurs  Majestez  et  l'intelli- 
gence et  familiarité  en  laquelle  ils  continuent  d'estre. 

Vous  avés  bien  promptement  expédié  f  affaire  de  Montlehéry  ' 
dont  vous  m'escrivés.  Il  fault  confesser  que  la  diligence  est  niaiotenaut 
extraordinaire,  je  dis  maintenant  de  peur  que  vous  me  pensiés  flatter, 
vous  ayant  quelquefois  accusé,  non  de  paresse,  mais  d'une  qualité 
moyenne  entre  ces  deux.  A  présent  il  est  vray  qu'il  ne  se  peult  rien 
ajouster  au  soin  que  vous  prenés  particulièrement  quand  vous  estimés 
que  cela  apporte  du  contentement  à  vos  amis,  qui  en  recevront  tous- 
jours  autant  de  vostre  avantage  que  du  leur  propre.  Je  seray  vendredy 
à  Fontainebleau,  quoyque  j'aye  licence  jusques  à  samedy,  encore  y 
eussez-je  esté  jeudy  sans  mon  frère  le  chartreux  à  qui  je  donne  un 
jour  parce  qu'il  s'en  retourne  en  ses  montagnes^.  M.  Dupont  a  esté 
icy  avec  sa  fille  ^,  il  est  maintenant  dans  les  termes  d'une  si  profonde 
humilité  et  submission  que  s'il  y  a  différence  entre  celle  des  capucins 
et  la  sienne,  c'est  seulement  en  la  durée.  Puisque  l'espérance  est  une 

'   Voy.  sur  l'achat  de  Limours,  la  lettre  '  Madame  de  Couibalel;  son  mari  avait 

précédente.  été   tué,    le  3    septembre  162a,  devant 

^  Voy.  au  sujet  d'une  autre  visite  faite  Montpellier, 
à  Richelieu  par  son  frère,  t.  I,  p.  709. 


DU  CARDINAL  DE  RICHEIJEU. 


527 


vertu  des  chresliens ,  je  ne  puis  en  désespérer.  Ma  niesse  se  porle  tort 
bien.  Au  reste  pour  vous  contenter  je  vous  diray  que  je  crois  qu'elle 
se  laissera  persuader  d'estre  de  la  religion  de  sa  mère'.  J'ay  veu  ce 
que  vous  a  dit  \l'  de  Marillac,  sur  quoy  il  y  a  un  petit  mot  de  répartie 
à  laire.  Quant  aux  prétentions  de  Madame  du  Fresnoy,  il  ne  s'en  l'ault 
guères  mettre  en  peine,  les  bonnes  gens  donnent  à  tout,  mais  ne  gar- 
dent pa,s'  bien  leur  prise  et  ne  choisissent  pas  bien  leur  gibier.  11  fauil 
que  je  vous  confesse  que  nostre  acquest  réussira  mieux  que  nous  ne 
pensions  encore^,  car  ayantTaict  les  réparations  à  qiioy  on  n'eust  point 
commencé  sans  mon  voiage ,  le  lieu  sera  honeste.  Au  reste  tant  s'en 
fault  que  la  maison  soit  triste  quelle  est  fort  gaye  au  beau  temps. 
Vous  le  jugerés  à  la  première  veue  après  les  réparations  dans  qualie 
mois. 

Cependant  croies  que  je  suis  de  tout  mon  cœur  vostre  trè.s-affec- 
lionné  à  vous  servir. 

Le  Gard.  DE  RICHELIEU. 

Ce  mercredy  26'  avril  1623. 

Je  croy  que  Sa  Majesté  ne  trouvera  pas  mauvais  que  je  premie  la 
hardiesse  de  l'asseurer  par  vous  que,  connue  je  suis  la  plus  obligée 
créature  (jui  soit  au  monde,  aussy  n'estimay-je  ma  vie  heureuse  que 
par  le  désir  que  j'ay  de  lemploier  pour  son  très  humble  service  comme 
je  doibs'. 


'  Madame  de  CoiiilKilet  voulut,  dit-on. 
entrer  en  religion,  ce  dont  Richelieu  la 
détournait;  ceci  veut-il  dire  qu'on  espé- 
rait qu'elle  consentirait  à  se  remarier? 

'  C'est  sans  doute  Liniours,  dont  il  esl 
question  dans  les  deux  lettres  précédentes; 


nous  voyons  dans  celle-ci  que  Richelieu 
avait  eu  la  permission  de  s'absenter  quel- 
ques jours  d'aupros  de  la  reine  niere. 

'  11  reste  ici ,  dans  le  manuscrit ,  quel- 
(|ues  traces  d'une  ligne  qui  aurait  été  ro- 
gnée à  la  reliure. 


528  LETTRES 


C. 
Bibl.  imp.  fonds  fr.  2o65i,  fol.  216.  —  Orig.  de  la  main  de  Charpentier. 

A  MONSIEUR  MONSIEUR  DE  ROUVILE, 

GOUVERNEUn   DES   VILLE  ET   C1!\STE\U   DE  CHINON. 

De  Paris,  ce  18  juin  1623. 

Monsieur,  j'ay  veu  par  vostre  lettre  ce  que  vous  avés  faict  en  l'al- 
laire  pour  laquelle  vous  avés  pris  la  peine  de  m'escrire;  je  vous  rends 
grâce  du  soing  que  vous  avés  de  ce  qui  touche  vos  amis,  au  noinbre 
(lesquels  je  sçay  bien  ne  pas  tenir  le  dernier  rang  pour  mon  affection 
en  vostre  endroit.  Quant  au  faict  dont  il  est  question,  je  seray  bien 
ayse  d'en  sortir  par  vostre  moyen,  et  vivre  avec  ces  Messieurs  ainsy 
qu'il  leur  plaira,  ne  demandant  qu'amitié  et  concorde  avec  ceux  que 
je  recognois  pour  mes  seigneurs  supérieurs.  Mais  vous  m'avouerés,  je 
m'asseure,  qu'il  n'est  pas  raisonnable  qu'ils  mangent  leurs  petits  vas- 
saulx  qui  s'humilient  devant  eux  comme  je  fais.  Je  ne  doute  point  que 
vous  ne  contribuiés  à  cette  fin  tout  ce  qui  sera  en  vous,  ainsy  que 
vous  devés  croire  que  je  me  porleray  tousjours  en  ce  qui  vous  con- 
cernera, avec  toute  la  bonne  volonté  que  vous  sçauriés  désirer. 

Quant  au  payement  des  garnisons  \  je  vous  diray  que  le  s'  Goyer 
a  les  ordonnances  pour  six  monstres  de  l'année  dernière,  de  M.  de  la 
Vieuville,  qui  a  promis  de  satisfaire  aux  quatre  monstres  restant  de 
lad.  année,  en  quoy  je  me  promets  que  l'on  recevra  bientost  conten- 
tement. .  . 

Le  Gard.  DE  RICHELIEU. 

Madame  vostre  femme  verra  en  cet  endroit,  s'il  luy  plaist,  que  je 
luy  baise  bien  humblement  les  mains. 
De  Paris,  ce  1 8  juin  1628. 

'   On  sait  que  la  reine  mère  avait  le  gouvernement  de  l'Anjou. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  529 


CI. 
Bibl.  imp.  fonds  l'r.  2o65i,  fol.  217.  —  Orig-.  de  l.i  main  de  Charpentier. 

A  MONSIEUR  DK  ROUVILLE. 

1/1  juillet  1633. 

Richelieu  lui  envoie  l'éclaircissement  de  son  affaire  '  «  par  personnes 
qui  s'y  entendent  mieux  que  moy .  .  .  Je  ne  sçay  ce  que  M"  de  Puyga- 
reau  peuvent  alléguer  pour  fonder  leur  prétention;  en  cela,  comme  en 
toute  autre  chose  qui  deppendra  de  moy,  je  vous  en  croiray  tousjours 
volontiers.  Je  seray  Irès-ayse  (pie  vous  terminiez  cette  affaire,  et  affm 
de  n'avoir  plus  ce  différend,  et  affin  aussy  de  sçavoir  ce  que  je  dois 
attendre  de  l'amitié  de  ces  Messieurs,  estant  résolu  de  prendre  la  loy 
d'eux,  en  sorte  que,  .s'ils  font  estât  de  mon  amitié,  je  seray  très-ayse 
de  leur  rendre  la  pareille;  si  aussy  ils  la  mcsprisent  toiil  à  faict, 
prendre  patience. 

«  La  peste  s'augmente  icy  beaucoup .  .  .  Le  roy  et  la  reyne  ne  se 
portèrent  jamais  mieux;  pour  mon  particulier  j'ay  maintenant  assez 
de  santé  pour  vous  tesmoigner,  si  j'en  avois  l'occasion,  que  je  suis. 

Monsieur, 

Vostre  1res  afiectionii(!>  parent  à  vous  rendre  service. 

Le  Gard.  DE  RICHELIEU. 
De  Paris,  ce  1  4^  juillet   1 62  3. 
'  Voy.  ci-dessus,  p.  5a/i. 


(  Alim.N.  DE  lUCIir.LlF.L'.  - 


530 


LETTRES 


Cil. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  i6i()-i64i,  t.  6  (vert).  Lettres  de  Richelieu,  fol.  8.  — 
Orig.  de  la  main  de  Le  Masle. 

suscniPTiON: 

A  MONSIEUR  MONSIEUR  BOUTHILIER, 

CONSEILLER   DU  ROY  EN   SES  CONSEILS  ,   ET  SECRETAIRE  DES    COMMANDEMENS  DE  LA    REYNE    MÈRE  DE  SA    MAJESTK. 

9  septembre  iGaS. 

Monsieur,  ces  trois  lignes  sont  pour  vous  dire  que  mes  affaires  par- 
ticulières m'ont  contraint  de  faire  ce  petit  voiage  pendant  lequel  je  ne 
doute  point  que  Monseigneiu-  l'évesque  d'Alept  ne  vienne  icy.  C'est 
pourquoy  je  vous  prie  de  le  mettre  en  possession  de  la  charge  de 
laquelle  nous  avons  traitté  ensemble'.  Vous  retirerés  de  luy  le  récé- 
pissé de  trente  mil  livres  qu'il  a  de  M"^  Lumague,  et  croirés  que  je 
suis, 

Monsieur, 

Vostre  trhs  affectionné  è  vous  rendre  service. 
Le  Gard.  DE   RICHELIEU. 


A.  Monceaux,  ce  9*  septembre  1  623. 


'  Voy.  ci-dessus,  p.  D25.  Richelieu 
annonce  qu'il  vend  sa  charge  de  grand 
aumônier  pour  acheter  Limours.  — L'évè- 
(|ue  d'Alet  était,  depuis  1607,  Etienne 
de  Polverel,  dont  le  Gallia  christiana  dit  : 
Magisler  capellœ  regiœ,  Ludovico  XI II 
régnante ,  ac  Mariée  Mediceœ  reginte  major 
eleeniosynarias  [1612),  t.  VI,  col.  a83, 
et  il  n'est  rien  dit,  en  iGaS,  de  la  grande 
aumônerie  de  la  reine  régnante.  Nous 
ne  voyons  pas  que  ce  traité  fait  avec 
l'évêque  d'Alet  ait  été  rompu;  cependant 
Le  Clerc  raconte  que  le  maréchal  d'Ancre 
ayant  fait  donner  cette  charge  à  Richelieu 
obtint  pour  lui,  dès  i6i5,  «la  permission 
de  la  remettre  à  Zamel.  évêque  de  Lan- 


gres,  de  qui  il  tira  une  bonne  somme 
d'argent.  »  (T.  I,  p.  20.)  Mais  Le  Clerc,  qui 
a  coimnis  plus  d'une  erreur  dans  la  "ie  de 
Richelieu,  n'est  pas  une  autorité  à  laquelle 
on  puisse  se  fier.  Le  Gallia  chris I in n a,  dans 
sa  notice  sur  l'évêque  de  Langres,  ne  fait 
aucune  mention  de  la  charge  de  grand  au- 
mônier. Quant  à  Auberv  (I,  17),  il  nous 
dit  que  Richelieu,  après  les  états  de  161 5. 
«  ayant  pris  dessein  de  tenter  s'il  pour- 
roit  réussir  en  la  politique  et  dans  l'intri- 
gue des  affaires.  .  .  se  lit  pourvoir  de  fof- 
fice  de  grand  aumosnier  de  la  reyne  ré- 
gnante. »  Mais  il  se  tait  sur  la  vente.  L'acte 
que  nous  publions  est  resté  inconnu  .t  ces 
divers  historiens. 


DU  CARDINAL  DE   RICHELIEU.  531 

Vous  retirerés  aussy,  s'il  vous  plaist,  le  compromis  que  j'ay  faict 
avec  le  dict  sieur  évesque  d'Alept,  comme  estant  exécuté  de  part  et 
d'autre,  et  supplirés  la  reyne,  de  ma  part,  de  le  recevoir  à  servir  en 
sa  charge. 

NOTA. 

Un  peu  avant  que  Richelieu  eùl  vendu  sa  charge  de  grand  aumônier  de  la  reine 
régnante,  il  faisait  affaire  de  son  évêché  de  Luçon  avec  M.  de  Bragelogne.  L'acte 
original,  notarié,  se  trouve  dans  le  manuscrit  cité  aux  sources,  immédiatement 
avant  la  lettre  de  Richelieu  à  Bouthillier,  fol.  4-7-  Nous  en  donnons  ici  un  ex- 
trait : 

«  Nous,  Armand,  cardinal  de  Richelieu ,  évesque  de  Luçon,  et  Emery  de  Brage- 
longne,  doyen  de  l'église  de  Saint-Martin  de  Tours,  recongnoissons  que,  pour  par- 
venir à  l'accomplissement  de  la  permutation  que  nous  entendons  faire  des  susdits 
bénéfices,  avoir  faict  les  accords  qui  ensuyvent,  lesquels  nous  promettons  d'exé- 
cuter de  bonne  foy,  soubz  le  bon  plaisir  du  roy  et  de  nostre  Saint-Père  le  Pape  : 

«  C'est  à  sçavoir  que  moy,  cardinal  de  Richelieu ,  passeray  et  délivreray  audict 
s'  de  Bragelongne  dedans  quinze  jours  une  bonne  et  valable  procuration  pour 
résigner,  entre  les  mains  du  pape,  soubz  le  bon  plaisir  du  roy,  mon  dict 
évesché.  .  .  . 

«Et  moy,  s'  de  Bragelongne,  promects  de  délivrer  aud.  seigneur  cardinal, 
dedans  le  mesme  temps,  trois  procurations 

"  Ij'une  pour  la  résignation  du  doyenné,  chanoinie  et  prébende  de  Saint-Martin 
de  Tours,  d'un  revenu  de  cinq  mille  livres,  toutes  décimes  et  toutes  charges 
payées.  .  .  . 

•  La  seconde,  pour  la  résignation  de  l'abbaye  de  .Saint- Vast  de  la  valeur  de  deux 
mille  trois  cents  livres,  également  exempte  de  toutes  charges. 

«  La  troisième,  pour  l'allocation  de  cinq  mille  livres  de  pension  que  le  cardi- 
nal de  Richelieu  se  réserve  sur  l'évêché  de  Luçon.  » 

Suivent  diverses  clauses  éventuelles  et  secondaires. 

■  Faict  à  Fontainebleau,  le  vendredy  19°  jour  de  may  1623  '. 

.  Armand  Card.  DE  RICHELIEU. 

•  DE    BnAGELONGNt:.  • 

'  Voy.  1. 1 ,  p.  764 ,  la  lettre  par  laquelle  que.  La  date  que  nous  avons  proposée  ap- 
Riclielieu  annonce  à  Messieurs  du  cha-  proxiniativement  :  Jin  de  mai,  doit  sans 
pitre  de  Luçon  qu'il  cesse  d'être  leur  évê-        doute  être  «  le  5  juin.  » 

«7. 


532  LETTRES 

A  la  suite,  même  feuillet,  7  v°,  se  trouve  la  ralillcation  par-devant  notaire 
(lu  sous  seing  privé,  signé  encore  des  deux  contractants,  du  notaire  Petit,  du 
clerc  Bourgroys  et  de  l'huissier  au  Cbâtelet  de  Paris,  Le  Maire. 

Fait  au  château  de  Fontainebleau,  dits  jours  et  an,  heure  de  midi. 

«  Le  nouvel  évêque  avait  grand'  peine  à  payer  cette  pension  ^,  le  tiers  du  revenu 
de  l'évêché  »,  dit  l'historien  des  évêques  deLuçon  (p.  434,  454  de  la  2°  partie). 
On  voit  que  Richelieu,  en  cédant  son  évêché,  se  réservait  plus  de  12,000  livres  de 
revenu;  le  cadeau  n'était  pas  fort  désintéressé.  Cependant  M.  de  Bragelogne  était 
cousin  issu  de  germain  de  Madame  Bouthillier  (née  Marie  de  Bragelogne).  On  a 
dit  que  Richelieu  avait  fait  avoir  cet  évêché  à  l'abbé  à  cause  de  cette  parenté;  et 
Amelot  de  La  Houssaye  fait  entendre,  à  cette  occasion,  qu'une  liaison  intime 
avait  existé  entre  Madame  Bouthillier  et  Richelieu  ;  que  même  celui-ci  pouvait 
bien  être  père  de  Léon  Bouthillier  (depuis  comte  de  Chavigni). 

Cette  insinuation,  quelquefois  reproduite,  a  été  rappelée  et  trop  timidement 
contredite  dans  Y  Histoire  du  monastère  et  des  évé'ques  de  Luçon,  écrite  par  M.  de 
la  Fontenelle  de  Vaudoré,  sur  les  matériaux  qu'avait  réunis  M.  de  Beauregard, 
ancien  chanoine  de  Luçon,  et  depuis  évêque  d'Orléans;  l'un  et  l'autre  auraient 
pu  nier  hardiment  cette  calomnie.  Léon  Bouthillier  naquit  en  i6o8,  la  liaison 
dont  on  accuse  Richelieu  aurait  donc  été  de  1607;  mais  Richelieu  avait  été  à 
Rome  une  partie  de  cette  année ,  il  avait  alors  2  2  ans  à  peine ,  et  Claude  Bouthillier, 
qui  n'avait  qu'un  au  plus  que  lui,  s'était  marié  tout  récemment;  sa  jeune  épouse 
avait  16  ans.  Ces  rapprochements  rendent  de  la  dernière  invraisemblance  la 
liaison  que  quelques-uns  ont  soupçonnée,  sans  en  apporter,  non  une  preuve, 
mais  le  moindre  indice.  La  protection  du  cardinal  pour  Léon  Bouthillier  s'ex- 
plique tout  naturellement  sanscette  supposition.  Richelieu  avait  fréquenté  encore 
enfant  la  maison  de  Denis  Bouthillier,  il  avait  été  le  camarade  de  Claude  et  de 
ses  frères,  Sébastien,  Victor  et  Denis,  depuis  baron  de  Rancé,  qui  lui  rendirent 
plus  d'un  service;  il  avait  vu  naître  Léon  et  l'avait  traité  dès  sa  jeunesse  comme 
le  fils  d'un  ami;  le  jeune  homme  ne  manquait  pas  de  capacité,  il  professait  d'ail- 
leurs un  attachement  enthousiaste  pour  le  cardinal,  qui  de  bonne  heure  le  forma 
aux  affaires,  et  le  considérait  comme  sa  créature  la  plusdévouiîe.  Faut-il  d'autres 
motifs  pour  faire  comprendre  la  précoce  et  haute  faveur  dont  jouit  Léon  Bou- 

'  Le  Gallia  chrisliunu  ne  parle  point  de  puis  les  états  qui  finirent  en  iGi5,  et  sur- 
celte retenue.  L'auteur  donne  à  Richelieu  tout  depuis  1616,  on  a  vu  quelle  était 
la  louange  d'une  résidence  assidue  pen-  cette  assiduité.  («  ...  Custodiendo  gregi  et 
dant  seize  ans;  c'est  une  complaisance  a  lupis  tulando,  sciiicet  calvinis  haereticis, 
assez  mal  jusliiiée;  l'éloge  est  mérité  pour  assidue  invigiiavit  per  annos  xvi  ecclesias 
sept  ou  huit  années  tout  au  plus;  mais  de-  sibi  subditas  luslrans.  ») 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


533 


ihillier  auprès  de  Richelieu,  faveur  qui,  malgré  quelques  rares  et  passagers  accès 
de  mauvaise  humeur,  ne  se  démentit  jamais? 


cm. 

Bibl.  imp.  fonds  fr.  2o65i,  fol.  219.  —  Original. 

LA  REINE   MÈRE  A   M.  DE  ROU VILLE, 

18  octobre  1623. 

M.  de  Rouville,  ne  désirant  rien  davantage  que  de  tenir  la  main  à 
ce  que  le  roy  Monsieur  nion  fils  reçoive,  aux  lieux  où  il  luy  a  pieu  n)e 
donner  autorité  ',  l'obéissance  entière  qui  est  deue  à  ses  comniande- 
mens,  vous  ne  me  pouviés  faire  plus  grand  plaisir  que  d'y  porter  les 
habitans  de  Chinon  en  ce  qui  regarde  le  faict  du  sel,  et  les  contenir 
comme  vous  avés  faict  sur  l'occasion  de  l'assemblée  de  la  noblesse  qui 
s'est  faicte,  dans  les  fauxbourgs  de  leur  ville ,  pour  le  sujet  de  la  cotn- 
mission  de  laquelle  le  s'  deThurin  est  porteur.  Le  roy  a  trouvé  cette 
grande  assemblée  de  gentilshommes  fort  mauvaise,  ainsy  que  vous 
verres  par  la  lettre  qu'il  vous  en  escript*.  Je  feray  tout  ce  qui  me 
sera  possible  pour  obtenir  de  luy  qu'il  ne  se  souvienne  plus  du  passé, 
niais  je  vous  prie  que,  poiu'  l'advenir,  il  n'y  ayt  plus  de  sujet  de 
plainte,  et  que  chacun  juge  ce  qui  se  peut  et  se  doit  rai.sonnablemenl 
faire;  en  .sorte  que  les  gentil.shonmnes  n'estant  pas  recherchés  pour  le 
sel  en  la  quantité,  le  roy  recognoisse  aiLSsy  que  leur  intention  n'est 
pas  de  diminuer  .ses  droits,  sans  la  conservation  desquels  il  seioit  im- 


Ln  reine  mère  avait  le  f^ouvernement 
de  f  Anjou,  et  la  noblesse  voisine  de  Chi- 
non avait  pris  grande  part  au  désordre 
arrivé  dans  cette  ville. 

'  La  lettre  de  Louis  XIII,  contre-signée 
Potier,  est  en  original  dans  ce  même 
nianuscril,  fol.  218  :  Le  roi  a  eu  très- 
agréable  la  conduite  tenue  par  M.  de  Rou- 
ville •  pour  empesclier    le    désordre    qui 


pouvoit  arriver  d'une  grande  assemblée 
de  la  noblesse  du  pays;  je  loue  et  approuve 
le  tenipéramment  que  vous  avez  apporté 
pour  rompre  et  séparer  ladite  assemblée, 
laquelle  estant  tres-dangereuse,  j  ay  or- 
donné qu'il  en  soit  informé,  voulant  ce- 
pendant que  vous  advertissiez  ceux  que 
vous  cognoissez  y  avoir  participé  de  ne 
retuniber  plus  en  telle  faulte.  » 


534  LETTRES 

possible  de  supporter  les  charges  de  l'Estat,  qui  sont  plus  grandes 
qu'elles  n'ont  point  encore  esté .  .  . 

Le  roy  auroit  très-désagréable  que  le  s'  de  Thurin  continuast  à 
faire  chose  quelconque  qui  fust,  contre  raison,  au  préjudice  de  sa 
noblesse ,  et  à  la  foule  de  son  peuple .  .  . 

MARIE. 

BOUTHILI.IF.R  '. 

Saint-Gerinain-en-Laye,  le  18"  octobre  1628. 


ANNEE  1()24. 


NOTA. 


Dès  le  commencement  de  l'année  iGa/i  ou  pensa  à  l'union  de  la  .sœur  du  roi, 
Henriette  Marie,  avec  le  prince  de  Galles.  La  négociation  qui  avait  été  entamée 
avec  l'Espagne  pour  le  mariage  de  l'héritier  de  la  couronne  d'Angleterre  avec  une 
princesse  espagnole  était  près  de  se  rompre;  un  sieur  Poitevin  écrivait  de  Londres 
h  Richelieu  le  2  janvier  :  •  Les  nouvelles  sont  que  le  mariage  de  M.  le  prince  et 
de  l'infante  est  tout  à  fait  rompu,.  .  .  le  dernier  courrier  qui  vint  samedy  au  soir 
ayant  rapporté  que  S.  M.  Catholique  ne  voulait  pas  entendre  à  rendre  le  Palatinal 
qui  est  ès-mains  de  S.  A.  de  Bavière ....  On  doit  envoyer  le  mylord  Kinsington 
en  France. .  .  »  (Arch.  des  AIT.  étr.  Angleterre,  t.  XXVI,  fol.  209.)  Cependant  la  né- 
gociation traîna  encore  et  l'ambassadeur  de  France  à  Londres ,  le  comte  de  Tillières , 
mandait  à  M.  de  la  Vilie-aux-Clercs  le  9  avril  :  •  Il  semble  que  depuis  la  déclaration 
du  roy  de  la  Grande-Bretagne  touchant  la  rupture  des  deux  traittés  avec  l'Espagne, 
les  choses  s'acheminent  au  grand  gallop  à  la  guerre ...  M.  Carlile  a  l'ordre  de  se 
tenir  prest  pour  s'acheminer  en  France.  »  (Mêmes  arch.  t.  XXVII ,  fol.  172  v°.)  Mais 
lorsque  la  rupture  était  encore  douteuse,  Richelieu  épiait  l'occasion  de  reprendre 
un  des  desseins  de  Henry  IV,  et  avant  qu'il  fût  rentré  officiellement  dans  les 
affaires  il  dirigeait  la  pensée  de  la  reine  mère  vers  ce  but.  Une  lettre  de  cette 
princesse,  dictée  par  Richelieu,  et  qu'elle  envoyait,  vers  le  milieu  du  mois  de 

'  Boutliillier  a  contre-signe,  en  sa  qua-  tance,  c'était  alors  Richelieu.  Le  cardinal 

lité  de  secréttiire    des   coniniandements ;  écrivit  lui-même  deux  mots  à  M.  de  Rou- 

mais   le   véritable    secrétaire  de  la  reine  ville  (aux  Analyses,  à  la  date  du  ay  octo- 

mère,  pour  les  aflaiies  de  quelque  inipor-  hrc  i623). 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  535 

janvier,  au  comte  de  Tillières,  témoigne  que  de  sourdes  négociations  s'enta- 
maient déjà  à  ce  sujet.  Marie  de  Médicis  y  dément  le  bruit  qu'elle  eût  donné 
mission  à  un  récolet  anglais  «  de  traitter  du  mariage  de  sa  fille,  »  et  elle  ajoute  : 
•  ce  religieux  ne  m'a  parlé,  de  la  part  du  s'  marquis  de  Boukingham,  que  du 
désir  que  son  maistre  prist  l'alliance  de  France.»  (Ms.  d'Angleterre  précité, 
loi.  217  v°.)  Cette  lettre  sera  rioté<;  aux  Analyses.  Dans  son  factum  contre  la 
Vieuville,  écrit  vers  le  milieu  de  1624,  Richelieu,  à  propos  du  mariage  d'Angle- 
terre, «l'accuse  d'avoir  voulu  tout  faire  sans  le  sceu  du  roy,  et  contre  Tordre 
du  conseil.»  (France,  t.  XXX\I,  fol.  17.)  Toutefois  le  projet  du  mariage  ne 
sera  officiellement  traité  que  quelques  mois  plus  tard;  mais  il  n'est  pas  dou- 
teux que  dès  ce  moment  Richelieu  n'y  ait  pensé,  et  n'ait  sérieusement  examiné , 
sous  toutes  ses  faces,  celte  importante  affaire.  Nous  trouvons  dans  notre  manus- 
crit d'Angleterre  plusieurs  morceaux  écrits  de  la  main  d'un  de  ses  secrétaires  et 
qui  nous  offrent  le  résultat  de  ses  réflexions  à  ce  sujet  : 

Raisons  pour  lesquelles  le  roy  d'Espagne  doit  désirer  le  mariage  d'Angleterre  ' . 

Raisons  pour  lesquelles  le  roy  d'Angleterre  doit  plustosl  désirer  l'alliance  de  France 
que  d'Espagne  '■'. 

De  l'alliance  d'Angleterre  et  de  France;  savoir  si  la  France  la  doit  prendre  ^. 

Nous  ne  faisons  qu'indiquer  ici  ces  trois  pièces,  qui  ont  été  fondues  dans  les 
Mémoires  de  Richelieu ,  la  première  en  partie ,  les  deux  autres  à  peu  près  in  ex- 
tenso. Nous  n'y  trouvons  pas  une  quatrième  pièce;  nous  la  donnons,  en  avertis- 
sant que  Richelieu,  ne  l'ayant  pas  conservée  dans  ses  Mémoires,  a  eu  pour  cela  des 
motifs  qu'on  peut  deviner. 


CIV. 

Ardi.  des  Aff.  étr.  Angleterre,  t.  26,  fol.  a3o.  — 
Mise  au  net,  de  la  main  d'un  secrétaire  de  Hiclielieu. 

RAISONS 

l'OL'Il   I.KSQDEI.LES   LA  FRANCE  DOrr  S'OPPOSER   AU    MARIAGE   D'ESPAGNE  ET   D'ANGLETERRE 
ET  PROCURER  CETTE  ALLIANCE  PODH    ELLE. 

La  première  est  que  l'Angleterre  est  scituée  coninie  un  boulevard 

'   Archives  des  Affaires  étrangères.  An-  '   Même  source,    fol.    229.    Méindire» 

glelerre,  t.  XXVL  fol-  227,  mise  au  net  mss.  t.  H,  fol.  as/i-aaS  v°. 
dc'/enue   minute.   Mémoires   mss.  de  Hi-  '   Ibid.    fol.    23).    .Mémoires   mss.    loi 

chelieu.  I.  II.  fol.  -^23.  326-229. 


530  LETTRES 

dessus  la  France ,  ce  qui  convia  les  ducs  de  Boiugogne  de  faire  grand 
estât  de  l'amitié  du  roy  d'Angleterre  et  du  royaume ,  pour  donner  un 
Irein  aux  forces  de  la  France. 

La  2'  est  que  le  roy  d'Angleterre  s'allianl  en  France,  le  roy  d'Es- 
pagne perdroit  de  grandes  occasions  avec  lesquelles  il  peut  tempérer 
les  mouvemens  et  prétentions  de  la  France,  ayant  de  son  party  le 
roy  d'Angleterre ,  sy  voisin  de  la  France ,  qui  a  des  prétentions  contre 
elle,  bien  mieux  justifiées  que  ne  sont  celles  des  François  contre  le 
roy  d'Espagne. 

La  3°  est  que  l'Espagnol  n'a  conquis  le  royaume  de  Navarre  que 
sous  Louis  XIP,  après  avoir  fait  ligue  avec  l'Anglais  contre  la  France, 
et  s'estans  unis  pour  l'attaquer  des  deux  costez'. 


CV. 

Arch.  des  AfF.  étr.  France,  t.  3G,  fol.  8.  — 
Mise  au  net ,  de  l'écriture  ronde  de  Charpentier. 

[  1  ou  2  mai  iGsJ.] 

Que  pour  soulager  seulement  ceux  de  son  conseil  dans  la  ren- 
contre présente  de  tant  d'affaires,  et  attendu  l'absence  de  M.  le  car- 

'  Ces  mémoires  ont  dû,  comme  nous  voir.  Quel  est  ce  personnage?  serait-ce  le 
l'avons  dit,  êlre  composés  dans  les  pre-  prince  de  Condé  ?  Nous  l'avons  vu,  da- 
miers moiiide  162/4;  nous  les  indiquons  rant  le  règne  du  favori  Luynes,  constam- 
au  début  de  cette  année,  dans  l'impossi-  ment  opposé  à  ce  que  la  reine  mère  eût 
bilité  où  nous  sommes  de  leur  assigner  aucune  part  dans  les  affaires;  et  Marie  de 
une  date  plus  précise.  Médicis,  de  son  côté,  considérait  comme 

'  Cette  pièce  ne  porte ,  dans  le  manus-  une    rivalité    dangereuse   pour    elle   l'in- 

crit,  ni  signature,  ni  suscription,  ni  date.  fluence  de  M.  le  Prince.  On  peut  lire,  à 

On  voit  que  c'est  un  message  envoyé  par  la  page  5  de  notre  second  volume ,  une 

lliclielieu  pour   informer   de  son  avéne-  lettre  de  Richelieu  au  prince  de  Condé, 

ment  au  ministère  un  personnage  consi-  laquelle  a   été  écrite   à   l'occasion   d'une 

dérable,  le([uel  était  alors  en  soupçon  des  réponse  que  le  Prince  aurait  faite  lorsque 

dispositions  de  la  reine  mère  à  son  égard,  lui  fut  annoncée  la  promotion  du  cardinal, 

et  qui,  à  cause  de  cela,   pouvait  voir  de  Toutefois  nous  remarquons  dans  la  pré- 

rnativais  œil  l'entrée  de  l\ichelieu  au  pou-  sente  lettre  deux  ou  trois  expressions  qui 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


537 


flinal  de  La  Rochefoucault ,  à  cause  de  son  indisposition,  S.  M.  s'est 
résolue  de  se  servir  de  M.  le  cardinal  de  Richelieu,  qu'elle  a  recogneu 
capable  et  très  affectionné  à  son  service. 

Dira  comme  la  chose  s'est  passée,  et  comme  S.  M.  n'en  a  donné  part 
à  personne,  que  lorsqu'elle  a  amené  le  d.  s'  cardinal  en  son  conseil'. 


pourraient  faire  naître  quelque  doute.  — 
La  date  de  cette  pièce  doit  être  très-voisine 
de  celle  de  la  nomination  de  Richelieu 
(ag  avril),  elle  nous  est  donnée  d'ailleurs 
par  cette  circonstance  de  l'arrivée  des  am- 
bassadeurs d'Angleterre,  tdans  dix  ou 
douze  jours;  •  ils  arrivèrent  à  Compiègne 
le  i3  mai,  la  pièce  doit  donc  être  du  i" 
ou  du  2 .  —  Quant  au  nom  de  la  personne 
à  laquelle  cette  espèce  d'instruction  était 
donnée,  il  est  inutile  de  le  cliercUer. 

'  Nous  avons  dit,  à  la  date  de  février 
1654  (I-  I,  p.  783),  comment  les  proposi- 
tions de  La  Vieuville  au  cardinal  n'avaient 
pas  convenu  à  Richelieu,  et  nous  avons 
montré  qu'au  moment  où  il  venait  d'entrer 
aux  affaires  (4  mai,  note  1  de  la  page  4  de 
notre  second  volume),  on  se  demandait  à 
la  cour  quelle  part  La  Vieuville  pouvait 
avoir  à  cette  promotion.  Le  P.  Griffet  a 
écrit  (p.  426)  que  le  cardinal  lui  devait 
son  entrée  dans  le  conseil  ;  mais  le  cardinal 
lui  devait  réellement  très-peu  de  chose; 
nous  savons  que  La  Vieuville  ne  consentit 
qu'à  grand' peine  à  l'admission  de  Riche- 
lieu ,  et  qu'il  dut  céder  à  l'insistance  dé- 
ridée de  la  reine  mère,  non  sans  présager 
ces  fâcheuses  conséquences  qui  en  devaient 
résulter  pour  lui-même.  On  voit  qu'ici 
Richelieu  ne  nomme  pas  La  Vieuville ,  et 
donne  à  entendre  que  le  roi  n'aurait  obéi 
dans  cette  circonstance  qu'à  sa  propre  vo- 
lonté, —  La  Vieuville  fut  destitué  et  empri- 

'  Voj.t.  II,  p.  so,  Icllre  da  roi  à  M.  d'EfCat.  —  ' 
de  CharpcDticr.  —  *"  T.  II,  p.  3a  1  ft  suivantes  de 

CàltDI.N.  DE  niCUELlEO. VU. 


sonné  en  août  1624*-  Richelieu,  qui  avait 
contribué,  autant  qu'il  avait  pu,  à  sa  dis- 
grâce ,  le  poursuivit  aussitôt  qu'il  fut  tombé 
de  toutes  sortes  d'accusations  où  le  zèle 
de  l'animosité  est  poussé  à  l'excès.  Notre 
manuscrit  des  Affaires  étrangères  est  rem- 
pli de  factums  et  de  fragments  de  pièces  où 
on  impute  à  ce  ministre  déchu  toutes 
sortes  de  méfaits ,  et  parmi  les  plus  graves 
imputations  Richelieu  n'oublie  pas  ses 
propres  griefs.  Dans  l'un  de  ces  pamplilets 
nous  lisons  cette  phrase:  .1  11  hayl  mortel- 
lement le  cardinal  de  Richelieu;  a  voulu 
donner  de  l'argent  à  deux  près  du  roy 
pour  luy  en  dire  du  mal  ".  •  On  peut 
croire  que  le  cardinal  n'était  pas  en  reste 
de  haine.  Les  plumes  qu'il  employait  le 
servaient  à  souhait,  et  l'on  trouve  çà  et  là 
dans  ces  écrits  la  main  de  ses  secrétaires. 
Les  diverses  pièces  de  notre  manuscrit  ont 
servi  à  composer  une  quarantaine  de  pages 
des  Mémoires"'.  Aux  satires  se  mêlent  les 
pièces  d  affaires;  et  ce  qu'il  faut  surtout 
remarquer  ici,  ce  sont  les  conseils  que 
Richelieu  donne  au  roi  à  ce  moment  où  la 
chute  de  La  Vieuville  le  faisait  réellement 
premier  minisire ,  quoiqu'il  n'en  eût  pas 
encore  le  titre.  La  profonde  habileté  ainsi 
(juc  le  génie  impérieux  du  cardinal  ont 
marqué  là  leur  vive  empreinte.  Les  Mé- 
moires ont  également  réuni  ces  fragments 
épars  "".  Nous  n'y  trouvons  pas  pourtant 
ce  paragraphe  qui  mérite  d'être  conservé  : 

*  Arcli.  des  AIT.  étr.  France,  t.  36,  fol.  17,  de  la  maia 
l'édil.  de  Pctitot.  —  ""  Ibidtm,  p.  33?  et  suivantes. 

68 


538  LETTRES 

Et  d'autant  que  par  cette  action  ses  ennemis  pourroient  faire  effort 
de  le  mettre  en  soubçon,  comme  desjà  S.  M.  a  sceu  qu'on  avoit  tasché 
de  le  faire  cy-devant,  de  peu  de  bonne  volonté  de  la  reyne  sa  mère 
en  son  endroit,  qu'elle  pouvroit  plus  puissamment  luv  rendre  de 
mauvais  offices,  S.  d.  M.  luy  a  donné  charge  expresse  de  l'asseurer 
bien  particulièrement  qu'il  n'a  recogneu  la  reyne  sa  mère  que  très 
bien  intentionnée  pour  luy,  et  que  comme  S.  M.  prend  entière 
croyance  en  son  affection  à  son  service,  elle  veut  et  désire  qu'il  face 
estai  de  ses  bonnes  grâces  et  de  sa  bonne  volonté  qu'elle  luy  tesmoi- 
gnera  volontiers,  aux  occasions  qui  s'en  présenteront  et  où  elle  jugera 
le  devoir  employer. 

Luy  dira  après  les  nouvelles  en  gros  : 

Que  les  ambassadeurs  d'Hollande  nous  demandent  un  grand  se- 
cours d'hommes  et  d'argent. 

Que  le  comte  de  Carlisle  vient,  dans  dix  ou  douze  jours,  donner 
part  à  S.  M.  de  ce  qui  s'est  passé  en  Angleterre,  de  leur  rupture 
avec  Espagne,  et  qu'on  apprend  qu'il  doit  proposer  le  mariage  de 
Madame;  comme  aussy  d'entrer  en  ligue,  pour  la  Valteline,  à  condi- 
tion réciproque  pour  le  Palatinat. 

Dira  le  traicté  de  M.  le  commandeur  pour  les  passages  de  la  Val- 
teline, et  la  résolution  que  le  roy  a  prise  de  dépescher  M.  de  Bé- 
thune  pour  cet  effect,  vers  Sa  Sainteté,  pour  demeurer  précisément 
aux  termes  du  traicté  de  Madrid'. 

Et  de  tout  ce  que  dessus ,  que  le  roy  sera  bien  aise  d'en  recevoir 
son  bon  advis. 

Cependant  que  S.  M.  s'est  avancée  à  Compiègne  pour  asseurer  et 
pourvoir  à  sa  frontière  de  Picardie  et  Champagne ,  et  en  estendra  les 

«  S.  M.  parlera  souvent,  s'il  luy  plaist.avec  faire  obéir  vertement;  tels  discours  don- 

ses*  princes  et  mareschaux  de  France,  leur  neronl  à  S.  M.  la  réputation  qu'elle  me- 

tesmoignant  qu'il  vent  bien  l'ortiffier  ses  rite,  et  tiendront  les  grands  contents.» 

frontières,    policer    ses    gens   de  guerre,  '  Concluen  162  i .  LeMcï-carey/wifOiide 

trouver  invention  de  soulager  sou  peuple,  iGa/j  en  a  donné  le  texte,  à  l'occasion  de» 

faire  du  bien  «ux  gens  de  mérite,  et  se  négociations  qui  se  faisaient  alors  à  Rome. 

'   Sic ,  dans  le  ms.  Irès-soigncuscment  écrit. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


539 


particularités  comme  il  faut;  et  finalement  luy  tesmoigner  de  rechef 
que  le  roy  est  content  de  sa  conduitte  ;  maintenant  qu'il  continue  et 
qu'il  s'asseure  qu'en  occasion  de  l'employer,  S.  M.  ne  l'oubliera  pas, 
et  cependant  de  très  bonnes  paroles. 


GVI. 

Arch.  des  AIT.  étr.  France,  t.  36,  loi.  i48.  — 
Minute ,  où  le  préambule  est  de  la  main  de  Charpentier  et  ce  qui  suit  de  celle  de  Richelieu. 

EXTRAIT  DES  PROPOSITIONS  DU  S"  DE  JUVIGNY '. 

[Seconde  moitié  de  162I  '.] 

Les  faux  emplois  et  divertissemens  contre  Beaumarchais,  à  com- 
mencer depuis  1  6  1  1  ;  il  se  trouve  dans  le  compte  du  d.  s'  de  Beau- 
marchais de  la  d.  année  un  faux  employ  de  deux  cents  quarante 
mil  livres,  ou  environ.  Autres,  que  M.  Desportes  prendra  la  peine  de 
vérifier. 


'  Aussitôt  que  La  Vieuvillc  fut  tombé , 
le  cardinal  se  mit  à  s'occuper  avec  ardeur 
des  affaires ,  qu'il  avait  l'ambition  de  di- 
riger seul ,  en  répétant  sans  cesse  qu'il 
Toulail  s'en  mêler  le  moins  possible,  et 
que  «  S.  M.  prenoit  elle  mesme  les  soins 
du  gouvernement  et  la  conduite  de  son 
Estât.  »  Ce  furent  surtout  les  questions 
de  finances  dont,  en  ces  premiers  mo- 
ments, le  cardinal  s'empara  avec  le  plus 
d'activité ,  parce  que  c'était  de  ce  côté  sur- 
tout que  La  Vieuville  était  vulnérable,  et 
que  le  plus  pressé  pour  Richelieu  était 
alors  de  perdre  sans  ressource  celui  qui 
venait  d'être  le  chef  du  conseil.  Nous 
avons,  dans  notre  manuscrit,  un  grand 
nombre  de  mémoires  sur  diverses  parties 
de  l'administration,  parmi  lesquels  il  y  en 
a  nu  moins  une  dizaine  sur  le  sujet  des 
finances ,  ainsi  que  sur  les  griefs  reprochés 


aux  financiers,  et  où  La  Vieuville  et  Beau- 
marchais ,  son  beau-père ,  sont  sévèrement 
recherchés.  Citons  seulement  celui  qui 
porte  pour  titre  :  Extraits  d'un  discoun 
par  lequel  paroment  les  abus  qui  fe  com- 
mettent aux  finances ,  et  qu'il  est  nécessaire 
d'y  apporter  reformation  (p.  1  73-1  76).  Plu- 
sieurs de  ces  mémoires  sont  l'œuvre  d'un 
sieur  de  Juvigny,  et  entre  autres  la  pièct 
sur  laquelle  le  cardinal  a  fait  les  observa- 
tions dont  nous  donnons  ici  quelques-unes. 
Richelieu  prend  les  mots  indicateurs  du 
siijet  de  la  plupart  des  paragraphes  du  mé 
moire  et  met  au-dessous,  ou  à  côté,  uni 
note  laconique  :  «bon;  •  ou  :  «je  n'ay  pa^ 
le  détail.  »  L'extrait  qu'on  lit  ici  suffit  poui 
offrir  un  spécimen  du  travail  de  Richelieu. 
'  La  pièce  n'est  point  datée,  mais  cette 
date  peut  être  proposée  pour  la  plupart 
des  écrits  faits  contre  La  Vieuville 

«8. 


^ 


540  LETTRES 

'  Achapt  de  rentes,  —  Bon,  mais  de  peu  de  valeur 

Recherches  des  partis  ^  faicts  par  fraude  contre  le  roy.  —  Ne  faut 
oublier  Bertaut.  —  Bon.  —  Je  n'ay  le  détail 

3  millions  francs  fiefs  et  nouveaux  acquêts.  —  Faut  voir  M.  Du 
Lis.  —  Quand  un  roturier  achepte  des  biens  nobles 

Imposer  une  rente  sur  les  officiers  de  pohce.  —  Cet  advis  qui  va 
à  inféauder  ces  offices  semble  de  périlleuse  conséquence;  mais  faut 
l'examiner. 

Prendre  le  tiers  des  deniers  d'octroy  des  villes 

Diminuer  la  despense.  —  Oster  les  parties  casuelles.  —  Supprimer 
les  offices  supernuméraires  et  inutiles. 

Règlement  des  tailles.  Révocation  des  exemptions  des  esleus. 

Cinq  millions  voilés  sur  les  comptes  de  B.  (Beaumarchais)  par  luy 
et  la  W.  (Vieuville). 

Faut  mettre  à  chaque  advis  le  menu  de  chaque  affaire,  les  preuves 
ceitaines  et  les  moyens  d'exéquution,  et  les  temps  et  les  occasions 
propres. 


GVll. 

Arch.  des  AIT.  étr.  Angleterre,  t.  u6.  fol.  33o.  —  Minute. 

MÉMOIRE   DONNÉ  A  M.  DE   RÉRIJLLE, 

TOOCHANT  LA  DISPENSE  DU  MARIAGE  D'ANGLETEBRE  \ 

[Fin  (le  juillet  ou  coiimiLucouient  d'août  jôai-j 

Donner  l'impression  d'Amadeau  telle  qu'il  jugera  le  devoir;    en 

Ici  Richelieu  prend  la  piuino  et  se-  lieu  ayent  lait  aucune  mention  de  cette 

parc  chacun  de  ces  articles  par  une  barre.  pièce  qui  semble  tout  à  t'ait  confidentielle, 

'   Les  traités  faits  avec  les  partisans.  et  ne  s'occupe  point  exclusivement  de  l'af- 

•'  Titre  mis  au  dos  par  le  secrétaire  de  faire  du  m:\riage.  Elle  n'est  point  datée,  et 

Richelieu  qui  a  écrit  la  minute.  On  Ik  en-  le  manuscrit  la  classe  fautivement  à  la  fin 

suite  :  «employé.»  Cependant    nous   ne  de  novembre;  mais  elle  a  dû  être  remise  au 

voyons  pas  que  les  Mémoires  de  Hiche-  père  de  Bérulle  au  moment  de  son  départ, 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


541 


quelle  considération  il  est,  en  l'Estat,  en  l'Eglise  et  en  toutes  les  com- 
inunautez. 

N'oubliera  la  dispense. 


et  nous  lui  donnons  la  même  dale  à  peu 
près  que  celle  de  l'instruction  officielle. 
Celte  instruction,  intitulée  :  t  Mémoire  au 
P.  de  Bérulle,  pour  son  voyage  à  Rome,  » 
est  datée  du  dernier  juillet.  Je  ne  l'ai  point 
trouvée  dans  les  manuscrits  de  Rome  aux 
Affaires  étrangères,  mais  l'original  est  con- 
servé aux  Archives  de  l'Empire',  et  il  y  en 
a  une  copie  aux  Affaires  étrangères  '*.  Cet 
original  est  une  pièce  de  treize  pages ,  et  la 
signature  du  roi  est  contrc-signée  :  «  Lo- 
nienic  ».  Le  cardinal  a  certainement  donné 
ses  indications  pour  cette  instruction  ,  mais 
il  ne  l'a  pas  dictée;  il  en  parle  très-suc- 
cinctement dans  ses  Mémoires'",  et  dans 
les  pièces  elle-mêmes  nous  n'avons  remar- 
cjué  aucune  trace  de  sa  participation. 
Parmi  les  considérations  que  l'on  recom- 
mande au  P.  de  Bérulle  de  faire  valoir 
auprès  du  pape  sont,  au  premier  rang, 
les  conditions  à  stipuler  au  sujet  de  la  re- 
ligion professée  par  la  future  reine  s'unis- 
sant  à  un  prince  hérétique.  Il  n'était  pas 
moins  nécess-.iire  de  persuader  le  roi  que 
le  pape  sur  ce  point,  qui  importait  à  la 
fois  aux  intérêts  de  la  religion  et  à  la  di- 
gnité du  roi;  Louis  ne  voulait  pas  être 
traité  plus  défavorablement  que  ne  l'avait 
ét^  le  roi  d'Espagne  dans  le  projet  avorté 
d'une  union  entre  le  prince  de  Galles  et 
l'infante.  Ce  point  de  l'instruction  du 
P.    de   Bérulle    est   plus    approfondi    et 

"  M.  23a ,  liasse  B 3;  lettre  rouge  F. 

"  .'\ngleterre,  t.  3o,  fol.  199. 

•"  P.  234  v' dams,  des  Aff.étr.  et  p.  3 10,  t.  II, 
de  ya.  Petitol. 

****  Celte  (Scriture  n'est  pas  sans  analogie  avec 
celle  du  cardinal  et  n'est  point  de  Charpentier;  mais 


beaucoup  mieux  développé  dans  un  écrit 
spécial,  qui  parait  appartenir  plus  en  pro- 
pre à  Richelieu ,  qui  est  de  la  main  d'un 
de  ses  secrétaires,  lequel  a  mis  au  dos  : 
Mémoire  de  M.  le  cuj'dinal  de  Richelieu, 
pour  monslrer  à  S.  M.  ""  L'objet  de  ce 
mémoire  est  d'examiner  •  cinq  articles  que 
les  Anglois  proposent  de  mettre  au  traitté 
de  mariage  aucunement  différons  de  ceux 
d'Espagne,»  et  de  montrer  comment, 
malgré  cette  différence,  ils  peuvent  être 
acceptés  par  S.  M.  sans  blesser  la  cons- 
cience ni  la  dignité  du  roi  de  France.  — 
Vittorio  Siri ,  qui  a  donné  dans  ses  Memone 
recondite'""  la  traduction  d'un  fragment 
de  l'instruction  de  Bérulle,  remarque  que 
cette  difficulté  ftit  un  grand  embarras  pour 
la  France  et  l'habileté  avec  laquelle  le 
cardinal  s'en  tira.  —  Le  carton  des  Ar- 
chives que  nous  venons  d'indiquer,  et  qui 
provient  originairement  de  l'Oratoire ,  con- 
tient beaucoup  de  pièces  officiel  les  (dont 
un  certain  nombre  de  la  main  de  Bérulle) 
relatives  à  cette  importante  négociation 
du  mariage  d'Angleterre.  Nous  devons 
noter  aussi  les  manuscrits  des  Affaires 
étrangères  intitulés  Angleterre ,  Rome,  se 
rapportant  aux  années  i6a4  et  i6a5.Qu;int 
au  mot  Amadeau  qu'on  lit  au  commence- 
ment de  cette  lettre,  nous  avons  déjà  dit 
(jue  c'étciit  un  des  noms  dont  on  se  servait 
dans  l'intimité  pour  désigner  Richelieu. 

je  l'ai  rencontrée  de  temps  en  temps  dans  les  |>api(;is 
de  lUclielieu.  Aii^i  que  Cliarpenticr,  d'autres  secré- 
taires ont  voulu  imiter  la  main  de  Richelieu;  ce 
peut  être  la  cause  de  quelque  erreur  dans  l'indica- 
tion des -écritures. 

*****  T.  V,  p.  (i27,  édil.  de  l'iyg,  in-'C. 


542  LETTRES 

Représentera  que  la  grande  indulgence  qu'on  trouve  à  Rome  en 
beaucoup  de  choses  qui  esclatlent  nuit  grandement.  V.  G.  :  mariages  de 
î^esdiguières,  de  Créquy,  jugez  très  extraordinaires;  de  M"^  le  Prince, 
de  faire  son  patrimoine  d'une  des  plus  belles  abbayes  de  France;  et  ce 
pour  nulle  cause  solide,  si  non  de  donner  quelque  petite  chose  aux 
.•lésuites.  En  considération  de  quoy  on  abolit  4o  ou  5o  religieux. 

Dispenses  à  divers  princes  et  princesses  de  faire  tenir  des  bénéfices 
en  leurs  maisons,  sous  le  nom  d'autruy.  Le  comte  de  S.,  la  P.  de  C 

A  beaucoup  d'évesques  et  simples  abbés  qui  ayant  la  moindre  con- 
noissance  de  quelques  cardinaux,  les  mesmes  induits  qu'aux  cardi- 
naux, ce  qui  faict  que  les  cours  de  parlement  et  autres  compagnies 
souveraines  s'en  scandalisent  grandement,  et  font  des  assemblées  pour 
révoquer  tout  en  doute;  tesmoin  la  dernière  où  on  a  faict  tant  de 
bniit  pour  l'induit  de  M.  de  Bourges. 

Sçavoir  s'il  estime  à  propos  qu'il  ayt  tant  de  multiplicates  (.•*)  de 
couvents  et  de  divers  ordres,  dont  il  semble  à  propos  d'arrester  le 
coins. 

S'il  penseroit  utile  de  fortifier  les  ordinaires,  mais  avec  cette  mo- 
dération-«/  ne  (juid  nimis. 

Pense  de  grande  édification  de  renouveler  les  décrets  pour  \r 
résidence  des  évesques,  exhortant  les  princes  à  les  faire  observer, 
déclarant  par  la  d.  rénovation  le  temps  que  les  conciles  donnent  aux 
évesques  pour  leurs  affaires,  afin  que  les  princes  qui  peut-estre 
l'ignoreroient  ne  voulussent  les  contraindre  à  y  estre  assiduement. 

Une  action  pareille  à  celle-là  gaignera  le  cœur  des  parlemens  de 
France  et  produira  un  grand  fruil,  la  licence  des  non  résidences 
estant  très  grande. 

Voir  si  on  ne  peut  apporter  quelque  ordre  à  l'abus  des  desma- 
riages, ce  qu'on  sçait  bien  estre  très  difficile. 

Se  souvenir  qu'on  se  plaindra  plus  en  France  des  dispenses  extraor- 
dinaires que  de  la  rigueur  des  canons,  parceque  les  parlemens  font^ 
dans  leurs  desréglements,  grand  estât  des  canons. 
'  Le  comte  de  Soissons,  la  princesse  de  Condé  ? 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


543 


Conférer  avec  Sa  Sainteté  des  remèdes  qu'il  estimeroit  plus  con- 
venables à  la  fureur  des  duels. 

Maxime  qu'à  cause  du  peu  d'affection  que  les  parlemens  ont  à  ce 
qui  vient  de  Rome,  qu'il  faut  accorder  les  moindres  choses  qu'il  se 
pourra  où  ils  puissent  trouver  à  mordre  quoy  que  sans  subjel 
légitime. 

Dignité  de  cardinal  humiliée'. 


CVJU. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Hollande,  t.  9,  pièce  89.  —  Minute. 

[Vers  le  mois  d'août  i6a^.] 

*  En  matière  de  religion,  la  paix  ne  peut  estre  de  durée,  parce 
quon  ne  la  faict  pas  pour  establir  un  asseuré  repos,  mais  pour  cher- 
cher les  moyens  de  prendre  quelque  avantage  l'un  sur  l'autre  par 
ruse  et  tromperie. 

Le  roy  d'Angleterre  pourroit  moyenner  une  trefve  perpétuelle 
entre  le  roy  d'l£spagne  et  les  Eslats,  portant  le  roy  d'Espagne  à  dé- 


'  Cette  ligne  est  en  tète  du  deuxième 
feuillet,  dont  tout  le  reste  est  en  blanc. 

'  Ce  sont  ici  quelques  réflexions  déta- 
chées sur  les  intérêts  communs  ou  op- 
posés de  la  France  et  de  l'Espagne.  Dès 
les  premiers  temps  de  son  ministère,  le 
cardinal  s'occup.T  de  rechercher  avec  quels 
Et:its  il  importait  le  plus  à  la  France  de 
former  des  alliances.  La  pièce,  sans  date, 
a  été  classée  en  i6a4;  elle  doit,  en  effet, 
appartenir  à  cette  année ,  et  sans  doute  au 
moment  où,  débarrassé  de  La  Vieuville, 
Kichelicu  commença  à  gouverner  seul  les 
affaires  de  l'Etat.  —  La  pièce  qui  suit, 
dans  le  manuscrit,  cotée  90,  est  certaine- 
ment de  la  même  époque;  on  y  examine 
«  s'il  est  licite  de  secourir  les  llollandois;  i 


et  l'on  conclut  que,  sans  blesser  la  loi  di- 
vine, on  peut  faire  alliance  «  avec  les  héré- 
tiques, voire  même  avec  les  infidèles.  «C'est 
un  mémoire  de  dix-huit  pages,  de  la  main 
d'un  secrétaire  de  Richelieu,  dont  l'écri- 
ture ressemble  un  peu  à  celle  de  Charpen- 
tier. Les  marges  sont  couvertes  de  nom- 
breuses citations,  tirées,  pour  la  plupart, 
de  l'Ecriture  sainte;  ainsi,  dès  le  premier 
paragraphe,  on  lit  à  la  marge  :  «  Le  rov 
."Salomon  a  eu  alliance  avec  le  roy  Hiren , 
et  a  baillé  et  assubjetty  une  des  villes  du 
peuple  de  Dieu  à  un  roy  idolâtre. . .  »  11 
n'est  pas  probable  que  le  cardinal  ait  rédigé 
lui-même  ce  second  mémoire;  c'est  un 
travail  dont  il  s'est  borné,  .sans  doute,  à 
donner  le  thème. 


54/1  LETTRES 

clarer  absolument,  ainsy  qu'il  a  desjà  commencé  à  faire  par  la  pre- 
mière trefve,  qu'il  ne  prétend  rien  sur  les  Estats;  qu'il  les  tient  pour 
république  et  peuples  libres. .  .  '  déclarant  qu'il  ne  leur  deniandoit 
que  l'engagement  de  n'avoir  à  l'advenir  que  mesmes  amis  et  ennemis. 
Par  où  nous  serions  exclus  et  demeurerions  seuls  entre  le  roy  d'Es- 
pagne, le  roy  d'Angleterre  et  tous  ses  Estais. 

(]ette  ouverture  fut  faicte  dès  la  première  trefve,  mais  rejettée  par 
les  Estats  à  cause  de  la  France  et  d'Angleterre  qui  les  secouroit  lors. 

J^e  mariage  d'Angleterre  produira  de  deux  choses  l'une  poiir  l'Es- 
pagne ,  ou  que  le  roy  d'Angleterre  abandonnera  les  Estats  pour  res- 
tablir  son  gendre ,  ou  qu'il  moyennera  la  trefve  entre  le  roy  d'Espagne 
et  les  Estats  qui  s'y  disposeront  à  sa  prière,  de  peur  d'estre  aban- 
donnez de  luy,  ce  qu'il  pourra  d'autant  plus  aisément  qu'ils  auront 
peu  de  confiance  en  nous,  et  que,  bien  que  fbumeur  de  ce  prince 
ne  leur  en  face  pas  espérer  grand  support,  ils  ne  laissent  toutefois 
d'avoir  quelque  croyance  en  luy,  comme  professant  la  religion  en 
laquelle  ils  vivent. 

Le  prince  d'Orange  estant  absolu  dans  les  Estats,  ne  semble  pas 
pouvoir  trouver  son  compte  en  la  trefve,  si  ce  n'est  qu'il  se  contentas! 
que  le  roy  d'Espagne  le  déclarasl  gouverneur  perpétuel  des  d.  pro- 
vinces. 

Quoy  qu'il  y  ayt  du  péril  à  se  déclarer  contre  l'Espagne  pour  les 
Estats,  il  y  en  a  plus  à  les  abandonner  et  les  contraindre  à  se  mettre 
par  nécessité  enti'e  les  mains  des  Espagnols  . . .  alors  nous  devrions 
beaucoup  craindre  d'eux,  tant  parce  que  c'est  im  peuple  aguerry 
proche  de  nous,  que  puissant  en  soy  mesme. . .  que  parce  aussy  qu'ils 
seront  plus  animés  contre  nous  qu'aucun  autre,  l'expérience  nous 
laisant  cognoistre  qu'un  amy  abandonné  est  ennemy  plus  irréconci- 
liable qxie  ceux  qui  de  tout  temps  ont  esté  ennemis. 

'  Le  cardinal  donne  à  sa  pensée  quel-  dans  les  Mémoires  de  Richelieu.   Manus- 

ques  développements  que  nous  omettons,  crit  des  Affaires  étrangères,  feuillet  i38 

parce  que   ce  paragraphe,   saut'  les   pre-  du  deuxième  volume;  dans  les  imprimés, 

mières  et  les  dernières  lignes,  a  été  inséré  page  oi5  de  l'édition  Petitni. 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


545 


Richelieu  rappelle  que  le  feu  roi  a  toujours  reconnu  que  l'alliance  des  Hollandais 
importait  grandement  à  la  France  et  a  toujours  méprisé  les  inconvénients  qui 
pouvaient  en  résulter  de  la  part  de  l'Espagne.  Nous  résumons  une  demi-page  qui 
se  trouve  insérée  dans  les  Mémoires  (Manuscrit  des  AIT.  étr.  t.  2  ,  fol.  287  ;  p.  3 13 
de  l'édition  Petilot). 

Aj)rès  un  intervalle  de  quelques  lignes  de  blanc,  le  manuscrit  cité  aux  sources 
met  ce  paragraphe,  qui  a  été  barré,  peut-être  par  celui  qui  a  préparé  la  pièce 
pour  les  Mémoires  : 

Quand  on  est  parvenu  par  beaucoup  de  peines,  plusieurs  périls  et 
hasards,  au  comble  d'une  grande  réputation,  la  prudence  veut  qu'on 
se  mette  à  couvert  de  l'inconstance  de  la  fortune,  qui,  tournant 
tousjours,  montre  en  un  temps  le  derrière  à  ceux  qui,  en  un  autre, 
l'avoienl  tousjours  veue  au  visage. 


CIX. 
Arcli.  des  AÇf.  étr.  Suisse,  t.  17.  —  Mise  au  net  de  la  main  de  Charpentier. 

LE  ROY  A  M.  DE  BÉTHliNE. 

Du  5  '  septembre  162/1. 

M'  de  Béthune,  ne  pouvant  plus  différer  l'exécution  de  l'entreprise 


'  Une  annotation  mise  en  létc,  d'une 
autre  écriture  que  celle  de  la  pièce,  dit 
le  6;  c'est  le  jour  du  départ  de  la  dé- 
pêche écrite  le  5,  date  que  Richelieu  a 
soin  de  constater  lui-même  à  la  fin.  Je 
trouve,  dans  ce  manuscrit,  une  autre  lettre 
du  roi ,  datée  de  Saint-Germain ,  le  /(  sep- 
tembre ,  adressée  à  M.  Myron ,  ambassa- 
deur de  France  en  Subse ,  et  au  marquis 
de  Cœuvres,  le  futur  maréchal  d'Estrées, 
qui  y  avait  été  envoyé  en  prévision  d^ 
opérations  militaires  qu'on  supposait  devoir 
êlre bientôt  nécessaires.  (Voiraux  Analyses, 
10 juin.)  Ladite  lettre  du  roi  a  sans  doute 
été  rédigée  dans  le  cabinet  du  secrétaire 
d'Etat  d'Herbault.  J'en  donne  un  extrait 

CARDIN.  DE  niCIIELIËD. VH. 


succinct  qui  nous  apprend  la  pensée  de 
Richelieu ,  peu  satisfait  de  ne  pas  trouver 
dans  le  gouvernement  de  la  république 
helvétique  assez  d'empressement  à  secon- 
der ses  desseins  dans  f  affaire  de  la  Valte- 
line.  Le  roi  commence  par  témoigner  aux 
plénipotentiaires  sa  satisfaction  sur  ce 
qu'ils  ont  obtenu  des  canlons  catlioliqups  la 
ratification  et  la  garantie  du  traité  de  Ma- 
drid ,  d'autant  plus  que  «  il  a  fallu  apporter 
une  grande  industrie  pour  surmonter  les 
difficultés  qui  s'opposoient  à  cette  résolu- 
tion. ...  Quant  au  point  qui  concerne 
l'exécution  de  nostre dessein, ajoute  le  roi, 
je  m'estonne  que  les  cantons  protestans 
soient  si  tièdes  et  si  peu  animez  pour  eni- 

69 


546  LETTRES 

que  vous  sçavés  que  j'ai  faicte  pour  délivrer  les  Grisons  de  la  subjec- 
tion  et  oppression  en  laquelle  l'archiduc  Léopold  les  tient,  et  rendre 
aux  Valtelins  la  liberté  qu'ils  désirent  et  attendent  de  moy,  le  respect 
que  je  porte  à  Sa  Sainteté  faict  que,  devant  que  d'en  venir  à  l'extré- 
mité, il  n'y  a  voye  que  je  ne  veuille  tenter  pour  sortir  de  cette  affaire 
par  son  entremise. 

Elle  la  peut  terminer  par  l'un  de  deux  expédiens  que  je  vous 
mande  par  cette  lettre ,  afin  que  vous  preniés  le  temps  de  les  proposer, 
ou  faire  proposer  par  quelque  antre,  selon  que  vous  le  jugerés  plus 
à  propos.  Si  le  pape  ne  les  gouste  pas,  au  moins  en  recevré-je  cet  avan- 
tage que  toute  la  chrestienté  verra  la  déférence  que  j'auray  rendue  à 
Sa  Sainteté,  à  ce  qu'elle  conserve  la  paix  à  favantage  de  l'Eglise. 

Les  Espagnols  ont  toujours  prétendu  qu'ils  n'avaient  autre  intérêt  en  cette 
affaire  que  celui  de  la  religion,  et  cette  considération  a  retenu  le  pape;  le  roi 
explique  comment  ce  prétexte,  allégué  par  les  Espagnols,  n'a  plus  aucun  fon- 
dement, et  puis  les  Espagnols  ne  sont  pas  en  état  de  faire  la  guerre;  ils  ne  la 
désirent  pas. 

Et  par  conséquent  Sa  Sainteté  doit  voir  clairement  qu'elle  leur 
feroit  plaisir  d'user  de  son  authorité  paternelle  pour  les  tirer  de  celte 
affaire  quand  mesme  les  Espagnols  tesmoigneroient  ne  le  consentir 
pas  ouvertement. 

Si  Sa  Sainteté  faict  difficulté  de  se  porter  à  ce  premier  expédient, 
elle  pourroit  en  prendre  un  autre  qui,  non  moins  asseuré  pour  l'etfect 
que  je  désire,  sembleroit  plus  doux  aux  Espagnols. 

Il  faudroit  que ,  sur  les  sollicitations  pressantes  que  vous  fériés  au  ' 
pape  de  restituer  la  Valteline  selon  le  traitté  de  Madrid,  maintenant 
que  les  Suisses  sont  intervenus  cautions  pour  le  faict  de  la  religion, 

brasser  les  occasions  présentes mais  les  yeux,  ils  mettront  forlement  la  main  à 

j'espère  que  lorsque  les  affaires  seront  en-  l'œuvre Je    vous   recommande   de 

tamées,  et  que  ces  peuples  seront  délivrés  pourvoir  de  bonne  heure  à  vous  asseurer 

de  la  ciuiute  que  l'oppression  de  leurs  voi-  du  passage  pour  entre.''  en  Suisse  et  pour 

sins  leur  représente  incessamiuent  devant  aller  aux  Grisons  des  premiers • 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  547 

Sa  Sainteté,  pour  éviter  le  trouble  de  la  chrestienté,  vous  donnast 
parole  et  asseurance  par  escrit  que  si ,  dans  trois  mois ,  les  Espagnols 

ne  veulent  consentir  à  l'exécution  entière  du  traitté  de  Madrid 

Sa  Sainteté  ne  lairra  de  faire  raser  tous  les  forts  sans  délay  et  remettra 
actuellement  les  choses  en  Testât  qu'elles  estoient  avant  le  différend. 

Ne  donner  aucune  connaissance  du  second  expédient  qu'au  cas  où  le  premier 
ne  pourrait  réussir. 

Si  le  pape  estoit  arrêté  par  la  crainte  de  n'estre  pas  favorisé  par  les 
Espagnols  en  l'affaire  d'Urbin,je  ne  ferois  nulle  difTiculté  de  m'obliger 
à  l'assister  ouvertement  et  si  puissamment,  quelqu'obstacle  qui  se 
puisse  présenter  en  cette  affaire,  que  l'événement  n'en  pourroit  estre 
douteux;  vous  luy  en  pouvés  donner  parole  de  ma  part,  et  l'asseurer 
que  je  passerois  bien  plus  volontiers  en  Italie  pour  ce  subjet  que 
pour  aucim  autre. . .  Je  luy  en  donnerois  mesme  une  promesse  escrite 
s'il  le  désiroit. 

11  est  bon  que  vous  faciès  cognoistre  à  Sa  Sainteté  que  si  les  deux 
voyes  d'accord  ne  peuvent  réussir,  elle  n'aura  pas  lieu  de  me  blasmer 
si  j'entre  en  liaison  esiroite  avec  divers  princes  et  communautez,  sans 
considération  de  leur  religion  et  des  intérests  qu'ils  pourront  avoir 
peu  favorables  pour  l'Eglise,  que  je  désire,  en  mon  particulier, 'servir 
au  prix  de  mon  sang  et  péril  de  ma  vie. 

Jusques  à  présent ,  j'ay  escouté  toutes  leurs  propositions  sans  m'en- 
gager  à  aucune;  mais  je  ne  puis  différer  à  le  faire,  et  j'estimeray  ne 
faillir  pas,  si  j'y  suis  contrainct  par  le  refîis  des  expédiens  proposés. 

Ne  pouvant  sortir  de  l'affaire  de  la  Valteline  par  la  voye  du  pape 

je  seray  contrainct  de  me  joindre  à  celle  du  Palatinat  et  toutes  celles 
des  alliez  de  ma  couronne. 

Je  ne  doute  pas  que  Sa  Sainteté  ne  vous  donne  de  belles  paroles 

mais  mon  entreprise  se  doit  exécuter  au  commencement  du 

mois  qui  vient Sans  faire  cognoistre  au  pape  la  cause  pour  la'- 

quelle  je  ne  puis  attendre  sa  résolution,  vous  lui  dires  absolument 

que  je  suis  sy  las  de  voir  les  longueurs  avec  lesquelles  les  Espagnols 

69. 


548  LETTRES 

ont  trainné  cette  afFaire,  qu'il  m'est  Impossible  d'attendre  plus  long- 
temps un  eflFect  de  sa  justice  et  de  sa  bonté  paternelle. 

Faire  bien  remarquer  au  pape,  dans  le  cas  où  il  n'embrasseroit  point  les 
ouvertures  que  vous  luy  ferez,  que  le  traitté  de  Madrid  ne  se  pouvant  exécuter, 
c  est  en  vain  qu'il  conserve  le  deppost  des  places. 

Je  ne  crains  pas  de  vous  dire  que  je  serois  bien  ayse  que  cette  af- 
faire se  peust  terminer  sans  venir  aux.  extrémitez,  auxquelles  toutefois 
je  suis  résolu,  au  cas  que  je  n'en  puisse  soi'tir  par  autre  voye. 

J'attendray  response  de  ce  courrier  qui  part  le  5^  de"  ce  mois,  dans 
le  2  6  ou  2  7  du  présent ' . 


ex. 

Aroliives  de  l'Empire,  M,  232.  —  Oriffinal,  de  la  main  de  Charpentier 

AU  RÉVÉREND  PÈRE  DE  BÉRULLE, 

Sl'PÉniEUR  DE  LA  CONGBÉGITION   DE  L'OBATOIBE  ,  ESTANT   DE  PRESENT  À   BOME. 

13  septembre  iCal. 

Mon  père,  je  prends  la  plume  pour  vous  dire  qu'on  vous  envoyé 
les  articles  du  mariage  d'Angleterre  '  plus  avantageux  encore  que  vous 

'   Dans  l'intervalle,  une  longue  dépêche  aux  articles  qu'il  luy  avoit  portés  de  ma 

fut  écrite  à   M.   de   Béthune  au  nom  du  part". ...  n Dans lasecondo  :«  Depuis  vostre 

roi.  (Ci-après,  aux  Analyses  ,  à  la  date  du  départ après  bien  des  difficultez 

\à  septembre.)  les  articles  ont  esté  arrestez  en  la  forme 

'  Nous  avons ,  aux  Archives  de  l'Empire ,  que  je  vous  les  envoyé Il  est  mainte- 
dans  le  carton  cité  aux  sources,  une  pièce    •     nant  question  de  poursuivre  vivement  la 

intilulée  :  «  Articles  du  mariage  pour  en-  dispense »  La  présente  lettre  de  Ri- 

voycr  à  M.  de  Bérulle',  »  et  deux  lettres  chelieu  se  place  entre  ces  deux  dépèches 

originales  du  roi,  l'une  du  i  i  septembre,  du  roi.  On  ne  s'explique  cette  double  mis- 

contre-signée  Loménie, l'autre  du  1 3,  con-  sive  qu'en  supposant  que  l'une  a  annulé 

tre-signée  Phélypeaux.  Dans  la  première  l'aulre  et  qu'une  seule  a  été  envoyée.  Il  ne 

nou.s  lisons  :  «  Depuis  que  vous  estes  party  faut  pas  oublier  qu'à  ce  moment ,  quoique 

le  Mylord  Rich  est  revenu  chargé  des  res-  Richelieu  fût  bien  réellement  le  maître  des 

ponses  que  le  roy,  mon  frère,  avoit  mises  aflf.iires,  il  laissait  encore  aux  secrétaires 

*  Oratoire.  Liasse  B,  lettre  rouge  F      -  "  Même  carton,  liasse  E,  u""  6,  7 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


549 


ne  les  avés  emportez,  ainsi  que  vous  verres.  Je  ne  vous  en  mande 
point  parti culièrejuent  les  raisons,  parce  que  le  petit  papier  que  je 
vous  baillay,  avant  que  partir',  les  contient  assez  clairement. 

Pour  faire  le  traitté  à  souhait.  M'  le  nonce  mesme  n'y  désireroit 
qu'une  chose ,  qui  est  qu'il  feust  permis  aux  catholiques  d'Angleterre 
d'aller  liljrement  avec  Madame  au  service  divin;  mais  ce  que  nous 
n'aurons  pas  par  contiact,  nous  l'aïu-ons,  s'il  plaist  à  Dieu,  par  le  zelle 
de  Madame  ;  j'attendray  de  vos  nouvelles  sur  ce  sujet.  Mais  j'estime 
du  tout  important  au  bien  de  l'église  que  Sa  Sainteté  accorde  cette 
dispense  promptement  ^. 

Je  vous  remercie  de  ce  que  vous  m' avés  mandé  de  la  part  de  20, 
1  1,  37,  32,  3i,  27^;  mais  je  ne  veux  en  aucune  façon  y  entendre. 
C'est  ce  que  je  vous  puis  dire  pour  cette  heure,  sinon  que  je  suis 
véritablement,  mon  père, 

Vosti'e  très  affeclioDiié  à  vous   siMvir. 
Le  Gard.  DE  RICHEUEU. 

De  Saint-Germain-en-Laye ,  ce  i  2*=  septembre  162/i. 


d'État  une  certaine  part  d'initiative;  mais 
il  ne  manquait  pas  de  refaire  ce  qu'il  ju- 
geait devoir  être  réformé.  De  là  il  peut 
arriver  qu'on  rencontre  deux  pièces  diffé- 
rentes sur  Je  même  objet  et  de  même  date. 

'  Ce  petit  papier  serait-il  l'écrit  que  nous 
donnxms  ci-dessus  p.  bào  ? 

'  Il  ininortiit  d'en  finir  :  dès  le  1 9  juin , 
le  roi  écrivait  au  marquis  de  Tillières  :  t  Les 
ambassadeurs  d'Angleterre  ayant  désiré 
qu'il  fust  pris  un  délay  pour  obleiiir  de  Sa 
Sainteté  la  dispense  <jui  est  nécessaire, 
j'ay  consenti  à  leur  désirai  pris,  pour  tout 
delay  etprelicion,  le  tenue  de  Irois  mois, 
pendant  lequel  j'espère  d'obtenir  ce  i|ui 
est  si  avantageux  pour  la  religion  calho- 
lifiue.  •  Et  les  négociations  suivaient  leur 
cours ,  ce  qui  n'arrèlait  pas  les  persécutions 
à  Londres.  Le  comte  de  Carlisle  les  excu- 


sait à  sa  façon.  «De  quoy  certes  j  aurois 
peine  à  me  payer  (mandait  le  roi  à  M.  d'Ef- 
liat  le  1"  août)  si  je  pouvois  faire  davan- 
tage que  les  prier,  et  si  je  croyois  qu'il 
y   eust  autre   voye  que  celle-là  ,    et   plus 

prompte pressés  donc  le  prince  et  le 

duc  de  Buckinghain  de  me  donner  con- 
tentement en  cette  occasion.  •  La  réponse 
ne  se  fit  pas  attendre  ;  et  le  roi  écrivait  à 
M.  d'l'fliat,le7  août  :  «J'apprends  (jue  le» 
onze  articles  sont  accordez,  ce  ([ui  me  sa- 
tisfaict  beaucoup. . .  tuscliésà  obteuii'  dei  ca- 
tlu>li<|ues  anglais  une  lettre  à  moy  pour  me 
remercier,  adin  que  je  la  puisse  envoyer  à 
Rome,  ce  (|ui  faciliteroit  la  dispense..  .  « 
Enfin ,  on  vient  de  voir  que,  le  1 2  septembre, 
Richelieu  envoyait  les  articles  à  Rome;  les 
trois  mois  étaient  sur  le  point  d'expirer. 
'  Je  n'ai  pas  l'explication  de  ce  cliifire 


550  LETTRES 


CXI. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  Rome,  t.  Sy,  fol.  495.  — 
Minute  de  Ja  main  de  Charpentier. 

[Vers  le  12  septembre  162/i.] 

A  iVI.  de  Bérule,  que  j'ay  receu  ses  lettres  du qu'on  luy  en- 
voie les  articles  beaucoup  meilleurs  qu'il  ne  les  a  portés,  et  tels 
qu'on  n'y  peut  trouver  de  différence  entre  ceux  d'Espagne ,  puisque  le 
dernier  article  permet,  comme  il  verra,  en  termes  exprès,  plus  de  li- 
berté pour  les  catholiques,  en  tout  ce  qui  concerne  la  religion,  qu'ils 
n'eussent  eu  en  vertu  de  tous  les  articles  d'Espagne;  que  je  ne  croy 
pas  que  le  pape  puisse  faire  difficulté  en  cette  affaire,  et  véritable- 
ment, .s'il  y  en  faisoit,  je  croy  que  la  chrestienté  y  trouveroit  quelque 
chose  à  redire. 

Je  juge  très-difficile  d'obtenir  plus  de  l'Angleterre  que  ce  que  nous 
avons.  Toutefois  nous  n'oublierons  rien  de  ce  ([ui  se  pourra  pour  avoir 
la  parole  du  roy  de  la  Grande-Bi-etagne ,  qu'il  fermera  les  yeux  aux 
personnes  de  qualité  qui  iront  au  service  avec  Madame.  Par  traicté 
cela  ne  se  peut  espérer;  mais  je  crois  bien  que  la  pratique  n'en  sera 
pas  desniée. 

Tout  est  ici  comme  vous  l'avés  laissé.  Si  l'aflaire  de  la  Valtehne 
e.stoit  vuidée ,  nous  pourrions  faire  de  bonnes  choses  pour  l'Eglise  et 
pour  l'Estat.  Dieu  sçail  bien  ce  qu'il  veut  faire.  Je  ne  vous  recom- 
mande point  l'affaire  que  je  vous  ay  mise  en  main;  il  est  meilleur  de 
la  faire  à  la  lin  qu'au  commencement. 

Je  vous  prie  aussy  de  demander  au  pape  une  permission  d'opiner 
aux  affaires  de  guerre  et  justice,  où,  estant  question  d'effusion  de 
sang  ,  ou  de  mort,  sur  quelque  subject  que  ce  peust  estre,  il  pourroit 
s'ensuivre  quelque  irrégularité.  Cette  affaire  n'estant  pas  secrette,  un 
expéditionnaire  '  vous  dira  ce  qu'il  faut  et  en  quelle  forme. 

Expéditionnaire  en  cour  de  Rome;  un  de  ces  employés  lelsqu'était  le  sieur  Eschinard. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  551 

Je  vous  prie  de  dire  à  M.  de  Lyon'  que  quand  son  affaire  sera  faite , 
il  ne  face  jamais  cognoistre  que  je  l'aye  sceu;  au  contraire,  il  faudra 
que  chacun  croye  ce  qui  est  présent  [sic)  de  dire  à  M.  de  Béthune  sui- 
ce  subject,  qui  sera  en  un  mot  qu'il  s'est  relasché  à  la  nomination 
de  ,  sur  ce  que  Sa  Saincteté  ne  vouloit  faire  autrement  des 

François  ;  chose  qui  lui  avoit  esté  ordonnée  avant  son  départ  de  France , 
généralement  parle  roy,  et  particulièrement  par  La  W.  (Vieuville)  de 
la  part  de  Sa  Majesté. 

Je  le  prie  que  personne  vivante  ne  sache  rien  du  contenu  de  ce 
billet  que  le  mesme  Lyon  ^. 


NOTA. 

Octobre  1634. 

Nous  plaçons  ci-après,  aux  Analyses,  à  la  date  du  10  juin,  Vindicalion  de 
deux  instructions,  l'une  patente,  l'autre  secrète,  données  au  marquis  de  Cœuvres, 
concernant  la  Valteiine.  Elles  marquent  l'influence  de  Richelieu  dans  le  conseil, 
presque  aussitôt  qu'il  y  fut  entré,  et  avant  même  qu'il  y  eût  la  direction  des  ai- 
faires.  Ce  ne  sont  encore  que  des  projets,  des  opérations  préliminaires;  mais  dès 
que  la  chute  du  marquis  de  la  Vieuville  eut  rendu  le  cai-dinal  complètement 
maître  du  pouvoir',  sa  première  pensée  fut  d'en  unir  avec  cette  aflTaire  de  la 
Valteiine  si  impoi-tante,  et  si  maladroitement  traitée  jusqu'à  ce  moment.  La  ques- 
tion était  fort  délicate,  non-seulement  parce  qu'elle  touchait  d'un  côté  aux  dé- 


'  M.  de  Marquemont,  archevêque  de 
Lyon. 

'  Cette  matière  de  lettre  répèle  quelque 
chose  de  ce  que  le  cardinal  avait  déjà 
mandé  au  P.  de  Bcrulle  dans  sa  missive  du 
12  septembre;  mais  on  voit  que  celle-ci 
était  secrète,  tandis  que  l'autre  pouvait 
être  montrée;  elle  n'est  point  datée,  mais 
le  texte  prouve  qu'elle  doit  avoir  été  écrite 
vers  le  temps  du  départ  du  P.  de  Bérulle 
pour  Rome,  et  presque  au  même  moment 
que  la  lettre  du  la  septembre,  soit  avant, 
soit  après.  De  plus,  le  P.  de  Bérulle  man- 


dait à  Richelieu,  le  a  a  octobre:  «J'espère 
que  le  premier  courrier  vous  [)ortera  la 
nouvelle  de  la  dispense  obtenue  dans  les 
affaires  d'Angleterre.  »  (Arch.  des  Aff.  étr. 
Angleterre,  t.  aG,  loi.  3ia.)  C'est  la  ré- 
ponse à  la  lettre  du  cardinal.  La  pièce 
porte  en  tête-.  «  Rome ,  1 6a  5.  »  Cela  a  sans 
doute  été  mis  pour  le  classement,  lequel 
est  fautif  aussi  bien  que  ce  millésime.  En 
i6a5,  le  P.  de  Bérulle  était  en  Angleterre 
et  non  à  Rome. 

'  Voy.   t.   II,   p.  20.   Lettre   du    roi  à 
M.  d'Effîat. 


552  LETTRES 

mêlés  du  catholicisme  et  de  la  réforme,  mais  surtout  parce  qu'on  y  avait  donné 
au  pape  une  intervention  politique  qui  en  augmentait  les  difficultés.  Richelieu 
conduisit  cette  épineuse  et  longue  négociation  avec  une  habileté  fort  discrète. 
Toutes  les  lettres  de  lui  que  nous  avons  sur  ce  sujet  en  sont  un  témoignage.  On 
lui  en  a  prêté  une  qu'on  pourrait  s'étonner  de  ne  pas  trouver  dans  ce  recueil  et 
qu'il  ne  faut  point  passer  sous  silence,  parce  qu'elle  a  fait  un  bruit  auquel  le 
nom  de  Voltaire  a  donné  du  retentissement;  et  on  l'a  maintes  fois  citée  comme 
un  des  signes  du  caractère  de  Richelieu. 

lia  Vieuville  était  renvoyé  le  i3  août;  dès  le  23,  Richelieu  écrivait  à  M.  de 
Marquemont,  alors  en  mission  à  Rome,  une  lettre  que  nous  avons  donnée  ',  et 
où  le  ministre  annonçait  la  ferme  résolution  du  roi  «  de  se  retirer  avec  honneur  de 
cette  affaire  de  la  Valteline ,  par  quelque  voie  que  ce  puisse  estre.  »  Dans  cette  lettre 
et  dans  celles  qui  suivent,  adressées  au  même  Marquemont,  il  n'est  parlé  du  pape 
qu'en  termes  toujours  respectueux.  Enfin,  le  23  octobre:  «Je  suis  profondé- 
ment aise  (mande  Richelieu  à  Marquemont)  que  les  propositions  que  M.  de 
Béthune  est  chargé  de  faire  au  pape  aient  été  jugées  à  propos.  Je  m'estonne  gran- 
dement si  S.  S.  ne  contribue  à  terminer  cette  affaire,  comme  elle  doit,  veu  les 
grands  inconvéniens  qui  en  peuvent  arriver.  Si  le  conseil  du  roy  eust  esté,  il  y  a 
six  mois,  tel  qu'il  est  maintenant,  on  auroit  commencé  de  meilleure  heure  ci  prendre 
de  bonnes  résolutions ,  et  ainsy  l'afiaire  seroit  aux  termes  que  nous  la  pourrions 
tous  désirer;  mais  lors  il  étoit  impossible.  Ce  qui  me  fasche  le  plus  en  cela,  est 
que  nous  perdons  de  belles  occasions  pour  avancer  la  religion  par  cette  malheu- 
reuse affaire,  à  laquelle  j'espère  enfin  que  Dieu  mettra  la  main.  Je  vous  puis 
asseurer  qu'on  n'oubliera  rien  de  deçà  de  ce  qu'il  faut  pour  en  sortir  2.  » 

C'est  toute  la  lettre.  Voici  maintenant  ce  qu'on  lit  dans  V Essai  sur  les  mœurs  : 

»  Marquemont,  ambassadeur  de  France  à  Rome,  écrit  à  Richelieu  une  longue 
dépêche,  dans  laquelle  il  étale  toutes  les  difficultés  de  cette  affaire  (la  Valteline). 
Celui-ci  répond  par  cette  fameuse  lettre  ;  <  Le  roi  a  changé  de  conseil  et  le  mi- 
nistère de  maxime;  on  enverra  une  armée  dans  la  Valteline,  qui  rendra  le  pape 
moins  incertain  et  les  Espagnols  plus  traitables'.  » 

Voltaire  ne  cite  point  son  autorité.  J'ai  cherché  partout  celte  fameuse  lettre 
dans  les  manuscrits  de  Richelieu;  je  n'avais  garde  de  l'y  trouver,  elle  n'est  pas 
du  cardinal,  elle  est  de  Saint-Evremond;  je  fai  rencontrée,  saiis  la  chercher, 
dans  la  dissertation  sur  le  mot  Vaste  ''. 

■'  Je  veux  rapporter  une  chose  peu  connue,  mais  très-véritable,  dit  Saint-Evre- 

'  T.  II,  p,  27.  —  "  4bid.  p.  37.  copié  Voltaire,  qui  avait  copié  Saint-Evre- 

'  T.  XVlil,  p.  199  de  f  édition  de  Vol-         niond. 
taire  de  Beuchot.  —  Jay  (l.  I,  p.  dg)  a  '  T. I,  p.  i48,de  fédition  de  M.Giraud. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  553 

mond;  M.  de  Marquemont  écrivit  une  grande  lettre  au  cardinal  de  Richelieu  sur 

les  affaires  de  la  Valteline pour  réponse,  le  cardinal  de  Richelieu  lui  écrivit 

quatre  lignes,  dont  voici  le  sens  :  «  Le  roi  a  changé  de  conseil  et  le  conseil  de 
maxime.  On  envolera  une  armée  dans  la  Valteline  qui  rendra  le  pape  plus  facile 
et  nous  fera  avoir  raison  des  Espagnols.  » 

Voilà  ce  que  Voltaire  a  copié  en  modifiant  quelques  mots;  et  voyez  le  progrès 
naturel  de  l'erreur;  Saint-Evremond  avertit  qu'il  rapporte  seulement  le  sens  de 
la  lettre  de  Richelieu  ;  Voltaire  dit  que  c'est  la  lettre  elle-même.  Or  on  voit  par 
le  véritable  texte  que  nous  avons  donné  et  où  nous  avons  souligné  la  phrase 
transfonnée ,  combien  l'expression  diffère  de  celle  de  la  lettre  imprimée  dans 
Saint-Evremond;  il  suffit  d'avoir  étudié  un  peu  attentivement  la  manière  de 
Richelieu  pour  reconnaître  qu'une  telle  lettre  était  impossible.  Le  cardinal  qui, 
en  elTet,  envoya  une  armée  en  Valteline  avec  l'intention  d'exeicer  une  salu- 
taire influence  sur  les  résolutions  du  Saint-Père,  n'était  pas  homme  à  écrire 
qu'il  forcerait  la  main  au  pape  par  l'envoi  d'une  armée.  C'est  là  du  style  de 
Saint-Evremond,  ce  n'est  pas  celui  de  Richelieu.  Le  cardinal,  qui  n'a  jamais  rien 
cédé  au  pape,  a  toujours  parlé  du  souverain  pontife  avec  la  plus  sage  circons- 
pection, constamment  attentif  à  mettre  autant  de  ménagement  dans  ses  paroles 
que  de  fermeté  dans  ses  desseins;  à  soutenir  les  droits  et  les  intérêts  de  la 
France,  tout  en  conservant  dans  son  langage  les  convenances  que  lui  imposaient  ' 
sa  dignité  de  cardinal  et  le  respect  dû  au  chef  de  l'Eglise. 


cxir. 

Arch.  de  l'Empire,  M,  aSa,  liasse  :  Angleterre,  n°  6,  B  '.  — 
Originnl  de  la  main  de  Charpentier. 

AU  RÉVÉREND  PÈRE  DE  RÉRULLE, 

SDPÉRIGCn  DE   LA  CONGnÉCATION   DE   L*OBATOIRB  ,  ESTANT   DE  PRESENT   À   ROME. 

8  novembre  i6î4. 

Mon  père,  j'ai  esté  très-aise  de  cognoistre,  par  vostre  lettre  du 
7  d'octobre,  que  l'afiaire  de  M.  Schmith  soit  en  l'estat  que  vous  me 

'  Nous  devons  à  M.  l'abbé  Houssay,  qui  cieuses  recherches,  la  connaissance  de  ce 
prépare  une  histoire  (lu  cardinal  (le  Bérulle,  carton  de  l'Oratoire;  nous  ne  l'avions  pas 
avec  une  grande  application  el  de  conscien-         eu  dans  notre  ancien  travail  aux  Archives. 

CARDIN.  DE  niCHFXIEC.  —  V».  70 


554  LETTRES 

mandez  \  et  que ,  pour  la  faciliter  davantage ,  M'  le  cardinal  de  la 
Valette  ayt  voulu  se  charger  de  voir  les  papiers  qui  concernent  cette 
affaire.  Ne  doutant  point  que  les  considérations  que  vous  me  tesnioi- 
gnés  avoir  représentées  sur  ce  sujet  à  Sa  Sainteté  ne  soient  assez 
fortes  pour  surmonter  les  calomnies  que  l'on  y  apporte,  pour  lascher 
d'en  empescher  l'effect.  Je  ne  vous  prie  point  de  continuer  à  y  contri- 
buer vostre  soing,  sachant  que  vous  n'y  obmettrés  rien  de  tout  ce  que 
vous  estimerés  y  estre  nécessaire  pour  faire  que  l'on  en  ayt  le  conten- 
tement qu'on  désire,  puisque,  outre  le  bien  que  vous  savés  qui  en 
peut  revenir  à  l'église ,  c'est  chose  que  j'affectionne  particulièrement. 
Seulement,  vous  conjuré-je  de  faire  estât  très-asseuré  que  personne 
n'est  plus  que  moy. 

Mon  père, 


Vostre  très  affectionné  à  vous  servir. 

Le  Gard.  DE  RICHELIEU. 


De  Paris,  ce  S"*  novembre  lôaA- 


cxni. 

Arch.  de  l'Empire,  M,  a3a,  Angleterre,  E,  17.  — 
Original  de  la  main  de  Le  Masle. 

AU  RÉVÉREND  PÈRE  RÉRULLE, 

SDPÉRIEUR  DE  LA  CONGREGATION  DE  L'ORATOIRE,  DE   PRESENT  À  ROME. 

36  novembre  162^. 

Mon  père,  vous  verres,  par  les  articles  du  mariage  d'Angleterre, 
qu'on  vous  envoyé  comme  ils  ont  été  accordez  et  signez  soubs  le  bon 

'  Le  comte  de  Béthune ,  alors  ambassa-  temps  au  pape  le  litre  d'évesque  pour  un 

deur  de  France  auprès  du  Saint-Père ,  écri-  Anglois,  Richard  Smith.  J'ay  descouvert 

vait  au  secrétaire   d'Etat   d'Herbault,  le  que  l'opposition  venoit  des  Jésuites,  qui 

9  septembre,  avant  l'arrivée  du  P.  de  Bé-  allèguent  qu'il  ne  les  ayme  point;  mais,  en 

rulle  à  Rome  :  «  On  demande  depuis  long-  effet,  c'est  qu'ils  ne  veulent  point  en  cette 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  555 

plaisir  de  Sa  Sainteté ,  qui ,  je  m'asseure ,  accordera  promptement  la 
dispense,  puisque  les  conditions  qui  regardent  la  religion  sont  si 
bonnes  et  si  advantageuses^  Beaucoup  de  considérations  font  souhai- 
ter qu'il  n'y  ayt  point  de  délay  en  cette  dispense,  et  je  vous  prie  de 
croire  cpie  cela  est  très-important.  Je  nie  promets  aussy  que  vous  y 
veillerés  très-soigneusement. 

^  Je  ne  suis  pas  assez  bon  courtisan  pour  faire  valoir  ce  que  je  fais, 
principalement  quand  je  cognois  qu'il  n'en  vault  pas  la  peine.  Cepen- 
dant, puisque  vous  avés  désir  de  voir  ce  qui  se  passe  entre  moy  et 
lAngleterre,  je  vous  envoie  les  lettres  que  le  roy  de  la  Grande-Bre- 
tagne et  le  prince  de  W.  ^  m'ont  escrites  et  les  responses  que  j'y  ay 
faites.  Vous  verres  que  le  roy  me  faict  l'honneur  de  m'escrire  avec  tous 
les  tiltres  qu'on  donne  aux  cardinaux ,  et  plus  de  civilité  que  tous  les 
autres  roys  n'ont  accouslumé  de  leur  faire.  Sa  Sainteté  ne  sera  pas  fas- 
chée,  je  m'assem-e,  de  le  voir;  vous  les  luy  monstrerés,  s'il  vous  plaist, 
et  à  quelc[ues-uns  de  MM.  les  cardinaux,  comme  de  vous-mesmes.  Je 
suis , 

Mon  père, 

Vostre  très  affectionné  à  vous  servir. 

Le  Card.  DE  RICHELIEU. 

A  Paris,  ce   26  novembre  1624. 

place  d'homme  vigoureux. .  .J'espère  que  Sa  nommé  évêque  de  Chalcédoine  inpartibus. 
Sainteté  consentira  à  le  faire  évcsque.  Cette  '   Voy.  notre  2°  vol.  p.  3o. 

partialité,  qui   est  entre  les  uns  et  les  au-  '  On  a  cru  à  tort  qu'à  partir  d'ici  l'écri- 

trcs ,  porte  grand  préjudice  à  l'avancement  ture  était  celle  du  cardinal  ;  l'encre  est  dif- 

de  la  religion  catholique  en  Angleterre.  »  férente,  et  peut-être  la  plume  a  changé, 

[Arcliiv.  des  Ajf.  élrang.  Rome,  i.  XXXV.)  mais  c'est  la  même  main. 
Cet  ecclésiastique  fut,  quelque  temps  après,  '  Galles.  (Walies.) 


70, 


556  LETTRES 


CXIV. 

Arch.  des  AIT.  étr.  Angleterre,  t.  26,  fol.  Sa/j.  — ■ 
Copie  de  la  main  d'un  secrétaire  de  Richelieu. 

[Vers  la  fin  de  novembre  1624  ' .] 

Il  faut  adjouster  au  papier  de  confiance^,  qu'on  aura  pour  but  prin- 
cipal d'extirper  l'hérésie  et  ruiner  le  party;  ce  qui  se  fera  incontinent 
que  l'affaire  de  la  Valteline  sera  terminée. 

Faut  représenter  combien  l'on  désire  qu'elle  se  finisse,  de  peur 
qu'elle  ne  ilonne  lieu  de  s'einbarquer  en  quelque  ligue  qui  divertisse 
un  sy  bon  dessein. 

Le  roy  pourra  désirer,  par  déclaration  particulière,  que,  devant 
d'acomplir  le  mariage,  le  roy  de  la  Grande-Bretaigne  fasse  expédier 
lettres  nécessaires  à  son  chancelier  pour  empescher  à  l'advenir  la  per- 
sécution des  catholiques,  et,  de  plus,  que  ces  lettres  soient  actuelle- 
ment effectuées  en  Angleterre  auparavant  que  rien  parachever. 

Le  roy  peut  désirer  de  plus  que  Madame  obtienne,  par  prières, 
que  nul  catholique  ne  soit  recherché  pour  assister,  en  ses  chapelles, 
au  service  divin  avec  elle. 

Le  roy  peut  encore  désirer  non-seulement  que  les  catholiques 
anglois  ne  soient  point  contraints  à  faire  le  serment  auquel,  jusques 
à  présent,  on  les  a  voulu  astreindre,  mais  qu'ils  soient  receus  à  en 

'   La  date  manque,  mais  cette  pièce  est  et  franchise  en  tout  ce  qui  regarde  la  re- 

hien    classée    dans  le   manuscrit   en   no-  ligion,  qu'ils  n'eussent  faicl  en  vertu  d'ar- 

vembrc.  (Voy.  dans  notre  2°  vol.  p.  5o,un  ticle  quelconque  accordé  par  le  Irailté  de 

mémoire  auquel  celte  pièce  se  rapporte.)  mariage  faict  avec  l'Espagne.  « .   .  «  On  ne 

Nous  trouvons  aussi,  dans  le  manuscrit  cité  le%  astreindra  à  aucun  serment  contraire 

aiax  sources,  fol.  286,  un  écrit  signé  des  à  leur  religion.» 

ambassadeurs  d'Angleterre  Carlisle  et  Hol-  "  Je  ne  trouve  point  de  pièce  récente 

land,  une   autre    pièce   datée  du   18  no-  à  laquelle  ceci  se  rapporte;  il  s'agit  s;ms 

vembre  et  intitulée  :  éciit  parlicalier.  C'est  doute  encore  du  a  petit  papier  »  dont  il  a 

une  promesse  du  roi  d'Angleterre  de  don-  été   question  dans  la  lettre  du   1  2  sep- 

ner  à  ses  sujets  catholiques  «  plus  de  liberté  tembre,  p.  549  ci-dessus. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  557 

faire  un  qui ,  asseurant  le  roy  de  la  Grande-Bretaigne  de  leur  fidélité , 
ne  contienne  rien  contraire  à  la  religion  catholique. 

Le  roy  de  la  Grande-Bretaigne  [asseure-bien]  qu'on  ne  présen- 
tera point  à  ses  sujets  catholiques  le  serment  auquel,  jusques  à  pré- 
sent, on  les  a  contraints;  mais  il  ne  veult  pas  les  recevoir  à  faire  un 
autre  serment,  ce  qui  montre  bien  qu'il  peut  avoir  intention  de  les 
contraindre,  à  l'avenir,  au  premier  serment. 


CXV. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  Espagne,  t.  i3,  fol.  349-  — 
Mise  au  net  de  la  main  de  Charpentier. 

[ novembre  162/1  '.] 

Madame  du  Fargis  m'a  dict  que  le  comte  d'Olivarez  avoit  tesmoigné 
à  M'  du  Fargis  une  extresme  passion  d'estre  bien  avec  moy;  qu'il 
avoit  prié  M'  du  Fargis  instamment  de  me  le  faire  sçavoir;  qu'il  avoit 
esté  sur  le  point  de  me  l'escrire  luy-mesme. 

Elle  m'a  dict,  de  plus,  que  M' du  Fargis  lui  mandoit  que  la  grande 
passion  qu'il  avoit  d'estre  bien  avec  moy  feroit  qu'il  se  porteroit  volon- 
tiers à  rhabiller  quelque  chose  du  traitté  qu'il  envoyoit  au  cas  qu'on 
ne  le  trouvast  pas  bien. 

Je  luy  ay  demandé  d'où  venoit  ce  changement,  veu  qu'il  n'y  a  pas 
un  mois  qu'elle  m'avoit  dicttpie  led.  comte  et  les  Espagnols  désiroient 
pas.sionnément  ma  perte;  qu'ils  n'oublieroient  volontiers  rien  de  ce 
qu'ils  pourroient  pour  la  procurer,  mesme  n'y  plaindroient  pas  leur 
argent. 

Elle  m'a  respondu  que  les  Espagnols  estoient  de  ce  naturel  que 
quand  ils  voyoient  ne  pouvoir  esbranler  l'establissement  et  la  fermeté 
d'une  personne,  ils  la  recherchoient,   et  qu'il   falloit  que  le   comte 

'  Lesecrétaire n'a pointdalé  cette  pièce;  en  tout  cas,  que  ceci  doit  avoir  été  écrit 
on  a  mis  en  tète  :  «  novembre  1 624 ,  »  et  on  lorsque  Richelieu  avait  déjà  une  part  con- 
l'aclasséeaprèslemoisd'octobre. Il  semble,        sidérable  dans  les  affaires. 


558  LETTRES 

d'Olivarez  jugeast  que  les  affaires  de  son  maistre  requissent  estre  en 
bonne  intelligence  avec  la  France,  ou  que  luy  estimast  cela  nécessaire 
aux  affaires  de  sa  personne,  et  qu'en  quelque  cas  que  ce  feust,  ayant 
le  crédit  que  j'avois,  il  désiroit  passionnément  esire  bien  avec  moy. 

Après  luy  avoir  dict  plusieurs  fois  que  j'honorois  le  comte  d'Oli- 
varez ,  et  serois  bien  aise  de  le  servir  dans  le  service  du  roy,  mais  que 
je  ne  voulois  point  d'intelligence  particulière  avec  luy,  comme  desjà 
je  luy  avois  dict  à  son  arrivée,  elle  m'a  dict  en  riant  qu'elle  voyoit  bien 
que  je  craignois  de  dire  des  paroles  qui  m'engageassent,  mais  que  ce 
n'estoit  point  son  dessein,  et  qu'elle  me  prioit  de  luy  dire  si  M.  du 
Fargis  ne  devoit  point  respondre  à  cette  grande  passion  qu'il  tesmoi- 
gnoit,  ou  s'il  devoit  dire  quelque  chose. 

Je  luy  ay  respondu  qu'il  estoit  vray  que  le  nom  d'Espagne  estoit 
suspect;  mais  qu'alin  qu'il  n'y  eust  point  de  mesprise,  je  luy  donne- 
rois  par  escrit  ce  qu'elle  devoit  respondre ,  ce  que  j'ay  faict  exprès 
pour  avoir  le  temps  de  le  sçavoir  du  roy,  qui  m'a  commandé  de  luy 
dire  ce  qui  s'en  suit  : 

Il  faut  mander  à  M'  du  Fargis  qu'il  remercie,  de  ma  part,  s'il  luy 
plaist.  M"'  le  comte  d'Olivarez  de  festime  qu'il  tesmoignoit  faire  de 
moy,  et  du  désir  qu'il  avoit  de  mon  amitié,  dont  il  recevroit  toutes 
sortes  de  tesmoignages  dans  le  service  du  roy  mon  maistre.  Qu'il  pou- 
voit  beaucoup  contribuer  à  l'union  de  ces  deux  couronnes,  à  quoy,  de 
ma  part,  je  n'oubiierois  rien  de  ce  qui  deppendroit  de  moy.  Que  je 
sçavois  bien  qu'il  croyoit  que  j'eusse  aversion  à  l'Espagne,  ce  qui 
n'estoit  point ,  en  effect.  Que  bien  estois-je  sy  passionné  François  que 
toutes  fois  et  quantes  qu'ils  entreprendroient  quelque  chose  au  pré- 
judice des  intérests  du  roy  mon  maître ,  ils  me  trouveroient  sy  affermy 
à  m'y  opposer  que  rien  ne  m'en  pourroit  destourner;  mais  que,  hors 
cela,  il  verroitje  m'asseure  que  je  me  resjouiray  tousjours  de  leur 
contentement  dans  une  bonne  intelligence  et  correspondance  avec  cet 
estât.  Que  si  les  différends  qui  sont  entre  ces  deux  couronnes  pou- 
voient  une  fois  estre  terminés,  il  me  seroit  aisé  de  luy  faire  voir  avec 
quel  ressentiment  je  reçoy  l'offre  qu'il  me  faict  de  son  amitié;  estant 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  559 

très-asseuré  que  le  roy  me  commandera  de  le  faire  souvenir  de  toutes 
les  occasions  es  quelles  il  pourra  luy  tesmoigner  sa  bienveillance, 
et  de  n'en  perdre  aucune  de  le  servir  en  mon  particulier,  en  quoy  il 
me  cognoistroit  très-diligent. 


ANNEE   1625. 


GXVI. 


Arcli.  des  AIT.  étr.  Constantinople ,  t.  3,  fol.  ii6.  — 
Extrait  d'une  lettre  chiffrée. 

LE  ROY  A    M.  DE  CÉSY '. 

Ue  Paris,  ce  3o'juin  lôaS. 

La  fin  de  votre  dernière  lettre-  est  très -considérable,  voyant 

quelque  espérance  d'establir  le  patriarche  Antimo,  et  déposséder 
Cirille,  lequel  estant  esloigné  de  la  doctrine  de  l'Église,  en  pro- 
cure la  ruine,  dont  mon  service  puis  après  souffriroit  extresmement. 
Ceux  qui  en  Levant  ont  pour  but  de  la  ruiner,  se  trouvans  attachez 
d'intérests  contre  la  religion,  desquels  vous  avés  à  vous  garder,  et  me 
conserver  l'alliance  du  Grand  Seigneur  pour  m'en  pouvoir  prévaloir 
en  mes  affaires,  et  pour  la  conservation  de  tant  d'âmes  desquelles  je 
.suis  touché  de  compassion,  et  dont  je  déplore  la  condition;  à  quoy, 
du  costé  de  Rome,  je  seray  assisté,  le  nonce  de  Sa  Sainteté  nVaiant 
desjà  faict  entendre  qu'ils  contribueroient  de  l'argent  pour  faire  dé- 
posséder led.  Cirille.  Ce  que,  de  mon  costé,  je  feray  en  mesme  pro- 
portion ,  et  ainsy  pour  six  ou  huict  mil  escuz ,  la  chose  se  pouvant 

'  Philippe  de  Harlay,  comte  de  Césy,  .  nople.  Né  en  i56i,  il  mourut  à  soixante 

l'un  des  membres  distingués  de  cette  nom-  et  onze  ans,  le  4  juin  i632. 
breuse  famille  des  Harlay;  il  était  cousin  '  Je  ne  trouve  point  la  lettre  de  M.  de 

d'Achille.  Il  fut,  pendant  plus  de  vingt  Césy  dans  ce  manuscrit, 
ans,  ambassadeur  de  France  à  Constanti- 


560  LETTRES 

exécuter,  vous  la  pouvés  entreprendre,  et,  me  le  mandant,  je  donneray 
ordre  que  celte  somme  vous  soit  envoyée. 


CXVII. 

Arch.  des  Aff.  élr.  Rome,  six  premiers  mois,  I.  36,  fol.  i35. 

ESCRIT  RAILLÉ  A  M.  LE  NONCE' 

'  LE  FÉVRIEB    1626. 

[Commencement  de  février  '. ] 

Sur  les  instances  faictes  au  roy  au  nom  du  pape  par  M"^  son  nonce 
et  par  le  sieur  Nary,  envoyé  exprès  par  Sa  Saincteté  sur  les  affaires 
présentes  de  la  Valteline, 

Sa  Majesté  a  faict  response  (jue,  pour  le  respect  qu'elle  porte  à 
Sa  Saincteté,  et  pour  luy  faire  cognoistre  que  ce  que  le  marquis  de 
Cœuvres  a  entrepris  dans  lad.  Valteline  a  esté  plustost'par  occasion 
et  nécessité  que  par  ordre  exprès  qu'il  en  eust  de  Sa  Majesté,  bien 
qu'il  se  peust  faire  justement  par  les  raisons  qui  en  ont  esté  réputées. 
Sa  Majesté  fera  commandement  aud.  marquis  de  n'entreprendre  au- 
ctme  chose  d'ici  à  deux  mois,  à  comencer  du  i5  du  mois  de  février, 
sur  les  forts  de  Rives  et  de  Chiavennes,  par  la  seule  considération 
des  enseignes  du  pape.  Si  toutefois  les  Espagnols  et  leurs  adhérens 
attaquoient  les  forces  du  roy  en  la  Valteline  ,  ladicte  surséance  n'auroit 
point  d'effect. 

Cette  préfixion  doit  estre  agréable  au  pape 

M""  le  nonce  jugera  combien  il  importe  que  cette  affaire  soit  tenue 

'   Je  trouve  celle  annotation  sur  le  ma-  '  Le  quantième  est  resté  en  blanc ,  mais 

nuscril  :  «  Note  faite  pour  le  nonce  et  qui  la  pièce  est  de  la  fin  de  janvier  ou  du  com- 

ne  luy  a  pas  esté  baillée,  led.  nonce  s'es-  niencement  de  février,  puisqu'il  s'agit  d'une 

tant  contenté  de  la  parole  semblable  qui  mesure  dont  on  prescrit  l'exécution  à  par- 

luy  en  a  esié  donnée.  »  (Voy.  ci-après  aux  tir  du  i5  février, 
analyses,  i5  février.) 


DU  CARDINAL   DE   RICHELIEU. 


561 


très-secrète,  pour  faire  réussir  les  bonnes  intentions  de  Sa  Majesté 
et  de  sa  Sainteté. 

L'union  de  la  jeune  sœur  du  roi  avec  le  prince  de  Galles,  non  moins  que  la 
Valteline,  occupait  alors  la  cour  de  France;  c'était  aussi  une  grande  affaire  àRome; 
le  manuscrit  cité  aux  sources  est  rempli  de  documents  dont  nous  citerons  seule- 
ment les  suivants,  qui,  faute  de  date,  ont  été  classés  à  la  fln  de  février  : 

•  Conditions  qui  se  doivent  entièrement  et  absolument  promettre.  » 

•  Conditions  utiles  à  la  religion  catholique que  S.  M.  s'efforcera  d'obteuir.  • 

■  Obligations  à  faire  par  le  roy  très  chrestien  en  faveur  du  Saint-Siège,  etc.  » 


cxvm. 

Angleterre ,  t.  33 ,  fol.  1 3 1 .  —  Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

[A  M.  D'EFFIAT'.] 

lo  mai  1625. 

J'ai  reçeu  le  billet  que  vous  m'avés  envoyé,  louchant  le  dessein  de 
60  et  6 1 2,  pour  la  liberté  et  lé  rétablissement  de  48  ^ .  .  .  pour  la  com- 
position *  de  Beaumarchais,  je  les^  favorise  autant  que  je  puis,  selon 
l'humeur  que  vous  cognoissés  un  peu  glorieuse  de  l\Ç>  (le  cardinal  de 
Richelieu),  et  un  cœur  que  je  puis  dire  ne  se  plaire  pas  aux  actions 
ordinaires.  Pour  la  liberté  de  48  je  le  voudrois;  mais  ce  n'est  pas 
chose  qui  soit  preste  à  estre  meure.    Pour  le  restablissement,  s'ils 


'  L'ambassade  de  M.  d'ElEat  est  con- 
servée en  copie  aux  Affaires  étrangères, 
t.  XXX,  XXXI,  XXXII,  XXXIV,  XXXV 
d'Angleterre. 

'  Les  ambassadeurs  d'Angleterre,  lords 
Carlisie  et  HoUand. 

'  Ce  doit  être  un  chiffre  fautif:  partout, 
dans  celte  correspondance,  ^8  signifie  le 
roi.  11  s'agit  sans  doute  du  marquis  de 
La  Vieuville,  gendre  de  Beaumarchais,  et 
qui,  après  sa  disgrâce,  fut  enfermé  au 
château  d'Amboise.  Il  avait,  pendant  son 
ministère,  rendu   des   services  aux   deux 

CARDIN.  DE  niCIIELIED.  — ,-  VU. 


ambassadeurs  qu'on  vient  de  nommer. 
[Mém.  de  Rich.t.  II,  p.  333,  édit.  Petitot.) 

'  Ce  mot  est  écrit  en  abrégé  dans  le  ma- 
nuscrit; il  signifie  arrangement;  Beaumar- 
chais avait  des  comptes  à  rendre  comme 
trésoriar  de  l'épargne.  Il  s'était  enfui  lors 
de  la  chute  de  son  gendre;  condamné  à 
être  pendu,  il  fut  exécuté  en  effigie.  Mais 
cette  condamnation  précipitée ,  rendue  sur 
des  accusations  qui  ne  purent  être  prou- 
vées, n'eut  pas  de  suite,  et  Beaumarchais 
s'en  tira  avec  de  l'argent. 

'  On  pourrait  lire  :  «  l'v.  > 

7> 


562  LETTRES 

peuvent  changer  le  cœur  du  roy  et  universellement  de  toute  la 
France,  ils  peuvent  faire  cette  affaire,  mais  non  pas  autrement.  Ces 
gens  ne  prennent  pas  bien  leurs  mesures.  Pour  ce  qui  est  de  la  ligue, 
asseurés-vous  qu'ils  ne  feront  rien^  Le  partement  de  votre  flotte  sera 
bien  tardif  à  mon  advis,  et  cela  nous  donne  quelque  occasion  de 
croire  que  ce  n'est  pas  tout  de  bon  que  de  vostre  costé  on  veut  atta- 
quer l'Espagne. 

Vous  dires  à  Sg  (Buckingham)  un  advis  que  j'ai  donné  à  M.  Gor- 
ring  seul,  à  la  charge  de  n'en  parler  qu'à  luy,  qui  est  que  M.  de 
Baugy,  résidant  en  Flandres ,  a  escrit  au  Roy  qu'on  tramoit  là  un  des- 
sein contre  luy,  pour  pratiquer  quand  Gondemar  auroit  pris  ses  me- 
sures en  Angleterre.  L'advis  doit  venir  de  Flandres,  et  doit  porter 
que  69  veut  faire  empoisonner  le  roy,  pour  faire  le  Palatin  roy,  à 
condition  que  le  fils  du  Palatin  espousera  la  fille  de  Buckingham. 
Gorring  m'a  dit  que  69  sçait  bien  qvi'ils  ont  desjà  eu  ce  dessein  du 

temps  du  feu  roy La  reyne  enchargera  particulièrement  ^4 

(Madame^)  de  le  dire  à  55  (le  roy  d'Angleterre)  devant  69  mesme, 
comme  on  a  descouvert  qu'ils  ont  dessein  d'user  de  cette  extresme 

mahce  et  imposture  pour  ruiner  59 Cet  advis  donné  de  Madame 

frappera  un  grand  coup  dans  l'esprit,  du  roy 

Quand  44  sera  arrivée,  je  seray  parfaitement  ayse  qvie  vous  veniés 
icy.  Les  ambassadeurs  se  laissent  entendre  sourdement  que  le  roy 
fera  une  action  de  cavalier  venant  à  Bologne  quérir  sa  maistresse  et 
voir  les  reynes  qui  vont  jusque-là.  Je  vous  prie  me  mander  ce  qui  en 
sera  sans  que  personne  sache  que  je  vous  en  aye  escrit. 

'  Buckingham,  venu  en  France  à  l'oc-  faire  mention.  Le  sujet  plus  développé,  et 

casion  du  mariage  de  la  sœur  de  Louis  XIII,  avec  une  rédaclion  différente,  a  été  traité 

était  chargé  de  mettre  à  profit  cette  circons-  dans  les  Mémoires  de  Richelieu  (  Manuscrit 

tance  pour  négocier  certaines  affaires  po-  des  Affaires  étrangères ,  t.  II ,  folios  33 1 , 

Htiques,  et  notamment  ce  projet  de  ligue.  337;  édit.  Petitot,  t.  II,  p.  Itbg-ièi.  Voy. 

Nous  trouvons  aux  Affaires  étrangères  (An-  aussi  notre  2*  volume,  page  72,  note  3). 
gleterre,  t.  XXXIII,  fol.  2o3)  un  avis  sur  ^  Henriette  -  Marie ,    dont    le   mariage 

les  propositions  de  Buckingham;  la  pièce  allait  être  célébré  à  Notre-Dame,  le  len- 

estdelamaindeCharpentier,avecquelques  demain  11  mai. 
notes  du  cardinal  ;  nous  nous  bornons  à  en 


DU  CARDINAL   DE  RICHELIEU. 


563 


CXIX. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Angleterre,   t.  33,  fol.  188.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier'. 

A  M.  DE  BÉRULLE. 

20"  juillet  1625. 

Je  loue  Dieu  de  ce  que  la  reyne  faict  tout  ce  que  l'on  pourroit 
désirer  de  son  âge.  Par  ce  moyen  elle  acquerrera  grande  gloire  devant 
Dieu  et  grand  honneur  devant  le  monde,  estant  certain  que  si  elle  fai- 
soit  autrement  on  l'accuseroit  ou  de  foiblesse  natiu-elle  ou  d'avoir 
tant  de  passion  pom-  le  mary  que  Dieu  luy  a  donné  en  terre  qu'elle 
n'en  auroit  point  pour  celuy  qti'elle  doit  avoir  pour  jamais  au  ciel. 

On  vous  envoyé  les  lettres  que  vous  demandés  sur  le  sujet  des 
Dames  du  lit  '^.  Je  trouve  quelque  péril  à  accorder  la  femme;  il  y  en 


'  Celte  minute  se  trouve,  ainsi  que  la 
suivante,  sur  une  feuille  où  Charpentier, 
écrivant  sous  la  dictée  de  Richelieu,  a  mis 
quelque  désordre;  la  première  page  con- 
tient, dans  la  première  moitié,  des  phrases 
isolées;  devaient-elles  être  intercalées  dans 
une  lettre  à  faire  aux  ambassadeurs,  ou 
dans  l'une  ou  l'autre  des  matières  de  let- 
tres écrites  sur  la  même  feuille  ?  En  voici 
un  extrait  :  »  Le  roy  est  extresmement  fasché 
du  peu  de  facilité  que  vous  trouvés  à  l'exé- 
cution des  choses  promises Il  com- 
mande à  M"  les  ambassadeurs  de  ne  partir 
point  que  l'establissenient  de  la  reyne  ne 
soit   faici ,  et  que   le   parlement  ne  soit 

pQssé Le  roy  envoie  quelqu'un  exprès 

pour  hâter  l'exécution  qu'il  désire  avec 
passion » 

'  L'évêque  de  Mende  avait  écrit  le 
1"  juillet  (date  douteuse)  :  «  Buckingham 


a  placé  sa  mère ,  sa  femme  et  sa  sœur  au- 
près de  la  reyne.  (Ms.  cité  aux  sources, 
fol.  186.)  Les  Mémoires  de  Richelieu  ne 
disent  qu'un  mot  de  l'affaire  des  dames  du 
lict,  mais  elle  n'était  pas  sans  importance 
à  ce  moment,  car  il  ne  s'agissait  pas  seu- 
lement de  donner  des  places  d'honneur  à 
la  famille  de  Buckingham,  l'intérêt  sérieux 
de  ce  choix ,  pour  la  jeune  reine ,  était  de  ne 
pas  voir  remplacer  auprès  d'elle  les  dames 
catholiques  venues  avec  elle  de  France  par 
des  dames  anglaises  huguenotes.  Aussi 
cette  affaire  occupe  une  certaine  place  dans 
les  correspondances  du  temps ,  et  elle  n'est 
pas  très-facile  à  débrouiller,  soit  à  cause  de 
l'incertitude  ou  de  labsence  des  dates ,  soit 
à  l'égard  des  personnes.  Les  Mémoires' de 
Richeheu  (t.  II,  p.  /I97)  disent  la  femme, 
la  sœur  et  la  nièce  de  Buckingham;  et, 
dans  les  lettres,  nous  trouvons  tantôt  ces 


564  LETTRES 

a  aussy  avec  le  temps  à  ne  l'accorder  pas,  de  peur  que  l'on  face  pis. 
Parlant  on  vous  envoyé  doubles  lettres,  les  unes  pour  demander  la 
mère,  les  autres   pour  accorder  la  mère  et  la  fille,  afin  que  vous 
usiés  de  celles  qui  seront  plus  à  propos,  estant  raisonnable  que  vous 
qui  estes  sur  les  lieux,  faciès  la  décision  de  cette  affaire. 

Je  serois  bien  fasché  qu'estant  nécessaire  là,  il  fust  icy  '. 

Je  luy  mande  entre  luy  et  moy  [qu'avec]  M.  le  légat  on  n'avance 
ny  ne  recule,  et  que  le  traitté  avec  luy  est  extresmement  délicat,  luy 
pouvant  dire  avec  vérité  que  souvent  lorsqu'on  pense  le  plus  l'obliger, 
c'est  lors  qu'il  se  met  le  plus  en  colère.  Qu'en  effect,  s'il  eust  esté  icy, 
je  croy  qu'il  eust  beaucoup  servy,  mais  qu'il  est  de  là  si  nécessaire... 


CXX. 

Arch.  des  AIT.  élr.  Angleterre,  t.  33,  fol.  188  v°.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

A  M.  DE  MENDE. 

20'  juillet  1625. 

Pour  M.  de  Mande.  Contre  la  légèreté  et  le  peu  de  foy  des  Anglois, 
en  telles  occasions  comme  celles  qu'ils  ont  à  traitter  avec  luy,  je  ne 
sache  point  de  meilleur  remède  qu'une  grande  fermeté  à  ce  qui  est 
et  ce  qu'on  estime  juste,  et  pour  la  gloire  de  telles  gens, 

une  grande  douceur  en  son  procéder  ordinaire,  telle  aussy  que,  quand 
ils  en  voudroient  abuser,  ils  cognoissent  par  l'événement,  que  quoy 
qu'ils  facent,  cela  n'est  pas  capable  de  faire  désister  des  choses  entre- 
prises. 

Quant  à  M°"^  de  Ch.  je  ne  vous  puis  dire  autre  chose,  sinon  que 

mêmes  personnes,  tantôt  la  mère  et  la  '  Richelieu ,  en  dictant  ces  matières  de 

belle-mère  du  favori.  Enfin,  quatre  dames  lettres,  change  ainsi  quelquefois  de  forme 

furent  établies  en  1626,  et   nous   avons  et  passe  du  langage  direct  à  la  troisième 

vu  les  plaintes  qu'on   en  fit  alors  (t.  I",  personne,  et  vice  versa;  dans  la  ligne  sui- 

p.  244).  vante,  nous  substituons  le  mol  avec  oublié. 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU. 


565 


l'opinion  de  beaucoup  est  que,  quand  elle  sera  de  retour,  on  n'aura 
plus  de  besoin  d'envoyer  chercher  de  guilledines  ^  d'Angleterre  ;  nous 
sçavons  tous  ses  mauvais  comportemens ,  qui  tesmoignent  grande  co- 
quélerie  en  elle  et  grande  foiblesse  en  son  mary. 

Je  vous  prie  d'asseurer  la  reyne  de  la  passion  que  j'ay  à  son  sci- 
vice  et  luy  tesnioigner  qu'encore  qu'à  son  départ  j'en  eusse  autant 
qu'on  peut  avoir  pour  personne  du  monde,  la  façon  avec  laquelle 
vous  et  M'  de  Bérule  me  mandés  qu'elle  se  comporte ,  me  la  fait  re- 
doubler, estimant  plus  le  zelle  qu'elle  a  de  ce  qui  luy  peut  apporter 
honeur  en  ce  monde,  et  gloire  solide  en  l'autre  que  toutes  les  cou- 
rones  du  monde,  lesquelles  elle  ne  posséderoit  point  avec  honeur,  si 
elle  ne  se  gouvernoit  comme  elle  faict. 

J'ay  faict  voir  à  la  reyne  ce  que  vous  m'en  mandés  tous  deux ,  qui 


'  Ce  mot,  qui  ne  se  trouve  point  dans 
les  dictionnaires  du  temps,  cst-il  fabrique 
par  Richelieu,  ou  était-il  alors  dans  l'u- 
sage populaire  ?  La  langue  ne  l'a  point 
conservé,  mais  le  mot  guilledou,  qui  est 
resté  français,  l'explique  suiTisamment ; 
l'expression  est  dure,  mais  les  rapports 
que  le  cardinal  recevait  de  l'évêque  con- 
fesseur de  la  reine  n'en  justifient  que  trop 
la  rudesse,  n  Je  suis  honteux,  mandait  M' de 
Mende,  des  impudences  de  madame  de 
Chevreuse  et  de  la  simplicité  de  son  mari. 
Iloland  presse  Chevreuse  de  lui  faire  ac- 
cepter son  logis  pour  y  faire  ses  couches , 
ne  se  réservant  pour  lui-même  qu'un  petit 
appartement,  à  quoi  Chevreuse  consentit 
facilement;  et  estoit  la  chose  résolue,  si 
honteux  de  ce  qu'il  ne  festoit  point,  je  ne 

lui  eusse  donné  à   entendre qu'on 

se  picqueroit  si  elle  ne  logeoit  dans  sa  mai- 
son. C'est  une  farce  publique,  et  ne  sert 

qu'à  déshonorer  l'Estat Elle  demeure 

tous  les  jours  cinq  ou  six  heures  enfermée 
avec  Buckingham,  Holandluy  ayant  laschc 
sa  prise Quand  on  eust  voulu   tout 


perdre,  on  n'en  pouvoit  choisir  de  pire.  » 
Après  quelques  mots  concernant  la  ma- 
réchale de  Thémines,  l'évêque  ajoute: 
«  et  semble  que  toutes  y  soient  plustost  ve- 
nues pour  establir  le  h que  la  reli- 
gion. »  Le  temps  où  M.  de  Mende  écrivait 
lui  a  permis  de  mettre  en  toutes  lettres  le 
mot  dont  nous  conservons  seulement  l'ini- 
tiale. Le  sentiment  qui  animait  l'évêque 
confesseur  de  la  jeune  reine  a  donné  à  ses 
paroles  une  exagération  qu'on  ne  peut  guère 
lui  reprocher;  il  est  trop  vrai  que  la  plu- 
part des  dames  qui  accompagnèrent  Hen- 
riette-Marie ne  firent  pas  l'édification  de  la 
ville  de  Londres.  Dans  un  autre-  mémoire, 
M.  de  Mende  disait  encore  :  «  M.  de  Che- 
vreuse joue  icy  un  très-mauvais  personnage  ; 
mon  desplaisir  est  qu'il  serve  de  fable  aux  cs- 
trangers  aussy  bienqu'aux  François.  »i\ous 
ne  devons  pas  omettre  que  M.  de  Mende, 
sur  le  fait  de  la  mission  diplomatique,  lui 
donne  ce  bon  témoignage  :  «  Chevreuse 
s'est  porté  avec  courage  sur  la  fin  de  sa  né- 
gociation. »  (Ms.  cité  aux  sources,  fol.  ig2  , 
193,  196.) 


566 


LETTRES 


en  a  un  extresme  aise,  et  m'a  dict  qu'elle  veut  commencer  à  faire  faire 
pour  elle  la  courone  de  sainte  qu'on  luy  a  prédit  qu'ime  de  ses  trois 
filles  auroit  un  jour. 

Elle  m'a  commandé  de  vous  mander  que  vous  continuiés  de  luy  es- 
crire  la  disposition  de  la  reyne  sa  fille ,  mais  sans  dissimuler  ny  flatter. 

Quant  à  ce  que  vous  me  mandés  de  la  cognoissance  qu'il  faut 
avoir  des  afî"aires,  j'y  apporteray  doucement  ce  que  je  pourray,  mais 
je  seray  bien  ayse  que  M"  de  ia  Villeauxclercs  revienne  avec  cette 
impression,  ne  pouvant  mander  ce  qui  se  pourroit  dire  sur, ce  subjet. 


CXXI. 

Arch.  de  l'Empire,  M,  74,  n'ay  (Sorbonne).  —  Original-autographe. 
Imprimée,  Musée  des  archives,  p.  idà- 

SUSCRIPTION : 

REVERENDIS   SACR^   THEOLOGI/E 

APUD  SORBONAM  DOCTORIBDS. 

26  juillet  1625. 

Reverendi  doctores,  perculit  me  vehementius  communis  jactura 
quam  ex  obitu  eminentissimi  viri  ^  experti  sumus.  Non  modo  nos, 
sed  universa  omninô  ecclesia  gravissimam  ex  eo  funere  tulit  plagam, 
feretque  acerbe  sublatum  sibi  fatorum  invidia  sidus  illud,  quod  tam 
pure,  tam  altè  omnibus  et  in  domo  et  extra  domum  praelucebat.  Ce- 
dendum  tamen  Dec,  gaudendumque  magis  quod  habuimus  quàm 
mœrendum  quod  amisimus,  praesertim  in  grandi  illa  segete  virorum 
doctissijnorum  quos  ex  celeberrima  sua  schola  alumnos  felicissimè 
emisit.  Hoc  unum  nobis  ad  spem  el  solatiumrelictum  est;  quaerendus 


'  C'est  Philippe  dé  Gamaches,  célèbre 
docteur  de  Sorbonne,  et  l'un  des  plus  sa- 
vants professeurs  de  théologie  de  son  temps. 
11  venait  de  mourir  (le  21  juillet  iGaô) 
lorsque  cette  lettre  l'ut  écrite.  Gamaches 
avait  osé  déplaire  à  Richelieu,  en  prenant 
la  défense  du  livre  De  ecclesiastica  et  poU- 
tica  potestate,  du  syndic  de  Sorbonne  Ri- 


cher,  écrit  composé  contre  les  doctrines 
ultramontaines  et  dont  le  pape  se  plaignit. 
Le  cardinal  se  souvint  sans  doute  alors  de 
l'admiration  enthousiaste  que  le  docteur 
Gamaches  avait  fait  éclater  à  l'occasion  des 
actes  que  l'évêque  de  Luçon  avait  soutenus 
jadis  en  Sorbonne,  et  il  rend  ici  à  Philippe 
de  Gamaches  une  justice  méritée. 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


567 


niniirum  lanto  prœcessori  digniis  successor.  Res  gravis,  nec  luviter 
pertractanda,  cuj  \  ut  intersim  ego,  et  rei  pondus,  et  societatis 
dignitas,  et  officii  mei  ratio  suadent.  Idcirco  quia  jam  mihi  inte- 
griuTi  non  est  hinc  niigrare ,  postulo  a  vobis  uti  me  ad  id  expectetis 
aliquandiù.  Vacabimus  Imic  operi ,  Deo  favente ,  ante  studlorum  im- 
minentis  anni  renova tionem.  Sum  intérim,  eroq.  semper, 

Reverendi  doctores. 


Vest   oium   totiusq.   societatis  amautissimus. 
Armandus  Gard,  de  RICHELIEU. 


De  Courance,  le  26  juillet  1625. 


CXXII. 

Arch.  des  Aff.  éfr.  Turin,  t.  6,  pièce  63°.  — 
Mise  au  net  d'une  écriture  que  nous  rencontrons  quelquefois. 

MÉMOIRE  DES  AFFAIRES  RÉSOLUES  AU  CONSEIL  DU   ROY, 

LE  7  AonsT  i6a5,  son  le  siège  d-ast,  qoi  wa  esté  envoyé  le  8  à  limolrs'. 


7  août  i6i5. 

Examen  du  bien  et  du  mal  qui  peut  arriver  à  propos  du  siège 
d'Ast,  si  la  nouvelle  apportée  par  Bachelier  est  vraie,  ce  que  j'ay  peine 
à  croire,  le  duc  de  Savoie  n'en  ayant  rien  mandé. 


'  C'est  ocui,  »  écrit  avec  unj.  l\ous  re- 
produisons cet  autographe  avec  une  rigou- 
reuse exactitude. 

'  Ce  titre,  écrit  au  dos  de  la  pièce,  de 
la  main  de  Richelieu,  ne  semble  pas  per- 
mettre, au  premier  coup  d'oeil,  de  lui  at- 
tribuer ce  Mémoire;  cependant  le  texte 
même  porte  si  bien  son  cachet  qu'on  ne 
sait  comment  supposer  qu'il  soit  d'un  autre 
(jue  lui.  Bien  que  dans  les  premiers  temps 
de  son  ministère  il  n'ait  pas  pris  toute 


l'autorité  qu'on  n'a  pas  tardé  à  lui  recon- 
naître, nous  ne  voyons  pas  quel  est  celui 
des  secrétaires  d'Etat  qui  aurait  pu  donner 
des  conseils  au  roi  sur  ce  ton.  Ne  peut-on 
pas  admettre  que  les  résolutions  prises  au 
conseil ,  en  l'absence  de  Richelieu ,  l'aient 
été  sur  un  mémoire  envoyé  par  lui,  ou  sur 
des  notes  données  à  l'un  des  secrétaires 
d'Etat?  Cette  considération  nous  engage 
à  conserver  cette  pièce  au  moins  en  ex- 
trait. 


568  LETTRES 

Le  bien  : 

Ce  siège  empesche  Tenneini  de  rien  entreprendre  sur  la  Valteline, 
du  costé  de  Milan. 

Il  y  a  chance  qu'une  armée  espagnole  se  ruinera. 

M"^  de  Savoie  est  deux  fois  plus  fort  que  l'ennemi,  et  si  les  Fran- 
çois et  les  Vénitiens  contribuent  ce  qu'ils  peuvent,  il  n'y  a  rien  à 
craindre  de  l'événement,  la  place  pouvant  tenir  deux  mois.  .... 
«  Et  il  sera  plus  aisé  que  jamais  d'entrer  dans  Testât  de  Milan » 

Le  mal  : 

Les  Espagnols  jettent  la  guerre  hors  de  leurs  pays,  et  de  la  defFen- 
sive  passent  à  l'oEFcnsive. 

La  conclusion  de  la  paix  de  la  Valteline  différée. 

Le  roy  estant  obligé  do  soutenir  les  Colleguez  en  Testât  de  Milan, 
peut  estre  forcé  d'entrer  en  rupture  ouverte  avec  les  Espagnols. 

Les  huguenots  seront  moins  portés  à  la  paix,  voyant  le  roy  engagé 
au  dehors. 

«  Ce  qu'il  semble  qu'il  faut  faire  :  » 

Accroistre  la  réputation  de  Sa  Majesté;  délivrer  immédiatement  des 
commissions  pour  lever  des  troupes;  tirer  une  partie  des  forces  de  l'ar- 
mée de  Champagne,  les  mettre  sous  la  conduite  de  M.  de  Vignolles. 

Le  duc  d'Angoulesme  devra  tousjours  demeurer  sur  la  frontière, 
avec  6  ou  7,000  hommes  de  pied  et  5oo  chevaux. 

Levée  de  4, 000  Suisses. 

L'affaire  de  Mansfeld. 

Voir  la  proposition  de  Tambassadeur  de  Savoie  pour  l'Angleterre, 
et  éviter  que,  dans  ce  traité,  le  roy  ne  s'engage  au  recouvrement  du 
Palatinat. 

«  Quant  aux  huguenots,  je  suis  d'opinion  que  le  roy  ne  s'arreste  pas 
avec  eux  aux  petites  difficullez,  qui  ne  peuvent  consister  qu'à  augmen- 
ter les  conditions  d'argent  pour  M.  de  Soubise,  et  deux  ou  trois  de  ses 
supposts,  et  à  abréger  le  temps  du  rasement  du  fort.  » 

«  Car,  pour  ce  dernier,  le  roy  estant  dans  six  mois  maistre  de  la  mer, 
jcomme  il  sei^a  avec  ses  vaisseaux,  la  flotte  se  pourra  aller  loger  en  Ré, 


■DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  569 

au  temps  que  les  Rochelois  prétendront  Teffect  de  la  démolition  du 
fort,  et  l'on  les  empeschera  bien  d'en  parler,  craignant  pis.  » 

Ne  point  parler  au  légat  de  l'entreprise  des  Espagnols,  mais  l'at- 
tendre  

Le  marquis  de  Cœuvres  estant  si  foible  qu'il  ne  peut  faire  autre 
chose  que  conserver  la  Valteline,  disposée  à  la  révolte,  il  ne  faut  pas 
convier  l'armée  vénitienne  à  entrer  dans  l'état  de  Milan;  mais  seule- 
ment qu'ils  se  tiennent  prêts  à  y  entrçr et  qu'ils  veillent  soi- 
gneusement à  la  défense  de  la  Valteline leur  donner  avis  des 

2,000  hommes  que  M""  de  Feuquières  conduit  en  ce  pays. 

«  fay  quelque  opinion  que  l'armée  d'Espagne  n'est  entrée  dans  le 
Piedmont  que  pour  y  rappeler  le  prince  Major,  lequel  s'en  allait  avec 
6  ou  7,000  hommes  vers  la  rivière  de  Gennes,  pour  conserver  ses 
conquestes,  dont  l'armée  des  Gennevois  '  a  desjà  repris  une  partie.  » 


CXXIII. 

.\rch.  des  Aff.  étr.  Angleterre,  t.  a6,  fol.  a  10.  —  Minute. 
Quelques  mots  de  la  main  de  Richelieu. 

AVIS. 

CE  QU'IL  FAUT  FAIRE  SOR  LE  VOTAGE  DE  BOUQDINGAN  *. 

[ . .  .  novembre  i6]5.] 

Il  sera  difficile  d'empescher  que  Bouguingam  ne  vienne  icy;  car 

'  Génois,  à  cause  de  l'italien  Genova.  dace  de  l'homme  à  bonnes  fortunes  de  la 

'  Buckingham  qui,  dans  son  voyage  du  cour  d'Angleterre.  C'était  en  novembre*, 

moia  de  mai,  avait  affecté,  non  sans  quel-  et  l'avis  dont  nous  publions  ici  un  extrait 

que  insolence,  de  témoigner  pour  la  reine  a  dû  être  donné  à  ce  moment.  Richelieu, 

une  folle  passion ,  montrait  quelques  mois  ne  considérant  ce  nouveau  voyage  do  Buc- 

après  un  vif  désir  de  revenir  en  France;  et  kingham  qu'au  point  de  vue  politique, 

Louis  XIII,  que  les  bruits  indiscrets  de  la  "    manda  à  notre  amlsassadeur  en  Angleterre, 

scènedu  jardin  d'Amiens  avaient  inquiété,  le  baron  de  Blainville,  «que  si  Buckin- 

voyait   avec    un    déplaisir    facile   à   com-  ghani  continuoil  le  dessein  de  son  voyage 

prendre  et  une  légitime  colère  cette  au-  de  France,  il  lui  dit  franchement...  que 
*  La  pièce  porte  le  millésime  de  1654,  et  elle  a  été  classée  a  cette  fausse  date. 

CARDIN    DE  BICHEI.IEP.  —  VII.  72 


570 


LETTRES 


s'il  a  passé  la  mer  après  avoir  receu  tous  les  avis  qu'on   luy  aura 
donnés  en  Angleterre  sur  le  sujet  de  son  voyage,  rien  ne  l'arrestera, 


s'il  y  vouloil  aller  comme  ami  de  l'étal  et 
affectionné  au  roi,  il  y  seroit  le  très-bien 
venu ,  mais  que  s'il  y  alloit  après  avoir  re- 
fusé au  roi  tous  les  contentemens  qui  ne 
lui  pouvoient  être  déniés... il pouvoit  bien 
juger  qu'il  ne  pourroit,  ni  ne  devroit  y 
être  bien  reçu*.  »  Buckingham  ,  qui  n'était 
nullement  disposé  à  donner  satisfaction  à 
la  France,  partit  pour  la  Hollande,  où  il 
signa,  le  9  décembre,  une  alliance  pour 
le  rétablissement  du  Palatin.  Le  cardinal 
explique  ici  les  mesures  qu'il  prit  pour 
parer  aussitôt  aux  dangers  dont  la  France 
pouvait  être  menacée  par  ce  nouvel  et  fâ- 
cheux incident.  Il  se  plaint  de  ce  que 
«  l'ambassadeur  du  roi  en  Hollande  a  com- 
mis une  grande  faute  au  refus  absolu  qu'il 
a  fait ,  de  la  part  du  roi ,  au  duc  de  Buc- 
kingham de  venir  eu  France ,  ayant  pensé 
que  la  dépêche  qu'il  avoit  reccue  de  la  cour 
i'obhgeoit  de  parler  ainsi,  au  lieu  que 
l'ordre  du  conseil  avoit  été  simplement 
qu'il  tînt  au  duc  un  langage  qui  le  conviât, 
en  venant  en  France ,  d'apporter  conten- 
tement au  roi  ".  »  Ainsi  Richelieu  ne  s'op- 
posait pas ,  sauf  certaines  conditions ,  à  l'ar- 
rivée de  Buckingham.  Ce  regret  qu'il 
exprime  dans  ses  Mémoires  s'accrut  sans 
doute  de  ce  que  lui  mandait  alors  l'évêque 
de  Mende,  grand  aumônier  de  la  jeuqe 
reine.  Après  avoir  annoncé  que  Buckin- 
gham s'était  embarqué  le  1 5  novembre , 
l'évêque  ajoutait ,  dans  une  lettre  posté- 
rieure :  «  Je  croy  que  s'il  eust  passé  en 
France,  vous  eussiez  peu,  par  un  accom- 
modement, trouver    ses    seurelez   et    les 


vostrcs  '".  »  Il  faut  dire  aussi  qu'outre  la 
mauvaise  humeur  que  pouvait  éprouver  le 
favori  des  empêchements  que  l'on  appor- 
tait à  sa  visite  projetée,  il  avait  des  motifs 
politiques  pour  lier  l'Angleterre  à  la  Hol- 
lande el  ne  paraître  pas  faire  cause  com- 
mune avec  la  France  L'évêque  de  Mende 
écrivait  dans  la  lettre  précitée  :  «  Buckin- 
gham m'a  dit  qu'il  n'y  avoit  point  de  grâce 
à  espérer  pour  luy,  si  les  vaisseaux  anglois 
servoient  à  la  ruine  des  Rochelois.  »  Il 
paraîtrait  même  que  certaines  appréhen- 
sions personnelles ,  et  la  crainte  de  trouver 
en  France  un  sort  funeste,  se  mêlèrent  à 
tout  cela.  Un  intime  ami,  lord  Holland, 
alors  ambassadeur  en  France,  que  Buc- 
kingham avait  chargé  de  sonder  le  terrain  , 
lui  écrivait,  après  quelques  explications 
politiques  :  «  Je  trouve  beaucoup  à  craindre 
pour  vous,  et  point  de  certitude  d'un  ac- 
cueil sincère  et  sûr.  Le  "^  (loi)  persiste 
dans  ses  soupçons,  en  parle  très-souvent, 
et  se  laisse  dire  par  les  vilains  que  (J?  (la 
reine)  a  des  tendresses  infinies,  vous  ima- 
ginez vers  qui. . .  Je  ne  puis  donc,  ni  pour 
les  affaires,  ni  pour  votre  sûreté  person- 
nelle, vous  engager  à  venir;  sachez  pour- 
tant que  vous  êtes  à  la  fois  le  plus  heureux 
et  le  plus  malheureux  homme  du  monde , 
car  (>)  est  pour  vous  au  delà  de  toute  ima- 
gination, et  ferait  des  choses  qui  la  per- 
draient plutôt  que  de  ne  pas  satisfaire  sou 
désir.  Je  n'ose  parler  comme  je  voudrais 
et  je  crains  d'en  avoir  trop  dit ,  tant  je  sai.s 
quelles  sont  les  mauvaises  pratiques  de 
ces  gens-ci...   Je  n'ose  vous  donner  un 


*  Mém,  de  Richelieu,  l.  II,  p.  Soi. 
fol.  262. 


--  *•  tbift.  p.  5i  1.  —  '**  Archives  des  Atf.  élr.  .Angleterre,  t.  \X\I1I, 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


571 


et  il  y  a  grande  apparence  qu'il  surprendra  le  roy,  lorsqu'on  y  pensera 
le  moins,  tels  tours  estans  ordinaires  en  Angleterre ,  et,  qui  plus  est, 
à  son  honneur  '. 

Mais  il  faudroit  qu'il  eust  perdu  la  raison  pour  venir  sans  dessein 
de  contenter  le  rov 

11  ne  laissera  pas  de  parler  pour  les  huguenots  et  pour  sa  ligue 
offensive  et  défensive;  mais  il  faut  estre  aussy  ferme  à  refuser  comme 
luy  à  demander 

Il  semble  qu'on  ne  sçauroit  faire  autre  chose  que  le  loger  chez 


conseil;  venir  est  dangereux,  ne  pas  venir 
est  bien  malheureux.  Ainsi  que  j  ai  tou- 
jours vécu  avec  vous ,  et  que  j'y  ai  mis  tout 
mon  bonheur,  de  même  je  mourrai  avec 
vous,  et  je  vous  rendrai,  j'en  jure  devant 
Dieu ,  tous  les  services  possibles  *.  »  Ce 
chevaleresque  dévouement  n'est-il  pas  plus 
ridicule  que  touchant,  et  ce  péril  d'assassi- 
nat est-il  plus  vrai  que  celte  passion  effré- 
née dont  lord  Holland  flatte  son  ami  ? 
Qu'Anne  d'Autriche  ait  é|)rouvé  un  sen- 
timent assez  vif  pour  Buckingham,  voilà 
ce  qui  paraît  vrai;  mais  des  folies  à  se 
perdre,  c'est  ce  que  la  reine  n'eût  jamais 
fait.  Ce  sont  pures  imaginations  de  cet 
Anglais,  homme  de  mœurs  fort  peu  scru- 
puleuses. Cependant  Buckingham  s'obsti- 
nait dans  sa  folle  fantaisie.  Un  an  à  peine 
après  le  refus  qu'il  avait  essuyé,  il  eut 
l'idée  de  se  faire  nommer  ambassadeur, 
s'imaginant  forcer,  avec  ce  titre,  la  porte 
de  la  France.  Bassompierre ,  à  son  retour 
d'Angleterre,  à  la  fin  de  i6a6,  •  fait  tous 
ses  efforts  pour  persuader  le  roi  d'avoir 
pour  agréable  que  Buckingham  vienne 
ambassadeur  du  roi  son  mailre,>  dit  Ri- 
chelieu, qui  ajoute  ;  «  Il  y  avoit  de  grandes 
raisons  qui  comballoient  au  contraire,  et 

*  Cabota,  1, 198.  M.  Guizol  a  imprinKS  cett#Tettre 


qui  délournoient  le  roi  de  condescendre  à 
ce  qu'il  proposoit;  le  cardinal  représente 
à  S.  M.  que. . .  l'arrivée  de  Buckingham 
étoit  honteuse  au  roi  et  préjudiciable  au 
repos  de  cet  état.»  (Mém.  t.  III,  p.  378.) 
On  voit  que  le  cardinal  modifiait  en  cela 
l'opinion  qu'il  avait  exprimée  naguère;  et 
il  faut  dire  qu'il  y  avait  alors  plus  de  rai- 
sons encore  que  l'année  précédente  de  ne 
pas  recevoir  Buckingham  ;  Richelieu  conclut 
donc  à  ce  qu'il  fût  informé  qu'on  ne  vou- 
lait pas  de  son  ambassade;  et  il  n'eut  pas 
de  peine  à  faire  accepter  sa  conclusion  à 
Louis  XIII.  La  reine  elle-même,  soit  de 
son  propre  mouvement,  soit  peut-être 
obéissant  à  des  conseils  qui  étaient  des 
ordres ,  s'associa  à  celte  exclusion  :  «  La 
reine  me  commanda,  dit  Bassompierre, 
d'écrire  à  Buckingham  pour  lui  faire  sça- 
voir  que  sa  venue  ne  lui  serait  pas  agréa- 
ble, et  qu'il  s'en  désistai.»  [Mém.  t.  III, 
p.  78.)  Quoi  qu'il  en  soit,  lorsque  deux 
ans  plus  tard  un  assassinat ,  véritable  cette 
fois,  arrêta  Buckingham  sur  le  rivage  an- 
glais, il  revenait  en  France,  non  plus 
comme  amoureux  de  la  reine,  mais  comme 
ennemi  du  royaume. 
'   Buckingham. 

dans  Un  projet  de  mariage  royal,  p.  3^8. 


7». 


572 


LETTRES 


M""  de  Chevreuse luy  tesmoignant  ne  se  soucier  pas  beaucoup, 

quelque  résolution  qu'ils  prennent 

On  peut  accorder  aux  Anglois  continuation  de  la  paye  qu'on  donne 
au  Mansfeld  pour  un  an,  plus  ou  moins ' 


'  Ernest  de  Mansfeld,  fds  naturel  du 
comte  Pierre  Pjfnest,  fut  un  des  généraux 
assez  nombreux  qui  se  firent  un  nom  dans 
les  phases  diverses  de  la  guerre  de  trente 
ans  ;  placé  par  sa  naissance  dans  une  posi- 
tion précaire ,  n'appartenant  à  aucune  des 
grandes  puissances  belligérantes,  général 
sans  maitre  et  sans  armée,  espèce  de  con- 
dottiere ,  il  était  à  la  solde  de  qui  voulait 
payer  ses  services.  Le  roi  de  France,  le 
roi  d'Angleterre  et  le  roi  de  Danemark 
ont  subvenu  à  l'entretien  des  troupes  qu'il 
levait  et  commandait  ;  plus  habile  qu'heu- 
reux, il  a  rarement  réussi  dans  ses  entre- 
prises. A  bout  de  ressources  en  Allemagne, 
il  allait  chercher  fortune  à  Venise ,  lorsqu'il 
mourut  leaonovembre  1626,  à  quaranteet 
un  ans  environ.  11  était  né  la  même  année 
que  Richelieu.  On  a  vu  dans  notre  second 
volume,  page  58,  les  instructions  données, 
vers  la  fin  de  l'année  1624,  à  l'agent  du 
comte  île  Mansfeld,  M.  de  Villars.  Il  avait 
suivi  précédemment  la  cause  du  prince 
palatin,  gendre  du  roi  d'Angleterre,  et 
allant  à  Londres,  il  avait  passé  par  la 
France ,  où  le  cardinal  l'avait  bien  ac- 
cueilli. Nous  trouvons  dans  les  manuscrits 
de  Danemark ,  aux  Afiàires  étrangères,  une 
lettre  qu'il  lui  écrivait,  de  Calais,  le 
•ili  septembre,  toute  remplie  de  reconnais- 
sance :  "  Pour  tant  de  faveurs  et  grâces  que 
vous  avez  contribué  en  mon  endroit. . . 
et  mesme  aurez  subject  de  vous  re.sjouir 
d'avoir  esté  mon  bienfaiteur  et  protecteur.  » 
(T.  I,  fol.  26.)  Et  dans  les  manuscrits 
d'Angleterre  (t.  XXVI,  fol.  3ig),  à  la  date 


du  7  novembre,  on  conserve  le  «pouvoir 
donné  au  comte  de  Mansfeld  par  le  roy  de 
la  Grande-Bretagne,  pour  estre  son  lieu- 
tenant des  troupes  pour  le  recouvrement 
du  Palatinat.  »  Le  marquis  d'ElEat,  alors 
ambassadeur  à  Londres ,  mandait  à  Riche- 
lieu, le  3o  novembre,  la  conclusion  des 
arrangements  faits  avec  Mansfeld  :  •  Il  m'a 
avoué  librement  ce  qui  en  estoit,  ce  que 
je  croy  devoir  estre  dissimulé,  n  ajoute 
M.  d'Efllat  (fol.  328).  Nous  devons  indi- 
quer deux  lettres  du  roi ,  faites  sans  doute 
d'après  les  instructions  du  cardinal .  écrites 
à  ce  sujet  à  Mansfeld,  l'une  datée  du  10  dé- 
cembre i6a4,  l'autre  sans  date  (fol.  270, 
et  270  v°  du  t.  XXXII  des  Affaires  d'Angle- 
terre; III'  de  l'Ambassade  du  marquis  d'Ef- 
llat. )  Dans  le  moment  où  les  négociations 
du  mariage  de  la  sœur  de  Louis  XIII  avec 
le  prince  de  Galles  tendaient  à  rendre  plus 
intimes  les  relations  réciproques,  il  était 
de  la  politique  de  la  France  de  faciliter  les 
arrangements  du  roi  Jacques  avec  Mans- 
feld. Richelieu  ne  pouvait  manquer  cette 
occasion  d'engager  l'Angleterre  avec  nous 
contre  l'empereur.  Et  dès  le  commence- 
ment de  1626,  Mansfeld  témoigne  une 
vive  gratitude  à  Richelieu,  «pour  avoir 
avancé  si chaudementdevoslreaulhorité  et 
créditl'exécutiond'uneaffaire  que  l'on  tient 

estre  si  importante l'obligation  que 

j'en  ay  est  au-dessus  de  toute  recognois- 
sance.  «  (Angleterre,  t.  XXXIII,  fol.  28.) 
Dans  les  instructions  précitées,  données  à 
M.  de  Villars ,  le  cardinal  l'avertit  que  pour 
pénétrer  en  Alsace  il  ne  convient  pas  au 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  573 

L'on  croit  qu'il  est  utile  de  faire  avec  eux  un  tel  traité,  pour  ce 
que,  par  ce  moyen,  on  entretiendra,  soubs  leur  nom,  la  guerre  en 
Allemagne,  etpeul-estre  y  remettra-t-on  les  affaires  en  la  balance  où 
elles  doibvent  estre,  chose  du  tout  nécessaire 

11  faut  obliger  les  Anglois  à  exécuter  ce  qui  est  promis,  tant  pour 
les  catholiques  que  pour  la  maison  de  la  reyne,  et  rendre  tous  les 
vaisseaux,  tant  pris  par  M'  de  Soubise'  que  par  eux;  et  de  plus,  s'il  se 

peut,  à   vous  assister  contre   les   rebelles Mais,  quoy  qu'ils 

disent  ou  facent,  il  faut  bien  se  donner  garde  de  joindre  l'affaire  de 
la  Valteline  avec  le  Palatinat. .  .  .  .  c'a  tousjours  esté  le  but  des  An- 
glois   

Il  faut  despescher  les  depputez  des  huguenots  devant  la  venue  de 
Boukingham. 


CXXIV. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  Allemagne,  t.  6,  fol.  87.  — 
Mise  au  net  de  la  main  d'un  secrétaire  de  Schomberg. 

MÉMOIRE'. 

[Vers  lii  fin  do  i(J25.] 

Le  roy  ne  s'esloigne  pas  des  propositions  de  l'archiduc  Léopold, 

roi  de  F'rance  que  l'armée  de  Mansfeid  hant,  et,  dans  une  lettre  écrite  de Gertruy- 
|)assc  par  l'Arlois,  comme  l'entendait  le  demberg,  il  expose  sa  détresse  et  prie 
roi  d'Angleterre,  et  il  donne  les  raisons  qu'on  écoute  M.  de  Villars,  qu'il  a  de 
qui  doivent  engager  Mansfeid  à  passer  par  nouveau  envoyé  vers  le  cardinal  (Aff.  étr. 
la  Hollande  et  le  Brabant  Nous  voyons  t.  1  de  Danemark,  fol.  2()  et  3«.)  —  Voy. 
ici  que  le  plan  indiqué  par  le  cardinal  a  sur  Mansfeid,  dans  notre  a' volume,  plu- 
été  suivi:  le  1 1  février  i6a5,  Mansfeid  sieurs  pièces  de  l'année  iQalt. 
écrivait  à  Richelieu  :  «  Me  trouvant  en  mer  '  11  s'était  emparé,  en  janvier  i6a5,  de 
avec  mon  armée,  et  à  la  veille  de  l'exécu-  six  vaisseaux  mouillés  à  Blavet.  [Mém.  de 
tion  de  l'affaire  que  vous  avez  tousjours  si  Richelieu.,  t.  11 ,  p.  /ji5.) 

affectueusement  favorisée »  Et  en  don-  *  En  l'année  i6a5,  où  la  France  con 

nant  cet  avis  à  Riclic'ieu,  il  le  supplie  de  dut   la   paix  avec   les  huguenots,  on  lit 

lui  continuer  sa  protection.   La  lettre  est  aussi  diverses  tentatives  de  paix  étrangères, 

datée:  «  Dans  le  vaisseau  devant  Ostende.  •  lesquelles   Richelieu  n'accueillait   qu'avec 

Deux  mois  plus  lard.  Mansfeid  est  en  Bra-  une   grande    circonspection;  un   mémoire 


574 


LETTRES 


très-louables  en  ce  qu'elles  tendent  à  lever  la  jalousie  que  l'Alle- 
magne et  tous  les  princes,  tant  amis  et  alliés  de  la  France  qu'autres, 
ont  des  Espagnols  et  de  leurs  confédérez. 

Mais  Sa  Majesté  estime  qu'il  y  a  à  redire  à  la  voye  que  l'on  propose, 
et  que  peut-estre  produiroit-elle  un  effect  contraire  à  celuy  que  l'on 
désire,  faisant  appréhendera  tous  les  princes,  autres  que  les  quatre 
que  l'on  prétend  faire  entrer  en  une  ligne,  qu'ils  seroient  en  plus 
de  péril  que  jamais ,  se  voyant  comme  abandonnez  de  ceux  avec  qui 
auparavant  ils  [sic)  auroient  eu  liaison. 

Cependant ,  pour  ne  perdre  point  le  fruit  d'une  si  bonne  proposition , 
qui  peut  apporter  de  très  grands  avantages  à  la  chrestienté,  à  l'Eglise 
et  à  la  religion,  l'on  estime  qu'il  faust  commancer  par  terminer  rai- 
sonnablement les  dilTérens  d'Italie,  Suisse  et  Allemagne.  Etpar  après, 
faire  que  les  deux  roys,  reprenant  les  erremens  du  traitté  de  Vervins, 
se  promissent  de  nouveau  solennellement  de  vivre  en  bonne  paix  et 
amitié,  et  n'entreprendre  rien  sur  les  estats  amis  et  alliez  les  uns  des 
autres. 


que  nous  trouvons  aux  Affaires  étrangères 
nous  apprend  que  «l'archiduc  Léopold, 
de  concert  avec  l'empereur  Ferdinand  II, 
le  comte  d'Ossonne,  ambassadeur  d'Es- 
pagne ,  et  le  prince  de  Kiniberg ,  proposa 
au  roy,  par  le  sieur  de  Marcheville ,  une 
ligue  entre  l'Espagne,  l'empereur  et  les 
deux  roys.»  (Allemagne,  t.  VI,  p.  84-) 
C'est  à  l'occasion  de  ce  mémoire  que  la 
présente  note  fut  écrite  ;  on  voit  que ,  dès 
les  premières  années  de  son  grand  minis- 
tère ,  Richelieu ,  s'appuyanl  sur  le  traité  de 
Vervins,  voulait,  à  l'exemple  de  Henri  IV, 
mettre  les  petits  Etats  à  l'abri  de  l'ambition 
des  grands.  —  Le  2  i  mai  de  cette  même 
année,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  page  1 1  g 
de  notre  2'  volume,  le  neveu  du  pape, 
Fr.  Barberini ,  était  arrivé  à  Paris  chargé , 
au  moins  en  apparence,  d'arranger  les  af- 
faires de  la  Valteline ,  dont  l'archiduc  Léo- 


pold s'était  déclaré  protecteur;  le  cardinal 
de  Richelieu  s'était  adjoint,  pour  ces  né- 
gociations,  le  maréchal  de  Schombcrg,  se- 
crétaire d'Etat  (que  nous  avons  déjà  vu 
envoyé  en  Allemagne  par  Richelieu  à  la 
fin  de  1616,  t.  I,  p.  208),  et  Phelypeaux 
d'Herbault,  secrétaire  d'Etat  des  Affaires 
étrangères.  C'est  pourquoi  nous  trouvons 
dans  noire  manuscrit  d'Allemagne,  à  ce 
moment,  diverses  pièces  de  l'écriture  de 
Schomberg  et  de  celle  de  son  secrétaire, 
aussi  Ijien  que  de  la  main  des  secrétaires 
du  ministre.  Il  y  a  surtout  plusieurs  ins- 
tructions au  sieur  de  Marcheville,  dont 
nous  aurons  à  faire  mention  en  1626.  Les 
négociations  au  sujet  de  la  V  alteline ,  dans 
lesquelles  l'archiduc  Léopold  était  inté- 
ressé, se  continuaient  en  i6a6.  (Voyez 
p.  192  de  notre  2' volume.) 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  575 


AINNEE  1626. 


L'ambassadeur  de  France  en  Espagne,  le  comte  du  Fargis,  avait  signé,  le 
("janvier  1626,  un  traité  préjudiciable  à  la  France.  «Il  falloit,  dit  Richelieu, 
proposer  à  l'ambassadeur  d'Espagne  deux  partis  :  ou  de  raccommoder  mainte- 
nant le  traité,  ou  de  le  tenir  secret  jusqu'à  temps  qu'on  eût  fait  venir  l'ambassa- 
deur, pour  être  informé  plus  particulièrement  des  motifs  de  son  action et, 

dans  ce  dernier  cas,  si  l'affaire  se  divulguoit,  la  dire  en  grand  secret  aux  ambas- 
sadeurs de  Savoie  et  de  Venise »  {Mém.  t.  HI,  p.  6.)  La  présente  pièce 

était  écrite  dans  l'éventualité  de  cette  seconde  résolution.  A-t-el!e  été  envoyée? 
Quoi  qu'il  en  soit,  la  première  résolution  prévalut,  et  l'on  écrivit  les  dépêches  du 
/i  février.  (Voy.  à  ce  sujet  le  Nota  qui  va  suivre.)  Il  convient  néanmoins  de  con- 
server à  l'histoire  cette  lettre  du  roi. 


CXXV. 

Arch.  des  Afl'.  étr.  Turin,  t.  7,  pièce  178.  —  Mise  au  net  de  la  main  de  Le  Masle. 

Response  que  le  roy  fera  au  prince  de  Piedmont  et  à  l'ambassadeur  de  Venise, 

si  Sa  Majesté  l'a  aggréable. 

i  .  .  .Janvier  i6ï6  '.] 

Le  roy  mandera  au  s'  du  Fargis  qu'il  s'en  vienne  pour  luy  rendi'e 
compte  de  l'action  qu'il  a  laite. 

Sa  Majesté  respondra  à  l'ambassadeur  d'Espagne  que,  outre  que 
le  traitté  apporté  est  défectueux  en  sa  forme,  il  l'est  encore  en  .sa 
matière,  y  ayant  à  désirer  plusieurs  choses  pour  la  satisfaction  de  ses 
alliez,  entre  autres  en  l'article  qui  exclut  les  Grisons  d'estre  magis- 
trats en  la  Valteline,  et  en  ce  qui  concerne  la  satisfaction  que  les  Gé- 
nois doivent  à  M""  de  Savoye. 

'   Après  la  réception  du  traité  parti  de  "    pièce  doit  avoir  été  écrite  quelques  jours 

Madrid  le  7  janvier,  et  arrivé  à  Paris  le  16,  auparavant.  (Voir,  pour  létat  de  faffaire, 

on  prit  le  temps  de  délibérer.  La  réponse  les  Mém.  de  Richelieu,  t.  III,  p.  i  et  8,  et, 

ne  fut  envoyée  à  M.  du  Fargis  que  le  4  fé-  ci-ajirès,  le  Nota,  à  la  date  du  3  mai.) 
vricr  (voy.  le  Nota  qui  sujl);  la  présente 


576  LETTRES 

Sa  Majesté  adjoustera  qu'elle  ne  refuse  point  la  paix;  au  contraire, 
que  n'ayant  jamais  eu  aulre  dessein  que  de  conserver  à  ses  alliez  ce 
qui  leur  appartient,  elle  sera  bien  ayse  que  le  roy  son  frère  luy  donne 
contentement  en  ce  que  dessiis. 

'  Sa  Majesté  escrira  au  pape  pour  luy  donner  part  de  ce  qu'a 
laict  Fargis.  Et  après  que  le  sieur  de  Béthune  se  sera  plaint  parti- 
culièrement des  6,000  hommes  qu'il  a  envoyés  à  la  Valteline,  et  luy 
aura  faict  cognoislre  comme  les  Espagnols  l'ont  traicté  en  ce  faict, 
extorquant  de  luy  ce  secours,  lorsque,  traictant  de  paix,  ils  savoient 
bien  n'en  avoir  plus  à  faire,  il  luy  fera  grand  compliment  de  la  part 
de  Sa  Majesté,  qui  ne  laisse,  nonobstant  cela,  de  vouloir  sçavoir  et 
avoir  grand  esgard  à  ses  sentimens  sur'ce  subjet. 

Ensuite  led.  s'  de  Béthune  concertera  avec  M'  le  cardinal  de  Sa- 
voye  les  contentemens  qu'on  peut  procurer  à  Son  Altesse  auprès  de 
Sa  Saincteté,  qu'elle  y  disposera  par  après  fortement,  lui  faisant  co- 
gnoistre,  pour  humilier  l'Espagne  en  Italie,  et  y  rendre  le  sainct 
siège  et  particulièrement  ce  pape  plus  puissant,  que  le  meilleur  moyen 
est  d'y  élever  Son  Altesse,  qu'elle  s'attachera,  par  ce  moyen,  pour 
deppendre  absolument  de  ses  volontez. 

Le  s""  de  Béthune  aura  charge  aussy  d'offrir  la  puissance  du  roy  au 
pape  sur  le  subjet  de  la  mort  du  cardinal  Farneze,  pour  aider  à  Sa 
Saincteté  à  conserver  les  droits  qui  luy  peuvent  appartenir  en  la  tu- 
tèle  du  duc  de  Parme. 

^  Mander  à  M"^  de  Rohan  qu'il  se  tienne  presl  pour  passer  en  Italie.  —  Les  rc- 
gimens  de  Normandie  et  d'Aiguebonnes  iront  en  la  Valteline.  —  On  mandera  à 
M'  de  Vignoles  de  border  toute  la  frontière  des  estais  de  M.  de  Savoye  du  costé 
des  Milanois.  —  On  envoira  la  monstre  à  l'armée.  —  Si  l'Espagne  refuse  à  don- 
ner contentement  sur  ce  qui  est  en  ce  traicté  instamment  désiré  d'elle,  l'armée 
du  roy  sera  en  estât  de  faire  grand  elTect  dans  le  duché  de  Milan. 

'  Ici  le  cardinal  a  écrit  à  la  marge  :  «  Ces  '  Nous  résumons  le  reste  de  la  pièce , 

deux  articles  accolés  ne  seront  point  dicts  cette  fin  étant  imprimée  dans  les  Mémoires 

à  Venise.  »  Les  deux  articles  accolés  dans  le  de  Richelieu  j  p.  8  du  t.  III. 
ins.  sont  ce  paragraphe  et  le  suivant. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  .  577 

NOTA. 

4  février  1626. 

Nous  avons  donné,  dans  notre  second  volume,  p.  187,  une  dépêche  du  roi  au 
comte  du  Fargis,  dont  nous  avions  pris  le  texte  dans  le  manuscrit  des  Mémoires 
de  Richelieu.  Depuis  nous  avons  trouvé  aux  Affaires  étrangères  '  la  minute  de 
cette  même  dépêche,  sans  date,  et  mal  classée  au  commencement  de  lôaS.  Il 
convient  d'ajouter  ici  quelques  explications,  avec  l'indication  de  pièces  conser- 
vées dans  ce  même  manuscrit  des  affaires  d'Espagne. 

Des  instructions  vagues  avaient  été  données,  il  y  avait  quelques  mois,  à  l'am- 
bassadeur de  France  près  la  cour  d'Espagne.  En  évitant  de  préciser  nettement 
des  conditions,  Richelieu  semblait  vouloir  laisser  au  négociateur  plus  de  liberléd'ac- 
tion;  mais,  comme  il  comptait  assez  peu  sur  son  habileté  diplomatique,  il  voulait 
surtout  se  ménager  la  ressource  d'un  désaveu,  si  les  clauses  du  traité  ne  conve- 
naient pas  à  sa  politique  au  moment  où  il  serait  signé.  Les  négociations  étaient 
déjà  fort  avancées,  lorsqu'une  dépêche  du  roi,  datée  du  6  décembre^  1626, 
porta  au  comte  du  Fargis  un  supplément  d'instructions  un  peu  moins  indécises  : 
Le  comte  d'Olivarez  veut  vous  surprendre,  disait  le  roi,  «j'auray  à  plaisir  que 
vous  traictiés  avec  luy  avec  retenue.  •  La  dépêche  n'arriva  à  l'ambassadeur  que  le 
27  dudit  mois,  et  le  traité,  dont  les  préliminaires  déjà  à  peu  près  convenus 
furent  définitivement  arrêtés  les  3o'  et  3i*,  fut  signé  à  Madrid  le  i"  janvier 
1626.  En  l'envoyant  par  le  secrétaire  d'ambassade  Lingendes,  M.  du  Fargis 
manda  qu'il  n'avait  eu  connaissance  que  tardivement  {le  27)  de  la  dépêche  du 
roi  datée  du  6  :  «Alors,  écrit-il,  je  me  suis  trouvé  tellement  engagé  qu'il  m'a 
semblé  ne  me  pouvoir  retirer  sans  causer  beaucoup  d'ombrage  et  même  de 
dommage*.»  Du  Fargis,  le  protégé  de  la  reine  mère,  était,  nous  l'avons  dit, 
un  diplomate  peu  habile.  Richelieu,  qui  ne  savait  conunent  s'en  débarrasser 
à  cause  de  cette  protection,  ne  demandait   pas  mieux  que   de  le   trouver  en 

'  Espagne,  t.  XIV,  fol.  4o.  E^e  répond  de  Flandres,  •  note  qui,  sans  doute,  a  été 

à  une  lettre  de  l'ambassadeur,  du  7  janvier,  mise  à  dessein  et  pour  préparer  la  justifi 

et  la  minute  a  dû  être  écrite  aussi  en  jan-  cation  de  l'ambassadeur,  qui   n'obéissait 

vier,  car  le  roi  dit  à  du  Fargis  :  «  Vostre  pas  à  cette  nouvelle  instruction, 

lettre  du  7  de  ce  mois.  •  Cependant  elle  n'a  '  Signé  d'Angennes,  nom  du  comte  du 

été  expédiée  que  le  4  février,  en  même  Fargis.  (Ms.  précité,  fol.  aS  v°.) 

temps  que  la  dépêche  de  Richelieu,  datée  '   *  Signé  El  Conde  y  Duquc  de  SanLu- 

dudit  jour  4  ,  et  qui  accompagnait  celle  du  car.  Ces  deux  pièces,  et  quelques  autres 

roi.  concernant  ce  traité,  sont  classées,  parer- 

'  Manuscrit  précité,  fol.  271.  La  pièce  reur,  au  commencement  de  l'année  i6a5. 

porte  celte  annotation  :  •  Rec.  par  M'  du  '  Manuscrit  précité,  fol.  3i5,  à  la  date 

Fargis,  le  37  décembre,  par  l'ordinaire  du  7janvier. 

CAIIDIX.  DE  HICIIEUEU.  —  VH.  78 


578  LETTRES 

faute;  du  Fargis,  d'ailleurs,  se  livrait  lui-même:  il  avait  conclu  un  traité  dont 
il  n'apercevait  pas  les  inconvénients,  mais  qui  était  réellement  inacceptable'; 
les  vices  eu  sont  exposés  dans  une  pièce  intitulée  :   «  Mémoire  contenant  les 

observations  faictes  sur  le  traicté  envoyé  par  M'  du  Fargis pour  luy  servir 

d'instruction  de  ce  qu'il  aura  à  traicter  avec  le  comte  d'Olivarez  ^.  »  Un  autre 
mémoire,  plus  succinct,  au  dos  duquel  nous  trouvons  cette  annotation  de  la 
main  du  cardinal  :  «  Envoyé  de  Noisy  à  M"^  d'Herbault,  pour  estre  délibéré  de- 
vant le  roy  ',  »  ne  pouvait  manquer  d'êtn;  approuvé  par  ceux  auxquels  il  avait 
été  soumis,  et  le  cardinal  conseilla  à  Louis  XIII  de  refuser  sa  ratification.  En 
conséquence,  il  fit  écrire  par  Sa  Majesté  à  M.  du  Fargis  la  dépêche  que  nous 
avons  donnée  (t.  II,  p.  187).  Le  roi  joignit  à  sa  lettre  les  considérations  qui  mo- 
tivaient le  refus  de  ratification,  ainsi  que  les  articles  réformés  que  l'ambassadeur 
devait  tâcher  de  faire  accepter  au  comte  duc*.  Le  tout  fut  remis  au  sieur  de  Lin- 
gendes,  renvoyé  à  Madrid.  En  enjoignant  à  l'ambassadeur  de  faire  réformer  le 
traité,  on  lui  ordonnait  de  quitter  immédiatement  l'Espagne  si  on  ne  donnait 
pas  entière  satisfaction  à  la  France. 

Cette  affaire,  l'une  des  plus  considérables  de  cette  année,  et  que  nous  ne 
faisons  qu'indiquer  ici,  a  été  racontée  par  Richelieu  dans  ses  Mémoires  (p.  4- 10 
du  IIP  vol.  édit.  Petitot).  —  Le  traité  fut  en  effet  réparé  et  signé  à  Monçon, 
comme  nous  le  dirons  ci-après,  p.  58o.  —  Nous  trouvons,  dans  notre  manuscrit, 
plusieurs  copies  de  cet  acte  diplomatique  ainsi  que  des  articles  secrets  ^. 

cxxvr. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Allemagne,  t.  6,  fol.  i5i. —  Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

MÉMOIRE  \ 

[Février  ou  mars  1626'.] 

11  semble  qu'il  faut  attendre  la  réponse   de   la  dépesche   secrète 

'  Richelieu  explique  les  motifs  du  dé-  '  Espagne,  t.  XIV,  fol.  3i6,  pièce  sans 

saveu  dans  un  écrit  en  partie  de  sa  main,  date,  classée  en  janvier, 
et  qui  est  conservé  aux  Archives  des  Al-  '  Ibid.  fol.  28  v°  et  3i  v°. 

faires  étrangères, Espagne,  t.  Xlll, fol.  35o.  ''  Ihid.  fol.  33o,  35i,  366,  37/1,  385, 

mal  classé  en  1624.  Il  est  intercalé  dans  copies.  Nous  en  avons  vu  une  autre  aux 

les  Mémoires,  I.  II 1,  |).  6-10,  édition  Pe-  Archives  de  l'Empire  (Carton    M,   232, 

titot.  liasse  3,  n°  i4). 

^  Espiigne,  t.  XIV,  fol.  9;  unccopiesans  '  Ce  mémoire  doit  avoir  été  donné  pour 

date  et  cotée /»4o  se  trouve  placée  en  juin ,  instruction    au   P.    Joseph,  spécialement 

nom  écrit  au  lieu  de  janv.  pour  le  classe-  chargé  des  affaires  d'Allemagne, 
ment.  '  Deux  dépêches  secrètes  furent  écrites 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  579 

faite  en  Espagne,  devant  que  rien  conclure,  de  peur  que  ce  traitté 
rompist  l'autre. 

On  peut  et  faut  prendre  ce  délay,  sans  en  dire  le  sujet,  sous  pré- 
texte d'attendre  le  consentement  des  eslecleurs  catholiques  qu'on  doit 
envoyer  au  P.  Alexandre. 

Il  semble  que  devant  que  conclure  et  signer  un  tel  traitté,  il  faut 
envoyer  une  ambassade  en  Allemagne  pour  demander  la  paix  et  la 
proposer  au  Danemarck,  qui,  autrement,  avec  tous  les  protestans,  se 
tiendroient  [sic)  fort  olFensez  qu'on  les  eust  obligez  à  conditions  non 
trop  avantageuses,  sans  en  avoir  eu  leur  consentement  et  leur  en  avoir 
donné  part.  Cela  n'empeschera  pas  cependant  qu'on  ne  puisse,  dès 
cette  heure,  ajuster  les  articles. 

Faut  prendre  garde  que  tous  les  articles  sont  avantageux  pour  Ba- 
vière, nuls  pour  les  protestans,  auxquels  on  ne  veut  pas  s'obliger  de 
restituer  les  biens  pris  par  l'empire,  de  façon  qu'il  semble  que  ce  n'est 
pas  la  paix  qu'on  face  en  Allemagne,  mais  bien  un  traitté  par  lequel 
Bavière  se  délivre  des  appréhentions  qu'elle  poiuroit  avoir  que  la 
France  favoriseroit  ses  adversaires. 

Faut  considérer  si,  en  ce  traitté,  l'Espagne  ne  se  tiendi-a  point  of- 
fensée, ce  que  je  ne  considère  pas  si  on  obligeoit  toute  l'Allemagne 
et  qu'on  y  procurast  une  bonne  paix,  mais  que  je  tiens  fort  considé- 
rable si  on  n'oblige  que  Bavière  et  qu'on  ne  procure  que  ses  intérests. 

Faut  considérer  si  la  suspension  d'armes  qu'on  demande  n'aura 
point  le  mesme  efFect  que  celle  que  procura  M"'  d'Angoulesme  à 
Ulmes,  cpii  fut  cause  de  la  ruine  de  tous  les  alliez  de  la  France,  en 
ce  qu'ils  désarmèrent  de  bonne  foy,  et  le  party  contraire  demeura  sur 
pied,  qui  les  ruina. 


NOTA. 

[3  mai  1626.] 
Le  résultat  des  négociations  entamées  pour  rectiûer  le  traité  signé  le   1"  jan- 

à  propos  du  traité  fait  en  Espagne,  l'une  dépêches  que  fait  allusion  cette  pièce  non 
le  U  février,  l'autre  le  3i  mars.  (Voy.  le  datée  et  en  tête  de  laquelle  on  a  mis,  après 
Nota  qui  suit.)  C'est  à  l'une  de  ces  deux        coup,  i6a6,  pour  le  cla»sement. 

73. 


580  LETTRES 

vier  (ci-dessus,  p.  ôjS),  fut  le  traité  conclu  à  Monçon,  en  Aragon,  où  était 
alors  le  roi  d'Espagne,  et  auquel  on  donna  la  date  du  5  mars.  Les  intérêts  et  la 
dignité  de  la  France  y  étaient  encore  assez  mal  ménagés,  et  nous  avons  aux 
Archives  de  l'Empire  >  une  série  de  documents  venus  du  cabinet  du  secrétaire 
d'Etat  d'Herbault,  des  lettres  de  M.  du  Fargis  au  P.  de  Bérulle,  des  notes  de 
celui-ci,  et  diverses  autres  pièces,  où  l'on  peut  voir  tous  les  détails  de  cette  af- 
faire. Nous  avons  remarqué,  entre  autres,  un  mémoire  au  dos  duquel  se  trouve 
cette  annotation,  qui  semble  écrite  de  la  main  du  cardinal  :  Observations  sur  le 
second  traité  de  At  du  Fargis.  Cette  pièce,  d'une  écriture  qui  m'est  inconnue, 
n'a  pas  moins  de  seize  pages  ;  elle  est  chargée  de  corrections  et  d'additions  ajoutées 
sur  de  petites  bandes  de  papier  attachées  aux  feuillets,  et  se  divise  en  vingt  ar- 
ticles; on  lit  au  deuxième  :  «  Ce  traitté  semble  meilleur  en  sa  substance  qu'il  ne 
paroist  en  ses  paroles  mesmes  ;  il  est  couché  en  si  mauvais  termes  qu'il  paroistra  évi- 
demment tel  qu'il  est,  c'est-à-dire  dressé  non  au  cabinet  du  Louvre,  mais  au  cabi- 
net deMadrid. . .  Il  est  fait  par  surprise  du  zèle  de  l'ambassadeur  et  sans  communi- 
cation en  France...  Il  est  pourtant  meilleur  que  celuy  de  Madrid  et  que  celuy  de 
Rome.  »  C'est  sans  doute  l'appréciation  du  secrétaire  d'Etat  d'Herbault.  Quoi  qu'il 
en  soit,  le  cardinal  conseilla  encore  au  roi  de  ne  pas  accepter  ce  nouveau  traité. 
•  Le  Fargis ,  dit-il  dans  ses  Mémoires,  se  relâcha  encore  par  une  légèreté  d'esprit  et 
hardiesse  non  excusable  à  quelques  conditions  contraires  à  la  volonté  et  aux  ordres 
qu'il  avait  de  Sa  Majesté. . .  Le  roy  fut  si  offensé  de  ce  procédé  qu'il  eut  volonté 

de  punir  Le  Fai^is  de  sa  présomption et  elle  dit  à  l'ambassadeur  espagnol 

que,  pour  prouver  son  désir  de  la  paix,  elle  renverroit  un  autre  traité  en  Espagne, 

signé  d'elle,  où  elle  apporteroit  le  moins  de  changements  qu'elle  pourroit » 

Nous  trouvons  aux  Archives  de  l'Empire  l'instruction  que  le  P.  de  Bérulle  fut 
chargé  d'envoyer  à  M.  du  Fargis  «  touchant  les  additions  qu'il  faut  encore  faire  à  son 
traitté  de  Madrid  réformé  à  Monçon^...  Ce  traité,  ainsi  corrigé,  fut  enfin  reçu  et 
ratifié  en  Espagne,  où  ils  avoient  bien  préjugé  que  le  roy  ne  l'accepteroit  pas 
nuemenl,  tel  qu'ils  le  luy  avoient  envoyé.»  Du  Fai^is  n'avait  encore  rempli 
qu'à  moitié  les  intentions  du  roi ,  et  il  adressa  à  Sa  Majesté  un  «  Mémoire  de  ce  qui 
s'est  obtenu  en  la  réformation  du  traitté,  suivant  l'instruction  envoyée  parle  roy 
le  dernier  jour  de  mars  1626;  et  des  raisons  pour  lesquelles  certains  points  ne 
se  sont  pas  obtenus.  »  Du  Fargis  accompagna  ce  mémoire  d'une  lettre  d'excuses 
dont  les  premiers  mots  font  juger  le  ton  :  «Sire,  j'ai  tant  de  confusion  de  mes 
fautes  passées'...  »  Quoique  ce  troisième  traité  eût  été  conclu  à  Barcelonne,  en 
mai,  ces  négociations  ayant  été  enveloppées  d'un  certain  mystère,  on  lui  laissa 
la  date  du  fécond  :  Monçon ,  5  mars.  Richelieu  donne,  sur  cette  affaire,  des  détails 

'  Carton  M ,  aSa. —  '  Ibid.  liasse  3,  pièce  9.  —  '  Ibid.  pièces  numérolées  i5,  16. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  581 

assez  curieux  dans  ses  Mémoires  ^  ainsi  que  ie  P.  Griffet^  et  surtout  Levassor*; 
Ces  détails  sont  complétés  par  les  documents  manuscrits  que  nous  venons  d'in- 
diquer. 

I^s  manuscrits  de  Gênes,  aux  Affaires  étrangères,  conservent*  une  pièce  qu'il 
faut  mentionner  à  propos  du  traité  de  Monçon.  Ce  traité,  conclu  depuis  plus 
d'un  an,  n'étant  pas  pleinement  exécuté,  «les  deux  rois  (dit  le  document  que 
nous  citons)  ont  convenu  et  résolu  ensemble  que  M' le  duc  de  Savoie  et  la  répu- 
blique de  Gênes  seront  compris  au  traicté  de  paix  faict  à  Monçon  entre  les  deux 
couronnes,  le  5  mars  de  l'année  dernière,  qu'ils  feront  toute  instance  et  pro- 
cureront avec  effect,  pour  que  lad.  paix  soit  par  eux  acceptée  dans  un  mois  à 
compter  du  jour  que  les  ministres  de  Leurs  Majestés  le  feront  entendre  chaquun 
au  prince  son  allié.  »  Après  ce  passage,  que  le  cardinal  a  écrit  de  sa  main,  on 
indique  les  conditions  concernant  spécialement  la  Savoie  et  Gênes.  La  pièce,  sans 
date,  est  mai  classée,  dans  le  manuscrit,  en  162 4;  on  voit  qu'elle  est  de  1627, 
l'année  qui  a  suivi  le  traité  de  Monçon. 


CXXVII. 
Arch.  des  A£F.  étr.  Turin,  t.  8,  pièce  4i-  —  Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

A  M.  MARINI. 

[Vers  le  i5]  may  1616  '. 

Monsieur,  j'ay  veu  la  lettre  que  vous  avés  escrite  au  roy,  par  laquelle 
il  semble  que  les  Anglois  se  plaignent  de  nous  comme  si  nous  leur 
avions  manqué  de  parole,  bien  qu'il  soit  notoire  à  un  chacun  que  ce 
sont  eux  qui  ont  violé  la  foy  publique  en  chassant  les  François  au  pré- 
judice des  traittés  et  contracts  faicts  sy  solennellement  avec  eux,  et 
prenant  tousles jours,  comme  ils  font,  les  vaisseaux  et  les  sujets  du  roy. 

Quant  à  ce  que  vous  me  mandés  que  Leurs  Altesses  vous  ont  tesmoi- 

'  Eklit.  Petitot,  t.  m,  p.  37.  la  missive  de  Marini  au  roi;  mais  c'est 

*  Hisl.  de  Louis  XIII ,  l.  I ,  p.  48 1  -484  •        sans  doute  celle  dont  led.  Marini  fait  merf- 
'  Hist.  du  règne  de  Louis  XIII,  t.  V,       .  tion  dans  une  lettre  du  a8  avril,  adressée 

p.  4o6-4a8.  à  M.  d'Herbault,  envoyée  en  même  temps 

*  T.  I, fol.  76.  quecelleduroi.»  J'estime,  dit  Marini,  qu'il 

*  Le  nom  et  la  date  sont  notés  au  do»  ;  sera  bon  véritablement  de  trouver  moyen 
le  quantième  manque,  et  on  a  classé  la  .de  terminer  promptement  les  différends 
pièce  à  la  fin  de  mai.  Elle  doit  avoir  été  qui  passent  entre  la  France  et  l'Angle- 
écrite  vers  la  mi-mai.  Je  n'ai  point  trouvé  terre.  »  (Pièce  27  du  œs.  cité  aux  sources.) 


582  LETTRES 

gné  désirer  s'entremettre  d'accommoder  ces  difFérens,  pourveu  que 
le  roy  le  trouve  bon',  vous  aurés  receu  la  response  que  M'  d'Her- 
bault  a  eu  commandement  de  vous  faire.  L'entremise  de  Son  Altesse 
sera  tousjours  agréable  au  roy,  mais  la  fierté  des  Anglois  est  telle  main- 
tenant que  volontiers  ne  cognoistront-ils  pas  la  raison;  et  vous  sçavés 
cependant  que  les  grands  princes  tels  que  le  roy  ne  souffrent  ny  les 
violences  sans  s'en  ressentir,  ny  que  ceux  qui  les  ont  faictes  prennent 
des  avantages  pour  cesser  de  les  faire  à  l'advenir.  Le  temps  nous  fera 
voir  quel  sera  l'événement  de  cette  affaire. 

Cependant  je.  vous  conjure  d'asseurer  Son  Altesse  et  Messieurs  ses 
enfans  de  mon  très-humble  service,  mop  affection  estant  telle  en  leur 
endroict  que,  quoyque  quelques-uns  la  leur  voulussent  desguiser,  ils 
en  recevront  des  effects  en  toutes  occasions  où  je  pourray  dans  le 
service  du  roy  qui  les  aime  et  les  affectionne  et  fera  tousjours  grand 
estât  de  leurs  intérests. 

J'ay  grandement  à  vous  remercier  des  orangers  et  citroniers,  et  des 
douze  pots  que  j'ay  receus;  ils  sont  les  plus  beaux  qu'il  est  possible. 
Je  vous  en  rends  un  million  de  grâces. 

CXXVIII. 

Arch.  des  A£F.  étr.  France,  t.  ko,  fol.  53.  —  Minute  de  la  main  de  Le  Masle, 
avec  quelques  mois  de  Richelieu  '. 

PAROLES  DICTÉES  A  M.  LE  PRINCE  DE  CONDÉ  ^ 

[3o  mai  1626.] 

[Mons'  le  Prince  dira  partout  qu'il  est]  asseuré  de  la  bonne  volonté 

'  D'ici  à  la  fin,  i«  tcxle  est  une  correc-  '  Dans  la  première  forme  de  cette  œi- 

tion  mise  à  la  place  d'une  première  rcdac-  nute ,  M .  le  Prince  parlait  lui-même  ;  la  pièce 

tion  plus  courte,  et  où  nous  remarquons  commençait  :  «  Que  je  suis  asseuré,  etc.» 

cette  phrase:  «Sa  Majesté  ne  voudroit  pour  Le  cardinal  a  substitué  partout  la  troi- 

rien  du  monde  entendre  à  un  accommo-  sième  personne  à  la  première  ;  nous  indi- 

dement  qui  ne  fust  entièrement  convenable  quons  par  des  crochets  les  quelques  mot» 

et  à  la  réputation  de  sa  personne  et  à  la  écrits  de  sa  main, 

dignité  de  sa  couronne.  »  'M.  le  Prince,  conservant  au  fond  de 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


583 


du  roy  et  de  la  reyne  sa  mère,  [et  qu'il  sçait  bien  qu'il  ne  recevra] 
jamais  de  mal  de  Leurs  Majestés,  mais  tout  bien. 

Qu'il  n'a  point  parlé  de  son  retour,  qu'il  le  remet  à  la  volonté  du 
roy,  lequel  sçaura  bien  l'employer  aux  occasions ,  selon  qu'il  luy  plaira , 
cognoissant  mieux  ce  qu'il  luy  faull  que  luy  mesme. 

[Il  dira  encore  c{ue]  le  cardinal  luy  a  communiqué  toutes  les, 
affaires  passées  et  présentes,  et  qu'il  en  a  dict  son  advis. 

Que  le  cardinal  l'a  asseuré  de  son  amitié ,  ayant  eu  commandement 
du  roy  de  ce  faire ,  selon  qu'il  luy  a  dicl  ingénument. 

[En  particulier]  il  a  asseuré  le  roy  et  la  reyne  sa  mère  de  son 
affection  [et  service]  envers  tous  et  contre  tous,  selon  [qu'il  y  est 
obligé  et  qu'il  n'y  manquera]. 

Le  roy  et  la  reyne  parleront,  s'il  leur  plaist,  conformément  à  ce 
mémoire,  et  n'en  diront  pas  davantage. 


l'àine  le  souvenir  d'anciens  griefs  contre 
la  reine  mère  et  le  cardinal,  s'était  retiré 
de  la  cour  depuis  que  la  mort  du  duc  de 
Luynes  avait  rendu  quelque  influence  à 
Marie  de  Médicis;  et  il  était,  à  ce  mo- 
ment, compté  parmi  les  mécontents  qui 
tâchaient  d'empêcher  le  mariage  de  Mon- 
sieur avec  M"'  de  Montpcnsier.  Avant  de 
partir  pour  Nantes ,  où  Chnlais  devait  payer 
de  sa  tète  sa  participation  à  celte  intrigue, 
Richelieu  voulut  désorganiser  la  cabale  : 
«  Entre  plusieurs  avis  que  le  cardinal 
donna  au  roi  pour  anéantir  cette  épouvan- 
table faclion  (c'est  Richelieu  qui  parle  dans 
ses  Mémoires,  111,  p.  76),  un  des  princi- 
paux Jut  qu'il  falloit  diviser  ceux  qui 
étoient  liés  ensemble. . .  en    les    mettant 


tous  en  jalousie  et  en  soupçon  les  uns  des 
autres. . ,  11  conseilla  au  roi  de  lui  per- 
mettre une  entrevue  avec  mond.  s'  le 
Prince,  qui  la  demandoit. ..  S.  M.  l'eut 
agréable;  M.  le  Prince  vint  à  Limours.  » 
Le  cardinal  lui  (it  liabilement  comprendre 
<|ue  son'  intérêt  était  de  s'attacher  sincère- 
ment au  service  du  roi;  et,  l'ambition  du 
prince  aidant,  le  cardinal  lit  d'un  ennemi 
un  admirateur  passionné  du  ministre,  el 
un  sujet  dévoué  au  roi.  Aubery  donne  la 
date  précise  de  cette  entrevue,  le  3o  mai; 
c'est  ce  jour-là  que  furent  convenues  les 
paroles  dictées  à  M.  le  Prince.  (Hist.  de 
Richelieu,  liv.  II,  ch.  viii ,  p.  88  de  l'édit. 
in-18.) 


584 


LETTRES 


CXXIX. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Allemagne ,  t.  6 ,  fol.  1 45. 

MÉMOIRE  \ 


Mise  au  net. 


[Vers  le  mois  de  mai  1626.] 

Vallembourg  ira  à  la  diette  de  Nuremberg,  si  elle  se  tient. 


'  Ce  mémoire  a  été  écrit  pour  être  sou- 
mis au  roi,  et  donner  une  direction  aux 
employés  supérieurs  chargés  des  Affaires 
étrangères  sous  Richelieu.  11  n'est  point 
daté  ;  une  pièce  du  mois  de  mars  (fol.  1 65 
de  ce  manuscrit),  intitulée:  Advis  d'Alle- 
magne receus  hier,  annonce  :  •  que  la  journée 
de  Nuremberg,  intimée  pour  le  i"  juing, 

se  tiendra  pour  certain »  L'on  avait 

dû  préparer  à  l'avance  les  lettres  et  les  ins- 
tructions à  donner  à  l'envoyé  chargé  de 
s'y  rendre.  Cependant  cette  diète  ne  s'est 
pas  assemblée  ;  notre  manuscrit  donne  plu- 
sieurs minutes  de  lettres  que  devait  porter 
M.  de  Vallembourg  (fol.  160-1 64),  et, 
au  dos  d'une  pièce  voisine  (fol.  i56), 
nous  lisons  :  «  Plusieurs  lettres  escrites 
auxprinces  d'Allemagne,  en  l'année  1626, 
lesquelles  n'ont  pas  eu  lieu.  »  Nous  nous 
bornerons  à  faire  cette  mention.  Ces 
lettres  sont  également  sans  date  ;  elles 
doivent  avoir  été  écrites ,  ainsi  que  le 
|)résent  mémoire,  vers  le  mois  de  mai 
1 626.  On  les  a  classées  ici  au  mois  de  sep- 
tembre ,  mais  le  classement  des  pièces  non 
datées  est  fait  au  hasard.  Ce  manuscrit 
d'Allemagne,  pour  1626,  contient  diverses 
instructions  assez  développées,  dont  nous 
n'avons  à  donner  qu'une  simple  indica- 
tion :  «  Mémoire  et  instruction  qui  a  esté 
baillée  au  s'  de  Drouart  estant  présente- 
ment envoyé  en  Allemagne.  »  (Sans  date, 


fol.  119.)  —  Je  ne  trouve  nulle  part  men- 
tion de  ce  Drouart;  serait-ce  un  pseudo- 
nyme ?  serait-ce  le  sieur  de  Marcheville 
(lequel  devait  avoir  une  mission  secrète) 
qu'on  désignait  ainsi  ?  ou ,  si  Drouart  est  un 
personnage  réel ,  la  mission  n'aurait-elle 
pas  été  accomplie  ?  Je  remarque  au  fol.  1 48 
une  note  qui  pourrait  être  en  partie  la  ma- 
tière donnée  pour  cette  pièce  diplomatique. 
Au  fol.  126  est  une  autre  in.struction  pour 
une  mission  en  Allemagne,  mise  au  net, 
de  l'écriture  du  secrétaire  de  Schomberg, 
pièce  signée  du  roi;  S.  M.  a  écrit  au-des- 
sus de  son  nom  :  «  Instruction  au  s'  de 
Marcheville.  •  Celle-ci  est  datée  du  1 8  sep- 
tembre :  «  Le  s'  de  Marcheville  partira  de 
la  cour,  feignant  un  voyage  en  sa  maison , 
et  s'en  ira  secrètement  en  Bavière, ...»  On 
rappelle ,  dans  cette  instruction,  tout  ce  que 
le  roi  a  fait  et  veut  faire  pour  la  liberté  des 
Allemands,  qu'il  veut  soustraire  à  l'op- 
pression de  l'Autriche. . .  Le  sieur  de  Mar- 
cheville devra  s'aboucher  avec  le  P.  Hya- 
cinthe, ou  le  P.  Alexandre,  correspondants 
du  P.  Joseph. . .  Le  principal  but  de  la 
mission  est  de  gagner  le  duc  de  Bavière, 
auquel  le  roy  n'a  pas  encore  reconnu  la 
qualité  d'électeur. . .  Il  faut  chercher  un 
moyen  de  conciliation  entre  ce  duc  et  le 
prince  palatin.  — Au  6  décembre ,  nouvelle 
instruction  au  même  Marcheville,  signée 
du  roi,  et  contre  -  signée  Phelypeaux.  Le 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  585 

Il  ne  pourra  rendre  les  lettres  du  roy  ailleurs  qu'en  cette  diette. 

Sçavoir  si  le  roy  aiu-a  agréable  de  lui  donner  3oo  livres  par  mois, 
pour  les  frais  extraordinaires  de  son  voyage. 

Il  semble  qu'il  n'est  pas  à  propos  de  traiter  le  duc  de  Bavières 
d'eslecteur,  parce  que  le  roy  ne  l'a  pas  recogneu  pour  tel ,  et  que  ce 
seroit  juger  le  différend  contre  le  palatin,  qui  prétend  cette  eslectlon 
nulle. 

Il  semble  aussy  qu'il  n'est  pas  à  propos  d'escrire  aud.  palatin  comme 
électeur,  aussy  qu'il  ne  recevroit  pas  la  lettre  s'il  n'estoit  traitté  de 
roy  de  Bobème.  Joinct  qu'il  ne  se  trouvera  pas  en  l'assemblée. 

Il  semble  n'estre  pas  aussy  à  propos  d'escrire  au  fils  de  l'empereur 
roy  de  Hongrie. 

Considérer  ce  qui  se  doibt  faire  sur  la  poursuit  te  qu'il  fera  de  la 
couronne  de  Bohême,  qui  est  eslective,  ou  si  l'on  doibt  seulement  re- 
garder les  oppositions  du  prétendu  roy  de  Bohème  et  des  estats  du  pays. 


plénipotentiaire  est  encore  envoyé  vers  le 
duc  de  Bavière  dont  on  attend  toujours 
des  nouvelles.  Le  sieur  de  Marcheville  ira 
ensuite  vers  le  roi  de  Danemark,  pour 
obtenir  que  ce  prince  désarme.  Toutefois, 
«  si  le  duc  de  Bavière  ne  faict  point  veoir 
au  sieur  de  Marcheville  le  consentement 
des  autres  électeurs  à  ce  traitté ,  et  si  le 
duc  faict  difficulté  de  signer  luy-mesme, 
le  roy  ne  veut  pas  s'engager  plus  avant  en 
cette  affaire,  ny  convier  le  roy  de  Dane- 
marck  au  désarmement.  Le  s'  de  Marche- 
ville  se  rendra  enfin  vers  le  nouvel  électeur 
de  Mayence.  Bien  entend  Sa  Majesté  qu'il 
apporte  toute  industrie  pour  sonder  et  pé- 
nétrer les  sentiments  du  d.  Electeur.  •  Le 
cardinal  a  consigné,  dans  ses  Mémoires 
(t.  m,  p.  i84  et  suivantes  de  l'édition 
Petitot),  l'exposé  qu'il  avait  fait,  en  con- 
seil du  roi,  des  affaires  d'Allemagne,  «  avis 
que  Sa  Majesté  trouva,  dit-il,  très-judi- 
cieux et  très-utile,»  et  il  rapporte  l'objet 

CAROM.  DE  UICUEUED.  —  VII. 


de  la  mission  confiée  au  sieur  de  Mar- 
cheville. Sans  que  son  récit  reproduise 
textuellement  les  instructions  dont  nous 
venons  de  faire  mention,  il  en  est  le  ré- 
sumé; nous  n'avons  donc  qu'à  renvoyer 
auxdils  Mémoires.  Ces  instruments  diplo- 
matiques sont  sans  doute  l'oeuvre  du  se- 
crétaire d'Etat  des  Affaires  étrangères, 
Phelypeaux  d'Herbault,  auquel,  dans  les 
premières  années  de  son  ministère,  le  car- 
dinal laissa  une  certaine  part  des  affaires, 
dont  il  ne  s'empara  pas  entièrement  tout 
d'abord,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  re- 
marqué. De  plus,  le  P.  Joseph  et  Schom- 
bergs'occupaientspécialement,  avec  d'Her- 
bault, de  ce  qui  concernait  l'Allemagne. 
Au  bas  de  plusieurs  dépèches  de  cette 
époque,  nous  lisons  dans  ce  manuscrit: 
«  reveue  ;  »  c'était  sans  doute  la  marque 
que  Richelieu  avait  examiné  le  travail, 
.  préparé,  d'après  ses  instructions,  par  les 
personnages  que  nous  venons  de  nommer. 

74 


586  LETTRES 


COMMERCE  ET  COLONISATION. 

.  .  .Juillet  1626. 


Dans  ses  vues  générales  de  bon  gouvernement,  le  roi  bien-aimé  que  Ravaillac 
assassina  avait  donné  une  grande  place  au  commerce;  mais  l'inliabile  régence 
qui  lui  succéda  ne  s'en  occupa  guère.  Cependant,  quelques  esprits  moins  oublieux 
(les  intérêts  de  l'Etat  avaient  encouragé,  en  1611,  une  compagnie  formée  pour  le 
commerce  des  Indes  orientales;  un  édit  fut  rendu,  qui  donnait  aux  gentils- 
hommes la  faculté  de  s'associer  à  cette  compagnie,  sans  rien  perdre  des  privi- 
lèges de  leur  noblesse,  et  une  nouvelle  déclaration  parut  en  i6i5  ';  mais  ces 
impuissants  essais  n'avaient  amené  aucun  progrès  dans  les  relations  coimnerciales 
de  la  France.  Dix  ans  plus  tard,  lorsque  le  cardinal  eut  en  main  la  direction 
des  affaires  du  royaume,  des  projets  plus  sérieux  occupèrent  ce  grand  ministre. 
Richelieu  professait  cette  double  maxime  :  «  Les  états  s'agrandissent  par  la  guerre 
et  s'enrichissent,  dans  la  paix,  par  le  commerce.  »  Son  gouvernement  a  fort  bien 
prouvé  le  premier  axiome;  mais  le  second  est  resté  sans  application,  la  paix 
n'ayant  point  trouvé  place  dans  les  dix-huit  années  de  ce  gouvernement.  Cepen- 
dant, malgré  les  circonstances  défavorables,  il  saisissait  avec  empressement 
toute  occasion  de  montrer  combien  il  avait  à  cœur  d'ouvrir  pour  la  France 
cette  source  de  richesse;  et  nous  avons  à  résumer  icy  quelques  pièces  que  nous  ne 
devons  pas  donner  in  extenso.  Durant  le  séjour  qu'il  fit  à  Nantes,  pour  le  jugement 
de  Chalais,  en  1626,  une  grande  entreprise  lui  fut  proposée,  et  il  fit  rendre 
au  roi  un  (îdit  pour  V établissement  du  commerce  au  havre  du  Morbihan.  Cet  édit  que 
Richelieu  rappelle  dans  ses  Mémoires^  en  termes  magnifiques,  «dont  l'exécution 
seule,  dit-il,  est  capable  de  remettre  le  royaume  en  sa  première  splendeur,  »  se 
compose  de  vingt  et  un  articles,  précédés  d'un  préambule  écrit  sans  doute  par  le 
cardinal,  et  que  nous  devons  noter  ici;  une  copie  seulement  est  indiquée  dans  la 
Bibliothèque  du  F.  Le  Long^;  mais  le  véritable  texte  en  était  inconnu,  lorsque 
M.  Dugast-M atifeux ,  de  la  société  des  Antiquaires  de  l'Ouest,  l'a  trouvé  et  repro- 
duit dans  un  curieux  travail  publié  à  Nantes  en  iSSy  *.  Toutefois,  les  édits  res- 

'   Recueil  des  anciennes   lois  françaises,  du  Morbihan ,  ou  plutôt  ces  édits ,  car  il  y  en 

par  Isambert  et  Taillandier,  t.  XVI,  p.  78.  a  deux,  l'un  du  mois  de  juillet  et  l'autre 

"  T.  III,  p.  127,  édit.  Petitol.  du  mois  d'août  1626,  bien  qu'ils  ne  dif- 

'  N°  28179,  édit.  de  Févret  de  Fon-  fèrent  entre  eux  que  comme  une  seconde 

tette.  édition,    revue,   corrigée   et  augmentée, 

*  Le  commerce  honorable  et  sonauteur,  elc.  diffère  de  la  première.  Nous  les  reprodui- 

«  Nous    réimprimons    lextuellemcnt    (dit  sons,  non  d'après  l'espèce  de  fusion  incor- 

M.  Dugast),  à  la  suite  de  ce  travail,  cet  édit  recte  des  deux  pièces  qu'on  trouve  dans 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


587 


tèrent  sans  effet,  le  parlement  de  Bretagne  ayant  mis  obstacle  à  l'établissement 
de  la  compagnie  ;  mais  Richelieu  ne  tarda  pas  à  réparer  cet  échec.  De  retour  à 
Paris,  et  revêtu  alors  du  titre  de  grand  maître  de  la  navigation  et  surintendant 
du  commerce  de  France,  il  signa,  le  3i  octobre,  les  statuts  d'une  compagnie  nou- 
velle, lesquels  se  trouvent  aux  archives  des  Affaires  étrangères',  sous  ce  titre  : 
«  Acte  d'association  des  seigneurs  de  la  compagnie  des  Isle  de  l'Amérique.  Paris.  • 
Les  signatures  sont  en  blanc,  et  au-dessous  de  ce  blanc:  «Signé  le  cardinal  de 
Richelieu  pour  lo.ooo  livres.  »  Cette  fois  nous  ne  trouvons  point  d'édit;  Richelieu, 
craignant  peut-être  encore  quelque  résistance,  se  contenta  de  constituer  une 
compagnie  commerciale  dont  il  se  mit  lui-même,  et  de  lui  faire  donner,  par  les 
lois  de  sa  constitution,  l'appui  du  gouvernement. 

Bientôt  le  cardinal  tourna  ses  regards  vers  le  Canada.  Notre  manuscrit  conserve 
de  très-longues  lettres  patentes,  où  nous  lisons  dans  le  préa"mbule  :  •  Le  roy,  con- 
tinuant le  même  désir  que  le  roy  Henry  le  Grand  son  père,  de  glorieuse  mé- 
moire, avoit  de  faire  rechercher  et  descouvrir  es  pays,  terres  et  contrées  de  la 
Nouvelle-France,  dite  Canada,  quelque  habitation  capable  pour  y  establir  colo- 
nies  Monseigneur  le  cardinal  de  Richelieu,  grand  maistre,  etc.,  par  devoir 

de  sa  charge  de  faire  réussir  les  sainctes  intentions  et  desseings  desd.  seigneurs 
roys,  ayant  considéré,  etc.  Le  premier  point  est  de  disposer  les  peuples  à  la  co- 
gnoissance  du  vray  Dieu;  puis,  après  un  blâme  sur  les  désordres  et  l'incapacité 
des  premiers  colonisateurs,  les  lettres  patentes  énumèrent  les  obligations  de  ceux 
qui  se  chargent  maintenant  de  coloniser,  ainsi  que  les  engagements  de  toutes 
sortes  pris  par  le  gouvernement  à  leur  égard.  Après  la  signature  du  roi,  vient 
une  ordonnance  de  Richelieu  pour  l'exécution  de  ces  lettres  patentes  (fol.  55-63). 


le  Mercure  Jrançois  (t.  XU,  p.  Itli  à  45)  et 
dans  les  Recherches  sur  les  finances  de  France, 
par  Forbonnais  (t.  I,  p.  573  à  578  de 
l'éd.  in-4°),  mais  d'après  l'exemplaire  im- 
primé du  temps ,  appartenant  aux  archives 
de  la  mairie  de  Nantes,  qui  est  peut-être 
unique.  »  (Page  1 1.) 

'  Les  pouvoirs  conférés  le  même  jour 
aux  sieurs  d'Esnambuc  et  du  Roissy  sont 
conservés  dans  notre  manuscrit,  fol.  45. 
Il  faut  noter  aussi  la  «  commission  donnée 
par  le  cardinal,  le  24  janvier  1627,  auxd. 
sieurs  d  Esnambuc  et  du  Rossey,  capitaines 
du  roy  dans  les  mers  du  Ponant ,  pour  es- 
tablir une  colonie  françoise  dans  les  An- 


lisles  (tic)  d'Amérique ,  »  fol.  ig.  Il  faut  lire , 
à  ce  sujet ,  un  écrit  plein  d'intérêt  publié  en 
i863  par  M.  P.  Margry,  où  fauteur  a  res- 
titué à  Belain  d'Esnambuc  la  gloire  dont  les 
précédents  historiens  favaient  dépouillé. 
Cette  étude  fait  vivement  désirer  le  grand 
travail  que  préparc,  depuis  plusieurs  an- 
nées ,  M.  Margry,  et  pour  lequel  il  a  re- 
cueilli ,  dans  d'infatigables  recherches,  des 
documents  neufs  et  précieux.  M.  Margry  a 
pu  vériGer  que  fodicier  compagnon  d'Es- 
nambuc, dont  le  nom  est  écrit  de  diverses 
manières  dans  nos  manuscrits,  signait: 
Urbain  de  Roissey. 


7i. 


588  LETTRES 

— Quant  à  la  compagnie  constituée  le  3i  octobre  1626,  ses  vicissitudes  furent  telles 
que  nous  verrons  le  cardinal  créer,  en  i635,  pour  la  rétablir,  une  compagnie 
nouvelle,  avec  de  plus  larges  concessions  (fol.  112-122  du  manuscrit  précité). 


cxxx. 

Arch.  des  AIT.  étr,  Angleterre,  t.  lu,  fol.  i46.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

A  M.  DE  MENDE. 

26juillct  1626. 

Monsieur,  nous  avons  quelque  lumière  que  vos  Anglois  veulent  se 
prévaloir  du  mescontentement  d'Hébertin  ^ ,  et  voudroient,  en  sa  fa- 
veur, exciter  les  Rochelois.  Je  croy  que  le  voyage  du  clerc  dont  vous 
nous  avés  parlé  est  à  cette  fin,  et  nous  pensons  que  celuy  qui  manie 
cette  affaire  est  l'ambassadeur  de  Savoye.  Au  reste,  nous  avons  surpris 
un  paquet  de  Madame  de  Rohan  la  mère  à  M''  de  Soubise ,  en  Angle- 
terre, qui  l'excite  comme  une  mégère  à  faire  ce  qu'il  pourra  pour  re- 
commencer la  vie  qu'il  a  faicte.  Nous  ne  doutons  pas  de  sa  bonne 
volonté,  mais  bien  de  sa  puissance.  Pour  les  Rochelois,  ils  se  flattent 
que  Soubise  aura  part  à  un  armement  anglois ,  et  que ,  sous  ce  prétexte , 
il  les  pourra  ayder.  Descouvrés  ce  que  vous  pourrés  et  me  mandés  vos 
advis.  Nous  avons  descouvert  de  très-grandes  cabales  par  la  prise  de 
Ghalais.  Nous  ferons  ce  qui  se  doit  pour  y  remédier. 


CXXXI. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France  (vol.  vert),  t.  VI,  fol.  5i.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

AU  RÉVÉREND  P.  JOSEPH. 

[Après  juillet  1626'.] 

Mon  Père,  pour  response  à  ce  dont  vous  m'avés  escrit  touchant 

'  On  a  déjà  vu  que   c'est   Monsieur,  '  La  date  manque;  une  main  étrangère 

comme,  dans  ce  jargon,  la  reine  mère  est        a  mis  en  tête  i63o,date  fausse  sans  doute. 
Hébert.  UichelieunommeChaudebonne  parmi  ceux. 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  589 

i'  de  Chaudebonne,  je  vous  diray  librement  que  je  l'estime  beau- 
coup. Je  le  tiens  homme  de  parole  et  de  cœur,  et  vous  asseure  qvie  je 
seray  bien  aise  de  le  semr  auprès  du  roy.  Au  reste  vous  cognoissés 
mon  humeur,  si  je  ne  faisois  cas  de  luy,  je  ne  le  dirois  pas.  Je  le  re- 
mercie des  offres  qu'il  vous  a  faites ,  tant  pom'  le  service  du  roy,  de  la 
reyne  sa  mère,  que  poiu*  mon  particulier.  Quand  il  plaira  au  roy  le 
tirer  du  lieu  où  il  est,  ce  sera  sans  stipuler  aucune  condilion  parti- 
culière avec  luy,  et  ceux  qui  l'assisteront  le  feront  sans  dessein.  Il  est 
en  lieu  de  tout  promettre,  il  seroitpeu  honneste  d'exiger  des  paroles 
d'une  personne  qui  est  en  Testât  auquel  il  est.  La  conscience  d'un 
homme  d'honeur  luy  faict  faire  plus  que  tous  les  serments  du  monde 
faicts  en  lieu  contraint. 

Monsieur  est  parfaitement  bien  auprès  du  roy.  Sa  Majesté  en  est 
fort  contente.  Pour  mon  particulier,  voiis  sçavés  bien  que  je  ne 
souhaite  rien  au  monde  come  la  tranquillité  de  cet  estât,  et  de  voir 
Monsieur  grand  et  heureux  dans  la  prospérité  et  le  bonheur  des  af- 
faires du  roy.  Par  ce  moyen ,  il  sera  bien  aisé  à  tous  ceux  qui  servi- 
ront Monsieur  de  servir  le  roy  et  l'Estat,  puisque  ces  deux  choses  ne 
requièrent  rien  qui  ne  soit  advantageux  à  Monsieur. 

Les  intrigues  des  femmes  nuisent  plus  à  M'  de  Chaudebonne 
qu'autre  chose  '.  Je  suis,  côme  vous  sçavés,  mon  père,  tout  ce  que 
vous  voudrés  pour  vous.  (ptp 


qui  trempèrent  dans  les  intrigues  de  Gas- 
ton au  temps  de  l'affaire  de  Chalais,  et  il 
fut  arrêté  le  4  mai  i6a6,  et  mis  au  bois 
de  Vincennes.  Nous  le  trouvons  en  liberté 
en  1 628.  (Mém.de  Richelieu,  t.  III,  p.  6 1  -73 .) 
Ce«t  donc  dans  cet  intervalle  que  vient  se 
placer  cette  lettre.  Nous  y  voyons  qu'au 
moment  où  elle  fut  écrite  •  Monsieur  était 
parfaitement  bien  auprès  du  roi ,  »  et  nous 
savons  que  l'accommodement  de  Louis  XIII 
et  de  son  frère  se  fit  le  dernierjuillet,  jour 
où  fut  sig^é  le  don  de  l'apanage  du  duché 


d'Orléans.  La  présente  lettre  ne  peut  donc 
être  antérieure  à  celle  date;  quant  à  la 
date  précise ,  rien  ne  l'indique. 

'  Voy.  sur  Chaudebonne  notre  t.  IV, 
p.  368.  Ajoutons  que  le  duc  d'Orléans  le 
fit  chevalier  d'honneur  de  la  duchesse  lors 
de  son  mariage  secret  avec  Marguerite  de 
Lorraine.  C'était  un  homme  à  la  mode  et 
de  la  société  de  l'hôtel  de  Rambouillet.  On 
le  rencontre  dans  les  lettres  de  Voiture  et 
autres  écrits  du  temps. 


590 


LETTRES 


CXXXII. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Angleterre,  t.  4i,  fol.  208.  —  Mise  au  net. 

A  M.  DE  MENDE. 

27  aoust  1626  '. 

Monsieur,  je  ne  sçaurois  assez  m'estonner  de  la  perfidie  dont  les 
Anglois  ont  usé  envers  la  reyne  vostre  maistresse,  envers  la  France, 
toute  la  chrestienté  et  eux-mesmes ,  puisque  ceux  qui  violent  la  foy 
publique  manquent  autant  à  eux  comme  à  autruy. 

Je  plains  la  misère  de  la  reyne  ;  je  la  pleure  de  larmes  de  sang  et 
prie  Dieu  de  tout  mon  cœur  qu'il  l'assiste  par  im  redoublement  de 
ses  grâces  ^.  Je  l'espère ,  avec  confiance  en  sa  bonté  et  en  sa  justice  ; 
et  croy  que  nous  verrons  un  jour  ceux  qui  sont  auteurs  d'une  sy  per- 
fide barbarie  porter  la  peine  de  leur  crime. 

Je  suis  bien  ayse  que  vous  aies  pris  la  résolution  de  ne  partir  point 
de  là  que  par  force,  ou  par  le  commandement  du  roy;  cela  tesmoigne 
vostre  jugement  et  vostre  courage.  Je  m'exposerois  volontiers  au  mar- 
tyre en  une  telle  cause ,  où  il  s'agit  clairement  de  la  religion.  Je  n'es- 
time pas  les  auteurs  de  vos  persécutions  estre  assez  hardis  pour  en 
procurer  la  gloire  à  ceux  qui  résisteront,  comme  vous  faites,  forte- 
ment à  leur  violence. 


'  Cette  date,  ainsi  que  le  litre,  a  été 
écrite  en  tête,  par  une  autre  main. 

'  Nous  trouvons,  dans  ce  même  ma- 
nuscrit des  Affaires  étrangères,  fol.  216, 
une  lettre  de  la  reine  mère  à  sa  fille,  au 
sujet  des  chagrins  qui  l'affligent.  Elle  n'est 
point  datée,  mais  elle  appartient  évidem- 
ment à  cette  époque,  et  il  convient  de  la 
noter  ici.  Dans  cette  lettre,  toute  remplie 
de  larmes  maternelles  et  de  conseils  pieux 
donnés  en  slyle  un  peu  diffus ,  Marie  de 
Médicis  exprime  à  la  jeune  reine  sa  pro- 


fonde douleur;  elle  l'exhorte  à  suivre  les 
avis  du  P.  Philippe.  Elle  a  été  bien  heu- 
reuse d'apprendre  par  le  P.  de  Sancy 
qu'elle  remplit  assidûment  ses  devoirs  de 
religion.  La  reine  mère  ne  peut  être  sans 
crainte  en  sachant  sa  fille  au  lieu  où  elle 
est  :  «  Ne  prenez ,  lui  dit-elle ,  ny  confiance , 
ny  plaisir  de  la  pluspart  des  gens  qu'on 
m'a  dit  qui  vous  approchent.  Dieu  vous 
préservera  de  leurs  paçoles.  »  Richelieu  a 
dû  être  consulté  pour  cette  lettre  qu'il  n'a 
certainement  pas  dictée.  ^ 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  591 

Le  roy  envoie  M''  de  Bassompierre  '  pour  tesnioigner  le  juste  res- 
sentiment qu'il  a  de  cette  perfidie,  en  laquelle  on  prendra  tous  les 
conseils  que  vous  pouvés  vous  imaginer  pour  la  dignité  d'un  si  grand 
prince ,  et  pour  empescher  que  l'âme  d'une  si  vertueuse  princesse  ne 
soit  en  hasard.  Vous  âvés  parfaictement  bien  faict  de  maintenir  parti- 
culièrement son  médecin  et  son  apoticaire,  afin  d'empescber  qu'il  n'y 
ayt  pas  de  facilité  à  exécuter  un  mauvais  dessein  sur  sa  personne. 
Sur  cela,  etc. 

Au  nom  de  Dieu,  trouvés  des  inventions  pour  donner  courage  à  la 
reyne,  et  fasseurés  qu'elle  sera  assistée  et  servie  comme  elle  le  sçau' 
roit  désirer  ^. 

Quelques  jours  avant  la  date  de  cette  lettre,  le  roi  avait  parlé  à  l'envoyé  d'An- 
gleterre sur  un  ton  où  l'on  sent  l'inspiration  de  Richelieu  : 

«  Je  n'ay  aucune  occasion  de  croire  que  les  François  se  soient  mal  gouvernez  en 
Angleterre;  et  quand  ainsy  seroit,  le  roy  mon  frère  m'en  devroit  faire  plainte. 
L'on  a  faict  une  violence  inouïe;  l'on  a  rompu  la  foy  publique  et  manqué  à  ce  à 
quoy  le  contract  de  mariage  de  ma  sœur  obligeoit.  J'envoie  le  maréchal  de  Bas- 
sompierre pour  m'en  plaindre  et  tesmoigner   au  roy  de  la   Grande-Bretagne, 

'  On  a  vu ,  dans  notre  deuxième  volume ,  Bassompierre  et  les  ministres  du  roy  de  la 

p.    a4i,   l"instruction   donnée  à  Bassom-  Grande-Bretagne,  sur  le  restablissement 

pierre.  Il  partit  le  27  septembre,  et  re-  des  officiers  françois  près  de  la  rcy ne»  (du 

vint  en  France  à  la  fin  de  décembre.  En  21  nov.  fol.  aag).  —  «Mémoire  envoyé 

réalité,  son  ambassade  avait  été  sans  suc-  par  M'  de  Scbouiberg,»  où  on  lit  :  «Il 

ces,  et,  «  le  lendemain  du  jour  où  il  quitta  faut  premièrement  songer  à  ne  pas  rendre 

Londres  ,  il  fut  donné  un  commandement  la  reyne  d'Angleterre  malheureuse  en  son 

«ecret  par  toute  l'Angleterre  d'arrêter  les  mariage. . .  que  la  reyne  sa  mère  et  le  roy 

vaisseaux  et  les  marchandises  des  Français  ;  luy  escrivent  de  bonne  encre  qu'elle  se 

c'estce  que  ditRichelieudans  ses  Mémoires,  doibt  accommoder  aux  volontez  du  roy  son 

où  il  parle  de  Bassompierre  avec  un  nié-  mary,  et  user  de  complaisance  plus  qu'elle 

contentement  visible  (t.  lll,p.  27  1).  Le  ma-         n'a  faict  jusques  à  cette  heure »  (pièce 

nuscrit  cité  aux  sources  contient,  touchant  sans  date,  fol.  937).  —  Enfin,  un  cahier 

la  mission  de  cet  ambassadeur,  diverses  intitulé  :  •  Histoire  de  ce  qui  s'est  passé  en 

pièces,  panni  lesquelles  nous  indiquerons  :  Angleterre    depuis   le   voyage  de    Madame 

«  Propositions  de  M' de  Bassompierre jusques  au  bannissement  des  François  (fol. 

et  responses  de  M"  les  commissaires  de  2/i7-32i). 

Sa  Majesté  britannique»  (  i3  nov.  fol.  323-  '  Cette  espèce  de  post-scriptum  est  de 

228).  —  «  Escrit  passé  entre  le  maréchal  de  la  main  de  Charpentier. 


592  LETTRES 

mon  frère,  mon  sentiment.  Je  m'asseure  qu'il  réparera  promptement  la  vio- 
lence qui  a  esté  faicte.  Je  le  désire.  Quand  j'auray  des  nouvelles  de  Bassom- 
pierre,  je  vous  diray  mon  sentiment,  qui  sera  tel  que  vous  sçavés  bien  que  je  le 
doibs  avoir. 

«  En  un  mot,  j'aimerois  mieux  mourir  que  de  souffrir  une  indignité.  »  (Arch. 
des  Aff.  étrang.  Ms.  cité  aux  sources,  fol.  i83.)  —  En  tête  de  cette  pièce  on  lit  : 
«Paroles  dictes  par  le  roy  à  M.  Carleton,  en  l'audience  qu'il  eust  à  Nantes  le 
2  2  aousl  1G26.  » 


CXXXIII. 
Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  64,  pièce  43*.  —  Copie. 

JUGEMENT   DU   CARDINAL, 

SUR  LES  PROPOSITIONS  DE  M.  LE  GARDE  DES  SCEAULX  '. 

Décembre  1626. 

Toutes  ces  propositions  sont  fort  bonnes,  mais  elles  feront  que  l'as- 
semblée durera  jusques  à  Pasques;  et  il  semble  qu'on  les  peut  com- 
prendre en  im  mot,  ensuite  duquel  elles  recevront  force  de  cette 
assemblée,  sans  y  estre  particulièrement  expliquées.  Outre  qu'il  im- 
porte à  Sa  Majesté  de  ne  faire  rien  résoudre  qui  ne  soit  exécuté  au 
niesme  temps,  ce  qui  faict  qu'il  faut  s'abstenir  de  beaucoup  de  choses 
qui  sont  à  désirer,  mais  non  à  espérer,  ny  à  faire  en  cette  saison. 

Il  y  auroit  encore  plusieurs  autres  propositions  à  faire  en  l'assem- 
blée; mais  d'autant  que  la  pluspart  ont  esté  proposées  en  celle  tenue 
à  Rouen  en  l'an  1617,  et  qu'il  y  a  advis  de  la  compagnie  sur  icelles, 
il  suffit  que  celle  qui  subsiste  maintenant  supplie  le  roy  de  faire  exé- 
cuter les  advis  qui  luy  furent  donnez  à  Rouen  en  temps  convenable  à 
iceux ,  selon  que  Sa  Majesté  le  jugera  à  propos. 

'  Le  titre  esl  écrit  de  la  main  de  Riche-  même  année.   L'assemblée  des  notables 

lieu ,  sur  un  petit  feuillet  qui  précède  celle  dont  il  s'agit  doit  être  celle  qui  s'ouvrit  en 

pièce.  Elle  n'est  point  datée,  et  elle  se  décembre  1626.  Les  sages  réflexions  du 

trouve  dans  un  volume  où,  avec  quelques  cardinal  s'appliquent  à  des  propositions  du 

pièces  de  1682 ,  on  en  a  mis  pêle-mêle  garde  des  sceaux  Marillac,  lesquelles  sans 

beaucoup  d'autres  sans  date,  classées  sans  doute  n'ont  pas  été  conservées. 


examen ,  et  qui  ne  peuvent  appartenir  à  la 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  593 

Il  faut  cependant  proposer  le  remède  aux  rébellions  '  ;  celuy  des 
larcins  des  financiers ,  résidences  des  évesques  et  curez ,  augmentation 
du  revenu  des  cures. 

Faut  raccommoder  l'article  des  grands  jours  *. 


ANNEE  1627. 


CXXXIV. 

France ,  t.  6à,  pièce  ùW-  —  Copie  de  la  main  de  Le  Masle  '. 

ALLOCUTION. 

[ .  .  .Janvier  iGjy.  ] 

Messieurs,  jusques  à  présent  je  suis  venu  en  vostre  assemblée  de 
la  part  du  roy,  pour  vous  faire  sçavoir  ses  bonnes  intentions  et  vous 


'  La  pièce  4a' du  môme  manuscrit,  in- 
titulée :  n  Touchant  le  repos  de  l'Estal, 
amas  d'armes,  armement  et  levées,  fac- 
tions et  conjurations,  »  satisfait  à  cet  ar- 
ticle. C'est  une  mise  au  net  de  trois  pages, 
soigneusement  écrite  :  La  fréquence  des 
rébellions  doit  être  réprimée;  on  invoque 
à  ce  sujet  les  avis  de  la  dernière  assemblée 
tenue  à  Rouen.  Défense  aux  particuliers 
de  communiquer  avec  les  ambassadeurs 
étrangers.  Renouveler  la  sévérité  des  an- 
ciennes ordonnances.  Dans  les  articles  sui- 
vants sont  énoncés  les  cas  qui  constituent 
le  crime  de  lèse-majesté,  de  rébellion ,  et, 
parmi  ceux  qui  sont  châtiés  pour  ces 
crimes,  on  comprend  les  calomniateurs, 
auteurs  de  libelles  diffamatoires  et  ceux  qui 
les  sèment.  A  la  fm  de  la  pièce  on  lit  :  «  Sa 
Majesté  demande,  sur  ces  propositions, 
l'advis  de  l'assemblée.  • 

'  La  pièce  ii'  mérite  également  d'être 
notée  comme   un  indice  de  l'esprit  qui 


CABDIN.  DE   niCUXLlEU.  - 


animait  alors  une  bonne  partie  de  la  no- 
blesse ;  elle  doit  aussi  appartenir  à  l'année 
i6a6,  quoiqu'elle  porte  en  tête,  comme 
les  deux  autres,  le  millésime  i63a,  écrit 
au  crayon,  et  sans  doute  pour  ce  faux 
classement  que  nous  venons  de  signaler. 
Elle  est  intitulée  :  «  Articles  que  présentent 
au  roy  les  notables  du  corps  de  la  no- 
blesse. »  Elle  remplit  cinq  feuillets  et  est 
divisée  en  vingt-deux  articles  :  le  premier 
demande  l'abolition  de  la  vénalité  des 
charges;  le  second  établit  que  les  nobles 
méritent  la  préférence  pour  les  charges  les 
plus  élevées.  Ne  donner  certains  bénéfices 
ecclésiastiques  qu'à  ceux  dont  la  noblesse 
est  bien  prouvée  ;  diminuer  le  nombre  des 
collèges  pour  la  bourgeoisie,  etc.  Toute  la 
pièce  a  pour  but  de  reconstituer  la  no- 
blesse qui  dépérit.  On  y  propose  la  créa- 
tion d'un  ordre  de  Saint-Louis. 

'  Nous  avons  donné,  dans  le  second 
volume ,  la  harangue  prononcée  par  Riche- 

75 


594  LETTRES 

conjurer  à  les  suivre.  Maintenant  vos  désirs  et  les  commandemens  de 
Sa  Majesté  m'y  donnent  entrée  d'une  autre  sorte,  puisque  c'est  pour 
seconder  vos  louables  desseins  et  conspirer  avec  vous  à  former  des 
advis  utiles  à  cet  estât,  pour  estre  portez  de  vostre  part  au  roy.  Il 
semble  d'abord  que  ces  fonctions  ayent  quelque  cbose  de  contraire; 
mais  en  effect,  il  n'est  pas  vray,  puisque  vos  intentions,  les  volontés 
du  roy  et  le  bien  de  cet  estât  ne  sont  qu'une  mesme  chose. 

Je  ne  viens  pas  icy,  Messieurs,  pour  vous  entretenir  à  l'advenir 
d'aucuns  discours,  mais  bien  pour  soubsmettre  mes  pensées  aux 
vostres,  suivre  vos  bonnes  ouvertures  et  obéir  à  ce  qu'il  vous  plaira 
m'ordonner. 

Le  roy  attend  vos  advis  avec  impatience.  Le  bien  de  cet  estât  re- 
quiert que  vous  les  donniés  promptement.  Le  temps  presse,  la  néces- 
sité parle  et  me  faict  taire ,  puisque  sa  voix  est  plus  forte  que  celle  de 
tous  les  plus  éloqviens  humains  du  monde. 


NOTA. 

[  Un  peu  après  le  22  juin  1627.] 

On  a  pu  lire,  dans  notre  second  volume  (p.  478  et  A79),  deux  lettres  de 
Richelieu  au  sujet  de  la  condamnation  de  Boutteville.  Nous  avons  à  ajouter  ici 
quelques  lignes.  Le  Parlement  usa,  à  l'égard  des  condamnés,  de  quelques  adou- 
cissements dont  le  cardinal  se  plaignit  vivement,  et  ce  qui  le  mécontenta  surtout, 
c'est  qu'on  fit  différer  l'exécution  jusqu'au  lendemain,  afin  de  donner  aux  fa- 
milles des  condamnés  le  temps  d'implorer  la  clémence  du  roi.  Nous  avons  ren- 
contré aux  Affaires  étrangères  ^  une  note  pleine  d'amertume  contre  les  magistrats. 
C'est  une  pièce  de  la  main  de  Charpentier,  avec  quelques  mots  de  l'écriture  de 
Richelieu,  qui  a  mis  au  dos  :  «  Touchant  le  Parlement  au  garde  des  sceaux.  »  Et 
oh  lit  à  la  mai^e  :  «Renvoyés-moi,  s'il  vous  plaist,  mon  billet  par  le  porteur.  » 
Ce  qui  explique  comment  nous  l'avons  trouvé  parmi  les  papiers  du  cardinal. 

lieu  le  Jour  de  l'ouverture  de  l'assemblée  autres;  nous  la  plaçons  au  mois  de  jan- 

(p.  397)  et  la  courte  allocution  accompa-  vier.  Comme  la  pièce  précédente,  elle  est 

gnant  les  propositions  envoyées  par  le  roi  fautivement  classée  dans  le  tome  64- 
(p.  3i5);  les  premiers  mots  de  cette  pièce  '  France,  t.  64,  fol.  45- 

montrent  qu'elle  est  postérieure  aux  deux 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  595 

Les  réflexions  que  fait  ici  Richelieu,  il  les  a  conservées  dans  ses  Mémoires', 
où  il  les  attribue ,  en  quelque  sorte ,  au  roi.  La  pièce  des  Affaires  étrangères  com- 
mence ainsi  : 

•  Le  procéder  du  Parlement  est  insupportable. 

«  Ils  justifient  leurs  bons  desseins  en  toutes  occasions » 

Et  on  lit  dans  les  Mémoires  : 

•  Le  roi  trouva  ce  procéder  insupportable ,  et  remarqua  qu'ils  faisoient  paroître 
leurs  mauvais  desseins  en  toutes  occasions • 

Cette  autre  phrase  :  «  Je  vous  avoue  que  le  Parlement  mérite  une  touche;  reste 
à  voir  comme  il  la  faut  donner  »,  devient,  dans  les  Mémoires  :  «  Qui  ne  voit  que 
le  Parlement  mérite  une  touche,  si  la  bonté  du  roi  ne  le  retenoit  de  la  lui  donner.  » 

Notons  encore  que  cette  petite  phrase  :  «  Il  fait  bon  estre  parent  de  M'  de 
Mesme  *,  »  est  ajoutée  sur  le  manuscrit  original ,  de  la  main  de  Richelieu. 

C'est  aussi  une  pièce  digne  d'être  lue  que  la  réponse  du  roi  à  une  supplique 
du  duc  de  Montmorency  en  faveur  de  son  cousin.  Il  n'est  pas  douteux  que  cette 
réponse  du  roi  ne  soit  l'œuvre  de  Richelieu.  Le  lecteur  la  trouvera  dans  le 
tome  XIII  du  Mercare  français  (p.  Ii22),  à  la  suite  de  la  lettre  du  duc  de  Mont- 
morency. 


cxxxv. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  8,  pièce  107  '. 
OBSERVATIONS  DE  RICHELIEU 

SDR   DME    LETTRE    DE    M.    DE    SAINT-CHAMOND    À    M.    D'HERBACLT 
ET  SDR  LE  PROJET  DE  RÉPONSE  DE  CE  SECRÉTAIRE  D'ÉTAT. 

■  26  décembre  16J7  '. 

Les  deux  pensions  sont  né-  Le  comte  Strigio  s'est  tellement  déclaré 

cessaires  François  qu'il  ne  s'en  peut  plus  desdire. 

'  Édit.  Petitot,  t.  III,  p.  3oa-3o3.  '  Dans  le  manuscrit  cette  pièce  est 
'  •  Us  osèrent  absoudre  la  mémoire  du  .classée,  par  erreur,  après  celle  qui  est 
mort,!  dit  Richelieu  dans  sa  note.  Ce  datée  des  3o  et  3i  décembre, 
mort  était  Bussy-d'Amboise ,  qui,  comme  *  Ces  réponses  marginales  sont  de  la 
on  sait,  fut  tué  par  Deschapeile  dans  le  main  de  Richelieu.  — Nous  avons  déjà  dit 
duel  à  six  de  Boutleville.  Il  était  fils  de  la  que,  dans  les  premières  années  de  son  mi- 
femme  du  président  de  Mesmes.  nistère,  le  cardinal  laissait  au  secrétaire 

75. 


596 


LETTRES 


Cela  est  nécessaire. 


Cela  est  juste. 

il    faut   escrire    au   grand 
duc  par  nécessité. 


M.  de  S'-Ghamond  seroit  d'advis ,  {jour  le 
confirmer  en  cette  affection ,  que  Sa  Majesté 
l'honorast  d'une  pension  qui  lui  fust  effec- 
tivement payée',  et  de  faire  payer  aussy 
celle  du  comte  Gazaldo,  qui  n'est  que  de 
600  escus 

Il  est  d'advis  c[ue  le  roy  écrive  fortement 
à  M.  de  Nevers ,  pour  s'accorder  avec  M' de 
Savoie,  lequel,  sans  cette  espérance,  fera  la 
guerre  au  Montferrat;  et  les  Espagnols,  sur 
cette  occasion,  voudront  l'envahir  soubs 
prétexte  de  le  deffendre .* 

La  mort  du  duc  de  Mantoue  arriva  la 
nuit  du  25  décembre.  Le  duc  de  Réthelois 
espousa  la  princesse  à  mesme  temj)s  et  au- 
paravant que  l'on  en  peust  donner  advis  à 
M'  de  Savoye  et  à  la  duchesse  de  Mantoue. 
Toutes  choses  sont  bien  disposées  de  ce  co&té 
Ik ,  attendant  l'arrivée  de  M.  de  Nevers. 

M^  de  Saint -Ghamond  demande  son 
deuil  et  sa  pension  de  l'année  passée 

^  J'estime  que,  pour  respondre  à  cette 
depesche ,  il  fauldra  suivre  le  mémoire  que 
M'  de  Nevers  a  envoyé.  Sçavoir  s'il  y  a 
quelque  chose  qui  empesche  d'esbrire  au 
grand  duc,  parce  que  l'article  dud.  mé- 
moire n'est  point  approuvé  de  monsei- 
gneur le  cardinal? 


d'Etat  des  Affaires  étrangères  une  assez 
grande  part  dans  la  rédaction  des  pièces 
diplomatiques  ;  mais ,  dans  tous  les  cas  de 
quelque  importance,  il  était  consulté,  et 
les  dépèches  étaient  soumises  à  sa  révision  ; 
aussi  le  mot  «  reveue  »  se  trouve  assez 
souvent  au  bas  de  la  minute  des  dépèches 
de  ce  temps-là.  Nous  donnons ,  dans  cette 
pièce  et  dans  la  suivante ,  un  spécimen  de 
la  manière  dont  ce  travail  se  faisait.  Nous 
ne  conservons  de  la  lettre  de  Saint-Cha- 


motid,  ainsi  que  de  celle  de  Marini  ci- 
après,  que  les  passages  auxquels  se  rap- 
portent les  apostilles  du  cardinal.  On  a  vu 
que  M.  de  Saint-Chamond  était  alors  en- 
voyé extraordinaire  à  Turin. 

'  On  sait  que,  sous  Louis  XIII,  les  bre- 
vets de  pension  étaient  assez  fréquemment 
un  titre  sec. 

'  Ce  qui  suit  est  le  projet  de  réponse, 
écrit  au  bas  de  la  lettre  de  Saint-Chamond, 
et  soumis  au cardinalparlesecrétaired'E(at. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


597 


Il  faut  escrire,  comme  il 
est  dict  ci-dessus  ',  à  M.  de 
Savoye,  et  commander  à  Saint- 
Chaumond  qu'après  avoir  eu 
parole  de  M""  de  Nevers  pour 
l'accord,  il  se  transporte  en 
Savoye  et  advertisse  de  ce 
cpi'il  estimera  à  propos. 

Il  le  faut  faire  puissam- 
ment. 

Il  suffit  de  les  prier  d'in- 
tervenir en  cette  affaire  pour 
empescher  qu'elle  ne  trouble 
le  repos  d'Italie,  comme  Sa 
Majesté  le  veut  faire. 

11  fault  attendre  la  fin  de 
l'affaire  de  Gennes^. 


Ce  voyage  méritte  bien  un 
bomme  exprès  et  entendu, 
capable  de  destremper  l'amer- 
tume de  l'esprit  de  M.  de  Sa- 
voye par  belles  parolles  et 
promesses  de  l'intervention 
du  roy. 

'  Nous  venons  de  dire  que  cette  pièce 
est  classée  dans  le  manuscrit  après  celle 
du  3o  ;  c'est  ce  que  signifie  le  mot  ci-dessus. 
Richelieu  renvoie  à  l'apostille  de  ladite 
pièce  ci-après ,  p.  696 ,  deuxième  observa- 
tion marginale. 


Sçavoir  de  quelle  sorte  on  escrira  au  duc 
de  Savoye,  si  le  roy  se  vouldra  mesier  de 
caste  affaire ,  pour  donner  quelque  conten- 
tement aud.  duc  et  adoucir  l'aigreur  où  il 
est,  de  crainte  qu'il  ne  s'unisse  avec  les  Es- 
pagnols  ou  si  on  laissera  cette  négo- 
ciation à  faire  aud.  s'  duc  de  Nevers  et  à 
M'  de  Saint-Ghamond  ? 

Escrire  aud.  s'  de  Nevers  suivant  ceste 
résolution  et  le  presser  d'accorder  ces  dif- 
férens  pour  le  mal  qui  en  pourroit  arriver.^ 

Escrire  à  Venise  et  sçavoir  si  l'on  fera 
inslance  à  la  Seignerie  d'envoyer  de  leurs 
forces  s'ils  en  sont  requis  ? 


Je  n'estime  pas  que  l'on  trouve  à  propos 
d'escrire  aux  Genevois  (Génois) ,  pour  la 
délivrance  du  s'  de  La  Grange,  et  qu'il  sera 
plus  expédient  d'attendre  la  fin  de  l'affaire 
dud.  duc  avec  eux. 

S<javoir  si  l'on  envoiera  un  homme  exprès 
à  M.  de  Savoye,  ou  seulement  à  Mariny  .■> 


'  Nous  notons  ici  une  pièce,  corrigée 
de  la  main  de  Richelieu ,  où  le  cardinal 
s'occupe  des  affaires  entre  Gênes  et  la  Sa- 
voie. (Arch.  des  Aff.  étrang.  Gènes,  t.  I, 
fol.  7(1;  sans  date,  classée  entre  septembre 
et  octobre.) 


598 


LETTRES 


CXXXVI. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  8,  pièce  106.  — 
Les  observations  marginales  sont  de  la  main  de  Richelieu. 

RÉPONSES  DU  CARDINAL 

A  DIVERS  POINTS  SOUMIS  AU  SECRÉTAIRE  D'ÉTAT  D'HERBAULT, 

PAR    M.  MARINI,  AMBASSADEUR  DE  FRANCE  EN  ITALIE*. 


Cet    article    est    d'impor- 
tance. 


Il  est  bon. 


Il  est  à  propos  de  mander 
à  M'  de  Savoye  que  le  roy 
veut  promptement  faire  cet 
accort. 


Le  roy  doibt  respondre 
qu'il  est  bien  fasché  que  la 
mort  de  M""  de  Mantoue  ayt 

'  Voyez  la  note  a  de  la  page  695. 


3o  et  3i  décembre  1617. 

M'  le  comte  de  Soissons  se  resoud  de 
faire  quelques  levées  pour  Sa  Majesté ,  doibt 
escrire  au  roy  pour  luy  permettre  de  les 
faire  en  France,  donner  ses  régimens  à 
Montauban ,  Saint -André,  Blacons,  au 
comte  de  la  Suze  et  au  baron  de  la  Frette , 
qui  commande  le  régiment  de  ses  gardes, 
composé  de  600  François  et  autant  de 
Suisses.  L'on  parle  qu'il  lève  aussi  quelque 
cavalerie  en  Dauphiné 

Led.  sieur  Marini  estime  à  propos  que  le 
roy  tesmoigne  à  M'  de  Savoie  que  le  siège 
de  la  Rochelle  ne  l'empeschera  de  donner 
les  ordres  nécessaires  pour  le  duché  de  Man- 
toue  

Son  Altesse  luy  a  faict  dire  que  le  roy 
est  informé  de  tout  ce  qui  touche  l'accom- 
modement du  Montferrat  avec  M.  de  Ne- 
vers,  et  que  Sa  Majesté  peut  faire  résoudre 
un  prompt  accord.  Pour  l'offense  dont  le 
duc  prétend  réparation ,  un  petit  avantage 
le  pourra  adoucir. 

M'  de  Savoye  escrit  au  roy  ;  il  se  piaiuct 
du  mariage  précipité  et  forcé  de  la  prin- 
cesse sans  consentement  de  sa  mère  et  de 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


599 


prévenu  l'accord  qu'il  vouloit 
faire  entre  M""  de  Savoye  et 
luy. 

Que  cet  accident  n'empes- 
chera  pas  qu'il  ne  travaille 
puissamment  à  cet  accord,  et 
ce  d'autant  plus  volontiers  que 
l'occasion  le  requiert.  Qu'il 
s'y  employera  chaudement,  et 
escrit  pour  cet  effect  à  M.  de 
Nevers  ^. 


luy,  ce  qui  touche  son  honneur  et  sa  répu- 
tation ;  doibt  espérer  en  cette  occasion  toute 
protection  de  Sa  Majesté.  Il  en  poursuivra 
de  luy-mesme  sa  satisfaction ,  et  espère  que 
Dieu  favorisera  ses  droits  '. 


ANNEE  1628. 


CXXXVII. 
Arch.  des  A£f.  éfr.  Angleterre,  t.  Aa,  fol.  aog. 

A  M.  DE  BULLION. 

[Commencement  de  163S.] 

M.  de  Bullion  sçaura,  incontinent  la  présente  reçue,  la  continua- 
tion de  la  malice  de  Scaglia  *. 


'  Voyez  p.  696,  troisième  paragraphe 
de  la  pièce  i34. 

'  Richelieu,  sans  barrer  ce  nom,  a  écrit 
au-dessus:  Mantoue. 

*  La  pièce  qui  suit  celle-ci  dans  le  ma- 
nuscrit, cotée  310,  est  la  copie  d'une 
lettre  adressée  à  l'abbé  Scaglia  par  son 
frère,  lettre  interceptée  et  que  le  cardinal 
fit  déchiffrer.  Elle  apprenait  que  Scaglia 
continuait  à  desservir  la  France  dans  l'in- 
térêt de  la  Savoie  et  de  l'Angleterre.  On  a 
vu  que  cet  abbé  piémontais  s'est  mêlé ,  en 


toute  occasion ,  aux  intrigues  ourdies  contre 
la  France  et  contre  le  cardinal.  Deux 
années  avant  la  date  de  cette  lettre ,  il  était 
déjà  en  Angleterre ,  et  Richelieu ,  dans  ses 
Mémoires  (III,  i46),  disait  :  >  Scaglia 
vivoit  en  Angleterre,  non  comme  ecclé- 
siastique, mais  comme  vêtu  de  cour,  ni 
comme  catholique,  mais  refusant  absolu- 
ment de  s'employer  à  faire  plaisir  à  aucun 
d'eux,  et  en  ses  discours  les  scandalisa 
beaucoup.  »  A  ce  moment  Richelieu  le 
trouvait  dans  la  conspiration  de  Chalais. 


600 


LETTRES 


Launay  R  [Razilly],  estant  prisonnier  en  Angleterre,  prit  familia- 
rité avec  luy,  et  led.  Scaglia  luy  fist  cognoistre  plusieurs  mesconten- 
temens  vrais  et  réels  qu'il  avoit  de  Buckingham. 

En  partant  il  le  pria  de  sçavoir  si  le  roy,  la  reyne  et  Calori  '  estoient 
tellement  irréconciliables  avec  luy,  qu'il  ne  peust  jamais  espérer  leurs 
bonnes  grâces^. 

11  offroit  de  les  servir,  qu'il  savoit  le  secret  des  Anglois  qu'ils  abandonneroienl 
la  Rochelle  si  on  tenoit  à  en  faire  une  condition  de  la  paix.  Qu'on  envoyoit  Aquin 
en  France  sous  prétexte  de  ramener  les  prisonniers,  mais  en  effet  pour  sonder 
certaines  dames  de  France,  si  on  vouloit  la  paix  ou  la  guerre;  et  qu'il  estoit  vray 

que  toute  cette  affaire  n'estoit  qu'une  passion  de  Bukingham Il  avoit  gagné 

quelques-uns  de  ses  confidents;  que  si  on  luy  envoyoit  à  lui  Scaglia  un  homme 
comme  estant  au  comte  de  Verrue,  «  il  manderoit  tout  Testât  d'Angleterre  et  ce 
qu'ils  pourroient  faire  contre  nous.  »  Le  cardinal  voulait  surtout  être  informé  de 
ce  qui  concernait  le  secours  que  les  Anglais   devaient  envoyer  à  la  Rochelle. 

Quand  on  sut  ce  qu'on  voulait  savoir,  on  ne  donna  point  de  suite  à  cette  inter- 
vention. —  Le  cardinal  continue  : 

J'estime  qu'après  le  retour  du  courrier  d'Arsens,  il  faut  rompre 
tout  commerce  avec  ces  gens-là,  qui  impudemment  disent  des  men- 
songes pour  des  vérités,  et  ne  taschent  de  faire  aucun  establissement 
que  par  leur  perfidie.  M.  de  BuUion  prendra  garde  que  les  Anglois, 
sous  prétexte  de  la  négociation  avec  Arsens  et  de  cette  supposition  de 
Razilly,  ne  donnent  impression  en  Espagne  qu'on  veuille  entendre  à 
la  paix. 


'   Le  cardinal. 

^  Notons  ici  une  relation  donnée  par 
Launay-Raziliy  à  son  retour  d'Angleterre, 
datée  du  i"  février  1628.  Nous  la  trou- 


vons ,  écrite  de  la  main  de  Bouthillier, 
copiée  sans  doute  sur  l'original,  dans  le 
volume  d'Angleterre  cité  aux  sources, 
fol.  207. 


DU  CARDINAL   DE   RICHELIEU.  601 


CXXXVIII. 

Archives  de  Condé,  communication  de  M*'  le  duc  d'Aumale.  — 
Original. 

SDSCRIPTION: 

A  MONSIEUR  MONSIEUR  LE  PRINCE. 

5  janvier  1628. 

Monsieur, 

J'ay  reçeu  deux  de  vos  lettres  et  un  grand  mémoire  auquel  je  feray 
response,  par  la  première  voye,  de  poinct  en  poinct'. 

Le  roy  est  fort  content  de  vostre  procédé ,  et  ne  doute  pas  que  vous 
n'avanciés  ses  affaires  au  pays  où  vous  estes,  ainsi  qu'il  le  peut  dé- 
sirer. 

Sa  Majesté  vous  dépesche,  sur  une  occasion  que  vous  verres,  à  quoy 
je  m'asseure  que  vous  pourvoierés  promptement.  Le  mal  dont  eUe 
vous  escrit  estoit  certainement  prémédité  et  résolu;  vous  sçaurésbien 
apporter  le  remède  et  pénétrer  quels  pouvoient  estre  les  autheurs 
d'une  telle  entreprise,  ce  que  nous  ne  voyons  pas  d'icy.  Vous  con- 
duirés  le  tout,  s'il  vous  plaist,  secrètement. 

M'  de  Chamblay  aura  son  voiage  comme  vous  le  désirés.  11  le  mé- 
rite bien. 

Le  reste  de  la  lettre  est  relatif  à  une  place  de  conseiller  honoraire  que  M' le 
Prince  demandait  pour  M'  d'Alby,  et  à  l'élection  présumée  de  M'  de  Mende 
comme  député  [aux  Etats]  de  la  province  de  Bourges  2. 

'  Nous  n'avons  ni  ce  mémoire  ni  la  dit  Richelieu,  commanda  au  cardinal,  au 
réponse                                                              .  commencement  de  janvier,  de  l'entretenir 

'  Pendant  que  le  cardinal  semblait  uni-  de  l'état  présent  de  toutes  ses  affaires  et 

quement  attaché  au  siège  de  la  Rochelle,  lui  en  dire  son  avis.  Pour  lui  obéir,  il  lui 

les  affaires  générales  du  royaume  étaient  dit,  clc.  »  El  le  cardinal  fiut,  dans  une  dou- 

pour  luy  le  sujet  de  grandes  préoccupa-  zai ne  de  pages,  un  remarquable  exposé  de 

tions.  iSa  Majesté,  qui  en  étoit  en  peine,  la  situation  du  royaume  au  commencement 

CARDIN.  DE  BICBBLIEn.  VII.  76 


602 


LETTRES 


CXXXIX. 

Vers  la  fin  de  janvier  1628. 

Nous  avons  donné  à  cette  date  (p.  12  de  notre  troisième  volume)  une  lettre 
de  Richelieu  à  M.  du  Fargis,  au  sujet  de  laquelle  nous  devons  ajouter  quelques 
éclaircissements  : 

En  commençant  l'entreprise  de  la  Rochelle,  le  cardinal  avait  bien  prévu  qu'il 
pourrait  rencontrer  l'Angleterre  comme  auxiliaire  des  Huguenots,  et  il  avait  songé, 
malgré  ses  répugnances,  à  nous  ménager,  pour  cette  conjoncture,  Talliance  de  l'Es- 
pagne, alliance  que  le  comte  d'Olivarès  semblait  d'ailleurs  désirer  ardemment, 
ainsi  que  le  mandait  notre  ambassadeur  à  Madrid,  le  comte  du  Fargis.  Pour 
plaire  à  la  reine  mère,  et  aussi  dans  la  pensée  qu'il  pouvait  être  avantageux  d'em- 
ployer en  cette  affaire  un  négociateur  sincèrement  partisan  de  l'alliance  espagnole, 
il  choisit  le  P.  de  Bérulle  :  «  Le  cardinal  lui  commit  la  chaîne  d'écrire  au  Fargis,  et 
lui  donna  la  charge  particulière  de  ce  traité.  »  [Méni.  de  Richelieu,  111 ,  287.)  Nous 
trouvons  dans  le  tome  XV  des  manuscrits  d'Espagne  aux  Affaires  étrangères  plu- 
sieurs pièces  de  la  main  du  P.  de  Bérulle,  notamment  un  mémoire  intitulé:  «Raisons 
à  considérer  devant  que  de  faire  l'union  de  France  et  d'Espagne  contre  l'Angle- 
terre '  •  (fol.  22  ).  Et  il  envoya  à  l'ambassadeur  un  projet  de  traité  dont  la  minute 


de  1628*  (p.  2-1 3  du  t.  IV  des  Mémoires, 
éd.  Petitot).  En  rapprochant  de  la  présente 
lettre,  où  rien  n'est  expliqué,  un  passage 
de  cet  exposé,  nous  comprenons  qu'il  s'agit 
des  protestants  et  du  midi  de  la  France  : 
«  Le  principal  du  dedans  du  royauiue,  di- 
sait Richelieu ,  étoit  de  pourvoir  à  Valence 
et  au  Puy  ;  qu'il  étoit  aisé  pour  le  Puy, 
puisque  c'étoit  le  gouvernement  de  Lan- 
guedoc; qu'il  l'alloit  avertir  M' le  Prince  et 
le  duc  de  Montmorency ,  et  les  commettre 
pour  y  mettre  ordre»  (p.  4),  et  un  peu 
plus  loin  :  «Le  prince  de  Condé,  que  Tau- 
née  précédente  le  roy  avoit  dépesché  en 
Guyenne  et  en  Languedoc  pour  comman- 
der ses  armées,  arriva  à  Toulouse  le  18  jan- 
vier, accompagné  des  ducs  de  Montmorency 


etde  Ventadour.  Le  duc  d'Epernon  s'y  étoit 
rendu  un  jour  auparavant  (p.  21).» 

'  Il  faut  noter  ici  une  pièce  assez  cu- 
rieuse (ms.  précité,  fol.  3o4),  en  tète  de 
laquelle  le  cardinal  a  écrit  de  sa  main  : 
«  Esclaircissement  sur  le  pacte  faict,  en 
i6a6,  entre  les  deux  couronnes,  contre 
Angleterre ,  lequel  a  esté  commencé  en 
Janvier  1628,  au  passage  des  marquis 
Spinola  et  Lleganès,  et  achevé  le  8*  juillet 
1628."  On  y  remarque  cette  clause:  «Il 
est  du  tout  convenable  que  chacun  des 
deux  roys  retienne  et  fortilie  un  port  en 
Angleterre  qui  .soit  à  leur  bienséance.  » 
Celle  pièce  est  incomplète ,  les  quatre 
derniers  paragraphes  y  sont  indiqués  seu- 
lement par  les  premiers  mots  de  chacun , 


'  Comparez  avec  ce  tableau  celui  qae  traça  Uichelieu quatre  mois  après.  (Notre  tome  III,  p.  77  et  suiv.) 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  603 

est  conservée  dans  le  même  ms.  (fol.  23),  accompagnée  d'une  pièce  en  copie,  au 
dos  de  laquelle  Richelieu  a  mis  :  «  Lettre  escrite  par  M.  de  Bérulle  à  M.  du  Far- 
gis»  (fol.  26).  Le  comte  du  Fargis  fit  le  traité,  et,  selon  sa  coutume,  sans  égard 
aux  instructions  qu'il  avait  reçues',  t  Le  Fargis,  peu  caut  et  fort  chaud  en  ses 
désirs,  se  laissa  tromper  à  ces  belles  paroles  (un  discours  d'OJivarès),  et  signa,  le 
20  mars  1627,  un  traité...  (ici  l'explication  des  défauts  de  cet  acte  diploma- 
tique). Bien  que  le  roi  n'eût  pas  le  traité  agréable  en  cette  manière-lk,  qui  n'étoit 
celle  qu'il  avoit  proposée,  et  que  son  ambassadeur,  qui  pour  la  troisième  fois 
étoit  retombé  en  pareille  faute,  méritât  punition,  néanmoins  S.  M.  ratifia  le 
traité  le  20  avril;  ce  que  le  roi  d'Espagne  fit  aussi  de  sa  part.  •  {Mém.  III,  286.) 
Cependant  le  bon  P.  de  Bérulle  adoucit  de  son  mieux  le  reproche,  et,  en  envoyant 
cette  ratification,  donnée  à  contre-cœur,  il  lui  dit  :  «Je  suis  bien  Tiiarry  d'estre 
obligé  de  continuer  envers  vous  notre  style  ordinaire  de  plainte  et  de  blasme  de 
voslre  facilité  à  signer  oultre  les  ordres  qu'on  vous  envoie.  .  .  »  La  pièce  n'est 
pas  signée,  mais  elle  est  de  la  main  du  P.  de  Bérulle  (fol.  58).  Cependant  les 
Espagnols  ne  tenaient  pas  leurs  promesses,  et  l'empereur  menaçait  notre  fron- 
tière, par  une  entente  secrète,  mais  assez  évidente,  avec  l'Espagne. 

t  Le  cardinal  de  Bérulle  eut  commandement  d'en  écrire  au  Fargis ,  •  disent  en- 
core les  Mémoires  de  Richelieu  (III,  38i),  et  nous  avons  cette  lettre  dans  notre 
manuscrit  d'Espagne,  fol.  ii5,  à  la  date  du  28  seplembre.  Le  cardinal  de  Bé- 
rulle, dans  sa  parfaite  loyauté,  et  un  peu  revenu  de  sa  prévention  en  faveur  des 
Espagnols,  écrit:  «Les  avis  de  toutes  parts  disent  que  l'empereur  approche  et 
veut  attaquer  Verdun ,  c'est-à-dire  l'Hespaigne,  sous  le  nom  de  l'empereur.  .  .  et 
ce  seroit  une  tromperie  insigne,  peu  honorable  à  l'Hespaigne.  »  Cependant  Ri- 
chelieu ,  avec  la  patience  d'un  politique  habile ,  restait  ferme  dans  sa  résolution 
de  ne  pas  rompre  avec  les  Espagnols:  «Toutes  ces  choses,  mandait-il,  faisoient 
assez  clairement  voir  la  duplicité  avec  laquelle  ils  procédoient,  et  le  peu  de  sincé- 
rité en  leur  union  avec  nous;  mais  néanmoins,  il  nous  étoit  à  propos  de  le  dissi- 
muler pour  lors.  ■  [Mém.  t.  IV,  p.  33.)  C'est  dans  cette  disposition  qu'il  écrivit 
la  lettre  imprimée  dans  notre  troisième  volume,  p.  12,  dont  la  minute,  de  la 
main  de  Charpentier,  est  conservée  dans  le  tome  XV,  fol.  1 33 ,  des  mss.  d'Espagne. 

écrits  delà  main  de  Richelieu;  mais  une  '  Il  est  conservé  aux  AIT.  étr.  nis.  pré- 

copie  enlière  se  trouve  dans  le  même  ma-        cité,  à  la  date  du  20  mars,  fol.  43. 
niiscrit,  fol.  iffj. 


76. 


604  LETTRES 


CXL. 

Arcli.   des  Aff.  étr.  Turin,  I.  8,  pièce  122.   — 

Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

Bibl.  irap.  Fonds  Béthune,  9827,  fol.  66.  —  Copie. 

INSTRUCTION  DE  M.  DE  GURON 

S'EN   ALLANT  EN   FIEDMONt'. 

23  février  i6-j8. 

Le  s'  de  Guron,  après  avoir  parlé  avec  M""  de  Savoye  de  l'affaire 
de  Manloue,  dont  M''  d'Herbault  a  dressé  une  particulière  instruction 
fjue  je  n'ay  peu  voir  pour  estre  accablé  d'autres  affaires,  doit  repré- 
senter  

Ces  lignes  ont  été  effacées,  et  la  pièce  continue  telle  que  nous  l'avons  donnée 
dans  notre  3°  volume  (p.  70) ,  d'après  une  pièce  conservée  dans  les  manuscrits  de 
Béthune.  Nous  ne  la  reproduirons  donc  pas  ici;  mais  nous  notons  la  pièce  des 
Affaires  étrangères,  que  nous  ne  connaissions  pas  alors,  parce  qu'elle  donne  lieu 
à  quelques  observations. 

D'abord  les  lignes  effacées  nous  fournissent  la  preuve  que  cette  instruction  est 
l'œuvre  tout  à  lait  personnelle  de  Richelieu,  et  qu'au  contraire  le  cardinal  n'a  pris 
aucune  part  à  une  première  instruction,  datée  «du  camp  d'Aytré,  devant  la 
Rochelle,  le  16  janvier,  »  laquelle  est  l'œuvre  du  secrétaire  d'Etat  des  Affaires 
étrangères,  et  qui  n'a  pas  même  été  revue  par  Richelieu.  Cette  première  ins- 
truction se  trouve  dans  le  même  manuscrit  des  Affaires  étrangères,  pièce  128. 
C'est  une  mise  au  net  de  la  main  d'un  commis;  l'original  avait  été  signé  de  la 
main  du  roi. 

Quant  à  cette  seconde  instruction,  faite  par  Richelieu,  il  semblerait,  en  s'en 
rapportant  à  la  minute  imprimée  dans  notre  .^°  volume,  que  la  pièce  ne  serait 
pas  terminée;  après  la  phrase  finale,  «  led.  s'  de  Guron  agira  avec  M'  le  prince 
de  Piedmont  tout  ainsy  qu'avec  M'  de  Savoye,  »  cette  minute  met  les  premiers 
mots  d'une  autre  phrase  :  «  Quant  à  M' le  comte. .'...»  mais  ces  mots  n'appar- 
tiennent pas  à  la  lettre  du  2  3   février;  ils  sont  le  commencement  d'une  autre 

'  Cette  annotation,  écrite  au  dos  de  la  minute  et  de  la  même  main  que  la  pièce,' 
nous  donne  aussi  la  date. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  605 

dépêche  '  ;  la  pièce  imprimée  dans  notre  3'  volume  est  donc  entière  ;  seule- 
ment il  faut  rectifier  la  date  du  19  avril  qu'on  lit  dans  le  manuscrit  de  Bétliune; 
celle  que  donne  la  minute  des  Affaires  étrangères,  le  23  février,  est  la  bonne. 
Nous  constatons,  par  une  lettre  que  Saint-Charaond ,  déjà  envoyé  en  Italie,  écri- 
vait au  secrétaire  d'Etat  d'Herbault,  que  Guron  arriva  le  28  mars  à  Turin,  où 
son  arrivée  était  annoncée,  et  il  était  même  en  retaixl. 

On  vient  de  voir  que  Richelieu  se  plaignait  de  l'accablement  des  affaires.  Il 
était  alors  au  camp  devant  la  Rochelle.  Toute  cette  année  i6'.).8  fut  singulière- 
ment laborieuse:  outre  le  siège  de  la  capitale  du  parti  protestant,  siège  qui  était 
la  grande  affaire  de  ce  temps-là,  les  affaires  d'Italie  avaient  aussi  une  haute  impor- 
tance, à  cause  de  l'ouverture  de  la  succession  de  Mantoue.  Le  niartjuis  de  Saint- 
Chamond  y  avait  été  envoyé,  comme  ambassadeur  exlraoïxlinaire,  dans  la  pré- 
vision de  la  mort  du  duc  Vincent,  qui  cessa  de  vivre  vers  la  fin  de  1627,  sans 
laisser  d'héritier  direct.  Le  vieux  et  rusé  duc  de  Savoie,  Carlo-Emmanuele,  don- 
nait surtout  dans  ces  circonstances  beaucoup  d'inquiétude  à  Richelieu  :  malgré 
les  liens  de  famille  qui  devaient  l'attacher  à  la  France,  il  était  tout  Espagnol,  et 
il  convoitait  une  partie  de  la  succession  de  Manloue,  le  Montferrat,  Son  âpre 
ambition,  sa  politique  tortueuse,  exigeaient  de  la  part  de  la  France  les  plus  ac- 
tives et  les  plus  vigilantes  précautions.  Aussi,  non  content  d'avoir  adjoint  le  mar(|uts 
de  Saint-Chamond  à  l'ambassadeur  ordinaire,  le  sieur  Marini,  on  envoya  M.  de 
Guron  ,  et  quelques  mois  après  un  quatrième  agent,  le  commandeur  de  Valençay. 
(Voy.  ci-après,  aux  Analyses,  date  du  22  décembre.)  Ce  tome  VIII, de  Turin,  con- 
tient les  dépèches  de  ces  quatre  diplomates. 


CXLI. 
.\rcli.  de  Condé.  Communication  de  M*"  le  duc  d'Aumale. 

SUSCRIPTION;  '' 

A  MONSIEUR  MONSIEUR  LE  PRINCE. 

9  avril  1618. 

Monsieur, 
Je  vous  envoyé  un  mémoire  que  je  viens  de  recevoir  présentement 
de  M'  le  mareschal  de  Schomberg,  qui  est  allé  en  Limosin  pour  dis- 
.siper  quelques  factions  qui  s'y  font.  J'en  ay  envoie  autant  à  M''  d'Es- 

'  11  est  [jpobajjle  que  le  cardinal  en  aura        avons   fait    mention   dans   lu  note   de  la 
donné  la  matière  à  Boutliillier,  et  que  c'est         page  70  de  notre  3'  volume. 
l'instruction  datée  du  1 1  mars,  dont  nous 


606  LETTRES 

pemon,  avec  advis  de  se  saisir  de  ceux  qiiî  se  préparent,  dans  son 
gouvernement ,  à  desservir  le  roy.  Les  affaires  sont  icy  en  estât  que 
si  la  Rochelle  n'est  secourue  dans  deux  mois  au  plus  tard,  le  roy  en 
sera  le  maisti'C.  Vous  pouvés  croire  qu'on  n'oubliera  rien  de  ce  qui  est 
possible  au  monde  pour  empescher  ce  secours.  Cependant,  comme  il 
ne  faut  respondre  d'aucun  événement,  j'estimerois,  Monsieur,  qu'il 
seroit  à  propos  que  vous  ne  vous  engageassiés  à  aucun  siège  que  le 
mois  de  may  ne  soit  passé ,  afin  que  vous  soyés  en  estât  de  courre 
sus  à  M""  de  Roban,  en  quelque  lieu  qu'il  veuille  aller  pour  se  joindre 
à  ceux  qui  se  préparent  pour  y  grossir  son  corps.  J'espère  que,  par  ce 
moi  en,  on  dissipera  les  desseins  des  factieux,  et  que  Sa  Majesté  viendra 
à  bout  de  ses  desseins.  Quoy  qui  arrive ,  quand  la  Rochelle  seroit  se- 
courue, je  vous  supplie  de  croire  que  Sa  Majesté  l'aura;  puis  qu'elle 
est  résolue,  quand  le  siège  devroit  durer  des  années  entières,  de  ne 
l'abandonner  point  qu'elle  ne  soit  maistresse  de  cette  ville  rebelle.  Le 
roy  arrivera  dans  huit  jours  icy,  où  il  trouvera  toutes  choses  en  estât 
de  luy  donner  du  contentement. 

Je  vous  suplie  de  croire  que  j'en  recevray  tousjours  un  très-parti- 
culier lorsque  j'auray  lieu  de  vous  servir  et  vous  faire  cognoistre  que 
personne  n'est  plus  véritablement  que  moy. .  . 

Depuis  ma  lettre  escrite,  j'ay  reçeu  la  vostre  du  2^  de  ce  mois.  Pour 
response,  je  vous  diray  que  M'  Defossé  ne  fera  nidle  difficulté  de  vous 
bailler  les  régimens  de  Picardie  et  Normandie,  en  retenant  six  ou 
sept  compagnies  de  chacun,  à  son  choix.  Vous  jugerés  bien.  Monsieur, 
que  ceux  qui  gardent  des  places  et  en  doivent  respondre  au  roy, 
doivent  avoir  particulière  confiance  en  ceux  qui  leur  sont  donnés  pour 
leur  aider  à  les  conserver.  Quant  aux  estrangers  de  la  descente  des- 
quels on  vous  menace,  je  ne  croy  pas  qu'ils  vous  facent  grand  mal; 
bien  est-il  vray  qu'on  dit  que  M''  de  Savoye  s'est  accordé  avec  les 

Espagnols  pour  att le  Montferrat,  et  que  M''  le  comte  et  le 

prince  Thomas  sont  passés  de  Piedmont  en  Savoye.  Le  roy  s'est 
résolu,  à  telle  fin  que  de  raison,  de  faire  lever  vers  le  Daulphiné 
8,000  hommes  et  600  chevaux.  Incontinent  que  le  roy  sera  arrivé  icy, 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU.  607 

je  ne  manqueray  pas  de  luy  parler  du  régiment  de  monsieur  vostre 
fils  '  et  vous  en  faire  response, 
Monsieur, 

Vostre  1res  humble  el  très  afTectionné  serviteur. 
Le  Gard.  DE  RICHELIKU. 
Ce  9  apvrii  1628. 


CXLII. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  8,  pièce  a58.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

[A  M.  DE  GURON^] 

[  19  avril  i6ï8.] 

Vous  me  mandés  que  la  paix  est  es  mains  du  roy,  qu'on  peut  atta- 
cher pour  jamais  M.  de  Savoye  et  M"  ses  enfans  à  la  France,  et  qu'on 
peut  tirer  M""  de  Mantoue  de  l'affaire  où  il  est  avec  son  contentement. 
Les  moyens  que  vous  proposés  pour  gaigner  M.  de  Savoye ,  par  lequel 
le  reste  doit  réussir,  selon  que  vous  n)e  l'escrivés,  est  de  l'asseurer 
du  tiltre  qu'il  désire ,  et  luy  donner  non  avant  que  l'affaire  soit  laicte , 
mais  après  qu'elle  sera  eflécluée. 

Vous  représentés  que  M.  de  Savoye  peut  faire  ce  qu'il  propose 
avec  son  honneur  sauve ,  en  ce  qu'il  a  faict  un  traitté  avec  Gonzalve , 
par  lequel  il  est  porté  que,  s'il  ne  demeure  dans  les  termes  d'iceluy, 
M.  de  Savoye  s'en  peut  retirer. 

Vostre  lettre  veut  dire  de  plus,  à  mon  advis ,  que,  pour  venir  à 
cette  lin,  il  faut  que  le  roy  arme  en  Daulphiné  comme  il  faict;  que 
sur  cela  M.  de  Savoye  tesmoignera  de  l'apréhension  d'estre  attaqué , 
et  demandera  secours.  Si  Gonzalve  luy  accorde,  le  siège  de  Casai 
sera  levé;  et  s'il  luy  refuse,  M.  de  Savoye  sera  libre  de  faire  ce  qu'il 
plaira  au  roy  pour  contraindre  à  le  lever  par  force. 

Voilà  le  sens  de  vos  dépesches,  à  mon  advis. 

Pour  y  respondre  je  vous  diray  que  quand  M.  de  Savoye  aidera  à 

Le  futur  grand  Condé,  qui  avait  alors  '  Pour  la  suscriplion  et  la  dale  que  nous 

six  ans  et  demi.  suppléons  ici,  voyez  la  note,  page"6io 


008  LETTRES 

continuer  la  guerre  en  Italie,  et  à  dépouiller  M.  de  Mantoue,  il  aidera 
à  sa  ruine  luy-mesine,  ayant  trop  d'expérience  et  de  jugement  pour 
ne  cognoistre  pas  la  foy  des  Espagnols ,  pour  ne  sçavoir  pas  ce  qu'ils 
ont  laict  à  Naples,  et  enfin  ne  voir  pas  clairement  que  la  fin  de  la 
ruine  de  M.  de  Mantoue  est  le  commencement  de  la  sienne. 

Si  l'Allemagne,  si  les  Grisons,  si  les  Suisses  et  le  reste  des  princes 
d'Italie  sont  dépossédez  de  leurs  estats,  je  ne  sçay  sur  quel  fondement 
M.  de  Savoye  s'imagineroit  pouvoir  subsister. 

Je  laisse  toutes  ces  considérations  à  part  pour  vous  dire  que  le  roy 
aime  M.  de  Savoye,  et  l'a  tousjours  aimé;  que  ses  intérests  sont  autant 
à  le  conserver  comme  ceux  d'Espagne  à  le  perdre,  qu'en  mon  particu- 
lier je  l'honore,  mais  qu'il  est  vray  que  toutes  les  descouvertes  qu'on 
a  faictes  depuis  im  an  du  peu  d'affection  que  luy  et  MM.  ses  enfans 
tesmoignoient  vers  la  France,  ont  empesché  cpie  S.  M.,  et  par  con- 
séquent ses  serviteurs,  y  peussent  prendre  confiance. 

Maintenant  ils  vous  ont  avoué  ouvertement  la  mauvaise  disposition 
où  ils  ont  esté  pour  prester  l'oreille  à  toutes  choses  contraires  à  la 
France  et  à  ceux  qui  servent  le  roy,  et  asseuré  de  vouloir  servir  le 
roy  et  aimer  ses  créatures;  cette  franchise  a  faict  que  S.  M.  s'est  ré-, 
solue  de  bon  cœur  d'oublier  tout  le  passé,  et  entendre  aux  ouvertures 
qu'ils  vous  ont  faictes. 

S.  M.  demeure  d'accord,  si  M.  de  Savoye  et  M"  ses  enfants  se 
veulent  attacher  à  la  France  pour  toujours,  de  leur  donner  le  tiltre  de 
roy,  à  condition  qu'elle  ne  s'en  déclarera  point  qu'après  que  la  paix  sera 
faicte  en  Italie,  et  l'affaire  de  M.  de  Mantoue  terminée,  qui  est  ce  que 
vous  proposés,  et  qui  est  nécessaire,  de  peur  qu'il  semblast  que  ce  que 
le  roy  fera  par  bonne  volonté ,  il  le  fasse  par  nécessité  de  ses  affaires. 

Pour  la  seureté,  le  roy,  dès  cette  heure,  donne  sa  parole  à  M.  de 
Savoye,  la  reyne  sa  mère  l'engagera  à  madame  la  princesse  de  Pied- 
mont;  et  si  M.  de  Savoye  estime  qu'une  créature  de  sy  grand  prince 
doive  estre  meslée  avec  ses  maistres,  je  luy  donne  ,  par  commande- 
ment du  roy,  la  mienne,  que  ce  que  je  dis  sera  effectué. 

S'il  doute  de   ce  que  je  vous  mande,  qu'il  envoyé  quelqu'un  en 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  609 

poste,  le  roy  luy  donnera  parole  de  roy,  la  reyne  fera  le  semblable, 
et  leurs  serviteurs  s'y  engageront  nettement. 

Sur  ce  fondement  il  faut  travailler  sans  délay. 

Si  M.  de  Savoye  veut  effectuer  ce  que  vous  m'avés  mandé  de  sa 
part,  il  est  nécessaire  qu'il  commence  à  demander  le  secours  qu'il 
vous  a  proposé  à  Gonzalve ,  tesmoignant  avoir  apréhension  des  troupes 
du  roy,  et  qu'en  cas  de  reffus  signe  promptement  l'accord  avec  M.  de 
Manloue,  aux  conditions  de  Triait  des  douze  mil  escus  de  rente 
sur  le  Montferrat.  A  quoy  le  roy  modérera  M.  de  Mantoue  '  ;  après 
quoy  le  roy  joindra  ses  foices  avec  M.  de  Savoye  pour  délivrer  M.  de 
Mantoue  des  armes  qui  le  veulent  perdre. 

C'est  à  vous  de  voir  si  Leurs  Altesses  veulent  exécuter  de  bonne 
foy  tout  ce  qu'ils  vous  ont  promis;  car,  en  ce  cas,  je  vous  asseure 
qu'on  ne  manquera  à  un  seul  point  en  ce  que  dessus.  Je  m'asseure 
qu'ils  croiront  qu'estant  près  du  roy  comme  je  suis ,  je  ne  leur  en 
donnerois  pas  ma  parole,  comme  je  fais,  par  conunandement,  pour 
leur  manquer. 

Au  reste,  la  reyne  désire  sy  passionnément  avoir  trois  fdles  reynes, 
que  cette  considération  ^  est  merveilleusement  puissante  vers  le  roy. 

Cette  union  se  faisant,  il  la  faut  faire  à  chaux  et  à  ciment,  pour 
qu'elle  dure  à  jamais;  et  partant,  il  seroit  à  propos,  pour  regarder 
les  conditions  plus  estroiles  qu'il  faudroit  establir,  que  M.  de  Savoye 
envoyast  un  homme  icy,  confident  tout  à  fait,  avec  lequel  nous" pous- 
sions ajuster  toutes  choses. 

Ma  pen.sée  seroit  que  cet  homme  ne  fust  pas  un  ambassadeur  ex- 
traordinaire ,  mais  un  gentilhomme  envoyé  sur  le  suject  de  l'ombrage 
que  M.  de  Savoye  doit  prendre  des  trouppes  de  M.  de  Créquy;  nous 
ajusterions  avec  luy  la  lettre  qui  .sera  faicte  pour  le  tiltre,  les  nioyens 
pour  faire  que  le  pape  suive  et  authorise  ce  que  nous  aurons  faict  ; 
et,  en  effect,  on  fera  tout  ce  qui  sera  possible  en  ce  sujet  pour  l'a- 
vantage de  M.  de  Savoye. 

'  Ce  mot  est  en  partie  déchiré  dans  le  ms.        •  considération  »  a  été  barrée  sans  qu'on  ail 
'  La  portion  de  phrase  qu!  suit  le  mot        rien  mis  à  la  place. 

CAIIDIN.  DE  niCilELIEt.  —  TU.  77 


610  LETTRES 

Cet  envoy  ne  doit  pas  arrester  l'exécution  de  ce  que  M.  de  Savoye 
vous  aproposé;  car,  dès  cette  heure ,  je  vous  donne  ma  parole  qu'il  aura 
le  tiltre  qu'il  désire,  pourveu  qu'il  exécute  ce  qu'il  vous  a  proposé ,  et 
Testât  des  affaires  ne  peut  souffrir  de  délay.  Mais  le  voyage  d'un  tel 
homme  est  nécessaire  pour  establir  ce  qui  peut  lier  à  jamais  Leurs 
Altesses  avec  la  France,  et  empescher  qu'elles  et  nous  ne  puissions 
plus  avoir  soupçon  les  uns  des  autres. 

Leurs  Altesses  verront  que,  s'attachant  au  roy,  je  le  serviray  puis- 
samment; vous  sçavés  ce  que  Valent  mes  paroles,  et  elles  le  cognois- 
tront  par  effect. 

Je  vous  envoyé  une  lettre  du  roy  pour  M.  de  Savoye  qui  vous  donne 
toute  créance. 

Pour  cognoistre  si  M.  de  Savoye  marche  de  bon  pied,  vous  consi- 
dérerés  s'il  veut  tirer  en  longueur  vostre  négociation  ,  car,  en  ce  cas,  ce 
seroit  pour  donner  temps  à  Dom  Gonçale  de  faire  ses  affaires  ;  et  je 
ne  le  crois  pas,  car  ces  Messieurs  seroient  aveugles  s'ils  ne  voyoient 
pas  que  les  Espagnols  les  mangeront  après  avoir  mangé  les  autres. 

Souvenés-vous  qu'on  ne  vous  tient  pas  icy  sy  délié  que  ces  Mes- 
sieurs; et  si  vous  vous  laissiés  tromper  aux  choses  es  quelles  vous 
mandés  avoir  des  paroles  si  nettes  et  sy  précises,  il  faudra  vous  cacher 
dans  Maran  ou  la  Lymonière  [?)  pour  ne  paroistre  plus. 

Tenés  cette  dépesche  secrète  entre  M.  Marini  et  vous,  en  sorte 
que,  si  elle  ne  devoit  point  réussir,  personne  n'en  sache  rien  que 
Madame  la  Princesse,  à  qui  il  est  bon  que  vous  vous  adressiés  afin 
qu'elle  soit  la  première  qui  die  à  Leurs  Altesses  ce  que  le  roy  veut 
faire  en  leur  considération  pour  l'amour  d'elle  '. 

'  A  la  suite  de  cette  minute ,  le  même  (noire  t.  IIl ,  p.  70 ,  note).  Ces  deux  minutes 

secrétaire,  Charpentier,  a  écrit  les  minutes  sont  ici  sans  date,  aussi  bien  que  celle  de 

de  la  leltre  du  roi  au  duc  de  Savoie,  an-  la  présente  lettre  à  Guron  ;  mais  nous  en 

noncée  ici ,  pour  accréditer  Guron  (voy.  avons  trouvé  une  mise   au   net ,  datée  du 

ci-après,  aux  Analyses  du  supplément,  à  ig  avril  (ms.  cité  aux  sources,  fol.   i65), 

la  date  du  19  avril) ,  et  de  celle  où  le  roi  ce  qui  donne  une  date  certaine  à  l'impor- 

ordonne  à  Guron  d'avoir  une  entière  con-  tante  dépêche  écrite  à  Guron. 
fiance   en  ce   que   lui  mande    Richelieu 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


611 


CXUII. 
Arcli.  des  AIT.  élr.  Turin,  t.  8,  pièce  i65.  — Mise  au  net  de  la  main  de  Charpentier. 

[a  m.  de  guron?] 

[Vers  le  a6  avril  i6a8  '.] 

J'ai  veutout  ce  qiie  vous  me  mandés  de  M.  le  comte,  que  j'ay  tous- 
jours  honoré  particulièrement,  et  seray  très-ayse  de  le  servir  dans  le 
sei-vice  du  roy.  Je  ne  sçay  à  quel  dessein  Montaigu,  Savignac  et  Val- 
quier-  auroient  inventé  ce  que  vous  luy  avés  dict  franchement.  Si  on 
s'en  vouloit  ressentir,  il  seroit  hon  de  le  nier,  mais  il  est  inutile  aux 
termes  où  l'on  est.  Madame  la  comtesse  a  tesmoigné  que  M' le  comte 
seroit  bien  aise  que  Seneterre  vinst  pour  dire  et  s'esclaircir  de  beau- 
coup de  choses,  et  asseurer  de  l'affection  qu'il  a  maintenant;  le  roy 
luy  accorde. 

Je  n'entends  point  ce  que  vous  me  voulés  mander  de  M"  de  Ven- 
dosme.  S.  M.  a  permis  qu'ils  se  promenassent  dans  le  dongeon  et 
jouassent  à  la  paulme;  mais  cela  n'a  rien  de  commun  avec  M.  le 
comte,  ny  n'a  jamais  rien  eu;  l'affaire  de  M.  le  comte  est  une  affaire 
séparée. 

Quant  à  M.  de  Senelere,  quand  je  le  verray,  il  cognoistra  que 
tout  ce  qui  me  touche  en  mon  particulier  ne  me  touche  jamais,  et  que 
j'oublieray  volontiers  tout  le  passé.  Je  lui  diray  franchement  les  subjets 
de  plainte  que  j'ay. 


'  Cette  pièce  manque  de  suscription  et 
de  date.  Celui  qui  a  classé  les  pièces  de 
ce  volume  a  écrit  au  dos  du  feuillet  : 
»  Lettres  du  roi  à  M.  de  Savoye  et  à  M.  île 
Guron ,  19  avril  i6a8.  •  Mais  cette  anno- 
tation ,  mise  à  ce  1  "  feuillet  par  erreur,  se 
rapporte  au  a*  feuillet  de  la  feuille ,  sur 
lequel  sont  écrites,  en  effet,  deux  lettres 
du  roi,  dont  l'une  est  citée  dans.une  note 


de  notre  tome  111,  p.  70,  et  l'aulre  se 
trouve  ci-après  au.\  Analyses  du  supplé- 
ment, à  la  date  du  19  avril.  —  Une 
lettre  du  roi  à  M.  le  comte,  du  36  Avril 
"(p.  91  du  tome  précité),  nous  apprend 
que  la  permission  demandée  pour  M.  de 
Sennetère  était  donnée;  c'est  donc  vers  le 
aG  que  la  présente  lettre  a  dû  être  éorite. 
'  Voy.  notre  tome  III,  p.  67. 


77- 


612  LETTRES 

Quant  à  M.  de  Sardiny,  je  plains  Testât  auquel  il  s'est  mis  luy- 
mesme;  je  contribueray  tousjours  de  bon  cœur  à  l'en  tirer  autant  que 
je  pourray.  Il  sçait  bien  que  je  l'ay  tousjours  aimé,  et  partant  il  se 
repentira  plus  aisément  de  n'avoir  pas  tousjours  faict  le  semblable  en 
mon  endroit'. 


CXLIV. 
Arch.  de  Condé.  Communication  de  M''  le  duc  d'Aumale. 

SUSCRIPTION : 

A  MONSIEUR  MONSIEUR  LE  PRINCE. 

9  mai  1628. 

Monsieur, 

Bien  qu'il  y  eust  de  très  fortes  liaisons  pour  vous  faire  passer  en 
Vivaretz,  trois  considérations  font  résoudre  Sa  Majesté  à  vous  laisser 
poursuivre  là  où  vous  estes  le  dessein  que  vous  avés  commencé; 
la  première  est  le  désir  que  vous  en  avés,  la  seconde,  que  Mons""  de 
Montmorency  escript  avoir  assez  de  force  pour  prendre  le  Pousin ,  la 
troisième,   que   la  saison   commençant  à   s'advancer,  il  fault  que  les 

'  Je  ne  trouve  pas  la  lettre  à  laquelle  Nous  lisons  encore  dans  une  lettre  du  duc 
Richelieu  répond  ;  je  vois  dans  une  mis-  de  Créquy  au  roi,  écrite  de  Grenoble  le 
sive  de  Saint-Chamond  au  roi,  datée  de  9  avril,  «que  le  prince  Thomas  a  passé 
Turin,  le  2  avril  :  «M.  le  comte  de  Sois-  les  monts  et  est  arrivé  à  Chambery  avec 
sons  est  allé  en  Savoye,  et  a  laissé  icy  des  troupes.  .  .  que  M.  le  comte  de  Sois- 
Aï.  de  Senetaire  qui  dict  tous  les  jours  sons  y  est  arrivé  trois  jours  après ...»  Le 
qu'il  le  va  treuver.  M.  de  Guron  a  parlé  duc  de  Créquy,  confiant  dans  les  assu- 
avec  luy,  et  pourra  mander  à  V.  M.  ce  rances  de  bon  vouloir  que  donnent  ces 
qu'il  luy  aura  faict  cognoisire  des  inten-  princes,  ne  juge  pas  qu'on  en  ait  rien  à 
lions  de  mon  d.  s'  le  comte;  mais  je  luy  craindre;  «néanmoins,  dit-il,  cette  cou- 
peux  bien  asseurer  que  les  E.spagnols  joncture,  quoy  qu'inopinément  arrivée, 
traictent  avec  luy  et  l'ont  ce  cju'ils  peuvent  n'a  pas  laissé  d'aporter  quelque  émotion 
pour  l'embarquer  à  prendre  les  armes  parmy  ceulx  de  la  r.  p.  r. ,  qui  font  sem- 
dans  vostre  royaume  contre  vostre  service,  b!ant  de  se  vouloir  esmouvoir  et  joindre 
ce  que  jusques  icy  il  n'a  voulu  consentir  aux  troupes  de  M.  de  Roan. . .  »  (Même  ms. 
pièce  1 47' du  ms.  cité  aux  sources).  » —  pièce  161,   autographe.) 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  613 

forces  du  roy  en  tous  ces  quartiers  de  delà  soient  divisées  en  sorte 
qu'en  mesme  temps  le  dégast  puisse  estre  faict  à  Montauban,  Castres 
etNisines,  qui  peut  estre  faict  par  vostre  armée.  Mens'  de  Montmo- 
rency et  Mons'  d'Espernon.  Pour  cet  effect,  le  roy  envoyera  au  pre- 
mier jour  des  commissions  à  Mons'  d'Espernon  pour  lever  deux  mil 
hommes  aux  despens  du  pays ,  selon  que  l'avés  proposé.  Il  pourra 
avec  cela,  ses  gendarmes  et  la  noblesse  du  pays,  faire  le  dégast  de 
Montauban;  Mons' de  Montmorency  celuy  de  Nismes,  et  pour  vous, 
Monsieur,  il  vous  sera  aisé  de  faire  celui  de  Castres. 

Le  roy  escript  à  M""  de  Créquy  que  si  Mons'  de  Montmorency  a 
besoin  de  trouppes,  il  lui  donne  celles  qu'il  a,  aflin  que  rien  ne  puisse 
empescher  que  le  Rosne  ne  soit  promptement  netoyé.  il  vous  est  donc 
libre  de  poursuivre  vostre  dessein,  pom-  le  service  du  roy,  sans  vous 
en  divertir  pour  aller  en  Vivaretz.  Qui  pourroit  acculer  Mons'  de 
Rohan  à  Nismes,  ce  seroit  une  bonne  affaire,  mais,  à  mon  advis,  il 
s'en  donnera  bien  garde. 

11  n'y  a  rien  de  nouveau  icy.  Le  roy  poursuit  le  siège  de  la  Ro- 
chelle, que  rien  n'interrompra  que  la  prise  de  cette  ville  rebelle. 

Mons'  le  cardinal  de  la  Valette  m'a  tesmoigné  particulièrement 
fhonneur  que  vous  me  faites  de  ni'aimer,  dont  je  ne  suis  point  en 
double,  aussy  vous  pouvés  vous  asseurer  que  je  seray  très-aise  de 
vous  servir  aux  occasions  qui  s'en  présenteront.  Il  a  rapporté  au  roi 
si  advantageusement  les  progrès  que  vous  faites  et  estes  capable  de 
faire  en  ce  pays  de  delà  pour  son  service  qu'il  ne  s'y  peut  rien  adjous- 
ter.  S.  M.  se  porte  fort  bien,  grâces  à  Dieu,  et  est  allé  se  promener 
à  Surgères.  Pour  nioy,  en  quelque  lieu  que  je  sois,  je  seray  tous^ 
jours, 

Monsieur, 

Vostre  très  liuinble  et  très  affectionné  serviteur. 

Le  Gard.  DE  RICHELIEU. 
Au  camp  devant  la  Rochelle,  ce  g*  may  1628. 


614 


LETTRES 


CXLV. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Espagne,  t.  i5,  fo).  166.  — 
Minute  de  la  main  de  Cliarpentier,  avec  quelques  lignes  de  la  main  du  cardinal. 


A  M.  DU  FARGIS. 


4  juin  1628. 


Après  avoir  veu  la  dépesche  de  M.  du  Fargis  '  et  la  proposition  du 
comte  d'Olivarès  touchant  l'affaire  de  Manloue,  on  peut  dire  avec 
vérité  qu'elles  sont  sy  grossièrement  captieuses  qu'il  n'y  a  point  d'es- 
prit, pour  peu  clairvoyant  qu'il  soit,  qui  ne  soit  capable  d'en  cognoistre 
la  fin  et  la  tromperie. 

Cependant  parce  que  la  plus  grande  finesse  en  matière  d'estat  est 
de  profiter  de  tout ,  et  de  ne  jamais  rompre  une  négociation  si  on 
n'a  bien  préveu  et  pourveu  aux  inconvéniens  qui  en  peuvent  arriver, 
et  si  on  n'est  en  estât  d'obtenir  par  la  voie  de  force  ce  qu'injustement 
on  désire  par  négociation,  mon  advis  est  de  faire  une  response  qui 
convienne  à  tous  les  événemens^ .  .  . 

M.  du  Fargis  tesmoignera  au  comte  d'Olivarès  «  que  ses  propositions  n'ont  pas 
esté  approuvées  en  France,  mais  que  la  substance  n'en  a  pas  esté  inapprouvée,  p 
il  faut  lui  envoyer  une  déclaration  du  roi  portant  que  S.  M.  veut  contribuer  de 
tout  son  pouvoir  à  terminer  à  l'amiable  les  différends  qui  surviendraient  en  Italie, 


'  Je  ne  la  trouve  pas  dans  ce  manus- 
crit. 

'  Il  faut  se  souvenir  de  la  lettre  que  le 
cardinal  avait  écrite  au  comte  de  Fargis  le 
ig  avril  (noire  troisième  volume,  p.  78 ). 
Ajoutons  que,  dans  la  dépêche  du  ig  ,  Ri- 
chelieu rappelle  qu'en  vertu  du  traité  de 
Mouçon,  ce  n'était  pas  seulement  l'affaire 
de  Mantoue  qu'il  fallait  accommoder,  mais 
celles  de  toute  l'Italie.  A  ce  sujet,  nous 
noierons  ici  un  mémoire  du  marquis  de 


Mirabel,  où  nous  trouvons  quelques  mots 
de  la  main  de  Richelieu ,  et  qui  tendait 
à  ménager  un  accord  entre  les  deux  rois 
pour  arranger  le  différend  de  Gênes  et 
de  Savoie  concernant  Zuccarel.  Ce  mé- 
moire, daté  des  2  5  et  26  avril,  est  con- 
servé dans  le  manuscrit  d'Espagne  précité, 
fol.  149  et  i5o.  —  Le  25  juillet,  une 
convention  fut  signée  ;  nous  en  trouvons 
les  articles  de  la  main  d'un  secrétaire  de 
Richelieu  dans  notre  ms.  fol.  i84. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  615 

«  ne  voulant  prendre  autre  intérest  en  l'affaire  du  Montferrat  que  celuy  du  repos 
de  la  chrestienté,  empescher  que  nostre  cousin  le  duc  de  Mantoue  ne  soit  troublé 
en  façon  que  ce  puisse  estre  dans  la  possession  de  son  duché.  » 

Le  cardinal  examine  la  double  éventualité  :  si  l'Espagne  accepte  ou  n'accepte 
pas  la  déclaration  du  roi. 

S.  M.  offrant  de  terminer  cette  affaire  à  conditions  équitables, 
pour  estendre  le  sens  de  cette  promesse  indéfinie  selon  le  pouvoir  ou 
la  volonté  en  quoy  il  se  trouvera  lorsqu'il  sera  sorti  de  ses  affaires;  et 
les  Espagnols  qui  entendent  que  ces  mots  :  en  sortir  à  conditions  équi- 
tables, signifient  en  sortir  par  eschange,  se  trouveront  peut  estre 
trompez. 

Enfin,  par  ce  moyen  on  ne  faict  que  ce  qu'il  est  impossible  de  ne 
faire  pas,  n'estant  pas  présentement  en  estât  d'entreprendre  autre 
chose  '. 


CXLVI. 

Arch.  de  Condé.  Communication  de  M''  le  duc  d'Aumale. 

SUSCRIPTION  : 

A  MONSIEUR  MONSIEUR  LE  PRINCE. 

8  juin  1628. 

Monsiein-, 

J'ay  veu  par  une  lettre  que  vous  avés  escrite  au  s'  de  Saintou''  les 
mauvais  bruits  qui  sont  venus  à  vos  oreilles,  et  les  impressions  que 
vous  avés  prises  d'un  traitté  de  paix  qui  se  négocie ,  à  vostre  compte, 
par  M'  de  Montbason,  M'  de  Chevreuse,  M.  de  Fossé,  le  s'  de  Gri- 

'  Nous  notons  ici  deux  pièces  concer-  Olivarès.  —  2°  Mémoire  du  marquis  de 

liant  la  même  affaire ,   classées  l'une  au  Mirabel ,  en  espagnol ,  avec  des  observa- 

lol.  160,  sans  date,  l'autre  au  i  65, 1"  juin  :  tiens  marginales  du  garde  des  sceaux  et 

1°  Mémoire  de  la  main  du  garde  des  sceaux  du  cardinal  de  Richelieu.  (Voy.  ci-après, 

Marillac,  qui  expose  son  avis  sur  la  cor-  aux  Analyses,  a3  et  27  juillet.) 
respondance  échangée  entre  du  Fargis  et  '  Saint-Aout. 


616  LETTRES 

mault  et  le  Père  Rodel'.  Je  n'eusse  pas  creu  qu'un  esprit  si  fort  et 
si  pénétrant  que  le  vostre  eust  estimé  qu'après  la  prise  de  la  Rochelle, 
qui  arrivera  sil  plaist  à  Dieu  bientost,  on  eust  esté  capable  de  par- 
donner à  M''  de  Rohan  qui  a  tant  faict  de  mal  à  la  France,  sil  n'a 
qvielque  secret  pouvoir,  que  nous  n'entendons  point,  de  remettre  au 
roy  Montauban,  Castres,  Nismes,  Mlllaud  et  plusieurs  autres  villes  re- 
belles ,  où  il  n'a  pouvoir  que  pour  mal  faire.  J'ay  veu  aussy  particu- 
lièrement la  plainte  que  vous  faites  sur  le  sujet  de  Monsieur  le  comte, 
comme  si  vous  croyiés  qu'on  luy  eust  mandé  quelque  chose  à  vostre 
desavantage.  Je  vous  avoue,  Monsieur,  que  cette  pensée  m'a  extraor- 
dinairement  piqué,  tant  pour  l'intérest  du  roy  que  pour  le  mien  par- 
ticulier, veu  que  tel  procédé  est  indigne  de  ceux  qui  font  profes- 
sion d'honorer  et  de  rendre  non-seulement  service  à  ceux  de  vostre 
qualité,  mais  bons  offices  à  tout  le  monde.  Il  n'y  a  personne  qui  vous 
eust  peu  donner  im  tel  advis  qui  ne  l'ait  faict  à  très  meschante  in- 
tention. 

Et  pardonnes  moy  si  je  vous  dis  que  ce  seroit  chose  bien  rude 
si  vous  adioustiés  foy  si  légèrement  à  tout  ce  qui  pourroit  estre 
mandé  au  préjudice  de  la  bonne  volonté  que  le  roy  vous  porte ,  et  de 
la  sincérité  de  ceux  qui  le  servent  qui  auroni  tousjours  à  faveur  par- 
ticulière de  vous  servir.  Je  me  promets  qu'une  autre  fois.  Monsieur, 
telles  nouvelles  ne  vous  surprendront  plus  et  que  vous  croirés  que  je 
suis  véritablement. 

Monsieur, 

Voslrt!  très  humble  et  très  aft'eclionné  senitcur. 

Le  Caïd.  DE  HICHELIEU. 
Ce  8^  juing  i  6â8. 

'   ,Ie  n'ai  jamais  vu  ce  nom;  ne  .serait-ce  pas  un  mot  mal  lu?  ne  faut-il  pas:  Josef  ? 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


617 


CXLVU. 
Angleterre,  t.  42,  fol.  36 1.  —  Minute  de  la  main  de  Richelieu. 

MÉMOIRE  '. 

[Vers  le  mois  d'octobre  1O28?] 

L'Angleterre  ne  pourra  donner  soubs  main  à  nostre  insceu  aucun 
acte  de  protection  aux  huguenots ,  au  général  ou  aux  particuliers , 
comme  ils  firent  lors  du  dernier  traicté,  estant  nécessaire  de  demeu- 
rer en  ce  principe  qui  est  le  fondement  du  traicté  projette,  que  la 
France  ne  peut  pardonner  à  ses  subjecs  rebelles  par  l'intervention  d'iui 
prince  estranger,  ny  souffrir  que  soubs  main  il  leur  baille  protection, 
pour  uiaintenir  un  parti  qui  empescheroit  que  le  roy  ne  peust  travailler 
aux  affaires  estrangères  comme  il  désire. 

Faut  tirer  esclaircissement  de  ce  qui  se  faict  et  se  fera  avec  l'Es- 
pagne, où  un  nommé  Porter  est  allé  de  la  part  d'Angleterre  pour 
traitter,  estant  certain  que  bien  que  la  paix  entre  l'Angleterre  et  l'Es- 
pagne ne  soit  pas  incompatible  avec  celle  de  la  France  et  d'Angleterre, 
elle  le  seroit  avec  les  obligations  où  les  deux  couronnes  de  France  et 
d'Angleterre  veulent  entrer,  de  secourir  l'Italie  et  l'Allemagne,  de  fa- 
çon qu'il  faut  obligation  réciproque  de  ne  point  s'accorder  avec  ceux 
qui  la  troublent  directement  ou  indirectement ,  ou  nous  ne  pouvons 
demeurer  obligez  au  secours  de  l'Allemagne  que  les  affaires  n'y  soient 


'  Les  Anglais ,  qui  n'avaient  pu  protéger 
la  Rochelle  par  les  armes,  essayaient  de 
la  diplomatie.  Montaigu  fut  chargé  de  cette 
négociation.  Telle  fijt  l'occasion  de  cette 
matière  de  dépèche  éci  ite  par  le  cardinal 
peu  de  temps  avant  la  prise  de  la  Rochelle 
et  sans  doute  vers  le  mois  d'octobre  ;  c'est 
ce  qu'indiquent  à  peu  près  les  Mémoires 
de  Richelieu  :  «  Le  s'  de  Montaigu ,  An- 
glois ,  obtint  permission  de  venir  trouver 


CARDIN.  DE  BICUELIEU.  - 


VII. 


le  cardinal  pour  proposer  quelque  ac- 
commodement .  .  .  On  lui  dit  que  les  Ro- 
chelois  étoient  sujets  du  roi,  qui  savoit 
bien  ce  qu'il  avoil  à  faire  avec  eux ,  et  que 
le  roi  d'Angleterre  ne  s'en  devoit  mêler 
(t.  IV,  p.  169).»  Et  notre  nis.  contient 
(fol.  358)  «  un  project  de  trailté  faict  avec 
l'Angleterre,  avec  Montaigu,  >  qui  n'eut 
pas  d'autre  suite. 


78 


618  LETTRES 

restablies,  et  la  paix,  et  un  juste  repos  bien  asseuré  d'Italie  et  d'Al- 
lemagne ^ 


CXLVIII. 

Arcli.   des  aff.   étr.   Mantoue,   t.   2,  pièce   i33.  — 
Note  de  la  main  de  Richelieu. 

DIVISION  DU   MONFERRAT 

ET  RAISON  DE  L'USURPATION  D'ESPAGNE  ET  SAVOYE. 

32  octobre  1628'. 

Le  Monl'errat  est  divisé  en  trois  : 

Une  partie  dq  ça  le  Pau,  dans  laquelle  il  n'y  a  rien  de  considérable 
que  Trin. 

La  2*  partie  est  entre  le  Po  et  le  Tanaro,  dans  laquelle  est  Casai, 
Moncalve  et  Albi. 

La  troisiesme  est  au  delà  du  Tanaro,  du  costé  de  Gennes  et  de 
i'estat  de  Milan,  vers  Alexandrie,  dans  laquelle  est  Nice  de  la  Paille  , 
bonne  place ,  et  Aqui ,  grand  village ,  et  Altare ,  village  proche  de  la  mer. 

Les  Espagnols  ne  veulent  du  Monferrat  que  Casai,  Moncalve  et 
Nice  de  la  Paille.  Casai,  parce  que  ceste  place,  qui  est  excellente, 
couvre  Testât  de  Milan  du  costé  dePavie  et  d'Alexandrie  ,  et  pour  tenir 
en  bride  M.  de  Savoye,  et  penser  à  l'advenir  à  ses  estats,  comme  ils 
font  maintenant  de  ceux  de  Mantoue  dont  ils  s'approprient  [sic) 
soubs  le  nom  de  l'empereur. 

Moncalve  et  Nice ,  pour  estre  maistre  quand  ils  voudiont  du  reste 
de  la  campagne  qui  ne  peut  s'opposer  è  ces  deux  places  ;  et  pour  que 
Nice  leur  donne  chemin  de  Milan  à  Gennes. 

'  Il  y  a  quelque  embarras  dans  cette  terre ,  laquelle  ne  sera  donnée  «  qu'en  cas 

dernière  phrase,  où  il  semble  manquer  que  tout  s'accommode.  » 
quelque  chose.  —  Le  ms.  ajoute  ici  trois  '  Richelieu  n'a  point  daté  ce  mémoire; 

lignes  de  la  main  de  Charpentier;  on  y  la  date  est  écrite  au  haut  de  la  page ,  d'une 

indique  une  lettre  à  faire  au  roi  d'Angle-  autre  main. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  619 

M.  de  Savoye  prétend  rendre  Trin  meilleur  que  Casai ,  et  qu'ainsi 
l'augmentation  que  faict  l'Espagne  ne  luy  sauroit  préjudicier. 


CXLIX. 
Arch.  des  A£f.  étr.  Mantoue,  t.  2,  pièce  igS.  —  Minute. 

POUR  M.  D'HERBAULT. 

[Au  commencement  de  novembre  1638  ] 

Aussitôt  que  la  Rochelle  fut  prise,  Richelieu  se  hâta  de  s'occuper  de  l'Italie;  il 
fit  annoncer  à  tous  les  princes  étrangers,  et  particulièrement  dans  la  Péninsule', 
la  victoire  éclatante  du  roi,  en  faisant  entendre  que  l'armée  victorieuse  était  dis- 
ponible maintenant  pour  d'autres  conquêtes.  Cependant  Casai ,  quoique  vaillam- 
ment défendue,  était  en  péril,  faute  de  secours  suffisants.  Plutôt  que  de  la  laisser 
prendre,  il  se  résigna  à  ce  que  le  nouveau  duc  de  Mantoue  demandât  l'investiture 
à  l'empereur.  Il  céda  plus  encore ,  comane  on  le  voit  par  cette  addition  qu'il  fit 
faire  à  des  dépêches  du  secrétaire  d'état  d'Herbault.  La  fermeté  de  Richelieu 
n'était  ni  de  la  roideur,  ni  de  l'obstination ,  c'était  une  fermeté  singulièrement 
habile  et  qui  savait  le  point  précis  où  doit  faiblir  et  même  s'arrêter  la  résistance. 

Si  l'empereur  ne  vouloit  se  contenter  des  conditions  cy-dessus,  on 
pourroit  proposer  que  la  ville  de  Casai  fust  mise  es  mains  de  Dom 
Gonçalez  avec  garnison  modérée ,  et  le  chasteau  en  celles  de  Sa  Sain- 
teté, à  condition  cpie  led.  Gonçalve  s'oblige  par  escrit  à  rendre  lad. 
ville  selon  que  Sa  Sainteté  l'ordonneroit. 

Cette  condition  est  si  raisonnable  qu'avec  justice  on  ne  peut  la 
refuser. 

Mons'  d'Herbault  adjoustera,  s'il  iuy  plaist,  ce  que  dessus  aux 
advis  sur  le  sujet  de  Mantoue. 

'  Le  tome  II  de  Mantoue,  aux  AIT.  élr.  tion  du  cardinal.  Mais  le»  Mémoires  de 

(pièces    190-193),    conserve  la  matière  Richelieu  reproduisent  à  peu  près  ce  que 

donnée  pour  faire  ces  lettres;  elles  sont  donne  le  ins.  (t.  IV,  p.  19a  et  suiv.).  Quant 

d'une  écriture  que  je  ne  connais  pas,  et  à  la  note  destinée  à  d'Herbault,  elle  est 

je  n'y  trouve  aucune  trace  de  la  participa-  de  la  main  de  Charpentier. 

78. 


620  LETTRES 


CL. 

Arch.  des  AIT.  étr.  Mantoue,  t.  2,  pièce  144.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

A  M.  LE  NONCES 

[Vers  la  fin  de  novembre  1628  '.] 

J'ay  veu  le  mémoire  cy-enclos  fort  bon  pour  montrer  que  la  France, 
Venise ,  le  pape  et  les  princes  d'Italie  peuvent  et  doivent  penser,  pour 
leurs  intérests ,  au  secours  de  M.  de  Mantoue.  Mais  il  est  question  de 
sçavoir,  sans  discours,  ce  que  chacun  peut  et  veut  faire  en  cette  oc- 
casion et  de  le  mettre  en  pratique  ;  autrement,  tandis  que  nous  par- 
lerons, M.  de  Mantoue  se  perdra. 

Ce  qu'il  faut  faire,  à  mon  advis,  est  d'avoir  positivement,  par  les 
courriers  que  le  roy  envoie   en  Italie ,  résolution  de  ce  qui  s'ensuit  : 

De  Venise,  si  le  roy  s'obligeant  à  20,000  hommes  et  deux  mil 
chevaux  pour  le  secours  de  l'Italie,  la  république  ne  s'obligera  pas  à 
1  5  mil  hommes  et  i,5oo  chevaux  pour  la  mesme  fin. 

De  Rome,  si,  en  cas  susdict,  le  pape  ne  s'obligera  pas  à  8  mil 
hommes  de  pied  et  800  chevaux. 

De  Mantoue,  il  faut  sçavoir  si  Casai  peut  tenir  deux  mois,  pour 
attendre  le  secom's  ;  s'il  ne  le  peut,  luy  conseiller  de  déposer  la  place 
entre  les  mains  du  pape ,  de  Bavières  ou  Florence ,  avec  obligation 
qu'il  soit  restitué  à  celuy  à  qui  il  appartiendra. 

'  Charpentier  a  écrit  au  dos  de  la  pièce  ainsi  que  la  pièce  elle-même  le  dit  pour 

cette  indication ,   à  laquelle  il  a  ajouté  :  Venise. 

«Touchant  l'union  des  Coleguez  pour  le  '  Le  manuscrit  ne  donne  point  de  date  ; 

secours  de, Casai,  v  Et  ensuite  le  secrétaire  mais  on  voit  que  la  lettre  est  écrite  à  un 

des  Mémoires  de  Richelieu  a  mis  :  «  après  moment  où  l'on   se   demandait  si   Casai 

la  prise  de  la  Rochelle.  »  Mais  ce  n'est  tiendrait  bien  encore  deux  mois.  Or,  au 

pas  seulement  au  Nonce  que  le  mémoire  commencement  de  décembre  on  avait  une 

fut  envoyé,  c'était  sans  doute  une  sorte  réponse  à  peu  près  affirmative;   on  peut 

de  circulaire    destinée   aux  divers  prin-  donc  proposer  pour  date  de  cette  lettre  la 

ces  dont  on  pouvait  espérer  le  concours,  fin  de  novembre.  (Voy.  ci  après,  p.  622.) 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  621 

Il  faut  voir  si,  en  Savoye,  on  peut  ramenei-  M.  de  Savoye,  en  luy 
prommettant  la  garentie  d'une  partie  du  Montferrat,  comme  Trin  et 
autres  choses  adjacentes. 

M.  le  nonce  escrira,  s'il  luy  plaist,  conformément  à  ce  que  dessus 
à  Rome,  et  M.  l'ambassadeur  de  Venise  à  Venise. 

Il  n'y  a  point  de  temps  à  perdre,  si  on  veut  faire  quelque  chose,  il 
faut  agir  présentement'. 

Ici  notre  manuscrit  laisse  une  demi-page  en  blanc,  et  ensuite  vient,  écrite  de  la 
main  du  même  secrétaire,  cette  espèce  de  délibération  sur  le  pour  et  le  contre  de 
la  question  : 

Ce  qui  peut  divertir  la  France  du  secours  d'Italie  est  : 

Que  la  saison  n'y  est  pas  propre. 

Que  Casai  est  si  pressé  qu'il  ne  pourra  attendre. 

Qu'on  s'attirera  ime  guerre  d'Espagne  en  France  par  la  Picardie  et 
la  Champagne. 

Que  les  armées  de  France  sont  harassées  du  siège  de  la  Rochelle. 

Que  ses  finances  y  ont  esté  espuisées. 

Que  les  alliez  de  la  France  qui  promettront  beaucoup  ne  tiendront 
rien. 

Au  contraire  on  peut  dire  : 

Que  si  l'on  laisse  perdre  l'Italie ,  l'Espagnol  sera  '  si  puissant  qu'il 
nous  attaquera  après  comme  il  voudra. 

Que  le  péril  est  moindre  maintenant  qu'il  ne  seroit  lors  si  on  se 
peut  bien  ajuster  avec  les  princes  d'Italie,  l'Angleterre  et  la  Hollande. 

Une  barre  est  passée  sur  ces  réflexions ,  nous  les  conservons  néanmoins  comme 

'  Je  trouve  dans  le  même  ms.  une  pièce  amis  à  entrer  en  cette  confédération  qui 

sans  date,  intitulée  :  «Projet  de  traitté  fait  se  fait  pour  la  manutention  (le  maintien) 
par  l'agent  de  M.  de  Mantoue  ;  »  ce  projet      "  des  estats  dud.  s' duc  de  Mantoue ,  conser- 

présente  plusieurs  des  dispositions  insé-  valion  et  accroissement  de  la  liberté  d'Ita- 

rées  au  présent  mémoire;  on  y  prévoit  lie.  Ils  seront  receus  avec  les  conditions 

l'éventualité  d'un  partage  de  conquéles ,  et  susdites ,  et  à  la  proportion  de  l'aide  qu'ils 

l'on  ajoute  :  «  les  coléguez  inviteront  leurs  auront  donné.  • 


622  LETTRES 

un  spécimen  du  travail  de  Richelieu;  le  débat  qui  s'établissait  toujours  dans  sa 
pensée  entre  les  arguments  favorables  ou  contraires  à  une  résolution  qu'il  avait  à 
prendre,  il  l'écrivait  quelquefois ,  ou  pour  en  faire  part  au  roi  ou  pour  y  apporter 
lui-même  une  attention  plus  arrêtée.  Nous  en  avons  rencontré  plus  d'un  exemple. 


CLI. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Mantoue,  t.  2,  pièce  160.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

MÉMOIRE  POUR  LE  SECOURS  DE  CASAL. 

1  o  décembre  1628. 

Deslandes  Payen  dit  asseurément  que  la  ville  de  Casai  peut  tenir 
jusques  à  la  fin  du  mois,  et  se  laisse  entendre  que,  si  elle  espère  se- 
cours, elle  peut  aller  jusqu'à  la  fin  de  janvier. 

Guron,  par  lettre  du  20  novembre  \  confirme  la  mesme  chose. 

De  Savoye,  de  Venise  et  de  Rome,  on  escrit  qu'elle  peut  aller 
jxisques  à  Pasques. 

Tous  conviennent  que  le  secours  de  cette  place  est  extraordinaire- 
ment  pressé ,  en  ce  que  ceux  qui  donnent  plus  d'estendue  à  cette  ré- 
sistance ne  la  fondent  que  sur  l'espérance  asseurée  qu'elle  aura  d'un 
secours  qu'il  est  partant  nécessaire  de  haster  autant  qu'on  pourra. 

Tous  les  pays  estrangers  demandent  la  personne  du  roy  sui-  la 
fi-ontière ,  pour  rendre,  par  sa  présence,  le  succès  de  ce  secours  in- 
faillible. 

Ceux  qui  sont  en  peine  proposent  hardiment  tout  ce  qu'ils  es- 
timent les  pouvoir  soulager,  sans  en  examiner  les  conséquences. 

Le  grand  voyage  que  le  roy  vient  de  faire  s'oppose  à  en  entre- 
prendre un  de  nouveau ,  la  saison  y  est  contraire ,  la  peste  de  Lyon 
en  destourne  ;  l'incertitude  de  l'événement  de  cette  affaire  doit  faire 
aller  avec  retenue ,  n'étant  pas  à  propos  d'embarquer  le  roy,  après 

'  Dans  le  manuscrit  cfté  aux  sources,  pièce  i56. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  623 

l'heureux  succès  de  la  Rochelle ,  à  une  entreprise  douteuse  et  incer- 
taine. 

D'abandonner  aussy  Casai,  s'il  est  capable  d'estre  secouru,  il  n'y  a 
pas  d'apparence. 

Partant,  il  semble  qu'il  n'y  a  que  deux  expédients  à  prendre  :  l'un, 
que  M.  de  Guise  entreprenne  d'embarquer  8  mil  hommes  et  200  che- 
vaux à  Tapan ,  qui  est  l'embouchure  du  Rhosne ,  selon  qu'il  le  pro- 
pose, et  débarque  lad.  armée  à  Aresso,  place  de  Testât  des  Genevois, 
proche  de  l'isle  d'Albingue  ',  distante  de  Casai  de  1  5  ou  20  mil. 

L'autre,  que  Monsieur  s'avançast  dès  cette  heure  à  Valence,  pour- 
veu  de  bons  officiers  pour  commander  en  son  absence,  et,  sous  luy, 
une  armée  composée  de  1  2  mil  hommes  et  i,5oo  chevaux,  outre  les 
gens  de  guerre  de  M.  de  Guise,  pour  qu'avec  lad.  armée,  Monsieur 
entrast,  dans  le  commencement  de  janvier,  dans  la  Savoy e  et  le  Pied- 
mont,  par  tels  endroicts  et  ainsy  qu'il  sera  jugé  plus  à  propos. 

Si  Monsieiu-,  à  qui  le  roy,  à  mon  advis,  doit  faire  cette  offre,  l'ac- 
cepte, il  est  de  son  honneur  et  de  sa  réputation  de  bien  penser  à 
n'entreprendre  pas  une  action  si  importante  à  cet  estât,  au  bien  de 
la  chrestienté  et  à  sa  gloire  particulière  ,  sans  la  faire  réussir. 

S'il  ne  l'accepte  pas,  et  que  le  roy  veuille,  à  quelque  prix  que  ce 
soit,  tenter  ce  secours,  S.  M.  verra,  s'il  luy  plaist,  si  elle  estimera  à 
propos  d'en  donner  le  commandement  à  M.  de  Créquy  ^,  usant  d'une 
extraordinaire  bonté,  en  luy  donnant  lieu,  par  ce  moien,  de  réparer 
la  faute  qu'il  a  faicte  ',  ainsy  qu'il  tesmoigne  le  vouloir  faire. 


'  Albinga ,  petit  port  du  golfe  de  Gônes , 
est  à  25  ou  26  lieues  de  Casai.  Quant  à 
cet  Aresso,  je  ne  le  trouve  point  sur  les 
côtes  de  Gênes,  non  plus  que  Tapan  aux 
bouches  du  Rhône.  Les  noms  propres  sont 
sans  cesse  défigurés  dans  les  manuscrits. 
—  Nous  avons  dcijà  eu  occasion  de  remar- 
quer que  Richelieu  dit  ordinairement  Gé- 
oevois,  pour  Génois,  à  cause  du  nom  ita- 
lien de  Gênes  (Genova). 


'  Le  roi  agré.i  la  proposition,  ce  que  nous 
apprend  une  lettre  de  Richelieu  du  22  dé- 
cembre ,  laquelle  sera  notée  aux  Analyses. 

'  Le  duc  de  Créqui  avait  commis,  en 
effet,  une  faute  grave;  le  roi  lui  avait 
donné  le  commandement  de  l'armée  en- 
voyée au  secours  du  duc  de  Mantoue, 
qu'il  avait  désiré  ;  en  lui  accordant  cette  fa- 
veur, S.  M.  lui  recommanda  une  activité 
zélée  et  ime  extrême  promptitude,  et  lui 


624 


LETTRES 


En  ce  cas  il  faudroit  envoler  diligemment  commandement  aux 
trouppes  de  luy  obéir  et  s'avancer;  argent  pour  les  payer  et  les  offi- 
ciers nécessaires,  sçavoir  est,  deux  mareschaux  de  camp,  un  inten- 
dant ,  deux  mareschaux  d'armée  ,  et  faire  partir  en  poste  l'argent  néces- 
saire pour  la  monstre  de  cette  armée  ;  publiant  à  tout  le  monde  que 
cette  armée  est  plustost  destinée  pour  le  Languedoc  que  pour  l'Ita- 
lie ,   afin   que  si,  lorsqu'elle  sera  avancée,  on   a   des   nouvelles  qui 


renouvela  ses  recommandations  dans  plu- 
sieurs lettres  successives.  Le  duc  de  Man- 
toue,  de  son  côté,  envoyait  au  roi  et  à  Ri- 
chelieu des  dépêches  où  il  réclamait  assis- 
tance à  cor  et  à  cri,  déclarant  qu'il  était 
perdu  si  on  ne  le  secourait.  Et  cependant 
le  duc  de  Créqui  mit  tant  de  lenteur  et  de 
négligence  dans  ses  opérations ,  que , 
faute  d'avoir  reçu  le  secours  attendu , 
M.  d'Uxelles,  général  de  l'armée  française 
dans  le  Mantouan ,  fut  battu  de  telle  sorte 
■  que  Sanguin ,  un  des  ordinaires  du  roi , 
écrivait  de  Grenoble  à  Richelieu  :  «  11  faut 
avouer  qu'il  ne  s' est  jamais  veu  une  pareille 
déroute*.  »  Les  accusations  tombaient  de 
toutes  parts  sur  le  duc  de  Créqui,  auquel 
on  imputait  même  une  véritable  trahison 
et  une  entente  coupable  avec  les  Hugue- 
nots sur  le  point  de  se  révolter.  Nous  avons 
trouvé  dans  ce  ms.  de  Mantoue  plusieurs 
de  ces  mémoires  accusateurs ,  dont  deux  au 
moins  ont  passé  dans  les  mains  de  Riche- 
lieu ,  car  S.  Em.  a  écrit  au  dos  de  l'un  : 
«  Contre  le  mar*'  de  Créqui ,  »  et  au  dos  de 
l'autre  :  «  Extrait  de  la  conduitte  de  M.  de 
Créqui ,  au  faict  de  M"  de  Mantoue  el  de 
Savoye  (pièces  i8i-i83).»  Au  lieu  de  se 
justifier,  le  paresseux  général  récriminait; 
il  écrivait  au  roi:  «Quand  il  vous  plaira. 
Sire,  envoyer  des  arméçs  en  Italie,  il  ne 


suffira  pas  seulement  de  les  faire  fortes, 
mais  de  les  pourvoir  de  toutes  les  choses  né- 
cessaires pour  durer** . . .  »  La  liberté  de  ce 
discours ,  qui  semble  passer  la  mesure ,  s'ex- 
plique un  peu  lorsqu'on  lit  celte  autre  lettre, 
écrite  peu  de  jours  auparavant  à  Richelieu , 
par  M.  de  la  Ferté ,  dépeignant  toutes  les  mi- 
sères des  troupes  de  M.  d'Uxelles  :  •  Nous 
avons  esté  contraincts,  dit-il,  de  nous  re- 
tirer, n'ayant  eu  pain  dans  nostre  armée  y 
avoit  huict  jours*".  »  La  défaite  était  dans 
ce  temps-là  un  double  malheur;  la  disci- 
pline était  si  mauvaise  que  les  populations 
redoutaient  le  passage  d'une  armée  en 
marche  réglée;  qu'étaient-ce  donc  que  des 
soldats  débandés  qui  allaient  faire  une  ar- 
mée de  pillards  prête  à  tout  ravager?  Aussi 
l'épouvante  était  grande  dans  le  midi  de 
la  France,  et  les  gouverneurs  de  province, 
le  marquis  d'Halincourt  dans  le  Lyon- 
nais, le  duc  de  Bellegarde  en  Bourgogne, 
fermaient  leurs  frontières  à  ces  soldats 
vaincus  comme  à  des  voleurs  :  «  ordre  était 
donné,  s'il  en  vouloit  passer,  de  sonner 
le  tocsin  et  de  leur  courir  sus  (pièce  80*, 
ofllciellemeut  imprimée).  »  Ce  deuxième 
volume  du  ms.  de  Mantoue  contient  sur 
toutes  ces  affaires  des  documents  pleins 
d'intérêt,  la  plupart  sans  date,  et  qu'on  a 
classés  pêle-mêle  à  la  fin  de  l'année  1628. 


*  Ms.  cité  aux  sources,  pièce  79,  leUre  du  i3  août. —  "  Lettre  autographe  écrite  de  Grenoble  te  18  août, 
pièce  86  du  dis.  —  ***  De  Grenoble ,  le  i  ï  août ,  pièce  74  du  ms. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


625 


obligent  à  changer  de  dessein,  on  ne  cognoisse  pas  qu'on  en  ayt  eu 
d'autre  que  celuy  du  Languedoc,  auquel  on  peut  et  doit  on  travailler 
dès  la  mi-janvier,  selon  le  dessein  qu'en  prendra  S.  M. 

Le  meilleur  expédient  seroit  qu'on  creust  que  le  roy  voulust  aller 
au  printemps  sur  la  frontière  d'Italie,  pour  de  là  faire  passer  les  monts 
à  Monsieur,  qu'on  pensast  maintenant  que  S.  M.  n'eust  point  de  pen- 
sée de  faire  secourir  l'Italie  présentement,  et  cependant  envoier,  en 
toute  dilligence,  pouvoir  à  M.  de  Créqui  d'entrer  avec  ce  qu'il  a, 
luy,  et  ce  qui  est  en  Auvergne.  Par  ce  moien  le  duc  de  Savoye  ne  se 
prépareroit  point  à  faire  l'opposition  qu'il  pourroit  faire  aux  trouppes 
du  roy,  on  le  pourroit  aucunement  surprendre  et  faire  effect. 

Si  on  faict  autrement,  et  que  Monsieur  vueille  faire  la  pre'  entrée, 
l'occasion  et  Casai  seront  perdus.  Au  reste  ce  n'est  pas  prudent  de 
commettre  sa  réputation  et  ses  premières  armes  à  un  événement  si 
douteux  comme  estceluy-là;  au  lieu  que,  le  premier  chemin  estant 
fraie,  il  pourra,  avec  réputation  et  succez,  avoir  la  gloire  de  la  fin  de 
l'exécution^. 


'  Mot  douteux ,  on  pourrait  à  la  rigueu  r 
croire  qu'il  y  a  un  i  mal  formé ,  et  lire  pire; 
ou  bien  est-ce  première,  par  abréviation? 

'  Richelieu  envoyait  coup  sur  coup  en 
Italie  des  personnages  chargés  de  lui  four- 
nir les  informations  utiles  au  succès  de 
cette  grande  aGTaire,  la  succession  deMan- 
toue.  Je  trouve  à  ce  même  moment  dans 
noire  ms.  (pièce  164)  une  instruction 
donnée  au  s'  du  Lande,  chargé  d'aller 
instruire  le  duc  de  Mantouc  des  ordres 
donnés  au  duc  de  Guise  et  au  maréchal 
d'Esfrées  dans  la  vue  de  mettre  ses  affaires 
en  bon  train.  La  mission  du  s'  du  Lande 
consistait,  en  outre,  à  s'enquérir  au  vrai 
des  ressources  dont  pouvait  disposer  le 


duc  de  Mantouc,  adonner  des  renseigne- 
ments précis  sur  l'état  du  siège  de  Casai , 
à  faire  reconnaître  les  divers  passages  du 
Tanaro;  il  devait  revenir  par  Gênes,  en 
faisant  une  reconnaissance  exacte  de  la 
côte  et  des  lieux  propices  au  débarque- 
ment. Enfin,  de  retour  à  Mnrseiilc,  il  de- 
vait instruire  le  duc  de  Guise  de  tout  ce 
que  lui  aurait  appris  sa  mission.  Cette 
pièce,  dont  nous  ne  citons  aucun  passage, 
était  sans  doute  l'œuvre  du  secrétaire 
d'Etat  d'Herbault;  elle  est  datée  du  1 5  dé- 
cembre, cinq  jours  après  la  date  du  pré- 
sent mémoire,  et  la  lettre  de  créance  du 
s'  du  Lande,  conservée  dans  ce  même  ms. 
porte  la  date  du  18. 


CAIIDIN.  DE  niCUELiei'.  —  VII. 


79 


626 


LETTRES 


ANNEE   1629. 


CLII. 


Imprimée  dans  le  livre  de  Bertius  : 
De  Aggeribus  et  pontibus  hxiclenus  ad  mare  exstructis  digestam  novum,  p.  244-  Paris,  1629. 

AD  P.  BERTIUM' 


GEOGHAPHUM  ET  PROFESSOHEM  REGIl'M. 


.Janvier  1639  •.] 


Inscriptionem  portiis  Rupellani  ^  meo  nomine  a  te  exaratam  accepi , 
elegantem  quidem  illain,  et  quœ  publiais  tabulis  consignari  meretur. 
Eam  suo  loco  et  tempore  afEgi  curabo.  Laudo  proposituni  De  Aggeribus 
et  pontib.  ad  mare  exslractis  inter  quos  Rupellanus  non  infimum  locuni 
occupabit.  Non  dubito  quin  et  stylus  et  argumentum  famae  atque  exis- 
timationi  tuae  abunde  responsura  sint.  Tuos  libros  et  liberos  mihi  sum- 
mopere  commendatos  scito ,  sed  hune  praesertim ,  quem  Ecclesiœ  dicasti 
optimis  moribus  et  doctrina  ornatum.  Placet  typus  calculi  bistorici* 
cum  epigrammate  a  filio  tuo  mihi  ostensus.  Denique  placent  omnia 
quia  tua  sunt,  et  genio  atque  ingenio  magno  digna.  Vale. 


Tu 


us  ex  aninio 


'  Né  en  Flandre,  Berlius  se  fil  un  nom 
dans  la  science  géographique.  Mais  s'étant 
compromis  dans  les  querelles  ihéologiques 
des  Gouiaristes  et  des  Arminiens,  il  perdit 
toutes  les  places  qu'il  avait  en  Hollande. 
Venu  en  France  en  1618,  Louis  XIII  le 
nomma  son  cosmographe.  Bientôt  con- 
verti au  catholicisme,  P.  Bertius  obtint, 
avec  une  chaire  royale  de  mathématiques, 
le  titre  d'historiographe  du  roi.  La  lettre 
du  cardinal  fut  sans  doute  une  de  ses  der- 
nières joies;  il  mourutquelques  mois  après. 

'  La  pierre  gravée  (calculus  historiens) 
que  Bertius  fit  ofifrir  par  son  fils  à  Riche- 
lieu porte  la  date  de  1628,  et  le  privi- 


Cardinalis  DE  RICHELIEU. 

lége  du  livre  est  du  17  janvier  1629.  Le 
cardinal  en  eut  certainement  un  des  pre- 
miers exemplaires;  on  peut  donc  mettre 
le  remercîment  qu'il  en  fit  vers  le  com- 
mencement de  ladite  année. 

'  Cette  inscription  latine,  destinée  à  être 
gravée  à  l'entrée  de  la  ville,  est  imprimée 
et  longuement  expliquée  dans  le  dernier 
chapitre  du  livre  De  Aggeribus ,  etc. 

'  L'empreinte  est  reproduite  sur  le 
frontispice  du  livre  et  dans  le  texte  du 
chapitre  précité.  La  face  présente  un  plan 
de  la  Rochelle,  avec  l'exergue  :  Rupellu 
capta,  28  oct.  et  la  légende  :  Omnes  qui  te 
vident  egentibusobstapescent  super  te.  E^ech. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


627 


CLIII. 

Arch.  des  Aff.  élr.  Turin,  t.  lO,  pièce  aa6.  — 
Minute  de  la  main  de  Cliarpenlier. 

INSTRUCTION  POUR  LE  S"  DE  L'ISLE. 

[Derniers  jours  dejauvier  ou  commencement  de  février  1619.] 

Le  roy  est  très-content  de  ia  négociation  du  s'  de  Valençay'. 

S.  M.  désire  qu'il  renvoie  et  escrive  à  M.  de  Savoie  pourl'asseui-er 
de  nouveau  de  ia  bonne  volonté  qu'il  a  pour  luy  et  sa  maison,  qu'il 
affectionne  grandement  et  pour  l'amour  d'eux  et  pour  l'amom-  de 
Madame  qu'il  aime  plus  qu'il  ne  sçauroit  Texprimer. 

Que  S.  M.  ne  doute  point  que  M.  de  Savoye  ne  luy  ouvre  son  pas- 
sage, et  pour  le  respect  qu'il  luy  porte,  et  pour  ses  intérests  qui  l'y 
convient. 

Cependant  qu'elle  est  estonnée  qu'il  ne  luy  en  ayt  donné  une  ou- 


'  Le  commandeur  de  Valençay  avait 
été  envoyé  en  Piémont  à  la  Hn  de  i6a8; 
une  instruction,  dont  la  minute  est  de  la 
main  de  de  M.  Chàteauneuf,  lui  avait  été 
donnée  le  a  1  décembre  et  se  divisait  en 
in>truction  générale  et  en  instruction  par- 
ticulière. L'une  et  l'autre  sont  conservées 
aux  AfiF.  élr.  (Turin,  t.  VIII,  pièces  lAg  et 
i5o).  Valençay  avait  ordre  d'obtenir  une 
prompte  résolution  ,  et  on  lui  avait  adjoint 
M.  de  Lisie  pour  rapporter  la  réponse.  Mais, 
écrivait  do  Turin  à  iîichclieu  M.  de  Valen- 
çay, le  8  janvier,  •  le  duc  de  Savoie  a  donné 
tardivement  les  dépesches  au  s' de  LisIe, 
parce  qu'il  a  voulu  faire  partir  un  courrier 
pour  avertir  son  ambassadeur  des  choses 
qui  se  sont  passées  icy  avant  que  vous  en 
soyez  instruict;  prenez  garde  à  ce  qu'on 
vous  pourroit  proposer  devant  que  led. 


s'  de  Lisle  soit  près  de  vous. . .  •  Kt  M.  de 
Valençay  indique  quelques  moyens  d'ar- 
rêter le  courrier  du  duc,  de  sorte  qu'il 
n'arrive  qu'après  le  courrier  de  Valençay; 
•  c'est  une  procédure  qu'ils  pratiquent 
très-soigneusement  en  leur  pays  •  ajoute- 
t-il  (tome  IX  de  Turin,  pièce  1).  Le  s' 
de  Lisle  ne  larda  pas  à  retourner  en  Italie 
avec  la  présente  instruction,  non  datée 
dans  le  manuscrit,  mais  qui  doit  être  des 
derniers  jours  de  janvier  ou  du  commen- 
cement de  février,  puisqu'on  y  donne 
J'a\is  que  le  roi  est  proche  de  Dijon,  et 
sera  le  5  ou  6  février  à  Valence;  c'est 
donc  par  erreur  qu'on  a  classé  cette  pièce 
à  la  un  de  l'année  1639.  Au  reste.  M"  de 
Lisle  et  de  Valençay  lirenl  coup  sur  coup 
plusieurs  voyages  en  Piémont. 


79- 


628  LETTRES 

verte  asseurance.  Que  s'il  l'eust  faict,  dès  cette  heure  S.  M.  luy  eust 
mandé  ouvertement  toutes  les  pensées  qu'elle  a  pour  l'Italie ,  ce  qu'elle 
remet  à  faire  lorsqu'elle  sera  sur  sa  frontière ,  et  que  led.  s""  duc  luy 
aura  donné  l'asseurance  qu'elle  luy  demande  pour  l'ouverture  de  ses 
passages. 

Celuy  qui  ira  vers  M.  de  Savoye  le  pressera  extraordinairement 
d'un  ouy  ou  d'un  non;  si  c'est  le  s""  de  l'Isle,  comme  on  croit  qu'il  est 
bien  à  propos,  il  lui  tesmoignera  comme  il  a  laissé  le  roy  proche  de 
Dijon ,  qui  sera  le  5  ou  6®  de  febvrier  à  Valence ,  et  agira  avec  tant 
de  retenue  que  M.  de  Savoye  ait  lieu  de  croire  qu'on  ne  luy  veuille 
pas  faire  les  forces  du  roy  plus  considérables  qu'elles  sont,  mais  tout 
subjet  de  penser  qu'on  die  moins  encore  qu'on  ne  veut  faire. 

Le  but  où  il  faudi-a  tendre  est  de  faire  venir  le  prince  de  Piedmont 
au  devant  du  roy,  et  d'avoir  asseurance  et  ouverture  des  passages , 
prenant  fexcuse  que  ces  messieurs  trouveront  plus  à  propos  avec 
l'Espagne. 

Cependant  le  s"  mareschal  de  Créquy  tiendra  toutes  ses  trouppes 
prestes  et  tout  ce  qui  luy  est  nécessaire  pour  faire  par  force  ce  qu'on 
ne  pourroit  obtenir  de  gré.  Et  dès  que  led.  mareschal  sera  en  estât 
de  faire  exécution,  il  n'attendra  aucun  nouvel  ordre  du  roy  pour  le 
faire,  S.  M.  ne  désirant  autre  chose  sinon  que  Casai  soit  secouru. 

Le  s""  de  l'Isle  adverlira  M.  le  M"'  de  Créquy  et  le  s"^  de  Valençay 
comme  le  roy  a  envoie  le  s'  Sanguin  pour  faire  que  les  régiments  de 
Picardie,  Normandie  et  Falsbourg  viennent  rejoindre  promptement 
farmée  du  roy  à  Valence,  et  pour  faire  aussy  que  si  M.  de  Guise 
n'est  du  tout  asseuré  du  succez  de  son  entreprise  qu'il  luy  renvoie 
toutes  les  trouppes  qu'il  a. 

Il  dira  aussy  aud.  s""  M"'  de  Créquy  qu'il  fasse  faire  force  pics , 
paesles,  hostes,  civières,  tranches*  et  autres  outils  nécessaires. 

Il  pressera  M.  BuUion  de  mettre  ordre  aux  vivres  nécessaires  pour 
estre  portés  pour  Casai,  lesquels  on  croit  maintenant  devoir  estre 
arrivés  à  Valence. 

'   Furetière  donne  ce  mot  avec  le  sens  de  ciseau  propre  à  couper  le  fer. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


629 


CLIV. 
Arch.  des  Afl'.  étr.  Turin,  t.  9,  pièce  33.  —  Minute  antographe. 

A** 

16  février  1629  '. 

Accepl  litteras  tuas  morteni  deffiincti  dolorem  fratris  et  lachrimas 
pientisslmae  uxoris^  nuntiantes.  Obitus  et  pœnitentia  a  Xpto  jaiïi  ju- 
dice(?)  varie  me  affecerunt  :  placuit  penitentia;  mors  vero  summopere 
displicuit.  Id  testatus  sum  non  solum  verbis  sed  opère.  Maximam 
partem  bonoriim  illius'  rex  obtulit  mihi;  recusavl  ob  rationes  in  epi- 
stola  ad  ipsum  scripta*  contentas.  Inter  cardinalem  Beruleum  meritis- 
simum  et  fratres*,  sacramento  non  firmo(?)natos*,  divisa  sunt  spolia. 


'  Annotation  mise  au  dos  de  ia  main 
de  Charpentier.  La  pièce  est  écrite  sur  la 
même  feuille  où  se  trouve  la  minute  de  la 
lettre  à  Rancé,  déjà  donnée,  tom.  III, 
p.  a33.  — '  Le  grand  prieur  était  mort 
dans  l'après-midi  du  8  février,  ainsi  que 
Richelieu  le  marque  dans  ses  Mémoires 
(t.  IV,  p.  398);  le  cardinal  était  alors  à 
Grenoble  avec  le  roi,  et  ne  reçut  la  lettre 
à  laquelle  il  répond  que  quelques  jours 
après.  A  qui  celte  réponse  est-elle  adres- 
sée ?  C'est  certainement  à  quelqu'un  qui 
avait  lui-même  écrit  en  latin.  Serait-ce 
l'évéque  de  Nantes ,  qui  avait  assisté  le 
prince  à  son  lit  de  mort  ?  Richelieu  a  con- 
signé dans  ses  Mémoires  [lac.  cit.)  un  ex- 
trait un  peu  détaillé  du  procès-verbal  d'au- 
topsie; était-ce  un  démenli  indirect  donné 
au  bruit  calomnieux  qui  se  répandit  alors, 
(]ue  le  grand  prieur  était  mort  de  poison? 

'  L'épouse  du  duc  de  Vendôme,  née 
duchesse  de  Mercœur;  elle  fut  sensible- 
ment affectée  d'une  si  triste  fin ,  et  fit  éle- 


ver à  son  beau-frère  un  tombeau  dans  l'é- 
glise des  Oratoriens  de  Vendôme. 

'  Richelieu  avait  mis  suomm;  illias  est 
écrit  eu  interligne  et  semble  d'une  autre 
main. 

*  Nous  avons  donné  cette  lettre  adressée 
au  roi ,  lf)m.  III,  p.  a3o;  le  manuscrit, 
sans  ponctuation,  met  :  '  contenlus ,  »  fort 
nettement  érrit,  mais  ce  ne  peut  être 
qu'une  erreur  de  plume,  un  a  mal  fermé. 

'  Il  avait  quatre  abbayes  :  Marmoutiers 
ut  Saint-Lucien  de  Beauvais  furent  données 
au  P.  de  Bérule;  les  deuxautres,  laValasse 
de  Me(z  et  Saint-Faron  de  Meaux ,  à  Henri 
de  Bourbon  ,  prince-év^que  de  Metz,  et  au 
comte  de  Moret,  tous  deux  frères  naturels 
du  défunt  ainsi  que  du  roi. 
■  '  Richelieu  avait  écrit  «  fralresspurios;  » 
il  a  sans  doute  trouvé  l'expression  un  peu 
dure,  il  l'a  effacée  et  a  mis  en  surcharge 
un  mot  que  je  ne  lis  pas,  lequel  mot, 
effacé  à  son  tour,  a  élé  remplacé  par  la 
périphrase  qu'on  voit  ici. 


630  LETTRES 

Pulat  rex  omnes  filios  Vendomenses'  Marti,  non  altaribus,  dicatos 
esse.  Si  quid  possim  in  ipsorum  gratiam,  libens  praeslabo  ubi  dabitur 


occasio 


.  Vale.  Tibi  addiltissimus. 


CLV. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  9,  pièce  32.  — 
Minute  de  la  main  de  Richelieu. 

16  février  1629  '. 

Instruction  de  L'Isle.  Botrii  a  eu  charge  de  la  Rochelle  de  faire 
diverses  propositions  non  acceptées  en  Espagne,  que  le  roy  ne  veut 
plus  puisqu'il  s'est  acheminé.  Veut  secourir  Casai  ouvertement,  et  ne 
point  s'accommoder  avec  Espagne. 

Voira  volontiers  M.  deSavoye,  ou  prince  de  Piedmont  et  prince 
Thomas. 

Est  bien  ayse  qu'ils  se  désaveuglent  de  l'Espagne. 

Veut  oublier  les  mescontantemens  qvi'il  a  juste  suject  d'avoir  d'eux 
pour  ce  qui  s'est  passé  avec  les  Anglois  et  huguenots,  pourveu  qu'ils 
luy  en  donnent  suject  par  leurs  actions  avenir. 

Veut  entreprendre  les  affaires  d'Italie  au  temps  et  lieu,  et  en  con- 
férer avec  eux. 

^  Led.  s'  de  Lisle  dira  franchement  à  M.  le  prince  de  Piedmont 
que  le  roy  s'est  trouvé  piqué  des  lettres  que  M.  de  Savoye  luy  escrivit 
après  que  le  dessein  du  marquis  d'Uxel  n'eut  pas  réussy,  mais  que 
l'entrevue  remédiera  à  tout,  comme  l'on  espère. 

Il  est  question  d'arrester  promplemenl,  avec  M.  de  Savoye  ou  le 
prince  de  Piedmont,  ce  qu'ils  veulent  faire;  parce  que  si  le  roy  entre 
en  Piemond  comme  en  pais  amy  et  concourant  au  dessein  de  S.  M. 

'  Les  ducs  de  Mercœuret  de  Beaufori,  lier  (sa  petile  ronde).  Charpentier  a  écrit 

iils  du  duc  de  Vendôme,  et  par  consé-  ces  lignes  dans  un  espace  blanc,  entre  la 

(juent  neveux  du  grand  prieur.  minute,  pour  de  Lisle ,  et  une  autre  pour 

'  Date  mise  au  dos  par  Cliarpentier.  Rancé  ;  nous  avons  donné  la  lettre  adressée 

'  A  partir  d'ici,  écriture  de  Charpen-  à  l\ancé,  i.lll,  p.  a33. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


631 


il  n'y  entrera  qu'avec  lo  ou  12  mil  hommes,   au  lieu  qu'autrement 
il  meneroit  toutes  ses  forces  '. 

Le  roi,  arrivé  à  Embrun ,  tint,  le  27  février,  un  conseil  pour  résoudre  ce  qu'il 
y  avait  à  faire  sur  les  propositions  que  le  s'  de  L'Isle  lui  avait  apportées.  Le  cardi-' 
nal  transcrit  dans  ses  Mémoires*  l'avis  qu'il  donna  dans  le  conseil,  en  conformité 
duquel  avis  la  résolution  fut  prise ,  et  il  ajouta  qu'on  pouvait  encore  envoyer  le 
s'  de  Vaienray  à  M.  de  Savoie.  L'instruction  qui  lui  fut  donnée,  et  que  nous  nous 
bornons  à  indiquer  ci-après  aux  Analyses ,  se  résume  en  ce  peu  de  mots  : 

Le  roi  use  de  franchise  envers  le  duc  de  Savoie,  cependant  S.  M.  a  quelque  opi- 
nion que  ce  prince  le  veuille  amuser.  M.  de  Valençay  a  ordre  de  lui  exposer  com- 
ment S.  A.  peut  concourir  aux  bons  desseins  du  roi  sur  l'Italie,  ainsi  que  les 
avantages  qu'elle  en  retirerait.  Enfin  le  roi  arrive  sur  la  frontière  des  Etats  du 
duc,  et  il  veut  savoir  •  si  on  fermera  les  portes  à  ses  mareschaux  des  logis,  ou 
non  ,  voulant  tenter  les  voies  de  civilité  avant  que  penser  aux  autres.  » 

Le  commandeur  de  Valençay  revint,  le  3  mars ,  vers  le  roi,  à  Oulx ,  apportant  la 
nouvelle  que  le  duc  de  Savoie  était  disposé  à  donner  au  roi  toute  satisfaction,  et  il 
annonça  la  visite  du  prince  de  Piémont.  Ce  prince  se  présentait,  en  effet,  le  4  à 
Chauniont,  où  le  cardinal  était  arrivé;  il  venait  »  offrir  au  roy  tout  ce  qui  dépen- 
doit  des  estais  de  M.  de  Savoie,  lequel  ne  désiroit  autre  chose  que  d'ajuster,  avec  le 
cardinal,  un  moyen  honorable  de  se  d^ager  d'avec  les  Espagnols.  •  Mais  on  vit 
clairement  alors  ce  qu'on  avait  soupçonné,  t  que  le  cal)inet  de  Turin  ne  voulait 
qu'amuser  le  roi,  »  car  le  lendemain,  au  lieu  de  venir,  le  prince  de  Piémont  écri- 
vait à  Richelieu  que,  n'a}ant  pas  trouvé  son  père  à  Suze,  il  demandait  du 
temps  pour  recevoir  et  transmettre  sa  réponse.  Le  cardinal  envoya  immédiate- 
ment au  prince  la  lettre  suivante. 


'  Richelieu  a  écrit  sur  cette  même 
l'cuille  les  indications  suivantes  :  «  Lettre  à 
M.  Niepce,  de  compliment.  —  Lettre  à 
M.  le  cardinal  de  Bérule,  me  resjouissant 
de  ses  bénéfices.  —  Lettre  à  Sainl-A.  —  A 
\l.  d'Ëffîat,  pour  deux  gardes  choisis  de  sa 
main,  cogiieus  de  luy,  bcunnc  mine,  cou- 
rageux, point  glorieux.  —  Faut  respondre 


à  M.  le  prince  Thomas  pour  le  roy  et  pour 
moy  civilement.  •  (Je  ne  trouve  point  les 
lettres  du  prince  Thomas,  lesquelles  sans 
doute  étaient  écrites  avec  l'intention  de 
dissimuler  les  desseins  de  la  cour  de 
Turin.) 

'  Tome  IV,  p.  338-3/(1. 


632  LETTRES 


CLVI. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  9,  pièce  43.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

A  M.  LE  PRINCE  DE  PIEDMONT'. 

5  mars  162g. 

Monsieur,  ayant  fait  sçavoir  au  roy  ce  qui  se  passa  hier,  et  l'asseu- 
rance  qu'aujourd'huy  à  midy  on  pourroit  avoir  la  dernière  résolution 
de  M.  vostre  père,  il  a  pieu  à  S.  M.  me  mander  qu'elle  le  trouvoit 
bon,  pourveu  que,  sans  nouvelle  remise,  ses  troupes  commençassent 
à  passer  dès  le  jour  mesme.  Cela  fait  que  vostre  lettre  laissant  en 
incertitude  de  vos  résolutions,  je  ne  puis  vous  asseurer  que  le  roy 
veuille  attendre  davantage;  [mais  bien  vous  conjures  je  de  ne  faire] 
aucune  difficulté  au  désir  de  S.  M.  Persistes  en  la  volonté  que  vous 
me  tesmoignastes  de  luy  donner  contentement. 

L'honneur  que  j'ay  de  servir  le  roy  il  y  a  longtemps,  et  de  cognoistre 
son  humeur,  fait  que  je  puis  vous  dire  qu'après  avoir  atendu  5  jours, 
contre  son  inclination,  il  tiendra  le  délay  que  vous  [prenés],  s'il  passe 
cette  journée,  pour  un  reffus.  Pour  mon  particulier,  M"^,  je  seray  très- 
fasché  de  n'avoir  peu  contribuer  à  une  œuvre  sy  utile  pour  vous  comme 
est  l'union  de  Vos  Altesses  avec  Sa  Majesté,  ce  que  j'avois  lieu  d'es- 
pérer sur  vos  paroles.  Cependant  je  vous  suplie  croire  que  je  suis^. . . 

'  La  suscription  et  ia  date  sont  notées  peut  lire  dans  ses  Mémoires,  t.  IV,  p.  348. 

au  dos.  Cependant  le  duc  de  Savoie  comprit  qu'à 

'  Le  soir  même  le  comte  de  Verrue  ce  moment  il  n'était  pas  de  son  intérêt  de 

arriva  avec  des  propositions  exorbitantes,  se  brouiller  avec  la  France,  et  le  6  avril  il 

dont  le  cardinal  dit  «qu'elles   n'estoient  s'était  rendu  auprès  du  roi.  (Voy.  notre 

pas  honneslesn  et  qu'il  jugea  ne  mériter  tom.  III,  p.  272.) 
d'autre  réponses  que  des  railleries,  qu'on 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


633 


CLVII. 

Arch.  des  A£F.  étr.  Turin,  t.  g,  pièce  107.  — 
Minute  de  la  main  de  Richelieu  '. 

A  M.  L'ARCHEVESQUE  DE  PISE. 

Du  2/4  avril  1629  '. 

Monsieur,  M"  les  ambassadeurs  de  M'  de  Mantoue  venant  d'adver- 
tir  S.  M.  qu'on  leur  mande  qu'il  y  a  encore  deux  lieux  dans  le  Mont- 
ferral  nommés  Altare  etRovignole,  où  il  reste  quelques  garnisons  qui 
n'en  sont  pas  encores  deslogées,  je  vous  en  donne  advis  pour  satisfaire 
entièrement  au  désir  que  vous  avés  eu  de  savoir  tout  ce  qu'on  pou- 
voit  désirer  de  Dom  Gonzalo  pour  establir  et  affermir  de  plus  en 
plus  une  bonne  intelligence  entre  les  deux  couronnes.  Je  vous  prie 
d'en  advertir  Dom  Gonzalo  à  ce  que,  conformément  à  ce  qui  a  esté 
arresté,  il  retire  les  dictes  garnisons,  s'il  est  vray  qu'il  y  en  ait  encore 
quelques-unes  des  siennes.  Je  ne  doute  pas  qu'il  ne  satisface  promp- 
tement  à  ce  que  la  raison  et  sa  paroUe  et  seing  requièrent  en  cette 
occasion.  Aussy  se  peut-il  asseurer ' que ,  de  la  part  de  S.  M.,  le 
mesme  sera  fait  en  ce  qu'il  doit  désirer  pour  la  seureté  des  estais  du 
roy  son  maistre.  J'y  contribueray  sincèrement  tout  ce  que  je  pourray. 
Cependant' 


'  Le  cardinal  a  écrit  8ur  une  page  ou 
était  un  projet  de  lettre  concernant  celte 
aQ'aire,  de  la  main  de  Bnllion,  lequel 
projet  est  barré. 

'  La  suscription  et  la  date  ont  été  no- 
tées au  dos  par  Charpeulier.  Au-dessous 
de  celte  annolalion  on  a  mis  :  «  employé.  > 

'  L'artlievcque  répondit  en  envoyant 
une  lettre  de  Gonzalo,  que  nous  nommons 
Gonzaive ,  auquel  il  avait  communiqué  celle 
de  Richelieu.  Gonzaive  fit  une  réponse 
évasive,  et  l'on  peut  voir  ce  que  dit  à  ce 
sujet  Richelieu  dans  ses  Mémoires  (t.  IV. 

CABDIX.  DE  RICHELIEU.  —  VII. 


p.  4o2J.  Mais  ce  que  nous  remarquons 
ici  el  que  ne  disent  pas  les  Mémoires, 
c'est  que  Gonzaive,  pour  prouver  qu'il  est 
dan»  des  dispositions  toutes  pacifiques, 
avertit  qu'il  a  reçu  du  duc  de  Rohan  com- 
munication d'un  ordre  d'Espagne  pour 
assister  ledit  duc,  et  que  lui,  Gonzaive,  a 
répondu  que  l'ordre  est  ancien,  que  les 
circonstances  sont  changées  el  qu'il  avait 
besoin  à  ce  sujet  de  nouveaux  ordres  du 
cabinet  de  Madrid.  —  La  lettre  de  Gon- 
zaive, en  espagnol,  est  conservée  dans 
notre  ms.  de  Turin,  t.  IX,  pièce  iii. 

80 


634  LETTRES 


NOTA. 

L'affaire  dont  il  est  question  dans  la  lettre  suivante  pouvait,  sans  la  prudence 
de  Richelieu,  amener  de  graves  conséquences;  j'ai  déjà  eu  l'occasion  (t.  III, 
p.  334)  d'en  dire  quelques  mots;  il  convient  d'y  revenir  ici.  Christine,  était  ma- 
riée depuis  dix  ans  au  prince  de  Piémont;  la  sœur  de  Louis  XIII  se  trouvait  au 
milieu  de  cette  autre  famille  dans  une  position  délicate  et  quelquefois  pénible. 
Entre  un  beau-père  qui,  dans  ses  inclinations  espagnoles,  lui  savait  assez  mau- 
vais gré  d'être  Française,  un  mari  peu  empressé,  des  beaux-frères  malveillants, 
il  lui  arrivait  parfois  de  tourner  de  tristes  regards  vers  le  pays  de  sa  naissance. 
Nous  avons  précisément  à  cette  époque  plusieurs  lettres  d'elle  où ,  épanchant  ses 
plaintes  et  ses  chagrins ,  elle  invoque  les  secours  de  Richelieu.  «  Elle  n'a  pas  de 
passion  plus  grande  que  celle  de  mériter  les  bonnes  grâces  du  cardinal ,  qui  est 
toute  son  espérance.  •  Elle  le  consulte  comme  un  ami  :  «  J'attendray  vostre  vo- 
lonté et  vostre  advis  devant  que  de  parler  de  rien.  »  La  princesse  approchait 
alors  du  terme  d'une  grossesse ,  la  première  après  dix  ans  d'une  union  stérile ,  et 
elle  priait  le  cardinal  de  supplier  la  reine,  sa  mère,  de  lui  envoyer  la  dame  Pé- 
ronne,  sage-femme  en  qui  elle  avait  confiance;  elle  craint  que  Marie  de  Médicis 
ne  l'envoie  de  préférence  à  la  reine  d'Angleterre,  qui  était  aussi  enceinte.  «  Quelle 
considère  en  cela  où  je  suis,  et  que  je  serois  tout  à  fait  affligée  si  je  croyois  que 
moy,  luy  estant  plus  afectionée  que  mes  autres  seurs,  je  neusse  aussy  melieure 
part  en  ses  bonnes  grâces,  »  La  princesse  continue  pendant  toute  une  page  la 
confidence  au  cardinal  de  ses  doléances.  Toutes  ses  lettres,  à  ce  moment,  sem- 
blent mouillées  de  ses  larmes,  et  elle  invoque  ardemment  la  protection  du  roi 
son  frère  contre  les  ennuis  dont  elle  est  accablée  dans  cette  cour  étrangère.  Po- 
meuse,  qui  avait  été  naguère  son  page,  était  alors  un  des  officiers  de  sa  maison, 
et  elle  l'envoyait  au  roi  pour  le  féliciter  de  la  paix  faite  avec  l'Angleterre.  C'est 
pendant  ce  voyage  qu'il  tomba  dans  le  guet-apens  de  l'un  des  beaux-frères,  le 
cardinal  de  Savoie.  Ce  prince  imputait  à  Pomeuse  d'insolents  couplets  contre  le 
duc,  son  père,  et  contre  lui.  S'il  faut  en  juger  par  un  fragment  conservé'dans 
nos  manuscrits,  ces  chansons,  écrites  à  peine  en  français,  sans  un  grain  de  sel, 
sans  une  pointe  d'esprit,  étaient  d'une  grossièreté  si  révoltante,  qu'il  est  impos- 
sible qu'on  ait  osé  les  chanter  en  présence  de  la  princesse.  Quoi  qu'il  en  soit , 
Pomeuse  fut  outrageusement  battu  et  même  ,  écrit  la  princesse,  laissé  pour  mort 
sur  la  place.  Outre  le  châtiment  que  le  cardinal  de'  Savoie  voulait  infliger  à  ce 
gentilhomme  de  Madame,  c'était  une  bonne  occasion  de  s'emparer  des  lettres 
dont  il  était  porteur  et  de  surprendre  les  relations  secrètes  que  la  princesse  pou- 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  635 

vait  entretenir  avec  la  cour  de  France  ;  mais  le  valet  de  Pomeuse  put  soustraire 
la  valise  où  ces  lettres  étaient  renfermées. 

Richelieu  venait  de  quitter  l'Italie  pour  aller  rejoindre  le  roi  au  siège  de  Privas. 
Il  était  lui-même  un  peu  intéressé  dans  FalTaire,  car  une  des  lettres  dont  Pomeuse 
était  porteur  lui  était  adressée;  Christine  se  hâta  de  lui  faire  connaître  cette  insulte 
et  sa  douleur:  «  La  mauvaise  volonté  (disait-elle)  est  grande  contre  moi...  Je  fais 
cette  lettre  en  cachette...  Je  n'eus  jamais  une  afaire  si  sensible,  je  la  remets 
entre  vos  mains...  Je  vous  prie  d'avoir  pitié  de  moy,  je  puis  bien  dire  ce  mot, 
puisque  je  suis  tout  à  fait  misérable,  •  (Lettre  du  19  mai,  pièce  i45.)  Le  lende- 
main 20,  nouvelle  lettre;  Christine  «  suplie  que  le  roy  la  venge  et  face  cognoistre 
an  monde  ce  que  je  luy  suis...  Je  me  remets  entre  vos  mains  comme  une  per- 
sonne désespérée...  Je  vous  prie  d'avoir  soin  de  ce  pauvre  Pomeuse...  » 

Les  panégyristes,  tels  que  l'historien  de  la  maison  de  Savoie,  Guichenon,  font 
de  Christine  une  princesse  accomplie;  la  vérité  est  que  c'était  une  femme  dis- 
tinguée, unissant  aux  charmes  de  la  figure  les  grâces  de  l'esprit  et  quelques-unes 
des  qualités  qui  honorent  le  trône;  toutefois  quelques  légèretés  de  conduite  don- 
naient au  moins  un  prétexte  à  la  malveillance  dont  ses  beaux-frères  l'ont  toujours 
poursuivie  et  qui,  plus  tard,  lorsqu'elle  fut  devenue  veuve,  alla  jusqu'à  la  chasser 
de  Turin  et  à  lui  disputer  le  pouvoir  suprême.  Elle  avait  compris  dès  longtemps 
qu'elle  aurait  besoin  contre  eux  de  l'appui  de  la  France,  et,  dans  ce  moment  de 
détresse,  nous  la  voyons  demander  la  protection  de  Richelieu,  du  style  d'une 
cliente  implorant  un  puissant  patron.  Au  fond,  Richelieu  se  souciait  assez  peu 
des  chagrins  de  la  princesse  de  Piémont  et  bien  moins  encore  des  aventures 
de  Pomeuse;  mais  Christine  était  sœur  du  roi,  et  c'était  la  politique  natio- 
nale et  la  dignité  française  qu'il  entendait  faire  respecter  en  cette  fille  de 
France. 

Plus  tard,  lorsque  son  beau-père  et  son  mari  n'y  seront  plus,  lorsque,  régente 
et  tutrice  de  ses  enfants  mineurs,  assise  sur  le  trône  ducal  et  dans  des  circons- 
tances d'une  bien  autre  gravité,  Christine  appellera  encore  le  cardinal  à  son 
secours,  alors  il  lui  faudra  en  même  temps  se  défier  de  ce  génie  ardent  à  sacrifier 
tous  les  intérêts  aux-  intérêts  de  la  France ,  et  elle  aura  à  disputer  obstinément 
avec  lui  du  prix  des  services  qu'il  consentira  à  lui  rendre. 

Mais  maintenant  le  cardinal  était  fermement  résolu  de  la  prot^er,  en  usant 
toutefois  de  la  prudence  qui  ne  l'abandonnait  jamais;  il  entendait  faire  rendre 
raison  de  l'outrage  à  la  princesse  offensée,  mais,  en  même  temps,  il  avait  à 
prendre  garde  de  jeter  tout  à  fait  dans  le  parti  espagnol  des  princes  qui,  jusqu'à 
présent,  n'avaient  pas  osé  se  déclarer  ouvertement  pour  l'Espagne.  11  commence 
par  déclarer  qu'il  ne  parlera  point  de  l'affaire  au  roi,  dont  le  prompt  ressenti- 

80. 


636  LETTRES 

ment  aurait  pu  contrarier  les  ménagements  qu'il  voulait  garder;  mais  il  écrit  à 
Turin  avec  une  fermeté  dont  sa  modération  ne  diminuait  en  rien  rautorilé.  Le 
prince  de  Piémont,  dans  sa  lettre  du  20  mai,  paraissait,  au  premier  moment, 
donner  tort  à  Pomeuse  :  «déjà,  écrit-il,  je  voyois  qu'il  ne  prenoit  pas  le  bon 
chemin ,  »  mais  il  se  hâta  de  changer  de  langage  et  déclara  dans  ses  lettres  sui- 
vantes qu'il  voulait  que  satisfaction  fût  donnée  à  la  princesse  ;  «je  ne  souffrirai 
jamais,  dit-il,  ce  qui  peut  déplaire  à  Madame.»  Quant  au  vieux  duc,  de  son 
style  cauteleux,  il  proteste  de  ses  tendresses  pour  la  sœur  du  roi  de  France  et 
semble  promettre  satisfaction  en  termes  qui,  au  fond,  ne  promettent  rien.  Ce- 
pendant, quatre  mois  plus  lard,  Christine  exhalait  des  plaintes  plus  lamentables 
encore  et  implorait  la  protection  de  Richelieu  avec  une  douleur  voisine  du 
désespoir  :  «  Ce  qui  m'a  le  plus  touchée  au  cœur,  écrit-elle,  c'est  m'avoir  dit  qu'il 
falloit  bien  que  je  changeasse  d'humeur  et  que  jusques  à  cette  heure  j'avois  esté 
Françoise,  mais  qu'il  falloit  estre  Piedmontoise...  L'on  m'arrachera  plutôt  le 
cœur  qUe  de  changer  jamais...  Je  vous  suplie  donc  d'avoir  pitié  de  moy  et  que 
S.  M.  me  prenne  sous  sa  protection;  je  ne  vous  mande  point  toutes  les  parti- 
cularitez  des  mauvais  traitemens  que  l'on  me  fait,  ny  des  mesfiances  que  l'on 
a  de  moy,  car  le  nombre  en  est  infini.,.  Si  cela  dure,  je  croy  que  je  seray 
contrainte  à  me  mettre  dans  un  monastère  et  d'attendre  là  le  commandement 
de  LL.  MM...  Mais  c'est  à  vous  à  qui  est  mon  i-ecours.  •  Elle  supplie,  si  on 
l'envoie  complimenter  à  l'occasion  de  sa  couche,  que  ce  soit  une  personne  d'au- 
torité, qui  parle  haut  pour  elle  et  à  qui  elle  puisse  confier  des  choses  qu'elle  ne 
peut  écrire  (lettre  du  k  septembre,  pièce  58).  C'est  que  Pomeuse  avait  éprouvé 
un  nouvel  accident  :  «  J'ay  receu  encore  (écrit-elle  dans  la  même  lettre)  un 
desplaisir  par  la  mesme  personne  aiant  esté  cause  que  l'on  ayt  mis  Pomeuse  en 
prison,  qui  s'en  aloit  à  Casai  travesti  pour  passer  plus  facilement  et  aussy  pour 
se  batre  avec  un  traistre  qui  m'a  deservie.  » 

Richelieu  vit  dans  cette  continuité  de  procédés  injurieux  une  intention 
politique;  il  le  dit  dans  ses  Mémoires  :  «Pour  montrer  encore  plus  claire- 
ment aux  Espagnols  la  mauvaise  inlelligence  en  laquelle  il  vouloit  estre  avec  la 
France,  le  duc  de  Savoie  fit  prendre  Pomeuse,  gentilhomme  de  Madame,  sur  le 
chemin  du  Montferrat  et  le  fit  mener  prisonnier  à  Yvrée  »  (t.  V,  p.  i^k).  C'était 
là  pour  le  cardinal  un  nouveau  motif  de  prendre  fait  et  cause  pour  la  princesse 
de  Piémont,  et  l'on  verra  bientôt  une  lettre  où  il  renouvelle  au  maréchal  de 
Créquy  l'ordre  de  poursuivre  chaudement  la  réparation  due  à  Madame  (ci-après  à 
la  date  du  8  novembre).  De  pareils  détails,  qui  appartiennent  au  genre  des  mé- 
moires plus  peut-être  qu'à  l'histoire,  ont  du  moins  cet  avantage  qu'ils  font  bien 
comprendre  la  dépendance  dans  laquelle  la  future  duchesse  de  Savoie  se  plaçait 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


637 


elle-même  à  l'égard  de  Richelieu,  et  qu'ils  peignent  au  vif  le  caractère  de  cette 
princesse,  ainsi  que  sa  situation  dans  la  cour  où  elle  devait  régner. 


CLVIII. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  9,   pièce   i85'.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

AU  PRINCE  DE  PIEDMONT. 

26  mai  1639. 

N'avons  eu  aucune  nouvelle  de  la  ratification  d'Espagne  que  par 
ce  qu'il  mande  ^.  Si  les  choses  continuent  ainsy,  le  roy  en  sera  très 
aise,  afin  de  pouvoir  terminer  plus  promptement  les  différends  d'I- 
talie. 

Pour  mon  particulier  je  m'en  rcsjouy  pour  la  mesme  raison. 

J'ay  fait  savoir  au  roy  le  contentement  qu'il  me  tesmoigne  avoir 
receu  de  la  paix  d'Angleterre,  dont  S.  M.  ne  doute  pas. 

Le  porteur  de  sa  lettre  m'a  faict  savoir  particulièrement  ce  qui  s'est 
passé  en  l'affaire  de  Pommeuse.  Honorant,  conune  je  fais,  toute  leur 

maison,  je  n'ay  pas  estimé  k  propos  en  devoir  parler  au  roy^ 

les  circonstances  de  cette  affaire  sont  fascheuses,  en  quoy  je  remarcjue 


'  Ce  manuscrit  n'est  pas  coté;  cette 
pièce,  la  dernière  du  volume,  se  compose 
de  deux  feuillets  contenant  la  minute  ou 
seulement  l'indication  de  plusieurs  lettres 
à  faire.  C'jest  la  petite  écriture  ronde  et 
assez  dilTiciie  de  Charpentier  écrivant  sous 
la  dictée.  Il  règne  d'ailleurs ,  dans  ces  deux 
feuillets,  un  certain  désordre,  quelques 
phrases  se  trouvant  tracées  à  divers  coins 
du  papier,  sans  aucun  signe  indiquant  où 
il  les  faut  placer.  Le  secrétaire  a  mis  au 
dos  du  deuxième  feuillet,  avec  la  date  du 
26  mai  :  •  M'  de  Savoye,  M'  et  M*  la  prin- 
cesse de  Piedmont,  M'  de  Gréquy.  »  Nous 
donnons  seulement  ici  la  lettre  adressée  au 


prince  de  Piémont  ;  les  autres  seront  notées 
aux  Analyses. 

'  La  lettre  du  prince,  n'étant  point  da- 
tée ,  a  été  classée  au  hasard  à  la  fin  de  mai. 
Richelieu  y  répondant  le  a6,  on  peut  sup- 
poser qu'elle  a  été  écrite  vers  le  ao;  elle 
ne  peut  d'ailleurs  être  antérieure  à  cette 
date ,  puisqu'il  y  est  question  de  l'aiTaire  de 
Pomeuse.  Le  prince,  en  annonçant  la  ra- 
tification ,  ajoute  :  «  Les  dépesches  sont 
adressées  à  D.  Gonzalo  ;  aussytost  que  au- 
rons des  nouvelles,  S.A.  dépeschera  vers 
S.  M.  pour  luy  faire  sçavoir  toutes  les  par- 
ticularitez»  (pièce  i64). 

'  Je  passe  deux  mots  que  je,  ne  peux  lire. 


638  LETTRES 

deux  choses  bien  considérables,  à  mon  advis:  l'une  qu'outre  que  le 
gentilhomme  est  à  Madame,  il  venoit  trouver  le  roy  avec  des  dé- 
pesches  pour  S.  M.;  l'autre  que  Madame  estant  grosse,  comme  elle 
est,  cela  ne  s'est  peu  faire  sans  la  mettre  en  péril  par  le  desplaisir 
quelle  en  doit  avoir  receu.  Je  vous  suplie.  Monsieur,  faire  en  sorte 
que  celte  affaire  s'accommode  promptement,  si  elle  ne  l'est  desjà, 
devant  que  ce  gentilhomme  arrive. 

Si  M.  le  cardinal  eust  demandé  raison  à  Madame  de  l'insolence 
qu'on  dit  que  Pomeuse  a  faicte,  comme  la  raison  et  la  civilité  le  re- 
quéroient,  à  mon  advis,  je  croy  qu'elle  n'eust  pas  manqué  de  la  luy 
faire  telle  qu'il  la  méritoit  en  effet,  et  sans  doute  il  eust  eu  beaucoup 
plus  de  contentement  d'en  user  ainsy,  que  d'obliger  Madame  à  désirer 
satisfaction  de  l'action  qu'il  a  fait  faire. 

J'escrits  à  Madame  sur  ce  subjet,  la  supliant  ne  prendre  pas  si  à 
cœur  cette  affaire  qu'elle  puisse  préjudicier  à  sa  santé,  et  luy  tesmoi- 
gnant  que  je  m'asseure  que  le  desplaisir  que  M.  de  Savoye  et  vous 
aurés  eu  d'une  telle  action  vous  aura  porté  à  luy  en  faire  avoir  tout 
contentement. 

Incontinent  que  j'ay  esté  arrivé  j*ay  faict  satisfaire  à  tout  ce  que 
vostre  commissaire  a  peu  désirer  pour  les  bleds. 

J'escrits  à  Lumague  pour  satisfaire  au  contract  que  l'on  a  passé 
avecBaronis  '.  Le  roy  a  envoyé  querre  la  personne  [?)  de  M.  du  Halier 
pour  sçavoir  de  luy  comme  les  choses  vont  au  passage  de  Grezins, 
et  voir  ce  qu'il  y  faudra  faire  pour  vostre  contentement,  s'il  est  vray 
([ue  quelques  troupes  se  soient  aprochées  du  costé  de  Bourgoigne  pour 
y  prendre  passage. 

J'ay  rendu  à  celuy  que  vous  m'avés  envoyé  un  mémoire  qu'il  m'a- 
voit  donné,  avec  les  responses.  Vous  pouvés  vous  asseurer  qu'en  tout 
ce  qui  vous  concernera  réellement  vous  trouvères  la  disposition  du 
roy  tout  entière. 

'  Dans  une  lettre  du  2/i  juin,  le  prince  est  absolument  nécessaire  qu'il  le  soit,  ou 
se  plaint  que  Baronis  n'a  pas  été  payé:  il        il  perdra  tout  son  crédit  (pièce  i8i). 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  639 


CLIX. 

Arch.  de  Condé.  Communication  de  M"*  le  duc  d'Aumale.  — 
Original. 

A  M.  LE  PRINCE. 

Usea,  I  4  juillet  it>2g. 

Monsieur',  Leroy 

ne  doute  point  que  vous  n'aies  faict  tout  ce  qui  vous  a  esté  possible 
pour  faire  accepter  la  paix  à  ceux  de  Montauban *.  Au  commencement, 
ceux  de  ia  ville  de  Nismes  firent  comme  eux;  ils  ne  voulurent  pas 
accepter  la  paix  que  M.  de  Rohan  avoit  premièrement  acceptée  par 
despit  de  ce  qu'il  ne  les  avoit  pas  advertis  à  temps  à  leur  gré;  et,  le 
lendemain,  aiant  demandé  permission  au  roy  de  luy  envoler  des  dep- 
putez,  ils  se  sousmirent  à  la  volonté  du  roy  plus  avantageusement 
pour  S.  M.  que  les  autres  '.  Si  Montauban  ne  fait  la  mesme  chose , 
il  servira  d'exemple  pour  terminer  à  la  rigueur  la  rébellion  des  hu- 
guenots. Le  roy  a  envoie,  par  le  nepveu  de  Dupuy,  un  passeport; 
c'est  à  eux,  ou  à  accepter  simplement  la  paix  et  vous  le  déclarer,  au- 
quel cas  vous  reoevrés  leurs  oslages ,  ou  de  se  servir  du  passeport  pour 
envoier  leurs  depputtez  pour  faire  icy  ce  qu'ils  feroienten  vos  mams; 
ou,  incontinent  que  S.  M.  sera  partie,  elle  m'a  commandé  d'y  mener 
son  armée,  qui  est  le  mesme  advis  que  vous  donnés.  Je  croy  que  cette 

'  .lusqu'à  la  fin  d'avril  1629,  le  cardi-  la  renommée  de  Richelieu  et  donna  à  sa 

nal  a  toujours  rais  Monsieur  en  tête  dans  personne  une  importance  qui  marque  une 

ses  lettres  au  prince  de  Condé  ;  la  lettre  du  des  grandes  époques  de  sa  vie. 
ai  mars  (ci-après aux  Analyses)  est  la  pre-  '  Dans  une  lettre  du  16  juin  à  M.  le 

niière  que  nous  ayons  où  le  cardinal  ne  prince,  le  cardinal  lui  annonçait  que  le 

lui  donne  point  la  ligne,  comme  on  disait  duc  d'Epernon  devait  «  l'asister  au  dégast 

alors.  Ce  changement  se  trouve  marqué,  de  Montauban.»  On  a  vu  dans  une  autre 

dans  nos  manuscrits,  par  un  petit  incident  lettre  du  3o  (t.  III,  p.  36a)  qu'on  était  dis- 

de  rédaction  que  nous  avons  indiqué  noie  2  posé  à  moins  de  sévérité, 
de  la  page  862  de  notre  troisième  volume.  '  Voyez  t.  IV,  p.  Syo. 

Le  triomphe  de  la  Rochelle  mit  le  sceau  à 


640  LETTRES 

ville  ne  voudra  pas  demeurer  seule  en  sa  folie.  Si  elle  accepte  la  paix , 
vous  prendrés  s'il  vous  plaist  promptement  ses  ostages  tels  que  vous 
saurés  bien  choisir,  et  ferés  entrer,  sans  délay,  M.  le  Président  de 
Calvières,  commis  par  le  roy  pour  le  rasement,  pour  y  faire  travailler 
avec  cet  ordre,  que  tous  ceux  qui  auront  contribué  à  la  fortification 
contribuent  audict  rasement  '. 

J'ay  faict  entendre  au  roy  ce  que  vous  me  mandés  touchant  le 
duché  de  Rohan;  S.  M.  m'a  dict  qu'elle  avoit  bien  préveu  que  vous 
vous  y  gouverneriés  comme  vous  faites,  vous  remettant  tout  à  fait  à 
ses  volontez.  Tout  ce  que  je  vous  puis  dire,  sur  ce  sujet,  est  que  sa 
main  puissante  n'est  pas  racourcie,  et  sa  bonne  volonté  pour  vous  est 
telle  que  vous  sçauriés  désirer.  En  mon  particulier.  Monsieur,  je  ne 
sçaurois  assez  vous  remercier  des  complimens  que  M.  le  comte  de 
Charlus  m'a  faicts  de  vostre  part.  J'attribue  à  la  piété  que  vous  avés 
envers  l'Eglise  les  efiects  de  vostre  courtoisie,  et  ay  tous  les  sentiraens 
que  je  puis  avoir  d'en  prendre  revanche  aux  occasions.  Le  roy,  qui 
s'en  va  aujourd'buy  coucher  à  Nismes,  partira  de  là  pour  s'en  aller  à 
Paris,  en  sorte  que  vous  ne  sçauriés  le  joindre  devant  son  volage.  Je 
demeure  icy  pour  quelque  temps  avec  toute  l'armée  de  S.  M.;  MM.  le 
mareschal  de  Schomberg  et  Defiat  y  demeurent  aussy,  M.  le  garde 
des  sceaux  y  sera  quelques  jours  après  le  roy,  en  sorte  qu'on  pourra, 
par  le  commandement  de  S.  M.,  résoudre  avec  vous  tout  ce  que  vous 
désirés.  J'apporteray  tousjours  tout  ce  qui  me  sera  possible  pour  vous 
tesmoigner  que  je  suis  véritablement, 

Monsieur, 

Vostre  très  humble  et  très  affectionné  serviteur. 
Le  Gard.  DE  RICHELIEU. 

D'Uzez,  ce  1^'^  juillet  1629. 

Sur  l'issue  de  cette  affaire  de  Montauban,  voyez  notre  Iroisième  volume,  p.  4o2, 
4o3,  4o5. 


DU   CARDINAL   DE  RICHELIEU.  641 


ANNEE  1630. 


NOTA. 

Le  cardinal,  en  commençant  le  récit  de  l'année  i63o  et  en  remontant  près  de 
deux  années  en  arrière,  expose  l'état  des  relations  de  la  France  avec  l'Allemagne, 
la  paix  faite  entre  l'empereur  et  le  roi  de  Danemark,  la  trêve  entre  la  Pologne 
et  la  Suède  «  qui  laissait  au  roi  Gustave  •  la  liberté  de  se  tourner  contre  Tempe 
reur,  enfln  les  circonstances  de  la  mission  de  M.  de  Charnacé  vers  les  électeurs, 
vers  le  duc  de  Bavière,  chef  de  la  ligue  catholique,  et  vers  le  roi  de  Suède  dès 
le  commencement  de  1629  ^  En  juillet,  M.  de  Sabran  avait  été  envoyé  auprès  de 
l'empereur  pour  obtenir  que  S.  M.  I.  donnât  l'investiture  au  duc  de  Mantoue.  On 
sait  que  l'usurpation  des  Etats  de  ce  prince,  dont  la  France  avait  embrassé  la  dé- 
fense contre  l'Espagne,  était  une  des  principales  causes  de  la  guerre  qui  menaçait 
d'embraser  l'Europe.  M.  de  Charnacé  n'avait  lien  obtenu  de  l'empereur;  mais 
ce  résultat  était  prévu,  et  le  voyage  de  ce  diplomate  en  Allemagne  avait  aussi 
pour  objet,  s'il  n'obtenait  rien  de  ce  prince,  de  fomenter  les  aspirations  vers  la 
liberté  qui  animaient  plusieurs  souverains  allemands,  de  les  exciter  à  secouer  le 
joug  sous  lequel  les  tenait  le  chef  de  l'empire.  Les  quatre  électeurs  catholiques 
résolurent  d'envoyer  à  l'empereur  une  déclaration  dans  laquelle  ils  demandaient , 
entre  autres  choses,  «  que  justice  fût  rendue  au  duc  de  Mantoue  et  que  tous  sujets 
de  jalousie  fussent  ôtés  à  S.  M.  très-chrétienne.  »  Dans  cette  déclaration,  les  élec- 
teurs parlaient  avec  une  telle  autorité  que  l'électeur  de  Trêves  dit  au  comte  de 
Marcheville,  envoyé  par  le  roi  aux  électeurs*,  «que  les  choses  pourraient  aller 
jusque-là,  qu'usant  des  droits  que  leur  donnaient  les  lois  de  l'empire,  ils  dépo- 
seraient l'empereur  et  en  éliraient  un  autre'.»  L'affaire  n'alla  pas  si  loin  que 
les  espérances  de  l'électeur  de  Trêves,  tout  dévoué  à  la  France. 

Cependant,  au  commencement  de  i63o,  les  négociations  avec  les  princes  de 
l'empire  mécontents  prirent  une  nouvelle  activité,  en  même  temps  que  Riche- 
lieu allait  avec  le  roi  en  persoime  descendre  en  Italie,  à  la  tête  d'une  armée, 
pour  la  protection  du  duc  de  Mantoue.  Nous  trouvons  aux  Affaires  étrangères, 
dans  les  manuscrits  d'Allemagne*,  une  pièce  dont  la  rédaction  est  sans  doute  du 

'  T.  V,  |).  107-158,  éd.  de  Pelitot.  '  Mém.  de  Richelieu,  V,  819. 

^  Il  avait  été  envoyé  l'année  précédente  '  T.  VII,  fol.  i,  original.  Ce  septième 

avec  des  instructions  du  8  août.  volume  des  afiiaires  d'Allemagne  contient. 

CARDIN.  DE  RICUELIEU.  VII.  8| 


642  LETTRES 

père  Joseph,  chargé  spécialement,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  des  négociations 
avec  l'Allemagne  et  les  puissances  du  Nord.  Richelieu  qui,  dès  Je  i"  janvier,  était 
parti  pour  l'Italie,  avait  certainement  donné  au  père  Joseph  ses  instructions  pour 
la  direction  des  affaires  d'Allemagne  et  la  mission  de  Marcheville.  C'est  donc  sous 
l'inspiiation  de  RicheUeu  que  l'instruction  a  été  écrite,  et  nous  devons  consigner 
ici  la  pensée  du  cardinal  dans  un  résumé  succinct  de  cet  acte  diplomatique.  H 
est  intitulé  : 

«  Mémoire  pour  servir  d'instruction  au  s'  de  Marcheville,  conseiller  du  roy  en 
son  conseil  d'estat,  S.  M.  le  renvoyant  en  Allemagne.  ■ 

M.  de  Marcheville  était  chargé  de  remettre  la  pension  du  roi  à  l'électeur  de 
Trêves,  de  lui  exposer  «  que  le  roy  estoit  porté  d'une  volonté  très-sincère  de  déli- 
vi-er  l'Italie  et  l'Allemagne  de  l'oppression  à  laquelle  la  manifeste  violence  et 
ambition  de  la  maison  d'Autriche  les  ont  réduits;  •  que  le  roi  envoyait  en  Italie 
une  puissante  armée  sous  la  conduite  du  cardinal  de  Richelieu;  qu'une  autre 
armée,  sur  les  frontières  de  Champagne,  serait  prête  à  s'opposer  aux  mauvais  des- 
seins de  la  maison  d'Autriche  et  à  contribuer  à  rétablir  la  liberté  de  la  Germanie 
et  des  électeurs,  nos  bons  voisins  et  anciens  alliés  de  la  couronne  de  France;  •  que 
S.  M.  se  résolvoit  de  se  trouver  en  personne  à  celle  des  armées  où  il  seroit  plus 
à  propos  pour  le  bien  commun.  ■  Jamais  ils  n'auront  meilleure  occasion  de  faire 
cesser  les  maux  sous  lesquels  gémit  l'empire ...  «Se  contenter  de  faire  des  re- 
montrances il  l'empereur,  c'est  l'aigrir  inutilement.  .  .  Il  fault  venir  aux  effects  et 
aux  armes.  »  Toute  l'Allemagne  les  appuiera,  si  l'empereur  refuse  les  conditions 
suivantes  (l'instruction  en  pose  quatre,  parmi  lesquelles)  : 

Faire  retirer  Valstein,  «  cet  estranger,  »  hors  de  l'Empire. 

Rendre  la  paix  à  l'Italie  en  en  rappelant  son  armée. 

«  Le  roy  désire  sçavoir  si,  au  cas  que  l'empereur  refuse  ces  justes  demandes, 
les  princes  de  la  ligue  catholique  sont  résolus  de  porter  leurs  armes  contre  Val- 
stein, qui  est  proprement  dissiper  les  troupjjes  de  l'empereur.  .  .  ou  bien  s'ils 
jugent  estre  plus  à  propos  de  s'employer  à  faire  sortir  les  Espagnols  des  lieux 
qu'ils  tiennent  dans  l'Allemagne.  .  .  » 

«En  mesme  temps  qu'ils  feront  une  de  ces  attaques,  le  roy  s'obligera,  pour 
appuyer  leur  dessein,  ou  de  faire  entrer  une  puissante  armée,  entretenue  à  ses 
despends,  en  quelque  partie  de  l'Allemagne.  .  .  ou  de  faire  une  diversion 
ailleurs.  » 

On  explique  ensuite  aux  électeurs  le^^avantages  qu'ils  trouveraient  à  se  joindre 
à  la  ligue  que  S.  M.  a  faite  avec  les  princes  d'Italie. 

pour  cette  année  i63o,  beaucoup  de  documents  intéressants  dont  nous  citerons  quel-' 
ques-uns. 


DU   CARDINAL   DE  RICHELIEU. 


643 


«  Toutes  ces  choses  seront  tenues  grandement  secrettes  de  la  part  du  roy,  comme 
elles  le  seront  du  costé  des  électeurs.  .  .  » 

t  Le  s'  de  Marcheville  priera  led.  s'  électeur  de  Trêves  d'informer  de  ces  pro- 
positions les  électeurs  catholiques,  et,  au  cas  qu'ils  ne  les  approuvent,  de  sçavoir 
d'eux  positivement  ce  qu'ils  veulent  faire,  afin  que  S.  M.  prenne  ses  mesures  en 
connaissance  de  cause.  »  , 

Cette  pièce,  datée  de  Paris,  i5  janvier,  est  signée  du  roi  et  contre-signée  Bou- 
th  illier'. 


CLX. 

Arch.  des  Ail.  étr.  Mantoue,  l.  3,  pièce  29.  — 
Minute  autographe. 

A  MONS.  LE  GARDE  DES  SCEAUX  l 

3  may  i63o. 

Escrire  au  garde  des  sceaux  qu'il  a  bien  pris  ma  pensée  fjue  j'ay 
mandé  [sic)  ce  me  semble  assez  clairement.  J'ay  eu  crainte,  estant  es- 
loigné  et  employé  en  cette  affaire,  ([u'on  jugeast  que  je  me  déclarasse 
trop  enclin  à  la  paix;  que  j'ay  mandé  et  représenté  véritablement  et 
aussy  fortement  que  j'ay  peu  tout  ce  qui  pouvoit  arriver;  que  cela 
m'a  deu  suffire,  n'ayant  autre  but  que  de  suivre  les  ordres  qui  me 
seroyent  donnés  par  le  roy,  conseillé  de  la  royne  sa  mère  et  de  tous 
ceux  qui  sont  auprès  de  luy.  Estant  auprès  du  roy  on  peut  et  doibt- 
on  donner  conseil;  en  estant  esloigné  on  doibt  représenter  Testât  des 
chosQ3  et  recevoir  ordre  ^. 


'  Au  moment  où  cette  instruction  était 
dressée,  les  Allemands  venaient  d'éprouver 
une  défaite  devant  Manlouc  (t.  III,  p.  5 1 5). 

'  Cette  suscription  est  indiquée  au  dos 
par  Charpentier,  ainsi  que  la  date. 

'  Le  soin  que  met  le  cardinal ,  en  ce 
moment  éloigné  du  roi,  à  expliquer  ses 
pensées  et  sa  conduite  laisse  deviner 
quelque  secrète  inquiétude  des  mauvais 


oflîces  qu'on  pouvait  lui  rendre  à  la  cour. 
Ou  n'a  pas  oublié  que  c'est  à  l'issue  de 
cette  campagne  qu'éclata  l'intrigue  dont  le 
dénoûment  fut  la  journée  des  Dupes.  Le 
cardinal ,  dans  une  lettre  à  Bouthillier, 
écrite  de  la  Bastie  le  6  au  soir,  témoigne 
un  extrême  empressement  de  se  retrouver 
auprès  du  roi  :  «  Je  seray  jeudi  à  Grenoble, 
écrit-il,  et  si  j'estois  homme  de  poste,  je 

8>. 


644 


LETTRES 


CLXI. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  55,  pièce  53'.  — 
Autographe. 

A  M.  BOUTHILLIER, 

TOUCHANT   1,'AFFAIRE   DU  CLERGÉ'. 

[Premiers  jours  de  juillet  i63o*.] 

Nous  avons  veu  et  ouy  M"  du  clergé  amplement.  Ils  n'ont  point  de 
pouvoir  de  rien  donner  présentement  au  roy,  mais  bien  seulement 
de  consentir  une  assemblée  à  cette  fin.  Nous  ne  jugeons  qu'en  Testât 
que  sont  les  choses  on  la  doibve  faire ,  le  roy  estant  absent  de  Paris , 
le  parlement  mal  content,  et  beaucoup  de  villes  peu  satisfaites. 

On  estime  que  le  roy  doibt  trouver  bon  qu'on  leur  die  de  sa  part, 
par  son  commandement ,  que  le  roy  n'a  eu  intention  de  leur  faire  la 


serois  vendredy  à  Lyon,  tant  j'ay  un  ex- 
trême désir  de  voir  LL.  MM.  Je  vous  con- 
fesse que  le  voyage  en  litière  et  à  cheval 
m'a  grandement  harassé.  —  Si  la  royne 
ne  vient  point  à  Grenoble,  j'auray  l'hon- 
neur de  l'aller  trouver  après  que  j'auray 
eu  celuv  de  recevoir  les  commandemens 
du  roy . . .  Je  me  drogueray  vendredy  pour 
estre  en  estât  d'aller  au-devant  du  roy  di- 
manche. »  —  Sur  le  dessus ,  auprès  du  ca- 
chet, le  roi  a  écrit:  t  M'  Boutliillier^  j'ay 
ouvert  vostre  lettre  pour  voir  si  il  n'y  avoit 
rien  qui  pressast,  »  et  sans  doute  aussi  pour 
une  autre  raison  que  le  roi  ne  dit  pas.  La 
lettre  de  Richelieu  est  un  original  sans  si- 
gnature ;  pièce  3 1*  du  ms.  cité  aux  sources. 
'  Ce  titre  est  de  la  main  de  Cherré,  au 
dos  de  la  pièce.  Nous  y  trouvons  aussi  ces 
mots  écrits  p-ir  le  cardinal  :  Guise.  —  Pis- 
seux. —  Venise. —  Alliance. —  Suisse. — 


Boulay.  —  Ce  sont  des  notes  de  souvenir 
dont  Richelieu  eut  toujours  soin  d'aider  sa 
mémoire. 

'  La  date  manque;  il  est  facile  de  la 
trouver  approximativement.  Nous  avons 
une  lettre  de  BuUion  qui  écrivait  de  Saint- 
Saphorin,  le  3  juillet,  au  cardinal:  «J'ay 
rencontré  entre  Tarare  et  Lyon  l'évêque 
d'Orléans,  avec  les  députés  qui  vont  trou- 
ver le  cardinal  pour  résoudre  la  somme 
que  le  clergé  accordera ,  en  conséquence  de 
la  proine.<'Se  faite  au  siège  de  la  Rochelle,  y 
(France,  t.  LUI,  fol.  268.)  Or  ces  députés, 
qui  étaient  près  de  Lyon  quelques  jours 
avant  le  3  juillet,  devaient,  à  cette  date, 
être  arrivés  à  Sainl-Jean-de-Maurienne  ;  de 
plus ,  Richelieu  leur  donnait  audience  lors- 
que l'armée  passait  le  mont  Ceois  qu'elle 
acheva  de  franchir  le  6  juillet.  La  date  que 
nous  proposons  n'est  donc  pas  douteuse. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


645 


demande  qu'il  a  faicte  qu'en  tant  qu'ils  luy  avoyent  promis  à  la  Ro- 
chelle que,  s'il  prenoit  cette  place,  ils  luy  donneroyent  le  double  de 
ce  qu'ils  faisoyent.  Qu'il  croyoit  qu'il  n'estoit  point  besoin  de  nouvelle 
assemblée  pour  cet  effect;  mais,  puisqu'il  est  ainsy,  qu'il  ne  désire 
point  qu'on  en  fasse  une  maintenant,  parce  qu'elle  seroit  à  trop  grande 
charge  au  clergé;  qu'il  ayme  mieux  se  priver  présentement  de  leur 
secours  bien  qu'il  l'ayt  bien  méritté,  et  qu'il  en  aye  grand  besoin;  mais 
qu'il  remet  à  la  première  assemblée  qui  se  tiendra  à  recevoir  l'effect 
de  levu-  bonne  volonté'. 

Si  le  roy  aggrée  ceste  response ,  vous  me  le  manderés  en  sorte  que 
je  le  sache  demain,  s'il  se  peut;  car  ils  veulent  s'en  aller  ^. 

Je  vous  ay  desjà  mandé  les  raisons  pour  lesquelles  il  faut  faire 
advancer  les  trouppes.  11  ne  faut  pas  à  nostre  advis  donner  la  monstre 
aux  officiers  que  lorsqu'ils  auront  passé  le  Mont  Senis.  Il  leur  faut 
faire  donner  du  pain  à  Champaraillan  pour  trois  jours,  et  leur  ordonner 
les  lieux  où  ils  camperont  jusques  icy  à  cause  de  la  peste.  Et  lors  (?) 
on  leur  donnera  du  pain  jusqu'au  Mont  Senis,  et  nous  les  ferons  cam- 
per. La  Molière  '  sembleroit  bon  pour  conduire  ces  trouppes  jusques 
icy  et  leur  faire  esvitter  la  peste. 


'  Personne  ne  fut  plus  impérieux  que  Ri- 
chelieu à  imposer  sa  volonté  et  personne 
plus  li.tbile  à  la  laisser  plier  devant  la  né- 
cessité. De  toutes  ses  qualités ,  la  prudence 
était  peut-être  celle  qui  l'a  le  mieux  servi. 
Richelieu  ne  cédait  pas ,  il  attendait  ;  et 
ainsi  l'obstacle  qu'il  aurait  pu  être  dan- 
gereux de  forcer  s'évanouissait  de  lui- 
même.  Nous  avons  déjà  eu  l'occasion  de 
remarquer  chez  Richelieu  celte  sorte  d'ha- 
bileté que  certains  historiens  jugent  incom- 
patible avec  le  caractère  connu  de  cet 
h'jmme  célèbre  ;  cette  pièce  en  est  un  nou- 
vel exemple. 

'  11  paraît  qu'en  cette  circonstance ,  avant 
de  se  rendre  à  l'avis  de  Richelieu ,  on  vou- 
lut encore  négocier,  car  les  députés  sem- 


blent aller  alternativement  du  roi  au  car- 
dinal ;  le  ait  juillet,  Marillac  mande  de 
Grenoble  :  «  Les  prélats  sont  partis  pour 
aller  voir  S.  E.  ;»  le  27,  Bouthillier,  qui 
était  auprès  de  S.  M.  écrivait  à  Richelieu, 
de  la  Rochelle  :  •  Le  roy  donna  hier  au- 
dience à  MM.  du  clergé,  qui  s'ahurlent  à 
ne  rien  accorder  pour  cette  année ...  Le 
roy  leur  a  fort  bien  parlé.»  (Manuscrit 
précité ,  t,  LUI ,  fol.  307  et  Sa  1 .)  Et  enfin  le 
roi  écrivit  au  cardinal  le  i"  août,  pour  con- 
gédier lu  députation  ,  une  lettre  entièrement 
confonne  au  texte  que  le  cardinal  avait 
proposé.  (Mêmes  archives,  orig.  t.  XLIV, 
pièce  i34,  ancien  classement.) 

'  On  lui  donne  «  l'ordre  de  se  rendre 
en  diligence  >  à  Saiot-Jean-de-Maurienne, 


fi46  LETTRES 


CLXII. 

Arch.  des  AfiF.  étr.  Turin,  t.  XHI,   fol.  177.— 
De  la  main  de  Richelieu. 

DESSEIN 

POUR  FORTIFIER  LES  PASSAGES 

PODR  EMPESGBER  D'ENTRER  DE  PIEDMONT  EN  SAVOYe'. 

[.  .  .  juillet  ou  août  i63o.] 

Pour  fermer  tous  les  passages  du  Piedmont  en  Savoye  par  la  val 
d'Aosle,  il  faut  premièrement  coupper  le  ponl  de  l'Esteppe  et  y  faire 
un  pont  levis. 

Puis  raser  le  moulin  qui  est  au  delà  et  mettre  une  barrière  en  (?) 
Cledat  au  bout  de  delà. 

Il  faut  faire  des  retranchemens  depuis  le  pont  d'Esteppes  jusqu'à 
l'emboucheure  de  Lizère  du  long  de  la  rivière  de  Versoy  en  tous  les 
lieux  où  elle  est  guayable,  et  coupper  les  bois  qui  sont  sur  le  bord 
de  delà. 

Il  faut  coupper  un  pont  qui  est  sur  Lisère  entre  cy  et  Sainte  Foy 
qui  s'appelle  Valaroge ,  et  un  autre  qui  est  au  delà  de  Sainte  Foy. 

Il  faut  faire  un  bon  pont  vis  à  vis  de  Saint  Maurice  pour  passer 
Lisère  et  aller  au  revers  de  Saint  Maurice. 

Il  faut  faire  des  parapets  au  deçà  de  la  Lizère,  dans  le  revers  de 
Saint  Maurice,  vis  à  vis  des  ponts  qu'on  aura  couppés,  affîn  qu'on  ne 
les  puisse  refaire. 

Il  faut  coupper  le  chemin  qui  vient  de  Cormayeu  par  l'Allée  blanche 
et  les  glacières  à  Beaufort  et  Saint  Maïu-ice ,  et  le  faut  coupper  avant 
qu'il  se  divise  pour  venir  en  ces  deux  lieux. 

dans  une  lettre  que  nous  avons  placée  à  la  '  Ceci  est  écrit  au  dos ,  de  la  main  de 

seconde  quinzaine  de  juillet  et  qu'il  faut        Cherré.  —  La  date  manque,  la  pièce  est 
plutôt  mettre  à  la  première  (t.  III,  766).        classée  en  août  i63o,  date  vraisemblable. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


647 


Il  faut  encore  coupper  le  chemin  rpii  descend  du  haut  du  petit 
Saint  Bernard  au  pont  de  Bonneval  et  entrer  delà  dans  le  grand  che- 
min de  Roselan  à  Saint  Maiurice. 

Il  faut  coupper  les  chemins  qui  viennent  de  Limongne  '  aboutir  à 
Sainte  Foy,  s'il  n'est  jugé  plus  à  propos  de  garder  la  maison  du  chas- 
telain  de  Sainte  Foy,  où  l'on  dit  que  tous  les  chemins  abboutissent. 

11  faut  voir  si  l'on  peut  faire  un  fort  sur  le  haut  du  petit  Saint 
Bernard,  qui  ferme  le  grand  chemin  de  la  vallée  d'Aoste,  pour  plus 
grande  seureté. 

Il  faut  envoyer  recognoislre  vers  Tnounon  et  Abondance  un  lieu 
propre  pour  fermer  le  passage  de  la  val  d'Aoste  par  Valeys^. 

Depuis  ce  qui  est  de  l'autre  costé  a  esté^ 


NOTA. 

Kichelien  avait  quitté  Saint- Jean<le-Maurienne  *  toul  préoccupé  des  menaces 
d'um?  contagion  quj  semait  la  mort  autour  de  lui;  mais  d'autres  inquiétudes  plus 


'  Mol  douteux.  11  faudrait  être  sur  les 
lieux  pour  suivre  le  cardinal  dans  ces  petites 
localités  dont  la  plupart  «ont  inconnues  aux 
géographes;  on  sait  d'ailleurs  qu'en  ce 
temps-là  on  ne  se  piquait  guère  d'exacti- 
tude dans  l'orlliograplic  des  noms  propres. 

'  Cette  pièce  est  autographe  ;  c'est,  nous 
le  croyons ,  une  preuve  que  cette  étude  est 
l'œuvre  de  Richelieu;  U  aurait  certaine- 
ment fait  faire  par  un  secrétaire  la  copie 
d'un  travail  qui  lui  aurait  été  fourni  et 
qu'il  eût  voulu  conserver.  Il  doit  avoir  tracé 
ce  plan  de  fortification  sur  les  lieux  mêmes 
et  pendant  son  séjour  prolongé  à  Saint- 
Jean-de-Maurienne.  Cette  considération 
nous  engage  à  recueillir  une  page  à  la- 
quelle on  ne  saurait  attacher  d'autre  inté- 
rêt. Elle  peut  venir  à  l'appui  d'un  mémoire 


publié  sous  le  titre  de  :  Richelieu  in'jémeur, 
lu  à  l'Académie  des  sciences  morales  et 
politiques,  en  1869,  par  un  oITicier  supé- 
rieur, M.  de  la  Barre  Duparcq.  C'est  une 
étude  intéressante  de  cette  grande  ligure 
du  cardinal ,  considérée  sous  un  aspect  dont 
on  s'était  peu  occupé. 

'  Cette  ligne  est  en  tête  du  verso  de  ce 
feuillet,  et  semble  commencer  une  addi- 
tion qui  n'est  pas  achevée. 

'  Richelieu  a  écrit  dans  ses  Mémoires 
qu'il  partit  de  Saint-Jean-de-Maurienne  le 
17  août,  et  nous  avons  donné,  tome  III. 
p.  873 ,  une  lettre  adressée  à  Bouthillier, 
où  on  lit  :  «Je  vous  dépesche  pour  vous 
dire  que  je  suis  party  de  Saint-Jean  de 
Morienne  qu'il  e^toit  fort  temp  de  quitter 
avec  une  grande  famille. .  .  > 


648  LETTRES 

poignantes  sans  doute  tenaient  sa  pensée  attachée  sur  Lyon.  Là,  depuis  quelque 
temps,  loin  de  lui,  le  roi  était  entouré  de  gens  dont  le  cardinal  se  méfiait.  L'in- 
trigue qui  éclata  dans  les  premiers  jours  de  novembre,  à  l'arrivée  de  la  cour  à 
Paris,  et  qui  se' termina  par  la  journée  célèbre  que  tout  le  monde  connaît,  la 
journée  des  Dupes,  se  tramait  en  effet;  et,  quoiqu'il  ne  fût  pas  informé  de  toute 
la  gravité  des  desseins  que  la  reine  mère  formait  contre  lui,  il  était  trop  pénétrant 
pour  n'en  pas  avoir  quelque  pressentiment.  Toutes  les  précautions  prises  afin  de 
ne  pas  porter  la  peste  à  Lyon  ,  il  se  hâta  d'y  arriver,  avec  la  résolution  de  faire 
quelques  jours  de  quarantaine  dans  un  village  voisin  •  pour  monstrer  exemple 
aux  autres;  »  mais,  ajoute-t-il,  S.  M.,  qui  avait  une  extresme  impatience  de  voir  le 
cardinal  de  Richelieu,  le  contraignit  de  venir  en  la  ville  dès  le  22.  [Mém.  t.  VL 
p.  261.)  Malgré  la  dissimulation  de  la  reine  mère,  Richelieu  s'aperçut  tout  d'a- 
bord du  changement  de  cette  princesse  à  son  égard.  Il  s'en  indigne,  et  lui,  qu'on 
a  si  souvent  traité  d'ingrat,  se  plaint  amèrement  deVingratiiade  de  Marie  de  Mé- 
dicis.  Le  passage  est  curieux  : 

«  La  reine  mère ,  à  laquelle  ses  services  étaient  communément  rendus  avec  le 
roi ,  l'éloigné  de  sa  bonne  grâce  et ,  au  lieu  de  la  reconnoissance  qui  lui  en  était 
due,  le  paye  d'une  ingratitude  inouïe»  (p.  426). 

Et  les  Mémoires  continuent  par  un  éloge  si  complaisamment  fait  de  Richelieu 
qu'on  a  peine  à  se  figurer  que  cette  page  ait  été  écrite  par  lui-même;  l'on  est 
tenté  de  croire  que  celui  qui  tenait  la  plume  pour  la  rédaction  des  Mémoirçs  '  a 
mis  là  quelque  chose  du  sien. 

Nous  l'avons  dit,  le  cardinal  ne  doutait  point  du  péril  qui  menaçait  sa  fortune,  . 
mais  il  se  garda  bien  de  laisser  paraître  ses  soupçons,  et  il  s'efforçait  même  de 
conjurer,  par  toutes  sortes  de  respects,  le  mécontentement  secret  dé  la  reine  mère. 
De  son  côté,  celle-ci  dissimulait  des  desseins  qui,  pour  tout  le  monde,  hormis  ses 
confidents,  étaient  encore  un  mystère.  Les  plus  intimes  même  s'y  trompaient. 
Bassompierre  a  écrit  qu'au  retour  à  Paris  «  le  cardinal  était  revenu  dans  le  même 
lîateau  de  la  reine  mère  en  grande  -privante,  et  que  lui-même  na  su  que  depuis  la 
sourde  mésintelligence  qui  couvait  alors  entre  la  reine  et  le  ministre.  »  [Mém. 
t.  m,  p.  274.) 

La  maladie  du  roi  qui,  depuis  le  22  septembre  jusqu'au  3o,  jour  de  la  crise 
salutaire,  excita  la  plus  vive  inquiétude,  avait  été  mise  à  profit  par  Marie  de 
Médicis;  elle  crut  un  instant  le  cardinal  jierdu.  Le  rétablissement  du  roi  vint 

On  sait  que  le  manuscrit  des  Mémoires,  nuscrits  autographes  ou  dictés  et  rasseni- 

parfailement  authentiques  d'ailleurs,  n'a  blés  par  lui,  tous  ces  matériaux  ont  été 

pas  été  écrit  de  la  main  du  cardinal.  Com-  coordonnés  entre  eux  et  arrangés  en  forme 

posés  sous  ses  yeux,  rédigés  sur  des  ma-  de  récit  par  un  secrétaire. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  649 

troubler  cette  espérance ,  sans  diminuer  son  antipathie  toujours  couverte  sous  de 
trompeuses  apparences. 

Cependant  le  cardinal  quitta  Lyon  le  19  octobre  à  la  suite  du  roi. 

Il  faut  rectifier  ici  une  inexactitude  des  Mémoires  de  Richelieu  :  •  La  reine 
mère,  disent  ces  Mémoires,  part  de  Lyon;  il  (le  cardinal)  l'accompagne  dans  son 
voyage.  »  Les  souvenirs  de  Richelieu  l'ont  mal  servi;  ses  propres  lettres,  que  nous 
avons  sous  les  yeux,  ont  conservé  les  faits  avec  plus  de  certitude  que  sa  mémoire, 
et  les  choses  s'y  trouvent  racontées  par  le  cardinal  lui-même  avec  une  précision 
qui  manque  au  récit  composé  depuis.  Marie  de  Médicis,  au  contraire,  était  restée  à 
Lyon  avec  Anne  d'Autriche.  Celle-ci  partit  le  lendemain,  et  la  reine  mère  dut 
rester  encore  à  Lyon ,  atteinte  en  ce  moment  d'un  de  ces  troubles  nerveux  qu'elle 
éprouvait  quelquefois.  Routhillier  s'empressa  d'en  informer  Richelieu  (voyez  notre 
3*  volume,  p.  (j/i3,  note  1,  et  gbb,  note  2).  Mais  avant  de  recevoir  la  lettre  de 
Routhillier,  le  cardinal,  arrivé  à  Saint-Sympborien ,  s'était  hâté  de  lui  écrire, 
tourmenté  d'une  inquiétude  que  sa  lettre  trahit  à  moitié. 

"Je  vous  prie,  lui  écrit  Richelieu,  me  mander  Testât  auquel  est  le  s'  Hébert  ', 
n'y  aiant  rien  au  monde  qui  me  tienne  l'esprit  comme  ce  qui  le  touche;  vous  ne 
trouvères  pas  estrange,  bien  qu'il  n'y  ayt  pas  longtemps  que  je  l'aie  veu,  que  je 
vous  en  demande  des  nouvelles .  .  .  S'il  plaist  aud.  s'  Hébert  remédier  aux  om- 
brages qu'on  taschera  maintenant  à  luy  donner  de  toutes  parts  qu'on  pense  qu'il 
y  a  ouverture,  je  seray  très-heureux,  et  luy  très-content.  .  .  » 

Au  moment  où  Richelieu  adressait  cetti.'  lettre  à  Routhillier  «le  20  octobre  au 
soir,  «celui-ci  lui  écrivait  de  son  côté;  il  avait  à  lui  donner  une  grande  nouvelle: 
le  P.  Joseph  et  M.  de  Léon  avaient  signé  le  traité  de  Ratisbonne.  Leurs  dépêches 
étaient  arrivées  à  Lyon  deux  heures  après  le  départ  du  roi,  mais  il  en  fallut  faire 
le  déchiffrement,  et  Routhillier  ne  put  expédier  son  courrier  que  le  dimanche 
20  octobre,  à  quatre  heures  du  soir*. 

Le  cardinal  n'eut  pas  plutôt  lu  les  dépêches  qu'il  vit  l'impossibilité  d'accepter 
les  conditions  de  ce  traité  dont  on  lui  demandait  d'envoyer  incontinent  la  ratifica- 
tion ■'.  Il  se  hâta  d'écrire  à  la  reine  mère  pour  la  prier  de  venir  à  Roanne,  •  se 
trouvant,  lui  mandait-il,  plusieurs  résolutions  d'importance  à  prendre  sur  le  sujet 
du  traitté  de  paix.  »  Louis  XIII,  que  celte  grande  affaire  n'arrêtait  pas  dans  son 
impatience  de  revoir  Paris,  était  parti  de  Roanne.  «  Le  roy  (ajoutait  Richelieu)  a 
trouvé  bon  que  M.  le  garde  des  sceaux  et  moy  demeurassions  icy  pour  attendre 
V.  M.  afin  de  résoudre  avec  elle  tout  ce  que  l'on  estimera  nécessaire  en  cette  oc- 

'  Nous  avons  déjà  dit  qu'Hébert .  daiib  étr.  France ,  t.  II  de  la  coll.  verte ,  fol.  458.) 
le  jargon  convenu,  signifie  la  reine  mère.  '  Voyez,  sur  celte  affaire,  notre  troisième 

'  C'est  la  date  de  sa  lettre.  (Arch.  des  AIT,         volume,  p.  g^^■ 

CARDIN.  DE  niCIIELIEC.  —  VU.  8] 


650  LETTRES 

casion'.  »  Mais  l'affaire  pressait ,  et,  sans  attendre  l'arrivée  de  la  reine  mère  et  la 
réunion  du  conseil ,  Richelieu  envoie  à  Bouthillier,  avec  injonction  de  faire  partir 
immédiatement  le  courrier  Nazin,  l'ordre  provisoire  aux  généraux  de  l'armée 
d'Italie  de  poursuivre  leurs  opérations  '^,  nonobstant  tout  traité  dont  ils  pourraient 
avoir  connaissance.  En  même  temps,  le  cardinal  écrit  à  M.  de  Rancé,  secrétaire 
des  commandements  de  Marie  de  Médicis,  au  sujet  de  la  maladie  de  celte  prin- 
cesse, et  il  adresse  à  Bouthillier  une  seconde  dépêche  du  22  (ci-après,  p.  653), 
dépêche  que  nous  n'avons  connue  que  tardivement ,  et  qui  témoigne  une  fois  de  plus 
sa  vive  inquiétude  que  le  courrier  envoyé  en  Italie  ne  soit  pas  atteint  par  Nazin  '. 

Les  généraux  ne  tardèrent  pas  à  rassurer  Richelieu;  ils  avaient  vu  le  vice  du 
traité  que  leur  avaient  envoyé  les  plénipotentiaires,  et  ils  écrivaient  au  roi  dès  le 
2 2  octobre  :  «  Le  20  de  ce  mois,  M' Mazarin  nous  est  venu  trouver. . .  »  Les  clauses 
qui  pourraient  faire  accepter  le  traité  sont  exposées. . .  «  Nous  ne  nous  sommes 
pas  pour  cela  arrestés  une  heure  et  avons  marché  dès  le  lendemain  droit  à  Casai. . . 
consentant  néanmoins  à  observer  le  traitté  si  les  Espagnols  remettaient  présente- 
ment Casai ,  ville  et  chasteau ,  entre  les  mains  de  M.  du  Mayne.  »  M.  Mazarin  s'en 
est  retourné  avec  cette  réponse  trouver  Colalte  et  le  duc  de  Savoie*.  —  Les  Mé- 
moires de  Richelieu  (Vi,  827)  omettent  les  détails  contenus  dans  la  dépêche  que 
nous  citons ,  et  reproduisent  une  lettre  de  Servien  au  roi ,  datée  aussi  du  2  2  oc- 
tobre et  conservée  en  copie  dans  le  tome  XIV  de  Turin,  fol.  ii3. 

Cependant  Marie  de  Médicis  se  trouva  mieux  et  partit  dès  le  2  3  pour  Roanne  ^. 
Cetle  grave  affaire  y  retint  quelques  jours  la  reine  mère  et  le  cardinal.  On  con- 
firma avec  détail  l'ordre  provisoire  envoyé  aux  généraux  d'Italie,  on  expliqua  aux 
plénipotentiaires  d'Allemagne  pourquoi  leur  traité  ne  pouvait  être  ratifié  •";  on  se 
hâtait  d'écrire  partout  où  l'on  craignait  les  effets  de  la  fâcheuse  impression  du 
traité.  C'était  surtout  auprès  du  roi  de  Suède  qu'il  importait  de  dissiper  les  mé- 
fiances et  les  inquiétudes  que  devait  causer  la  faute  des  négociateurs  de  Ratis- 

'   Cette  lettre ,  datée  du  2 1  octobre,  est  envoyé  pour  rattraperle  porteur  des  malen- 

impriinée  dans  le  volume  précité,  p.  946.  contreuses  dépèches)  bien  avancé  et  qu'il 

^  Lettres  du  2  2  octobre.  Le  roi  venait  de  devoit  estre  arrivé  en  l'année  jeudy  ou 

partir  le  matin ,  à  six  heures ,  et  Richelieu  vendredy  dernier,  de  sorte  qu'il  n'y  a  plus 

lui  avait  fait  signer  cet  ordre  provisoire  aux  de  lieu  de  douter  que  les  choses  n'aillent, 

généraux.  (Voy. le 3' volume,  p.  gSS-gSS.)  avec  l'aide  de  Dieu,  à  souhait.  (Arch.  des 

'  Bouthillier  fit  toute  la  diligence  pos-  Afi".  étr.  France,  t.  XLIV,  fol.  /i68.) 
sible  pour  réparer  sa  faute;  il  le  dit  au  *  Aff.  étr.  Mantoue,  t.  3,  fol.  1  19. 

cardinal  avec  menus  détails  dans  ses  lettres  '  Lettre  de  Bouthillier,  même  manus- 

des  2  3  et  27  octobre.  Dans  cette  dernière,  crit,  fol.  46.^. 

il  mande:  «  Un  courrier,  de  retour  d'Italie,  "  Lettre  à  M.  de  Léon.  Notre  t.  III,  p.  960, 

asseure  qu'il  a  rencontré  Nazin  (le  courrier  et  autres  lettres  écrites  en  même  temps. 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  651 

bonne;  le  volume  des  alTaires  de  Suède  correspondant  à  cette  époque  est  rem- 
pli de  pièces  relatives  à  ce  snjet.  Une  lettre  du  roi  écrite  de  Roanne  le  22  octobre 
à  l'ambassadeur  de  France,  baron  de  Charnacé,  lui  ordonne  de  faire  connaître 
au  roi  de  Suède  le  mécontentement  que  S.  M.  a  éprouvé  d'une  clause  «  conçue  en 
termes  qui  pourroient,  dit  le  roi,  donner  prétexte  de  dire  que  je  voudrois  aban- 
donner mes  alliez. .  .  •  »  Et  cette  dépêche  de  Louis  XIII  était  accompagnée  d'une 
lettre  où  Bouthillier  explique  le  malentendu  du  traité  de  Ratisbonne  et  s'efforce 
de  bien  persuader  le  roi  Gustave  que  le  malencontreux  article  signé  par  inadver- 
tance et  contre  la  volonté  expresse  de  S.  M.  sera  formellement  désavoué  ^.  Une 
copie  dudit  article  (en  latin)  était  jointe  à  la  lettre  de  Bouthillier  adressée  à 
Charnacé.  (Fol.  420.)  —  Nous  avons  remarqué  en  son  lieu" que,  sauf  la  dépêche 
envoyée  par  le  courrier  Nazin,  les  lettres,  datées  du  22  parce  qu'elles  devaient 
porter  la  signature  du  roi  qui  avait  quitté  Roanne  ce  jour-là,  furent  en  réalité 
écrites  et  expédiées  les  25,  26  et  27  octobre'. 

Tout  cela  fait,  le  cardinal  continua  sa  route,  et  alors  sans  doute  avec  la  reine 
mère.  .Arrivé  à  Marcigny  (dix  lieues  environ  de  Roanne)  le  27  octobre,  il  écrit  à 
Bouthillier  encore  à  Lyon  :  t  Je  viens  de  recevoir  une  lettre  de  M.  de  Schombei^, 
du  1 8  de  ce  mois ,  de  Raconis  * .  .  .  Il  mande  qu'il  ne  lairra  de  passer  outre  qu'il 
ne  voye  Casai  asseuré  par  la  retraite  des  Espagnols.  .  .  Je  luy  escris  pour  luy 
donner  courage  d'exécuter  ce  qu'il  promet.  Je  vous  prie  mettre  ma  lettre  dans 
vostre  paquet .  .  .  Toute  mon  appréhension  est  que  Nazin  ayt  esté  pris  et  que  ce 
courrier  cy  ne  puisse  passer  librement  dans  le  Piémont.  .  .  Envoyés  (un  dupli- 
cata seroit  trop  long)  une  dépeschc  d'une  page  à  M"  les  lieutenans  généraux  par 
une  autre  voye.  .  .  afin  qu'ils  continuent  le  progrès  des  armes  du  roy,  qui  est  le 
seul  moyen  de  réparer  cette  faute  ^.  .  .  ■  Schomberg  écrivait  de  nouveau  au  car- 
dinal, le  22,  de  Ravignano  :  «Je  crois...  que  nous  eussions  très-mal  faict  icy  si 
nous  eussions  relasché  ce  point,  qui  eust  esté  la  perte  infaillible  de  Casai,  de 
l'honneur  du  roy,  et  de  toute  la  grande  despense  que  S.  M.  a  faicte  pour  la 
sauver.  •  Sur  un  coin  du  verso  do  celte  lettre,  que  le  cardinal  avait  envoyée  au 

'  Arch.desAfr.étr.Suède,t.  l,fol.4i8,  'Voyez  t.  III,  p.  956-968.  Riche- 
original.  La  minute,  de  la  main  de  Bou-  lieu  les  avait  annoncées  à  Schomberg 
thillier,  est  au  fol.  427.  Il  y  a  deux  copies,  dans  sa  lettre  du  aa:  «Je  vous  en  es- 
cotées  4^3,  ^25.  criray  plus  amplement  dans  quatre  jours  • 

'  Même  ms.  fol.  ^25  v"  ;  et  au  fol.  4 1 7  se  (p.  958). 
trouve  une  copie,  au  dos  de  laquelle  Bou-  *  Raconigi,  ville  de  la  province  de  Sa 

tlùllier  a  écrit  :  •  sur  le  sujet  du  premier  luzzo. 

article  du   prétendu  traitlé  de  paix  lou-  '  Notée  ci-après  aux  Analyses, 

chant  le^  alliances.  • 

8s. 


652  LETTRES 

roi,  nous  lisons,  de  la  main  de  S.  M.  :  «Je  me  réjouis  bien  fort  de  quoy  M.  de 
Chomberg  ne  s'est  point  arresté.  •  (Aff.  étr.  Turin,  t.  XIV,  fol.  108.) 

Quelques  jours  après,  on  expédia  aux  commissaires  qui  étaient  en  Italie  des 
instructions  sur  les  précautions  à  prendre  au  sujet  des  vices  du  traité  de  Batis- 
bonne.  On  y  voit,  par  ce  passage,  écrit  de  la  main  de  Richelieu,  qu'en  rejotani  le 
traité  on  était  disposé  pourtant  à  certaines  concessions  :  •  Est  à  noter  qu'en  Testât 
auquel  nous  sommes,  si  toutes  choses  qui  concernent  Texéquution  de  la  paix  es- 
toyent  bien  accomplies ,  on  se  pourroit  contenter  de  quelque  légère  réparation  des 
contraventions  et  de  promesse  de  parachever  le  reste,  plustost  que  de  rompre,  non 
que  la  raison  le  permette,  mais  parce  que  les  divisions  arrivées  depuis  peu  le  re- 
quièrent. »  (Aff.  étr.  Turin,  t.  X,  pièce  209  notée  au  20  novembre.  Analyses.) 

Maintenant  nous  n'avons  plus  de  lettres  du  cardinal  jusqu'à  l'arrivée  à  Paris,  où 
la  cour  était  revenue  dans  les  premiers  jours  de  novembre;  mais  nous  savons  qu'il 
était  à  Digoin  le  28  octobre,  et  le  3o  à  Nevers,  oîi  il  reçut  de  Bouthillier  une  lettre 
écrite  de  Moulins  le  même  jour. 

On  peut  se  faire  une  idée  du  travail  qui  occupa  Richelieu  durant  les  quatre 
jours  qu'il  passa  à  Roanne,  par  le  détail  des  pièces  qu'il  avait  fransmises  à  Bou- 
thillier pour  les  faire  expédier  ou  contre-signer,  et  dont,  sur  sa  demande,  Bou- 
thillier lui  renvoie  les  minutes.  (Arch.  des  Aff.  étr.  France,  I.  LUI,  fol.  472.) 

Notons  qu'au  milieu  de  tous  les  embarras  de  ces  graves  difficultés  politiques  et 
des  inquiétudes  de  ses  propres  périls,  Richelieu  trouvait  encore  assez  de  temps  et 
de  liberté  d'esprit  pour  s'occuper  de  toutes  sortes  d'autres  affaires  et,  entre  celles- 
ci,  de  la  réforme  des  ordres  religieux,  chose  qu'il  eut  toujours  fort  à  cœur. 
Nous  avons  sous  les  yeux  des  patentes  sur  parchemin,  données  à  Roanne,  le 
26  octobre,  pour  la  réforme  de  Cluny,  «  presentibus  Dionisio  Charpentier,  secre- 
tario  régis  et  nostro, et  Petro  Cherré ,  nostro  domestico ,  teslibus  nobiscum  conamo- 
rantibus.  .  .  »  (Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  LUI,  fol.  467.)  On  comprend  que, 
de  passage  à  Roanne,  il  fallut  faire  cela  en  famille. 


CLXIII. 
Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  tom.  XIII,  fol.  322.  —  Minute'. 

[NOTE  DONNÉE]  PAR  LE  NONCE  PANSIROLE, 

ACCEPTÉE  PAR  LE  COtALTE. 

[Vers  la  fin  d'août  i63oî] 

Que  la  suspension  dure  un  mois.  Si   M""  de  Créqui   accorde  cet 

'  Les  réponses  sont  de  la  main  de  Ri-        deux  premiers  mots,  entièrement  cachés 
chelieu,  ainsi  que  le  titre,  écrit  au  dos;  les        par  la  reliure,  ne  peuvent  être  lus.  On  sait 


pendant  lequel  on  choisira  le 
lieu  pour  faire  le  traité.  Le  mois 
expiré,  la  suspension  se  pro- 
longera, à  moins  qu'une  des 
parties  ne  déclare  qu'elle  ex- 
pire; laquelle  déclaration  doit 
se  faire  quinze  jours  à  l'avance. 

Les  deux  armées  restent 
dansleurs positions  respectives. 

On  pourra  faire  entrer  des 
vivres  dans  Mantoue  purche 
ditti  viveri  si  pigliano  pure 
dello  stato  di  Mantova  (à  con- 
dition que  ces  vivres  ne  se 
tirent  quedel'étatdeMantoue.) 

Règlement  sur  les  entrées 
et  les  sorties  de  Mantoue  du- 
rant la  trêve. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  653 

article,  mon  voyage  est  inutile,  et  il 
paroi.st  bien  par  iceluy  que  la  suspen- 
sion n'est  demandée  que  pour  gaigner 
temps. 


La  fin  de  cet  article  est  honteuse  et 
préjudiciable,  veu  qu'd  empesche  les 
Vénitiens,  qui  sont  assez  forts  pour  se- 
courir Mantoue  pendant  la  guerre,  ou 
ils  ont  tousjours  faict  de  le  faire  '  pendant 
la  suspension. 

Les  Vénitiens  firent  entrer  par  force , 
le  de  décembre,  600  hommes  dans 
Mantoue,  et  par  la  suspension  il  n'y  en 
peut  entrer  que  vingt  à  vingt.  Mais  cet 
article  seroit  de  peu  d'importance  si  la 
suspension  d'ailleurs  estoit  supportable. 


CLXIV. 

Archives  de  la  famille  de  Bouthiliier.  —  Original. 

A  M.  BOUTHILLIER, 

COIMEILUl  DU   ROr  EH  SES  CONSEILS  ET  SECRÉTAIRE   DE  SES  COMliAIIOEIIEnTS. 

'  2  2  octobre  i63o. 

Monsieur,  j'envoie  en  diligence  sçavoir  des  nouvelles  de  la  santé 


que  Colalto  était  le  général  de  l'empereur. 
—  Cette  pièce  n'est  point  datée;  nou.s 
proposons  :  vers  la  fin  d'août;  la  suspen- 
sion dont  il  s'agit  fut  conclue  le  4  sep- 
tembre jusqu'au  i5  octobre.  La  suite  des 
événements  que  nous  venons  de  résumer 
nous  a  conduit  à  un  temps  postérieur  à 
celui  où  fut  écrite  la  présente  note;  mais 


elle  vient,  dans  l'ordre  chronologique, 
après  la  pièce  1 6a ,  et  elle  offre  cet  in- 
térêt, de  donner  la  pensée  du  cardinal  sur 
l'incident  de  la  suspension. 

'  Il  y  a  ici,  dans  le  texte,  une  rature  et 
un  mol  en  interligne  ;  en  faisant  une  cor- 
rection, le  cardinal  a  laissé  une  phrase 
qui  n'a  pas  de  sens. 


654 


LETTRES 


de  la  reyne ,  dont  je  suis  en  peine  beaucoup  plus  que  je  ne  vous  sçaurois 
tesmoigner.  Je  vous  prie  de  m'en  mander  de  bonnes  et  certaines. 

Si  son  mal  continue,  je  ne  manqueray  pas  d'y  aller  en  diligence. 

Je  vous  ay  desjà  mandé  que  le  traitté  faict  à  Ratisbonne  est  très 
mal  entendu,  M"^'  le  garde  des  sceaux,  de  Chasteauneuf  et  moy  en 
sommes  du  tout  estonnez,  n'y  ayant  aucun  article  conforme  au  projet 
qu'on  y  avoit  envoie.  La  ratiffication  ne  peut  aller  si  vite  que  vous 
pensés,  et  je  suis  en  extresme  peine  des  deux  lettres  que  vous  me 
mandés  que  vous  avés  envolées  pour  les  ducs  de  Parme  et  de  Mantoue. 
Cela  est  de  telle  importance  que  je  vous  prie  de  renvoier  un  corurier 
exprès  après  pour  les  retirer  et  empescher  qu'elles  ne  soient  données. 
Cela  importe  à  l'affaire  et  vous  importe  particidièrement;  je  vous  prie 
d'y  mettre  ordre.  Ditte's,  s'il  vous  plaist,  à  Mess"  les  intendans  et 
trésorier  de  l'espargne,  qu'il  ne  faut  changer  aucune  chose  en  l'ordre 
qui  a  esté  donné,  tant  pour  les  finances  que  pour  l'achapt  des  bleds. 
A  M.  de  Savoie  qu'il  continue  ses  fortifications  et  le  siège  de  Mont- 
meillan,  et  généralement  tous  ses  ordres  pour  la  Savoie.  Qu'il  laisse 
passer  la  recreue  de  la  compagnie  des  gendarmes  de  Monsieur,  et 
que,  pour  le  reste  de  la  cavalerie  liégeoise  et  autre  qui  pourroit 
venir  cy  après,  il  la  loge  dans  la  Savoie  ou  la  Bresse,  comme  il  le 
jugera  plus  à  propos.  Au  nom  de  Dieu,  tenés  la  main  soigneusement 
à  ce  que  l'on  ne  discontinue  aucuns  ordres  de  ceux  qui  ont  esté 
donnés  pour  l'Italie  K 

C'est  tout  ce  que  je  vous  puis  mander,  si  non  que  je  suis,  etc. 

De  Roanes,  ce  22'^  octobre  i63o. 


'  Dans  une  lettre ,  déjà  citée ,  du  a  a  oc- 
tobre, Schoniberg  s'efforce  de  coçsoler  le 
cardinal  de  ce  mécompte  du  traité  de  Ra- 
tisbonne, en  exaltant  les  avantages  de  la 
France  sur  ses  puissants  ennemis  :  « ...  Nous 
voirons  dans  aujourd'liuy  ce  que  ces  Mes- 
sieurs nous  respondront. . .  Nous  les  pres- 
sons de  sorte  que  leurs  artifices  ne  leur 
servent  plus  de  rien .  .  .  Ces  deux  forces 


unies  (Colalto  et  les  Espagnols)  sont  plus 
grandes  beaucoup  que  les  nostreseu  cavale- 
rie et  égales  en  infanterie ,  mais  non  pas , 
je  crois,  en  valeur  de  courage,  vous  jurant, 
sur  mon  honneur,  qu'il  n'y  a  soldais  dans 
l'armée  qui  ne  croye  valoir  quatre  Alle- 
mands ou  Espagnols.»  (Aff.  étr.  Turin, 
t.  XIV,  fol.  108.) 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  655 


fLXV. 

Arch.  des  Affaires  étr.  Hollande,  t.  XII,  pièce  236. 

MÉMOIRE 

SDH   LEQDF.I,  IL  FAIT  DBESSER  L'INSTRUCTION  DE  MONS'  D'HAL'TERIVE  ' 

Paris,  27  décembre  i63o. 

La  mission  a  pour  objet  les  difficultés  survenues  au  sujet  d'Orange, 
et  le  moyen  d'en  sortir  au  contentement  d'un  chacun. 

Mettre  en  l'instruction  toutes  les  raisons  qu'il  y  a  pour  maintenir 
les  droits  du  roy  dans  cette  place. . .  Le  feu  roy  ne  la  rendit  qu'à  la 
condition  qu'il  y  auroit  tousjours  un  gouverneur  catholique. . . 

L'autre  sujet  de  son  voyage  «  abboutit  à  empescher  la  paix  ou  la 
trefve,  et  porter  les  affaires  à  la  guerre.  Cela  se  peut  faire  à  diverses 
conditions. . .  »  Il  suffit  «  qu'ilz  soient  une  fois  embartpiez ,  puisqu'un 
engagement  en  attire  un  autre...  Pour  en  venir  là,  leur  payer  le 
million  de  cette  année  devant  qu'ilz  viennent  à  prendre  les  armes  au 
printemps;  et  le  million  de  l'année  qui  vient,  à  la  Toussaint  de  la 
dicte  année.  » 

«  Le  s'  de  Baugy  doibt  avoir  pouvoir  avec  le  s'  de  Haidterive  de 
distribuer  jusques  à  XX"  ^  pour  cet  effect.  » 


ANNEE  1631 


NOTA. 


L'année  i63o  avait  fini  dans  les  orages,  et  la  cour,  profondémenl  troublée  par 
la  rupture  de  la  reine  mère  et  de  Richelieu ,  voyait  commencer  l'année  1 63 1  sous 

'   Richelieu  a  écrit  ce  titre  au  dos  de  la  pièce. 


656  LETTRES 

de  soml)res  auspices.  Le  mécontentement  de  Marie  de  Médicis  ne  faisait  que  s'ai- 
grir depuis  la  journée  des  Dupes;  Monsieur,  dont  on  craignait  toujours  les  dan- 
gereuses escapades,  trouvait  dans  la  disgrâce  méritée  de  sa  mère  un  prétexte  à 
des  uienaces  de  révolte  ',  et,  de  son  côté,  Anne  d'Autriche  n'était  pas  loin  d'unir 
ses  chagrins  particuliers  aux  ressentiments  de  sa  belle-mère. 

Richelieu  s'était  d'abord  efforcé  de  conjurer  la  colère  de  Marie  de  Médicis;  il 
s'était  résigné  aux  plus  humbles  soumissions,  mais  s'il  consentait  à  faire  fléchir 
son  orgueil,  il  n'abandonnait  rien  de  sa  vengeance,  et  en  même  temps  qu'il  met- 
tait aux  pieds  de  la  mère  du  roi  ses  supplications  et  ses  larmes,  il  exilait  le  garde 
des  sceaux  Marillac,  il  emprisonnait  son  frère  le  maréchal,  dont  la  tête  était  sé- 
rieusement menacée,  et  les  amis  les  plus  dévoués  de  la  reine  mère  se  voyaient 
tous  exposés  à  une  disgrâce  et  à  des  châtiments  dont  plusieurs  furent  bientôt 
frappés.  Aussi,  malgré  quelques  apparences  de  réconciliation,  on  n'espérait  guère 
une  paix  sincère.  La  reine  avait  consenti  à  marquer  moins  de  haine  et  à  paraître 
au  conseil  avec  le  cardinal;  de  son  côté,  Richelieu  semblait  laisser  un  peu  amollir 
sa  dureté;  La  Rarde,  cousin  de  Léon  Routhillier,  lui  écrivait  le  3  janvier:  «La 
reine  mère  s'est  résolue  à  souffrir  le  cardinal  dans  le  conseil.  .  .  Le  cardinal 
semble  vouloir,  par  la  douceur,  faire  revenir  la  reyne  mère.  On  luy  a  promis 
d'oster  les  gardes  du  garde  des  sceaux  et  de  luy  permettre  de  se  tenir  avec  sa 
famille  dans  une  \alle  du  royaume.  Si  on  reconnoist  sincérité  en  la  réconciliation , 
on  croit  que  le  maréchal  de  Marillac  sera  sauvé  ^.  » 

Mais  il  est  probable  que  Marie  de  Médicis  était  peu  disposée  à  quitter  sa  haine 
irréconciliable;  il  n'est  pas  moins  difficile  de  croire  que  Richelieu  eût  un  désir 
bien  sincère  d'accommodement.  Quelque  embarras  que  pût  lui  causer  l'exil  de  la 
mère  du  roi,  il  préférait  encore  la  voir  éloignée,  au  risque  d'être  exposé  de  nou- 
veau lui-même  au  péril  auquel  il  venait  à  peine  d'échapper. 

'  Monsieur  avait  paru  un  instant  vou-  son  esloignement  et  des  causes  qui  luy 

loir  se  réconcilier  avec  le  roi  et  le  cardinal  ont  porté.  11  luy  en  a  dit,  en  grande  conli- 

(t.  IV,  p.  79)  ;  il  lie  tarda  pas  à  donner  de  dence,  quatre  qu'il  a  charge  de  représenter 

nouvelles  inquiétudes.  D.ins  un  rapport  de  à  M.  de  Lorraine.  »  Et  Bouthillier  expose 

diverses  aiïaires  adressé  par  Bouthillier  au  ces  quatre  motifs  de  mécontentement,  qui 

cardinal  vers  le  commencement  de  février,  se  rapportent  aux  griefs  de  la  reine  mère 

il  disait:  «Hier,  peu  après  que  vous  fustes  et  de  Monsieur.  (Arch.  des  Aff.  étr.  France , 

parti,  M.  de  Bréval  me  vint  donner  advis,  t.  LIV.  fol.  266,  où  la  pièce  est  mal  classée 

pour  vous  le  faire  sçavoir  (avec  supplica-  en  octobre  i63o.) 

tion  de  ne  point  le  nommer) ,  qu'il  est  passé  '  Arch.  des  Aff.  étr.   France,  t.   LVI. 

un   gentilhomme   de    Monsieur,  nommé  Nous  avons  déjà  eu  foccasion  de  citer  cette 

Tudesquin,  par  luy  envoie  vers  M.  le  duc  lettre,  t.  IV,  note  a  de  la  page  80. 
de  Lorraine  pour  luy  donner  compte  de 


DU  CARDINAL  DE   RICHELIEU. 


657 


Au  reste,  Richelieu  prenait  grand  soin  de  détourner  l'esprit  du  roi  de  ces  dé- 
plorables affaires,  il  sentait  la  nécessité  de  l'en  distraire.  Nous  trouvons  au  dos 
d'un  de  ces  mémoires  de  police  ',  que  lui  adressait  Châteauneuf  sur  les  deux  reines 
€t  leurs  partisans,  cette  ligne  écrite  de  la  main  de  Richelieu:  «On  a  résolu  de 
faire  passer  le  temps  au  Chesne  (le  roi)  en  comédies  en  changeant  de  conduitte.  • 
Et  puis  nous  lisons  aussitôt  dans  une  pièce  voisine  :  «  La  reine  n'a  pas  voulu  aller 
à  la  comédie,  et  la  reine  mère  n'a  pas  permis  à  ses  filles  d'y  aller.  •  C'est  La  Barde 
qui  écrit  cela  à  Léon  Bouthillier^.  Dans  plusieurs  autres  lettres',  La  Barde  informe 
son  cousin ,  voyageant  alors  en  Italie,  des  graves  incidents  comme  des  plus  menus 
détails  de  cette  grande  querelle.  On  en  connaît  les  suites,  et  il  en  sera  plus  d'une 
fois  question  dans  ce  supplément.  Remarquons  seulement  ici  avec  quelle  infati- 
gable activité,  dès  le  début,  Richelieu,  menacé  de  toutes  parts,  faisait  tout  sur- 
veiller. H  suffirait  de  la  pièce  suivante  pour  en  donner  une  idée. 


CLXVI. 
Arch.  des  Aff.  étr.  France,  i63i-i63a  ,  t.  i3'  de  la  collection  verte,  pièce 


•  Original. 


IL    PLAIRA    AU    BOY    DE    VOIR    CE    MEMOIRE     ET    ME    MANDER,    S'IL    LUY    PLAIST. 
S'IL  APPROUVE  LES   RE6P0NSES  QDI  SONT  AUX    MARGES  *. 


On  estime  cet  advis 
du  tout  nécessaire  si 
le  roy  le  trouve  bon. 

Cet  advis  semble 
aussi  fort  bon. 


1 3  janvier  1 63 1 . 

J'attends  sçavoir  si  le  roy  trouve  bon  que  l'on 
envoie  faire  delTences  à  la  noblesse  de  Daulphiné  de 
s'assembler.  Il  le  fault,  s'il  vous  plaist,  résoudre 
promptement;  le  jour  de  l'assemblée  est  au  XX'  du 
présent. 

Le  conseiller  de  Provence*  auquel  j'avois  faict 
comandement  de  ne  partir  de  ceste  ville  jusques  à 


'  On  a  pu  lire  dans  ce  même  volume 
IV,  p.  91,  un  extrait  de  ce  curieux  mé- 
moire, conserve  dans  le  lomc  LVI  de  la 
collection  précitée,  fol.  7. 

'  Même  manuscrit.  Arch.  des  AIT.  étr. 
France ,  l.  LVI ,  fol.  1 3  ;  lettre  du  8  janvier, 

'  Ibid.  fol.  ai,  a6,  a8,  Sg,  5a,  95. 

'  Ceci  a  été  mis  par  Charpentier  dans 
un  espace  blanc  laissé  en  tête  du  mémoire. 
Les  réponses  marginales  sont  de  la  même 
main.  —  Le  texte  du  mémoire  est  écrit 


par  un  secrétaire  de  Châteauneuf,  garde 
des  sceaux;  celui-ci  fa  corrigé  lui-même  et 
y  a  fait  une  addition  avant  de  l'envoyer  à 
Richelieu.  On  ne  voit  pas  de  réponse  du 
roi;  S.  M.  aura  sans  doute  répondu  en 
approuvant  verbalement  les  réponses  pro- 
posées. 

'  Les  mots  «  de  Provence  •  sont  de  la 
main  de  Châteauneuf;  il  y  avait  «  Pithou ,  » 
nom  qu'on  a  effacé.  Ce  Pithou  était-il  un 
des  neveux  du  célèbre  Pierre  ? 


CARDIN.  DE  BICHELILC.  —  VH. 


83 


658 


Il  semble  du  tout 
nécessaire  d'esloigner 
M""  du  Fargis  ;  envoier 
la  petite  Lavau,  de 
Lingendes  et  sa  femme 
au  loing. 

Il  est  fort  à  propos 
de  faire  prendre  des 
lettres. 


Il  sera  bon  de  voir 
comme  Bordier  se  gou- 
vernera. 

'  Nos  manuscrits  écrivent  Lavau  et  La 
Vau. 

^  Le  s'  de  Lingendes  avait  été  attaché  à 
l'ambassade  de  France  en  Espagne.  On  l'y 
trouve  à  plusieurs  époques  faisant  les  af- 
faires de  Monsieur. 

'  Séduit  par  cette  enchanteresse,  Châ- 
teauneuf,  à  deux  an»  de  là,  perdra  les 
sceaux  et  la  liberté  pour  être  devenu  com- 
plice des  intrigues  qu'il  dénonce  aujour- 
d'hui. 

'  Un  mot  peu  lisible ,  qui  semble  être  : 
•  et  à  Pont ,  »  a  été  ajouté  par  Châteauneuf 
en  interligne  sous  le  mot  Villepreux. 


LETTRES 

ce  que  je  luy  en  eusse  faict  entendre  la  volonté  du 
roy.se  trouve  absent  depuis  trois  jours,  et  croy  qu'il 
a  eu  advis  que  Ton  le  désiroit  retenir  en  son  logis, 
attendant  les  comandemens  du  roy,  afin  de  réprimer 
son  insolence,  aussy  que,  partant  mal  satisfaict 
d'icy,  il  ne  peult  que  mal  servir  de  delà.  . 

La  petite  Lavau  '  a  faict  response  au  chevalier  du  ■■ 
guet  qu'elle  ne  sçavoit  où  estoit  son  mary^  et  qu'elle 
ne  se  pouvoit  retirer  qu'icy  es  environs.  C'est  une 
cabale  et  une  négociation  perpétuelle  que  d'elle  avec 
M"""  de  Chevreuse^  comme  de  M°^  du  Fargis,  qui 
escript  tous  les  jours  deux  feuilles  de  papier  à  la 
reyne.  Elle  faict  la  malade  à  Villepreux  *.  J'ay  donné 
ordre  de  faire  prendre  de  ses  lettres  par  les  chemins 
qui  se  sont  adressées  jusques.icy  chez  la  dem"'  de 
Lingendes,  qui  dit  n'estre  pas  à  elle  et  estre  mariée 
en  ceste  ville  et  solliciter  ses  aEFaires.  Il  fault  sçavoir 
s'il  plaist  au  roy  que  l'on  commande  à  de  Lingendes 
[sic]  la  femme  de  sortir  la  ville.  Pour  la  Lavau,  si 
elle  ne  s'en  va ,  j'ay  donné  charge  au  chevalier  du 
guet  de  la  faire  mettre,  avec  deux  de  ses  archers, 
dedans  le  coche  de  Poitiers  et  l'y  conduire. 

Je  vous  avois  mandé  que  l'ambassadeur  d'Espagne 
avoit  esté  vendredi  au  Val  de  Grâce  ^.  Ce  feust  Bor- 
dier *  qui  parla  longtemps  à  la  roine  au  parloir  d'en 


'  D^ans  le  mémoire  que  nous  venons  de 
citer  (p.  656),  Châteauneuf  disait  au  car 
dinal  :  n  La  reine  fait  tous  ses  efforts  et  m'a 
envoie  deux  fois  Bordier  pour  empes- 
cher  que  la  Lavau  sorte  de  Paris  ;  je  luy 
ay  respondu  qu'elle  debvoit  suivre  son 
mary .  .  .  J'ay  mandé  au  chevalier  du  guet 
qu'il  feist  obéir  le  roy  .  .  .  M°  de  Fargis  est 
à  Noisy  où  elle  fait  la  malade ...  La  reine 
feust  tout  hier  au  Val  de  Grâce ,  elle  se  fit 
accompagner  par  M'  de  Vendosme ,  l'am- 
bassadeur d'Espagne  s'y  trouva  et  Lavau 
la  femme.  • 

"  Le  copiste  avait  laissé  ici  un  espace 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


059 


La  confession  de 
l'ambassadeur  justifie 
l'action  du  roy,  bien 
que  ce  ne  soit  pas  son 
intention,  qui  ne  va 
qu'à  regaigner  l'entrée 
du  Louvre,  dont  il  se 
faut  bien  garder. 


Il  n'y  a  rien  à  res- 
pondre  à  M.  le  garde 
des  sceaux  sur  cet  ar- 
ticle. 


hault;  cest  son  confident  pour  M""  du  Fargis  et  la 
Lavau. 

Ledit  ambassadeur  m'a  envoie  parler  par  Bon euil  ' 
et  par  d'Argouges  de  ce  que  le  jour  des  roys  il  avoit 
esté  au  Val  de  Grâce ,  afin  de  l'excuser  envers  le  roy, 
disant  que  c'estoit  pour  occasion  par"  qu'il  avoit  à 
traitter  avec  une  religieuse;  et  à  d'Ai^Otiges  il  a  dit 
franchement  qu'il  ne  pouvoitque  louer  grandement 
la  résolution  que  le  roy  avoit  prinse  d'esloigner 
M°"  du  Fargis  et  la  Lavau  d'auprès  de  la  roine; 
que  souventes  fois  hiy,  sa  femme  et  la  Catherine^ 
avoient  parlé  ensemble  d'en  advertir  le  roy,  pour 
les  mauvais  conseilz  qu'elles  donnoient  à  la  roine,  et 
les  caballes  et  brouilleries  où  elles  l'entretenoient , 
l'asseurant  que  son  maistre  en  seroit  très  content. 
Il  tesmoigne  estre  en  peine  qu'en  Espagne  l'on  blasme 
sa  conduitte  de  deçà  quand  l'on  verra  que  l'on  luy  a 
£fiit  commandement  de  n'aller  plus  chez  la  roine,  et 
qu'en  mesme  temps  l'on  a  chassé  ses  femmes  qui 
sont  mal  notrésen  Espagne;  mais  qu'il  ne  peult  croire 
qoe  de  deçà  l'oo  le  veuille  accuser  d'avoir  eu  part 
ans  mauvais  conseilz  qu'elles  donnoient  à  ia  roine. 

Les  deux  roine»  sont  en  grande  allarme  du  bruict 
qui  court  icy  que  le  roy  veult  mettre  M""  de  La 
Flotte*  prez  de  la  roine.  Elles  s'en  enquierrent  à  tout 
le  monde.  Néantmoins  leur  conduitte  est  tousjours 
semblable,  et  croient  avoir  eu  quelqu'advantage  du 
refus  qu'elles  firent  au  roy  d'aller  à  la  comédie  ;  et  ceux 
qui  les  considèrent  conçoivent  des  espérances  de  leur 
fermeté  et  de  leur  hardiesse ,  que  tout  le  peuple  et 
le  bourgeois  blasment  et  en  murmurent,  et  feroient 
Inen  davanttige  si  le  roy  estoit  plus  longtenaps  dehors. 


blanc  qui  n  été  rempli  par  Cliâteauneuf 
avec  ce  nom. 

'   Itlem. 

'  l.ia  Barde  (lelli'e  précitée,  page  656 y, 
.iprùs  avoir  parlé  de  féloignement  de 
M°"  du  Farcis  et  de  la  petite  L^vau .  ajoute  : 


•  La  pauvre  princesse  en  est  bien  do- 
lente ;  la  Catherine  espagnole  est  ausei  du 
nombre.  ■ 

'  C'était  la  grand'nière  de  M"'  de  Hau- 
tefort.  On  lui  donna,  en  elTet.  Li  piac«  de 
M""  du  Farjfis. 

83. 


660 

La  diminution  du 
bled  est  un  fort  bon 
article  pour  Paris. 


Le  voiage  de  M.  le 
grand  prévost  est  du 
tout  nécessaire. 


11  est  bon  de  garder 
le  Pin  pour  quelques 
jours. 


LETTRES 

Le  bled  est  diminué  de  2  4  livres  par  muid,  de- 
puis le  dernier  marché,  par  le  soin  que  l'on  a  a[)- 
porté  à  en  faire  venir,  et  sur  ce  prétexte  les  mar- 
chans  qui  nous  en  debvoient  fournir  quatre  mil 
muids  se  desdisent  et  font  monopolles  pour  en  em- 
pescher  l'abondance;  et  croy  qu'il  fault  envoler  le 
grand  prévost  à  Abbeville,  S'  Valéry  et  le  Crotoy, 
faire  saisir  tous  les  bledz  qui  y  sont  ez  magasins, 
enjoindre  aux  marchans  à  qui  ils  appartiennent  de 
les  faire  conduire  incessamment  à  Paris,  par  mer, 
jusques  au  Havre,  et  les  faire  remonter  la  rivière, 
car  il  y  en  a  quantité;  et  ceste  diligence  fera  que 
les  marchans  qui  sont  sur  les  rivières  d'Esne  (Aisne) 
et  Oyse,  voians  le  soin  que  le  roy  y  apporte,  érain- 
dront  de  tomber  en  mesme  inconvénient  et  feront 
descendre  leurs  bledz  icy.  Car  il  ne  se  fault  attendre 
ny  au  prévost  des  marchans,  ny  à  la  police  du  par- 
lement, qui  va  tousjours  mal  pour  la  paulette. 

Je  ne  me  suis  point  assemblé  avec  Montaigu, 
Mess"  de  Schomberg  et  d'Effiat  n'y  estans  point  et 
M.  Bouthilier  malade. 

Le  Pin  a  esté  interrogé  suivant  le  mémoire  et  ne 
confesse  rien,  dénie  avoir  esté  en  poste,  ni  à  Pa- 
ris (?)  1. 

De  Paris,  ce'  i3  janvier  i63i. 


CLXVII. 

Arch.  des  Aff.  élr.  Manioue,  t.  4,  pièce  29.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

A  M""  LE  MARESCHAL  DE  TOIRAS  ET  SERVIEN. 

21  avril  i63i  '. 

11  faut  mander  qu'après  avoir  veu  le  traicté  qu'ils  ont  faict^,  sa- 

'  Ce  paragraphe  est  de  la  main  de  Chà-         ont  été  mb  en  tête  de  la  pièce  par  un  autre 
teauneuf  ;  le  dernier  mot  est  douteux.  secrétaire. 

'  Les  noms  de  suscription  et  la  date  '  Cn  premier  traité  de  Cherasco  avait 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


661 


chant  les  diffîcullez  qui  se  trouvent  en  telles  affaires,  principalement 
avec  des  esprits  pareils  à  ceux  avec  qui  ils  ont  eu  à  négocier,  on  ne 
peut  qu'on  ne  leur  mande  que,  pourveu  que  le  traicté  s'exécute  fidel- 
lement,  il  n'y  a  rien  qui  ne  doive  estre  approuvé. 

Le  cardinal  donne  ici  le  détail  des  mesures  à  prendre  pour  assurer  rexécution 
du  traité;  et,  à  la  suite  de  cette  pièce,  le  manuscrit  contient  une  page  qui  semble 
en  être  le  supplément;  elle  est  écrite  tout  entière  de  la  main  de  Richelieu.  Le 
cardinal  dit  : 

•  Faut  mander  qu'il  ne  faut  restituer  Pignerol  que  les  prétentions  de  Gastaia 
ne  soyent  terminées  ',  parce  c[u'autrement  les  Espagnols  feroyent  une  nouvelle 
querelle  sur  ce  sujet  quand  ils  voudroyent. 

«  Qu'il  faut  prendre  garde  que  quand  les  impériaux  sortiront  des  estais 
des  Grisons,  les  Espagnols,  qui  en  sont  proches  et  qui  n'interviennent  point  en 
ce  traicté,  ne  se  rendent  maisires  desdicts  passages,  auquel  cas  les  impériaux 
pourroyent  prétendre,  par  chicanerie,  qu'ayant  satisfaictde  leur  part,  les  Suisses 
qui  seroient  dans  Veillane  et  Suze*  seroyent  obligez  de  restituer  les  places,  ce  qui 
ne  seroit  pas  juste. 

«  Qu'il  importe  fort  que  les  Espagnols  soyent  au  moins  obligez  de  désarmer, 
et  qu'en  eflect  ils  fassent  actuellement  sortir  d'Italie  ce  qu'ils  ont  de  trouppes 


été  signé  le  3i  mars;  celui-là  réglait  spé- 
cialement, entre  la  France  et  le  Piémont, 
l'affaire  de  Pignerol;  il  resta  secret.  Il  s'agit 
ici  du  second ,  patent  et  plus  général  ;  c'est 
celui  qu'on  cite  ordinairement.  Il  fut  signé 
le  6  avril  et  envoyé  immédiatement  à  Paris, 
Il  donna  lieu  à  deux  transactions  conclues 
lime  le  3i  mai,  l'autre  le  i  g  juin,  (Voir  la 
pièce  du  9  mai  ci-après.)  Nous  avons  déjà 
dit  quelques  mots  de  ces  traités,  p.  \fi^ 
et  1  74  de  notre  quatrième  volume. 

'  A  côté  de  ce  paragraphe,  Bouthillier 
a  écrit  en  marge  :  «  Il  n'en  est  rien  dict 
par  le  traicté  du  6  apvril  16.Î1.  » 

'  Le»  Espagnols  donnaient  alors  de  vives 
inquiétudes.  ■  J'apprends  comme  chose 
certaine,  avait  mandé  Mazarin  au  cardinal 
fiarberini  le  7  avril ,  que  les  Espagnols  ont 


traité,  et  le  feront  de  nouveau,  avec  Mon- 
sieur, Sa  retraite  hors  de  France  excite 
beaucoup  les  Espagnols  à  la  guerre.  »  Et 
contre  ces  bruits,  (|ui  venaient  de  divers 
côtés,  Richelieu  cherchait  partout  f appro- 
bation de  sa  conduite ,  et  surtout  à  Rome. 
L'ambassadeur  alors  auprès  du  pape ,  M,  de 
Brassac,  lui  écrivait  le  a 9  mars:  «  La  ré- 
solution que  S.  M.  a  prise  de  se  séparer, 
pour  quelque  temps ,  de  la  reine  sa  mère 
est  louée  de  tous  en  cette  cour .  ,  ,  Le  pape 
vous  en  loue  plus  que  je  ne  puis  l'e.xprimer. 
S.  S.  parle  continuellement  de  vos  grandes 
et  belles  actions.  »  (  Arch.  des  Aff.  étr. 
Rome,  t.  XLIV,  fol,  3o,  et  au  fol.  35  se 
trouve  la  copie  de  la  longue  lettre  ita- 
lienne de  Mazarin  que  nous  venons  de  men- 
tionner. ) 


662 


LETTRES 


(jutre  les  garnisons  ordinaires,  parce  qu'autrement  le  moyen  qu'ils  auroyent  de 
fausser  leur  foy  leur  en  donneroit  envie. 

«  Qu'il  faut  prendre  garde,  lorsqu'on  restituera  Suze  à  M.  de  Savoye,  de  faire 
auparavant  acluellement  desmolir  le  Montabon,  et  n'user  pas  en  ce  suject  de 
la  négligence  ordinaire  des  François  qui  estiment  avoir  faict  une  chose  quand  ils 
l'ont  ordonnée. 

»  Qu'ils  sont  trop  advisez  pour  faire  retirer  les  trouppes  et  entrer  en  la  resti- 
tution des  places  que  l'investiture  ne  soit  délivrée. 

"  Qu'ils  prennent  garde  à  n'oublier  pas  de  faire  restituer  tout  ce  qui  a  esté  pris 
par  les  ennemis,  soit  à  la  république  de  Venise,  soit  à  M.  de  Mantoue,  soit  aux 
Grisons,  dont  on  les  faict  souvenir,  parce  que,  par  l'article  5*  de  l'escrit  envoyé 
par  le  pénultiesme  courrier,  il  est  dict  que  tout  ce  qui  se  doit  restituer  sera 


nomme 


'  Une  dépêche,  signée  du  roi  et  contre- 
signée Bouthillier,  a  été  faite  sur  cette 
matière  (cotée  28  dans  le  ms.).  Ayant  été 
corrigée ,  elle  est  restée  minute  ;  sauf  un  pas- 
sage ajouté  et  quelques  légères  différences , 
cette  dépèche  est  conforme  à  la  matière 
qu'on  vient  de  lire.  La  dépêche  est  datée 
du  1 8 ,  la  matière  doit  donc  porter  cette  date 
ou  môme  une  date  antérieure;  cependant 
on  a  rais  en  tête  21  avril,  c'est  sans  doute 
le  jour  de  l'expédition  de  la  dépêche  re- 
faite.—  Parmi  les  pièces  de  ce  volume  de 
Mantoue  se  rapportant  au  même  sujet,  et 
où  l'on  peut  cherclier  la  pensée  de  Riche- 
lieu, citons  la  lettre  de  créance  donnée 
par  le  roi  à  ïoira»,  Servien  et  d'Hémery, 
pour  négocier  le  traité  qui  fut  signé  à  Che- 
rasco  le  6  avril;  elle  a  sans  doute  été 
rédigée  par  Bouthillier,  uliargé  d'appuyer 
fortement  sur  le  désir  du  roi  de  donntT  la 
paix  à  la  chrétienté.  Pièce  5"  datée  du  7  fé- 
vrier. —  Citons  encore  un  mémoire  en- 
von?é  le  2  3  avril  à  Toiras  et  Servien.  Au 
dos  d'un  des  feuillets  de  cette  pièce  on 
lit  :  a  sur  leurs  dépesches  du  1 4  avril.  »  Il 
s'agissait,  dans  ces  dépêches,  de  pourvoir 
à    l'exécution   dudit   traité    de   Cherasco, 


et  des  instructions  données  par  les  pléni- 
potentiaires à  M.  d'Estampes,  qu'ils  en- 
voyaient vers  le  duc  de  Mantoue  pour 
cet  objet.  Les  plénipotentiaires  transmet- 
taient exactement  à  Bouthillier,  pour  les 
soujuettre  au  cardinal,  des  copies  de  tout 
ce  qu'ils  écrivaient  dans  ces  négociations 
pleines  de  dilTicultés.  La  mise  au  net  de 
ce  mémoire  du  22  avril  est  d'une  écriture 
qui  ressemble  à  celle  de  Cherré;  on  v 
remarque  de  nombreuses  corrections  de  la 
main  de  Richelieu;  les  quatre  feuillets  qui 
composent  cette  pièce  sont  couverts  de  ra- 
tures, de  changements  et  de  renvois  qui 
en  font  un  brouillon  dont  il  est  diflicUe  de 
former  un  ensemble  intelligible,  d'autant 
plus  que  ces  feuillets  ne  se  suivent  pas  et 
qu'on  ne  sait  comment  en  rétabUr  l'ordre. 
—  Notons  encore  une  dépêche  adressée  à 
Bouthillier  parles  plénipotentiaires  ;  datée , 
après  coup,  1"  juin,  elle  a  dû  être  écrite 
à  la  fin  de  mai;  ils  disent:  «Nous  avons 
receu  les  deux  dépesches  qu'il  a  pieu  au 
roy  nous  faire  des  18  et  a.3  du  mois 
passé ,  »  dépèches  données  ou  indiquées 
dans  notre  4°  volume,  p.  1 43, conservées 
dans  le  4'  tome  de  Mantoue,  pièces  28  et 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


663 


CLXVIII. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Espagne,  t.  i6,  fol.  agi.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

AL  SIEUR  ÎVAVAZE'. 

[ .  .  .may  i63i  '.] 

Le  .s'  secrétaire  Navaze  respondra,  s'il  luy  plaist,  de  ma  part  à 
M.  le  c"  duc  d'Olivarez,  que  je  n'ay  jamais  pris  aucun  chemin  con- 
traire à  celuy  de  rintelligcnce  de  LL.  MM.  très  chrétienne  et  catho- 


37.  —  Nous  trouvons  dans  le  même  ms. 
cotée  pièce  itb ,  une  dépèclie  du  9  mai  à 
1  adresse  des  deux  plénipotentiaires,  la- 
quelle semble  une  sorte  de  développement 
de  la  présente  matière.  C'est  une  mise  au 
net  de  h  main  de  Charpentier,  qui  a  écrit 
au  do»  :  1  Envoyée  par  le  courrier  Nazin.  • 
—  Et  le  roi ,  se  rapportint  à  cette  dépèche 
du  9,  mandait  le  16  aux  deux  plénipoten- 
tiaires les  dilficultés  que  taisait  l'empereur 
«le  rectifier  leur  traité  de  Quérasque.  Cette 
lettre,  que  nous  ne  faisons  qu'indiquer,  a 
sans  doute  été  rédigée  par  Boulhillier;  elle 
est  cotée  ^9  dans  le  manuscrit  cité  aux 
sources. 

'  Au  dos  :  «  Response  donnée  au  s'  se- 
crétaire Navaze  [sur  ce  que  le  conte  d'Oli- 
varez luv  a  mandé  sur  le  suject  du  cardi- 
nal]. I  Ces  deux  lignes,  de  la  main  de  Ri- 
chelieu. 

'  Cette  pièce  n'était  point  datée-,  on  a 
inscrit  en  tête  «...  may  1 63 1  ,>  et  elle  se 
trouve  classée  sans  motif  au  milieu  de 
décembre.  Dans  l'absence  d'une  indication 
plus  précise ,  nous  la  Laissons  à  la  date  de 
mai,  qni  ne  nous  semble  pas  loin  de  la 
véritable.  A  ce  moment.  Monsieur,  près 


du  duc  de  Lorraine,  était  réellement  en 
état  de  révolte  ;  la  reine  mère  s'obstinait  à 
nu  pas  accepter  les  résidences  que  le  roi 
lui  offrait,  et,  sur  le  point  de  se  réfugier 
dans  les  Pays-Bas  espagnols,  menaçait  de 
faire  cause  commune  avec  son  second  fils. 
Depuis  la  journée  des  Dupes,  l'ambassa- 
deur d'Espagne ,  marquis  de  Mirabel ,  ne 
cachait  pas  ses  sympathies  pour  le  parti  de 
la  reine  mère.  Inquiet  de  ses  assiduités 
auprès  de  la  jeune  reine,  trop  disposée 
peut-être  à  écouter  ses  mauvab  conseils . 
Richelieu  lui  avait  fait  interdire  l'entrée 
libre  du  Louvre,  et  cet  ambassadeur  ne 
pouvait  voir  la  fille  du  roi  son  maître  qu'à 
certains  jours  marqués.  Dans  cette  situa- 
tion l'Espagne,  donnant  son  appui  aux 
mécontents,  eût  présenté  un  danger  sé- 
rieux, et  pouvait  provoquer  une  guerre 
qu'il  n'était  pas  dans  les  plans  de  Riche- 
lieu d'accepter  encore;  il  profite  donc 
d'une  ouverture  qui  paraît  lui  ('-tre  faite  du 
côté  de  l'E-iipagne ,  pour  protester  de  son 
désir  de  voir  les  deux  couronnes  solide- 
ment unies.  Ajoutons,  quant  à  la  date, 
qu'au  moment  où  Richelieu  écrivait,  l'ex- 
pédition de  Mantoue  était  encore  récente. 


664 


LETTRES 


lique.  Qu'il  a  bien  paru  que  le  roy  mon  niaistre  désire  l'amitié  d'Es- 
pagne en  ce  qu'il  n'a  pas  voulu  toucher  à  la  moindre  partie  de  ses 
estats  en  Italie,  lorsque  la  deffense  du  duc  de  Mantoue  l'y  avoit 
amené  ...  Le  roy  suivra  tousjours  le  mesme  chemin  si  l'Espagne 
ne  le  met  par  force  en  un  autre.  Que  ce  n'est  rien  à  l'Espagne  d'avoir 
donné  une  ratiffication  spécieuse  en  apparence,  si  les  trouppes  d'Al- 
lemagne entrent,  en  effet,  en  Italie. 


NOTA. 


Le  reproche  que  Richelieu  adresse  au  secrétaire  de  l'ambassade  espagnole  était 
parfaitement  juste;  mais  Navas  aurait  pu  répondre  par  un  reproche  pareil.  Tandis 
qu'on  faisait  des  deux  côtés  des  démonstrations  pacifiques  et  que  les  ambassadeurs 
étaient  ostensiblement  chargés  d'accommoder  les  différends,  les  sourdes  menées 
témoignaient  de  part  et  d'autre  les  intentions  les  moins  amicales;  la  paix  était 
dans  les  paroles,  la  guerre  dans  les  esprits.  La  politique  du  caljiriet  espagnol 
était  animée  d'une  ardente  et  jalouse  haine  contre  la  France,  et  quant  au  car- 
dinal, il  n'a  voulu  sincèrement  la  paix  que  jusqu'en  i63o;  depuis  la  soumission 
définitive  des  huguenots,  il  n'a  maintenu  la  paix  que  pour  préparer  la  guerre  et 
en  choisir  le  moment. 

Les  manuscrits  sont  remplis  des  témoignages  de  ces  manœuvres  souterraines 
que  dissimulaient  mal  les  procédés  diplomatiques.  Ils  nous  montrent  Richelieu 
cherchant  de  tous  côtés  des  ennemis  à  l'Espagne  ',  et  l'Espagne  en  usant  de  même 
à  l'égard  de  la  France. 


'  Nous  trouvons  dans  le  tome  XVI  des 
manuscrits  d'Espagne,  fol.  28,  f original 
d'une  adresse  des  députés  des  habitants 
de  la  vallée  et  ville  de  Barcelone ,  lesquels 
demandent  au  roi  «  d'être  réunis  sous  sa 
sacrée  couronne.  »  Ils  stipulent  leurs  con- 
ditions ,  et  la  réponse  du  roi  de  France  est 
écrite  à  la  marge  de  chaque  article  de  la 
main  d'un  secrétaire  de  Richelieu.  Cet  ori- 
ginal, revêtu  de  la  signature  des  cinq  dé- 
putés, ne  porte  point  de  date;  mais  une 
main  étrangère  a  mis  à  la  suite  des  ré- 


ponses marginales  (dont  f  original  a  dû 
être  envoyé  à  Barcelone)  :  «  Faict  el  arrestc 
par  le  roy  au  camp  d'Annecy,  le  28'  jour 
de  may  i63o.  Signé  Louis,  et  plus  bas. 
Bouthillier.  »  Et  la  pièce  est  placée  dans 
ce  manuscrit  à  cette  da(e  tout  à  fait  invrai- 
semblable; il  est  impossible  qu'en  i63o 
on  ait  eu  la  moindre  idée,  en  Espagne, 
d'offrir  à  la  France,  el  en  France  d'accep- 
ter la  souveraineté  de  Barcelone;  c'est  un 
anachronisme  de  dix  années.  Cette  fausse 
date  aura  été  mise  pour  un  classement  par 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  665 

Mais  il  ne  faut  pas  oublier  le  caractère  différent  dont  resteront  marquées  dans 
l'histoire  Tune  et  l'autre  politique.  Le  duc  d'Olivarez,  qu'emportait  une  impuis- 
sante ambition,  prétendait  continuer  la  conquête,  désoniiais  impossible  pour 
l'Espagne,  de  la  monarchie  universelle.  Le  cardinal  de  Richelieu  luttait,  avec  un 
patriotisme  égal  à  son  génie,  pour  en  préserver  la  France  et  lui  constituer  une 
nationalité  invulnérable  en  face  de  tous  ses  voisins.  Ajoutons  que  la  passion  espa- 
gnole, —  et  l'on  n'en  saurait  infliger  la  honte  au  cabinet  de  Saint-Germain,  — 
allait  jusqu'à  l'assassinat;  une  lettre  était  adressée  de  Madrid  au  P.  Joseph;  elle 
disait  :  •  Certaines  personnes  de  celles  qui  sont  auprès  de  la  reync  et  de  Monsieur 
ont  escrit  à  Olivarès,  aux  marquis  de  Saintç-Croix  et  de  Mirabel,  que  le  roy 
d'E»pagne  ne  devoit  non  plus  espérer  de  repos  dans  ses  estats,  ([ue  la  reyne  mère 
et  Monsieur  de  retour  et  de  seureté  en  France,  tant  que  M.  le  cardinal  vivroit, 
et  qu'il  convenoit  de  le  faire  mourir.  Cette  affaire  a  esté  projMJsée  dans  le  conseil 
du  roy  d'Espagne.  »  Il  s'éleva  quelque  dissentiment,  et  la  décision  du  conseil  fut: 
•  Asseurer  qu'en  quelque  chose  ([ue  la  reyne  mère  et  Monsieur  se  trouvassent 
engagés  par  quelqu'exécution  qu?  ce  fust,  le  roy  d'Espagne  les  assisteroit  de  tout 
ce  dont  l'on  auroit  besoin  '.  • 

Excepté  ce  triste  incident,  les  deux  cabinets  usaient  de  procédés  réciproques 
et  qui,  après  tout,  n'ont  rien  de  bien  étrange,  si  ce  n'est  que  tout  cela  se  passait 
entre  deux  pays  qui  se  disaient  ann's  et  que  la  guerre  n'appela  sur  les  champs  de 
bataille  que  quatre  ans  plus  tanl. 

Notons  seulement,  à  cette  occasion,  quelques-uns  des  documents  conservés 
dans  nos  manuscrits. 

L'ambassadeur,  comte  de  Barrault ,  écrivait  le  i"  juin  1 63o  : 

•  Le  duc  de  Feria,  gouverneur  de  Catallongne,  a  mandé  par  un  courrier  venu 
depuis  deux  jours  que  si  on  luy  pouvoit  fournir  quatre  ou  cinq  mil  hommes  de 
guerre  et  de  l'argent,  il  se  rendroit  maistre  de  deux  bonnes  places  du  Languedoc 
qui  sont  à  la  frontière  d'Espagne.  •  Kt  à  la  marge  de  ce  paragraphe,  Richelieu  a 
écrit  :  •  M.  de  la  Vrillière  donnera  promptement  advis  à  M.  de  [S']  Luc  de  ce  que 
mande  M.  de  Barrault  pour  qu'il  y  pourvoye*.  • 

un  annotateur  étourdi  qui ,  sans  faire  atten-  dite  ni  signature ,  mais  une  main  étrangère 

tion  à  l'absurdité  du  fait,  ne  s'est  souvenu  a  mis  en  tète:   là  mars   i63i,  et  M.  de 

que  des  mauvais  procédés  dont  usaient  Peny,  secrétaire  de  la  légation  de  France , 

réciproquement    fune  envers   fautre,  en  a'écrit  celte  suscription  :  •  A  M' Ezéchiély, 

i63o,  f  Espagne  et  la  France.  auprès  de  M''  le  cardinal  duc  de  Riclic- 

'  Manuscrit  précité,  fol.  237.  La  lettre,  lieu,  pair  de  France.  » 
datée  du  là  mars,  est  chiffrée  d'un  bout  '  T. XVI  |)récité,  fol.  .3o.  —  M.deSainl- 

à  fautre;  le  déchiffrement  est  de  f  écriture  Luc  était  lieutenant  général  pour  le  roi  en 

attribuée  au  P.  Joseph ,  elle  ne  porte  ni  Guyenne. 

CàRDIII.  DE  HICIIELIEU.  VU.  84 


666  LETTRES 

Nous  trouvons  aussy  à  cette  époque,  dans  nos  manuscrits,  divers  mémoires  qui 
,  indiquent  les  préoccupations  de  Richelieu  par  rapport  à  l'Espagne;  ainsi  il  faisait 
établir,  dans  des  traités  composés  par  Dupuy  et  par  Godefroy,  la  légitimité  des 
droits  du  roi  sur  diverses  provinces  de  la  naonarchie  espagnole  : 

Droits  du  roy  sur  le  royaume  d'Arragoit,  de  Navarre,  contre  le  ruy  d'Espagne, 
1630^;  et   Trailté  du  droit  légitime  que  le  roy  a  sur  tout  le  royaume  de  Navarre-. 

Un  auditeur  espagnol  «  affectionné  à  la  France  et  qu'il  faut  récompenser,  »  écri- 
vait le  comte  de  Barrault,  communiquait  à  cet  ambassadeur  les  délibérations  du 
conseil  d'État  :  «  Le  6*  et  le  7°  article  de  la  consultation  font  voir  avec  quelle 
haine  on  forme  des  desseins  contre  le  repos  et  l'honneur  de  la  France;  je  n'en 
puis  pénétrer  d'autre  que  la  surprise  des  isles  d'Hyères ,  ou  du  port  de  Villcfranche 
et  Nisse,  pour  asseurer  par  le  premier  leur  passage  d'Italie,  et,  par  le  second, 
avec  la  garnison  de  Monaco,  qui  est  à  leur  disposition,  avoir  l'entrée  du  Pied- 
mont'.  »  Nous  trouvons  encore  au  fol.  298  une  pièce  livrée  sans  doute  par  l'audi- 
teur cité  plus  haut  :  Advis  des  desseins  des  Espagnols;  et  un  autre  mémoire  sans 
date,  en  espagnol,  intitulé  :  Articles  envoyés  par  le  roy  d'Espagne  à  son  conseil  d' estai 
sur  les  moyens  de  s'opposer  à  la  France  (fol.  295).  Et  quand  les  informations  reçues 
des  agents  corrompus  ne  suffisaient  pas,  on  interceptait  violemment  les  correspon- 
dances de  ce  gouvernement  dont  on  se  disait  toujours  ami.  Nous  trouvons  un  ordre 
signé  du  roi  au  sieur  Testu,  capitaine  et  chevalier  du  guet,  «  d'envoyer  le  s''Bou- 
nefoy,  son  lieutenant,  avec  trois  archers,  présentement  et  avec  la  plus  grande 
diligence  qu'il  se  jKJurra,  sur  la  route  de  Bayonne,  pour  détrousser  un  courrier 
d'Espagne,  luy  oster  tous  ses  papiers  et  son  argent''.  •  Et  plus  tard  le  comte  de 
Barrault,  demandant  son  rappel  et  se  plaignant  des  violences  exercées  à  Madrid 
contre  les  gens  de  sa  maison,  écrivait  à  Bouthillier  :  «  Us  les  courent  non  seule- 
ment l'espée  à  la  main,  mais  encore  avec  les  pistolets  et  autres  armes  à  feu,  où 
ils  les  rencontrent,  de  jour  et  de  nuit,  comme  si  s'estoient  des  loups  garons.  .  . 
par  ordre  d'Olivarès  ^.  « 

Voilà  quelle  était  en  i63o  et  i63i  la  situation  respective  de  ces  deux  cabinets 
qui,  dans  leurs  relations  publiques,  protestaient  de  leur  bon  vouloir  et  du  désir 
d'établir  entre  les  deux  pays  une  bonne  intelligence  solide  et  durable.  11  faut  dire 
que  le  langage  et  la  conduite  des  agents  diplomatiques  n'étaient  pas 'toujours  cou- 
formes  à  la  réserve  prudente  que  recommandaient  les  gouvernements.  On  a  \  u  les 
vivacités  du  comte  de  Bautru,  et  l'on  verra,  par  les  reproches  du  ix)i  au  marquis 
de  Mirabel,  les  justes  griefs  que  donnait  contre  lui  cet  ambassadeur. 

'   Manuscrit  précité,  fol.  119-17.Î.  *  T.   XVII  des  manuscrits  d'Espagne, 

'  Ibid.  fol.  20 1-21 3.  foi.  200,  à  la  date  du  i4  février  i633. 

^  Ibid.  fol.   290  (7  décembre).  '  Ibid.  fol.  293,  23  mars  i634. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  667 


CLXIX. 
Arch.  de  Condé.  Communication  de  M''  le  duc  d'Aumale.  —  Original. 

A  MONSIEUR  MONSIEUR  LE  PRIIVCE. 

5  juillet  i63i. 

Monsieur,  le  roy 

a  receu  le  pacquet  que  vous  luy  avés  envoie.  Il  en  avoit  desjà  leceu 
de  semblaljles  par  autres  voyes.  Sa  Majesté  vous  le  renvoie,  afin  que 
vous  le  voies.  Je  m'asseure  que  vous  ferés  le  inesme  jugentent  qu'elle 
a  faict  de  cette  pièce,  qui  est  qu'elle  est  non- seulement  digne  de 
risée,  mais  en  outre  de  chastinient,  pour  ceux  qui  en  sont  autheurs 
sous  le  nom  de  Monsieur.  Pour  mon  regard.  Monsieur,  quelque 
mauvais  traitlement  que  je  reçoive  en  cela,  je  ne  lairray  de  continuer 
à  servir  le  roy  et  Testât  aussy  passionnément  que  j'ay  faict  jusques  icy, 
sachant  que  les  actions  sincères  sont  tousjours  capables  de  destruire 
les  calomnies.  Cependant  je  vous  suplie  me  faire  rhonneiu"  de  me 
croire  entièrement, 
Monsieur, 

Vostre  bien  humble  et  très  affectionné  serviteur, 

Le  Gard.  DE  RICHEUEU. 
De  S'-Germain  en  Laye,  ce  5  juillet  i  63 1 . 


La  pièce  dont  il  s'agit  est  sans  doute  celle  dont  nous  avons  donné  des  fragments 
tome  IV,  page  i53.  A  ce  moment,  les  partisans  de  la  reine  mère  et  de  Monsieur 
jetaient  dans  Paris  toutes  sortes  d'écrits  dont  l'injure  atteignait  le  roi  en  même 
temps  que  le  cardinal,  et  des  menées  coupables  faisaient  craindre  de  plus  graves 
atlentats.  Le  roi  en  était  sérieusement  préoccupé,  conmie  le  témoigne  cette  lettre 
qu'il  écrivait  de  Saint-Germain  à  Richelieu  le  i8  juin  : 


A   MON   COUSIN    I.E  CAiRDINAL  DB  BIRHELIEO. 


Mon  cousin,  j'ay  pencé  cette  nuit  à  mes  afaires.  Je  désire  tandis  que  vous  estes 

84. 


668 


LETTRES 


à  Paris  que  vous  faciez  ouir  en  bone  forme  la  dame  Le  Bœuf,  Senelle  et  du  Val  '. 
Cela  me  touche  de  telle  sorte  que  j'ay  ocasion  d'y  bien  pencer.  Vous  tenant  plus 
à  moy  que  à  vous  mesme,  je  m'asseure  que  vous  n'y  manquerés  pas,  et  que  vous 
me  raporterés  ce  que  je  désire.  Je  finiray  celle  cy  en  vous  asurant  de  mon  amitié, 
qui  sera  toujours  telle  que  vous  la  pouvés  désirer  ^. 

Louis. 
A  St  Germain  en  Laye,  ce  i8'  juin  i63i. 


NOTA. 

La  dernière  lettre  que  nous  avons  vue  du  roi  à  sa  mère  (t.  IV,  p.  i5o)  est  du 
2  juin.  Louis  XIII,  empruntant  la  plume  de  Richelieu,  tentait  un  dernier  effort 
pour  faire  accepter  à  Marie  de  Médicis  le  séjour  de  Moulins  ;  elle  s'obstina  à  rester 
à  Compiègne,  et,  jugeant  qu'on  finirait  par  user  de  la  force,  elle  se  décida  à  s'é- 
chapper de  sa  royale  prison.  Elle  partit,  dans  la  nuit  du  18  juillet,  pour  se  rendre 
à  La  Capelle,  où  le  fils  du  marquis  de  Vardes  lui  avait  oDTert  une  retraite  sans 
l'avis  de  son  père ,  gouverneur  de  cette  place.  Le  vieillard ,  plus  sage  que  ce  che- 
valeresque étourdi,  fit  savoir  à  la  fugitive  que  son  devoir  ne  lui  permettait  pas 
de  lui  ouvrir  les  portes  de  sa  ville.  Marie  de  Médicis  se  réfugia  dans  les  Pays-Bas , 
où  l'infante,  qui  gouvernait  pour  le  roi  d'Espagne ,  lui  fit  un  accueil  magnifique^. 


'  Nous  ne  savons  ce  que  c'est  que  la 
dame  Le  Bœuf.  Senelle  et  Duval  étaient 
deux  médecins  qui  furent  condamnés  en 
cette  même  année  i63i,  par  la  chambre 
de  l'Arsenal ,  aux  galères  perpétuelles ,  ac- 
cusés d'avoir  fait  des  pronostics  sur  la  mort 
du  roi.  (Le  P.  Griffet,  t.  II,  p.  2i4.)  Les 
pamphlets  les  nomment  dans  leurs  accu- 
sations contre  Riclielieu.  «Marcel,  Vau- 
tier,  Senel,  Duval  et  plusieurs  autres  que 
vous  avez  fait  amener  chez  vous  de  nuit, 
ayant  fait  tout  ce  que  vous  avez  pu ,  tantost 
par  espérance,  tantost  par  menaces  puur 
faire  dire  aux  trois  derniers  quelque  chose 
contre  la  reyne  mère  du  roy,  ou  contre 
Monsieur,  afin  d'avoir  un  moyen  de  les 
ruiner  dans  f  esprit  de  S.  M.  et  les  diffamer 
dans  le  public,»  a  écrit  le  pamphlétaire 


Morgues  de  Sainl-Germain,  Charitable  re- 
monstrance,  etc.  Sur  Marcel,  voyez  notre 
tome II,  p.  23g-3Ai.  L'un  des  plus  intimes 
confidents  de  Richelieu ,  Guron ,  lui  man- 
dait dans  une  lettre  du  1 3  juillet  :  «  M.  Fou- 
quet. .  .  est  en  douleur  de  Senelle,  parce 
qu'il  ne  songeoit  point  d'aller  à  Nancy.  .  . 
Sa  faute  a  esté  par  accident  et  non  de  des- 
sein formé  de  mal  faire.  Pour  Duval,  il  ne 
se  soucie  pas  de  dire  ce  qu'il  en  sçaura.  » 

'  Cette  lettre  autographe  est  conser- 
vée aux  Archives  des  Affaires  étrangères, 
France ,  t.  V,  folio  1 1  de  la  collection  verte. 

'  La  sortie  de  la  reine  mère  hors  de 
France  fut  un  sujet  de  triomphe  à  Madrid . 
ainsi  que  le  manda  l'ambassadeur  de 
France,  M.  de  Barrault.  Dans  une  dépèche 
du  i3  août,  adressée  au  secrétaire  d'Etat 


DU   CARDINAL   DE  RICHELIEU. 


669 


D'Avennes  elle  envoya ,  le  2 1  juillet,  au  roi  son  fils  un  message ,  auquel  Louis  XIll 
répondit  en  reprochant  à  sa  mère  d'avoir  cherché  un  asile  chez  les  ennemis  de  la 
France.  Nous  n'avons  point  trouvé  dans  les  manuscrits  cette  dernière  lettre  que 
le  Mercure  français  a  publiée  (t.  XVII,  p.  342).  Les  récriminations  de  Marie  de 
Médicis  ne  se  firent  jjas  attendre;  elle  écrivit  de  Mons,  le  5  août,  au  roi  une 
nouvelle  lettre,  pleine  d'accusations  injurieuses  pour  Richelieu,  et  dont  l'insulte 
frappait  le  roi  lui-même  que  l'on  représentait  comme  un  prince  crédule,  docile 
instrument  d'un  ambitieux  et  insolent  ministre  ^  Le  roi  répondit  par  une  décla- 
ration publique,  où  les  adhérents  de  la  reine  mère  et  de  Monsieur  étaient  traités 
en  criminels  de  lèse-majesté;  Louis  XIII  la  fit  enregistrer  en  lit  de  justice  le 
i3  août,  et  le  lendemain  il  adressa  à  sa  mère  cette  réponse  plus  directe  où  la  dure 
sévérité  de  Richelieu  a  marqué  son  empreinte  : 


CLXX. 

Arch.  des   Afl".  élr.   France,  i63i  ,  t.    67.   — 
Mise  au  net  de  la  main  de  Cherré. 

[A  LA  REIXE  MÈRE^] 

1 4  août  i63i. 

Madame ,  Je  sçay,  grâces  à  Dieu ,  fort  bien  ce 

que  je  fais,  et  vous  trouverez  bon  que  je  vous  dise  que  les  conseils 
que  vous  avez  pris  de  vous  mesme  et  que  vous  avez  receus  d'aulruy 
vous  ont  mise  en  lieu  et  en  estât  où  la  raison,  qui  ne  me  permet  pas 
d'en  recevoir  de  vous,  vous  doibt  empescher  de  prétendre  m'en 
donner. 

Je  vous  renvoie  encore  pour  cette  fois  le  gentilhomme  que  vous 


delà  guerre  Servien,  il  raconte  l'affectation 
que  mirent  les  ministres  à  lui  vouloir  per- 
suader que  le  cabinet  espagnol  n'était  pour 
rien  dans  cet  acte  blâmable  de  la  reine 
mère;  mais  ils  dissimulaient  mal  leur  con- 
tentement sous  les  apparences  d'une  dé- 
sapprobation peu  sincère.  Cette  dépêche 
est  conservée  en  original  au  Dépôt  de  la 
guerre,  t.  XX,  pièce  20. 


'  Cette  lettre ,  habilement  faite ,  n'était 
point  du  pampldétaire  ordinaire  de  Marie 
de  Médicis,  Morgues  de  Saint-Germain; 
elle  avait  été  écrite  par  le  P.  Chanteloube . 
ecclésiastique  attaché  à  Marie  de  Médicis , 
et  qui  fut  de  l'Oratoire.  Le  Vassor  l'a  im- 
primée, t.  VI,  p.  760,  de  l'édition  in-ia. 

'  Le  manuscrit  ne  donne  ni  suscription . 
ni  note  au  verso. 


670  LETTRES 

m'avez  envoyé  ';  il  vous  pourra  dire  que  je  me  porte  fort  bien,  et  que 
mes  affaires,  grâces  à  Dieu,  qui  m'a  tousjours  assisté,  sont  en  fort 
bon  estât.  Cependant  je  vous  puis  asseurer  que  je  seray  tousjours,  etc. 
A  Monceaux,  le   i  A'=  jour  d'aoust  i63i. 


CLXXI. 

Arch.  de  Condé.  Communication  de  M*'  le  duc  d'Aumale. 

A  MADAME  MADAME  LA  PRINCESSE. 

2 1  septembre  1 63 1 . 

Madame, 

Il  paroist  bien  la  defférence  que  les  princesses  qui  vous  ressemblent 
rendent  k  ceux  à  qui  elles  sont  liées  par  un  sacrement,  puisque, 
pour  complaire  à  Monsieur  vostre  mary,  il  vous  plaist  me  faire  une 
proposition  que,  vous  sçavés  bien,  je  m'asseure,  que  le  roy  ne  peut 
effectuer.  Si  la  qualité  donnoit  la  capacilé  aux  charges  ecclésiastiques, 
la  naissance  de  Monsieur  vostre  fils  luy  donneroit  dès  cette  heure 
plus  que  ce  que  vous  désirés;  mais  les  constitutions  ecclésiastiques 
el  la  raison  en  ordonnant  autrement,  vous  trouvères  bon.  Madame, 
je  m'asseure,  que  le  roy  pourvoie  l'évesché  d'Auxerre  d'une  personne 
qui  en  puisse  faire  présentement  les  fonctions^,  et  qu'il  se  réserve  le 
désir  de  vous  tesmoigner  son  affection  en  d'autres  occasions;  et  moy, 

'  Le  roi  fait  entendre  assez  clairement  en  temps  quelques  messages.  Cette  minute 

à  sa  mère  qu'il  ne  lui  répondra  plus;  dans  est  sans  date;  on  l'a  classée  à  la  fui  de  i63i. 
une  autre  lettre ,  il  lui  dit  nettement  de  se  °  H  y  avait  à  peine  un  mois  que  Richelieu 

dispenser  de  lui  envoyer  désonnais  aucun  avait  sollicité  une  complaisance  auprès  du 

messager:  «J'ay  commandé  à  Jacquelot  de  prince  de  Condé.   Le  prince  en  réclame 

vous  faire  cognoistre  que  les  voyages  que  une  récompense  qu'il  n'aurait  pas  dû  de- 

vous  pourriez  faire  faire  de  deçà  ne  me  mander,  et  Richelieu  le  lait  sentir  avec  une 

seroienl  pas  agréables,  veu  que  vous  n'estes  louable  fermeté.  Le  petit  prince  de  Conti 

pas  di-sposée  à  ce  que  la  raison  requiert  n'avait  pas  encore  deux  ans;  on  sait  qu  il 

alinqu'ils  vous  feussent  utiles.  »  Cependant  était   lilleul   du   cardinal.   (Ci-après,  à  la 

cette  princesse  a  encore  envoyé  de  temps  date  du  i"  septembre,  aux  Analvses). 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  67f 

la  volonté  entière    de  vous  faire   voir,   par  toutes  les  voies  que  je 
pourray,  que  je  suis. 

Madame, 

Voslre  très  humble  et  très  affectionné  servitcin-. 
Le  Gard.  DE  RICHELIEU. 

De  Monceaux ,  ce  2  i  "^  septembre  i  63  i . 

CLXXU. 
REMERCIMENT  A  LA   RÉPURLIQUE  DE  VEMSE '. 

Seconde  quinzaine  de  novembre  i63i. 

Depuis  la  publication  de  notre  quatrième  volume,  nous  avons  trouvé  plusieurs 
pièces  relatives  à  ce  titre  de  noble  vénitien  que  la  république  donna  à  Richelieu. 
Assurément  il  put  se  glorifier  de  cette  marque  d'honneur,  surtout  à  cause  de 
l'unanimité  des  voix  qui  la  lui  décernèrent;  mais  elle  ne  fut  pas  si  spontanée  qu'il 
a  l'air  de  le  croire.  La  vérité  est  que  la  république  ne  songeait  pas  à  inscrire  Ri- 
chelieu sur  son  livTe  d'or.  C'est  une  pensée  qu'eut  d'Avaux,  l'ambassadeur  de 
France  à  Venise.  Il  écrivait  à  Charpentier  le  i3  janvier  au  sujet  du  cardinal  : 
•  Je  vous  diray  que  l'estime  extraordinaire  en  laquelje  il  est  icy  m'a  donné  une 
pensée  pour  son  service,  que  j'ay  estimé  à  propos  de  vous  communiquer.  C'est 
que,  s'il  avoit  à  plaisir  que  la  république  le  fist  noble  vénitien,  qui  est  la  plus 
haute  marque  d'honneur  qu'elle  puisse  rendre  à  un  prince,  et  que  le  feu  roy 
inesme  receut  avec  grands  remercimens  et  tesmoignages  de  satisfaction ,  je  croy 
que  je  n'y  serois  pas  inutile,  et  mesnagerois  l'alTaire  en  sorte  qu'il  réussiroit  selon 
mon  désir.  • 

Cependant,  ajoute  d'Avaux,  «il  s'y  rencontre  une  difficulté,  •  c'est  que  per- 
sonne n'obtient  ce  titre  sans  le  demander;  on  ne  le  donne  pas  même  aux  neveux 
des  papes,  qui  le  souhaitent  avec  passion,  •  s'ils  n'en  font  instance  formellement. 
Or,  comme  je  croy  bien  que  de  le  rechercher,  il  ne  seroit  pas  du  goust,  ny  de  la 
dignité  de  mond.  seigneur,  aussy  me  sembleroit-il  fort  avantageux  s'il  n'avoit  qu'à 
l'accepter;  et,  à  l'aventure,  j'en  trouverois  le  moyen.  »  D'Avaux  prie  donc  Char- 
pentier de  lui  donner  un  avis,  «  mais  sans  aller  jusqu'au  cardinal,  car  aux  grands, 
il  faut  faire  service  sans  le  dire^.  .  .  » 

'  Vo)ez  t.  IV,  p,  22t),  lettre  CXIII.  —  '  Arch.  des  AIT.  étr.  Venise,  t.  L,  4'  des 
dépêches  de  M.  d'Avaux. 


672  LETTRES 

Charpentier  n'y  fit  pas  tant  de  façons,  il  dit  tout  bonnement  l'affaire  à  Riche- 
lieu et  se  hâta  de  répondre  à  d'Avaux.  Celui-ci  n'ayant  pas  immédiatement  donné 
de  ses  nouvelles,  Charpentier,  sur  le  soupçon  que  sa  lettre  pouvait  s'être  égarée, 
récrivit  à  d'Avaux  le  28  mars: 

«...  Pour  la  proposition  qui  le  concerne,  dont  il  vous  a  pieu  m'écrire,  il  remet 
à  vostre  prudence  d'en  faire  l'ouverture  comme  de  vous  mesme ,  et  mesnager  cet 
affaire  en  sorte  que,  sans  qu'il  y  paroisse,  l'événement  en  soit  deub  à  vostre  dex- 
térité ' .  .  .  » 

L'affaire  traîna  un  peu,  et  ce  fut  seulement  le  1"  novembre  que  la  république 
chargea  son  amljassadeur  de  porter  au  cardinal  ce  témoignage  solennel  de  son 
estime  et  de  son  admiration.  Le  même  jour  d'Avaux  en  annonça  la  nouvelle  à 
Charpentier  et  à  Bouthillier^. 

«...  La  république,  dit  d'Avaux  à  celui-ci,  ne  s'est  pas  contentée  du  remer- 
ciement dont  elle  me  chargea  l'autre  jour  envers  M*'  le  cardinal ,  ny  des  louanges 
publiques  qu'elle  luy  a  données  icy  plusieurs  fois  au  sujet  des  dignes  actions  qu'il 
a  faictes  pour  la  lil)erté  d'Italie;  elle  J'a  voulu  tesmoigner  à  tout  le  monde  par  la 
plus  grande  démonstration  d'honneur  et  d'estime  dont  elle  puisse  user  envers  les 
roys  mesme,  et  qui  l'ont  receue  avec  contentement,  l'ayant  uni  au  corps  de  cette 
noblesse  et  déclaré  gentilhomme  vénitien.  Mais  si  le  présent  mérite  d'estre  con- 
sidéré, pour  n'avoir  jamais  esté  fait  qu'à  de  grands  princes,  ou  des  hommes  très 
illustres,  la  fasson  de  le  douer  cette  fois  le  relève  bien  de  prix,  car  il  a  passé  à 
toutes  balles  dans  le  grand  conseil  assemblé  au  nombre  de  83o  gentilshommes 
dont  un  seul  n'a  doublé  de  se  donner  un  tel  confrère.  Ce  qui  est  tenu  icy  pour 
miraculeux,  et  le  doge  m'a  dict  qu'il  n'y  en  a  point  d'exemple,  m'ayant  mesme 
faict  veoir  l'eslection  du  feu  roy  qui  est  marquée  dans  le  registre  avec  quatorze 
balles  contraires.  C'est  un  grand  tcsmoignage  de  l'affection  publique  et  de  la  véné- 
ration en  laquelle  il  est  icy,  veu  que  d'ailleurs  on  luy  défère  cette  dignité  sans 
qu'il  y  pense,  et  que  l'on  dépesche  un  courrier  exprès  à  l'ambassadeur  Contarini 
pour  luy  en  porter  la  nouvelle  au  nom  du  sénat. .  .  » 

A  Charpentier,  d'Avaux  explique  avec  quel  ménagement  il  a  insinué  la  pensée 
qu'il  avait  eue  :  «  J'y  ay  esté  si  sobre  qu'il  y  a  eu  opposition  dans  le  sénat,  fondée 
sur  ce  que  moud,  seigneur,  bien  loing  de  requérir,  comme  veut  la  loy,  n'en  tes- 
moignoit  pas  la  moindre  pensée,  et  que ,  de  ma  part ,  je  ne  m'en  estois  pas  mesme 
ouvert  en  sorte  qu'on  y  peust  prendre  pied;  mais  ceste  remonstrance  ne  trouva 
qu'une  balle  en  sa  faveur  ^ .  .  .  » 

D'Avaux  écrivit  au  cardinal  en  même  temps ,  et  presque  dans  les  mêmes  termes , 
ce  qu'il  avait  écrit  à  Bouthillier  et  à  Charpentier,  sans  omettre  la  circonstance 

'  Arch.  des  Aff.  étr.  Venise,  t.  L.  —  '  Ihid.  —  '  Ibid. 


DU  CARDINAL   DE  RICHELIEU.  673 

d'une  opposition  :  «  H  est  vray  que  clans  le  sénat,  où  la  chose  fut  premièrement 
proposée,  selon  l'ordre  accoustumé,  le  procurateur  Zin,  personnage  fort  renonmié 
pour  estre  tousjours  seul  de  son  advis,  et  qui  se  veut  attribuer  l'office  de  censeur 
en  cette  république,  s'y  opposa,  sur  ce  que  Vostre  Eminence  n'en  avoit  point 
escript  à  la  seigneurie,  ny  parlé  à  leur  ambassadeur.  .  .  » 

Le  manuscrit  de  d'Avaux  a  conservé  aussi  copie  de  la  lettre  du  doge  à  Richelieu  : 

•  Incarrichiamo  al  amb"  nostro  Contarini  di  portar  a  V.  S.  ill°"  et  rev'°°  il  pieno 
testimonio  del  interno  de'  cuori  divoti  cou  che  siamo  concorsi  al  connumerar  la 
persona  di  lei  nella  nostra  nobiltà. .  .  « 

Quant  à  l'hérédité,  quoique  le  cardinal  n'eût  point  d'hoirs  mâles  et  qu'il  fût 
sans  exemple  que  les  femmes  eussent  succédé  à  ce  droit,  d'Avaux  mandait  à  Char- 
pentier :  «  Si  S.  Em.,  vous  ou  M.  Boutliiliier  en  touche  quelque  chose  à  M.  Con- 
tarini, je  me  promets  de  faire  le  reste,  nonobstant  que  la  loy  y  résiste'.  " 

Nous  ne  trouvons  pas  qu'on  ait  profité  de  cette  ouverture ,  et  il  ne  paraît  point 
que  le  cardinal  ait  tenu  à  mettre  ce  titre  de  noblesse  dans  son  héritage. 

Les  lettres  de  d'Avaux  n'ont  pu  guère  arriver  à  Paris  que  vers  le  i5  novembre; 
ainsi  la  réponse  de  Richelieu  doit  être  de  la  seconde  quinzaine  dudit  mois. 


ANNEE   1632. 


CLXXIIL 
Arch.  des  AIT.  élr.  !\Iantoue,  t.  4.  pièce  97.  —  Mise  au  net. 

LE  ROI  A  M"'   DE  TOIRAS  ET  SERVIEN. 

A  Meti,  le  ai  janvier  i63j. 

Réponse  à  leurs  lettres  des  3'  et  19*  du  mois  passé*,  contenant  les  objections 
du  duc  de  Savoie  aux  communications  que  lui  ont  faites  les  ambassadeurs  d'une 
dépêche  du  roi,  du  i3  novembre. 

• Personne  n'a  cogneu  mieux  que  moy  combien  il  importait  de  garder  le 

secret  de  l'affaire  de  Pignerol.  Si  on  a  pu  en  tirer  quelque  lumière,  c'est  de  ceux 
qui  estoient  avec  mon  cousin  le  cardinal  de  Savoie,  non  de  ceux  qui  sont  em- 
ployés en  mes  affaires. 

«  Le  duc  propose  de  donner  une  nouvelle  forme  au  premier  traicté  fait  pour  l'es- 

Arch.  des  Aff.  élr.  Venise,  t.  L.  manuscrit  de  Mantoue,  non  plus  que  celle 

*  Ces  deux  lettres  ne  sont  pas  dans  le        du  1 3  novembre. 

CARDIH.  DE  HICUELIED.  —  VII.  85 


674  LETTRES 

change  de  Pignerol  ;  j'y  trouve  un  grand  inconvénient .  .  .  Mais  pour  que  mon  frère 
ait  le  contentement  qu'il  demande,  sans  que  j'en  puisse  recevoir  aucun  préjudice, 
il  se  pourra  faire ,  à  mon  advis ,  en  la  forme  qui  suit  : 

«  Le  traicté  de  Querasque  demeurera  en  sa  force  et  vertu  par  i'eschange  de  Pi- 
gnerol, ainsy  que  pour  tout  le  reste,  et  l'on  en  pourra  faire  un  simulé,  datte  de- 
puis la  paix,  pour  estre  monstre  aux  Espagnols;  le  dit  duc  donnant  déclaration 
que  ce  traicté  a  esté  simulé  seulement  pour  luy  faire  plaisir. 

«  Les  nouvelles  que  je  reçois  de  toutes  parts  portent  que  tout  ce  que  font ,  en 
ce  moment,  les  Espagnols  n'est  que  pour  la  deffensive. 

«  Mon  frère  le  duc  de  Savoie  sçait  assez  que  la  principale  partie  dans  la  con- 
duite des  affaires  du  monde  est  de  savoir  bien  prendre  son  temps.  C'est  ce  que 
j'essaye  d'observer,  et  il  m'a  par  le  passé  assez  bien  réussi.  Pour  le  présent,  ma 
pensée  est  d'empescher  que  la  religion  catholique  se  ruine  en  Allemagne,  de 
garantir  les  électeurs  catholiques  du  naufrage,  retenir  l'archidue  Léopold 
d'exécutter  les  desseins  qu'il  pourroit  avoir  d'entreprendre  sur  le  pays  des  Gri- 
sons, mes  alliez;  mesme  conserver  et  protéger  le  duc  de  Lorraine.  C'est  la  tâche 
que  je  me  suis  donnée  pour  la  présente  année,  et  n'estime  pas  à  propos  d'en- 
tendre à  autre  dessein. 

«  Je  ne  puis  et  ne  veux  me  descharger  de  la  despense  que  je  fais  pour  l'assis- 
tance de  Suède  et  des  Estats,  parce  que  j'y  suis  obligé  et  engagé  par  traictez;  et 
si  je  ne  l'estois  pas  je  serois  convié  de  le  faire,  non  seulement  pour  mon  intérest 
mais  pour  celuy  de  tous  mes  alliez  et  particulièrement  dudit  duc  mon  frère,  qui 
sentiroit  peut-estre  le  premier  le  contrecoup  de  la  mauvaise  volonté  des  Espa- 
gnolz ,  si  l'on  ne  tenoit  leurs  forces  diverties  par  les  armes  de  Suède  et  de  Hol- 
lande. 

«  Quant  à  la  guerre  d'Italie,  je  ne  juge  pas  qu'il  en  soit  temps,  et  je  n'y  suis  pas 
obligé.  Ce  traicté  qui  concerne  la  guerre  de  Gesnes  donnant  trois  ans  de  terme 
pour  en  prendre  une  bonne  occasion,  que  je  sçauray  bien  considérer  pour 
l'avantage  dud.  duc.  .  .  En  effect,  vouloir  faire  la  guerre  maintenant  ce  seroit  en- 
treprendre sans  apparence  de  succez ...  au  reste  je  ne  sçay  comment  le  peut  en- 
tendre led.  duc,  mon  frère,  qu'au  mesme  temps  qu'il  propose  d'entieprendre  la 
guerre  en  Italie,  ses  ministres  ont  terminé  par  accord,  en  la  cour  d'Espagne,  le 
différend  qu'il  avoit  avec  Gesnes. 

«  Mon  cousin  le  duc  de  Rohan ,  que  j'ay  déclaré  mon  ambassadeur  dans  les  Gri- 
sons, a  ordre  d'empescher,  par  tous  moyens,  le  renouvellement  d'alliance  d'Es- 
pagne avec  les  cinq  petits  cantons;  d'ailleurs  j'ay  envoyé  le  s'  de  Comblât  vers 
l'archiduc  Léopold  pour  empescher  qu'il  ne  fasse  aucune  innovation  et  entreprise 
dans  les  Grisons. . . 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  675 

o  Je  ne  désire  rien  tant  que  de  voir  la  République  de  Venise  bien  unie  avec  mon 
frère  le  duc  de  Savoie ,  et  que  led.  duc  eust  contentement  d'elle  en  ses  préten- 
tions, mais  je  l'en  veoy  jusques  à  présent  bien  esloigné;  vous  aurés  à  vous  em- 
ployer  pour  adjuster  ces  diflicultez,  ce  que  vous  aurés  eu  occasion  de  faire  en 
traiclant  du  projet  de  ligue  que  je  vous  ay  envoyé  du  dixiesme  du  mois  passé', 
en  mesme  temps  que  j'en  ay  faict  l'envoi  au  s'  Davaux .  .  . 

«Pour  ce  qui  est  du  mariage  de  la  princesse  de  Mantoue,  je  ne  doubte  point 
que  mon  frère  le  duc  de  Savoie  ne  le  désire  pour  le  prince  cardinal  son  frère, 
mais  je  ne  tiens  pas  le  duc  de  Mantoue  si  privé  de  jugement  d'y  entendre.  Il 
est  bon  de  continuer  à  rendre  tousjours  aud.  duc  l'Infante  Marguerite  suspecte, 
ainsy  qu'elle  le  doibt  estre  par  diverses  considérations. 

«Je  suis  bien  aise  que  mon  cousin,  le  maréchal  de  Toiras,  ayt  mis  bon  nom 
bre  de  François  dans  la  citadelle  de  Casai;  je  renaets  à  luy  de  faire  toutes  les 
choses  qui  seront  jugées  nécessaires  pour  la  seureté  de  lad.  place. 

■  Ayant  veu  ce  que  vous  m'escrivés  sur  le  sujet  de  l'abbé  Scaglia,  je  ne  puis 
consentir  qu'il  passe  en  Flandres;  je  désire  que  vous  le  déclariés  aud.  duc  de 
Savoie,  mon  frère,  luy  laissant,  en  son  libéral  arbitre,  de  faire  ce  que  bon  luy 
semblera;  comme  de  ma  part  il  me  sera  libre  de  faire  tel  jugement  de  ses  in- 
tentions qu'elles  mériteront.  .  .  • 


CLXXIV. 
COMMERCE. 


Mars  i633. 


Nous  avons  donné,  à  la  date  du  27  mars  (vol.  IV,  p.  264),  une  lettre  du  car- 
dinal à  son  amiral  de  prédilection,  farchevèque  de  Bordeaux,  qu'il  envoyait  en 
mission  au  Havre.  Il  est  remarquable  que  dans  cette  lettre ,  où  les  détails  abon- 
dent, il  n'y  ait  pas  un  seul  mot  du  commerce,  dont  le  développement  devait, 
plus  tard,  donner  à  cette  ville  une  prospérité  si  florissante  et  auquel ,  précisé- 
ment à  cette  heure,  Richelieu  prétait  une  attention  toute  particulière;  ici  il  ne 

'  Celle  dépêche  du  10  décembre  n'est  lay.  C'est  une  minute  qui  nous  semble  de 

pas  dans  ce  manuscrit.  Il  faut  indiquer  ici  la  main  du  premier  commis  de  la  guerre, 

des  considérations  sur  la  ligue  générale,  où  le  s' Le  Roy;  elle  est  mal  classée  en  i635. 

Ton  en  expose  les  inconvénients,  surtout  Le  roi  de  Suède  était  mort  en  i632.  (Dé- 

par  rapport  au  roi  de  Suède,  qui  pourra  pot  de  la  guerre,  t.  XX,  n°  219.) 
prendre  celle  ligue  pour  une  déclaration  contre 

85. 


676  LETTRES 

paraît  pas  soupçonner  les  avantages  que  ce  port  pouvait  offrir  à  la  navigation 
marchande,  et  il  s'occupe  uniquement  des  fortifications  et  des  travaux  nécessaires 
pour  faire  de  la  ville  du  Havre  une  importante  place  de  guerre. 

Cependant  il  convient  de  rappeler,  dans  ce  supplément,  qu'à  cette  date  du 
29  mars  le  cardinal  était  sérieusement  préoccupé  des  affaires  commerciales  du 
royaume,  et,  par  son  ordre,  un  traité  était  signé  à  Saint-Germain-en-Laye ,  entre 
la  France  et  l'Angleterre,  par  Bullion  et  Bouthillier,  d'une  part,  et  de  l'autre ,  par 
l'ambassadeur  d'Angleterre ,  Isaac  Wake.  Cette  pièce  est  conservée  aux  Affaires 
étrangères  (t.  XLV  d'Angleterre,  fol.  4o)  :  «  Traicté  pour  la  restitution  de  la 
nouvelle  France  La  Cadie  et  Canada,  29  mars  i632,  »  et  au  fol.  18  :  «  Articles 
arrestez  entre  les  députez  des  deux  rois  pour  la  liberté  du  commerce  entre  leurs 
sujets.  »  Une  copie ,  ou  plutôt  une  autre  minute ,  présente  quelques  différences ,  et 
des  observations  sont  écrites  à  mi-marge  (fol.  86).  Nous  trouvons  encore  (fol.  22) 
un  autre  acte  diplomatique,  corollaire  du  premier  et  de  même  date,  29  mars  : 
«  Articles  arrestez  entre  les  sieurs  Wake,  Bullion  et  Bouthillier  pour  la  restitution 
des  choses  prises  depuis  le  traicté  de  1629.»  Indiquons  aussi  une  convention 

«  touchant  les  lettres  de  représailles  et  pour  empescher  les  déprédations » 

(fol.  53);  enfin,  un  projet  de  règlement  pour  le  conmierce  (fol.  i/i)- 

Dans  son  mémoire  sur  les  Anciens  traités  de  commerce  entre  la  France  et  l'An- 
gleterre, M.  Wolowski  n'a  pas  manqué  de  signaler  l'importance  du  traité  de 
mars  1629;  et,  à  cette  occasion,  le  savant  économiste  a  consacré  des  pages  remar- 
quables au  cardinal  de  Richelieu  ' . 

On  peut  s'étonner  que,  dans  la  section  de  son  testament  politique  où  il  expose 
ses  idées  générales  sur  le  commerce,  Richelieu  n'ait  rien  dit  de  ce  qu'il  a  fait 
pour  cette  portion  considérable  de  l'administration  d'un  grand  État  ^.  C'était  peu 
de  chose  sans  doute,  mais  il  n'était  guère  dans  les  habitudes  du  grand  cardinal 
de  s'oublier  lui-même,  et  de  passer  sous  silence  rien  de  ce  qu'il  pouvait  mettre 
au  compte  de  sa  gloire. 

CLXXV. 

[Commencement  de  juillet  i632.] 

Il  faut  à  la  pièce  qui  suit  quelques  mots  d'explication. 

En  i63},  des  ferments  de  mécontentement  se  développaient  dans  de  sourdes 
agitations  parmi  les  populations  des  Pays-Bas  soumises  à  la  domination  de  l'Es- 
pagne. Richelieu  ne  pouvait  manquer  d'être  attentif  à  ces  symptômes  de  rébellion 
apparaissant  dans  les  États  d'une  puissance  qu'il  tenait  pour  l'ennemie  la  plus  redou- 

^  Compte  rendu  des  travaux  de  l'Académie  novembre  i86i.  —  *  Tome  il,  p.  126. 
des  sciences  morales  et  politiques,  t.  VIII,        édit.  de  1764. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


677 


table  de  la  France  et  contre  laquelle  il  se  préparait  à  engager  une  lutte  suprême. 
Il  embrassa  ce  projet  avec  une  passion  d'autant  plus  vive  qu'en  ce  moment 
Bruxelles,  où  la  reine  mère  tenait  une  sorte  de  cour,  où  Monsieur  trouvait  dans 
ses  révoltes  un  royal  asile,  était,  sur  nos  frontières  mêmes,  un  foyer  ardent  et 
perpétuel  d'intrigues  dangereuses,  de  trames  politiques  et  même  de  projets  d'as- 
sassinat qui  menat^aient  à  la  fois  le  royaume  et  le  grand  ministre  auquel  ses  des- 
tinées étaient  confiées.  Nous  trouvons  dans  les  papiers  conservés  aux  Affaires 
étrangères  une  pièce  intitulée  ;  Exhortation  aux  Flamands  pour  secouer  le  joug  de 
la  domination  espagnole  '.  C'est  une  violente  excitation  à  reconquérir  leurs  libertés. 
Cet  appel  à  l'insurrection,  dont  rien  n'indique  l'auteur,  manque  de  date  et  a  été 
classé  en  1 63 1 .  11  y  eut  certainement  dès  ce  temps-là  des  ouvertures  entre  la  France 
et  les  Pays-Bas;  les  relations  que  nous  trouvons  établies  l'année  suivante  en 
laissent  soupçonner  d'antérieures-.  On  lit  dans  les  Mémoires  de  Richelieu'  : 
«  Le  s'  Carondelet,  doyen  de  Cambrai,  vint  secrètement  trouver  S.  M.  à  Amiens, 
le  3o  mai,  et  lui  témoigna,  de  la  part  des  plus  grands  seigneurs  de  Flandres,  le 
mécontentement  qu'ils  avoient  des  Espagnols,  le  désir  de  s'en  délivrer  et  le  re- 
cours qu'ils  avoient  à  sa  bonté  et  à  sa  grandeur  royale  pour  les  assister.  » 

Ce  doit  être  ensuite  de  ces  communications  et  de  certaines  résolutions  concer- 
tées avec  les  gens  des  Pays-Bas  que  le  cardinal  a  dressé  le  mémoire  que  nous 
donnons,  lequel  est  écrit  de  sa  main.  Ce  mémoire,  que  Richelieu  n'a  point  daté, 
doit  avoir  été  composé  peu  après  l'entrevue  du  3o  mai.  Nous  présumons  que  le  car- 
dinal n'a  pas  perdu  de  temps,  et  nous  ne  croyons  pas  nous  tromper  en  mettant 
cette  pièce  au  commencement  de  juin.  C'est  un  original  autographe;  il  se  trouve 
placé  dans  le  IX"  volume  des  Pays-Bas;  parmi  les  pièces  du  mois  de  juillet,  c'est 
la  119'. 


Cause. 
Perte  de  privilèges,  mescontentement  universel* 


'  Arch.  des  AIT.  élr.  Pays-Bas,  t.  IX.  Le 
volume  n'est  pas  coté  ;  cette  pièce  est  la  7^'. 

'  Dès  la  fin  de  1629,  Baulru,  chargé 
d'une  mission  diplomatique  à  Bruxelles, 
écrivait  à  Richelieu  que,  «  s'il  vouloit  lour- 
ner  tête  vers  les  Pays-Bas ,  »  il  trouverait  An- 
vers el  toutes  les  places  de  notre  frontière 
dégarnies;  «  ces  peuples  sont  outrés  de  dé- 
sespoir. .  .  les  grands  seigneurs  délestent 
cette  usurpation  en  public  et  en  particu- 


lier. I)  Arch.  des  Aff.  étr.  Pays-Bas ,  t.  VIII , 
à  la  date  du  3  décembre. 

'  T.  VII,  p.  97. 

'  Le  cardinal  a  écrit  à  la  marge  les  lignes 
suivantes  que  nous  mettons  en  note, aucun 
signe  ne  leur  assignant  une  place  dans  le 
texte  :  «  Misère  et  manque  d'argent.  Le 
tout  jusqu'à  tel  point  que  flnfante  dict  que 
s'ils  sont  attaqués  de  deux  costés  ils  sont 
perduz  sans  ressource.  »  —  «  Ne  peuvent 


078  LETTRES 

Fin. 

France.  —  L'Artois,  le  Haynaut,  Cambré,  Camljresis,  Doué,  l'isle, 
Orchies,  Luxembourg,  Nauïur,  la  Francbe-Comté. 

Estais.  —  Brabant,  Malines,  la  Flandre,  Gueldres  et  Limbourg. 

Moyens. 

Secret,  diligence,  despense. 

I  o"  hommes  de  pied  et  mil  chevaux  vers  Guise ,  Quesnoy,  Landrecy. 

Armée  royalle.  La  personne  du  roy. 

26""  hommes,  /t™  chevaux  vers  la  Capelle.  Pour  de  là  passer  à  Mar- 
chien  {sk')  au  Pont,  pays  de  Liège,  sur  la  rivière  de  Sambre,  passage 
qu'il  faut  forlilTier. 

Emporter  d'amblée  Philipsville ,  Charlemont  et  Mariembourg  des- 
pourveues  d'hommes  et  de  munitions. 

Guides  se  trouveront  à  Marchien  au  Pont  pour  advertir  et  conduire 
en  Havnaut  et  Brabant. 

Devant,  le  prince  d'Orange  "attaquera  Anvers  avec  So"  hommes  de 
pied  et  5"'  chevaux. 

Peu  après  1 0"  hommes  et  mil  chevaux  se  desbanderont  pour  atta- 
quer Bruges,  qui  sera  despourveue. 

.  Bruges  pris,  l'armée  qui  aura  faict  cette  expédition  viendra  par 
Mesnin ,  l'isle ,  Tourné  et  Anguien  à  Brusselles ,  où,  en  mesme  temps,  le 
conte  Henry  de  Bergues,  avec  2™  chevaux  et  3™  mousquetaires  à  che- 
val, après  avoir  passé  la  rivière  Demer,  proche  de  Diest,  se  rendra  à 
Brusselles,  et  prenant  la  ville  veulent  se  saisir  de  tous  les  ministres  et 
prier  l'Infante  de  se  depporter  du  gouvernement  et  la  bien  traitter. 

Anvers  pris,  le  prince  d'Orange  viendra  joindre  toutes  ses  forces 
avec  celles  du  roy  dans  le  Luxembourg  ou  à  Cambray,  où  il  y  a  peu  de 
vivres  et  munitions  de  guerre. 

Messieurs  les  Estats  serviront  le  roy  en  la  Franche- Conté,  avec 

inetlre  à  la  campagne  que  1 6  mil  hoinmes        4"°  Espagnols  naturels.  —  Tous  les  gens  de 
(le  pied  et  4"  chevaux,  dont  il  n'y  a  que        guerre  mescontanfs.  » 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEC.  679 

une  armée  de  20"  hommes  de  pied  et  /i™  chevaux,  pourveue  de  tout 
à  leurs  despends,  et  ensuitte  partout  où  le  roy  voudra. 

Ensuitte  ligue  deflensive  entre  Messieurs  les  Estats  et  la  France 
contre  les  Espagnols.  Faut  dire  contre  qui  que  ce  soit. 

Conservation  de  la  religion  en  lestât  auquel  elle  est  dans  le  partage 
de  Messieurs  les  Estats,  qui  admettront  des  depputés  catholiques  des 
provinces  nouvellement  conquises  dans  l'assemblée  des  estats  géné- 
raux. 

Demandes  particulières  des  révoltés  tant  au  Roy  qu'aux  Estats ,  qui 
consiste  en  charges,  pensions,  hérédités,  gouvernements  et  argent'. 

Nous  indiquons  ici  une  pièce  qui  doit  trouver  place  à  la  suite  du  mémoire  qu^on 
vient  de  lire.  Elle  se  trouve  classée,  au  hasaitl,  dans  ce  volume  (pièce  82).  Cest 
une  triple  liste,  disjrosée  en  trois  colonnes,  en  tête  desquelles  on  a  mis  : 

«Seigneurs.  —  Places  asseurées.  — Troupes  que  les  seigneurs  peuvent  avoir.  » 

Le  cardinal  a  écrit  au  dos:  «  Affaire  importantissime  »,  et  il  a  ajouté  quelques 
mots  dans  le  texte,  lequel  est  de  la  main  de  Charpentier.  Au  verso  sont  énumé- 
rées  les  forces  réelles  des  Espagnols  dans  la  Flandre  et  dans  le  Palatinat.  —  No- 
Ions  aussi  un  mémoire,  écrit  en  minute  de  la  main  du  garde  des  sceaux  Château- 
neuf,  «  sur  les  propositions  du  prince  d'Orange,  du  comte  Henri  de  Bergue  et  du 
comte  de  Warfusée,  où  il  s'agit  de  certaines  mesures  d'exécution  •  (pièce  120). 

On  vient  de  lire  qu'après  avoir  déterminé  le  partage,  projeté  entre  la  France 
et  les  Etats,  des  provinces  qui  devaient  se  révolter,  le  cardinal  a  fait  mention  des 
demandes  particulières.  On  se  figurerait  diflicilemenl,  si  notre  manuscrit  n'en  don- 
nait le  détail,  à  quel  prix  chacun  mettait  ses  services.  Des  pièces  que  nous  cotons 
121,  122,  123,  X24,  125,  128,  129,  portent  en  tête  :  «  Pour  M.  le  comte  Henry 
de  Bergue.  —  Pour  M.  le  comte  de  Waifuzé*.  —  Pour  les  Estats  généraux  ;  »  et 
aussi  :  •  Prétentions  du  comte  de  Warfusée.  — Prétentions  de  M.  le  comte  Henry 
de  Bergue.  »  Trois  pièces  sont  au  nom  de  chacun  de  ces  deux  derniers  personnages. 

On  pense  bien  que  Richelieu  n'était  pas  oublié;  voici  la  pièce,  que  nous  co- 
tons 126  : 

«  PODR  M.  LE  CARDINAL  DE  RiCBELIED. 

•  Le  roy,  venant  estre  maistre  deQuesnoy.sera  servi  de  donner  à  M.  le  cardinal 

'  En  bas  de  la  page,  dans  un  coin  du  '  Sur  la  fin  tragique  du  comte  de  War-  /^ 

feuiliel,  Riclieh'eu  a  écrit  ces  mots  de  sou-  fusée,  devenu   partisan  de  l'Espagne  en 

venir:  «  Bergues.  Varfusée.  Espinoy.  Bar-  1687,  voyez  la  note  de  la  page  736  de 

bancon.  Aygucmont.  »  notre  4*  volume 


680  LETTRES 

la  ville,  terre  et  seigneurie  de  Quesnoy,  avec  tous  les  villages  en  despendans,  et  la 
forest  de  Mormal  ;  avec  tout  ce  qui  est  compris  en  la  recepte  générale ,  lesquelles 
pièces  par  ensemble  rendent  plus  que  cent  mil  florins  par  an. 

«  Les  contes  de  Haynauld  ont  souventes  fois  faict  leur  demeure  là. 

«  L'archevesque  de  Canibray  estant  homme  d'âge ,  monsieur  le  cardinal  se  pourra 
faire  chanoine  et  coadjuteur,  si  ce  n'est  que  led.  archevesque  pourra  estre  pour- 
veu  ailleurs,  auquel  cas  led.  sieur  cardiual  se  pourra  faire  archevesque,  duc  et 
prince  de  Cambray  et  Cambresis.  » 


Parmi  les  pièces  conservées  dans  ce  manuscrit  qui  montrent  combien,  à  cette 
époque,  le  cardinal  s'est  préoccupé  de  cette  affaire,  et  en  général  des  Pays-Bas, 
citons  un  mémoire  portant  en  tête  :  Carondelet,  cahier  de  32  pages,  lequel  n'est 
qu'un  fragment ,  une  réclame  au  dernier  feuillet  annonçant  une  suite  qui  manque. 
Notons  surtout  luie  dissertation  intitulée  :  Comté  de  Flandres.  De  la  nullité  des 
traités  de  Madrid,  de  Cambray  et  de  Crespy,  1631.  Ce  sont  soixante  feuillets  in-fol. 
d'une  écriture  figurant  les  caractères  d'imprimerie,  comme  il  y  en  a  beaucoup 
dans  la  collection  de Dupuy  à  la  Bibliothèque  impériale.  Le  nom  de  ce  savant,  qui, 
comme  on  sait,  travaillait  pour  Richelieu,  écrit  sur  le  manuscrit,  a  été  effacé; 
mais  nous  pensons  que  ce  travail  est,  au  moins  en  partie,  de  lui,  peut-être  en 
collaboration  avec  Théod.  Godefroy.  Plusieurs  traités  de  ce  genre  et  d'une  forme 
toute  pareille  sur  diverses  questions  d'histoire  et  de  droit  public  se  trouvent 
dans  les  papiers  de  Richelieu. 


CLXXVI. 
Arch.  des  Aff.  étr.  Hollande,  t.  i3,  fol.  8i.  —  Minute  de  la  main  de  RicheHeu. 

INSTRUCTION  A  M.  BERRUYER'. 

[Vers  te  milieu  de  i632 '.] 

L'armée  du  roy  qtii  est  à  Trêves  ne  peut  que  de  trois  choses  l'une 
pour  le  secours  du  prince  d'Orange. 

'   Voyez  ci-après  p.  684  ■  note  i .  placée  dans  le  manuscrit  à  la  fin  de  ladite 
^  La  pièce  n'est  point  datée,  et  Ton  a  année.  Mais  ce  classement  n"a  aucune  au- 
rais au  crayon  i63i,  sans  doute  pour  un  lorité.  Nous  voyons  dans  les  Mémoires  de 
classement;  et  en  effet  la  pièce  se  trouve  Richelieu,  t.  VII,  p.  1 88,  que  le  roi  envoya 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  681 

Ou  s'advancer  et  se  joindre  à  l'armée  dudict  prince,  auquel  cas  les 
deux  seroyent  si  fortes  que  celle  des  ennemis  ne  sauroyt  s'opposer  à 
leur  passage  '. 

Ou  s'advancer  seidement  dans  le  Liège  par  le  costé  de  Trêves,  où 
elle  est,  non  pour  se  joindre  tout  à  faict,  mais  donner  jalousie  aux 
armes  ennemies.  Mais  ou  cette  advance  seroit  inutile,  si  elle  n'estoit 
assés  proche  pour  favoriser  le  passage  du  dict  prince;  ou,  si  elle  l'es- 
toit,  elle  demeureroit  seule  en  proye  à  celle  des  ennemis,  qui  sont 
beaucoup  plus  forts  que  l'armée  de  France,  qu'on  peut  mener  au  se- 
cours des  Hollandois,  laquelle,  en  effect,  ne  peut  estre  que  de  lo  mil 
hommes  de  pied  et  2"  chevaux. 

Ou  s'en  revenir  en  France  diligemment  par  Metz,  et  y  estant  se  ve- 
nir loger  en  nostre  frontière,  ou  dans  le  Liège  vers  Marchien  au  Pont, 
pour  donner  à  penser  aux  ennemis.  Ce  secours  est  désiré  du  prince 
d'Orango,  du  comte  Henry  de  Bergues;  mais  j'estimerois  meilleur  que 
l'armée  revînt  droit  en  Picardie  se  joindre  aux  six  mil  hommes  et 
800  chevaux  qui  y  sont,  et  qu'au  mesmc  temps  on  fist  déclarer  les 
5  villes,  auquel  cas  le  coup  seroit  de  très  grand  poids  pour  les  Holan- 
dois;  estant  certain  que  les  ennemis,  estonnez  d'un  tel  coup,  seront 
contraints  de  se  diviser  pour  pourvoir  aux  accidens  qui  leur  pour- 
royent  arriver  en  divers  lieux. 

le  s'  Berruyer  au  prince  d'Orange  au  mo-  ture  ouverte ,  ce  qu'il  faut  esvilter  en  celte 

ment  où  l'on  s'occupait  beaucoup  de  l'in-  occasion,  ayant  trop  d'affaires  sur  les  bras 

surrection  des  seigneurs   des  Pays-Bas.  pour  faire  une   telle    entreprise,  quand 

Celte  circonstance  mettrait  celte  instruc-  mesme  le  mauvais  procédé  des  Espagnols 

tion  vers  le  milieu  de  iGSa.  nous  y  forceroit.  —  Le  troisième  est  que, 

'  Ici  un  signe  renvoie  à  la  marge ,  où  le  quand  l'armée  du  roy  seroit  jointe  à  celle 

cardinal  a  écrit  :  t  Maus  à  cela  il  y  a  trois  des  Elstats,  elle  ne  sauroit  plus  revenir  en 

inconvénients  :  le  premier,  qu'on  ne  sau-  France ,  qu.lnd  elle  seroit  dans  leurs  estais , 

roit  faire  celte  jonction  sans  passer  par  le  que  par  mer  ;  ce  qui  seroit  proprement  à 

Luxendïourg,  ce  qui  ne  seroit  pas  beau-  dife  perdre  et  la  meilleure  et  la  plus  vieille 

roup  considérable,  si,  en  l'eslat  que  sont  les  cavalerie  cl  infanterie  du  royaume,  ce  qui 

armées,  il  n'y  avoit  autre  chose.  —  Le  se-  ne  se  pourroit,  en  quelque  temps  que  ce 

cond,  que  celle  jonction  d'un  corps  d'ar-  fust,  estre  sans  grand  préjudice,  et  parti- 

mée  des  vieilles  trouppes  de  France  ne  culièrement  en  celuy-cy  sans  une  entière 

se  peut  faire  sans  eslre  pris  pour  une  rup-  ruine.  ■ 

CARDIN.  DE  niCHELlEO. VU.  86 


682  LETTRES 

Qui  plus  est,  rien  ne  peut  davantage  favoriser  la  révolte  des  sei- 
gneurs du  Pays  Bas  que  de  se  voir  appuyez  d'une  armée  Françoise 
proche  d'eux. 


CLXXVII. 

Arch.  des  Aff.   étr.  Pays-Bas,  t.   9,  pièce  80.  — 
Mise  au  net  de  la  main  de  Charpentier. 

MÉMOIRE 


[Septembre?  i63i'.l 

Le  sieur  Camin^  estant  venu  asseurer  le  roy  à  Amiens  de  la  révolte 
de  plusieurs  seigneurs  de  Flandres,  de  nombre  déplaces  qu'ils  dé- 
voient faire  déclarer  pour  eux  et  des  troupes  qu'ils  pouvoient  mettre 
sur  pied,  S.  M.  résolut,  le  T'^juin  1  632,  de  les  assister  de  8  milhommes 
de  pied  et  mil  chevaux,  pour  favoriser  ceux  qui  s'y  révolteroient. 

Que  pour  y  parvenir  ils  s'assembleroient  sous  prétexte  d'un  ma- 
riage. 

Qu'en  cette  assemblée  ils  jureroient  une  union  aux  fins  de  chasser 
les  Espagnols,  et  d'appeler  les  François  à  leur  aide;  causant*  celte  ré- 
solution des  mauvais  traitemens  qu'ils  ont  receus  des  Espagnols  et  la 
crainte  de  perdre  la  religion  par  les  progrès  des  Hollandois. 

Qu'en  appelant  le  roy  ce  sera  à  condition  de  se  mettre  sous  sa  sou- 
veraineté en  conservant  lems  privilèges,  ou  seulement  sous  sa  protec- 
tion, avec  une  ligue  offensive  et  deffensive,  y  adjoustant  de  le  remettre 
en  possession  de  ses  anciens  héritages. 

'  Ce  litre  est  écrit  par  Cherré.  —  Voy.  été   faite   un   peu  après   cette   date.   — 

ci-dessus  la  pièce  clxxv,  page  676.  '  Nom  de  convention,  qui  désigne  le  s'  de 

'  La  date  manque;  mais  les  faits  rap-  Carondelet. 
portés  dans  ce  mémoire  nous  conduisent  *   ("Sic)  donnant  pour  cause  à  cette  réso- 

jusqu'au  28  août;  la  rédaction  doit  avoir  lution  les.  .  . 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


683 


Qu'ils  feront  assembler  les  Estais  généraux  du  pays ,  et  auparavant 
se  rendront  maistres  en  un  jour  de  toutes  les  villes  dont  un  chacun 
d'eux  se  prévaut,  afin  de  convier  toutes  les  autres  à  faire  le  mesme. 

Que  ce  mesme  jour  le  roy,  avec  son  armée ,  entrera  dans  la  Flandre 
et  se  présentera  devant  Cambray,  dont  l'attarpie  luy  sera  favorisée  par 
Bouchain  ',  qui  est  sur  l'Escaut  et  sur  la  Sensée,  rivières  non  guéables, 
par  Doué,  par  Avesne,  par  Landrecy,  Quesnoy  et  Marciennes,  places 
qui  couvrent  et  empeschent  qu'on  ne  piùsse  secourir  Cambray,  et  des- 
quelles ces  messieurs  se  tiennent  asseurez. 

Qu'ils  enverront  au  roy  pour  ostages  les  enfans  du  prince  d'Espinoy, 
du  comte  d'Egmont  et  autres. 


La  suite  contient  des  détails  que  nous  abrégeons  : 

Le  2 1  août  le  roi  envoya  à  Saint-Quentin  le  s' d'Hauterive  pour  faire  entendre 
au  s'  Carnin  et  à  ses  adhérents  qu'on  l'avait  chargé  d'assembler  les  troupes  pro- 
mises, mais  que,  comme  on  ne  remplissait  point  les  promesses  faites  au  roi,  S.  M. 
ne  donnerait  ni  hommes,  ni  argent  que  lesd.  cinq  places  ne  fussent  ouvertement 
déclarées^.  .  . 

Led.  s'  d'Hauterive  écrit  à  M.  le  garde  des  sceaux,  de  Saint-Quentin,  le  28*', 
que  «le  prince  d'Espinoy  et  autres  seigneurs  liguez,  voyant  que  le  gouverneur 


'  Celait  un  frère  de  Carondelet  qui 
commandait  dans  celte  place ,  et ,  ainsi  que 
son  frère,  il  était  engagé  dans  la  révolte. 
Un  peu  plus  tard,  lorsqu'on  eut  vent  des 
menées  ourdies  contre  l'Espagne,  ordre 
fut  donné  cle  se  saisir  du  gouverneur.  Un 
soldat,  «bon  flamand,  non  françois,»  dit 
la  relation,  fut  chargé  de  l'arrêter.  Caronde- 
let le  tua  et  fut  lui-même  assommé  à  coups 
de  crosse  de  fusil  dans  la  bagarre  qui  s'en- 
suivit. (Voy.  Mémoires  de  Richelieu,  t.  Vil, 
p.  368,  où  le  fait  est  raconté  un  peu  dif- 
féremment.) 

'  L'instruction  donnée  à  M.  d'Haute- 
rive se  trouve  en  minute  dans  ce  manus- 
crit, pièce  81  ;  nous  donnerons  seulement 
les  huit  dernières  lignes ,  dont  quatre  sont 


de  la  main  de  Charpcnl  ier,  et  quatre  de  celle 
de  Richelieu  :  «  Si  les  villes  veulent  se  dé- 
clarer, offrir  de  nouveau  des  hommes  pour 
les  garder,  et  les  cent  mille  livres  qu'ils  ont 
désirées  :  si  led.  s' de  Haulerive  ne  voit  au- 
cun effcct  de  ce  que  le  s'  de  Carondelet  et 
ses  associez  ont  promis,  il  demeurera  à 
Saint-Quenlin,  donnera  advis  au  roy  de  ce 
qu'il  aura  fait,  sans  s'engager  davantage 
avec  led.  Carondelet  [ses  associez.  Le  s'  de 
Hauterive  n'oubliera  pas  de  faire  entendre 
a\jd.  Carondelet  ce  que  le  prince  d'Orange 
peut  et  veut  faire  pour  eus].»  On  a  mis 
en  tète  ai*  avril,  et  la  lettre  se  trouve 
classée  à  cette  fausse  date. 

'^  Eu  original  dans  notre  manuscrit,  non 
coté  ;  nous  l'avons  marqué  :  pièce  84. 

86. 


684  LETTRES 

de  Bouchain  s'estoit.  trop  liasté,  ont  faict  les  accommodemens ,  afin  d'avoir  temps 
d'ajuster  leurs  affaires  et  laisser  prendre  Mastric.  .  . 

«  Le  roy  envoya  le  s'  Berruyer^  au  prince  d'Orange  le  pour  con- 

certer jusques  où  il  désire  que  son  armée  s'avance.  » 

Discussion  sur  les  choses  qu'on  pourroit  faire  et  sur  les  inconvénients,  dont 
voici  les  conclusions  :  «  Rien  ne  pourroit  davantage  favoriser  la  révolte  des  sei- 
gneurs des  Pays-Bas  que  de  se  voir  appuyez  d'une  armée  françoise  proche 
d'eux.  » 

Le  mois  suivant ,  après  la  victoire  de  Castelnaudary  et  la  prise  de  Maestricht ,  Ri- 
chelieu fait  savoir  à  M.  d'Hauterive  «  le  bon  estât  des  affaires  du  roy. . .  rien  ne  sçau- 
roitplus  remuer  en  France  ;  »  qu'il  anime  les  Gamins  (les  associés  de  Garondelet)  et 
les  engage  autant  qu'il  pourra  à  la  révolte .  .  .  qu'il  promette  gens  de  guerre  et 
munitions.  .  .  enfin,  s'ils  commencent  une  puissante  révolte,  cela  donnera  lieu 
au  roi  d'entrer  en  Artois. . .  «  qu'il  ne  face  point  de  difficulté  de  donner  deux  mil 
pistoles  au  gouverneur  d'Anvers,  parce  que  qui  prend  s'engage-.  " — Deux  ou  trois 
mois  après,  dans  les  premiers  jours  de  décembre,  le  cardinal  reçut  du  comte 
d'Egmont,  l'un  des  seigneurs  les  plus  considérables  associés  pour  la  révolte,  la 
proposition  «d'amener  proche  d'A venues  4,000  hommes  de  pied  et  1,000  che- 
vaux, si  le  roy  de  France  consent  de  son  costé  à  faire  avancer  ses  troupes.  »  11  de- 
mande un  secours  d'argent  et  des  sûretés  pour  sa  personne^.  La  réponse  de 
Richelieu  ne  se  fit  pas  attendre  ;  «  Lorsque  led.  s'  comte  aura  eu  nouvelles  asseu- 
rances  de  ses  associez,  ainsy  qu'il  le  propose  par  son  mémoire,  le  cardinal  ne 
manquera  pas  de  luy  faire  sçavoir  déterminément  les  volontez  de  S.  M.  —  Cepen- 
dant il  peut  bien  asseurer  dès  à  présent  qu'au  cas  que  M.  le  prince  d'Espinoy  et . 
autres  que  led.  s"^  comte  d'Egmont  a  nommez  aud.  s'  cardinal  veuillent  se  décla- 
rer avec  les  gens  de  guerre  et  places  portées  dans  led.  mémoire,  le  roy  les  assistera 
des  six  mil  hommes  de  pied  et  cinq  cents  chevaux  demandez,  et  de  plus,  si  les 
occasions  qui  paroistront  lors  le  requièrent.  —  Pour  ce  qui  est  de  la  personne  dud. 
s'  comte  d'Egmont ,  le  roy  le  protégera  envers  et  contre  tous  *.  » 

Ce  grand  complot  des  seigneurs  des  Pays-Bas,  dont  la  France  et  la  Hollande  se 

'  Il  se  nommait  aussi  s' de  Manselmont;  restée  en  blanc  est  sans  doute  :  septembre, 
on  lui  donnait  le  titre  de  conseiller  du  roy  *  AIT.  étr.  Hollande ,  t.  XIII ,  pièce  217. 
et  intendant;    il    était    alors    employé    à  Elle  est  insérée  dans  les  Mémoires  de  Ri- 
Bruxelles  pour  l'affaire  des  domaines  du  chelieu,  t.  VII,  p.  188. 
roi.  Il  fut  envoyé  au  prince  d'Orange  après  '  Mêmes  archiv.  France,  pièce  72  du 
le  retour  à  Bruxelles  de  M.  d'Hauterive,  tome  XIV  de  la  collection  verte, 
lequel  était  encore,  comme  on  vient  de  le  *  Ibidem,  p.  73.- 
voir,  à  Saint-Quentin  le  28  août.  La  date 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  685 

faisaient  les  complices,  pour  le  démembrement  et  le  partage  des  provinces  espa- 
gnoles, s'évanouit  en  fumée.  Néanmoins  le  projet  de  révolte  et  le  partage  sont  assez 
curieux  dans  les  détails,  qu'aucun  historien,  nous  le  croyons,  n'a  fait  connaître. 
Ces  pièces  conservées  par  Richelieu  dans  ses  papiers  tirent  de  cette  source  une 
authenticité  irrécusable  et  disent  assez  ce  qu'il  y  avait  de  sérieux  dans  ces  teuta- 
tives  d'une  révolution ,  qui  pourtant  ne  devait  pas  s'accomplir. 

Il  paraît  que  Richelieu  ne  tarda  pas  à  s'apercevoir  que  sa  politique  avait  peu 
de  fondement  à  faire  sur  les  aspirations  révolutionnaires  et  sur  la  force  effective 
des  seigneurs  des  Pays-Bas.  Déjà,  on  vient  de  le  voir,  il  n'espérait  guère  l'exécution 
des  promesses  sur  lesquelles  il  avait  compté  d'abord;  nous  ne  trouvons  plus  qu'il 
ait  donné  suite  à  la  correspondance  dont  nous  avons  fait  connaître  les  commen- 
cements, et  nous  lisons  dans  une  lettre  de  Gerbier,  écrite  le  1 1  mars  i633,  que 
•  depuis  quatre  mois  on  n'a  pas  eu  une  seule  réponse  de  M.  le  cardinal  sur  l'af- 
faire du  sousièvement  ^  »  C'est  que  Richelieu ,  sans  abandonner  le  dessein  d'af- 
franchir les  Pays-Bas  de  la  domination  d'Espagne,  avait  songé,  sans  doute,  que 
pour  venir  à  bout  d'une  si  difficile  entreprise  il  valait  mieux  s'entendre  direc- 
tement avec  une  nation,  et  la  nation  intéressée  au  partage,  qu'avec  des  sujets  ré- 
voltés. Nous  avons  montré,  en  effet,  qu'au  mois  de  janvier  i633  il  envoyait  à 
l'ambassadeur  de  France  en  Hollande  un  projet  de  partage  peu  différent  de  ce- 
lui qu'il  avait  établi  en  juin  i632^;  et  dans  sa  dépêche  à  M.  deCharnacé,  il  ne 
fait  aucune  mention  ni  de  l'insurrection ,  ni  du  secours  des  seigneurs.  Nous  voyons 
encore  en  i634  cette  proposition  du  partage  concertée  avec  les  Hollandais^. 

i5  décembre  i632. 

La  mort  du  roi  de  Suède  ne  produisit  pas  sur  le  cabinet  de  Saint-Germain 
l'impression  à  laquelle  on  aurait  pu  s'attendre.  Richelieu  à  qui  toute  puissance 
nouvelle  s'élevant  dans  son  voisinage,  au  dedans  comme  au  dehors  de  la  France, 
inspirait  toujours  une  défiance  instinctive,  n'avait  pas  vu  sans  quelque  inquiétude 
cette  grande  renommée  de  Gustave- Adolphe  croître  avec  une  si  merveilleuse  rapi- 
dité; et,  malgré  le  puissant  secours  que  les  victoires  de  ce  prince  apportaient  à 
la  cause  de  la  France,  le  cardinal  prévoyait  déjà,  de  la  part  du  vainqueur  de 
l'Allemagne,  quelques  difficultés  pour  sa  politique. 

'  Arch.  des  Afl.  étr.  Pays-Bas,  t.  IX,  collection,  t.  XII,  avec  la  cote  24i,  une 

pièce  209.  autre  pièce   concernant  le  partage,  pièce 

'  Notre  4*  volume,  p.  424,  pièce  ori-  mal  classée  en  i63o. 

ginalc  conservée  aux  Aff.  étr.  Hollande ,  de  '  Ci-après  aux  Analyses  (commencement 

1 572  à  1 663 ,  pièce  1 4';  et,  dans  la  même  de  juin). 


686  LETTRES 

Gustave  avait  été  frappé  sur  le  champ  de  bataille  de  Lutzen,  le  16  novembre. 
Lorsque  la  nouvelle  parvint  à  Paris,  le  cardinal  n'y  était  pas.  Au  retour  du  Lan- 
guedoc, il  avait  pris  son  chemin  par  la  Guyenne  dans  le  dessein  de  faire,  en  pas- 
sant, une  visite  à  son  château  de  Richelieu.  Une  maladie  qui  le  mit  à  deux  doigts 
de  la  mort  le  retint  à  Bordeaux  une  partie  du  mois  de  novembre.  Dès  qu'il  put  sup- 
porter la  litière ,  il  continua  son  voyage.  Mais  ni  la  fatigue  ni  la  douleur  ne  pouvaient 
le  rendre  oisif;  les  affaires  étaient  sa  vie,  et  revenant  ainsi,  à  petites  journées,  aux 
diverses  étapes  de  sa  route,  il  envoyait  des  lettres  qu'il  faisait  écrire  par  Char- 
pentier, et  quelquefois  les  lettres  étaient  au  nom  de  ce  secrétaire;  nous  en  avons 
donné  une  dans  notre  4"  volume;  il  y  a  là,  à  ce  moment,  des  dépêches  du  roi 
concernant  Monsieur,  dont  les  minutes  sont  certainement  l'œuvre  du  cardinal. 
Les  ministres  en  sous-ordre  étaient  d'ailleurs  ses  organes  dociles;  ainsi,  quoique 
absent ,  son  esprit  était  dans  les  conseils  de  Saint-Germain.  Il  ne  fut  donc  étranger 
à  rien  de  ce  qui  se  fit  alors. 

La  dépêche  de  l'ambassadeur  de  France  en  Allemagne,  M.  de  la  Grange-aux- 
Ormes,  qui  annonçait  la  mort  de  Gustave- Adolphe  ne  parvint  à  Versailles  que  le 
jeudi,  2  décembre.  Louis  XIII  convoqua  les  secrétaires  d'Etat  à  onze  heures  du 
soir  pour  le  lendemain  de  grand  matin.  Les  résultats  de  la  délibération  du  con- 
seil sont  consignés  dans  un  mémoire  écrit  entièrement  de  la  main  de  Bouthillier, 
qui  a  mis  cette  annotation  :  «Mémoire  fait  à  Paris  le  4  décembre,  »  et  il  le  date 
du  4  au  soir'. 

jNous  y  remarquons  ces  passages  :  »  Le  roy  de  Suède  avoit  parlé  si  avantageu- 
sement, en  diverses  occasions,  soit  sur  le  sujet  de  la  reyne  mère  du  roy,  soit  sur 
celuy  de  Monsieur,  et  autres  rencontres,  que  l'on  pouvoit  dire  que  S.  M.  n'y 
avoit  peut-être  pas  beaucoup  perdu  à  la  mort  du  roi  de  Suède.  C'est  l'opinion  de 
M.  le  maréchal  de  Brézé,  qui  l'a  pratiqué  assez  longtemps  pour  en  juger,  et  qui 
dit  qu'il  n'avoit  aucun  bon  dessein  pour  les  intcrests  du  roy;  qui  est,  en  effect,  ce 
que  le  s'  de  la  Grange  veut  dire  par  les  iS"  et  20"  articles  de  sa  lettre.  —  M.  de 
Bullion  a  dit  la  mesme  chose  que  moy.  —  S.  M.  là  dessus  a  commandé  d'envoyer 
promptement  la  dépesche  à  Monseig'  le  cardinal  pour  avoir  son  advis  sur  les 
points  qui  sont  à  résoudre,  et  que  cependant,  pour  ne  laisser  en  suspends  le  s' de 
la  Grange,  on  luy  envoyast  en  mesme  temps  un  courrier,  et  qu'on  luy  donnast 
ordre ,  par  lettre  de  S.  d.  M.,  d'encourager  le  chancelier  Oxisterne ,  et  donner  bonne 
parole  de  la  continuation  de  la  bonne  volonté  du  roy .  .  .  pour  la  liberté  de  la  Ger- 
manie. .  .  M.  de  la  Grange  a  fort  à  propos  désiré  se  conduire  en  cette  conjonc- 
ture selon  les  senlimens  de  M.  de  Charnacé,  auquel  S.  M.  escrit  par  le  mesme 
courrier,  qui  part  présentement. .  .  En  attendant  des  ordres  plus  précis  et  plus 

'  Arch.  des  Aff.  étr.  Allemagne,  t.  VIII,  fol.  oSy;  la  date  est  du  22  novembre. 


DU   CARDINAL   DE  RICHELIEU. 


687 


amples  suivant  les  advis  que  M.  le  cardinal  envoiera  au  roy.  .  .  S.  M.  attend  la 
response  avec  grande  impatience,  surtout  pour  avoir  nouvelles  de  la  santé  de 
M.  le  cardinal.  » 

Le  courrier  porteur  de  ce  message  dut  rencontrer  S.  Em.  à  Brouage,  où  le 
cardinal  était  arrivé  le  7  ou  8  décembre  et  où  il  se  reposa  quelques  jours  dans 
son  gouvernement. 

L'avis  qu'on  demandait  à  Richelieu,  il  ne  tarda  pas  à  le  donner;  il  écrivait  au 
roi  le  1 5  décembre  .  «  J'ai  envoie  à  M.  Boulhillier  ce  que  j'estime  sur  les  affaires 
d'Allemagne,  etc.  »  Cette  lettre  est  imprimée  dans  notre  ii"  volume  (p.  ^lb);  mais 
nous  n'avons  trouvé  le  mémoire  annoncé  '  ni  dans  la  collection  France,  qui  nous 
a  donné  la  lettre  que  nous  venons  de  citer,  ni  dans  le  8*  volume  des  mss.  d'Al- 
lemagne''.  Toutefois,  on  peut  conclure  de  quelques  expressions  de  cette  lettre 
même  du  i5  décembre,  ainsi  que  de  deux  seuls  mots  jetés  dans  les  Mémoires 
de  Richelieu^,  parmi  les  éloges  mêlés  de  critiques  sur  la  vie  militaire  du  roi 
conquérant,  que  le  cardinal  ne  considérait  pas  comme  un  malheur  pour  la  France 
la  perte  de  ce  prince,  et  que  les  membres  du  conseil,  sans  parler  assurément 
comme  aurait  pu  faire  Richelieu,  avaient  pourtant  exprimé  sa  pensée  secrète. 
Nous  regrettons  néanmoins  de  ne  pas  avoir  l'écrit  du  cardinal,  d'autant  plus  qu'il 
n'a  pas  été  conservé  dans  le  manuscrit  des  Mémoires,  contrairement  à  sa  cou- 
tume d'y  insérer  les  morceaux  de  quelque  importance  sortis  de  sa  plume  *. 

En  cherchant  cette  pièce  dans  le  8°  volume  des  mss.   d'Allemagne,  nous  en 


'  Richelieu  fit  même  à  ce  mémoire  une 
addition  que  nous  n'avons  pas  non  plus, 
mais  dont  nous  sommes  informés  par  une 
lettre  du  père  Joseph ,  qui  écrivait  à  Bou- 
lhillier CIs,  le  16  décembre  :  «  Vous  aurez 
receu  l'ample  mémoyre  de  M.  le  cardinal 
par  le  retour  de  vostre  courrier.  H  adjouste 
de  nouveau  ce  qu'il  a  remarqué  de  consi- 
dérable en  la  dernière  lettre  du  s'  de  la 
Grange ,  qu'il  a  fait  lire  tout  au  long.  Vous 
y  trouverez  quelques  points  conformes  au 
susd.  mémoyre  que  vous  sçaurez  trop  mieux 
accomoder  en  la  sorte  qu'il  faut.  »  (Arch. 
desAff.  étr.  France,  t.  XIII,  fol.  laSdela 
collection  verte.) 

'  Consultez  dans  ce  même  manuscrit  les 
folios  344,  346  des  dépêches  de  M.  de  la 
Grange-aux-Ormes,au  sujet  de  l'assistance 


que  le  roi  veut  continuer  de  donner  à  In 
Suède. 

'  T.  VU,  p.  367,  éd.  Pelitot. 

'  On  doit  retrouver  quelque  chose  de 
ce  mémoire  perdu  dans  un  autre  avis  dont 
Richelieu  parle  ainsi  :  ■  Peu  de  jours  après 
que  le  cardinal  fut  arrivé,  ne  jugeant  pas 
que  les  affaires  requissent  que  l'on  perdit 
temps  au  conseil  que  l'on  devoit  prendre 
sur  celles  d'Allemagne ,  il  représenta  au  roi , 
le  i"  janvier  [i633]  .  .  etc.  »  (P.  371-277 
du  tome  VII  de  l'édition  Pelitot.)  Il  y  a  ici 
dan»  les  Mémoires  une  erreur  manifeste  ; 
le  1"  janvier,  le  cardinal  était  à  Thoury, 
entre  Orléans  et  Etampes,  U  n'arriva  à  Pa- 
ris que  le  10;  il  faut  donc  lire  :  «  avant  que 
le  cardinal  fût  arrivé,  »  ce  qui  est  d'ailleurs 
plus  conforme  au  sens  de  ce  passage. 


688  LETTRES 

avons  rencontré  une  autre  du  i4  décembre,  —  singulier  rapport  de  dates  et  de 
sujet,  —  c'est  un  advis  au  roy  sur  les  affaires  présentes,  signé  H.  de  Rohan.  «  Si  le 
roi  veut,  dit  l'auteur,  protéger  le  parti  opposé  à  la  maison  d'Autriche  (le  roy  de 
Suède  estant  mort),  il  se  rend  maistre  des  affaires  d'Allemagne.  .  .  »  Et  le  mé- 
moire trace  la  marche  à  suivre  pour  atteindre  ce  résultat  par  les  opérations  de  la 
guerre  et  les  négociations  diplomatiques. 

Voici  la  conclusion  :  «  Le  roy  se  trouveroit  aussy  bien  arbitre  des  affaires 
d'Italie  comme  des  affaires  d'Allemagne.  » 

Parmi  les  divers  mémoires  qui  se  remarquent  dans  les  manuscrits  de  cette 
époque  sur  ces  importantes  affaires  dont  tout  le  monde  s'occupait,  nous  citerons 
seulement  les  «  Instructions  au  s'  du  Hamel  ^  gouverneur  des  ville  et  citadelle  de 
Saint-Dizier,  s'en  allant  de  la  part  du  roy  trouver  la  reyne  de  Suède.  »  Cette  mis- 
sion, d'un  vif  intérêt  politique,  puisqu'il  s'agissait  de  maintenir  sous  un  nouveau 
règne  et  sous  une  régence  l'alliance  conclue  avec  Gustave- Adolphe ,  était  donnée 
en  l'absence  de  Richelieu  ;  je  ne  connais  point  l'écriture  des  instructions ,  et  je  n'y 
trouve  aucun  signe  matériel  indicateur  de  la  participation  du  cardinal;  mais  il 
n'est  pas  douteux  que  ce  mémoire,  daté  du  23  décembre,  n'ait  été  dressé  dans 
l'esprit  du  mémoire  envoyé  par  Richelieu,  le  i5,  et  aussi  peut-être  d'avis  qu'il 
aurait  depuis  adressés  au  roi^. 

Nous  lisons  encore  dans  la  lettre  du  père  Joseph  du  16  décembre,  que  nous 
venons  de  citer  : 

«  M.  le  cardinal  juge  à  propos  de  retarder  le  partement/le  M.  de  Saint-Etienne 
peu  de  jours  après  que  vous  aurez  fait  la  dépesche  pour  les  deux  susdits  (La 
Grange-auxOrmes  et  Charnacé),  et  dans  trois  ou  quatre  jours  Lambert  (le  père  Jo- 
seph) en  voyera  à  Linet  (Routhillier  fds)  un  escrit  fort  considérable  de  la  part 
de  Duboys  (Richelieu),  que  Saint-Etienne  doibt  porter.»  Cet  écrit  fort  consi- 
dérable que  nous  n'avons  point  trouvé  dans  les  papiers  d'Allemagne,  nous  le 
reconnaissons  dans  une  vingtaine  de  pages  des  Mémoires,  que  l'on  peut  lire 
dans  l'édition  de  Petitot,  t.  VII,  p.  297-319.  Dans  ce  moment  où  la  mort  du 
roi  de  Suède  risquait  de  causer  une  crise  dangereuse  aux  affaires  d'Allemagne, 

'  OnavaitpcnséàLaGrange-aux-Ormes  élr.  Suède,  t. II,  fol.  35o.)  Dans  celle  même 

déjà  employé  en  Allemagne;  une  lettre  de  lettre,  le  garde  des  sceaux  entretient  le 

Châteauneuf  à  Richelieu  du  a  1  décembre  cardinal  de  beaucoup   de  choses  d'Alle- 

nous  dit  comment  on  changea  de  pensée  :  magne, d'après uneconversationavecM.de 

«  Charnacé  propose  d  envoyer  vers  la  reyne  Charnacé. 

de  Suède  le  s' du  Hamel ,  n'approuvant  pas  '  Ce  mémoire  est  conservé  dans  les  pa- 

l'envoy  du  s'  de  la  Grange -aux- Ormes,  piers  de  Suède,  t.  II,  fol.  355. 
comme  homme  peu  estimé.  «(Arch.desAff. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  689 

Richelieu,  à  peine  remis  de  sa  maladie,  redoublait  d'activité,  de  zèle  et  d'efforts 
d'intelligence  pour  faire  face  à  tout.  A  la  fin  de  i632,  conxme  on  vient  de  voir, 
et  pendant  le  premier  mois  de  i633,  il  prépara  les  missions  qui  furent  envoyées 
de  toutes  parts,  confiées  à  des  ambassadeurs  ordinaires  ou  extraordinaires  :  le 
marquis  de  Feuquières  vers  Oxenstiern  et  le  maréchal  Horn ,  l'ami  et  l'un  des 
plus  habiles  généraux  de  Gustave;  de  Miré  vers  les  princes  protestants;  Saint- 
Etienne  au  duc  de  Bavière,  aux  princes  de  la  ligue  catholique  et  à  l'empereur; 
La  Grange  aux  Ormes  déjà  accrédité  auprès  de  divers  électeurs  et  villes  libres; 
enfin ,  le  baron  de  Charnacé  en  Hollande. 


CLXxvnr. 

Arch.  des  Aff.  élr.  Turin,  t.  31 ,  foi.  344.  — 

Minute    de   la    main    de   Charpentier.   Mantoue,    t.    4,   pièce    i^a.  — 

Mise  au  net  de  la  main  de  Cherré.  Turin,  t.  ao,  pièce  157. —  Copie. 

TOIRAS. 

Dès  que  l'on  eut  appris  la  participation  des  frères  de  Toiras  à  la  prise  d'armes 
de  Monsieur,  le  maréchal  j)rofesta  hautement  qu'il  n'avait  eu  nulle  confidence  de 
leur  faute,  et  Richelieu  lui  écrivait,  le  9  août,  que  le  roi  n'avait  pas  cessé  d'avoir  une 
entière  confiance  en  sa  fidélité  '.  Mais  ce  n'étaient  là  que  des  paroles,  et  Toiras  ne 
tarda  pas  à  s'apercevoir  que  les  procédés  dont  on  usait  à  son  égard  témoignaient 
d'une  défiance  aussi  injurieuse  que  mal  fondée.  On  lui  ôta  le  commandement  de 
l'armée  de  Piémont,  et,  en  couvrant  ces  soupçons  des  démonstrations  d'une  appa- 
rente faveur,  on  mit  une  obstination  visible  à  le  tirer  d'Italie  et  à  le  faire  venir  sous 
la  main  du  cardinal^.  Après  des  retards  qui  commençaient  à  paraître  de  la  déso- 
béissance, Toiras  finit  par  se  rendre  d'assez  mauvaise  grâce,  et  il  envoya  au  roi  le 
sieur  de  Castclane,  porteur  de  sa  soumission  et  des  demandes  dont  il  l'accompa- 
gnait. De  Paris,  M.  de  Castelane  fut  dépêché  à  Brouage,  où  Richelieu  était  con- 
valescent de  la  grande  maladie  qui  l'avait  -retenu  à  Bordeaux  en  son  retour  de 
Toulouse.  Nous  avons  donné  ^  la  lettre  qu'il  écrivait  au  garde  des  sceaux  Chà- 
tcauneuf  :  «Je  vous  envoie,  disait-il,  le  mémoire  que  le  sieur  de  Castelane  m'a 

'   \oll-e  quatrième  volume,  page  34i.  '  A  la  date  du  10  décembre  1682  (t. IV, 

*  Ci-après,  aux  Analyses,  date  du  3 1  oc-        iii3). 
lobre. 

cvnnix.  Dr.  niciiELiEn.   -   vu  87 


690 


LETTRES 


donné,  avec  mes  pensées.  »  Ces  pensées  du  cardinal ,  nous  les  avons  trouvées  depuis 
aux  ai'chives  des  Affaires  étrangères  : 


20  décembre  i632. 

Advis  de  m.  le  cardinal  de  bichelieij  snn  les  demandes  que  le  s'  de  castelane  pro- 
teste QUE  M.  de  rOinAS  FAICT,  non  comme  conditions  nécessaires  pour  QU'IL  OBÉISSE, 
MAIS  COMME  grâces  DEMANDEES   PAR  UN    SDJET  QUI  VEUT  OBEIR  SANS  CONDITION*. 

Le  roy  ne  veut  plus  de  général  d'armée  en  Italie,  mais  bien  peut-il 
permettre  au  mar^'  de  Toiras  d'y  demeurer  quelques  mois,  s'il  l'es- 
time ainsy  à  propos;  et  mesme  de  tenir  le  filz  de  Mons'  de  Savoye^, 
pour  asseurer  son  esprit.  Et,  au  cas  que  ce  temps  escoulé  il  ne  veuille 
pas  revenir  en  France,  d'aller  à  Rome  et  autres  lieux  agréables  au 
roy,  comme  particulier. 

Le  roy  escrira  la  lettre  demandée  pour  la  descharge  des  cinquante 
mil  escus  promis  aux  enfans  de  feu  M.  le  mareschal  d'Effiat^. 

Quant  au  serment  que  led.  s"'  mar^  demande  de  faire  entre  les  mains 
des  s"  de  Villeroy  et  d'Estampes*,  M.  le  Garde  des  sceaux  sçait  s'il 

'   Quelle   dale  faut-il   donner  à   celte 


pièce?  M.  de  Castelane  avait  apporté  les 
demandes  de  Toiras  au  mois  de  décembre  ; 
le  cardinal  dut  donner  son  avis  un  peu 
après  le  i5,  car  le  mémoire,  en  réponse 
à  Toiras,  dressé  par  Léon  Bouthillier, 
ensuite  de  cet  avis,  est  du  2i  décembre, 
et  les  pièces  qui  devaient  l'accompagner 
sont  du  18.  La  date  du  20,  que  donne 
une  copie  de  bureau,  semble  pouvoir  être 
adoptée.  Les  modifications  que  Richelieu 
fil  subir  à  son  avis  et  que  nous  remarquons 
dans  un  projet  de  réponse  écrit  par  Bou- 
■ihillier  fils,  nous  les  indiquons  en  note.  (]e 
projet  est  inlituléMi^moire  à  M.  Servien,  et 
contenant  les  volontés  du  roy  sur  les  demandes 
de  M.  le  mareschal  de  Toiras.  Minute, 
pièce  145  du  manuscrit  de  Mantoue,  non 

*  L'original,   signe  Louis,  est  conservé  dans  la 
collection    îe  Turin,  t.  XVIII,  loi.  55i,  classé  par 


coté'  ;  immédiatement  avant  sont  placées  la 
minute  des  brevets  touchant  le  serment,  la 
décharge  des  5o,ooo  écus  et  l'abolition  en 
faveur  de  l'évéque  de  Nîmes. 

■  «Quant  au  baptesnie,  M.  le  duc  de 
Savoie  ne  pressant  point  encore  le  roy  de 
luy  envoyer  personne,  S.  M.  se  réserve  à 
le  faire  quand  il  en  sera  temps.  »  (  Mémoire 
adressé  à  Servien.) 

'  Pour  la  récompense  du  gouvernement 
d'Auvergne. 

*  «S.  M.  fera  expédier  deu^c  brevets  : 
pour  les  5o,ooo  escus  et  pour  la  dispense 
du  serment  jusqu'à  ce  que  S.  M.  luy  com- 
mande la  revenir  trouver,  le  serment  ne 
pouvant  estre  preste  que  devant  le  roy.  » 
(Mémoire  adressé  à  Servien.) 


erreur  en  16.^1  ;  et  des  copies  sont  dans  les  20'  et 
21"  volumes  de  la  même  collection. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  691 

se  peut  faire  à  autre  qu'au  roy.  Il  me  semble  luy  avoir  ouy  dire  que 
non,  mais  qu'on  peut  bien  dispenser  un  gouverneur  de  province  de 
le  faire  pour  un  temps. 

Mons""  le  Garde  des  sceaux,  qui  est  chancelier  de  l'ordre,  sçait  bien 
ce  qui  se  peut  sm*  l'article  demandé  par  led.  s'  mareschal  touchant 
l'ordre.  Mons'  de-Leuville  m'a  dict  que,  quand  il  luy  en  parla,  il  luy 
dist  absolument  que  cela  ne  se  pouvoit.  Je  luy  ay  ouy  dire  la  mesme 
chose  sur  le  sujet  du  marquis  de  Malateste  et  autres. 

Quant  aux  prétentions  du  navire  perdu  et  vivres  de  Ré  et  ime  par- 
tie de  11™^  de  Casai,  messieurs  les  garde  des  sceaux  et  surintendant 
les  examineront  avec  soin  pour  y  faire  toute  la  raison  que  la  justice 
requerra. 

Je  croy  que  le  roy  peut  permetire  de  vendre  le  régiment  de  Cham- 
pagne comme  il  me  semble  qu'il  l'a  accordé  de  longtemps  à  une 
personne  qui  est  agréable. 

Je  croy  qu'il  est  raisonnable  de  payer  les  soldats  de  Casai  sur  le 
pied  du  nombre  eCFectif  qu'ils  ont  esté. 

Le  roy  a  desjà  résolu  de  faire  venir  en  Champagne  le  régiment  du 
s'  de  S'  Aunais  et  la  comp"^  de  chevau-légers  dud.  s"^  mareschal. 

II  a  esté  promis  de  donner  récompense  à  M.  de  Nismes  de  son 
évesché.  Le  roy  a  retenu  expressément  une  des  abbayes  de  M.  de- 
Moret,  qui  est  en  Picardie  et  s'appelle  Nonvilliers,  à  mon  advis  pour 
cet  elîect '. 

L'article  demandé  pour  le  remboursement  de  la  seneschaussée  de 
Montpellier  est  de  sy  grande  conséquence ,  veu  le  crime  de  Rostinclair, 
que  niond.  s'  de  ïoiras  ne  voudroit  pas  que  le  roy  se  fist  un  sy  no- 
table préjudice  qu'il  se  feroit  s'il  luy  accordoit  ce  qu'il  demande  sur 
ce  sujet*. 

'  'Le  roy  fera  expédier  pour  cela  un  que  M.  de  Toiras  n'obéisse;  mais  ce  sera 

brevet  par  lequel  il  permettra  aussy  aud.  à  M.  de  Toiras  et  non  à  son  frère,  qui  est 

s'  évcsque  de  revenir  en  France.»  (Mé-  en  crime.  (Mém.  adressé  à  Servien.)  — 

moire  adressé  à  M.  Servien.)  La  lettre  écrite  à  cette  occasion  par  Léon 

*  «Escrireen  chiffres  à  M.  Servien  qu'on  Bouthillier  »e  trouve  dans  le  ms.  de  Tu- 

accordera  cet  article,  s'il  ne  tient  qu'à  cela  rin,  t.  XX,  pièce  lôo. 

87. 


692  LETTRES 

Il  n'y  a  personne  qui  puisse  empescher  le  roy  de  tenir  ce  qu'il  pro- 
met par  capitulation  ou  autrement;  par  conséquent  il  est  superflu  de 
demander  l'efTect  de  la  capitulation  de  Lunel  qui  sera  exécuttée  ^ 

^  Led.  s''  de  Toiras  demande  de  pouvoir  aller  à  la  cour  et  dans  son 
gouvernement  en  toute  seureté,  ce  que  le  roy  accorde  et  peut,  pour 
cet  effect,  donner  la  lettre  proposée  par  le  s""  de  Leoiville  à  cette  fin. 

En  conséquence  de  ce  mémoire  le  roi  écrivit  à  Servien  pour  l'informer  de  ce 
qui  avait  été  résolu  ;  il  lui  envoya  le  mémoire  qu'avait  apporté  Gastelane  avec  les 
réponses  qu'on  y  avait  faites;  on  y  joignit  les  lettres  et  brevets  «  dont  je  croy  que 
vous  aurez  besoin  »  dit  le  roi.  Le  tout  fut  porté  par  le  sieur  de  Roquemont,  «  lequel 
j'ay  clioisy,  ajoute  Louis  XIII,  exprès  pour  porter  mes  commandemens  à  mon 
cousin  le  mareschal  de  Toiras,  afin  de  luy  ester  tout  prétexte  de  n'y  pas  obéir.  » 
M.  de  Roquemont  était  en  mcme  temps  autorisé  à  faire  quelques  concessions. 
{Fol.  147.)  Enfin  le  roi  adressa  à  Toiras  la  lettre  suivante  : 

«Mon  Cousin,  si  l'on  vous  a  dit  que  j'eusse  pensé  que  vous  trempassiés  à  la 
désobéissance  de  vos  frères ,  on  vous  a  asseurément  trompé.  J'ay  trop  de  confiance 
en  vostre  fidélité,  de  laquelle  ces  trois  mots  vous  feront  cognoistre  que  je  suis  sa- 
tisfaict  et  content.  Je  trouve  bon  que  vous  veniés  dans  quelque  temps  à  la  cour,  ou 
dans  vostre  gouvernement,  ainsy  que  je  vous  feray  sçavoir  plus  particulièrement. 
Sur  ce. .  .  » 

Le  même  jour  une  seconde  lettre  du  roi  disait  à  Toiras  :  «  Aiant  veu  par  vostre 
mémoire,  que  m'a  présenté  le  s'  de  Castelane,  que  vous  désirics  recevoir  mes 
commandemens  par  quelqu'un  qui  vous  les  portast  de  ma  part ,  je  vous  envoie 

le  s'  de  Rocmont  vous  asseurer  de  mon  affection »  Et  la  lettre  du  cardinal 

que  nous  avons  donnée  page  àili  àa  quatrième  volume  dut  accompagner  celles 
du  roi. 

Malgré  tout  ce  qu'on  faisait  pour  rassurer  le  maréchal,  fafTaire  ne  finit  pas  là; 
Toiras  qui  savait  le  cardinal  très-peu  bienveillant,  qui  avait  trouvé  dans  Servien 
un  surveillant  fâcheux,  presque  un  ennemi;  Toiras,  dont  la  loyauté  d'ailleurs 
n'était  pas  exempte  d'une  disposition  marquée  à  la  méfiance,  ne  se  tint  pas  pour 
satisfait.  M.  de  Roquemont  écrivait  de  Casai,  le  2  janvier  i633  :  •  A  mon  arrivée 

'   Ici  finit  la  pièce  du  tome  XXI.  graphe  :  «  M.  Servien  n'exécutlera  rien  du 

^  Cet  article  n'est  point  reproduit  dans  contenu  au   présent  mémoire   que  M.  le 

le  projet  de  lettre  écrit  par  Bouthillier  fils,  maresclial  de  Toiras  n'ait  obéi  aux  com- 

lequel    projet   se    termine    par   ce    para-  mandemens  du  roy.  » 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  693 

en  ce  lieu  j'ay  trouvé  M.  de  Thoiras  en  volonté  d'obéir  au  commandement  de 
S.  M.  .  .  il  n'a  fait  de  difficulté  qu'au  payement  du  régiment  de  Saint- Aunais, 
ses  chevau-Iégers  et  le  payement  de  ses  appointeniens,  qu'il  dit  vouloir  recevoir 
avant  que  de  changer  de  garnison;  M.  Gagnot  lui  a  proposé  tous  les  expédiens 
que  vous  m'aviez  ordonnés,  il  n'a  point  voulu  entendre.  .  .  ■  (Fol.  lyS.)  Lui- 
même,  s'excusant  auprès  du  roi  le  i4  janvier  de  n'avoir  pas  encore  e.xécuté  les 
ordres  de  S.  M.  écrivait  en  même  temps  à  Bouthillier  :  «Il  n'a  pas  tenu  à  moy 
que  les  conunandemens  que  M.  de  Roquemont  m'a  aportés  de  la  part  de  S.  M. 
n'aies  esté  exséceutcs.  »  (Pièce  180.)  Mais  enfin  Toiras  obéit,  ainsi  qu'on  le  voit 
par  sa  lettre  du  27  janvier  (pièce  182),  à  laquelle  L.  Bouthillier  répondait  le  i4 
du  mois  suivant  :  t  Le  roi  ne  doute  pas  de  votre  fidélité;  vous  n'avés  eu  besoin 
de  personne  pour  vous  rendre  office  auprès  de  S.  M.  »  (Pièce  192.)  Cette  missive 
de  Léon  Bouthillier  a  dû  accompagner  la  dépêche  du  roi,  que  nous  avons  donnée 
tome  IV,  page  383,  où  elle  est  mal  classée,  et  qu'il  faut  mettre  à  la  date  du  \lx  fé- 
vrier, ainsi  qu'il  est  dit  à  l'errata  général.  (Voy.  aux  Analyses,  date  du  20  avril.) 


ANISEE  1633. 


r.Lxxix. 

Arch.  des  Aff.  ttr.  Home,  t.  ^7,  fol.  ia.  — 
Copie  de  la  main  d'un  secrétaire  de  Léon  Bouthillier.  Une  seconde  copie,  fol.  45. 

MÉMOIRE  PARTICl  LIER 
POUR  M.  LE  DUC  DE  CRÉQUY... 

S'EN    ALLANT    AMDASSADEUit    EXTRAORDINAIRE    \    ROME,    POUR    RENDRE    i    S.    S'* 
L'OBÉDIENCE  FILIALE,  SCR  LE  SCJET  DE  SON  ASSOMPTION  AU  PONTIFICAT '. 

[Vers  la  mi-février  iC33.] 

Une  autre  instruction  avait  été  donnée  au  duc  de  Créquy,  dans  laquelle,  par 

'  Ce  même  manuscrit  contient  (  fol.  ^9)  Créquy  écrit  une  colonne  de  questions  sur 

une  pièce  au  dos  de  laquelle  Clierré  a  mis  :  quelques  points  de  son  ambassade  qui  lui 

•  Copie  du  mémoire  respondu  à  M.  le  m''  semblent  avoir  besoin  d'explication.  Dans 

de  Créquy  quand   il   partit   pour  aller   à  la  colonne  voisine  Cherré,  sous  la  dictée 

Rome,  ■  et  qu'on  peut  qualifier  d'instruc-  du  cardinal,  donne  la  solution  de  chacune 

tion  par  demandes  et  réponses.  Le  duc  de  des  difficultés  qui  embarrassent  le  diplo- 


694 


LETTRES 


respect  pour  le  Saint-Père,  le  roi  ne  voulut  pas  qu'aucune  autre  affaire  que  celle 
de  l'obédience  fût  mêlée  ^  Un  second  mémoire  fut  donc  dressé  pour  instruire 
l'ambassadeur. des  autres  affaires  dont  il  aurait  à  s'occuper  durant  son  séjour  à 
Rome.  Au  premier  rang  de  ces  affaires,  le  cardinal  mettait  une  ligue  des  princes 
d'Italie  que  depuis  longtemps  il  avait  à  cœur  d'établir.  Cette  grande  conception 
politique  n'a  attiré  l'attention  d'aucun  historien,  apparemment  parce  que  le  car- 
dinal n'a  jamais  pu  parvenir  à  l'exécution.  Mais  la  pensée  seule  mérite  d'être 
enregistrée  par  l'histoire ,  et  il  convient  de  recueillir  les  notions  que  nos  manus- 
crits ont  pu  nous  fournir  sur  cet  important  sujet.  Quant  au  mémoire  dont  nous 
venons  de  transcrire  le  titre,  nous  n'en  donnerons  que  ces  quelques  lignes  rela- 
tives au  projet  de  ligue. 

Après  un  court  préambule ,  le  cardinal  vient  au  détail  des  affaires  que  l'ambas- 
sadeur aura  à  traiter  : 

Et  premièrement  S.  M.  luy  faict  mettre  entre  les  mains  le  projet 


mate.  Ainsi  le  duc  de  Créquy  se  servant  de 
la  3'  personne  pour  se  désigner  lui-même  : 
«Si  on  luy  parle  de  la  reyne  mère  ou  de 
Monsieur  ?  »  Dans  la  colonne  correspon- 
dante, Richelieu  :  «Il  faut  respondre  lu 
vérité,  qui  justifie  assez  clairement  que  le 
rov  n'a  rien  obniis  de  ce  qu'il  a  peu  pour 
empescher  les  désordres  qui  sont  arrivez.  • 
—  Créquy:  «Dois-je  prendre  une  extrême 
confiance  dans  le  s'  Mazarini  ?  »  —  Riche- 
lieu :  «  Mazarini  est  tenu  pour  afl'eclionné  à 
la  France  ;  M.  de  Créquy  se  peut  confier  en 
luy,  luy  disant  qu'il  en  a  la  charge  expresse 
du  roy .  Il  luy  tesnioignera  aussy  la  confiance 
que  M.  le  cardinal  prend  en  luy  et  l'ordre 
qu'il  a  exprès  de  solliciter  la  nonciature  en 
tout  et  partout.  »  — -  Créquy  :  «  Jusques  à 
quel  point  dois-je  me  confier  au  cardinal 
Benlivoglio  ?  »  —  Kichelieu  :  «  Ceci  est  de 
la  prudence  d'un  ambassadeur. .  .  Cepen- 
dant il  dira  au  cardinal  Bentivoglio  qu'il  a 
charge  de  se  confier  en  luy  et  le  fera  comme 
il  le  jugera  à  propos.  »  —  Créquy  :  «  Quels 
comoiandemens  il  plaira  à  M.  le  cardinal 


me  donner  en  son  particulier  ?»  —  Riche- 
lieu «  Le  cardinal  n'a  rien  à  prier  M.  de 
Créquy  que  d'agir  en  ce  qui  le  regarde 
selon  sa  sincérité  eî  son  affection  envers 
luy;  asseurer  le  pape  et  toute  sa  maison 
des  services  qu'il  leur  désire  rendre ,  et  tous 
les  princes  par  où  il  passera,  des  bonnes 
intentions  qu'il  a  pour  le  public.  »  et  ainsi 
du  reste.  —  Quant  à  la  date  du  présent 
mémoire,  nous  proposons  la  même  que 
celle  de  finstruction. 

'  On  a  voulu  donner  à  cette  ambas- 
sade d'obédience  d'autant  plus  de  solen- 
nité qu'elle  avait  été  plus  tardive.  L  ins- 
truction explique  les  circonstances  qui 
avaient  occasionné  ces  retards.  Nous  sup- 
posons qu'elle  a  été  rédigée  dans  le  bureau 
des  Affaires  étrangères.  La  copie  que  nous 
trouvons  dans  notre  manuscrit  de  Rome 
est  sans  date.  On  a  mis  plus  tard  au  bas  : 
«  1 U  février, date  probable,  quoiopie  le  duc 
de  Créquy  ne  soit  arrivé  à  Rome  qu'au 
commencement  de  juin.  » 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  695 

d'une  ligne  générale  pour  la  liberté  de  l'Italie,  pour  laquelle  S.  M.  luy 
commande  de  faire  toutes  sortes  d'offices  auprès  du  pape  pour  faire 
condescendre  le  pape  non-seulement  à  y  entrer,  mais  à  s'en  rendre 
autheur  et  promoteur.  .  . 

Le  comte  de  Brassac,  ci-devant  ambassadeur  de  S.  M.  à  Rome,  et 
le  s'  Mazarini  ont  desjà  faict  quelque  ouverture  à  S.  S"  de  lad.  ligue. . . 

Le  pape  et  les  Vénitiens  sont  deux  puissances  considérables  en 
Italie,  la  ligue  ne  peut  sid)sister  sans  leur  bonne  intelligence;  S.  M. 
a  fait  savoir  aux  Vénitiens  qu'elle  desiroit  qu'ils  demeurassent  dans 
le  respect  du  au  souverain  chef  de  l'Eglise,  et  elle  supplie  S.  S*"  de 
correspondre  de  son  costé  à  une  affection  cordiale .  .  . 

L'ambassadeur  a  commandement  d'employer  le  nom  et  l'authorité 
de  S.  M.  à  composer  tous  les  différens  existans,  ou  qui  pourroient 
survenir. .  . 


LIGUE  D'ITALIE. 

Richelieu  n'a  jamais  songé  à  constituer  un  grand  Ktat  en  Talie;  il  n'a  même 
jamais  eu  le  dessein,  comme  quelques  personnes  l'ont  cru,  d'unir  les  diverses 
souverainetés  de  ce  pays  dans  les  liens  d'une  fédération  ;  mais  une  des  pensées  les 
plus  persévérantes  de  sa  politique  fut  de  former,  entre  plusieurs  de  ces  Etats,  une 
ligue  qui,  sous  l'influence  et  la  protection  de  la  France,  aurait  anéanti  la  domi- 
nation qu'exerçaient,  au  delà  des  Alpes,  les  Espagnols  avec  le  concours  de 
l'Autriche. 

11  ne  lui  était  pas  possible  alors  d'en  exclure  entièrement  ces  deux  puissances; 
il  s'efl'orra  du  moins  de  leur  y  laisser  la  moindre  part  possible. 

Les  Espagnols  possédaient  le  royaume  de  Naples;  ils  avaient  une  armée  autri- 
chienne à  Milan;  ils  étaient  alliés  de  la  république  de  Gênes;  ils  travaillaient  opi- 
niâtrement à  établir  à  Rome  leur  influence  fîur  le  Saint-Siège  et  à  tourner  contre 
la  France  les  inclinations  du  pape  et  du  sacré  collège;  enfin  l'Espagne  et  l'Empire, 
faisant  cause  commune,  voulurent  s'emparer  de  la  succession  de  Mantoue  pour 
donner  ce  duché  à  une  créature  de  la  politique  espagnole,  en  spoliant  l'héritier 
légitime,  prince  de  race  française. 

Avant  même  que  Richelieu  fût  admis  ofiiciellement  dans  les  conseils  du  roi, 
son   influence  y  pénétrait  déjà,  grâce  à  celle  qu'il  exerçait  sur  la  reine  mère. 


696  LETTRES 

Lorsque  cette  princesse,  un  peu  plus  d'une  année  après  la  mort  du  duc  de 
Luynes,  commençait  à  reprendre  quelque  chose  de  son  autorité  perdue,  nous 
voyons  tenter  l'essai  d'une  ligue  d'Italie,  formée  sous  la  protection  du  roi;  au  mois 
de  février  iCaS,  un  traité  de  ligue  était  conclu  entre  la  France,  Venise  et  la 
Savoie,  pour  affranchir  les  Grisons  et  s'opposer  aux  entreprises  de  l'Espagne.  Il 
n'est  pas  douteux  qu'à  ce  moment  l'esprit  de  Richelieu  n'inspirât  la  reine  mère, 
et  que  déjà  le  futur  ministre  ne  négociât,  pour  ainsi  dire,  le  traité  auquel,  en 
apparence,  il  n'avait  aucune  part. 

Mais  quand  le  jour  fut  venu  où,  sans  avoir  encore  la  suprême  autorité  qu'il 
ne  tarda  pas  à  conquérir,  Richelieu  prenait  déjà  dans  le  gouvernement  des 
affaires  l'ascendant  qui  appartient  toujours  au  génie,  alors  nous  le  voyons  expri- 
mer sur  l'Italie  une  grande  pensée  qu'il  n'abandonna  jamais,  bien  que,  dans  la 
pratique  des  affaires,  il  se  vît  forcé  d'en  tempérer  l'audace. 

Dans  un  mémoire  écrit  pour  le  roi,  vers  le  commencement  de  mai  1626,  Ri- 
chelieu disait  :  «  Le  vray  secret  des  affaires  d'Italie  est  de  dépouiller  le  roy  d'Es- 
pagne de  ce  qu'il  y  tient  pour  en  revestir  les  princes  et  potentats  d'Italie  qui, 
par  l'intérest  de  leur  propre  conservation,  seront  tous  unis  ensemble  pour  con- 
server ce  qui  leur  aura  esté  donné.  .  .  >  —  Et  «  le  seul  partage  que  doit  désirer 
la  France  en  toute  cette  conqueste  ne  doit  estre  que  la  diminution  de  l'Espagne',  » 
ajoute  le  cardinal,  pressentant  déjà,  ce  dont  il  aura  bientôt  la  preuve,  quelle  rude 
et  impossible  tâche  ce  serait  de  détruire  totalement  la  puissance  de  l'Espagne  en 
Italie  et  aussi  d'amener  tous  ces  princes  à  un  accord  commun. 

A  peine  la  célèbre  entreprise  de  la  Rochelle  fut-elle  glorieusement  terminée 
qu'il  songea  à  l'Italie.  Dès  le  commencement  de  novembre  1628  il  envoie  savoir 
les  intentions  du  pape  et  lui  propose  de  se  joindre  à  la  France  et  à  Venise  pour 
le  secours  du  duc  de  Mantoue  ^. 

Nous  indiquons  ci-après,  aux  Analyses,  à  la  date  de  novembre  1628,  des  dé- 
pêches envoyées  à  Rome;  et  nous  avons  donné,  page  620  ci-dessus,  un  mémoire 
adressé  au  nonce,  où  l'on  voit  que  Richelieu  envoie  une  sorte  de  semonce  aux 
princes  d'Italie  et  tâche  de  les  réveiller  au  bruit  du  péril  que  font  courir  à  toutes 
ces  petites  souverainetés  les  entreprises  dont  Mantoue  est  menacée  par  des  puis- 
sances telles  que  l'Empire  et  l'Espagne  coalisés. 

Le  pape  se  montra  peu  disposé  à  prendre  part  à  l'alliance  proposée.  Nous  avons 
donné,  tome  III,  page  2  38,  une  dépêche  de  Richelieu  à  M.  de  Réthune,  alors 
ambassadeur  extraordinaire  à  Rome,  où  le  cardinal  s'étonne  de  la  froideur  et  des 
refus  du  Saint-Père.   C'était  au    commencement  de  mars  1629.  Rientôt  S.  S. 

'  Voyez,  notre  deuxième  volume,  p.  81.  —  '  Arch.  des  Aff   étr   Rome,  tome  XLI, 

fol.    ,32/|. 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU.  697 

sembla  revenir  à  de  meilleurs  conseils,  et  M.  d'Avaux  écrivait  de  Venise  le  7  avril  : 
•  Monseigneur,  je  viens  de  conclure  le  traité  d'union  avec  la  république,  laquelle 
le  signera  ce  soir  ou  demain .  .  .  L'affaire  est  résolue  au  contentement  de  S.  M.  ;  •■ 
et  l'acte  diplomatique  était  joint  à  cette  dépêche.  Il  est  intitulé  :  «  Traitté  de  con- 
fédération et  alliance  à  perpétuité  entre  le  pape  Urbain  VIII,  Louis  XIII,  roy  de 
France,  la  république  de  Venise  et  le  duc  de  Mantoue,  pour  la  conservation  de 
leurs  estats  contre  qui  que  ce  puisse  estre,  et  notamment  contre  la  maison  d'Au- 
triche. A  Venise,  l'an  1629,  le  8  avril.  »  — Le  roi  le  signa  au  camp  de  Suze  le 
1 9  dud.  mois.  Le  cardinal  de  Richelieu  et  les  ministres  du  duc  de  Mantoue  au 
nom  de  S.  A.  y  mirent  leur  signature  le  1 1  mai  suivant.  Quant  au  duc  de  Savoie, 
ce  fut  par  un  traité  particulier  avec  le  roi  qu'il  adhéra  au  traité  général  '. 

Cependant  Venise  se  refroidit  singulièrement ,  comme  nous  l'apprenons  d'une 
dépêche  de  M.  d'Avaux,  du  2/1  septembre  1629,  et  cette  alliance,  si  laborieu- 
si'ment  préparée  et  poursuivie,  semble  déjà  à  ce  moment  presque  abandonnée. 

Mais ,  après  la  campagne  d'Italie ,  on  rejjrend  le  dessein  de  la  ligue  ;  le  roi  s'as- 
socie avec  ardeur  à  la  politique  de  son  ministre,  il  écrit  à  Richelieu,  qui  n'était 
pas  encore  de  retour  à  Paris  ;  «  Mon  cousin ,  envoyant  le  comte  de  Brassac,  mon 
ambassadeur  ordinaire  à  Rome,  je  luy  ay  commandé  de  vous  voir  en  passant  pour 
vous  communiquer  l'instruction  et-Ies  ordres  que  je  luy  ay  donnés  et  recevoir  vos 
bons  avis  sur  ce  qu'il  aura  à  Iraitter  avec  les  princes  d'Italie,  soit  avec  le  pape^.  » 

Nous  avons  dit  plus  haut  (p.  6/j2)  que  le  cardinal  avait  même  songé  à  établir 
une  entente  entre  cette  ligue  et  ceux  des  électeurs  d'Allemagne  qui  faisaient 
cause  commune  avec  la  France.  L'on  a  vu  que  le  s'  de  Marchevilie,  envoyé  vers 
eux,  au  commencement  de  i63o,  était  chargé  de  leur  représenter  tous  les  avan- 
tages qu'ils  trouveraient  dans  celte  union;  et  le  comte  de  Béthune,  notre  ambas- 
sadeur à  Rome,  avait  ordre  de  ne  rien  négliger  afin  «de  faire  effectivement  la 
ligue  pour  la  seureté  de  la  paix. . .  '  » 

Cependant  de  nouveaux  obstacles  s'élevèrent;  le  cardinal  jugea  convenable  de 
mettre  moins  d'ai-deur  dans  la  poursuite  de  son  projet.  Mazarin,  qui  négociait 
la  paix  au  nom  du  Saint-Pèie,  ayant  représenté  qu'une  ligue  de  plusieurs  princes 
obligés  à  maintenir  •  M.  de  Mantoue  en  ses  estats. .  .  semblait  intéresser  aucune- 
ment la  dignité  de  l'Empereur,  •  on  se  contenta  qu'il  plût  seulement  au  roi  de 
convier  lesd.  princes  à  la  défense  du  duc  de  Mantoue,  lorsqu'il  en  aurait  lie- 
soin..  .*  Et  puis  un  mémoire  présentant  des  considérations  sur  la  ligue  gêné-  / 

'  Archives  des  Affaires  étrangères,  Ve-  '   16  avril   i63o,   notre  troisième  vo- 

iiise,  tome  XLVIII.  lume,  page  634- 

'  Mèmesarch.  Rome,  t.  XLIII,  fol.  31,  *  Voy.  Mémoires  de  Richelieu,   I.   VI, 

i3  février  i63o.  p.  a/ii. 

C*P.Di:«.  DE  IlICIIELIED   VII.  .88 


698  LETTRES 

raie  en  expose  les  inconvénients,  «surtout  par  rapport  au  roi  de  Suède,  qui 
pourra  prendre  cette  ligue  pour  une  déclaration  contre  luy.  « 

Mais  à  des  difficultés  sans  cesse  renaissantes  Richelieu  oppose  une  impertur- 
bable constance,  une  ferme  volonté.  Sa  grande  pensée  ne  l'abandonne  jamais. 
Un  projet  de  «  conquête  de  Genève  et  du  pays  de  Vaud  à  faire  par  le  roy  et  par 
le  duc  de  Savoie'  »  avait  été  formé;  nous  trouvons  dans  un  mémoire  sur  ce  projet 
un  article  A ,  où  il  est  dit  :  «  renoncer  à  l'entreprise  de  la  guerre  de  Genève  pour 
donner  lieu  à  faire  la  ligue  générale  d'Italie.  » 

Cette  pièce,  sans  date,  est  classée  en  i63i2,  et  le  9  décembre,  le  cardinal 
écrivait  à  M.  d'Avaux  :  «  S.  M.  qui  considère  les  grandes  actions  qu'elle  a  faites 
en  Italie,  et  les  heureux  succez  que  Dieu  luy  a  donnés,  est  tousjours  en  soin  de 
ce  qui  peut  affermir  le  repos  qu'elle  a  commencé  à  acquérir  à  tous  ces  princes 
par  ses  travaux  et  ses  veilles;  et,  en  la  continuation  de  ce  dessein,  elle  a  jugé 
très-nécessaire  par  l'advis  de  son  conseil ,  qui  n'a  point  d'autre  plus  grand  soin 
que  de  l'accroissement  de  sa  gloire  et  du  bien  public,  de  renouveler  une  ligue 
avec  eux  pour  maintenir  les  choses  en  bon  estât  et  les  acheminer  encore  mieux 
pour  le  bien  commun,  ,1e  vous  envoie,  pour  cet  effect,  deux  projets,  l'un  pour 
une  ligue  defténsive  sur  le  sujet  de  la  paix  d'Italie,  l'autre  pour  la  deffence  des 

Grisons.  »  Ces  deux  projets  ont  déjà  été  communiqués  à  la  République. S.  M. 

espère  qu'elle  embrassera  cette  ouverture  salutaire..  .  L'ambassadeur  de  Venise, 
n'ayant  point  d'instruction,  est  demeuré  en  termes  généraux  sur  la  communi- 
cation qui  luy  a  esté  faite.  •  Et  le  cardinal  indiquait  les  réponses  que  M.  d'Avaux 
pourra  faire  aux  objections.  Le  projet  fut  envoyé  au  nonce,  ainsi  qu'aux  ambas- 
sadeurs de  France  à  Turin.  Et  en  même  temps,  une  lettre  du  roi,  datée  du 
10  décembre,  autorisait,  en  en  répétant  les  points  principaux,  la  dépêche  du  car- 
dinal. Le  2^  janvier  de  l'année  suivante,  Richelieu  faisait  écrire,  par  le  roi,  à 
M"  de  Toiras  et  Servien,  dans  une  lettre  qu'on  a  pu  lire  plus  haut  (p.  ôyô)  : 
«  vous  aurez  à  vous  employer  pour  adjuster  les  difficultés  du  projet  de  ligue  que 
je  vous  ay  envoyé  du  dixiesme  du  mois  passé.  »  Mais  on  craignait  que  le  Saint- 
Père,  de  nouveau  récalcitrant,  ne  fit  traîner  la  négociation  en  longueur.  «Je 
doute,  écrivait  le  comte  de  Brassac  à  Léon  Bouthillier,  le  8  mai  1682,  qu'on 
puisse  porter  le  pape ...  à  aucun  traitté  d'union .  .  .  f  ayant  tousjours  veu  affec- 
ter de  ne  s'unir  pas  avec  les  uns  de  peur  de  mescontenter  les  autres 3. . 

Cependant  on  envoya  encore  à  Fambassadeur  un  projet  de  ligue  entre  le  roi,  la 
république  de  Venise ,  les  ducs  de  Savoie  et  de  Mantoue ,  dans  l'hypothèse  de  l'acces- 

'  Voy.  ci-après  aux  Analyses,  à  la  date  '  Arch.  des  AfF.  étr.  Rome,  lome  XLV, 

du  27  janvier  i63j.  fol.  i4o. 

'  Aff.  étr.  Turin,  t.  XVII ,  fol.  338. 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  699 

sion  éventuelle  du  Saint-Père,  du  grand-duc,  des  ducs  de  Parme  et  de  Modène, 
avec  charge  de  ne  rien  négliger  pour  persuader  au  pape  combien  une  telle  ligue 
était  utile  à  la  chrétienté  et  au  Saint-Siège  lui-même.  La  pièce,  de  la  main  qu'on 
donne  pouncelle  du  P.  Joseph,  est  accompagnée  d'observations  marginales  écrites 
par  Bouthillier  et  qui  doivent  avoir  été  dictées  par  le  cardinal.  On  y  indique  trois 
paragraphes  •  qu'il  ne  faut  mettre  dans  aucune  des  copies;  »  et  l'on  y  désigne  les 
personnages  auxquels  ces  copies  doivent  être  communiquées  en  grand  secret.  Ce 
document,  non  daté,  est  classé  en  novembre  i632  •,  et  nous  devons  indiquer  ici 
(juatre  autres  pièces  du  même  manuscrit,  également  sans  date,  lesquelles,  pour 
celte  raison,  se  trouvent  placées  à  la  fin  du  volume^.  Le  roi  chai-ge  le  duc  de  Cré- 
quy,  ambassadeur  extraordinaire,  de  faire  toutes  les  instances  possibles  à  Venise  et 
a.  Rome,  pour  faire  accepter  la  ligue,  jxjur  déterminer  le  pape  à  s'en  rendre  •  pro- 
moteur et  chef,  insistant  sur  les  avantages  qu'y  trouvera  l'Italie,  et  sur  ce  qu'il 
n'en  revient  aucune  utilité  à  la  France.  »  —  «  Si,  pour  des  raisons  qui  n'arrivent 
pas  jusqu'à  moi  (dit  Richelieu) ,  le  pape  est  couseiUé  de  n'entrer  pas  ouvertement 
dans  cette  ligue,  le  roy  offre  de  la  faire  avec  les  princes  italiens  qui  voudront  y 
entrer,  pourveu  qu'il  plaise  à  S.  S.  favoriser  soubz  main  une  si  sainte  résolution. . . 
Le  temps  presse  de  se  résoudre. .  .  car  il  s'agit  de  laisser  perdre  ou  sauver  toute 
l'Italie..  (Page  373.) 

Ces  raisonnements  ne  persuadaient  point  les  conseillers  du  pape,  ni  sans  doute 
le  pape  lui-même.  Nous  avons  une  lettre  du  cardinal  Barberini,  écrite  à  Mazarin, 
le  8  mai  i632 ,  où  il  témoigne  ne  pas  bien  comprendre  la  pensée  de  Richelieu  et 
affirme  que  le  Saint-Père  n'est  nullement  disposé  à  entrer  dans  de  tels  desseins  : 
«...  Desideriamo  assai  di  sentire  come  e  con  quali  conditioni  vada  divisando  il 
sig.  cardinale  di  Richelieu  la  lega  che  ficcennô  a  V.  S.  per  uno  delli  assicuramenti 
délia  pacf  d'Italia,  nel  che  mi  persuado  ch' ella  starà  a  udire,sapendo  che  nostro 
signore  è  alieno  da  simili  impegni  tra  principi  catolici,  quant'  a  se  stesso.  »  «  La  mai- 
son d'Autriche,  coutinue'Barberini ,  est  moins  redoutable  pour  la  France  que  l'ac- 
croissement du  Suédois  et  des  hérétiques. . .  Il  n'a  pas  le  moindre  souci  des  intérêts 
de  S.  M.  Tr.-Ch. ,  ne  cura  un  pelo  gl'  interessi  di  S.  M.  christianissima. . . ^  »  Et, 
le  5  juin,  Barberini  répétait  à  Mazarin  que  «  le  pape,  père  commun  de  tous,  ne 
voulait  pas  risquer  de  se  trouver  engagé  dans  une  lutte  entre  les  fidèles  :  Non  vorrà 
mai  N.  S.  npplicarsi  in  lega  la  quale  possa  tirar  seco  occasione  di  intrar  in  guerra 
ira  principi  catolici;  essendo  convenevole  et  espediente  che  il  padre  comune  si 
conservi  taie  sempre,  per  potersi  intrometter  corne  mediatore  nelle  occorrenze*.  • 

'  Aff  étr.  Rome,  tome  XLV,  fol.  a54.  '  Arch.  des  AIT.  élr.  Rome,  tome  XLVI, 

'  /6.fol.37a,373,374,377.Cesontdes        fol.  67.  La  pièce  est  chiffrée, 
copies  dont  l'écriture  ne  m'est  pas  connue.  '  /6i(/.  fol.  87. 

88. 


700  LETTRES 

Le  cardinal  ne  laissait  pas  de  continuer  les  négociations.  Dans  une  lettre  du 
18  juin  (chiffrée),  il  mandait  à  Servien  :  «On  vous  envoie  un  projet  de  ligue 
tel  qu'on  peut  le  désirer  pour  le  bien  de  l'Italie  1. .  .  »  Et  rien  n'avançait. 

Toutefois  Richelieu  ne  se  décourageait  pas,  et  quelques  mois  plus  tard  il  en- 
voie de  nouveaux  projets  de  ligue  à  Servien  :  «  Le  roy  désire  surtout  que  le  pape 
ayt  agréable  de  proposer  la  ligue. .  .  M.  Mazarin  fera  ce  qu'il  pourra  pour  obtenir 
cet  article,  sinon  il  s'en  pourra  relascher  -.  »  Nous  voyons  en  toute  occasion  que 
^(Richelieu  usait  constamment  de  cette  habileté  des  grands  esprits:  céder  à  propos. 
A  ce  moment  la  négociation  semble  prendre  plus  d'activité;  Mazarin  s'en  occupe 
sérieusement,  ainsi  que  Servien  à  Turin  et  M.  de  Brassac  à  Rome.  Nous  trou- 
vons une  copie  du  projet  communiqué  à  celui-ci  par  Mazarin,  en  octobre^.  Et 
le  même  manuscrit*  présente,  sur  ces  projets  d'alliance,  des  considérations  qui 
nous  semblent  être  de  Servien;  au  moins  sont-elles  de  la  main  d'un  secrétaire  de 
cet  ambassadeur.  Les  avantages  qui  pourraient  résulter  de  ces  traités  pour  les 
confédérés  y  sont  soigneusement  exposés.  Enfin,  en  février,  le  roi  envoie  à 
Rome  le  maréchal  de  Gréquy,  ambassadeur  extraordinaire  «  pour  rendre  à  S.  S. 
l'obédience  filiale  sur  le  subjet  de  son  assomption  au  pontificat.  »  A  l'instruction 
qui  lui  fut  donnée^  on  ajouta  un  mémoire  oii  il  est  dit  :  «Le  roy  n'ayant  pas 
voulu  que  l'instruction,  laquelle  S.  M.  a  commandé  estre  donnée  aud.  s'  duc, 
touchant  la  prestation  de  l'obédience ,  fust  chargée  d'aucune  autre  chose  que  de  ce 
qui  regardoit  cette  cérémonie,  afFm  de  la  rendre  d'autant  plus  célèbre  et  aussy 
qu'il  s'est  tousjours  ainsy  prattiqué ,  a  ordonné  qu'on  luy  dressast  cette  particu- 
lière pour  la  conduitte  de  quelques  affaires  dont  il  aura  à  traitter  avec  S.  S'^.  » 

La  première  de  ces  affaires  est  celle  de  la  ligue,  et  l'on  voit  comme  le  cardinal 
s'efforce  de  disposer  favorablement  le  Saint-Père  au  moment  oïl  il  lui  fait  présenter 
un  message  qu'il  sait  trop  bien,  par  expérience,  ne  lui  être  pas  agréable.  Aussi 
en  attendait-il  peu  de  satisfaction. 

Nous  trouvons,  dans  le  tome  52  de  Venise,  le  texte,  en  italien,  de  deux  déli- 
bérations du  sénat,  des  27  septembre  et  6  octobre,  qui  faisaient  peu  avancer  les 
affaires;  mais  l'importance  d'une  telle  entreprise  donnait  à  la  constance  naturelle 
du  cardinal  plus  de  fermeté  encore,  et  aiguillonnait  plus  vivement  l'ardeur  de  ses 
poursuites. 

'  Lettre  sans  signature.  Turin,  t.  XX,  étrangères, Turin, pièce335*dutoaieXXI. 
pièce  65,  notée   ci-après  aux  Analyses.  '  Ibid. 

Plusieurs  copies  des  projets  de  traités  sont  '  Ibid,  pièce  365. 

conservées  dans  le  tome  XXI,  pièces  i64,  '  Arch.  des  AIT.  étr.  Rome,  t.  Xl.VII, 

165,367.  fol.  .54. 

"   19  octobre  i632.  Arch.  des  Affaires 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  701 

Sans  cesser  de  presser  le  gouvernement  pontifical,  il  s'adresse  directement  aux 
princes.  Le  sieur  Bachelier  est  chargé  d'aller  «  représenter  vivement  au  grand-duc 
ses  intérests,  tant  en  ce  qui  regarde  l'honneur  que  tous  ses  autres  avantages;  luy 
dira  que  tout  le  monde  se  remplit,  d'une  grande  espérance  qu'il  sera  un  des  prin- 
cipaux auteurs  de  la  liberté  d'Italie Il  taschera  de  le  porter  à  convenir  de 

luymesme  que  les  princes  d'Italie  doivent  s'unir  aux  bonnes  intentions  du  roy 

|)our  la  conservation  de  la  paix  et  de  la  liberté Il  luy  fera  entendre  ce  qu'il 

peut  espérer  du  roy  et  craindre  des  Espagnols. .  .  »  Le  sieur  Bachelier  se  rend  en- 
suite auprès  du  duc  de  Modène,  muni  des  mêmes  instructions.  —  Elles  étaient 
datées  du  26  avril  i633. 

Vers  la  fin  de  l'année  un  nouvel  ambassadeur,  M.  de  la  Saludie,  est  envoyé 
au  delà  des  Alpes.  «Il  proposera  aux  princes,  dit  son  instruction,  de  former 
une  ligue  dans  le  but  de  garentir  leurs  estais  de  l'usurpation  dont  ils  sont  mena- 
cés par  la  convoitise  d'Espagne.  Il  protestera  que  S.  M.  n'a  aucun  dessein  de  porter 
la  guerre  en  Italie,  encore  moins  d'y  acquérir  aucun  estât.  Si  les  Espagnols  forcent 
à  la  guerre,  l'intention  du  roy  est  qîie  chacun  des  princes  confédérez  ayt,  pour 
sa  part  de  la  conqueste,  ce  qui  se  trouvera  mieux  en  sa  bienséance,  sans  se  ré- 
server autre  chose  dans  l'Italie  que  le  contentement  d'ayder  à  y  establir  la  paix 
et  oster  aux  Espagnols  la  prétention  qu'ils  ont  d'y  faire  le  siège  de  leur  empire, 
pour  estendre  de  là  leur  monarchie  universelle.  »  —  L'exemple  de  l'Allemagne 
dit  aux  princes  d'Italie  ce  qu'ils  peuvent  attendre  de  la  maison  d'Autriche.  — 
«  Les  Espagnols  ne  pourroient  se  plaindre;  la  ligue  est  purement  défensive  et  ne 
les  regarde  point  qu'autant  qu'ils  voudroient  remuer'.  »  A  Rome,  l'ambassadeur 
ordinaire,  M.  de  Noailles,  dès  le  commencement  de  i634,  est  chargé  de  faire  de 
nouveaux  efforts  auprès  du  Saint-Père,  et  de  rappeler  au  pape  ses  promesses, 
que  •  ne  pouvant  entrer  dans  la  ligue  comme  père  commun,  il  feroit  cognoistre 
aux  ambassadeurs  qu'il  a  auprès  de  lui,  et  à  ses  ministres  qu'il  a  auprès  d'eux 
(les  princes  d'Italie),  que  la  ligue  estoit  nécessaire,  et  qu'il  l'approuvoit  entière- 
ment...  •  Led.  s'  ambassadeur  (ajoute  l'instruction^)  «fera  sçavoir  à  S.  S'°  l'im- 
portance et  le  grand  bien  qui  peut  réussir  de  la  conclusion  de  cette  affaire. .  .  H 
pressera  S.  S'"  là-dessus.  » 

Après  M.  de  la  Saludie,  un  autre  négociateur  encore  continue  cette  œuvre  im- 
possible de  la  ligue.  M.  de  Sabran ,  qui  avait  des  habitudes  à  Gênes  où  il  avait  déjà 

'   Celte  inslruclion  ,  datée  de  Ruel   le  '  L'instruction ,  signée  du  roi  et  contre- 

aa  novembre  i633,  est  conservée  en  co-  signée  Boulhiliier,  est  datée  du  2  janvier 

pic,  delà  main  d'un  secrétaire  de  Léon  i63/i.  (ifciti.t  L.fol.  i),et  le  projet  de  lifjue 

Boutliillier,  aux  Arch.  des  AIT.  étr.  Rome,  défensive  remis  au  gouvernement  ponti- 

l.  XLVll,  fol.  245.  fical  est  au  fol.  ao5. 


702  LETTRES 

été  ambassadeur,  y  est  envoyé  de  nouveau.  Une  ample  instruction  datée  du  5  juil- 
let i63/t  '  l'informe,  en  grand  détail,  des  affaires  diverses  qu'il  aura  à  traiter.  A  la 
nainute,  écrite  par  un  des  premiers  commis  des  Affaires  étrangères,  sont  jointes 
deux  pages  de  la  main  de  Cherré;  c'est  une  addition  de  Richelieu  à  une  instruc- 
tion dont  il  avait  seulement  donné  la  pensée  principale;  cette  addition  a  pour 
objet  la  conclusion  de  la  confédération  italienne. 

«  Pour  tesmoigner  la  bonne  volonté  que  le  roy  a  pour  S.  A. ,  S.  M.  ne  faict  nulle 
ditliculté  d'accorder  aud.  duc  (de  Savoie)  et  aux  princes  d'Italie,  s'ils  veulent  faire 
une  bonne  ligue  et  s'unir  contre  l'Espagne,  comme  il  semble  qu'il  y  ayt  en  tous 
grande  disposition  à  un  tel  dessein,  10,000  h.  de  p.  et  2,000  ch.  payés  aux  dé- 
pens de  S.  M.  pour  trois  ans,  pour  leur  ayder  à  conquérir  le  Milanois,  au  lieu  de 
faire  l'entreprise  de  Gènes,  sans  que  le  roy  y  prétende  aucune  chose,  la  pensée 
de  S.  M.  estant  qu'il  se  doit  faire  un  partage  où  chascun  aye  sa  part  à  proportion 
de  ce  que  on  aura  contribué,  S.  M.  cédant,  dès  cette  heure,  toute  la  sienne  à 
M.  de  Savoie,  non  en  luy  demandant  la  Savoie  et  autres  grandes  récompenses 
en  eschange,  comme  on  a  faict  parle  passé*,  mais  sans  autre  condition  que  de 
raser  Monlmélian,  après  qu'il  sera  en  possession  de  la  part  qu'il  doit  avoir  au  Mi- 
lanois et  de  mettre  entre  les  mains  du  roy  Gahours ,  Revel  et  les  vallées  de  der- 
rière, ce  qui  luy  est  plus  avantageux  que  préjudiciable,  en  tant  qu'il  donnera 
plus  de  moyen  au  roy  de  le  secourir  quand  il  en  aura  ])esoin.  » 

Et  Richelieu  explique  quelques  mesures  préparatoires  :  «  11  faut  surtout  faire 

cesser  tout  différent  entre  Venise,  le  pape,  M.  de  Savoie Il  faut  rendre  les 

Grisons  maistres  de  la  Valteline »  Mais  ces  nouvelles  négociations  n'abou- 
tirent pas  mieux  que  les  antres;  l'abstention  obstinée  du  pape,  toujours  soigneux 
de  ménager  l'Espagne  et  l'Empire,  redoutant  d'ailleurs  l'influence  de  Richelieu 
dont  la  politique  l'inquiétait,  opposait  à  toute  union  un  obstacle  insurmontable. 

Nous  devons  noter  à  ce  sujet  un  mémoire  intitulé  :  Des  différens  entre  le  pape 
et  les  Vénitiens  et  de  l'accommodement  d'iceulx,  et  de  la  ligue  proposée  entre  les  princes 
d'Italie  2. 

La  Savoie  alors  semblait  marcher  d'un  bon  pied;  Bouthillier  écrivait  à  M.  de 
Noailles  :  «  La  négociation  avec  M.  de  Savoie  pour  la  ligue  d'Italie  s'avance  *.  h 


'    Mêmes    archives.    Gênes,    tome    II,  fol.  3i5,  v°.  La  pièce,  datée  de  i63/i,  est 

fol.  io4-i  12.  Au  fol.  1 13 est  l'addition,  de  classée  en  i635. 

la  main  de  Cherré,  au  dos  de  laquelle  on  '    10  juin   i635.   (Arch.  des  Aff.    étr. 

lit  cette  annotation  :   a  Pour  mettre  avec  Rome,  t.   XLIX,   fol.    Sg.)   Notons  que, 

finstruction  de  M.  de  Sabran.  »  dans  cette  lettre,  Bouthillier,   en  annon- 

'  Arch.  des  Aff.  étr.  Rome,  tome  LVI,  cant  à  .M.  de  Noailles   la  déclaration  de 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  703 

Cependant  le  moment  approchait  où  Richelieu  allait  enfin  exécuter  sa  résolu- 
tion de  jeter  la  France  dans  la  grande  lutte  de  trente  années  et  de  faire  aux  Es- 
jiagnols  une  guerre  solennellement  déclarée.  \ous  le  voyons  alors  renouveler  ses 
tentatives  pour  la  ligue  d'Italie  avec  une  persistance  digne  de  son  caractère  et  de 
l'entreprise. 

Dès  le  mois  de  février  1 635  M.  de  Bellièvre  •  fut  envoyé  vers  les  princes  d'Italie; 
les  Mémoires  de  Richelieu^,  l'Histoire  de  Louis  Xill  du  P.  Griffet',  en  parlant 
de  celte  ambassade,  ne  font  qu'une  mention  insignifiante  de  la  ligue.  Nous  en 
avons,  à  ce  moment,  donné  quelques  notions  (t.  IV,  p.  665)  que  nous  tâchons 
d(î  compléter  ici.  Il  ne  nous  semble  pas  sans  intérêt  de  présenter  succinctement 
l'ensemble  des  tentatives  du  cardinal  pour  constituer  cette  alliance  qu'il  avait 
voulu  former  entre  les  princes  d'Italie,  avec  le  pape  pour  chef,  et  sous  la  pro- 
tection de  la  France. 

Prenant  occasion  d'un  nouveau  traité  des  Espagnols  avec  l'empereur,  Riche- 
lieu mande  à  notre  ambassadeur  à  Rome  de  remettre  sur  le  tapis  la  proposition 
de  ligue  des  princes  d'Italie,  faite  naguère  au  pape  par  le  maréchal  de  Créquy. 
La  lettre  du  secrétaire  d'Etat  des  affaires  étrangères  Chavigni*  concordant  avec 
la  mission  de  M.  de  Bellièvre  est  pressante;  on  cède  quelque  chose  au  Saint-Père 
sur  une  autre  affaire  qu'il  avait  à  cœur.  «  Peut-être  S.  S''  se  décidera  à  approuver 
la  ligue  par  la  crainte  des  entreprises  des  Espagnols.  »  Mazarin  fut  encore  con- 
sulté et  intervint  dans  ces  négociations  comme  il  l'avait  déjà  fait  en  i632.  Un 
traité  fut  conclu  à  Rivoli,  le  1 1  juillet  iG35^. 

Malgré  l'espérance  que  pouvait  laisser  concevoir  une  nouvelle  dépêche  de  Cha- 
vigni  à  M.  de  Noailles,  du  dernier  juillet,  quelques  indices  des  mauvaises  dis- 
positions du  pape  à  l'égard  de  la  ligue  ne  tardent  pas  à  se  manifester;  des  menaces 
du  Saint-Siège  contre  le  duc  de  Parme  étaient  alors  un  incident  grave;  le  roi  en 
rérit  aux  ambassadeurs  à  Rome,  le  nlx  août,  une  lettre  inspirée  par  Richelieu  : 
«  Ce  fait  touche  si  vivement  S.  M.  qu'elle  a  creu  estre  obligée,  pour  en  tesmoigner 

guerre ,  dit  que  la  rupture  avec  FEspagne  et  contraire  aux  plus  simples  notions  do  la 

était  faite  contre  le  gré  de  S.  M.  justice  de  voir  un  roi  président  d'un  Iri- 

'   Il  était  liis  d'un  président  à  mortier.  bunal  pour  juger  un  de  ses  sujets. 

Après  avoir  montré  un  véritable  talent  de  '  Tome  VIII,  p.  ayi. 

négociateur  dans  plusieurs  ambassades,  il  '  T.  II,  p.  Sôg. 

devint  premier    président  du    parlement  ,'  Arch.  des  AIT.  étr.  Rome.t.  L.fol.  182 

de  Paris   Un  acte  de  courage  civil  recom-  La  dépêche  est  datée  de  Paris,  le  la  mars 

mande  sa  mémoire  à  l'estime  des  gens  de  iG35. 

bien;  ce  fut  lui  qui,  dans  le  procès  du  duc  '  Voy.    notre  V*  volume,    pages    io3- 

de  la  Valette,  osa,  en  présence  de  Riche-  i  i5,   où  nous  indiquons  les  documents 

lieu,  représenter  au  roi  qu'il  était  inouï  concernant  cette  affaire. 


704  LETTRES 

son  juste  ressentiment,  d'envoyer  à  Rome  un  ambassadeur  extraordinaire  pour, 
conjoinctement  avec  les  ambassadeurs,  représenter  à  S.  S'°  les  inconvéniens  qui 
pourroient  arriver  si  S.  S'°  passoit  plus  outre  en  cette  affaire  i.  » 

En  effet,  Richelieu  avait  fait  envoyer  à  Rome,  en  qualité  d'ambassadeur  extra- 
ordinaire, son  frère  le  cardinal  de  Lyon ,  lequel  avait  dû  •  faire  de  grandes  plaintes 
à  S.  S'*  des  offices  qui  estoient  passés  de  sa  part  vers  le  duc  de  Parme  pour  le 
dissuader  d'entrer  dans  la  ligue,  que  S.  S'^  ne  peut  ignorer  n'avoir  autre  fin  que 
la  conservation  des  princes  d'Italie  que  les  Espagnols  oppriment.  » 

Vers  ce  temps,  un  différend  survenu  entre  le  souverain  pontife  et  la  répu- 
blique de  Venise  vint  compliquer  les  difficultés  ^. 

Richelieu,  pour  tâcher  d'en  finir  avec  les  refus  persistants  du  pape,  essaya 
d'éveiller  dans  son  esprit  quelque  inquiétude.  Nous  lisons  dans  un  mémoire  signé 
du  roi  et  contresigné  Bouthillier,  adressé  aux  ambassadeurs  à  Rome  :  «  Il  sera 
bon  que,  sans  rien  exprimer,  le  pape  conçoive  que  le  roy  se  va  mettre  en  estât 
d(!  porter  les  affaires  à  de  plus  grandes  et  dangereuses  extrémités  contre  la  mai- 
son d'Autriche^.  » 

Cependant  tout  fut  inutile;  il  fallut  se  résigner  à  n'avoir  en  Italie  que  des  al- 
liances particulières. 

Toutefois,  il  faut  tenir  compte  au  cardinal  de  ses  efforts  pour  réaliser  cette 
grande  idée  d'une  forte  confédération  de  plusieurs  des  Etats  italiens,  conception 
d'une  haute  et  sage  politique,  qui,  sans  constituer  sur  la  frontière  de  France  une 
puissance  formidable,  mettait  l'Italie  à  l'abri  de  ces  dissensions  intérieures  et  de 
ces  continuelles  invasions  dont  elle  avait  été  et  fut  depuis  la  victime. 


CLXXX. 
A  M.  DE   FEUQUIÈRES. 

[Mars  i633.] 
On  a  vu  dans  le  IV°  volume,  page  426,  une  lettre  où  Richelieu  annonçait  au 
chancelier  de  Suède  la  mission  du  marquis  de  Feuquières  en  Allemagne.  Mais 
nous  n'avons  eu  que  postérieurement  à  la  publication  de  ce  volume  connais- 
sance de  quelques  documents  relatifs  à  l'ambassade  de  Feuquières.  La  lettre 
précitée  est  datée  du  k  février,  et  l'on  peut  lire,  à  la  date  du  3,  dans  le  Recueil 

'  Arcli.  des  Aff.  élr.   Rome,  tome  L,  '      fol.   8^4.)  —  ^  Mêmes  archives,    Rome, 

fol.  307.  tome  L,  fol.  333-329.  Ce  long  et  curieux 

Lettre  écrite  au   cardinal  par  M.  de  mémoire  n'est  ici  qu'en  copie;  il  est  daté 

Bellièvre,  qui  était  alors  auprès  de  la  repu-  du  a  1  novembre  i635. 
bliquc    (Arch.  des  Aff.  élr.  Venise,  t   52, 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  705 

des  lettres  inédiles  de  Feuqaières  ^  plusieurs  dépêches  du  roi  aux  généraux  de  l'ar- 
mée suédoise  Kniphausen  et  Gustave  Horn  ^  dont  cet  ambassadeur  était  porteur. 
On  lui  remit  aussi,  avec  ses  instructions,  diverses  dépêches  dont  le  dessus  était 
resté  en  blanc  afin  que,  dans  le  cours  de  sa  mission,  il  pût  les  adresser  à  ceux 
qu'il  jugerait  à  propos,  dans  l'intérêt  de  la  négociation  dont  il  était  chargé.  L'ins- 
truction qui  lui  fut  donnée  se  trouve  dans  le  tome  IX  d'Allemagne ,  cotée  pièce  4° 
(arch.  des  APT.  étr.).  C'est  une  mise  au  net  en  tête  de  laquelle  on  a  écrit,  après 
coup,  la  date  du  6  février.  Cette  pièce,  insérée  dans  les  Mémoires  de  Bichelieu  (t.  VII , 
p.  278-291,  édit.  Pelitot),  a  été  imprimée  dans  les  Négociations  du  marquis  de 
Feuquières  (Amsterdam,  lyôS  ,  t.  I,  p.  7-26),  où  elle  p'orte  la  date  du  3  février; 
c'est  la  date  véritable'.  Feuquières  rendit  compte  au  roi  le  5  mars  de  l'entrevue 
qu'il  eut  à  Wurtzbourg  avec  Oxenstiern;  ce  mémoire,  que  nous  ne  trouvons  pas 
manuscrit,  est  imprimé  dans  la  même  édition  de  1758  (p.  3o). 

Les  manuscrits  d'Allemagne  nous  donnent  la  réponse  faite  à  cette  communica- 
tion de  l'ambassadeur*.  On  y  lit  que»  S.  M.  a  considéré  attentivement  la  proposition 
que  le  s' Oxenstiern  a  faite  au  s'  de  Feuquières,  et  l'a  jugée  de  grande  impor- 
tance. •  Le  grand  chancelier  de  Suède  aurait  voulu  ({ue  la  France  fit  immédiate- 
ment une  rupture  ouverte  avec  l'Espagne,  et  pourtant  ii  ne  se  hasardait  pas  à  pré- 
.senter  nettement  une  proposition  que  Richelieu  n'accej)terait  pas.  La  guerre  contre 
l'Espagne  était  bien  certainement  au  fond  de  la  pensée  du  cardinal,  mais  il  en- 
tendait i-ester  maître  du  moment  de  la  faire;  il  s'y  préparait  longuement  avec 
une  patience  et  une  maturité  égales  aux  difficultés  et  aux  périls  de  l'entreprise. 
Dans  le  mémoire  dressé  pour  répondre  à  Oxensliern,  on  insistait  sur  la  nécessité 
de  resserrer  l'union  de  la  France  et  de  la  Suède  dont  la  mort  de  Gustave- Adolphe 
pouvait  relâcher  les  liens;  d'unir  étroitement  à  la  France  et  à  la  Suède  les  princes 
d'Allemagne,  qu'il  fallait  agrandir  et  fortifier  et  en  faveur  desquels  Oxenstiern  ne 
paraissait  pas  très-bien  disposé,  les  tenant  peu  favorables  eux-mêmes  aux  pré- 
tentions de  la  Suède;  enfin  d'incliner  l'assemblée  d'Heilbron  à  rechercher  notre 
alliance  et  celle  des  Hollandais  en  imposant  aux  confédérés  la  condition  de  ne  faire 
•  jamais  la  paix  l'un  sans  l'autre.  Et  en  même  temps  il  était  recommandé  à  l'am- 

'  PubiiéparM.EtienneGallois,en  i8AiJ-  est  écrit  en  latin.  Il  y  en  a  une  copie  dans 

'   Une  mission  spéciale  vers  ce  général  ce  même  manuscrit,  pièce  ly". 

fui  alors  confiée  à  M.  de  Miré.  (Ci-après,  *  Tome  X;  minute,  eu  partie   de    la 

aux  Analyses,  date  du  1 1  février.)  main  du  P.  Joseph.  A  la  marge  :  «  Mémoire 

'  A  la  suite  de  cette  pièce,  notre  nis.  pour  une  dépesche  à  M.  de  Feuquières.  • 

en  donne  nne  autre,  cotée  5*  :  •  Projet  de  La  date  nianque  et  on  l'a  classé  au  hasard 

traitté  avec   les   princes   protestans   d  AI-  dan»  ce  volume  non  coté  après  le  3  sep- 

lemagne  et  les  chefs  suédois,  pour  joindre  tembre   i634.  On  voit  que   ce  mémoire 

a  j'inslruciion  de  Feuquières.  »  Ce  projel  doit  être  du  mois  de  mars  i633. 

ciknoiK  or  niCHEi.iF.r  —  vii.  89 


706 


LETTRES 


bassadeur  de  jXHter  tout  doucement  Oxenstiern  «  à  nous  presser  de  rompre  avec 
l'Espagne  pour  l'obliger  à  nous  proposer  des  avantages  à  cette  fin.  »  Nous  ne  don- 
nons que  cet  extrait  du  mémoire  fait  par  ordre  de  Richelieu  et  qui  a  passé  sous 
ses  yeux,  puisque  nous  y  remarquons  quelques  mots  de  son  écriture,  mais  que 
nous  croyons  l'œuvre  du  P.  Joseph. 

La  mission  de  Feuquiéres  était  à  ce  moment  d'une  haute  iniportanc(;  pour  les 
afTaires  d'Allemagne.  Les  princes  de  la  ligue  protestante  allaient  se  rassembler  a 
Heilbron  et  c'était,  pour  la  politique  de  la  France,  un  point  capital  de  maintenir 
leur  union  avec  la  Suède.  Feuquières,  arrivé  à  Heilbron  le  i3  mars,  n'en  partit 
que  le  27  avril,  après  la  clôture  de  l'assemblée  '.  11  avait  j)uissamment  contribué 
à  faire  adopter  des  résolutions  conformes  aux  intérêts  communs^.  En  même  temps 
que  la  France  consolidait,  contre  l'Autriche,  l'union  intime  d'une  partie  des 
princes  d'Allemagne  avec  la  Suède,  elle  sauvait  de  l'invasion  suédoise  l'électeur 
de  Trêves,  qui,  dej)uis  quelque  temps,  j)our  se  soustraire  à  la  domination  impé- 
riale, avait  mis  ses  États  sous  la  protection  de  la  France. 

Richelieu,  voyant  approcher  le  moment  où  il  avait  résolu  d'engager  sérieuse- 
ment le  royaume  dans  cette  grande  lutte  de  la  guerre  de  Trente  ans,  redoublait 
d'efforts  pour  maintenir  notre  influence  de  ce  côté,  et  c'est  à  ce  moment  qu'il 
écrivait  à  Léon  Bouthillier  :  «  Si  on  ne  pourvoit  à  l'argent  nécessaire  pour  Coblentz , 
Ermestein  et  Trêves,  il  est  impossible  d'empescher  que  tout  n'aille  à  l'abandon-^.  » 

M.  de  Feuquières  fut  de  nouveau  envoyé  au  delà  du  Rhin  l'aimée  suivante. 


'  Le  traité  d'Heilbron  esl  conservé  aux 
AfF.  étr.  dans  le  tome  IX  d" .Allemagne, 
pièce  26 ,  aS/i  3  avril ,  ainsi  qu'un  mémoire 
adressé  à  Feuquières  sur  un  projet  «  baillé 
par  Oxenstiern  »  (pièce  3i).  —  Il  faut  lire 
aux  mêmes  arcliives  (Suède,  t.  III,  fol.  i  43) 
un  long  mémoire  également  adressé  0  Feu- 
quières, le  17  mai ,  où  le  roi  demande  ex- 
pressément (1  que  les  princes  et  les  villes  qui 
ont  intervenu  à  Heilbron  subsignent  led. 
traité.  »  La  France  insistait  sur  ce  point; 
dans  une  inslruction  donnée  le  16  à  un 
autre  plénipotentiaire  employé  en  Alle- 
magne, le  sieur  de  la  Grange  aux  Omies, 
nou.s  trouvons  In  même  recommandation  : 
"  Porter  les  proteslans  à  signer  le  traité 
entre  le  roi  et  le  chancelier  Oxenstiern  à 
Heilbron.»  (Pièce  ()5  du  tome  IX  d'Alle- 


magne précité.)  Citons  encore  un  autre 
mémoire,  daté  du  22  août,  où  Feuquières 
expose  au  roi  la  suite  des  affaires  depuis 
le  Iraité  d'Heilbron.  (T.  IX  d'Allemagne, 
pièce  70  )  Ce  mémoire  a  été  imprimé  dans 
les  Lettres  et  négociations  Je  Feuquières, 
t.  H  ,  pages  34-78. 

^  Voyez  L.  Ranke,  Histoire  de  France, 
t.  III,  p,  273  de  la  traduction  française. 
Paris,  i8d6. 

'  Lettre  du  20  avril  i633,  notre  t.  IV, 
p.  455.  Les  trois  villes  ici  nommées  étaient 
les  principaux  points  de  l'électoral  de 
Trêves.  Ermestein  est  celle  forteresse  ré- 
putée presque  imprenable  alors,  bâtie  sur 
le  Rhin  en  face  de  Coblentz,  nommée  de- 
puis Ehrenbreitstein  (Voy.  aussi  le  Nota, 
p.  471  du  ''1'  volume  précité.) 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEL. 


707 


Le  touie  X  d'Allemagne,  aux  AfTaires  étrangères,  est  rempli  de  pièces  relatives  à 
cette  nouvelle  mission  ;  peu  de  ces  pièces  appartiennent  en  propre  à  Richelieu ,  et 
nous  les  avons  données  dans  notre  quatrième  volume'.  Parmi  les  autres,  nous 
en  indiquerons  seulement  quelques-unes  :  l'instruction  donnée  pour  cette  nou- 
velle mission,  le  i"  février  (foi.  lo);  une  lettre  touchant  l'assemblée  des  princes 
et  Ktats  é\angéliques  d'Allemagne  réunie  à  Francfort  (fol.  ijg).  Le  cardinal  se 
préoccupait  vivement  des  débats  de  cette  assemblée,  et  nous  devons  noter  une 
pièce  importante  que  nous  trouvons  à  la  date  du  2  i  juin  dans  notre  manuscrit  : 
«Propositions  faites,  de  la  part  de  Louis  XID,  par  le  sieur  de  Feuquières  à  l'as- 
semblée des  quatre  cercles  de  la  province  électorale  du  Rhin  (fol.  1  1  2-1 36).  »  — 
L'homme  auquel  Feuquières  avait  affaire  dans  cette  mission  exerçait  sa  patience 
et  son  adresse;  Oxenstiern  avait  grand  besoin  de  la  France,  mais  il  se  défiait  du 
cardinal;  il  i-edoutait  l'ambition  et  les  ruses  de  sa  politique,  et  les  soupçons  qui 
l'obsédaient  faisaient  naître  de  continuelles  difficultés.  Heureusement  Feuquières 
était  un  négociateur  d'une  éminente  capacité,  qui  sentait  ses  avantages  et  savait 
en  profiter.  - —  La  bataille  de  Nordiingue,  perdue  le  6  septembre  par  un  général 
habile  et  presque  toujours  heureux,  le  duc  Bernard  de  Weymar,  fut  un  de  ces 
accidents  capables  de  compromettre  une  grande  cause,  mais  auxquels  Richelieu 
savait  faire  tête.  Aussitôt  une  ample  dépêche  est  expédiée  à  Feuquières  *;  le  roi 
fait  offrir  aux  princes  allemands  des  secours  sans  lesquels  tout  peut-être  était 
perdu.  •  Cette  déroule  a  tellement  étonné  tous  les  confédérés  que  ,  sans  cette 
espérance,  ils  se  seroient  accommodés  avec  les  ennemis  de  la  France,»  écrivait 
Feuquières  à  M.  d'Avaux,  ambassadeur  en  Danemark. 

On  peut  lire  dans  notre  quatrième  volume,  pages  607-6 17,  plusieurs  mémoires 
adressés  au  roi  par  le  cardinal  pour  rassurer  S.  M.  sur  l'état  des  affaires  d'Alle- 
magne. Néanmoins  Richelieu  ne  s'endormait  pas.  Nous  avons  trouvé,  dans  ce 
X"  volume  d'Allemagne,  à  la  date  du  1"  octobre,  un  mémoire  de  dépêches  à  faire, 
écrit  de  la  main  de  CheiTé  et  que  le  cardinal  envoyait  au  secrétaire  d'Etat  de  la 
guerre  Servien,  pour  donnera  chacun  des  ordres  afin  de  pourvoir  partout  aux 
difficultés  du  moment  '. 


'  Pages  bhlt,  r)85,  589.  6o5. 

"  Tome  X  d'Allemagne,  fol.  ay/J-aSS. 
C'est  une  mise  au  nel  dont  la  moitié  est 
érrite  de  la  main  attribuée  au  P.  Joseph. 


Richelieu  fit  a  celte  dépèche  une  addi- 
tion que  nous  avons  donnée,  tome  IV, 
p.  608. 

'  Notre  quatrième  volume,  page  618. 


89. 


■os  LETTRES 


CLXXXf. 
NOTA. 

Arch.  des  Aff.  éti'.  Mantouc,  t.  4,  pièces  217,  222, 22 3,  227-230.  237,  289. — 

Minutes  et  copies. 

Juillet-août  i633. 

Un  des  incidents  considérables  de  ia  guerre  de  Trente  ans,  c'est  l'affaire  de  la 
succession  de  Mantoue,  et  nous  avons  à  noter  ici  quelques  lettres  qui  se  rap- 
portent à  l'année  i633.  Ces  lettres,  nous  ne  croyons  pas  que  Richelieu  les  ait 
dictées,  mais  il  est  impossible  qu'il  n'en  ait  pas  donné  la  pensée  principale,  et 
nous  allons  tâcher  de  la  conserver  dans  la  mention  que  nous  ferons  de  ces  dé- 
pèches. Quant  à  la  forme,  elle  doit  appartenir  à  Servien  ^,  qui  les  a  écrites  de  sa 
main.  11  était  alors  secrétaire  d'Etat  de  la  guerre,  et  il  avait  rempli  récemment 
en  Italie  une  mission  qui  lui  avait  donné  la  pleine  intelligence  des  affaires  du 
duché. 

On  sait  que  la  succession  directe  des  souverains  de  la  maison  de  Gonzague  fut 
interrompue  à  la  mort  de  Vincent  II,  qui  régna  après  ses  deux  frères,  Fran- 
çois IV  et  Ferdinand.  Nous  avons  dit  (t.  V,  p.  874)  que  la  fille  de  François  IV, 
nièce  de  Vincent,  épousa,  presque  au  moment  de  la  mort  du  duc  régnant,  son 
oncle  le  duc  de  Rethel ,  fils  du  duc  de  Nevers ,  Charles  de  Gonzague ,  le  plus  proche 
héritier  dans  la  ligne  masculine.  Les  Espagnols  voulurent  profiter  de  cette  interrup- 
tion dans  la  succession  directe  pour  donner  le  duché  à  une  de  leurs  créatures,  le 
duc  deGuastalla ,  aussi  de  la  famille  de  Gonzague,  mais  parent  plus  éloigné.  Riche- 
lieu n'était  pas  homme  à  laisser  perdre  cette  occasion  de  placer  un  prince  attaché 
à  la  France  sur  ce  petit  trône  d'Italie,  surtout  lorsqu'il  trouvait  d'accoixl  le  droit 
et  l'intérêt  politique  de  la  monarchie.  Il  conseilla  donc  au  roi  de  prendre  en 
main  la  cause  du  duc  de  Nevers,  et,  après  une  lutte  de  trois  années,  l'empereur 
fut  forcé  de  reconnaître  ce  prince  pour  duc  de  Mantoue  à  la  diète  de  Ratisbonne. 
(Octobre  i63o.) 

Mais  si  ce  nouveau  duc  était  porté  d'inclination  vers  la  France,  la  famille  des 
ducs  anciens  était  restée  espagnole  de  cœur.  Marguerite ,  veuve  de  François  IV  et 
mère  de  la  jeune  duchesse  de  Rethel,  n'oubliait  pas  son  origine;  petite-fille  de 
Philippe  II,  elle  avait  eu  pour  père  Charles -Emmanuel  et  elle  était  parvenue  à 
inspirer  à  sa  fille  leur  haine  héréditaire. 

'  Richelieu  a  souvent  dicté  des  lettres  nail  d'entrer  comme  secrétaire  d'Etal;  mais 

.1UX  secrétaires  d'Etat,  à  do  Noyers ,  à  Bou-  Servien  était  un  homme  à  l'habileté  de  qui 

thillier  et  même  à  Chavigiii ,  qu'il  avait  tout  Richelieu  pouvait  se  fier, 
jeune  initié  aux  grandes  aflaires,  où  il  ve- 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  709 

Le  28  juillet,  la  princesse  de  Mantoue,  clans  un  conseil  qu'elle  tint  et  auquel 
assistaient  les  ministres  du  duché ,  lut  un  acte  écrit  et  signé  de  sa  main  *,  où  elle 
déclarait  qu'atteignant  dans  deux  jours  sa  vingt-cinquième  année,  elle  révoquait 
ce  qu'elle  jwuvait  avoir  fait  et  signé,  ou  pourrait  faire  et  signer  à  l'avenir  préjudi- 
ciant  à  ses  droits  sur  le  Mantonan  et  le  Montferrat. 

Sur  les  représentations  que  fit  M.  de  la  Tour  à  la  princesse  et  à  sa  mère,  celle- 
ci,  le  prenant  de  haut,  dit  à  l'envoyé  de  France  :  «Qu'elles  n'estoient  pas  ca- 
pables de  faire  comme  la  reine  mère,  ny  comme  M.  le  duc  d'Orléans,  qu'ils 
avoient  esté  mal  conseillez  et  qu'elles  estoient  de  celles  qui  sçavoient  bien  que  qui 
quittoit  la  partie  la  perdoit,  et  qu'enfin  elle  estoit  fille  de  Carlo  Emmanuel  et 
qu'elle  ne  s'estonnoit  pas  pour  le  bruit.  » 

En  même  temps  on  apprenait  que  les  Espagnols  faisaient  avancer  un  corps  de 
cavalerie  sur  la  frontière  du  (jrémonois. 

Le  duc  voyait  son  autorité  compromise  par  le  crédit  de  ces  princesses;  ses  en- 
nemis étaient  proches  et  armés;  il  se  croit  obligé  de  leur  céder  en  apparence,  et, 
dépendant,  il  se  hâte  d'écrire  au  cardinal  : 

«  Comme  les  conseils  dont  il  plaira  au  roy  de  m'honorer,  dit  le  duc,  me  seront 

tousjours  lois  très  expresses aussy  ay-je  estimé  à  propos  de  luy  envoyer  le 

s''  Baillot,  présent  porteur,  l'un  de  mes  secrettères '•',  pour  luy  faire  entendre  qu'il 
se  présente  une  occasion  assés  favorable  pour  commancer  à  les  exécuter,»  et  il 
prie  le  cardinal  de  lui  prêter  son  appui  près  du  roi;  il  invoque  «  In  bonté  et  la 
générosité  de  S.  Em.  dont,  ajoute-t-il,  j'ay  receu  des  effets  en  tant  d'occasions.  • 
La  lettre  du  duc  est  datée  du  i"  août'. 

Hichelieu  n'avait  pas  besoin  d'être  fort  excité  à  prendre  vigoureusement  en 
main  la  cause  du  duc  contre  les  princesses  alliées  des  Espagnols ,  et  il  fit  aussitôt 
écrire  par  le  roi  plusieurs  dépêches*. 

'  11  est  rédige  en  italien;  il  y  en  a  deux  chelieu,  t.  VI,  p.  796-806.  Dans  fédilion 

copies  dans  le  nis.  de  Mantoue,  tome  IV.  de  Petitol,  t.  VH,  p.  /igô-ôoa.) 

pièces  3i5  bis  et  287.  '  Arch.  des  AIT.  ètr.   Mantoue,   t.   IV, 

'  Le  cardinal  recul  du  sieur  Baillot  un  pièce  217,  autographe, 
récit  de  tonte  l'afTaire;  ce  récit  est  con-  *  Je  trouve  un  feuillet  (2  28),  écrit  d'une 
serve  dans  notre  nis.  de  Mantoue  (pièce  main  que  je  ne  connais  pas,  se  rapportant 
289),  mais  arrangé  dans  le  cabinet  de  Ri-  à  cette  affaire,  où  il  est  dit  :  «On  croit 
chelieu,  écrit  de  la  main  de  Cherré,  et  en-  qu'il  seroit  à  propos  d'escrire  trois  lettres.  » 
suite  mi»  par  le  secrétaire  des  Mémoires  Et  celui  qui  donne  ce  conseil  trace  en  peu 
dans  la  forme  accoutumée  pour  y  être  in-  de  mots  l'idée  principale  des  deux  lettres 
séré,  et  nous  l'y  trouvons  en  effet,  suivi  qui  ensuite  furent,  ainsi  qu'on  va  voir, 
de  l'analyse  des  diverses  pièces  que  nous  écrites  par  Servien.  La  troisième  lettre  in- 
indiquons ici.  (Mémoires  manuscrits  de  Ri-  diquée  dans  ce  feuillet  devait  être  à  l'adresse 


710  LETTliES 

Au  duc,  le  roi  représente  la  nécessité  de  réprimer  promptement  les  mau- 
vais desseins  formés  contre  lui  et  sa  maison  :  «  Ce  que  vous  aurés  à  faire  de  plus 
pressé  est  de  mettre  Tinfante  Marguerite  hors  de  voz  estats  de  Mantoue  et  du 

Montferrat Ny  moy,  ny  tous  les  princes  intéressez  avec  vous,  ne  sçanroient 

estre  en  asseurance  tant  quelle  seroit  près  de  vous.  Je  suis  bien  marry,  Taymant 
comme  j'ay  tousjours  fait,  d'estre  obligé  de  vous  donner  ce  conseil,  qui  peut-être 
d'abord  ne  luy  sera  pas  agréable;  mais  je  m'asseure  qu'après  ce  qui  s'est  passé 
elle-mesme  jugera  bien  qu'elle  doit  cela  au  repos  de  vostre  maison  ' ■ 

A  la  princesse  Marguerite,  Louis  XIII  écrit  :  «L'acte  que  ma  cousine  la  prin- 
cesse de  Mantoue  a  esté  conseillée  de  faire  est  capable,  si  on  n'y  aporte  quelque 
tempérament,  de  remettre  en  confusion  toutes  les  affaires  de  cette  maison. . .  Je  ne 
doubte  point  que,  recognoissant  que  vostre  séjour  dans  Mantoue  ne  peut  qu'alté- 
rer les  espritz .  .  .  vous  ne  ferés  point  de  difficulté  de  vous  retirer,  pour  quelque 
temps,  dans  une  de  vos  maisons,  hors  de  lad.  ville;  »  et  le  roi  lui  fait  entendre 
que,  si  elle  ne  se  prêtait  de  bonne  grâce  à  cet  éloignement,  il  se  verrait  obligé  de 
l'y  faire  contraindre. 

A  la  princesse  de  Mantoue,  le  roi  explique  les  conséquences  funestes  de  l'acte 
qu'on  lui  a  fait  faire;  elle  s'associe  parla  à  ceux  •■  qui  ont  de  tout  temps  conjuré 
la  ruyne  de  sa  maison.  .  .  tant  de  fois  envaliy  les  estats  de  mon  cousin  le  duc  de 
.Mantoue.  .  .  et  saccagé  sa  ville  capitale.  .  .  Pour  moy  qui  ay  tousjours  eu  autant 
de  soin  de  vos  affaires  que  des  miennes  propres.  .  .  je  puis  prétendre  un  crédit 
plus  légitime  sur  vostre  esprit.  «  S.  M.  finit  en  priant  la  princesse  «  de  faire  con- 
sidération sur  ce  que  luy  représentera  le  s'  de  la  Tour^.  » 

Envoyant  ces  diverses  lettres  au  chargé  des  affaires  de  France  à  Mantoue ,  le  roi 
lui  trace,  dans  une  instruction,  la  conduite  et  le  langage  qu'il  doit  tenir'  dans 
une  affaire  de  telle  importance:  «  En  semblables  occasions,  il  faut  user  d'une  pré- 
voyance et  diligence  extraordinaires. .  .  Toute  cette  pratique  a  esté  conduite  par 
l'entremise  de  l'infante  Marguerite,  il  faut  qu  elle  sorte  de  Mantoue  et  surtout 
qu'elle  n'aille  point  s'établir  à  Casai..  .  Cela  estant  fait,  il  ne  faut  rien  oublier 
pour  tascher  à  descouvrir  toutes  les  particularités  des  desseins  que  l'on  peut  avoir 

du  tluc  de  Savoie,  auquel  on  manderait  :  '  Minute  delà  main  de  Servien,p.  aaa. 

«Qu'un  plus  long  séjour  de  l'infante,  sa  Deux  copies  se  trouvent  dans  le  même ma- 

sœur,  à  Mantoue  pourroit  apporter  quel-  nuscrit. 

que  divorce  dans  cette  maison-là ,  et  qu'on  '   Minute  de  la  main  de  Servien ,  p.  aSo. 

le  prie  de  la  persuader,  comme  S.  M.  croit  '  Minutede  la  main  de  Servien ,  p.  237. 

qu'il  le  fera  volontiers.»  Je  ne  trouve  ni  Deux  copies  sont  dans  ce  manuscrit,  et 

minute,  ni  copie  de  cette  troisième  lettre:  l'on  en  conserve  une  autre  au  Dépôt  de  la 

je  ne  sais  si  elle  a  été  écrite,  ni  quel  est  guerre,  t.  Xld,  pièce  i3. 
celui  qui  donnait  ce  conseil. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU,  711 

eus. .  .  Le  duc  ne  doit  point  diflërer  de  mettre  entre  les  mains  de  la  justice  le 
secrétaire  de  l'Infante,  afin  de  cognoistre  par  luy  les  personnes  qui  ont  eu  part  à 
une  action  de  telle  importance .  .  .  user  de  toute  la  rigueur  des  loix  contre  les  mi- 
nistres qui  ont  signe  Tacte.  ■  Toutefois  le  roi  permet  quelque  indulgence  «  envers 
ceux  qui  auroient  adhéré  par  une  simple  facilité  et  non  par  malice.  .  .  Il  faut 
en  même  temps  ne  rien  oublier  pour  regagner  fesprit  de  la  princesse  en  taschant 
de  luy  faire  comprendre  que  c'est  dans  son  intérêt  qu'on  use  de  sévérité  à  l'égard 
des  ennemis  de  sa  maison.  »  L'instruction  ajoute  que  les  ménagements  conseillés 
pour  adoucir  l'humeur  aigrie  de  la  princesse  ne  doivent  pas  empescher  de  prendre 
gardp  à  ses  actions,  ni  de  veiller  sur  la  personne  du  petit  prince,  sur  laquelle  il 
ne  faut  point  douter  que,  voyant  le  premier  coup  failly,  on  ne  tasche  de  faire 
(|uelque  entreprise..  .  U  faut  aussi  redoubler  de  soins  pour  la  garde  et  la  seureté 
de  la  ville  de  Mantoue  et,  au  cas  que  la  garnison  ne  soit  suffisante,  escrire  au  s'  de 
la  Thuillerie,  lequel  a  ordre  de  S.  M.  '  de  faire  tous  les  offices  nécessaires  auprès 
de  la  rép.  de  Venise. .  .  afin  «[u'elle  ne  refuse  pas  le  secours  qui  seroit  nécessaire 
pour  prévenir  l'efléct  de  desseins  qui  ne  luy  seroieni  guère  moins  pn'judiciubles 
qu'au  duc  de  Mantoue.  » 

«  S.  M.  ne  peut  assez  sestonner  de  ce  que  le  duc  de  Mantoue  diffère  le  chasti- 
ment  de  Saint -Vincent,  s'il  est  vray  qu'il  ayt  intelligence  avec  les  Espagnols,  et 
qu'on  layt  trouvé  muni  d'un  chiffre  avec  eux. .  .  si  c'est  à  cause  qu'il  est  sujet  de 
S.  M. ,  comme  elle  croit  que  les  traistres  sont  indignes  de  porter  ce  nom  et  que 
l'on  ne  sçauroit  offrir  une  victime  plus  agréable  à  Dieu,  ny  plus  nécessaire  pour 
la  seureté  des  bons,  qu'un  mescliant  homme,  elle  aura  très  agréable  qu'on  luy 
fasse  souffrir  la  punition  qu'il  se  trouvera  avoir  méritée ,  et  mesme  elle  le  désire. . .  ■• 

"  Fait  à  Monceaux,  le  16  aoust  1633.  » 

Dans  une  lettre  jointe  à  cette  instruction,  le  loi  dit  à  M.  de  la  Tour  qu'il  lui 
envoie,  tout  ouverte,  sa  lettre  à  la  princesse,  afin  qu'il  sache  dans  quel  sens  il 
lui  doit  parler;  ■  surtout  il  faut  luy  faire  bien  entendre  combien  il  importe  que 
l'affaire  se  termine  amiablement. .  .  autrement  il  .seroit  à  craindre  que  ce  dif- 
férend, estant  démesié  avec   aigreur..  .    n'atlirasl  de  nouveaux' malheurs  dans 

La  lettre  du  roi  à  M.  de  U  Tliuillerie  il  est  pour  la  république  de  Venise  elle- 

L'st  conservée  ici,  en  minute,  de  la  main  même,  aussi  bien  que  pour  la  cause  com- 

de  Scrvien  (sans  date,  pièoe  229).  Le  roi  mune,  qu'elle  assiste  de  troupes  le  duc  de 

lui  envoie   copie  du  mémoire  adressé  à  Mantoue.  (On  a  vu  que  M.  de  la  Thuillerie 

M.  de  In  Tour,  par  lequel  il  sera  instruit  était  ambassadeur  de  France  auprès  de  la 

de  l'état  des  choses,  et  S.   M.  lui  donne  République.) 
ordre  de  représenter  de  quelle  importance 


712  LETTRES 

leur  maison..  .  le  roy  iuy  promet  son  entremise  auprès  du  duc,  si  elle  avait 
avec  Iuy  quelque  difficulté  pour  ses  prétentions.  .  .  »  (Pièce  22/4.) 


ANINEE    1634. 


CLXXXll. 

[Conimeiicement  de  janvier  r63/i.] 

Une  des  principales  affaires  de  Richelieu  au  commencement  de  celte  année, 
relie  dont  il  s'occupa  avec  plus  d'ardeur  et  avec  une  sorte  de  passion,  ce  fut  le 
mariage  clandestin  de  Monsieur  avec  la  sœur  du  duc  de  Lorraine.  Cet  attentat 
contre  les  lois  du  royaume  et  surtout  contre  la  dignité  du  roi,  dont  on  avait  ma- 
rié le  frère  sans  le  consentement  de  S.  M.,  excitait  l'indignation  du  cardinal  et  lui 
inspira  la  patriotique  pensée  de  faire  tourner  le  châtiment  du  duc  à  la  grandeur 
et  à  la  sécurité  de  la  France.  On  a  vu,  dans  notre  quatrième  volume,  à  cette  date 
de  janvier  i63/i,  la  mission  de  M.  de  Brassac,  dont  l'objet  occulte  était  de  recher- 
cher tous  les  moyens  de  nullité  du  mariage  de  Gaston.  Mais  faire  casser  ce  ma- 
riage n'était  pour  le  cardinal  qu'une  satisfaction  secondaire,  et  l'acquisition  d'une 
bonne  part  du  duché  de  Lorraine  était  le  but  réel  qu'il  se  proposait.  Il  résolut 
de  transformer  en  une  frontière  formidable  pour  le  royaume  ce  petit  Etat  qu'un 
prince  turbulent,  un  vassal  indocile,  offrait  comme  un  asile  à  tous  les  artisans 
de  complots,  à  tous  les  sujets  factieux,  et  comme  un  passage  pei"pétuellement  ou 
vert  aux  ennemis  extérieurs  de  la  France. 

On  a  déjà  vu  naître  cette  pensée  de  Richelieu,  on  la  verra  se  développer  peu 
à  peu. 

Nous  trouvons,  à  ce  moment,  dans  les  manuscrits  de  Lorraine,  une  pièce  sans 
date,  mais  du  commencement  de  janvier,  et  qui  est,  comme  le  thème  de  l'instruc- 
tion précitée  de  M.  de  Brassac,  écrite  en  partie  de  la  main  du  secrétaire  auquel 
Richelieu  dictait  les  lettres  qu'il  écrivait  la  nuit;  elle  est  terminée  par  ces  lignes 
de  la  main  du  cardinal  : 

«  Faire  tout  ce  qu'il  pourra  pour  faire  revenir  M""  la  princesse  Mai^uerite,  et  la 
mettre  entre  les  mains  du  roy  où  elle  sera  bien  traittée.  « 

«Cilo  cito  expediaUir  '.  » 

Ricbelieu  avait  affaire,  dans  ces  négociations,  à  un  prince  aussi  fourbe  que  légej-, 
et  dont  il  était  difficile  de  pénétrer  la  pensée  et  de  prévoir  les  résolutions.  Aussi, 

'   Arch.  des  Aff.  élr.  Lorraine,  t.  XIV,  ici.  29 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  713 

recommandait-il  à  ses  agents  d'user,  en  traitant  avec  lui,  de  dissimulation  et  de 
ruses.  Au  moment  où  le  duc  s'apprêtait  à  tromper  Richelieu,  celui-ci  écrivait  à 
M.  de  Brassac  :  «  M.  de  Lorraine  a  tesmoigné  vouloir  se  porter  à  donner  conten- 
tement au  roy  ^  . .  »  Mais  en  même  temps  Richelieu ,  qui  ne  se  laissait  pas  prendre 
à  ces  semblants,  s'efforce  d'inspirer  la  défiance  à  M.  de  Brassac;  il  insiste  sur  la 
nécessité  d'agir  par  surprise,  de  tirer  certains  .aveux  du  duc  en  présence  de 
témoins,  de  tâcher  de  le  faire  écrire  au  roi  en  un  certain  sens,  de  l'attirer  dans 
quelque  piège,  enfin  de  mettre  ici  «  toute  sa  prudence  et  dextérité.  »  Nous  ne  faisons 
qu'indiquer  cette  lettre  qui  reproduit,  en  les  abrégeant,  les  recommandations  de 
l'instniction  que  nous  avons  donnée  tome  IV,  page  5 12. 

A  huit  jours  de  là,  le  duc  avait  joué  cette  comédie  de  la  cession  de  ses  Ktats 
à  son  frère,  et  il  s'était  retiré  avec  ses  troupes  parmi  les  ennemis  de  la  France. 

Kt  de  ce  moment  Richelieu  fait  étudier  par  les  historiographes  et  les  publicistes 
les  droits  du  roi  sur  le  Barrois  et  les  autres  États  du  duc.  Les  manuscrits  de  Lor- 
raine de  l'an  i634  ,  aux  Affaires  étrangères,  sont  remplis  de  ces  travaux  : 

'  Mémoire  portant  que  !e  roy  peut  retenir  ce  qu'il  jiossède  des  duchés  de  Lor- 
raine et  de  Bar,  veu  les  dommages  causés  à  la  France  par  les  hostilités  du  duc.  • 
(Tome  XV,  fol.  4 10-419.] 

«  Droits  de  feudalité  du  roy  sur  la  Lorraine  et  Bar.  •  (Deux  mémoires,  fol.  448- 
453.) 

«  Sur  les  tiltres  de  Nancy  et  sur  la  vérification  du  testament  du  duc  René.  • 
(Fol.  3 13-327.) 

Inventaire  des  tiltres  de  Lorraine,  par  Godefroy.  Même  vol.  fol.  261 ,  524,  692. 
On  a  écrit  sur  la  marçe  :  •  Transporter  au  Trésor  des  chartes,  à  Paris.  » 


CI.XXXIII. 

Arch.  des  Aff.  élr.  France,  t.  jit-  —  Autographe.  — 

A  la  fin  de  ce  volume  74  on  a  mis  plu.sieurs  pièces  sans  date  et  non  cotées; 

celle-ci  est  la  première. 

SUSCBIPTION: 

A.  M.  BOUTHILLIER, 


[Vers  la  fin  (le  janvier  i634.] 

Paucis  le  convenire  cupio.  Pater  adoiescentulœ  de  cujus  nuptiis  agi- 

'  Arch.  des  AIT.  étr.  Lorraine,  t.  XIV,  *  Vincennes.  La  suscription  est  fort  lisi- 

10  janvier.  blement  écrite;  celle  orthographe  est-elle 

CABDIH.  DE  RICHEUCC.  VU.  QO 


714 


LETTRES 


tnr,  mecuin  egit  ita  ut  melius  oplari  non  possit.  Videor  enim  miKi 
matrem  aiidire  qnaernlam  quasi  filiae  grandis  fiât  injuria.  ^Cquo  animo 


une  gaieté  de  Richelieu  sur  celte  prison 
(l'Etat?  Il  est  tout  à  fait  dans  la  tournure 
de  son  esprit  et  dans  les  habitudes  de  son 
langage  d'appeler  maison  sanitaire  une  pri- 
son de  correction.  Ce  jeu  de  mots  s'accorde 
d'ailleurs  très-bien  avec  la  plaisanterie  nar- 
quoise de  la  lettre.  Parmi  les  prisonniers 
d'Etat,  dont  la  liste  est  longue  sous  ce 
règne,  le  plus  grand  nombre  fut  séquestré 
uniquement  parce  qu'ils  professaient  des 
opinions  malsaines  dont  Richelieu  crai- 
gnait la  contagion;  il  'e  disait  lui-même 
sans  nul  détour.  Ainsi  le  comte  de  Cramail 
fut,  en  ce  temps-là,  mis  à  la  Bastille,  non 
qu'il  eût  commis  quelque  crime  ou  quelque 
délit,  mais  par  cette  seule  raison  que  c'était 
un  homme  incommode,  «un  mauvais  su- 
jet, qu  il  était  dangereux  d'employer  en 
.  province ,  ou  de  laisser  libre  à  Paris. . . 
hormis  la  liberté,  ajoute  le  cardinal,  il 
eut  à  la  Bastille  le  meilleur  traitement  qu'il 
pouvait  désirer.  •  (Mém.  de  Rich.  t.  VIII, 
p.  397  et  /lag.  )  Vers  la  même  époque,  un 
autre  personnage  considérable,  Puylau- 
rens,fut  conduit  à  Vincennes.  Celui-là  était 
un  seigneur  qui  menait  aussi  une  très-mau- 
vaise vie  politique,  quoique  le  cardinal  lui 
eût  donné  en  mariage  une  de  ses  cousines. 
Etre  en  mauvais  air  est  une  des  expressions 
dont  se  sert  volontiers  Richelieu  à  l'égard 
de  ceux  qui  fréquentaient  les  mécontents, 
et  nous  la  trouvons  écrite  de  sa  main  dans 
une  lettre  adressée  à  ce  même  Puyiaurens 
peu  de  temps  après  celui  où  dut  être 
écrite  la  présente  lettre.  (Notre  tome  IV, 
624.)  — Ce  mariage  projeté  dans  la  famille 
du  cardinal ,  dont  Riciielieu  semble  se 
moquer  lui-même  et  où  il  appareille  dans 


une  piquante  ironie  la  hosse  du  prétendu 
et  la  beauté  de  la  future,  c'est  le  mariage 
de  son  cousin,  le  marquis  de  Coislin,  avec 
Madeleine  Séguier.  On  a  pu  lire  dans  notre 
quatrième  volume,  pages  ho']  et  Bog,  deux 
lettres  de  Richelieu  au  sujet  de  cette 
union.  Le  contrat  fut  signé  le  b  février 
1634.  La  mère  de  la  fiancée,  qui,  parait- 
il,  trouvait  cette  alliance  peu  digne  de 
sa  famille,  se  nommait  Madeleine  Fabrv; 
son  père,  Jean  Fabry,  seigneur  de  Cham- 
pauzé,  était  trésorier  de  l'extraordinaire 
des  guerres.  Le  cardinal  s'amuse  de  cette 
vanité  des  Fabry,  en  faisant  plaisamment 
marcher  cette  petite  noblesse  financière 
avant  celle  des  Richelieu.  —  C'est  par  Tal- 
leiuant  des  Réaux  que  nous  avons  connu 
la  bosse  du  jeune  homme  :  »  Le  marquis  de 
Coishn  autre  bossu ,  »  dit-il  dans  son  histo- 
riette de  la  Meilleraie.  Pour  la  beauté  de 
la  demoiselle,  nous  nous  en  rapportons  à 
RicheUeu.  Au  reste,  la  bosse  du  marquis 
de  Coislin  ne  l'empêchait  pas  de  se  battre 
vaillamment.  Après  s'être  distingué  dans 
plusieurs  combats,  il  mourut  en  16/ii  de 
blessures  reçues  au  siège  d'Aire,  ainsi  que 
nous  l'avons  dit ,  loc.  cit.  Quant  au  Révérend 
Robert,  c'est  sans  nul  doute  Arnauld  d'An- 
dilly ,  dont  le  prénom  était  Robert.  Le  cardi- 
nal ,qui  appréciait  son  mérite ,  lui  témoigna 
de  bonne  heure  une  grande  bienveillance. . 
malgré  ses  liaisons  intimes  avec  Du  Verger 
de  Hauranne  et  tout  Port-Royal.  D'Andilly 
se  croyait  en  ce  moment  un  peu  oublié  de 
l'Eminence.  C'est  de  lui-même  que  nous 
apprenons  la  solitude  où  il  vivait  alors 
retiré.  «J'étais  à  Pomponne,  où  je  passais 
avec  ma  famille  et   avec  mes  livres  une 


DU  CARDIiNAL  DE  RICHELIEU.  715 

omnia  pendo.  Richeliorum  et  Fabriciorum  familise  pari  passu  anibulare 
non  possimt,  possiint  tamen  gibbus  adolescentis  et  forma  juvenculae 
nostrse.   ^  '. 

Keverendi  Koberti  nostri  reditum  peropto;  si  lamen  spiritu  divino 
afflante  afio  vocetur,  non  repngno.  ^. 


CLXXXIV. 

Arcli.  des  Aff.  élr.  Lorraine,  t.  XIV.  fol.  2.S7.  - 


De  11  iii;tiii  (lu  secrétaire  de  nuit. 


[li  février  i634.] 

Le  s'  Espenan  dist  hier  que  le  mariage  du  cardinal  de  Lorraine  a 
esté  faicl  sans  dispense^.  Que  la  princesse  Claude  avoit  en  cette  con- 


partie  de  l'année  dans  une  grande  tranquil- 
lité. {Mém.  p.  38, éd.  Petilot.)  C'est  là  que 
Richelieu  vint  le  chercher  quelques  moi.s 
plus  tard  lorsqu'il  eut  besoin  de  lui  pour 
organiser  finlendance  de  l'armée  d'Alle- 
magne. —  En  tête  de  cet  aut"graphe  une 
main  étrangère  a  mis  1 635 ,  et  on  l'a  classé 
à  cette  date;  les  circonstances  que  nous 
venons  de  noter  indiquent  clairement  la 
lin  de  janvier  i634.  Remarquons  que  le 
P.  Anselme,  après  avoir  donné  au  tome  IV, 
pour  la  date  du  contrat  du  marquis  de 
Coislin,  le  a5  janvier,  dit  le  5  février  au 
tome  VI;  il  varie  aussi  sur  le  prénom  : 
.Marie  à  une  place,  Madeleine  à  l'autre. 
—  Nous  avons  déjà  dit  que  le  gouverne- 
ment deVincennes  avait  été  donné  à  Cha- 
vigni  en  juillet  i633. 

'  Voyez,  dans  notre  V'  volume ,  p.  255 , 
une  lettre  du  a3  septembre,  adressée  à 
Chavigni,  où  Richelieu  indique  ce  carac- 
tère comme  un  signe  que  la  lettre  doit 
rester  secrète.  Voyez  aussi,  page  35a,  la 
note  d'une  autre  lettre  de  même  date:  à 


ce  moment  Chavigni  ne  cessait  d'avertir 
le  cardinal  que  le  comte  de  Cramail  obsé- 
dait le  roi  de  mauvais  conseils. 

'  Il  y  avait  eu  récemment  quelques 
pourparlers  d'un  mariagedu  cardinal  Fran- 
çois de  Lorraine  avec  M"'  de  Combalet. 
Richelieu  accueillit  la  proposition  avec 
une  certaine  froideur,  et  quelle  que  fût  sa 
véritable  raison ,  il  donna  à  ses  refus  des 
motifs  de  délicatesse  qui  se  trouvent  consi- 
gnés dans  ses  Mémoires  (t.  VII,  /ji5).  Les 
relations  entre  la  France  et  la  Lorraine  se 
brouillaient  d'ailleurs  de  plus  en  plus,  et 
la  nièce  de  Richelieu,  resta  M""  de  Com- 
balet, en  attendant  qu'elle  devint  duchesse 
d'Aiguillon.  Le  duc  de  Lorraine,  à  bout 
d'expédients  dans  sa  lutte  contre  la  France, 
imagina  de  faire  an  cardinal  François, 
son  frère,  une  cession  simulée  de  ses  Etals 
(  l'acte  du  1 9  janvier  à  Mirecourt  se  trouve , 
en  double,  aux  Aff.  élr.  Lorraine,  t.  XIV, 
fol.  93) ,  et  de  le  marier  à  leur  jeune  cou- 
sine, Claude  de  Lorraine,  sœur  de  sa 
femme  Nicole,  et  qui,  attendu  la  stérilité 


90. 


716 


LETTRES 


sidération  fort  pleuré,  et  eu  si  grande  peine  à  se  résoudre,  que  il  avoit 
fallu  luy  faire  venir  trois  prestres  pour  luy  persuader  que,  non  obstant 


de  celle-ci ,  était  hérilière  présomptive  du 
duché.  Cette  union  dérangeait  les  desseins 
secrets  de  Richelieu,  qui,  d'ailleurs,  avait 
imaginé  d'avoir  en  France  les  deux  prin- 
cesses. Le  a5  janvier,  il  envoyait  à  M.  de 
Brassac  une  dépêche  accompagnée  d'un 
mémoire  *  relatif,  à  cette  aflairc ,  et  le  8  fé- 
vrier, il  lui  écrivait  :  a  de  recevoir  M""  de 
Lorraine  et  sa  sœur  et  les  porter,  autant 
qu'il  pourra,  à  leur  faire  prendre  cette  ré- 
solution". »  Cependant  le  19  du  même 
mois  M.  de  Brassac  annonçait  le  mariage 
de  la  princesse  Claude.  C'est  nécessaire- 
ment avant  la  réception  de  la  dépêche  de 
M.  de  Brassac  qu'il  faut  placer  une  lettre 
que  Richelieu  eut  l'idée  de  faire  écrire  au 
roi  par  la  duchesse  Nicole  et  dont  il  avait 
dicté  le  modèle  :  «Sire,  ayant  desjà  plu- 
sieurs fois  supplié  V.  M.  d'interposer  son 
authorité  pour  me  tirer  du  misérable  estât 
où  je  me  vois  réduite ,  dans  l'appréhension 
que  j'avois  que  Mons'  mon  mari  ne  m'em- 
menast  avec  luy  hors  de  mon  pays  pour 
me  forcer  à  faire  des  choses  contre  ma  vo- 
lonté  Je  conjure  V.  M.  de  donner 

ordre  à  ceux  qui  commandent  ses  armes 
dans  la  Lorraine, de  me  recevoir  et  proté- 
ger en  son  nom,  pour  que  je  ne  sois  pas 
violentée  à  me  démettre  du  droit  que  j'ay 

•  Lorraine,  t.  XIV,  fol.  126.  Minute  de  la  main 
de  Charpentier,  de  celle  de  Chavigni  et  d'un  seeré- 
taire  des  Affaires  étrangères ,  lesquels  ont  successive- 
ment tenu  la  plume.  Au  fol.  i2lt  se  trouve  une  dé- 
p^he  conforme  au  mémoire;  et,  au  fol.  128,  une 
simple  lettre  d'envoi  de  Chavigni. 

"  Lorraine,  t.  XIV,  foi.  1  yi.  Aux  Analyses,  à  la 
date  du  8  février. 

***  La  lettre  de  M.  de  Brassac,  du  19  février,  que 
nous  citions  tout  à  fheure,  dément  cette  plainte  de 


sur  cet  estât. .  .  entre  les  mains  de  Ma- 
dame la  princesse  Claude ,  ma  sœur,  pour 
faciliter  son  mariage  avec  M.  le  cardinal  de 
Lorraine  *" .  .  .  »  Cette  singulière  letlre  , 
écrite  de  la  main  de  Chavigni  '"*,  n'a  sans 
doute  pas  été  envoyée  ;  tout  en  exprimant 
en  partie  les  sentiments  de  Nicole,  elle  en 
faussait  ou  exagérait  l'expression,  et  la  du- 
chesse n'etit  certainement  pas  voulu  l'écrire 
en  ces  termes.  Blessée  des  infidélités  con- 
jugales d'un  époux  auquel  elle  gardait  sa 
foi  et  qui  ne  régnait  que  par  son  mariage , 
car  c'était  la  princesse  qui  était  l'héritière 
légitime  du  feu  duc,  son  père,  elle  sentait 
celte  plaie  du  cœur  encore  irritée  par  les 
violences  dont  le  duc  usait  envers  elle, 
dans  1  appréhension  qu'elle  ne  fit  valoir  des 
droits  qu'il  lui  contestait;  elle  n'était  pour- 
tant pas  encore  décidée  à  en  venir  à  cette 
extrémité.  Et  puis  la  princesse  Claude, 
as.seï  brusquement  mariée  à  son  cousin, 
contribua  à  l'ébranler  dans  sa  résolution. 
—  Il  faut  ici  dire  un  mot  des  circonstances 
assez  singulières  de  ce  mariage.  Le  cardi- 
nal de  Lorraine  n'était  pas  engagé  dans  les 
ordres,  mais  néanmoins  il  lui  fallait  une 
dispense  du  pape  et  aussi  une  dispense 
des  bans;  celle-ci,  il  se  la  donna  lui-même 
en  sa  qualité  d'évêque  de  Toul ,  sur  l'avis 

Nicole  contre  sa  sœur  que  Richelieu  voulait  lui  faire 
écrire.  «  Depuis  le  mariage  de  Madame  Claude ,  mande 
M.  de  Brassac,  la  duchesse  refuse  absolument  de  la 
quittiT  et  ne  veut  plus  entendre  parler  de  voyage  a 
Paris  qu'elle  pressoit  trois  jours  auparavant ,  elle  est 
du  tout  sous  le  joug  de  sa  sœur.»  {AIT.  étrang.  Lor- 
raine, t.  XIV,  p*  206.) 

*"'  Minute.  Lorraine,  l.  XIII,  fol.  7j4.  Mal  clas- 
sée en  1 633  parmi  plusieurs  pièces  sans  date. 


DU   CARDINAL   DE  RICHELIEU.  717 

le  manque  de  dispense,  le  salut  de  Testât  requéroit  qu'elle  passast 
outre. 


de  deux  ecclésiasliques  qu'il  consulta  pour 
la  forme.  Et  le  jourmême,  ig  février,  la 
bénédiclion  nuptiale  leur  fut  donnée  à  Lii- 
néville.  Les  scrupules  religieux  de  la  jeune 
épouse ,  qui  voulait  rester  séparée  de  son 
mari  jusqu'à  l'arrivée  de  la  dispense  de 
Rome ,  furent  vaincus  par  la  nécessité  po- 
litique ,  et  elle  se  laissa  persuader  aux  rai- 
sonnements du  prince,  qui  lui  fit  entendre 
que  le  salut  de  la  maison  de  Lorraine  dé- 
pendait de  la  consommation  du  mariage , 
seul  moyen  de  déjouer  les  pratiques  du 
cardinal  de  Richelieu  et  d'éviter  la  violence 
qu'il  méditait  contre  eux.  Le  cardinal  eut 
d'abord  la  pensée  de  faire  casser  ce  ma- 
riage ,  canoniquemenl  peu  régulier  ;  il  com- 
mença par  donner  l'ordre  au  gouverneur 
de  Nancy  de  faire  arrêter  les  deux  époux, 
puis,  revenant  sur  cette  première  résolu- 
tion, il  se  contenta  d'une  séparation  en 
prescrivant  de  retenir  seulement  la  prin- 
cesse Claude;  enfin  il  comprit  l'inutilité 
de  ces  violences  et  fit  écrire  le  a.  avril 
par  Ckavigni'  à  M.  de  Brassac  :  «Le  roy 
pense  qu'on  pourroit  trouver  estrange 
qu'on  séparast  le  cardinal  de  Lorraine  de 
sa  femme-,  il  faut  les  labser  à  Nancy  en- 
core quelque  temps  pour  laisser  un  peu 
amortir  celte   furieuse  passion  qu'ils  ont 

l'un  pour  l'autre Vous  continuerez 

fousjours  à  garder  la  princesse  pour  qu'elle 
ne  s'escliappe  pas .  .  .  •  —  Quant  à  la  du- 

*  Tome  XIV,  fol.  3io.  C'esl  une  léponsc  à  trois 
lettre»  ([ue  M.  de  Brassac  avait  adressées  »  Cha- 
Wgni  les  lo,  i3  et  30  mars.  La  lettre  n'est  donc  pas 
du  cardinal,  cooime  l'a  cru  M.  d'IIaussonville  (t.  1, 
p.  !ti^  de  V  Histoire  de  la  rèunionde  la  Lorraine),  Cha- 
vigni  d'ailleurs  a  mis  Monsieur  bors  ligne,  ce  qae  le 
cant .  ne  faisait  jamais ,  même  pour  le  prince  de  Condé. 


cliesse  Nicolle,  ce  fut  seulement  quelques 
mois  après  qu'elle  reprit  le  dessein  de  se 
réfugier  en  France;  elle  arriva  à  Paris  le 
7  mai,  et  l'on  peut  lire  dans  le  Mercure 
françois  le  récit  de  la  solennelle  réception 
que  le  roi  lui  fit  faire*".  Nous  avons  un 
mémoire  du  cardinal  à  Louis  XIII,  oii  sont 
exposées  diverses  demandes  faites  par  la 
duchesse ,  et  les  réponses  écrites ,  de  la  main 
du  roi ,  en  marge  de  ce  mémoire  montrent 
l'empressement  avec  lequel  S.  M.  satisfait 
aux  désirs  de  la  princesse  soit  pour  les 
personnes  qu'elle  recommande,  soit  pour 
son  habitation  à  l'hôtel  de  Lorraine ,  ([u'il 
faut  réparer,  ou  à  l'hôtel  de  Nevers  *  *  *. 
Toutefois  l'accueil  fait  à  la  duchesse  de 
Lorraine  ne  la  consolait  guère  de  ses  mal- 
heurs el  de  la  fausse  position  où  elle  était 
placée.  Cette  fuite  de  la  duchesse  fut  blâ- 
mée de  plusieurs;  Claude  lui  écrivait  le 
9  juin  :  «  Je  ne  puis  m'empescher  d'adver- 
tir  V.  A.  des  discours  qui  se  tierment  par 
toute  l'Italie  à  son  préjudice  "".  »  Nicole 
repousse  avec  indignation  ces  calomnies  : 
«  Je  ne  sçaurois  m'imaginer,  écril-elle,  que 
M.  le  ciird.  de  Richelieu  trcnipast  en  une 
action  si  noire,  et  qu'il  voulust  ternir  en 
cette  sorte  la  gloire  qui  luy  a  tant  cousté 
à  acquérir.  •  La  jwuvre  princesse  termine 
par  ces  mots  d'une  mélancolique  et  pieuse 
résignation  :  «  Il  faut  aller  jusques  au  bout 
et  souffrir  tant  qu'il  plaira  à  Dieu'"".  » 

'.*  Tome  XX ,  page  1 36. 

*•'  Cette  pièce  sans  date  doit  être  du  17  ou  dti 
18  juin  i63/i.  Original  de  la  main  du  secrétaire  de 
nuit.  Lorraine,  t.  XXVII,  pièce  260. 

'"*  Lettre  autographe.  Lorraine,  XIV,  534. 

**•"*  Lettre  du  ai  juillet.  Ibid.  tome  XV,  fol.  71. 


718 


LETTRES 


Faut  mander  à  M.  de  Brassac  qu'il  est  besoin  d'esclaircir  ce  faict, 
et  justifier  ie  plus  authentiqueinent  et  par  plus  de  tesmoins  qu'il 
pourra . 

Faut  tascher  d'avoir  la  déposition  des  trois  prestres  par  douceur, 
ou  civilement  se  saisir  de  leurs  personnes. 

Faut  aussy  tascher  d'avoir  le  prestre  qui  a  faict  le  mariage  et  esclair- 
cir  si  les  solennitez  y  ont  esté  observées;  ce  qui  assurément  ne  peut 
estre,  veu  que  le  seul  cardinal,  comme  ayant  l'authorité  spirituelle 
en  I^orraine,  a  peu  donner  dispense  des  bans  qui  n'ont  point  esté 
faicts,  mais  qu'il  ne  les  a  pas  peu  donner  pour  soy  mesmé. 


CLXXXV. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  Trêves ,  t.  II ,  fol.  85.  — •  Minute  de  la  main  d'un  secrétaire  de  Cliavigni. 


INSTRUCTION  AU  SIEUR  DE  GOURNAY' 


3 1  mai's  1 63  'j 


Instances  pour  faire  mettre  Philipsbourg  entre  les  mains  du  s'  de  Feuquières. 
—  Réponse  aux  objections  des  Suédois  qui  prétendent  que  le  traité  avec  la  Suède 
«  n'a  plus  lieu  à  cause  de  la  mort  du  roi  de  Suéde.  »  —  Le  roy  a  donné  ordre  au 


'  Le  manuscrit  de  Lorraine  cité  aux 
sources  donne,  foi.  "ikti-,  deux  lettres  de 
Louis  XIII,  datées  du  a  5  février,  l'une 
adressée  à  la  princesse  Claude,  l'autre  à 
l'ex-cardinal  François,  que  la  cession  de 
ïon  frère  faisait  uiomentanément  duc  de 
Lorraine ,  au  moins  en  apparence.  Le  roi , 
en  se  retranchant  derrière  l'autorité  ecclé- 
siastique, insinuait  que  la  légitimité  d'un 
tel  mariage  lui  était  fort  suspecte.  (Nous 
remarquons  quelques  mots  de  la  main  de 
Richelieu  dans  la  première  de  ces  lettres.) 
M.  d'Haussonvilie  écril  même  que  le  car- 
dinal  «donna  ordre  à  M.  de  Brassac  de 


dire  au  duc  François  que  la  conscience 
du  roi  ne  lui  permettait  pas  de  supporter 
qu'il  demeurast  davantage  avec  la  princesse 
Claude  sans  la  dispense  du  pape.  ■  Et  l'his- 
torien de  la  réuniun  de  la  Lorraine  à  la 
France  cite  une  lettre  de  Richelieu  du 
ao  mars  ;  mais  il  n'en  indique  point  la 
source.  (T.  I,  p.  ^og.)  Ne  serable-t-il  pas 
qu'ici  Louis  XIII  outrepassait  un  peu  ses 
droits  de  suzerain  ? 

'  Nous  avons  noté  une  autre  instruction 
du  9  décembre  pour  M.  de  Gournay,  en- 
voyé alors  vers  l'électeur  de  Trêves  et  le 
chancelier  Onenstiern. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  719 

maréchal  de  la  Force  de  s'avancer  pour  faire  retirer  les  Espagnols  des  terres  de 
Trêves. 

«  Sur  les  offres  que  fait  Télecleur  de  moyenner,  en  faveur  du  roy,  que  M*'  le 
cardinal  de  Richelieu  soit  nommé  coadjuteur  en  Tévesché  de  Spire,  et  qu'il  soit 
pourveu  de  la  dignité  de  grand  prévost  en  l'église  de  Trêves ,  le  s'  de  Gournay 
tosnioignera  aud.  s'  électeur  combien  le  roy  luy  en  sçait  gré  ;  mettant  haultement 
en  considération  l'utilité  que  le  d.  archevesque  et  ses  estats  en  recevront,  pour 
estre  à  l'advenir  plus  respecter  et  assistez  par  le  concours  de  la  France.  »  (Ici  on 
pose  plusieurs  jioints  touchant  la  promotion  à  la  coadjutorerie  de  Spire,  et  à  la 
gi'ande  prévôté  de  Trêves,  dont  on  charge  l'envoyé  de  s'éclaircir. ) 

Le  sieur  de  Gournay  fera  toujours  bien  entendre  aud.  sieur  électeur  «  que  jamais 
M.  le  cardinal  ne  veult  penser  à  prendre  aultrc  titre  que  de  coadjuteur,  ny  avoir 
aultre  prétention  que  de  se  joindre  plus  fortement  avec  led.  sieur  eslecteur  pour 
luy  aider  à  maintenir  la  religion  catholique  en  ses  Fstats  soubs  l'autorité  du  roy.  » 

«  Après  toutes  ces  choses  i>ien  esclaircies,  led.  s'  eslecteur  fera  bien  d'envoyer 
par  deçà  le  s'  de  Tavigny  '  pour  en  porter  une  résolution  certaine,  avec  pouvoir 
de  traitter  et  de  conclure  pour  la  dernière  fois,  n'estant  à  propos  que  cet  affaire 
Iraisne  plus  longtemps  pour  certaines  grandes  considérations. .  .  • 

Nota.  Cet  extrait,  très-succinct,  d'une  instruction  diplomatique  écrite  par 
ordre  de  l\ichelieu  nous  conduit  à  l'examen  d'un  incident  remarquable  de  l'his- 
toire du  cardinal,  et  poui'tanl  resté  inconiui  à  tous  les  historiens. 

Richelieu  a  dit  dans  ses  Mémoires  :  «  L'archevesque  de  Trêves,  se  sentant  obligé 
au  roi  de  l'assistance  qu'il  lui  avoit  donnée  et  de  sa  protection  qu'il  avoil  reçue 
utilement  contre  les  armes  des  Suédois  et  celles  des  Espagnols ,  ne  pouvant  trou- 
ver un  meilleur  moyen  de  reconnoîlre  toutes  ces  grâces  que  de  faire  son  coad- 
juteur celui  par  les  conseils  de  qui  il  avoit  reçu  tout  ce  bien,  en  envoya  lesexjjé- 
ditions  au  cardinal  pour  les  faire  agréer  à  Sa  Sainteté,  laquelle  les  agréant,  reçut 
une  si  grande  opposition  de  la  paît  de  l'Espagne  que,  quoique  le  chanoine  de 
Trêves,  que  l'électeur  y  avoit  envoyé,  fît  entendre  que  cette  coadjutorerie  n'avoit 
•■lé  recherchée  ni  du  roi  ni  du  cardinal,  mais  estoit  venue  du  mouvement  libre  et 
de  la  pure  inclination  dud.  Electeur,  qui  jugeoit  cette  sienne  postulation  nécessaire 
|)0ur  le  bien  des  catholiques.  Sa  Sainteté  néanmoins  se  retint  de  passer  outre  et 
pria  le  roi  d'avoir  agréable  qu'en  ce  point-là  elle  n'offensât  pas  les  Espagnols,  lui 
semblant  que  l'Empire  pouvoit  prétendre  y  être  intéressé,  en  ce  qu'on  donneroit 

Ce  nom,  que  le  secrétaire  avait  sans  le  s'  de  Tavigny  était  un  des  chanoines  de 
doute  mal  entendu,  n'est  guère  lisible,  l'église  de  Trêves  qui  furent  couslamnieiit 
mai»  ce  doit  être  celui  que  nou»  écrivons  ;         employés  dans  toute  celte  affaire. 


I 


720  LETTRES 

à  un  autre  que  de  nation  allemande  une  des  premières  dignités  de  la  Germanie.  » 
(T.  VIII,  p.  171,  édit.  Petitot.) 

Voilà  ce  que  disent  les  Mémoires  de  Richelieu  et  ce  que,  faute  de  documents 
publiés  à  ce  sujet,  on  a  pu  prendre  pour  la  vérité;  or,  tout  est  controuvé  dans 
ce  récit  donné  comme  officiel ,  et  voici  ce  que  nous  apprennent  les  corres[)ondances 
intimes  et  les  documents  demeurés  secrets. 

La  première  mention  que  nous  trouvons  de  la  coadjutorerie  de  Trêves,  c'est 
le  21  juin  1 633,  dans  une  lettre  adressée  au  cardinal  par  M.  de  la  Grange  aux 
Ormes,  l'un  des  agents  diplomatiques  du  roi  en  Allemagne,  lequel,  notons  cette 
circonstance,  était  alors  à  Paris.  Il  écrit  au  cardinal  une  lettre  où  nous  lisons  : 
«  M^',  je  prens  hardiesse  de  dire  à  V.  E.  que  l'aage  et  l'esprit  de  M.  l'électeur  de  Trêves 
pressent  fort  qu'on  asseure  de  bonne  heure  l'authorité  de  S.  M.  dans  cet  électorat, 
contre  les  effects  que  la  mort  ou  l'inconstance  de  ce  prince  y  peuvent  causer.  .  . 
le  plus  seur  remède  est  de  luy  procurer  ung  successeur  aggréable,  affectionné  et 
fidelle  à  S.  M.  Cette  dignité,  après  celle  du  Papat,  est  sans  contredit  au-dessus  de 
toutes  les  autres  de  l'Eglize,  et  dans  les  diètes  de  l'Empire.  .  .  ; .  donne  la  pré- 
séance au  préjudice  des  roys  et  de  leurs  ambassadeurs. . .  V.  E.  pourroit  de  beau- 
coup advancer  la  gloire  et  la  réputation  de  la  France  si  elle  ne  desdaignoit  pas  de 
remplir  ceste  place  de  sa  personne,  comme  elle  le  peut,  sy  elle  a  pour  agréable  d'y 
penser.  L'estre  né  françois  ne  l'en  exclud  pas,  et,  par  son  extraction,  elle  a  les 
autres  qualités  requises.  .  .  Il  faut  travailler  promptement  à  ce  que  les  Domhers, 
autrement  chanoines,  dont  on  se  pourra  asseurer,  soient  rappelés  à  Trêves,  du 
moins  au  nombre  de  sept  ou  huit ,  et  gaignez  et  acquis  par  toutes  sortes  de  faveurs; 
les  autres  espaignolz  aussy  rappelez  et  la  place  des  non  comparaissantz  remplie 
par  de  nouveaux  affidez;  et  que  V.  E.  prenne  dès  à  présent  une  place  de  chanoine. . . 
H  faut  faire  stage,  mais  on  peut  eslre  dispensé  par  Sa  Sainteté  de  la  résidence  de 
Trêves. 

«  Ayant  bien  examiné  ceste  affaire,  j'en  ay  parlé  (sans  nommer  Vostre  Eminence) 
à  personnes  s<;avantes  et  de  crédit,  qui  m'ont  dit  qu'ils  feroient  bien  que  sept  ou 
huit  Domhers  reviendroient  et  s'obligeroient  j)réalablement  à  servir  le  roy  fidelle- 
ment  et  à  l'exclusion  de  tous  autres,  et  à  donner  leur  voix  à  celuy  que  S.  M.  dési- 
rera. Que  si  avec  cela  on  pouvoit  gaigner  l'esj)rit  de  l'électeur,  il  pourroit,  avec  le 
consentement  du  chapitre,  faire  Vostre  Eminence  son  coadjuteur  dès  à  présent, 
y  ayant  certains  expédients  par  lesquels  il  y  pourroit  estre  obligé  ' .  .  .  » 

Nous  ne  savons  quelle  réponse  le  cardinal  a  faite  à  cette  ouverturef  assez  mala- 
droite, ou  même  s'il  y  a  répondu  ;  mais ,  à  quelques  mois  de  là  (le  4  février  i634), 
un  autre  diplomate  moins  gauche  que  la  Grange  aux  Ormes,  Bussy-Lamet,  en 

'  Orig.  aulogr.  Arch.  des  AfT.  étr.  Allemagne,  I.  IX,  pièce  k"]- 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  721 

mission  spéciale  près  de  l'archevêque  de  Trêves,  mandait  au  cardinal  que  la  perte 
de  Philipsbourg  et  les  contributions  que  les  Sutklois  avaient  envoyé  demander  à 
M.  l'électeur  •  estoient  des  moyens  puissans  pour  le  faire  résoudre  à  pourveoir 
d'un  successeur  ses  évesché  et  archevesché  de  Spire  et  de  Trêves. .  .  Je  laisse  à 
M.  de  Montault,  ajoute  Bussy,  à  vous  faire  connoistre  ces  moyens  lesquels  seront 
confirmés  par  le  s''  de  Tavigny,  à  l'instant  qu'il  sçaura  que  Vostre  Eminence  y  voul- 
dra  penser'.  »  Il  paraît  que  ce  Montault,  au  moins  Bussy  le  crut,  ne  remit  pas  les 
dépêches  qui  lui  avaient  été  confiées,  car  le  26  mars,  sur  la  réponse  de  Ciiavigni 
à  Bussy  :  «Je  vous  envoie,  lui  mande  celui-ci ,  les  copies  de  mes  dépesches  que 
j'avois  faites  à  S.  E. ,  au  R.  P.  Joseph,  à  M.  vostre  père  et  à  vous,  dont  le  sieur 
de  Montault  estoit  porteur.  »  —  •  C'est  une  affaire  de  laquelle  il  y  a  six  mois,  dit 
Bussy,  je  vous  ay  mandé  les  ouvertures  que  j'avois  faictes,  sur  quoy  n'ayant  eu 
nulle  resj)onse,  je  laissay  tout  en  mesme  estât  qui  me  donna  lieu  de  renouveler-' 
ceste  penst-e  après  la  perte  de  Philisbourg.  .  .  bref,  je  le  porte  (l'archevêque)  à 
offrir  le  tout  purement.  .  .  je  luy  fais  espérer  que  par  cette  voie  S.  E.  prendra 
tous  ses  intéresis  en  main  comme  les  siens  propres^.  • 

iVIalgré  ces  incitations,  l'archevêque,  tounnenté  de  perplexités  qu'il  ne  dissi- 
mulait pas,  faisiiit  des  objections  :  «Je  puis  bien  pourveoir  au  spirituel,  disait-il 
à  Bussy;  mais,  pour  le  temporel,  il  semble  qu'il  soit  des  dépendances  de  l'em- 
pereur '.  » 

Cependant  Dussy  transmet,  de  la  part  de  l'Electeur,  un  projet  que  le  cardinal  fit 
renvoyer  incontinent  (le  11  avril).  «Dans  la  copie  de  l'acte  que  M.  de  Trêves  a 
envoyée,  mandait  Chavigni,  ])ortant  la  nomination  et  présentation  qu'il  fait  au 
jKipe  de  Monseigneur  le  cardinal  pour  la  coadjutorerie  de  Spire,  l'on  remarque  une 
notable  défectuosité,  en  ce  qu'il  n'y  est  jwint  faict  mention  que  les  chanoines  du 
chapitre  de  Spire  ont  faict  eslection  canonique  de  la  personne  de  M*^  le  caixl.  dé 
Richelieu,  estant  seulement  dict  par  led.  s' Eslecteur  que  led.  chapitre  autrefois 
luy  a  donné  son  consentement  pour  la  nomination  d'un  prince  de  la  maison  de 
Lorraine,  ci-devant  évesque  de  Toul,  d'où  il  infère  qu'il  peut  faire  piaintenant 
le  mesme  par  un  tacite  consentement  dud.  chapitre  *.  » 

Le  malin  aichevêque  dont  Bussy  dit  :  «  Ses  humeurs  extravagantes  \ont  à  s'at- 
tacher avec  tout  le  monde  et  tromper  un  chacun ,  »  était  bien  capable  d'avoir  glissé 
la  clause  défectueuse  pour  retarder,  autant  que  possible,  le  succès  d'une  affaire  k 
laquelle  il  ne  se  prêtait,  comme  il  était  assez  clair,  qu'à  son  corps  défendant  : 
«  Il  s'échappa  de  me  dire,  écrivait  Bussy  le  2  3  mai  suivant,  que  le  cardinal  infant 
gouvernant  les  Pays-Bas,  l'électorat  de  Trêves,  estoit  à  sa  bienséance;  se  reprenant 

'   Arch.  (les  Afl,  étr. Trêves,  I.  Il,  foi. 76.  '  /iiV/.  TrÉives,  t.  Il,  pièce  86,  3  avril. 

'   Ibid.  fol.  82.  *  Ibid.  pièce  87. 


CARDIX.  DE   HICIIELIF.C.  —  TU. 


9' 


-•12  LRTTRES 

me  clist  :  s'il  ne  le  poiivoit  faire  tomber  entre  les  mains  de  M*'  le  cardinal.  <je 
qui  me  donna  liberté  de  luy  dire  qu'il  n'estoit  plus  temps  d'avoir  autres  visées  et 
qu'il  falloit  achever  ce  qu'il  avoit  commencé  '.  » 

A  Rome ,  on  ne  rencontrait  pas  plus  d'empressement;  l'ambassadeur  de  France, 
le  comte  de  Noailles,  était  chargé  d'exposer  à  S.  S'^  «que  le  cardinal  de  Riche- 
lieu n'est  nullement  intéressé,  n'ayant  jamais  ny  demandé,  ny  prétendu  icelle 
coadjulorerie.  »  —  Raisons  qui  militent  pour  celte  proposition,  et,  au  premier 
rang  «  l'intérest  des  catholiques.  »  Ce  mémoire,  sans  signature  ni  dale^,  est  classé 
vers  le  milieu  de  i634.  Un  autre  mémoire,  également  non  signé  et  non  daté, 
est  placé  dans  le  manuscrit  immédiatement  avant  celui  que  nous  venons  de 
noter,  c'est  un  brouillon  où  sont  déduites  à  peu  près  les  mêmes  considérations; 
je  n'en  connais  pas  l'écriture.  M.  de  Noailles  avait  trouvé  dès  l'abord  le  pa[)e 
très-peu  favorable  aux  ouvertures  qu'il  avait  été  chargé  de  faire.  «  Peut  cstre  une 
autre  fois,  lui  écrivait  Chavigni  le  26  septembre.  Sa  Sainteté  mieux  disposée  ne 
s'éloignera  pas  tant  de  la  coadjulorerie  *.  » 

Le  10  octobre,  Chavigni  insistait  et  répétait  le  thème  officiel  :  «Pour  ce  qui 
regarde  la  coadjutorerie  de  Spire,  écrivait  Chavigni  à  l'ambassadeur,  vous  don 
nerez  à  entendre  à  N.  S.  P.  le  pape  que  ny  le  roy,  ny  W  le  cardinal  ne  l'ont  point  re- 
cherchée; que  cela  est  venu  du  mouvement  libre  de  M.  l'Electeur  de  Trêves.  .  . 
c'est  à  Sa  Sainteté  à  examiner  si  la  considération  des  catholiques  doit  prévaloir  à 
celles  que  l'on  allègue  pour  empescher  cette  affaire  *.  » 

Le  pape,  qui  savait  assurément  la  pensée  de  l'archevêque,  ne  pouvait  guère 
être  dupe  de  cet  argument,  et  l'on  ne  comprend  pas  même  qu'on  osât  le  lui  pré- 
senter. Le  comte  de  Noailles  devait  savoir  d'ailleurs  à  quoi  s'en  tenir,  et  il  résulte 
évidemment  de  sa  correspondance  que  les  démarches  faites  à  Rome  par  l'envoyé 
de  l'Electeur  n'étaient  pas  bien  pressantes  :  «  M.  de  Tavigny,  écrivait  l'ambassa 
deur  à  Chavigni  le  10  octobre,  n'attend  point  d'argent  de  l'Electeur  son  maistre, 
et  il  s'en  ira  de  Rome  si  vous  ne  luy  en  envoyez  pas  ^.  » 

Il  n'est  pas  étonnant  qu'avec  de  telles  dispositions  l'affaire  marchât  lentement. 

'   Arch.  des  Afl'.  étr.  Trêves,  t.  H,  pièce  poursuivie  par  l'agent  de  M.  l'Electeur,  si 

90.  son   niaistrc    le    désire    comme   il   a   tes- 

'  Mêmes  archives ,  tome  L  de  Home ,  moigné ,  et  vous  le  devez  appuyer,  en  sorte 

folio  92.  néantmoins  qu'il  paraisse  que  celte  affaire 

^  Ibid.  fol.  98.  procède   de    la    libre    et   franche  volonté 

'  Ihid  fol.  1 08.  dud.  Electeur,  parce  que  telle  est  la  vé- 

^  Ibid.  Rome,  tome   LV,  loi.   129.   Et  lilé.  »  Lettre  du  24  octobre,  collection  de 

cependant    Chavigni    écrivait    à    M.    de  Rome,  t.  L,  foi.  112.  Cette  vérilé  diplo- 

Noailles,  à  peu  près  dans  le  même  temps  :  matique  que  Chavigni  s'efforce  de  persua- 

«  L'aiïaire  de  Spire  doit  esire  chaudement  der  à  l'ambassadeur,  y  croyait-il  lui-même  ? 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  723 

Le  3  novembre,  Richelieu  en  était  encore  à  faire  écrire  à  Bussy  «de  tenir  l'ar- 
chevesque  en  bonne  volonté,  et  de  luy  faire  cognoistre  combien  M»'  le  cardinal 
se  sentait  son  oljjigé  '.  » 

Cependant  M.  deTavigny  était  rappelé  à  Trêves,  et  il  manquait  d'argent  pour 
s'en  retourner^.  Chavigni  lui  en  enverra;  mais,  écrit-il  au  chanoine,  vous  ne  vou- 
driez pas  partir  de  Rome  tant  qu'il  y  aura  quelque  apparence  d'avancer  quelque 
chose  ^.  Il  partit  néanmoins,  et  M.  de  Noailles  lui  donna  ce  satisfecit  :  «  Si  raffaire 
dont  il  estoit  chargé  n'a  réussi  plus  heureusement.  .  .  ce  n'est  pas  faute  de  l'avoir 
bien  sollicitée.  »  Lettre  à  Chavigni  dji  ii  décembre*. 

Quelques  jours  après,  le  18,  l'archevêque  mandait  à  l'ambassadeur  de  France 
auprès  du  pape  que,  son  agent  quittant  Rome,  il  en  envoyait  un  autre  à  sa 
place  *.  Nous  ne  trouvons  nul  indice  que  cette  nouvelle  mission  ait  été  effectuée. 

Mais  les  affaires  de  Trêves  devenaient  de  plus  en  plus  graves.  Depuis  quelque 
temps  le  chapitre  était  en  révolte  contre  son  archevé([ue;  une  partie  s'était 
letirée  à  Luxembourg;  nos  manuscrits  nous  parlent  de  chanoines  coupables,  de 
chanoines  de  la  faction  espagnole.  M.  de  Bussy  avait  imaginé  de  créer  un  autre 
chapitre  par  certains  procédés  qui  mettaient  les  voix  à  la  disposition  du  cardinal ,  et 
«  pour  ruyner  tout  ce  que  fait  celuy  qui  demeure  à  Luxembourg. .  .j'estime,  ajoute 
Bussy,  que  dans  le  chapitre  formé  de  cette  sorte,  Son  Éminence  pourrait  estre 
receue  promptement  coadjuteur  de  Trêves''.  »  Mais  Bussy  comptait  sans  le  pape. 

De  ce  moment  les  volumes  de  Trêves  restent  muets  sur  cette  affaire;  il  faut 
aller  à  Rome  pour  en  avoir  le  dénouement.  Nous  le  trouvons  dans  une  lettre  de 
l'ambassadeur  de  France  :  «  Le  pa])e  résiste  a  consentir  que  Neptune  soit  coadju- 
teur de  l'archevesché  de  Trêves,  c'est-à-dire  cvesque  d'Espire.  Nous  avons  eu  de 
grands  discours  sur  cela.  Quand  nous  aurons  l'hilipsbourg,  nous  ferons  bien 
venir  le  monde  à  raison.  Je  vous  prie  de  tenir  cet  article  secret'.  » 

M.  de  Noailles  en  parle  ici  un  peu  légèrement;  le  pape  ne  se  montra  pas  si  do- 
cile. Il  refusa  formellement  la  proposition  de  donner  au  cardinal  la  succession 
éventuelle  de  l'électeur  de  Trêves,  et  il  ne  fut  plus  question  de  mettre  Richelieu 
au  nombre  des  princes  de  l'empire  germanique. 

'  Arcli.  (\e<i  Aiï.  étr.  Trêves,  I.  IL  pièce  '  Ibid.  l.  L,  foi.  i4a- 

10/i.  '   8  janvier  iG35.  Trêves,  t.  Il,  pièces 

'  Lettre  de  M.  de  Noailles  à  son  frère  preinière. 

févèque  de  Saint-Flour,  du  5  deienibre.  '  Cette  lettre,  adressée  par  l'ambassadeur 

Rome,  I.  XLVIII,  fol.  36o.  à  son  frère  févèque  de  S.iiiit-Flour,  est  sans 

Arch.  des  AIT.  èlr.  Rome,  l.  XLVIII,  date,  et  on  l'a  clussée  vers  la  fin  de  i03ù- 

loi.  365.  (Arch.  des  Afl".  étr.  Borne,  tome  XLVIII, 

'  Ibid.  tome  LV.  fol.  aây.         '  fol.  3o4.) 

9'- 


72/1  LETTRES 

(]elte  étrange  idée  de  faire  du  premier  ministre  de  Louis  XHI  un  électeur 
d'Allemagne  est-elle  née,  presque  au  même  moment,  dans  le  cerveau  de  deux 
petits  ambassadeurs  de  France,  La  Grange  aux  Ormes  el  Bussy-Lamet,  comme 
le  disent  les  lettres  de  ces  deux  diplomates,  lesquels,  s'il  faut  leur  prêter  foi,  au- 
raient osé  mettre  en  train  cette  importante  affaire  sans  consulter  Richelieu,  sans 
même  avoir  essayé  de  connaître  son  sentiment?  Personne  ne  le  croira. 

Que  l'appât  de  cette  grande  dignité  ait  pu  tenter  le  cardinal  malgré  sa  haute 
raison  et  sa  profonde  intelligence  des  affaires  politiques,  peut-être  n'est-ce  pas 
fort  invraisemblable,  à  un  moment  où  le  bruit  plus  étrange  encore  était  répandu 
qu'Oxensticrn  méditait  de  se  créer  un  établissement  princier  en  Allemagne,  et 
d'introniser  un  général  suédois  luthérien  sur  le  siège  électoral  et  catholique  de 
Mayence.  Admettons  qu'alors  quelque  flatteur  de  Richelieu  ait  éveillé  dans  son 
esprit  cette  ambitieuse  espérance,  le  cardinal  aura  laissé  faire,  et  Chavigni  ser- 
vant d'intermédiaire,  les  agents  diplomatiques  en  Allemagne  auront  été  autorisés 
il  agir  d'eux-mêmes  et  de  manière  à  ne  compromettre  en  aucune  façon  la  personne 
flu  cardinal. 

Quant  à  l'initiative  de  fKlecteur,  au  mouvement  libre  et  à  la  pure  inclination 
dont  parlent  les  Mémoires,  c'oet  une  fable  nettement  démentie  parles  documents 
que  nous  venons  de  citer;  ils  expliquent  de  point  en  point  comment  l'arclievêque 
récalcitrant,  mais  qui  avait  besoin  de  la  France,  se  vit  forcé  de  céder  à  la  pres- 
sion exercée  sur  sa  volonté.  On  a  vu  aussi  la  valeur  historique  de  cet  agrément 
donné  d'abord  si  spontanément  par  le  Saint-Père  à  l'idée  de  cette  coadjutorerie. 
—  Le  Vassor  qui  a  raconté  avec  l'expression  du  doute  l'ambitieuse  prétention 
imputée  à  Oxenstiern ,  et  qui  pourtant  cherche  à  l'expliquer,  ajoute  :  «  Le  cardinal 
de  Richelieu  a  formé  des  plans  de  fortune,  en  France,  aussi  chimériques  ^.  »  Cette 
vague  assertion  ne  fait  aucune  allusion  à  l'affaire  de  Trêves  dontLe  Vassor  n'a  rien  su. 

L'annaliste  allemand  de  l'électorat  de  Trêves,  Browerus,  presque  contem- 
porain, el  qui  était  à  la  source  des  informations,  a  tout  à  fait  ignoré  lui-nième 
les  secrètes  intrigues  que  nous  venons  d'exposer;  il  a  écrit  que  l'Electeur  s'était 
efforcé  (accersere  sil  molitus,  etc.  ^)  de  faire  promouvoir  le  cardinal  de  Richelieu 
à  la  coadjutorerie  de  l'évêché  de  Spire  et  à  la  succession  de  l'électorat  de  Trêves; 
les  meilleurs  historiens  allemands  l'ont  répété,  sur  la  foi  de  Browerus.  (Ranke, 
t.  III,  p.  272  de  la  traduction.) 

Nous  avons  cru  qu'il  convenait  de  rendre  à  l'histoire,  dans  ses  détails  les  plus 
authentiques,  un  fait  dont  les  Mémoires  de  Richelieu  ne  se  sont  souvenus  que 
pour  en  donner  un  récit  tout  à  f;iit  contraire  à  la  vérité. 

'   Hist.  du  règne  de  Louis  Xlll ,  t.  Vil,  °   Antiquilaluin  et  annalium  Trevirensium 

|).  55 1  de  l'édit.  in-i2.  lib.  XXV,  etc.  t.  II,  p.  i.'J5,  éd.  de  1671, 


DU  CARDINAL   DE   RICHELIEU. 


725 


CLXXXVI. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  XXII,  pièce  247-  — 
Minute,    plusieurs   passages    de   la   main    de    Richelieu. 

A  MADAME  LA  DUCHESSE  DE  SAVOIE'. 

2  may  i634. 

Madame, 

...  Je  ne  sçaurois  assez  m'estonner  de  la  mauvaise  volonté  de 
jyjmc  jg  princesse  de  Carignan^,  et  des  mauvais  discours  qu'on  m'a 
dit  qu'elle  fait  à  vostre  préjudice. . .  Je  n'ay  rien  oïdjlié  pour  faire 
cognoistre  au  roy  la  faulceté  de  telles  calomnies. . . 

Je  vous  confes.se,  Madame,  que  ceux  qui  seroient  bien  aises  de 
s'avantager  au  préjudice  de  voslre  vertu  tasclient  de  colorer  leurs 
calomnies  de  tant  de  circonstances  qui ,  bien  qu'elles  n'ayent  aucun 
fondement,  ne  laissent  pas  d'avoir  quelque  faulse  apparence'  dans 
leur  malice  ;  et  je  ne  serois  pas  serviteur  de  V.  A.  au  point  où 
je  le  suis,  si,  obéissant  au  commandement  qu'il  luy  plaist  me  faire 
de  luy  mander  ce  que  j'estime  à  propos  pour  son  service,  je  ne  luy 
disois  que  la  première  et  principale  chose  qu'elle  doit  faire,  à  mon 
advis,  est  de  régler  sa  conduite  en  sorte  que  ses  ennemis  ne  la 
puissent  faire  mal  interpréter  à  qui  que  ce  puisse  estre. . .  Je  juge 
bien  avec  V.  A.  que  les  desseins  de  ceux  qui  ont  voulu  ternir  vostre 
vertu  par  leurs  médisances  vont  plus  loing  que  ce  qui  paroist  de  prime 
face  *,  mais  j'espère  que  Dieu  conservera  Monsieur  vostre  mary  plus 


'  Celte  lettre,  imprimée  dans  le  recueil 
d'Aubcry,  sans  date,  et  sans  aucune  indi- 
cation de  source,  est  notée  dans  notre 
IV'  volume ,  p.  784  ;  nous  avons  depuis 
trouvé  la  minute  dictée  par  le  cardinal,  et 
nous  nous  décidons  à  la  reproduire  presque 
en  entier,  comme  un  exemple  de  l'adresse 
de  Richelieu  à  faire  entendre  ses  conseils 
aux  princes  dans  les  circonstances  les  plus 
délicates. 


'  Femme  du  prince  Thomas ,  helle-.sœur 
de  la  duchesse  de  Savoie. 

'  La  jeune  princesse  put  regretter  un 
peu  plus  tard  d'avoir  oublié  ces  avertisse- 
ments si  discrètement  donnés  ;  de  fâcheuses 
légèretés  de  conduite  lui  ont  causé  de 
sérieux  chagrins. 

'  Ils  allaient  non-seulement  à  cflleuier 
sa  réputation,  mais  à  lui  faire  perdre  sa 
couronne;  après  la  mort  de  son  mari ,  on 


726  LETTRES 

longtemps  qu'eux,  et  je  vous  puis  asseurer  que  si  jamais  l'Espagne,  à 
la  suscilation  de  qui  que  ce  puisse  estre ,  entreprend  rien  contre  luy, 
V.  A.  et  les  enfants  qu'il  a  pieu  à  Dieu  vous  donner  à  tous  deux.,  le 
roy  vous  protégera  si  puissamment  qu'elle  ne  recevra  que  de  la  honte 
de  son  entreprise. . .  Je  tiendrois  à  grand  honneur  de  repasser  encore 
une  lois  les  monts  pour  vous  tesmoigner  la  passion  que  j'ay  tousjours 
eue  à  vostre  service  et  à  celuy  de  M.  de  Savoie,  qui  n'oubliera  aussv, 
je  m'asseure,  aucune  chose  de  ce  qu'on  peut  attendre  de  sa  bonne 
conduite  pour  convier  S.  M.  à  luy  deppartir  sa  protection. . .  Beaucoup 
ont  estimé  que  la  retraitte  de  M.  le  prince  Thomas  en  Espagne  a 
esté  concertée  avec  luy,  mais  je  vous  puis  aussy  asseurer  que  le  rov 
ne  l'a  jamais  creu,  et  qu'aucun  de  ceux  qui  ont  l'honneur  de  le  servir 
n'en  a  eu  la  pensée. . . 


CLXXXVIt. 

Arch.des  Aff.  étr.  Hollande,  t.  16,  pièce  170.  —  Minule  de  la  main  du  secrétaire  de  nuit. 

Un  long  fragment  de  ce  mémoire,  écrit  de  la  même  main,  est  classé  à  la  fin 

du  volume,  pièce  226,  parce  qu'on  n'a  su  où  le  placer,  n'y  trouvant  point  de  date. 

CONSIDÉRATIONS  A   FAIRE 

SUR  LES  TRAITTÉS  DE  HOLLANDE'. 

33  juillet  i63V 

Après  avoir  considéré  cent  et  cent  fois,  à  diverses  reprises,  le  traitté 
qu'on  peut  faire  avec  les  Hollandois  en  toutes  les  façons  imagi- 
nables; 

On  estime  qu'il  ne  se  peut  faire  que  de  quatre  choses  l'une  : 

Le  meilleur  expédient  qu'on  puisse  prendre  est  de  demeurer  avec 
M"  des  Estats  dans  les  termes  du  traitté  du  i5  avril.  .  . 

Les  mauvais  desseins  jDrojectez  contre  nous  par  l'Espagne  et  les 
mauvais  François  ne  sçauroient  avoir  aucun  effect .  .  . 

la  verra  un  moment  ciiassée  de  sa  capitale  cette  dissertation  qui  n'a  pas  moins  de  six 

])ar  ses  beaux-frères  révoltés.  feuillets  et  dont  il  importe  de  noter  sur- 

Ceci  est  écrit  au  dos,  de  la  main  de  tout  la  conclusion. 
Clierré.  Nous  ne  donnons  qu'un  extrait  de 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  727 

Nous  ne  sçaurions  nous  engager  présentement  à  rompre  ouverte- 
ment avec  l'Espagne  '  sans  avoir  le  descri  d'estre  causes  de  la  guerre, 
sans  estre  blasmez  de  beaucoup  de  gens  du  royaume,  et  sans  avoir 

le  pape  contre  nous au  lieu  que  si  l'on  la  conmience  contre 

nous,  nous  ne  pourrons  estre  blasmez  des  cagols  du  royaume,  le  pape 
nous  favorisera  et  nos  voysins  voyant  que  nous  ne  venons  aux  armes 
que  par  nécessité .  .  .  demeureront  au  moins  dans  la  neutralité .  .  . 

Partant  je  concluz  que  le  meilleur  party  que  nous  puissions  prendre 
est  de  faire  concevoir  à  M"  les  ambassadeurs  des  Estats  qui  sont  icy 
([ue.  .  .  l'entreprise  de  la  coste  de  Flandre  est  du  tout  impossible 
par  la  descouverte  qui  s'en  est  faicte  par  la  surprise  des  dépesches 
({u'on  escrivoit  en  Hollande.  .  .  nul  autre  dessein  ne  peut  avoir  eflfect 
cette  année.  .  .  que  la  meilleure  résolution  est  de  convenir  du  par- 
tage qui  debvroit  estre  faict  en  cas  de  guerre  et  sans  autre  traitté .  .  , 
à  ce  qu'on  entre  en  rupture  d'autant  plus  avantageuse  qu'elle  pourra 
estre  inopinée-.  .  . 


'  Ces  considérations  répondent  à  une 
opinion  contraire  du  prince  d'Orange,  dé- 
veloppée dans  une  longue  lettre  d'Aersen , 
qui  avait  écrit  à  Chavigni  de  la  Haye,  le 
5  juin  :  •  J'ay  faict  veoir  à  M''  le  prince 
d'Orange  seul  vos  lettres  du  2  5  et  du 
a6  may.  .  .  S.  Exe.  tient  que  la  vraye  et 
plus  courte  voye  de  r'avaller  la  grandeur 
d'Autriche,  en  relevant  celle  de  France 
pour  tout  jamais,  seroil  de  rompre  avec 
le  roy  d'Espagne  et  de  l'assaillir  vivement 
et  conjoinctement  avec  nous  aux  Pays- 
Bas  ...  M'  le  prince  d'Orange  a  tout  son 
faict  près  pour  marcher  et  sera  ayse  d'ap- 
prendre au  plus  tost  ce  que  le  roy  déli- 
l)ércra  de  faire.  .  .  S.  Ex.  est  picqiiée  de 
celte  ambition.»  (Ms.  ci(c  aux  sources, 
pièce  i55.) 

'  Notons  ici  trois  pièces  concernant  un 
arrangemcnl  à  faire  avec  les  Estais,  en  suite 
du  traité  du  iS  avril  :  «  i°  Remarque  des 


moyens  d'accommodement  sur  les  dirticul- 
tfz  du  traitté  proposé  par  M"  les  ambassa- 
deurs de  Hollande.  »  iSjuilIct. —  u  2°  Projet 
de  traitté  de  la  main  d'un  commis  des  .Aff. 
étr.  avec  de  nombreuses  corrections  de  la 
main  de  Richelieu.  »20Juillet.  —  <■  3°  Projet 
de  traitté  entre  la  France  et  les  Hollan- 
dois.  •  22  juillet.  (Pièces  167,  168,  169.) 
—  Autre  projet  de  traité  résolu  le  8  août 
et  «  Mémoires  donnés  par  les  ambassad" 
de  Hollande.»  Derniers  jours  de  juillet, 
8  août  (pièce  179)-  —  En  celle  année 
i634,  Richelieu,  à  la  veille  de  la  guerre, 
approvisionnait  nos  arsenaux.  Nous  trou- 
vons ici  une  pièce  signée  de  lui  et  adressée 
aux  ambassadeurs  de  Hollande ,  cù  nous 
lisons  :  a  pour  la  sortie  de  3oo  milliers  de 
cuivre  et  3oo  pièces  de  canon  de  fer,  pour 
le  service  de  la  marine,  achetés  en  Hol- 
lande. »  Sans  date  (pièce  222). 


728  LETTRES 

Quelques  semaines  auparavant  Richelieu  écrivait  :  «  Revenant  à  l'opinion  du 
roy  qui  non-seulement  me  dist,  il  y  a  quelques  jours,  à  l'occasion  des  difficultés 
que  je  faisois  d'adhérer  aux  pensées  qii'il  avoit  sur  le  sujet  de  la  guerre,  que  je 
serois  contrainct  d'y  revenir,  [mais  qui  a  voulu  depuis  m'en  envoyer  son  advis 

très-judicieux  par  escrit]  j'estime  qu'il  vaut  mieux  s'y  résoudre En  ce  cas, 

la  meilleure  résolution  que  l'on  puisse  prendre,  à  mon  advis,  est  de  signer  le 
Jiouveau  traitté  projette  entre  S.  M.  et  les  sieurs  les  Estais  [qui  asseure  le  roy  que, 
s'il  veut  entreprendre  la  guerre  au  printemps,  il  sera  secondé  des  Holiandois  à 
des  conditions  raisonnables,  et  ne  l'oblige  pas  toutefois  à  rompre  déterminément 
en  ce  temps,  ains  luy  laisse  la  liberté  de  le  faire  ou  ne  le  faire  pas,  et  est  couché 
de  telle  sorte  qu'offrant  une  paix  juste  aux  Espagnols,  si  l'on  vient  à  la  guerre,  il 
paroistra  qu'ils  en  seront  la  cause  puisqu'il  est  en  eux  de  l'esviter  à  des  condi- 
tions qui  ne  sont  pas  rudes  pour  eux].  «Cette  demi-concession  faite  au  sentiment 
du  roi  a  donné  le  temps  à  Richelieu  de  revenir  à  son  propre  sentiment,  sans  brus- 
quer une  contradiction  qui  aurait  pu  blesser  Louis  XIII.  Cet  avis  de  Richelieu  au 
roi  sera  noté  aux  Analyses,  commencement  de  juin. 


CLXXXVIJI. 

Orig.  Arch.  municipales  de  la  ville   de  Rennes.  — 

Communication  de  M:  Pijon,  archiviste. 

INSTRUCTIONS  DONNÉES  A  M.  DE  LA  MEILLERAYE 

PAK   I.E   CiBDIXAL   DE   RICHELIEU. 

3  novembre  i63.'i. 

Monsieur  de  ]a  Meilleraye  allant,  de  la  part  du  roy,  tenir  les  estatz 
de  Bretaigne,  aura  pour  seul  but  l'advantage  du  service  du  Roy,  le 
bien  et  soullagement  de  la  province. 

Il  considérera  que  ce  qu'il  m'est  l'oblige  d'autant  plus  estroictenient 
à  s'acquitter  avec  une  satisfaction  générale  de  cette  commission  que 
cbacun  estimera  que  ses  actions  auront  pour  principe  mes  conseilz  et 
mes  sentimenz,  et  partant  l'honneur  ou  le  deshonneur  en  retournera 
autant  sur  moy  que  sur  luy  mesme. 

Il  remettra  les  estatz  en  leur  ancienne  liberté,  permettant  à  un  cha- 
cvm  de  ceux  qui  ont  droict  d'y  assister  d'y  venir  librement  pour  don- 
ner leurs  suffrages  aux  choses  qui  y  seront  proposées,  sans  que  di- 
rectement ou  indirectement  leur  soit  donné  aucun  empe.schement. 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  729 

Il  les  laissera  délibérer  de  leurs  affaires  comme  ils  verront  bon  estre , 
sans  s'y  intéresser  en  faveur  de  qui  que  ce  soit,  mais  les  laissant  dé- 
mesler  leurs  intéresfz  entr'eux,  selon  qu'ilz  jugeront  que  le  bien  du 
pays  le  requerra,  pourveu  que,  soubz  ce  prétexte,  il  ne  se  fasse  au- 
cune chose  qui  puisse  estre  desagréable  au  roy. 

II  aura  un  soing  très  exact  de  faire  que  les  estatz  assistent  le  roy 
en  la  nécessité  présente  de  ses  affaires  de  la  somme  la  plus  notable 
que  la  province,  en  Testât  qu'elle  est,  pourra  accorder  à  Sa  Majesté. 

II  prendra  garde  soigneusement  qu'en  la  ferme  du  debvoir  qui 
sera  estably  pour  la  levée  de  lad.  somme  et  pour  le  payement  de  par- 
tye  des  debtes  de  la  province,  selon  qu'il  est  accoustumé,  il  ne  se 
fasse  aucune  grivelée ,  mais  qu'il  soit  libre  à  un  chacun  d'y  mettre  ses 
enchères,  et  que  la  ferme  ne  soit  adjugée  qu'à  celuy  qui  la  portera 
au  plus  hault  prix  affin  que  tout  ce  qui  se  lèvera  vienne  dans  les  coffres 
du  Roy,  ou  en  l'acquict  du  pays. 

Pour  ce  que  la  province,  ainsy  que  l'on  m'a  dict,  est  endebtée  de 
grandes  sommes,  et  qu'une  partie  de  ses  debtes  n'est  pas  liquidée, 
ce  qui  faict  soupçonner  à  quelques  uns  qu'il  y  en  a  qui  proffiltent  in- 
justement dans  cette  confusion,  il  aura  grand  soing,  selon  la  commis- 
sion que  le  roy  luy  a  donnée,  d'esclaircir  lesd.  debtes,  avec  l'advis 
des  députez  qu'il  fera  commettre  par  lesd,  estatz  sur  ce  subject,  allin 
que  la  province,  voyant  nettement  Testât  de  ses  affaires,  y  puisse  ap- 
porter Tordre  qui  y  sera  convenable. 

Et  bien  que  je  sçache  que  la  coustume  ordinaire  soit  qu'à  chasque 
tenue  des  estatz  on  propose  à  Tassemblée  de  faire  un  présent  pour  le 
gouverneur,  je  ne  désire  pas  que  Ton  en  face  aucune  pour  moy,  ne 
voullant  avoir  autre  intérest  en  la  province  que  son  soullagement  et  le 
service  du  Roy'. 

Falot  à  Paris,  le  troisiesme  jour  de  novembre  mil  six  cent  trante 
rjuatre. 

Le  Card.  DE  RICHELIEU. 

'  Richelieu  ne  s'est  jamais  accommodé        assemblées  du  clergé.  La  circonstance  par- 
dc  la  liberté  des  assemblées,  même  des        liculière  que  c'était  son  cousin  qui  allait 

CARDIN.  DE  HICHELIEU.  VII.  92 


730 


LETTRES 


CLXXXIX. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Alsace,  t.  VI,  pièce  i  i3.  —  Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

[A  M.  DE  BRÉZÉ.] 

...Décembre  i63'i. 

.  Mon  frère,  Tous  ceux  qui  viennent  de  l'armée  se 

louent  de  la  façon  avec  laquelle  vous  vous  y  gouvernés  ^  .  .  Les  dé- 
pesclies  que  j'ay  veues  de  vous  m'ont  aussy  fort  contenté  ^. . .  si  vous 
voulés  continuer,  en  faisant  tous  les  soirs  réflexion  un  moment  .sur 
vous-mesme,  vous  respondrés  asseurément  à  l'attente  et  au  désir  de 
vos  amis.  Je  ne  sçaurois  vous  dire  l'ayse  que  j'ay  d'avoir  appris  la 
courtoisie  avec  laquelle  vous  vives  avec  tout  le  monde.  11  n'y  a  rien 
de  si  aisé  que  de  servir  son  maistre  sans  acquérir  la  haine  des  parti- 
cidiers,  veu  que  pour  parvenir  à  cette  fin  il  ne  faut  que  faire  les 
choses  avec  raison  et  sans  passion,  vous  rendant  assidu  et  appliqué 
aux  affaires,  accessible,  esgal  et  courtois  à  tous  les  particuliers;  indif- 
férent à  la  perte  ou  au  gain  qui  se  fait  au  jeu.  Vous  serés  tel  que  je 
souhaite  et  mérilerés  la  continuation  d'employ  dans  les  armées  du 
rov,  qui  est  le  vray  élément  de  ceux  de  vostre  profession.  Vouç 
aimant  comme  je  fais,  je  ne  puis  que  me  resjouir  d'avoir  lieu  d'espérer 
ce  qui  vous  est  du  tout  avantageux. 

Je  suis. .  .  ' 


présider  les  États  de  Bretagne,  et  peut- 
être  aussi  le  besoin  que  sentait  le  cardinal 
de  se  concilier  l'assentiment  des  popula- 
tions à  la  veille  d'engager  la  France  dans 
une  grande  guerre,  ont  dû  avoir  quelque 
influence  sur  le  ton  de  cette  instruction, 
qu'on  a  eu  soin  de  déposer  dans  les  ar- 
chives de  la  ville  de  hennés.  Cette  pièce 
mérite  d'autant  plus  d'être  remarquée  qu'il 
y  en  a  peu  de  pareilles  dans  les  papiers  du 
grand  ministre. 

'   Arnaukl  d'Andiliy,  intendant  de  l'ar- 


mée, avait  écrit  le  17  novembre  au  car- 
dinal; après  lui  avoir  rendu  compte  de 
l'état  des  choses,  il  ajoutait  :  a  M.  le  mares- 
clial  de  Brézé  se  conduit  de  telle  sorte  que 
jamais  général  ne  fut  receu  avec  plus  de 
joye..  .  »  (Même  ms.  pièce  97.) 

'  Boulhillier  fils  mandait  à  M.  de  Brézé 
le  1"  janvier  i635  :  «M.  le  cardinal  avoue 
qu'il  ne  se  peut  pas  escrire  ni  plus  nette- 
ment, ni  plus  fortement  d'affaires  que 
vous  faites..  .  »  {Ib.  pièce  1 16.) 

'  Cette  lettre,  non  moins  remarquable 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  731 


cxc. 

Arcli.  des  AfT.  étr.  France,  t.  70,  pièce  5-]'.  —  Copie  de  la  main  de  Cherré. 

Celte  pièce  se  trouve  jointe  à  un  brouillon  du  contrôle  général, 

écrit  par  plusieurs  secrétaires,  avec  des  correclions  et  additions  de  la  main  de  Richelieu. 

ABRÉGÉ 

DU  CONTRÔLE  GÉNÉRAL  DE  TOUTES  LES  ARMÉES  DU  ROY. 

QDI  EST  CY-APBÈS  TOUT  AU  LONG. 

Sur  le  point  d'entreprendre  la  grande  guerre  qui  sera  déclarée  au  mois  de  mai 
prochain,  Richelieu  étudie  la  composition  des  armées  auxquelles  il  confiera 
l'honneur  de  la  France.  Cet  extrait  est  fait  par  lui-même,  d'après  -un  contrôle 
général  qu'il  a  couvert  de  ratures  et  de  notes.  Les  considérations  jointes  aux 
chiffres  dans  cet  extrait  sont  écrites  ou  dictées  par  lui,  et  le  travail  personnel 
dont  cette  pièce  porte  le  témoignage  en  fait  un  document  doublement  précieux 
pour  l'histoire.  Le  millésime  de  i634  est  inscrit  en  tète  du  contrôle,  et  c'est 
vers  la  fin  de  ladite  année  qu'il  a  été  dressé.  C'est  à  ce  moment  aussi  que 
Richelieu  faisait  visiter  par  le  secrétaire  d'État  de  la  guerre,  accompagné  d'un 
officier  du  génie,  les  places  de  la  frontière  nord-est  du  royaume  :  «  M.  Bouthillier 
escrira  à  M.  de  Vaubecour  et  à  M.  de  Noyers ,  s'il  est  encore  à  Metz ,  qu'en  pas- 
sant par  Verdun  ils  aillent  visiter  les  garnisons  de  Steuay,  Clermont  et  Jametz; 
après  avoir  tout  inspecté  soigneusement,  ils  feront  leur  rapport  à  .M.  Bouthillier.  • 
Le  secrétaire  a  écrit  au  dos  de  cette  pièce  :  «  Mémoire  de  M^  le  cardinal.  •  (Arch. 
des  Aff.  étr.  France,  t.  LXVIII,  fol.  10,  original.) 

que  la  précédente,  est  un  vrai  modèle  de  '  Cette  pièce  est  classée  en  i634  ;  nous 

convenance  et  de  sagesse.  Les  conseils  que  la  plaçons  à  la  fin  de  ladite  année ,  faute 

donnait  le  cardinal  à  ceux  de  sa  famille  d'en  avoir  la  date  précise;  elle  est  suivie, 

qu'il  admettait  au  service  du  roi  sont  tou-  dans  ce  même  volume, de  plusieurs  pièces 

jours  ainsi  remplis   d'un  admirable  bon  également  non  datées,  relatives  à  l'orga- 

sens  et  d'un  sentiment  exquis  de  déiica-  nisation  et  à  l'administration  d'armées  en 

tesse.  campagne. 


92. 


732  LETTRES 


ANNEE    1635. 


cxcr. 

Arcli.  de  la  famille  de  Bouthillier.  —  Original,  sans  signature,  de  la  main  de  Charpentier. 

[A  M.  BOUTHILLIER.]       ' 

Du  Bois  le  Vicomte,  ce  8  juin  i635. 

J'envoie  sçavoir  des  nouvelles  du  roy,  ne  pouvant  estre  à  mon  aise 
que  je  ne  sache  Testât  de  sa  santé  ^  et  s'il  sera  délivré  de  l'appréhen- 
sion qu'il  avoit  hier  d'un  petit  accès  de  fièvre. 

Vous  verres  en  la  page  suivante  Testât  auquel  je  suis,  mais  cela 
n'est  rien  au  prix  de  la  moindre  incommodité  que  puisse  avoir  Sa 
Majesté^. 

J'ai  hien  veu  des  gens  s'estropier  à  coure  la  poste,  mais  je  n'en  vis 
jamais  recevoir  pareille  incommodité  pour  aller  en  litière.  Cependant 
/l  journées  que  j'ay  faites  m'ont  faict  descendre  une  grande  fluxion  au 
lieu  où  j'ay  tant  esté  incommodé,  et  m'ont  mis  en  une  grande  appré- 
hention.  Je  ne  crois  pas  que  ce  mal  aboutisse  à  un  pareil  à  celuy  de 
Tannée  passée,  mais  j'ay  fluxion  et  douleur  sur  cette  partie  et  me  voy 
en  estât  de  ne  pouvoir  de  longtemps  aller  que  couché.  Tout  mon  des- 
plaisir sera  que  cela  me  contraindra  peut-estre  de  demeurer  longtemps  à 
Ruel ,  où  je  me  feray  porter  dans  un  brancart  dans  3  ou  4  jours.  Le  roy 
estant  à  Fontainebleau  et  autres  lieux  voisins,  il  aura  souvent  de  mes 
nouvelles,  et  les  expéditions  plus  pressantes  ne  demeureront  pas.  Jus- 
ques  icy  mon  incommodité  ne  paroist  qu'une  fluxion  de  cérosité  et 
non  de  sang.  Je  viens  d'estrc  saigné  pour  empescher  qu'elle  ne  croisse 

'  Cette  première  phrase  est  à  peu  près  '  Après  ces  premières  lignes,  le  cardi- 

la    répétition    du    commencement    d'une  nal  a  fait  écrire  ce  qui  suit  sur  le  second 

autre  lettre  à  Bouthillier  du  6  juillet.  Notre  rcuillet,  apparemment  pour  que  celte  por- 

tomeV,  p.  923.  lion  de  sa  lettre  pût  être  donnée  au  roi. 


DU   CARDINAf.   DE  RICHELIEU.  733 

et  ne  prenne  autre  nature.  Le  roy  ne  prendra  point,  s'il  luy  plaist,  ai- 
larme  de  ce  mal,  que  je  ne  fais  passer  dans  le  monde  que  pour  in- 
commodité, et,  en  effet,  je  n'oublieray  rien  de  ce  que  je  pourray 
pour  faire  qu'il  en  demeure  là. 

Je  vous  prie  de  me  faire  savoir  ce  qu'apporte  le  courrier  d'Angle- 
terre. 

On  est  bien  fondé  à  renvoier  le  gentilhomme  de  la  Fianche  Comté , 
luy  disant  qu'on  ne  le  peut  laisser  aller  trouver  le  cardinal  infant,  non 
pour  qu'on  veuille  rompre  la  neutralité  avec  eux,  s'ils  se  conduisent 
comme  ils  doivent,  mais  parce  que  le  roy  a  déclaré  la  guerre  au  dit 
cardinal.  S'il  se  peut,  il  ne  luy  faut  rien  donner  par  escrit.  Si  aussy 
ils  ont  escrit  au  roy  et  qu'on  soit  contraint  de  leur  faire  response,  on 
leur  peut  escrire  aux  termes  que  dessus,  bien  qu'il  fust  meilleur  de 
ne  leur  faire  réponse  que  verbale. 

CXCII. 
JEAN  DE  GASSION. 

Vers  le  milieu  de  i635. 

Nous  n'avons  pas  rencontré  une  seule  lettre  de  Richelieu  à  Gassion ,  dans  nos 
manuscrits,  quoiqu'il  soit  quelquefois  question  de  ce  personnage;  mais  nous  en 
trouvons  quatre  dans  sa  vie  écrite  par  l'abbé  de  Pure.  Cet  auteur  les  avait 
sans  doute  reçues  de  la  famille  de  Gassion;  une  exceptée,  elles  n'offrent  que 
peu  d'intérêt.  Nous  nous  bornons  à  les  indiquer  à  leur  date,  en  quelques  lignes. 
Mais  l'estime  que  Richelieu  faisait  de  cet  officier,  et  la  conGance  qu'il  lui  témoi- 
gna au  temps  de  laconspiration  de  Cinq-Mars  lui  donnent,  dans  la  vie  du  car- 
dinal, une  place  que  nous  devons  marquer  ici. 

Après  avoir  servi  en  Piémont  dès  sa  première  jeunesse,  Gassion,  voulant  se 
former  sérieusement  au  métier  des  armes,  se  mit  à  cette  grande  école  de  Gus- 
tave-Adolphe. Le  vaillant  roi  prit  tout  de  suite  pour  ce  jeune  homme,  qui,  à 
vingt-trois  ans  à  peine,  annonçait  déjà  ce  qu'il  fut  un  jour,  une  estime  et  une 
affection  méritées.  A  la  mort  du  grand  capitaine,  Gassion  servit  d'abord  dans 
l'armée  que  commandait  le  duc  de  Weimar,  et,  en  if)35,  il  s'offrit  avec  son 
régiment  au  service  du  roi  Louis  XIII.  C'était  le  moment  où  la  France  entrait 
dans  la  guerre  de  trente  ans. 

Non  moins  bon  juge  que  Gustave-Adolphe,  instruit  d'ailleurs  de  la  réputation 


■34 


LETTRES 


conquise  par  Gassion  clans  l'armée  de  Suède,  Richelieu  accueillit  avec  empresse- 
ment l'élève  du  roi  suédois. 

Le  jeune  colonel  s'était  trouvé  en  relation  avec  plusieurs  princes  d'Allemagne, 
et  connaissait  bien  les  affaires  de  ce  pays;  on  songea  à  lui  donner  une  mission 
diplomatique.  Les  lettres  de  créance,  datées  du  i"  juillet  i635  et  adressées  à 
six  princes  de  l'Empire,  lui  avaient  été  remises;  dans  cl'S  dépêches  le  roi  disait  : 
"  L'état  présent  des  affaires  d'Allemagne  m'oblige  d'envoyer  vers  vous  le  s' colonel 
Gassion,  pour  vous  faire  entendre  mes  sentimens  sur  ce  sujet,  et  le  soin  que  je 
continuerai  de  prendre  pour  le  bien  de  mes  confédérés..  .  » 

Nous  avons  donné,  page  87  de  notre  V  volume,  une  leltre  du  cardinal,  re- 
commandant à  Servien  de  «  ne  rien  oublier  à  l'instruction  du  s'  de  Gassion.  •  Et, 
à  la  suite  de  cette  lettre,  un  mémoire  adressé  au  cardinal  par  ce  secrétaire 
d'état  de  la  guerre,  où  il  dit  :  «  Le  colonel  Gassion  fut  hyer  dépesché  avec  des 
instructions  pour  les  princes  d'Allemagne  ^  »  Mais  à  peine  élait-il  parti  qu'on 
changea  d'avis  à  la  cour,  on  fit  courir  après  lui;  les  lettres  de  créance,  datées  du 
1"  juillet,  dont  l'une  est  imprimée  dans  la  Vie  de  Gassion  (H,  p.  33),  lui  furent 
redemandées,  le  P.  Joseph  n'ayant  pas  trouvé,  dit-on,  dans  le  jeune  colonel  un 
inslrumeijt  assez  docile. 

La  contrariété  que  dut  éprouver  Gassion  fut  fort  adoucie  par  les  faveurs  conti- 
nuelles dont  le  prévenait  Richelieu,  qui  voulait,  dit  le  biographe,  «  se  conserver 
le  colonel  et  s'en  faire  une  créature  dévouée.  »  —  «C'est  un  homme  qu'il  faut 
bien  traitter,  mandait  Chavigni  à  M.  de  la  Meilleraie,  le  3  novembre,  puisque 
c'est  presque  le  seul  cjui  agisse  dans  l'armée.  Tout  ce  que  vous  ferez  avec  luy 
sera  fort  bien  fait^.  »  De  telles  paroles  adressées  au  général  cousin  de  Richelieu 


'  C'est,  dans  le  volume  -jk  de  la  col- 
lection France,  la  8'  pièce  d'une  série  de 
documents  placés  à  la  fin  du  volume,  sans 
avoir  été  cotés.  Le  volume  71  de  la  même 
collection  nous  donne,  à  la  date  du 
3o  juin,  un  billet  de  Servien,  mandant  à 
Bouthiliier  le  surintendant  :  «  Par  ordre 
de  M*'  le  cardinal ,  il  faut  donner  à  Gassion 
lôoo**  pour  son  voyage.»  Dans  les  vo- 
lumes d'Allemagne,  nous  n'avons  rien 
trouvé  qui  se  rapporte  à  cette  mission 
avortée.  Le  tome  2^  de  Turin  conserve 
une  pièce  au  dos  de  laquelle  Chavigni  a 
mis  :  Mémoire  pour  escrire  en  A  llcmaçjne 
par  le  colonel  Qassion.  Et  puis,  sur  le  pre- 


mier feuillet  on  lit:  «Il  faut  envover  le 

colonel  Gassion  vers  les  confédérés 

pour  leur  représenter  les  choses  que  le  roy 
fait  présentement,  et  les  porter  à  ne  point 
perdre  courage.  »  Mais  on  a  bàtonné  ces 
quelques  lignes,  et  Chavigni  a  écrit  en- 
suite deux  pages  cù  il  s'agit  seulement 
d'une  négociation  avec  les  ambassadeurs 
de  Savoie,  dont  Tobjet  est  de  faire  céder 
au  roi  par  M.  de  Savoie  le  chcraia  qui 
va  de  la  vallée  du  Pô  à  Château-Dauphin. 
Cela  n'a  aucun  rapport  à  Gassion. 

^  Arch.  des  AIT.  étr.  Lorraine ,  t.  XXVIf, 
pièce  8'. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  735 

annonçaient  assez  les  dispositions  du  grand  ministre,  cl  nous  trouvons,  dans 
une  ieltre  de  Gassion,  le  témoignage  que  les  bontés  du  cardinal  ne  lui  laissaient 
rien  à  désirer  : 

«  Monseigneur, 
>  J'oseray  croire  à  présent  soubs  le  bon  plaisir  de  Vostre  Éin.  que  j'ay  atteint  le 
comble  de  félicité  puisque  je  suis  venu  à  bout  de  tou(s  mes  souhaits,  ayant 
apprins  au  retour  du  s' de  La  Roche,  qu'elle  agréoit  l'offre  de  mes  très-humbles 
services,  et  qu'elle  me  faisoit  l'honneur  de  me  prendre  entièrement  à  soy;  ceste 
heureuse  nouvelle  ne  m'a  pas  apporté  moins  de  satisfaction  que  la  reconnois- 
sance  qu'il  a  pieu  au  roy  de  me  faire  par  la  pension  qu'il  m'a  octroyée.  De  l'une 
et  l'autre  grâce  j'ay  l'entière  obligation  à  Vostre  Em.  à  laquelle  je  proteste,  avec 
meure  délibération,  que  j'ay  attaché  tous  mes  soings  et  mes  services  à  ses  inté- 
rests,  et  que  je  me  despouille  de  toute  autre  passion  pour  suivre  celle  que  j'ay 
pour  luy  en  donner  les  preuves  infaillibles'.  »  —  Gassion  explique  l'emploi  des 
sommes  qu'on  lui  a  données,  il  propose  la  création  de  nouvelles  compagnies 
dans  son  régiment,  et  termine  ainsi  sa  lettre  :  «Je  ne  voudrois  pas,  pour  tout  ce 
que  je  possède  de  bien  et  d'honneur,  promettre  rien  à  V.  Em.  que  je  ne  puisse 
effecluer,  car  ce  serait  me  rendre  indigne  de  l'honneur  de  sa  bienveuillance,  qui 
est  la  chose  que  je  tiens  la  plus  chère  dans  ce  monde ,  et  laquelle  je  tascheray  de 
m'acquérir  de  plus  en  plus  par  les  soings  que  je  prendray  de  paroistre,  comme 
je  suis  vérilablement.  Monseigneur,  de  Vostre  Em. 

Trhs-hamble,  très  obéissant  et  très-fidèle  serviteur, 

DE  Gassion.  • 
Neufchasteau ,  ce  9  décembre  i635'^. 

Quelque  bien  disposé  que  fût  Richelieu  en  faveur  de  Gassion,  il  ne  laissa  pas 
de  témoigner  un  mouvement  d'humeur  contre  lui,  au  sujet  de  recrues  qui  ne  se 
faisaient  pas  assez  vite  à  son  gré.  Heureusement,  le  soin  de  son  avenir  conseilla 
la  prudence  au  jeune  colonel,  qui  ne  répondit  aux  reproches  que  par  d'humbles 
soumissions;  et,  en  envoyant  au  cardinal  une  note  sur  ses  services,  il  lui  disait  : 
«  J'ay  appris par  une  lettre  de  mon  frère'  qui  est  en  cour,  que  Vostre  Em. 

'   Nous  avons  cité  à  dessein,  et  nous  fai-  Écriture    tros- nette    et     très  -  régulière.  ) 

sons  remarquer  les  termes  de  cette  lettre,  '  Jacob  de  Gassion,  seigneur  de  Ber- 

oij  Richelieu  a  dit  voir  les  signes  d'un  dé-  garé,  frère  aine  de  Jean.  Il  suivait  aussi 

vouement  sans  réserve.  Un  peu  plus  tird  la  carrière  militaire,  où  il  devint  maréchal 

nous  aurons  l'occasion  de  prier  le  lecteur  de  camp.  M.  de  Bergère,  comme  on  l'ap- 

de  se  le»  rappeler.  pelait,  fut  presque  toujours,  avec  un  grade 

'  Archives  des  Affaires  étrangères ,  Lor-  inférieur,  compagnon  de  son  jeune  frère, 

mine,  t  XXVII,  pièce  119'.  (Autographe.  d'abord  simple  olficier  dans  le  régiment 


736  LETTRES 

disoil  qu'il  n'y  avoit  point  d'apparence  que  je  puisse  faire  de  nouvelles  levées. .  . 
Si  je  suis  si  malheureux  que  Voslre  Em.  me  juge  incapable  de  faire  plus  de 
troupes,  je  serai  contrain  de  me  consoler  dans  la  volonté  qui  me  restera  à  jamais 
de  bien  servir  le  roy  et  Voslre  Em.  n'en  ayant  pas  les  moyens  nécessaires.  Elle 
fue  pardonnera  si  je  prends  la  hardiesse  de  luy  déduire  mes  intérests,  d'autant 
que  c'est  à  elle  seule  à  qui  j'ay  voué  ma  vie  et  mes  services,  et  de  qui  j'espère 
tout  mon  bien  et  advencemen  t. .  .  » 

A  cette  lettre  était  joint  un  mémoire  oii  Gassion,  entrant  dans  le  détail  des 
pertes  qu'il  a  subies,  et  des  sacrifices  qu'il  a  faits  pour  l'entretien  de  son  régiment, 
arrive  à  cette  conclusion  :  "  Delà  il  conste  que  le  peu  de  troupes  que  j'ay  menées  au 
service  du  roy,  a  esté  à  mes  frays  et  despends. ..  et  qu'à  présent  mon  régiment  est 
extresmemenl  beau  et  bon ,  là  où  toutes  les  autres  troupes  de  l'armée  sont  ruinées.  » 

«  De  Neufchasteau ,  ce  3  janvier  i636  '.  » 


cxcin. 

Arch.  des  AIT.  étr.  Hollande,  t.  i  5.  — Original. 

MÉMOIRE 

A  M"  LE  MARESCHAL  DE  BRÉZÉ  ET  DE  CHARNAGÉ, 

AMBASSADEURS  EXTBAORMNAInE  ET   ORDINAIRE  AUPRES  DE  MESSIEURS   LES  ESTATS  DES  PROVINCES   UNIES. 

Saint-Geimain-en-Laye,  7  novembre  i635. 

S.  M.  a  esté  bien  surprise  d'apprendre  par  la  dépesche  desd.  s"  am- 
bassadeurs que  M.  le  prince  d'Orange  a  commencé  une  négociation  de 
trelVe  avec  le  cardinal  infant.  .  .  S.  M.  aiant  monstre  à  Messieurs  les 
Estats  l'exemple  d'observer  religieusement  les  choses  qui  avoient  esté 
traictées  entre  elle  et  eux ...  ce  procédé  en  méritoit  un  plus  sincère 
de  leur  costé.  Mais  puisqu'ils  en  ont  pris  un  autre  tout  différent,  il 
est  nécessaire  d'y  remédier  promptement  ^ .  .  . 

du  colonel  de  Gassion ,  et  enfin  lieutenant  en  chiffres ,  au  baron  de  Charnacé ,  au  sujet 

du  roi  de  la  place  de  Courtray  en  même  des  mêmes  affaires.  Il  lui  disait  :  «  Failes 

temps  que  le  mart^chal  de  Gassion  en  était  le  voir  aux  Estats  que  le  prince  d'Orange  les 

gouverneur.  Tous  deux  moururent  la  même  trahit.»    (Même  collection  de  Hollande, 

année.  Le  secrétaire  d'Étal  de  la  guerre ,  de  t.  XVII,  pièce  90.)  —  Quelques  jours  plus 

Noyers,  leur  était  très-affectionné.  tard,  on  envoyait  au  prince  d  Orange  et 

'  Arch. des Aff. étr. Lorraine,  t. XXVIII,  aux  deux  ambassadeurs  le  s' Heufft ,  ban- 
pièce  206.  quier  hollandais  établi  à  Paris  depuis  long- 

'  J^e  même  jour  le  P.  Joseph  écrivait,  temps  et  continuellement  occupé  des  né- 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU. 


737 


Ce  n'est  là  que  le  résumé  tréssucciiict  d'un  mémoire  de  quatre  pages,  lequel 
est  suivi  d'un  second,  daté  du  y  et  qui  traite,  comme  le  premier,  de  ce  ([u'il  y  a 

gociations  d'argent  entre  la  France  et  la 
Hollande.  Il  avait,  dit  notre  manuscrit, 
une  instruction  verbale  du  cardinal.  Une 


instruction  écrite  est  conservée  ici  en  co- 
pie à  la  date  du  i5  novembre  (pièce  97); 
elle  porte  en  substance  que  le  roi  n'a  ja- 
mais songé  à  traiter  sans  comprendre  ses 
alliés;  que  les  Etats  s'inquiètept  à  tort  du 
séjour  de  Mazarin  à  la  cour;  il  n'a  parlé 
qu  en  termes  généraux  du  désir  qu'a  le 
pape  de  voir  une  bonne  paix  dans  la  chres- 
lienté.  Que  les  pensées  du  roi  sont  bien 
éloignées  de  la  paix  quant  à  présent,  et 
que  le  s'  HcufTt  est  chargé  d'informer  les 
Etats  c|ue  le  roi  veut  contribuera  la  guerre 
en  assistant  la  Hollande  d'hommes  et  d  ar- 
gent. Ce  qu'il  y  a  d'assez  singulier,  c'est 
que  cette  mission  semble  à  part  de  celle 
des  deux  ambassadeurs.  Nous  trouvons 
dans  nos  mss.  que  l'instruction,  dont  la 
copie  est  d'une  main  que  nous  ne  con- 
naissons pas,  était  l'œuvre  de  M.  de  Bul 
lion,  et  il  parait  que  le  P.  Joseph  n'y  était 
pas  étranger.  Il  est  curieux  de  lire  à  ce  sujet 
(juelques  passages  des  lettres  du  mar"'  de 
Brézé.  Il  écrivait  à  Richelieu  de  la  Hâve, 
le  19  novembre  :  «Enfin  Heuffl,  après 
avoir  eu  durant  trois  jours  de  longues 
conférences  à  Arnheim  avec  M.  le  prince 
d'Orange  et  M"  les  députés  des  Estais  qui 
sont  auprès  de  luv,  est  venu  en  cette  ville. 
—  Il  nous  a  monstre  son  instruction,  si- 
gnée de  M.  de  BuUion,  par  laquelle  on 
luv  donne  ordre  de  Iraittcr  de  beaucoup 
de  choses  dont  nous  n'avons  p?s  mesme  la 

*  Pièce  1 1  3°.  C'est  une  copie  ;  l'original  chiffré  est 
conserve  dans  ccUc  même  collection  de  Hollande , 
t.  XV. 

■*  L'humcar  toujours  dilBcile  et  chagrine  de  ce  M.  de 
Brézé  était  encore  aigrie  alors  par  la  maladie  et  un 

CAIVDIN.  DE  RICIIEUEO.  —  VU. 


cognoissance .  .  .  »  et,  poursuivant,  Brézé 
fait  une  critique  amère  des  •  pensées  ex- 
traordinaires du  P.  Josef.  »  Il  envoie  à  Cha- 
vigni  une  copie  de  cette  lettre  «  par  laquelle 
(lui  dit-il)  vous  pourrez  voir  combien  sont 
judicieuses  les  vizions  qu'a  eu  le  P.  Josef 
touchant  les  levées  qu'il  prétend  qu'on 
face  en  Poulongne  pour  mener  en  France  ; 
je  vous  jure  que  non-seulement  elles  sont 
chimériques  et  dignes  des  petites  maisons  , 
mais  encore  criminelles,»  car  cela  coi'i- 
terait  des  sommes  immenses  pendant  qu  on 
laisse  nos  soldats  mourir  de  faim.  (Hol- 
lande, t.  X\'1I,  pièces  i3i  et  iSa.)  —  Et 
puis,  parmi  1rs  observations  écrites  par 
M.  de  Brézé ,  aux  marges  d'une  dépêche  du 
roi,  du  7  décembre,  lettre  fort  étudiée ,  qui 
n'a  pas  moins  de  1 6  pages  *,  nous  lisons  : 
«Il  faut,  pour  nous  mander  telle  chose, 
n'avoir  pas  leu  nos  despesches.  »  El  encore  : 
«  Ça  esté  une  belle  pensée  et  qui  a  fort  bien 
réussi  de  commettre  les  affaires  du  roy  à  un 
marchand  estrangcr,  y  ayant  deux  ambas- 
sad"  de  S.  M.  de  la  fidélité  et  affection 
desquels  on  ne  peut  non  plus  douter  que 
de  la  capacité  de  fordinairc.  »  Il  n'y  avait 
peut-être  que  M.  de  Brézé  pour  envoyer 
au  cardinal  de  telles  réflexions  sur  une  dé- 
pèche signée  du  roi  ".  Le  commenlaire 
est  écrit  sur  ce  ton  satirique  d'un  bout  à 
f autre,  salif  un  seul  endroit  oii  il  est  fait 
mention  d'une  lettre  du  cardinal, jointe  à 
la  dépêche  du  roi  :  «  La  lettre  de  M"'  est 
excellente ,  a  esté  très  bien  receue  et  a  fait 
très  grand  cffecl.  •  Je  ne  trouve  point  cette 

séjour  en  Hollande  qui  lui  déplaisait  fort.  Il  écrivait 
le  12  décembre  à  Chavigni  :  «Ma  santé  est  irès- 
mauvaise. . .  et  mon  intelligence  pas  assez  grande  pour 
comprendre  les  ordres  que  l'on  m'envoie  {pièce  126). 


93 


738 


LETTRES 


à  faire  dans  les  circonstances  présentes.  Nous  allons  extraire  aussi  quelques  mots 
de  ce  second  mémoire;  ce  passage  est  chiffré  : 

...  Le  s''  Pauw  a  tousjours  esté  contraire  à  M.  le  prince  d'Orange. . . 
On  avoit  pensé  de  gaigner  led.  Pauw,  de  le  piccjiier  en  luy  disant  que 
c'est  luy  qui  a  eu  l'honneur  de  conclure  le  traicté  faict  avec  M""*  les 
Estatz ,  le  porter  à  s'en  retourner  pour  traverser  les  desseins  dud.  prince. 
Sur  cela,  les  aniliassadeurs  manderont  leur  avis,  parce  que  l'on  n'est 
pas  hors  d'espérance  de  gaigner  led.  de  Pauw. 

(]e  mémoire  est,  ainsi  que  l'autre,  un  original  signé  du  roi  et  contresigné, 
IJouthillIer  (Chavigni). 


CXCIV. 
Arcli.  des  Aff.  étr.  Alsace,  t.  VI,  pièce  186.  —  Mise  au  net,  de  la  main  de  Cherré. 


SECOURS  DE  COLMAR. 


iG35  [vers  la  fin]? 


II  iaut  se  résoudre  à  de  deux  choses  l'une  : 
Ou  abandonner  Colmar,  Schelestat,  Hagnau,  Monliéliard  et  Poran- 
Iru,  ou  à  les  conservera 


lettre  de  Richelieu  dans  les  volumes  de 
Hollande;  mais  j'y  vois  que  le  cardinal 
envoyait  à  Charnacé,  le  28  décembre,  une 
missive  adressée  au  prince  d'Orange,  en 
laissant  aux  ambassadeurs  la  faculté  de  la 
rendre  ou  la  supprimer,  selon  qu'ils  le 
jugeraient  à  propos.  Etait-ce  la  lettre  en 
question  ?  Quant  à  la  dépêche  si  maltraitée 
par  M.  de  Brézé ,  elle  n'est  pas  sans  doute 
de  Richelieu ,  elle  ne  doit  pas  même  être 
de  Léon  Bouthillier  qui  l'a  contre-signée  ; 
M.  de  Brézé  était  ami  intime  de  la  famille 
Bouthillier;  nous  supposons  qu'il  l'attri- 
buait au  P.  Joseph,  contre  lequel  il  avait 
une  aversion  particulière. 

'  Plusieurs  villes  d'Alsace  s'étaient  mises 


depuis  quelque  temps  sous  la  protection 
de  la  France  :  Haguenau  et  Saverne  (voy. 
ms.  précité,  pièce  28,  du  28janvier  i634)- 
Un  traité  conclu  entre  le  secrétaire  d'Etat 
Léon  Bouthillier  et  J.  Henry  Mogy.,  syndic 
et  député  de  Colmar,  portait  au  préam- 
bule :  «  La  ville  impériale  de  Colmar  dé- 
clare s'pstre  résolue  de  persévérer  dans 
l'alliance  faicte  à  Heilbron,  le  19  avril 
i633,  et  depuis  ratifiée  à  Francfort,  le 
6  septendjre  mesme  année,  entre  la  cou- 
ronne de  France  et  celle  de  Suède,  et  les 
princes,  villes  et  communautez  des  quatre 
cercles  de  la  Haute-Alsace.  »  Ce  traité,  en 
douze  articles,  est  conservé  dans  notre 
manuscrit  en  plusieurs  copies.  ?<ous  trou- 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  739 

Le  premier  est  aisé,  mais  honteux  et  très-préjudiciable  au  service 
du  roy,  à  la  conservation  de  la  Lorraine  et  des  frontières  de  la 
France. 

Le  second  est  nécessaire,  mais  très-difficile. 

Reste  à  voir  si  on  le  veut  tenter,  par  qui ,  et  par  quel  moyen. 

On  avoit  jette  les  yeux  sur  le  duc  Bernard  de  Weymar,  mais  il 
s'en  va  vers  Mayence  pour  servir  les  gens  qui  sont  dedans,  et  con- 
server la  citadelle. 

On  avoit  mandé  à  M.  de  La  Force  de  le  faire  entreprendre  par 
Gassion,  mais  il  a  mandé  qu'il  ne  le  sauroit  faire  avec  ses  troupes, 
qui  sont  trop  fatiguées,  et  dit  qu'il  faut  que  ce  soit  les  troupes 
fraisches  qui  sont  en  Champagne,  avec  de  la  cavalerie  estrangère  qu'il 
peut  donner. 

Il  présupose  aussy  qu'on  prenne  les  chevaux  d'artillerie  et  des 
voitures  de  Champagne,  lesquelles,  cessant  par  ce  moyen,  expose- 
roient  Nancy  à  sa  perte. 

Reste  donc  pour  tenter  cette  affaire  d'entrer  en  corps  d'armée 
dans  la  Bourgoigne,  tant  parce  que  tout  le  monde  demeure  d'accord 
qu'il  n'y  a  point  de  troupes  qui  entendent  seulement  parler  de  passer 
par  un  autre  chemin  qui  ne  se  dissipent  tout  à  l'heure,  que  par  ce 
aussy  que  c'est  le  seul  pays  où  elles  peuvent  suljsister,  et  où  on  peut 
trouver  des  chevaux  de  voilure,  soit  qu'on  les  loue,  soit  qu'on  les 
prenne  par  force. 

L'événement  de  ce  dessein  est  incertain,  mais  on  en  sçayt  pas  de 
meilleur,  et  il  est  certain  que  si  on  ne"  secourt  les  places  elles  sont 
perdues,  et  qu'ensuitte  ayant  perdu  tous  ces  dehors,  on  apportera 
aisément  la  guerre  au  dedans  du  royaume. 

S.  M.  jugera  mieux  que  personne  ce  qui  sera  nécessaire  à  faire  en 
cette  occasion,  et  qui  sera  plus  propre  à  l'exécution  de  ses  volontés, 
ce  qui  est  indifférent  pourveu  que  son  service  se  face. 

vons  à  la  Bibliollièque  nc-ilionale,  dans  la        ment  receues  en   la  protection  du  roy.» 
collection  Baluzc ( I. ]}.v,n" 4 el  5, fol.  i38).        Daté  de  Strasbourg,  4  décembre  iCSiJ. 
un  «  estât  des  places  de  l'Alsace  nouvelle- 

93. 


740 


LETTRES 


ANNEE  1636. 


cxcv. 

Arcli.  des  AfT.  élr,  Rome,  t.  LVUI,  fol.  386.  —  Minute. 

ADDITION 

A  L'INSTRUCTION  DU  MARESCHAL  DESTRÉES, 


EN  FAVEUR  DU  P.  JOSEPH. 


i/i  ou  1 5  janvier  i(i36. 


Outre  les  choses  contenues  en  l'instruction  qui  a  esté  desjà  baillée 
au  sieur  mareschal  cVEstrées  ',  que  le  roy  envoie  son  ambassadeur 
extraordinaire  à  Rome,  led.  sieur  mareschal  sçaura  que  S.  M.  a 
donné  ordre  ci-devant  au  sieur  comte  de  Noailles,  et  depuis  à  M.  le 
cardmal  de  Lyon,  de  nommer,  au  pape,  le  R.  P.  [Joseph]  pour  astre 
faict  cardinal  à  la  première  promotion,  et  que  l'intention  de  Sad.  M. 
est  que  led.  sieur  mareschal  fasse  à  cette  fin,  lorsque  l'occasion  le  re- 
querrerà,  les  plus  pressantes  instances  et  poursuites  qu'il  luy  sera 
possible  afin  qu'elle  obtienne  ce  qu'elle  désire,  led.  R.  P.  estant  per- 
sonne qu'elle  affectionne,  tant  à  cause  des  services  qu'il  a  rendus  et 
rendra  encore  au  public  et  particulièrement  à  l'Eglise,  que  pour  les 
autres  bonnes  et  grandes  qualitez  qui  sont  en  luy. 


'  Cette  instruction,  que  nous  ne  fai- 
sons qu'indiquer,  se  trouve,  en  minute, 
à  la  date  du  i4  janvier  i636,  dans  le 
tome  LVII  de  Rome,  aux  Affaires  étran- 
gères. Riclielieu  n'en  donne,  dans  ses  Mé- 
moires, qu'une  idée  sommaire  (IX,  io3), 
sans  rien  dire  de  l'addition  que  nous  con- 
servons ici.  Cette  addition ,  n'étant  point 
datée,  a  été  mise  au  hasard  parmi  des 
pièces  également  sans  date,  dans  le  toinc 


LVIII  de  Rome,  et  cotée  386.  Elle  a  dû 
être  faite  presque  en  même  temps  que 
l'instruction  principale.  Le  maréchal  d'Iîs 
trées  n'arriva  à  Rome  qu'à  la  fm  de  mars  ; 
c'était  le  comte  de  Noailles  qui  était  alors 
ambassadeur.  On  sait  que ,  trois  ans  plus 
tard ,  une  apoplexie  mit  hn  aux  pour- 
suites plusieurs  fois  renouvelées  en  faveur 
du  fameux  capucin. 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU. 


741 


CXCVI. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Rome,  t.  LVIII,  fol.  SyS.  — 
Mise  au  net  de  la  main  d'im  commis  de  Cliavigni. 

MÉMOIRE  AU   ROY 
POUR  RESPONDRE  AUX  NONCES  DU   PAPK, 

SUR  L'ENVOY  DE  M.  I.E   MABESCHAI.  D'ESTBÉES 

ET  ADTRES  POINTS. 

[Vers  le  2  0  janvier  1&36 '.] 

Le  roy  dira,  s'il  luy  plaist,  à  M"  les  Nonces,  que  l'instance  qu'ils 
luy  font  de  ne  pas  envoier  le  mareschal  d'Estrées  ambassadeur  ex- 


'  Nous  ne  trouvons  point  la  minute  de 
cette  pièce;  mais  on  a  'vu  que  Richelieu 
avait  toujours  soin  de  préparer  ainsi  le 
langage  que  devait  tenir  le  roi  dans  les 
occasions  délicates,  où  il  fallait  prévoir 
les  arguments  auxquels  il  serait  néces- 
saire de  répondre  iiiiinédiatement.  La 
pièce  n'est  point  datée,  et  elle  a  été  clas- 
sée ,  comme  la  précédente ,  à  la  fin  de 
l'année  >636.  Les  pièces  de  ladite  année 
sont  disséminées,  non  sans  quelque  dé- 
sordre, dans  plusieurs  volumes  de  Rome  , 
qui  contiennent  des  pièces  de  i634  ■ 
i635  et  1637;  un  certain  nombre,  sans 
date,  ont  été  classées  au  hasard,  ce  qui 
augmente  la  confusion.  Quant  au  présent 
mémoire ,  il  doit  appartenir  au  commen- 
cement de  i636.  On  v  fait  dire  au  roi 
que  le  maréchal  d'Estrées  était  parti  de- 
puis dix  jours;  or,  l'instruction  donnée  au 


maréchal  est  du  i4  janvier".  On  peut 
donc  proposer,  pour  la  conversation  avec 
les  nonces,  la  date  approximative  du  a 5 
janvier.  A  la  vérité,  je  trouve  aux  Ar- 
chives un  résumé  des  affaires  de  i635, 
écrit  de  la  main  de  Cherré  **,  où  il  est  dit 
à  la  date  du  4  décembre  :  •  En  ce  même 
temps.  M"  les  Nonces  furent  trouver  le 
roy,  auquel  ils  feirent  de  grandes  ins- 
tances, de  la  part  de  Sa  Sainteté,  pour 
empeschcr  que  M.  le  mareschal  d'Estrées , 
que  S.  M.  avoit  nommé  pour  son  ambas- 
sadeur extraordinaire  «à  Rome ,  ne  feit  pas 
le  voyage.  •  Mais  il  est  prouvé  par  la  pré- 
sente pièce  elle-même  que  la  date  de  dé- 
cembre est  fautive,  puisque  les  nonces 
ne  se  sont  présentés  au  roi  qu'après  le 
départ  du  maréchal  d'Estrées.  Seulement, 
dès  le  mois  de  décembre,  on  se  préoccu- 
pait vivement  à  Rome  de   cette   affaire. 


*  11  n'arriva  à  Home  que  vers  la  lia  de  mars; 
mais  nous  avons  vu  maintes  fois  les  amLassat^urs 
faire  très-lentement  leur  voyage,  s'aiTÔtant  en  che- 
min, soit  pour  remettre  quelque  message,  soit  |)Our 
leur  propre  plaisir. 

"  C'est  DQ   cahier  de   ib  feuillets  (Itg  pa^s). 


dont  on  s'est  servi  pour  la  composition  de  l'histoire 
de  Richelieu ,  et  on  a  barré  chaque  article  après  en 
avoir  fait  usage.  Ce  cahier  a  été  relié  dans  le  VIT  vo- 
lume du  manuscrit  des  Mémoires  de  Richelieu .  où 
il  se  trouve  entre  les  années  i635  et  i63Ç. 


?42 


LETTRES 


traordinaire  à  Rome  est  hors  de  saison,  puisqu'il  est  party  il  y  a  dix 
jours;  et  que,  pour  rien  du  monde,  i!  ne  voudroit  faire  une  chose 
qui  seroit  si  fort  contre  sa  dignité  et  sa  réputation;  mais  qu'il  ne  leur 
veut  pas  celer  que,)  quand  mesme  ils  auroient  faict  cette  mesme  ins- 
tance avant  que  led.  mareschal  eust  commencé  son  voiage,  que  pour 
cela  il  ne  l'cust  pas  rompu,  Sa  Sainteté  n'aiant  nulle  raison  essen- 
tielle de  désirer  qu'il  ne  le  fîst  pas,  puisque  la  principale  commission 
que  le  roy  luy  a  donnée  est  de  servir  le  siège  apostolique.  Sa  Sain- 
teté, M"  ses  neveux  et  toute  leur  maison.  Ce  dont  il  s'acquittera  très- 
dignement,  aiant  toutes  les  qualités  nécessaires  pour  cet  effet. 

Que  le  roy  sçait  que  c'est  une  fantaisie  particiilière  de  M"'  le  cardi- 
nal Barherin,  qui  luy  tesmoigne  le  peu  d'affection  qu'il  a  pour  sa 
personne  et  pour  la  France  en  plusieurs  occasions  dont  il  ne  perdra 
pas  la  mémoire. 

S'ils  disent  à  S.  M.  que  le  pape  se  plaint  particulièrement  de  ce 
que  led.  sieur  mareschal  a  porté  les  armes  contre  Sa  Sainteté  dans  la 
Valleline ,  le  roy  aura  agréajjle  de  leur  dire  qu'il  est  bien  fasché  que 
les  conjonctures  de  ce  temps  là  aient  esté  telles  qu'elles  aient  causé 
du  desplaisir  à  Sa  Sainteté,  mais  qu'il  ne  fault  pas  en  accuser  led. 
sieur  mareschal,  qui  ne  pouvoit  pas  moins  faire  que  d'obéir  à  ce  qui 
luy  estoit  commandé,  et  de  procurer  tout  ce  qui  luy  estoit  possible 


Dès  le  6  décembre,  l'ambassadeur,  M.  de 
Noailles,  écrivait  à  son  frère,  l'évèque  de 
Saint- Flour  :  «Le  cardinal  Bichi  m'esl 
venu  trouver,  de  la  part  du  pape,  pour 
me  faire  entendre  que  S.  S.  n'a  nulle- 
ment agréable  que  le  mareschal  d'Estrées 
vienne  ici  ambissadeur.  »  Et  le  même 
jour,  il  écrivait  également  au  cardinal. 
(Arch.  des  AIT.  étr.  Rome,  t.  LVI ,  fol.  233 , 
3 49.)  Et  le  frère  de  Richelieu,  l'arche- 
véque-cardlnal  de  Lyon,  qui  était  alors 
en  mission  extraordinaire  ta  Rome,  en- 
voyait à  Chavigni  une  dépêche  dans  la- 
quelle était  inséré  un  billet  cacheté,  des- 


tiné à  Richelieu.  L'archevêque  de  Lyon 
lui  disait  :  iLe  cardinal  Antoine  m'a  fait 
avertir  que  le  pape  ne  recevroit  point  le 
mareschal  d'Estrées. . .  Il  a  ordonné  aux 
nonces  d'empescher  qu'il  ne  parte ,  mais , 
s  il  est  parti,  de  le  laisser  venir  comme 
extraordinaire.  •  Le  cardinal  de  Lyon  en- 
voyait cette  dépêche  par  un  courrier  qui 
avait  ordre  de  faire  la  plus  grande  dili- 
gence, afin  qu'on  se  hàtàt  de  faire  partir 
le  maréchal.  «Quand  il  sera  ici,  ajoute- 
t-il.  Dieu  y  pourvoira.»  (Même  volume, 
fol.  275.) 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


7^3 


pour  le  service  du  roy.  Qu'en  un  mot,  si  le  pape  ne  recevolt  pas  le 
mareschal  d'Estrées,  et  (ju'il  ne  le  traittast  pas  corne  les  ambassadeurs 
doibvenl  cslro  traittés,  que  cela  l'obligeroit  à  des  ressentiments  qu'il 
veull  éviter  autant  qu'il  pourra  pour  le  respect  qu'il  porte  à  la  per- 
sonne de  Sa  Sainteté  el  au  Saint-Sié^e  '. 

Ensuitte  M"^  les  nonces  feront  instance  à  Sa  Majesté  que  l'on  en- 
voie le  procès,  à  Rome,  du  sieur  d'Elbene,  cy-devant  évesque  d'Alby, 
affin  que  Sa  Sainteté  voie  si  les  formes  y  ont  esté  gardées,  désirant 
en  estre  éclaircie  avant  que  d'expédier  les  bulles  de  l'évesché  d'Alby 
pour  l'abbé  de  Lude;  S.  M.  aura  agréable  de  leur  dire  que  ce  que 
Sa  Sainteté  désire  en  cette  occasion  est  contre  ce  qui  a  tousjoui's  esté 
pratiqué;  et  que  jamais,  quand  le  pape  a  nommé  des  juges,  on  n'a 
accoustumé  de  luy  envoler  que  la  sentence  qu'ils  ont  donnée,  et  non 
pas  le  procès  qu'ils  ont  instruit.  Qu'elle  ne  sçauroit  assés  s'estonner 
que  led.  d'Elljcne,  estant  atteint  et  convaincu  d'avoir  voulu  attenter 
sur  sa  personne,  estant  notoire  à  tout  le  monde  qu'il  a  révolté  M"^  de 
Montmorency  et  la  province  de  Languedoc,  dont  il  esloit  gouver- 
neur, contre  son  service;  qu'elle  ne  sçauroit  encore  assés  s'estonner 
qu'un  homme  sy  criminel  que  celuy-là  trouve  quelque  sorte  de  pro- 


'  Les  répugnances  du  pape  ne  cé- 
dèrent pas  vite;  ces  volumes  de  Rome 
contiennent  divers  mémoires  ,  instruc  - 
lions,  lettres,  qui  témoignent  des  diffi- 
cultés que  cette  affaire  souleva  entre  les 
cabinets  de  Saint-Germain  et  du  Vatican. 
Citons  un  mémoire  envoyé  à  Rome  par  le 
courrier  Nazin,  le  19  mai,  où  nous  li- 
sons :  •  Le  cardinal  de  Richelieu  parla 
hier  au  nonce  de  l'alTaire  du  mareschal 
d"Elstrées  et  luy  déclara  ouverteniejit,  de 
la  part  du  roy,  que  si  S.  S.  faisoit  diffi- 
culté d'admettre  le  mareschal  d  Estrées  à 
luy  parler  sur  toutes  sortes  d'affaires  dont 
il  auroit  charge  du  roy,  S.  M.  feroil  mesme 
refus  aud.  s'  nonce.  »  (T.  LVll  de  llomc. 


fol.  i46.)  Cliàvigni,  en  envoyant  ce  mé- 
moire au  cardinal  de  Lyon ,  lui  dit  qu'il 
•  a  été  dressé  en  présence  du  cardinal.! 
(Lelt.  autogr.  du  20  mai,  fol.  i5o.)  Le  a5 
juillet  suivant,  Richelieu  adressait  à  5.  S. 
une  nouvelle  et  pressante  missive  sur  le 
môme  sujet.  Nous  nous  sommes  borné  a 
l'indiquer  en  quelques  mots  (voir  t.  V, 
p.  980) ,  parce  qu'elle  a  été  imprimée. 
Le  pape  linit  par  recevoir  l'ambassadeur 
extraordinaire  du  roi.  Deux  lettres,  du  8 
octobre,  où  le  cardinal  le  charge  de  trai- 
ter diverses  affaires,  ne  font  plus  aucune 
mention  de  la  répulsion  qu'il  avait  d'a- 
bord éprouvée  (p.  610  et  614  du  volume 
précité). 


744 


LETTRES 


lection  auprès  du  pape.  Mais  que  c'est  une  suite  continuelle  du  soin 
qu'a  M.  le  cardinal  Barberin  de  la  déservir. 

Sa  Majesté  tesnioignera ,  s'il  luy  plaist,  le  desplaisir  qu'elle  a  du 
rappel  de  M""  Mazarin;  combien  elle  estime  sa  vertu  et  son  mérite, 
et  l'affection  avec  laquelle  il  a  servi  le  pape,  le  Saint-Siège  et  toute 
sa  maison ,  dans  les  diverses  occasions  qui  se  sont  rencontrées  ; 
qu'elle  avoue  qu'elle  ne  le  peut  voir  partir  sans  regret,  estant  un  des 
sujets  les  plus  capables  qu'elle  cognoisse  pour  estre  employé  dans  les 
grandes  et  importantes  affaires  qui  sont  maintenant  dans  l'Europe'.  - 


NOTA. 

Nous  avons,  aux  Archives  des  Affaires  étrangères,  un  volume  de  Parme,  ren- 
fermant les  documents  de  i6oi  à  1642;  nous  n'y  trouvons,  jusqu'en  iG33,  au- 
cune pièce  où  nous  reconnaissions  la  participation  de  Richelieu.  Nous  avons  in- 
diqué, dans  notre  111°  volume  (p.  Sag),  un  mémoire  envoyé  à  l'ambassadeur 
de  France  à  Rome,  le  comte  de  Béthune,  où  nous  voyons  que,  dès  i63o,  le 
cardinal,  préoccupé  de  son  projet  de  ligue  entre  les  princes  de  la  haute  Italie, 
voulait  y  faire  entrer  le  duc  de  Parme.  Les  Espagnols,  de  leur  côté,  s'efforçaient 
d'attirer  vers  eux  ce  prince,  dont  les  petits  Etats  n'étaient  pas  sans  importance 
dans  la  prévision  d'une  lutte  entre  la  France  et  l'Espagne. 

Au  moment  où   ces  manœuvres  diplomatiques  étaient  le  plus  pressantes, 


'  Richelieu  tenait  beaucoup  a  conser- 
ver en  France  Mazarin,  qui,  de  son  côté, 
avait  grand  désir  de  s'attacher  au  cardi- 
nal (voy.  au  Suppiém.  addit.  à  ia  p.  61 4 
du  V°  volume).  Nous  avons,  à  la  date  du 
5  janvier,  un  mémoire  dicté  par  Riche- 
lieu et  signé  du  roi ,  où  le  mécontente- 
ment de  Louis  XIII  s'exprime  avec  une 
vivacité  qui  va  jusqu  à  une  sorte  de  me- 
nace :  «Au  moment  qu'il  y  a  lieu  de 
traicter  de  la  paix,  retirer  de  cette  négo- 
ciation Mazarin.  si  bien  versé  dans  toules 
les  affaires  de  la  chrestienté,  c'est  com- 
plaire aux  Espagnols...  Si  le  pape  s'obs- 


tine au  refus.  Sa  Sainteté  trouvera  bon 
que  le  roy  voye  ce  qu'il  doit  faire  aupara- 
vant que  de  s'embarquer  plus  avant  avec 
si  peu  de  démonstration  de  sa  faveur.  » 
(Rome,  t.  L,  fol.  364.)  Richelieu  fit  même 
écrire  par  le  roi,  de  la  propre  main  de  Sa 
Majesté,  au  pape  et  aux  neveux  de  Sa 
Sainteté  (Rome,  t.  LVII,  fol.  34)  ;  on  n'ob- 
tint rien.  Mazarin  prit  congé  en  mars 
(lettre  de  lui  en  italien,  fol.  5o  du  ms. 
précité),  et  il  fut  envoyé  à  sa  vice-légation 
d'Avignon,  ou  nous  le  retrouvons  toute 
cette  année. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  745 

notre  volume  de  Parme  nous  donne  (date  du  i5  janvier  i633)  un  mémoire  du 
sieur  Bachelier,  envoyé  par  le  roi  auprès  du  duc  de  Parme. 

Dans  cette  pièce  chiffrée,  sans  suscription  ni  signature,  nous  lisons  :  -«Le 
duc  de  Parme  supplie  S.  M. ,  avenant  qu'il  soit  nécessaire  que  le  roy  porte  ses 
armes  en  Italie  pour  remédier  à  l'insupportable  tyrannie  et  oppression  des  Es- 
pagnols, qu'il  plaise  à  S.  M.  luy  faire  grâce  et  faveur  de  luy  donner  charge  de 
général  d'armée  en  Italie.. .  aussy  il  plaira  à  S.  M.  de  prendre  soubz  sa  protec- 
tion luy  et  ses  Estats  envers  tous,  et  contre  tous  ceux  qui  le  voudroient  mo- 
lester. . .  • 

Une  instruction  est  adressée  au  sieur  Bachelier  le  2/1  mars.  Le  roi  promet  sa 
protection;  il  enverra  des  troupes  au  duc  de  Parme,  et  on  fixe  le  nombre  des 
soldats  que,  de  son  côté,  le  duc  doit  entretenir.  Le  manuscrit  donne  le  texte  ita- 
lien d'une  convention  conclue  à  Plaisance,  le  7  juin,  entre  le  roi  et  le  duc;  une 
traduction  française  est  jointe. 

L'année  suivante,  les  relations  deviennent  plus  intimes.  On  envoie  un  nou- 
vel agent  diplomatique,  M.  de  La  Saludie.  Une  note  du  10  avril  i634,  écrite 
de  la  main  attribuée  au  P.  Joseph,  est  conservée  dans  notre  manuscrit  : 

«  Le  roy  escrira  :  Mon  Cousin,  j'ay  receu  la  vostre  du  2^  mars,  et  mon  cou- 
sin le  cardinal  de  Richelieu  m'a  communiqué  celle  que  vous  luy  avez  escritte, 
sur  quoy  vous  verrez,  dans  un  mémoire  à  part,  mes  intentions.  » 

Le  mémoire,  de  la  même  écriture,  porte  :  •  S.  M.  a  appris  avec  contentement 
celuy  que  le  duc  de  Panne  dit  avoir  receu  par  l'arrivée  du  s'  de  La  Saludie,  et 
de  ce  qui  s'est  passé  entre  eux  pour  la  confirmation  du  traité  d'alliance.  •  Le  roi 
conseille  au  duc  de  donner  aux  Espagnols,  avec  les  précautions  requises,  le 
passage  qu'ils  demandent  à  travers  ses  Etats,  et  d'éviter  toute  hostilité,  «atten- 
dant les  résolutions  de  S.  M.,  qui  sçaura  bien  prendre  le  temps  plus  propre 
pour  le  bien  de  ses  amis  et  spécialement  dud.  duc...  • 

Un  secrétaire  de  Chavigni  a  mis  ensuite  :  «  Il  faut  avec  cela  une  lettre  de 
M*'  le  cardinal  pour  response  à  celle  que  le  duc  de  Panne  luy  a  escritte  en 
date  du  26  mars,  se  remettant  à  la  response  de  S.  M.  »  —  «  Une  autre  lettre  de 
Monseigneur  au  comte  Fabio  Scoti,  disant  même  chose  qu'au  duc.  » 

Bientôt  le  roi,  envoyant  M.  de  Sabran  à  Gênes,  lui  ordonne  de  remettre  une 
dépêche  au  duc  de  Parme;  c'est  une  simple  lettre  de  compliment  (5  juillet). 
Mais  on  ne  néglige  aucune  occasion  d'entretenir  bonne  intelligence  dé  ce  côté. 

Le  duc  n'était  pas  en  reste  de  compliments.  Ayant  appris  que  le  frère  de  Ri- 
chelieu est  envoyé  en  ambassade  extraordinaire  auprès  du  pape,  il  offre  pour 
lui,  à  Richelieu,  son  palais  Farnèse  à  Rome,  où  une  habitation  convenable 
pourrait  être,  en  ce  moment,  difficile  à  trouver  (lettre  du  i3  octobre);  et  le 

CARDIN.  DE  niCUEUEU.  VII.  94 


746 


LETTRES 


i3  novembre,  nouvelle  lettre  du  duc  pour  féliciter  le  cardinal  de  ce  qu'il  a  rendu 
la  paix  au  royaume  par  la  réconciliation  de  la  famille  royale  et  le  retour  du  duc 
d'Orléans.  Le  prince  ne  tarissait  pas  de  louanges  pour  le  grand  ministre  :  «  Le 
nom  de  V.  Em.  (écrivait  M.  de  Bellièvre,  alors  à  Plaisance),  glorieux  et  res- 
pecté par  toute  la  terre,  ne  peut  être  en  aucun  lieu  en  plus  haute  vénératiou 
qu'il  est  dans  la  bouche  de  M.  le  duc  de  Parme, .de  M,  le  comte  Scoti,  son  pre- 
mier ministre.  » 

En  même  temps,  le  duc  ne  s'oubliait  pas;  nous  trouvons  ici  un  mémoire  de 
huit  pages  rempli  de  toutes  sortes  de  demandes  et  de  sollicitations  :  «  Memoria 
di  quelle  cose  che  S.  A.  Serenissima  desidera  che  il  sig.  de  la  Saludi  rapresenti 
a  S.  M.  e  al  sig.  cardinale  di  Richelieu.  » 

Une  lettre  du  duc,  où  surabondent  les  protestations  du  plus  profond  dévoue- 
ment, de  la  plus  vive  reconnaissance,  répond  à  une  dépêche  de  Richelieu  du 
16  juillet.  Celle-là,  nous  ne  l'avons  pas;  mais  elle  avait  sans  doute  satisfait  le 
prince  italien.  S'il  avait  besoin  de  la  France,  Richelieu  aussi  avait  besoin  de 
lui  pour  cette  ligue  italienne  qu'il  aspirait  à  constituer.  Le  moment  était  venu 
où  une  liaison  intime  était  plus  nécessaire,  où  la  réserve  que  le  cardinal  con- 
seillait naguère  n'était  plus  de  saison.  La  guerre  était  déclarée,  et  notre  manus- 
crit nous  donne  un  manifeste  imprimé  du  duc  de  Parme  contre  le  roi  d'Es- 
pagne ^  Le  duc  pensa  qu'au  milieu  de  cette  crise,  une  visite  qu'il  ferait  au  roi 
contribuerait  à  serrer  plus  fortement  une  union  qui  lui  était  si  nécessaire.  Il 
vint  à  Paris;  le  roi  et  le  cardinal  lui  firent  une  réception  assez  magnifique  pour 
rendre  jaloux  le  duc  de  Weimar,  venu  vers  le  même  temps;  la  vanité  du 
prince  italien  dut  être  satisfaite,  malgré  certains  incidents  que  peut-être  il  n'a 
pas  connus.  Ainsi,  il  fallut  un  ordre  exprès  du  roi  pour  contraindre  les  ducs  et 
pairs  à  lui  rendre  visite  '^. 

Nous  avons  seulement  indiqué  ici  des  lettres  où  Richelieu  n'a  guère  fait  que 


'  Du  1  a  octobre;  c'est  une  feuille  qu'on 
dirait  détachée  de  la  Gazette. 

'  Nous  trouvons,  dans  notre  ms.,  une 
lettre  autographe  du  duc  de  La  Valette, 
«  suppliant  qu'on  le  dispense  d'aller  au- 
devant  du  duc  de  Parme.*  »  Les  raisons 
qu'apporte  M.  de  La  Valette  sont  évidem- 
ment des   prétextes  ;  on  n'y  eut   aucun 


égard.  La  Gazette ,  qui  donne  un  pompeux 
récit  de  la  réception  faite  au  prince  de- 
puis Orléans,  dit  :  t  Le  duc  de  Parme. . . , 
estant  arrivé  le  1 6  à  Chilly,  y  fut  visité  le 
mesme  jour,  de  la  part  du  roy,  par  le  duc 
de  La  Valette,  accompagné  du  marquis  de 
Duras ,  et  suivi  des  carrosses  de  Son  Em. 
et  des  princes  et  ambassadeurs,  etc.  "  • 


*  Celle  lolfre,  sans  date  el  sans  suscription ,  est 
classée  avant  le  i  o  février. 

**  P.   118,  ij/i     i33,  i56.  —  I,e  P.  GrifTcl  se 


trompe,  mettant  au  1 1  février  l'arrivée  du  dn 
Parme  a  la  cour  (t.  Il,  68i). 


DU   CARDINAL   DE  RICHELIEU. 


747 


mettre  sa  signature;  mais  le  mémoire  adressé  au  roi  à  cette  occasion  est  assuré- 
ment de  son  stjle. 

CXCVII. 
Arch.  des  AIT.  étr.  Parme,  t.  I,  i6oi-i642.  —  Mise  au  net  de  la  main  de  Charpentier'. 

AU  ROI. 

De  Ruel ,  ce  22*  février  1 636 ,  au  soir  *. 

J'ay  envoyé  présentement  Cinq-Mars'  parler  à  M.  de  Montbason  et 
de  Chaunes.  En  vérité,  c'est  chose  estrange  que  des  gens  eslevez  en 
un  jour  par  vostre  seule  grâce  disputent,  dans  la  maison  de  Vostre 
Majesté,  la  préséance  avec  un  prince  souverain,  d'illustre  et  ancienne 
maison,  et  qui  ne  vient  en  France  que  pour  se  donner  entièrement  à 

NOUS. 

H  importe  que  Vostre  Majesté  soit  le  maistre  on  ceste  affaire, 
comme  en  toute  autre.  Et  ce  seroit  chose  desavantageuse  à  vos  inté- 
rêts si  ceux  que  vous  eslevez  se  servoient  de  l'honneur  que  vous  leur 
donnez,  à  vostre  préjudice. 

Mon  cousin  de  la  Melleraie,  que  Vostre  Majesté  a  fait  officier  de 
la  Couronne,  l'a  visité,  et  yra  encore.  Je  croy  que  M.  le  Premier,  qui 
est  plus  particulièrement  attaché  à  vostre  personne  que  les  autres 
ducs,  doit  faire  le  mesme. 

M.  le  Chancelier,  qui  ne  pensa  jamais  à  présenter  la  main  à  M"  les 
ducs  en  sa  propre  maison,  y  est  ailé  aujourd'huy  ou  yra  demain. 

'  Cherré  a  écrit  en  tête  de  cette  pièce  :         gnie  dans  le  régiment  des  gardes;  il  ovail 


«  Sur  la  difiîculté  que  les  Ducs  et  Pairs 
faisoient  de  visiter  le  duc  de  Parme.  » 

'  Cette  date ,  et  celle  de  deux  lettres  de 
M.  de  Bruslon,  le  maître  des  cérémonies, 
introducteur  des  ambassadeurs,  concer- 
nant le  logement  à  préparer  pour  le 
prince,  donnent  la  date  de  son  arrivée  à 
Paris  et  rectifient  les  Mémoires  de  Riche- 
lieu, qui  disent  le  16  février  (IX,  107), 
et  le  P.  Griffel,  qui  dit  le  11  (II,  684). 

'  Dès  i633,  iefds  du  maréchal  d'Effiat 
avait  été  nommé  capitaine  d'une  compa- 


treize  ans  à  peine.  C'est  ici  la  première 
fois  que  son  nom  parait  dans  cette  cor 
respondance.  Nous  le  verrons  un  autre 
jour  chargé  de  porter  au  P.  Caussin  la 
nouvelle  que  le  roi  fa  choisi  pour  son 
confesseur.  Richelieu  approchait  peu  à 
peu  son  jeune  protégé  de  la  personne  de 
Louis  XIII;  et  bientôt,  le  27  mars  i638, 
le  simple  capitaine  aux  gardes  obtiendra, 
à  dix-huit  ans,  une  des  principales  charges 
de  la  cour  :  Cinq-Mars  sera  maître  de  la 
garde-robe  du  roi. 

9^. 


748  LETTRES 

Pour  conclusion,  c'est  chose  honteuse  que  les  champignons*  veu- 
lent disputer  de  profondeur  de  racine  avec  les  vieux  chesnes. 

J'estime  que  le  bien  des  affaires  présentes  et  vostre  authorité  re- 
quièrent que  Vostre  Majesté  parle  vertement  et  hautement  en  ceste 
occasion,  par  laquelle,  en  obligeant  M.  le  duc  de  Parme,  vous  vous 
obligerez  vous  mesme  en  humiliant  ceux  qui  prétendent  s'eslever 
contre  leur  devoir  et  vostre  service.  Je  proteste  que  si  j'estois  seule- 
ment duc,  et  non  cardinal  comme  Vostre  Majesté  m'a  fait,  je  ne  se- 
rois  pas  si  outrecuidé  d'avoir  cette  prétention. 

Un  autre  incident,  qu'a  certainement  ignoré  le  duc  de  Parme,  ne  doit  pas 
être  oublié  ici,  d'autant  que  nous  n'en  avons  pas  trouvé  la  mention  ailleurs 
que  dans  notre  manuscrit.  Un  mémoire,  de  la  main  de  Charpentier,  suit  !a 
pièce  qu'on  vient  de  lire;  un  extrait  le  fera  suffisamment  connaître  : 

«  Le  jeudy  de  la  mi-caresme,  27  février,  M.  le  duc  de  Parme  proposa  au  car- 
dinal de  Richelieu  de  prendre  l'ordre  du  Saint-Esprit  dès  cette  heure. . .  M'  Ma- 
zarin,  qui  a  esté  autheur  de  cette  proposition ,  par  le  moyen  du  comte  Scoty,  ne 
sçauroit  estre  assez  loué  pour  son  zèle;  mais  je  n'estime  pas  que  lad.  proposition 
soit  utile  ny  au  roy,  ny  aud.  duc.  L' estât  des  affaires  d'Italie  est  incertain ,  et  il  faut 
estre  plus  grand  astrologue  que  Nostradamus  pour  prévoir  quel  en  sera  l'événe- 
ment. ..  » — «Il  faut  envoyer  M.  Bouthillier  direau  duc  que  le  roy  tient  la  proposi- 
tion pour  une  chose  résolue; qu'en  cette  considération,  il  désire  donner  présente- 
ment au  duc  une  pension  de  cent  mil  livres  qu'il  attache,  en  sa  personne,  à  son 
cordon ,  mais  qu'il  n'estime  pas  qu'il  soit  à  propos  maintenant  qu'il  prenne  ou- 
gertement  l'ordre  du  Saint-Esprit,  pour  plusieurs  raisons.. .  »  Le  cardinal  en  dé- 
duit quatre  plus  ou  moins  spécieuses;  la  véritable,  c'est  que,  craignant  le  chan- 
gement du  duc,  il  ne  voulait  pas  risquer  que  «le  prince  fît  de  ce  cordon  un 
sacrilice  à  la  vanité  et  à  l'orgueil  des  Espagnols  en  s'accommodant  avec  eux.  »  ~ 
L'événement  ne  justifia  qu'à  moitié  la  prudente  prévision  de  Richelieu;  le  duc 
de  Parme  fut  forcé  de  faire  un  accommodement  avec  les  Espagcols,  mais  sans 
qu'aucune  parole,  aucun  acte  pût  blesser  le  roi,  et  il  n'en  resta  pas  moins  dévoué 

'  Ce  mot  avait  été  jadis  appliqué  aux  ne  nous  semble  pas  que  Richelieu  ait  voulu 

trois  Luynes,  dont  il  ne  restait  plus,  en  désigner  le  duc  de  La  Valette,  quoique  ce 

i636,  que  le  second,  aulrefois  Cadenet,  fils  du  duc  d'Epernon  fût  un  de  ceux  dont 

maintenant  duc  de  Chaunes.  Il  pouvait  la  vaniteuse  abstention  lui  avait  causé  le 

certainement  convenir  à  d'autres  ducs  et  plus  de  niécontentement. 
pairs  de  la  création  de  Louis  XIII;  mais  il 


DU   CARDINAL   DE  RICHELIEU.  749 

de  cœur  à  la  France.  Il  écrivait  au  roi  le  4  février  iGSy  :  «  La  nécessité  des  vivres, 
après  cinq  mois  du  blocus  de  Parme  et  de  Plaisance  par  les  ennemis,  qui  ont 
bruslé  et  pillé  tout  le  plat  pays,  m'ont  (d)ligé  de  faire  une  paix  avec  le  roy  d'Es- 
pagne. .  .  sans  que  je  me  sois  voulu  destacher  du  service  de  Vostre  Majesté.  »  Le 
cardinal  lui  tint  compte  de  la  nécessité  à  laquelle  il  dut,  pour  un  temps,  se 
soumettre,  et  ne  cessa  pas  de  le  considérer  au  fond  comme  un  allié. 


CXGVIH. 
Arch.  des  Aff.  étr.  Lorraine,  t.  XXIX,  pièce  84- —  Minute  de  la  main  de  Cherré. 

A  M.  L'ÉVESQLE  DE  MENDE  '. 

32  mars  i636. 
Richelieu  approuve  sa  conduite,  et  prescrit  diverses  mesures  pour  le  muni- 
tionnaire  : 

Maintenant  que  la  Mozelle  est  rendue  navigable  depuis  Toul,  il 
vous  sera  bien  aisé  de  munir  Nancy  et  Metz  abondamment,  à  quoy 
vous  ne  perdrez  point,  s'il  vous  plaist,  de  temps,  estant  chose  du  tout 
nécessaire  au  bien  du  service  du  roy.  Si  vous  pouvez  (Nancy  estant 
bien  garni)  rendre  Metz  plein  de  bledz  pour  faire  subsister  l'armée 
de  M.  le  cardinal  de  La  Valette  quand  elle  aura  besoin  d'agir  en  ces 
quartiers-là,  vous  me  donnerez  la  vie.  Au  nom  de  Dieu,  faites  l'im- 
possible pour  venir  à  bout  de  cette  entreprise.  Il  faut  trouver  l'inven- 
tion de  faire  porter  à  Toul  les  bledz  qui  seront  à  Ligny  et  pour  de  là 
les  mettre  sur  la  rivière.  C'est  à  vous  et  à  M"  Gobelin  et  de  Villar- 
ceau,  qui  estes  sur  les  lieux,  à  la  chercher;  vous  les  en  solliciterez, 
ce  dont  je  vous  prie,  et  d'aller  vous  mesme  de  fois  à  autre  sur  les 
lieux,  pour,  par  vostre  activité,  haster  toutes  choses.  J'escris  auxd. 
sieurs  Gobelin  et  Villarceau,  ensemble  à  Gargan  et  à  Roze,  pour  les 
rendre  soigneux d'exécutter  ce  qu'ils  ont  promis*.  Je  veux  croire  qu'ils 

'   Il  avait  été  employé  au  siège  de  la  ment  chargé  de  fimportante  opération  des 

Iloclielle  lorsqu'il  n'étiit  encore  que  l'abbé  approvisionnements, 

de  Marsillac;  il  est  fréquemment  parlé  de  '  Ces  approvisionnements  n'étaient  pss 

lui  dans  notre  deuxième  volume,  et,  dans  alors  chose  si  facile  que  pourraient  le  faire 

cette  affaire  de  Lorraine,  il  fut  spéciale-  croire  les  premières  lignes  de  cette  lettre; 


750 


LETTRES 


n'y  manqueront  pas,  et  je  vous  puis  asseurer  que,  comme  ceux  qui  sa- 
tisferont à  leurs  promesses  m'auront  pour  solliciteiu- en  leurs  intérests, 
ceux  qui  y  manqueront  m'auront  partye  contraire  en  toutes  choses. 
Ordre  concernant  quelques  mesures  de  détail. 

Lorsque  toutes  ces  places  seront  ainsy  munies  de  bledz,  vous  ferez 
entendre  à  ceux  qui  y  commandent  que  le  roy  leur  deffend  d'y  tou- 
cher, ny  d'y  laisser  toucher  pour  quelque  prétexte  que  ce  soit,  sans 
un  ordre  exprès  de  sa  part,  sinon  en  cas  de  siège,  les  munitionnaires 
estant  obligés  de  fournir  à  la  subsistance  journalière  des  garnisons. . .  ' 


CXCIX. 

Arch.  de  Condé,  communication  de  M''  le  duc  d'Aumale.  —  Original. 


A  M.  LE  PRINCE. 


29  mai  i63G. 


Monsieur,  Je 

prie  Dieu  de  tout  mon  cœur  que  vostre  entreprise  soit  heureuse,  et 


la  Lorraine,  ravagée,  était  réduite  au  der- 
nier degré  de  la  misère.  Les  volumes  ma- 
nuscrits des  Affaires  étrangères  se  rappor- 
tant à  ce  pays  en  offrent  partout  le  triste 
et  trop  authentique  témoignage.  Non-seu- 
lement les  populations  étaient  ruinées  et 
mouraient  de  faim ,  mais  les  places  man- 
quaient de  munitions  aussi  bien  que  de 
vivres.  Citons,  entre  autres,  parmi  nos  do- 
cuments, Une  suite  de  dépêches  de  Mes- 
sieurs de  Nettancourt ,  dans  le  tome  XX  VllI 
de  Lorraine  (pièces  1  i^-iSy)  :  «  J'ay  escrit 
à  Vostre  Eminence ,  mandait  l'un  des  deux 
frères  à  Richelieu  le  7  septembre ,  comme 
il  n'y  a  point  de  poudre  dans  les  maga- 
sins du  roy. ..,  aussytost  que  j'en  auray, 
j'attaqucray  et  prendray  les  deux  retraites 
des  ennemis,  qui  est  Sain-Mihel  et  Es- 
tain...  je  ne  veux  que  quatre  jours  pour 
prendre  et  razer  ces  deux  retraites  de  vo- 


leurs. . .  »  Le  cardinal  envoyait  au  grand 
maréchal  de  l'artillerie  cette  lettre,  au  dos 
de  laquelle  il  fit  écrire  par  le  secrétaire 
de  nuit  :  «  M.  de  la  Meilleraie  verra  celte 
lettre  et  y  pourvoira  sans  perdre  un  mo- 
ment de  temps,  et  m'en  rendra  response 
tout  aussytost.  » 

'  lUchelieu ,  qui  ne  reconnaissait  de 
bon  gouvernement  que  le  gouvernement 
absolu ,  en  adoplait  aussi  les  conséquences 
avec  une  courageuse  logique.  Sauf  le  cas  où 
il  iaissaitla  liberté  d'action ,  il  se  considérait 
comme  responsable  de  tout;  il  ordonnait, 
et,  autant  qu'il  pouvait,  surveillait  tout  lui- 
même  jusqu'aux  moindres  détails.  Nous 
en  conservons  à  dessein  les  preuves  dans 
quelques  pièces  de  ce  recueil  ;  on  les  y  trou- 
verait par  centaines  si  nous  n'avions  pas 
dû  nous  borner  à  donner,  en  laconique 
analyse,  un  grand  nombre  de  ces  pièces. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  751 

il  mest  impossible  de  n'en  espérer  pas  un  bon  événement,  quand  je 
considère  la  justice  de  la  cause  du  Roy,  ses  bonnes  intentions ,  le  peu 
d'ennemis  que  ses  armes  ont  en  teste  dans  la  Franche  Comté,  et  l'affec- 
tion, le  zèle  et  la  prudence  de  celui  qui  les  conduit.  Bien  que  vostre 
bon  esprit  soit  plus  capable  qu'aucun  autre  de  penser  à  tout  ce  qui 
peut  avancer  vosire  dessein,  je  ne  lairray  pas  de  vous  faire  souvenir 
que  deux  choses  ont  particulièrement  ruiné  l'année  passée  l'entreprise 
de  Flandres.  Le  désordre  commis  à  Tirlemont  en  est  une,  et  la  trop 
grande  considération  avec  laquelle  on  voulut  marcher  en  toutes  choses 
est  l'autre.  Bien  qu'il  y  eust  peu  d'ennemis  devant  les  forces  du  Roy 
et  celles  de  ses  confédérés,  on  les  considéra  de  telle  sorte,  et  marcha- 
l-on  si  lentement  au  lieu  de  les  pousser  avec  vigueur,  qu'on  leur 
donna  temps  de  se  fortiffier  et  se  recognoistre ,  ce  qui  les  encouragea 
de  telle  sorte,  que  ce  qui  estoit  facile  au  commancement  fut  impossible 
à  la  fin.  Les  grands  desseins  du  Roy  de  Suède  luy  ont  tous  réussy  en 
profitant  du  grand  étonnement  qu'il  donnoit  d'abord  à  tous  ses  ennemis , 
et  se  portant  à  ce  à  quoy  on  ne  s'attendoit  pas  lorsqu'on  pensoit  qu'il 
fust  attaché  ailleurs. 

Je  ne  prétends  pas.  Monsieur,  par  cette  lettre  vous  convier  à  en- 
treprendre avec  témérité  ce  qui  ne  doit  estre  faict  qu'avec  grand 
jugement,  mais  bien  vous  dire  que  la  raison  et  la  prudence  veulent 
qu'on  profite  du  temps,  et  qu'on  se  serve  avec  promptitude  du  premier 
esfonnement  qui  surprend  tousjours  d'abord  ceux  qu'on  attaque. 

Surtout  j'estime  que  vous  devés ,  par  courses  de  cavalerie ,  empescher 
les  levées  de  gens  de  guerre,  et  union  de  noblesse  et  de  peuple  qui 
se  pourront  faire  aux  lieux  esloignez  de  vous,  pour  par  après  vous 
tomber  sur  les  bras. 

J'estime  aussy  que  vous  devés  donner  grand  ordre  à  ramasser  les 
bledz  pour  vous  en  servir  pour  vostre  armée ,  et  qu'il  vaut  mieux  que 
vous  en  donniés  quelque  prix  raisonnable  aux  soldats  qui  vous  en 
apporteront,  que  de  les  laisser  dissiper.  Je  croy  encore  que  vous  devés 
avoir  un  grand  soin  de  faire  amasser  le  plus  grand  nombre  de  chevaux, 
dans  le  pais  qui  en  est  plain,  que  vous  pourrés,  tant  parce  que  nous 


<p 


752  LETTRES 

en  manquons  en  France  pour  l'artilierie  et  pour  les  vivres,  et  que 
c'est  le  seul  lieu  où  on  en  peut  recouvrer  pour  rafraischir  toutes  nos 
armées,  que  parce  aussy  que,  par  ce  moyen,  on  empesche  les  ennemis 
d'espérer  s'y  remonter  et  se  mettre  en  équipage  avec  grande  facilité 
quand  ils  y  viendroient. 

Je  vous  ay  desjà  mandé,  Monsieur,  que  quelques  avis  qui  vous 
soient  donnés  de  la  Covu,  ils  vous  laissent  toute  liberté  de  faire  ce 
que  vous  jugerés  plus  à  propos.  Cela  fait  que  je  vous  escriray  mes 
pensées  plus  librement,  veu  que  sy  elles  ne  vous  peuvent  servir,  au 
moins  ne  vous  sçauroient-elles  nuire.  D'une  chose  vous  puis-je  asseurer, 
que  sy  mes  souhaits  ont  lieu,  vous  acquerrés  cet  esté  toute  la  gloire 
que  vous  pouvés  prétendre  et  que  je  vous  désire. 

Monsieur, 

Vous  n'oublierés  pas,  s'il  vous  plaist,  de  faire  que  vostre  cavalerie 
allemande  estant  dans  un  pays  abondant  en  chevaux,  profitte  de 
l'occasion  de  se  rendre  bien  complette.  Je  ne  puis  que  je  ne  vous  suplie 
de  ne  bazarder  pas  mal  à  propos  vostre  personne.  Et  bien  que  je  ne 
sois  pas  assez  contemplatif  pour  prétendre  de  vous  faire  de  grandes 
exhortations  de  conscience,  je  ne  puis  que  je  ne  vous  convie  à  vous 
tenir  en  si  bon  estât,  que  quand  vous  auriés  quelque  péril  à  courre, 
vous  ayés  aussy  peu  d'occasion  de  le  craindre,  selon  Dieu,  comme  je 
sçay  que  vous  ne  le  craindriés  pas  selon  le  monde.  Je  fais  la  mesme 
exhortation  à  M.  de  la  Meilieraie ,  que  j'ay  bien  peur  qu'il  ne  soit  pas 
si  dévot  qu'il  devroit  estre^ 

t  Vostre  bien  humble  et  très  affectionné  serviteur. 

Le  Gard.  DE  RICHELIEU. 
De  Conflans,  ce  ag'^may  i636'^. 

'  Ce  conseil  donné  au  prince  de  Condé  '  Voy.  notre  V*  vol.  p.  97A,  20  mai;  et 

de  penser  à  son  âme,  Richelieu  l'a  écrit  le  37,  Richelieu  écrivait  au  roi  :  «  Aujour- 

après  la  lettre  signée,  dans  l'espace  blanc  d'huy  M.  le  Prince  fait  estât  de  se  mettre 

laissé  entre  le  texte  et  la  signature.  en  campagne.  »  (P.  AyS.) 


DU  CARDINAL  DE   RICHELIEU. 


753 


ce. 

Arch.  des  Aff.  (!tr.  Turin,  t.  XXIV,  fol.  587.  — 
Minute  de  la  main  de  Citoys. 

[A  M.  D'HÉMERY?'] 

[2'  quinzaine  de  juin  i636.] 

M.  de  Grave  est  revenu  sans  apporter  aucune  nouvelle  qui  put  con- 
tenter le  roy.  J'espérois  que  M.  de  Parme  empescheroit  les  ennemis  de 
secourir  Testât  de  Milan,  et  y  feroitle  dègast;  que  M.  de  Savoie  occu- 
peroit  le  poste  d'Olege  et  passeroit  le  Tesin  ^,  au  mesme  temps  que 
M.  de  Rohan  exécuteroit  ce  qui  auroit  esté  convenu  entre  eux ...  on 
pouvoit  se  promettre  un  grand  effet.  .  .  on  a  fait  sur  cette  espérance 
tous  les  efforts  que  vous  avés  désirés.  .  .  vous  sçavez  bien  que  qui 
veut  tout  profit  des  François  les  doit  employer  à  la  chaude .  .  .'  M.  le 
cardinal  de  La  Valette  a  secouru  Haguenau,  M.  le  duc  Bernard  a  repris 
Saveme  et  autres  lieux. 

M.  le  Comte  a  de  très-notables  avantages  dans  le  Luxemboiu-g,  que 


'  Cette  minute  n'indique  ni  suscription , 
ni  date.  M.  d'Hémery  est  le  seul  auquel  la 
lettre  semble  devoir  aller.  Quant  à  la  date , 
il  ne  serait  pas  aisé  d'en  donner  une  pré- 
cise, le  retour  de  M.  de  Grave  d'une 
mission  en  Italie ,  et  la  mention  de  la  prise 
de  Saveme  par  le  duc  Bernard,  semblent 
devoir  mettre  sur  la  voie  ;  mais  M.  de  Grave 
fit  à  ce  moment  plusieurs  voyages  en  Italie , 
et  Saveme  fut  prise  par  morceaux,  si  l'on 
peut  ainsi  dire.  Dès  le  1 1  juin  le  duc  Ber- 
nard s'était  emparé  d'un  des  forts  qui  dé- 
fendaient cette  place,  et  puis  on  distin- 
guait dans  Saveme ,  comme  dit  le  P.  Grififet , 
la  petite,  la  moyenne,  et  )a  grande  ville, 
qu'il  fallut  attaquer  l'une  après  f  autre.  La 
place  ne  fut  entièrement  occupée  que  le 
1 5  juillet  ;  la  lettre  de  Richelieu  était  écrite 

CARDIN.  DE  BICHELIED.  TH. 


avant  ce  dernier  incident;  enfin  le  siège 
de  Dole  par  le  prince  de  Condé ,  le  progrès 
des  alliés  en  Allemagne,  tout  cela  se  passait 
dans  le  cours  du  mois  de  juin;  nous  pro- 
posons donc ,  comme  date  approximative , 
la  seconde  quinzaine  de  juin. 

'  Oleggio  fut  pris  par  le  duc  de  Créquy 
le  i3  juin. 

'  Ce  qui  suit  est  répété  dans  une  lettre 
adressée  au  P.  Monod  dont  on  sait  fin- 
fluence  sur  la  duchesse  de  Savoie.  Le  car- 
dinal exprime  et  le  regret  des  espérances 
trompées ,  et  f  espoir  que  0  la  fin  de  cet  esté 
produira  des  fruits  qu'on  n'oseroit  quasy 
se  promettre.  »  Minute  de  la  main  de  Char- 
pentier, sans  date,  même  ms.  fol.  53^ 
verso. 


95 


754 


LETTRES 


M.  le  Prince  a  assiégé  Dole  et  que  les  alliés  du  roy  en  Allemagne,  et 
entre  autres  le  landgrave  de  Hesse,  agissent  le  mieux  qu'il  leur  est 
possible;  et  les  armes  d'Italie  ne  feroient  aucune  chose  de  considé- 
ration .  .  .  mais  M.  de  Savoie  est  prince  ambitieux  et  soigneux  de  sa 
réputation ...  Je  croy  asseurément  que  les  premières  nouvelles  que 
nous  aurons  de  vous  annonceront  qu'il  se  fera  des  effets  tels  qu'on  se 
les  peut  promettre.  .  .  Je  m'asseure  que,  malgré  ses  appréhensions, 
Madame  Sera  la  première  à  désirer  qu'une  personne  qui  luy  est  si 
chère  puisse  revenir  à  la  fin  de  l'esté  dans  ses  Estats  avec  autant 
d'honneur  qu'il  en  mérite  ^ 


'  Richelieu  avait  fait  nommer  le  duc  de 
Savoie  général  en  chef  de  l'armée  réunie 
de  France  et  de  Piémont,  afm  d'aiguil- 
lonner son  allure  en  satisfaisant  sa  vanité. 
Le  duc  n'en  servait  pas  mieux  la  cause 
commune;  «  il  trouvoit  tous  les  jours  quel- 
que nouveau  prétexte  pour  différer  la 
marche  des  troupes ,  »  comme  s'en  plaignait 
sans  cesse  Richelieu,  et  comme  l'a  écrit 
le  P.  Griffet.  Le  maréchal  de  Créquy, 
commandant  l'armée  française,  supportait 
impatiemment  de  se  voir  soumis  à  un  chef 
si  inutile,  et  malgré  les  prudentes  recom- 
mandations de  Richelieu ,  il  vivait  en  assez 
mauvaise  intelligence  avec  le  beau-frère  du 
roi.  On  comprend  que  les  affaires  n'en 
allaient  pas  mieux.  Vers  le  20  mai  le  duc 
se  décida  à  entrer  en  campagne ,  mais  il 
ne  donnait  à  l'armée  française  qu'une 
assistance  sans  bonne  volonté,  et  son  ac- 
tivité paresseuse  était  presque  aussi  ineffi- 
cace que  son  complet  repos.  Cependant  il 
prit  part  à  la  bataille  du  Tésin  et  à  quel- 
ques autres  affaires.  Toutes  les  fois  que 
Richelieu  pouvait  lui  adresser  quelque  fé-  " 
licitation,  il  n'y  manquait  pas.  Ce  fut  en 

*  Celte  lettre,  dont  nous  avons  donné  une  courte 
analyse  {t.  V,  p.  97.T,  commencement  de  juin),  doit 


fune  de  ces  occasions  que  le  cardinal, 
soupçonnant  la  duchesse  de  contribuer  à 
retenir  son  mari  loin  du  péril,  lui  écrivait  : 
...  •  V.  A.  préférera  les  intérests  du  roy 
et  la  réputation  de  M.  de  Savoie  au  con- 
tantement  qu'elle  auroit  d'estre  tousjours 
auprès  de  sa  personne.  Je  me  confesse 
d'une  faule  dont  elle  m'absoudra  aisément , 
puisqu'elle  ne  consiste  en  autre  chose  qu'en 
la  crainte  que  j'ay  eue  que  la  tendresse  de 
V.  A.  l'auroit  fait  différer  de  se  mettre  en 
campagne.  Je  me  condamne  d'autant  plus 
en  cette  pensée  que  je  ne  doule  point  que 
le  courage  de  V.  A.  surpasse  toutes  les 
bonnes  qualités  que  Dieu  a  mises  en  elle*.  » 
—  La  tendresse  de  Christine  pour  son  mari 
ne  semble  pas  avoir  jamais  été  fort  vive. 
Pourtant  Richelieualtribueauxinquiéludes 
de  cette  tendresse  les  lenteurs  du  duc  de 
Savoie,  peut-être  pour  éviter  d'adresser  au 
duc  lui-même  un  reproche  plus  sérieux. 
Toutefois  la  duchesse,  soit  inquiétude, 
soit  tout  autre  motif,  voyait  avec  grand  dé- 
plaisir son  mari  mêlé  à  cette  guerre  ;  voici 
comme  elle  s'en  plaint  dans  une  lettre  auto- 
graphe adressée  à  Mazarin,  et  que  nous 

avoir  ëlë  écrite  un  peu  plus  tard  que  la  date  proposée 
par  nous. 


DU  CARDINAL   DE   RICHELIEU.  755 


CCI. 

Arch.  des  Aff.  élr.  Lorraine,   t.  XXIX,  pièce   Sa.  — 

Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

RESPONSE  DE  MONSIEUR  A  M.   LE  NONCE. 

3o  juillet  i636  '. 

Je  reçoy  avec  grande  révérence  la  faveur  avec  laquelle  il  plaist  à 
Sa  Sainteté  procéder  avec  moy.  Il  me  sera  bien  aisé  de  luy  faire  sçavoir 
mes  senlimens,  puisque  ceux  du  roy  et  les  miens  sont  les  mesmes. 
J'estime  la  vertu  de  la  princesse  Marguerite;  mais  les  lois  de  l'Estat, 
approuvées  de  l'Eglise,  me  faisant  cognoistre  que  je  n'ay  peu  faire  ce 
que  j'ay  fait,  j'ay  résigné  ma  volonté  à  celle  du  Roy.  D'une  chose 
pouvés  vous  asseurer  Sa  Sainteté ,  que  ny  luy  ny  moy  ne  voidons  rien 
que  ce  que  nous  pouvons  en  conscience. 

Cherré  a  écrit  au  dos  de  celte  minute  :  •  Coppie  d'une  lettre  que  Monsieur 
frère  du  roy  doit  escrire  à  M' le  Nonce  sur  le  sujet  de  son  mariage,  du  3o  juillet.  » 
Monsieur  a-t-il  consenti  à  écrire  celle  lettre  préparée  par  le  cardinal?  Nous  ne  le 
pensons  pas;  mais  le  projet,  où  est  la  pensée  de  Richelieu,  n'en  a  pas  moins  son 
intérêt.  L'année  précédente ,  le  parlement  et  l'assemblée  du  clergé  s'étaient  occupés 
de  cette  épineuse  affaire;  les  théologiens,  ainsi  que  les  hommes  d'Etal,  avaient  été 
mis  à  l'œuvre,  sans  qu'on  pût  parvenir  à  une  solution;  ce  mariage  était  devenu 
un  des  grands  embarras  de  la  politique  du  temps,  et  il  était  l'objet  de  sérieuses 
préoccupations  dans  les  premiers  mois  de  i636*.  Il  était  nul  selon  les  lois  du 

trouvons  dans  notre  manuscrit,  fol.  639,  '  La  pièce  est  mal  classée  dans  ce  vo- 

sans  date,  classée  un  peu  au  hasard  :  t  ...  Je  lume  à  la  fin  de  janvier, 
suis  enragée  de  voirie  roy  si  mal  servi,  et  '  Notre  manu.scrit  (pièce  79)  conserve 

la  réputacion  de  ses  armes  si  engagée  et  ce  billet  :  •  De  Ruel,  ce  12'  mars   i636. 

qu'il  leur  semble  que  pour  la  sauvé  il  ne  —  M.  Boulhillier  le  surintendant  est  prié 

soit  otre  que  mettre  S.  A.  R.  en  asard,  de  chercher  parmi  ses  papiers  l'instruction 

pour  afin  qu'il  répare  leur  folte,  ou  bien  donnée  à  M' l'évesque  de  Montpellier  s'en 

qu'il  aye  part  à  la  honte  qui  .«ont  prêt  à  allant  à  Rome  sur  le  sujet  du  mariage  de 

recevoir  un  de  ses  jour»,  si  Dieu  ne  les  en  Monsieur,  et  de  m'en  faire  faire  une  coppie 

nenpaiche.  .  .  .    Vous  qui  faite  profession  parce  que  j'en  ay  besoin.  M.  de  Chavigny 

destre  de  nos  amis,  sest  maintenant  qui  ne  l'a  point,  ny  pas  un  de  ses  commis, 

nou.s  le  fost  faire  paroistre;  et  M.  le  car-  —  Le  card.  de  Richelieu,  b 
dinal  en  qui  j'ay  rais  mon  espérance.  .  .  • 

95. 


756  LETTRES 

royaume,  l'héritier  présomptif  de  la  couronne  s'étant  marié  sans  le  consentement 
du  roi;  et  le  roi  le  voulait  faire  casser.  Le  pape  le  jugeait  canoniquement  légitime 
et  refusait  de  prononcer  la  dissolution.  Le  caractère  bien  connu  de  Monsieur  faisait 
espérer  à  Richelieu  qu'on  obtiendrait  du  prince  lui-même  le  désaveu  de  cette 
union.  Chavigni  s'y  employait  de  son  mieux,  et  le  cardinal  lui  écrivait  le  18  avril  : 
«  Je  suis  bien  aise  de  voir  par  vostre  lettre  que  Monsieur  soit  résolu  pour  son  ma- 
riage, car  c'est  le  meilleur  chemin  qu'il  puisse  prendre  pour  sortir  d'une  mau- 
vaise affaire.  »0n  s'efforçait  en  ce  moment  de  gagner  Monsieur  par  tous  les  moyens 
possibles'  ;  on  était  parvenu  à  obtenir  de  lui  qu'il  éloignerait  de  sa  personne  la 
plupart  des  artisans  de  cabale  contre  le  Gouvernement  de  Richelieu  2;  le  roi  pro- 
mettait, à  son  tour,  de  consentir  au  mariage,  à  la  condition  de  certains  engage- 
ments que  devait  prendre  Gaston  '.  La  pièce  que  nous  publions  prouve  qu'on  se 
croyait  à  peu  près  sûr  de  son  consentement;  mais  bientôt  ses  liaisons  avec  le  comte 
deSoissons,et  les  criminelles  intrigues  de  Corbie ,  avaient  rejeté  dans  la  révolte  cet 
incorrigible  étourdi  *.  Les  mémoires  publiés  sous  le  nom  du  duc  d'Orléans  nous 
auraient  sans  doute  donné  des  informations  utiles,  mais  ils  finissent  avec  l'année 
i635.  Nous  en  rappelons  ici  les  dernières  lignes,  où  Monsieur  semble  se  ménager 
une  excuse  pour  les  nouvelles  fautes  qu'il  devait  commettre  :  «  Le  roi  avait  permis 
à  Monsieur  d'envoyer  la  subsistance  à  Madame  durant  dix-huit  mois.  Sur  le  refus 
que  S.  M.  fit  depuis  de  la  continuer  plus  longtemps.  Madame  fut  obligée  par  la 
permission  de  Monsieur  de  la  demander  aux  Espagnols,  et  de  congédier  les  offi- 
ciers que  Monsieur  lui  avoit  laissés,  qui  fut  à  la  fin  de  janvier  i636.  ■  (Page  xyô.) 
Remarquons  que  Monsieur  donne  ici  une  misérable  excuse  de  sa  complicité  avec 
les  ennemis  de  la  France,  car  Madame,  étant  princesse  de  Lorraine,  pouvait  bien 
vivre  sans  l'argent  des  Espagnols. 


CCII. 
Arch.  des  Aff.  étr.  Lorraine,  t.  XXVIII,  pièce  i58.  —  Minute  de  la  main  de  Clierré. 

A  M.  L'ABBÉ  DE  COURSAN*. 

a8  septembre  i636. 

Après  avoir  veu  et  reveu  vostre  dépesche,  la  première  chose  qu'il  y 
a  à  vous  dire  est  que  vous  vous  estes  fort  bien  conduit  en  la  conférence 

'  Notre  tome  V,  p.  444  et  445.  *  Mém.  de  Richelieu,  t.  IX,  p.  828. 

'  Hist.  de  Louis  XIII,  par  le  P.  Griffet ,  '  L'abbé  de  Coursan  était  chargé  d'une 

II,  682.  mission  à  Nancy,  où  il  avait  été  envoyé 

.  '  Mém.  de  Richeliea,  t.  IX,  p.  290.  vers  le  commencement  de  cette  année;  Ri- 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU. 


757 


que  vous  avés  eue  avec  Salins .  .  .  .  '  il  semble  que  son  maistre  désire 
dans  ses  bons  intervales  faire  quelque  chose  de  bon.  On  voit  bien  que , 
selon  qu'il  est  bien  ou  mal  traitté  des  Espagnols,  il  se  reschauffe  ou  se 
refroidit  au  dessein  de  s'accorder  avec  la  France.  ..l'expérience^  dupasse 
nous  faisant  cognoistre  que  ce  seigneur  est  fort  changeant  et  subit  en 
ses  résolutions,  on  croit  qu'il  est  à  propos  que  vous  preniez  occasion 
de  demeurer  encore  jusqu'à  nouvel  ordre  sur  le  désir  qu'il  en  a..  . 

Si  le  duc  ne  veut  s'accomoder  aux  conditions  dont  vous  avés  charge, 
je  ne  veux  pas  qu'on  en  puisse  accorder  d'autres. 

Cependant  vous  nous  manderés  soigneusement  s'il  vous  fait  quelques 
nouvelles  propositions  ;  mais  de  s'imaginer  que  nous  luy  rendions  ses 
Eslats,  sur  la  foy  qu'il  nous  donne  qu'il  n'en  abusera  plus,  c'est  une 
erreur  sy  grossière  que  je  m'asseure  qu'il  ne  le  croit  pas  et  dont  vous 
le  devés  détromper .... 

Asseurez  vous  que  si  vostre  affaire  réussit  vous  serez  traîlté  en 
honneste  homme  ' .  .  .  . 


chelieu  écrivait  le  a3  juillet  :  i  M.  de  Clia- 
vigny  apportera ,  s'il  luy  plaist ,  ou  envolera 
prompleinent  dans  un  paquet  fermé,  l'ins- 
truction qui  fut  donnée  à  Ruel  à  l'abbé 
de  Coursan  louchant  l'affaire  de  M.  de 
Lorraine,  parce  que  cela  presse  »  (pièce  170). 
Nous  n'avons  point  cette  instruction,  mais 
une  suite  des  lettres  de  l'abbé  de  Coursan, 
du  37  mars  au  la  octobre,  se  trouve  dans 
ce  volume  (pièces  1 53- 162)  ;  les  premières 
ne  sont  guère  que  des  éloges  du  marquis 
de  F'ossés,  et  les  autres  (M.  de  Fossés  étant 
mort)  des  critiques  de  l'évêque  de  Mende, 
qui  l'avait  remplacé  en  Lorraine.  Les  deux 
lettres  du  i8  juillet  et  du  12  octobre  sont 
à  pen  près  les  seules  où  il  soit  sérieusement 
traité  des  négociations  avec  M.  de  Lorraine , 
celle  du  la  octobre  est  chiffrée,  signée 
Buisson  (Coursan),  et  la  suscriplion  :  à 
M.   du  Lis   (le  cardinal).  —  La  présente 


dépêche  répond  à  une  lettre  de  l'abbé  de 
Coursan  au  P.  Joseph,  du  18  juillet;  le 
me  me  jour  l'abbé  écrivait  à  Richelieu  pour 
le  prier  de  se  faire  lire  attentivement  sa 
lettre  au  capucin.  Richelieu  en  (it  faire  un 
extrait,  que  nous  trouvons  ici  de  la  main 
de  Charpentier  (pièce  169);  cet  extrait 
remplace  la  lettre  au  P.  Joseph  que  nous 
n'avons  pas. 

'  C'était  un  gentilhomme  du  duc  de 
Lorraine  qui  avait  été  quelque  temps  em- 
prisonné à  la  Bastille  et  que  Richelieu  ^n 
avait  fait  sortir  récemment.  «  Celui  que  vous 
avés  sorti  de  la  Bastille  m'est  venu  trouver 
de  la  part  de  son  maistre.  .  .  •  disait  l'abbé 
de  Coursan  dans  sa  lettre  à  Richelieu. 

*  n  y  a  «  l'espérance  •  preuve  de  dictée  ; 
Cherré  avait  écrit  ce  mot  avant  d'avoir  en- 
tendu la  plirase. 

'  Dans  un  post-scriptum  de  sa  Ictire  du 


758  LETTRES 

Le  roy  ayant  chassé  ses  ennemis  du  costé  de  la  Picardie  à  sa  seule 
veue,  et  Corbie  desjà  en  estât  de  ne  pouvoir  nuire  à  la  France,  le  duc, 
qui  verra  bien  que  de  delà  luy  et  Galasse  ne  feront  pas  grands  progrès , 
n'aura  pas  occasion  de  se  tenir  ferme  aux  propositions  derraisonnables 
qu'il  a  faites  jusques  icy,  veu  principalement  que  les  Suédois  ne  sont 
pas  mal  en  Alemagne  et  que  les  Hollandois  se  remuent  de  leur  costé 
comme  il  fault. 


CCIII. 
Arch.  des  Aff.  étr.  Allemagne,  t.  XIV,  pièce  58.  —  Copie. 

LE  ROY  A  M.  DE  SAINT-CHAMONT. 

1 1  octobre  i636. 
Louis  XIII  est  satisfait  de  la  négociation  de  M.  de  Saint-Chamont  avec  le  roi  de 
Danemark;  il  faut  tâcher  d'établir  la  neutralité  entre  ce  prince  et  la  couronne 
de  Suède.  —  S.  M.  approuve  la  proposition  de  déférer  la  médiation  au  pape  dans 
la  négociation  de  la  paix  :  «  il  ne  seroit  pas  convenable  que  le  roy  de  Dannemarc 
eust  la  qualité  de  médiateur  commun  avec  le  pape.  >•  —  Donner  avis  au  roi  de 
Danemark  que  c'est  en  décembre  qu'il  devra  envoyer  ses  députés  à  Cologne.  Et 
prendre  de  là  occasion  pour  obtenir  qu'il  s'oblige  de  ne  s'entremettre  d'aucun 
traité  particulier.  —  Donner  le  même  avis  à  la  reine  de  Suède.  —  La  pensée  du 
roi  est  que  le  marquis  de  Saint-Chamont  fera  bien  d'envoyer  à  la  diète  de  Ratis- 
bonne  quelqu'un  capable  de  donner  de  bonnes  informations  sur  ce  qui  s'y 
passera;  cet  envoyé  devra  insinuer  adroitement  aux  membres  de  la  diète  que 
par  l'élection  du  roi  de  Hongrie  à  la  dignité  de  roi  des  Romains,  «l'Empereur, 
suivant  les  conseils  du  roi  d'Espagne  son  beau-frère,  réduiroit  l'empire  en  un 
estât  fort  éloigné  de  l'ancienne  liberté  germanique, ....  et  peu  à  peu  la  maison 
d'Autriche  anéantiroit  l'authorité  des  électeurs,  tant  catholiques  que  protes- 
tants. ...»  L'élection  du  roi  des  Romains  se  faisant  en  temps  de  paix,  il  sera 
plus  facile  aux  électeurs  de  régler  la  puissance  de  l'Empereur  pour  le  présent  et 
pour  l'avenir.  —  L'envoyé  doit  surtout  faire  entendre  que  S.  M.  ne  prétend  rien 
en  Allemagne,  n'ayant  autre  but  que  de  protéger  ses  alliés.  ...  —  Quant  au 
traité  de  Prague,  s'il  était  confirmé,  il  en  résulterait  un  grand  préjudice  pour  les 
princes  et  États  protestants.  —  Le  roi  espère  que  M.  de  Saint-Chamont  a  entière- 

i8au  cardinal, l'abbédeCoursanmandait:        nence  jugera,  s'il  luy  plaist,   à   qui   on 
«  Le  primat  est  mort  de  peste,  Voslre  Emi-        donnera  ses  bénéfices 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  759 

ment  conclu,  avec  le  landgrave  de  Hesse,  le  traité  ci-devant  signé  par  les  com- 
missaires. ...  —  Cela  fait,  M.  de  Saint-Chamont  retournera  à  sa  résidence  de 
Hambourg.  .  .  . 

Fait  au  camp  Demuein  {sic)  le  1 1  octobre  i636,  signé  :  Louis,  contre-signe  ; 
Bouthillier. 

Dans  une  autre  lettre  au  même  Saint-Chamont,  du  3  novembre,  le  roi  lui 
prescrivait  de  dissiper  les  ombrages  qui  passaient  par  l'esprit  d'Oxenstiern ,  et 
d'envoyer  M.  de  Rorté  pour  s'assurer  des  dispositions  de  l'électeur  de  Brandebourg. 
Manuscrit  d'Allemagne  cité  aux  sources,  pièce  63. 


La  grande  affaire,  en  Allemagne,  cette  année,  c'était  l'élection  du  fils  de  l'em- 
pereur comme  roi  des  Romains,  gage  de  la  succession  au  trône  impérial.  Cette, 
élection,  Ferdinand  la  poursuivait  avec  ardeur,  tandis  que  Richelieu  l'entravait 
par  tous  les  obstacles  qu'il  pouvait  imaginer.  Dès  le  mois  de  mars,  le  cardinal, 
craignant  que  les  Suédois  ne  s'accommodassent  avec  l'empereur,  avait  ordonné 
à  M.  de  Saint-Chamont  de  les  payer  largement,  afin  de  les  retenir  dans  l'alliance 
française  (28  mars  i636,  aux  analyses),  et  il  s'efforçait  de  persuader  aux  élec- 
teurs qu'ils  ne  pouvaient  attendre  de  l'Empereur  d'Allemagne  que  l'oppression 
de  la  liberté  et  la  ruine  de  leurs  intérêts.  Richelieu  faisait  composer,  dans  ce  but , 
des  mémoires  qu'on  ne  saurait  lui  attribuer,  mais  dont  il  était  l'inspirateur.  Le 
volume  7'  d'Allemagne  en  contient  plusieurs;  nous  en  citerons  deux  seulement: 
La  conjuration  de  la  maison  d'Autriche  contre  la  liberté  de  l'Europe  en  la  dernière 
eslectionfaicie  à  Ralishonne ,  le  22  décenihrc  1636 .  .  .  copie  de  16  feuillets  cotée  69 
dans  ce  volume;  et  cet  autre  :  Discours  sur  Vinlérest  des  Princes  et  villes  impériales 
d'Allemagne.  .  .  .  Surtout  limiter  la  puissance  impériale.  —  Que  les  États  pro 
testants  veillent  à  ce  qu'on  ne  parvienne  à  les  désunir.  —  Quatre  royaumes 
dépendent  en  quelque  sorte  de  l'Allemagne  :  la  Pologne  et  la  Hongrie,  qui  par 
divers  intérêts  demeurent  attachées  à  la  maison  d'Autriche;  la  Suède  et  le  Dane- 
mark, qui  doivent  resteiunis  à  l'Allemagne  et  protéger  sa  liberté,"  craignant  qu'a- 
près que  celle-là  sera  opprimée  la  leur  ne  soit  en  danger  (pièce  yS'.  Copie  sans  date). 

De  son  côté,  l'empereur  Ferdinand  ne  s'endormait  pas;  et,  à  la  diète  qu'il 
avait  convoquée  àRatisbonne,  il  adressait  des  mémoires  où  la  cause  de  l'Empire 
était  chaudement  plaidée.  Les  électeurs  fidèles  à  l'Empereur  faisaient  des  réponses 
dont  plusieurs  sont  conservées  dans  les  papiers  de  Richelieu;  l'une  se  termine 
par  une  conclusion  qui  tire  un  singulier  intérêt  des  désastreux  événements  dont  la 
France  était  frappée  au  moment  même  où  nous  écrivions  ce  qu'on  va  lire  (1871)  : 

"La  raison  veut,  disaient  les  électeurs  à  Ferdinand,  que  le  roy  de  France 
ayant,  sans  sujet,  envahi  l'Empire,  qu'aussy  il  face  desmancher  et  desloger  toutes 


760  LETTRES 

ses  armées  sans  aucune  prétention  telle  qu'elle  soit,  et  restitution  de  toutes  les 
places  qu'il  tient  ^  » 

Mais  les  électeurs  en  furent  pour  leur  bravade;  il  y  avait  alors  un  grand  mi- 
nistre en  France,  et  Richelieu  répondit  à  cette  demande  de  restitutions  par  la 
con<juête  d'une  partie  de  la  Lorraine  et  de  l'Alsace;  celle-ci  ne  fut  pas  difficile, 
l'Alsace  nous  ouvrait  les  bras;  et,  quant  à  la  Lorraine,  le  roi  de  France,  suzerain 
du  duc,  avait  le  droit  de  châtier,  par  la  confiscation ,  un  vassal  coupable  de  félonie. 


CCIV. 
COMPLOT  D'AMIENS. 

[...Octobre  i636.] 

Un  des  événements  à  noter  dans  l'année  i636,  c'est  le  complot  ourdi  entre  le 
duc  d'Orléans,  le  comte  de  Soissons  et  quatre  de  leurs  principaux  favoris  :  Mon- 
Irésor,  Saint-Ibal,  Campion  et  Varicarville ,  pour  assassiner  Richelieu.  On  sait 
que  les  deux  princes  et  leurs  complices  avaient  choisi  pour  l'exécution  le  mo- 
ment où  le  cardinal  sortirait  du  conseil  que  le  roi  tint  plusieurs  fois  à  Amiens 
pendant  le  siège  de  Corbie.  Le  cardinal  devait  être  frappé  sur  un  signe  donné 
par  Monsieur.  Le  jour  fixé,  les  deux  princes  sortent  du  conseil  avec  le  cardinal, 
le  retiennent,  comme  il  était  convenu,  dans  un  entretien  un  peu  prolongé;  les 
gentilshommes  sont  là  près  de  leurs  maîtres,  la  main  sur  le  poignard,  attendant 
avec  anxiété  le  signal,  que  Monsieur  ne  donne  pas,  et  Richelieu  s'éloigne  sans  se 
douter  qu'il  échappe  à  la  mort.  Nous  n'avons  rien  trouvé  dans  les  papiers  de  Ri- 
chelieu sur  ce  tragique  incident. 

La  plupart  des  mémoires  du  temps  en  font  mention  sans  qu'aucun  ait  précisé 
le  jour  marqué  pour  l'exécution  du  complot;  ceux  qui  ont  essayé  de  le  faire  ont 
donné  une  fausse  date.  A  défaut  de  la  date  véritable,  cherchons-en  une  ap- 
proximative. Campion  écrivait  le  26  septembre  une  lettre  où  il  en  parle  comme 
de  chose  déjà  passée^;  or  le  cardinal  n'était  pas  encore  à  Amiens  en  septembre. 
Ainsi  l'un  de  ceux  qui  savaient  le  mieux  l'afiaire,  soit  oubli,  soit  autre  raison,  se 

'  Ilesponse  des  électeurs  à  la  proposition  dont  les  premières  répètent  la  pièce  que 

/aide  de  la  part  de  l'Empereur  à  l'assemblée  nous  venons  de  citer.  Or,  cette  réponse  des 

de  Ralisbonne  le.  .  .  1636.  Cette  pièce,  de  électeurs  est  datée  du  mois  de  novembre. 

9  pages  et  demie,  est  une  copie  où  la  date  C'est  aussi  une  copie, 
est  restée  en  blanc;  mais  nous  trouvons,  '  Recueil  de  lettres  qui  peuvent  servira 

dans  le  fouie  XIII  d'Allemagne,  une  pièce  l'histoire.  Rouen,  iGSy. 
coléey,  laquelle  n'a  pas  moins  de  2  3  pages, 


DU  CARDINAL  DE   RICHELIEU.  ,     761 

trompe  sur  ce  point.  M.  Monmerqué  dit  simplement,  en  parlant  du  conseil  après 
lequel  le  crime  devait  être  commis  :  «  Ce  conseil  eut  lieu  dans  le  cours  du  mois 
d'octobre  »  [Mém.  de  Montrhor,  p.  296 ,  note,  édit.  Petitol).  Mais  quel  jour  d'oc- 
tobre } 

Le  cardinal  partit  avec  le  roi,  le  29  septembre,  deRoye  (la  Gazette  dit  ailleurs, 
page  63 1,  que  le  roi  partit  le  3o).  Quoi  qu'il  en  soit,  le  premier  conseil  tenu  à 
Amiens  par  le  roi,  et  où  le  cardinal  assista,  eut  lieu  le  2  octobre;  nous  en  voyons 
un  autre  le  5,  et  il  dut  y  en  avoir  plusieurs  entre  ce  dernier  et  ceux  dont  les 
Mémoires  de  Richelieu  font  mention,  tenus,  l'un  le  2 A  octobre  (p.  aSi),  et 
l'autre  le  25  (p.  247  du  tome  IX  de  Petitot).  •  C'est  après  ce  conseil,  dit  Petitot, 
que  Richelieu  courut  un  des  plus  grands  dangers  auxquels  il  eût  été  jamais  ex- 
posé. »  Nous  allons  montrer  que  celte  date  du  26  octobre  est  impossible. 

Monlrésor,  l'un  des  acteurs,  note  une  circonstance  qui  nous  aurait  mis  certai- 
nement sur  la  voie  :  «  Il  est  à  remarquer  que  le  roy  s'en  retournoit  à  son  quartier 
incontinent  après  que  le  conseil  étoit  levé;  ce  qui  fit  prendre  avec  plus  de  cer- 
titude les  mesures  que  l'on  pouvoit  aisément  ajuster  pour  achever  le  dessein 
projeté  et  résolu  contre  la  personne  du  Cardinal.  Son  .Altesse  et  M.  le  Comte  se 
rendirent  à  Amiens  avec  5oo  gentilshommes  à  leur  suite,  et  quasi  tons  les  offi- 
ciers de  l'armée  avec  eux.  •  (P.  296.)  Mais  l'auteur  des  Mémoires  n'indique  pas 
le  jour  de  l'événement;  et  nous  n'avons  trouvé  cette  particularité  dans  aucune 
autre  relation;  seulement  nous  pouvons  conclure  de  ce  pass.ige  que  les  conjurés 
ne  fixèrent  un  jour  qu'après  la  tenue  de  plusieurs  conseils. 

Nous  lisons  dans  YHistoire  de  Louis  XIII  du  P.  GrifTet  (t.  Il,  p.  778)  que  Mon- 
sieur quitta  l'armée  pour  retourner  à  Rlois  le  20  octobre;  si  la  date  est  exacte 
(et  elle  l'est  certainement,  car  elle  est  donnée  par  la  Gazette  du  25  octobre, 
p.  667),  ce  ne  peut  être  le  25  qu'eut  lieu  la  tentative  avortée. 

Montglat,  qui  ne  donne  pas  non  plus  de  date  précise,  dit  que  l'on  crut  pou- 
voir réparer  la  faute  commise  en  manquant  l'exécution  quand  le  cardinal  vien- 
drait dans  le  camp,  comme  il  fit  trois  jours  après,  et  descendit  dans  la  tente  de 
Fontenay-Marenil  (Montglat,  p.  1/16). 

Mais  Fontenay-Mareuil  est  loin  de  nous  tirer  d'embarras.  Selon  lui,  il  faudrait 
mettre  en  novembre  ce  projet  d'as.sassinat,  après  la  prise  de  Corbie  Corbie  ca- 
pitula le  10  novembre;  la  garnison  en  sortit  le  i4.  Or  voici  ce  que  raconte  Fon- 
tenay-Mareuil : 

•  Le  cardinal  de  Richelieu  vint  voir  la  place  et  ordonner  ce  qu'il  y  faudroit 
faire.  Monsieur  ni  M.  le  comte  n'y  ayant  pas  voulu  entrer  à  cause  qu'il  y  avoit  de 
la  peste.  Après  quoy  il  retourna  à  Amiens,  où  ils  estoient  desjà  allés,  et  ce  fust 
là  et  dans  un  conseil  qui  se  tint  chez  luy,  où  l'on  dit  que  Monsieur  et  M.  le  Comte 

CARDIN.  DE  nrcllKLIEL.  VII.  96 


762  LETTRKS 

avoienl  résolu  de  le  tuer,  et  qu'ils  le  pouvoient  faire  quand  il  fust  les  conduire, 
ayant  force  gens  auprès  d'eux  qui  n'attendoienl  que  le  signal. . .  • 

Fonlenay-Mareuil  fait  des  objections  :  «  C'est  dont  je  ne  puis  parler  assurément , 
ajoute-l-il ,  car  je  n'y  estois  pas ...» 

«  Joint  (|ue  je  sçay  qu'ils  ont  aussy  dit  l'avoir  peu  faire  quand  ils  vinrent  tous 
disner  dans  la  lente  de  M.  de  Fontenay,  un  peu  devant  qu'on  ouvrist  les  tran- 
chées, »  (T.  II,  268,  269.)  Mais  quel  jour  ouvrit-on  les  tranchées.^ 

On  n'avait  voulu  d'abord  que  bloquer  Corbic  ;  on  résolut  ensuite  do  prendre  celte 
ville  de  force;  le  roi  en  donna  l'ordre  avant  de  quitter  la  Picardie,  d'où  il  partit  le 
28  octobre.  Le  cardinal  partit  le  lendemain  pour  aller  visiter  les  places  de  celle 
province.  Les  lignes  de  circonvallation  étaient  achevées  (P.  Griffel,  p.  779),  et 
on  commença  les  approches  immédiatement  après  le  départ  du  cardinal  [kl. 
p.  780).  Douze  ou  treize  jours  après  la  ville  capitulait. 

Fontenay-Mareuil  parlait  seulement  par  ouï-dire,  il  le  remarque  lui-même,  il 
n'y  était  pas;  il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  que  son  récit  soit  confus,  contradic- 
toire et  ne  nous  aide  nullement  à  trouver  la  date  que  nous  cherchons. 

Ainsi,  entre  un  des  acteurs  de  la  scène  (Campion)  qui  la  place  avant  le  25  sep- 
tembre et  F'ontenay-Mareuil  qui  la  met  après  la  prise  de  Corbie,  laquelle  eut  lieu 
le  10  novembre,  il  y  a  près  de  six  semaines.  Au  reste,  nous  ne  citons  ces  autorités 
que  pour  montrer  tout  ce  qu'il  peut  y  avoir  d'incertitude  dans  les  faits  de  l'his- 
loire,  même  lorsqu'on  a  le  témoignage  de  mémoires  contemporains  et  de  témoins 
oculaires. 

Ce  que  l'on  peut  donc  recueillir  de  certain  des  remarques  précédentes,  c'est 
que  les  auteurs  du  complot  prirent  jour  après  s'être  soigneusement  informés  des 
habitudes  du  conseil,  et  qu'ils  n'ont  dû  fixer  l'exécution  que  postérieurement  au 
conseil  tenu  le  5  octobre  et  avant  le  20,  jour  où  Monsieur  quitta  Amiens  pour 
retourner  à  Blois. 


CCV. 

Arcli.  des  AIT.  étr.  France,  1637,  de  septembre  en  décembre,  t.  86,  fol.  17.  — 

Original,  de  la  main  du  secrétaire  de  nuit. 

[A  M.  DE  CHAVIGM.J 

[i636,  vcr.s  la  fin,  ou  conimcnccinciit  Je  1637.] 

'  M.  de  Chavigny  dira  à  M.  de  Noyers  qu'on  n'affecte  rien 

en  matière  des  régimens,  ou  le  roy  se  contentera,  s'il  luy  plaist. 

'   Nous  ne  donnons   qu'un  extrait  de         le  faisait  quelquefois,  affaires  et  intrigues, 
cette  note  où  le  cardinal  mêle,  comme  il        latin  et  français. 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU.  763 

Faut  renvoyer  M.  de  Saint  Simon  à  la  Valteline ....  que  M.  le 
Premier  s'oblige  à  avoir  sa  garnison  bien  complette .... 

Faut  dire  au  roy  l'affaire  de  Madame  de  Roban  «  Quid  spei  afful- 
gebat,  et  que  maintenant  latet  anguis  in  herba,  quœ  remédia..  .  '  » 

Faut  montrer  à  M.  le  Premier  les  lettres  de  M.  le  Prince  et  de 
M.  de  La  Meilleraye  .... 

Faut  dire  les  bruits  qu'on  laict  courre. 

Dame  chassée  [par  bruict]-. 

Prélat  esloigné. .  .  ^ 

Ce  qui  n'est  pas  [comme  M.  du  Cbesne*  sçait  fort  bien]. 

Jésuite  esloigné^  [à  quoy  on  n'a  pas  pensé]. 

....  Le  sieur  du  Chesne  a  appris  à  ses  créatures  [cardinalesques 
que]  la  créature  [féminine]  improuvait  fort  l'intelligence  de  ses 
proches'"'. 


ANNEE   1637. 

CCVI. 

.\rcL.  des  AIT.  étr.  France,  iGSy,  de  janvier  à  mai,  fol.  i85.  — 

Original,  sans  signature,  de  la  main  de  Cliarpentier. 

An  folio   186,  copie  aus^i  de  la   main  de  Charpentier. 

SUSCRIPTION  : 

POl  R  M.  DE  CHAVIGNY, 

SECP.ÉTMHK  DTSTAT. 

D'Orléans,  ce  3'  février  1637. 
Monsieur  envoie  vers  le  comte  de  Soiâsons  pour  rengager  à  faire  sa  paix  avec 
le  roi;  lui-même  s'est  réconcilié. 

'  Ceci  est  sans  doute  écrit  au  temps  ou  ''  Apparemment  l'évêque  de  Limoges, 

le  mauvais  succès  des  affaires  de  la  Val-  oncle  de  M"*  de  La  Fayette, 

teline  mettait  le  duc   de   I^olian  en   sus  *   Nous  avons  dit  que  ce  mot  désignait 

picion.  le  roi. 

'  11  n'est  guère  besoin  d'avertir  que  c'est  '  Le  P.  Caussin  ne  fut  exilé  qu'à  la  fin 

M"*  de  La  Fayette,  qui  se  retira  à  la  Visi-  de  1G37. 

talion  en  mni    i63-.   Les  mots  mis  entre  ^  L'oncle,  le  frère.  M""  de  Senecey  pa- 

crocliels  sont  ajoutés  par  nicliclieu.  rente  de  M"'  de  La  Fayette. 

gfi. 


764  LETTRES 

S'il  eust  pris  une  autre  route,  il  eust  faict  ia  plus  grande  faute 
qu'il  eust  jamais  seu  faire,  Dieu  conduist  cette  affaire  et  beaucoup 
d'autres. 

Quand  cet  accord  sera  bien  cimenté,  les  meschans  seront  deses- 
pérez et  les  sots  bien  eslonnez,  faxil  Deus  ut  omnia  succédant  ex  volo. 
Si  cela  est,  nous  aurons  bientost  la  paix,  le  roy  sera  le  plus  heureux 
prince  du  monde,  et  Monsieur  le  plus  content  qui  ait  jamais  esté  '. 
Après  cela  je  voudrois  de  bon  cœur,  en  maison 

Trouver  un  hermitage 
Pour  y  passer  le  reste  de  mon  aage  *. 

Je  n'ay  pas  parlé  au  roy  de  M"^  le  cardinal  de  La  Vallelte,  mais  il 
ne  fera  point  de  difficulté  ,  je  m'asseure,  de  luy  envoyer  aussy  tost  que 
Monsieur  aura  signé  tous  les  papiers  nécessaires. 

Le  roy  est  très-ayse  que  les  esprits  forts  minutent  leur  départ,  et 
cela  fait  grande  impression  sur  l'esprit  de  Sa  Majesté,  que  Monsieur 
veut  marcher  de  bon  pied,  et  en  vérité  sans  cet  article  il  y  eust  eu 
peut-estre  de  la  peine  à  le  luy  persuader. 

On  fit  signer  à  Monsieur  ia  promesse  de  se  mieux  conduire  désormais.  L'en- 
gagement, pris  en  présence  de  Chavigni,  de  Léon  Brulart,  Charles  de  Condren 
d'Estampes,  La  Ferté  et  l'abbé  de  la  Rivière,  fut  signé  par  eux;  et  Chavigni  l'en- 
voya immédiatement  au  roi,  qui  était  à  Orléans.  Le  cardinal  répondit  aussitôt  : 
"  Vostre  lettre  est  venue  fort  à  propos;  S.  M.  a  esté  fort  aise  de  voir  par  icelle 
la  bonne  disposition  de  Monsieur.  Je  vous  puis  asseurer  que  S.  A.  ne  trouvera 
que  des  roses  dans  le  chemin  que  vous  me  mandés  qu'elle  veut  prendre,  au 
lieu  qu'elle  n'eust  sceu  faire  un  pas  sans  marcher  sur  des  espiues  dans  celuy  où 
on  la  cuidé  traisner  contre  sou  gré.  •  •  •  •  (  Orig.  de  la  main  de  Cherré  ;  ms.  cité 
aux  sources,  fol.  2/n  et  2/i3.  — Voy.  notre  V°  vol.  p.  y/iA-ySS.) 

'  Dès  le  lendemain ,  le  cardinal  témoi-  ^  Ainsi  écrit  dans  la  copie  en  lignes  ri- 

gnait  un  peu  plus  d'inquiétude ,  ainsi  qu'on  mées.  Richelieu  a  prirlé  plusieurs  fois  de 

l'a  pu  voir  dans  sa  lettre  du  A  février,  se  retirer  des  affaires  sur  un  ton  plus  sé- 

p.  760  de  notre  V  volume.  rieux. 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  765 


CCVII. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  Hollande,  t.  XIX,  pièce  i65.  — 

Original    chiffré,   contre-signe  Boiithillier.   (Chavigni.)  — 

Minute  de  la  main  du  secrétaire  de  nuit,  t.  XX ,  fol.  1 48  '. 

MÉMOIRE 

QUE  LE  ROY  A  COMMANDÉ  ESTRE  ENVOYÉ  A  M.  DE  CHARNACÉ, 

SON  AMBASSADEUR  EK  HOLLANDE. 

20  juin  1637  '. 

Ledit  s'  ambassadeur  sçaura  trois  choses:  l'une  que  M.  le  cardinal 
de  La  Valette  s'est  mis  en  campagne  le  1  2"^  de  ce  mois  dans  le  pays 
des  ennemis,  par  Cliasteau-Cambresis,  aGn  de  les  attirer  loin  des 
lieux  que  le  prince  d'Orange  propose  d'attaquer. 

L'autre,  qu'on  a  faict  satisfaire  les  s"  d'Usquerque  et  Heuff  siir  le 
sujet  des  i,5oo,ooo^  que  le  roy  donne  à  M"  les  Estais;  de  sorte  que 
dès  à  présent  ils  touchent' 3oo,ooo**  comptant,  et  de  temps  en  temps 
jusques  à  la  fin  de  l'année,  le  reste. 

La  troisiesme,  que  le  roy  a  descouvert  par  une  personne  affidée 
qu'à  Sedan  on  se  dit  à  l'oreille  les  uns  aux  autres  qu'on  propose  à 
M.  le  comte  le  mariage  de  la  fille  de  M.  le  prince  d'Orange;  qu'on 
ne  sçait  pas  s'ils  font  courre  ce  bruit  par  artifice  et  pure  invention 
dont  ledit  s''  comte  est  plein;  mais  qu'il  est  vray  que  la  vanité  dudit 
s'  comte  va  jusque  là  que  de  mettre  ce  party  entre  tous  ceux  de  la 
chrestienté  qui  luy  sont  offerts.  On  a  desjà  veu  sortir  divers  artifices 
de  cette  boutique,  estant  certain  qu'il  y  a  un  mois  qu'il  manda  posi- 
tivement à  Monsieur  que  M.  le  prince  d'Orange  ne  mettroit  point  en 

'  Cette  minute  sans  date  a  été  mise  à  la  nacé  ;  l'une,  etc.  ».  Sauf  les  légères  diffé- 

(in  de  iGSy,  celui  cjui  a  classé  les  pièces  rences  notées  ci-après,  l'original  est  con- 

de  ce   volume  n'ayant   point    trouvé   son  forme. 

ordre  chronologique.  Elle  commence  ainsi  :  '  Voy.  la  lettre  écrite  le  même  jour  à 

•  Il  faut  mander  trois  choses  à  M.  de  Char-  M.  de  Charnacé,  t.  V,  p..  790. 


766  LETTRES 

campagne  et  qu'il  l'en  avoit  faict  asseurev  par  M.  le  duc  de  Bouillon, 
dont  on  ne  sçauroit  nier  que  le  procédé  ne  soit  bien  eslrange. 

On  dit  dans  Sedan  que  ledit  s''  de  Bouillon  ne  faict  rien  sans  le  sceu 
et  le  consentement  de  M.  le  prince  d'Orange  \  mais  on  ne  le  croit  en 
aucune  façon,  et  estime-t-on  tel  langage  et  autres  qu'ilz  pourront  in- 
venter de  telle  nature,  n'avoir  autre  fm  que  de  séparer  ce  qui  sera 
tousjours  uni,  c'est-à-dire  M"^*  des  Eslats  et  M.  le  prince  d'Orange  de 
la  France.  Il  est  bien  vray  qu'on  ne  peut  concevoir  comme  M.  de 
Bouillon  a  la  hardiesse  de  faire  ce  qu'il  faict,  le  roy  estant  en  guerre 
avec  M""^  des  Estais  contre  un  ennemi  commun. 

Ledit  s"^  de  Cbarnacé  agira  en  tout  ce  que  dessus  selon  sa  prudence, 
mais  on  juge  qu'il  est  néces.saire  qu'il  donne  advis  à  M.  le  prince 
d'Orange  des  bruits  qui  courent  à  Sedan,  qu'on  offre  M"''  sa  fille  à 
M.  le  comte. 

Il  est  bien  important  que  M.  le  prince  d'Orange  sache  que,  depuis 
deux  mois  ou  six  semaines,  on  faict  sourdement  coure  le  bruit  à 
Bruxelles  qu'on  a  pris  une  dépesche  de  l'admirai  Dorpt  à  M.  le  prince 
d'Orange,  qui  leur  a  donné  lieu  de  tenir  un  corps  à  Gravelines,  et 
qu'ils  commencent  à  travailler  au  port  de  Gravelines,  ce  qui  est  de 
grande  conséquence;  qu'il  importe  fort  de  sçavoir  quelle  attaque  fera 
M.  le  prince  d'Orange,  parce  qu'en  cas  qu'il  ne  veuille  pas  aller  à 
Dunkerque,  il  faudroit  un  moyen  de  rompre  leur  travail,  ce  qu'on 
n'ose  faire  de  peur  d'y  attirer  les  ennemis  davantage. 

Depuis  ce  que  dessus  escrit,  le  s""  d'Aigueberre  est  arrivé;  on  ne 
manquera  pas  d'exécuter,  précisément  au  temps  porté,  ce  que  ledit 
s' d'Aigueberie  a  rapporté,  que  M.  le  prince  d'Orange  désire  favoriser 
son  entreprise.  Pour  cet  effect,  il  y  a  deux  jours  qu'on  a  faict  partir 


'  La  princesse  ne  négligeait  rien  pour  princesse  d'Orange  l'a  informé  très-secrè- 

dénientir  ces  rumeurs;  notre  manuscrit,  tement  des  intrigues  de  Bruxelles ,  du  duc 

1.  XX  ,  pièce  88,  conserve  une  lettre  auto-  de  Bouillon  et  de  M.  le  comte.  «Je  voussup- 

graplie  de  Charnacé,  datée  de  l'île  de  Zé-  plie,  ajoute  Charnacé,  que  personne  autre 

lande,  devant  le  fort  de  Ranikens,  le  12  juil-  que  S.  E.  ne  sache  que  M""  la  princesse 

tel,  ou  il  mande  à  Chavigni  que  M°"  la  d'Orange  m'aye  parlé  de  ce  que  dessus.» 


DU   CARDINAL   DE  RICHELIEU.  767 

les  troupes  nécessaires  à  celte  fin';  les  quatre  mille  hommes  de  pied 
et  les  cinquante  chevaux  effectifs  seront  le  26  de  ce  mois,  sans  faillir, 
au  lieu  où  le  s'  d'Aigueberre  a  tesmoigné  que  M.  le  prince  d'Orange 
désiroit  qu'ils  fussent,  pour  leur  donner  de  ses  nouvelles  et  les  envoyer 
quérir.  Le  s'  de  Charnacé  peut  asseurer  de  cela. 

Le  s"  d'Aigueberre  a  dit  qu'on  avoit  mandé  d'Angleterre  en  Hol- 
lande qu'on  avoit  envoyé  un  capucin,  nommé  le  P.  Basile,  en  Espagne, 
pour  faire  des  négociations  secrettes;  led.  s""  de  Charnacé  peut  s'as- 
seurer  que  c'est  une  pure  invention  qui  n'a  fondement  quelconque  et 
qui  est  sans  prétexte.  On  est  sy  accoustumé  à  ces  artifices  naturels 
aux  Espagnols  et  à  ceux  qui  sont  à  Sedan  qu'on  ne  s'en  eslonne  plus. 
L'année  passée,  l'équipée  que  M.  le  Comte  fit  faire  à  Monsieur,  l'un 
s'en  allant  de  la  cour  et  l'autre  se  retirant  à  Sedan,  fit  penser  le  roy 
plus  que  jamais  à  désirer  des  enfans.  Cette  pensée  aboutit  à  divers 
voyages  de  piété,  l'un  àNostre-Dame  de  Lorette,  en  suitte  d'un  autre 
que  l'évesque  de  Grenoble  y  avoit  desjà  faict  de  la  part  du  roy,  l'autre 
à  Nostre-Dame  de  Liesse,  et  un  autre  à  Notre-Dame  des  Ardilliers. 
Il  fut  lors  proposé,  par  quelques  femmes  de  la  reyne,  qu'il  y  avoit 
un  St  Isidore  en  Espagne  qui  avoit  faict  de  grands  miracles  en  genre 
de  fécondité.  On  consulta  s'il  y  avoit  danger  d'y  envoyer,  avec  des 
lettres  de  la  reyne,  pour  demander  ouvertement  lesdites  reliques.  Il 
fut  trouvé  que  non.  M.  ^  le  cardinal  fut  de  cette  opinion  comme  les 
autres,  afin  que  la  reyne  ne  pensast  pas  qu'il  s'opposast  à  ce  que  ses 
femmes  proposoient  estre  utile  à  luy  donner  lignée.  On  ne  sçait  .si 
c'est  sur  cela  qu'est  fondé  ce  qu'a  rapporté  le  s'  d'Aigueberre';  mais 


'  Les  lignes  d'ici  à  la  fin  de  l'alinéa  ne 
sont  point  dans  la  minute.  Cette  troupe 
devait  s'embarquer  à  Calais.  Notre  manus- 
crit, t.  XVll,  fol.  177,  contient  un  mémoire 
de  M.  de  Cadenet  concernant  divers  mou- 
vements militaires  à  opérer  en  même 
temps. 

*  Dans  la  minute  il  y  a  simplement  n  le 
cardinal.  •  On  voit  que  Richelieu  dictait. 


'  Dans  une  lettre  écrite  de  RucI,  le 
7  juillet  suivant,  Chavigni  répétait  à  Char- 
nacé une  partie  de  cette  dépêche  du  roi, 
et  à  l'occasion  du  bruit  répandu  sur  la  mis- 
sion secrète  du  moine,  Chavigni  ajoute  : 
«  Ce  grossier  artifice  des  espagnols  fait 
douter  icy  si  la  reyne  ne  pourroit  pas  estre 
en  intelligence  avec  eux  et  avoir  désiré  le 
voyage  de  ce  religieux  pour  leur  donner 


768  LETTRES 

si  cela  est,  l'effect  de  la  négociation  de  ce  bon  religieux  est  l'entre- 
prise que  fait  la  France  conjoinlenient  avec  M''"  les  Estais  d'attaquer 
fortement  la  Flandres. 

Ledit  s""  de  Charnacé  sçait  les  diverses  alarmes  qu'ils  ont  voulu 
donner  de  M.  le  prince  d'Orange,  comme  on  lui  a  mandé  par  le 
passé;  maintenant  ils  en  veulent  donner  de  la  France,  ce  à  quoy  ils 
réussiront  aussy  peu  qu'ils  ont  faict  à  en  donner  de  M"  des  Estats. 

Lorsqu'on  donna  liberté  au  comte  de  Salazar,  les  mauvais  François 
firent  coure  sourdement  le  bruit  dans  Paris  que  c'estoit  pour  quelque 
négociation,  et  cependant,  comme  il  a  paru,  on  n'y  pensa  jamais. 
Bien  espéroit-on  par  ce  procédé  que  les  Espagnols  rendroient  le  se- 
crétaire Peny,  qu'ils  retinrent  contre  la  foy  publique,  lorsque  la  rup- 
ture se  fit  entre  les  deux  couronnes,  et  qu'ils  retiennent  encore,  bien 
que  ledit  Salazar  eust  promis  qu'il  ne  seroit  pas  plustost  là  qu'on  ne 
manqueroit  pas  à  renvoyer  ledit  secrétaire.  Cependant  il  a  eu  loisir 
d'y  demevirer  un  an  et  d'y  mourir  encore,  ce  qui  luy  est  arrivé  de- 
puis un  mois,  et  le  secrétaire  du  roy  demeura  tousjours  prisonnier.' 

Ledit  s""  de  Charnacé  asseurera  le  prince  d'Orange  de  nouveau  que 
le  roy  ne  traittera  jamais  sans  luy,  et  que  les  intérests  de  M"^'  des 
Estats  marcheront  tousjours,  en  telles  occasions,  de  mesme  pied  avec 
ceux  de  la  France. 

Le  procédé  que  gardent  les  Espagnols  monstre  bien  qu'ils  n'ont 
autre  but  que  d'employer  toutes  sortes  de  voyes  pour  séparer  ceux 
qui  sont  liez  avec  le  roy  les  uns  des  autres.  Vous  le  verrez  en  ce  que 
jusques  icy  on  n'a  peu  obtenir  ny  de  l'Empire,  ny  de  l'Espagne,  ny 
de  Flandres,  les  passeports  pour  aller  conjointement  à  Cologne. 


moyen  de  fonder  un  tel  artifice.  Ce  qui 
pourroit  donner  lieu  à  cette  opinion ,  c'est 
que  depuis  peu  on  a  surpris  une  lettre 
d'un  Espagnol  à  la  reync  qui  ne  peut  cslre 
bien  interprétée  à  son  esgard  et  qui  fait 
douter  que  ses  affections  soient  aussy  fran- 
çoises  qu'espagnoles.  Ceci  est  un  secret 
pour  vous,  car  pour  l'affaire,  il  s'en  fault 


moquer,  telle  ruse  n'estant  pas  bonne  en 
un  temps  où  nous  attaquons  si  puissam- 
ment la  Flandre.  »  Suivent  quelques  détails 
sur  les  événements  de  la  guerre.  Quant  à 
ce  qui  concerne  la  reine,  il  faut  se  souvenir 
que  cela  était  écrit  peu  de  temps  avant 
l'affaire  du  Val-de-Grâce.  (Ms.  cité  aux 
sources,  t.  XIX,  fol.  179.) 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  769 

L'on  envoyé  audit  s"^  de  Charnacé  copies  de  trois  lettres,  deux  es- 
crites  au  Nonce,  l'autre  à  l'ambassadeur  de  Venise,  qui  justifieront 
bien  qu'au  mesme  temps  qu'on  voudroit  faire  soubçonner  des  négo- 
ciations secrettes,  le  roy  déclare  ouvertement  qu'il  ne  traictera  jamais 
qu'avec  ses  alliez  ^ 

L'intention  du  roy  avoit  esté  que  les  s"  de  Charnacé  et  de  Charost 
commandassent  le  secours  qu'il  donne  à  M.  le  prince  d'Orange,  mais 
S.  M.  juge  à  propos  de  laisser  le  dernier  dans  la  place  pour  y  donner 
les  ordres,  comme  aussy  à  toutes  les  choses  dont  on  aura  besoin  dans 
l'année. 

Faict  à  Fontainebleau  le  20*^ jour  de  juin  lôSy.  • 

LOUIS. 

BOUTHILLIER. 


CCVIH. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  aS,  fol.   laa.  — 
Minute  de  la  main  de  Clierré. 

[A  M.   D'HÉMERY.] 

27  juin  1637. 

J'ay  veu  vostre  dépesche  du  i  7  de  ce  mois. 

Il  ne  se  pouvoit  mieux  agir  avec  M.  de  Savoie  que  vous  avés  faict, 
ny  avec  Madame  aussy.  Je  ne  sçay  quelles  intentions  a  eues  le  bon 
P.  Monot,  mais  par  la  franchise  dont  M.  de  Savoie  a  usé  en  vostre 
endroit,  en  vous  descouvrant  certaines  choses  que  nous  ne  sçavions 
pas  de  deçà ,  il  est  à  craindre  qu'elles  n'ayent  pas  esté  telles  que  je  les 
souhaitte,  et  pour  le  service  de  M.  de  Savoie  et  pour  luy-mesme. 

Je  n'ay  jamais  ouy  parler  ny  en  pensée  que  Senantes  voulust  atten- 
ter à  ma  personne  ^ . . . 


'   Ici  finit  la  minute. 

*  Senantes  était  un  gentilhomme  de 
Monsieur.  Richelieu  l'avait  fait  mettre  à  la 
Bastille  en  1 635  lors  de  l'emprisonnement 


CARDIN.  DE  niCHELIED. 


de  Puyiaurens,  mais  il  lui  rendit  bientôt 
la  liberté.  Nous  le  trouvons  plus  tard  en 
Piémont,  mestre  de  camp  dans  l'armée  de 
la  duchesse  de  Savoie  (Guichenon ,  p.  gSo). 


97 


770  LETTRES 

Quant  aux  conseils  que  le  P.  Monot  donne  au  P.  Caussin  sur  le 
sujet  de  M"""  de  La  Fayette,  j'ay  pris  cela  comme  effect  du  peu  d'ex- 
périence qu'il  a  de  cette  cour,  où  les  intrigues  ne  servent  plus  d'au- 
cune chose.  Vous  sçavez ,  grâce  à  Dieu,  que  je  suis  sy  asseuré  de  la 
bonté  '  du  roy  que  je  n'appréhende  point  qu'aucun  artifice  puisse 
changer  la  disposition  de  son  esprit  à  mon  esgard. 

...  Si  vous  n'avez  pas  eu  les  troupes  à  temps,  c'est  vostre  faute 
et  celle  de  M.  de  Créquy,  lequel  a  escrit  (ju'on  n'en  envoyast  point 
sans  nouveaux  ordres.  .  .  Les  fonds  avoient  esté  faits  à  comencer  du 
i"juin.  .  .  On  a  envoyé  depuis  vostre  partement  plus  de  trois  cour- 
riers à  toutes  les  troupes  pour  les  faire  avancer.  .  .  mais  à  mesure 
que  nous  les  hastions  de  deçà,  on  retardoit  de  vostre  costé.  .  .  Je 
vous  prie  de  faire  des  efforts  non  pareils  pour  réparer  le  mal  que  ce 
retardement  a  apporté.  —  ...  Nous  vous  enverrons  de  l'argent,  lequel 
ne  sera  pas  plustost  despensé  que  nous  vous  en  enverrons  encore  ; 
mais  au  nom  de  Dieu  faites  travailler  autant  en  effet  comme  vous 
sçavez  que  je  vous  accuse  de  faire  beaucoup  d'affaires  en  paroles. 

Richelieu  informe  d'Héoieiy  comment  il  pourvoit  à  tout  et  nomme  les  per- 
sonnes à  qui  diverses  sommes  sont  envoyées. 

J'ay  fait  aussy  donner  une  assignation ,  pour  cette  année  courante 
1687,  de  la  pension  qu'avoit  M.  le  cardinal  de  Savoie  que  le  roy  a 
donnée  au  second  fils  de  M.  de  Savoie,  ce  qui  est  du  tout  extraordi- 
naire. Les  pensions  ne  se  payent  point  qu'à  la  fin  de  l'année. 

BILLET    À   PART. 

Vous  ne  sçauriez  prendre  une  meilleure  conduilte  que  de  ne  vous 
déclarer  point  contre  le  P.  Monot,  et  laisser  agir  M.  le  comte  de  Verrue 

«  C'estoit  un  homme  de  service  et  il  eust  avait  à  peine  un  mois  que  M"'  de  La  Fayette 
fait  fortune,  1  dit  Henri  Arnauld  en  an-  était  au  couvent,  et  il  ne  tarda  pas  à  faire 
nonçant  sa  mort.  Lettre  du  1 6  novembre  emprisonner  le  P.  Monod ,  dont  il  craignait 
16/ii.  'les  intrigues  auprès  de  la  duchesse  de  Sa- 

'  Quand  Richelieu  écrivait  cela,  il  y        voie. 


DU  CARDINAL  DE   RICHELIEU.  771 

et  Baronis.  Maintenez  vous  bien  avec  Madame  et  avec  le  comte  Phi- 
lippe ,  auquel  je  ne  vous  conseille  point  de  parler  ouvertement  du 
P.  Monot,  mais  vous  pouvez  insensiblement  luy  faire  cognoistre  quel 
il  est  sans  luy  tesmoigner  aucune  passion. 


CCIX. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  Koaie,  t.  LX.  — 

Mise  au  net  et  Minute,  de  la  main  de  Charpentier.  — 

Sans  date,  classées  à  la  fin  de  juin. 

AU  NONCE. 

.  .  .  Juin  1G37. 

Tout  ce  qui  vient  de  la  part  .du  Pape  estant  considéré  par  S.  M. 
avec  révérence ,  la  proposition  qui  luy  a  esté  faite  par  M.  le  nonce, 
au  nom  de  S.  S.,  d'une  trefVe  générale  pour  longues  années,  en  a  esté 
bien  receue.  Cependant,  comme  il  s'agit  des  intérests  des  alliez  de 
S.  M.  aussy  bien  que  du  sien,  elle  ne  peut  rendre  autre  response, 
sinon  qu'elle  a  besoin  du  consentement  de  sesd.  alliez,  vers  lesquels 
elle  a  desjà  dépesché  expressément  pour  en  avoir  plustost  response. 

S.  M.  trouveroit,  à  son  esgard,  le  lieu  de  Rome  proposé  par  S.  S. 
pour  trailter  de  ladite  suspension,  fort  bon,  mais  elle  craint  et  pré- 
voit que  ses  alliez  n'en  pourront  convenir  tant  à  cause  de  la  diversité 
de  leur  créance  que  de  l'aversion  que  les  ministres  de  S.  S.  ont  tes- 
moignée  avoir  jusques  à  présent  à  se  mesler  de  leurs  affaires,  mesme 
de  celles  qui  ne  .sont  que  purement  politiques,  ce  qui  n'altère  pas 
peu  leurs  esprits  ;  au  lieu  que  si  S.  S.  prescrivoit  aux  siens  un  autre 
procédé,  il  avanceroit  présentement  le  repos  de  la  chrestienlé,  et  je- 
teroit  pour  l'avenir  une  semence  qui  pourroit  estre  utile  à  leur  salut. 

Cologne  semble  le  lieu  le  plus  convenable;  il  est  déjà  désigné,  et  le  légat  de 
S.  S.  y  est  depuis  longtemps,  mais  il  plaira  à  S.  S.  de  faire  que  les  passe-ports 
nécessaires,  et  qu'on  n'a  pu  obtenir  jusqu'à  présent,  soient  délivrés. 

Quant  à  la  provision  proposée  par  S.  S.  pour  les  princes  despouiilés, 

97- 


772  LETTRES 

S.  M.  supplie  S.  S.  de  considérer  la  différence  qu'il  y  a  entre  le  duc 
de  Lorraine,  vassal  et  sujet  de  la  France  à  son  esgard,  le  Palatin  au 
respect  de  l'Espagne  et  autres  à  l'esgard  des  empereurs . . .  Alors  S.  M. 
ne  s'esloignera  pas  de  luy  donner  contentement,  en  cette  occasion, 
proportionné  à  celuy  qu'elle  recevra  d'ailleurs. 


CCX. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Pays-Bas,  t.  XII.  — 
Minute  de  la  main  du  secrétaire  de  nuit. 

A  M.   LE  MARESCHAL  DE  CHASTILLON. 

16  août  1637. 

Mons^  les  grandes  affaires  requiènent  diverses  pensées,  et  elles  ne 
sont  jamais  mauvaises  quand  on  peut  revenir  aux  premières,  lorsqu'on 
trouve  que  les  nouvelles  ne  sont  meilleures.  Vous  m'avez  mandé  le 
dessein  que  vous  avez  après  le  siège  d'Yvoy,  il  est  fort  bon;  je  vous 
ay  escrit  pour  sçavoir  si  vous  ne  pourriez  point  entreprendre  celuy  de 
Thionville^  auquel,  bien  qu'il  fust  meilleur,  nous  trouvons  de  l'incon- 
vénient représenté  par  ma  précédente  dépeschc.  Maintenant  j'envoye , 
pour  vous  en  proposer  un  autre,  non  plus  difficile,  mais  plus  com- 
mode au  dessein  présent,  veu  le  pied  que  nous  avons  dans  le  Hainaut. 
M.  le  cardinal  de  La  Valette  ayant  pris  le  poste  de  Maubeuge,  où  il 
se  veut  maintenir  avec  quatre  mille  chevaux  et  quatre  mille  hommes 
de  pied,  s'en  va  tasclier  de  nettoyer  tout  ce  qui  est  entre  la  Sambre 
et  la  Meuse,  depuis  Maubeuge  jusqu'à  Mons. 

Si,  au  mesme  temps,  vous  pouviez  prendre  Charlemont^,  où  le 
passage  de  Givait,  qui  est  le  plus  commode  que  les  ennemis  ayent 
sur  la  Meuse,  est  conjoinct,  nous  serions  en  estât  de  faire  faire  par 
force  la  paix  aux  ennemis,  ou  de  prendre  l'année  qui  vient  de  bien  plus 
grands  avantages  sur  eux,  et  toutes  nos  conquestes  seroient  joinctes. 

Je  vous  prie  de  considérer  cette  proposition,  voir  ce  qui  s'y  peut 

'  Le  manuscrit  met  seulement  ïhion.  —  ^   De  la  main  de  Richelieu;  il  y  avait  Ma- 
riambourg ,  qu'on  a  barré. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  773 

faire  et  m'en  faire  prompte  response.  Cependant  au  cas  que  vous  y 
trouviés  de  la  difficulté,  je  vous  déclare  dès  cette  heure,  de  la  part 
du  roy,  qu'il  vous  est  libre  de  demeurer  dans  l'exécution  de  vos  pre- 
miers desseins. 


CCXI. 

Arch.  des  AS.  étr.  France,  i638,  d'août  en  septembre,  foi.  73. — 
Minute  de  la  main  du  secrétaire  de  nuit. 

AU  ROY. 

Du  22  aoiist  1637  '. 

Aussy  tost  que  j'ay  esté  arrivé  pour  satisfaire  aux  commandemens 
de  S.  M.,  La  Porte  a  esté  interrogé  ^. 

Après  avoir  veu  ses  responses  et  les  sermens  qu'il  a  faicts,  c'est 
asseurément  quelque  autre  par  les  mains  duquel  passoit  le  commerce 
des  lettres  de  Flandres,  et  sans  doute  toute  cette  négociation  se  fai- 
soit  dans  le  Val  de  Grâce,  en  quoy  il  semble  que  la  reyne  ayt  voulu 
encore  user  de  dissimulation  pour  descharger  ce  couvent. 

M.  le  chancelier  escrit  une  lettre  à  V.  M.,  qu'elle  peut  faire  mons- 
trer  à  la  reyne,  comme  aussy  l'interrogatoire  de  La  Porte,  afin  qu'il 
luy  plaise  dire  ce  qu'elle  sçait  de  vray  en  ce  sujet,  pour  le  garantir 
de  la  question  qu'il  ne  seroit  pas  raisonnable  de  donner  à  un  pauvre 
garçon  innocent,  s'il  est  vray,  comme  je  le  croy',  que  ce  ne  soit  pas 
luy  qui  portoit  lés  lettres  chez  Auger  *. 


'  La  date  notée  au  dos  de  la  pièce  donne 
le  millésime  de  i638,  où  ce  document  se 
trouve  classé. 

°  Il  y  avait  ici  une  ligne  qu'on  a  effacée  : 
•  Asseurément  Buglosse  n'a  pas  dict  la  vé- 
rité. • 

'  On  voit  qu'en  ce  moment  Richelieu 
était  dupe  de  Laporte,  et  remarquons  qu'il 
hésitait  à  faire  subir  la  question  à  im 
homme  qu'il  croyait  innocent.  Le  cardinal 


confirme  ici  les  Mémoires  de  Laporte 
(p.  359  et  suiv.)  ;  le  récit  de  ce  fidèle  ser- 
viteur n'exagère  rien  lorsqu'il  raconte  avec 
quelle  énergie  de  dévouement,  quelle  in- 
croyable et  intelligente  fermeté  il  déjoue, 
pour  sauver  sa  maîtresse,  toutes  les  ruses 
des  plus  habiles  interrogateurs.  —  Voy. 
notre  V  voimne,  p.  835. 

*  Nos  mss.  écrivent  encore  ce  nom  Oger 
et  Ogier 


774  LETTRES 

Le  courrier  de  Flandre  est  venu;  S.  M.  aura  l'extraict  des  dépesches 
aussytosl  qu'il  sera  faict. 


CCXII. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  Rome,  t.  LX.  — 

Lettre  préparée  pour  la  signature  et  non  signée.  — 

De  la  main  de  Cherré. 

AU  PAPE. 

Conflans,  ilx  août  1637. 

J'ay  tant  de  joye  et  tant  de  sujets  d'en  avoir  pour  le  recouvrement 
de  la  santé  de  V.  S.  que  l'un  et  l'autre  sont  inexprimables,  et  beau- 
coup plus  encore  le  dernier  que  les  sentiments  dont  il  est  cause.  En 
effet,  l'église  et  toute  la  chrétienté,  les  lettres  et  la  vertu  ont  un  si 
notable  intérest  à  la  conservation  de  V.  S.  qu'il  faut  estre  sans  reli- 
gion, sans  érudition  et  destitué  de  toute  teinture  d'honnesteté  pour 
ne  le  concevoir  pas.  Comme  il  y  a  des  oyseaux  qui  fuient  naturelle- 
ment la  lumière,  s'il  s'est  trouvé  des  hommes  assez  misérables  pour 
souhaitter  que  celle  de  V.  S.,  un  peu  obscurcie  par  quelque  nuage 
des  incommoditez  qui  sont  inesvitaljles  aux  hommes,  s'esteignist  tout 
à  fait,  je  supplie  Dieu  de  tout  mon  cœiu-  qu'en  punition  d'un  tel 
crime  ils  soient  contraints  de  la  souffrir  encore  trente  années,  avec 
d'autant  plus  de  peines  qu'ils  verront  que  ce  qui  leur  tiendra  lieu  de 
supphce  fera  les  délices  des  gens  de  bien,  entre  lesquels  V.  S.  me 
permettra,  s'il  luy  plaist,  de  prendre  place  en  quahté  de  la  personne 
la  plus  passionnée  qui  puisse  estre  aux  intérests  de  V.  S.  dont  je  seray 
à  jamais , 

Très  Saint  Père , 

De  V.  s. 

Le  très  dévost,  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

De  Conflans,  ce  2 A''  aoust  1687. 


DU  CARDINAL   DE   RICHELIEU.  775 


CCXIH. 

Arch.  des  AIT.  étr.  Hollande ,  t.  XX ,  pièce  1 1 1 .  — 
Minute  de  la  main  du  secrétaire  de  nuit. 

A  M.  DE  CHARNACÉ. 

36  août  1637. 

Nous  prenons  tant  d'intérest  à  ce  qui  concerne  M.  le  prince  d'O- 
range et  M"  des  Estats,  qu'y  ayant  un  homme  dans  la  maison  de  la 
reyne  mère  du  roy,  affectionné  à  son  debvoir,  qui  jusques  à  présent 
nous  a  donné  quelquefois  de  bons  advis,  nous  vous  dépeschons  ex- 
près ce  courrier  pour  vous  en  donner  un  qu'il  nous  mande  '. . . 

[Il  nous  escrit  déterminément  que  les  ennemis]  tiennent  si  asseu- 
rément  Breda  perdu  qu'ils  n'ont  plus  d'espérance  qu'en  la  diversion 
d'un  nouveau  siège  d'une  de  ces  deux  places  (Venloo  ou  Mastrich); 
c'est  [ce  dont  nous  vous  donnons  advis  en  diligence,  parce  qu'un 
renfort  de  garnison  peut  leur  empescher  leur  dessein].  —  Je  vous 
prie  que  cet  advis  ne  soit  pas  communiqué  à  M"  des  Estats,  mais  seu- 
lement à  M.  le  prince  d'Orange,  de  peur  qu'on  peust  venir  à  descou- 
vrir l'autheur,  tpii  nous  seroit  un  très  grand  préjudice. .  .  . 

Le  cardinal  expose  ensuite  brièvement  l'ensemble  des  afTaires  militaires,  les 
opérations  du  maréchal  de  Châtillon,  celles  du  cardinal  de  La  Valette,  du  duc 
de  Longueville,  du  duc  Bernard  de  Weymar,  qui  vient  de  battre  Jean  de  Wert. 

Tant  y  a  que  si  les  Espagnols  sont  si  mauvais  qu'ils  ne  veuillent 

'  En  même  temps  que  Richelieu  faisait  deur  en  Hollande,  écrite  le  4  mars  i638 

écrire  par  le   roi   à  M.  de  Charnacé  une  (ci-après aux  analyses),  nous  apprend  que 

ample  dépêche  dont  il  avait  donné  la  ma-  ce  serviteur  inlidèle  donnait  ces  iaforma- 

tière  (notre  V*  vol.,  p.  S^a),  il  adressait  à  tiens  depuis  trois  années;  nous  n'avons 

notre  ambassadeur  cette  lettre  plus  con-  point  découvert  son  nom,  mais  nous  ver- 

cise  et  plus  confidentielle,  dictée  à  son  rons  plus  tard  le  médecin  Riolan  jouer  le 

secrétaire  de  nuit.  Une  autre  missive  de  Ri-  même  rôle  auprès  de  la  reine  exilée, 
chelieu  à  M.  d'Etampes,  aussi  ambassa- 


776  LETTRES 

pas  une  bonne  paix  cet  hyver,  je  vous  prie  d'asseurer  M.  le  prince 
d'Orange  que  nous  serons  encore  mieux  préparez  pour  la  campagne 
de  l'année  qui  vient  que  nous  n'avons  esté  pour  celle-ci,  qui,  avec 
l'ayde  de  Dieu,  ne  sera  pas  mauvaise.  Et  en  effet,  si  M"  des  Estats 
veulent  penser  de  bonne  heure  à  se  préparer  pour  le  printemps ,  j'es- 
père que  nous  ferons  des  merveilles. 

Je  vous  prie  d'asseurer  particulièrement  M.  le  prince  d'Orange  de 
mon  affection  et  de  mon  service,  et  que,  soit  paix,  soit  guerre,  nous 
ne  la  ferons  jamais  que  conjointement,  quelques  artifices  dont  les 
ennemis  puissent  user. 


CCXIV. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Espagne,  t.  XVIII,  fol.  S/jy.  — 
Mise  au  net,  de  la  main  de  Clierré,  devenue  minute. 

[A  M.  DE  PUJOLS  '.] 

Ce  1  2' .septembre^  1637. 

On  a  descouvert  icy  une  pratique  bien  infâme  du  marquis  de  Mi- 
rabel  avec  la  reyne,  qui  avoit  grandement  altéré  la  bonne  disposition 
du  roy,  auquel  on  a  représenté  que  c'estoit  sans  doute  un  effet  de 
l'imprudence  et  de  la  malice  de  Mirabel  et  non  des  ordres  d'Espagne, 
où  les  conseils  sont  trop  sages  pour  approuver  telles  pratiques  ^. 

La  reyne  a  receu  des  effects  de  la  bonté  du  roy,  et  si  l'Espagne 
sçavoit  le  particulier  de  la  procédure  de  Mirabel,  il  en  recevroit  asseu- 
rément  le  chastiment  de  la  part  de  son  maistre.  Cette  affaire  estoit 
capalile  d'altérer  la  disposition  qu'on  a   à  une  bonne  intelligence, 

'  La  suscription  manque.  Nous  rappe-  ^  Ce  quantième  de  la  main  de  Richelieu , 

Ions  que  le  cardinal  ne  \oulait  point  pa-  le  millésime  ajouté  après  coup, 
raître  dans  cette  correspondance  avec  l'a-  ^  C'est  )à  un  compliment  qu'on  appré- 

gent  équivoque  qu'on  entretenait  à  Madrid  ;  cie  ce  qu'il  vaut  quand  on  sait  ce  que  pen- 

Chavigni  était,  en  apparence,   le  corres-  sait  Richelieu   de   la  politique   espagnole, 

pondant  de  Pujols,  en  réalité  c'était  Ri-  L'indulgence  pour  la  reine  s'explique  parce 

chelieu.  que  c'est  en  Espagne  qu'on  écrit. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  777 

mais  cela  ne  sera  pas,  estant  clair  que  la  faute  tombe  sur  Mirabel 
seul. 

Le  duc  Bernard  de  Weymar  a  passé  le  Rhin  et  a  eu  par  deux  fois 
de  notables  avantages  sur  Jean  de  Wert. 

Banier,  Wrangel  ont  plus  de  vingt- cinq  mil  hommes  et  sont  en 
estât  de  ne  pas  craindre  Calasse,  dont  l'armée  diminue  par  la  nécessité 
des  vivres. 

Par  les  dernières  nouvelles,  Banier  estoit  à  Garts  sur  l'Oder,  qu'il 
a  grandement  fortiffié,  comme  aussy  Stetin.  Il  luy  vient  tous  les  jours 
de  nouveaux  secours  de  Suède,  et  on  mande  qu'il  se  dispose  à  reme- 
ner Calasse  dans  l'Allemagne,  comme  Calasse  l'a  amené  dans  la  Po- 
méranie. 

Breda  ne  peut  estre  secouru. 

M.  le  cardinal  infant  a  pris  Venelo  [sic]  et  Ruremont.  M.  de  Lon- 
gueville  continue  ses  progrès  dans  Bourgoigne  et  a,  depuis  trois  jours, 
emporté  Bleteran  [sic),  place  considérable. 

M.  de  Chastillon  est  au  siège  de  Dampvillers.  [La  Chapelle  sera 
prise  dans  huit  jours  par  M.  le  cardinal  de  La  Valette'.] 

Voilà  [le  vray]  estât  des  affaires. 

Ici,  dans  la  mise  au  net,  Cherré  a  laissé  un  blanc'',  et  il  continue  : 

Si  le  Comte  duc  approuve  les  propositions  de  la  trefve,  les  deux 
couronnes  se  mettront  en  estât  de  traitter  avec  repos  de  la  paix.  — 
Rome  a  faict  une  proposition  que  ceux  qui  possèdent  le  Palatinat,  le 
Wirtemberg  et  la  Lorraine  donnassent  une  pension  aux  propriétaires, 
en  attendant  la  décision  de  la  paix.  Bien  que  cela  feust  rude  pour  la 
France,  qui  n'a  pas  seiJement  le  droit  de  la  guerre  sur  la  Lorraine, 
mais  en  outre  celuy  de  seigneurie  sur  son  vassal  rebelle,  s'il  ne  tenoit 

'  Phrase  ajoutée   par  Richelieu,  ainsi  envoie  à  Pujols  une  lettre  de  change  de 

que  le  mot  «  vray.  »  ^oo  écus ,  laquelle  on  a  mise  au  porteur, 

'  Dans  ce  blanc ,  une  note  de  la  main  de  afin  qu'on  ne  sache  pas  à  qui  elle  va. 
Richelieu  et  de  celle  de  Chavigni  dit  qu'on 

CARDIN.  DE  HICBELIEU.  —  VU.  98 


778  LETTRES 

.  qu'à  cela,  on  ne  lairroit  pas  d'y  entendre,  si  on  sçait  que  M.  le  comte 
duc  veuille  marcher  de  bon  pied  au  reste. 

Cette  addition,  depuis  le  blanc,  a  été  barrée,  mais  il  peut  être  intéressant  de 
connaître  la  pensée  qu'on  y  avait  exprimée. 


CCXV. 

Arch.  des  AIT.  étr.  Rome,  t.  LX.  —  Mi?e  au  net,  corrigée,  devenue  minute. 

MÉMOIRE 

ENVOYÉ  A  M.  LE  NONCE  SUR  LE  SUJET  DE  LA  TRÊVE  ET  DE  LA  PAIX. 

i"  octobre  1637. 

Mons'  Bologneti,  nonce  en  France,  ayant  fait  sçavoir  au  roy  que 
le  roy  de  Hongrie  a  respondu  au  nonce  de  S.  S.,  qui  est  près  de  luy, 
qu'il  approuvoit  et  entendroit  volontiers  à  la  proposition  qui  luy  es- 
toit  faite  de  la  part  de  sad.  S.  d'une  trêve  générale  de  plusieurs  an- 
nées, et  qu'il  l'estimeroit  d'autant  meilleure  qu'elle  seroitplus  longue, 
désignant  mesme  sa  durée  pouvoir  estre  de  i5  à  20  années; 

S.  M.,  pour  correspondre  aux  désirs  de  S.  S.  et  aux  bonnes  inten- 
tions que  le  roy  de  Hongrie  tesmoigne  en  cette  occasion  avoir  pour 
le  repos  public,  déclare  aud.  s"" Bologneti,  pour  le  faire  sçavoir  à  S.  S. , 
qu'elle  est  preste  d'entendre  à  la  trefVe  proposée  cy- dessus,  de  la 
durée  qui  a  esté  désignée  par  le  roy  de  Hongrie,  comme  aussy  de  faire 
toutes  les  diligences  nécessaires  envers  les  [Suédois  et  Hollandois  et 
autres],  ses  alliez,  pour  les  y  faire  consentir.  Et  pour  tesmoigner  que 
ce  n'est  point  seulement  pour  éviter  le  blasme  de  vouloir  la  guerre 
que  le  roy  acquiesce  à  cette  proposition  et  se  fait  fort  d'y  porter  sesd. 
alliez,  mais  en  effet  pour  procurer  de  tout  son  pouvoir  un  repos  ef- 
fectif à  la  chrestienté,  si  les  Espagnols  ne  veulent  pas  en  ce  point 
déférer  aux  propositions  du  pape  et  s'accorder  aux  sentimens  du  roy 
de  Hongrie,  S.  M.  ne  feroit  aucune  difficulté  de  porter  sesd.  alliez, 
en  ce  qu'elle  pourroit,  et  les  Estats,  à  faire  lad.  Irefve  poiu-  1  5  années 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  779 

avec  le  roy  de  Hongrie  et  tous  les  princes  et  potentats  d'Allemagne, 
si  led.  roy  de  Hongrie,  lesd.  princes  et  potentats  d'Allemagne  pro- 
mettant de  n'assister  en  aucune  façon  les  Espagnols  contre  la  France, 
les  Suédois,  Hollandois  et  autres  ses  confédérez,  il  se  pouvoit  trou- 
ver quelque  moyen  si  infaillible  d'asseurer  l'exécution  et  l'effet  de 
telle  promesse  que  les  Espagnols  ne  peussent  tirer  d'Alemagne  ny 
hommes,  ny  argent.  Et  afin  qu'on  ne  pense  pas  que  par  telle  déférence 
à  S.  S.,  S.  M.  vueille  affoiblir  l'Espagne,  par  la  privation  du  secours 
qu'elle  peut  recevoir  d'Alemagne ,  elle  déclare  estimer  plus  à  propos 
que  la  trefve  générale  se  face  entre  tous  les  princes  qui  sont  mainte- 
nant en  guerre  qu'entre  quelques-uns  seulement,  ainsy  qu'il  est  dict 
cy-dessus. 

Et  lad.  trefve  générale  se  faisant  entre  tous  les  princes  qui  sont 
maintenant  en  guerre,  selon  le  désir  de  S.  S.,  S.  M.,  pour  se  confor- 
mer entièrement  à  ses  sentimens,  estime  que  quand  mesme  elle  se- 
roit  accordée  et  faicte,  il  ne  faudroit  pas  laisser  de  travailler  inces- 
samment et  sans  discontinuation  dès  le  lendemain  à  l'avancement  et 
à  la  conclusion  d'une  bonne  paix,  laquelle  la  France  désirera  tousjours 
plustost  pour  le  bien  de  la  chrestienté  que  pour  aucune  crainte  des 
événemens  de  la  guerre. 

Faict  le  i  "  jour  d'octobre  1687. 


CCXVl. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Espagne,  t.  XVIIl,  fol.  SgS.  — 
Mise  au  net  de  la  main  de  Cherré,  devenue  minute,  le  cardinal  ayant  ajouté  trois  mots. 

[A  M.  DE  PUJOLS.] 

Du  8'  novembre  1637. 

Pour  ne  perdre  aucune  occasion,  rencontrant  celle  de  cet  ordinaire, 
on  veut  bien  encore  vous  asseurer  qu'on  veut  traitter  de  bonne  foy 
et  sans  prétendre  autre  avantage  que  celuy  que  la  raison  doit  accorder 
à  un  chacun. 

98. 


780  LETTRES 

Je  vous  atteste  devant  Dieu  qu'on  ne  préfère  la  négociation  de  la 
trefve  à  celle  de  la  paix  que  parce  que  c'est  le  seul  moyen  de  sortir 
proniptement  d'affaire  et  parvenir  ensuitte,  sans  gi-and  delay,  à  une 
bonne  paix. 

Je  vous  proteste  de  plus  que  bien  que  la  trefve  qui  se  propose  soit 
de  longues  années,  on  ne  pense  pas  de  deçà  à  se  conserver,  par  ce 
moyen ,  la  possession  de  ce  qu'on  a  maintenant  à  l'Espagne ,  puisqu'on 
faict  estât  que  la  trefve  estant  faite,  on  peut  promptement  terminer 
toutes  choses  entre  les  deux  couronnes  [par  une  paix  suivante]  et  res- 
tituer aussytost  ce  que  l'on  tiendra  de  part  et  d'autre. 

Je  vous  proteste  encore  que  le  cardinal'  brusle  de  désir  de  faire 
faire  quelque  bonne  entreprise  contre  les  infidelles  en  l'Orient,  et  que 
la  France  veut  demeurer  pour  l'avenir  en  bonne  union  et  intelligence 
avec  l'Espagne. 

Après  ces  asseurances,  il  ne  nous  reste  plus  qu'à  sçavoir  les  inten- 
tions d'Espagne,  que  vous  nous  ferez  grand  plaisir  de  nous  mander 
au  plus  tost. 

Hier  au  soir,  M.  le  nonce  fit  une  nouvelle  instance  sur  le  sujet  de 
la  trefve  générale,  sur  ce  qu'il  avoit  receu  le  mesme  jour  des  lettres 
du  nonce  qui  est  à  Vienne,  qui  portent  que  l'Empereur  luy  avoit  dé- 
claré, pour  la  seconde  fois,  qu'il  approuvoit  la  trefve  générale  et  y 
consentiroit  volontiers,  pourveu  qu'elle  feust  pour  longues  années. 

Au  mesme  temps,  led.  s"'  nonce  nous  a  dict  qu'il  y  avoit  quelques 
jours  que  le  nonce  qui  est  en  Espagne  luy  avoit  mandé  que  M.  le 
Comte  duc  luy  avoit  dict,  sur  le  sujet  de  la  suspension  ou  trefve  géné- 
rale, qu'ils  s'accommoderoient  en  ce  point  aux  intentions  de  l'Empe- 
reur et  qu'ils  avoient  dépesché  en  Allemagne  pour  l'en  asseurer. 

Cela  estant,  on  peut  bientost  sortir  d'affaire  et  donner  repos  à  la 
chrestienté. 

'  Voy.  la  note  i  de  la  page  776. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  781 


CCXVII. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Espagne,  t.  XVIII,  foi.  699.  —  Copie. 

[A  M.  DE  PUJOLS.] 

Du  10  décembre  1637. 

Bien  que  nous  ayons  lieu  de  croire  le  peu  de  volonté  qu'a  l'Espagne 
de  l'accommodement  qu'on  proposoit,  n'ayant  pas  faict  de  response  à 
tant  de  lettres  que  nous  vous  avons  escrites,  on  ne  laisse  pas  pourtant 
de  vous  dire  parcelle-cy  qu'on  est  tousjours  par  deçà  dans  le  mesme 
sentiment.  Après  cela  nous  aurons  cet  avantage  que  Dieu,  qui  est  tes- 
moin  de  la  vérité  de  nos  paroles  et  qui  cognoist  la  sincérité  de  nos 
intentions,  voit  bien  qu'il  n'a  tenu  qu'à  l'Espagne,  et  ne  tient  encore 
aujourd'hui  qu'à  elle,  que  la  chrestienté  ne  soit  tout  d'un  coup  délivrée 
des  misères  qui  la  ravagent,  et  ne  jouysse  du  repos  qu'on  luy  peut 
donner  en  un  instant.  Faictes  nous  response  une  fois  pour  toutes. 


CGXVIII. 

Arcli.  des  AIT.  étr.  Hollande,  t.  XX,  pièce  lig-  — 

Mise  au  net,  corrigée  par  Richelieu  qui  a  écrit  la  dernière  page.    — 

Copie  de  lu  main  d'un  secrétaire  de  Chavigni,  pièce  i4'î- 

MÉMOIRE 
POUR  M.  DESÏHADES. 

3i   décembre  1  687  '. 

Tous  les  desseins  qu'on  peut  faire  du  costé  de  M.  le  prince  d'Orange 
.sont  ou  Anvers,  ou  Hulst  [ou  Bruges  et  Dam],  ou  Dunquerque,  ou 
Gueldrs,  et  ensuite  Venlo  et  Ruremont. 

'  La  mise  au  net  est  restée  sans  date;  c'est  à  la  copie  que  nous  prenons  le  titre  que 
nous  mettons  en  tête  de  la  pièce. 


782  LETTRES 

Dunquerque  est  le  principal'  qui  vuideroit  toutes  sortes  d'affaires; 
mais  on  ne  croit  pas  que  M.  le  prince  d'Orange  le  puisse  entreprendre. 
Cependant  s'il  le  veut  faire ,  sans  y  venir  en  personne ,  on  luy  fournira , 
outre  les  douze  cent  mil  livres  du  traitté  faict  par  M.  de  Vosbergue, 
six  mil  hommes  de  pied  et  douze  cent  chevaux,  tant  que  durera  le 
siège. 

Les  entreprises  de  France  peuvent  estre  depuis  la  coste  de  la  mer 
jusques  à  Landrechy,  sçavoir  est,  Gravelines,  Saint-Omer,  Hedin, 
Arras,  Bapaume,  Monts,  Cambray,  le  Quesnoy,  Valenciennes;  le  Ques- 
noy  estant  premièrement  pris. 

On  pourroit  encore  attaquer  Namur,  si  Charlemont  ne  coupoit  les 
vivres. 

Si  M.  le  prince  d'Orange  attaque  Dunquerque ,  on  est  d'avis  d'aller 
à  Monts  ou  Valenciennes  pour  destourner  les  ennemis. 

S'il  attaque  Hulst  [ou  Bruges  ou  Dam,  on  attaquera  la  place  qui 
sera  jugée  la  plus  convenable  de  deçà  pour  favoriser  ce  dessein]. 

S'il  attaque  Anvers,  en  quelque  lieu  que  la  France  face  son  attaque 
il  est  indifférent,  pourveu  que  ce  soit  une  bonne  place  dans  le  Pays- 
Bas,  ce  à  quoy  elle  ne  manquera  pas. 

Pour  ce  qui  est  de  Thionville,  on  l'entreprendroit  volontiers,  à 
cause  que  cela  traverse  la  communication  d'Allemagne ,  si  M"  des  Pro- 
vinces-Unies tenoient  une  telle  attaque  pour  suffisante  diversion,  mais 
croyant  qu'ils  n'en  seroient  pas  contens,  S.  M.  s'engage  dès  cette 
heure  à  faire  faire  une  attaque  dans  le  corps  du  Pays-Bas. 

'   Voy.   Mémoires  de  Richelieu,   t.    IX,  le  sujet  des  entreprises  qu'elles  peuvent 

p.  /i8 1 .  La  pièce  qui  précède  ce  mémoire  faire,  je  ne  prends  la  plume  que  pour  vous 

est  une  lettre  de  Richelieu  au  prince  d'O-  supplier  de  prendre  entière  créance  en  ce 

range  :  qu'il  vous  dira. .  .  «  (  Mise  au  net  de  la  main 

deCherré.  Ms.cité  aux  sources,  pièce  i45.) 

«Monsieur,  Le  prince  ,  renvoyant  M.  d'Estrades   le 

«  Ce  gentilhomme  n'allant  trouver  V.  A.  1 3  février  1 638 ,  mandait  à  Richelieu  qu'il 

que  pour  adjuster  le  temps  auquel  préci-  l'avait  chargé  «  de  propositions  qui ,  j'es- 

sément  l'armée  du  roy  et  la  vostre  se  met-  père ,  ne  seront  point  désagréables  à  S.  M.  • 

tront  en  campagne,  et  recevoir  vos  avis  sur  (Même  ras.  pièce  i63.) 


DU   CARDINAL   DE  RICHELIEU.  783 

Quoy  qu'on  face,  l'importance  est  de  mettre  précisément  à  la  cam- 
pagne en  mesme  temps. 

S.  M.  asseure  qu'elle  ne  manquera  pas  de  faire  entrer  son  armée 
au  pays  ennemi  dans  le  dixième  avril,  stipulé  par  le  traitté,  tant  parce 
qu'il  est  ainsy  arresté  que  parce  aussy  qu'elle  est  avertie  de  toutes 
parts  que  les  ennemis  font  estât  d'estre  de  bonne  heure  en  campagne , 
ce  qui  faict  qu'il  faut  les  prévenir  si  l'on  ne  veut  estre  tout  cet  esté 
sur  la  simple  deffensive,  auquel  cas  les  ennemis  auroient  revanche  du 
mal  qu'ils  ont  receu  cette  année. 

[En  tout  cas,  il  faut  tirer  parole  et  asseurance  de  M.  le  prince  d'O- 
lange  que  depuis  le  i  "  apvril  jusques  à  la  fin  de  l'esté ,  il  fera  tenir 
3o  ou  4o  vaisseaux  devant  Dunquerque  et  la  coste  de  Flandres,  et 
que  l'admirai  fera  ce  qui  luy  sera  mandé  par  S.  M.  pour  le  bien 
commun. 

Il  faut  stipuler  un  extroict  secret  et,  pour  cet  effect,  feindre  des 
attaques  qu'on  ne  voudra  pas  faire.] 


ANNEE   1638. 


CCXIX. 


Arch.  des  Aff.  étr.  Espace,  t.  XVIII,  fol.  387.  — 
Mise  au  net  de  la  main  de  Clierré.  Trois  mots  écrits  en  interligne  par  dichelieu. 

PROJET    DE    DÉPESCHE, 

COMMANDÉE  PAR  LE  ROY, 

QU'IL  PLArBA  \  S.  M.  CONSIDÉRER,   POOR  VOIR  SI  ELLE  KST  SELON  SON  INTENTION. 

6  janvier  i638. 

Les  dépêches  de  Pujols  '  font  connaître  le  grand  désir  qu'a  le  comte  duc  de 
faire  la  paix. 

'  Cette  lettre  sans  suscription  est  adres-        de  celui-ci ,  reçues  le  2  janvier,  quoique 
sée  à  Pujols;  elle  répond  à  trois  dépêches        datées  du  a4  octobre,   a  5  novembre  et 


784 


LETTRES 


Le  cardinal  duc  a  Je  même  désir,  après  la  trêve.  Considérations  à  ce  sujet. 
Conditions  principales. 

«Le  cardinal  duc  s'offre,  la  trefve  estant  conclue  et  cstablye,  de  s'avancer  cet 
esté  jusqu'à  Bayonne  pour  la  trailter  en  personne  avec  luy,  et  conclure,  eii 
mesme  temps,  une  bonne  et  forte  union  contre  les  infidèles.  » 

Pour  négocier,  sans  éveiller  le  soupçon  des  alliés,  on  imagine  l'expédient 
d'un  personnage  envoyé  par  le  comte  duc,  passant  en  France  sous  prétexte 
d'aller  en  Flandre.  «Led.  envoyé  sera  logé  chez  M.  de  Nouveau,  général  des 
postes,  parce  que  tous  les  courriers  y  descendent;  et  de  là  il  sera  mené,  la  nuit, 
chez  celuy  qui  escrit',  qui  le  fera  voir  à  M.  le  Cardinal  Duc,  si  c'est  pour  con- 
clure, comme  on  s'asseure  qu'il  ne  viendra  pas  autrement.  » 

On  envoie  à  Pujols  un  passe-port  en  blanc  pour  le  personnage  qui  doit  venir. 

«  Il  y  a  plus  d'un  mois  qu'on  a  donné  à  M.  l'Ambassadeur  de  Venise,  qui  est 
en  ceste  cour,  le  passeport  pour  D.  Michel  de  Salamanque^;  pour  tesmoigner 
qu'on  marche  de  bon  pied ,  on  vous  envolera  encore  un  duplicata.  » 

«  On  n'a  point  receu  les  dépesches  que  vous  dites  avoir  esté  adressées  à  Gala- 
retta  pour  me  faire  tenir.  Il  est  à  désirer  que  ces  paquets  ne  soyent  ny  perdus, 
ny  veus ,  pour  la  conséquence  de  l'affaire.  » 

M"""  de  Chevreuse  est  partie  sur  la  fausse  crainte  d'être  arrêtée .  .  .  Son  voyage 
en  Espagne  iuy  donnera  •  ce  contentement  d'eslre  cogneue  en  peu  de  temps 
dans  les  trois  plus  grands  royaumes  du  monde.  »... 

(Quelques  lignes  terminent  la  pièce,  au  sujet  des  conditions  du  projet  qu'on 
envoie  '.) 


9  décembre.  Ces  dépêclies  chiffrées  sont, 
en  duplicata,  dans  le  i8'  volume  d'Es- 
pagne, fol.  563,  570,  585. 

'  Chavigni. 

"  Don  Miguel  de  Salamanca  arriva  à 
Paris  le  6  mai.  (Voir  mon  Vf  vol.  p.  34-) 

'  Ce  projet  n'a  eu  aucune  suite  ;  la  lettre 
même  a  peut-être  été  annulée  ;  il  n'en  est 
pas  moins  intéressant  de  conserver  le  sou- 
venir de  cette  proposition  de  Richelieu 
d'aller  s'entendre  avec  le  Comte  duc  au  pied 
des  Pyrénées. —  Tout  ce  1 8'  volume  d'Es- 
pagne est  rempli  de  pièces  qui  témoignent 
un  désir,  peu  sincère  sans  doute ,  de  faire  la 


paix.  On  négociait  avec  zèle  en  apparence, 
et  rien  n'aboutissait.  Notons ,  entre  autres . 
un  projet  de  traité ,  pour  la  paix  universelle 
de  la  chrestienté,  écrit  de  la  main  de  Cherré, 
fol.  297  et  suivants;  et  puis  un  projet  de 
trêve  où  il  est  dit  :  «  La  conclusion  de  la 
paix  devant  être  longue  et  difficile,  on 
propose  de  faire  une  trefve  qui  donnera  le 
temps  de  s'.iccommoder.  »  Suivent  les  con- 
ditions. La  pièce  est  aussi  de  la  main  de 
Cherré,  cotée  384-  Une  première  minute 
est  au  fol.  555.  Elle  est  corrigée  de  la 
main  de  Richelieu ,  qui  a  mis  en  tète  :  «  ce 
projet  n'a  pas  été  envoyé.  » 


DU  CARDINAL  DE   RICHELIEU. 


785 


ccxx. 

Arcli.  des  Afl'.  étr.  Turin,  t.  XXVI,  pièce  i/li.  — 
Minute  de  la  main  de  Cherré. 

[A  M.  D'HÉMERY.] 

[Commencement  (le  juin  i(i38'.j 

Mons',  on  ne  se  pouvoit  mieux  conduire  en  l'affaire  de  Monteii  que 
vous  avés  fait,  non-seulement  pour  avoir  une  preuve  convamcante  et 
Irréprochable  contre  M""  de  Mantoue  de  la  part  qu'elle  a  eue  en  la 
trahison  dud.  Monteii,  mais  aussy  pour  renvoyer  ses  comissaires  et  les 
empescher,  par  ce  moyen,  d'assister  au  jugement  du  procès,  comme 
c'estoit,  à  mon  advis,  leur  principal  dessein,  afin  de  le  sauver  plus 
aysément. 

Les  raisons  pour  lesquelles  vous  avez  fait  surçoir  ledit  jugement 
sont  fort  considérables;  mais  comme  cette  affaire  pourroit  enfin  passer 
dans  l'esprit  du  monde  pour  une  supposition  et  un  artifice  de  la 
France,  afin  d'avoir  un  prétexte  de  s'asseurer  de  Casai,  si  on  n'en 
faisoit  voir  clairement  la  vérité  et  les  circonstances,  il  est  absolument 
nécessaire  de  le  juger  promptement '^  et  faire  chastier  ceux  qui  se 
trouveront  coupables,  selon  la  grandeur  de  leur  crime,  afin  de  justi- 
fier le  procédé  du  roy  :  n'y  ayant  point  d'autre  moyen  de  sauver  Mon- 


'  M.  d'Hémery  avait  envoyé  le  6  mai 
au  Cardinal  un  courrier  annonçant  la  dé- 
couverte de  la  trahison  de  Montiglio ,  et  le 
1 5 ,  même  avant  d'avoir  reçu  la  réponse 
de  Richelieu,  il  mandait  qu'il  faisait  com- 
mencer les  poursuites.  (Pièce  85  de  notre 
ms.)  Et  puis  d'Hémery  insiste  sur  les  mau- 
vaises dispositions  des  sujets  (Je  Mantoue 
à  l'égard  de  la  France  :  a  Le  nom  de  la- 
princesse  de  Mantoue  est  capable  de  faire 
sur  l'esprit  des  peuples  desgoutez  de  nous 
un  mauvais  effet.  .  .  «D'Hémery  va  jusqu'à 
appréhender  qu'on  ne  fasse  empoisonner 


ceux  qui  ont  révélé  le  complot  ;  et  il  expose 
les  précautions  qu'il  prend.  Ce  doit  être  à 
la  réception  de  ces  dépêches  datées  du 
20  mai  (pièce  go)  qu'a  été  écrite  cette 
lettre  sans  date,  et  nous  la  mettons  aux 
premiers  jours  de  juin.  (Voy.  sur  cette 
affaire  de  Montiglio ,  notre  VI*  vol.  p.  980  . 
et  au  supplément,  addition  à  la  page  1 3.^.) 
'  Le  cardinal  avait  d'abord  décidé  qu'il 
('tait  à  propos  de  feindre  avec  la  duchesse 
de  Mantoue  et  de  paraître  ignorer  qu'elle 
eût  part  à  la  trahison.  (Lettre  du  20  mai, 
aux  Analyses.  ) 


CtllDIN.  DE  niCHEUEU.  —  VII. 


99 


786  LETTRES 

teil,  ny  les  autres  ses  complices,  si  non  que  Madame  de  Mantoue 
intercède  envers  le  roy  pour  obtenir  leur  grâce,  se  charge  de  leur 
faute,  et  qu'elle  avoue  ingénuement  la  chose  comme  elle  est'  et 
qu'elle  est  vérifiée  par  des  informations  que  ses  commissaires  ont  faites 
eux-mêmes  de  sa  part;  etensuitte  esloigner  d'auprès  d'elle  ceux  qui 
se  trouvent  coupables,  autheurs  et  conducteurs  d'une  telle  meschan- 
ceté,  ainsy  que  vous  le  proposés. 

On  suivra  vostre  avis  pour  ce  qui  est  de  la  récompense  de  M"  le 
chancelier  Guissardi,  Comte  Mercurin,  Prat  et  autres,  et  dès  à  présent 
on  va  travailler  à  trouver  des  terres  pour  eux.  Cependant  on  vous  en- 
voyé des  brevets  d'asseurance  de  la  grâce  que  le  roy  leur  veut  faire  ^. 

Le  reste  de  la  lettre  répond  aux  demandes  de  fonds  pour  les  fortifications  de 
la  place,  rarmement  et  fapprovisionnement ,  le  payement  des  garnisons,  etc. 
Richelieu  répond  que,  dans  les  dispositions  déjà  faites,  il  y  a  suffisamment  de 
fonds  pour  tout.  En  louant  le  zèle  d'Hémery  pour  Casai  et  le  service  du  roi,  il 
l'avertit  que  «  il  pourroit  mander  Testât  des  choses,  sans  en  exagérer  la  perte 
infaillible,  comme  vous  faites  par  toutes  vos  lettres.  »... 

'  Richelieu  savait  fort  bien  qu'elle  ne  tiltre  de  marquisat ,  en  engageihent  rachep- 

le  ferait  pas.  Le  cardinal  de  La  Valette  table  de  la  somme  de  cent  mil  livres,  en 

avait  écrit  le  1 7  mai  :  «  L'on  a  mandé  de  considération  du  service  par  eux  rendu  au 

Venise  que  la  princesse  de  Mantoue  ayant  roy,  en  l'occasion  de  la  descouverte  de  la 

sceu  que  l'entreprise  de  Casai  estoit  dé-  trahison  de  Casai.  »  —  «  Un  autre  brevet 

couverte,  l'a  desadvouée  et  blasmé  Mon-  pour  le  s'  Prat,  d'une  terre  de  deux  mil 

teil.»  (Pièce  89  du  ms.)  La  duchesse  de  livres  de  rente,    racheptable  de  3a   mil 

Mantoue  agit  dans  cette  affaire  avec  autant  livres,  en  considération  du  mesme  service, 

de  lâcheté  à  l'égard  de  ceux  qui  s'étaient  — Autre  pour  le  s'  Zola,  major  de  Casai, 

dévoués  pour  elle,  que  de  perfidie  envers  pour  la  mesme  considération,  une  terre 

la  France,  dont  elle  était  l'alliée.  (  Voy.  aux  de  1,000*  racheptable  de  16,000.  »  —  Qui 

Analyses,  la  août.)  est  ce  Zola?  Le  nom  est  sans  doute  mal 

'  Nous  trouvons ,  dans  le  volume  88  de  écrit;   serait-ce   le  Gaya  ou  Goyae   (dont 

la    collection   France,    ce    billet   adressé  le  nom  aussi  semble  estropié),  aide  du 

à  un  premier  commis  des  affaires  étran-  sergent-major  de   Casai,  et   pour   lequel 

gères  :  t  Pour  M' de  La  Barde.  B  —  iM.de  Hémcry   avait    demandé    un    emploi    en 

La  Barde  expédiera,  s'il  luy  plaist,  promp-  France,  supposant  qu'après  la  révélation 

teinent  un  brevet    d'asseurance  à  M'  le  qu'il  croit  faire  il  ne  pouvait  plus,  sans 

Chancelier  Guiscardi   et  comte  Mercurin  péril  pour  sa  vie,  demeurer  dans  son  pays 

d'une  terce  de  six  mil  livres  de  rente,  en  de  Mantoue? 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU.  787 


CCXXI. 

Arch.  des  Alf.  étr.  Turin,  t.  XXVI,  pièce  iSa.  — 
Mise  au  net,  de  la  main  de  Cherré. 

MÉMOIRE  POUR  LE  ROL 

De  Ruel,  ce  22*  juin  i638. 

L'ambassadeur  de  Savoie  mène  au  roi  l'abbé  de  la  Monta,  qui  ap- 
porte le  traitté  que  Madame  a  signé  avec  M.  le  cardinal  de  La  Valette 
et  M.  d'Hémery  '.  Sa  Majesté  luy  peut  dire  qu'il  vaut  mieux  tard  que 
jamais.  Qu'elle  est  bien  faschée  que  Madame  ayt  preste  l'oreille  à  des 
négociations  capables  de  la  perdre  avec  les  Espagnols,  mais  qu'elle  est 
résolue  d'oublier  le  passé  pourveu  que  l'avenir  luy  en  donne  sujet.  Sa 
Majesté  pourra  adjouster  s'il  luy  plaist  :  Auparavant  j'eusse  creu  de 
ma  sœur  tout  ce  qu'elle  m'eust  peu  dire,  maintenant  j'en  croiray  ce 
que  je  verray  par  effects. 

L'abbé  de  la  Monta  est  cousin  du  comte  Philippe  ^,  Sa  Majesté  luy 
fera  bonne  chère  et  luy  tesmoignera  croire  que  le  comte  Philippe  est 
son  serviteur. 

L'ambassadeur  d'Angleterre  mène  le  s'  Tartareau.  11  ne  s'agit  que 
de  remercier  du  compliment  qu'il  est  venu  faire  sur  la  grossesse  de  la 
reine. 

S'il  parle  de  Madame  de  Chevreuse,  le  roy  dira  que,  quand  elle 
recognoistra  sa  faute ,  il  sera  prest  de  la  luy  pardonner. 

S'il  parle  du  mariage  du  jeune  Palatin  avec  M***  de  Rohan,  Sa  Ma- 

'    Le  traité  avait  été  signé  le  3  juin.  11  n'avait  pas  été  sans  diflicultés,  et  on  était 

est  en  original  dans  notre  ms.  pièce  1 1  i.Le  pressé  de  conclure;  d'Hémery  écrivait  au 

même  jour,  3,  la  duchesse  de  Savoie  écrit  cardinal  le  i5  mai  :  •  Il  est  à  propos  de 

à  Chavigni  qu'elle  l'envoie  par  l'abbé  de  la  signer  le  traité  de  la  ligue  pour  oster  à 

Monta.  Et  le  7,  le  cardinal  de  La  Valette  Madame  l'occasion  du  mal.»  (Ms.  cité  aux 

mande,    du    camp    de  La   Vertole,  que  sources,  fol.  84-) 

M.  d'Hémery  en  envoie  un  exemplaire  par  '  On  sait  que  c'était  le  favori  de  la  du- 

Guérapin.  (Pièce  lai.)  Cette  négociation  chesse  de  Savoie. 

99- 


788  LKTTRES 

jesté  dira  que  la  pratique  de  tous  les  royaumes  est  de  ne  souffrir  point 
que  telles  héritières  soient  mariées  hors  de  l'Estat,  et  qu'elle  est  desjà 
engagée  à  favoriser  le  dessein  que  M.  de  Nemours  a  en  cette  re- 
cherche '. 

Si!  parle  du  Tabouret  qu'on  refuse  à  l'ambassadeur  d'Angleterre, 
parce  qu'on  ne  le  donne  pas  à  Madame  de  Bellièvre,  bien  que  Ma- 
dame de  Chevreuse  l'ait,  Sa  Majesté  respondra  que,  pourveu  que  le 
roy  d'Angleterre  déclare  que  Madame  de  Chevreuse  ne  l'aura  plus, 
elle  le  fera  rendre  volontiers  à  l'ambassadrice  d'Angleterre. 

Quant  à  l'ambassadeur  de  Mantoue,  Sa  Majesté  doit,  s'il  luy  plaist, 
reculer  son  audience,  afin  qu'on  ait  lieu  de  retirer  de  Mantoue  M" de 
la  Thuillerie  et  de  la  Tour  qui  y  sont. 


ccxxir. 

Arch.  des  Aff.  étr.   Pologne,  l.  IV,  fol.  \bà.  — 
Mise  au  net,  de  la  main  de  Cherré. 

[AU   ROI  DE  POLOGNE'.] 

[Juillet  ou  août  i638  ?] 

Je  m'asseure  que  lorsque  Votre  Majesté  sçaura  particulièrement  les 
circonstances  sur  lesquelles  le  prince  Casimir  a  esté  arresté  en  France, 


'  M.  de  Nemours  ne  réussit  pas  auprès 
de  M"*  de  Rohan.  (Voy.  la  leltre  du  cardi- 
nal à  M.  Bouthillier,  du  2,'i  juin,  p.  192 
ci-dessus.  ) 

■'  Nous  avons  indiqué  cette  lettre  d'a- 
près Aubery,  à  la  date  de  mai ,  ci-dessus 
p.  189;  depuis  nous  avons  trouvé  la  pièce 
elle-même,  sans  date,  classée  à  la  fin  de 
1639;  nous  pensons  qu'il  faut  la  mettre 
dans  la  seconde  moitié  de  1 638 ,  après  les 
premières  plaintes  du  roi  de  Pologne.  Le 

*  Quand  ie  prince  se  vit  arrêté ,  il  feignit  d'avoir 
»rîé  conlralnL  <ltî  prendre  terre:  L'na  burassA  di  marc 


prince  Casimir,  son.  frère ,  avait  débarqué 
à  Saint-Tropez*,  au  commencement  de 
mai ,  et  ne  tarda  pas  à  être  arrêté.  Notre 
ms.  nous  donne,  à  la  date  du  dernier  août, 
une  note  sans  signature  ni  suscription. 
mais  qui  est  de  '  la  main  du  secrétaire  de 
de  Noyers  et  que  celui-ci  transmettait  très- 
certainement  à  Chavigni  de  la  part  du  car- 
dinal :  «  Pour  la  response  à  l'agent  ou  se- 
crétaire du  prince  Casimir,  Son  Éminence 
est  d'avis  que  vous  lui  donniés ,  de  la  part 

ci  getto  aile  rive  di  San  Turpè.  (Fol.  H8  du 
tome  m  de  Pologne.) 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


789 


elle  ne  le  trouvera  pas  cstrange,  puisqu'il  s'en  alloit  pour  s'attacher 
en  Espagne ,  entre  laquelle  et  la  France  la  guerre  est  depuis  quelques 


de  Sa  Majesté,  la  mcsnie  response  qu'Elle 
a  faicte  à  l'envoyé  du  roy  de  Pologne  qui 
l'est  venu  trouver  à  niesme  fin,  etc.*» 
(Fol.  465  du  tome  III  de  Pologne.)  —  Le 
baron  d'Avaugour,  ministre  de  France  en 
Pologne,  écrivait  au  cardinal,  quelques 
mois  après  :  «  J'ay  creu  devoir  envoyer  à 
Voslre  Éminence  copie  d'une  des  lettres  et 
plaintes  que  je  reçois ,  parce  qu'elle  tient 
un  peu  de  l'invective  contre  le  roy  et  son 
conseil.  J'y  ay  faict  une  response  assez 
ferme  dont  j'espère  que  la  lecture  ne  vous 
déplaira  pas.  »  D'Avaugour  ajoute  qu'il 
attire  sur  lui  •  l'envie  publique  de  tout  un 
royaume,  où  j'estois  auparavant  en  sy 
bonne  considération.  Je  n'y  suis  pas  moins 
exposé  en  Danemarck,  où  le  roy  et  toute 
h  cour  ne  l'ont  pas  celé  à  M.  Saint-Ro- 
main, me  blasmant  avec  aigreur  de  la 
continuation  des  troubles  d'Allemagne.  » 
(T.  m,  p.  4i3.)  Cette  irritUion  n'inti- 
midait pas  Richelieu,  toujouis  résolu  à 
lout  braver  quand  il  s'agissait  du  salut 
lie  l'Etat.  Il  retint  le  prince  c.iptif  près 
d'une  année  encore,  malgré  les  diverses 
ambassades  qu'envoyait  le  roi  de  Po- 
logne pour  obtenir  si  délivrance.  Cepen- 
dant un  adoucissement  se  produisit;  Bois- 
louel,  qui  commandait  à  Vincennes,  sous 
Cbavigni,  reçut  ordre  de  rendre  son  épée 
au  prince  et  de  faire  cesser,  tout  en  le  bien 
gardant ,  les  rigueurs  de  sa  prison;  octobre 
iG3g  (fol.  laa).  Enfin,  au  mois  de  fé 
vrier  1 64o,  après  avoir  soigneusement  pris  . 
toutes  ses  garanties,  le  cardinal  se  décida 
à  fiire  rendre  au  roi  une  espèce  d  ordon- 


nance en  sa  faveur  :  «  Nous ,  etc. .  .  ne 
doutant  point  que  le  prince  Casimir  n'ob- 
serve religieusement  la  parole  qu'il  nous 
a  donnée  de  ne  porter  point  les  armes 
contre  nous,  ny  contre  nos  confédérez,  en 
faveur  des  princes  avec  lesquels  nous  et 
eux  sommes  présentement  en  guerre,  que 
l'Ambassadeur  du  roy  et  de  la  république 
de  Pologne  s'y  est  obligé  de  la  part  du  roy. 
(le  la  république  et  de  la  diette,  nous 
avons  bien  voulu ,  pour  le  désir  que  nous 
avoi)s  de  donner  pleine  et  entière  satisfac- 
tion au  roy,  à  la  république  et  à  la  diette, 
mettre  en  liberté  le  prince  Casimir. . . . 
(Minute'de  la  main  de  Cbavigni,  Afi".  étr. 
Pologne,  t.  IV,  fol.  log,  pièce  sans  date, 
classée  fautivement  entre  septembre  et  oc- 
tobre 1 639.)  —  Un  peu  plus  loin ,  dans  ce 
ins.  (fol.  163-173),  nous  avons  plusieurs 
pièces  sans  date,  en  marge  desquelles  est 
écrit  :  •  Projet  d'actes  pour  k  liberté  ilu 
prince  Casimir  de  Pologne.  »  On  voit  que 
le  cas  avait  été  étudié,  et  que  la  décision 
n'avait  pas  été  prise  à  la  légère.  L'engage- 
ment de  l'ambassadeur  de  Pologne,  daté 
du  a  5  février  i64o,  est  écrit  en  latin  et 
muni  du  sceau  ;  celui  du  prince ,  écrit 
aussi  en  langue  latine,  et  également  re- 
vêtu de  son  cachet,  est  daté  du  a 6  (Voy. 
ci-après  à  lad.  date.)  —  Durant  le  cours 
de  cette  lâcheuse  affaire,  qui  risquait  de 
désaffectionner  la  Pologne  de  la  France, 
on  eut  une  inquiétude  qu'il  faut  noter.  On 
parlait  d'une  entrevue  prochaine  des  rois 
de  Pologne  et  de  Hongrie  ;  on  sait  que  ce- 
lui-ci était  le  prince  auquel  la  France  et 


La   pens^  principale  de  la  dépéclie  est  écrite  à  la  marge  :  iilnscio  rogc  inlerceptus  est,  scicns  jani 
«letiret ,  etc." 


790 


LETTRES 


années  ouverte,  comme  sçait  Votre  Majesté,  et  qu'au  lieu  de  passer 
par  mer,  comme  il  le  pouvoit  faire  seurement,  il  visitoit  les  places  et 
les  ports  de  la  coste  de  Provence  sur  lesquels  l'Espagne  a  desjà  fait 
plusieurs  fois  divers  desseins. 

La  seureté  des  Estats  ne  permettant  pas  qu'en  telles  occasions  on 
ait  esgard  à  la  qualité  des  personnes,  il  a  esté  impossible  à  ceux  qui 
estoient  dans  la  province  de  faire  autre  chose  que  ce  qu'ils  ont  fait, 
sans  en  avoir  ordre  particulier. 

Maintenant  la  prudence  ne  veut  pas  qu'il  soit  deslivré  sans  des  pré- 
cautions si  asseurées  qu'il  n'agira  point  contre  la  France,  ny  directe- 
ment, ny  qu'il  n'y  puisse  contrevenir.  Il  est  et  sera  traitté  avec  le  res- 
pect qui  est  deub  à  une  personne  de  sa  qualité,  et  non  à  celuy  qui 
est  en  Testât  auquel  il  est,  et  je  tiendray  à  grand  honneur  de  le  voir 
en  un  autre  estât  pour  pouvoir  faire  voir  à  Votre  Majesté,  en  sa  per- 
sonne, la  révérence  que  je  rendray  tousjours  à  son  nom  comme 
estant. . . 


ses  confédérés  ne  voulaient  pas  accorder 
le  titre  d'Empereur.  Un  s'  de  Kanasilher, 
employé  par  la  France  à  Dantzig,  écrivait 
à  Chavigni  le  6  septembre  1 638 ,  et  cher- 
chait «  quel  pouvait  être  le  vrai  sujet  du 
voyage  du  roi  de  Pologne  à  Vienne.  On 
croit,  disait-il,  que  «la maison  d'Autriche, 
voyant  le  roi  de  Pologne  maladif  et  sans 
espoir  d'avoir  des  enfants,  jette  les  yeux, 
sur  la  princesse  de  Pologne»  (fol.  467). 
L'entrevue  eut  lieu  en  octobre,  non  à 
Vienne,  mais  à  Nicolsburg, petite  ville  sur 
les  confins  de  l'Autriche  et  de  la  Mo- 
ravie ;  notre  ms.  en  conserve  la  relation 
(fol.  liik,  /186).  Le  mariage  ne  se  conclut 
pas  alors,  mais  on  le  craignait  encore  un 


an  après,  et  Chavigni  mandait  au  baron 
d'Avaugour  de  «  destourner  les  Estats  du 
mariage  proposé  de  la  sœur  du  roy  de  Po- 
logne avec  le  fils  de  l'archiduchesse.  »  On 
lui  recommandait  en  même  temps  d'insis- 
ter sur  ce  point,  «que  la  détention  du 
prince  Casimir  ne  doit  pas  estre  un  signe 
que  l'affection  entre  les  deux  nations  soit 
moindre.  »  Enfin  il  devait  tâcher  d'obtenir 
ce  gage  de  bonne  intelligence  :  «  Que  dé- 
fense soit  faite  aux  Polonois  sous  des 
peines  sévères,  d'aller  servir  au  dehors  du 
royaume»  (fol.  i44).  Une  grande  partie 
de  ce  IV'  volume  de  Pologne  est  remplie 
de  documents  concernant  cette  affaire  du 
prince  Casimir. 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  791 


CCXXIIl. 

Arcb.  des  Aff.  étr.  Hollande,  t.  XX,  pièce  aïo.  — 
Minute  écrite  par  Cherré,  corrigée  de  la  main  de  Richelieu  '. 

MÉMOIRE 
QUI  DOIT  ESTRE  ENVOYÉ  A  M.  D'ESTAMPES'. 

23  septembre  i638. 

[Après  que  M.  d'Estampes]  aura  parlé  à  M.  le  prince  d'Orange 
sur  le  sujet  de  la  reyne  mère,  ainsy  que  je  vous  l'ay  desjà  mandé 
par  deux  fois,  il  est  à  propos  qu'il  adjouste  que  les  mauvais  esprits 
qui  sont  auprès  d'elle  veulent  tascher  ou  d'introduire  quelques  négo- 
ciations de  trefve  entre  M"  les  Estats  et  l'Espagne,  ou  au  moins  d'en 
donner  espérance  aux  Espagnols  et  soul)çon  aux  François,  [affin  de 
venir,  par]  tels  artifices  ordinaires  à  telles  gens,  à  leurs  fins,  qui  ne 
sont  autres  que  de  tromper  tout  le  monde  [et  agir  contre  la  France]. 
Il  dira  de  plus  que  nous  sçavons  d'ailleurs  que  les  Espagnols  veulent 
[aussy]  introduire  des  négociations  secrettes  aux  mesmes  fins  de  la 
trefve,  et  que  leur  prétention  est  de  ravoir  le  Brésil,  Mastrich  et  un 
passage  sur  le  Rhin,  moyennant  une  somme  notable  d'argent.  [Mais 
(|ue  sçachant  que]  M.  le  prince  d'Orange  est  prince  de  parole  [et  de 
foy,  et,  de  plus,  que  luy]  ayant  desjà  respondu  que  M"  les  Estats  ne 
sont  pas  capables  d'entendre  à  de  telles  conditions,  nous  [ne  craignons 

'  Celte  pièce  commence  au  verso  du  pre-  ainsy  ;  mais  bien  les  luy  remettre  entre  les 

mier  feuillet;  au  recto,  il  s'agit  de  toute  mains,  pour  qu'il  les  garde  jusqu'à  ce  que 

autre  chose  :  •  Il  y  a  encore  un  extraordi-  nous   ayons  asseurance   qu'ils   laisseront 

naire  de  Flandres  à  Paris,  mandait  Riche-  passer  les  nostres  en  Italie.  —  Le  nonce 

lieu  à  Chavigni  ;  je  ne  sçay  si  vous  avés  verra  dans  ce   procédé  le  respect  qu'on 

donné  l'ordre  d'envoyer  tous  les  paquets  porte  au  pape. . .  • 

bien  fermez,  entre    les  mains  de  M.  le  '  Cherré  a  écrit  au  dos  :«  à  M .  de  Cha- 

Nonce,  et  de  lui  faire  dire  que  bien  que  vigny  pour  escrire  en  Hollande  ,  du  aa  sep- 

nous  peussions  les  ouvrir  pour  droit  de  tembre    i638.  »  (Voy.    p.    187   de  notre 

représailles  des  nostres  qu'ils  ont  pris  et  VI*  volume,  une   lettre  à    Chavigni,    où 

ouverts  en  Italie,  le  roy  n'en  veut  pas  user  celle-ci  est  annoncée.) 


792  LETTRES 

pas  que  les  desseins  des  Espagnols  puissent  réussir  en  ce  sujet.  Us  re- 
présentent encore  audit  s""  prince  d'Orange  qu'il  doit  bien  prendre 
garde  que ,  par]  les  voyes  indirectes  que  les  Espagnols  prendront  pour 
traitter  avec  M"  les  Estats,  ils  ne  gagnent  quelques  particuliers  par 
argent,  lesquels  s'y  iaisseroient  peut-estre  d'autant  plus  volontiers 
aller,  qu'en  ce  faisant,  ils  ne  croiroient  agir  que  contre  la  guerre, 
[bien  qu'ils  ne  puissent  incliner  à  la  trefve  à  de  mauvaises  conditions,] 
sans  faire  contre  leur  estât,  contre  M.  le  prince  d'Orange  et  contre 
leur  propre  seureté ,  estant  certain  que ,  si  on  le  détacbe  une  fois  de 
la  France,  on  les  perdra  aisément,  quand  on  voudra,  sous  divers 
prétextes,  [dont  les  Espagnols  ne  manquent  jamais,]  estant  destituez 
de  protection  [et  d'assistance]. 

M.  d'Estampes  pénétrera  autant  qu'il  pourra,  en  suitte  de  tels  dis- 
cours, quelles  peuvent  estre  les  pensées  de  M.  le  prince  d'Orange  et 
sa  fermeté  dans  les  liaisons  de  la  France. 

Pour  cet  elfect,  il  verra  quelles  sont  ses  pensées  en  général  pour  la 
guerre  de  l'année  qui  vient,  s'il  faict  de  grands  préparatifs,  et  en  quel 
ressentiment  il  est  des  malheurs  qui  luy  sont  arrivez  cette  année ,  et 
l'asseurera  que  le  roy  fera  de  plus  grands  efforts  qu'il  n'a  point  encore 
faicts,  et  mettra  ses  armées  en  meilleure  main  qu'il  n'a  faict  cette 
campagne,  qu'au  bout  du  compte,  ce  qui  doit  consoler  M" les  Estats, 
et  ce  qui  nous  console  nous-mesmes,  est  que  nous  n'avons  rien  perdu, 
mais  seulement  manqué  à  gagner. 

Ensuitte  M.  de  Chavigny  doit  encore  recommander  particulière- 
ment à  M"'  d'Estampes  de  faire  sçavoir  à  M"  des  Estats,  et  en  général 
et  en  particulier,  et  à  M""  et  à  Madame  la  princesse  d'Orange  et  à  tous 
ceux  à  qui  il  en  parlera,  le  contenu  aux  deux  mémoires  que  je  luy 
ay  envoyez  sur  le  sujet  de  la  Reyne  mère,  estant  important  que  tout 
le  monde  sçache  que  si  le  roy  ne  luy  faict  autant  de  bien  qu'il  désire , 
c'est  qu'elle  ne  se  met  pas  en  estât  de  le  recevoir  '. 

'  Nous  n'avons  point  ces  deux  mémoires,         mée  dans  la  lettre  précitée  du  cardinal  à 
mais  la  pensée  en  est  très-nettement  expri-        Chavigni.  (Voy.  notre  VI'  volume,  p.  187.) 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU. 


793 


NOTA. 

La  reine  mère,  ayant  résolu  de  quitter  P-ruxelles,  annonça  l'intention  de  se 
rendre  en  Angleterre'.  Dès  que  Richelieu  fut  informé  de  ce  dessein,  l'alarme 
le  prit,  il  fit  écrire  par  Chavigni  à  notre  ambassadeur  à  Londres,  de  représenter 
au  roi  delà  Grande-Bretagne  l'étonnement  qu'on  éprouvait  de  le  voir,  au  mo- 
ment où  il  annonçait  l'intention  de  se  lier,  plus  étroitement  avec  la  France,  per- 
mettre à  Marie  de  Médicis  d'aller  établir  à  Londres  le  foyer  de  ses  intrigues  ^.  La 
direction  que  prit  cette  princesse  par  la  Hollande  ajouta  aux  inquiétudes  du 
cardinal.  On  y  accueille  la  reine  mère  avec  honneur;  tout  le  monde  s'intéresse 
aux  malheurs  de  l'exilée.  Les  Etats  généraux  mandent  à  Richelieu  :  «  Nous  avons 
véritablement  recogneu  eu  la  reyne  un  si  sensible  amour  pour  le  roy  son  fils, 
tant  de  bonne  volonté  pour  ceux  qu'il  honore  de  sa  confiance,  et  de  peu  de  sou- 
venir de  ce  qui  s'est  passé  en  son  endroict. . .  Vostre  Éminence  aura  l'honneur  et 
la  gloire  d'avoir  contribué  plus  que  personne  à  une  solide  et  cordiale  réunion  entre 
les  personnes  de  la  famille  royale'.  »  Le  i3  septembre,  second  message  des  Etats; 
ils  envoient,  à  cette  occasion ,  un  ambassadeur  extraordinaire,  un  des  leurs,  le 
sieur  Knuyt.  (Pièce  2o4.)  La  princesse  d'Orange  écrit  à  son  tour  et  prend  avec  une 
chaleur  de  femme  la  cause  de  la  reine  mère*.  Le  prince  ajoute  son  intercession, 
sans  toutefois  oublier  sa  discrétion  d'homme  d'État  :  «  J'ay  enchargé  au  s'  Knuyt, 
que  les  Estais  ont  trouvé  à  propos  d'envoyer  en  France  pour  les  affaires  de  la 
reyne  mère  du  roy  très  chrestien ,  de  ne  proposer,  ny  faire  rien ,  en  cette  sienne 
négociation  ,  que  ce  qui  vous  sera  agréable,  et  se  gouverner  selon  ce  qu'il  plaira 
à  Vostre  Eminence  luy  en  ordonner.  .  .  *»  Celte  espèce  d'obsession  irrite  le  car- 


'  Le  Vassor,  qui  ne  va  jamais  aux  sources 
manuscrites,  dit  que  Marie  de  Médicis 
quitta  Bruxelles  sur  des  insinuations  se- 
crètes de  Bichelieu,  qui  lui  fit  conseiller 
d'aller  en  Hollande,  voulant  la  tirer  du 
pays  de  la  domination  d'Espagne,  afin  que 
le  roi  Philippe  ne  se  crût  plus  engagé 
d'honneur  à  la  protéger.  C'est  là  une  de 
ces  méprises  dans  lesquelles  lombe  fré- 
quemment Le  Vassor.  (T.  IX,  a'paxlie, 
p.  27,  éd.  in- 13.)  Sa  manie  de  conjec- 
turer, sa  prétention  à  deviner  les  inten- 
tions secrètes  lui  font  présenter  connue 
inspirés  par  Richelieu  des  faits  qui  étaient 
pour  ce  ministre  la  cause  de  vives  contra- 


riétés. Ici  c'est  le  contraire  de  ce  qu'ima- 
gine Le  Vassor  qui  est  vrai.  Le  cardinal 
trouvait  très-commode  d'alléguer  contre  la 
reine  mère  qu'elle  résidait  dans  un  pays 
en  guerre  avec  le  roi.  Le  séjour  de  Marie 
de  Médicis  dans  les  Pays-Bas  espagnols, 
en  réalité  sans  danger  pour  la  France ,  était 
le  meilleur  argument  qu'il  pût  faire  valoir 
contre  cette  princesse  auprès  du  roi  el 
devant  la  nation. 

'  Notre  VI"  voL  p.  lai,  i38. 

'  Arch.  des  Aff.  étr.  Hollande,  t.  20, 
pièce  198,  lettre  originale. 

'  Jbid,  pièce  2o5. 

'  Lettre  originale ,  1  7  sept,  (pièce  207). 


C\IIDIN.  Dï  HICHELItC.  —   VU. 


»oo 


794  LETTRES 

dinal  ^  il  perd  patience;  «la  lettre  de  M"  les  Estais  est  assez  impertinente,» 
écrit-il  à  Chavigni,  il  ne  veut  point  qu'on  leur  réponde.  Et  en  même  temps  il 
dépêche  lettres  sur  lettres  à  notre  ambassadeur,  M.  d'Estampes,  pour  luy  sug- 
gérer tous  les  arguments,  toutes  les  raisons  qu'il  doit  faire  valoir  en  Hollande, 
afin  de  justifier  la  conduite  tenue  à  l'égard  de  la  reine  mère.  Et  c'est  surtout 
dans  leur  propre  intérêt  que  notre  ambassadeur  est  chargé  de  représenter  aux 
États  et  au  prince  d'Orange  tous  les  inconvénients  pour  eux  du  séjour  de  Marie 
de  Médicis  en  Hollande^.  C'est  le  sujet  des  lettres  du  8  septembre^,  du  12*, 
du  i3  ^,  du  22  (la  présente  lettre),  du  10  octobre''.  Malgré  la  résolution  et  la 
fermeté  de  Richelieu,  malgré  sa  confiance  absolue  en  lui-même  et  son  dédain 
de  toute  opinion  qui  n'était  pas  la  sienoe  pour  la  conduite  des  grandes  affaires, 
il  tenait  pourtant  ici  à  sauver  les  apparences,  à  éloigner  de  lui  autant  que  pos- 
sible l'odieux  des  mauvais  traitements  infligés  à  la  reine  mère.  Sa  pensée  in- 
time et  inquiète  se  révèle  parce  mot  de  la  pi'ésente  lettre,  qu'il  a  répété  plusieurs 
fois  :  «  11  faut  que  tout  le  monde  sache.  »  Il  aurait  voulu  que  l'exil  de  Marie  de 
Médicis  parût  volontaire,  et  il  avait  fait  de  sorte  qu'elle-même  s'était  sauvée  à 
Bruxelles  lorsqu'on  lui  offrait  de  résider  eu  France.  Cette  princesse  une  fois  sortie  du 
royaume,  il  évitait  autant  que  possible  de  réveiller  le  souvenir  de  la  mère  du  roi; 
ce  qu'il  désirait  surtout,  c'était  un  exil  silencieux.  Tout  ce  bruit  qu'on  faisait  en 
Hollande  autour  d'elle,  toutes  ces  triomphales  ovations  qui  l'accueillaient  dans 
les  villes  où  elle  passait,  lui  causaient  une  poignante  irritation.  Dans  un  premier 
mouvement  de  dépit,  il  avait  déclaré  qu'on  ne  répondrait  point  aux  Etats;  mais 
quand  leur  ambassadeur,  le  s'  Knuyt,  s'en  retourna,  on  lui  donna  une  réponse 
où  se  trouvaient  résumés  tous  les  arguments  que  notre  ambassadeur  à  la  Haye 
avait  été  chargé  de  faire  entendre  aux  Etats,  au  prince  d'Orange  et  surtout  à  la 
princesse.  Nous  ne  donnons  qu'un  extrait  de  cette  pièce  ",  parce  qu'elle  est  im- 
primée dans  les  Mémoires  de  Richelieu  *,  et,  en  partie,  dans  {'Histoire  de  Louis  XIII, 
du  P.  Griffet".  Cette  réponse  fut  soigneusement  étudiée  dans  le  cabinet  de  Ri- 
chelieu :  à  côté  de  la  pièce  dont  nous  venons  déparier,  notre  manuscrit  conserve 
deux  autres  projets  de  réponse  faite  sur  le  même  thème;  l'un  en  brouillon,  de 

'  Notre  VI*  volume,   p.   187,  21   sep-  "  Notre  Vil' volume.  Supplément,  aux 

tembre.  Analyses. 

'  Au  supplément.  Analyses ,  à  la  date  du  '  Ci-après ,  aux  Analyses ,  date  du  1 8  oc- 

8  septembre.  tobre  16 38. 

*  A  M.  d'Estampes.  Notre  VU"  volume,  '  T.  X,  p.  àSi.  Vingt-cinq  pages  (463- 

aux  Analyses.        '  488)  y  sont  consacrées  à  ce  qui  se  passa 

A  Chavigni.  ÎNolre  VI'  volume,  16a.  alors  au  sujet  de  la  reine  mère. 

'  Ibid.  p.  i63.  '  T.  III,  p.  i58. 


DU   CARDINAL   DE  RICHELIEU. 


795 


la  main  de  Ghavigni,  où  c'est  le  roi  lui-même  qo'on  fait  parler;  on  y  insiste  da- 
vantage sur  les  griefs  du  cardinal,  et  nous  y  remarquons  ce  passage  :  «  J'ay  tous- 
jours  consuhé  avec  mes  confesseurs  ce  que  je  devois  à  la  reyne  ma  mère.  .  .  ils 
m'ont  tous  dit  que  je  devois  plus  à  mon  Estât  qu'à  ma  mère  ^  »  Dans  l'autre 
projet  de  réponse,  dont  nous  ne  trouvons  qu'une  mise  au  net,  de  la  main  d'un 
secrétaire  de  Ghavigni  ^,  le  commencement,  jusqu'au  mol  «  les  estrangers,  »  est 
identiquement  le  même  que  le  commencement  de  la  pièce  insérée  dans  les  Mé- 
moires de  Richelieu.  Du  reste,  l'on  s'y  étend  un  peu  plus  sur  les  liaisons  de  la 
reine  mère  avec  les  étrangers.  Ces  deux  derniers  projets  de  réponse  nous  pa- 
raissent avoir  été  abandonnés. 


CCXXIV. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  XXVI,  pièce  269.  — 
De  la  main  de  de  Noyers. 

MÉMOIRE 

POUR  M.  DE  CHAVIGNY. 

26  octobre  i638. 

Fault  escrire  à  M.  le  mareschai  d'Estrées  que  l'accident  qui  est 
arrivé  de  la  mort  de  M.  le  duc  de  Savoie  nouveau  '  debvroit  faire 
penser  à  ce  qui  peut  arriver  à  l'advenir.  On  estime  important  de  tas- 
cher  à  ramener  M.  le  cardinal  de  Savoie,  et  l'attacher  aux  intérests  de 
la  France.  II  faut  mesnager  cette  affaire  en  sorte  que  M.  le  cardinal 
Barberin,  ny  le  pape  n'en  sache  rien.  Le  premier  médiateur  qui  doit 
estre  employé  en  cest  affaire  est  M.  le  cardinal  de  Bagne,  ou  M.  Ma- 
zarin ,  qui  luy  doibt  représenter  que  maintenant  qu'il  n'y  a  plus  qu'une 
teste  qui  l'empeschc  d'estre  duc  de  Savoie ,  il  doibt  penser  à  se  pré- 
parer luie  entrée  paisible  à  une  telle  dignité,  si  le  cas  y  eschéoit. 


'  Arch.  des  Aff.  élr.  t.  XX,  pièce  aî6. 

'  Ibid.  pièce  227. 

'  Ce  fut  le  baron  de  Palluau  qu  on  char- 
gea, le  3o  octobre,  de  porter  le  compli- 
ment de  condoléance.  Exprimer  au  nom 
du  roi,  dit f instruction,  les  sentiments  de 
la  plus  vive  tendresse  pour  Madame.  Le 


roi  la  conjure  de  se  conserver  pour  le  fils 
unique  qui  lui  reste  et  qui  a  si  grand 
besoin  de  ses  soins  maternels.  «  Le  roy  ne 
peut  avoir  plus  grand  contentement  que 
d'employer  toute  sa  puissance  pour  la  def- 
fense  et  favantage  do  Madame.  »  Mise  au 
net,  pièce  178  du  vol.  cité  aux  sources. 


796  LETTRES 

Que  la  contiguïté  qui  est  entre  la  France  et  cesdits  estats  lui  doibt 
bien  faire  cognoistre  qu'il  ne  peut  jamais  les  posséder  paisiblement 
que  par  l'assistance  de  la  France  et  la  protection  du  roy. . .  qu'avec  l'as- 
sistance de  l'Espagne  il  ne  les  posséderoit  qu'en  guerre  et  en  misères 
par  conséquent. . .  traitter  cette  affaire  si  adroitement  «  que  ce  soit  le 
cardinal  de  Savoie  qui  soit  le  recherchant.  » 

Outre  ces  considérations  générales,  il  faut  luy  présenter  un  estât 
présent  où  il  trouve  son  compte. 

il  faudroit  à  cette  fin  qu'il  tirast  un  bon  partage  de  sa  maison  en 
quoy  Madame  l'obligeroit. 

Le  marier  en  France,  ce  qu'on  pourroit  faire  avec  M"*^  de  Bourbon  ', 
M.  le  prince  luy  donnant  quelque  belle  grande  terre  proche  de  Paris 
qui  luy  pourroit  servir  de  divertissement. 

Le  roy,  pour  le  bien  traitter,  luy  donneroit  une  pension  esgale  à 
celle  de  ses  princes  du  sang,  auxquels  il  donne  l"  escus  à  l'un  et  xl™  à 
l'autre. 

On  pourroit  mesme  encore  luy  donner  quelque  gouvernement  de 
province,  comme  le  Maine  ou  la  Touraine,  qui  sont  les  plus  beaux 
lieux  du  royaulme. 

Si  l'on  craint  «  les  appréhensions  pontificales  »  il  faudroit  que  le 
cardinal  Barberin  et  le  pape  ne  pussent  rien  pénétrer  de  cette  négo- 
ciation, et  alors  ne  faire  agir  que  M.  Mazarin  seulement,  à  condition 
de  n'en  parler  à  qui  que  ce  puisse  estre. 

'  Celle  qui  fut  plus  tard  M""  de  Lon-  écrivait  de  Turin,  le  5  novembre  :  «  11  est 
gueville.  On  avait  pensé  aussi  à  la  prin-  parti  de  Rome  vêtu  en  chevalier  de  Malte... 
cesse  Marie,  la  future  reine  de  Pologne.  Madame  et  ceux  qui  la  servent  sont  fort 
On  peutvoiraux  Analyses  (lettre  à  M.d'Hé-  en  peine  et  craignent  de  le  voir  arriver  ici 
mery,  du  26  octobre)  qu'on  parla  même  un  matin.»  Le  la  novembre,  le  roi  man- 
d'un  mariage  du  cardinal  de  Savoie  avec  dait  au  cardinal  de  le  faire  arrêter  s'il  en- 
la  duchesse  sa  belle -sœur.  Le  fait  est  que  trait  en  Piémont;  et  à  M.  de  Malisy  de 
ce  prince  ambitieux  était  un  véritable  em-  le  garder  à  Pignerol  si  on  l'y  menait, 
barras  pour  Richelieu,  qui  le  faisait  sur-  (Pièce  aga  du  ms.) 
veiller  de  près.  Le  cardinal  de  La  Valette 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  797 


CCXXV. 

Arch.  des  AIT.  étr.  Hollande,  t.  XX,  pièces  aa4  et  226.  — 
Minute  de  la  main  de  Clieiré. 

A  M.  LE  PRINCE  D'ORANGE. 

[27  octobre  i638.] 

Monsieur, 
...  M.  Kenut  dira  à  Votre  Altesse  les  propositions  qui  se  sont 
faites  entre  nous,  pour  faire,  l'année  qui  vient,  la  guerre  plus  heu- 
reusement que  nous  n'avons  pas  faict  celle-cy.  .  .  le  renvoyant 
au  plustost,  s'il  vous  plaist,  dans  peu  de  temps  ce  qui  se  devra  faire 
sera  si  bien  résolu  entre  nous  qu'il  ne  restera  plus  qu'à  l'exécuter  de 
part  et  d'autre.  Le  roy  y  est  extrêmement  bien  disposé  ;  j'apporteray 
pour  faire  réussir  ses  volontés  tout  ce  qui  deppendra  de  moy;  et  ayant 
sceu  par  ledit  sieur  Kenuit  la  passion  qu'a  Votre  Altesse  de  faire 
le  mesme,  je  ne  doute  point  que  nous  ne  réduisions  les  ennemis  à  en 
venir  à  des  termes  plus  raisonnables  que  ceux  auxquels  ils  sont  main- 
tenant. .  . 

Propositions  faites  entre  le  cardinal  de  Richelieu  et  le  s''  Kenuit  sur  les  moyens 
de  faire  utilement  la  guerre  Tannée  qui  vient'. 

Qu'on  entrera  en  campagne  à  jour  préfixe  sans  faillir,  et  de  si 
bonne  heure  qu'on  ne  puisse  estre  prévenu  par  les  ennemis  pour  les 
raisons  que  représentera  le  s'  Kenuit. 

Que  le  secours  que  le  roy  a  donné  cette  année  à  iM"  les  Estats  sera 
continué  pour  l'année  qui  vient*,  et  que,  dès  cet  hiver,  les  payements 
seront  si  bien  asseurez  qu'il  n'y  ayt  pas  lieu  d'en  douter. 

Que  nonobstant  le  paitage  de  la  Flandre  projette  entre  la  France 
et  M"  les  Estats,  si  M"  les  Estats  prennent  quelque  chose   en  cette 

'   L' ne  mise  au  net,  de  la  main  d'un  se-  '   Note  des   sommes  payées  par  le  s' 

crétaire  de  Chavigni,  est  au  fol.  220.  On  u        Heufft;  de  la  main  de  Clierré,  pièce  22.Î. 
mis  en  marge  :  •  27  octobre  i638.  »  (Manuscr.  cité  aux  sources.) 


798  LETTRES 

province,  ils  le  pourront  garder  pour  certain  temps,  conformément 
à  ce  qui  a  esté  résolu  sur  le  sujet  de  Dunkuerque. 

Que  le  roy  et  M"  les  Estats  composeront  une  armée  navale  de  cha- 
cun 3o  vaisseaux  pour  aller  faire  la  guerre  à  la  coste  d'Espagne,  tant 
par  mer  qu'en  mettant  pied  à  terre  dans  quelque  poste  qu'on  jugera 
pouvoir  estre  pris  et  gardé. 

Bien  qu'en  ce  dessein  Sa  Majesté  et  M"  les  Estats  doivent  fournir 
autant  de  vaisseaux  l'un  que  l'autre ,  Sa  Majesté  fournira  /i,ooo  hommes 
de  pied,  et  M"  les  Estats,  0,000  pour  mettre  pied  à  terre. 

Que  pour  faire  la  guerre  aux  Indes  occidentales,  si  la  compagnie 
ne  se  sent  pas  assez  forte ,  on  y  fera  entrer  des  particuliers  de  France 
aux  mesmes  conditions  que  poxu"  tous  les  autres  de  la  Compagnie 
jusques  à  5  ou  600™ w,  pour  luy  donner  moyen  de  faire,  l'année  qui 
vient,  quelque  entreprise  signalée,  pourveu  qu'on  soit  asseuré  qu'ils 
y  veuillent  employer  cet  argent. 

Que  la  response  au  présent  mémoire  sera  promptement  renvoyée , 
afin  que  chacun  pense  à  ce  qu'il  devra  exécutler  de  son  costé. 


ANNEE   1639. 


CCXXVI. 

Imprimée  :  Aubéry,  Mémoires,  V,  5o8.  —  Recueil  de  1696,  t.  II,  p.  110.  — 
Le  P.  GriflFet,  extrait,  Histoire  de  Louis  XIII,  t.  111,  192. 

A  MOÎVSIELR  DU  PONT  DE  COURLAY '. 

[Vers  le  mois  de  mars  1689  ?] 

J'ay  esté  importuné  de  tant  de  divers  lieux,  de  favoriser  la  demande 
que  vous  faites ,  de  certains  extraordinaires  que  vous  désirez  avoir  sur 

'  Nous  avions  d'abord  réservé  pour  les  norable  pour  le  caractère  de  Richelieu 
Analyses  cette  lettre,  déjà  publiée,  mais  manquât  à  ce  recueil.  —  Richelieu  n'écri 
nous  regretterions  que  ce  document  ho-         vait  guère  à  ce  neveu  qu'il  n  eût  quelque 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU.  799 

les  galères,  que  je  prends  la  plume  pour  vous  dire  que  je  ne  sçay 
sur  quoy  vous  fondez  vostre  prétention.  Je  ne  doute  pas  que  la  plus 
grande  raison  que  vous  ayez,  est  celle  de  vostre  nécessité;  mais 
comme  elle  est  causée  par  vostre  seul  mauvais  ménage,  je  ne  suis 
pas  résolu  d'importvmer  le  roy  pour  y  remédier.  Je  croy  que  vous 
sçavez  bien  que  les  droits  de  vostre  charge,  à  la  rigueur,  ne  sont 
que  de  dix  huit  mil  livres,  de  façon  que  le  surplus  que  vous  en  tou- 
chez, qui  monte  jusques  à  quarante  huit  mil  livres,  est  un  extraordi- 
naire que  vous  recevez  par  avance  ;  ce  qui  fait  que  si  on  vous  en  don- 
noit  encore  un  autre,  tel  que  vous  le  demandez,  ce  seroit  tirer  d'un 
sac  deux  moutures. 

Au  reste,  si  on  permettoit  aux  chefs  des  charges  d'en  demander  les 
deniers  revenans  bons,  ce  seroit  leur  donner  lieu  d'en  faire  tout  autant 
que  bon  leur  sembleroit,  et  empescher  par  ce  moyen  que  le  roy  ne 


réprimande  à  luy  faire,  et  il  n'en  ména- 
geait pas  les  termes.  On  peut  voir  les 
lettres  des  6  juin,  lo  juillet,  ao  et  a6  août 
i636.  —  Les  imprimés  n'indiquent  point 
la  date  de  In  présente  lettre;  serait-elle  des 
premiers  mois  de  1639?  'uars  peut-être. 
[iOrsqu'elle  fut  écrite,  Dupont  de  Courlay 
était  encore  général  des  galères,  et  Ri- 
chelieu lui  ôla  ce  commandement  pour  le 
donner  à  un  autre  neveu  au  mois  d'avril 
1689  :  •  J'envoie  le  marquis  de  Brezé 
pour  commander  les  galères  celte  année ,  » 
écrivait-il  au  prince  de  Condé,  le  a8.  11 
est  vraisemblable  que  c'était  la  suite  du 
mécontentement  que  le  cardinal  exprime 
dans  cette  lettre.  Ajoutons  que ,  cette  année 
1639,  Richelieu  eut  plus  encore  qu'à  l'or- 
dinaire à  .se  plaindre  de  ce  neveu,  qu'ai- 
grissait la  perte  de  son  commandement. 
Le  10  juillet,  Boutliilliers  mandait  à  de 
Noyers,  de  la  part  de  la  duchesse  d'Aiguil- 
lon, qu'elle  le  priait  de  s'occuper  des  dé- 
plorables affaires  de  son  frère.  Le  3  août , 


nouvelle  lettre  de  Boutliilliers  à  de  Noyers  : 
«  Si  vous  ne  faites  que  M.  le  cardinal  mette 
la  dernière  main  à  l'affaire  de  M.  le  mar- 
quis Dupont ,  je  ne  vois  pas  qu'il  en  puisse 
sitost  sortir,  et  peut  estre  point  du  tout. . . 
Vous  savés  que  cette  partie  est  pour  payer 
quelques-uns  de  ses  créanciers  de  Paris 
qui  pressent  à  outrance  ceux  qui  ont  res- 
pondu  pour  luy ...  il  ne  touche  pas  un 
leston,..,  sa  \Tiisselle  d'argent  est  en 
gage  à  Avignon.  .  .  •  et  enfin,  le  ai  oc- 
tobre, la  duchesse  d'Aiguillon  écrivait  à 
Chavigni  que  son  chagrin  des  extrava- 
gances de  son  frère  était  tel  qu'elle  ris- 
quait d'en  perdre  la  tèle.  On  peut  lire  une 
partiede  celte  lettredans  notre  VI*  volume, 
note  a  de  la  page  607.  —  Richelieu  dut 
être  singulièrement  importuné  de  cette 
affaire,  dont  se  mêlaient  à  la  fois  Bouthil- 
her,  de  Noyers,  Cliavigni,  Bullion,  la 
duchesse  d'Aiguillon,  et,  sans  doute, 
d'autres  encore.  (Voyez  la  note  de  1* 
page  /j8a  de  notre  V  vol.) 


800  LETTRES 

fut  servy.  Si  vos  galères  avoient  toutes  esté  à  la  mer,  ainsi  qu'on  le 
proposoit  lorsqu'on  fit  le  fonds,  et  qu'il  y  eut  des  deniers  revenans 
bons,  en  ce  cas  on  pourroit  faire  en  sorte  auprès  du  roy  de  vous  faire 
accorder  quelque  gratification;  mais  n'y  en  ayant  eu  qu'une  partie, 
et  qui  encore  n'y  ont  demeuré  que  fort  peu  de  temps,  il  ne  seroit 
pas  raisonnable  que  le  fonds  qui  reste  entre  les  mains  du  thrésorier 
soit  employé  de  cette  sorte,  et  je  vous  déclare,  par  cette  lettre,  que 
vous  n'aurez  jamais  de  gratifications  sur  telle  nature  de  deniers. 

Je  vous  prie  aussi  de  vous  détromper  de  la  pensée  que  vous  avez, 
que  vous  puissiez  jamais  disposer  des  deniers  de  vostre  charge,  au- 
trement que  conformément  à  Testât  du  roy,  qui  vous  en  sera  envoyé.  Je 
n'en  use  pas  autrement  en  la  charge  de  la  mer,  et  tous  les  chefs  des 
charges  en  font  ainsi.  Je  ne  sçay  sur  quel  fondement  vous  prétendriez 
avoir  plus  de  prérogative.  La  seule  chose  que  vous  avez  à  faire  est 
de  régler  vostre  maison  en  sorte  que  vous  puissiez  vivre  de  ce  que 
vous  avez.  Si  estant  à  Marseille  vous  ne  pouvez  subsister  de  cinquante 
mil  livres,  tout  le  bien  du  monde  ne  vous  suffiroit  pas.  Une  des  pre- 
mières choses  que  vous  avez  à  retrancher  en  vostre  despense  est 
l'extraordinaire  du  papier  et  des  courriers.  Je  suis  si  las  de  vous  voir 
faire  des  propositions  de  réformation,  sans  en  voir  aucune,  que  je 
vous  prie  de  ne  me  repaistre  plus  de  telles  espérances.  Cependant  je 
vous  asseure  que,  pourveu  que  vous  changiez  de  vie,  je  suis  encore 
tout  prest  d'oublier  tout  le  passé. 


CCXXVII. 

Arch.  de  Condé.  Communication  de  M^'  le  duc  d'Aumale. 

A  M.  LE  PRINCE, 

27  avril  lôSg. 

Monsieur,  Rencontrant 

cette  occasion  de  M-^  le  Comte  de  Toulouzon,  j'ay  estimé  en  devoir 
proffiter  pour  vous  faire  sçavoir  le  cours  des  nouvelles  du  monde, 
qui  est  tel  qu'il  s'ensuit  : 


DU   CAHDINAL  DE  RICHELIEU.  801 

Le  Ro^,  après  avoir  eu  trois  accez  de  ficbvre  tierce,  se  porte  forl 
bien,  grâces  à  Dieu,  et  en  est  entièrement  deslivré.  Monsieur  le  daufin 
est  aussy  en  parfaite  santé. 

Les  progrez  inopinez  que  les  ennemis  ont  faicts  en  Italie  ont  obligé 
le  Roy  à  y  envoier  M'  de  Longueville  avec  i  o  régiments  et  deux  mile 
chevaux. 

M'  le  Grand  m"  de  l'artillerie  entrera  dans  quatre  jours  dans  le 
pays  enneniy. 

L'armée  de  M"'  de  Fequières  est  en  estât  de  voir  ce  que  les  ennemis 
feront  pour  se  conduire  ainsy  que  l'occasion  le  requierra. 

Nous  gai'dons  M""  de  Cliastillon  pour  l'arrière  saison.  ' 

M"'  le  Comte  de  Harcourt  est  party  pour  l'armée  navale  de  Levant. 

J'envoie  le  marquis  de  Brezé  pour  commander  les  galères  cette 
année. 

M""  de  Weymar  est  plus  satisfait  de  la  France  que  jamais,  et  plus 
ardent  a  bien  faire. 

Les  Hollandois  seront  en  campagne  le  dixiesme  du  mois  de  may. 

Banier  fait  merveilles  en  Allemagne. 

Voilà  au  vray  ce  que  je  sçay  des  affaires. 

Reste  à  vous  à  agir  maintenant  selon  que  vous  l'estimerez  plus  à 
propos. 

Cependant  M'  de  Bordeaux,  ayant  ordre  de  mettre  à  la  voile  pour 
aller  voir  ce  qu'il  pourra  faire  dans  les  costes  d'Espagne,  je  croy,  Mon- 
sieur, que  le  meilleur  dessein  que  vous  puissiez  prendre,  est  d'exé- 
cuter le  premier  que  vous  avez  projette,  d'entrer  dans  le  Roussillon. 

En  ce  cas,  vous  aurez  M"  d'Alluin,  d'Arpajon,  Argencourt  qui  m'a 
promis  de  faire  des  merveilles,  Lecques  et  Espenan,  si  vous  voulez, 
pour  agir  sous  vous.  M"  de  Gramont  et  d'Alluye  suffisant  avec  quatre 
mile  hommes  et  quatre  à  cinq  cens  chevaux  pour  garder  la  frontière 
de  leur  costé. 

Tout  est  remis  à  vostre  jugement,  et  je  vous  asseure  que  je  feray 
ce  que  je  doibts  pour  faire  valoir  vostre  zèle,  vostre  affection  et  vos 
services.  Surtout  je   vous  conjure  autant  que  je  le  puis  de  gagner 

C.\BDIN.  DE  RICHELIEU.  VII.  101 


802 


LETTRES 


temps,  et  de  croire  qu'en  matière  d'entreprises  la  diligence  et  le  se- 
cret sont  l'àme  des  bons  succez.  Je  m'asseure  que  vous  observerez 
l'un  et  l'autre,  et  sur  ceste  créance  je  vous  suplie  de  croire  que  je  suis 
et  seray  tousjours, 

Monsieur, 


De  Ruel,  ce  2 7'' avril  1689. 


Vostre  bien  humble  et  très  affectionné  serviteur. 
Le  Gard.  DE  RICHELIEU. 


MENTION  DE  PLUSIEURS  NEGOCIATIONS  ET  ME.MOIRES. 

Arch.  des  AIT.  étr.  Allemagne,  t.  XV,  pièce  176.  —  Minute. 


.639. 


«  Divers  projets  selon  lesquels  ou  peut  accommoder  les  différends  qui  sont 
entre  la  France  et  la  maison  d'Autriche  '.  » 

Il  est  dit,  en  marge,  que  ces  projets  seront  remis  aux  plénipotentiaires  et 
envoyés  à  l'assemblée  de  la  paix ,  «  afin  qu'ils  ayent  une  idée  de  ce  qui  pourroit 
estre  fait,  sans  pouvoir  de  Hen  conclure.  • 

Il  y-a  six  projets. 

Substance  du  «  premier  party.  » 

Le  roi  retiendra  la  Lorraine.  —  Pignerol  demeurera  entre  les  mains  de  Sa 
Majesté.  —  Le  roi  tiendra  garnison  dans  la  ville  et  la  citadelle  de  Casai,  ainsi- 
que  les  Espagnols  Ibnt  à  Sabionnette,  Piombino,  Corregio  et  autres  lieux  [«  qui  ne 
leur  appartiennent  pas,  et  dont  on  pourroit  plus  justement  demander  la  resti- 
tution aux  princes  auxquels  ces  places  appartiennent  que  celle  de  Casai,  veu 
que  Casai  a  esté  volontairement  mis  entre  les  mains  du  roy  par  feu  Mons''  de 
Mantoue,  et  que  son  petit  fils  n'est  pas  en  aage  de  conserver  une  place  de  ceste 
importance.  »  —  Le  duc  de  Mantoue  jouira  de  tous  ses  droits.  —  «  Le  roy  gardera 
toutes  les  places  conquises ^J  tant  es  Pays-Bas  que  Luxembourg,  Bourgoigne, 


'  Depuis  plus  de  trois  ans  on  s'occupait 
de  la  future  assemblée  de  Cologne,  que 
tout  le  monde  paraissait  désirer,  et  à  la- 
quelle chacun,  selon  ses  intérêts,  appor- 
tait des  entraves.  Bien  que  ces  négocia- 
tions soient  restées  sans  résultat  du  vivant 
de  Richelieu,  elles  méritent  dès  ce  mo- 
ment l'attention  de  l'histoire ,  et  sont  d'une 


importance  véritable  pour  l'histoire  parti- 
culière du  cardinal ,  puisqu'on  y  découvre 
sa  pensée  sur  le  traité  de  Westphalie  dont 
ces  négociai  ions  sont  les  préliminaires. 
(Voy.  notre  tome  V,  p.  706  et  passim.) 

'  Le  passage  enfermé  entre  crochets  est 
une  addition  marginale  de  la  main  de  Ki- 
chelieu. 


'  DU   CARDINAL   DE  RICHELIEU.  803 

Roussillon ,  Alsace  et  Allemagne.  »  —  Trouver  des  tempéraments  pour  Cata- 
logne et  Portugal. 

Les  cinq  autres  projets  reproduisent  le  premier  avec  quelques  modiflcations; 
à  la  marge  du  sixième  projet,  nous  lisons  :  «  Ce  party  est  proposé  pour  n'obmettre 
aucune  chose  qui  semble  pouvoir  establir  le  repos  dans  la  Xpienté,  afin  que  s'il 
estoit  du  tout  impossible  de  faire  présentement  une  paix,  on  voye  si  on  pourra 
plus  aisément  parvenir  à  faire  une  Irefve  non  manifestement  captieuse  comme 
sont  toutes  celles  de  peu  de  durée  que  les  Espagnols  ont  proposées ,  non  pour 
faire  cesser  les  troubles  de  la  Xpienté,  mais  pour  se  mettre  en  estât  de  les  recom- 
mencer plus  que  jamais .  .  .  • 

Et  puis  on  paraît  désespérer  de  parvenir  à  s'entendre.  «  A  la  suite  de  tous  ces 
projets  (dit  une  dernière  page,  cotée  178),  après  les  avoir  bien  considérez,  on 
peut  dire  avec  vérité  que  maintenant  on  n'en  sçauroit  faire  aucun  qui  ne  soit 
chimérique,  parce  que  les  affaires  ne  sont  pas  en  estât  qu'on  puisse  trouver 
un  tempéramment  par  lequel  elles  puissent  estre  justement  composées.  .  .  Elles 
sont  à  présent  trop  avantageuses  pour  la  France  et  ses  alliez.  .  .  et  elles  ne  vont 
pas  encore  assez  mal  pour  la  maison  d'Autriche.  .  .  » 

Ce  volume  d'Allemagne  contient  grand  nombre  de  pièces  relatives  à  ces  futures 
négociations,  nous  en  indiquons  quelques-unes  auxquelles  Richelieu  a  eu  plus 
ou  moins  de  part  :  \ 

■  Instruction  donnée  aux  s"  Mazarin  et  comte  d'Avaux,  choisis  parSa  Majesté 
pour  estre  ses  ambassadeurs  plénipotentiaires  en  la  négociation  de  la  paix  »  di- 
visée en  24  sections. 

C'est  une  première  mise  au  net,  de  la  main  de  Cherré,  devenue  minute  par 
grand  nombre  de  corrections  interlinéaires,  d'additions  aux  marges,  de  feuillets 
intercalés,  de  la  main  de  Riphelieu  et  de  celle  de  Charpentier  {pièce  i52).  Elle 
se  termine  ainsi  :  ■  Si  les  Espagnols  veulent  ensuite  se  mesler  des  affaires  de 
quelques-uns  des  mescontens  de  France,  il  faut  faire  cognoistre  aux  ambas- 
sadeurs que  leur  prétention  est  tellement  contre  le  droit  des  gens  qu'elle  mérite 
pluslost  une  risée  qu'une  response.  • 

Et  à  la  marge,  Richelieu  a  écrit  cette  liste  :  «Elbœuf.  —  La  Valette.  — 
Vendosme.  —  Soubise.  —  La  Vieuvilie.  —  Le  Coigneux.  —  Saucour.  —  Baron 
du  Bec.  —  Saint-Aulnais.  —  Monsigot.  » 

Une  nouvelle  mise  au  net,  cotée  i88  (35  feuillets),  de  la  main  d'un  commis, 
où  se  trouvent  encore  quelques  corrections  de  l'écriture  ronde  de  Charpentier  et 
de  la  main  du  cardinal,  qui  a  mis  en  tête  :  Brouillard. 

A  la  suite  de  celte  instruction  il  s'en  trouve  une  autre,  non  cotée,  intitulée  : 

•  Instruction  particulière  pour  terminer  les  différens  d'entre  la  France  et  la 


804  LETTRES 

maison  de  Savoie.  »  Il  s'agit  d'une  précaution  diplomatique  :  «  Faire  couler,  dans 
le  traité  général,  qu'il  n'y  est  point  parlé  des  diflcrens  meus,  ou  à  mouvoir, 
entre  la  couronne  de  France  et  la  maison  de  Savoie.  .  .  ou  sujet  des  droits  que 
le  roy  a  sur  les  Estats  du  duc.  »  Pièce  de  la  main  de  Charpentier,  avec  quelques 
corrections  de  Richelieu,  qui  a  aussi  écrit  le  titre. 

Nous  trouvons  ensuite  un  mémoire  sur  cette  question  : 

«Sravoir  s'il  faut  faire  la  paix  en  renonçant  aux  anciens  droits  de  la  France, 
ou  non. » 

Ce  mémoire  traite  desdits  droits  sous  les  diverses  rubriques  :  •  Navarre. —  Ca- 
talogne. —  Roussillon.  —  Flandre.  —  Hesdin.  —  Duché  de  Bourgoigne.  — 
Droits  sur  le  comté  de  Bourgoigne.  —  Milan.  —  Naples.  —  Sicile.  »  Après  ce 
dernier  titre,  rien  n'est  écrit;  seulement,  à  la  marge,  Richelieu  a  mis  :  «Il  faut 
laisser  trois  pages  blanches.  » 

Dans  ce  mémoire,  on  range  en  trois  classes  les  droits  du  roi  : 

«Ceux  auxquels  il  n'y  a  point  renonciation; 

«Ceux  auxquels  nos  roys  ont  renoncé;  " 

«  Ceux  auxquels  nos  roys  ont  renoncé  par  des  traictés  qui  sont  nuls.  • 

Cette  pièce  de  dix-neuf  feuillets,  cotée  189,  est  d'une  écriture  que  nous  ren- 
controns quelquefois;  on  y  remarque  des  corrections  de  la  main  du  cardinal. 

Nous  avons  trouvé  dans  les  manuscrits  d'Espagne,  t.  XIX,  fol.  417,  le  pre- 
mier brouillon  de  ce  mémoire  sur  lequel  il  suiïit  de  jeter  un  coup  d'œil  pour  se 
convaincre  que  nous  avons  là  l'œuvre  propre  de  Richelieu  :  c'est  un  cahier  de 
i3  feuillets  in-fol.  rempli  de  ratures,  de  renvois,  de  corrections,  d'espaces 
laissés  en  blanc;  écritures  de  Charpentier,  de  Cherré,  de  Citoys,  d'autres  encore, 
et  à  tout  moment  apparaît  celle  de  Richelieu  ;  c'est  un  curieux  spécimen  de  son 
travail  personnel. 


NOTA. 

Avant  de  quitter  l'année  1689,  indiquons  quelques  documents  relatifs  aux 
opérations  militaires  dont  cette  année  a  été  remplie  et  qui  témoignent  du  soin 
que  prenait  toujours  Richelieu  de  préparer  une  campagne  longtemps  à  l'avance. 
Nous  trouvons  aux  Affaires  étrangères,  dans  le  XIIP  volume  des  Pays-Bas,  une 
pièce  intitulée  :  Project  des  desseins  de  la  campagne  de  1639.  «Tous  les  desseins 
du  costé  de  Picardie,  écrit  Richelieu,  aboutissent  ou  à  Saint-Omer,  Gravelines 
et  Bourbourg;  Arras,  Hédin ,  Cambray  ou  Valenciennes.  »  Et  le  cardinal  examine 
les  inconvénients  ou  les  avantages  de  chacune  de  ces  entreprises.  Le  mémoire 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  805 

est  terminé  par  ces  deux  lignes  :  «Reste,  après  beaucoup  de  diffîcultez,  au  roy 
à  prendre  la  résolution  qu'il  luy  plaira.  ■■  La  pièce,  écrite  par  Cherré,  est  clas- 
sée, dans  ce  XIII"  volume  non  coté,  au  commencement  de  Tannée  lôSg.  Les  mss. 
de  la  Bibliothèque  nationale  nous  fournissent,  sur  ce  même  sujet,  des  informa- 
tions que  nous  nous  bornerons  à  noter  en  indiquant  seulement  les  titres  : 

«  On  peut  faire  quatre  desseins  :  ou  de  Gravelines ,  ou  de  Saint  Orner,  ou  Aire, 
ou  Arras.  »  —  •  Pour  le  dessein  de  Saint-Omer.  •  —  «  Instruction  pour  le  dessein 
d'assiéger  Gravelines.  »  —  «  Instruction  pour  le  siège  d'Arras.  »  —  «  Aire  ;  ordre 
pour  l'attaque  du  costé  de  Flandres.  •  —  «Fautes  commises  au  siège  de  Sainl- 
Omer  et  les  remèdes;  advis  pour  faire  led.  siège.  »  —  •  Autre  instruction  pour 
le  dessein  d'assiéger  Saint-Omer.  • — [Cinq  cents  Colbert,  t.  XLV,  fol.  79,  81  v°, 
82,83,  83  v°.— Sainl-Germain-Harlay,  3A6,  t.  I,  fol.  84.  84  v°,  85,  85  v°,  86.) 

On  ne  saurait  donner  ces  pièces  pour  l'œuvre  de  Richelieu,  mais  il  y  a  cer- 
tainement mis  la  n)ain,  ainsi  que  l'indiquent  les  sources  d'où  elles  proviennent. 
Conservées  en  copie  dans  les  manuscrits  de  Colbert  et  de  Harlay,  on  a  eu  soin 
de  constater  leur  origine  par  ces  notes  :  «  Minute  originale  de  la  main  de  Cherré,  • 
ou  •  minute  originale,  partie  de  la  main  de  Cherré ,  partie  du  C.  de  R. ,  »  ou  bien  : 
•  minute  originale  de  la  main  de  M.  de  Noyers,  partie  de  la  main  du  C. ,  »  ou  en- 
Qn  :  «minute  originale,  partie  de  la  main  de  chirurgien  du  C.  de  R. ,  partie 
de  la  main  dud.  cardinal.  » 

Il  convient  de  rappeler  ici  la  pièce  que  nous  avons  donnée  p.  269  de  notre 
VI' volume,  autre  preuve  de  celte  sage  prévoyance  de  Richelieu;  il  s'en  félicitait 
lui-même,  non  sans  un  mouvemenlde  satisfaction  vaniteuse,  assurément  bien  jus- 
ti6é,  lorsque,  s'adressant  au  roi  dans  la  succincte  narration^,  il  écrivait  :  «  Les  pré- 
paratifs de  l'année  i64o  étonneront  sans  doute  la  postérité,  puisque,  lorsque  je 
les  remets  devant  les  yeux,  ils  font  le  mesme  effect  en  moy,  bien  que,  soubz 
voslreaulhorité,  j'en  aye  esté  le  principal  auteur.  » 

Les  documents  de  cette  espèce  ne  sont  pas  inutiles  à  l'appréciation  d'un  des 
points  de  l'histoire  de  Richelieu;  c'est  un  jour  ouvert  sur  un  côté  de  sa  vie. 

'  Celte  succincte  narration  a  été  impri-  politique,  restée  inconnue  aux  premiers 

mée  à  la  suite  de  l'Histoire  de  Louis XJII,  éditeurs;  Foncemagne,  dans  son  édition 

d'après  un  ms.  des  Cinq  cents  Colbert ,  donnée  quelques  année»  après ,  a  pu  corn- 

par  le  Père Griffel;  ce  Père  s'est  aperçu  que  pléler  ainsi  ce  premier  chapitre, 
—c'était  la  suite  du  i"  chapitre  du  Testament  ' 


806  LETTRES 


ANNEE   1640. 


NOTA. 


Nous  avons  donné  dans  notre  Vl°  vol.  p.  689  et  suiv.  un  résumé  delà  situation 
des  affaires  entre  la  France  et  le  Piémont  dans  l'année  1689;  on  a  vu  la  coalition 
des  deux  frères  du  feu  duc  de  Savoie  contre  la  duchesse,  leur  belle-sœur,  et  sœur 
de  Louis  XIIL  Le  prince  Thomas  et  le  cardinal  de  Savoie  étaient  maîtres  à  Tu- 
rin ,  et  des  négociations  avaient  été  entamées  principalement  avec  le  premier, 
plus  ardent  dans  sa  haine  contre  la  France  et  plus  étroitement  lié  avec  les  Es- 
pagnols, au  service  desquels  il  était  en  sa  qualité  de  général.  On  a  vu  que  le  sieur 
Masserati,  homme  appartenant  au  prince  Thomas,  était  l'agent  de  ces  négocia- 
tions ,  qui  devaient  être  ignorées  des  Espagnols.  Le  mémoire  envoyé  par  le  car- 
dinal au  comte  d'Harcourt  le  22  novembre  (p.  609  du  vol.  précité)  montre  toutes 
les  complications  et  les  difficultés  de  ces  obscures  négociations,  dont  la  pénétra- 
tion de  Richelieu  lui  faisait  assurément  prévoir  le  peu  de  succès.  Aussi,  en  même 
temps  qu'il  s'efforçait  de  séparer  le  prince  Thomas  des  Espagnols,  il  essaya  se- 
crètement de  désunir  les  deux  frères  et  de  gagner  le  cardinal  de  Savoie,  dont  il 
espérait  avoir  meilleur  marché  que  du  prince  Thomas.  Il  lui  envoya  un  religieux 
qui,  sous  sa  robe  de  moine,  cachait  un  véritable  ambassadeur  politique. 

Pour  mieux  persuader  le  prince-cardinal,  Richelieu  employa  Mazarin,  tou- 
jours bienvenu  de  la  maison  de  Savoie.  Mazarin ,  alors  à  Rueil ,  accompagne  le 
religieux  d'une  lettre  en  italien  remplie  d'éloges  pour  «Il  Padre  di  Lisla  agosti- 
niano  scalzo,  persona  di  molto  merito.  "'La  lettre  est  conservée  en  copie  dans 
le  même  manuscrit  que  l'instruction,  fol.  l\!\. 


CCXXVIII. 


Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  3o,  fol.  2g.  — 
Copie  de  la  main  d'un  commis  de  Chavigni. 

MÉMOIRE  AU  PÈRE  DE  LISLE, 

S'EN  ALLANT  À    NICE. 

2  2  janvier  i64o. 
Tous  ceux  qui  désirent  le  bien  de  la  maison  de  Savoie  déplorent  la  situation 
où  l'a  mise  la  division  entre  la  duchesse  et  les  princes  ses  beaux-frères.  "  Le  roy 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  807 

ayant  eu  advis  que  M.  le  Cardinal  de  Savoie  n'est  pas  aliéné  de  la  France,  pense 
que  c'est  aud.  Cardinal  à  y  apporter  le  remède,  puisque,  après  le  jeune  duc,  la 
chose  le  touche  de  plus  près  :  le  prince  Thomas  ne  tend  qu'à  s'approprier  une 
partie  des  Estats  de  cette  maison,  et  il  est  assez  aveuglé  pour  ne  savoir  pas  que 
les  Espagnols  ne  se  servent  de  luy  que  pour  l'entière  ruine  de  lad.  maison,  et 
leurs  conquestes  ne  peuvent  estre  qu'au  préjudice  dud.  cardinal.  » 

Le  cardinal  de  Savoie  ne  peut  se  faire  un  establissement  solide  que  par  la  pro- 
tection du  roy,  et  le  P.  de  L'Isle  lui  proposera  les  conditions  suivantes  : 

Premièrement  le  roy  prendra  led.  sieur  cardinal  en  sa  protection 
envers  et  contre  tous. 

Le  maintiendra  dans  Nice  et  dans  les  autres  places  qui  sont  en  sa 
puissance,  en  sorte  néanlmoins  que  cela  ne  préjudicie  point  à  la  sou- 
veraineté de  M.  le  duc  de  Savoye  son  neveu. 

Et  au  cas  que  led.  duc  vint  à  manquer,  Sa  Majesté  l'assistera  en 
tout  ce  qui  despendra  d'elle,  pour  le  mettre  en  la  possession  et  jouis- 
sance de  ses  Estats. 

Que  led.  sieur  cardinal  estant  uni  avec  le  roy,  et  favorisant  les  des- 
seins de  Sa  Majesté  et  de  Madame,  il  aura  part  au  gouvernement 
selon  qu'il  en  sera  plus  particulièrement  convenu. 

Et  en  cas  que  Thurin  soit  repris  il  pourra,  s'il  veut,  y  aller  de- 
meurer avec  Madame. 

Que  le  roy  le  restablira  dans  ses  pensions,  et  d'abord  on  luy  en 
avancera  une  année. 

Que  s'il  désire  se  marier  en  France,  comme  luy  estant  une  chose 
importante,  pour  diminuer  la  considération  en  laquelle  sera  tousjours 
le  prince  Thomas,  s'il  n'a  point  d'enfans  pour  luy  succéder,  et  pour 
oster  le  prétexte  aux  Espagnols  de  protéger  ceux  dud.  prince  Thomas, 
lesquels  tout  le  monde  sçayt  estre  retenus  en  Espagne  avec  intention 
de  s'en  prévaloir  en  temps  et  lieu ,  Sa  Majesté  luy  fera  trouver  un 
party  en  France,  qui  respondra  à  sa  naissance,  et  dont  il  sera  satis- 
fait. 

Le  roy  s'obligera  à  ce  que  dessus  à  condition  que  M.  le  cardinal 
de  Savoye  promette  de  quitter  la  protection  d'Allemagne,  renoncer 


808  LETTRES 

aux  alliances  qu'il  a  contractées  avec  la  maison  d'Autriche  et  à  tontes 
autres  qui  pourroient  estre  préjudiciables  au  service  de  Sa  Majesté. 

Qu'il  donne  asseurance  de  favoriser  en  tout  ce  qui  despendra  de 
luy  les  desseins  du  roy,  qui  n'estant  que  pour  le  bien  de  l'Italie  en  gé- 
néral, et  pour  celuy  de  la  maison  de  Savoye  en  particulier,  led,  sieur 
prince-cardinal  y  est  plus  intéressé  que  Sa  Majesté  mesme. 

Que  les  gouverneurs  des  places  tenues  tant  par  Sa  Majesté  que  par 
led.  sieur  prince-cardinal  vivront  en  telle  intelligence  et  correspon- 
dance ensemble,  qu'ils  s'ayderont  réciproquement,  tant  pour  la  sub- 
sistance des  trouppes  communes,  que  pour  les  autres  choses  qui  re- 
garderont le  service  de  Sa  Majesté  et  dud.  sieur  prince-cardinal. 

Led.  sieur  cardinal,  pour  marque  de  la  sincérité  avec  laquelle  il  se 
détache  des  intérests  des  Espagnols,  pour  embrasser  ceux  de  Sa  Ma- 
jesté et  pour  luy  donner  moyen  de  faire  passer  des  troupes  en  Italie  par 
plusieurs  endroits,  remettra  présentement  entre  les  mains  de  Sa  Ma- 
jesté la  terre  et  le  chasteau  de  Revel,  pour  estre  tenu  en  dépost  par 
Sa  Majesté  tant  que  la  guerre  durera. 

Led.  sieur  cardinal  donnera  libre  entrée  et  sortie  aux  vaisseaux 
de  Sa  Majesté  dans  le  port  de  Villefranche  et  n'y  recevra  aucun  de 
ceux  des  ennemis  de  Sa  Majesté  et  de  leurs  adhérents. 

Il  faudra  faire  cognoistre  aud.  sieur  prince-cardinal  que  ce  traitté 
est  entièrement  avantageux  pour  la  maison  de  Savoie  et  pour  sa  per- 
sonne, d'autant  que  les  Espagnols  n'ont  autre  but  que  d'en  procurer 
la  ruine  pour  s'en  avantager,  et  que  la  France  en  doit  pour  son  propre 
intérest  désirer  la  conservation  et  l'avancement. 

Que  le  prince  Thomas,  flatté  des  espérances  de  s'establir  en  son 
particulier  par  le  moyen  des  Espagnols,  contribue  par  toutes  sortes 
de  moyens  à  leurs  progrès  dans  le  Piémont,  sans  s'appercevoir  qu'ils 
se  servent  de  luy  pour  l'entière  ruine  de  la  maison  de  Savoye, 
et  que,  quand  mesme  ils  feroient  part  de  leurs  conquesles  aud. 
s'  prince-cardinal,  cela  ne  peut  estre  qu'à  son  préjudice. 

Cette  iDslruction ,  que  nous  ne  trouvons  indiquée  nulle  part ,  achève  de  donner 


6U  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  809 

la  complète  intelligence  des  procédés  de  la  politique  de  Richelieu  à  l'égard  de  la 
maison  de  Savoie.  Cependant,  avant  que  le  P.  de  Lisie  eût  accompli  sa  mission, 
on  dut  apporter  certaines  modiflcations  dans  ces  instructions;  son  voyage  l'ut  in- 
terrompu ,  et  un  courrier  lui  remit  un  mémoire  où  Richelieu  lui  faisait  expliquer 
la  situation  nouvelle  des  affaires  dont  il  était  chargé. 

•  La  raison  qui  a  obligé  de  donner  ordre  au  P.  de  L'Isle  de  s'arrester  à  Lyon, 
et  dé  n'aller  point  jusques  à  Nice,  a  esté  parce  que  Madame  la  duchesse  de  Sa- 
voie avoit  fait  sravoir  au  roy  que  M.  le  cardinal  de  Savoye  désiroit  de  s'accom- 
moder sincèrement  avec  Sa  Majesté  et  avec  elle. . .  »  Il  est  donc  nécessaire  de  mo- 
difier sa  première  instruction ,  mais  «  il  se  servira  de  toutes  les  raisons  qui  es- 
toient  dans  lad.  instruction  pour  porter  led.  s'  cardinal  à  s'accommoder.  .  .  »  A 
la  même  date  notre  manuscrit  contient  divers  projets  de  conciliation  entre  les 
princes  et  Madame.  Parmi  les  diverses  pièces  relatives  à  ces  négociations,  nous 
donnons  la  suivante,  qui  appartient  plus  directement  à  Richelieu  ;  elle  est  datée 
du  2,3  février  iG4o. 


CCXXI.X. 
ADVIS  DU  ROY 

SDR  L'ACCOMMODEMENT  DES  PBINCES  DE  SAVOIE  ET  DE  MADAME  ROYALE. 

Il  n'y  a  rien  que  le  roy  désire  tant  qu'un  bon  accord  entre  Madame 
et  les  princes  de  Savoye,  tant  parce  que  c'est  le  bien  de  la  maison, 
que  parce  aussy  que  c'est  un  moyen  de  parvenir  à  la  paix,  privant  les 
Espagnols  des  avantages  qu'ils  ont  en  Italie  plus  par  l'intelligence 
(lesd.  princes  que  par  la  force  de  leurs  armes.  Mais  comme  Sa  Ma- 
jesté désire  passionnément  un  accord  raisonnable  cl  seur  pour  Ma- 
dame et  le  duc  son  filz,  elle  appréhende  extrêmement  qu'il  s'en  fa^e 
un  qui  n'ayt  autre  fin  que  la  perte  de  l'un  et  de  l'autre  sous  de 
belles  apparences.  —  Après  avoir  veu  tous  les  articles  du  traitté  pro- 
posé entre  Madame  et  les  princes  de  Savoye,  deux  choses  sont  prin- 
cipalement à  considérer.  .  . 

Quant  à  la  seurelé  de  la  personne  de  Madame  et  du  duc  son  filz, 
il  est  certain  qu'en  quelque  lieu  qu'elles  puissent  estre  conjoinctement 
avec  les  Princes,  elles  n'y  seront  jamais  en  seureté  veu  que  le  crédit 

CAnDI!).  DE  RICHELIEU.  —  VII.  102 


S!0  LETTRES 

des  princes  dans  leurs  estai/,  prévaudra  tousjours  à  celuy  de  Madame. 
Et  quand  mesme  les  gardes  de  Madame  et  du  duc  son  filz  seroient 
françoises  (ce  qui  ne  peut  estre  autrement  pour  avoir  aparence  de 
seureté),  encore  sera  il  à  craindre  que  l'industrie  desd.  princes  pré- 
valle  à  la  seureté  que  Madame  pourroit  avoir  de  telles  gardes. 

Partant,  le  meilleur  advis  et  le  seul  que  Madame  doit  prendre  est 
de  demeurer  en  Savoye  jusques  à  ce  que  l'engagement  des  princes 
avec  la  France  contre  les  Espagnols  soit  tel  qu'il  n'y  ayt  pas  lieu  d'en 
douter. 

Quant  aux  places,  il  est  à  considérer  que  si  Madame  change  les 
gouverneurs  qu'elle  a  mis  dans  celles  qui  luy  restent,  outre  que  c'est 
chose  indécente,  tout  l'avantage  sera  du  costé  des  princes,  parce  que 
Madame  ne  sçauroit  trouver  d'autres  gouverneurs  en  qui  elle  puisse 
avoir  tant  de  confiance  qu'en  ceux  qu'elle  a  establis.  Et  parce  que 
Madame  ne  peut  avoir  aucune  seureté  plus  grande  que  l'engagement 
de  ses  deux  beaux-frères  ou  du  cardinal  seul  avec  la  France,  c'est  à 
elle  à  prendre  garde  de  ne  faire  aucun  accord  avec  eux  que  con- 
joinctement  celluy  desd.  princes  avec  la  France  ne  se  fasse  aussy  en 
mesme  temps.  (Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  3o,  fol.  82;  mise  au  net 
de  la  main  d'un  commis  des  Aff.  étF.) 

Opendant  l'envoyé  de  Richelieu  put  accomplir  sa  mission,  qui  ne  fut  pas 
longue;  le  18  mars  il  mandait  à  Chavigni  :  •  Je  fus  inlroduil  dans  Nice  le  i3  au 
soir  et  en  sortis  le  i5  au  matin.  .  .  Il  n'y  a  pas  moyen  de  traitter  avec  un  prince 
sans  résolution;  il  vaudroit  mieux  traitter  avec  le  prince  Thomas;  celui-ci  est 
comme  insensible  au  bien  et  au  mal  selon  que  l'on  luy  persuade;  il  seroit  plus 
facile  de  le  gagner  avec  quelques  avantages.  »  C'est  le  résumé  de  cette  lettre 
signée  :  «  P.  Archange  de  Lisle,  Aug'°  déch.  indigne  »  (fol.  i84  du  ms.  précité). — 
Le  28  du  même  mois,  le  comte  d'Harcourl  mandait  de  Pignerol ,  aussi  à  Chavigni  : 
«Le  Moneti,  patrimonial  du  cardinal  de  Savoye,  est  allé  de  Nice  à  Turin,  et 
Ferragalli  est  passé  hier  revenant  du  mesme  lieu.  .  .  Le  prince  cardinal  de 
Savoye  ne  semble  pas  avoir  intention  réelle  de  s'accommoder  avec  Madame  n\ 
avec  le  roy.  . .  »  (fol.  i65).  Et  Richelieu  écrivait  officiellement  le  !\  avril  à  l'am- 
bassadeur accrédité  près  la  duchesse  de  Savoie  : 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  811 

CCXXX. 

M.  de  la  Court  doit  sçavoir  que  le  roy,  ayant  envoyé  un  bon  reli- 
gieux près  de  Ms'  le  cardinal  de  Savoye ...  Sa  Majesté  a  recogneu 
que  led.  s'  cardinal  n'a  autre  dessein  que  d'amuser  Son  Altesse  par 
concert  fait  entre  luy  et  le  prince  Thomas.  .  .  Il  doit  presser  Son  Al- 
tesse de  lever  le  masque. . .  d'exécuter  ce  qu'elle  a  promis  au  roy  pour 
Montmélian.  .  .  de  faire  un  examen  exact  de  ceux  qui  estant  auprès 
d'elle  sonfassez  lasches  pour  estrc  gagnez  par  les  promesses  ou  par 
les  menaces  de  ses  ennemis.  .  .  Suivre  les  conseils  que  ses  beaiix- 
frèrcs  luy  font  donner,  c'est  proprement  consentir  à  sa  perte .  .  . 

(Ici  Richelieu  nomme  les  personnes  dont  la  princesse  doit  prendre  ombrage, 
el  celles  à  qui  elle  peut  se  confier.) 

On  envoie  le  s'  Mondain  avec  de  l'argent.  .  .  Un  bruict  est  venu 
f|ue  Madame  a  retardé  lo  passage  des  troupes  qui  vont  en  Italie .  .  . 
Si  cela  est,  il  faut  qu'elle  soit  déclarée  contre  elle-mesme,  et  je  m'as- 
scure  que  M.  de  la  Court  n'oubliera  pas  de  l'exorciser  de  telle  sorte, 
qu'en  quittant  son  mauvais  esprit,  elle  ayt  suivy  celuy  que  la  raison 
doit  donner  à  tout  le  monde.  .  .  (Minute  de  la  main  de  Cherré, 
fol.  278.) 

Ci-'penilant  on  continuait  ces  négociations  qui  semblaient  aller  plus  lentement 
et  s'embrouiller  davantage  à  mesure  que  plus  de  monde  s'en  mêlait.  Nous  trou- 
vons dans  notre  manuscrit  (fol.  364)  une  pièce  datée  du  20  avril,  et  écrite  par 
un  secrétaire  des  Affaires  étrangères,  avec  ce  titre  :  «  Mémoire  donné  à  l'abbé  de 
la  Monta  s'en  retournant  en  Savoye.  »  Sans  reconnaître  tout  à  fait  dans  cette 
pièce  le  style  de  Richelieu,  nous  y  voyons  assurément  sa  pensée  et  ses  indi- 
cations; ou  y  lit  :  «Madame  a  envoyé  l'abbé  de  la  Monta  au  roy  pour  l'informer 
de  propositions  d'accommodement  avec  les  princes,  que  luy  faisoit  le  cardinal 
de  Savoye;  le  roy  ne  voit  pas  que  cette  nouvelle  proposition  avance  les  afi'aires, 
et  Sa  Majesté  juge  à  propos  que  l'abbé  de  la  Monta,  après  avoir  vu  Madame  à 
Chambery,  s'en  aille  ii  Nice  vers  le  prince  cardinal .  .  .  puisque  le  prince  Thomas 
veut  demeurer  ferme  avec  les  Espagnols,  c'est  au  card.  de  Savoye  de  se  retirer 


812 


LETTRES 


d'avec  luy  et  d'avec  eux .  .  .  luy  représenter  que  les  Espagnolz  l'amusent  et  ne 
^veulent  que  s'agrandir  de  la  ruine  de  leur  maison;  il  est  doue  de  son  avantage 
de  s'accommoder  promptement  avec  Madame  et  avec  la  France,  faisant  le  ma- 
riage proposé  entre  luy  et  la  princesse  de  Savoye » 

On  voit  par  plusieurs  lettres  de  Richelieu  dont  nous  donnons  l'analyse,  que 
ces  tentatives  d'arrangement,  aussi  vaines  que  multipliées,  se  traînèrent  ainsi  sans 
résultat  sérieux  jusqu'en  septembre,  lorsque  les  princes  vaincus  furent  obligés 
d'abandonner  Turin,  où  la  duchesse  de  Savoie  rentra  sous  la  protection  de  l'ar- 
mée française. 


CCXXXI. 

Arch.  des  aff.  étr.  Pologne,  t.  IV,  fol.  179. — 
Orig.  sans  signature,  de  la  main  de  Charpentier. 

A  CHAVIGNY. 

De  Rue! ,  ce  26  février  1 6/io  '. 

Je  suis  bien  aise  que  l'affaire  du  prince Cazimir soit  terminée^.  On 
ne  sçauroit,  à  mon  avis,  s'exempter  de  le  traitter;  soil  qu'il  demeure  à 
i'hostel  des  ambassadeurs,  soit  qu'on  le  loge  à  l'hostel  de  Schomberg, 
il  faut  faire  les  choses  honorablement  :  s'il  demeure  à  fhoslel  des 
aml)assadeurs,  il  est  besoin  de  luy  faire  promptement  bien  meubler 
un  appartement  et  le  traitter  par  présens,  ses  officiers  et  ceux  de  l'am- 
bassadeur estant  suffisants  pour  le  servir;  s  il  va  à  l'hostel  de  Schom- 
berg,, il  faudra  le  traitter  par  les  officiers  du  roy,  ce  qui  sera  un  peu 
plus  incommode^. 


'  Au  moment  même  où  l'on  s'occupait 
(le  rendre  la  liberté  au  frère  du  roi  de 
Pologne ,  on  apprenait  à  Saint-Germain  les 
dispositions  peu  amicales  de  ce  roi  pour 
la  France.  Richelieu  mandait  à  Chavigni 
le  22  février  :  «Je  viens  de  voir  par  la 
voye  des  espions  que  vous  sçavez  ,  que  le 
roy  de  Pologne  a  promis  aux  Espagnols 
la  levée  de  six  mil  chevaux  en  la  Pologne... 
Je  croy  qu'il  n'y  a  point  de  mal  de  luy  dire 


(à  l'ambassadeur  qui  était  venu  réclamei- 
la  liberté  du  prince  )  qu'en  Flandres  et 
en  Espagne  on  se  vante  d'une  telle  offre 
du  roy  de  Pologne.  .  »  (  Billet  de  quelques 
lignes,  sans  signature, de  la  main  de  Char- 
pentier; fol.  174  de  notre  manuscrit.) 

^  Voyez  ci-dessus,  p.  788. 

'  On  avait  à  cœur  de  lui  faire  oublier 
le  séjour  du  château  de  plaisance  de  Vin- 
cennes. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  813 

Quand  il  partira  d'icy,  j'estime  à  propos  que  S.  M.  iuy  donne  une 
espée  de  3  ou  4  mille  escus.  Pour  cet  efTect  Loppez  en  a  une.  Il  y  en 
a  d'autres  dans  Paris;  vous  mettrez  Mondain  en  queste  comme  si  c'es- 
toit  pour  l'envoyer  en  Savoye. 

Quant  à  l'affaire  du  prince  Palatin ,  le  temps  nous  fera  voir  ce  qui 
en  réussira  '. 

Je  seray  bien  aise  que  les  courriers  de  Hollande  et  d'Italie  soient 
partis. 


'  Notre  manuscrit  conserve  une  lettre 
de  Chavig'ni  à  M.  d'Avaugour,  datée  du 
dernier  mars ,  et  de  Ruel ,  écrite  sous 
les  yeux  du  cardinal,  il'est  question  d'une 
diète  qui  doit  se  tenir  prochainement 
à  Varsovie  ,  et  pour  laquelle  t  toutes  cho- 
ses ont  esté  ajustées  avec  M.  l'ambas- 
sadeur de  Pologne  Gosienski.  Le  prince 
Cazimir  et  Iuy  sont  partis  pour  retourner 
en  Pologne.  Le  prince  s'en  va  fort  con- 
tent du  bon  traitement  qu'on  Iuy  a  fait 
depuis  qu'il  est  sorty  du  chasteau  de 
Vincennes.  Il  a  esté  régalé  de  fort  beaux 
présents  et  particulièrement  d'un  diamant 
de  grand  prix ,  que  It  roy  lira  de  son  doigt , 
et  le  Iuy  donna.  —  On  va  commencer  à 
traitter  aussy  le  Palatin  ,  qui  a  esté  pareil- 
lement mis  hors  dudictchaste«u.  —  Toutes 
choses  sont  prestes  icy  pour  une  prompte 
campagne ,  dans  laquelle  le  roy  agira  puis- 
samment contre  les  ennemis.  •  (  Orig.  de- 
venu minute  à  cause  de  corrections.)  — 
L'envoi  d  un  ambassadeur  suivit  de  près; 
le  roi  signa,  à  Saint-Germain-en-Laye , 
le  7  avril,  l'instruction  du  baron  d'Avau- 
gour. 11  est  chargé  de  faire  remarquer  au 
gouvernement  de  Pologne  le  bon  traite- 


mentquele prince Gazimirareçu  en  France 
depuis  qu'on  a  eu  les  garanties  que  le  pro- 
cédé de  ce  prince  avait  rendues  nécessaires. 
L'ambassadeur  touchera  discrètement  au- 
près du  roy  et  de  la  diète  la  question  de 
•  l'éclaircissement  qu'il  est  besoin  de  don- 
ner à  la  Suède  sur  ce  qui  s'est  passé  en 
Livonie  ;  »  ainsi  que  le  fait  de  «  l'entre- 
vue du  roy  de  Pologne  avec  le  prétendu 
empereur,  •  d'où  il  prendra  occasion  de 
représenter  combien  serait  dangereux  pour 
la  Pologne  de  prendre  alliance  avec  la 
maison  d'Autriche,  «qui  n'a  autre  pensée 
((ue  de  s  insinuer  dans  le  royaume  de 
Pologne  afin  d'en  faire  comme  de  ceux 
d'Hongrie  et  de  Bohesme.  »  Développe- 
ment des  motifs  (ju'a  la  maison  d  Au- 
triche de  faire  perdre  aux  Polonais  leur 
liberté  et  le  droit  d'élire  leurs  rois.  — 
La  relation  de  l'ambassade  du  baron 
d'Avaugour,  mise  au  net  de  la  main  de 
son  secrétaire,  se  trouve  dans  ce  manus- 
crit, à  la  lin  de  l'année  i64o,  sa  commis- 
sion était  arrivée  à  Dantzig  le  8  mai ,  et 
il  était  de  retour  dans  cette  ville  le  3o  juin 

{fol.  242-256). 


814  LETTRES 


CCXXXII. 


Arcli.  des  Aff.  élr.  Turin,  t.  XXX,  fol.  280. 
il,  de  la  main  de 

A  MAZARIN. 


Original,  de  la  main  de  Cherré. 


De  Royaumont,  ce  6  may. 

Colniard,  la  France  a  gaigné  une  bataille  en  Italie;  trois  mile 
hommes  sont  demeurez  sur  la  place,  quatre  canons  et  la  moitié  du 
bagage  des  ennemis  sont  es  mains  des  victorieux. 

Cazal  n'est  pas  seulement  délivré,  mais  il  voit  l'orgueil  de  ceux 
qui  le  vouloient  perdre  sous  ses  pieds,  et  après  les  avoir  veus  remuer 
beaucoup  de  terre  pour  sa  ruine,  il  en  remue  à  son  tour  pour  les  faire 
jouir  du  dernier  office  qui  se  rend  aux  chrestiens,  bien  qu'ennemis. 

Le  Dieu  des  batailles  a  faict  ces  merveilles.  Je  le  suplie,  de  tout 
mon  cœur,  qu'après  avoir  donné  autant  de  victoires  à  la  France  qu'il 
en  faut  pour  réduire  les  authcurs  des  troubles  de  la  chrestienté  à 
consentir  à  son  repos,  il  veuille  se  rendre  Dieu  de  paix.  Ce  sont  les 
vœUx  de  celuy  qui  vous  aymera  toute  sa  vie  plus  que  vous  ne  méri- 
tez si  vous  ne  faites  des  merveilles  pour  vous  rendre  digne  de  la 
grâce  d'un  grand  roy  qui  vous  est  asseurée. 

Le  Gard.  DE  RICHELIEU. 

Je  ne  vous  saurois  dire  la  satisfaction  que  j'ay  de  M.  le  comte  d'Har- 
court  et  de  tous  ceux  qui  servent  en  l'armée  d'Italie. 


RELATION 

DE    L'ENTBEVUE    DE    M.    BRETH  ,    ENVOYÉ    D'ESPAGNE,    AVEC    M.    I.E    CARDINAI,. 

i3  juin  i64o. 

Ici  apparaît  un  nouveau  personnage  dans  les  négociations  souterraines  que  le 
cardinal  faisait  marcher  parallèlement  à  la  guerre,  ouverte  que  la  France  soutenait 
contre  l'Espagne.  L'équivoque  et  ténébreux  diplomate  Pujols,  d'accord  avec  le  comte 
duc,  avoil  annoncé  à  Richelieu  la  mission  d'un  s"'  Breth,  secrétaire  des  affaires  de 
Flandres  en  Espagne.  Toutes  les  précautions  étaient  prises  pour  envelopper  cette 


DU  CARDINAL  DE   RICHELIEU.  815 

mission  d'un  mystère  impénétrable,  afin  que  les  alliés  de  la  France  ne  pussent 
se  douter   qu'on    négociait  sous  main.  Mais  un  malentendu  fit  que   Breth    ne 
trouva  pas  à  Orléans  l'agent  secret  qui  devait  l'y  recevoir  et  le  diriger.  Cependant 
nous  le  suivons  au  moyen  d'une  lettre  qu'il  écrivait  le  6  juin,  à  Chavigni,  lequel 
était  auprès  du  cardinal  à  Blérancour  :  Il  est  arrivé  à  Paris ,  il  s'est  présenté  comme 
gentilhomme  liégeois  à  un  des  commis  de  Chavigni;  il  demande  à  voir  son  Emi- 
nence,  «s'il  le  pourroit  faire  seurement  et  sans  enipesclieuient  des  gardes...  en 
qualité  de  gentilhomme  liégeois,  et  habillé  qu'il  est,  avec  deux  hommes,  à  l'usage 
de  ce  pays,  pour  tant  mieux  garder  le  secret  qui  iuy  a  esté  tantenchargé...  11  est  logé 
il  l'hostellerie  du  petit  St-Martin,  rue  St-Martin,  en  attendant  l'esclaircissement 
qu'il  vous  plaira  Iuy  en  faire  donner.  Il  ne  convient  pas,  ny  pour  l'un  ny  pour 
l'autre,  qu'il  soit  icy  retardé...  »  La  réponse  de  Chavigni  ne  se  fit  pas  attendre; 
il  explique  par  quelle  erreur  il  ne  croyait  pas  l'arrivée  de  Breth  si  prochaine  et 
il  ajoute:  «  Deux  heures  après  avoir  receu  vostre  lettre,  on  dépesche  ce  gentilhomme 
pour  vous  conduire  au  lieu  oîi  vous  voulez  venir;  vous  y  serez  le  très-bien  receu 
et  on  escoutera  fort  favorablement  ce  qu'il  vous  plaira  de  dire,  avec  la  sincérité  et 
bonne  correspondance  que  vous  pouvez  souhaiter. . .  »  Nous  ne  savons  si  Breth 
vit  alors  le  cardinal  ou  seulement  Chavigni;  nos  manuscrits  ne  nous  donnent  au- 
cune information  jusqu'au  1 3  juin.  A  cette  date   nous  trouvons  un  ample  récit 
de  ce  qui  se  passa  à  Blérancour  les    i3  et    i4:  •   Relation  de  l'entrevue  de  M. 
Breth  envoyé  d'Espagne  avec  M.  le  cardinal,  le  i3  juin.  •  Ce  titre  est  mis  à  la 
marge  de  la  pièce,  laquelle  est  une  mise  au  net  de  la  main  d'un  secrétaire  de 
Chavigni.  Nous  n'avons  point  trouvé  de  brouillon,  mais  si  la  relation  n'a  pas  été 
dictée  parle  cardinal,  elle  a  été  écrite  avec  ses  indications  précises;  il  est  vraisem- 
blable d'ailleurs  queChavigni  était  présent  à  l'entrevue,  qui  se  termina  sans  résultat. 
La  relation  poui-suit  :  «Le  mesme  jour  a|)rès  disner  le  s'  de  Chavigny  alla, 
par  ordre  de  M^  le  cardinal,  trouver  le  s'  Breth  dans  sa  chambre;  cette  autre 
entrevue  roula  sur  le  mesme  sujet...  et  le  s'  Breth  protestant  n'avoir  pouvoir  de 
dire  autre  chose,  demanda  qu'on  Iuy  permist  de  retourner  en  Espagne.  —  Le 
jeudi  i/i  le  s'  de  Chavigny  est  retourné  trouver  le  s""  Breth,  pour  lui  tesmoigner 
de  la  part  de  M^  le  cardinal  que  c'estoit  avec  beaucoup  de  desplaisir  qu'on  voyoit 
le  peu  de  fruict  que  produiroit  son  voyage...  iDe  nouvelles  explications  eurent  lieu 
au  sujet  du  duc  de  Lorraine  et  du  Palatiu,  Chavigni  insistant  sur  la  chiférence 
de  l'une  et  de  l'autre  situation...  «Son.Éni.  a  fait  venir  le  mesme  jour  sur  le 
soir  ledit  s'  Breth  dans  sa  chambre,  auquel  il  a  fait  veoir  combien  cstoient  éloi- 
gnées du  bon  sens  et  de  la  raison  les  nouvelles  explications  données  à  M.  de  Cha- 
vigni ,  qu'il  ne  pouvoit  s'imaginer  autre  chose  sinon  que  le  comte  duc  vouloit 
temporiser...  mais  que  le  roy  demeureroit  femie  dans  la  conduite  qu'il  avoit  pré- 


816 


LETTRES 


cédemment  suivio.  «  —  «  Le  soir  mesme  M.  de  Chavigny  a  porté  au  sieur  Breth 
la  response  de  M*''  le  cardinal  à  M.  le  comte  duc...  « 

•  Le  vendredi  lô"  du  mois  de  juin  ledit  s'  Breth  est  parti  de  Blérancour  à 
deux  heures  du  matin.  »  (Archives  des  Affaires  étrangères.  Espagne,  tome  acxnon 
coté,  aux  dates  des  6  et  i3  juin.) 

A  la  suite  de  cette  relation,  dont  nous  n'avons  donné  qu'une  idée  très-succincte, 
le  manuscrit  a  conservé  l'avis  de  Richelieu;  nous  en  transcrivons  le  texte  presque 
entier;  il  fera  mieux  connaître  que  la  relation  de  l'entrevue  elle-même  et  le  fond  des 
divers  entretiens  et  le  sentiment  du  cardinal. 


ccxxxin. 

Arcli.  des  Afi".  étr.  Espagne,  t.  20.  —  Mise  au  net  de  la  main  de  Clierré. 

AVIS  SUR  CE  SUJET'. 

[Après  le  1 5  juin  i64o.  ] 
Aprèsavoirveu  les  diverses  propositions  du  ^  rapportées  ci-dessus,  impu- 

dentes jusques  à  ce  point  qu'elles  n'aboutissent  à  autre  fin  qu'à  une  trêve,  à  condi- 
tion de  faire  restituer  le  Brésil  tenu  parles  Hollandois ,  et  de  restituer  nous  mesnies 
toutes  les  places  que  nous  tenons  aux  Espagnols,  et  une  partie  de  la  Lorraine  au 
Duc,  retenant  le  reste  seulement  jusques  à  la  paix,  toutes  conditions  aussy  hon- 
teuses à  proposer  qu'inacceptables,  il  faudroit  estre  aveugle  pour  ne  voir  pas  la 
malice  diabolique  des  Espagnols. 

^  Si  ensuite  on  se  remet  devant  les  yeux  tous  les  avis  qu'on  a  receus  depuis 


'  Ce  titre  est  écrit  au  dos  par  lUchelieu , 
la  date,  qui  manque,  est  donnée  par  la 
place  de  l'avis  classé  immédiatement  après 
la  relation. 

"  Il  y  avait  ici  «  Nonce  »  mot  qu'on  a 
eflacé  sans  rien  mettre  à  la  place;  n'est-ce 
pas  le  s'  Breth  qu'il  fallait  ? 

*  En  marge  on  a  ajouté  :  «  Don  Francisco 
de  Melos,  passant  à  Rome,  en  lôSg,  a  dit 
au  cardinal  Gaétan  qu'il  valloit  mieux  à 
l'Espagne  sujiporter  une  guerre  désavanta- 
geuse pour  un  temps,  et  attendre  une 
occasion  propre  pour  faire  une  poix  rui- 
neuse pour  ses  ennemis,  dans  un  change- 
ment qui  arriveroit  en  France. . .  » 


«  M.  d'Avaux  a  escrit  du  mois  de  juin 
16/40  que  fambassadeur  de  Pouloigne  luy 
a  dit  avoir  sceu  du  prince  Cazimir...  à  qui 
le  cardiml- infant  s'est  ouvert,  que  les 
Espagnols  ne  vouloienl  pas  faire  la  paix. 
L'anibass  ideur  de  Venise  a  eu  divers  avis 
semblables. 

«  M.  le  cardinal  de  Bagne  en  a  plusieurs 
fois  parlé  à  M.  Mazarin  ,  par  l'espace  de 
cinq  ans.  Les  Espagnols  n'ont  jamais  voulu 
donner  les  passeports;  il  est  aisé  déjuger 
par  là  que  leurs  actions  respondent  aux 
avis  qu'on  a  eus,  et  à  la  dernière  descou- 
verte qu'on  a  faite  par  Breck.  » 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  817 

quelque  temps  de  divers  lieux,  il  est  impossible  de  ne  recognoislre  pas  que  les 
Espagnols  ne  veulent  point  de  paix,  mais  veulent  seulement  en  parler,  pour  esviter 
la  mauvaise  réputation  qu'ils  acquéreroyent  dans  la  Chrestienté,  si  on  cognoissoit 
leurs  mauvais  desseins.  Cette  mauvaise  résolution  qu'ils  ont  est  fondée  en  leur 
patience  et  en  leur  fermeté,  en  la  légèreté  naturelle  de  nostre  nation  et  aux  di- 
verses mutations  auxquelles  ils  croyent  sujet  l 'estât  présent  de  la  France,  dont' 
M""  de  Chevreuse  leur  a  dit  tout  ce  que  son  mauvais  esprit  luy  a  peu  suggérer; 
ensuit  te  des  impressions  premières  que  le  marquis  de  Mirabel  et  le  prince  Tho- 
mas leur  en  avoient  données.. .  On  leur  a  fait  croire  que  le  roy  estoit  malade  et  las 
de  la  guerre.  On  leur  a  dit  ensuite  que  le  cardinal  estoit  valétudinaire...  qu'il  avoit 
beaucoup  d'envieux  qui  n'attendent  que  le  temps  de  le  traverser.  Dans  la  mort 
du  roy  ils  croyent  le  retour  de  la  reyne  mère,  de  M.  le  Comte,  de  M""  de  Che- 
vreuse, de  tous  les  grands  esloignés.  En  cet  estât,  ils  prévoyent  une  grandeur  ab- 
solue de  la  reyne...  Dans  la  mort  du  cardinal ,  ne  sçachant  pas  tous  ceux  qui  valent 
mieux  que  luy  en  France,  ils  ne  croyent  pas  que  sa  charge  puisse  être  remplie  à 
beaucoup  près  d'une  personne  qui  le  vaille...  et  ils  tiennent  que  par  ce  moyen ,  au 
lieu  de  l'ordre  aveclequel  les  affaires  ont  esté  conduites,  on  y  verroit  beaucoup  de 
confusion,  dans  laquelle  ils  trouveroient  leur  compte  tant  au  dedans  de  la  France 
qu'au  dehors...  —  En  ces  extrémités,  il  n'y  a  point  d'autre  conseil  à  prendre  que 
de  se  résoudre  à  continuer  fortement  la  guerre,  jusques  à  ce  que  les  ennemis 
soient  réduits  à  vouloir  une  juste  paix.  S'establir  les  moyens  de  la  soutenir  jusques 
à  ce  terme.  — AlTermir  et  rennouer  de  plus  en  plus  les  alliances  de  ce  royaume. 
—  Faire  des  establissemens  les  plus  asseurés  qu'il  se  pourra  pour  pourvoir  aux 
désordres  qui  arriveroient  si  le  roy  ou  le  cardinal  venoient  à  mourir. 

CCXXXIV. 

Imprimée.  —  Recueil  de  pièces  concernant  l'histoire  de  Louis  XIII  (Le  Ceinte),  in-12, 
1718,  t  IV,  p.  5 18'.  —  Collectio  jadicioram  de  novis  erroribus.  .  .  opéra  et  studio 
Caroli  Duplcâsis  d'Argentré,  1736,  t.  III,  p.  38,  in-fol. 

A  M.  CONSTANTIN  ^ 

[  Premiers  jours  de  juillet  1 64o  '.  ] 

Cum  tuas  lilteras  accepi ,  jam  ad  nos  de  tuis  positionibus  ortus  ru- 

'  Le  manuscrit  se  trouve  dans  la  biblio-  personnage ,  qui  n'est  pas  même  nommé 

thèquedeM.deReims.(Notede  LeCointe.)  "     dans  la  bibliothèque  des  auteurs  ecclésias- 

'  Robert    Constantin    prend,   dans  sa  tiques  de  Dupin. 

thèse,  le  titre  de  licencié  en  théologie.  On  ^  La  lettre  de  Constantin ,  qui  se  trouve 

a  bien  peu    de    renseignements    sur    ce  aux  mêmes  sources ,  est  datée  :  n  datum 

CIIIDIN.  DE  niCUELIEO.  —  VII.  lo3 


818 


LETTRES 


mor  pervcneral  '.  Gaiideo  nie  in  ca  quam  de  te  concepi  opinione  non 
(leceptum;  credidi  te  nuUa  ratione  adduci  posse,  ut  quidqiiain  pro- 
lerre  velles  quod  legitimam  Pontificis  auctoritatem  imminueret,  et 
Facultatis  pacem  interturbaret  ;  id  ad  me  mlssa  tua  epistola  testatur. 
Quae  in  thescon  tuarum  contextu  durius  quam  par  sit  dicta  videntur, 
adnotavi.  In  iis  quid  senlias  clarius  explicabis.  In  problematicis ,  ut 
iibet  sentiendum;  in  iis  vero  quae  ad  veritatis  defmitœ  quœstiones  per- 
tinent, ne  recte  sentiendo  fidem  iudere  videamur,  cautissime  loquen- 
dum.  Hanc  ut  serves  regulam  precatur 

Tuî  amantissimus, 

Arm.  Gard.  DE  RICHELIEU. 


NOTA. 


Du  i"  mai  à  la  fin  de  lOio. 


Nous  avons  laissé  à  la  date  d'avril  (ci-dessus  p.  8ii)  les  affaires  du  Piémont, 
lesquelles  comptent  parmi  les  plus  considérables  de  celles  dout  a  été  remplie 
l'année  i64o;  nous  continuons  maintenant,  jusqu'à  la  fin  de  ladite  année,  ce  ré- 
sumé, en  liant  entre  eux  les  extraits  de  plusieurs  lettres  du  cardinal  dont  nous  ne 
pouvons  imprimer  le  texte  en  entier,  et  notant  seulement  celles  que  l'abondance 
de  nos  documents  ne  nous  permet  pas  de  mettre  même  en  analyse.  Toutefois, 
l'espace  que  nous  ouvre  ce  supplément  nous  donne  le  moyen  de  reproduire  cer- 
taines pièces  qu'il  nous  avait  fallu  négliger,  et  de  revenir  avec  quelques  développe- 
ments sur  des  incidents  que  nous  avions  à  peine  indiqués  dans  le  Nota  de  la 
page  589  de  notre  VI'  volume. 


apud  Sorbonani  luaiii,  27  junii  16/I0.  > 
Celte  date  donne,  à  peu  près,  celle  de  la 
réponse  de  Richelieu. 

'  Certaines  propositions  touchant  la 
puissance  réciproque  des  conciles  et  du 
pape,  soutenues  par  Robert  Constantin, 
furent  jugées  répréhensibles  ,  et  la  Sor- 
bonne  exigea  une  rétractation.  L'assemblée 
avait  eu  lieu  le  16  juin;  le  27,  Constan- 
tin écrivit  au  cardinal  que,  reconnaissant 
la  sagesse  et  l'autorité  de  son  Eminence , 
il  se  soumettait  à  sa  décision  suprême.  La  ré- 
ponse de  Richelieu  écrite  en  latin,  comme 


la  lettre  de  Constantin,  n'est  point  datée, 
mais  elle  a  dû  être  faite  peu  de  jours  après 
la  missive  de  Constantin.  Le  12  juillet, 
le  cardinal  envoyait  à  la  faculté  la  décla- 
ration explicative  de  celui-ci.  Nous  avons 
donné  ci-dessus,  p.  264,  fanalyse  de  la 
lettre  de  Richelieu.  L'original  de  la  dé- 
claration ,  signé  Cl  Roberlus  Constantin ,  » 
est  aux  archives  nationales,  carton  M  78 
(Sorbonne),  pièce  19  du  3'  dossier;  elle 
est  imprimée  dans  le  recueil  de  Le  Cointe 
et  dans  le  livre  de  févêque  de  Tulle. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  819 

Les  tentatives  d'accommodement  que  Richelieu  essayait  de  divers  côtés  ren- 
contraient partout  d'insuriiiontabies  obstacles  :  ici  l'ambition  et  les  mauvais  des- 
seins des  deux  beaux-frères  de  la  duchesse  ;  là  l'inconséquence  et  les  irrésolutions  ' 
de  la  duchesse  elle-même,  qui,  tout  en  réclamant  les  secours  et  la  protection  du 
roi  son  frère,  se  refusait  à  se  soumettre  aux  conseils  et  aux  vues  de  Richelieu. 
I>e  sentiment  qu'elle  avait  du  besoin  de  son  assistance  cédait  chez  elle  aux  in- 
quiétudes que  lui  causait  son  despotisme  et  à  la  crainte  de  le  voir  sacrifier  les 
intérêts  du  Piémont  à  ceux  de  la  France.  Les  négociations  étant  restées  impuis- 
santes, il  fallait  continuer  résolument  la  guerre  en  Italie,  et  la  duchesse  de  Savoie 
se  plaignait  de  u'être  pas  suffisamment  assistée.  De  Chambéry,  où  elle  était  relé- 
guée,  elle  écrivait  au  comte  Moretto,  son  ambassadeur  en  France:  «Les  forces 
du  roy  en  Italie  sont  réduites  à  cinq  mil  hommes;  on  ne  pourra  résister  si  la 
France  ne  se  résoud  pas  à  un  effort  très-considérable.  »  (AfF.  étr.  Turin,  t.  XXX, 
fol.  387,  1"  mai.)  Et  en  même  temps  l'ambassadeur  de  France,  M.  de  la  Court, 
informait  de  Noyers  de  toutes  les  difficultés  qu'il  éprouvait  pour  obtenir  de  la 
duchesse  l'accomplissement  des  promesses  qu'elle  avait  faites  au  roi.  {Ibid.  p.  SgS.) 
Cependant,  pour  attaquer  Turin  avec  succès,  il  fallait  délivrer  Casai,  en  grand 
péril  d'être  pris  par  les  Espagnols,  qui  le  tenaient  assiégé.  Non-seulement  on  en- 
voya des  troupes  au  duc  d'Harcourt,  mais  on  lui  donna  Turenne.  L'armée  assié- 
geante fut  mise  en  déroule.  Le  récit  de  ce  brillant  fait  d'armes ,  envoyé  par  le  duc 
d'Harcourt  au  cardinal,  le  A  mai,  se  trouve  dans  notre  manuscrit  (fol.  Sgy).  Riche- 
lieu fit  célébrer  cette  victoire  avec  d'autant  plus  d'éclat  que  le  duc  d'Harcourt 
était  allié  de  sa  famille.  Nous  devons  noter,  parmi  les  pièces  relatives  à  ces  affaires, 
un  Journal  de  ce  qui  s'est  passé  dans  le  Piémont  depuis  le  10  mai  jusqu'au  fi  juillet 
(fol.  571);  et  un  autre  récit,  au  dos  duquel  Routhillier  a  mis  :  «  Relation  de  ce  qui 
s'est  passé  devant  Turin  le  n  juillet,  avec  la  dépesche  de  mon  fils  ',  du  20  dudif 
mois.  •  (Fol.  58 1.) 

Léganez  avait  à  cœur  de  prendre  sa  revanche  de  la  défaite  qu'il  avait  subie 
devant  Casai;  il  vint  attaquer  le  comte  d'Harcourt  dans  ses  lignes,  il  y  trouva 
une  nouvelle  défaite.  La  bataille  fut  sanglante;  Léganez  y  perdit  beaucoup  de 
monde.  Richelieu  félicita  avec  transport  le  comte  d'Harcourt.  Nous  donnons  aux 
analyses  un  extrait  de  sa  lettre  du  26  juillet.  L'Italie  en  ce  moment  était  la 
grande  affaire  de  la  France;  Richelieu  s'en  occupait  avec  passion.  L'ambassadeur 
-Moretto,  qui  était  auprès  du  roi  et  du  cardinal,  écrivait  d'Amiens  le  i3  août: 
«  Reslando  hora  Hbero  e  disciollo  il  pensîero  al  sig.  cardinale  duca  per  applicarsi 
lotalmente  aile  cose  d'Ilalia,  come  egli  medesimo  mi  disse  hier! ...»  (Fol.  720.] 

'   Chavigni   était  aiors   en  mission  en  Italie. 

io3. 


820  LETTRES 

Deux  lettres  interceptées  de  Léganez  au  roi  d'Espagne,  et  que  nous  trouvons 
ici,  montrent  que  les  Espagnols  ne  mettaient  pas  moins  d'ardeur  à  la  lutte. 
(Fol.  72/1-746.)  Cependant  l'événement  décisif  approchait;  on  savait  que  Turin 
ne  pouvait  pas  tenir  longtemps;  dans  un  mémoire  envoyé  au  comte  d'Harcourt 
le  19  abût  (p.  266  de  notre  VII°  volume) ,  Richelieu  insistait  sur  les  difficultés  de 
s'entendre  de  loin ,  surtout  ayant  affaire  k  un  esprit  tel  que  le  prince  Thomas. 
11  résolut  d'envoyer  Mazarin  au  camp,  mettant  ainsi  en  rapport  direct  le  général 
et  le  négociateur.  Chavigni  annonçait  cette  mission  au  comte  d'Harcourt  le 
1  /i  septembre  :  «  La  dépesche  que  vous  avez  envoyée  par  le  chevalier  de  Ton- 
nère,  lui  disait-il,  a  été  trouvée  si  importante  qu'on  enverra  Mazarin  dans  deux 
jours  au  camp,  pour  poursuivre  la  négociation  commencée.»  (Fol.  27.)  L'ins- 
truction donnée  à  Mazarin,  le  i4  septembre  16A0,  signée  du  roi  et  contre-signée 
Bouthillier,  est  en  original  '  dans  le  XXXI"  volume  de  Turin,  fol.  3i;  nous  n'en 
donnons  que  l'extrait  : 

«  Après  avoir  lu  la  dernière  dépesche  qui  a  esté  faicte  à  M.  le  comte  d'Harcourt 
sur  le  sujet  des  diverses  conditions  qui  peuvent  estre  accordées  à  M.  le  prince 
Thomas,  en  rendant  la  place  de  Thurin,  on  estime  que  le  contenu  en  ladite  dé- 
pesche et  le  bon  esprit  de  M.  Mazarin  lui  peuvent  servir  d'instruction  ...» 

«Toutefois,  le  roy  veut  qu'il  sache  et  face  sçavoir  à  M.  le  comte  d'Harcourt 
que,  si  le  prince  Thomas  ne  veut  faire  un  traitté  dans  des  conditions  convenables, 
on  face  toutes  sortes  d'efforts  imaginables  et  possibles  pour  prendre  sa  personne 
et  la  ville  tout  ensemble.  »  —  Après  quelques  considérations  sur  certaines  éventua- 
lités :  «  Le  moindre  traitté  auquel  on  puisse  recevoir  le  prince  Thomas  est  de 
rendre  Thurin  purement  et  simplement  entre  les  mains  du  roy,  et  de  se  retirer 
à  Cony,  sur  la  foy  du  traitté  secret  qu'il  aura  passé  d'entrer  ouvertement  dans 
trois  mois  au  service  du  roy ...»  —  Conditions  du  traité ,  parmi  lesquelles  resti- 
tution réciproque  des  places  que  tiennent  les  Espagnols  et  la  France;  et  précau- 
tions touchant  les  garnisons  que  Madame  pourra  mettre  dans  les  places  qui  lui 
seront  rendues. .  .  — «  Après  tout,  ou  M.  le  prince  Thomas  ne  fera  aucun  traitté, 
ou  il  le  fera  par  nécessité,  et  s'il  le  fait  par  nécessité,  il  le  fera  tel  que  les  mi- 
nistres du  roy  le  jugeront  raisonnable.  » 

'  Une  copie  est  au  folio  35.  La  minute  minute,  de  la  main  de  Chavigni,  est  clas- 

des  trois  premières  pages,  de  la  main  de  sée  par  erreur  dans  le  volume  XXX  de  Tu- 

Cherré,  se  trouve  au  fol.  29,  et  Ion  a  rais,  rin,  fol.  568:  t  Le  moindre  trailté ,»  etc. 

à  tort,  en  tète  de  ce  fragment  :  «A  M.  le  Mais  ce  n'est  encore  qu'un  fragment.  Nous 

comte  d'Harcourt,  »  à  moins  que  ce  ne  soit  n'avons  point  trouvé  la  minute  de  la  der- 

l'indication  d'une  copie  qui  aurait  été  en-  nière  page. 
voyée  audit  comte.  La  continuation  de  la 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  821 

Le  traité  conclu,  le  cardinal  de  Savoie  pourra  demeurer  auprès  de  Madame, 
qui.  dans  ce  cas,  •  fera  les  choses  importantes  avec  sa  participation.  .  .  » 

•  La  place  se  rendant  ou  se  prenant,  il  faut  faire  cognoistre  au  nonce  que  la 
seule  considération  du  Pape  fait  qu'on  le  renvoyé,  et  que,  sans  le  respect  qu'on 
veut  rendre  à  Sa  Sainteté,  on  le  traitteroit  comme  prisonnier,  ayant  fait  des  actions 
plustost  d'cnnemy  que  de  médiateur.  Il  faudra  dire  la  mesme  chose  à  Fer- 
lagalli.  > 

M,  Mazarin  passera  par  Chambéry  et  fera  connaître  à  Madame  «  qu'il  a  charge 
de  prendre  un  soing  très-particulier  qu'il  ne  se  glisse  aucun  article  en  cette  ca- 
pitulation qui  peust  préjudicier  à  S.  A.  • 

Nous  avons  une  lettre  du  cardinal  à  Mazarin,  écrite  après  son  départ,  le 
20  septembre.  Richelieu  lui  disait  :  «J'escris  à  M.  Gonteri  pour  lui  tesmoigner 
le  gré  que  le  roy  luy  sçait  des  services  qu'il  rend  à  Madame  en  Piémont.  J'escris 
aussy  àM.  le  marquis  Ville  afin  de  luy  faire  cognoistre  la  malice  du  chevalier  Rat  '. 
Je  ne  vous  dis  point  ce  que  vous  luy  devés  dire  sur  ce  sujet,  cognoissant  comme 
je  fais  vostre  esprit  et  vostre  adresse*.  .  .  »  La  lettre  au  marquis  Ville  fait  com- 
prendre à  peu  près  ce  dont  il  s'agit  :  •  M.  Mazarin  (lui  mande  Richelieu)  sera  le 
meilleur  lesmoin  de  la  confiance  que  le  roy  a  tousjours  en  vous.  Si  quelqu'un 
vous  a  dit  qu'on  ayt  esté  en  doute  de  vostre  affection  et  de  vostre  fidélité,  vous 
croirés,  s'il  vous  plaist,  qu'il  a  eu  de  très-mauvais  avis,  et,  en  vous  louant  de  son 
zèle  s'il  vous  est  affectionné,  vous  vous  plaindrésde  sa  cognoissancc.  Je  vous  puis 
asseurer  qu'il  n'y  a  personne  que  le  roy  aime  plus  que  vous  ' . . .  ■ 

Cependant,  le  jour  même  que  Richelieu  écrivait  à  Mazarin  la  lettre  du  20  sep- 
tembre, le  comte  d'Harcourt,  qui  n'était  pas  encore  informé  de  la  mission  donnée 
à  celui-ci,  signait  cette  capitulation  que  Mazarin  devait  négocier.  Arrivé  à  Cham- 
béry, il  trouva  la  duchesse  de  Savoie  se  plaignant  vivement  de  cette  précipitation , 
et  il  mandait  à  Chavigni,  le  22  septembre  :  «Madame  n'est  pas  contente  de  la 
capitulation  de  Turin;  en  attendant  un  peu  plus,  on  se  seroit  emparé  de  la  per- 
sonne du  prince  Thomas,  que  la  capitulation  laisse  libre*.  »  (Fol  85.)  Chavigni, 
répondant  à  cette  lettre  le  5  octobre,  dit  que  Richelieu  n'est  pas  moins  fâché  de  ce 

'  Il  pourrait  v  avoir  l\ac.  Ce  doit  être  tien  de  Turin,  le  XXX',   fol.  670,  à  la 

un  nom  écrit  en  abrégé.  date  du  4  juillet. 

'  Original ,  de  la  main  de  Clierré.  Arch.  *  Un  original  de  la  capitulation  est  con- 

(les  Aff.  élr.  Turin,  t.  XXXI,  fol.  5i.  serve   dans  notre  manuscrit.  Cette  pièce 

'  Cette  minute  est  certainement  celle  est  signée  :   «  Henry  de  Lorraine,  comte 

de  la  lettre  annoncée  à  Mazarin;  comme  d'Harcourt;»  et  plus  bas  :«  Martin  de  Moi 

elle  est  sans  date,  on  l'a  classée,  au  ha-  rous  •  (fol.  Sa).  Suivent  les  articles  secrets, 

sard,  dans  un  autre  volume  de  la  collée-  fol.  58-6o. 


822  LETTRES 

contre-temps  que  la  duchesse';  il  regrette  celte  occasion  qu'on  aurait  eue  d'im- 
poser au  prince  les  conditions  qu'on  aurait  voulu.  Puis  il  ajoute  :  «  Il  ne  faut  pas 
tesmoigner  que  S.  Em.  n'aytpas  approuvé  la  capitulation,  car  elle  ne  veut  faire 
aucun  reproche  à  M.  d'Harcourt,  qui,  après  tout,  a  pris  Turin  et  secouru  Casai. 
S.  Eni.  espère  que  vous  réparerez  un  peu  cela,  et  croit  que  vous  estes  capable  de 
faire  des  merveilles.  .  .  »  (Fol.  i5o.) 

Aiguillonné  par  ces  flatteuses  paroles,  Mazarin  se  mit  à  l'œuvre,  et  durant 
neuf  mois  qu'il  resta  en  Italie,  il  entretint  avec  Richelieu ,  Chavigni  et  d'autres , 
une  correspondance  très-aclive.  Ces  lettres  se  trouvent  classées  parmi  les  docu- 
ments conservés  aux  Affaires  étrangères,  dans  les  volumes  XXX-XXXIV  de  Turin. 

Après  avoir  fait,  en  passant  à  Chambéry,  une  peinture  de  la  petite  cour  de  la 
duchesse  de  Savoie  (fol.  120),  Mazarin  se  rend  à  Turin,  qui  venait  d'être  occupé 
par  l'armée  française.  Avec  cette  promptitude  de  l'intelligence  des  affaires  dont  il  a 
donné  depuis  tant  de  preuves,  il  se  mit  au  fait  de  la  situation  des  choses,  et  nous 
trouvons,  à  la  date  du  i"  octobre,  un  Mémoire  de  ce  qui  a  été  fait  et  de  ce  qu'il  faut 
faire  en  Piedmont  (fol.  187 ,  copie).  Parmi  les  lettres  qui  suivent  immédiatement, 
nous  en  remarquons  deux  du  7  octobre,  que  le  cardinal  a  fait  copier  à  mi-marge 
pour  recevoir  ses  observations  (fol.  161-1 65).  Ecrites  de  la  main  de  Cherré,  elles 
forment  le  texte  de  la  réponse  que  le  cardinal  fit  faire  par  le  roi  à  Mazarin; 
nous  en  donnerons  seulement  cet  extrait  : 

CCXXXV. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  XXXI,  fol.  271. 

Après  le  7  octobre  16/I0. 

...  Si  M.  Mazarin  ne  concludles  traitiez  sur  les  lieux,  il  n'en  faut 
rien  espérer.  .  .    On  ne  croit  pas  que  M.  Mazarin  ayt  à  demeurer 

I  5  jours  à  Turin  après  que  Madame  y  sera  retournée,  parce  que,  si, 
dans  ce  temps,  ces  traitiez  ne  se  concluent,  il  n'en  faut  rien  espérer. . . 

II  est  difficile  de  décider  de  loin  si  la  trefve  se  devra  continuer. . .  On 
ne  voit  pas  grand  inconvénient  à  la  demeure  du  prince  cardinal  dans 
Turin. . .  La  demeure  du  prince  Thomas  dans  le  Piémont  ne  peut 
estre  que  très-suspecte.  Cependant,  si  on  ne  pouvoit  conclure  un 
bon  traitté  qu'avec  cette  condition,  il  faudroit  y  apporter  toutes  les 
précautions  imaginables. . .  Si  M.   le  prince  Thomas  veut  servir  en 

'   Richelieu  en  écrivit  hii-même  à  Mazarin.  Ci-après,  aux  analyses,  11  octobre. 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  823 

France,  le  roy  luy  permettra  d'y  amener  ses  trouppes  et  les  payera 
comme  les  siennes. 

...  En  qiielqu'estat  que  l'on  peust  mettre  le  prince  Tliomas  en 
Savoie,  il  en  pourroit  arriver  de  très-mauvais  inconvéniens.  .  .  On 
estime  que,  jusques  à  ce  que  le  prince  Thomas  ayt  donné  des  tesmoi- 
gnages  irréprochables  de  la  conversion  entière  de  son  esprit,  il  seroit 
très-dangereux  de  le  faire  chef  de  la  ligue. . .  M.  Mazarin  doit  estre 
adverty  que ,  si ,  dans  les  apréhensions  du  comte  Philippe ,  il  portoit 
Madame  à  demander  seureté  pour  luy,  il  faut  réputer  une  telle  pro- 
position à  injure,  et  dire  à  Madame  que,  si  le  roy  le  sçavoit,  il  s'en 
tiendroit  offensé,  et  ainsy  la  rejetter  comme  extravagance  du  bel  es- 
prit de  cet  honneste  homme. . . 

Il  ne  faut  obmettre  aucun  moyen  raisonnable  pour  attacher  le 
prince  Thomas  au  service  du  roy. 

On  remarquera  ce  qui  concerne  ici  le  comte  Philippe,  lorsqu'on  va  lire  la  pièce 
suivante. 

CCXXXVI. 
i\rch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  XXXI,  fol.  i85.  —  Orig.  en  partie  chiflfré. 

INSTRUCTION 

POUR  M.  LE  COMTE  D'HARCOURT, 

GillÉRAL  DE   L'ARMÉE  DU   KOT  EN    ITALIE, 

ET  POUR  M.  MAZARIN, 

AMBASSADECB  EXTBAORDIKAIRB  DE  SA  MAJESTÉ  AUDIT    PATS  '. 

i3  octobre  i64o. 

Deux  seules  raisons  font  que  S.  M.  consent  que  Madame  aille  à 
lurm. 

'  Une  lettre  de Chavigni accoiupagnant  bien  que  vostre  instruction.  »  (Foi.  ai 5.) 

cette  instruction  dit  :  «  Les  mémoires  que  "  Nous    dirons  bientôt  ce   qui   advint    du 

je  vous  adresse,  lant  sur  le  sujet  du  prince  comte  Philippe;   son  affaire  ne  fut   pas, 

Thomas  que  surceluy  du  comte  Philippe,  si  difficilq/i  arranger  que  celle  du  prince 

ont  été  faits  par  M.  le  cardinal,   aussy  Thomas. 


824  LETTRES 

L'une  est  l'apparence  et  la  bienséance,  et  l'autre,  la  nécessité  de 
pourvoir  aux  désordres  de  sa  conduite. 

Pour  cet  effect,  il  est  nécessaire  que  lesdits  sieurs  comte  et  Ma- 
zarin  disposent  en  leur  esprit  toutes  choses,  en  sorte  que,  quand 
Madame  viendra,  ils  soient  en  estât  de  faire  exécuter  ce  qui  est  du 
tout  nécessaire  pour  le  service  de  Madame  en  la  détention  du  comte 
Philippe. 

Lesdits  sieurs  comte  et  Mazarin  se  souviendront  que  cette  affaire 
doiht  estre  conduite  en  sorte  qu'il  n'y  ayt  que  eux  deux  qui  en  doi- 
vent avoir  cognoissance.  En  mesme  temps  qu'on  aura  faict  arrester  le 
personnage,  lesdits  sieurs  comte  et  Mazarin  iront  trouver  Madame 
pour  luy  en  dire  les  raisons ,  toutes  avantageuses  pour  son  service , 
puisqu'elles  vont  à  luy  asseurer  plus  aisément  ses  Estats,  et  rejeter  sur 
le  prisonnier  le  blasme  de  sa  mauvaise  conduite  passée. 

Ils  représenteront  à  S.  A.  que  le  plus  grand  coup  de  prudence 
qu'elle  puisse  faire  est  de  faire  cognoistre  à  tout  le  monde  que  cette 
action  n'a  point  esté  faite  sans  son  consentement,  et  en  publier  un 
sujet  qui  lui  soit  avantageux. 

Après  cela  on  priera  Madame ,  de  la  part  du  roy,  d'establir  un  bon 
conseil,  en  quoy  on  taschera  de  luy  faire  choisir  ceux  que  le  rov 
peut  désirer. 

En  un  mot,  on  luy  dira  franchement  que  le  roy  ne  veut  rien 
espargner  pour  son  bien  et  pour  le  recouvrement  de  ses  Estats, 
mais  qu'il  ne  veut  pas  le  faire  avec  honte,  et  la  laisser  en  estât 
que,  parla  faute  du  comte  Philippe,  tousses  travaux  demeurent  sans 
fruits. 

Il  est  à  propos,  lorsque  l'on  voudra  prendre  le  comte  Phi- 
lippe, d'estre  maistre  d'Yvrée,  afin  que  le  prince  Thomas  ne  puisse 
prendre  dessein  de  faire  quelque  chose  dans  la  Savoie  par  les  mes- 
contens. 

Cependant  le  tout  est  remis  à  la  prudence  de  M.  le  comte  d'Har- 
court  et  de  M.  Mazarin,  qui  doivent  se  représenter  souvent  que  de 
cette  affaire  dépend  le  bien  ou  le  mal  de  l'Italie,  et  qu'elle  doibt 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  825 

estre  conduite  si  secrètement,  que  leur  propre  chemise  n'en  ail  pas 
cognoissance. 

Quanil  on  aura  pris  le  comte  Philippe,  il  ne  faut  pas  liiy  faire  faire 
aucun  séjour  à  Pinerole,  mais  le  mener  droit  à  Grenoble,  et  de  là  à 
Paris,  sous  la  conduite  de  personne  si  advisée  et  si  fidelle  qu'on  ne 
puisse  doubter  de  la  voiture. 

Il  se  faut  bien  donner  de  garde  d'aller  faire  aucun  discours  à  Suse 
à  Madame,  qui  luy  puisse  faire  cognoistre  que  on  veut  esloigner  le 
comte  Philippe  soubz  prétexte  d'ambassade. 

Il  faut  laisser  aller  Madame  dans  Turin,  et  après  qu'elle  y  aura 
esté  deux  ou  trois  jours,  prendre  le  temps  d'exécuter  le  dessein, 
selon  que  M.  le  comte  d'Harcourt  et  M.  Mazarin  jugeront  à  propos, 
par  correspondance  aux  autres  affaires. 

Cette  affaire  ne  doibt  estre  communiquée  à  qui  que  ce  soit,  si  ce 
n'est  qu'à  l'heure  de  l'exécution  on  le  veuille  dire  à  M.  de  la  Cour. 

On  escrira  à  Madame  dans  deux  jours  simplement  comme  le  roy 
trouve  bon  qu'elle  aille  à  Turin  et  qu'elle  y  sera  receue  avec  tout 
honneur. 

Et  dès  cette  heure  on  envoie  auxdits  sieurs  comte  et  Mazarin 
une  lettre  pour  Madame  en  créance  sur  eux,  pour  la  luy  donner 
seulement  à  l'heure  de  l'exécution.  Pour  cet  effect,  on  laisse  la  date 
en  blanc,  non  seulement  du  jour  mais  du  mois,  affin  qu'ils  la  rem- 
plissent. 

Le  marquis  de  Pianezze,  le  marquis  Ville,  le  marquis  d'Aglié,  le 
grand  chancelier  et  Sainct-Thomas  sont  trouvez  bons  du  conseil; 
pour  le  marquis  de  Sainct-Maurice,  c'est  à  M.  le  comte  d'Harcourt 
et  à  M.  Mazarin  à  le  cognoistre,  estant  sur  les  lieux;  s'il  se  peut 
gagner,  à  la  bonne  heure,  mais  on  doubte  que  sa  fierté  puisse  estre 
radoucie.  Si  cependant  dix  ou  douze  mille  escus  une  fois  payez  le 
peuvent  mettre  en  bon  estât,  lesdits  sieurs  comte  et  Mazarin  les 
peuvent  promettre ,  et  on  les  envoyera  aussytost. 

On  fait  estât  de  donner  un  bon  domaine  au  marquis  de  Pianezze. 
Il  faudra  le  disposer  à  le  prendre,  et  estre  bien  asseuré  qu'il  n'en  fera 

CARDIV.  DE  IIICIIELIEU.  —  VII.  loi 


826  LETTRES 

point  difficulté,  affin  qu'il  ne  face  pas  comme  le  marquis  de  Sainct- 
Maurice,  qui  a  refusé  le  sien  après  l'avoir  demandé. 

Faict  à  Monceaux,  le  1 3"' jour  d'octobre  i64o.  LOUIS. 

BOUTHILLIEB  *. 

Cette  affaire  préoccupait  sérieusement  Richelieu,  et  il  en  prépare  le  succès  en 
prescrivant  les  plus  minutieuses  précautions,  mais  il  n'en  donne  pas  moins  d'at- 
tention  aux  autres  affaires  dont  était  chargé  Mazarin;  seulement  il  laisse  aux 
secrétaires  d'Etat  le  soin  des  détails.  Dans  sa  courte  lettre  du  1 1  octobre  à  Ma- 
zarin (Analyses),  il  lui  annonce  les  dépêches  qu'il  fait  écrire  par  de  Noyers  et 
Chavigni,  dont  notre  manuscrit  conserve  les  originaux.  De  Noyers  informe  Ma- 
zarin de  l'envoi  des  blés,  des  poudres  et  autres  munitions;  il  promet  de  l'argent 
sur  la  foi  des  promesses  de  M.  de  Bullion  (fol.  igS).  C'est  de  la  situation  poli- 
tique et  de  l'état  du  Piémont,  ainsi  que  des  princes  de  la  maison  de  Savoie,  que 
s'occupe  Chavigni  (fol.  21 3).  Mais  à  cette  dépêche  officielle  et  toute  d'affaires, 
Chavigni  joint  une  lettre  intime  où  le  secrétaire  d'Etat  s'efface  un  peu  pour  faire 
place  à  l'ami.  La  première  doit  avoir  été  communiquée  à  Richelieu;  l'autre,  au 
contraire,  contient  la  recommandation  à  Mazarin  de  la  tenir  fort  secrète,  et  elle 
porte  en  tête  cette  note,  de  la  main  de  Chavigni  :  «  Cette  lettre  doit  estre  déchiffrée 
par  M.  Mazarin  ou  par  il  S.  dom  Alessandro  «  (le  secrétaire  intime  de  Mazarin). 
Chavigni,  sur  les  affaires  de  la  Savoie,  donne  son  avis,  contraire  parfois  à  celui 
du  cardinal;  il  discute  les  ordres  qu'il  est  chargé  de  transmettre;  enfin  nous 
voyons,  dans  cette  piquante  lettre,  le  jeu  intérieur  du  cabinet  de  Richelieu.  Ses 
plus  zélés  serviteurs,  ses  plus  dévoués  confidents,  Chavigni  lui-même  et  Mazarin, 
ne  lui  disent  pas  tout,  se  ménagent  entre  eux  de  petits  secrets,  et  ne  sont  pas  tou- 
jours dans  l'admiration  du  grand  ministre  (  fol.  2 1 5  ) .  Une  autre  fois  Chavigni  avertit 
en  secret  Mazarin  que  le  maréchal  d'Estrées,  ambassadeur  à  Rome,  intrigue 
contre  la  demande  du  cardinalat  faite  pour  lui  :  «  Il  faut  nous  moquer,  dit-il,  de 
ce  que  le  maréchal  peut  penser  de  vous  et  de  moy,  pourveu  que  la  promotion 
se  face.  »  Et  en  P.  S.  «Brûlés  ma  lettre  après  l'avoir  leue.  »  (Fol.  3 1 2-3 18.)  Et  le 

'  Un  autre  original  signé,  et  de  la  uiain  avec  une  ligne  ajoutée  par  le  cardinal; 
du  même  secrétaire  de  confiance,  se  l'autre,  simple  brouillon  écrit  par  Cha- 
trouve  au  fol.  198  ;  il  était  daté  du  13,  et  vigni.  On  a  mis  au  dos  :  «  Celte  instruction 
n'a  pas  servi,  le  mot  Monceaux  ayant  été  a  été  réformée.»  On  remarque  des  diffe- 
substitué  à  Saint-Germain-en-Laye.  Nous  renées  avec  foriginal,  et  l'on  voit  que  la 
trouvons  fol.  200,  202,  une  espèce  de  matière  de  cette  dépêche  a  été  soigneuse- 
minute,  composée  de  deux  fragments;  ment  étudiée, 
fun,  mis  au  net  de  la  main  de  Cherré, 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  827 

lendemain,  2  novembre,  autre  mystérieuse  épître  :  «  Que  personne  n'ayt  cognois- 
sance  que  vous  et  dom  Alessandro  des  pensées  que  je  vous  escrits  avec  liberté.  » 
(Fol.  32/i.)  On  trouverait  facilement,  dans  les  confidences  mutuelles  des  deux 
protégés  du  cardinal,  le  sujet  d'un  chapitre  d'histoire  anecdotique  assez  curieux; 
mais  il  serait  d'autant  moins  à  sa  place  ici,  que,  bien  loin  que  Richelieu  y  prenne 
part,  les  deux  amis  ne  négligent  aucune  précaution  pour  que  l'Eminence  n'en 
puisse  rien  savoir.  Revenons  aux  dépêches  officielles. 

La  première  que  nous  rencontrons  (fol.  219)  est  un  mémoire  adressé,  comme 
la  précédente  instruction ,  au  comte  d'flarcourt  et  à  Mazarin  ;  il  est  aussi  daté  du 
i3  octobre,  et  pourtant  ne  paraît  pas  avoir  été  écrit  le  même  jour.  Il  est  vrai  que 
la  date  de  cette  instruction  est  un  peu  douteuse,  ayant  été  mise  après  coup,  et  un 
chiffre  double  se  trouvant  en  tête  :  x.  i3.  Ce  mémoire,  signé  Routhillier,  du  nom 
et  du  caractère  dont  Chavigni  ne  se  sert  que  pour  le  contre-seing,  offre  d'ailleurs 
cette  particularité  que  non-seulement  le  texte  est  séparé  en  deux  par  un  blanc 
de  plusieurs  lignes,  mais  que  les  deux  parties  ne  semblent  pas  écrites  dans  le 
même  moment  ni  dans  une  même  pensée.  Ce  blanc  et  cette  absence  de  suite  dans 
le  texte  s'expliqueraient ,  à  la  rigueur,  s'il  s'agissait  d'un  brouillon  ;  mais  on  ne 
s'en  rend  pas  compte  dans  une  pièce  très-soigneusement  écrite,  signée,  et  ayant 
toutes  les  apparences  d'un  original.  On  se  demande  si  ce  mémoire  a  été  envoyé 
aux  destinataires.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  faut  le  faire  connaître,  surtout  à  cause  des 
prétentions  du  prince  Thomas,  avec  lequel  on  négociait  alors  un  traité. 

CCXXXVll. 
Arch.  des  AIT.  élr.  Turin,  t.  XXXI,  fol.  219.  —  Original. 

MÉMOIRE 
POUR  M.  LE  COMTE  D'HARCOURT. 

cénÉRAL    DE    L'AHMÉE    DIT    ROV    EN    ITALIE, 

ET  POUR  MONS'  MAZARIN, 

AMBASSADEUR    E\TBAOnDINAIP,E    DE    SA    MAJESTÉ    AUDIT    PAYS. 

Si  M.  le  prince  Thomas  a  l'intention  telle  qu'il  doit,  de  s'accom- 
moder avec  la  F'rance,  M.  Mazarin,  fraischement  sorti  de  la  cour, 
sçail  si  bien  les  conditions  avec  lesquelles  on  peut  le  recevoir,  qu'on 
se  remet  aux  advis  qu'il  donnera  à  M.  le  comte  d'Harcourt,  suivant 
ses  instructions  tant  escriles  que  verbales. 

Si  le  prince  a  mauvaise  intention  ...  il  faut  tascher  de  s'accommo- 
der avec  le  prince  cardinal  et  rompre  au  plus  tost  la  trelVe  avec  ledit 


828 


LETTRES 


prince . . .  prendre  Yvrée  et  des  quartiers  d'hiver,  se  rendant  maistres 
de  la  vallée  d'Aost. 

...Partager  le  gouvernement  de  la  ville  et  de  la  citadelle;  laisser 
M.  de  Couvonge  gourverneur  de  la  citadelle^  et  M.  du  Plessis-Praslin, 
de  la  ville,  en  qualité  de  mareschal  de  camp. 

Le  roy  trouve  bon  que  Madame  retourne  à  Turin. . .  M.  de  Praslin 
prendra  le  mot  d'elle . . .  mais  ce  qui  sera  nécessaire  pour  la  seureté 
de  la  place  doit  dépendre  absolument  de  ceux  qui  commanderont 
de  la  part  du  roy. 

. .  .Si  on  peut  oster  honnestement  de  Turin  les  troupes  de  Madame, 
il  le  faut  faire;  sinon,  en  tenir  si  peu  et  les  mettre  en  tel  poste  qu'il 
n'en  puisse  mésarriver. 

Choisir  entre  toutes  les  troupes  françoises  de  Madame  celles  qui 
sont  le  plus  affectionnées  au  roy,  pour  estre  de  sa  part  dans  la  ville 
au  moindre  nombre  qu'il  se  pourra  ^. 


Après  avoir  veu  l'instruction  donnée  par  le  prince  au  sieur  Mondin, 
il  est  bien  aisé  de  juger  de   ses  prétentions  et  d'y  faire  response. 


^  Cette  disposition  fut  changée  quelques 
jours  après;  Couvonge  fut  envoyée  Casai, 
et  le  gouvernement  de  la  citadelle  de  Tiirin 
l'ut  provisoirement  confié  au  gouverneur 
de  la  ville,  le  comte  du  Plessis-Praslin. 

*  A  ce  moment,  toutes  les  lettres  de 
Richelieu  laissent  voir  la  volonté  fortement 
arrêtée  d'ôter  à  Madame  toute  espèce  d'au- 
torité, el  de  faire  régner  dans  ses  États,  et 
surtout  dans  Turin,  le  pouvoir  absolu  de 
Richelieu  avec  le  même  despotisme  qu'à 
Paris.  Quelques  paroles  de  politesse,  et  les 
assurances  réitérées  du  dévouement  du 
cardinal  aux  intérêts  de  Madame  dissimu- 
laient trop  peu  ce  qu'il  y  avait  de  blessant 


pour  elle  dans  les  procédés  de  cette  poli- 
tique ,  qui ,  pénétrant  jusqu'au  fonddans  les 
secrets  de  sa  vie,  prétendait  régenter  ses 
affections  aussi  bien  que  les  afl'aires  d'Etat. 
On  comprend  que  la  duchesse  ait  pu  se 
demander  si  l'amitié  de  l'Espagne  ne  serait 
pas  nroins  onéreuse  pour  ses  Etats ,  moins 
insultante  pour  elle-même ,  que  l'amitié  de 
la  France.  Et  ce  ne  sera  pas  sans  quelque 
indulgence  que  l'histoire  lui  reprochera  de 
n'avoir  pas  toujours  reconnu  que,  dans 
la  communauté  d'intérêts  politiques  exis- 
tants entre  la  France  et  les  Etats  de  Ma- 
dame, ce  lui  était  une  nécessité  de  subir 
avec  une  courageuse  résignation  la  tyran- 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  829 

puis(|ue  l'injustice  el  l'insolence  des  prétentions  de  ce  prince  ne  per- 
mettent pas  d'y  faire  autre  chose  que  de  prier  Dieu  que,  par  la  force 
de  son  Saint-Esprit,  il  luy  donne  un  sain  esprit ^ 

Ce  bon  prince,  demandant  la  contutelle  avec  Madame,  la  demeure 
dans  Thurin»-la  restitution  de  toutes  les  places  tenues  par  la  France 
et  par  l'Espagne,  celles  du  Montferrat  à  M.  le  duc  de  Mantoue,  la 
citadelle  de  Casai  estant  préalablement  démolie,  le  commandement 
des  armes  du  roy  en  Italie,  si  absolu  qu'il  soit,  seul  ordonnateur  des 
finances  et  des  armes,  le  payement  de  ses  troupes  particulières,  l'as- 
seurance  que  le  roy  le  maintiendra  luy  et  les  siens  en  la  succession 
des  Estats  de  M.  de  Savoie,  s'il  vient  à  mourir,  donne  lieu  au  roy  de 
penser  sérieusement  à  ses  affaires,  ainsy  que  l'autre  fait  paroistre 
qu'il  ne  pense  qu'aux  siennes. 

En  cette  considération,  c'est  à  M.  le  comte  d'Harcourt  et  à  M.  Ma- 
zarin  de  sortir  promptement  d'affaires  avec  luy,  trouver  invention 
qu'il  n'envoie  personne  en  France  s'il  ne  veut  faire  d'autres  proposi- 
tions plus  raisonnables,  et  rompre  la  trefve  aussitost  que  les  armes  du 
roy  seront  en  estât  de  le  faire  avec  advantage,  et  \e  chasser  d'Yvrée, 
ce  qu'il  faut  faire  in  ogni  modo. 

Fait  à  Monceaux,  le  i3  octobre  i64o. 

BOUTHILLIBH. 

li'abbé  Moiulini  avait  rit-  envoyé  à  Ilichelieu  par  le  cardinal  de  Savoie-,  le  prince 
Thomas,  à  son  tour,  envoyait  un  homme  à  lui,  fabbé  Soldati,  accompagné  du 
comte  de  Bueil,  et  Chavigni,  en  annonçant  à  Mazarin  leur  arrivée,  dans  une  lettre 
du  i"  novembre  (fol.  3i3),  disait  :  «  Vous  jugerez,  ainsy  que  nous,  leurs  propo- 
sitions extravagantes.  »  ¥A,  en  effet,  ces  princes  semblaient  ne  vouloir  que  gagner 
du  temps,  et  leur  diplomatie  était  une  espèce  de  jeu  où  ils  s'étudiaient  à  imaginer 
des  propositions  qui,  sous  des  apparences  d'accommodement,  soulevaient  des 
difficultés  toujours  nouvelles.  Mazarin  et  le  comte  d'Harcourt  n'étaient  occupés 

nique  protection  du  cardinal ,  et  qu'après  ses  beaux  -  frères ,  alliés  des  Espagnols, 
tout  il  valait  encore  mieux  pour  elle  tout  '  Nous  avons  eu  plus  d'une  fois  l'occa- 

soulfrir  du  ministre  du  roi  son  frère,  que  sion  de  remarquer  que  ces  jeux  de  mots 

de  tomber  sous  l'insolente  usurpation  de  étaient  fort  du  goût  de  fUcheJieu. 


830  LETTRES 

qu  à  échapper  aux  réseaux  de  cette  politique  astucieuse  et  de  mauvaise  foi.  Les 
messagers  changeaient,  mais  non  l'esprit  de  ruse  ou  de  fourberie,  ainsi  que  le 
témoignent  plusieurs  lettres  des  deux  négociateurs  français,  datées  des  premiers 
jours  de  novembre.  A  ces  dépêches ,  Richelieu  répondait  : 

CCXXXVIII. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  XXXI,  fol.  SgS-Sgô. — 
Original  de  la  main  de  Clierré. 

De  Rueil,  ce  1 1  novembre  i64o. 

Comme  j'ayme  plus  mes  amis  que  moy-mesme,  aussy  ne  prends-je 
pas  plaisir  à  contredire  leurs  pensées.  Il  signor  Colmardo  le  jugera 
ainsy,  par  les  résolutions  que  je  luy  envoie  sur  ce  qu'il  a  proposé  par 
ses  dernières  despesches'. 

S.  M.  ayant  considéré  qu'il  seroit  impossible  de  continuer  la  guerre 
si  les  troupes  des  secours  qui  ont  esté  envoyez  en  Italie  durant  cette 
campagne  ne  repassoient  en  France  pour  se  refaire  et  se  remettre  en 
estât  de  servir  l'année  prochaine,  elle  envoie  à  M.  le  comte  d'Har- 
court  des  ordres  en  conséquence. 

Ici,  dispositions  pour  la  répartition  des  troupes,  fortifications  à  construire, 
routes  à  ouvrir.  «  S.  M. ,  dit  Richelieu,  mande  à  M.  le  comte  d'Harcourt  d'y  faire 
travailler  en  toute  diligence.  »  (Et  on  envoie  l'argent  nécessaire.) 

S.  M.  entend  aussy  que  l'on  establisse  un  si  bon  ordre  dans  les 
contributions»,  que  les  peuples  en  paissent  supporter  la  levée,  et  que 
ce  qui  en  proviendra  soit  employé  tant  au  payement  des  garnisons 
de  chacune  place  que  des  appointemens  des  gouverneurs  2.  —  Je 
vous  conjure  de  faire  en  sorte  que  les  armes  du  roy  eslargissenl  leurs 
quartiers  d'hiver  ou  du  costé  d'Yvrée  ou  du  costé  d'Ast. . . 

'   C'est   une  dépêche    officielle  de    dix  s'il'n'est  soulagé  par  les  contributions  des 

pages,  signée  du  roi,  datée  de  Saint-Gcr-  pays  réduits   à   son    obéissance,»    dit  de 

main-en-Laye  et  adressée  au  comle  d'Har-  Noyers  dans  une  lettre  qu'il  écrit  au  comte 

court.  Il  n'est  question  que  des  mesures  à  d'Harcourt  et  à  Mazarin.  le  12  novembre, 

prendre  pour  l'armée  d'Italie.  au  sujet  des  atTaires  de  farmée.  (Copie, 

'  «N'estant   pas  possible   que    le    roy  fol.  4o2.) 
puisse  supporter  ces  despense»  de  la  guerre, 


DU  CARDINAL   DE   RICHELIEU.  831 

Pour  ce  qui  est  de  vostre  négociation  avec  M.  le  prince  Thomas, 
je  vous  avoue  que  j'attends  beaucoup  de  propositions  et  peu  de  con- 
clusion; et,  si  vous  nous  apportez  dé  cette  monnoie  à  vostre  retour, 
nous  pourrons  vous  en  donner  le  change  de  celle  que  nous  avons 
tirée  de  la  négociation  de  l'abbé  Soldali. 

...  Surtout  que  Colmar  se  souvienne  que  les  puissances  supérieures 
à  la  sienne  ne  font  estât  que  des  exécutions,  et  mesprisent  fort  les 
esprits  qui  sont  plus  capables  de  propositions  aériennes  et  de  discours 
vaniteux  que  de  pratiques  salutaires. 

Souvenez-vous  de  vous  faire  escorter  lorsqu'après  avoir  fait  toutes 
vos  affaires  vous  reviendrez  par  ie  Dauphiné,  ainsi  que  M.  de  Cha- 
vigny  vous  l'a  mandé.  Je  crois  bien  qu'on  n'entreprendra  pas  grande 
chose*  contre  une  si  misérable  personne  que  la  vostre;  mais  puis- 
qu'elle m'est  chère,  elle  est  assez  précieuse  pour  estre  conservée 
avec  soin. 

. . .  Jean  Marie  opère  fort  bien  de  deçà,  et,  se  trouvant  exempt  de 

fourberie ,  il  y  a  lieu  de  croire  qu'il  n'a  pas  esté  longtemps  à  l'escole 

de  Colmar,  à  qui  je  suis  entièrement  ^. 

Le  Gard.  DE  RICHELIEU. 

Chavigni  écrivit  en  même  temps,  de  RueL  à  Mazaiin  : 

•  Je  vous  envoie  la  copie  des  responses  qUi  ont  esté  faites  aux  propositions  de 
M.  l'abbé  Soldali,  lequel  les  envoie  à  Nice  par  M.  le  comte  de  Bueil,  s'estant 
résolu  d'attendre  icy  l'arrivée  du  sieur  Mondin ,  (ju'on  dit  devoir  venir  dans  peu 
de  jours,  et  les  sentiments  de  son  maistre  sur  nos  responses. .  . 

•  Ce  qui  est  mis  dans  lesdites  responses,  où  il  est  parlé  de  l'intervention  du 
pape  et  de  la  république,  laquelle  le  roy  consent,  pourveu  que  ce  soit  dans  un 
traitté  général,  a  esté  adjoustépar  M*'  le  cardinal.  Pour  moy  il  me  semble  qu'on 
eust  pu  l'obmettre,  ne  s'agissant  point  dans  cette  affaire  d'un  accommodement 
général.  »  (Fol.  Sgy.) 

On  voit,  par  cette  lettre  de  Chavigni,  que  les  dépêches  du  roi  et  du  cardinal, 
datées  du  i  i,  avaient  été  écrites  un  peu  auparavant. 

En  même  temps  que  les  negociations.se  continuaient,  on  préparait  les  magni- 

'   Huit  mots  sont  ici  soulignés  ;  nous  ne         semble  pas  du  fait  de  Richelieu.  —  '  Ces 
conservons  point  dans  l'impression  celte         cinq  derniers  mots  autographes 
circonstance  du  manuscrit,  qui  ne  nous 


832  LETTRES 

ficences  de  la  rentrée  de  la  duchesse  de  Savoie  dans  Turin ,  et  Richelieu  écrivait  à 
Mazarin ,  le  2  3  novembre  : 

«  Je  ne  doute  point  que  M.  Colmardo  ne  face  l'impossible  pour  faire  réussir  les 
affaires  au  lieu  où  il  est.  Au  moins  ledit  seig'  Colmardo  aura-t-il  l'honneur  de 
servir  Madame  à  son  entrée  dans  Turin. 

«  Je  prie  Dieu  que  tout  ce  qu'entreprendra  le  seig'  Colmardo  réussisse  ainsy 
qu'il  le  peut  souhaitter  »  (Lettre  originale,  fol.  438.) 

Mais  à  ce  moment  la  cérémonie  était  faite  :  grâce  à  la  lenteur  des  convois,  le 
cardinal  n'en  était  pas  encore  informé.  Mazarin  avait  mandé  le  1 6  :  «  L'entrée  de 
Madame  à  Turin  doit  être  dimanche  prochain  [18  novembre],»  et  il  racontait 
toutes  les  préoccupations  de  la  princesse  au  sujet  de  cette  solennité  :  «  demande 
de  Madame,  qu'on  m'a  faite  sans  la  nommer  :  Si  le  peuple  crieroit  vive  Ma- 
dame et  vive  Savoy e;  à  quoy  j'ay  respondu  que,  si  j'estois  peuple,  je  fairois  ce 
que  Madame  commanderoit ,  mais  que,  ne  l'estant  pas,  je  ne  pou  vois  rien  dire, 
sinon  que  nous  trouverions  bon  que  le  peuple  criast  tout  ce  ([ui  luy  pourroit 
plaire  le  plus.  »  (Fol.  426.)  Parmi  d'autres  fantaisies,  la  duchesse  avait  imaginé  de 
ne  point  passer  parla  porte,  et  de  faire  abattre  un  pan  de  muraille,  pour  rentrer 
dans  Turin  comme  dans  une  place  conquise.  On  lui  conseilla  d'abandonner  cette 
idée.  Néanmoins,  rien  ne  manqua  à  la  pompe  et  à  l'éclat  de  celte  entrée  triom- 
phale; notre  manuscrit  en  contient  une  relation  écrite  de  la  main  d'un  secrétaire 
de  Mazarin  (fol.  5oi).  Mais  les  misères  du  pays  faisaient  un  triste  contraste  avec 
toutes  ces  splendeurs.  Aussi  Madame  laisse-t-elle  échapper  le  cri  de  ses  plaintes 
parmi  ses  remercîments  :  «  Mon  cousin,  écrit-elle  au  cardinal,  j'attribue  les  hon- 
neurs que  j'ay  receusicy  aux  ordres  que  vous  avez  donnés...  Je  ne  veux  despendre 
absolument  que  de  vous,  et  suivre  vos  senlimens  en  tout  et  pour  tout.  »  Et  puis 
elle  le  conjure  de  mettre  un  terme  aux  excès  et  aux  ravages  qui  désolent  le 
Piémont,  et  qu'on  ne  peut  réprimer  sans  de  sévères  châtimens.  (Lettre  auto- 
graphe du  24  novembre,  fol.  h^Q-) 

Un  des  points  les  plus  remarquables  des  négociations  alors  engagées  est  l'habile 
prévoyance  et  l'extrême  sagacité  avec  lesquelles  Richelieu  démêla  les  ruses  et  les 
procédés  cauteleux  de  ces  princes  piémontais  et  de  leurs  agenis,  imaginant  de 
son  côté  des  contre-ruses  et  des  paroles  adroitement  combinées,  dont  il  puisse 
lirer  plus  tard  îles  conséquences  que  n'auront  pas  prévues  les  négociateurs  qui 
cherchent  à  le  surprendre. 

CCXXXIX. 

A   M.  MAZARIN. 

Après  avoir  reveu  vos  dépesches  et  remarqué  ce  que  vous  escrivez 


DU  CARDINAL   DE   RICHELIEU.  833 

sur  le  sujet  du  trailléavec  les  princes  (et  particulièrement  sur  l'article 
de  la  restitution  des  places),  j'ay  estimé  à  propos  de  vous  faire  celle- 
cy,  pour  vous  dire  que  vous  avez  grande  raison  de  dire  qu'il  faut 
coucher  ledit  article  avec  grande  délicatesse. 

Deux  choses  y  sont  à  considérer  : 

I^  première,  de  le  coucher  en  termes  qui  ne  donnent  point  d'om- 
brage aux  princes; 

Et  le  second,  qu'ils  soient  tels  qu'ils  ne  nous  embarquent  pas  in- 
sensiblement à  une  chose  du  tout  avantageuse  aux  Espagnols  et  pré- 
judiciable à  la  France. 

Ici  Richelieu  développe  amplement  les  moyens  de  remédier  à  ces  deux  incon- 
vénients et  d'éviter  le  piège.  Il  examine  ensuite  certains  expédients  proposés  par 
Mazarin  ;  le  cardinal  le  laisse  libre  de  choisir. 

«  Quant  à  moy,  qui  ay  pour  maxime  de  dire  franchement  ce  qu'on 
veut  faire  et  ne  vouloir  que  la  raison,...  je  croy  qu'on  peut  accorder 
la  restitution  des  places,  disant  que,  lorsqu'on  les  restituera,  on  aura 
tout  l'esgard  qui  sera  requis  à  la  seureté  d'icelles,  entendant,  comme 
vous  le  proposez,  obliger,  par  ces  paroles,  MadaiTie  à  y  mettre  des 
troupes  françoises  payées  par  le  roy.  Et  pensant,  comme  le  portent 
vos  lettres,  qu'en  tel  cas  il  faudroit  s'ouvrir  le  chemin  de  Casai,  et 
par  après  penser  au  duché  de  Milan,  et  non  au  reste  des  places  te- 
nues dans  le  Piedmont,  je  ne  vois  pas  de  difficulté  à  dire  que  le  roy 
ne  fera  jamais  la  paix  sans  la  restitution  des  places,  qu'il  n'accordera 
pas  une  trefve  longue  sans  que  le  prince  Thomas  ayt  sa  femme  et  ses 
enfans  '. 

Après  tout,  si  vous  voulez  sçavoir  franchement  ce  que  je  pense  de 
toute  vostre  négociation,  je  vous  avoue  que,  ne  la  tenant  pas  déses- 
pérée, je  n'en  ay  pas  grande  espérance. 

Si  l'on  pouvoit  marier  promplementle  cardinal,  ainsy  que  vous  le 

'  II»  étaient  retenus  en  Espagne  comme  des  espèces  d'otnges  garants  de  la  fidélité  du 
prince  à  l'alliance  espagnole. 

CARDIN.  DE  niCHELIED.  —  VII.  lo5 


834  LETTRES 

proposez,  ce  seroit  le  meilleur,  car  lors  il  y  auroit  plus  d'apparence 

et  plus  de  seureté  aux  négociations  que  l'on  pourroit  faire  avec  luy. 

De  Paris,  ce  26  novembre  iGAo. 

Le  Gard.  DE  RICHELIEU'. 

Deux  jours  après  cette  lettre,  le  cardinal  en  faisait  écrire  une  autre  par  le  roi  à 
M.  d'Harcourt  et  à  Mazarin,  où  S.  M.  disait  : 

CCXL. 

. , .  Les  instances  que  Moneli  a  laites  à  Madame,  tant  par  le  cardinal 
de  Savoie  que  par  M.  le  prince  Thomas...,  ne  me  semblent  pas  plus 
raisonnables  que  celles  de  l'abbé  Soldati... 

On  n'a  pas  icy  fort  bonne  opinion  du  succez  des  accommodemens 
proposez;  néantmoins,  comme  beaucoup  de  choses  réu.ssissent  quel- 
quefois contre  l'espérance,  il  faut  faire  tout  ce  qui  se  pourra  pour 
conduire  cette  affaire  à  bonne  fin. 

Dans   la  promesse  du  prince  Thomas,  trois   choses  sont  à 

redire  : 

1°  Qu'elle  est  faite  sur  la  présupposition  que  le  roy  soit  obligé 
de  restituer  les  places  toutes  fois  et  quantes  que  le  roy  d'Espagne 
voudra  restituer  celles  qu'il  tient  en  Piedmont; 

2°  La  proposition  de  lui  donner  le  commandement  des  armes  en 
Piedmont,  ce  qui  est  impossible; 

3°  Sa  demeure  audit  pays.  Néantmoins,  si  l'on  estoit  d'accord  de 
tout  le  reste,  on  pourroit  y  consentir,  M.  le  cardinal  de  Savoie  res- 
tituant les  places  qu'il  a 

Faict  à  Saint-Germain-en-Laye,  le  27  novembre  iG/'io. 

LOUIS. 

BonTHILLIEB  ^. 


'  Archiv.desAfl'.cIrang.  Turin,  t. XXXI,  relatives  au   traité   qu'on  préparait  :  une 

fol.  44i.  Original.  lettre  de  Chavigni  à  Mazarin,  (o\./i-]i;  — 

^  Mêmes   archives,   Turin,    t.  XXXI,  une  déclaration  du  comte  d'Harcourt  et  de 

fol.  471.  Original.  Il  convient  d'indiquer,  Mazarin.   en    italien,    loi.    ,")o5;  —   tnie 

à  l'occasion  de  cette  lettre,  diverses  pièces  autre  pièce  italienne  ,  intitulée  :  «  Scrittura 


DU   CAFiDlNAL   DE   RICHELIEU.  835 

Cependant  un  accommodement  particulier  venait  d'être  conclu  entre  Madame 
et  les  princes.  Richelieu  fuit  aussitôt  signer  au  roi  une  dépêche  qu'on  envoie  à 
Mazarin  : 

CCXLI. 


LE  ROI  AU  SIEUR  MAZARIN. 

. .  .On  a  veu  icy  les  articles  de  l'accommodeinenl  entre  Madame  et 
les  princes  de  Savoie ,  sur  lesquels  il  n'y  a  rien  à  remarquer  que  ledit 
sieur  Mazarin  n'ayt  observé;  mais  on  a  trouvé  beaucoup  à  redire  à 
l'incivilité  du  procéder  de  Madame  envers  le  roy,  en  ce  que,  sans 
avoir  communiqué  ces  articles  aux  ministres  de  S.  M. ,  elle  les  a  fait 
mettre  entre  les  mains  de  Moneti;  c'est  une  conduite  digne  de  la 
personne  qui  a  dirigé  ces  alïaires  jusqu'à  présent  \  Quand  on  y  aura 
apporté  le  remède  nécessaire,  il  faudra  prendre  une  autre  règle, 
selon  laquelle  toute  choses  prendront  un  meilleur  train. 

. .  .Quelque  précaution  que  la  personne  qu'il  sçait  puisse  prendre, 
ledit  prince  Mazarin  trouvera  assez  de  moyens  pour  venir  à  bout  de 
ce  qui  a  esté  résolu.  Il  est  à  croire  que  M.  le  comte  d'Harcourt  et 
luy  ne  manqueront  pas,  dans  la  resjouissance  de  l'heureux  retour  de 
Madame,  de  trailter  sa  cour  et  faire  des  festins  où  les  cavaliers  et  les 
dames  se  trouvant,  il  y  aura  lieu  de  donner  ordre  à  l'affaire  dont  il 
est  question. 

En  tout  cas,  quand  M.  le  comte  d'Harcourt  sera  prest  à  partir,  la 
civilité  veut  qu'on  luy  vienne  dire  adieu,  dont  l'occasion  sera  encore 
propre.  Si  celle-là  ny  autres  n'est  présentement  à  propos,  il  n'y  a  voye 
au  monde  qu'il  ne  faille  pratiquer  pour  exécuter  l'intention  du  roy. 

...Quant  à  ce  qui  est  de  la  restitution  des  places,  on  demeure 
d'accord  icy  que,  pourveu  qu'outre  Pignerol,  les  places  de  Cahours, 
Suze,  Vegliane  et  Turin  outre  la  citadelle  demeurent  au  roy,  S.  M. 

de!  sig.  principe  Toniaso,»  fol.  5i2; —  Thomas.  Ce  XXXI'  volume  en  contient 

enfin,  à  la  date  du  2  décembre  (loi.  oai-  plusieurs  copies. 
626),  ce  traité  si  laborieusement  conclu  et  '   Le  comte  Philippe  d'Aglié. 

presque  aussitôt  renonce   par  le  [)rince 

to5. 


836  LETTRES 

peut  restituer  les  autres  qu'elle  tient,  place  après  place,  à  mesure 
que  Ton  jH'cndra  celles  que  les  I"]spagnols  occupent,  pourveu  que  par 
ce  moyen  lesdils  Espagnols  soient  entièrement  chassés  du  pays,  et 
que  Madame  pourvoie  avec  prudence  aux  places  qui  luy  seront  re- 
mises. 

Mais  on  persiste  tousjours  à  dire  qu'il  seroit  bien  dangereux  de 
s'obliger  à  rendre  tout  ce  que  le  roy  tient  en  Piedmont  depuis  le 
décez  de  Victor-Amédée,  toutes  fois  et  quantes  que  les  Espagnols 
voudroient  faire  le  mesme,  pour  les  raisons  qui  ont  esté  mandées  au- 
dit Mazarin. . . 

Fait  à  Saint-Germain-en-Laye,  le  3o  novembre  i64o. 

LOUIS. 

BoUTHIt.LIER  '. 

Richelieu  était  impatient  de  voir  arrêter  le  comte  Philippe  d'Aglié,  qu'il  œn- 
sidérait  comme  le  mieux  écouté  de  ceux  dont  l'influence  rendait  la  duchesse  de 
Savoie  indocile  aux  conseils  de  sa  politique.  On  le  voit  chercher  et  indiquer  toutes 
les  occasions  qu'on  pourra  faire  naître  ou  saisir  pour  s'emparer,  par  surprise,  du 
favori  de  Madame.  Il  lui  fallait  attendre  un  mois  encore  cette  capture  lant  sou- 
haitée. Il  poursuit  cependant  avec  d'autant  plus  de  zèle  un  accommodement  avec 
le  prince  Thomas,  dont  nous  l'avons  vu  presque  désespérer,  mais  qui  paraît  en 
ce  moment  devenir  moins  difficile.  Les  deux  négociateurs,  dans  une  dépêche 
commune,  mandaient  au  roi,  le  9  décembre  :  «  Après  tous  ces  délais,  sur  une 
déclaration  que  le  roy  nous  ordonnoit  de  rompre  la  trefve,  le  prince  Thomas 
s'est  déclaré  pour  le  roy;  il  partira  dans  le  i5°  du  mois  prochain,  pour  en  aller 
luy-mesme  asseurer  S.  M.  » 

Richelieu,  de  son  côté,  faisait  écrire  par  le  roi,  à  Mazarin,  lo  i5  décembre, 
une  lettre  propre  à  amener  à  bonne  fin  la  négociation  : 

CCXLII. 

. . .  Donner  au  prince  Thomas  des  asseurances  de  l'aflection  du  roy 
telles  qu'il  puisse  prendre  confiance. . .  Il  est  très-utile  au  service  du 
roy  d'acquérir  ce  prince. . .  Quant  à  la  somme  d'argent  qu'il  convient 
de  luy  donner  pour  luy  et  les  siens  qui  l'accompagneront  dans  son 

'   Arch.  des  AIT.  étr.  Turin,  I.  XXXI,  fol.  ^81 .  Original  en  partie  chifl'ré. 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  837 

voyage  de  France,  on  se  rapporte  à  M.  Mazarin  d'en  user  pour  le 
mieux,  en  espargnant  aussy  le  plus  qu'il  se  peut  l'argent  de  S.  M. 

Quant  à  ce  qui  est  de  la  gratification  que  l'on  a  fait  espérer  à 
Madame,  c'est  une  chose  remise  jusques  à  ce  que  l'affaire  que 
M.  Mazarin  sçait  soit  terminée. . . 

Il  a  desjà  esté  mandé  audit  sieur  Mazarin  que  le  roy  trouvoit  fort 
à  propos  que  le  traitté,  tant  avec  M.  le  cardinal  de  Savoie  qu'avec 
M.  le  prince  Thomas,  se  fist  en  Piedmont  phisfost  que  de  le  renvoyer 
icy. . . 

Si  Madame  permet  à  M.  le  marquis  Ville  et  de  Pianezza  de  faire 
un  voyage  en  France,  S.  M.  les  verra  de  très-bon  œil. . . 

Il  faut  modifier  le  second  article  du  traitté  entre  Madame  et  les 
princes,  parce  qu'il  sembleroit  que  leur  consentement  fust  néces- 
saire pour  la  tutelle  et  régence  que  Madame  a  de  M.  le  duc  son  (ilz 
et  de  ses  Estatz. . . 

Il  faut  oster  le  8''  article,  où  il  est  dit  que  ledit  sieur  Duc  et  les 
princesses  ses  sœurs  seront  nourries  à  Turin,  ou  tel  autre  lieu  prin- 
cipal de  l'Estat  que  Madame  voudra;  sur  quoy  elle  n'a  pas  besoin  du 
consentement  dudit  prince. 

Peut-estre  que    cet  article   a  esté   inséré  à  dessein  d'empescher 

qu'elle  les  envoyé  en  France,  ce  qui  est  tout  à  fait  inutile,  puisque 

l'on  a  aucun  dessein  qui  tende  à  cela  pour  le  présent,  ny  pour  fave- 

nir;  mais  il  n'est  pas  juste  que  Madame  se  prive  d'un  moyen  de  les 

mettre  en  seureté  hors  de  l'Estat ,  en  cas  de  nécessité. 

Fait  à  Versailles,  le  i5  décembre  i64o. 

LOUIS. 

BOUTRILLIER  '. 

Les  intérêts  de  Madame  sont  ici  un  prétexte  qui  ne  déguise  qu'à  demi  la  pensée 
de  Richelieu;  son  dessein  était  réellement  de  faire  venir,  auprès  du  roi  leur  oncle, 
les  enfants  de  Madame,  afin  de  la  tenir  elle-même  plus  étroitement  sous  sa  domi- 
nation, ce  qu'elle  comprenait  très-bien.  Une  lettre  particulière  que  Chavigni 
écrivait  à  Mazarin,  en  lui  envoyant  la  dépêche  de  S.  M.,  montre  que  l'habileté 

'  Arch.  des  Aff.  élr.  Turin ,  t.  XXXI ,  fol.  631.  Original. 


838  LETTRES 

diplomatique  de  Mazarin  était  fort  aidée  par  réloquence  du  trésor  du  roi;  on  fai- 
sait un  pont  dor  au  beau-frère  de  la  duchesse,  et  »  pour  gaigner  le  prince 
Thomas,  dit  cette  lettre,  il  n'était  possible  de  promettre  moins'.  »  Cette  missive 
nous  apprend  encore  que  la  somme  promise  à  Madame,  laquelle  ne  devait  lui 
être  comptée  qu'après  l'arrestation  de  son  favori,  était  de  5o,ooo  livres.  Aous  y 
voyons  aussi  une  fois  de  plus  qu'à  ces  grandes  préoccupations  des  affaires  d'Etat, 
Richelieu  mêlait  des  soins  plus  frivoles,  et  qui  cependant  ont  tenu  une  assez 
grande  place  dans  sa  vie  :  «  S.  Ém.  m'a  dit  que,  bien  qu'elle  ayt  résolu  de  faire 
jouer  sa  comédie  la  veille  des  Roys,  qu'elle  la  retarderoit  volontiers  de  cinq  à  six 
jours  affin  que  vous  y  puissiez  estre  présent.  »  (Fol.  628.)  Et  huit  jours  auparavant , 
le  7  décembre,  Chavigni,  énumérant  les  diverses  opérations  que  Mazarin  avait 
encore  à  terminer  en  Italie,  ajoutait  :  «  Mais  M^'  fait  son  compte  que  vous  devez 
estre  icy  à  la  fin  de  l'année,  pour  donner  ordre  avec  luy  aux  préparatifs  de  la  comé- 
die et  du  ballet  qui  se  doivent  jouer  dans  sa  grande  sale.  •  (Fol.  589.)  Nous  allons 
voir  tout  à  l'heure  que  Richelieu  lui-même  donne  rendez-vous  à  Mazarin  pour 
les  divertissements  du  carnaval. 

CCXLIII. 
A   MONS'  MAZARIN,   A  TURIN. 

Monsieur,  je  ne  sçaurois  vous  dire  le  contentement  que  j'ay  receu 
de  ce  que  l'accommodement  de  M.  le  prince  Thomas  a  réussy.  Je 
croy  que  Dieu  a  permis  que  vous  ayez  fait  voir,  par  cet  eschantillon, 
ce  que  vous  pouvez  faire  aux  plus  grands  et  plus  iniportans  traitiez 
auxquels  vous  estes  destiné. 

Je  ne  considère  pas  seulement  en  cette  affaire  le  desavantage  qu'en 
recevront  les  Espagnols,  mais  l'avantage  de  la  maison  de  Savoie,  dont 
je  désire  la  conservation  de  tout  mon  cœur,  le  bien  particulier  de 
M.  le  prince  Thomas,  que  je  veux  servir  sincèrement,  et  l'avance- 
ment qu''un  tel  changement  peut  apporter  à  la  paix  générale,  à  la- 
quelle apparemment  les  Espagnols  se  porteront,  quand,  au  lieu  d'es- 

'  On  prodiguait,  à  celle  occasion,  aux  Chavigni,  on  peut  voir  aux  folios  58^  et 

grands    seigneurs    piémonlais    gratifica-  810  des  Estais  des  pensions  données,  etc.,  et 

lions,   pensions  et  dons  de  lerre.    Notre  une  lettre  particulière  de  Mazarin  à  Cha- 

manuscrit   nous  en  conserve   les   lémoi-  vigni,  du  9  décembre,  fol.  608. 
gnages.  Outre  les  observations  que  fait  ici 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU. 


839 


pérer  faire  des  progrez  en  Italie,  ils  auront  lieu  d'appréhender  d'y 
perdre- une  partie  de  ce  qu'ilz  y  tiennent. 

On  vous  envoie  la  ratifïîcation  du  traitté  que  vous  avez  fait  avec 
M.  le  prince  Thomas.  Quand  il  viendra  icy,  il  y  sera  très-bien  receu  \ 
et  je  ni'asseure  qu'il  avouera  que  le  procédé  des  Espagnolz  n'a  rien 
qui  puisse  estre  comparé  à  la  générosité  de  celuy  des  François. 

Il  ne  vous  reste,  pour  couronner  vostre  ouvrage,  que  d'achever 
l'affaire  d'Ast,  si  Dieu  veut  en  besnir  l'entreprise"^,  et  parachever  ce 
qui  vous  reste  à  faire  aux  quartiers  où  vous  estes,  chose  si  impor- 
tante qu'il  me  tarde  que  je  ne  la  voye  accomplie  au  contentement  de 
Sa  Majesté  et  à  l'avantage  de  Madame  de  Savoye,  sa  sœur'. 

Après  ce  que  dessus,  il  ne  me  reste  qu'à  vous  dire  que  j'ay  en 
vérité  impatience  de  voir  le  segnor  Colmardo,  tant  pour  l'amour  de 
sa  personne,  que  parce  que  je  désire  fort  qu'après  avoir  fait  ses  ex- 
ploits en  Italie,  il  vienne  prendre  part  à  nos  resjouissances  de  caresme- 
prenant.  Il  s'asseurera  cependant  qu'en  tout  temps  et  en  tous  lieux 
je  seray  tousjours,  non  inutilement,  son  serviteur*. 

De  Paris,  ce  21  décembre  1  64o. 

Le  Gard.  DE  lUCHKLIEU^ 

Ce  traité,  dont  le  cardinal  félicite  Vlazarin,  n'avait  point  satisfait  la  duchesse  de 
Savoie;  elle  était  mécontente  de  ce  qu'on  y  faisait  trop  d'avantages  à  ses  beaux- 


*  Le  roi  écrivit  le  aS  décembre  à 
M.  d'Alincoiirt,  gouverneur  du  Lyon- 
nais, •  que  le  prince  Thomas  devant  venir 
en  France,  il  l'oille  recevoir  à  l'entrée  de 
son  gouvernement,  qu'il  l'accompagne  et 
luy  face  toutes  le.s  civilités  possibles.  » 
(F'ol.  686.)  S.  M.  écrivit  la  même  ciiose  à 
peu  près  à  M.  de  Lesdiguièrcs,  gouverneur 
ilu  Dauphiné.  (Lettre  du  22  déc,  fol.  701.) 

'  Le  siège  d'Asti  était  commencé  depuis    • 
quelques  jours,  t  Nous  partons  pour  nous 
••n    aller  en  Asl,»  avaient  écrit  le  comie 
d'Harcourtet  Mazarindans  une  commune 
dépêche  du  9  (fol.  .^98). 


'  L'arrestation  du  comte  Philippe. 

'  C'est  sans  doute  à  cette  lettre,  dont  les 
premières  lignes  sont  si  flatteuses  pour  la 
vanité  de  Mazarin ,  si  encourageantes  pour 
.son  ambition  ,  et  dont  les  dernières  ont  pu 
aller  à  son  cœur,  qu'il  faisait  allusion  lors- 
(ju'il  disait  à  Chavigni  :  •  S.  Em.  m'a  fait 
l'honneur  de  m'escrire  une  lettre  capable 
de  me  ressusciter,  si  j'eusse  esté  mort.  » 
(  Lettredu  a  janvier  1 6A  i  .Turin ,  I.  XXXllI , 
fol.  ao.) 

'  Arch.  des  Afl".  élr.  Turin .  I.  XXXI . 
fol.  683.  Original. 


840  LETTRES 

frères,  et  de  ce  que  ses  propres  intérêts  n'avaient  pas  été  assez  ménagés;  elle 
voyait  avec  dépit  et  inquiétude  le  voyage  du  prince  Thomas  en  France ,  ainsi  que 
l'honorable  accueil  qu'on  lui  préparait,  et  elle  témoignait  ouvertement  sa  mauvaise 
humeur  «  de  ce  qu'on  ne  luy  avoit  pas  communique  le  traitté  avant  de  le  signer,  » 
mandait,  le  9  décembre,  l'ambassadeur  ordinaire  M.  de  la  Court;  et  Mazarin,  qui 
en  informait  Chavigni  dans  une  lettre  confidentielle,  lui  disait  que  Madame  ne 
voudrait  plus  entendre  à  aucune  négociation  :  «  Madama  non  vorrà  più  dare 
orecchie  ad  alcuna  sorte  di  negociatione  con  li  principi.  »  Le  cardinal  conseilla  au 
roi  d'user  de  condescendance  en  cette  occasion. 

CCXLIV. 

LE  ROI  AU  SIEUR  MAZARIN. 

Le  roy  a  veu  les  dépesches  du  s' Mazarin  du  9.  Comme  Madame  fait 
difficulté  de  laisser  passer  le  prince  Thomas  par  la  Savoie  pour  venir 
en  France,  S.  M.  désire  qu'on  le  fasse  passer  par  le  Dauphiné. 

. . .  Sur  les  demandes  du  prince  Thomas,  il  faut  voir  ce  que  le  roy 
pourra  faire  pour  le  contenter,  ce  que  désire  S.  M.,  pourveu  que 
les  seuretés  requises  par  la  prudence  s'y  rencontrent. 

...  Le  roy  désire  la  paix  générale,  et  il  la  veut  faire  conjoinclément 
avec  ses  alliez. 

. . .  L'apréhension  qu'a  le  sieur  Mazarin  que  l'exécution  de  l'af- 
faire du  comte  Philippe  ne  mette  Madame  en  mauvaise  humeur  et 
ne  la  rende  difficile  aux  traittés  ne  doit  pas  l'empescher  de  passer 
outre .  .  . 

Fait  à  Saint-Germain-en-I^aye,  le  23  décembre  i()4o. 

LOUIS. 

Bouthillier'. 

Mazarin  avait  écrit  en  effet  qu'il  craignait  beaucoup,  en  cette  occasion,  les 
emportements  indiscrets  de  la  duchesse  de  Savoie,  et  lors  même  que  le  comte 
s  éloignerait  de  son  propre  mouvement,  elle  n'y  consentira  jamais,  dit  Mazarin  : 
«e  se  per  avventura  il  conte  sudetto  ne  prendesse  da  se  la  risoluzione,  Madama 

'   Arch.  des  Aff.  étr.  Turin  ,  t.  XXXI,  fol.  69^.  Original. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  841 

non  potrebbe  contenersi  senza  fare  publicamente  délie  pazie...'  »  Cependant  on 
prit  jour,  et  Mazarin  en  informa  Chavigni  le  2  4  décembre.  On  est  convenu  de 
faire  l'arrestation  dans  le  temps  des  festins  que  donnent  Philippe  et  les  autres 
seigneurs;  «  dovendo  se  ne  far  uno  da  Montpezal,  habbiamo  di  già  coiicertato 
quanto  dovra  eseguirsi  ^.  »  Il  fut  fait  comme  il  était  convenu.  Le  comte  fut  pris 
chez  M.  de  Montpezat^,  où  il  avait  été  invité  à  souper  le  soir  du  3 1  décembre  pour 
finir  gaiement  Tannée.  La  relation  de  ce  coup  de  main  n'a  pas  moins  de  huit 
pages;  elle  est  écrite  par  le  secrétaire  de  Mazarin,  et  signée:  «  Henry  de  Lorraine, 
comte  d'Harcourt;  Mazarini ,  »  avec  ce  titre  :  Relation  de  ce  (jui  s'est  passé  à  Turin  *. 
Nous  n'en  pouvons  conserver  ici  que  quelques  lignes  : 

•  Le  comte  Philippe  a  esté  arresté  hier  au  soir  dans  la  maison  du  sieur  de 
.Montpezat,  où  il  estoit  allé  souper  en  compagnie.  » 

Le  comte  d'Harcourt,  Mazarin  et  l'ambassadeur  ordinaire  De  la  Court  se  ren- 
dirent auprès  de  Son  Altesse,  «  laquelle  nous  trouvasmes  ajustant  la  princesse  sa 
fille  pour  le  bal  qui  se  devoit  donner,  à  quelque  temps  de  là,  dans  l'appartement 
du  comte  Philippe.  » 

Profonde  douleur  de  Madame,  qui  pleure,  prie,  se  met  à  genoux,  etc. 

On  lui  représente  que  le  roi  a  voulu  seulement  «  oster  au  comte  Philippe  la 
principale  part  qu'il  prenoit  aux  affaires  sans  avoir  la  prudence  et  l'expérience 
nécessaires  pour  les  bien  conduire ,  et  ester  à  la  noblesse  et  au  peuple  le  prétexte 
de  ne  pas  rendre  l'obéissance  qui  estoit  deue  à  S.  A .  .  .  • 

Madame  réplique  que  le  comte  Philippe  n'était  impopulaire  qu'à  cause  de 
son  dévouement  à  la  France;  qu'on  le  sacrifie,  et  elle  aussi ,  aux  princes  de  Savoie. 

•  Toute  celle  ville  et  la  cour,  ajoute  la  relation,  ont  veu  cette  exécution  avec 
joye,  encore  qu'il  y  en  aye  beaucoup  qui,  par  complaisance,  ne  laissent  pas  de 
dire  qu'il  n'y  a  plus  de  seureté  pour  persoime,  ny  pour  aucun  ministre  de  Ma- 
dame en  ce  pays;  la  France  voulant  contraindre  tout  le  monde  de  cette  fasson.  » 

Bruits  que  Mazarin  fait  courir  parmi  le  peuple  pour  donner  la  couleur  voulue 
à  cette  affaire. 

«  Le  seig'  abbé  Mondin  va  partir  et  donnera  les  détails.  Il  dira  quelques  parti- 
cularités que  Madame  lui  a  confiées.  » 

Le  prisonnier  fut  amené  à  Paris.  Nous  avons  Vinslraction  donnée  au  sieur  de 

'    Lettre  chiffrée  du  9  décembre.  Arch.  '   Le  P.  Griffct  dit  à  tort  que  i'arresta- 

des  Aff.  ^tr   Turin ,  t.  XXXI,  fol.  608.  tion  eut  lieu  chez  lecoinle  du  Plessis-Pras- 

•  Autre  lettre  chiffrée,  fol.  712.  M.  de  lin,  l'un  des  deux  généraux  de  l'armée. 
Montpezat  commandait  un  régiment  fran-  *   Mêmes  archives,  t.  XXXIII,   fol.  A, 
çais  en  Piémont.                         •  1"  janvier  i6ii. 

CARDIN.  DE  RICHELIEU.  —  VII.  I  o6 


842 


LETTRES 


Louvigny.  «  Il  conduira  le  comte  Philippe  par  la  route  de  Grenoble  et  prendra 
toutes  les  mesures  de  seureté  qu'il  jugera  nécessaires.  »  Arrivé  à  une  ou  deux 
journées  de  Paris,  il  dépêchera  un  des  siens  à  M.  de  Chavigni  pour  avoir  ses 
ordres.  Il  aura  soin  que  le  comte  Philippe  soit  honorablement  traité' .  .  . 

Nous  plaçons  ici  une  lettre  qui  a  dû  être  remise  à  la  duchesse  par  les  ambassa- 
deurs, au  moment  où  cette  princesse  était  informée  de  cet  acte  violent  de  pouvoir 
absolu  fort  injurieux  pour  elle;  le  premier  soin  des  exécuteurs  fut  sans  doute  de 
montrer  à  Madame  comment  ils  étaient  autorisés. 


CCXLV. 
LE  ROI  A  MADAME. 

Ma  sœur,  vous  avez  pu  si  clairement  remarquer,  par  les  conseils  et 
assistances  que  je  vous  ay  donnés  jusques  icy,  mon  afFection  parti- 
culière envers  vous. . . 

Mon  cousin  le  comte  d'Harcourt  et  le  sieur  Mazarin  vous  repré- 
senteront les  raisons  qui  m'ont  porté  à  leur  donner  les  ordres  des- 
quels ils  vous  feront  part,  qu'il  auroit  esté  à  désirer  qu'on  eust  pu 
exécuter  plus  tost. . .  Je  vous  prie  donc  d'ajouster  autant  de  créance  à 
ce  qu'ils  vous  diront  de  ma  pari  comme  si  c'estoit  à  moy-mesme ,  qui 
seray  toute  ma  vie 

Voire  bien  bon  frère , 

LOUIS. 

L'original  de  cette  lettre  n'est  point  dalté,  parce  ([u'il  eust  fallu 
que  le  date  eust  esté  escrit  de  la  mesme  main  que  la  lettre;  il  faudra 
la  rendre  telle  qu'elle  esl^. 


.  '  Arch.  des  A«.  élr.  Turin,  t.  XXXII, 
fol.  222.  On  ne  peut  donner  une  date  pré- 
cise à  cette  instruction,  qui  a  dû  être  rédigée 
tout  au  commencement  de  janvier  i64i- 
—  Richelieu  historien ,  dans  la  succincte 
narration  comprise  au  I"  chapitre  du  Tes- 
tament politique,  ne  garde  pas  envers  le 
comte  Philippe  les  ménagements  dont  use 
ici  le  ministre  :  «  L'insolence  d'un  malheu- 
reux Piémontais,  aussi  présomptueux  que 
lâche,»    etc.   (p.  Scj).  La  duchesse   elle- 


même  est  traitée,  dans  ce  chapitre,  sur 
un  ton  voisin  du  mépris  (p.  6/i,  69),  el 
c'est  au  roi  son  frère  que  ce  récit  s'adresse. 
*  Mêmes  archives ,  Turin ,  t.  XXXI , 
fol.  771.  Minute.  Celle  espèce  de  post- 
scriptum  dit  pourquoi  l'original  est  resté 
sans  date;  on  a  vu  que  l'arrestation  du 
comte  Philippe  avait  eu  lieu  le  3i  dé- 
cembre 1 6/10,  au  foir  ;  la  lettre  écrite  et 
envoyée  à  l'avance  aux  ambassadeurs  peut 
être  mise  vers  la  fin  de  ladite  année. 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


843 


ANNEE  1641 


GASSION. 

[.  .  .  janvier  i64i .] 

il  y  a  une  lettre  de  Richelieu  à  Gassion  que  nous  ne  faisons  qu'indiquer  aux 
analyses  {p.  276,  ci-dessus)  parce  qu'elle  a  été  imprimée,  mais  qui  se  rapporte  à 
un  incident  sur  le(|uel  nous  avons  à  donner  quelques  explications.  Le  P.  Griffet, 
d'après  l'auteur  de  la  vie  de  Gassion  (t.  II,  p.  191-201),  a  raconté  un  fait  et  donné 
diverses  pièces  dont  l'authenticité  nous  a  paru  douteuse  (p.  787  de  notre  VI'  vol.). 
Nous  craignons  d'avoir  été  trop  aflfirmatif  ;  et  nous  devons  avouer  que  nous  pour- 
rions bien  avoir  eu  tort  de  démentir  l'abbé  de  Pure  et  le  P.  Griffet. 

Il  s'agit  de  la  pensée  qu'aurait  eue  Richelieu  de  pénétrer,  avec  l'aide  de  Gassion , 
le  secret  des  machinations  tramées  à  Sedan  contre  la  France. 

Nous  allons  exposer  succinctement  la  question,  que  nous  avons  tranchée  trop 
vite  peut-être  dans  la  note  précitée. 

Gassion  était  un  des  hommes  pour  lesquels  Richelieu  avait  la  plus  sincère  es- 
time. Nous  avons  dit  avec  quel  empressement  il  l'appela  au  service  de  France,  et 
comment  il  appréciait  ses  éminentes  qualités  dès  i636.  Les  nouveaux  témoi- 
gnages que  Gassion  avait  récemment  donnés  de  son  zèle  à  servir  le  roi  dans  la 
répression  de  la  révolte  des  Nu-pieds  lui  valurent  de  nouvelles  faveurs,  suivies, 
de  son  côté ,  de  protestations  renouvelées  d'une  obéissance  à  toute  épreuve.  On 
a  vu  ci-dessus  (p.  735)  en  quels  termes  il  savait  exprimer  la  chaleur  de  son 
dévouement ,  et  sans  doute  Richelieu  en  avait  gardé  le  souvenir.  Le  comte  de 
Soissons  donnait,  à  ce  moment,  de  vives  et  légitimes  inquiétudes,  et  Gassion 
était  très-bien  venu  de  ce  prince.  Plus  occupé  de  son  service  militaire  et  de  son 
régiment  que  de  la  cour  et  des  faveurs  qui  s'y  disputent,  le  colonel  restait  dans 
ses  quartiers  d'hiver.  Il  y  reçut  cette  gracieuse  invitation  du  cardinal  :  «  Toutes 
les  heures  de  paix  vous  serez  souhaité  icy,  et  le  roy,  qui  vous  désire  présent 
à  ses  armées  quand  elles  doivent  agir,  n'entend  pas  que  vous  ne  goûtiez  pas  une 
partie  du  repos  commun.  Je  vous  ay  mandé  là-dessus  ce  qui  estoit  de  son  des- 
sein ;  venez ^  •  etc..  Gassion  arriva  sans  savoir  ce  dont  il  était  question. 

'  Selon  le  P.  GrifFet,  le  cardinal  aurait  voile  lettre  [Hist.  de  Louis  XIII,  I.  III, 
écrit  à  Gassion  une  première  lellre.où  il 
lui  mandait  que  le  roi  souhailnil  qu'il  vînt 
a  la  cour  penilant  le  quartier  d  hiver  de 
l64i.  Cependant  Gassion  ne  se  pressant 
pas  d'arriver,  Richelieu  écrivit  cette  nou- 


p.  346).  Nous  n'avons  pas  la  première,  et, 
comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  nous 
avons  donné  seulement  un  extrait  de  la 
seconde. 


106. 


844  LETTRES 

De  Noyers,  ami  sincère  et  ardent  prolecteur  de  Gassion,  essaya  sagement  de 
le  préparer  à  Ja  proposition  délicate  qu'on  devait  lui  faire  :  «  L'on  veut  conférer 
avec  vous  pour  certaines  choses  qui  concernent  le  service,  et  dont  le  fonds  ne 
peut  s'écrire.  Donnez-vous  à  M.  le  Cardinal,  et  approuvez,  sans  examiner  et 
sans  approfondir  quoi  que  ce  soit,  tout  ce  qu'il  vous  proposerai»  Le  cardinal 
hii-même,  sans  aller  tout  d'abord  au  fait,  l'entretint,  dans  sa  première  entrevue, 
des  soupçons  qu'on  avait  sur  la  cour  de  Sedan,  sur  les  mauvais  desseins  du  prince, 
sur  les  dangers  qui  menaçaient  la  paix  du  royaume,  et  il  insista  sur  les  preuves 
de  fidélité  au  roi  qu'on  attendait  de  lui.  «  J'ay  des  ennemis,  M.  de  Gassion,  que 
vous  connoissez  et  qui  vous  connoissent,  lui  dit  le  cardinal;  ils  ne  manqueront 
pas  de  vous  révolter  contre  moy,  et,  sous  de  faux  prétextes,  de  vous  enveloper 
dans  les  desseins  qu'ils  ont  formez  contre  le  roy  et  contre  l'Estat;  je  serois  au 
désespoir  de  voirs  voir  dans  un  si  malheureux  et  criminel  parti,  et  j'ay  bien  voulu 
vous  avertir  de  vous  précautionner  contre  leurs  pièges,  pour  n'avoir  point  le  dé- 
plaisir de  voir  échouer  une  personne  que  j'ayme  comme  vous,  et  dont  la  fortune 
fait  un  de  mes  plus  grands  soins.  Ouvrez-moy  voslre  âme,  et  dites-moy  si  vous 
estes  libre,  et  si  vous  pouvez  vous  engager  à  moy  pleinement,  nettement  et  entiè- 
rement. »  Gassion  protesta  qu'il  n'avoit  pris  aucun  engagement  avec  personne; 
qu'il  estoit  entièrement  à  S.  Em.,  et  qu'ayant  un  si  bon  maistre,  il  juroit  sur 
son  honneur  n'en  avoir  jamais  d'autre.  I^e  cardinal  le  conduisit  à  Saint-Germain, 
où  le  roi  lui  fit  le  plus  bienveillant  accueil,  et  lui  dit  qu'il  comptait  entièrement 
sur.  ses  services.  —  Au  retour  de  Saint-Germain,  Richelieu  s'expliqua  enfin  : 
«Le  roy,  dit-il  à  Gassion,  entend  se  servir  de  vous  en  l'affaire  de  M.  le  Comte, 
et  moy  je  suis  garant  de  vostre  secret,  de  vostre  zèle  et  de  voslre  fidélité.  •  Ri- 
chelieu ajouta  que  les  princes  ligués  avoient  déjà  choisi  un  particulier  pour 
tâcher  de  le  débaucher  du  service  du  roy  et  pour  l'attirer  dans  leur  rébellion. — 
«Mort!  (interrompit  Gassion,  à  sa  brusque  manière),  je  tueray  le  premier  qui 
osera  m'en  parler.  —  Non!  pas  cela,  dit  le  cardinal,  il  vous  faut  tout  écouter, 
il  vous  faut  faire  vos  conditions,  il  vous  faut  leur  promettre  vos  troupes,  et  les 
empescher  ainsy  d'en  faire  d'autres;  et  dans  l'occasion,  s'il  s'en  présente  une 
pour  le  comhat,  vous  déclarer  que  vous  estes  bon  serviteur  du  roy...  »  Le  cardinal 
ajouta  «  qu'il  n'y  avoil  parmi  les  vrais  braves  aucun  qui  refusast  le  parti  qui  lui 
estoit  offert,  par  où  le  dernier  secret  et  le  chemin  à  une  mémoire  éternelle  et  au 
faiste  de  la  fortune  lui  estoit  ouvert.  »  Lors  il  s'étendit  sur  les  maximes  d'Etat, 
sur  la  nécessité  et  l'importance  du  coup.  —  «Monseigneur,  répartit  Gassion, 
comptez  sur  ma  vie  et  sur  ma  mort  quand  il  faudra  vous  servir,  mais  donnez-m'en 
les  occasions  sans  intrigue  et  sans  trahison.  Je  vous  rendray  bon  compte  de  vos 

'    Vie  du  maréchal  de  Gassion,  t.  II,  p.  iSo-iQi. 


DU   CARDINAL   DE  RICHELIEU.  845 

enuemis,  mais  je  veux  qu'ils  soient  les  miens.  »  —  «Monsieur,  répliqua  le  car- 
dinal, le  roy  veut  estre  servi  à  sa  manière,  et  il  a  de  quoy  reconnoistre  ses  ser- 
viteurs et  leurs  services.  »  —  Le  lendemain  Richelieu  envoya  chercher  Gassion, 
et  lui  dit  avec  sa  grâce  ordinaire  :  t  Mon  pauvre  colonel ,  mon  amy,  je  vous  donne 
bien  de  la  peine,  mais  je  vous  en  suis  aussy  bien  obligé.  Vous  estes  plus  à  moy 
que  vous  ne  pensez,  et  vous  estes  peut-estre  plus  mal  satisfait  que  moy  de  ce  que 
vous  me  dites  hier.  »  —  «  Monseigneur,  répartit  Gassion,  je  ne  puis  vous  rien  donner 
de  plus  que  ma  vie  et  ma  foy;  je  perdray  celle-là  avec  plaisir  pour  vostre  Emi- 
nence,  mais  je  ne  hasarde  point  celle-ci.  »  Un  homme  ordinaire  n'aurait  vu  dans 
cette  sévère  et  loyale  franchise  du  jeune  soldat  qu'une  i-ésistance  dont  il  se  serait 
irrité;  Richelieu  dit  noblement:  «  C'est  assez,  M.  de  Gassion,  vostre  fortune  en 
peut  patir,  mais  non  pas  mon  estime  '.  » 

Voilà  en  abrégé  le  récit  qu'il  faut  lire  tout  entier  dans  la  vie  du  maréchal  ds 
Gassion^.  Or  qu'avons-nous  écrit  il  y  a  quelques  années  ?  »  Richelieu  était  un  trop 
habile  connaisseur  du  caractère  des  hommes  auxquels  il  avait  affaire  pour  s'être 
adressé  à  Gassion,  qui  n'était  pas  moins  tenu  pour  homme  d'honneur  que  pour 
intrépide  soldat.  »  Eh  bien,  notre  conviction  d'alors  est  maintenant  fort  ébranlée, 
nous  en  faisons  iiumblement  l'aveu;  non  que  nous  ayons  changé  d'avis  sur  l'ad- 
mirable discernement  de  Richelieu  dans  la  connaissance  des  hommes,  non  que 
nous  ayons  la  pensée  de  lui  imputer  une  action  honteuse  dont  alors  nous  ne 
l'avons  pas  cru  capable ,  loin  de  là  ;  mais  ce  dont  nous  ne  saurions  guère  douter, 
c'est  que,  dans  la  pensée  du  cardinal ,  il  n'y  avait  dans  sa  proposition  qu'un  grand 
service  à  rendre  à  la  patrie,  une  grande  preuve  de  fidélité  à  donner  au  roi.  Le 
grand  ministre  se  considérait  comme  responsable  du  royaume  dont  le  gouverne- 
ment lui  avait  été  confié,  il  en  devait  rendre  compte  à  Dieu,  à  sa  conscience;  tout 
ce  qui  lui  semblait  pouvoir  le  mener  à  sa  ruine,  le  jeter  dans  la  guerre  civile ,  ou 
seulement  le  troubler,  était  à  ses  yeux  un  crime  capital;  pour  prévenir  un  tel 
crime,  il  n'était  aucun  moyen  qui  «e  fût  légitime  et  glorieux.  Non  certes,  Riche- 
lieu n'aurait  pas  voulu  proposer  à  Gassion  une  action  honteuse;  ce  qu'il  lui  pro- 
posait, c'était  de  l'aider  à  sauver  l'Etat  en  accomplissant  le  devoir  d'un  sujet  dé- 
voué à  son  prince.  Richelieu  l'a  dit,  et  il  l'a  dit  dans  une  pleine  conviction,  tout 
est  légitime  et  honorable  pour  atteindre  ce  grand  but.  C'était  là  sa  politique,  sa 
morale,  sa  religion.  C'est  ainsi  qu'il  a  fait  des  cruautés  sans  être  cruel  et  commis 
des  actions  mauvaises  sans  être  d'un  mauvais  naturel.  Une  preuve  irrécusable  que 
Richelieu  faisait  tout  avec  une  conscience  convaincue,  c'est  qu'il  faisait  tout  au 

'  La  vie  de  Gassion,  t.  II,  ch.  xvii  el  sieurs  passages,  le  mauvais  style  de  l'abbé 
XVIII.  de  Pure;  nous  avons  cru  devoir  ici  con- 

'  Le  P.  Grilîel  a  arrangé,  dans  plu-         server  fidèlement  le  texte  original. 


846  LETTRES 

"land  jour,  sans  rien  déguiser,  sans  rieo  atténuer.  Aussi  est-ce  une  sorte  d'injus- 
tice de  le  juger  d'sprès  les  principes  de  la  morale  commune.  Richelieu  appelait 
hautement  devoir  ce  que,  dans  le  langage  ordinaire,  nous  nommons  trahison. 
Et  si  l'on  me  dit  non,  llichelieu  va  se  charger  lui-même  de  la  réponse. 

On  a  pu  remarquer  ce  passage  d'une  lettre  de  Richelieu  (ci-dessus,  p.  796)  à 
M.  de  Charnacé,  notre  ambassadeur  en  Hollande:  «Il  y  a  un  homme,  dans  la 
maison  de  la  reine  mère,  aifectiosné  X  SON  devoir,  qui  jusqu'à  présent  nous  a 
donné  de  bons  avis...  »  Ainsi  ce  que  ce  serviteur  attaché  à  la  reine  mère  pouvait 
apprendre  dans  le  service  qu'il  faisait  près  d'elle,  c'était  son  devoir  d'en  rendre 
compte  secrètement  à  Richelieu.  Nous  le  répétons,  ce  que  le  cardinal  nomme  ici 
devoir  a  un  autre  nom  dans  la  langue  vulgaire,  notre  langage  à  tous...  Et  notez 
que  ce  moyen  d'information  ,  le  cardinal  n'en  parle  pas  à  mots  couverts,  il  le  dit 
très-nettement  à  notre  ambassadeur,  qui  le  dira  de  même  au  prince  d'Orange;  le 
seul  souci  de  Richelieu,  c'est  qu'une  indiscrétion  ne  fasse  chasser  cet  honnête 
homme  de  chez  la  reine,  qu'il  trahissait. 

A  cinq  ans  de  là,  suivons  le  médecin  Riolan  auprès  de  la  même  princesse. 
Lorsque  la  leine  mère  était  retirée  à  Cologne,  atteinte  déjà  de  la  maladie  dont 
elle  mourut,  Richelieu  lui  flt  envoyer,  de  la  part  du  roi,  le  docteur  Riolan.  Mé- 
decin célèbre,  Riolan  avait  été  à  elle  avant  son  exil,  c'était  celui  auquel  Marie  de 
Médicis  semblait  devoir  accorder  plus  de  confiance,  car  mieux  qu'aucun  autre,  il 
connaissait  son  tempérament.  Or,  en  partant,  Riolan  recevait  de  Richelieu,  avec 
la  promesse  d'une  bonne  récompense,  la  mission  spéciale  de  l'avertir  secrètement 
de  tout  ce  qu'il  pourrait  surprend)  e  des  desseins  et  de  la  pensée  de  la  reine  mère, 
ainsi  que  des  gens  de  son  entourage. 

Riolan  s'acquitta  de  sa  mission  à  la  satisfaction  du  cardinal;  c'était  encore  un 
homme  affectionné  à  son  devoir  '. 

C'est  par  ce  même  sentiment  passionné  du  salut  de  l'Etat  que  Richelieu  a  fait 
trancher  la  tête  à  de  Thou,  pour  n'avoir  pas  dénoncé  le  crime  de  Cinq-Mars,  son 
ami.  Cette  dénonciation,  que  tout  homme  d'honneur  eût  crainte  comme  une  tache 
à  sa  vie,  était,  dans  la  conscience  du  cardinal,  un  devoir,  dont  l'omission  mé- 
ritait la  mort.  N'avons-nous  donc  pas  vu  Richelieu,  depuis  l'affaire  de  Chalais 
jusqu'à  l'affaire  de  Cinq-Mars,  dans  toutes  les  sanglantes  procédures,  chercher 
partout,  sans  acception  des  personnes,  ces  délateurs  nécessaires  à  sa  politique; 
et  provoquer,  dans  cette  dernière,  par  l'intermédiaire  d'un  ambassadeur,  les  dé- 
nonciations de  la  duchesse  de  Savoie^,  comme  il  avait  eu,  dans  l'autre,  celle  de 
Louvigny  ) 

'   Nous  donnons   plus   loin  un   extrait  '  Voy.  ci-après,  la  dépêche  de  M.  d'Ai- 

des rapports  de  Riolan.  guebonne,  commencementde  juillet  16/I2. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  847 

Enfin  nous  nous  sommes  demandé  si  Richelieu ,  à  la  place  de  Gassion ,  eût 
accepté  la  proposilion  de  prouver  ainsi  son  dévouement  au  service  du  roi  et  de 
l'État;  et  si,  comme  nous  inclinons  à  le  croire,  il  est  vraisemblable  qu'il  l'eût 
acceptée,  il  n'est  pas  invraisemblable  qu'il  l'ait  faite. 

Concluons  :  le  salut  et  la  grandeur  de  l'Etat  étaient  une  véritable  passion  pour 
te  cardinal  de  Richelieu,  et  c'est  le  propre  de  toutes  les  passions  d'altérer  le  sen- 
timent moral  contraire  à  la  passion  dont  on  est  dominé. 

Voilà  ce  que  nous  croyons  avoir  appris  dans  une  longue  étude  du  caractère  de 
Richelieu,  une  habitude  intime  de  sa  parole  écrite,  do  ses  relations  conBdentielles. 

Nous  trompons-nous  en  soupçonnant  aujourd'hui  que  nous  aurions  bien  pu 
nous  tromper  naguère  .^  Le  lecteur  jugera. 

Aux  considérations  morales  ajoutons-en  une  autre  de  moindre  importance, 
mais  qui  a  aussi  sa  valeur.  Esl-il  vraisemblable  que  l'abbé  de  Pure  ait  fabriqué 
ces  lettres  de  Richelieu  et  de  de  Noyers ,  ces  conversations  qu'il  cite  textuellement 
entre  le  roi,  le  ministre  et  Gassion,  lesquelles  d'ailleurs  portent  le  cachet  des 
personnes  qu'il  fait  écrire  et  parler?  Et  puis,  dans  quel  intérêt  ce  mensonge? 
Relever  le  caractère  de  Gassion,  qui  assurément  n'en  avait  pas  besoin?  Cela 
n'est  pas  croyable.  Gassion  était  mort  depuis  vingt-cinq  ans;  il  n'y  avait  pas  à  ce 
moment  de  héros  à  flatter.  N'est-il  pas  plus  naturel  de  penser  que  l'historien  a 
pu  avoir  communication  de  papiers  de  famille  ?  11  avait  publié,  dix  ans  après  la 
mort  du  grand  cardinal,  une  vie  de  son  frère  Alphonse;  et,  s'il  faut  en  croire 
les  mémoires  de  l'abbé  de  Marolles ,  il  aurait  écrit  une  histoire  de  Richelieu  lui- 
même.  Ces  compositions,  d'autres  travaux  hi.storiques  sur  la  même  époque, 
témoignent  de  recherches  et  d'études  qui  ont  pu  le  conduire  à  la  découverte  de 
documents  sur  la  vie  de  Gassion,  laquelle  parut  en  1673.  EnHn  il  convient  de 
se  souvenir  que  l'abbé  de  Pure  a  vécu  parmi  un  grand  nombre  de  contempo- 
rains de  Richelieu,  de  de  Noyers  et  aussi  de  Gassion.  Ce  n'était  pas  alors  l'usage 
de  citer  les  sources  et  les  autorités;  et  l'hislorien  dit  seulement  en  commençant 
ce  récit  :  «Voilà  un  détail  singulier,  et  qui  m'est  venu  par  des  voies  également 
sures  et  éclairées  '.  »  (P.  i85.) 

Faisons  remarquer,  en  fmissant,  si,  comme  nous  penchons  à  le  croin?,  les 
scènes  retracées  par  l'historien  de  Gassion  et  celui  de  Louis  XIII  sont  vraiment 
de  l'histoire,  combien  de  telles  scènes,  où  figurent  avec  Louis  XIII  et  Richelieu, 

'   L  auteur  des  Satires  a  frappé  de  ridi-  esprit  judicieux   dans   l'appréciation   des 

cille  les  vers   de  l'abbé   de  Pure,   et  «a  faits,   est  également  circonspect  dans   le 

prose  ne  vaut  guère  mieux  que  ses  vers.  choix  de  .ses  autorités;  et  il  a  adopté  celle- 

Esl-ce    une   raison  d'accuser   .'a   probité  là  sans  aucune  hësitalion,  sans  la  moindre 

d'iiistorien  ?  J'ajouterai  que  le  P.  GrilTel,  apparence  de  doute. 


848  LETTRES 

le  loyal  Gassion  et  le  bon  courtisan  de  Noyers,  offrent  d'intérêt  pour  l'étude  des 
caractères.  Nous  voulons  aussi  noter,  à  la  louange  de  Richelieu,  que  la  parole 
dite  à  Gassion  était  sincère;  le  cardinal  ne  cessa  pas,  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie,  de 
montrer  à  Gassion  les  dispositions  les  plus  favorables  et  de  professer  pour  son 
mérite  une  véritable  admiration.  «Le  roi,  écrivait-il  au  maréchal  de  Chatillon 
après  la  perte  de  la  bataille  de  Sedan,  le  roi  apprend  tous  les  jours  de  nouveaux 
exploits  de  Gassion,  il  en  aura  sans  doute  toute  la  reconnoissance  possible;  moi, 
qui  ne  suis  pas  moins  intentionné  pour  luy,  j'en  suis  ravi.  »  Et  il  avait  coutume 
de  dire,  lorsqu'on  lui  objectait  quelques  difficultés:  "  Gassion  en  viendra  à  bout; 
il  a  trouvé  le  secret  des  choses  qui  semblent  impossibles  aux  autres.  •  Gassion 
est  peut-être  le  seul  auquel  Richelieu  ait  pardonné  de  lui  avoir  résisté. 


NOTA. 

De  janvier  à  mai  1 64 1 . 
Nous  continuons,  pour  i64i,  le  résumé  des  affaires  de  Piémont  que  nous 
avons  présenté  à  la  fin  de  l'année  dernière.  On  a  vu  l'arrestation  du  favori  de 
Madame,  le  comte  Philippe  d'Aglié ,  le  3i  décembre.  Dès  le  i"  janvier,  nous 
avons  une  lettre  de  la  duchesse  de  Savoie,  qui  se  plaint  de  la  violence  commise 
sur  un  de  ses  sujets,  et  du  tort  que  peut  faire  à  sa  réputation  la  manière  dont 
s'est  exécuté  cet  attentat  à  sa  souveraineté.  Elle  conjure  le  roi  de  lui  permettre  de 
doiiner  au  comte  «  quelque  employ  qui ,  dit-elle ,  fera  le  mesme  effect  que  V.  M.  dé- 
sire ^  »  Dans  sa  lettre  au  roi,  elle  contient  encore  sa  douleur,  mais  elle  la  laisse  li- 
brement éclater  chez  elle  ;  les  ambassadeurs  du  roi  en  sont  témoins  :  «  Si  vous  voyiez 
comme  Madame  est  réduite  et  comme  elle  a  changé  de  visage,  elle  vous  feroit  com- 
passion, écrit  Mazarin  à  Chavigni;  elle  n'a  point  encore  quitté  le  lit,  et,  avec  tout 
l'effort  qu'elle  fait,  elle  ne  peut  s'empescher  de  pleurer  à  tout  moment ■•^.  »  Et  Cha- 
vigni répondait  '  :  «  On  ne  manquera  pas  de  faire  ce  qu'on  pourra  pour  sauver 
l'honneur  et  la  réputation  de  Madame.  Mais  M.  le  comte  Philippe  ne  peut  éviter 
d'aller  au  bois  de  Vincennes.  »  C'est  précisément  ce  que  redoutait  le  prisonnier, 
qui  avait  envoyé  son  secrétaire  offrir  une  caution  de  200,000^,  mise  entre  les 
mains  du  banquier  Lumague,  •  pour  garantie  qu'il  ne  s'en  iroit  pas  si  on  veut 
le  laisser  en  liberté.*  »  Cependant  le  roi  écrivit  une  nouvelle  lettre  à  sa  sœur,  où, 
lui  rappelant  les  témoignages  qu'elle  avait  reçus  de  «  sa  tendresse,  »  il  expliquait 

'   Arch.  des  Aff,  élr.  Turin,  t.  XXXIII,  '  Le  1  1  janvier.  (Foi.  7/».) 

fol.   i3.  4   Leftrç  (Je  l'ambassadeur  ordinaire  De 

'  Lettre  du  2  janvier,  fol.  20.  la  Court,  17  janvier,  fol    98. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  gliO 

les  raisons  qu'il  avait  eues  de  faire  prendre  le  comte  Philippe.  Cette  lettre  du 
roi,  nous  sommes  bien  sûr  de  ne  pas  nous  tromper  en  la  donnant,  ici,  pour  une 
lettre  de  Richelieu. 

CCXLVI. 

Turin,  t.  XXXIII,  fol.  399.  —  Minute  de  la  main  de  La  Barde. 

.  .  .Janvier  i64i- 

Ma  sœur,  les  îesmoignages  que  je  vous  ay  donnés  en  toute  occasion 
de  la  véritable  tendresse  que  j'ay  pour  vostre  personne  et  de  l'in- 
térest  que  je  prens  au  maintien  de  l'autorité  que  vous  devez  avoir 
dans  les  Estais  de  mon  nepveu  le  duc  de  Savoye,  vostre  filz,  vous 
doivent  faire  croire  que  rien  ne  m'a  porté  à  esloigner  le  comte  Philippe 
d'auprès  de  vous  que  son  peu  d'expérience  dans  les  affaires,  sa 
jalousie  pour  empescher  que  ceux  qui  en  estoient  capables  n'y  pris- 
sent part,  et  la  mauvaise  conduite  qu'il  tenoit  en  toutes  les  choses 
que  vous  luy  conlîyés;  dont  vous  avés  eu  tant  de  mauvais  effets  et 
des  suites  si  dangereuses  qui  vous  ont  portée  sur  le  bord  du  précipice, 
que,  si  Dieu  n'eust  bény  visiblement  mes  armes,  il  n'y  auroit  point  de 
puissance  assez  grande  pour  vous  en  tirer.  J'ay  longtemps  estimé  que 
les  diverses  fautes  qu'il  vous  avoit  contraint  de  faire  par  vostre  bonté 
le  rendroient  plus  sage,  et  qu'enfin  il  cognoistroit  les  vrayes  maximes 
par  lesquelles  vos  affaires  se  dévoient  gouverner.  Mais,  voyant  que  rien 
n'estoit  capable  de  le  remettre  dans  le  bon  chemin ,  et  que  tous  les  avis 
que  je  luy  ay  fait  donner  lui  estoient  inutiles,  j'ay  pensé  que,  pour 
ne  pas  prendre  le  hazard  de  retomber  dans  le  mauvais  estât  où  vous 
aviés  esté,  il  faloit  user  du  remède  que  j'ay  pratiqué ,  et  donner  lieu 
par  ce  moyen  à  tous  vos  bons  et  fidèles  serviteurs  de  vous  dire  leurs 
scntimens  avec  liberté  pour  l'administration  de  vos  Estats.  J'ay  apris 
avec  joye  ,  de  mon  cousin  le  comte  d'Harcourt,  des  s"  Mazarin  et  de 
la  Cour,  mes  ambassadeurs  auprès  de  vous,  la  prudence  avec  laquelle 
vous  vous  estes  conduite  en  cetic  occasion,  et  la  déférence  que  vous 
avez  rendue  à  mes  conseils'. 

'   Dans  la  relation  de  rarreslation  du         ambassadeurs  le  1"  janvier,  ils  disaient  : 
coa)te   Philippe  envoyée   au   roi,   par  les         t  Malgré  sa  douleur.  Madame  parla  tous- 

CABDIN    DE  niCIIEMEU.  —  VU.  107 


850  LETTRES 

Vous  devez  vous  assurer  que  le  comte  Philippe  n'aura  point  d'autre 
mal  que  d'estre  empesché  de  vous  en  faire,  et  qu'en  Testât  auquel  il 
est  il  recevra  tout  le  favorable  traitement  qu'il  sçauroit  désirer. 

Je  vous  conjure  de  bien  considérer  les  inconvéniens  dans  lesquels 
vous  estes  tombée  par  le  passé,  et  de  faire  un  si  bon  establissemenl 
dans  vos  affaii'es,  que  vous  les  puissiez  esviter  à  l'avenir,  et  restablir 
si  bien  vostre  autorité,  que  vous  la  puissiez  conserver  pour  le  bien  et 
avantage  de  mon  nepveu  le  duc  de  Savoye ,  vostre  filz.  J'y  contribueray 
de  ma  part  tout  ce  qui  dépendra  de  moy,  et  je  u'oublieray  rien  de 
ce  qui  me  donnera  le  moyen  de  vous  faire  paroistre  avec  combien  de 
véritable  affection  je  suis. .  . 

Cette  lettre  est  sans  date  ;  elle  doit  avoir  été  écrite  peu  de  temps  après  Tévéue- 
meiit  qui  en  fait  le  sujet,  et  pendant  le  voyage  du  prisonnier,  qu'on  amenait  à 
petites  journées  :  «  11  est  arrivé  depuis  quatre  jours  au  bois  de  Vincennes  (mandait 
(jhavigni  à  Mazarin,  le  3i  janvier),  où  l'on  le  trailte  avec  beaucoup  de  civilité. . . 
Je  croy  mesme  qu'on  luy  permettra  d'estre  au  ballet  de  son  Eminence,  qui  se 
dancera  le  8°  du  mois  prochain.  »  —  Richelieu  donna  à  l'arrestation  du  comte  le 
caractère  d'une  afl'aire  politique,  le  secrétaire  d'Etat  des  Affaires  étrangères  en 
informa  plusieurs  cours  de  l'Europe,  et  notre  ms.  conserve  le  mémoire  sur  lequel 
on  a  escril  à  Rome,  à  Venise  et  autres  lieux,  sur  la  prison  du  comte  Philippe;  dé- 
pêche du  2 â  janvier.  (Mise  au  net,  devenue  minute,  le  cardinal  ayant  corrigé 
quelques  mots;  fol.  12G.) 

On  se  souvient  qu'à  la  fin  de  l'année  iG4o,  le  cardinal  était  justement  inquiet 
des  dispositions  du  prince  Thomas;  presque  aussitôt  après  avoir  fait  un  traité 
avec  les  plénipotentiaires  de  France,  il  avait  retiré  sa  parole,  et  semblait  s'être 
rejeté  dans  le  parti  espagnol;  il  avait  annoncé  un  veyage  à  Paris,  où  on  lui  pré- 
parait une  brillante  réception ,  puis  il  avait  refusé  d'y  venir,  et  Chavigni  écrivait 
à  Mazarin,  le  5  janvier,  que  le  cardinal  n'avait  pas  bonne  opinion  de  cette  alTaire'. 
Plus  à  craindre  par  ses  artifices  que  par  son  talent,  le  piince  Thomas  tenait  en 
échec  la  politique  de  Richelieu  en  Italie;  il  poussait  à  bout  la  patience  de 
Vlazarin ,  qui  se  plaignait  à  (Chavigni  de  la  perfidie  du  Piémontais,  et  mandait  plai- 
samment au  Cardinal  :  •  colmardo  est  extrêmement  piqué  du  procédé  du  prince 
Thomas,  et  je  croy  que,  s'il  estoit  prince  el  vaillant,  il  luy  en  demanderoil  la 

jours   avec   grand   respect   du    roy  el  de         dessus,  p.  84 1. —   '   Turin,   t.  XXXIU. 
nionseig'    le    cardinal »    Citée    ci-         roi.   Sg. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  851 

raison.  «Richelieu  avait-il  reçu  cette  lettre  du  17  février^ lorsqu'il  écrivait,  le  22, 
à  Mazarin.'' 

CCXLVII. 

Turin,  t.  XXXIII,  fol.  343. —  Original,  devenu  minute,  à  cause  d'un  mot  changé 

par  le  cardinal  à  la  formule  fmale.  Une  première  minute  est  au  fol.  24 1. 

Ces  deux  pièces  sont  de  la  main  de  Cherré. 

A  M.  MAZARIN. 

2  2  février  i64i. 

Monsieur,  . . .  tandis  que  vous  espérerez  pouvoir  amener  le  prince 
Thomas  à  l'exécution  de  ses  paroles,  je  croy  que  vous  ne  devez  point 
changer  de  séjour...  s'il  vous  manque,  en  se  manquant  à  luy-mesme, 
c'est  à  vous  à  si  bien  asseurer  Turin ,  qu'il  n'en  puisse  résulter  d'incon- 
vénient. 

Travailler  à  l'esplanade  devant  la  citadelle  et  au  comblement  des 
fossés  d'entre  la  vieille  et  la  nouvelle  ville. 

Pur^'er  la  ville  de  tous  les  esprits  piémontois  que  vous  cognoissez 
mal  alTectionnez. 

Que  les. troupes  du  roy  y  soient  bien  effectives;  et,  poiv  cet  effect, 
ou  rendre  les  cazernes  des  maisons  de  bourgeois,  ou  faire  que  les 
maisons  des  bourgeois  soient  des  cazernes.  Comme  il  importe  que 
les  troupes  du  roy  y  soient  fortes,  il  y  faut  tenir  celles  de  Madame 
les  plus  foibles  que  l'on  pourra...  il  faut  désarmer  soigneusement  les 
habitans  de  la  ville  de  Turin  une  seconde  fois. 

Faire  un  tour  à  toutes  les  autres  places  du  roy  pour  qu'elles  soient 
mises  en  bon  estai;  et  je  conjure  le  segnor  Colmar  de  faire  que  vostre 
personne  soit  si  bien  escortée  en  ces  voyages  qu'il. n'en  puisse  arriver 
aucun  inconvénient. 

Il  faut  penser  soigneusement  à  la  conservation  de  Montmélian ,  ce 
à  quoy  je  sçay  que  vous  ne  pouvez  rien  que  par  adresse,  en  faisant 
inspirer  à  Madame  le  péril  auquel  elle  laisse  cette  place  et  Monsieur 
son  lilz,  auxquels  il  ne  pourroit  arriver  mal,  si  c'estoit  par  la  faute  du 
marquis  de  Saint-Germain,  sans  qu'on  fisl  en  mesme  temps  couper  la 
teste  au  comte  Philippe. 

'  Turin,  t.  XXXIII,  fol.  221. 

107. 


852  LETTRES 

...  M.  de  Chavigni  vous  escrit  de  la  part  du  roy  pour  proposer  à 
Madame  que  l'ambassadeur  du  roy  soit  de  son  conseil... 

Mon  zèle  m'emporte  jusques  à  escrire  au  pape  sur  le  sujet  des 
éveschez  auxquels  il  ne  pourvoit  pas,  et  à  M.  le  cardinal  (Barberini, 
le  cardinal  neveu)  pour  la  promotion. .  . 

Si  en  vos  voyages  vous  trouvez  moyen  de  mettre  en  vostre  posses- 
sion ceux  qui  vous  manquenl  de  parole \  vous  n'en  perdrez  pas 
l'occasion. 

Quant  à  la  place  dont  vous  escrivez  à  M.  de  Cliavigny,  si  vous 
pouvez  aussy  la  circonvenir,  vous  avez  trop  d'ambition  de  paroistre 
aussy  singulier  en  l'art  militaire  comme  vous  Testes  en  toute  autre 
chose,  pour  perdre  une  occasion  si  avantageuse  au  service  du  roy  et 
à  vostre  réputation. 

Quoy  qui  arrive,  ne  vous  affligez  point,  et  vous  asseurez  qu'on 
mesure  en  France  les  services  par  les  bonnes  intentions  et  par  les 
bons  conseils  et  non  par  les  événemens'-. . . 

2  2  février  i  6/i  i . 

Vostre  affectionné  serviteur  \ 
Le  Gard.  DE  RICHELILU  *. 


'  Esl-ce  une  allusion  au  prince  Thomas? 
'  Rapprochons  de  celle  lellre  une  autre 
missive  de  quelques  lignes,  sur  le  même 
sujet,  écrite  un  peu  auparavant  à  Mazarin 
par  Richelieu.  Tout  ce  qui  se  rapporte  aux 
relations  intimes  du  grand  ministre  et  de 
son  futur  successeur,  qui  se  disait  alors 
son  petit  serviteur',  nous  paraît  mériter  un 
■  souvenir. 

A  M.  MAZARI.N'. 

De  Kuel,  ce  ^  janvier  i64i. 
Ces  trois  lignes  sont   pour  prier  le  sei- 
gneur Colmardo    de  ne    s'affliger   point 
quelqu'événement  que  prennent  les  négo- 

*  «Je  ne  sçaurois  assez  rendre  mes  Irès-humbles 
remerciemens  à  \ .  Ém.  des  soins  qu'elle  prend   de 


ciations  qtr'il  a-  à  faire  au  lieu  où  il  est.  Je 
veut  croire  qu'elles  viendront  à  bonne 
lin;  mais  quand  celaneseroil  pas,  Colmar 
n'en  sera  ny  moins  estimé,  ni  moins  aynié 
de  ses  amis.  Qu'il  se  resjouisse  et  qu'il  ayt 
soin  de  sa  sanlé,  et  de  la  conservation  de 
sa  personne,  qui  est  plus  chère  qu'il  ne 
sçauroit  penser  à  celuy  qui  est  et  qui  sera 
tousjours  son  très-affectionné  serviteur. 
Le  Gard,  de  Richelieu 

^  Ce  mot  eit  de  la  main  de  Richelieu, 
qui  l'a  écrit  en  interligne ,  effaçant  la  for- 
mule banale  :  «  A  vous  rendre  service.  » 

'  Au  fol.  2A0  de  ce  XXXIII'  vol.  de 

son  pelil  serviteur.»  {Lettre  du    19  janvier.  Turiu, 
t.  XXXIII.  foi.  99.) 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU. 


853 


A  celle  lettre  de  Richelieu,  de  Noyers  en  joignit  une  autre,  où  il  entretenait 
Mazarin  des"  affaires  de  l'armée,  et  puis,  à  l'occasion  des  mauvais  desseins  que 
faisait  soupçonner  la  conduite  du  prince  Thomas,  il  disait  dans  son  style  em- 
phatique :  «Son  Eniinence  les  voyoit,  il  y  a  longtemps,  aussy  clairement  que 
nous  les  descouvrons  aujourd'huy;  ses  yeux  d'aigle,  qui  envisagent  le  soleil  sans 
siller,  luy  font  pénétrer  dans  des  lumières  inaccessibles  aux  autres' ...»  Chavigni 
écrivait  de  son  côté  :  •  Ce  courrier  vous  porte  les  ordres  que  vous  désirez;  et  j'ay 
fait  en  sorte  que  Monseigneur  vous  les  escrit  luy-mesme.  .  .  On  approuve  tout  ce 
que  vous  avez  fait  avec  ces  princes.  L'abbé  Soldati  a  reçu  de  son  niaistre  l'ordre 
de  s'en  aller  avec  grande  diligence;  il  n'y  a  donc  rien  à  faire  avec  luy.  »  Parmi  ces 
recommandations  concernant  les  affaires  publiques,  le  secrétaire  d'État  laissait  la 
|)lume  à  l'ami,  qui  glissait  ce  conseil  prudent  :  «Revenez  le  plus  promptement 
possible;  une  absence  de  six  mois  ne  fait  jamais  les  affaires  de  personne  à  la  cour'-^.  » 
—  On  demandait,  depuis  quelque  temps,  le  chapeau  pour  Mazarin,  et  l'affaire 
ne  marchait  pas  vite;  Riclielieu  y  mettait  pourtant  tout  son  zèle. 

CCXLVm. 
Arcli.  des  AIE.  étr.  Turin,  t.  XXXIll,  fol.  agâ.  —  Originiil. 

A  MONS.  MAZARIN, 

À    THCKIH. 

De  Paris,  <!e  viiigl-.iepliéme  feb.  i()5  i  ■". 

f.,es  longueurs  insupportables    de    la    promolion    m'ont   fait 

résoudre  d'escrire  à  M.  le  cardinal  Barberin.  . .  s'il  la  reçoit  selon  l'in- 
tention de  l'aulheur,  il  en  tirera  du  profil;  sinon,  j'auray  satisfait  à  ce 
que  je  doy  aux  intérests  publics  et  à  ce  que  je  veux  rendre  au  parti- 
culier de  sa  maison  *. . . 


Turin  .se  trouve  une  lettre  originale ,  signée 
de  Richelieu,  aussi  du  22  février,  et  de 
f  écriture  de  Clierré.  Plusieurs  corrections 
de  la  main  de  celui-ci  et  de  celle  du  car- 
dinal ont  fait  de  cet  original  une  minute. 
La  suscriptiun  m»iique,  mais  on  voit  que 
la  lettre  devait  aller  au  comte  d'Harcourl. 
Le  texte  n'est,  en  réalité,  qu'un  extrait  de 
la  présente  dépêche  adressée  à  Mazarin , 
laquelle   est   plus   confidentielle    et    plus 


développée.  Il  siillil  ici  de  faire  mcntioii 
de  l'autre. 

'  Turin,  t.  XXXIll,  fol.  a/J.')- 

'  Ibid.  Fol.  257.  Lettre  du  a4  février. 

^  Le  lendemain  28  ,  Richelieu  écrivait 
de  nouveau  à  .Mazarin  une  leUre  notée 
|)age  27c)  ci-dessus.  Il  y  fait  mention  de 
celle-ci. 

*  Une  analyse  de  celte  lettre  au  iieVeu 
du  pape  se  trouve  à  la  [lage  278  ci-dessn.s. 


854  LETTRES 

11  me  tarde  exttesmemenl  que  le  nonce  nouveau  ne  soit  arrivé,  afin 
de  faire  partir  promptement  l'ambassadeur  qui  doit  aller  à  Rome, 
aiant  beaucoup  d'impatience  que  le  mareschal  d'Estrées  n'en  soit 
dehors'. 

Si  vos  entreprises  que  M.  de  Noyers  me  vient  de  communiquer 
réussissent,  je  me  consoleray  de  finfidélité  que  vous  craignez  de 
M.  le  prince  Thomas. 

Il  y  a  si  longtemps  que  je  vous  ay  prié  par  avance  de  ne  vous  en 
affliger  point,  que  je  ne  vous  en  parle  plus.  Tenez-vous  joyeux  seule- 
ment, et  conservez  vostre  personne,  qui  m'est  beaucoup  plus  chère 
que  vous  ne  sçaurlez  penser. 

Je  ne  vous  dis  rien  du  présent  porteur,  sinon  que  son  esprit  est 
frère  du  vostre'',  et  que,  bien  qu'il  soit  cadet,  sa  sincérité  ne  doit  rien 
à  celle  de  Colmar,  qui  luy  a  cédé  son  droit  d'aisnesse  en  ce  qui  con- 
cerne la  piété.  En  un  mot,  c'est  un  fort  bon  religieux,  qui  laisse  icy 
fort  bonne  odeur  de  sa  conduite. 

Je  vous  prie  de  vous  souvenir  de  tous  les  ordres  que  je  vous  ay 
mandez  pour  la  seureté  de  Turin. 

Le  Gard.  DE  lUCHELIEU. 


Mazarin  ne  s'arrangeait  pas  de  celte  patiente  résignation  que  lui  conseillait  Ri- 
chelieu; il  ne  pouvait  prendre  son  parti  des  fourberies  du  prince  Thomas,  dont  il 
se  voyait  le  jouet  ;  il  s'indigne  de  «  la  méchanceté  de  ce  prince,  qui  se  déclare  contre 
le  roy...  Il  a  signé  son  nouveau  traité  avec  les  Espagnols,  le  27  du  mois  passé... 
Il  n'a  rien  exécuté  de  ce  qu'il  avoit  promis,  que  de  recevoir  l'argent  du  roy^.  »  Et 
puis  :  « . . .  J'ay  esté  beaucoup  de  nuits  sans  fermer  les  yeux  d'apréhension ,  ayant 
cru  que  le  prince  Thomas  ne  se  fust  pas  préci]ùté  à  se  déclarer  contre  nous. .. 
s'il  n'eust  eu  de  certaines  espérances  de  nous  faire  du  mal...  Je  ne  manque  pas 

'  11  faisait,  on  l'a  vu,  une  sourde  oppo-  dération  :  •Avant  son  départ,  disait  Cha- 

sition  à   la  promolion  de    Mazarin,  qu'il  vigni  dans  sa  leltre   précitée  à   Mazarin, 

était  chargé  de  demander  officiellement.  nous   conférerons   amplement   de   toutes 

'  Ce  frère  de  Mazarin  jouissait  en  effet  les  choses  qui  sont  à  faire  à  Rome.  » 
auprès  du  cardinal  d'une  certaine  consi-  '  Lettre  du  i"niars,  fol.  3/ii. 


I 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  855 

de  parler  et  d'escrire  partout,  pour  convier  chacun   à  détester  sa  déloyauté  et 
blasmer  son  peu  de  jugement  d'avoir  osé  déclarer  la  rupture'...  • 

Ce  prince  cherchait  de  son  côté  à  justifier  son  étrange  conduite;  parmi  toutes 
les  pièces  que  conserve  ce  volume ,  touchant  ces  affaires ,  nous  trouvons  un  mé- 
moire en  italien  ,  intitulé  :  Ilaggioiii  che  hanno  obligato  il  S.  principe  Tomaso  a  con- 
linuare  nella  protezione  di  S.  M.  calolica^.  —  Ce  retour  du  prince  piémontais  vers 
l'Espagne  avait  pour  conséquence  naturelle  de  rendre  la  politique  française  plus 
favorable  à  Madame;  on  est  plus  attentif  aux  réclamations  de  sa  misère:  »  Il  faut 
examiner  les  plaintes  de  la  duchesse  de  Savoie,  sur  les  énormes  contributions 
levées  par  les  troupes;  il  faut  faire  une  réduction  .si  les  plaintes  sont  fondées,  « 
écrit  le  roi  à  Mazarin ,  dans  une  lettre  contre-signée  Sublet,  etqui  nous  semble,  en 
effet,  être  de  de  Noyers;  ainsi  qu'une  seconde  dépêche  du  roi ,  encore  contre-signée 
Sublet ,  adressée  au  comte  d'Harcourt  et  à  Mazarin ,  où  sont  développés  les  moyens 
d'alléger  les  chaires  dont  sont  accablés  les  sujets  de  Madame'.  Et  pour  reconnaître 
ces  bonnes  dispositions,  la  duchesse  publie  un  manifeste  contre  ces  ennemis  obs- 
tinés de  la  France  :  «  Déclaration  de  Madame  royale  de  Savoie  contre  les  princes 
de  Savoie,  ses  beaux-frères*.  »  Mais  Richelieu  ne  s'en  reposait  pas  sur  la  duchesse , 
et  en  même  temps  que  l'armée  française  agissait  contre  l'armée  espagnole  et  la 
battait,  il 'atteignait  les  partisans  de  FEspagne  dans  Turin,  où  il  entendait  être 
maître  comme  à  Paris. 

CCXLIX. 
Aff.  élr.  Turin,  t.  XXXIll ,  fol.  A^y.  —  Original. 

[A  M.   MAZARIN.] 

De  Rut'l,  ce  19  mars  i64i. 

Ces  trois  mots,  vous  tesmoignant  la  joye  que  j'ay  que  vostre  expé- 
dition militaire  ayt  réussy  à  vostre  contentement*,  ne  vous  diront  rien 
de  la  perfidie  dont  a  usé  le  prince  Thomas,  parce  qu'en  ce  sujet  on  ne 
sçauroit  assez  dire  :  Dieu  fera  voir  ses  jugemens. 

'   Lettre  du  5  inar.s,  Turin,  t.  XXXIil,  jolie  petite  ville,  voisine  de  Turin  ,  prise 

fol.  387.  récemment.    Une   lettre   du    roi,    contre 

'  Même  ni.s.  fol.  356,  opuscule  de  9  signée  par  le  secrétaire  d'Etat  de  la  guerre, 

jiages.  était  aussi  adressée  ,  quelques  jours  après , 

^  Oépêches  originales,  date  de  Saint-      '  à  Mazarin  sur  île  bon  succez  de  Montca- 

Gcrmain-eu-Laye,  le  lomars,  fol.  4o8,  et  lier, auquel  (dil  le  roi)  vous  avez  contribué 

le  3  avril,  fol.  619.  par  vos  soins  et  bons  iulvis  ;  je  vous  en  les- 

'  Ibid.    i4  unrs,  fol.  4 1 3.  moigne  le  gré  que  je  vous  en  sçay...  •  De 

'  Il  s'agit  sans  doute  de  Moncaglieri,  S'-Germain-en  Laye,  le  23  luars,  fol.  ^yS. 


856  LETTRES 

11  faut,  à  quelque  prix  que  ce  soit,  oster  de  la  ville  les  per- 
sonnes suspectes,  parachever  l'esplanade  qui  est  commencée  et  esta- 
blir  une  bonne  garnison  dans  la  place. 

Je  vous  recommande  la  Perouse  en  revenant,  en  sorte  que,  dans 
cette  campagne,  nous  en  puissions  voir  la  fin.  Veillane  et  Suze  ont 
aussy  besoin  de  vostre  prévoyance,  aprenant  que,  bien  que  nous  ayons 
les  chasteaux  ,  il  ne  laisse  pas  d'y  avoir  des  gens  mal  affectionnez  dans 
les  villes.  Pourveu'que  tout  ce  que  nous  tenons  soit  bien  asseuré,  que 
les  gouverneurs  tiennent  leurs  garnisons  bien  affectionnées,  j'espère 
beaucoup  de  cette  campagne. 

Il  me  tarde  beaucoup  que  vous  ne  soyez  icy,  mais  pourvoyez  bien 
à  toutes  choses  devant  que  départir,  et  vousasseurez  que  jamais  Col- 
mar  ne  fut  mieux  veu  au  lieu  où  il  viendra  qu'il  le  sera  en  tous  ceux 
où  j'auray  puissance. 

On  envoie  M.  d'Aiguebonne  pour  commander  la  citadelle  de  Turin 
et  dans  la  ville  lorsque  la  campagne  aura  obligé  M.  le  comte  d'Har- 
court  d'y  mener  M.  du  Plessis-Praslin  avec  luy.  Il  est  bon  que  cet 
establissement  soit  fait  avant  que  le  bruicl  en  coure. 

Le  Gard.  DE  RICHELIEU. 

Je  vous  envoie  le  nom  de  ceux  que  nous  avons  peu  apprendre  de 
deçà  estre  suspects.  Vous  ne  direz  point,  s'il  vous  plaist,  que  je  vous 
l'aye  envoyé,  de  crainte  qu'on  ne  juge  que  les  depputés  de  Turin  qui 
sont  icy  y  ayent  contribué.  Ceux  qui  sont  marquez  de  lignes  à  costez 
sont  ceux  qui  sont  estimez  les  plus  dangereux. 

Le  Gard.  DE  RICHELIEU. 

En  mêirie  temps  que  Richelieu  exerçait  ainsi  une  véritable  dictature  à  Turin, 
les  princes  de  Savoie,  qui  n'y  pouvaient  rentrer,  et  réduits  à  y  fomenter  d'obscures 
intrigues,  proclamaient  hautement  leurs  droits  à  diriger  le  gouvernement  du 
petit  duc  leur  neveu  :  «  Manifesto  e  ordine  de"  SS""  principi  di  Savoia,  tutori  legi- 
timi  delL  ait.  reale  di  Carlo  Enianuel.  » 

Une  nouvelle  fâcheuse  atténuait  la  satisfaction  du  bon  succès  des  aiïaires  d'Italie 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


857 


•  Nous  avons  avis  certain  (écrivait  Chavigni  à  Mazarin ,  le  1 5  avril)  que  M.  de  Rheims  ' 
et  M. de  Bouillon  ont  traité  avec  le  roy  d'Espagne^.  »  Et  Mazarin  mandait,  le  3o, 
à  Chavigni,  de  Turin,  l'arrivée  du  prince  Thomas  avec  l'armée  espagnole. 

Toutefois,  les  affaires  d'Italie  étaient  en  une  assez  bonne  situation  pour  que 
l'habileté  de  Mazarin  pût  être  employée  ailleurs;  il  lui  est  permis  de  revenir  en 
France,  et,  dans  une  lettre  du  22  mai ,  le  comte  d'Harcourt  annonçait  que  Mazarin 
retournait  à  Paris. 

A  son  emploi  militaire ,  M.  d'Aiguebonne  joignait  le  titre  d'ambassadeur  ex- 
traordinaire, et  il  devait  continuer  les  négociations  que  le  prochain  départ  de 
Mazarin  el  la  mort  de  l'ambassadeur,  M.  deLaCourt^,  laissaient  inachevées.  Nous 
trouvons  aux  Affaires  étrangères  la  correspondance  de  M.  d'Aiguebonne  durant 
cette  ambassade,  dans  le  25°  volume  de  Turin*,  intitulé  :  Négociations  en  Pied- 
mont,  contenant  la  négociation  de  M.  d'Aiguebonne,  depuis  le  29  avril  16il  (date 
de  sa  première  lettre,  écrite  de  Novalaise)  jusqu'au  23  décembre  i6U5.  Ces  lettres 
sont  toutes  originales  et  la  plupart  autographes,  et  adressées  à  Mazarin,  sauf 
deux  allant  à  de  Noyers,  une  au  cardinal  de  Savoie  et  une  autre  à  Chavigni. 
Parmi  ces  lettres  se  trouvent  quelques  mémoires  et  autres  pièces  dont  nous  indi- 
querons plusieurs  à  leur  date. 


CCL. 
.  Arch.  des  Aff.  étr.  Portugal,  t.  I,  fol.  90.  —  Minute  de  la  main  de  Chavigni. 

AUX  AMBASSADEURS  DU  ROY  DE  PORTUGAL'. 

[Avril  ou  mai  i64i.] 

Le  roy  trouve  les  raisons  de  M.  l'ambassadeur  de  Portugal  très- 
bonnes,  il  est  important  cjue  les  deux  rois  soient  étroitement  unis. 


'  Henri  de  Guise;  voyez  notre  VI*  vol. 
p.  378,  note  3.  Ce  prince,  qui  n'avait  que 
vingt-six  ans,  sétait  jeté  depuis  plusieurs 
années  dans  toutes  ces  intrigues  de  galan- 
terie et  de  politique  tjui  firent  de  sa  vie  une 
longue  aventure. 

•  Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  XXXIII, 
fol.  672.  Chavigni  offrait  à  son  ami  celte 
consolation  :  «  On  pourvoiera  infaillible- 
ment aux  bénéfices  du  premier;  vous  y 
aurez  bonne  part.  » 

'  Il  mourut  au  mois  de  mai;  Mazarin 

CARDIN.  DE  BICBELIED.  VU. 


annonça  sa  mort  à  Chavigni  dans  une 
lettre  du  17. 

'  Ce  volume,  relié  en  maroquin  rouge, 
aux  armes  de  Colbert,  a  certainement  ap- 
partenu jadis  à  la  grande  collection  que 
conserve  aujourd'hui  la  Bibliothèque  na- 
tionale ;  la  table  des  matières  est  faite  dans 
le  même  système ,  écrite  de  la  même  main 
et  sur  un  papier  semblable  à  celui  des 
tables  de  ladite  collection. 

'  Les  ambassadeurs  arrivés  en  France 
au  mois  de  mars  furent  reçus  par  le  roi 

108 


858  LETTRES 

Mais  S.  M.  estoit  engagée  avec  la  Suède  et  la  Hollande  avant  d'en- 
trer en  traillé  avec  le  Poitugal,  elle  ne  peut  rien  faire  sans  leur  parti- 
cipation, d'autant  que  les  ennemis  usent  de  toutes  sortes  d'artifices 
pour  les  séparer  de  la  France. 

Le  roy  de  Portugal,  au  lieu  d'avantager  sa  condition,  la  rendroit 
plus  mauvaise  en  affoiblissant  S.  M.  par  la  perte  de  l'assistance  de 
ses  alliés .  .  . 

Le  roy  seroit  exposé  à  un  grand  péril  si  les  forces  d'Espagne  n'es- 
toient  plus  diverties  par  celles  de  ses  alliés. 

Le  roy  ne  cessera  d'assister  le  roy  de  Portugal  dans  la  guerre  et  dans 
la  paix,  en  portant  le  principal  effort  de  la  guerre  en  Espagne...  S.  M. 
est  mesme  résolue  de  faire  doubler  les  efforts  du  costé  de  l'Espagne. .  . 

S.  M.  publie  d'ailleurs  partout  qu'elle  ne  fera  jamais  la  paix  que 

le  27.  Nous  avons  donné,  page  768  de 
notre  VI*  vol. ,  une  lettre  de  Richelieu  à 
Cbavigni,  du  6  avril,  concernant  l'am- 
bassade de  Portugal.  Nous  renvoyons 
à  la  noie  dont  nous  avons  accompagné  la 
missive  de  Chavigni,  et  nous  ajouterons  ici 
quelques  mots  à  l'occasion  d'un  document 
où  nous  trouvons  la  preuve  que  plusieurs 
années  déjà  avant  d'éclater,  celte  future 
révolution  attirait  l'attention  du  cardinal. 
Un  des  plus  actifs  donneurs  d'informations 
dont  se  servait  alors  Richelieu,  le  P.  Carré, 
lui  écrit  le  20  novembre  i636  :  «  Un 
religieux  de  notre  ordre ,  Françoys,  venant 
de  Lisbonne,  dit  que,  sur  le  bruit  du  pas- 
sage de  l'armée  navale  de  France ,  tout  le 
Portugal  s'estoit  disposé  à  une  rébellion 
contre  le  roy  d'Espaigne ,  croyant  que  le 
roy  de  France  cnvoyoit  cette  flotte  sy 
puissante  pour  les  remettre  en  liberté ,  et 
que  hautement  les  Portugais  disoient  : 
Quand  est-ce  que  le  roy  de  France  nous 
délivrera  du  Pharaon  d'Espaigne  ?  Ils  y  at- 
tendoient  aussy  le  prince  de  Parme,  ou  le 
prince  de    Portugal.   Tous   les    religieux 


françoys  y  furent  mis  en  prison.  •  (Arch. 
des  Affaires  étrangères.  France,  t.  80,  fol. 
3/ji.)  Entre  cette  date  de  novembre  i636 
et  celle  du  2^  janvier  16^1,  mentionnée 
dans  la  note  précitée  ,  nous  n'avons  rien 
trouvé  dans  nos  manuscrits  concernant  le 
Portugal.  —  La  présente  lettre  aux  am- 
bassadeurs manque  de  suscription  et  de 
date;  c'est  une  matière  de  lettre  donnée  à 
Chavigni  t  pour  respondre  à  l'ambassadeur 
de  Portugal ,  »  ainsi  qu'il  est  écrit  au  dos  du 
ms.  —  Le  traité  fut  signé  le  i"juin;  c'est  en 
avril  ou  mai ,  durant  la  négociation  dudit 
traité ,  que  dut  être  écrite  la  présente  lettre, 
en  réponse  à  des  exigences  qui  pouvaient 
déplaire  aux  alliés  de  la  France  et  dont 
les  ambassadeurs  se  départirent.  (Voy.  ci- 
après  la  note  d'une  lettre  à  Chavigni,  du 
28  mai.)  Notre  manuscrit  nous  a  conservé, 
dans  son  texte  original,  un  mémoire  con- 
tenant les  demandes  des  ambassadeurs: 
Relaça'"  das  causas  de  PoTtagal  e  memoria 
do  qae  se  ha  de  capilularcom  a  Mag^'  del  rey 
christlanissimo ,  pièce  sans  date,  cotée  88, 
et  placée  après  le  1"  juin. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


859 


le  roy  de  Portugal  ne  soit  maintenu  en  la  possession  en  laquelle  il 
est,  les  Espagnols  ne  peuvent  disconvenir  que  S.  M.  n'y  est  pas  for- 
mellement engagée  par  le  trailté. .  . 

Le  roy  a  desjà  escrit  en  Hollande  précisément  pour  les  choses  que 
le  roy  de  Portugal  désire,  et  M.  de  la  Thuillerie,  qui  va  retourner 
en  Hollande,  est  chargé  d'agir  de  concert  avec  l'ambassadeur  de  Por- 
tugal qui  y  est  accrédité  '. 

Malgré  toute  sa  bonne  volonté  le  roy  ne  peut,  veu  les  immenses 
despenses  qu'il  fait,  assister  le  roy  de  Portugal  de  tout  l'argent  que 
celui-ci  désireroit. 

CCLI. 
Arch.  des  Aff.  étr.  Portugal,  t.  I,  fol.  45-  —  Minute  de  la  main  de  Cherré. 

A  CHAVIGNY. 

38  uiay  i64i. 

Je  vous  ay  envoie  il  n'y  a  pas  une  heure  ce  que  j'ay  estimé  devoir 
estre  fait  avec  les  Portugais  *.  Leur  prétention  d'engager  le  roy  à  ne 


'  Cet  ambassadeur  était  D.  Tristan  de 
Mendoza  Furtado.  M.  de  La  Thuillerie  écri- 
vait, le  3  9  avril,  de  la  Haye  :•  Les  Estais  ont 
accordé  à  l'ambassadeur  du  Portugal  vingt 
vaisseaux»  (Aff.  étr.  HoU.  t.  a3,  foi.  67), 
et  notre  manuscrit  de  Portugal  (fol.  27) 
nous  donne  à  la  date  du  i"  mai:  t  Poincts 
et  articles  accordés  à  l'ambassadeur  de 
Portugal,  sur  sa  proposition  à  MM.  les 
Estats-généraux  des  provinces  unies  des 
Pays-Bas.  »  Toutefois  les  négociations  des 
Portugais  en  Hollande  souffrirent  quel- 
ques difficultés  ,  car  nous  voyons ,  à  un 
mois  de  là,  le  a  juin,  La  Thuillerie  écrire: 
«  L'ambassadeur  de  Portugal  ne  sçauroit 
sur  quoy  apuyer  les  conditions  d'une  al- 
liance avec  les  Estais;  il  se  contente  d'esta- 
blir  bonne  correspondance.»  (Fol.  83  du 
manuscrit  de  Hollande.) 


'  Lettres  du  a8  mai,  ci-après  aux  Ana- 
lyses. Le  projet  de  traité  avec  les  Portu- 
gais ,  dressé  en  avril ,  et  revu  deux  fois 
par  Richelieu  (voy.  t.  VI,  p.  768-674), 
ne  se  concluait  pas  parce  que  Richelieu 
temporisait  dans  le  dessein  de  s'entendre 
à  ce  sujet  avec  les  Hollandais  ;  le  cardinal 
avait  d'ailleurs  supprimé  un  article  du 
premier  projet,  contenant  une  garantie  à 
laquelle  tenaient  les  ambassadeurs.  «  Ils 
respondirent  hier  soir,  écrivait  Chavigni 
au  cardinal ,  qu'ils  faisoient  leur  principal 
fondement  sur  cet  article,  sans  lequel  tous 
les  autres  du  projet  ne  sont  pas  presque 
■considérables...  ils  demandèrent  instam- 
ment de  se  rendre  auprès  de  son  Em. 
pour  lui  représenter  leurs  raisons  sur  cette 
affaire,  qui  paroist  les  toucher  sensible- 
ment. »  (Aff.  étr.  Portug.  1. 1,  fol.  17.)  On 

108. 


860  LETTRES 

faire  point  la  paix  sans  eux,  ou  au  moins  sans  liberté  de  les  assister, 
est  sy  desraisonnable ,  et  les  raisons  que  nous  avons  à  dire  au  contraire, 
et  que  Vous  leur  avés  dictes,  sy  puissantes,  que  le  roy  ne  peut  changer 
la  résolution  qu'il  a  prise,  parce  qu'il  l'a  deub  prendre.  Quand  ils  vien- 
droient  à  Abbeville  et  qu'ils  y  seroient  cent  ans,  ils  n'auroient  autre 
chose.  Cependant  pour  contenter  leur  imagination  on  peut  passer 
l'article  qui  s'en  suit: 

Bien  qu'il  ne  soit  point  parlé  dans  le  traicté  public  passé  ce  jour- 
d'huy  entre  ce  qui  se  pourra  faire  en  faveur  du  roy  de  Portugal, 
au  cas  que  le  roy  et  ses  confédérez  viennent  à  conclure  la  paix  avec 
la  maison  d'Autriche,  le  roytoutesfois,  par  sa  générosité,  a  bien  voulu 
asseurer  le  roy  de  Portugal,  son  bon  frère,  que  lorsqu'il  viendra  à  la 
conclusion  d'un  traicté  de  paix,  il  fera  son  possible  pour  se  réserver 
la  liberté  de  l'assister  tousjours  en  ses  justes  prétentions ,  pourveu  que  les 
alliez  de  Sa  d.  M.  consentent  d'entrer  avec  elle  en  une  pareille  obli- 
gation. Bien  entendu  qu'en  tel  cas  le  roy  de  Portugal  s'obligera  à 
ne  faire  aucun  traicté  avec  le  roy  de  Castille,  sans  le  consentement  de 
Sa  d.  M.  et  de  ses  alliez. 

Si  les  Portugais  trouvent  à  redire  à  ces  mots  souslignés  :  «  en  ses 
justes  prétentions,  »  on  les  peut  oster^ 

CCLII. 
Arch.  des  Aff.  étr.  Portugal,  1. 1,  fol.  48. —  Mise  au  net  devenue  minute,  deCherré. 

INSTRUCTION  POUR  M.  LE  MARQUIS  DE  RRÉZÉ, 

LIEUTENANT  GENERAL  DE  L'ARMEE  NAVALE  DU  ROY. 

2g  may  iG/u  '. 

Ledit  sieur  marquis  estant  arrivé  avec  l'armée  du  roy  aux  costes  de 

voit  que  Richelieu  propose  un  article  se-  de  Portugal,  fol.  71,  76  et  84;  on  peut  le 

cret  dont  les  Portugais  se  contentèrent,  comparer  avec  les  premiers  projets,  fol.  17, 

quoiqu'il    n'engage    pas     réellement    la  aS,  46  et  65. 

France.  L'article  secret  du  traité  signé  le  '  Ce  dernier  paragraphe   est   écrit  en 

1"  juin  est  tout  à  fait  conforme  à  celui  que  marge  dans  la  minute. 

propose  ici  RicheHeu  ;  trois  copies  dudit  '  Cette  date,  d'une  autre  main,  a  été 

traité  se  trouvent  dans  le  tome  I  des  Aff.  mise  après   coup,  sans    doute  quand  la 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  861 

Portugal,  il  mouillera  l'ancre  à  la  rade  de  Cascal  ',  qui  est  l'entrée  de 
la  rivière  de  Lisbonne,  et  y  demeiu-era  si  le  mauvais  temps  ne  l'oblige 
de  faire  entrer  ses  vaisseaux  dans  ladite  rivière. 

Ayant  faict  faire  des  complimens  au  roy  de  Portugal  il  Tira  voir 
ensuite  à  Lisbonne  bien  accompagné,  et  reviendra  coucher  le  soir  à 
son  bord,  pour  estre  en  estât  d'agir  à  la  mer ,  selon  les  occasions  , 
conjointement  avec  les  forces  de  Portugal  et  de  Hollande,  qui  doivent 
estre  chacune  de  vingt  bons  vaisseaux  selon  les  conditions  du  traicté 
faict  entre  le  roy  et  le  roy  de  Portugal,  et  celles  de  celuy  qui  a  esté  faict 
en  Hollande  avec  M"  les  Estats-Généraux. 

Si  le  duc  de  Maquede^  est  à  Calis  avec  vingt-six  navires,  qui  est 
tout  ce  qu'il  peut  avoir,  il  faut  tascher  à  le  forcer  et  le  brusler. 

S'il  est  allé  en  personne  au  devant  de  la  flotte ,  ou  qu'il  y  ayt  envoie 
seulement  douze  gallions,  comme  les  derniers  avis  qu'on  a  eus  d'Espa- 
gne le  portent,  on  ira  attendre  ladite  flotte  aux  lieux  où  les  Portugais, 
plus  instruits  que  nous  des  voyages  des  Indes,  croiront  qu'il  doit  passer. 

Si  ladite  flotte  est  arrivée  dans  le  port  de  Calis,  il  faut  faire  toutes 
sortes  d'efforts  possibles  poiu"  faire  périr  les  vaisseaux  dont  elle  sera 
composée. 

Si  ledit  duc  de  Maquede  va  en  Catalogne,  le  bien  de  la  cause  com- 
mune requiert  qu'on  l'aille  attaquer  [avec  les  forces  confédérées]  en 
quelque  lieu  qu'il  soit ,  parce  qu'estant  perdu  les  forces  navales  d'Es- 
pagne sont  perdues. 

Ledit  duc  de  Maquede  ne  se  peut  retirer  en  la  coste  de  Catalogne , 

nièce  fut  expédiée.    Nous  n'avons  point  l'embouchure  du  Tage.  —  Sous  la  ru- 

l'original  de  celte    instruction;    il   a   dû  brique  :  «Lisbonne,  i5aoust>  la  Gazelle 

être  signé  par  Chavigni.  Mais  la   pièce  annonce  que  «  le  marquis  de  Brézé  est  ar- 

e»t  l'œuvre  de  Richelieu,  nous  avons  à  rivé,  le  6  du  courant,  à  la  rade  d'Escler- 

cet  égard  son  propre  témoignage:  Lettre  monde,  et  que  les  forts  de  Cascal  et  les 
du  37  [à  Chavigni?],  manuscrit  cité  aux      .  gallions  du   roy   de    Portugal   saluèrent 

sources,  fol.  Sg.  «J'envoie  à  M.  de  Cha-  anssitost  son  pavillon  »  Suit  la  description 

vigny  l'instruction  que  j'ay  dressée  pour  de  la  brillante  réception  qui  lui  fut  faite 

le  marquis  de  Brézé,   sur  les  mémoires  à  Lisbonne.  (N°  du  5  octobre,  p.  721.) 
de  M.  des  Gouttes,  laquelle  il  signera.»  *  Nom  qu'on  a  francisé  et  dont  nous  ne 

'  Cascaes,  petit  port  fortifié,  voisin  de  retrouvons  pas  la  véritable  orthographe. 


862  LETTRES 

qu'à  Cartagène,  ou  dans  la  baye  de  Rose,  auxquels  lieux  on  peut  at- 
taquer les  vaisseaux,  les  brusler,  ou  les  faire  donner  à  travers  dans 
la  coste  de  Rose. 

Cette  entreprise  est  d'autant  plus  aisée  que  la  baye  est  toute  ou- 
verte à  Cartagène,  ce  qui  faict  que,  bien  que  le  port  soit  fermé,  les 
vaisseaux  peuvent  aprocher  sy  près  de  la  ville  qu'ils  n'en  sçauroient 
estre  offensés  '. 

Si  le  duc  de  Maquede  a  partagé  ses  vaisseaux,  ainsy  qu'il  est  pré- 
supposé cy-dessus,  en  sorte  qu'en  envoiant  une  partie  au-devant  de 
la  flotte  il  soit  entré  avec  l'autre  dans  le  destroit,  on  pourrolt,  en  ce 
cas ,  aller  au-devant  de  ladite  flotte  avec  quarante  bons  vaisseaux  des 
trois  flottes  françoise,  portugaise  et  bollandoise,  où  le  s' marquis  de 
Brézé  commanderoit,  et  envoier  les  vingt  autres  vaisseaux  joindre 
M.  de  Bordeaux  pour  tascher  de  ruiner  le  duc  de  Maquede. 

En  quelque  expédition  qu'aille  ledit  s'  marquis  de  Brézé  avec  les 
vaisseaux  du  roy  de  Portugal  et  ceux  de  M"^^  les  Estatz  d'Hollande,  il 
aura  soin  de  garder  le  rang  qui  est  deub  à  la  dignité  du  roy,  ainsy 
qu'il  a  esté  convenu. 

La  crainte  qu'on  doit  avoir  raisonnablement,  que  lorsque  l'armée 
françoise  arrivera  à  Lisbonne ,  la  flotte  portugaise  ne  soit  pas  encore 
preste ,  quoique  les  ambassadeurs  asseurent  le  contraire ,  et  qu'ainsy 
les  vaisseaux  françois  soient  contraincts  de  consommer  une  partie  de 
leurs  vivres  sans  pouvoir  rien  entreprendre ,  faict  qu'on  fera  préparer 
des  vivres  pour  demeurer  à  la  mer  autant  de  temps  qu'il  faudra,  ou 
pour  attaquer  la  flotte  si  elle  n'est  point  encore  arrivée ,  ou  povu  tas- 
cher de  faire  périr  les  vaisseaux  du  duc  de  Maquede ,  en  quelque  lieu 
qu'ilz  soient,  ainsy  qu'il  est  proposé  cy-dessus. 

Ensuitte  de  quoy  ledit  s"^  marquis  de  Brézé,  s'il  est  entré  dans  le 
destroit,  pourra  aller  hiverner  à  Toulon,  ou  s'il  est  demeuré  dans 
l'Océan,  dans  tel  port  qui  sera  jugé  à  propos  par  avis  commun,  soit 
de  Portugal ,  soit  de  la  France  si  on  estime  qu'il  y  doive  revenir. 

'  «  M.  des  Gouttes  l'a  dict.  »  (Note  marginale  du  manuscrit.) 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  863 

Si  ledit  s'  marquis  de  Brézé  hiverne  en  Provence,  le  s' commandeur 
des  Gouttes  estime  qu'il  doit  choisir  4ouze  des  meilleurs  vaisseaux 
et  en  renvoyer  huict  des  vingt,  qu'il  mène  maintenant  à  Brest,  afin  de 
composer  l'armement  de  mil  six  cent  quarante  deux  desdits  douze 
vaisseaux ,  et  de  douze  des  meilleurs  de  ceux  qui  sont  en  Provence , 
avec  dix  bruslots  qui  se  feront  en  Provence  du  corps  des  vaisseaux 
qui  ne  sont  plus  bons  pour  la  guerre. 

Les  vivres  de  l'armée  que  doit  commander  ledit  s'  marquis  de 
Brézé  n'estant  que  pour  six  mois,  qui  commencent  en  juin  et  finiront 
en  novembre,  ledit  s'  marquis,  estant  arrivé  à  Lisbonne,  envoiera  un 
petit  vaisseau  de  son  escadre,  nommé  la  Princesse,  pour  faire  sçavoir 
le  concert  qu'il  aura  faict  avec  le  roy  de  Portugal  et  les  HoUandois, 
s'ils  .sont  arrivez,  afin  qu'on  luy  prépare  et  qu'on  luy  envoie  des 
vivres  par  des  flustes,  au  cas  qu'il  juge  en  avoir  à  faire  toowc  plus 
longtemps  que  ceux  qu'il  aura  portez  avec  luy. 

Le  s''  commandeur  des  Gouttes  n'allant  point  au  voiage,  donnera 
ordre  à  la  Rochelle  à  faire  préparer  les  vivres,  ce  qu'il  fera  d'autant 
plus  soigneusement  que,  s'il  n'est  en  personne  à  ladite  flotte,  il  y  sera 
de  cœur  et  d'affection. 

Ledit  s'  commandeur  a  faict  ouverture  d'un  autre  dessein  de  plus 
longue  haleine,  dont  le  s''  marquis  de  Brézé  considérera  les  mémoires 
qui  luy  sont  donnez  expressément  pour  en  conférer  sur  les  lieux  avec 
les  principaux  officiers  des  flottes  confédérées,  et  nous  avertir  de  ce 
qu'ils  estimeront  estre  faisable,  afin  qu'on  pourvoie  à  ce  qui  sera  né- 
cessaire en  tel  cas. 

Si  toutes  les  armées  françoises,  portugaises  et  hollandoises  font 
quelque  prise  conjointement  ensemble,  le  commissaire-général  de  la 
marine  de  Tannée  françoise  prendra  les  deux  commissaires  des  deux 
autres  armées  pour  travailler  conjointement  avec  eux,  au  sujet  de  la 
dite  prise,  et  quand  l'un  des  corps  fera  quelque  prise  en  l'absence  des 
autres,  il  ne  laissera  pas  de  leur  en  faire  part  pendant  que  lesdits 
corps  seront  unis. 

Si  par  hazard  il  arrivoit  que  les  Portugais  manquassent  sy  notable- 


864  LETTRES 

nient  à  eux-mesmes  qu'encore  que  les  ambassadeurs  du  roy  Jean  à 
présent  régnant  se  voient  obligez,  par  le  traicté  passé  avec  le  roy,  le 
jour  de  d'avoir  à  la  fin  de  juin,  en  Portugal,  vingt  galbons, 

armez  et  équipez  pour  joindre  à  ceux  du  roy,  aussy  tost  qu'ils  seront 
arrivez,  et  estre  ensuitte  employez  conjointement  aux  expéditions  cy- 
dessus,  ils  ne  se  trouvassent  pas  pretz,  ledit  s'  marquis  de  Brézé  fer^ 
faire  toutes  les  solicitations  possibles  pour  faire  effectuer  farmement 
promis;  et  si,  après  avoir  demeuré  trois  sepmaines  ou  un  mois  en 
l'attente  dudit  armement,  il  voit  qu'il  n'y  ayt  point  d'aparence  d'en  es- 
pérer l'effect ,  il  fera  sçavoir  au  roy  que ,  consommant  ses  vivres  inutile- 
ment, et  n'en  pouvant  retirer  de  France,  il  doit  trouver  bon  qu'obéis- 
sant à  la  nécessité,  il  lève  l'ancre  pour  éviter  la  ruine  de  l'armée  du 
roy. 

Si,  en  tel  cas,  le  roy  de  Portugal  luy  offre  des  victuailles,  pour  rem- 
placer celles  qu'il  consomme  à  une  attente  inutile,  il  les  acceptera  sans 
les  demander,  et  attendra  encore  quelque  temps  l'armement  des 
vaisseaux  portugais,  s'il  voit  qu'il  se  prépare. 

Si  ledit  s''  marquis  est  contrainct,  pour  ne  trouver  aucuns  vaisseaux, 
de  se  retirer  seul,  pour  n'avoir  pas  le  desplaisir  de  revenir  sans 
rien  faire ,  le  meilleur  dessein  qu'il  puisse  faire  est  d'entrer  inopiné- 
ment dans  le  destroit,  et  s'en  aller  joindre  l'armée  navale  que  S.  M.  a 
en  la  mer  Méditerranée  \  laquelle  il  trouvera  es  costes  de  Catalogne, 
pour  chercber  en  cette  mer  les  ennemis,  en  quelques  lieux  qu'ils 
puissent  estre  attaqués.  En  ce  cas  ledit  s'  marquis  trouvera  sur  les 
lieux  les  ordres  qui  devront  estre  gardez  pour  le  commandement  des- 
dites armées. 

Si  le  s"^  commandeur  des  Gouttes  ne  peut  aller  avec  ledit  s' marquis 
il  prendra  le  capitaine  Du  Mé  sur  son  vaisseau ,  et  donnera  le  comman- 
dement du  vaisseau  dudit  Du  Mé  à  celuy  qu'il  estimera  plus  à  propos. 

'  Voy.  la  lettre  adressée  au  marquis  rie  Brézé,  t.  VI,  p.  846. 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  865 


CCLIII. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  XXXIV,  fol.  i3o.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

A  M.  D'HARCOURT. 

7  juin  1 6/1 1  • 

Monsieur,  ayant  sceu par  M.  Mazarin,  qui  a  rempli  toute  la  cour  de 
vos  louanges  \  les  bons  desseins  que  vous  avez  pour  faire  une  bonne 
campagne,  je  prends  la  plume  pour  vous  dire,. sur  ce  qu'il  m'a  dit, 
qu'on  pourroit  commencer  par  Gaunis  ■ 


2 


Considérez  bien  si  ce  dessein  est  le  plus  avantageux  pour  le  bien  des  affaires. 

Pour  moy  je  ne  vous  cèle  pas  que  j'aimerois  beaucoup  mieux  que 
l'on  atlaqiiast  des  places  qui  sont  es  mains  des  Espagnols  et  qui 
ouvrent  le  chemin  de  Casai  et  du  Milanois.  De  ce  genre  Verrue  '  est 
celle  qui  me  semble  la  plus  considérable .  .  . 

Richelieu  expose  les  raisons  de  cette  préférence. 

Cependant  tout  est  remis  à  vostre  prudence  et  au  soing  que  vous 
aurez  d'examiner,  avec  ceux  qui  sont  avec  vous,  quel  party  vous 
aurez  à  prendre .  .  . 

Je  préfère  tant  l'attaque  des  places  qui  vont  vers  le  Milanois  aux 
autres,  que  j'estimerois  quasy  meilleur,  si  vous  ne  jugez  pas  pou- 
voir prendre  Verrue,  la  prise  d'Yvrée  *  et  de  Santia  pour  fruict  de 
toute  celte  campagne,  que  celle  de  Gaunis. 

Comme  ceux  qui  sont  esloignez  ne  voyent  pas  tousjours  si  bien  les 

'  Mazarin  était  parti  de  Turin  pour  re-  linait  à  rester.  Cependant  le  comte  d'Har- 

venir  en  France  le  aa  mai.  "court  se  décida  à  l'abandonner  pour  aller 

*  Coni,  à  1^  lieues  sud-esl  de  Turin.  au  secours  de  Cliivas  attaqué  par  le  prince 
'  Verue,  à  8  lieues  nord-est  de  Turin.  Thomas.  Chavigni  s'en  plaignait  dans  une 

*  Le  siège  avait  été  mis  devant  Yvrée,        lettre   du   a5   mai   adressée    à    Mazarin 
où  Turenne,  quoique  déjà  malade,  s'obs-        (fol.  ii3),  et  l'on  voit  que  Richelieu  tenait 

CARDIN.  DE  RICHELIED.  VU.  1  09 


866 


LETTRES 


objets  que  ceux  qui  en  sont  près.  .  .  je  vous  prie  de  ne  considérer  ce 
que  je  vous  mande  que  comme  de  simples  ouvertures  dont  la  résolu- 
tion vous  est  remise. 

Faire  en  sorte  que  les  places  que  l'on  lient  soient  bien  munies,  et  puiss'ent 
estre  secourues  si  on  les  attaque. 

Vostre  affection,  vostre  fermeté  et  voslre  bonne  fortune  jointes 
ensemble  me  font  espérer  des  actions,  cette  année,  correspondantes  à 
celles  du  passé.  Sur  cette  vérité  je  demeure.  .  . 


CCLIV. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  XXXI V,  fol.  iSa. 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

A  M.  DE  TURENNE. 


7  juin  i6i  1 . 


Monsieur,  Testât  où  M.  de  Bouillon  s'est  mis  sans  qu'on  ayt  peu 
l'en  divertir  me  faict  prendre  la  plume  pour  vous  dire  que  sa  mau- 
vaise conduite  ne  peut  préjudicier  qu'à  sa  personne,  et  que  vostre 
mérite  m'est  tellement  cogneu  que  je  n'ay  point  craint  de  m'en  rendre 
caution  envers  le  roy,  particulièrement  sur  les  asseurances  que  M.  Ma- 
zarin  m'a  données  de  voslre  part  '.  Je  vous  conjure  de  croire  qu'il 
n'y  a  personne  qui  face  plus  de  cas  des  qualités  qui  sont  en  vous  que 
moy,  ny  qui  désire  davantage  que  vous  en  adjoustiez  une  nouvelle. 


à  s'emparer  d'Yvrée  pour  diriger  les  forces 
de  la  France  contre  le  Milanez.  —  Notre 
manusci-il  donne  à  ce  moment  une  pièce 
intitulée  :  Journal  de  ce  qui  s'est  passé  de- 
puis que  l'armée  da  roy  est  devant  Yvrée. 
Nous  y  remarquons  quelques  additions  de 
la  main  de  Mazai-in. 

'  Turenne ,  qui  n'avait  pas  encore  trente 
ans,   était  loin  de  partager  les  liunieurs 


turbulentes  et  les  desseins  séditieux  de  son 
frère  aine,  que  condamnaient  sa  raison  et 
son  esprit  solide ,  et  son  cœur  dévoué  à  la 
France.  Il  avait  chargé  Mazarin ,  qui  venait 
de  quitter  l'Italie,  de  porter  au  cardinal 
les  assurances  d'un  zèle  et  d'une  fidélité  à 
toute  épreuve;  et  il  lui  écrivait  le  4  juin  ; 
■«J'apprens  icy  tous  les  jours  comme  les 
affaires  du  coslé  de  Sedan  s'aigrissent  ex- 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  867 

qui  me  donneroit  tout  lieu  de  vous  tesmoigner  par  effects  avanlageux 
que  je  suis.  .  . 

Le  même  jour  le  cardinal  écrit  à  M.  du  Plessis  Prasliii  pour  lui  téuioigner  le 
contentement  qu'a  le  roi  de  ses  services  :  «Je  vous  conjure  d'avoir  un  soin  parti- 
culier de  Carmagnole,  Savillan,  Querasque,  Ghivas,  Suze  et  Veillane,  et  de 
faire  souvenir  M.  le  comte  d'Harcourt  de  n'en  retirer  pas  le  gouverneur.  » 


CCLV. 

Arch.  des  A  IL  élr.  Turin,  t.  XXXIV,  fol.  160.  — 
Minuie  de  la  main  de  Cherré. 

A  M.  LE  COMTE  D'HARCOURT. 

1  a  juin  i63  I . 

Monsieur,  j'ay  receu  vostre  lettre  qui  m'a  bien  faict  descheoir  de 
l'espérance  que  j'avois  que  vous  feriez  une  bonne  campagne  '.  Vous 
ayant  dit  comme  j'ay  faict  devant  vostre  parlement  qu'il  ne  falloit  point 
faire  estât  d'autres  trouppes  pour  l'Italie  que  de  celles  dont  on  vous 
donnoit  le  controole,-  vous  n'avez  pas  deu  prendre  vostre  pied  sur 
d'autres  mesures.  Les  autres  armées  que  le  roy  a  en  d'autres  lieux 
sont  attachées  en  des  entreprises  trop  importantes  pour  les  pouvoir 
divertir,  comme  on  fit  l'année  passée  pour  vous  les  envoyer. 

Richelieu  explique  comment,  si  l'armée  du  comte  d'Harcourt  n'est  pas  aussi 
forte  qu'il  le  pourrait  désirer,  elle  l'est  encore  lassez,  l'armée  espagnole  étant  plus 
faible  que  la  sienne.  Il  fait  le  détail  des  montres  et  des  recrues  qu'on  lui  a  en- 
voyées. Le  roi  se  plaint  de  la  quantité  de  congés  qui  ont  été  donnés. 

trememcnt;  je  vous  suplie  trèsliumblc-  avec  la  mesnie  fidélité  que  j'ai  fousjours 
ment.  Monsieur,  de  tesmoigner  à  M*'  le  eue  ^ans  que  rien  me  puisse  esbianler...  »~ 
cardinal  combien  je  lui  suis  sensiblement  (Fol.  128.)  Et  il  renouvelait  ses  protesta- 
obligé  de  fhonncur  qu'il  lui  plaist  de  me  lions  presque  dans  les  mêmes  termes  à  de 
faire  de  prendre  tant  de  confiance  en  nioy.  Noyers  et  à  Chavigni.  (  Lettres  du  ()  juin , 
en  une  chose  si  importante.  Je  peux  l'as-  fol.  i4o-i4/i-) 
surer  que  je  servirai  tant  qu'il  lui  plaira  '  Lettre  du  7  juin. 

109. 


868 


LETTRES 


Pourveu  que  vous  faciez  de  vostre  costé  tout  ce  qui  despendra  de 
vous  pour  faire  aller  toutes  choses,  vous  pouvez  vous  asseurer  que 
nous  n'y  oublierons  rien  de  nostrepart,  et  qu'en  mon  particulier  j'y 
contribueray  tout  ce  que  je  pourray,  et  pour  le  service  du  roy  et  pour 
vostre  considération. 

Souvenez-vous,  je  vous  supplie,  qu'on  ne  faict  point  de  grandes  af- 
Jaires  sans  de  grandes  diflicultez,  et  que  plus  on  en  surmonte  plus 
acquiert-on  de  gloire. 


CCLVl. 
Arch.  des  Aff.  étr.  Portugal,  t.  I,  fol.  iltS.  —  Minute  de  la  main  de  Charpentier. 


AU  ROI  DE  PORTUGAL. 


Sire, 


i5  juin  [164  ■ 


Je  ne  tesmoigneray  point  à  V.  M.  l'affection  avec  laquelle  j'ay  tas- 
ché  de  la  servir  auprès  du  roy,  parce  qu'elle  cognoistra  par  effects 
et  par  la  relation  qui  luy  en  sera  faicte  par  M"  ses  ambassadeurs  ^, 
qui  se  sont  très-dignement  acquittez  de  l'employ  qu'ilz  avoient  receu 
d'elle.  Seulement  l'asseureray-je  de  la  continuation  de  mon  service ,  dont 
je  ne  sçaurois  luy  donner  une  meilletire  preuve  qu'en  la  suppliant  de 
penser  à  la  fortification  des  places  de  sa  frontière  et  les  bien  mimir; 
à  rendre  ses  sujets  aussy  capables  d'ime  bonne  discipline  militaire 


'  Cette  minute  n'a  pas  de  millésime , 
et  le  manuscrit  a  classé  faussement  la  pièce 
en  1642.  Les  ambassadeurs  du  roi  de 
Portugal  partirent  vers  la  fin  de  juin 
i64i  (voy.  ci-dessus,  p.  288);  la  Gazette 
du  21  annonce  qu'ils  avaient  pris  à  Paris 
congé  de  la  reine  et  de  M^'  le  dauphin  , 
comme  ils  l'avaient  pris  du  roi  et  du  car- 
dinal-duc, le  i/i,  à  Ahbeville;  et  le  29 
la  Gazelle  disait  encore  :  «  Mardy  dernier 
les  ambassadeurs  du  roy  de  Portugal  par- 


tirent de  cette  vi|le  Irès-satisfaicts.  »  La 
présente  lettre  avait  été  écrite  le  lendemain 
du  jour  où  les  ambassadeurs  avaient  pris 
congé  du  cardinal. 

'  Ces  ambassadeurs ,  craignant  d'èlre 
arrêtés  par  quelque  navire  d'Espagne , 
étaient  encore  à  Marseille  le  i3  août, 
«attendant,  dit  la  Gazette,  l'embarqui'- 
ment  de  M.  de  Fontenay-Mareuil  pour 
Rome.  » 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  869 

qu'ilz  sont  courageux  et  vaillans;  à  former  deux  bonnes  armées, 
l'une  de  terre  et  l'autre  maritime  ;  à  s'asseurer  les  moyens  de  faire  sub- 
sister l'une  et  l'autre,  sans  que  ses  peuples  s'en  trouvent  foulez,  et 
les  employer  toutes  deux^  à  cbercher  ses  ennemis  au  dehors,  au  lieu 
de  les  attendre  dans  ses  propres  estais.  V.  M.  sçait  sy  bien,  je  m'as- 
seure,  qu'elle  a  besoin  de  se  servir  de  la  prudence  et  du  courage  que 
Dieu  luy  a  donnés,  pour  maintenir  sa  couronne,  qu'elle  ne  s'endor- 
mira pas  dans  le  repos  dont  elle  jouit  à  présent,  à  cause  des  autres 
occupations  qu'ont  ses  ennemis.  C'est  ce  que  luy  peut  dire  une  personne 
qui  l'honore  et  luy  souhaitte  tout  bonheur,  et  qui  est  véritablement, 

Sire, 

de  V.  M. 

Le  trfcs  humble  et  très  obéissant  serviteur. 


CCLVIl. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Lorraine,  t.  XXXII,  pièce  12g.  —  Mise  au  net  par  Chcrré. 
Minute  de  ]a  main  de  Citoys,  fol.  i58. 

[Vers  le  î5  juin  itiAi]  '. 

Il  faut  considérer  l'humeur  et  le  procédé  ordinaire  du  personnage , 
qui  ne  fit  jamais  rien  de  bonne  grâce  et  sans  difficulté. 


'  Cette  instruction ,  dictée  par  le  car- 
dinal, était  sans  doute  destinée  à  Chavi- 
gni.  Le  manuscrit  ne  donne  point  de  date. 
Sous  l'air  de  confiance  qu'affecte  Richelieu 
dans  sa  lettre  du  ly  juin  à  M.  du  Hallier 
(p.  a86  ci-dessus),  perce  une  inquiétude 
qui  fut  bientôt  justifiée.  Le  a3,  le  duc 
Charles  passait  avec  son  armée  de  Nooieny 
à  Saint-Avold,  et  l'on  pouvait  craindre 
qu'il  ne  se  joignit  à  Picoloaiini.  On  dut 
élre  informé  à  Paris  de  ce  mouvement. 
Vers  le  26  ,  ce  fut  peut-être  alors ,  et  quand 
il  était  encore  possible  de  douter  des  véri- 


tables intentions  du  prince  lorrain,  que 
Kichelieu  cherchait  à  les  deviner.  11  se 
pourrait  même  que  ces  considérations  eus- 
sent été  écrites  un  peu  plus  tard;  la  mi- 
nute de  Citoys  met  en  tèle:  «juillet  1 64 1  ,» 
et  la  pièce  se  trouve  classée  à  la  fin  dudit 
mois.  Toutefois  cette  date  est  peu  certaine , 
étant  écrite  d'une  main  étrangère,  et  la 
pièce  se  trouverait  encore  convenablement 
placée  vers  la  fin  d'août,  lorsque  le  duc, 
après  une  nouvelle  infidélité ,  demandait  à 
rentrer  en  grâce.  Cette  dernière  date  sem- 
blerait d'ailleurs  indiquée  par  la  mention 


870  LETTRES 

Il  faut  considérer  en  outre  qu'à  sa  mode  il  est'  artificieux  et  malicieux. 

De  CCS  deux  principes  on  peut  tirer  une  conclusion  certaine,  qu'il 
y  a,  en  son  procédé  présent,  quelque  chose  de  sa  légèreté  et  de  ses 
diflicultez  ordinaires,  et  quelque  chose  de  ses  artifices  et  desrégle- 
mens  malicieux  accoustumez . 

Ce  personnage  sollicité  de  diverses  parts  s'imagine  devoir  en  tirer 
(juelque  avantage. 

Il  peut  avoir  deux  fins  blasmables,  mais  non  tout  à  fait  criminelles. 

L'une  est  de  demeurer  neutre. 

L'autre  est  d'avoir  des  troupes  pour  prendre  ses  quartiers  hors  de 
son  pays. 

Il  peut  en  avoir  une  autre,  sçavoir  est,  de  tourner  casaque;  mais 
comme  ce  dessein  seroit  diabolique ,  détestable  et  du  tout  infâme-  en 
un  prince,  il  n'y  a  point  d'apparence  qu'il  l'ait  dans  la  pensée. 

Le  dernier  des  deux  autres  est  aucunement  raisonnable,  quoyque 
les  moyens  de  l'obtenir  ne  soient  pas  bons. 

Et  sur  ce  sujet  on  luy  peut  faire  entendre  que,  comme  le  roy  faict 
toujours  plus  que  ce  à  quoy  il  s'oblige,  il  donnera  volontiers  sur  la 
fin  de  la  campagne  des  troupes  à  M.  de  Lorraine  pour  luy  ayder  à 
prendre  des  quartiers  d'hyver  en  pays  ennemy. 

Quant  à  la  neutralité,  il  n'y  faut  point  entendre^,  parce  qu'elle  est 
directement  contraire  au  Iraitté  faict  avec  luy,  lequel  n'auroit  plus 
rien  de  stable  et  d'asseuré  si  on  y  dérogeoit  une  fois  à  l'apélit  des 
desrégi emens  de  cet  esprit. 

des  quartiers  d'hiver.  On  comprend  qu'a-  ^  Nous  avons  ici  la  véritable  pensée  de 

vec  cette  mobilité,  celte  perpétuelle  in-  Richelieu,  o II  ne  se  montra  pas  tout  à  fait 

constance  dans  la  conduite  du  duc  de  Lor-  éloigné  (dit  au  contraire  M.  d'Hausson- 

raine,   une   date   puisse  être   également  ville)  d'accorder  la  neutralité  que  le  duc 

vraisemblable  à  divers  moments.  Charles  réclamait.»  (II,  i34.)  Le  docu- 

'  Richelieu  avait  d'abord  dicté,  ainsi  ment  sur  lequel  l'historien  de  la  réunion 

qu'on:  le  voit  par  1*  miïiute  de  Citoys,  ar-  de  la  Lorraine  à  la  France  a  pu  fonder  son 

tijiciostis  et  mâlkiaitli';  mÀÏÛ  cièsûeuTi-Jaiet^  opinion-  étidl  donc  destiné  à  tromper  le 

ont  été  effacés  'et^oh:  4  'ttife  tn-'aM^riïgiip^  dilt  et  à  lui  laisser  «ioneevorr  Une  espé- 

leS' mots  français..'!    ■  ")">  "i-ii  )i  f     -  ^irtreiqno  Ricbelieu  iêlait  biôB . féséki  de 

■î  *  <* IrtfaimMitl  »' minliiei  *i»9irr,'  nb'pas  satisfaire.   ■'  oUil-?..  cj  -àvor-)  iir.l")  li 


DU   CARDINAf.   DE  RICHELIEU.  871 

Si  M.  de  Lorraine  doit  manquer,  il  vaut  mieux  qu'il  le  l'ace  par  sa 
pure  malice  que  par  une  condescendance  de  la  part  du  roy,  qui,  par 
ce  moyen,  deschéroit  de  la  force  de  son  traitté. 

Quand  bien  il  violeroit  sa  foy,  la  France  ne  seroit  pas  perdue,  et 
luy  se  perdroit  très-cerlainement. 

Ces  desréglemens  ne  luy  ostent  pas  la  lumière  jusques  à  tel  point 
qu'il  ne  cognoisse  bien  cette  vérité. 

Et  partant  il  est  impossible  d'estimer  sans  témérité  que  cette  affaire 
doive  avoir  le  plus  mauvais  événement  de  tous  ceux  qu'elle  peut  avoir. 

Pour  l'en  empescher  il  la  faut  conduire  doucement.  Il  faut  faire 
voir  la  raison  à  ce  personnage,  luy  tesmoigner  qu'on  ne  doute  point 
qu'il  ne  face  ce  qu'il  doit,  luy  faire  voir  que  s'il  faisoit  autrement  il 
sei-oit  perdu  d'bonneur. 

Le  rembarrer  fermement  s'il  veut  dire  qu'on  luy  a  manqut^  en  la 
moindre  chose  du  monde,  et  luy  faire  voir  le  contraire. 

Et  à  toute  extrémité,  luy  tesmoigner  qu'il  peut  niampier  au  roy  ' 
si  bon  luy  semble,  mais  que  la  générosité  de  S.  M.  est  telle,  ([u'elle 
aymeroit  mieux  hasarder  sa  couronne  que  de  manquer  à  aucune  des 
choses  qu'elle  luy  a  promis. 


CCLVtlI. 

Arch.  des  Aff.  élr.  Turin,  t.  XXXIV,  fol.  2a3.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier, 

A  M.  LE  COMTE  D'HARCOURT. 

De  Péronue,  ce  i"  juillet  i64i. 

Monsieur,  je  suis  extrêmement  fasché  de  la  maladie  de  M.  de  Tu- 
renne,  l'estimant  et  l'aimant  comme  je  fais  je  vous  puis  asseurer  que 
son  mal  m'e.st  plus  sensible  que  je  ne  vous  le  puis  dire  ^. 

"  D'ici    à  la   fin   de  cette   lettre,  c'est        police  et  finances  à  l'armée   d'Italie,  et 

Cherré  qui  tient  la  plume.  nous  trouvons  dans  ce  volume  un  assez 

'  Le  Tellier  était  intendant  de  justice,        grand  nombre  de  lettres  de  lui,  écrites  à 


872  LETTRES 

Le  roy  vous  envoie  M.  le  marquis  de  Villeroy  et  M.  de  la  Tour,  il 
vous  eust  volontiers  envoyé  M.  de  Quinsay  comme  vous  le  désirez, 
si  Testât  auquel  sont  les  affaires  luy  eust  permis  de  pouvoir  l'ester 
maintenant  de  Guise. 

Je  suis  très  aise  de  la  résolution  que  vous  avez  prise  d'aller  en  cam- 
pagne, mais  je  vous  avoue  que  tous  ceux  qui  sont  de  delà  nous  aians 
mandé  qu'outre  le  corps  que  vous  laissez  à  M.  Du  Plessis  Praslin  vous 
avez  pour  le  moins  dix  mille  hommes  de  pied  en  ce  que  vous  menez 
avec  vous,  et  vos  lettres  ne  portant  que  huit,  si  vostre  petit  secrétaire  ' 
continue  à  diminuer  de  vos  forces,  je  vous  suplieray  de  me  per- 
mettre de  le  desarmer  de  sa  plume,  ainsy  que  je  fis  de  son  espée  lors 
qu'il  vint  à  Amiens.  Au  nom  de  Dieu,  monsieur,  accoustumez  vos 
gens  à  ne  rendre  que  les  ennemis  foibles.  Cela  est  de  très  grande  im- 
portance et  nous  dégouste  de  telle  sorte  qu'il  n'est  pas  possible  de 
plus.  Au  reste  ayant  le  controole  des  trouppes  que  vous  avez,  et  pou- 
vant juger  à  quoy  elles  se  peuvent  monter  par  raison,  ayant  expéri- 
menté plusieurs  fois  que  vos  secrétaires  ne  sont  pas  justes  en  leurs 
calculs,  je  vous  puis  asseurer  qu'ils  n'ont  pas  le  don  de  persuader. 
J'espère  que  toutes  vos  affaires  iront  bien;  j'en  prie  Dieu  de  tout  mon 
cœur,  et  vous  de  croire  que  je  suis  de  toute  mon  affection.  .  . 


de  Noyers,  à  Mazarin  et  à  d'autres.  Dans 
une  lettre  du  19  juin,  sans  suscription, 
mais  qui  nous  semble  aller  à  Mazarin,  il 
dit  :  «  M.  de  Turenne  est  gravement  malade 
de  douleurs  ;  il  s'est  forcé  pour  servir  au 
siège  d'Yvrée  à  cause  de  la  conduite  de 
M.  de  Bouillon;  il  m'a  confessé  son  cœur 
en  tels  termes  qu'il  m'a  tiré  des  larmes  en 
abondance.»  (Fol.  172.)  Turenne  lui-même 
écrit  le  30 ,  aussi  à  Mazarin  :  a  11  y  a  8  ou  9 
jours  je  suis  tombé  malade  avec  lesmesmes 
incommodités  que  quand  je  partis  pour 
aller  à  Lyon.  J'ai  grand  peine  à  me  servir 


de  mes  mains  tant  je  suis  affoibli.  »  (Les 
lettres  de  Turenne  sont  ordinairement  au- 
tographes, celle-ci  est  de  la  main  d'un  se- 
crétaire.) Turenne  se  désole  de  ce  que 
cette  maladie  lui  arrive  au  moment  d'en- 
trer en  campagne  :  «  Je  vous  suplie,  ajoute- 
t-il,  de  sçavoir  de  M^  le  cardinal  s'il  trou- 
veroit  bon  que  j'allasse  prendre  des  eaux. 
Je  ne  parliray  point  de  ce  pays  que  je  ne 
sçache  sa  volonté.  »  (Fol.  180.)  Et  le  lende- 
main 2 1  il  mande  à  peu  près  la  même 
chose  à  de  Noyers.  (Fol.  igS.) 
'  Le  s'  de  Moiroux. 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU. 


873 


ï 


CGLIX. 

Arcli.  des  AIT.  élr.  Turin,  t.  XX XIV,  fol.  263.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier. 

A  M.  LE  COMTE  D'H.\RCOURT. 

De  Reims,  le  i4  juillet  i64i. 

Monsieur,  vostre  secrétaire  a  esté  bien  aisé  à  dépescher  puisqu'il  a 
trouvé  que  tout  ce  qu'il  venoil  demander  estoit  fait  avant  son  arrivée. 
Je  l'ay  adverty  dé  prendre  garde  à  sa  conduite  auprès  de  vous,  pou- 
vant vous  asseurer  que  jusques-icy  il  a  esté  plus  intéressé  qu'il  n'a  deu 
en  choses  qui  préjudicient  au  service  du  roy  et  à  la  gloire  que  vous  pou- 
vez acquérir  delà  les  monts.  Je  croy  qu'il  sera  plus  retenu  à  l'avenir. 

Pour  l'y  obliger,  je  vous  conjure  de  n'accorder  aucuns  passeports 
aux  officiers  s'ils  ne  sont  blessés  ou  malades.  Le  roy  trouve  extrême- 
ment mauvais  quand  il  sçait  que  les  officiers  reviennent  de  deçà.  Et 
au  bout  du  compte,  le  plus  grand  motif  de  la  liberté  qu'ils  prennent 
est  la  facilité  qu'ils  trouvent  à  obtenir  leur  congé  auquel  on  les  favo- 
rise auprès  de  vous  pour  l'utilité  qu'on  en  reçoit  ^ 


'  Malgré  toute  l'alTeclion  du  cardinal 
pour  le  comte  d'Harcourt,  allié  do  sa  fa- 
mille, il  ne  laisse  pas  de  lui  donner  des 
conseils  où  la  bienveillance  des  paroles  ne 
couvre  point  tout  à  fait  la  sévérité  de  la 
pensée.  Les  fautes  du  secrétaire,  les  re- 
proches que  méritent  ces  solliciteurs  inté- 
ressés, qui  obtiennent  du  comte  ce  qu'il 
ne  doit  pas  accorder,  touchent  un  peu, 
quoique  indirectement ,  le  comte  lui-même. 
D'un  autre  côté  LeTellier  écrit  à  Maznrin  : 
•  M.  le  comte  d'Harcourt  est  plus  fascheux 
que  jamais  ;  il  ne  peut  endurer  que  l'on 
parle  des  desordres  des  soldats.  .  .  si  on 
propose  de  fortifier  une  garnison ,  la  colère 
le  prend  sy  fort  qu'il  n'y  a  point  d'homme 
qui  ose  luy  en  parler.  •  (Lettre  du  16  juillet.) 


Et  le  3  août  :  •  Le  désordre  des  gens  de 
guerre  est  au  delà  de  ce  qui  se  peut  ima- 
giner, sans  espérance  d'y  remédier;  et  il  y 
a  des  choses  sur  cela  que  je  ne  puis  escrirc; 
je  me  réserve  à  vous  les  dire  cet  hiver.  » 
(Fol.  354)  Il  ne  pouvait  manquer  d'arriver 
quelque  chose  de  tout  cela  aux  oreilles 
de  f^ichclieu.  Le  comte  s'en  doutait,  et  se 
justifiait  auprès  de  la  duchesse;  il  lui  af- 
firme qu'il  a  toujours  maintenu  la  disci- 
pline de  l'armée,  qui!  a  fait  punir  exem- 
plairement ceux  qui  t  se  sont  tant  soit  peu 
"licenciez»  et  que  ce  sont  les  troupes  du 
marquis  Ville  qui  pillent  et  brûlent.  (Lettre 
du  3  août,  fol.  359.)  Et  enfin  il  se  plaint  à 
Richelieu  de  ce  qu'on  a  voulu  le  desservir 
auprès  de  lui.  (5  septembre,  fol.  449-)  C'est 


CARDIN  DE  RICHELIEU.  —  VII. 


874  LETTRES 

Le  roi  s'en  remet  absolument  à  vous  sur  les  desseins  que  vous  avez  proposés 
en  Italie. 

M.  de  Chastillon  s'est  laissé  battre  bien  malheureusement  par  des 
gens  qui  ne  se  mettoient  pas  en  estât  de  le  faire.  Dieu  a  voulu  nous 
humilier,  et  chastier  M.  le  comte  en  mesme  temps;  le  tout  avec  justice. 

On  l'autorise  à  choisir  pour  gouverneur  de  Chivas  celui  qu'il  jugera  à  propos 
de  M"  de  Corbeil  ou  de  Maison-Blanche;  el  on  lui  souhaite  de  bons  succès. 


CCLX. 
Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  XXXIV,  foi.  867.  —  Minute  de  la  main  de  Clierré. 

A  M.  LE  COMTE  D'HARCOURT. 

* 

Du  5  aoust  1  (U  1 . 

Monsieur,  la  lettre  qu'il  vous  a  pieu  m'escrire  sur  le  sujet  de  l'infi- 
délité de  M.  de  Lorraine  ne  m'a  point  surpris,  n'attendant  pas  moins 
de  vostre  affection  au  service  du  roy  qu'une  condamnation  de  la  con- 
duite de  ce  prince  ^ .  .  .  J'auray  tousjours  la  consolation  d'avoir  porté 
S.  M.  à  luy  faire  ressentir  les  effects  de  sa  bonté,  et  cette  satisfaction 
qu'en  ayant  abusé  comme  il  a  faict  à  la  face  de  toute  la  Xpienté,  il  n'y 
aura  personne  qui ,  admirant  la  générosité  du  roy,  ne  déteste  sa  perfidie. 

Je  suis  extrêmement  aise  de  la  prise  de  Sève  ^,  qui ,  vous  ayant  donné 
moyen  de  réduire  en  l'obéissance  de  M.  de  Savoie  vme  des  meilleures 
parties  du  Piedmont,  vous  donne  encore  plus  de  facilité  de  faire  l'en- 
treprise de  Conis.  Je  prie  Dieu  que  vous  en  ayez  bientost  une  bonne 
issue.  ,  . 

Je  vous  prie  de  faire  en  sorte,  s'il  y  a  moyen,   de  vous  rendre 

répondre  un  peu  tardivement  à  la  lettre  secrétaire  que  de  l'ijonneur  et  de  la  fidé- 

du  i"  juillet  ;  la  réponse  est  d'ailleurs  assez  lité. ...»  et  autres  phrases  pareilles, 
vague  à  l'égard  du  comte  aussi  bien  que  '  On  sait  que  le  comte  d'Harcourt  était 

de  son  secrétaire.  «  Je  suis  très-mauvais  de  la  maison  de  Lorraine, 
courtisan   et   très-fidèle   serviteur  de    V.  *  Ceva,  ville  alors  fortifiée,  à  19  lieues 

Em..  .  .  je  n'ay  jamais  recogneu  en  mon  sud-est  de  Turin. 


DU   CAHDINAL   DE  RICHELIEU.  875 

maislres  de  Revel  soil  par  suqirise  durant  le  siège  de  Conis,  soit  en 
l'attaquant  de  force  tout  âussytost  que  ce  siège  sera  achevé .  .  .  Conis 
pris,  Revel  ne  pourra  recevoir  de  secours  de  pas  un  lieu.  Je  me  remets 
de  cette  affaire  à  vostre  prudence  et  à  vos  soins,  que  je  feray  valoir  au 
roy  ainsy  que  vous  le  pouvez  désirer.  J'en  souhaitte  le  succez  avec 
d'autant  plus  d'affection  que  cette  place,  quoyque  petite,  est  fort  con- 
sidérable à  cause  de  Pignerol.  Vous  conduirez  le  tout  sy  secrètement 
que-personne  ne  puisse  juger  que  vous  ayez  un  ordre  plus  précis 
pour  vous  rendre  maistres  de  cette  place  que  des  autres  que  tiennent 
les  ennemis. 

Je  ne  doute  point  que  vous  n'ayez  ressenti  la  perte  de  M.  de  Cois- 
lin  avec  beaucoup  de  douleur,  sachant  comme  vous  l'aimiez.  Pour 
moy,  j'en  suis  sy  affligé  que  je  ne  m'en  puis  consoler.  Il  fault  néant- 
moins  se  sousmettre  aux  volontez  de  Dieu  en  toutes  choses.  Je  le  con- 
jure de  tout  mon  cœur  de  vous  conserver,  et  vous  de  me  croire  véri- 
tablement. .  . 


CCLXI. 

Arch.  de»  Aff.  élr.  Turin,  t.  XXXIV,  fol.  891.  — 
Minute  de  la  main  de  Cherré. 

A  MADAME  DE  SAVOYE. 

Du  1 2  aoust  164 1. 
Félicitation  sur  la  conduite  qu'elle  tient  en  ce  moment. 

Comme  j'ay  tousjours  désiré  avec  beaucoup  de  passion  vostre  union 
avec  le  roy,  povu  l'avantage  que  V.  A.  et  M.  vostre  filz  en  peuvent 
recevoir,  j'ay  voulu  sçavoir  le  détail  de  la  conduite  que  vous  tenez  à 
présent,  de  laquelle  M.  Mazarin  m'ayant  particulièrement  informé, 
je  n'ay  pas  manqué  d'en  entretenir  le  roy,  qui  en  a  esté  sy  satisfait 
qu'il  ne  s'y  peut  rien  adjouster,  non  plus  qu'au  désir  qu'il  a  de  vous 
continuer  les  effects  de  sa  protection,  de  laquelle  vous  vous  pouvez 
tenir  très-asseurée ,  aussy  bien  que  de  mon  très-humble  service. 


876  LETTRES 

Les  excessives  despenses  auxquelles  le  roy  est  obligé  en  ce  moment 
ne  luy  permettent  pas  de  vous  donner  toutes  les  assistances  qu'il 
voudroit;  néantmoins  je  n'ay  pas  voulu  que  le  s'  Bourouze  s'en  re- 
tournast  sans  vous  porter  les  preuves  de  sa  bonne  volonté.  Le  dit 
s'  Bourouze  m'a  entretenu  de  tout  le  zèle  avec  lequel  vous  assistez 
les  troupes  du  roy  en  Piedmont. 

La  part  qu'il  a  pieu  à  V.  A.  me  donner  des  propositions  d'accom- 
modement qui  luy  ont  esté  faictes  par  un  Capucin  de  la  part  de  M"  les 
princes ,  et  de  la  response  qu'EUe  luy  a  faicte  est  un  effect  de  vostre 
prudence  et  de  vostre  bonté  tout  ensemble.  Je  vous  puis  asseurer 
qu'en  usant  de  la  sorte  vous  mettrez  vos  ennemis  au  désespoir,  et,  en 
obligeant  le  roy,  verrez  vos  affaires  et  celles  de  M.  vostre  filz  de  plus 
en  plus  en  meilleur  estât.  V.  A.  est  trop  clairvoyante  pour  ne  cognoistre 
pas  que  toutes  les  fois  que  M"  vos  beaux  frères  tesmoignent  se  vou- 
loir accommoder  avec  vous ,  sans  premièrement  s'adresser  à  la  France, 
ce  ne  sera  que  pour  tirer  des  advantages  de  la  négociation,  et  vous 
perdre  si  elle  avoit  effect.  .  . 

Je  me  suis  d'autant  plus  resjouy  de  la  prise  de  Sève  que  les  troupes 
de  V.  A.  y  ont  eu  la  meilleure  pari.  .  .  J'espère  que  cette  prise  sera 
suivie  de  celle  de  Conis, .  .  .  qui  ramènera  à  l'obéissance  un  des  meil- 
leurs et  plus  considérables  pays  du  Piedmont. 

Les  affaires  du  roy  en  Allemagne  et  en  Europe  sont,  grâces  à  Dieu, 
en  fort  bon  estât;  et,  poiu"  celles  de  ces  quartiers',  nous  n'avons  rien 
à  désirer  davantage,  comme  vous  apprenez,  je  m'asseure,  par  les  dé- 
pesches  de  M.  le  comte  de  Mocette  ^. 

'  Le  cardinal  était  alors  avec  le  roi  en  sidenl  Morozzo ,  —  à  Dom  Félix  ',  —  au 

Champagne,  l'un  et  l'aulre  allaient  cou-  marquis  de  Saint-Germain.  Nous  n'avons 

cher  à  Reims  le  13  août.  point  trouvé  ces  lettres:   le   compliment 

'  Au  bas  de  cette  minute,  Cherré  a  était-il  sur  la  bonne  conduite  dont  Riche- 
écrit  :  «Lettre  de  compliment  au  marquis  lieu  félicitait  leur  maîtresse? 
Ville,  —  à  l'abbé  de  la  Monta,  —  au  pré- 

*  Dom  Félix  de  Savoie,  lieutenant  général  du  comté  de  Nice.  Il  était  iils  naturel  de  Chartes  Emmanuel. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


87- 


CCLXII. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  XXXIV,  fol.  àbi.  — 
Mise  au  net,  de  la  main  de  Cherré. 

A  M.  LE  COMTE  D'HARCOURT. 

5  septembre  i6i  i . 

Monsieur,  estant  important  à  la  réputation  du  roy  de  faiie  co- 
gnoistre  à  tout  le  monde  que  S.  M.  n'a  autre  but  dans  la  guerre  qu'elle 
faict  en  Pied  mont  que  de  restaJjlir  M.  le  duc  de  Savoie  en  la  posses- 
sion de  ses  estats,  et  l'authorité  de  Madame  au  point  qu'elle  doit 
eslre,  S.  d.  M.  s'est  résolu  de  remettre  la  place  de  Conis^  entre  les 
mains  de  S.  A.,  lorsqu'elle  sera  réduite  en  son  devoir,  pour  estre 
gardée  sous  le  nom  de  M.  le  duc  de  Savoye,  mais  à  des  conditions 
qu'elle  n'en  puisse  abuser  par  mauvais  conseil. 

Pour  atteindre  ce  but,  la  duchesse  mettra  pour  gouverneur  un  mestre  de  camp 
de  ses  troupes,  le  s'  de  Senantes  que  le  roy  choisit,  laissant  à  Madame  «  l'appa- 
rence de  la  nomination;  •  elle  mettra  à  sa  place  dans  Besme  le  s'  de  Marolles,  et 
en  Ce  va,  ccluy  de  ses  mestres  de  camp  que  vous  jugerez  plus  à  propos.  Le  s' de 
Senantes  fera  serment  à  Madame  de  garder  la  place. 

11  en  fera  un  autre  à  part ,  entre  vos  mains ,  qu'il  vous  donnera  par 
escrit,  signé  de  luy,  par  lequel  il  promettra  de  ne  remettre  jamais 
ladite  place  de  Conis,  sans  le  consentement  de  S.  M.  et  par  son  exprès 
commandement.  Il  sera  de  vostre  adresse  de  faire  valoir,  en  temps  et 


'  Le  cardinal  écrit  en  même  temps  à  la 
ducliesse  :  « . .  .V.  A.  trouvera  bon  de  con- 
certer avec  M.  le  comte  d'Harcourt  pour 
ne  mettre  dans  cette  place  aucun  gouver 
neur  qui  ne  soit  agréable  à  S.  M.  ny  au- 
cune garnison  dont  elle  ne  puisse  estre  as- 
scurée  pour  V.  A.  >  et  il  ajoute  des  compli- 
ments peu  sincères  sur  sa  bonne  conduite 


et  sur  «  tant  de  preuves  qu'elle  a  données 
de  sa  passion  pour  la  gloire  et  l'avantage 
de  S.  M.  «  Richelieu  use  volontiers  de  ces 
faux  compliments  comme  d'un  encourage- 
ment. Cette  lettre,  préparée  pour  la  signa- 
ture et  devenue  minute  à  cause  de  correc- 
tions, se  trouvant  sans  date,  a  été  classée 
à  la  fin  d'octobre  ,  fol.  SSg. 


878  LETTRES 

lieu,  à  Madame,  le  procédé  du  roy  en  ce  sujet  et  la  pureté  de  ses  in- 
tentions. 

Richelieu  annonce  la  copie  d'une  lettre  qu'il  écrit  à  la  duchesse  de  Savoie  sur 
le  sujet  de  Conis;  cette  copie  n'est  pas  ici.  —  Le  roy  trouve  bon  que  M.  de  Saint- 
André  serve  de  maréchal  de  camp  en  l'armée  du  comte  d'Harcourt. 

Je  me  resjouy  du  bon  succez  que  vous  avez  eu  à  Querasque  ',  où 
vostre  prévoyance  n'a  pas  peu  contribué,  j'espère  qu'il  sera  suivi  de 
plusieurs  autres  encore  plus  glorieux  pour  vous,  et  le  souhaitte  de 
tout  mon  cœur  comme  estant.  .  . 


CCLXIII. 

Dépôt  de  la  giicrre,  t.  LXVI,  pièce  Sg*.  — 
Minute  de  la  main  de  Charpentier  et  de  celle  de  de  Noyers. 

INSTRUCTION  POUR  MONS.  RELJAME'. 

A  Nesle,  le  26  septembre  i64i. 

Il  faut  recevoir  les  diverses  plaintes  des  habitants,  et  pour  leur 
osier  la  crainte  qui  les  pourroit  empescber  d'en  faire,  il  les  faut  as- 
■seurer  que  le  s""  de  Saint-Preuil  ne  rentrera  jamais  dans  le  gouverne- 
ment d'Arras. 

Il  faut  informer  des  diverses  violences  qu'il  a  commises  depuis 

'  Notre  ms.  nous  donne  une  relation  de  clielieu,  en  ajoutant  quelques  développe- 

l'iittaque  et  défense  de  Querasque.  [Fol.  U^o.)  ments  sans  importance.  (Même  tnanus- 

"  V-oy.  sur  le  s' de  Beljame  notre  i"  vo-  crit,  fol.  Sy ,  38.)  —  La  matière  n'est  point 

lume,  page  716,  note.  En  i64i  il  était  in-  datée,  nous  adoptons  la  date  que  donne 

tendant   de   l'armée  de  Picardie.  —  Le  l'expédilion  faite  dans  les  bureaux  du  se- 

titre  mis  à  cette  instruction  est  de  la  main  crétaire  d'Etat  de  la  guerre.  Le  cardinal  était 

de   de  Noyers,  qui  écrit  en  tête  :   0 II  la  à  Chaulnesle  26  ,  mais  le  roy,  au  nom  du- 

l'aut   dresser   en  forme  d'instruction  du  quel  s'écrivait  l'instruction,  était  à  Nesle; 

roy.  n  Le   premier  commis  de  la  guerre  il  ne  vint  joindre  le  cardinal  à  Chaulnes 

chargé  de  ce  travail  a  suivi   à  peu  près  que  le  28. 
textuellement  la  matière  dictée  par    Ri- 


DU   CARDINAL   DE  RICHELIEU.  879 

qu'il  est  gouverneur,  tant  envers  les  habitants  qu'officiers  du  roy  el 
autres  particuliers;  de  ses  diverses  concussions.  .  . 

El  le  cardinal  continue  ainsi,  en  recherchant  et  indiquant  au  juge,  avec  le 
soin  le  plus  minutieux,  tous  les  points  sur  lesquels  peut  porter  l'accusation.  Nous 
avons  déjà  montré,  en  diverses  occasions,  que  Richelieu  avait  pour  habitude  de 
préparer  ainsi,  dans  certains  cas  de  crime  d'Etat,  le  travail  des  magistrats  instruc- 
teurs, et  il  y  déployait  une  très-grande  habileté.  Nous  ne  donnons  point  la  pièce 
entière,  mais  nous  devons  la  signaler  comme  un  exemple  remarquable  de  la  fer- 
meté du  cardinal  dans  l'exercice  d'une  justice  sévère,  à  l'égard  de  ceux  mêmes 
pour  lesquels  il  avait  toujours  montré  des  sentiments  de  bienveillance  et  d'afTec- 
tiou.  Ce  sont  là,  aux  yeux  de  l'historien,  des  motifs  d'atténuation  au  blâme  de 
cruelles  rigueurs  qu'on  lui  a  bien  souvent  et  trop  justement  reprochées;  ici  la 
sévérité  était  de  bonne  justice. 

S'-Preuil  avait  été  arrêté  le  2  A  septcn)bre  par  le  maréchal  de  La  Meilleraie, 
envoyé  à  Arras  avec  des  troupes.  On  peut  lire  les  circonstances  de  cette  arresta- 
tion, racontée  par  M.  Janvier,  p.  76  de  la  curieuse  brochure  que  nous  avons  déjà 
citée,  et  où  il  a  réuni  avec  beaucoup  de  soin  les  documents  et  les  témoignages 
concernant  cette  affaire ,  peut-être  avec  un  peu  trop  de  désir  de  trouver  son  héros 
innocent  (notre  t.  V,  page  1029).  S'-Preuil,  condamné  à  avoir  la  tête  tranchée, 
fut  exécuté  à  Amiens  le  9  novembre.  On  attribua  sa  mort  à  des  vengeances  parti- 
culières. Ses  crimes  véritables,  disait-on,  ce  n'étaient  ni  ses  concussions,  ni  ses 
cruautés  dans  le  gouvernement  d'Arras,  ni  l'attaque  de  la  garnison  espagnole  de 
Bapaume,  marchant  sous  la  protection  de  la  parole  royale;  c'était,  en  effet,  selon 
les  uns,  l'animosité  du  secrétaire  d'Etat  de  la  guerre,  dont  il  avait  bàtonné  un 
parent,  commissaire  des  guerres;  c'était,  selon  les  autres,  un  soufflet  donné  au 
maréchal  de  La  Meilleraie;  et,  selon  d'autres  encore,  c'était  la  jalousie  du  cardinal, 
auquel  S'-Preuil  avait  enlevé  une  maîtresse,  la  maréchale  de  Ghaulnes.  Cepen- 
dant, une  chose  certaine  c'est  que  S'-Preuil  avait  commis  toutes  sortes  de  vio- 
lences et  d'excès  dans  son  gouvernement  et  faisait  détester  la  domination  fran- 
çaise dans  un  pays  nouvellement  réuni  à  la  couronne.  On  peut  donc  croire  que 
cet  officier,  qui  avait  toujours  été  entièrement  dévoué  au  cardinal,  ne  fut  sacrifié 
qu'à  la  raison  d'État.  La  Gazette  du  i4  novembre  annonça  son  supplice  dans  un 
article  évidemment  sorti  du  cabinet  de  Richelieu,  et  où  l'on  remarque  cette 
phrase  :  «  Ce  gentilhomme  a  eu  cet  avantage  qu'il  a  esté  regretté  du  roy ,  et  de 
S.  Em.  qui  eust  fait  grande  instance  pour  sa  grâce,  si  les  considérations  de  l'Estat 
ne  prévaloient  tousjours  en  luy  à  ses  affections  particulières.  »  Les  gens  bien  infor- 
més ne  se  trompèrent  pas  à  cet  égard;  Henri  Arnauld,  dans  une  lettre  du  16  no- 


880  LETTRES 

vembre,  écrivait  avec  une  remarquable  sagacité  :  «  Vous  avez  bien  creu ,  je  m'as- 
seure,  que  ce  que  l'extraordinaire  de  jeudy  dicl  de  sa  mort  n'est  pas  du  stille  de 
Renaudot,  et  que  le  mémoire  en  a  esté  envoyé  d'en  hault.  On  a  voulu  que  cette 
mort  satisfeit  les  ennemis  pour  Taffaire  de  la  garnison  de  Bapaulme  et  servist  à 
faire  voir  aux  Flaments  que  le  roy  les  veult  traitter  avec  toute  sorte  de  douceur, 
affin  d'essayer  à  les  attirer  par  là.  »  Ajoutons  qu'en  ce  moment  même  Richelieu 
donnait  une  nouvelle  preuve  du  sacrifice  de  ses  sentiments  particuliers  aux  inté- 
rêts de  la  France,  par  la  disgrâce  d'un  homme  bien  plus  avant  que  S'-Preuil  dans 
son  intimité,  l'archevêque  de  Bordeaux,  dont  il  faisait  examiner  la  conduite 
avec  une  rigoureuse  sévérité.  Il  semble  qu'on  aurait  dû  trouver  dans  l'article  de 
la  Gazette  une  explication  qui  pouvait  dispenser  de  beaucoup  de  conjectures. 
Rappelons  aussi  une  lettre  que  nous  avons  citée  ci-dessus,  page  297,  où 
Louis  XIII  explique  à  son  frère,  le  duc  d'Orléans,  protecteur  de  St-Preuil,  les 
raisons  de  son  arrestation;  et  ces  raisons  n'étaient  que  trop  réelles.  Enfin,  pour 
tout  peser,  pour  être  tout  à  fait  juste,  il  ne  faut  pas  non  plus  oublier  que  Riche- 
lieu avait  un  intérêt  personnel  dans  le  châtiment;  il  ne  pardonnait  à  personne,  et 
pas  à  ses  amis  plus  qu'aux  autres ,  des  fautes  qui  nuisaient  à  ses  desseins  et  pou- 
vaient compromettre  le  succès  de  sa  politique. 


CCLXIV. 

Arch,  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  XXXIV,  fol.  627.  — 
Minute  de  la  main  de  Cherré. 

RÉPONSE 

AUX  PROPOSmOlNS  D'ACCOMMODEMENT  DU  PlUNCE  THOMAS. 

3  octobre  1 64 1 . 

Le  procédé  que  M"  les  princes  de  Savoie  ont  tenu  avec  le  roy  pen- 
dant que  S.  M.  n'oublioit  rien  de  ce  qui  deppendoit  d'elle  pour  les 
contenter  et  procurer  par  ce  moyen  le  bien  de  leur  maison  et  de 
leur  particulier,  ne  convie  nullement  S.  M.  à  entendre  aux  nouvelles 
propositions  qu'ils  font,  .  .  S.  M.  se  souvenant  qu'après  avoir  accordé 
au  Messerati  tout  ce  qu'il  tesmoigna  eslre  désiré  de  ces  princes,  ils 
ne  laissèrent  pas  de  demeurer  attachez  aux  Espagnolz  comme  devant. 

Après  avoir  résumé  les  mauvais  procédés  du  prince  cardinal  et  du  prince  Tho- 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU. 


881 


mas  contre  la  France,  Je  cardinal  ajoute  que  le  grand  désir  qu'a  S.  M.  de  voir 
rétablir  l'union  dans  la  maison  do  Savoie  porte  le  roi  «  à  oublier  le  passé  et  il 
consent  à  deppartir  aux  dits  princes  les  niesmes  grâces  qu'elle  leur  avoit  cy- 
devant  accordées,  pourveu  qu'au  plustost  ils  quittent  le  party  d'Espagne  et  facent 
voir  par  effects.  .  .  qu'ils  n'ont  pas  pour  but,  ainsy  que  S.  M.  en  est  advertye,  de 
tascher,  par  le  moyen  de  la  négociation,  d'arrester  le  progrez  de  ses  armes,  pour, 
au  commencement  de  la  pi'ochaine  campagne,  continuer  leur  union  avec  les  Es- 
pagnolz.  .  .  Pour  lesnjoigner  tousjours  ses  bonnes  intentions,  le  roy  conseille  à 
Madame  de  consentir  que  le  prince  Thomas,  assisté  des  armes  de  S.  M.,  prenne 
«Ml  la  ville  et  la  citadelle  d'Ast  le  tiltre  de  lieutenant  de  M.  le  duc,  son  neveu.  » 

Au  surplus,  le  traitté  avec  M.  le  prince  Thomas  est  laict  et  signé. 
Celuy  de  M.  le  prince  cardinalsy  advancé  que,  se  voulant  contenter 
de  la  raison,  on  ne  peut  renconirer  aucune  difficulté  dans  la  conclu- 
sion. Et,  en  celuy  de  M"  les  princes  avec  Madame,  il  semble  qu'il 
n'y  aura  pas  grand  peyne  à  y  mettre  la  dernière  main',  puisque  Ma- 
dame a  consenty  presque  à  tous  les  points  que  les  s"  comte  de  ÎNIeulan 
et  auditeur  Moneti  firent  cognoistre  estre  désirez  de  M"  les  princes. . . 

Le  roy  ne  prétend  point  se  prévaloir  des  advantages  de  ses  armes, 
des  pertes  que  lesdits  princes  ont  faites  en  Piedmonl,  et  du  mauvais 
estât  dans  lequel  sont  les  intérests  des  Espagnolz  desquels  ils  sont 
protégés,  pour  diminuer  les  grâces  et  le  bon  traittement  qu'il  leur 
avoit  dernièrement  accordé;  mais  S.  M.  a  bien  sujet  de  trouver  es- 
Irange,  après  ce  qui  s'est  passé,  les  prétentions  qu'a  à  présent  M.  le 
prince  Thomas,  qui  ne  les  pourroit  avoir  plus  grandes  s'il  se  fust 
rendu  maistre  de  Querasque,  que  M.  le  comte  d'Harcourt  n'eust  pas 


'  La  négociation  ne  fut  pas  si  facile 
avec  ces  princes,  auxquels  on  ne  se  fiait 
pas  et  qui  eux-mêmes  se  méfiaient  de  Ri- 
chelieu; et  lorsqu'au  mois  de  mars  de 
l'année  suivante  on  était  parvenu  à  uue 
rédaction  des  traités,  le  cardinal  man- 
dait encore  au  nouvel  ambassadeur  d'Ai- 
guebonne  :  «  Pour  ce  qui  est  du  traitté 
enire  Madame  el  les  princes.  .  .  le  roy  ne 
peut  donner  conseil  à  Madame  de  trailler 
avec  lesdits  s"  princes  sans  toutes  les  con- 


ditions ci-dessus,  parce  qu'on  n'estime 
pas  que  sans  cela  il  y  eusl  seureté  pour 
elle  et  pour  M.  le  duc  de  Savoye,  son  filz. 
Ledit  s'  ambassadeur  luy  fera  cognoistre 
les  senlimens  de  S.  M.  sur  ce  sujet,  et 
dira  neltement  n'avoir  point  d'ordre  d'ap- 
prouver son  traitté  avec  lesdits  s"  princes 
s'il  n'est  conforme  aux  observations  qui 
luy  ont  esté  envoyées.  •  (Turin,  t.  XXXV, 
fol.  94  v°.) 


CARDIN.  DE  RICHELIEU. 


882  LETTRES 

heureusement  achevé  l'entreprise  de  Gonis,  et  que  les  armes  de  S.  M. 
n'eussent  pas  eu  des  advantages  sy  notables  de  tous  costez  comme  ils 
en  ont  remporté.  Et  il  semble  qu'il  les  devoit  d'autant  pl:is  modérer 
qu'on  sçayt  bien  de  quelle  façon  il  est  traitté  des  Espagnolz,  et  qu'en 
se  remettant  aux  bonnes  grâces  de  S.  M.,  outre  les  advantages  qu'il  en 
reçoit,  celuy  que  luy  donne  la  mort  de  M.  le  Comte  n'est  pas  peu 
coKsidérable,  duquel  S.  M.  sera  contraint  de  le  priver,  s'il  continue  à 
demeurer  uni  avec  les  ennemis. 


NOTA. 

Vers  la  fln  de  juin,  le  duc  de  Lorraine  passait  aux  ennemis,  en  couvrant  sa 
défection  de  paroles  '  auxquelles  on  n'ajoutait  qu'une  confiance  bien  inquiète.  Le 
3  juillet  encore,  Richelieu  s'efforçait  de  ne  pas  croire  à  une  telle  déloyauté^,  et 
tâchait  de  rappeler  le  duc  au  sentiment  de  l'honneur^.  Presque  au  même  moment 
M.  Du  Hallier  écrivait  à  de  Noyers,  secrétaire  d'Etat  de  la  guerre,  une  lettre 
chiffrée  :  «  Le  duc  de  Lorraine  a  envoyé  à  Pont-à-Mousson  demander  au  S'^  Mou- 
chot  des  vivres  pour  son  armée,  j.'ay  ordonné  de  luy  en  donner;  en  mangeant  le 
pain  du  roy,  il  y  a  apparence  qu'il  veut  servir*.  »  Mais  la  conscience  du  duc  de 
Lorraine  ne  s'embarrassait  guère  de  ces  sortes  de  scrupules  ,  et  au  moment  même 
où  il  se  joignait  aux  Espagnols,  il  mandait  à  Du  Hallier,  avec  force  protestations  de 
fidélité,  qu'il  était  décidé  à  faire  ce  que  S.  M.  désirait  de  lui^  Cependant,  malgré 
ces  procédés  de  plus  en  plus  équivoques,  le  cardinal  ne  se  lasse  pas  ;  il  fait  porter 
au  duc,  le  23  juillet,  de  nouvelles  assurances  des  sentiments  affectionnés  du  roi, 
et  le  messager,  M.  de  Saintaoût,  était  un  personnage  qui  avait  la  confiance  de 
M.  de  Lorraine  ''. 

Enlin  il  n'est  plus  possible  à  Richelieu  de  se  faire  illusion,  ni  au  duc  de  dissi- 
muler; la  trahison  éclate,  le  cardinal  en  reçoit  de  tous  côtés  la  nouvelle.  Alors  il 
envoie  des  troupes  et  un  équipage  d'artillerie  ^  à  M.  Du  Hallier  pour  attaquei 
vigoureusement  l'armée  du  duc  de  Lorraine,  dont  il  avait  en  vain  attendu  l'ad- 

'  Aff. étr. Lorraine, t.  XXXIl, pièce  1^1,  ^  Affaires  élrang.  [lièce  i4o.  La  ietlrp 

2  juillet.  —  Voy.  ci-après  aux   Analyses,  est  datée  de  Sirck,  le  1 1  juillet. 

7  juillet  i6Ai  .  °  Ci-dessus,  page  292.  Les  instructions 

'  Ci-dessus ,  page  288.  données  à  M.  de  Saintaoût  sont  conser- 

'  Ci-après  auxAnalyses,  date  du  ^juillet.  vées  dans  le  même  nianuscril,  pièce  i54- 

'  Lettre  du  9  juillet,  Affaires  étrang.  '  Le  9  août,  arcli.  des  Aiï.  étr.  Lor- 

pièce  iSg.  raine,  t.XXXII,  pièce  161.  (Aux  Analyses.) 


DU   CAMDINAL   DE   JnCHELIEU. 


883 


jonction  jM-omise  par  le  traité  du  29  mars.  Et  notre  manuscrit  nous  donne  un 
mémoire  où  la  conduite  du  duc  est  amplement  exposée  '.  Ce  qui  serait  incroyable 
de  la  part  de  tout  autre  que  du  duc  Charles,  c'est  qu'en  pleine  révolte  il 
essayait  encore  de  tromper  Richelieu  par  de  fallacieuses  paroles  et  d'hypocrites 
déclarations.  Nous  avons  une  lettre  à  l'un  Je  ses  agents,  le  marquis  de  St-Martin, 
où,  prolestant  de  son  dévouement,  il  déclare  qu'il  est  prêt  à  se  rendre  aux 
volontés  du  roi;  et,  par  son  ordre,  Si-Martin  écrivait  à  M.  Du  Rallier  :  «S.  A. 
désire  avec  passion  demeurer  au  service  du  roy...  Si  vous  désirés  que  je  vous  aille 
porter  ma  tesie  pour  asseurance  de  tout  ce  que  je  vous  escris,  je  n'y  manqueray 
pas^.  »  Mais  ces  vaines  protestations  ne  sont  plus  de  saison;  selon  les  ordres  du 
cardinal  on  le  poursuit  à  outrance ,  la  Lorraine  est  entièrement  conquise,  excepté 
Lamotte,  toutes  les  villes  sont  retombées  entre  les  mains  du  roi';  alors  le  pauvre 
prince  se  rend  à  merci,  il  s'excuse,  il  se  plaint  de  ce  que  sa  mauvaise  fortune 
luy  a  fait  encourir  de  nouveau  la  disgrâce  du  roy  et  de  S.  Em.  il  gémit  des 
persécutions  qui  l'accablent  tousjours  *.  Il  envoie  M.  de  la  Marlinière  chargé  de 
porter  à  la  Cour  ses  supplications  et  de  tâcher  de  faire  sa  paix. 

Le  cardinal  dicte  à  Chavigni  le  langage  qu'il  doit  tenir  dans  son  entrevue 
avec  cet  envoyé. 

—  «  M.  de  Chavigniy  peut  dire  de  bouche  ce  qui  s'ensuit  à  M.  de  La  Martinière, 
et  s'il  a  peur  de  ne  le  retenir  pas,  il  luy  peut  laisser  escrit  de  sa  main  : 

«  Le  duc  Charles  de  Lorraine  ayant  premièrement  envoyé  le  S' de  La  Martinière, 
en  août  1641,  lorsque  led.  duc  estoit  avec  ses  troupes  proche  deValenciennes,pour 
supplier  le  roy  de  le  recevoir  en  sa  grâce,  et  depuis  renvoyé  aux  mesmes  fins  au 
mois  de  septembre  le  mesme  La  Martinière,  avec  le  S'  Gervais,  son  secrétaire; 
après  avoir  apris  d'eux  que  led.  S"^  duc  s'excusoit  de  ne  pas  avoir  exécuté  ce 
qui  estoit  porté  par  son  Iraitté,  sur  divers  avis  qui  luy  avoient  esté  donnés  par 
certaines  personnes,  qu'il  offroit  de  nommer  au  roy,,  qu'il  n'y  avoil  point  de  seu- 
reté  jx>ur  luy  dans  le  service  de  S.  M.,  ce  à  quoy  il  avoit  adjousté  foy;  S.  d.  M. 
-m'a  commandé  de  dire  auxd.  Gervais  et  La  Martinière  que,  bien  qu'ils  ayent 
tesmoigné  que  lesd.  avis  viennent  du  Chevalier  de  Lorraine,  qui  les  a  donnez  à 
S.  A.  de  la  part  de  M""  Du  Hallier,  sa  mère,  elle  ne  peut  faire  aucune  response 


'  Cette  pièce  nous  semble  avoir  été 
composée  pour  être  insérée  dans  la  suite 
des  Mémoires  de  Richelieu.  C'est  un  auto- 
graphe de  la  main  de  de  Noyers,  coté  1C7 
et  daté  du  3  a  août.  Il  manque  quelque 
chose  au  manuscrit,  dont  la  6*  page  finit 
au  milieu  d'une  phrase. 


'  Mêdie  manuscrit,  pièces  168-173, 
2  3  et  28  août. 

^  Lettre  de  Richelieu  du  10  septembre, 
notre  VT  volume,  page  871. 

'  Trois  lettres  originales  au  roi ,  au  car- 
dinal, à  Chavigni  du  3  septembre,  pièces 
178-180  du  luanuscril  précité. 


884  LETTRES 

aud.  duc  Charles,  sans  auparavant  sçavoir  distinctement  de  sa  part  qui  sont  ceux 
qui  luy  ont  donné  des  avis  pour  le  destourner  de  l'exécution  de  ce  qu'il  avoit  pro- 
mis au  roy.  —  Faict  à  Chantilly,  le  19°  septembre  i64i  '■  • 

—  «  S.  Em.  peut  mander  comme  de  luy  mesme  à  M.  le  duc  de  Lorraine  que  le 
seul  moyen  qu'il  a  de  sortir  d'affaires  avec  le  roy,  ensuite  de  ce  qui  s'est  passé, 
est  de  recognoistre  ingénuement  sa  faute,  et  suplier  le  roy  de  la  luy  remettre 
ainsy  qu'il  a  fait  celles  du  passé. 

«  Que  pour  seureté  qu'il  n'aura  autre  pensée  à  l'avenir  que  vivre  en  repos  et 
servir  S.  M.  il  ne  veut  plus  avoir  de  troupes,  et  luy  remet  toutes  celles  qu'il  a  a 
présent;  et  que,  pourveu  qu'il  plaise  à  S.  M.  le  recevoir  en  sa  grâce,  il  ne  luy 
demande  autre  chose  qu'un  lieu  pour  vivre  dans  la  Lorraine ,  et  moyens  d'y  sub- 
sister, en  attendant  la  conclusion  de  la  paix,  temps  auquel  il  plaira  à  S.  M.  luy 
j)romettre  dès  cette  heure  le  faire  jouir  du  trailté  dernier  faict  à  Paris. 

«M.  de  Lorraine  n'ayant  plus  de  troupes,  le  roy  luy  pourroit  rendre  Ilemire- 
raont  et  Espinal  pour  demeurer  à  La  Motte,  et  aux  deux  lieux  susd.  Et  luy  donner 
pour  vivre  jusques  à  la  paixcentmille  escus  par  an  qui  luy  seront  payez  comptant 
de  mois  en  mois,  le  roy  jouissant  de  la  Lorraine  ainsy  qu'il  faisoit  auparavant.  » 

Le  cardinal  écrit  lui-même  au  duc  une  lettre  dont  nous  avons  donné  ci<lessus 
l'analyse  ^.  Richelieu  avait  résolu  de  ne  plus  se  mêler  de  ses  affaires,  mais  enfin  il 
jugea  utile  décéder  à  ses  supplications;  les  négociations  se  poursuivent.  Pendant 
ce  temps,  les  troupes  qui  restaient  encore  au  duc,  se  voyant  à  peu  près  abandon- 
nées par  leur  général,  se  dispersent.  Un  S'  V'ignier  écrivait  à  de  Noyers  le  24  sep- 
tembre, de  Nancy*  :  «  Le  duc  de  Lorraine  est  fort  embarrassé;  il  a  envoyé  M.  de 
Lénoncourt  à  M.  Du  Hallier ,  ses  troupes  sont  en  termes  de  se  débander,  et  si  nostre 
armée  estoit  aux  environs  de  Nancy,  officiers  et  soldats  l'abandonneroienl. ..  » 

Il  faut  bien  s'humilier  de  nouveau,  et  nous  trouvons,  à  la  date  du  26  septembre, 
une  déclaration  signée  Charles  de  Lorraine  expliquant  que  sa  conduite,  dont  il  se 
repent,  lui  a  été  inspirée  par  des  rapports  disant  qu'on  en  voulait  à  sa  personne. 
Et  avec  cette  déclaration  nous  avons  trois  lettres  originales  du  duc,  au  roi,  à' 
Richelieu  et  à  Chavigni  *.  M.  Du  Hallier  reçut  ordre  de  s'aboucher  avec  ce  prince. 

'  Au  bas  de  celte  pièce,  La  Martinière  net  de  la  main  de  Cherré  est  dans  ce  vo- 

certifie  que  foriginal  a  été  remis  en  ses  lume,  cotée  ao5.  Cette  mise  an  net,  datée 

mains  le  i  cj  septembre.  (Aff.  étr.  Lorraine,  du  7  octobre,  réunil  les  deux  pièces  sans 

t.  XXXII,  pièce  1 85.)  Le  feuillet  précédent,  faire  aucune  distinclion    et  comme  si   ce 

18A,  contient  au  reclo  une  transcription  n'était  qu'un  seul  mémoire,  confusion  qui 

(In  langage  que  devait  tenir  Cliavigni,  et  rend  la  pièce  tout  à  fait  inintelligible, 
au  verso  les   trois  paragraphes  que  nous  ^  Page  296. 

donnons  ici,  à  la  suite  des  paroles  de  Clia-  '  AIT.  étr.  etc.  pièce  187. 

vigni  :  «S.  Em.  peut,  etc.»  Une  mise  au  '  Ibid.  pièces  188-192. 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU.  885 

•  Ces  trois  mots,  lui  mandait  S.  Em.  le  i"  octobre,  ne  sont  que  pour  accompa- 
gner la  lettre  qu'il  plaist  au  roy  vous  escrire,  par  laquelle  vous  verres  la  confiance 
qu'a  S.  M.  en  vostre  personne  ^  » 

Nous  ne  trouvons  pas  cette  lettre  du  roi,  mais  le  résultat  des  pourparlers  de 
M.  Du  Hallier  et  du  duc  fut  que  le  roi  était  disposé  à  pardonner  et  à  faire  payer 
ce  pardon  assez  cher;  c'est  ce  qu'on  peut  conclure  de  la  lettre  suivante  de 
Richelieu. 

CCLXV. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  Lorraine,  t.  XXXII,  pièce  ao6.  — 
Minute  de  la  miin  de  Cherré. 

AU  DUC  DE  LORRAINE. 

7  octobre  i64 1- 
Monsieur, 

Voslre  Altesse  recognoissant  sa  faute  comme  elle  faict,  je  ne 
manque  point  de  bonne  volonté  de  procurer  sa  réconciliation  auprès 
du  roy,  pourveu  qu'elle  trouve  des  moyens  qui  puissent  pourl'advenir 
donner  asseurance  contre  les  changemens  inopinés  qui  arrivent  quel- 
quefois en  sa  conduite.  En  suite  du  mémoire  que  le  s'  de  La  Marti- 
nière  a  rendu  de  vostre  part  à  M.  de  Chavigny,  S.  M.  a  envoyé  quérir 
M.  Du  Hallier  pour  s'en  esclaircir,  ce  à  quoy  je  liendray  soigneuse- 
ment la  main.  Reste  à  Vostre  Altesse  à  me  donner  le  moyen  de  la 
servir  auprès  du  roy,  en  s'establissant  une  façon  de  vivre  si  réglée, 
qu'elle  puisse  effacer  de  l'esprit  de  S.  M.  les  impressions  qu'elle  a 
receues  de  vos  depportemens  passés.  En  ce  cas,  je  seray  très-ayse 
de  vous  tesmoiguer  que  je  suis.  Monsieur, 

Vostre  très  affectionné  serviteur. 


CGLXVI. 
[LE  ROY  A  M.  LETELLIERl] 

Verbrye,  a  7  o.tobre  i64i. 

Monsieur  Le  Tellier,  voulant  pourvcoir  à  ce  que  le  quartier  d'hyver 

'   Cette  minute,  cotée  if)8,  t.  XXXII  de  '  Nous  avons  dit  que   le  futur  chance- 

Lorraine,  est  de  la  main  de  Chavigni.  lier  était  alors  intendant  de  l'armée  d'Ita- 


886  LETTRES 

prochain  des  troupes  de  mon  année  d'Italie  soit  establi  avec  le  bon 
ordre  nécessaire  pour  le  maintien  d'icelies  et  pour  la  conservation 
du  pays. 

Soulager  autant  qu'il  se  pourra  les  lieux  voisins  de  Turin,  où  réside  la  prin- 
cesse sœur  du  roy .  .  . 

S.  M.  ayant  fait  de  si  grandes  despenses  pendant  la  campagne ,  il  est  bien  rai- 
sonnable que  le  Piedmont  porte  pendant  l'hyver  la  despense  des  Irouppes. 

Détail  des  mesures  à  prendre  : 

Faire  un  rôle  général  de  ceux  qui  n'ont  pas  servi  dans  la  campagne  de  la  pré- 
sente année,  tant  afin  de  faire  le  chastiment  quils  méritent  que  pour  empescher 
qu'il  ne  leur  soit  rien  payé. 

Donner  part  à  ma  sœur  la  duchesse  de  tous  les  ordres  donnés  pour  les  quai 
tiers  d'hyver. 

Arch.  des  Aff.  étrang.  Turin,  t.  XXXIV,  fol.  711.  Copif  en  marge  de  laquelle 
Le  Tellier  a  fait  écrire  la  réponse  aux  divers  articles  de  la  dépêche  du  roi. 


CCLXVII. 

Arch.  des  Aff.  élr.  Turin,  t.  XXXIV,  foi.  664   —  Minute  de  la  main  de  Cliarpentier. 

A  LA  DUCHESSE  DE  SAVOIE. 

9  novembre  i64  i. 

Madame, 
Je  prendray  tousjours  part  à  ce  qui  vous  arrivera  de  bien  et  de 
mal.  Je  suis  extrêmement  aise  qu'en  Testât  présent  de  vos  affaires 
j'ay  à  me  resjouir  des  bons  succez  au  lieu  de  plaindre  les  mauvais.  La 
reddition  de  Démon ^  et  de  Revel  en  suite  de  la  prise  de  Cauny  accom- 
modent grandement  vos  affaires .  .  .  J'ay  sceu  ce  qui  se  passe  entre 
V.  A.  et  M.  le  comte  d'Harcourt.  .  .  Il  importe  qu'on  ne  croie  pas 
en  Italie  et  en  toute  la  Xpienté  que  vous  ayez  mesfiance  ou  jalousie 
des  armes  du  roy .  .  . 

lie.  Il  devint  bientôt  secrétaire  d'État  di;  '  Démonte,  ville  de  Piémont  avec  une 

la  guerre,  à  la  place  de  de  Noyers,  dont  citadelle,  sur  la  Slura,  à  quatre  lieues  de 

Mazarin,  premier  ministre,  ne  s'arrangea  Coni.   (  Voy.  une  lettre  au  comte  d'Har- 

pas  longtemps.  court,  a  novembre,  aux  Analyses. ) 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU. 


88: 


Je  vous  avoue,  Madame,  que  je  ne  sçaurois  croire  que  vous  ayez 
contribué  aux  conrlilions  qu'on  dit  que  le  gouverneur  de  Revel  a 
voulu  mettre  en  sa  capitulation,  veu  que  ce  seroit  chose  aussy  hou- 
leuse pour  le  royque  préjudiciable  à  vos  afifaires  qu'une  telle  pensée 
vint  de  V.  A. .  .  .  II  est  vray  qtie  les  ordres  qu'on  dit  avoir  esté  don- 
nez de  ne  recevoir  pas  les  gardes  du  roy  dans  Revel  '  sont  de  telle 
conséquence  que  si  on  ne  les  avoit  teus  au  roy,  il  n'auroit  pas  permis 
qu'elles  servissent  davantage  en  Italie,  après  avoir  receu  un  tel  af- 
liont.  .  .  M"*  les  comtes  de  Moret  et  de  Cuniianes,  et  le  s'  d'Aigue- 
bonne,  par  ses  lettres,  m'ont  tellement  asseuré  qu'il  n'y  a  chose  que 
vous  ne  vouliez  faire  pour  dissiper  la  mauvaise  impression  qu'on  a 
prise  sur  le  faict  de  Revel  que  je  ne  doute  point  que  vous  ne  mettiez 
en  pratique  ce  qu'ils  ont  dit  estre  en  vostre  intention.  .  . 

Je  ne  responds  point  à  V.  A.  sur  le  sujet  du  comte  Pbilippe, 
parce  que  j'en  ay  entretenu  au  long  M.  le  comte  de  Cumiane  - .  .  . 
J'ose  l'asscurer  qu'il  est  de  son  service  qu'il  soit  au  lieu  où  il  est. 


'  Le  c  mte  d'HarcourI  avnit  ninndé  à 
Kiclielieu,  le  a/i  octobre  :  «  Madame  a  eslé 
fort  en  colère  que  j'aye  envoyé  des  troupes 
à  Revel  et  m'a  dit  que  le  marquis  de  Pia- 
nezze  n'en  avoit  pas  besoin  ;  elle  luy  a  donné 
ordre  de  ne  pas  les  recevoir.  •  (  Voyez  la 
lettre  suivante.) 

'  Richelieu  répond  ici  à  une  lettre  du 
5  octobre  où  la  duchesse  le  prie  de  consi- 
dircri  combien  l'arrest  du  comte  Philippe 
a  louché  mon  otorité  et  ma  réputasion ,  et 
combien  vous  mesmes  estes  heureux  de 
me  la  conserver .  .  .  Si  jamais  mes  humbles 
prières  ont  eu  quelque  pouvoir  sur  vous , 
je  vous  supplie  de  me  le  faire  paroistre  en 
donnant  la  liberté  au  comte  Philippe.  Je 
ne  veux  point  recoure  o  roy  M.  mon 
frère,  je  la  veux  de  vos  prièie,  et  je  vous 
en  conjure  pour  mon  bien  et  pour  vostre 
gloire.  J'ay  dict  au  comte  de  Guuiiene  de 
vous  la  demander  en  mon  n^m.  •  La  du- 


chesse (init  par  de  nouvel'es  supplications 
au  sujet  de  sa  réputation.  (Autographe, 
fol.  545  du  ms.  cité  aux  source.)  Nous 
supposons  que  ce  qui  est  dit  ici  du  comte 
de  Cumiane  se  rapporte  à  un  mémoire 
que  nous  trouvons  placé  tout  au  commen- 
cement de  l'année  i6/ia,  dans  le  lome 
XXXVI  de  Turin,  où  on  l'a  classé  au  ha- 
sard, parce  qu'il  n'est  pas  daté.  C'est  une 
copie  en  tête  de  laquelle  on  a  mis  :  Mé- 
moire donné  par  M.  l'ambassadeur  de  Savoie. 
La  pièce  est  en  italien;  parmi  ses  argu- 
ments ,  l'ambassadeur  représente  que 
même  dans  l'opinion  de  tous  ceux  qui  dé- 
siraient l'éloignement  du  comte  Philippe, 
son  enlèvement  et  sa  détention  sont  consi- 
, dérés  comme  un  fait  inquiétant,  cl  que, 
do  cette  violation  des  droits  de  souverai- 
neté du  jeune  duc  de  Savoie,  les  princes 
tirent  cette  conclusion  :  (|u'il  n'y  a  aucune 
sûreté  pour  eux  dans  leurs  liaisons  avec 


888  LETTRES 

pour  les  considérations  particulières  dont  je  me  suis  ouvert  audit 
s'  de  Cumiane.  Je  croy  que  les  mesmes  raisons  obligent  V.  A.  à 
faire  bien  garderie  Père  Monot^ 

Pour  conclusion,  je  la  suplie  de  croire  qu'en  toute  occasion  où  il 
ira  de  son  service,  je  m'y  porteray  avec  le  mesme  zèle  qu'elle  sçau- 
roit  faire  elle  rnesme,  les  intérests  de  sa  réputation,  de  son  conten- 
tement et  de  ses  affaires  m'eslans  plus  chers  que  les  miens  propres. 

Après  cela,  il  ne  me  reste  qu'à  la  remercier  du  beau  présent  que 
M.  le  comte  de  Moret  m'a  dit  qu'elle  me  vouloit  faire  des  ouvrages 
de  Pietro  Ligorio^;  ils  seront  éternellement  gardés  en  ma  maison 
pour  marque  de  la  bienveillance  d'une  grande  princesse  que  j'hono^ 
reray  toute  ma  vie  comme  estant.  (Voir  aux  Analyses,  le  2  novembre, 
au  comte  d'Harcourt.) 


CCLXVIII. 

Arch.  des  Air.  élr.  Turin,  t.  XXXIV,  fol.  669.  — 
Minute  de  la  main  de  Cherré. 

A  M.  LE  COMTE  D'HARCOURT. 

1 1  novembre  i64i. 

.  .  .Nous  avons  adjusté  l'affaire  de  Revel  avec  Monsieur  l'ambas- 
sadeur de  Savoie  ainsy  qu'il  s'en  suit  : 

Si  la  place  n'est  point  encore  rendue  et  que  les  gardes  ayent  encore 

la  France  :  «  che  seben  molli  desiderassero  aussi  d'une  entreprise  formée  par  un  ca- 
che fosse  aloQtanato  da  M.  R. ,  tutti  pero  pucin  sur  Montmclian  el  même  sur  la 
disapprovano  il  modo  di  averlo  alontanato,  personne  du  jeune  duc  de  Savoie.  (Lettres 
che  non  piacerà  ai  principi  medesimi,  li-  des  16  et  aa  octobre.) 
quali  crederanno  di  non  potersi  accostare  '  Charles-Emmanuel,  heaupère  de  la 
al  partito  di  Francia  con  sicurezza,  ne  duchesse,  avait  acheté  pour  une  somme 
troveranno  buono  che  si  sia  violala  la  giu-  de  1 8,000  ducats  les  manuscrits  accom- 
risditione  del  duca.  •  pagnes  de  dessins  du  célèbre  architecte  et 
'  Le  comte  d'Harcourt  avait  informé  archéologue  napolitain  Pietro  Ligorio.C  est 
Richelieu  d'une  tentative  du  P.  Monod  apparemmentcelte  collection  dont  Madame 
pour  s'évadt-r  du  château  de  MiolanS',  el  faisait  don  à  Richelieu. 


t 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU.  889 

le  poste  que  vous  leur  avez  faict  prendre,  et  que  celuy  qui  commande 
dans  Ja  place  ne  face  point  de  difficulté  de  la  rendre  aux  François, 
nous  avons  arresté  qu'ils  y  entreront  les  premiers  et  qu'après  y  avoir 
esté  quatre  ou  cinq  jours,  vous  la  ferez  remettre  à  qui  Madame  com- 
mandera. 

Si  aussy  le  gouverneur  ne  veut  pas  remettre  la  place  aux  Fran- 
çois, vous  ferez  retirer  les  gardes  sous  le  prétexte  que  vous  estimerez 
plus  à  propos;  et  les  troupes  de  Madame  recevant  la  place,  après 
qu'ils  l'auront  gardée  huit  ou  dix  jours,  ils  la  remettront  entre  vos 
mains.  .  . 

Si  la  place  est  entre  vos  mains,  vous  irez  trouver  Madame  et  luy 
direz  que  pour  luy  faire  voir  que  vous  n'avez  prétendu  autre  chose 
que  conserver  l'honneur  des  armes  du  roy,  vous  avez  charge  de  la 
luy  remettre,  et  elle  y  fera  entrer  quelques  troupes  sy  asseurées 
qu'elle  n'y  puisse  estre  trompée. 

Si  les  troupes  de  Madame  y  sont  entrées,  elle  vous  la  fera  remettre 
entre  vos  n)ains,  et  vous  y  establirez  une  garnison  bien  asseurée. 
Vous  vous  y  gouvernerez  avec  les  civilitez  requises  envers  Madame, 
qui  désire  fort  que  le  malentendu  soit  raccommodé .  .  . 

La  première  chose  à  quoy  il  fault  buter  est  de  faire  voir  en  toute 
l'Italie  qu'il  n'y  a  point  de  mesBance  ny  de  division  entre  le  rov  et 
Mad 


ame 


Je  ne  sçaurois  vous  tesmoigner  le  desplaisir  que  j'ay  de  la  peyne 
que  vous  donne  l'affaire  de  Revel.  M.  l'ambassadeur  et  moy  avons  avisé 
à  tous  les  moyens  par  lesquels  V.  A.  peut  avoir  entier  contentement. 
J'en  escris  amplement  à  M.  le  comte  d'HarcQurt,  qui  ne  manquera 
pas  d'y  contribuer  tout  ce  qu'il  pourra ...  Ce  qu'il  a  fait  n'a  esté 
que  de  peur  d'estre  blasmé  s'il  ne  procuroit  pas  aux  armes  du  roy  et 
à  ses  gardes  particuliers  l'honneur  qui  leur  est  déféré  en  tous  les 
lieux  où  elles  se  trouvent.  Il  sçaura  Lien  vous  rendre  toutes  sortes  de 
respects  en  toute  occasion.  Et  moy,  Madame,  etc. 

'  A  la  même  date  du  12  novembre,  le  mande  au  comte  d'Harcourt.  (Minute  de 
cardinal    informe    Madame    de   ce   qu'il         la  main  de  Cherré,  fol.  670.) 

CUIOIN.  DK  RICHELIEU.  VII.  1  1  2 


890  LETTRES 


TREVES. 

Nous  ne  trouvons  dans  nos  manuscrits,  pour  ces  dernières  années,  aucune 
pièce  de  Richelieu,  touchant  l'éleclorat,  qu'il  soit  utile  de  donner  in  extenso. 

Le  cardinal  écrivant  le  18  février  i636  à  M. de  la  Saludie, gouverneur  pour  la 
France  de  la  forteresse  d'Ermestein  (ci-après  aux  Analyses),  lui  ordonnait  d'en- 
voyer une  partie  de  ses  vivres  à  M.  deBussy,  qui  commandait  un  corps  de  troupes 
françaises  à  Coblentz.  S.  M.  insistait  sur  la  pénurie  de  cette  place  menacée  el 
qu'il  était  si  imporlaiit  de  conserver.  «Il  est  impossible,  ajoutait  le  cardinal,  que 
cet  été  les  affaires  ne  changent  tout  à  faicl.  »  Cependant,  bientôt  forcé  d'évacuer 
Coblentz,  Bussy  se  réfugiait  dans  Ermeslein,  et  le  2  i  juin  un  accord  était  signé 
entre  l'électeur  de  Cologne,  toujours  mal  disposé  pour  la  France,  et  «le  baron 
de  Wert,  lieutenant  général  de  M.  le  mareschal  de  camp  général  de  la  ligue  ca- 
tholique, »  d'une  part; et  de  l'autre,  M. de  Bussy  et  de  la  Saludie,  pour  la  remise 
d'Ermestein  en  dépôt  entre  les  mains  de  l'électeur  de  Cologne  (pièce  1 5/1°  du 
2°  vol.  de  Trêves).  \L  de  la  Saludie  en  informait  avec  désespoir  le  cardinal  et 
Bouthillier  :  «  J'aurois  plustost  toujours  désiré  la  mort  que  de  me  trouver  réduist 
à  ceste  extrémité  de  quitter  Hermestein  .  .  .  •>  Ce  sont  les  premiers  mots  de  sa 
lettre  à  Richelieu,  et  puis  il  impute  ce  malheur  à  Bussy,  «  qui  n'a  pas  voulu  se 
conformer  aux  ordres  de  S.  Em.  »  (Lettres  du  3o  juin,  cotées  i52,  i53.) 

Malgré  notre  assistance ,  le.î  affaires  de  l'électeur  de  Trêves  allaient  de  mal  en  pis  ; 
ses  liaisons  avec  la  France  l'avaient  exposé  aux  vengeances  des  princes  allemands, 
et  l'armée  française  envoyée  à  son  secours  était,  pour  son  pays,  une  charge  qui 
aigrissait  encore  l'irritation  de  son  peuple  contre  lui.  Tous  ces  revers  étaient 
peu  capables  de  calmer  les  humeurs  bizarres  du  princ«  électeur,  qui  ne  savait 
plus  guère  distinguer  ses  amis  de  ses  ennemis;  et  tandis  qu'il  réclamait  l'appui 
de  la  France,  nous  voyons  qu'il  écrit  à  l'électeur  de  Cologne  pour  se  plaindre  de 
ce  que  «  les  troupes  françaises  faisaient  des  incursions  sur  ses  pauvres  sujets  »  et 
lui  demander  des  secours  «en  qualité  d'ami,  de  voisin  et  de  frère.  »  (Lettre  du 
9  octobre  iGSy,  cotée  io5.) 

Néanmoins,  Richelieu  défendait  l'électeur  de  Trèves  contre  les  accusations  de 
l'Empereur;  il  faisait  constater  par  le  témoignage  de  documents  historiques  son 
droit  de  s'allier  avec  nous ,  et  insinuait  discrètement  que  Trêves  devrait  appartenir 
à  la  France. 

Ce  mémoire,  en  marge  duquel  on  a  mis  «  fait  en  16I  i  »  et  qu'on  a  classé  à 
cette  date,  semble  avoir  été  écrit  à  une  époque  un  peu  antérieure. 

H  est  intitulé  :  «  Justification  du  procédé  de  l'électeur  de  Trêves,  et  quelle  est 


DU   CARDINAL   DE  RICHELIEU.  891 

la  liberté  des  électeurs  de  l'Empire  et  autres  princes  d'Allemagne,  de  faire  des 
traictez  et  alliances  avec  tous  les  princes  de  la  chreslienté.  » 

L'auteur  de  ce  long  mémoire,  qui,  par  les  formes  de  la  dissertation  et  les  in- 
dices matériels  du  manuscrit,  me  semble  être  de  Godefroy,  discute  les  lois  cons- 
titutionnelles de  l'Empire  germanique;  il  établit  que  les  électeurs  ont  chez  eux 
un  pouvoir  pareil  à  celui  de  l'Empereur  dans  ses  Etats;  remontant  plusieurs 
siècles  en  arrière,  il  apporte  les  preuves  de  tous  les  faits  qu'il  cite,  s'arrêtant  à 
i63i,  où  la  ville  de  Strasbourg  envoya  ses  députés  solliciter  l'assistance  du  roi; 
il  cite  l'exemple  de  divers  électeurs,  notamment  ceux  de  Bavière  et  de  Brande- 
bourg, garantissant  leur  indépendance  et  leurs  intérêts  par  des  traités  avec  la 
France.  (Pièce  157.) 


POLOGiSE. 

i64i. 

Nous  avons  noté  ci-dessus,  page  8i3,  à  la  date  de  février  lôAo,  quelques  in- 
cidents de  nos  rares  relations  avec  la  Pologne;  nous  continuons  les  mêmes  indica- 
tions pour  l'année  suivante;  le  manuscrit  ne  nous  fournil  aucune  pièce  d'une  réelle 
importance  où  nous  reconnaissions  l'oeuvre  de  Richelieu.  Chavigni  écrivait,  le  20  oc- 
tobre i64o,  à  notre  ambassadeur  en  Hollande,  M.  d'Avaugour,  en  parlant  de  la  Po- 
logne :  •  11  est  bon  d'entretenir  tousjours  quelque  commerce  en  ces  quartiers-là , 
quoique  nous  n'ayons  pas  beaucoup  à  y  espérer,  la  maison  d'Autriche  y  ayant  fait 
tant  de  créatures  qu'il  est  bien  malaisé  que  la  France  y  trouve  quelque  place.  Si 
néantmoins  il  arrivoit  occasion  de  l'eslection  pour  la  couronne  de  Pologne ,  il  faudroit 
vo  ir  si  le  ro y  pourroit  prendre  part  en  celte  affaire ,  afin  d'empescher  qu'elle  tombas! 
entre  les  mains  de  personnes  trop  confidentes  de  la  maison  d'Autriche  '.  »  Ici  Cha- 
vigni lient  la  plume,  mais  c'est  certainement  Richelieu  qui  parle.  Cependant 
notre  ambassadeur  était  bientôt  informé  «  qu'on  donnoil  pour  asseuré  que  les 
estais  de  Pologne  ne  vouloienl  point  se  mesler,  ny  s'intéresser  dans  la  guerre  d'Al- 
lemagne (26  janvier  i64i)"^.  •  Et  puis,  le  18  mai,  Chavigni  écrivait  de  Ruel  ii 
M.  d'Avaugour,  •  que  l'on  avoit  avis  en  France  que  le  prince  Casimir  avoit  des- 
sein de  passer  en  Flandre  avec  bon  nombre  de  noblesse  polonaise,  en  quoy, 
mandait  Chavigni,  il  contreviendroit  à  ce  qu'il  a  promis  par  escrit,  et  à  ce  qu'a 
promis  aussy  l'ambassadeur  Gosiensky '.  »  Notre  envoyé,  à  son  tour,  s'en  plaignait 

'  Tome  IV,  fol.  235.  La  lettr*  estdatée  '  Tome  IV,  fol.  258. 

de  Ruel;  c'est  une  copie  de  la   main  du  '  Ibid.  fol.  266. 

secrétaire  de  M.  d'Avaugour. 


892  LETTRES 

dans  les  formes  les  plus  adoucies  .  «  Le  roy  très-chrestien  et  très-amy  du  nom 
polonais  (ce  sont  les  titres  que  Sa  Majesté  ayme  le  mieux)  na  pas  voulu  qu'un 
de  ses  ministres  se  trouvast  dans  les  terre  et  provinces  du  royaume  de  Pologne, 
sans  aller  jusques  au  lieu  où  il  est  assemblé  (cela  s'adressait  au  roi  et  à  la  diète) , 
sans  y  porter  de  nouvelles  marques  de  son  souvenir,  et  de  la  syncère  affection 
qu'il  aura  tousjours  envers  Vostre  Majesté  et  cesle  république..  .  »  Et,  après  sa 
plainte ,  il  se  haste  d'ajouter  que  le  roi  considère  de  tels  bruits  comme  une  calom- 
nie des  Espagnols  :  «  Sa  Majesté  cognoist  l'adresse  de  ces  gens-là,  qui  ont  accous- 
lumé  de  se  prévaloir  de  fausses  apparences'.  »  Faict  à  Dantzic,  le  28  août.  Cepen- 
dant les  inquiétudes  ne  se  calmaient  pas,  et  une  nouvelle  lettre  de  notre  ambassa- 
deur au  roi  de  Pologne  disait  :  «  On  abuse  de  vostre  nom  jusqu'à  tel  point  que  le 
vice-roy  de  Naples  dit  avoir  traitté  avec  l'internonce  de  Pologne  pour  une  levée  à 
faire ,  par  le  prince  Casimir,  pour  le  roy  d'Espagne.  Sa  Majesté  ne  le  peut  croire  ^.  » 
Et  le  roi  de  Pologne  répondait  de  nouveau  que  ces  bruits  n'avaient  aucun  fonde- 
ment. En  effet  ils  ne  se  vérifièrent  pas. 

Nous  remarquons  dans  cette  correspondance  que  notre  ambassadeur  reçoit  à 
•  plusieurs  reprises  l'ordre  de  rendre  compte  particulièrement  de  ce  qui  regarde 
«  l'électeur  de  Brandebourg,  »  et  de  recommander  «  ses  intérests  à  la  République, 
car  Sa  Majesté  ayant  tousjours  assisté  cette  maison  électorale  de  tous  bons  offices  , 
n'a  pas  voulu  les  discontinuer.  »  Ce  petit  prince  prussien  se  trouvait  heureux  et 
très-honoré  d'être  le  protégé  de  la  France. 

Notons  dans  ce  même  volume,  fol.  3i  1-345,  «  la  relation  du  voyage  que,  par 
ordre  du  roy,  le  s'  d'Avaugour  a  fait  à  la  diète  générale  de  Varsovie  au  commen- 
cement de  septembre  i64i.  »  L'ambassadeur  a  signé  cette  relation,  et  il  a  écrit  à 
la  fin  :  «Fait  à  Dantzic,  le  22  novembre  i6/ii.  »  Nous  avons  dit  que  c'était  une 
coutume  de  Richelieu  de  demander  aux  généraux,  aux  ambassadeurs  el  à  d'autres 
agents  de  pareils  récits,  dont  il  se  servait  ensuite  pour  composer  ses  Mémoires, 
ce  qu'il  nommait  :  VHistoire. 

'  Fol.  276.  Les  lettres  de  créance  pour        ici  en  copie,  datées  de  Fismes  le  1"  juil- 
M.  d'Avaugour,  adressées  par  le  roi  à  S.         let;  fol.  370  r"  et  v°. 
M.  Polonaise  aux  Etats  de  Pologne,  sont  '  Ibid.  fol.  ago  (septembre). 


DU  CARDINAL   DE   RICEIELIEU. 


893 


ANNEE    1642. 


CCLXIX. 

Imprimée  —  Casparis  Barlaei^  Antverpiani  Poemata^.  — 

Ctarorum  viroram  Epistolœ  singulares ,  collectore  Paulo  Colomesio' ,  etc.  — 

Pauli  Colomesii  opéra ,  vol.  in-4°,  p.  5o9.  Hamburgii,  1709. 

EPISTOLA 

EMINENTISSIMI  CARDINALIS  ARMANDI  RICHELII  CLARISSIMO  ET  ERUDITISSIMO  VIBO 
GASPARI  BARLAEO.  S.  P. 


Heroicum  carnien  tuum  accepi, 
(juod  veluli  miraculo  factum  est,  ut 

'  Van  Baërle,  qu'on  nomme  quelque- 
fois Barlée,  et  presque  toujours  Barlsus, 
né  à  Anvers,  tenait  un  peu  à  la  France, 
ayant  pris  à  Caen  ses  degrés  de  docteur' 
en  médecine.  Ce  médecin  fut  aussi  théo- 
logien, ministre  de  l'Église  réformée  dans 
un  village;  il  fut  professeur  de  logique  11 
Leyde,et  puis  de  philosophie ,  enfin  poète. 
La  poésie  seule  a  conservé  son  nom  et  lui 
a  fait,  dans  son  temps,  une  célébrité 
dont  l'éclat  a  peu  duré.  La  liste  de  ses 
œuvres  latines  est  longue.  Nous  ne  men- 
tionnerons ici  que  son  poème  sur  la  prise 
de  Brisach  (  Briiacum  capta),  qui  dut  plaire 
à  Richelieu,  et  cet  autre  ouvrage,  publié 
presque  en  même  temps ,  mais  qui  fut  sans 
doute  moins  agréable  à  l'Eminence  :  Me- 
dicea  hospes sive  descriptio ,  etc.  (c'est  le  récit 
lie  f  entrée  triomphale  de  la  reine  mère  à 
.\msterdam),  i638. 

'  «  Ed.   IV  altéra    plus    parte   auctior. 


legi,  perlegi''.  Eo  gratius  fuit, 
dum  panegyricum  meum  ad  me 

Pars  1  Heroicorum.  Amslelodami,  apud 
Joh.Blaen,  i645,  a  vol. in- 1  a.  «Cette lettre 
est  placée  à  la  fin  du  i"  vol.  page  non  nu- 
mérotée, au  verso  de  la  page  7/ii. 

'  iLondini,  1687,  in-ia,  p.  aa7.  »  — 
Ces  lettres  sont  comprises  dans  un  volume 
composé  de  plusieurs  pièces  publiées  par 
Colomiès.  Le  titre  commence  :  5.  Clemenlis 
epistolœ  dues ,  etc. 

'  Ce  poème  que  Richelieu  a  lu  d'un 
bout  à  l'autre,  nous  ne  l'avons  point 
trouvé, même  à  la  Bibliothèque  nationale, 
dans  l'édition  originale  qui  l'ut  offerte  à 
Richelieu  en  i64a,  car  nous  ne  pensons 
pas  que  ce  soit  un  manuscrit  dont  Barl»us 
ait  fait  l'envoi.  Nous  ne  connaissons  ce 
poème  que  par  le  recueil  de  poésies  que 
nous  indiquons  aux  sources  ;  il  est  intitulé  ; 
Panegyricas  de  laudibus  Eminentissimi  car- 
dinalis  Armundi  Johannis  Plessiaci  Richelii 
dttcis , Franciœ  paris,  etc.  p.  1 27- 1 53.  C'est 


894 


LETTRES 


miseris,  tuum  a  te  acceperim.  Laudantis  saltem  et  laiidati  panegyricus 
est  libellus  tuus.  Dum  quae  nobis  tribuuntur  gesta  extoUis,  ingenii  tui 
acumen  et  industriam  exhibes,  eruditionem  tuam  prodis.  Sic  tibimet 
ipsi  gratias  debes,  sed  non  solus,  referam  pro  utroque  et  merito; 
cum  tuo  faclum  sit  beneficio  ut  majorem  tui  quam  mei  curam  ba- 
bere  tenear.  Religiose  id  me  prœstiturum  agnosces,  si  res  locusque 
dabunt. 

Versibus  tuis  qualis  esse  debeam  orbi  christiano  palam  fecisti.  Ec- 
typum  meum  ad  te  milto,  ut  te  doceat  qualis  sim.  Si  in  eo  afFectuni 
erga  te  meum  non  cernis,  agnosces  si  usui  unquam  tibi  esse  possim. 

Dalum  Parisiis  8  cal.  febr.  i642. 


CCLXX. 

Bibliothèque  nat.  Saint-Germain-Harlay,  Sig,  pièce  53*.  — 
Copie  avec  des  corrections  qui  semblent  de  la  main  de  Le  Masle. 

MÉMOIRE 

DES  AFFAIRES  QUE  M.  LE  CABDINAL  MAZARIN  AURA  k  SOLLICITER  PARTICULIÈREMENT  À  ROME, 
TANT  POUR  LA  FRANCE  QUE  POUR  LE  CARDINAL  DE  RICHELIEU  '. 

[Vers  la  fin  de  janvier  i6i2.] 

Faire  tout  ce  qui  se  pourra  par  toutes  sortes  de  moyens  pour  ac- 
comoder  l'affaire  de  Parme. 


une  pièce  de  plus  de  neuf  cents  vers,  où 
quelques  additions  ont  été  faites  après  la 
mort  du  cardinal ,  auquel  Baêrle  a  survécu 
d'environ  six  ans.  N'ayant  point  trouvé  le 
manuscrit  de  la  lettre  de  Richelieu,  nous 
la  donnons  d'après  ce  volume ,  publié  sous 
les  yeux  de  Baërle,  et  de  préférence  aux 
impressions  postérieures.  A  la  suite  du 
poëme ,  ce  même  volume  contient  cinq  pe- 
tites pièces  au  sujet  de  Richelieu  :  Gallia 
plorans,  laudatiofunebrisArmandiJo.  Pless. 
Richelii  ad  Ptefjem,  p.  1 7 1 .  —  In  efftyiem 


ejusdem  Cardinalis,  p.  171.  —  In  insigma 
ejusdem  Cardinalis,  p.  172.  —  Eminenlis- 
simo  Cardinali  Richelio  cum  hymnum  in 
Christum  ipsi  ojferrem ,  p.  480-A82.  —  Enfin 
une  dernière  petite  pièce  adressée  à  Chavi- 
gni,  sur  la  mort  du  grand  ministre,  p.  553. 
'  Mazarin  fut  fait  cardinal  au  mois  de 
décembre  i64i  ;  M.  de  Fontenay-Mareuil, 
ambassadeur  à  Rome,  écrivait  le  16  à  Ri- 
chelieu, en  lui  annonçant  la  promotion  : 
«  Vous  l'avez  aujourd'hui  plus  fait  cardi- 
nal que  le  pape  mesme.  »  On  pensa  bientôt 


DU   CARDINAL   DE   RICHELIEU.  895 

L'une  des  choses,  ou  toutes  ies  deux,  doivent  estre  pratiquées  à 
cette  fin. 

L'une  est  de  persuader  au  pape  et  au  cardinal  Barberin  de  se 
relascher  par  toutes  les  considérations  qu'on  sçait,  entre  lesquelles 
la  vieillesse  du  pape  et  son  intérest  doivent  eslre  de  grand  poids. 

L'autre  est  de  porter  M.  de  Parme  à  se  relascher  sur  l'espérance 
qu'on  luy  donnera  que,  son  accord  estant  fait,  il  pourra  se  déclarer 
contre  l'Espagne ,  conjoinctement  avec  la  France  ,  qui  désire  son  aug- 
mentation aux  despens  des  Espagnols. 

Il  verra  s'il  est  vray  que  madame  de  Mantoue  veut  se  réunir  tout 
de  bon  avec  la  France,  comme  elle  le  propose;  et,  au  cas  qu'il  le 
juge  ainsy,  il  mettra  cette  affaire  en  terme  d'une  bonne  conclusion, 
non-seulement  avec  cette  princesse,  mais  avec  ceux  qui  la  gouvernent, 
comme  Orlande  de  Laval. 

Il  s'entendra  avec  les  ministres  de  la  République  de  Venise  poui 
faire  réussir  les  deux  affaires. 

En  Iraitlant  ce  que  dessus,  il  verra  s'il  y  a  quelque  conjoncture  à 
porter  la  république  de  Venise  à  quitter  la  neutralité  qu'elle  a 
observée  jusques  icy. 


b 


à  envoyer  Maznrin  à  Rome  pour  l'afiaire  de 
Parme  dont  on  s'inquiétait  depuis  assez 
longtemps,  et  à  cause  de  la  santé  défail- 
lante du  pape,  (jui  faisait  prévoir  un  pro- 
chain conclave,  enfin  en  vue  d'autres  af- 
faires. Dès  la  fin  de  janvier,  Fontenay-Ma- 
reuil  pressait  fort  son  arrivée  Cliavigni 
l'écrivait  à  Mazarin  le  1 1  février  :  «  M.  de 
Fontenay  croit  que  V.  Em.  soit  en  chemin. 
Le  pape  est  trèsfoible.  on  croit  qu'il  ne 
vivra  pas  longtemps.  .  .  le  cardinal  duc  es- 
lime  que  vous  devez  partir  tout  de  suite, 
et  venir  joindre  la  Cour  à  Lyon,  où  se 
rend  le  cordinal  Biclii,  pour  résoudre  en- 
semble ce  qu'il  y  a  à  faire.  Vous  ne  reste- 
rez à  Rome  que  le  temps  qu'il  faudra  pour 
faire  un  nouveau  pape  (Arcli.  des  AIT.  étr. 


France,  volume  vert,  49,  pièce  i  ).  C'est 
vers  ce  temps  que  fut  dressée  la  présente 
instruction.  Mazarin  mandait  le  1 1  mars  à 
Le  Tellier  :  «  S.  M.  mi  ordina  di  far  un  viag- 
gio  a  Roiua.  »  Et,  le  i4  avril,  au  cardinal 
Bichi  :  t  lo  credo  di  poter  dire  a  V.  Em. 
assecuramente  che  parto  il  giorno  dopo  le 
feste. »  Mais  enfin,  ainsi  de  jour  en  jour 
différé,  le  voyage  n'eut  pas  lieu.  La  santé 
du  pape  devint  moins  inquiétante;  et  Ri- 
chelieu ,  sur  la  route  de  Perpignan ,  avait 
bien  d'aulres  affaires  que  celles  de  Rome  ; 
il  retint  Mazarin  auprès  de  lui.  Le  mémoire 
que  nous  donnons  ici  n'a  pas  moins  son 
intérêt;  c'est  la  pensée  du  cardinal,  à  ce 
momenl,  sur  toutes  les  choses  dont  il  esl 
question,  et  fhistoire  doit  la  Conserver. 


896  LETTRES 

11  n'oubliera  rien  de  ce  qui  se  pourra  faire  pour  gaigner  le  plus  de 
cardinaux  qu'il  pourra  pour  la  France,  et,  sans  attendre  nouvel  ordre, 
il  pourra  donner,  dès  cette  heure,  mil  cinq  cents  escus,  par  an,  à 
cbasqu'un  des  cardinaux  qui  voudront  les  recevoir  en  secret,  et 
auxquels  il  pensera  pouvoir  les  donner  au  profit  du  roy. 

Quant  aux  cardinaux  plus  relevés  auxquels  il  faudra  donner  ab- 
bayes ou  grandes  pentions,  il  disposera  les  choses  en  sorte  qu'elles 
puissent  estre  conclues  selon  les  ordres  que  le  roy  luy  en  donnera, 
en  suite  de  ce  qu'il  aura  mandé  avoir  négotié. 

Il  verra  aussy  à  gaigner  des  prélats  qui  puissent  monter  au  cardinalat. 

Quand  il  aura  cogneu  l'air  de  Rome,  il  mandera  où  il  verra  que 
pourra  aller  le  pontificat  pour  le  bien  de  la  Chrestienté. 

Il  verra  ce  qui  se  pourra  faire  pour  gaigner  toute  la  maison  Ursine, 
tant  le  chef  d'épée  que  le  cardinal.  Pour  cet  effect,  il  pourra  faire 
espérer  au  duc  de  Bracianne  que  le  roy  le  favorisera  raisonnable- 
ment pour  la  succession  pour  M"^  de  Montmorency,  particulière- 
ment en  ce  qui  est  du  don  que  la  reyne  sa  mère  fit  à  lad.  dame  en  la 
mariant.  Comme  aussy  en  ce  qui  est  des  affaires  de  Piombin,  il 
pourra  mesme  luy  promettre  l'ordre  de  France,  s'il  se  veut  déclarer 
François,  et  l'érection  d'une  terre,  s'il  l'achepte  en  France,  en  duché 
et  pairie. 

Il  fera  ce  qu'il  pourra  pour  favoriser  la  réception  de  l'ambassadeur 
de  Portugal. 

Il  parlera  au§sy  à  Sa  Saincteté ,  et  fera  toutes  instances  nécessaires 
pour  faire  recevoir  les  nominations  du  roy  aux  bénéfices  d'Artois  et 
éveschés  et  bénéfices  de  Catalogne,  et  fera  valoir  que  le  roy  est  dis- 
posé à  laisser  jouir  les  nonces  en  Catalogne  des  mesmes  droits  qu'ils 
avoient  en  Espagne,  le  roy  ne  voulant  rien  changer  au  respect  du 
pape  en  tous  les  pays  qui  tomberont  en  ses  mains. 

il  m'envovera  de  Rome  tous  les  brefs  nécessaires  pour  empescher 
que  les  abbayes  données  par  le  roy  aux  Italiens  et  aux  autres  demeu- 
ra os  à  Rome  ne  viennent  à  vaquer,  quand  ils  mourront,  en  la  cour 
de  Rome. 


DU   CARDINAL  DE  RICHELIEU.  897 

Il  se  souviendra,  s'il  arrivoit  de  grands  progrès  des  armes  du  roy 
dans  l'Espagne,  de  ne  plus  perdre  l'occasion  de  porter  le  pape  à 
prendre  une  résolution  forte  de  se  servir  de  l'occurence  pour  l'agran- 
dissement du  Saint-Siège  et  advantage  de  sa  maison. 

En  ce  cas,  led.  s""  Mazarin  ne  manquera  pas  de  faire  entendre  au 
pape  et  autres,  que  le  roy  ne  prétend  aucun  agrandissement  particu- 
lier en  Italie,  et  que  le  seul  but  de  la  France,  du  roy  et  de  son  con- 
seil est  de  voir  diminuer  la  puissance  des  Espagnols  et  d'y  contribuer 
ce  qu'elle  pourra,  par  mer  et  par  terre,  à  la  seule  augmentation  et 
grandeur  des  princes  d'Italie. 

Led.  s'  cardinal  sollicitera  aussy  l'érection  de  l'évescbé  de  Pigne- 
rol  et  de  celuy  de  la  Rochelle ,  représentant  à  Sa  Saincteté  que  comme 
ce  sont  deux  œuvres  nécessaires  pour  la  religion,  la  Rochelle  et  les 
vallées  de  Piedmont  estant  pleines  d'hérésies,  il  doit  donner  les  érec- 
tions gratis. 

Après  toutes  les  affaires  publiques,  il  se  souviendra,  s'il  en  voit 
l'occasion,  des  particulières  qui  concernent  le  cardinal  de  Richelieu, 
touchant  Clugny,  Citeaux  et  Presmontré.  Représenter  que  led.  cardi- 
nal peut  plus  advancer  la  réformation  desd.  ordres  en  un  jour, 
comme  il  fait,  à  cause  du  poste  où  il  est,  que  les  autres  ne  pourroient 
faire  en  des  années  entières. 

Et  si  on  allègue  que  les  Espagnols  ne  veullent  pas  recognoistre  led. 
cardinal  à  cause  qu'il  est  françois,  on  respondra  qu'ils  ont  tousjours 
souffert  un  général  françois,  et  que  quand  led.  cardinal  ne  le  seroit 
point,  le  mesme  tillre  tomberoit  à  un  autre  de  la  mesme  nation,  ce 
qui  faict  que  c'est  plus  tost  la  qualité  de  cardinal  à  qui  les  Espagnols 
en  veullent ,  ce  qui  intéresse  tout  le  collège  des  cardinaux. 

Il  est  du  corps  politique  des  Estats  comme  du  corps  humain  : 

Ainsy  qu'à  i'esgard  du  dernier,  il  n'y  a  rien  de  plus  dangereux  que 
les  maladies  compliquées,  de  mesme  n'y  a-t-il  rien  qui  soit  plus  péril- 
leux dans  un  Estât  que  les  divers  maux  qui  requièrent  ou  des  remèdes 
contraires,  ou  tels  au  moins  qu'il  est  impossible  de  les  pratiquer 
ensemble. 

CAIIDIN.  DE  niCHELILD. VII.  Il3 


898  LETTRES 

La  désignation  de  l'assemblée  de  Munster  au  mois  de  mars,  qui 
requiert  la  présence  de  M.  le  cardinal  Mazarin  esleu  plénipoten- 
tiaire de  la  France,  et  la  caducité  du  pape  qui  deschéant  à  veue  d'oeil  ' 
oblige  le  roy  à  l'envoyer  à  Rome,  réduisent  Sa  Majesté  et  son  Conseil 
à  ne  pouvoir  quasy  prendre  party. 

Il  est  certain  que  présentement  on  ne  void  personne  capable,  en 
ce  royaume,  de  pouvoir  dén)esler  les  diverses  intrigues  qui  se  trame- 
ront en  la  négociation  de  la  paix,  que  led.  cardinal;  les  divers  em- 
plois qu'il  a  desjà  eus  en  pareilles  négociations  luy  donnans  une 
cognoissance  générale  des  intérests  des  estrangers,  et  une  particulière 
de  la  façon  de  laquelle  il  faut  traitter  avec  les  Espagnols,  où  le 
flegme ,  la  patience  et  une  prudente  dissimulation ,  toutes  qualités  peu 
oïdinaires  au  François,  sont  du  tout  nécessaires.  Je  ne  crains  point 
de  dire  que  je  ne  voy  personne  qui  puisse  remplir  la  place  en  la- 
quelle il  est  destiné  en  cet  emplpy.  D'autre  part  n'y  ayant  point  de 
cardinal  françois  à  Rome,  ny  aucun  en  France  qu'on  y  puisse  envoyer 
commodément,  ny  qui  pust  y  avoir  les  liabitudes  qu'il  y  a,  il  semble 
que  ne  l'envoyer  pas  présentement  en  cette  cour  c'est  abandonner 
l'eslection  d'un  pape  futur  aux  pratiques  que  les  Espagnols  voudront 
faire  à  cette  fin,  et  conséquemment  s'exposer  apparemment  à  perdre 
tous  les  advantages  de  la  guerre  dans  le  traitté  qui  se  fera  de  la  paix, 
veu  que,  si  les  Espagnols  peuvent  faire  un  pape  de  leur  faction,  il 
donnera  grand  bransle  à  leurs  affaires,  et  sera  d'un  notable  préjudice 
aux  nostres. 

Pour  ne  tomber  pas  dans  un  tel  inconvénient,  la  nécessité  fait 
résoudre  Sa  Majesté  à  l'envoy  dud.  s""  cardinal  à  Rome,  en  l'inten- 
tion de  ne  laisser  pas  de  l'employer  à  la  négociation  de  la  paix. 

Cette  résolution  est  fondée  sur  ce  que  le  temps  de  l'assemblée  de 
Munster  est  incertain,  et  que  les  longueurs  «t  les  inexécutions  des 

'     L'ambassadeur      Fontenay-Mareuil  M.  le  cardinal  Mazarin  le  plus  tost  pos- 

avait  écrit  à  Chavigni  le  i"  janvier  :  •  La  sible.  •  (Aff.  étr.  Rome,  t.  LXXVIL)  Mais 

santé  du  pape  est  fort  abaissée  par  sa  der-  Urbain  VIII  vécut  plus  de  deux  ans  encore; 

nière  goutte.  .  .  il  est  nécessaire  d'envoyer  il  mourut  en  i6^4,  juillet. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  899 

Espagnols  sont  si  ordinaires  en  toutes  choses,  qu'il  est  impossible  que 
leur  procédure  ne  nous  donne  le  loisir  de  disposer  les  affaires  à 
Rome  en  Testât  auquel  on  les  peut  souhaitter  aultrement  auparavant 
que  toutes  les  choses  préalables  à  l'assemblée  de  Munster  soient 
exécutées. 

Cependant,  afhn  que  les  ennemis  de  la  France  ne  puissent  dire 
qu'elle  recule  d'entrer  en  la  négociation  de  la  paix,  M.  d'Avaux  pu- 
bliera qu'il  a  ordre  de  s'y  acheminer ,  en  attendant  led.  s' cardinal  Ma- 
zarin,  aussy  tost  que  les  affaires  seront  en  estât  que  les  intéressez 
s'y  puissent  trouver. 

Ici  vient  un  paragraphe  relatif  au  congé  demandé  par  M.  d'Avaux,  qu'on  peuf 
lire  dans  la  pièce  suivante,  où  il  est  reproduit  presque  textuellement. 

Trois  choses  sont  préalables  à  l'assemblée  pour  nous  donner  le 
temps  de  laire  le  voyage  de  Rome  : 

La  première  est  la  difficulté  d'obtenir  des  Espagnols  des  passe-ports  que  les 
Hollandais  veuillent  accepter. 

La  seconde,  la  qualité  de  tutrice  pour  la  duchesse  de  Savoie.  Nous  omettons 
aussi  ces  deux  paragraphes,  qui  se  retrouvent  dans  la  pièce  suivante. 

•  La  troisième,  le  desny  de  la  qualité  d'Empereur  au  roy  de  Hon- 
grie, laquelle  M.  d'Avaux  n'a  pas  voulu  accorder. 

Adjoustant  à  ces  trois  conditions  la  difficulté  que ,  jusques  à  pré- 
.sent,  la  maison  d'Autriche  a  faite  de  recevoir  un  cardinal  pour  pléni- 
potentiaire, il  y  a  aparence  que  son  orgueil  sera  bien  abatu,  veu  que 
quelques-unes  de  ces  conditions  donneront  le  temps  de  faire  le 
voyage  de  Rome  et  celuy  de  revenir  à  l'assemblée  de  Munster. 


900 


LETTRES 


CCLXXI. 

Arch.  des  A£f.  étr.   Parme,  t.  I  (non  coté).   — 
Original,  de  la  main  de  Charpentier. 

SUSCIUPTION: 

POUR  M.  LE  CARDINAL  MAZARIN, 

À  PARIS. 

Ue  la  Charil(5,  ce  9*  février  1642. 

Le  comte  de  Fiesque  envoyé  par  M.  le  duc  de  Parme  et  arrivé  icy 
dit  qu'il  est  fort  alarmé  de  deux  choses  :  l'une,  que  S.  S. ,  après  avoir 
esté  malade,  n'a  pas  esté  sitost  en  convalescence  qu'elle  n'ait  décerné 
excommunication  contre  led.  s""  duc  '  ; 

La  seconde  de  ce  que  led.  s'  duc  a  receu  une  dépesche  du  roy^ 
qui  luy  donna  trois  conseils  qui  lui  semblent  rudes  et  ruineux. 

Il  dit  que  la  dépesche  porte  qu'il  faut  qu'il  s'humilie  vers  S.  S. ,  ce 
dont  il  demeure  d'accord;  qu'il  ne  face  point  de  difficulté  d'aller  à 
Rome,  ce  qu'il  croit  très-pernicieux  pour  sa  personne;  et  qu'il  ne 
doit  point  craindre  de  désarmer,  ce  qu'il  tient  du  tout  ruineux  pour 
son  Estât. 

Je  luy  ay  dicl  que  le  roy  luy  avoil  conseillé  purement  et  simple- 


'  L'excommunication  fut  prononcée 
'dans  les  premiers  jours  de  janvier;  le 
pape  avait  été  dangereusement  malade 
vers  la  lin  de  l'année  i64i- 

"  Nous  avons,  dans  le  manuscrit  cité 
aux  sources,  la  matière  de  cette  lettre  de 
la  main  de  Chavigni  :  «  Faut  escrire  à  M.  de 
Parme  que  S.  M.  est  d'advis  que  led.  duc 
supplie  S.  S"  de  le  recevoir  en  sa  bonne 
grâce;  —  qu'il  face  le  désarmement,  mais 
seulement  après  l'accord  conclu.  —  Enfin 
qu'il  face  le  voyage  de  Rome,  sans  quoy  le 
cardinal  Barberin  ne  consentiroitpas  à  l'ac- 
cord.—  Il  peut  rendre  plus  de  soumission 


au  pape  qu'à  aucun  autre  prince  sans  qu'il 
y  aille  de  son  honneur;  il  sçait  bien  que 
tous  les  princes  temporels  en  ont  tousjours 
usé  ainsy.  .  .  Le  roy  désire  que  M.  le  ma- 
reschal  d'Estrées  se  retire  des  Eslats  de 
M.  de  Parme.  »  Cette  lellre  est  datée  du 
i4  décembre  iGSg,  millésime  fautif 
d'après  lequel  on  a  mal  classé  celte  lettre 
dans  le  manuscrit.  La  présente  dépêche  à 
Mazarin  nous  indique  la  véritable  date  : 
1 64 1 ,  vers  la  fin.  ( Voy.  le  mémoire  adressé 
à  M.  de  Lionne,  et  le  nota  qui  le  suit, 
page  891  de  notre  VI' volume.) 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU. 


901 


ment  de  s'humilier  devant  S.  S.,  qu'il  iuy  avoit  mandé  que  l'accord 
estant  faict  il  ne  devoit  faire  ny  de  difficulté  d'aller  à  Rome,  ny  de 
désarmer  premier  que  le  pape,  quand  S.  S.  se  seroit  engagée  de  pa- 
role envers  S.  M.  et  autres  princes  de  la  Ghrestienté  de  l'exécution 
de  ce  qu'elle  auroit  promis. 

Led.  comte  dit  que  la  dépesche  ne  parle  point  de  ces  circonstances 
qui  rendent  les  conseils  très-raisonnables,  mais  qu'elle  parle  '  sim- 
plement. 

Je  sçay  bien  que  celle  du  s'  Lionne  qui  n'estoit  pas  arrivée  est 
circonstanciée  comme  il  faut,  me  ressouvenant  que  nous  l'avons  faite 
tous  ensemble;  mais,  à  dire  le  vray,  je  n'ay  pas  veu  les  autres. 

Les  affaires  dud.  sieur  duc  sont  en  mauvais  estai,  à  ce  que  j'ap- 
prends par  led.  comte,  et  je  voy  qu'ils  craignent  grandement  qu'on 
ne  veule  le  despouiller.  Il  faut  avouer  que  c'est  une  chose  bien 
estrange  qu'on  meine  à  Rome  si  rudement  un  prince  qui  n'est  coul- 
pable,  au  plus,  que  d'une  conduite  moins  considérée  qu'il  n'eust  esté 
à  désirer.  Je  voy,  en  mon  particulier,  avec  beaucoup  de  desplaisir  la 
puissance  spirituelle  de  l'Eglise  employée  pour  rendre  la  temporelle 
des  papes  plus  puissante  et  plus  efiFective  pour  décider  à  leur  advan- 
tage  certains  différens  beaucoup  plus  préjudiciables  qu'ils  ne  sont 
advantageux  au  salut  des   âmes'^.  Je  veux  croire  que  le  voyage   du 


'  Le  manuscrit  met  :  •  qu'elles  parlent.  » 
Elst-ce  seulement  une  distraction?  ou 
manque-t-il  ici  quelque  chose? 

*  Bichelieu  était  un  trop  habile  homme 
d'État  pour  nepas  craindre  les  abus  du  pou- 
voir temporel  ;  dans  ce  cas-ci  l'abus  était  évi- 
dent :  le  duc  de  Parme  avait  été  excommu- 
nié pour  un  fait  de  droit  féodal  qui  ne 
touchait  par  aucun  côté  auxdogmes,nià  la 
foi.  Mais,  en  même  temps,  le  cardinal, 
convaincu  que  l'indépendance  spirituelle 
du  pape  ne  pouvait  exister  que  par  l'indé- 
|)endancc  absolue  de  toute  puissance  tem- 
ponlle ,  subissait  une  nécessité  inexorable , 


dont  il  s'efforçait  de  diminuer  les  inconvé- 
nients par  d'incessantes  négociations,  et 
il  conseillait  au  duc  la  soumission.  Notre 
manuscrit  de  Parme  conserve  sur  ce  sujet 
un  mémoire  dont  nous  n'avions  trouvé 
que  des  copies  lorsque  nous  en  avons  lait 
mention  dans  notre  VI' volume,  page  894 ; 
notre  conjecture  se  trouve  confirmée  par 
la  présente  pièce  venant  sans  nul  doute  du 
cabinet  de  Richelieu.  Ce  sont  dix  pages  de 
l'écriture  la  plus  soignée  de  Gherré,  sans 
date,  mais  se  rapportant  à  la  lin  de  l'an- 
née 1641  :  «La  plus  dilTiciie  affaire  qui 
soit  arrivée  au  roi  en  cette  année ,  c'est  le 


902 


LETTRES 


s'  Lionne  fera  quelque  effect,  et  à  Parme  ',  d'où  le  maréchal  d'Es- 
trées  n'est  point  party,  et  à  Rome,  où  S.  S,  considérera  dadvantage 
volontiers  les  instances  du  roy  quand  elle  s'en  verra  pressée  par  un 
nouvel  envoyé. 

Il  s'est  passé  deux  grands  combats  et  en  Roussillon  et  en  Cata- 
logne; le  premier  a  duré  depuis  8  heures  du  matin  jusques  à  4  heures 
du  soir,  où  nous  avons  eu  un  tel  advantage  qu'ayant  perdu 
3oo  hommes  de  nostre  costé,  les  ennemis  en  ont  bien  perdu  mil. 
Si  nostre  gendarmerie  eust  faict  son  devoir,  on  croit  que  l'armée  des 
Espagnols  auroit  esté  deffaicte.  Le  mareschal  de  Brézé  y  a  faict  son 
devoir,  grâce  à  Dieu,  en  sorte  qu'en  vérité  il  ne  s'y  peut  dadvantage. 
Ce  combat  a  esté  dans  l'elfort  que  l'armée  entière  des  ennemis  a 
voulu  faire  de  passer  à  Perpignan  où  elle  est,  mais  y  ayant  perdu  la 
moitié  des  vivres  qu'ils  portoient,  ce  secours  est  si  peu  considérable 
qu'on  le  peut  plus  tost  dire  ruyne  que  secours. 

M.  de  La  Motte  a  attaqué  un  quartier  des  ennemis  où  estoit  leur 


différend  d'entre  S.  S''  et  M.  le  duc  de 
Parme ...  ce  mal  fut  grand  quoyque  son 
origine  fust  petite.  .  .  Cette  affaire  fut 
considérée  diversement  de  divers  esprits, 
mais  tous  ceux  qui  en  jugv'rent  sans  pas- 
sion blasnièrent  le  peu  de  prudence  de 
M.  de  Parme  et  estimèrent  que  les  nep- 
veux  de  S.  S.  ne  dévoient  pas  donner  lieu 
à  ce  grand  vacarme  par  le  reffus  d'un  hon- 
neur rendu  à  d'autres  personnes  de  sa 
qualité.  —  Ceux  mesmes  qui  affectionnent 
plus  les  droits  du  St- Siège  ne  peuvent 
excuser  qu'on  ayt  procédé  avec  tant  de  i  i- 
gueur  et  d'animosité  en  cette  affaire,  que 
le  pape  ayt  voulu  desroger  aux  conditions 
de  l'invesliture  accordée  par  ses  prédéces- 
seurs à  ceux  dud.  s'  duc.  chose  du  tout 
extraordinaire  et  injuste . .  .  d'un  costé 
l'imprudence  et  l'aveuglement  du  duc  de 
Parme  ont  esté  extrêmes,  de  fautre  la  ven- 


geance n'a  pas  esté  moindre. . .  »  Ms.  note 
aux  sources ,  feuillet  1 6* ,  à  compter  de  la 
fin  du  volume.  A  deux  endroits  on  a  laissé 
une  demi-page  de  blanc,  réservée  sans 
doute  pour  quelque  addition  projetée. 

'  Le  duc  de  Parme  écrivait  au  roi  le 
1 2  février  :  «  Je  ne  trouve  point  des  paroles 
qui  suffisent  à  l'expression  des  grâces  que 
je  doibs  à  V.  M.  pour  la  mission  qu'elle  a 
faict  du  s'  de  Lionne.  Je  veux  estre  éter- 
nellement atlaché  à  la  France ,  etc. .  .  »  (  Ms. 
cité  aux  sources.)  M.  de  Lionne  avait  écrit 
lui-même  le  lo,  ce  que  nous  apprenons 
par  la  réponse  qui  lui  fut  adressée.  Cette 
réponse  faite  d'ordre  du  roi,  sans  doute 
par  Chavigni ,  se  trouve  dans  le  même  ma- 
nuscrit, 6'  feuillet  avant  la  fin  du  volume. 
La  date  manque ,  mais ,  répondant  à  une 
leltre  de  Parme  du  lo,  elle  doit  être,  au 
plus  tôt,  de  la  2°  dizaine  de  février. 


DU   CARDINAL   DE  RICHELIEU.  903 

général  avec  i5oo  hommes,  dont  il  leur  a  tué  800,  et  le  général 
s'est  sauvé  avec  un  bon  cheval.  Si  Dieu  nous  faict  la  grâce  de  trouver 
les  affaires  dans  Testât  auquel  elles  sont  quand  nous  arriverons,  j'es- 
père que  tout  ira  bien. 

Le  Gard.  DE   RICHELIEU. 


CCLXXII. 

Arch.  des  AIT.  étr.  Allemagne,  t.  XVI,  pièce  197.  — 
Mise  au  net  de  la  main  de  Cherré. 

A  M.  D'A  VAUX. 

Du  fj  febvrier  1642. 

Monsieur,  le  traitté  que  vous  avez  passé  avec  M"  Saivius  et  Lutzau 
est  accompagné  de  tant  de  considérations  et  de  bons  fondemens,  que 
vous  n'avés  pas  lieu  de  craindre  qu'il  puisse  estre  improuvé. 

Je  ne  vous  répèle  point  les  advantages  que  vous  y  avés  remportez, 
parce  qu'en  estant  autheur  vous  les  sçavés  mieux  que  personne. 

Si  le  roy  d'Espagne  persiste  en  l'humeur  où  il  a  esté  jusques  à 
présent,  il  aura  de  la  peyne  à  donner  un  passe-port  à  M"  les  Estais, 
ou  à  ratifBer  celuy  qu'ils  avoienl  receu  du  cardinal  Infant. 

Si  aussy  le  cardinal  de  Savoie  et  le  prince  Thomas  demeurent  dans 
le  parli  de  la  maison  d'Autriche,  difficilement  le  roy  d'Espagne  et  le 
roy  de  Hongrie  consentiront-ils  que  M"""  de  Savoie  aye  la  qualité  de 
tutrice,  parce  que  c'est  luy  donner  nettement  gain  de  cause  contre 
ses  frères,  qui  ne  luy  ont  disputé  que  cette  qualité. 

Les  Espagnols  auront  encore  peyne,  à  mon  avis,  à  consentir  la  dé- 
putation  de  M.  le  cardinal  Mazarin,  quoyqu'ils  n'ayent  aucune  raison 
de  s'y  opposer. 

Le  désir  que  j'ay  de  la  paix  me  porte  à  demander  tous  les  jours  à 
Dieu  qu'il  réduise  les  Espagnols  à  tel  point  que  la  nécessité  leur  face 
faire  ce  qu'on  ne  peut  espérer  d'eux  par  la  raison. 

Puisque  vous  désirés  de  faire  un  voyage  en  France  pour  vos  affaires 


604  LETTRES 

domestiques,  et  que  vous  jugés  le  pouvoir  faire  avant  que  le  temps  de 
se  trouver  à  l'assemblée  de  Munster  soit  venu,  S.  M.  vous  en  donne 
la  permission,  à  condition  qu'auparavant  que  de  vous  en  servir,  vous 
mettrés  les  affaires  en  estât  que  vostre  absence  d'Allemagne  ne  puisse 
nuire  au  service  de  S.  M. 

Je  vous  avoue  que  je  seray  très  ayse  de  vous  instruire  de  bouche 
sur  toutes  les  difficultés  qui  se  peuvent  rencontrer  à  la  paix,  estant 
presque  impossible  de  le  faire  par  des  dépesches  quelque  expresses 
qu'elles  puissent  estre. 

Si  le  général  Tortenson  pouvoit  faire  quelque  progrez  de  son 
costé,  qui  secondast  celuy  de  M.  de  Guébriant,  il  y  auroit  lieu  de 
croire  que  ceux  qui  sont  sy  opiniastrez  à  laisser  la  CHrestienté  en 
trouble,  se  résoudroient  à  vouloir  la  paix.  Quand  je  dis  à  vouloir  la 
paix,  j'entends  à  consentir  aux  conditions  justes  et  raisonnables  sans 
lesquelles  elle  ne  peut  estre  faicte  '. 

Si  les  prédécesseurs  du  roy  ont  bien  consenti  par  le  passé  qu'on 
les  privast  de  ce  qui  leur  appartenoit  pour  acquérir  le  repos,  c'est  le 
moins  que  les  ennemis  de  cet  Estât  puissent  faire  maintenant  que  de 
nous  rendre,  pour  un  si  grand  bien,  une  partie  de  ce  qu'on  nous  a 


'  Au  moven  de  cette  réserve  Richelieu 
est  parvenu  à  continuer  la  guerre  jusqu'à 
sa  mort,  en  répétant  sans  cesse  qu'il  sou- 
haitait ardemment  la  paix.  Une  longue  dé- 
pêche qu'il  faisait  écrire  à  ce  moment 
même,  par  Chavigni  à  M.  d'Avaux,  met  à 
nu  pour  ce  confident  la  pensée  qui  restait 
soigneusement  voilée  pour  le  public  : 
«  S.  M.  aura  cet  advantage  ,  dit-il ,  que  tout  le 
monde  cognoisira  qu'il  ne  tient  pas  à  elle 
que  la  Chrestienté  ne  jouisse  d'une  bonne 
paix.  »  Et  dix  lignes  plus  bas  :  «  Vous  co- 
gnoistrés  avec  combien  de  raison  le  roy  dé- 
sire que  vous  cherchiés  des  voies  dans  les- 
quelles f honneur  de  S.  M.  estant  couvert, 
on  puisse  différer  le  jour  des  ouvertures 
des  assemblées,  et  vous  estes  assez  pru- 


dent et  assez  habile  négociateur,  vovant 
les  senlimens  dans  lesquels  sont  aujour- 
d'hui les  Suédois,  pour  les  engager  à  faire 
les  difficultez ,  et  rejeter  sur  eux  ce  retar- 
dement ...»  Notons  dans  cette  même  pièce 
la  pensée  caractéristique  de  la  doctrine 
politique  du  cardinal,  qui  n'avait  foi  qu'aux 
gouvernements  de  pouvoir  despotique  : 
«  Il  faut  encore  considérer  M"  les  Estats , 
lesquels  ne  pouvant  prendre  une  résolution 
si  importante  que  celle  de  commencer  un 
traitté  de  paix  qu'avec  le  temps  que  la 
forme  de  leur  gouvernement  leur  fait'  em- 
ployer dans  leurs  moindres  délibérations.  » 
(Lettre  du  Ix  mars.  Ms.  cité  aux  sources, 
pièce  199.) 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  905 

osté,  acquérant,  sans  fju'il  leur  couste  rien,  ce  que  nous  avons  plu- 
sieurs fois  achepté  bien  chèrement. 

Le  roy  désire  avec  tant  fie  passion  de  voir  la  Chrestienté  hors 
des  troubles  où  elle  est,  que  S.  M.  ne  faict  le  voyage  où  elle  s'est  en- 
gagée que  parce  qu'elle  estime  qu'attaquer  les  Espagnols  vivement 
en  leur  pays,  c'est  le  vray  moyen  de  les  contraindre  à  ce  qu'on 
désire. 

Si  tous  nos  alliez  suivent  l'exemple  de  S.  M.  je  ne  doute  point  que 
nous  ne  trouvions  tous  nostre  compte. 

Pour  moy.  Monsieur,  j'estimeray  l'avoir  à  bonne  mesure,  si,  en 
servant  le  public,  je  trouve  occasion  de  vous  tesmoigner  que  je  suis 
véritablement.  .  . 


GASSION. 

.  .  .Février  1642. 

A  ce  que  nous  avons  dit  sur  Gassion  ,  pages  733  et  843  ci-dessus,  ajoutons-ici 
quelques  particularités  qui  achèveront  de  faire  connaître  les  relations  du  cardinal 
avec  ce  personnage,  l'un  des  plus  hommes  d'honneur  et  l'un  des  caractères  les 
plus  originaux  du  temps  de  Richelieu. 

Le  siège  de  Perpignan  fut  le  fait  de  guerre  capital  au  commencement  de 
1642.  On  songea  à  y  employer  Gassion.  Le  roi,  par  une  lettre  que  je  trouve 
citée  dans  l'histoire  de  sa  vie,  page  2  53,  annonçait  au  maréchal  de  Brézé  qu'il 
lui  envoyait  le  colonel  •  pour  vous  faciliter,  disait  Sa  Majesté,  la  prise  de  Perpi- 
gnan. •  En  même  temps,  de  Noyers  mandait  à  Gassion  :  <i  la  pensée  en  est  venue 
à  M*'  le  cardinal  et  le  roy  l'a  extrêmement  goûtée  (page  255).» De  Noyers  le 
pressait  d'arriver,  l'ordonnance  pour  son  voyage  était  déjà  préparée;  mais  à 
peine  il  était  sur  la  route  du  Roussillon,  qu'il  lui  fallut  retourner,  les  affaires  de 
Flandres  et  de  Picardie  exigeant  impérieusement  sa  présence,  lui  écrivait  le  roi. 
•  Vous  vous  rendrez  incessamment  auprès  de  ma  personne,  ajoutait  Sa  Majesté, 
pour  apprendre  mes  intentions  et  recevoir  mes  ordres.  »  A  cette  lettre  en  était 
jointe  une  autre  du  secrétaire  d'Etat  de  la  guerre  :«  Il  y  a  des  raisons  imprévues, 
disait  de  Noyers... ,  M.  le  cardinal  m'a  commandé  de  vous  escrire  et  de  vous  con- 
jurer, de  sa  part,  de  venir  descendre  chez  luy  pour  vous  les  faire  sçavoir.  Il  faut 
qu'elles  soyent  bien  fortes  pour  l'avoir  fait  ainsy  changer;  et  bien  secreltes  puis- 
qu'il ne  me  les  a  point  dites.  .  .  quoy  qu'il  en  soit,  je  trouve  le  roy  et  S.  Em.  si 

CAIIDIN.  DE  HICIIEUED.  —   TU.  >l4 


906  LETTRES 

disposés  en  vostre  faveur  que  je  ne  cloute  point  que  vous  vous  en  aperceviez  dans 
peu  de  temps  (page  aSg)...»  Quelles  étaient  ces  raisons  imprévues ,  ignorées  de 
de  Noyers  lui-même,  et  que  personne  n'explique?  Elles  ne  venaient  certainement 
pas  de  Richelieu.  Le  cardinal  avait  besoin,  en  ce  moment  surtout,  de  s'entourer 
des  hommes  tels  que  Gassion  qui  lui  était  dévoué.  Ne  faut-il  pas  plutôt  voir  dans 
le  contre-ordre  l'influence  de  Cinq-Mars  qui,  à  cause  de  ce  dévouement  même, 
devait  chercher  à  éloigner  Gassion?  Et  d'autant  plus  que  le  roi  semblait,  aussi 
bien  que  Richelieu,  affectionner  ce  vaillant  homme  de  guerre.  La  letlre  de  de 
Noyers  ne  porte  point  de  date,  mais  elle  a  dû  être  écrite  vers  la  fin  de  janvier; 
car  l'histoire  de  Gassion  raconte  que  le  2  février  le  cardinal,  sortant  du  conseil 
tenu  à  Fontainebleau  devant  le  roi,  communiqua  à  (îassion  les  volontés  de  Sa 
Majesté.  «  On  a  réglé  les  armées  de  Flandres  où  vous  continuez  de  servir,  hii  dit- 
il,  il  n'a  pas  tenu  à  moy  de  vous  emmener  avec  nous.  Ne  vous  ennuyez  point  de 
notre  absence.  •  Et  Gassion,  revenu  à  l'armée  du  comte  d'Harcourt  (page  265), 
y  accrut  encore  sa  renommée. 

Richelieu  ne  tarda  pas  à  regretter  vivement  son  absence.  Lorsque,  sans  con- 
naître encore  le  secret  de  la  conspiration  de  Cinq-Mars,  il  s'en  sentait,  pour 
ainsi  dire,  enveloppé,  et  se  voyait  sous  la  menace  d'une  disgrâce  imminente,  il 
faisait  écrire  par  de  Noyers  à  Gassion  :  «  Voici  l'endroit  où  il  faut  vous  déclarer; 
nous  démeslons  icy  nos  amis  et  nos  ennemis,  et  ce  n'est  pas  la  moindre  de  nos 
peines.  S.  Em.  non -seulement  m'a  commandé  de  vous  escrire,  mais  encore  de 
vous  assurer  de  son  souvenir,  en  quelque  estât  que  la  providence  de  Dieu  le 
mette  ou  le  maintienne;  il  ne  doute  pas  aussy  de  vostre  affection.  Parmi  ses  cha- 
grins ce  n'est  pas  le  moindre  de  ne  vous  avoir  pas  auprès  de  luy. . .  pour  pouvoir 
vous  servir  plus  effectivement.  Ne  manquez  pas  de  luy  en  tesmoigner  vostre 
recognoissance,  et  surtout  dans  l'occurrence  des  affaires  présentes;  car,  à  celte 
heure,  un  compliment  en  vaut  deux.  N'ajoutez  pas  foi  aux  bruits  pul)lics...  les 
apparences  de  la  cour  peuvent  tromper  les  plus  fins. .  .'■  »  A  cette  lettre  que  signait 
de  Noyers,  Richelieu  ajoute  en  son  propre  nom  :«  Le  roy  a  fait  deux  mareschaux 
de  France^;  il  ne  tiendroit  pas  à  moy  qu'il  n'en  fisl  un  troisième.  »  Et,  dans  un  se- 
cond post-scriplum  dicté  aussi  par  le  cardinal  :  «  Nos  affaires  m'empêchent  de  vous 
demander  la  continuation  de  vostre  affeclion ,  mais  non  pas  de  vous  conserver 
dans  mon  âme  dans  le  rang  de  mes  vrais  amis.  »  —  On  voit  quelle  confiance 
Richelieu  témoignait  toujours  à  Gassion ,  et  l'ingénieuse  délicatesse  avec  laquelle 
il  fait  appel  à  sa  fidélité.  Il  n'en  eut  pas  besoin  à  ce  moment,  grâce  à  la  découverte 
(lu  traité  d'Espagne. 

'  La  lettre  est  tout  entière  dans  la  Vie  '  M"  de  Guébriaiit  et  de  La  Mothe-Hoii- 

de  Gassion.  t.  II,  page  279.  dancourt. 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  907 

Aussitôt  que  ta  mauvaise  saison  put  permettre  à  Gassion  de  quitter  l'armée, 
Richelieu  le  fit  appeler  à  Paris.  •  Son  Eminence  désire  vous  voir,  lui  écrivit  de 
Noyers;  hâtez-vous,  et  ne  perdez  aucun  moment.  Mon  cher  amy,  vous  n'en  avez 
point  de  meilleur  que  moy;  je  le  cède  toutefois  à  S.  Em.  et  il  m'a  parlé  déjà 
plusieurs  fois  de  vous  avec  tant  de  tendresse  et  de  bonne  volonté  que  je  doute  s'il 
en  a  plus  pour  qui  que  ce  soit  (  Vie  deGassion,  II,  page  3oo).  »  Gassion  arrivé  aus- 
sitôt est  reçu  le  18  novembre  par  Richelieu,  qui  le  comble  de  marques  d'amitié. 
Mais  quelques  jours  s'étaient  à  peine  écoulés,  et  la  mort  avait  enlevé  à  Gassion  son 
illustre  protecteur. 


COLONIES. 

3  juin  i642. 

Malgré  les  grandes  et  difliciles  aflaires  de  la  guerre  d'Espagne,  de  l'organisa- 
tion de  la  Catalogne,  de  la  conquête  du  Roussillon,  de  ta  révolution  du  Portugal; 
malgré  les  cruelles  et  incessantes  douleurs  d'une  maladie  mortelle;  malgré  tous 
les  soucis  causés  par  de  perfides  intrigues  qui  menaçaient  la  fortune  et  peut-être 
la  vie  de  Richelieu,  cet  esprit  infatigable,  universel  et  patriote,  trouvait  encore 
du  temps  et  des  pensées  pour  les  travaux  de  la  paix,  et  pour  des  projets  d'avenir 
où  la  prospérité  de  la  France  était  intéressée.  Citons  du  moins,  puisque  le  manque 
d'espace  ne  nous  permet  que  de  l'indiquer,  l'ordonnance  qu'il  fit  rendre  au  roi, 
le  2  juin  1642,  en  faveur  de  la  compagnie  des  colonisations  d'Amérique,  com- 
pagnie à  laquelle  le  roi  donnait»  la  propriété  des  isles  scituées  despuis  le  10°  jus- 
qu'au 30"  degré  inclusivement,  au  delà  de  la  ligne  équinoxiale,  «avec  les  privi- 
lèges nécessaires  à  la  prospérité  et  à  la  garde  de  ces  établissements,  ainsi  qu'au 
maintien  de  ta  puissance  française  dans  ces  contrées.  (Arch.  des  Aff.  étr.  Amé- 
rique, t.  I,  fol.  172.) 

Ne  quittons  pas  ce  manuscrit  sans  noter  quelques  autres  pièces  qui  témoignent 
de  la  sollicitude  constante  de  Richelieu  sur  ce  point:  —  i633,  i5  aoiit,  lettre  de 
Champlain  (de  Québec),  fol.  101.  —  i634,  24  janvier,  acte  notarié  entre  le  car- 
dinal et  M.  de  Lauson ,  conseiller  d'Etat,  intendant  de  la  nouvelle  France.  Don  par 
le  cardinal  d'un  vaisseau  tout  armé,  fol.  io3.  —  i635,  k  février,  autre  acte 
notarié  pour  le  rétablissement  de  la  compagnie  ruinée  de  Saint-Christophe,  fon- 
dée en  1626,  fol.  1 12-)22 '.— 1639,  26  avril  :  Relation  de  ce  qui  s'est  passé  à 
Saint-Christophe,  fol.  i/|6.  —  i6/to-i6/l/i  :  Divers  mémoires,  fol.  168-166.  — 
16Ù2,  mars,  pendant  le  séjour  du  cardinal  à  Narbonne  :  Ordonnance  du  roi 

'  Voy.  ci-dessus,  p.  586. 

ni. 


908  LETTRES 

rappelée  dans  celle  du  2  juin.  —  Ce  volume  contient  aussi  des  lettres  de  Rasilly , 
de  Poincy,  de  Champlain ,  du  P.  Joseph ,  etc. 


CCLXXIII. 
Arch.  des  A£F.  étr.  Turin,  t.  XXXVI,  fol.  168. 

A  M.  DU  PLESSIS-PRASLIN. 

Monsieur  du  Plessis-Praslin ,  le  s'  d'Aiguebonne,  mon  ambassadeur 
en  Piedmont,  vous  communiquera  un  ordre  que  je  luy  donne,  qui  est 
si  important  au  bien  de  mon  service  que  j'ay  creu  ne  le  pouvoir  con- 
fier qu'à  luy  et  à  vous.  Vous  adjousterez  une  entière  créance  à  tout  ce 
qu'il  vous  dira  de  ma  part,  et  adviserez  ensemble  aux  moyens  les 
plus  seurs  et  les  plus  prompts  pour  l'exécution  de  mes  volontez.  Je 
m'asseure,  etc. 

Faict  à  Montfrin,  ce  2  1  juin  i6/i2  ^ 

De  par  le  toy, 

Il  est  ordonné  à  tous  lieutenans  généraux  d'armée ,  mareschaux  de 
camp,  M""^  de  camp,  gouverneurs  de  places,  ou  commandans  dans 
iceiles,  prévosts  des  mareschaux  et  généralement  à  tous  officiers,  tant 
de  cavalerie  que  d'infanterie,  de  faire  tout  ce  qui  leur  sera  dit  pour 
le  service  du  roypar  less"  d'Aiguebonne ,  ambassadeur  en  Piedmont, 
et  du  Plessis-Praslin,  mareschal  de  camp,  touchant  à  l'exécution  d'une 
affaire  qui  leur  a  esté  commise  par  S.  M. ,  comme  si  elle  l'ordonnoit 
de  sa  propre  bouche  ;  sur  peine ,  en  cas  de  refus ,  d'en  respondre  de 
leur  teste. 

Fait  à  Montfrin,  ce  21"  juin  16^2. 

'  La  résolution  du  roi  pour  l'arrestation  On  voit  que  toutes  les  mesures  furent 
du  duc  de  Bouillon  avait  été  prise  dès  le  prises  pour  la  sûreté  de  sa  conduite  en 
1  a  au  soir,  le  jour  même  où  Sa  Majesté  France.  Louis  XIII  attendait  avec  une  vé- 
avail  été  informée  de  la  découverte  de  la  ritable  anxiété  la  nouvelle  de  son  empri- 
conspiration(notre  t.  VI,  934).  Le  duc  fut  sonnement;  grâce  à  la  lenteur  des  cour- 
arrêté  le  2  3.  On  craignait  qu'il  ne  parvînt  riers,  le  roi  ne  l'apprit  que  le  a8  au  soir 
à  se  sauver,  ou  qu'il  ne  soulevât  son  armée.  (VI ,  9^5). 


DU  CARDINAL  DE  RICHELIEU.  909 


CCLXXIV. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  XXXVl,  fol.  466.  — 
Mise  au  net  de  la  main  d'un  secrétaire  de  Cliavigni;  classée  vers  la  fin  du  volume. 

A  M.  D'AIGUEBONNE. 

[Commencement  de  juillet  i642.] 

Led.  s' ambassadeur,  après  avoir  rendu  à  Madame'  la  lettre  que  le 
roy  luy  escrit  sur  le  sujet  de  M.  le  duc  de  Bouillon,  comme  aussy  la 
response  de  S.  M.  à  celle  que  S.  A.  luy  escrit  touchant  les  traittés 
avec  M"  les  princes  de  Savoye,  et  lui  avoir  faict  val  ir  la  somme 
qu'on  luy  fait  toucher  si  promptement,  et  à  [ce]  propos  il  luy  fera 
considérer  quelle  est  l'affection  du  roy  pour  elle,  à  laquelle  il  ne  se 
peut  rien  adjouster. . . 

Il  la  mettra  ensuite  sur  le  discours  de  l'affaire  de  M.  le  duc  de 
Bouillon  et  de  M.  Le  Grand. . . 

Il  luy  insinuera  après  cela  que  le  roy  sçayt  que  M.  le  duc  de  Bouil- 
lon prétendoit  l'embarquer  dans  cette  affaire  et  qu'il  vouloit  faire 
croire  qu'il  avoit  desjà  gagné  quelque  chose  sur  son  esprit. . . 

S.  M.  ne  doute  point  que  S.  A.  n'informe  très-volontiers  led.  s' 
ambassadeur  de  tout  ce  que  led.  s'  duc  luy  a  dit  sur  ce  sujet. . . 

Si  led.  s'  ambassadeur  trouve  quelque  autre  moyen  plus  propre 
pour  porter  Madame  à  déclarer  ce  que  M.  de  Bouillon  luy  a  confié 
touchant  cet  affaire,  il  s'en  servira  et  la  pressera  pour  cet  effect  le 
plus  qu'il  pourra. . .  luy  représentant  que  l'affection  qu'elle  porte  au 
roy  et  que  S.  M.  a  pour  elle,  ne  luy  permet  pas  d'avoir  aucune  rete- 
nue, ny  réserve  en  chose  qui  regarde  son  service. . . 

Peut  estre  qu'il  jugera  pouvoir  tirer  dadvantage  de  Madame  en  l'en- 

'  Nous  n'avons    point    à    ce    moment  et  ci-dessus  aux  Analyses;  nous  lui  avons 
de  lettre  du  roi  à  la  duchesse  de  Savoie,  donné  la  date  du  commencement  de  juil- 
mais  il  y  en  a  une  de  Richelieu  à  cette  let.  C'est  cette  même  date  que  nous  pro- 
princesse sur  le  sujet  indiqué  ici  ;  nous  l'a-  posons  pour  la  présente  pièce, 
vons  notée  dans  notre  VI*  volume,  p.  909, 


910  LETTRES 

tretenanl  moins  sérieusement  de  cette  affaire  et  sans  liiy  en  faire  con- 
sidérer l'importance,  l'engageant  seulement soubz  prétexte  de  blasmer. 
M.  Le  Grand  du  peu  de  respect  qu'il  avoit  pour  elle. . . 

Led.  s''  ambassadeur  conviera  Madame  à  escrire  à  Rome  pourfaire 
instance  auprès  du  pape,  que  le  cbapeau  de  cardinal  que  M.  le  card. 
de  Savoye  quittera  avant  que  de  se  marier  soit  donné  au  s"'  Paul  Fies- 
que,  évesque  de  Toul,  en  faveur  duquel  il  désire  que  Sa  Sainteté  en 
dispose,  dont  le  roy  sera  très  aise,  led.  s'  abbé  estant  de  longue  main 
serviteur  de  la  France. 


NOTA. 

liC  36°  volume  de  Turin  contient,  en  quatre  fascicules,  une  pièce  historique 
intitulée  :  Journal  de  ce  qui  s'est  passé  en  Piémont,  dont  il  n'est  pas  hors  de  propos 
de  faire  mention.  Nous  n'en  avons  pas  le  commencement;  le  premier  fascicule  que 
nous  donne  le  manuscrit  dit  :  f  Le  dernier  journal  que  j'ay  envoie  finissoit  au 
i5  aoust  16/12.  •  H  est  précédé,  dans  notre  manuscrit,  d'une  lettre  adressée  à 
Mazarin,  datée  deSeravalle,  6  octohre,  et  signée:  'de  Vuarez  (ou  Vuarcy) ,  aide 
de  camp  de  l'armée  du  roy,  servant  près  le  marquis  Ville.  »  —  «  Monseigneur  (dit 
cette  lettre) ,  le  marquis  Ville,  ayant  appris  vostre  voyage  à  Sedan  ,  croit  que  ses 
dernières  ont  esté  perdues,  et  me  commande  de  vous  envoler  une  copie  de  son 
journal,  du  i5  aoust  au  6  octobre.  »  Ce  travail  aurait  donc  été  composé  par  le 
général,  ou  par  son  ordre  sous  ses  yeux.  Il  était  sans  doute  finalement  destiné  au 
cardinal  de  Richelieu,  qui,  nous  l'avons  plusieurs  fois  montré,  recherchait  et 
réunissait  ces  sortes  de  documents.  Sans  présenter  un  grand  intérêt  de  composi- 
tion, cet  écrit  a  du  moins  le  mérite,  propre  à  tout  journal,  de  donner  la  suite  ré- 
gulière des  faits  et  d'être  écrit  par  un  témoin.  (Le  1"  fascicule  conservé  dans  ce 
manuscrit  :  1 5  août-6  octobre,  p.  22  1-232  ;  le  2"  :  6  octobre-7  novembre,  p.  320- 
33o;  le  3°:  8-26  novembre,  p.  557-362;  le  quatrième  :  27  novembre-17  dé- 
cembre, p.  377-380.) 


MARIE  DE  MÉDICIS. 

3  2  juillet  1642. 
Le  22  juillet  i6i2,  Richelieu,  informé  du  décès  de  la  reine  mère,  mandais 
à  Chavigni  les    dispositions  qu'il  fallait  prendre  en  cette   occasion   (ci-dessus, 
page  1x2).  Depuis  que  cela  a  été  imprimé,  nous  avons  trouvé  aux, Affaires  étran- 
gères une  série  de  lettres  écrites  au  cardinal  concernant  le  séjour  à  Cologne  de 


DU  CARDINAL   DE  RICHELIEU.  911 

cette  princesse  et  ses  derniers  moments.  Il  convient  de  donner  un  souvenir  à 
celte  curieuse  correspondance,  qui  ne  paraît  pas  avoir  été  connue  des  histo- 
riens. (Arch.  des  Aff.  étr.  Cologne,  1. 1,  fol.  182-276.) 

Marie  de  Médicis,  après  avoir  quitté  les  Pays-Bas  espagnols,  où  elle  avait  passé 
dix  années  d'exil,  résolut  de  chercher  un  autre  refuge.  La  Hollande  lui  flt  un 
magnifique  accueil,  elle  traversa  les  provinces  au  milieu  de  l'enthousiasme  des 
popolations.  Richelieu  en  fut  alarmé;  il  s'en  plaignit, et  les  Etats  firent  entendre 
h  cette  triomphante  exilée  que  leur  alliance  avec  Louis  XIII  ne  leur  permettait 
pas  de  garder  longtemps  chez  eux  une  princesse  qui  attirait  autour  d'elle  les  en- 
nemis de  la  France.  Les  Anglais  à  leur  tour  trouvèrent  des  raisons  politiques  pour 
lui  refuser  l'asile  qu'elle  leur  demanda;  et  la  veuve  de  Henri  IV,  la  mère  du  roi 
de  France,  celle  qui  voyait  son  fils  et  ses  filles  assis  sur  les  premiers  trônes  de 
l'Europe,  fut  réduite  à  chercher  la  protection  d'un  simple  Electeur  de  l'Empire. 
Elle  arriva  à  Cologne  vers  la  fin  d'octobre,  et  presque  aussitôt  elle  fut  atteinte 
d'infirmités  qui  altérèrent  profondément  sa  santé;  une  hydropisie  fit  craindre  une 
mort  prochaine. 

Quoique  Richelieu  évitât  avec  la  plus  inquiète  précaution  de  rappeler  au  roi  le 
souvenir  de  sa  mère,  il  ne  put  feindre  d'ignorer  le  péril  qui  la  menaçait,  et  il 
envoya  à  Cologne,  au  nom  du  roi,  le  docteur  Riolan,  qui  ava'it  été  autrefois 
médecin  de  Marie  de  Médicis. 

Le  soin  de  lui  rendre  un  ancien  serviteur,  le  médecin  qui  connaissait  le 
mieux  son  tempérament,  pouvait  sembler  inspiré  par  la  piété  filiale;  c'était  une 
autre  pensée  qui  préoccupait  Richelieu;  cette  moribonde,  reléguée  sur  les  bords 
du  Rhin,  troublait  encore  le  repos  du  puissant  ministre;  et  Riolan,  sous  sa  robe  de 
médecin,  cachait  un  espion  du  cardinal.  Outre  le  bulletin  très-exact  qu'il  devait 
envoyer  des  progrès  de  la  maladie,  il  s'était  engagé,  au  départ, à  bien  écouter,  à 
observer  attentivement  tout  ce  qui  pourrait  se  passer  dans  cette  pauvre  petite 
cour.età  en  instruire  fidèlement  le  ministre;  ainsi  la  reine  exilée  ne  pouvait  pas 
exhaler  une  plainte,  faire  entendre  un  cri  de  douleur  ou  de  ressentiment,  les  gens 
qui  l'entouraient  ne  pouvaient  pas  dire  un  mot  que  Richelieu  n'en  fût  aussitôt  in- 
formé. Sans  doute  la  conduite  de  cette  folle  princesse  et  des  gens  qui  étaient 
autour  d'elle,  quelle  que  fût  maintenant  leur  impuissance,  pouvait  être  encore 
l'objet  de  quelque  attention  de  la  part  du  gouvernement  ;  et  toutefois  on  ne  peut 
guère  s'empêcher  de  regretter  la  natuie  des  procédés  dont  le  cardinal  usa  envers 
elle.  La  mère  du  roi  a  vu  sa  vie  s'éteindre  dans  de  longues  soulTrances  sans  qu'un 
seul  mot  de  tendresse  de  la  part  de  son  fils  soit  venu  les  adoucir,  aigries  qu'elles 
étaient,  au  contraire,  par  le  douloureux  sentiment  des  persécutions  dont  elle 
était  toujours  poursuivie,  et  des  trahisons  dont  l'environnait  encore  celui  qui  lui 


912  LETTRES 

devait  sa  fortune;  car  elle  soupçonnait  rcspionnage,  très-habilement  organisé, 
du  reste,  qui  la  surveillait  à  Cologne. 

C'était  pendant  la  campagne  de  Perpignan  ;  Riolan  n'écrivait  jamais  au  car- 
dinal, ni  aux  personnes  qui  étaient  auprès  de  lui;  il  n'exposait  pas  sa  correspon- 
dance aux  hasards  d'une  direction  si  aventureuse,  il  ne  mettait  point  de  suscrip- 
tion  à  des  lettres  qui  auraient  pu  éveiller  la  curiosité  et  en  trahir  le  mystère.  Il 
adressait  ses  rapports  à  Paris,  au  noviciat  des  frères  prêcheurs  que  Richelieu  avait 
fondé  rue  Saint-Jacques,  et  dont  le  P.  J.-B.  Carré  était  supérieur.  Nous  avons 
parlé  plusieurs  fois  de  ce  moine,  on  sait  que  c'était  l'un  des  espions  les  plus 
actifs ,  les  plus  habiles  de  Richelieu  ;  il  avait  accès  partout ,  chez  les  grandes  dames 
qui  étaient  au  service  de  la  reine,  et  chez  la  reine  elle-même,  à  laquelle  il  offrait 
de  petits  présents  po\ir  faciliter  la  fréquence  de  ses  visites'. 

Le  P.  Carré,  à  son  tour,  n'envoyait  point  à  Richelieu  les  lettres  de  Riolan  ;  il  les 
copiait  ou  en  faisait  des  extraits  de  sa  main ,  et  mettait  au  bas  des  passages  co- 
piés :  hœc  ille;  Richelieu  n'avait  pas  besoin  qu'on  lui  nommât  cet  ille;  puis  le 
P.  Carré  continuait  la  lettre  pour  son  propre  compte  avec  les  informations  diverses 
qu'il  se  procurait  d'ailleurs.  Cette  correspondance  dura  du  2  i  janvier  jusqu'après 
la  mort  de  la  reine  mère.  Il  faut  lire  ces  lettres  pour  se  faire  une  idée  du  soin  que 
prend  l'espion  d'envenimer  les  paroles  qu'il  rapporte  au  cardinal,  et  de  rendre 
plus  blessants,  plus  irritants  pour  lui  les  incidents  qu'il  lui  raconte;  de  lui  pré- 
senter sous  un  jour  plus  odieux  les  personnages  dont  Richelieu  peut  avoir  à  se 
plaindre.  C'était  le  temps  des  intrigues  et  de  la  conspiration  de  Cinq-Mars,  et 
certes  les  rapporteurs  avaient  beau  jeu  pour  exercer  leur  zèle  dangereux. 

Ce  n'est  pas  un  point  d'histoire  sans  intérêt  pour  la  vérité,  et  aussi  pour 
l'équitable  appréciation  du  caractère  de  Richelieu,  de  montrer  combien  ses 
agents  contribuaient  souvent  à  l'aigrir,  et  quelle  part  de  responsabilité  pèse  sur 
eux  dans  le  blâme  que  méritent  certains  actes  de  sa  vie.  Si ,  malgré  l'insuppor- 
table caractère  de  Marie  de  Médicis  et  l'impossibilité  de  gouverner  avec  elle, 
on  peut  justement  reprocher  au  cardinal  l'extrême  dureté,  la  cruauté  même 
de  sa  conduite  envers  son  ancienne  protectrice,  n'est-il  pas  juste  aussi  de  lui 
trouver  quelque  excuse  dans  les  rapports  pleins  de  fiel  que  chacun  lui  faisait 
pour  lui  plaire.^  Toutes  les  injures  dont  on  le  poursuit,  tous  les  malheurs 
qu'on  lui  souhaite,  toutes  les  malédictions  qu'on  lui  lance  de  loin,  et  jusqu'aux 
railleries  de  ces  dégoûtantes  infirmités  qui  font  présager  sa  mort,  tout  cela  lui 
est  rapporté  avec  une  fidélité  perfide  et  cette  verve  de  malice  qu'anime  fes- 

'  «Le  vendredy  j'allay  à  Saint-Ger-  verte.  »  (Lettre  du  P.  Carré  à  Richelieu 
main,  où  je  vis  la  reyne,  prenant  prétexte  du  22  mai;  manuscrit  précité  de  Cologne, 
de  luy  porter  des  fèves   en  grosse  cosse        fol.  211.) 


DU  CARDINAL   DE   HICHELIEU. 


913 


pion,  persuadé  que  plus  l'insulte  est  sanglante,  plus  Richelieu  lui  saura  gré  de 
la  révélation  ^ 

Riolan  était  arrivé  à  Cologne  vers  la  fin  de  janvier,  il  avait  trouvé  Marie  de 
Médicis  très-malade  de  corps,  et  fort  mal  disposée  d'esprit  à  son  égard;  elle  se 
méfiait,  nous  l'avons  dit,  de  ce  médecin  envoyé  par  un  ennemi.  «Elle  ne  m'a 
point  parlé  de  ses  affaires,  écrit  Riolan  le  dernier  jour  de  janvier,  et  je  n'ose 
commencer  le  premier,  joinct  que  je  ne  la  vois  point  le  soir  à  minuit  où  je 
pourrois  estre  seul  avec  elle.  »  Une  autre  fois,  le  n  février,  mêlant  les  rapports 
de  sa  double  fonction,  il  avertit  que  la  reine  est  enflée,  qu'elle  souffre  d'une 
fluxion  sur  les  yeux,  et  que  le  Coigneux  s'occupe  d'une  négociation,  fort  secrète. 
Il  n'en  dit  pas  l'objet,  qu'il  ignorait,  si  même  il  existait  en  effet  une  négociation. 
Mais,  à  défaut  de  faits,  les  insinuations  perfides  ne  manquaient  pas.  Riolan  insis- 
tait avec  une  malice  habile  sur  ce  qui  pouvait  blesser  plus  cruellement  Richelieu  : 
«Ils  publient  que  M«'  mourra  de  la  maladie  dont  il  est  atteint,  ils  l'ont  faict 
imprimer  dans  la  gazette. ..  ils  adjoustent  que  Cinq-Mars  possède  le  roy  et  gou- 
verne ses  affaires,  que  M^''  a  le  mal  d'Antiochus,  qu'il  est  couvert  d'ulcères  ver- 
mineux.  •  Des  religieux  voulant  écrire  au  cardinal  ont  demandé  à  Fabroni  les 
qualités  qu'on  donne  à  Monseigneur.  »  Il  ne  les  voulut  déclarer,  dit  Riolan,  au- 
trement que  les  suivantes:  Au  plus  ingrat  et  meschant  homme  de  la  terre.  • 

Les  rapports  continuaient  de  plus  en  plus  remplis  d'aigreur.  La  reine  a  été  fort 
malade,  elle  gémit  de  sa  misère,  elle  se  plaint  qu'on  la  veut  faire  mourir  de  faim, 
il  n'y  a  point  d'argent  pour  la  nourriture  des  petits  officiers  ;  il  est  dû  deux  mois, 
et  à  moy  trois,  ce  qui  me  fasche  fort^. . .  «  Ils  maudissent  le  cardinal,  ils  atten- 
dent la  mort  du  roy ...  ce  malheur  pourra  tomber  sur  la  reyne-mère  si  la  toux 


'  Rien  de  ce  qui  se  passait  chez  la  reine 
mère  n'échappait  aux  critiques  de  Riolan  ; 
il  se  plaint  qu'il  est  arrivé  de  Florence  à 
la  reine  un  apothicaire  avec  sa  suite  :  «  ils 
ne  sçavent  ny  latin,  ny  françois,  mais  ils 
savent  fort  bien  faire  des  conlilures,  des 
pasles,  des  eaux  de  senleur,  des  muscar- 
dins.  ..  »  11  y  a  là  une  perfidie  de  Fa- 
broni, dit  Riolan.  ail  veut  avoir  en  son 
pouvoir  la  bourse,  le  corps  et  la  vie,  et 
fâme  de  la  reyne,  car  il  luy  a  donné  con- 
fesseur, aomosnier,  cuisinier,  apothicaire, 
il  ne  faut  plus  que  le  médecin.»  On  sait 
que  cet  Italien  était,   depuis  l'exil  de  la 

CAAOn.  DE  RICHELIEU. VII. 


reine  mère,  son  homme  de  confiance  et 
l'intendant  de  sa  maison. 

'  Le  père  Carré,  en  transmettant  ces 
correspondances,  n'a  pas  une  parole  de 
pitié  pour  Marie  de  Médicis;  c'est  sur  l'es- 
pion qu'il  s'apitoie  :  «  j  ay  compassion  de 
M.  Riolan,  qui  est  dans  la  disette.»  C'est 
qu'en  effet  il  parait  que  le  cardinal  ne 
payait  pas  à  terme  fixe  ses  loyaux  services  ; 
Riolan  s'en  plaint  en  désesp<^ré,  ci,  ce  qui 
est  curieux ,  il  s'indigne  qu'on  le  soupçonne 
d'espionnage.  «  Ils  me  veulent  faire  mourir 
de  faim  et  me  faire  assassiner  par  des  sol- 
dats espagnols  de  la  ville. .  .  ils  publient 

ii5 


914  LETTRES 

et  l'oppression  lui  continue,  •■  ajoute  le  docteur,  d'un  ton  où  semble  percer  l'espé- 
rance de  perdre  bientôt  sa  malade. 

Cependant  des  nouvelles  venues  de  France  annonçaient  une  amélioration  dans 
la  santé  de  Richelieu  (6  mai)  :  «J'apprends  la  guérison  de  M«^  écrit  Riolan;  on 
s'attendoit  icy  à  sa  mort,  et  ils  pubiioient  qu'il  estoit  à  l'extrémité,  avec  des  im- 
précations abominables,  fulminées  par  le  confesseur  de  la  reyne  et  Fabroni.  »  Et 
Uiolan  répète,  dans  chaque  lettre,  les  insultes  faites  au  cardinal,  les  réjouissances 
de  tout  ce  monde-là  si  l'on  apprend  quelque  revers  de  la  France ,  les  insolences 
de  Fabroni  accusant  le  cardinal  d'indignes  entreprises  sur  les  débris  de  la  fortune 
de  la  reine  qu'il  sait  près  de  sa  fin. 

En  effet,  la  reine  mère  se  mourait  :  «  Ce  n'est  plus  qu'un  schlet  {sic)  qui  a  tou- 
jours courte  haleine,  »  disaient  les  bulletins  de  Riolan,  2  3  mai;  et  le  3  juin  :  «  La 
reyne  a  été  fort  mal,  et  je  répète  le  secret  qu'elle  ne  passera  cette  année ^  » 
Elle  passa  à  peine  un  mois;  elle  était  morte  le  3  juillet;  le  P.  Carré  mandait  le 
i5  à  Richelieu  :  «  Je  donne  advis  à  V.  Ém.  de  la  mort  de  la  reyne-mère,  qui  ar- 
riva jeudi  dernier  entre  midi  et  une  heure.  Cette  pauvre  princesse  estoit  telle- 
ment aveuglée  de  sa  créance  aux  astrologues  que  le  mercredi,  veille  de  sa  mort, 
elle  dit  à  son  médecin  qu'elle  ne  mourroit  pis  deceste  maladie;  Riolan  luy  répar- 
tit hardiment  qu'elle  ne  debvoit  pas  s'ari^ster  à  cela  et  qu'elle  n'avoit  pas  vingt- 
quatre  heures  à  vivre.  » 

Et  la  malheureuse  reine  laissa  par  son  testament  20,000  francs  à  cet  espion 
brutal  2. 

On  a  vu ,  dans  la  lettre  précitée  du  2  2  juillet ,  ce  que  Richelieu  décida  au  sujet 
du  testament. 

Cette  correspondance  de  Riolan  forme  un  journal  très-circonstancié  des  six 
derniers  mois  de  la  vie  de  Marie  de  Médicis.  Il  montre  ,  en  même  temps  que  sa 
misère  et  ses  douleurs,  l'ardeur  et  l'impuissance  de  sa  haine;  sa  colère  s'exhalait 
en  paroles;  à  Cologne  elle  était  tout  à  fait  hors  d'état  de  nuire  à  la  France,  et 
c'est  ce  qui  donne  un  caractère  plus  regrettable  aux  persécutions  qui  augmen- 
tèrent les  douleurs  de  ses  derniers  jours. 

sourdement  que  je   suis  pensionnaire  de  écrits  en  très-gros  caractères  ;   il  est  pro- 

M'' ,  un  trahistre  ,  espion  ...  M.  le  cardi-  hable  que  l'intention  de  ce  grossissement 

nal  ni'avoit  dict  qu'on  auroit  soing  de  moy  ,  était  de  Riolan. 

et  je  n'en  voy  pas  les  effects.  »  '  Riolan  ajoute  dans  la  lettre  que  nous 

.  '   Dans  fautographe du  père  Carré  qui,  citons  .-«Son   testament  mal  fait  pourroit 

nous  favons  dit,  transcrivait,  pour  le  car-  estre  cassé;  je  prie  qu'il  soit  validé,  ayant 

dinal,  les  lettres  de  Riolan,  ces  mots  sont  autant  que  M.  d'Aquin,  20,000  francs.  » 


DU   CARDINAL  DE   RICHELIEU. 


915 


NOTA. 


Arrivé  au  terme  de  ce  long  travail  et  de  recherches  où  nous  avons  tâché  de 
mettre  autant  de  soin  que  de  persévérance ,  nous  aurions  vouhi  trouver,  pour 
clore  ce  recueil  .quelque  pièce  d'une  certaine  importance  politique  et  d'un  sérieux 
intérêt  touchant  les  affaires  d'Etat.  La  dernière  lettre  que  nous  ayons  recueillie,  où 
le  cardinal  s'occupe  des  choses  du  gouvernement,  est  du  2  4  octobre:  il  se  félicite 
et  remercie  Dieu  de  la  victoire  deLérida,  et  prescrit  les  mesures  nécessaires  pour 
maintenir  l'autorité  française  dans  la  Catalogne  (p.  iSa  ci  dessus).  De  ce  moment 
nos  manuscrits  ne  nous  fournissent  plus  une  seule  pièce  de  Richelieu  concernant 
la  politique  générale.  Aux  Affaires  étrangères,  dans  les  diverses  collections  qui  se 
rapportent  aux  divers  Etats  de  l'Europe,  nous  n'avons  pu  recueillir  un  seul  écrit 
qui  nous  ait  paru  dicté  par  Richelieu.  De  môme  à  nos  grandes  Archives,  à  la 
Bibliothèque  nationale  et  dans  les  autres  dépôts.  La  collection  France  aux  Affaires 
étrangères,  et,  à  la  Bibliothèque,  le  fonds  Harlay,  nous  offrent  seuls  quelques 
documents  où  l'on  reconnaît  son  œuvre  propre;  mais  ces  documents  sont  d'un 
intérêt  pour  ainsi  dire  personnel;  ce  sont  des  écrits  où  se  révèlent  le  sentiment 
profond  des  difficultés  de  sa  situation,  et  la  pressante  nécessité  de  conjurer  les 
périls  qui  le  menacent;  ce  sont,  on  l'a  vu  (p.  i55  et  suivantes  ci-dessus),  des 
mémoires  contre  Cinq-Mars,  dictés  par  Richelieu  pour  être  mis  sous  les  yeux  du 
roi,  ce  sont  les  instances  assidues  de  Chavigni  auprès  de  Louis  XIII,  pour  con- 
traindre ce  prince  à  éloigner  de  sa  personne  les  hommes  qui  peuvent  nuiie  au 
cardinal,  instances  où  Chavigni  seul  parait,  mais  où  c'est  en  effet  Richelieu  qui 
parle.  Il  craignait  chez  Louis  XHI  les  souvenirs  du  procès  de  Lyon  ;  il  savait  que 
les  chagrins  et  les  mauvaises  humeurs  du  prince  étaient  incessamment  aigris  par 
des  ennemis  qui  avaieut  l'oreille  du  roi  :  Leub  disgbAce  ou  sa  ruine,  telle  était,  à 
ce  moment,  en  apparence  du  moins,  la  principale  préoccupation  du  cardinal. 

Il  existe  pourtant  un  document,  se  rapportant  aux  derniers  moments  de  Riche- 
lieu, qui  serait  d'un  vif  intérêt  et  que  nous  n'aurions  pas  manqué  d'imprimer  si 
nous  l'eussions  cru  authentique.  Une  lettre  '  adressée  à  Mazarin  par  Richelieu 
mourant,  le  grand  ministre  léguant,  pour  ainsi  dire,  à  son  illustre  successeur, 
le  gouvernement  de  la  Fiance,  quoi  de  plus  curieux  pourrions  nous  produire  à 


'  Durant  la  préparation  de  son  grand 
travail  sur  Mazarin ,  M.  Chéruel  avait  trouvé 
cette  copie  à  la  Bibliothèque  nationale, 
boite  du  Saint-Esprit,  n°  117.  Nous  ne  la 
connai.ssions  pas,   et  il  a  eu   l'obligeance 


■de  nous  findiquer.  On  peut  la  lire  dans 
l'introduction  de  son  premier  volume, 
p.  1 9  ;  elle  est  bien  faite  et  elle  mérite  d'être 
lue. 


916  LETTRES 

cette  place?  Mais  nous  n'avons  pas  pu  la  donner  comme  œuvre  du  cardinal. 
Nous  l'avons  examinée  avec  une  sérieuse  attention  et  avec  le  désir  de  l'adopter, 
mais  il  ne  nous  a  pas  été  possible  de  fermer  les  yeux  aux  signes  d'une 
fabrication  manifeste.  Cette  copie,  dont  rien  n'indique  la  source,  n'a  pu  être 
prise  sur  un  original  du  ministre;  elle  commence  par  le  mot  Monsieur;  or  ja- 
mais Richelieu  n'a  écrit  à  un  cardinal  sans  mettre  :  Monseigneur;  elle  se  ter- 
mine par  cette  sèche  formule  :  voslre  irès-humble  serviteur;  toutes  les  lettres  de 
Richelieu  à  Mazarin  que  nous  avons  lues  portent  le  caractère  d'une  affectueuse 
intimité,  et  nous  l'avons  vu  effacer  soigneusement  une  formule  banale  qu'un 
secrétaire  avait  écrite  (p.  852),  pour  y  substituer  les  paroles  dont  il  use  avec 
ceux  qu'il  aime.  La  signature  diffère  de  la  véritable,  et  d'ailleurs,  s'il  eût 
existé  un  original  de  Richelieu,  il  n'y  aurait  point  eu  de  signature.  Depuis  le 
mois  d'avril,  pas  une  seule  lettre  du  cardinal  n'a  été  signée  (voy.  notre  t.  VI, 
p.  9o3).  Ajoutons  que  les  termes  mêmes  de  la  lettre  disent  qu'elle  fut  écrite 
lorsqu'il  ne  restait  plus  à  Richelieu  aucun  espoir  de  guérison;  pourquoi  alors 
écrire  à  Mazarin ,  qui  ne  quittait  plus  le  lit  du  malade?  Si  l'on  nous  objectait  que 
tous  ces  indices  que  nous  donnons  pour  des  signes  de  fabrication ,  Richelieu  a 
bien  pu  ne  les  pas  remarquer  au  moment  suprême,  la  lettre  répondrait  elle- 
même;  elle  atteste  une  intelligence  tout  à  fait  maîtresse  de  soi,  très-nette  et 
très-altentive.  La  vérité  est  que  Richelieu  mourant  a  recommandé  très-chaude- 
ment Mazarin  au  roi  pour  être  son  successeur;  les  témoignages  sont  unanimes  à 
cet  égard,  et  Mazarin  l'a  répété  dans  vingt  lettres  écrites  en  ce  temps-là;  mais  tout 
s'est  passé  en  paroles. 

A  défaut  d'une  pièce  importante,  nous  voulons  du  moins,  pour  terminer  di- 
gnement ce  recueil,  rappeler  ces  mémorables  paroles,  qu'on  ne  nous  reprochera 
pas  de  répéter,  et  qui,  écrites  au  lit  de  mort  de  Richelieu,  ont  toute  l'énei'gie 
patriotique  et  toute  la  fierté  de  ses  plus  belles  années  : 

«Il  faut  que  l'Italie  sente,  aussi  bien  que  tous  les  autres  estats de  la  mai- 
son d'Autriche,  que  le  chapelet  de  l'Espagne  est  défilé.  • 

C'est  là  sans  doute  la  dernière  pensée  écrite  du  cardinal. 

Richelieu  a  conservé  jusqu'à  la  fin  la  puissance  de  son  génie  et  la  fermeté  de 
son  caractère.  Sa  mort  n'a  point  démenti  sa  vie  ;  elle  a  prouvé  ce  que  nous  avons 
dit,  sans  aucune  intention  de  justifier  ce  qui  ne  nous  paraît  pas  excusable,  mais 
ce  que  nous  avons  répété  plusieurs  fois  (car  nous  avions  à  cœur  d'en  convaincre 
le  lecteur) ,  que  tout  ce  que  Richelieu  a  fait ,  il  l'a  fait  avec  la  conviction  de  bien 
faire,  et  il  est  resté  calme  devant  cette  terrible  responsabilité  de  l'homme  qui  va 
paraître  devant  Dieu  chargé  du  poids  de  vingt  ans  de  règne. 


SOMMAIRES   DES   LETTRES 


DONT  LE  TEXTE  N'EST  PAS  COMPRIS  DANS  LE  SUPPLEMENT. 


DATES 
et 


LtECX  bB  DATES. 


SDSCRIPTION 

DES  LETTflF.8. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

BT   SOURCES. 


1616. 
20  juin. 


2  5  juin. 
Paris. 


2  7  novembre  *. 


i3  décembre. 


A  M.  de  Saint-Clair  '. 


A  M.  de  Guron. 


A  M"  ips  trésoriers  des 
finances. 


Le  roi  au  marquis  de 
TresneL 


1616. 

«M',  j*ay  eu  un  extrême  déplaisir  de  ne  vous  avoir  pas  ren- 
contré auprès  de  M*'  le  Prince'.  Je  mets  cette  lettre  au 
hasard,  ne  sachant  pas  si  vous  y  estes  encore  présent.»  Si 
vous  y  êtes  «je  vous  conjure  de  contribuer  ce  qui  est  m 
vous  [>our  le  commun  bien  duquel  deppend  le  salut  de 
Testât,  et  disposer  M*'  à  hasler  son  retour»..  .«  Quelques- 
uns,  iaschez  de  l'entremise  baslie  par  le  bon  père,  pour 
i'inlelligence  et  union  de  LL.  MM.  interprètent  le  sujet  de 
mon  voyage  à  leur  poste,  mais  je  ne  me  soucie  pas  beau- 
coup de  quoy  qu'on  puisse  dire  pourveu  que  je  fasse  bien. 
—  Ne  vous  mettes  point  en  peme  de  vostre  brevet,  tout 
vient  à  temps  qui  peut  attendre..  .  » 

Ârch.  des  AIT.  étr.  France,  t.  XXVII,  fol.  4ô.  —  Miaute  de  la 
main  de  Céberet,  «vfc  qaelqiies  mots  de  Ricbeliea. 

Richelieu  lui  exprime  le  regret  de  n'avoir  pas  vu,  avant  leur 
départ,  ses  enfunls ,  dont  il  fait  l'éloge. 

Imprimée. —  Abrité  de  Vhist.  da  Poitou,  par  Thibaudeaa  ^, 
t.  VI,  p.  io5. 

Richelieu  leur  annonce  sa  nomination  rie  secrétaire  d'État,  en 
remplacement  de  M.  de  Puysieux. 

Catilc^e  d'une  vente  d'aatographo»,  en  juin  i86o, 

«  Ne  pas  manquer  de  lesmoigner  à  S.  S,  la  grande  recognois- 
sance  que  j'av  de  sa  bonne  volonté,  dont  je  me  promets  la 
continuation...  ainsy  que  je  suis  le  fils  aisné  de  l'église, 
ainsy  y  serai-jc  tousjours  le  plus  affectionné.  J'espère  le 
faire  paroîstre  en  l'occasion  qui  se  présente  des  guerres 
d'Italie,  à  l'assoupissement  desquelles  je  veux  travailler  plus 
que  jamais  avec  Sa  Sainteté.  J'escrit  amplement  au  s*^  de 
béthune  à  ce  sujet.» 

Minute^.  —  Arch.  des  AfT.  étr.  Rome,  t.  XXIII. 


'  Nous  voyons  dans  une  lettre  que  ce  pcrsoonage  adresse  i  Ricliclieu ,  datée  de  Saint-Clair,  lo  aS  j  uillel ,  qup ,  par 
l'iotervention  de  i'évéqoo  de  Lnçon ,  il  venait  de  recevoir  de  la  reine  mère  un  brt^vet  de  conseillrr  d'Etat.  C'était  sans 
doute  en  récompense  de  ce  qu'il  avait  contribua  an  retour  de  M.  le  Prince.  (Voy.  cudessus ,  p.  Sig.  )  La  lettre  du 
»'  de  SaÎQï-Clair  est  signée  :  Vidard.  (AfT.  étr.  t.  XXVII,  pièce  47']  Nous  avons  noté  dans  notre  premier  volume, 
p.  43 1,  une  faveur  accordée  à  un  s'  Vidard  ;  c'est  sans  doute  le  même.  La  lettre  do  Richelieu  est  do  mars  1617. 

'   Ain^i  le  voyage  do  Hichelien  en  Berri  est  antérieur  au  30  juin. 

'  Je  n'ai  point  vu  le  manuscrit  ;  l'auteur  dît  que  la  lettre  a  été  copiée  sur  l'originnl;  toutefois  je  I.1  note  sous  toutes 
réserves  :  Ricbeliea  y  parle  de  sa  vieillestt  ;  il  avait  trente  ans  ;  ce  peut  être  là  one  plaisanterie;  mais  il  ajoute  ,  au  sujet 
des  enfants  de  Guron  ,  qui  vont  faire  un  voyage  :  «Je  ne  doute  point  que  la  vue  des  pays  eatrangcrs  ne  leur  profite  beau- 
coup ;  pour  moy  je  me  suis  contenté  par  force  de  celle  d«  ma  patrie  jusqu'ici  ;■  or  on  sait  qu'en  1606  Richelieu  avait 
paué  quelque  temps  h  Rome. 

*  Le  catalogue  dooneà  cette  lettre  la  date  du  27  avril,  c'est  une  erreur;  Richelieu  fat  nomme  en  novembre. 

'  Sur  cette  matière  une  lettre  plut  développée  a  été  faite,  dont  la  mise  au  net  est  classée  (rois  feuillets  pla»  loin. 


918 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 

et 

LIBVX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    SODnCES. 


1616. 
î7  décembre. 


Lettre  du  roi  au  duc  de 
Bouillon . 


28  décembre 


Le  roi  à  M.  de  Tresnei. 


Premiers  jours 
de  janvier^. 


1 5  janvier. 


i5  janvier. 


■}.  2  janvier. 


Mémoire  baillé  à  M.  de 
Schomberg ,  touchant 
les  électeurs  et  estats 
d'AlleniagiiP. 


L.e  roi  répond  à  une  lettre  datée  de  Sedan,  le  \k  décembre, 
«que  la  plainte  qu'il  luy  faisoit  n'estolt  que  pour  prévenir 
celles  que  le  roy  avoit  sujet  de  faire  de  luy,  ou  tenir  les 
peuples  en  une  fausse  créance  qu'ils  estoient  maltraittés, 
que ,  s'il  estoit  sage ,  au  lieu  des  remèdes  dont  il  menaçoit. .  . 
il  n'en  rccberch croit  point  d'autre  que  !a  bonne  grâce  de 
S.  M.  à  laquelle  il  esloit  obligé  de  tout  le  bien  qu'il  avoit  *.  » 
Imprimée.  —  Mercure françoit  ^  t.  IV,  p.  354  de  1616. 

licmercicr  Sa  Sainteté  du  gratis  des  bulles  de  l'arcbevesché  de 
Tours,  donné  à  l'abbé  oeMarmoulier;  et  aussy  le  cardinal 
Borghese ,  qui  y  a  beaucoup  contribué. . .  Asseurer  le  cardi- 
nal Dellin  que,  m'ayant  servy  comme  il  a  faict ,  je  ne  vou- 
droispournen  qu'il  ne  peust  jouir  désormais  du  profit  qu'il 
tire  des  propositions  et  propiiies  dont  il  appréhende  d'estre 
privé..  .  il  importe  à  ma  réputation  qu'on  sache  que  je 
traitte  bien  mon  cousin  le  cardinal  Delfin,—  Différend  sur- 
venu en  Avignon ,  entre  les  officiers  du  pape  et  ceux  du  roi. 

Minute. —  Aff.  étr.   Rome,  l.  XXIII.  \on  coté. 


1617. 

Pour  le  premier  point,  porter. à  S.  A.  palatin  et  aux  autres 
Électeurs,  princes  et  Estais  de  l'Empire,  une  résolution 
conforme  à  leur  dignité,  le  roi  prenant  la  résolution  de 
changer  quelque  chose  au  cérémonial  de  la  réception  de 
leurs  ambassadeurs.  —  Pour  le  second  point,  porter  une 
bonne  et  royale  déclaration  sur  l'affaire  de  la  succession  de 
Clèvcs  et  Julliers,  que  S.  M.  ne  manquera  pas  de  faire 
tous  les  offices  pour  faire  entretenir  le  traitté  de  Xanten.. . 
«Pour  le  troisiesme,  porter  asseurance  du  remboursement 
delcurdcu,  par  le  roy,  en  resIabUssant  un  fonds  certain.» 
Arch.  des  Aff.  étr.  Allemagne,  t.  V,  foL  3o3.  -Mise  an  nei. 

«Je  vous  ay  informé  de  ce  qui  se  passe  ici  le  5  de  ce  mois; 
maintenant  je  vous  donne  avis  que  le  baron  du  Tour  ira 
dans  peu  de  jours  en  ambassade  au  lieu  où  vous  estes;  faites 
le  possible  pour  qu'il  soit  receu  comme  LL.  MM.  le  peuvent 
désirer.  A  son  départ,  je  vous  instruiray  du  sujet  de  son 
voyage.» 

Arch.  des  AfF.  élr.  Angleterre,  t.  XXVI,  fol.  iji.  —  Minute. 

Lettre  qui  rappelle  celle  du  i*"'  janvier  (ci-dessus,  p.  33o). 
Arcb.  des  Aff.  étr.  Espagne ,  t.  XII ,  fol.  35^.  —  Minute. 

Cette  lettre  est  imprimée  dans  notre  i"  vol.  p.  270,  à  la  date 
du  22,  mais  ]v.  commencement  manque;  je  le  trouve  dans 
cette  minute.  On  y  voit  que  de  plusieurs  lettres  écrilcs  par 

'  Hicheireu  fait  l'eilrait  de  celte  lettre  dans  ses  Mémoires  (t.  I ,  p.  37a  ),  et  il  ajoute  :  «S.  M.  fit  respons.;  à  M.  de 
Bouillon,  le  27,  avec  plus  de  vigueur  que  l'on  u'avoit  pas  accoustume  du  temps  des  autres  ministre». . .  Ce  procédé 
vigoureux  du  roi  sentant  plus  Sa  Majesté  royale  que  la  conduite  passée.  »  Le  P.  Grîffet  fait  la  même  remarque  en  attri- 
buant à  l'cvêquc  de  Luçou  les  rcpousos  adressées  en  ce  temps-là  aux  princes  mécontents.  (T.  I,  p.  16S.) 

*  Ce  mémoire  a  sans  doute  été  joint  ù  l'instruction  faite  pourM.  de  Schomberg,  le  29  décembre  1616;  le  manuscrit 
n  en  donne  point  le  qu.Tntièine  ,  mais  la  pïèfe  doit  ^Irp  des  premiers  joues  de  janvier. 


A  M.  Desmarets, 


A  M.  de  Scnecey. 


A  M.  Du  Maurier. 


NON  IMPRIMEES   DANS   LE  SUPPLEMENT. 


919 


DATES 


LIBCZ  DB  DITES. 


1617. 


2  3  janvier. 


Ide, 


► 


0  lanvier. 


3o  janvier. 


SUSCRIPTION 


DBS  LETTRES. 


Le  roy  au  cardinal  de 
Bonzy. 


A    M.    le    marquis   de 
Tresnel. 


[A  M.  DfsmareU. ] 


A    M.  te    marquis    de 
Tresnel. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    SOURCES. 


i'ëvêque  de  Luçon ,  du  Maurier  n'eu  a  reçu  (ju'une.  Par 
une  des  lettres  perdues,  fllclielieu  lui  mandait  qu'on  lui 
accordait  sa  demande  de  revenir  en  France  et  que  «le  roy 
envoyoit  M.  de  La  Noue  vers  M"  les  Estats.»  —  S'enquérir 
de  ceux  qui  avaient  pris  les  paquets  du  roi,  afin  de  les 
faire  châtier. 

Minute.  —  Arch.  .les  Aff.  étr.  Hollande,  t.  VIII.  fol.  17.  — 
Au  foL  19,  avec  la  date  du  a3,  se  trouve  la  miDute  du 
P.  S.  Imprîiuc  p.   37a  de  Dotre  premier  volume. 

«  S.  S.  a  accordt^  à  l'abbé  de  Marmouticr  *  le  gratis  des  buUes 
pour  Tarchevesché  de  Tours.. .  Le  s'  évesquede  Cominges 
prétend  une  pension  de  1 100**  sur  cet  arcuevcsché.  L'abbé 
de  Marmoutier  estime  avoir  des  raisons  pour  ne  la  point 
payer;  Je  vous  prie  de  faire  en  sorte  qu  il  ne  soit  fait  en 
ces  bulles  aucune  mention  de  la  d.  pension.» 
Arcli.  des  Aff.   étr.  Rome,  t.  XXIIL   —  Minute. 

Accusé  de  réception  des  lettres  du  i*'  décembre  et  de  la  re- 
lation qu'il  lui  a  demandée  par  «le  désir  que  j'ay  de  me 
rendre  capable  de  la  charge  dont  LL,  MM.  m'ont  daigné 
honorer,  qui  requiert  la  cognoissance  des  pays  et  des  per- 
sonnes avec  qui  on  a  queUjuc  chose  à  Iraittcr. .  .  Le  roy 
vous  rappelant,  j'espère  apprendre  de  vive  voix  ce  que 
vous  n'avez  pu  confier  au  papier.  — Vous  verres,  par  une 
autre  lettre  que  je  vous  escris  et  les  pièces  encloses.  Testât 
des  affaires  présentes.» 

Arcb.  des  Air.  étr.  Rome,  t.  XXIIL  —  Minute. 

«  Vous  ayant  escrit  le  3*  décembre,  5*,  ii'el  i5*decemoià, 
je  m'estonne  n'avoir  aucunes  nouvelles  de  vous.»  —  Kiche- 
lieu  s'en  prend  au  peu  de  soin  du  maître  de  la  poste  de 
Calais  '. 

Arch.  des  AfT.  étr.  ADgIcterre,  t.  XJCVl,  fol.  loo.  —  Minute. 

f  Le  roy  vous  ayant  mandé  le  23  de  ce  mois  qu'il  désiroit 
que  vous  partisslés  de  Home  au  mois  de  mars  prochain , 
pour  faire  place  à  M.  de  Marillac  qui  va  vous  relever,  je 
prends  la  plume  pour  vous  dire  de  nouveau,  de  sa  part, 
qu'il  entend  que  vous  eflectuiés  sa  volonté,  au  temps  qu'il 
vous  a  prescrit  '.  n —  Rccommantlation  d'agir  avec  beaucoup 
d'instance  pour  l'affaire  du  gratis  des  bulles  de  l'abbé  de 
Marmoutier,  «personne  que  le  roy  affectionne  autant  cpi'il 
se  peut  dire.  >i 

Arth.  des  Aff.  ctr.  Rome,  t.  XXIII.   —  Mise  au  npt. 


'    On  sait  qu'il  était  frère  de  la  maréchale  d'Ancre. 

'  Dans  une  lettre  du  21  février  Desmarets  se  justifie  du  reproche  qui  perçait  dans  cette  lettre  de  Hichelicu;  il  n'a 
reçu  les  lettres  à  loi  écrites  qu'après  de  longs  retards. 

'  Le  marquis  de  Tresnel  ne  se  pressait  pas  d'ohcir;  il  écrivait  et  faisait  écrire  par  l'abbé  du  Noiet ,  auditeur  de 
Rote,  des  lettres  qui  montraient  peu  de  di'férence  pour  Hicbelieu  ;  il  mandait  i  la  reine  mère  que  l'évêque  de  Luçon 
l'accniait  H  tort  d  avoir  failli,  et  que  n'ayant  pas  reçu  d'elle  Tordre  de  partir,  il  l'attendait  «  le  pied  j^  l'élricr.  >  M.  du 
No«et  mandait  de  ton  côte  :  ique  puisqu'il  (M.  de  Tresnel)  n'avoit  receu  aucun  coaimaodcment  de  LL.  MM.  ni  de 
M.  Mangot  pour  partir  au  printemps  prochain,  il  uo  peut  imaginer  qu'on  l'accuse  de  désobéissance.!  (Lettres  du 
3o  et  du  3i  janvier,  même  ras.  de  Rouie.  )  Mais  avant  mime  que  ces  lettres  fussent  parvenues ,  Richelieu  répondait 
aux  premières  hésitations  de  l'ambassadeur  sur  le  ton  de  sévérité  un  peu  rade  qu'on  vient  de  voir.  Cea  Messieurs  no 
connaissaient  pas  encore  If  oonveati  ministre  ;  ils  ne  tardèrent  pas  à  s'apercevoir  qu'ils  o'avaieiK  plus  alTaire  &  un  secré- 
taire d'Etat   ordinaire. 


920 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 
et 

LIEUX  DE  DATES. 


1617. 

3o  janvier. 
6  février. 


février. 


i5  février. 


1 7  février." 


SUSCUIPTION 

SES  LETTRES. 


A  M.  de  Senecey. 


A     M.     le     marcschal 
d'Ancre. 


A  M.  Du  Maurier. 


Le  roi  à  M.  le  marquis 
de  Tresnel  '. 


A  M.  l'abbé  d*Aumale. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET    SOURCES. 


Lettre  de  compliments. 

Minute.  —  Arch.  deo  Aff.  étr.  t.  XII ,  fol.  356. 

"Ces  trois  mots  ne  sont  que  pour  vous  tesmoigner  que  le 
cours  du  monde  est  encore  tel  icy  que  vous  Vy  avés  laissé. . . 
On  dit  que  ces  messieurs  qui  estoient  à  Soissons. , .  ont 
dessein  de  faire  une  équipée  jusques  près  des  portes  de 
Paris,  mais  il  n'y  a  aucune  apparence  qu'ils  l'osent.  Nous 
avons  envoyé  les  recognoistre  et  fait  passer  des  compagnies 
des  gardes  dans  les  faubourgs  qui  sont  de  leur  ccsté. .  .  » 

Arch.  des  AfF.  étr.  France,  t.  XXVJII,  pièce  8.  —  Copie. 

«  M',  j'ay  esté  très  ayse  de  voir  par  vostre  lettre  du  i  g*  jan- 
vier l'advis  que  vous  me  donnés  touchant  l'homme  dont 
vous  me  parlés  par  icelle  '.»  Richelieu  annonce  qu'il  écrit 
à  M.  de  La  Noue,  afin  qu'il  se  tienne  sur  ses  gardes,  et  il 
espère  que  Du  Maurier  est  en  position  de  déjouer  toutes  les 
pratiques  contraires  aux  mtérêts  de  la  France  et  au  service 
da  roi. 


Arch.   des  Aff.  ^tr.  Hollande, 
la  main  de  Celreret. 


t.  VIII,  fol.  36.  -  Minute  de 


«  ...Je  ne  puis  que  je  ne  loue  grandement  Sa  Sainteté  voyant 
ie  zèle  avec  lequel  elle  se  porte  à  la  réunion  de  ses  enfants, 
et  ne  luv  rende  un  particulier  remerciement  de  l'estime 
qu'elle  laict  de  moy,  m'ayant  jugé  propre  à  l'avancement 
d'un  sy  bon  œuvre.. .  —  Vous  ayant  mandé  de  partir  de 
Rome,  au  mois  de  mars ,  pour  venir  me  trouver...  j'estime  que 
la  première  dépeschc  que  vous  recevrez  après  celle-cy  vous 
rencontrera  par  les  chemins. . . —  Mon  frère  le  roy  catholique 
s'estant  entremis  d'accorder  l'archiduc  de  Gralz  et  les 
Vénitiens,  a  eu  procuration  à  cette  fin  de  fEmpereur  mon 
frère...  et  il  m'a  fait  dire,  par  le  doc  de  Montéléon,  qu'en 
ma  considération  il  vouloit  consentir  entièrement  l'exécu- 
tion du  traitté  d'Asti,  qui  est  ce  pourtjuoy  on  estoit  venu 
aux  armes.  Je  ne  doute  point  que  l'Italie  ne  soit  en  paix  bien- 
tost,  veu  que  le  roy  catholique  et  moy  sommes  d'accord 
que  ce  traitté  s'exécutera  à  Rome  devant  Sa  Sainteté,  qui 
aura  un  soin  particulier  d'en  haster  l'accomplissement.. .  » 

Arch.  des  Aflf.  étr.  Rome,  t.  XXIJL  —  Minute. 

«J'ay  receu  vostre  lettre  du  1 7  janvier,  et  le  mémoire  touchant 
fafl'aire  dont  vous  m'escrivés. . .  »  J'envoie  à  M.  de  Tresnel 
«une  lettre  de  cachet  portant  commandement  pour  la  pa- 
rachever.»—  J'écris  amplement  à  M.  l'ambassadeur  de  qui 
vous  pourrez  apprendre  les  nouvelles  de  deçà. 
Arch.  de»  AfF.  étr.  —  Rome,  t.  XXIIL  —  Minute. 


'  Du  Mnurler  avait  mandé,  par  cette  lettre  du  ig  :  «11  est  très  nécessaire  que  M.  de  La  Noue  ayt  ordre  de  ne  voir, 
ny  avoir  aucune  communication  avec  Aerssens  pour  l'ouverte  profession  qu'il  faict  depuis  quatre  ans  de  desservir  icy  le 
roy,  faisant  encore  à  présent,  comme  l'ambassadeur  de  M.  île  Bouillon,  tout  le  pis  qu*il  peut  k  la  Franct» .  demenrant 
tousjours  attaché  aux  oreilles  du  prince  Maurice  pour  l'csmouvoir  par  la  considération  i\cs  inlcrests  de  ses  prorhes. . .  1 
«  Ayant  de  longue  main  étroite  amitié  avec  M.  de  La  Noue,  Acrssons  se  promet  morvrili«3  de  la  facilité  et  bonté  de 
son  naturel.  •  (Ms.  précité,  fol.  aa.)  —  (Voy.  t.  I ,  p.  391,  un  extrait  pris  à  la  Bibliothèque  impériale.) 

^  Au  dos  ,  le  nom  et  la  date.  ' 


NON   IMPRIMEES   DANS   LE   SUPPLEMENT. 


921 


DATES 


LIEOK   DE  DATES. 


1617. 
19  fihrrier. 


Idei 


¥ 


25  fé 


2t>  It'vner. 


Idtn 


28  ft^vrier. 


SUSCRIPTION 

DES  LBTTRES. 


A  M.  de  La  Noue. 


Le  roi  à  M.  du  La  Noiic. 


Idem. 


Le  roi  a  M.  du  Maèrier 


Le  roi  ix  M.  le  marquit 
de  Tresnel. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    SODBCE». 


M.  de  La  Noue  a  mandé,  de  BruxeUes,  le  3i  janvier,  qu'il  so 
rendrait  dans  peu  de  jours  en  Hollande;  rëvéque  de  Luçon 
lui  recommande  de  solliciter  de  M"  les  États,  aussitôt  son 
arrivée,  l'envoi  des  ^  mille  Hollandais  promis.  LL.  MM. 
consentent  «qu'il  y  aytcn  ces  troupes  quatre  compagnies  de 
chaque  régiment  de  ceux  qu'Ellcs  entretiennent  auprès 
d'eux  et  le  reste  de  Hollandois. .  .  * 


Arch.  (les  AIT.  étr.  Hollaude , 
la  maiu  de  Gébcr«t. 


t.  VIII,   fol.  38.  —  Minute  de 


L'intention  du  roi  est  de  retirer  ses  troupes  de  Hollande, 
pensant  en  avoir  besoin  au  printemps..  .  Cependant,  sur 
la  réponse  que  les  Etats  feront  a  cette  communication,  le 
roi,  voulant  leur  témoigner  sa  confiance  en  eux,  leur 
pourra  laisser  encore  ces  troupes,  s'ils  en  ont  besoin ,  et  à 
condition  qu'on  lui  enverra  autant  de  Hollandais  à  leur 
place.  —  Le  roi  recommande  à  M.  de  La  Noue  de  n'avoir 
aucune  communication  avec  Aersscns  ',  et  de  surveiller 
soigneusement  ses  menées. 

Ar«b.  dp9  AS.  iir.   Hollande,  t.  VIII,  fol.  3g.   —  Miuiitc  de 
la   main  d«  Céberel. 

Le  roi  dé|>éche  en  Flollande  le  Verger  Malaguet  |>our  bâter 
le  secours  qu'il  veut  faire  venir.  «La  confiance  que  j'ay  en 
M"  les  Estais  est  telle  ([ue  ne  faisant  point  de  distinction 
de  Irurs  gens  d'avec  mes  sujets,  je  me  contente  de  tirer 
des  quatre  régimens  que  j  enlreliens  près  d'eux  douze 
compagnies  seulement  et  le  reste  d'Hollandois,  pour  fournir 
les  quatre  mil  hommes  que  je  demande.  Je  dcsirerois  bien 
que  le  comte  Ernest  ou  le  comte  Henry  en  eussent  la  con- 
duite.. .  je  remets  néanmoins,  etc.  '■> 

Arck.  des  AB*.  étr.  Hollande,  t.  VII!,  Toi.  61.  —  Miaute. 

Même  lettre  qu'à  M.  de  La  Noue;  le  roi  charge  aussi  Du 
Mauricr  de  ne  rien  négliger  pour  hâter  le  secours. 

Arch.  des  Aff.  élr.  Hollande,  t.  VU!  ,  fol.  So.   —  Minuit. 

«  J'ay  esté  très  ayse  d'avoir  sceu  par  Cocjuct  l'acheminement  de 
la  paix  d'Italie.  Je  Tavois  dnsja  appris  de  Prague  et  d'Es- 
pagne par  le  duc  de  Montéléon.  Vous  savés  combien  j'ay  dé- 
siré y  contribuer.  Je  loue  Dîeu  de  ce  que  maintenant  elle 
semble  estrc  arrivée  à  ce  point. .  .  Vous  tesmoignerés  à  Sa 
Saintelé ,  avant  crue  partir,  la  joyp  que  j'ay  que  telle  chose  se 
traitte  devant  elie..  .  voulant  bien  luy  déférer  non  seule- 
ment en  cette  occasion,  mais  en  toute  autre..  .  où  il  sera 
question  de  la  gloire  de  Dieu  et  du  repos  de  la  chrestienlé*.  ■ 
Arch,  des  Aff.    etr.  Rome,   t.  XXUI.  —  Minute. 


'    Le  nom  a  étc  laissé  en  blanc  dans  la  minute.  (  Vny.  la  lettre  du  1 1  février  cï-dessDS ,  aux  AaelysM.  ) 
'   Voyez  daoB  notre  1"  volume  *  p.  3a  6 ,  la  fin  de  celte  lettre ,  dont  nous  avions  trouvé  un  extrait  &  la  Bibliothèque 
impmalc  daoi  les  neouscrita   de  Harlay.   Nous  donnons  ici  l'analyse  du  commencement ,  ayant   eu  depuis  communica- 
tion de  la  pièce  entière. 

'  Suit  dam  le  manascrit  an  billet  de  Richelieu  ;  il  informe  M.  de  Tresnel  du  soin  qu'il  a  prts  de  lui  fait*  pnycr  ses 
•ppoÎDtemeats.  (Mlmadate.  M4me  écriture.) 


CARDIN.  DE  RICIIELIEO. 


116 


922 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 

et 

MEUX  DE  DATE 


1617. 

28  février. 


hhm. 


Idn 


SUSCRIPTION 


DBS  LETTRES. 


A  M.  l'abbé  d'Amnalc. 


Le  roi  à  M.  Desmat-ots, 


A  M.  Desmarels. 


ï.f-'  roi  à  milord  de  Hay. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    SOURCES. 


«Ayant  sceu  par  vostre  lettre  du  3i  janvier  ce  qui  s'est  passé 
entre  M.  le  marquis  de  Tresnel  et  vous,  je  n'ay  rien  à  vous 
dire  sinon  que  son  temps  estant  expiré  LL.  MM.  ont  désiré 
qu'il  vinsl  les  retrouver..  .  —  Je  n'ay  point  encore  veu  les 
deux  discours  '  que  vous  m'escrivés  cstre  entre  les  mains 
de  M"  le  garde  des  sceaux  et  le  contrôleur  général,  at- 
tendu que  je  ne  les  leur  ay  pas  demandez.» 

Arch.  des  Aff.  étr.  Rome,  t.  XXIIL  —  Mînate. 


Réponse  à  sa  lettre  du  18  janvier.  Louis  XIII  s'étonne  que  le 
roi  de  la  Grande-Bretagne,  judicieux  comme  il  est,  donne 
créance  aux  faux  rapports,  au  lieu  de  reconnaître  la  sin- 
cérité du  roi  et  l'intégrité  de  ses  ministres.  .  .  .Faire  nou- 
velle remontrance  au  s'  Marco  Antonio  Dominis^;  «tout 
rintérest  que  je  prends  en  cela  est  la  gloire  de  Dieu,  le 
salut  de  celuy  de  qui  je  désire  procurer  la  conversion  et 
oster  le  scandale  que  par  son  crime  il  a  introduit  dans 
l'Eglise.» 


Arcb.  des  AfT.  étr. 

uute. 


Angleterre,    t.    XXV I ,   fol.    133.  —  Mi- 


Réponse  aux  Ict  très  du  s'  Desmarets  des  12,  19,  ai,  27  jaii  - 
vier  et  3  février.  —  Redoubler  les  poursuites  au  sujet  du 
vaisseau  pris  à  Millefort,  —  «Si  Le  s'  de  la  Roche  est 
encore  à  Londres  ',  S.  M.  entend  que  vous  en  faciez 
plainte  et  que  vous  requériez  qu'il  »oit  arresté.  —  On  a 
prétendu  icy  que  l'armement  fait  en  Angleterre  était 
destiné  contre  la  France;  nous  avons  perdu  cette  créance. 

—  «Je  travaille  autant  qu'il  m'est  possible  au  règlement 
nécessaire  pour  faire  tenir  des  dépesches  en  diligence." 

—  Déplaisir  du  peu  de  succès  de  la  mission  du  baron  du 
Tour..  . 


Arch.   des  Afi.   étr.    Angleterre,   t.  XXVI,  fol. 
Dute. 


13i. 


Mi- 


«  MS  le  milord  de  Hests  '  aiant  appris  par  les  lettres  du  s*^  baron 
du  Tour  ce  (jue  vous  avez  contribué  à  sa  réception  ,  je  ne 
puis  que  je  ne  vous  tesmoigne  par  cette  lettre  le  ressenti- 
ment que  j'en  ay  .  .  a 

Arch.    des   A(T.  étr.    Angleterre,    t.   XXVt,   fol.    ia6.  —  Mi- 
nute. 


'  Jj'tin  adressé  au  roiilrôleiir  géucral ,  «sur  les  afifatres  d'Italie  el  les  intércsts  des  princes;*  l'autre  touchant 
oies  intércsts  de  la  cour  de  Rome,»  envoyé  à  i\langot.  L'ahhé  d'Aumalo  avait  invite  l'évêque  de  Luçon  à  les  lire. 
(Mémo  ms. } 

^  Ceci  se  rapporte  à  une  lettre  de  Desmarets,  du  39  jauvier,  laquelle  n'est  point  dans  ce  maunscrît. 

^  Desmarets  répond  ,  le  i3  mars  ,  que  le  ê'  de  la  Roche  n'est  resté  à  Londres  que  sept  ou  huit  jours  et  est  reparti  à  la 
nochcll>:>  retrouver  madame  la  douairière  de  Coude,  de  la  part  de  laquelle  il  était  venu.  [P.  S.  à  la  lettre  du  10, 
fol.    13  8.) 

*  La  date  est  cachée  d^ns  la  reliure;  une  autre   main  a  écrit  celle-ci  en  tête,  c'est  la  véritable. 

'  Voy.  ci-dessus,  p.  355. 


NON  IMPRIMEES   DANS  LE  SUPPLÉMENT. 


923 


DATES 

et 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIEUX  DE  DATES. 

DES  LETTRES. 

ET    80TIRCBS. 

1617. 

i"  mars.] 

La  reine  mèn*  à  miJord 

lij^ay  voulu  joindre  cette  lettre   a   celle  du  roy  pour  vous 
dire  que  j'auray  à  contentement  de  rencontrer  les  occasions 

Hay. 

de  recoguoistre ,  en  mon  parlicnlier,  l'afleclion  que  vous 

avez  monstre  avoir  au  bien  do  la  France.» 

Aich.des  Aff.  etr.  Angleterre,  t.  XXVI,  fol.  126  v'.— Minute. 

S  mars. 

Lettre  du  roi. 

Félicitations  sur  «l'heureux  accomplissement  de  vostre  ma- 

\  Part. 

A  mon  cousin  le  duc  de 

riage  avec  ma  cousine  la  princesse  Catherine.»  (C'est  la 
réponse  à  une  lettre  du  9  février,  par  laquelle  le  duc  avait 

, 

Mantouo. 

annoncé  ce  mariage  à  Louis  XHl.) 

Caliîuet    de    M.    le    baron    de    Giranlat.    —    Original  ,  signé 

Louis,  contre-s'gné  Richelieu. 

j  7  mars. 

Le  roi  a  M.  fin  Maurier. 

Le  roi  Tinforme  qu'il  écrit  a  M"  les  Etats  au  sujet  des  troupes 
qu'on  envoie  de  Holldnde,  et  lui    .  .  .Iiàter  cet  envoi..  . 
Le  roi  ajoute  que  M.  de  La  Noue  devant  revenir  avec  les 

troupes,  M.  duMaurier  continuera  à  gérer,  à  ta  Haye,  les 
affaires  de  la  Franc 

Arch.  des  Aiï.ctr.. Hollande,  t.  VHI  .  fol.  81.  —  MiiiUto. 

ttttm. 

A  M.  do  La  \otu-. 

Lettre  conforme  à  cctie  que  le  roi   écrit  au   même  ambas- 
sadeur.  Riclielieu   insiste  quant   aux    protestants,   sur  ce 
«qu'il   n'est    question    en  cette   guerre   que   de  réprimer 
quelques  rebelles  que  le  roy  a  conviez  par  toutes  sortes  de 

moyens  à  retourner  en  son  obéissance,  devant  que  de  re- 

courir aux  armes  pour  les  y  contraindre.  . .  »  On  a  reniar- 

ciué  dans  la  ré]>onsc  de  M"  les  États  quelque  insinuation 
a'inlercession  en  faveur  des  princes  :  «  J  ay  asseuré  LL.  MM. 

que  vous  aurez,  |>ar  vostre  dextérité,  couppé  les  racines 
Je  cette  intercession,  en  sorte  qu'il  ne  penseront  jamais 

a  se  rendre  médiateurs  de  sujets  rebelles  '.1» 

Arch.  des  Aff.  fit.  HolUode,  t.  VllI ,  fol.  73.  —  Minute  de 

U  main  de  C^l>cr«t. 

Idem. 

i^  roî  a  M"  les  F^stats. 

Très  chers,  etc.  Le  roi  a  besoin  non-sculementdes  quatre  mille 
hommes  entretenus  par  la  France,  mais  en  outre  des  cinq 
mille  Itoltandais  qu'ils  doivent  fournir  par  le  traite.  Cepen- 

dant, ies  affaires  du  roi  ne  lui  permettant  pas  d'attendre 
tout  le  temps  qu'il  faudrait  pour  l'expédition  de  ce  nombre 

d'hommes, le  roi  se  contentera  pour  cette  heure  de  deux 
mille  Français  et  deux  mille  Hollandais.  Le  roi  remet  aux 

Etats  le  choix  du  chef  qui  sera  choisi  pour  les  commander. 

Arcli.  des  Aff.  clr.   Hollande,  t.  VIII,  fol.  77.  —  Minuie  .le 

la  nsÎD  de  Ccbcrel. 

Idem. 

Le  roi  au  prince  Mau- 

Le roi  rmforme  de  la  lettre  qu'il  écrit  à  M"  les  États  :. . .  «Je 

rice. 

ne  veux  |rtis  oublier  de  vous  dire  parliculiéremcnl  comme 
la  confiance  (jue  j'ay  en  vous  et  à  vostre  maison  me  fait 
désirer  que  mon  cousin  le   prince  Henry  aye  la  conduite 
de  me»  trouppes.  n 

Arch.  des  /^ff.  ^(r.  HolUode,  t.  VIII,  foL  76.  —  Minute  de 
la  mtin  du  Cékcret.                                                                        | 

'   i\oas  avons  do 

nn^,  dans  le  i*'  volume,  p. 

Ait,  une  lettre  quî  semble  £lre  le  post-scriptum  de  celle-ci. 

116 


924 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIEUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DBS  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES. 

ET    SODRCBS. 


1617. 
1 7  mars. 


idem. 


idem. 


Ida 


Idei 


Le  roi  à  M.  de  Barne- 
veldt. 


Le  roy  au  jjrînce  Henry. 


Le    roi   [au    maréclial 
d'Ancre]. 


Le  roi  aux  gouverneurs 
de  Boulogne  et  de 
Dieppe. 


Le  roi  au  prince  Mau- 
rice. 


Le  roi  à  M.  de  La  Noue. 


[Vers  la  fin  d( 
mars,  classée 
après  le  8.] 


[A  M.  de  Sancy. 


Le  roi  lui  mande  qu'il  écrit  aux  États  et  ajoute  :  «J'ay  bien 
voulu  vous  faire  cette  lettre  pour  vous  prier  de  me  rendre 
en  cette  occasion  un  tesmoignage  de  vostre  affection;  si  en 
quelque  autre  occasion  je  vous  puis  iaire  paroistre  la 
mienne  en  vostre  endroit,  je  le  feray  d'aussy  bon  cœur.» 
Arch.  des  Aff.  étr.  Hollande,  t.  VIII,  fol.  76.  — Minute  de 
la  Diaio  de  Cëberet. 

Le  roi  lui  exprime  le  désir  que  ce  soît  lui  qui  commande  les 
troupes  qu'on  envoie  de  Hollande. 

Arcli.  des  Aff.  ctr.   HolIaDde ,  t.  VIIl,   fol.  78.    —  Original 
signe,  devenn  minute  à  cause  de  corrections. 


a  Mon  cousin  ,  faisant  venir  pour  mon  service  quelques  troupes 
de  Hollande,  je  vous  fais  la  présente  pour  vous  prier,  non- 
seulement  de  permettre  qu'ils  soient  à  la  rade  de  Bou- 
logne ou  je  leur  ay  ordonné  de  descendre,  mais  aussy  de 
favoriser  leur  passage  en  tout  ce  que  vous  pourrez..  .  » 
Arch.  des  Aff.  clr.  Hollande,  t.  VIII,  fol.  79  '.  —  Minute. 

S.  M.  les  prévient  de  l'arrivée  des  troupes  de  Hollande  et 
leur  ordonne  de  favoriser  le  passage  de  ces  troupes. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Hollande,  l.  VHI ,  fol.  80.  —  Minute  de 
la   ciaîo  de  Ccberet. 

S.  M.  l'informe  de  la  mission  «du  s'  baron  de  Courtaumer', 
lieutenant  général  de  mon  infanterie  en  Hollande. .  .  Je 
désire  qu'd  se  gouverne  en  cette  occasion  ainsy  que  vous 
lui  ordonnerez. .  .  n 

Arch.  des  Aff.  étr.  Hollande,  t.  VIlI .  fol.  85  ^  —  Original 
signé,    devenu    minute   à  cause  de  corrections. 

Le  roi  l'informe  de  l'envoi  de  M"  de  Courtaumer  et  de  Hau- 
terive  en  Hollande ,  d'où  ib  doivent  ramener  les  troupes 
que  le  roi  a  demandées.  Cette  lettre  contient  diverses  re- 
commandations déjà  faites. 

Arcli.  des  Aff.  étr.  Hollande,  t.  VIU ,  foi.  Sa.  —  Minute  de 
la  main  de  Céberet,  —  Au  fol.  83,  à  M.  du  Maurier.  — 
Minute  de  la  main  de  Le  Maslc  ;  même  chose  à  peu  près  que 
la  lettre  à  La  Noue. 

Riclielieu  répondra  par  le  premier  ordinaire  à  ses  lettres  des 
11  et  26  février...  en  femerciant  pour  les  félicitations  «de 
la  promotion   à  laquelle  il  a  pieu  à  LL.  MM.  m'appelcr.» 

Arch.  defl  Aff.  élr.  Constantînople ,  t.  III,  fol.  73.  —  Minute. 


'  Au  bas  de  cette  minute  le  secrétaire  a  écrit  :  «  \  M.  de  Longucville ,  »  et  une  autre  semblable  ■  au  s'  maresclial 
d'Ancre.»  Ces  doux  noms  sont  également  notés  au  dos  par  Céberet,  mais  dans  nn  ordre  différent;  le  maréchal 
d'Ancre  se  trouve  le  premier,  et  c'est  à  lui ,  en  effet ,  que  cette  lettre  a  dû  être  adressée  en  sa  qualité  de  gouverneur  de 
la  Picardie.  L'autre  lettre,  où  il  devait  être  question  de  Dieppe ,  a  dû  aller  an  duc  de  Longoeville,  qui  avait  le  gouver- 
nement de  Normandie. 

^  Au  bas,  de  la  main  de  Céberet  :  «A  M"  de  Courtaumer  et  do  Haaterîve,  lettre  du  roy,  pour  se  rendre  en  leur 
charge ,  pour  la  conduite  des  troupes  de  Hollande.  ■> 

^  Au  folio  83  se  trouvent ,  sans  indication  de  date  ni  de  suscription ,  quelques  lignes  qui  allaient  au  prince  Maurice 
et  qui  semblent  un  extrait  de  la  présente  Sépècbe. 


NON  IMPRIMEES   DANS   LE   SUPPLEMENT. 


925 


DATES 
et 

LIEUX  DE  DATES. 


1617. 


SLSCRiPTION 

DES  LETTRES. 


[A  M.  (le  La  Noue  ' 


Lp  roi  à  M.  de  Ta  Noue. 


!  avril. 


I  lient. 


i3  avril. 
Paris. 


Le  roi  a  M"  Ifis  Estats 


i^e  roi  à  M.  le 
Maarice. 


prince 


Le  roi  au    marquis  de 
Trrsnel 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET    SOURCES. 


«Le  courrier  qui  attend  mes  lettres  me  pressant  uu  peu  de 
les  iinir',  je  n'emploieray  autre  response  à  la  lettre  que 
j*ay  receue  de  vous  que  celle  que  le  roy  vous  escrit..  .  » 

Arch.  ^es  hff.  ctr.  Hollande,  t.  VIII,  fol.  139.  —  Minute  <lc 
U  main  de  Céberet. 


Le  courrier  envoyé  par  S.  _M.  n'étant  arrivé  qu'après  la  rup- 
ture de  l'assemblée  des  Etats,  le  roi  n'a  pu  avoir  le  secours 
3u'il  demandait;  il  est  donc  nécessaire  d'attendre  que  les 
éputés  se  rassemblent;  «il  faut  que  je  me  résolve  à  la  pa- 
tience. »  Le  roi  trouve  bon  que  1  ambassadeur  se  soît  res- 
treint flans  la  demande  du  nombre  d'hommes;  mais  il  lui 
recommande  de  presser  le  plus  vivement  possible  la  déci- 
sion sur  l'envoi  de  ceux  dont  S.  M.  veut  bien  se  contenter, 
—  Des  mesures  ont  été  prises  pour  empêcher  le  passage  par 
la  Lorraine  ou  le  pays  de  Cologne  des  gens  que  le  baron 
d'Oyen  amène  aux  ennemis  du  roi;  et  s'ils  prennent  le 
chemin  de  Metz,  ils  trouveront  en  tête  les'  de  Schombcrg. 


Arcb.    des   Aff.  étr.    Hollande  , 
dp    la   tanin  de  Céberet. 


Vin.  fol.   lia.—  Miuote 


«Très  chfrs  amys,  alliez  et  confédérez,  nous  vous  avons  cy- 
devant  escrit  comme  nous  avions  besoin  des  trouppcs  que 
nous  entretenons  près  de  vous  pour  nous  aydcr  à  réprimer 
la  rébellion  de  nos  sujets  qui  ont  osé  prendre  les  armes 
contre  nous...»  Le  roi,  en  restreignant  le  nombre 
d'hommes  qu'il  désirait,  prie  les  États  d'en  bâter  du  moins 
l'envoi. 


Arcb.  des  Aff.  étr.  Hollande,  t.  VIII ,  fol.  136  1 
de  U  main   de  Céberet. 


Minutf 


Le-_,roy  lui  demande  d'employer  le  pouvoir  cpi'il  a  sur  les 
Etats  «à  ce  que  j'aye  au  plustost  les  trouppes  que  je 
désire.  » 

Arch.  dei  Aff.  étr.  —  Hollande,  t.  VIII,  fol.  itS.  —  Minute 
de  la  main  de  Céberet. 


Ordre  de  remettre  les  chiffres,  à  son  départ,  entre  les  mains 
de  son  secrétaire,  auquel  on  mandera  à  qui  S.  M.  voudra 
confier  ses  affaires,  jusqucs  au  temps  que  M.  de  MariUac 


Arch.  des  Aff.  ctr.  Rome,  t.  XXIII.  —  Orig.  signé  du  roi, 
devenu  minute ,  ayant  été  corrigé  de  la  main  dn  secrétaire 
lie  Richelieu. 


>    La  «uscriplion  est  cachée  daii»  la  reliure  |  mais  la  lettre  ne  peut  aller  qo'à  .M.  de  La  Noiie.  Cette  lettre  est  d'ailleurs 
rappelée  dans  cvlle  du  là  avril,  page  suivante. 

'  Hicbelieu  écrivait  ce  même  jour  à  M.  Du  Maurier  une  lettre  que  nous  avons  donnée  ci-deisus,  p.  376. 
'  On  a  mis  en  l^lc  de  cett'^  pièce .  pour  le  classement ,  7  août;  c'est  une  erreur. 


926 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 


LIEUX  DE  DATES. 


SUSCHIPTION 

DES  LETTr.Eh. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET    SOURCES. 


1617. 

lii  avnl. 


A    M.   le    cai-clinal    de 
Bonzv.  " 


A  M.  de  La  Noue. 


i6  avril. 


A     M.    le      mareschal 
d*  Ancre. 


19  avril. 


:>9  av 


riP 


A  M.  de  Léon. 


Lettre  du  roi  a  M.  de 
Léon. 


[Avant 
le  2a  avril. 


[Au  mareschal  d'Ancre. 


Quoique  LL.  MM.  estiment  beaucoup  M.  le  cardinal  des 
Ursins,  elles  trouvent  étrange  que  M.  le  marquis  de  Tres- 
nel  ait  laissé  les  aflaircs  de  France  entre  ses  mains  sans 
en  avoir  reçu  aucun  ordre  d'elles.  —  «Je  ne  sçav  de  qui 
on  pourroit  avoir  appris  ce  qu'on  vous  a  dit  quon  vous 
mettroit  les  affaires  de  Uome  entre  les  mains,  LL.  MM. 
n'ayant  encore  pris  aucune  résolution..  .  » 

Arch.  des  AIT.  elr.  Romo,  t.'XXlII.  —  Minute. 

«Encore  que  je  vous  aye  envoie  depuis  deux  jours  des  lettres 
du  roy. .  .  je  ne  laisse  de  vous  faire  ces  trois  lignes  pour 
vous  prier  de  solliciter  vivement  à  ce  que  S.  M.  aye  au 
plustost  les  troujïpes  qu'elle  désire..  .  arrivant  tard  elles 
scroient  inutiles;  il  est  important  d'user  de  diligence.. .  » 

Arch.des  Aff.  étr.  Hollanac,    t.  VIII ,  foL  3;  '.  —  M(nute  de 
la    main   de  Gébcret. 

Rien  de  nouveau  de  l'armée  de  Champagne,  depuis  la  ré- 
ponse que  LL.  MM.  ont  faite  sur  la  proposition  du  s'  de 
MaroUes '.  «En  l'Isle  de  France  il  n'est  question  que  de 
fortifier  l'armée  ;  hastez  donc,  si  vous  pouvez,  vos  nouvelles 
levées.»  Distributions  de  régiments  dans  plusieurs  pro- 
vinces. Commissions  données  à  divers  pour  d'autres  levées. 

—  Richelieu  n'oubliera  pas  îesaiTaires  de  MM.  de  Thorîgny 
et  de  Matignon,  recommandées  par  le  maréchal  d'Ancre. 

—  «Les  troupes  des  Sevennes  sont  entièrement  dissipées, 
■>.  ou  3oo  hommes  s'estant  rendus,  avec  Andredieu,  à 
M.  Déportes,  qui  les  avoit  bloqués.» 

Arch.  des  Afl'.  étr.  France,  t.  XXVIII,  pièce  ig'.  —  Minute 
(le  la  main  de  Le  Masie. 

«S'il  arrive  tous  les  jours  des  difTîcullez  aux  alTaires  particu- 
lières vous  pouvés  croire  qu'il  s'en  rencontrera  en  celle-ci, 
où  il  va  du  bien  et  du  repos  de  la  cliresltenté. .  .  »  —  M.  de 
Léon  peut  retarder  sou  aé(>art  jusqu'au  mois  d'août ,  alors 
son  successeur  partira  d'ici  certainement. 

Minute.  —  Arcb.  dea  Aff.  étr.  Venise,  t.  XLII,  fo!.  258. 

Si  la  paix  peut  se  faire  par  l'entremise  du  roi  d'Espagne, 
S.  M.  en  sera  satisfaite,  mais  elle  en  doute..  .  «Quant  au 
discours  que  vous  avés  eu  avec  les  Ebada  {les  Vénitiens), 
touchant  l'armement  du  duc  d'Aussonne,  je  suis  bien  ayse 
que  vous  leur  ayés  faict  sentir  le  juste  sujet  que  j'avois  de 
me  plaindre  de  leur  procéder. .  .  » 

Arch.  de»  Aff.  ctr.  Veoise,  t.  XLII,  fol.  257.  —  Minute. 

K  Contrairement  à  ce  que  je  vous  ay  escrit  ce  matin  *  avec  trop 
de  promptitude,  je  justifie  M.  le  comte  d'Auvergne;»   la 


'  Celle  pièce  se  trouve  cotée  Sj,  ayant  été  classée,  par  erreur,  au  \lx  février. 

^  Lettre  du  i4  avril,  ci-dessus,  p.  38i. 

^  Cette  minute  n'est  point  datée  ;  elle  doit  porter  la  même  date  que  la  lettre  précédente, 

*  Je  ne  trouve  pas  \a  lettre  que  celle-ci  rectifie  et  qui  m'aurait  indiqué  la  date  que  le  manuscrit  ne  donne  point; 
maison  voit  par  ce  que  dit  Richelieu,  au  sujet  dî  Lesdiguièrcs ,  dans  la  missive  du  li  avril  précitée,  que  la  présente 
lettre  doit  être  pcslérieure  de  quelques  jours  au  i4  avril.  Flichclieu  touche  ailleurs  un  root  d'une  querelle  que  le  maré- 
chal d'Ancre  av*it  avec  le  comte  d'Auvergne.  (  Notre  i*""  vol.  p.  ÔSf).  )  Quelques  lettres  qui  nous  manquent  à  ce  moment 
nous  auraient  sans  Houle  fait  connaîtie  la  suite  de  c^   niocontcnlcment  assez  ridicule  de  Concini. 


NON   IMPRIMEES   DANS   LE   SUPPLEMENT. 


927 


DATES 
pt 

LfECX   CB  DATES. 


1617. 


nioi». 


Idem. 


[Vers 
la  fin  de  mai. 


[Du    13 

au  i5  juin  '. ' 


SUSCRIPTION 


DES  LETTRES. 


A  M.  (le  Luynes. 


.'Vu  s'  Deageant,  con- 
seiller du  roy  en  ses 
conseils  d'cstal  et 
privé,    et    intendant 

de  SCS  finances. 


[.\  M.  de  Lurnes. 


A  M.  Deageant. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET    SOURCES. 


lettre  de  M,  le  comte  ne  m'ayant  été  remise  que  tardive- 
ment.. .  M.  de  Lesdiguièrcs  est  tout  dispos<^  à  venir  servir 
le  roi. . .  il  entre  en  goût  du  gouvernement  de  Champagne. 

Arch.  de»  AfT.  étr.  Frauce,  t.  XXVIII.  pièce  8a.  —  Miniile 
de  la  main  de  Le  Masie. 


Richelieu  lui  donne  avis  de  l'arrivée  de  la  reijie  mère  à  lilois; 
Luynes  aura  tout  contentement  d'elle,  ses  actions  n'auront 
autre  but  tpic  le  bien  des  aOàires  de  S.  M.  La  mémoire  des 
choses  passées  n'a  plus  de  lieu  en  son  esprit;  Richelieu 
n'eût  pas  cru  que  si  peu  de  temps  l'eût  entièrement  guérie 
comme  elle  est. 

Areb.  des  Aff.  élr.  France,  t.  XXVI 11 ,  pièce.  iSg.  —  De  la 
in«in  de  Charpentier.  —  Aualyse.  Hist.  de  Marie  de  Mcdicit , 
t.  Il,  p.  4i6. 

C'est  à  peu  près  une  répétition  de  la  lettre  écrite  le  même 
jour  à  M.  de  Luynes.  Richelieu  ajoute  que  quelques-uns 
avaient  fort  travaillé  contre  lui,  mais  la  confiance  dç  la 
reine  n'a  fait  que  s'en  accroître. 

Arch.  des  A0.  otr.  France,  t.  XXVIH,  pièce  i4i.  -  De  la 
main  de  dTarpootier. 

«  Ayant  «çeu  par  son  frère  l'assistance  que  lui  a  donné  Luynes 
aux  occasions  qui  se  sont  passées,»  Richelieu  lui  en  rend 
de  très-humbles  grâces,  il  le  prie  de  lui  continuer  sa  bien- 
veillance pour  le  garantir  des  calonuiies  dont  on  le  pour- 
suit, a  Les  actions  de  la  roy  ne  sont  si  saintes  que  s'il  arri- 
voit  quelque  mauvais  événement,  il  le  faudroit  attribuer 
non  à  elle,  mais  a  ceux  en  qui  elle  a  quelque  créance.  Le 
roy  aura  contentement  de  ses  actions .  par  conséquent  de 
ceux  qui  sont  auprès  d'elle. . .  Je  demande  seulement  qu'on 
ne  prenne  point  l'ombre  pour  le  corps,  et  qu'on  ferme 
l'oreille  à  tous  mauvais  rapports K. .  » 


Arch.  de»   Aff.  i'u-.  France, 
de  la  m^iÎD  de  Ccberet. 


t.  XXVIII,  pièce  io3.  —  Minate 


■  M',  je  ne  vous  mande  point  particulièrement  le  subjet  pour 
lequel  j'eslois  venu  chez  moy,  parce  <jue  le  gentilhomme 
que  j'ay  envoyé  au  roy  vous  en  aura  maintenenl  rendu 
compte'...»  Richelieu  obéira  religieusement  à  ce  que 
S.  M.  lui  prescrit  parla  lettre  que  M.  de  la  Brosse  a  ap- 


'  On  a  >u  ci-dessus,  pn^à  389,  comme  Deageant  oolreteiiait  Kicheliea  do»  intrigues  de  ses  eimciuis.  *  Les  rapports 
et  artiGces  contre  l'évcsqoe  de  Luçoo  ,  diaait-it  encore  (  lettre  du  19  mai) ,  redoublent  tous  les  joars,  sans  elTect  toute- 
fois ,  encore  qu'il  y  ea  ayt  de  sy  cfTrootei  de  parler  comme  pour  avoir  oui.  »  Ricbclieu  semble  croire  que  Luynes  et 
Dragraot  étaient  bif^n  aises  de  lui  donner  ces  iuquictodes  et  qu'ils  pouvaient  bien  exagérer  les  mecbanls  propos  dont 
il  était  l'objet  :  «Je  receiois  par  toutes  leurs  lettres  des  nouvelles  des  avis  qu'on  donnoit,  disoient-ils ,  nu  roy  contre 
moy  ;  ils  lot  majidoieot  qu'à  toute  beore  ils  avoient  les  oreillei  battues,  etc.  . .  .Bref,  toutes  leurs  lettrea  ne  cban- 
totent  autre  chose.  •  Et  Richelieu  répète  ce  que  nous  iisoD»,  eo  effet,  daos  le»  lettres  de  Deageant.  C'est  à  ce  moment 
sans  doute  qu'il  écrivit  la  présente  lettre  ,  doDt  noua  retrouvons  quelques  phrases  dans  se»  Mémoire»  (  I .  p.  46i  )■ 

'   Voy.  lattie  k  M.  de  Luynes.  ci-dessus,  p.  409. 

'   Voy.  lettre  précitée ,  p.  io9  ,  note  9. 


928 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


LIEDS   DE  DATES. 


1617. 


[Vers  le  milieu 
de  1617?] 


[Commencement 
de  septembre.] 


2  3  décembre. 


Sans  date  ' 


SUSCRIPTION 

DES   LETTIiES. 


A  M.  de  Montbason, 


A  M.  Dcageant. 


Au  provincial  des  Ca- 
pucins. 


Sans  suscription. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    SOURCES. 


portée.  I!  proteste  de  sa  fidélité  ;  sa  consolation  est  d'espérer 
que  le  roi  y  croira,  et  que  M.  de  Luyncs  et  lui  (Deageant) 
y  porteront  S.  M.  autant  qu'ils  pourront. 

Arch.  des  AfF.  étr.  France ,  t.  XXVIII»  pièce  90.  —  Minute  de 
la  main  de  Le  Masle. 


En  réponse  à  une  lettre  du  duc  de  Monlbazon ,  Richelieu 
écrit  :  «La  reyne  ne  désire  pas  que  vous  vous  defiaisiés  de 
la  charge  qu'elle  vous  a  donnée  en  sa  maison. .  .  si 
j'estois  assez  capable  pour  estre  de  vostre  conseil ,  je  vous 
dirois  franchement  que  j'esviterois  les  occasions  qui 
peuvent  donner  lieu  à  S.  M.  de  juger  vostre  affection 
n'estre  pas  telle,  en  son  endroit,  qu'elle  la  dtsîre  et  que  je 
la  veux  croire  ^.  .  » 

Arch.   (les  Aff.  élr.   P'raoce,!.   XXIX,    pièce    iSy.  — Minutr 
de  la  main  de  Charpentier. 


Même  sujet  que  la  lettre  adressée  à  M.  de  Luynes,  ci-dessus, 
p.  in.  Richelieu  lui  demande  ses  bons  offices  contre  les 
calomnies  «en  considération  de  l'amitié  que  vous  m'avés 
tousjours  promis ,  dont  je  m'asseure  grandement  quoy 
que  je  sache  que  quelques-uns,  dont  les  artifices  sont 
trop  cogneus,m'en  ayant  voulu  priver.» —  Deageant  peut 
répondre  de  lui  (évêque  de  Luçon  )  sans  se  compromettre. 


Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  XXVIII ,  pièce  120. 
net  delà  main  de  Le  Masie. 


-  Mis. 


Richelieu  l'informe  de  la  résolution  qu'il  a  prise  d'établir  à 
Luçon  un  hospice  de  Capucins. 

Imprimée.  —  Histoire  da  mona$tèr$  tt  des  évéqnes  de  Laçon  ,  par 
La  Fontenelle  de  Vaudoré,  t.  I ,  p.  384. 

f^ettre  de  compliments,  de  protestations  d'affection  et  de 
zèle.  «Mon  malheur  est  que  je  ne  puis  contribuer  que  par 
souhaits  a  vostre  service;  M.  Du  Pont,  mon  beaufrère,  vous 
tesmoignera  particulièrement  quel  je  suis  en  vostre  endroit  ; 
et  moy,  pour  ne  vous  divertir  point  de  vos  grandes  occu- 
pations ,  je  me  contenteray  de  vous  asseurer. .  .  » 


Arch.  des  Aff.   etr.  France,  t.  XXVIII 
de  In  main  de  Le  Masle. 


fol. 


,  —  Mi  au  te 


'  Le  conseil  que  donne  Richelieu  au  duc  do  MontbazoD  se  rapporte  évidemment  à  une  époque  où  Ja  reine  mère  était 
en  disgrâce;  on  peut  supposer  que  cette  lettre  fut  écrite  peu  de  temps  après  la  chute  de  Coccinî. 

^  Classée  avec  beaucoup  de  pièce»  sans  date,  mises  à  la  Gn  de  1617,  et  dont  la  plupart  sont  adressées  è  M.  de 
Luynes  ;  mais  celle-ci  ne  peut  aller  à  ce  personnage,  avec  qui  Richelieu  était  alors  en  correspondance  assez 
suivie. 


NON  IMPRIMÉES  DANS  LE  SUPPLEMENT. 


929 


DATES 
et 

LIBDX  DB  DATES. 


SUSCRIPTION 


nSS  L8TTRBS. 


ANALYSES  I>ES  LETTRES 

ET    SOURCES. 


ï*' septembre. 

Avignon. 


Idem. 


[2"  quinzaine 
d'oclol>re  '.1 


A  Messieurs  les  diocé- 
sains de  l'évesché  de 
Luçon. 


  M"  les  curez  de  Té- 
veschë  de  Luçon. 


[A  M.  de  Lu^nes.] 


[Vers  la  tiu 

de  mars  ' 

ou  le 

commencement 

d'avril.  1 


[...Avril.] 


.  Mai  j 


l.ellre  dt:  la  reine  mère 
à  M.  de  Luynes. 


1618. 

«Mes  chers  amis,  le  devoir  du  pasteur  est  de  paistre  sou 
troupeau f  de  le  paîstre  spirituellement.»  En  conséquence, 
Kichelieu  les  supplie  de  profiter  de  ses  instructions.  «  Vous 
ne  dénierez  pas  cette  grâce  à  celuy  qui. .  .  est  véritable- 
ment vostre  très  affectionné  serviteur. .  .  » 

Imp.iPoitifrs,  iSig,  io-ia  'i  enlèteàeV  Instruction  du  chrestien. 

«  Mes  frères. . .  j'ay  conjuré  le  peuple  de  recevoir  de  vous  cette 
inslruclion ,  et  je  vous  exhorte  à  la  leur  départir  avec  soin  et 
cliarité. . .  Mon  intention  est  (|ue  tous  les  dimanches  et  toutes 
les  festcs  vous  lisiez  une  de  ces  leçons  à  la  grand'messe. . .  » 

Imprimée  à  Poitieis,  1619,  iii-19.  Idem. 

Kiclielieu  lui  présente  la  requête  qu'il  adresse  au  roi  pour  lui 
et  ses  frères;  il  lui  demande  ses  bons  offices;  ressentiment 
qu'il  eu  aura. 

Arcli.  des  Aff.  clr.  France,  t.   XXVIII  .    pièce   lof-  —  Minute 
do  la  ni»iii  de  Céb^rct, 


1619. 

itéponsc  à  la  lettre  apportée  par  M.  de  béthuue  et  le  V.  de 
Bérule. .  .  «Je  reçois  volontiers  les  asseurances  que  vous 
me  donnas  de  n'avoir  j>oint  eu  intention  do  me  dcsplaire 
en  ce  qui  s*esl  passé*  que  j'oublie  de  bon  cœur..  .  n'at- 
tendes donc  de  moy  que  toutes  sortes  de  tcsmoignagcs  de 
ma  bonne  volonté.  Vous  sçavés  que  jt;  n'ny  pas  nuy  au 
commencement  de  vostre  fortune  . .  faites  que  mes  actions 
ne  soient  point  calomniées  auprès  du  roy  M.  mon  lils. .  .  » 

Mite  au   uet   d'uiic  écriture   que  je  ne    connais  pni.  —  Arcli. 
d(i  Aff.  «tr.  France,  t.  XXlX,  pièce   ii3. 

«Mon  fils,  ayant  escrit  au  roy.  M'  mon  iils,  je  ne  responds 
point  à  la  lettre  quej'ay  receuede  vous;  me  remettant  au 
P.  de  Bérule  '. .  .  «'Assurances  d'affection. 

Minute  de  la  main  de  Ci'bcret.  —  Aff.  étr.  France,  t.  XXIX  , 
piice   103. 

Le  s'  marquis  <le  Mosny  Va  quittée,  sur  un  mécontentement 
qu'il  a  pris  sans  qu'elle  lui  en  ait  donné  sujrt.  Il  est  fort 
homme  de  bien  et  l'a  fidèlement  servie.  A  l'occasion  elle 
lui  témoignera  toujours  sa  bonne  volonté. 

Minute   de    la    maio    de    Le    Mit»le.    —   Arch.    de^    Aff.    clr. 
t.  XXIX  (uoD  coté)  ,  r'est  la  pièce  1 1 1*. 


'  La  FoDtenfllle  de  Vfludoré,  Ititt.  du  moROttère  et  des  évé<ftus  dt  Laçon ,  t.  I,  p.  38g.  Voy.  notre  lntrc/ducli</n  ,  p.  Ltxv. 

'  Voy.  ci-deMU5,  p.  4a3. 

'  Le  P.  de  Bérùle  fit  divers  voyages  [Mém.  de  Rickeliea .  t.  I,  5iâ  )  vers  la  reiae  mère,  durant  ses  dcniclcs  avec  le  roi 
et  avec  Luynes;  ruais  il  s'agît  ici  de  cel^i  qu'il  fit  eo  compagnie  de  Bétliune,  hina  avant  la  conclusion  du  traité  signé 
i  Aogoulémc  entre  la  reine  et  son  fils ,  le  3o  avril.  Lettre  de  Luynes  à  Marie  de  Médicts.  (  France  ,  t.  XXIX  ,  pièce  39.) 

*  Le  mariage  de  la  princesse  Christine,  fille  de  Marie  de  Mcdicis,  conclu  dans  le  eommenceineot  de  l'année,  sans 
qa'oD  eût  demandé  à  la  reine  mère  son  consentement.  *  Elle  tint  ce  traitement  plus  cruel  qu'aucun  qu'elle  eût  reçu 
jusqu'alors,*  a  dit  Richelieu,  Afe'm.  t.  I,  p.  517.  C'est  U  sans  doute  le  lujet  de  mécontentement  dont  parle  ici  la 
reine  mère. 

^   Le  P.  de  Berale  avait  été  envoyé  vers  la   reine  le  9  avril. 


Lettre  de  la  r«ine  mère 
[au  prince  de  Pié- 
mont]. 


La  reiiip  mère  au  roi. 


CAHDIIV.  DE  RICHELIED. 


117 


930 


SOMMAIRES   DES  LETTRES 


DATKS 


I.IEDX   DK  I:ATES. 


1619. 

[  Vers  le  mois 
(le  juin  '.] 


[Vers  lu  mois 
(le  juin  '.] 


19  jum. 


.Juillr(  ' 


i3'  dizaiui! 
e  juillet.] 


SUSCP.IPTION 

DES   LETTRES. 


[A  M.  de  Luynes. 


Lettre  de  la  reîne  mère 
à  M.  de  Luynes. 


A  M.  Dcageiit. 


Lettre  de  la  reine  uiêre 
au     prince    de    I*ié- 


Letlre  de  la  reine  mère' 
à  M.  de  Luynes. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

F.T    SOBBCES. 


«...  11  m'est  impossible  de  vous  celer  le  desplaisir  que  j'ay 
de  voir  que  la  reyne  n'ayt  pas  la  satisfaction  qu'elle  a  tous- 
jours  espérée  sur  les  asseurances  qui  lui  en  ont  esté  données 
de  vostre  part.  J'ay  lousjours  creu  que  c'estoit  le  bien  de 
S.  M.  et  vostre  avantage  qu'elle  fust  asseurée  de  vostre 
affection..  ,  J'apporteray  à  ce  commun  bien  tout  ce  qui 
me  sera  possible. .  .  » 

Afi".  étr.  France,    l.  XXIX,  pièce  u6.  —  Minute  de  la  main 
de  Richelieu. 

Réponse  à  la  lettre  que  M.  de  Luynes  lui  a  écrite  à  l'arrivée 
du  prince  de  Piémont,  son  fils.  «Je  suis  bien  ayse  que 
vous  recognoissiés  l'inclination  que  j'ay  eue  de  longtemps 
à  vostre  bien '.»  Vous  croirez  a  l'assurance  nouvelle  de 
mon  bon  vouloir,  «puisqu'elle  vous  est  asseurée  par  une 
princesse  dont  la  parole  est  inviolable..  .  » 

Arch.des  Afi'.  élr.  France,   t.  XXIX,    pièce  109*.  —  Mibc  au 
net  de  la  main  de  Cédercl. 

«Monsieur,  ces  trois  lignes  ne  sont  que  pour  vous  tesmoiguer 
combien  j'estime  les  asseurances  de  vostre  affection,  qui 
m'ont  esté  rendues  par  M"  de  Bérule  et  B'iutliillicr. . .  » 

Arch.  des  Air,  ûtr.  France,  t.  XXIX,  pièce  43.  —  Mintttr  de 
la  mnin  dr  Le  Mosle. 

La  reine  répond  aux  deux  lettres  par  lesquelles  le  prince  la 
presse  de  se  rendre  promptement  à  Angers.  «Ceux  qui 
m'ont  servie  n'ont  pas  encore  esté  restablis  dans  leurs 
charges ,  ce  (jui  fait  que  je  ne  puis  encore  partir  d'icy,  m'as- 
seurant  que  vous  jugés  bien  que  mon  honneur  et  ma 
conscience  m'obligent  a  procurer  qu'on  pourvoie  à  ce  qui 
concerne  ceux  qui  m'ont  assistée  j>remier  que  de  penser  à 
nioy.  On  a  donné  des  desliances  de  moy  à  M.  de  Luynes; 
vous  savés  que  je  n'ay  autre  but  que  de  servir  le  roy,  et 
que  je  veux  aymer  tout  ce  qu'il  aime. . .  » 

Arcli.  des  Aff.  étr.  France,  t.  XXIX,  pièce  io3.  —  Minute 
dont  quelques  passages  sont  de  la  main  de  Richelieu. 

Elle  l'informe  de  la  missive  qu'elle  écrit  au  roi ,  dont  elle  répète 
à  peu  près  le  contenu;  «je  vous  prie  de  tenir  la  main  à  ce 


'  Le  traitô  do  b  reine  avec  le  roi  son  fils  était  du  3o  avril.  L'amoiatic  protuise  ne  fut  enregistrée  an  parle- 
ment que  le  an  juin.  C'est  sans  doute  un  peu  avant  cet  enregistrement  que  cette  lettre  fui  écrite. 

^  Ce  fut  alor^  qtte  le  prince  de  Piémont  alla' visiter  la  reine  mère,  porteur  d'une  lettre  de  Luynes.  (Lettre  de  Luynes 
ù  In  reine  mère  ,  i3  juin  ,  déjà  ciice.  ) 

^  Ceci  fait  allusion  à  la  réponse  que  fit  M.  de  Luynes  à  un  passage  de  la  lettre  de  la  reine  mère  analysée  ci-dessus, 
[).  74^  >  fiii  de  mars  ou  oommen^emcnt  d'avril. 

'^  Le  prince  de  Piémont  était  venu  visiter  la  reine  sa  bcllc-mère,  vers  la  mi-juin  (  lettre  de  Luynes  dn  i3].  Celle 
lettre  a  dû  être  écrite  un  peu  après  qu'il  l'eut  quittée  ,  on  juillet;  à  ce  moment ,  Marie  de  Médiris  faisait  de  conti- 
nuelles instances  pour  l'exécution  des  engagements  pris  avec  elle  dans  le  traité  des  3o  avril  et  s^mai. 

^  On  a  écrit  au  dos  de  cette  minute  :  •  Envoyé  pnr  M.  de  Monibazon.  »  Cotte  circonstance  donne  à  pen  près  la  data. 
(  Voy.  ci-dessus,  p.  '166.  Un  premier  brouillon  et  une  copie  ont  été  cl-wsés  dans  le  tome  XXIX ,  pièces  io5  et  108.  )  La 
lettre  écrite  au  roi  est  sans  doute  celle  que  cite  l'auteur  de  la  Vie  de  Marie  de  Mcdicis  ;  la  reine  mère  mandait  à  Louis  Xlil 
•  qu'elle  envoyoit  d'Argouges ,  son  trésorier,  pour  estrc  satisfaite  de  ce  qui  lui  estoit  due  ,  tant  des  cstats  et  pensions  quM 
lui  avoit  plu  lui  accorder,  qno  des  frais  extraordinaires  qu'elle  avoit  faits  depuis  son  départ  de  Blois,  ■  M™*  d'Arconville 
met  en  note  :  •  La  minute  originale  de  cette  lettre ,  écrite  de  la  main  de  l'evêque  de  Luçon  ,  se  trouve  dans  les  mss.  de 
Godefroi,  » 


NON  IMPRIMERA  DANS  LE  SUPPLEMENT. 


931 


DATES 
et 

LIEUX  DB  DATES. 


SUSCIUPÏION 
DB8  LBTTBES. 


ANALYSES  DES  LETTilES 

ET  SODBCES. 


1619. 


[Vers  la  fin 
d'août  '.] 


[  i'   quinzaine 
d'oclobrc.  ] 


A     M.   le    cardinal    de 
Retz. 


A  M.  de  l.uynes. 


que..  .  ce  qui  m'a  esté  promis  soit  accompli,  el  à  me  dé- 
gager des  frais  que  j'aî  faits,  ainsi  que  vous  m'en  avés 
iaict  donner  parole.. .  » 

AIT.  et.-.  France,  t.  XXVIII ,  pièce  io5.  —  Minute  Je  In  main 
(]«  Cëberet. 

Monseigneur,   «ayant  de  longue  main  cogneu  le  P.  Joseph 

très  alTeclionné  à  vostre  service,  j'ay  creu  (jue  vous  i.uriés 

agréable  que  je  vous  réitérasse  par  luy  les  protestations 

que  je  vous  ay  faîtes  de  la  passïou  quej'y  auray  tousjours. ..» 

Arch.    de»  Aff.   étr.   France,  t.  XXIX.   pièce  i'i8.  —   Miiinle 

de  la  main  de  Charpentier. 

Contentement  qu'a  eu  la  reine  «de  recevoir  des  nouvelles  de 
S.  M.  par  une  personne  telle  que  M.  vostre  frère*. .  .  Elle 
a  eu  très  agréable  Tbonneur  qu'il  plaist  au  roy  luv  (aire  de 
luy  demander  son  advîs  sur  le  sujet  dont  vous  me  par- 
tantes à  Tours  ',  et  vous  en  sçait  un  gré  très  particulier.. . 
sa  response  est  la  mesme  qu'elle  vous  lisl  dès  lors.»  — 
«Elle  a  grandement  approuvé  le  choix  qu'il  a  pieu  au  roy 
de  faire  de  M.  le  colonnel  *  pour  avoir  la  charge  de 
M^'son  frère,.  .  »  —  «Je  vois  tous  les  jours  clairement  que 
l'affection  de  la  reyne  est  sincère  poar  vois. .  .  pour  moy, 
si  je  suis  inutde  à  vostre  service,  j'y  suis  au  moins  du  tout 
affectionné.»  —  IVière  de  «faire  donner  à  la  reyne  les 
assignations  qui  lui  ont  été  promises  à  1  ours,  afin  qu'elle 
puisse  sortir  de  ses  aHaires.  » 


Arcli.  des  Aff.  étr.  Frauce,  t.  XXIX  ,  pièce  j 
la  maio  de  Charpentier. 


-  Mioiile  de 


novembre  '. 


A  M.  barbiu.j 


Richelieu  est  heureux  de  l'affection  que  lui  conserve  Barbin, 
«Certaines  personnes  dont  vous  avoucrés  la  conscience 
irréprochable  et  le  jugement  fort  bon,  ont  souvent  exprimé 
que  je  passois  les  oornes  de  la  prudence  du  monde  pour 
mes  amis.  Dieu  mVst  a  tesmoin  si  je  n'ay  fait  la  mesme 
chose  que  j'eusse  fait  pour  moy  mesme. ,  .  »  —  «  La  reyne  a 
tout  fait  pour  avoir  la  permission  de  vous  ravoir..  .  J'ap- 
porteray  au  sujet  de  vostre  oilice  tout  ce  que  vous  pourri<'^s 
attendre  du  plus  lidèle  amy  qui  soit  au  monde..  .  Pour  ce 
qui  concerne  fargent,.bien  que  mes  affaires  pour  le  bien 
soyent  en  plus  mauvais  estât  qu'elles  n'estoient  (|iiand  jt- 
suis  entré  au  monde..  .  je  vous  offre  de  bon  cœur  toute 
l'assistance  que  vous  sçauriés  désirer  d'une  personne  qui 
s'eslimera  tousjouis  iicureux  de  partager  avec  ses  amis  le 
peu  qu'il  aura  au  monde..  .  » 

Arch.  deâ  Aff.  élr.  France,   t.  XXIX ,  pièce  Si .   —  Minute  dt< 
In  main  de  Charpentier. 


'   Voy.  ci-dc»sa«,  p.  i-Ji-  H  "V»t  l'a»  besoin  de  noter  qu'ici.  Richeliea  met  ■Monseigneur*  hors  ligne. 

^   Branles,  qui  devint  bientôt  duc  de  Luxembourg ,  par  son  mariage   avec  I  héritière  da  ce  nom. 

'  Il  y  avoit  :  «sur  le  sujet  de  M.  le  Prince.  ■  Cela  a  été  barré.  On  voit  f[ue,  dan:»  l'entrevue  de  Tours ,  Luv  nés  iivait 
laissé  pressentir  la  résolution  d'ouvrir  la  prison  de  ViiiccnDcs,  et  an  moment  de  l'eLOCuter,  il  semble  demander  l'avis 
de  la   reine  mère.  —  Louis  XIII  annonçait  i  M.  )•  Prince  sa  liberté  le  i6  octobre. 

*   Le  colonel  d'Oroano  avait  été  nommé  gouverneur  de  Gaston. 

'  Cette  date  est  miae  en  haut  d'une  main  étrangère;  elle  est  vraisrmblable.  Il  n'y  a  point  de  suscriptïon ,  mais 
tes  détails  de  la  lettre  indiquent  Barbin  ,  qui  avait  répondu  à  ta  lettre  du  a^    octobre  ci-dessus ,  p.  473. 


932 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIED&  DE  DATES. 


SL'SCIUPTION 
DBS  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


1620. 


i:^  jaii 


9.S   ftv 


[Vers 
la  mi-mai  ' 


[Vers 
la  fin  de  mai.  ^ 


[  Vers  la  fi  n 

de  mai.l 


Instructiou  pour  le  s"^  de 
Chanleloube. 


A  M.  Barbiii. 


A  M.  de  Luynes. 


A  M.  de  Montbason. 


A  M.  de  Luynes. 


La  reine  mère  l'envoie   vers  le  roi  et  M.  de  Luynes  pour 
réclamer  l'exécution  des  promesses  qu'on  lui  a  faites. 


Arch.  «les  Afl".  élr.  France 
la  maÏD  de  Charpentier. 
Richelieu,  t.  Il,  p.  Sa. 


promesses  qi 

t.  XXX,j)ièce  i'*.  —  Minute  tle 
-  Imprimée  dans  les  Mémoires  de 


Mêmes  sentiments  que  dans  la  lettre  du  1 1  novembre  i6ig. 
«Quelques  artifices  que  les  envieux  puissent  apporter  pour 
me  faire  croire  autre  que  je  ne  suis»  vous  cognoistrés. . . 
que  je  seray  tousjours  en  vostre  endroit  tel  qu'on  le  doit 
eslre  envers  le  meilleur  et  le  plus  parfait  amy  du  mon<le. . .  » 

Arch.  dc3  Aff.  étr.  France,  t.  XXX ,   pièce  i4.  —  Minute  de 
la  main  de  Charpcnli-er. 

«...M.  deBlainvillc  a  esté  très  bieu  vende  la  reyne;  s'il  n'a 
remporté  l'eCTect  qu'il  eust  désiré  *,  c'est  que  S.  M.  a  creu , 
veu  les  sujets  de  mesfiancc  que  les  choses  passées  luy  ont 
donnés,  ne  pouvoir  garantir  son  esprit  d'appréhension  par 
les  simples  assourauces  qu'il  luy  a  proposées...  C'est  à 
vous,  Monsieur,  à  prendre,  s'il  vous  plaist,  d'autres  moyens 
que  ceux-là...  S.  M.  sera  tousjours  disposée  à  recevoir 
ceux  qu'elle  jugera  raisonnable.. .  » 

AfF.  étr.  Frauce,  t.  XXIX,  pièce  iig".  —  Minute  de  la  raain 
de  Cbarpeuticr. 

Richelieu  le  conjure  de  contribuer  au  bon  œuvre  de  la  réunion 
de  LL.  MM. .  .  «Je  ne  vous  dis  point  les  louanges  qun  vous 
en  acquerrerez  devant  Dieu  et  les  hommes..  .  » 


ArcL.  des  Aff.  etr.  France,  t.  XXX,  pièce  i3i,- 
la  tobin  de  Charpentier. 


MiuQte  de 


«  Monsieur,  —  La  reyne  envoyé  M.  de  Bréauté  *  vers  le  roy. . .  n 
Souhait  d'une  intelligence  parfaite  entre  leurs  majestés; 
«vous  contribuerés  à  un  si  saint  œuvre  tant  désiré  de  tout  le 
monde.  Je  dis  à  M.  de  Blainville,  quand  il  fust  ici..  .  que 
tout  le  mal  ne  consiste  qu'en  la  mcsfiance..  .  et  aux  làus^es 
alarmes  qui  se  donnent  de  tous  costés. . .  deppartaut  une 
franche  amitié  à  la  reyne,  vous  devés  espérer  de  la  sienne 
tout  ce  que  vous  en  sauriés  désirer. . .  n 

Aff.  ^tr.  Franco,   t.  XXIX,  pièce  117.  —  iVliniite  de  la  inaiu 
de  Charpentier. 


'  La  missiuu  de  M.  lie  Blainville  {7  mai)  indique  à  peu  près  la  date;  ii  fut  envoyé  plusieurs  fois  eu  mai  et  juin 
(voy.  ci-dessus  ,  p.  /jS»  «t  suiv.  )  à  la  petite  cour  d'Angers  ,  à  un  moment  oît  l'oubli  des  promesses  de  Tours  et  les  mé- 
fiances réciproques  aigrissaient  les  esprits  et  faisaient  craindre  une  prochaine  rupture  entre  le  roi  et  sa  mère.  La 
rupture  éclata  au  commencement  de  juillet.  Nous  supposons  que  la  présente  lettre  est  du  mois  de  mai  i6iO. 

^  Lcï  voyages  de  M.  de  Blainville  eurent  en  résultat  peu  de  succès ,  la  suite  de  la  lettre  le  dit  assei.  Sa  négociation 
est  exp(,séc  avec  quelques  détails  dans  les  Mémoires  de  Richelieu  ,  mais  sans  aucune  date.  (T.  11 ,  p.  5o  et  suiv.  )  ■  Il  se 
passa  deux  mois  en  allées  et  venues  que  fit  le  sieur  de  Bainville,  •  dit  le  Mercure  de  i6ao  ,  p.  i-ji, 

^  Cette  lettre,  portée  par  M,  de  Bréauté,  répète  en  abrégé  celle  de  nichelicu  à  M.  de  Blainville.  [Cl-Jes«us,  p.  /|84.) 

*  M.  de  Bréauté  était  premier  écuyer  de  la  reine  mère. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  SUPPLÉMENT. 


933 


LIErX  DE  OITBS. 


,SU.^C1UPTI0N 


DF.5  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOUBCES. 


[P. 


1620. 

rcmiers  jours 
dr-juin  '.] 


A  l'archevêque  «M.  de  Blainville  s'est  très  bien  comporté  en  son  voyagL*.. . 

de  Sens  '.  s'il  a  nn  défaut,  c'est  celuy  d'eslre  trop  ferme  en  ses  réso- 

lutions, dont  il  n'a  voulu  en  aucune  façon  se  rclascher. 
Cependant  il  est  impossible  de  passer  avec  prudence  d'une 
extrémité  à  l'autre  sans  milieu.  Au  nom  de  Dieu,  Mon- 
sieur, chercbez-Ie  et  le  trouvés;  c'est  le  bien  de  tout  le 
monde...  U  est  bien  raisonnable  d'avoir  recours  à  un 
moyen  d'asseurer  que  l'avenir  ne  sera  plus  semblable  au 


3  juUIet. 


1 1  août. 
Ponl-de-Cé. 


[Seconde 
quinzaine  d'aoûL 


Arch.  des  AiF.  élr.  France,  t.  XXX,  pièce  lag.  —  Minute. 

Harangue  à  la  reyne  mère  du  roy»  contre  les  plaintes  de 
Messieurs  les  Princes,  faicte  à  S.  M.  sur  les  anaires  do  ce 
temps.  —  Prononcée  en  présence  de  toute  sa  cour,  par 
messire  A.  J.  D.  P.  D.  R.  évesque  de  Luçon,  au  cbasteau 
d'Angers  ,  le  3  juillet  i6ao  '. 
BibLoat.  L,  1673,  AK. 

A  la  reine  mère  '.  Le  roi  ira  au-devant  d'elle  pour  lui  faire  voir  plus  particu- 
lièrement le  contentement  qu'il  a  de  sa  venue;  la  reine  en 
a  fait  paraître  une  aise  extraordinaire;  M,  de  Luyttcs  ne 
désire  aucune  chose  plus  passionnément  que  de  servir  la 
reine  mère. 

Imprimée  en  extrait ,  Vie  de  Marte  de  Mêdicit .  t.  III ,  p.  80. 

A  M.  de  Luynes.  La  reine  envoie  M.  Bouthillier  pour  savoir  des  nouvelles  de 

Louis  XIII;  M,  d'Épcrnon  a  obéi  au  roi;  «quant  j  M.  de 
Mayenne,  la  reyne  ne  manquera  pas  d'y  dépcsclicr  inconti- 
nent le  retour  de  M.  Bouthfllier. . .  Ce  sera  une  très  grande 
prudence  à  vous  de  luy  faire  donner  quelque  contente- 
ment. Il  a  fait  de  très  grands  frais,  vous  sçavés  qu'il  n'est 
pas  accommodé...  pardonnes  a  ma  franchise.  Monsieur, 
vous  jugerés  bien  qu  il  vaut  mieux  descoudre  (pie  rompre  ^. 
—  Je  ne  vous  sçaurois  dire  avec  quelle  ingénuité  la  reyne 


'  Cette  lettre  oon  dAtéc  est  sa»»  doute  la  réponse  à  une  missive  de  l'arcbevéqne  de  Seus  (3o  mai),  relative  à  )a 
mission  de  Blaioville, 

'  Jean  Davy  DapcrroD,  frère  dn  cardinal ,  auquel  il  succéda  sur  te  siège  de  Sens.  Bantrii ,  te  bouffon,  avait  f^it 
contre  lui  une  satire  intitulée  L'Ambigu,  surnom  qu'on  avait  donné  à  ce  personnage  parce  que»  dit  Talleniant,  ■  du 
vivant  de  »on  fr^re ,  il  n'estoit  ny  d'esglîsc,  ny  de  robe,  ny  d'espée,  ■  Il  passait  pour  savant  dans  lei  langues  an- 
ciennes, et  il  fut  proposé  pour  étn>  précepteur  da  Daupbïn,  circonstance  qai  dément  le  brevet  d'ignorance  que  lui 
donne  rauiear  des  liiitorietteê. 

'  Cet  opuscule  de  la  pages,  petit  in-8*,  fut  imprimé  i  Paris,  en  i6ao  ,  avec  permission.  Il  se  ve 
Meunier,  rue  Saint-Jacques.  C'était  le  m<^me  libraire  chex  lequel  s'étaient  vendus  tes  deux  premiers  ouvr 
de  Luçon.  {  Bibl.  nal.  L  .  1673  AK.  ) 

*  Le  Vassor  donne  une  lettre  de  ta  reine  mère,  envoyée  au  roi  par  Sardini ,  i  la  date  du  8  juillet  i6ao;  c'était, 
dit-il,  nue  espèce  de  manifeste  que  le  roi  refusa  de  lire.  [HUt.  de  Louis  XIII .  t.  III,  3*  partie,  p.  17^-}  Le  Vnssor 
n'indique  point  la  source  où  il  a  puisé  cette  pièce.  L'auteur  de  la  Vie  de  Marie  de  MédicJs  la  cite  d'après  Le  Vassor,  et 
ajonle  qu'elle  était  accompagnée  d'avis  sur  la  réfora:e  de  l'Etat.  Les  curieux  pourront  trouver  cet  avis  dans  la  collec- 
tion de  Ûnpuy,  où  sont  conservées  aussi  plusieurs  antres  pièces  touchant  les  démêlés  de  la  reine  mère  avec  le  roi  son 
Gis;  le  tout  en  copie.  (Vol.  91 ,  fol.   i35  et  paistm.  ) 

'  La  paÎK  fut  signée  an  Pool-de-Cé,  avec  Marte  de  Médicis,  le ,10  août,  et  le  même  jour  Louis  XIII  écrivait  à  sa  mère 
une  lettre  que  porli  le  duc  de  Créquy,  Lo  lendemain  ,  la  reine  envoya  le  cardinal  de  Sourdis  et  l'évê([ue  de  Luçon  an 
roi ,  Jivec  sa  réponse  et  le  traité  signe  par  ellp.  Au  sortir  de  l'audience  royale,  Richelieu  en  écrivit  le  résultat  à  la 
reine  mère.  L'bistorien  de  Marie  de  Medicis  ajoute  que  ta  minute  originale  de  la  lettre  da  l'évéque  de  Luçnn  est  dans 
le  manuscrit  de  Godefroî  ;  nous  ne  l'y  avons  pas  trouvée. 

'  Richelieu  prie  M.  de  Luynes  de  disposer  le  roi  k  l'indulgence  en  favenr  du  duc  de  Mayenne,  auquel  Louis  XIII 


vendait  chex  Isaac 
s  ouvrages  de  l'évêque 


ne  pardonnait  pas  de  s'être  armé  poor  ss   mère.  Le  duc   vînt  lui-même  à    Poitiers,  an  commencement  de  septembre, 
*"  :iter  la  clémence  du  roi;  cette  lettre  de  Richelieu  doit  avoit  été  écrite  quelques  jours  auparavant. 


sollii 


934 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


OATKS 


LIEUX  DE    DATES. 


SUSCRIPTIOX 
DES  LP,TT«ES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  sorncEs. 


1020. 

désire  vivre  avec  le  roy  dont  elle  a  esté  très  contente  en 
son  voyage,  el  de  vous  aussy.  Monsieur,  c[ui  reccvrés  tout 
contentement  d'elle.. 

Arch.    de»  Aff.  étr.  France,  l.   XXX,  pièce  137.  —  Minute 
de  la  main  de  Charpentier. 

[28  OU  i>.9  août,]  A  M.  de  Luynes.  «La  reyne  partira  infailliblement  lundy  '  pour  aller  trouver 

le  roy  à  Poictiers. .  .  elle  vous  fera  voir  clairement  qu'elle 
n'aura  rien  au  cœur  que  ce  qu'elle  aura  «-n  la  bouche  :  le 
désir  de  servir  le  roy  et  luy  complaire  el  vous  aimer  fran- 
cliement. .  ,  si  on  vous  dit  autre  chose,  comme  M.  Bou- 
thilHer  m'en  a  fait  cognoistre  quelque  chose ,  croyez,  sur 
ma  foy  et  sur  ma  parole ,  qu'il  y  a  de  l'artifice.  »  —  Dans 
un  P.  S.  Richelieu  demande  à  Luynes  de  fairu  prendre  au 
roi  5o  milliers  de  poudre  qui  sont  arrives  par  mer  à  la 
Uochelle,  dont  la  reine  mère  n*a  plus  besoin,  et  qu'elle  ne 
peut  payer  sans  s'incommoder.  «Cette  poudre  revient  a 
onze  sols  la  livre.  » 

Arch.   des  Âff.  étr.  France,  t.    XXIX,  pièce    no.  —  MiDOte 
de  la  main  de  Le  Masle. 

fi"  qtiinzaine  A «La  reyne  vous  tesmoigne  son  affection  par  la  lettre  qu'elle 

d*octobre.  1  *'Ous  escril..  .  M.  de  Roches*  vous  entretiendra   sur   le 

sujet  de  son  voyage...  11  m'ennuie  extrêmement  que  je 
ne  vous  voye  pour  jouir  de  voslre  entretien  à  cœur  saoul.» 
M.  de  Mâriiiac  m'a  dit  que  la  maladie  où  vous  êtes  tonibé 
depuis  quelques  jours  n'est  qu'une  petite  lièvre..  . 

Arch.  des  A£F.  étr.  France,!.    XXIX,    pièce  1 /|o.   —  Minute 
de  la  main  do  Charpentier. 

Vers  A  M.  de  Luynes.  a  Monseigneur,  la  reyne  arriva  avant   hier  eu  celle  vill< 

[le  :>o  octobre.]  elle  est  impatiente  de  sçavoir  des  nouvelles  du  rov  nt  des 

vostres,  y  ayaut  20  jours  que  M.  de  Roches  est  party 
d'auprès  d'elle,.  .  malgré  les  grandes  maladies  qui  sont  au 
lieu  où  vous  estes,  elle  se  promet  que  Dieu  conservera  le 
roy  et  ceux  qu'il  aime.»  Assurances  des  bonnes  intentions 
de  la  reine,  malgré  les  méchants  discours  de  ses  ennemis. 
«  Vous  adjouslerés  plus  de  foy  aux  paroles  de  ceux  qui  ne 
se  font  pas  beaucoup  de  fcstes,  mais  qui  auront  lousjours 
a  gtande  gloire  de  servir  comme  ils  doivent. .  .  » 

Aiï.  étr.  Fra-ce,  t.  XXIX,  pièce  ut.  —   Minute  de  la   main 
de  Charpentier. 


'  Celle  lettre,  qui  n'est  point  datée,  annonçant  in  départ  de  la  reine  mère  pour  le  lun.li ,  a  dû  êlre  écrite  le  ven- 
dredi 28  «ont,  ou  le  samedi  a  9.  Arrivé  ie  3o  à  Foi  tiers,  le  roi  y  resta  quelques  jours  avec  les  dcox  reines  »  dont  il  prit 
congé  le  9  septembre ,  se  dirigeant  sur  Bordeaux,  les  reines  retournaient  vers  Paris. 

^  Voy.  ci-dessus,  lettre  de  M.  de  Sens,  p.  487.  Le  voyage  de  M.  Des  Hoches  avait  pour  objet  de  porter  a  la  cour, 
en  ce  moment  à  Pau,  certaines  réclamations  asseï  capricieuses  de  la  reine  mère,  et  aussi  de  détruire  l'effet  des 
méchants  discours  des  ennemi»  qu'elle  et  Richelieu  avaient  auprès  du  roi.  Des  Roches  était  parti  les  premiers  jours 
d'octobre  ;  c'est  la  date  de  cette  missive  qui  est  adressée  à  un  ami  de  révêquc  de  Lu^oa. 

'  Quelle  ville  et  quelle  date  ?  En  quittant  (le  9  septembre)  le  roi  oui  allait  en  Bcarn ,  la  reine  mère  prit  la  route  de 
Fontainebleau  ,  et  elle  ne  revint  à  Paris  qu'un  p  mi  npiès  le  7  novembre.  C'est  sans  doute  dans  la  première  Je  ces  villes 
qu'elle  est  en  ce  moment ,  puisque  nous  voyons  qu'elle  est  à  la  campagne.  (  Ci-dessus ,  p.  488 ,  note.  )  Quant  à  la  tlate , 
nous  savons  par  une  lettre  de  Laynes  (France ,  t.  XXX,  fol.  96)  que  Des  Hoches  était  encore  à  Pau  le  17,  et  qu'il  était 
sur  le  point  d'en  partir.  Il  lui  fallait  quatre  ou  cinq  jours  au  moins  pour  arriver  à  Fonlainebleaa  ,  et  il  n'y  était  pas 
encore  arrivé,  dit  la  présente  lettre  ;  on  peut  donc  proposer  la  date  que  nous  indiquons. 


NON  IMPRIMÉES  DANS   LE  SUPPLÉMENT. 


935 


DATES 
et 

LIEUX  DX  DATES. 


SUSCRIPTION 

DBS  LETTRES, 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOUBCES, 


lo  mai. 
Blois. 


2U  mai. 
Uourgoeil. 


[Ver. 
le  I  o  juSlel . 


Idem 


[Premier  tiers 
de  juillet.] 


[...Aoùl'.l 


A.  M.  de  Nicolai,  pre- 
mier président  de  la 
djambre  des  comptes. 


Au    premier   président 
de  Mcolaï. 


A  M.  de  Luynes. 


\u  P.  Arnoui. 


Au  cardinal  de  Rclz. 


A  M.  de  Luynes. 


1621. 

Informé  par  d'Argouges  de  ce  qui  s'est  passé  en  l'affaire  de  ia 
reine  mère  ',  Richelieu  s'en  étonne,  M.  de  Nlcolaï  lui  ayant 
promis  «de  la  faire  vérifier  simplement,  ou  d'en  arrester 
ïa  vérification.»  Levêque  de  Luçon  demande  qu'on  répare, 
au  contentement  do  la  reine  mère,  ce  qui  a  été  mal  fait. 

Autographe.  —  Archives  de  la  famille  de  Nlcolaï.  37.    L.   8. 
ComiunnicalioD  de  M.  de  Boislisle. 

«S.  M.  eusl  désiré  que  son  affaire  eust  passé  comme  vous 
faviés  proposé.  Elle  ne  laisse  de  ressentir  la  façon  avec 
laquelle  vous  luy  avés  tesmoigné  voslre  affection  en  cette 
occasion.  » 

Autographe.  —  Arch.  de  Nicoiaï.  37.  L.  9.  Idem. 

«Monseigneur,  la  reyne  voudroil  que  tous  ceux  qui  sont 
auprès  d'elle  fcussenl  utiles  à  vous  servir;  elle  vous  les  en- 
voyercit  volontiers  comme  elle  fait  de  M.  de  Marillac.  Le 
plus  grand  contentement  qu'elle  puisse  avoir  est  le  succès 
de  l'entreprise  du  roi  contre  l'bérésie.  Elle  se  plaint  des 
ombrages  que  le  sieur  Desbordes  a  rapportés  qu'on  làclie 
de  donner  au  roi,  M.  de  Mariltac  dira  ce  que  c'est  que  la 
grande  forliiication  d'Angers'.  Vous  n'y  ajoutez  pas  fov  ; 
au  contraire,  je  croy  que  c'est  vous  seul  qui  enipcschez 
que  les  mauvaises  pensées  (|ue  la  malice  des  hommes 
espand  ne  lace  le  mauvais  cffect  qu'elles  pourroient  faire. . .  » 

Arch.  d«s  AfF.  ^tr,  France,  t.  XXXI,  pièce   18.  —  Minute  de 
lu  main  de  Charpentier. 

«lid  reyne  a  chargé  expressément  -M.  de  Marillac  de  vous 
eotrelenir  particulièrement  d'une  affaire  d'Angers,  dont 
vous  auréa  ouy  parler..  .  vons  pourrés  faire  cognoistre  la 
sincérité  de  ses  intentions...  S,  M.  supplie  le  roy  d'en- 
voyer sur  les  lieux  pour  justifier  celte  imposture.. .  » 

Arch.  des  Aff.    etr.   France,    l.    XXIX,  pièce  i3i.  —   Minute 
de  la  main  de  Charpentier. 

5ur  le  même  sujet  que  la  lettre  précédente  au  père  Arnous. 
«Ce  mcsco  nt  en  terne  nt  n'cmpeschera  pas  la  reyne  de  con- 
tribuer, au  bien  de  l'église,  du  service  du  rov  et  de  l'Estat, 
tout  ce  qui  luy  sera  possible...  Elle  recognoist  le  desplaisir 
(fu'a  le  roy  de  ce  qui  s'est  passé  en  son  logement,  et  le  sen- 
timent de  M.  le  conneslable.. .  » 

.  XXIX,   pièce   13g.  —  Minute 


Arch.  des  Aff.    étr.   France, 
de  la  main  de  Charpentier. 


La   reine   ne   se   met  point    en    peine   de   méfiances  qu'on 
donne    d'elle,   «parce   que    vous   sçavés    bien    descoiivrir 


'  On  up  dit  pa»  de  quelle  aflfaire  il  a'agtt;  c'était  aan»  doute  Je  l'acconipiiiseinent  do  ijuelque  promesse  faite  à  la 
paix  du  Pont-de  Ce.  (  Voy.  t.  I,  p.  671.)  La  lettre  suivante  noua  apprend  que  tout  s'arrangea  à  la  satisfaction  de  Marie 
<le  Mélicis. 

'  Vny.  ci-deaaas,  p.  49^  *  le  mémoire  donné  è  M.  de  Marillac,  qui  peut-être  fut  porteur  de  cette  lettre. 

'  Cette  lettre  a  dû  être  écrite  au  temps  où  le  hruit  des  prétendues  fortifications  que  la  reino  mère  aurait  fait  fairp 
à  Angers  était  nn  sojet  de  loupçon  dont  elle-même  écrivaîf  quVlle  tt'en  moque,  »  f Ci-dessus,  p.  5o6.  ) 


936 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


UEXSX  DE    DAIES. 


1621 


2  2  octobre. 


SUSCRIPTION 

DES  LBTTBES. 


A  M.  (If  Liiynes. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOCRCES. 


le  faux  (lu  vray  et  que  l'événement  jusliiie  ses  inten- 
tions- Elle  désire  avec  passion  que  le  roy  parachève  l'af- 
faire en  laquelle  vous  estes  maintenant,  aussy  heureuse- 
ment qu'il  l'a  commencée.  »  —  Quand  Richelieu  est  près  de 
Luynes,  celui-ci  le  croit;  Richelieu  se  promet  qu'en  son 
absence  il  a  le  même  avantage. 

Arch.  des  Aff.   ^.tr.    France,   l.  XXXI,  pièce   i8i.  —    Miaule 
(Je  la  maîo  de  Charpentier  '. 

On  envoie  le  s'  de  Roches'  qui  est  chargé  de  toutes  les 
explications  ;  seulement  l'évêque  de  Luçon ,  ayant  appris  par 
M.  de  Marillac  (jue  le  connétable  se  plaint  de  lui ,  if  attribue 
«ces  mauvaises  impressions  aux  artifices  de  ceux  qui  ne 
l'aiment  pas  ,»  et  il  le  conjure  de  ne  pas  ajouter  foi  aux 
calomnies;  «il  seroit  du  tout  nécessaire  de  chaslier  ceux 
qui  tirent  de  leurs  cervelles  des  faussetés  évidentes  pour  se 
iaire  de  festc, . .  » 

AfT.  étr.  t.  XXXI ,  pièce  i86.  —  Minute  de  la  main  de  Char- 
pentier. 


1622. 

Richelieu  répond  a  sa  lettre  de  ï'oitiers;  il  a  confiance  en 
Marillac  comme  en  lui-même.. .  «Madame  de  Marillac  m'a 
dit  la  créance  que  vostre  lettre  porte ,  à  (|uoy  j'ay  incon- 
tinent satisfait  auprès  de  S.  M.  ainsy  que  vous  le  désirés.» 
Arch.  des  AfF.  étr.  France,  t.  XXIX,  pièce   i35.  —  Minute 
Hela  main  de  Charpentier. 

«Ce  n'est  point  merveille  si  une  personne  qui  est  en  l'afflic- 
tion où  vous  estes  n'est  pas  exempte  de  soubçon..  .  La 
reynene  vous  a  jamais  oublié,  et  ses  seniteurs  n'ont  point 
manqué  de  désirer  de  vous  servir..  .  Maintenant  que  per- 
sonne n'cmpescbc  *  que  le  roy  ne  tesmoigne  le  bon  naturel 
([u'il  a  tuusjours  eu  pour  la  rcyne  sa  mère,  vous  recognoistrès 
les  eflects  de  la  bonne  volonté  de  nostre  bonne  maistressf^.  » 
Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  XXIX,  pièce  i38. —  Minute 
de  la  main   de  Charpentier. 

«Si  vostre  contentement  deppendoit  de  mes  désirs,  il  y  a 
longtemps  que  vous  auriés  satisfaction...  La  rcyne  s'est 
résolue,  sans  attendre  davantage,  de  suplier  le  roy,  le  jour 
de  Pasques,  de  cette  grâce,  et  la  faire  proposer  par  les 


'  Celte  lettre  est  la  dernière  que  nous  a)Ous  de  Ricl.elieu  au  connétable  de  Luynes;  celuî-cî  mourut  le  i4  décembre 
1621.  Le  roi  en  informa  sa  mère  par  une  lettre  qu'a  douuée  le  P.  Griffet  (  1 ,  3a6  )  et  à  laquelle  Marie  de  M édi ci»  ré- 
pondit le  ai  décembre.  Sa  lettre  se  trouve  ù  la  Bibliothèque  nationale,  collection  Béthunc ,  n"  9770.  Le  2a  décembre , 
la  reine  mère  conseillait  à  Louis  XIII  de  gouverner  par  lui-même,  et  le  27  elle  le  félicitait  de  la  prise  de  Monheur 
■  dout  la  gloire  en  rcvenoit  tout  entière  à  lui  seul.  ■  On  s'aperçoit,  dès  ces  premières  lettres,  que  la  reine  mère  se  sent 
<lcbarrasscr  du  favori  qui  s'était  placé  entre  elle  et  son  (ils.  Nous  ue  savons  si  Richelieu  a  eu  quelque  part  à  ces  lettres, 
dont  nous  n'avons  dans  ce  manuscrit  que  ta  copie,  ainsi  que  de  plusieurs  autres  de  la  même  priucesse. 

^  Ci-dessus,  p.  609,  les  instructions  données  au  s'  De  Roches. 

*  Nous  avons  deux  lettres  de  Marillac  dont  on  doit  conclure  que  celle  à  laquelle  Richelieu  répond  était  du  16  ou 
1 6  janvier. 

**  Cette  missive  a  dû  être  écrite  un  peu  après  la  mort  de  Luynes.  Voy.  notre  tome  I ,  p.  699  ,  une  lettre  adressée  à 
Charpentier,  où  Richelieu  parle  de»  méfiances  de  Barbin  ;  ces  deux   lettres  doivent  être  à  peu  près  du   même  temps. 


[Vers 
le  20  janvier^ 


.janvier. 


.  Mar; 


"A  M.  dr  Marillac. 


(A  Barbin  ?] 


A  M.  Barbin  ' 


NON   IMPRIMEES  DANS  LE  SUPPLEMENT. 


937 


DATES 


L1BC\  DM   DATES. 


SUSCHIPTION 

DBS  LBITBES, 


ANALYSES  DES  LETTRES 

BT   ftOUBCES. 


1622. 


Avril  ? 


Aux  députes  du  clergé 
de  Luçon. 


P.  P.  Segiiiran  et  Suffren^  avec  tant  de  respect  qu'il  ne  le 
sçauroit  trouver  mauvais..  .  N'attribués  point  à  l'oubly  de 
la  reyne  ce  qui  ne  procède  que  de  la  defliance  qu'elle  a 
de  SOS  forces  ^. . .  » 

XXXIl  ,  pièce  173.  —  Minute 


Arch.   des  Âff.   étr.  Fracce>  t. 
dp  la  main  de  Charpentier. 


Faire  une  information  des  vexations,  pilleries  et  misères  dont 
ils  ont  étû  travaillés,  afin  (jue  leur  évêque  tâche  d'y  re- 
médier et  puisse  les  soulager. 

Histoire  du  monastère  et  des  évêifaes  de  La^n ,  par  la  Fouteni-lle 
de  Vaudorc,  t.  I ,  p.  4o5  '. 


27  mai. 
[imours. 


[ . . .  Septembre. 


1  a  septembre. 
De  Monlliéry. 


27  octobre. 
Paris. 


A    Monsieur   Monsieur 
de  Rouville  *. 


A  M.  Maupin*. 


A  M.  Boutbillier. 


A    Monsieur    Monsieur 
de  Rouviile ,  etc. 


1623. 

«Je  suis  extrêmement  faschc  de  la  peine  que  vous  prenez  en 
l'afFaire  que  j'ay  à  démesler  avec  Mess,  de  Puygareau  ;  de 
ma  part  vous  en  serez  souverainement  juge  :  j'ay  fait  une 
bonne  consultation..  .  on  ne  me  peut  disputer  la  Ibnriation 
de  \ué  à  mon  jugement.  Ces  Messieurs  font  peu  d'estat  de 
ma  pauvre  et  misérable  personne.. ,  »  ^ —  (Après la  signa- 
ture. )  «Je  vous  prie  de  trouver  bon  que  je  baise  les  mains 
à  celle  qui  vous  fait  trouver  l'air  de  la  campagne  doux  et 
agréable.  » 

Bibl.    imp.    Fonds  fr.    3o6âi,   fol.    ai5.  —  Original,   de    la 
main  de  Le  Masie. 

«Faut  faire  response  que  j'assisterav,  en  ce  que  je  pourray, 
au  dessein  qu'il  a  d'empescher  que  la  multiplicité  des 
ordres  ne  se  ruinent  les  uns  les  autres,  selon  sa  lettre;  et 
telles  paroles  d'affections  à  leur  ordre,  comme  nécessaire 
au  public.» 

Arch.dcs  Aff.  étr.  France  ,  I.  XXXV,  pièce  87  •.  —  Autographe. 

«M.  de  Vendosme  escrivant  à  la  reyne  par  M.  de  Comblât 
pour  la  suplicr  de  luy  faire  don  de  quelques  lots  et  ventes , 
contribués  ce  que  vous  pourrés  à  ce  que  M.  de  \  cndosme 
obtienne  ce  qu  il  désire..  .  Si  celle  aîfaire  est  accordée  à 
d'autres,  la  qualité  de  M.  de  Vendosme  et  l'affection  que 
la  reyne  luy  porte,  faict  (|u'ils  ne  doivent  point  trouver 
estrange  si  on  apporte  changement  en  celte  affaire.» 

Arcb.   des  Aff.  étr.    France,   coll.  verte,   1619-1641,    t.  VI, 
fol.   9.  —  Original,  de   la  main   de  Charpentier. 

«Vous  vous  estes  gouverné  si  prudemment  qu'il  n'y  a  rien 
à  redire  à  vostre  conduitr.»   Envoyer  les  procès- verbaux 


'    C<s  instances  de  la  reîne   furent  sans  effet ,  car  le   iti  avril   Barbin  écrivait  à  Rîclielicti  que,  n'ayant  rien  obtenu 
il  l«  priait  de  terminer  raBaire  de  la   récompense  de  sa  charge,  pièce  173. 

'   L'auteor  n'indique  point  la  source,  et  il  place  cotte  lettre ,  non  datée,  en  avril  161 3. 

'  VoV'  cî-destus,  p.  63  i.  C'est  le  m^me  sans  doate  que  Richelica  qualIGe  ■d'homme  de  cœitr,  >  dans  ses  Mêm,  II,  67 

*   Il  était  vicaire   frénéral  île  la  Charilé,   mai'  -     —      -  - 


«on   hospitalière  de  Bordeaux.  II  écrivait  à  Richelieu  ,  le  9  septembre, 

DD   celles  que   «certains   religieux  nommas  de  S'  Louys  et  religieuses  de 

oistna^e.  Il   donne   aa   cardinal,   dans  la.  suseii[)tion   de  sa  lettre,  la  qoalîtô 


pour  se  plaindre  du  tort  que  feraient  2   sa   maison   celles  que   «certains   religieux  nommas  de  S'  Louys  et  religieuses  de 
S"  ÉlisAbelh  «  voulaient  fonder  dans  le        '  ' 


de  proleclear  de  l'ordre  de  /a  Charité. 

'  Cette  cote  est  celle  de  L  lettre  do  •'  Maupio  «  an  ba»  de  Uqaelle  lettre  Ricbelfen  a  ^crit  ce  projet  de  réponse. 


CARDIN.  DE  RICHELIEU. 


118 


938 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 


LIEUX.  DE  DATES. 


1623. 


SUSCRIPTION 


DES  LETTRES 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOUnCES. 


[  Vers 

la  mi-janviiT. 

Ano-fctcrre. 


■ib  avril, 
tlompiègne. 


io  juin. 
Compiègiif 


La  reine  mère  au  conil( 
de  Tillièrcs. 


«du  prévost  cldu  grenelier,  afin  que  sioD  metloil  (pielque 
chose  en  avant  à  vostre  préjudice,  on  puisse  faire  voir  le 
contraire  par  pièces  authentiques.»  .  ,  .  Quant  à  mon 
aflaire,  «j'en  entends  bon  succez,  telle  que  vous  jugerez 
que  mon  bon  droict  le  requiert.'..»  —  P.  S.  «Le  Masïc  ne 
manquera  pas  devons  aller  trouver.» 

BihL  ïmp.  FomI»  fr.  ao65i,  foL  aao.  —  OriginaL 

1624. 

«Je  m'eatonne  de  vostre  crédulité,  je  n'ay  donné  aucune 
charge  au  religieux'  que  vous  me  nommez,  ny  à  aucuns 
autres  de  traitter  du  mariage  de  ma  fdle  en  Angleterre; 
je  n'en  ay  eu  ny  le  pouvoir  du  roy  Mons"^  mon  fils,  ny 
l'inteDlion..  .  ce  religieux  ne  m'a  parlé  de  ïa  part  du 
s"^  marquis  de  Boukingham  que  du  désir  que  son  maistre 
prist  l'alliance  de  France. .  .  » 

Arcli.  des  Aff.  élr.  Angleterre,  t.  XXVI  «  fol.  aiy  v'- Copie  ■^. 
—  Imprimée  :  Mèmoirt  du.  comte  de  TWitres .  p.   336, 

Le  roi  le  prie  d'assister  M.  de  Béthunc,  nouvel  ambassadeui  à 
Rome  ^,  dans  toutes  les  ciioses  qu'il  aura  à  traiter  pour  les  in- 
térêts de  la  France.  «  Le  roi  rocognoistra  les  bons  oflices  dud 
cardinal  par  les  effects  de  sa  bienveillance  et  proteclion.» 

Arcli.  des  Aft',  clr.  Rome,  l.  XXXUI.  —  M  note. 

Deux  iustructioDS  lui  furent  données  le  même  jour  :  on  lit, 
dans  l'une,  que,  «S.  M.  prend  elle-même  les  soins  du  gou- 
vernement cl  conduite  de  ses  adaires..  .  ;  et  les  prcmiei"s 
tesmoignages  qu'elle  a  voulu  rendre  a  esté...  aux  cantons 
qui  tiennent  un  des  premiers  rangs  de  son  amitié..  .  » 
Celte  instruction  développe  en  36  pages  la  situation  des 
affaires  dont  la  plus  importante  est  le  rétablissement  des 
Grisons.  La  disgrâce  de  La  Vieuville,  que  le  marquis  de 
Cœuvres  était  chargé  d'annoncer  aux  cantons,  fut  pont*  lui 
Toccasion  dune  faveur  qu'il  sut  rendre  fort  honorable. 
«M.  le  mareschal  d'Eslrées  demanda  ïa  confiscation  de  trois 
terres  de  M.  de  La  Vieuville,  et  les  luy  conserva  après luy 
en  avoir  envoyé  le  brevet.»  C'est  Tallemant  qui  consigne 
dans  son  Recueil  de  médisances  le  souvenir  de  celte  géné- 
reuse action  (I,  386),  et  il  devait  bien  ce  dédommagement 
au  marquis  de  Cœuvres,  pour  les  on  dit  véritablement 
infâmes   qu'il   ne  lui  avait  pas  épargnf'S  dans  celte  même 


'  C'était  au  lérollet  iuiglaia,  uoramé  Uoliert  Grey,  dont  il  est  (question  dans  plo^ieur»  lettres  du  comte  «te  TilHères, 
f  t  au  sujet  duquel  BiickJDghaiit  écrivait  le  39  janvier  qu'il  s'en  enK  défié  au  premier  abord  ,  el  ayant  soupçonné  rim- 
porlancc  ,  l'a  fait  arrêter  [  fol.  a  17  du  mùmems  Voy.  Io  nota  cî -dessus,  p.  584  ).  —  La  lettre ,  nou  datée  ,  a  été  écrite  en 
réponse  à  une  au  lie  du  comte  de  TilUèrcB ,  du  29  décembre.  Nous  voyons  qu'elle  était  parvenue  ù  Londres  le  a  i  janvier. 

*  Une  seconde  lettre  sur  le  même  sujet,  écrite  par  Marie  de  .Médicis  au  comte  de  Tillières  le  17  février,  est  aussi 
imprimée  dans  ic^  m^mes  mémoires,  p.  aS^.  Je  n'en  ai  point  le  manuscrit. 

^  Le  m-irq»is  de  la  Vieuville  dirigeait  alors  le  ministère  auquel  il  venait  d'associer  Ricbelieu  ;  ennemi  de  îa  famille 
de  Sillery,  il  saisît  l'occasion  de  la  mettre  hors  des  alTaires.  Il  envoya  un  s'  de  Fontcnay ,  capitaine  du  régiment  de 
Navarre ,  au-devant  du  commandeur  de  Sillery,  ambassadeur  de  l'rauce  à  Rome ,  avec  ordre  de  saisir  tous  ses  papiers , 
et  de  l'accompagner  à  la  cour,  sans  le  perdre  de  vue  un  seul  instant.  —  Richelieu  voyait  avec  grande  satisracûon  la 
chute  des  Sil'cry,  et  il  y  a  certainement  coutribué  par  ses  conseils ,  mais  il  a  volontiers  laissé  à  un  autre  l'odieux  d'une 
m^-surc  violente.  Nous  ne  trouvons  dans  l'iuslrurtion  donnée  au  capitaine  de  Fouteoiiy  aucun  indice  de  la  participalion 
de  Hichelieti  à  la  rédaction  de  cette  pièce,  conservée  aui  Affaires  étrangères,  manuscrit  cité  aux  sources,  folio  Saa. 


Le  roi  au  cardinal  Ben 
_  iivoglio. 


Inslruction     baillée 
M.    le    marquis    de 
Cœuvres. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE   SUPPLEMENT. 


939 


LIBCX  DE  DATI8. 


1624. 


KjJUlli. 


I 


iH  août. 
Compiègnc. 


SUSCRIPTION 

DES  LKTTBES. 


Ke  roy  à  mon  cousin  le 
Landgrave  Maurice 
de  Hesse,  prince  du 
S'-Emnire ,  colonel 
général  des  gens  de 
guerre  altemans,  es 
lans  à  mon  service  '. 

Lettre  du   roi  à  M.  le 
colonel  d'Ornano. 


Le  rui  a  M.  le  aiarquis 
d'Kfiiat ,  ambassadeur 
extraordinaire  en  An- 

•  gleterre. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOCBCES. 


notice.  —  La  seconde  commence  ainsi:  «L'instruction  pré- 
cédente, contenant  certains  points  généraux,  est  faite  prin- 
cipalement à  l'effet  de  couvrir  soubs  des  prétextes  spécieux 
le  véritable  sujet  de  la  légation  du  marquis  de  Cœuvres, 
pour  lequel  sujet  S.  M.  a  commandé  luy  estre  baille  le  pré- 
sent mémoire  séparé,  qu'il  ne  fera  voir  à  personne.»  Ce 
véritable  sujcct  est  de  «  préparer  et  promouvoir  aux  soubslé- 
vation  chei  les  Grisons...  D'adviser  la  quantité  d'armes, 
piques,  mousquets  et  pouldres  qu'il  conviendra  leur  four- 
nir... et  leur  donner  des  gens  de  main,  de  courage  et 
d'expérience..  .  »  en  attendant  que  le  moment  soit  arrivé 
d'envoyer  ouvertement  une  armée.  Celte  pièce  est,  comme 
l'autre,  signée  du  roi  et  conlre-signée  Pbclyppeaux,  Elle 
contient  évidemment  la  pensée  de  Uicbelieu  et  a  été  rédigée 
sur  ses  notes  ;  mais  cette  longue  rédaction  est  du  commis 
du  secrétaire  d'Etat  d'HerbauIt. 

Arch.  de»  Aff.  étr,  Suisse,  t.  XVI  (  uod  colé).  —  Mise  au  iicl. 

«Lorsque  j'ay  dépcsché  le  s'  Marescot  '  pour  aller  visiter ,  de 
ma  part,  les  princes  de  la  Germanie  et  aviser  avec  eux  aux 
moyens  propres  à  les  rallier  pour  le  bien  de  leurs  affaires, 
et  leur  procurer  une  bonne  paix,  je  luy  ay  faicl  comman- 
dement particulier  et  très-exprès  de  vous  voir  '...»► 
Arch.  (les  AIT.  étr.  Hcsse,  U  I ,  fol.  19.  —  Miaule. 

«Me  contentant  de  la  demeure  que  vous  avésfaicte  au  cbastoau 
de  Cam(Cacn)  pour  peyne  du  délay  que  vous  apportastes  à 
obéir  au  commandement  que  je  \ous  fis  de  vous  retirer  au 
Pont-Saint-Esprit..  .  J'ay  comii:andé  de  vous  remettre  en 
pleine  liberté'.  Vous  pourrés  me  venir  trouver..  .  me  ren- 
dant l'obéissance  qui  m'est  deue,  attendes  de  moy  des 
tesmoignuges  de  bonne  volonté..  .  » 

Arch.  des  AIT.    étr.   France,   t.   XXXV,    pièce    87.  —  Minute 
delà  niaia  de  Charpentier.- — Miac  au  net,  pièce  86. 

Le  roi  renvoie  les  articles  du  contrat  de  mariage  de  Madame 
avec  des  observaljons  sur  plusieurs  articles  auxquels  on  a 
fait,  en  Angleterre,  des  cbangements  inacceptables  \ 

Arch.  des  Aff.  éir.  Angleterre ,  l.  XXVIII ,  fol.  8.  —  Mise  au  net. 


'  Kiclielieu,  dans  cette  mission,  n'avait  garde  d'oublier  la  Hrsse,  depuis  longtemps  alliée  à  la  Franco;  Henri  IV 
maintenait  soigneusement  rette  alliance.  A  la  mort  tragique  de  Henri ,  le  Landgrave  se  hâta  de  proteiter  de  sa  fidélité  h 
!a  mémoire  du  grand  roi ,  ainsi  qu'à  son  jeune  héritier  (  m»,  précité ,  fol.  3  ].  Et ,  de  son  câté ,  le  cardinal  s'empressa 
sans  duole  de  mettre  à  jour  l'arriéré  des  subventions  données  i  ce  priuee ,  car  oous  trouvons  ici  [fol.  31}  le  compte 
dp«  années  prérédentes  jusqu'à  hi  fin  de  163J  ;  il  monte  à  395,000  liv.  Ce  secours  était  bien  nécessaire  au  Land- 
grave, iM>n  allachemenl  nu  roj  ^y^n^  attiré  sur  ses  Estats  de  grands  ornges ,  •  comme  il  l'écrit  à  la  retno  mère  le 
3  mars  1636  (ma.  précité,  fol.  ih).  L'année  suivante,  Guillaume  succède  à  Maurice ,  et  continue  les  liaisons  de  son 
père  avec  la  Suède  et  avec  la  France.  Richelieu  ,  qui  vaote  son  courage  ,  son  rxpérirnce  et  sa  fidélité  {Mcm.  VIII,  34<^), 
l'en  récoiiipenae  largement.  Le  prince  de  Heaso  en  remercie  le  roi  avec  une  elTusion  de  reconnaissance  qui  s'étend 
jusque  sur  le  ministre;  c  Vostre  maiatre  et  le  mien  m'accable  de  ses  libéralités,  proinifr  que  j'aye  eu  l'honneur  de  luy 
faire  le  moindre  service,*  mande  le  Landgraxc,  et  îl  ajoute  :  «Je  voudrois  prouver  romliien  je  prise  vos  mérites,  et 
combien  j'ai  d'ambition  de  me  conserver  !' honneur  de  vostre  amitié.*  iC3i  (  ms.  précité  ,  foL  4u  ). 

'  Maître  des  requêtes  envoyé  ''n  Allemagne.  {  Mtm.  de  Uicheliea  ,  t.  H,  p.  ^o8. } 

'  Sur  le  m^me  feuillet  une  lettre  du  roi  à  M.  de  Mosnv,  oicmc  date  : . .  .<  Je  tous  fais  la  présente,  afin  qu'incontinent 
que  vous  l'aurés  reçue  voua  le  délîvriés  (d'Ornano)  pour  me  venir  trouver...  ■  Le  marquis  de  La  Vicuville,  qui  l'avait 
fait  emprisonner,  venait  d'être  disgracié-  Lettre  de  cachet  do  i3  août,  envoyée  au  parlement.  (Notre  t.  II ,  p.  a5.) 

*  Cett«^  pièce,  dont  Riebelieu  n'a  donné  qce  la  pensée,  a  dû  être  ré<]igée  par  M.  de  Loménie,  alor.:  chargé 
spécialement  des  relations  avec  l'Angleterre.  Au  folio  13  verso  de  ce  manuscrit,  nous  trouvons,  en  legard  ,  sur  une 
mime  fcnîDe,  les  articles  tels  qu'ils  étaient  modifié»  en  Angleterre,  cl  tels  que  la   France  entendait  les  accepter. 


940 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 
et 

I-IEUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES   LETTRES. 


'ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  80DKCES. 


12  septembre. 

Saint-Germain- 

en-Laye. 

Idem. 


li  septembre. 

Saiut-Gcrmaîn- 

en-Laye. 


Instruction  '  baillée  à 
M.  I)esliayes'\  allant 
eu  Danneinarck  et  en 
Suède. 

Instruction  à  M.  de 
Bullion,  allant  vers 
M.  le  connestable  et 
du  là  en  Savoie. 


Le  roi  à  M.  de  Bëtbune. 


Ménager  l'accession  du  roi  de  Danemark  à  la  cause  de  la 
France  et  de  ses  alliés  '. 

Arch.  tics  Aff.  étr.  Danemark,  t.  I,  fol.  19-2 4.  —  Doubtr. 

Il  s'agissait  de  s'entendre  avec  le  duc  de  Savoie  pour  faire 
exécuter  ie  traité  de  Madrid  (1621)  que  n'observaient  pas 
les  espagnols.  —  (H  n'y  a-<lans  celte  longue  instruction  que 
la  pensée  de  Richelieu,  exprimée  en  style  diffus,  par  un 
premier  commis  du  secrétaire  d'Etat  des  Aff.  étr.  d'IIer- 
bault;  celui-ci  a  contre-signe  la  signature  du  roi.) 

Arcl).  des  Aff.  ctr.  TurÎH  ,  t.  IV,  pièce  6S.  —  Mise  au  ntt 
corrigée  et  devenue  niiniile. 

Le  roi  répond  à  une  lettre  du  8  sur  trois  points  :  1"  la  rcsti- 
lulion  de  la  Valtcline  et  des  autres  lieux  occupés  par  l'ar- 
cbiduc  Léopold  en  la  ligue  des  dîx  droictures,  et  particu- 
lièrement le  dépôt  des  forts;  2"  le  mariage  du  prince  de 
Galles  avec  la  sœur  de  S.  M.  *  ;  obtenir  les  meilleures  condi- 
tions pour  la  religion  catholique..  .;  3"  touchant  la  propo- 
sition du  mariage  de  l'héritière  d'Estitian  au  royaume  de 
Naplcs,  avec  le  s'  dom  Thadée,  neveu  de  S.  S.;  M.  «ie  Bé- 
tbunc  a  bien  fait  d'essayer  de  détourner  le  pape  de  cette 
alliance  avec  une  sujette  du  roi  d'Espagne  ^ 

Arcli.  des  Aff.  clr.  Rome,  l.  XXXV,  fol.  3i.  —  Mise  au  net, 
devenae  minute,  à  cause  de  <  haogcmcnts,  doiit  l'un  oit  de 
la  m:)iii  de  Richeiku. 

Divers  intérêts  de  la  France,  de  Venise,  de  Savoie  et  des 

cantons  dans  la  Vallelinc  :  telle  est  la  pensée  de  eetteins- 

truclion ,  développée  dans  2  h  pap^os  par  un  secrétaire  d'État. 

Arch.  des  Aff.  etr.  Venise,  t.  XLIII ,  fol,  Sj-gi.  —  Mise  au  net*. 

Au  sujet  du  mot  d'ordre  à  donner  aux  troupes,  lorsque  colles  ■ 
de  France  seront  réunies  à  celles  du  duc  de  Savoie,  sous 
le  commandement  de  ce  prince,  ou  du  prince  de  Piémont. 
Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  l.  IV,  pièce  73.  —  Mise  au  net,  , 
devenue  minute  ,  ayant  été  corrigée  "'. 


'  Une  des  premières  pensées  de  Riiliclicu  ,  dès  qu'il  eut  une  part  otHcielle  à  la  direction  des  affaires  politiques,  fut 
de  nicnaf^or  des  liaisons  entre  la  France  et  les  puissances  étrangères.  Ou  a  vu  ilans  notre  premii  r  volume ,  page  30S  , 
Ja  célèbre  instruction  donnée  à  M.  de  Scliombcrg ,  le  ^9  déccmljrc  i6)6,  ainsi  que  les  dépêches  envoyées  aux  divers 
agents  diplomatiques.  11  en  fut  de  mémo  en  1  6a.i ,  cl  quoique  le  travail  des  relations  extérieures  fût  partagé  alors  entre 
trois  secrétaires  d'État,  quoique  Richelieu  n'eût  pas  encore  le  titre  officiel  de  premier  ministre,  et  quoique  lui-même 
ait  écrit  qu'il  liiis8-ut,en  général,  aux  aecrétaires  d'Etat  ie  soin  de  dresser  les  instructions  Jiploinatiqur» ,  il  !■  8 
inspirait  de  sa  pensée  et  ne  restait  pas  toujours  étranger  à  la  rédaction.  En  indiquant  ici  l'instruction  du  s'  Deshaiis, 
nous  donnons  cet  avertissement ,  qui  se  rapporte  aussi  à  la  plupart  de  celles  q*ie  nous  avons  indiquées  dans  ce  rerueil. 

'  Sur  Dcsliaies  de  Courmeniu  ,  vojez  notre  quatrième  volume ,  page  3âo  ,  et  les  notes  des  pages  aj  i ,  agg- 

'  Le  même  ms.  de  Danemark  contient,  folio  a;,  une  note  qui  se  rapporte  à  l'ciécutiou  de  la  mission  du  s'  D.  »- 
haies  en  Danocnark  et  en  Suède.  On  y  voit  qu'il  était  de  retour  à  Paris  le  ai  mai  de  l'année  suivante.  Ce  ms. 
nou3  apprenti  encore  que  ie  sieur  de  la  Picard ière  fut   aussi  envoyé  en  Danemark  en  i6a5  (août-novembre),  fol.  35-4  J- 

''  Notons  une  importante  lettre  du  cardinal  Barbcrini  au  nonce,  du  1  octobre,  sur  la  Valtcline  et  le  mariage  d'An- 
gleterre. Copie.  Ms.  cité  aux  sources,  fol.  88. 

s  C'est  sans  doute  cette  lettre-là  que  Richelieu  annonce  à  M.  de  Mar'^oemont.   (  Vov.  notre  tome  II,  p.  3o.  ) 

^  Nous  trouvons  aux  mûmes  archives  ,  dans  le  tome  XVII  de  Suisse  ,  une  dépêche  du  rui  (i3  septembre)  à  M.  Myron  , 
ambassadeur,  et  au  marquis  do  Ctcuvrcs,  (pii  commandait  l'armée  française  dans  les  Grisous,  pour  les  informer  de  celle 
mjssiiju  de  M.  d'Haligre  et  de  celle  de  Bullion  ci-dessu« ,  12  septembre. 

''  Cette  lettre  est  uue  espèce  d'addition  à   l'instruction  de  .M.  de   Bullion;  plus  haut,  13  septembre. 


27  scnlembre. 

Saint-Gcrmain- 

en-Layc. 


/c/n 


Instruction  pour  M.  Ha- 
ligrc,  conseiller  d'es- 
tat,  allant  à  Venise, 


Lettre  du  roi  au  con- 

ncstable. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  SUPPLÉMENT. 


941 


DATES 


Msrs   DE  DATES. 


1624. 

l 'i  octobre. 

Sainl-Germain- 

en-Lave. 


2  décembre. 
Paris. 


1  2  décembre. 


lô  décembre. 
t'arU. 


SLSCRIPTION 

DES  I.ETTBES. 


Le  roi  au  s'  Céberet  '. 


Instruction  au  sieur  d( 
Saiut-Géry  '. 


Mémoire     pour    scrv 
d'instruction  au  s' de 
Fancan  •. 


Le  roi  aux  Cantons. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCE ST 


DiiTicultcs  que  fait  la  seigneurie  de  Venise  dans  les  affaires  de 
la  Valteline. 


Arch.  Je»  Aff.  étr.  Vcnîse,  t.  XLIII ,  fol. 
devenue  minute. 


.  —  Mise  au  net 


II  dira  au  connétable  de  Lesdiguières  que  le  roi  a  a]>prouvé 
tout  ce  qui  a  été  traité  dans  la  conférence  de  Suzv.  —  Il 
représentera  au  duc  de  Savoie  la  nécessité  do  remplir  ses 
engagements.  —  Au  retour  du  Piémont»  en  passant  dans 
le  Daupliiné,  le  Vivarets,  le  Languedoc,  il  verra  les  prin- 
cipaux de  ceux  de  la  R.  P.  R.  —  Ici  ces  instructions  sont 
remplies  de  l'esprit  de  fermeté  à  la  fois  et  de  conciliation 
quia  toujours  animé  Richelieu  à  l'égard  du  protcstantif^me. 
Néanmoins  cette  pièce  très-longue  n'est  pas  encore  de  son 
style. 

Arcli.  lies  Aff.  étr.  Tario  ,  l.  IV»   piècp  ij6.   —  Mise  au  net, 
devenue  minute. 

«11  s'en  ira,  de  la  part  du  roy,  vers- le  duc  du  Bavière,  et 
néantmoins  feindra  son  voyage  estre  ailleurs,  et  pour 
quelque  sujnt  particulier.  Il  partira  si  secreltoment  d'icy 
que  personne,  mesmc  de  M"  les  secrétaires  d'Eï-tat,  ny  de 
ses  plus  familiers  amis  ne  sachent  rien  de  ce  dessein.  11 
escrira  a  M.  de  Scbomberg  seul.  —  Le  plus  grand  désir  du 
rov  est  de  contribuer  à  cstabiir  une  paix  durable,  et  pour 
cela  d'arranger  l'affaire  du  prince  palatin  dans  l'intérêt  de 
l'Angleterre  et  aussi  de  la  Bavière.  —  11  faut  doux  choses: 
que  la  Bavière  et  la  ligue  catholique  d'AUemagiie  ne 
prêtent  aucune  assistance  aux  Espagnols;  et  en  second 
lieu»  qu'ils  agréent,  par  le  reslablîsscmeut  <lu  Palatin,  les 
conditions  que  le  roy  propose  quasi  conformes  à  celles 
mises  en  avant  par  le  P.  lacinte.  Si  non ,  le  roy  sera  obligé , 
par  raison  d'estat  et  contre  son  désir,  tle  joindre  ses  armes 
a  celles  d'Angleterre,  pour  recouvrer  le  Palatinat.  Faire 
bien  entendre  au  duc  de  Bavière  que  l'intention  du  roy 
est  d'eslever  sa  personne  et  sa  maison  aux  plus  liautcs  di- 
gnités de  l'Empire.  —  Si  le  duc  accupte  ces  propositions, 
il  faut  qu'il  envoyé  une  ambassade  solennelle  au  roy,  pour 
le  prier  de  s'entremettre  arbitre  cl  médiateur  pour  un 
accomodement  *.  » 

Arch.  de5  Aff.  clr.  Bavière ,  l.  I,  pisce  •}'.  —  Minulc. 

Le  roi  se  i)laint  du  peu  de  concours  que  rencontre  chez  eux 
sa  politique,  nt  des  diflicultés  qu'ils  élèvent  sur  le  fait  des 
passages.  , 

Arch.   des  Aff.  ^Ir,    Suisse,   t.  XVIL  —  Mise  au  net,  devenue 
minuit'. 


'    H  était  alors  secrétaire  de  t'diiiliaisade  de  Venise,  don',  il  faisait  les  affaires  eu  l'absence  de  j'ambassadour. 

*  On  éc'ivail  aossï  Saingery.  Ce  gmlilhomme  était  coutîn  du  dac  d'Eperoon.  { Voy.  notre  tome  II ,  363  ,  note  a.) 
'   Voy.   noire  troisième  Tolumc  ,  p.  6i  1 ,  note. 

*  On  I  l<i  dans  oue  ioslruclinn  donnée ,  quelques  jours  auparavant,  à  M.  de  la  Ville-aux^Clercs ,  allant  en  Angleterre 
(t.  II  ,  p.  39  et  4'  )  •  combien  on  avtit  à  cœur  de  convaincre  les  Anglais  du  désir  do  Louis  XIII,  qu'ils  eussent  satis- 
faction au  sujet  du  Patat'nat.  Au  reste,  nous  ne  trouvons  nulle  paît  les  suites  de  celte  mission  de  Fancan  ;  nous  n'en 
trouvons  mémo  pas  la  mention.  Est-ce  le  «erret  recommandp  qoî  fait  qw'elie  est  restée  si  bien  cachée  ?  ou  platdt  est-ce 
qoVil''  n'aurait  pas  été  efferlure  ? 


942 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 
et 

LIEUX  DE  DATES. 


SCSCRIPTION 

KES  LETTRES. 


1 5  février. 
Paris. 


[  Commencement 
d'avril.! 


Le  roi  à  M.  de  Béthune. 


19  avril. 


[  19  avril.') 


A  M.  d'Effiat. 


Itten 


Idem. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  SODRCBS. 


1625. 


Le  roi  fait  une  proposition  d'accommodement  touchant  la 
ValteUnc.  Il  envoie  une  copie  chiffrée';  personne  n'en  a 
connaissance  que  la  reine  mère  et  les  principaux  ministres 
du  roi;  Béthune  doit  la  tenir  très-secrète. 

MiDute.  —  Arch.  des  Aff.  élr.  Rome,  t.  XXXVI  ,  fol.  95. 


On  envoie  M.  de  Roches  ^  pour  avoir  des  nouvelles  de  la 
santé  du  roi  d'Angleterre.  —  oLe  roy  faict  assembler  de- 
main le  chapitre  de  l'ordre  à  votre  sujet.»  —  Sur  la  ligne 
oflensive  et  défensive  entre  l'Angleterre  et  la  Hollande.  — 
Le  moyen  le  plus  puissant  pour  convier  S.  M.  à  se  porter 
entièrement  à  ce  qui  est  des  intérêts  du  roi  de  la  Grande- 
Bretagne  est  de  faire  la  raûade  sur  mer  de  Soubise,  comme 
\e  promet  Buckingham.  —  «  La  façon  dont  il  veut  vivre 
avec  moy  est  un  enoct  de  sa  courtoisie.  Je  luy  en  rendray 
toute  ma  vie  le  service  qui  me  sera  possible.  Je  n'ay  garde 
de  donner  cognoissance  de  cette  affaire  à  personne  du 
monde,  » 


Minute  cie  la    raaio   de  Charpentier, 
t.  XXXIII.fol.  6i. 


■  Aff.  etr.  Angleterre, 


K  Desplaisir  que  j'ay  de  la  mort  du  roi  d'Angleterre.  —  La 
resjouissance  que  j'ay  de  quoy  Buckingham  est  en  la  mesme 
authorilé  qu'il  esloit..  .  espérance  qu'on  pourra  faire  tous 
ensemble  de  très-grandes  clioses  pour  le  bien  de  la  chres- 
tienté,  et  la  gloire  des  deux  couronnes. —  Que  d'Effiat  en- 
voyé les  8  vaisseaux.  —  Que  Buckingham  exécute  promp- 
tement  le  grand  dessein  de  l'armement  de  mer.. .  » 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  Arch.  des  AIT.  étr.  An- 
gleterre,  t.  XXXflI,  fol.  88. 


«Je  vous  fais  ce  billet  a  part'  pour  vous  dire  que  bien  que 
le  roy  et  celuy  de  la  Grande-Bretagne  soient  en  tel  estât 
maintenant  que  qui  touchera  l'un,  touche  l'autre,  il  n'y  a 
pas  de  petites  difficultés  sur  la  l'gne  offensive  et  deffen- 
sive..  .  Mandés-moy  par  un  chiffre  le  projet  que  vous 
voulcs  faire  pour  cette  alliance,  afin  que  je  vous  responde 
particulièrement  ce  qui  se  peut  faire...  Vous  pouvés 
monstrer  la  lettre  que  je  vous  escris  à  69  (Bouquingham) , 
mais  non  pas  ce  billet. . .  » 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  An- 
gleterre, t.  XXXIlI.fol.  89. 


'     La  pièce  chiffrée  n'est  pas  ici ,  mais  ce  doit  être  la  note  que  nous  avoos  donnée  à  la  date  du  commencenicut  de 
février,  ci-dessus ,  p.  56o ,  lacfucUe  note  est  de  la  même  écriture  que  la  présente  lettre. 

^  Celte  lettre  repond  à  une  missive  de  M.  d'Effiat,  du  3o  mars,  et  nous  trouvons  une  lettre  du  s^  de  Roches  du 
10  avril,  par  iaqucilo  il  annonce  son  arrivée  en  Angleterre ,  ce  qui  donne  à  peu  près  la  date  de  la  prcsenle. 
'  C'est  une  espèce  de  post-scriptum  à  la  lettre  du  ig  avril. 


NON   IMPRIMÉES  DANS  LE  SUPPLÉMENT.         943 


DATKS 


LlSCl  DE  DATES. 


-SUSCHIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOCBCES. 


1625. 

[Fin  d'avril 

ou 

commencemen  t 

de  mai  '..1 


A  M.  «i'Kffiat. 


Idi-m. 


Idem. 


liien, 


■  59  (le  duc  de  Buckingham)  dësire  que  M""*  sa  i'emmc  soit 
comprise  dans  la  maison  de  la  jeune  reine.. .  Il  ne  se  peut 
rien  ajouter  à  raffeclion  que  le  roy  et  la  reine  mère  luy 
portent.  —  Le  roy  sçait  très-grand  gré  au  roy  son  frère  du 
dessein  qu'il  a  pour  '  —  Les  affaires  du  roy  pros- 

pèrent de  tous  costez.  —  L'argent  pour  les  8  vaisseaux 
est  parti;  qu'ils  fassent  voile  sans  retardement.  Je  vous 
prie  d'asseurer  tellement  69  de  mon  affection,  qu'il  n'en 
puisse  douter.» 

Minute  de  la  main  de  Cbarpenlier.  —  Arcli.  des  AIT.  étr,  An- 
gleterre, t.  XXXIIl,  M.  Go. 

M  II  faut  escrire  à  M.  d'Effial  qu'il  tire  la  paroie  du  roy  que 
quand  les  officiers  de  Macfamc  viendront  à  mourir  elle 
puisse  les  remplacer  en  toute  liberté. .  .  Il  court  un  bruit 
sourd  que  l'on  prétend ,  par  cette  voyc ,  chasser  les  Fran- 
çois petit  à  ])etit,  et  introduire  des  Anglois  non  catho- 
liques. . .  Ne  |>arlc2  pas  comme  si  vous  doutiés  que  l'on  eust 
mauvaise  intenlion..  .  Le  but  du  mariage  ost  de  conserver 
l'amitîè  entre  les  deux  couronnes  qui  ne  dureroit  guère  si 
on  manquoit  à  accomplir  les  choses  promises. . .  » 

MinDle  de  la  raaîn  de  ChsrfiCQtier.  —  Arch.  des  AIT.  ('tr.  .\i)- 
gletorre,  t.  XXXUI ,  fol.  i3o. 

«...Je  ne  voy  point  d'apparence  à  faire  la  ligue  qu'ils 
e8])èrenl.  On  renouvellera  la  delTcnsive. .  .  Je  vous  con- 
firme qu'on  ne  fera  pas  rolfensive ,  j'ay  parlé  doucement 
à  Gornng  sur  ce  sujet..  .  I/intérest  qui  l'a  fait  désirer  à 
r.Vltgleterrc  est  l'affaire  du  Palatinat. .  .  Mais  il  en  pourroit 
arriver  mal  aux  uns  et  aux  autres  par  une  contre  ligue 
que  ic  pape,  l'Espagne  et  plusieurs  autres  princes,  sous 
prétexte  de  religion  ,  feroîcnt  ensemble.  En  ce  cas,  ils  nous 
feroient  passer  à  Rome  et  partout  pour  hérétiques,  ce  que 
nous  voulons  et  devons  esviter. .  .  .  a 


Miaule  de  la  main  de  Charpentier, 
gleterre.  t.  XXXIIl,  foi.  i33. 


■  Arch-  des  AIT,  étr.  An- 


«Le  roy  avoit  trouvé  bon  vostre  retour.. .  Je  suis  bien  fasché 
que  vous  ne  soyés  venu,. .  Je  ne  sçay  ce  que  vous  voulés 
dire  par  vostre  lettre,  que  j'ay  dict  à  M.  Gorring. .  .  Je 
luy  ay  dict  seulement  que  la  ligue  ne  se  pouvoit  faire,  ou 
que  le  roy  pourroit  leur  promettre  la  continuation  de  la 
paye  de  Mansfeld  pour  le  mois..  .Que  S.  M.  ne  prendroit 
pomt de  dernière  résolution  qu'après  vostre  retour..  .  S'il 
est  venu  en  es|>éraxicc  de  faire  lu  ligue,  il  se  trompera 
asseurément,  car  elle  n'est  utile  ny  pour  les  uns  ny  pour 
les  autres.  ». 

Minate  de  la  main  de  Charpentier.  —  Arch.  des  AfF.  otr.    An- 
gleterre, I.   XXXIU.fol.  i33. 


'  Lue  tuaiu  clrjugcje  a  mis  bii  tète  de  cette  lettre  san»  date  :  «Dernier  février.»  Mais  les  jirt-iniers  mots  montrent 
l'erreur  de  cette  annotation  :  •  Monsieur,  j'ay  rccen  vos  deux  lettres  Ju  1 8  avril. . .  > 

'  Ici  an  nom  laissé  en  blaoc  :  c'est  Soubise.  M.  d'£(Ual  avait  écrit,  le  3o  mars,  que  les  vnisscaus  de  Soubi^c  ik^ 
seraient  re^us  dans  aucau  port  d'Angleterre  et  cjne  le  roi  avait  donné  ordre  de  les  brûler  en  mer,  fol.  79. 


94^ 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


LIECI  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTBES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


3o  mai. 


A  M.  d'Effial. 


19  juin. 
Fontainebleau. 


20  juillet. 
Fontainebleau. 


A  la  reine  mère. 


A  M.  le  comte  de  Til 
Hères ,  chevalier  d'hon- 
neur de  la  reync  de  la 
Grande-Bretagne. 


Kichelicu  répète  formellement  qu'on  ne  fera  point  la  ligue  ; 
que  ceux  qui  la  conseillent  au  roi  d'Angleterre  le  des- 
servent. .  .  Conditions  auxquelles  le  roi  accordera  pour 
quelque  temps  la  continuation  du  payement.de  Mans- 
fold, .  .  Ceux  qui  conseillent  au  roi  d  Angleterre  d'assister 
un  rebelle  (Soubise)  désirent  autre  chose  que  l'union  des 
deux  couronnes..  . 

Minute  de  la  main  de  Charfieotier.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Âo- 
glctcrrc  ,  t.  XXXlll ,  p.  iSy. 

Le  roi  engage  cette  princesse  «  à  ne  point  passer  outre  dans 
son  voyage,  à  cause  de  son  indisposition,» 

Orîg.  jadis  dans  les  ma.  de  Godefroi ,  où  dods  dc  l'avons  pas 
trouvé.  —  Extrait  dans  la  Fîe  de  Marie  de  Médtcîs.lU  ,p.  637. 

Richelieu  répond  à  une  lettre  où  le  comte  lui  avait  mandé 
son  sentiment  sur  l'état  des  aQalres  d'Angleterre.  Le  car- 
dinal le  félicite  sur  son  affection  au  service  de  la  reine. 


Orig.  - 
M.Hi 


-  Arch.  de 
Ippcau. 


la  famille  de  Tillièrcs.  Commanicition    de 


Sans  date  '. 

[Peu  après 

le  20  juiUel.] 


[Au  P.  deBérule.] 


a  J'ay  receu  vos  lettres  qui  nte  donnent  bien  du  desplaisir  pom* 
voir  le  peu  d'espérance  qu'il  v  a  de  se  promettre  de  grands 
avantages  pour  la  religion  en  Angleterre..  .  M.  de  Mende 
et  vous  faites  fort  bien ,  mais  je  désircrois  plus  de  vigueur 

au    procédé  de  M"   les  ambassadeurs H  y  a  pï"s  de 

8  jours  que  le  roy  a  pris  résolution  d'y  envoyer  une  per- 
sonne dc  condition  qui  peust  parler  de  luy  mesme.  Par 
une  récente  dépesclie,  je  consontois  volontiers  à  l'intro- 
duction de  la  mère  et  de  la  femme  de  Buckingham. . .  J'ay 
changé  d'opinion  en  me  soumettant  toutefois  a  ce  que  sur 
les  lieux  vous  cslimerés  plus  a  propos..  .  Si  la  feyne  peut 
prendre  la  conduite  et  l'adresse  de  gaigner  peu  à  peu  son 
mary,  il  y  a  beaucoup  ù  espérer, . .  c'est  à  quoy  vous  devés 
buter.,  .  » 

Minute  dc  la  main  de  Charpentier,  -~  Arch.  des  Aff.  ctr.  An- 
gieteirc,  t.  XXXIII,  fol.  igo. 

Le  cardinal  proteste  de  sa  reconnaissance  pour  les  grandes 
obligations  qu'il  a  à  elle  et  au  roi.  —  Il  se  plaint  d'étour- 
dissenients  qui  le  prennent  comme  des  accès  de  fièvre 
quarte.  —  Eloges  du  roi. 

Pour  Is  source,  voy.  ci'dessos,  19  juin. 

«On  a  donné  charge  au  s'  de  La  Fontaine  de  parler  pour  ex- 
clure Gourdon  ,  si  vous  trouvés  à  propos  d'en  donner  le 
coQseU  à  la  reyne;  jiour  moy  je  n  en  suis  pas  d'advis,  et 
n*estimc  pas  qu'estant  comme  il  est  auprès  du  duc  de 
Buckingham  on  doive  entreprendre  de  l'exclure  d'un  lieu 
où  il  est  desjà  cslably.  Estant  sur  les  lieux  vous  verres 
mieux  ce  qui  est  à  propos. . .  » 

Minute  dc  la  moin  de  Charpentier.  —  Arch.  des  Aff.  ctr.  An- 
gleterre, t.  XXXIII,  fol.  191. 

'  Voyez  i'instructioii  donnée  au  commencement  de  juin  à  V.  de  la  Villc-aux-Clers ,  page  90  de  notre  a*  volume  et 
aussi  la  page  io5.  —  Celte  lettre  au  P.  de  Bérulle  nVst  point  Jalée ,  noys  la  plaçons  aprè»  la  pièce  du  îo  juillet, 
quVIle  a  dû  suivre  à  peu  d'iiileivalle. 


27  juillet. 


1  "  aoust. 
Courance. 


Ala  reine  mère. 


Au  p.  de  Béruie, 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  SUPPLEMENT.  945 


DATES 
et 

LIEUX   DE  DITES. 


SC'SCHIPTION 


DES   LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  SOUIICES. 


1625. 
Ce  1*'  aoust. 
De  Footaine- 

hleau. 


A  M.  de  Mendes. 


Le  roi  à  M.  de  Béthune. 


«Ayant  dit  à  LL.  MM.  le  désir  que  vous  et  le  P.  de  Bérule 
m'avés  escrit  que  M.  le  duc  de  Buckiogbam  vous  a  lesmoi- 
giié  avoir  de  mettre  auprès  de  la  reyne  de  la  Grandc-Brp- 

tagoe  aucunes  de  ses  proches  '  pour  dames  de  lict 

I^L.  MM.  ont  résolu  d'y  recevoir  mesdames  sa  mère  et  sa 
belle-mère;  en  retour  de  cette  courtoisie  cUcs  désirent 
absolument  que  ce  soit  à  condition  d'esclure  toute  autre 
dame  qui  prélendroit  à  cette  qualité;  et  elles  espèrent  que 
M.  le  duc  de  Btickingtiam  conlribucrd  à  l'exécution  de 
toutes  les  choses  convenues...  S.  M.  recommande  à  la 
reyne  sa  fille  de  vivre  avec  led.  s'  de  Buckingham  comme 
avec  une  personne  que  le  roy  son  mary  affectionne.  Je  vous 
diray  entre  vous  et  moy  que  t'unique  moyen  de  lier  pour 
jamais  ces  deux  couronnes  est  l'exacte  observation  des 
articles  du  traitté  faict  entre  elles  *. ,    » 

Orig.  —  Arch.  des  Aff.  etr.  Angleterre,  t.  XKXIII ,  fol.  igÔ. 

«Faut  escrire  à  M.  de  BéiKune  Testât  précis  auquel  est  la  ut- 
gociation  avec  M.  le  Légal,  qui  ne  veut  point  ouir  parler 
de  la  restitution  de  la  souveraineté  aux  Grisons.  —  Que  le 
roy  ne  veut  en  aucune  iaçcn  se  séparer  de  cet  article  pour 
sa  réputation;  mais  que  ladite  restitution  se  faisant ,  l'an- 
cienne alliance  du  roy  estant  conservée,  les  Espagnols 
estant  exclus  des  passages,  qu'ils  demeureront  tels  qu'ils 
cstoient  auparavant,  les  forts  estants  rasés  entre  les  mains 
de  S.  M.;  elle  consentira  tout  ce  qui  ixnnra  contenter  le 
pape...»  (La  pensée  de  ce  préambule  se  développe  eu 
f|ualre  pages.) 


Matière  de  lettre  ,  de  la   main  de  Charpentier  '. 
AflT.  ^tr.  Rome.  t.  XXXVII,  fol.  88. 


-  Arcli.  < 


i6  août. 


2 'i  août. 


A  la  reine  mère. 


Idem. 


Continuelles  souffrances  de  Richelieu.  —«Ce  qui  me  pèse  le 
plus,  c'est  qu'on  tasche  par  faux  et  damnables  artibces  de 
décrier  la  personne  de  S.  M.» 

Pour  la  source,  «uy.  ci-dessus ,  igjoin. 


Le  cardinal  répond  a  S. M.:  «M.  le  président  le  Coigneux  est 
très-habile  homme,  mais  soupçonné  d'avoir  éCé  lié  avec 
M.  le  Prince. —  C'est  un  esprit  capable  de  faire  beaucoup 
de  bien  et  de  mal.» 

Pour  ia  sourcf .  mérae  indicatiou  qu'au  19  juin  ci-deisus. 


'    Au  lieu  de  ces  detuiers  mots  »  il  y  avait  :  •  Madame  sa  mire  et  sa  femme ,  •  qui  ont  élc  harres. 

'  Celte  lellro ,  écrite  de  la  main  de  Charpentier  et  revêtue  de  la  signature  de  Richelieu  ,  n'a  pas  été  envoyée.  Corrigée 
et  devenue  minute,  a-t-el)e  i^t^  refaite  ?  On  y  a  substitue  la  date  du  i"  août  à  celle  du  33  juillet,  écrite  auparavant. 
Le  lieu  de  date  est  Fontaineblcan.  Noos  avons  une  autre  lettre  aussi  du  i"  août,  datée  de  Couranccs,  où  nichelïea 
habitait  en  ce  moment  ;  mais  le  cardinal  a  bien  pu  l'-tre  le  même  jour  à  Fontitinebleau  ,  qui  n'en  est  qu'à  quatre  lieues. 
Nous  avona  dit  qu'il  y  a  dans  cette  affaire  an  embarras  de  date;  il  n'est  guère  possible  en  effet  de  concilier  celle-ci 
atec  la  date  du  30  juillet  que  porte  nnc  autre  lettre  donnée  ri-destus. 

*  En  tile  Charpentier  a  mis  :  ■  Sans  rommaniquer  à  M.  le  légat.»  Aux  fol.  gi-gS  se  trouve  la  lettre  faîte  snr  celte 
matière,  copie  d'une  écriture  de  bureau.  Cette  copie  donne  la  date  du  3  août. 


C\nDIl«.  DE  IllCilKUEU.  - 


946 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 
n 

LIEUX    DE   DATES. 


1625. 

i"  octobre. 
Fontainebleau. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  80DKCi:.<;. 


5  octobre. 
Fontainebleau. 


2b  octobre *. 

Saint-Germain- 

en-Laye. 


:>()  octoI)rc. 


:  novenihro. 


Le  roi  à  !\L  de  Saint-     S.  M.  lui  envoie  deux  lettres.  Tune   pour  le  pape,  l'autre 
Chamond.  pour   le    I.cj^at.    En   remettant    celic-ci,    le    marquis  de 

Saint-Cliamond  dira  au  Légat  «le  dcsplaisir  que  j'ay  reçu 
de  son    prompt   et  inopiné  dôpart;  que  l'assemblée   des 
principaux  de  mon  royaume,  qui  fut  tenue  lundy  dernier, 
a  loué  la  résolutio:!  que  j'avois  prise  dans  la  négociation 
de  mond.  cousin,  de  consentir  et  procurer  tous  avantages 
pour  la  religion  eatltoli(pie,  et  la  U'rmelé  que  j'avois  mons- 
trée  pour  maintenir  les  Grisons  .  mes  alliez,  en  leur  souve- 
raineté.. .  »  —  Remettre  au  Légal  copie  de  diverses  pièces 
envoyées  par  le  s'  Myron,  mon  anibas:^adeur  en  Suisse..  . 
Copie.  —  Arch.  tles  Aff.  clr.  Rome,  i.  XXXVIl ,  foL  aaô.  — ■ 
Au  folio  aag,  copie  de  la  lettre  <lu  roi  au  pape,  ccritur*?  de 
bureau.  —  Au  folio  a3i,  mise  au  net  (U  la  lettre  du  roî  au 
légat ,  de  la  main  do  LcMasIe.  —  Ces  deux  lettres  dirent  la 
m^iiic  chose  que  colle  du  roi  au  marquis  de  Sainl-Chaniond. 

«Le  succczde  vos  affaires  loi  que  vous  le  désiriez  est  la  meil- 
leure response  qu'on  puisse  faire  à  vos  lettres.  S.  M.  s'est 
portée  très-volontiers  à  vous  gratifier  en  ces  oecâsioDs.  » 

Orif.    —   Arch.    de  Condô.    Communication   de    M^'    le    duc 
d'Aumalo. 

«J'ai  bien  considéré  vos  dépesches  dis  27"  du  mois  passé  et 
7"  du  présent...»  Le  roi  prescrit  deux  conditions  :  nerecon- 
naîlre  aux  Espagnols  aucune  prétention  sur  la  Valteline; 
conserver  la  souveraineté  des  Grisons.  Ne  faire  la  paix  qu*à 
des  conditions  honorables  et  sures  ^ 

Minute.  —  Arch.    des  AflF.  étr.   E5p.igi)e  ,  t.    XIV,    fol.  370, 
273^.  —  A/e'm.  de  Richelieu,  t.  II,  p.  491-^94- 


A  M.  le  Prince. 


Le  roi  à  M.  du  Fari 


gis. 


Idem. 


Le  roi   à  M.  de  iilain- 
viile. 


«L'opinion  est  ([ue  les  Espagnols  désirent  la  paix..  .  Comme 
le  nianjuis  de  Mirabel  n'est  pas  intervenu  en  la  négocia- 
tion que  le  cardinal  Barberin  a  faite  en  ce  royaume,  je  ne 
désire  pa:>  que  vous  mterveniés  par  delà  que  vous  n'ayes 
ordre  exprés  de  ma  part..  .  Quant  à  la  remise  des  forts, 
s'il  ne  vous  est  pas  possible  de  surmonter  la  difïiculté,  vous 
demeurerés  sur  la  retenue  plus  qu'auparavant..  .  Je  vous 
recommande  encore  le  secret,  et  f!e  couvrir  les  conférences 
avec  le  comte  du  prétexte  des  saisies  dos  biens  des  sujets 
des  deux  couronnes. . .  » 

Mise  au  net.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Espagne,  t.  XIV,  foK  374. 
—  Copie,  fol.  280. 

«Je  prendray  des  conseils  conformes  à  la  dignité  de  ma  per- 
sonne et  de  mon  Estât,»  dit  le  roi  en  ordonnant  à  Blain- 
ville  de  ne  point  laisser  la  préséance  à  l'ambassadeur  de 
Hollande. 

Copie.  —  Bibl.  irop.  Fontanieu ,  P.  83  ,  [  îéce  63. 


'    La  date  du  .'.g  que  duniii-ul  les  Mémoires  est  saus  doute  celle  de  rorlginaL 

'  A  la  date  du  dernier  octobre,  Richelieu  écrit  :  «Depuis  mon  paquet  fermé.»  Et  il  mande  qu'on  a  lieu  de  croire 
que  les  Esp-ignols  n''  veulent  traiter  que  par  rcntrcmisc  du  légal  ;  ace  qui  voua  servira  d'avis,  ■  dîl-Jlî  ■  patienter  et 
vous  inocquer  plustost  que  vous  picqucr  des  démouatrations  du  ces  gens-là.  »  Fol.  272.  —  HichclicD  a  écrit  celle  note  à 
la  maifje  :  «  Envoyé  par  le  mesrae  courrier  du  25  octobre.  » 

^    Lntrp  cos  deux  feuillets,  le  relieur  a  intprcalc,  par  erreur,  deux  autres  pièces  qui   se  trouvent  cotées  271,  27"'. 


NON  IMPRIMÉES  DANS  LE  SUPPLÉMENT.         947 


I 


DATES 


LICCX  DE  DATES. 


1626. 
'  De  Nois>'. 


■ih  novembre. 


27  MOveBjbn;. 


SL'SCRIPTION 

DBS  LETTRES. 


[AM.  deWainvaic! 


Discours. 


A  M.  de  Guise. 


6  décembre. 
Paris. 


Le  roi  a  M.  du  Fargis, 


Df  ri  lier 

tlcccmbrc. 

Paris. 


luslrucliou  au  martpiîs 
de  Rambouillet. 


Sans  date. 


Lcllrc  (|ue  M.  de  Savove 
doibi  escrirc  an  roy 


ANAUfSES  DES  LETTRES 


rT  SOCBCES. 


«J'ai  Yu  vos  lellrcs  et  vos  mc-moires  et  escoulé  vostre  secr(> 
tairc. . .  Le  rov  vous  donne  pouvoir  d'agir  selon  sa  dignité. 
Pour  moy  je  ne  vous  diray  que  trois  mots  qui  vous  donne- 
ront toute  la  cognoissance  que  vous  désires  pour  la  con- 
duite de  vostre  vaisseau.»  Ces  trois  mots  consistent  à  dire 
(fu'il  faut  parler  haut  aux  Anglais.  I.a  lettre  finit  ainsi  : 
«M.  de  la  Ville-aux-Clercs  vous  donnera  la  loy,  pour  moy 
je  la  reçois  de  vous.»  Le  sujet  de  cette  lettre  est  intercalé 
dans  les  Mémoires  de  Richelieu,  t.  Il,  p.  5o2  et  suiv. 

Minute  «le  la  main  de  Charpentier.  —  Arch.  des  AIT.  étr.  An- 
gUu-rre.  t.  XXXIII ,  fol.  3Ô8. 

«Discours  tendant  à  voir  si,  ayant  la  guerre  avec  TEs'pagne, 
en  Italie,  il  faut  la  faire  aussy  au  dedans  du  royaulmc  '.  » 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  collection  verte,  t.  VII,  a.  — 
Minate  avec  de  Domlireu&es  corn  étions  de  la  main  de  Rictie- 
lieo. 


«Le  roy,  recognoissant  combien  i\  importe  à  la  réputation  du 
nom  François  es  provinces  du  Levant  d'empescher  toutes 
sortes  de  fraudes  tians  le  trafic  qui  se  fait  sous  la  bannière 
de  France,  et  de  conserver  les  iiégocians  en  leurs  libertés, 
envoie  M.  de  Guise  en  Alger  pour  relever  l'autorité  consu- 
laire et  asseurer  les  conventions  avec  lesBarbaresqucs.  » 

Copie.  —  Arch.  des  AIT.  élr.  Coostaotinople,  t.  III ,  fol.  1 64. 


■  J*ay  entendu  le  rapport  des  lettres  que  vous  m'avez  escrittes 
des  18  et  23  du  mois  passé..  .  Les  nouvelles  de  l'heureux 
accouchement  do  !a  reyne  d'Esi>agne,  ma  sœur..  .  Quant 
aux  négociations,  le  comte  d'Olivaroz  taschera  de  vous  sur- 
prendre. Traitez  avec  lui  avec  retenue. . .  » 

Minute.  —  Arch.  des  AIT.  étr.  Espagne,  t.  XIV,  fol.  a^a.  — 
V05.  Mim.  d*  Richêlitay  t.  II  »  p.  à^i  ,  et  ci-dessus,  oota  , 
p.  577. 

Le  roi  l'envoyait  en  Kspagne  pour  la  félicitation  .sur  la  nais- 
^ance  d'une  infante,  nièce  de  Louis  XIIL  Amb3s.<iade  de 
pure  cérémonie.  M.  de  Hambouillet  avait  ordre  de  ne 
traiter  d'aucune  allaire,  afin  <]e  ne  pas  mettre  en  soupçon 
Venise  et  Savoie.  (Une  complication  étant  survenue  en  ce 
moment ,  l'ambassadeur  ne  partit  pas.  Voy .  ci-après ,  p.  962.) 

Mise  ftu  oet.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Espagne,  t.  XIV,  fol.  ^96, 

Nf,  Suivant  l'intention  de  V.  M. . . ,  n'ayant  plus  grande  ambi- 
tion que  de  lui  complaire,  «je  luy  donne  ma  foy  et  parole 
âuc  je  n'eutreprciidray  aucnnc  chose  contre  les  Lstats  de 
Mantoue  et  du  Montferrat,  directement  ny  indirectement, 


'    Ce  titre  c&t  de  |j  m.iin  dit  cjriliiial.   Nnus  ne  faisoiis  (^'indiquer  ici  cette  pièce ,  qui  est  insérée  dai>s   \ei  Mémoires 
de  Ricktliea'.  t.  !ï,  p.  5i8-5;,o. 


'9- 


948 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIBDX  DB  DATES. 


1025. 


SUSCRIPTIQN 

DES  LETTRBS. 


janviei". 


6  février  ■ 
Paris. 


A  M"  de  Blainvillc   et 
de  Mendes. 


Le  roi  au  maréchal  de 
)ierre. 


Le  roi  à  la  reine  de  la 
G  ran  de-Brt;  tagne . 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SODECBS. 


pourveu  qu'il  { le  duc  de  Manloue)  asseure  aussy  V>  M-  de  ne 
(loiiiier  vivres  ny  rciraictes,  ny  rece^oir  aucune  garnison  de 
prince  el  potentat  qui  que  ce  soit  sur  lesd.Eslats,  tenant  les 
passages  par  iccutx  esgalement  libres  aux  uns  et  aux  autres.  » 

Mise  au   net,  écriture  de  bureau.  —  Arch.    des  Aff.    élr.  Tu- 
rin ,  t.  V  (non  coté) ,  pièce  a  lo  '. 


1626. 


«J'ay  rcceu  vostrc  lettre  comme  une  apologie  de  vostre  con- 
duite que  je  n'ay  pas  sccn  qu'on  ayt  blasmée C'est 

gloire  aux  gens  de  bien  de  laisser  la  liberté  à  un  chacun 
de  dire  ce  qu'il  voudra  d'eux  pourveu  qu'ils  facent  ce  qu'ils 
doivent.. .  »  ■ —  Au  verso  Richelieu  met  un  mot  pour  M.  de 
Mendes  :  la  réponse  est  commune  à  tous  deux  comme  était 
leur  lettre.. .  «Vous  m'avez  ci-devant  escril  que  vous  esti- 
miez le  voyage  de  Buckiugham  pouvoir  produire  de  bons 
effects  pour  la  religion;  maintenant,  par  vostre  dernière 
lettre,  vous  me  mandés  qu'il  est  beaucoup  à  craindre  pour 
le  mal  qui  en  peut  arriver.  Ne  pouvant  accorder  vos  con- 
trariétés, j'en  attendray  l'esclaircissement..  .  »  —  Vient  un 
petit  feuillet  colé  7,  de  la  même  écriture,  sans  nulle  indica- 
tion ,  et  qui  semble  une  continuation  du  feuillet  précédent  : 
«Je  \ous  prie  vous  guérir  une  fois  pour  toutes  de  l'opinion 
que  vous  avés,  comme  quoy  je  suis  mescontent  de  vostre 
procéder.»  —  «Qu'il  prennebien  garde  à  ce  qu'on  fera  au 
commencement,  afin  qu'on  ne  puisse  pas  faire  faire  quelque 
chose  à  la  rcyne  qui  soit  contre  sa  religion. .  .  » 

Mionte    de    la  main  de    Charpentier.  —  Arcb.    de»  Aff.   ctr. 
Angleterre,  t.  XLI ,  foL  6  ol  7. 


«Je  vous  dépesche  ce  courrier  pour  vous  donner  avis  de  la 
résolution  que  j'ay  prise  de  recevoir  à  grâce  mes  sujets  de 
la  R. p.  r. .  . .  Je  vous  envoie  les  articles  de  paix..  .  Mon 
autorité  est  conservée. . .  » 

OrigÎDal    signé,   devenu   minute  à  cause  de   corrections.  — 
Arch.desACr.  étr.  Suisse,  t.  XXIIL 


Louis  XIII  lui  envoie  l'abbé  de  S'-Orin  pour  grand  aumûnier, 
dont  S.  M.  fait  particulière  estime.  Ayant  dcsliuc  les  pères 
capucius  pour  servirdanssa  chapelle,  il  désire  que  la  reine 


'  Sur  le  ui£me  feuillet  €«l  la  forme  de  la  lettre  que  doit  écrire'Ie  duc  de  Manloue.  Le»  premières  lignes  sont  iden- 
tiques; après  les  mots  «fny  et  parole  ■  est  copié  l'engagement  demandé  par  la  Irtlre  du  duc  de  Savoie;  après  quoi  le  due 
de  Modène  ajoute:  «pourveu  que  le  duc  de  Savoie  n'entreprenne  aucune  chose,  etc.*  (Comme  dari»  1»  lettre  dudît 
duc. } 

~  A  quelques  jour»  de  là ,  le  i5  février,  le  roi  écrivait  de  nouveau  à  l'ambassadeur,  et ,  sauf  quelques  réserves ,  ap- 
prou-,  oit  sa  négociation  ;  «Le  principal  est  que  les  cantons  soient  convenus  de  la  restitution  de  la  vallée  à  ses  légitimes 
se'^riicura.  o 

^  La  date  manque  ;  ce  doit  être  la  morne  que  celle  de  11  lettre  adressée  au  roi  d'Augleterrc  sur  le  même  Sujet. 


NON   IMPRIMEES  DANS   LE  SUPPLEMENT. 


949 


DATES 


UEDX  DB  1>AtE5. 


1626. 


juin 


I  2  juin. 
i*aris. 


23  juiu. 
De  Blois. 


[Vers  le  milieu 
dp  l'année?] 


SUSCRIPTIOX 

DES  LBTTBES. 


Instruction  pour  M.  (1< 
BuUion«  allant-  am 
bassadcur  extraordi- 
naire en  Picdmond  '. 


e  roi  aux  cantons  en 
gt^néral.  —  Au  [Miys 
de  Vallays.  —  Aux 
cantons  catholiques. 
—  Aux  cantons  pro- 
testants. 


A  M.  de  Mende. 


Instruction 
ville. 


à   Marclie- 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  SOURCES. 


renvoie  les  deux  pères  de  l'Oratoire»  pour  prévenir  les  dif- 
ficultés qui  pourraient  surt  enir. 

Minute.  —  Ârch.  des  AIT.  étr.  Angleterre,  t.  XLI ,  fol.  79. 
—  Le  folio  80  est  une  lettre  du  roi  au  roi  d'Angleterre,  an- 
nonçant la  mission  do  l'abbé;  c'est  un  origiual  qui  u'a  pas 
été  envoyé.  La  lettre  a-t-elle  été  refaite  ? 

Le  roi  veut  faire  connaître  au  duc  de  Savoie  «les  raisons  qui 
Tout  meu  de  conclure  le  traitié  de  paix  qui  luy  a  esté  offert 
de  la  part  de  l'Espagne  sur  les  affaires  des  Grisons,  Valte- 
iine  et  d'Italie.»  —  Le  sujet  de  l'ambassade  de  Buliion  con- 
siste en  trois  points  :  1"  faire  approuver  audit  duc  la 
conclusion  du  traité;  2'*  le  disposer  à  une  suspension 
d'armes  avec  les  Génois;  3"  luy  donner  toutes  asseurances 
de  l'appuy  et  protection  de  S.  M.  et  de  l'affection  qu'elle 
porte  à  sa  maison.  Ces  trois  points  sont  longuement  déve- 
loppés, et  le  roi,  se  confiant  dans  la  fidélité  du  s'  Marini, 
son  ambassadeur  en  Piémont,  cliarge  ie  s' de  Bulliou  de  lui 
communiquer  celte  instruction  et  de  s'entendre  avec  lui 
pour  la  négociation  ^ 

Arcb.  des  AIT.  étr.  Turin  ,  t.  VII,  pièce  83.  —  Mise  au  net 
d'une  écriture  de  bureau. 

Le  roi  leur  envoie  le  s' de  Préaux-Cbasteauneuft  ambassadeur 
extraordinaire  au  sujet  du  traité  conclu  avec  l'Espagne 
pour  la  Valleline.  —  Félicitations  sur  ce  qu'ils  y  ont  con- 
tribué '. 

Arch.  des  Aff.  étr.  Suisse,  t.  XXIU.  —  Quatre  lettres  de 
même  date.  —  Mise  ao  net.  —  Voy.  les  Mim.  de  Rtekelieu , 
III,  p.  a38. 

«Nous  ne  nous  hastcrons  pas  de  payer  les  iioo,ooo  livres  res- 
tant du  mariage,  selon  l'advis  que  vous  en  donnés. . .  vous 
conjurant  au  reste  d'avoir  bon  pied  bon  oeil,  en  ce  qui  se 
passe  au  lieu  où  vous  estes.  > 

Minute  de  la  maiu  de  Cbarpcatier.  —  Arcb.  des  Ail.  étr. 
Augleterre,  t.  X1<I ,  fol.  90. 

«M.  de  Marcbeville  s'en  ira  en  Bavière  rendre  la  lettre  de 
créance  que  le  roy  escrît  au  duc.  »  S.  M.  satisfaite  de  ses 
bonnes  di!i|>ositioiis  à  la  paix,  a  favorablement  accueilli  le 
père  Alexandre*  et  «s'est  résolue,  suivant  les  avis  dud. 


*  La  pière  a  dû  être  rédigée,  d'»prè»  les  iosttuctions  dn  Richelieu ,  Jana  le  cabinet  de  M.  d'Hcrbanlt ,  qui  sans 
doute  l'a  soumiie  an  cardinal ,  ainsi  que  semble  l'indiquer  le  mot  :  Rcveue ^  écrit  au  bas  de  la  premiire  page.  Cette  anno- 
tation if  rencontre  fréqufmmeiit  pendant  les  premier»  temps  du  ministcra  do  Richelieu, 

'  Une  lettre  du  roi  à  Buliion  ,  datée  du  13  juin  et  cootrO'signée  Pbeljpeaux ,  informe  Buliion  de  l'envoi  de  M.  de 
Cliâleauneuf  en  qualité  d'ambassadeur  extraordinairo  à  Vcniac  î  il  a  ordre  de  conférer  des  affaires  communes  avec  Bul- 
iion en  passant  à  Tarin.  (  Même  ms.  piè  e  8g.  ) 

'  Néanmoins,  on  n'était  pas  conteut  en  France  de  ce  traité;  Ricbelien  exigea  qu'il  fiît  réfonné  ;  il  entravait  les 
négociations  entamées  eu  Suisse;  et,  au  sujet  de  ces  difficultés,  le  roi  écrivait,  le  8  février  1627,  à  M.  de  Piéaux  et 
k  rambassjdcnr  ordinaire  Myron  :  «Je  remets  à  vos  prudences  d'en  user  selon  que  vous  jugerca  estre  plus  convenable  à 
ma  dignité  et  à  mon  service.!  (Suisse,  t.  XXVII.)  Cependant  le  traité  rectifié  fut  signé  le  b  mars.  Et  nous  trouvons  à 
cette  place,  dans  le  même  manuscrit,  plusieurs  pièces  non  datées,  parmi  lesquelles  uous  en  distinguons  une  où  nous 
lisons:  «L'union  qui  se  propose  entre  Krauce,  Venise,  Soisse  et  Grisons,  pour  rendre  inviolable  l'observation  du  traie  té 
de  paix  de  mars  dernier  et  pour  la  conservation  des  passages  selon  la  teneur  d'iceluy*  eo  y  contribuant  à  proportion. . .  ■ 
(Copie.)  Voy.  Mêmes  irch.  Venise,  t.  XLIV  ,  13  et  16  juin. 


950 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 

cl 

l:i;lx  Dr.  dates. 


1626. 


1  o  juillet. 
De  Nantes. 


SUSCaiPTION 


DES   LETTIIES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  fcOtrilCES. 


A  M.  de  Mende. 


i3  juillet. 
Nantes. 


là  juillet. 
De  Nantes. 


3  juillet. 


A  M.  le  Prince. 


A  Monseigneur  le  car- 
dinal de  la  Valette. 


A  M.  de  Mende. 


djic,  d'envoyer  vers  le  roy  de  Dannemarc  pour  luy  proposer 
le  désarmement  gûnéral  dans  l'Empire.»  Le  roi  désire  être 
médiateur  «d'un  bon  aecommodemeut  entre  l'empereur, 
le  roy  de  Dannemarc  cl  tous  les  princes  de  l'Empire  '.  » 

Copie.  —  Arcli.  des  Aff.  étr.  Bavière,  I.  I,  pièce  26". 

Le  temps  fera  voir  les  résultats  de  la  rupture  du  paHement. . . 
Si  l'on  met  de  delà  des  impositicœs  sur  les  marchandises, 
on  fera  le  semblable  de  deçà.. .  On  ne  manquera  pas  de 
prendre  soigneusement  garde  aux  actions  et  au  séjour  du 
rierc,  «puisque  son  voyage  ne  peut  estre  que  suspect  et  que 
l'advis  que  l'on  a  de  l'importance  de  sa  négociation  ffoit 
faire  veiner,  en  sorte  que  l'on  esvite  la  surprise. . .  »  La  per- 
sécution des  catholiques,  au  lieu  de  diminuer,  augmente; 
on  n'oubliera  de  dtça  aucune  chose  pour  leur  procurer  sou- 
lagement. . .  On  remet  ce  qui  concerne  la  maison  de  la  reine 
«àvostrc  conduitle  et  à  voslre  discrétion.» 


Miijule    do  la    m<iin   de  Cb.irptrntier. 
Aiigicierrc,  t.  XLI ,  fol.  i34. 


■  Arch.    de«    Aff.    étr. 


Réponse  à  plusieurs  demandes  du  prince  concernant  ses  af- 
faires :  «Le  roy,  de  son  propre  mouvement,  s'est  porté  en 
cela  à  vous  donner  Je  consentement  que  vous  pouvés 
désirer.  » 


Orig.  —  Arch.    de 
d'Aumale. 


Communication   de  M*""  le  duc 


Remercîment  de  ce  qu'il  a  fait  pour  lu  service  du  roi. 
LL.  MM.  feront  paraître  à  lui  et  à  son  frère  le  ressentiment 
qu'elles  en  ont^  :  «Pour  mov,  M^',  je  vous  prie  de  croire 
que  je  ne  céderay  à  qui  que  ce  soit,  sans  en  eicepler 
mesme  M"  vos  frères  ',  à  vous  honorer  et  servir  en  tout  et 
partout  où  j'en  auray  le  moien.  » 

Orig.  —  Vente   la  Jarlette  en  novembre  1860. 

lUchelieu  répond  à  une  lettre  que  lui  a  apportée  M.  de  Mon- 
taigu Le  roi  redoublera  ses  instances  en  faveur  des  ca- 
tholiques jusques  à  ce  qu'il  ait  reçu  satisfaction  et  ces  pauvres 
gens  le  soulagement  qu'il  désire  leur  procurer..  .  «Je  me 
plains  doucement  à  vous  mesme  de  ce  que  vous  ayant  sou- 
vent mandé  vostre  procédé  de  delà  estre  tel  qu'il  ne  s'y 
pouvoit  rien  adjouster,  vous  semblés  croire  le  contraire..  . 
Continués  à  agir  avec  la  fermclé  et  l'affection  que  vous 
a^és  faict  jusques  icy. .  .  » 

Minute.  —  Arcli,  dea  Aff.  élr.  Angleterre,  t.    XLI,  fol.   ijS. 


'  Celte  pièce ,  sans  date ,  est  classr-e  eu  1  63o  ;  ce  milléaime  ,  écrit  en  têlc  après  coup  et  pour  le  classement ,  nous 
semble  inexact  :  le  comte  de  IMarcbcvilIe  était  employé  en  Allemagne  à  cette  époque  ,  et  les  Mémoires  de  Ricliclieu  ,  qui 
le  citent  deux  ou  trois  fols ,  ne  parlent  pas  d'instruction.  Il  est  question  d*uu  désarmement  général,  qui  ne  pouvait  pas 
^tre  proposé  en  i63o.  Nous  avons  trouvé,  dans  le  tome  I*''  de  Diinemark,  fol.  ii3,  à  la  date  de  1636,  une  outre 
pièce  intitulée  :  SîconJe  insiraction  à  MarchcviUe  :  il  est  probable  que  celle-ci  est  )a  première;  nous  y  voyons  que  M^ir- 
chcvillc  doit  passer  de  Bavîète  en  Danemark,  et  c'est  en  effet  ce  qui  eut  lieu  d'après  celte  instruction  du  G  décembre. 

"  A  ce  moment ,  où  l'on  faisait  le  procès  de  Clialais,  oii  craignait  quelques  troubles  de  la  part  des  mécontents  ,  et  l'on 
pouvait  s'inquiéter  de  Metz,  voisine  des  litiits  du  duc  de  Loiraine.  Cette  ville  était  jiour  ainsi  dire  à  la  disposition  de 
la  famille  du  duc  d'Epernon.  C'est  probablement  à  ces  circonstances  qu'il  faut  rapporter  le  service  qu'on  n'explique  pas. 

■*   Les  ducs  de  Candale  et  de  La  Valette. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  SUPPLEMENT. 


951 


DATES 

et 

LIlUX  DE   DATBS. 


1626. 
1 1  août. 


1  août. 
Touche'. 


>b  août 


3o  août. 


SLSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


A  M.  ie  Prince. 


A  M.  d'Ilerbault. 


Idfn 


(Jt*  vendredi 

au  soir. 
i  septembre. 


A  M.  du  FargM. 


A  la  reine  mù-re. 


ïdem. 


An  roi. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET   «OTOCBS. 


H  Monsieur,  le  s"^  Saintou  '.  retournant  vous  trouver,  vous  dira 
particulièrement  ce  que  j'ay  estimé  a  propos  tie  luy  dire 
pour  le  bien  de  vos  aua' 


Oiîg-   —    Arch. 

d'Aaniaic. 


Uaires    .  .  .  » 
Condê.    CoinmaDÎcatîon    de  M*'    le    du 


«J'av  veu  l'instruction  que  vous  m'avés  laissée,  où  toute  la 
déduction  de  ce  qui  s'est  passé  est  fort  bien  déduite... 
M.  «In  Bassompierre  se  doit  nieii  gar'ier  de  lesmoigner  que 
nous  appréhendions  la  paix  entre  les  Anglois  et  les  Espa- 
gnols.. .  ny  que  le  roy  n'a  pas  voulu  escouter  M.  Carie- 
ton,  que  premièrement  il  ne  fust  satisfaîct  sur  la  violence 
faicte  aux  François...  Il  doit  offrir  de  mettre  d'autres 
François  au  lieu  'le  ceux  qui  estoient  près  de  la  reyne. .  . 
M.  de  Bassompierre,  sachant  bien  ce  qui  s'est  passé,  c'est 
à  luy  plustost  a  nous  instruire  de  <Ieçà  de  ce  qu'il  faudra 
faite  pour  remédier  au  mal..  .  » 

Origiiial.  —  Arch.  des  AtT.  étr.  .Angleterre,  t.  XLI  ,  fol.  3o6. 

»  La  démolition  des  forts  de  la  Vaiteline  ne  peut  ê're  commise 

ni  aux  Valtelins,   ni  aux   Espagnols; le    plus  juste 

exjiédicnt  est  qu'elle  soit  faicte  par  les  ministres  des  doux 
couronnes." 

Miuate.  —  Arch.  Jm  Aff.  étr.   Espagne,    l    XIV,  fol.  i85. 

Sur  la  maladie  du  maréchal  d'Ornano. .  .  «Si  cette  maladie 
luy  donne  plus  de  relasche ,  le  roy  désire  luy  faire  dépescher 
son  procès. .  .  >• 

Autographe.  —  Pour    U    source,  voir   ci-<le5sas,    au    ig  julu 
l63â. 

Lettre  écrite  au  nom  du  roi.  Même  sujet  que  la  précédente. 

Minute  de  la  Riain   do   Richelieu.  —  Pour  la   toarco,  voir  ci- 
dessus,   19  join   163^. 

«Je  suis  iniinimenl  fasché  que  la  mort  du  niarcschal  d'Ornano 
ait  prévenu  le  jugement  de  son  procès..,  La  justice  de 
Dieu  a  voulu  prévenir  la  vostre.  Je  me  rendray  demain  de 
bonne  heure  auprès  de  V.  M. ,  qui  est  le  lieu  où  je  me  dé- 
sire le  plus*..  .  • 

Imprimée  parmi  les  pièces  du  procèt  de  Chalais ,  in-ia  ,  1781, 
p.  ?5i . 


'   S«int-AoiMt,  gentilhomme  attaché  au  prince  de  Condé. 

'  Cette  coartc  lettre  ne  nom  apprend  point  de  quelles  affnires  il  s'agit;  mais  Richelieu  nous  dit  Iui-ui|mc  i^ue  le 
maréchal  d'Ornano,  fort  compromis  daus  les  intri;^cf  de  Chalais ,  •  tramoit  quelque  choso  de  grand,  voyoit  M™*  la 
princotsr,el  Iioit  Monsieur  avec  M.  le  Prince.*  [Mêmoiret .  t.  lU ,  p.  56,  éd.  Petilot.  ) 

'  Les  Touches.  Il  y  a  plusi«(in  endroits  de  ce  noui  en  France;  Ja  petite  ville  nommée  ici  eat  à  mi-chemin  de  Nantes 
à  Chateaubriand. 

*  Cette  lettre,  dont  nous  D*a¥Ons  point  trouvé  le  maiioscrit,  répond  a  une  missive  du  roi,  datée  du  môme  jour 
lO  heures,  et  dans  laquelle  Louis  Xllf  ,  annonçant  à  son  miuistre  le  décès  du  maréchal ,  aioutait  :  1  Jg  vous  prie  de 
voua  rendre  icy  le  plustost  uue  vous  pourrez.»  On  sait  que  d'Ornano,  emprisonné  à  Vii>cennes  comme  complice  des 
intrigues  de  Gaston  ,  ainsi  que  Cita  lai  s ,  devait ,  comme  celui-ci  ,  périr  sur  l'échafnuil.  Le  roi  a\ait  ordonné  au  parlement 
de  suspendre  toulr>  autre  alTsirr  pour  s'occuper  de  son  procès,  et  avant  le  jugement  il  le  déclarait  coupable  de  haute 
tr.'thison  dans  noc  dépdchc  oincicllc  envoyée  aux  gouverneurs  des  provinces  où  sont  ces  propr<*s  mots  :  «La  maladie 
qui    Ta    nsté  de   ce  monde  l'a  soustrait  à  I.i  peine  qu'il  devait  attendre  de  ses  rriraes,  »  (  Le  P.  Grillct ,  t.  I  ,  p.   533. } 


952 


SOMMAIRES   DES  LETTRES 


DATES 

et 

LIEUX  DE  DATES. 

16S0. 
[2  octobre.] 


5  octobre. 
Ponlolse. 


10  octobre. 


octobn 


2  3  octobre. 
Ponloîse. 


SUSCRIPTION 

DES   LETTRES. 


Instruction  pour  M.  le 
marquis  d'Angenues 
de  Rambouillet 


A  M.  le  l'rinde. 


[A  M.  du  Fargis. 


A  M.  de  Toiras. 


A  M.  d'Espesscs. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    80DRCBS. 


Cette  instruction  rappelle,  en  la  modifiant,  celle  qui  avait  été 
donnée  au  même  ambassadeur  l'année  précédente  (ci-des- 
sus, p.  967);  les  Mémoires  de  Hichelieu  en  ïpproduisenl  les 
principales  dispositions  (Voy,  t.  III,  p.  160).  Outre  le  com- 
pliment sur  la  naissance  de  l'infante,  le  marquis  de  Ram- 
bouillet était  chargé  d'ajuster  tous  les  différends  qui  se 
rencontraient  en  l'exécution  du  traité  de  paix'.  — Notre 
manuscrit  conserve  un  a  mémoire  pour  former  la  dépesche 
de  M.  le  marquis  de  Rambouillet.»  Il  s'agissait  surtout  de 
l'affaire  des  forts  de  la  Valteline. 

Mise  au  uet.  —  Arch.  îles  Afi".  étr.  Espagne,  t.  XIV,  fol.  dgÔ 
et  5oo. 

Le  cardinal  lui  rend  grâce  de  ses  assurances  d'affection, 
«Vostre  gentilhomme  vous  reporte  le  contentement  de  ce 
que  vous  avés  eu  agréable  de  me  tesmoigner  désirer.  » 

Orîg.  —  Arch.  deCondé.  Commonicaiion  deM*' ieduc  d'Aomalc. 

Réponse  à  la  dépêche  du  7  septembre.  —  Mésintelligence 
entre  l'Angleterre  et  l'Espagne. . .  Si  l'Espagne  peut  donner 
un  pouvoir  illimité  à  son  ambassadeur,  on  traitera  pleine- 
ment avec  lui.. .  La  France  ne  peut  faire  aucune  entre- 
prise cette  année,  elle  n'a  pas  de  vaisseaux,  elle  en  fait 
faire  en  France  qui  ne  seront  achevés  que  vers  la,  fin  de 
février...  elle  en  fait  faire  en  Hollande...  «La  crainte 
qu'a  le  comte  d'Olivarez  qu'on  veuille  ne  faire  que  peur 
aux  Anglais ,  pour  s'unir  ensuilte  avec  eux  contre  ï'Es- 
paigne,  n'a,  ny  n'aura  jamais  aucun  fondement...  Prendre 
garde  que  les  HoUandois  n'assistent  nos  huguenots;  si  on 
n'avoit  ce  mal  domestique  on  entreroit  en  d'autres  pen- 
sées.. .  Il  faudroit  trou\er  un  tempéramment  qui  ne  nous 
obligeast  point  à  rompre  maintenant  avec  les  Hollandois. . .  » 

Copie  de  la    main  du  P.   de  Berulk*.    —  Arch.   des  Aff.  ctr. 
Esp.igne,  t.  XIV,  fol.  507  ^ 

Le  cardinal  l'avertit  «des  mauvais  desseins  cpie  les  hugue- 
nots, animés  parles  Anglois,  ont  sur  Blavct,  sur  les  isles 
ou  sur  les  vaisseaux  qui  sont  en  l'un  ou  en  l'autre  endroit. 
Je  ne  voy  pas  qu'ils  puissent  rien  faire  ny  aux  vaisseaux, 
ny  aux  lieux  où 'vous  estes.  .  Vous  preudrés  cependant 
garde  à  vous,  M.  de  Montfcrrïer  vous  en  dira  davan- 
tage '.. .  » 

Minute  de  la  main  de  Charpenlier,  —  Arch.  des  Aff.  étr.  An- 
gleterre, t.  XLI ,  fol.  a  14. 

Richelieu  lui  a  écrit  ces  jours  passés  d'erivoyerce  qu'il  y  a  de  fait 
des  3  h  canons  commandés  ;  il  lui  demande  «  de  faire  marché 
avec  quelque  marchand  flamant  pour  me  rendre  dans  le 
Havre  cent  milliers  de  poudre  à  ses  périls  et  fortunes. . .  » 


'  Un  »u[>ptéinent  d'instruction,  date  du  16  octobre,  amplifie  et  modiGe  en  quelques  dispositions  l'instruction  du  3. 
(Orig.   contro-fligné  Phelypeaux ,  fol.  5i3  du  même  ms.  ) 

^  Au  folio  493  ,  notre  manuscrit  donne  un  poarparler  entre  M^'  le  cardinal  de  Richeliea  et  M.  le  mar(jai$  de  Mirabel. 
Nous  nous  bornons  à  l'indiquer  ici,  et  à  renvoyer  aux  Mémoires  de  Richelieu,  t.  III,  p.  300. 

'  On  a  vu  f  notre  f""  voluœe ,  ji.  279)  une  lettre  du  a3  octobre  où  le  cardinal  donnait  de  nouvelles  informations  à 
Toiras. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE   SUPPLEMENT.  953 


DATES 

et 

LIECX  DE  DiTES. 


1026. 


ctobre  ' 


7  novembre. 


7  novembre. 

Saint-Germain- 

en-Laye. 


i"  décembre. 


i"  décembre  M 


SUSCRIPTION 

DES  LETTBE3. 


Au  P.  deB^Srulie». 


Le-roi  à  M.  de  Bëtbune. 


Le  roi  à  M.  du  Fargis. 


[M.  d*Aer«sen.] 


A  M.  d'Esi 


pcsses. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET    SOURCES. 


ajc  ne  manqueray  de  vous  faire  toucbcr  à  point  nommé  ce 
que  vous  me  manderés  qu'il  faudra  pour  les  marchés  que 
vous  aurés  pris  la  peine  de  faire  pour  moy.» 

Minute  de  la  m&îa  da  secrétaire  de  Doit.  —  Arch.  des  ÂfF.  étr. 
Hollande,  t.  X,  fol.  ijo. 

«Mon  Père,  je  nay  jamais  ouy  parler  de  la  lettre  que  M.  l'am- 
bassadeur d'Espagne  dict  qu'on  a  escritc  en  Provence..  . 
et  pour  vous  tesmoigner  ma  franchise  accoutumée,  je  vous 
confesse  que ,  s'il  csloit ,  cela  ne  seroit  pas  bien.  Les  diables 
veulent  troubler  l'exécution  de  nostre  pays.. .  »  Quant  aux 
forts,  que  les  deux  rois  les  rasent,  ou  qu'ils  soient  remis 
entre  les  mains  de  Suisses  non  suspecls, . .  a  Si  cette  affaire 
estoit  vidée,  nous  serions  en  estai  de  faire  tous  plus  grand 
effect  en  l'autre  que  vous  sçavés.  » 

Minute.  — Arch.  des  Aff.  étr.  Espagne,  l.  XIV,  fol.  5n. 

C'est  une  réponse  à  sa  lettre  du  2 1  octobre.  Le  roi  acquiesce 
à  ce  que  les  anciens  forts  soient  remis  entre  les  mams  du 
pape  pour  être  démolis..  .  —  Pour  établir  une  paix  sûre 
en  Italie,  «il  est  important  de  composer  les  différends  qui 
restent  entre  mon  oncle  le  duc  de  Savoye  et  la  république 
de  Gènes. . .  »  Uichelieu  ajoute  qu'il  fait  donner  avis  de  celte 
dépêche  à  M.  de  Fargis,  ambasadeur  en  Espagne.  (Voy. 
notre  tome  II,  p.  283,  lettre  du  à  novembre.) 

Mise  aa  net  d'une  écriture  de  bureau.  —  Arch.   des  AfT.  étr. 
Rome,  t.  XXXIX,  fol.  a64. 

...  Le  roi ,  voulant  montrer  son  désir  de  la  paix ,  «  envoie 
pouvoir  à  ses  ambassadeurs  à  Rome  et  en  la  Valteline , 
pour  consentir  à  tout  ce  qu'ils  verront  estre  raisonnable.  » 
Explications  détaillées  à  ce  sujet. 

Copie,  —  Arch.  dos  AfF.  étr.  E«pagDe,  t.  XIV.  fol.  5a4. 

uM',  vous  [cognoislrcs]  tousjours  mes  intentions  [du  tout] 
portées  au  bien  de  la  chresticnté.  Je  contrîbueray  en 
toutes  occasions  tout  ce  qui  me  sera  possible  à  cette  iin. 
M.  d'Espesses,  à  qui  j'escris  plus  amplement,  vous  le  con- 
firmera. . .  B 

Minute  de  la  maiu  de  Charpentier.  —  Arch.  des  AfT.  étr.  Hol- 
lande, t.  X,  p.  162. 

«Vostre  secrétaire  vous  porte  le  traittéquc  le  roi  désire  faire 
avec  M"  les  Estais,  comme  il  le  peut  passer.  Faites  en 
sorte  qu'il  soit  plusto>t  signé  que  sceu ,  pour  prévenir  les 


*  Le  quantième  est  déchiré. 

*  Le  P.  de  BéruIIe  s'occupait  alors  spécialement  des  affaires  de  l'Espagoe.  Une  lettre  du  lÔ  août,  adressées  l'ainbas- 
sadcur  du  Fargis,  dont  la  minute  nons  semble  de  l'écriture  du  père,  se  trouve  aox  AfTaircs  étrangères  (Espagne, 
t,  XIV).  Une  autre  lettre  du  19  octobre,  adressée  au  même  du  Fargis,  insérée  dans  les  Mémoires  de  Richeliiiu  (III ,  2o4)  , 
écrite  ■  par  le  conseil  do  cardinal ,  *  est  sant  doute  aussi  du  P.  de  Bérullc ,  et  confirme  celle  du  i5.  Elle  contient  des 
remercîineots  pour  les  bonnes  dispositions  du  roi  et  du  comte  J'Olivarès  à  l'égard  de  la  France.  Nous  notons  ces  deux 
lettres,  qui  ne  manquent  pas  d'importance  et  dont  Richelieu  a  an  moins  donné  la  penaée  au  P.  de  Bérulle. 

'   La  date  de  cette  minute  est  donnée  par  celle  do  la  lettre  précédente.  ^ 


CARDIN.  DE  niCUELlED. VU. 


954 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 
et 

LIEOI  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES   LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 
ET  sotmcEs. 


1626. 


6  décembre. 


Seconde  instruction 
baillée  au  s' de  Mar- 
chevîilc. 


ab  décembre. 


A  M.  de  Baugy. 


28  décembre. 


Le  roi  au  duc  de  Ven- 
dôme. 


oppositions  qui  pourroient  y  estre  apportées,  tant  de  la 
part  d'Espagne  que  d'ailleurs'.» — -Ce  qu'il  faut  dire  à 
Aersscn  \ 

Miuntc  de  ta  main  de  Cliarpcntier.  —  Arcli.  des  Aff.  clr.  Hol- 
lande, t.  X,  fol.  16a  V*. 


Ayant  accompli  sa  mission  en  Bavière',  il  ira  vers  le  roi  de 
Danemark,  menacé  en  ce  moment  de  toutes  les  forces 
de  TEmpire.  Le  but  de  cette  seconde  mission  est  de  savoir 
si  led.  roi  désire  que  la  France  s'entremette  d'un  accom- 
modement entre  lui  et  l'Empire. 

Original  sîgnfî  Louis,  contre-signe  Phciypcanx*.  —  Arch.  des 
ÂÛT.  clr.  Danemark,  t.  I,  fol.  li3.  Un  double ,  non  signé, 
ni  au  fol.  109. 

Le  roi  a  donné  au  cardinal  le  soin  de  la  navigation  et  du 
commerce  de  son  royaume.  —  Faire  part  de  tout  ce  qui 
sera  important  sur  ce  sujet.  —  S.  M.  persévère  au  dessein 
de  se  rendre  considérable  sur  la  mer.  «En  quoy  je  contri- 
bucray  tout  ce  qui  sera  en  moy  pour  seconder  ses  inten- 
tions. —  Persuadés  le  plus  de  Flamands  que  vous  pourrés 
de  venir  s'habituer  en  France...  Les  avantages  qu'ils 
auront  en  ce  pays  amélioreront  beaucoup  leur  position.» 

Miaule  de  la  main  du  secrétaire  do  nuit.  —  Arch.  des  Afl". 
étr.  Hollande,  t.  X,  fol.  i84. 


«Mon  frère  naturel »  Le  roi  lui  promet  le  pardon  au 

sujet  de  sa  complicité  dans  la  conspiration  de  Cbalaïs ,  à 
condition  qu'il  fera  des  aveux  sincères. 

Miaule  où  l'on  remarque  quelijucs  mois  de  la  main  de  S,  Em. 
—  Arch.  des  Aff.  etr.  France,  t.  XXXVin».  —  La  pièce, 
□on  cotée,  est  dans  le  milieu  du  volume.  Une  copie,  fol.  ^91, 
mel  à  la  date  :  «  Fait  au  Louvre.  •  Cette  lettre  est  imprimée 
en  substance  dans  les  Mémoires  de  Rtchcliea,  t.  111 ,  p.  3d3  , 
éd.  Pelitol. 


'  AcrsseD,  écrivant  à  Richelieu,  exprimait  avec  beaucoup  de  vivacité  les  besoins  d'un  prompt  traité  ;  ill  est  temps, 
disait-il ,  que  l'on  pense  sérieusement  à  cet  Estât  si  l'on  estime  que  sa  sabsiatancc  mérite  corîSidération. .  .  uostre  salva- 
tion  dépend  après  Dieu  de  la  prospérité  cl  do  la  bienveillance  de  la  France...  on  ne  doibt  point  apporter  grande 
façon  à  nous  tendre  les  mains ,  do  peur  que  la  maladie  prévienne  les  remèdes. .  >  ■  (  Lettre  aulographo,  Arch.  des  AU. 
clr.  Hollande,  t.  XI,  pièce  120.]  Maigre  celle  exlrémitc ,  les  Etats  étaient  moins  conciliants  encore  que  le  cardinal. 

^  Kichelicu  fait  une  observation  au  sujet  de  la  fabrication  des  canons  demandés.  Il  y  a  ici  un  paragraphe  dont  on 
a  composé  une  lettre  séparée,  laquelle  se  trouve  en  original  au  folio  166,  avec  la  date  du  6  décembre.  A-t-clle  été 
envoyée  ? 

'  Voy.  les  Mémoire$  de  Richelieu,  t.  III ,  p.  189, 

*  Au  bas  de  cette  pièce ,  on  lit  :  «  Reveue.  ■ 

^  Le  tome  XL  coulient  le  procès  du  duc  do  Vendôme  et  plusieurs  autres  pièces  se  rapportant  à  cette  affaire.  Dans  le 
tome  XLIV  se  trouve  un  extrait  $accinct  de  tonte  l'information  contre  M.  de  J'endôme ,  eciit  par  Charpentier;  il  y  est  dit 
qu'il  avait  dessein  adc  se  rendre  souverain  de  la  Bretagne.  ■  Au  folio  9  et  au  folio  to,  une  instruction  donnée  à  madame 
d'Eibœuf ,  sœur  du  duc,  allant  à  Vincennes,  accompagnée  du  duc  de  Bellegerde,  voir  le  prisonnier  ■  sur  la  déclaration 
qu'il  a  proposé  faire  de  ses  fautes.  «  An  bas  de  celte  instruction  ,  la  princesse  a  mis  une  note  écrite  de  sa  main  et  signée 
■  L.  de  France ,  »  où  elle  certifie  seulement  que  la  pièce  a  été  présentée  à  M,  de  Veodûmc  et  qu'il  l'a  lue.  Les  aveux  du 
duc  lui  valurent  une  abolition  du  roi ,  mais  non  ta  liberté.  Richelieu  le  retint  prisonnier  deux  années  encore ,  jusqu'au 
commencement  de  1639.  (  Mèm.  III ,  755. J  Ces  pièces  ,  non  datées,  sont  de  Ja  fin  de  1636  ,  on  du  commeocemeut  de 
1617. 


NON  IMPRIMÉES  DANS  LE   SUPPLÉMENT.  955 


DATES 


LIEUX  CB  DATES. 


1620. 
a  8  décembre. 


(Derniers  mois.] 


SOSCRIPTION 


DES  lbtthes. 


A  M.  d'Es 


pesses. 


A    la    duchesse    d*Or 
léans'. 


Le  roi  au  duc  de  Ba- 
vière. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


BT    SOCRCBS. 


Après  avoir  fait  un  détail  de  canons  et  munitions  de  guerre 
à  fournir,  de  militaires  ou  artisans  à  engager  '  :  «Je  quitte 
ces  petits  négoces. . .  pour  vous  dire  que  l'afFaire  de 
M,  d'Estiaux  estant  publique'..  .  M.  le  prince  d'Orange 
ne  peut  pas  faire  plus  (jue  ce  que  vous  me  mandés  qu'il 
veut  faire;  estant  certain  que  le  temps,  qui  est  le  médecin 
des  maux,  produira  le  remède  à  celuy-cy. .  .  » 

Miaule  do  la   maîn   du  secrétaire  de   nuit.    —  Arcli.   dos  Âff. 
étr.  HoIIaDdc,  t.  X,  fol.  iSg. 


Le  cardinal  ne  peut  se  rendre  en  personne  auprès  de  la  prin- 
cesse; son  neveu,  malgré  son  jeune  âge,  suppléera  à  son 
défaut.,  .  Respectueuse  passion  de  Richelieu  pour  la  du- 
chesse et  pour  S.  A.  R.  «Ravissement  de  ce  qu'il  leur  plaist 
à  présent  l'honorer  de  leur  bienveillance,  comme  aupa- 
ravant que  l'artifice  de  mes  ennemis  en  cust  interrompu 
le  cours*.. .  » 

Copie.  —  Ârclu  des  AIT.  étr.  France,  t.  XGU,  fol.  4o. 


On  a  vu  avec  plaisir  que  l'empereur  ait  convoqué  une  diète 
à  Nuremberg.  Le  roi  fera  sou  possible  poar  procurer  la 
paix  et  les  avantages  du  duc  de  Bavière  '. 

MÎM  au  net.  —  Arch.  des  A(F.  étr.  Bavière,  t.  I ,  pif'ee  i5. 


'  RicLclicB,  à  cette  époque,  mettait  à  profit  l'ioduatrie  et  les  ressonrcea  matérielles  de  la  Hollande;  il  y  commaii- 
dait  des  canons  ide  la  nouvelle  invention;*  il  y  achetait  des  poudres;  il  chargeait  l'ambassadeur  de  lui  envover,  au 
Havre,  de  boas  canonntersi  catholiques ,  et  dont  quelques-uns  cposaent  parfaitement  bien  faire  toutes,  sortes  d'arti- 
fices de  fea.»  Il  fait  engager  des  maîtres  charpeiiliprs,  des  inventenrs  de  machines.  Rirhelicu  no  so  &l  pas  lui-m'îme 
charpentier  en  HolUndt-,  comme  fera  ,  un  siècle  plus  tard,  Pierre  de  Russie,  mais  comme  lui  il  savait  ce  qu'où  pouvait 
tirer  do  ce  peuple  industrieux.  Nous  avocs  dans  notre  manuscrit,  folio  i68  ,  vcrit  de  la  matu  de  Charpentier,  un  état 
(sans  date)  des  demandes  que  le  cardiual  faisait  à  M.  d'Ëspesses ,  et  an  folio  i64  une  lettre  de  celui-ci  &  Richelieu, 
du  4  décembre,  où  l'ambassadeur  lui  donne  à  ce  sujet  des  détails  intéressants. 

*  Le  marquis  d'Eslîaox,  lieutonant-coloncl  d'un  nouveau  régiment,  avait  tné  en  duel  on  jenuo  officier,  Gis  de 
Conrlomer.  (  il  s'agissait  d'une  aiïairc  de  service.  )  Le  marquis  de  Courlomer  poursuivait  avec  instance  le  châtiment  de 
M.  d'Estiaux ,  qui  s'était  réfugié  dans  la  maison  de^l'ambassadeur.  M.  d'Etpesscs  rendit  compte  de  l'afTairo  au  roi ,  le 
6  août.  La  lettre  est  conservée  dans  uolre  manuscrit  (fol.  109  ) ,  où  il  y  a  plusieurs  autre  lettres  sur  le  Oièino  sujet  ; 
celle-ci  fat  écrite  ensuite  d'une  réponse  faite  par  le  prince  d'Orange  au  cardinal,  le  Ô  décembre.  «Vous  savez ,  mandait 
le  prince ,  qoe  te  malheur  du  d.  s'  marquia  est  arrive  an  milieu  de  l'armée  et  que  la  mémoire  est  encore  toute  fraischu. . . 
vostre  discrétion  et  prudence  trouveront  sage  qu'où  diffère  de  résouldre  jusques  à  une  meilleure  et  pins  meure  occa- 
sion. . .  >  (Orig.  fol.  )65.) 

^  Marie  de  Bourbon  ,  héritière  de  la  maison  de  Montpenaier.  Elle  avait  épousé  Monsieur.  La  reine  mèro  et  Riche- 
lieu avaient  voulu  cette  union  ,  dont  une  iatrtgne  de  cour  détoamait  le  jeune  frère  de  Louis  XIII.  Le  principal  meneur 
de  cette  intrigue,  le  maréchal  d'Oruano,  gouverneur  du  prince,  avait  été  mis  k  la  Bastille;  il  y  mourut  au  eonimen- 
ccmcnt  de  septembre.  Des  brotts  calomnieux  imputaient  à  Richelieu  de  l'avoir  emprisonné,  et  un  écrit  satirique  de 
Monsieur  laissait  entendre  que  lui-même  soupçonnait  le  cardinal  [le  P.  GrifTet ,  Ôaaj  ;  c'est  sans  doute  à  cela  que  Riche- 
lieu fait  allusion.  —  Cette  pièce,  sans  date  et  dont  je  ne  connais  pas  l'écriture,  se  trouve  classée  dans  la  collection 
France,  ru  1639.  Ce  classement  est  évidemment  fantïf;  en  iB^^,  il  n'y  avait  pas  d'autre  duchesse  d'Orléans  que  la 
prtncease  d»  Lorraine,  mariée  secrètement  à  Monsieur,  mais  dont  le  mariage  n'avait  pas  été  reconnu,  et  que  Richelieu 
n'aurait  certainement  pas  nommée  ainsi. 

*  AllasioD  à  l'aff-iire  de  Chalait. 

'  Nous  voyons  dans  une  pièce  de  l'écritore  attribuée  au  P.  Joseph  (cotée  10]  que  IV'locteur  de  Bavière,  «pour  obéir 
«  l'empereur  et  suivre  le  mouvoment  de  ses  alliés,  a  dû  envoyer  ù  Bruxelles  des  députés  pour  entrer  en  la  ligue  formée 
contre  Angleterre  ,  Hollande  et  Dannemarc.  On  propose  encore  cependant  des  moyens  d'accommodement  pour  lesquels  on 
enverroit  le  père  Alexandre,  compagnon  du  père  Hyacinthe.  ■  Cette  pièce,  sans  date,  a  été  classée  dans  ce  manuscrit  en 
1636 ,  comme  la  dépêche  du  roi ,  également  non  datée.  On  évite  ,  dans  cette  lettre ,  de  témoigner  aucun  soupçon  au  duc. 


956 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIEUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 


DES  LETTIIES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


Vers 

[le  commencement 

[de  1627]. 


[Vers 
le  commen- 
cement P] 


Idem. 


s  janvier. 


Eitraict  des  manifestes 
qui  a  esté  monstre  au 
rov  '. 


A  la  reine  mère. 


1627. 

«Ne  faut  oublier  d'advertir  le  roydes  manifestes  qui  se  pré- 
parent.—  Si  la  guerre  est  contre  Espagne,  on  en  veut 
faire  sous  le  nom  et  prétexte  des  bons  catholiques.  Si  on 
la  fait  contre  les  huguenots,  on  en  veut  faire  sous  le  nom 
des  bons  François.  —  Conclusion  :  On  eu  veut  faire  ^.  » 
Suivent  deux  pages  d'accusations  dont  on  suppose  que  les 
ennemis  du  cardinal  rempliront  les  pamphlets  que  l'on 
prévoit  et  qu'on  nomme  ici  Manifestes, 

MiuDte   de   la  maîn  de  Charpenlier.  —  Arch.  des  AS.   ctr. 
France,  t.  XL,  fol.  47* 


Richelieu  la  prie  de  l'avertir  de  son  parlement  et  de  lui 
mander  les  journées  qu'elle  fera ,  afin  de  voir  où  il  pourra 
la  rencontrer, 

Orig.  Hi$t.  dâ  Marte  de  Mèdicis ,  III  ,  p.  ÔSa.   (Vov.  pour  la 
source,  au  igjuin  1635  cî-dessus.) 


Protestation    de   gratitude   et    d'obéissance    pour    la    reine 

mère. 

Orig.  —  Ponr  la  soarce ,  voir  la  lettre  précédente. 


...Pour  ce  qui  concerne  le  restablissement  des  officiers 
françois  de  la  reyne  de  la  Grande-Bretagne,  le  roy  ne  peut 
se  contenter  de  ce  qui  luy  a  esté  rapporté  par  le  s*^  ma- 
reschal  de  Bassomnierre ,  ny  ne*  se  peut  départir  des 
termes  du  contract  de  mariage  du  roy  son  beau-frère  avec 
la  reyne  sa  sœur.»  La  reine  mère  voulant,  ainsi  que  le  roi. 
entretenir  la  bonne  intelligence  entre  les  deux  couronnes, 
propose  de  rétablir  divers  officiers  désignés  dans  l'ins- 
truction. 

Mise  au  net.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Angleterre,  t.  XLII ,  fol.  2. 


'  Richelieu,  dans  ce  mémoire,  parle  à  la  première  personne.  C'est  une  pièce  destinée  k  Itre  remise  an  roi,  ou  le 
canevas  d'un  entretien  que  le  cardinal  devait  avoir  avec  S.  M.  La  date  manque,  mais  Richelieu  en  fait  mention  dans 
ses  Mémoirci.  t.  III,  p.  3ia  ,  et  lo  texte  indique  une  époque  voisine  de  1626. 

^  Et  on  eu  fit.  L'année  1636  fut  particulièrement  féconde  en  ces  aortes  d'écrits.  M.  G.  Huhault ,  dans  nue  intéres- 
sante dissertation,  De  poUùcis  in  Richeliam  Ungna  latîna  libcUis  (i856},  en  cite  dix  pour  cette  seule  année.  Ils 
pullulèrent  également  en  1627,  eu  dépit  des  cliâtiracnls  rigoureux  dont  les  auteurs  étaient  menacés.  Nous  trou- 
vons, dans  une  note  de  la  main  de  CUarpcnlier,  la  mention  d'un  pamphlet  écrit  dans  l'intérêt  du  jeune  comte  de 
Soissons,  par  un  père  Martin,  jésuite,  lequel  disait  qu'il  ■  alloit  faire  un  manifeste  où  il  accommodcroit  le  cardinal 
sanglamment.  »  A  la  suite  de  cette  pièce  se  trouve  dans  lo  manuscrit  un  cahier  intitulé  :  Des  libelles  diffamatoires,  et 
l'auteur  remonte  jusqu'aux  Romains.  Richelieu  a  mis  çà  et  là  quelques  mots  dans  cet  écrit,  et ,  à  la  fin ,  il  a  ajouté 
ces  doux  lignes  :  «Par  ccdict  et  arrest  de  1628,  la  peine  de  mort  est  renonvellée  à  ces  faiseurs  et  compositeurs  de 
libelles  diffamatoires.»  (Arch.  dos  Aff.  étr.  France,!.  XL,  fol.  54  et  55.)  \ous  trouvons ,  dans  le  volume  suivant, 
t.  XLI ,  le  procès  d'un  nommé  Rondin ,  condamné  (t  mort ,  en  mars  1637,  comme  auteur  de  la  lettre  de  la  cordonniè-e 
de  la  reyne  à  M.  de  Baradas  ;  les  juges  ont  déclaré  «sa  punition  nécessaire  pour  la  fréquence  et  l'iroportaucc  de  ce  crime 
au  temps  auquel  nous  sommes.  »  Ce  volume  XL,  qui  porte  ou  dos  :  1626,  est  rempli  de  pièces  dont  la  plupart  sont  sans 
date  et  plusieurs  appartiennent  évidemment  à  une  autre  année.  La  pièce  de  la  main  de  Charpentier  est  de  1627. 

'  La  suscription  manque,  mais  la  pièce  était  jointe  à  une  lettre  du  roi  au  s'  Dumoulin,  que  S.  M.  chargeait  défaire 
tous  les  offices  nécessaires  pour  procurer  le  succès  de  l'affaire,  m  maintenant  l'union  entre  les  deux  couronnes.  Cette 
lettre ,  mise  au  net ,  porte  la  même  date  du  8 ,  et  elle  est  de  la  même  main  que  le  mémoire.  (  Fol.  1 .) 


Idem. 


Mémoire  envoyé  en  An- 
gleterre' [au  s'  du 
Moidinl. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  SUPPLEMENT. 


957 


LIBtrX  DB  DATIS. 


1627. 
.  .Janvier. 


Comme»  cemont 
de  février. 


.  Février. 


.Mars" 


SUSCaiPTION 

DES  LETTRES. 


[A  M.  d*£spesses.  ] 


Ce  (fue  M,  le  cardinal 
a  dit  devant  le  roi  en 
audience  donnée  à 
une  dépufation  du 
pariemcnt,  premiers 
jours  de  février  1627 
sur  le  sujet  de  la  cen- 
sure de  Sanctarel. 


A  M.  du  Farff 


Louis  XIII  a*. .  . 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   SOURCES. 


«J'aurois  autant  de  lieu  que  vous  de  me  plaindre  que  l'on 
ouvre  mes  lettres..  .  »  —  Demandes  nouvelles  d^ouvriers 
defca^...  «Je  suis  bien  fasché  des  entreprises  que  Ton 
faict  tous  les  jours  sur  vostre  charge,  à  cause  de  la  dignité 
des  princes  que  vous  représentez  et  aussi  à  cause  de  vous- 
même.  » 

Miante.  —  Arcb.  des  AIT.  étr.  Hollande,  t.  II,  pièce  161. 


. .  «Il  importe  grandement  d*oster  tout  snjet  de  penser  que 
le  roy  soit  mal  avec  Sa  Sainteté,  principalement  sur  un 
point  de  doctrine  dont  la  décision  appartient  à  l'Esglise.  »  — 
«  Il  est  à  désirer  que  les  mouvcmens  des  parleoiens  soient 
semblables  et  uniformes  à  ceux  du  roy  et  de  son  conseil.» 

Ce  sont  les  idées  principales  de  ce  disc3ara  imprimé  dans  le 
recueil  de  d'Argcntrc  :  Colleetio  jadicioram  de  novis  errorihas , 
t.  Il ,  3'  partie,  p.  a55  *. 


nLe  cardinal,  à  qui  les  infidélités  espagnoles  étoient  connues  , 
et  qui  savoit  avec  quelles  astuces  ils  iraitoient,  particu- 
lièrement avecla  France,  manda  au  Fargis  qu'il  se  donnast 
bien  de  garde  d'engager  le  roy  qui  ne  vouloit  estre  obligé 
à  rompre  avec  rAngleterre  qu'en  juin  de  Tannée  sui- 
vante", .  .» 

Mémoires  de  Richelieu.  III ,  sSi. 


«  Ayant  supprimé  la  charge  d'amiral  de  France ,  et  pourvcu 
nostre  cousin  le  cardinal  de  Richelieu  de  celle  de  grand 
maistrc  et  surintendant  général  du  commerce  de  France. . . 
Nous  vous  ordonnons  expressément  que  vous  ayez  à  le 
venir  trouver  sans  délay  pour  sçavoîr  par  luy  ce  que  nous 
voulons  estre  observé  pour  le  bien  et  la  scurcté  du  com- 
merce. ^'ous  luy  apporterts  voslre  commission  et  vos 
comptes..  .  tant  rendus  qu'à  rendre..  .  » 


iMioote  de  la   main   de  Charpentier.  —  Arch. 
France,  t.  XL,  fol.  i83. 


Aff.   Ht. 


'  \oj.  ci-dessus,  p.  77t,t)OtP  1  de  la  iellre  du  38  décembre  1616. 

'  ■Extraclum  ex  libro  in-i",  notato  D,  p.  70,  ia  fiibl.  Sorb.  cni  titulusa  :  Sermoas  et  autrei  ditconr» .  etc. 

'  Nous  n'avons  point  trouvô  cette  lettre  dans  les  mss.  d'Espagne;  elle  commence  une  afTairc  dont  on  voit  la  suite 
page  6oï  de  ce  VU*  volume.  Richelieu  l'écrivnit  an  moment  où  il  se  pré]iarait  à  attaquer  la  capitale  du  protrstanttsinp. 
il  importait  beancoup  de  prévenir  l'alliance  entre  l'Espagne  et  l'Angleterre,  en  liant  l'Espagne  à  la  France,  Il  fallait 
tenir  te  projet  extrêmement  secret.  Nous  trouvons,  k  cette  époque  (  lâ  février) ,  dans  le  manuscrit  d'Espagne  (t.  XV, 
foi.  17)  une  lettre  de  Richelieu  à  du  Fargis,  où  il  s'agît  d'one  négociation  pour  l'impôt  da  sel,  entre  les  doux  pays  : 
■  Je  ne  veux  pas  oublier  à  vous  mander,  écrit  Richelieu  an  bas  de  ta  lettre,  qae  le  roy  désire  que  cette  affaire  soit 
traitté«  ai  aecrètcmmt ,  qu'il  ne  veut  qn'iutrc  que  vous  ea  aye  cognoîssance  ;  paa  mesmc  M.  le  marquis  de  Rambouillet 
(  l'ambaHadenr  extraordinaire),  à  cause  du  prorapt  retour  qu'il  doit  faire  de  deçà.*  La  négociation  fut  diOicile,  il 
paraîtrait  qoe  Richelieu  y  avait  un  intérêt  particulier  ii  cause  des  salines  de  Brouago ,  et  nous  voyons  dans  ce  tni'mo 
volume  nn  mémoire  en  espagnol,  plusieurs  autres  pièces  sur  Icilit  impôt  et  mémo  une  carte  manuscrite  de  l'Amérique 
méridionale  ;  au  dos ,  le  cardinal  «  écrit  :  «Carte  des  lieux  où  l'on  peut  prendre  du  sel  aux  Indes  occidentales.  •  (Fol.  70.] 
A  cette  recommandation  si  expresse  d'envelopper  une  telle  négociation  dcc  plus  mystérieuses  précautions,  on  croirait 
qu'il  y  a  dans  ce  langage  quelque  moyen  convenu  d'intelligence  secrète  entre  les  deux  cabinets. 

*  L'édit  de  création  fut  enregistré  le  18  mars. 

*  La  Buscription  manque,  mais  ce  doit  être  une  circulaire  adressée  aux  prîncipaax  employés  de  la  marine. 


958 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIEUX  DE  DATES. 


1627. 

[Fin  de  mai.] 

[Fin  de  mai'.] 


6  juin. 


8  juin. 


2  5  juin. 


25  ou  26  juin?'] 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


Au  duc  d'Orléans. 


A    Mad.    la     duchesse 
d'Orléans. 


A  M.  d'Espesses, 


A  M.  d'Aerssen. 


Le  roi  à  M.  de  Mont- 
morency. 


A  M.  du  Fargis. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    SOURCES. 


Félicitations  sur  la  naissance  de  sa  fille,  dont  le  duc  lui  a 
fait  part. 

Copie.  —  Blbl.  nal.  Fonds  de  Sorbonnc,  ii35. 

Uichelieu  félicite  laducbessc.«Ma  joiceust  esté  entière  s'il  cust 
pieu  à  Dieu  donner  à  V.  A.  un  fils  au  lieu  d'une  fille... .  » 
Copie.  —  BiLl.  nat.  Fonds  da  Sorbonse,  ii35. 

«Messieurs  les  Estais  se  tiennent  fermes  au  traitté  qu'ils  dé- 
sirent faire  avec  la  France  pour  trois  raisons...»  lliche- 
lieu  examine  ces  trois  raisons;  il  conclut  que  «nulle  n'est 
valable  pour  les  empesclier  de  passer  ce  que  S.  M.  désire.  » 
Il  expose  les  arguments  que  l'ambassadeur  de  France  doit 
faire  valoir  à  ce  sujet. 

Minute  de  la  main  de  Cliarpentier.  —  Arch.  des  Aiï.   étr. 
HoIUode,  t.  II  f  pièce  5i. 

nM"  les  Ëstats  font  difficidté  d'accorder  par  le  traitté  qui  se 
faict  entre  le  roy  et  eux  qu'ils  ne  pourront  faire  de  trefve 
avec  les  Espagnols  que  par  l'avis  et  consentement  de 
S.  M.  Je  ne  puis  que  je  ne  vous  tesmoignc  trouver  cela 
un  peu  estrange;  veu  que  par  le  projet  de  traitté  escrit 
delà  main  de  vostre  secrétaire,  que  vous  me  laissaste  estant 
icy,  ces  propres  mois  y  sont  insiîrés^ . .  Le  traitté  ne  se  fera 
pas  sans  cette  clause  qui  ne  prtjudicie  nullement  à  MM.  les 
Ëstats.. .  Cependant  S.  M.  conserve  la  mesme  bonne  vo- 
lonté qu'elle  a  tousjours  eue  pour  MM.  les  Ëstats.. .  » 

Minute  ;  main  du  secrétaire  de  nuit.  —  Ârcl:.  des  Âff.  c'tr.  Hol- 
lande ^  t.  II,  pièce  53.  [Mém.  de  Bitkeliea  ,  III ,  309  etsuiv.] 

liéponse  aux  supplications  du  duc  en  faveur  de  son  cousin 
Bouteville.  Belle  lettre  dont  nous  avons  fait  mention  ci- 
dessus,  p.  595. 

Copie.  —  Bibl.  nat.  suite  de  Mortemart,   t.   III,  vers  la  fia 
du  volume.  Imprime,  Mcxarefrançois ,  l.  XIII,  p.  ^3  3. 

«Je  vous  ay  faict  une  dépesche  le  27  du  mois  passé,  et  il 
a  esté  répondu  à  celle  que  vous  avés  escrîtte  le  8  mai..  . 
Le  roy  est  parti  ce  malin  pour  aller  à  Dourdan  ;  dans  deux 
ou  trois  jours  S.  M.  se  dirigera  vers  la  Rochelle;  nous  par- 
tons dans  deux  jours  pour  suivre  S.  M.» 

Minute.  —  Arch.  des  AIT.  étr.  Espagne,  l.  XV,  fol.  i45. 

^  Madame  était  accouchée  le  39  mai,  et  mourut  trois  jours  après;  la  date  qui  manque  i  cctic  lettre  est  donnée  par 
cet  événement.  Plus  tard  on  imputa  à  Richelieu  dfl  l'avoir  fait  empoisonner.  C'est  une  des  calomnies  publiées  par  le 
pamphlet  qui  parut  eu   iC3i  sous  le  titre  de  Conversations  de  M.  GuUlaame ,  etc. 

*  Acrason  répondit ,  le  1  8  juin  ,  que  les  Etats  voulaient  bien  consentir  à  ne  point  trsïler  sans  l'avis  et  l'intervention 
de  S.  M. ,  '  mais  d'attacher  leur  Iiherté  au  consentement  du  dehors ,  ils  en  fout  grande  difficulté.  >  D'ailleurs,  le  subside 
que  leur  donne  le  roi  est  peu  de  chose  en  comparaison  des  énormes  dépenses  qu'ils  font  ;  •  il  semble  bien  dur  à  nos 
peuples  d'engafçer  leur  liberté  à  sy  petit  pris  ,  p  lo  feu  roi,  d'immortelle  mémoire  les  ayant  secourus  de  sommes  bien 
plus  considérables  b  et  sans  aucune  condition  pareille ,  ny  approchant  de  cela.  ■  Néanmoins  Acrsicn  espère  que  tout  s'ar- 
rangera. «M^'  les  Estais  savent  combien  il  leur  importe  de  conserver  l'amitié  du  roy.»  (  Ms.  cite  aux  sources ,  pièce  57.) 

'  Cette  lettre  est  datée  du  3  avril  et  elle  est  classée  en  1638;  le  mois  et  l'année  sont  ineiactemcnt  indiqués.  1"  On 
voit  par  la  lettre  même  qu'elle  a  dû  être  écrite  après  mai  ;  3*  quand  le  roi  retourna  à  la  Rochelle ,  au  coramciicemcct 
d'avril  1628,  le  cardinal  y  était;  c'est  en  1627  qu'il  partit  i  la  suite  du  roi.  Mais  le  départ  eut  Jieu  vers  la  fin  de  sep- 
tembre, et  la  diilc  de  la  lettre  doit  être  voisine  de  mai.  Il  faut  se  souvenir  que  le  départ  pour  la  Rochelle  avait  été  fixe 
d'abord  au  38  juin  1G37,  immédiatement  après  le  lit  de  justice  qui  fut  tenu  ce  jour-là.  S.  M.  s'étant  trouvée  malade, 
le  départ  n'eut  pas  lieu.  Faut-il  supposer  que  la  lettre  a  été  écrite  le  a5  ou  a6  juin?  A  ce  moment,  en  effet,  le  cardinal 
dut  croire  qu'il  partirait  deux  ou  trois  jours  après. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  SUPPLÉMENT. 


959 


DATES 


LIEUX  DB  DATES. 


I 


1627. 
3o  juin. 


Idem. 


3  juillet. 
A  ViJlers. 


1 1  juillet. 
A  Villeroy. 


1 2  juillet. 


SOSCRIPTION 

DES  LETTHES. 


A  M.  d'Espcsses  '. 


A  M.  de  Custojoux. 


A  M.  de  Mantv. 


A   M.  le   commandeur 
de  La  Porte. 


A     M"    d'Espeues    et 

Cuatojoux. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   SOCRCES. 


■  Que  puisqu'il  n'y  a  pas  moyen  de  faire  passer  le  mot  do 

consentement  ^»  ii  faut  le  laisser  là. . .  »  —  Le  cardinal  sera 
bien  aise  de  voir  apologies  et  libelles  en  latin  '.  «Prier  de 
faire  haster  le  canon.» 

Matière,  de  la   raaÎD  de  Charpcnlier.  —  Arch.  des  Afl*.  élr. 
Hollande,  t.  XI,  pièce  63. 

On  envoie  de  Targent  pour  le  canon  ;  on  en  a  tellement  besoin 
qu'il  ne  faut  pas  regarder  au  prix.  Mais  de  gros  calibre, 
pas  de  moindre  que  i  a  livres  ;  et  le  plus  qu'il  pourra  de  1 6, 
i8  et  2  h.  On  en  fond  maintenant  quantité  eu  France  de 
6  et  8  livres.  —  «Attendons  que  l'armée  angloise  ayt  faict 
voile  pour  prendre  temps  de  faire  venir  nos  vaisseaux  avec 
bonne  escorte  V.  .  » 

De  la  main  de  Clnrpenlicr.  Sur  ta  mcmc  page  que  la  matïtro 
précédente. 

■  Je  vous  escris  une  lettre  par  laquelle  je  vous  mande  que 

vous  n'ouvrics  vos  instructions  qu'en  mer;  vous  la  mon- 
trerés  à  vos  compagnons.  Mais  ma  confiance  en  vous  est 
telle  que  je  désire  que  vous  l'ouvrics  avant  de  partir,  et 
voyiés  si  vous  pouvés  exécuter  ce  qui  vous  est  prescrit.  »  — 
Il  s'agit  d'escorter  «des  terrcneufîers,»  dit  une  note  mise 
en  tête  d'une  autre  main.  —  «Il  est  grandement  honteux 
que  tous  nos  marchands  soient  pris  laulte  de  secours.»  11 
faut  en  même  temps  fâcher  de  prendre  des  vaisseaux 
anglais. 

MinDtc.  —  Arch.  des  Afl*.  étr.  France,  t.  XLI,  fol.  i8A* 

Mon  oncle,  nous  nous  trouvons  bien  en  peine  pour  avoir  nos 
vaisseaux  de  Hollande;  ]>éril  à  les  faire  venir;  grande  dif- 
iiculté  pour  l'escorte..  .  «Le  désir  que  j'ay  que  le  roy  soit 
servy  sans  retardement  faict  que  je  vous  envoyé  1 2,000  cscus 
pour  avoir  les  pataches  que  j*ay  empruntées  sur  mon  crédit , 
comme  tout  le  reste.  ■  —  Détail  des  précautions  à  prendre. 
—  Il  est  recommandé  a  M.  de  Laj>orte  de  se  concerter  avec 
le  commandeur  de  Razilly,  le  capitaine  Manuel  et  le  cajii- 
taioe  L'Arbrice,  porteur  de  cette  dépêche. 

Copie  de  la  raaia  d'un  secrétaire  de  Richelieu.  —  Arch.  des 
Aff.  étr.  Hollande,  t.  XI,  pièce  7a. 

Le  cardinal  les  avertit  de  Tordre  donné  au  commandant  de 
La  Porte  n[si  les  vaisseaux  dcmeuroient  là  davantage]  ils 
scroient  en  péril  d'estre  bruslez. .  .  —  11  est  nécessaire  de 
faire  courre  le  bruict  qu'on  veut  lus  laisser  jusqu'au  mois 
de  mars.,  pour  cmpescher  que  les  Aoglois  ne  puissent  cstre 
avertis  de  leurs  partemens.. .  » 

Minute  do  la  main  de  Charpentier;  qaciqucs  mots  du  cardi- 
nal. —  Arch.  des  AIT.  étr.  Hollande,  t.  XI ,  pièce  78. 


'    Réponseà  une  lettre  de  M.  d'EspcMM,  datée  da  i4  juin  et  cotée  59  dans  ce  manuscrit. 
'  Lw  Mémoires  de  Richelieu  donnent  l'explication  de  cette  difficulté,  t.  lU ,  p.  3oS  et  suiv. 

•  Voy.  ci-dcuD4 ,  p.  77a  ,  note  a. 

*  Réponse  i  une  lettre  do  i4  juin  t  par  laquelle  M,  de  Custojonx  rendait  compte  de  l'état  de  la  mission  qu'il  ren 
plissait  en  Hollande  pour  l'achat  d'eng^ius  et  de  munitions  de  guerre.  (Pièce  55  du  ms.  précité.  ) 


960 


SOMMAIRES   DES  LETTRES 


DATES 

cl 
LlEtrx  OE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOUBCES. 


1627. 
28  juillet. 


A  M.  d'E; 


spesses. 


.  .«Les  Anglois  sont  entre  les  îles  de  Ré  cl  d'Oieron,  et 
la  Rochelle,  où  ils  sont  attendus  des  serviteurs  du  roy  avec 
bonne  dévotion.  Ils  apprendront  bientost  ce  qu'aura  pro- 
duit la  générosité  de  M.  de  Buckingham.  »  —  N'oublier 
rien  pour  liaire  partir  les  vaisseaux  du  roi.  —  Richelieu 
recommandera  à  M.  d'Herbault  et  fera  valoir  au  roi  ses 


Minute  de   la  main  de   Cbarpcnllcr. 
Hollande  ,  t.  XI ,  pièce  S3  ' . 


■  Arch.   des  Aff.   étr. 


Idem. 


A  M.  des  Gouttes. 


28  juillet. 
De  ViUeroy. 


Le  roi  à  M.  de  BélhuDe  ' 


[Juillet  \1 


5  aoust. 
ViUeroy. 


Au  poi. 


Pour  M.  de  Brézé. 


a  Qu'on  luy  a  envoyé  une  commission  pour  commander  le 
vaisseau  du  roy  et  la  flotte  de  ceux  qui  y  seront  joints  pour 
l'amener.»  Consulter  les  gens  de  mer  les  plus  capables  au 
sujet  de  la  route  la  plus  sûre. 

Minale*  main  de  Charpentier.  —  Ârcli.  dei  AQT.  étr.  Hol- 
lande, t.  XL  Sur  la  même  page  que  la  pièce  précédente. 

Le  jeudi  22  de  ce  mois  ,  les  Anglais  sont  descendus  dans  l'île 
de  I\é.  Quelques  détails  de  l'afl'aire  où  les  Anglais  ont 
perdu  5  ou  600  hommes.  Noms  des  Français  de  distinction 
qui  ont  été  tués...  «Cette  descente  ne  sera  pas  considé- 
rable ,  les  forts  estant  bien  défendus. . .  Vous  pourras  donner 
part  au  pape...  me  faisant  sçavoir  ce  qui  s'en  dira  par 
delà.  » 

Original  signé  et  devéna  minute,  après  nombreuses  correc- 
tions. —  Ârch.  des  US.  étr.  Angleterre,  t.  XLII,  fol.  i46. 


[(Sire,  ces  trois  mots  ne  sont  que  pour  asseurcr  V.  M.  que  je 
ne  perds  point  de  temps  pour  l'exécution  de  ses  commande- 
mens,  et  faire  réussir  le  grand  dessein  qu'elle  a  pour  le  se- 
cours de  Ké. . .  »  Les  mesures  ne  sont  pas  encore  exécutées. . . 
Je  suis  au  désespoir  de  ces  inexécutions. . .  Cependant  on 
surmontera  toutes  les  difficultés. 


Minate  de  la  main   de   Charpentier. 
France,  t.  XLIV,  fol.  79. 


Arch.   des  Aff.    élr. 


Conseils  sur  ce  qu'il  doit  faire.  —  Détails  de  service  pendant 
le  siège  de  la  Rochelle. . .  «Je  vous  ay  escrit  tout  ce  que  je 
me  puis  imaginer  cstre  utile  et  nécessaire.  J'attends  exécu- 
tion et  response  par  mémoire.. .  En  telles  occasions  il  ne 
faut  pas  perdre  une  heure  de  temps.» 

*  Original  —  British  muséum,  collection  Egerton ,  n"  1690. 
Imprimé  dans  le  Ca6in''l  hiiloriijue  de  M.  Louis  Paris,  1869, 
p.  34.  Communication  de  M.  G.  Masson. 


'  A  la  suite  Charpentier  a  mis  :  i  M.  de  Custojoux,  idem. 

^  C'est  presque  une  circulaire;  au  folio  147  est  une  autre  minute  pour  les  divers  ambassadeurs,  avec  peu  de 
variantes. 

'  Cette  Icllrc,  placée  au  hasard  en  1627,  parmi  beaucoup  d'autres  pièces  non  datées,  est  probablement  du  mois  de 
juillet  ;  alors  une  flotte  anglaise  parut  devant  l'île  de  Ré ,  et  Richelieu  écrit  dans  soi  Mémoires  :  ■  On  n'eût  jamais  cru  que 
celte  place  eût  été  si  dépourvue  de  tout  ce  qui  étoit  nécessaire ,  comme  il  se  trouva  qu'elle  étoit.  ■(T.IlI.p.  Siy.) 

*  Il  faut  prendre  garde  aui  noms;  on  a  mis  Joîras  pour  Toiras;  Gayac  cl  Goyac  pour  Goyer. 


NON   IMPRIMEES   DANS  LE  SUPPLEMENT.         961 


DATES 


LIECX  DE  DATES 


1027. 
[7  août.] 


2  octobre. 


3  octobre. 


6  octobre. 


20  octobre. 


SU  SCRIPT  ION 


DES  LLTTRES. 


lustruction    de    M.   de 
Guise  ^ 


A  la  reine  mère. 


Idem. 


Idem, 


Le  Toy  à  M"  les  Estais. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


«  M.  de  Guise  partira  présentement  pour  se  rendre  au  Mor- 
bihan. .  .  »  —  Y  assembler  les  vaisseaux  de  divers  ports ,  les 
munir  de  canons  et  les  prt^parer  pour  l'abordage.  Prendre 
des  hommes  de  divers  régiments.  ■ —  «Faire  aux  Espagnols 
dont  on  attend  les  vaisseaux  toute  la  meilleure  réception 
qui  se  pourra  et  vivre  avec  eux  avec  toute  sorte  de  cour- 
toisie.»—  Vaisseaux.  —  Trois  choses  à  faire  contre  les 
Anglais. 

Mise  ao  net,  avec  corrections,  dont  plusïears  de  la   maio   du 
cardinal.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  France,  t.  XLIV^  fol.   ng. 

Richelieu  la  remercie  du  déplaisir  rpi^elle  a  témoigné  avoir 
de  son  absence  et  de  sa  mauvaise  santé. 

Orig.  —  Collection  Godefroi ,  Fie  de  Maria  de  Médicii,  t.  III , 
p.  Î13a.  (Voy.  ci-de»3u»,  au  ig  juia  i6a5.) 

Hichelîen  répond  à  une  lettre  que  la  reine  lui  a  fait  écrire 
par  M.  Pelletier,  lettre  remplie  de  sentiments  de  bien- 
veillance. 

Orig.  —  Poar  la  source,  l'indication  de  la  lettre  précédente. 

lUchclieu  a  vu  le  prince  de  Coudé,  en  qui  il  a  reconnu  des 
intentions  aussi  sincères  pour  LL.  MM.  que  pour  le  bien 
de  TÉtat.  —  Toiras  écrit  que,  s'il  n'est  secouru  d'ici  à, 
huit  jours ,  il  sera  forcé  de  rendre  l'île  de  Ré. 

Orig.  —  Pour  la  scarco ,  »oy.  la  lettre  da  a  octobre. 

a  M",  ayant  sceu  par  mou  ambassadeur  l'injure  que  les  Anglois 
vous  ont  faite  en  attaquant  un  de  mes  vaisseaux  dans  vos 
ports*,  je  ne  doute  point  que  vous  n'en  ayés  le  ressenti- 
ment que  tous  ceux  qui  ont  une  puissance  souveraine 
doivent  a\oir  d'une  telle  injure.  Je  souffre  la  [>ertc  d'un 
vaisseau  et  vous  une  offense  qui  ne  peut  estre  estimée.  Je 
m'asscurc  que  vous  n'oublicrés  rien  de  ce  qui  dépendra  de 
vous  pour  me  satisfaire  en  cela,  en  vous  satisfaisant  vous- 
mcsmes. .  .  J'ay  chargé  mon  ambassadeur  de  vous  repré- 
senter. . .  et  j'attendray  vostre  response  par  effects  et  non 
par  paroles.» 

Minute   de  la   main  de  CLarpentier.  —  Arch.  des  Aff.  étr. 
Hollande,  t.  XI,  pièce  i3â. 


'  Ce  titre  a  «t^  mis  par  Richeliea  an  dos  de  cpttr  pièce.  La  date  manque,  elle  es^donncc  approximativement  par 
les  Mémoires  de  Richelieu,  où,  en  cxpoaant  les  mesures  prescrites  par  cette  instrumon  ,  il  dit  «qu'il  fit  donuer  le 
7  aoAt ,  au  dac  de  Guise,  le  commandement  de  l'armée  navale.*  (T.  III,  p.  33i.)  Notons  ici  trois  minutes  de  lettres 
écrites  par  le  cardinal  sur  le  sujet  de  Hé  à  l'évoque  de  Nîmes ,  au  duc  d'Angoolcmo  et  à  M.  de  Marillac,  et  une  qua- 
trième, également  non  datée,  celle-ci  sans  suacription  ,  où  Richelieu  se  félicite  qu'on  ait  fait  entrer  des  approvisionne- 
ments dans  nie,  et  où  il  exprime  la  confiance  que  Toiras  la  défendra  bien.  Ces  quatre  minutes  sont  écrites  sur  un 
même  feuillet,  coté  335  dans  le  tome  XLI  de  la  Collection  France.  Voyea ,  au  sujet  de  la  quatrième  minute,  notre 
tome  II,  636.  Il  faot  enfin  faire  mention  de  deux  pièces,  fol.  138  et  i3o  du  ms.  cité  aux  sources  :  Instruction  au  tiear 
d»  Lajilte  «  allant  en  Oleren  avec  pouvoir  d'aide  de  camp,»  dont  la  dernière  pag6^  est  de  la  maio  de  Charpentier;  et 
Mémoire  des  choses  tjae  le  tiear  Lefcbure  sollicitera  en  cour  poar  la  défense  de  la  mesme  isle, 

'  La  prise  de  ce  vaisseau  par  quelques  bâtiments  anglais  entrés  dans  le  Texel  se  tiouve  racontée  dans  une  pièce 
intitulée  :  Relations  de  la  prise  da  vauseaa  de  M.  de  Tuiras.  Pièce  cotée  i3o  dans  , notre  ms.  II  sera  plut  d'une  fois 
question  de  ce  v&lsscau  de  'Toiras.  (Voy.  Mêm.  de  liickelieu,  t.  III,  p.  385.) 


CARDIN.  DE  RIGHELIEC.  ■ 


962 


SOiVIMAIRES   DES   LETTRES 


DATES 
et 

LIEUX    DE  D  \TES. 


1027. 

[  Vers 

la  fin  froclobrc'P] 


[Commeiicemeot 
de  novembre'.] 


1 2  novembre. 
De  Nélray. 


SUS  CRI  PT  ION 

DES  LETTRES. 


A  M.  d'Aenssen. 


Aux  RR.  PP.  j>rcsideiit 
et  définiteur  de  la 
congrcgalion  de  S'- 
Maur. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOUBCES. 


(!  M.,  le  s'  de  Lasalle,  nepveu  du  s'  Trip ,  m*ayant  asscnri!:  que 
les  cinquante  canons  que  aous  iuy  faisiés  faire  pour  moy 
csloient  pretz  et  qu'ilz  trouveront  bien  rinvention  de  les 
faire  venir  au  Havre  sans  péril,  je  vous  fais  ce  mot  pour 
vous  j>rier  d'adviscr  avo([  !uy  de  la  façon  le  jiius  promp- 
tement  qu'il  se  pourra.  Je  vous  supplie  vous  souvenir  que 
j'ayrae  mieux  que  ce  que  nous  auions  d'Hollande  nous 
cousle  plus  cher  et  qu'il  soit  asseuré  que  de  courre  la  for- 
tune du  vaisseau  du  s'  de  Toiras.» 

Autographe,  —  Arcli.  des  AIT,  ctr.  HollaDdc,  t.  XI,  pièce  lio. 


"Que  les  difllcultés  qui  se  présentent  au  traité  font  que  le 
roy  a  jugé  qu'il  ne  se  peut  te  .miner  qu'auprès  d'EUe.  Que 
je  me  resjouis  en  l'espérance  que  j'ay  que  M"  des  Estais 
luv  donneront  cette  commission...  Le  roy  a  la  nicsmc 
aflection  que  le  feu  roy  son  père.  .  H  y  a  certaines  choses 
dans  le  traîtlé  de  Compiè;^ne  qui  ne  peuvent  estre  con- 
tinuées, mais  il  est  aysé  tle  l'améliorer  de  ))art  et  d'autre...» 
li  n'est  pas  peu  ioiporlant  que  M"  des  Etats  parachèvent 
promptement  la  satisfaction  due  à  S.  M.  pour  la  faute  qu'ont 
commise  les  capitaines  ..  «M.  Boulard  m'a  dit  que  vous 
aviés  de  bonnes  propositions  à  faire  sur  le  sujet  d'une 
union  (>our  le  fait  cfu  commerce.  Je  les  escouteray  très- 
volontiers.» 

Arch.    dej    Aff.    clr. 


Minute   de  la  main  de  Charpentier. 
HoUaudc,  t.  XI I  pièce  lài- 


Le  parlcnaent  de  Rouen  a  donné  permission  aux  pères  de 
S"-Mélaine  de  s'agréger  à  la  congrégation  de  S'-Maur. .  . 
voulant  diviser  celle  de  Bretagne  dont  je  suis  protecteur. .  . 

Orig.  —  Bibl.  nat.  Saint-Gcrmaîn  ,  i473,  fol.  92. 


'  Cette  piècocst  placée  en  décembre  d'après  une  indication  mise  en  tSto  sans  doute  pour  le  classement.  Nous  pensons 
qu'elle  a  dû  être  écrite  peu  de  temps  après  la  prise  du  vaisseau  do  Toiras,  qui  eut  lieu  le  7  octobre.  Nous  proposoni 
vers  la  fin  dudit  mois.  Depuis  quelque  temps  déjà,  on  l'a  vu  par  plusieurs  lettres,  celte  aÛ'aire  de  la  fourniture  des 
canons  et  antres  munitions  de  guerre  était  entamée. 

^  La  suscription  est  restée  en  blan?;  la  lettre  s'adresse  à  d'Espesses,  l'ambassadeur,  on  plutôt  à  Custojoax,  qu'on  a 
vu  charge  ''n  Hollande  d'une  mission  spéciale,  pour  les  arpiements  de  la  France. 

'  Sans  date,  cla&sce  en  décembre.  Elle  doit  6tre  du  commencement  de  novembre,  puisque  les  pouvoirs  d'Acrssen 
sont  du  ly^  dudit  mois.  —  La  pièce  CXLÏI  est  la  matière  d'une  lettre  du  roi  au  prince  d'Orange.  Sur  l'insistance  que 
M"  des  États  ont  faite  auprès  de  l'ambassadeur  de  France  pour  le  renouvellement  du  traité  de  Compicgne  qui  expire 
celte  année,  le  roi  demande  qu'on  envoie  le  s'  d' Aersaen  pour  traiter  celte  affaire.  Assurance  des  meilleurs  sentiments 
du  roi  pour  la  Hollande.  (Minute  d'une  main  que  je  ne  connais  pas,  corrigée  de  la  maîn  de  Charpentier.  Sans  date.  )  — 
La  négociation  de  ce  traité  se  jQoursuivït  péniblement  et  on6n  ne  s'acheva  pas.  On  a  vu  ci-dessus  (  1*''  décembre  i6n6  , 
6 ,  8  et  3o  juin  1637)  les  diUicoltcs  qui  surgissaient  sans  cesse.  On  parvint  pourtant  à  une  rédaction;  notre  manuscrit 
nous  dcnne  plusieurs  copies  peu  difTércntea  les  unes  des  autres,  aux  dates  des  26  et  a8  août;  les  négociateurs  étaient 
M"  de  Bultion  et  de  Châteauneuf  pour  la  France,  et,  pour  la  Hollande,  le  baron  de  Langlierac ,  ambassadeur  de  cette 
république.  Il  était  dit  que  les  ratifications  seraient  échangées  d^ins  l'espace  de  deux  mois,  mais  ni  l'une  ni  l'autre  des 
deux  parties  ne  ratifia  le  traite  ;  il  fallut  négocier  sur  nouveaux  frrtis.  Est-ce  alors  que  le  roi  écrivit  au  prince  d  Orangu , 
cl  Hichelieu  à  Aersaen  ,  les  letlrcs  sans  date,  classées  dans  notre  manuscrit  en  décembre,  mais  qui  seraient  d'octobre  ou 
du  commencement  de  novembre?  En  effet,  on  y  témoigne  le  désir  de  voir  M.  d'Aerssen  envoyé  à  Paris,  et  ce  même  ma- 
nuscrit conserve  à  la  date  du  27  novembre  (pièce  189)  les  pouvoirs  donnés  par  les  Etals  &  deux  nouveaux  négociateurs, 
M'''  Acrssen  et  do  Vosberg,  ambassadeurs  exlraordinoires  pour  traiter  à  Paris.  Ces  nouvelles  tentatives  de  négociation 
n'eurent  pas  une  meilleure  issue.  Faut-il  rapporter  i  quelque  temps  de  là  une  lettre  que  nous  donnons  ci-après  (  vers 
la  fin  de  1627  ) ,  où  Richelieu  parle  d'une  mission  sans  succès  d'Acrasen  à  Paris  ?  Nous  ne  proposons  cette  conjecture 
qu'avec  doute,  parce  que  ce  diplomate  )iollandais  est  venu  plus  d'une  fois  en  France. 


NON  IMPRIMÉES  DANS  LE  SUPPLÉMENT.         963 


DATES 


LIEDl  DB  DATES. 


SUSCRIPTION 


SES  LETTBES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  SOUr.CES. 


1627. 
2  3  novembre. 


i"  décembre. 

Du  camp 
de  la  Uocht-Ue. 


Nfé  moire  pour  monstrer 
an  roy  '. 


A  M.  le  Prince. 


«On  se  trouve  bien  empcsché,  etc..»  Richelieu  Rappelle  ce 
qu'il  a  fait  pour  le  siège  de  la  Rochelle,  les  difficultés  qu'on 
lui  oppose,  négligences,  mauvaise  volonté;  et  il  repré- 
sente au  roi  que,  pour  bien  servir  les  princes,  on  est 
quelquefois  obligé  de  combattre  leurs  senliments. 

Minute  de   la    main    de   Charpentier.  —  Arch.   des  Aff.   elr. 
France,  t.  XLV,  fol.  4^. 

«Le  roy,  affectionnant  vostre  personne  et  par  conséquent  tout 
ce  qui  vous  touche,  je  n'ay  garde  de  manquer  à  vous 
servir...  M.  de  Saintout. ..  vous  donnera  le  brevet  <le 
la  confiscation  de  Belin  et  Josselin  que  le  roy  vous  accorde. 
Ce  sont  les  deux,  plus  belles  pièces  des  biens  de  M.  de 
Rohan'. ..» —  Richelieu  annonce  au  prince  d'autres  fa- 
veurs.—  «S.  M.  est  très-résolue  de  poursuivre  le  siège  de  la 
Rochelle. . .  Le  s'  de  Bourbonne  a  pris  Montaigu  prison- 
nier en  Lorraine..  .  » 

Orig,  —  Arch.  de  Coodé.  Communication  de  M*'  lo  duc  d'Aii- 
inale. 

a  .  .  .S.  M.  se  promet  que  vous  n'oublirés  rien  pour  son  ser- 
vice \  Montaigu  a  commencé  à  nous  apprendre  beaucoup 
de  nouvelles..  .  M.  de  Sainlou  a  là  toutes  vos  expéditions, 
tant  pour  les  confiscations  qu'autres  choses...» 
Orig.  —  Mêmes  archives. 

Richelieu  demande  qu'on  lui  envoie  sans  délai  le  capitaine 
Oudard,  auquel  il  veut  donner  !e  commandement  d'un 
vaisseau. 

Orig.  —  Catalogue  d'une  vente  d'autographes.  Janvier  i85o. 

Un  s**  écrit  pour  se  justifier  de  la  prise  du  vaisseau  de 
M.  de  Toîras;  il  offre  de  venir  en  France;  «je  responds 
comme  ne  m'en  souciant  pas,  mais  qu'il  peut  venir,  pour- 
veu  que  cela  ne  relanle  point  la  délivrance  du  canon  qu'il 
fait  faire.  —  A  dire  le  vray,  entre  nous,  nous  désirons  gran- 
dement qu'il  vienne,  mais  je  ne  veux  pas  le  luy  tesnioigner 


'  Ce  titre,  do  la  m^^in  de  RichcUcu  ,  est  écrit  sur  un  petit  fciiitlcl  hl;tnc ,  qui  t  dans  le  manuscrit  des  AiTaircs  étran- 
gères ,  précède  celle  pic.-e.  Les  Mémoires  de  Richelieu  en  ont  conservé  le  tcilc  ,  mais  sépare  en  deux  partii^a  ,  entre  les- 
nucMe»  on  a  iniéré  quatre  pages  où  Toirj»  est  fort  maltraite  dan*  tout  ce  commencera  nt  de  sa  carrière,  depuis  qu'il 
clait  page  de  la  vénerie  jusqu'à  ce  moment,  où  il  dércndait  Saint-Marlin-de-Ré.  (T.  III  des  Mém.  maniiscrils  de  liiche- 
tiea ,  fol.  287-391  ;  p.  i63-470  de  ledit.  iVtil'il.  )  Ce  morceau  contre  Toiras  commence ,  dans  les  Mémoires  imprimes, 
au  bas  de  la  page  \Bi  et  va  jusqu'au  milieu  de  la  page  469  ,  à  ce  passage  :  «qu'il  y  avoil  à  craindre  de  tous  costes.  .  ■> 
—  Remarquons,  à  cette  occasion,  qu'au  lieu  des  mots  :  fU'Vj'  avoit  à...,  ou  lit,  dans  la  pièce  manuscrite  de  la 
collection  France ,  j'ay  ô. . .  Nous  le  notons  pour  montrer  eDCorc  une  fois  comment  les  pièces  originales  se  transfoimcnl 
en  passant  dans  le  récit  des  Mémoires. 

'  Il  commandait  les  huguenots  révoltés  ;  et  c'était  le  prince  de  Condé  qui  avait  été  envoyé  contre  lui.  Il  avait  demandé 
qu'on  lui  donnât  cette  conGïcation  ,  et  se  montrait  plus  animé  contre  tes  protestants  que  n'aurait  voulu  Richelieu.  {Mém. 

m,  p.  i39-U3.) 

"    '     ~  "  'ait  pris  pli 

riva  le  17  à 
dp   nom;  serait-ce  le  s'  de   Ifasalle  ou   son    oncle  Trip ,  chargé   d'une  fourniture  do  canons,  dml 


1 6  décembre. 


. ,  .Décembre. 
Aux  Sables 
d'Olonne. 


.  .Décembre. 


Iden 


A  l'abbé  de  Marsillac. 


A  M.  d*Esp€5ses. 


'  Parti  de  Lyon  le  g ,  M.  le  Prince  avait  pris  p^u^leurs  pelit-^s  places:  «Après  avoir  ainsi  nettoyé  le  Rhône,  dît 
Richelieu,  il  s'avança  en  Languedoc  et  arriva  le  17  à  Taraicon.  {Mém.  Ill  ,  p.  4ô3. 


Il 


n  y  a    poif 


Richelieu  écrivait  quelque  temps  auparavant  (lettre  à..  .  vers  la  fin  d'octobre)?  Nous  croyons  qu'il  s'agit  plutôt  d'un 
s'  Gentillot  dont  il  a  été  question  page  713  de  notre  II"  volume  et  page  7  du  tome  III.  Rich'lieu  lui  donnait  I  assurancr- 
réitérée  qu'il  croyait  à  son  innocence.  Nous  avons  été  pris  nous-méme  à  cette  ruse  de  Hicbtlicu ,  que  nous  apprend  l.i 
présente  lettre.  (Note  a'  de  la  page  731  précitée.) 


964 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIEUX  DE  DATES. 


1G27. 


Sans  date. 
Alafmdc  1627'? 


SUSCKIPTION 


DES  LETTRES. 


M"  les  États  suppliant 
le  roi  de  conliuucr 
l'ailiance  dont  1< 
traité  expire  celte 
année,  S.  M.  envoie 
un  traité  à  M.  d'Es- 
pesses. . . 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOXIHCES. 


de  peur  de  l'effaroucher.. .  S'il  vous  demande  conseil,  ne 
le  pressés  pas,  mais  faites  eu  sorte  qu'il  songe  de  lui-mesme 
à  venir  pour  solliciter  et  obtenir  ses  lettres  de  change. 
Quand  il  s'en  alla,  il  emporta  pour  avances  une  lettre  de 
change  du  s"^  Lumague,  de  dii  mille  escus;  je  vous  prie 
de  prendre  garde,  si  cet  honneste homme  s'esgaroit  encore 
davantage  en  son  devoir,  qu'il  ne  fust  homme  à  vendre 
tout  le  canon  aux  Anglois;  si  vous  aviés  juste  soubçon, 
vous  ferés  arrestcr  tout  le  canon  chez  les  marchands. . .  » 

Minute    de   la    niaîn  de  Charpentier.  —  Arch.  des   Aff.    *lr. 
Hollande,  t.  XI,  pièce  i4i. 

«La  difficulté  qui  empescha,  lorsque  M.  d'Aerssen  estoit  icy, 
que  le  Iraitté  ne  fust  passé,  portoit  sur  un  article  qui  a 
esté  changé ,  et  l'on  s'est  contenté  des  dispositions  contenues 
dans  les  traittés  du  feu  roy  et  de  Compiègnc. . .  La  di- 
gnité du  roy  requéroit  que  les  Estais  députassent  des 
ambassadeurs  extraordinaires,  comme  ils  le  veulent  faire 
pour  faire  le  traitté,  mais  S.  M.  regardant  plus  au  bien 
de  M"  des  Estais  qu'à  ce  qui  le  concerne  en  telles  appa- 
rences, aime  mieux  donner  (>ouvoir  à  M.  d'Espesses  de 
passer  ledit  traitté  en  Hollande.. .  » 


Minute  de  la    raaiu  de  Cbarpentier. 
Hollande,  t,  XI ,  pièce  i45  '*. 


—  Arch.  des   Aff.   étr. 


1628. 


2  0  janvier. 

Du  camp 

de  la  Rochelle. 


3i  janvier. 

Au  camp 

de  la  Rochelle. 


A.  M.  le  Prince. 


Idem 


«Le  s*  de  Vantadour  va  pour  vous  communiquer  un  dessein 
important  auquel  S.  M.  est  bien  asseurée  que  vous  n*ob- 
inettrez  rien  pour  qu'il  réussisse  à  son  avantage. . .  '» 

Orig.  —  Arch.    de   Condé.    Commanication    de  M^^   le   duc 
d'Aumale. 

«Ayant  veu  ce  qu'il  vous  a  pieu  m'escrire  touchant  M.  d*Es- 
pernon  ',  je  prends  la  plume  pour  vous  dire  que  je  feray 
tousjours  un  cas  très  particulier  de  son  amitié  et  luy  don- 
neray  des  preuves  de  la  mienne  en  toute  occasion...» 
Richelieu  lui  recommande  les  affaires  du  roi  :  «à  Tavancc- 
ment  desquelles  vous  vous  portés  avec  tant  d'ardeur  qu'il 
est  impossible  d'y  rien  adjouster. . .  » 

Orig.  —  Arcli.  de  C&ndé.  Commaaication  de  M^'  le  duc  d'Au- 
male. 


'  Classée  eu  décembre.  S'il  s'agit  de  la  mission  pour  laquelle  Acrssen  eut  son  instruction  le  37  novembre,  la  pièce 
doit  clro  tout  au  plus  tôt  de  la  fin  de  l'année. 

^  Pièce  i46  :  <■  Propositions  discouroes  en  deux  conférences  avec  Ml*"  le  cardinal  de  Richelieu,  par  les  ambassadeurs 
de  M"  les  Estais,  >•  (De  la  main  d'Aerssen  ,  2  pages.  Sans  date.) 

'  Vov-  ci-dessus ,  page  60 1 ,  lettre  à  M.  le  Prince ,  5  janvier.  Le  duc  de  Vcntadour  était  allé  vers  le  roi  après  avoir 
accompagiy;  M.  le  Prince  en  Languedoc. 

*  Voy.  la  note  2  de  la  même  lettre  du  5  janvier. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  SUPPLEMENT. 


965 


DATES 

et 

LIEirt  DE   DATES. 


1628. 


ofi 


0  ie\Tier. 


1 1  février. 


[Vers  le  mois 
de  mars  '.] 


1 1  mars. 
Paris. 


SUSCRIPTION 


DES  LBTTRSS. 


A  M.  le  Prince. 


W.« 


A  M.  le  I*rincc, 


\.v  roi  à  M.  de  GuroD. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SODBCES. 


«J*ay  receu  les  asscurances  qu'il  vous  a  pieu  me  donner  de 
ramitié  de  M.  de  Montmorency'  comme  très  véritables; 
aussy  peut-il  faire  estât  très  certain  de  la  mienne..  .  » 


Orig.  —  Arcb.  de  Coudé.    CoramuDicalion    de   Ms'    le 
d'Âumale. 


duc 


uM.  de  Nesmond,  vous  dira  les  volontés  di*  roy  qui  sont  con- 
formes aux  vostrcs.  Il  vous  porte  les  expéditions  que  vous 
avés  désirées.»  Satisfaction  du  roî  «de  ce  que  vous  avés 
contribué  en  la  prise  de  Savignac^. .  •  —  Le  lendemain 
12,  le  cardinal  lui  écrit  de  nouveau  a  seulement  pour  ac- 
compagner M.  de  Calmes  qui  vous  dira  particulièrement 
à  son  retour  ce  qu'il  a  fait  en  son  voyage.» 

Orig.  —  Ârcb.  de  Coude.  CommuDicatioD  de  IM^  le  duc  d'Au- 
male. 

«On  peut  respondre  au  gentilhomme  de  M.  de  Vaudcmonl 
que  S.  M.  a  considéré  deux  choses  en  la  proposition  qu'il 
luy  fait  :  le  dessein  de  M.  de  Vaudcmont  et  la  personne 
de  M.  de  Falsbourg.  —  Quant  au  dessein  de  M.  de  Vau- 
demont,  après  tant  de  ses  actions  qui  doivent  donner  du 
dégoust  au  roy.-  -  S.  M.  est  preste  de  recevoir  ses  démis- 
sions pures  et  simples  du  gouvernement  qu'il  a  en  France  * 
pour  le  descbarger  de  la  géhenne  que  cela  luy  donne 
d'avoir  quelque  attachement  à  la  France.  —  Quant  à  la 
|>er5onne  de  M.  de  Falsbourg,  le  roy  i'eslime  digne  des 
gouvernements  dont  il  est  question,  et  a  volonté  de  faire 
pour  luy  chose  meilleure..  .  ^» 

Minute  de  la  main    de  Cliarpeclier.  — ■   Arcli.    des  Aif.  rtr. 
Lorraine,  t.  VHI,  fol.  4i4. 

*  ,  ^  .Oo  ne  manquera  de  faire  prendre  ceux  qui  sont  nommez 
par  la  déposition  de  I.a  liorde,  qu'il  vous  a  pieu  de  m*en- 
voyer.  Pour  l'aïTaire  de  Bresson,  il  y  aura  eslé  pourvcu  par 
le  roy  qui  recognoist  de  plus  en  plus  l'affection  avec  la- 
quelle vous  vous  portés  à  son  service;  et  aura  tousjours  en 
grande  recommandation  ce  qui  regarde  vos  intérests.  En 
mon  particulier,  Monsieur,  je  vous  prie  de  croire  que  j'y 
coutnbueray  tout  ce  qui  me  sera  possible..  .  » 

Orig.  —  Arcli.  de  Condé.  Communication  de  M*'  le  duc  d'Au- 
male. 

C'est  une  instruction  dont  la  pensée  seule  sans  doute  appar- 
tient à  Richelieu.  {Voir  la  note  de  la  page  70  de  notre 
m*  volume.) 

Orig.  de  la  main  de  Bouthillier.  —  Bill.  iiat.  Béiliune ,  9337, 
fol.  37. 


'   Voy.  ci-deMiit  la  même  aote  de   U  page  Sot. 

*  Voy.  notre  tome  III,  p.  36,  lettre  i  M.  le  Prince  du  18  février. 

^  Cette  note,  saas  date,  clasi^e  fautivement  en  l63o,  «  ét«  étrite  avant  le  départ  du  roi  (3  avril)pour  la  Roclicllc, 
[Mém.  de  lOektlteo  .  t.  IV,  p.  83.) 

*  Le  comte  de  Vaudemout ,  pérc  du  duc  do  Lorraine,  ctatt  gouverneur  de  Metz  et  do  Verdun.  Le  cardinal  lui  repro- 
chait d'avoir,  dèn  Ie9  premiers  temps  ,  cocooragé  la  mauvaise  conduite  de  Gaston  contre  le  rot.  (  Mcm.  t.  VIII  ,  p.  73.) 

La  petïiie  du  cardinal   n'est  pas  ici;  nous  la  trouvons  dans    ses  Mémoires,  où  nous  voyons  qu'il  s'oppo! 


l'avis  du  conseil  do  la  reine  m^re ,  à  ce  que  ces  gouvernements  fussent  donnés  au  prince  de  Phaisbourg,  atlei 
est  toujours  dangereux  de  ronfîtr  des  gouvernements  aux  étrangers.  (IV,  83.  ] 


du 


qu 


966 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


LIEUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  90UHCES. 


1G28. 
i5  mars. 


A  M.  le  IVinco. 


i*' avril. 


6  avril. 


jA  avril. 

Au  camp 

de  la  Uocliellc 


Idem. 


A  M.  le  corate  de  Til 
lières^,  à  Paris. 


A  M.  le  Prince. 


1 9  avril. 


Le  roi  au  duc  de  Savoie, 


2  G  avril. 
Du  caaipd'Aytré 


Le  roi  au  duc  de  Crë- 


K  .  .  .J'ay  escrît  à  M"  du  cooseil  que  l'on  vous  envoyast  une 
commission  pour  la  vente  des  offices  de  Irt^soriers  dont  vous 
av(*s  faict  vérifier  l'ccdit.  .  J*ay  aussy  escrit  pour  fairo 
transférer  la  chambre  de  Bésiers  à  Lisle ,  selon  que. . .  M"  de 
Tolose  le  désirent.  J'ay  vcu  la  harangue  que  vous  y  avés 
faite,  qui  faict  voir  vostrc  élot|Ucnce  et  l'afFeclion  que  vous 
avés  au  service  du  roy,  et  l'eslime  qu'il  vous  plalst  faire 
des  personnes  qui  vous  honorent  comme  moy. .  .  —  M.  de 
Séverac  s'en  retourne  vous  trouver;  le  roy  luy  a  faict  bailler 
3,ooo  escus  pour  le  service  qu'il  luy  a  rendu  '.» 

Orîg.  —  Arch.  de  Condé.  Communication  de  A!*''  le  duc  d'Au- 
male. 

a  M.  le  cardinal  de  la  Valette.. .  vous  dira  ce  qui  se  passe  icy, 
et  la  fermeté  avec  laquelle  on  poursuivra  ce  siège  sans  que 
rien  puisse  en  rompre  le  dessein,. .  » 

Orrg.— Arch.  de  Condé.  Communication  deM*'leducd'Auaialc. 

«.  ..J'approuve  laresponscque  vous  estes  d'avis  de  faire  à  M.  de 
Gourdon..  .  Faites  en  sorte  que,  quand  elle  seroit  prise, 
cUe  ne  luy  puisse  causer  de  préjudice. .  .  Usés  en  comme  vous 
ji'gcrés  à  propos  pour  celle  que  vous  ferés  au  s"^  Selon. .  .  » 

Orig.  —  Arch.  de  la  famille  de  Tillièros.  Communiiatloii   de 
M.  Hippeau, 

M.  le  prince  a  manjé  qu'il  va  attaquer  les  places  du  Rouarguc 
et  du  vallon  de  Masamet.  Si  M.  de  Montmorency  est  capable , 
avec  les  forces  qu'il  aura ,  d'empescher  que  M.  de  Uonan  ne 
face  progrès,  ce  sera  un  grand  avantage.  —  «Je  vous  con- 
jure de  ne  vous  embanjucr  pas  à  un  siège ,  j'entends  à  quel- 
que grand  siège  ;  ce  qui  ne  vous  empêche  pas  d'entreprendre 
celuy  des  pctiltis  places  que  vous  verrez  ne  pouvoir  ré- 
sister. . .  J'ay  peur  que  M.  de  Manloue  paye  les  despends 
quoyque  sa  canse  soit  fort  bonne...  Contrairement  aux 
stipulations  du  traitté  de  Monçon,  Gonçale  entre  dans  les 
estats  de  M.  de  Mantoue,  M.  de  Savoie  se  prépare  à  faire 
le  mesme,  et  l'empereur  en  a,  par  décret,  ordonné  le  sé- 
questre.—  Je  pars  demain  pour  aller  trouver  ïe  roy  à  Sur- 
gères. . .  La  digue  et  l'estacaae  se  fortifient  tous  les  jours  *. . .  » 

Orig.  —  Arch,  de  Condé.  Communication  do  M^'  le  duc  d'Au- 
male. 

(1 ...  J'ay  veu  les  propositions  que  vous  avés  faites  au  s' de  Gu- 
ron ,  et  les  tesmoignages  d'aiîection  que  vous  i'avés  asseuré , 
de  vostre  mouvement,  me  vouloir  rendre...»  Le  roi  le  re- 
mercie ,  et  le  prie  d'ajouter  toute  foi  à  ce  que  lui  dira  M.  de 
Guron  *..  . 

Mise  au  net  <le  la  main  de  Charpentier.  —  ArcJi.    de»  Aff.  é(r. 
Turin  ,  t.  VIII ,  jiîèce  i66. 

Réponse  à  la  lettre  du  duc,  du  9  du  mois,  laquelle  donnait 
avis  du  passage  en  Dauphiné  d'une  partie  des  troupes  du 


'   Sans   doute   quelque    dénonciation  ou    capture  de  rebelles.  Voy.  cî-dessus ,  p.  781,  et  dans  notre  III*  voluioe    les 
pièces  relatives  à  la  Rochelle,  p.  38  à  5iî, 

'    Voy.  les  Mémoires  du  comte  de  Tillières ,  à  la  date  du  i"  avril ,  publiés  par  M.  Hippeau. 
^  Le  cardinal  en  avait  fait  la  visite  le  13.  (Bassompierre ,  t.  III ,  p.  lâo.) 
*  Voy,  ci  dessus,  p.  607. 


NON   IMPRIMEES  DANS   LE  SUPPLÉMENT. 


967 


LIEUX.  DE  DATES. 


SLSCRIPTION 

ors  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  S0CRC8S. 


1628. 


3o  avril. 


Le  roy  à  M.  de  Césy. 


h  mai. 

Au  camp 

devant 

la  nocliclle. 


3o  mai. 

Au  camp 

de  la  nocbellc. 


2b  mai. 
De  Brouagc. 


A   M.  ïo  Prince. 


/(/Cf 


Idem. 


A  M.  LeMasJcaParU 


duc  de  Rohan,  en  dessein  d'y  construire  un  fort,  ainsi  que 
de  l'arrivée  en  Savoye  du  prince  Thomas  avec  des  troupes. 
Le  roi  approuve  ce  qu*a  fait  le  duc  en  cette  occurrence,  la 
levée  c!e  gens  de  guerre  et  le  dessein  de  s'cm[jarer  du  fort 
que  les  rebelles  construisent.  Le  roi  envoie  des  troupes  ,  et 
prescrit  les  mesures  à  prendre.  Le  prince  de  Condé  a  aussi 
reçu  ordre  de  marclier;  enfin,  «ayant  égard  au  particulier 
contentement  du  duc  de  Créquy,  »  le  roi  trouve  bon  que  le 
marquis  de  \'ilIeroy,  son  gendre ,  aille  servir  sous  ses  ordres. 

Minute,  )a   lettre    df'jà   sigoco  Ju    roi   ayant   été  corrîgee.  — 
Arcli.  des  AIT.  clr.  Turin,  t    VIII,  pièce  iGg. 

II  a  rendu  compte,  par  ses  dépêches  des  af»  janvier,  7  et  21  fé- 
vrier, des  désordres  occasionnés  par  les  janissaires,  des 
violences  commises  contre  le  grand  visir;  «ce  sont  efiecls 
d'un  grand  mespris  qui  s'adresse  au  prince  plus  qu'aux 
ministres...  —  Détromper  le  grand  seigneur  des  mau- 
vaises impressions  qu'on  luy  donne  touchant  les  desseins 
des  princes  chrestiens..  .  contre  les  jésuites..  .  corruption 
du  Caïmacan.. .  J'approuve  tout  ce  que  vous  avés  fait.» 

Minate.  —  Arch.  des  AIT.  ^tr.  Gonstantiaople  ,  t.Ili,  p.  61O  '. 

«Le  porteur  vous  pariera  d'une  affaire  d'importance.  Le  roy 
m*a  commandé  de  vous  l'adresser.  Vostre  afteclion  vous 
fera  racsoager  ce  que  vostre  prudence  vous  fera  juger  estre 
le  plus  avantageux  pour  le  service  de  S.  M. . .  « 

Orig.    —    Arch.    de   Coudé.    Commonicaiion  de  M^'  le   duc 
d'Aonialp. 

« . .  .S.  M.  désire  qu'incontinent  que  vous  aurés  pris  Kéal- 
mont,  vous  vous  a'ivanciés  vers  M.  de  Rohan  ^. .  .  Je 
m'asseure  que  vous  luy  ferés  quitter  li  partie,  et  y  serés 
aussy  heurcui  qu'à  Pamïcrs  (voy.  notre  tome  III,  p.  62). 
M.  u'HerbauIt  vous  mande  au  long  la  volonté  du  roy.» 

Orig.   —   .\rcli.    de    Cou6é.    Commaoîcalion    do    M^**    lo   dur 
d'.Xumale. 

Nous  ne  faisons  qu'indiquer  ici  une  lettre  qui  n'est,  sauf 
quelques  retranchements,  que  la  reproduction  textuelle  de 
la  lettre  adressée  a  la  reine  mère  sur  la  retraite  des  .anglais 
(notre  lome  III,  1 13). 


Orig.   —   Arch.  dp 
d'AQmalc. 


Condé.    Communicalioii    do    M*'    le    duc 


«LcMasIe,  voyésdemapartleP.Bonel  à  l'Oratoire,  et  luy  dites 
que  puisque,  selon  l'avis  de  l'exécuteur  du  testament  de  feu 
M.  ae  Mande ,  il  délivre  à  M.  Doudancourt  les  deniers  de  la 
succession,  je  n'y  voy  pas  d'inconvénient,  veu  mesme  que 
celui-ci  consent  qu'il  baille  à  Madame  de  Saint-Georges  les 
dix  mille  livres  que  led.  feu  s' de  Mande  a  légués  aux  olliciers 
de  la  reyne  delà  Granrie Bretagne,  pour  les  distribuer  par 


'  Au  folio  6lâ,  iniout^  il  utio  autre  lettre  du  roi  «  M.  de  Cé^y.  (Môme  date.)  Approbation  de  la  manière  dout  il 
a  d^fcadu  ■  no«  jésuites*  contre  les  mauvais  ofiîces  dos  .iinbassadours  dWngletcrre ,  de  Veoisc  et  de  Hollande ,  et  aussi 
du  patrîarclie  Cyrille ,  «qui  a  voy  eut  juré  la  niync  de  nos  boas  religieux.  * 

'  Aa  lieu  d'aller  droit ,  comme  le  roi  le  voulait ,  ou  géuéral  des  bugucnots ,  le  prince  s'obstinait  à  faire  une  guerre  de 
ffiéfc,  dont  Uiclielieu  sç  désobiit.  (  Voy.  ses  Mêm,  t.  IV,  p.  9  1'S  j.  } 


968 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


LIEUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION' 

DES  LETTHES. 


ANALYSES  DES  LETTBES 
ET  soi;rces. 


1628. 


6  juin. 

Du  camp 

de  ia  Rochelle. 


8  juin. 

Au  camp  d'Aytré 

devant 

la  Ilochelie. 


A  M.  le  Prince. 


Iden 


iti  juin, 


Idem. 


î  juillet. 


8  juillet. 


A  la  reine  Anne. 


A  M.  le  Prince. 


elle,  selon  l'.ntenlion  du  deffuncl.  Je  me  promets  (jue  le 
d.  père  Bonet  fera  en  cela  ce  qu'eut  faict  sans  doute  le 
P.  de  Sancy,  s'il  eust  estci  à  Paris.» 

Autographe.  —  Arch.  nationales  ,  M.  a  3a.  Angleterre,  5.  B.  l3. 
—  Copie  tlo  la  main  de  Charpentier. 

On  attend  M.  d'ElEat  pour  le  payement  de  l'armée  de  M.  le 
Prince.  «Il  est  temps  de  se  préparer  à  faire  faire  le  dégast 
à  Nimes ,  Castres  et  Montauban,  comme  e^ant  un  coup 
d'importance...  de  là  deppendcnl  la  loy  et  les  prophètes..  . 
M.  dEspernon,  entreprenant  celuy  de  Montauban,  le  fera 
en  sorte  qu'ils  ne  recueilleront  pas  grand  chose.. .  » 

Orig.  —  Arch,  de  Cond^.  Commanication  de  M*'  le  dac  d'Au- 
male. 

(f . . .  S.  M.  m'a  commandé  de  vous  escrire  de  nouveau  que 
vous  teniés  la  main  à  ce  qu'on  commence  dès  maintenant 
le  dégast  de  Montauban.»  —  Régiments  à  envoyer  au  duc 
d'Épernon.  —  «Si  ce  dégast  est  bien  faict,  comme  il  n'y  a 
point  de  vivres  dans  Montauban,  ils  ne  sçauroienl  tenir 
trois  mois...  s'ils  jsouvoient  ramasser  la  moitié  de  leurs 
bleds,  ils  tiendroîent  encore  longtemps.  En  même  temps, 
n'oubliés  pas  Castres;  et  que  M.  do  Montmorency,  après  la 

Î)rise  du  Pouzin,  travaille  aux  mesmes  lins,  à  \ismes.  C'est 
e  seul  moyen  d'achever  cette  année  de  réduire  le  reste  de 
ces  villes  rebelles.. .  Je  sçay  bien  qu'il  seroit  superflu  de 
vous  y  convier  davantage,  veu  le  zelle  que  vous  avés  à  un 
si  bon  dessein. .  .  » 

Orig.—  Ârch.deCondd.  Communication  de  M^' le  duc  d'Aum  aie. 

«  H  n'y  a  personne  qui  ne  sache  que  les  armes  sont  journa- 
lières, et  qu'on  n'a  pas  tousjours  du  bonheur.  Le  roy  est 
d'advis,  comme  vous  luy  escrivés,  que  vous  Icviés  le  siège 
de  Sainte-Frique  (S'-Mrique).»  Envoyer  des  troupes  pour 
les  dégâts  des  villes  précédemment  nommées  et  d  Usez. 
Cela  fait,  vous  aurez  un  corps  considérable  de  troupes  pour 
opposer  à  M.  de  Roban,  «sans  vous  attacher  à  de  petits 
sièges  capables  de  ruiner  une  armée  sans  profit  ^  La  Ro- 
chelle rendue,  le  roy  fera  marcher  des  troupes  vers  vous. 
Ce  qui  sera,  en  ce  cas,  à  désirer,  c'est  d'enfermer  M.  de 
Uohan  en  quelque  ville..  .  » 

Orig.— Arch.  de  Condc.  Communication  de  M^' le  duc  d'Aimalp. 

«Le  comte  de  Tillières  va  à  Paris;  V.  M.  aura  agréable,  s'il 
luy  plaist,  de  luy  permettre  de  parler  librement  à  un  Anglois 
qui  est  à  la  BastÛle.  C'est  important  pour  le  service  du  roy.  » 

Orig.  —  Arch.   de  la  famille  de  Tillière-8.  Imprimée,  p.  306 
des  Mèmoirei  de  cette  famille,  avec  la  date  do  5. 

«Vous  apprendrés,  tant  par  les  dépêches  de  M.  d'Herbault 

que  par  ce  que  vous  dira  le  s'^  de  la  Saludie,  ce  que  le  roy 

estime  à  propos  que  vous  faciès  pour  le  bien  de  son  service.» 

Orig.— Arch.  de  Condé.  Communication  Je  Mf  le  duc  d'Auraale. 


Richelieu  répèle  ici  le  conseil  qu'il   a\ait  diîjà  donné  le  li  avril,  p.  ySa. 


NON  IMPRIMÉES  DANS  LE  SUPPLÉMENT.         969 


DATES 


LIECX  DE  DITES. 


SUSCRIPTIOX 

DBS   LETTRES. 


.ANALYSES  DES  LETTRES 
ET  sooncBS. 


1628. 
2, H  juillet. 


Project  He  suspension 
sur  le  subject  des  af- 
faires du  Montferral 
et  de  Mantouc  '. 


27  juillet. 


Le  roi  à  M.  du  Fargis. 


«M"  ie  cardinal  de  RicbeHeu  et  marescbal  de  Scboniberg 
ayant  confén?  avec  M"  le  marquis  de  Mîrabel  et  D.  L.  de 
Prado ,  »  i!  a  été  jugé  convenable ,  pour  préparer  la  négocia- 
tion de  la  paix,  «de  faire  une  suspension  ou  trefve  de  4  ou 
6  mois,  pendant  lesquels  les  armes  commandées  par 
D.  Gonzalès  de  Cordova  se  retireront  dans  le  Milanois,  et 
celles  du  duc  de  Savoie  dans  ses  estats. .  .  » 

Miae  au  net  do  la  maio  d'un  secrétaire  de  Riclieliou.  —  Arcli. 
des  Aff.  élr.  Espagne,  t.  XV,  fol.  178. 

«J'ai  veu  le  project  de  traitté  qui  vous  a  esté  proposé  par  le 
comte  d'Olivarez,  lequel,  avec  grande  raison,  vous  n'avez 
pas  voulu  signer;  et  eussi-js  encore  mieux  faict  de  ne  le  pas 
entendre,  ny  recevoir  pour  ce  que  les  termes  diceluy  vous 
debvoient  faire  juger  que  je  no  le  pourrois  jamais  apt>rou- 
ver,  et  qu'il  eust  esté  honteux  de  ce  faire..  .  Je  vous  en 
envoie  un  autre  ^. .  J'estime  que  M.  le  duc  d'Oliyarez. .  . 
ne  fera  point  difficulté  de  l'accorder.  »  —  Remercier  le  roi 
d'Espagne  de  l'offre  de  ses  vaisseaux  au  cas  que  les  Anglais 
viennent  attaquer  la  flotte  française  devant  la  Rochelle.. . 
■j'attends  les  Anglpis  dans  8  ou  10  jours  ;  si  les  forces  na- 
valles  d'Espagne  se  joignent  avec  les  miennes,  ils  ne  s'en 
moqueront  pas,  puisque  j'espère  tout  seul  empescher  le  se- 
cours de  la  Rochelle  et  chastier  la  Icmérité  d'Angleterre.  » 

Minute.  —  Arcl..  des  Aff.  ëlr.  Espagne,  t.  XV,  fol.  196.  — 
Une  copie,  fol.  180. 

«  Mon  cousin ,  je  trouve  bien  eslrange  de  navoir  pas  eu  encores 
advis  de  ce  que  vous  avez  résolu  sur  le  sujet  de  la  dépesche 
que  le  5'  de  Percy  vous  a  portée  de  ma  part ,  et  d'apprendre 
que  les  troupes  levées  j>ar  le  marquis  d'UxelIes,  pour  le 
secours  du  duc  de  Manloue,  passent  toutes  seules,  qui 
seroient  les  exposer  a  un  manifeste  péril'...  il  faudrol 
que  vous  entrassiës  promptemenl  avec  elles,.  .  u 

Arch.  des  Aff.  étr.  Maotoue,  t.  II,  pièce  yS.  —  Copte  de 
bareau  ;  la  lettre  doit  avoir  été  r^digre  par  d'Herbaalt  où 
le  secrétaire  d'Etat  de  la  guerre  lar  nne  tsatière  donnée  par 
Richelieu. 

ij'ay  dict  à  M.  de  Saintou  ce  que  j'estime  nécessaire  pour  le 
service  du  roy...  L'intention  du  roy  est  que  vous  teniés 
vos  troupes  les  plus  complètes  que  vous  pourrés  et  que  vous 
ayés  pour  but  (levant  les  yeux  d'empescuer  que  M.  de  Ro- 
han  ne  puisse  passer  de  deçà  quand  il  seroit  si  fol  que  de 
l'entreprendre..  .  n 

Orifç.  —  Arch.  de  Coodé.  Commucication  de  M^'  te  dise 
d'Aotnale. 


'   Annotation  écrite  aa  do»  de  la  pièce  par  Chaipentier. 

'  Ensuite  de  la  dépjcbe  du  4  jain  (ci-dessas ,  p.  6li  ) ,  M.  du  Fargis  avait  essayé  de  faire,  avec  le  duc  d'Olivarès, 
une  convenlioa  qu'il  envoio  sans  l'avoir  acceptée.  Pendant  ce  temps ,  Richelieu  en  avait  fait  une  autre  avec  l'ambassa- 
deur espagnol.  C'est  cellc-lli  qu'il  envoie  i  Madrid ,  en  rejetant  le  projet  transmis  pur  du  Fargis. 

'  he  péril  était  arrivé  et  les  troupes  du  marquis  d'Uxelfes  étaient  en  déroute  à  ce  moment ,  faute  d'avoir  été  soutenues 
par  celles  du  maréchal  de  Créquy.  Sanguin,  alors  cfi  mission  à  Grenoble,  l'anDonçaît  dans  une  lettre  écrite  le  10  au 
cardiual ,  fol.  73  du   même  ms. 


Le  roi  au  duc  de  Cré- 


2  3  aoust. 


A  M.  le  Prince 


CABOIN    DE  BlCHELItU.  —  VII. 


970 


SOMMAIRES   DES   LETTRES 


DATES 


LIEUX   DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DBS  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  SOORCES. 


1628. 
1 G  septembre. 


A  M.  le  Prince 


«Je  me  resjouis  d'avoir  appris  par  le  s'  Desbrosscs,  gouver- 
neur de  CresseP,  que  vous  soyés  aux  trousses  de  M.  de 
Roban,etcn  estât  qu'il  ne  puisse  quasi  eschapper,  que 
vous  ne  Tcnfermiés  dans  Milhaud.  J'espère  <]ue  vous  aurés 
la   gloire   de  l'avoir  dcflait  au  mesme  temps  ([ue  le  roy 


prendra  la  Uochelle,  qui  ne  peut  plus  larder.longlémps  à 
Assassinat  du  duc  de  Buckingham. 


;  rendri 


Orig.   —  Arcli. 
d'Aumalc. 


(le   ConJc.    CommuDicatloa    ilo    MC    te    duc 


27  septembre. 


.  .  .  Septembre. 


Idem. 


«M.  de  Sainlou  est  si  capable  de  vous  mander  l'estat  de  ce 
siège,  que  ne  sachant  rien  en  mon  parliculier  qui  soit 
digne  de  vous,  je  me  contenleray.. .  » 


Orig.  —  Arch.    de   Condé.    Communication    de    Mî' 
d'Aumale. 


le    duc 


Note. 


hSÎ  l'on  secourt  Casai,  les  ennemis  feronl  indubitablement 
la  paix;  et  si  l'on  prolonge  la  trefve,  ils  jugeront  bien  ^ 
[qu'on  ne  ie  peut  plus  secourir  et  ainsy  ne  feront  plus  la 
paix]. . .  Le  roy  estime  que  la  nécessile  n'aianl  point  de 
loy,  si  l'on  n'a  plus  de  blé  proche  de  Tarmce,  if  faut  en 
prendre  dans  le  Mdanais ,  faisant  observer  ie  meilleur  ordre 
possible.-  .  »  —  Si  Dieu  donne  la  victoire,  on  poursuivra 
vigoureusement  les  avantages. 


De  la  main  de  BouthiUier. 
t.  II ,  pièce  104. 


Arct).  des  Aff.  ctr.  Mantoue , 


octobn 


A  M.  d'Effiast. 


Donner  sans  remise  au  s'  de  Millières,  pour  M.  de  Gïiisc, 
l'argent  des  monstres  et  60,000  liv.  pour  frais  extraordi- 
naires des  embarquements,  sans  cela  tout  le  dessein  est 
inutile. 


Orig.  —  Bilil,  imp.  Hecaeil  de  Toi 
z     x-f  ggÔ,  fol.  193. 
3:184 


nuance  iur 


le$Jin: 


19  octobre. 

Du  camp 

de  la  Rochelle. 


A  M.  le  Prince. 


Le  s'  de  Saintou  demande,  |x>ur  vous,  par  votre  ordre,  la 
permission  de  venir  à  la  Rochelle;  «je  luy  ay  dict  ingénue- 
ment  que  je  n'estimois  pas  que,  tandis  que  S.  M.  est 
occupée  en  ce  siège,  et  que  vous  avés  désirù  l'eslre  en  la 
provmce  où  vous  estes,  le  bien  de  son  service  et  vostre 
réputation  peussent  en  cela  compatir  avec  la  charge  que 
vous  luv  donniés  ^. .  .  » 

Orig.    —  Arch.    de    Coud*'.   Conimunicalion    •)o    M''   le    doc 
d'Aamalc. 


'   Crcaseil,  pelite  ville  à  une  iioue  de  Milliau. 

-   Oc  la  main  de  Richelieu. 

^  C'est  là  une  petite  leçon  de  convenance  :  Les  troupes  françaises  entrèrent  dans  h  Rochelle  ie  3o  octobre  i  il  n'était 
pas  de  la  dignité  du  prince  de  venir  à  la  Rochelle  la  veille  de  la  prise  de  la  ville,  pour  âtre  spectateur  d'une  victoire 
à  Uquelle  il  n'avait  point  eu  part. 


NON   IMPRIMÉES  DANS   LE   SUPPLEMENT. 


971 


DATES 


LIEUX  01  DATES. 


1628. 

8  novembre. 


9  novembre. 
De  la  Roclielle. 


1 1  Dovemhre. 


so  novembre. 
De 

Charopdenîer'. 


SUSCRïPTION 

DES   LBTTRES. 


A  M.  le  Prince. 


Ideff\ 


Instruction  au  s'fleBaii- 
Iru,  allant  eu  Es- 
pagne'. 


A.  M.  le  Prince. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


«Je  prends  la  plume  pour  vous  suplier  de  prendre  créanct? 
en  M.  Tévescpie  de  Mande;  et,  par  mesme  moyen  luy  dep- 
partir  toule  t'assislance  que  vous  jugerés  que  le  service  du 
roy  requerra  en  cette  occasion.» 

Orig.    —   Arcli.    Je    Contîé.    Comniuiiica'ion    de    M*'    le    duc 
d'Aumale. 

M' le  Prince  ayant  appris  de  M.  de  Sainlou  les  [>arlicularités 
de  la  prise  de  la  Kocliclle,  le  cardinal  ne  lui  en  parle  pas. 
■ —  S.  M. permet  à  M.  le  Prince  défaire  un  voyage  de  1 5  jour:; 
en  lierry,  en  lui  recommandant  de  laisser  son  armée  en  ïi 
bon  ordre  que  son  absence  ne  puisse  préjudicier  au  service 
du  roi. 

Orig.    —    Arch.   de   Coudé.    Communication    do    M*'    le   duc 
d'Aumale. 

L'afTairc  de  la  Kochelle  t'tant  glorieusement  terminée,  le  roi 
désire  accommoder  les  différends  survenus  au  sujet  du  Mont- 
ferrat.  «11  n'y  a  que  trois  moyens  :  ou  que  (!asal  et  ce  qui 
n'est  point  occupé  du  Moniferrat  soit  laissé  entre  les  mains 
de  M.  de  Mantouc,  —  ou  mis  entre  les  mains  de  dom  Gon- 
cales , —  ou  déposé  en  celles  d'un  tiers  ;  les  parties  demeurant 
d'accord  qu'en  ce  cas  le  différend  soit  promplcmcnt  jugé, 
ou  par  l'empereur  ou  par  le  pape,  ou  amiablemenl  composé 
par  la  France  et  l'Espagne.»  H  est  recommandé  à  Bautru 
«de  laisser  passer  les  boutades  du  comte  d'Clixarès',»  et 
de  se  plaindre  vivement  de  l'Espagne.  Le  texte  de  ces 
plaintes  est  dévelof>pé  dans  plusieurs  pages. 

Mise  au  net  de  la  main  d'un  comnita  des   affaires  clrangèr«s  '. 
—  Arck.   des  AflT.  ctr.  EapagDc ,  t.  XV,  fol.  aôo  *. 

«Quand  vous  ne  m'aurîés  pas  honoré  du  tesmoignage  qu'il 
vous  a  pieu  roc  donutrr  de  la  joye  que  vous  avés  de  la  prise 
de  la  Hocbclle,  ce  ai  eust  esté  un  cnme  d'en  douter,  sachant 


'  Nous  trouvons  dans  le  m^me  maniucrit ,  eo  triple  expédîtioD ,  et  eo  mise  au  oel ,  des  instructions  dressées  pour 
M.  de  Baatm  (l'écriture  nous  est  inconnue);  la  copie  cotée  i4o  est  sans  date;  les  copies  cotées  '.^S  et  aÔg  &oiil 
datées  da  7  notembru,  La  dernière  a  c(c  corrigée  de  la  main  de  Châteauneuf  et  aussi  de  celle  de  Richelieu;  la  piètre 
dtt  1 1  novembre  doit  avoir  été  »ub»(ilu(-cà  celle  du  7.  (Voy.  les  Af<'m.  de  Richclita,  t.  l\,  p.  199  et  suïv.)  Les  pouvoir-i 
donné»  à  Dautru  sont  conservés  dans  ce  m»,  fol.  34^  et  aig.  Cette  seconde  expédiliou  porte  aus^i  des  corrections  faites 
par  ChAteauneuf. 

'  Baulru  n'était  pas  homme  h  se  conformer  i  cet  article  de  ses  instructions;  roanu  pour  affecler  de  mettre  de  l'esprit 
3  tout  propos  et  bors  de  propos,  il  ne  pouvait  pas  laisser  une  bouade  sans  réponse.  Rappelons  seulement  ce  passage 
de  ^3  lettre  du  .'^o  décembre  i  Richelieu  :  •l.e  comte  me  dit  en  colère  :  Si  nous  en  venons  aui  mains,  vous  n'aurex 
pas  alTaîre  ■  de»  bïsognes  angloi»  ;  —  Et  moi  :  Que  des  gens  qui  venoient  de  prendre  la  Rochelle  en  quatorze  mois 
n'avoient  pas  grand'  peur  de  c«-ui  qui  assicgeoicnt  Casai  il  y  en  avoit  dix  ,  sans  avoir  encore  gagné  nul  avantage.  *  (  Ms.  pro- 
cilé,  fol.  3^0.)  Touteis  les  saillies  de  l'esprit  de  Bautru ,  dont  les  Mémoires  de  Richelieu  ont  conservé  quelques-unes 
(IV,  3i4  et  suiv.  ) ,   ne  devaient  pas  beaucoup  contribuer  à  ménager  une  conciliation  ;  c'était  l'avis  du  cardinal. 

^  Richelieu  y  a  fait  de  sa  main  cette  addition  marginale  :  «Une  dépeschc  re^ue  depuis  le  départ  du  a'  de  Bautru 
porte  qu'ils  ont  fraiscbcment  re^u  à  Madrid  un  gentilhomme  de  M.  de  Rolian  qu'ils  ont  bien  traicté,  La  dépcschc  est 
du  6  novembre.  Elle  porte  que  l<i  rage  des  Espagnols  les  porte  «,  employer  argent  et  hommes  pour  empesci'er  les 
progrès  du  roy  contre  les  huguenots.  > 

*  Un  extrait  de  t'ioslruction  se  trouve  au  folie  3o8  ;  cl  au  folîo  33o,  ii  la  date  du  11  janvier  1619,  une  longue 
lettre  de  Bautru,  en  partie  chiffrée,  et  portant  cette  suscription  :  <\  M*'  Si  l'hostel  de  Richelieu.  <•  Le  même  jour, 
Bautru  adresse  au  secrétaire  d'Etat  d'IIcrbault  «les  articles  que  nous  sommes  en  chemin  d'accorder.  ■[  Fol  33â.} —  Nous 
trouvons  encore  à  la  suite  de  ces  pic:es  [  fol.  34o  et  3^7)  ■  un  projet  d'accominodem!.'nt  dresse  par  les  E'^spagnols  sur  K-b 
alTaires  d  Italie,  avec  des  observations  marginales  de  la  main  de  Bautru  ;•  documents  utiles  pour  1  histoire  de  ces 
négociations. 

>   Bourg  un  peu  au-dessus  de  NiorI  ;  le  cardinal  te  rendait  alors  de  la  Rorhclle  u  Richelieu. 


972 


SOMMAIRES   DES  LETTRES 


CATES 

et 

I.ir.U\    PE  DATES. 


1028. 


.  \ovenibre. 


Idt, 


SUSCUIPTION 


DES   LETTRES. 


Pour   iiome.   A  M. 
Béthunp. 


Pour  Mantoue. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  socncES. 


le  zelle  que  vous  av(-s  à  la  gloire  de  Dieu,  à  l'avancemcnl 
de  la  religion ,  au  service  du  roy  et  au  bien  de  son  estât.  » 

Orig.~  Arch.  de  Coodé.  Communication  de  M*''  le  doc  d' Aura  aie. 

La  Rochelle  prise,  on  se  hâta  d'en  répandre  la  nouvelle  par 
toute  la  France,  et  le  jour  môme,  3o  octobre,  le  roi  envoya 
aux  gouverneurs  de  province  une  dépêche  que  nous  avons 
donnée  dans  notre  y  volume,  p.  iSg.  Richelieu  informa 
ensuite  les  cours  étrangères,  et  l'on  a  vu,  p.  ihk  du  même 
volume,  la  lettre  qu'il  écrivit  au  comte  duc  d'OHvarez, 
datée  du  9  novembre;  ii  y  avait  certainement  une  dépêche 
du  roi  pour  le  roi  d'Espagne;  nous  ne  l'avons  pas,  mais 
nous  trouvons  dais  les  manuscrits  de  Rome,  t.  XM , 
loi.  32^-329  ,  les  matières  de  lettres  que  le  roi  devait  écrire. 
Une  annotation  mise  au  dos  porte:  «Mémoire  pour  les 
dépcschts  qu'il  fault  faire  à  Rome,  Venise,  Manlouc,  Sa- 
voie, et  pour  l'Empereur,  après  la  prise  de  la  Rochelle.» 
Nous  ne  faisons  que  les  indiquer  ici;  elles  n'ont  point  de 
date,  et  il  semble  que  ces  missives  auraient  dû  être  envoyées 
en  même  temps  à  peu  près  que  celle  dont  nous  venons  de 
faire  mention  adressée  a  Olivarez.  Mais  une  lettre  de  Bé- 
thune,  écrite  au  roi  le  3o  novembre,  dit  que  cet  ambassa- 
deur n'a  reçu  encore  aucune  dépêche  officielle  sur  la  prise 
de  la  Rochelle;  il  faut  donc  que  l'envoi  n'ait  eu  lieu  que 
vers  la  fin  dudit  mois  de  novembre  (même  vol,  fol.  272). 
Ces  copies  forment  un  cahier,  dont  nous  ne  connaissons 
point  l'écriture,  seulement  la  dernière  demi-page  est  d'un 
secrétaire  intime  de  Richelieu. 

((Sçavoir  de  Sa  Sainteté  ce  qu'elle  veut  faire  maintenant  pour 
les  intérest  de  l'Italie,  en  cas  que  la  France  et  Venise  se 
déclarent  et  joignent  ensemble;  à  condition  toutefois  que 

Sa  Sainteté  entre  en  ladite  union —  Dépesche    à 

M.  d'Avaux  conformément,   pour  presser  les  Vénitiens  à 
secourir  M.  de  Mantoue,  et  s'unir  avec  le  roy.» 
Rome,  t.  XLI,  fol.  334. 

Donner  avis  de  la  reddition  de  la  Rochelle.  Le  roi  veut  con- 
tinuer à  assister  puissamment  le  duc  de  Mantoue.  Le  roi 
lui  renvoie  le  baron  Dannevon  avec  la  réponse  aux  articles 
qu'il  a  apportés. .  .  Le  roi  persiste  au  dessein  de  secourir 
(]asal  ;  que  le  duc  de  son  costé  fasse  tout  ce  qu'il  a  promis. 

—  Suivent  les  articles  portés  par  le  baron  Dannevon,  avec 
l'avis  sur  lesdits  articles{foL  326-329).  —  «Le  principal 
but  maintenant  est  de  faire  retirer  les  Espagnols  du  Mont- 
ferrat  et  du  siège  de  Casai.. .  »  —  «Cette  négociation  mé- 
rite diligence  et  d'envoyer  promptement  vers  l'empereur. . .  n 

—  '  «En  tout  cas,  si  l'empereur  veut  se  contenter  des  pro- 
positions cy-dessus,  proposer  que  la  ville  de  Casai  soit 
mise  entre  les  mains  de  don  Gonçalez  avec  garnison  mo- 
dérée; et  le  chasteau  en  celles  du  pape,  à  la  charge  que 
led.  Gonçalez  s'oblige  par  escrit  a  rendre  lad.  ville,  selon 
que  Sa  Sainteté  l'ordonnera.  —  Cette  condition  est  si  rai- 
sonnable, qu'avec  justice  on  ne  peut  la  refuser.» 


I.i  le  secrétaire  (le  Hiclu'lieu  prend  la  pliimr. 


NON  IMPRIMÉES   DANS  LE  SUPPLÉMENT.         973 


DATES 
et 

LISDX  Dl   DATB5. 


1628. 

Novembre. 


Idem. 


32  décembre. 


a  7  dëomibre. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRR8. 


Pour   l'Empereur. 


Pour  Savoie. 


Au  marcschai  de  Cré- 
quy. 


A  M.  de  Bantrii. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   SOCRCBS. 


«Luy  donner  part  du  succez  de  la  Rocljelle  en  présence  de 
l'armée  angloise.  —  La  lettre  doit  être  courte  et  en  créance 
sur  le  s'  de  Céberet.. .  Il  sera  bou  que  le  roy  réitère  les 
instances  qu'il  a  cy-devant  fait  faire  à  l'empereur  en  faveur 
de  M.  de  Mantoue.»  {Fol.  3aii  v°.) 


Lui  donner  part  du  succès  de  la  Rochelle.  Inutile  tentative 
des  Anglais  pour  secourir  la  place.  —  «Une  autre  lettre 
au  s'  de  Marini,  qui  dira  au  duc  que  le  roy  s'entremettroit 
volontiers  pour  luy  asseurer  Train,  avec  12,000  escuz  de 
rente,  du  consentement  de  M.  de  Mantoue...  —  Si  le 
duc  de  Savoie  entend  à  cette  proposition .  conclure  sans 
déiay  son  intelligence  avec  la  France.. .  aboutissant  à  deux 
choses  y  l'une  :  se  joindre  ouvertement  aux  armes  du  roy,  ou 
accorder  le  passage  libre  à  ses  troupes.  M.  Marini  parlera 
comme  de  luy  mesme ,  et  déclarera  qu'il  en  a  charge  seu- 
lement si  le  d.uc  en  demeure  d'accord.» 

Lettre  «le  la   main    du    roy  à  M*"*  la  princesse   de  PiedmoDt. 
(FoL  336.) 

Le  roi  «remet  à  sa  discrétion  »  l'exécution  de  plusieurs  entre- 
prises proposées  par  M.  de  Cré([uy  ;  011  ne  les  explique  pas  , 
mais  on  peut  penser  que  l'une  menaçait  la  Savoie,  car 
nichelieu  a  ajouté  de  sa  main  à  la  minute ,  qu'il  avertira 
M.  le  commandeur  de  Valençay  «qu'il  ne  s'engage  pas  en 
son  voyage,  en  sorte  que  vostre  exéquution  ne  le  trouve 
pas  dans  la  Savoie  '.»  Il  y  a  à  cette  lettre  un  P.  S.:  «Je 
vous  puis  asseurer  que  le  roy  affectionne  cette  affaire 
(de  .V1autoue),à  l'esgal  de  celle  de  la  Rochelle.» 

Minute.  —  Arcb.  «le*  AfT.  étr.  Mantoae,  t.  II,  pièce  173. 

«  J'ay  recea  vos  relations  que  j'ay  trouvées  très  bonnes  et  faict 
valoir  au  roy,.  ;  S.  M.  n'a  point  changé  ses  résolutions. 
Le  roy  faict  estât  d'avoir  dans  i5  jours  20,000  h.  de  pied 
•et  2,000  ch.  sur  la  frontière  d'Itaiie..  .  Il  y  a  sujet  u'oc- 
cuper  ces  troupes  en  Languedoc.  Pressés  vostre  retour, 
après  avoir  faict  tout  ce  qui  se  peut  imaginer  pour  porter  à 
la  paix*.  —  Si  l'Espagne  est  bien  conseillée,  la  ville,  les 
cbasteaux  et  citadelle  de  Casai  seront  depposez  entre  les 
mains  du  pape,  et  les  deux  roys  décideront  ce  différend, 
et  s'ils  ne  le  peuvent.  Sa  Sainteté  y  entrera  pour  un  tiers,  n 

Mioulc    de    11    main   de   Charpcotier.  —   Vrcli,   des    Aff.   otr. 
Espagne,  t.  XV,  fol.  3o3. 


Les  m-inutcrits  Je  Tarin  nous  donnent ,  i  1«  date  du  26 ,  deux  lettres  do  BulHon  ,  écrites  sons  les  ycoK  de  Riclielieu , 
y  a  fait  quelques  corrections.  Bullioii  transmet  au  duc  de  Créqoy  et  a  M.  de  Valen^ty  les  ordres  du  roi,  an  sujet 
le  propositions  du  doc  de  Savoie.  «L'esprit  de  ce  prince  cui  si  changeant  et  variable,  qu'il  ne  faut  pas  que  ces  propo 
•tilioDs  vous  divertissent  do  vos  desseins;  et  il  faut,  »i  faire  se  peut,  s' asseurer  des  passages  par  la  force.»  (T.  VIII, 
pi^ce^  35 1  et  3  5i.} 

*  Los  qnatre  derniers  mois  sont  chiffrés.  On  a  vu  ci-dessus  (p.  97 ii  note  7.)  que  Bautru  obéissait  assex  mal  à  cotte 
recommandation  ;  mais  Ricbelieu ,  indulgent  pour  ce  bel  esprit  demi-bouffon  ,  qui  l'amusait ,  et  «ju'il  mit  un  des  pre- 
miers de  l'académie,  ne  paraît  pas  s'en  élro  aperçu  :  tLe  comte  d'Olivarès,  dit-il,  lui  fait  quelques  rotlomontados 
insupportables  qu'il  souffre  toutefois,  rorame  celles  do  l»  toraétlio ,  où  beaucoup  de  paroles  du  capitaine  ne  sont  suivies 
d'aucun  effet.  •  [Uim.  tU  Rtckelira  ,  IV,  a^o.) 


3:' 


974 


SOMMAIRES   DES  LETTRES 


DATES 


LIBG&  Dl  DATES. 


1628. 

Sans  date. 

[  Vers  la  iin 

de  décembre.  1 


Du..  .  dtîcembre, 


Vers  la  fin 
de  décembre. 


SUSCRIPTION 


DES  LETTRES. 


A  M.  Mootaigu. 


La  reine  mère  à  la  reine 
d'Angleterre. 


Pour  ie  s'  de  Prou; 


lage, 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  SODUCES. 


M',  <i  vous  jugés  fort  bien  de  mon  natiirel  quand  vous  pensés 
que  je  ne  sçay  point  rendre  de  mauvais  offices. .  .  ceux  qui 
sont  en  pareille  place  que  celle  où  je  suis  ne  doibvent 
jamais  parler  des  négociations  qui  se  font  avec  eux. . .  vous 
ne  m*avés  jamais  parié  de  ce  dont  rostre  lettre  me  faict 
cognoistre  qu'oji  vous  a  accusé. .  .  je  vous  ay  tousjours  veu 
trop  bien  ménager  lesinlcrest  de  rostre  maistre  pour  avoir 
cette  pensée  ^. . .  » 


Mite   au   net.  —  Arch.  de»   Aff.    ctr.   Angleterre, 
fol.  34 1. 


t.   XLII, 


«  Madame  ma  Clic ,  j'ay  receu  vos  deux  lettres. . .  je  suis  bien 
aise  de  voir  le  grand  désir  que  vous  avez  de  voir  la  paix 
entre  deux  personnes  qui  vous  sont  si  obères  comme 
sont  un  frère  et  un  mary. . .  je  contribueray  à  ce  dessein 
tout  ce  qui  me  sera  possible  pourveu  que  je  voie  que  l'af- 
faire puisse  venir  à  une  bonorable  tin  pour  ces  deux  cou- 
ronnes.. .  Le  roy  m'estant  venu  visiter,  je  luy  ay  faict  voir 
vos  deux  lettres  qu'il  a  Icues  avec  contentement,  disant 
fort  bien  de  vostre  bon  naturel.  Mon  cousin  le  cardinal 
de  Ricbelieu  qui  estoit"..  .  » 

Minute  de  la    main    de    Charpentier.  —  Arch.   des   Aff.   étr. 
Angleterre,  t.  XLII,  fol.  3&3. 

Nous  trouvons  quelques  phrases  sans  b'aison  entre  elles , 
écrites  de  la  main  de  iïicneiieu,  comme  notes  de  souvenir, 
sur  le  feuillet  de  suscription  d'une  lettre  à  lui  adressée  par 
le  comte  de  Lindsey,  qui  avait  pris  le  commaudement  de 
la  flotte  expéditionnaire  après  l'assassinat  de  Buckingiiam. 
Ces  notes  n'ont  d'autre  intérêt  que  d'être  autographes,  et 
de  nous  donner,  sur  la  situation  des  Anglais,  cette  phrase, 
la  seule  que  nous  conservions:  «Les  Anglois  désirent  la 
trcfve ,  mais  ne  la  veulent  demander.  »  La  lettre  sur  laquelle 
ces  notes  sont  écrites  est  datée  du  i"  novembre  1628. 

Arch.  des  Aff.  ctr.  France,  i6ï8,  t.  XLVIII ,  foL  i65. 

Richelieu  donne  des  ordres  pour  dilTérenles  affaires  de  détail 
concernant  la  marine,  et  que  le  s' de  Prouage  a  déjà  bien 
commencées.  —  Il  est  question  aussi  d'un  s"^  de  Ilécourl, 
auquel  Richelieu  veut  rendre  service;  «mais je  ne  pourrois 
consentir  qu'il  entrcprist  sur  ma  charge.» 

Minute  oij  plusieurs  corrections  sont  de  la  main  de  Richelieu, 
—  Arch.  de»  Aff.  étr.  France,  t.  XXV,  pièce  36. 


'  C'est  la  réponse  à  une  lettre  de  Montaigu,  auquel  00  a  dit  que  ie  cardinnl  avait  écrit  au  roi  d'Anglclerre  une 
lettre  de  plaintes  sur  sa  conduite  en  France;  le  cardinal  aurait  demandé  que  «si  on  avoit  e;nv)e  de  traittcr  il  falloit..  . 
n'y  employer  pas  de  gens  fallu  comme  Montaigu.  •  II  n'y  ajoute  pas  foi ,  et  il  espère  que  S.  Em.  *  daignera  de  me  rendre 
une  assurance  de  l'honneur  de  la  continuation  de  ses  bonnes  grâces.  >  La  date  de  cette  lettre  ,  10  décembre ,  donne  à  peu 
près  celle  delà  réponse  do  Richelieu.  (Même  ms,  fol.  356.) 

'  Ce  commencement  de  phrase  a  été  barré  j  Richelieu,  par  réflexion,  s'est  arrêté  ici.  —  Ces  deux  lettres  de  la  reine 
Henriette-Mario  ont  pu  jouer  leur  rôle  dans  la  politique  du  moment.  «Le  roi,  dît  le  cardinal,  pensoit  i  l'Italie  et  su 
Languedoc  (à  l'Itaiic  pour  l'affaire  de  Mantoue  ,  au  Languedoc  pour  celle  des  huguenots)..  .  Quant  au  Languedoc,  il 
leur  falloit  faire  entendre  que  l'Angleterre  nous  recherchoil  de  paix ,  et  que ,  la  faisant  avec  elle ,  ils  demeuroient  aban- 
donnés à  la  rigueur  de  la  justice  de  .S.  M.  et  de  ses  armes  ,  faisant  \oir  pour  ce  sujet  les  copies  des  lettres  de  la  relue  de  Li 
Grando-Bretaguc  à  la  reine  sa  mère  quelle  solliciloit  à  la  paix.»  (T.  ÎV,  p.  334-a37.} 

'  La  dalc  manque  et  la  pièce  c^t  mal  classée  en  itiSo ,  M.  d'Ocqucrrc ,  dont  il  est  question  dans  cette  lettre  ,  étaut 
mort  en  1  698. 


NON   IMPRIMÉES   DANS   LE  SUPPLÉMENT.         975 


DATES 

et 

SnSCRIPTION 

'analyses  des  lettres 

JLISCX  DR  DATSS. 

DBS  LETTRES. 

lîT   SOURCES. 

16291. 

Premiers  mois.  ] 

[AM.  BouthiUier.5] 

Projet  <ie  Iraité  avec  l'Angleterre  au  sujet  de  Taccomplisse- 
mcot  des  conventions  du  mariage  de  Henriette-Marie. 

MicQte.  —  Arch.  de»  Aff.  étr.  Angleterre,  t.  ÎLII,  fol.  362. 

.  .  .Janvier. 

Observations  sur  un  projet  de  traité  concernant  l'affaire  de 
Mantoue. 

De  la  maiu  de  Richelieu  et  de   celle  de  BoDthîllIcr.  —  Arch. 
des  Aff.  élr.  Turin,  t.  XI.  fol.  5a8. 

1  i  janvier. 

A.  M.  de  Bullion. 

InstruclJou  au  s' de  Bullion,  S.  M.  l'envoyanl  vers  le  duc  de 
Créquy,  pour  affaires  importantes  à  son  service.  —  11  s'agit 
de   Mantoue  et   de    Casai.    (Voy.   ci-dessus    rinslruclion 
donnée  à  M.  de  Lisle,  16  février  1629.) 

Minute  de  la  maiD  de  Bullion.  —  A  fi",  élr.  Turin,  t.  IX,  pièce  la*. 

a  5  janvier. 

Au  s'  iMimi  tle  Char- 
nacé. 

M.  de  Charnacé  est  chai^*  de  négocier  un  accord  entre  la 
ligite  catholique  d'.^llemagnc  et  le  Danemark. 

Copie.  —  Arch.  des  Aff.  ëtr.  Allemagne,  t.  VI,  fol.   qAj. 

36  janvier. 
De    Praslin. 

A  M.  le  Prince. 

Sur  le  compte  que  devail  rendre  le  prince  de  Condé  de  sa 
gestion  pendant  qu'il  commandait  l'armée  du  Languedoc. 
(Voy.  notre  IIP  vol.  p.  217.) 

Ortg.  —  Arcti.deCondô.  ComoianicatioDdeMiMeducd'Aumale. 

1"  février. 
De  Dijon. 

A  M.  da  Undt'. 

Instmclion  pour  M.  de  Guise  et  le  mareschal  d'Estrées,  sur 
le  chemin  à  faire  prendre  à  l'année. 

Orig.  aigoé  Louis;  contre-aigné  Phelypcnux,  devcQO  minute  à 
cause  de  correction».  —  Aff.  étr.  Turin,  t.  IX,  piice  ai'. 

26  février. 
A  Ambnin. 

!/.>  roi  à  la  reine  mère  '. 

Sur  une  négociation  de  Bautru  en  Espagne. 

Orig.  —  Arch,  nat.  M.  aSa  ,  n"  a  d'uue  liasse  défaite. 

Vers  la  itn 
de  février  \ 

A  M.  de  Valençay. 

Nous  avons  expliqué  la  mission  du  commandeur  de  Valençay, 
et  donné  le  résumé  de  cotte  tnstruclion,  ci-dessus,  p.  63 1. 

Mise  ao  nft.   —  Arch.  des  Aff.  ctr.  Turin,  IX.  pièce  34. 

i"  niar?. 
Onli. 

[A  M.  le  duc  de  Man- 
tooe.] 

«Mon  consin,  . .  .j'ay  cejourd'huy  passé  le  mont  Genèvre,  et 
suis  arrivé  en  ce  lieu,  qui  n'est  distant  de  Suze  en  Pied- 
mond  que  de  quatre  lieues,   en    intention  d'y   faire   au 
pinslost  entrer  mes  troupes. . .  » 

Mise  lu  net.  —  Arch.  de»  Aff.  ctr.  M  an  loue ,  t.  II,  pièce  337. 

'    La  ni-ceuiu-  1 
cODtrainl  de  rédui 
riqueti  a  bien  voui 
ditiona  et  coneclion 
retrancher  aux  am 
>  U  cardia»),  < 
'   La  date  mani 

t  renfermer  d.(ni  ce  dernier 
e  ces  analyses  à  une  eitrJme 
i  m'accorderile  publier  s^par 
où  trouveront  plaee  les  faili 
lyies  cjoe  j'avais  préparées, 
crîvant  à  la  reine  nierc  le  si 
ue,  on  lit  au  dos  d«  la  pîAc 

volume  toute»  les   Icltres  de    Richelieu   réservées  pour  le»   analyses   me 
brièveté.   Je   profilerai    de   la  faveur  que  le  Comité  des  travaux  hiato- 

ément  )a  table  géiu'rale ,  pour  joinrlre  à  cette  table  auelques  pages  il'ad- 
hislorique»  et  les  éelaircisaorneut»  que  le  mauque  d'espace  me  force  de 

"'' 
février,  lui  annonce  cette  lettre  du  roi.  (Voy.  notre  tome  III ,  p.   336.) 

f  :  •  Après  le  retour  de  Lisle ,  en   février.  ■ 

976 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 
et 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIBDJ,  DE  DATES. 

DES  LETTRES. 

ET   SOURCES. 

1029. 

28  mars. 

A  M"  les  ducs  el  gou- 
vernement et  conseil 
de  la    cilé  et  répu- 
blique de  Gènes. 

«  Messieurs ,  j'ay  faict  entendre  à  S.  M.  ie  désir  que  vous  aviés 
d'envoyer  un  ambassadeur  vers  elle  pour  luy  faire  la  révé- 
rence ;  elle  m'a  commandé  de  vous  mander  qu'elle  i'auroit 
très-agréable,  et  moy ,  en  mon  particulier,  je  l'asslsteray 
de  tous  les  bonii  offices  que  vous  devés  espérer  de  moy.» 

Minute   de    la    main    de    Charpcotier.  —  Arch.    des   Aff.    étr. 
Gênes,  t.  I,  fol.   171 . 

Vers  le  20  avril. 

A  la  reine  mère. 

Le  cardinal  entretient  Marie  de  Médicjs  du  roi  son  fils ,  et  du 
séjour  du  prince  de  Piémont  à  Suze,  où  ils  sont  arrivés  le 
5  avril, 

Orig.  —  Catalogue  d'une  vente  d'autographes  faite  par  La- 
verdet,  le  a6  janvier  i856. 

20  avril. 
Suze. 

A  M.  d'Avaux. 

Satisfaction  de  sa  conduite  dans  les  affaires  présentes.  Bon 
rapport  que  Richelieu  en  a  fait  au  roi  '. 

Copre.  —  Arch.  de$  Aff.  etr.  Venise,  t.  XLVII. 

22  avril. 

A  M.  i'archevesque  de 
Pise. 

Le  roi  ne  veut  que  rétablir  la  paix  en  Italie..  .  Il  va  travailler 
à  l'accord  de  M"  de  Savoye  et  de  Mantoue,  et  à  celuy  de 
Gênes.. .  . 

Minute  de  la    main  de  Charpentier.    —    Arcli.    des    Aff.    ôlr. 
Turin,  t,  IX,  pièce  106. 

27  avril. 

Le  roi  au  parlement. 

Après  avoir  mis  en  bon  estât  les  affaires  d'Italie,  «nous  nous 
acheminons  en  Languedoc,  où  nous  espérons  que  les  re- 
belles, touchez  de  nostre   présence,  se  rangeront  d'eui- 
mesme  à  leur  devoir  '.. .  » 

Copie.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  IX,  pièce  110. 

28  avril. 
Suze. 

A  M.  le  Prince. 

S.  M.  le  charge  de  faire  le  dégât  à  Montauban  et  à  \ismes. 

Orig.    —   Arch.    de  Condé.   Communication   de   M^^  le   duc 
d'Aumale. 

.  .  -Avril. 

Note  au  sujet  de  menées  ourdies   contre  la  France  par  le 
s'  Ciauzel,  revenu  d'Espagne,  où  l'avait  envoyé  le  duc  de 
Rohan. 

Minute    de  la   main    de  Charpenlier,  —   Arch.    des  Aff.    ctr. 
Turin,  t.  X,  pièce  igS. 

Commencement 
de  mai. 

Déclaration  du  roi  pour  convier  les  villes  rebelles  a  se  re- 
mettre en  son  obéissance. 

Minute    de  la  main    de  Charpentier.  ' —  Arch.    de$   Aff.   étr. 
France,  t.  LU  ,  fol.  389. 

3  mai. 

A  M"  les  Estats. 

«Le  roy  m'a  laissé  icy'  pour  parachever  ce  qu'il  a  si  heureu- 
sement commencé. . ,  » 

Minute  de   la  main  de  Charpentier.  —  Arch.    de»   Aff.    étr. 
Hollande,  t.  XII,  pièce  33*. 

'   Le  7  avril,  M. 
l'envoyait  par  M. 

^  Le  roi  reprodu 
III*  volume,  p.  36 

'   Le  cardioal  et. 

d'Aviiux  avait  écrit  au  cardi 
lelaSaludie.  (T.XLVII,  à 
it  ici  quelques-unes  des  idées 

'.■> 

it  alors  à  5uxe. 

nal  qu'il  venait  *  do  conclure  le  traitté  d'union  avec  la  République.*  Il 

ates  des  7  et  8  aviil.  ) 

de  la  lettre  écrite  au  parlement  de  Bourgogne,  le  ai  mars.  (Voy.  notre 

NON   IMPRIMEES  DANS  LE   SUPPLÉMENT. 


977 


DATES 


LIECX  DE   DATES. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOCnCES. 


1629. 

ai  mai. 
Au  camp 
de   Privas. 


3  4  mai. 


36  mai. 


Idem. 


tdem. 


3 1  ma  y. 

Au    camp 

devant  Privas. 


d  juin. 

Au  camp 

devant  Privas. 


10  juin. 

Au  camp 

devant  AIctz. 


Idei 


1 2    juin. 

Au  camp 

devant  AIctz. 


A  M.  le  Prince. 


A  la  reine  mère. 


A  la  princesse  de  Pié- 
mont. 


A  M.  de  Cr^quy. 


A  M.  de  Bétbune. 


A  M.  dlnfrevUle. 


A  M.  le  Prince. 


Le  roi  à  Toiras. 


Le    roi  a  M.  d'Avaui, 
ambassadeur    à    Ve- 


f>o  roi  au  marcschal 
(ie  Cré((uy. 


Dégât  de  Monlauban. 

Orig.  —  Arch.  de  Conde.  Communicûtion  de  M''  le  duc 
d'Aumale. 

Au  sujet  de  l'arreslalion  de  la  princesse  Marie. 

loiprim^e  :  Hi«(.  de  Loaii  XIII ,  par  le  P.  Griffet ,  t.  I,  p.  666. 

Richelieu  lui  a  envoyé  les'  de  Biscarat  pour  lui  faire  donner 
satisfaction  de  ce  qui  s'est  passé  en  l'afTaircde  Pomcuso. 

Minute  de  la  main  de  Cliarpentier.  —  Arch.  des  Aff.  ctr. 
Turin, t.  IX,  pièce  i85^ 

Toujours  racddent  de  Pommcuse.  —  Autres  aft'aircs  d'Italie. 

Même  source  et  même  indication. 

Faire  habiliter  [sic]  M.  le  chevalier  de  Valençay»  qui  est  de 
la  langue  et  du  prieuré  de  France,  aux  prieurés  ne  Cham- 
pagne et  d'Aquitaine  de  la  même  langue.  —  Que  le  bref  de 
S.  S.  s'adresse  non  au  conseil  de  Malte,  mais  au  grand 
maître. 

Mêmes  indications.  v 

nicheUeu  charge  M.  Le  Roux  s'  d'iofreville  de  visiter  les  côtes 
de  France  en  vue  des  établissements  à  faire  dans  les  porls, 
et  des  impôts  à  régler. 

Gopit'  (extraits  des  originaux,  arcliîvcs  du  conteit  d'Etat). — 
Bibl.  nat.  Siipplcruent  de  Dupay,  t.  LXXX.  —  Imprimée, 
CorrcipvndaKce  de  Sourdia  ,  i.  III ,  p.  i^3. 

«Le  s'  de  Vernerese  a  proposé  un  service.. .  j>our  une  place 
qu'il  vous  dira.  Vous  ferés,  s'il  vous  plaist,  ce  qu'il  vous 
sera  possible  pour  laire  réussir  son  dessein...  Je  tiens 
desja  pour  fait  le  dégastdc  Montpellier.» 

Orig.  —  Arch.  de  Condé.  Communication  de  M<''  U  duc 
d'Anmale. 

Instructions  pour  la  direction  des  troupes  qui  passent  d'Alle- 
magne en  Italie. 

Orig.  signé  du  roi  1  devenu  minute.  —  Arch.  des  AIT.  élr. 
Espagne,  t.  XV,  p.  4a8. 

Au  sujet  de  l'entrée  des  troupes  allemandes  chez  les  Grisons. 

Orig.  signé  Louï» ,  corrigé  et  devenu  miuutc.  —  Arch.  des 
AIT.  étr.  Turin ,  t.  IX,  pièce  176. 

Diverses  considérations  touchant  les  aflaires  d'Italie. 

Orig.  signé  et  devenu  minute  après  corrcclious.  —  .\rcli,  des 
AIT.  étr.  Mantouc,  t.  I ,  pièce  361. 


*  Voy.  ci-de»sus  ,  p.  637,  la  lettre  écrite,- dans  cette  occasion  ,  par  le  cardinal  au  prince  de  Piémont. 

*  Le  secrétaire  a  laissé  en  blanc  ce  quanlièmci  il  se  trouve  au  dos,  écrit  d'une  autre  main. 


CAiU>lN.  DE  RICHELIEU. 


VU. 


ta3 


978 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 
et 

LIBDX  DB  DATES. 


1629. 

16  juin. 

Au  camp 

de  van  l  Aletz. 


30  juin. 


^.6  juin. 


SUSCRIPTION 

DBS  LETTRES. 


A  M.  le  Prince. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  SOURCES, 


.Juin. 


20  juiïief. 


3o  juillet. 
Pezenas. 


8  août. 

Saiul- Germain - 

en-Laye. 


Idem 


i5  août. 


.  Août. 


A  M.  de  Léon. 

k  M.  de  Créquy. 

A  M.  le  marquis Striggi. 

K  M.  le  Prince. 

fdem. 


Le  roi  à  M.  de  Marche- 
ville, 


Le  roi  à  M.  de  Uaugy, 


A  M.  d 'A vaux,  con- 
seiller d'Kstat,  am- 
bassadeur à  Venise. 

Au  cardir.'il  clolit'rnllc. 


«Je  n'ay  jamais  veu  gran{îe  affaire  où  il  ne  se  soit  trouvé  de 
grandes  difficultez  au  commencement,  maïs  l'esprit  de 
force  et  le  courage  les  surmontent;  c'est  ce  qui  me  faict 
croire  que  celles  que  vous  rencontrés  ne  serviront  qu'à 
vostrc  gloire. .  .  » 

Orîg.  —   Arch.     de    Condé.    Communicstion    de    M'*'    le    duc 
d'Aumale. 

Instruction  baillée  au  s'  de  Léon,  ambassadeur  en  Suisse, 
touchant  l'affaire  des  Grisons. 

Mise  au  oet.  —  Arch.  des  AflF.  étr.  Suisse,  t.  XXVL 

Affaires  d'Itîdie. 

Minute  de  la  maio  de  Charpentier.  —  Arch.  des  Affaires  étr, 
Turin,  t.   IX,pièc^  i83. 


Affaires  du  duc  de  Mantoue. 

Minute  de  la   maio  de  Charpentier. 
Mantoue  ,  t.  II ,  pièce  aÔy. 


Arch.  des   Aff.   étr. 


Exhortation  à  ceux  de  Montauban  d'accepter  ta  grâce  du  roi. 

Orig.  —  Arch.  de  Condé.  Commonicalion  de  M'"'  le  duc 
d'Aumale. 

Les  dcpputez  de  Montauban  s'en  retournent  comme  ils  sont 
venus..  .  Commencer  le  blocus. 

Orig.  —  Arch.  de  Condé.  Communication  de  M^'  le  duc 
d'Aumale. 

Instruction  donnée  au  sieur  de  Marcheville,  envoyé  en  Alle- 
magne vers  les  électeurs  pour  convenir  de  la  réunion  d'un»? 
diète,  en  vue  de  la  pais. 

Orig.  contre-signe  Boulhillier.  —  Arch.  des  Aff.  clr.  Alle- 
magne, t.  VI ,  fol.  Q75-283. —  Deux  copies  sont  conser\-ées 
dans  ce  volume,  fol.  a68  et  a86'. 

S'entendre  avec  le  s' de  Marcheville,  envoyé  en  Allemagne. 
Orig.   contre-signe   Bouthîllier.  —  Arch.    des    Aff,   étr.    Hol- 
lande, t.  Xll ,  pièce  60. 

Opposition  que  fait  la  république  de  Venise  à  la  provision 
de  Tévéché  de  Padoue  en  faveur  du  cardinal  Cornaro. 

Orig.  —  Arch.  des  Aff.  ctr.  Venise,  t.  XLVII. 

«  . .  .  J'eslime  que  des  prestrcs  séculiers  de  vostre  ordre  seront 
meilleurs  en  Angleterre  que  des  religieux. . .  » 

Minute  do  la  main  de  Charpentier.  —  Arch.  des  Aff.  ctr. 
France,  t.  IX  (collection  verte)  ,  pièce  gS.  —  Ce  volume 
appartient  à  1638;  c'est  par  erreur  que  la  pièce  s'y  trouve 
classée. 


î    A  cette  dernièie  copie  on  a  mis  le  contreseing  Phelypeaut,  c'est  une  .erreur  ininifpstc;  Phelypeaui  (  le  ï-'cretairo 
d'État  d'H«rkault     était  mort  à  la  date  de  crlto  piècn. 


NON  IMPRIMÉES   DANS  LE   SUPPLÉMENT.         979 


DATES 

cl 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIEUX  DE  DATES. 

DES  LETTRES. 

ET  SOOBCES. 

1629. 

2  septembre. 
Brioudc. 

A  M.  le  Prince. 

«  J*ay  un  exlresme  desplaisir  de  celuy  que  vous  recevés  de  la 
perte  que  vous  avés  faicte'.  Vous  avës  trop  de  prudence 
pour  avoir  besoin  de  l'ayde  d'autruy  pour  la  supporter; 
c'est  ce  qui  faict  que  je  me  dispense  de  vous  en  dire  davan- 
tage.» 

Orig.    —   Arch.   de   Coodé.   Commniiicalion   de   M'''   le    duc 
d'Aamale. 

3  septembre. 
Brioude. 

A  M.  Marini. 

Le  roi  prendra  la  df^fense  du  duc  de  Mantoue  s*il  est  attaqué. 

Minute    de   la   main   de   Charpentier.    —    Arch.    des  Aff.   étr. 
Tarin  ,  t.  X  ,  pièce  67.  —  Mémoiret  mi$.  de  Richeliea .  t.  IV, 
547*  petit  in-folio.  Imprimée,  édit.  Pctitot ,  t.  V,  p.  371. 

fdem. 

A  M.  de  Créquy. 

RicbcUeu  lui  envoie  copie  de  la  dépêche  ci-dessus  adressée  a 
Marini.  —  Diverses  mesures  à  prendre. 

Minute  de   la   maiu   de   Cliarpentier.  —   Arch.   des  Aff.  étr. 
Turin,  t.  X,  pièce  .^7. 

Idem, 

A  M.  d'Hémery. 

Témoignage  de  satisfaction  «du  raCsnage  que  vous  apportés 
aux  affaires  du  roy. . .  » 

Mînole    de   la    main   de    Charpentier.  —   Arch.    des    Aff.    étr. 
Torio,  X,  sur  le  même  feuillet  qne  U  lettre  k  M.  de  Créquy. 

à  septembre. 

A  M    le  Prince. 

Autre  lettre  de  condoléance. 

Orig.   —    Arch.    de   Condé.   Commanicatiou  de    M<'    le    duc 
d^AuBtle. 

7  septembre. 
D'Effiat. 

Au  roy. 

Mauvais  drsseins  des  armées  de  l'Kspagne  et  de  l'empire. 

Orig.  —  Arch.  des  Aff.  etr.  Turin  ,  t.  X ,  pièce  65. 

Idem. 

A  M.  Marini. 

Plaintes  des  contraventions   que  M.   de  Savoie  apporte  au 
traité  de  Suie. 

Minute    de    la    main    de   Charpentier.  —  Arch.   des    Aff.    «tr. 
Turin,  t.  X,  pièce  66. 

i8  septembre. 
Fontainebleau. 

A  M.  le  Prince. 

«  Le  roy  vous  a  accordé  la  permission  d*estre  aux  coucbes  de 
madame  vostrc  femme. . .  » 

Orig.  —   Arch.    de    Condé.  Coounu  ni  cation    de    Me  I«    duc 
d'AumaU. 

i8  septembre. 

A      l'ambassadeur     de 
Hollande. 

Réponse  à  une  demande  de  subsides. 

Minute.  —  Arch.  des  Aff.  étr.    Hollande,  l,  Xll ,  pièce  76.  — 
Deux  copies,  cotées  68  et  69  '. 

ai  septembre. 

A  M.  de  Créquv. 

«  J'adjouste  cette  lettre  à  la  première  que  je  voas'ay  escrite  '  . .  » 
Il  s'agit  de  dispositions  relatives  à  l'armée. 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  Arch,  des  Aff.  étr,  Turin  , 
t.  X,  ^ièce83. 

'    Charlolte-Ctt 

*  C«»  deux  cop 

noua  iiidiijut^  celte 

'   Je  n'ai  pat  tr 

lerinc  de  la  Trimoaille,  mèr 
cfl  ftont   datres    du  8  septemi) 

qui  doit  être  préférée. 
ïuvé  cette  première  lettre. 

e  do  M.  le  Princa,  était  morte  le  38  août  i  l'hôlel  de  Condé. 

re;  U  date  du  18  que  porte  la  minute  a  été  mise  après  coup;  rieu  ne 

ii3. 


980 


SOMMAIRES   DES   LETTRES 


DATES 


LIF.Dl  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 


Des  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  socncES. 


1620. 

.  .Septembre. 

[  1 3  ou  1  i  octob. 


1 7  oclobre. 
Fontaiiicbleaiï. 


•?{x  octobre. 
Flenry, 


28  octobre. 


[3o  octobre.] 


8  novembre. 


Idem. 


[8  novembre  ^ 


9  novembre. 


10  novembre. 


Proposition  pour  terminer  l'aflaire  de  Mantotic. 

Extrait. —  Arch.  (les  Afl".  ctr.  Espagne,  t.  XV,  fol.  607. 

Compliment  sur  la  naissance  d'un  fils  (le  prîncc  de  Conti), 

Orig.    —    .\rcli.    de    Contlé.    Commaoîcation    de    M*'    le    duc 
d'Aumale. 

Difficultés  qu'opposent  les  Hollandais  à  la  conclusion  du 
traite  qui  se  négocie. 

«Mémoire  pour  escrire  à  M.  de  Baugy.  »  —  Arch.  des  Afl".  étr. 
Hollande  ,  t.  XII ,  pièce  87. 

Incertitudes  sur  les  dispositions  de  M.  de  Savoie  entre  la 
France  et  l'Espagne.  —  Difficultés  de  venir  à  une  véritable 
paix. 

Orig,  devenu  minute ,  ayant  clé  corrigé  après  la  signature.  — • 
Arch.  des  Aff.  ctr.  Turin,  t.  X,  pièce  ii4  ^. 

Sur  les  instances  du  nonce  pour  une  suspension  d'armes. 

Minute  de  la    raain    de  Charpentier.  —    Arch.    des    Aff.   étr. 
Turin,  t.  X,  pièce  118. 

«Mon  frère,  mes  affaires  d'Italie  me  contraignent  de  faire  de 
nouvelles  levées  de  gens  de  guerre  ;  j'ay  bien  voulu  vous 
envoyer  faon  cousin  le  mareschal  de  Marillac,  pour  vous 
en  dire  plus  parlicidièrement  les  causes. . .  » 

Minate.  —  Arch,  des  Âff.étr.  France,  t.  LI ,  fol.  a&3. 

Mesures  à  prendre  pour  la  défense  de  Casai. 

Minute.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Turin,  t.  X,  pièce  lao- 

Aftectlon  du  roi  et  de  la  reine  pour  elle.  Conseils  sur  sa  con- 
duite. 

Minute    de  la  maîn    de  Cliarpenlier.   —   Arch.    des  Aff.    étr, 
Turin,  t.  X,  pièce  i46. 

Approvisionnement  de  Casai.  Approbation  de  ce  qu'a  fait 
M.  d'Hémery, 

Minute    de  la   main    de  Cliarpenlier.    —  Arch.  des    Aff.    étr. 
Turin  ,  t.  X  ,  pièce  1 46  v". 

Les  pouvoirs  sont  donnés  au  marécbal  de  Créquy  [lour 
traiter  de  la  paix  avec  le  marquis  Spïnola. 

Orig.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Mantoue,  t.  II ,  pièce  3oi. 

Le  roi  approuve  la  réponse  par  lui  faite  au  pape  :  les  inten- 
tions de  S.  M.  sont,   en  cflet,   toutes  portées  à  la   paix 
d'Italie,  «pourveu  qu'elle  se  peust  faire  avec  la  scureté  de 
mon  cousin  le  duc  de  Mantoue  et  avec  ma  réputation,.  .  m 
Copie.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Home ,  t.  XLII ,  fol.  a64. 


'    La  suscription  manque,  mais  c'est   la    réponse  à  une  lettre  du  duc  do  Créquy,  laquelle  se  trouve  dans  le  mèuie 
manuscrit ,  cotée  110. 

Cette  pièce  a  été  arrangée  pour  les  Mémoires  de  Richelieu ,  t.  IV,  p.  5G7  du  ms.  des  Mémoires ,  petit  in-folio. 
^    La  date  manque ,  nous  proposons  celle  de  la  pièce  précédente ,  ces  deux  pièces  étant  écrites  sur  le  racrae  feuillet. 


A  M.  de  Barrault ,  am 
bassadeur     en     Es 
pagne. 
A  M.  le  Prince. 


A  M.  de  Baugy, 
[A  M.  de  Créquy  '.] 

A  M.  de  Créquy, 
Le  roi  à  Monsieur. 

A  M.  de  Créquy. 
A  Madame. 

A  M.  d'Hémery, 

Le  roi  à  M.  de  Créquy. 
Le  roi  à  M.  de  Béthune, 


NON  IMPRIMÉES  DANS  LE   SUPPLÉMENT.         981 


DATES 


LIBITX  DB  DATES. 


SUSCEIPTION 


DES   LETTRES. 


ANALYSES  I1ES  LETTRES 


ET    SOPrCF.S. 


1020. 
lo  novembre. 


Idem. 
1 1  Dovombre. 


[  Vers 
le  i8  ooveoibre. 


,  .  .  iNovcmbre. 


1 8  d'cembre. 
Paris. 


Idei 


sa  décembre. 


[Vers  la  fin 
(le  décembre,} 


Au   mareschal  de  Cré- 

Idem. 
A  M.  de  Baugy. 


An  mareschal  de  Cré- 

q"y- 


A  M.  Boulhiliier. 


A  M.  de  Sabran,  allant 
à  Gênes  pour  le  ser- 
vice du  roi. 


A  M.  de  CharDacë. 


Le  roi  à  M"  les  Estais. 


\   M,  le  Prince. 


Instruction  donnée  par  le  roi  sur  une  proposition  de  jonction 
des  troupes  de  France  et  de  Savoie. 

Mise  au  net.  —  Arch.  de»  ACF.  élr.  Maatouo,  t.  II ,  pièce  3o2. 

Le  roi  lui  envoie  rinstruction  mentionnée  ci-dessus. 

Mise  au  net.  —  Arch.  des  AIT.  étr.  Mantoue ,  t.  II,  pièce  3o4. 

Savoir  ce  que  feraient  les  États  en  cas  de  rupture  avec  l'Es- 
|>agne  et  l'Empereur. 

Copie.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  t.  XII ,  pièce  gS.  —  Autre  copie  , 
ii5. 

Richelieu  demande  au  maréchal  son  avis  sur  ce  qu'il  y  aurait 
à  faire  selon  que  M.  de  Savoie  se  joindrait  ou  non  aux 
armes  du  roi. 

Mise    au    net,   corrigée  de  la    main    do    Richelieu.   —  Turin, 
t.  X,  pièce  169. 

Ecrire  à  M.  de  Chasteauneuf  pour  témoigner  à  M,  de  Nis- 
sidel  le  gré  que  le  roi  lui  sait  d'avoir  soutenu,  en  plein 
conseil,  que  le  grand  trésorier  avait  promis  de  rendre  le 
vaisseau  de  Toiras..  . 

Minute   de    la    main   de    Charpentier.  —  Arch.  des    Aff.    étr. 
Angleterre,  t.  XLIV,  fol.  9t. 

Instruction  qui  lui  est  donnée  touchant  les  troubles  survenus 
à  l'occasion  de  Mantoue.  Le  roi  demande  la  neutralité  de 
Gênes. 

Minute.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Gênes,  t.  I,  foL  306. 

Au  sujet  de  la  trêve  entre  Pologne  et  Suède. 

Orig.  contre-sif^né  Phclypcaux ,  pièce  entièrement  chifirée.  — 
Arch.  des  Aff.  étr.  Suède,  t.  I,  fol.  106. 

Touchant  la  protection  due  aux  catholiques  dans  la  place 
de  Bois-le-Duc  assiégée  par  les  Suédois. 

Copie  d'un  ortgJnul  contre-signée  Phelypeaux.  —  Arch.  des  Aff. 
etr.  Hollande,  t.  XII ,  fol.  109.'. 

f  Considérations  pour  estre  veues  par  le  roy  devant  que  je 
parte  pour  aller  en  Italie  pour  la  seconde  fois.» 

Mise  au  net.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Turin  ,  t.  XI ,  fol.  ao  1-106. 

<c  Nonobstant  les  oppositions  que  les  habitants  d'Issoudun  ont 
fjiles  à  ce  que  vous  désirés,  ie  roy,  de  son  propre  mouve- 
ment, vous  a  accordé  les  lettres  d'estat  que  vous  avés 
demandées. . .  * 

Orig.    — •  Arch.    de     Coodé.    Communtcalioa    de   M*'     1»;    duc 
d'Aumalc. 


'  Au  verso  »«  trouve  une  copie  de  la  lettre  du  roi  lu  prince  d'Orange  sur  le  m4me  sujet ,  et  au  dos  d'une  autre  copie , 
otée  Ii5,  on  lit  :  iDes  copies  ont  esté  envoyées  au  card.  Bagnl  et  à  M"  de  Béthune  et  Bautnt.  Coluv-cî  a   escrit  qtie 


cette  lettre  «voit  esté  très-estïtnée  i  Bruxelles.  > 


982 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIEUX  DE  DATES. 


3  OU  It  janvier. 


4  janvier. 


1 1  janvier. 
A  Decize. 


Idem. 


1 5  janvier. 


2  0  janvier. 
i  2  janvier. 

29  janvier. 
3 1  janvier. 


1"  février. 
Grenoble. 


SL'SCRIPTION 

DBS  LETTRES. 


Au  duc  de  Savoie. 


A  M.  de  Créquy. 


Iden 


An  roi. 


Au  roi. 


A  M.  de  Léon. 


A  M.  le  Prince  de  Pié- 
mont. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   SOCBCBS. 


A  MM.  de  Crëquy  et  de 
Toiras. 


Au  Prince  de  Piémont. 


1630. 

Richelieu  rinforme  que  le  roi  l'envoie  en  Italie,  avec  une 
armée  considérable. 

Minute  de  la  maiD  de  Charpeatier,  —  Aff.  etr.  Turin,  XI, 
161.  —Copie,  t.  XrV,  5oo. 

Ces  Messieurs  qui  demandent  la  suspension  ne  veulent  que 
donner  lieu  aux  ennemis  de  se  ralraîchir.  «L'intention  du 
roy  est  d'avoir  promptement  une  paix  asseurée,  ou  une 
forte  guerre. .  .  » 

Minute.  —  Arch.  dès  Aff.  ^tr.  Tarin  ,  IX,  5.  —  Copie,  avec  la 
date  du  3,  t.  XIV,  fol.  ^99.  —  Imp.  Jtfc'ra.  de  Rickeliea, 
V,  356. 

Félicitalion  sur  sa  prudence,  de  ce  qu'il  n'a  point  signé  la 
suspension  d'armes. 

Minute  de  la  main  de  Cbarpentîcr.  —  Arch.  des  Aff.  ^tr. 
Turin  ,  XI ,  1 8.  —  Copie  ,  XIV,  5oo. 

Félicitation  sur  le  recouvrement  de  la  santé  de  S.  M.  —  Nou- 
velles de  l'armée. 

Orig. —  Arcli.  des  Aff.  étr.  Tarin,  XI,  ao. 

«Pendant  que  le  roy  restituera  la  paix  à  l'Italie,  il  ne  faut 
pas  douter  que  les  Espagnols  et  les  impériaux  n'aient  tous 
les  desseins  qu'ils  pourront  pour  divertir  les  justes  entre- 
prises de  S.  M.»  Consi'Jérations  sur  ce  sujet. 

Minute.  —  Arch.  des  Aff.  clr.  Turin,  XI,  3j.  —  Mém.  m$t. 
de  Richelieu,  t.  V,  p.  i3-ig.  —  La  dernière  page,  qui  se 
rapporte  à  Monsieur,  n'a  pas  été  conservée  dans  l'édition  de 
Petitot. 

Il  s'agit  de  l'assistance  à  donner  à  la  garnison  de  Mulhouse. 
M  ise  au  net,  —  Arch,  des  Aff.  étr.  Turin ,  XI ,  5 1 . 

Richelieu  le  remercie  d'une  visite  de  compliment  que  lui  a  fait 
faire  le  Prince. 

Minute  de  la  main  de  Richelien.  —  Aff.  étr.  Turin,  XI, 
fol.  54>  —  Copie,  fol.  kk* 

Relation  succincte  de  ce  qui  s'est  passé  entre  M.  le  cardinal 
et  M.  Mazarin. 

Mise  au  net.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Manloue,  III ,  18.  —  Dans 
les  Mémoires  mss.  de  Richcliea.y,  p.  36.  —  Imprimés  (  Pe- 
titot), V,  385. 

«M.  Mazarini  s'en  est  retourné,  je  vous  envoie  le  mémoire 
de  ce  qui  s'est  passé  entre  luy  et  moy.» 
Minute.  —  Aff.  étr.  Turin,  XI,  83. 

Richelieu  lui  envoie  le  commandeur  de  Vaiençay..  .  «pour 
vous  esclaircir  des  intentions  du  roy  sur  le  sujet  du  pas- 
sage de  ses  troupes  en  It^e,  et  sçavoir  nettement  les 
vostres. .  .  » 

Orig.  —  Aff.  étr.  Turin  ,  XI ,  85. 


NON  IMPRIMEES   DANS   LE  SUPPLEMENT. 


983 


DATES 
et 

LIEUX  OB  DATSS. 


SUSCRIPTION 

DES  LBTTBES. 


ANALYSES  DES  LETTBES 

ET   SOURCES. 


1630.         I 
à  février.        i   Au    mareschal    de    La 
Grenoble.  Force. 


7  février.        i   MémoireàM.deBaugy. 


12  février. 
A  Embran. 

Idem. 


i8  février. 


19  février. 


Vers  le  îofév 


ai  février. 


Iden 


a  8  février. 


.  Février, 


9  mars. 
Siue. 


Au  roi. 


Idem. 


A  M.  de  Cr< 


équy. 


A  lu  rein«  m^re. 


Au  mareschal  d'Estrées. 


A  M.  d'Avaiix ,  à  Veuise. 


Au  mareschal  de   Bas 
«empierre. 


lies  inégalités  de  M.  de  Savoie  sont  st  grandes  qu'on  ne  peut 
prendre  ses  mesures  justes  avec  lui..  . 

liapntaéo  :  Mêm.  du  dac  de  La  Force,  III,   3i3. 

Empescherla  trêve  entre  la  Hollande  et  l'Espagne. 

Mise  au  net.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  HollaDde ,  Xll ,  18.  Un 
double,  coté  i36. 

Chaleureux  remercîment  des  bontés  du  roi  à  son  égard. 

Orîg.  —  Aflf.  étr.  Turin  ,  XI ,  ni. 

Sur  le  prochain  voyage  du  roi  en  Italie. 

Mise  «u  net.—  Aff.  étr.  Turin,  XI,  fol.  110. 

En  même  temps  que  Richelieu  donnait  ses  conseils  pour 
assurer  le  succès  des  armes  du  roi,  il  continuait  ses  projets 
d'accommodement.  A  celte  lettre  était  jointe  «la  substance 
des  articles  proposés.» 

Mîw  su  net.  —  Air.  étr.  Tarin  ,  XI ,  )  3o. 

Arrivée  du  nonce  Peosirole  à  Embrun,  avec  l'intention  de 
faire  la  paix. 

Minute.   —   Aff.  étr.  Turin,   XI,  i3i. 

Au  sujet  du  mariage  de  M.  de  U  Meillcraie  avec  Al"*  d'Ëfiiat. 
Copie.  —  Aff.  étr.  Turin,  XI,  160. 

Espoir  d'accommodement  avec  M.  de  Savoie.  «Donnés  moy 
promptenicnt  des  nouvelles  du  dessein  dont  nous  parlasmes 
ensemble  à  vostre  départ.  ChaufTés-y  autant  que  vous 
j>ourrés.  t 

Minute  chiffrée.  —  Aff.   ctr.  Turin,  XI,   169. 

Presque  en  mêmes  termes  que  la  première  partie  de  la  lettre 
au  mareschal  d'Estrées.  Mais  il  n'est  pas  question  du  des- 
sein ,  qu'au  reste  notre  manuscrit  n'explique  pas. 
Même  source,  fol.  lâS, 

Difficultés  de  l'affaire  dltalîe. 

Titre  écrit  par  Hiclielieu  en  tête  d'un  mémoire  d'enviroQ 
dix  pages.  —  Minute  de  la  ma!n  de  Charpentier.  —  Aff. 
étr.  Tarin  ,  XI ,  174. 

Projet  de  traité  de  paix  sur  les  mouvements  présents  d'Italie  , 
envoyé  par  le  prince  de  Piémont  '. 

Considérations  sur  les  affaires  en  Italie.  Faire  diligemment 
les  levées  en  Suisse. 

Minute.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Suisse,  XXVII,  I33-  Classée 
fautivement  en  mai. 


'   Cttie  pièce  paraît  n  être  uirun  extrait  ;  nous  n'en  fiisous  mention  qu'à  cause  de  quelques  notes   marginales  ,  de  U 
maip  de  Charpentier,  lesquelles  doivent  prendre  place  dana  les  négociations  qui  occupaient   alors  Richelieu. 


984 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 

et 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

I.IEUX  DE  DATES. 

DES   LETTRES. 

ET    SODBCES. 

1030, 

17  mars. 

Au  maresclial  de   lias- 

Amener  en  toute  hâte  ses  troupes  suisses. 

somj)icrre. 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  Aff.  clr.  Suisse ,  XXVII , 
7'- 

19  mars. 
Suze. 

A  M.  le  Prince. 

«Je  me  remets  à  ce  que  M.  de  Bullion  vous  mandera;  je  vous 
prieray  seulement  de  vous  asseurer  de  mon  aflection  et  de 
mon  service.»  {On  ne  dit  pas  de  quoi  il  s'agit.) 

Orig.  —   Arch.    de   Condé.    Communication   de    M*^    le    duc 
d'Aumale. 

26  mars. 

Au  maresclial  de  Bas- 

Demander  aux  cantons  une  nouvelle  levée. 

sompierre. 

Minute  écrite  par  Charpentier;  quelques   mots   de  la  main  du 
cardinal.  —  AIT.  étr.  Suisse,  XXVII,  88. 

27  mars. 

Au  mareschal  d'Estréef . 

Représenter  vivement  à  la  république  de  Venise  combien  lui 
importe  l'affaire  de  la  Valteline. 

• 

Minute.    —    Aff".    étr.  Venise.,    t.    XLVIII.    luscrée   dans    les 
Mémoires  de  Richeiiea.  VI,  i-4. 

28  mars, 
à  5  heures  du  soir. 

Au    mareschal   de   La 
Force. 

Le  cardinal  l'avertit  d'une  entreprise  de  l'ennemi  pour  jeter 
du  secours  dans  la  citadelle  de  Pignerol. 

3  avril. 

Richelieu  a  rassemblé  un  conseil  de  guerre  pour  examiner 
les  moyens  de  conserver  Pignerol  ;  il  expose  la  discussion 
du  conseil. 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  Ail.  ctr.  Turin,  XI, 
36t).  —Mém.  de  Richelieu.  VI,  6. 

i3  avril. 

Au  roi. 

Avantage  pour  la  France  de  l'acquisition  de  Pignerol. 

.Mise   au   net  de   la  main  de  Charpentier.  —   Aff.  étr.  Turin, 
XI,  417.  —  Au  folio  4i3,  minute   dont  ia  dernière  page 
est  de  la  main  du  cardinal.  —  Mém,  de  Richelieu,  VI ,  3i. 

16  avril. 

A  M.  d'Avaux. 

Plaintes   du  roi  sur  les  irrésolutions   de  la  république  de 
Venise. 

Miante    de    la    main    de   Charpentier.  —    .\S.  étr.   Venise , 
t.  XLVIII.  —  Mém.  de  Richelieu,  VI,  48.  (Voy.  ci-après, 
3  3  mai.  ] 

ai  avril. 

Au   mareschal  de  Bas- 

Je  vous  despesche   le  sieur  de  l'isle  pour  vous    prier 

sompierre. 

d'entrer  le  plustost  que  vous  pourrés  dans  la  Savoie  avec 
vos  troupes  et  celles  de  M.  du  Hallier. . .  » 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  Aff.  élr.  Suisse  ,  XXVII , 
111. 

...AvrU. 

Pour  M.  BouthiUier. 

Mauvais  procédés  des  Hollandais,  (Voy,  ci-dessus,  date  du 
7  février  i63o.) 

Matière  de  ]a  main   de  Richelieu.  —  Aff.  étr.   Hollande,  XII, 
t53. 

[2  mai.] 

Ce  qui  s'est  passé  depuis  le  départ  du  légat ,  vers  le  1 5  a\  ril 
jusqu'au  2  mai,  jour  que  le  cardinal  qtiitta  Pignerol  pour 
retourner  près  du  roi  '. 

Mise  au  net.  —  Aff.  etr.  Turin  .  XII ,  6. 

'  C'est  l«  thème 

d'uu  fragment  des  Mémoires 

de  R,chtlm  (  VI ,  63-68  ). 

NON  IMPRIMEES   DANS   LE   SUPPLEMENT. 


985 


f 


DATES 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIBDX  DE  DATES. 

DES  LETTRES. 

ET    SOURCES. 

1630. 
6  mai  au  soir. 
De  la  Bastic. 

Après  le  1 1  mai. 

A  M.  Boulbillier,  con- 
seiller du  roy,  etc.  en 
Cour. 

Considérations  sur  les  affaires  de  Cbampagne. 

Orig.  sans  signature.  —  AfF.  étr.  Manloue,  111,  3i. 

Récit  de  ce  qui  s'est  passé  après  l'arrivée  du  roi  i  Grenoble  '. 
De  la  main  de  Chcrré.  —  AIT.  étr.  Turin  ,  XII ,  38-4 1 . 

a  3  mai. 
Ducampd'.^rby'. 

A  M.  dWvaux. 

Blâme  de  la  conduite  de  Venise. 

Copie,  an  dos  de  laquelle  on  a  mis  la  SDScn'ptîon  et  la  date. 
—  Aff.  étr.  Venise ,  t.  XL VIII. 

.  ..Mai. 

Mémoire  de  dépêches.  —  (  Ce  sont  des  indications  de  lettres 
à  faire,  peu  importantes,  de  trois  ou  quatr?  lignes  seule- 
ment.) —  A.  M.  Dugué.  — Aui  officiers  de  l'artillerie  de 
Lyon.  —  A  ceux  de  Grenoble.  —  Au  comte  de  Vindiville. 
—  Au  comte  de  Comarins.  —  A  M.  d'Auroux.  —  A  M.  le 
comte  de  Saidt. 

De  la  main  de  Cliarpenticr.  —  Aff.  étr.  France,   i63o.  XLIV, 
ao6. 

Idem. 

A  M.  BouihUlier. 

Mémoires   touchant  la   frontière    de    Champagne.    Place    à 
mettre  en  état  de  défense. 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  Aff.  étr.    Allemagne, 
VU,  36. 

6  juin. 

Au  camp 

de  Mouslier. 

9  j"'"- 

Au  camp 

de  Mousticr. 

[  Vers  le  milieu 
de  juin.  ] 

A  M.  le  baron  de  Char- 
nacé. 

Ad  parlement  de  Ren- 
nes. 

[AM.  deToiras.] 

Envoi  du  traité  à  passer  avec  le  roi  de  Suède. 

Orig.  contre-signe  BouthiUier.  —  Aff.  élr.  Suède,  I,  345. 

Le  roi  l'informe  des  avantages  obtenus  en  Italie. 

Orig.  —  Aff.  étr.  Mantone,  III,  46. 

Succès  du  roi  en  Italie. 

Minute.  —  Aff.  étr.  Turin,  XIV,  687. 

39  juin. 
Grenoble. 

A  l'Empcr.  ur. 

Lettres  de  créance  pour  M.  de  Léon  et  le  P.  Joseph. 

Imi  rimée  :  VU  du  P.  Joitph ,  t.  II.  —  HUt.  de  Loait  XIII . 
par  le  P.  Griffet,  11,9. 

[  Fin  de  juin  .•'  ] 

Mauvais  conseils  donnés  par  le  garde  des  sceaux  Marillac  au 
début  delà  campagne. 

Mise  au  net  de  la  main  de  Cherré,  avec  diverse»  corrections 
de  la  main  de  Richelieu.  —  Aff.  étr.  Turin,  XIV,  677. 

3  juillet. 
8  jiùllet. 

Instruction  pour  M"  les 
lieutenants  généraui 
qui      commanderont 
les  années  du  roy  en 
Italie. 

A  M.  de  Baufty. 

L'intention  de  S.  M.  est  que  l'armée  qui  passe  à  cette  heure 
le  mont  Cenis  aille  au  plus  tost  joindre  celle  qui  est  en 
Piémont,.  . 

Minute.—  Aff.  étr.  Turin,  XII,  $63. 

Article  secret,  an  sujet  de  l'entrée  en  campagne  de  l'armée 
de  Hollande'. 

Mise  au  net.  —  Aff.  étr.  —  Hollande,  XII,  187. 

'  Matière  d'un  i 
^  La  pièce  est  1 

écit   plus  développé  inséré  dï 
autivemenl  classée  inai  ce  vo 

n j  les  Uimoiru  de  RicMiea  (  VI ,  9  3  eHuiv.  ) . 
[ume  après  le  3l  août. 

CAHDIN.  DE  RICUEUED. 


VII. 


ni 


986 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 

et 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIEUX  DK  DATES. 

DES  LETTRES. 

ET    SOUACES. 

1630. 

9  juillet. 

A  M.  de  Baug;y. 

Mémoire  sur  les  afi'aircs  d'Orange. 

Minute   en    partie   de  la   main    do   Bouthillier.   —  Aflf.   ctr. 
HolUnde,  XII,  190,  Au  fol.  189,  il  y  a  une  copie. 

ï/t  juillet. 
A    Saint  -  Jean - 
de-Maurienne. 

A  M.  d'AvauT. 

On  lui  envoie  une  ample  relation  du  passage  de  l'armée  en 
Italie. 

Minute.  —  Afi".  clr.  Mantoue,  III,  62. 

i5  ou  X  6  juillet. 

Au  roi. 

Mizarin  revient  avec  des  propositions. 

Orig.  —  Afi".  étr.  France  (  coUcclion  verte),  VJ ,  53. 

19  juillet. 
A    Saint -Jean- 
de-Maurienne. 

2S  juillet. 
A    Saint -Jean - 
de-Maurienne. 

A  M.  de  Foiras. 

Secours  qu'on  lui  envoie. 

Minute,  —  Aff.  étr.  Mantoue,  III,  pièce  61. 

Entrelien  du  cardinal  avec  M.  de  Soudeilles,  envoyé  au  roi 
par  M.  de  Montmorency.  Insinuation  peu  bienvedlanlc  de 
Richelieu  contre  ce  duc. 

Mise  au   net  de  la  maio  do  Charpentier.  —  Aff.  ctr.  Turin, 
XII,  533.  —  Mém.  de  BicAc/ieu ,  VI ,  204-307. 

Vers  la  fin 

A  la  reine  mère. 

Pourquoi  on  a  mandé  à  Grenoble  le  garde  des  sceaux. 

de  juillet. 

Imprimée  :  Vie  de  Marie  de  Médicit.  III,  21 3. 

3  août. 

Au   mareschal   de    Ma- 

On  l'envoie  vers  le  duc  de  Lorr.ûne. 

Lyon. 

rilîac. 

Minute  de  la  main  de  Charpentier;  quelques  mots  écrits  par 
Richelieu  en  interlignes.  —  Aff.  élr.  Lorraine,  VIII,  Syo. 

1  2  août, 
Lyon. 

Sur  les  dernières  propositions  apportées  par  Mazarin. 

De  la  main  de  Bouthillier.  —  Aff.  étr.  Mantoue  ,  III ,  77. 

16  août. 

Saint-Jean- 

de-Maurienue. 

Pour  M.  Boutlnllier. 

Richelieu  quitte  Saint-Jean-de-Maurienne,  se  dirigeant  vers 
Lyon. 

Orig,  —  Arch.  delà  famille  Bouthillier. 

19  août. 

Idem. 

Affaire  du  courrier  de  Gènes, 

De  Pontcharra. 

Original  en   partie   autographe  et  de  la  main  de  Charpentier. 
—  Arch,  de  la  famille  Bouthillier. 

Idem. 

Idem. 

Au  sujet  des  bénéfices  vacants  par  la  mort  de  1  evéque  d'Or- 
léans. 

Orig.  sans  signature,  de  la  main  de  Charpentier.  —  Arch.  de 
la  famille  Bouthillier. 

2  3  août. 
De  Lyon. 

A  M.  le  Prince. 

Richelieu  lui  fait  diverses  recommandations  pour  la  tenue  des 
États  de  Bretagae  que  le  prince  va  présider. 

Orig.  —    Arch.    de    Condé.  Coramunicalion    de    M*'    le    duc 
d'Aamale. 

27  août. 
Lyon. 

Idem, 

H  La  reyne  m'a  commandé  de  vous  faire  cognoistre,  de  sa 
part,  le  ressentiment  qu'elle  a  de  la  bonne  volonté  que 
vous  tesmoignez  avoir  pour  elle. .  .  » 

Orig.  —    Arch.    de    Condé.   Communication    de   M*'    te   duc 
d'Aumale, 

29  août. 

A  M.  Mazarin. 

Au  sujet  des  négociations  pour  la  paix. 

Copie  de  la  main    du    secrétaire  de   M.    d'Eflial,  —  Aff.    clr. 
Turin,  XIII ,  aSo, 

NON  IMPRIMEES  DANS  LE  SUPPLÉMENT. 


987 


DATES 
et 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIBDX  01  DATES. 

DES  LETTRES. 

ET    SOURCES. 

1630. 

[Vers 

,e  commeDcement 

de  septembre.] 

A  M.  d'Efliat. 

«S.  M.  ne  doutant  point  que  ceui  qui  ont  arresté  la  trefve 
n'ayent  ménagé ,  du  mieux  qu'ils  ont  pu ,  les  intércsts  de 
son  service ,  approuve  ce  qui  s'est  passé. . .  » 

Miaule  de  la  main  de  Charpentier.  —  AfiT.  ctr.  Tarin ,  XIV, 

559. 

2  octobre. 
Lyon. 

A  M.  de  Brézé. 

Le  cardinal  lui  envoie  le  brevet  de  maréchal  de  catnp  pour 
servir  au  secours  de  Casai. 

Orig.  —   British   mQseuin.    Collection  Egcrton,   n**  i6go.  — 
Imprimée,  Cabinet  hiitariqae  de  M.  L.  Paris,  1869,  p.  36, 

i  octobre. 
Lyon. 

A   M.  de  Toulongeon, 
commandant  pour  le 
roy  en  la  citadelle  de 
Pignerol 

Richelieu  lui  envoie  la  commission  d'une  compagnie  au  régi- 
ment des  gardes.  Il  lui  annonce  le  parfait  rétablissement 
du  roi. 

Original  ?  —  Communication  (le  M.  A.  do  Charmasse,  archi- 
viste i  Antau. 

1  o  octobre. 
Lyon. 

A  M.  Ir  Prince. 

■  S.  M.  estime  plus  à  propos  que  vous  le  voyés  à  son  passage 
dans  vostre  gouvernement,  que  non  pas  que  vous  prenîés 
la  peine  do  venir  icy.»  —  Richelieu  remercie  le  prince  «de 
la  bonne  volonté  qu'il  luy  a  faict  paroistre  aux  estats  de 
Bretagne ...» 

Orig.    —    Arch.  de    Coude.    Commanication    do    M''  le    duc 
d'Aumale. 

Sans  date. 

Classée  en  i63o, 

après 

le  lo  octobre. 

Idem 

Le  roi  a  fait  expédier  les  provisions  de  la  trésorerie  de  la 
sainte  chapelle  de  Bourges,  en    faveur  de  celui  dont  le 
prince  avait  écrit  à  Richelieu. 

Orig.    —   Arch.   de  Coudé.   Communication    de   M"'   le  duc 
d'Auioale. 

[  i/i  octobre.] 

A  M.  Mazarin 

Le  cardinal  fait  certaines  concessions  pour  Tarrangement  des 
affaires  d'Italie. 

Mise  an  net.  —  Aff.  étr.  Mantooe ,  UI,  pièce  162. 

1 0  octobre , 
au  soir. 

A     .M.     Bouthillier,     à 
Lyon. 

Richelieu  se  plaint  des  mauvais  propos  de  M.  d'Alincour. 

Orig.   sans  «ignalurp,  de  la   main  de  Charpentier.  —  Arch. 
de  la  famille  Bouthillier. 

2  3  octobre, 
Hoannes. 

Le  roi  à  M.  de  Baugy. 

Donner  aux  Etats  certaines  explications  sur  un  point   qui 
pourrait  les  inquiéter,  au  sujet  du  traité  de  Ralisbonne. 

Minute.  —  Aff.  étr.   Hollande,  t.   XII,  fo).  316.  An  folio  soi- 
vant  est  une  copie. 

s  7  octobre. 

A  M.  Bouthillier. 

Dépêches  à  envoyer  aux  généraux  de  l'armée  d'Italie,  par 
diverses  voies.   (Voy.  le   nota,  t.  III,  p.    gio.)  Ecrire  à 
M.  Toulongeon ,  à  Pignerol ,  et  à  M.  Duplessis  de  Juigné ,  à 
Veillane,  de  faire  porter  ces  lettres  par  quelque  homme 
de  pied  déguisé  qui  les  ait  cousues  sur  lui... 
Ong    —Arch.  de  la  famille  Bouthillier. 

1  o  (?)  novembre. 

«Projet  d'instruction  pour  réparer  les  défauts  du  traité  de 
Ratisboune.» 

Mi»e  au  net,  avec   addition   de  la   main   de  Richelieu.  —  AIT. 
étr.  Turin,  X,  pièce  aog. 

134. 


988 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIEUX  SE  DATES. 


1630. 


1  1   novembre. 


ï8  novembre. 


2 1  novembre , 

Saint-  Germain- 

en-Laye. 

.  .  .  Xovembre. 


7  décembre. 


Sans  date. 

Classée  à  la  fin 

de  l'aniiée. 


/c/e. 


Idem. 


Idem. 


SCSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


A    M"^'   les    lieutenants 
généraux. 


Le  roi  à  M.  de  Biscarat. 


Le  roi  à  M.  de  Toiras. 


Au    mareschal    de    La 

Forée. 

Au  mareschal  de  La 
Force,  lieutenant  gé 
nérai  en  Italie. 


A  M.  l'évêque  de  Cassd. 


Au  marquis  d'Effiat. 


A  Bouthillier 


Mémoire. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    SOURCES. 


Instruction  sur  les  iotentions  du  roi  au  sujet  de  certaines  me- 
sures militaires  concernant  Mantoue. 

Minute  corrigée  par  Richelieu.  —  AIT.  ctr.  Turin  ,  X  ,  ï^a.  — 
Mise  au  net,  Maiiloue,  III ,  pièce  i33  ;  et,  par  fragment» , 
dans  les  Mémoires  de  Richelieu. 

Ordre  du  roi  par  rapport  à  \'erduD. 

Minute  de  la  main  de  Bouthillier.  ~  Aff.  élr.  Lorraine  ,  VIII , 
365. 

S.  M.  lui  donne  le  commandement  de  troupes  envoyées  pour 
réprimer  les  factions. 

Orig.  devenu  minute.  —  Aff.  étr.  Mantoue»  III,  pièce  i36. 

Réponse  à  ses  lettres,  touchant  l'évacuation  de  Casai. 

Matière  de  lettre.  —  Aff.  étr.  Mantoue,  II,  pièce  2a3. 

«Je  ne  veux  pas  différer  davantage  à  vous  tesmoigner  mon 
souvenir  et  mon  affection  tout  ensemble. .  .  »  Suivent 
quelcfues  mots  de  politesse. 

Copie.  —  Bibl.  nat.  Prunis  et  Leydet ,  Périgord,  i5,  H.  5 
(tirée  des  arch,  de  La  Force),  p.  hh. 

Le  roi  trouve  bon ,  suivant  la  demande  qu'il  en  a  faite,  d'évo- 
quer à  sa  personne  la  cognoissance  de  différends  sur  la  suc- 
cession de  Mantoue,  entre  le  duc  mineur  et  les  princesses 
Marie  et  Anne  *..  . 

Mise  au  net  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Mantoue,  lil, 
pièce  i5o. 

Le  cardinal  lui  recommande  de  donner  «la  plus  prompte  sa- 
tisfaction à  M.  le  Prince ,  pour  le  payement  des  estats  et 
pensions  que  le  royluv  accorde  par  chacun  an..  .  » 

Copie.    —    Arch.  de    Condé.  Communication  de    M»''    le   dac 

d'Aumale. 

Savoir,  en  cas  de  rupture  avec  l'Espagne,  de  quel  côté  se 
mettraient  les  Anglais  *. 


Minute,  de  la  main  de  Charpentier. 
XLIV,  ga. 


Aff.  étr.   Angleterre, 


Après  un  exposé  de  la  situation  de  l'armée  :  «  . .  .  Nous  avons 
résolu  en  un  conseil  secret,  ce  qui  se  peut  et  se  doit  faire, 
qui  est  de  conserver  ce  que  nous  avons  pris. .  .  et  de  faire 
languir,  parce  moyen,  les  trois  armées  conjoinctes  (les 
armées  espagnole,  allemande  et  du  duc  de  Savoie.)  *.» 

Mise  au  net.  —  Aff.  étr.  Turin,  XI,  70. 

«  Discours  sur  Injuste  procédé  du  roy  très-chreslien  Louis  XIII , 
eu  la  défense  du  duc  de  Mantoue*.» 


'   Marie  de  Mantoue  cl  Anne  do  Goniague. 

-  C'est  la  maiicre  d'une  lettre  qui  devait,  sans  doute,  être  écrite  à  l'ambassadeur  de  France  à  Londres. 
'  C'est  un  fragment  sans  date,  mais  qui  se  rapporte  à  Ja  campagne  de  i  63o  en   Italie. 

*  Nous  nous  I)Ornons  à  indiquer  cet  opuscule  de  Richelieu,  qui  a  été  plusieurs  fbis  imprimé;  la   dornière  foin 
suite  de  l'Histoire  d^  Louis  XIII  .  par  le  I*.  Griffct ,  t.  III ,  p.  7A7. 


\0N   IMPRIMEES   DANS   LE   SUPPLEMENT. 


989 


DATES 

et 

LIEUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 
DBS  LBTTRb's. 


[  Comme  n  comcii  t 

de  i63i?] 


i5  jauvier. 

Du  Bois-le- 

Vicomte. 


20  jaiiMer. 


■1 1  janvier. 
Paria. 


lU  janvier. 
Paris. 


5o  janvier. 


1  3  février. 
Bois- le- Vicomte. 


2Ï  février. 
Sentis. 


Instruction  pour  M.  de 
Brézé. 


A  M.  BoulbiHier. 


A  M.  BouthiUicr,  pour 
écrire  à  M.  de  Bar- 
rault. 


A  M.  le  Prince. 


Idem. 


Kscrit  demandé    a   l'é 
vesc|uo  de  Wirtzbourg. 


A  M.  d'Hémery. 


A  M.  le  Prince. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    SOUeCBS. 


1631. 

Explication  des  divers  points  qui  font  lobjet  de  la  mission 


3c  M.  de  Brézé. 

Minute.  —  Aff.  étr.  Francp 


,  LIX,  pièce  63. 


Condoléance  sur  le  mal  rlont  il  souffre,  «J'espère,  lui  dit 
Richelieu,  (pie  ce  ne  sera  rien.. .;  cependant  je  vous  con- 

^  jure,  autant  que  je  puis,  de  ne  penser  qu'à  vostre  gué- 
rison..  .  » 

Ong.  —  Bibl.  de  M.  Cousin  ,  a"  9. 

Avertir  M.  de  Barrault  de  ce  qui  s'est  passé  dans  la  maison 
de  la  reine  mère.  (  Les  suites  de  la  journée  des  Dupes.  )  C'est 
la  matière  des  explications  que  devait  donner  M.  de  Bar- 
rault à  la  cour  d'Espagne ,  où,  comme  on  sait,  il  était 
ambassadeur. 

Minute  de  la  raaÏD  de  Charpentier. —  AfT.  ctr.  Espagne,  XVI, 
3i3. 

«  Le  roy  a  accordé  à  M.  le  garde  des  sceaux  l'abbaye  qu'il  vous 
avoit  pieu  tesmoiener  désirer  pour  la  fille  de  M.  de  Cour- 
tenay,  attendu  quelle  n'est  pas  du  mesme  ordre.» 

Orig.  —  Arch.  de  Condo.  Communication  de  M^""  le  duc 
d  Aumale. 

Toutes  choses  sont  bien  disposées  en  Provence. .  .  mettez  à 
profit  cette  bonne  disposition. 

Orig.  —  Arch.  de  Condé.  Communication  de  M**^  le  doc 
d'Aamale. 

«Nous  supUons  le  roy  très  chrestien  de  faire  toutes  les  ins- 
tances qu'il  pourra  par  ses  ambassadeurs,  pour  obtenir  la 
neutralité  entre  le  roy  de  Suède  et  la  ligue  catholiq^ie. . .  » 

Minute  de  la  main  de  Boathillier,  de  colle  de  Charpentier, 
avec  quelques  mots  de  U  main  du  cardinal  '.  —  AtT.  otr. 
Allemagne,  VIII,  i3a. 

«J'av  mis  expressément  Briqueras  dans  la  minute  du  traicté 
afin  qu'on  le  retienne.. .  »  Le  cardinal  s'en  remet  au  juge- 
ment des  s"  de  Toiras,  Servien  et  d'Hémery. 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  AIT.  étr.  Turin,  XVI, 
fol.   ï^. 

«Vous  sçaurés  particulièrement  ce  qui  s'est  passé  par  la  dé- 
pescbe  du  roy.»  Il  s'agit  de  raffaire  de  la  reine  mère  à 
Compiègne. 


Orig.    —   Arch, 
d'Aumate. 


de    Condé.    CommuDicalioit   de    M*"*    le    duc 


t  one  circonstêuce  à  noter  que  cette  précaution  du  cardinal  de  dicter  à  cet  évcquo  allemand  une  pièce  qu'il  aura 
tloir  aoprif  du  roi  de  Suide.  La  niînatc  n'est  peint  datée}  la  date  nous  est  donnée  par  une  copie  que  nous 


»  C  est 
k  faire  vi 
troa>.ons  dins  le  ms.  fol.  i38. 


990 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 

et 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIEUX   DE  DATES. 

DES  LBTTKES. 

ET    SOURCES. 

1631. 

i5  mars. 
D'Estampes. 

A  M.  le  Prince. 

«Le  roy  trouve  bon  que  vous  faciès  servir  M.  de  Peyrault  de 
mareschal  de  camp  en  l'armée  que  vous  commandés.» 

Orig.  —   Arcli.    de    Coodé.    Communication    de    MB'    le    duc 
d'Aumale. 

19  mars. 

A  M.  le  Princed'Orange. 

«Le  roy  a  esté  satisfait  du  rapport  que  le  s"^  de  Haulerive  luy 
a  faict  de  son  voyage.  Vous  verres ,  par  la  lettre  de  change 
que  porte  ce  courrier,  comme  on  veut  effectuer  tout  ce 
qui  a  esté  convenu  avec  led.  s'  deHauterive.. .  » 

Minute.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Hollande.  XIII*  pièce  30. 

a  8  mars. 
Dijon. 

A  M.  Mazarin. 

.  .  .  Les  difficultés  de  la  paix  augmenteront  Thonneur  «  d*avoir 
travaillé  à  un  si  bon  œuvre  (la  paix  de  Cherasco  qu'on 

négociait  alors).» 

Orig.  —  Aff.  élr.  Turin,  XVII,  fol.  78. 

1"  avril. 
Dijon. 

A  M.  le  Prince. 

«Ayant  veu  la  lettre  qu'il  vous  a  pieu  m'escrire  touchant  le 
doyenné  de  Beaucaire,  j'ay  creu  n'y  pouvoir  mieux  pour- 
veoir  qu'en  vous  en  envoyant  les  provisions  en  blanc,  aiin 
de  les  faire  remplir  du  nom  de  celuy  que  vous  en  jugerés 
le  plus  capable.  H 

Orig.  —    Arch.    de    Condc.    Communication    de    M''    le    duc 
d'Aumale. 

1 2  avril. 
Fontainebleau. 

Idem. 

Les  affaires  du  temps. 

Orig.    —    Arch.    de    Coude.    Commanicalion    de    M«'    le    duc 
d'Aumale. 

ai  avril. 
Fontainebleau. 

A  M.  Mazarin. 

Compliments  sur  la  paix. 

Orig.  —  Aff.  étr.  Turin,  XVil ,  fol.  aSo. 

Avril  ? 

Les  traités  de  Cherasco.  —  Pignerol. 

Mise  au  net  de  la  main  de  Cherrc.  —  ,\ff.  étr.  Turin,  XVI, 
fol.  i4o. 

6  mai. 
Fontainebleau. 

Le  roi  a  M.  Servien. 

M.  de  Charost  est  envoyé  comme  otage. 

Copie.  —  Bibl.  nat.  Fonds  Béthuue,  9168,  fol.  à3. 

S  mai. 
Fontainebleau. 

A  M.  Mazarin. 

Satisfaction  de  ses  services;  les  ambassadeurs  lui  feront  part 
des  intentions  de  S.  M. 

Orig.  —  Aff.  étr.  Turin,  XVII.  fol.  387. 

9  mai. 

A    MM.    de   Toiras    et 

Conseils  au  sujet  de  la  négociation  dont  ils  sont  chargés. 

Servien. 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  Aff.  élr.  Mantoue ,  IV, 
pièce  4&. 

19  mai. 
Bagiiolet. 

Le  roi  aux  mêmes. 

Encore  sur  leur  négociation. 

Mise  au   net  de  la  main  de  Cherrc.  —  Aff.  étr,  Turin  ,  XVI , 
fol.  196. 

36  mai. 

Déclaration  du  roi. 

Contre  ceux  qui  sont  sortis  du  royaume  avec  Monsieur. 

Minute  presque  entièrement  de  la  main  de  Richelieu.  —  Aff. 
étr.  France,  l,  LIX ,   fol.  59.  —  Copie,  Libl.  de  l'Arsenal, 
collectiou  Conrard  ,  in-fol,  t.  X  ,  p.  1 .  —  Imprimée  :  Mercure 
français,  p.  187,  de  l'année  i63l. 

NON   IMPRIMEES  DANS   LE   SUPPLEMENT. 


991 


DATES 


LIEUX  DB  DATES. 


SUSCIUPTION 


DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    SOURCES. 


1031. 


27  mai. 
Fontainebleau. 


Idem. 


6  juin. 

Saint- Germai  n- 

en-Laye. 


ai  juin. 

De  Saint-Michel- 

en-Iiarrois. 

[  Vers  le  milieu 
de  Tannée  *.] 


Idem. 
3  juillet. 


10  juillet. 

Saint-Gennain- 

en-Laye. 


1     rpiinzame 
(ie  juillet. 


i"août. 
Monceaux. 


Idem. 


7  août. 


A  M.  de  Toiras. 


A  M.  Maiarin. 


Le  roi  à  MM.  de  Toiras 
et  Servien. 


.\  M.  le  Prince. 


iden 


Mémoire  pour  dresser 
rin&lruction  de  M.  de 
M  arche  ville. 


Mémoire  au  roi. 


A  M.  de  Toiras. 


A  M.  le  Prince. 


Mémoiie  au  roi. 


A  M.  Servien. 


I^  roi  à  M.  de  Brassac 


A  M.  Servien. 


Richelieu  s'est  fait  solliciteur  pour  qu'il  ne  lui  manque  rien. 

Mise  an  net  de  la  main  de  Cherrc.  —  Aff.  ctr.  Turin,  XVI, 
fol.  a 08. 

Compliments  adressés  à  Mazarin.  —  Tout  ce  qui  a  été  pro- 
mis à  M.  de  Savoie  sera  exécuté. 

Orig.  —  Aff.  Ptr.  Turin,  XVII,  4oi. 

Au  sujet  des  négociations  pour  arriver  à  la  paix ,  ce  que  le 
roi  a  toujours  désiré. 

Mise  an  net.  —  Aff.  clr.   Mantoue,  IV,  pièce  ôo. 

Il  est  nécessaire  que  le  roi  soit  promptement  informé  de  ce 
qui  se  passe  dans  sa  province. 

Orig.  —  Arch.  de  Gondé.  Communication  de  MK'  le  duc 
d'Aamale. 

Sur  rétablissement  des  postes  de  Rennes  à  Nantes. 

Orig.  —  Arcli.  de  Cond^.  Communication  de  M*'  )e  duc 
d'Aumalc. 

Je  me  borne  à  indiquer  cette  pièce  où  se  trouve  le  détail  des 
affaires  de  France  avec  la  Turquie. 

Copie.  —  Aff.  étr.  Conslantinople ,  t.  IV,  non  coté.  La  pièce 
est  classée  à  li  fin  de  i63i. 

Note  envoyée  à  Bouthillier  pour  faire  plusieurs  dépesches. 

Orig.  -^   Aff.  étr.   Mantouc,  IV,  pièce  n6. 

.Satisfaction  du  roi  pour  la  paix  assurée  par  le  dernier  traité 
de  Cherasco  (  19  juin). 

De  U  main  de  Chorré.  —  Aff.  ctr.  Turin,  XVllI ,  8.  —  An 
fol.  7,  lettre  de  Servien  sur  le  même  sujet.  —  Orig.  — 
Voy.  notre  IV'toI.  p.  174,  175. 

Richelieu  lui  demande  de  favoriser  un  de  ses  protégés. 

OHg.  —  Arch.  de  Condc.  Communication  de  M''  le  duc 
d'Aumale. 

Sur  la  restitution  des  places  d'Italie. 

Minute.  —  Aff.  étr.  Turin,  XVU,  5o3. 

Même  sujet,  et  notamment  sur  les  inconvénients  de  rendre 
Pignerol. 

Orig.  —  Aff.  étr.  Turin ,  XVIII ,  89. 

Desseins  du  pape  pour  Tavancement  de  son  neveu  Tadeo. 
Orig.—  Kome,  XLIV,  i58. 

Déjiéche  sur  Mantoue,  qu'il  faut  faire  partir  demain  matin 
par  un  courrier,  après  quelle  aura  esté  approuvée  par  S.  M. 
Minute.  —  Aff.  étr.  Turin  ,  XVI,  a53. 


'  Nous  troavoos  M.  de  Mercheville  intlalU  k  Constantioofile  en  octobre. 


992 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 

et 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIEUX    DE  DATES. 

DES   LETTRES. 

ET    S0DRCE8. 

1631. 

7  août. 
Monceaux. 

Pour  M.  Servien. 

On  soupçonne  un  manque  de  foi  de  la  part  des  Espagnols. 
Orig.  —  Aff.  ctr.  Turin,  t,  XVHI,  fol.  laa. 

i6  août. 

Du  Bois-le- 

Vicomte. 

A  M.  le  Prince. 

«M.  de  Bullion  respondra  à  tous  les  points  de  vostre  mé- 
moire. Il  ne  me  reste  qu'à  vous  remercier  très-humblement 
du  soin  qu'il  vous  a  pieu  avoir  des  affaires  des  s"  JoUy  et 
Bussy.»  (Voy.  ci-dessus  10  juillet.) 

Orig.    —    Arch,    do    Condé.    Communication    de    M*'  le    duc 
d'Auroate. 

Idem. 

Idem. 

«Je  vous  renvoie  le  s'  abbé  de  Coursan  qui  promet,  par  ses 
intelligences,  de  faire  prendre  Beaujeu,  et  de  descouvrir 
beaucoup  d'autres  affaires  par  le  moyen  de  son  frère.  » 

Urig.    —    Arch.    de    Condé.    Communication   de    M*'    le    duc 
d'Auraale. 

Ce  iundy  i"  sep- 
tembre. 
A  Monceaux. 

Idem. 

Au  sujet  de  l'enregistrement  des  lettres  patentes  pour  l'érec- 
tion de  la  terre  de  Richelieu  en  duché  pairie. 

Orig.  —  Arcb.   de  Condé.    Communication   de    M*'   le   duc 
d' Au  maie. 

3  septembre. 
A  Monceaux. 

A  M.  Servien. 

Richelieu  lui  envoie  un  mémoire  où  il  est  dit  que  le  duc  de 
Savoie  se  déclare  du  parti  d'Espagne. 
Orig.  —  Aff.  étr.  Turin  ,  XVIII ,  188. 

17  septembre. 
De  Compiègne. 

A  M.  le  Prince. 

«Je  vous  supplie'de  vous  souvenir  de  l'abbé  de  Coursan,  sur 
le  petit  estât  des  fonds  qui  a  esté  faict  pour  les  gratifica- 
tions de  ceux  qui  ont  servi  utilement  dans  les  estats  de 
Bourgogne ,  comme  il  a  faict.  » 

Orig.    —    Arch.    de  Condé.    Commuoicttion    de    M*''  le  duc 
d'Aumale. 

Ce  dernier  sep- 
tembre. 
A  Vandœuvre. 

Idem. 

«  Le  service  du  roi  requiert  que  vous  faciès  le  voyage  de  Metz . 
Toul  et  Verdun,  pour  maintenir  toutes  choses  en  Testât 
auquel  elles  doivent  estre.» 

Orig.    —   Arch.    de  Condé.    Communication   de    M''    le   duc 
d'AumsIe. 

1*'  octobre. 
Troyes. 

A  M.  Mazarin. 

Félicitations  sur  sa  conduite...    «Je  vous  envoie  les  deux 
lettres  que  vous  avés  désirées  pour  M.  de  Brassac,  et  qui 
sont  de  telle  encre  que  vous  en  recevrés  sans  doute  ce  que 
vous  avés  juste  sujet  de  vous  en  promettre.. .  » 

Orig.  —  Aff.  étr.   Turin  ,  XVIII ,  fol.  a48. 

3  octobre. 
Des  Caves. 

A  M.  le  Prince. 

Rich^eu  lui  recommande  une  affaire  dont  M.  de  La  Borde 
lui  dira  le  sujet. 

Orig.    —    Arch.    de   Condé.    Communication     de    M*'    le  duc 
d'Aumale. 

11  octobre. 
Fontainebleau. 

Idem. 

«Ayant  faict  pourveoir,  il  y  a  deux  ans,  l'abbé  de  Beauvau 
du  prieuré  de  Saint-Léger  en  Bourgogne,  je  vous  supplie 
de  l'assister  pour  qu'il  en  jouisse  paisiblement.» 

Orig.    —   Arch.    de   Condé.    Communication   de  M«'  le   duc 
d'Aumale. 

NON  IMPRIMÉES  DANS   LE  SUPPLÉMENT.         993 


DATES 


LIECX  DE  DATI8. 


SUSCiUPTION 
DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


1631. 

ïi  octobre. 

FootaiaeUeaa. 


i5  octobre. 


[  Vers 
ie  i5  octobre.  1 


27  octobre. 


29  octobre. 
Cliâteau -Thierry, 

Idem, 


.  Octobre.  1 


t/i  novembre. 

Cbasteau- 

i  liifrrv . 


i  fj  novembre. 
Chasteau- 
Tliicrry. 


A  M.  le  Prince. 


Le  roi  au  duc  de  Ba- 
vière. 


[A  M.  de  Charnacé.] 


Le  roi  à  !'<^lecteur  de 
Cologne. 


Le  roi  à  M"  de  Toiras 
et  Servien. 

A  M.  le  Prince. 


Mémorial  de  M.  de  Lisle 
envoyé  vers  l'ëleclcur 
de  Saxe. 

A.  M.  Servien. 


A  M.  le  Prince. 


2/t  novembre.    '   A  Messieurs  Messieurs 
Chasieau-       ]        de  Cbaalons. 
Thierry. 


'    Voy.  noiic  IV*  vol.  p.  ao8. 


«J'ay  sceu  du  s'  de  La  Borde  ce  qui  s'est  passé  sur  le  sujet 
pour  lequel  on  l'avoit  dëpcsch(5  vers  vous..  .  Noubliés  rien 
en  vostre  voyage  pour  le  service  du  roy.  » 

Orig.   —    Arcb.    de    Coodé.    Commuuicalion   de    M*''    le    duc 
d'A,umale. 

J'envoie  «le  baron  de  Charnacé  pour  vous  faire  entendre 
co  qui  est  de  mes  seutimenls  sur  les  afl'aïres  et  occurrences 
présentes.» 

Orig.   signé  da  roi,  devenu  minole.  —    AfF.    etr.  Bavière,  I, 
pièce  47. 

Solliciter  le  traite  particulier  et  secret  d'entre  'a  France  et 
la  Bavière. 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  AS.  ctr.   Bavière,  I, 
pièce  64. 

«Mon  cousin ,  j'envoye  le  baron  de  Charnacé  pour  vous  faire 
savoir  mes  seutimens  sur  les  occurrences  présentes'... 
et  le  désir  que  j'ay  de  vous  y  rendre  des  preuves  de  ma 
boune  volonté,  m 

Orig.  deveou  minute.  —  AIT.  ^tr.  Cologne  *  I*  33. 

Sur  les  affaires  d'Italie. 

Orig.  contre-signrf  Boulhillier.  —  Aff.  cir.  Turin  ,  XVIII ,  378. 

«  .  .  .Le  roy  sera  bien  aise  que  vous  faciès  un  tour  ir.y  pour 
deux  ou  trois  jours  seulement.»  (Le  roi  écrit  aussi  à  ce 
sujet  au  i*rincft.  ) 

Orig.    —    Arcli.   de    Coodé.    Communication    de   M''   lo   doc 
d'Aumale. 

Il  expose  ce  que  le  roi  a  fait  pour  l'Allemagne. 

Copie.  —  Aff.  étr.  Saxe»  I,  ag. 

«Le  roy  est  très  conteut  de  la  manière  dont  vous  le  serves; 
il  a  trouvé  vos  dépeschcs  et  vos  relations  dignes  de  vous, 
c'est-à-dire  très-bonnes..  .  » 

Orig.  —  Aff.  étr.  Turin,  XVîIl,  iSg. 

«Le  roy  estant  contrainct,  â  cause  de  la  saison,  d'assembler 
les  Ëstats  de  Bretagne  le  i5  du  mois  prochain,  je  vous 
suplie  do  vous  disposer  à  estre  icy,  en  sorte  que' vous 
puissiés  vous  rendre  eu  ce  temps  dans  la  province.  « 

Orig.    —   Arcb.   de  Coodé.  Commuoication    de  Mf  le    duc 
d'Aumale. 

Richelieu  le»  prie  de  favoriser  dans  leur  ville  i'élablissemenl 
d'un  couvent  de  capucins. 

Orig.  —  Arcli.  de  l'hôtel  de  ville  de  Chàlons.  Communication 
de  .M.  Ed.  de  Barthélémy. 


CARDIN.  DE  RICHELIEU.  —  Vtl. 


994 


SOMMAIRES   DES  LETTRES 


DATES 
cl 

LIEDX  DE  DATES. 


1631. 

5  décembre. 

Cbaslcau- 

Tliierry. 

i5  décembre. 
Cliaalons. 


28  décembre. 
Melz. 


[Vers  la  fin 
de  décembre.  1 


Sans  date. 

Classée  à  la  fin 

de  i63i. 


Au 

commencement 

de  l'année. 


1 1  janvier. 


2  h  janvier. 


3  0  lanvicr. 


SUSCRIPTION 


DES  LETTRES. 


Idem. 


27  janvier. 
A  Metz. 


Pour  M.  Servicn. 


Pour  faire  l'instruction 
du  commandeur  Des 

Gouttes. 


A  M.  le  Prince. 


Le  roi  à  la  reine  mère. 
(Par  Jaccjuclot,  note 
au  dos.) 


Au  commandeur  de  For- 
bin. 


Journal  du  second 
voyage  du  roy  en 
Lorraine. 


A  M.  de  Pontchasteau  » 
lieutenant  du  roy 
Brest. 


A  M.  le  Prince. 


A  M.  deBaugy. 


A  M.  Mazarin. 


A  M.  Servien. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET   SOUr-CES. 


Affaires  d'Itaiie.  —  Pignerol.  —  L'abbé  Scaglia. 

Orig.  —  Aff.  élr.  Turin,  XVIII,  607.  (C'est  une  Jépûche 
chifiréo.  La  minute ,  de  la  maio  de  Charpentier ,  nou 
datée,  est  classée  fol,  671. 

Faire  entendre  au  prince  d'Orange  l'avantage  d'une  bonne 
union  des  États  avec  la  France  contre  rAulrlcbe. 

Minute  de  la  main  de  Bouthitlier  et  de  cette  de  Charpentier. 
—  Aff.   étr.  Hollande,  XIII,  pièce  79. 

Remercîment  pour  l'assistance  donnée  à  M.  de  Beauveau. 

Orig.  —  Arch.  de  Condé.  Communication  de  M^*^  le  duc 
d'Aninale. 

Louis  XIII  la  prie  de  se  dispenser  de  lui  envoyer  de  nouveaux 
messages. 

Minute  de  la  main  de  Léon  Bouthitlier?  —  Aff.  étr.  France, 
LIX,  pièce  35. 

Au  sujet  d'une  barque  prise  sur  les  Turcs. 
Copie.  —  Aff.  élr.  CoBstantinoplc,  t.  IV. 


1632. 

Une  partie  de  ce  cahier  a  été  arrangée  pour  les  Mémoires  de 
Richelieu. 

De  la   main  de  Chcrré    el  de  celle  de  Richelieu.  —  Aff.   etr. 
Lorraine,  IX,  fol.  gi  et  suiv. 

Qu'il  remette  200,000  liv.  au  s'  Le  Picart   sur  l'argent  ap- 
partenant à  lui  (Richelieu)  *. 

Orig.  —  Catalogue  d'une  vente  d'autographes  (6  décembre 
i866). 

Sur  les  affaires  présentes. 

Orig.    —    Arch.    iIp    Condé.-    Communication    de    ftl^'    le    duc 


Le  million  promis  aux  Étals  sera  payé.  —  Affaire  d'Orange. 

Mise  an  net  de  la  main  de  Cherré  et  de  colle   de  Churpenlier. 
~  Aff.  étr.  Hollande,  XIII,  pièce  87. 

Affection  du  roi  et  du  cardinal  pour  lui.  Il  peut  attendre 
protection  contre  tous  ceux  qui  voudraient  l'inquiéter. 
Orig.  —   Aff.  élr.  Turin,  XXI,  pièce  i5*. 

Affaires  du  Piémont.  Mariage  projeté  du  cardinal  de  Savoie 
et  de  madame  de  Combalct. 


Orig.    sans    signature,    chiffré, 
fol.  6. 


Aff.    étr,    Turin,    XX, 


Au  bas  de  la  pièce  le  cardinal  a  écrit  la  quittance.  Le  Picart  était  trésorier  de  la  marine. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  SUPPLEMENT.         995 


DATES 


LIEUX  DE  DATES. 


SLSCRIPTION 


DES   LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SODr.CBS. 


1632. 
.  -Janvier. 


[Janvier 
ou  février.] 


Idem. 


8  février. 
A  Melz. 


8  avril. 


vril. 


.  ..AvrU. 


a  mai. 

Sainl-Germain- 

cn-Laye. 

1^  mai. 
A  Breleuil. 


I  19  mai. 


3^  mai. 
De  Calais. 


[A  M.  Servien.] 


A  M"  de  Schomberg, 
de  Noyer»  et  de  Feu- 
quières. 

A  M.  de  Brézé. 


Mémoire  pour  le  s'  de 
Lisle. 


Le  roi  au  duc  de  Da 
vicre. 

A  M.  Servien, 


A  M.  de  Toiras. 


Le  roi  à  M"  de  Toiras 
et  Servien. 

Idem. 


Au  sieur  Hubert. 


A  M.  le  Prince. 


Au  mareschal  d'ElEat. 


Idem. 


Défiance  qiie  l'on  a  du  P.  Monot. —  Affaires  de  Genève. 

Minute  de  la  main  de  Ricliclîcu  et  de  Charpentier.  —  AfiF. 
cir.  Turin,  XXI,  pièce  16'. 

Donner  ordre  aux  approvisionnements  de  Marsal,  Moyenvic 
et  autres  lieux. 

Minute  de  la    main  Je    Charpentier.  —  Aff.   e'tr.    Lorraine, 
X,  6a8. 

Nouvelle  de  sa  mission  auprès  du  roi  de  Suède. 

Minute,  sur  le  mcnie  feuillet  que  la  pièce  précédente. 

Il  va  trouver,  de  la  part  du  roi,  les  électeurs  de  Saxe  et  de 
Brandebourg. 

Miaule    de    la    main    de    Boulhillicr.    —   AIT.  élr.    Saxe,    I, 
pièce  36. 

Continuation  de  la  bonne  volonté  du  roi  à  son  égard. 

Mise  au  net.  —  Aff.  étr.  Bavière  ,  I ,  pièce  86. 

Intrigues  de  la  cour  de  Turin. 

Minute  chiffrée.  —  Aff.  élr.  Turin  ,  XX ,  pièce  27. 

M.  de  Saint-Aunais  retourne  vers  lui. 

Or!g.  devenu  minute.  —  Aff.  ctr.  Turin,  XXI,  pièce  lia. 

Affaires  d'Italie. 

Alinutc.  —  Aff.  étr.  Mafttouc,  IV,  pièce  ]o3. 

Faire  instance  vers  le  duc  de  Savoie  pour  l'acceptation  du 
traite  touchant  Pîgnerol. 

Minute  de  la  main  de  Bontbîllicr.  —  Aff.    étr.   Mantoue,  IV, 
pièce   1 10. 

«Qu'il  continue  à  distraire  tous  ceux  qu'il  pourra  du  party 
où  ils  se  sont  mis...  (le  parti  de  la  reine  mère  et  de 
Monsieur).»  , 

Matière  do  la   main  de  Charpentier.    —    Aff.  étr.  Pays-Bas, 

IX,  pièce  103. 

«Nommer  un  suppléant  au  procureur  syndic  des  Estats  de 
Brctaîgne.» 

Orig,    —    Arch.    de  Coudé.    Communication  de   M^'    le   duc 
d'Aumale. 

«Le  roy  persiste  dans  ses  mesmes  intentions;  attaquer  le  duc 
de  Lorraine  Vil  ne  s'accommode. .  .  » 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  Aff.    élr.  Lorr.-iine,  X  , 
637. 

Plaintes  contre  le  duc  de  Lorraine. 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  Aff.    ctr.   Lorraine, 

X.  3i3. 


135. 


996 


SOMMAIRES   DES   LETTRES 


DATES 

et 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

I,IECX  DE  DATES. 

DES  LETTRES. 

ET   SOtTRCES. 

• 

1632. 

3o  mai. 

Au  maresclial  d'EflTiat. 

Plaintes  presque  dans  les  mêmes  termes. 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  Aff.  étr.  Lorraine,  X, 
Sag. 

[...May.] 

Instruction  pour  le  ma- 
reschaï  d^Effiat. 

Conditions  à  faire  à  M.  de  Cologne,  semblables  à  celles  qui 

ont  été  faites  à  l'électeur  de  Trêves. 

Copie.  —  Aff.  étr.  Suéde,  H,  SAa. 

13  JUÏD. 

Le  roy  à  M"  les  mares- 

Vif  mécontentemeut  du  roi  contre  M.  de  Lorraine. 

A  Laon. 

chaux  de  Ta  Force  et 

Minute  de  la  main  de  Cherré,  avec  qut?lc|ues  mots  de  la  maia 

d'Effiat. 

du  cardinal.   —  Aff.  étr.  Lorraine,  X,  384. 

i4  juin. 

A  M.  le  Prince. 

Richelieu  demande  sa  protection  pour  M.  de  Bussy.  Celui-ci 

Do  Maisons. 

la  mériic  pour  les  services  qu'il  a  rendus  particulièrement 
en  Italie  dans  les  dernières  affaires. 

Orig.  —   Arch.    de  Condê.   Communication  de   M*'    le    duc 
d'Aum&lc. 

1 6  juin. 

A  M.  Servien. 

Grande  importance  de  la  conservation  de  Casai. 

Sainte-Mcne- 

1 

Orig.    sans    signaturf,en   partie   chiffré.  —  Aff.  étr.   Turin, 

hould. 

XX,  pièce  63. 

iS  juin. 

Mémoire     sur      lequel 

Mécontentement  du  roi  de  ce  que  le  duc  de  Lorraine  a  violé 

M"     les     sccrëtaires 

ses  promesses  et  favorisé  la  révolte  de  Monsieur. 

d'Estat  feront  une  dé- 

Minute  de  la    main  de  Cberré.  —   Aff.   étr.    Lorraine,   X, 

pesche  générale  aux 

485. 

ambassadeurs  et  aux 

provinces. 

Idem. 

A  M.  Servien. 

On  vous  envoie  un  projet  de  ligue  tel  qu'on  la  peut  désirer 
pour  le  bien  de  ritalie.  —  Les  partis  qui  se  peuvent  faire 

sur  le  sujet  de  Genève. 

Orig.  —  Aff.  étr.  Turin,  XX,  pièce  65. 

[ly  juin.] 

Projet  d'instruction  au 

M.   de  La  Garde  était  envoyé  vers  l'électeur  de  Trêves  et 

s'  de  Ta  Garde. 

M.  de  la  Saludic;  il  avait  ordre  de  presser  le  comte  de 
Mcrode  de  se  retirer  de  Coblentz. 

Minute  de  la    mai»  de  Cherré.  —  Aff.  ctr.  Trêves,  I,  3oa. 

2  3  juin. 

Au  niarescha!  d'Effiat. 

Affaires  de  Lorraine.  —  Monsieur  n'a  j)U  entrer  dans  Dijon. 

Commercy. 

Mise  au  net  de  la  maîn  de  Cherré.  —  Aff.  r'tr.    Lorrains,  X  , 
44i. 

3-7  juin. 

A  M.  de  Toiras. 

La  paix  faite  avec  le  duc  de  Lorraine..  .   «vous  dires  a  Ma- 
ctame  que  quand  il  sera  question  de  son  service ,  les  armées 

Liverdun. 

A  M.   Mazarin.   (Cette 

double  suscriplion  a 

du  roy  ne  perdront  pas  la  possession  en  laquelle  elles  sont 

été  mise  sur  Is  des- 

de correspondre  dignement  au  nom  françois. .  .  » 

sus.  ) 

Orig.  —  Aff.  ctr.    Turin.  XXI,  pièce  174. 

2  juillet. 

A  M.  le  marquis  de  Mi- 

On  lui  enverra  le  passe-port  qu'A  désire  pour  retourner  en 

Ponl  à-Mousson. 

rabel. 

Espagne. 

Copie.  —  Aff.   étr.   Espagne.  XVI.  S.')^. 

1  :>  juillet. 

Le  roi  au  même. 

Le  roi  ne  désire  pas  le  voir  avant  qu'il  parte. 

Mise  an  net.  —  Aff.  étr.  Espagne,  XVI ,  369. 

NON  IMPRIMÉES   DANS  LE  SUPPLÉMENT. 


997 


DATr.S 

et 

I.IECX  DB  DITES. 


SLSCIUPTION 

DES  LETTRES. 


.\NALYSE.S  DES  LETTHES 

ET    SOURCES. 


1632. 

20  juillet. 
De  Monceaux. 


.  .Juillet. 


Vers  le  6  août. 


A  M.  le  Prince. 


Au  roi. 


Mémoire   au    sujet    de 
Monsieur. 


7  août.  A  M.  Servien. 

SaiDt-Gcrmain- 
eii-Laye, 

7  août.  Le.  roy  au  marescbal  de 

Versailles.  Toiras  et  à  M.  Ser- 


i/,  août. 
De  Fromonl. 

17  août. 

De  Fon  laine - 

hleau. 


vjen. 

A  M.  Bouthillier. 

A  M.  le  Prince. 


Icbm.  Ponr  M.  Bouthillier. 


19  août. 


36  août. 
Ne  vers 


..Août'.j 


Vers 

tle  commencement 
de  septembre, 


Méinoirr 


Le  roi  a  M.  d*Avau&, 


A  M.  Servien. 


A  M,  de  Toiras. 


Satisfaction  du  roi  pour  ce  qui  s'est  passé  aux  Étatsde  Bretagne. 

Orig.  —  Arch.  de  Condé.  Comoiunicalion  de  M*'  le  duc 
d'Aumale, 

Propos  scditieu\  rapportés  par  Saligoy.  —  «Je  puis  asseurcr 
V.  M.  que  sa  bonté  me  redonne  plus  de  courage  de  bien 
faire  que  jamais,  u 

Minute.  —  Cabinet  de  M.  E.  Huillard.  (Vente  de  Charavay, 
li  février  1870.  ] 

Il  est  nécessaire  de  publier  une  déclaration  sur  l'cnlrée  de 
Monsieur,  en  armes. 

Pièce  de  ta  main  de  Chcrré  et  de  celle  de  Bullion.  —  AIT.  clr. 
France,  LVIII ,   4o3. 

Mort  de  M.  d'Effiat.  —  Trahison  du  duc  de  Montmorency. 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  AS*,  ctr.  Turin ,  XX  , 
79.  —  Une  copie  a  ét^  rlasaée  dans  ic  XIX'^  volume. 

Traité  pour  la  cession  de  Pignerol. 

Orig.  contrc-signé  Bouthillier.  —  Aff.  ôtr.  Turin ,  XX , 
pièce  77. 

Diverses  adaircs. 

Orig.  —  Arch.   de  la  famille  Bouthillier. 

«L'intention  de  S.  M.  est  que  vous  faciès  raser  la  place  d'An- 
bussoo ,  en  la  Marche,  lorsque  vous  passerés  en  ces  quar- 
tiers là,  donnant  les  ordres  nécessaires.» 

Orig.  —  .4rch.  du  Coodé.  Communication  de  M^'  le  duc 
d'Aamalc. 

Diverses  affaires  qui  sont  expliquées  dans  plusieurs  lettres 
de  notre  IV*  volume,  aux  surintendants,  aux  maréchaux  de 
La  Force  et  Schomberg ,  du  16  au  20  août  (pages  342-349). 

Préparatifs  du  duc  de  Lorraine  pour  une  invasion  en  France. 

Minatc  de  la  main  de  Charpentier  et  de  celle  do  Cherrc.  — 
Afl'.  ^tr.  Lorraine,  XI,  262.  Pièce  classée  par  erreur  en 
i633.  Une  copie  se  troavo  à  93  vcritablc  place,  X,  ûig. 

Examen  de  la  situation  des  Espagnols  :  considérations  sur  ce 
qu'ils  pourraient  entreprendre. 

Orig.  contro-signé  Couthiilier.  —  AIT.  élr.  Venise,  LI. 

Diverses  adaires  de  son  ambassade. 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  Aff.  élr.  Turin  ,  XXI , 


«Comme  vostrc  ami  particulinr,  je  ne  puis  que  je  ne  vous  die 
que  vous  n'avez  pas  raison  de  demander  vostrc  congé.» 

Minute   de    la    main    de    Cherré.    —    Aff.     étr.   Turin,    XX, 
pièce  337. 


'   La  date  manque,  nou»  adopton»  celle  du  dassemcut. 


998 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATi:S 


LIEUX  DE  DATES. 


IÛ32. 

7  septembre, 
Lyou. 


i5  scplembx'C. 
16  septembre. 


3o  septembre. 

Montpellier. 


8  octobre. 
Béziers. 


Idem. 


9  octobre. 
Béziers. 


Iden 


3i  octobre. 
Toulouse. 


, . .  Octobre. 


3o  novembre. 
DeSaugeon. 


SUSCRIPTION 

DES  LBTTHES. 


A  M.  Servien. 


Le  roi  à  M.  Berrengcr. 

Le  roi  au  duc  de  Lor- 
raine. 


Le  roi  au  duc  de  Man- 
toue. 


A  M.  Servien,  presque 
entièrement  chiffrée, 


A    Servien,    en    partie 

cbiffrée. 


Le  roi  à  M"  de  Toiras 
et  Servien. 


A  M,  Servien. 


Le  roi  au  maresclial  de 
Toiras. 


Projet         d'instruction 
pour  M.  de  Bautru 
ambassadeur  en  Es 
pagne. 


A  M.  le  Prince. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    SOUnCES. 


Riclielieu  le  charge  d'intervenir  dans  l'affaire  de  ^L  d'An- 
traigues. 

Minalc.  —  Aff.  clr.  Turin ,  XXI ,  pièce  aSa  verio. 

Victoires  remportées  en  Languedoc. 

Minute,  —  ÂÛ'.  ctr.  Hollande,  XIII,  pièce  167. 

Réponse  aux  témoignages  d^affection  que  lui  a  envoyés  le 
duc. 

Minute  de  la  main  de  Gherré.  —  Aff.  étr.  Lorraine,  X,  i3i. 

Entreprise  de  la  république  de  Venise  sur  le  duc  de  Mantouc. 

Minute  de  la  maïn  de  Léon  BoulhîHier.  —  Aff.  ctr.  Man- 
toue  ,  IV,  a46. 

Défiances  contre  Toiras  et  son  neveu  Saint-Aunais.  Quels 
moyens  prendre  pour  ôter  Toiras  de  l'Italie.  (Lettre  conu- 
dentielle.) 

Minute.  —  Aff.  élr.  Turin ,  XX,  iia. 

Autre  lettre  concernant  Toiras  et  qui  pouvait  lui  6trc  montrée. 
On  ne  le  soupçonne  pas  d'avoir  part  à  la  faute  de  ses 
frères. 

Minute  de  ta    main  do  Cherrc.  —  Aff.  ctr.  Turin ,  XX ,  1 1  3. 

Faire  pidalier  le  traite  de  cessioû  de  Pignerol.  —  Prétention 
du  duc  de  Savoie  à  la  royauté. 

Orîg.  —  Aff.  clr.  Turin,  XX,  ni. 

Prétentions  d'agrandissement  du  duc  de  Savoie.  Le  roi  y 
entendrait  volontiers  si  la  déroute  des  Espagnols  le  per- 
mettait. 

Orig.  sans  signature,  de  la  main  de  Cliarpentier.  —  Aff.  êtr. 
Turio,  XX,  116.  —  La  minotc,  de  la  main  de  Char- 
pentier, XXI ,  pièce  348. 

Le  roi  le  rappelle  de  son  ambassade,  lui  donne  le  gouver- 
nement d'Auvergne.   Et  en   P.  S.  le   roi   lui  ordonne  de 
mettre  dans  Cazal  le  régiment  de  Nercstang,  a  la  place  de 
celui  de  Saint-Aunais,  que  le  roi  veut  employer  en  France. 
Minute  de  la  main  de  BouthilHer. —  Aff.  étr.  Mantoue,  IV, 
i3]. 

Nous  notons  seulement  ici  cette  instruction,  qui  se  trouve 
imprimée  presque  textuellement  dans  les  Mémoires  de  Ri- 
chelieu, VII  ,219. 

Mise  au  net  de  la  main  de  Charpentier.  —  Aff.  étr,  Espagne, 
XVI,  371. 

Richelieu  a  reçu  la  lettre  de  M.  le  Prince  touchant  la  sortie 
de  Monsieur  du  royaume.  «S.  M.  ne  doute  point  qu'en 
cette  occurrence..  .  vous  ne  luy  rendiés  les  preuves  qu'elle 
se  promet  de  vostre  affection.» 

Orig.  —  Arch.  de  ConJc.  Communication  de  M^'  ie  duc 
d'Aumaie. 


NON  IMPRIMEES   DANS  LE  SUPPLEMENT. 


999 


DATES 


LIBCX  DE   DATES. 


1632. 
6  décembre. 


Vers 

!e  20  décembre. 


2  5   décembre. 
De  Cousières. 


Delà  fin  de  i632. 

(Note 
de  Charpentier.) 

Sans  date. 
Classée  en  i632. 


Sans  date. 

Classée  à  la  fia 

de  Taonéé. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTBES. 


Pour  M.  Servien. 


A  M.  Servien, 


A  M.  le  Prince. 


A  M.  Servien. 


Sans  suscriplîon. 
[  A    rambassadcur    de 
France  en  Hollande.] 


Mémoire  |M)ur  escrirc  a 
M"  les  ambassadeurs. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    SOUnCES. 


1 3  janvier.       j   Instruction   au  duc  de 
Pari».  Créqui. 


5  février. 
De  Uuel. 


Mal  classée 
au  mois  de  mai. 


1  2  février. 


Non  datées  '. 


A  M.  BoathilUer. 


1 1  février.  Instruction  pour  le  s' de 


Miré. 


A  M.  de  Bavière. 


Au  roy  de  la  Grandc- 
firctagne.  — «■  A  la 
reyne. 


Notes  marginales  de  Richelieu  sur  une  dépêche  de  Servien. 

Minute  et  copie  de    la  inaio  de  Cherpt-.  —  AIT.    élr.    Turin, 
XXI,  393.  — La  minute  déplacée  est  cotée  34^  . 

Lettre  sans  date,  conforme  à  l'avis  de  Richelieu  sur  les  de- 
mandes du  maréchal  de  Toiras,  (Voy.  ci-dessus,  p.  690.) 
Minute  de  la   main  de  Charpentier.  —  Aff.  étr,  Turin ,  XXI , 
343. 

Réponse  de  Richelieu  aux  compliments  sur  le  rétablissement 
de  sa  santé. 

Orig.   —   Arch.    de   Condé.    Commiiuicalion   do  M^'   Je  duc 
d'Aamale. 

Plaintes  des  mauvaises  humeurs  de  M.  de  Toiras. 

MioDtc  de   la  main   de   Clicrré.   —  AfF.  étr.   Tarin,    XXI, 
pièce  33^. 

Sur  les  propositions  du  prince  d'Orange  au  sujet  des  hosti- 
lités des  Hollandais  contre  l'Espagne. 

Minute  de  la   main  de  Charpentier,    avec  quelmies  mots  de 
Richeliea.  —  AfiT.  étr.  HolJaade,  XIII ,  pièce  a^i. 

Sur  la  neutralité  proposée  aux  cantons  suisses  par  le  roi  de 
Suède.  —  Réponse  en  termes  très  •  affectionnés  aux  neuf 
cantons  catholiques..  , 

Minale.  —  Aff.  élr.  Suisse,  XXVII,  a86. 


1633. 

Le  duc  est  envoyé  [wnr  rendre  au  pape  l'obédience  filiale  du  roi. 

Copie. —  Aff.  élr.  Rome  ,  XLVII ,  fol.  3A. —  Autre  copie  ,  fol.  38. 
—  Bihl.  DstioDale,  Satut-Gcrmain  français,  9^6,  fol.  aoi. 

M.  de  La  Barde  demande  une  abbaye. 

Orig.  —  Arch.  de  la  famille  BouthilUer. 

Informer  le  maréchal  Gustave  Horn  de  la  mission  de  M,  de 
Fcuquières  en  Allemagne. 

Copie.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Suède,  III,  1  53.  —  Imprimée 
en  entier  dans  les  Mémoires  de  Richelieu. 

«Les  intérêts  de  cette  couronne  sont  étroitement  unis  aux 
vostres. .  .  » 

Minute  delà  main  attrihnéeaa  P.  Joseph  ,  et  de  la  maiodeChar- 
uentter.  —  Bibl.  uat.  Suppl.  français,  ao36^**  '  **,  fol.  54. 

Compliments  à  l'occasion  d'une  convalescence. 

Minute.  —  Bihl.  ual.  Bel  hune  ,  933  7,  fol.  6.  —  Sur  la  mi)nie 
p*ge ,  minute  d'une  pareille  lettre  pour  la  reine  d'Angle- 
terre. Cherré  a  mis  au  do»  :  «Lettres  que  M.  Lucas  escrira  > 


'   Nous  proposons  30  février,  date  d'nnc  lettre  de  Richpiieu,  p.  770  de  uotre  tome  IV. 


1000 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


LIBCX  I)E  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES  LBTTllES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    SOURCES. 


1033. 

[Vers  la  fin 
de  février.] 


9  mars. 
Ecouan. 


29  mars. 


.  Mars  ? 


. .  .  Mars. 


Idem. 


vrii. 


16  avril. 


20  avril. 


2  2 'avril. 
A  Clianlllly. 


20  avril. 
D'Écouen. 


. . .  Mai 


A  Lton  BouthiUicr 


Mémoire  au  s'  de  Char- 
nacé. 


A  M.  de  Cbarnacé. 


Mémoire  pour  escrire  à 
M.  (le  Fontcnay,  en  An 
glcterre. 


Le  roi  à  MazarJn. 


A  M.  de  Charuacc. 


Mémoire  à  M.  de  Fon- 
tenay. 

Le  roi  à  M.  de  Toiras. 


Le  roi  à  M.  de  Char- 

nacé. 


Mémoire  baillé  au  sieur 
Boutard,  allant  en 
Angleterre. 

Advis  sur  la  rupture  pro 
posée  par  les  Ilollan- 
dois,  entre  la  France 
et  TËspagne. 


Mons'  Bouthillier  le  jeune  aura  soin  particulier  d'escrire  a 
M.  de  Charnacé  ce  qui  s'est  passé  au  faict  de  M.  le  garde 
des  sceaux. .  . 

Minute  de  ta  main  de  Cherrc.  —  KS.  éir.  Hollande,  XIV 
(  non  cotcp) ,  classée  après  le  a3  décemlire. 

Conditions  des  traités  à  faire  avec  le  prince  d'Orange  et 
M"  les  Ëstats. 

Mise  au  oet.  —  Aff.  étr.  Hollande,  t.  XIV,  pièce  5i-  L'ori- 
ginal se  trouve  ao  volume  XV. 

A  l'occasion  des  négociations  ci-dessus. 

Mise  au  net  delà  main  de  Cherrc.  —  Aff.  étr.  Hollande,  XIV. 

On  l'avertit  que  le  chevalier  de  Jars  ,  prisonnier  à  la  Bastille  , 
a  en  Angleterre  des  papiers  qu'il  voudrait  détruire. 

Minute  de  la  main  de  Léon  Boutijillier.  —  Âfî.  étr.  Aoglc- 
lerrc ,  XLV,  aoS. 

Le  roi  désire  lui  donner  des  preuves  de  sa  bonne  volonté. 

Minute.  —    Aff.  ctr.  Rome,  XLVIl,  60. 

Lettres  patentes  pour  la  restitution  d'une  partie  des  biens  du 
duc  de  Montmorency. 

Arch.  des  Aff.  étr.  France,  LXVI ,  44». 

Engager  les  Hollandais  à  continuer  leur  guerre  contre  l'Es- 
pagne. 

Minute  de  la  main  de  Léon  Bouthillier.  —  Aff.  étr.  Hollande , 
XIV.  Une  copie  est  c[uelque5  feuillets  plus  loin. 

Sur  une  ligue  offensive  et  défensive  à  conclure  avec  les  Anglais. 

Minute  de  la  main  de  Léon  Boutbîllîer.  —  Aff.  étr.  Angle- 
terre,  XLV,  333. 

Le  roi  a  l'intention  de  le  comprendre  dans  la  procliaine  pro- 
motion des  chevaliers  de  l'ordre  du  Saint-Esprit. 

Mise  au  net  de  la  main  de  Clierré.  —  Aff.  ctr.  Mantone ,  IV,  307 . 

But  que  le  cardinal  voudrait  atteindre  dans  les  négociations 
qui  se  font  en  Hollande. 

Mise  au  net  de  la  main  de  Cberré  (en  double}.  —  Aff.  ctr. 
Hollande,  XIV. 

11  s'agit  de  lettres  interceptées  du  chevalier  de  Jars. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  éU*.  Angleterre,  XLV, 
a36. 

Le  cardinal  pense  que  le  mieux  est  que  le  roi  n'entre  point 
en  rupture,  mais  que  les  Hollandais  continuent  la  guerre 
contre  les  Espagnols. 

Mise  au  net  de  la  main  de  Charpentier.  Aff.  étr.  Hollande, 
XIV.  —  Mêmes  arcb.  Pays-Bas ,  t.  IX ,  343.  —  De  la  main 
de  Charpentier. 


NON   IMPRIMEES   DANS  LE  SUPPLÉMENT.        1001 


DATES 


LtLCX  DE  DITES. 


1633. 

12  mai. 
Fontainebleau. 


i3  mai. 
Fontainebleau. 


2  1  Diai. 
Fontainebleau. 


28  mai. 
Fïeurv. 


[Commencement 
de  juin.] 


17  juin. 
De  Pon toise. 


23  juin. 
Forges. 


27  juin. 
Forges. 


Idem. 


Idrm. 


SUSCRIPTION 


DES  I.BTTRB9. 


Le  roi  aux  cantons  ca- 
tholiques. 


I.e  roi  à  M.  de  CLar- 
nacé. 


A  M.  fie  Charnacé. 


Idei 


Instruction  pour  M.  de 
Guron. 


Pour  M.  BoulUillier 
{  Léon  } ,  secrétaire 
d'Étal. 

A  M.  de  Charnacé. 


A    M.   tle   Saint -Cha- 

mond. 


A  M.  Oxenstiern. 


A  M,  le  Prince  (allant 
en  Bretagne). 


a  juillet.  Le  roi  à  M,  de  Toiras. 

De  Forges. 


CAUDIN.  DE   niCHELlEO. VU- 


ANALYSES  DES  LETTRES 

BT    80CBCE8. 


«Nous  nous  employerons  très-volontiers  à  ce  que  les  sujets 
de  l'évesquc  de  Basle  ne  soient  point  molestés  par  les 
îirmes  des  Suédois.»  Le  ca[>itaine  Mollaudin  est  envoyé  à 
ce  sujet. 

Orig.  —  Aff.  ctr.  Suisse,  XXVII  ,  3o6. 

Concluez  le  traité  le  plus  ])romf)tement  et  le  plus  avantageu- 
sement que  vous  pourrez. 

Mise  au  net  de  la  main  de  Cherré.  —  AfT.  élr.  Hoitnnde, 
XIV.  —  Minute  attribupc  au  P.  Josepb  ,  au  feuillet  suivant. 

Le  roi  aimerait  mieux  la  continuation  de  la  guerre  que  de 
Irailer,  mais  si  vous  ne  pouvez  empêcher  celte  trêve,  faites 
promptement  le  traité. 

Mise  au  net  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  ctr.  Hollande  ,  XIV. 
Minute  au  folio  précédent. 

Si  les  Espagnols  disent  en  Hollande  que  nous  traitons  avec 
eux,  nos  négociations  à  la  Haye  prouvent  le  contraire. 
Orig.  —   Aff.  étr.  Hollande,  XIV. 

Envoyé  vers  le  duc  de  Lorraine  pour  lui  faire  des  représenta- 
tions amicales  sur  sa  mauvaise  conduite  envers  le  roi. 

Minute  de  la  nitin  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Lorraine,  XI,  :t64. 

Le  Bastion  et  le  s'  Sanson.  -—  Dévastations  commises  par  les 
Suédois. 

Orig,  —  Aff.  élr.  France,  LXV,  3a6. 

Le  roi  est  satisfait  de  la  rupture  de  la  trêve;  conclure  un 
traité. 

Orig.  —  Aff.  ctr.  Hollande,  XV.  —  Une  mise  au  oet ,  de  la 
main  de  Clierré,  se  trouve  dans  ce  volume;  une  autre  est 
d:ina  la  XlV%  avec  la  date  du  a4. 

Le  roi  approuve  la  capitulation  faite  avec  M.  de  Trêves  sur 
le  sujet  de  Philisbourg. 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  Aff.  étr.  Suède,  HI , 
i  73   V». 

Lettre  pressante  de  la  part  du  roi  touchant  l'exécution  de  la- 
dite capitulation. 

Minute  de  la  maia  de  Léon  Bouthillter.  —  Aff.  c'tr.  Suède, 
Uï,  173. 

«Je  v>os  prie  de  donner  au  s'  Cébcret,  l'un  de  mes  secré- 
taires, toute  la  faveur  et  l'assistance  dont  il  aura  besoin, 
ponr  estre  roccii  en  la  chambre  des  comptes  dir  la  province 
de  Bretagne,  en  une  charge  dont  il  a  esté  pourveu  par  la 
démission  de  son  père.» 

Orif;.  —  Arch.  de  Condé.  Comnjuoication  de  M*'  1h  lîuc 
d'Aumale. 

Permission  d'aller  à  Venise. 

Orig.  devenu  miaule.  —  Aff.  élr.  Mantouc,  IV,  ptco  31  3. 


12O 


1002 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


1              ' 

DATES 
et 

SUSCHIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIEUX  DB  DATES. 

DES  LEITBES. 

BT  BOnnCES. 

1G33. 

5  juillet. 

A   M"   de    Bullion    el 

Travaux  de  Pignerol. 

De  Gisors. 

Bouthilller. 

Orig.  —  Arch.  de  la  famille  BoathiUier. 

7  juillet. 

Le   roi  à  M.   d'Haute- 

Le  roi  lui  ordonne  de  venir  rendre  compte  de  sa  conduite. 

rive. 

Minute.  —  Âff.  ctr.  Hollande,  XIV.    Sur  la  même  page,  mi- 
nute d'une  dépèche  du  roi  à  M.  doCharnacé,  même  sujet. 

2  2  jnillel . 

Le  roi   à  M.  de  Char- 

Diverses  affaires. 

Chantilly. 

nac(5. 

Orig.  —  Aff.  étr.  Hollande,   XV.  —  La    minute  est  dans  le 
tome  XIV. 

26  juillet. 
De  Royaumont. 

A   M"    de   Bullion    et 
Bouthillier. 

«Je  ne  puis  approuver  le  logement  de  Bagnolet,  ny  l'action 
de  M.  de  Saint-Chamond;je  luy  en  escris..  .  je  vous  prie 
de  luy  faire  tenir  ma  lettre.» 

Orig.  —  Arcli.  de  la  famille  Bouthillier.          ^ 

2  7  juillet. 

Le  roi  au  mareschal  de 

Permission  de  rester  en  Italie  '. 

Toiras. 

Minute.  —  Aff.  étr.  Mantoue,  IV,  pièce  ai6. 

a8  juillet. 
De  Chantilly. 

Au     chancelier    Oxen- 
slicrn. 

Le  cardinal  lui  envoie  le  s'  Du  Hamel. 

•Mise  au  net.  —  Aff.  étr.  Suède,  III ,  19A. 

10  août. 
Monceaux. 

Le  roi  à  l'électeur  de 
Trêves. 

S.  M.  le  prie  d'exempter  de  certaines  taxes  la  maison  des 
P.  Jésuiles. 

Orig.  devenu  minute.  —  Aff.  étr.  Trêves,  I,  334. 

10  août. 

Advis  sur  les  afl'aires  de 

Moyens  de  rompre  les  desseins  du  duc  de  Lorraine. 

.  ViUemareuil. 

Lorraine,  devant  que 
de  partir  pour  Chas- 
leau-Thierry. 

Mise  an  net  de  la  main   de  Cherré.  —    Aff.   étr.  Lorraine, 
XI,  j84. 

1  7  août. 

A    M.    de    Saint- Cha- 

Affaires  de  Lorraine. 

mond. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Lorraine,  XI,  397. 

18  août. 

Mémoire    pour    la    dé- 
pesche  de  Trêves  en- 
voyé   au    maresclial 
d'Estrées. 

Dessein  pour  lequel  on  fait  revenir  les  troupes  de  Picardie. 

Minute  de  la  main  de  Cherré  et  de  celle  de  Léon  Boothillier. 
—  Aff.  étr.  Trêves,  1,  356. 

19  août. 

Instruction  donnée   au 
s' de  La  Garde,  allant 

Exposer  à  plusieurs  princes  les  griefs  du  roi  contie  le  duc  de 
Lorraine. 

aux  chefs  de  l'armée 
de  Suède, 

Minutede  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Suède,  III ,  197. 

20  août. 

Advis  sur  les  affaires  de 

Conférence  du  cardinal  de  Lorraine  avec  Richelieu. 

Lorraine. 

Mise  au  net  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Lorraine ,  XI , 
3o6. 

■ili  août. 

Nouvel    advis    sur    la 
Lorraine. 

Après  une  réponse  peu  satisfaisante  apportée  par  le  cardinal 
de  Lorraine. 

Minute  de  la  main  de  Cherré  et  de  celle  de  Richelieu.  —  Aff. 
étr.  Lorraine,  XI,  3i6. 

'  Cette  dépêche 
l.  IV,  p.  333.  Mal 

Ju  roi  est  faite  sur  le  même  s 
classe'e  en  i63s. 

ujet  que  la  lettre  de  Richelieu  écrite  à  Toiras  et  que  nous  avons  donnée 

NON  IMPRIMÉES  DANS   LE  SUPPLÉMENT.       1003 


DATIîS 


LIEUX  DE  DATES. 


SLSCRIPTION 

DES   LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  BOURGES. 


J633. 

2  5  août. 

Bar-le-Duc. 

7  septembre. 

1  2  septembre. 

Camp  (levant 

Nancy. 

lit  septembre. 
1 7  septembre. 


1 9  septembre. 
De  Charmes. 

36  septembre. 
Nancy. 


, . .  Septembre. 


idem. 


i5  octobre. 
[Cbàleau -Thierry 

16  octobre. 


1 7  octobre. 
Saint-Dmer. 


2  S  octobre. 
Sezanne. 

2  novembre, 
Rucl. 


ï.e  roi  à  M.  de  Char- 
iiacé. 

Mémoire  à  M.  le  duc 
de  Crt^quy. 

A  M.  de  Brézé. 


Instruction  pour  M.  de 
Mérë,  allant  vers 
Oiensliern. 

Instruction  pour  M.  li 
cardinal  de  Kicbelieu, 
allant  a  Charmes  trou- 
ver M.  de  Lorraine. 

A  M.  Bouthillier,  surin- 
tendant des  Ûiianccs. 

Le  roi  à  M.  de  Char 

Dac(5. 


A  M.  de  ia  Vrillière. 


Mémoire  sur  la  guerre 
tu  Lorraine. 

Mémoire    pour  M.    de 
Charnaoé. 

Le  roi  à  M.  de  Char- 
nacé. 

A  M.  le  Prinre. 


Au  roi. 


A  M.  ie  Prince. 


Liaisons  entre  le  duc  de  Lorraine  et  l'Espagne. 

Orig.  —  Aff.  élr.   Lorraine,  XV.  —  Une  mise  au  net  de  la 
main  de  Cherré  dans  le  tome  XIV. 

Affaires  avec  Rome. 

Mise   BD  net,    devenue    minute.  —  Aff,    élr.   Rome,   XLVII , 

igS-aoï. 

lUcbelieu  lui  annonce  Toccupalion  de  Nancy  par  le  roi. 

Orig.  —  Britisb   Muscum,    collection    Egerlon ,    n"   1690.  — 
Imprimée  :  Cabinet  ftiit<^ri(jae  de  M.  L.  Pari»,  186g ,  p.  Sg. 

Empêcher  la  jonction  des  Lorrains  avec  les  Bourguignons. 
Minute  de  la  main  do  Cherré.  —  Aff.  élr.  Suède,  111 ,  aoo. 

Pouvoir  au  cardinal  de  passer  tel  traité  qu'il  trouvera  avan- 
tageux. 

Minute  de  la  main  de  L.  Bouthillier.  —  Aff.  élr.   Lorraine  , 

XllI,  393. 

Lettre  générale  à  faire  aux  parlements  et  aux  provinces. 
Orig.  —  Arch.  de  la  famille  Boathillicr. 

Sur  le  traité  que  doit  condure  M.  de  (^harnacé. 

Orig.  —  Aff.  élr.    Hollande,  XV.  — Une  mise  au    net   do  la 
main  de  Cherré  au  (ome  XIV. 

Conférence  d'Alfeslon  avec  le  P.  Chanteloubc. 

Orig.  »«na  signatare ,  de  la  main  de  Cherré.  ^  Aff.  ^tr.  Pays- 
Bu,  IX,  aôy. 

C'est  le  roi  qui  parle  dans  ce  récit. 

Minute.  —  Aff.  étr.  Lorraine,  XIII,  654. 

Mécontentement  du  roi  contre  la  Hollande. 

Mindle  de  plusieurs  écritures.  —  Aff.  étr.  Hollande,  XIV. 

Le  roi  lui  confirme  l'ordre  de  revenir  en  France. 

Mise  «0  net  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Hollande ,  XIV. 

«  La  lettre  qu'il  vous  a  pieu  m'escrire  sur  le  sujet  du  bon  succès 
des  affaires  du  roy  et  sur  celuy  de  ma  santé  est  une  faveur  qui 
surpasse  toutes  les  actions  de  grâce  que  je  voïis  en  sçaurois 
rendre. . .  » 

Orig.  —  Arch.  de  Condé.  Communication  de  M*' le  duc  d'Aumale. 

Effets  de  ia  présence  du  roi  à  l'armée. 

Orig.  —  Arch.  de  la  famille  Bouthillier. 

Richelieu  le  prie  de  faire  payer  la  dernière  monstre  au  s'  de 
Chasiillon,  1"  capitaine  du  régiment  de  La  Motte  d'Ou- 
dancourt,  qui  n'est  demeuré  à  la  cour  que  par  l'ordre  qu'il 
en  a  reccu  de  la  part  de  S.  M. 

Orig.   —  Arch.    de  Coodé.   Communication    de  M'''    lo  duc 
d'Aumale. 


126. 


1004 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


LIBUX  1;E  dates. 


1633. 

2  2  novembn*. 
Ruel. 

26  novembre. 


7  déccnibie. 


8  décembrt'. 


.  .  Décembre 


Vers  la  fin 
de  décembre. 


SUSCftIPllON 


DES  LF.1TI)ES. 


A  M.  le  Princr'. 


Instcuction  jiourle  sieur 
Damontot. 


Mémoire  doiiué  au  se- 
crétaire de  l'ambas 
sade  de  Holtamlc 


Le  roi  à  M.  Aersens. 


A  M.  Bouthiilier  fds. 


An  cardinal  Biclii. 


Inslructioii  à  M.  d'Hé- 
mery,  s'en  allant  en 
Italie. 


A  M.  de  Uoban. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    SOQBCES. 


.H  i  janvier.       j 
Vrrsaiiles. 


.Janvier. 


Le  roi  au  pape. 


Au  s'  Chantemesle. 


Richelieu  lui  demande  de  recommander  auprès  du  parlcmeitt 
de  Dijon  deux  demoiselles  de  la  maison  de  sa  nièce. 

Arch.  de  Condé.  Communication  de  M^'  le  duc  d'Auinalr. 

Le  roi  désire  entretenir  la  bonne  intelligence  avec  l'infante 
gouvernante  des  Pays-Bas. 

Minute.  —  Aff.  ctr.  Pays-Bas,  IX,  pièce  377. 

Il  doit  dépêcher  vers  quelqu'un  qu'on  ne  nomme  pas ,  alîn  que 
M"  les  États  ne  traitent  point  avec  les  Espagnols. 

Minute  de  la  raaîo  de  L.   Bouthiilier-  —  A(f.  étr.   HoUandt^', 
XIV. 

Le  roi  le  remercie  d'avoir  dissipé ,  dans  l'assemblée  des  Etats , 
les  doutes  exprimés  sur  la  bonne  foi  de  S.  M. 

Minute.  —  Aff.  ctr.  HoUanae.  XIV- 

Délibération  sur  le  retour  delà  reine  mère  en  France. 

Mise  au  net  do  la  main   de  Cbarpenlier.  —   Aff.   é\r.  Pays- 
Bas,  IX ,  pièce  363. 

Dépêches  à  faire. 

Minute  de  la  maiu  du  secrétaire  de  nuit.  —  Aff.  ôlr.  France  , 
LXVII  (  non  cotée  ). 

Compliments  à  l'occasion  du  brevet  de  la  comprotectlon  de 
France. 

Imprimée  :   Aubcrj,   Mémoires,  V,   54a.  —    Recueil  di'  1696, 
II,   i56. 

Le  roi  désire  particulièrement  être  informé  de  l'état  tles  foiii- 
fîcations  de  Pignerol. 

Mise  au  net,  presque  entièremeDt  récrite  de  la  maivi  i\f  Riche- 
lieu. —  An.  étr.  Tarin,  XXII,  pièce  soi. 

Lettre  de  compliment. 

Mise  au  uol  de  la  main  Je  Charpeuticr.  —  Bibl.  nat.  Baluze , 
pa  piors  des  armoires ,  lettres  ,  paquet  4  ,  n**  3  et  3  ,  fol .  a  a  i . 

Propositions  touchant  les  finances. 

Orig.  —  Aff.  étr.  France  ,  LXVI ,  vers  la  fin  du  volume  ,  non  cDlé. 


En  faveur  des  religieuses  du  tiers-ordre  de  saint  François, 
établies  à  l'Isle  (comté  d'Avignon). 
Minute.  —  Aff.  elr.  Rome,  LIV,  3;  '. 

Lui  faire  connaître  les  méfiances  qui  empêchent  (|u'oo   ne 
serve  la  reine  mère. 

MiDute  de  la  mnin  de  Charpentier.  —  Aff.  étr.  Pnys-Bjs ,  \  , 
pièce  k. 


Sur  la  même  page,  minute  do  lettre  a  l'ambassadeur  que  le  roi  charge  de  suivre  c£tte  affaire. 


NON  IMPRIMÉES  DANS  LE  SUPPLÉMENT.        1005 


DATF.S 


LlSrX  DE  DAT8S. 


1034. 

"  février. 


Vers 

le  commencement 
de  février. 


fév 


8  février. 


l 'i  février. 


3  mars. 


Mars. 


I  ti  mai. 


1*6  mal. 


3o  mai. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 
ET  sooncEs. 


Mémoire  à  M.  de  Feu 
quiàres. 

Pour  M.  Bouibillier. 


Au    maresclial    <Ie    La 
Force. 


Mémoire  potr  M.  Bou- 
t  h  illier. 


A  ^J,  de  Cbarnacé. 


Le  roi  à  M.  df  (ihar- 

iiaté. 


u  ii^ril. 
Paris. 

A  M.  Bouth  lUcr,  surin- 
lendant,  aux  Caves 

\vriL 

A    la   duclics&c  de   Sa- 

voie. 

Idem. 

Inslructioii  pour 
M.  d'Héraerv. 

A   M.  le  cardinal  Bar 
Ixïrii). 


A    M.    le   cardinal  .\n- 
toini-  Barberini. 


f>c  roi  a  M.  le  comlede 
NoaiMes. 


Promesse  qu'on  l'autorise  à  faire  à  WaJlcnslein. 

Iliitotre  da  doc  Bernhard  de  Saxe,  par  Rœse ,  I,  ASg. 

Affaires  de  Lorraine.  —  Maladie  du  duc. 

Oiig.  sans  signature,  de  Ja  main  de  Cliorré.  —  Aff.  l'tr.  Lor- 
raine ,  XJV,   IÔ3. 

Passer  le  trailé  avec  le  comie  de  Salm. 

Minute  de  la  maio  de  Charpentier.  -^  AH",  otr.  Loiraiue  ,  XIV. 

Ecrire  à  M.  de  Brassac  qu'il  exécute  avec  M.  de  Lorraine  b^s 
clauses  contenues  au  mémoire  qui  lui  a  été  envoyé. 

Minute  de  la  main  de  Cherré. —  Aff.  étr.  Lorraine,  XIV,  17  '. 

Mettre  à  profit  les  bonnes  dispositions  du  prince  d'Orange. 

Minute  do  la  m<)in  de  Lécn  Boulhillior.  —  AIT.  élr.  HoUandp , 
XVI  (  pièce  'i3. 

Pljtutes  des  [irocédés  de  M.  du  Pau. 

Orig.  —  Aff.  étr.  Hollande,  XV,  avec  un  duplicata.  —  Misi- 
aa  net  delà  ma'u  de  Cberr<i ,  en  double  expédition ,  XVI  , 
pi&ceB  70  cl  73  ;  la  pièce  70  est  datée  du  ^. 

a  L'inlenton  du  roy  est  que  M.  Boulbillicr  responde  que  S.  ^L 
veut  bien  permettre  au  P.  Suffren  de  la  venir  trouver..  .  n 
(Il  s'agit  c!e  la  rcîne  mère.) 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  Aff.  ctr.  Pm^s-Bjs  ,  X  , 
piê  e  33. 

■  Vous  j>ouvés  demeurer  encore  a  voslre  maison..  .  Tuiil  va 
a  soubait  icy. . .  Je  suis  bien  aise  <]ue  M.  de  la  Grillièrc  b*cn 
retourne  pour  le  procès  de  Metz. 

Or  g.  —  Arcli.  de  la  famille  Bouthillier. 

Ses  prétentions  toucbant  le  rang  de  ses  ambassadeurs. 

Minute  de  In  main  de  Cherré.  — ■  Aff.  é'.r.  Turin,  XXII, 
pièce  3^6. 

Diverses  affaires  qui  appellent  la  surveillance  de  M.  d'tlc- 
raery,  allant  à  lagnerol. 

Mise  au  net  de  la  main  de  Charpentier.  —  Aff.  étr.  Turiit , 
XXII,  pièce  aA5. 

Il  apprendra  par  les  ambassadeurs  du  roi  la  résolution  qu'a 
prise  S.  M. 

Minute  de  li  main   de  Cbcrré.   —   .^ff.   étr.   Rome  ,  t.   LIV, 

.74. 

Sur  les  obstacles  qu'on  oppose  à  l'exercice  de  sa  uliargc  de 
comprotecteur. 

Miuute  do  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Rome ,  LIV  ,  1  ju. 

Béatiûcalion  de  mère  Pasitbée. 

Orig.  iJevenu  minute.  —   Aff.   ^tr.  Rome,  LIV,  17J. 


1006 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 
cl 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIECX  DE  DATES. 

DKS  LETTRES. 

ET  SOimCES. 

1634. 

. .  .Juin. 

Au  roi. 

Advis  donné  à  S.  M.  au  commencement  de  juin.  —  Exposé 
des  affaires. 

Minute.  —  AflF.  rtr.  Hollande,  XVI,  i5a-i53-i5i. 

8  juin. 

Le  roi  au  pape. 

S.  M.  recommande  les  affaires  de  l'électeur  de  Trêves. 
Copie.  —  Aff.  élr.  Rome ,  L ,  5i. 

i5  juin. 

Instruction  envoyée  au 
s'  comte  de  Barrault. 

Le  roi  consent  à  entendre  aux  propositions  de  paix. 

Mise  au  net.  —  Aff.  étr.   Espagne,  XVII,  3ao. 

^3  juin. 

Instruction  pour  M.d'A- 
vaux. 

Cet  ambassadeur  était  envoyé  près  de  la  reine  de  Suède,  des 
rois  lie  Danemark  et  de  Pologne,  pour  disposer  les  esprits 
de  ces  princes  à  concourir  à  une  paix  générale. 

Mise  au  net.   —  Aff.  clr.  Danemark ,  I ,  ay^.  —  Suède  ,  III  , 
533.  —  Pologne,   II,    167.    (Quelques   variantes   dans    les 
trois  m»».)  —  Inséré  dans  les  Ùém.  d$  Richelieu  ,\  Il ,  p.  179- 
'89. 

23  juin. 
Saiut-Germâin- 

Le  roi  à  M.  d'Amontot. 

M.  de  Besançon  rentre  en  grâce  après  avoir  quitté  le  parti 
'de  Monsieur. 

en-Laye. 

Mise  an  net   de  la  main  de   Clicrré.  —  Aff.   ctr.   Pays-Bas, 
X,  78. 

25  juin. 
De  Rucl. 

Au     cardinal     Antoine 
Barberini. 

L'abbé  de  la  Lucat  ayant  résigné  son  abbaye  en  faveur  du 
fils  de  M.  de  Guron,  Richelieu  prie  le  cardinal  Antoine  de 
lui  donner  son  assistance  pour  l'obtention  de  ses  bulles. 

Orig.   —   Bibi.    nat.   Baluze,   3 5a  ,  fol.    193,  arm.  paq.   3, 
n"  Q. 

Commencement 
dejuillet.'' 

Mémoires  de  diverses  affaires  touchant  la  Lorraine. 

Minute  de  la  main  du   secrétaire  do  nuit  ;  un  par.'graphe  delà 
main    de     Charpentier.    —    Aff.     étr.     Lorraine,    XXVïI , 
pièce  260. 

5  juillet 

A  M.  de  Sabran. 

Langage  qu'il  doit  tenir  en  Savoie  et  à  Gènes  au  sujet  de 
ruaion  de  ces  deux  pays. 

'  Minute  de  la  main  de  Chcrré  et  d'un  autre  secrétaire.  —  Aff. 
^tr.  Gênes,  II,  io4-ii3. 

6  juillet. 

A  M.  le  Prince. 

«...  M.  le  comte  de  Thianges  faisant  estât  de   demeurer 

Rue). 

quelques  jours  à  Dijon  pour  poursuivre  en  parlement  un 
grand  procès  qu'il  a  contre  ses  frères  et  sœurs,  ce  seroit 
une  œuvre  digne  de  vous  de  les  accorder.» 

Orig.  —  Arch.    do   Condé.    Commuoication   de   M^""    le   duc 
d'Aumale. 

i8  juillet. 

Idem. 

«L'accomplissement  du  mariage  de  M.  de  Saint-Simon  avec 
M"'  la  marquise  de  Portes   ne  deppcndant   plus  que  de 
l'esleclion  des  tuteurs  aux  enfans»  en  laquelle  vostre  pro- 
curation est  requise,  je  vous  suplic  de  l'envoyer  en  blanc, 
afin  qu'on  puisse  terminer  celte  affaire.. .  » 

Orig.  —   Ardi.    de   Condé.    Communication   de   M^'  le   duc 
d'Aumale. 

NON  IMPRIMÉES  DANS  LE  SUPPLÉMENT.        1007 


LIBOX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOCItCES. 


1634, 

28  juiUet. 

De  Royaumont. 


S  août. 


[    ..Août?] 


1 1  septembre. 


2  5  septembre. 
MoDceaax. 

2  5  octobre. 
De  Ruel. 


[Vws 

le  comracnceraenl 

de  l'année.] 


I  fem. 


i  /i  janvier. 


1 7  janvier. 


A  M.  de  Pougny. 


Idem. 


Lo  roi  à  rÉIecteur  de 
Trêves. 

A  M.  le  Prince. 


Mémoire. 


Idem. 


A  M"  les  marescliaux 
de  La  Force  et  de 
Brezé. 

Le  roi  aux  Cantons. 


«Sçavoir  de  M.  le  cardinal  de  La  Valette  ce  qu'il  veut  faire 
en  raiTaire  de  M.  d'Espernoa.. .  » 

Sliee  aa  net  de  la  maÎD  de  Cherté.  —  AfiF.  étr.  Rome,  t.  LIV, 
DOD  coté. 

Au  sujet  du  traite  que  les  Espagnols  ont  fait  faire  à  Monsieur 
contre  la  France. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Arcli.  des  AfF.  étr.  Espagne , 

t.  XVII,  fol.  337. 

La  reine  d'Angleterre  a  refusé  de  recevoir  une  lettre  de 
Richelica. 

Imprimée  :   Aobery,    Mèm.  V»   377.    —    Recneil  de    1696,  I, 
3oi. 

Advis  donné  au  roy  sur  !e  sujet  de  la  bataille  de  Norllingucn. 

Imprimé  dans  les  Mémoires  deRtcheliea.  VIII,   17S-180. 

Sur  la  mise  en  défense  de  la  place  de  Philisbourg. 
Minute.  —  Arch.  de»  .\ff.  étr.  Trêves,  II,  pièce  gS. 

Réponse  anx  félicitations  du  Prince  sur  le  retour  de  Monsieur 
en  France. 

Otig.  —    Arch.    de   Condé.  CommanicetioD   do  M<'   le   duc 
d'AumaU. 

Pièce  sans  date,  mais  qui  parait  se  rapporter  à  l'année  i63/i. 
Jl  s'agit  de  quelques  mesures  de  clémence  à  l'égard  de 
plusieurs  partisans  du  duc  d'Orléans. 

De  la  main  de  Richeliea.  —  B!bl,  nat.  Batuxe ,  arm.  V,  pa(j.  /| , 
n"  a  ,  fol.  65. 


1635. 

«il*rojet  de  desseins  pour  faire  la  guerre  au  Pays-Bas.» 

Mise  au  net,  de  (a  main  de  Charpentier,  avec  quelques  mots 
en  interligne  de  la  maîn  du  cardinal.  —  AfF.  étr.  Pays- 
Bas,  XI,  pièce  170.  —  Mémoirtt  dé  Hichelieu ,  mss.  t.  VII , 
p.  343-347.  Imp.  édit.  Petitot,  Vil! ,  p.  n&o. 

Emplois  de  M.  de  Rohan  pour  la  campagne  prochaine.  Pièce 
très-secrète.  ' 

Minute  de  la  main  de  Charigni.  —  AIT.  étr.  Lorraine,  XXV, 
pièce  a/). 

S'avancer  pour  cbasser  les  ennemis  du  Wurtemberg. 

Minute  d&la  main  de  Charpentier.  —  AfF.  étr.  Lorraine,  XXV, 
pièce    16.  —  Mi»e  aa  net,  pièce  i4. 

Le  roi  leur  annonce  l'envoi  de  M"  de  Roban  et  de  Caudale, 
«sur  les  avis  que  nous  recevons  de  toutes  parts  des  entre- 
prises qui  se  projettent  sur  le  pays  des  Grisons.» 
Minute.  —  Arcb.  des  AfF.  étr.  Suim,  t.  XXVUI. 


1008 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 
cl 

l-IEUI  DE  DATES. 


1635. 

28  janvier. 


.10  janvier. 


Janvier. 


i3  fé 


i.i  tevricr. 


Ce  niardy  gras 

[20  février] 

a  2  heures 

après  minuit. 


2  2  février. 


5  mars. 


A'ers  la  mi-mars. 


16  mars. 
De  Royaumont. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


A  M.  do  Fcuquiires. 


Le   roi    à    la    duchesse 
douairière    de    Tos- 


[Au  secrétaire  d'État  de 
,  la  guerre?] 

A  Madame  ta  duc'icssc 
de  Toscane. 


Pour  Messieurs  les  sur- 
intendants. 


A  M.  de  Charnacô. 


A  M.  Servien. 


Au  roi. 


A  M.  Bouthiliier. 


A  M.  Bouthiliier,  sur- 
intendant des  finan- 
ces, à  Paris. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET    SOURCES. 


Instructions  pour  sa  mission  en  Allemagne,  vers  Oxenstiern, 
et  ensuite  vers  le  duc  Bernard  de  Weimar. 

Mise  ou  net.  —  AÏF.  clr.  Alipmagne,  XII,  pièce  i3. 

Des  raisons  d'Etat  s'opposent  à  ce  que  le  roi  puisse  accorder 
ce  qu  elle  demande  en  faveur  du  duc  de  Lorraine. 

Copie.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Florence,  II,  foL  283. 

Dispositions  à  prendre  en  prévision  de  la  guerre  prochaine. 

Minute.  —  Arch.  tics  Aff.  étr.  Lorraine,  XXVII ,  pièce  197. 

lUchelieu  a  reçu  les  lettres  de  la  duchesse  par  M,  Mazarin  ; 
il  est  bien  fâché  de  ne  pouvoir  faire  tout  ce  qu'elle  pourrait 
désirer.  «Je  supplie  V.  A.  de  croire  que  je  ne  lairray  d'y 
apporter,  on  sa  considération,  tout  ce  que  le  service  du 
roy  me  permettra  '..  .  » 

Orig.  —  AIT.  étr.    Florence,  II,  fol.   a83. 

Les  che\aux  de  rartillerle  doivent  estre  prêts  au  10*  avril.  — 
Par  le  traité  de  Hollande  vingt  vaisseaux  doivent  être  mis 
en  mer  au  même  temps.  Voir  dès  cette  heure  ce  qu'il  faut 
de  fonds  pour  cela..  . 

Orig.  de  la  main  ilu  secrétaire  de  nait.  —  Arch.  de  la  famille 
Bouthiliier. 

Instruction  donnée  à  M.  de  Charnacé  s'en  allant  on  Hol- 
lande. Mesures  a  prendre  pour  la  jonction  des  armées  de 
France  et  de  Hollande,  ensuite  de  la  convention  conclue 
le  8  février. 

Orig.  —  Aff.  élr.  Hollande,  t.  XV,  minute  classée  entre  le 
3  et  le  7  mai.  —  Mise  au  net  de  la  inaio  de  Clierré, 
t.  XVI,  pièce  17*.  —  Imprimée  dans  les  Mémoires  de  ïiiche- 
tieu ,  VIII ,  p.  3Ô9  et  p.  280  .  011  se  trouve  une  ptge  répétée 
par  erreur. 

Envoyer  à  l'armée  des  médicaments  et  de  l'argent. 

Orig.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Lorraine.  XXV,  pièce  7:1. 

Il  est  nécessaire  que  S.  M.  permette  au  général  des  galères  de 
se  défaire  de  sa  charge,  et  qu'elle  jette  les  yeux  sur  une 
autre  personne. . . 

Mise  au  net  de  la  main  de  Charpentier.  —  Aff.  étr.  France  , 
tr-LXXIV,  pièce  3. 

Richelieu  lui  envoie  la  matière  de  plusieurs  lettres  a  faire 
pour  certaines  dispositions  de  troupes. 

Minute  de  la  main  de  Chcrr^î.  —  Âff.  élr.  Allemagne,  XIL 

Demander  Tcxtradition  de  Vieupont,  arrêté  à  Bruxelles. 

Orig.  de  la  main  de  Cherré.  —  Arch.  de  la  famille  BoutlilUter. 


'   Ou  vient  do  voir  que  le  roi  avait  écrit  de»  Je  3o  janvier,  et  Richelieu   avait  reçu    sa   lettre  en  même  temps,  toutes 
deux  avant  été  apportées  par  Maiariu. 


NON  IMPRIMÉES  DANS   LE  SUPPLÉMENT.        1009 


LIEl'I   DF.    DATES. 


1635. 

îU  mars. 


a  H  mars. 
A  Chantilly. 


(j  avril. 
A    nuel. 


:  avril. 


\  l'rs  la  mi-avril. 


SUSCRIPTION 

DES   LETTRES. 


A    MM.    les    surinten- 
dants. 


Mémoire  pour  le  s'  de 
Feuquières. 


A  M.  le  Prince. 


I^c    roi    au    landgrave 
Georges  '. 


A  M"  de  I^  Force  el  de 
Brézë. 


Pour  M.  Boulfaillicr,  sur- 
inteuflant. 


Pour  M.  Boulhillier  sur- 
intendant. 


Instruction  pour  M"  les 
mareschaux  de  Cbas- 
lillon  el  de  Brézé, 
destinez  par  le  roy 
pcjur  commander  sod 
armée  de  Flandres. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


Faire  payer  au  s'  de  La  Chapelle  20,000  liv.  pour  faire  tra- 
vailler aux  forlihca lions  du  mont  Olympe...  Ce  pauvre 
gentilhomme,  qui  n'a  pas  touché  un  Icston  depuis  trois  ans 
pour  sa  garnison,  n'en  pouvant  iaire  l'avance. 

Orîg.  —  Arch.  des  Aff.  élr.  Trêves,  11,  pièce  li*. 

Continuation  des  affaires  dont  il  s'agît  dans  l'instruction  du 
3o  janvier  (ci-dessus). 

Mise  au  npt  de  la  main  de  Charpentier.  —  Arch.  des  Aff.  élr. 
AHemagne,  XII,  pièce  47.  —  Copie  faite  sur  l'original 
signe  du  roi,  contre  signé  Boutliillier.  — BtM.  nat.fialuze, 
arm.  lettres,  paq.  i  ,  n"*  3  et  3 ,  fol.  xb-].  i58.  —  ''"P- 
Lettres  et  négociations  de  Feaquicres ,  t.  III ,  p.    1 . 

«Mou  procureur  au  parlement  de  Dijon  nommé  Rajaud,  qui 
est  aussy  le  juge  de  ma  justice  de  Givray,  m'a  faict  en- 
tendre que  des  malveillans  luy  envient  la  charge  de 
secrétaire  en  la  chambre  de  la  ville  de  Dijon ,  qu'il  exerce 
il  y  a  plus  de  douze  ans  sans  aucun  reproche,  et  par  ce 
m'a  fait  suplier  de  l'assister.. .  ce  que  je  ne  puis  faire  plus 
asseurément  que  par  vostre  moyen..  .  » 

Orig.  —    ArcU.  de   Condc.   Communication  de    M<'    le   doc 
d'Auma'e. 

Les  ordre*  ont  été  donnés  aux  généraux  pour  faire  droit  à  la 
plainte  du  landgrave,  au  sujet  des  désordres  que  causent 
chez  lui  les  troupes  françaises. 

Copie.  —  Arch.  des  Aff.  étr,   Hcsse,  t.  I,  fol.  4a. 

Diverses  recommandations  concernant  l'armée  d'Allemagne. 

Minatc  de  la  main  de  Boathillier.  —  Aff.  étr.  Lorraine,  XXV, 
pièce  79.  —  Mise  an  net  de  la  lettre  faite  sur  celte  matière  , 
pièce  83 . 

Mesures  de  précautions  pour  l'armée. 

Orig.  sans  signature,  do  la  main  de  Charpentier.  —  Arch. 
de  la  famille  Bouthillier. 

M.  Boulhîllier  ett  prié  de  voir  aujourtl'hui  M"*  de  Pontchas- 
leau  et  résoudre,  avec  elle,  si  on  fera  son  second  fils 
d'Eglise  ou  d'Espée. 

Orig.  sans  signature.  —  Arcli.  de  la  famille  Bouthillier. 

Le  roi  a  informé  M.  le  prince  d'Orange  que  l'armée  française 
doit  se  trouver  a  Mézières  le  a 7  avril.  Cette  armée  et  celle 
des  Etats  doivent  faire  leur  jonction  le  1 3  mai.  —  Disposi- 
tions prévues  pour  la  campagne. 

Mis*)  an  net  de  la  main  do  Charpentier.  —  Aff.  élr.  Pays-Bas, 

t.  Xï.  p.  176. 


'   Prince  do  la  branche  cadette,  dont  la  capitale  est  Darmsladt.  La  France  y  tenait  d^s  troupes,  se  regardant  moins 
assurée  de  ce  landgrave  que  de  celni  de  Castel. 


CABOIN.  DE  BICUEUEU.  - 


VU. 


127 


1010 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 


MEDX  DE  DATES. 


Ce  vendredi 
20  avril. 


20  avril. 
De  Nanteui]. 


.  Avril. 


6  mai. 
De  Péronne. 


Idem. 


9  mai. 


ifi  mai. 

La  Fère- 

en-Tardenois* 


2  2  mai. 
Château -Thic: 


rry. 


SUSCmpTION 

DES  LETTRES. 


l^our  M.  Bouthillier. 


[A    M.    Boulhiïlier   ou 
M.  de  Cliavigni  ] 


[A  M.  de  Chavigni.] 


A  M.  de  Forbin. 


Le  roi  à  M.  d'Avaux. 


A  M.  de  Bussy. 


A  MM.  les  mareschaux 
de  Chaslillon  et  de 
Brézé. 


A  M.  le  Prince. 


idem. 


Idem. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOOnCBS. 


B  ...  M.  de  Toiras  se  moque  de  vouloir  marchander  avec  le  roy 
et  vouloir  contraindre  S.  M.  de  luy  payer  dos  estais  et  pen- 
sions imaginaires  pendant  le  temjjs  (ju'ii  est  hors  des  termes 
de  son  debvoir.  Il  le  faut  laisser  en  ses  prétentions,  ne 
pouvant  que  dire  sur  des  imaginations  si  peu  raisonnables.» 
Orîg.  sam  signature,  de  la  main  du  secrétaire  de  nuit.  — 
Arch.  de  la  famille  Boulhiïlier. 

Envoyer  promptement  un  courrier  pour  réclamer  la  liberté 
de  l'électeur  de  Trêves. 

Ofig.  sans  signature.  —  Arcli.  de  la  famille  Bootbillier. 

Articles  des  négociations  avec  la  Hollande  qu'il  ne  faut  pas 
faire  connaître  en  Angleterre. 

Matière  pour  faire  une  lettre,  de  la  main  du  secrétaire  de 
nuit.  —  AIT.  étr.  Hollande,  XVll,  fol.  &i. 

«Faire  advancer  les  hulct  corps  de  gallères  le  plus  qu'il 
pourra..  .  » 

Copie  conservi'e  dans  le  fonds  Peiresc.  Coiiiinunicalioo  de 
M,  Lambert,  conscrv.-iteur  de  la  Bibliothèque  de  Car- 
peu  tras. 

On  lui  envoie  les  articles  convenus  avec  Oxenslicm  pour  les 
faire  ratifier. 

Orig.  —  Âff.  étr.   AlIcmagQp,  XII,  pièce  66. 

Des  ordres  ont  été  donnés  pour  que  vous  soyez  renforcé.  «  La 
surprise  de  Philisbourg  doit  redoubler  le  soin  d'un  chascun 
à  se  tenir  sur  ses  gardes.  Vous  n'estes  pas  de  ceux  qui  y 
doibvent  cstre  excités.. .  Vostre  diligence  est  plus  digne  de 
servir  d'exemple  que  d'cstrc  réveillée.. .  » 

Minute  de  la  main  de  Citoys.  —  Aff.  étr.  Trêves,  11,  pièce  3j  . 

«Us  sont  libres  de  faire  ce  tp'ils  jugeront  à  propos  ,  non  seu- 
lement en  celle  occasion,  mais  en  toute  autre,  quelque 
chose  qu'on  vous  puisse  mander  par  advis. .  .  » 

Minute.  —  Aff.  étr.  Espagne,  t.   XVIII,  fol.  Sg. 

On  l'informe  du  départ  du  roi  pour  l'armée,  et  de  diverses 
nouvelles. 

Orig.  —  Arch.  de  Condé.  Communication  de  M''  le  duc 
d'Âumale. 

On  lui  annonce  des  renforts. 

Orig.   —  Arcb.    de  Condc.    Communication   de    M'""  le  duc 

d'Aunanle. 

«Vous  prendrés  doresnavant  tout  ce  que  l'on  vous  mandera  de 
deçà,  non  pour  des  ordres,  mais  pour  des  advis.. .  S.  M. 
se  reposant  sur  vostre  prudence  d'agir  scion  la  cognois- 
sance  que  vous  prendrés  de  Testât  des  choses  sur  les  lieux 
et  vostre  jugement.» 

Oiig.  —  Arch,  de  CoTidé.  Communication  de  M*'  le  duc 
d'Aumale. 


NON   IMPRIMEES   DANS   LE   SUPPLEMENT. 


1011 


DATES 


LIBCX  DB  DATES. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  socncES. 


1635. 

[Un  peu  après 

le  3  2  mai.] 


26  mai. 
Condé. 


3o  mai. 


-Mai. 


'4  juin. 


12  juin. 
Aubervitliers. 


ïi  juin. 
De    Ruel. 


57  juin. 
De  Ruel. 


Fiii  de  juin. 


[Vers  le  milieu 
de  Tannée.] 


3  juillet. 
De    Ruel. 


8  juillet. 
Dp    Ruel. 


Mémoire  de  M"'  le  car- 
dinal pour  la  dé- 
pesche  de  Flandres. 


Pour  M.  Bouthillier, 
surintendant  des  ii* 
iiauces  à  Chasteau- 
Thierry. 

Le  roi  à  M.  de  Bussy. 


A  M.  le  Prince. 


[Au  roi.] 


A  M.  Boutbillier,  sur- 
intendant. 


A  M.  !e  Prince. 


A  M.  Bouthillier,  sur- 
intendant. 

Au  duc  d'Epernon. 


Au  colonel  Gassion. 


A  M.  le  Prince. 


Pou  r  M .  Bouthillier. 
surintendant  des  fi- 
nances. 


Conseils  pour  le  maintien  de  la  bonne  intelligence  entre 
Tannée  et  celle  de  Messieurs  les  Estats. 

Mioote  de  la  main  de  Servien,  —  Aff.  étr.  Espagne ,  t.  XVIII , 
fol.  66. 

M  Envoyer  son  courrier  en  Espagne  pour  faire  revenir  Peny. . .  » 
(C'était  ic  secrétaire  de  l'ambassade  de  France.) 

Orîg.  sans  signature.  —  Aff.  etr.  Espagne,  t.  XVIIl ,  fol.  45. 
Mise  au  net,  devenue  minute ,  fol.  46.  —  Imprimée  dans 
les  Mém.  de  Rickchea,  YIII ,  p.  398. 

Ravitailler  le  plus  promptement  possible  le  château  d'Er- 
mestcin. 

Minute  de  la  maio  de  Citoys.  —  Aff.  étr.  Trêves,  II, pièce  38. 

Ricbelicu  l'avertit  que  ce  n'est  pas  le  moment  de  prendre 
sou  congé. 

Orig.  —  Arcti.  de  Coodé.  Communication  de  M''  le  duc 
d'Âumale. 

Diverses  affaires. 

Orig.  saii<i  s'gnalure.  —  Arcb.  de  la  famille  Boulhillior, 

Le  baga;;e  du  cardinal  Infant  a  été  pris  ;  inconvénients  qu'il  y 
aurait  à  le  rendre  maintenant. 

Orig.  sans  signature,  de  la  maio  du  secrétaire  de  nuit.  — 
Arch.  de  la  famille  BQutbtUior. 

Ne  pouvant  écrire  une  longue  lettre,  Richelieu  s'en  remet  à 
celle  de  M.  Servien...  «.Ne  soyés  point  en  peine  de  ma 
maladie  parce  qu'en  cQecl  ce  n  est  rien ,  grâces  à  Dieu.  » 

Orig.  — ^  Arch.'  de  Cond^.  Commonication  de  Me  le  dac 
d'Aumale. 

Diverses  affaires. 

Orig.  saut  sigoature.  —  Arch.  de  la  famille  BoutbiHier. 

Au  sujet  de  la  sédition  de  Bordeaux.  Le  roi  écrivit  aussi  le 
même  jour. 

Imprimée  :  Vie  du  dac  d'Epernon ,  IV,  p.  a33-3a4> 

«Je  conserve  toute  l'estime  que  je  vous  ay  promis. . .  J'ay  parlé 
au  roy  de  vous,  et  vous  verres,  par  vos  emplois,  la  diffé- 
rence qu'il  faict  de  vous  et  des  autres. , .  Servez  bien  le  roy, 
attendes  tout  de  luy  et  ne  m'espargnés  pas.  » 

Imprimée  :  Vie  de  Ga$tion  ,  II ,  49. 

Faire  raser  au  plus  vile  les  châteaux  et  les  places  de  la  Lor- 
raine..  . 

Qriji.  —  Arcli.  de  Condû.  Communicatioi  Je  M*'  le-  duc 
d'Auiuale. 

Diverses  affaires. 

Orig.  uns  signature.  —  Arcl<.  ài  la  fnmille  Bouthillier. 


1012 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 

et 

LIEUI  DE  DATES. 


1635. 
9  juilU'I. 
De    Uuel. 


lo  juillet. 
De    Ruel, 


Ida 


1 4  juillet. 
De  Ruel. 


25  juillet. 


28  juillet. 


1 1  août. 


IdeTT: 


i5  aoùt- 
Dc  Ruel. 


i5  août. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


Pour  M.  Boulhillicr. 


Au  cardinal  de  La  V;i 
Ictte. 


Pour  M.  Boulhillicr, 
surintendant  des  iJ- 
nances,  à  Fontaine- 
bleau. 

A  M.  le  Prince. 


ANALYSES  DES  LETTRES 
ET  sonriCEs. 


Au  cardinal  do  La  Va 
lette. 


An  martklial  de  Brézi!- 


Instruction    au     s'    de 
Charnacé. 


A    Messieurs   d'Angou- 
lesme  et  de  La  Force. 


A  M.  Lcfebvre,  conseil- 
ler du  roi  cl  inten 
dant  des  finances  de 
Lorraine. 

A   M.  le  Prince, 


Au  maréchal  de  Rrézc, 


Diverses  affaires. 

Orig.  —  Arcli.  de  la  famîHc  Bouthillier. 

Mauvaises  nouvelles  d^Allemagnc.  —  Ne  pas  perdre  un 
moment  pour  rassembler  son  armée,.  . 

Minute  delà   main   de  Clicrrc.  —  AIT.   étr.  Allemagne,  XII, 
pièce  86. 

Le  roi  a  été  mécontent  d'un  retard  de  i  ou  5  jours  dans  l'en- 
voi d'un  brevet  pour  M.  de  Canisy;  Richelieu  explique 
que  ce  relard  n'a  aucune  conséquence.. . 

Orig.  sans  siçiiaturo.  —   Arcli.  de  la  famille  Bouthillier. 

«Le  roy  aiant  advis  de  la  venue  des  ennemis  dans  la  Lorraine, 
je  vous  conjure,  au  nom  de  Dieu,  de  prendre  vos  eaux 
le  plustost  que  vous  pourrés,  afin  d'aller  en  Bourgoigne 
pour  venir  à  Aussonne,  Bellegarde  et  autres  lieux  de  la 
frontière.  J'y  ay  aujourd'huy  dépesché  l'abbé  de  Courson 
pour  resveiller  la  noblesse  en  attendant  que  vous  y  soyés...  » 

Orig.  —   Arcb.    de    Condé.    Communication    de    M''    le   duc 
d'Aumile. 

Secours  envoyés  à  l'armée. 

Minute  de  la  main  de  Chcrré.  —  AIT.  étr.  Allemagne,  t.  XJI , 
pièce  gS, 

Peut-on  compter  sur  la  fidélité  d'Henri  de  Bergues.-' 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  AfT.  étr.  Pays-Bas,  XI ,  lod. 

Considérations  sur  ce  que  pourrait  proposer  le  prince  d'O- 
range dans  celte  campagne,  et  sur  ce  qu'il  serait  néces- 
saire qu'il  fit. 

Mise  au  net.   —  Aff.  étr.  Pays-Bas,  t.  XI,  pièce  109.  —  Im- 
primée: A/cm.  de  UicIteUeuy  VIII,  3a8. 

Kxposé  des  besoins  de  leur  armée,  et  moyens  d'y  satisfaire. 
Minute  de  la   main  du  secrétaire  de  nuit.  —    Aff.  étr.  Alle- 
magne, XII,  pièce  II 5. 

Envoyer  à  M.  Perigat,  gouverneur  de  La  Motte,  les  fonds 
nécessaires  pour  la  réparation  do  sa  place. 

Orig,  de  la  main  de  Cherré.  —  Bibl.  de  M.  V.  Cousin. 

Faire  par  les  corvées  les  travaux  qu'exige  la  sûreté  des  villes 
fortes  de  Bourgogne. 

Orig.    —    Arch.  de   Coude.    Communication    de    M^*'    le   duc 
d'Aumale. 

Envoyer  vers  le  Rhin  pour  savoir  des  nouvelles  de  M.  le 
cardinal  de  La  Valette.  Porter  le  prince  d'Orange  à  lui  en- 
voyer des  troupes.  L'intention  du  roy  seroit  que  Charnacé 
les  conduisist..  . 

Minute  dictée  à  Chavigni,  —  AIT.  étr.   Allemagne,  XII,  109. 


NON  IMPRIMEES   DANS  LE   SUPPLEMENT. 


1013 


DATES 


LIEUX  DB  DATES. 


1635. 

2  2  août. 
Chantilly. 


8  septembre. 


i3  septembre. 
Charoime. 


a  g  septembre. 
Plessis-Ies-Bois. 


6  octobre. 

Au 

Camp-de-cœar. 

Sans  date. 
[9  octobre?] 

3  0  octobre. 
A  ChiUy. 


2.3  octobre. 

Saiot-Germain- 

eo-Laye. 


3o  octobre. 


Jilem. 


SUSCRIPTION 

DES   LETTRES. 


Le  roi  à  M.  de  Salut 
Cbamond. 


Instructioo    à    M.    de 
Brézé. 

A  M   le  Prince. 


Le  roi  à  M.  de  Noailles. 


A    M.    le   marquis    de 
Sain  t-Chamond . 


Mémoire  au  s'  d'Avaux 


Le  roi  aux  généraux. 


Advis  du  roy  porté  à 
M"  les  généraux  par 
la  Coor  d^Argis  *. 


A   la  duchesse   de  Sa- 
voie, 


A  M.  d'Hémerv. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


Le  roi  l'envoie  à  l'assemblée  de  la  basse  Saxe ,  M.  d'Avaux , 
occupé  aux  aflaircs  de  Pologne  et  de  Suède ,  ne  pouvant  y 
assister. 

Mise  au  net.  —  Arch .  dp.s  A(T.  élr.  AtlemagQCf  XII ,  pièce  116. 
—  Copte,  Suède,  III,  fol.  Sga.  —  Imprimce  :  Mèm.  de 
Richelieu.  \m,  ZMi. 

Le  roi  lui  envoie  un  courrier  pour  avoir  des  informations. 
Mise  au  net.  —  AflF.  élr.  E5pagpae,  t.  XVIU,  fol.  177. 

Remercîment  au  sujet  de  la  lettre  de  condoléance  que  lui  a 
écrite  le  prince  sur  la  mort  de  sa  sœur  '. 

Orig.  —  Arch,  de  ConJc.  Communication  de  M**"  le  duc 
d'Aumale. 

Présenter  à  Sa  Sainteté  la  lettre  du  roi  pour  que  le  cardinal 
de  Richelieu  soit  pourvu  de  «cinq  aobayes  de  l'ordre  de 
saint  Benoîst,  vacantes  au  moyen  de  la  cessation  de  l'eslec- 
lion  ou  provision  triennale,  que  j'ay  jugé  nécessaire  de 
supprimer  pour  restablir  la  réformation. . .  et  rentrer  dans 
mon  droit  de  nomination. . .  » 

Orig.  coQtre-signé  Loménie. —  AflF.  ctr.  Rome,  t.  XLIX, 
foi.  Ui. 

Diverses  affaires. 

Mise  au  net.  —  AIT.  ctr.  Allcoiagne,  t.  XII ,  fol.  i5a-i6o. 

Conclusion  delà  trêve  entre  la  Suède  et  la  Pologne. 
Mise  au  net. -^  Aff.  ^tr.  Pologne,  t.  II,  fol.  Sao. 

Le  roi  ne  donne  point  d'ordres  absolus  aux  lieutenants  géné- 
raux de  ses  armées;  il  leur  envoie  des  avis. 

Mise  au  net.  —  AIT.  iftr.  Allemagne,  XII,  pièce  16S. 

Après  avoir  bien  considéré  l'état  des  choses  et  le  caractère 
impétueux  des  Français,  le  roi  exprime  sa  pensée  sur  la 
direction  à  donner  aux  opérations. 

Minute  de  la  main  du  secrétaire  de  nuit.  —  Aff.  ctr.  Alle- 
magne, XI],  pièce  173. 

Au  sujet  de  secours  qu'elle  demande ,  en  troupes  et  en  argent. 

Miuule  de  U  main  <lc  Ch.irpcotîer.  —  Aff*.  ctr.  Parme  , 
t.  I. 

Sacrifices  que  fait  la  France  pour  l'Italie.  —  Conseil  à 
M.  d'Hémery,  comment  il  doit  se  conduire  et  parler. 

Minute  de  la  maiu  tie  Cbeiré.  —  A0.  ^tr.  Mantoue ,  V, 
pièce  35. 


'    Nicole  de  Richelieu  ,  marquise  de  liréxé.  (  Voy.  notre  V"  volume,  fage  gSo,  lettre  du  a  septembre  a  Bouthillier.) 
*  Ce  titre  rsl  écrit  en  tâte  par  Clierré{  la  pièce,  de  la  maio  du  secrétaire  de  nuit,  est  dictée  par  le  cardinal. 


1014 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIEUX  DE   DATBS. 


1635. 
3o  octobre. 


10  novembre. 
De  Ruel. 


1 3  novembre. 


iden 


1 5  novembre. 

Sainl-Germain- 

en-Laye. 


Vers 
le  17  novembre. 


'9 


novembre. 


?.ii  novembre. 


Idem. 


26  novembre. 


.  . .  Novembre. 


I*'  d(^ccmbre. 
De  Ruel. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


A  M.  de  Créquy. 


A  M.  le  Prince. 


A  M.  d'Hémery. 


A  M.  de  Lameilleraie. 


A  M.  le  marquis  de 
Brézé,  lientenant  gé 
ncral  en  Hollande. 


Le  roiàMazarinf  nonce 
en  France. 


A  M.  d'Hémery. 


A  M.  le  Premier. 


A  M.  le  cardinal  de  La 
Valelle. 


A  Mayolas. 

Circulaire  à  divers. 
A  M.  !c  Prince. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


11  a  fait,  en  assiégeant  Valence,  une  entreprise  bien  hardie 
et  qui  n'est  pas  une  chose  ordinaire..  .  (Ces  derniers  mots 
de  la  main  de  Richelieu.)  —  Conseils  semblables  à  ceux 
que  le  cardinal  vient  de  donner  à  M.  d'Hémery. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  ÀfT.  étr.  Turin,  XXJII.  (La 
pièce*  non  cotée,  a  été  mise  entre  les  n*"  198  et  199.  ] 

Remettre  en  état  ses  compagnies  de  cavalerie  ruinées. 

Orig.  —  ArcL.  de  Coodé.  Communication  de  M^  le  duc 
d'Aumale. 

Mauvais  succès  du  siège  de  Valence, 

Minute  de  la  main  da  secrétaire  de  nuil. — Âfî.  ctr.  Manloue, 
t.  V,  pièce  53, 

Affection  de  Richelieu  pour  M.  le  Premier.  —  Quelques  dé- 
tails militaires. 

MinutR  lie  la  main  de  Ghatpentier.  —  AIT.  étr.  Allemagne, 
XII ,  pièce  193. 

M.  de  Brézé  et  le  prince  d'Orange  devront  s'enlendre  avec 
le  comte  de  Hanau,  que  le  roi  envoie  vers  le  landgrave 
de  Hesse. 

Copie.  —  Arch.  des  Aff.  étr.  Hollande,  XVIII. 

Au  sujet  d'une  lettre  de  la  reine  mère  que  celte  princesse 
avait  chargé  Mazarin  de  remettre  au  roi. 

Manuscrit  des  Mémoires  de  Uicbelieu.  —  Arcli.  des  Afi*.  étr. 
Imprimé  t.  VIII,  p.  4o8,  édit.  Petîtot. 

Affaires  d'Italie. 

Minute  de  la  main  de  Clicrré  et  de  celle  de  Charpentier,  avec 
aiditions  de  la  main  de  Richelieii. —  AIT.  étr.  Mantouc,  V, 
pièce  58. 

Compliments  sur  son  zèle  et  son  affection  au  service  du  roi. . . 

Minute  de  la  main  de   Charpentier.  —  AfT.  étr.  Allemagne, 
XU,  pièce  196. 
j 
Informer  sur  le  débandement  des  soldats  :  il  faut  faire  un 
exemj)h\ 

Mi^c  au  tiet  de  la  main  de  Cherré,  plusieurs  passages  de  la 
main  du  cardinal.  —  AfT.  étr.  Allemagne,  XII,  pièce  igA. 

11  est  dépéché  en  Italie.  Consulter  le  cardinal  de  La  Valelle 
sur  ceux  des  généraux  qu'il  est  bon  de  laisser  à  l'armée 
d'Italie,  ou  de  rappeler. 

jMiniite  de  la  main  du  secrétaire  de  nuit.  —  Afil*.  étr.  Alle- 
magne, XII,  pièce  197. 

Le  roi  expose  les  résultats  de  la  campagne  de  Picardie. 

Copie  de  Lureau.  —  AfT.  étr.    Pays-Bas,  XI,  pièce  3oo. 

Le  roi  a  donné  ordre  de  remettre  sur  pied  tous  les  régiments 
de  cavalerie. 

Orig.—  Arch  .(leCondé.  Communication  de  M*' le  duc  d'Aumale. 


NON  IMPRIMÉES  DANS   LE  SUPPLÉMENT. 


1015 


DATES 


LIBirX  DE  DATBa. 


1635. 
2  décembre. 


8  décembre. 


1 3  décembre. 


i6  décembre. 


[Vers  la  fio 
dp    l'année.  1 


ib35? 


i635? 


1635.5 


[Commenc*'menl 
d»;  janvier.] 


SUSCRIPTION 

DIS  LETTRES. 


A  M.  d'Avaux. 

A  M.  le  IVince. 

(Au  duc  de  Créquy.] 
A  M.  de  Feuquières. 


A  M.  de  Noailles,  am- 
bassadeur à  Rome. 


Au  cardinal  de  Lyon. 


A  M.  le  Prince. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOUHCBS. 


A  M"  de  hrézé  et  d. 
Charnacé^  am!:assa- 
deurs  en  Hollande. 


Le  roi  lui  envoie  un  pouvoir  pour  négocier  un  traité  avec  la 
Pologne. 

Orig.  signé  du  roi,  contre-sigoé  Boathillicr.  —  AfT.  étr.  Po- 
logne, t.  II ,  foL  309. 

Répression  des  désordres  qui  se  commettent  sur  les  frontières 
de  Champagne. 

Orig.  —  Arch.  de  Co&dé.  Commnnicatioii  de  MC'  le  duc 
d'Anmale. 

Espérance  que  les  afTaircs  vont  très-bien  aller  en  Italie. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Afif.  étr.  Mautooe,  t.  V, 
pièce  66. 

Sur  la  proposition  de  Jean-de-Verl  d'entrer  au  service  de 
France. 

Minute.  —  Arch.  des  AfT.  étr.  Allemagne,  t.  XII,  pièce  318. 

Réponse  article  par  article  n  un  mémoire  donné  par  l'ambas- 
sadeur de  Hollande  le  5  décembre. 

Mise  an  net,  devenue  minute,  corrigée  par  Richelieu.  —  AIT. 
étr.  Hollande,  t.  XVll ,  pièce  139.  —  Autre  mise  au  net, 
de  la  m»in  de  Cherra,  pièce  111.  —  Imprimée  :  Mém.  de 
nicktUea.  VllI,  p.  ôi3-53i. 

Obtenir  les  bulles  pour  la  lille  du  marquis  de  Sourdis  nommée 
abbesse  de  Montmartre. 

Imprimée  :  Auhcry,  Mémoirtê  ,  V,  p.  ^93.  —  Recueil  de  1696, 
II,  p.  88, 

Au  sujet  de  la  réforme  du  grand  couvent  des  Jacobins  de 
Pans. 

Mise  au  net  corrige  de  la  main  de  Richelieu.  —  AfT.  étr. 
France,  t.  LXX,  pièce  lâ. 

Richelieu  le  prie  de  recommander  avec  affection  à  M"  du 
parlement  de  Dijon  que  justice  soit  rendue  au  s'  Martin, 
secrétaire  de  la  marine ,  en  un  procès  pour  lequel  il  va  sur 
les  lieux. 

Orig.  —  Arch.  de  Condé.  Communication  de  M^'  le  duc 
d'Anmale. 


1636. 

Instruction  dont  le  sens  est  qu'il  ne  faut  pas  s'écarter  du 
traité  conclu  à  la  Haye  en  avril  i63^. 

Mise  au  net  de  la  main  de  Cherré.  —  AIT.  élr.  Hollande, 
XVllI,  fol.  9'.  —  Antre  mise  au  net  de  la  main  d'un 
commis  des  AfT.  étr.  Hollande,  t.  XVII  ,  1A8.  —  Imprimée  : 
Biém.  d*  Richelieu.  IX,  3a-54. 


Chorié  a  mis  en  tète  ;  «Envoyé*  au  commencement  de  1 636.  •  L'autre  mise  ou  net  est  datée  du  3 1  décembre  i63â. 


1016 


SOMMAIRES   DES  LETTRES 


DATES 

et 

LIEUX  DS  DATES. 


SUSCiUPllON 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


1630. 

Commencement 

de  janvier.] 


3o  janvier. 


[Janvier 
ou  février.] 


]  G  février. 
Paris. 


i'*  quinzaine 
de  février. 


I  février. 


28  février. 

A  Sain  [-Germain- 

en-Laye. 


.  Fiivrier. 


Commencement 

do  mars.] 


A    M.    !c    prince    d'O- 
range. 


A  M"  de  Brézé  et  de 
Charnacé,  ambassa- 
deurs ordinaire  et 
extraordinaire. 


A      rarchevôquc      de 
Lyon  ?  ]  ^. 


Le  roi  au  duc  de  Kohan. 


A  M.  de  Brézé. 


Le  roi  à  M.  de  la  Sa- 
ludie. 


Le  roi  au  duc  de  Wei- 

mar. 


Le  roi  a  M.  de  Toiras. 


A   la  duchesse  de  Sa- 
voie. 


uLcs  divers  jugemens  qui^se  font  des  intentions  de  S.  M.,  de 
celles  de  Messieurs  les  Estats  et  des  rostres,  m'obligent  à 
vous  esclaîrcir  de  celles  de  S.  M.  et  à  vous  suplier  de  faire 
le  mesmc  de  celles  des  Estats  et  des  vostrcs. . .  » 

Minute  de  la  main  tlii  secrétaire  de  nuit,  corrigée  de  la  maïn 
du  Cardinal.  —  Aff.  étr.  Hollande,  t.  XVIII,  fol.  1.  Pièce 
arrangée  pour  les  Mémoires  de  Richelieu. 

Mémoire  contenant  des  considérations  sur  un  projet  de  né- 
gociations entre  la  France,  l'Espagne  et  les  Etats  de  Hol- 
lande, 

Mtntilc  de  ïa  main  du  secrétaire  de  nuit.  —  Aff.  élr.  Hol- 
lande, XVII,  fol.  116  '.—Mise  au  net,  t.  XVIII,  fol.  3o. 

Madame  de  Savoie  s'est  plainte  que  vous  et  W.  le  comte  de 
Noailles  «ne  don  niés  pas  à  M.  le  cardinal  de  Savoie  la 
cognoissance  de  toutes  les  aifaires  que  vous  tralttés  au  nom 

de  S.  M... 

Minute    de  la   uiain  de  Cherrc.  —  AIT.  étr!  Turin,    t.  XXIV, 
fol.  87. 

11  est  absolument  nécessaire  qu'il  entre  dans  le  Milanais  au 
8  du  mois  prochain. 

Orig.  devenu  minute,  une  addition  ayant  clé  faite. —  Aff.  étr. 
Suisse,  t.  XXVIil  (non  coté]  . 

Le  cardinal  explique  l'objet  précis  de  la  mission  du  s'  Hœuft 
en  Hollande. 

Minute  de  la  main  du  secrétaire  de  Duit.  —  AS.  étr.  Hol- 
Imdo,  t.  XVIII,  fol.  85. 

Approvisionnement  des  places  de  Coblentz  et  Ermeslein. 
11  faut  vivre  en  bonne  intelligence  avec  M.  de  Bussy. 

Minute  de  la  main  de  Chavigni.  —  Aff.  étr.  Trêves ,  II ,  ta"}. 

, Les  ennemis  s'approchent  de  nos  frontières;  «j'ay  ordonné  à 
mon  cousin  le  comtedc  Soissonsde  rassembler  des  troupes 
pour  marcher  contre  eux..  .  Je  sçay  que  vous  avés  dessein 
de  me  venir  voir;  ayez  soin  de  laisser  les  ordres  nécessaires 
à  celuy  que  vous  establiroz  pour  vous  remplacer..  ,  n 

Orig.  —  Aff.  étr.  Saxe,  t*  I,  pièce  110. 

S.  M.  le  désigne  pour  commander  un  corps  d'armée  en 
Italie. 

Minute.  —  Aff.  étr.  Mantouc,  V,  pièce  78. 

Le  roi  lui  envoie  des  brevets  de  maréchaux  de  camp  en  ses 

arojées,  ainsi  que  des  brevets  de  pension  qu'elle  donnera  à 
son  gré. 

Imprimée  :  Aubery,  V,  4oi.  —  itecucil  de   i6g6,  I,  3a(). 


^  Cette  pièce  se  trouve  classée  fautivement  dan<(  le  volume  de  i635  ,  au  i  2  décembre ,  date  de  la  lettre  à  laquelle  ce 
mcmoire  répond. 

^  La  siiscriptioo  niancjuc ,  mais  il  faut  se  souvenir  que  le  cardinal  archevêque  de  Lyon  était  alors  à  Rome  eu 
ambassade  cxirnofdin.tirc  t  on  voit  d'nilleurs  par  le  premier 'mot  de  la  lettre  :  ■Monseigneur,  >  qu'elle  était  adressée  à 
un  cardinal. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  SUPPLÉMENT.       1017 


DATES 


LIEOX  DE  DATES. 


SL'SCRIPTION 

DES   LETTBES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


BT  SOURCES. 


1636. 

13  mars. 
Rucl. 


iS  mars. 


Idim, 


A  M.  d'Hémery. 


Idem. 


38  mars. 


fin 


|Vt-rslafii 

ac  mars  '  ? 


[  Fin  de  mars 

ou 

commencement 

d'avril.] 

Classée 

la  Gn  derannéc. 

i5  avril. 
A  Cbantillv. 


16  avril. 


Idem. 


A    M.   le    Prince   <rO- 
raoge. 


A  [MM.  BoalliUlier  et 
ac  Bullion.] 


A  M"   d*Avaox   et   de 

Saint-Chamond. 


Le  roi  aux  Cautons. 


Instruction  pour  le  s' de 
Graves. 


A  M,  le  Prince.  Faciliter  autant  qu'il  sera  possible  la  levée  de  la  compagnie 

de  M.  de  Thianges. 

Orig.  —  Arch.  de  Condé.  Commanicalion  de  M'"'  le  duc 
d'Aoutate. 

Faire  que  le  corps  d'année  que  doit  commander  M.  le  duc 
de  Parme  soit  le  plus  puissant  possible. 

Mise  au  net  de  la  main  de  Charpentfer.  —  Aff.  étr.  Panne, 
t.  L  A  cette  lettre  était  joiut  Je  mémoire  qui  sait  : 

Mémoire  sur  la  composition  du  corps  d'armée  que  les  princes 
de  Savoie  et  M,  de  Créquy  doivent  former  pour  le  duc  de 
Parme. 

Mise  an  net  de  la  main  de  Charpentier.  —  Aff,  étr.  Parme, 
t.  L 

Affaires  du  duc  de  Parme  et  affaires  d'Italie. 

Minute  de  la  main  de  Cberré  et  de  celle  de  Charpentier.  — 
AiF.  étr.  Turin,  t.  XXIV,  fol.  175.  En  tête  de  celle  pièce 
et  de  Ja  précédente  on  lit  :  •  Envoyé  par  Âugemont.» 

Eviter  tout  sujet  d^ombrage  entre  la  France  et  la  Hollande. 

Minute  (le  la  main  <Ic  Cbonc  ,  avec  quelques  mots  du  cardinal. 
—  Aff.  étr.  Hollande,  XVUI.  fol.  i85. 

Nëcessilé  de  donner  de  Targent  aux  Suédois;  sans  cela  les 
affaires  d'Allemagne  sont  perdues. 

Minute.  —  Aff.  étr.  Allemague,  XIII  (pièce  non  cotée]. 

Appliquer  tous  leurs  soins  à  ce  que  les  Suédois  poursuivent  la 
guerre..  .  Envoi  d'argent  à  M.  de  Saint-Chamond  par  le 
s'CoIbert...  S.  M.  est  dans  une  peine  extrême  de  voir 
retarder  si  longtemps  le  secours  d'Ermstcin..  . 

Mise  au  net.  Aff.  étr.  Allemague,  XIV,  jiièce  lag. 

«Très  cbers  grands  amis  alliez  et  confederez,  le  but  des  armes 
que  nous  a  mis  en  main  le  juste  ressentiment  des  toris 
faicts  tant  à  nos  alliez  (pi'à  nous  mesmes  n'est  autre  qu'une 
paix  générale. . .  » 

Copie.  —  Aff.  étr.  Suisse,  t.  XXVIII  f  nou  cotée  ). 

Le  roi  à  M.  d'Avaux.  '  Après  le  service  qu'il  a  rendu  par  la  conclusion  de  la  trêve 
entre  la  Pologne  et  la  Suède,  il  seroit  bien  utile  qu'il  pût 
engager  un  corps  polonois  à  se  joindre  aux  Suédois  j  on 
lui  envoie  de  l'argent  à  cet  effect. 

Orig,  eu  partie  chiffré.  —  Aff.  étr.  Pologne ,  III ,  foi.  Sa-Sy. 


11  est  envoyé  vers  1<;  duc  de  Savoie  pour  le  presser  de  se 
porter  au  secours  de  M.  de  Parme.. . 

Copie  d'un  orig,  signé  Louis  ,  coDtre-sigué  Sublt^t.  —  Aff.  ctr. 
Parme,  t.  L 


'    La  pièce,  sans  date,  a  été  classée  à  ta  Iîd  de  iSSy  ;  ooas  la  plaçons  à  une  date  approximative  qui   nous  sembla 
iod'quée  par  la  meotion  da  secours  dont  le  roi  »' inquiet  ait ,  et  qui  arriva  le  i3  avril. 


CAADIN.  DE  RICHELIEC.  —  VII. 


12a 


1018 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATEvS 


LIEUX  DE  PATES. 


1036. 

i(>  avril. 


■>  i  avril. 
A  Chantillv. 


28  avrii. 
De  Royaumonl. 


1/1  mai. 


Idem, 


Vers  Ja  mi-mai. 


Idpi 


27  mai, 
(^oiiïlaiis. 


3  I  mai. 


sî:scription 

DES  LETTRES. 


A  M.  Boutliillier. 


A  M.  Mayollas,  lieute- 
nant des  gardes  du 
cardinal. 

A  M.  de  Mcolaï,  pre- 
mier président  de  la 
chambre  des  comptes, 

A  M.  d'Hémeiy. 


Idem, 


:\  M.  le  duc  de  Parme 


A    M.    de    Saint-Cha- 
mond. 

A  M.  de  Charnacé. 


A  M.  le  Prince. 


Idem. 


Idei 


A  M,  le    landgrav»'  de 
Hesse. 


ANALYSES  DES  LETTRES 
ET  socncEs. 


Ses  indispositions  l'onL  contraint  d'acbever  son  jubilé. 

Orig.    —    Cabinet    do    M.    E.    Hoillard.    (  Veoto    Charavny, 
là  février  1870.  ) 

Instruction  pour  une  mission  à  Verdun. 

Copie  d'uH  orîg.  signé  du  roi ,  contre-signe  Sublet.  —  Aff.  étr. 
Pologne  ,  IIJ  ,  fol.  02. 

Uîchelieu  lui  recommande  une  alTaire  concernant  M.  de  la  Fol- 
laine. 

Ofig.  —  Arcli.  dp  la  faniiHe  de  Nicolaï. 

Afi'aires  d'Italie. 

Minute  de  la    mai»    de    Cherré.    —  Afl'.    étr.  Turin,    XXIV, 

«L'appréhension  que  j'ay  que  M'"  les  surintendans  ne  vous 
facent  pas  l'argent  que  vous  demandés,  m'a  faict  résoudre 
à  vous  envoyer  cent  mille  francs  que  j'ay  empruntez  de  m^s 
amis. . .  B 

Minute  de  la   main   de  Clierré.  —   AIT.   étr.  Turin,   t.   XXIV, 
foL  3/,3. 

Kichclieu  lui  fait  des  recommandations  utiles  au  succès  des 
affaires  d'Italie. 

Miiiiiie  de  la  main  de  Cherré.  —  AIT.  étr.  Parme,  t.  L 

Observations  sur  un  traité  avec  la  Suède. 

Matière  de  la  inaiii  de  de  Noyers. —  Aff.  étr.  Suède,  IV,  178. 

Affaires  de  HolLnde. 

Mise    au    net  île   la    main   de  Cherré.    —    Aff.   étr.  Hollande, 
l.  XVIII,  fol.  380. 

Tenir  l'armée  dans  la  discipline  la  plus  sévère.  —  Si  l'on 
prend  quelcpies  places ,  i-especter  surtout  les  choses  sacrées. 

Orîg.    —  Arcli.    de  Condé.    Communication    de    M^'    le   duc 
d'Àumale. 

Félicitations  |>ourses  services.  Protestations  des  plus  affectueux 
sentiments.  Remercîment  de  «l'honneur  extraordinaire» 
que  le  prince  a  voulu  faire  à  son  cousin  là  Meillcraie. 

Orig.   —    Arch.    de  Coadé.    Communication    de    M'"*   le    duc 
d'Aumale. 


On  a 


la 


ubsisia 


M.  de  (Jo- 


pourva  a  ia  sunsisiauce  ae  son  armée. 

marm  ,   qu'il  a  envoyé,  ne  sera  poiut  fait  maréchal  de 

camp.  II  n'y  a  aucun  cas  a  faire  des  proposilions  de  cet 
ofitcici-. 

Orig.  —    Arch.    de    Condo.    Communication    de    M^'  le    duc 
d'Aumale. 

Satisfaction  du   zèle    que  le    landgrave   témoigne   pour   les 
affaires  communes. 

Minute.  —  Aff.  élr.  Hesae ,  t.  I,  fol.  75. 


NON  IMPRIMEES  DANS  LE  SUPPLEMENT. 


1019 


DATES 

et 

SLSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIBUÏ  DE  DATES. 

DES   LETTRES. 

ET  SOURCES. 

1036. 

5  juin. 

A  M.  le  Prince. 

L'estime  que  je  fais  de  madame  la  marquise  de  S^necey  me 

(ionflans. 

fait  vous  pri'  r  do  permettre  a  madame  la  comtesse  de  Cha- 
nite,   sa  belle-sœur,  de  se  retirer  à  Gray..  .    «et  de  dep- 

partir  tonte  la  faveur  que  vous  pourr<^s  pour  la  conservaliou 

de  sa  personne  et  le  soulagement  de  ses  terres,  en  sorte 

que  le  service  du  roy  n'en  puisse  ïecevoir  aucun  pr^ju- 
ctice.  » 

Orig.    —    \Tch.    de  Condé.   Commonicatioii    de    M^    \o    duc 

d'AuinoIe.                                      / 

r>  juin. 

A  M.  le  cardinal  de  La 

Joie  qn'éprouve  Richelieu  des  heureux  succès  du  cardinal  de 

Vaictto. 

La  Valette. . . 

Minute  de  la  main  de  Chcrrp.  —  Aff.  étr.  Allemagne,  t.  XIV, 
pièce  23. 

^i  juin. 

A  M.  le  Prince. 

«Je  suis  extrêmement  aise  de  la  bonne  espérance  que  vous 

ConQans. 

donnas  de  vostre  siège  (de  Dole).. .,  extrêmement  fasclié 
des  désordres  de  l'armée..  .  » 

Orig.    —    Arcïi.    de  ConJé.    Communication    de    M*'    le  duc 
d'Aiimatc.                                                     , 

G  juin. 

Le  roi  a   M.  le  comte 

Nouvelle  demande  du  chapeau  de  cardinal  pour  le  P.  Joseph. 

Koniaiuebleau. 

de  \oaille»,   ambas- 
sadeur à  Rome. 

Copie.  —  Aff.  étr.  lîoiue ,  t.  LVllI ,  foL  35o. 

1^  juin. 

A  M.  le  Prince. 

«Toutes  choses  iront  mieux  maintenant  que  la  plupart  des 

Conllans. 

ofliciers  et  prévosts  de  son  armée  y  sont-  rendus..  .  (rois 
chasteaux  et  cinq  villages  de  madame  d'F.lbeuf  ont  esté 
bruslés.  Conserver  ce  qu'elle  a  encore  de  delà.» 

Orig.   —  Arcli.    de    Coodc.     Communication  de    Mb'    le  duc 
d'Aumalc. 

[Vers  la  mi-juin.] 

A  M.  de  Toiras. 

Etonnement  de  ce  qu'il  ne  se  soit  encore  rien  fait  en  Italie. 

Minute  do  U  main  de  Charpentier.  — 'AOT.  étr.  Tnrio,  XXIV, 
53.). 

i((  juin. 

A  M.  le  Prince. 

Conseils  sur  la  con  luîte  du  sîége  de  Dole. 

Coiiflans. 

Orig.    —    Arch.    de  Condc.    Communication  de  M^'    le    duc 

d'Aumale. 

3ojuiD. 

A  M.  d'Héraery. 

Pénurie  des  armées.  Mauvaise  administration.  —  Rechercher 
soigneusement  tout  ce  qui  a  été  fait. 

Minute  de  la  mais  de  Chcrre.  —  Aff.  ctr.  Turin,  XXIV,  ô34. 

[Fin  de  juin?] 

A  la  dnchexse  de  Savoie. 

Sur  la  mort  de  M.  de  Toiras. 

Minute    de    la    main    de    Cliarpentier.    —    Aff.    t'tr.    Turin, 
t.  XXIV,  fol.  756. 

.  .  .  Juin. 

A  M"  M"  les  consuls  et 

«Messieurs,  la  leltre  que  le  s'  de  L'Islc  m'a  rendue  de  vostre 
pari  est  si  .pleine  de  courtoisie  et  d'affection  en  mon  en- 

Soi ut- Germai  n- 

conseillers  de  la  ville 

en-Layc 

de  Strasbourg. 

droit  que  je  r.c  puis  le  laisser  retourner  en  vos  quartiers 
sans  vous  tcsmoigner  par  celle-ci  le  r  esse  n  liment  que  j'en 
ay...» 

Orig.    —  Arcliivfs  de  Stra<il>ourg.    —  Imprimée  :   Documents 
kUtoriquci  ùn's  lUt  arcdivei  de  Strashowg.  par  Auguste  Kin- 

' 

sioger,  maire  de  Strasbourg,  i8i8,  in-S",  p.  sÛo. 

128. 


1020 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATKS 
et 

LIEUX  DB   DATES. 


1630. 

.  .  .  Juin. 


"Vers  le  milieu 
de  l'année. 


k  juillet. 
A  Charonne. 


5  juillet. 
Charonne. 


8  juillet. 
Charonne. 


1 1  juillet. 
Charonne. 


2 G  juillet. 


SU.SCItlPTION 

DES   LETTRES. 


Mémoire  au  s'  marquis 
de  Sainl-Chamond 
ambas.sadeur  du  roi 
en  Allema<Tne. 


A  M.  le  Prince. 


A  M.  de  Charnacé. 


A  M.  le  Prince. 


/rfen; 


A  M.  le  Comte. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOCRCBS. 


Mémoire  de  M""^  le  cardinal.  (Notes  de  divers  exploits  du  duc 
Bernard  et  du  cardinal  de  La  Valette.) 

Orig.  sans  signature  ,  de  la  maio  de  CtiarpeDtîer.  —  Afî.  ctr, 
France  ,  1637,  tle  juiu  en  août ,  fol.  SyÛ. 

11  s'agit  surtout  d'obtenir  la  ratification  du  traité  de  Wismar, 
conclu  le  20  mars.  M.  de  Saint-Chamond  fut  employé, 
pendant  presque  toute  l'année,  à  une  négociation  qu'Oxen- 
stiern  rendait  très-difficile. 

Mise  au  net.  —  Aff.  étr.  Suède ,  t.  ÎV ,  fol.  371. 

Qu'il  n'exjiose  pas  sa  pei*sonne  extrêmement  chère  à  S.  M.  et 
à  ses  plus  particuliers  serviteurs..  .  On  lui  envoie  plusieurs 
régiments.. .  Le  tout  est  de  ne  perdre  aucun  temps. 

Orig.  —  Arcli.  de  Condé.  Communicalion  de  M^""  le  duc 
d'Aumale. 

Mémoire  dont  il  faut  faire  une  dépêche  à  M.  de  Charnacé, 
et  fenvoycr  en  toute  diligence  par  deux  voies  différentes. 
—  ïl  est  nécessaire  que  le  prince  d'Orange  tienne  les  en- 
gagements qu'il  a  pris. 

Minnte  et  mise  au  net  de  la  main  da  secrétaire  de  naît,  avec 
une  addition  de  la  maio  du  cardinal.  La  minute ,  datée  du  &, 
est  cotée  iii.  —  La  dépêche  faite  sur  ce  mémoire,  signée 
du  loi  et  datée  de  Fontainebleau  ,  est  ici  en  double  original , 
l'un  cliiffré. 


«...  S.  M.  n'entend  point  qu'on  lève  le  siège  de  Dole ,  qnoy 
qu'il  arrive,  sans  son  ordre  exprès,  ou  qu'il  arrivast  telle 
nécessité  que  tous  les  oîTiciers  de  l'armée  le  jugeassent 
ainsy.»  Nouvelles  et  mesures  militaires'- 

Orig.   —  Arch.   de   Coodé.   Commmiicalion   de    M^'   le  duc 
d'Aumale. 

Fortifié  des  troupes  de  cavalerie  et  d'infanterie  (|u'on  \  ous  a 
envoyées,  rien  ne  peut  vous  cmpescherde  prendre  Dole  et 
battre  le  secours  qui  se  présentera.. .  presser  les  travaux  , 
les  fourneaux  et  les  mines. .  . 

Orig.    —    Arch,   de  Condé.    Communication    de    M^'    le    duc 
d'Aumale. 

Qu'il  envoie  du  monde  à  Sainte-Menebould  pour  garder  la 
place.  —  Le  roi  trouve  bon  que  M.  du  HoUier  retourne  à 
rarmée.  —  Diverses  dispositions  pour  les  troupes..  .  envoi 
d'argent  pour  les  montres.  —  Il  est  désireux  de  gloire  et 
capable  de  bon  conseil..  .  On  lui  envoie  un  pouvoir  pour 
commander  en  Picardie. 

Minute   de  la  main    de  Cherré.  —  Aff.  étr.   Allemagne,  XIV, 
pièce  35. 


'  Le  7  juillet,  Ficlielieu  écrit  à  M.  de  la  Meilleruie  une  lettre 
copie  se  trouve  dans  les  archives  de  Condé. 


peu  près  dans  les   mêmes  termes  que  celle-ci  ;  une 


NON   IMPRIMEP:S  dans   le  supplément.       1021 


DATES 

et 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIEUX  DE  DATES. 

DES  LETTRES. 

ET  soduces. 

1030. 

a  o  juillet. 

A  M.  le  Prince. 

.  . .  Prendre  la  ville  tle  Dôle  ,  et ,  en  même  temps,  défaire  le 
secours,  s'il  se  présente,  la  victoire  serait  plus  complète; 
mais  s'il  s'y  trouve  de  la  difîicuUé,  il  se  faut  contenter  de 
la  ville... 

Orig.  —  Arch.   de    Condft.    Communication    de    Me'   le    duc 
d'Aumale. 

2  i  juillet. 
Paris. 

Idem. 

«Je  vous  envoyé  le  descliiffrement  des  leltres  de  ceux  de  Dole 
et  celuy  qui  a  fait  ce  descbiffremeot;  peut  estre  vous  trou- 
vères moyen ,  par  la  proposition  qu'il  vous  fera ,  d'attraper 
le  secours  et  de  le  dufiairc.  -  .  » 

Orig.   —   Arcb.  de    Condé.    Communicaliou    de    Ms'   le    duc 
d'.\umale. 

[^3  juUlet.^j 

[Au  duc  de  Weimar'  ?] 

a  Autant  que  j'ay  eu  de  dcsplaisir  de  la  blessure  que  vous  avez 
receue  devant  Saverne..  .  autant  ay-je  de  contentement  de 
la  prise  de  cette  place. .  .  Je  ne  doute  pas  qu'ensuite  de  ce 
bon  succès  vous  n'entrepreniez  tout  ce  que  vous  jugerez  le 
plus  utile  au  service  de  S.  M.  n 

Minute  de  la  inaia  de  Cherté.  —  Aff.  é(r.  Allemagne,  t.  XIV, 
a'  feuillet  de  la  pièce  cot^e  38. 

a6  juillet. 
Clialiol. 

A  M.  le  Prince. 

Félicitations  sur  la  manière  dont  il  pousse  le  siège  de  Dole. 
M.  de  Noyers  lui  mande,  de  la  part  du  roi,  ce  qu'il  aura 
à  faire,  la  ville  prise  '. 

Orig.   —  Arch.    de   Coudé.   Communication    lîe    M'*"    lo    duc 
d'Aamalc. 

i"  août. 
Chaiiot. 

Idem. 

«...  Vous  n'avez  pas  à  redouter  que  M.  de  Lorraine  soit  se- 
couru.. ,  Suives  vostre génie  qui  vous  porte,  je  m'asseure, 
à  ne  rien  craindre.  Sans  le  don  de  prophétie  je  vous  a^seure 
que  vous  aurés  la  gloire  du  succcz  de  vostre  dessein. . .  » 

Orig.    —    Arch.    de  Condé.    Communication    de   M*""    le    duc 
d'Aumale. 

i  s  aoùl. 

[AM.deCharnacë.] 

Espoir  d'un  bon   résultat  de  l'union  de  la  France  et  fie  la 
Hollande. 

Minute  de  Charpentier  et  de  Richelieu.  —  Aff.  étr.  Hollande, 
ÎVIII,47^. 

iH  août. 
Paris. 

A  M.  le  Prince. 

Envoyer  sans  retard  on  Picardie  les  troupes  que  le  roy  a  de- 
mandées.. .  Les  affaires  pressent. 

Orig.  —  Arch.   de  Condé.    Communication    de    M'"^    le  doc 
d'Aumale. 

19  août. 

A  M.  le  duc  de  Weimar. 

Annonce  d*envoi  d'argent. —  Lemoù  de  septembre  sera  plus 
heureux  que  n'a  esté  le  mois  d'aoust. 

Mise  au  net  devenue  minute ,   Riclielieu  l'ayant  corrigée.    — 
AIT.  étr.  Allemagne,  XIV,  pièce  ^1. 

'   Le  date  et  la 
(  cote  38  )  ,  (le  Uqa 
mistitc  ne  peut  ail 
même  jour  au  card 
il  n'«  pa5  paru.  M 
l'an  de*  deui  que  1 

*  M.  lePnacea 

uscription  manquent;  la  date 
elle  non»  avons  dono^  l'anal] 
ST  au  fnêiTi«  personnage.  Out 
nal  de  La  Valette,  on  ne  di 
is  noui  savons  que  Turenne 
licheliea  adresse  cette  félicite 
aandonna  le  siège  le  lô  août 

doit  être  la  m^rae  que  celle  de  la  minule  écrite  sur  le  premier  feuillet 
se  (t.  V,  p.  980) ,  adressée  au  cardinal  de  La  Valette;  mais  cette  scçpndc 
re  qu'on  ne  voit  pas  de  motif  pour  que  Richelieu  ait  écrit  dem  fois  lo 
t  pas  que  ce  général  ait  été  blessé  devant  Saverne,  où  peut-être  même 

y  re^ut  une  blessure  ainsi  que  le  duc  de  Weimar  j  c'est  s-ins  doute  à 
tion  ,  et  plutôt  au  duc  de  Weimar,  qui  commandait  en  chef. 

(Voy.  noire  V  vol.  p.  534-) 

1022 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 
et 

.SUSCIUPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

L1EU\   DE  DATES. 

DES   LETTilEî:. 

ET  SODÎiCES.                                                                          ! 

1036. 

2  3  aoûl. 

Paris. 

A  M.  le  Prince. 

Mesures  prises  pour  secourir  la  Bourgogne. 

Orîg.    —    Arch.    de  Condê.   Communication    de    M*'    It-    duc 
d'Âumale. 

■?.•]  août. 
Paris. 

Idem. 

Recevoir  favorablement  M.  d'Uxelles  qui  va  à  Chaalons.  — 
Vaquer  à  divers  travaux  de  fortification  que  le  cardinal 
indique. 

Orig.    —   Arch.    de    Condc.    Communication    de    M^    le  duc    : 
d'Aumaie.                                                                                                  ' 

1  o  septembre. 

Senlis. 

Idem. 

Continués  à  grossir  vos  troupes  et  avancer  les  fortiGcations. .  .    ' 
Ce  n'est  rien  de  bien  fortifier  les  places  si  on  ne  les  munit   [ 
de  gens  bien  résolus..  . 

Orig.    —  Arch.    de    Condé.    Communication    de  M*""  le   duc 
d'Aumaie. 

i8  septembre. 

De  l'abbaye 

(le  la  Victoire. 

Idim. 

Satisfaction  du  roi  pour  ses  services.  —  Mettre  le  meilleur 
ordre  po=:sible  à    Verdun -sup-Saône   et  aux    foqtificat'ions 
d'Auxonne. 

Orig.  —  Arch.  de    Condc,    Communication    de    M^'  le  duc 
d'Aumaie. 

Htm. 

Idem. 

Remerciement  pour  l'asile  donné  au  fils  du  s"  Prou.  «Je  vous 
suplie,  attendu  son  innocence,  vouloir  l'envoyer icvseure- 
ment,  afin  de  le  tirer  de  la  peine  où  le  malheur  d'aulruy 
l'a  mis.» 

Orig.   —    Arcli.  de    Condc.     Communication    de    M*'  le  duc 
d'Aumaie. 

:>  X  septembre. 

A  M.  le  cardinal  de  La 
Volette. 

Diverses  affaires. 

Minute  de    la  main  de  Clierré. —    Aff.  élr.  Aiiemagne ,  XIV, 
pièce  5i*. 

2  3  septembre. 
De  Boriu  '. 

A  M.  le  Prince. 

Messieurs  les  secrétaires  d'Estat  vous  répondent  particulié- 
rrment;  j'ajoute  «que  S.  M.   est    très-satisfaite   de    vous. 
Kile  envoie  le  s'  de  Miraumont    pour  commander  dans 
Auxonne.» 

Orig.    —    Arch.   de   Cond.'.    Communication    de    M^''  ie  duc 
d'Aumaie, 

8  octobre. 

A  M.  de  riampsan. 

«M.  le  cardinal  de  La  Valette  aiant  esté  fort  soigneux  de  faire 
sçavoir  la  dernière  action  qre  vous  av*-s  faite..  .   S.  M.  m'a 
commandé  de  vous   tesmoigner    le  gré  qu'elle   vous  en 
sçaît. . .  » 

Mina  te  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  clr.  Saxe,  I ,  pièce  119. 

Idem. 

A  M.  le  d(!C  de  Weimar. 

«  Le  roy  affectionne  vos  intérests  à  l'esgal  des  siens  propres.  " 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  etr.  Saxe ,  I ,  pièce  1  1  5. 

17  octobre. 
Anxonno. 

Idem. 

Exigences  du  duc  de  Weimar.  oEn  matière  de  traictés  {hii 
^   répond  Richelieu)  vous  trouvères  bon  que  je  vous  dise 
qu'il  lesfauU  exécuter  ponctuellement.» 

Copie,  —  Aff.  ctr.  Saxe,  I,  118. 

'    Village  (le   Pic 

ardic  ,  à  cinq  lieues  à  l'est  c 

c  Senlis. 

NON   IMPRIMÉES  DANS  LE  SUPPLÉMENT.       1023 


DATES 
cl 

LlEnX  DB  DATB8. 


1 630. 

28  octobre. 

Au  camp 

de  Demuiii. 


novombre. 


1 7  novembre. 


19  novembre. 
D'Amiens. 


2  3  décembre. 
A  N(H8y. 


7  janvier. 


2  ()  janvier. 


10  février. 


10  février. 
Oourdan. 

2 1  février. 
Versaillc|. 


févi 


SUSCRIPTION 

DBS  I-ETTItES. 


2  ï  lévrier. 


A    M.    de    Saint-Cba- 
mon'^i. 


A  M.  Tévéque  de  Mende. 

Le  roi  a  M.  de  Rorté. 
A  M.  le  Prince. 


Le  roi  à  M.  d'Avaugour, 
«allant  de  la  part  du 
roy  d  la  diettedc  Pou- 
Ion  gne.  » 


Mémoire  au  roi. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SnUFCES. 


A  M.  de  Seonelerre. 


[A  M.  de  Charnacé.] 


Le  roi  à  M.  le  marquis 
de  Saint-Cbamond 


Le  roi  au  s'  de  la  Tbuîl- 
tcric,  ambassadeur  à 
Venise. 

Lf  roi  au  s' d'Avaugour, 


Envoyer  un  Allemand  à  Ratisbonne.  —  Nécessité  de  la  bonne 
intelligence  enlrc  Suède  et  Danemark. . .  —  Le  roi  approuve 
le  voyage  de  l'ambassadcT/r  vers  le  landgrave  de  Hesse. 

Mise  au  net  devenue  minute.  —  AfF.  elr.  Suède,  IV,  fol.  3^o. 

Bleds  qui!  faut  amener  à  Nancy. 

Orig.  du  cabinet  de  M.  Girard.  Catalogue  d'atitographes  (vendus 
Ie3i  mars  1869,  El.  Charavajr). 

Récit  de  la  prise  de  Corbie. 

Copie.  —  Aff.  élr.  Suède,  IV  ,  354- 

«  L'heureux  succès  de  la  reddition  de  Corbie  >  joint  à  celuy  qui 
est  arrivé  du  costé  de  Bourgoigne,  auquel  vous  n'avés  pas 
peu  de  pari ,  remet  les  allaires  de  S.  M.  en  gran<ie  ré- 
putation. . .  » 

Orig.   —  Arch.   de  Condé.    Communication    de   M*""    le    duc 

d'Aumale. 

Longue  instruction  sur  les  négociations  de  paix  laites  à  l'ius- 
ta:.ce  du  pape;  le  roi  y  entre  voloitliers  pourvu  que  celte 
paix  soit  générale, comprenant  tous  les  intérêts  des  alliés. .  . 
Orig.  —  Aff.  itr.  Pologne.  III,  fol.  146-169. 


1637. 

Refus  que  lo  roi  doit  faire  à  Monsieur  du  gouvernement  du 
comté  nantais.  —  Riclielieu  dicte  la  réponse  que  ie  roi  fora 
au  s'  de  Cbaudebonne.  envoyé  par  son  frère. 

Minute  de  la  main  du  secrôtaire  de  nuit.  —  AfF.  étr.  France, 
de  janvier  à  mai ,  fol.  g.^Iise  au  net  de  la  main  du  m^me 
secrétaire,  fol.  3.^).  Imprimé  :  Mém.  de  IlicfieUea ,  Vllf. 
3a9-33i . 

Gagner  quelques  personnages  puissants  Hu  gouvernement 
anglais. 

Minute  J«  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  vlr.  France,  1637, 
de  Janvier  en  mai,  fol.  91 . 

«  Porter  Messieurs  tes  Estais  à  recevoir  le  landgrave  [de  Hesse] 
en  une  alliance  défensive.  Elle  leur  seroit  utile  d'autant 
qu'il  couvre  leur  pays  du  costé  d'Allemagne  » 

Minute.  —  Aff.  étr.  Hollande,  I.  XX,  pièce  i3.  —  Orig. 
•igné  du  roi ,  t.  XIX,  fol.  to5. 

Mémoire  de  diverses  affaires. 

Copie.  - —  Aff.  étr.  Allemagne,  XIV,  pièce  81. 

Mémoire  de  diverses  affaires. 

Mise    au    net.  —  Aff.    élr.  Venise,    l.    LU,  fol.  m3. 

Nouvelle  iostruclion  pour  la  mission  de  cet  envoyé  en  Po- 
logne. 

Copie.  —  Aff.  élr.  Pologne,  III ,  fol.   iSfi. 


► 


1024 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIEUX  DE  DATES. 


1637. 

Vers  le  20  mars. 


26  mars. 


[  W  avril. 


i3  avril. 

Saint-Gern:ain- 

en-Laye. 


1 7  avril. 
Versailles. 


2  1   avril. 
De  Cliarmcs. 


28  avril. 


à  mai. 
Versailles. 


1  s  mai. 
Sainl-Germain- 

cn-Layc. 

2  3  mai. 


20  mat. 
De    Uuol. 


SUSCRÏPTION 

DES  LETTRES, 


A      M.     Tambassadeur 

d'Angleterre. 


A  M.  deCItarnacé. 


Le   roi  a    M.  de  Cbar- 
iiacé. 


Le  roi  au  roi  de  Dan- 
nemarck. 


Le  roi  au  nonce  Bolo- 
gnelti. 

A  M.  le  Prince. 


A  M.  Méliand. 


Le  roi  à  M.  de  Char- 
nac(^. 


Au  marquis  de   Saint 
Chamond. 


A  M.  de  Pujols. 


(A  Pujols.] 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


Proposition  faite  par  le  roi   de  la  Grande-Bretagne   d'une 
assemblée  à  Hambourg,  pour  la  conclusion  de  la  paix. 
Minute.  —  Aff.  etr.  Angleterre,  XLVl ,  18.—  Copie  XLVIII, 

4a. 

Il  faut  que  Messieurs  les  Estats  exécutent  les  desseins  qu'ils 
ont  annoncés. 

Matiôre  de  ta  main  du  secrétaire  de  nuit,  —  Aff.  étr.  Hol- 
lande, XX,  pièce  3a".  —  Sur  ce  projtt  on  a  l'ait  une  dc- 
pêclie  ;  l'original  ,  signé  du  roi ,  est  conservé  daus  le 
XIX' vol.  de  Hollande,  fol.  lao.  —  Une  mise  au  net  ,  se 
trouvant  sans  date,  a  été  classée  à  la  fiu  du  t.  XX, 
pièce  i47- 

M.  d'Avanx  sera  envoyé  à  rassemblée  de  Hambourg,  avec  la 
proposition  du  roi. 

Orîg.  conlre-aigné  Boutbiltier.  —  .Aff.  etr.  Hollande ,  XIX , 
fol.  lia.  —  Minute,  t.  XX,  pièce  36. 

Nous  donnons  charge  à  M.  d'Avaux  de  vous  voir  selon  que  ie 
bien  des  affaires  le  requerra.  S'il  ne  pouvait  aller  vers 
vous,  nous  vous  conjurons  d'avoir  semblable  créance  à 
celui  qui  vous  rendra  la  présente. 

Orig.  —  Aff.  étr.  Danemark  ,  t.  I ,  fol.  337. 

Touchant  le  relard  des  passe-ports  pour  les  députés  à  l'assem- 
blée de  Cologne. 

Minute.  —  Aff.  clr.  Rome,  t.  LIX,  fol.  ig3. 

Reproche  fort  adouci  de  ce  qu'il  est  venu  à  Charmes  malgré 
la  prière  que  lui  avait  faite  le  roi  d'aller  en  Provence. 

Orig.  —  Arcli.  de  Condé.  Communication  de  M^^  le  duc 
d'Âumate. 

La  révolte  des  Grisons. 

Minute.  —  Aff.  étr.  Suisse,  t.  XXVHI. 

Le  roi  fera,  dans  le  pays  des  ennemis,  la  diversion  nécessaire 
aux  desseins  de  Messieurs  les  Estais. 

Orig.  —Aff.  étr.  HoUanJe,  XIX,  i48. 

Mémoire  de  diverses  affaires. 

Minute. —  Aff.  étr.  Allemagne,  XIV,  pièce  78. 

Dispositions  du  duc  d'Olivarès  pour  un  loyal  accord. 

Lettre  préparée,  do  la  main  de  Charpentier,  avec  la  signature 
B. ,  devenue  minute   à    cause  de  corrections.   —  Espagne, 

XVJII,  4a8. 

«S'il  plaisl  à  M.  ie  Comte-Duc  s'ouvrir  à  vous  des  conditions 
auxquelles  il  peuseroit  qu'on  peust  faire  une  Uonne  paix, 
ou  une  trêve  générale  de  dix  années,  cela  avanceroit  bien 
les  affaires.» 

Minute  de  la  maîu  de  CLerré.  —  Aff.  étr.  Çspagne ,  XVIII , 
435. 


NON  IMPRIMÉES  DANS  LE   SUPPLÉMENT.       1025 


LIECX  DE  DATES, 


SUSCRIPTION 

DBS   LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  80CRCBS. 


1637. 
28  mai. 


Idem. 


3o  mai. 
A  Fontainebleau 


16  juin. 


sa  juin. 
Fontainebleau. 


i5  juillet. 


Sans  date. 

[ai  juillet.^] 

Date 

mise  api  es  coup. 

3  5  juillet. 


6  aonst. 
Chaliol. 


Aux  maire  et  échevins 
de  la  ville  d'Amiens, 


Le   roi  à   M.  d'Aiguë- 
bonne. 


Le  roi  au  s' de  la  Garde, 
allant  de  la  part  de 
S.  M.  vers  le  légat  du 
pape  à  Cologne. 


Au  nonce. 


Le  roi  :  à  mon  cousin 
le      landgrave      di 
Hesse,  prince  du  S'- 
Empire. 
A  M.  de  Charnace. 


A  M.  le  mareschal  d'Ës- 
Irées. 


A  M.  de  Pujols. 


Au  nonce. 


Le  cardinal  se  plaint  de  ce  qu'ils  ont  négligea  de  faire  réparer 
leurs  fortifications,  après  avoir  reçu  les  grâces  qu'ils  avaient 
demandées  à  cette  condition.  11  les  conjure  de  faire  achever 
ce  travail  au  plus  tôt. 

Minute  de  la  maio  de  Cherré.  —  Aff.  e'ir.  France,  de  janvier 
à  mai ,  pièce  588. 

Mémoire  sur  ce  que  le  roi  fera  pour  l'eiëcution  des  projets 
de  cette  campagne,  et  ce  que,  par  contre,  doivent  faire 
les  Hollandais. 

Orig.  —  Aff.  elr.  Hollande,  t.  XIX,  fol.  \5j.  —  Mise  au 
net,  devenue  minute,  de  la  main  de  Charpentier,  t.  XX, 
pièce  60.  —  Autre  mise  au  net  do  la  n-ain  de  Cberre , 
d'après  une  première  minute ,  pièce  55  du  t.  XX. 

Instruction  ordonnant  au  s'  de  la  Garde  de  se  rendre  d'abord 
à  La  Haye  afin  de  s'entendre  avec  les  Etats  sur  l'objet  de 
la  mission  du  s*  de  la  Garde,  lequel  reviendra  vers  le 
roi  après  s'être  bien  informé  de  tout  ce  qui  se  passe  a  Co- 
logne. 

Copie  faite  sur  l'origiobl  par  le  secrétaire  de  la  le'ffatioa , 
Brasset.  —  Aff.  étr.  Hollande,  t.  XIX,  foL  i5g. 

Désir  d'une  bonne  paii  générale,  seure  et  honorable  pour 
tous  les  partis. 

Minute  de  la  main  du  secrétaire  de  nuit.  —  Aff.  étr.  Rome, 
t.  LX.  —  Une  copie,  deux  feuillets  après. 

Ordre  est  donné  de  le  faire  payer  de  ce  qui  lui  a  été  promis. 
Importance  du  ravitaillement  d'Hermestein. 
Orig.  —  Aff.  étr.  Hesse,  t.  I.  fol.  i65. 

Le  roi  transmettra  à  ses  alliés  la  proposition  faite  au  nom  du 
pape  à  Cologne;  elle  ne  pourra  pas  leur  convenir. 

Minute  de  la  main  do  Chavigni.  —  Aff.  étr.  Hollande,  XX, 
pièce  93.  —  Mise  au  net ,  pièce  91. 

Extrait  des  instructions  données  aux  ambassadeurs  extraor- 
dinaires (t  ministres  plénipotentiaires  du  roi,  pour  la 
pait. 

Mise  au  net.  -»  Aff.  étr.  Allemagne,  XIV,  pièce  109. 

Faire  connaître  que  les  difficultés  opposées  à  ia  conclusion  de 
la  paix  viennent  des  Espagnols. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Rome ,  t.  LX. 

Sur  les  passe-ports  pour  la  paix.  Sincérité  des  désirs  de  la 
France  pour  la  conclusion  d'un  traité. 

Mise  au  net  do  la  main  de  Clierré,  devenue  minute.  —  Aff. 
étr.  Espagne,  XVIII,  fol.  534. 

M.  le  Nonce  considérera,  s'il  lui  plait,  que  la  France  a  accordé 
la  liberté  des  courriers  qui  passent  par  Espap;ne  et  Flan- 
dres, afin  de  faciliter  la  paix,  tandis  que  l'empereur  et 
l'Espagne  refusent  les  passe-ports  pour  y  faire  obstacle. . 
Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  Aff.  étr.  Rome,t.LX. 


C,\nDI.\.  DE  niCIIELIRU. 


129 


1026 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


— 

DATES 

et 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIEUX  DE  DATES. 

DES  LETTRES. 

ET  SOURCES. 

E 

1037. 

c)  août. 
Chantilly. 

Le  roi  a  M.  de   Char- 
nacé. 

Mémoire  sur  les  difficultés  qu'on  apporte  aux  passe-ports  que 
le  roi  de  Hongrie  doit  donner  aux  députés  hollandais. 

Orig Aff.  plr.  Hollande,  XIX,   foL   198.  —   Un  duplicata 

«Sgaleracnt  signé  «in  roi,    fol.    ao4.   La  minute  est  mise  au 
19  aoiîl  (  faRssc  date  écrite  en  lète,  sans  doute  pour  le  clas- 
sement). XX'  vol. ,  pièce  109. 

26  août. 
Chantilly. 

Idem. 

Sentiments  du  roi  sur  les  négociations  pour  la  paix. 

Orig.  —  Aff.  ëlr.  Hollande,  XIX,  a  13.  —  Matière  de  la  main 
du  secrétaire  de  nuit,  t.  XX,  pièce  106.  Clierré  a  mis  en 

tête  :   ^  10  aoust.  a 

3i  août. 

[  A.  M.  le  cardinal  de 
La  Valette.] 

Diverses  alFaîres. 

Minute  de  la  main  de  Cberré  et  de  celle  de  Richelieu.  —  Aff. 
élr.  Pays-Bas  ,  l.  XII. 

3  septembre. 

A  M"  le  nonce  et  am- 
bassadeur de  Venise. 

«M.  l'Électeur  de  Cologne  a  annoncé  à  M"  les  Estais  que  nous 
avions  les  passeports,  et  que  nous  iesceliions.  S.  ^î.  désire 
que  vous  donniez  avis  à  Sa  Sainteté  de  cette  marque  de 
mauvaise  foi.  ». 

Minute  de  la  main  de  Chcrré.  —  AIT.  étr.  Roae,  t.  LX. 

5  septembre. 

A  M.  le  marcschal  d'Es- 
trées. 

Intrigues  des  Espagnols  à  Cologne. 

Mise  au  net AIT.  étr.  Rome ,  t.  LX. 

6  septembre. 

A  M.  de  Pnjol». 

Conditions  pour  que  la  paix  soit  durable. 

Mise  au  net  de  la  main  deCherré,  devenue  minute.  —  .AIT.  étr. 
Espagne,  XVIII,    645. 

I(km. 

A  M.  de  Ch,irnacé. 

Diverses  affaires. 

Minute  de  la  main  de  Chcrré.  —  hS.   ctr.   Hollande.  XX, 
pièce  1 i5. 

28  septembre. 

A  M.  de  Savoie. 

Bonnes  dispositions  de  Richelieu  pour  la  maison  de  Savoie. 
Minute  de  la   main  de  Chcrré.   ■ —  Aff.  ctr.  Turin,   t.  XXV, 
fol.  35i. 

3o  septembre. 

A  M.  d'iîstampes  de  Va- 
lençay. 

Comment  il  doit  soutenir  à  La  Haye  les  intérêts  de  la  France. 
Minute  de  la  main   de   Cberré.  —  Aff.  élr.  Hollande,  XX, 
pièce  119. 

6  octobre. 

[A  M.  de  Noyers?] 

La  victoire  de  Leucate. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Espagne  ,  XVIII, 
661. 

1 0  octobre. 

Pour  le  mareschal  d'Es- 
trées. 

Boune  intention  et  maladresse  du  général  des  Jacobins  au 
sujet  de  la  paix. 

Matière  de  la  main  du  secrétaire  de  nuit.  —  Aff,  ctr.  Rome, 
t.  LX. 

16  octobre. 
A  Versailles. 

A  l'ambassadeur  d'An- 
gleterre. 

Louis  XIII  fait  remercier  le  roi  de  la  Grande-Bretagne  de 
n'avoir  pas  voulu  se  mêler  du  raccommodement  de  S.  M. 
avec  la  reine  sa  mère,  «l'affaire  estant  particulière  et  do- 
mestique.» 

Minute  delà  main  de  Bullion. — Aff.  étr.  Angleterre,  l.  XLVl, 
fol.  334. 

NON  IMPRIMÉES  DANS  LE   SUPPLÉMENT.        1027 


DATES 
et 

SUSCRIPTION 

A.NALYSES  DES  LETTRES 

LIBU^   OC  DATES. 

DES  LETTRES. 

ET  S0FRCE5. 

1037. 

' 

. .  .  Octobre. 

Dépescbe  à  M.  le  ma- 
reschal  De»  Trez  '. 

Les  succès  des  armes  du  roi  ne  l'empêcheront  pas  de  faire 
toutes  les  concessions  pour  la  paix. 

Mise   au   net  de  la   main   du  secrétaire  de   uull.  —  Aflf.  éir. 
Rome,  t.  LX. 

...Octobre. 

A  M.  d'Estampes. 

Savoir  la  véritable  pensée  du  prince  d'Orange  sur  la  conclu- 
sioa  de  la  paix. 

MÎDQte  de  la  main  du  secrétaire  de  nuit  et  de  celle  de  Cherré. 
—  Aff.   élr.   Hollande,   t.   XX,  pièce  ia5.  —Mise  au  net 
de  la   dépêche  faite  sar  cette  minute.  Même  ms,  pièce  133. 

. .  .Octobre. 

A    M.   le    prince    d'O- 
range. 

On  lui  demande  pour  M.  d'Estampes  la  même  confiance  qu'il 
accordait  à  M.  de  Charnacé. 

Minute  de  la   main   du  secrétaire   de  naît.  —    AIT.  ctr.   Hol- 
lande, XX,  pièce  iiS. 

3  norembre. 

A  M.  de  Pujols. 

Négociations  pour  la  paix. 

Mise    au   net   de    la   main   de  Cbcrré.    —  Aff,   étr.  Espagne, 
XVIII,  foL55a. 

6  novembre  ', 

Au  roi. 

Diverses  affaires. 

à  4  heures 
[du    matin]. 

Minute  de  la  main  du  secrétaire  de  nuit.  —  Aff.  étr.   France, 
d'août  en  décembre  i628,  fol.  43 1. 

1 2  novembre. 

Saint-Germain- 

en  Lave. 

A  M.  d'Avaux. 

Mémoire  de  diverses  affaires. 

Mise  au  net.  —  Aff.  ctr.  Allemagne,  XIV,  pièce  lao. 

26  novembre. 

A    M.    le   prince   d'O- 
range. 

cM.  d'Aigueberre ,  envoyé  ea  Hollande,  fera  cognoistre  à 
V.  A.  comme  S.  M.  secondera  vos  bons  desseins...    de 
noslre  costé  on  n'oubliera  aucune  chose  pour  contraindre 
les  ennemis  de  venir  à  une  bonne  paix.» 

Mise   an   net  do    la   main  de  Cberré.  —   Aff.   cir.  Hollande  , 
XVIii,  fol.  587. 

[Vers  ia  fin 

de  novembre  *.  ] 

Ruel. 

Pour  M.  de  Chavigni. 

cLes  quatre  bagues  que  vous  m'avés  envoyées  ne  sont  ny 
belles  ny  propres  pour  fairt*  présent,  et  le  prix  n'en  est  pas 
raisonnable..  .  Dites  à  M.  de  Bullion  qu'il  est  à  propos  de 
secourir  Monsieur  flans  sa  petite  nécessité.  —  Je  suis  bien 
aise  que  le  traittc  de  M.  de  Vauseberg  soit  achevé.  —  Vous 
pouvés  dire  a  d'Estrades  que  le  roy  le  veut  envoier  en 
Hollande. , .  —  Faites  que  le  présent  qui  luy  est  destiné 
soit  presl.» 

Orig.  —  Aff.  étr.  France,  t.  VL  (CollectioD  verte.  ) 

I^Ver» 
le  7  décembre  *.] 

Instruction  pour  le  s' de 
VignoUes. 

Il  s'agissait  de  décider  Madame  à  renvoyer  le  P.  Monod. 

Minute.  —  Aff.  élr.  Turin,  t.  XXV,  fol.  58o. 

'    Ce  titre  est  (i 

'  Cette  date  est 
qoi,  on  a   classé  f 

'   La  date  inaoc 
lettre  a  dû  être  éei 

*  PoarUdtle, 

la  main  de  RichelieD  ,  qui 
écrite  aa  dos  par  Cherrë  î  ce 
aulivement  la  pièce  à  ladite  a 
ue,  mais  les  pouvoirs  de  M 
-ite  un  peu  auparavant. 
qne  ne  donne  point  le  ms.  v 

écrit  toujours  ainsi   le  nom  du  maréchal. 

sendantfle  millésime  i638  se  trouvant  i  la  marge,  mis  je  ne    sais  par 
nnéc 
d'Estrades  pour  la  Hollande  lui  furent  envoyé»  le  a   décembre.    Cette 

oy.  la  note  i  de  la  p.   1069  de  notre  V*  vol- 

lag. 


1028 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 


LIBDX   DE  DATES. 


1037. 

1 1  d<5cembre, 

Sai  nt- Germai  n- 

en-Laye. 


a/i  décembre. 


2  h  décembre. 
Sainl-Germain- 

en-Laye. 

28  décembre. 

Saint-Germain- 

en-Laye. 


Du  dernier 
décembre  ^ 


.  .  Décembre. 


Jdcj 


SUSCRIPTION 

DES   LETTHES. 


Le  roi  a\i  duc  de  Rohan. 


A  M.  le  nonce. 


Au  marcschaî  d'Estrées. 


Mémoire  pour  M.  d'A- 


pou 


A  M.  Mazarin. 


Au     cardinal    Antoine 
Barberini, 


Au  pape. 


Mémoire    jwur    M. 
Nonce. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


Au  sujet  de  la  demande  que  le  duc  de  Rohan  avait  faite  de 
se  rendre  à  Venise. 

Original  signé,  devenu  minute,  le  carJioal  ayant  écrit  dcus 
lignes  après  la  signature.  —  Aff,  étr,  Venise,  t.  LU, 
fol.  i3o.  —  La  date  du  i^  écrite  en  tête  par  Ghorré  rit 
sans  doute  celle  du  départ  de  la  lettre  refaitf^. 

Nouvelle  déclaration  que  ce  n'est  pas  la  faute  du  roi ,  mais 
celle  de  TEspagne,  si  rassemblée  de  Cologne  ne  peut  se 
réunir. 

Minute.  —  Aff.  étr.  Rome,  t.  LX. 

«Le  roy  accepte  bien  volontiers  la  proposition  du  pape  d'une 
trêve  et  suspension  générale  de  longue  durée.» 

Copie.  —  Aff.  étr.  Allemagne,  XIV,  pièce  ia6. 

Au  sujet  des  pouvoirs  des  ambassadeurs  des  rois  de  Hongrie 
et  d'Espagne;  et  du  traité  à  conclure. 

Copie.  —  Aff.  étr.  Rome,  t.  LX.  (Quelques  phrases  ont  étc 
arrangées  poor  les  Mémoirca  de  Richelieu.  ) 

Continuation  des  affaires  traitées  dans  les  précédentes  dé- 
pêches adressées  à  M.  d'Avaui. 

Mise  au  net.  —  Âff.  ctr.  Allcmaguc ,  XIV,  pièce  131. 

Au  sujet  du  présent  destiné  au  cardinal  Antoine  Barberîni. 

Minute  de  ta  main  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Roare,  t.  LX. 


On  lui  envoie  un  présent  de  la  part  du  roi. 

MÎDDte  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Rome, 


LX» 


«Très  Saint-Père,  je  croirais  manquer  à  mon  dcbvoir,  non 
comme  ministre  du  roy,  mais  comme  très-humble  sen-iteur 
de  V.  S.  si  je  ne  luy  représentoîs  bien  particulièrement 
tout  ce  qui  s'est  passé  au  sujet  de  la  nunciature  do  France 
et  de  M.  Mazarini,  et  les  raisons  qu'a  S.  M.  de  supplier 
V.  S-  de  le  vouloir  envoier  nonce  près  d'elle.. .  ■ 

Copie.  —  Aff.  clr.  Rome,  t.  LX.  (Classée  à  la  fia  de  l'année. } 

Pour  éviter  toute  difficulté  on  envoie  à  M  le  Nonce  la  copie 
du  passe-port  que  M"  des  Estais  de  Hollande  désirent  du 
roi  d'Espagne..  .  Quant  aux  envoyés  du  landgrave  de 
Hesse  et  du  duc  de  Wcimar,  ils  [pourroient  estre  quali- 
fiés mandatos].  (Ces  derniers  mots  t'crils  par  Richelieu.) 

Minute  de  la  main    de   Cherré.  —  Aff.  étr.  Alleroagno,  XIV, 
pièce  i3Ô. 


'    La  pièce  n'est  point  datée.  Au  dos  de  la  feuille  ou  lit  :  «dernier  décembre,  ■  mais  cette  annotation  pourrait  se  rap- 
porter à  une  autre  lettre, 

^  Comme  pour  la  lettre  à  Mazarin ,  le  ms.  indique  la  date  de  décom|ji'e  sans  quantième  et  qui  semble  mise  au  hasard. 
Dans  le  mois  de  mars  de  cette  nnnéc  1637,  le  roi  avait  désigné  le  cardinal  Antoine  Barberini  comme  protecteur  de 
France  à  Rome.  Cédant  à  l'opposition  que  firent  les  Espagnols  à  cette  nomination,  le  roi  ne  laissa  pas  d'en  envoyer  le 
brevet  au  cardinal  Antoine  pour  exercer  la  charge  lorsqu'il  y  serait  autorisé  par  Sa  Sainteté.  (Afcm.  de  ïiicheliea , 
t.  X,  p.  67  et  suiv.  )  Serait-ce  ù  l'occasion  de  cette  promotion  qu'ua  présent  fut  envoyé  au  cardinal  AiUoine  ? 
^  '  La  date  manquant ,  on  a  classé  la  pièce  à  la  fin  do  1687. 


NON  IMPRIMEES   DANS  LE   SUPPLEMENT.        1029 


DATES 


LIECX  DE  DATES. 


SLSCRIPTION 


DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET    SOURCES. 


ic  janvier. 

Saint- Germain- 

en-Laye. 

iH  janvier. 
29  janvier. 


Vers  la   iîo 
de  janvier. 

Commencement 
âv  février. 


3  3  février. 


Fin  de  féyrier.  J 


f  Février  ?  ] 


.1  mars. 
A  Chanlilly. 


7   mars. 


8  mars. 


1 3  mars. 
De  Rucl. 


Le  roi  a  fambassadeur 
de  Venise. 


A  M.  de  Parme. 
(A  M.  dePujols.] 

Mémoire  à  M.  d'Avaux. 


Mémoiri^  envoyé  au  roi , 
pour  parler  au  com(r 
de  Cumiane. 

.\  M.  le  Prince. 


Instruction  pour 
M.  d'ÏIarcourl,  lieu- 
tenant générai  du  roî 
en  son  armée  navale 
du  Lcvanl. 

A  M.  l'ambassadeur  de 
Venise. 


MiMuoire     a    M.    d'Es- 
tampes. 

Mémoire  à  M.  d'Avaux 
Note  |M)ur  ie  roi. 


A  M.  le  Prince. 


1638. 


Au  sujet  des  passe-ports  pour  Cologne. 

Copie  d'uD  original,  i'igné  LoDÏs  et  coutre-siguc  Boutliillicr. 
—  Aff.  étr.  Venise,  LU  ,  foL  i3l.  —  Minute  de  l.i  maÎD  Je 
Chavigni,  avec  quelques  différences,  fol.  i3a. 

Projet  d'un  accommodement  proposé  par  les  Espagnols. 

Mise  au  net  do  la  main  de  Cherrc.  —  Aff.  élr.  Parme ,  t.  L 

Réponse  à  ses  lettres  du  17  et  i8  décembre  (1637). 

Mise  au  net  de  la  tuaio  de  Cherré.  —  Aff.  élr  Espagne  ,  XIX , 
foL  5. 

Sur  le  renouvellement  du  traité  avec  la  Suc  le. 

Mise  au  net.  —  Aff.  élr.  Allemagne,  XIV,  pièce  laa. 

Sur  le  renvoi  du  P.  Monod  par  la  duchesse  de  Savoie. 

Copie  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Tnrîn  ,  XXVI , 
pièce  17". 

Le  roi  désire  que  Mazarin  soit  envoyé  en  qualité  de  nonce  à 
Paris. 

Original  avec  ciclicls.   —  Aff.  étr.  Rome,  t.  LXIII ,  fol.  70. 

Expédition  en  Barbarie. 

Miîw  au  net.  —  Aff.  étr.  Espagne,  t.  XIX  ,  197. 


Diflicultés  au  sujet  des  passe-ports  pour  Cologne. 

Minute  de  la    main    de    Cherré.    —    ,Aff.    étr.  Venise,   LU, 
foL  i36. 

Avertir  M.  le  prince  d'Orange  qu'il  y  a  un  homme  à  Bruxelles 
(jui  donne  au  cardinal  des  avis  secrets. 

Mise  aa  net.  —  Aff.  étr.  Hollande,  XX  ,  pièce  i6i. 

Finir  l'aflàîre  de  la  rectification  du  traité  de  Wismar. 
Mise  au  Dft.  —  Aff.  étr.  Allemagne,  t.  XV,  pièce  6. 

Le  roî  avait  écrit  le  7  mars  au  cardinal,  au  sujet  d'un  paquot 
à  expédier  en  Espagne;  fallaît-ilou  non  l'envoyer .''  Hiche- 
lieu  explique  qu'on  le  peut  envoyer  sans  inquiéter  nos 
alliez. 

Mise  an  net  do  la  maîn  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Espagne,  XIX  , 
fol.    96, 

oj'ay  prié  M.  de  Noyers  de  vous  aller  trouver  pour  vous  pro- 
poser une  affaire  qui  est  extresmemcnt  importante.  Je  vous 
suplic  d*y  faire  la  considération  que  le  service  du  rov  et  le 
soulagement  de  nostrc  gouvernement  requièrent.» 

Orig.   —    Arch.    de    Condé.    Communication    de   Mf  !«  duc 
tJ'Aamale. 


10^0 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 


IIEDX  DE  DATES. 


SLSCUIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  50CBCES. 


1038. 
1 9  mars. 
De  Rucl. 


Idem, 


•a  3  mars. 


5  avril. 


i  avril. 
Ruel. 


là  avril, 
huel. 


Vers  !e  i5  avril. 


2  2  avril. 
De    Ruci. 


A  M.  ïc  Prince. 


A  M.  d'Avaux. 


A  madame  de  Savoie. 


[A  M.  d'Hëmery.] 


Instruction 
pour  M.  d'Estrades, 


Mémoire  envoyé  au  ma- 
rcschal  d'Estrées. 


nUesponsc  au  mémoire 

f>résenté  au  roy  par 
e  s'  Forbais,»  en- 
voyé du  roi  de  Po- 
logne. 

A  M.  le  Prince. 


[A  M.  dePujols. 


A  M.  ie  Prince. 


«Vous  failcs  estât  d'aller  en  Bourgoigne  avant  de  partir  pour 
la  Guyenne;  vous  fert's  un  extrcsme  plaisir  au  roy  d'aller 
tout  de  suite  en  Guyenne,  où  les  affaires  pressent  de  telle 
sorte  que  vous  ne  sçauriés  partir  trop  tosl.  » 

Orifç.    —    Arch.    de    Condc.    CommunicatioQ    Je  M*''    le  duc 
d'Aumalc. 

Négociations  avec  la  Suède  en  Allemagne. 

Mise  au  net.  —  AfT.  ptr.  Allemagne  ,  XV,  pièce  la. 

Félicitations  sur  Téloignement  du  P.  Monod. 

,^Jin^ltp  do  ia    main   du  secrétaire  de  nuît.  —  Aff.  étr.  Turin  , 
t.  XXVI,  pièce  39. 

Ricliclîeu  lui  envoie  copie  de  la  lettre  qu'il  écrit  à  la  duchesse 
de  Savoie. 


Minute   de  la    main  de   Clierré.  ■ 
pièce  Âo. 


Aff.   étr.    Turin,  XXVI, 


Diverses  affaires  pour  lesquelles  le  roi  renvoie  M.  d'Estrades 
en  Hollande. 

Minute  i  main  du  secrétaire  de  nuit.  —  Aff.  étr.  Hollande, 
t. XX,  pièce  i65.  —  Une  mise  au  net  de  la  dépéclie  faite 
sur  cette  minute  est  cotée  pièce  167. 

La  paix  ou  une  trêve  générale.  —  Sur  l'envoi  des  députés 
à  la  future  assemblée  de  Cologne.  —  Affaires  diverses. 

Copie  [une  partie  a  été  arrangée  pour  les  Mémoires  de  Ri- 
chelieu). —  Aff.  Mr.  Rome,  t.  XLIII ,  fol.  i)3.  ~  Un  se- 
cond  mémoire  sur  le  même  sujet ,  daté  du  ao  avril ,  et  écrit 
comme  l'autre  de  la  main  d'un  commis  des  Affaires  étran- 
gères, est  coté  lij. 

C'est  toujours  la  question  des  passe-ports  pour  les  députés 
qui  doivent  être  envoyés  à  l'assemblée  de  Cologne;  cette 
qilestion  était  devenue  presque  européenne. 

Copie.  —  Aff.  étr.  Pologne,  III,  fol.  4^4.  —  Une  seconde 
copie,  fol.  436. 

«M.  d'Esclaux,  mon  confesseur,  s'en  va  en  Guyenne  pour  ses 
affaires  particulières  ;  je  l'ay  chargé  de  vous  asseurer  de  la 
continuation  de  mon  affection  '.» 

Orig.  —  Arch.  de  Condé.  Communication  de  M''  le  duc 
d'Âumale. 

Sincérité  de  la  France  dans  le  désir  de  la  paix. 

Mise  BU  net  de  la  main  de  Cherré  ;  quelques  mots  de  Richelieu. 
—  Aff.  étr.  Espagne,  l.  XIX,  fol.  70. 

Le  s'  du  Plessis  Besançon,  à  qui  le  roi  a  donné  un  emploi 
dans  son  armée  de  Guyenne ,  va  vous  trouver;  «aiant  beau 
coup  d'intelligence  et  d'affection,  je  ne  doute  point  qu'il 
ne  serve  à  vostre  contentement.» 

Orig.— Arch.  de  Condé.  Communication  de  M^'lc  duc  d'Aumale. 


Il  moui-ut  le  7  octobre  de  la  même  année. 


NON  IMPRIMl^.ES  DANS  LE  SUPPLÉMENT.       1031 


LIEVX   DK  DATES. 


SUSCRIPTION 

DBS   LBTTBES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES. 


163S. 
2  mai. 


6  mai. 


7  mai. 


8  mai. 
De  Compiègne. 


3  mai. 


9  mai. 
De  Compiègne. 


I  o  mai. 
A  Compiègne. 


Idem. 


i  Vers  ! 


ers  fa  mi-mai. 


A  M.  de  Brézé. 


A  M.  de  Chavigni. 


A  M.  d'Avaux. 


Instruction  pour  M.  de 
Cbavigui. 


A  AI.  d'Estampes. 


A  M.  le  Priocc. 


A  M.  de  Cbavigni. 


Idem* 


«...  Mon  frère ...  la  principale  tasche  que  l'on  vous  donne  est 
de  vous  opposer  au  passage  de  Picolomini...  » 

MÎDUlc  'Je  la  maio  de  Chcrré.  —  AIT.  étr.  Pays-Bas  «  t.  XIIL 

Sur  rarrivée  de  Michel  de  Salamanca. 

Minute  de  la  mato  de  Chcrrc.  —  Aff.  élr.  Espagne,  XIX  ^ 
foL  09. 

Satisfaction  de  Richelieu  pour  le  traité  passé  avec  les  mi- 
nistres de  Suède. .  .  «  Contentement  que  j*ay  de  cognoistre 
de  plus  en  plus  l'adresse  de  vostre  esprit ,  bieu  nécessaire 
en  de  telles  rencontres.» 

Miaule  de  la  main  de  Chorrc.  — ■  AIT.  clr.  Allemagne,  t.  XV. 

Précautions  à  prendre  dans  l'entrevue  avec  Salamanca. 

Minute  de  la  main  de  Citoyt  et  de  celle  de  Richelieu.  —  AIT. 
étr.  Espagne,  XIX,  fol.  lOQ.  —  Une  mise  au  net,  di.^  la 
main  de  Chcrré,  cotée  to4* 

Marche  des  armées  du  roi. 

Minute  de  la  maio  de  Cherrê.  —  Aff.  étr.  Hollande,  l.  XX, 
pièce  181. 

Approbation  de  sa  conduite. 

Orig.  —  Arcl).  do  Condé.  Communication  de  M>'  le  due 
d'Aumale. 


«Le  roy  a  jugé  qu*il  peut  y  avoir  des  inconvénicns  à  voir  Sala- 
manca ,  mais  beaucoup  plus  à  ne  le  voir  pas.  n  Disposer  tout 
de  manière  à  tenir  l'entrevue  la  plus  secrète  possible. 

Original  sans  signature,  de  la  main  de  Chorré. —  Aff.  élr. 
Espagne,  t.  XIX,  fol.  118.  —  Minuta  do  la  maîn  de  De 
Noyers,  fol.  iio. 

•  Aussytost  avoir  receu  vostre  billet,  je  l'ayfaict  voir  au  roy, 
qui ,  après  avoir  leu  ce  que  vous  a  <Uct  le  pèlerin  estran- 
ger,  a  trouvé  bon  qu'il  passast  par  icy  et  que  je  le  visse 
ainsy  qu'il  te  désire. . .  * 

Minute  de  la  maïn  de  De  Noyers.  —  Aff.  étr.  Espagne,  XIX, 
fol.  111.  —  L'original  de  ia  main  de  Cherréf  signé  du  car- 
dinal ,  fol.  iiS. 


Pour  M.  de  Chavigny. 


Pour  M.  l'Archcvesquc 
de  Bordeaux. 


A  M.  d'Hémery. 


Mémoire  pour  traiter  avec  Salamanca. 

inutc   de  la  maîa  de   Cîtoys  et  de  ( 

moti  de  Richelieu.  —  Aff.  élr.  Espagne,  t.  XIX 


Minute   de  la  maîa  de   Cîtoys  et  de  celle  de  Cherté  ;  quelques 
■-■■■■  "    ■      -  "■■',  fol.  lia. 


Instruction  pour  M.  de  Bordeaux  qnî  commandera  l'armée 
navale  du  Ponant. 

Mise  au  net.  Aff.  étr.  Espagne,  t.  XIX,  201. 

Faire  le  procès  à  Monteil,  «tirer  les  plus  authentiques  dépo- 
sitions contre  les  conjurés.  .  .  » 

Minute  de  la  main  de  Cliavigni.  —  Aff.  étr.  Turin  ,  t.  XXVI , 
pièce  78. 


1032 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIEUX   DB   DATES. 


SUSCKIPTION 

DES  L6TTBES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   SOURCES. 


1058. 

16  mai. 

De  Compiègne. 


1 6  mai. 


20  mai. 
Compiègne. 


Idem* 


Idem. 


h  juin. 


7J" 


Idem- 


Idem. 


Au  mareschal  de  Brézé. 


A  M.  d'Estampes. 


Mémoire  au  s' du  Hous- 
say,  conseiller  du  roy, 
son  ambassadeur  à 
Venise. 


Mémoire  a  M.  le  car- 
dinal de  La  Valette  et 
au  s'  d'Hëmery. 

Mémoire  au  s'  de  la 
Thuillcrie,  ambassa- 
deur du  roy  à  Mail 
toue;  et  au  s'  de  La 
Tour,  mareschal  de 
camp  es  armées  de 
S.  M. estant  aussy  de 
la  part  de  S.  M.  au 
dit  lieu. 

[AM.  deCbâtillon?] 


A  M.  d'Auxerre. 


Au  général  des  galères. 


A  M.  le  comte  d'Alletz , 
gouverneur  de  Pro 


uMoQ  frère...  je  désire  plus  que  je  ne  sçaurois  vous  le  re- 
présenter que  vous  faciès  cette  année  quelque  chose  qui 
esgale  ce  que  fit  M.  de  Chastillon  l'an  passé...  » 

Minute  de  la  main  de  Clierré.  —  Aff.  clr.  Pays-Bas  *  t.  XIII 
(□on  cote). 

Le  nonce  qui  est  en  France,  «imbu  des  intentions  des  Es- 
pagnols ,  »  a  proposé  de  nouveau  la  suspension  et  la  trêve. . . 
tentative  pour  séparer  le  roi  des  Hollandais  et  de  ses  alliés. . . 

Miiinte  de  la  main  de  Cherrc.  —  AiT.  f^lr.  Hollande,  t.  XX, 
pièce  183.  Mise  an  net  de  la  maia  d'un  commis  des  Aff. 
étr.  avec  la  date  du  18  à  Corapiègnc. 

11  serait  bon  que  la  ré|iubllque  renforçât  les  troupes  qu'elle  a 
dans  l'État  de  Mantoue. 

Mise  au  net  de  la  main  d'un  commis  de  Cbavigoi.  —  AIT.  clr. 
Venise,  LU,  fol.  iSy.  —  Imprimée:  Mém.  de  Hicheiiea  , 
X ,  p.  37g  et  suiv. 

Ne  pas  encore  publier  la  trahison  de  la  duchesse  de  Mantoue. 

Mise  au  net.  —  Aff.  étr.  Tunn ,  XXVI,  pièce  igS  (mal  cU»- 
icc  au  la  août). 

Conduite  à  tenir  à  l'égard  de  la  duchesse  de  Mantoue  en  ce 
qui  concerne  le  complot  de  Casai. 

Mise  au  net,  —  Aff.  étr.  Mantono,  t.  V,  pièce  167.  La  pièce 
a  été  arrangée  pour  les  Mém.  de  Hicheîiea .  t  VIII ,  p.  737 
du  ms.  t.  X  de  l'éd.  Petitot. 


«J'envoie  ce  gentilhomme  pour  sçavoir  l'estat  de  vostre  ar- 
mée. .  .  » 

Minute  de  la    main  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Pays-Bai ,  t.  XIII. 

«C'est  beaucoup  estimer  vostre  personne  que  de  vous  croire 
capable  d'estre  en  une  mesme  quaUlé,  en  une  armée,  où 
j'ay  pris  plaisir  à  Corbie  d'estre,  c'est-à-dire  c liasse-avant. 
Pour  mériter  ce  tiltre.  .  .  il  fault  faire  faire  en  un  jour, 
par  sa  diligence,  ce  qui  d'ordinaire  ne  se  faict  qu'en  deux 
ou  trois.  Au  nom  de  Dieu ,  hâtés  les  travaux  ,  quoy  (|u'ils 
puissent  couster. . .  pressés  le  s'  de  Chaslillon  d'avancer 
son  attaque. . .  » 

Minute  de  la  main  de  Citoys.  —  Aff.  étr.  Pays-Bas,  t.    XIH 

Richelieu  se  plaint  de  la  conduite  de  son  neveu;  il  l'avertit 
qu'il  faut  que  l'avenir  rachète  le  passé. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Pays-Bas ,  t.  XIII. 

.  .  .  Quoique  l'armée  navale  des  ennemis  ne  soit  pas  très- 
puissante,  Richelieu  recommande  au  comte  d'Afietz  de 
mettre  un  tel  ordre  dans  son  gouvernement  qu'il  ne  puisse 
pas  être  surpris  par  un  débarquement. 

Minute  de  la  main  de  Cberré.  —  Aff.  étr.  Pays-Bas,  t.  XIII. 


NON  IMPRIMÉES   DANS  LE   SUPPLÉMENT.       1033 


DATES 


LIEUX   DB  DATES. 


SUSCRlPTlOlV 
CBS  LETTRES. 


1638. 
9  jui». 

]  3  juin. 


Iden 


»7  J" 


3 1  juin. 

[ai  juin.] 

a  a  juin. 


25  juin. 
Saint- Germain- 

en-Laye. 

. . .  Juin, 
Saint-Germain- 

en -Lave. 


i"  juillet. 


Au  mareschal  de  Brézé. 


Au  mareschal  de  Cha»- 
tillon. 


A  M.  de  La  Force. 


Idem, 


A  M.  du  Hdlier. 


Idem. 


A  M.  d'Auxcrre. 


A  M.  d'Estampes. 


Mémoire  au  s'  rlc  la 
Thuillerie. 

A  Messieurs  les  consulz 
et  conseillers  de  la 
ville  de   Strasbourg, 


[A  M.  de  Brézé.] 


AN,\LYSES  DES  LETTRES 

F,T  SOVRCES, 


Sur  Tétat  de  son  armée. 

Minute  de  la  main   de  Citoys  et  de  celle  do  Cbcrrc,  —  Aff. 
étr.  Pays-Bas,  t.  XIII. 

Le  secours  qui  est  entré  dans  Saint-Omer  ne  doit  pas  décou- 
rager du  siège. . .  Le  roi  désire  avec  telle  passion  la  prise 
de  cette  ville,  qu'il  se  rendra  luï-mérae  à  l'armée  si  sa 
présence  est  nécessaire. .  .  «On  ne  sçauroit  manquer  cette 
entreprise  sans  perdre  les  affaires  da  roy;  il  y  va  plus  du 
vostre  qu'on  ne  sçauroit  vous  le  représenter,  m 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  ÂfT.  cir.  Pays-Bas,  t.  Xili. 

En  lui  rappelant  «l'accident  arrivé  à  M.  de  Chastillon,»  Ri- 
chelieu l'encourage  et  lui  fait  espérer  Tassistance  du  roi 
en  personne. 

Minute  de  la  main  de  Cherrc.  —  kÏÏ.  étr.  Pays-Bas,  t.  XIII, 

au  verso  du  foutllet  où  est  la  lettre  précédente. 

Félicitations  de  son  activité,  «et  de  ce  qu'à  8o  ans  vous  aies 
la  mesme  verdeur  et  les  résolutions  aussi  généreuses  que  si 
vous  n'en  aviés  que  quarante. .  .  » 

Minute  do  la  main  de  Cherré  et  de  celle  de  RichcHcu.  —  AIT. 
élr.    Pays-Bas,  t.  XIH. 

Eloge  de  la  diligence  et  du  soin  qu'il  apporte  dans  le  service 
du  roi.  —  S.  M.  est  très-salis faite  de  tous  ceux  qui  la  ser- 
vent, mais  i!  lui  reste  à  dtsirer  un  peu  plus  de  promptitude 
dans  les  exécutions. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Pays-Bas ,  t.  XIII. 

Plainte  des  lenteurs  de  M.  de  Cliastillon. 

Minnle  de  la  main  de  Cherré.  —  ÂfT.  étr.  Pays-Bas ,  t.  XIII . 


Même  sujet. 

Minute  de  la  main  de  Cherré. 


Aff.  étr.  Pays-Bas,  t.  XIII. 


Malgré  tous  les  artifices  des  Espagnols,  «ny  paix  ny  trêve  ne 
se  fera  que  conjoinctemenl  avec  les  confédérés.  .  .  » 

Miuute  do  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  HoIIiude ,  t.  XX, 

j)ièce  i86. 

Mauvaises  intentions  de  la  duchesse  de  Mantoue. 

Mise  an  net.  — ~  Aff.  étr.  Mantouo,  t.  V,  pièce  178. 

■  Messieurs,  la  lettre  que  le  s'  de  Lisle  m*a  rendue  de  vostre 

S  art  est  sy  pleine  oe  courtoisie  et  d*affection  en  mon  en- 
roit,  que  je  ne  puis  le  laisser  retourner  en  vos  quartiers 
sans  vous  tesmoigncr  par  celle-ci  le  ressentiment  que  j'en 
ay   .  .  B 

Orig.  — ;  Arch.  de  la  ville  de  Strasbourg.  —  Imprimée  :  Do- 
cumeatt  historùjatê .  .,  publiés  par  M.  de  Xintiingcr,  maire 
de  celte  ville. 

Richelieu  le  félicite  de  sa  résolution  d'entreprendre  quelque 
chose  d'important. 

Mîautede  la  maio  de  Cherré.  —  Aff.  étr.   Pays-Bas,  t.  XIII. 


CARDIN.  DE  RICHELIEU. VII. 


i3o 


1034 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 
et 

LIB0X  DE  DATES.. 


1638. 
7  juillet. 


1  (x  juillet. 


Idem, 


\lx  juillet. 

Sainl-Germaiu- 

en-Laye. 


1 6  juillet. 

Saint-Germain- 

en-Lave. 


17  juillet. 


k  août. 
Abbe\ille. 


7  août 
Abbeville. 


8  août. 
Abbeville. 


'  La  snacription 
lettre. 


SUSCRIPTION 


DF.S  LETTRES. 


A  M.  le  Prince. 


A  M.  le  dac  de  Weimar. 


Le  roi  aux  mariîcliaux 
de  Chastillon 
et  de  La  Force. 


Mémoire    au 
Thuillerie. 


de   la 


A  M,  de  Brézti. 


A   ^^  d'Estampes, 


Le  roi  au  s' d'Avaux. 


Aux  marescbaux  de 
Chastillon  et  de  La 
Force. 


ANALYSES  DES  LETTBES 

ET  S0UBCE5. 


Compliments  sur  Theureux  commencement  de  sa  campagne  : 
«J  espère  de  vostre  prudence,  de  vos  soins  et  de  vostre 
diligence,  que  la  fin  y  correspondra...  Tout  va  bien, 
grâces  a  Dieu.» 

Orig.  —  Arch.  de  Condé.  CommQ  ni  cation  de  M^"^  ]e  duc 
d'Anmale. 

L*cnvoy  de  M.  de  Turenne  vers  V.  A.  luy  fera  voir  le  soin 
qu'on  a  de  fortifier  vostre  armée. . . 

Minute  de  la  main  de  Chcrré.  —  Afl",  étr.  Saxo  ,  II ,  pièce  38. 

oj'ay  sceu  que  maintenant  que  la  peste  est  à  Lyon  vous  av6s 
quelque  pensée  d'assister  vous  mesmeles  malades. . .  Vostre 
complexion  estant  foible  comme  elle  est ,  vous  forés  beau- 
coup plus  de  les  faire  assister  par  des  personnes  que  vous 
deslinerés  à  cette  fin,.  .  Dieu  verra  vostre  intention,  et 
les  malades  l'etTet  de  vostre  charité  plus  efficacement  em- 
ployé pour  eux. .  .  » 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  ~  Âff.  étr.  Saxe ,  II ,  fol.  38  v^. 

Mes  cousins,  les  nouvelles  que  m'a  apportées  Pagan  m'ont  bien 
surpris ,  je  ne  devois  pas  m'y  attendre.  (  La  levée  du  si'^ge  de 
S*-Omer.) 

Copie.  —Aff.  clr.  Pays-Ba»,  t.  XIII. 

S.  M.  se  tient  extrêmement  offensée  du  procédé  de  la  du- 
chesse de  Mautoue  par  rapport  à  Casai.  .  .  Si  elle  ne  change 
pas  de  conduite,  l'ambassadeur  quittera  Mantoue  et  s'en 
ira  à  Venise. 

Mise  au  net.  —  Aff.  éir.  Mantoue,  V,  pièce  i85. 

Au  sujet  du  commandement  qui  lui  est  confié. 

Minute  de  la  maiu  de  Citoys. —  Aff,  étr.  Pay*-Ba»,  t.  XIJL 

Incidents  de  la  campagne  en  ce  qui  concerne  la  France  et  la 
Hollande. 

Brouillcn  de  la  main  de  Chavignï.  —  Aff.  éir.  HoIIaDdc, 
t.  XX. f  pièce  193.  Mise  au  net  avec  une  addition  de  la  main 
de  Ctierrc  ,  pièce  ig3.  Autre  mise  au  net,  au  dos  de  laquelle 
on  Ht  :  (Copie  de  l'instructiou  baillce  à  M.  d'Estampes, 
allant  en  Hollande.* 

Concernant  la  future  réunion  des  plénipotentiaires  à  Cologne» 
et  les  passe-ports. 

Orig. —  Aff.  étr.  Allemagne,  t.  XV,  pièce  37. 

Le  roi  demande  leur  avis  sur  la  manière  de  réparer  IVchec 
de  S*-Omer. 

Mise  au  net  de  Id  main  de  Cherré ,  devenue  mioate  avec  quel- 
ques mots  de  la  main  de  Hiclielieu.  —  Aff.  étr,  Pays-Bas, 
t.  XIII. 


manque;  nous  pensons  que  c'est  1  son  frère,  t'arcbevcqne   de  Lyon,  que  Richelieu  écrivait  cette 


NON  IMPRIMÉES  DANS  LE  SUPPLÉMENT.       1035 


DVTES 

et 

LIEUX  £B  DATES. 


SUSCIUPTIO.N 

DSS  LETTRES. 


1038. 
[8  août'.] 


8  août. 
Abbe  ville. 


(j  août. 


\  1  août. 


12  août. 


13  août. 
Abbeville. 


i3  août. 


18  août. 


il  août., 


A  M.  de  Brezé. 


Mémoire    au    s'    d'Es- 
tampes. 


Au  maréclial  de  Chas- 
tillon. 


A  M.  d'Hémery. 


A  madame  la  princesse 
d'Orange. 


A  M.  de  la  Tbuillerie. 


A  M.  de  Brëzé. 


A  Pujols. 


A  M.  le  chancelier. 


Au  roi. 


ANALYSES  DES  LETTKES 

ET   SOURCES. 


Richelieu  envoie  savoir  des  nouvelles  de  son  beau-frère  sur 
lequel  on  a  fait  de  mauvais  rapports  au  roi. 

Mise  au  net  de  la  maîo  de  Cherré ,  di's  corrections  e'crîtcs  par 
Kichcliru  en  ont  fait  une  minute.  —  Afi".  étr.  Pays-Bas  , 
t.  XIII. 

11  faut  absolument  conserver  l'alliance  de  Madame  la  land- 
grave de  Hessc.  Sacrifices  qu'on  est  disposé  à  faire  pour 
gagner  le  s'  Milandre. 

Mise  au  net.  —  Aff.  élr.  Hollande,  l,  XX,  piccR  igi. 

«  Mémoire  important  et  secret  envoyé  de  la  part  du  roy  au 
marcschal  de  Cbastillon.»  C'est  le  titre  de  cette  pièce  où 
Ton  examine  ce  qu'il  convient  d'entreprendii*e  après  la  levée 
du  siège  de  S'-Omer. 

Copie Bibl.  nat.  Cioq-Cents  Golbert,  t.  CXVIII,  fol.  i^i. 

Inquiétudes  que  donne  le  caractère  peu  solide  de  la  duchesse 
de  Sas  oie. 


Minute  do  la  main  de   Chcrrc. 
pièce  189. 


Aff.  étr.  Turin ,   XXVI , 


Présent  de  boucles  d'oreille  que  lui  envoie  le  roi. 

Minute  de  la  main  de  Cbavigni. —  Aff.  élr.  Hollande ,  t.  XX , 
pièce  igô.  Imprimée  :  Archives  de  la  maiion  de  Nasiaa,-p&T 
M.  G.  Grocn  van  Prinstercr,   III,  135  (3°  série). 

Considérations  sur  la  conduite  à  tenir  avec  la  duchesse  de 
Mantoue. 

Mise  au  net.  —  Aff.  étr.  Mautoae,  t.  V,  pièce  193. 

Richelieu  se  plaint  des  mauvaises  humeurs  de  son  beau-frère. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  ctr.  Pays-Bas,  t.  XIII. 
Imprimée  :  Aubery,  Mém.  V,  609.  Hecucil  de  1696,  II,  113. 
Le  P.  Griffel ,  Ht,t.  de  UaU  XIII. 

La  France  n'abandonne  point  ses  alliés.. . 

Mise  au  net  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Espagne,  XIX, 
fol.  17a. 

Supprimer,  si  elle  mérite  d'être  supprimée,  la  réponse  qu'uij 
théologal  de  Lyon  a  faite  à  un  hvre  dont  le  titre  n'est  pas 
indiqué  dans  cette  lettre. 

Minute  de  la  raoin  de  Citoys,  —  Aff.  étr.  France  ,  1  638  ,  d'août 
en  décembre,  fol.  64. 

Espérance  de  la  prise  de  Fontarabie  et  de  la  naissance  d'un 
dauphin.  (Le  dauphin  naquît  quelques  jours  après,  mais 
on  ne  prit  pas  Fontarabie.) 

Orig.  saas  signature  de  la  main  de  Cherré.  — Aff.  étr.  France, 
i638,  d'août  en  septembre,  fol.  101. 


'  Crtte  pièce ,  non  datée ,  eat  placée  dans  le  ms.  au  8  août  ;  nous  croyous  cette  date  vraie. 


i3o. 


1036 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


LIEUX   DE  DATES- 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  SOURCES. 


1638. 
26  août. 


3o  août. 


1"  septembre- 
De  Ham. 


k  septembre, 
(Classée  fautive- 
ment eu  1637.) 

8  septembre. 


Idem. 
1 2  septembre. 


Avant 
le  1 3  septembre. 


1 3  septembre, 

Saint-Germain- 

en-Laye. 

ik  septembre. 
Sainl-Quentin. 


21  septembre. 


Au    duc    Bernard    de 
Weimar. 


A  Picolomini. 


A  M.  le  Prince. 


Le  roi  au  maréchal  de 
GhastilloD. 


[Au  cardinal  infant.] 

A  M.  d'Estampes. 
A  Pujols. 


Mémoire  aux  s"  de  la 
Thuillerie  et  de  la 
Tour. 

A  M"  les  surintendants. 


[  Au  cardinal  infant. 


«Je  ne  sçaurois  assés  tesmoigner  à  V.  A,  la  joye  extrême  que 
j'ay  de  la  nouvelle  victoire  qu'il  a  pieu  à  Dieu  luy  donner 
sur  les  ennemis ...  {La  prise  de  Brissac).  » 

Minute  de  la  main  de  Cherra. —  Aff.  ctr.  Saxo,  II ,  pièc?  4a, 

Échange  de  prisonniers.  Plaintes  d'excès  commis  à  l'égard 
de  quelques-uns. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  AflP,  ctr.  Pays-Bas,  t.  XIII. 

Grand  espoir  de  la  prise  de  Fontarabie. 

Orig.  —  Arcb.    de   Condé.    Communicaliou    de   M^''   le   duc 
d'Âumale. 

Le  roi  lui  commande  de  se  retirer  en  sa  maison  de  Chastillon. 
Mise  au  net   de  la  main  de  Cherré.  —   Aff.    ctr.  Pays-Bas, 
t.  XIII. 

Touchant  an  arrangement  à  faire  pour  le  traitement  des  pri- 
sonniers de  guerre. 

Mise    au  net  de   la  maiu  de  Cherrë.  —   Aff.    étr.  Pays-Bas, 
t.  XIII. 

Sur  le  bruit  que  la  reine  mère  doit  passer  en  Angleterre. 
Mise  au  net.  —  Aff.  étr.  Hollande ,  I.  XX ,  pièce  aoo. 

On  lui  envoie  copie  de  la  lettre  qui  lui  avait  été  adressée  le 
i5  août  {ci-dessus,  p.  io36).On  ajoute  que  les  événements 
plus  récents  laissent  les  deux  nations  dans  une  position  ré- 
ciproque à  peu  près  pareille. 

Copie.  —  Aff.  ctr,  Espagne,  t.  XIX,  fol.  174. 

Raisons  pour  lesquelles  il  faut  faire  juger  Monliglio.  .  . 

Mise  au  net.  —  Aff.  étr.  Mantone,  t.  V,  pièce  199.  Dans  les 
Afem.  de  Hickelieu  ,  X  ,    p.  394- 

Considérations  qui  empêchent  le  roi  de  donner  la  vie  à  Monteil. 

Mile  an  nel.  —  AO.  étr,  Manlone,  V,  pièce  200. 


Pair 


ire  promptement  payer  ce  qui  est  dû  pour  les  travaux  des 
fortifications  de  la  frontière  de  Picardie. 

Mise  au  net  de  la  main  dp  Cherré.  —  Aff.  étr.  France ,  1 638 , 
d'août  eu  décembre,  fol.  3i5.  Une  autre  mise  au  net,  aussi 
de  la  main  de  Cherré,  datée  de  septembre  sans  quantième, 
a  été  cliissée  au  hasarda  la  £n  du  mois  de  septembre  1637. 


Exigences  du  card.  infant  au  sujet  de  l'arrangement  proposé 
pour  les  prisonniers  de  guerre. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Pays-Ras,  XIII. 


'   La  suscription  manque  ;  la  lettre  va  sans  doute  aux  mêmes  personnages  que  le  mémoire  suivant. 


NON   IMPRIMÉES   DANS  LE  SUPPLÉMENT.       103: 


DATES 
cl 

UBirX  DK  DITES. 


SCSCRIPTION 

OBS  LETTRES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  SOURCES. 


1638. 

2  1  septembre. 


Idem. 


Idem. 


a  3  srplembre. 
De  Magny. 


3&  septembre. 
A  Cbantôlty. 

3  octobre. 


5  octobre. 
Paris. 


8  octobre. 
Rael. 


lobre. 


9  oci 


10  octobre. 


1 5  oclobrc. 


A  M.  de  Picolomini. 


A  M.  d'Hémery. 


A  M.  Baotru. 


A  M.  deChavigny,  secré- 
taire d'cstat,  ùCban- 
liUy. 

Mémoire    au   s'   de   la 
.    Thuillerie. 

[M"  Leiccster  et  Scu- 
damorc.  ] 


A  M.  le  Prince. 


Idem. 


Au  marescbald'Estrécs, 


A  M.  d'Estampes. 


A   la  dacliessc  de   Sa- 
voie. 


Sur  la  fixation  de  la  rançon  de  M.  d'Aiguebère,  prisonnier  de 
guerre. 

Mise   au    net  de  la   main   de    Cherré.    —  Aff.  c'ir.   Tays-Bus, 

xni. 


Conduite  à  tenir  avec  Madame. 

Minute  de  la  main  de  Cherré. 
pièce  a3i. 


Aff.  etr.  Turin,  t.  XXVI, 


Conseil  à  donner  à  M°"  la  duchesse  de  Savoie. 

Minute  de  la  main  do  Cherré.  —  Aff.  étr.  Turio ,  XXVI, 
pièce  a33. 

Nouvelle  difficulté  concernant  les  passe-ports  pour  Cologne, 

Orig.  sans  lignatnre  ,  d«  la  main  de  Cherra.  —  Aff.  ctr.  Venise  , 
LU,  i6o. 

Nouveau  grief  contre  la  duchesse  de  Mantoue. 
Mise  iQ  n<'t    —  Aff.  ^tr.  Mantoue,  V,  107. 

«Responsc  à  l'escrit  que  Messieurs  les  ambassadeurs  d'Angle- 
terre ont  donné  au  roy.» 

Mise  au  net.  —   Aff.  étr.  Angleterre,  t.   XLVK,   fol.   aaS. 

Le  roi  veut  faire  vérifier  les  faits  mis  en  avant  par  M.  le  prince 
dans  iaQairc  de   Fontarabie,   (Voy.   notre  VI'   volume, 

p.  2 17.) 

Orig. —  Arcli.  do  Gondc.  Comomnication  de  M''  le  duc  d'Au- 
inale. 

Richelieu  lui  recommande  de  se  rendre  aux  Etats  de  Hre- 
tagiic  au  temps  prescrit  et  de  faire  que  le  roi  ait  conten- 
t'îment.  Les  affaires  empêchent  Richelieu  de  s'y  trouver  K 

Orig.  —  Arch.  de  Coodé.  Communication  de  M'""  le  duc  d'Au- 

male. 

Touchant  la  demande  du  cardinalat  [wur  le  P.  Joseph  cl  pour 
Mazarin. 

Minute  de  la  main  de  Cbavigni.  —  Aff.  étr.  Rome,  LXIV. 
fol.  i6.  —  Une  copie,  avec  addition  de  trois  paragraphes, 
fol.  48. 

Faire  sentir  au  prince  d'Orange  les  inconvénients  pour  lui 
du  séjour  de  la  reine  mère  en  Hollande.  —  Négociations 
dudit  ambassadeur  avec  Milandre  et  la  landgrave  de 
Hessc. 

Mise  au  net.  —  Aff.  ctr.  Hollande,  t.  XX,  pièce  31  3. 

Condoléance  sur  la  mort  de  son  fils. 

Minute  de  la  maio  de  Charpcnlicr. —  Aff-  étr.  Turin ,  t.  XXVI, 
pièce  355. 


'  HappoloD»  que  le  cardinal  avait  le  gouverocment  de  la  Bretagne.  —  Cette  lettre  de  Richelieu  nous  apprend  quelle 
accompagnait  une  lettre  du  roi  i  M.  le  Princp.  La  dépéclie  du  roi  était  certainement  dictée  par  Richelieu  ,  mais  nous 
ne  l'avons  pat. 


1038 


SOMMAIRES   DES  LETTRES 


DATES 


LIEUX  SB  DATES. 


SUSCniPTION 


DES  LETTnES. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET    SOUUCES. 


163S. 
1 6  octobre. 


i  G  octobre. 
De  Uuel. 


1 8  octobre. 


2  3  octobre. 
A  Saint-Germain. 


26  octobre. 


Idem, 


Vers 

pe  commencement 
de  novembre. 


0  novembre. 


A  M.  d'H(imery. 


A  M.  le  Prince. 


Rcsponse      donnée 
M.  Kunyl. 


Au  mareschal  d*£strées. 


Mémoire  pourescrire  au 
mareschal  d'Estrées. 


A  M.  d'Hémery, 


A  la  duchesse  de   Sa 
voie. 


A   M.   l'archevêque   de 
Rouen. 


Rendre  Madame  docile  aux  conseils  de  Richelieu ,  dans  celte 
circonstance  critique. 

Minute  de  la  maîa  de  Charpentier.  —  Aff.  étr.  Turin, 
t.  XXVI ,  pièce  a56. 

Richelieu  lui  recommandeMM.de  La  Maurinière  et  de  Cas- 
telnau,  son  fils. 

Orig. —  Arcb.  de  Condé.  CommuDicatioa  de  M^'  le  duc  d'Au- 
maie. 

Marie  de  Mcdicis  ayant  chargé  de  son  message  cet  ambassa- 
deur de  Hollande ,  c'est  à  lui  qu'on  explique  les  raisons  qu'a 
le  roi  de  ne  pas  laisser  revenir  en  France  la  reine  sa  mère  '. 

Minute  de  la  main  de  Ch^rré.  —  Aff.  étr.  Holl.inde ,  t.  XX, 
pièce  316.  —  Copie.  Bibl.  nat.  Cinq-Ceuls  Colbert ,  II.  — 
Dupuy,  5^9,  fol.  309t  copie  datée  fautivement:  i3  no- 
vembre. 

Prier  le  pape  de  ne  point  donner  de  bulle  «à  des  évesques 
qui  ne  résident  pas  et  ne  mènent  pas  une  vie  conforme  a 
la  dignité  de  leur  estai.  »  —  u  Le  roy  attend  tousjours  i'envoy 
de  Mazarin  en  cette  cour.» 

Mise  au  net.  —  Aff.  étr.  Rome,  l.  LXIV.  fol.  8g. 

It  s'agissait  de  demander  au  pape  la  préconisation  aux  sièges 
vacants;  et  cette  matière  de  lettre  était  donnée  à  Chavigni 
et  à  de  Noyers  par  Richelieu. 

De  la  roaio  de  de  Noyers  et  de  celle  du  cardinal.  —  Aff.  étr. 
Turin,  t.  XXVi ,  pièce  a68. 

Sur  les  dispositions  présentes  de  la  duchesse  do  Savoie;  ce 
qu'il  faut  faire  pour  en  profiter. 

Minute  de  la  maio  de  de  Noyers  et  de  celle  de  Cberré.  — 
Aff.    étr.  Turin,  t.  XXVI,  pièce  370. 

On  lui  envoie  M.  de  Paluau  pour  ia  décider  à  éloigner  le 
P.  Monod. 


Mise  au  net  de  la  main  de  Clierré. 
pièce  36Ô. 


Aff.  clr.  Turin,  XXVI, 


U  s'agit  de  la  querelle  entre  le  clergé  régulier  et  le  clei^é 
séculier.  En  attendant  que  l'affaire  soit  régl(*e,  Richelieu 
autorise  l'archevêque  à  continuer,  quand  bon  lui  semJjlera , 
ses  visites  dans  les  monastères.  Le  cardinal  recommande 
la  conciliation  :  «  Pardonnez,  pour  l'amour  de  moy,  »  dit  il... 

Minute  de  la  main  de  Clierrc. —  Aff.  étr.  France,  d'août 
en  décembre,  fol.  iaS.  — Imprimée  dans  le  Merearc  de 
Gaillonf  avec  la  fausse  date  de  1639. 


^  Richelieu  envoya  à  notre  ambassadeur  à  la  Haye  certaines  explications,  mais  il  avait  d'abord  décidé  qu'on  ne  ré- 
pondrait point  aux  Etats;  il  fait  ici  une  réponse  indirecte,  puisqu'il  écrit  à  leur  ambassadeur,  et  l'on  voit  qu'il  la 
Irur  fil  attendre.  Rappelons,  ù  celte  occasion ,  notre  VI'  volume,  p.  187,  et,  ci-dessus,  les  p.  791  et  793. 


NON   TMPRIMÉES  DANS   LE  SUPPLÉMENT.       1039 


¥ 


DATES 
et 

LÏKCX  VB  DATES. 

SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 

ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   SOURCES. 

1638. 
3  notembrc. 

Ani  religieux  de  l'ab- 
Laye   de   >SaintVan- 
driUes. 

«Mes  frères,  sans  entrer  dans  la  décision  de  vostre  difl'érend 
auquel  je  ne  touche  point,  j'estime...»  et  le  cardinal  répèle 
à  peu  près  en  mêmes  termes  ce  qu'il  vient  d'écrire  à  l'ar- 
cbevéquc  sur  le  provisoire  qu'il  a  autori'  é  ;  il  fait  aux  moines 
la  même  recommandation  de  concorde  et  de  paix. 

De  la  maiu  de  Ciierré. —  AIT.  ctr.  France,  d'août  en  décembre, 
fol.  421.  —  Imprimée  daus  le  Mercur;  de  Gaitlon. 

3  novembre. 
De  Ruel. 

A  M.  le  Prince. 

Au  sujet  de  son  dé.>ir  de  venir  à  la  cour. 

On'g.  —  Arch.  de  Condé,  Communication  de  M«'  le  duc  d'Au- 
male. 

1 0  novembre. 

a  Copie  de  la  lettre  que  M"  de  Bretagne  doivent  escrire  à 
S.  Em.  pour  faire  lever  l'interdit  par  M.  du  Rennes  '.»  — 
La  letfre  de  Richelieu  à  l'cvéque  de  Rennes,  donnée  t.  VI , 
p.  237,  suflità  l'intelligence  de  l'affaire;  notons  seulement 
cette  phrase  ;  «Nous  ferons  absolument  ce  que  V.  Em.  nous 
fera  cognoisfre  avoir  agréable  en  ce  sujet.» 

Minute   de  la  main   de  Ghcrré.    —  Aff.    clr.  France,  d'août 
en  décembre,  fol.  485. 

i3  novembre. 

Mémoire    à    M.    de    la 
Tbuillerie. 

Si  la  princesse  de  Mantoue  ne  se  montre  pas  plus  docile,  le 
roi  rappellera  les  s"  de  La  Tour  et  de  La  Tbuillerie.- — 
Sur  un  projet  d'échange  du  Modenois  contre  la  Sardaigne. 
Mise  an  net.  —  Aff.  étr.  Mantoue,  V,  pièce  ai 3. 

3o  novembre. 
A  Rncl. 

A  M.  Boulhillier. 

Mécontentement  de  Richelieu  contre  le  général  des  Galères. 

Orig.  sans  aignature  de  la  main  de  Cberrc.  —  Aff.  étr.  France , 
d'août  en  décembre,  fol.  477. 

5  décembre. 
De  Ruel. 

Pour    M.     Boulbillier, 
surintendant  des  fi- 
nances, à  Paris. 

Ne  point  faire  une  entrée  à  madame  de  Puylaurens',  arrivant 
a  Tours. 

Orig.  de  la  main  de  Cbarpentier.  —  Arch.  de  la  famille  Bcn- 
tbillier. 

6  Jifcembre. 

Le  roi  au  cardinal  de 
La  Valette. 

Secourir  Madame  contre  l'entreprise  du  cardinal  de  Savoie. 
Mesures  â  prendre. 

Orig.    contre-ligne  Boi)lhillier.  —  AIT.   élr.    Turin,    XXVI, 
pièce  3oS. 

li  décembre. 

A  PujoU. 

Nous  avons  fait  ce  que  nous  avons  pu  pour  arriver  à  une  paix' 
durable,  c'est  au  comte  d'Olivarez  â  faire  quelque  chose 
de  son  côté. 

Mise  au   net   de   la  main  de  Cherré.  —  Aff.   étr.    Espagne, 
t.  XIX,  fol.  383. 

27  déci-mbre. 

Saiiit-Germaio- 

en-Laye. 

Mémoire  au  s' du  Hous- 
say,  conseiller  du  roy 
en  son  conseil  d'Ëstat 
et  son  ambassadeur  a 
Venise. 

Réponse  aux  instances  faites  par  la  république  pour  obtenir 
la  liberté  du  prince  Casimir. 

Minute.   —  Aff.  élr.  Venise,  t.  LU,  fol.  166.  Mise  au  net, 
fol.  172.  Deux  paragroplie»  ont  été  ajoutés  i  cotte  mise  au 
net,  .et  l'on  a  substitué  le  nom  do  Du  Hcussay  à    celui   du 
a'  Malier,  qu'on  avait  mis  dans  la  minute. 

'  Cette  «Qiiotst 
que  ie  parlemml 
'  On  a  vu  qae 

OD  ,  mite  an  «loi  de  la  pièce  , 
[le  -fireta^e  lui  écrivît, 
cette  dame,  veuve  du  duc  de 

dit  clairement  que  c'est  Richelieu  lui-même  qui  a  dicté  co  qu'il  voulait 
Puylaurcns,  était  née  de  Pontchasteau  :  c'était  une  nièce  de  Richelieu. 

1040 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIEUS  DB  DATES. 


1638. 
. .  Décembre. 


6  janvier. 
Villeroy. 


Ce  mardi 
1 1  janvier. 
De  Paris. 


29  janvier. 
i5  février. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


Instruction  du  s*  de 
L'IsIe,  Tun  des  ordi- 
naires de  la  maison 
du  roy,  s*en  allant 
trouver  M.  ie  duc  de 
Weymar. 

[AM.  BouthiUier?] 


Cbavigni  à  Pujols. 
Idem. 


i8  mars. 

Idem. 

2  II  mars. 
De  Ruel. 

A  M.  le  Prince. 

36  mars. 
De  Ruel. 

Idem. 

[  Mars  ou  avril.  ] 

Instruction  pour  le  siège 
de  Perpignan  et  autres 
places  du  Roussillon. 

Idem. 

A  M.  le  marquis  d'Al- 
luye. 

ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOCRCES. 


Satisfaction    de  ce  que  Messieurs  les  Estais  «se  portent  à 
donner  contentement  au  roy.» 

Minute  de  la  maîn  de  Chfcrré.  —  Aff.  élr.  France,    d'août  eu 
décembre. 


1639. 

M.  de  l'ïsle   porte  les  félicitations  du  roi  pour  la  prise  de 
Grisacb. 

Copie. —  Arcli.  des  Afi".  étr.  Saxe,  IL  La  pièce  n'est  point 
cotée,  mais  elle  suit,  dans  le  ms.,  l'instruction  donnée  le 
même  jour  i  M.  de  Guébrîant,  «t  dont  M.  de  l'ïsle  était 
porteur,  laquelle  est  cotéo  70. 

«Les  afîaires  commencent  à  nous  accabler.»  Et  Richelieu  en 
énumère  succinctement  quelques-unes. 

Minute  do  la  maiu  de  Charpentier.  —  Cabinet  de  M*'  le  duc 
d'Ânmale. 

Sur  un  mode  de  correspondance  secrète. 

Minute.  —  Aff.  étr.  Espagne,  XIX,  fol.  388. 

Il  n'y  a  pas  Heu  d'espérer  une  conclusion  de  la  part  du  comte- 
duc. 

Minute.  —  Aff.  étr.  Espagne,  t.  XIX,  pièce  Sga. 

Situation  changée  entre  la  France  et  l'Espagne. 
Minute.  —  Aff,   étr.  Espagne,  t.  XIX,  fol.  Â06. 

Le  cardinal  le  supplie  de  se  rendre  en  toute  hâte  à  Bordeaux. 
Orîg.   —   Arch.  de    Condc.   Commanication   de   M*''   le   duc 
d'Aon^^lc. 

Nouvelle  exhortation  à  arriver  promptement  à  Bordeaux. 

Orig.  —  Arch,  de  Condé.  Communication  de  Mt'  le  doc  d'Au- 
male. 

Détail  des  opérations. 

Copie.  —  Bibl.  nat.  Cinq-Centi  Colbert ,  XLV,  79.  —  Copie 
S*-Germain-Harlay,CCGXLVI,  t.I,  fol.  83.   «D'après  un  ori- 
ginal, de  la  main  de  Cherré.a  (Note  des  deux  mss.) 

Mémoire  instructif  offrant  une  combinaison  des  opératiou^ 
de  M.  d'AlIuye  en  Guyenne  avec  celles  de  M.  le  Prince. 

Copie.  —  Bibl.  nat.  Cinq-Cents  Colbert,  XLV,  foL  80  v". 
■  Sur  une  copie  originale  do  la  main  de  chirurgien  du  cardi- 
nal de  Richelieu.  » —  Copie  S*-Germftin-Harlay  CCCXLVI, 
t.  I,  fol.  83  V». 


'  Le  nom  écrit  au  dos  se  trouve  déchiré,  mais  le  texte  de  la  lettre  montre  qu'elle  s'adresse  à  un  personnage  qui 
était  à  l'assemblée  du  parlement  de  Bretagne  ;  c'est  sans  doute  le  prince  de  Condé ,  que  Richelieu  avait  chargé  d'y  sou- 
tenir les  intérêts  de  la  couronne  (lettre  du  8  octobre). 


NON  IMPRIMÉES  DANS  LE   SUPPLÉMENT.        1041 


DATES 


LlItJX  DE  DATBS. 


SUSCRIPTION 
DBS   tETTRBS. 


ANALYSES  DES  LETTllES 

ET  SOCRCBS. 


1639. 
7  avril. 
De  RupI. 


i5  avTÎ}. 
l)e    Paris. 


Idem. 


3o  avril. 


i"  mai. 


5  juin. 
D'Abbe  ville. 


(i  Jain. 
D'Abbeville. 


8  juin. 
D*Abbeville. 


I  (j  juin. 


. .  .Juin. 


8  juillet. 


A  M.  le  Prince. 


Idem. 


Idem. 


Au  duc  de  Weiniar. 

Le   roi   à   M.  de  Feu- 
quièrcs. 

A  M.  de  la  Meilleray. 

A  M.  le  Priiice. 
idem. 


Mémoire  au  »'  Nk'liiind, 
consi*îIlcr  du  roy  en 
son  conseil  d'Eslat, 
son  ambassadeur  en 
Suisse. 


A  M.  de  Roqucpine. 


CtnDIN    DE  BICHKUEU.   —    VII. 


...  Je  vous  conjure  de  recommander  aux  ofEciers  du  régi- 
ment de  Conti  d'avoir  un  soin  si  particulier  de  rendre  leurs 
compagnies  en  Testât  qu'elles  doivent  eslre,  que  ce  régi- 
ment soit  digne  du  nom  cpi'il  porte.  .  .  —  J'ay  eu  nou- 
velles de  Guyenne;  tous  les  préparatifs  qui  s'y  font  pour 
la  campagne  y  vont  à  souhait. . . 

Orig.    —    Arch.    de    Condé.    Coinmonicalion    de   M^^^   le    dtic 
d'Anmate. 

Richelieu  lui  demande  la  même  grâce  que  l'année  dernière 
pour  M.  d'£sclauxt  nommé  à  Tévêché  d'Acqs,  et  pour  ses 
proches.  (Ci-dessus^  li  avril  i638.) 

Orig.    —    Arch.    de    Coodé.    CoaimuaicatioD    de  M'*^    le    duc 
à  Aumale. 

Richchcu  le  presse  d'aller  en  Guyenne. 

Orig.    —    Areh.    de    Condé.    Commun icalion    de    Ms'    le    duc 
d'Aumale. 

Bons  présages  des  succès  du  duc  pour  celte  campagne. 

Minute    de    la    main    de    Clierré.    —  AfF.    élr.    Sa\e,    t.    II, 
pièoe  82. 

S.  M.  le  laisse  libre  d*enlreprendre  tout  ce  qu'il  jugera  à 
propos. 

Mise  au  net.  —  Aff.  étr.  Lorraiue  ,  XXXI ,  pièce  3 1 . 

Satisfaction  du  roi  et  du  cardinal  pour  sa  comluite;  mais  it  y 
a  excès  de  zèle  et  de  fatigues .  . . 

Copie. —  BibI,  de  l'AraeDâl.  Hut,    de  Franct ,    lu-à^,    1&6, 
p.  i34. 

Exhortations  à  ne  rien  négliger  pour  obtenir  de  bous  succès. 

Orig.   —   Arch,    de    Coudé.    Conimunîcatîoii    de    M''    le   duc 
d'Aumale. 

Tenir  la  main  à  ce  que  !<•  coadjulcur  de  l'évéclié  de  Mnntauban 
ne  soit  pas  empêché  de  faire  dans  ce  diocèse  les  fonctions 
épiscopates. 

Orig.   —   Arcli,    de    Coudé.    Communication    de    M^*^    le    duc 
d'Aumale. 

I,e  roi  ne  veut  pas,  en  ce  moment,  s'engager  dans  l'aiTaire 
des  Grisons,  à  laquelle  les  conjonctures  sont  maintenant 
favorables. 

Mise  au  net.  —  Aff.  étr.  Suisse,  t.  XXVIII. 

«Ce  qiie  dira  le  roy,  s'il  luy  plaist ,  au  nonce  sur  la  protection , 
rauaire  Saïnt-Anlhoinc  et  autres  points.» 
Mise  an  net.  —  Aff.  ctr.  Rome,  t.  LXVI. 

Grande  surveillance  lui  est  recommandée  dans  son  gQuverne- 
ment  de  la  plare  de  Metz. 

Mise    au    net  de   la    main   dp    CKerre.    —   Aff.    ctr.   Lorraine, 
t.  XXXI ,  pi^ce  85. 


l3l 


I 


1042 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 
cl 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIEDX  DE  DATES. 

DBS  LETTRES. 

ET  SODncES. 

1039. 

• 

29  juillet. 

A  M.  d'Erlach. 

Regrets  du  roi  et  du  cardinal  au  sujet  delà  mort  du  duc  de 
Weimar. 

Mimitc  (le  la  main    de  CIiTié.  —  Aff.    élr.  Allemagne,  XV, 
pièce  193.          . 

[29  juillet?] 

A    M"  les  colonels  du 
duc  de  Weimar. 

Même  sujet.  A  uire  lettre  du  roi,  le  cardinal  joint  la  sienne. 

Minute  de  la  oiain  de  Clierré.  —  AIT.  élr.  Allemagne,  t.  XV, 
pièce  non  colcc ,  classée  entre  198  et  i^h. 

3o  juillet. 

A  M.  Picolomini. 

Sur  un  échange  de  prisonniers  de  guerre. 

Copie.  —  Bibl.  nat.  Saint-Germain-Harlay   CCCXLVI ,  t.  II, 
fol.  334.    —  Copie,  Cinq-Cents  Colbert ,  XLV,  fol.  aaC. 

3o  juillet, 

A  madame  la  Princesse. 

Félicitations  sur  la  prise  de  Salces. 

Doncliery. 

Orig.    —    Arch.    de    Condé.    Communication   de    M«'    le    duc 
d'Aumale. 

5  aousl. 

A  M.  le  Prince. 

Compliments  pour  le  même  succès. 

Oriff.  —    Arch.    de    Coude.  Communicalion    de    M''    le    duc 
d'Aumale. 

10  aoust. 
A  Mouzon. 

Le    roi   aux    surinten- 
dants. 

Faire  tenir  à  Orléans  les  fonds  nécessaires  pour  une  levée  de 
deux  mille  hommes,  que  le  roi  a  chargé  son  frère  le  duc 
d'Orléans  de  faire  es  terres  de  son  apanage. 

Copie.  —  Aff.  élr.  France,  i63g.  Supplcroeot,  fol.  199. 

1 1  aoust. 

Au  comte  d'Harcourt. 

Au  sujet  d'un  bâtimeni  de  la  marine  génoise,  saisi  en  repré- 
saille  d'une  insulte  faite  par  la  République  a  la  France. 
Minute.—  Aflf.  ctr.    Espagne,!.  XIX,  fol.  465.  , 

i3  aoust. 

A  M.  le  Prince. 

Sur  ses  succès  dans  le  Roussillon. 

De  Mouzon. 

Orig.    —    Arch,    de    Coudé.    Communicalion    de  M*'   le    duc 
d'Aumale. 

1 6  aoust. 
A  .Saint-GennaÎD. 

Le  roi  au  cardinal  de 
La  Valette  et  au  duc 
de  LonguevlUe. 

Le  roi  s'étonne  de  la  demande  qu'ils  font  de  nouveUes  troupes. 
Indication  de  diverses  choses  à  exécuter. 

Mise  au  net.  —  Aff.  étr.  Turin  ,  t.  XXVII ,  fol.  Sg. 

25  aousl. 
Langres. 

A  M.  Je  Piince. 

«Le  roy  vous  renvoie  le  s' du  Plessis  Besançon  si  particulière- 
ment instruit  de  ses  intentions...  que  ce  que  je  vous  en 
pourrois  mander  seroit  superflu.» 

Orig.  —  Arch.  de  Coudé.  Communication  de  M'*' te  i!qc  d'Aumale. 

6  septembre. 

A  M.  Mondini. 

Il  n'est  plus  temps  pour  Madame  de  délibérer,  il  faut  agir 
maintenant. 

Minute  de  la  main  dcCherré.  —  Aff.  élr.  Turin  ,  XXVII ,  fol.  ]3o. 

i3  septembre. 

A  M.  le  Prince. 

«Ces  trois  mots  ne  sont  que  pour  accompagner  le  retour  de 
M.  de  Figean',  et  vous  dire  encore  comme  toute  la  cour 
a  esié  satisfaicte  de  la  conduite  de  M.  vostre  fds.»  Con- 
tentement de  la  continuation  de  vos  progrès.. . 

Orig.  —    Arch.    de    Condé,  Communicalion    de    M^'   le  duc 
d'Aamale. 

'    Ne  faul-il  pas 

lire  :  Vigpan  ? 

NON   IMPRIMÉES  DANS  LE  SUPPLÉMENT.       10^3 


DATES 
et 

LIECX  DE   DATBS. 


1639. 

ic)  septembre. 
De  Lyon. 


.  .  .  Septembre  ? 


Fin  de  septembre 

ou 

commencement 

d'octobre.  ] 


9  octobre. 
Grenoble 


17  octobre 


2  3  octobre. 
De  Lyon. 


26  octobre. 
A  Tarare. 


. .  Octobre. 


[.  .  .Octobre?] 


i"  novembre. 
De  Briare. 


SUSCRIPTION 

DES  JLETTaKS. 


A  M.  le  Prince. 


A  M.  du  Hallier. 


Instruction    à    M.    du 
HaUier. 


Instruction  pour  M.  de 
Turcnne. 


Mémoire  |>our  le  comte 
d*Harcourt. 


Au  maréchal  de  Chas- 
tillon. 


Le  roi  a  M.  Maxarin. 


Mémoire  pour  M.  d'Ar- 
gcnson. 


Mémoire    pour    M.    du 
Hailicr. 


Mémoire  a  M.  du  Hal- 
lier. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SODRCES. 


«Je  ne  puis  laisser  retourucr  M.  de  la  Rousslère  vers  vous 
sans  vous  asseurcr  que  le  roy  est  extraordinairenient  satïs- 
faict  de  ia  façon  avec  laquelle  vous  agisses  pour  son  service; 
S.  M.  espère  que  vous  (inirésla  campagne  aussy  heureuse- 
ment que  vous  l'avés  commencer.» 

Ori]}.  —  Arch.  de  Condc.  ComiuunicatioQ  de  M''  le  dtic 
d'Âumale. 

Le  cardinal  lui  explique  (juc  M.  de  la  Grange-aux-Ormes  n'a 
jamais  été  employé  aux  négociations  avec  le  duc  de  Lor- 
raine que  pour  un  cas  tout  particulier..  . 

Copi(>.  —  Bibl.  nat.  Saiat-GcriiiaiD-HailHy  CCCXLVI,  t.  II, 
fol.  669.  —  Copie,  Cinq-Cents  Colbert ,  XLVI ,  fol.  355. 

On  peut  adoucir  le  traitté  en  deux  points  :  i"  laisser  le 
Barrois  à  M.  de  Lorraine;  2°  réduire  le  dépôt  de  Nancy  à 
trois  ans  a[)rès  la  paix. .  . 

Imprimée:  Aubery,  Mém.  V,  577.  —  Recueil  de  1696,  H, 
365  [  pièce  meoiiouDée  dans  notre  VI*  vol.  note  a  ]. 

Dispositions  pour  l'exécution  d'une  entreprise  importante  que 
cette  instruction  ne  fait  pas  connaître. 

Mise  auncldeU  main  de Cbcrrc.  — Aff.  étr.  Turin  ,XXIX  ,375. 

aQuf^que  proposition  de  trêve  que  faceut  les  Espagnols,  il 
n'y  laull  point  entendre  qu'ils  n'ayent  exécuté  ce  qu'ils 
dvoient  promis  à  feu  M.  le  cardinal  de  La  Valette,  sur  le 
sujet  de  Casai.»  (Le  ravitaillement.}.. . 

Minute  de  la  main  de  Cbavigni.  —  AIT.  etr.  Turiu,  XXIX, 
fol.  399. 

Richelieu  accompagne  une  lettre  du  roi  de  ces  quelques 
mots:  «Je  seray  très-aise  que  vous  faciès  quelque  chose 
avant  que  de  mettre  vos  troupes  en  garnison.» 

Copie.  ~-  Bibl.  nat.  DétUune,  ga6o,  fol.  gSo  v^.  —  Copie, 
Cinq-cents  Colbert,  119,  fol.  lU  v*.  —  Imprimée  :  Au* 
bery,  A/em.  IV,  271,  et  Recueil  de  1696,  p.  198. 

S.  M.  lui  mande  qu'elle  sera  bien  aise  (|u*ilse  rende  le  plus  tôt 
possible  près  a  elle. 

Original  contre-aignc  Boutbillicr.  —  .AIT.  étr.  Rome ,  t.  LXVII. 

On  ne  veut  traiter  que  par  MesseratL.  . 

Mise  au  net ,  de  la  main  de  Chcrré.  —  AIT.  ctr.  Turin  t  XXIX  , 

Le  roi  trouve  bon  que  M.  du  Hallier  donne  une  nouvelle 
sûreté  au  duc  Charles.. . 

Imprimée  :  Aubery,  Mém.  V,  p.  676.  —  Recueil  de  iSglî, 
t.  II.  p.  364. 

«  Le  peu  de  seureté  qu'il  y  a  avec  M.  de  Lorraine. .  .  faict  que 

M.  du  Hallier  doit  avoir  un  soin  particulier  de  suivre  reli- 

■    gîeusement  tous  les  termes  du  traitté  qui  luy  est  envoie.» 

Imprimée:  Aubery,  Mém.  V,  p.  679.  —  Recueil  de  1696, 
t.  II,  p.  368  (cit^e  en  note,  notre  t.  VI,  p.  636). 


l3l. 


1044 


SOMMAIRES   DES  LETTRES 


DATES 


LIEDS  DE  DATES. 


J039. 

20  novembre. 
De  Paris. 


[Novembre  .''  ' 


i  décembre. 
De  Ruel. 


26  décembre. 
De  Riiei. 


Sans  date. 
Classée  en  x63(), 


Idem. 


Idem. 


9  janvier. 


[Avant 
le  ili  février.] 


SUSCRIPTION 

DBS  LETTRES. 


Mémoire  à  M.  du  Hal- 

Hor. 


A  M.  le  Prince. 


A  JM.  le  colonel  Gassion. 


A  M.  le  Prince. 


A  M.  Boulhillier  (Cha- 


A  M.  d'Argenson 


Projet  '  d'instruction 
|K>ur  M",  d'Estrades 
et  de  Korlé. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

KT  80QBCK8. 


Incertitudes  sur  les  intentions  du  duc  de  Lorraine. 

Mise  au  net.  —  Aff.  étr.  Lorraine,  XXXI,  pièce  118.  —  Im- 
primée :  Aubery,  il/e'm.  V,  583.  — Recueil  de  1696  ,  II,  373. 

Combat  de  Qliers.  Nous  ne  faisons  qu'indiquer  ce  récit  que 
Richelieu  destinait  peut-être  à  la  Gazelle  ou  au  Mercure. 
Le  texte  est  tic  U  main  de  Cfaerré ,  le  titre  de  celle  du  cardi- 
nal. —  Aff.  étr.   Turin,    t.    XXIX,    fol.  600.    —    Copir , 
Bibl.  Qâl.  Saiut-Gcimain-Harlay ,  34?,  fol.  555  v". 

«  N'ayant  rien  à  adjouster  à  mes  lettres  précédentes  (  pages  627 
et  63o  de  notre  Vl'  vol.),  ces  lignes  ne  sont  que  pour  ne 
laisser  pas  retourner  le  s'  de  Rogles  les  mains  vides  vers 
vous.» 

Orig.  —  Arch.  îin  Condé.  Communication  de  M*'  le  duc 
d'Aumalc. 

Satisfaction  du  roi  pour  sa  conduite  dans  la  répression  de  la 
révolte  des  Nu-pieds. 

Imprimée  :   \ie  de  Gassion,  t.  JI ,  p.   i3j. 

Richelieu  demande  la  recommandatiou  du  prince  de  Condé 
en  faveur  de  son  neveu  et  de  M.  de  la  Galissonuièrc,  les- 
quels ont  une  affaire  devant  le  parlement  de  Dijon. 

Orig.  —  Arch.  de  Condi'.  Comuiunicalîon  de  M*'*  le  duc 
d'Aumale. 

«Ayant  sceu  par  les  P.  P.  Capucins  que  les  PP.  Jésuites 
avoient  déjà  esté  emploies  aux  lieux  où  on  les  vouloit  en- 
voyer (Québec),  il  convient  que  les  PP.  Jésuites  en  re- 
prennent possession.» 

Pièce  attribuée  à  Richelieu ,  dont  on  donne  un  extrait  Kans 
indiquer  ta  source.  (Moniteur  nniverie/,  aSdéccmhre  i653^.) 

Au  sujet  des  conllits  de  pavillon  entre  la  marine  de  France  et 
celle  d'Angleterre. 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  Aff.  élr.  Franco  ,  l.  XCII. 
La  pièce,  n'étant  point  datée,  a  été  classée  à  la  &a  du  vo- 
lume. 


1640. 

Précautions  à  prendre  pour  les  traités  à  faire  avec  Turin. 

Minute  de  la  main  de  Charpentier.  —  .\fi'.  élr.  Turin,  XXX, 
fol.  3. 

Il  s'agit  de  missions  près  madame  la  landgrave  de  Hesse  et 
en  Suède. 

De  U  main  de  Charpentier.  —  Aff.  étr.  Hesse,  fol.  î3i. 


'    La  pièce ,  sans  dale  ,  a  clé  classée  aux  Aff.  élr.  à  la  fin  de  l'aiinéc.  Qiucrs  av.ilt  été  pris  par  les  Français ,  le  38  oc- 
tobre 1639. 

'  Des  ctabltssemenls français  dans  rAmcrifjue  du  Nord.   {Article  signé  ;  Alfred  Le  Moine.  ) 

'  Ce  projet,  dicté  par  Richelieu  à  Charpentier,  est  envoyé  à  Chavigni  pour  dresser  l'instruction. 


NON   IMPRIMÉES   DANS  LE   SUPPLEMENT.       1045 


DATES 

et 
LIEUX  DB  DATES. 


1640. 
a  i  février. 


2  3  février. 


2i  fé 


2  a  ie\  ner. 


d  mars. 
De  Rue). 


[  Vers  ta  iiu 


lo  avril. 

Saint- Germain - 

CM-Laye. 


19  avril. 


2 2  avril. 

Saint-Gcrmain- 

cu-Laye. 


I  avril. 


2Z  avril. 
De  Huel. 


5o  avril. 


SUSCRIPTION 

DBS  LETTRES. 


A  M.  d'Avaui. 


Leroy  au  comte  d'A  vaux, 
son  ambassadeur  en 
Allemagne. 

A  M.  de  Lorraine. 


A  M.  de  Nesmond,  cou- 
seiller  du  roy  en  ses 
conseils,  et  président 
en  sa  cour  de  parle- 
ment à  Paris. 


A  M.  de  Chevreuse. 


Mémoire  a  M.  du  Hous- 
say,  ambassadeur  : 
Venise. 


idem. 


Au  maresrhal  d*Eslr<^es. 


Au  doc  de  Parme. 


[A  Chavigni.J 


A  M.  le  Prince. 


ANALYSES  DES  LETTRES 


ET  SOURCES. 


H  faut  qu'il  use  des  pouvoirs  étendus  ([uon  hn  a  tlonn*!s. 

Minule  de  la  maiji  do  Cbcrré.  —  Ail .   étr.  .\ilcmagiie ,  XVi  , 
pièce  4  '  ■ 

S'entendre  avec  M.  de  Uorté. 

Orig.  —  Aff.  étr.  Allenjagiie,  XVi,  piècir  4- 

L'inclination  de  lUcbelieu  peur  le  duc  de  Lorraine. 

Miaule  de  la  main  de  Chcrré.  —  Aff.  étr.  Lorraine ,  XXXJI , 
pièce  i5. 

Prière  «d'accompagner  M.  le  prince,  la  première  fois  qu'il 
aura  agréable  de  venir  eu  ce  lieu,  estimant  à  propos  3e 
converser  avec  luy  de  certaines  clioses  qui  sont  aussy  utiles 
au  public  qu'avantageuses  à  sa  personne,  que  je  désire 
servir  avec  sincérité.» 

Orig.    —    Arch.  de  Condc.   Communication    de  M'"   lo  duc 
d'ÂumftIe. 

Personnes  qu'il  lui  est  défendu  de  voir  durant  sou  voyage 
en  Angleterre. 

Mise  BU  net.  —  Aff.  ^tr.  Angleterre ,  XLVIII ,  fol.  56. 

Persuader  à  la  république  de  faire,  dans  l'Etat  de  Milan,  une 
puissante  diversion  aux  entreprises  des  Espagnols  en 
Piémont. 

Mise  au  net.  —  Aff.  étr.  Venise,  t.  LIL 

On  a  eu  nouvelle  que  ce  qu'on  prévoyait  est  arrivé;  Casai 
est  assiégé.  Presser  la  république  de  ne  perdre  pas  un  mo- 
ment pour  rompre  avec  les  Espagnols,  et  faire  avancer  ses 
troupes  dans  le  Milanais. 

Mioulc.  —  Aff.  ^tr.  Veoise,  LIL 

Il  faudrait  que  Rome  assistât  le  duc  de  Parme  de  concert 

avec  les  Vénitiens..  .  11  est  impossible  de  pouvoir  pénétrer 

quels  son  t  les  motifs  de  la  conduite  du  cardinal  Barberini.   . 

Mise  au  net,  eu  partie  de  la   main  de  Chavignï.  —  AfT.  ctr. 

Home,  t.  LXIX ,  fol.   135- 

Monseigneur,  V.  A.  verra  par  Je  mémoire  joint  à  cette  lettre 
cpiels  sont  les  sentiments  du  roy  sur  les  affaires  d'Italie... 
Minute.  —  Aff.  étr.  Parme,  t.  I". 

Mander  à  M.  de  la  Thuillerie  de  presser  le  concours  des  Hol- 
landais. 

Original  devenu  minule,  de  la  maÎD  de  Clicrré.  —  Aff.  ctr. 
Hollande,  t.  XXIII,  pièce  6a. 

0  .  . .  Faire  en  sorte  que  ce  qui  est  deu  au  régiment  de  La 
Motte  Oudancourt  soit  paye  sur  les  deniers  du  pays,  afin 
qu'il  puisse  aller  où  le  roy  l'envoie.» 

Orig.  —  Arch.   de  Condé.     Communicution    de    M*'    le  duc 
d'Aumale, 


1046 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATKS 
et 

SL'SCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIEUX  DE  DATES. 

DES   LETTHES. 

KT    SOTTRCES. 

•            16'iO. 

6  mai, 
HéaamoiiL 

A  M.  le  Prince. 

Richelieu  le  prie  de  continuer,  pour  cette  campagne,  «la  fa- 
veur qu'a  ma   recommandation  il  vous  pleut  faire  Tannée 
dernière  a  M.  i'évtscjue  d'Acs.»  (Ci-dessus,  i5  avril  iC3y.) 

Orig.   —   Arch.    de    Giodt.'.    CommunicatioD    de   M«'    le  duc 
d'AamaU. 

^  7  Qiaî. 
De  Réaumoiit. 

Idem. 

aL'affection  que  je  porte  à  M.  l'évesque  de  Lavaur  me  fait 
vous  suplier  d'exempter  de  logemens  de  gens  de  guerre 
la  ville  de  Lavaur  et  les  maisons  et  terres  qui  en  dépen- 
dent.» 

Orig.    —   Arch.    de    Coodc.    Communication    de    M^'    11-  due 
d'Aumale. 

1 7  niai. 

Le  roi  a  M.  d'Avaui. 

Au  sujet  de  l'augmentation  du  subside  que  la  France  donne 
a  la  Suède. 

Orig.  —  Aff.  ctr.  Allemagne,  t.  XVI,  pièce   j5. 

3i   mai. 

Idem. 

Considérations  sur  les  moyens  les  plus  efficaces  pour  conclure 

Va  rennes. 

la  paix. 

Orig.  —  Aff.  ^ir.  Allemagne, t.  XV!,  pièce  16. 

ili  juin. 
De  Blérancour. 

Au  Conile-duc. 

Les  passe-ports.  Compliments. 

Mioiito    de   la  main  de    Charpentier.    —  Aff.   étr.    Espagne, 
XX. 

26  juin. 

A' M.  d'Estrades. 

Richelieu  lui  envoie  un  duplicata  de  la  dépêche  du  18  juin. 

A  Amiens. 

Original  de  la  main  de  Chcrré.  —  Bibl.  nat.    Clairambault , 
Mélanges,  096,  fol.  jjgi. 

Idem. 

[Au  comte  d'Harcourt.] 

Félicitations  sur  ses  victoires. 

Copie.  —  Aff.  ctr.  Turin  ,  XXX,   fol.  65a. 

1 2  août. 

A  M.  d'Kstrades. 

Les  efforts  de  ia  France  devraient  exciter  le  prince  d'Orange 
à  l'imiter. 

Orig.  —  Bibl.  oai.  Ciairarabault ,   Mélanges,  6g6 ,  fol.  5d3, 

17  septembre. 

Instruction  au  s'  de  la 

Précautions  à  prendre  dans  ses  négociations. 

ThuilloTie,  conseiller 
du  roy.  son  ambassa- 
deur  s'en   allant  eu 
HoHiindc. 

Mise  au  net.  —  Aff.  étr.  Hollande,  XXI,  pièce  336. 

2  ci  septembre. 
Saint-Germain- 

Le  roi  au  comte  d'Har- 
court. 

Sur   Tadministration  qu'il  faut  organiser  dans  Casai  et    le 
Montferrat. 

en-Laye. 

Orig.  —  Aff.  ctr.  Turin ,  XXXI ,  fol.  93. 

2  ou  3  octobre. 

(Chiffres 

douteux.  ) 

Saint-Germain- 

en-Laye. 

A  M.  le  mareschal  d'Es- 

trécs. 

A  l'occasion  de  la  mort  de  Rouvray. 

Copie.  —  Aff.  ctr.  Rome,  t.  LXX ,  fol.  79. 

1 1  octobre. 

A  M.  Mazarin, 

Sur  ce  qu'il  a  à  faire  avec  Madame  et  avec  le  prince  Thomas. 

De  Ru  il. 

Orig.  —Aff.  étr.  Turin,  XXXI,  fol.  igS, 

NON   IMPRIMEES  DANS  LE   SUPPLEMENT.        104-; 


DATES 


LIEUX  DB   DITES. 


1640. 
1 3  octobre  ?  ] 


2o  octobre. 

Saint-Germain- 

cu-Laye. 

25  octobre. 
A  Hue!. 


27  octobre. 

Saiiit-Germain- 

eii-Laye. 

3i  octobre. 
De  Ruel. 


i"  novembre. 
De  Paris. 


\"  novembre. 

Saint- Germain- 

en-Laye. 

h  (lécetnhTe. 
Ruel. 


22  décembre. 

Saint-Germain- 

en-Laye. 

3o  dL'cembre. 


(A  M.  rarchevesquc  de 
Bordeaux.  | 


Mémoire    pour    M.    le 
mareschal  d*Estrées, 


A  M.  le  cardinal  Bichi. 


Le  roi  à  M.  d'Avaox. 


A  M.  le  Prince. 


Idem 


Mémoire  et  iustruction 
au  s'  de  Caumartin. 

A  M.  de  Charigni. 


Le  roi  à  M.  d'Avaux. 


A  M.  de  la  ThuiUerie. 


ANALYSES  DES   LETTRES 


ET    SOURCES. 


Je  vous  envoie  la  copie  des  traités  faits  pour  le  Bastion  et  le 
rachat  des  esclaves  en  Alger. 

Orig.  —  Bibl.  nat.  suite  de  Dupuy  ,  t.  XVII,  fol.  661.  — 
Imprimée  :  Corresp.  de  Sonrdis ,  t.  II,  4i8- 

Le  roi  finira  par  se  lasser  de  ce  qu'on  tarde  tant  à  lui  donner 
satisfaction  à  Rome. 

Copie.  —  Aff.  l'tr.  Rome,  LXX ,  fol.  89. 

Encore  sur  la  satisfaction  que  ie  roi  attend  pour  l'assassinat 
de  Rouvray. 

Minute  de  la  main  de  CItavigni  et  de  celle  de  Charpecticr.  — 
Aff.  ctr.  Rome,  t.  LXX,  fol.  91.  —  La  lettre  du  roi  faite 
sur  cette  matière  est  conservée  en  copie  d'une  écriture 
italienne,  dans  ie  mémo  voL  fol.  io5. 

Intentions  de  plusieurs  princes  allemands  dont  le  roi  a  été 
informé  par  voie  secrète. 

Orig.  —  Aff.  étr.  Allemagne,  t.  XVI ,  pièce  ai. 

Nécessité  de  mettre  au  complet  les  troupes  du  Languedoc. 

Orig.  —  Arch.  de  Condé.  Communication  de  M«*  le  duc 
d'Aumale. 

Nouvelle  recommandation  an  sujet  des  troupes. 

Orig.     —    Arch.    de  Condé.  Communication    de  M*'    le  duc 


Subside»  à  donner  aux  Suisses.  —  Levées  à  faire  chez  eux. 

Mise  ou  net.  —  Aff.  ^tr.  Suisse,  t.  XXVIIL 

Ecrire  à  Rome  pour  cmpescher  que  la  nomination  du  cardinal 
infant  à  l'évéché  d'Arras  ne  soit  receue. 

Original  de  lu  main  de  Charpentier.  — Aff.  ctr.  Rome  ,  t.  LXX  , 
fol.  43. 

Importance  prépondérante  de  la  France  dans  tout  ce  qui  se 
fait  pour  parvenir  à  la  paix. 

Orig.  —  Aff.  étr.  .Allemagne  ,  t.  XVI ,  pièce  29*, 

Richelieu  s'applique  à  attacher  de  plus  en  plus  les  Hollandais 
à  la  France. 

Copie.  —  Aff.  étr.  Hollande,  t.  XXII,  pièce  ^7. 


[Commencement 
de  janvier.] 


17  fév 


Instruction  ijour  l'am-'    Artifices  de  la  maison  d'Autriche;  elle  les  emploie  en  ce  mo- 
hassadeur  en  Suisse.'        ment  pour  gagner  les  cantons. 

j  Mise  au  net.  —  Aff.  élT.  Suisse,  t.   XXVIIL 

A  M.  d*Avaux.         '    Causes  des  retards  du  renouvellement  de  l'alliance   avec  la 
Suède. 

Minute  de   la  main  de  Cherré.  —  Aff.  ctr.  Allemagne,   XVI  , 
pièce  39. 


1048 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 
cl 

SrSCUIPTiON 

ANALYSES  DES  LETTIiES 

LIKU\    DE   DATES. 

DES  LETTRES. 

ET  SOUHCES. 

lO'il. 

[7  OU  8  mars.] 

[A    M.    de    Chavigni] 
pour  parler  à  M.  de 

Dans  la  prévision  de  ce  que  dira  leduc  de  Lorraine,  Richelieu 
dicte  ia  réponse  que  doit  faire  Chavigni. 

Lorraine. 

Minute  do    la  main  de  Charponlier.  —   Aff.    étr.    Lorrain? , 
t.  XXXII ,   pièce  ]8. 

1;^  mai. 

Au  duc  de  Lorraine. 

«...  S.  M.  a  donné  charge  au  s*"  Matharel  '  de  vous  faire  co- 
guoistre  combien  il  est  imporlaut  que  vos  troupes  se  trou- 
vent à  Longwy  précisément  le  26  de  ce  mois..  .  En  mon 
parliculier  j'en  conjure   V.   A.,   et  S.  M,   le  désire  avec 
passion.  » 

Minute  de  la  iii.iiD  de  Ctierré.  ■--  Aff.  étr.  Lorraine ,  XXXII , 
pi^ce  76. 

i5  maî. 

Mf^moire. 

Politique  de  la  France  au  sujet  de  la  réunion  des  députés  à 
envoyer  pour  les  négociations  du  futur  traité  de  Munster. 

Mise  au  net.   —  Aff.  ëlr.  AllcmàguCt  XVI ,  pièce  88. 

2  h  mai. 
De    Ruel. 

A  M,  le  Prince. 

Le  roi  aiant  accordé  à  M.  Mercuriti ,  gouverneur  de  Casai,  et 
autres  officiers  de  la  même  ville  le  domaine  des  baronies 
de  Lunel  et  de  Lésignan ,  un  considération  de  leurs  services  , 
je  vous  conjure  de  les  exempter  de  logements  de  gens  de 
guerre. 

Orig.    —   Arch.    de    ConJé.    Communication    de    M?'    le    duc 
d'Anmale. 

26  tuai. 

A  M.  du  Hailier. 

Exciter  les  lenteurs  du  maréchal  de  Chastillon. 

Minute  de  la  main  de  Cbcrre.  —  Aff,  étr.  Lorraine,  XXXlI , 
pièce  8 1 . 

27  mai. 
De  Rebez. 

[A  M.  de  Chavigni.] 

Faire  que  les  ambassadeurs  portugais  s*obligent  à  ce  que  leur 
gouvernement  tienne  des  vnisseaux  prêts. 
Orig.  —  Aff.  ctr.  Portugal,  t.  I,  fol.  39, 

28  mai. 
Geiborov. 

Idem. 

Richelieu  lui  envoie  le  traité  «  tel  qu'on  peut  !e  passer  avec  les 
Port  ugais.  » 

Minute,    en   partie  de  la  main    de  Charpentier.    —  Aff.  étr. 
Portugal,  1  •  43.  —  L'original  est  fol.  di. 

29  mai. 

Instruction  particulière 
à  M.  le  marquis  de 
Br(5zé,  allant  en  Por- 
tugal. 

Après  avoir  donné  au  roy  de  Portugal  les  asseurauces  de  i'af- 
fection  du  roi  de  France  ,  «il  lui  dira  que  je  l'ay  chargé  de 
l'asseurer  de  mon  très-humble  service,  et  de  le  conjurer 
pour  l'amour  de  luy  mesme  de  ce  qui  s'en  suit.»  C'est  une 
série  de  conseils  pour  se  défendre  Wgoureusement  contre 
l'Espagne.  {Voy.  ci-dessus,  p.  860,  l'mslruction  générale.) 

Miae  an  net  de  la  main  de  Clierre.  —  Aff.  étr.  Portugal ,  1. 1 , 
fol.  Si. 

S  juin. 
Abbeviile. 

Au  marescha!  de  Brézë , 
à  Paris. 

Richelieu  lui  conseille  de  différer  son  départ  plutôt  que  de 
porter  son  corps  malade  et  non  en  état  de  faire  les  choses 
nécessaires  au  service  du  roi. 

Orig.  —  Catalogue  d'une  vente  J'untograpljes  ,  par  Laveidpt 
(jauvier    1  856  ). 

'   il  cuit  venu  t 

c  la  part  du  duc' 

NON  IMPRIMEES  DANS  LE  SUPPLÉMENT.       1049 


DATES 
et 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIKCX   DE  DàTBS. 

DES  LETTRES. 

ET  SOURCES. 

1641. 

16  juin. 

Le  roi  aux  liabitants  de 
ta  ville  de  Nantes. 

Louis  XIII  les  informe  de  la   prise  d'armes  du  comte  de 
Soissons. 

Orig.  —  Arch,  Je  la  ville  de  Nantes  '. 

17  juin. 

A  M.  de  Lorraioe. 

«Mens',  j'envoie  ce  gentilhomme,  l'un  de  mes  domestiques, 
pour  voir  si  je  suis  bonne  caution  à  moi-mesme  de  ce  que 
Je  me  promets  de  V.  A.  »  Richelieu  rappelle  la  promesse  que 
le  duc  lui  a  faite  de  suivre  ses  conseils. 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  AIT.  ctr.  Lorraine,  XXXII, 
pièce  118. 

2  1  juin. 
De  Paris. 

Instruction  que  le  roy 
a    commandé     estre 
donnée  à  M.  le  mar- 
quis de  Fontenays*en 
allant  estre  son  am- 
bassadeur à  Rome. 

Outre  les  informations  louchant  les  afifaîres  de  Rome,  cette 
instruction  explique  l'état  des  relations  entie  les  diverses 
puissances  de  l'Italie  et  la  Frauce. 

Copie.  —  AIT.  étr.  Rome ,  LXXVI ,  fol.  ài6. 

2â  juin. 

A  M.  le  Prince. 

*  M.  l'évesque  de  Mande  s'en  retournant  dans  la  province  où 

AbbevUle. 

vous  estes.,  w  je  vous  conjure  de  jeter  les  yeux  sur  luy 
comme  sur  une  personne  qui  a  esté  à  moy,  et  luy  tesmoi- 
gner  que  vous  faites  estât  de  la  recommandation  de  celuy 
qui  est ,  Monsieur. . .  » 

# 

Orig.    —    Arch.    de  Condé.   Communication    de   Mf   le  duc 
d'Aomale. 

26  juin. 

Le  roi  à  M.  d*Avaux. 

Caractère  difficile  des  Suédois.  —  Explication  sur  le  lieu  à 
choisir  pour  l'assemblée  des  députés  chargés  de  négocier 
la  paix. 

Orig.  —  AIT.  ^Ir.  Allemagne,  XVI»  pièce  91. 

Idem. 

A  M.  d'Avaux. 

Richelieu  joint  celte  lettre  à  celle  du  roi,  sur  le  même  sujet. 

Minotc  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.    ctr.   Allemagn<>,    XVI , 
pièce  93. 

7  juillet. 

A  M.  de  Lorraine. 

«Vous  pouvés  venir  servir  le  roy  en  toute  seureté.» 

- 

Minute,    de    la    main    de     Chcrrc.     —     AIT.    ctr.    Lorraine, 
t.  XXXII,  pièce  i35. 

lijuilltl. 

Le  roi  aui  habitants  de 
la  ville  de  Nantes. 

S.  M.  annonce  à  la  ville  de  Nantes,  en  même  temps  que  la 
perte  de  la  bataille,  la  mort  du  comte  de  Soissons. 

/ 

Orig.  —  Arch.  de  Nantes.  Copie  envoyée  par  M.  le  Laron  de 
Girardot.  (Voy.  ci-dessus,  à  la  date  du   16 juin.) 

3  2  juillet. 

.AM.delaThmIlcrie. 

Faire  ce  qu'il  faut  pour  conserver  l'abbaye  de  Beren..  . 

Copie.  —  Aff.  ctr.  Hollande»  t.XXIi,  217. 

26  juillet. 

A  M.  d'Avaux. 

La  mort  de  M,  le  comte  fait  croire  à  Richelieu  «que  mainte- 
nant Dieu  nous  veut  donner  la  paix.. .  n 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  Aff.  étr.  Allemagne,   XVI, 
pièce  lao. 

'   M.  le  baron  d 

pgilenipot  da  roi; 
1     Comité  (lu  19  Dov 

i  Giranlot  a  envoya  an  Mioisti 
la  4**  àa  5  ilccembrc  i64i  1 
embro  1855.) 

re  de  riostraction  publique  copie  de  cette  lettre  ainsi  que  de  trois  autres 
annonçait  la  mort  du  cardinal.  (  llevue  dtM  Socittéi  Savantei .  séance  du 

CARDIN.  DE  RICHELIED.  —  Vil. 


l32 


1050 


SOMMAIRES  DES-  LETTRES 


DATES 
et 

* 
SL'SCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LISDX  DE  DATES. 

DES   LETTRES. 

ET  SOURCES. 

1641. 
. .  .Juillet. 

A  Pujols. 

Les  conditions  de  paix  dont  parlent  les   Espagnols  témoi- 
gnent qu'ils  ne  veulent  pas  la  faire. 

Mise  au  oet  de  la  main  de  Chcrrê.  —  Afi'.  étr.  Espagne,  XX  , 
pièce  88. 

9  aoust. 

A  M.  Du  Hallier. 

Par  son  manque  de  foi,  le  duc  Charles  se  déclare  lui-mesme 
déchu  de  ses  droits  sur  la  Lorraine. .  . 

Minute  de  la  main  de  Cherré.  —  AiF.  étr.  Lorraine,  XXXU  , 
pièce  161. 

12  aoust. 

A    M.    le   prince   d*0- 
range. 

S.  M.  marchant  en  personne  à  la  campagne ,  le  prince  d'Orange 
doit  entrer  en  Flandres. 

Minute  de  la  mai  u  de  Chcrrê.—  Aff.  étr.  Hollande,  t.  XXIII, 
pièce  124. 

Idem. 

A  M.  de  la  ThuiUerie. 

Presser  le  prince  d'Orange  de  ne  pas  perdre  cette  occasion. 
Copie.  —  Aff.  étr.  Hollande,  XXIÏ ,  pièce  a3i. 

30  aoust. 

A'  M.  le  Piince. 

Richelieu    le  prie  de  faire  nommer  M.  de  Rochepierre  aux 
prochains  estats. 

Orig.  —   Arch.    de  Condé.    Communicalion    de    M*'   le  duc 
d'Aumalc. 

[Commencement 
de  septembre?] 

A  M.  le  colonel  Gassion. 

Satisfaction  de  ses  bons  services. 

Imprimée  :   Vie  de  Gatsiotit  l.  II,  p.   a33. 

1 9  septetïibre. 
A  Chaulnes. 

A  M.  le  Prince. 

• 

Comme  chef  de  l'ordre  de  S'-Bènoist,  je  vous  supUe  d'avoir 
en  singulière  recommandation  les  maisons  et  monastères 
qui  en  deppendent  dans  le  gouvernement  de  Languedoc, 
favorisant  les  religieux  autant  qu'il  vous  sera  possible. 

OrifÇ.  —    Arcli.    de    Condé.    Communication    de    M*'    le   duc 
d'Âumale. 

2  octobre. 
D'Amiens. 

Idem. 

M.  de  Noyers  envoie  M.  de  Chaufoameau  pour  hâter  la  re- 
crue des  régiments  qui  sont  en  Catalogne   et    en  Rous- 
sillon.  «Je  vous  suplie  d'employer  le  pouvoir  que  vous 
avés...  c'est  un  coup  de  partie  pour  avoir  la  paix,  que  je 
désire  plus  que  ma  vie.» 

Orig.  —    Arch.     de    Condé.    Communication    de    M^    le    duc 

d'Aumale. 

8  octobre. 

A  la  duchesse  de  Sa- 
voie. 

On  l'invite  à  contribuer  à  la  formation  d'un  corps  de  cavale- 
rie que  le  roi  veut  envoyer  en  Roussillon. 

Minute    de    ia    main    de    Charpentier.    —    Aff.    étr,    Turin  , 

XXXIV,  557. 

27  octobre. 

A   M.    le    prince   Tho- 
mas. 

Le  roi  l'autorise  à  envoyer  un  compliment  de  condoléance  à 
la  comtesse  de  Soissons. 

Minute  de  la  main  de  Chavigni.  —   Aff.  étr.  Turin,   XXXIV, 
fol.  538. 

Idem. 

A  M.  d'Avaux. 

Satisfaction  de  ce  que  le  mécontentement  de  l'armée  suédoise 
est  calmé. 

Minute  de  la  m'ain   de  Cherré.  —  Aff.  é(r.  Allemagne,    XVI, 
pièce  i63. 

NON  IMPRIMEES  DANS  LE  SUPPLEMENT.       1051 


DATES 
at 

MBCX  DB  DATES. 


1641. 
2  novembre. 


7  Dovembre. 
De  Ruel. 


. .  Novembre. 


i5  décembre. 


(f  janvier. 
De  Rud. 


1 1  janvier. 
De  Huel. 


1 1  lanvier. 


ja 


27  janvier. 
De  Rud. 


39  janvier. 


3o  janvier. 
De  Paris. 


SCSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


A  M.  ie  comte  d'Har- 
court. 


A  M.  de  U  Thnillerie. 


An  mareschal  d*Estrées< 


Mémoire   au    s'    de  la 
Thuillerie. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOURCES . 


Pour    M.    le    sunnten* 
dant,  à  Paris. 

Aa  baron  de  Pontchas- 
teau. 


An  1*'  président  de  la 
cour  des  comptes 
(M.  de  Nicolaï). 


[AM.  Botithillier.] 


Au  cardinal  Cesi. 


[A  M.  Boutbillier.J 


Réponse  à  plusieurs  de  ses  lettres. 

Minute  de  la  main  de  Cberré.  —  AflT.  étr.  Turin ,  t.  XXXIV* 
pièce  633. 

Richelieu  demande  une  information  au  sujet  de  l'achat  fait 
par  Lopez  du  cabinet  Vanuûe. 

Copie.  —  Âff.  étr.  Hollande,  t, XXIII,  piàce  i55. 

Quelques  imprudences  du  maréchal  d'Estrées. 

Mis«  au  net  de  la  main  de  Charpentier.  — AS.  étr.  Parme,  t.  I. 

Le  roi ,  se  rendant  aux  instances  du  cardinal,  consent  à  faire 
encore ,  pour  Tannée  prochaine ,  une  dépense  extraordinaire 
pour  MM.  les  États. 

Minute  de  la  main  de  Chavigni.  —  Aff.  étr.  Hollande ,  t.  XXIII, 
pièce  177.  —  Une  mise  tu  net  est  cotée   172. 


1642. 

Au  sujet  de  fonds  distribués  à  l'assemblée  du  clergé. 

OrJg.  —  Arcb.  de  la  famille  BouthîHier. 

Lettre  sans  importance;  seulement,  à  la  marge,  il  se  trouve 
un  reçu  de  trois  lignes  autographes. 

Orig.  —  Cabinet  de  M.  E.  Huillard.  Catalogue   de  Charavay. 
(Vente  du  j4  février. 1870.) 

Richelieu  lui  demande  de  favoriser  l'un  de  ses  secrétaires  en 
sa  réception  d'une  charge  de  la  chambre  des  comptes. 

Orig.  —  Ârch.  de  picolai,  87  L  i3.  Communication  de  M.  do 
Boislisle. 

Faire  payer  entièrement  la  pension  de  M.  de  Navailles  '  mon- 
tant  à  3,000  livres.   «Ayant  un  régiment  en  Italie,  il  est 
db  ceux  que  le  roy  ne  veut  pas  (|ui  soient  retranchez.» 
Orig.  —  Arch.  de  la  famille  Boutliîllier. 

Compliment  en  réponse  à  l'annonce  que  ce  cardinal  avait  faite 
de  sa  promotion  à  Richelieu. 

Orig.  provenant  du  cabioet  de  M.  Gegncr.  Cntaloguc  d'auto- 
graphes.  (Vente  de  Cbaravay,  g  avril  1869.) 

«Je  prie  M.  le  surintendant  de  donner  une  bonne  assignation 
a  M,  le  chevalier  de  Monléclair,  pour  payer  la  garnison  de 
la  citadelle  de  Dourlens . .  .  afin  qu'il  puisse  la  faire  sub- 
sister n 

Orig.    de  la    main    de   Cberré.  —    Arcb.    de  la    famille   Bou- 
thillicr. 


Il  avait  été  page  do  Uicbcli«u  . 


l33. 


» 


1052 


SOMMAIRES  DES   LETTRES 


DATES 
et 

SUSCRIPTION 

<ANALYSES  DES  LETTRES 

LIECl  DE  DATES. 

DES  LETTRES. 

ET  BODRCSS. 

1042. 

3l  janvier. 

De  la  maison 

rouge. 

[A  M.Boulbillicr.] 

Ricbelieu  écrit  pour  M.  <le  Clcrmont-VcrtiUac  ce  qu'il  a  déjà 
mandé  pourM.de  Navailh-s  le   27;  il  ajoute:   «Je  prie 
M,  le  surintendant  de  luy  donner  confenteuicnt  et  le  con- 
sidérer comme  une  personne  que  j'aflectionne. 

Orijj.  (lo   la  moin   de  Chorrc.  —  Arch.  de   la   famille   Bou- 
thillier. 

[  . . .  Janvier.  ) 

Au  maréchal  de  Bréié. 

«Le  colonel  Gassion  a  l'ordre  de  vous  aller  joindre  avec  son 
régiment.  . .  Vous  pouvés  tirer  beaucoup  d'avantage  de  sa 
manière  de  faire  la  guerre  ;  il  est  sans  égal  et  semble  forcer 
le  destin  en  faveur  de  ses  entreprises.  Trailtés-le  bien  et  le 
considères  comme  une  personne  que  le  roy  estime  tout  à 
fait,  quej'ayme  beaucoup  et  qui  peut  vous  estre  Cïtreme- 
mcnt  utile. . .  » 

Imprimée:  Vie  dt  Gastion ,  l.  11,  p.  a54. 

J  fëvrier. 

De 

Fontainebleau. 

[A  M.  Boulbillier.] 

Cette  lettre  répète  celle  du  27  janvier  en  ajoutant  qu'il  faut 
payer  M.  de  Navailles  comptant  et  non  en  assignations;  il 
est  tenu  à  de  grandes  dépenses  pour  faire  subsister  son  ré- 
giment. 

Orig.  de  la   main   de  Cherra.  —   Arch.   de   la  famille  Bou- 
thillier. 

Idtm.    • 

Idem. 

«  Je  fais  ce  billet  à  M.  le  surintendant  pour  l'asseurer  que  c'est 
l'intention  du  roy  que  M.  le  duc  d'Angoulesme  soil  payé 
entièrement  de  sa  pension;  S.  M.  me  l'a  dit  en  termes  ex- 
près.» 

Orig.  do  le  main  do  Charpontiar.  —  Arch.  de  la  famille  Bou- 
thillier. 

3  février. 

De 

Fonlainebloau. 

[AM.  Bouthillier.] 

Avoir  soin  de  faire  bien   payer  les  galères,  le  roi  voulant 
qu'elles  soient  à  la  mer  durant  toute  cette  campagne. 

Orig.   do   la    mniii    do  Cl.crre'.  —  Arch.  de  !a  famille  Bou- 
tliillier. 

Idtm. 

Pour  Mons'  le  surinten- 
dant,  à  Paris. 

Offices  de  maîtres  des  requêtes  dont  on  peut  disposer. 

Orig.    do  la  main   do  Chcrrc.  —  Arch.  do  la   famille   Bou- 
thillier. 

8  février. 
De  la  Charité. 

Idem. 

Démêlés  dans  la  famille  de  Sourdis. 

Orig.  de  la  main  de  Charpentier,  —  Arch,  de  la  famille  Bou- 
thillier. 

Idem. 

A  M.  le  Prince. 

«Le  lieu  où  nous  sommes  me  faicl  prendre  la  plume  pour  vous 
conjurer  de  depparlir  un  effect  de  vostre  cbarilé  a  M"^  de 
Sourdis,  prenant  la  peine  vous  et  M.  le  surintendant. .  . 
de  terminer  les  différends  qu'ilz  ont  ensemble,  et  leur  ac- 
quérir, par  ce  moyen ,  le  re])Os.  Ce  sera  une  œuvre  digne  de 
vous. . . » 

Orig.  —  Arch.  de  Gondé.  Communication  do  Mf'  le  doc  d'Au- 
male. 

ao  février. 
A  Lyon. 

Pour   M.   le    surinlen- 
dont,  à  Paris. 

Au  sujet  des  recrues  qu'on  peut  donner  à  M.  de  Gonor. 

Orig.   de  la    main  de  Ghorré.  —   Arch.   de  la    famille   Bou- 
thillier. 

NON   IMPIIIMÉES  DANS   LE  SUPPLÉMENT.        1053 


DATES 


LIBCX   DB  DATBS. 


1642. 

2  0  février. 
A  Lyon, 


ai  février. 
De  Lyon. 


27  février. 


.  Février.  1 


Idem 


I     niara. 
Monlélimar. 


3  mars. 
D'Avignon. 


Avignon, 


8  mars. 
De  Lunel. 


9  mars. 
A  Montpellier. 


9  avril. 
Narbonne. 


SUSCRIPTION 

DRS  L8TTBBS. 


Mémoire  au  s'  do  Cau- 
martin ,  ambassadeur 
du  roy  en  Suisse. 

Pour  M.  le  surinten- 
dant, à  Paris. 


A  M.  d'Avaux, 


[AM.  Bouthillier. 


[A  M.  de  Cbavigni.] 


[A.  M.  Bouthillier. 


A  M.  le  Prince. 


A  M.  de  la  Tbuillerie. 


[A  M.  Bouthillier.] 


Pour    M.    le    surinten 
dant,  à  Paris. 


A  M.  le  I*rince. 


ANALYSES  DES  LETTRES 
ET  sounr.BS. 


On  s' tâtonne  que  les  Suisses  s'associent  à  un  acte  de  mauvaise 
foi  des  Francs-Comtois. 

Mise  au  oet.  —  Aff.  etr.  Suisse,  XXIX. 

«M.  du  Gué  est  fort  affligé  de  ce  (lue  vous  l'avés  oslé  du 
nombre  des  cousfillers  d'Estat...»  rùchclicu  le  recom- 
mande tout  particulièrement. 

Orîg.  —  Arch.  de  la  famille  Bouthillier. 

Approbation  du  traité  conclu  avec  M.  Salvius.  .  . 

Mise  au   net  do  la  main  de  Cherrc.  —  AIT.    éir.   ATlemague , 
XVI  t  piice  197. 

Recommandation  en  faveur  de  M"*  de  la  Grandière ,  qui  a 
longtemps  esté  nourrice  de  M*'  le  Dauphin. 

Orig.  de  la  main  de  Cherré.  —  Arch.   dp    la   famillv  Bou* 
thillicr. 


«Je  prie  M.  de  Chavigny  de  recommander  les  intérests  du 
pauvre  Chalusset,  que  j*affectionne,  à  M.  le  surintendant.» 

Orig.  —  Arch.  de  la   famillu  Bouthillier. 

«  Ce  billet  est  pour  prier  M.  le  surintendant  d'expédier  j)romp- 
temcnl  M.  d'Ossonville,  afin  qu'il  s'en  retourne  en  Alle- 
magne. 11  est  homme  de  mérite  et  très-utile  au  service  du 
roy  au  lieu  où  il  est  employé.» 

Orig.  —  Arch.  de  la  famille  Bouthillier. 

Richelieu  lui  recommande  le  P.  Labbé ,  directeur  du  petit 
collège  des  jésuites,  allant  k  Paris  pour  «un  procès  qu'ils 
ont  au  Conseil.» 

Orig.   —   Arch.   de   Coudé.    CoramaDication    de    M^'    le    duc 
d'Aumale. 

Richelieu  est  satisfait  de  la  porcelaine  que  lui  a  envoyée  M.  de 
la  Tbuillerie.  —  Quelques  affaires  politiques. 
Copie.  •—  AO*.  étr.  Hollande,  t.  XXII,  fol.  396. 

Faire  payer  la  pension  au  s'  delà  Grange  «  conseiller  au  pré- 
sidialae  Nismes. 

Orig.  —Arch.  de  la  famille  Bouthillier. 

Concernant  le  règlement  de  l'aQaire  du  gouvernement  de 
Chauny. 

Orig.  de  la   inaîu   de    Cherré.    —   Arch.    de   la   famille    Bou- 
thillier. 

«  L'estat  auquel  je  suis  ne  me  permettant  pas  de  respondrc 
à  la  lettre  que  le  s'  de  la  Roussière  m'a  rendue  de  vostrc 
part,. . .  M.  de  Chavigny  le  faîct. » 

Orig.  —    Arch.    de    Condé.    Communication    de    M»'    le    duc 
d'Aumale. 


1054 


SOMMAIRES   DES  LETTRES 


DATES 

et 

SUSCmi'TION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIEUX  DE  DATES. 

DES  LETTRES. 

ET   SOURCES. 

16^2. 

12  avril. 

Mémoire  au  s' de  Grëcy, 
conseiller  et  maistre 
d'hostel  ordinaire  du 

La  reine  d'Angleterre  était  réfugié^  à  la  Haye;  M.  de  Grécj 
était  chargé  d'une  lettre  du  roi  pour  sa  sœur.  Il  avait 
mission  en  même  temps  de  voir  le  prince  d'Orange  et  de 
faire  valoir  auprès  de  lui  les  succès  de  la  France. 

roy,  s'en  allant  de  la 

part  de  S.  M.  en  Hol- 
lande trouverla  reyne 

Copie.  —  Aff.  étr.  Angleterre,  t.  XLIX,  pièce  73. 

de    la    Grande  -  Bre- 

tagne. 

29  avril. 

A  M.  de  la  ThuiUerie. 

Au  sujet  du  passage,  a  travers  la  Hollande,  des  prisonniers 
de  guerre  faits  par  M.  de  Guébriant. 

Minute  de  la  main  de  Cberre.  —  Aff.  élr.  Hollande,  XXHl . 

pièce   nkà- 

...Avril. 

A  M.  le  comte  de  Gran- 
cey. 

Henry  Arnauld  cite  «une  certaine  lettre  de  M^  le  cardinal 
qui  luy  sert  d'excuse  pour  ne  pas  faire  présentement  son 
mariage  avec  M"*  de  Vertus.»  Nous  n'avons  point  trouvé 
cette  lettre. 

Bibl.  nat.  fonds  Bcthune  9373,  fol.  91  . 

6  mai. 

A  M.  Bouthillier. 

Concernant  «l'entretèuement  des  fils  de  M.  dQ  Pont»  (du  Pont 

Narbonne. 

de  Courlay,  neveu  du  cardinal). 

Orig.  —  Arch.  de  la  famille  Boutbillier. 

10  mai. 

Pour    M.    le    surinten- 

Richelieu l'informe  de  l'état  de  sa  santé. 

De  Narbonne. 

dant,  à  Paris. 

Orig.  de  la   main  de  Clicrré.  —  Arch.  de  !a  famille   Beu- 
thillier. 

20  mai. 

A  M.  le  Prince. 

Remerciement  du  soin  que  prend  M.  le  Prince  de  s'informer 

Narbonne. 

de  sa  santé. 

Orig.  —    Arch.    de    Condc.    Communication    de    M*'    Je    duc 
d'Aumale. 

27  mai. 

Aux  pénitents  blancs  de 

Nous  avons  trouvé  l'indication  de  cette  lettre  sans  analyse. 

Narbonne. 

Toulouse. 

Cherré  a  signé  en  notant  que  Monseigneur  «n'a  pu  le  faire 
à  cause  de  plaies  qu'il  a  au  bras  droit.  »  (  Voy.  notre  tome  VI , 

p.  903,  note  2.) 

19  juin. 

Pour    M.   le    surinten- 

«... Ma  santé  est  beaucoup  meilleure  depuis  que  je  suis  sorti 

De  Tarascon. 

dant  ,  à  Paris. 

de  Narbonne.  . .   Mes  plaies  estant  eu  meilleur  estât  que 
je  les  puisse  désirer,  à  ce  que  m'asseurent  les  médecins  et 
chirurgiens. . .  —  Je  ne  \ou5  parle  point  d'affaires,  m'en 
remettante  MM,  de  Ghaviguy  et  de  Noyers.  . .  » 

Orig.  de   la   main   de   Cberre'.  •—  Arch.  de  la   famille   Bou- 
thillier. 

22  juin. 

Le   roi  à   Madame    la 

M.  d'Avaux  revenant  eu  France  a  ordre  de  passer  à  Cassel 

A  Monfrin.  ■ 

landgrave. 

pour  renouveler  à  cette  princesse  les  assurances  de  l'affec- 
tion de  la  France. 

Orig.  —  Aff.  étr.  Hos»e,  t.  1,  fol.  36 1. 

27  juin. 

A  M.  le  Prince. 

K  .  .  .  Ma  santé  \a  de  bien  en  mieux ...» 

De  Tarascon, 

Orig.—  Arch.  de  Condé.  Communication  de  M'''  ie  duc  d'Au- 
male. 

NON  IMPRIMEES  DANS  LE   SUPPLEMENT.       1055 


Lieux   DE   DATES. 


lU  juillet. 
De  Tarascon. 


t3  aoust. 
Fontainebleau. 


1^  aoast. 
A  Tarascon. 


SUSCRIPTION 

DES  LETTRES. 


A  M.  le  Prince. 


Le  roi  à  M.  de  la  Tboil- 

lerie. 


Pour    M.    le   surinten- 
dant. 


Idem. 


Dernière  dizaine 

d*aoât. 


26  septembre. 


Idem. 


Mémoire  que  le  roy  a 
commandé  cstre  en- 
voya à  M.  le  duc  de 
Parme. 

Le  roi  aux  habitants  de 
la  ville  de  Nantes. 


1 5  octobre  '. 
Fontainebleau.   ' 


Inslraction 
pour  M.  d'Estrades. 


iSoclobre.      I    A    M.    le   prince   d'O- 
I        range. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET   SOURCES. 


rieœerciementdes  prcuvos  d'affection  qne  lui  donnent  le  prince 
de  Condéct  le  duc  d'Enghien. 

Orig.—  Arch.  de  Condé.  Communication  de  Mï""  le  duc  d'Au- 
m«le. 

Le  r(H  compte  toujours  sur  la  sincérité  de  l'alliance  du  prince 
d'Orange. 

Mise  au  net.  —  Aff.  étr.  Hollande,  XXII 1 ,  pièce  a 85.  —  Une 
copie  faite  sur  l'original  se  trouve  dans  le  volume  XXII  de 
Bollande ,  fol.   600. 

M**  du  ïlallier  a  une  créance  sur  feu  Payen  '  et  ses  héritiers. 
L'affaire  est  au  Conseil.  «Je  conjure  M,  le  surintendant  de 
contribuer  ce  qui  dcppendra  de  luy  en  justice  pour  la 
satisfaction  de  M°"  du  Hallier.  Llle  a  envoyé  icy  un  porteur 
exprès.  » 

Orig.  do  la  main  de  Cherré.  —  Arch.  de  la  famille  Bou- 
tliillier. 

Faire  payer  à  divers  officiers  suisses  des  assignations  aiii 
lenr  ont  été  données  sur  des  partisans  qui  refusent  de  les 
solder. 

Orig.  de  la  main  de  Cberre.  —  Arch.  de  la  famille  Bou- 
thiJlier. 

Au  sujet  de  l'élection  du  chef  de  la  Ligue  d'Italie. 

iMisfl  au  net.  —  Arch.  des  ÂfT.  étr.  Parme ,  t.  1 ,  30"  feuillet  à 
partir  de  la  fin  du  volume  non  coté. 


Louis  XIII  informe  la  ville  de  Nantes  de  la  prise  de  Perpi- 
gnan. 

Orig.  —  Arch.  de  Nantes.  Copie  envoyée  par  M.  de  Girardol. 
(  Voy.  ci-dessus,  &  la  date  dn  16  juin  i64i.) 

Noos  avons  donné  un  extrait  de  cttte  pièce  p.  lii  ci-dessus, 
note  3. 

Copie.  —  Aff.  étr.  Hollande,  XXIII,  pièce  3o3.  —  BihI.  nat. 
Fon'tanicii,  p.  83,  pièce  ^3.  —  Arch.  de»  Mcdicis  à  Flo- 
rence, 3'  série,  carton  5i,  Corli  d'Europa.  —  Irapiiraée  ; 
Ambaêtadet  cU  M.  It  comte  d'Eslrades ,  p.  86,  Amsterdam, 
1718. 

Au  sujet  de  son  intervention  en  jEâveur  du  duc  de  Bouillon. 

Copie.  —  Arch.  des  Médicis  &  Florence,  3*  série,  carton  6), 
(^orti  d'Europa.  —  Imprimée  :  Auherv,  Mém.  V,  p.  37a,  et 
Recueil  de  1695,  p.  3y5.  —  Ambastadet  da  comte  d  Estrades, 
Amsterdam,  1  718. 


'  C'était  on  partisan, 

'  Nous  atonn  établi  ri-dessus,  p.  i4i>  que  la  date  du  4  octobre  était  fausse,  et  nous  avons  proposé  le  lû;  noii<i 
apportons  ici  la  preuve  que  celte  conjecture  était  fondée  :  on  lit  au  bas  de  la  copie  des  Aff.  ctr.:  *  Faict  &  Fontaiuf- 
bleau  lo  lâ  oclobie  i64a.  •  Cette  même  date  t-st  aussi  indiquée  par  l'annotatiou  qui  se  trouve  en  tête  de  rimfirinic  et 
de  la  copie  de  Fontanieu  :  «dresaée  par  M.  le  cardinal  six  semaines  avant  sa  mort.  •  Nous  avons  rem.trqué  quelques 
légères  différences  entre  la  copie  de»  Aff.  étrangères  et  les  autres  textes. 


1056 


SOMMAIRES  DES  LETTRES. 


DATES 

et 

SUSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

LIECX   DE   DATES. 

DES  LETTRES. 

ET  SOURCES. 

1642. 

1 

A  M.  do  Noyers. 

Richelieu  le  prie  d'appuyer  la  demande  que  fait  «  le  s' de  Plu- 
vinel  de  l'agrtf'ment  au  roy  pour  le  traîclé  qu'il  a  faicl  du 

gouvernement  de  Crest...  » 

Orig.  -  Ms.  du  Cabinet  do  M«'  le  duc  d'Aumale. 

Idem. 

«cjc  VOUS  prie  de  faire  pourveoir  au  plus  lost  au  mémoire  du 
capitaine  Martin^,  alin  que  nous  puissions  mettre  celte 

année  à  l'eau  tous  les  vaisseaux  qui  sont  commencés  à  In- 

dret ...  » 

Orig.  -  Cabinet  de  M«'  le  duc  d'Aamalc. 

RoUe  des  commandants 
depuis  l(*siége  de  la 

C'est  l'appréciation,  en  quelques  mots,  de  trcnle-six  person- 
nages ,  princes ,  maréchaux  et  autres  officiers  avant  com- 

Rochelle. 

mandé  les  armées  en  France  pendant  quinze  ans.  Les  juge- 
ments sont  sévères  et  conformes  au  sentiment  du  cardinal 
de  RicTjelieu,  auquel  on  attribue  cette  pièce.  (Le  P.  Grifl'et, 
111,  378.) 

Copie.  —  Quelques  mots  semblent  de  la   main  de  Le  Masie. 
Bibl.    nat.  Saint-Germain-Uarlay  Sig,  pièce  46.  —  Copie, 
Caugé  80. 

«  Abrégé  des  plaintes  qu'il  a  pieu  au  roy  faire  souvent  de  M.  le 
Grand  soït  à  M.  le  cardinal,  soit  à  MM.  de  Chavigny  et  de 

Noyers,  pour  les  luy  dire.» 

Mise  au  net  de  l'ccnture  de  Charpentier,    avec  de  nombreuses 

corrections  et  plusieurs  passages  de  la  propre  main  de  Ri- 

chelieu. Arch.  nat.,  section  du  sccrôlariat,  portefeuille  gS. 

—  Nous  devons   à  M.  Joieph  de  La  Borde  l'indication  de 

cette  pièce  que  nous  ne  conuaissions  pas.    Nous  rogrettons 

que  le  défaut  d'espace  ne  nous  permette  point  d'en  donner  an 

extrait. 

Au  roi. 

Nous  nous  bornons  à  indiquer  cette  lettre  inprimée  en  tête 
du  Testament  politi(jue ,  laquelle  doit  être  t-^nue  pour  authen- 
tique ,  puisque ,  comme  Foncemagne  Ta  prouvé  contre  Vol- 
taire, le  testament  est  authentique  lui-même.  Nous  plaçons 
à  la  fin  du  recueil  cette  espèce  d'épître  dédicatoire,  à  la- 
quelle il  n'est  pas  possible  d'assigner  une  date  précise. 

mais  qui  ne  peut  appartenir  qu'aux  dernières  années  de  la 
vie  de  Richelieu. 

'   La  date  iuauc| 

ue;  mais  dans  ce  volume,  qui  provient  originairement  du  cabinet  de  de  Noyers,  presque  toutes  les 

pièces  sout  de  i64 

ï. 

1 

^  Ce  momoire  est  relatif  à    de  grands  approviaiontieiuents  de  bois  de  construction  des  forêts  du  Uourbounais    qu'il    ]| 

faut  promptcmeut 

faire  porter  à  Indrel.  Nous  c 

lassons  cette  pièce  en   i6'i3  ainsi  que  la  précédente. 

TABLE  DES  MATIÈRES. 


NUMEROS 
des 

PIÈCES. 


I. 
II. 
III. 

IV. 
V. 
VI. 

vu. 

VIII. 

IX. 

X. 

XI. 

XII. 

XIII. 

XIV. 

XV. 

XVI. 
XVII. 

XVIII. 

XIX. 

XX. 

XXI. 
XXII. 
XXIII. 


DATES. 


2  juillet. 
2  juillet. 
A  juillet. 

4  juillet. 
It  juillet. 

5  juillet. 
5  juillet. 
5  juillet. 

7  juillet. 
7  juillet. 
7  juillet. 

7  juillet. 

8  juillet. 

9  juillet. 
i3  juillet. 

i3  juillet. 
i3  juillet. 

lU  juillet. 
i5  juillet. 
1 7  juillet. 
17  juillet. 
17  juillet. 
19  juillet. 


SUSCRIPTIONS  ET  TITRES. 


PAGES. 


CARDIN.  DE  RICHELIEU. 


ANNEE  1642. 


Lettre  au  roy 

[Lettre  à  M.  de  Noyers] 

[Lettre  à  M.  de  Noyers] , 

Lettre  au  roy 

[Lettre  à  MM.  de  Noyers  et  de  Chavigni]. 

[Lettre  à  M.  de  Noyers] 

[Lettre  à  Chavigny  ou  de  Noyers] 

[Lettre  à  M.  de  Chavigni] 

Nota  (Cinq-Mars) 

[Lettre  à  M.  de  Noyers] 

Lettre  àjMM.  de  Cliavigny  et  de  Noyers. 

[Lettre  au  roi]    

[Lettre  à  Chavigni  ou  de  Noyers] 

Lettre  à  MM.  de  Chavigny  et  de  Noyers. 
[Lettrée  MM.  de  Chavigni  et  de  Noyers 
Mémoire  donné  à  M.  de  Chavigny  s'en 

retournant  trouver  le  roy 

Lettre  au  roy 

Lettre  à  M**  le  duc  d'Orléans ,  frère  unique 

du  roy 

[Lettre  à  M.  de  Noyers] 

Lettre  à  MM.  de  Chavigny  et  de  Noyers 
Lettre  à  MM.  de  Noyers  et  de  Chavigny. 
Lettre  à  MM.  de  Noyers  et  de  Chavigny 
[Lettre  à  MM.  de  Noyers  et  de  Chavigni]. 
[Lettre  au  roi] 

i33 


3 

à 
6 
6 

7 

10 
12 

i3 
i3 
i5 
16 

'9 
20 
21 
24 

25 

28 

29 
3o 

3i 

33 

35 

38 

38 


1058 


TABLE  DES  MATIERES. 


LU. 


NUMEROS 

des 

DATES. 

PIECES. 

XXIV. 

igjuiilel. 

XXV. 

20  juillet. 

XXVI. 

20  juillet. 

XXVII. 

22  juillet. 

XXVIII. 

22  juillet. 

XXIX. 

25  juillet. 

XXX. 

26  juillet. 

XXXI. 

29  juillet. 

XXXII. 

29  juillet. 

XXXIII. 

3o  juillet. 

XXXIV. 

3o  juillet. 

XXXV 

3o  juillet. 

XXXVI. 

3i  juillet. 

XXXVII. 

2  août. 

XXXVIII. 

3  août. 

XXXIX. 

4  août. 

XL. 

4  août. 

XLI. 

t\  août. 

XLII. 

5  août. 

XLIII. 

5  août. 

XLIV. 

7  ou  8  août. 

XLV. 

8  août. 

XLVI. 

9  août. 

XLVII. 

9  août. 

XLVIII. 

10  août. 

XLIX. 

10  août. 

L. 

1  2  août. 

LI. 

1 3  août. 

1  5  août. 


SUSCIUPTIONS  ET  TITRES. 


[Leitreà  MM.  de  Noyers  et  de  Cliavigni], 
Lettre  à  MM.  de  Cliavigny  et  de  Noyers. 
Lettre  à  MM.  de  Cliavigny  et  de  Noyers, 
Lettre  à  MM.  de  Chavigny  et  de  Noyers, 

secrétaires  d'Estat 

Pour  M.  de  Chavigny,  secrétaire  d'Estat 
Lettre  à  MM.  de  Noyers  et  de  Chavigny. 
Lettre  à  M.  de  Chavigny,  secrétaire  d'Es 

tat 

Lettre  à  MM.  de  Noyers  (t  de  Chavigny 
Pour  M.  de  Noyers,  secrétaire  d'Estat  à 

Fontainebleau 

[Lettre  à  M.  de  Noyers  ou  à  (^havigni]. 
Lettre  à  Monsieur  d'Argenson  ,  conseiller 

du  roy  en  ses  conseils  d'Estat  et  privé. 

Lettre  à  M.  de  Noyers 

Lettre  à  M.  de  Noyers 

Lettre  à  MM.  de  Chavign  et  de  Noyersy. 

Pour  M.  de  Noyers 

Lettre  à  M.  de  Noyers 

De  par  le  roy 

De  par  le  roy 

Lettre  à  MM.  de  Chavigny  et  de  Noyers 

Lettre  à  M.  le  Prince 

Mémoire  de  M.  le  cardinal  de  Richelieu 

pour  M.  le  cardinal  Mazarin 

[Lettre  à  M.  de  Noyers] 

Pour  M.  de  Noyers,  secrétaire  d'Estal ,  en 

cour 

Pour  M.  de  Noyers,  secrétaire  d'Estat.. 
Pour  M.  de  Chavigny,  secrétaire  d'Estal . 

[Lettre  à  M.  de  Noyers] 

Lettre  à  M.  de  Chavigny 

Pour  M.  de  Noyers,  secrétaire  d'Estat,  el 

pour  M.  de  Chavigny 

[Lettre  à  M.  de  Noyers] 


PAGES. 


^9 
4o 

4. 

42 

48 

^9 
5i 

52 

56 

57 

58 

•'9 
60 
62 
66 
68 
70 
75 

77 
81 

82 
85 

86 
86 
87 

89 
90 

91 
92 


TABLE   DES   MATIÈRES. 


1059 


NUMEROS 

des 

PIÈCES. 

DATES. 

LUI. 

16  août. 

LIV. 

17  août. 

LV. 

20  août. 

LVI. 

20  août. 

LVII. 

30  août. 

LVIII. 

21  août. 

LIX. 

a  3  août. 

LX. 

23  août. 

LXI. 

23  août. 

LXII. 

23  août. 

LXIII. 

3o  août. 

LXIV. 

3oaoût. 

_^  LXV. 

3o  août. 

LXVl. 

3  septembre. 

LXVII. 

Vers  le  comin' 

de  septembre. 

Lxvin. 

.    9  septembre. 

LXIX. 

[Vers 

LXX. 

le  10  septembre.] 
12  septembre. 

LXXI. 

12  septembre. 

LXXII. 

1  a  septembre. 

LXXIII. 

1 3  septembre. 

LXXIV. 

1 5  septembre. 

LXXV. 
LXXVL 

i5  septembre. 
16  septembre. 

LXXVIL 

16  septembre. 

LXXVIIL 

18  septembre. 

LXXIX. 

i8  seplembrc. 

LXXX. 

a  I  septembre. 

LXXXL 
LXXXIL 

a  a  septembre, 
a  2  septembre. 

LXXXIIL 

26  septembre. 

LXXXIV. 
LXXXV. 

26  septembre. 
•i6  septembre 

SUSCRIPTIONS  ET  TITRES. 


Lettre  à  M.  le  cardinal  Mazarin 

[Lettre  à  MM.  de  Noyers  et  Chavigni].. 

[  Lettre  au  roi] 

Lettre  à  M.  de  Noyers 

[Lettre  à  M.  de  Chavigni] 

Pour  M.  de  Cbavigny,  secrétaire  d'Estat. 
Lettre  à  MM.  de  Noyers  et  de  Ghavigny . 

Lettre  au  roy 

Lettre  à  M.  de  Noyers 

Lettre  à  M.  le  cardinal  Mazarin 

[Lettre  au  roi] 

Lettre  à  M.  le  surintendant 

Lettre  à  MM.  Chavigny  et  de  Noyers.  .  . 
Lettre  à  MM.  Chavigny  et  de  Noyers.  .  . 
Déclaration  du  roy  sur  son  voyage  de 

Roussillon 

Lettre  à  MM.  de  Chavigny  et  de  Noyers. 
[Lettre  au  chancelier] 

[  Lettre  au  roi  ] . 

Pour  M.  de  Chavigny,  secrétaire  d'Estat 
Pour  M.  de  Noyers,  secrétaire  d'Estat, 

en  cour 

Pour  M.  le  chancelier 

Lettre  à  MM.  de  Chavigny  et  de  Noyers. 

[Lettre. à  M.  de  Noyers] 

[Lettre  à  M.  de  Noyers] 

[Lettre  au  roi] 

[Lettre  à  M.  de  Chavigni] 

Lettre  à  MVL  de  Chavigny  et  de  Noyers 

[ Lettre  à  M.  de  Noyers ] 

Lettre  à  M.  de  Chavigni 

[Lettre" à  M.  de  Noyers] 

[Lettre  à  M.  de  Chavigni] 

Lettre  à  MM.  de  Chavigny  et  de  Noyers. 
[LettTQ.au  roi] 


PAGES. 


93 
95 
96 
97 

98 
101 

101 

io3 

10/» 

106 

107 

108 

110 

ii3 

116 

"9 
lao 

132 
123 

12/t 
125 
125 

i3o 
i3i 

1.32 

i33 

i35 
137 
i38 
139 
i4i 

aa 
143 


i33. 


1060 


TABLK  DES  MATIERES. 


NUMÉROS 

des 

DATES, 

SUSCRIPTIONS  ET  TITRES. 

PAGES. 

PIÈCES. 

LXXXVJ. 

26  septembre. 

Mémoire  à  M.  le  cardinal  Mazarin  s'en 
allant  à  Sedan  par  ordre  du  roy 

XUU 

LXXXVII. 

27  septembre. 
27  septembre. 

Lettre  à  M.  le  Prince 

i47 

as 

LXXXVIII. 

Lettre  à  MM.  de  Cliavigny  et  de  Noyers. 

LXXXIX. 

27  septembre. 

2  octobre. 

1 1  octobre. 

Lettre  à  M.  de  Novers 

.49 

i5i 

XC. 
XCI. 

Lettre  à  M.  de  Novers 

Pour  M.  de  Noyers,  secrélaire  d'Estat. . 

XGII. 

24  octobre. 

[Lettre  à  M.  d'Argenson] 

l52 

xcm. 
xciv 

2  5  octobre. 
2  5  octobre. 

[Lettre  à  M.  de  Chavigni] 

i53 
i54 

[Lettre  à  M.  de  Cbavigni] 

xcv. 

XCVI. 

.  .  .  octobre. 
27  octobre. 

M.  Le  Grand 

i55 

Mémoire  du  cardinal  contre  M.  de  Cinq- 

i63 

XCVIl. 

[2  novembre.] 

Mémoire  contre  le  s' de  Cinq-Mars 

168 

XCVIII 

[  5  ou  6  novembre.] 
[  Vers  le  comm' 
de  novembre.] 

170 
171 

XCIX 

[Lettre  à  M.  de  Chavigni] 

[  Vers  le  1 3 

Autre  mémoire  du  cardinal  contre  ledit 

ou  i4  novembre.] 

Cinq-Mars 

.73 

5,6,  7,8, 

Extraits  de  lettres  de  Chavigni  au  cardinal 

i3,  i4  novembre. 

A 

au  sujet  du  renvoi  de  plusieurs  officiers 
demandé  au  roi  par  Son  Erainence.  . 
Sommaire  des  lettres  dont  le  texte  n'est 
pas  compris  dans  le  tome  VI  ni  dans 
les  1 78  premières  pages  de  ce  tome  VU. 

.78 

i83 
3i5 

SUPPLÉMENT 

NNÉE   1608. 

I. 

[Vers  la  findemars] 
A 

Lettre  à  M*'  le  cardinal  du  Perron 

NNÉE   1616. 

3i7 

II. 

[Comm'  de  février.] 
li  juin. 

Lettre  à 

3i8 

m. 

319 

♦ 

TABLE  DES   MATIERES. 


1061 


NUMEROS 
des 

piècES. 


IV. 
V. 


VI. 
VII. 
VIII. 


DATES. 


[Seconde  quinzaine 

d'octobre'.] 

[  Seconde  quinzaine 

d'octobre.] 

10  décembre. 

33  décembre. 

[a8  décembre.] 


SIJSCRIPTIONS  ET  TITRES. 


l\iclielieu  envoyé  vers  les  princes  mécon- 
tents   

Acte  de  soumission  demandé  aux  princes 


Le  roy  au  pape 

lettre  à  M.  de  Tresnel. 
Le  roy  à  M.  Desmarests . 


PAGES. 


321 

3a3 

325 
326 
328 


ANNEE  1617. 


IX. 
X. 

XI. 

XII. 

XIII, 

XIV 

XV. 

XVI. 

xvu. 

XVIII. 

XIX. 

XX. 

XXI. 

XXII. 
XXIIl. 
XXIV. 

XXV. 
XXVI. 
XXVII. 

xxvin. 


XXIX. 
XXX 
XXXI. 
XXXII. 


i"  janvier. 
li  janvier. 
5  janvier. 

1  a  janvier. 
[23  Janvier.] 

23  janvier. 
23  janvier. 
25  janvier. 
a6  janvier. 
7  février. 
7  ou  8  février. 
10  février. 
[i5  février.] 
1 9  février. 
23  février. 

2  3  février. 
25  février. 
38  février. 
28  février. 


[Comm'  de  mars  ? 

8  mars. 

8  mars. 

17  mars. 


Le  roy  à  M.  de  Senecey 

Le  roy  à  M.  de  Léon 

Le  roy  à  M.  du  Maurier 

[Lettre  à  M.  de  Baugy] 

Le  roy  à  M.  du  Maurier 

Le  roy  à  M.  de  Léon 

Le  roy  à  M.  de  Senecey 

Lettre  à  M.  de  Sancy 

Le  roy  au  baron  du  Tour 

Lettre  à  M.  de  Léon    

Le  roy  à  M.  de  Léon 

Lettre  à  M.  de  Baugy 

Lettre  au  marescbal  d'Ancre 

Lettre  à  M.  du  Maurier 

Le  roy  à  M.  de  Léon 

Lettre  à  M.  de  Léon 

Lettre  à  M.  du  Maurier 

Lettre  à  M.  de  Seneçay 

Le  roy  à  M.  de  Seneçay 

Lettre  à  M.  le  baron  du  Tour,  conseiller 
du  roy  en  son  conseil  d'Estat  et  son 
ambassadeur  en  Angleterre 

Lettre  aii  marescbal  d'Ancre 

Le  roy  à  M.  de  Sancy 

Lettre  à  M.  de  Sancy 

Lettre  à  M.  de  La  Noue 


33o 
332 
333 
336 
337 
337 
339 
340 
342 
343 
345 
346 
347 
348 
35o 
35i 
352 
353 
354 


355 
357 
359 
36o 
36i 


1062 


TABLE  DES  MATIERES. 


NUMÉROS 
des 

PIÈCES. 


XXXIII. 
XXXIV. 
.  XXXV. 
XXXVI. 
XXXVII. 
XXXVIII. 
XXXIX. 

XL. 

XLI. 

XLII. 
XLIII. 
XLIV. 

XLV. 

XL  VI. 

XLVII. 

XLVIII. 

XLIX. 

L. 

LI. 

LU. 

LUI 

LIV. 

LV. 
LVI. 
LVII. 
LVIII. 
LIX. 
LX. 


DATES. 


1 7  mars. 
22  mars. 
2  2  mars. 
27  mars. 

5  avril. 

6  avril. 
8  avril, 
g  avril. 

1  o  avril. 

10  avril. 

I  2  avril. 

1 3  avril. 

i3  avril. 

là  avril. 
[Vers  le  10  mai.] 
[Vers  le  10  mai.] 
[Vers  le  12  mai.] 
[Vers  le  18  mai.] 
[21  ou  2  2  mai.] 
[Comm'  de  juin.] 
[8  ou  9?  juin.] 
10  juin. 

Avant  le  1  a  juin. 
[12  ou  i3  juin.] 

18  juin. 
[Comm.  de  sept.] 

[Fin  de  septembre] 
[Verslei  5oclobre] 


SUSCRIPTIONS  ET  TITRES. 


Le  roy  à  M.  de  La  Noue 

Le  roy  à  M.  de  Léon 

Lettre  à  M.  de  Léon 

[Lettre  au  maresclial  d'Ancre?] 

Le  roy  à  M.  de  Léon 

Lettre  à  M.  Uesmarets 

Lettre  à  M.  de  Seneçay 

[Lettre  au  mareschal  d'Ancre] 

Lettre  à  M.  le  mareschal  d'Ancre 

Lettre  à  M.  de  Baugy 

Lettre  à  M.  du  Maurier 

Lettre  à  M.  l'abbé  d'Aumale 

Lettre  à  M.  le  mareschal  d'Ancre 

Lettre  à  M.  le  mareschal  d'Ancre 

[  Lettre  à  M.  Deageant] 

Lettre  à  M.  de  Luynes 

Lettre  à  M.  de  Lnynes 

[Lettre  à  M.  Deageant] 

Lettre  à  M.  Deageant .  , 

Lettre  à  M.  Deageant 

Lettre  à  M.  de  Luynes 

[Lettre  au  P.  Suffren] 

Nota  (Richelieu  éloigné  de  la  reine  mère). 

Lettre  à  M.  de  Luvnes 

[Lettre  à  M.  de  Luynes] 

Lettre  au  roy .  ■ 

Lettre  à  M.  de  Luynes 

Lettre  au  P.  Joseph 

Lettre  à  M.  le  g.irde  des  sceaux 


PAGES. 


362 

36a 
363 
364 
366 
367 
870 
37. 
373 
374 
375 
378 

38 1 
383 
386 
389 
391 
394 
397 

4c  o 
4oi 
407 
409 
4io 
4ii 

4l2 

4i4 


ANNEE  1618. 


LXI. 
LXII. 
LXIII. 


Premiers  mois.] 

[Avril.] 

[2"  quinzaine 

d'octobre.] 


Lettre  au  roy 

Caput  apologelicuni.  Lusson . 
Lettre  au  roy. 


4i5 
4i6 
423 


TABLE  DES  MATIERES. 


1063 


NUMEROS 
des 

PIÈCES. 


DATES. 


SUSCRIPTIOiNS  ET  TITRES. 


PAGES. 


ANNEE   1619. 


LXXIII. 
LXXIV. 
LXXV. 

LXXVI. 


8  février. 


19  juin. 
[..  .  juillet:-'] 


[  Premiers  jours 

de  juillet.] 

[3*  dizaine 

de  juillet.] 

[i"  quinzaine 

d'août.] 
[1"  quinzaine 

d'août.] 

[1"  quinzaine 

d'août  ] 

[Vers 

la  fin  d'août. 

aa  octobre. 

a  décembre. 

[Vers 

la  fin  de  décembre.] 

[  Fin  de  décembre.] 


Lettre  à  Messieurs  Messieurs  du  chapitre 
de  Luçon 

Lettre  au  roy 

L'évêque  de  Luçon  et  le  connétable  de 
Luynes 

Lettre  à  M.  de  Luynes 

Instruction  de  M.  le  commandeur  quand 
il  va  l'aire  le  serment  de  gouverneur 
d'Angers 

[La  reine  mère]  à 


Lettre  à  M.  de  Luynes . 
La  reine  mère  au  roy  . 


Points  de  la  lettre  du  P.  Arnoux  à  la 


reyne 

Lettre  au  P.  Arnoult. 


Lettre  à  M.  de  Luynes. 


Lettre  à  M.  Barbin .  .  . 
Lettre  à  M.  de  Luynes . 
Lettre  à  M.  de  Luynes. 

Lettre  nu  P.  Arnoux.  . 


-ia4 
426 

428 
463 


463 
465 

466 

468 


469 
470 

471 

472 
473 
475 

478 


ANNEE   1620. 


Lxxvn. 

LXXVIII 
LXXIX. 


a6 


ja 


[ai  mai.] 
[  Vers  ia  fin  de  mai. 


Mémoire  donné  à  M.  de  Brantes.  .  .  . .  . 

Noia  (Fidélité  de  Richelieu  à  la  reine  mère) 

Lettre  à  M.  de  Blainville 

Lettre  à  M.  de  Blainville. 


-179 
48i 

483 

484 


1064 


TABLE   DES  MATIERES. 


NUMKROS 

des 

PIÈCES. 


LXXX. 
LXXXI. 


DATES. 


Vers  le  ao  juillet. 

[Vers 
le  25  octobre.! 


SUSCRIPTIONS  ET  TITRES, 


Lettre  à  Messieurs  du  Parlement. 
Lettre  à  M.  de  Sens 


PAGES. 


A85 
487 


ANNEE   1621. 


LXXXII. 
LXXXIII. 

LXXXIV. 
LXXXV. 
LXXXVI. 
LXXXVII. 

LXXXVIII. 

LXXXIX. 

xc. 

XCI. 
XCII. 
XCIII. 


[  7  ou  8  juillet.] 

[Vers  le  tiers 

du  mois  de  juillet.] 

[Vers le  lo juillet.] 

[23  ou  2  A  juillet.] 

27  juillet. 

[Vers 

le  17  ou  le  18  août.] 

[Vers 

le  17  ouïe  18  août.] 

[ .  .  .  août.] 

.  .  .  août. 

.  .  .  août. 

[22  octobre.] 

[Vers  la  fin  de  1621] 


Lettre  à  M.  l'archevêque  de  Sens. 
Lettre  au  P.  Arnoux 


[Instruction  pour  M.  de  Mariilac] 

Lettre  à  M.  de  Sens 

Lettre  à  M.  de  Sens 

Lettre  à  M.  de  Mariilac 


Lettre  à  M.  de  Sens. 


Lettre  à  M.  le  connestable 

La  reine  mère  à  M.  de  Sens.  .  .  . 
Lettre  à  l'archevesque  de  Sens..  . 
Instruction  pour  le  s'  des  Roches. 
Lettre  à 


489 
493 

494 
498 
5oo 
5o2 

5o3 

5o4 
5o6 
507 
509 
5i4 


ANNEE  1622. 


XCIV. 

XCV. 

XCVI. 

XGVII. 


26  mai. 

1 4  septembre. 

[Premiers  jours 
de  novembre.] 
1"  décembre. 


Lettre  à  Monsieur  de  BéruUe ,  supérieur 

des  prestres  de  l'Oratoire 

Lettre  à   Messieurs   Messieurs  de   Sor- 

bonne ,  à  Paris 

Lettre  à  M.  Boulhillier    


Lettre  à  M.  Barbin  . 


517 

519 
520 

621 


XCVUI. 


i4  avril. 


ANNEE   1623. 


Lettre  à  Mons.  Mons.  de  Rouville,  gou- 
verneur des  ville  et  chasteau  de  Chinon. 


5a4 


TABLE  DES  MATIERES. 


1065 


M'MEROS 
des 


XCIX. 


c. 


cm 


DATES. 


26  avril. 


18  juin. 

i4  juillet. 
9  septembre. 


18  octobre. 


SUSCRIPTIONS  ET  TITRES. 


Lettre  à  Mens.  Mens.  Bouthillier,   con 
seiller  du  roy  et  secrétaire  des  com- 
tnanderaents  de  la  reyne  mère  du  roy, 

Lettre  à  Mons.  Mons.  de  Rouville ,  gouver- 
neur des  ville  et  chasteau  de  Chinon .  . 

Lettre  à  Mons.  de  Rouville 

Lettre  à  Mons'  Mons'  Bouthillier,  con- 
seiller du  roy  en  ses  conseils  et  secré 
taire  des  commandemens  de  la  royne 
mère  de  S.  M , 

Nota  (Richelieu  cède  son  évôché.  —  Ré 
futation  d'une  calomnie) 

La  reine  mère  à  M.  de  Rouville 


PAGES. 


526 

528 
529 


53o 
r)3i 


ANNEE   1624. 


[  1"  ou  2  mai.] 
[  Seconde  moitié 

de  1624.] 

[Fin  de  juillet  ou 

comm'  d'fioùt.  ] 

[  Vers 

le  mois  d'août.] 

5  septembre. 

12  septembre. 


[Vers 
le  I  a  septembre.  ] 


8  novembre. 


Nota  (mariage  d'Henriette-Marie)  ...    . 

Raisons  pourlesquelles  la  Francedoits'op 
poser  au  mariage  d'Espagne  et  d'Angle 
terre,  elprocurercettealliancepourelle 

A"* 

Extrait  des  propositions  du  s' de  Juvigny. 

Mémoire  donné  à  M.  de  Bérulle ,  touchant 
la  dispense  du  mariage  d'Angleterre. 

Mémoire  (  importance  de  l'alliance  avec  la 
Hollande) 

Le  roi  à  M.  de  Béthune 

Lettre  au  R.  P.  de  Bérulle,  supérieur  de 
la  congrégation  de  l'Oratoire,  estant 
de  présent  à  Rome 

Lettre  au  P.  de  Bérulle ' 


Nota  (double  instruction  au  marquis  de 

Cœuvres,  concernant  la  Vaitelinc.). 
Lettre  au  révérend  Père  de  Bérulle. .  . 


53/» 


535 
536 
539 


54o 

543 
545 


548 
55o 


55i 
553 


CAIIDIII.  DE  IICBKUEC.  TU. 


,34 


1066 


TABLE  DES  MATIERES. 


iNUMEHOS 
des 

PIÈCES. 


CXIII. 
GXIV. 

CXV. 


DATES. 


a6  novembre. 

[  Vers  la  fiii 

de  novembre.] 

[ .  .  .  novembre.  ] 


SUSCHIPTIONS  ET  TITRES. 


Lettre  au  révérend  Père  de  Bérulle. 
Mémoire  :  le  mariage  d'Angleterre. . 


Le  comte-duc  (Olivarez) 


PAGES. 


55i 

556 
557 


ANNEE   1625. 


CXVL 
CXVH. 
CXVIIL 
CXIX. 
CXX. 
CXXL 

CXXII. 


CXXIU. 
CXXIV. 


3o  janvier. 
[Com'  de  février.] 
10  mai. 
20  juillet. 
20  juillet. 
26  juillet. 

7  août. 


,  .  novembre.] 

[Vers  la  fin 
de  1626.] 


Le  roy  à  M.  de  Césy 

Ëscril  baillé  à  M.  le  Nonce  en  février  1 6a 5 

Lettre  à  M.  d'Effiat 

Lettre  à  M.  de  Bérulle 

Lettre  à  M.  de  Mende 

Reverendis  sacrse  theologise  apud  Sorbo- 
tiam  docloribus 

Mémoire  des  affaires  résolues  au  conseil 
du  roy  le  7  aoust  1625,  sur  le  siège 
d'Ast,  qui  m'a  esté  envoyé  le  8  aoust 
à  Limours 

AVIS.  Ce  qu'il  faut  faire  sur  le  voyage  de 
Bouquincan 

Mémoire 


559 
56o 
56 1 
563 
564 

566 


567 

569 
573 


cxxv. 


cxxvi. 


cxxvii. 

CXXVIII. 
CXXIX. 

CXXX. 


.\NNEE  1626. 

['.  .  .janvier.]  Response  que  le  roy  fera  au  prince  de 
Piedmont  et  à  l'ambassadeur  de  Ve- 
nise si  S.  M.  l'a  agréable 

Nota  (trailé  avec  l'Espagne;  désavoué). . 

Mémoire 

Nota  (traité  réformé) 

Lettre  à  Marini 

Paroles  dictées  à  M.  le  prince  de  Condé. 

Mémoire . 


[Février  ou  mars.] 


[Vers  le  i5]  mai. 

[3o  mai.] 

[  Vers  le  mois 

de  mai.] 

26  juillet. 


Lettre  à  M.  de  Mende . 


575 

577 
578 

58 1 
582 
584 

588 


TABLE  DES  MATIERES.  . 


1067 


MJMÉUOS 

de» 

DATES. 

SUSCRIPTIONS  ET  TITRES. 

PAGES. 

PIÈCES. 

CXXXI. 

[Après  juillet.] 

Lettre  au  révérend  P.  Josepli 

588 

CXXXII. 
CXXXIII. 

27  août. 
. .  .  décembre. 

Leilre  à  M.  de  Mende 

590 

Jugement  du  cardinal  sur  les  propositions 

dp.  M.  ]p.  frflrflp.  dps  («rpnnlx 

592 

ANNÉE   1627. 

CXXXIV 

[ .  .  .  janvier.] 
[Un  peu  après  le 

593 
59A 

Nota  (la  condamnation  de  Bouteville).  . 

22  juin.] 

CXXXV. 

26  décembre. 

Observations  de  Richelieu  sur  une  lettre 

/ 

de  M.  de  Saint-Chamond  à  M.  d'Iler- 
•  bault ,  et  sur  le  projet  de  réponse  de  ce 

secrétaire  d'Etat 

595 

CXXXVI. 

3o  et  .Si  décemb. 

Réponse  du  cardinal  à  divers  points  sou- 
mis au  secrétaire  d'état  d'Herbault  par 
M.  Marini ,  ambassadeur  de  France  en 

Italie  

598 

A 

NNÉE  1628. 

CXXXVII. 

CXXXVIII. 

[Com'  de  l'année.] 
5  janvier. 

Lettre  à  M.  de  BuUion 

601 

Leilre  à  Mons'  Mons'  le  Prince 

CXXXIX. 

[Vers  la  fin 

Politique  de  Richelieu  à  l'égard  de  l'Es- 

de  janvier.] 

nacTie                    

60a 

CXL. 

a3  février. 

Instruction  de  M.  de  Guron  s'en  allant  en 

Piedmont 

6o4 

CXLI. 

9  avril. 

Lettre  à  Mons'  Mons'  le  Prince 

6o5 

CXLII. 
CXLIII. 
CXLIV. 

[19  avril.] 

[Vers  le  26  avril. 

9  mai. 

1  r.pitrp  à  M   dp  Guron. 1 

607 
611 

IiPtIre  à  M.  de  Guron 

Lettre  à  Mons'  Mons'  le  Prince 

612 

CXLV. 
CXLVL 

 juin. 
8  juin. 

614 

Lettre  à  Mons'  Mons'  le  Prince 

6i5 

CXLVII. 
CXLVllI. 

[Vers  le  mois  d'oct. 
32  octobre. 

Mi^Trioirp     

617 

Division   du   Moniferrat,   et   raison   de 

l'usurpation  d'Espagne  et  Savoie.  . . . 

618 

i34. 


1068 


TABLE  DES  MATIERES. 


NUMEROS 
des 

PIÈCES. 


GXLIX. 
CL. 
CLI. 


DATES. 


[Au  com'denov.] 

[  Verslafiii  de  nov.] 

lo  décembre. 


SUSCRIPTIONS  ET  TITRES. 


Lettre  pour  M.  d'Herbault 

Lettre  à  M.  le  Nonce 

Mémoire  pour  le  secours  de  Casai 


P.\GES. 


6uj 
620 
622 


ANNEE   1629. 


CLIL 
CLIII. 


CLIV. 

CLV. 

CLVL 

CLVn. 


CLVIIL 
CLIX. 


[ . .  .  janvier.  ] 

[Derniers  jours  de 

janv.  ou  comm 

de  février.  ] 

16  février. 

!  6  février. 

5  mars. 

ik  avril. 


26  mai. 
1 4  juillet. 


Ad  P.  Berlium,  geographum  et  profes- 

sorem  regium 

Instruction  pour  le  s'  de  L'isle 


Instructioti  de  L'isle 

Lettre  à  M.  le  prince  de  Piedmont . 
Lettre  à  M.  l'archevesque  de  Pise. 

Nota 

Lettre  au  prince  de  Piedmont.  .  .  . 
Lettre  à  M.  le  Prince 


626 

627 


629 
63o 
632 
633 
634 
637 
639 


ANNEE  1630. 


CLXIII. 
CLXIV. 

GLXV. 


3  mai. 
[Premiers  jours 

de  juillet.] 
[Juillet  ou  août.] 


[Vers 

la  fin  d'août.] 

22  octobre. 


27  décembre. 


Nota  (situât,  de  la  Franceà  l'égard del'All.' 

Lettre  à  M.  le  garde  des  sceaux 

Lettre  à  M.  Boulhillier  touchant  l'affaire 
du  clergé 

Dessein  pour  fortifier  les  passages  pour 
empescher  d'entrer  de  Piedmont  en 
Savoye 

Nota  (Christine  de  France) 

Note  donnée  par  le  nonce  Pansirole  ac- 
ceptée par  le  Colalte 

Lettre  à  M.  Bouthillier,  conseiller  du  roy 
en  ses  conseils  et  secrétaire  de  ses 
commandements 

Mémoire  sur  lequel  il  faut  dresser  l'ins- 
truction de  M.  d'Hauterive 


64 1 
643 

644 


646 

647 

652 


653 
655 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


1069 


NUMEROS 
des 

PIÈCES. 


DATES. 


SUSCRIPTIONS  ET  TITRES. 


PAGES. 


ANNEK   1631. 


CLXVI. 
CLXVIl. 

CLXVUI. 


CLXIX. 


CLXX. 
CLXXl. 
CLXXIl. 


1 3  janvier. 
a  1  avril. 

[ . .  .  mai.] 


5  juillet. 


1 4  août. 

31  septembre. 

[Seconde  quinz. 

de  novembre.] 


Nota  (mécontentements  de  la  reine  mère 

Mémoire 

Lettre  à  M"  le  mareschal  de  Toiras  et 

Servien 

Lettre  au  s'  Navaze 

Nota  (lapolit.  de  l' Esp.  et  celle  de  la  France) 
Lettre  à  Mons'  Mons'  le  Prince. .  . ^  .  .  .  . 
Nota  (la  reine  mère  sort  de  France). .  .  . 

Lettre  à  la  reine  mère 

Lettre  à  Madame  Madame  la  Princesse. 
Reraercîment  à  la  République  de  Venise. 


655 
657 

66o 
663 
664 
667 
668 
669 
670 
67. 


ANNEE  1632. 


CLXXIU. 
CLXXIV. 
CLXXV. 

CLXXVI. 

CLXXVII. 


CLXXVHI. 


1 4  janvier. 

Mar.<i. 

[  Commencement 

de  juillet.] 

[Vers  le  milieu 

de  l'année.] 

[ .  .  .  septembre  ?] 


Le  roy  à  M"  de  Toiras  et  Servien ...    . 

Commerce 

Mémoire 

Instruction  à  M.  Berruyer 

Mémoire  touchant  la  révolte  projetée  en 

Flandres 

Nota  (mort  du  roi  de  Suède) 

Toiras 


673 

67J 
676 

680 


682 
685 
689 


CLXXIX, 


CLXXX. 
CLXXXl. 


ANNEE  1633. 


[Vers  la  mi-fév.] 


[Mars.] 
Juillet-août. 


Mémoire  particulier  pour  M.  le  duc  de 

Créquy,  ambassadeur  à  Rome 

Ligue  d'Italie 

M.  de  Feuquières 

Nota  (succession  de  Manloue) 


693 
695 
704 
708 


1070 


TABLE  DES  MATIERES. 


NUMEROS 

des 

PiècES. 


DATES. 


SUSCRIPTIONS  ET  TITRES. 


PAGES. 


CLXXXII. 

CLXxxm. 

CLXXXIV. 
CLXXXV. 
CLXXXVI. 
CLXXXVII. 

CLXXXVIII. 

CLXXXIX. 
CXC. 


ANNEE   1634. 

[Comm'dejanv.]     Mariage  de  Gaston 

[Vers  Lettre  à  Mons'  Bouthiilier,  capitaine  et 

la  fin  de  janvier.]        gouverneur  du  Bois  de  Vie  saine  .  .  . 

[24  février.]         Mariage  du  cardinal  de  Lorraine 

3i  mars.  Instruction  au  s'  de  Gournay 

2  mai.  Lettre  à  Madame  la  duchesse  de  Savoie. 

23  juillet.  Considérations  à  faire  sur  les  traittés  de 

Hollande 

3  novembre.         Instructions  données  à  M.  de  la  Meille- 
raye  par  le  cardinal  de  Richelieu. . 

.  .  .  décembre.        [Lettre  à  M.  de  Brezé] 

Abrégé  du  contrôle  général  de  toutes  les 

armées  du  roy,  qui  est  ci-après  tout  au 
long 


71a 

7,3 

715 
718 
725 

726 

728 
730 


731 


ANNEE  1635. 


CXCI. 
CXCII. 

CXClIl. 

CXGIV. 


8  juin. 

Vers  le  milieu 

de  l'année. 

7  novembre. 

[Vers 
la  fin  de  l'année.] 


[Lettre  à  M.  Bouthillier] 
Jean  de  Gassion 


Mémoire  à  M"  le  mareschal  de  Brézé  et 

de  Charnacé 

Secours  de  Colmar 


732 
733 


736 
788 


CXCV. 
CXCVI. 


CXCVIl. 


ANNEE  1636. 
[lU  ou  I  5  janvier.] 


[Vers 
le  25  janvier.] 


22  lanvier. 


Addition  à  l'instruction  du  mareschal 
d'Estrées 

Mémoire  au  roy  pour  respondre  aux 
nonces  du  pape ,  sur  lenvoy  de  M.  le 
mareschal  d'Estrées  et  autres  points.. 

Nota  (Parme) 

Lettre  au  roy 


740 


741 
744 

747 


TABLE  DES  MATIERES. 


1071 


NUMEROS 
des 

PIÈCES. 


cxcvm. 

CXCIX. 

ce. 

CCI. 
CCII. 
CCIIl. 
CCIV. 

ccv. 


DATES. 


a  a  mars. 

39  mai. 

[a"'quinz.  dejuin.] 

3o  juillet. 

a8  septembre. 

1 1  octobre. 

[ .  . .  octobre.] 

[Fin  de  i636 

ou  com'  de  1637.] 


SUSCRIPTIONS  ET  TITRES. 


Lettre  à  M.  l'évesque  de  Mende 

Lettre  à  M.  le  Prince .  .  . 

[Lettre  à  M.  d'Hemery] 

Response  de  Monsieur  à  M.  le  Nonce 

Lettre  à  M.  l'abbé  de  Coursan 

Le  roy  à  M.  de  Saint-Chamond 

Complot  d'Amiens 

JLettre  à  M.  de  Chavigni.] 


PAGES. 


7^9 
760 
753 
755 

756 
758 
760 
76a 


CCVL 

ccvn. 


CCVIII. 

CCIX. 

CCX. 

CCXl. 
CCXII. 

ccxnL 
ccxiv. 
ccxv. 

CCXVI. 
CCXVIL 
CCXVIII. 


3  février. 
ao  juin. 


37  juin. 

•  •  •  juin- 
16  août. 
aa  août, 
a^août. 
a6aoûl. 
I  a  septembre. 
1"  octobre. 

8  novembre. 
10  décembre. 
3i  décembre. 


ANNEE  1637. 


Pour  M.  de  Chavigny,  secrétaire  d'Estat. 

Mémoire  que  le  roy  a  commandé  eslre 
envoyé  à  M.  de  Cbarnacé,  son  ambas- 
sadeur en  Hollande 

[Lettre  à  M.  d'Hemery] 

Lettre  au  Nonce 

Lettre  à  Mons'le  mnreschal  de  Chastillon. 

Lettre  au  roy 

Lettre  au  Pape 

Lettre  à  M.  de  Charnacé 

[Lettre  à  M.  de  Pujols] 

Mémoire  envoyé  à  M.  le  Nonce  sur  le 
sujet  de  la  trêve  et  de  la  paix 

[Lettre  à  M.  de  Pujols] 

[Lettre  à  M.  de  Pujols] 

Mémoire  pour  M.  d'Estrades 


763 


765 

769 

771 

77a 
773 

774 
775 
776 

778 

779 
781 
78. 


CCXIX. 


CCXX. 
CCXXI. 


6  janvier. 


[Comni'  dejuin.] 
aa  juin. 


ANNEE  1638. 


Projet  (Je  dépesclie  commandée  par  le 
roy,  qu'il  plaise  à  S.  M.  considérer, 
pour  voir  si  elle  est  selon  son  intention. 

[Lettre  à  M.  d'Hemery] 

Mémoire  pour  le  roy 


783 
785 
787 


/ 


1072 


TABLE  DES  MATIERES. 


NUMEROS 

des 

PIÈCES. 


CCXXII. 
CCXXIII. 


CCXXIV. 

ccxxv. 


DATES. 


[Juillet  ou  août.] 
2  2  septembre. 


26  octobre. 

[27  oclolire.] 


SUSCRIPTIONS  ET  TITRES. 


[Lettre  au  roi  de  Pologne] 

Mémoire  qui  doit  estre  envoyé  à  M.  d'Es 

tampes 

Nota  (la  reine  mère) 

Mémoire  pour  M.  de  Chavigny' 

Lettre  à  M.  le  prince  d'Orange 


PAGES. 


788 

79» 
793 
795 
797 


ANNEE  1639. 


CCXXVI. 

ccxxvir. 


[Vers  le  m  .de  mars .  ] 
27  avril. 


Lettre  à  M.  Du  Pont  de  Courlay. 
Lettre  à  M.  le  Prince 


Mention  de  diverses  négociations  et  de 


plusieurs  mémoires 

Nota  (opérations  militaires  de  iGSg)., 


798 
800 

802 
80/i 


ANNEE  1640. 


CCXXVIÏÏ. 
CCXXIX. 

CCXXX. 
CCXXXL 
CCXXXII. 


CCXXXIII. 
CCXXXIV. 


ccxxxv. 

CCXXXVL 


2  2  janvier. 
2  3  février. 


26  février. 
6  mai. 
i3  juin. 

[Après  le  i5  juin.] 
[Premiers  jours 

de  juillet.] 
i"mai  à  la  fin  de 

i64o. 

Après  le  7  octobre 

i3  octobre. 


Nota  (les  princes  de  Savoie) 

Mémoire  au  P.  de  Lisle  s'en  allant  à  Nice. 

Advis  du  roy  sur  l'accommodement  des 
princes  de  Savoie  et  de  Madame  Royale 

Lettre  à  M.  de  La  Court 

Lettre  à  Cbavigny 

Lettre  à  Mazarin 

Relation  de  l'entrevue  de  M.  Breth,  en- 
voyé d'Espagne,  avec  M.  le  cardinal. 

Avis  sur  ce  sujet, 

Lettre  à  M.  Constantin 


Nota  (affaires  de  Piémont) 


Le  roi  à  Mazarin 

Instruction  pour  le  comte  d'Harcourt ,  gé 
néral  de  l'armée  du  roy  en  Italie,  et 
pour  M.  Mazarin,  ambassadeur  extra 
ordinaire  de  S.  M.  audit  pays 


806 
806 

809 
8n 
812 
8id 

81A 
816 

817 


822 


823 


TABLE  DES  MATIERES. 


1073 


M  MEROS 
des 

PIÈCES. 


CCXXXVII. 

CCXXXVIII. 

CCXXXIX. 

CCXL. 

CCXLI. 

CCXLII. 

CCXLIU. 

CCXLIV. 

CCXLV. 


DATES. 


1 3  octol-.re  ? 

1 1  novembre. 
25  novembre. 
27  novembre. 

3o  novembre. 
i5  décembre. 
21  décembre. 
23  décembre. 


SUSCRIPTIONS  ET  TITRES. 


Mémoire  pour  M.  le  comte  d'Harcourt  el 
pour  M.  Mazarin 

Lettre  aux  mêmes. 

Lettre  à  M.  Mazarin 

Le  roy  à  M.  le  comte  d'Harcourt  et  à 
M.  Mazarin 

Le  roy  à  M.  Mazarin 

Le  roy  à  M.  Mazarin 

Lettre  à  M.  Mazarin 

Le  roy  au  s'  Mazarin 

Le  roy  à  Madame , 


PAGES. 


837 
83o 
832 

83  A 
835 
836 
838 
84o 
842 


ANNEE  1641. 


CCXLVL 
CCXLVU. 
CCXLVIII. 
CCXLIX. 
CCL. 

CCLl. 
CCLII. 


CCLUI. 
CCLIV. 
CCLV. 
CCLVI. 
CCLVII. 
CCLVIII. 
CCLIX 
CCLX. 
CCLXI. 
CCLX  IL 


.  .  .  janvier. 

22  février. 

27  février. 

19  mars. 

r  Avril  ou  mai. 


28  mai. 

29  mai. 


!  7J"'n- 

j  7  juin- 

I  12  juin. 

I  i5juin. 

[Vers  le  25  juin. 
i"juillel. 
lit  juillet. 
5  août. 
12  août. 
2  septembre. 


Gassion 

Nota  (affaires  de  Piémont) 

Le  roy  à  la  duchesse  de  Savoie , 

Lettre  à  M.  Mazarin 

Lettre  à  M.  Mazarin  à  Thurin 

[Lettre  à  M.  Mazarin] 

Lettre  aux  ambassadeurs  du  roy  de  Por- 
tugal   

Lettre  à  Cbavigny 

Instruction  pour  M.  le  marquis  deBrczé 
lieutenant-général  de  l'armée  navale 
du  roy 

Lettre  à  M.  d'Harcourt 

Lettre  à  M.  de  ïurenne 

Lettre  à  M.  le  comte  d'Harcourt.  .  .  . 

Lettre  au  roy  de  Portugal 

Mémoire.  (Le  duc  de  Lorraine) 

Lettre  à  M.  Je  comte  d'Harcourt 

Lettre  à  M.  le  comte  d'Harcourt  .... 

Lettre  à  M.  le  comte  d'Harcourt 

Lettre  à  Madame  de  Savoye 

Lettre  à  M.  le  comte  d'Harcourt 


843 
8/|8 
849 
85i 
853 
855 

857 
859 


860 
865 
866 
867 
868 
869 
871 
873 
874 
875 
877 


CARDIK.    Dl    mCHILIEl'.    VU. 


i35 


1074 


TABLE  DES  MATIERES. 


NUMÉROS 

des 

PIÈCES. 

DATES. 

SUSCRIPÏIONS  ET  TITRES. 

P.\GES. 

CCLXIll. 
CCLXIV. 

a6  septembre. 
3  octobre. 

Fnslrtîotion  nour  M    Reliame        

878 
880 

Ilesponse  aux  propositions  d'accommo- 
dement du  prince  Thomas 

Nota  (le  duc  de  Lorraine.  Il  se  soumet). 
Lettre  au  duc  de  Lorraine 

882 

885 

CCLXV. 

7  octobre. 
37  octobre. 
9  novembre. 

CCLXVI 

Le  roy  à  M.  Le  Tellier 

885 

ccLxvn. 

Lettre  à  la  duchesse  de  Savoie 

886 

ccLxvin. 

12  novembre. 

Lettre  à  M.  le  comte  d'Harcourt 

Trêves 

888 
890 
891 

1  "  —  " 

ANNÉE  1642. 

CCLXIX. 

2^  janvier. 

Epistolu  Eminenlissimi  card.  Arm.  Ri- 
chelii  clarissimo  et  eruditissimo  viro 

CCLXX. 

.     [Vers 

893 

Mémoire  des  affaires  que  M.  le  cardinal 

la  fin  de  janvier.] 

Mazarin  aura  à  solliciter  particulière- 
ment à  Rome,  tant  pour  la  France  que 
pour  le  cardinal  de  Richelieu 

894 

CCLXXl. 

g  février. 

Lettre  pour  M.  le  cardinal  Mazarin  à  Paris . 

900 

CCLXXIL 

37  février. 
.  .  .  février. 

3  juin. 

21  juin. 

Lettre  à  M.  d'Avaux 

903 

905 

907 
908 

Gassion 

Colonies s 

ccLxxin. 

Lettre  à  M.  du  Plessis  Praslin 

CCLXXIV. 

[ComnV  de  juillet.] 

909 
910 
910 
9i5 

Nota  (journ.  dece  qui  s'est  passé  en  Piém.) 
Marie  de  Médicis 

Nota  (lettre  attribuée  à  Richelieu  mourant) 

Sommaires  des  lettres  dont  le  texte  n'est 

pas  compris  dans  le  supplément 

BNOING  SECT.  SEP  2  :fi« 


DC 
123 
.9 
R5M 
1853 
t.7 


Richelieu,  Armand  Jean  du 
Plessis,  Cardinal,  duc  de 

Lettres,  instructions 
diplomatiques  et  papiers 
d'état 


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